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Full text of "Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin"

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T.  1 


U   il 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE 


DU    LIMOUSIN 


BULLETIN 

HE  LA  SOCIÉTÉ 

ARCHÉOLOGIQUE  &  HISTORIQUE 

DU    LIMOUSIN 


LIMOGES 

imprimerie:   et   librairie    limousines 

DUCOURTIEUX  &:  GOUT 

7,   HUE   DES   ARÈNES,    7 
1900 


^S-A>^«'V^•vv^•«^^ 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  &  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


TOME    LV 


LES  LÉPREUX 


ET 


LES   LÉPROSERIES  DE  LIMOGES 


INTRODUCTION 

L'existence  de  la  lèpre  en  Occident,  en  particulier  dans  diverses 
régions  de  la  France,  est  attestée  dès  le  tiaut  moyen  âge  par  des 
témoignages  nombreux.  Il  semble  hors  de  doute  que  celte  terrible 
maladie,  devenue  fort  rare  aujourd'hui  dans  nos  contrées,  mais 
dont  on  connaît  encore  beaucoup  d'exemples  en  Bretagne  et  dont 
nous  avons  entendu,  au  cours  des  cinquante  dernières  années,  des 
médecins  citer  quelques  cas  bien  caractérisés  en  Limousin,  fut 
apportée  de  TOrient,  où  elle  est  signalée  dès  la  plus  haute  antiquité. 
Cest  à  tort,  néanmoins,  que  certains  auteurs  ont  prétendu  que 
l'Europe  centrale  ne  Tavail  pas  connue  avant  les  grandes  expédi- 
tions tentées  à  partir  de  i096  pour  la  délivrance  des  Lieux  Saints. 
La  vérité  est  que  la  lèpre  prit,  vers  le  commencement  du  douzième 
siècle,  un  développement  énorme  et  devint  presque  commune  dans 
certaines  provinces;  mais  elle  sévissait  depuis  longtemps  déjà,  et 
môme  des  ordonnances  avaient  été  promulguées  pour  séparer  les 
lépreux  du  reste  de  la  société,  en  vue  d'éviter  la  propagation  de 
leur  mal.  Celui-ci  est  mentionné  à  un  capitulaire  de  Tan  757,  et 
un  autre,  de  789,  interdit  aux  personnes  infectées  de  se  mêler  au 
peuple  (1).   Deux  siècles  plus  tôt,  l'Eglise  de  France  s'occupait 


(1)  De  LeprosUy   ut  se  non  intermisceant  alio  populo,  [Historiens  de 
France,  t.  V,  p.  650.) 

T.   LV  1 


6  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOHIQUE  DU  LIMOUSIN 

déjà  des  lépreux  avec  sollicitude.  En  849,  le  concile  d'Orléans 
recommaudait  instammenl  ces  malheureux  à  la  charilé  de  leurs 
frères  en  Jésus-Chrisl;  le  concile  de  Lyon,  en  883,  adressai!  en 
leur  faveur  un  nouvel  appel  à  tous  les  Hdëles  et  chargeait  les  évé- 
ques  du  soin  de  pourvoir  à  la  nourriture  et  à  ThabiHemenl  de  ces 
parias  qu\^  l'exemple  de  certains  peuples  de  TOrient,  la  société 
chrétienne  allait,  sinon  rejeter  de  son  sein,  du  moins  bannir  dos 
villes  et,  dans  beaucoup  de  provinces,  priver  presque  complètement 
de  leur  liberté.  Les  adjurations  de  l'épisropat  furent  entiînducs. 
Un  intéressant  mémoire  sur  les  Maladreries  de  Verdun  conslale 
que  les  lépreux  de  Maêstricht  et  de  Metz  avaient  été,  dès  l'an  634, 
Tobjet  des  libéralités  du  diacre  Âdalgise,  neveu  de  Dagobert  (i). 
D'autres  donations  en  faveur  des  infortunés  atteints  de  la  lèpre 
sont  signalées  aux  siècles  suivants. 

On  a  vu  que  l'autorité  civile  avait  cherché,  dès  le  huitième  siècle, 
à  séparer  du  reste  de  la  population  les  personnes  frappées  d'une 
affection  déjà  tenue  non  seulement  pour  transmissible  dans  le  sang, 
mais  pour  contagieuse.  Des  mesures  analogues  avaient  été  en 
vigueur  dans  l'antiquité  :  chez  les  Juifs  et  les  Persans,  les  lépreux 
vivaient  à  part  et  il  leur  était  enjoint  d'éviter  le  contact  des  autres 
hommes.  Pépin  ne  fit  probablement  qu'édicter  une  séparation  qui, 
en  vertu  de  la  seule  coutume,  existait  déjà  de  fait.  Mais  les  capitu- 
laires  renferment  une  disposition  très  caractéristique,  très  grave  : 
celle-ci,  avec  raison,  a  appelé  d'une  façon  toute  particulière  l'atten- 
tion des  écrivains  qui  se  sont  occupés  de  notre  sujet.  Aux  termes 
de  cet  article  d'un  capituiaire  de  Pépin,  de  l'année  787  (2),  la 
femme  d'un  lépreux  pouvait,  avec  le  consentement  toutefois  de 
son  mari,  rompre  le  lien  conjugal  et  prendre  un  autre  époux. 
L'Eglise  ne  paraît  pas  avoir  admis  ce  cas  de  divorce.  Mais  nous 
devons  retenir  le  fait  et  y  voir  un  témoignage  bien  frappant  de 
cette  disposition  d'esprit  qui,  s'affirmant  et  déduisant  logiquement 
les  conséquences  de  certaines  prémisses  posées,  aboutira  à  dénier 
au  lépreux  jusqu'à  sa  qualité  d'homme.  On  verra  plus  loin  que,  dans 
plusieurs  régions,  la  coutume  ou  la  législation  écrite  a  frappé  de 
mort  civile  les  personnes  reconnues  atteintes  de  l'épouvantable 
maladie. 

Placés  sous  la  protection  des  évéques,  les  lépreux  furent  l'objet 
de  leur  intérêt  tout  spécial,  et  il  semble  que  les  premières  maisons 

(1)  BuviGNBH,  Les  maladreries  de  la  cité  de  Verdun  (Metz,  1862). 
Voir  aussi  un  mémoire  de  M.  Labourt  :  Recherches  sur  Vorigine  des 
maladreries,  1851. 

(2)  Historiens  de  France,  t.  V,  p.  643. 


LES   LEPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  7 

OÙ  ils  aient  été  recueillis  soient  de  fondalion  ëpiscopale.  La  charité 
publique  avait  besoin  d'élre  stimulée  à  l'égard  de  cette  catégorie 
de  membres  souffrants  de  TEglise.  Le  vulgaire  attribua  toujours 
un  caractère  mystérieux  au  mal  dont  ils  étaient  affligés;  il  y  voyait 
TefTel  d'une  sorte  de  malédiction  et  était  porté  à  s'écarier  des  indi- 
vidus qu'avait  frappés  cette  malédiction  ;  néanmoins,  le  peuple 
n'avait  pas  encore  conçu  pour  eux  les  sentiments  d'horreur  et  de 
haine  qu'il  manifesta  plus  tard  et  que  nous  verrons,  dans  le  pre- 
mier quart  du  xiv"  siècle,  se  traduire  par  des  persécutions  odieuses 
et  une  véritable  extermination.  En  réalité,  pendant  longtemps,  les 
lépreux  paraissent  n'avoir  été,  en  France,  l'objet  d'aucune  mesure 
rigoureuse. 

On  confondait  sous  le  nom  de  lèpre  des  maladies  de  natures 
diverses.  Des  savants  ont  prétendu  que  la  véritable  lèpre  du  moyen 
âge  n'était  auire  que  la  syphilis,  et  cette  thèse  a  été  plus  d'une  fois 
soutenue.  On  s'accorde  aujourd'hui  à  la  rejeter.  Il  n'entre  pas  dans 
le  cadre  de  cette  étude  de  discuter  le  caractère  môme  des  affections 
très  variées,  nous  le  répétons,  dont  se  trouvaient  atteints  les  hôtes 
des  maladreries.  Il  convient  de  rappeler  du  reste  qu'on  distinguait 
les  personnes  affligées  de  la  lèpre  dite  «  lèpre  blanche  »,  de  celles 
que  rongeait  un  mal  plus  cruel  et  qu'on  désignait  sous  le  nom  de 
ft  ladres  rouges  y> ,  sSLûs  donie  h  c^nse  de  l'aspect  de  leur  peau,  enflam- 
mée et  sanguinolente.  Ces  derniers,  souvent  défigurés  et  mutilés, 
furent,  à  plusieurs  époques,  tenus  impitoyablement  séquestrés 
dans  l'enclos  de  la  maladrerie,  marqués  même  au  fer  rouge,  aiin 
qu'en  cas  d'évasion  la  cicatrice  les  dénonçât  à  première  vue.  Les 
ladres  blancs,  qui  portaient  des  stigmates  moins  hideux  de  la 
maladie,  eurent  presque  toujours  la  faculté  d'aller  et  de  venir,  de 
vagabonder  et  de  mendier,  en  s'astreignant  toutefois  à  certaines 
précautions  auxquelles  ils  étaient  obligés  de  se  conformer  sous 
peine  de  châtiments  corporels.  Des  hospices  différents  étaient  dans 
beaucoup  de  localités  assignés  à  chacune  de  ces  catégories  de 
malades. 

Les  signes  les  plus  caractérisques  de  la  lèpre  étaient  les  suivants, 
d'après  le  Précis  historique  des  ordres  de  Saint-Lazare  et  de  Saint- 
Maurice,  de  Cibrario  : 

«  Peau  dure  et  bronzée,  couverte  de  squammes  ou  croûtes  d'un 
blanc  livide,  et  sillonnée  de  crevasses  exsudant  des  humeurs  féti- 
des; front  ridé;  yeux  ronds,  vitreux  et  fixes;  cils  érodés  ;  dépila- 
tion  générale  du  corps;  nez  déformé,  ulcères  dans  ses  cartillagfts  ; 
ulcères  au  palais,  avec  destruction  de  la  luette;  voix  rauque; 
haleine  excessivement  fétide;  oreilles  cadavéreuses  et  dispropor- 
tionnément  allongées  ;  ongles  réduits  à  une  substance  gommcuse  ; 


8  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOLIQUE    ET  HISTOEUQUE  DU  LIMOUSIN 

genoux  et  mains  gonflés,  de  couleur  noire,  avec  transparence 
livide...  »  (i). 

Quelques  précautions  d'hygiène  paraissent  avoir  été  au  moyen 
âge  toute  la  médication  employée  à  regard  des  lépreux.  Nous 
n'avons  nulle  part  trouvé  trace  d'un  traitement  curatif  quelcon- 
que. N*eût  été  la  crainte  de  la  communication  de  leur  mal,  ils  eus- 
sent été  secourus  en  qualilé  de  pauvres  beaucoup  plus  qu'à  titre 
de  malades.  La  défense  qui  leur  éiait  faite  de  se  mêler  au  reste  de 
la  population  fut  souvent  renouvelée;  mais  elle  parait  avoir  été 
rarement  appliquée  et  être  demeurée  sans  aucune  sanction  pénale. 
Tout  au  moins  les  précautions  auxquelles  on  eut  recours  furent- 
elles  insuffisantes;  les  malades  vécurent  à  part,  mais  restèrent  en 
général  dans  leur  famille  el  purent  semer  aulour  d'eux  le  germe 
d*une  affection  dont  les  multiples  phénomènes  et  la  marche  capri- 
cieuse déroutaient  la  science  médicale  du  temps. 

L'extension  que  prit  la  maladie  au  retour  des  premiers  croisés  et 
la  constatation  irrécusable  de  son  caractère  contagieux  décidèrent 
enfin  TEglise  el  le  pouvoir  civil  à  édicter  une  réglementation  sévère, 
dans  le  but  d'isoler  les  lépreux  et  de  les  obliger  à  vivre  dans  des 
établissements  particuliers  situés  en  dehors  des  villes.  Le  clergé  et 
les  seigneurs  laïques  paraissent  avoir  rivalisé  de  zèle  et  de  généro- 
sité pour  la  création  de  ces  asiles  qui,  en  peu  d'années,  se  multi- 
plièrent el  dont  beaucoup  devinrent  fort  riches  (2).  Avant  la  fin  du 
règne  de  Louis  VU,  il  n'existait  pas,  dans  le  royaume  de  France, 
moins  de  deux  mille  établissements  de  ce  genre.  Le  testament  de 
ce  prince,  qui  renferme  un  legs  relativement  considérable  au  profit 
(les  léproseries  de  ses  Etats,  l'énonce  en  termes  catégoriques  (3). 
D'après  le  Dictionnaire  de  Larousse,  le  treizième  siècle  n'aurait 
pas  vu  s'élever  moins  de  dix- neuf  mille  établissements  nouveaux 
de  cette  espèce. 

Presque  toutes  les  maladreries  furent  établies,  sinon  sur  le  même 
modèle,  du  moins  d'après  un  programme  à  peu  près  identique.  Une 
étude  des  plus  intéressantes  sur  les  anciens  établissements  hospi- 
taliers de  l'Yonne  indique  d'une  façon  très  précise  les  conditions 
qu'on  recherchait  surtout  dans  l'assiette  de  ces  maisons  : 


(1)  Traduction  de  M.  Humbert  Ferrand.  —  Lyon,  1860,  p.  4. 

(2)  Plusieurs,  dans  notre  région,  jouirent  de  revenus  considérables. 
La  Maison-Dieu  de  Montmorillon  passe  pour  avoir  possédé  cinquante 
mille  livres  de  rentes.  (Labourt,  Recherches  sur  Vorigine  des  ladreries, 
maladreries,  léproseries.  Paris,  1851,  p.  4.) 

(3)  Donamus  et  legamus  duobus  millihus  domorum  leprosorum  decem 
millia  llbrarum,  videlicet  cuilibet  earum  cent  uni  solidos. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  9 

«  On  les  plaçait  toujours,  dit  Fauteur,  dans  la  campagne,  vers 
une  source  ou  un  cours  d'eau,  dans  un  but  de  salubrité,  et  près 
d*un  chemin,  afin  de  recueillir  les  aumônes  des  passants.  De  plus, 
dans  la  plupart  des  léproseries  de  noire  contrée,  TEglise  établit 
des  pèlerinages  auxquels  elle  accordait  des  indulgences,  pour  rap- 
peler aux  foules  le  souvenir  des  lépreux  et  exciter  à  leur  égard  la 
commisération  et  la  charité  du  peuple  chrétien  »  (t). 

En  général,  les  constructions  de  ces  asiles  n'avaient  rien  de 
grandiose  :  elles  consistaient  en  un  groupe  de  petites  maisons, 
quelquefois  de  huttes  d'un  aménagement  très  sommaire,  édiOées 
autour  ou  à  proximité  d'une  chapelle  :  les  indications  que  donnent 
certains  documents  sur  ces  hôpitaux  nous  les  montrent  comme 
offrant  à  peu  près  l'aspect  et  la  disposition  des  béguinages  flamands. 

La  citation  qu'on  vient  de  lire  mentionne  l'établissement  de  pè- 
lerinages et  d'assemblées  de  dévotion  dans  les  petits  sanctuaires 
dépendant  des  maladreries.  Nous  ne  constatons  pas  le  fait  dans 
notre  pays,  et  nous  ne  trouvons  trace  d'aucune  concession  d'ordre 
spirituel  en  faveur  des  chapelles  de  lépreux;  mais  les  léproseries 
des  provinces  voisines  ont  bénéficié  de  privilèges  importants, 
accordés  par  le  pouvoir  civil.  En  Poitou  notamment,  les  rois  d'An- 
gleterre, qui  avaient  richement  doté  plusieurs  établissements  de  ce 
genre,  leur  octroyèrent,  à  la  flc  du  xu*  siècle,  les  droits  à  percevoir 
sur  les  marchandises  apportées  à  plusieurs  grandes  foires,  et  peut- 
être  telle  de  ces  foires  avait-elle  été  créée  précisément  en  vue  d'as- 
surer des  ressources  à  ces  maisons. 

Dans  certains  pays,  les  individus  atteints  de  la  lèpre  étaient 
considérés  comme  civilement  morts  et  déchus  de  toute  capacité 
comme  de  tout  droit.  M.  Guillouard,  qui  a  fait  une  étude  appro- 
fondie de  la  condition  des  lépreux  au  moyen  âge,  signale  cet  état 
de  choses  comme  ayant  existé,  de  par  les  mœurs  et  de  par  la  légis- 
lation, dans  plusieurs  provinces.  La  coutume  deClermont  en  Beau- 
voisis  formule  l'arrêt  en  termes  catégoriques  :  le  mézel  est  «  mort 
quant  au  siècle  ».  Ailleurs,  en  Normandie  par  exemple,  ce  régime 
barbare  est  atténué  :  l'infortuné  n'a  ni  le  droit  de  contracter,  ni 
celui  de  tester  ;  mais  il  conserve  l'usufruit  de  ses  biens  (2).  Plus  au 
nord,  à  Lille  et  dans  une  partie  des  Flandres,  dans  le  Hainaut,  le 
lépreux  n'est  nullement  dépouillé  de  la  propriété  de  son  patrimoine 


(1)  H.  Bouvier,  Histoire  de  Vassistance  publique  dans  le  département 
de  V Yonne, 

(2)  Guillouard,  De  la  condition  des  lépreux  au  moyen  âge,  notamment 
diaprés  la  Coutume  de  Normandie.  Paris  et  Caen,  1875. 


10  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

et  peut  en  disposer  à  son  gré.  Il  agit,  traite  et  contracte,  achète  et 
vend  comme  toute  autre  personne  ;  il  est  soumis  à  des  règlements 
de  police  et  d'hygiène  spéciaux,  rien  de  plus.  Nous  verrons  plus 
loin  qu'il  paraît  en  avoir  été  de  même  en  Limousin  et  dans  notre 
région. 

Encore,  dans  une  partie  au  moins  des  provinces,  les  restrictions 
apportées  à  la  liberté  du  mézel  ne  paraissent-elles,  au  moins  jus- 
qu'au xm**  siècle,  s'appliquer  qu'aux  malades  indigents  ou  appar- 
tenant aux  classes  inférieures.  La  noblesse  tout  au  moins  y  échappe. 
On  sait  qu'en  1119  l'ordre  de  Saint-Lazare  avait  été  fond;^  spéciale- 
ment pour  les  chevaliers  lépreux  et  que,  jusqu'en  12S3,  le  grand- 
maître  dut  être  choisi  parmi  les  membres  de  cette  famille  religieuse 
atteints  de  la  lèpre.  Plusieurs  grands  seigneurs  croisés  qui  l'avaient 
contractée  continuèrent  à  guerroyer,  à  chasser,  à  tenir  leurs  assises, 
à  vivre  de  la  même  vie  que  leurs  voisins,  et  Amaury,  roi  de  Jéru- 
salem, qui  demeura  malade  de  longues  années,  mourut  sur  le  tr^ne. 
En  Europe,  beaucoup  de  barons  affligés  de  la  lèpre  vécurent  dans 
leur  château  et  n'abandonnèrent  pas  leur  famille.  Dans  les  monas- 
tères, on  ne  chassa  pas  les  frères  chez  qui  se  manifesta  la  maladie  ; 
on  se  borna  à  leur  donner  une  cellule  à  part,  dans  les  dépendances 
du  cloître.  La  Vie  de  Louis  IX,  écrite  par  le  confesseur  de  sa  femme, 
Marguerite  de  Provence,  et  qui  contient  tant  d'anecdotes  touchantes, 
tant  de  gracieux  récits  concernant  le  saint  roi,  nous  apprend  qu'un 
religieux  de  l'abbaye  de  Royaumont,  le  frère  Ligier,  était  couvert 
de  la  lèpre  la  plus  rebutante.  «  Pour  la  grant  maladie,  conte  le 
naïf  auteur,  ses  yeux  estoienl  si  degastez  qu'il  ne  veoit  goûte,  et 
avoil  perdu  le  nez,  et  ses  lèvres  esloient  fendues  et  grosses,  et  les 
perluis  esloient  rouges  et  hysdeux  a  veoir  ».  Louis  allait  souvent 
visiter  la  maison  qu'il  avait  fondée  et  à  laquelle  il  témoignait  un 
intérêt  tout  particulier.  Il  apprit  l'infortune  du  pauvre  moine  et 
voulut  lui  apporter  lui-même  des  paroles  de  consolation.  On  le 
conduisit  à  la  cellule  qu'occupait  Ligier.  Celui-ci,  à  ce  moment, 
prenait  son  modeste  repas.  Le  roi  s'agenouilla  devant  le  malade, 
prit  le  couteau  qui  était  sur  la  table,  se  mit  à  couper  les  morceaux 
et  les  présenta  un  à  un  au  lépreux;  en  même  temps  il  réconfortait 
le  pauvre  homme.  «  Li  disoit  qu'il  soulTrist  en  bonne  patience  celé 
maladie;  que  c'estoit  son  purgatoire  en  cest  monde  et  que  il  valoil 
miex  qu'il  souffrist  celé  maladie  ici  que  il  soufTrist  autre  chose  el 
siècle  a  venir  ».  Et  saint  Louis  conserva  l'habitude  de  visiter  et  de 
servir  le  frère  Ligier  chaque  fois  qu'il  venait  à  Royaumont.  — 
«  Allons  voir  notre  malade  »,  disait-il  en  mettant  pied  à  terre  dans 
la  cour  de  l'abbave. 
Néanmoins,  presque  toutes  les  personnes  atteintes  de  la  lèpre 


LES  LÉPREUX   ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  11 

furent  peu  à  peu  concentrées  dans  les  nr)aladrerics.  Elles  y  menaient 
une  existence  à  peu  près  analogue  à  celles  de  beaucoup  de  commu- 
nautés religieuses.  Ces  établissements  eurent  souvent  un  caractère 
municipal;  mais  ils  furent  partout,  à  Torigine  surtout,  placés  sous 
Tautorité  des  ëvêques,  qui  ont  été,  dans  toutes  nos  provinces,  les 
fondateurs  de  la  plupart  des  maisons  hospitalières.  Les  léproseries 
étaient  donc  régies  par  des  ordonnances  épiscopales  et  par  des 
coutumes  dont  on  retrouve  partout  les  traces.  On  connaît,  dans  les 
provinces  au  nord  de  la  Loire  surtout,  un  certain  nombre  de  statuts 
concernant  les  lépreux  et  remontant  pour  la  plupart  aux  xn^  et 
xui*  siècles.  L'attention  de  FËglise  avait  été  appelée  tout  spéciale- 
ment par  les  désordres  dont  les  maladreries  étaient  le  théâtre  dès 
cette  époque,  et  qui  paraissent,  au  témoignage  de  nombreux  docu- 
ments, avoir  été  assez  communs  dans  les  établissements  hospita- 
liers d'autrefois.  On  ne  pouvait  avoir  partout  des  maladreries  dis- 
tinctes pour  les  hommes  et  pour  les  femmes,  et  la  présence  simul- 
tanée, dans  le  même  établissement,  de  malades  des  deux  sexes  était 
souvent  l'occasion  de  scandales.  Dans  presque  toutes  les  léproseries, 
néanmoins,  les  hommes  occupaient  ou  un  bâtiment  spécial  ou  une 
portion  des  constructions  séparée  du  local  affecté  aux  femmes  : 
ils  vivaient,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  en  communauté, 
sous  une  règle  simple  et  comportant  peu  d'obligations.  Les  lépreu- 
ses, de  leur  côté,  constituaient  également  une  communauté  ayant 
un  caractère  religieux  et  faisant  des  vœux  analogues  à  ceux  des 
ordres  monastiques  :  chasteté,  obéissance,  pauvreté.  Le  malade 
qui  contrevenait  aux  règlements  de  la  maison,  notamment  en  ce 
qui  concernait  la  séparation  des  sexes,  encourait  certaines  puni- 
tions, comme  le  jeûne  au  pain  et  à  l'eau  ou  même  le  poison.  Au 
surplus,  il  semble  que  de  tout  temps  les  malades  aient  pu  se  marier 
entre  eux  et  qu'il  y  eut,  dans  les  léproseries,  des  cellules  ou  des 
maisonnettes  réservées  à  ces  ménages. 

Les  statuts  épiscopaux  n'édictaient  pas  seulement  des  mesures 
propres  à  prévenir  les  actes  d'immoralité  ou  d'insubordination; 
leurs  prescriptions  s'étendaient  à  tout  ce  qui  avait  trait  au  régime 
intérieur  de  la  maison  et  aussi  à  la  conduite  des  lépreux  au  dehors. 
La  plupart  de  ces  statuts  constituaient,  on  l'a  dit  plus  haut,  une 
sorte  de  règle  monastique.  M.  Bouvier,  dont  nous  avons  déjà  eu 
occasion  de  citer  le  consciencieux  ouvrage,  mentionne  une  ordon- 
nance de  Guy  de  Noyers,  archevêque  de  Sens,  enjoignant  aux  lépreux 
d'observer  le  silence  à  table  et  au  dortoir,  leur  interdisant  de  par- 
courir les  rues  et  d'entrer  dans  les  tavernes  et  autres  lieux  publics. 
Ces  dernières  prohibitions,  du  reste,  se  retrouvent  à  peu  près 
partout.  Les  populations,  en  général,  ne  souffraient  guère  que  les 


12  SOCIÉTÉ    AnCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

ladres  sepermisseat.de  les  enfreindre.  A  ia  porte  d'un  certain 
nombre  d'églises  du  moyen  âge,  on  montre  encore  ie  bénitier  des 
lépreux,  témoignage  subsistant  d'un  état  de  choses  consacré  par 
plusieurs  siècles. 

Les  lépreux  ont  été  souvent  accusés  de  vices  hideux  et  de  crimes 
abominables.  Des  témoignages  sérieux  établissent  que  beaucoup  se 
livraient  à  la  débauche,  et  nous  n'avons  pas  celé  que  les  maladre- 
ries  étaient  le  théâtre  de  graves  désordres.  Quant  aux  crimes,  ils 
n'ont  jamais  été  prouvés.  Il  est  néanmoins  vraisemblable  que  les 
lépreux  n'étaient  pas  tous  innocents  des  forfaits  dont  les  chargeait 
l'opinion  publique.  Quelques  faits  réels  ont  pu  se  produire,  dont 
rimagination  popu4aire  s'est  emparée  pour  les  généraliser  en  les 
présentant  sous  les  plus  sombres  couleurs. 

La  crainte  qu'inspiraient  aux  populations  ces  misérables  à 
l'aspect  hideux,  aux  chairs  rongées,  à  la  voix  rauque  et  comme 
étranglée,  une  instinctive  répulsion  qui,  chez  beaucoup  de  per- 
sonnes, allait  jusqu'à  l'horreur,  les  habitudes  de  vagabondage  des 
lépreux,  le  mystère  qui  entourait  certains  côtés  de  leur  existence, 
les  passions  brutales  qu'on  leur  attribuait,  leurs  allures  louches 
justifiant  dans  une  certaine  mesure  la  suspicion,  faisaient  accueillir 
aisément,  sur  leur  compte,  les  bruits  les  plus  étranges,  les  rumeurs 
les  plus  absurdes.  Au  commencement  du  xiv*  siècle,  les  imputa- 
tions dont  ces  infortunés  étaient  l'objet  prirent  un  caractère  à  la 
fois  plus  précis  et  plus  dangereux.  On  les  accusa  d'avoir  tramé  un 
vaste  complot  pour  faire  périr  tous  les  chrétiens  par  le  poison. 
Ces  bruits,  évidemment  absurdes  si  on  les  prenait  à  la  lettre,  se 
répandirent  dans  tout  le  royaume  et  semblent  y  avoir  sans  peine 
trouvé  créance.  Ils  provoquèrent,  dans  le  peuple,  une  véritable 
explosion  de  haine  et  de  fureur  contre  les  habitants  des  mala- 
d  reries. 

Les  premières  années  du  xiv''  siècle,  il  ne  faut  pas  l'oublier, 
semblent  témoigner  d'un  état  d'esprit  passablement  troublé.  Cette 
période  fut  marquée  en  France  par  des  événements  extraordinaires, 
dont  les  causes  n'ont  jamais  été  parfaitement  éclaircies  ni  les 
phases  nettement  déterminées,  et  qui,  malgré  la  lumière  jetée  sur 
beaucoup  de  faits  obscurs  par  l'érudition  contemporaine,  gardent 
dans  quelque  mesure,  pour  la  postérité,  un  caractère  presque  mys- 
térieux. Sans  parler  des  scandales  intimes  qui  éclatèrent  dans  la 
famille  royale  et  déshonorèrent  plusieurs  de  ses  membres,  des 
tragédies  de  cour  dont  on  est  loin  d'avoir  élucidé  les  détails,  le 
procès  des  Templiers  et  l'affaire  des  lépreux  demeurent  des  pro- 
blèmes sur  lesquels  le  dernier  mot  n'a  certainement  pas  été  dit. 

L'opinion  publique  a  toujours  été  une  force.  Même  au  moyen 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  13 

âge  on  ne  la  bravait  pas  impunément.  Dans  plus  d'une  occasion, 
les  princes  essayèrent  de  la  rendre  favorable  à  leurs  desseins  et  de 
s'appuyer  sur  elle.  Philippe  le  Bel,  qui  se  Tétait  aliénée  par  l'allé- 
ration  des  monnaies,  compta  pourtant  avec  elle  et  tenta,  dans 
diverses  circonstances,  d'en  tirer  parti  au  profit  de  sa  politique. 
On  sait  notamment  quels  efforts  il  lit,  au  cours  de  sa  lutte  avec  le 
Saint-Siège,  pour  obtenir  une  imposante  manifestation  de  tous  les 
corps,  laïques  et  ecclésiastiques  du  royaume,  en  faveur  de  la  convo- 
cation d'un  concile  œcuménique  par  lequel  il  rêvait  de  faire  déposer 
Boniface  VIII,  son  énergique  adversaire. 

Parfois  l'opinion  parlait  si  haut  que  les  souverains  jugèrent  pru- 
dent de  lui  donner  satisfaction,  et  plus  on  étudie  les  ordonnances 
rendues  par  la  royauté  contre  les  lépreux,  plus  il  paraît  évident 
que  les  barbares  mesures  adoptées  à  leur  égard  furent  arrachées 
au  prince  par  les  exigences  d'un  puissant  courant  d'opinion,  bien 
plus  que  dictées  par  la  conviction  de  la  culpabilité  de  ces  mal- 
heureux. 

Plusieurs  chroniqueurs,  parmi  lesquels  on  peut  citer  le  conti- 
nuateur de  notre  Gérald  de  Frachet  et  Jean  de  Saint- Victor,  racon- 
tent en  termes  identiques  qu'un  lépreux  d'importance  (1)  aurait 
reçu  d'un  riche  Juif  une  somme  considérable  pour  engager  tous  les 
ladres  du  royaume  dans  une  vaste  conspiration.  Ils  devaient 
empoisonner  toutes  les  fontaines  et  tous  les  puits,  de  telle  sorte, 
disent  les  contemporains,  que  tous  les  chrétiens  qui  boiraient  de 
ces  eaux  mourussent  ou  fussent  atteints  de  la  lèpre.  Juifs  et  mezels 
rêvaient,  non  seulement  de  se  venger  par  là  des  chrétiens^  mais  de 
conquérir  la  puissance  et  de  gouverner  l'Etat  à  leur  tour.  Et  un 
contemporain,  Pierre  Cochon,  traduit  en  ces  termes  une  pensée  que 
nous  retrouvons  chez  plusieurs  autres  auteurs  de  son  époque  : 
«  Les  mesiax  empoisonnèrent  les  eauez  affin  que  les  genz  sainz 
mourussent  et  que  les  mesiax  fussent  seigneurs  du  monde  »  (2). 

Terrible  était  le  poison  employé  et  dont  le  Juif  avait  probable- 
ment donné  la  formule  au  lépreux  avec  lequel  il  s'était  abouché. 
Celui-ci,  épouvanté  des  conséquences  du  complot  dont  il  avait  été 
lui-même  le  principal  organisateur  et  qui  avait,  on  l'assurait  du 
moins,  reçu  un  commencement  d'exécution,  se  décida  à  tout  avouer. 
Interrogé  sur  la  composition  du  poison  dont  on  devait  faire  usage, 
il  déclara  qu'il  y  entrait  du  sang  humain,  de  l'urine  et  trois  herbes 


(1)  Cujusdam  magni  leprosi, 

(2)  Historiens  de  France,  tome  XXIII,  p.  224. 


14  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 

qu'il  ne  sut  ou  ne  voulut  pas  indiquer  (1).  La  confession  du  cou- 
pable fui  recueillie  par  le  seigneur  de  Parlhenay  et  adressée  par 
celui-ci,  sous  son  sceau,  au  roi  Philippe  V,  qui  se  trouvait  alors  à 
Poiliers.  Mais  le  bruit  du  forfait  tramé  par  les  hôtes  des  maladre- 
ries  s*élait  déjà  répandu  partout,  et  le  peuple  ne  voulait  plus  per- 
mettre aux  lépreux  d'approcher  des  fontaines  (2).  Sur  plusieurs 
points,  en  Poitou  et  en  Limousin  notamment,  les  juMices  locales 
avaient  déjà  commencé  des  informations,  obtenu  des  aveux  et 
même  fait  exécuter  les  coupables.  Mais  dans  beaucoup  d'endroits, 
le  peuple  avait  voulu  se  faire  justice  lui-même  et,  sans  attendre  la 
procédure  des  juges,  trop  lente  à  son  gré,  avait  livré  les  infortunés 
lépreux  aux  flammes.  Un  chroniqueur  normand  assure  que  le 
nombre  de  ces  malheureux  envoyés  au  bAcher  par  les  juges  fut 
très  inférieur  à  celui  des  lépreux  que  firent  brûler  les  populations  (3). 

C'est  dans  ces  circonstances  que  Philippe  V  rendit,  le  21  juin  1321, 
une  ordonnance  dans  laquelle,  tenant  pour  établi  le  dessein  abo- 
minable prêté  aux  lépreux  (4)  et  qui  avait  pu  être  rêvé  par  quelques 
scélérats  et  quelques  fous,  il  prescrivait  de  saisir  tous  les  individus 
atteints  de  cette  maladie  qui  se  trouvaient  dans  le  royaume,  de  les 
jeter  en  prison,  d'informer  contre  eux  et  de  faire  périr  par  le  feu 
tous  ceux  qui  avoueraient  leur  crime  ou  seraient  convaincus  d'avoir 
trempé  dans  la  conspiration.  Le  roi  déclarait  du  reste  que  des 
arrestations  avaient  été  opérées  par  son  ordre,  que  plusieurs  cou- 
pables avaient  avoué  leur  crime  et  déjà  expié  ce  forfait  sur  le 
bûcher  (5). 

C'est  à  tort,  croyons-nous,  qu'on  attribua  au  Saint-Siège,  une  part 
quelconque  dans  les  informations  et  les  poursuites.  Malgré  les 
indications  données  à  cet  égard   par  certaines  chroniques  (6), 

(1)  Potiones  fiebant  de  sanguine  humano  et  urina  et  tribus  herbis  quas 
noluit  aut  nescivit  nominare  (Histor,  de  France^  t.  XXI,  p.  56  et  673). 

(2)  «  Les  sainz  ne  voulurent  point  que  ilz  puisasent  de  Teaue  en  leurs 
puits  ne  en  leurs  fontaines  (Chronique  de  Rouen,  ap.  Ilistor.  de  France, 
t.  XXIII,  p.  3d4). 

(3)  Omnes  leprosi,  quasi  per  totum  regnum,  longe  plus  per  populum 
quant  per  sœcularem  locorum  justitiam  combusti  sunt  {Histor,  de  France, 
t.  XXIII,  p.  349). 

(4)  Cum  universi  leprosi..,  venenosis  potionibus  quas  in  aquis,  fonti- 
bus,  pulheis  et  locis  aliis  projecerunt,  christianos  interficere  conati  fue- 
runt,..  (Ordonnances,  t.  XI,  481). 

(5)  Leprosos  ipsos  in  regno  nostro  Francie  capi  fecerimus,  quorum 
aliqui  reatum  suum  confîtentes,  jam  combusti  sunt... 

(6)  Capti  fuerunt  omnes  leprosi  et  a  domino  Papa  condemnaii,  muUique 
in  diversis  locis  igné  combusti,  etc.  (Chronique  du  monastère  de  Sainte- 
Catherine  de  Rouen,  dans  les  Historiens  de  France,  t.  XXIII,  p.  409). 


LES  LÉPIIBUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  15 

Jean  XXII,  qui  occapait  la  chaire  de  Saint-Pierre,  parait  être 
resté  étranger  à  ces  événements. 

L'émotion  était  grande  partout.  Heureusement  pour  eux,  les 
hôtes  des  maladreries,  quoique  beaucoup  de  leurs  maisons  fussent 
bien  dotées,  ne  possédaient  pas  les  richesses  des  chevaliers  du 
Temple,  et  leurs  revenus  pouvaient  être  revendiqués  par  des  com- 
munautés ou  des  autorités  locales.  Aussi  la  persécution  contre  eux 
fut-elle  de  courte  durée.  Si  un  trop  grand  nombre  de  malheureux, 
dont  la  plupart  étaient  des  victimes  bien  innocentes,  périrent  dans 
les  flammes,  beaucoup  de  mézels,  même  adultes,  eurent  la  vie 
sauve.  Après  avoir  subi  une  détention  de  quelques  mois  dans  les 
prisons  royales,  ceux  qui  avaient  échappé  au  bûcher  furent  renfer- 
més ensemble,  chaque  sexe  à  part,  dans  un  hôpital  de  leur  lieu 
d'origine.  On  séquestra  leurs  biens  et  on  laissa  seulement  affecté 
au  service  de  ces  maisons  la  portion  des  revenus  de3  maladreries 
nécessaire  pour  subvenir  aux  frais  de  nourriture  et  autres  dépenses 
de  première  nécessité  des  malades,  ainsi  qu'à  Tentretieu  des  frères 
et  sœurs  chargés  de  leur  donner  des  soins  (1).  Fort  étroite  d'abord, 
cette  captivité  se  relâcha  peu  à  peu  de  sa  rigueur,  et  presque  par- 
tout les  lépreux  jouirent  bientôt  de  la  même  liberté  qu'avant  la 
persécution. 

Les  événements  de  \'âi\  anéantirent  une  grande  quantité  d'œu- 
vres  intéressantes  et  d'établissements  qui  rendaient  de  réels  servi- 
ces. Partout  les  officiers  royaux  avaient  reçu  l'ordre  de  se  saisir  des 
possessions  des  léproseries  et  de  les  administrer  avec  une  scrupu- 
leuse sollicitude  ;  mais  ce  n'était  point  chose  aisée  que  celte  mise 
sous  séquestre  et  cette  régie.  Beaucoup  de  seigneurs  locaux,  d'évê- 
ques  surtout,  protestèrent  auprès  du  roi  et  réussirent  à  conserver 
provisoirement  sous  leur  main  les  biens  des  maladreries.  A  la 
faveur  des  tiraillements  qui  se  produisirent  et  du  désarroi  qui 
s'ensuivit,  beaucoup  Je  revenus  se  perdirent;  les  bâtiments  ne 
furent  pas  entretenus;  les  propriétés  rurales  furent  abandonnées. 
Les  léproseries,  rétablies  après  la  crise  et  remises  en  possession  de 
la  plus  grande  partie  de  leur  patrimoine,  ne  purent  de  longtemps 
effacer  les  traces  de  la  crise  qu'elles  venaient  de  subir.  Malgré  les 
efforts  de  l'autorité  ecclésiastique,  les  désordres  qui  s'étaient  pro- 
duits dans  les  hôpitaux  de  lépreux  dès  leur  création  reparurent 
et  s'aggravèrent.  L'abandon  où  beaucoup  de  maladreries  tombè- 
rent pendant  la  période  la  plus  sombre  de  la  guerre  de  Cent  Ans 


(1)  Mémoire  de  M,  Duplès-Agier  clans  la  Bibliothèque  de  V Ecole  des 
chartes,  tome  III,  quatrième  série,  pages  265  et  suivantes. 


16  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

favorisa  ces  désordres,  auxquels  s*ajoutërent  des  abus   de  loule 
sorle.  Certaines  maisons  furent  presque  totalement  dépouillées  de 
leurs  biens.  Ailleurs,  les  lépreux,  dont  le  nombre  diminuait  grâce 
à  la  séquestration  au  moins  relative  des  personnes  atteintes  de  ce 
mal  et  aussi  à  l'amélioration  des  conditions  générales  de  Thygicnc, 
s'émancipèrent  presque  complètement  et  constituèrent  de  petites 
collectivités  de  mendiants  privilégiés,  très  enclins  à  mésuser  de  leur 
privilège  et  à  Texploiter  au  mieux  de  leurs  intérêts  particuliers.  Le 
mariage  entre  les  ladres  et  les  femmes  saines  dont  on  a,  dès  le 
moyen  âge,  un  certain  nombre  d'exemples,  et  que  TEglise  n'avait 
point  du  reste  prohibé  d'une  façon  absolue,  devint  de  plus  eu  plus 
commun.  La  police  des  hôpitaux  de  lépreux,  comme  des  autres  éta- 
blissements, laissait  de  plus  en  plus  à  désirer.  L'influence  du  clergé 
diminuait  et  le  pouvoir  civil  se  substituait  â  Tautorité  épiscopale  en 
beaucoup  de  matières  relatives  à  l'assistance.  François  I*'  essaya 
de  mettre  ordre  à  une  situation  qui,  depuis  longtemps,  n'avait  fait 
qu'empirer.  II  chargea,  en  1543,  le  grand  aumônier  de  France  de 
prendre  des  mesures  pour  rétablir  la  régularité  dans  les  léprose- 
ries et  arrêter  la  dilapidation  des  biens.  Celte  ordonnance  ne  paraît 
pas  avoir  eu   beaucoup  d'efficacité.  Les  guerres  religieuses  du 
seizième  siècle  mirent  le  comble  aux  désordres  qu'on  avait  voulu 
réprimer.  Un  édit  d'Henri  IV  défendit,  en  1606,  le  mariage  des 
lépreux  avec  des  femmes  non  atteintes  de  la  maladie,  et  enjoignit 
aux  ladres,  dont  les  anciennes  communautés  s'étaient  dissoutes 
dans  nombre  de  localités  et  dont  beaucoup  menaient  une  existence 
de  vagabondage  et  de  débauche,  de  se  retirer  dans  les  maladre- 
ries  les  plus  rapprochées  de  leur  lieu  d'origine.  Ils  continuaient  à 
porter,  pour  être  plus  aisément  reconnus,  un  signe  apparent,  le 
plus  souvent  un  morceau  d'étoffe  de  couleur  éclatante,  cousu  sur 
I  épaule  ou  sur  la  poitrine  (1).  A  plusieurs  reprises,  dos  ordonnan- 
ces royales  avaient  rappelé  aux  mézeaux  cette  obligalion;  Char- 
les VI  notamment  avait  renouvelé,  en  1407,  les  prescriplions  «le 
ses  prédécesseurs  louchant  les  lépreux.  Celle  de  la  rouelle  subsis- 
tait au  dix-septième  siècle,  tout  au  moins  dans  nos  contrées. 

Les  individus  atteints  de  la  maladie  se  faisaient  rares  ;  les  méde- 
cins le  constatcnl  et,  dès  le  seizième  siècle,  Jean  Vigo  dit  ne  pou- 
voir ciler  qu'un  seul  cas  certain  de  lèpre.  Beaucoup  de  mendianis, 
qui  n'en  étaient  nullement  infectés,  se  prétendaient  malades  pour 


(1)  Les  Juifs  avaient  élé  astreints  au  moyen  âge  à  la  même  obligation 
et  avaient  longtemps  porté  sur  l'épaule  une  «  roue  »  ou  pièce  d'étoffe  de 
forme  ronde,  de  couleur  jaune.  La  couleur  de  la  roue  des  lépreux  paraît 
avoir  varié  suivant  les  localités. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSEIUES  DE  LIMOGES  17 

se  faire  admettre  au  nombre  des  pensionnaires  d^une  léproserie  et 
jouir  des  immunités  séculaires  concédées  à  leurs  hôtes.  Une  décla- 
ration de  4613  ordonna  que  les  soi-disant  ladres  seraient  visités 
avant  d'être  admis  dans  un  des  hôpitaux  spéciaux.  Comme  les 
rentes  dues  à  ces  établissement  avaient  cessé,  dans  certaines  loca- 
lités, d'être  recouvrées,  qu'ailleurs  elles  étaient  détournées  de  leur 
emploi  et  gaspillées,  le  roi  chargea  le  grand  aumônier  de  France 
de  réunir  entre  ses  mains  la  gestion  des  biens  de  toutes  les  roala- 
dreries  et  de  servir  une  pension  aux  lépreux.  Ces  mesures  ne 
reçurent  que  partiellement  leur  exécution.  En  1672,  Louis  XIV 
transféra,  par  un  nouvel  édil,  à  Tordre  de  Notre-Dame  du  Mont- 
Carmel  et  de  Saint-Lazare  —  (le  mieux  qualifié  pour  celte  mission 
puisque  Tordre  de  Saint-Lazare,  on  Ta  vu,  avait  été,  à  l'origine, 
exclusivement  composé  de  chevaliers  atteints  de  la  lèpre)  —  Tad- 
ministration  des  biens  de  toutes  les  léproseries,  maladreries,  com- 
manderies,  prieurés,  hôpitaux  existant  dans  le  royaume,  qui 
avaient  dépendu  soit  de  leur  institut  soit  des  «  autres  ordres  hos- 
pitaliers, militaires,  séculiers  ou  réguliers,  éteints,  supprimez  et 
abolis  de  fait  ou  de  droit  »;  Tédil  concédait  aussi  aux  chevahers  du 
Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare  «  Tadministration  perpétuelle  et 
irrévocable  de  toutes  les  maladeries,  commanderies  et  léproseries, 
ensemble  tous  les  hospitaux,  hôtels-Dieu,  maisons-Dieu,  aumos- 
neries,  confréries,  chapelles  hospitalières  et  autres  lieux  pieux  du 
royaume  »,  possédés  en  titre  de  bénéfices  et  ou  Thospilalité  se 
trouvait  ou  non  éteinte  ou  n'était  plus  exercée  suivant  les  condi- 
tions de  leur  fondation.  Cet  octroi  était  fait  à  TOrdre,  à  la  condition 
qu'il  emploierait  une  partie  de  ses  revenus  à  contribuer  aux 
dépenses  des  hôpitaux  des  armées,  à  créer  des  commanderies 
dont  le  roi  pourrait  disposer  en  faveur  d'anciens  ofiSciers  ou 
soldats  qui  y  trouveraient  une  retraite  honorable.  L'édit  constatait 
qu'il  n'y  avait  «  presque  plus  de  lépreux  dans  le  royaume  »  et  dis- 
posait que  les  pauvres  qui  seraient  reconnus  atteints  de  ce  mal, 
seraient  «  logez  tous  dans  un  même  lieu  et  entretenuz  aux  despens 
dudit  ordre,  suivant  l'institution  d'iceluy  ». 

De  pareilles  mesures  devaient  susciter  d'innombrables  procès. 
Dans  la  prévision  des  difficultés  qu'allaient  rencontrer  les  membres 
de  Tordre  de  Saint-Lazare  pour  la  prise  de  possession  des  biens 
qui  leur  étaient  ainsi  dévoli:s,  le  roi  créa  une  juridiction  spéciale, 
la  Chambre  de  TArsenal,  pour  connaître  de  toutes  les  causes  se 
rapportant  à  l'exécution  de  Tédit. 

Celui-ci  souleva  de  toutes  parts  de  vives  protestations.  La  plupart 
des  anciens  patrons  ou  seigneurs,  les  autorités  ecclésiastiques,  les 
administrateurs  des  hôpitaux,  les  magistrats  municipaux  qui,  dans 


18  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQl'E  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

un  certain  nombre  de  villes  s'étaient  arrogés,  avec  plus  ou  moins 
de  titres,  la  gestion  ou  tout  au  moins  la  surveillance  des  maisons 
de  ce  genre,  opposèrent  aux  prétentions  de  Tordre  de  Saint-Lazare 
la  plus  vive  résistance.  Les  lépreux  ou  soi-disant  lépreux  qui  occu- 
paient encore  un  certain  nombre  de  maisons,  réclamèrent  contre 
des  mesures  qui  portaient  atteinte  à  leurs  intérêts  et  menaçaient 
leur  indépendance.  D'interminables  procès  s'engagèrent.  Plusieurs 
déclarations  du  roi,  celle  du  24  mars  1674  entr'autres,  atténuèrent 
la  portée  de  Tédit  de  1672  :  il  fut  expliqué  que  celui-ci  ne  s'appli- 
quait pas  aux  léproseries  unies  aux  hôpitaux  généraux  créés  en 
1662,  non  plus  qu'aux  hôtels-Dieu  et  «  bureaux  de  pauvres  »  où 
des  indigents  malades  ou  des  mendiants  étaient  reçus.  Mais  les 
difficultés  ne  se  multiplièrent  pas  moins  et  la  Chambre  de  l'Arsenal 
se  trouva  surchargée  d'alTaires  embrouillées  et  souvent  de  minime 
importance.  On  constatait  en  môme  temps  que  les  ressources  pro- 
duites par  l'exécution  de  l'édit  seraient  loin  de  répondre  à  ce  qu'on 
en  avait  attendu.  Aussi  le  roi  se  décida-l-il,  après  vingt-et-un  ans, 
à  revenir  sur  les  dispositions  adoptées  en  1672. 

Un  nouvel  édit,  du  mois  de  mars  1693,  reconnut  que  Funion 
ordonnée  (<  n'apportait  presque  aucune  utilité  »  aux  militaires  au 
profit  desquels  elle  avait  été  opérée  et  «  les  engageoit  à  des  procez 
inévitables  »  ;  que  lextrôme  dissémination  des  biens  et  revenus  des 
établissements  visés  par  l'acte  royal  en  rendait  la  surveillance  et 
l'administration  aussi  coûteuse  que  dilUcile.  En  conséquence,  le 
patrimoine  des  maisons  et  congrégations  énoncées  à  l'édit  de  1672 
était  «  désuni  »  de  l'ordre  du  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare.  Il 
fut  ordonné  aux  commandeurs  et  prieurs  pourvus  de  ces  bénéfices 
de  les  délaisser  et  de  remettre  les  titres  aux  personnes  chargées 
par  les  intendants  de  prendre  provisoirement  la  régie  de  ces  biens 
et  les  fonds,  droits  et  revenus  durent  être  affectés  à  quelques-uns 
des  établissements  hospitaliers  en  exercice  ou  tout  au  moins  au 
soulagement  des  pauvres  delà  localité.  Les  dispositions  de  cet  édit 
furent  complétées  par  des  déclarations  et  arrêts  des  15  avril, 
8  août,  24  août,  22  décembre  de  la  même  année  1693,  et  des  ins- 
tructions adressées  aux  intendants  et  aux  évêques. 

L'édit  de  1693  fut  précédé  d'une  déclaration  dulSavrildelamême 
année  constatant  la  disparition  «  presque  entière  et  universelle  »  de 
la  lèpre.  Il  ordonna  que  le  patrimoine  des  maisons  spéciales,  établies 
pour  recevoir  les  personnes  atteintes  de  ce  mal,  et  l'administration 
de  ces  hôpitaux  seraient  repris  à  l'ordre  de  Saint-Lazare,  et  que 
celles  de  ces  maisons  qui  conservaient  encore  des  revenus  suffi- 
sants seraient  érigées  en  hôpitaux  ;  les  autres  devaient  être  unis 
à  des  établisseiaeiils  bespftafiers  auxquels  passeraient  leurs  oblifa- 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPHOSERIES  DE  LIMOGES  19 

lions  avec  leurs  immeubles  el  redevances.  C'est  ce  qui  parait  avoir 
été  exécuté  presque  partout.  A  ia  Révolution,  il  n'existait  plus, 
semble-t-il,  d'hôpitaux  de  lépreux  dans  le  royaume.  Toutefois,  des 
colonies  de  mendiants  patentés,  point  du  tout  aUeinls  de  la  terrible 
maladie,  bien  portants  en  général  et  entourés  d-une  nombreuse 
famille,  dont  quelques-uns  entretenaient  soigneusement  une  affec- 
tion le  plus  souvent  bénigne,  destinée  à  être  invoquée  comme  un 
titre  de  propriété,  occupaient  encore  un  certain  nombre  d'ancien- 
nes maladreries. 

I.  —  La  lèpre  et  les  lépreux  en  Limousin  avant  i  321 

Nous  ne  connaissons  pas  de  texte  remontant  au  haut  moyen  âge 
où  il  soit  fait  mention  de  Texistence  de  lépreux  dans  noire  pro- 
vince. A  un  document  qui  énumëre  les  coutumes  et  les  charges  de 
Taumônerie  du  célèbre  monastère  de  Saint-Martial  à  Limoges,  et 
qui  parait  dater  du  commencement  du  xi«  siècle,  il  est  parlé  d'un 
prélèvement  de  deux  deniers  opéré  en  faveur  des  lépreux,  par  le 
titulaire  de  l'aumônerie,  sur  la  somme  reçue  par  lui  chaque  samedi 
du  chévecier  et  provenant  sans  doute  du  produit  des  offrandes 
recueillies  au  sépulcre  de  Tapôlre  d'Aquitaine  (1).  Un  texte  assez 
curieux  du  carlulaire  du  prieuré  d'Aureil  rapporte  qu'en  1092, 
trois  ans  avant  la  prédication  de  la  première  croisade,  un  seigneur 
du  pays,  Bernard  de  la  Brugère,  atteint  de  la  lèpre,  Ut  construire  un 
oratoire  qu'il  dédia  à  la  Vierge  et  concéda  aux  moines  d'Aureil  (3). 

Dans  notre  pays  comme  dans  le  reste  de  la  France,  Vafifreux  mal, 
rare  jusqu'au  début  du  xn**  siècle,  apparaît  plus  commun  à  partir 
de  cette  époque.  C'est  alors  qu'on  vil,  au  témoignage  du  prieur  de 
Vigeois,  s'établir  les  premiers  hôpitaux  et  que  se  formèrent  les 
premières  communautés  de  lépreux  (3).  Les  personnes  affligées  de 
ce  mal  durent  être  aussi  nombreuses  en  Limousin  qu'en  Bourgo- 
gne et  dans  l'Ile-de-France  ;  car  il  se  fonda  des  léproseries  dans 
presque  toutes  nos  petites  villes  et  même  dans  quelques  bourgs. 
Los  infortunés  à  qui  Dieu  envoya  cette  cruelle  épreuve  se  retirèrent 


(1)  Quorum  duos  (sic)  denarios  (sic)  impùtstbantur  leprosis,  (A.  Leroux, 
E.  Molinier  et  A.  Thomas  :  Documents  historiques  concernant  la  Marche 
et  le  Limousin.  —  Limoges,  V«  Ducourtieux,  1883-85, 2  vol.  in-8o,  tome  II, 
p.  18.) 

(2)  Bernardus  de  Brugera,,.  Dominus  dédit  ei  infirmitatem  lèpre,  (Voir 
le  Cariai  d'Aureil,  édité  par  M.  de  Seaneville  dans  le  Bull,  Soc,  arch, 
du  Limousin,  XLVIII,  p.  166.) 

(3)  Dans  Labbe,  Scriptores,  II,  297. 


20  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  IIISTOHIQUE  DU  LIMOUSIN 

dans  les  ëtabiissemenls  spéciaux  créés  pour  les  recevoir  et  aux- 
quels les  fondateurs  consUtuèreut  de  pelites  dotations.  Ce  patri- 
moine, les  aumônes  des  fidèles  furent  chargées  de  le  compléter. 
Dans  le  diocèse,  ils  n'y  faillirent  pas  plus  qu*ailleurs. 

On  possède  peu  de  documents  relatifs  à  la  création  des  léprose- 
ries de  notre  pays.  Nous  savons  qu'à  son  retour  de  la  première 
croisade,  Raimond  I*',  vicomte  de  Turenne,  établit  à  Nazareth 
(près  Noailles),  une  petite  roaladrerie  avec  un  hospice  pour  les 
pèlerins.  On  voit  plus  tard  le  vicomte  de  Limoges  se  donner  pour 
le  fondateur  de  la  Maison-Dieu  de  celte  ville,  à  l'origine  de  laquelle 
il  semble  à  vrai  dire  être  resté  à  peu  près  étranger.  Des  documents 
d'archives  attestent  les  libéralités  de  divers  chevaliers,  de  divers 
bourgeois  en  faveur  des  asiles  de  lépreux.  Les  seigneurs,  en 
somme,  paraissent  en  Limousin,  comme  dans  bien  d'autres  pro- 
vinces du  royaume,  s'être  montrés  généreux  pour  ces  hôpitaux  ; 
mais  aucun  témoignage  ne  nous  les  montre  s'occupant  avec  une 
sollicitude,  avec  un  dévouement  particulièrement  affectueux,  des 
pauvres  malades,  à  l'exemple  de  certains  pieux  chevaliers  d'autres 
provinces,  et  méritant  cet  éloge,  si  éloquent  dans  sa  naïveté,  qu'une 
charte  de  1276,  relative  à  une  léproserie  du  diocèse  de  Laon,  fait 
d'un  seigneur  de  Cessé  :  «  Il  a  été  le  pain  et  la  provende  de  la 
maison.  » 

Nous  ne  saurions  donner  ici  le  relevé  complet  des  léproseries 
qui  furent  établies  dans  le  diocèse  de  Limoges.  On  ne  le  connaît 
que  d'une  façon  fort  incomplète.  Nous  ne  possédons,  de  ces  établis- 
sements, aucune  liste  qui  remonte  au  moyen  âge,  et  nous  savons 
d'autre  part  qu'un  certain  nombre  disparurent  au  cours  de  la 
guerre  de  Cent  Ans.  Ce  qu'on  peut  dire  avec  certitude,  c'est  que 
presque  tous  les  hôpitaux  dépendant,  au  xvn<>  siècle,  de  l'ordre  de 
Saint-Lazare  et  les  petites  maisons  rattachées  à  ces  hôpitaux 
avaient  autrefois  reçu  des  ladres.  On  trouve  (à  la  liasse  n<*  4847  de 
la  série  S,  aux  Archives  nationales)  l'énuméralion  de  ces  maladre- 
ries  avec  l'évaluation,  pour  chacune  d'elles,  du  revenu  dont  elle 
était  encore  en  possession  à  cette  époque.  Nous  reproduisons  ici  ce 
relevé  : 

La  commanderie  du  Saint-Esprit  de  Confolens  (revenu  :  35  livres). 

La  maladrerie  de  Confolens  (même  revenu). 

Celle  de  Saint-Jacques  d'Aixe  (revenu  :  5  livres). 

Autre  maladrerie  à  Aixe  (revenu  :  15  livres). 

La  maladrerie  de  Saint-Junien  (revenu  :  40  livres). 

Celle  de  Saint-Léonard  (revenu  :  5  livres). 

L'hôpital  de  Magnac  (revenu  :  12  livres). 

La  maladrerie  de  Chalus  (revenu  :  30  livres). 


LteS  Lél>REDX  bt  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  ^i 

La  maladrerie  de  La  Magdelaine  de  ia  ville  de  Limoges  (revenu  : 
iSO  livres). 

L'évaluation  du  revenu  nous  parait,  ici,  fort  inférieure  à  la 
réalité. 

Plusieurs  de  ces  maisons  avaient  été  déjà  réunies  à  des  établis- 
sements hospitaliers  de  la  localité  et  des  difficultés  restaient  à 
résoudre  entre  le  grand-maître  de  Saint-Lazare  et  les  évéques, 
\ilies  et  communautés.  Les  maladreries  qui  avaient  été  données  à 
l'ordre  et  dont  celui-ci  avait  pris  possession  lui  furent  retirées 
après  redit  de  1693  dont  nous  avons  eu  occasion  de  signaler  plus 
haut  la  teneur.  Une  très  petite  partie  seulement  des  archives  de 
ces  maisons  nous  a  été  conservée. 

La  liste  que  nous  fournit  la  liasse  S,  4847  (1),  précieuse  du  reste 
à  plus  d'un  titre  et  à  laquelle  nous  aurons  souvent  à  recourir  pour 
cette  étude,  est  loin,  on  le  pense  bien,  de  comprendre  toutes  les 
léproseries  du  diocèse.  Le  nombre  de  ces  établissements  avait  été, 
on  n'en  peut  douter,  considérable  aux  xu"*  et  xui*  siècles,  et  divers 
documents  nous  renseignent  avec  plus  ou  moins  de  précision  sur 
le  compte  de  plusieurs  d'entre  eux.  Mais  sur  la  plupart,  nous  ne 
savons  à  peu  près  rien.  Il  serait  pourtant  d'un  grand  intérêt  de 
posséder,  avec  un  relevé  complet  des  maisons  de  lépreux,  un 
aperçu  de  leurs  ressources,  de  leur  organisation,  des  relations  qui 
existaient  entre  elles.  D'une  seule,  la  Maison-Dieu  de  Limoges,  il 
nous  a  été  conservé  des  archives  d'une  certaine  importance  (2). 

Le  grand  Fouillé  historique  du  diocèse,  dit  Fouillé  rayé,  que 
nous  devons  à  l'abbé  Nadaud,  curé  de  Teyjac,  mort  en  i775,  et 
dont  M.  le  chanoine  Lecler  vient  de  donner  une  édition  com> 
plètc  (3),  ne  mentionne  pas  moins  de  quarante  et  un  établissements 


(1)  Cette  liasse,  outre  les  états  d'anciennes  maisons  hospitalières 
et  une  procédure  volumineuse  relative  à  la  léproserie  de  la  Maison-Dieu 
de  Limoges,  comprend  des  documents  relatifs  à  l'hôpital  de  Baudac, 
près  Malemort,  remis  en  1676  aux  chevaliers  du  Mont-Carmel  et  de 
Saint-Lazare,  —  à  la  maladrerie  de  La  Vinadière,  aux  hôpitaux  de  Saint- 
Priest-sous-Aixe,  d'Uzerche  et  au  prieuré  de  Saint-Gérald  de  Limoges. 
En  ce  qui  concerne  la  Maison-Dieu,  ces  documents  sont  très  heureu- 
sement complétés  par  ceux  du  fonds  de  cet  établissement,  inventoriés 
en  1887  par  M.  A.  Leroux  (série  H  suppl.). 

(2)  Voy.  la  note  précédente. 

(3)  Tome  LUI  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du 
Limousin. 

T.    LV  2 


22  SOCIÉTÉ  AUCIléOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

hospitaliers,  qualifiés  de  «  léproserie  »  ou  de  «  maladrerie  »  (i), 
daus  rétendue  de  Tancien  diocèse  de  Limoges.  Nous  en  donnons 
la  liste,  en  y  ajoutant,  précédés  d'une  astérisque,  sept  maladreries 
qui  n*y  figurent  pas  ou  n*y  sont  pas  données  pour  telles,  et  dont 
Texistence  nous  est  connue  par  ailleurs  : 

1.  Limoges  :  Notre-Dame  des  Arènes,  léproserie  vers  1200.  — 
2.  Montjauvy,  léproserie  vers  1200.  —  3*  Saint- Jacques  du  Mas- 
bianc,  léproserie  en  1212.  —  4.  La  Maison-Dieu,  léproserie  en  1224. 
(Nous  verrons  plus  loin  qu'elle  a  été  fondée  vers  1160).  Devait  une 
pension  à  la  commanderie  de  Saint-Lazare  de  Périgueux.  —  5*  Aixe 
(chef-lieu  de  canton  de  Tarrondissement  de  Limoges,  Haute-Vienne)  : 
infirmerie  ou  malatie  de  Sainte-Madelaine,  1492  ;  église  des  lépreux, 
1260.  —6.  Maladrerie  de  Saint- Jacques,  chargée  de  5  livres  de  rente 
à  la  commanderie  de  Périgueux  (2).  —  7*  Ambazac  (chef-lieu  de 
canton,  arrondissement  de  Limoges,  Hau te- Vienne)  :  maladrerie  de 
fondation  royale,  d'après  les  pouillés  généraux,  et  pourvue  par  le 
grand  aumônier.  —  8.  Anzéme  (commune  du  canton  de  Saint-Vaury, 
arrondissement  de  Guéret)  :  maladrerie  de  fondation  royale,  pourvue 


(1)  Nous  ne  comprenons  pas,  dans  ce  relevé,  les  hôpitaux  simple- 
ment qualifiés  de  «  maison- Dieu  »,  <(  infirmerie  »,  «  malatie  »,  quand, 
des  indications  du  Pouillé,  il  ne  résulte  pas  qu'ils  ont  servi  d*asiles  à 
des  lépreux. 

(2)  Il  semble  (à  moins  qu'il  ne  se  soit  glissé  dans  le  Pouillé  et  dans 
certains  documents  qui  nous  ont  passé  par  les  mains  de  très  grosses 
erreurs),  que  sur  Tancien  territoire  dépendant  du  prieuré  de  Tarn,  il 
n'ait  pas  existé  moins  de  trois  maladreries  :  celle  qui  est  appelé  «  infir- 
merie de  Sainte-Madelaine  »  au  xv*  siècle  et  à  laquelle  Nadaud,  peut- 
être  sans  raison  sérieuse,  rapporte  la  mention  «  église  des  lépreux  », 
relevée  par  lui  à  un  acte  de  1260;  la  «  maladrerie  de  Saint-Jacques-le- 
Majeur,  dont  la  chapelle  fut  interdite  en  1741  (une  des  deux  devait  avoir 
été  unie  au  prieuré  de  la  Maison-Dieu  et  aumônerie  de  la  ville  d'Aixe 
qui  avait  un  recteur  dès  1250,  et  dépendait  de  Tabbé  de  Saint-Martial, 
mais  payait  une  pension  de  15  livres  à  la  commanderie  de  Périgueux). 
La  troisième,  dite  des  (^hambourets,  en  1634,  payait  5  livres  au  comman- 
deur de  Périgueux.  Cette  dernière  est  certainement  la  «  maladrerie  de 
Chambouret,  paroisse  de  Fars,  en  Limousin»,  mentionnée  par  M.  Roger 
Drouault  dans  la  brochure  signalée  plus  bas.  Toutefois,  on  ne  peut  pas 
ne  pas  être  frappé  d'une  particularité  qui  semble  de  nature  à  faire  croire 
à  une  confusion  de  la  part  de  l'auteur  du  Pouillé.  La  maladrerie  des 
Chambourets  est  sous  l'invocation  de  sainte  Madelaine  et  de  saint  Jac- 
ques. Or,  nous  avons  vu  que  sainte  Madelaine  était  donnée  par  Nadaud 
comme  la  patronne  de  la  première  des  maladreries  ci-dessus  mention- 
nées, et  saint  Jacques  le  Majeur  comme  le  patron  de  la  seconde. 


LES  LBPREOX  ET  LES  LEPlIOSERtES  DE  LtMOÔES  ki 

par  le  grand  aamônier. — 9.  Aobussoin  (cheMieu  d*arrondissemenl), 
inaladrerie  de  fondation  royale,  pourvue  par  le  grand  aumônier.  — 
10.  Beaune  (commune  du  canton  d'Ambazsc»  près  Limoges)  :  mala- 
dreriede  fondation  royale,  à  la  nomination  du  grand  aumônier,  peut- 
être  à  La  Mazelle  originairement.  —  H.Bénéyent  (chef-lieu  de 
canton,  arrondissement  de  Bourganeufj  :  maladrerie  de  fondation 
royale,pourvue  parle  grandaumônier.  — 12.  BoNNEFONT(communedu 
canton  de  Bugeat,  arrondissement  d'UsselJ  :  maladrerie  en  1406.  — 
13.  Brive  (chef-lieu  d'arrondissement)  :  maladrerie  sous  Tin  voca- 
tion de  Notre-Dame  Majeure  ou  la  Grande.  L'évoque  et  les  consuls 
y  pourvurent  comme  co-seigneurs.  —  14*.  Brivezac  (commune  du 
canton  de  Beaulieu,  arrondissement  de  Brive)  :  maladrerie  de  fon- 
dation royale,  p.  Grand  Aumônier.  —  15.  Chalus  (chef-lieu  de 
canton,  arrondissement  de  Saint-Yrieix)  :  maison-Dieu  ou  hôpital, 
1292,  1407, 1459,  dite  léproserie  ou  malalie,  1539,  1549,  pension 
de  40  livres  à  la  commanderie  de  Périgueux.  —  16.  Champsac  (com- 
mune du  canton  d'Oradour-sur-Vayres,  arrondissement  de  Roche- 
chouart)  :  infirmerie  des  lépreux,  1274.  — 17*.  CHASSENori  (commune 
du   canton    de   Chabanais,    arrondissement   de    Confolens).   — 

18.  Ghateauponsac  (chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Bellac), 
maladrerie  de  fondation  royale,  1648;  p.  Grand  Aumônier.  — 

19.  (loMBRAiLLB  (commuue  de  Viersat,  canton  de  Ghambon,  arron- 
dissement de  Boussac)  :  maladrerie  de  fondation  royale,  p.  Grand 
Aumônier.  --20*.  Confolens  (chef-lieu  d'arrondissement)  :  aumô- 
fierie  ou  préceptorerie  du  Saint-Esprit  :  1542, 1490  ;  revenu  :  60  li- 
vres, 10  livres  de  pension  à  la  commanderie  de  Périgueux.  — 
21.  Feix,  maladrerie  1595  (1).  —22.  Le  Dorat  (cheMieu  de  canton, 
arrondissement  de  Bellac)  :  la  Maison-Dieu,  1513;  maladrerie  de 
fondation  royale,  p.  Grand  Aumônier.  —  23.  La  Jo?«cnÉRE  (com- 
mune du  canton  de  Laurière,  arrondissement  de  Limoges)  :  mala- 
drerie, 1510;  prieuré  ou  aumônerie  sous  l'invocation  de  la  Sainte- 
Vierge,  auquel  l'évêque  aurait  pourvu  dès  1371.  —  23.  Le  Lonzac 
(commune  du  canton  de  Treignac,  arrondissement  de  Tulle)  :  mala- 
drerie de  fondation  royale,  p.  Grand  Aumônier.  -  24.  Lubersac 
(chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Brive)  :  maladrerie  de 
fondation  royale,  1673,  p.  Grand  Aumônier.  —  25.  Lussac-les- 
Eglises  (commune  du  canton  de  Saint-Sulpice-les-Feuilles,  arron- 
dissement de  Bellac)  :  maladrerie,  sur  les  hôtes  de  laquelle  un 
excellent  mémoire  de  M.  Roger-Drouault  fournit  les  plus  curieux 


(1)  Voir  Alfred   Leroux,    Introduction   à    V Inventaire    des   Archives 
de  la  Haute-Vienne.  Limoges,  D.  Gély,  1884-87,  p.  xxxvii. 


24  SOCIÉTÉ   AnCHÉOLOGlQUE  ET  RISTORIQUB  DU  LIMOCSlN 

renseignements  {Comment  finirent  les  lépreux,  extrait  du  Bulletin 
historique  et  philologique.  Imprimerie  Nationale,  1903).  —  26.  Manog 
(commune  du  canton  nord  et  arrondissement  de  Conrolens)  :  mala- 
drerie  ruinée,  1465.  —  27.  Magnag-Layal  (chef-lieu  de  canton, 
arrondissement  de  Beliac)  :  maladrerie  de  fondation  royale,  p.  Grand 
Aumônier  ;  probablement  celle  unie  à  un  autre  hôpital  en  1695  (1). 
Pension  de  12  livres  au  commandeur  de  Périgueux.  — 28.  Heymac 
(cheMieu  de  canton,  arrondissement  d'Ussel)  :  maladrerie  de  Saint- 
Roch,  chapelle  agrandie  en  1633.  —  29.  La  Meyze  (commune  du 
canton  de  Nexon,  arrondissement  de  Saint- Yrieix)  :  maladrerie  de 
fondation  royale,  p.  Grand  Aumônier.  —  30.  Nazareth  (partagé 
entre  les  communes  de  Jugeais,  canton  de  Brive,  et  de  Turenne, 
canton  de  Meyssac,  arrondissement  de  Brive)  :  léproserie  fondée 
par  Raymond  I  de  Turenne  ;  prieuré  sous  le  patronage  de  la 
Nativité  de  la  Vierge  et  de  Sainte-Madeleine,  passait  pour  une  des 
premières  léproseries  établies  dans  le  pays.  L*abbé  de  Souillac 
y  pourvoyait.  —  31.  Nontron  (chef-lieu  d'arrondissement)  :  mala- 
drerie^  1488,  sous  l'invocation  de  Sainte-Madeleine.  Permission  de 
démolir  la  chapelle  en  1744.  —  32.  Oradour-sur-Glane  (commune 
du  canton  de  Saint-Junien,  arrondissement  de  Rochechouart)  : 
maladrerie  de  La  Fauvette,  1513, 1585,  dont  le  chapitre  de  Saint- 
Junien  a  les  rentes.  Il  est  probable  que  celte  maison  est  la  même 
que  le  prieuré,  préceptorerie  ou  aumônerie,  d'une  certaine  impor- 
tance, du  même  nom,  puisqu'il  était  taxé  à  385  livres  de  décimes  ; 
sous  l'invocation  de  saint  Marc  et  sainte  Catherine.  Le  prieur  de 
la  Maison-Dieu  de  Montmorillon  y  pourvoyait.  —  33*.  Pierreblf- 
FiÉRE  (cheMieu  de  canton,  arrondissement  de  Limoges)  :  La  Malatie, 
qui  avait  un  cimetière  en  1595;  parait  avoir  été  une  léproserie  (2). 
—  34.  La  Porcherie  (commune  du  canton  de  Saint-Germain-les- 
Belles,  arrondissement  de  Saint-Yrieix)  :  maladrerie  de  fondation 
royale,  p.  Grand  Aumônier.  —  35.  Boussines  (commune  du  canton 
de  Montembœuf,  arrondissement  de  Gonfolens)  :  aumônerie  ou 
matodrew?  L'évéque  en  était  patron.  —  36.  Saint-Chamant  (com- 
mune du  canton  d'Argentat,  arrondissement  de  Tulle)  :  léproserie 
en  1313.  —  37.  Saint-Jean-Ligoure  (commune  du  canton  de 
Pierrebuffière,  arrondissement  de  Limoges)  :  maladrerie  avec 
cimetière,  1574.  —  38.  Saint-Junien  (chef-lieu  de  canton,  arron- 

(1)  Voir  A.  Leroux,  L'hôpital  de  Magnac-Laval,  dans  le  BulL  Soc. 
arch,,  XXVIII,  p.  156. 

(2)  M.  Alfred  Leroux  la  mentionne  comme  maladrerie,  au  relevé 
d'hôpitaux  qu'il  donne  à  Tintroduction  de  V Inventaire  des  Archives 
hospitalières  de  la  Haute-  Vienne,  déjà  cité. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  25 

disseroent  de  Rochechooarl)  :  tnaladrerie  des  lépreux,  13S0. 
L'évéque  permit,  en  1497,  d'y  construire  une  chapelle  pour  que  les 
malades  puissent  recevoir  les  sacrements  de  la  main  de  leur  propre 
aumônier.  La  maison  ou  plutôt  la  chapelle  était  sous  Tinvocation 
de  sainte  Elisabeth  et  devait  20  livres  de  pension  à  la  comman- 
derie  de  Périgueux.  En  1S06,  un  damoiseau,  nommé  Léonard 
Sarrazi,  pourvut  à  trois  places.  —  39.  Saint-LauAent-sur-Gorre 
(chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Rochechouart)  :  infirmerie 
de  lépreux  en  1340;  probablement  la  même  que  la  «  malatie  », 
où,  dans  son  testament,  daté  de  1316,  Simon,  vicomte  de  Roche- 
chouart, ordonna  de  bâtir  une  chapelle  dans  le  cimetière.  Sous 
rinvocation  de  saint  Mathurin.  Unie  à  l'hôpital  général  de  Limoges. 

—  40.  Saint-Léonard  (chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de 
Limoges)  :  tnaladrerie  des  ladres  blancz,  1599;  «  maladrerie  des 
lépreux  »,  163.5,  devait  S  livres  à  la  commanderie  de  Périgueux. 

—  41.  Saint-Oradour-de-Chirouze  (commune  du  canton  de  La 
Courtine,  arrondissement  d'Aubusson)  :  maladrerie  de  fondation 
royale.  Le  Grand  Aumônier  pourvoyait.  —  42.  Saint-Paul-d'Eyjeaux 
(commune  du  canton  de  Pierrebuffière,  arrondissement  de  Limoges)  : 
maladrerie  de  fondation  royale,  p.  Grand  Aumônier.  —  43.  Saint- 
Sulpice-les-Rois  (commune  du  canton  de  Heymac,  arrondissement 
d'Ussel)  :  maladrerie,  1560.  —  44.  Solignac  (commune  du  canton 
sud  et  arrondissement  de  Limoges)  :  léproserie.  —  45.  Tarn  (com- 
mune et  canton  d'Aixe,  arrondissement  de  Limoges)  :  maladrerie 
de  Chambourets,  chapelle  sous  l'invocation  de  saint  Jacques  et 
sainte  Madeleine  (1),  démolie  vers  1750.  Elle  avait  été  unie  à 
Tordre  de  Saint-Michel,  mais  payait  5  livres  de  pension  à  la 
commanderie  de  Saint-Lazare  de  Périgueux.  —  46.  Tulle  :  lépro- 
serie près  Tulle,  1356.  — 47*.  Uzerche  (chef-lieu  de  canton,  arron- 
dissement de  Tulle)  :  le  Fouillé  ne  mentionne  pas  de  maladrerie 
dans  celle  ville  ;  mais  le  nombre  considérable  de  lépreux  qui 
existait  en  1321  sur  le  terriloire  de  la  justice  ne  permet  pas  de 
douter  que  Uzerche  en  possédai.  La  léproserie  de  Las  Corsarias 
(nous  n'avons  pu  identilier  ce  nom)  où  on  enferma,  après  les 
exécutions,  les  malades  survivants  ne  pouvait  pas  être  très  éloignée 
(le  la  ville.  —  48*.  La  Vinadiére  (commune  de  Soudaine,  canton  de 
Treignac,  arrondissement  de  Tulle)  :  l'existence  d'une  maladrerie 
est  signalée,  par  une  pièce  de  la  liasse  S  4847  des  Archives  natio- 
nales, dans  cette  localité,  siège  dès  1285  d'une  commanderie  de 
Tordre  du  Saint-Sépulcre  (chapelle  sous  le  vocable  de  saint  Jean). 


(1)  Voir  plus  haut  ce  qui  est  dit  d'Aixe,  n^  5  et  6. 


26  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Le  roi,  qui  y  pourvoyait  au  wi"  siècle,  s'en  démit  en  1625  en  faveur 
de  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 

Ainsi,  le  diocèse  de  Limoges  ne  possédait  pas  moins  d*une  cin- 
quantaine de  maisons  de  lépreux.  Peut-être  conviendrail-il  d'ajouter 
à  cette  liste  les  nombreux  prieurés  et  bénéfices  qui  relevaient  de 
la  Maison-Dieu  de  Monlmorillon,  une  des  léproseries  les  plus 
richement  dotées  du  royaume  et  dont  plusieurs  figurent  à  des  états 
de  décimes  dues  par  d^anciens  hôpitaux  du  diocèse  au  commence- 
ment du  seizième  siècle.  Citons  Notre-Dame  d'Angelard,  près 
Compreignac  ;  Saint-Jean  d'Aurivaux  ou  de  Rivaux,  près  Fresse- 
lines;  Sainte-Madeleine  de  Bagnoux,  près  Fromental  ;  Saint-Gosme 
et  Saint-Damien  de  Chasseneuil,  près  Rançon;  Saint-Jacques  de 
Chiroux,  près  La  Chapelle-Taillefer  ;  Saint- Vincent  d'Hérue,  près 
Saint-Léger-Magnazeix  ;  Sainte-Madelaine  de  La  Plagne,  près 
Tersannes  ;  Sainl-Jean  de  Poulignac,  près  Nailhac  ;  Sainte-Made- 
laine de  Verrines,  près  La  Bussière-Saint-Georges;  Saint-Jean-du- 
Vieux  Bost,  près  Droux.  (La  Fauvette,  une  autre  dépendance  de 
Montmorillon,  expressément  qualifiée  léproserie,  figure  au  relevé 
ci-dessus).  Enfin,  il  y  a  quelque  raison  de  croire  que  la  Maison-Dieu 
de  Saint-Priest-les-Ollières  (Sainl-Priest-Taurion),  un  des  hôpitaux 
de  Felletin,  et  plusieurs  des  commanderies,  prieurés  ou  précep- 
tories  de  Tordre  de  Saint-Antoine  de  Viennois,  de  Tordre  du 
Temple  et  de  celui  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  ont  reçu  des  lépreux, 
du  moins  à  certaines  époques. 

Les  personnes  imbues  de  certains  préjugés  de  Téducation  con- 
temporaine doivent  éprouver  une  vérilable  stupéfaction  en  recon- 
naissant le  développement  merveilleux  qu'avaient  pris  au  moyen-âge 
les  œuvres  hospitalières  :  en  conslalant,  par  exemple,  que,  dans  le 
diocèse  de  Limoges,  on  comptait  plus  de  cent  cinquante  maisons 
de  secours  :  léproseries,  malalies,  infirmeries,  aumôneries,  hôpi- 
taux de  tout  genre. 

L^obligation  imposée  aux  paroisses,  dans  certains  pays,  de  Tournir 
aux  lépreux  une  maison  et  le  mobilier  nécessaire,  existait  elle  en 
Limousin  ?Nous  ne  saurions  le  dire.  Les  chrétiens  avaient  de  toute 
évidence  la  conscience  des  devoirs  qui  leur  incombaient  vis-à-vis 
(les  malheureux  sevrés  par  la  maladie  du  commerce  de  leurs  sem- 
blables. Mais  les  lois  ecclésiastiques  ou  la  coutume  avaient-elles 
établi  à  cet  égard  des  obligations  précises?  On  ne  trouve  rien  qui 
y  fasse  allusion,  soit  dans  les  statuts  synodaux,  soit  dans  les 
autres  documents  que  nous  avons  pu  consulter.  En  tous  cas,  les 
traditions  et  habitudes  de  la  contrée  n'avaient  certainement  pas, 
comme  les  coutumes  de  Lille  et  du  Hainaut,  et  celles  de  plusieurs 
provinces  du  nord-est,  poussé  la  prévoyance  jusqu'à  déterminer 


LES   LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  27 

exactement  la  composition  du  mobilier  dont  chaque  lépreux  devait 
être  pourvu  aux  frais  de  la  communauté  des  habitants.  Il  ne  nous 
semble  pas  sans  intérêt  de  donner  ici  TénumératioD  de  ce  mobilier, 
d'après  le  Rittiel  de  Réginald,  archevêque  de  Reims. 

Le  reclus  devait  recevoir,  outre  la  jouissance  d'une  maison  et 
d'un  puits  particulier,  «  un  lit  estoffé  de  couette,  coussin  et  couver- 
ture, deux  paires  de  draps,  une  hache,  une;  escrin  fermant  à  clef, 
une  selle,  une  lumière,  une  poêle,  un  aiodier  (alandier?),  des 
escuelles  à  mangier,  ung  bassin,  un  pot  a  mectre  cuire  la  chair, 
une  tartarelle,  souilliers,  chausses,  robe  de  camelin,  une  housse  et 
un  chaperon  de  camelin,  deux  paires  de  drapeaux,  ung  baril,  un 
entonnoir,  une  courroie,  ung  coustel,  une  escuelle  de  bois  »  (i). 

Les  lépreux  vivaient  à  part  ;  mais,  sauf  au  cours  de  certaines 
périodes  où  des  mesures  de  rigueur  presque  générales  furent  prises 
à  leur  égard,  ils  ne  furent,  pas  plus  en  Limousin  qu'ailleurs,  tenus 
dans  un  état  complet  et  permanent  de  réclusion.  Il  semble  qu'ils 
aient  toujours,  les  moins  malades,  eu  la  faculté  de  sortir  de  leurs 
hôpitaux  moyennant  certaines  précautions.  A  la  fin  du  moyen  âge, 
tout  au  moins,  ils  ne  sont  nullement  considérés  comme  exclus 
pour  toujours  du  monde  et  ne  faisant  plus  partie  de  la  société. 
Nous  les  voyons  figurer  parmi  les  bienfaiteurs  de  nos  communautés 
et  de  nos  confréries  ;  ils  testent  et  fondent  des  anniversaires  (2)  ; 
ils  conservent  aux  xiv*  et  xv*  siècles,la  libre  disposition  de  leurs  biens 
personnels  et  jouissent  de  tous  leurs  droits  civils.  En  1306,  les 
prêtres  communalistes  de  Saint-Pierre-du-Queyroix  réclament  à  un 
lépreux  de  la  maladrerie  de  Saint-Jacques  de  Limoges,  du  nom  de 
Barbarin  ou  Barbary,  la  moitié  de  la  dime  d'une  terre  lui  apparte- 
nant (3).  Un  acte  de  1469  contient  une  donation  faite  par  un  malade 
de  la  Maison-Dieu  de  la  même  ville,  Jean  Davino  ou  Davineau,  à 
un  de  ses  cousins  (4).  Un  lépreux  du  même  établissement,  Mayet 
Rigault,  prêle,  en  1484,  de  l'argent  à  un  cultivateur  du  Mas- 
Blanquet  (5).  En  décembre  1517,  Etienne  Le  Pelletier,  lépreux  de 


(i)  Cité  par  Guillouard,  Etude  sur  la  condition  des  lépreux,  etc. 

(2)  Nous  en  rapporterons  plusieurs  exemples,  tirés  notamment  de  la 
liève  de  la  confrérie  de  La  Courtine. 

(3)  Dictum  Barbari,  leprosurn  de  in fir maria  sancti  Jacohi  (Arch. 
Haute-Vienne,  communauté  de  prêtres  de  Saint-Pierre,  résidus  divers). 

(4)  Arch.  nationales,  S  4847. 

(5)  Die  ultima  mensis  julii,  anno  Domini  millesimo  CCCC"*^,  octuage- 
simo  quarto,  Mathelinus  Guilhot,  agricultor  loci  deu  Masblanquet, 
parrochie  sancti  Jacohi,,.  recognovit  debere  bene  et  légitime  Mayeto 
Rigault,  leproso  Domus  Dei  Lemovicensis,  presenti,  quinquaginta  quinque 


28  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

la  Maison-Dieu,  consent  une  subrogation  à  un  boucher  d*Aixe  (t). 
M.  DrouauU  cite  plusieurs  exemples  d*actes  de  ce  genre  souscrits 
par  les  ladres  de  Lussac-les-Eglises  et  montre  même  ces  dernicrrs 
désignés  comme  collecteurs  on  1747, 1752, 1768  par  leur  voisins  (2). 
On  voit  par  ce  qui  précède  que  la  condition  des  hôtes  des  maia- 
dreries,  dans  notre  pays,  ne  ressemblait  en  rien  à  celle  faite  à  ces 
malheureux  par  les  coutumes  ou  la  législation  de  certaines  pro- 
vinces, de  certaines  localités,  de  Ciermont-en-Beauvoisis,  par 
exemple,  où,  on  Ta  vu  plus  haut,  ils  étaient  frappés  de  mort  civile 
absolue. 

Beaucoup  de  lépreux,  parmi  ceux  atteints  de  la  maladie  blanche 
surtout,  et  qui  n'avaient  pas  éprouvé  de  mutilation  grave,  exerçaient 
une  profession  manuelle  et  ajoutaient  le  produit  de  leur  travail  aux 
ressources  que  leur  assuraient  leur  infirmité  et  leur  qualité  de 
pensionnaires  d'un  hôpital  spécial.  Beaucoup  sont  tisserands; 
quelques-uns  vanniers,  cordonniers  ou  tailleurs  d'habits.  Il  est 
question  dans  plusieurs  actes  des  xiv*  et  xv^  siècles,  de  ces  lépreux 
artisans,  et  les  personnes  qui  font  des  legs  aux  malades  des  lépro- 
series stipulent  parfois  que  ceux  exerçant  un  métier  n'auront  point 
de  part  à  leurs  libéralités.  Nous  trouvons  notamment  cette  clause 
ej^presse  dans  le  testament  d'un  ecclésiastique  de  Limoges,  Pierre 
de  Saint-Paul  (3).  L'acte  est  daté  de  1303. 

Il  faut  toutefois  noter  que  les  individus  affligés  de  la  lèpre  ont 
toujours  été  exclus  du  ministère  sacerdotal.  Les  statuts  synodaux 
du  diocèse  interdisent  de  les  admettre  aux  ordres  sacrés  et  dis- 
posent que,  si  un  prêtre  contracte  cette  maladie,  il  doit  sur  le 
champ  cesser  la  célébration  du  saint  sacrifice  et  en  référer  à  son 
évéque,  qui  avisera  (4).  Il  est  vraisemblable  que  les  ecclésiastiques 
se  trouvant  dans  ce  cas  étaient  placés  dans  une  maladrerie,  ou  ils 
pouvaient  donner  une  aide  utile  aux  prêtres  attachés  à  l'établisse- 
ment. 


solidos  nionete  nunc  currcntis  eidem  Mayeto  debilos  causa  et  racione  et 
ex  reslo  majoris  summe  sihi  debilo,  etc.  (Archives  Ilaule-Vieune,  No- 
taires, no  5.35i  prov.,  fol.  310  v*»). 

(1)  Sfephanus  Le  Pelletier  (Hôpital,  III,  B  8). 

(2)  Comment  finirent  les  lépreux,  p.  10,  ouvr.  déjà  cité. 

(3)  Lego  cuilibet  leproso  castri  et  civitatis  Lemovicensis  duos  denarios, 
exceplis  artificibus  (Arch.  Hôpital  Saint-Gérald,  divers). 

(4)  Non  présumant,.,  patientes  lepram  venire  ad  ordines  sacros,  — 
Si  quis  presbiter  fuerit,,.  leprosus,  ulterius  non  celebret  episcopo  incon- 
sulto,  qui  ei,  ut  melius  erit,  providebit.  Statuts  de  Philippe  de  Montmo- 
rency, 1519  (Leroux,  Molinier  et  Thomas,  Documents,  t.  I,  p.  315,  316}> 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  29 

UEglise,  nous  Tavons  dit,  s'occupait  des  lépreux  avec  une  solli- 
cilode  toute  particulière.  Elle  travaillait  à  leur  procurer  Tassistance 
matérielle  aussi  large  que  possible;  mais  elle  s'efforçait  surtout  de 
les  moraliser  et  de  les  consoler.  Elle  leur  recommandait  la  patience 
et  la  résignation  et  cherchait  à  leur  faire  envisager  tout  le  mérite 
de  leur  sacrifice,  s'ils  acceptaient,  dans  des  sentiments  chrétiens, 
l'épreuve  que  Dieu  leur  avait  imposée.  Ces  pensées,  que  saint 
Louis  suggérait  au  pauvre  frère  Ligier,  si  cruellement  éprouvé,  nous 
les  trouvons  exprimées  dans  beaucoup  de  documents  ayant  trait 
aux  maladrcries  et  à  leurs  habitants,  en  particulier  dans  les  lettres 
d'admission  des  malades  aux  léproseries. 

Peut-être  dans  la  période  durant  laquelle  la  maladie  avait  pris 
un  soudain  et  redoutable  développement,  les  personnes  atteintes 
de  la  lèpre  s'étaient-elles  vues  soumises  à  une  séquestration  com- 
plète, à  un  véritable  emprisonnement,  et  leur  séparation  d'avec  le 
reste  de  la  société  avait-elle  été  en  Limousin  accompagnée  du 
lugubre  cérémonial  consacré  dans  beaucoup  de  provinces.  Nous 
n>n  avons  pas  la  preuve  certaine;  mais  il  n'est  pas  invraisemblable 
que  les  usages  que  nous  trouvons  établis  dans  plusieurs  diocèses 
voisins,  ceux  de  Clermonl-Ferrand  et  de  Saint-Flour,  par  exemple, 
aient  été  en  vigueur  dans  le  diocèse  de  Limoges.  Dans  les  rituels 
de  l'église  de  Clermont,  de  celles  de  Reims,  de  Chartres,  de 
Bayeux,  etc.,  les  cérémonies  et  les  formules  de  prières  concernant 
les  lépreux,  sont  à  peu  près  les  mêmes.  C'est  à  l'autorité  diocésaine 
qu'il  appartenait  de  prononcer  la  «  séparation  ».  Les  rites  religieux 
que  comportait  Texéculion  de  cet  arrêt  étaient  analogues  à  ceux 
des  obsèques.  Après  l'épreuve,  c'est-à-dire  la  constatation  des 
signes  principaux  et  caractéristiques  de  la  maladie  sur  le  corps  de 
l'intéressé,  le  juge  ecclésiastique,  l'ofQcial  rendait  une  sentence 
par  laquelle  il  déclarait  que  la  personne  suspecte  ayant  été  reconnue 
atteinte  de  la  lèpre,  serait  séquestrée  de  la  société  des  autres 
hommes.  Le  clergé  de  la  paroisse  était  avisé  et  chargé  de  présider 
à  la  séparation,  aux  conséquences  matérielles  et  financières  de 
laquelle  les  fabriciens,  syndics  et  l'assemblée  paroissiale  avaient 
ensuite  k  pourvoir;  au  jour  fixé,  il  allait  processionnellement,  pré- 
cédé de  la  croix,  chercher  l'infortuné  à  son  domicile,  faire  en 
quelque  sorte  la  levée  du  corps.  Le  lépreux  était  conduit  à  l'église 
au  son  des  cloches  tintant  le  glas,  escorté  de  ses  parents  et  de  ses 
amis,  qui  une  dernière  fois  lui  faisaient  cortè<7C.  Devant  Tautel  un 
drap  mortuaire  était  tendu  sur  deux  tréteaux.  Le  malade  s'agenouil- 
lait soit  en  avant  du  poêle,  soit  entre  les  tréteaux  sous  l'espèce  de 


30  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

tente  que  formait  le  drap  et  entendait  dévotement  la  messe  (1). 
On  c<^lébrait  roflfice  des  morts  et  c'était  à  ses  propres  obsèques 
qu'assistait  le  malheureux.  Fient  exequiœ  mper  eum,  disent  dans 
leur  précision  terrible  les  statuts  de  Téglise  de  Toull  (2).  Puis  le 
clergé  accompagnait  le  lépreux  à  la  maisonnette  où  il  devait  être 
renfermé  ou  à  la  maladrerie  dont  il  allait  devenir  l'hôte.  La  croix 
et  les  prêtres  précédaient  le  reclus.  Arrivés  à  la  triste  demeure  où 
celui-ci  devait  passer  le  reste  de  ses  jours,  le  curé  bénissait  la 
maison,  Taspergcait  d'eau  bénite,  puis  adressait  au  lépreux  une 
courte  allocution  dans  laquelle  il  l'exhortait  à  la  patience  et  à  la 
résignalion,  l'engageait  à  accepter  ses  souffrances  et  son  isolement 
pour  le  salut  de  son  àme.  Il  ajoutait  certaines  recommandations  qui 
n'étaient  pas  partout  identiques,  mais  qui  offraient  certainement 
peu  de  variantes  d  un  diocèse  à  l'autre  ;  car  le  code  d'hygiène  et 
de  police  à  l'usage  des  lépreux  parait  avoir  été  presque  partout  le 
même.  Nous  donnons  le  texte  de  ces  avis,  d'après  le  rituel  de 
l'église  de  Verdun,  où  tout  le  cérémonial  que  nous  venons  de 
rappeler  était  encore  observé  au  xvi*  siècle  : 

c<  Mon  ami,  je  te  défends  que  jamais  tu  n'entres  en  église  ou 
moustier,  en  foyres,  en  molins,  en  marché,  en  en  compagnie  de  gens. 

»  Je  te  défends  que  ne  voises  point  hors  de  ta  maison,  sans  ton 
habit  de  ladre,  afin  qu'on  te  connaisse,  cl  que  tu  ne  voises  point 
deschaux. 

»  Je  te  défends  que  jamais  lu  ne  laves  tes  mains  ni  autre  chose 
d'entour  toi  en  rivage  ni  en  fonlaine  ni  que  lu  boives;  et  si  lu  veux 
de  l'eau  pour  boire,  puise  en  ton  baril,  en  ton  escuelle. 

»  Je  te  défends  que  tu  ne  louches  a  chose  que  tu  marchandes  ou 
achetés,  jusqu  a  tant  qu'elle  soit  tienne. 

»  Je  te  défends  que  tu  n'entres  point  en  taverne.  Si  tu  veux  du 


(1)  Eu  1490,  on  trouve  encore  dans  le  Manuel  des  curés  des  diocèses 
de  Clermont-Ferrand  et  de  Saint-Flour  le  détail  de  ces  cérémonies  sous 
le  titre  expressif  :  De  modo  separandi  leprosos.  En  voici  quelques  pas- 
sages que  le  Glossaire  de  Du  Cange  reproduit  au  mot  Leprosi  : 

In  ecclesLi,  ante  altare,  pannus  niger,  si  habeaiur,  supponatur  duobus 
Iralellis  disjunctis  et  juxta  siel  infirmus,  genibus  flexis,  inter  trelellos  ; 
subtus  ponitur,  simililudinem  mortui  gerenSy  quamvis  vivat  corj)ore  et 
spiritu,  Deo  donante.,.  Et  sic  ibi  dévoie  missam  débet  audire,  etc. 

(2)  Ces  statuts  indiquent  notamment  tous  les  détails  de  la  cérémonie 
solennelle  qui  doit  être  célébrée  pour  la  «  séparation  »  d'un  chanoine 
atteint  de  la  lèpre.  Une  messe  de  requiem  est  chantée.  Le  chanoine  y 
assiste  en  surplis.  Il  quitte  Téglise,  porté  sur  un  chariot  devant  lequel 
piarche  un  clerc  portant  la  croix,  etc. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  31 

irin,  soit  que  tu  l'achetés  oa  qu'on  te  le  donne,  fais-le  entonner  en 
Ion  baril. 

»  Je  te  défends  que  lu  ne  habiles  a  autre  femme  que  la  tienne. 

»  Je  te  défends  que  si  lu  vas  par  les  chemins  el  que  tu  encontres 
aucune  personne  qui  parle  a  toi  et  Tarraisonne,  que  tu  te  mettes 
au-dessous  {sic)  (1)  du  vent  ». 

Le  prêtre  jetait  encore  quelques  gouttes  d'eau  bénite  sur  le 
lépreux  el  sur  sa  demeure  ;  puis  le  clergé  s'éloignait,  suivi  de  la 
foule,  qu'avait  profondément  impressionnée  la  lugubre  cérémonie. 
Le  malheureux  restait  seul,  comme  un  naufragé  dans  une  île 
déserte.  L'afTreuse  «  séparation  »  commençait. 

n  esl  impossible  de  n'être  pas  frappé  de  la  complète  analogie 
des  cérémonies  que  nous  venons  de  rappeler  avec  celles  usitées 
à  Limoges  aux  xvi®  el  xvn«  siècles  pour  l'inslallation  de  la  recluse 
des  Arènes,  sorle  d'orante  officielle,  de  victime  volontaire  ayant 
accepté,  sollicité  même  du  Consulat  la  mission  ou  pour  mieux 
parler,  la  fonction  d'appeler,  par  ses  prières  et  ses  sacrifices, 
les  bénédictions  de  Dieu  sur  la  ville,  el  investie  de  cerlains  privi- 
lèges, dotée  de  certaines  redevances  par  les  magistrats  municipaux. 
C'est  la  même  pensée  qui  domine  les  rites  des  deux  cérémonies, 
c'esile  même  appareil  funèbre  et  les  mêmes  prières  liturgiques. 
lAi  prêtre  va  prendre  à  son  domicile  la  recluse  comme  le  lépreux. 
Vêtus  l'un  et  l'autre  d'habillements  de  deuil,  tantôt  noirs,  tantôt 
blancs,  ils  suivent  l'ecclésiastique  à  l'église,  accompagnés  de  leur 
famille,  de  leurs  voisins  et  de  la  foule  des  fidèles.  Les  Consuls,  en 
robes  et  en  chaperons  rouges,  précédés  des  capitaines  et  valets  de 
la  maison  commune,  marchent  auprès  de  la  recluse  et  assistent  à 
la  cérémonie.  La  messe  des  morts  est  célébrée.  L'acteur  principal 
(lu  drame,  recluse  ou  lépreux,  l'entend,  placé  sous  le  poêle  mor- 
tuaire et  prosterné  au  devant  du  chœur  à  l'endroit  même  où  on 
pose  les  cercueils  pour  les  bénir.  Puis  le  cortège  funèbre  se 
reforme  pour  conduire  le  reclus  forcé  ou  volontaire,  à  l'abri  qui 
sera  sa  dernière  demeure  en  ce  monde.  Le  prêrre  adresse  aux  deux 
morts  vivants  des  exhortations  semblables  et  jette  sur  eux  et  leur 
maison  de  l'eau  bénite  comme  on  en  jette  sur  un  cercueil. 

On  peut  se  demander  si  la  recluse  qui  occupait  aux  xiv** 
et  XV'  siècles  une  cellule  ménagée  dans  les  ruines  de  Tancien 
amphithéâtre,  n'avail  pas  remplacé  un  lépreux  ou  une  lépreuse, 


^i)  Le  sens  est  bien  clair  :  le  lépreux  ne  doit  pas  se  placer  «au-dessus 
du  vent  »,  c" est-à-dire  de  façon  à  ce  que  son  interlocuteur  soit  sous  Iç 
vent,  par  rapport  au  mezel. 


( 


32  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

surtout  si  on  considère  que  Termitage  existant  à  Montjauvy  et 
qu'liabilail  dans  les  mômes  conditions  un  autre  reclus  volontaire 
avait  été,  à  Torigine,  une  maladrerie,  s'il  faut  en  croire  l'auteur 
du  Pouillé  du  diocèse,  auquel  nous  avons  eu  déjà  plus  d'une  fois 
recours.  On  irouve  mention,  vers  1180,  d'une  maison  de  malades  ou 
d'infirmes  située  dans  le  jardin  de  la  cure  de  ce  bourg,  qu'avait 
rendu  célèbre  le  miracle  de  la  guérison  des  Ardents  en  994,  et 
cet  établissement  est,  vingt  ans  plus  tard,  catégoriquement  désigné 
sous  la  dénomination  de  léproserie  (1). 

Quant  à  l'existence  d'une  maison  hospitalière  auprès  des  ruines 
de  l'amphithé&tre  romain,  elle  est  établie  par  de  nombreux  textes. 
Cette  maison,  placée  sous  le  patronage  de  saint  Jacques,  parait  de 
fondation  fort  ancienne  et  les  évéques  avaient,  d'après  une  infor- 
mation de  1760^  pourvu  aux  dépenses  de  son  établissement.  Elle 
ne  fut  pas  seulement,  comme  on  Ta  dit  quelquefois,  un  hospice 
pour  les  pèlerins;  car  il  est  parlé,  en  1239,  du  précepteur  «  des 
pauvres  de  l'hôpital  des  Arènes  »  (2).  Elle  porte,  dès  les  premières 
années  du  xiu*  siècle,  la  dénomination  d'hôpital  (3).  Erigée 
en  prieuré,  on  ne  sait  à  quelle  époque,  elle  subsista  jusqu'en  1761, 
date  à  laquelle  son  titre  fut  éteint,  et  ses  revenus  (200  livres, 
charges  déduites)  unis  à  Tévéché.  L'immeuble  avait  été  acquis, 
dès  1659,  par  les  religieuses  réformées  de  Sainte-Glaire.  L'aumô- 
nerie  des  Arènes  figure,  au  xvi*  siècle,  sur  un  étal  d'anciens 
hôpitaux  soumis  aux  décimes  et  dépendant  de  l'ordre  de  Saint- 
Lazare  ou  revendiqués  par  cet  institut  (4);  ce  qui  tend  à  nous  con- 
firmer dans  l'opinion  que  Saint-Jacques  était  le  «  résidu  »,  suivant 
l'expression  consacrée,  d'une  ancienne  léproserie  (5). 

Nous  ne  sommes  pas  éloignés  de  croire  qu'à  une  époque  reculée 
une  autre  léproserie  fut  établie  à  Saint-Lazare,  dans  la  banlieue  de 
Limoges,  probablement  sur  le  bord  de  la  petite  rivière  d'Auzette, 
qui  déverse  un  peu  plus  bas  ses  eaux  dans  la  Vienne,  en  aval  do 
la  ville.  Nous  ne  connaissons  aucun  document  de  nos  archives 
fournissant  une  preuve  catégorique  de  l'existence  de  celte  lépro- 
serie; et  l'abbé  Nadaud,  dans  son  Pouillé,  ne  signale  aucune  note 
de  nalure  à  corroborer  notre  opinion.  Mais  il  faut  noter  que  la 


(1)  Nadaud,  Mémoires  manuscrits,  à   la  Bibliothèque  des  Sulpiciens 
et  Pouillé  rayé,  édition  A.  Lecler,  p.  187. 

(2)  Arch.  de  Thôpitel,  D  4,  p.  233. 

(3)  Lbgros,  Essais  historiques  sur  la  ville  de  Limoges. 

(4)  Arch.  nationales,  S  4847. 

(5)  Cf.  VInvent.  des  Arch.  dép,  (série  G,  n^*  42  et  43),  que  M.  Louis 
Guibert  n*a  pu  connaître  [A.  LJ. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LèPROSERtES  DÉ  LIMOGES  3^ 

chapelle  de  Saint-Lazare  figure,  comme  le  priearé  des  Arènes,  au 
relevé  d'hôpitaux  et  anciens  élablissements  d'assistance  cité  plus 
haut. 

A  partir  des  premières  années  du  xm«  siècle  seulement,  nous 
possédons  des  documents  d'une  certaine  importance  concernani 
les  léproseries  de  Limoges.  A  cetle  époque,  deux  asiles  de  ce  genre 
subsistent  encore  et  sont  ouverts  aux  malades,  tous  les  deux 
sur  la  rive  droite  de  la  Vienne,  au  bord  du  même  cours  d'eau,  le 
ruisseau  d'Aigueperse,  l'un  situé  au  pied  des  murailles  de  Tabbajc 
de  Saint- Augustin,  sur  le  bord  du  très  ancien  chemin  se  dirigeant 
vers  le  Palais,  Sainl-Priest-Taurion  et  Saint-Léonard;  l'autre,  dis- 
tant de  quelques  centaines  de  mètres  seulement  du  premier  et 
construit  sur  un  carrefour  fréquenté,  non  loin  de  l'abbaye  de 
Saint-Martin,  de  l'église  de  Saint-Paul  et  des  granges  Poyllevé. 

Le  second  de  ces  hôpitaux  a  toujours  porté  la  dénomination  de 
Haison-Dieu;  le  premier  est  connu  sous  le  nom  de  maladrerie  de 
Saint-Jacques  du  Masblanquet  ou  des  Gasseaux. 


U.  —  [m  persécution  contre  les  lépreux  dans  la  province. 

Décadence  de  nos  léproseries. 

Nous  avons  raconté  plus  haut  les  persécutions  dont  les  lépreux 
furent  l'objet  en  France  et  dans  plusieurs  autres  royaumes,  au 
cours  du  XIV*  siècle.  On  sait  peu  de  chose  des  faits  qui  signalèrent 
en  Limousin  cette  période  agitée  et  assez  mal  connue  de  notre 
histoire.  Il  est  possible  néanmoins  de  se  faire  une  idée,  diaprés 
les  indications  fournies  par  un  petit  nombre  de  documents,  de  ce 
qui  se  passa  à  cette  époque  sur  quelques  points  au  moins  de  notre 
province.  On  peut  s'étonner,  vu  le  caractère  de  ces  événements  et 
l'impression  profonde  qu'ils  durent  produire  sur  le  public,  d'en 
recueillir  aussi  peu  d'échos.  En  vain  nous  avons  cherché  la  trace 
des  mesures  prises  spontanément  par  les  évoques  contre  les 
lépreux.  On  sait  qu'en  1010,  Hilduin,  qui  occupait  alors  le  siège 
de  saint  Martial,  chassa  les  Juifs  de  son  diocèse.  Mais  les  usures 
qu'on  avait  alors  à  leur  reprocher  n'avaient  aucun  rapport  avec 
les  crimes  dont  on  les  accusa  plus  tard  ;  en  tout  cas  on  ne  voit  pas 
que  les  lépreux  aient  été,  en  quoi  que  ce  soit,  mêlés  à  cette  affaire. 
On  imputa  plus  tard  à  ces  derniers  des  forfaits  exécrables.  C'était 
une  croyance  fort  répandue,  et  le  curieux  roman  d'Amis  et  Amile 
en  fait  foi,  que  l'affreuse  maladie  pouvait  être  guérie  par  des 
bains  de  sang  humain,  et  que  le  sang  des  enfants  surtout  avait  une 
vertu  merveilleuse.  La  chose  se  disait  et  s'écrivait  couramment. 


34  SOClÊrè    AnCHéoLOGiQUE  ET  inàTORlOOE  DU  LtMOÛSlM 

De  là  à  accuser  les  personnes  infectées  de  ce  mal  d'enlever  des 
enfants  pour  les  immoler,  il  n*y  avait  pas  loin.  Des  rumeurs  mysté- 
rieuses couraient  donc  à  ce  sujet;  mais  elles  ne  rencontraient  pas 
créance  partout.  Sur  quelques  points  seulement*  à  la  suite  de  faits 
particuliers,  ces  bruits  purent  prendre  consistance  et  soulevèrent 
le  peuple  contre  les  lépreux. 

Genx  relatifs  à  un  vaste  complot  pour  Tempoisonnement  des 
eaux  furent  plus  aisément  et  plus  universellement  accueillis.  L'ima- 
gination populaire  vit  partout  les  lépreux,  qu'on  rencontrait  vaga- 
bondant et  mendiant  dans  les  campagnes,  s'approcher  en  cachette 
des  sources  et  des  puits  pour  y  jeter  les  drogues  infernales  qu'ils 
avaient  préparées  et  qui  devaient  donner  la  mort  à  tons  les 
«  chrétiens  ».  Le  continuateur  de  la  chronique  de  notre  Gérard  de 
Frachet  assure  avoir  examiné  de  ses  propres  yeux  ce  poison  dans 
une  petite  localité  du  Poitou:  une  lépreuse  passait  par  là;  craignant 
d'être  prise,  elle  jeta  un  petit  paquet  qu'elle  portait  enveloppé 
dans  un  linge.  Ce  paquet  fut  aussitôt  ramassé  et  montré  à  la 
justice.  On  y  trouva  la  léle  d'une  couleuvre,  les  pieds  d'un  crapaud 
et  quelque  chose  qui  parut  être  des  cheveux  de  femme,  oints  d'un 
liquide  noir  et  infect  (1). 

On  a  vu  à  un  des  chapitres  précédents,  qu'à  la  suite  de  certaines 
révélations  et  sous  la  pression  de  l'opinion  publique,  deux  ordon- 
nances royales  furent  rendues  à  treize  mois  d'intervalle  contre  les 
lépreux. 

Par  la  première,  datée  du  24  juin  1321,  Philippe  V  rappelait 
qu'il  avait  prescrit  Tarrestation  de  nombre  de  ces  malheureux 
sous  l'inculpation  d'un  abominable  complot;  que  plusieurs  avaient 
fait  des  aveux  et  avaient  déjà  été  livrés  au  supplice.  Il  prescrivait 
en  conséquence  de  jeter  en  prison  tous  les  lépreux  qui  se  trouvaient 
dans  le  royaume,  d'informer  contre  eux  et  de  faire  périr  ceux  qui 
confesseraient  leur  forfait  ou  seraient  convaincus  d'avoir  participé 
à  la  conspiration.  Les  biens  des  maladreries  durent  être  saisis  par 
les  officiers  du  roi  et  administrés  provisoirement  par  eux. 

Aux  termes  d'une  nouvelle  ordonnance,  rendue  par  Charles  le 
Bel,  le  31  juillet  1322,  les  lépreux  durent  être  renfermés  «  entre 


(1)  VallU,  in  Pictavia,  oculis  noslris  conspexintus  potiones  :  leprosa 
quasdam,  per  villam  transiium  faciens,  timens  ne  caperetur,  quœdam  post 
se  panniculum  ligatum  projecit  qui  statim  ad  justiciani  est  delalus.  Et 
inventum  est  in  panno  caput  colubris,  pedes  bufonis  et  capilli  quasi  mu- 
lieris,  infecti  quodam  liquore  nigerrimo  et  olente,  (Historiens  de 
France,  t.  XXI,  p.  56). 


LES  LBPHEUX  ET  LES  LéPROSERIBS  DB  LIMOGES  35 

des  murs  />  et  il  leur  fut  défendu,  sous  les  peines  les  plus  sévères, 
de  sortir  des  maladreries. 

Pour  faire  face  aux  dépenses  auxquelles  dottna  lieu  Texécution 
de  cette  mesure,  on  dut,  en  cas  d'insuffisance  dès  biens  des  lépro- 
series, recourir  à  des  quêtes  (i). 

Nous  savons  que  le  sénéchal  du  Poitou  et  du  Limousin  transmit 
dans  notre  province  les  ordres  du  roi  (2)f  et  ils  y  furent  exécutés. 
Nous  ignorons  ce  qui  se  passa  à  ce  sujet  entre  les  officiers  royaux 
et  les  diverses  autorités  locales  ecclésiastiques  et  laïques,  qui  pré- 
tendaient avoir  des  droits  sur  les  maladrerieAot  leur  administration. 
Mais  il  n'est  pas  permis  de  douter  que  les  lépreux  de  notre  diocèse 
n'aient  été  incarcérés  et  un  certain  nombre  d'entre  eux  envoyés 
au  bûcher.  Un  passage  du  précieux  registre  de  Thôtel  de  ville  de 
Cahors,  communément  désigné  sous  le  nom  de  Te  igitur^  et  d'où 
ont  été  extraits  maints  textes  d'un  haut  intérêt  pour  l'histoire  de 
la  région  du  Centre  et  de  celle  du  Midi,  rapporte  que,  dans  les 
diocèses  de  Toulouse,  d'Albi,  de  Rodez,. de  Cahors,  d'Agen,  de 
Périgueux  et  de  Limoges,  tous  les  malheureux  habitants  des  mala- 
dreries furent  condamnés  et  montèrent  au  bûoher.  On  ne  laissa  la 
vie,  ail  témoignage  de  l'auteur  de  ce  manuscrit,  qu'aux  femmes 
enceintes  et  aux  enfants  dont  l'&ge  criait  l'innocence;  encore  furent- 
ils  retenus  dans  la  plus  étroite  captivité  (3).  Ces  barbares  exécu- 
tions, qui  eurent  lieu  au  mois  de  mai  et  de  juin  1321  (4),  s'étendi- 
rent à  d'autres  provinces  de  la  France. 

Deux  textes  d'origine  limousine,  seulement,  mentionnent  ces 
mesures  atroces.  Le  premier  est  une  petite  chronique  de  l'abbaye 
de  Saint-Martial  qui  s'exprime  avec  une  concision  regrettable, 

(1)  Mémoire  de  M.  Duplès-Agier,  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
chartes,  tome  III,  4*  série,  p.  265  et  suiv. 

(2)  Littera  continens  Iranscriplum  lilterarum  senescalli  Pictavensis  et 
Lemovicensis.,,  Leprozos  qui  mandabantur  per  Regem  includi,  (Arch. 
Haute- Vienne,  Evêché,  reg.  0  Do  mina  y  (^  43,  44). 

(3)  Anno  domini  millesimo  CCC^  XXI°,  in  mense  maii  et  junii,  omnes 
leprosi  diocesium  Tholosanœ,  Albiensis,  Rutenensis,  Cadurcensis,  Age^ 
nensiSj  Petragoricensis,  Lemovicensis  et  de  pluribus  aliis  partibus  regni 
Francie  fuerunt  ad  comburendum  et  moriendum  ignis  incendio  condem- 
nati,  quod.,,  exsequta,  exceptis  paucis  mulieribus  prœgnantibus  et  pueri 
qui  non  erant  doli  capaces.  (Fragment  reproduit  au  tome  II,  pages  112 
et  113  du  Bulletin  de  la  Société  d^Etudes  du  Lot). 

(4)  On  trouve  ici  la  confirmation  de  ce  qui  a  été  dit  plus  haut 
(page  34)  :  la  date  donnée  par  le  document  cadurcin  établit  qu'une 
partie  au  moins  de  ces  exécutions  devancèrent  l'ordonnance  de  Phi> 
lippe  V,  qui  n'est  datée  que  du  21  juin. 


30  soc I ÉTÉ    ARCnEOLOGiQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LÏMOÛS).") 

mais  en  termes  d'une  terrible  netteté,  et  sans  ajouter  un  mot  de 
commentaires. 

«  L'an  1321,  écrit  le  religieux  auteur  de  ces  notes,  les  lépreux 
furent  brûlés  pour  les  crimes  qu'on  leur  imputa  »  (1).  Il  ne  paraît 
pas  douteux  que  l'écrivain,  dont  le  regard  ne  cherche  pas  à  dépasser 
les  limites  d'un  horizon  assez  étroit,  a  ici  en  vue  les  exécutions 
ordonnées  dans  le  diocèse  ;  mais  il  ne  nous  apprend  rien  que  nous 
ne  sachions  déjà  par  le  registre  municipal  de  Gahors.  Il  n'en  est 
pas  de  même  du  second  des  documents  auxquels  nous  venons  de 
faire  allusion.  Celui-ci  est  autrement  explicite  et  autrement  sérieux. 
Nous  voulons  parler  de  la  curieuse  chronique  de  l'abbaye  d'Uzer- 
che,  dont  M.  Georges  de  Hanleyer  a  tout  récemment  donné  des 
fragments  dans  les  Mélanges  publiés  par  les  amis  de  M.  Paul  Fabre 
pour  honorer  la  mémoire  de  ce  jeune  savant,  prématurément 
enlevé  aux  éludes  historiques  (2j.  Ces  fragments  contiennent  toute 
une  page  sur  les  faits  qui  se  passèrent  à  Uzerche  en  1321,  et  une 
page  vraiment  territiante.'  On  remarquera  que  les  condamnations 
au  feu  qu'elle  signale  sont  antérieures  à  l'ordonnance  de  Philippe  V. 

Notre  province  serait  donc  une  des  premières  où  le  complot 
ourdi  par  les  lépreux  aurait  été  découvert  et  puni. 

L'auteur  de  la  chronique  d'Uzerche  ne  se  borne  pas  à  signaler 
la  conspiration  des  lépreux  et  à  raconter  lé  terrible  châtiment  dont 
elle  fui  suivie.  Il  cherche  à  expliquer  comment  les  malheureux 
s'étaient  laissé  eniraîner  à  concevoir  un  forfait  aussi  abominable 
que  l'empoisonnement  dont  on  les  accusait,  et  nous  apprend  qu'en 
1320,  il  avait  été  rendu  des  ordonnances  enjoignant  aux  personnes 
atteintes  de  la  lèpre  de  porter  un  signe  apparent  qui  permit  au 
peuple  de  les  distinguer  et  de  reconnaître  leur  présence  dans  les 
lieux  publics.  Elles  devaient  coudre  à  leur  vêtement  un  morceau 
d'étoffe  de  lin.  Nous  avons  parlé  plus  haut  de  cette  prescription 
qui  était  ancienne  déjà,  dans  certains  diocèses  au  moins,  et  qu'on 
retrouve  mentionnée  à  des  actes  du  xvii*»  siècle  (3).  Cette  mesure 


(1)  «  Furent  ars  lous  degièts  per  tous  cas  que  lour  furent  soubre 
meys,  »  Duplés-Agibh,  Chroniques  de  V abbaye  de  Saint-Martial,  p.  152. 

(2)  Mélanges  Paul  Fabre  :  études  d'histoire  du  moyen  âge.  Paris, 
Alphonse  Picard  et  fils,  1902,  in-S»,  pages  403  à  415. 

(3)  Un  acte  de  vente,  cité  par  M.  R.  Drouault,  dans  Topuscule  auquel 
nous  avons  eu  déjà  plusieurs  fois  Toccasion  de  recourir,  et  daté  du 
30  septembre  1614,  rappelle  que  »  tous  les  habitants  du  lieu  de  la  mala- 
drerie,  à  Lussac-les-Eglises,  doivent  porter  sur  eux  une  marque  de 
drap  bleu  et  y  mettre  les  armes  du  seigneur  du  fief,  sous  peine  d'amende 
contre  ceux  qui  contreviendront  »  (p.  6)» 


lES  LEPREOX  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  37 

fat-elle  appliquée  avec  plus  de  rigueur  qu*elle  ne  Tavail  élé 
jusqu*aIors?  Noire  chroniqueur  semble  altribuer  à  Texaspéralion 
qu'elle  provoqua  chez  les  lépreux  leur  projet  d^empoisonner  toutes 
les  eaux  (1).  L*auteur  du  document  édité  parM.  de  Manleyer assure, 
à  l'exemple  de  beaucoup  d'autres  historiens,  qu'avant  Tannée  13ii, 
les  misérables  tentèrent  réellement  de  mettre  à  exécution  ce  des- 
sein et  que  les  coupables  ou  tout  au  moins  quelques-uns  d'entr'- 
eux  ayant  fait  des  aveux,  ils  furent  condamnés  au  bûcher.  On  ne 
peut  douter  que  tous  les  lépreux  des  environs  d'Uzerche  n'aient 
été  compris  dans  les  poursuites  intentées  à  cette  occasion.  On  va 
voir  qu'ils  étaient  alors  en  assez  grand  nombre.  Notre  chroniqueur* 
nous  donne,  en  effet,  avec  une  sorte  de  complaisance,  Ténuméra- 
tion  des  exécutions  qui  se  succédèrent  dans  le  ressort  de  la  seule 
juridiction  de  Tabbaye  —  in  dominio  nostro  Usercensi;  —  il  men- 
tionne, le  mercredi  13  mai  4324,  le  supplice  de  trois  lépreux  cl 
d'une  femme  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  major  matrona  et  où  il 
faut  peut-être  voir  l'intendante,  la  «  dame  »  (2),  la  baylesse  de  la 
communauté  lépreuse;  le  vendredi  48,  onze  hommes  ou  femmes 
sont  livrés  au  bûcher;  le  mardi  19,  sept;  le  jeudi  21,  huit,  «  petits 
ou  grands  »;  le  jeudi  41  juin  suivant,  quinze  hommes  ou  femmes. 
Parmi  celles-ci,  des  mères  avec  des  enfants  au  maillot  qu'elles 
emportaient  au  bûcher,  bien  qu'ils  n'eussent  pas  été  condamnés 
à  périr,  et  sur  lesquels  on  les  voyait  s'étendre  ensuite  pour  les  pré- 
server des  flammes  (3),  le  sentiment  maternel  reprenant  le  dessus. 


(1)  Anno  Domini  M^CCC°XX°,  reges  et  principes  terre  statuera  ni  quod 
omnes  leprosi  signum  déferrent  de  panno  lineo,  ut  inter  onines  alios 
agnoscerentur;  et  inde  introïvit  tanta  iniquitas  in  omnibus  leprosis  de 
regno  quod  inter  se  conspiraverunt  et  secrète  ordinaverunt  ut  per  eos 
omnes  fontes  et  omnes  aque  de  mundo  venenarentur  et  toxicarentur,  etc. 
(Mél,  Paul  Fabre,  p.  412.) 

(2)  Nous  aurons  occasion  de  relever  plus  loin  la  dénomination  de 
domina  donnée  en  Limousin  à  la  ménagère  de  petits  établissements 
hospitaliers,  ou  d'exploitations  rurales  dépendant  de  nos  hôpitaux. 

(3)  Est  sciendum  quod  anno  Domini  M°CCC^XX  primo ^  die  mercurii 
in  crastinum  sanctorum  Nerei  et  Achillei,  tercio  ydus  maii  in  dominio 
nostro  Usercensi,  très  leprosi  cum  majori  matrona  cremati  fuerunt. 
Item,  sequenti  die  veneris,  similiter  undecim  tam  homines  quant  mu  Itères, 
Item,  sequenti  die  martis,  septem  tam  homines  quam  mulieres.  Item, 
sequenti  die  Jovis,  octo  tam  homines  quam  mulieres,  parvi  et  magni. 
Item,  sequenti  mense  junio,  die  martis  ante  festum  Corporis  Xristi, 
eadem  racione  cremati  fuerunt  similiter  quindecim  tam  homines  quam 
mulieres;  de  quibus  erant  alique  habentes  infantulos  in  cunabulis,  et, 

T.  LV  3 


38  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Enfin,  on  fil  trêve  aux  exécutions.  Quaranle-cinq  lépreux  avaienl 
péri  à  Uzerdie  en  motifs  d'un  mois.  Il  en  restait  encore  quinze 
vivants  :  des  femmes  enceintes  et  des  enfants  des  deux  sexes.  Le  27, 
dornier  jeudi  du  mois  d'août  4321,  ils  furent  renfermés  dans  la 
léproserie  des  Coursières,  où  ils  devaient  finir  leurs  jours  avec  du 
pain  et  de  l'eau  pour  toute  subsistance.  En  les  y  installant,  on  les 
marqua  au  cou  avec  un  fer  rouge,  afin  de  pouvoir  les  reconnaître 
s  ils  réussissaient  à  s'évader...  Toutefois,  un  mois  s'éJait  à  peine 
écoulé  qu'on  leur  ouvrit  les  portes  et  qu'ils  purent  vaguer  comme 
auparavant  à  leur  fantaisie  (1). 

On  ne  s'explique  guère  comment,  après  les  traitements  barbares 
infligés  aux  habitants  des  maladreries,  l'autorité  se  relâcha  tout  à 
coup  de  ses  rigueurs  et  leur  rendit  la  liberté  dont  ils  jouissaient 
auparavant.  I^e  chroniqueur  attribue  ce  changement  soudain  de 
traitement  à  la  coutume  du  pays,  aux  usages  qui  reprirent  le 
dessus,  après  la  crise;  c'est  ainsi  du  moins  que  nous  croyons  pou- 
voir traduire  les  mois  ratione  testimonii  terrarum,  dont  il  se  sert. 

La  maladrerie  des  Coursières,  où  furent  emprisonnés  les  lépreux 
survivants  d'Uzerche  et  des  environs,  n'est,  à  notre  connaissance, 
mentionnée  par  aucun  autre  texte. 

Nous  avons  dit  que  nous  sa\ions  peu  de  choses  sur  l'histoire  de 
nos  léproseries  limousines.  Beaucoup  semblent  n'avoir  pas  survécu, 
en  tant  que  maladreries,  aux  événements  de  1324.  Celles  de  Châ- 
lus,  Confolens,  Lussac-les-Eglises,  Aixe,  Saint-Léonard  et  Saint- 
Junien  et  quelques  autres  subsistèrent  toutefois,  comme  celles  de 
Limoges.  Les  familles  qui  les  occupaient  encore  au  xvi«  siècle 
jouissaient  de  divers  privilèges,  de  l'exemption  notamment  de  cer- 
tains impôts  et  du  droit  de  mendier  dans  tous  les  environs.  Char- 
les  VIII  et  François  P'  confirmèrent  ces  privilèges  qui  furent 
renouvelés  par  Henri  IV,  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  les 


ultra,  voluntatem  domini,  ipsos  in  ignem  traebant  et  supius  se  predicto, 
ponehant  et  de  igné  quantum  poterant  defendebant,..  (Mél,  Paul  Fabre, 
p.  412,  413.) 

(1)  Item,  sequenti  mense  augusto,  eodem  anno,  die  Jovis  ullima  mensis 
predicti,  sexto  calendas  mensis  (septembris),  quindecim  iam  mulieres 
pregnantes  quam  pueri,  Iam  masculi  quam  femelle,  qui  remanserant, 
omnes  clausi  fuerunt  in  quadam  domo  leprosie  de  Las  Corsarias,  ut  ibi 
perpétua  in  pane  et  aqua  finirent  dies  suos  ;  et  in  inlroitu  domus, 
omnes  pariter  fuerunt  cum  quadam  clave  fercenti  faucibus  sigillafi  : 
ut  si  quis  ipsorum  evaderet,  inter  alios  nosceretur.  Et  infra  mensem 
fuerunt  resoluti,  ratione  testimonii  terrarum,  et  hinc  inde  habierunt 
liberi  prout  antea  (p.  413). 


Les  LEPREUX  ET    LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  30 

maisons  du  Masbianquet  près  Limoges,  de  Lassac,  d'Âixe  et  de  Saint 
Léonard.  On  trouve  bien  peu  de  traces  de  Texistence  des  autres 
en  dehors  des  relevés  de  bénéfices  et  des  documents  d*un  carac- 
tère  tout  local.  Quant  à  leur  vie  intérieure,  elle  est  moins  connue 
encore,  s'il  est  possible»  qu'au  moyen  âge. 

On  a  vu  au  début  de  cette  étude  qu'en  1843  une  ordonnance 
royale  avait  confié  à  la  Grande  Aumônerie  la  mission  de  remettre 
un  peu  d'ordre  dans  les  maladreries,  tant  au  point  de  vue  de  la 
discipline  et  des  mœurs  que  de  la  gestion  des  biens.  Nous  n'avons 
pu  constater,  pour  nos  établissements  du  diocèse  de  Limoges,  les 
effets  de  son  action,  du  reste  contrariée  par  diverses  causes  et 
bientôt  annihilée  par  les  guerres  civiles.  Un  demi-siècle  plus  tard, 
les  abus  de  toute  nature  étaient  à  leur  comble.  Au  commencement 
du  règne  de  Louis  XIII,  le  Grand  Aumônier  reçut  d'une  nouvelle 
ordonnance  un  mandat  plus  précis  et  des  pouvoirs  plus  étendus. 
Mais  la  concentration  entre  ses  mains  de  la  gestion  de  tous  les 
biens  des  maladreries,  que  le  roi  avait  prescrite,  ne  put  s'opérer  à 
cause  des  droits  revendiqués  sur  ces  établissements  par  les  fonda- 
teurs, patrons  et  bienfaiteurs.  Un  certain  nombre  d'anciennes 
léproseries  de  la  province,  abandonnées  pour  la  plupart,  semble-t-il, 
purent  cependant  être  comprises  dans  les  mesures  générales  qui 
venaient  d'être  adoptées,  ces  maisons  ayant  été  reconnues  de  fon- 
dation royale.  Nous  doutons  fort  qu'on  eût  trouvé  des  traces  pré- 
cises de  cette  origine  pour  la  plupart  d'entre  elles.  Peut-être 
l'absence  de  tout  litre  fut-il  le  principal  argument  invoqué  à  l'appui 
des  prétentions  de  la  Couronne.  Peut-être  aussi  celle-ci  réussit-elle 
à  produire  quelque  ancien  état  de  répartition  de  subsides,  la  liste 
par  exemple  des  léproseries  qui  avaient  eu  part  aux  libéralités 
posthumes  de  Louis  VIII,  et  les  indications  de  ce  document  paru- 
rent-elles un  titre  suffisant  pour  faire  attribuer  la  création  même 
de  l'hôpital  au  roi  et  remettre  à  la  Grande  Aumônerie,  avec  les 
droits  de  patronage  et  de  provision  au  bénéfice,  l'administration 
de  ce  qui  restait  des  biens  de  l'établissement.  Quoi  qu'il  en  soit, 
constatons  qu'aucun  des  seize  ou  dix-sept  hôpitaux  de  ladres  dits 
«de  foDdaLiûu royale  »,  situés  dans  notre  diocèse  et  qui  figurent 
avec  cette  qualifîcatioD  aux  Pouillés  généraux  des  xvu<^  et  xvui*  siè-. 
clés,  ne  paraît  avoir  eu  à  aucune  époque  une  grande  importance. 
En  tout  cas,  le  patrimoine  de  ces  maisons  se  trouvait-il  alors  réduit 
à  fort  peu  de  chose. 

Les  maladreries  les  mieux  dotées  de  la  province,  celles  de  Limo- 
ges, de  Saint-Junien,  de  Tarn  (Aixe),  de  La  Fauvette  (Oradour-sur- 
Glane),  de  Nontron,  de  Brive,  de  Châlus,  de  Magnac-Laval,  de 
Gonfoiens,  furent  en  somme  soustraites,  dans  une  certaine  mesure, 


40  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

aux  améliorations  que  i*autorilé  royale  avait  voulu  introduire  dans 
Tadministralioû  et  le  régime  de  ces  établissements.  Les  abus  aux- 
quels on  avait  voulu  remédier  s'y  perpétuèrent  en  s*aggravant  de 
plus  en  plus. 

L'ordre  de  Saint-Lazare  possédait  déjà  quelques  bénéfices  dans 
le  diocèse  de  Limoges;  mais  il  n*y  avait  jamais  eu  de  maison  de 
quelque  importance.  Le  transfert  à  cet  ordre,  en  1672,  de  la  mis- 
sion précédemment  dévolue  au  Grand  Aumônier,  en  ce  <]ui  concerne 
les  léproseries,  fut  le  point  de  départ  de  quantité  de  procès  qu'il 
est  impossible  de  suivre,  car  des  uns  nous  possédons  seulement 
des  requêtes  et  des  mémoires,  sans  connaître  la  solution  du  litige, 
et  des  autres,  il  nous  a  été  conservé  les  arrêts,  mais  sans  les  élé- 
ments de  la  procédure.  Il  serait  du  reste  faslidieux  d'entrer  dans 
le  détail  de  ces  contestations  dont  Tobjet  est  en  dehors  du  cadre  de 
notre  monographie.  L'ordre  de  Saint-Lazare,  qui  avait  déjà  réussi 
à  se  faire  attribuer  des  pensions  sur  un  grand  nombre  d'établisse- 
ments de  bienfaisance,  poursuivit,  avec  autant  de  suite  que  de 
diligence,  ses  revendications  sur  nos  maladreries.  11  ne  réussit  pas 
dans  la  tâche  qui  lui  avait  été  confiée,  puisqu'il  ne  put  rétablir  la 
régularité  ni  dans  les  hôpitaux  encore  occupés  ni  dans  l'adminis- 
tration de  leurs  revenus.  En  apparence,  seulement,  il  parvint  à 
rattacher  la  plupart  de  ces  maisons  à  une  sorte  d'organisation 
générale,  à  créer  entre  elles  le  lien  d'une  commune  dépendance. 
Le  résultat  le  plus  clair  pour  lui  fut  d'obtenir  des  ecclésiastiques 
qui  avaient  été  pourvus  des  bénéfices  constitués  sous  le  titre  et 
avec  ce  qui  restait  des  ressources  des  anciens  hôpitaux,  le  paie- 
ment de  petites  pensions,  attribuées  à  la  commanderie  de  Péri- 
gueux.  Des  quarante-huit  léproseries  dont  nous  avons  plus  haut 
donné  la  liste  d'après  le  Fouillé  de  Nadaud,  huit  au  moins  acquit- 
taient à  cette  commanderie  des  redevances  annuelles  variant  entre 
cinq  et  quarante  livres. 

L'impossibilité  d'aboutir  dans  l'œuvre  d'ensemble  entreprise  plus 
d'un  siècle  auparavant  par  la  royauté  ayant  paru  suffisamment 
démontrée,  on  revint,  en  1693,  sur  les  mesures  adoptées  à  l'égard 
des  léproseries,  et  on  décida  l'union  de  ce  qui  subsistait  de  leur 
patrimoine  et  de  leurs  redevances  à  des  établissements  de  chanté 
du  voisinage.  Un  très  petit  nombre  seulement  de  maladreries  sub- 
sistèrent et  furent  érigées  en  hôpitaux  :  celles  qu'on  jugea  posséder 
des  ressources  suffisantes.  11  ne  s'en  trouva  pas  une  seule  assez 
riche,  dans  toute  l'étendue  du  diocèse  de  Limoges.  Disons  au  sur- 
plus que  ces  unions  locales  avaient  presque  partout  été  opérées 
depuis  longtemps  par  les  soins  de  l'autorité  ecclésiastique  et  que 
c'est  surtout  en  raison  de  cet  état  de  choses  que  les  tentatives  de 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  41 

centralisation  poursuivies  par  le  pouvoir  royal  avaient  abouti  à  un 
échec. 

Au  xvni*  siècle,  des  communautés  de  lépreux  qui  s'étaient  autre- 
fois constituées  sur  un  assez  grand  nombre  de  points  de  la  pro- 
vince, il  subsiste  trois  ou  quatre  colonies  de  mendiants,  les  uns 
menant  l'existence  tranquille  et  régulière  des  cultivateurs  et  des 
artisans  qui  les  entourent;  les  autres,  et  c'est  la  plupart,  voués  au 
vagabondage  et  fort  mal  vus  des  voisins.  Beaucoup,  du  reste,  ne 
demeurent  pas  attachés  à  leur  maladrerie  d'origine.  Volontiers  ils 
la  quittent  et  s'efforcent  d'obtenir  leur  admission  dans  une  collec- 
tivité mieux  dotée,  dans  un  établissement  d'un  séjour  plus  agréable 
et  offrant  plus  de  ressources.  C'est  ainsi  que  nous  voyons,  dès  le 
xv!""  siècle,  des  lépreux  ou  soi-disant  tels  appartenant  aux  inGrme- 
rics  de  Sainl-Junien,  de  Châlus,  d'Aixe,  de  Nonlron,  solliciter  leur 
agrégation  à  la  colonie  de  la  Maison-Dieu  de  Limoges  (1).  Il  se 
peut,  à  la  vérité,  que  ces  transferts  ne  soient  pas  tout-à-fail 
volontaires  et  qu  à  la  suite  de  certaines  unions,  on  ait  fait  évacuer 
les  mendiants  qui  habilaimit  l'établissement,  sans  tenir  compte  de 
leurs  réclamations,  de  leur  possession,  de  leurs  prétendus  droits. 
Ceux-ci  se  sont  alors  rabattus  sur  une  maison  plus  hospitalière. 

Ne  retenons  qu'un  fait  incontestable  :  la  diminution  du  nombre 
de  ces  collectivités,  peu  intéressantes  du  reste.  Colles  qui  subsis- 
tent changent  peu  à  peu  d'allures  et  de  caractères.  Les  masures  qui 
les  abritent  entourent  presque  partout  une  chapelle  en  ruines. 
C'est  tout  ce  qui  reste  d'une  commanderie,  d'une  préceptorerie, 
d'un  prieuré  fondé  cinq  ou  six  cents  ans  auparavant.  Les  prétendus 
lépreux,  là  où  il  y  en  a,  jouissent  des  bâtiments  et  de  leurs  dépen- 
dances, et  reçoivent  une  petite  pension,  qui  est  acquittée  tantôt  à 
chacun  des  membres  du  groupe,  tantôt  au  représentant  de  la  col- 
lectivité. Le  titulaire  du  bénéfice  perçoit  ce  qui  reste  des  revenus, 
sans  avoir  —  une  fois  cette  pension,  en  général  fort  modique, 
acquittée  —  à  pourvoir  à  d'autres  charges  qu'à  l'entretien  du  sanc- 
tuaire, là  où  un  oratoire  existe  encore,  et  aux  honoraires  de  quel- 
ques messes,  dont  le  nombre  a  été  bien  réduit,  pour  le  repos  de 
l'âme  des  fondateurs  d'anniversaires.  Sur  presque  toutes  ces  ancien- 
nes léproseries,  nous  l'avons  vu,  les  renseignements  font  défaut. 
Les  deux  maisons  de  Limoges,  dont  il  a  été  question  à  la  fin  du 
chapitre  précédent,  Saint-Jacques  des  Casseaux  et  la  Maison-Dieu, 
cette  dernière  surtout,  peuvent  seules  fournir  la  matière  d'une 
notice  historique.  C'est  à  elles  que  nous  consacrerons  cette  élude. 

(1)  En  1578,  1617,  1618.  Voir  appendice,  no  IX,  et  Fouillé  du  dioc. 
de  Limoges,  éd.  Lecler,  p.  137. 


42  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

III.  ~~  La  maladrerie  de  Saint-Jacques  des  Casseaux 

ou  de  la  lèpre  blanche. 

L'hôpital  des  lépreux  de  la  Cité,  placé  comme  celui  des  Arènes, 
sous  riovocalioD  de  saint  Jacques,  Tut,  on  n'en  peut  douter, 
Tonde  par  un  évoque  de  Limoges.  Par  lequel  des  successeurs  de 
saint  Martial?  A  quelle  époque? Nous  n'en  savons  rien.  Peut-être 
cette  maison  rem  plaça- t-el  le  la  maladrerie  primitive  des  Arènes, 
qui  n'aurait  subsisté  que  comme  hôpital  ordinaire,  ou  celle  de 
Saint-Lazare,  détruite  par  la  guerre  ou  supprimée  pour  un  motif 
inconnu  ?  Il  n*est  permis  d'émettre  à  cet  égard  que  des  hypothèses 
toutes  gratuites.  Les  documents  de  nos  archives,  comme  nos  chro- 
niques et  nos  annales,  sont  muets  sur  l'origine  de  la  léproserie  des 
Casseaux.  Nous  ne  constatons  du  reste  avec  certitude  l'existence 
de  cet  établissement  qu'en  i21S.  A  cette  date,  un  titre  du  cartulaire 
de  Saint-Etienne  de  Limoges  mentionne  les  maisons  des  lépreux 
de  Saint-Jacques  (1).  L'abbé  Legros,  d'après  Nadaud,  sans  doute, 
fait  allusion  au  môme  texte.  On  ne  possède  aucune  donnée  sur  la 
disposition  et  l'importance  de  ses  bâtiments,  qui  étaient  situés,  nous 
l'avons  dit,  sur  le  bord  d'une  des  principales  voies  qui  aboutis- 
saient à  Limoges,  celle  du  Palais  et  de  Saint-Priest,  dans  un  lieu 
souvent  désigné  sous  le  nom  de  Mas  Blanc  ou  Mas-Blanquet,  auprès 
d'un  ruisseau,  à  peu  de  distance  de  la  Vienne  et  du  port  du  Naveix, 
oii  se  déchargeaient  les  bois  venus  par  eau  des  cantons  forestiers  de 
Saint-Léonard,  Bujaleuf,  Châteauneuf,  Neuvic  et  Eymouliers.  Nous 
savons  seulement  qu'au  milieu  des  modestes  constructions  de  la 
maladrerie  s'élevait  un  bâtiment  principal,  magna  dçmus,  men- 
tionné par  un  document  du  xiu'  siècle  (2),  et  où  étaient  sans  doute 
installés  les  services  communs.  Cette  léproserie  était  comme  abri- 
tée derrière  les  importantes  constructions  de  l'abbaye  de  Saint- 
Augustin-lès-Limoges.  11  n'est  pas  impossible  que  les  évoques  lui 
eussent  concédé  certains  revenus  sur  le  flottage.  Aucun  document 
néanmoins  n'en  fournit  la  preuve. 

Quelques  testaments  des  xui»  et  xiv"  siècles  renferment  des 
libéralités  au  profit  de  cette  maison.  On  relève,  dans  un  codicille 


(1)  DomoÈ  leprosorum  Sancli  Jacohi  (manuscrit  9193  du  fonds  latin  de 
la  Bibliothèque  nationale).  Il  s'agit  bien,  à  ce  texte,  de  Saint-Jacques  des 
Casseaux  ;  la  mention  ne  peut  se  rapporter  à  Saint-Jacques  des  Arènes. 

(2)  Magna  domus  infirmarie  Sancli  Jacobi.  (Arch.  Haute- Vienne,  fonds 
des  prêtres  con^munalistes  de  Saint- Pierre.) 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  43 

de  révoque  Aymeric  de  Serre  de  Malemorl  (27  mars  1263)  un  legs 
de  cinquante  sous  aux  lépreux  de  la  Cilé  pour  leur  subsistance 
d'un  jour(l).  En  1276,  ils  sont  meniionnés  dans  le  testament  de 
Pélronille  de  Nigremonl  (2)  ;  en  1303,  dans  celui  de  Pierre  de  Saint- 
Paul,  prêtre  (3)  ;  tn  1382,  dans  celui  de  Valérie  Marteau,  femme  de 
Jean  Bayard  (4). 

L'hôpital  dont  nous  nous  occupons  ici  est  appelé  tantôt  c  Lépro- 
serie de  Saint-Jacques,  près  Saint-Âugustin  »  (8),  tantôt  «  Mala- 
drerie  du  Naveix  »,  «  Saint-Jacques  du  Naveix  »,  «  Saint-Jacques 
le  Tignoux  »;  «  Tlnflrmerie  de  Limoges  »  en  1401  (6)  ;  la  «  Malap- 
tie  »  en  1456  (7j  ;  la  «  Maladrerie  blanche  »,  «  Tlnfirmerie  blanche  » 
ou  de  «  Saint-Jacques  du  Mas-Blanc  »,  «  du  Mas-Blanquet  »,  —  par 
corruption  sans  doute  «  Malplaqueys  »  —  en  1455,  1464,  1481, 
1492,  1494  (8);  «  l'Infirmerie  des  Caquots  »  en  1504  (9).  Cet  éta- 
blissement semble  avoir  eu  moins  d'importance  et  avoir  reçu  un 
nombre  moins  considérable  de  malades  que  la  Maison-Dieu.  Il 
s'élevait  auprès  d'une  fontaine  dont  on  trouve  mention  en  1281  (10), 
à  peu  de  dislance  de  la  petite  église  paroissiale  de  Saint-Jacques  : 
celle-ci  avait  peut-être  été  au  début  une  simple  chapelle  dépendant 
de  la  léproserie.  Un  chemin  mettait  Thôpital  en  communication 
directe  avec  cette  église  (11),  qui  fut  de  bonne  heure  réunie  à  Saint- 
Christophe.  Les  constructions  de  la  maladrerie  subsistaient  encore 
en  partie  en  1688;  mais  elles  étaient  en  ruines.  Les  revenus  de 
celle  maison  avaient  été,  dès  1660,  donnés  à  l'Hôpital  général.  À 
la  fm  du  xvin' siècle,  il  ne  restait  plur>  de  la  vieille  léproserie  qu'un 


(1)  Leprosis  civitatis  LemovicensiSy  quinquaginia  solidos  ad  refectio^ 
nem  una  die.  (Bull.  Société  archéologique  du  Limousin,  t.  IV,  p.  133.) 

(2)  Arch.  Haute- Vienne,  fonds  des  Cordeliers. 

(3)  Arch.  hôpital  Saint-Gérald,  divers. 

(4)  Cuilibet  infîrmo  de  infirmaria  Sancli  Jacobi  Lemovicensis  unum 
album  quinque  denariorum.  (Hôp.) 

(5)  Arch,  Haute-Vienne.  Evêché,  0  Domina,  fol.  43,  44. 

(6)  In  terriiorio  de  Infirmaria  Lemovicensi,  (Archives  Haute-Vienne, 
chapitre  cathédral,  n*  8192  provisoire.) 

(7)  Registres  du  fonds  de  Tévêché. 

(8)  D'après  Legros  et  des  documents  du  fonds  de  Saint-Martial  aux 
Archives  du  département. 

(9)  Arch.  Haute-Vienne  :    Saint-Martial,  registre   de   la   Pitancerie, 
fol.  285  to. 

(10)  Arch.  Haute- Vienne.  Evêché  :  reg.  Ac  singularem,  fol.  71  v®. 

(11)  lier  per  quod  recte  itur  de  ecclesia  Sancli  Jacobi  prope  Lemovicas 
versus  diclam  infirmariam.  (Arch.  Haute-Vienne,  Chapitre,  8192.) 


44  SOCIÉTÉ  AnCIlÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

pan  de  muraille,  une  vierge  fort  en  vénération  dans  les  environs 
et  une  croix  de  pierre  (1). 

Il  faut  croire  que  le  prêtre  chargé  de  desservir  la  petite  église  de 
Saint-Jacques  remplit  de  tout  lemps  les  Tonctions  de  chapelain  de 
la  maladrerie.  Aucun  document  de  nos  archives  ne  mentionne  un 
ecclésiastique  spécialement  investi  du  soin  des  âmes  à  Tinfirmerie 
Saint-Jacques.  Nous  connaissons  du  reste  bien  peu  de  curés  de 
cette  paroisse,  qui  ne  fut  peut  élre  à  l'origine  que  la  chapelle  du 
petit  hôpital.  Le  curé  d'une  église  voisine  fut  de  bonne  heure 
chargé  d'administrer  les  deux  paroisses. 

Celte  réunion  remonterait,  d'après  Nadaud,  à  1416  ou  1419; 
toutefois  nous  constatons  qu'elle  est  déjà  efTectuée  en  1412.  On 
trouve,  en  effet,  à  une  pièce  du  fonds  de  St-Augustin,  aux  Archives 
de  la  Haute- Vienne,  mention  de  Aymeric  Alby,  «  curé  de  l'église 
paroissiale  des  saints  Jacques  et  Christophe  ».  Le  même  personnage 
remplit  encore  ces  fonctions  au  mois  d'avril  1427  (2).  Legros  cile 
un  «  Pierre  de  Blanc  »  curé  de  Saint-Christophe  en  1436,  qui 
pourrait  bien  être  un  Pierre  Albi.  Celte  famille  se  perpétue  à  Saint- 
Christophe,  puisqu'on  trouve  François  Alby  ou  Dalby  titulaire  de 
la  cure  des  deux  paroisses  en  1451,  1456  et  1457  (3).  Celles-ci 
demeurèrent  unies.  L'église  de  Saint-Jacques,  qui  subsistait  en 
1401,  était  un  peu  plus  lard  en  fort  mauvais  état.  Elle  tombait  en 
ruines  au  xvu*  siècle.  Elle  fut  démolie  en  1697. 

Au  XIV'  siècle,  l'évêque  et  l'abbé  de  Saint-Augustin  (4)  préten- 
daient l'un  et  l'autre  avoir  la  justice  du  bourg  qui  entourait 
celte  dernière  abbaye  et  dont  dépendait  rinRrmerie.  Le  différend 
fut  soumis  à  des  arbitres.  Ceux-ci  déclarèrent  que  tout  ce  que  le 
monastère  possédait  soit  dans  le  bourg  de  Saint-Augustin  soit  dans 
le  bourg  de  Saint-Lazare  et  leurs  dépendances,  il  l'avait  reçu  de 
l'évêque  et  le  tenait  de  lui.  Il  fut  donc  décidé  que  chaque  abbé 
nouvellement  élu  reconnaîtrait  n'avoir  que  la  moyenne  et  la  basse 
justice  dans  ces  deux  localités  :  la  haute  justice  appartenant  à 
l'évêché.  Il  s'agissait  dans  l'espèce  d'un  objet  de  peu  d'importance  : 
la  possession  d'un  porc  errant,  qui  avait  été  saisi  (5). 


(1)  Legros. 

(2)  Aymericus  Albi,  capellanus  sive  recior  ecclesie  parroshialis  Sanc- 
torum  Jacobi  et  Chrisiophori  (liasse  9007  prov.). 

(3)  Arch.  Haute- Vienne.  Prêtres  de  Saint-Pierre  :  terrier  Dupin. 

(4)  Ibid,  Saint-Augustin,  n»»  5108,  7609,  831 1  prov. 

(5)  Lillera  compromissi  factiper...  episcopum  et  abbatemet  conventum 
Sancti  Augustini  Lemovicensis  super  alta^  be^ssa,  média  justicia,  quam 
ut  raque  pars  habere  dicebat  in  vilHs  et  burqis  Sancti  Augustini  et  Sancti 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE   LIMOGES  45 

Les  droits  de  Tévéque  furent  invoqués  et  reconnus  par  le  sénéchal 
du  roi,  semble-(-i1,  dans  une  aflfaire  plus  imporlanle  et  sur  laquelle 
nous  n'avons  pas  de  détails  précis.  Autant  qu'on  peut  en  juger 
d*après  le  texte  du  document  où  nous  puisons  ces  indications,  deux 
personnages,  deux  jurisconsultes  peut-être,  avaient  été  commis 
pour  terminer  un  différend  relatif  à  la  juridiction  du  bourg  de 
Saint-Augustin  et  de  la  léproserie  de  Saint-Jacques,  réclamée  par 
révéque;  malgré  l'opposition  du  procureur  du  roi  et  du  prévôt 
commun  de  la  cité  (1),  les  droits  de  Févéque  furent  reconnus  par  le 
sénéchal  et  la  commission  révoquée  (i). 

Les  dernières  difficultés  auxquelles  il  est  fait  allusion  ici  avaient 
peut-être  surgi  à  Foccasion  des  mesures  prises  en  i3U  et  1322  à 
regard  des  lépreux  et  dont  nous  avons  parlé  aux  chapitres  pré- 
cédents. 

En  tous  cas,  elles  se  produisirent  de  nouveau  à  ce  moment,  et 
quand  le  sénéchal  voulut,  en  vertu  des  ordres  du  souverain,  faire 
saisir  et  jeter  en  prison  les  malades  de  Saint-Jacques,  Tévéque  en 
appela  au  roi  et  obtint  satisfaction.  Une  lettre  du  sénéchal  reconnut 
que  le  prélat  étant  seul  seigneur  justicier  de  la  maladrerie  de  Saint- 
Jacques,  il  lui  appartenait  d*exëcuter  l'ordonnance  t't  de  recevoir 
dans  ses  prisons  les  individus  visés  par  elle  (3).  Nous  ignorons  du 


Lazari..,  Per  arbitras  fuit  dicium  quod  abbas  et  conventus  lenuerunt 
ab  antiquo  et  ieneant  a  dicta  domino  episcopo  quidquid  habent  in  burgin 
Sancti  Augustini  et  Sancti  Lazari  et  periineniiis  eorumdem..,  et  quod 
premissa  recognoscat  abbas  Sancti  Augustini  in  novitate  sua,  dicto  epis- 
copo. (Arch.  Haute- Vienne  :  Evêché,  Reg.  0  Domina,  f<*  4i  r<>. 

(1)  Magistrat  nommé  alternativement  par  le  roi  et  par  Tévêque  pour 
exercer  l'autorité  commune,  aux  termes  du  traité  de  pariage  de  1307. 

(2)  Liltera  assizie  régie  Lemovicensis  super  questione  juridicionis  burgi 
Sancti  Augustini  et  leprosarie  Sancti  Jacobi  civitatis  Lemovicensis  cui  se 
opponebat  procurator  regius  et  prepositus  communis  civitatis  Lemovi- 
censis, Et  fuit  revocata  commissio  alias  facta  super  ipso  negocio  magis- 
tro  Joanni  Burgensi  et  Ber[tran]  do  de  Veterivilla  qui  causam  debebant 
lerminare  (Arch.  Haute- Vienne,  Evêché,  reg.  0  Domina,  f®  44  r®. 

(3)  Dominus  episcopus.,.appelavH  a  senescallo  Pictavensi ad  liegem,  qui 
mandaverat  includi  leprosos  leprosie  Sancti  Jacobi  Lemovicensis.  De  quo 
fuit  postmodum  manus  regia  amota  et  mandatum  quod  per  dictum  épis- 
copum  includerentur..,  Littera  continens  transcriptumlitterarum  senescalli 
Pictavensis,  continencium  quod  d ictus  episcopus  posset  includere  leprozos 
leprozarie  Sancti  Jacobi  prop  Sanctum  Augustinum  qui  mandabantur 
includi  per  Regem,  tanquam  dominus  habens  altam  et  bassam  justi- 
tiam  (Arch.  Haute- Viçnne  :  Evêché,  reg»  0  Domina,  f»  43  v»  et  44  v«)« 


46  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

reste  si  les  lépreux  placés  sous  la  maia  de  révoque  qui  étail  alors 
Gérald  Roger,  eurent  un  autre  sort  que  les  autres. 

À  une  époque  et  dans  des  circonstances  que  nous  ne  saurions 
préciser,  peut-être  à  la  suite  de  l'événement  de  1321,  peut-être 
seulement  vers  la  lin  du  moyen  âge,  une  sorte  de  classement 
s'opéra  entre  les  lépreux  des  deux  hôpitaux  de  Limoges.  A  ceux 
dont  la  maladie  affectait  la  forme  la  moins  grave  et  la  moins  rebu- 
tante, et  qui  étaient  connus  sous  le  nom  de  ladres  blancs  ou  ca- 
quots,  Tinfirmerie  de  Saint-Jacques  fut  spécialement  assignée 
pour  résidence.  Les  malades  atteints  plus  gravement  furent  can- 
tonnés à  la  Maison-Dieu.  Nous  avons  vu  qu'à  partir  du  milieu  du 
XV»  siècle,  la  maladrerie  de  Saint-Jacques  est  souvent  appelée  la 
Maladerie  blanche^  V Infirmerie  de  la  lèpre  blanche  ;  mais  on  sait 
fort  peu  de  chose  de  Tbistoire  de  cet  hôpital,  dont  les  archives  pa- 
raissent avoir  été  perdues. 

Les  malades  qui  rhabitaient  encore  en  i599  et  qui  formaient 
une  petite  communauté  ou  plutôt  une  agglomération  de  trois  ou 
quatre  familles  (1),  s'avisèrent  de  demander  directement  au  roi  la 
confirmation  des  exemptions  de  certaines  taxes  dont  ils  jouissaient 
de  temps  immémorial.  Ils  lui  exposèrent  qu'ils  étaient  séquestrés 
avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants  comme  appartenant  à  la  lignée 
de  Giézy  [sic),  et  traités  ainsi  que  les  ladres  rouges;  ils  devaient, 
lorsqu'ils  allaient  quêter,  se  munir  de  cliquettes;  ils  ne  pouvaient 
entrer  dans  les  églises  et  devaient  se  tenir  à  la  porte.  En  consé- 
quence ils  revendiquaient  le  bénéfice  de  la  situation  qu'on  leur 
avait  faite  et  demandaient  à  ne  pas  être  astreints  à  payer  de 
subsides.  Ils  en  avaient  été  exemptés  sous  Charles  VIII  et  sous 
François  I".  Henri  IV  accueillit  favorablement  leur  requête  et 
confirma  les  privilèges  des  lépreux  de  Sainl-Jacques  en  même 
temps  que  ceux  des  habitants  de  plusieurs  autres  maladreries  du 
diocèse  (2). 

Que  devint  celte  colonie  de  mendiants  privilégiés  soixante  ans 
plus  tard,  lors  de  la  réunion  de  Sainl-Jacques  à  l'hôpital  général  ? 
Il  est  vraisemblable  qu'elle  existait  encore  à  cette  époque;  mais 


(1)  A  un  acte  de  1512,  il  est  parlé  des  syndics  des  pauvres  delà  Maison- 
Dieu  de  la  Cité  :  «<  Syndicos  pauperum  Domus  Dei  CÀvitalis  (Arch.  Haute- 
Vienne  :  La  Règle,  n°  856  prov.);  mais  il  résulte  des  indications  fournies 
par  le  document  lui-même  quïl  s'agit  dans  ce  document  des  syndics 
des  lépreux  de  la  maladrerie  du  Château,  de  rétablissement  qui  avait 
de  tout  temps  porté  spécialement  la  dénomination  de  «  Maison  Dieu  ». 

(2)  Nadaud  :  Mémoires  manuscrits^  1. 1,  p.  41;  —  Arch.  Haute-Vienne  : 
Prêtres  de  S'-Pierre,  résidus  divers  ; — Carmes  des  Arènes,  liasse  9604  prov, 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSBIUES  DE  LIMOGES  47 

nous  n*avons  Iroavé  nulle  part  trace  des  incidents  qui  signalèrent  sa 
dispersion,  non  plus  que  des  protestations  que  ses  membres  ne 
manquèrent  pas  d'élever  contre  la  mesure  prise  de  concert  par 
l'autorité  civile  et  Tautorité  ecclésiastique  en  1660. 

Ajoutons  que,  si  on  a  peu  d'indications  sur  Thistoire  de  celte 
léproserie,  on  trouve  à  peine,  dans  les  actes,  trois  ou  quatre 
mentions  relatives  à  ses  habitants.  Les  registres  des  prêtres  com- 
raunalistes  de  Sainl-Pierre-du-Queyroix,  nous  avons  déjà  signalé  le 
fait  à  un  précédent  chapitre,  nomment  Pierre  Barhary,  «  lépreux 
(le  rinfirmerie  de  Saint-Jacques  »,  propriétaire  d'une  terre  devant 
la  dime  à  cette  église  en  1306  (1).  Ce  ladre  fait  souche  et,  près  de 
deux  siècles  plus  tard,  ses  descendants  sont  encore  au  nombre  des 
pensionnaires  du  Mas  Blanquet  :  Héliot  et  Jean  Barbari,  fils  de  feu 
Pierre  Barbari,  «  de  Tinfirmerie  blanche  »,  sont  mentionnés  à  un 
acte  du  20  novembre  1481  (2).  La  famille  se  perpétue  dans  les 
diverses  maladreries  de  la  région.  M.  Drouaulta  trouvé,  en  1647, 
Marguerite  Barbary  à  celle  de  Chambouret  d*Âixe;  en  l'/19,  Ca- 
therine Barbary,  à  celle  de  Bruzac  près  Milhac,  en  Périgord  ;  en 
1747,  Anioine  Barbary,  à  celle  de  Lussac-les-£glises  ;  de  1749  à 
1781,  Sylvain  Barbary,  cl  de  1745  à  1779,  autre  Sylvain  Barbary,  h 
la  même  (3).  Le  même  a  rencontré  à  la  date  de  1647,  le  nom  de 
deux  habitants  de  la  Irproserie  des  Casseaux  :  Jacques  Meslier  et 
Antoinette  Bernard  (4). 

IV.  —  La  Maison-Dieu  :  sa  fondation  et  la  première  période 
de  son  histoire;  déclarations  du  recteur  Etienne  d^Excideuil 

On  ignore  à  quelles  considérations  s'inspirèrent  les  fondaieurs 
des  deux  léproseries  de  la  Cité  et  du  Château  dans  le  choix  de 
Tassielle  de  ces  établissements.  Il  faut  reconnaître  que  ni  Tun  ni 
Tautre  des  deux  emplacements  n'étaient  très  sains,  et  la  préoccu- 
pation toute  naturelle  de  placer  des  maisons  de  ce  genre  de  façon 
à  ce  que  les  vents  soufflant  le  plus  ordinairement  n'en  apportassent 
pas  les  émanations  dans  la  direction  de  la  ville,  ne  suffit  pas  à 
expliquer  comment  on  établit  nos  maladreries  dans  des  endroits 
bas  et  humides. 


(1)  Arch.  Haute- Vienne. 

(2)  De  infirmarin  alba  (Arch.  Haute- Vienne). 

(3)  Roger  Drouault  :  Comment  finirent  les  lépreux,  p.  6,  8,  iO,  li, 
13,  14. 

(4)  Ibid,  p.  14. 


48  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

L'emplacement  de  la  Maison-Dieu  était  à  cet  égard  plus  mal 
choisi  encore  que  celui  de  Tinfirmerie  de  Saint-Jacques.  La  lépro- 
serie du  Château  se  trouvait  située  un  peu  au-dessous  de  Tétang  et 
des  marais  d'Aigueperse,  qui  ne  furent  desséchées  qu'au  xni*  siècle, 
et  tout  auprès  des  terrains  marécageux  s'étendant  au  nord-est  de 
réglise  Saint-Paul.  Il  est  vrai  que  le  petit  hôpital  se  trouvait  au 
bord  d*un  des  carrefours  les  plus  animés  de  la  banlieue.  Cinq  ou 
six  chemins  y  aboutissaient;  les  deux  pins  fréquentés  partaient  Tun 
de  la  porte  Montmailier,  une  des  entrées  principales  du  Château  ; 
l'autre  de  la  Cité.. Au  dernier  se  soudait,  devant  Téglise  Saint-Paul, 
le  chemin  venant  de  la  porte  Mirebœuf  et  de  la  porte  Boucherie. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'auprès  de  la  maladrerie  coulait  un  ruis- 
seau dit  de  la  Maison-Dieu  ou  d'Aigueperse,  dont  les  eaux  prove- 
naient d'Aigueperse  et  de  Ghinchauveau  [de  Campo  Chalveu,  al. 
Chouveti)  et  que  le  même  ruisseau  un  peu  plus  bas  baignait  presque 
les  murs  de  Tinrirmerie  de  Saint-Jacques,  à  peu  de  distance  de 
laquelle  il  se  jetait  dans  la  Vienne.  Cette  particularité  que  le 
petit  cours  d'eau  en  question,  sur  un  parcours  total  de  1.800  à 
2.000  mètres  à  partir  d'Aigueperse,  ne  desservait  aucun  groupe 
d'habitations  et  allait  presque  aussitôt  se  perdre  dans  la  rivière  (1), 
avait  dû  être  prise  en  considération.  Peut-être  détermina-l-elle  le 
choix  de  l'emplacement,  défectueux,  on  l'a  vu,  sous  d'autres  rap- 
ports, de  nos  deux  roaladreries. 

Les  bâtiments  de  la  Maison-Dieu,  sans  être  très  grands,  avaient 
des  le  xni'' siècle,  une  certaine  étendue.  Us  se  composaient  semble- 
l-il,  de  maisonnettes  contigiies,  disposées  probablement  autour 
d'une  cour,  avec  une  ou  plusieurs  constructions  plus  importantes 
pour  les  services  communs. 

Nous  avons  dit  que  les  établissements  de  ce  genre  devaient  olîrir 
Taspect  de  la  plupart  des  béguinages  flamands,  avec  plus  de  sim- 
plicité rustique  certainement  et  sans  doute  aussi  moins  de  minu- 
tieuse propreté.  L'église,  qui  avait  une  juridiction  paroissiale 
s'étendant  non  seulement  sur  les  hôtes  de  l'établissement,  mais  sur 
plusieurs  villages  des  environs,  semble  avoir  été  en  façade  sur  le 
carrefour,  tout  au  moins  sa  porte  principale  s'ouvrait-elle  directe- 
ment sur  la  voie  publique. 

Celle  église,  placée  sous  l'invocation  de  Sainte-Marie-Madeleinc 
«  la  bienheureuse  pécheresse  »  (2),  palronne,  on  a  pu  le  remarquer, 
d'un  certain  nombre  de  nos  maladreries  et  infirmeries  limousines, 

m 

(1)  En  amont  de  Limoges,  il  est  vrai;  mais  la  Vienne  a  un  débit  assez 
considérable  pour  qu'on  n'ait  pas  attaché  d'importance  à  ce  détail. 

(2)  Beaiissime  peccalricis,  texte  cité  ci-après. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSERIES  DE    LIMOGES  49 

est  nommée  pour  la  première  fois  dans  le  premier  quart  du  xin"*  siè- 
cle :  nous  n*avons  trouvé  nulle  part  la  date  de  sa  construction. 

Le  chroniqueur  Bernard  Ilhier,  moine  de  Tabbaye  de  Sainl-Har- 
tial,  conte  au  sujet  de  cette  église  une  anecdote  où  se  reflète  toute 
la  foi  naïve  de  son  temps. 

An  mois  de  mai  1224,  le  troisième  jour  des  Rogations,  le  chape- 
lain Je  la  Haison*Dieu,  qui  avait  très  bien  décoré  le  sanctuaire  de 
Sainte-Marie-Madeleine,  sollicila  et  Ht  solliciter  par  ses  amis  l'abbé 
de  Saint-Martial,  Guillaume,  et  toule  sa  communauté,  d'entrer  dans 
son  église  au  retour  de  la  procession  qui,  selon  la  coutume,  visitait 
ce  jour-là  l'abbatiale  de  Saint-Augustin.  Il  désirait  qu'en  passant 
devant  Sainte-Madeleine,  les  religieux  y  fissent  une  station  pour 
honorer  la  mémoire  de  la  fidèle  amie  du  Christ.  Le  chapitre  ne  put 
s*accorder  sur  l'objet  de  celle  demande,  un  ou  deux  religieux 
s'étant  évertués  à  dissuader  leurs  confrères  d'y  donner  satisfaction. 
Le  temps  était  pluvieux  ce  jour-là.  On  fit  néanmoins  la  procession 
à  Saint-Augustin,  mais  au  moment  même  où  la  communauté  de 
Saint-Martial  venait  de  défiler  devant  l'église  de  Sainte-Madeleine 
et  l'avait  dépassée,  une  pluie  diluvienne  survint  qui  mit  le  désordre 
dans  le  cortège  et  dispersa  si  bien  les  religieux  le  long  du  chemin 
conduisant  au  monastère,  qu'à  peine  chacun  put-il  demeurer  avec 
son  compagnon.  Beaucoup  émirent  l'avis  que  cet  orage  n'était  pas 
un  pur  effet  du  hasard  :  le  ciel  ayant  voulu  par  là  venger  l'hon- 
neur de  Sainte-Marie-Madeleine  du  peu  de  cas  que  la  communauté 
avait  fait  de  la  prière  de  son  chapelain.  En  conséquence,  trois  jours 
après,  un  jeûne  fut  ordonné  et  les  religieux  de  Saint-Martial  firent 
une  procession  à  l'église  dont  il  s'agit.  Ils  marchaient  tous  nu-pieds; 
on  chanta  l'office  de  nones,  puis  la  grande  messe,  et  on  adressa  de 
ferventes  prières  au  ciel  pour  obtenir  le  beau  temps  :  elles  furent 
exaucées  (1). 

Notons  que  la  Maison-Dieu  n'était  pas  seulement  une  infirmerie 
de  lépreux;  elle  avait  aussi  le  caractère  de  maison  de  secours  pour 
les  pauvres  et  les  voyageurs.  On  peut  constaterqu'il  en  aété  ainsi  de 


(1)  Anno  gracie  M"*  CC^  XXIII°,  mense  niaio,  feriallhin  Rogaiionibus, 
capellanus  de  Domo  Dei  qui  ecclesiam  in  honore  Marie  Magdalenes  con^ 
secratam  decentissime  ornaverat,  rogat  per  se  et  per  amicos  dompnuni 
W.  abbalem  et  Mum  convenium  S.  Martialis  ut  in  processione  que  fit  ex 
more  ipsa  die  ad  S,  Augustinum  et  in  redeundo  transitur  anle  prefatani 
ecclesiam,  ut  pro  honore  beatissinie  peccatricis  non  ded  ignare  mur  intrare 
ipsam  ecclesiam  et  stationem  ibidem  facere,  etc.  Duplés-Agier.  Chroni- 
ques  de  Saint-Martial  de  Limoges,  —  Paris,  V*  Renouard,  4874,  p.  117 
et  118. 


BO  SOClèré  AIlCHèoLOLIQUE  BT  DlATOniQÛE   DU  UMOUSIS 

beaucoup  de  maladreries.  Ici  celte  double  destinalion  n'esl  pasdou- 
Icuse  et  plusieurs  pièces  y  font  allusion.  Une  procédure  de  1399  (1), 
que  nous  aurons  occasion  de  ciler  plus  d'une  fois,  affirme  que 
jadis  Taumône  était  donnée,  chaque  jour  après  le  dîner  à  )a  porte 
de  rhôpital,  aux  pauvres  de  Textérieur,  et  que  celte  aumône  con- 
sistait en  un  morceau  de  pain  —  peciapanis.  —  Cette  distribution, 
dans  la  suite,  n'eût  plus  lieu  que  le  vendredi.  Un  mémoire  de 
Tabbesse  de  ja  Règle,  prieure  de  la  Maison-Dieu,  confirme  que  lors 
de  Funion  de  ce  prieuré  au  monastère,  une  des  conditions  acceptées 
par  celui-ci  avait  été  l'acquit  régulier  de  Taumône  hebdomadaire(2). 
Au  commencement  du  xvn»  siècle,  on  donnait  dans  rétablissement 
rhospilalilé  à  nombre  de  voyageurs  indigents;  les  malades  de  la 
maison  se  plaignent,  en  1618,  que  Tabbcsse  Virgile  de  Pont-Jarno 
y  reçoive  «  tous  les  jours  quantité  de  pauvres  étrangers  »  (3). 

Par  qui  et  à  quelle  époque  avait  été  fondée  la  Maison-Dieu? 
Plusieurs  versions  existaient  à  cet  égard  et  on  les  voit  produites 
tour  à  tour  et  affirmées  par  les  diverses  parties  intéressées  au 
cours  des  nombreux  procès  dont  Tadministralion,  les  biens,  le 
patronage,  les  droits,  les  charges,  les  dépouilles  de  cet  hôpital  furent 
durant  près  de  cinq  cents  ans  Tobjet  ou  l'occasion.  La  légende  la 
plus  accréditée  à  cet  égard  et  selon  toute  apparence  la  moins  véri- 
dique,  nous  rétablirons  plus  loin,  était  celle-ci  :  une  abbesse  de  la 
Règle  et  plusieurs  de  ses  filles  avaient  été  atteintes  vers  le  temps 
de  la  Croisade  (un  peu  auparavant  môme,  1070,  s'il  faut  en  croire), 
de  Tafireuse  maladie,  et  elles  avaient  fondé,  dans  un  mas  apparte- 
nant au  monastère,  un  hôpital  où  elles  s'étaient  retirées,  pour  se 
vouer  entièrement  aux  soins  des  infortunés  infectés  du  même 
mal  (4). 

On  verra,  aux  xvi*  et  xvu^  siècles,  le  Grand  Aumônier  de  France 
soutenir  que  la  maladrerie  est  de  fondation  royale,  mais  sans  pro- 
duire aucune  preuve  pour  justifier  son  assertion.  A  en  croire,  d'un 
autre  côté,  les  Vicomtes  de  Limoges,  ils  avaient  élé  les  fondateurs 
de  la  maison,  tout  au  moins  ses  principaux  bienfaiteurs;  mais  ils 
n'appuyaient  cette  prétention  d'aucun  fait,  d'aucun  document. 

Une  autre  version  était  mise  en  avant  et  soutenue  par  les  Goasvto 

(1)  Appendice,  n<>  IV. 

(2)  Hôpital,  H  25. 

(3)  BulUàin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limounin^ 
t.  un,  p.  137. 

(4)  Lbgros,  Essais  historiques,  p.  354  ;  Allou,  Monuments  de  la  Haute- 
\ienne,p.  151;  Bonav.  de  Saint-Amablo,  Histoire  de  saint  Martial^  t.  11, 
p.  241. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LKPIIOSERIES  DE  LIMOGES  ^1 

du  Ghàleau  de  Limoges.  La  Maison-Dieu  avait  été  établie  à  l'aide 
des  doDs,  legs  et  aumônes  des  «  bonnes  gens  »  de  celle  ville  (1)  et 
sous  les  auspices  des  magistrats  municipaux.  Ces  derniers  ne  se 
lassèrent  pas,  du  xni"  au  xvii'  siècle,  de  revendiquer  certains  droits 
sur  la  maladrerie.  Nous  les  verrons,  vers  1240,  les  exercer  en 
recourant  à  la  violence  et  instituer,  de  leur  propre  aulorilé,  un 
prieur  pour  administrer  rétablissemcnl.  Plus  lard  ils  intentèrent 
des  procès  à  l'abbesse  de  La  Règle  pour  la  contraindre  à  réparer 
les  bàtimenls  qui  tombent  en  ruines.  Il  n'est  ni  impossible  ni 
invraisemblable  que  les  libéralités  des  bourgeois  de  Limoges 
eussent  contribué  à  la  fondation  de  l'infirmerie  du  Bas-Chinchau- 
veau;  mais  il  paraît  difficile  d'admetlre  sans  témoignage  bien 
catégorique  que,  dès  le  xn'  siècle,  les  habitants  du  château  eussent 
directement,  sans  rintervenlion  et  en  dehors  du  patronage  de 
rantorité  ecclésiastique,  établi  un  hôpital  de  lépreux  et  Tait  édifier 
les  bâtiments  nécessaires.  La  vérilé  nous  paraît  avoir  été  dile  par 
Etienne  d'Excideuil,  recteur  de  la  maison,  dans  la  déclaration 
solennelle  faite  «  au  péril  de  son  âme  »,  alors  qu'il  gisait  sur  sa 
couche  de  douleur  et  que,  entrevoyant  sa  fin  prochaine,  il  avait 
déjà  pris  des  mesures  pour  pourvoir  à  son  remplacement. 

Suivant  ce  témoignage,  la  léproserie  aurait  été  fondée  «  par  le 
seigneur  G...,  évéque  de  Limoges  ».  Il  ne  s'agit  pas  ici  de  Gui  de 
Cluzeau,évéque  d'octobre  ou  novembre  i  226  au  mois  de  janvier  1235, 
qui,  étant  archidiacre  sous  l'administration  de  Sébrand  Chabot, 
avait  été  chargé  par  ce  dernier  de  la  haute  administration  de 
la  maison.  L'initiale  G  ne  peut  designer  que  Gérald  du  Cher. 
1^  création  de  la  Maison-Dieu  remonterait  donc  au  milieu  du 
XH' siècle  et  se  placerait  entre  i  150  et  1177,  à  une  date  peu  éloignée 
de  celle  de  rétablissement  de  Thôpital  de  Saint-Gérald,  fondé  en 
H58  par  le  même  prélat. 

Les  déclarations  du  recteur  Etienne  que  nous  venons  de  men- 
tionner, furent  faites  sur  l'interpellation,  soit  des  frères  de  la  Mai- 
son-Dieu, soit  de  l'évéque  ou  de  son  délégué.  Elles  ont  été  consi- 
gnées dans  un  curieux  procès-verbal  donl  l'original,  revêtu  du 
sceau  de  l'évéque  Durand  d'OrIhac  (1240-1245),  ne  nous  a  pas  été 
conservé,  mais  dont  les  archives  de  l'hôpital  de  Limoges  possèdent 
un  vidimus  délivré  par  l'ofScial  le  5  des  ides  de  janvier  (1262  v.  st.) 
1263  (2).  La  pièce  est  des  plus  importantes  pour  l'hisloire  de  la  Mai- 

(1)  Audivit  dici  quod  dictus  locus  fuit  ediffîcaius  per  bonas  gentes 
Casiri  Lemovicensis  et  per  ipsas  dolatus  plurihus  censihus  et  redditibus 
Enquête  de  1399,  ap.  Legros,  Mélanges  mss,  t.  III,  p.  361  et  ss.). 

(2)  Autrefois  aux  Archives  départementales,  aujourd'hui  aux  Archives 
de  rhôpital  de  Limoges,  III«  fonds,  G  1 . 


f>2  SOClèré  ARCllèoLOGIQUE  ET  HlâTORIQÛB  DU  LIMOUSIK 

son-Dieu  el  elle  mérite  d*ô(re  donnée  in  extenso.  En  voici  la  fra- 
duclion  littérale. 

»  Je  sais,  dit  le  recteur,  non  seulement  par  ouï-dire,  mais  poar 
ravoir  vu  moi-même  —  et  je  l'atteste  par  mon  serment  et  au  péril 
de  mon  âme  —  que  Jean  Vatavespres,  prêtre,  avait  autrefois 
l'administration  de  la  Maison-Dieu  du  consentement  et  volonté  des 
malades  et  des  donats  de  Thôpilal  et  aussi  du  consentement  et  vo- 
lonté du  seigneur  Gui,  jadis  évêque  de  Limoges,  de  bonne  mémoire; 
lequel  Gui  était  seulement  à  celle  époque  archidiacre  de  Limoges 
cl  avait  reçu  du  seigneur  évéque  —  c'était  alors  Sébrand  ou 
Jean  (1)  —  la  charge  de  veiller  sur  cet  élablissement  et  d'inspirer 
son  adminislration.  J'affirme,  toujours  sous  mon  serment,  et  cela 
je  l'ai  vu  et  enlendu,  que,  durant  toute  la  vie  dudil  seigneur  Gui, 
ie  recteur  et  les  frères  recouraient  à  lui  en  toute  occasion,  comme 
au  supérieur  et  au  chef  de  la  maisoa.  C'était  par  son  avis  que  tout 
$e  décidait.  Et  j'ai  vu  les  choses  se  passer  de  la  sorle  durant  qua- 
rante ans  et  plus. 

«  Lorsque  le  prêtre  dont  j'ai  dit  plus  haut  le  nom  et  qui  est  resté 
vingt-cinq  ans  à  la  tête  de  la  maison,  fut  couché  sur  son  lit  par  la 
maladie  —  cela  encore  je  l'ai  vu  et  entendu  —  il  fit  appeler  maître 
P[;erre],  prieur  du  couvent  des  Frères  Prêcheurs  (2),  et  maître 
P.  Papalou,  et  il  me  demanda  à  moi,  Etienne,  qui  avais  été  curé  de 
ladite  maison,  me  requit  et  m'enjoignit  par  deux  fois,  au  nom  de 
la  confralernilé,  de  l'obéissance  et  au  péril  de  mon  âme,  de  pren- 
dre la  charge  et  l'administration  de  l'établissement  :  ce  à  quoi  je 
ne  consentis  que  sur  les  pressâmes  instances  du  prêtre  en  question. 
J'ai  lieu  de  croire  que  Vatavespres  me  confia  ce  mandat  de  Tavis 
du  seigneur  Gui. 

«J'affirme  sous  serment  qu'après  les  funérailles  de  Vatavespres, 
Tarchidiacre  Gui  (3)  ayant  eu  connaissance  de  tout,  vint  ici,  assem- 
bla en  sa  présence  tons  les  malades,  les  donats  et  les  sœurs  de  la 
maison  et  leur  fit  jurer  à  tous,  malades,  donats  et  sœurs,  de  m'obéir, 
de  conserver  fidèlement  le  patrimoine  de  cet  élablissement  el  de 
m'en  reconnaître  pour  le  recteur.  J'ajoute  que  mon  prédécesseur 
dans  ces  fondions,  en  me  remettant,  dans  les  circonstances  que  je 
viens  de  rappeler,  le  gouvernement  de  Tinfirmerie,  m'adjura  de  ne 
point  désigner  ni  instituer,  lorsque  sonnerait  pour  moi  l'heure  de 

(1)  Sébrand  Chabot,  1179-1198;  Jean  de  Veyrac,  1198-1218. 

(2)  Ce  fait  doit  donc  se  placer  entre  1219  et  1226.  Les  fils  de  Saint - 
Dominique  ne  s'établirent  à  Limoges  qu'en  1219. 

(3)  Gui  fut  élu  évoque  de   Limoges  au   mois  d'octobre   ou  de    no- 
vembre 1226. 


Les  lépreux  bt  les  léproseries  de  limoges  ^3 

quiltef  celte  vie,  aucun  habitant  du  Château  de  Limoges  pour 
remplir  la  charge  de  recteur,  mais  de  choisir  plutôt,  pour  diriger 
cet  établissement,  un  ânier  appartenant  à  la  maison. 

«  Je  jure  que  ni  moi  ni  mon  prédécesseur,  ni  à  ma  connaissance 
aucun  autre  des  supérieurs  de  la  Maison-Dieu  n'avons  été  investis 
de  Tadministration  de  cet  hôpital  soit  par  les  consuls  du  Château, 
soit  en  vertu  du  consentement  des  consuls  ou  des  bailes  ou  d'un 
ordre  émanant  d*eux. 

<c  Vous  me  demandez  quel  a  été  le  fondateur,  le  créateur  de  réta- 
blissement. A  cette  question  je  réponds  que  je  crois,  par  mon  ser- 
ment, que  la  Maison-Dieu  a  été  instituée  par  le  seigneur  G[érald], 
évéque  de  Limoges.  C/est  du  moins  ce  que  j'ai  entendu  dire  par 
mes  anciens. 

«  Toujours  sous  la  foi  du  serment,  je  déclare  que  moi-mémot 
retenu  au  lit  par  la  maladie,  j'ai  récemment  réuni  les  lépreux  et  les 
donats  de  la  Maison  :  je  les  ai  requis  et  prié  de  trouver  bon  que  je 
pourvusse  l'hôpital  d'un  recteur  et  de  consentir  à  ce  que  je  remisse 
l'administration  à  Jean  du  Peyrat,  prêtre,  et  à  ce  que  celui-ci  fut 
institué  supérieur  en  mon  lieu  et  place.  Les  uns  ont  adhéré  à  cette 
demande;  les  autres  n'y  ont  fait  aucune  objection.  J'ai  donc,  en 
leur  présence,  et  sans  que  personne  crût  devoir  protester,  résigné 
sur  le  champ  mes  fonctions  en  faveur  de  cet  ecclésiastique,  et  je 
l'ai  investi  de  la  charge  de  supérieur.  Etienne  Pioncelot,  cordonnier 
de  la  maison,  était  présent  et  n'a  élevé  aucune  opposition.  C'est 
lui  néanmoins  qui,  après  la  désignation  ainsi  faite  du  nouveau 
recteur,  a  déclaré  s'opposer,  au  nom  des  consuls  du  Château,  à  l'ins- 
titution de  du  Peyrat.    . 

«  On  me  demande  de  déclarer,  sous  mon  serment,  si  l'argent 
que  ledit  du  Peyrat,  le  prêtre  Jean  Tréiin,  chapelain  de  l'hôpital, 
Pierre  de  Saint-Lazare  et  Pierre  de  Beaune,  ont  enlevé  de  cette 
maison  appartient  à  celle-ci.  J'affirme  que  non,  et  j'ajoute  que  les 
bourses  et  les  sacs  renfermant  cet  argent  m'ont  été  apportés  pour 
me  permettre  d'examiner  et  de  vérifier  s'ils  étaient,  ou  non,  la  pro- 
priété de  rétablissement  :  j'ai  pu  ainsi  constater  qu'ils  n'apparte- 
naient ni  à  moi  ni  à  la  Maison-Dieu. 

«  En  ce  qui  concerne  mon  avoir  personnel,  sur  lequel  vous 
m'interrogez,  je  possède  cinquante  sols  de  vieille  monnaie  barba- 
rine  (1),  que  je  garde  depuis  quarante  ans  pour  les  dépenses  de 
mes  obsèques,  plus  une  somme  de  vingt  livres  et  une  autre  de  onze 
livres  en  argent,  deux  cuillers  d'argent,  un  gobelet  d'argent  à  pied 

(i)  On  sait  que  la  monnaie  barbarine,  frappée  à  Limoges,  portait  la 
figure  barbue  de  saint  Martial . 

T,    LV  4 


64  dociéré  archéologique  et  ttisTokUQtrs  du  limousin 

et  une  obole  d'or.  Tout  cela,  les  consuls  du  Château  de  Limoges 
Font,  contre  ma  volonté,  donné  à  Pierre  d^Eglelons  en  installant 
celui-ci  de  leur  autorité  en  qualité  de  recteur  de  la  maison. 

»  En  quelles  mains  se  trouvent  les  privilèges  de  rétablissement? 
Ils  sont  présentement  en  la  possession  du  môme  Pierre  d'Eglelons, 
à  qui  les  consuls  ont  livré  la  clef  de  mon  coffre  où  étaient  déposés 
ces  privilèges,  après  m'avoir  arraché  de  force  cette  clé  des  mains, 
malgré  mes  protestations  et  ma  résistance  et  bien  que  je  les  adju- 
rasse de  prendre  garde  de  porter  un  coup  mortel  à  cet  hôpital. 

»  Vous  me  posez  encore  celte  question  :  Qui  avait  ici  la  juridic- 
tion spirituelle  et  le  soin  des  âmes  ?  J*en  ai  moi-môme  fait  investir, 
avec  le  titre  de  chapelain,  Jean  Tréfin,  prêtre,  par  le  seigneur  Gui, 
évoque  de  Limoges.  Avant  lui,  j*ai  vu  un  autre  prôtre  de  la  maison 
Elle  Reclus,  porter  ce  titre  de  chapelain  et  avoir  la  charge  du  ser- 
vice religieux.  Il  tenait  cet  emploi  du  défunt  seigneur  Sébrand,  lui 
aussi  jadis  évoque  de  Limoges. 

»  Je  dois  ajouter  que  deux  bourgeois  habitant  le  Château, 
Mathieu  de  Vilayvenc  et  Pascal  Chrétien,  se  sont  autrefois  occupés 
des  affaires  de  la  Maison-Dieu  par  pure  amitié  et  par  charité.  Cela 
encore,  je  Tai  non  seulement  ouï  dire,  mais  vu  de  mes  yeux.  A  ce 
moment,  Thôpital  se  trouvait  sans  recteur;  car  Jean  Vatavespres 
n'avait  pas  été  encore  chargé  de  ces  fonctions.  J*ai  tout  lieu  de 
croire  qu*ils  agissaient  ainsi  de  leur  propre  mouvement  et  point  du 
tout  en  vertu  d'un  mandat  des  consuls.  Au  surplus  leur  gestion  n*a 
pas  été  profitable  aux  intérêts  de  notre  hôpital.  Le  premier,  en 
particulier,  a  aliéné  les  biens  de  l'établissement  ». 

Là  s'arrête  la  longue  déclaration  du  prieur  Etienne.  Nos  lecteurs 
trouveront  peut-être  qu'il  n'était  pas  inutile  d'en  donner  ici  leteite 
complet.  Elle  ne  contient  pas  seulement,  sur  l'organisation  et  le 
fonctionnement  de  la  maison,  pendant  près  d'un  siècle,  le  mode  de 
désignation  de  ses  supérieurs,  les  rapports  entre  ses  habitants  des 
renseignements  qu'aucun  autre  document  ne  renferme;  elle  nous 
révèle  des  faits  que  nous  ne  connaissions  pas  par  ailleurs  :  la  lutte 
notamment  engagée  vers  1240  entre  l'autorité  ecclésiastique  et  les 
consuls  au  sujet  du  droit  de  patronage  de  la  léproserie  et  de  son 
administration,  et  elle  nous  montre  les  magistrats  municipaux  ne 
craignant  pas  de  recourir  à  la  violence  pour  faire  prévaloir  leurs 
revendications  ou  triompher  leur  usurpation. 

• 

\.  —La  confrérie  du  Saint-Esprit. 

Il  n'y  a  aucune  raison  pour  suspecter  la  véracité  des  déclarations 
solennelles  du  recteur.  Il  est  visible  toutefois  qu'en  les  faisant,  il 


LBS  LBPBBUX  ET    LES  LÀPROSBBlEâ  DE  LIMOGES  50 

obéit  à  une  préoccupation  très  vive,  très  pressante,  et  qu*elles  sont 
dictées,  dans  leur  ensemble,  par  les  difficultés  d*un  état  de  choses 
insuffisamment  connu  de  nous.  On  y  sent  très  bien  l'inquiétude 
causée  à  Télémenl  ecclésiastique  chargé  de  la  direction  de  Thôpital, 
par  riotenrention,  les  prétentions,  les  violences  des  chefs  de  la 
commune  du  Château.  Tout  en  n*énonçant,  tout  donne  à  le  penser, 
que  la  vérité,  Etienne  s'attache  à  établir  que  la  maison  a  été  fondée 
par  les  évéques  de  Limoges  et  a  toujours  été  régie  par  eux  et  sous 
leurs  auspices.  Cette  préoccupation  du  malade  et  le  sentiment  qu*i, 
a  de  l'importance  de  son  témoignage,  à  lui,  attaché  depuis  long- 
temps au  service  de  la  léproserie  et  son  supérieur  depuis  plus  de 
dix  ans,  donne  une  valeur  particulière  à  Faveu  relatif  à  la  vacance 
du  prieuré  avant  la  désignation  de  Jean  Vatavespres  et  à  Timmix- 
tion,  à  cette  époque  là,  dans  les  affaires  de  rétablissement,  de 
Mathieu  de  Vilayvene  et  de  Pascal  Chrétien.  Il  faut  que  ces  deux 
bourgeois  aient  été  mêlés  bien  intimement  à  son  administration, 
y  aient  eu  une  part  bien  importante,  bien  prépondérante,  pour 
avoir  pu  valablement  aliéner  certaines  des  possessions  de  la  maison. 
Les  dires  du  recteur,  en  ce  point,  sont  confirmés  par  plusieurs 
documents  de  nos  archives,  lesquels  nous  montrent  à  une  certaine 
époque  l'un  au  moins  de  ces  personnages  investi  à  titre  officiel  du 
soin  des  intérêts  de  rétablissement,  et  une  organisation  laïque 
juxtaposée,  pour  ainsi  dire,  au  personnel  ecclésiastique  chargé  de 
la  direction  de  la  Maison-Dieu. 

On  sait  le  rôle  considérable  que  jouèrent  au  moyen  âge  les 
confréries.  Leur  action,  à  Limoges,  se  révèle  partout.  L'existence 
d'une  confrérie  du  Saint-Esprit  attachée  à  notre  maladrerie  par  un 
lien  dont  nous  ne  connaissons  pas  d'une  façon  précise  l'origine, 
est  constatée  dans  un  acte  de  1206.  A  celle  date,  Pierre  Peyrat, 
bourgeois,  vend  une  rente  de  cinquante-cinq  sous  de  monnaie 
limousine  «  au  prieur  et  à  la  Maison-Dieu  des  lépreux,  ainsi  qu'à 
la  confrérie  du  Saint-Esprit  du  même  hôpital  »  (1). 

A  un  acte  de  l'année  suivante,  constatant  un  don  fait  à  Félablis- 
sement  par  un  chevalier,  Foucher  de  Heiras,  un  certain  nombre 
de  témoins  sunt  nommés,  qui  tous,  ou  la  plupart,  pourraient  bien 
être  des  membres  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit  :  J.  de  Vilaivenc 
Audier  Amlart,  Gui  Arnau,  W.  Rainart,  S.  Arnau,  B.  Guibbert, 
G.  Aimeric,  P.  Borzes,  Pascal  Chrétien,  Verneuil  (2).  Toutefois  le 

(1)  Priori  et  domui  Dei  Leprosorum  Castri  Lemov  icensia  et  con fratrie 
Mancti  Spiritus  ipsius  domus  (A.rch.  Haute- Vienne ,  n<*  2120,  prov.). 

(2)  Arch.  de  THôpital,  III«  fonds,  B,  10.  Cette  liasse  appartenait  pré- 
cédemment au  fonds  de  La  Règle,  des  Archives  du  département,  et 
portait  le  u?  1014.  L*acte  a  été  publié  par  A.  Leroux,  Doc,  hist.,  I,  157, 


b6  SOCIETE    ARCIléoLOOIQUE  ET  HiStOHiQUE  DU  LlMOUSm 

nom  de  la  confrérie  n'est  pas  prononcé  à  ce  document,  mais  nous 
y  trouvons  ceux  de  Pascal  Chrétien  et  d'un  membre  de  la  famille 
Vilavvenc. 

Les  confréries  charitables  et  les  maisons  hospitalières  dites  du 
Saint-Esprit  prirent  naissance  dans  le  midi  de  la  France.  Il  se  peut 
que  Limoges  ait  dû  la  création  d'une  association  de  ce  genre  à  des 
marchands  de  Toulouse  et  de  Montpellier,  le  commerce  de  ces 
deux  villes  étant  dès  lors  en  rapports  suivis  avec  celui  de  Limoges. 
Peut-être  aussi  celte  fondation  fut-elle  l'œuvre  de  nos  négociants, 
assez  portés  à  implanter  chex  eux  les  institutions  pieuses  dont 
ils  avaient  admiré  ailleurs  les  heureux  résultats.  Dans  les  der- 
nières années  du  xu*  siècle  et  les  premières  du  xin%  un  nombre 
prodigieux  de  sociétés,  d'aumôneries,  d'hôpitaux,  de  léproseries 
sous  l'invocation  du  Saint-Esprit  s'étaient  créés  le  long  du  lillorai 
de  la  Méditerranée  et  dans  la  vallée  du  Rhône.  C'est  sous  ces 
auspices  et  sous  celle  dénomination qu'entrell75etl190 le  fameux 
Gui  de  Montpellier  avait  fondé  dans  celte  ville  l'hôpital  et  l'ordre 
dont  celle  maison  et  celle  de  Sainte-Marie  in  Saxia,  à  Rome, 
devaient  être  les  principaux  établissements.  L'œuvre  n'était  nulle- 
ment spéciale  aux  lépreux  ;  elle  se  proposait  de  les  secourir  au 
même  titre  que  tous  les  autres  pauvres  du  Christ  :  Ibi  reficiuntur 
famelici;  paupres  vestiuntur;  necessaria   ministrantur   inflrmis, 
disait  Innocent  III  dans  une  bulle  du  22  avril  1198,  relative  à 
l'hôpital  de  Montpellier.  Le  souverain  pontife  ajoutait  que  le  maître 
et  les  frères  chargés  de  l'administration  de  la  maison  devaient  se 
considérer  et  être  lenus  pour  les  serviteurs  des  indigents  plus 
encore  que  comme  les  receveurs  des  revenus  des  pauvres  :  Magister 
et  fratres  non  tam  receptores  dici  debeant  qtAam  ministri  indigen- 
tium  (1).  Cet  esprit  devait  être  celui  de  la  confrérie  de  la  Maison- 
Dieu,  qui  fui,  il  convient  de  le  rappeler,  une  aumônerie  en  même 
temps  qu'un  hôpital  de  lépreux.  Nous  ne  connaissons  aucun  docu- 
ment, aucun  témoignage  qui  permette  de  rattacher  l'œuvre  hmou- 
sine  à  l'institution  de  Gui  de  Montpellier.  Notons  seulement  que, 
dans  les  maisons  qui  suivent  la  règle  donnée  par  ce  dernier,  l'éta- 
blissement est  placé  sous  la  direction  d'un  recteur  élu,  renouvelable 
annuellement  il  est  vrai,  et  que  les  religieux  administrent  l'hôpital 
avec  l'adjonction  de  coopérateurs  laïques  (2). 

Ce  qu'il  importe  de  constater,  c'est  que  les  rares  mentions  que 

(i)  Baluze,  Lettres  d* Innocent  III,  t.  I,  lettres  95  et  97. 

(2)  Paulinier,  Guy  de  Montpellier,  fondateur  de  Vordre  du  Saint- 
Esprit.  Mémoires  de  la  section  des  Lettres  de  rAcadémie  des  Sciences 
et  Lettres  de  Montpellier,  t.  V,  p.  133. 


•^ 


..   •  • 


LES  LEPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  57 

noos  possédions  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit  de  Limoges,  se 
rapportent  eiiclnsiYement  à  l'administration  de  la  léproserie  du 
Ghâteao. 

Noos  menons  de  mentionner  un  acte  de  vente  daos  lequel  la 
confrérie  do  Saint-Esprit  est  donnée  comme  étroitement  liée  à 
notre  hôpital.  Un  autre  document,  daté  de  4216  et  inséré  au  Car- 
tulaire  do  consulat  du  Château,  parce  qu'il  consacre  des  conven- 
tions faites  en  présence  des  magistrats  de  la  commune,  est  l'instru- 
ment d'un  accord  conclu  entre  Pascal  Chrétien  lui-même,  qualilié 
non  de  prieur,  recteur  ou  précepteur,  mais  de  baile,  c'est-à-dire 
d'administrateur  ou  de  régisseur,  bajulus,  bailivtis,  de  la  mala- 
drerie,  et  un  certain  Pierre  Laurier,  au  sujet  d'un  léger  débat 
entre  ce  dernier  et  la  Maison-Dieu  (1).  L'acte  est  rédigé  à  la 
requête  des  deux  parties,  per  comandament  d'ambas  las  partidas; 
il  ne  nomme  que  le  baile,  et  aucun  autre  représentant  ou  digni- 
taire de  la  léproserie  n'y  figure.  Le  nom  de  la  confrérie  du  Saint- 
Esprit  n'est  pas  prononcé  cette  fois  ;  mais  nous  avons  vu  qu'elle 
existait  déjà  en  1206  et  qu'à  cette  époque  ses  intérêts  se  confon- 
daient avec  ceux  de  l'établissement,  Pascal  Chrétien  porte  ici  le 
titre,  plutôt  laïque,  de  baile;  nous  verrons  ce  personnage,  ou  un 
autre  du  même  nom,  figurer  à  un  acte  de  date  postérieure  concer- 
nant la  Maison-Dieu,  avec  la  qualification  de  «  baile  de  la  confrérie 
du  Saint-Esprit  ».  Qu'il  s'agisse  ou  non  de  la  même  personne,  il 
est  permis  de  penser  que  Pascal  Chrétien,  représeniant  de  la 
Maison-Dieu,  agit,  à  l'acte  de  1316,  à  titre  de  chef  de  la  confrérie 
aussi  bien  qu'en  qualité  de  mandataire  de  la  léproserie  et  des 
malades. 

Or,  nous  avons  appris,  de  la  bouche  d*Elienne  d'Excideuil,  que 
Jean  Vatavespres  fut  institué  recteur  de  l'hôpital  sous  l'épiscopat 
de  Sébrand  Chabot,  mort  au  mois  de  mars  1198,  —  ou  celui  de 
Jean  de  Veyrac,  en  fonctions  de  1198  à  1218;  et  par  lui  également 
nous  savons  qu'avant  l'installation  de  ce  supérieur,  Mathieu  de 
Vilayvenc  et  Pascal  Chrétien  s'élaient  occupes  des  afifaires  de  la 
maison.  Tout  concorde  donc  pour  nous  donner  à  penser  que,  dans 
la  période  qui  a  précédé  cette  installation,  la  confrérie  du  Saint- 
Esprit,  représentée  par  ces  deux  personnages,  se  trouvait  chargée 

(i)  Conoguda  chaussa  sia,..  qe  de  demanda  qe  li  malapte  fazien 
P.  Laureir  e  P.  Laureirs  aus  malaptes,  fo  aitals  acorz  faics  en  la  ma 
deas  cossols,..  Aiso  juret  a  tener..,  e  en  vestit  Pasqal  Crestia,  qi  era 
bailles  de  la  Afaijo  Deu..,  Actum  anno  Verbi  incarnati  M<»  CC^  XVI^. 
(Arch.  Hôtel  de  Ville,  A  1,  fol.  88  v»).  Le  Clos  Laurier,  dépendant  de 
Saint-Martin,  était  voisin  de  la  Maison-Dieu. 


58  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

de  I*adininistra(ion  des  intérêts  malëriels,  tout  au  moins  des  affaires 
extérieures  de  Télablissemenl. 

Mais  il  semble  que  la  mémoire  d*Etienne  Ta  trahi  en  ce  qui  a 
trait  à  la  durée  des  fonctions  de  Jean  Valavespres.  Si  les  actes  de 
4206  et  4216  que  nous  venons  de  mentionner  ne  contiennent  pas 
une  erreur  de  date,  il  faut  admettre  que  Tinstallation  de  ce  dernier 
a  eu  lieu  entre  1216  et  1218  seulement  (1);  par  suite,  neuf  oa 
dix  ans  à  peine  ont  pu  s*écouler  entre  celte  date  et  celle  de  rentrée 
en  fonctions  de  son  successeur.  Etienne  nous  apprend  en  effet  que 
Tarchidiacre  Gui  vint  le  mettre  en  possession  de  sa  charge.  Or  Gui 
fut  élu  évéque  en  octobre  ou  novembre  1226.  L*administration 
toute  entière  de  Vatavespres  n'aurait  donc  pas  excédé  dix  années. 
On  peut  supposer  toutefois  qu*avant  d'être  oiBciellement  investi 
des  fonctions  de  recteur,  il  avait  eu  le  gouvernement  intérieur  de 
la  maison. 

Mathieu  de  VilajYenc  n'est  pas  pour  nous  un  inconnu.  On  le 
voit  figurer  à  plusieurs  actes  du  vieux  cartulaire  de  Thôtel  de  ville 
de  Limoges.  Il  est  au  nombre  des  consuls  devant  lesquels  se  trouve 
porté  précisément,  le  10  octobre  1224,  un  litige  entre  Jean,  prieur 
de  la  Maison-Dieu,  d^ine  part,  et  Jeanne  d*Eymoutiers  et  le  mari 
de  celle-ci  Jean  de  Bourganeuf,  de  l'autre,  au  sujet  d'une  vigne 
sise  au-dessous  de  La  Bregère  (2).  On  relève  le  nom  de  Mathieu 
de  Vilayvenc  des  Taules,  parmi  ceux  des  bourgeois  compromis 
dans  l'affaire  de  l'église  de  Bré  et  qu'en  1244  ou  1245,  les  magis* 
trats  municipaux  sont  invités,  par  une  délibération  de  «  l'Hôpital  », 
c'est-à-dire  du  conseil  de  la  commune,  à  garder  de  tout  dommage 
à  raison  du  procès  qui  leur  est  intenté  à  cette  occasion  (3).  Le 
même  Mathieu  de  Vilayvenc  est  chargé,  au  mois  de  juillet  1244, 
avec  P.  d'Egletons  et  Mathieu  Gramavi,  d'accommoder  un  différend 
entre  deux  bourgeois  (4);  il  se  trouve  au  nombre  des  prud'hommes 
que  s'adjoignent  les  consuls  pour  un  règlement  de  comptes  en 
1218  (S).  Il  n'est  p)us  question  de  lui  à  partir  de  cette  date,  et  il 


(1)  Jean,  prêtre  et  recteur  de  la  Maison- Dieu,  est  nommé  à  un  acte 
du  29  novembre  1217.  (Alfred  Leroux,  Chartes  et  chroniques,  p.  66. 

(2)  Autrefois  aux  Archives  du  département  de  la  Haute- Vienne,  fonds 
de  La  Règle,  n'*  5937  du  classement  provisoire  ;  aujourd'hui  aux  Archi* 
ves  de  Thôpital,  III' fonds,  B,  10.  Nous  avons  publié  cette  pièce  dans  nos 
Documents  relatifs  à  Vhistoire  municipale  des  deux  villes  de  Limoges,  t.  I, 
p.  130  à  132. 

(3)  Arch.  Hôtel  de  Ville,  AA»,  fol.  62  v«. 

(4)  //)«/.,  fol.  63  r*. 

(5)  Ibid,,  fol.  7  v«. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LéPROSBRIES  DE  LIMOGES  59 

parail  être  mort  entre  4248  et  1960  (1).  Ce  fut  un  notable  jouissant 
de  Festime  et  de  la  confiance  de  ses  concitoyens.  Ses  frères  on  ses 
fils,  Jean,  Pierre,  Humbert  et  Elie  de  Vilayvenc  jouent  à  leur  tour  un 
certain  rôle  à  Limoges,  entre  1220  et  127S.  Nous  avons  vu  un  J.  de 
Vilayvenc,  nommé  en  1207. 

Nous  connaissons  également  la  famille  à  laquelle  appartenait 
Pascal  Chrétien.  Le  personnage  lui-même  n*est  mentionné,  croyons- 
nous,  qu'à  l'acte  de  1216,  où  nous  l'avons  vu  figurer  avec  le  tilre 
de  baile  de  la  Maison-Dieu,  et  au  contrat  de  1253  dont  nous  parle- 
rons plus  loin,  où  il  intervient  en  qualité  de  baile  de  la  confrérie 
du  Saint-Esprit  (s*il  s'agit  bien  toutefois  du  même  homme  ;  car  il 
est  dit  prêtre  cette  fois).  Mais  nous  trouvons  un  J.  Chrétien,  consul 
ou  plutôt  ancien  consul,  nommé  en  1274  (2).  Enfin,  un  orfèvre  du 
XIV*  siècle,  Âymeric  Chrétien  nous  a  laissé  une  œuvre  assez  inté- 
ressante, le  buste  reliquaire  de  saint  Ferréol,  qui  porte  sa  signa- 
ture et  est  conservé  dans  l'église  de  Nexon  (Haute- Vienne). 

La  confrérie  du  Saint-Esprit  existait-elle  dès  la  fin  du  xn*  siècle 
et  avait-elle  participé  à  la  fondation  de  la  léproserie  ?  Nous  ne 
pouvons  l'affirmer,  bien  que  le  fait  ne  paraisse  pas  invraisemblable, 
et,  dans  ce  cas,  se  trouverait  confirmée  la  prétention  des  «  bonnes 
gens  de  Limoges  »  d'avoir  contribué  à  cette  création.  Néanmoins, 
nous  n'avons  pas  trouvé,  on  l'a  vu,  cette  confrérie  mentionnée 
avant  1206.  Â  cette  date,  elle  est  déjà  associée  à  l'œuvre  charitable 
à  laquelle  président  les  évoques  de  Limoges.  Le  prélat  ou  le  digni- 
taire ecclésiastique,  entre  les  mains  duquel  le  chef  du  diocèse  a 
remis  la  haute  direction  de  la  léproserie,  demeure  «  le  seigneur  et 
la  tête  »  de  la  maison,  pour  employer  les  expressions  mêmes  du 
recteur  Etienne;  mais  les  détails  de  l'administration,  la  perception 
des  revenus,  la  gestion  des  biens  paraissent  dévolus  aux  membres 
de  l'association  du  Saint-Esprit,  pleins  de  zèle  pour  Tœuvre  bien- 
faisante entreprise  par  Gérald  du  Cher,  et  uniquement  animés  des 
sentiments  d'affection  et  de  charité  auxquels  du  reste  rend  justice 
Etienne  d'Excideuil.  Un  contrat  de  vente  du  mois  de  décembre  1252 
nous  montre  la  confrérie  subsistant  toujours,  et  cette  fois  non  plus 
seulement  jointe  à  la  communauté  de  la  Maison-Dieu,  mais  pour 
ainsi  dire  identifiée  à  l'hôpital.  Â  la  date  que  nous  venons  de  noter, 
un  certain  Barthélémy  de  Drouilles  vend  —  nous  citons  les  propres 
termes  de  l'acte  —  «  à  la  confrérie  du  Saint-Esprit  qui  o.si  propre- 

(1)  Peut-être  est-ce  le  feu  Martial  de  Vilayvenc  —  Marciali  de  Vilai- 
venc  qui  fo  —  nommé  dans  un  acte  de  juillet  1262,  au  même  cartulaire, 
fol.  36  v«. 

(2)  Arch.  Hôtel  de  ViUe,  AA*,  fol.  40  v*. 


60  SOCIÉTÉ    ARCnÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

menl  la  Maison-Dieu  du  Château  de  Limoges  »  (1).  D^ordinaire,  on 
aura  occasion  de  le  constater  plus  loin,  le  vendeur,  en  sembla- 
ble cas,  investit  des  droits  et  rentes  cédés  le  prieur  de  l'hôpiial 
son  fonde  de  pouvoirs,  ou  la  communauté  de  la  maladrerie  elle- 
même.  Cette  fois,  c'est  le  baile  même  de  la  confrérie,  Pascal  Chré- 
tien, prêtre,  qui  représente  l'acquéreur  et  reçoit  Tinvestiture  (2). 

Il  est  permis  de  se  demander  s*il  y  a  identité  entre  ce  personnage 
et  le  bourgeois  du  même  nom,  qualifié  «  baile  de  la  Maison-Dieu  », 
à  l'acte  de  4216,  et  à  qui  sûrement  se  rapporte  le  passage  déjà 
plusieurs  fois  rappelé,  de  la  déclaration  du  recteur  Etienne  :  rien 
n'est  moins  certain.  Outre  qu'un  intervalle  de  trente-six  ans  sépare 
les  deux  mentions,  on  remarquera  que  le  personnage  figurant  au 
contrat  de  1252  est  dit  «  prêtre  »  ;  rien  de  semblable  à  celui  de 
4216.  De  plus,  en  1240  ou  1241,  Etienne  désigne  Pascal  Chrétien, 
comme  Mathieu  de  Vilayvenc,  sous  la  simple  dénomination  de 
«  bourgeois  ».  Il  se  fut  certainement  servi  d'un  autre  mot  si  le 
premier  avait  été  un  ecclésiastique. 

On  pourrait  tirer  d'autres  inductions  de  cet  acte.  Pascal  Chrétien 
n'est  pas  qualifié  ici  de  prêtre  de  la  Maison-Dieu,  ni  de  membre  de 
la  communauté  de  l'établissement.  Il  semble  qu'il  agisse  en  vertu 
de  son  seul  titre  de  bayle  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit.  C'est  un 
ecclésiastique  ;  mais  on  sait  que  beaucoup  de  nos  confréries  du 
moyen  âge  ouvraient  leur  sein  indistinctement  à  des  laïques  et  à 
des  hommes  d'église.  Faut-il  conclure  de  la  vente  de  1252  qu'après 
les  actes  de  violente  usurpation  commis  par  les  consuls  entre  1240 
et  1245  et  dénoncés  par  Etienne  d'Excideuil,  l'hôtel  de  ville  a  gardé 
une  sorte  de  mainmise  sur  la  maladrerie  et  que  les  biens  de  celle-ci 
sont  administrés  non  plus  par  le  recteur,  mais  par  le  bayle  ou  les 
bayles  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit.  La  conclusion  nous  semble- 
rait excessive  :  d'autant  plus  que,  de  cette  période  de  1240  à  1252, 
on  possède  plusieurs  actes  dans  lesquels  la  léproserie  est  repré- 
sentée par  le  recteur  ou  prieur.  Nous  nous  bornons,  en  consé- 
quence, à  constater  les  termes  remarquables  du  contrat  de  vente  et 
d'investiture  que  nous  venons  de  signaler,  sans  en  tirer  argument 
en  faveur  d'aucune  hypothèse. 

On  ne  connaît  pas  de  document  où  il  soit  parlé  de  la  confrérie 
du  Saint-Esprit,  à  Limoges,  postérieurement  à  1252  et  on  ignore 
comment  elle  s'éteignit.  Peut-être,  comme  d'autres  associations 

(1)  Confratrie  SancU  Spiritus  que  est  domus  Dei  Leprosorum  Castri 
LemovicensU,  (Hôpital,  III*  fonds,  C  3.) 

(2)  MaBSlroit  Paschalem  Christianum,  presbiterurn  hailivuni  pro  tem- 
pore  dicte  confratrie,  (Hôpital,  III*  fonds,  C  3.) 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  6i 

non  moins  inléressantes,  fut-elle  désorganisée  par  la  guerre  qui 
éclata  en  1263  entre  le  Yicomte  de  Limoges  Gui  VI  et  les  habitants 
du  Château.  Peut-être  ne  s'éteignil^lle  qu'en  1321.  Ajoutons  qa*un 
seul  hôpital  du  diocèse  fut  institué  sôus  la  dénomination  du  Saint- 
Esprit  :  la  maladrerie  de  Confolens.  Possédait-il  une  confrérie? 
On  ne  saurait  le  dire. 


VI.  —  La  communauté  de  la  Maison-Dieu.  Prêtres;  donats; 
malades.  Recteur,  précepteur  ou  prieur. 

Les  lépreux  et  ceux  qui  les  soignent  sont  étroitement  unis.  Prieur 
ou  recteur,  chapelain,  prêtres,  frères  et  sœurs  donnés,  malades 
des  deux  sexes  forment  une  communauté,  une  «  personne  civile  » 
comiQe  on  dirait  aujourd'hui.  Et  c*est  cette  collectivité  qui  reçoit  et 
donne,  vend  et  achète,  délivre  et  investit.  C'est  en  son  nom  et  pour 
son  compte  que  se  traitent  toutes  les  affaires  de  la  maison. 

Le  prieur,  recteur  ou  précepteur  est  le  supérieur  de  Fhôpital  :  il 
a  une  autorité  que  nul  ne  conteste,  et  tout  le  monde  lui  est  soumis 
dans  la  clôture  du  reclusage.  CVst  à  lui  qu'appartiennent  la  police 
iiHèrieure  et  la  direction  des  divers  services,  la  surveillance  et 
Tentretien  des  bâtiments,  le  maniement  de  Targent,  la  garde  des 
archives,  la  conservation  des  privilèges,  les  rapports  avec  les  supé- 
rieurs ecclésiastiques.  II  doit  se  conformer  à  certaines  règles, 
observer  les  coutumes  de  la  Maison-Dieu;  car  dans  ces  temps 
anciens,  les  règlements  résultent  beaucoup  plus  d'usages  longtemps 
suivis  que  de  statuts  écrits,  et  ces  derniers  ne  sont  en  général  autre 
chose  que  la  formule  précise  des  coutumes  jugées  à  Texpérience 
les  meilleures. 

Il  ne  faut  pas  voir  dans  le  prieur  de  la  Maison-Dieu,  jusqu'au 
second  quart  du  xiv"*  siècle,  le  titulaire  d'un  bénéfice.  C'est  le  chef 
de  la  communauté,  le  gérant  de  ses  affaires  et  le  directeur  de 
rhôpital.  Il  représente  l'établissement  dans  tous  les  actes  et  con- 
trats, mais  n'agit  jamais  en  son  nom  propre  ;  il  paraît  n'avoir  pas 
d'intérêt  spécial,  de  mense  particulière  ;  on  n'aperçoit  pas  en  lui, 
dans  l'exercice  extérieur  de  ses  fondions,  de  personnalité  distincte 
de  celle  des  autres  habitants  de  l'hôpital,  dont  il  est  seulement  le 
fondé  de  pouvoirs  officiel  et  permanent. 

La  formule  de  la  donation  ou  du  legs  en  faveur  des  établisse- 
ments charitables  est,  du  reste,  fort  nette  et  ne  comporte  pas  de 
malentendu.  Ce  n'est  plus  seulement  à  Dieu  et  au  patron  de  la 
Maison  :  Deo  et  beato  Petro,  Deo  et  beato  Martiali.,.  que  la  libé- 
ralité s'adresse  ;  ce  n'est  pas  au  supérieur  non  plus  ;  le  bienfaiteur 


62  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOEUQUE  DU  LIMOUSIN 

donne  «  au  prieur  et  à  l'hôpital  »,  c'est-à-dire  à  l'établissement  et 
au  chef  qui  personnifie  ses  droits,  souvent  à  la  communauté,  aux 
malades,  directement. 

Il  est  intéressant  de  consulter  à  ce  sujet  quelques  actes  de  nos 
Archives.  Voici  Bernardet-Elie  Amiet  qui,  en  1317,  concédait  la 
moitié  d'un  bois  «  à  Dieu  et  aux  pauvres  lépreux  de  la  Maison- 
Dieu  »  (1).  Dans  les  mêmes  termes  est  stipulé,  en  1%24,  un  don  de 
W.  de  Vioys,  de  sa  femme  et  de  son  fils.  En  1228,  dans  un  contrat 
d'acquisition  de  rente  fait  par  le  prieur,  il  est  déclaré  que  l'acqui- 
sition est  opérée  pour  le  compte  des  malades  (2).  Six  ans  plus  tard 
Gérald  Jayos,  bourgeois,  vend  une  vigne  à  Etienne,  recteur  de  la 
Maison-Dieu,  «  pour  le  compte  de  la  léproserie  »  (3)  ;  un  chevalier 
du  Château  de  Limoges,  Elie  Vigier,  et  ses  fils  cèdent  en  1234  des 
rentes  sur  plusieurs  immeubles  «  au  précepteur  de  la  Maison-Dieu, 
à  ladite  maison  et  aux  lépreux  de  l'établissement  »  (4).  Un  noble  de 
la  paroisse  de  Fursac,  Adémar  de  Ghabannes,  reconnaît  en  1251 
que  le  prieur  de  la  maladrerie,  l'hôpital  lui-même  et  les  frères  de 
cet  hôpital  possèdent  une  rente  au  Cluzeau  et  à  Gouleyrolles,  près 
Folles  (8). 

En  H73,  le  prieur,  pour  lui  et  la  maladrerie,  reçoit  un  don  que 
fait  Etienne  Givoarlz  en  considération  de  son  affection  pour  le 
prieur,  l'hôpital,  les  pauvres  et  les  ladres  (6).  La  même  année, 
Pierre  Texloris,  prêire  du  faubourg  Saint-Gérald,  déclare  que  sa 
maison  est  dans  la  mouvance  de  Jean,  prieur  de  la  Maison-Dieu 
et  de  la  dite  maison  (7)  ;  en  130S,  le  prieur  Pierre  agit  «  pour  son 
compte,  pour  celui  des  frères  de  la  maladrerie  et  pour  la  mala- 
drerie elle-même  »  (8)  ;  une  reconnaissance  de  1312  énonce  que  le 

(1)  Deo  et  pauperibus  leprosis  Domus  Dei  de  Castro  Lemovicensi 
(Hôp.,  III«  fonds,  B  10.  Publ.  par  A.  Leroux,  Chartes  et  chroniques,  p.  66). 

(2)  Per  preceptorem  tune  temporis  Dotnus  Dei,  pro  leprosis  (Arch. 
IlôpiUl,  III«  fonds,  B  7). 

(3)  Vendidit  Stephano,  pro  tempore  rectori  Domus  leprosorum,  ad  opus 
ejusdem  domus  (Ibid.,  II !•  fonds,  B  6). 

(4)  Stephano,  Domus  Dei  leprosorum  castri  Lemovicensis  preceptori,  et 
ipsi  domui  et  leprosis  ipsius  domus  (Ibid,), 

(5)  Prior  Domus  Dei,.,  et  ipsa  domus  et  fralers  domus  ejusdem  (Ibid."^. 

(6)  Johanne,  priore,  ...  pro  se  et  dicta  domo.,,  Stephanus,  actendens  et 
considerans  devocionis  et  amoris  affectum  quem  habet  et  habuit,..  erga; 
priorem  et  domos  predictos,  et  egenos  et  pauperes  dicte  domus,  (H6p., 
in«  fonds,  B  6.) 

(7)  Movet  de  dominio  et  feodo  dicti  prioris  et  Domus  Dei  predicte, 
(Hôp.,  III«  fonds,  B  6.) 

(8)  Pro  se  et  pro  fratribus  ejusdem  domus  et  pro  ipsa  domo,  (Hôp., 
JII«  fonds,  B  7.) 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  63 

prieur  Pierre,  pour  le  compte  de  son  hôpital,  Thôpital  lui-même  et 
les  frères  et  les  malades  dudil  hôpital,  possèdent  des  redevances 
sur  un  certain  nombre  d'immeubles  (1).  Nous  avons  déjà  cité  la 
vente  consentie  en  1206  «  au  prieur  et  à  la  Maison-Dieu  des 
lépreux  et  à  la  confrérie  du  Saint-Esprit  de  ladite  maison  d  (2j» 

De  même,  c'est  a  au  maître  et  aux  frères  »  de  la  léproserie  de 
Saint-Jean  de  Verdun  que  sont  faites  les  donations  en  faveur  de  cet 
établissement  (3).  On  trouve  ailleurs  des  formules  analogues. 

Le  recteur  est  parfois  assisté  d'autres  ecclésiastiques  de  la  mai- 
son. Ainsi,  en  1222,  plusieurs  frères  de  la  maladrerie,  P.  d'Autafort, 
prêtre  ;  P.  Jamberii,  sous-diacre,  sont  nommésavec  le  prieur  Jean  (4). 
En  1207,  Foucher  de  Meiras  donne  aux  lépreux  la  dlme  et  d'au- 
tres redevances  qu'il  possède  dans  deux  localités,  et  il  les  en  inves- 
tit dans  la  personne  du  chapelain  et  d'un  autre  prêtre  de  l'établis- 
sement (8).  Nous  avons  déjà  vu  le  «  baile  de  la  Maison-Dieu  »  et 
le  «  baile  de  la  confrérie  du  Saint-Esprit  »  substitués  au  prieur.  Un 
acte  du  29  mai  1301,  intéressant  à  plus  d'un  titre,  énumëreun 
certain  nombre  de  membres  de  la  communauté  de  la  maladrerie 
concourant  à  la  passation  du  contrat  d'accense  d'une  maison  sise  à 
Limoges  dans  la  rue  Mircbeuf.  On  trouvt)  nommés,  à  cette  pièce, 
outre  le  prieur  Pierre,  Pierre  de  Lebralhet  et  Pierre  de  Saint-Sul- 
pice,  prêtres;  Jourdain  Pignet  et  le  nommé  Christianau  (6),  clercs  ; 
Gérald  Estevenot  et  Jean  de  Pare,  laïques,  «  tous  frères  de  la 
Maison-Dieu  »  (7).  C'est  un  véritable  acte  capitulaire.  A  Saint-Jean 
de  Verdun,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  les  lépreux  souscrivent 
directement  les  contrats  intéressant  la  maison  (8). 

Un  certain  nombre  de  prêtres  sont  attachés  à  la  maison  et  font 
partie  de  la  communauté.  L'un  d'eux,  on  l'a  vu,  a  le  titre  de  cha- 

(1)  P red ictus  prior,  r&tione  ipaius  domus  sue,  et  dicta  domus,  et  fra- 
très  et  leprosi  ipsius  domus.  (Hôp.,  III'  fonds,  B  7.) 

(2)  Arch.  Haute- Vienne,  fonds  de  la  Règle,  liasse  2120. 

(3)  BuviONER,  Les  MaUdreries  de  la  Cité  de  Verdun, 

(4)  Hôp.,  III«  fonds,  B  10. 

(5)  A  us  malaptes  de  la  Maijo  Dieu...  e  en  vestis  los  malaptes..,  en  la 
ma  non,  J,  lo  chapela  de  lo  M.  D,  et  Helia  le  prever.  (A.  Leroux* 
E.  Molinier  et  A.  Thomas,  Documents  historiques  concernant  la  Marche 
et  le  Limousin,  t.  I,  p.  157.) 

(6)  Il  est  possible  que  Christianau  ne  soit  que  le  prénom  de  Jourdain 
Pignet;  toutefois,  le  mot  clericis  fait  entendre  qu'il  y  a  deux  personnes. 

(7)  Petro,  priore  Domus  Dei..,,  Petro  de  Lebralhet  et  Petro  de  Sancto 
Sulpicio,  presbileris  et  Jordano  Pinheta,  dicto  Christianau,  clericis; 
Geraldo  Estevenoti  et  Johanne  de  Pare,  laîcis,  fratribus  ipsius  Domus 
Dei,  (Hôp.  III*  fonds,  B  7.)  Une  copie  donne  :  Deodato  Fpria/ia^. 

(8)  BuviGNBR,  Les  Malad reries  de  la  Cité  de  Verdun^ 


64  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOIIIQUE  DU  LIMOUSIN 

pelain  ou  curé,  et  est  investi  par  l'autorité  épiscopale  de  la  charge 
des  âmes.  Il  y  eut  sans  aucun  doute  un  chapelain  à  la  Maison-Dieu 
dès  le  début.  Peut-être  ces  fonctions  se  sont-elles  à  l'origine  con- 
fondues avec  celles  de  prieur  et  Tinstilution  d*un  supérieur,  à  côté 
et  au-dessus  du  chapelain,  ne  serait-elle  pas  antérieure  à  la  nomi- 
nation de  Jean  Vatavespres,  c'est-à-dire  aux  premières  années  du 
xni*  siècle.  Nous  nous  expliquerions  ainsi  cette  vacance  que  signale 
la  déclaration  d'Etienne  d'Excideuil  et  durant  laquelle  des  laïques 
amis  de  la  maison  auraient  été  chargés  du  soin  de  ses  affaires.  L*état 
de  choses  qu'il  désigne  ainsi  serait,  en  réalité,  un  autre  régime  qui 
aurait  précédé  celui  inauguré  par  l'élection  au  rectorat  de  Jean 
Vatavespres.  Le  chapelain  ne  suffisant  pas  à  la  double  besogne 
de  curé  et  d'administrateur,  se  déchargeait,  tout  en  gardant  la 
haute  main  sur  toutes  choses,  des  affaires  temporelles  extérieures 
et  de  certains  soins  matériels  sur  les  membres  de  la  confrérie  du 
Saint-Esprit,  dont  le  baile  a  pu  être,  à  certains  moments,  sous  sa 
direction,  le  véritable  administrateur  de  l'hôpital. 

Y  avait-il  des  lépreux  parmi  les  prêtres  des  maladreries  ?  Nous 
savons  que  l'ecclésiastique  atteint  de  la  maladie  devait  ne  plus 
célébrer  la  messe,  interrompre  son  ministère  et  en  référer  sans 
retard  à  Tévéque;  nous  savons  aussi  que  les  prêtres  lépreux  étaient 
séquestrés  comme  les  autres;  mais  nous  n'avons  pas  la  certitude 
que  l'autorisation  de  r«'mpiir  les  fonctions  sacerdotales  à  l'intérieur 
du  reclusage  leur  fût  donnée.  Il  est  pourtant  permis  de  le  croire. 

La  communauté  de  la  Maison-Dieu  ne  se  composait  pas  seule- 
ment des  ecclésiastiques  attachés  à  l'établissement  et  des  malades; 
les  «  donats  »  des  deux  sexes  en  faisaient  partie. 

On  désignait  sous  ce  nom  plusieurs  catégories  de  personnes  atta- 
chées aux  établissements  monastiques  et  en  particulier  aux  maisons 
hospitalières  :  les  unes  s'étaient  offertes  avec  leurs  biens  et  demeu- 
raient en  général  jusqu'à  leur  mort  dans  les  menses  occupées  par 
elles  et  qu'elles  continuaient  de  cultiver;  d'autres  s'étaient  sponta- 
nément vouées  au  service  des  lépreux  et  demeuraient  dans  la 
léproserie,  ayant  une  chambre  spéciale,  mais,  en  dehors  de  cette 
prérogative,  vivant  de  la  vie  commune;  d'autres  se  trouvaient 
hommes  de  glèbe  sur  des  terres  données  à  la  Maison-Dieu  et 
étaient  devenus  les  vassaux  ou  les  serfs  de  l'hôpital.  La  catégorie 
la  plus  relevée  était  celle  à  laquelle  on  donnait  dans  certains  pays 
le  nom  d'oblats  et  qui  se  composait  surtout  des  enfants  remis  au 
prieur  par  leur  famille  pour  être  élevés  et  attachés  à  l'hôpital  (1). 

(1)  L'ordre  du  Saint-Esprit  recevait  aussi  des  Oblats.  On  trouve,  dans 
notre  précieux  cartulaire  de  Beaulieu,  des  actes  d'oblation  d*enfànt» 
relatant  les  formçilités  de  Toblation, 


LES  LéPREUSt  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  65 

Ces  derniers,  comme  les  oblats  des  monastères  bénédictins,  rece- 
vaient souvent  de  Tinstruclion  et  étaient  promas  au  sacerdoce. 
Peut-être  un  prêtre  de  la  Maison-Dieu  de  Limoges,  qui  figure  à 
plusieurs  actes  et  qui  est  qualifié  à  l'un  d*eux  de  «  donat  »  de  l'hô- 
pital (1),  Pierre  de  Lebralhet,  appartenait-il  à  cette  catégorie. 
L'exemple  que  nous  relevons  ici  prouve  dans  tous  les  cas  que  cette 
situation  de  donn^ n'avait  rien  d'humiliant  et  ne  constituait  pas  une 
inrériorité  sociale,  puisque  Lebralhet  avait  pu  soit  conserver  la  qua- 
lité et  les  fonctions  de  prêtre  en  devenant  donné,  soit,  se  trouvant 
dans  cette  condition,  être  néanmoins  élevé  au  ministère  sacerdotal. 

Nombre  de  donats  étaient  de  simples  serviteurs.  Nous  ne  croyons 
pas  qu'antérieurement  à  la  fin  du  xiv*"  siècle,  il  y  ait  eu,  dans  le 
personnel  de  la  léproserie,  des  hommes  ou  «femmes  à  gages.  11  est 
néanmoins,  à  un  document  du  mois  de  janvier  1237  v.  st.  (1238), 
fait  mention  de  deux  «  serviteurs  »  de  la  Maison-Dieu,  témoins  à 
un  contrat  relatif  à  une  acquisition  effectuée  pour  l'hôpital  (2). 
Plusieurs  documents  du  siècle  suivant  parlent  des  «  servantes  »  des 
lépreux.  Ces  servantes  devaient  appartenir  à  la  catégorie  des 
donates.  Mais  il  était,  dans  le  personnel  féminin,  un  emploi  plus 
relevé,  une  situation  à  part,  celle  de  ménagère  ou  maîtresse  de 
maison,  domina.  Il  est  probable  qu* il  faut  reconnaître  une  femme 
de  cette  catégorie  dans  la  malheureuse  brûlée  à  Uzerche  le  13  mai 
4321,  et  que  l'intéressante  chronique  publiée  par  M.  G.  de  Man- 
teyer  qualifie  de  «  major  matrona  »  (3).  Nous  citerons  plus  loin 
l'exemple  de  femmes  chargées  de  la  direction  du  ménage  dans 
certaines  petites  communautés  dépendant  de  nos  hôpitaux,  dénom- 
nées  aux  actes  domina  et  entourées  d'égards  particuliers,  qui  sem- 
blent pourtant  n'être  que  de  simples  donates. 

Presque  toutes  les  léproseries  et  un  grand  nombre  d'hôpitaux 
ordinaires* possédaient  des  communautés  de  «donnés».  Â  une 
liasse  des  Archives  nationales  où  nous  avons  trouvé  beaucoup 
d'indications  que  nous  utilisons  dans  cette  élude,  il  est  rappelé 
qu'il  existait  dans  l'église  de  Sainte-Marie-Madeleine  hors  des 
murs  de  Chartres,  auprès  d'un  établissement  analogue  à  la  Maison- 
Dieu,  une  «  confrérie  de  prostrés  séculiers,  appeliez  Condonnez, 
vivant  en  commun,  dont  l'un  esloit  nommé  prieur  et  estoit  le  chef 
des  autres  ».  On  ajoute  qu'ils  n'avaient  pas  de  costume  spécial  et 
qu'ils  portaient  l'habit  ecclésiastique  séculier,  mais  qu'on  les  tenait 

(1)  Petro  de  Lebrelhet,  presbitero,  donato  Domus  Dei  Castri  Lemovi- 
censis.  (Hôpital,  IH»  fonds,  B  7.) 

(2)  Hôpital,  III*  fonds,  B  10. 

(3)  Voir  ci-dessus,  chapitre  11.  .  . 


66  SOCIÉTÉ  ARCHÊOl^OGIQUfi  ET  HlStOlUQÛE  Di;  LlMOCStN 

pour  des  religieux  à  cause  de  leur  genre  de  yie  et  parce  qu'à  la 
réception  de  chacun  d'eux  dans  la  «  confrérie  »,  on  récitait  cer- 
taines oraisons  et  que  le  récipiendaire  faisait  «  certain  serment  de 
fidélité  entre  les  mains  du  prieur  »  (i). 

Telle  à  peu  près  devait  être  la  communauté  de  «  frères  »  à  qui 
était  confié  le  service  du  plus  considérable  des  établissements 
hospitaliers  de  Limoges,  rhôpilai  de  Saint-Gérald^  fondé  en  1158 
'{al.  1454).  Nous  possédons  d'assez  nombreux  documents  sur  le 
régime  et  Torganisation  de  cette  maison  au  moyen-Age.  Sa  commu- 
nauté oflrail  ce  trait  de  ressemblance  ar^c  la  confrérie  des  Gon- 
donnés  de  Chartres,  qu'elle  comprenait  seulement  le  personnel 
des  préposés  de  la  maison  :  les  malades  ne  paraissant  y  avoir  été 
admis  à  aucune  époque;  mais  elle  en  différait  en  ce  que  tous 
ses  membres  n'étaient  pas  des  prêtres,  ni  même  des  clercs  :  Félé- 
roenl  laïque  se  trouvait  assez  largement  représenté  dans  ce  corps. 
Nous  ne  pouvons  pas  entrer  ici  dans  les  détails  de  Torganisation 
de  la  communauté  de  Saint-Gérald,  dont  l'institution  fut  approuvée 
et  confirmée  par  plusieurs  papes  :  Adrien  IV,  Alexandre  III, 
LuciusIII,  Honorius  III.  Une  bulle  de  ce  dernier,  du  mois  de  décembre 
1217,  dispose  que  nul  ne  pourra  être  admis  dans  la  communauté 
de  Saint-Gérald  sans  l'assentiment  des  frères  ou  de  la  plus  saine 
partie  d'entr'eux;  que  le  prieur  sera  élu  par  la  communauté,  avec 
l  aveu  ou  l'approbation  de  Tévêque;  qu'enfin  le  supérieur  de  l'éta- 
blissement ne  pourra  être  choisi  que  parmi  les  clercs  (2). 

Retenons  ces  trois  articles  du  règlement  des  frères  de  l'hospice 
de  SaintGérald.  Ils  étaient  certainement  en  vigueur  à  la  Maison- 
Dieu.  Nous  n'avons  par  malheur  rencontré  aucun  document 
relatif  à  l'admission  d'un  frère  ou  d'un  malade  dans  cet  établis- 
sement, avant  l'époque  où  il  fut  remis  à  l'abbesse  de  I^a  Règle. 
D'autre  part,  aucune  lettre  apostolique  concernant  la  Maison-Dieu 
et  antérieure  au  xiv*  siècle  n'est  mentionnée  dans  les  pièces  des 
archives  de  cet  établissement.  Mais  il  semble  bien  qu'aucun  des 
prieurs  ou  recteurs  du  reclusage  n'a  été  un  laïque,  et  nous  voyons, 
par  les  déclarations  d'Etienne  d'Excideuil,  auxquelles  il  faut  sans 
cesse  revenir,  la  communauté  consultée  quand  il  s'agit  de  nommer 
un  prieur.  Il  dit  expressément  que  Jean  Vatavespres  occupait  ces 
fonctions  «  du  consentement  et  de  la  volonté  »  {consenm  et  voluntate) 
des  malades  et  des  donats  de  la  maison,  et  du  consentement  et  de 
la  volonté  de  l'archidiacre  Gui.  Quand,  après  vingt-cinq  ans  de 
charge,  Jean  vient  à  mourir,  ayant  enjoint  en  quelque  sorte  à 

(1)  Arch.  nationales,  S  4847. 

^2)  Arch.  nationales,  S  4847,  no  18. 


LES  LéPEUCUX  ET  LES  LépROSERlEft  DE  LIMOGES  67 

Etienne,  «  au  nom  de  l*obéissance  et  de  la  confraternité  et  au  péril 
de  son  âme  »  d'accepter  les  fonctions  qu'il  va  laisser  vacantes, 
l'archidiacre  se  rend  à  la  Maison-Dieu,  réunit  en  sa  présence  «  tous 
les  malades,  les  donats  et  les  sœurs  »,  et  leur  fait  prêter  serment 
à  tous  de  veiller  à  la  conservation  du  patrimoine  de  Thôpilal  et 
d'obéir  au  nouveau  supérieur  (1).  Il  n'est  point  parlé  cette  fois  de 
l'assentiment  donné  par  la  communauté  à  la  nomination  d'Etienne; 
on  peut  seulement  Tinférer  de  ce  qui  précède  et  de  ce  qui  suit. 
En  effet,  sentant  à  son  tour  s'épuiser  ses  forces,  le  successeur  de 
Jean  convoque  autour  de  son  lit  les  malades  et  les  donats  de  la 
maison,  et  leur  demande  de  consentir  à  ce  qu'il  pourvoie  le  reclu- 
sage  (i'uQ  nouveau  supérieur  —  rogavil  quod  placeret  eis  quod  ipse 
ordinaret  de  redore,  —  et  remette  la  direction  à  Jean  Peyrat.  Tous 
les  membres  de  la  communauté  sont  présents  à  la  réunion  ;  les 
uns  adhèrent  expressément  à  la  proposition  d*Etienne  ;  les  autres 
gardent  le  silence,  mais  sans  donner  aucune  marque  de  désappro- 
bation. En  conséquence,  le  prieur  installe,  en  présence  de  tous  les 
frères  et  sans  aucune  protestation,  le  nouveau  supérieur  dans  ses 
fonctions  (2). 

Il  résulte  avec  évidence  de  ces  divers  passages  que  les  malades 
étaient,  au  même  titre  que  les  donals  et  que  les  autres  habitants  do 
rhôpital,  membres  de  la  communauté  de  la  Maison-Dieu.  C'est  à 
eux,  en  somme,  que  s'adressaient  les  libéralités  des  bienfaiteurs  : 
ceux-ci  avaient  uniquement  en  vue  le  soulagement  des  misères 
physiques  et  morales  des  malheureux  atteints  de  la  lèpre.  Il  semblait 
donc  juste,  à  un  temps  qui  avait  à  sa  façon  le  respect  des  droits  et 
la  conception  de  la  liberté,  que  les  malades  prissent  part  à  l'admi- 
nistration de  leur  propre  patrimoine. 

Du  régime  intérieur  de  l'établissement,  des  mesures  d'hygiène 
qui  y  étaient  prises  ou  recommandées,  des  soinsdonnés  aux  lépreux, 
à  ceux  qui,  souffrant  d'alTeclions  moins  graves,  ou  au  premier  pé- 
riode de  la  maladie,  pouvaient  rendre  certains  services  dans  l'hôpi- 
tal, aller  mendier  au  dehors,  ou  exercer  des  professions  lucratives, 
comme  aux  reclus  atteints  de  graves  infirmités,  aux  mutilés,  aux 
alités,  nous  ne  savons  absolument  rien.  Pas  un  document  ne  nous 
fournit  un  seul  trait  d'une  esquisse  dont  ce  serait  ici  la  place,  mais 
dont  nous  serions  obligé  d'emprunter  presque  tous  les  éléments  à 

(1)  Convocatiê  coram  se  omnibus  infirmis  et  donatis  et  sororibus  dicte 
domus,  fecil  omnes  infirmos,  donatos  et  sorores  jurare. 

(2)  Quidam  concesserunt  et  alii  non  contradixerunt,,.  Ipse  St,  statim, 
omnibus  ipsis  presentibus  et  non  contradicentibus,  tradidit  eidem 
J,  Peyrac,  presbitero,  dictam  curam,  et  instituit  eumdem  rectorem* 


i  ' 


68  SOCIKTE  ARGHBOLOÛIQCE    Et  lIlSTORtQUE    DÛ   LIMOlTSlK 

notre  seule  imaginalioD,  tout  au  moins  à  des  analogies  rien  moins 
que  certaines. 

Au  xYi'  siècle,  nous  verrons  les  lépreux,  lors  de  leur  admission 
à  la  Maison-Dieu,  prêter  «  le  serment  requis  »,  prendre  certains 
engagements,  prometire  non  seulement  d'obéir  à  la  prieure  et  à  ses 
représentants,  mais  de  «  vivre  chastement  et  converser  honneste- 
ment  »  avec  les  autres  malades,  de  ne  pas  dilapider  le  patrimoine 
de  rhôpital,  de  ne  pas  garder  peureux  les  aumônes  qu'ils  pourront 
recueillir,  mais  de  les  verser  à  la  bourse  commune  Qt  d*en  rendre 
bon  et  loyal  compte,  en  un  mot  de  se  conformer  «  aux  coutumes 
dudit  prioré  ».  Ces  coutumes,  nous  les  avons  déjà  trouvées  établies 
dans  la  première  moitié  du  xiii*  siècle.  Nous  avons  vu  tout  le  per- 
sonnel du  reclnsage,  la  communauté  toute  entière  :  malades,  frères, 
donats  et  sœurs,  s'engager  par  serment  à  obéir  au  prieur  et  à 
conserver  les  biens  de  rétablissement.  Nous  pouvons  donc,  malgré 
l'absence  de  documents  de  cette  période,  avoir  une  idée  assez 
exacte  des  «  espèces  de  vœux  »  que  faisaient  les  membres  de  la 
communauté  de  la  Maison-Dieu  et  que  mentionneot  Bonaventure 
de  Saint-Âmable,  Nadaud,  Legros  et  d'autres  historiens  de  seconde 
main. 

Les  archives  de  l'hôpital  Saint-Gérald,  plus  riches,  on  l'a  vu,  que 
celles  de  nos  léproseries,  fournissent  des  documents  d'un  très  vif 
intérêt  sur  les  donations  de  se  et  suis  faites  à  l'établissement  et  sur 
la  condition  des  donats.  Notons  un  acte  par  lequel  deux  frères, 
Gilles  et  Bernard  d'Arfeuille  se  donnent  eux  et  leur  postérité  au 
grand  hôpital  de  Limoges  en  1224.  Le  prieur  leur  prescrit  de 
s'établir  dans  la  <c  maison  des  pauvres  »  de  Clédat,  dans  laquelle 
ils  doivent  se  transporter  avec  tout  ce  qu'ils  possèdent  :  linge  et 
vêtements,  animaux,  ruches  à  miel,  outils  agricoles.  Le  tout 
deviendra  la  propriété  de  la  maison;  ils  en  auront  seulement 
Tusage,  ainsi  que  celui  des  objets  qui  se  trouvent  déjà  dans  le  mas 
et  de  ceux  qui  pourront  être  acquis.  Ils  en  jouiront  eux  et  leur 
famille  en  commun  avec  un  prêtre,  un  clerc  et  une  «  dame  » 
chargée  de  la  direction  du  ménage.  Nous  dirions  aujourd'hui  une 
«  maîtresse  de  maison,  une  ménagère  ».  Après  le  prêtre,  auquel 
sera,  s'il  est  possible,  donné  une  alimentation  un  peu  plus  recher- 
chée, la  dame  et  le  clerc  devront  avoir  les  logements  les  plus 
convenables  et  profiter  des  petits  avantages  qui  n'entratnent  pas  de 
dépense  particulière  (1). 

(1)  Et  aliis  que  sumptus  non  exigunt  (Leroux,  Chartes  et  chroniques^ 
p.  71,  d'après  un  document  de  la  liasse  7270  des  Arch.  départementales, 
auj.  à  THôpital,  III*  fonds,  B  3). 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  69 

L'acte  prévoit  le  cas  où  les  membres  delà  petite  communauté  de 
Glédat  ne  pourraient  s'entendre  ensemble  et  où  la  vie  commune 
deviendrait  impossible;  le  cas  où  le  prieur  jugerait  nécessaire 
d'envoyer  les  deux  donnés  dans  un  autre  domaine  de  l'hôpital  ou 
de  séparer  leurs  familles  en  les  chargeant  chacun  d'une  exploita- 
tion distincte.  Nous  mentionnons  tout  spécialement  cet  acte,  qui  a 
été  publié  par  M.  Alfred  Leroux  dans  son  intéressant  recueil  : 
Chartes  et  chroniques,  parcequ'il  nous  paraît  renfermer  la  formule 
exacte,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  des  intéressantes  commu- 
nautés qui  essaimaient  de  nos  établissements  charitables.  Le  prieur 
est  le  chef  de  la  maison  ;  il  y  ordonne  toutes  choses  et  aucun  des 
membres  du  groupe  ne  doit  rien  faire  de  quelque  conséquence  sans 
son  conseil  ou  son  assentiment.  Lui,  de  son  côté,n'arrélera  aucune 
mesure  importante  concernant  les  biens  communs  sans  le  conseil 
ou  l'aveu  des  donats.  Et  tout,  à  Glédat,  sera  commun  à  ce  point 
que,  ni  le  prêtre  ou  les  autres  préposés  de  Saint-Gérald  habitant  la 
maison,  ni  les  donats  ou  leur  famille  ne  puissent  savoir  ou  dire  que 
quelque  chose  leur  appartient  en  propre  (1). 

Nous  aurons  plus  loin  à  revenir  sur  la  communauté  de  la  Maison- 
Dieu  au  cours  de  la  seconde  période  de  son  histoire.  Nous  verrons 
subsister  l'association  des  malades  et  la  mise  en  commun  de  leurs 
biens;  mais  il  n'y  aura  plus  alors,  à  ce  qu'il  semble,  d'ecclésias- 
tiques résidant  continuellement  dans  l'hôpital,  plus  de  prieur,  plus 
de  chapelain  ;  tout  au  plus  un  curé  habitant  la  ville,  ne  partageant 
ni  la  vie  ni  la  règle  des  lépreux.  En  un  mot,  la  Maison-Dieu  nous 
apparaîtra  fort  différente  de  ce  que  nous  venons  de  la  voir. 

VU.  —  Prieurs  et  bienfaiteurs,  —  Libéralités  et  acquisitions. 

Les  chapitres  qui  précèdent  relatent  les  faits  de  l'histoire  de  la 
maladrerie  de  la  Maison-Dieu  jusqu'aux  événements  de  1321  ;  mais 
cette  histoire  serait  incomplète  si  nous  n'y  ajoutions  un  aperçu 
chronologique  de  l'administration  des  prieurs,  des  donations  reçues 
et  des  acquisitions  réalisées  durant  cette  période  par  la  plus  impor- 
tante et  la  plus  connue  de  nos  léproseries  limousines.  La  nomeu- 

{i)Ad  mandatum  ejusomnia  disponantur,  nec  ipsi  fratres  vel  sui  aliqua 
digna  consilio  faciant,  sine  ejus  consilii  et  assensu,  Ipse  eciam  de  bonis 
communibus  nichil  agat  dignum  consilio  sine  ipsorum  fratrum  consilio 
et  assensu,  Ita  erunt  omnia  communia  quod  nec  sacerdos  aui  illi  qui  pro 
domo  Sancti  Geraldi  morabuniur  in  domo  predicta,  nec  dicti  fratres  aui 
sui  scient  vel  diceni  aliquid  proprie  suum  esse, 

T.  LV  5 


70  SOClénÈ  ARGHÉOLOLIQUE  ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

clàlure  sera  forcément  un  peu  sèche,  et  nous  nous  en  excusons  à 
Tavancc. 

De  la  première  période,  celle  antérieure  à  fadministralion  de 
Jean  Vatavespres,  nous  savons  fort  peu  de  chose,  et  c'est  à  peine 
s'il  subsiste  trois  ou  quatre  titres  ne  fournissant  au  surplus  que 
d'assez  vagues  indications.  La  date  d'aucun  de  ces  documents  ne 
remonte  jusqu'au  xu'  siècle. 

Elic  Reclus  est  le  premier  des  prêtres  attachés  à  la  Maison-Dieu 
dont  le  nom  nous  soit  connu.  (1  fut  institué  chapelain  ou  curé  de 
la  léproserie  par  l'évéque  Sébrand  Chabot  (1),  mort  en  1198.  U  y  a 
sans  doute  identité  entre  cet  Elie  et  Elie,  prieur  de  rétablissement 
avant  1206,  mentionné  ailleurs  (3).  Peut  être  ce  personnage 
est-il  celui  que  nomme  le  nécrologe  de  la  confrérie  de  la  Cour- 
tine (3).  Il  nous  semble  plus  probable,  toutefois,  que  cette  mention 
se  rapporte  à  Elie  II  Âimeric,  prieur  ou  recteur  en  1241. 

Le  titre  le  plus  ancien  concernant  notre  maladrerie  que  possèdent 
les  Archives  locales  (4)  est  un  acte  de  vente  de  cinquante-cinq  sous 
de  monnaie  limousine,  par  Pierre  Peyrat,  bourgeois  du  Château  de 
Limoges,  au  prieur  et  à  la  Maison-Dieu  des  lépreux  du  Château, 
ainsi  qu'à  la  confrérie  du  Saint-Esprit  de  cet  hôpital  (3).  Nous  avons 
déjà  signalé  ce  document,  daté  de  l'an  1206  et  où  le  nom  du  prieur 
ne  se  trouve  pas. 

Il  n*e$t  pas  mentionné  non  plus  dans  un  acte  de  l'année  suivante, 
le  second,  dans  Tordre  chronologique  qui  soit  relatif  à  l'établisse- 
ment. A  celui-ci,  la  présence  du  prieur  n'est  même  pas  énoncée. 
Un  membre  de  la  famille  de  Meiras,  —  les  de  Meiras  étaient  cheva- 
liers du  château  de  Pierrebufflère,  —  Foucher  donne  «aus  malaples 
de  la  Maijo  Dieu»  représentés  par  J.,  chapelain  de  l'hôpital,  et 
Elie,  prêtre,  ce  qu'il  possède,  dime  et  autres  droits,  au  breuil  Mauz, 
et  sur  la  borderie  de  Combalando.  La  donation  est  faite  dans  la 


(1)  Déclaration  d'Etienne  d'Excideuil.  Appendice,  n*  IV. 

(2)  Arch.  Ilaute-Vienne,  fonds  de  La  Règle,  2120  prov". 

(3)  Ilel.  capellanus  de  Domo  DeL  (Nccrol.  de  la  Courtine,  aux  Mé- 
moires manuscrits  de  l'abbé  Nadaud,  t.  V,  p.  1  et  367,  Mélanges  manus^ 
crils  de  l'abbé  Legros,  t.  I,  p.  303  et  suiv.  Bibliothèque  de  MM.  les 
Sulpiciens  du  Séminaire  de  Limoges). 

(4)  La  liève  III  B  3  des  Archives  de  l'hôpital  que  nous  transcrivons 
à  l'appendice,  mentionne  un  titre  de  1202  concernant  une  maison  de  la 
rue  Manigne,  déchargé  d'une  rente  due  à  la  léproserie,  mais  il  est  pos- 
sible que  la  date  ait  été  mal  lue. 

(5)  Fonds  de  La  Règle,  2120  prov*"*  Cf.  Lehoux,  Molinier  et  Thomas, 
Documents  historiques^  t.  J,  p.  157,. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  L^IPROSEIUES  DE  LIMOGES  71 

tour  d'Audier  Âmblarl,  sous  les  sceaux  des  consuls  des  deux  villes 
de  la  Cilë  et  du  Chdleau. 

Le  chapelain  Jean,  —  ].  lo  chapela  de  la  Maijo  Dieu,  —  men- 
tionné au  litre  de  1207,  pourrait  bien  n*étre  autre  que  Jean  Va(a- 
vespres.  Celui-ci  élait  déjà,  selon  toute  vraisemblance,  prôire 
attaché  à  la  léproserie  quand  Tarchidiacre  Gui  lui  remit  Tadminis- 
tration  de  la  maison,  comme  nous  Tavons  vu  plus  haut.  Nous 
avons  dit  que  la  durée  assignée  dans  sa  declaradon  par  Etienne 
d'Excideuil,  au  rectorat  de  Jean,  nous  parait  inadmissible  et  que 
la  mémoire  du  malade  a  dû  le  trahir,  si  toutefois  le  scribe  n  a  pas 
commis  une  erreur.  Constatons  en  tous  cas  que  nous  rencontrons 
pour  la  première  fois  le  nom  du  prêtre  Jean  avec  le  litre  de  recteur» 
dans  un  acte  daté  du  29  nov.  1217  (1)  par  lequel  il  reçoit  de  Ber- 
nard Amiel,  pour  la  maladrerie,  le  don  de  la  moitié  du  bois  deuBo- 
^ar(te»,àcertaines  conditions,  que  les  malades devrontobserver pour 
Vavantage  commun  (2).  En  1217  Jean  de  Veyrac  est  encore  évoque 
de  Limoges.  C'est  sous  son  épiscopat,  nous  le  savons,  que  Vata- 
vespres  a  été  investi  de  la  charge  de  supérieur  de  la  maison. 

L'année  précédente,  en  1216,  a  été  conclu  un  accord  entre  les 
lépreux  et  les  Laurier  pour  terminer  un  différend  relatif  à  une 
rente  de  cinq  sols  limousins  due  sur  la  maison  de  Saint-Martin. 
Les  malades  sont  reproscnlés  à  cet  acte  par  Pascal  Chrétien,  baile 
de  rétablissement,  sans  aucune  intervention  ni  mention  du  recteur. 
Les  Laurier  reconnurent  devoir  la  rente,  et  la  Maison-Dieu,  de  son 
côté,  renonça  à  réclamer  une  charge  de  vin  sur  leur  vigne  et  aban- 
donna le  surplus  de  ses  réclamations  (3). 

On  retrouve,  en  1222  et  1224,  Jean  avec  la  qualification  de  prieur 
de  la  maladrerie.  A  la  première  de  ses  dates,  il  est  assisté  par  deux 
ecclésiastiques  de  la  maison  :  P.  d'Hauteforl,  prêtre,  et  P.  Jambier, 
sous-diacre,  il  reçoit,  en  1224,  les  libéralités  de  W.  de  Vioys,  de  sa 
femme  Amelia  et  de  leurs  fils  en  faveur  des  lépreux. 

Jean  Vatavespres  meurt  entre  1224  et  1226.  Il  a  pourvu  à  sa  suc- 
cession pendant  sa  dernière  maladie  et  enjoint,  au  nom  de  la  con- 
fraternité et  de  Tobcissance,  à  un  prêtre  de  la  maison  d'accepter  la 
charge  de  recteur.  Etienne  d*Excideuil,  qu'il  a  choisi,  est  installé  en 
présence  de  toute  la  communauté  par  l'archidiacre  Gui.  C'est  avant 
le  mois  d'octobre  ou  novembre  1226  qu'il  faut  placer  cette  instal- 


(1)  Johannes,  presbiler  et   reclor  domus  predicfe.  Hop.  B  6,  10,  publ. 
par  A.  Leroux,  Chartes  et  chroniques,  p.  60. 

(2)  Quod  predicti  leprosi  pro  communi  ulililate  ohservabunt,  Ibid» 

(3)  Cartulaire  du  Consulat,  à  l'Ilôtol  de  ville,  fol.  88  v». 


72  SOCIÉTÉ  AnOlIKOLOGIQl  E  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

lalion,  puisqu*à  celle  dale  Gui  monle  sur  le  siège  épiscopal  de 
Limoges. 

k  un  conlrat  d'acquisilion,  pour' le  compte  de  la  Maison-Dieu, 
de  17  sols  6  deniers  de  renie,  sur  un  immeuble  de  Reynaud  de  Bré, 
devant  les  degrés  du  Queyroix  de  Sainl-Pierre  (1),  le  supérieur  de 
la  léproserie  porle  le  lilre  de  précepleur,  souvent  donné  aux  admi- 
nistrateurs des  établissemenls  de  charilé;  mais  son  nom  n'est  pas 
prononcé  (2). 

Le  29  juin  1230,  Elicnne  est  menlionné  pour  la  première  fois, 
avec  celle  qualilicalion  de  précepteur,  à  un  acte  d'achat  de  rente. 
La  situation  de  la  maison  doit  être  prospère  à  cette  date  ;  car  les 
prix  ont  une  certaine  importance.  La  léproserie  verse  notamment, 
à  Geoffroi  et  à  Pierre  du  Peyrat  son  frère,  une  somme  de  500  sols 
pour  prix  d'une  reconnaissance  de  20  sols  de  cens  et  12  deniers 
d'accapt  sur  un  jardin  ou  culture  (3)  —  villare  —  dans  la  mouvance 
des  vigiers,  officiers  de  justice  du  vicomte  de  Limoges.  Une  acqui- 
sition plus  considérable  est  faite,  encore  par  Etienne  dExcideuil, 
à  la  dale  du  27  mai  1234,  de  Gérald  Jayos,  au  prix  de  cinq  mille 
et  cinquante  sous  de  monnaie  limousine.  Il  s'agit  d'une  vigne  et 
d'un  pressoir  silués  à  proximité  de  la  Maison-Dieu,  au  bord  du  che- 
min qui  se  dirige  vers  le  Sault  Gayficr(4).  Un  des  témoins  est  Jean, 
chapelain  de  l'hôpital.  Ce  doit  être  Jean  Tré(in,qui  a  été,  nous  le 
savons  par  le  témoignage  d'Etienne  d'Excidcuil  lui-même,  investi, 
sur  la  proposition  de  ce  dernier,  de  la  cure  de  la  Maison-Dieu,  par 
l'évêque  Gui  de  Cluzeau. 

Sous  l'adminislration  d'Etienne,  au  mois  de  janvier  1237  v.  st. 
(1238),  fut  terminé  par  une  transaction  un  différend  assez  sérieux 
entre  le  recteur  ou  prieur  de  la  Maison-Dieu  et  le  précepleur  de  la 
maison  du  Temple  du  Palais.  Ce  dernier  avait,  sur  leurs  propres 
instances,  acheté  d'Adémar  de  Gain,  leur  seigneur,  deux  frères  serfs, 
G.  de  Poi-OIzil  et  B.  Vis,  avec  les  tènements  qu'ils  cultivaient.  Ces 
hommes  lui  avaient  promis  une  somme  de  34  livres  pour  le  déter- 
miner à  cette  acquisition.  Ils  ne  tinrent  pas  leur  engagement,  et 
la  vente  fut  annulée.  Le  précepteur,  qui  avait  eu  à  supporter  les 
frais  de  cette  vente  et  ceux  nécessaires  pour  sa  résiliation,  réclama 


(1)  Ante  gradus  de  Quadruvio. 

(2)  Preceptorem  tune  temporis  Domus  Dei.  Acte  donné  sous  le  sceau 
d'Aimeric  Tranchelion.  (Hôpital,  III  B  7.  Vidimus  de  1312.) 

.   (3)  En  sol  vigayral.  (IIÔp.,  III  B  6.) 

(4)  Vendidit  Stephano,  pro  tempore  reclori  domus  leprosoruni  ejusdem 
Casiri...  Johannes  capellanus  ejusdem  domus  leprosorum.  (Arch.  Hôpi- 
tal, III  B  6.) 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  7^ 

à  CCS  deux  frères,  qui  étaient  devenus  probablement  par  suite  d'une 
donation  faite  à  la  Maison-Dieu  ou  ci*une  acquisition  opérée  par 
celle-ci,  les  hommes  de  la  maladrerie,  des  dommages-intérêts.  Il 
demandait  de  plus  qu'on  fit  partir  ces  deux  frères  et  d'autres  colons 
placés  par  le  prieur  de  la  léproserie  dans  le  manse  du  Châtenet  ou 
de  Beauvoir  (ou  Bellevue),  appartenant  à  la  Maison-Dieu,  mais^ 
dépendant  de  la  paroisse  du  Palais,  qui  était  de  la  juridiction  du 
Temple;  assurant  que  ces  colons  étaient  atteints  de  la  lèpre:  ce 
que  niaitabsolumenl  leprieur(l).  Seulement,  par  la  substitution  de 
CCS  nouveaux  habitants  aux  héritiers  du  manse,  —  heredibus 
mansi,  —  le  Temple  pouvait  perdre  sa  juridiction  ecclésiastique 
sur  ce  lieu.  Il  fut  convenu  que,  pendant  un  délai  de  quatre  ans,  les 
hommes  du  Châtenet  demeureraient  soumis  au  chapelain  de  la 
Maison-Dieu,  tant  pour  l'administration  des  sacrements  que  pour 
la  sépulture.  Passé  ce  délai  ils  redevenaient  les  hommes  du  pré- 
cepteur (2). 

Etienne  obtint,  en  1240,  de  l'abbé  de  Saint-Martin,  Pierre  de 
La  Meyze,  l'autorisation  de  lever  et  faire  lever  annuellement  les 
rentes  dues  à  l'hôpital  dans  le  bourg  de  Saint-Martin.  L'acte,  qui 
est  daté  du  20  novembre,  est  passé  dans  la  maison  d'un  habitant 
du  bourg  (3). 

Un  acte  du  18  juillet  de  la  même  année  constate  une  nouvelle 
acquisition  faite  par  Etienne.  Elle  Vigier,  chevalier  du  Château  de 
Limoges  et  ses  flls  Elie  et  Guillaume,  damoiseaux,  vendirent  aa 
précepteur,  à  la  Maison-Dieu  et  aux  lépreux  de  l'établissement, 
des  rentes  sur  plusieurs  maisons  du  faubourg  Saint-Gérald,  sises 
notamment  devant  le  cimetière  et  dans  la  grande  rue  qui  va  dans 
la  direction  de  la  porte  de  Pichevache  {sic)  (4). 

Bien  qu'à  une  certaine  époque  les  vicomtes  de  Limoges  se  soient 
donnés  comme  les  fondateurs  de  la  léproserie  du  Château,  nous 
n'avons  pu  retrouver  nulle  part  la  trace  de  leurs  libéralités.  Les 
comtes  de  la  Marche  figurèrent  au  nombre  des  bienfaiteurs  de  la 


(1)  Peiebai  amoveri  de  manso  de  Chastanet,  quod  est  ejusdem  priorU, 
iito  in  parrochia  de  Palacio  S.  et  P.  deu  Valat  et  alios  ibidem  habitan-' 
tes,  quos  idem  prior  ibidem  posuerat,  quia  dicebat  (le  précepteur)  eos 
esse  morbo  lèpre  infectas  ;  dicto  priore  penitus  hoc  negante. 

(2)  Hôpital,  III,  B  5.  Publ.  par  A.  Leroux,  Charles,  chroniques  et  mé^ 
moriaux.  (Tulle,  Crauflfon,  1886,  p.  76,  77.) 

(3)  In  domo  P,  Malveszi,  sita  in  dicto  vico.  (Arch,  Haute- Vienne,  2499.) 

(4)  Hôp.,  III  B  6. 


74  SOGléré  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Maison-Dieu  ;  (nais  ce  fut  pour  ainsi  dire  par  un  effet  de  la  volonté 
d*autrui  qu'ils  furent  amenés  à  s*occuper  de  cette  maison.  Le  titre 
qui  atteste  la  concession  obtenue  d'eux  par  la  maladrerie  mérite 
Tattention  des  personnes  curieuses  des  particularités  de  Thistoire 
limousine.  Le  comte  de  La  Marche  semble,  au  cours  des  dernières 
années  du  xu*  siècle  et  des  premières  du  suivant,  avoir  été  mêlé, 
sans  que  nous  puissons  bien  nous  rendre  compte  des  circonstances 
<]e  celle  immixtion,  à  plusieurs  événements  notables  des  annales 
de  notre  ville.  L'intérêt  qu'Hugues  de  Lusignan  accorde,  en  1219, 
à  ces  énigmatiques  Banclatgiers,  dont  Timprudence  a  causé  la 
•chute  d'une  portion  du  rempart  au  moment  même  où  se  reconstruit 
la  ceinture  fortiHéedu  Château  (1),  le  bannissement  d'un  bourgeois, 
4a  menace  adressée  par  le  comte  aux  consuls,  de  leur  faire  payer 
<^her  celte  mesure,  nous  ont  toujours  semblé  les  trop  vagues  don- 
nées d*un  petit  problème  qui  mériterait  d'être  éclairci.  Mais  ce 
n'est  pas  ici  le  lieu  de  le  traiter  :  d'autant  qu'il  ne  paraît  pas  avoir 
de  rapport  avec  le  fait  qui  nous  occupe.  Voici  le  peu  que  nous 
savons  des  rapports  du  comte  de  la  Marche  avec  la  Maison-Dieu. 
Hugues  IX,  mort  en  i2i9,  avait  donné  --  ou  vendu  —  à  un  cer- 
tain P.  Mathieu,  habitant  de  Limoges  à  ce  qu'il  semble,  un  droit 
d'une  obole  sur  chaque  livre  de  monnaie  frappée  par  le  comte  de 
la  Marche.  11  n'y  avait  là  rien  d'extraordinaire.  On  constate  que 
certaines  familles  de  bourgeoisie  limousine  sont  en  possession, 
vers  la  même  époque,  d*opérer,  sur  la  monnaie  de  Limoges,  de 
semblables  prélèvements.  P.  Mathieu  abandonna  ce  droit,  avec  le 
consentement  du  comte,  au  prieur,  à  la  communauté  et  aux  mala- 
des de  la  Maison-Dieu.  La  perception  de  cet  obole  donna  sans 
doute  lieu  à  quelque  diOicuUé  après  la  mort  d'Hugues  IX.  Le  diffé- 
rend fut  terminé  en  1247  par  un  accord  aux  termes  duquel  «  le 
prieur,  les  frères  et  les  lépreux  »  furent  confirmés  dans  leur  droit 
ûe  prélever  une  obole  sur  chaque  livre  grosse  de  monnaie  mar- 
cholse.  Toutefois,  il  fut  dit  que  ce  droit  s'exercerait  seulement  sur 
les  espèces  fabriquées  dans  les  domaines  propres  à  Hugues  X  et 
ayant  appartenu  à  son  père  :  la  concession  ne  devant  pas  s*étendre 
à  la  monnaie  d*Ângouléme,  et  d'autre  part,  les  bénéficiaires  de 
cette  obole  ayant  l'obligation  de  donner  au  garde  de  la  Monnaie 
du  comte  douze  deniers  par  jour  toutes  les  fois  que  dans  la  journée 
il  aura  été  fabriqué  plus  de  vingt-cinq  livres  grosses  de  ces  espèces. 
Sous  ses  réserves,  Hugues,  comte  d'Angoulême,  fils  de  Hugues  X, 
appose  son  sceau  à  Tacte.  Cette  concession  dut  être  rachetée  ou 


(1)  Dlplès-Agier,  Chronique  de  Saint-Martial,  p.  194. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  75 

annulée  peu  après  ;  car  on  n'en  relève  mention  dans  aucun  docu- 
ment postérieur  (1). 

Etienne  d'Excideuii  mourut,  suivant  i*abbë  Legros,  avant  le 
27  décembre  4240  (2).  On  trouve  son  nom  au  nécrologe  de  la  con- 
frérie de  la  Courtine,  où  il  est  qualifié  «  précepteur  de  la  Maison- 
Dieu  »  et  où  est  mentionnée,  avec  deux  autres  des  supérieurs  de 
rétablissement,  une  certaine  Valenline  de  la  Maison-Dieu,  qui 
peut  être  soit  une  sœur  donate,  soit  une  lépreuse  (3). 

On  a  vu  quels  événements  avaient  marqué  les  derniers  jours 
d*Elienne  et  troublé  la  tranquille  existence  de  la  Maison-Dieu. 
Fidèle  aux  recommandations  de  Jean  Vatavespres,  qui  Tavait 
adjuré  de  ne  pas  désigner  pour  lui  succéder  un  habitant  du  château 
et  de  confier  plutôt  sa  charge  à  un  ànier  de  rétablissement,  le 
recteur,  se  sentant  gravement  malade,  avait  convoqué  autour  de 
son  lit  de  douleur  les  donats  et  les  lépreux  et  les  avait  priés  d'ac- 
cepter un  supérieur  de  sa  main.  Le  prêtre  Jeau  du  Peyrat,  proposé 
par  lui,  avait  été  en  fonctions  sans  qu'aucune  voix  se  fût  élevé 
contre  cette  désignation  ;  mais  un  habitant  de  la  maison,  un  lépreux 
sans  doute,  Etienne  Pioncelot,  qui  exerçait  la  proression  de  cor- 
donnier, adressa  à  ce  sujet  une  protestation  aux  consuls  du  Châ- 
teau, ou  peut-être,  gagné  par  eux,  consentit-il  à  servir  leurs  desseins. 
Quoiqu'il  en  soit,  il  déclara  à  la  communauté  de  la  Maison-Dieu 
qu'il  s'opposait,  au  nom  des  magistrats  municipaux,  à  l'installation 
de  Jean  du  Peyrat.  Nous  ne  savons  si  sa  voix  rencontra  beaucoup 
d'écho  parmi  les  hôtes  de  l'établissement  et  quelle  fut  l'attitude  de 
ceux-ci.  Bientôt  après,  les  consuls  eux-mêmes  se  rendirent  à  la 
maladrerie.  Ils  prirent  possession  de  Thôpital,  arrachèrent  des 
mains  d'Etienne  d'Excideuil  la  clé  du  coffre  où  étaient  déposés  les 


(1)  Super  questione  oboli  quem  Prior  et  fratres  Domus  Dei  leprosa" 
rum  LemovicensU  et  ipsi  leproai  petehant  in  qualibet  libra  moneie  nostref 
racione  donacionis  olim,  ut  dicehant,  eis  fade  a  Petro  Mathei,  de  coiX" 
sensu  clare  memorie  domini  genitoris  nostri  et  nostro  [qui  genitor  noster 
eidem  P.  Mathei  eundem  obolum  donaveral,  ut  dicebant),  nos  et  ipsi 
Prior  et  fratres  et  leprosi^  pacem  fecimus  in  hune  modum  :  quod  eis 
concessimus  perpétua  unum  obolum  percipiendum  in  qualibet  grossa 
libra  nostre  monete  que  fabricabitur  in  terra  nostra  et  domini  genitoris 
nostri  tantummodo,  etc.  (A.  Leroux,  E.  Molinier  et  A.  Thomas  :  Docu-^ 
menis  historiques,  t.  I,  p.  172,  173.) 

(2)  Tables  chronologiques  ecclésiastiques j  manuscrit  de  la  bibliothèque 
des  Sulpiciens  de  Limoges. 

(3)  Valentina  de  Domo  Dei.  Mélanges  manuscrits  de  Legros,  t.  h 
p.  363  et  suiv. 


76  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

titres  de  la  maison,  le  dépouillèrent  de  son  argent  et  des  objets 
précieux  qu'il  possédait  et  nommèrent  de  leur  autorité  aux  fonc- 
tions de  recleur  un  certain  Pierre  d'Egletons  à  qui  ils  remirent, 
malgré  les  protestations  du  pauvre  malade,  les  privilèges  et  les 
archives  de  Thôpilal,  les  bijoux  et  les  fonds  trouvés  par  eux  (1). 

Nous  ignorons  ce  qui  se  passa  alors.  L'autorité  ecclésiastique  dut 
intervenir.  Il  est  probable  que,  pour  parvenir  à  amener  la  conci- 
liation, il  fut  décidé  que  le  supérieur  désigné  par  Etienne  d'Exci- 
deuil  et  celui  institué  par  les  consuls  ne  seraient  ni  l'un  ni  l'autre 
maintenus  en  fonctions.  Il  est  certain  que  nous  ne  trouvons  nulle 
part  Pierre  d'Egletons  mentionné  avec  la  qualification  de  recteur 
ou  prieur  de  la  Maison-Dieu.  Même  constatation  pour  Jean  de 
Peyrat,  qui  meurt  en  1283  après  avoir  fait  un  legs  de  trois  deniers 
à  tout  ecclésiastique  qui  assisterait  à  ses  obsèques  et  est  simplement 
qualilié  «  prêtre  »  (2). 

Dès  1241,  Elie  Âymeric  est  mentionné  comme  investi  de  la 
charge  de  prieur  de  la  Maison-Dieu  des  lépreux  (3). 

Beaucoup  de  testaments  du  xni*  siècle,  dont  plusieurs  nous  ont 
été  inlégralement  conservés,  contiennent  des  legs  au  profit  des 
lépreux  de  notre  établissement.  C'est  Jean  Botin  oj  Bouty,  qui 
laisse  à  la  maison  dix  sous  de  rente  pour  la  célébration  de  son 
anniversaire  (4);  c'est  Mathieu  de  Drouilles  qui,  vers  1250,  fait 
aux  ladres  de  la  Maison-Dieu  une  libéralité  analogue  (5). 

La  léproserie  devait  avoir  reçu  un  legs  important  de  son  ancien 
recteur  Jean  du  Peyrat,  qui  y  fonda  un  anniversaire  le  jour  de  la 
fête  de  saint  Léonard  et  disposa  que  le  prieur  de  la  maison  devrait 
remettre  trois  deniers  à  tout  prêtre  de  la  communauté  de  Saint- 
Martial  assistant  en  surplis  à  ce  service,  et  aux  diacres,  un  denier^ 
Elie  Aimeric,  à  qui  fut  sans  doute  délivré  le  legs  de  J.  du  Peyrat,  dut 
donner  à  la  communauté  une  caution;  il  hypothéqua  à  cet  effet  la 
rente  de  vingt-cinq  sous  que  le  prieuré  possédait  sur  la  maison  des 
Goraus,  rue  Manigne  et  sur  un  autre  immeuble,  rue  Mirebeuf  (6). 


(d)  Déclaration  d'Etienne  d'Excideuil,  pièce  n*»  IV  de  l'appendice. 

(2)  Arch.  Haute- Vienne,  liasse  5781,  n®  provisoire. 

(3)  Hôpital,  ni,  B  10. 

(4)  HôpiUl,  III,  B  6. 

(5)  HôpiUl,  III,  B  6. 

(6)  Obligavit  eUdem  presbiteris  viginti  quinque  solidos  LemovicensU 
monete  quos  idem  prior  habet  renduales  in  domo  Geraldi  Coraus  qui  alio 
nomine  vocatur  Andréas  Coraus,  sita  in  carreria  deManhania,,.  obligavU 
etiam  domum  que  fuit  a  la  Girrarola  siiam  in  carreria  de  Mayrabuou, 
Hôpital,  III,  B  6. 


LES  LÉPREl'X  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  77 

L'évoque  Aymeric  de  la  Serre  de  Maicmort,  le  riche  prélat  dont 
le  testament,  daté  du  27  mars  1263,  est  un  des  documents  les  plus 
intéressants  de  cette  époque,  fait  un  legs  assez  important,  vingt- 
cinq  livres  à  la  maladrerie  de  la  Maison-Dieu  en  vue  de  la  fonda- 
tion d'un  anniversaire  pour  lui  et  son  oncle;  il  laisse  de  plus  cent 
sols  destinés  à  acquitter  la  dépense  d'un  repas  —  unam  refectio- 
nem  —  pour  les  frères  et  les  malades  (1).  Un  de  ses  successeurs, 
Gilbert  de  Halemort,  lègue  aux  lépreux  de  chacune  des  deux  infir- 
meries de  la  Cité  et  du  Château  une  certaine  somme  pour  leur  réfec* 
tion  d'un  jour.  Cette  somme  leur  est  délivrée  en  1295  par  un  des 
exécuteurs  du  prélat,  le  chantre  Gérald  d*Escorailles  (?).  On  a 
déjà  parlé  d'une  libéralité  de  Pierre  de  Saint-Paul,  prêtre,  ordon- 
nant de  donner  deux  deniers  à  chaque  malade  de  Tun  et  de  l'autre 
établissement,  sauf  toutefois  à  ceux  qui  exercent  un  métier,  excepti$ 
artificibiis, 

Âelis,  fille  d'Elie  de  Razès,  avait  fait  don  à  la  léproserie  de  dix 
sous  de  rente  sur  les  domaines  de  Couleyrolles  et  du  Cluzeau, 
paroisse  de  Folles.  Le  paiement  de  cette  rente  fut  pendant  assez 
longtemps  refusé  par  ses  héritiers.  Au  mois  de  juin  1251,  le  repré- 
sentant de  la  donatrice,  Àdémar  de  Chabannes,  se  décide  à  recon- 
naître sa  dette,  qui  s'élève  à  ce  moment  à  sept  livres  et  demie, 
compose  avec  Elie  Aymeric  et  assigne  en  paiement  une  rente  per* 
péluelle  de  deux  seliers  seigle  (2).  Le  même  supérieur,  toujours 
qualifié  de  prieur  (3),  acheta  la  même  année  au  mois  de  mai,  de 
Barthélémy  de  Droullles,AudierYtier  et  Jean  du  Peyrat,  exécuteurs 
testamentaires  de  Mathieu  de  Drouilles,  huit  sous  de  rente  sur  des 
maisons  sises  au  faubourg  de  Saint-Gérald,  le  long  du  fossé  du 
Château,  entre  les  portes  de  Pichevache  et  de  ^ancléger,  tout 
auprès,  à  ce  qu'il  semble,  des  immeubles  sur  lesquels  la  maison 
possédait  déjà  des  revenus  en  vertu  d'un  contrat  de  1240.  Il  est  à 
noter  que,  peu  de  mois  auparavant,  les  mêmes  exécuteurs  avaient 
vendu  diverses  rentes  dans  le  même  quartier  à  la  confrérie  du 


(1)  Lego  domui  leprosorum  Lemovicensium  viginti  quinque  libras  ad 
emendos  redditus  ad  opus  anniversarii  pro  anima  mea  et  domini  avunculi 
mei  faciendiy  et  cenium  solidos  ad  unam  re/ectionem  fratrum  et  lepro- 
sorum  ipsimê  ioci  {BulL  Soc.  arch.  du  Limousin,  tome  V,  p.  132).  Ce 
passage  a  bien  trait  à  la  Maison-Dieu,  puisque  un  autre  legs  pour  les 
lépreux  de  la  Cité  se  trouve  à  un  codicille  {ibid,  p.  136). 

(2)  H6piUl,  III,  B  6. 

(3)  Relias  Aymericz,  priors  de  la  Maijio  Dieu  dcu  Lebros  de  Lemotges, 

Ib.y  III,  B  6. 


78  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

SaintEspril  de  la  Maison-Dieu  (i).  D*au(res  acquisitions  furent 
effectuées  en  12S3  (i  bis). 

A  celle  année  12S3  se  rapporle  une  sentence  de  roflicial  de  li- 
moges rendue  en  faveur  de  la  Maison-Dieu  contre  Jacques  Nègre, 
bourgeois  du  Ghâleau,  qui  avait  émis  une  prétention  nous  révélant 
un  curieux  trait  de  mœurs.  Nègre  devait  à  la  maison  la  dîme  de 
sa  vigne  du  Clos  des  Barresi;  mais  à  Ten  croire,  le  prieur  était  len« 
par  contre  de  lui  donner,  chaque  année,  cinq  sous  pour  élre  dis- 
iribués  par  lui-même  aux  lépreux,  n  Tépoque  des  Rogations  (2). 
Le  réclamant  ne  put  établir  son  droit  et  fut  condamné. 

Les  documents  concernant  l'administration  d*Elie  Âymeric  ne 
sont  pas  rares.  Nous  en  avons  déjà  mentionné  quelques-uns.  Au 
mois  de  novembre  4253,  le  prieur  achète,  au  prix  de  soixante-deux 
sous,  qui  proviennent  de  la  rente  léguée  par  Jean  Bouty  et  dont  il 
a  probablement  touché  depuis  peu  les  arrérages,  cinq  sous  de 
rente  sur  une  maison  sise  place  Saint-Gérald  et  que  Jean  de  Giroilh 
tient  de  la  Maison-Dieu.  Il  est  déjà  dû  à  rétablissement,  sur  cet 
immeuble,  un  cens  de  18  deniers  et  3  oboles  d*accapt  (3).  En 
février  1258  il  acquiert,  en  vue  de  l'anniversaire  de  Pierre  Bouty, 
deux  sous  de  rente  sur  la  maison  d'Elie  de  Puymarot,  à  proximité 
des  précédents,  au  prix  de  28  sous  2  deniers  provenant  d'une 
rente  de  10  sous  sur  une  culture  d'Elie  Bouillon,  à  La  Font-Char- 
let  (4). 

Nous  ignorons  à  quelle  date  Elle  fut  remplacé  par  un  autre  prieur, 
et  si  Jean,  que  Tabbé  Legros  a  trouvé  en  charge  en  avril  1269  (S], 
avait  été  son  successeur  direct.  Peut-être  entre  le  décès  ou  la 
démission  de  l'un  et  l'entrée  en  charge  de  l'autre,  le  priorat 
demeura-t-il  un  certain  temps  sans  titulaire.  En  1262,  Martial  de 
Gompreignac,  chapelain  de  la  Maison-Dieu,  recfor  capellanie  Domtis 
Dei  Leprosorum,  reçoit  au  nom  du  prieur  une  reconnaissance  (6). 
Notons  cette  dénomination  de  rector  capellanie  appliquée  au  cha* 


(1)  Hôpital,  III,  C  3. 
(1  bis)  Ibid,,  III,  B  6. 

(2)  Ipse  prior  debebat  sibi  reddere  annuatim  quinque  solidos  quos  in 
diebus  Rogationum  ipse  burgensis  debebai  distribuere  inter  leprosos. 
(Hôp.  III,  B  12). 

(3)  Hôpital,  III,  B  6. 

(4)  Ibid.,  Documents  historiques,  publ.  par  MM.  Leroux,  Molinier  et 
Thomas,  l.  I,  p.  176,  177. 

(5)  Tables  chronol.  ecclésiastiques, 

(6)  HôpiUl,  ni,  Bli. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  L^PROSEIUES  DE   LIMOGES  79 

pelain.  Le  tilre  de  rector^  réserve  aux  curés,  n'est  pics  donné  au 
supérieur  de  Thôpilal,  qui  désormais  est  dans  tous  les  actes  appelé 
«  prieur  ». 

Jean  reçoit,  comme  ses  prédécesseurs  de  nombreuses  libéralités. 
Guillaume  Âudoin,  prêtre,  donne  au  mois  de  juin  4272  au  prieur, 
à  ses  successeurs  et  à  Thôpiial,  la  dîme  sur  toute  sa  vigne  du  Sault 
Guayfier,  voisine  de  rétablissement  (1).  Le  24  décembre  12*13, 
Elienne  Giroarlz,  iils  émancipé  de  Jean  Giroartz,  Itourgeois  du 
Château,  se  décide,  en  considération  de  l'affection  et  dudévouement 
qu'il  porte  au  prieur,  à  la  maison  et  au\  pauvres  de  l'hôpital  et  à 
cause  des  bons  offices  et  des  marques  de  bonté  quils  lui  ont  don- 
nées, à  constituer  à  leur  profit  une  renie  de  cinq  sous  sur  sa  maison, 
^igne  et  pressoir,  près  la  Maison-Dieu  et  le  Sault  Guaylier  (2). 

Plusieurs  autres  contrats  se  rapportant  à  radministration  du 
prieur  Jean  II  nous  oui  été  conservés  :  Tun  daté  du  i9  mars  1273 
V.  st.  (1274)  contient  la  reconnaissance  par  Pierre  Textoris,  prêtre 
du  faubourg  Saint-Gérald,  que  la  maison  habitée  par  lui  auprès  du 
cimetière  de  celle  paroisse,  est  d^ancieune  date  dans  la  mouvance 
€t  seigneurie  du  prieur  et  de  la  Maison-Dieu  (3).  C'est  probablement 
un  des  immeubles  dont  on  a  parlé  plus  haut. 

On  relève  le  nom  de  Jean  II,  Johannea,  prior  DomusDei  Lemovi- 
censis,  avec  la  date  de  1285,  au  nécrologe  de  la  Confrérie  de  La 
Courtine;  c'est  probablement  cette  mention  qu*a  connue  Tabbé 
Legros,  et  d'après  laquelle  il  a  indiqué  ce  prieur  comme  décédé  à 
la  date  de  1285.  Pierre  des  Moulins  lui  succéda  ;  on  le  trouve  men- 
tiouné  en  1287.  Ce  sont  des  reconnaissances  plus  que  des  donations 
<]ue  nous  fournil  cette  période;  mais  elles  sont  souvent  destinées 
à  mettre  fin  cà  des  procès  et  à  des  difficultés  de  toutes  sortes.  Au 
mois  de  février  1288  v.  st.  (1289),  Aymeric  Tranchelion  confesse, 
pour  terminer  un  différend  avec  la  léproserie,  qu'une  maison 
placée  «  au  devant  des  degrés  du  Queyroix  où  on  vend  les 
paios,  entre  la  maison  de  Pierre  Arloin  et  celle  de  Laurent  Su- 
dour  »  (4),  laquelle  doit  un  cens  à  lui  et  à  ses  prédécesseurs,  a 

(1)  Hôp.,  III,  B  6. 

(2)  Actendens  et  considerans  devocionis  et  amoris  a/fectum  queni  habet 
et  habuit  temporibus  retroactis  erga  priorem  et  domum  predicloa  et 
egenos  et  pauperes  dicte  domus  et  eciam  servicia  et  honores  ab  eisdem  sibi 
exhibitos.  (Hôp.,  III,  B  6). 

(3)  Movet  de  dominio  et  feodo  dicti  prions  et  domus  Dei  ab  antiquo 
(Hôp.,  in,  B  6). 

(4)  Ante  gradus  de  Quadruvio,  ubi  panes  venduntur,  inter  domum 
Pelri  Arloyni  et  domum  Laurentii  Sutoris.  (Hôp.,  ÏII,  B6).  Pierre  Arloin 
figure  dans  le  procès  de  la  commune  du  Château  avec  la  vicomtesse. 


80  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

d'ancienne  dale  pour  seigneur  et  propriétaire  foncier  le  prieur  en 

charge  de  la  Maison-Dieu.  La  même  année  ou  Tannée  précédente, 

;  le  curé  de  Lubersac  déclare  que  son  église  et  le  curé  charge  de 

;  Vadminisiralion  de  la  paroisse,  doivent  deux  sous  de  rente  à  la 

!  léproserie  et  qu'à  chaque  changement  de  prieur  comme  à  chaque 

changement  de  curé,  ils  sont  tenus  de  payer  un  droit  d*accapt,  à 
Ç  raison  de  la  rente  de  quatre  setiers  de  seigle,  donnés  sur  la  dîme 

de  Lubersac  à  Téglise  du  lieu  par  feu  Arnaud  Trotier,  diacre,  jadis 
:  frère  de  la  maladrerie  (1).  A  un  autre  contrat  du  mois  de  janv.  1290 

!  V.  st.  (1S91),  Pierre  Sapientis  Grasseteau  et  sa  femme,  «  TAn- 

drienne  »,  hériiière  de  Pierre  Textoris,  reconnaissent  que  les 
prédécesseurs  du  prieur  —  appelé  ici  Pierre  dit  Migos  —  sont  sei- 
gneurs fonciers  de  leur  maison  sise  près  le  Queyroix  de  Saint* 
Pierre,  depuis  si  longtemps  qu'il  n'y  a  pas  souvenirdu  contraire  (2). 
Jean  Aubert,  qui  vient  (mai  liai)  d'acheter  un  étal  où  on  vend  le 
pain,  établi  auprès  des  bancs  charniers  du  marché,  confesse  que 
le  prieur  est  seigneur  foncier  de  cet  étal  (3).  Une  sentence  de 
l'évéquc  Girbert  (Gilbert  de  Halemort)  termine  le  29  juillet  4292 
un  différend  relatif  à  la  vigne  de  Pierre  Audoln  sise  au  territoire 
des  Arènes,  entre  la  maladrerie  et  Jean  Germain,  curé  des  églises 
unies  de  Saint-Michel-des-Lions  et  des  Arènes  (4).  En  1296,  à  la 
suite  de  difficultés  sur  lesquelles  nous  n'avons  pas  de  détails,  Jean 
Aubert,  acquéreur  du  banc  «  panneret  »  dont  nous  avons  parlé  un 
peu  plus  haut  («^),  est  condamné  par  ToSicial  à  se  dévêtir  de  cet 
étal,  à  en  investir  le  prieur  qui  le  réinvestira  à  son  tour  sous 
réserve  du  paiement  d'un  cens  annuel  de  cinq  sous. 

Nous  avons  déjà  mentionné  un  contrat  passé  devant  l'officiaU 
le  28  avril  1301,  et  auquel  le  prieur  Pierre  comparait  assisté  de 
deux  prêtres,  de  deux  clercs  et  de  deux  laïques,  tous  frères  de  la 
Maison-Dieu.  Il  s'agit  d'une  maison  de  la  rue  de  Hirebœuf,  appar- 
tenant au  prieuré,  confrontant  à  une  autre  maison  lui  appartenant 
aussi  et  formant  l'encoignure  de  la  rue  Saint-Nicolas.  Cet  immeuble 
qui  a  besoin  de  réparations  a  été  accensé  à  Jacques  du  Colombier 

(1)  Arnaudo  Trotier,  dyacono  jam  deffuncio,  quondam  fratre  dicte 
domus,  (Hôp.,  III,  B  6). 

(2)  Fuerunt  domini  fundales  ipsius  domine  per  tantum  tenipus  quod 
lie  contrario  memoria  non  existit,  (Hôp.,  III,  B  6). 

(3)  Hôp.,  III,  B  6. 

(4)  Johannem  Germani,  rectorem  ecclesiaruni  Sancti  Michaelis  de 
Leonibus  et  de  Arenis.  (Hôp.,  III,  B  6). 

(5)  Scannum,  stallum  seu  bancum  panareiz,  in  quo  venduntur  panes 
juxta  acanna  charnarretz  (Hôp.,  III,  B  6). 


LES  LÉPI\£UX  ET  LES  LÉPnOSElUES  DE    LIMOGliiS  81 

et  à  Marie  «  Colombieyra  »,  sa  femme,  moyennant  quarante  sous  de 
cens  et  un  droit  de  mutation.  De  plus  les  preneurs  ont  pour 
4c  enlrage  »  —  pro  intragio {l)  —  payé  dix-neuf  livres  afin  d'acquérir 
des  rentes  au  profit  de  l'hôpital.  Les  membres  de  la  communauté 
déclarent  qu'ils  approuvent  les  conventions  et  prometlent  de  ne 
pas  y  contrevenir.  L'ofiicial  constate  que  tout  a  été  fait  au  mieux 
des  intérêts  de  la  Maison-Dieu,  et  le  prieur  déclarede  son  c6lé  que 
la  somme  versée  a  élé  employée  pour  l'utilité  de  leur  établisse- 
ment (2). 

L'hôpital  parait  avoir  fait  plusieurs  acquisitions  successives  sur 
ra\igncdu  territoire  du  Sault  Guayfier,dont  Guillaume  Âudoin  a 
donné,  on  1272,  la  dime  à  la  léproserie.  Ce  clos  appartient  en  1302 
à  Jean  Martial  ou  Demartial  le  jeune,  qui  outre  la  seigneurie  fon- 
cière et  Taccapt,  y  perçoit  une  redevance  de  trois  setiers  de  fro- 
ment :  le  tout  est  vendu  en  janvier  1301  v.  st.  (1302)  au  prieur  et 
h  la  Maison-Dieu,  au  prix  de  dix-neuf  livres  tournois  (3). 

En  1301  et  1303,  le  prêtre  Pierre  de  Lebralhel,  donat  de  la  Mai- 
son-Dieu (4)  et  procureur  du  prieur,  reçoit  plusieurs  recon- 
naissances. En  1316  André  Jay  agit  comme  fondé  de  pouvoirs  du 
prieur  des  frères  prêcheurs  et  du  prieur  de  la  Maison-Dieu  (5). 
Les  deux  premiers  actes  ont  trait  h  une  redevance  de  quatre  sous 
de  cens  due  par  Pierre  Sireuil  dit  Samson,  et  assise  sur  des 
maisons  du  faubourg  Saint-Gcrald  ;  Tautre  h  un  arrangement  avec 
Martine,  veuve  de  Jean  Lo  Morgue,  au  sujet  des  arrérages  d'une 
rente  de  trois  sous  dus  sur  deux  emplacements  de  la  rue  Vieille- 
Monnaie.  L'acte  de  1316,  dont  la  dernière  partie  est  illisible,  a 
trait  à  des  conventions  entre  Jay  et  les  exécuteurs  de  Jean 
Martial  l'ainé.  Il  y  est  parlé  d'une  rente  de  trois  sous  qui  est 
vendue  à  ces  derniers  et  probablement  cédée  ensuite  au  procureur 
des  dominicains  et  des  lépreux  pour  l'acquit  d'un  legs. 

Le  recueil  de  nos  chartes  de  donations  et  d'achat  est  fort  incom- 
plet et  nous  ne  connaissons  l'origine  que  d'une  partie  des  posses- 
sions et  revenus  de  la  Maison-Dieu.  Ainsi,  dès  1257,  elle  a  des 
tenanciers  du  côté  de  Chinchauveau  et  de  Louvat.  Dès  avant  cette 


(1)  Le  mot  s'est  conservé  dans  les  baiUettes  de  nos  métayers. 

(2)  Et  sciendurn  quod  dicli  fratres  promiserunt  se  non  venturos  contra 
premissa  prestitis  juramentis.  Et  tam  ipse  prior  quanx  dicti  fratres 
recognoverunt  predicta  esse  facta  et  dictam  pecuniam  fuisse  conversani 
in  utilUatem  dicte  Domus  Dei.  (Hôpital,  III,  D  7). 

(3)  Hôpital,  m,  B  7. 

(4)  Hôpital,  III,  B  7. 

(5)  Hôpital,  III,  B  7. 


82  SOCIÉTÉ.  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

époque  plusieurs  immeubles  de  la  rue  Hanigne  relèvent  du  prieur, 
mais  nous  n'avons  rencontré  qu'un  seul  document  s'y  rapportant.  La 
Uève  de  la  fin  du  xvi*  siècle  que  nous  donnons  à  Tappendice  (1) 
mentionne  une  reconnaissance  en  i275,  de  cinquante  sous  do 
rente  et  de  sixdeniers  et  six  sous  d'accapt  sur  Tancien  clos  de» 
Alexandre  au  faubourg  Manigne;  une  autre  en  1285,  de  dix  sous 
decens  sur  unemaison  et  four  au  Verdurier,  et  plusieurs  autres  sans 
date  relalivesà  des  maisons  sises  des  rues  du  Clocher,  Ferrerie,  des 
Arènes,  d'Eygoulène,  Boucherie.  De  tous  ces  d roits  fonciers,  de  toutes 
ces  rentes,  nous  ne  trouvons  pas  dans  nos  archives  les  actes  de 
concession  ou  d'achat  primitif,  comme  nous  trouvons  ceux  d'une 
partie  des  immeubles  et  redevances  assis  dans  le  faubourg  Saint-Gé- 
raid,  dans  les  rue  Mirebœuf,  du  Clocher,  Ferrerie,  Boucherie,  etc. 
De  même,  nous  ne  savons  rien  de  la  constitution  première  du 
domaine  immédiat  de  la  maladrerie  qui  comprenait,  outre  les  bâti- 
ments, un  enclos,  des  prés,  des  terres,  des  vignes,  ni  des  circons- 
tances dans  lesquelles  elle  a  acquis  des  propriétés  et  redevances 
en  dehors  de  la  ville  de  Limoges  et  de  sa  banlieue. 

Du  mois  de  février  1305,  nous  avons  un  accord  entre  l'hôpital  et 
Martial  Manhbert,  clerc.  Celui-ci  possède,  dans  la  rue  Manigne, 
une  maison  sur  laquelle  Gérald  Jayos  a  légué  à  la  maladrerie  une 
rente  de  dix-huit  deniers;  Manhbert  réclame  par  contre  à  la  Mai- 
son-Dieu une  redevance  de  quatre  sols  sur  un  immeuble  de  sa 
mouvance  sis  devant  le  cimetière  de  Saint-Pierre  (2). 

Une  des  pièces  les  plus  intéressantes  des  archives  de  la  Maison- 
Dieu  est  un  acte  du  mois  de  juillet  1312,  dans  lequel  Alexandre  des 
Bancs,  le  jeune,  donne  le  détail  des  trente-quatre  sous  de  rente  et 
trente-quatre  deniers  d'accopt  dus  par  lui  à  la  maladrerie  sur  un 
certain  nombre  de  fonds  et  de  bâtiments  du  faubourg  de  Saint-Gé- 
raid  (3).  Nous  n'en  donnons  pas  le  détail,  qui  serait  fastidieux. 

Pierre  des  Moulins  est  encore  à  la  tète  de  la  léproserie  le  25  juin 
1317.  A  cette  date  Jeanne  Deyritz,  dite  d'Augères,  veuve  de  Gérald 
le  Fogassier^  et  ses  deux  filles,  confessent  devoir  à  la  Maison-Dieu 
huit  sous  de  rente  sur  une  maison  de  la  rue  Mirebeuf,  contigue  à 
celle  qui  a  appartenu  au  nommé  Domingo  et  est  maintenant  à  Guil- 
laume de  Balaro  (4). 

C'est  postérieurement  au  25  juin  1317  que  Guillaume  Boniface 
succéda  à  Pierre  des  Moulins  dans  la  charge  de  prieur.  Il  était 

(1)  Voyez  appendice,  n^  X. 

(2)  Hôpital,  III,  B  7. 

(3)  HôpiUl,  III,  B  7. 

(4)  lïôpitftl,  III,  B  7. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LLPUOSEHISS  DE  LIMOGES  83 

vraisemblablemenl  en  fonctions  lors  des  barbares  mesures  adop- 
tées en  1321-1322  à  l^égard  des  lépreux.  Sans  doute  il  protesta; 
mais  st56  réclamations,  pas  plus  que  les  actes  qui  purent  les  accom- 
pagner n*ont  laissé  trace  nulle  part.  Il  parait  certain  que  les  droits 
particuliers  du  prieur,  que  nous  avons  vu  jusqu'ici  étroitement 
unis,  confondus  môme  avec  ceux  des  malades  et  de  la  maison, 
furent  déterminés  à  cette  occasion,  et  sauvegardés,  du  moins  après 
la  lin  de  la  période  durant  laquelle  les  biens  de  l'hôpital  furent 
saisis  et  administrés  par  les  officiers  du  roi.  Cette  période  ne  fut 
pas  de  longue  durée;  car  dès  le  carême  de  Tannée  1323  (1)  un  do- 
cument nous  montre  le  prieur  ayant  repris  possession  de  Tadmi- 
nistration  et  donnant  Tinvesliture  à  Mathieu  Le  Bloy,  qui  a  acheté 
au  prix  de  douze  livres,  de  Pierre  Pozi,  une  maison  de  la  rue  du 
Puits  Sainl-Pierre-du-Queyrolx,  mouvant  de  la  maladrerie.  En 
1325,  des  lettres  du  commissaire  délégué  pour  la  levée  des  droits 
de  nouveaux  acquêts  mentionnent  des  acquisitions  faites  par  le 
même  prieur,  notamment  une  rente  sur  rinfirmerie  de  La  Meyze 
et  une  autre  sur  celle  de  La  Barrière,  cédées  par  Guillaume  de  La 
Mothe  et  Gui  Foucher,  damoiseaux  (2).  En  janvier  1328  (v.  st.) 
1329,  Martial  de  Soubrevas  achète  de  Symon  de  Thiviers  {de  Tibe- 
fto),  prêtre,  une  rente  sur  une  maison  rue  Ferrerie  et  le  vendeur 
s'oblige  à  le  faire  investir  par  le  seigneur  foncier,  qui  est  le  prieur 
de  la  Maison-Dieu  (3).  Le  nom  de  prieur  n*est  malheureusement 
prononcé  dans  aucun  de  ses  actes  ;  mais  une  pièce  du  fonds  de  la 
Règle,  aux  Archives  du  déparlement,  le  nomme  à  la  date  de  1327  (4). 
Quinze  ans  plus  tard,  Guillaume  est  toujours  en  charge.  En 
1342,  Perrot  Boniface,  fondé  de  pouvoirs  de  «  discrète  personne 
Guillaume  Boniface,  prieur  de  la  Maison-Dieu  »  (5)  reçoit  de  Jean 
Ija  Chardadie  et  de  Jeanne,  sa  sœur,  Taveu  qu'ils  tiennent  de  son 
mantlant  leur  maison  de  Saint-Gérald,  près  le  fossé  de  Pichevache. 
L'année  d'après,  c'est-à-dire  en  1343,  Jean  Martial  ou  Demartial 
fait  un  échange  avec  Mautet  le  Pcrolier  ;  il  cède  à  celui-ci  ses 
droits  sur  une  maison  de  la  rue  Saint-Nicolas.  Le  même  prieur 
intervient  pour  approuver  et  confirmer  le  dévcslissement  de  Mar- 


(1)  Le  vendredi  après  Reminiscere  1322  (Hôpital,  III,  B  8). 

(2)  Super  infirmaria  de  La  Meyza^  super  infinnaria  de  Barriera  (Hô- 
pital, IH,  B  2),  publié  par  Â.  Leroux  dans  ses  Chartes,  Chroniques  et 
Mémoriaux,  Tulle,  Graufifon,  1886,  p.  122,  123. 

(3)  Hôpital,  III,  B  8. 

(4)  La  Règle,  n®  prov.  859. 

(5)  Procurator  discreii  viri  Guillelmi   Bonifacii,  prioris  domus  Del 
(Hôpital,  III,  B  8). 


84  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  OU  LIMOUSIN 

liai  et  linveslitiire  de  Maulet  (1).  C'est  la  dernière  fois  que  nous 
ayons  rencontré  le  nom  de  Guillaume  Boniface,  et  nous  ne  connais- 
sons pas  de  texte  de  date  plus  récente  où  il  soit  fait  mention  de  ce 
prieur  de  la  Maison-Dieu. 

II  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que,  dans  les  derniers 
actes  que  nous  avons  notés,  il  n*est  plus  dit  que  le  prieur  agit  pour 
rétablissement  ou  pour  les  malades.  Il  semble  agir  en  vertu  de  son 
seul  droit  et  dans  son  intérêt  propre.  Peut-être  nous  trompons- 
nous,  mais  il  semble  qu*à  ce  moment  et  selon  toute  probabilité  à  la 
suite  des  événements  de  1321,  un  nouveau  régime  ait  été  institué; 
ou  bien  une  mense  priorale  fut  créée  avec  une  dotation  particu- 
lière, prélevée  sur  le  patrimoine  de  la  maison  ;  ou  bien  les  revenus 
de  rhôpilal  furent  abandonnés  au  titulaire  du  prieuré,  qui  les 
administra  et  les  perçut  sans  le  concours  de  Tancienne  commu- 
nauté supprimée,  ayant  en  retour  à  supporter  des  charges  déter- 
minées. L'une  et  l'autre  de  ces  hypothèses  peuvent  être  émises 
avec  une  égale  vraisemblance. 

VIII.  —  Union  du  prieuré  de  la  Maison-Dieu  à  V abbaye  de  La  Règle 

Les  lépreux  du  diocèse  de  Limoges,  comme  ceux  de  plusieurs 
provinces  voisines,  avaient  été,  on  Ta  vu,  condamnés  au  dernier 
supplice  sur  une  accusation  qui  pouvait  n'être  pas  absolument  ima- 
ginaire; toutefois,  il  semble  à  peu  près  certain  que  les  victimes  de 
cette  atroce  persécution  étaient  pour  la  plupart  innocentes  des 
crimes  qui  leur  furent  imputés.  Nous  avons  dit  qu'on  possède  fort 
peu  de  renseignements  sur  les  exécutions  barbares  provoquées  par 
Topinion  publique,  sanctionnées  et  généralisées  par  l'autorité 
royale.  Les  choses  se  passèrent-elles  à  Limoges  comme  à  Uzerche? 
Il  est  permis  de  le  supposer,  en  s'étonnanl  de  ne  pas  trouver  de 
traces  plus  profondes  de  semblables  événements,  de  ne  pas  ren- 
contrer, tout  au  moins,  plus  de  renseignements  relatifs  aux  mesures 
adoptées  en  vue  de  la  conservation  et  de  Tutilisation  du  patrimoine 
des  maladreries. 

L'emprisonnement  des  malades,  le  séquestre  mis  sur  les  biens 
de  la  Maison-Dieu  portèrent  un  coup  funeste  à  la  prospérité  de 
rhôpital  fondé  par  Gérald  du  Cher.  La  communauté,  telle  qu» 
nous  l'avons  vue  constituée  un  siècle  auparavant,  parait  s'être  dis- 
soute. A  partir  de  cette  époque,  il  n'est  plus  question  des  douais. 


(1)  Guillelmus  Bonifaciiy  prior  Domus  Dei..,,  dominas  fundalis  dicte 
dornu8  (Hôpital,  III,  B  8). 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LéPBOSBEUES  DE  LIMOGES  85 

Furent-ils  renvoyés  el  remis  en  possession  de  leurs  biens?  Passé- 
renl-ils  au  service  d'autres  établissements?  Nous  ne  saurions  le 
dire.  Nombre  de  redevances  se  perdirent.  La  continuation,  quel- 
ques années  encore,  d'un  ^ussi  pitoyable  étal  de  choses,  aurait  eu 
sans  nul  doute  pour  conséquence  la  ruine  complète  de  Tœuvre  de 
la  piété  et  de  la  charité  de  six  générations.  Il  fallait  aviser.  C'est 
alors,  s'il  faut  en  croire  certaines  indications  relevées  dans  une 
procédure  du  xvi*  siècle,  que  Tabbesse  du  monastère  bénédictin  de 
Notre-Dame  de  La  Règle,  — un  des  plus  anciens  de  la  contrée  puis- 
que la  chronique  de  l'Astronome  signale  l'existence  de  cette  maison 
religieuse  dès  le  temps  de  l'empereur  Louis  le  Débonnaire  (1),  — 
offrit,  moyennant  l'union  à  son  abbaye  du  titre  et  des  biens  du 
prieuré  de  la  Maison-Dieu,  d'entretenir  la  léproserie,  d'y  nourrir 
treize  malades  et  de  distribuer  chaque  vendredi  l'aumône  aux 
pauvres  suivant  l'usjige  (2). 

La  proposition  fut  acceptée.  Il  n'est  même  pas  impossible  que 
révéque  eût  pris  l'initiative  et  proposé  celte  union  au  roi.  S'il  est 
vrai  qu'on  n'eût  fait  grâce  qu'aux  femmes  et  aux  enfants  des 
lépreux  de  Limoges,  on  s'explique  fort  bien  le  choix  de  la  supé- 
rieure d'une  communauté  de  religieuses  pour  lui  remettre  le  gou- 
vernement de  cette  pauvre  colonie  de  veuves  et  d'orphelins.  Une 
bulle  du  Saint-Siège  consacra  cette  mesure.  Nous  n'avons  pu,  mal- 
gré nos  recherches,  découvrir  l'original,  le  texte  tout  au  moins  de 
ces  lettres  apostoliques.  On  ne  peut  guère  révoquer  en  doute  leur 
existence  et  il  semble  bien  établi  que  l'abbaye  de  Notre-Dame  de 
La  Règle  fut  mise  en  possession  de  la  Maison-Dieu  par  un  acte  du 
souverain  Pontife.  Mais  cet  acte  n'est  pas  toujours  attribué  au 
même  pape  et  placé  à  la  même  date.  C'est  ainsi  qu'il  est  dit,  à 
une  pièce  provenant  du  monastère,  que  l'abbesse  «  a  besoin  de 
faire  rechercher  dans  les  archives  publiques  et  privées  une  bulle 
du  pape  Clément  IV,  de  l'année  mil  six  cens  vingt  neuf  »  (3)  :  il 
s'agit  ici  de  notre  bulle  ;  il  n'y  a  pas  à  en  douter.  Seulement,  Clé- 
ment IV  était  mort  en  1268,  c'est-à-dire  très  longtemps  avant 
l'union  ;  et  en  1629,  le  trône  ponlirical  n'était  pas  occupé  par  un 
Clément.  Il  y  a  là  une  double  erreur  :  de  personne  et  de  date. 

(1)  DucHBSNE,  Historiens  de  France,  t.  II,  p.  293. 

(2)  Arch.  Hôpital  de  Limoges,  III,  H  25.  Suivant  la  version,  la  pièce  à 
laquelle  nous  empruntons  ce  passage,  et  qui  émane  de  Tabbesse,  fait 
agir  celle-ci,  dans  cette  occurrence,  en  vertu  de  son  prétendu  titre  de 
prieure  de  la  Maison- Dieu. 

(3)  Requête  du  1"  juillet  1676.  (Arch.  Haute- Vienne  :  La  Règle,  liasse 
3648  prov.) 

T.  LV  6 


86  SOCIÉTé  ARCHéOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

S'agil-il  de  Clément  V,  comme  Findiquent  plusieurs  pièces  de  pro- 
cédure du  xvii**  siècle,  entre  autres  un  mémoire  imprimé  dont  nous 
aurons  à  citer  plus  loin  des  passages  et  qui  date  la  pièce  de  1309  ?(1), 
Clément  Y  ne  garda  le  siège  d*Avignon  que  du  5  juin  1305  au 
30  avril  1314.  Il  mourut  sept  ans  avant  les  tragiques  scènes  de  1321 
et  il  n'est  pas  vraisemblable  que  la  maladrerie  du  Château  de  Limo- 
ges ait  été  remise  à  Tabbesse  de  La  Règle  avant  les  événements. 
Les  avocats  du  monastère  racontent  bien  dans  leurs  mémoires 
contre  Tordre  de  Saint-Lazare  et  contre  les  administrateurs  de 
THôpital  général  de  Limoges,  qu*à  son  passage  à  Limoges,  les 
20-23  avril  1306,  Clément  V,  qui  avait  célébré  pontificalement  la 
messe  dans  Téglise  de  La  Règle,  avait  pu  se  rendre  compte  de  Télat 
d'abandon  où  se  trouvait  la  Maison-Dieu  et  concevoir  dès  lors  la 
pensée  de  Tunion  qu'il  avait  réalisée  quatre  ans  plus  tard  (2).  Mais 
nous  ne  comprendrions  en  aucune  façon  cette  mesure  à  la  date  de 
1309.  Et  puis  comment  expliquer,  si  Tunion  a  été  opérée  dès  cette 
époque,  que,  postérieurement  au  26  juin  1317,  Pierre  Des  Moulins, 
prieur  de  la  léproserie,  ait  été  remplacé  par  un  autre  prieur, 'Guil- 
laume Boniface,  alors  qu'aux  termes  du  décret  apostolique,  le  titre 
aurait  dû,  au  décès  ou  à  la  résignation  du  prieur  en  fonctions  lors 
de  la  promulgation  de  la  bulle,  appartenir  à  Tabbesse  ? 

Ce  que  nous  avons  de  plus  complet  et  de  plus  précis  touchant 
cette  bulle  est  une  analyse  de  son  contenu,  qu'on  trouve  dans  les 
productions  d'un  long  procès  dont  nous  aurons  à  parler  plus  loin, 
entre  l'abbesse  de  La  Règle  et  les  chevaliers  de  Saint-Lazare. 
Celte  analyse  est  ainsi  conçue  : 

«  Bulle  de  Clément,  Avignon,  11  des  calendes  d'octobre,  an  IV"" 
du  Pontificat,  obtenue  par  Marie,  abbesse  de  La  Règle,  portant 
union,  audit  monastère,  du  prieuré  de  la  Maison-Dieu,  estant  à  la 
collation  du  &'  Evesque  de  Limoges,  et  d*une  chappellc  y  mention- 
née, aveq  tous  les  droits  et  appartenances,  en  sorte  qu'après 
la  démission  ou  deceds  des  prieur  dudil  prieuré  et  chappelain  de 
ladite  chappelle  qui  estoient  lors,  l'abbesse  et  ladite  abbaye  seroient 
en  possession  d'iceux  et  de  leurs  dépendances  de  plain  droit,  pour 
en  demeurer  en  possession  et  en  employer  les  revenus  pour  la 
nourriture  et  vestemenl  d'elle  et  des  religieuses  dudit  monastère, 
et  subvenir  aux  charges  de  la  mense  abbatiale  et  dudit  monas- 
tère »  (3). 


(1)  Arch.  Hôpital,  B  538. 

(2)  Arch.  HôpiUl,  B  538. 

(3)  Arch.  nationales,  S  4847. 


LES  LÉPREUX  BT  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOOBS  87 

Il  n*est  pas  question  ici  des  charges  particalières  de  PimtOQ  el 
des  obligalioDs  contractées  par  l'abbaye  à  regard  des  malades  de 
la  Maison-Diea  ;  mais  on  ne  peat  douter  que  la  bulle  n'en  fît  men- 
tion. L'analyse  que  nous  fournit  notre  procédure  est  donnée  par 
Tabbesse  à  l'appui  de  certaines  réclamalions,  et  celle-ci  a  pris  seu- 
lement à  la  lettre  pontiGcale  ce  dont  le  monastère  pouvait  avoir 
besoin  pour  appuyer  ses  droits  et  justifier  ses  prétentions. 

Les  indications  que  fournît  l'analyse  transcrite  ci-dessus  (à  la 
réserve  du  nom  de  Tabbesse,  comme  on  le  verra  plus  bas),  ne  don- 
nent lieu  à  aucune  objection.  La  bulle  ne  saurait  émaner  de  Clé- 
ment V,  mort  en  1314,  bien  avant  les  mesures  de  rigueur  prises  à 
regard  des  lépreux  en  Limousin  et  ailleurs,  ni  de  Clément  VII 
(Robert  de  Genève),  élu  seulement  en  1378.  Elle  a  été  expédiée 
sans  nul  doute  par  Clément  VI.  C'est  du  reste  à  celui-ci  que  Taltri- 
bue  le  grand  Pouillé  du  diocèse,  de  l'abbé  Nadaud  (1),  qui  fixe  la  dale 
de  ce  document  «  vers  1349  ».  Notre  compatriote  Clément  VI  avait 
été  élevé  au  suprême  pontificat  le  7  mai  1342.  Ce  serait  donc 
exactement  le  21  septembre  1345  qu'aurait  été  donnée  la  bulle 
d'union. 

La  fixation  de  cette  date  est  importante  pour  l'histoire  de  la 
Maison-Dieu.  On  ne  connaît  pas,  en  effet,  avant  1380  une  seule 
pièce  dans  laquelle  la  léproserie  soit  donnée  comme  relevant  de 
l'abbaye  de  la  Règle.  Il  n'existe  même  aucune  trace  de  rapport 
d'une  nature  quelconque  entre  le  vieux  monastère  et  le  petit 
hôpital.  Tout  ce  qui  a  été  raconté  à  ce  sujet,  a  été  écrit  et  sans  nul 
doute  imaginé  à  une  époque  beaucoup  plus  rapprochée  de  nous. 
Par  contre,  tous  les  documents  postérieurs  au  milieu  du  xiv«  siècle 
attestent  que  l'abbaye  est  en  possession  des  biens  de  la  maison  et 
gouverne  celle-ci. 

L*abbesse  de  La  Règle  est  appelée  Marie  au  résumé  qu'on  a 
trouvé  plus  haut  de  la  bulle  de  1345.  Or,  en  1345,  la  communauté 
avait  à  sa  tête  Denise  de  La  Roche,  qui,  d'après  le  Gallia  christiana 
nova,  aurait  occupé  le  siège  abbatial  jusqu'en  1351.  Elle  aurait 
succédé,  en  1344,  à  Marie  des  Allois.  Elle  fut  remplacée,  toujours 
d'après  le  Gallia,  par  Marguerite  des  Allois,  qu'on  trouve  en  1354. 
Marguerite  et  Marie  des  Allois  pourraient  bien  n'être  qu'une  seule 
el  même  personne.  L'histoire  du  monastère  est,  du  reste,  il  faut  le 
rappeler,  très  imparfaitement  connue  et  pleine  d'obscurités. 

L'abbé  Nadaud  assure  que  l'abbesse  de  la  Règle  prenait  la  qualité 
de  prieure  de  la  Maison-Dieu  en  1376  et  «  y  tenoit  un  prêtre, 

(i)  Ed.  par  A.  Lecier,  tome  LUI  du  Bulletin  de  la  Société  archéolo- 
gique  et  hùttorique  du  Limousin,  p.  187. 


88  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

décoré  du  tilre  dé  prieur,  pour  gouverner  rétablissement  »  (1). 
La  supérieure  de  La  Règle,  en  effet,  pourvut  dès  cette  époque, 
selon  toule  vraisemblance,  à  la  chapellcnie  ou  cure  de  Sainte- 
Madeleine  ;  mais  le  curé  nommé  par  elle  pour  administrer  les 
sacrements  aux  hôtes  de  la  maladrerie  et  aux  autres  ouailles 
composant  le  troupeau  dont  il  avait  la  charge,  fut-il  jamais  investi 
de  la  gestion  des  biens  du  prieuré  et  du  gouvernement  des  ma- 
lades? Nous  hésitons  fort  à  le  croire.  Quant  au  titre  du  prieuré  de 
la  Maison-Dieu,  il  fut  presque  constamment  porté  soit  par  Tabbesse 
elle-même,  soit  par  une  de  ses  religieuses  qu'elle  en  investit. 

On  rencontre  peu  de  documents  relatifs  à  la  prise  de  possession 
par  Tabbcssc  de  La  Règle  de  la  léproserie  du  Château  de  Limoges. 
Peut-être  la  mise  à  exécution  de  la  bulle  de  Clément  VI  rcncontra-t- 
clle  des  difficultés  :  les  consuls  et  la  population,  notamment,  durent 
tenter  d*y  mettre  obstacle.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  un  fait  que  nous 
devons  constater  :  vingt-sept  années  s*écoulent  sans  qu'aucune 
pièce  de  nos  archives  ne  mentionne  l'exercice ,  par  la  nouvelle 
titulaire,  de  ses  droits  sur  l'hôpital  des  lépreux  et  son  patrimoine. 
Et  il  semble  résulter  des  premiers  documents  ayant  trait  à  Tadmi- 
nistration  de  l'abbaye  qui  nous  aient  été  conservés,  que  toutes  les 
difficultés  ne  sont  pas  aplanies,  ce  laps  de  temps  passé.  La  procé- 
dure du  xvn^  siècle,  à  laquelle  nous  avons  déjà  emprunté  plus  d'un 
renseignement,  mentionne  deux  sentences  rendues  à  cette  époque 
par  le  juge  du  Château  et  se  rapportant  aux  droits  de  l'abbaye  sur 
1  hôpital.  Toutes  deux  sont  en  faveur  de  Marie  de  La  Jugie,  qui 
gouverne  alors  le  monastère,  et  maintiennent  la  titulaire  de  la  noble 
abbaye,  en  sa  qualité  de  prieure  de  la  Maison-Dieu  (2),  dans  la 
jouissance  des  rentes  dues  à  cet  établissement  :  le  premier  de  ces 
jugements  est  du  mardi  après  la  Saint-Pierre-aux  Liens  (4  août) 
i377;  le  second,  du  samedi  après  la  fête  de  Saint-Gérald  1379 
(15  octobre)  (3).  Un  peu  plus  tard,  un  acte  des  archives  de 
l'hôpital  nous  montre  la  même  percevant,  à  titre  de  prieure,  de 
Guillaume  Barthélémy,  peintre  du  château  de  Limoges,  un  droit 
do  mutation  sur  un  immeuble  de  la  rue  Mirebœuf,  dont  l'hôpital 
est  seigneur-foncier  et  dont  la  subhastation  a  été  ordonnée  en 


(1)  Ed.  Lecler,   p.   187.   L'auteur  du  Pouillé  distingue   très  bien  le 
prieuré  de  la  cure. 

(2)  Maria,  abbatissa  monasterii Béate  Marie  de  Régula,  priorissaqucprio- 
ratus  Donius  Dei. 

(3)  Arch.  Hôpital,  B  578. 


LES   LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSElilES  DE  LIMOGES  89 

1385  (1).  En  1395,  la  «  priouressa  de  La  Meygo  Dieu  »  lève  plusieurs 
cens  el  rentes  sur  des  maisons  du  caulon  de  LansecoL 

On  ne  trouve  trace  d'aucune  opposition  de  la  part  du  prieur  et 
du  chapelain  de  la  maladrerie,  dont  la  bulle  de  1345  avait  expres- 
sément réservé  les  droits,  leur  vie  durant,  et  il  ne  parait  pas  qu*ils 
aient  soulevé  aucune  difficulté  à  la  nouvelle  administration.  Peut- 
être  Guillaume  Bouiface,  qui  était  depuis  plus  de  trente  ans  déjà 
titulaire  du  prieuré  lorsque  Thôpilal  fut  remis  à  la  Règle,  roourut-il 
peu  après  Tunion  ou  consentit-il  à  se  démettre.  L'acte  de  1343, 
mentionné  au  chapitre  précédent,  est  le  dernier  document  qui  fasse 
mention  de  lui. 

Le  milieu  du  \\s^  siècle  est  rempli,  en  Limousin,  d'agitations,  de 
désordres  et  de  guerres.  La  maladrerie  placée  dans  la  banlieue  de 
la  ville,  éloignée  de  la  protection  de  ses  tours,  subit  sans  nul 
doute  le  contre-coup  de  ces  événements.  Au  cours  de  trois  ou 
quatre  années,  les  environs  de  la  capitale  de  la  province  furent 
sans  cesse  parcourus  par  les  troupes  :  août  1370,  une  petite  armée 
française  vint  planter  la  bannière  de  Charles  V  devant  les  murs  de 
la  Cité  et,  grâce  à  la  connivence  de  Tévéque  Jean  de  Cros,  entra 
sans  coup  férir  dans  la  vieille  ville  ;  quelques  semaines  plus  lard,  les 
troupes  du  Prince  Noir,  accouru  pour  châtier  la  trahison  du  prélat 
et  des  habitants,  se  logèrent  dans  les  faubourgs  cl  la  banlieue  et  se 
répandirent  ensuite  dans  une  partie  de  la  province.  Un  peu  plus 
tard,  le  maréchal  de  Sancerre,  M*  de  Culant  et  bien  d'autres  par- 
coururent tous  les  environs. 

Tous  les  bourgs  et  châteaux  des  alentours  furent  successivement 
occupes  par  les  soldats  de  Tun  el  de  Taulre  parti.  Ce  n'e.sldonc  pas 
seulement  à  la  négligence  ou  à  la  parcimonie  de  Tabbesse  de  La 
Règle  qu'est  imputable  Tétai  de  ruine  dans  lequel  nous  est  repré- 
sentée la  léproserie  dans  les  dernières  années  d  i  ws^  siècle.  La 
guerre  n  passé  par  là  et  y  a  laissé  de  douloureuses  traces.  Toutes 
les  misères  qui  lui  font  cortège  se  sont  abattues  sur  le  pays.  Le 
monastère  de  La  Règle  a,  du  reste,  lui-même  été  fort  éprouvé. 
Les  Anglais  n'ont  pas  épargné  ses  bâtiments,  lors  du  sac  de  la  Cilé  ; 
ses  religieuses  ont  été  outragées,  brutalement  dispersées.  Peut-être 
est-ce  à  cette  époque  que  Tabbesse  se  réfugia  avec  quelques-unes 
de  ses  (illes  dans  ce  qui  reste  des  constructions  de  la  Maison-Dieu. 
Le  souvenir  de  ce  séjour,  qui  est  attesté  par  des  témoins  en  1399(3), 
sera  probablement  le  point  de  départ  de  la  légende  attribuant,  à 

(1)  Registre  des  pauvres. 

(2)  Vidit  predecessorem  domine  abbatisse  ibidem  morari  eu  m  certis 
monialibus. 


90  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

une  abbesse  la  fondation  de  la  léproserie.  Seulement  Tannaliste 
fera  remonter  à  trois  siècles  en  arrière  un  fait  qui  ne  date  que  de 
1370  et,  Tentourant  à  plaisir  de  circonstances  romanesques,  mon- 
trera la  noble  dame  atteinte  de  la  lèpre,  ainsi  que  plusieurs  reli- 
gieuses, consacrant  avec  elles  au  soin  des  malheureux  infectés  du 
même  mal  ce  qui  leur  reste  de  force  et  de  vie. 

Il  résulte  de  fragments  fort  intéressants  de  procédures  dont 
nous  devons  la  conservation  à  Tabbé  Nadaud,  qu'en  1399  les  bâti- 
ments de  la  Maison-Dieu  se  trouvaient  dans  le  plus  pitoyable  état. 
Depuis  longtemps  on  ne  pourvoyait  plus  à  leur  entretien.  Les 
constructions  étaient  considérables.  Outre  des  logements  conve- 
nables pour  de  nombreux  malades,  elles  comprenaient  des  salles 
communes,  réfectoire  et  autres,  un  appartement  pour  le  prieur, 
d'autres  pour  les  prêtres  attachés  à  la  maison  —  on  en  avait 
compté  jusqu'à  quatre  —  de  «  bonnes  »  chambres  destinées  aux 
donats,  aux  sœurs  donates  qui  servaient  les  lépreux  et  les  malades, 
toutes  les  dépendances  en  un  mot  d'un  hôpital  d'une  certaine 
importance  (1).  Les  témoins  afBrmaient  avoir  vu  l'établissement 
prospère  et  fonctionnant  à  la  satisfaction  de  tout  le  monde.  Les 
ressources  à  ce  moment  étaient  abondantes.  La  dime  seule  des 
vins  ne  donnait  pas  moins  de  cent  muids  et  le  prieuré  valait  trois 
cents  francs. 

Cinquante  ans  après  la  remise  de  la  léproserie  à  Tabbesse  de  La 
Règle,  il  ne  restait  plus  dans  la  maison  que  deux  pauvres  et  aucun 
prêtre  n'y  habitait.  La  Maison-Dieu  offrait  l'image  de  la  pauvreté 
et  de  l'abandon.  Les  constructions  tombaient  littéralement  en 
ruines  (2), 

Les  consuls,  qui  se  disaient  les  patrons  de  l'établissement  et 
assuraient  que  celui-ci  avait  été  fondé  par  les  «  bonnes  gens  »  de 
la  ville  et  grâce  à  leurs  libéralités  (3),  intentèrent  devant  le  juge  du 
Chftteau,  —  leur  propre  juge,  choisi  et  institué  par  eux,  rendant  la 
justice  en  leur  nom  ^  un  procès  à  l'abbaye  de  la  Règle.  Us  deman- 
daient que  l'administration  des  revenus  de  la  léproserie  leur  fût 
restituée  ou  tout  au  moins  que  la  supérieure  du  grand  monastère 
de  la  Cité,  au  lieu  de  les  appliquer  à  son  usage  et  à  celui  de  sa 


(1)  Leprosi,  ibidem  affluenteSy  habebant  bonas  caméras  et  comedebanl 
incommuni,,.  donate  habebant  bonas  caméras,,, 

(2)Iste  locus  non  repara  relu  r  pro  duodecim  centum  franchis  :  necfierei 
quatuordecim  mille,  Nadaud,  Mél,  manusc.  III,  361. 

(3)  Audivit  dici  quod  dictus  locus  fuit  edifficatus  per  bonas  gentes  casiri 
Lemovicensis  et  per  ipsos  doîatus. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  91 

communaulë,  les  rendit  à  leur  véritable  destination  et  les  employât 
au  soulagement  des  pauvres  malades. 

Les  documents  recueillis  par  Tabbé  Nadaud  et  copiés  par  Legros 
ne  nous  font  pas  connaître  Tissue  du  procès.  Il  est  fort  possible 
que  la  demande  des  magistrats  municipaux  n'ait  pas  eu  de  suites 
en  justice  :  tout  au  moins  n'en  trouve*l-on  pas  trace.  Mais  il  se 
pourrait  aussi  que  Tévéque  eut  été  amené  à  intervenir.  Plusieurs 
registres  du  fonds  de  révécbé,  aux  Archives  de  la  Haule- Vienne, 
font  en  effet  menlion  de  Faction  intentée  à  Tabbaye  de  La  Règle 
par  les  consuls  et  résument  le  senlimentde  ceux-ci,  rappelant  «  que, 
en  ladite  Haison-Dieu,  il  y  soloyt  avoyr  ung  prieur  qui  gouvernoyt 
les  pouvres  et  les  alimentoyt  »  (1).  Mais  ces  dires  se  rapportent 
évidemment  à  Tétat  de  choses  antérieur  à  1321 .  Il  y  est  aussi  énoncé, 
on  Ta  vu  plus  haut,  que  le  corps  de  ville  de  Limoges  revendiquait 
le  patronage  de  Thôpital  de  Téglise  appelée  ^  la  Basilique  »,  qui  y 
était  attenante  et  qu'il  croyait  en  conséquence  de  son  devoir  d'em- 
pêcher la  ruine  de  la  maison  et  de  pourvoir  aux  intérêts  et  aux 
besoins  des  pauvres  recueillis  dans  cet  établissement  (2).  Cette 
prétention  au  patronage  de  la  léproserie  ne  dut  pas  passer  sans 
protestation  de  la  part  du  prélat  qui  administrait  alors  le  diocèse. 
Comment  Tévéque  Bernard  de  Bonneval  se  substitua-t-il  aux  consuls 
du  Château,  nous  l'ignorons  ;  mais  nous  le  trouvons  dès  Tannée 
suivante,  1400,  admonestant  Jeanne  de  Rochechouart,  alors  supé- 
rieure du  monastère,  au  sujet  de  Tétat  d'abandon  où  était  tombé 
la  Maison  Dieu  (3).  Un  différend  au  sujet  du  droit  de  visite  de 
rhôpilal  de  Tévéque  se  greffa  sur  cepremier  désaccord.  L'abbessc 
Jeanne  obtint  du  souverain  pontife  un  bref  étendant  aux  obédiences 
de  l'abbaye  et  aux  bénéfices  unis  l'exemption  dont  jouissait  le  mo- 
nastère (27  juin  1403).  Mise  en  demeure  d'employer  les  revenus  de 
l'établissement  d'une  façon  plus  conforme  aux  intentions  des  fon- 
dateurs et  donateurs,  Tabbesse  tint,  dans  une  certaine  mesure, 
compte  de  ces  injonctions.  Quelques  réparations  furent  effectuées 
aux  bâtiments,  et  on  reçut  quelques  malades.  Nous  verrons  qu'en 


(1)  Arch.  Haute-Vienne.  Evùché  :  reg.  Ac  singularem,  fol.  22. 

(2)  Occasione  Domus  Dei  sive  hospitalis  el  cujusdam  ecclesie  vocale  ba- 
silice  eidem  hospitali  contigua^  cujus  dicti  consules  erant  patroni  :  ob  quod 
desiderabant  ipsius  hospitalis  ruine  obviare  et  panperibus  ibidem  de  gen- 
tibus  providere,  etc.  (Arch.  Haute-Vienne,  Evèché  :  reg.  Tuœ  hodie, 
fol.  31.)  Remarquons  ce  nom  de  basilica  donné  à  Téglise  de  la  lépro- 
serie du  Chftteau  et  rappelons  qu'on  le  trouve  appliqué,  au  xir  siècle,  à 
la  chapelle  de  Thôpital  Saint-Gérald. 

(3)  Arch.  Haute-Vienne,  Eveché  :  reg.  Ac  singularem,  fol,  87. 


92  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

4 468  ceux-ci  étaient  au  nombre  de  treize  (1),  c*est  le  chiffre  que 
fournissent  plusieurs  documents.  Nous  avons  dit  qu'il  avait  élé  fixé, 
dap[ës  la  déclaration  même  de  Tabbesse  de  La  Règle  lors  de 
l'union  du  prieuré  à  son  abbaye. 


IX,  —  Les  lépreux  à  partir  du  XI V"  siècle.  —  C4ommunauté  ;  syndic; 
admissions;  vœux;  comment  on  sortait  des  léproseries. 

Les  mesures  d'extermination  poursuivies  contre  les  lépreux 
avaient  complètement  détruit  l'ancienne  organisation  de  la  mala- 
drerie  du  Château  de  Limoges.  La  communauté  de  la  Maison-Dieu 
devait  avoir  perdu  la  plupart  de  ses  membres.  Si  nous  en  croyons 
en  effet  le  témoignage  du  manuscrit  de  l'hôtel-de-ville  de  Cahors, 
relatif  aux  exécutions  dont  notre  diocèse  fut  alors  le  théâtre,  tous 
les  habitants  de  nos  léproseries,  à  l'exception  des  femmes  enceintes 
et  des  petits  enfants,  auraient  été  livrés  au  bûcher.  Il  fallut  donc 
qu'une  nouvelle  génération  eut  grandi  avant  que  la  vie  intérieure 
du  vieil  hôpital  pût  reprendre  son  activité  et  sa  physionomie  d'au- 
trefois, et  la  collectivité  de  ses  habitants  retrouver  une  certaine 
autonomie. 

Entre  le  moment  où  les  exécutions  prirent  fin  et  celui  où  la  mai- 
son fut  remise  h  Tabbesse  de  La  Règle,  il  dut  s'écouler  un  assez  grand 
nombre  d'années.  Sur  cette  période  de  transition,  durant  laquelle 
la  léproserie  demeura  administrée  par  les  officiers  du  roi,  ou  fut 
peut  être  placée  soit  sous  la  main  du  consulat  soit  sous  celle  de 
l'évéque,  on  ne  trouve  aucun  éclaircissement,  aucune  indication  : 
on  ne  sait  rien. 

Quand  l'établissement  eut  recommencé  à  fonctionner  dans  des 
conditions  normales  sous  l'obéissance  de  l'abbesse,  la  communauté 
de  la  Maison-Dieu  se  reforma.  Toutefois  elle  semble  n'avoir  plus 
compris  de  prêtres  à  partir  de  cette  époque.  Il  n'y  en  eut  plus, 
certainement,  au  xv*  siècle.  Les  fonctions  de  chapelain  ou  curé 
existaient  toujours;  elles  avaient  un  titulaire  nommé  par  la  prieure; 
toutefois  ce  chapelain  n'habitait  plus  la  maison.  Les  donnés  n'avaient 
pas  disparu  complètement  :  mais  ils  étaient  uniquement  représentés 
par  deux  ou  trois  femmes,  désignées  dans  les  actes  sous  la  déno- 
mination de  «  servantes  des  lépreux  ».  Ces  femmes  constituaient 
avec  les  malades  et  leur  famille,  toute  la  population  de  l'hôpital  : 
elles  faisaient  partie  de  la  communauté  au  même  titre  que  les 
anciennes  donnâtes. 

(1)  Arch.  Haute- Vienne,  Ëvêché  :  reg.  Ae  ninguUrem,  fol. 


LB8  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  93 

Le  temps  est  passé  où  le  sapérieur  de  Thâpital  :  recteur,  précep- 
teur ou  prieur,  vivait  au  milieu  des  lépreux,  (oui  au  moins  auprès 
d*eux,  dirigeant  toutes  choses,  présidant  à  tous  les  détails  de  la 
vie  intérieure,  maintenant  dans  la  maison  par  sa  seule  présence  la 
discipline  et  les  bonnes  mœurs.  La  prieure,  renfermée  dans  le 
grand  monastère  construit  à  Tombre  de  la  cathédrale,  n'a  que  des 
rapports  indirects  avec  les  habitants  de  la  maladrerie,  sauf  au 
cours  des  années  qui  suivirent  le  sac  de  la  Cité  nous  avons  parlé 
plus  haut  du  séjour  possible,  vraisemblable,  de  Marie  de  La  Jugie 
à  la  Maison-Dieu  après  1370.  Elle  ne  semble,  à  aucune  époque,  y 
avoir  résidé,  même  momentanément.  Si  elle  conserve  la  haute 
main  sur  Tadministration  de  Thôpital,  il  n'y  a' plus,  entr'elle  et  les 
pauvres  mézeaux,  le  lien  de  communauté  de  vie  et  de  règle,  la 
«  fraternité  »  qui  existait  entre  les  anciens  prieurs  et  leur  petit 
troupeau.  Le  titre  du  prieuré,  au  surplus,  est  presque  toujours 
conservé  par  l'abbesse  de  La  Règle  elle-même,  et  lorsque  celle-ci, 
pour  des  raisons  particulières,  investit  de  ce  bénélice  une  des  reli- 
gieuses de  sa  communauté,  rien  n'est  modifié  dans  les  relations 
entre  l'abbaye  et  la  Maison-Dieu.  La  titulaire  demeure  dans  son 
couvent,  derrière  les  grilles  de  sa  clôture,  ne  connaissant  parfois 
ni  la  léproserie  ni  les  malades,  se  désintéressant  des  questions  de 
régime  intérii^ur  et  de  police  que  jadis  le  prieur  étudiait  par  lui- 
même  et  savait  trancher,  se  bornant  enfin  à  passer,  dans  le  parloir 
de  l'abbaye,  les  contrats  nécessaires  à  Tadministralion  des  biens, 
et  à  y  recevoir  les  comptes  de  son  homme  d'affaires. 

A  cet  état  de  choses  les  malades  gagnèrent  en  indépendance  ce 
qu'ils  perdirent  en  soins  et  en  affection.  Livrés  à  eux-mêmes,  dans 
une  certaine  mesure  tout  au  moins,  ils  choisirent,  parmi  les  habi- 
tants de  la  maison,  un  syndic  pour  administrer  leurs  biens  communs, 
répartir  entr'eux  les  pensions,  subsides  et  aumônes  reçus  par  la 
maison,  les  représenter  enfin  dans  tous  les  actes  où  pouvaient  se 
trouver  en  jeu  les  intérêts  spéciaux  de  leur  collectivité,  et  c'était 
bien  souvent  que  les  habitants  de  la  Maison-Dieu  avaient  à  défendre 
ces  intérêts  contre  «  Madame  »,  Il  n'est  pas  douteux  que  ce  syndic 
n'eût  une  certaine  autorité  dans  rétablissement  et  ne  fût  chargé  de 
la  police  intérieure. 

Nous  ne  saurions  dire  à  quelle  époque  les  malades  constituèrent 
pour  la  première  fois  un  syndic,  ni  dans  quelle  forme  ce  délégué 
était  choisi.  On  peut  supposer  qu'élu  par  la  petite  communauté  de 
la  Maison-Dieu,  il  devait  obtenir  l'agrément  de  la  prieure.  Les 
noms  de  quelques-uns  de   ces  modestes  administrateurs,  dont 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  95 

Ces  mots  :  «  comme  ils  avoient  faict  auparavant  »,  prouvent  que 
l'élection  dont  nous  venons  de  donner  le  procès-verbal  abrégé,  a 
lieu  en  vertu  d'un  usage  établi  et  que  les  lépreux  sont  déjà  en 
possession  du  droit  de  nommer  eux-mêmes  leur  receveur,  qui 
s'oblige  à  rendre  compte  de  sa  gestion  à  ses  mandants.  Ce  receveur 
n'appartient  pas,  on  le  voit,  à  la  communauté  de  la  maladrerie. 

Nous  avons  montré,  durant  la  première  période  de  l'histoire  de 
la  Maison-Dieu,  les  actes  relatifs  à  la  léproserie  souscrits  tantôt 
par  le  prieur  ou  un  autre  représentant- attitré  delà  communauté, 
tantôt  par  la  communauté  elle-même  ou  tout  au  moins  une  partie 
de  ses  membres,  présents  au  contrat.  On  trouve  des  exemples  de 
faits  analogues  après  la  remise  de  la  maladrerie  à  l'abbesse  de  La 
Règle.  Si  par  exemple,  en  1561,  le  syndic  des  «  pauvres  ladres  » 
poursuit  seul  contre  la  prieure  l'exécution  de  réparations  urgentes 
aux  bâtiments  (1),  plusieurs  textes  du  siècle  précédent  montrent, 
comparaissant  aux  acteset  stipulant  personnellement,  la  collectivité 
même  des  habitants  de  l'hôpital,  les  chefs  de  famille  tout  au  moins. 
Ainsi,  en  14'72,  «  Pierre  Hilaîre, Thomas  Qaeyrols,  Jean  Davino(2) 
et  Jean  Hougy,  pauvres  lépreux,  faisans  pour  eux  et  les  autres 
lépreux  absens  »,  reçoivent  délivrance  d'une  pièce  de  terre  léguée 
par  Pierre  Brugière,  manouvrier  du  lieu  de  la  Maison-Dieu  aux 
malades  de  l'infirmerie  «  pour  avoir  part  à  leurs  prières  »  (3).  La 
procédure  déjà  signalée  nous  fournit  l'analyse  d'un  autre  contrat, 
postérieur  de  trois  ans  au  précédent  et  où  la  communauté  compa- 
rait plus  nombreuse  et  plus  complète  : 

«  Une  quittance  du  dernier  novembre  mil  quatre  cent  soixante- 
quinze,  passée  dans  la  chapelle  de  Sainte-Marie-Magdelaine  de 
Limoges,  par  M"  Bertrand  Donali,  m"  es  arts  et  bachelier  es  lois, 
M"  Antoine  Mataudy,  prestre,  nol'*  (?),  Thomas  Queyrolly,  Jean 
Volutely,  Léonard  Jaboty,  Antoine  de  Beaulieu,  Guillemette  Pi- 
carde (?)  et  Perrette  Mougina,  pauvres  lépreux  de  la  léproserie  et 
Maison-Dieu  de  Limoges,  et  Leonarde  Palaza,  servante  desdits 
lépreux,  pour  eux  et  pour  les  autres  lépreux  de  la  dite  léproserie, 
et  pour  Jacquette  Mouzella,  leur  autre  servante,  absente,  de  la 
somme  de  vingt  livres  par  eux  receue  du  sieur  abbé  et  monastère 
de  Saint-Martial,  pour  employer  aux  réparations,  affaires  et  besoins 
de  la  maison  desdits  lépreux,  à  laquelle  somme  de  vingt  livres  il 
avoit  esté  condamné  par  arrest  du  parlement,  en  une  cause  qu'il 
avoit  eue  contre  Estienne  de  Gardia  »  (4). 

(1)  Appendice,  n»  VII. 

(2)  Nous  avons  cité  plus  haut  une  donation  faite  par  ce  lépreux. 

(3)  Arch.  nationales,  S  4847,  n»  19. 

(4)  Arch.  nat.,  S  4847,  n»  19, 


96  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Od  trouve  au  même  documenl  diverses  quiltances  données  à 
rabbesse,ea  tant  que  prieure  de  la  Haison-Dieu,  pour  les  pensions 
el  les  subsistances  fournies  par  elle  à  la  communauté  :  citons  en 
une  émanant,  en  1633,  de  «  Léonard  et  Philippes  Boutique,  sa 
femme,  et  François  Noël,  pauvres  messaux  de  la  maladrerie  de 
la  Maison-Dieu,  faisant  tant  pour  eux  que  pour  les  autres  messaux 
de  ladite  maison  »;  une  seconde  en  1645,  de  Léonard  Fourny 
(Fermy,  Fermin)  «  pour  lui  et  les  autres  pauvres  »;  une  troisième 
de  «  Martial  Meylier  dit  Bii*on  et  de  Philippes  Boutique,  sa  femme  », 
en  1656  (i). 

À  partir  de  l'union  de  la  Maison-Dieu  à  La  Règle,  la  distinction 
entre  la  mense  priorale  et  la  mense  conventuelle,  qui  n'ont 
fait  qu'un  seul  et  même  avoir,  un  patrimoine  avant  la  persécution 
contre  les  lépreux,  apparaît  de  la  façon  la  plus  évidente.  D'un 
côté  i'abbesse-prieure  jouit  de  certains  revenus,  les  perçoit  direc- 
tement, les  applique  à  ses  besoins  et  à  ceux  du  monastère.  Elle 
fournit  aux  lépreux  certaines  prestations  déterminées,  puis  elle  est 
quitte  vis  à  vis  d'eux,  sauf  bien  entendu  les  obligations  incombant 
à  tout  commendataire,  à  tout  titulaire  d'un  bénéfice  avec  charges 
d'âmes  en  ce  qui  a  trait  à  la  réparation  des  bâtiments  et  à  l'entretien 
du  service  religieux.  Par  contre  une  part'du  patrimoine  de  1  hôpital 
parait  avoir  été  adjugée  aux  malades,  qui  en  ont  l'entière  et  libre 

administration.  Comme  au  xni* siècle,  la  communauté  de  la  Maison- 
Dieu  contracte  et  agit  en  justice,  en  son  seul  nom  et  pour  son 

compte  exclusif. 

Il  n'est  pas  impossible,  toutefois,  que  les  donations  et  les  aveux 
ayant  été  faits,  durant  la  première  période  de  l'histoire  de  la 
Maison-Dieu,  au  profit  de  l'hôpital,  de  sa  communauté  et  de  ses 
malades,  l'abbesse  de  La  Règle  ait  quelquefois  mis  en  avant  les 
lépreux  et  ait  fait  poursuivre  en  leur  nom  la  reconnaissance  de 
droits  et  le  recouvrement  de  redevances  appartenant  non  à  la  col- 
lectivité des  mézeaux,  mais  à  la  mense  priorale.  A  certains  actes, 
elle  intervient  au  môme  titre,  peut-on  croire,  que  les  lépreux  ;  à 
d'autres  son  consentement  est  mentionné.  Toutefois,  certains  des 
documents,  oii  il  est  parlé  de  cette  autorisation,  paraissent  concer- 
ner les  seuls  malades  :  par  exemple  des  publications  faites  à  une 
certaine  époque  devant  le  juge  de  la  cour  ordinaire  de  l'abbaye  de 
La  Règle,  en  la  Cité,  à  la  requête  des  habitants  de  la  Maison -Dieu, 
nommés  à  l'acte  —  dont  nous  ne  connaissons  pas  le  texte,  —  à 
l'effet  d'annoncer  «  l'adjudication,  aux  enchères,  du  bail  à  rente 


(1)  Arch.  nationales,  S  4847,  n»  19. 


LES  LEPREUX  ET  LES  LÉPROSEniES  DE  LIMOGES  97 

foncière  d*ulie  maison  apparlenant  aux  ntalades,  et  l'offre  faite  par 
le  dernier  enchérisseur  de  sept  livres  payables  par  chascun  an 
ausdits  pauvres  et  à  leurs  successeurs,  à  chacune  fesle  de 
Noël  »  (1). 

Sans  que  nous  en  ayons  la  preuve,  nous  croyons  que,  jusqu'à 
Tabandon  de  la  Maison-Dieu,  ses  hôtes  gardèrent  leur  organisation 
cl  nommèrent  un  syndic. 

Pendant  la  période  au  cours  de  laquelle  rautorité  ecclésiastique 
ou  le  pouvoir  civil  prescrivirent  la  réclusion  rigoureuse  des  lépreux, 
les  obligèrent  tout  au  moins  à  habiter  dans  des  asiles  spéciaux 
d'où  ils  ne  pouvaient  sortir  qu'à  certaines  conditions  et  moyennant 
des  précautions  minutieuses,  les  communautés  de  malades  n'étaient 
certainement  pas  consultées  au  sujet  de  l'entrée  de  nouveaux 
hôtes  dans  les  léproseries.  La  constatation  de  la  maladie  suffisait 
pour  que  le  ladre  fût  admis  dans  l'établissement  ou  môme  y  fût 
séquestré  à  son  corps  défendant.  Plus  tard,  quand  les  pauvres, 
atteints  de  différentes  affections  se  rapprochant  plus  ou  moins  de  la 
lèpre,  sollicitèrent  comme  une  faveur  d'être  reçus  dans  ces  mai- 
sons, l'admission  fut  prononcée  tantôt  par  la  communauté  des 
lépreux  eux-mêmes,  tantôt  —  le  plus  souvent  à  ce  qu'il  semble  — 
par  révoque  ou  le  supérieur  de  la  maladrerie,  ou  bien  encore  par 
les  magistrats  municipaux,  parfois  avec  le  consentement  des  per- 
sonnes vivant  des  ressources  de  l'établissement. 

Nous  n'avons  trouvé  dans  aucun  acte,  antérieurement  à  la  prise 
de  possession  de  la  Maison-Dieu  par  l'abbaye  de  La  Règle,  rien 
qui  ait  trait  à  l'admission  d'un  malade  dans  cet  établissement. 
Quant  aux  prêtres  et  aux  clercs  non  lépreux,  il  est  vraisemblable 
qu'aux  xni*  et-*xiv*  siècles  tout  au  moins,  les  choses  se  passaient 
à  l'infirmerie  de  Sainte-Marie-Madeleine  comme  dans  les  autres 
hôpitaux  de  la  ville,  notamment  à  Saint-Gérald,  le  plus  important 
de  tous  nos  établissements  de  bienfaisance.  Un  certain  nombre  de 
bulles  apostoliques  nous  font  connaître  quelques  points  intéres- 
sants du  règlement  de  cette  maison.  Une  lettre  d'HonoriuslII,  du 
mois  de  décembre  1217,  dispose  que  nul  ne  sera  reçu  dans  la  com- 
munauté de  Saint-Gérald  sans  le  consentement  du  chapitre  (3).  11 
devait  en  être  ainsi  à  la  Maison-Dieu.  Il  faut  toutefois  remarquer 
que  les  pauvres,  soignés  ou  secourus  à  Saint-Gérald,  ne  faisaient 
pas  partie,  comme  les  reclus  de  la  léproserie,  de  la  communauté 

(1)  Arch.  nat.,  S  4847,  n»  19. 

(2)  Inhibemus  ne  aliqua  persona  in  vestrum  collegiuni  adniiltatur  a/)S- 
qae  capituli  ve$tri  seu  majoris  aut  sanioris  partis  ipsius  conûlio  et 
aMensu,  (Arch.  nat.,  S  4847,  n^  18). 


98  SOCIÉTÉ    AHCUÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

% 

de  la  maison.  La  plupart  des  malades  ne  se  trouvant  à  SaintGérald 
qu*à  titre  temporaire,  il  était  tout  naturel  qu'il  en  fill  ainsi.  Les 
hôtes  de  la  Maison-Dieu  y  étaient  fixés  pour  toute  leur  vie.  Peut- 
être  furent-ils  consultés  de  bonne  heure  sur  les  admissions. 

Une  fois  Tabbesse  de  La  Règle  en  possession  de  la  Maison-Dieu, 
elle  seule  (ou  son  délégué)  a  droit  d'admettre  des  malades  dans 
rétablissement.  Elle  a  pris,  s'il  faut  en  croire  l'acte  d'union  de  134S, 
l'engamenl  d'y  nourrir  treize  lépreux  (1)  et  d'y  continuer  la  distri- 
bution de  certaines  aumônes.  Ce  nombre  de  treize  ne  fut  certaine- 
ment pas  toujours  atteint.  En  1399,  les  consuls,  dans  la  requête 
dont  il  a  déjà  été  plusieurs  fois  question,  assurent  que  deux  ladres 
seulement  y  trouvent  asile  à  ce  moment  (2).  Nous  avons  vu  que  l'auto- 
rité ecclésiastique  avait,  elle  aussi,  rappelé  à  l'abbesse  de  La  Règle 
ses  obligations  non  seulement  en  ce  qui  avait  trait  à  l'état  des  bâti- 
ments et  de  réglisede  la  Maison-Dieu  et  à  la  discipline  de  l'hôpital, 
mais  aussi  touchant  le  nombre  des  habitants  de  la  léproserie.  Au 
XV*  siècle,  ce  nombre  s'accrut,  sans  pourtant,  semble-t-il,  avoir 
jamais  excédé  le  chiiïre  que  nous  avons  indiqué  plus  haut.  Il  y  a 
treize  malades  à  la  Maison-Dieu  en  1468  (3).  Nous  en  comptons  dix 
—  sept  hommes  et  trois  femmes  ~-  à  l'acte  de  nomination  du  rece- 
veur des  aumônes,  du  10  novembre  1483,. mentionné  dans  ce  cha- 
pitre. En  1475,  un  autre  acte,  également  signalé  plus  haut,  nomme 
quatre  lépreux,  deux  lépreuses  et  deux  servantes  ;  mais  il  est  dit  que 
les  comparants  agissent  tant  pour  leur  compte  que  pour  les  autres 
malades  de  la  Maison-Dieu. 

Si  le  pouvoir  laïque  ou  l'autorité  ecclésiastique  reprochait  par- 
fois à  Tabbesse-prieure  de  n'entretenir  dans  la  maladrerie  qu'un 
nombre  d'habitants  inférieur  à  celui  qui  avait  été  convenu,  la 
communauté  des  hôtes  de  la  Maison-Dieu  protestait  par  contre  si 
ce  nombre  se  trouvait  dépassé. 

Un  article  du  Pouillé  rayé  de  Nadaud  (4)  nous  apprend  que,  sous 
l'administration  de  Virgile  de  Pont-Jarno,  abbesse  de  La  Règle,  un 
lépreux  du  nom  de  François  Marsallot,  habitant  la  maladrerie  de 
Nontron,  fut  admis  au  nombre  des  pensionnaires  de  la  Maison-Dieu. 
11  voulut  s'y  installer  avec  sa  famille  ;  mais  il  éprouva  des  difficultés 
de  la  part  des  autres  malades  :  ceux-ci  trouvaient  que  les  pauvres 
étrangers  que  l'abbesse  y  recevait  «  tous  les  jours  »  —  notons  ces 

(i)  Hôpitel,  H  25. 

(2)  Et  modo  non  erant  nisi  duo  pauperes. 

(3)  Voy.  ci-dessus,  p.  92. 

(4)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin, 
tome  LUI,  p.  137. 


LES  LipilEUX  ET    LRS  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  99 

roots  —  rognaient  par  trop  leurs  pelites  prébendes.  C'était,  du 
reste,  aussi  l'avis  de  Marsallot  depuis  le  jour  de  son  admission, 
bien  entendu  :  il  se  permit  donc  de  rappeler  à  Virgile  que  le 
nombre  des  lépreux  de  la  Maison-Dieu  avait  été  anciennement  fixé 
à  treize  et  qu'il  était  bien  suffisant,  eu  égard  aux  maigres  ressources 
de  la  maison  et  à  l'état  de  ruine  où  se  trouvaient  les  bâtiments. 
L'abbesse  accueillit  favorablement  la  requête  du  nouvel  hôte  de  la 
maladrerie  et  promit  qu'à  l'avenir  le  nombre  de  ses  pensionnaires 
no  dépasserait  pas  le  chiffre  indiqué.  Cet  engagement  est  consigné 
dans  un  contrat  du  notaire  Lortcornet,  sous  la  date  du31  mai  1618* 
Il  résulte  des  indications  fournies  par  cette  pièce  que,  si  la  conduite 
et  l'administration  de  Virgile  donnèrent  lieu  à  certaines  critiques, 
sa  charité  du  moins  était  à  l'abri  de  tout  reproche.  On  secourait 
donc  encore  à  la  Maison-Dieu,  au  commencement  du  xvn*  siècle, 
non  seulement  les  lépreux  habitant  l'hôpital,  mais  des  lépreux 
externes,  des  passants.  Peut-être  y  doïinait-on  encore  l'aumône 
quotidienne  d'autrefois,  le  morceau  de  pain,  peciam  partis,  dont  il 
est  parlé  au  procès  de  1399.  Nous  possédons  le  texte  de  plusieurs 
lettres  d'admission  de  lépreux  à  la  Maison-Dieu,  au  cours  des 
xvi«  et  XVII*  siècles.  On  en  trouvera  quelques-unes  à  l'appendice  (1). 
Elles  différent  peu  les  unes  des  autres.  Notons-en  les  traits  prin- 
cipaux. 

Il  fallait  qu'il  fut  constaté  préalablement  à  son  admission,  que  le 
requérant  était  bien  atteint  de  la  lèpre.  Dans  certaines  villes,  il 
était  soumis  à  une  visite  médicale.  Il  est  possible  qu'à  Limoges  il 
fut  procédé  à  un  examen  de  cette  nature  :  les  ordonnances  royales 
le  prescrivait;  et  cette  obligation  avait  été  expressément  confirmée 
par  celle  de  1612  ;  mais  nous  n'avons  pas  la  preuve  de  cette  cons- 
tatation. L'abbesse  déclare  seulement  «  qu'il  lui  est  deuemenl  » 
apparu  du  mal  dont  le  requérant  est  atteint  «  par  l'inspection  de 
sa  face  et  personne  »  et  aussi  par  le  rapport  de  tous  les  autres 
pauvres  lépreux  élans  audit  prieuré  de  la  Maison-Dieu  ».  Plusieurs 
de  nos  lettres  d'admission  ne  renrerment  même  pas  cette  énoncia- 
tion  ;  mais  elles  se  rapportent  à  des  malades  ayant  précédemment 
habité  d'autres  léproseries  et  pour  lesquels  la  preuve  de  leur  mal 
n'était  plus  à  faire. 

Le  malade,  avant  de  prendre  possession  de  sa  prébende  de 
mendiant,  prêtait  serment  sur  l'Evangile  de  porter  honneur, 
respect  et  obéissance  à  l'abbesse-prieure,  à  ses  officiers  et  à  ses 
serviteurs  ;  de  «  vivre  et  converser  chastement  et  honnestement  » 


(1)  Appendice,  n<»IX. 


100  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOIUQUE  DU  LlMOUSIiN 

avec  les  autres  malades  «  suivant  les  louables  coustumes  ei  obser- 
vances »  de  la  maison  ;  enfin  de  verser  à  la  bourse  commune  de  la 
maladrerie  toutes  les  aumônes  qu'il  pourrait  recueillir  et  d*en 
rendre  un  compte  bon  et  fidèle. 

Il  jurait  aussi  de  veiller  aux  intérêts  de  Tabbaye  et  de  Tbôpital, 
de  ne  pas  dilapider  le  patrimoine  de  la  maison,  de  veiller  à  sa 
conservation,  enfin  de  ne  pas  aliéner  les  biens  qu'il  pourrait 
acquérir  dans  retendue  du  territoire  des  croix  de  Limoges  (1),  de 
n'en  disposer  ni  durant  la  vie  ni  à  la  mort  sans  la  permission  de 
Tabbesse. 

Quelques-unes  de  nos  patentes  d'admission  énoncent  enfin  que 
le  ladre  promet  de  supporter  la  maladie  et  la  pauvreté  «  patiem- 
ment, au  mieulx  que  luy  sera  possible  ».  L'esprit  des  anciens 
temps  jetle  ici  son  reflet  :  cet  engagement  des  lépreux  n'est  pas 
une  formule  banale  :  la  charité  fait  appel  à  la  résignation,  pour  la 
consolation  de  Taflligé  sur  terre  et  pour  son  salut  éternel.  C'est 
assurément  aller  un  peu  loin  que  de  voir  dans  ces  engagements  un 
vœu  de  relip:ion.  Il  est  certain  toutefois  que  les  lépreux  avaient 
constitué  jadis  de  véritables  communautés  régulières  et  que  si  les 
observances  auxquelles  ces  communautés  étaient  soumises  parais- 
sent avoir  été  d'une  grande  simplicité,  la  vie  intérieure,  dans  les 
maladreries  d'une  certaine  importance  tout  au  moins,  avait  singu- 
lièrement ressemblé,  au  moyen  âge,  à  celle  des  établissements 
monastiques.  La  discipline  s'était,  par  la  suite,  à  mesure  que 
devenait  moins  étroite  la  réclusion,  relâchée  ;  les  habitudes  de 
vagabondage  que,  depuis  longtemps,  on  reprochait  aux  hôtes  des 
léproseries  et  qui  s'étaient  fort  développées  aux  xiv*  et  xv*  siècles 
ne  pouvaient  guère  s'accorder  avec  une  existence  de  pratiques 
pieuses  et  de  sévère  régularité.  Notons  toutefois  que  les  collecti- 
vités de  lépreux  avaient  encore  pour  le  public  le  caractère  de  con- 
grégations. L'abbesse  de  La  Règle  continuait  à  tenir  sa  pauvre 
clientèle  de  la  Maison-Dieu  pour  une  communauté.  Un  certain 
nombre  de  documents  en  font  foi.  Maurice  Allain  est  reçu,  le 
11  décembre  1504,  par  Tabbesse-prieure  de  la  Maison-Dieu,  «  ez 
pauvres  estans  en  icelle  »,  pour  y  jouir  des  droits  et  revenus 
attachés  à  cette  qualité  «  tant  qu'il  sera  pauvre  de  la  dite  maison 
et  religieux  de  son  dit  prieuré  »  (1).  A  l'ordonnance  du  7  avril  1S8T 
par  laquelle  le  vicaire  de  «  Madame  »  prononce  l'admission  dans 

(1)  Cette  locution  :  intra  ou  infra  cruces  est  d^usage  fréquent  du  xiii* 
au  XVI'  siècle.  On  appelait  ainsi  le  territoire  de  la  ville  et  de  ses  fau- 
bourgs, dont  les  limites  étaient  marquées  par  des  croix,  quelque  chose 
comme  la  petite  banlieue.  On  dirait  aujourd'hui  :  les  limites  de  Toctroi. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  101 

cet  établissement  de  Jean  et  Marquet  Fermy,  enfants  do  feu  Jean 
Fermy,  dit  Pilou,  «  pauvres  ladres  »,  il  est  dit  expressément  que 
ceux-ci  «  ont  promis  de  garder  les  vœux  de  ladite  léproserie,  qni 
sont  :  pauvreté,  chasteté,  obédience,  et  faire  les  autres  choses 
requises  en  la  fonction  de  ladite  léproserie  »  (1).  Des  lettres  pa- 
tentes du  19  janvier  1622,  accordées  par  Tabbesse  Maureillc  de 
Verlhamon  à  Philippe  Fermy  et  à  Catherine  Nadaudi  énoncent 
qu'elles  seront  reçues  «  en  pauvres  religieuses  du  prioré  et  mala- 
drerie  de  la  Maison-Dieu  »,  à  la  charge  «  de  vivre  chastement  et 
de  converser  honnestement  audit  prieuré  avecq  les  autres  pauvres 
religieuses  d'iceluy  »  (2). 

Il  y  a  certainement  là  plus  qu*une  simple  formule  de  style, 
qu'une  réminiscence  du  passé  ne  tirant  nullement  à  conséquence. 
Mais  dans  quelle  mesure  les  mendiants  de  la  Maison-Dieu  menaient- 
ils,  en  apparence  au  moins,  la  vie  religieuse,  nous  serions  bien 
embarrassés  de  le  dire. 

Après  ledit  de  1672,  qui  avait  chargé  Tordre  de  Saint-Lazare  de 
Tadministration  des  biens  des  léproseries,  il  fut  procédé  aune  infor- 
mation sur  Torigine,  l'ancienne  destination,  Taffectation  actuelle 
et  les  revenus  de  la  Maison-Dieu.  Les  personnes  commises  pour  la 
visite  des  lieux  en  1675  constatèrent  qu'à  ce  moment  cinq  préten- 
dus malades  seulement  habitaient  l'ancienne  maladrerie  :  «  les 
nommes  Meslier,  leurs  femmes  et  la  veuve  de  feu  Biron  »  (3).  Le 
nom  de  Meslier  est  porté  au  xvu""  siècle,  on  l'a  vu  plus  haut,  par 
des  caquets  de  la  léproserie  de  Saint-Jacques  des  Casseaux. 

Interrogés,  les  cinq  occupants  des  bâtiments  de  la  Maison-Dieu 
déclarèrent  «  qu'ils  estoient  ladres  et  qu'ils  descendoient  de  vérita- 
bles ladres  ».  Ils  ne  prenaient  plus  la  peine,  comme  naguères, 
d'entretenir  quelques  stigmates  ou  cicatrices  apparentes  sur  leurs 
bras  et  leurs  visages.  Les  commissaires  constatèrent  qu'aucun  de 
ces  soi-disant  lépreux  n'était  atteint  de  la  lèpre  et  qu'ils  n'en 
avaient  «  ni  marque  ni  incommodité  »  (4). 

Ces  braves  gens,  au  surplus,  ne  demandent  rien,  sinon  qu'on  les 
laisse  jouir  en  paix  de  leur  prébende,  si  maigre  qu  elle  paraisse. 
Ils  ont  une  philosophie  pratique  qui  leur  a  appris  à  se  contenter  de 
peu  et  déclarent  aux  commissaires  que  Tabbesse  de  La  Règle  leur 
donne  quelque  subsistance,  bien  peu  de  chose;  mais  que,  joint  à 


(1)  Analyse  donnée  par  la  liasse  S.,  4847,  n<>  19,  des  Arch.  nat. 

(2)  Ibid. 

(3)  Archives  nationales,  S  4847,  n<»  19. 

(4)  Ibid. 

T.  LV  7 


102  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

ce  qu'ils  gagnent,  ce  modique  secours  suffit  à  les  faire  vivre  (1).  Ils 
se  font  tout  petits,  espérant  qu'on  leur  conservera  les  minces  pré- 
rogatives dont  ils  jouissent  encore.  Ils  ne  réclament  rien  à  l'ordre 
de  Saint-Lazare,  pourvu  que,  de  son  côté,  l'ordre  de  Saint-Lazare 
ne  leur  réclame  rien. 

Un  malade  qui,  après  un  examen  médical  le  reconnaissant 
atteint  de  la  lèpre,  avait  été  enfermé  dans  une  léproserie  ou  y 
avait  obtenu  son  admission,  pouvait-il  en  sortir  plus  tard  si,  par 
des  soins  intelligents  et  assidus  ou  par  une  heureuse  évolution 
de  la  maladie,  il  guérissait  de  la  terrible  affection  et  réussissait  à 
faire  constater  cette  guérison?  On  conçoit  que  les  documents  de 
nature  à  nous  édifier  sur  ce  point  ne  soient  pas  nombreux.  En  ce 
qui  concerne  nos  maladreries  limousines,  nous  en  avons  rencontré 
un,  sans  plus;  mais  il  est  des  plus  précis  et  des  plus  intéressants. 

Un  prêtre,  du  nom  d'Antoine  Truchat,  atteint  de  la  lèpre,  avait 
été  admis  à  la  maladrerie  de  la  Maison-Dieu,  en  vertu  d'une 
patente  de  l'abbesse  de  La  Règle,  dans  la  forme  ordinaire.  L'ecclé- 
siastique obtint-il  vraiment  sa  guérison,  ou  trouva-t-il  trop  misé- 
rable en  vérité  j'existence  qu'on  menait  dans  le  vieil  hôpital  et 
trop  grossière  la  compagnie  des  gens  qui  l'habitaient?  Peut-être 
avait-il  en  vue  une  retraite  qui  lui  agréait  davantage?  Quoi  qu'il  en 
soit,  Truchat  demanda  à  quitter  la  maison.  Il  fut  <(  visité  »  par  des 
médecins,  sans  nul  doute,  et  déclaré  n'être  plus  «  entaché  »  de  la 
lèpre.  Permission  lui  fut  donc  accordée  de  se  retirer  où  bon  lui 
semblerait.  Notons  que  ce  n'est  pas  l'abbesse  qui  délivre  au  prêtre 
son  cxéat,  mais  l'officier  délégué  pour  exercer  en  son  nom  la  jus- 
tice, le  sénéchal  du  monastère.  On  peut  en  inférer  qu'il  appartenait 
au  juge  local  de  constater  la  guérison  du  lépreux  et  d'autoriser  sa 
sortie  de  la  maladrerie  (2). 

Le  fait  que  nous  venons  de  mentionner  confirme  ce  que  nous 
avons  dit  au  commencement  de  cette  étude  touchant  la  diversité 
des  affections  désignées  sous  la  commune  dénomination  de  lèpre. 
Quelques-unes  de  ces  maladies  étaient  relativement  bénignes,  gué- 
rissables tout  au  moins.  Celle  dont  Truchat  avait  été  atteint  appar- 
tenait à  cette  catégorie. 

L'admission  dans  une  léproserie,  même  au  prix  d'une  certaine 
restriction  de  la  liberté,  constituait  à  tout  prendre  un  avantage  et 
un  privilège  pour  un  pauvre  diable.  C'était  l'abri  et  le  pain  assu- 
rés. Aussi  le  prêtre  Truchat,  bien  que  guéri  et  proclamé  tel,  n'en- 


(1)  Archives  nationales,  S  4847,  n°  19. 

(2)  Ibid, 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  103 

tend-il  pas,  en  homme  prudent,  perdre  le  bénéfice  de  sa  patente 
de  lépreux.  I^a  maladie,  qui  sait?  pourrait  le  reprendre,  ou  bien  il 
pourrait  se  raviser  et  trouver  la  retraite  qu'il  a  en  vue  plus  triste 
encore  que  le  séjour  de  la  Maison-Dieu.  Il  est  donc  stipulé  qu'en 
cas  de  rechute,  il  pourra  reprendre  sa  place  dans  Télablissemeut 
et  jouir  de  nouveau  de  sa  part  des  renies  et  des  prestations  en 
nature  que  se  partagent  ses  habitants;  mais  il  ne  conservera  cette 
raculté  que  pendant  un  laps  de  lemps  déterminé  :  deux  ans.  Passé 
ce  terme,  il  ne  saurait  rentrer  à  la  maladrerie  sans  de  nouvelles 
lettres  de  Tabbesse,  lettres  qui  ne  sei  aient  sans  doute  délivrées 
qu*après  une  visite  médicale  constatant  les  titres  du  malade  à  sa 
réintrégation. 

Moins  heureux  que  M.  Drouault,  nous  n*avons  pu  relever  aucun 
renseignement  précis  concernant  les  lépreux  des  Casseaux  aux 
registres  de  nos  paroisses.  Il  n'en  existe  aucun  de  Tancienne 
paroisse  de  Saint-Jacques,  celle-ci  ayant  été  réunie  à  Saint-Chris- 
tophe; de  celte  dernière  église,  THôlel  de  ville  de  Limoges  ne 
possède  pas  d'actes  antérieurs  à  1692,  et  les  recherches  que  nous 
avons  faites  dans  les  cahiers  de  1692  à  1791,  pour  y  trouver  quel- 
ques noies  concernant  nos  lépreux,  ont  été  absolument  sans  résul- 
tat. On  trouve  mention  de  quelques  habitants  du  Mas-Blanc;  mais 
les  rédacteurs  des  actes  ne  les  désignent  ni  avec  la  qualification  de 
ladres  ni  avec  celle  de  mendiants  ;  et  comme  il  s'était  bâti  en  cet 
endroit  quelques  maisons  auprès  des  bâtiments  de  la  léproserie^  il 
est  impossible  de  savoir  si  les  personnes  nommées  aux  actes  sont 
des  gens  sains  ou  des  caqnots  :  Marguerite  Pommier,  veuve  de 
liéonard  Guilhot,  qui  se  marie  le  17  juin  1692,  est  simplement  dite 
«  du  village  du  Masblanquet  »  ;  Gérald  Chabrol,  baptisé  le  10  jan- 
vier 1705,  «  fils  de  Pierre  et  de  Jeanne ,  «  du  Masblan- 
quet »  (1).  Léonard  Legros  et  Françoise  Baubiat,  qui  se  marient 
le  29  août  1700,  sont  «  tous  deux  pauvres  et  tous  deux  de  cette 
paroisse  »;  mais  habitent-ils  Saint-Jacques  et  sont-ils  ladres 
blancs?  Rien  ne  le  prouve.  Il  faut  renoncer  à  tirer  dos  registres 
de  catholicité  de  Limoges  les  renseignements  que  nos  confrères  ont 
pu  ailleurs  y  recueiUir  sur  les  derniers  hôtes  de  nos  léproseries. 

X.  —  Ressources  des  lépreux;  quêtes,  dons  et  legs  en  leur  faveur 
au  cours  de  la  seconde  période  de  l'histoire  de  l* établissement. 

Un  des  chapitres  qui  précèdent  est  composé  d'une  suite  de  notes 
sur  les  recteurs  de  la  Maison-Dieu,  les  libéralités  reçues  par  Téta- 

(1)  Arch.  iniinicli>ales  de  Limoges,  GG  186. 


i04  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

blisscmènt,  les  acquisilions  opérées  à  son  pro6t  au  cours  de  la 
première  période  de  sou  histoire.  Nous  Q*avons  pu  avoir  la  préten- 
tion de  reconsliluer  le  patrimoine  de  notre  hôpital  sous  Tadminis- 
Iration  de  ses  prieurs;  nous  avons  seulement  essayé  de  donner  un 
aperçu  de  l'avoir  de  la  maladrerie  en  propriétés  foncières,  en 
renies  et  en  redevances  diverses,  avant  les  événements  de  1324. 
Cet  avoir  a  notablement  diminué  au  xv"  siècle.  Il  y  a  tout  lieu  de 
croire  que  beaucoup  de  renies  acquises  au  cours  du  xui''  ont  été 
vendues  ou  perdues.  Néanmoins  on  peut  constater  qu'une  partie 
importante  de  ces  redevances  sont  encore  reconnues  et  payées 
jusqu'à  Tunion  de  la  léproserie  à  Fhôpilal  général  de  Limoges.  Les 
habitants  de  la  Maison-Dieu  jouissent  de  quelques  parcelles  de 
terre,  à  proximité  delà  maladrerie.  Ils  ont  dans  la  ville  des  maisons 
qu'ils  acccnsenl  à  leur  profit.  On  les  voit  intervenir  à  des  ventes 
d'immeubles  sur  lesquels  ils  possèdent  des  renies,  provoquer  ces 
subliaslalions  par  leur  requêtes,  rappeler  aux  censitaires  et  aux 
autres  débiteurs  de  rétablissement  leurs  obligations,  intenter  des 
procès  pour  soutenir  leurs  droits,  faire  en  un  mot  des  actes 
d'administration  de  tout  genre.  Nous  en  avons  signalé  quelques 
exemples  aux  chapitres  qui  précèdent. 

Les  ressources  des  lépreux,  aux  xv«  et  xvi«  siècles,  consistent  prin- 
cipalement en  aumônes,  car  ils  sont  mendiants  avant  tout.  Aux 
produits  de  cette  profession  s'ajoutent  quelques  redevances  qu'ils 
perçoivent  eux-mêmes,  les  legs  et  aumônes  qu'ils  recueillent  direc- 
tement et  la  pension  que  leur  sert  l'abbesse  de  La  Règle.  Ils  ont 
de  plus  la  jouissance  des  bâtiments  de  la  Maison-Dieu,  dont  les 
grosses  réparations  an  moins  demeurent  à  la  charge  de  la  titulaire 
du  prieuré,— de  l'enclosqui  entoure  les  constructions  et  de  quelques 
prés,  vignes  et  pièces  de  terre  à  proximité.  Tout  cela  constitue 
assurément  un  fort  modeste  patrimoine,  mais  comme  le  nombre 
des  habitants  de  la  maladrerie  n'est  plus  ce  qu'il  a  été  dans  la 
première  période  de  son  histoire  et  que  quatre  ou  cinq  familles 
seulement  habitent  maintenant  l'hôpital,  ils  trouvent  leur  sort 
satisfaisant,  évitent  en  général  de  se  plaindre  et  ne  demandent  qu'à 
profiter  le  plus  longtemps  possible  de  la  situation  privilégiée  qui 
leur  est  faite.  Ils  ont  bien,  de  temps  en  temps,  quelques  démêlés 
avec  l'abbesse  ;  mais  d'ordinaire  ces  différends  n'offrent  pas  beau- 
coup de  gravité  et  sont  assez  aisément  terminés.  La  question  de 
l'entretien  des  bâtiments  de  la  léproserie  et  des  réparations  que 
réclame  leur  état  peut  seule  soulever  entre  les  deux  parties  des 
difficultés  sérieuses.  Nous  reviendrons  plus  loin  sur  ce  sujet. 

Les  plus  valides  de  nos  lépreux  étendaient  fort  loin  le  cercle  de 
leurs  tournées  et  de  leurs  quêtes.  Ils  ne  bornaient  pas  leurs  courses 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSBIUES  DE  LIMOGES  105 

anx  environs  de  Limoges  et  empiétaient  volontiers  sur  des  terri- 
toires dont  les  aumônes  semblaient  être  acquises  de  préférence  à 
daulres  établissements  de  même  nalure.  On  a  pu  noter,  à  l'acte  de 
nomination  du  receveur  ou  comptable  de  leurs  fonds  mentionné 
plus  baut,que1a  gestion  de  cet  agent  s'étend  aux  offrandes  recueil- 
lies dans  toute  l'étendue  du  diocèse  (1).  Il  est  vrai  qu'à  certaines 
époques  les  évêques  prescrivirent  que  des  quêtes  fussent  faites  dans 
toutes  les  paroisses  au  profit  des  lépreux. 

C'était  surtout  à  la  fin  de  l'été  et  de  l'automne,  les  récolles  ter- 
minées, que  les  lépreux  partaient  de  la  maladrerie  pour  faire  à 
leur  tour  leur  petite  moisson.  Ils  suivaient  un  itinéraire  qui  pro- 
bablement variait  peu.  Les  bonnes  maisons,  les  villages  où  les 
gens  avaient  le  cœur  pitoyable,  ceux  dont  les  habitants  étaient 
mal  disposés  à  l'égard  des  caquots  et  lançaient  les  chiens  à  leurs 
trousses,  devaient  être  également  notés.  Le  ladre  ou  les  ladres, 
car  ils  voyageaient  le  plus  souvent  par  deux,  emmenaient  avec  eux 
leur  ff  somme  »,  un  âne  ou  un  vieux  cheval,  dont  la  charge  gros- 
sissait à  chaque  halte.  Quand  la  somme  pliait  sous  le  poids,  on 
rentrait  à  la  léproserie,  pour  reprendre  le  lendemain  la  fructueuse 
tournée.  «  Besace  bien  trainade,  disaient-ils,  vaut  mieux  que 
f|ualre  bœufs  à  la  rave  »  (2V 

l^es  ladres  ne  s'adressaient  pas  seulement  à  la  charité.  Pour  les 
gens  avares  et  pour  les  sceptiques,  ils  faisaient  appel  à  d'autres 
sentiments  moins  généreux.  Ils  avaient  passé,  au  moyen  âge,  pour 
être  en  relations  avec  le  diable,  le  vulgaire  ayant  toujours  attribué 
à  leur  mal  un  caractère  mystérieux.  De  cette  réputation  dangereuse, 
qui  avait  amené  l'explosion  de  1321  et  les  exécutions  que  nous 
avons  rappelées  à  de  précédents  chapitres,  il  restait  encore  quelque 
chose  aux  xvn**  et  xvni®  siècles.  Les  gens  des  campagnes  tenaient 
tous  les  ladres  pour  plus  ou  moins  sorciers.  Pour  eux  un  sorcier 
était  un  homme  qui  pouvait  presque  impunément  faire  le  mal. 
L'obole  que  n'auraient  pas  tiré  de  leur  poche  les  supplications  d'un 
mendiant  inoiTensif,  ils  n'osaient  la  refuser  à  ces  vagabonds  de 
mauvaise  mine,  le  visage  marqué  de  cicatrices  repoussantes, 
soigneusement  entretenues,  souvent  simulées  peut-être,  qui  deman- 
daient Taumône  sur  le  ton  de  la  menace.  La  peur  arrachait  ce  que 
n'aurait  pas  obtenu  la  pitié.  M.  Roger  Drouault,  qui,  dans  sa  très 
curieuse  étude  intitulée  :  Comment  finirent  les  lépreux,  trace  une 


(1)  Uelemosinarum  eis  per  Chrisli  fidèles  porrigendarum  et  que  eis 
dabuntur  per  toiam  diocesim  Lemovicensem  (appendice,  n^  V). 

(2)  Dictoa  cité  par  M.  Drouault, 


106  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

esquisse  fidèle  de  ces  singuliers  roendianls,  cite  un  couplet,  moitié 
français,  moitié  patois,  d'une  chanson  qui  n'était  certainement 
pas  répétée  par  les  seuls  ladres  de  Lussac-les-Egiises  : 

Jon  !  Jon  !  Donnez-moi  un  pHit  brouillon  de  laine  ;  {bis) 
Jon  !  Jon  !  Donnez-m'en  pHion  !  [bis] 
Si  vous  voulez  pas  m'en  douna,  (bis) 
Fera  creva  touta  voir'  avoueilla  !  (bis) 
Si  vous  voulez  pas  m'en  douna, 
Les  fera  toula  creva  ! 

Les  ladres  de  Lussac  chantaient  ce  couplet  pour  la  quête  de  la 
laine  ;  il  y  en  avait  d'autres  pour  le  blé,  le  chanvre,  etc.  ;  chaque 
denrée  avait  le  sien  (1). 

Les  offrandes  en  nature  étaient  sans  nul  doute  recueillies  au 
profit  de  la  collectivité  de  ladres  à  laquelle  appartenaient  les  quê- 
teurs et  il  en  était  fait  «  bourse  commune  »,  comme  des  deniers. 

Au  premier  rang  des  revenus  fixes  des  habitants  de  la  Maison- 
Dieu,  figuraient,  après  le  produit  des  quêtes  et  les  aumônes  spon- 
tanées, les  pensions  en  nature  dues  au  lépreux  par  Tabbessede  La 
Règle  à  raison  de  son  prieuré.  Ces  pensions  n'a\aient  pas  un  carac- 
tère individuel  et  ne  variaient  pas  suivant  le  nombre  des  malades. 
C'était  une  redevance  fixe,  une  sorte  de  dotation  assurée  à  l'hêpital 
et  dont  la  composition  avait  été  probablement  arrêtée  lors  de 
l'union  à  l'abbaye  et  de  la  constitution  d'une  mense  priorale  parti- 
culière. On  se  rappelle  que,  durant  la  première  période  de  Ihistoire 
de  la  Maison-Dieu,  tous  les  dons  et  acquisitions  ne  formaient, 
comme  dans  la  plupart  des  établissements  charitables  du  reste, 
qu'un  seul  fonds  commun,  un  seul  patrimoine,  affecté  à  tous  les 
besoins  de  la  maison  et  de  ses  habitants  :  malades,  prêtres  et 
donnés  indistinctement. 

Au  xvii<^  siècle,  l'abbesse  de  La  Règle  devait  à  la  Maison -Dieu 
treize  setiers  de  froment,  seize  charges  de  vin  (le  tout  à  la  mesure 
de  l'abbaye),  six  merlues,  cent  harengs  «  moitié  noirs  et  moitié 
blancs  »,  une  émine  de  pois,  une  émine  de  fèves,  un  setier  d'huile 
de  noix,douze«poulailles»  et  treize  livres  douze  sous  en  argent  (2). 
Cette  prestation,  qui  est  souvent  désignée  sous  la  dénomination  de 
«  pension  de  carême  »,  n'était  cependantpas  payable  à  cette  époque 
de  l'année.  Elle  était  acquittée,  au  syndic  ou  au  procureur  des 
ladres,  en  deux  pactes  :  à  la  fête  de  Notre-Dame  d'août  et  à  la 


(1)  R.  DnouAULT,  Comment  finirent  les  lépreux,  p.  8. 

(2)  A  une  autre  énumération  des  denrées  et  objets  composant  cette 
pension,  on  lit  :  «  ou  dix  francs  ».  Arch.  nationales,  S  4847,  n«  19. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  1>E  LIMOGES  107 

Saint-Michel.  Le  paiement  de  cette  pension  avait,  on  ne  saurait  en 
douter,  un  caractère  obligatoire.  Toutefois  Tabbesse  prétendait  n*y 
être  pas  tenue  et  ne  la  servir  aux  habitants  de  la  Maison-Dieu 
que  «  par  aumosne  et  charité  pitoyable  »  (1).  Si  bien  qu*en  1562, 
les  réparations  nécessitées  par  Tétat  des  bâtiments  ayant  donné 
lieu  à  une  dépense  considérable,  elle  refusa  d'acquitter  la  rede- 
vance accoutumée  (2);  il  semble  toutefois  qu'elle  ait  été  contrainte 
de  s'exécuter.  Cette  pension  avait  donné  lieu,  à  la  fin  duxv<>  siècle, 
à  un  procès  entre  le  syndic  des  lépreux  d*une  part,  et  Jean  du 
Peyrat,  élu,  et  les  autres  commissaires  nommés  par  le  parlement 
«  pour  lever  les  fruictz  de  Tabbesse  de  Notre-Dame  de  La  Reigle  ». 
Un  arrêt  de  la  cour,  en  date  du  13  juin  1498,  avait  enjoint  à  ces 
commissaires  d'acquitter  sous  quinze  jours,  par  provision  aux  pau- 
vres ladres,  douze  seliers  de  froment  et  six  de  seigle,  qui  leur 
étaient  dus  pour  l'année  1495.  On  trouve  trace  d'autres  arrêts  de 
justice  postérieurs,  dans  le  même  sens. 

Nous  avons  vu  le  monastère  de  Saint-Martial  prélever,  dès  le 
XI*  siècle,  en  faveur  des  lépreux,  une  petite  aumône  sur  les  offrandes 
recueillies  au  sépulcre  de  Tapôlre  d'Aquitaine.  Au  xnr  siècle, 
l'Àumônerie  de  la  même  abbaye  distribuait  chaque  semaine  à  ces 
malheureux,  trois  setiers  el  demi  de  seigle.  Celte  dislribulion,  dont 
bénéFiciaieut  les  seuls  habitants  de  la  Maison-Dieu,  n'était  pas  un 
acte  de 'charité  spontanée  de  la  part  du  monastère.  Elle  avait  lieu 
en  vertu  d'une  fondation,  et  la  rente  était  acquittée  à  la  mesure  de 
Saint- Vaury  (3)  et  sur  la  dîme  de  cette  paroisse,  laquelle  appar- 
tenait à  Saint-Martial.  Elle  fut  réduite  des  trois  cinquièmes  au 
XIV*  siècle,  les  revenus  de  l'abbaye  ayant  diminué  dans  une  propor- 
tion considérable.  En  1420,  l'aumônier  ne  payait  plus  à  la  mala- 
drerie  que  soixante  et  onze  setiers  et  demi  de  seigle  (4).  Celle 
redevance  restait  fixée  un  siècle  plus  tard,  à  la  même  quantité  de 
grain  (5).  Elle  paraît  avoir  été  de  bonne  heure  attribuée  à  la  mense 
de  la  prieure;  mais  il  semble  rësullcr  de  certains  documents  que 
partie  du  seigle  de  Saint- Vaury  devait  revenir  aux  lépreux. 

(1)  Arch.  nationales,  S  4847,  n»  19. 

(2)  Hôpital,  II  25. 

(3)  Ad  mensuram  Sancli  Valerici,  et  hoc  causa  et  racione  deciniœ  suœ 
Hcu  redditus  quos  idem  Eleeniosinarius  lei'at  et  perclpil  in  el  super  dicto 
loco  et   parrochia  (Arch.  Haute-Vienne,  La  Règle,  n°  7310,  prov.). 

(4)  Cum  dictus  Eleeniosinarius,  causa  officii  sui  eleemosinarie  debeai  et 
ieneatur  solvere  annis  singulis  dicte  Abbatisse  dicti  monasterii  Béate 
Marie  de  Régula,  causa,  nomine  et  racione  prioratus  sui  Domus  Deisexa- 
gienta  undecim  sextarios  et  eminani  silliginis  (ibid,). 

(5)  Registres  consulaires  de  Limoges,  t.  I,  p.  248  et  suiv. 


108  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 

Les  dons  et  legs  furent,  après  TunioD  de  la  Maison-Dieu  à  Tab- 
baye  de  La  Règle,  beaucoup  plus  rares  qu'an  cours  de  la  période 
précédente.  Néanmoins,  il  se  trouve,  à  toutes  les  époques,  de 
bonnes  âmes  qui,  mues  de  pitié,  voulurent  procurer  aux  pauvres 
lépreux  quelques  secours  et  quelques  adoucissements.  Elles  n*en- 
lendent  en  aucune  façon,  on  le  comprend,  que  la  prieure  bénéficie 
de  leurs  libéralités.  Peu  de  personnes  se  souciaient,  à  cette  époque, 
de  donner  aux  grands  monastères.  Valérie  Marteau,  femme  de 
Jean  Bayar,  lègue  dans  son  testament,  daté  du  13  août  1382, 
quinze  deniers  à  chaque  malade  de  la  Maison-Dieu  (1).  Pierre 
Brugière,  habitant  du  lieu  de  la  Maison-Dieu,  manouvrier,  père 
de  famille  du  reste,  lègue  aux  malades,  pour  leur  usage  per- 
sonnel, une  pièce  de  terre,  dont  la  délivrance  est  faite  aux  hOtes 
mêmes  de  la  maladrerie  en  1472  (2).  Certains  bienfaiteurs  sou- 
lignent leurs  intentions  de  façon  à  ce  qu'aucun  doute  ne  puisse 
subsister  :  «  Je  lègue,  dit  Jean  Charles,  voilurier  à  Limoges,  mort 
vers  1460,  un  pré  a  moy  et  a  ma  femme  appartenant  aux  pauvres 
lépreux  de  la  Maison-Dieu  et  autres  qui  seront  a  Tadvenir  lépreux 
dans  ladite  maison,  et  aussy  a  autres  lépreux  de  dehors,  qui, 
passans,  prendront  retraite  dans  ladite  maison  :  ordonnant  que 
ledit  pré  et  ses  appartenances  soient  tous  les  jours  et  à  perpétuité 
le  patrimoine  desdils  pauvres  et  a  leur  uzage  et  que  dame  Catherine 
de  Combornio,  abbesse,  comme  prieure  de  ladite  Maison-Dieu  de 
Limoges,  et  comme  ayant  le  régime  et  gouvernement  entier  et 
Fadministralion  de  ladilo  maison  et  desdits  pauvres,  et  de  tous 
leurs  biens,  délaisse  toute  la  propriété  et  possession,  uzufruit  et 
esmolumens  et  les  fruits  d'icelui  perpeluellement  »  (3).  Signalons 
encore,dansle  teslamentde  Valenlin  Pasquet,curéde  Saint-Pardoux 
prés  Razès  (19  septembre  1308),  un  legs  de  cinq  sous  aux  pauvres 
ou  lépreux  de  la  Maison-Dieu  (4)  ;  dans  celui  de  Balthazar  Parrot, 
prêtre  (13  avril  15S3),  une  disposition  par  laquelle  il  veut  qu'il 
soit  donné  aux  mêmes  pauvres  une  somme  de  vingt  sols  tournois, 
une  nappe,  deux  draps  ou  couvertures  et  deux  serviettes  (5;. 


(1)  Cuilihel  leproso  domus  Dei,  quindecim  denarios  (Hôpital,  III,  D  4, 
p.  225). 

(2)  Arch.  nationales,  S  4847,  n«  19. 

(3)  Hôpital,  III,  B  8.  Dans  le  texte,  l'extrait  du  testament  a  été  mis  à 
la  troisième  personne.  On  trouve  Tanalyse  du  testament  dans  les  pro- 
ductions des  abbesses  Jeanne  et  Marie  de  Verthamon  (Arch.  nat.  S  4847, 
n«  19). 

(4)  Arch.  Haute-Vienne,  notaires,  minutes  Pomeyrolli,  n«  920  prov. 
()))  Lego  pauperibus  leprosis  domus   dei  LeniovicensU,  ad  finem  ut 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  109 

Nous  n'avons  trouvé  aucune  libéralité  faite  à  la  Haison*Dieu  à 
une  date  postérieure  à  1650. 

Au  xvn*  siècle,  la  maladrerie  percevait  encore  un  assez  grand 
nombre  de  renies  sur  des  maisons  assises  en  divers  quartiers  de 
la  ville  :  rue  d'Aigouléne,  rue  des  Arènes,  place  des  Bancs  ou  du 
Marché  neuf,  rue  Bancléger,  rue  du  Bélier,  rue  Biscole,  rue  et 
porte  Boucherie,  rue  Gharretarie,  rue  du  Chevalet,  rue  du  Clocher, 
rue  des  Combes,  rue  Ferrerie,  rue  et  faubourg  Manigne,  rue 
Mirebœuf,  rue  de  la  Poissonnerie,  queyroix  de  Saint-Pierre,  fau- 
bourg Saint-Gérald,  rue  du  Verdurier,  etc. 


XI.  —  Labbesse  de  La  Règle  dispute  son  prieuré  au  Grand- Aumônier, 
à  f  ordre  de  Saint-Lazare  et  aux  administrateurs  de  V Hôpital  de 
Limoges.  —  Union  de  la  Maison-Dieu  à  l'Hôpital  Général. 

Les  procès  tiennent  une  grande  place  dans  Thistoire  de  toutes 
les  institutions  de  quelque  importance  des  siècles  passés,  des  mo- 
nastères et  des  établissements  charitables  surtout.  La  Maison- 
Dieu  en  avait  eu  quelques-uns  au  cours  de  la  première  période  de 
son  existence.  Nombreux  furent  ceux  qu*elle  valut,  pendant  la 
seconde,  à  Tabbesse  de  La  Règle  :  procès  avec  révoque,  avec  les 
consuls,  avecTabbé  de  Saint-Martial,  avec  les  malades  de  la  lépro- 
SL*rie.  Les  documents  relatifs  à  ces  différends  constituent  une  bonne 
partie  des  archives  du  prieuré.  Pendant  trois  siècles,  toutefois, 
«  Madame  »  put  tenir  tête  à  tous  ses  adversaires  et  n*eul  pas  lieu 
de  concevoir  d*inquiétudes  sérieuses  au  sujet  de  la  possession  de 
son  prieuré.  Les  choses  changèrent  de  face  à  partir  du  milieu  du 
xvu«  siècle  et  Tabbesse  fut  obligée  de  défendre  ses  droits  contre 
plusieurs  ennemis  à  la  fois.  Il  est  fort  difficile  d*y  voir  un  peu 
clair  dans  ces  procédures  qui  se  juxtaposent,  se  croisent,  s'enche- 
vêtrent, se  poursuivent  à  cerlains  moments  devant  des  juridictions 
différentes,  sont  ensuite  réunies  et  traversent,  tour  à  tour,  des 
phases  d'activité  et  des  périodes  d'accalmie  dont  les  causes  le  plus 
souvent  nous  échappent.  Tout  ce  que  nous  pouvons  faire  est  de 
donner  un  court  aperçu  historique  de  celte  luUe  dont  tous  les 
incidents,  au  reste,  ne  nous  sont  pas  connus. 

La  Grande  Aumônerie  avait, dès  le  xvi^siècle  vraisemblablement, 


ieneantur  deprecari  Deum  pro  sainte  anime  meè  et  parentum  meorum 
summam  viginti  solidorum  turonensium  semel^  unam  mappam,  duo  lin- 
teamina  et  duas  servietas  (Ibid,^  minutes  Rogier,  n^  1170,  fol.  239). 


110  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

revendiqué  des  droits  sur  la  Maison-Uieu.  Elle  soutenait  que 
rbôpilai  était  de  fondation  royale  :  nous  n*avons  pu  retrouver 
Texposé  de  ses  arguments.  Ceux-ci  ne  parurent  sans  doute  ni  très 
probants  ni  très  solides,  puisque  l'abbesse  réussit. à  garder  non 
seulement  son  prieuré  avec  les  revenus  attribués  à  sa  mense  et 
le  droit  de  prononcer  les  admissions  à  la  maladrerie,  mais  même 
le  droit  de  patronage  sur  Téglise  de  Sainte-Marie-Madeleine,  et 
continua  à  pourvoir  à  celle-ci,  notamment  en  1589,  1568,  1580, 
1619  et  1623(1).  Les  Pouillés  généraux  n'en  firent  pas  moins 
figurer  la  Maison-Dieu  au  nombre  des  hôpitaux  qui  devaient  leur 
existence  aux  libéralités  de  la  couronne.  Répétons  encore  une  fois 
que  cette  énonciation  paraît  de  pure  fantaisie.  Nous  n'avons  jamais, 
au  cours  de  nos  recherches,  trouvé  un  seul  document  qui  puisse 
justifier  les  prétentions  de  la  couronne. 

Au  mois  de  décembre  1660,  des  lettres  patentes  royales  érigèrent 
rhôpilal  Saint-Gérald  en  hôpital  général  et  y  unirent  tous  les 
autres  établissements  d'assistance  de  Limoges  ainsi  que  les  revenus 
d'un  certain  nombre  de  confréries  de  charité.  Parmi  les  infirmeries 
unies  figurent  les  deux  léproseries  de  Saint-Jacques  des  Casseaux 
et  de  la  Maison-Dieu  ;  mais  leurs  revenus  n'étaient  donnés  au  nouvel 
établissement  quà  la  charge  «  de  fournir  un  lieu  séparé  dans 
iceluy  pour  les  lépreux  ». 

Opposition  fut  faiteà  l'enregistrement  de  ces  lettres  par  l'abbesse 
de  La  Règle  :  celle-ci  objectait,  non  sans  quelque  raison,  que 
l'union  du  prieuré  de  la  Maison-Dieu  à  son  monastère  ayant  é(é 
opérée  à  certaines  conditions  qu'elle  et  les  abbesses  précédentes 
avaient  observées,  il  semblait  injuste  et  inadmissible  qu'une  nou- 
velle mesure,  parût-elle  utile  au  public,  pût  avoir  pour  elTei  de 
revenir  sur  une  union  opérée  suivant  les  formes  canoniques  et 
consommée  depuis  trois  cents  ans.  Les  chanoines  réguliers  de 
Saint-Augustin  de  la  Congrégation  de  France  qui,  depuis  1637, 
avaient  remplacé  au  prieuré  de  Saint-Gérald  ceux  de  la  réforme  de 
Chancelade,  protestaient  de  leur  côté  contre  la  nouvelle  organisa- 
tion de  Saint-Gérald  et  avaient  aussi  formé  opposition.  Les  habitants 
de  la  maladrerie,  pensant  bien  que  Texécution  des  lettres  patentes 
de  1660  entraînerait  leur  expulsion  à  bref  délai,  s'étaient  joints  à 
l'abbesse  et  aux  chanoines  réguliers.  Les  «  pauvres  lépreux  »  de 
la  Maison-Dieu  étaient  représentés  par  Martial  Melier  ou  Meslier, 
dit  le  Biron,  leur  syndic. 

Malgré  les  efforts  des  opposants,  le  Parlement  de  Bordeaux 


(1)  Fouillé,  p.  187. 


LES  LéPIlEUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE   LIMOGES  111 

ordonna,  par  arrêt  du  26  février  1661,  que  les  lettres  du  roi 
seraient  enregistrées  pour  recevoir  leur  plein  efTet. 

Ce  premier  débat  judiciaire  est  comme  le  prologue  de  toute  une 
série  de  procès  longs  et  embrouillés,  que  vinrenl  compliquer, 
quelques  années  après,  les  revendications  de  Tordre  du  Mont- 
Garmel  et  de  Saint-Lazare  à  qui  avaient  été,  comme  on  sait,  remis, 
par  un  édil  de  1672,  Tadminislration  et  la  jouissance  des  biens 
de  toutes  les  léproseries  du  royaume. 

A  Fabbesse  Jeanne  de  Vertbamon  qui  avait  subi  le  premier 
assaut  et  eu  à  défendre  les  droits  du  monastère  de  La  Règle  contre 
laGrande-Aumônerie  et  Tordre  de  Saint-Lazare,  avait  succédé  Marie 
de  Verlhamon  de  Lavaud,  sa  nièce  :  celle-ci  dut  lutter  à  la  fois 
contre  Tordre  de  Saint-Lazare,  qui  poursuivait  Texécution  de  Tédil 
de  1672  et  contre  les  administrateurs  de  THôpital  Général  réclamant 
le  plein  effet  des  lettres  patentes  de  1660. 

En  vain  Tabbesse  prouva  ou  s'efforça  de  prouver  qu'  «  en  qualité 
de  prieure  du  prieuré  appelé  de  la  Maison-Dieu,  comme  membre 
dépendant,  uny  et  annexé  de  tout  temps  (depuis  plus  de  trois  cents 
ans  tout  au  moins)  à  ladite  abbaye,  elle  gardait  Thospitalilé,  dans 
le  lieu  dudit  prieuré,  envers  les  pauvres  lépreux  qui  se  trouvaient 
en  diverses  familles  dudit  lieu,  en  leur  fournissant  régulièrement 
certaines  pensions  en  grains,  vins,  chairs  et  poissons,  faisoit  entre- 
tenir les  bastimens  et  leur  habitation,  les  faisoit  secourir,  sains  et 
malades,  spirituellement  et  corporellement,  que  les  revenus  dudit 
prieuré  ont  esté  de  tout  temps  exactement  employés  a  cella  ;  et  que 
les  dits  pauvres  ne  sont  point  pelterins  et  passans,  mais  demeurent 
et  résident  audit  lieu...  »  (1).  Ses  adversaires  ne  démordaient  pas 
de  leurs  prétentions  :  Tordre  du  Saint-Esprit  voulait  qu'on  lui 
adjugeât  la  Maison-Dieu,  ses  dépendances  et  tous  ses  biens  ;  les 
administrateurs  demandent  de  leur  côté  d*étre  mis  en  possession 
de  toutes  les  propriétés  et  revenus  de  la  maladrerie,  —  et  subsi- 
diairement,  c  au  cas  où  la  Maison-Dieu  ne  serait  pas  considérée 
comme  un  établissement  de  charité  proprement  dit,  mais  comme 
un  simple  prieuré  d'hospitalité  »,  d'être  maintenus  en  possession 
des  pensions  et  subventions  fournies  par  Tabbesse  aux  habitants 
de  Tbêpilal  (2). 

L'affaire  fut  portée,  à  la  suite  d'un  appel  comme  d'abus,  devant 
la  Chambre  royale  séant  à  TArsenal,  qui,  par  arrêt  du  31  août  1684, 
confirma  Tunion  de  la  Maison-Dieu  à  l'Hôpital  général,  disposa 


(1)  Arch.  nationales,  S  4847,  n®  19. 

(2)  Hôpital,  B  538.  —  Arch.  nationales,  S  4847,  n»  19. 


112  sociéré  AncuéoLOGiQUB  et  histoiuque  du  limousin 

que  Tabbesse  acquitterait  désormais  à  Tordre  du  Saint-Esprit  «  les 
pensions  et  rentes  cy  devant  payées  aux  lépreux  pour  leur  hospita- 
lité et  nourriture  »,  dont  la  liquidation  serait  faite  par  le  S'  Philip- 
peaux  désigne  en  qualité  de  commissaire.  L'abbesse  et  l'abbaye 
étaient  déchargées  de  toutes  autres  obligations  et  les  dépens  étaient 
compensés. 

Il  semble,  d'après  certains  documents,  peu  clairs  du  reste,  nous 
le  confessons,  que  le  procès  du  prieuré  de  la  Maison-Dieu  ne  fut 
pas  terminé  par  cet  arrêt  el  qu*il  fut  poursuivi  devant  le  Conseil 
privé.  Peut-être  était-il  encore  en  suspens  lorsqu'un  nouvel  acte 
du  pouvoir,  Tédit  du  24  août  1693,  prescrivit,  au  contraire  de  ce 
qui  avait  été  ordonné  depuis  un  siècle  et  demi,  la  transformation 
en  hôpitaux  ordinaires  des  léproseries  les  mieux  dotées  et  l'union 
de  toutes  les  autres  à  des  hôpitaux  existants  à  qui  incomberaient 
désormais  leurs  charges.  C'était  la  confirmation  des  lettres  patentes 
du  mois  de  décembre  1660  et  l'union  définitive  de  la  Maison-Dieu  à 
l'Hôpital  général.  11  semble  toutefois  qu'une  transaction  ait  eu  lieu 
entre  les  administrateurs  de  cet  établissement  el  l'abbesse  de  La 
Règle. 

Les  cléments  nous  manquent  pour  écrire  le  dernier  chapitre  de 
l'histoire  de  la  Maison-Dieu.  Les  archives  de  l'Hôpital  général  à  qui 
la  maladrerie  est  restée  dcfjnitivement  unie,  ne  fournissent  aucun 
renseignement  sur  le  départ  ou  l'expulsion  des  derniers  prétendus 
lépreux.  L'administration  de  rétablissement  laissa-t-elle  les  men- 
diants qui  occupaient  ces  vieilles  masures  mourir  en  paix  dans  les 
lieux  où  leur  existence  s'était  écoulée?  Nous  ne  le  savons  pas. 
Nous  avons  dit  plus  haut  que  les  registres  paroissiaux  de  Saint- 
Christophe  ne  mentionnent  pas  les  lépreux  et  que  rien  ne  permet 
de  distinguer  les  malades  habituels  de  la  Maison-Dieu,  s'il  en 
existe  encore,  des  habitants  des  immeubles  voisins.  Le  17  juin 
1693,  le  curé  de  Saint-Christophe  note  l'enterrement  d'une  certaine 
Catherine  Dugo,  veuve  de  Martial  Gautier  et  a  demeurant  à  la 
Maison-Dieu  »  ;  le  4  septembre  1705,  l'enterrement  de  «  la  femme 
du  nommée  Peyrol,  83  ans,  qui  demeurait  à  la  Maison-Dieu;  le 
23  décembre  1706,  le  baptême  de  Pierre  Paye,  (ils  de  Jean  et  de 
Catherine  Gaudoys,  à  la  Maison-Dieu  ;  le  3  mai  1713,  le  baptême 
de  Léonard,  fils  d'André  Jourde  «  qui  demeure  à  la  Maison-Dieu  » 
et  de  Catherine  Coussinaud...  Mais  ne  s'agit-il  pas  ici  des  familles 
qui  ont  remplacé  les  lépreux  dans  les  bâtiments  de  la  maladrerie? 
Notons  toutefois,  en  1701,  un  Pierre  Queyrol,  qui  pourrait  bien 
être  un  descendant  du  Thomas  Queyrolli,  nommé  le  premier  à  une 
quittance  donnée  par  les  ladres  de  la  Maison-Dieu  à  l'abbé  de 
Saint-Martial,  et  analysée  au  chapitre  IX  ci-dessus,  ainsi  qu'à  la 
nomination  du  receveur-comptable  des  aumônes,  en  1482. 


i 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LEPROSERIES  DE  LIMOGES  113 


XII.  —  Les  bâtiments  de  la  léproserie 

Aucun  document  se  rapportant  a  la  première  partie  de  l'histoire 
de  la  Maison-Dieu,  ne  fournit  de  renseignements  un  peu  précis  sur 
rimporlanco,  la  disposition  et  Taspect  de  ses  constructions.  Elles 
devaient  être  dès  les  xm'  et  xiv"  siècles,  nous  Tavons  dit  plus  haut, 
assez  considérables.  Indépendamment  des  maisonnettes  et  des 
chambres  servant  à  Thabitation  des  malades,  il  y  avait  des  bâti- 
ments afTectés  à  des  services  communs.  Les  lépreux  mangeaient 
ensemble  (1)  :  d*où  un  réfectoire,  une  cuisine,  des  celliers  et  res- 
serres, des  caves,  du  reste  mentionnées  à  plusieurs  reprises,  sans 
doute  aussi  une  salle  commune  ou  chapitre  pour  les  réunions  de  la 
communauté;  et  le  logement  du  prieur;  et  celui  des  prêtres  de  la 
maison.  Il  fallait  encore  des  locaux  pour  les  donnés  des  deux  sexes 
qui,  un  document  en  témoigne,  avaient  des  «  bonnes  chambres  », 
comme  les  malades  du  reste,  atteste  la  même  pièce  (2).  Or,  les 
lépreux  de  rétablissement  et  les  passants,  qui  y  étaient  hospitalisés 
à  litre  provisoire,  avaient  été  en  grand  nombre  (3),  dans  la  période 
qui  avait  précédé  Tunion  du  prieuré  à  Tabbaye  de  La  Règle,  s*il 
faut  en  croire  les  témoignages  recueillis  par  une  enquête  à  la  fin 
du  xiv«  siècle. 

Nous  ignorons  la  date  de  la  construction  de  Téglise  de  Sainte- 
Marie-Madeleine  et  nous  ne  savons  pas  davantage  Torigine  et  le 
sens  exact  de  la  dénomination  de  basilica  qu'on  lui  trouve  attribuée. 
Elle  demeurera  paroisse  jusqu*à  la  (in  du  xvi®  siècle.  Il  semble 
résulter  d'un  acte  de  1555  des  archives  de  Tabbaye  de  La  Règle 
qu*elle  Tétait  encore  à  cette  époque.  L'abbesse  nomma  encore  à  la 
cure  en  16^  ;  mais  vu  Tétat  de  ruines  où  se  trouvait  dès  avant  cette 
date  réglise  de  la  Maison-Dieu,  il  n'est  pas  douteux  qu'elle  fut, 
dès  lors,  unie  à  Saint-Christophe,  et  cet  état  de  choses  subsista 
jusqu'à  la  Révolution  (4) . 

De  l'architecture  de  cette  église,  il  est  difficile  de  dire 
quelque  chose  de   précis.    Néanmoins,  construite   soit  à  la  fin 

(1)  Comedehant  in  communL  —  Nadaud,  Mélanges  manuscrits.  Ibid, 

(2)  Que  guident  donale  habebant  prebendam  et  bonas  caméras.  Ibid. 

(3)  Leprosi  ibidem  affluentes  habebant  bonas  caméras, 

(4)  On  trouve  toutefois,  dans  une  lettre  épiscopale  de  1610,  Téglise 
de  la  Maison-Dieu  mentionnée  en  ces  termes  lecclesiam  parrochialem  seu 
vicariam  perpétuant  Domus  Dei  (Hôpital,  III,  C  2),  ce  qui  donnerait  à 
croire  que  l'union  n'était  pas  encore  opérée  à  cette  époque. 


114  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

du  xu*,  soit  dans  les  toutes  premières  années  du  xiii*  siècle, 
elle  devait  être  de  slylc  roman,  comme  la  plupart  de  nos  églises,  el 
de  fort  modestes  dimensions.  On  dut  la  réparer  souvent;  mais  il 
y  a  toute  raison  de  croire  qu  elle  ne  fut  jamais  réédifiée  d'une  Taçon 
complète  el  que  le  bâtiment  dont  les  procédures  et  les  contrats 
signalent,  à  diverses  époques,  le  fâcheux  état  de  délabrement,  esl 
bien  la  construction  primitive. 

Un  demi  siècle  après  la  remise  de  Thôpilal  à  Tabbesse  de  La 
Règle,  tous  les  bâtiments  étaient  en  mauvais  état.  Ils  avaient  été, 
depuis  quatre-vingts  ans,  Tobjel  de  fort  peu  de  réparations.  Il  va 
sans  dire  qu'au  cours  de  la  période  des  persécutions,  on  ne  s'était 
pas  occupé  de  leur  entretien.  L'abbesse  avait  probablement  reculé, 
lors  de  la  prise  de  possession  du  prieuré,  devant  la  dépense  d'une 
restauration,  tout  au  moins  d'une  remise  en  état  suffisante.  En 
sorte  que  Thôpital  tombait  en  ruines.  En  4399,  l'église  était  en 
partie  découverte  et  les  tuiles  qui  la  protégaient  avaient  servi  à 
réparer  la  toiture  d'autres  constructions.  Le  logement  du  prieur, 
ceux  des  donnés,  une  partie  des  locaux  destinés  aux  malades 
n'existaient  plus  (2).  Dans  une  requête  adressée  au  juge  du  Château 
deLimoges  et  dans  laquelle  ils  exposent  au  long  ce  déplorable  état 
de  choses,  les  consuls,  arguant  du  titre  (que  l'autorité  ecclésias- 
tique, on  le  sait,  leur  contestait)  de  patrons  de  l'hôpital,  évaluaient 
à  plus  de  douze  cents  francs  —  quelque  60.000  d'aujourd'hui  —  la 
somme  nécessaire  pour  faire  exécuter  les  travaux  indispensables 
de  réparation  ;  il  ne  fallait  pas  songer  à  une  reconstruction  com- 
plète de  la  Maison-Dieu  :  quatorze  mille  francs  —  700.000  d'au- 
jourd'hui —  n'eussent  pas  suffi  (3). 

A  la  suite  de  ce  procès,  auquel  semble  être  intervenu,  nous 
l'avons  dit,  l'évéquc  de  Limoges  Bernard  de  Bonneval,  des  travaux 
d'une  certaine  importance  durent  être  exécutés.  Un  siècle  plus 
tard,  il  fallut  en  effectuer  d'autres.  Le  P.  Bonaventure  de  Saint- 
Amable  rapporte  que  la  maladrerie  dut  à  l'abbesse  Françoise  de 
Saint-Aulaire  (1495-1506),  des  réparations  ou  agrandissements; 
celle-ci  Ot  même  construire  quelques  cellules  pour  les  malades  (4). 
Mais  l'ensemble  des  bâtiments  resta  en  assez  mauvais  état.  Ces 
constructions  auraient  eu  besoin  d'un  entrelien  attentif  et  incessant 

(1)  Ecclesia  fuerat  dimcohoperla  ah  una  parte  et  (egule  amote,,,  et  alie 
camere  Prioris  et  aliorum  infirmorum  erant  destructe,  etc. 

{2)  Ipse  locu»  non  repararetur  pro  duodecim  centum  franchis,  nec 
fîeret  pro  quaiuordecim  mille. 

(3)  Histoire  de  Saint-Martial,  t.  II,  p.  2i0,  et  Leghos  :  Abrégé  des  An* 
naleSy  t.  I,  p.  44G. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSEniES  DE  LIMOGES  iV& 

pour  se  tenir  debout  en  dépit  de  leur  véluslé  et  des  nombreux 
assauts  qu'elles  avaient  déjà  subis.  De  nouveau,  en  1561,  celles 
qui  subsistaient  menaçaient  ruine.  Saisi  par  une  plainte  des  lépreux 
ou  soi-disant  tels  qui  les  occupaient,  le  lieutenant-général  au  siège 
présidial  Bermondet,  après  avoir  fait  examiner  Tétat  de  ces  ma- 
sures crut  devoir  ordonner  que  les  «  ediffices,  bâtiments  et  esglise 
de  ladite  léproserie  »  seraient  visités,  en  sa  présence  ou  celle  du 
lieutenant  particulier  du  siège,  par  des  «  arbitres  »  du  choix  de 
Tabbesse  de  La  Règle,  prieure  de  Thôpital,  et  du  syndic  des  ma- 
lades. En  conséquence,  les  parties  comparurent  par  procureurs 
devant  Lamy,  lieutenant  particulier,  le  6  novembre  1561,  au  lien 
même  de  la  léproserie,  et  déclarèrent  nommer  pour  procéder  à  cette 
visite,  savoir,  l'abbesse  Charlotte  de  Maulmont  :  Etienne  Deville- 
goureys,  Jean  de  Beaunom  dit  Moureau,  menuisiers;  Martial  de 
Rançon  et  Pierre  Moureau,  de  Cognac,  maçons;  le  syndic  des 
pauvres  :  Jean  Picard  dit  Thorlogeur,  Hugues  Guyennel  et  Pierre 
Penicaud  dit  le  Bureau,  menuisiers  et  Antoine  Descoutures,  maçon. 
L*abbesse  récusa  deux  de  ces  derniers.  Néanmoins,  conformément 
aux  conclusions  du  procureur  du  roi,  il  fut  dit  que  les  experts  rem- 
pliraient la  mission  que  leur  avait  donnée  la  justice,  examineraient 
en  toute  conscience  l'état  des  constructions,  interrogeraient  Tun 
après  l'autre,  à  part  et  secrètement,  les  «  povres  ladres  habitans  en 
ladicte  léproserie  a,  et  feraient  ensuite  leur  rapport  au  magistrat. 

Le  lendemain,  7,  les  experts  après  avoir  prêté  serment,  décla- 
rent «  avoir  veu  et  visité  tous  les  longis  des  pouvres  ladres, 
ensemble  Tesglize,  tant  par  le  dedans  que  par  le  dehors;  il  semble 
ausdiclz  Guyennet,  Penicaud,  de  Villegoureys  et  Mourant»,  que 
«  le  boys  et  fustaies  sont  fort  ruynécs  et  ont  besoing  de  prompte 
réparation;  car  n'y  a  aulcun  boys  que  puisse  servir  que  le  boys 
de  la  couverture  dudict  logis  ».Le  rapport  des  maîtres  maçons  n'est 
pas  plus  satisfaisant  :  les  murs  du  bâtiment  qui  sert  d'habitation  aux 
lépreux  sont  «  ruyneux  et  concaves  »  :  «  pour  reparer  lesdictes 
murailhes  il  les  faudrait  habaptre  »  tout  au  moins  refaire  deux 
côtés  de  la  maison,  reprendre  certaines  parties  et  construire  un 
<c  arceau  et  voûte  >>  au-dessus  de  la  cave;  car  si  on  y  rétablissait  un 
simple  plancher,  l'humidité  l'aurait  en  peu  de  temps  pourri. 

Il  est  ordonné  que  les  travaux  et  réparations  seront  exécutés 
d'après  les  prix  indiqués  par  les  experts  et  qu'ils  seront  adjugés  au 
rabais  aux  ouvriers  qui  se  présenteront  pour  en  prendre  l'entre- 
prise. Les  experts  sont  invités  à  faire  connaître  quel  salaire  ils 
demanderaient  pour  faire  les  travaux,  «  en  les  fornissant  de  ce  que 
sera  nécessaire  esdictz  ediffices  ».  Guyennel  offre  de  se  charger 
d'exécuter  pour  vingt  livres  ceux  nécessaires  pour  «  appuyer  le 


116  SOCIÉTÉ  AnCllÊOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

logis  »,  et  comme  personne  ne  fait  de  proposition  plus  avantageuse, 
le  lieutenant  lui  adjuge  les  t?*avaux  en  ordonnant  que  Tabbesse 
remettra  «  entre  les  mains  des  administrateurs  »  la  somme  fixée 
et  fera  conduire  à  pied  d'œuvre  le  bois  nécessaire.  Martial  de 
Rançon  et  Moureau  à  leur  tour  disent  qu*ils  se  chargeront  pour 
vingt  écus  de  la  maçonnerie  et  sont  déclarés  adjudicataires  de  ce 
lot  à  ces  conditions  :  l'abbesse  devant  «  bailher  et  fournyr  ausdictz 
massons  ce  que  sera  besoing  ausdiles  murailhes  ».  Toutefois  un 
délai  de  huit  jours  est  donné  à  CharloUe  de  Maulmont  pour  faire 
examiner  les  lieux  et  aviser  à  trouver  d'autres  ouvriers  qui  s^enga- 
gent  à  exécuter  les  travaux  à  moindre  prix.  Elle  en  présente  en 
effet,  et  malgré  les  proteslations  du  syndic  des  ladres,  disant  que 
leur  logis  menace  de  s*efTondrer  et  qu'il  ne  s*agit  pas  d'une  répa- 
ration provisoire,  mais  des  travaux  nécessaires  pour  rendre  la 
maison  habitable  et  conjurer  tout  danger,  l'entrepreneur  de  Tab- 
besse  met  la  main  à  Tœuvre  et  poursuit  les  travaux.  Charlotte  peut 
notifier  au  lieutenant,  à  la  date  du  13'janvier  suivant,  que  tout  est 
terminé  depuis  un  mois  (1).  Peu  après,  elle  faisait  des  difTicultés 
pour  payer  la  pension  des  malades,  alléguant  les  réparations  consi- 
dérables qu'elle  vient  de  faire  exécuter  à  la  maison  (2). 

En  dépit  de  ces  travaux  un  plan  de  nos  Archives  départemen- 
tales, attribué  à  Jean  Court  dit  Vigier  et  postérieur  de  peu  d'années 
au  document  dont  nous  venons  de  donner  l'analyse,  représente  la 
Maison-Dieu  dans  un  triste  étal.  Le  peintre  a  tiguré  le  bâtiment 
avec  une  toiture  présentant  un  trou  béant.  Peut-être  faut-il  recon- 
naître seulement  Tégllse  de  Sainte-Madeiaine  dans  la  pauvre  cons- 
truction en  ruines.  Néanmoins  cette  image  est  un  indice  assez 
éloquent  de  l'état  déplorable  de  la  maladrerie,  qui  du  reste,  n'avait, 
en  1616,  d'après  un  document  consulté  par  l'abbé  Nadaud,  ni  porte 
ni  clocher  (3).  Les  autres  constructions  ne  devaient  pas  offrir  un 
aspect  beaucoup  plus  satisfaisant,  quinze  ans  plus  lard,  lorsqu'au 
cours  de  la  terrible  peste  de  1631,  une  des  épidémies  les  plus 
meurtrières  dont  nos  annales  aient  gardé  le  souvenir,  le  consulat 
choisit  la  Maison-Dieu  pour  y  établir,  avec  l'assentiment  de  l'abbesse- 
prieure,  une  maison  de  sanlé,  un  hôpital  provisoire  où  on  évacuait 
les  personnes  atteintes  par  le  fléau,  et  ou  elles  étaient  soignées  (4). 


(1)  Appendice  :  pièce  n°  VIT. 

(2)  Arch.  Hôpital,  H.  25. 

(3)  Nadaud  :  Pouillé,  éd.  Legler,  p.  187.  —  Lecros^  E»8ai»  historiques 
et  notes  diverses. 

(4)  Registres  consulaires,  t.  III,  p.  278. 


L£S  LEPREUX  ET  LES   LÉPROSERIES  DE  LIMOGES.  117 

Un  procès-verbal  dresse  un  demi-siècle  plus  tard,  vers  1615,  par 
des  experts  commis  pour  la  visite  de  la  Maison-Dieu,  constate  que 
riiôpital  consiste  «  en  une  ciiappelle  moityé  démolie,  fondée  sous  le 
liltre  de  Sainct  Lazarre  et  Saincte  Magdeleine  et  en  quel(]ucs  vieux 
baslimens  près  d*icelle,  dans  Tun  desquels  il  y  a  une  fontaine  cl 
dont  le  reste  sert  à  loger  les  prétendus  ladres  »  (1). 

Notons  cette  dernière  expression.  Elle  est  un  témoignage  du  peu 
de  foi  qu'on  avait  dans  la  réalité  des-aiïeclions  dont  se  disaient 
atteints  les  habitants  de  ces  masures  délabrées.  Nous  avons  vu  plus 
haut  qu'à  cette  date,  ils  étaient  au  nombre  de  cinq  seulement. 

Il  subsistait  encore,  vers  1848,  à  la  petite  métairie  de  la  Maison- 
Dieu,  quelques  vieux  bâtiments,  sans  aucun  caractère  architectural 
du  reste  et  sans  aucun  style.  Ils  servaient  de  granges  et  ne  présen- 
taient aucune  particularité  digne  d'intérêt.  I/église  avait  été  depuis 
longtemps  démolie.  Les  remaniements  opérés  dans  le  quartier  ont 
fait  disparaître  ces  anciens  bâtiments;  il  ne  reste  rien  aujourd'hui 
des  constructions  de  la  maladrerie.  Toutefois,  dans  un  jardin  bor- 
dant la  ligne  du  chemin  de  fer  qui  met  en  communication  la  gare 
des  Bénédictins  avec  la  gare  de  Montjauvy,  à  peu  de  distance  du 
chemin  du  Grand-Treuil,  nous  avons  aperçu,  il  y  a  peu  de  mois, 
une  statue  en  pierre  calcaire  peinte  de  sainte  Madeleine,  paraissant 
appartenir  au  xiv  siècle  et  ne  manquant  pas  d*un  certain  caractère, 
mais  fort  mutilée.  Cette  sculpture  qui,  nous  a-t-il  été  raconté,  est 
demeurée  assez  longtemps  encastrée  dans  le  mur  de  clôture  d'une 
propriété  voisine,  an  bord  d'un  petit  chemin,  est  à  notre  connais- 
sance le  seul  reste  qui  ait  été  conservé  de  l'église  de  Sainte-Marie- 
Madeleine  et  de  la  léproserie  de  la  Maison-Dieu. 

Louis  GUIBERT. 
(1)  Arch.  nationales,  S  4847,  n<»  19. 


T.    LV 


H 


\i^  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOHIQUE   ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


APPENDICE 


I 

Listn  des  recteurs,  précepteurs,  prieurs  et  prieures  de  la  Maison-Dieu 

de  Limoges 

Eue  (Hélias  Reclus) y  prêtre,  chapelain  de  la  maison  avant  avril  1198, 
qualifié  prêtre  de  la  maison  en  1206  (Pièce  n<*  IV  ci-après;  Arch. 
Haute- Vienne,  I^  Règle,  2120;  Nécrol.  de  La  Courtine). 
Jean  Vatavespres,  probablement  le  même  que  J.  lo  chapela  de  la  Maijo 
Dieu,  1207  —  recteur  al.  prieur,  29  novembre  1217,  1222,  1224 
(Johannes,  presbiier  et  rector  Domus  Dei,  Johannes  Vadavespras, 
recior;  Johannes ^  prior  Domus  Dei  Leprosorum)  f  entre  1224  et 
1226  (Pièce  n^  IV;  Arch.  Haute- Vienne,  no  1014;  Hôpital,  III  B  10; 
A.  Leroux,  Chartes  et  Chroniques,  p.  66). 
Etienne  d'Excideuil,  recteur,  al.  précepteur  ou  prieur,  institué  avant 
novembre  1226,  29  juin  1230,  27  mai  1234,  janvier  1238,  18  juillet 
1240  (Stephanus  de  Exidolio,  preceptor  Stephanus,  rector  Domus 
Dei:  Stephanus,  prior)  f  entre  le  20  novembre  1240  et  le  27  dé- 
cembre même   année  (Pièce  n*»  IV  ci-après;  Hôpital,   III  B  6; 
III  B  10;  Nécrol.  de  La  Courtine;  Legros  :  Tables  chronologiques. 
.Iean  nu  Peyrat  (/.  de  Payrac,  J.  Payrax),  prêtre,  désigné  et  institué 
recteur  par  Etienne,  avant  le  27  décembre  1240,  non  installé  par 
suite  de  l'opposition  des  consuls,  f  1253  (Pièce  n®  IV  ci-après; 
Arch.  Haute- Vienne,  5781  ;  Legros  :  Tables  chronologiques. 
Pierre  d'Egletons  (P.  deus  Glotos),  improvisé  comme  recteur  par  les 
consuls,  fin  décembre  1240  ou  janvier  1241  (Pièce  n®  IV  ci-après). 
Elie  Aymé  RIO  (Helias  A  y  mer  ici,  prior  Domus  Dei,  Hel.  Aymerics,  priors 
de  la  Mayio  Dieu  deu  lebros  de  Lemotges),  prieur,  1241,   1247, 
mai  1251,  juin  1251,  3  novembre  1253,  février  1255  (Arch.  Haute- 
Vienne,  4318;  Hôpital,  III  B  6;  III  B  10;  Leroux,   Molinieh  et 
Thomas  :  Documents  historiques,  I,  197). 
Jean,  prieur  {Johannes,  prior  Domus  Dei  Lemovicensis),  avril  1269,  1272, 
1273, 1278,  1282,  f  1285  (Arch.  H»«- Vienne,  3956;  Hôpit.,  III  B  6; 
III  B  11;  Legros  :  Tables  chronologiques). 
Pierre  des  Moulins  [Petrus  de  Molendinis,  prior),  prieur,  1287,   1288, 
janvier  1291,   1292,  1296,  1298,  1299,  28  avril  1301,  1303,  1305, 
1312,  26  juin  1317  (Arch.  Haute-Vienne,  3755;  Hôpital,  III  B  6, 
inB7,  m  B  11). 


LES  LÉPREUX   ET   LES  LÉPROSERIES  DE    LIMOGES  i19 

Guillaume  Boniface  {Guillelmus  Bonifacii,  prior  Domus  Dei),  prieur, 
1323,  1327,  16  juillet  1342,  1343  (Arch.  Haute-Vienne,  859,  3180; 
Hôpital,  III  B  8  ;  Legros  :  Tables  chronologiquefi). 

Denise  de  La  Rocur,  abbcsse  de  Notre-Dame  de  La  Rog-le,  prieure  de 
La  Maison-Dieu,  1349. 

Marguerite  des  Allois,  d<*,  1354. 

Marie  de  la  Jugie  du  Puy,  d®,  1303,  1389. 

Jeanne  de  Rociiechouart,  d®,  1394,  f  5  mai  141V. 

Isabelle  d'Amboise,  d°,  1415,  f  1427. 

Catherine  de  Comborn,  d°,  1428,  +  20  septembre  1460. 

Catherine  d'Aubusson,  d®,  1460,  f  20  août  1472.  Elle  est  dite  cependant 
abbessc  à  la  date  du  13  mars  (H72  v.  st.)  1473  (Arch.  Haule- 
Vienne,  La  Règle,  n^  prov.  3648). 

Marguerite  d'Aubusson,  d°,  1473,  f  24  décembre  1481. 

Anne  de  Maumont,  d*»,  1481,  f  24  août  1495. 

Louise  d'Aubusson,  d<>,  1495. 

Françoise  de  Beaupoil,  d»,  1495,  f  49  avril  1507. 

Catherine  de  Maumont,  d°,  1507,  1523. 

Charlotte  de  Maumont,  d°,  1525,  +  12  février  1571. 

Jeanne  de  Bourbon-Montpensier,  d°,  1571,  dém.  1586. 

Jeanne  de  Bourbon-Lavedan,  d°,  1586,  permuta  avec  la  suivante,  159i-, 
+  15  mars  1610. 

Françoise  de  Rohan,  d°,  1594,  rés.  1598. 

Marie  Vidard  de  Saint-Clair,  d°,  1599,  résigna,  f  1613. 

Virgile  de  Pont  Jarno,  d®.  Le  Pouillé  la  nomme  en  1612  seulement. 
Nous  possédons  des  lettres  d'admission  à  la  Maison-Dieu,  déli- 
vrées par  elle  et  datées  des  28  novembre  1617  et  31  janvier  1618 
(Voir  pièces  ci-après).  Un  acte  cité  au  chap.  IX  ci-dessus  et  où 
elle  intervient  est  du  31  mai  1618.  • 

Maureille  de  Verthamon  du  Mas  du  Puy,  est  donnée  par  le  Pouillé 
comme  abbesse  en  1619  ;  nous  la  trouvons  en  effet  nommée  à  un 
acte  du  mois  de  juillet  1619  (Arch.  H*«-Vienne,  La  Règle,  n°  4548). 

Jeanne  de  Verthamon,  d°  (1629,  rés.  1653,  f  12  mars  1675).  A  plusieurs 
actes  Jeanne  de  Verthamon  figure  avec  la  qualité  d'abbessc  les 
5  janvier  1627,  8  janvier  et  18  novembre  1628  (Arch.  H*«-Vienne, 
La  Règle,  n»  862  et  6526). 

Marie  de  Verthamon-Lavau,  d**,  1556,  f  1679.' 

Elisabeth  al.  Marie-Elisabeth  d'Aubusson  de  La  Feuillade,  d**,  1670, 
f  13  mars  1704.  Est  la  dernière  des  abbesses  do  La  Règle  qui 
ait  porté  le  titre  de  prieure  de  la  Maison-Dieu. 

II 

Liste  des  chapelains  et  curés  de  lu  Maison-Dieu» 

Elie  {Ilelias  Beclus),  institué  chapelain  de  la  Maison-Dieu  avant  avril 
1298  (V.  pièce  ci-après,  n°  IV),  f  avant  décembre  12V0. 


{'20  SOCIÉTK    AHCHÉOLOGIQÎ'E    ET    HISTOIIIQUK  DU  LIMOUSIN 

Jean  [J.  lo  chapela  de  la  Maijo  Dieu),  1207,  probablement  le  même  que 

Jean  Vatavespres,  recteur  (Voir  la  liste  précédente). 
Jean  (J.  capellanus  Donius  Dei),  1234  (Arch.  Haute-Vienne,  La  Règle, 

850)  est  probablement  J.  Tréfin^  investi  de  la  cure  par  Tévêque 

Gui  du  Cluzeau  (Voir  pièce  ci-après,  n°  IV). 
Mautial  de  Gompreignac  [reclor  capeÛanie  I).  D,  Leprosum)^  1262  (Arch. 

ilaute-Vienne,  La  Règle,  3956;  Hôpital,  III,  B  11). 
Pierre  du  Puy   (Peints  de  Podio,  capellanus),   novembre  13^3  (Arch. 

Ilaute-Vienne,  Saint-Martial,  3611). 
Jean  Hugonneau  (Johannus  UugonclU,  capellanus  D.  Z).),  22  mars  14-60; 

dit  grand  vicaire  de  la  Cathédrale  et  cure  de  la  Maison-Dieu  en 

1481  (Arch.  Haute- Vienne,  Notaires,  1996,  et  Leghos). 
Aymeric  Cheyrou,  f  avant  150i  (Arch.  Haute- Vienne,  Répertoires  géné- 
raux de  Saint-Martial,  I,  328). 
Jean  de  la  Bastide  le  jeune  [Johannes  de  Bastida  junior,  capellanus 

Sancti  Maxentii  et  Domus  Dei  l^eniovicensis),  (Legros  :  Mélanges 

manuscrits,  I,  702  et  Tables  chronologiques). 
Martial  de  la  Vernue,  de  la  Vergnhe,  22  janvier  (1538   v.    st.)  1539, 

f  avant  1540  (Arch.  Haute- Vienne  :  Saint-Pierre,  terrier  de  Bony, 

fo  77  v**,  et  Legros  :  Tables  chronologiques). 
LiOi'is  Audeteau,  pourvu  de  la  cure  de  la  Maison-Dieu  par  Mgr  de  La 

Marthonie,  évoque  de  Limoges  (Legros  :  Tables  chronologiques). 


IH 
Curés  de  Saint-Jacques  et  Saint-Christophe. 

(Nous  ne  connaissQns  pas  le  nom  d'un  seul  ecclésiastique  qui  ait 

ail  ministre  la  paroisse  de  Saint-Jacques  seule). 

Guillaume  de  Ghatandeau  (de  Chastandeu),  curé  de  Saint-Ghristophe 
en  1366  (Legros). 

Guillaume  Tevssendier,  curé  de  Saint-Ghristophe  en  1390  (Arch.  Haute- 
Vienne,  Saint-Pierre-du-Queyroix,  n**  2733  prov.) 
(II  n  est  pas  bien  sûr  que  ces  deux  ecclésiastiques  aient  desservi  la 

paroisse  de  Saint-Jacques  avec  celle  de  Saint-Ghristophe). 

Aymeric  Albi,  al.  Dalby,  curé  de  Saint-Jacques  et  de  Saint-Ghristophe, 
avril  1427. 

Pierre  le  Blanc,  curé  de  Saint-Ghristophe  (et  probablement  aussi  do 
Saint-Jacquos,  en  1436  (Legros).  Ne  serait-ce  pas  aussi  un  Albi? 

François  Albi,  al.  Dalby,  curé  de  Saint-Jacques  et  de  Saint-Ghristophe, 
1451,  1456,  1457  (V). 

Antoine  Laporte,  curé,  27  novembre  1605,  mars  1607  (Legros). 

Jean  Moulinard,  curé,  1652  (Legros). 

l)  Notons  qu'en  1598  il  existe,  dans  l'église  de  Saint-Christophe,  une  con- 
frérie de  ce  saint  (Arch.  Hôtel-de- Ville,  compl.  par  A.  Leroux,  G  G  233). 


r^ 


LES   LÉPUEUX  ET  LES  LÉPHOSEUIES    DE    LI&LOGES  121 

Guillaume  Cibot,  curé,  1661,  1677  (Legros). 
Decordes,  curé,  de  4691  à  1723  (1). 

Constant,  curé  (signe  les  actes  à  partir  du  29  mai  1723). 
GèftALD,  curé  (signe  à  partir  du  12  novembre  1726). 
Avril,  prêtre  desservant  (signe  à  partir  du  12  ou  17  mars  1735). 
Benoist  (Louis- Philippe),  curé,  signe  à  partir  du  15  novembre  1735  ;  f  le 
24  mars  1777  à  Tâge  de  66  ans,  et  est  inhumé  le  25  dans  son  église. 
Michel,  curé,  première  signature  le  29  mars  1777. 
De  Compreignag,  curé,  signe  des  actes  du  15  avril  1790  au  4  mai  1701. 


IV 

Déclarations  d'Etienne,  prieur  de  la  Maison-Dieu  (1240) 

Universis  présentes  litteras  inspecturis  officialis  curie  Lemovicensis 
saluteni  in  Domino  :  sequentes  litteras  signalas  sigillo  bone  memorie 
Durandi,  quondam  Lemovicensis  episcopi,  nos  vidisse  noveritis  in 
hec  verba  :  Stephanus,  quondam  rector  Domus  Dei  leprosorum 
Lemovicensis,  in  lecto  egrotans  positus,  juratus  ?  bone  memorie  et 
mentis  compos,  interrogatus  super  statu  inslituendi  priorcm  sivc 
rectorem  in  domo  eadem,  respondit  per  juramentum  suum  et  asseruit, 
in  periculo  aminé  sue,  quod  vidit  et  audivitquod  JohannesVadavespras, 
presbiler,  tenebat  domum  dictam  in  cura  de  voluntate  et  consensu 
infirmorum  et  donatorum  dicte  domus,  et  de  consensu  et  voluntate 
bone  memorie  domini  Guidonis,  quondam  Lemovicensis  episcopi,  tune 
temporis  archidiaconi  Lemovicensis  tantum,  qui  in  custodia  et  con- 
silio  dictam  domum  comiinissam  habebat  a  domino  Lemovicensi  épis- 
copo,  videlicet  domino  Celebrando  vel  domino  Johanne  ;  et  asseruit, 
per  idem  juramentum,  quod  vidit  et  audivit  quod  quamdiu  idem  dominus 
Guido  vixit,  rector  et  fratres  dicte  domus  audibant  eum  Inuquam  domi- 
num  et  capud  dicte  domus,  et  consilio  ipsius  domini  Guidonis  dicta 
domus  regebatur  omnino  ;  et  hoc  vidit  per  quadraginta  annos  et 
amplius.  Dixit  etiam  quod  vidit  et  audivit  quod  dictus  presbiter  qui 
tenuit  per  viginti  quinque  annos  dictam  domum,  tandem  in  lecto 
egritudinis  positus,  convocatis  magistris  P.,  priore  domus  Fratrum 
Predicatorum.  et  P.  Papalou,  rogavit  et  submonuit  illum  qui  deponit, 
et  injunxit  eidem,  in  virtute  societatis  et  obedientie  et  in  periculo 
anime  sue,  semel  et  secundo,  quod  ipse  S.,  quondam  rector  dicte 
Domus,  onus  et  curam  reciperet  dicte  domus  :  quod  ipse  St.  fecit  ad 
nimiam  instanciam  presbiteri  memorati,  et  crédit  quod  dictus  pres- 
biter dictam  curam  ipsi   S.  tradidit  de  consilio  dicti  domini  Guidonis. 


(1)  On  ne  possède  les  registres  paroissiaux  de  Soint-Chrislophc  qu'à  partir 
de  l'année  1693  ;  mais  à  un  acte  du  10  décembre  1705,  le  cure  Decordes  dé- 
clare qu'il  est  chargé  o  depuis  treize  ou  quatorze  ans  de  radmiiiislration  de 
la  paroisse  ». 


122  SOCIÉI'É  AnCIlÊOLOGIQUE   EX   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Dixit  cliam,  per  jurameiitum  suum,  quod  postmodo  dictus  archidia- 
conus,  hoc  audito  et  sepulto  dicto  presbitero,  ad  eandeni  doiuuni 
accessit,  et  convocalis  coram  se  omnibus  infirmis  et  dotiatis  et  soro- 
ribus  dicte  domus,  fecit  omncs  infîrmos  et  donatos  et  sorores  jurare 
({uod  omncs  obedirent  eidcm  St.  et  fideliter  servarcnt  bona  domus  dicte 
et  responderent  eidem  tanquam  rectori  domus  dicte.  Dixit  etiam  idem 
St.  quod,  quando  dictus  prior  eidem  St.  tradidit,  ut  dictum  est,  dictam 
domum,  idem  prior  inhibuit  eidem  St.  et  rogavit  eundem  quod,  quum 
contingeret  humanitus  de  eodem  S.,  quod  nunquam  poneret  vel  insti- 
tueret  rectorem  aliquem  ibidem  de  Castro  Lemovicensi  :  imo  prius 
poneret  ibidem  in  rectorem  aliquem  ductorem  asini  de  ipsa  domino. 
Dixit  etiam  idem  S.,  per  juramentum  suum,  quod  ipse  S.  non  recepit 
curam  dicte  domus  a  consulibus  dicti  Castri  nec  de  ipsorum  consulum 
consensu,  vel  precepto  bailivorum,  nec  predecessor  suus,  nec 
aliquis  alius,  ut  crédit.  Interrogatus  quis  fuit  institutor  sive  lundator 
dicte  domus,  respondit,  per  juramentum  suum  quod  crédit  quod  domi- 
nus  episcopus  Lemovicensis  G.,  et  dixit  quod  ita  accepit  a  majonbus 
suis.  Dixit  etiam,  per  juramentum  suum,  quod  nuper  ipse  S.,  positus 
in  locto  ogritudiuis,  convocatis  inûrmis  et  donatis  dicte  domus,  requi- 
sivit  eos  et  rogavit  quod  placeret  eis  quod  ipse  ordinaret  domum  de 
rcctorc  et  quod  vellent  quod  ipse  traderet  J.  de  Payrac,  presbitero, 
curam  dicte  domus;  et  quod  idem  J.  Payrax  institueretur.  Et  dixit, 
per  juramentum  suum,  quod  quidam  concesserunt,  et  alii  non  contra- 
dixcrunt  quod  dictus  J.  Payrax,  presbi ter,  dictam  curam  haberet;  et 
quod  esset  rector  dicte  domus  ;  et  dixit  quod  ipse  S.  statim,  omnibus 
ipsis  preseniibus  et  non  contradicentibus,  tradidit  eidem  J.  Payrac, 
presbitero,  dictam  curam,  et  instituit  eundem  rectorem,  présente 
Stephano  Pioncelot,  sutore  dicte  Domus,  et  non  conlradicente,  qui 
postmodum  prout  institutionem  factam,  ut  dictum  est,  de  dicto  J. 
Payrac,  presbitero,  inhibuit  ex  parte  consulum  dicti  Castri  ne  dictus 
J.  Payrax  institueretur  rector  ibidem.  Interrogatus  per  juramentum 
suum  si  denarii  quod  dictus  J.  Payrax,  presbiter,  et  J.  Trefin,  pres- 
biter,  capellanus  dicte  domus  et  P.  de  Sancto  Lazaro  et  P.  de  Beuna^ 
clerici,  exlrahebanl  de  dicta  domo,  erant  de  dicta  domo,  respondit  quod 
non  :  imo  dixit  quod  cum  postea  bursc  et  saculi  in  quibus  erant  dicti 
denarii  esseut  allati  eidem  S.  ad  videndum  et  experiendum  utruni 
esseut  de  dicta  domo  necne,  dixit,  cum  vidisset  bursas  et  saculos,  quod 
non  erant  dicte  domus,  nec  erant  ipsius  S.  Quantum  idem  S.  habebat 
(lo  denariis,  respondit  quod  quingentos  solidos  barbarinorum  veterum, 
quos  scrvaverat  per  quadraginta  annos  ad  exequias  sui  funeris  faciendas, 
et  viginti  libras,  vel  circa  et  undecim  libras,  et  duo  cloquearia  argenti 
et  ciphum  argenti  cum  pede,  et  obolum  aureum  :  que  omnia  cpnsules 
dicti  Castri  tradiderunt  Petro  deus  Glotos  contra  voluntatem  ipsius  S., 
quoniam  P.  deus  Glotos  consules  pro  voluntate  sua  posuerunt  ibidem 
rectorem.  Interrogatus  quis  habebat  privilégia  dicte  domus,  respondit 
quod  dictus  P.  deus  Glotos  cui  dicti  consules  tradiderunt  clavem  arche 
ipsius  S.,  ubi  erant  dicta  privilégia,  violenter  extracta  clavc  de   manu 


LES  LÉPHEUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  123 

ipsius  S.,  et  contra  voluntatem  ipsius  S.,  ipso  inhibente  et  dicente  eis 
ne  destnierent  dictam  domum.  Interrogatus  quis  habebat  curam  ani- 
manim  dicte  domus,  respondit  quod,  ad  inslantiam  ipsius  S.,  dominus 
Guido,  Lemovicensis  episcopus,  contulit  curam  animarum  J.  Trefin, 
presbitero,  capellano  dicte  domus.  Vidit  etiam  quod  Helias  Reclus, 
presbiter  dicte  domus  jam  defunctus,  fuit  capellanus,  dicte  domus,  et 
habebat  curam  animarum  dicte  domus  a  domino  Celebrando,  quondam 
cpiscopo  Lemovicensis.  Addidit  etiam  quod  vidit  et  audivit  quod 
Matheus  de  Vilayvenc  et  Paschalis  Crestias,  burgenses  in  Castro  ma- 
nentes,  intromittebant  se  de  negociis  dicte  domus  propter  afTectionem 
et  compassionem  quam  habebant  erga  domum  dictam,  tune  temporis 
carentem  rectore  antequam  esset  rector  dictus  J.  Vadavespras,  et  hoc 
faciebant  pro  sua  voluntate,  non  de  mandato  consulum,  ut  crédit;  et 
dixit  quod  maie  gerebant  négocia  domus  quia  dictus  Matheus  alienavit 
bona  dicte  domus. — In  cujus  rei  testimontum  presentibus  litteris  sigillum 
Lemovicensis  curie  duximus  apponendum.  Datum  quinto  ydus  januarii, 
anno  Domini  M'^  CC<>  LX^  secundo  (1). 

Archives  de  V Hôpital,  III,  C  1. 


Acte  par  lequel  les  lépreux  de  la  Maison-Dieu  conslituenl  un  receveur 
comptable  des  aumônes  destinées  à  leur  communauté  (10  novembre  1A82) 

Die  dominica  que  fuit  X*  mensis  novembris,  ànno  Domini  CCCCmo 
LXXX*»  secundo,  Thomas  Queyrelli,  Guillermus  Veauce,  Johannes 
Boluchet,  Rigauldus  Mayet,  Johannes  Laurens,  Leodegarius  Pèlerin, 
Johannes  Bartholomy,  Thomasse  Pèlerine,  Guilloumeta  Picarde  et 
Petronilla  Forestière,  pauperes  leprosi  et  leprose  leprosie  Domus  Dei 
Lemovicensis^  fecerunt,  creaverunt  et  constituerunt  prout  alias  créa- 
verant  et  constituerant  eorum  receptoreni  et  levatorem  helemosinarum 
eis  per  Çhristi  fidèles  porigendarum  et  que  eis  dabuntur,  Petrum  dcu 
Pueyt,  aliter  Rabau,  manuperarium  Castri  Lemovicensis,  ibidem  pre- 
sentem,  per  totam  diocesim  Lemovicensem,  qui  juravit  bene  etfideliter 
servire  (?)  et  reddere  compotum,  aliter  lo  reliqua  ;  et  dedccus  et  inco- 
modum  evîtare,  et  comodum  et  decus  procurare,  etc.  Et  pecierunt 
memoriale  sub  sigillo  officialis  Lemovicensis,  présente  magistro  P.  (?) 
Saleys,  archipresbitero  de  Joarres  in  viridario  Domus  Dei.  Et  renovetur 
certisficatoria.  —  Brevis. 

*  Arch,  du  départ,  de  la  Haute-Vienne,  notaires,  n*»  5354  prov,, 

fol.  205  recto  (En  marge  :  au  s'  Raulin,  1675). 


(t)  M.  A.  Leroux,  a  publié  cette  pièce  au  tome  I  de  ses  Documenls  histo- 
riques concernant  principalement  la  Marche  et  le  Limousin,  pages  183  à  185 


124  SOCIÉTÉ    AltCllÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 


VI 


Relevé  des  décimes  relatives  aux  hôpitaux  et  rnaladreries  du   diocèse 
dépendant  de  Vordre  de  Saint-Lazare  {1518-4528) 

Du  compte  de  la  décime  levée  au  diocèse  de  Limoges  en  rannce 
XV*XVII1,  rendu  par  Hugues  Coletier,  procureur  du  s'  abbé  de  Saint- 
Pcre,  clos  le  IIII*  juin  XV'XXII,  a  esté  extrait  ce  qui  en  suit  : 

L'arceprcvere  {sic)  de  Limoges  :  le  chapitre  de  la  Maison-Dieu,  xl*; 
Taumosnierde  la  René  (1),  xx»;  Taumosnerie  de  la  cour  episcopale,  1'. 

In  archipresbitcratu  Sancti  Juniani  :  preceptor  Sancti  Anthonii  prope 
(^onfolentum  (2)  (sic),  viii*. 

Preceptor  de  Soutin  ou  Rulin  (?)  (3),  iiii'. 

In  archipresbiteratu  de  la  Meyse  :  Elemosinarius  S.  Aredii  (4),  Ix*. 
Elemosinarius  de  Assia  (5),  iiii'. 

In  archipresbitatu  de  Porcheria  :  preceptor  de  Lestan  (6),  xviii^ 

In  archipresbitatu  de  Ranconio  :  preceptor  de  Chasseno  (6  bis),  xïV; 
preceptor  de  Tine  (7),  xii*;  preceptor  de  La  Plagne  (8),  xii'. 


(1)  De  r Arène,  de  Arena  :  Hôpital  ou  maladreric  de  Saint-Jacques  des 
Arènes,  à  Limoges. 

(2)  Saint-Antoine  de  Confolcns. 

(3)  Leçon  évidemment  fautive.  Le  copiste  a-t-il  mal  interprété  une  abi-é- 
viation,  et  s'agirait-il  ici  de  Saint^Ouen  ou  de  Saint-Sornin-la-M arche,  près 
Bellac?  Le  nom  estropié  serait^il  Seuris?;  c'est  celui  d'une  localité,  proche 
de  Chabanais  (Charente),  où  on  tix>uve  trace  d'une  chapelle,  dite  de  Barandey, 
ayant  appartenu  à  l'ordre  de  Saint-Jean-de-Jérusalem. 

(4)  Peut-être  le  «  Grand  Hôpital  ».  Nous  n'avons  aucune  indication  l'clative 
à  l'existence  d'une  léproserie  à    Saint-Yrieix. 

(ô)  Aixe-siir-Vienne,  qui  a  possédé  trois  ou  quatre  établissements  hospi- 
taliers au  moyen-âge. 

(6)  Probablement  Saint-Antoine  de  Lestars,  près  Bugcat  (Cori*è«c),  qui 
dépendait  de  l'ordre  de  Saint-Antoine  de  Vienne  et  qui  était  bien  situé  sur  le 
territoire  de  l'archiprétré  de  La  Porcherie. 

(6  bis)  Chassenon  (l'ancien  Cassinomagus)  se  trouvait  situé  dans  l'archî- 
prétré  de  Saint-Junien  et  non  dans  celui  de  Rançon, où  Chassenon  ligure  aux 
deux  états  de  décimes  de  1518  et  1528  que  nous  donnons  ici.  II  s'agit  ici  de 
Chasseneuil  en  Rançon,  sis  à  peu  de  distance  du  chef-lieu  de  Tarchiprctré.  Ce 
bénéfice  qui  avait  eu  le  titre  de  prieuré  ou  préccptorerie  avait  dépendu  de  la 
Maison-Dieu  de  Montmorillon,  puis  des  Augustins  de  la  même  ville.  Il  était 
sous  l'invocation  de  saint  Cosme  et  saint  Damien.  • 

(7)  II  n'est  guère  admissible  que  cet  article  concerne  Tilly,  aujourd'hui 
canton  de  Bellabre  (Indre),  ni  Rilhac-Rancon,  canton  d'Ambazac,  à  peu  de 
distance  de  Limoges,  qui  n'eurent  jamais  d'hôpital. 

(8;  Nous  devons  sans  doute  reconnaître  ici  le  prieuré  de  La  Plagne,  près 
Tersannes,  canton  du  Dorât.  Cet  établissement,  dont  la  chapelle  était  sous 
l'invocation    de    ^iu'nte    Madçleine,  avait  peut-être  été  une  comn>anderi<?.  H 


LES  LÉPIUSUX  El'  LES   LÉFHOSEHIES    DE    LIMOGES  125 

In  archipresbitalu  de  Albuconio  :  preceptor  Sancti  Anthonii  de  Cas- 
sania  (1),  xii'. 

In  archipresbiteraiu  de  Benevento  :  preceptor  de  Chiro  (2),  xv";  pre- 
ceptor de  PoIIignac  (3)  («ic),  x*;  preceptor  de  Venis  (4),  iiii*  x";  p.  de 
Vaulx  (5),  xl»;  p.  de  La  Pouge  (6),  iiiP. 

In  archipresbiteratu  Brive;  Elemosinarius  Brive,  v';  preceptor 
S.  Anthonii  de  Plantadis  (7),  xv'  x». 

D'autre  compte  de  Jehan  Chantoys  et  Galliot-Mondac,  commis  à 
recevoir  les  décimes  du  diocèse  de  Limoges  en  Tannée  XV'XXIII,  clos 
le  dernier  de  décembre  XV*XXVIII. 

In  archipresbiteratu  Lemovicensi.  Cappella  Domus  Dei,  vii'  xv'; 
cappella  Sancti  Lazari  (7  bia)^  iiii*  x". 

In  archipresbiteratu  Sancti  Juliani  (sic)  :  preceptor  Sancti  Spiritus 
prope  Confolentum  (8),  xxxi*  x*;  preceptor  de  Fouveta  (9),  vi'. 

dépendait,  au  moins  au  xvi*  siècle,  de  la  Maison-Dieu  de  Montmorillon  dont  le 
prieur  pourvut  cinq  ou  six  fois  au  bénéfice.  En  1601  le  Grand  Aumônier  y 
nomme.  D'après  le  Poaillé  de  Nadaud,  les  Augustins  de  Montmorillon  en 
jouissaient  au  siècle  dernier. 

(1)  Commanderie  près -Sain t-Frion,  canton  de  Felletin;  appartenait  à 
Tordre  de  Saint-Antoine. 

(2j  Chiro  ne  peut  être  que  Saint-Jean  (même  Saint-James)  de  Chiroux, 
près  la  Chapelle-Taillefer,  canton  de  Guéret  (Creuse),  sous  la  protection  de 
saint  Jacques  et  saint  Philippe,  dépendant  de  la  Maison-Dieu  de  Montmo- 
rillon. 

(3)  Nous  croyions  d'abord  qu'il  s^agit  de  Solignac  ;  mais  Solignac  dépendait 
de  Tarchiprétré  de  La  Meyze  et  non  de  celui  de  Bénévent.  L'ancien  hôpital 
désigné  dans  ce  passage  est  Saint-Jean-de-Poulignac,  préceptorerie  ou  com- 
manderie, près  Nailhac,  canton  de  Dun-le-Palleteau,  et  qui  dépendait  du  prieur 
de  la  Maison-Dieu  de  Montmorillon. 

(4)  Vaynes,  près  Bussière-Dunoise,  canton  de  Saint- Vaulry,  parait  en 
elTet  avoir  porté  le  titre  de  préceptorerie.  Dépendait  de  TArtige. 

(ô)  Vaulx,  près  Auriac,  canton  de  Bourganeuf,  a  porté  le  titre  de  précep- 
torerie et  dépendait  aussi  de  TArtige.  C'est  la  seule  maison  à  laquelle  nous 
paraisse  pouvoir  se  rapporter  la  mention  de  notre  état. 

(6)  La  Pouge,  près  Saint-Hilaire-Chftteau,  canton  de  Pontarion  (Creuse), 
appartenait  aux  chevaliers  du  Temple.  Sa  chapelle  avait  pour  patron  saint 
Jacques-le-Majeur. 

(7)  Commanderie,  dans  la  paroisse  d'Ussac,  près  Brive.  Dépendait  de 
Tordre  de  Saint-Antoine. 

(7  bis)  Saint-Lazare  ancienne  paroisse  dans  la  banlieue  de  Limoges. 

(8)  L'hôpital  du  Saint-Esprit,  prés  ConTolens,  est  bien  connu  et  nous 
avons  eu  déjà  l'occasion  de  le  mentionner.  C'est  le  seul  établissement  hospi- 
talier du  pays  que  nous  puissions  affirmer  avoir  dépendu  de  Tinstitution  de 
Guy  de  Montpellier.  Tout  au  moins  y  fut-il  rattaché  durant  une  certaine 
période,  puisque  le  Fouillé  du  diocèse  mentionne  qu'en  1452,  1562,  1579,  il 
fut  pourvu  au  bénéfice  par  les  hôpitaux  du  Saint-Esprit  in  Saxta,  à  Rome,  et 
du  Saint-Esprit  de  Montpellier. 

(9)  La  Fauvette,  près  Oradour-sur-Glane,  était  une  dépendance  de  la 
Maison-Dieu  de  Montmorillon  qui,  du  xv*  au  commencement  du  xvii*  siècle 
tout  au  moins,  nomma  à  ce  prieuré,  dont  les  revenus  furent  ensuite  donnés^ 
comme  ceux  de  La  Plagne,  aux  Augustins  de  Montmorillon. 


126  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTOllIQUE  DU   LIMOUSIN 

In  archipresbiteralu  de  Nontronio  :   Elemosinarlus  de  Nontronio, 

«  •  •  •  I 

XIIll'. 

In  archipresbiteralu  de   Meyse  :    prepositus   Sanctt  Valentini  (i,  la 
somme  de  xi'  xv"  (et  néant  comme  dessus  et  pour  ce  cy). 

In  archipresbiteralu  de  Ranconio  :  pi*eceptor  de  Cassenon,  xlvii*  x*; 
preceptor  de  Erue  (2),  xlvii'  v". 

In  archipresbiteralu  de  Albuconio  (même  somme)  :  ELemosinarius  de 
Pheletino  (3),  vii>  xix»  (néant  comme  dessus,  pour  ce). 

Archives  nationales,  série  S.  4847. 


VII 

Ordonnances  successives  du  lieutenant  particulier  ayant  trait  à  la  visite 
par  des  experts  des  bâtiments  de  la  Maison-Dieu  et  à  l'adjudication 
des  travaux  indispensables  pour  empêcher  que  ces  constructions  tom- 
bent en  ruine  {6  novembre  1561  -13  Janvier  1562). 

Joseph  Lamy,  conseiller  pour  le  Roy,  son  lieutenant  particulier  en  la 
senneschaulcée  de  Limosin  au  siegpe  presidial  de  Limoges,  scavoir  fai- 
sons que,  aujourdhuy  soubz  escript,  suyvant  Fappointemenl  par  nous 
donné  le  (4)  jour  du  presant  moys  de  novembre,  nous  sommes 

transportés  au  lieu  de  la  léproserie  communément  appelée  la  Maison 
Dieu  de  la  presant  ville  de  Limoges.  Appelle  avec  nous  le  commys  du 
greffier  soubz  signé  :  ou  illecq  estant,  pardevant  nous  ont  comparu* 
scavoir  :  honnorable  le  procureur  du  Roy,  par  Maledent  et  Ardent,  advo- 
cat  et  procureur  dudict  seigneur;  le  sindic  des  pouvres  ladres,  par 
Essenault  et  Rougier,  d'une  part,  —  et  dame  Charlotte  de  Maulmont, 
abbesse  de  Nostre  Dame  de  La  Reigle,  par  Bonyn,  son  procureur,  avec 
M*  Jehan  Poyat,  son  solliciteur,  d'aullre  part.  Ledict  Essenault  nous  a 
dict  que,  a  cause  de  la  ruyne  notoire  de  ladite  léproserie,  que  cy  devant 
avoit  esté  visitée  par  ordonnance  de  Monsieur  Bermondet,  et  avoit  esté 
ordonné  de  rechiefz  que  les  ediffices,  bastimens  et  esglize  de  ladite 
léproserie,  qui  ont  besoing  de  prompte  repparation,  seroienl  visités  et 
que  tant  les  dictz  sindic  que  abbesse  comme  administraresse  des  fruiclzj 
prouffictz,  revenuz  et  esmolunicntz  de   ladite  léproserie,  prandroient 

(1)  Saint- Valen lin  ou  Saint-Jean  de  Vclentin,  est  désigné  au  Ponilte':  «  prieuré 
ou  prévôté  ».  Il  dépendait  de  Tabbaye  de  Tourtoyrac,  en  Périgord  et  était 
situé  paroisse  de  Roy  ère,  auj.  commune  de  La  Roche-l*  Abeille,  près  Nexon 
(Haute- Vienne). 

(2)  La  petite  commanderie  de  Saint-Vincent-d*Eyruc  ou  d'Héru,  près 
Saint-Léger-Magnazeix,  qui  comme  la  plupart  des  anciennes  maisons  hospi- 
talières de  la  zone  de  Texlréme  nord  du  département  de  la  Haute- Vienne, 
dépendait  de  la  Maison-Dieu  de  Montmorillon  ;  ses  revenus  furent  affectés 
aux  Augustins  de  la  même  ville. 

'3)  L'auni5n3ne  ou  h  >piti1  de  Felletin, 
(4)  Blanc. 


LES    LÉPREUX   ET   LES  LÉPnOSEniBS  DE  LIMOGES  127 

gens  et  arbitres  dont  ilz  s'accorderoient  pour  veoir  et  visiter  lesdictz 
edifûces,  bastimens  et  esglize  en  nostre  présence  ;  lequel  sindic  obeys- 
sant  auroit  nommé  Jehan  Picard,  dict  Horlogeure  ;  Hugues  Guyonnet, 
menusier;  Pierre  Penicaud  dict  Le  Bureau,  aussi  menusier,  et  Anthoine 
Descousturcs,  masson  :  lesquelz  il  a  dict  avoir  faict  assigner  a  heure 
presante  par  devant  nous,  ausdictes  fins;  lesquelz  ont  compareu  en 
leurs  personnes,  et  ledict  Essenault  a  requis  que,  en  deffault  que  ladite 
abbesse  ne  fornyra  d^arbitres,  qu'il  soit  commys  aux  siens  affaulte 
d'obeyr.  Ledict  Bonyn  a  dict  compareoir  seulement  sans  préjudice  de 
ses  appellations,  et  avoir  faict  aussi  assigner  ausdites  fins  Estienne  de 
Villegoureys,  menusier:  Jehan  de  Beaunon  dict  Mourant,  aussi  menu- 
sier ;  Marcial  de  Rançon  et  Pierre  Moureau  de  Coignac  en  Poitou,  qui 
illecq  ont  compareu  en  leurs  personnes.  Toutesfoys  a  dict  ledict  Bonyn 
que  lesdictz  Picard  et  Lebureau  avoyent  estes  récusés  par  sa  partie, 
comme  elle  le  luy  avoit  mandé,  et  nous  a  requis  ordonner  qu'ilz  ne 
assisteront  a  laditte  Visitation  et  rapport,  n'empeschant  que  les  aultres 
arbitres  ne  visitent  les  choses  dont  est  question  pour  en  faire  leur  rap- 
]>orl  par  devant  nous,  comme  ilz  verront  estre  aÛaire.  A  quoy  ledict 
Essenault  a  dict  et  remonstré  que  ladicte  dame  n*avoit  récusé  aulcuns 
de  ses  arbitres,  et  que  ce  que  ladicte  Idame  faict,  ce  n'est  que  pour 
cmpescher  ladicte  Visitation  et  réparation,  s'arrestcr  que,  es  cas  que 
ledict  Bonyn  ne  mostrera  présentement  desdites  causes  de  récusation, 
que  lesdits  Picard  et  Bureau  ensemble  tous  les  susdictz  arbitres  nom- 
més tant  par  ledict  Bonyn  que  par  luy,  debvoient  presantement  visiter 
lesdictz  bastimens  et  esglize,  pour,  ce  faict,  en  faire  leur  rapport  par 
devant  nous  comme  ilz  verront  estre  affaire.  Sur  quoy,  après  avoir 
interpellé  ledict  Bonyn  de  declairer  si  les  susdictz  Picard  et  Bureau 
avoient  esté  récusés  par  sa  partie,  qui  a  dict  que  ouy;  avons  ordonne 
qu'il  exhibera  presantement  lesdictes  récusations  :  autrement  que  nous 
les  précéderons  {sic)  de  nostre  office.  Et  actendu  que  ledict  Bonyn 
nous  a  dict  que  ladicte  dame  luy  avoit  donné  charge  de  dire  qu'ilz  luy 
estoient  suspeclz  et  les  avoit  récusés  et  qu'il  les  récuse  comme  de  faict 
les  a  récusés,  et  qu'il  n'a  deduict  ne  déclaré  causes  de  récusations  légi- 
times; avons  ordonné  que  tant  lesdictz  Picard  et  Bureau  que  les  aultres 
arbitres  suz  nommés  par  lesdictz  Essenault  et  Bonyn,  visiteront  les- 
dictz bastimens  et  esglize  présentement,  pour  scavoir  si  ont  besoing  de 
promptes  repparations  pour,  ce  faict,  faire  leur  rapport  par  devant  nous 
comme  ilz  verront  estre  affaire  par  raison  :  ce  que  lesdictz  arbitres  ont 
faict  comme  ilz  nous  ont  rapporté  en  la  presance  desdictz  advocatz  et 
procureur  du  Roy,  Essenault,  Rougier  et  Bonyn.  Et  les  avons  assignés 
en  notre  maison,  heure  presante,  pour  illecq  faire  leur  rapport  par 
devant  nous;  et  après  ledict  Essenault  nous  a  requis,  en  presance 
dudict  Bonyn,  interroger  et  examiner  les  pouvres  ladres  habitans  en 
ladicte  léproserie  sur  le  contenu  en  ViniendU  mis  par  devers  nous,  pour, 
ce  fait,  dire  ce  qu'il  appartiendra,  et  a  sommé  messieurs  les  gens  du 
Roy  adhérer  a  son  requisitoyre.  A  quoy  ledict  Ardent  a  dict  avoir  veu 
ledict  intendu  et  estre  signé  de  luy,  et  a  adhéré  au  requisitoyre  dudict 


128  SOCIÉTÉ  AltCUÉOLOGlVtl  E    ET    111ST01U(2CE   OU    LIMOUSIN 

Essenault  pour,  ce  faict,  requérir  aussi  ce  qu^il  appartiendra.  Ledict 
Bonyn  a  dict,  pour  sa  partie,  que  lesdictz  pouvres  ladres  sont  ses  par- 
ties, et  empesche  leur  examen;  sur  quoy,  avons  ordonné  que  lesdictz 
pouvres  ladres  seront  ouys  présentement  Tung  empres  Taultre,  a  part 
et  secrètement,  sur  le  contenu  audict  inlendii  mis  par  devers  nous  pour, 
ce  faict,  y  avoir  tel  esgard  que  de  raison.  Faict  audict  lieu  de  la  Lépro- 
serie de  Limoges,  par  devant  nous,  lieutenant  susdict,  le  sixiesme  jour 
de  novembre  mil  cinq  cens  soixante  ung.  —  Et  ledict  jour,  actendu  que 
les  susdictz  expertz  n^ont  compareu  pour  fere  leur  rapport  par  devant 
nous,  en  noste  maison,  requérant  lesdictz  Essenault,  Rougier  et  Poyat, 
avons  ordonné  qu'ilz  comparestront  demain,  heure  de  sept  heures  de 
matin  par  devant  nous,  pour  faire  leur  rapport  comme  ilz  verront  estre 
affaire,  a  peyne  de  cinq  cens  livres  et  de  prison  ;  et  leur  sera  signiffié  : 
ce  que  tost  après  a  esté  signiffié  par  le  commys  de  greffier  subzsigné 
ausdictz  arbitres,  parlant,  scavoir  quant  audict  Picard,  a  Beligne  Picard, 
sa  filhe  ;  quant  ausdictz  Mourcau,  Villegoureys  et  Mouraut,  a  leurs  per- 
sonnes; quant  ausdictz  Bureau,  Rançon  et  Descoustures,  a  leurs  femmes, 
et  quant  audict  Guyonnet,  a  sa  personne,  qui  n'ont  faict  aulcune  res- 
ponce.  —  Et  advenant  le  lendemain,  septicsme  jour  du  moys  de  novem- 
bre mil  cinq  cens  soixante  ung,  ont  compareu  par  devant  nous,  lieute- 
nant susdict,  scavoir  lesdictz  Picard,  Guyonnet  [et  Pierre  Moureau]  (1), 
Penicaud  de  Villegoureys,  Moureau  de  Rançon  et  Pierre  Mourcau  de 
Coignac  en  Poictou,  en  leurs  personnes,  lesquclz,  après  serment  par 
eulx  faict  sur  les  Evangiiies,  nous  ont  dict  et  rapporté  avoir  ve j  et 
visité  tous  les  lougis  desdictz  pouvres  ladres,  ensemble  Tesglize,  tant 
par  le  dedans  que  par  le  dehors;  et  leur  semble  mesmes,  ausdictz 
Guyonnet,  Penicaud  de  Villegoureys  et  Mouraut,  que  le  boys  et  futaies 
sont  fort  ruyncs  et  ont  besoing  de  prompte  réparation  ;  car  n'y  a  aulcun 
boys  que  puisse  servir  que  le  boys  de  la  couverture  dudict  logis.  Et 
lesdictz  de  Rançon,  PieiTe  Moureau,  maistres  massons,  et  Jehan  Picard, 
ont  dict  que  les  murai Ihes  dudict  logis  estre  ruyneuses  et  concavées,  et 
que,  pour  reposer  lesdictes  murailhes,  il  les  faudroit  habaptre,  car  ont 
besoing  de  prompte  réparation.  Lesquelz  susdictz  charpentiers  ont 
aussi  dict  qu'ilz  ne  vouldroient  entreprendre  de  appuyer  ledict  logis, 
encore  que  ladicte  dame  leur  fornist  tout  le  boys  nécessaire,  pour 
soixante  livres;  et  lesdictz  maistres  massons  ont  aussi  dict  qu'ilz  ne 
vouldroient  faire  lesdictz  murailhes  pour  cinquante  escutz;  car  fault 
commenscr  despuys  les  fondements  dudict  logis,  actendu  que  sont 
iniynés,  percés,  fenduz  et  vin...  (2)  en  plusieurs  endroictz,  et,  pour  bien 
dresser  les  logis,  est  besoing  ung  arseau  et  voûte  pour  empcschcr 
Thumidité  que  provient  de  la  cave  ;  car  si  c'estoit  faict  de  planches, 
ne  seroit  de  durée.  Aussi  est  nécessaire  habaptre  les  deux  murs  des 
deux  coustés  dudict  logis,  parceque  sont  en  emynant  péril  et  dangier. 
Parquoy  avons  ordonné  que,  tant  le  Procureur  du  Roy,  sindic  desdictz 

(1)  Ces  trois  mots  ratures. 
(3)  Mot  illisible, 


I-ES    LÉPIŒITX    ET    LES   LKPnOSEHIES  DE    LIMOC.ES  120 

pouvrcs,  que  Bonyn,  procureur  de  ladicte  dame,  seront  assignés  pré- 
sentement a  compareoir  par  devant  nous  pour,  en  leur  présence,  estre 
bailhé  a  pris  falct,  tant  lesdictz  appuys  que  murailhes  :  lesquelz  pris 
faictz  seront  bailhés  ausdictz  ouvriers  au  rebays;  et  pour  ce  faire,  com- 
mandement est  faict  au  commys  de  nostre  greffier  aller  signiffier  nostre 
présent  appointement  ausdictz  procureur  du  Roy,  sindic  desdictz  pou- 
vrcs, que  a  Bonyn,  procureur  de  ladicte  dame.  —  Et  après,  ont  compa- 
reu  par  devant  nous,  Lieuctenant  susdict,  scavoir  :  ledict  procureur  du 
Roy,  par  Maledent,  advocat  dudit  seigneur  ;  ledict  sindic  des  pouvres, 
par  Rougier,  et  ladicte  dame,  par  M*  Pierre  Poyat,  ausquelz  Maledent, 
Rougier  et  Poyat  avons  declairé  que  lesdictz  arbitres  a  voient  faict  leur 
rapport,  et  lequel  veu,  avons  ordonné  que  tant  lesdictz  appuys  que 
murailhes  seront  faictz  a  pris  faict  :  lequel  pris  faict  seroit  bailhé  aux 
ouvriers  au  rebays.  Lequel  Maledent  nous  a  requis  interroger  lesdictz 
ouvriers,  s'ilz  vouloient  fere  Icsdictes  réparations  a  pris  faict.  A  quoy 
ledict  Rougier  a  adhéré.  Sur  quoy,  nous,  lieutenant  susdict,  avons 
interrogé,  en  présence  dudict  Poyat,  lesdictz  arbitres  coraparens  comme 
dessus,  s^ilz  vouldroient  fere  lesdictz  ediffices,  lesquelz  nous  ont  dict 
qu'ilz  y  vacqueroient  en  les  fornissant  de  ce  que  sera  nécessaire  esdictz 
ediffices  et  les  payant  de  salaire  compectant.  Ausquelz  avons  interpellé 
declairer  ce  qu'il  leur  fauldroit.  Lequel  Guyonnet  nous  a  dict  qu'en  luy 
fornyssant  de  boys  compectant,  a  appuyer  ledict  logis,  il  le  appuyeroit 
pour  vingt  cinq  livres  dans  le  temps  que  seroit  dict.  Et  actendu  que 
aulcun  aultre  n'a  faict  aultre  offre,  avons  ordonné  que  ladite  dame 
bailheroit  entre  les  mains  des  administrateurs  ladicte  somme  de  vingt 
cinq  livres,  pour  la  bailheret  distribuer audict  Guyonnet;  ensemble  fera 
conduire  audict  lieu  de  la  leprozerie  le  boys  nécessaire  audict  appuye- 
ment  ;  lequel  Guyonnet  appuyera  ledict  logis  dans  ung  moys  peremp- 
toyrement  ;  et,  pour  ce  faire,  bailhera  bonne  et  souffizante  caution  ;  et 
lesdictz  de  Rançon  et  Moureau  nous  ont  dict  qu'ilz  feroient  lesdictes 
murailhes  par  la  forme  que  dessus  pour  vingt  escutz,  en  ce  que  ladicte 
dame  leur  forniroit  et  feroit  conduire  sur  ledict  lieu  de  la  leprozerie,  la 
piarre  et  aultres  choses  que  seroient  nécessaires  ausdictes  murailhes* 
Par  quoy,  actendu  que  aulcun  aultre  ne  s'est  compareu  que  aist  faict 
meilheur  offre,  avons  ordonné  que  ladicte  dame  sera  tenue  bailher 
entre  les  mains  des  administrateurs  ladicte  somme  de  vingt  escutz  : 
laquelle  somme  lesdictz  administrateurs  seront  tenus  distribuer  et 
bailher  ausdictz  de  Rançon  et  Moureau,  lesquelz  se  obligeront  en  la 
meilheur  forme  de  fere  lesdictes  murailhes,  par  la  forme  que  dessus,  et 
bailheroient  caution,  que  s'en  obligera.  Les  quelles  murailhes  lesdictz 
de  Rançon  et  Moureau  seront  tenuz  fere  et  rendre  faictes  dans  la  pro- 
chaine feste  de  Pasques.  Et  aussi  ordonnons  que  ladite  dame  sera  tenue 
bailher  et  fournyr  ausdictz  massons  ce  que  sera  besoing  ausdictes 
murailhes,  et  lesquelles  sommes  susdictes  la  dicte  dame  sera  tenue 
bailher  par  la  forme  que  dessus  dans  huictaine  péremptoirement,  pen- 
dant laquelle  luy  est  permys  de  mener  aultres  charpentiers  et  massons 
pour   fere  lesdictz  appuys  et  murailhes  par  la   forme  que  dessus,   a 


130  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

moindre  pris,  et  s'en  obligeront  par  la  forme  que  dessus  :  aultrement, 
afiaulte  de  ce  faire,  icelle  escheue,  est  concédé  execuloyre  desdites 
sommes,  et  donné  mandement  au  premier  sergent  royal  sur  ce  requis, 
contraindre  ladite  dame  de  La  Reigle  au  paiement  desdictes  sommes 
par  toutes  voyes,  manières  deues  et  raisonables.  A  quoy  le  dict  Poyat 
n'a  consenty,  ains  a  appelle.  —  Et  advenant  le  quatorzième  jour 
de  novembre  audit  an,  audcvant  Tauditoyre  royal  de  la  cour  de  la 
seneschaucée  de  Lymosin,  s'est  compareu  par  devant  nous,  lieutenant 
susdict,  M*"  Pierre  Poyat,  sans  préjudice  des  appellations  de  ladicte 
dame,  si  aulcuncs  on  y  a,  et  sans  desroger  a  icelles,  au  nom  et  comme 
[)rocureur  de  ladite  dame  de  La  Reigle,  que  a  dict  que  suyvant  nostre 
dict  appointement,  il  a  faict  visiter  par  charpentiers  et  massons  ledict 
lieu  de  la  Maison  Dieu,  et  veoir  les  reparacions  necesseres,  et  nous  a 
présenté  Michel  de  La  Vault,  m«  charpentier  de  la  présent  ville  de 
Limoges,  qui  a  offert  appuyer  et  mectre  en  asseurance  ledict  lieu  de 
la  Maison  Dieu  pour  dix  livres  tournois,  en  ce  que  ladicte  dame  luy 
fournisse  sur  le  lieu  le  boys  necessere.  Et  a  offert  donner  bonne 
et  soufûsanle  caution.  Et  s'est  présenté  aussi  Jehan  de  Vaulx,  bon- 
netier de  Limoges,  lequel  a  dict  avoir  veu  et  visité  ledict  lieu  de 
la  Maison  Dieu  et  les  réparations  y  necesseres  tant  de  charpentaric 
que  de  massonnerie,  et  a  offert  fere  faire  le  tout  pour  trente  escutz 
au  solelh,  et  donner  bonne  et  souffisante  caution  de  ce  faire,  en  luy 
donnant  delay  compectant.  Par  quoy  avons  ordonné  que  ce  que  dessus 
sera  monstre  au  procureur  du  Roy  pour  y  venir  dire  ce  qu'il  appartien- 
dra lundy,  a  deux  heures  après  mydy  presizement.  —  Et  advenant  le  dix 
septiesme  desdictz  moys  et  an,  ce  que  dessus  a  esté  monstre  et  signiffié 
a  monsieur  Ardent,  procureur  du  Roy,  audevant  l'auditoyre  royal  de 
ladicte  seneschaucée,  par  Jehan  Lafon,  commis  de  greffier,  parlant  a 
luy  et  en  lisant,  s'est  compareu  M"  Marcial  Essenault,  au  nom  et 
comme  sindic  des  pouvres  ladres  dudict  lieu  de  la  Maison  Dieu  et  hos- 
pital  de  la  présent  ville,  lesquelz,  après  avoir  veu  et  leu  lesdictes  offres, 
ledict  Essenault,  audict  nom,  a  requis  estre  mis  en  l'instance  et  appelle 
audict  affaire  et  bailh  de  ladite  caution,  pour  scavoir  s'il  est  solvable  et 
pour  dire  ce  qu'il  appartiendra  actendu  l'eminent  péril  qu'est  audict 
lieu  ;  car  le  logis  et  habitation  desdictz  pouvres  ladres  thumbe  par 
terre  si  promptement  n'y  est  pourveu  ;  et  fault  que  celluy  qui  sera 
caution,  s'oblige  fere  faire  non  seulement  les  appuys  et  asseurance 
prétendus  par  ladite  dame,  mays  aussi  toutes  réparations  nécessaires 
sans  discontinuation,  et  rendre  ledict  logis  et  habitation  desdicts  pou- 
vres lougeable  et  habitable,  non  poinct  par  provision,  mays  en  telle 
commodité  et  estât  qu'a  esté  ad  visé  et  ordonné  cy  devant,  tant  par 
nous  que  par  les  expertz,  pour  l'advenir,  et  ce  dans  un  briefz  delay  qui 
luy  sera  bailhé  pour  ce  faire,  et  ce  au  dict  et  ordonnance  de  gens  ad  ce 
expertz  et  entendus  qui  visiteront  ce  que  sera  faict,  et  feront  rapport  si 
les  charpentiers  et  massons  nommés  et  présentés  par  ladicte  dame  y 
auront  faict  toutes  réparations  nécessaires  ;  et  s'ilz  ne  les  font,  qu'elles 
et  ses  dictes  cautions  en  soient  responsables,  et  de  tous  inconveniens 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  OE  LIMOGES  131 

qui  en  pourroient  advenir,  Tung  pour  l'aultre,  et  chacun  d^euix  seul  et 
pour  le  tout,  au  choix  et  eslection  desdictz  pouvres,  sans  qu^ilz  soient 
tenus  faire  aulcune  distraction  de  bien,  si  mieulx  elle  n'ayme  fornyr 
argent  aux  administrateurs  de  ladicte  léproserie  pour  ce  faire  du  jour 
la  journée  (?)  en  sa  présence  ou  de  ses  commys  et  depputés  :  ce  que 
ledict  sindic  offre  faire  faire  ausdictz  administrateurs  en  leur  bailhant 
matière  et  argent  qui  sont  responsables  de  tout  ce  que  dessus,  protes- 
tant que  en  aultre  condition  et  qualité  lesdictes  réparations  et  choses 
susdites  ne  doibvent  estre  baiihées  et  confiées  audict  de  Vaulx.  Dict 
ledict  sindic  qu'il  ne  le  cognoist,  et  en  bailhe  actestations  capables, 
responsables,  et  cogneuez  :  n'cmpesche  lui  estre  bailhé,  o  (1)  lesdictes 
cautions  et  qualités,  non  aultrement.  Ladicte  dame  dict  avoir  faict  et 
arresté  marché  avec  les  expertz  qui  ont  desja  mys  la  main  a  Tœuvre  et 
y  besoignent  journellement.  Par  quoy  ledict  sindic,  sans  cause,  empes- 
che  ladicte  exécution  effectuelle.  Ledict  sindic  a  protesté  comme  dessus 
et  dict  qu'il  n'a  faict  et  ne  veuct  fere  aulcun  empeschement  ad  ce  que 
dessus  ;  mays  plustost  avanser  ce  qu'il  fault  fere,  protestant  a  deffault 
d'obeyr  comme  dessus.  Ledict  Procureur  du  Roy  a  employé  la  responce 
dudict  EsscnaulL  Et  advenant  le  treiziesme  de  janvier  an  susdict  (2), 
ledict  Bonyn,  pour  ladicte  dame,  a  dit  que,  sans  cause,  ledict  sindic 
poursuit  l'exécution  de  fere  appuyer  le  logis  desdictz  pouvres;  car  ce 
qu'il  demande  est  faict,  il  y  a  ung  moys  dernier  passé  et  davantage,  et 
la  maison  mise  en  asseureté,  et  les  pouvres  qui  demeurent  dedans  ne 
peuvent  dire  le  contraire  et  en  ont  adverty  ledict  sindic  comme  ont  dict. 
Signé  Lamy.  ColL  Delaporte.  G.  commis. 

(Source  non  indiquée  par  M.  L.  Guihert), 


Vlïl 

Permission  de  quitter  la  léproserie  donnée  à  un  lépreux  reconnu  guéri 

(16  octobre  1477) 

m 

Permission  accordée  par  le  senechal  de  la  dame  abbessc  de  la  Règle, 
le  seize  octobre  mil  quatre  cent  soixante  dix  sept,  en  présence  du  pro- 
cureur de  ladite  dame,  a  Anthoine  Truchat,  prestre,  demeurant  lors 
dans  la  maison  des  lépreux  de  ladite  dame  abbesse  appellée  de  la  Mai- 
son-Dieu ou  il  avoit  esté  admis  du  mandement  et  de  la  permission  de 
ladite  dame,  comme  estant  atteint  de  lèpre,  dont  il  avoit  esté  déclaré 
par  ceux  qui  l'avoint  visitté,  n'estre  pour  lors  entaché,  de  se  retirer  ou 
bon  luy  sembleroit,  et  s'il  tomboit  dans  ladite  maladie  de  lèpre,  de 
revenir  en  ladite  maison,  d'y  prendre  sa  place  et  jouir  des  droits  de 
ladite  maison,  comme  les  autres  lépreux  d'icelle,  ^  la  charge  de  revenir 


(1)  Avec. 

(2)  13  janvier  1562,  nouveau  style.  L'année  commençait  encore  à  Pâques. 


132  SOCIKTK   ARCIIKOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE    Dl'    LIMOUSIN 

avant  deux  ans  :  passé  lequel  temps  il  n*y  seroit  pas  receu  sans  ordon- 
nance  ».  Extrait  d'une  procédure  pour  Tabbesse  de  la  Règle. 
(Archives  nationales,  série  S,  liasse  4847,  n®  19). 


ÏX 

Lettres  d^ admission  à  la  léproserie  de  la  Maison-Dieu 

{1572-16f8) 

Jeanne  de  Bourbon,  humble  abbesse  du  dévot  monastère  de  l'abbave 
de  la  Règle  en  la  Cité  de  Limoges  et  prieure  du  prieuré  de  la  Maison- 
Dieu  de  Limoges,  soussignée,  avons  receu  humble  supplication  a  nous 
présentée  de  la  part  de  Marquet  Martin  et  Libérale  Boulanger,  sa 
femme,  pauvres  lépreux,  comme  de  ce  nous  est  deiiement  apparu,  tant 
par  l'inspection  de  leur  face  et  personne  qu'aussi  par  le  rapport  de  tous 
les  autres  pauvres  lépreux,  étant  audit  prieuré  de  la  Maison-Dieu  :  pre- 
mièrement avons  receu  d'iceux  le  serment  en  tel  cas  requis  et  néces- 
saire, et  preste  par  les  susdits  aux  Saints  Evangiles,  ayant  touché  le 
livre,  pour  jouyr  des  gages,  préeminances  et  autres  qualitez  et  condi- 
tions, comme  ont  fait  cy  devant  les  autres  pauvres,  qui  ont  esté  et  ont 
demeuré  audit  prioré,  et  comme  faisoient  les  autres  pauvres  lépreux 
qui  y  sont  de  présent.  Et  pour  majeure  fermeté,  avons  délivré  et  baillé 
nos  lettres  aux  susdits  conjoints  pauvres  lépreux  en  la  meilleure  forme; 
auxquels  avons  commandé  y  apposer  nostre  scéel  ;  et  avons  signé  ces 
présentes  de  nostre  seing  naturel.  Donné  et  fait  en  nostre  maison  abba- 
tiale de  la  Règle,  en  laditte  Cité  de  Limoges,  le  premier  jour  de  janvier 
157-2  et  en  présence  de  M.  Léonard  Boisse,  prestre,  et  de  François 
Sorni,  pauvre  lépreux,  témoins  signez.  Jeanne  de  Bourbon  (1),  et  scellé. 

Bonaventure  de  Saint-Amable  :  Histoire  de  Saint-Martial,  t.  H,  p.  âil* 

Jehanne  de  Bourbon,  humble  abbesse  du  Monastère  et  abbeye  Notre- 
Dame  de  la  Reigle  en  la  Cité  de  Limoges,  scavoir  faisons  a  tous  qu'il 
apartiendra  que,  a  Thumblô  supplication  et  requête  de  Jehan  Fermy, 
paoure  ladre  de  la  maladerie  de  Sainct  Junien,  nous  inclinans  a  icelle  en 
faveur  de  pieté,  icelluy  Fermy  avons  receu  et  recepvons,  mis  et  mettons 
en  la  maison  du  prieuré  de  la  Maison  Dieu  deppendant  de  ladîcte 
abbeye  pour  en  icelle  maison  vivre  et  habiter  par  ledict  Fermy  des 
aulmosnes  et  biens  de  ladicte  maison,  comme  les  autres  pouvres  ma- 
lades d'icelle,  tant  quïl  nous  plaira  ;  lequel  Fermy  a  par  devant  nous 
promis  et  juré  de  bien  fidellement  et  decentement  vivre  et  converser 
en  icelle  maison,  selon  les  louables  coustumes  et  observances  d'icelles, 
sans  y  faire  ne  commectre  aucun  excès,  acte  de  dissolution  ne  aultre 
sinistre,  et  a  faict  et  preste  tout  aultre  serement  au  cas  requis  et  accous- 
tumé.  Si  donnons  en  mandement  aux  aultres  pouvres  ladres  de  ladicte 
Maison  Dieu  de  icelluy  recepvoir  et  admectre  en  ladicte  maison  et  le 

(l)  Il  faut  peut-^tre  lire  :  Signé  Jeanne  de  Bourbon. 


LES  LKPIŒITX  ET  LES  LKIMIOSERIES   DE  LIMOGES  133 

• 

permectre  et  laisser  y  vivre  avec  eux  des  aulmosnes  et  droictz  d'icelle 
comme  ung  chacun  d'eulx,  sans  luy  faire  ne  donner  aulcung  empesche- 
ment.  Et  en  témoignage  de  ce,  avons  signé  ces  présentes  de  nostre 
mniA  et  seing  manuel,  et  icelles  faictes  signer  par  le  notaire  soubzsigné, 
commis  de  notre  greffier  et  secrétaire.  Donné  et  faict  a  Limoges,  en 
notre  abbeye,  le  vingt  troisième  jour  du  mois  de  juing  mil  cinq  cens 
soixante  dix  huict. 

Par  le  mandement  de  madicte  dame,  Goubeht. 

Virgille  du  Pont  Jarno,  humble  abbesse  du  devot  monasléire  de  Notre 
Dame  de  la  Reiglc  de  la  Cytté  de  Limoges,  a  cause  de  ladicto  abbeye, 
prieure  du  prieuré  de  la  Maison  Dieu  dudit  Limoges.  Est-il  que  ce 
jourdhuy  souIjz  escript  nous,  abbesse  susdicte,  a  la  prière  et  humble 
supplication  de  Marguerite  Lafon  et  de  Francoys  Nadaud,  son  filz  et  de 
feu  Jehan  Nadaud,  demeurant  a  présent  en  la  malladerie  de  la  ville  de 
Chasluz,  l'avons  prince  (?)  admie  (?)  et  receue  en  pouvre  mallade 
lépreux  audict  prieuré  et  malladerie  de  ladicte  Maison  Dieu  ledict 
Francoys  Nadaud,  filz  dudict  feu  et  de  ladicte  Marguerite  La  Fou,  lequel 
nous  a  promis  et  juré  sur  les  Sainctz  Evangilles  Nostre  Seigneur,  touché 
le  livre,  de  vivre  et  converser  chastement  et  honestement  audict  prieuré 
avecq  les  aultres  pouvres  mallades  y  demeurents,  o  (1)  la  charge  de 
nous  porter  obeyssance  ensemble  a  noz  officiers  et  serviteurs,  avecq 
honeur,  proffit  de  nostre  dicte  abbeye  procurer  icelluy  proffit  et  esviter 
le  dommaige  de  tout  son  pouvoir  et  supporter  pouvretté  patiemmant,  au 
mieulx  que  luy  sera  poyssible;  balher  et  délivrer  a  la  bource  commune 
des  aultres  pouvres  de  ladicte  malladerie  tout  ce  que  luy  sera  ausmoné 
et  balhé  dans  les  croix  dudict  Lymoges,  et  en  randre  bon  et  loyal 
compte;  garder  et  observer  les  coustumes  accoustumées,  estre  obser- 
vées audict  prieuré  :  lequel  Francoys  Nadaud,  en  ladicte  qualité  et  con- 
diction,  avons  mis  en  possession  de  pouvre  mallade  et  mandiant  dudict 
prieuré,  pour  jouyr  doresenavant  comme  Tung  des  aultres  de  partie 
d'icelluy  prieuré  par  le  bailh  des  présentes.  Dont  et  desdictes  choses 
et  réception  d'icelles  luy  concédons  acte;  et  en  foy  et  tesmoinnage  de 
vérité,  avons  ccsdictes  présentes  signées  et  faict  signer  par  notre  gref- 
fier et  secrétaire  de  ladicte  abbeye  soubz  signé.  Faict  dans  icellc  abbeye 
le  vingt  huictiesme  de  novembre  mil  six  cens  dix  sept,  en  présence  de 
M.  Jehan  Laurans,  prebstre,  et  Marcial  Gentien  (?)  vigneron,  habitans 
de  ladicte  cyté  tesmoingtz  a  ce  appelles,  l^e  s*"  Gentien  n  a  seu  signer. 

Virgille  du  Pont  Jarno,  abbesse  de  La  Reigle, 
Martinald,  notaire  royal  (2). 


(1)  Dans  le  sens  û'&vec. 

(2}  On  trouve  dans  VHisloire  de  Saint-Martial^  t.  II,  p.  241,  343,  d'autres 
lettres,  en  date  du  19  janvier  1622,  admettant  Philippe  Fermy  <«  en  povre 
religieux  du  prioré  et  maladerie  de  la  Maison-Dieu,  o  la  charge  de  vivre 
chastement  et  converser  honestement  avec  les  autres  povres  religieux 
d'iccluy  ». 

T.  LV  U 


134  SOCIÉTÉ  ARCHUOLOCIQUB  ET  UISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 

Virgile  du  Pont  Jarno,  abbesse*  du  monastère  et  abbeye  de  Notre 
Dame  de  la  Règle  de  la  Citté  de  Limoges  et  prieuresse  du  prieuré  de  la 
Maison  Dieu  près  et  hors  ladite  Citté,  membre  deppendant  de  ladite 
abbaye.  A  tous  ceulx  qui  ces  présentes,  verront,  scavoir  faisons  que  ce 
jourdhuy  sous  escript,  a  la  prière,  supplicacion  et  requeste  de  Phillipe 
Bouliego,  femme  de  Léonard  Surnin,  de  ladite  mallederye  de  la  Maison 
Dieu,  native  de  la  malederye  d'Aixe,  présente  et  aceptant,  nous  l'avons 
prinse,  admise  et  receue  pouvre  et  religieuze  dudit  prieuré  et  male- 
derye de  ladite  Maison  Dieu;  laquelle  nous  a  promis  et  juré  sur  les 
Sainctz  Evangilles  Notre  Seigneur,  touché  le  livre,  de  vivre  et  converser 
chastement  et  honnestement  audit  prieuré  avec  les  autres  pouvres  et 
religieuses  d'icelluy,  nous  prester  et  porter  obeyssance  ensemble  à  nos 
officiers  et  serviteurs  et  aveq  honneur,  proffict,  utillité,  et  de  notre 
abbaye  procurer,  garder  et  esvictcr  notre  deshonneur  et  dommage  a 
leur  pouvoir  et  supporter  pouvretté  patiemment,  au  mieulx  que  luy 
sera  possible,  ensemble  bailher  et  délivrer  à  la  bource  commune  des 
pouvres  de  ladite  malederye  tout  ce  que  par  elle  sera  acquis  et  luy  sera 
bailhé  dans  les  croix  (1)  dudit  Limoges,  et  en  rendre  bon  et  loyal 
compte,  et  prester  le  reliqua  ;  et  n'allienner,  vendre  ne  transporter  aulcu- 
nement  les  biens  qu'elle  requera  a  Tadvenir,  sous  les  croix  de  Limoges, 
ne  d'iceulx  dispozer  a  la  vye  ni  a  la  mort  :  en  sorte  que  ce  soit  sans 
notre  congé  et  permission  ou  de  noz  successeresses,  que  seront  pour 
Tadvenir,  réservé  pour  leurs  nécessités  tant  seullement.  Et  oultre  ce, 
gardera  et  observera  les  coustumes  dudit  prieuré;  laquelle  Phillipe 
avons  mis  en  la  possession  des  pouvres  et  religieulx  dudit  prieuré 
comme  ung  des nés  d'icelluy,  par  le  bailh  et  tradition  de  ces  pré- 
sentes, a  elle  par  nous  bailhées,  sauf  en  tout  et  partout  notre  droict  et 
de  ladite  abbaye.  Dont  et  desquelles  choses  en  foy  et  tesmognagc 
d'icelles,  luy  avons  faict  bailher  et  signer  parle  notaire  royal  heredictere 
soubzsigné  ces  pactes  (?).  Donné  et  faict  en  ladite  abbaye  Notre  Dame 
en  (sic)  La  Règle  de  laditte  Citté,  ez  présences  de  Jehan  Nailhas  et 
Estienne  Buisson,  demeurantz  serviteurs  en  ladite  abbave,  tesmoints 
cognus  et  appelles.  Lesdicts  Boulego  et  Nailhas  ont  déclaré  ne  scavoir 
signer.  Le  dernier  jour  du  moys  de  janvier  mil  six  centz  dix  huict.  Signé 
à  l'original  des  présentes  :  Virgille  du  Pont  Jarno,  abbesse  de  La  Règle. 
Par  commandement  de  madite  dame  :  Dupravsseys,  not,  royal  hercdiclairc, 

[Arch,  de  Vllôpital,  III,  F.  1). 

X 

Lièce  de  la  Maison-Dieu  (XV^  siècle). 
Rue  de  Maneignhe, 

Titre  par  lequel  il  est  dheu  au  prieur  de  la  Maison  Dieu,  sur  une 
mayson  size  en  la  rue  de  Maneigne,  confrontant  (?)  a  la  maison  de  Jean 

(1)  C'est-à-dire  dans  la  banlieue  de  Limoges.  Les  croix  étaient  placées  à 
rextrémitë  des  faubourgs. 


LES   LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSEniES  DE  LIMOGES  l.'il» 

Bastier  et  la  maison  qu'a  esté  de  Estieune  Coral,  la  somme  de  vingt  et 
cinq  sols  de  rante  et  six  deniers  d'achept,  1242.  Cotté  D  62. 

Recognoissance  de  x  sols  de  cens  sur  une  maison  et  four  au  Vcrduricr 
de  Maneignc,  entre  la  maison  de  Marie  Massugi  (?)  et  la  maison  de 
Guilhaumo  Marthoni,  1285.  Cotté  D  409.  En  marge  :  Clément. 

Lettre  de  \*  sur  une  maison  a  Mancigne  de  cens  et  fondalité,  icclle 
confrontant  a  la  maison  de  Jean  Donvigc  (?)  et  a  la  maison  de  Pierre 
Penentier  (?),  1332.  Cotté  D  61. 

Recognoissance  de  3(>>  de  cens  sur  une  maison  de  Jean  Drappier, 
sise  au  Marché  Neuf,  au  prieur  de  la  Maison  Dieu.  Cottée  1)  75. 

Recognoissance  de  Pierre  Beaussagier,  de  six  deniers  et  six  sols 
d'accaptement  et  cinquante  sols  de  rante,  sur  ung  clos  qu'a  esté  deux 
Alsandres,  sis  près  les  fauxbourgtz  de  Maneignc,  entre  le  chemin  qu'on  va 
de  la  porte  de  la  Cyté  appellée  de  Trabozeu  aux  arbres  des  fauxbourgtz 
de  Mancigne,  et  entre  ung  autre  chemin  par  lequel  on  va  de  ladicte 
porte  à  la  porte  de  La  Maison  des  Frères  Prœdicateurs  de  Lymoges  du 
costé  de  l'esglise  de  St-Michel  de  Pistorie,  et  s'en  va  environ  la  closture 
de  ladite  maison  des  Jacobins  a  l'autre  chemin  cy  dessus  nommé,  lequel 
clos  est  mouvant  de  La  Règle,  1275.  Cotté  D  63. 

Lettre  de  xxx*  de  cens  et  six  deniers  d'achet  sur  la  maison  de  Jean 
Drappier,  size  a  Maneignie,  1291.  Cotté  D  37. 

Autre  lettre  de  30"  et  18  d"  d'achept  sur  une  maison  a  Maneigne 
dudict  Drappier,  en  l'an  1202.  Cotté  D  119. 

Change  faict  entre  Madame  de  La  Règle  et  Pierre  Benoit,  de  certayne 
rante  dhue  a  ladicte  dame  sur  le  Mas  Boriane,  avec  25"  de  rante  sur 
une  maison  qu'a  esté  des  Marteaux,  size  a  Maneignc,  aprcsent  de  Jean 
Lafosse,  et  autres  rentes  y  désignées^  pour  eschange.  Cotté  D  34,  1514. 
Baignoly. 

Recognoissance  de  40*  de  cens  sur  une  maison  qui  fust  de  Pierre 
Leymarie  l'ayné,  dict  Tardarive,  size  en  la  grand  rue  de  La  Haute 
Maneigne,  joignant  la  maison  de  chez  Bertrand  dict  Patissou,  et  la 
maison  de[s]  Maison[s]  Neufves,  et  la  dicte  rue  d'autre.  Cotté  D  17. 
{De  Pinu^  1448).  En  marge  :  Rougicr. 

Autre  titre  pour  mesme  rante.  Cotté  au  dessus  D.CC.  (1  't86.  Signé  : 
Amici). 

tiue  (lu  Clocher,  en  la  Ferrerie  (sic) 

Pault  chercher  la  cotte  D  155  pour  montrer  que  le  prieur  de  la  Maison 
Dieu  est  fontier  d'une  maison  en  la  Ferrerie. 

Acte  judiciere  de  l'an  1397,  cotté  CC  au  sac  des  Dames,  pour  six  solz 
de  rante  sur  la  maison  de  feu  Jehan  Bonhaud  et  celle  de  Guillaume  Le 
Tondeu,  rue  du  Cloche,  deubz  a  la  communaulté. 

Recognoissance  de  vingt  solz  de  rante  fontiere  sur  la  maison  de  Jean 
Chirac,  rue  du  Clocher,  avec  la  procédure  a  cause  de  ladite  rante, 
contre  Jacques  Dupelit  et  Bartazaixl  Boubiat,  tenentiers  de  ladite  mai- 
son, De  l'an  1579  (?).  Cotté.  En  marge  :  Rom,  et  Plessis, 


1  36  SOCIÉTÉ    AUCIIÉOLOGIQUE  ET  IIISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 

Recognoissance  de  Pierre  de  Geneti  à  (?)  Catharine  de  La  Vergnie,  sa 
femme,  de  certaine  maison  qui  a  esté  de  Gerbau  (?),  en  la  rue  de  la 
Ferrerie  confrontant  a  la  maison  des  héritiers  de  Mathieu  Courtin,  du 
costô  de  l'église  Sainct-Michel,  et  la  maison  de  Pierre  Le  Chasseur, 
acfjuise  de  Martial  Rougier  dict  Guilhabrote,  qui  a  esté  de  Pierre  de 
La  Vergnie  dict  Gerbau  (?),  et  La  Mouthe  par  derrière,  au  debvoyr  de 
dix  solz  de  cens,  de  Tan  1523.  Baignolli,  fol.  102.  En  marge  :  Le  Moine, 
libreire. 

Recognoissance  de  Martiau  Rougier,  d'une  maison  en  la  rue  de  La 
Ferrerie,  qui  a  esté  de  Denis  Vilatc  dict  Monfayon,  entre  la  maison  de 
MorigotV^igier  dict  Courtin  par  le  hault,  et  la  maysonde  Pierre  Genosti, 
qui  a  esté  de  Gerbeau  d'autre,  et  ladite  rue  de  La  Ferrerie,  d'autre,  au 
debvoyr  de  unze  solz  de  cens.  En  marge  :  Deflotes. 

Recognoissance  de  six  solz  de  cens  et  fondalité  sur  la  maison  de 
(luilhaunie  deu  Bourg,  coustelier  de  la  ville  de  "Limoges,  sur  certaine 
maison  qui  a  esté  la  Gouvernade  en  la  rue  du  Clocher,  entre  la  maison 
de  Jehan  Moutard,  barbier,  d'une  part,  et  la  maison  des  héritiers  de 
Noël  Prounieyrat,  qui  faict  le  coing  par  le  hault,  d'autre  part,  et  la  rue 
du  Clocher,  d'autre,  avec  tous  droicts  de  fondalité.  BaignolU,  fol.  18, 
1518.  En  marge  :  Maison  en  hault  de  la  rue  du  Clocher,  —  Chez  Baratter. 
Recognoissance  de  Pierre  Lobre,  marchant  de  Limoges,  de  certaine 
maison  en  la  rue  de  La  Ferrerie,  et  ses  appartenants,  entre  la  maison 
des  héritiers  Mathieu  Vigenaud  par  le  bas,  d'ung  costé,  et  la  maison 
des  héritiers  Ileliot  Fourissou  par  le  haut  et  la  Mothe  par  derrière,  au 
debvoyr  de  seize  deniers  de  cens,  Huguenaudy,  fol.  23.  En  marge  : 
Benoisty  apoticaire;  a  presant  chez  René. 

Recognoissance  d'Estienne  de  La  Vergnie,  courdonnier,  d'une  maison 
en  la  rue  de  La  Ferrerie,  acquise  de  Jehan  Mathieu,  orfeuvre,  entre  la 
maison  de  Jehan  Villate,  pelletier,  d'une  part,  et  la  maison  de  Pierre 
Garrige,  barbier,  d'autre,  et  la  rue  de  La  Ferrerie  par  le  devant,  de  la 
Mothe  par  le  derrière,  au  debvoyr  de  10*  de  cens.  De  l'an  1460,  Dupin, 
fol.  279.  En  marge  :  Le  Moine, 

Recognoissance  de  Guilhaume  Villate,  pelletier,  douze  solz  de  cens 
pour  cause  de  deux  tierces  parties  de  certaine  maison  qui  a  esté  de 
Jehan  Mathieu,  située  en  la  rue  de  la  Ferrerie,  entre  la  maison  de  Jehan 
Courtaud,  marchant,  d'une  part,  et  la  maison  ou  partie  de  ladite  maison 
d'Fstienne  de  La  Vergnie,  cordonnier,  d'autre  part,  et  La  Mothe  par 
derrière,  et  la  rue  par  le  devant,  de  Fan  1458.  Dupin^  fol.  276.  En  marge  : 
Deflotes, 

Martial  Fayolle,  dict  Legaye,  coustelier,  a  recogneu  diz  solz  de  cens 
sur  sa  maison  sitluée  en  la  rue  du  Clocher,  entre  la  maison  de  M'  Ja- 
quet  Montoudon,  d'une  part,  et  la  maison  de  Jacques  de  Bonbon,  cous- 
telier. Fan  1502.  En  marge  :  Rom, 

Rocognoisiftince  de  Guilhaume  Villate,  pelletier,  d'unz  solz  de  cens 
sur  une  maison  de  la  rue  de  La  Ferrerie,  sittuée  entre  la  maison  de 
Jehan  Courtaud,  marchant^  d'une  part,  et  la  maison  de  Estienne  de  La 
Verguie,  d'autre,  et  La  Mothe  par  derière  d'autre,  de  l'an  1466.  Ilugue- 
naudi,  folio  100.  En  marge  :  Deflotes, 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  137 

Recognoissance  d'Estienne  de  La  Verguic,  d'une  maison  en  la  rue 
de  La  Ferrerie,  qui  a  esté  de  Jehan  Mathieu,  entre  la  maison  de  Pierre 
Jarrige,  d^une  part,  et  la  maison  de  Guilhaume  Villatte,  d'autre,  et  la 
Mothepar  derrière.  Huguen&udi,  folio  97.  En  marge  :  LeMoyne. 

Recognoissance  de  Jehan  des  Moulins,  marchant,  en  la  rue  publique 
de  La  Ferrerie  (ou  Fornerie),  sittuée  entre  la  maison  de  Martial  Bonne- 
fon,  apoticaire,  d'autre  part,  et  la  maison  des  Soudoueyrauds,  d'autre, 
au  devoyr  de  dix  solz  de  cens.  En  marge  :  Jouvie. 

Recognoissance  de  Jehan  Chirac,  hospte,  d'une  maison  de  la  rue  du 
Clocher,  entre  la  maison  des  héritiers  de  Jehan  le  Roy,  peintre,  d'une 
part,  et  la  maison  des  héritiers  d'Estienne  Masauld,  d'autre,  au  devoyr  de 
vingt  solz  de  cens,  a  cause  des  anniversaires.  Hugenaudy^  fol.  49.  En 
marge  :  Rom  et  Plesis. 

Recognoissance  de  M.  Mathieu  Delage,  d'une  maison  en  la  rue  de  La 
Ferarie,  acquise  de  Pierre  de  La  Vergnie,  entre  la  maison  de  Pierre 
Vigenaud,  d'une  part,  et  la  maison  des  héritiers  d'Estienne  Le  Picart, 
d'autre,  et  ladite  rue,  d'autre,  et  a  (sic)  la  Mothe,  autre,  au  devoyr  de 
dix  solz  de  cens,  avec  l'investiture,  l'an  1488.  Lavandier^  fol.  53.  En 
marge  :  Le  Moyne, 

Rue  de  Mayrebuou  et  Boucherie 

Recognoissance  de  douze  deniers  de  cens  et  fondalité,  et  six  deniers 
d'achept,  sur  une  maison  en  la  rue  de  Mayrebœuf.  Cottée  D  80. 

Recognoissance  de  Jean  Chapdereys  de  1*  5^  et  18^  d'achept,  sur  une 
maison  en  la  Poyssonnerie,  qu'a  esté  de  Jean  Reynaud,  et  sentence 
arbitralle  pour  la  manutention  de  la  dicte  rente.  Cottée  D  77. 

Bailhette  perpétuelle  d'une  mayson,  plassage,  soubstarrot  (sic)  et 
eysside  sis  en  la  rue  de  Mayrebuou,  a  présent  convertie  en  jardin,  fai- 
sant le  coing  vis  à  vis  de  la  porte  S'  Nicolas  de  S'  Pierre,  sortant 
d'icelle  pour  aller  a  la  mette  de  Vielhas  Claux,  devant  la  mayson  et 
jardin  ches  Eyssenaud,  pour  40»  cens,  et  !•  d'achept.  130J.  Signé  : 
P.  Zeorge,  Cotté  D  40. 

Sentence  de  maintenue  de  2*  de  censdheus  sur  une  maison  subhastée, 
size  près  le  petit  cemiliére  de  S'  Pierre.  Cottée  D  lii. 

Sentance  avec  une  recognoissance  de  x^  de  fondalité,  sur  une  maison 
size  en  la  Basse  Boucherie.  Cottée  D  10. 

Lettre  de  cinq  sols  de  rante  sur  une  maison  en  La  rue  de  Meyrebeuf. 
Cottée  D  ce. 

Lettre  faysant  mention  de  17"  ^à  de  rente  sur  une  maison  d'ung 
nommé  Jean  Faure  et  sur  celle  de  Reynaud,  size  devant  les  degrés  du 
Queyroir,  de  laquelle  le  segneur  de  Trenchalion  en  est  seigneur  on 
partye.  Cotté  D.  j. 

Tiltre  faisant  mention  de  certaynes  maisons  sizes  en  la  rue  de  Mayre- 
buou, avec  les  rantes  dheues  sur  icelles,  le  tout  en  fondalité.  Cotté  D 18. 

Recognoissance  de  21*  6<1  de  cens  et  18  deniers  d'achet  plus  2  deiiiei*s 
de  reassance  et  18  deniers  d'achept  sur  une  maison  size  devant  les  degrés 


138  SOCIÉTÉ   AnCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

du  Queyroir,  ou  Ton  vend  les  pains,  entre  la  maison  de  Pierre  Aleyme 
et  la  maison  de  Laurans  Sudour,  1288.  Cotlée  D  7. 


Mayrcbouou  (sic)  et  Boucherie 

i^ettre  par  laquelle  il  est  dheu  au  Prieur  de  La  Maison-Dieu  la  somme 
dissept  (sic)  sols  et  six  deniers  sur  une  mayson  size  au  queyroy  du 
Gras  de  la  dicte  ville,  soubs  la  cotte  D  47. 

Permutation  faicte  avec  le  prieur  de  La  Maison-Dieu,  d^une  rante 
qu^il  avait  sur  une  maison  en  la  rue  d^Eygoulene,  avec  4"  de  cens  sur 
une  mayson  size  en  la  rue  de  Mayrebuou,  devant  le  portai  de  St-Nicolas 
de  St-Pierre,  confrontant  a  la  maison  dudit  Prieur  par  le  devant,  et  par 
le  derrière,  et  entre  les  maisons  neufves  dudict  prieur,  ung  chemin 
entre  deux,  1312.  Cottee  D  6. 

Recognoissance  de  dix  sols  de  rante  sur  une  mayson  qu*a  esté  de 
La  Sarrette,  sise  devant  le  cemitiere  de  St-Pierre,  entre  la  maison  de 
Jean  Boulhon  et  la  maison  appellée  de  la  vicayrie  de  la  Messe  matuti- 
nale  et  ladicte  esglise,  soubz  la  cotte  D  54. 

Recognoissance  de  vingt  et  sept  sols  et  six  deniers  de  cens  et  fonda- 
lité,  sur  une  mayson  qu'a  esté  de  Textor,  size  devant  les  degrés  du 
queyroyr  de  St-Pierre  ou  Ton  vent  le  pain,  avec  ses  appartenances  de 
devant  et  derrière,  soubz  la  cotte  de  D  2. 

Donation  faicte  au  prieur  de  La  Maison-Dieu  par  ung  nommé  Relies 
Robert,  de  vingt  sols  et  troys  deniers  de  cens  sur  une  maison  joignant 
le  chafTaut  (sic)  de  Boucherie.  Cottée  D  90. 

Recognoissance  faicte  par  Guilhaume  Bartholomie,  peintre,  d'une 
maison  size  en  la  rue  de  Mayrebuou,  pour  20"  de  cens  et  fondalité. 
Cottée  D  8.  En  marge  :  20»  c. 

Lettre  de  deux  sols  de  rante  dheubz  au  Prieur  de  la  Maison  Dieu  sur 
une  mayson  d'Estienne  Faure,  size  devant  le  cemitiere  de  St  Pierre. 
Cottée  1)  107.  En  marge  :  2*  c. 

Lettre  portant  recognoissance  faicte  au  Prieur  de  La  Maison  Dieu  de 
vingt  et  sept  sols  et  six  deniers  de  fondalité  et  neuf  deniers  d'achept 
sur  une  maison  sise  près  le  carrefour  ou  gras  de  Lymoges.  Cottée  D  59. 
En  marge  :  7»  6^  c. 

Enqueste  faicte  par  Madame  de  La  Règle  pour  50  sols  de  cens  sur 
une  maison  size  près  l'esglise  de  St  Pierre  en  la  rue  appelée  de  Mayre- 
buou entre  la  rue  publique  qu'on  va  de  ladicte  esglise  a  Vieilhas  Claus, 
et  le  jardin  de  Jean  Julhen  et  la  rue  publique  de  Mayrebuou,  d'autre, 
près  le  baptizadour  (1).  Cottée  D  53.  En  marge  :  50*  cens. 

Recognoissance  de  8*  de  cens  et  fondalité  sur  une  maison  en  la  rue 
de  Mayrebuou,  entre  la  maison  qu'a  esté  de  Guilhaume  deus  Faux, 
et  celle  d'ung  nommé   Doumenge  et  après  luy  de  Guilhaume  Balaro, 

(1)  Serait-ce  le  vieux  baptistère  de  Saint-Jean,  dépendant  de  Saint-Martial  i 

et  mentionné  aux  actes  du  Concile  de  1031. 


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LES  LÉPREUX   ET  LES  LÉPROSERIES  DE  LIMOGES  139 

plus  dix  sols  de  rante  perpétuelle  sur  ladicte  mayson.  Cottée  D  106. 
En  marge  :  8"  cens;  10"  rante  annuelle. 

Tiltre  par  lequel  appert  estre  dheu  sur  une  maison  au  descendant  de 
Maneigne  la  somme  de  40*  de  cens  et  fondalité.  En  marge  :  Rogier. 

Plus  sur  ung  autre  (aie)  qu'a  deux  grandes  arcades  de  pierre,  size 
audictlieu,  ung  obole  de  cens  cum  uno  sterli,  de  la  valeur  de  quatre 
deniers  d'achept,  en  Tan  1380.  Signé  :  Balbiac,  Cotté  (1).  En  marge  : 
Boulhai, 

Rue  d*Eygoulene 

Recognoissance  de  3"  de  cens  dheubs  sur  une  mayon  qu'esté  de  Mes- 
sire  Jacques  Deschamps,  prebtre  et  curé  de  Soubrevas,  confrontant  a 
la  maison  de  Pierre  Lafourie  et  la  maison  de  Martial  Guilhotaud,  en 
Tan  1465.  Signée  :  Hugonaudi,  avec  ung  exploit.  Le  tout  cotté  D  28. 

Recognoissance  de  troys  maysons  sizes  sur  Testang  de  la  font  d'Ey- 
goulene,  qu'ont  este  d'Aymar  Descartz,  entre  la  mayson  de  Lageneste 
et  la  maison  de  Laurens  Salarier  avec  leurs  appartenances,  sur  l'une 
desquelles,  qu'est  la  plus  grande,  est  dheu  six  sols  de  cens  et  ix  deniers 
d'achept,  et  sur  les  autres  deux  petites  est  dheub  3»  vid  de  cens  et 
quatre  deniers  d'achept,  en  l'an  1298.  Cottée  D  122. 

Recognoissance  de  Guilhaume  Throl,  boulanger,  de  20*  de  cens  et 
fondalité,  laquelle  a  appartenu  a  une  nommée  La  Geneste,  size  sur  la 
font  d'Eygoulene,  devant  la  maison  de  Jean  La  Roche,  lo  paralier 
d'une  part,  et  la  maison  de  Jean  Corrieras,  lou  plassidier,  et  la  mayson 
de  Pierre  Joudri,  et  le  surplus  de  9*  et  neuf  deniers  de  cens  fusl  changé 
par  ledict  Prieur  avec  4»  que  ledict  Trolh  avoit  sur  une  maison  a  Vicilhe 
Monnoye,  entre  la  maison  de  Pierre  Deuves  d'une  part,  et  la  maison 
de  Guilhaume  Les  Payes,  et  plus  sur  une  autre  mayson  size  en  la  rue 
de  Mayrebuou,  devant  la  porte  St  Nicolas  de  St  Pierre,  entre  les 
maisons  de  Pierre  Deuveys  par  le  devant  et  derrière,  et  les  maisons 
neufves  dudict  Prieur,  une  petite  rue  entre  deux,  en  1312.  Cottée  D  73. 

Nota  qu'au  pacquet  d'Eygoulene,  y  a  ung  tiltre  dans  lequel  il  n'est 
parlé  du  Prieur  de  La  Maison  Dieu,  ne  de  La  Règle,  par  lequel  est 
dheub  X"  de  rante  a  quelqu'un  qui  n'est  specificié,  sur  la  maison  de 
Rivet,  et  y  a  au  dessus  dudict  tiltre  :  Cotté  que  Madame  (2)  pretand 
estre  foncière  de  ladicte  maison. 

Recognoissance  en  pappier,  1587,  de  Coulaud  et  Pierre  Barny  dictz 
Vergnauds,  d'une  maison  a  Eygoulene,  confrontant  a  la  maison  de 
Nicolas  Toulhon,  sergent,  a  celle  des  hoyrs  de  Joseph  Chastain  et  le 
dernier  de  la  maison  de  Joseph  Defflottcs  et  la  rue  par  devant,  pour  9". 
Cotté  RRR. 

Recognoissance  de  quarante  solz  de  rante  et  fondalité  sur  une  maison 
seize  en  la  rue  d'Eygoulene,  ladicte  rante  réservée  a  ung  nommé  Martial 

(1)  Cotte  restée  en  blanc. 
(2}  L'abbcsse  de  La  Règle. 


liO  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Bardin,  de   Limoges,  de  laquelle  Madame  est  fontiere.  Les  confronta- 
tions ne  se  peuvent  voyr,  a  cause  que  la  lettre  est  effacée.  Cottée  D  20. 

Hecognoissance  de  troys  solz  de  fondalité  deubz  a  Madame  sur  une 
maison  seize  en  la  rue  d'Eygoulcne  de  Limoges,  confrontée  entre  la 
maison  Pierre  La  Foiio,  d'une  part,  et  la  maison  Martial  Guillottaud, 
d'autre.  Cottée  D  28. 

Hecognoissance  de  sept  solz  tournois  de  rante  deubz  a  Madame  sur 
une  maison  de  Pierre  de  Brenager,  seize  a  Limoges,  en  la  rue  du 
Chevalet,  confrontée  entre  la  maison  de  Anna,  d'une  part,  et  la  maison 
des  Bermonds,  d'autre.  Cottée  D  44. 

Contract  de  recognoissance  de  trante  solz  Iroys  deniers  en  fondalité 
sur  une  maison  seize  au  dessus  la  Fontaine  d'Eygoulene,  entre  la  maison 
de  Jehan  Carrier,  d^une  part,  et  la  maison  de  Pierre  Jandie,  d'autre. 
Cottée  D  73. 

Lettre  de  six  solz  six  deniers  de  rante,  donnés  aux  pauvres  de  La 
Maison-Dieu  sur  une  maison  sittuée  en  la  rue  appelée  de  Bellier,  entre 
la  maison  de  Francoys  Sillice,  d'une  part,  et  la  maison  Elie  Hogio  (sic)^ 
d'autre.  Cottée  D  82. 

Recognoissance  de  la  mesme  année  de  quatre  solz  de  rante,  deubz  au 
Prieur  de  La  Maison  Dieu  sur  deux  maisons  contigues,  sittuées  en  la 
rue  des  Combes;  entre  la  maison  de  Gérai  Fossillet,  d'une  part,  et  la 
maison  qui  estoit  a  Pierre  de  Cromens  (?),  d'autre.  Cottée  D  116. 

Hecoignoissance  faicte  par  Pierre  Jaudry  de  Limoges  et  Pierre  Jaudry, 
au  Prieur  de  La  Maison  Dieu,  sur  une  maison  sittuée  prosche  la  fontaine 
d'Eygoulene  de  Limoges,  confrontée  entre  la  maison  de  La  Geneste, 
d'une  part,  et  la  maison  Laurans  Salacie,  d'autre,  au  de  voyr  de  six  solz 
de  cens  et  fondalité.  Cottée  D  122. 

Recognossance  faicte  sur  une  maison  sittuée  a  Limoges,  près  la  fon- 
taine Sesmonts  (1),  entre  la  maison  Jacques  Mansa,  d'une  part,  et  la 
maison  de  Pierre  de  Corlie,  d'autre,  au  devoyr  de  deux  solz  de  cens  et 
fondalité  et  six  deniers  d'acaptement.  Cottée  D  129. 

Ratification  d'assance  faicte  de  Madame  de  La  Réigle  et  André  des 
Temps  de  Limoges,  sur  ung  solar  sittué  a  Limoges,  en  la  rue  d'Eygou- 
lene, confronté  entre  la  maison  Mathieu  Benedit,  d'une  part,  et  la 
maison  de  Laurans  Vinlieiiaud,  d'autre,  au  devoyr  de  neuf  solz  de  cens 
et  fondalité  dheubz  a  Madame  de  La  Reigle.  Folio  84. 

Recognoissance  faicte  par  Martial  de  Leyssene,  de  Limoges,  a  Madame 
de  La  Reigle  sur  une  maison  sittuée  a  Limoges,  en  la  rue  des  Boulan- 
gers, entre  la  maison  de  Jehan  de  Lascuras,  d'une  part,  et  ladite  rue 
de  Bolangiers,  d'autre,  au  devoyr  de  deux  solz  de  cens.  Fol.  87. 

Recognoissance  faicte,  en  l'année  1464,  a  la  dame  de  La  Reigle,  par 
Jehan  de  Magentat,  manouvrier  de  Limoges,  de  certaine  maison  seize 
jouignant  le  ruisseau  des  baris  de  Magninie,  confrontée  entre  la  maison 
de  Jehan  Bayle,  d'une  part,  et  la  maison  de  Jehan  Jossier,  d'autre,  au 
devoyr  de  cinq  solz  de  cens.  Fol.  28.  En  marge  :  Ilugenaudy»- 

(I)  Inconnue.  Peut-être  mauvaise  lecture,  pour  Servièrc. 


LES  LÉPREUX  ET  LES  LÉPROSEIUES  DE  LIMOGES  141 

Recognoissance  de  Barthélémy  Pol,  manouvrier  de  Limoges,  de  cer- 
taine maison  sittuée  a  une  mette  des  Combes,  entre  la  maison  de 
Jacques  La  Brugiere,  d'une  part,  et  la  maison  dudit  Barthélémy,  d'autre, 
au  devoyr  de  cinq  solz  de  rante.  Folio  30. 

Recognoissance  faicte  par  Catherine  Savie,  veufve  de  feu  Jehan  Savi, 
de  Limoges,  sur  une  maison  sittuée  en  la  rue  par  ou  Ton  va  du  ruisseau 
a  la  porte  de  Montmalier,  d'une  part,  et  la  maison  de  Laurent  Murât, 
d'autre,  au  devoyr  de  cinq  solz  de  cens.  Folio  60. 

Recognoissance  faicte  par  Gérai  de  Laton,dela  parroissede  St  Michel, 
sur  une  maison  sittuée  en  la  rue  de  La  Charreterye,  que  souloit  estre  a 
Jehan  Chevallier,  confrontée  entre  la  maison  Jehan  Bonne,  d'une  part, 
et  la  maison  Pierre  La  Soury,  d'autre,  au  devoyr  de  troys  solz  de  cens. 
Folio  71. 

Recognoissance  de  la  mesme  année,  faicte  par  Mathieu  Voudra,  de  la 
parroisse  St  Michel,  sur  une  maison  sittuée  auprès  de  la  fon  d'Eygoulene, 
entre  la  maison  des  héritiers  Chambarest,  d'une  part,  et  la  rue  publique 
qui  va  de  la  porte  (1)  Eygoulene  (sic)  à  la  porte  de  La  René,  d'autre. 
Folio  73. 

Recognoissance  faicte  par  Bernard  Beyssinet  de  Limoges,  sur  une 
maison  seize  près  l'arbre  d'Eygoulene,  le  chemin  qui  va  a  la  porte 
de  La  René,  d'une  part,  et  la  maison  Mathieu  Boudres,  d'autre,  au 
devoyr  de  neuf  solz  de  cens.  Fol.  78. 

Recognoissance  faicte  par  Laurans  Vinhcnaud,  de  Limoges,  sur  une 
maison  seize  au  canton  de  Bottin,  en  la  rue  publique  par  ou  l'on  va,  de 
l'Arbre  d'Eygoulene  a  La  Porte  de  La  René,  d'une  part,  et  la  maison 
Bernard  Beyssines,  d'autre,  pour  neuf  solz  de  cens.  Fol.  74. 

Recognoissance  de  la  mesme  année,  faicte  par  Pierre  La  Sourrie,  do 
Limoges,  sur  une  maison  seize  a  Limoges,  au  canton  de  Bottin;  con- 
fronte entre  la  rue  qui  va  de  l'arbre  d'Eygoulene  aux  murailhes  de  la 
ville,  d'une  part,  et  la  maison  qui  souloit  estre  a  Jacques  de  Campis, 
curé  de  Soubrevas,  d'autre,  au  devoyr  de  troys  solz  de  cens.  Folio  75. 

Baillotte  faicte  par  la  dicte  dame  a  Jehan  Damet,  parroisse  de  Sou- 
brevas, d'une  maison  seize  au  Cloistre  de  Limoges,  entre  la  maison  de 
Mathieu  et  Jammet  Benedic,  d'une  part,  et  la  maison  de  Pierre  La  Fourie, 
d'autre,  au  devoyr  de  troys  solz  de  cens.  Fol.  132. 

Recognoissance  de  neuf  solz  de  rante  sur  une  maison  de  Pierre  Vigie r, 
manouvrier  de  Limoges,  seize  en  la  rue  d'Eygoulene,  qui  a  esté  de 
Mathieu  Boudy,  entre  la  maison  Léonard  Barny,  d'une  part,  et  la  maison 
de  André  des  Campis,  d'autre.  Folio  9.  En  marge  :  Bagnolly, 

Aultre  recognoissance  de  neuf  solz  de  cens  sur  la  maison  de  André 
des  Campis,  qu'a  esté  de  Bernard  Bossinau,  de  Limoges,  sittuée  près 
la  fontaine  d'Eygoulene  ;  confronte  entre  la  maison  Pierre  Vigier,  d'une 
part,  et  la  maison  Pierre  Vigenaud,  d'autre.  Folio  70. 

Aultre  recognoissance  de  neuf  solz  de  cens  sur  la  maison  de  Jehan 


(1)  Il  n*y  a  jamais  eu  de  porte  d'Eygoulene.  Il  faut  lire  probablement  «  la 
font  w  ou  «  l'arbre  »,  au  lieu  de  «  la  porte  ». 


142  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Forneau,  pelicier,  et  Pierre  Vigenaud,  de  Limoges,  siie  au  dessus  la 
fontaine  d'Eygoulene,  entre  la  maison  Anne  Beneyehet,  femme  a  Martial 
Noailher,  d'une  part,  et  la  maison  André  de  Campis,  d'autre.  Fol.  10. 

Recognoissance  d'une  maison  size  en  la  rue  de  Biscolle,  entre  la 
maison  Guidoulet  Laixhadre,  d'une  part,  et  la  maison  des  Parnantiers  (?) 
de  Masbalent,  d'autre,  au  devoyr  de  cinq  solz  de  cens  en  fondalité. 
Fol.  64. 

Archives  de  VHôpUal,  III,  B  3. 


XI 

Constitution  de  renies  à  la  léproserie  de  la  Maison-Dieu 
par  Barthélémy  de  Drouilhes  et  autres  (i252) 

Universis  présentes  litteras  inspecturis  Ofiîcialis  curie  Lemovicensis 
salutem  in  Domino.  Noverint  univers!  quod  Bartholomeus  de  Drulhis, 
burgensis  Castri  Lemovicensis,  helemosinarius  Mathei  de  Drulhis 
quondam  fratris  sui  defuncti,  comparens  personaliter  pro  se  et  procu- 
ra tor  pro  Audierio  Yterii  et  Johanne  de  Peirato,  de  la  Claustra,  cohe- 
lemosinariis  suis,  in  nostra  presencia  constitutis,  asserens  ûde  data  se 
ab  aliis  cohelemosinariis  suis  récépissé  mandatum  super  hoc  spéciale, 
—  recognovit  in  jure  coram  nobis  se  vendidisse  et  perpetuo  conces- 
sisse,  pro  se  et  aliis  et  liberis  ipsius  defuncti,  confratrie  Sancti  Spiritus 
que  est  Domus  Dei  Leprosorum  Castri  Lemovicensis  duos  solidos 
Lemovicensis  monete  rcnduales,  cum  duobus  denariis  de  acaptamento, 
cum  dominio  in  domo  Pétri  de  Manso,  sita  inter  domum  B.  de  Manso 
et  domum  Bernardi  Raya,  et  duos  solidos  et  dimidium  rendualem  in 
domo  Johannis  Fornerii  cum  tribus  denariis  de  acaptamento,  et  cum 
dominio  sita  juxta  domum  Chalardi,  et  undecimo  denarios  renduales  in 
domo  Aymerici  Tessaur,  cum  quodam  obolo  de  acaptamento  et  domi- 
nio, in  domibus  Pétri  Laustrue  et  Aymerici  de  Sollempniaco  ;  et  duo- 
decim  denarios  renduales  in  domo  Aymerici  Tessaur,  cum  quodam 
obolo  de  acaptamento  et  dominio  :  que  domus  site  sunt  in  rua  per  quam 
itur  a  civorio  Sancti  Geraldi  ad  portam  de  Pichavacha  juxta  fossatum, 
pretio  sex  librarum  Lemovicensis  monete,  de  quibus  idem  Bartholo- 
meus recognovit  gratum  suum  plenarie  habuisse  pro  se  et  aliis  in  pec- 
cunia  numerata,  renuncians  pro  se  et  aliis  exceplioni  noç  numerate 
peccunie,  et  eciam  non  recepte,  et  omni  auxilio  et  beneficio  juris  cano- 
nici  et  civiiis,  si  quid  posset  eidem  competere  et  dicte  confratrie  nominc 
in  hoc  facto.  Promisit  etiam  quod  vendicionem  concessionem  hujus- 
modi  concedi  faceret  a  dictis  liberis  quam  cito  pervenerint  ad  etatem. 
Recognovit  eciam  quod  dicti  denarii  renduales  movebant  de  dominio 
dictorum  liberorum  dicti  defuncti  et  quod  erant  in  berzezatge,  videlicet 
sex  denarii  de  qualibet  libra  si  vendi  oporteret.  Et  promisit «mplius  se 
soluturum  expensas  lilterarum  presencium  si  aliqua  appareret.  Si  quis 
vellet  retinere  (?).  Et  devestiens  se  idem  Bartholomeus  pro  se  «tomni- 


LES  LÉPnEUX  ET  LES   LÉPROSEBIES  DE  LIMOGES  143 

bus  aliis  predictis,  de  premissis  omnibus,  investi  vit  de  premissis  Pascha- 
lem  Christiani,  presbiterum  baylivum  pro  tempore  dicte  confratrie, 
pro  confratria  predicta,  promittens,  prestito  juramento,  se  contra  pre- 
mîssa  per  se  vel  per  alium  de  cetero  non  venturum  et  se  gariturum  et 
defensurum  premissa  ab  omni  homine  prout  erit  de  jure.  In  cujus  rei 
testimonium,  sigillum  curie  Lemovicensis  presentibus  duximus  appo- 
nendum,  sine  juris  prejudicio  alieni.  Datum  XIII**  kalendas  januarii 
anno  Domini  M^CC**  quinquagesimo  secundo. 

Arch,  de  VHôpital,  III,  C  3. 


XII 


Arrêt  du  Parlement  de  Bordeaux  condamnant  Vabbaye  de  La  Règle 
à  payer  12  seliers  de  froment  et  6  setiers  de  seigle  à  la  léproserie  de 
la  Maison-Dieu,  1498, 


Entre  le  sindic  des  pouvres  ladres  de  la  ladraric  de  Maison  Dieu  de 
Limoges,  demandeur  et  requérant  Tenterinemént  de  certaine  requeste, 
comparant  par  maitre  Domenge  Deschamps,  son  procureur,  d'une  part, 
—  et  Jehan  du  Peyrat,  esleu  pour  le  Roy  au  hault  pays  de  Limosin, 
Mathieu  Benoit,  Pauli  Degenteaulx  et  Penot  Thoniaud,  bourgeois  et 
marchans  de  la  ville  et  Cité  de  Limoges,  au  nom  et  comme  commis- 
saires par  autorité  de  la  Court  de  Parlement,  a  Bourdeaulx,  commis- 
saires et  depputez  à  lever  les  fruitz  de  Tabbeye  de  Notre  Dame  de  la 
Règle  en  ladicte  cité  de  Limoges  deffendeurs,  comparens  par  maistre 
Jehan  Turinet,  substitut  de  maistre  Mandon  La  Vergne,  leur  procureur, 
d'aultre. 

Veu  par  nous,  Bertrand  de  La  Cassaignc  et  Aymar  de  Maleville, 
conseillers  du  roy  nostre  sire  en  sa  dicte  court  de  parlement,  et  commis- 
saires par  icelle  depputtez  en  ceste  partie,  ladicte  resqueste,  ensemble 
les  pièces  et  producions  desdites  parties,  mises  et  produites  par  devant 
nous,  et  considérée  la  matière  dont  est  question,  qu'est  favorable  et  du 
consentement  desdites  parties,  entérinant  ladite  requeste  dudict  deman- 
deur, avons  condempnés  et  condampnons  lesdicts  défendeurs  commis- 
saires susdicts  à  payer  dedans  quinze  jours  prochainement  venans 
douze  septiers  de  froment  et  six  septiers  de  seigle  deuz  ausdictz  deman- 
deurs, de  Tannée  Mil  CCCC  IIII^^  et  quinze,  et  des  quelx  en  ladicte 
requeste  est  plus  a  plain  faicte  mention,  et  baillant  par  ledit  deman- 
deur ausdictz  deffendeurs  bonnes  et  souffissantes  caucions  jusques  a  la 
valeur  dudict  blé,  et,  en  payant  ledict  ble  audict  demandeur  par  les- 
dicts deffendeurs,  il  leur  sera  alloué  en  leurs  mises  et  fais  despens  du 
présent  jugement  et  pour  cause.  Et  au  surplus,  viendront  lesdites  par- 
ties procéder  par  devant  nous  sur  le  principal  de  ladicte  matière  ainsi 
qu'il  appartiendra  par  raison  au  moys.  Si  donnons  en  mandement,  paf 


144  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

ces  mesmes  présentes,  au  premier  huissier,  etc.  Donné  et  faict  en  la 
salle  du  palays  royal  de  TOmbriere,  yssue  de  ladicte  court,  le  XIII«  jour 
de  jung,  Tan  Mil  lïll»  quatrevingt  dix  huit. 

Arch.  de  VHôpUal,  III,  B  13. 


XIII 

Sentence  de  Martial  Bermondet,  sténéchal  du  Limousin,  condamnant 
l'abbesse  de  La  Règle  à  payer  diverses  rentes  à  la  léproserie  de  la 
Maison-Dieu  (1^6), 

Martialis  Bermoiulot,  domimis  Saiicti  SYiiiphoriani,  consiliariusdomini 
nostri  Hegis,  locumtcneusquc  gcneralis  nobilis  et  polentis  domini, 
domini  gubernatoris  et  sennescalli  Lemovieensis.  Notum  facimus  uni- 
versis  quod,  evocata  hodie  causa  in  presenti  curia  mota  inter  pauperes 
leprosos  Domus  Dei  Lemovieensis,  actores,  per  magistrum  Johannem 
Robini,  cum  honorabîli  viro  magistro  Johanne  Lapini,  in  legibus  licen- 
ciato,  eorum  advocato  et  procuratore,  ex  una  parte,  et  dominam  abba- 
tissam  de  Régula,  civitatis  Lemovieensis,  deffensore,  per  magistrum 
Johannem  de  Ulmo,  coraparente,  ex  alia  parte  :  cum  jamdicti  actores 
paterent  et  requirerent  et  in  super  hoc  quod  ipsi  actores  pecierunt, 
prout  alias  pecierant,  ipsera  actricem  condempnari  et  condempnatam 
cogi  et  compelli  viribus  pretoris  (?)  ad  dimidium  solvendum  et  traden- 
dum  eisdem  actoribus  in  qualibet  ebdomade  unam  quartam  partom 
mutonis  boni  et  competentis  et  eciam  sex  marpheas,  duas  parvas 
turrendas  et  unam  quartam  vini,  necnon  arregragia  dicti  redditus 
expost  primam  dominicam  mensis  septembris  ultimo  preteriti  usque 
ad  quartam  dominicam  dicti  mensis  et  de  dicta  die  quarta  dominica 
usque  ad  diem  subscriptam,  retinuit  dictas  res  ?  turrendas  et  omne 
vinum.  Quapropter  tenetur  dicta  rea,  ex  rea  dicti  redditus,  in  quatuor 
quarteriis  mutonis,  triginta  panibus  albis  et  vigînti  sex  turrendas  et 
trcdecim  quartas  vini;  et  eciam  iLter  cetera  fuit  dicta  rea  condempnala 
ad  solvendum  et  tradendum  dictis  actoribus  trcdecim  pintas  vini  boni, 
Iredecim  marpheas,  et  unum  mutonem  :  quarterium  in  quolibet  festo 
Béate  Marie  sicuti  in  festis  Conceptionis,  Nativitatis,  Incaruacionis, 
Assumptionis  Beale  Marie  et  totidem  in  quolibet  festo  omnium  Sancto- 
rum  ;  et  de  premissis  et  ultra  premissa,  restât  eisdem  actoribus  duos 
quarterlos  mutonis,  viginti  sex  pintas  vini  et  sexdecim  malpheas  :  iiec 
non  ad  tenendum  dictam  Domum  Dei  occlesiam  et  domos  pauperum 
Lcprosorum  ejusdem  domus  edifficatas  et  copertas  in  bono  et  compé- 
tent! esta  tu,  cum  ordinaciones  ex  parte  (1) 
gendorum  ;  et  ipsi  actores  peterent,  ut  alias  petierunt  predictum  (2 


(1)  ËfTacé. 

(2)  Effacé. 


LES  LÉPHEUX  ET    LES  LEPHOSEIUES  DE  LIMOGES  1  Vô 

diciam  aclricem  impetitis  ac  condempnari  jam- 
dicta  actrix  dixit  nullas  hactcnus  causas  inqutrendas  quotiens  ipsa  con- 
dempnetur  in  premissis.  Quo  circa,  Nos  locumtenens,  predictam  abba- 
tissam  in  premissis  de  suo  consensu  condempnavimus  et  presencium 
tenore  condempnavimus  ad  solvcndum,  dandum  et  tradondum  eisdem 
actoribus  predictas  sommas  vini,  panis,  malphearum,  tortarum  et 
mulonum  et  ad  continuandum  a  cetero  dictum  redditum  nec  non  ad  res- 
taurandum,  edifficandum  et  reparandum  dictam  domum  et  ecclesiam 
dictorum  actorum  ad  ordinacionem  dictorum  proborum  expertoiHim 
suis  expensis.  Et  hoc  quathinus  tangit  dicta  victualia  et  alimenta  judi- 
cialiter  et  sine  mora  et  quathinus  concornit  dictam  reparationem,  infi-a 
mensem  absque  usu  et  consuetudine  aliquibus.  Dantes  preterca  in  man- 
datis  primo  servienti  regio  super  hoc  requirendo  dictam  ream  ad  pre- 
missa  faciendum,  cogendum  et  compeliendum  per  captionem  sue  tempo- 
ralitatis  et  per  ([uecumquc  alia  juris  remédia  donec  provideatur  remédia , 
donec  cum  effectu  compellendo  usque  ad  solucionem  totam  (?)  liberetur 
per  quecumque  juris  actum  judicialiter  in  curia  domîni  Senescalii 
Lemovicensis  stanta,  die  vicesima  mensis  decembris,  anno  Domini 
millesimo  quingentesimo  sexto.  —  Judicis,  locumtenens  senescalii. 

[Source  non  indiquée  par  M,  L.  Guiherf\ 


XIV 

Lellrea  patentes  pour  Vunion  à  l'hôpitat  de  Limoges  d'une  rente  de 
150  livre»  payée  précédemment  par  Vahbeasc  de  La  Règle  h  l'ordre  de 
de  Saint-Lazare  (f69o), 

(Extrait  des  registres  du  Conseil  privé  du  Hoy) 

Veu  par  le  Roy  en  son  conseil  les  avis  du  sieur  evesque  de  Limoges 
et  du  sieur  de  Bernage  de  Saint-Maurice,  conseiller  de  Sa  Majesté  en 
ses  conseils,  maître  des  requestes  ordinaire  de  son  hôtel,  intendent  et 
commissaire  departy  en  la  généralité  de  Limoges,  sur  Temploy  a  faire 
au  proffit  des  pauvres  des  biens  et  revenus  des  hospitaux  et  maladeries 
mentionnez  du  dioceze  de  Limoges,  en  exécution  de  Tedit  et  des  décla- 
rations des  mois  de  mars,  avril  et  aoust  mil  six  cens  quatre  ving  treize, 
OuY  le  rapport  du  s'  de  Ribeyre,  conseiller  d'Estat,  et  suivant  l'advis 
des  sieurs  commissaires  deputtez  par  Sa  Majesté  pour  Texecution 
desdits  edits  et  déclarations  et  tout  considéré,  le  Roy  en  son  conseil, 
en  exécution  desdits  edit  et  déclarations,  a  uny  et  unit  a  Thopital  de  la 
ville  de  Limoges,  cent  cinquante  livres  de  redevance  annuelle  dont  est 
chargée  la  dame  abbesse  de  Tabbaye  de  La  Reigle  au  lieu  des  pantions 
et  rentes  qui  se  payoient anciennement  aux  lépreux  parla  dame  abbesse 
de  ladite  abbaye,  suivant  Tarrest  du  Conseil  du  vingt-deux  avril  der- 
nier, pour  estre  lesdites  cent  cinquante  livres  de  redevance  employées 


146  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  IIISTOIIIQUE  DU    LIMOUSIN 

a  la  nouriture  et  entretien  des  pauvres  dudit  hôpital.  Et  pour  Texecu- 
tlon  du  présent  arrest  seront  toutes  lettres  nécessaires  expédiées.  Fait 
au  Conseil  privé  du  Roy,  tenu  a  Paris,  le  deuxiesme  jour  de  septembre 
mil  six  cens  quatre  vingt  quinze.  Collationné.  Signé  :  Desvieux. 

Collationé  par  Nous,  Conseiller  Secrétaire  du  Roy,  maison,  couronne 
de  France  et  de  ses  finances.  —  Roulhac  (1). 

Arch.  de  CHôpilal,  reg.  B.  496,  p.  383. 


(1)  A  la  suite,  on  trouve  la  copie  de  lettres  patentes  données  au  mois  de 
novembre  1696  pour  l'exécution  de  cet  arrêt. 


UN    HUMANISTE    LIMOUSIN    DU    XVI'   SIÈCLE 


Marc -Antoine  de  MURET 


(1) 


Si  les  biographes  sont  d*accord  pour  fixer  au  12  avril  1526  la 
naissance  de  Marc-Anloine  de  iMurel,  ils  ne  s'entendent  pas  sur  le 
lieu  qui  I*a  vu  naitre.  Le  jésuite  italien  Benci,  qui  avait  été  Télëve 
de  Muret  à  Rome  pendant  sept  ans  et  qui  resta  son  ami  intime 
jusqu*à  sa  mort,  le  fait  naître  au  village  de  Muret,  voisin  de  Limo- 
ges ;  il  le  dit  issu  d'une  famille  «  très  antique  et  noble  »  qui  possé- 
dait depuis  longtemps  le  village  dont  elle  portait  le  nom  ;  il  ajoute 
que  celte  famille  avait  produit  Saint-Etienne  dit  de  Muret,  le  fon- 
dateur de  Tabbaye  de  Grandmont.  Mais  on  doit  d'abord  faire 


(1)  La  biographie  que  nous  donnons  ici  n'a  d'autre  mérite  que  d'être 
tirée  en  grande  partie  d'un    excellent  ouvrage    de  M.  Dejob  :  Marc- 
Antoine  Muret,  Un  professeur  français  en  Italie  dans  la  seconde  moitié 
du  XVI*  siècle  (1881).  En  dehors  de  toutes  les  ressources  qu'il  trouvait 
en  France,  M.  Dejob  a  compulsé  d'importants  documents  dans  diverses 
archives  et  bibliothèques  d'Italie  (notamment  Venise,  Padoue,  la  Vati- 
cane).  Avant  le  solide  ouvrage  de  M.  Dejob,  on  n'avait  sur  Muret  que 
des  renseignements  fort  incomplets,  souvent  incertains  et  même  contra- 
dictoires, des  biographies  dépourvues  de  critique,  où  la  vraie  physio- 
nomie et  la  valeur  réelle  du   personnage  n'étaient  pas  suffisamment 
dégagées.  Il  faut  joindre  à  la  thèse  de  M.  Dejob  un  appendice  de  son 
ouvrage  sur  L'Influence  du  Concile  de  Trente  sur  la  littérature  (1884),  et 
des  publications  de  M.  Pierre  de  Nolhac  que  l'on  trouvera  indiquées  à 
l'app.  IL  Nous  avons  opéré,  en  outre,  des  recherches  personnelles  et 
avons  utilisé  les  testaments  de  Muret  et  de  son  neveu,  qui   ont  été 
publiés,  grâce  à  MM.  A.  Bertoletti  et  Champeval,  par  le  Bulletin  de  la 
Soc.  arch,  du  Lim,  (t.  XXXVI)  ;  nous  avons  aussi  consulté  les  Registres 
consulaires  de  la  ville  de  Limoges.  Nous  faisons  suivre  cette  biographie 
de  deux  appendices;  s'ils  ne  sont  pas  absolument  complets,  ils  le  sont 
du  moins  autant  que  l'ont  permis  les  ressources  dont  nous  disposions. 


148  SOCIÉTÉ  AHCilÉOLOGJ(ir£    LT    lllSTOUlQUK    DU    LIMOUSIN 

observer  que  le  solitaire  qui  vint  s'installer  à  Muret  vers  1084 
était  nis  du  comte  do  Tliiers  en  Auvergne. 

D*aulre  part,  deux  érudits  limousins,  Bonavcnlure  de  Saint- 
Amable  (1),  et  après  lui  Vitrac  (2),  ont  revendiqué  pour  Limoges 
Fhonneur  de  la  nais<iance  de  Muret.  L'unique  argument  de  Vitrac, 
c'est  la  présence  de  la  famille  de  Muret  à  Limoges  pendant  le 
xvi^  siècle.  Ce  nom  revient  en  effet  à  plusieurs  reprises  dans  les 
Registres  consulaires  de  cette  époque  (3).  Nous  signalerons  en  par- 
ticulier un  Muret  qui,  à  la  date  de  1528  (deux  ans  après  la  nais- 
sance de  Marc-Antoine),  assiste  un  plaideur  injustice  en  qualiié 
de  i(  conseil  ».  Or,  notre  humaniste  donne  à  comprendre  dans  un 
passage  do  ses  œuvres,  —  et  tous  ses  biographes  le  déclarent  éga- 
lement, —  que  son  père  était  un  jurisconsulte  estimé.  Il  ne  serait 
pas  impossible  que  le  «  conseil  »  que  nous  venons  de  noter  à  la 
date  de  1528  fût  le  père  du  futur  orateur  des  papes.  En  admettant 
que  la  famille  de  Muret  fût  originaire  du  village  de  ce  nom,  on  peut 
soutenir  qu'elle  était  fixée  à  Limoges  depuis  les  premières  années 
du  XVI*  siècle;  mais  le  lieu  de  naissance  de  celui  qui  Ta  illustrée 
reste  encore  incertain.  Marc-Antoine  avait  un  frère  sur  lequel  on 
n'a  nul  renseignement  ;  ce  frère  eut  deux  filles  et  un  fils  que  nous 
retrouverons  plus  loin.  On  remarquera  que  les  Muret  mentionnés 
par  les  Registres  consulaires  portent  la  particule  nobiliaire;  notre 
humaniste  l'a  toujours  prise  et  ses  contemporains  la  lui  donnaient 
couramment  (4).  Ajoutons  qu'il  était  parent  de  son  célèbre  com- 
patriote Dorât  (5). 

(1)  BoNAV.,  t.  JII,  p.  799  :  <«  Marc-Antoine  Muret  de  Limoges  ».  Ce 
texte  ne  prouve  rien,  à  vrai  dire. 

(2)  Vitrac,  Eloge  de  M, -A.  Muret,  p.  7. 

(3)  Reg.  cons.,  I,  171  {de  Muret),  3 H  (M'  Michel  de  Muret,  consul 
pour  le  quartier  Lansecot,  en  13'tO),  360  [de  Muret,  consul,  fait  une 
harangue  en  latin  au  gouverneur  de  Montréal,  1343),  369  {Pierre  de 
Muret,  répartisseur  des  tailles  pour  le  quartier  des  Combes,  1544),  etc. 
Il  semble  qu'il  y  avait  deux  l)ranches  habitant  Tune  le  quartier  Lanse- 
cot, Tautre  les  Combes. 

(4)  Dans  le  Recueil  d'armoiries  limousines  de  Phil.  Poncet  {Bull,  de  la 
.  Soc,  arch.  du  Lim.,  t.  LIV),  nous  relevons  le  n®  233  (Léonard  Demuret, 
.  marchand  :  d''azur  à  la  muraille  d^argcnt,  maçonnée  de  sable)  et  le  n°  544 

(Muret,  des  faulxbourgs  de  Montmalhor  ;  mêmes  armes).  Le  recueil  de 
Poncet  datant  du  xvii'  siècle,  nous  ne  savons  si  la  famille  Muret  avait 
déjà  son  blason  au  xvi«  siècle. 

(5)  Juvenilia,  Ode  1  (à  Dorai)  :  sini  licct  et  fidc 

Pridem  tibi  et  communitaic 
Sanguinis  et  pairifc  alligatus. 
cf.  Dorât,  Eglogues,  1.  Il,  p.  61. 


0  n^'i^  ^.^.    ^ç^y  c^n^  p/ui^u  i 


-  ■'-  -    / 


F„c-si.aile  d-une  IclUe  do  >Iarc-A«loiuo  do  Murol 
«laprè!.   W   ms.    Il  272    .1.'   In    Hibli..llièqii.-   .iiiivcisil..iiv  .!.•    Monlp.ili.M-. 


MARC-ANTOINE  DE  MURET  149 

Quoi  qQ*)l  en  soit  de  sod  origine,  on  sait  que  son  père  lai  ins- 
pira l'amour  de  l'étude  ;  dès  Fenfaoce,  le  futur  humaulste  fut  cap- 
tivé par  la  rhétorique  et  la  philosophie.  Ses  parents  l'envoyèrent 
à  Poitiers;  mais  il  y  fut,  de  son  propre  aveu,  un  écolier  fort  indé- 
pendant, incapable  de  supporter  un  professeur  pendant  trois  jours; 
dès  rage  de  douze  ans,  il  dirigeait  lui-même  ses  études  (1).  Cepen- 
dant il  apprit  à  admirer  et  à  pratiquer  les  maîtres  qui  attiraient 
par  leur  science  la  jeunesse  du  temps;  c'est  ainsi  qu'il  alla  trois 
fois  voir  à  Agen  le  fameux  Jules-César  Scaliger,  lui  soumettant  ses 
premières  poésies  latines  et  lui  prodiguant  le  nom  de  «  père  »  (3). 

Bientôt  le  jeune  humaniste,  se  détournant  avec  une  sorte  d'aver- 
sion des  études  juridiques  où  on  voulait  le  pousser,  se  lança  dans 
la  carrière  de  professeur  qu'il  devait  brillamment  poursuivre  jus- 
qu'à sa  mort. 

En  i54S,  âgé  de  dix-neuf  ans,  il  monta  en  chaire  dans  le  collège 
installé  à  Auch  par  les  soins  de  Tarchevéque.  Il  n'y  séjourna 
que  quelques  mois  (3),  et  se  rendit  à  Villeneuve-d'Agen,  où  il 
cumula  les  fonctions  de  précepteur  privé  dans  la  famille  du  riche 
marchand  Brévant  et  de  professeur  public.  Son  humeur  changeante 
remporta  bientôt  à  Poitiers  (4).  Là,  tout  en  régentant  ses  élèves 
au  collège  Sainte-Marthe,  il  reprit  ses  études  de  droit  et  entra  en 
relations  avec  quelques  personnages  marquants  de  la  région,  les 
poètes  Joachim  du  Bellay  et  Jean  de  la  Péruze,  l'imitateur  de  Séné- 
que  P.  Fauveau,  le  chanoine  limousin  de  Loménie,  le  médecin 
Gronzel  (5).  N'oublions  pas  de  mentionner  les  aventures  amou- 

(1)  Ainsi  s'explique  son  anagramme  :  Marc'Antoine  de  Muret  =  nature 
droict  m'a  mené. 

(2)  On  connaît  la  date  des  deux  premiers  voyages,  1544  et  1546.  -*  On 
ne  saurait  dire  exactement  à  quelle  époque  Muret  quitta  son  pays  natal 
pour  commercer  ses  pérégrinations;  y  reparut-il  dans  les  années  qui 
précèdent  son  départ  pour  Tltalie  ?  il  ne  Ta  jamais  dit.  11  aimait  peu  sa 
petite  patrie,  terre  trop  barbare  à  son  goût,  froide  et  montueuse,  pres- 
que comparable  à  la  Scythie.  (Commentaire  sur  le  sonnet  86  du  liv.  I 
des  Amours  de  Ronsard). 

(3)  C'est  sans  doute  pour  ce  collège  qu'il  composa  la  tragédie  latine 
Julius  Caesar, 

(4)  M.  Dejob  ne  croit  pas  que  Muret  ait  débuté  à  Limoges;  il  n'admet 
pas  non  plus  qu'il  ait  professé  à  Agen  ni  résidé  à  Paris  vers  cette  même 
époque.  Nous  nous  demandons  vainement  ce  qui  a  permis  à  Sainte- 
Beuve  de  mettre  Muret  au  nombre  des  élèves  du  collège  de  Coqueret 
que  dirigeait  Dorât. 

(o)  Une  joute  poétique  mit  aux  prises  Muret,  Fauveau  et  du  Bellay 
ils  choisirent  pour  arbitre  Simon  Macrin  (de  Loudun),  qui  donna  la 
palme  à  Fauveau. 

T.  LV  IQ 


150  SOCIÉTÉ  ARCHéOLOGIQUB  BT  HtSTORIQUB  DU  LIMOUSIÏ4 

reuses  que  Muret  eut  à  Poitiers,  la  plus  sérieuse  avec  une  Marga- 
ris,  à  qui  d'ailleurs  il  fui  peu  fidèle. 

En  1547,  on  le  trouve  à  Bordeaux,  chargé  d'une  chaire  au  col- 
lège de  Guyenne.  Si  Ton  ignore  quelle  classe  lui  était  confiée,  on 
sait  du  moins  que  son  succès  fut  fort  vif.  Les  écoliers  jouèrent 
(mais  ce  fut  peut-être  avant  son  arrivée  à  Bordeaux),  sa  tragédie 
latine  de  Jules  César,  dont  un  des  rôles  fut  tenu  par  le  futur  auteur 
des  Essais.  Ce  dernier,  sorti  du  collège  à  treize  ans,  reçut  des 
leçons  particulières  de  Tillustre  humaniste,  qu'assistaient  dans  cette 
lâche  de  «  précepteur  domestique  »  Bucbanan  et  Guérentc  (1). 
Lié  avec  tout  ce  que  Bordeaux  comptait  de  lettrés  et  de  poètes, 
Muret  parait  avoir  goûté  aussi  les  plaisirs  que  cette  ville  offrait 
aux  caractères  peu  austères.  Ses  élégies  amoureuses  (2),  en  effet, 
dénotent  un  tempérament  sensuel;  le  langage  en  est  souvent  fort 
libre.  Tibulle  et  Properce  étaient  alors  ses  poètes  préférés  ;  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie,  il  regrettera  de  les  avoir  pris  pour 
modèles. 

En  i5â1.  Muret  quitte  Bordeaux  pour  Paris.  Là,  il  professe  au 
collège  du  cardinal  Lemoine,  et  —  peut-être  —  au  Collège  Royal  (3). 
Il  aurait  aussi  enseigné  dans  plusieurs  autres  collèges  de  TUniver- 
silé  et  à  l'Académie  de  Boncourt.  Partout  où  il  prenait  la  parole, 
son  éloquence  excitait  Tenlhousiasme  ;  Henri  H  et  Catherine  de 
Medicis  furent,  dit-on,  plusieurs  fois  au  nombre  de  ses  auditeurs. 
Il  s'acquit  à  jamais  la  reconnaissance,  presque  la  vénération  de  ses 
élèves;  Jacques  Grévin  avoue  qu'il  lui  doit  ce  qu  il  a  de  meilleur, 
et  Vauquelin  de  la  Fresnaye  se  proclame  hautement  son  disci- 
ple (4).  Excellent  dans  la  langue  latine,  dont  il  maniait  la  prosodie 


(1)  Selon  toute  vraisemblance,  Montaigne  était  étudiant  de  philosophie 
à  la  Faculté  des  Arts,  qui  était  installée  dans  les  locaux  du  collège  de 
Guyenne.  «  C'est  sans  doute  ainsi  que  Tétudiant  suivit  les  cours  du 
jeune  maître,  qu'il  eut  pour  «  précepteur  domestique  »,  c'est-à-dire 
chargé  de  suivre  de  plus  près  ses  progrès  ou,  comme  nous  dirions 
aujourd'hui,  répétiteur  »  (Bonnefon,  Montaigne,  p.  54). 

(2)  Dans  le  volume  de  Juvcnilia^  publié  en.  1553.  On  remarque  qu*un 
de  ses  meilleures  amis  à  Bordeaux  est  le  poète  Moncaud,  dont  la  vie  est 
peu  estimable. 

(3)  Il  eut  pour  collègues  au  collège  du  cardinal  Lemoine  Turnèbe, 
Buchanan  et  Passerai;  il  y  aurait  régenté  la  troisième.  Quant  au  collège 
de  France,  nous  remarquons  que  le  nom  de  Muret  ne  se  trouve  nulle 
part  dans  l'excellent  ouvrage  que  M.  Abel  Lefranc  a  consacré  à  l'his- 
toire de  cet  illustre  institut. 

(4)  Parmi  ses  élèves,  on  connaît  aussi  Jean  de  la  Taille  et  Scévole  de 
Sainte-Marthe. 


MAnC-ANTOINB  DE  MCUËT  loi 

avec  une  rare  souplesse,  versé  également  dans  la  grecque,  se  lan- 
çant parfois  avec  aisance  dans  la  poésie  française  pour  prouver 
qu'il  n'était  pas  seulement  un  pédagogue,  admirateur  des  grands 
poètes  italiens  qu'il  citait  volontiers,  on  le  vit  tenir  dignement  sa 
place  dans  le  chœur  delà  Pléiade,  à  côté  de  son  compatriote  Dorât, 
à  côté  de  Ronsard,  de  du  Bellay,  de  Baïf,  de  Jodelle,  camarades 
d'étude  et  de  plaisir  qu'il  aimais  et  célébrait  avec  chaleur  (i). 

Cependant,  on  voit,  vers  la  fin  de  1553,  Muret  obligé  de  quitter 
Paris;  sans  croire  à  Taccusalion  de  meurtre  relevée  contre  lui  par 
divers  auteurs  du  \v\^  et  du  \\i\^  siècles,  il  faut  avouer  que  son 
départ  de  Paris  fut  une  fuite  dont  la  cause  est  restée  mystérieuse  (2). 
Ce  fut  à  Toulouse  qu'il  chercha  un  établissement  ;  il  y  enseigna  le 
droit,  mais  avec  peu  de  succès,  et,  l'année  suivante  (1554),  fut 
obligé  de  prendre  la  fuite  une  seconde  fois.  Il  fut  en  effet  con- 
damné, par  sentence  des  capitouls,  en  compagnie  d'un  certain 
Frémyot,  comme  huguenot  et  comme  coupable  de  mœurs  inavoua- 
bles. De  ces  deux  accusations,  la  première  paraît  très  invraisem- 
blable. Quant  à  la  seconde,  elle  semble,  —  malheureusement  pour 
la  mémoire  de  l'orateur  des  Papes,  —  assez  sérieusement  fondée  ; 
selon  certains  autres  auteurs,  la  liberté  singulière  de  ses  mœurs 
l'avait  déjà  mis  à  deux  doigts  de  sa  perte,  pendant  son  séjour  à 
Paris.  Muret  s'est  défendu  en  incriminant  la  jalousie  de  ses  rivaux, 
mais  sans  en  nommer  jamais  aucun  ;  et  môme  il  n'a  jamais  tenté 
l'apologie  développée,  vigoureuse  et  probante  qu'on  attendrait 
de  l'innocence  persécutée  ;  parmi  ses  nombreux  amis  de  la  Pléiade, 
aucun  n'a  élevé  publiquement  la  voix  en  sa  faveur;  ajoutons  que 
cette  accusation  infamante  se  renouvellera  à  Venise  et  à  Padoue(3). 


(1)  Il  figure  dans  la  cérémonie  bachique  où  un  bouc  fut  immolé  pour 
fêter  les  succès  tragiques  de  Jodelle.  —  M.  Dejob  hésite  à  croire  que 
Muret  se  soit  ligué,  comme  on  Ten  a  accusé,  avec  les  ennemis  du  nova- 
teur Ramus;  cependant,  il  est  fort  possible  que  cet  espi*it  prudent  et 
avisé,  en  même  temps  que  hardi,  n'ait  pas  voulu  se  compromettre  en 
soutenant  un  collègue  en  mauvaise  posture. 

(2)  Guill.  GoUetet  relate  cette  accusation  d'homicide  qui  est  fort  peu 
admissible.  Il  ajoute  que  Muret  fut  tiré  de  prison  par  quelques  amis 
qui  «  moyennèrent  sa  liberté  ». 

(3)  Plusieurs  biographes  ont  nié  le  bien-fondé  de  cette  accusation  ; 
notamment  Bullart  et  Michaud.  Quant  à  l'accusation  d'iiérésie,  il  ne 
serait  pas  surprenant  que  les  catholiques  de  Toulouse  eussent  pris  pour 
hétérodoxie  ce  qui  était  simplement  indépendance  d'esprit  ou  commen- 
cement de  scepticisme.  Dans  une  lettre  adressée  à  Passerat  (cette  lettre, 
non  datée,  doit  être  placée  vers  1565),  Ronsard  parle  d'une  autre  accu- 
sation toute  différente  :  «  J'ay  veu  [en  votre  lettre]  comme  les  bons 


15â  SOClérÉ  ARCHéOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Muret,  averti  à  temps,  put  se  sauver,  et,  pendant  qu'on  brûlait 
son  effigie  en  place  publique,  il  gagnait  péoiblement  l'Italie.  Un 
moment  fort  malade  dans  une  ville  de  Lombardie,  il  s'échappait 
des  mains  de  médecins  dangereux  (1]  et  se  dirigeait  sur  Venise, 
exilé,  pauvre,  mal  guéri,  mais  cachant  sous  «  un  visage  grossier  et 
couperosé  presque  partout  »  (2)  un  talent  qui  devait  peu  à  peu  lui 
gagner  tous  les  suffrages. 

En  choisissant  Venise  pour  séjour.  Muret  était  fort  avisé  :  nulle 
ville  ne  montrait  plus  de  tolérance  en  matière  de  religion  et  en 
matière  de  mœurs.  Cependant  il  arrivait  sans  lettres  de  créance,  et 
sa  qualité  d'étranger  indisposait  contre  lui  les  patriciens  Vénitiens 
qui  tenaient  à  honneur  d'enseigner  eux-mêmes.  Le  nouveau  venu 
ne  tarda  pas  à  se  ménager  l'appui  d'un  des  trois  Réformateurs  des 
études,  Girolamo  Ferri.  Admis  à  postuler  une  chaire,  il  sortit  vic- 
torieux de  Texamen  public  que  la  République  imposait  aux  candi- 
dats. Ce  fut  au  mois  d'octobre  1554  que  Muret  affronta  ses  juges 
en  prononçant  un  discours  latin  sur  ce  sujet,  d'ailleurs  fort  banal  : 
(c  Les  lettres  sont  pour  un  Etat  bien  policé  non  seulement  une  pa- 
rure, mais  un  appui  ».  On  connaît  aussi  le  discours  de  remerciement 
qu'il  adressa  au  Sénat  après  sa  nomination  ;  protestant  contre  ceux 
qui  auraient  voulu  .l'écarter  comme  étranger,  il  y  rappelait  que  la 
France  n'avait  jamais  été  un  pays  barbare  et  qu'elle  pouvait  se  glo- 

huguenots  de  Bourges  (car  autres  ne  peuvent  estre  qu'eux)  ont  semé 
par  la  ville  que  le  sieur  Lambin  avait  dit  en  chaire  publicquement  que 
le  monde  estoit  délivré  de  trois  athées,  scavoir  Muret,  Ronsard  et 
Louveau  [?  lecture  douteuse]  ».  Ronsard  se  contente  de  repousser  le 
racontar  avec  mépris. 

(1)  Pendant  sa  maladie,  il  entendit  un  médecin  dire  à  son  sujet  : 
u  Faciamus  periculum  in  anima  vili,  »  Il  eut  Tesprit  de  répondre  : 
«  Vilem  animam  appellas,  pro  qua  Christus  non  dedignalus  est  mori  ?  »  ; 
là  dessus,  —  dit-on,  —  il  prit  la  fuite. 

(2)  Expressions  de  Colletet.  —  Les  portraits  de  Muret  sont  assez 
nombreux  ;  M.  Fray-Fournier  en  a  signalé  quatorze,  après  recherches 
faites  à  la  Biblioth.  nation.  D'une  manière  générale,  ces  portraits 
peuvent  se  ramener  à  deux  types  principaux  :  i^  tête  découverte,  mous- 
tache, barbe  courte  sur  les  joues,  menton  rasé,  costume  fourré  ;  2®  tête 
coiffée  d'un  bonnet  carré,  moustache,  barbe  taillée  en  pointe,  costume 
sans  fourrure  apparente  ;  une  petite  verrue  sous  l'œil  droit,  une  autre 
près  du  coin  de  la  bouche,  à  gauche.  L'expression  du  visage  est  en  gé- 
néral grave,  même  mélancolique  ;  la  face  est  large,  les  traits  assez 
fatigués,  le  cou  empâté  ;  le  buste  paraît  corpulent.  —  Le  portrait  mis  en 
tête  de  V Eloge  de  Af.-A,  Muret,  par  l'abbé  Vitrac,  représente  en  réalité 
Pierre  Muret,  né  à  Cannes  en  1630,  mort  en  1690.  (Bull,  de  la  Soc. 
arc/i.,  XXXVI,  p.  301.) 


MARC- ANTOINE  DE  MURET  153 

rifler  d*avoir  donné  au  monde  le  poète  Âusone.  Quant  à  la  chaire 
qu'il  occupa,  ce  Tut  une  chaire  d'humanilés  fondée  en  1551  dans 
le  couvent  de  Saint-François  de  la  Vigne. 

Installé  dans  ces  fonctions,  Muret  ne  tarda  pas  à  gagner  l'amitié 
du  célèbre  et  savant  imprimeur  Paul  Manuce.  Fort  de  cette  pro- 
tection, il  entreprit  l'application  d'une  méthode  d'enseignement  qui 
ruinait  la  scolastique.  Non  content  de  choisir  comme  textes  à 
expliquer  et  à  commenter  des  poètes  et  des  orateurs  de  Tancienne 
Rome,  il  ne  craignait  pas  d'aborder  les  œuvres  philosophiques. 
Non  seulement  il  faisait  alterner  ces  divers  ouvrages  dans  le  cours 
des  «  lectures  »,  mais  encore  il  rendait  l'étude  des  uns  solidaire  de 
l'étude  des  autres,  éclaircissant  les  ouvrages  par  leur  rapproche- 
ment, rendant  son  enseignement  substantiel  et  fécond  par  Tunion 
de  l'éloquence  et  de  la  philosophie.  A  côté  d'érudits  tels  que 
Vittore,  Sigone,  Paleari,  pour  qui  le  professorat  n'était  qu'une 
gène,  Muret  se  signalait  par  le  zèle  qu'il  mettait  à  se  former  une 
nouvelle  méthode  d'enseignement,  à  la  défendre  et  à  la  pratiquer. 
FiU  même  temps  il  confiait  aux  presses  de  son  ami  Manuce  diverses 
éditions  avec  commentaires;  fier  de  ses  sévères  travaux  de  philo- 
logie, il  allait  jusqu'à  les  préférer  aux  discours  dit  «  cicéroniens  » 
et  aux  vers  latins  de  style  affecté  qui  faisaient  en  ce  temps-là  la 
gloire  des  lettrés.  Son  talent,  son  zèle  et  son  aménité  lui  valurent 
l'estime  et  l'affection  de  nombreux  praticiens,  parmi  lesquels  on 
cite  des  Loredani,  des  Gonlarini  et  des  Bembi. 

Parmi  tant  de  succès,  il  n'oubliait  point  sa  patrie;  il  était  en 
correspondance  avec  divers  écrivains,  mais  —  la  remarque  a  son 
prix  —  avec  des  écrivains  d'un  ordre  inférieur,  tels  que  Le  Duchat 
ou  Jacques  Gohorry.  Pour  se  créer  un  protecteur  français,  il  dédiait 
un  de  ses  ouvrages  à  Jacques  d'Avançon,  ambassadeur  de  France 
à  Rome  (1555),  auprès  de  qui  vivait  un  de  ses  amis,  le  doux  poète 
Olivier  de  Magny.  Il  s'assurait  aussi  l'amitié  du  savant  portugais 
Achille  Estaço,  secrétaire  de  plusieurs  papes,  et  nouait  des  rela- 
tions très  amicales  avec  Tilluslre  Lambin,  qui  ne  cessait  de  le 
recommander  à  son  puissant  protecteur,  le  cardinal  de  Tournon 
(1556). 

A  celte  époque,  le  cardinal  de  Ferrare,  Hippolyte  II  d'Esté,  cher- 
chait à  attirera  sa  cour  des  savants  français  et  italiens.  Muret  fut 
au  nombre  de  ceux  auxquels  pensa  l'agent  du  cardinal,  Pierre  Mo- 
rin  (juin  1557).  Après  s'être  fait  prier,  Muret  accepta  l'invitation; 
cependant,  en  plus  de  certaines  craintes  (1),  l'amour  de  sa  liberté 

(1)  Muret  pose  comme  condition,  que,  si  le  cardinal  va  en  France,  il 
ne  sera  pas  obligé  de  le  suivre. 


lo4  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

le  rendait  hésitant.  Au  moment  où  raffaire  paraissait  conclue,  Hip- 
polyte  fut  mis  en  défiance  par  des  bruits  peu  honorables  pour 
Muret,  bruits  que  le  cardinal  deTournon  avait  malheureusement 
confirmés  (1). 

Sur  ces  entrefaites  (janvier  15o8),  Muret  quitte  brusquement 
Venise,  et  va  s'inslaller  à  Padoue.  Un  certain  abbé  Nichetle,  dépê- 
ché par  Hippolyle  pour  interroger  Muret,  s'en  retourne  convaincu 
de  l'innocence  du  suspect.  Grâce  aux  instances  répétées  de  lambin 
(que  les  dénégations  de  son  ami  avaient  convaincu),  le  cardinal  de 
Tournon  revenait  de  ses  préventions  et  soutenait  Muret.  Bientôt 
même,  Hippolyle,  rassuré  sur  le  compte  de  son  futur  protégé,  pre- 
nait avec  lui  un  engagement  ferme  (20  février  1558). 

Pendant  ces  négociations,  Muret  avait  ouvert  des  cours  dans  sa 
maison  de  Padoue,  «  marson  vaste  et  bien  exposée  »,  dit-il,  où  les 
jeunes  gens  pouvaient  après  leurs  travaux  se  reposiir  «  dans  Thon- 
note  récréation  du  saut,  de  la  lutte,  de  la  paume  ».  Il  est  probable 
que,  suivant  un  usage  assez  fréquent  au  xvi*  siècle,  il  recevait  chez 
lui  des  élèves  étrangers  à  la  ville  (2).  11  avait  conservé  l'amitié  de 
Manuce,  qui  lui  demandait  en  hâte  divers  ouvrages  pour  ses 
presses  (3)  et  il  reprenait  avec  succès  le  cours  de  sa  carrière. 

Tout  à  coup  (août  1558),  les  mêmes  accusations  scandaleuses  se 
réveillèrent;  plusieurs  élèves  quittèrent  une  maison  qui  avait  un 
mauvais  renom  (4)  ;  Muret  fit  à  Venise  un  voyage  rapide  d'où  il 
revint  fort  découragé  et  même  presque  désespéré,  pensant  à  quitter 
rilalie  pour  la  Grèce.  Il  tomba  malade,  mais  put  bientôt  se  rendre 


(1)  C'est  le  même  genre  d'accusations  qu'en  1554.  Morin  paraît  croire 
à  la  culpabilité  de  Muret,  tout  en  persistant  à  désirer  sa  présence  à 
Fcrrare.  Peut-être,  l'accusation  de  1558  n'est-elle  pourtant  qu'un  con- 
tre-coup lointain  de  la  condamnation  de  1554.  Mais  c'est  douteux. 

(2)  Parmi  ses  élèves  on  trouve  des  fils  de  familles  nobles  de  Venise. 
(.3)  On  possède  leur  correspondance;  Manuce  n'y  fait  jamais  allusion 

aux  crimes  reprochés  à  Muret,  il  parait  les  avoir  ignorés. 

(4)  «  .Edibus  in  quibus  laxissime  habitabat  ».  (Expressions  de  Lambin 
qui  rapporte  les  propos  d'un  théologien  de  Padoue).  M.  Dejob  déclare 
qu'il  est  «  impossible  de  justifier  ou  de  ruiner  les  allégations  contre 
les(|uelles  Muret  se  débat  ».  Il  ajoute  :  «  Questions  difficiles  à  trancher, 
mais  qui  reviennent  trop  souvent  dans  sa  biographie  »  (p.  130-131).  11 
est  au  moins  certain  que  Muret  a  aimé  les  plaisirs  ;  il  a  avoué,  sur  la  fin 
de  sa  vie,  que  ses  désordres  avaient  duré  plus  longtemps  que  sa 
jeunesse;  il  parle  des  années  où  il  a  vécu  dans  la  fange  du  vice,  «  in 
vitiorum  sordibus  »  ;  il  regrette  ses  désordres  :  «  Quid  puer,  quid  dein 
juvenis,  quid  autem  Temporis  jam  vir  maie  collocarim,  Dulcibus  dum 
me  furiat  venenis  Dira  voluptas  ».  Etc. 


I 
MARC- ANTOINE  DE  MURET  155 

à  Ferrare,  auprès  du  cardinal  qui  n'avait  pas  eu  connaissance  de 
cette  fâcheuse  affaire  (fin  18S8). 

Hippolyte  II  avait  le  mérite  de  ne  pas  être  un  maître  tyrannique  : 
il  savait  que,  pour  être  un  Mécène,  il  Taut  respecter  la  dignité  des 
lettrés  que  Ton  protège.  De  ce  côté,  Muret  ne  parait  avoir  eu  qu'à 
se  féliciter.  Ce  fut  en  des  termes  pleins  d'une  affectueuse  recon- 
naissance qu'il  dédia  au  cardinal  son  premier  grand  ouvrage,  les 
Variae  Lectiones  (1S59).  En  revanche  il  ne  retrouva  pas  à  Ferrare 
ce  cercle  d'érudits  de  haut  rang  parmi  lesquels  il  avait  vécu  à  Ve- 
nise. Un  peu  isolé,  n'ayant  pas  de  rival,  mais  aussi  pas  d'émulé, 
il  faillit  en  outre  perdre  l'ami  qui  l'avait  tiré  d  un  pas  fort  périlleux. 
Lambin  crut  pouvoir  l'accuser,  en  termes  sévères,  de  s'être  appro- 
prié certaines  remarques  philologiques  qu'il  se  proposait  lui-même 
d'uliliser  pour  une  édition  d'Horace.  Il  finii  par  reconnaître  qu'il 
n'y  avait  pas  là  matière  à  rupture,  et  le  nuage  se  dissipa  (1). 

C'est  à  cette  époque  que  Muret,  sortant  des  études  où  il  s'était 
jusqu'alors  confiné,  fut  appelé  à  jouer  un  rôle  politique  où  son  ha- 
bileté de  langage  ne  pouvait  que  briller.  A  la  mort  du  pape  Paul  IV 
(août  1859),  Hippolyte  II  se  rendit  à  Rome,  le  cœur  plein  de  secrètes 
ambitions;  mais  la  tiare  échut  à  un  autre.  Muret  avait  failli  être  le 
favori  d'un  pape  :  il  eut,  comme  consolation,  la  mission  de  compli- 
menter Pie  IV  au  nom  de  la  maison  d'Esté.  Peu  après  (2  mai  1560), 
ce  fut  au  nom  de  François  II  et  de  Catherine  de  Médicis  qu'il  féli- 
cita le  nouveau  Pontife,  en  exprimant  l'espoir  de  voir  bientôt  la 
ruine  de  l'hérésie.  Dès  lors.  Muret  fut  l'orateur  attitré  de  la  France 
auprès  des  papes;  mission  délicate,  qui  faisait  du  latiniste  un 
agent  diplomatique,  dont  les  discours,  loin  d'être  un  tissu  de  bana- 
lités officielles,  avaient  une  portée  politique  très  précise  (2). 

Dès  lors  Muret  n'eut  plus  peur  de  rentrer  dans  sa  patrie;  aussi 
le  trouvons-nous  dans  la  suite  d'Hippolyte  II  qui  vint  en  France, 
avec  le  titre  de  légat,  à  l'occasion  du  colloque  de  Poissy.  Son 
séjour  dura  presque  deux  ans  (août  1561-avril  1563).  Il  est  pro- 


(1)  A  son  tour  Muret  accusera  Juste  Lipse  de  plagiat  à  propos  d'une 
édition  de  Tacite  (1574). 

(2)  Un  discours  prononcé  pour  François  II  (1560);  deux  pour  Charles  IX 
(1566  et  1572)  ;  un  pour  Henri  III  (1570);  un  pour  le  roi  de  Navarre  (1560). 
La  publication  de  ces  harangues  était  soumise  à  Tagrément  du  roi  et  du 
pape.  Elles  sont  toutes  en  latin;  Muret  traduisit  lui-même  en  français 
celles  du  roi  de  Navarre,  de  Charles  IX  et  de  Henri  III.  Après  la  mort 
de  Muret,  la  v  commission  d^orateur  de  France  •  fut  donnée  à  Bressieu, 
ancien  profcusseur  au  collège  Royal  {Mémoire  sur  le  Collège  Royal,  par 
Goujet,  II,  p.  38). 


156  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

bable  qu'en  diverses  circonstances  il  servit  de  secrétaire  ou  d'agent 
au  cardinal  (1);  mais  ce  côté  de  sa  carrière  est  fort  mal  connu  ;  sa 
correspondance  donne  à  croire  que,  tout  en  étant  bon  catholique  et 
adversaire  de  la  liberté  de  conscience,  il  ne  prenait  qu'un  intérêt 
médiocre  aux  événements  violents  qui  secouaient  alors  son  pays. 
Assez  de  loisirs  lui  restaient  pour  Tétude  et  pour  l'amitié.  II  faisait 
chez  les  libraires  de  Paris,  des  acquisitions  pour  sa  bibliothèque, 
lançait  une  édition  des  Philippiquesde  Gicéron  qu'il  avait  collationnées 
avec  amour  sur  un  manuscrit  de  Rome,  et  entamait  l'élude  de  la 
théologie.  En  môme  temps  il  renouait  ses  anciennes  amitiés  ;  Dorât 
cl  Turnèbe  en  particulier  lui  faisaient  un  cordial  accueil.  Mais  aussi 
il  eut  à  subir  une  avanie  aussi  humiliante  qu'imprévue.  Lambin, 
dont  il  n'avait  eu  qu'à  se  louer  et  à  qu'il  avait  rendu  maints  services, 
fit  imprimer  à  Lyon,  en  1561,  la  correspondance  confidentielle 
qu'ils  avaient  échangée  en  Italie  :  là,  le  public  trouvait  le  récit  des 
démarches  faites  par  Muret  pour  entrer  dans  la  maison  d'Esté, 
l'écho  des  accusations  infamantes  portées  contre  ses  mœurs, 
l'expression  d  un  découragement  et  d'un  désespoir  où  la  malignité 
pouvait  lire  des  semblants  d'aveux.  Le  coup  était  rude.  Se  sentant 
impuissant,  Murei  dévora  sa  honte  et  sa  rage;  il  continua  de  faire 
bon  visage  à  Lambin,  mais  il  lui  voua  une  haine  qui  éclata  après 
la  mort  de  son  perGde  ami  et  que  ni  vieillesse  ni  piété  n'apaisèrent 
jamais  (2). 

Ce  fut  après  la  conclusion  du  traité  d'Amboise  (mars  1«%3]  que 
le  cardinal  d'Esté  quitla  la  France  pour  rentrer  à  Rome.  Muret  Ty 
suivit  avec  plaisir  et  fut  aussitôt  nommé  par  le  pape  Pie  IV  profes- 
seur de  philosophie  morale  avec  un  traitement  de  cent  écus  d*or. 
Le  nouveau  maître  brilla  à  Rome  d'un  éclat  d'autant  plus  vif  que 
nul,  parmi  ses  collègues,  ne  possédait  une  très  haute  valeur.  Par 
la  fonction  qui  lui  était  confiée,  il  se  trouvait  amené  à  appliquer 


(1)  Il  fut  envoyé  en  mission  à  Beauvais  (décembre  1561).  Il  séjourna 
en  diverses  localités,  à  Saint-Germain,  à  Monceaux,  à  Paris,  et  princi- 
palement à  l'abbaye  de  Charly  (près  de  Château-Thierry). 

(2)  On  suppose  que  Lambin  céda  alors  à  la  rancune  que  lui  avaient 
laissée  les  plagiats  (réels  ou  imaginaires)  de  1559.  Peut-être  aussi  Lam- 
bin, ne  croyant  plus  à  la  pureté  des  mœurs  de  Muret,  voulait-il  le  punir 
de  lui  en  avoir  jadis  imposé.  Dans  une  lettre  du  12  août  1558,  il  lui 
avait  laissé  entendre  qu'il  craignait  de  ne  pas  avoir  assez  écouté  le 
conseil  d'Iloracc  :  »  Qualem  commendes,  etiam  atque  etiam  aspice^  ne 
mox  inculiat  ».  Sept  ans  après  la  mort  de  Lambin,  Muret  soutint  que 
les  lettres  publiées  étaient  apocryphes.  Mais  leur  authenticité  n'est  pas 
douteuse. 


MARC-ANTOINE  DE  MURET  157 

sa  méthode  favorite,  Tunion  de  l'éloquence  et  de  la  philosophie. 
Les  cours  qu*il  consacra  pendant  quatre  années  (de  novembre  1563 
à  1567}  à  expliquer  la  Morale  à  Nicomaque  d'Aristote  furent  très 
goûtés  de  ses  nombreux  auditeurs  :  il  devint  rapidement  popu- 
laire. Ces  nouveaux  succès  reçurent  comme  une  sanction  ofBcielle, 
lorsqu'il  fut  chargé  de  prononcer  en  l'honneur  du  nouveau  pape 
Pie  V,  des  harangues  élogieuses  au  nom  d'Alphonse  II  d'Ëste,  de 
Charles  IX  (t566)  et  de  Sigismond  de  Pologne  (1567). 

Parmi  ces  diverses  lâches,  Muret  s'était  remis,  depuis  son  arrivée 
à  Rome,  à  l'étude  de  la  jurisprudence.  Il  avait  osé  jadis  (1)  s'aven- 
turer sur  ce  domaine,  à  un  âge  où,  par  sa  connaissance  de  la  rhéto- 
rique, il  avait  cru  pouvoir  suppléer  à  l'ignorance  de  la  philosophie 
et  de  l'antiquité.  En  pleine  maturité,  l'esprit  meublé  de  notions 
approfondies  sur  la  vie  des  anciens  Romains,  il  reprenait  ses  études 
juridiques  et  montrait  dans  cet  enseignement  une  remarquable 
originalité.  Sans  doute,  il  n'eut  pas  l'idée  —  qui  eât  pu  être  si 
féconde  —  de  faire  la  critique  du  droit  romain  au  nom  de  l'esprit 
moderne.  Mais  aussi  il  ne  voulut  pas,  selon  la  méthode  courante, 
répéter  les  anciens  commentaires  et  subtiliser  sur  les  lois.  Il  préféra 
consacrer  son  cours  à  l'explication  précise  et  littérale  du  texte  des 
Pandectes  ;  il  poursuivit  celle  explication  avec  l'érudition  vaste 
et  sagace  que  lui  avait  procurée  le  commerce  des  écrivains  et  des 
philosophes  les  plus  éminenls  de  l'antiquité.  Sans  avoir  porté  dans 
cette  étude  le  génie  de  son  contemporain  Gujas,  Muret  a  eu  le 
mérite  de  suivre  une  méthode  assez  analogue  à  celle  de  l'illustre 
maître  de  Bourges.  Les  admirateurs  de  Muret  se  plaisaient  à  l'égaler 
à  Cujas  :  mais  Muret  avait  le  bon  goût  de  reconnaître  la  supériorité 
du  rénovateur  des  études  juridiques  (2).  Malgré  cette  modestie,  son 
succès  fut  si  vif  que  les  Italiens  oublièrent  leur  Alcialet  appelèrent 
la  nouvelle  méthode  pratiquée  par  Muret  la  «  méthode  française  ». 

En  même  temps  qu'il  se  faisait,  par  l'universalité  de  son  talent, 
une  place  à  part  dans  l'Université  de  Rome,  Muret  continuait  à 
remplir  les  fonctions  de  secrétaire  près  du  cardinal  d'Esté  (3).  Outre 
les  harangues  officielles,  Hippolyle  II  lui  confiait  parfois  des  mis- 


(1)  A  Toulouse,  en  1553. 

(2)  En  1579,  il  engagea  des  étudiants  italiens  à  aller  réapprendre  le 
grec  et  la  philosophie  à  Paris  ;  quant  au  droit  civil,  leur  dit-il,  Cujas 
est  le  seul  maître  auprès  de  qui  on  puisse  rapprendre.  Ailleurs,  il 
l'appelle  Voracle,  11  n'acheva  de  prendre  ses  grades  qu'après  1576,  dans 
la  ville  d'Ascoli. 

(3)  Muret  vivait  dans  la  maison  du  cardinal  ;  il  avait  plusieurs  dômes- 
ti(]|ues. 


158  SOGléré  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

sions  délicates  ;  il  se  servait  aussi  de  lui  dans  des  affaires 
d'administration  ecclésiastiques.  Par  exemple,  c'était  Haret  qui 
rédigeait,  au  nom  du  cardinal,  une  note  destinée  à  être  mise  sous 
les  yeux  du  pape  en  faveur  d'un  candidat  à  Tépiscopat.  C'était  lui 
encore  qui,  par  ordre  du  pape,  démontrait  à  l'empereur  Ferdi- 
nand H  l'impossibilité  d'abolir  le  célibat  des  prêtres.  Parfois  aussi 
il  était  chargé  par  son  protecteur  d'écrire  des  lettres  d'un  caractère 
moins  ofliciel  et  plus  intime,  à  de  hauts  personnages,  tels  que 
Ferdinand  P'  et  Marie  Stuart.  11  devenait  ainsi,  pour  le  cardinal, 
non  pas  un  simple  secrétaire,  mais  un  ami  véritable  ;  durant  les 
mois  de  vacances  qu'il  passait  avec  le  prélat  à  Tivoli,  ils  avaient  de 
longues  conversations  où  le  protégé  devenait  le  confident. 

Malgré  cette  enviable  situation.  Muret,  professeur  et  secrétaire, 
ne  trouvait  plus  le  temps  de  composer  de  grands  ouvrages.  D'autre 
part,  il  était  mécontent  des  honoraires  médiocres  que  lui  allouait 
la  commission  des  cardinaux  (1)  (100  écus)  et  qu'on  refusait 
d'augmenter,  bien  que  le  coadjuteur  du  recteur  et  l'archibedeau, 
chargés  de  noter  les  professeurs,  fussent  aussi  prodigues  d'éloges 
pour  lui  qu'ils  en  étaient  avares  pour  les  autres  professeurs.  Déjà 
à  la  fin  de  Tannée  scolaire  1S66-67,  Muret  n'avait  pas  craint 
d'annoncer  publiquement  sa  retraite  volontaire  s'il  ne  recevait  pas 
un  traitement  plus  convenable.  A  la  rentrée  de  novembre  1368,  il 
ne  reprit  pas  ses  fonctions  ;  les  cardinaux  le  laissèrent  partir;  mais 
fort  embarrassés  pour  le  remplacer  dignement,  ils  durent  le  rap- 
peler au  bout  de  quelques  mois  en  élevant  ses  appointements  à 
150  écus.  En  février  1S69,  Muret  remonta  donc  en  chaire  en  pro- 
nonçant, pour  l'ouverture  de  son  cours  de  droit,  une  harangue  où 
les  cardinaux  purent  sentir,  mêlée  à  beaucoup  de  respect,  une 
ironie  assez  malicieuse.  Pareille  attitude  était  permise  à  un  homme 
dont  la  réputation,  sortant  de  l'Italie,  était  en  passe  de  devenir 
européenne. 

Dans  l'enceinte  de  l'Université,  il  faisait  entendre  le  langage  de 
la  science.  Mais  sa  réputation  d*orateur  en  souffrait  si  peu  qu'il 
était  choisi  par  le  Sénat  romain  pour  célébrer  solennellement  la 
victoire  de  Lépante  et  le  retour  de  Marc-Ântoine  Colonna  (13  dé- 
cembre 1571)  (2).  Son  panégyrique  lui  valut,  avec  l'enthousiasme 
de  l'auditoire,  le  titre  si  envié  de  «  citoyen  romain  »  (3).  Quelques 

(1)  Commission  chargée  de  surveiller  les  professeurs  et  les  étudiants 
de  rUniversité  de  Rome. 

(2)  11  prononça  sa  harangue  dans  l'église  Ara  Coeli  (Sainte-Marie  du 
Ca  pi  tôle). 

(3)  Rappelons  que  Montaigne  reçut  le  môme  honneur  en  1581.  On  sait 
que  le  maître  et  son  ancien  élève  se  revirent  avec  plaisir. 


•  «V» 


MARC- ANTOINE  DE  MURET  159 

mois  après  (IS  mai  1872)  il  prononçait  l*oraison  funèbre  de  Pie  V; 
accentuant  les  idées  intolérantes  qu*il  avait  déjà  exprimées  en  1560 
(au  nom  de  François  II)  et  en  1566  (au  nom  de  Charles  IX),  il 
vantait  la  «  haine  implacable  »  que  le  ponlife  avait  montrée  contre 
les  hérétiques.  La  même  année  (23  décembre  1572),  haranguant 
Grégoire  XIII  au  nom  de  Tambassadeur  Nicolas  de  Rambouillet,  il 
prenait  pour  thème  Téloge  de  la  Sainl-Barthélémy  ;  il  glorifiait 
cette  triste  journée  en  des  termes  qui  respirent  une  poésie  sau- 
vage :  «  Pendant  cette  nuit,  disait-il,  j*imagine  que  les  étoiles 
mêmes  brillèrent  d'un  plus  vif  éclat  et  que  la  Seine  roula  des 
ondes  plus  abondantes  pour  emporter  et  vomir  plus  vite  dans  la 
mer  ces  cadavres  d'hommes  impurs  ».  Un  pareil  langage  ne  peut 
s'expliquer,  dans  la  bouche  de  Muret,  que  par  la  peur.  Esprit  libre 
et  curieux,  Muret  n'était  point  fanatique  de  caractère.  Mais,  tout 
autour  de  lui,  parmi  les  lettrés  et  les  savants,  il  avait  vu  se  mul- 
tiplier les  condamnations  prononcées  par  l'Inquisition  (i);il  ne 
voulait  pas  être  couché  sur  la  liste  des  suspects.  Parmi  l'anxiété  et 
Thumiliation  de  tant  d'autres  savants.  Muret  se  mettait  à  l'abri  de 
toute  suspicion  en  remplissant  la  tâche  —  pénible  pour  sa  mémoire 
—  de  maudire  officiellement  les  victimes  de  la  Saint-Barthélémy. 
D'ailleurs,  il  veillait  avec  soin  sur  sa  plume,  se  gardait  de  tout  mot 
élogieux  pour  les  érudits  frappés  par  l'Inquisition  et  s'inquiétait 
fort  de  la  religion  à  laquelle  appartenaient  ses  correspondants 
étrangers  (2).  Dans  le  courant  de  l'année  1574,  appelé  à  prononcer 
l'oraison  funèbre  de  Charles  IX,  il  louera  la  sagesse  du  feu  roi  et 
les  persécutions  de  son  règne. 

Le  succès  qu'il  avait  obtenu  par  son  cours  de  droit,  la  nouveauté 
de  sa  méthode  et  les  railleries  qu'il  lançait  aux  professeurs  routi- 
niers lui  avaient  attiré  des  inimitiés  parmi  ses  collègues.  Leurs 
intrigues  finirent  par  déterminer  les  cardinaux  à  l'éloigner  de  la 
jurisprudence  pour  le  ramener  à  l'enseignement  littéraire.  Après 

(1)  C'est  ainsi  que  furent  brûlés,  sous  le  pontificat  de  Pie  V  (1566- 
1572),  Zanetti,  Paleari,  Carnesecchi  ;  André  Maës  fut  blâmé  pour  avoir 
cité  des  Talmudistes  dans  sa  grammaire  syrienne,  etc.,  etc.  On  interdit 
à  Muret  de  lire  un  ouvrage  du  sophiste  païen  Zosirae.  Aussi  Muret 
écrit-il  à  son  ami  Claude  Dupuy,  en  juin  1572  (Pie  V  était  mort  en 
mai)  :  «  Quant  à  nous,  débarrassés  d'une  très  lourde  tyrannie  qui  a  duré 
près  de  sept  ans,  nous  allons  subir,  selon  toute  vraisemblance,  une 
servitude  qui  ne  sera  pas  beaucoup  plus  légère  ». 

(2)  «  Je  crains  d'adresser  par  mégarde  mes  lettres  à  quelque  homme 
infecté  d'hérésie  »,  dit-il.  Imitant  beaucoup  d'autres  écrivains  catho- 
liques, il  efface,  sur  les  ouvrages  imprimés,  les  noms  des  auteurs 
entachés  d'hérésie,  tels  que  Erasme,  Mélanchton,  Capierarius,  etc.,  etc. 


160  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

avoir  résisté,  Muret  céda,  décidé  par  ToiTre  d*un  traitement  de 
400  écus  d'or  (1573).  Il  avait  quaraate-sii  ans,  peu  de  fortune,  et 
se  trouvait  exposé  à  perdre  sa  brillante  situation  le  jour  où  son 
protecteur  mourrait.  Ces  préoccupations  furent  justifiées  presque 
immédiatement  :  Hippolyte  II  mourut  le  2  décembre  1572.  Muret 
fut  naturellement  choisi  pour  composer  son  oraison  funèbre  :  il 
s'acquitta  de  sa  mission  en  des  termes  émus  ou  il  mil  son  cœur, 
toute  sa  gratitude  et  toute  son  affection  pour  un  maître  qui  avait 
su  être  un  ami.  L'héritier  d*HippoIyte,  le  cardinal  Louis  d'EsIe, 
garda  Muret  dans  sa  maicon,  mais  sans  lui  accorder  dans  son 
amitié  une  place  de  choix.  Si  Muret  souffrit  de  cette  sorte  de  dimi- 
nution, sa  fortune  ne  fut  pas  atteinte;  grâce  aux  libéralités  de  la 
maison  d'Ëste  et  grâce  à  la  prévoyance  avec  laquelle  il  gérait  ses 
intérêts,  il  se  constitua  peu  à  peu  un  pécule  fort  honorable  (1). 

On  avait  voulu  confiner  Muret  dans  la  rhétorique  :  il  s'en  évada 
sans  retard  et  choisit  pour  textes  d*explications  des  ouvrages 
philosophiques  de  Cicéron.  Il  lit  mieux  :  il  joignit  à  cette  étude 
l'explication  de  la  République  de  Platon.  C'était  la  première  fois 
que  le  grand  philosophe  athénien  était  commenté  dans  TUniversité 
romaine.  C'était  aussi  la  première  fois  qu'on  invitait  les  élèves  à 
confronter  les  doctrines  d'un  auteur  grec  et  d'un  auteur  latin.  Cet 
essai  original  ne  dura  qu'un  an  :  Muret  reçut  l'ordre  de  cesser 
l'explication  de  Platon.  On  ne  se  déOait  pourtant  pas  de  l'ortho- 
doxie du  professeur.  Mais  sa  méthode  était  capable  d'éveiller  dans 
l'auditoire  Tesprit  de  libre  examen  et  de  critique  :  elle  mettait  en 
péril  la  méthode  d'autorité  si  chère  à  l'Eglise.  Peut-être  aussi  le 
blàmail-on  de  citer  trop  délibérément,  dans  son  commentaire  de 
Platon,  rEcriluro  et  les  Pères  :  car  il  abordait  ainsi,  sans  posséder 
aucun  titre  thëologique,  tous  les  problèmes  délicats  de  la  théologie. 
Obéissant  à  l'ordre  des  cardinaux.  Muret  se  cantonna  dans  la  litté- 
rature latine  ;  toujours  plein  d'initiative,  il  entreprit  l'explication 
de  divers  ouvrages  de  Senèque  et  de  Juvénal,  que  les  latinistes 
puristes  prétendaient  proscrire  des  éludes  (1675). 

Sa  leçon  d'ouverture  pour  l'étude  du  De  Providentia,  de  Senèque, 
et  les  poésies  qu'il  consacrait  à  la  même  époque  à  célébrer  des 


(1)  En  1572,  il  achète,  pour  1.120  ducats,  la  charge  de  chevalier  de 
Saint-Paul,  qui  lui  rapporte  171  ducats  par  an  ;  en  1574,  il  la  vend 
1.295  ducats  et  achète  une  charge  à  la  Daterie  (bureau  des  concessions 
de  bénéfices)  qui  lui  coûte  2.100  écus  ;  il  la  vend,  en  1582,  2.240  ducats 
et,  avec  cette  somme,  achète  une  maison  dans  le  quartier  du  Quirinal. 


MA  ne- ANTOINE  DE  MUnSt  16i 

saints  ou  des  fêtes  de  TEglise  (1)  laissent  voir  des  préoccupations 
religieuses,  un  souci  de  glorifier  la  foi  chrétienne,  qui  indiquent 
chez  Muret  une  transformation  morale  fort  sensible.  Les  épreuves 
de  sa  vie,  les  leçons  de  Tâge,  les  conseils  et  les  exemples  de  son 
ancien  protecteur  Hippolyte,  le  contact  des  prélats  instruits  et 
probes  qu*il  fréquentait,  Tinfluence  d*un  de  ses  élèves,  Benci,  une 
maladie  enfin  qui  faillit  l'emporter,  Tacheminaient  vers  une  grave 
détermination  qu'il  prit  en  1576  :  il  entra  dans  les  ordres.  Quoique 
son  àme  restât  profane  par  certains  endroits,  en  particulier  par  le 
goût  de  la  raillerie  et  même  des  observations  un  peu  grivoises,  sa 
piété  fut  très  certainement  sincère  (2).  Il  aimait,  selon  son  bio- 
graphe Benci,  à  célébrer  la  messe,  et  cela  si  religieusement  qu'il 
ne  pouvait  retenir  ses  larmes.  Plus  tard,  il  prononcera  le  panégy- 
rique de  Saint-Jean  (158â)  et  expliquera  le  mystère  de  la  Circon- 
cision (1S84)  dans  la  chapelle  pontificale. 

Après  son  ordination.  Muret  ne  cessa  pas  de  professer.  Regret- 
tant d'avoir  été  contraint  de  renoncer  à  l'enseignement  du  grec,  il 
fut  assez  habile  pour  faire  naître  chez  ses  auditeurs  le  désir  de  le 
voir  abandonner  Texplication  des  discours  de  Cicéron.  Cédant  à 
cette  agréable  violence,  il  se  fil  autoriser  par  ses  chefs  à  expliquer 
la  Rhétorique  d'Arislote  :  il  déféra  ainsi  aux  vœux  de  ses  élèves, 
en  satisfaisant  son  propre  goût  (i576). 

Sa  célébrité  arrivait  alors  à  son  apogée.  Protégé  par  la  maison 
d'Esté,  soutenu  aussi  par  la  maison  de  Gonzague,  considéré  des 
papes,  gardant  ses  fonctions  d'orateur  ofTiciel  de  la  France  (3),  il 
renouait  d'honorables  relations  avec  Venise.  En  France,  sa  répu- 
tation était  aussi  solidement  établie.  Son  compatriote,  Joachim 
Blanchon,  énumërant  les  grands  esprits  qui  décoraient  le  Limousin, 
citait  Daurat,  Dubois  : 


(1)  Dans  les  Poemata  varia  (1575),  publiés  à  rinstigation  de  Guill.  de 
Gonzague,  duc  de  Mantoue  et  de  Montferrat.  Le  Bulletin  de  la  Soc,  arch. 
du  Lim.  a  publié  en  1888  (t.  XXXVI,  p.  191-199)  huit  lettres  inédites 
de  Muret  adressées  au  duc  Gonzague  et  ayant  trait  à  la  composition  de 
ces  hymnes. 

(2)  M.  Dejob  n'accepte  pas  les  doutes  exprimés  à  ce  sujet  par  Joseph 
Scaliger  et  par  Jac.  Bernays.  A  noter  que,  déjà  en  1552,  Muret  avait 
prononcé  un  discours  sur  la  dignité  et  Vexcellence  de  Vétude  de  la  théo- 
logie, 

(3)  Il  harangua  Grégoire  XIII  (19  juin  1576)  au  nom  de  Henri  III.  Il 
expliqua  que  le  roi,  voyant  que  la  guerre  ne  supprimait  pas  Thérésic, 
avait  résolu  de  la  supporter  provisoirement. 


162  SOCIÉTÉ  AUCUÉOLOGIQUE  J^T  lIISTOlUQUE  DU  LIMOUSIN 

Et  son  Muret  qu'une  Rome 
Dessus  tout  autre  renomme 
Pom*  son  éloquent  savoir. 

Sa  correspondance  le  meUail  en  rapport  avec  bien  des  Français 
célèbres  ;  parmi  eux,  Jacques  Gillot,  un  des  futurs  auteurs  de  la 
Satire  Ménippée,  le  théologien  Génébrard,  les  sâvanls  légistes 
Cujas  et  Barnabe  Brisson,  les  parlementaires  de  Pincé  et  Claude 
Dupuy,  le  lexicographe  Jean  Nicot,  avec  Jacques- Auguste  de  Thou, 
Claude  Binet,  Nicolas  Le  Fôvre,  Timprimeur  Frédéric  Morel,  etc. 

En  même  temps  que  son  affection  restait  (idèle  à  Dorât,  à  J.  Sa- 
liger,  à  Ronsard,  il  profilait  de  toutes  les  occasions  pour  s*assurer 
Testime  de  tout  ce  qui  comptait  en  France  dans  les  lettres 
(H.  Estienne,  Pilhou,  Amyot,  Passerai,  etc.).  A  Rome,  il  avait  soin 
de  se  lier  avec  tous  les  Français  qui  venaient  séjourner  dans  lâ 
ville  papale,  surtout  avec  les  ambassadeurs  et  les  grands  person- 
nages (Arnaud  d'Ossal,  Nicolas  de  Pellevé,  Arnaud  de  Ferrier, 
Louis  de  Chasteigner  de  la  Rochepozay  (1),  etc.).  Quand  de  Thou 
vint  passer  six  mois  à  Rome,  en  1574,  il  fut  Thôle  assidu  de  la 
maison  de  Muret.  Le  jeune  avocat  limousin,  Jean  de  Beaubreuil, 
trouva  aussi  chez  son  Illustre  compatriote  le  plus  aimable  accueil  (2). 

La  joie  qu'éprouvait  Muret  au  milieu  de  sa  célébrité  élait  pourtant 
gâtée  par  une  sorte  d'amertume.  Il  voyait  la  jeunesse  romaine  se 
détourner  avec  'indifférence  des  éludes  littéraires  pour  se  diriger 
vers  la  médecine  et  le  droil;  Topinion  publique,  jadis  enthousiaste 
de  la  science  pure,  s'était  refroidie;  la  décadence  était  sensible 
dans  les  études.  De  plus  la  surveillance  des  cardinaux,  en  s*ctcn- 
dantdes  classes  aux  manuscrits  et  aux  impressions,  gênait  à  la  fois 
le  professeur  et  l'écrivain .  Sur  ces  entrefaites  (juin  1577),  le  roi  de 
Pologne,  Etienne  Batory,  qui  fondait  alors  TUniversilé  de  Wilna  et 
TAcadémie  de  Cracovie,  proposa  à  Muret  de  venir  professer  en 


(1)  En  1577,  Muret  fit  étudier  Aristote  à  La  Rochepozay,  qui  écrivit  h 
des  amis  de  France  combien  il  était  content  de  son  maître. 

(2)  J,  de  Beaubreuil,  ancien  élève  de  Dorât,  fit  imprimer  une  tragédie, 
Régulus,  en  1582  (chez  Hugues  Barbou,  Limoges).  Dans  Tépître  dédi- 
catoire  il  dit  :  «  Oublierais-je  les  propos  afTables  qui  m'accueillirent 
dans  la  maison  de  Muret  ?  Je  suis  bien  aise,  me  disait  Muret  à  Rome, 
de  voir  aujourd'hui  le  fils  de  ce  Beaubreuil  qui  m'encouragea  des  pre- 
miers à  Tamour  des  belles-lettres  ».  11  exprime  aussi  sa  joie  de  «  voir 
notre  Muret  en  chaire,  faisant  sortir  de  sa  bouche  un  tonnerre  si  agréa- 
ble »...  «  Et  pouvez  croire  que  ce  ne  fut  point  sans  admirer  la  fortune 
de  riiomme,  le  voyant  passer  par  les  rues  de  Rome  dans  un  coche 
magnifique.  » 


MARC-ANTOINE  DE  MUIIBT  163 

Pologne,  avec  un  traitement  de  1,500  écusd'or.  Muret  était  disposé 
à  accepter  et  même  prêt  à  partir.  Mais,  à  cette  nouvelle,  les  magis- 
trats municipaux  de  Rome  allèrent  prier  le  pape  d'intervenir  pour 
retenir  Muret.  A  la  demande  du  pontife,  Muret  consentit  à  rester; 
il  vit  aussitôt  son  traitement  porté  à  700  écus  d*or  et  complété  par 
un  bénéfice  donnant  300  écus  de  revenu  annuel.  Il  garda  de  flat- 
teuses relations  avec  la  cour  de  Pologne  (1).  Il  résista  de  même  à 
unedemande  venue  de  Padoue  :  la  nation  allemande  de  TUniversité 
de  cette  ville  aurait  voulu  étudier  les  Pandectes  sous  sa  direction  (2); 
mais  ce  désir,  mal  secondé  par  Venise,  se  heurta  au  refus  de 
Grégoire  XIII  (1578). 

Muret  resta  donc  à  Rome,  Il  reprit  ses  travaux  professionnels 
avec  une  ardeur  juvénile,  mais  non  avec  une  entière  liberté  ;  car, 
sous  prétexte  de  ménager  la  médiocrité  des  élèves,  on  l'obligea  à 
ne  pas  achever  l'explication  de  la  Politique  d^Ariosie,  et  on  l'invita 
à  interpréter  Sallustc.  Ce  ne  fut  qu'après  de  longues  instances 
qu'on  l'autorisa,  deux  ans  plus  tard  (1580),  à  expliquer  Tacite  dont 
le  génie  si  original  avait  de  nombreux  détracteurs.  Ardent  à  lutter 
contre  rindiiïérence  croissante  de  la  jeunesse  romaine  à  l'égard  des 
lettres,il  s'eiïorçaitde  varier  les  éludes  qu'il  dirigeait  et  d'en  rehaus- 
série  prestige.  Voyant  surgir  de  nombreuses  objections  contre  l'étude 
des  langues  mortes,  il  s'efTorçait  de  les  réfuter,  sans  en  nier  la  force, 
et  démontrait  de  son  mieux  l'utilité  d'une  forte  culture  littéraire 
comme  préparation  aux  études  plus  spéciales  du  droit,  de  la  méde- 
cine ou  de  la  théologie. 

Pendant  trente-cinq  années  d'enseignement,  la  santé  de  Muret 
s'était  sensiblement  délabrée.  Fatigué  par  ces  nombreux  importuns 
et  solliciteurs  qui  s'empressent  toujours  autour  des  hommes  en 
faveur,  il  avait  en  outre  à  lutter  contre  la  turbulence  et  l'insolence 
des  étudiants  (3).  Les  mœurs  scolaires  des  jeunes  Romains  à  cette 
époque  étaient  vraiment  étranges,  et  l'on  plaint  les  savants  qui 


(1)  En  1584  il  reçut  de  Pologne  deux  médailles  d'or,  Tune  à  Tcffigie  du 
roi,  Tautre  à  celle  de  Jean  Zamoyski. 

(2)  Déjà  en  1570  on  avait  vainement  offert  à  Muret  une  chaire  d'huma- 
nités dans  cette  Université. 

(3)  Il  était  servi  dans  cette  lutte  par  une  verve  railleuse  dont  les  traits 
étaient  fort  piquants.  Comme  un  étudiant  agitait,  pendant  le  cours,  une 
clochette  de  bélier,  Muret  s'écria,  dit-on  :  «  Pour  tant  de  betcs,  il  faut 
bien  un  conducteur  ».  Ses  ouvrages  d'érudition  contiennent  maintes 
plaisanteries  malicieuses.  La  mystification  qu'il  infligea  à  Joseph  Sca- 
liger  est  célèbre  :  il  lui  fit  prendre  des  vers  latins  de  sa  composition 
pour  des  fragments  des  anciens  comiques  Trabéas  et  Atlius. 


16i  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE  ET  lIlSTORlQtJE  DU  LiMOUSiK 

prodiguaien  leur  zèle  à  un  auditoire  bien  indigne.  Enfin  lassé  et 
dégoûté,  Muret  implora  du  pape  sa  mise  à  la  retraite;  elle  lui  fut 
accordée  le  1''  novembre  1584,  avec  une  pension  annuelle  de 
300  écus  d'or.  De  plus  on  lui  laissa  ses  bénéûces  ecclésiastiques. 
Il  avait  en  outre  une  fortune  personnelle  qui  s'élevait  à  environ 
10,000  écus  d'or  (i). 

La  retraite  n'avait  nullement  diminué  le  crédit  de  l'homme  que 
Grégoire  Xlli  appelait  le  flambeau  et  la  colonne  {lumen  et  columen) 
de  l'école  Romaine  (3).  Nonseulement  il  était  appelé  à  prononcer 
l'oraison  funèbre  de  Paul  de  Foix,  archevêque  de  Toulouse  et 
ambassadeur  de  France  auprès  du  Saint-Siège;  mais  c'était  lui  que 
l'on  choisissait  pour  adresser  une  grave  exhortation  aux  cardinaux 
prêts  à  entrer  en  conclave  pour  élire  le  successeur  de  Grégoire  XIII 
(1585).Ses  loisirs  trouvaient  leur  emploi  dans  de  nouveaux  travaux 
littéraires,  dont  il  se  délassait  par  les  joies  de  l'amitié.  Il  s'était  lié 
en  particulier  d'une  solide  atTection  avec  de  nombreux  membres 
de  la  Société  de  Jésus  ;  c'est  là  ce  qui  a  permis  parfois  de  supposer 
quil  avait  appartenu  à  cette  société;  mais  cette  hypothèse  n'a 
aucun  fondement.  Outre  l'amitié,  il  goûtait  les  joies  d'une  quasi- 
paternité;  il  avait  fait  venir  auprès  de  lui  le  ûls  d'un  frère  mort, 
et  s'était  chargé  de  l'éducation  de  l'orphelin;  il  ne  se  borna  pas  à 
lui  donner  un  précepteur;  il  travailla  lui-même  à  faire  de  son 
neveu  un  homme  instruit,  pieux  et  sage.  Pour  former  son  àme,  il 
composa  nue  Institutio  Ptim/is  (1578)  et  une  collection  de  Sentences 
grecques  (1580),  où  il  condensa  tous  les  conseils  que  lui  suggérait 
son  expérience  et  sa  piété. 

Les  derniers  mois  de  sa  vie  furent  marqués  par  un  redoublement 
de  dévotion,  auquel  se  mêlait  le  remords  de  ses  erreurs  passées. 
En  prévoyance  de  la  mort  qu'il  sentait  voisine  (3),  il  fil  son  testa- 
ment le  19  mai  1585.  Il  constitua  son  neveu  légataire  universel,  en 


(1)  Il  en  consacra  5,000  à  acheter  (15B2)  une  fort  belle  maison  au  pied 
du  Quirinal.  Ses  idées  de  retraite  remontent  à  Tannée  1581,  où  il  priait 
un  ami  de  lui  indiquer  un  placement  sûr  qui,  en  lui  donnant  un  revenu 
de  800  écus,  assurerait  le  repos  de  sa  vieillesse. 

(2)  Remarquons  que,  malgré  Testime  des  papes,  Muret  ne  reçut  pas 
la  pourpre,  suprême  honneur  qui  avait  couronné  la  carrière  de  plusieurs 
savants  du  xvi^  siècle. 

(3)  Il  se  plaignait  de  douleurs  vives  depuis  1582;  il  a  décrit  ses  souf- 
frances dans  une  lettre  datée  du  mois  d'août  1584-  adressée  à  J.  Gillot 
(publiée  par  M.  de  Nolhac,  Mélanges  Graux,  p.  402).  Un  de  ses  contem- 
porains, Orazio  Cardaneto,  déclare  qu'il  est  mort  d'hydropisie  (Vaticanc', 
ms.  5317,  H,  p.  493). 


k ARC- ANTOINE  DE  MCRËt  iCo 

lai  recommandant  parlicnlièrement  de  n'aliéner  aucun  livre  de  sa 
bibliothèque,  sous  peine  de  payer  aux  Frères  Mineurs  cent  écus 
d*or  pour  chaque  livre.  Il  fixa  le  lieu  de  sa  sépuKure  :  la  première 
nef  (celle  de  gauche)  de  Téglise  de  la  Sainte-Trinité  du  Monte- 
Pincio,  ou  église  des  Frères  Mineurs  de  Saint-François-Je-Paule. 
On  trouve  aussi  dans  son  testament,  son  épitaphe,  composée  par 
lui-même  :  elle  ne  respire  que  la  piété  et  la  modestie  ;  rien  n'y 
rappelle  les  succès  de  Thumaniste.  Les  deux  exécuteurs  testamentai- 
res désignés  par  Muret  étaient  Nicolas  de  Pellevé,  cardinal  de  Sens, 
et  Charles  de  Lorraine-Vaudemont,  cardinal  de  Saint-Etienne  au 
Honte  Geiio.  Quant  au  notaire,  c'était  un  Limousin  :  Jean  Junien, 
clerc  public  du  diocèse  de  Limoges,  notaire  de  la  Chambre  aposto- 
lique et  des  causes  du  Sacré  Palais  apostolique. 

Muret  mourut  quelques  jours  après  (4  juin  1588).  Le  lendemain, 
en  présence  des  deux  exécuteurs  testamentaires,  son  élève  et  ami 
fienci  prononça  son  oraison  funèbre  (1). 

(1)  Le  neveu,  quiavait  le  même  prénom  que  son  oncle,  mourut  le  6  octo- 
bre 1586,  n'ayant  survécu  que  seize  mois  à  son  second  père.  Le  Bulletin 
a  publié  (XXXVI,  202)  un  extrait  (en  italien)  de  son  testament;  le  texte 
complet  de  cet  acte,  en  latin,  daté  du  29  septembre  1586,  est  confirmé  par 
un  codicile  du  2  octobre  1586  (XXXVI,  447).  Il  demande  à  être  enseveli 
près  de  son  oncle  ;  il  lèg^e  à  sa  mère  Anna  et  à  ses  deux  sœurs,  demeu- 
rant à  Limoges,  une  somme  de  1,500  écus  à  partager  également  par 
tiers;  au  Collège  Romain  (Jésuites),  tous  les  livres  de  son  oncle;  pour 
doter  vingt  orphelines  pauvres,  1,000  écus;  etc.,  etc.  En  dehors  de  ces 
legs,  il   nomme  héritiers  universels  ses  «  fidèles  et  illustres  amis  » 
Ludovicus  Rivaldus  (Louis  lUvaud,  archidiacre  de  Venise,  Limousin)  et 
Marc-Antoine    Lanfranco   (de  Vérone).    Le   testament  fut  reçu   par  le 
notaire  Jean  Junien,  de  Limoges,  Son  épitaphe  (Bulletin,  XXXVI,  204) 
indique  quUl  n'avait  vécu  que  seize  ans  et  cinq  mois.  Au  dire  de  Benci, 
il  promettait  d'égaler  son  oncle  (Vitrac  a  cru  à  tort  que  le  neveu  était 
mort-  le  premier).  —  La  bibliothèque  de  Muret,  conservée  longtemps  au 
Collège  Romain  des  Jésuites,  a  subi  de  fortes  mutilations  &  Tépoque  de 
la    sécularisation  des  biens  des  ordres   religieux.  Une  partie  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  Bibliothèque  Victor-Emmanuel  à  Rome  ;  cette  Biblio- 
thèque possède  143  ouvrages  portant  des  notes  ou  inscriptions  de   la 
main  de  Muret;  parmi  ces  143  volumes,   sont  compris  4  mss.  grecs 
(n^  6,  Scholia  Min.  in  Iliadem;  n^  8,  Iliadis  lib.  /,  cum  notis  latinis;  n°17, 
Guarini  Erotemata  ;  n^  18,  Porphyrii  Isagoge),  Le  directeur  de   cette 
Bibliothèque,  qui  a  eu  l'obligeance  de  me  fournir  ces  indications,  ajoute  : 
«  Non  è  escluso  perè  che  in  biblioiheca  ci  sieno  altri  libri    provenienti 
dal  Murelo,  che  i  gesuiti  avevano  confuso  nella  loro  biblioteca.  Nou  si 
haniio  qui  notizie  di  allro  biblioloche  che  conservino  libri  appartenenti 
al  Muroto.  » 

T.    I,V  1  l 


166  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

* 

La  renommée  de  Murel  se  mainlint,  après  sa  mort,  aussi  bril- 
lante que  de  son  vivant.  Plusieurs  de  ses  ouvrages  eurent  de  nom- 
breuses éditions  au  xvn*  et  au  xvni»  siècles.  Mais  après  cette  uni- 
verselle admiration,  la  critique  du  xix«  —  en  particulier  la  critique 
allemande  —  n'a  souvent  vu  en  lui  qu*un  philologue  superficiel  et 
qu'un  beau  parleur. Tout  en  reconnaissant  que  Muret  n'a  pas  été  un 
profond  jurisconsulte,  qu'il  n'a  pas  porté  dans  la  philologie  des 
vues  géniales  ni  possédé  une  science  de  l'antiquité  ausssi  étendue 
que  Juste  Lipse  ou  Sigone,  il  Taut  dire  que  sans  lui  l'espace  serait 
vide  enirc  Erasme  et  les  grands  savants  Joseph  Scaliger  ei  Casau- 
bon.  On  doit  dire  aussi,  à  son  éloge,  que  nul  mieux  que  lui  n*élait 
capable  de  faire  aimer  l'érudition.  Peu  de  professeurs  furent  plus 
dévoués  à  leur  métier,  plus  soucieux  de  rendre  renseignement 
intelligent,  clair  et  vivant  (1).  Orateur  disert,  mais  non  grand 
orateur,  capable  de  sentir  la  banalité  des  lieux  communs  et  de  s'en 
garder,  il  était  surtout  un  latiniste  d'une  rare  pureté.  Cette  dernière 
qualité  fit  de  Muret  un  «  classique  »  à  une  époque  relativement 
récente.  L'essayiste  anglais  Mark  Pattison  note  que,  au  début  du 
XIX*  siècle,  les  œuvres,  ou  du  moins  des  extraits  de  Muret  étaient 
aussi  familiers  aux  élèves  de  rhétorique  que  Térence  ou  Ovide  ;  et 
vers  la  fin  du  même  siècle  on  voit  encore  les  Œuvres  choisies  de 
Muret  imprimées  par  une  des  principales  maisons  d'éditions  clas- 
siques de  l'Allemagne.  On  chercherait  vainement  en  France  de 
telles  marques  de  faveur  :  et  pourtant  on  trouve  dans  ses  œuvres 
uu  agrément,  une  aisance,  un  bon  sens,  un  don  de  plaisanterie,  où 
Ion  devine  tout  de  suite  un  esprit  français,  souvent  môme  un  esprit 
gaulois.  Assez  libre  et  assez  original  pour  ne  pas  s'enfermer  dans 
un  pédantisme  aride,  il  donne  l'impression  non  d'un  docteur  pesant, 
mais  d*un  homme  alerte  et  avisé.  Peut-être  son  caractère  valut-il 
moins  que  son  esprit.  Cependant,  en  dehors  des  égarements  de  sa 
vie  privée  durant  sa  jeunesse,  il  savait  aimer  et  se  faire  aimer; 


(1)  Ces  qualités  expliquent  sans  doute  le  succès  qu'eurent  ses  éditions 
de  Térence  et  d'Horace  ;  les  presses  des  Manuces  n'ont  pas  imprimé 
moins  de  dix  fois  son  Térence  de  155:3  à  1594,  et  son  Horace  moins  de 
six  fois  de  1555  à  1570,  sans  compter  les  éditions  d'Anvers,  de  Lyon,  de 
Paris,  etc.  Il  est  fort  probable  que  ces  ouvrages,  pourvus  d'annotations, 
étaient  ce  que  nous  appelons  des  livres  de  classe.  —  11  n'est  pas  à  notre 
connaissance  qu'aucun  imprimeur  limousin  ait  réédité  d'ouvrages  de 
Muret.  Toutefois  les  lettrés  Limousins  lisaient  les  œuvres  de  leur  com- 
patriote. La  librairie  de  Jacques  Barbou  contenait  (d'après  l'inventaire 
de  1005;  BulL  de  la  Soc.  arch.  du  Liin,,  t.  XLVII)  :  3  Orationes,  3  Ora- 
tionum  in  Catil,  expUcatio,  12  InslUutio  puerilis,  et  3  Juvenilia, 


MAHC-ANTOINE  DB  MURET  1C7 

tout  en  étant,  à  roccasion,  malicieux,  mordant  et  même  capable  de 
haine,  il  eut  des  affeclions  qui  Thonorent.  En  définilive,  sans 
justifier  le  titre  hyperbolique  de  nouveau  Démosihèneou  nouveau 
Cicéron  que  lui  prodiguèrent  trop  iiite  ses  contemporains  et  en 
particulier  ses  compatriotes.  Muret  valait  mieux  que  l'oubli  dédai- 
gneux où  est  tombé  son  nom. 

Franck  Delage. 


168  sociéré  ARCiiéoLOGiQUE  et  historique  t>Ù  LlMOCâlM 


APPENDICE    I 

(Chronologie  des  œuvres  de  Muret  et  des  diverses  éditions.  —  Les  œuvres 

françaises  sont  marquées  d'un  astérisque  *  ). 


1545?    Julius  Caesar,  tragédie  latine. 

—  Eglogues  en  Thonneur  du  cardinal  d'Armagnac.  (Œuvre  perdue.) 

1551  Epigramme  latine  en  tête  du  de  Collegio  AuscUano,  de  Bernard 

du  Pouy.  —  Toulouse. 

—  Annota tiones  in  Andriam  et  Eunuchum  Terentii.  (Dédicace  à 

Jean  Costecandus.)  —  Paris,  Vascosan. 

1552  Oratio  de  dignitate  et  praestantia  studii  theologici.  (Dédicace  à 

Et.  Potier.)  —  Paris,  Vascosan. 
'   —        Ode,  en  tête  de  :  Premier  livre  de  la  Chronique  de  Dont  Florès 

de  Grèce,  mise  en   français  par  le    seigneur   des   Essarts. 

—  Paris,  Etienne  Grolleau. 
*1553      Commentaires  sur  les  Amours  de  Ronsard.    (Déd.   à    Adam 

Fumée.)  —  Paris,  V«  M.  de  La  Porte;  avec  portrait. 

—  Juvenilia,  contenant:  Julius  Caesar,  10  Elegiac,  2  Satirae,  108 

Epigrammata,  3  Epistolac,  6  Odae.  (Déd.  à  Jean  Brinon.)  — 
Paris,  V*  M,  de  La  Porte  ;  avec  portrait. 

•  —        Sonnet,  en  tête  des  Amours  d'Ol.  de  Magny.  —  Paris,  Groul- 

leau. 

—  Commentarii  in  Ethica  Aristotelis.  —  Paris. 

*  —        Sonnet  en  tête  du  Prince  de  Machiavel,  traduit  par  Gaspard 

d'Auvergne.  —  Poitiers,  de  Marnef. 

1554  Edition  de  Catulle,  avec  commentaire.  (Déd.  à  Bernardo  Lore- 

dano.)  —  Venise,  Paul  Manuce. 

—  Edition  de  TibuUe,  avec  commentaires.  —  Venise,  P.  Manuce. 

—  Traduction  latine  du  livre  VII  des  Topiques  d'Aristote^  avec  le 

commentaire  d'Alexandre  d'Aphrodisia.   (Déd.  à  Memmius 
Frémyot.)  —  Venise,  P.  Manuce. 

1555  Orationes  très  de  studiis  litterarum.  (Déd.  à  Girolamo  Ferri.) 

—  Venise,  P.  Manuce. 

—  Edition  d'Horace,  avec  notes  de  Muret  et  de  Manuce.  (Déd,  à 

Jean  d'Avançon.)  —  Venise,  P.  Manuce. 


HAHC-ANTOINE  DE  MURET  169 


*  iH 


• 


1555  Chansons  spirituelles,  mises  en  musique  par  Cl.  Goudimel.  — 

Paris,  Nie.  Duchemin. 

—  Epigrammata,  dans  Flores  Epigrammatum,  de  Léger-Duchesne. 

—  Paris,  Pierre  Béguin.— Réimpression  en  1560  (G.  de  Mamef). 

—  Edition  de  Térence,  avec  notes  et  arguments.  (Déd.  à  Giacomo 

Soriano).  —  Venise,  P.  Manuce. 

1556  Sonnet  en  tête  des  Poésies  de  Jean  de  la  Péruse.  —  Poitiers, 

Mamef  et  Bouchet.  —  Cf.  Tédition  de  Benoist  Rigaud,  Lyon, 
1577. 

—  Orationum  Ciceronis  in  Catilinam  explicatio.  (Déd.  à  Leonardo 

Mocenigo.)  —  Venise,  P.  Manuce. 

1557  Idem,  —  Venise,  J.  Gryphius. 

—  Ode  en  tête  de  la  traduct.  du  1.  X  à*AmadU^  par  Jacques  Giohory. 

—  Paris.  —  Cf.  Tédition  de  Benoist  Rigaud,  Lyon,  1575. 

1558  Catulle,  Tibulle  et   Properce,   avec  notes.  (Déd.  à  B.  Lore- 

dano,  à  Torquato  Bembo  et  à  Fr.  de  Gonzague.)  —  Venise, 
P.  Manuce. 

—  Préface  pour  la  traduct.  de   YEthique  d'Aristote,  par  Lambin. 

—  Térence  (2«  édition  aldine.)  —  Venise,  P.  M. 

1559  Variae  lectiones  (8  livres;  —  déd.  à  Hippolyte  II  d'Esté.)  — 

Venise,  Jiordano  Zilletti. 

—  Horace  (2«  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Commentarii  in  Catullum,  Tibullum  et  Propertium.  —  Lyon, 

Guill.  Roville. 

1560  Térence  (3«  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Oratio   ad  Pium  IV,   Francisco   II    régis  Galliae  nomine.  — 

Rome,  Ant.  Blade. 

1561  Oratio  ad   Pium  IV,   Antonii  Borbonii  Navarrorum  régis  et 

Joannae  Albretiae  reginae  nomine.  —  Lyon,  Michel  Jove. 

—  Oraison  pour  Antoine  et  Jane,  roy  et  royne  de  Navarre.  (Tra- 

duction franc.)  —  Lyon,  Michel  Jove. 

—  Idem,  —  Rouen,  Martin  le  Mégissier. 
Horace  (3®  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Térence  (4«  édit,  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Epistolae  mutuae  Mureti  et  Lambini.  (Dans  Epistolae  clarorum 

virorum,   réunies  par  Michel  Bruto.)  —  Lyon,  héritiers  de 
Sébastien  Gryphe. 

1562  Catullus,  Tibullus,  Propertius  (avec  notes). —  Venise,  P.  M. 

—  Ciceronis  Philippicae  (avec  comment.  ;   déd.  à  Tumèbe).  — 

Paris,  Gabriel  Buon. 

1563  Térence  (5«  édit.  aldine).  -  Venise,  P.  M. 

1564  Horace  (4«  édit.  aldine,  avec  notes  et  préface  de  Michel  Bruto). 

Venise,  P.  M. 

—  Orationes  très  [dont  les  discours  au  nom  de  François  II  et  du 

roi  de  Navarre  ;  —  déd.  à  Alexi  Paganucci].  —  Rome. 

1565  Térence.  —  Anvers,  Plan  tin. 

—  Annota tiones  M.  A.  Mureti  et  Fr.  Fabricii  Marcodurani  in  sex 

Terentii  comoedias.  —  Anvers,  Plantin. 


170  SOCIÉTÉ  AliCUÉOLOGIQUB   ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

1565  Traduction  latine  du  1.  V  de  VEthique  d'Aristote.  —  Rome,  Ant. 

Blade. 

1566  Horace  (5«  édit.  aldine;  cf.  1564).  —  Venise,  P.  M. 

—  Térence  (6«  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Oratioad  Pium  IV,  Alfonso  II  Ferrariae  ducisnomine.  —  Rome, 

Accoiti. 

—  Vers  latins  (M.  A.  Mureti  carmen;   liber  Connani   lectorem 

aUoquitur)  pour  les  CommenUrii  Juriscivilis  de  F.  Connan.  — 
Lyon,  héritiers  de  Jacques  Giunta. 

1567  Traduction  latine  du  1.  Il  de  la  Rhétorique  d'Aristote.  (Déd.  à 

Georgio  Gozzi.)  —  Rome. 

1570  Horace  (6«  édit.  aldine;  cf.  1564).  —  Venise,  P.  M. 

—  Horace  (7«  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Térence  (7«  édit.  aldine).  —  Venise,  P.  M. 

—  Térence.  —  Paris,  Turrisan. 

1571  Commentarii  in  libros  V  Ethicorum  Arist.  —  Venise,   Marco 

Amadori. 

—  Orazione  recita  ta  per  ordine  del  popolo  Romano  dopo  i  ritorno 

in  Roma  de  Tillustrissimo  e  excellentissimo  Sig.  Marc-Anto- 
nio Colonna.  —  Rome. 

—  La  même,  en  latin.  —  Rome. 

—  Orationes  (vol  I  ;  —  déd.  à  Scipion  de  Gonzague).  —  Rome. 

—  Idem,  —  Venise,  Marco  Amadori. 

1572  Carmen  votivum  ad  Beatiss.  Virginem  quae  colitur  in  Aede 

Lauretana.  —  Rome,  héritiers  d'Ant.  Blade. 

—  Idem,  —  Paris,  J.  Dalberius. 

—  Oratio  in  funere  Pii  V.  —  Padoue,  Robert.  Mejeti. 

—  Idem,  —  Venise. 

*  -—  Oraison  prononcée  devant  le  pape  Grégoire  XIII  touchant 
rheureux  et  admirable  succès  de  Charles  IX  en  la  punition 
des  chefs  des  hérétiques,  —  Lyon,  Benoit  Rigaud.  —  (La 
traduction  est  de  Muret,  selon  du  Verdier.)  —  Rééditée  par 
le  même  en  1573. 

1573  Oratio   pro   Carolo   IX,   Gregorio   XIII    debitam   obedientiam 

praestante.  —  Rome,  héritiers  d'Ant.  Blade. 

—  Idem,  —  Paris,  Michel  de  Roigny. 

—  Idem,  —  Lyon,  Benoit  Rigaud. 

—  Variae  lectiones  (8  livres).  —  Paris,  Mich.  Clopéiau. 

1574  Térence.  —  Anvers,  Plantin.  (Cf.  1565). 

—  Oratio  habita  Romae  in  funere  Caroli  IX.  —  Rome,  héritiers  de 

Blade. 

—  Idem,  —  Florence,  Junta. 

—  Idem,  —  Venise,  Aide  Manuce. 

—  Idem.  —  Paris,  Frédéric  Morel. 

—  Oraison  funèbre  faite  à  Rome  aux  obsèques  de  Charles  IX,  tra- 

duite en  français  et  mise  à  côté  du  latin,  par  M,  Jean  Le 
Frère  de  Laval.  —  Paris,  Nie.  Chesneau. 

—  Idem,  —  Lyon,  Benoit  Rigaud. 


MARC* ANTOINE  DE  MURET  171 

1574  Pièce  de  vers  dans  le   Tumulus  de  Jacques  Charpentier.  — 

Paris. 

1575  Discours  pour  François  II  et  le  roi  de  Navarre  (en  latin).  — 

Venise,  Aide  Manuce. 

—  Senecae  de  Providentia  liber,  (Déd.  à  Hieron.  Ottoboni.  — 

Rome,  Joseph  de  Ângelis. 

—  Térence  (8«  édit.  aldine).  —  Venise,  Aide  Manuce. 

—  Térence,  d'après  Tédition  de  Muret.  —  Cologne,  Birkman. 

—  Orationes  XXIII  ;  interpretatio  quinti  libri  Ethicorum;  Ilymni 

sacri  et  alla  Poematia.  —  Venise,  Aide  ;  avec  portrait. 

1576  Orationes  XXIII.  —  Venise,  Aide. 

— -  Oraison  pour  Henri  III  prononcée  devant  Grégoire  XIII.  (Tra- 
duction française  de  fturet,  selon  du  Verdier).  —  Paris, 
Fréd.  Morel. 

—  Térence.  —  Anvers,  Plantin  (3«  édit.  Plantine). 

—  Hymnorum  sacrorum  liber;  alia  Poematia.  —  Paris,  Mamert 

Pâtisson,  au  logis  de  Robert  Estienne. 

1 577  Horace,  édité  par  Pulmann,  avec  des  notes  de  Muret,  Manuce 

et  Hartung.  —  Anvers,  Plantin. 

—  Horace,  avec  notes  de  Turnèbe,    Muret  et  Aide  Manuce.  — 

Paris,  Mart.  Lejeune. 
-r-        Commentaire  (latin)  sur  les  Catilinaires.  —  Venise,  J.  Gryphius. 

—  Orationes  XXV;  interpretatio  quinti  libri  Ethicorum.  —  Paris, 

Marc  Laqueneulx. 

—  Aristotelis  de  Arte  Dicendi  liber  secundus.  (Traduct.  lat.  ;  — 

déd.  à  Georgio  Gozzi.)  —  Rome,  héritiers  de  Blade. 

1 578  Variae  lectiones  (8  livres).  —  Paris. 

—  Institutio  puerilis  (Déd.  à  son  neveu  Marc-Antoine).  —  Rome. 

1579  Proefationes  ac  Epistolae  Mureti,  Lambini  et  Regii.  ~  Paris, 

Jean  de  Heuqueville. 

1580  Sententiae  graecae   (Déd.  à  son  neveu  âgé  de  neuf  ans).  — 

Rome. 

—  Variae  lectiones  (15  livres  ;  déd.  à  Hippolyte  d'Esté).  —  Anvers, 

Plantin. 

—  Epistolae.  —  Cologne. 

—  Idem,  (Déd.  à  Jean  Nicot.)  —  Paris,  Coulombel  et  Clopéian. 

—  Térence  (4«  édit.  Plantine).  —  Anvers,  Plantin. 

—  De  origine  et  progressu  juris  romani  ;  de   Legibus,  senatus 

consultis,  responsis  prudentum  et  constitutionibus  principum; 
in  titulos  de  jurisdictione  et  de  officio  ejus  cui  mandata  est 
jurisdictio.  (Déd.  à  Paulo  Sacrato.)  —  Rome. 

—  In  Horatium  Commentarii.  —  Bàle. 

—  Tacili  Annalium  liber  primus  (avec  notes).  —  Rome,  héritiers 

de  Blade. 

1581  Hymmorum  sacrorum  liber;  alia  Poematia.  —  Rome,  Georgio 

Ferrari. 

—  Taciti  Annalium  liber  secundus.  —  Rome,  Vincenti  Accolti. 


472  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

I08I      Commentaire  (latin)  sur  les  Catilinaires.  —  Paris,  Coulombel 
et  Clopeian. 

—  Lettres  de  Muret  dans  :  PauU  Sacrati  Epistolarum  libri  sex.  — 

Lyon,  héritiers  de  Mathieu  Fouchier. 

1582  Edition  de  Catulle,  TibuUe  et  Properce,  par  Joseph  Scaliger, 

avec  les  notes  de  Muret,  — Anvers,  apud  iEgidium  Radœum. 

1583  Les  six  comédies  de  Térence,  corrigées  par  M.  A.  de  Muret 

(avec  trad,  franc.).  —  Paris,  François  Gueffier. 

—  Idem.  —  Paris,  Courbon. 

—  Monodia  in  obitum  Christophori  Thuani.  (Dans  le  Chr,  Thuani 

Tumulus.)  —  Paris,  Mamert  Pâtisson. 

—  Orationes  XXV;   interpretatio  quinti  libri  Ethicorum  Aristo- 

telis.  —  Lyon,  Barthélémy  Honorât. 

1584  Idem  (avec  annotations).  —  Rome,  Accolti. 

—  Hymnorum  sacrorum  liber  ;  alla  poematia,  aucta.  (Suivis  des 

poésies  latines  de  Sannazar.)  —  Ingolstad,  David  Sartor. 

—  Oratio  in  funere  Pauli  Foxii  archiepiscopi  Tolosani.  —  Rome, 

Francisco  Zanetto. 

—  Idem,  —  Paris. 

—  Oraison  funèbre  prononcée  aux  funérailles  de...  Paul  de  Foix. 

(Traduct.  franc.de  André  Duval.)  —  Paris,  Coulombel.  (Cette 
oraison  fun.  a  été  réimprimée  au-devant  des  Lettres  de  Paul 
de  Foix;  Paris,  1628). 
•   —        Commentaires  sur  le  !«'  livre  des  Amours  de  Ronsard.  (Cf.  1553.) 

—  Paris,  Gabriel  Buon.  —  Cf.  edit.  Galland,  Paris,  1622. 

—  Pièce  de  vers  latins  en  tête  des  Commenlarii  de  rébus  gestis 

PU  secundi.  —  Rome. 

—  Institutio  puerilis  (avec  annotations).  —  Rome,  V.  Accolti. 

—  Epistolae.  —  Ingolstad,  Adam  Sartor. 

—  Orationes  Mureti  (avec  les  discours  de  Sigone  et  de  Perpiniani). 

—  Ingolstad,  Adam  Sartor. 

1585  Institutio  puerilis   (avec  annotations)  et  Monodia  in   obitum 

Thuani.  —  Paris,  Richer. 

—  Aristotelis    Rhetoricorum   libri  duo.    (Traduct.  latine  ;  déd.    à 

Benci.)  —  Rome,  Bartholomo  Grassi. 

—  Oratio  ad  Cardinales,  cum  subrogandi  Pontificis  causa  conclave 

ingressuri  essent.  —  Rome,  Fr.  Zanetto. 

—  Idem.  —  Padoue,  Mejetti. 

—  Notes  (lat.)  sur  Sénèque.  (Déd.  à  Benci.).  —  Rome. 

—  Notes  de  Muret  et  de  Fabricius  sur  Térence.  —  Anvers,  Plantin. 

—  Orationes  quatuor  antehac  nunquam  in  Germania  excussae.  — 

Ingolstadt. 

1586  Oratio  de  Ci rcumcisione  ;  Hymni  aliquot.  —  Paris,  Fréd,  Morel. 

—  Variae  Lectiones  (15  livres).  —  Anvers,  Plantin.  (Cf.  1580.) 

—  Idem.  —  Paris,  Thomas  Brumann. 

—  Orationes;  interpretatio  quinti  1.  Ethicorum  Aristotelis  (avec 

les  discours  de  Sigone).  —  Lyon,   Symphorien  Béraud  et 
Etienne  Michel* 


MARC-ANTOINE  DE  MURET  173 

1587  Senecae  opéra,  Mureti  emendata  noiisque  illustrata.  —  Paris, 

Nie.  Nivelle. 

1588  Térence.  (9«  édit.  Aldine.)  —  Venise,  Aide  M. 

—  Orationes;   interpréta tio    quinti  libri  Ethicorum.    (Avec    les 

discours  de  Sigone.)  —  Paris,  Et.  Valletie. 

1589  Deuxième  volume  des  Orationes.  (Edité  par  Benci.)  —  Rome. 

1590  Orationes  ;  interpréta  tio  quinti  libri  Ethicor.  (Avec  les  discours 

de  Sigone.)  —  Lyon,  Ant.  Gryphe. 

—  Juvenilia.  —  Barth  en  Poméranie.  (Ex  offlcina  Principis.) 

1591  Mureti  Opéra.  —  Ingolstad,  David  Sartor. 

1592  Orationes,  Epistolae,  Hymni.  (Avec  préface  de  J.  Craeselius.) 

—  Ingolstad,  Adam  Sartor. 

1593  Térence.  (5*  édit.  Plantine.)  —  Anvers,  Plantin. 
159't      Térence.  —  Venise,  Dom.  de  Farris. 

—  Variae  lectiones  (15  livres  ;  3«  édit.  Plant.).  —  Anvers,  Plantin. 

—  Idem.  —  Leyde,  Basson. 

—  Idem.  —  Lyon,  héritiers  de  G.  Roville. 

1595-96  Orationes,  Epistolae,  Hymni  sacri.  —  Ingolstad,  Ad.  Sartor. 

1599  Idem.  —  Ibidem. 

1600  Orationes  auctaeduobus  orationibus  nunquam  editis.  -~  Anvers, 

Martin  Nutz. 

—  Idem.  —  Ingolstad,  G.  Willer. 

—  Epistolae,  Hymni  et  Poemata.  —  Cologne,  Ant.  Hierat. 

—  Variae  lectiones  (livres   16  à    19)  et  Observationes  juris.   — 

Augsbourg,  Velser, 

1601  Orationes  (2  vol.).  —  Cologne,  A.  Hiérat. 

1601  Commentarii  in  IV  Titulos  libri  I  Digestorum  de  origine  juris, 

etc.  —  Francfort. 

1602  Justiniani  Institutiones  (avec  notes).  —  Lyon,  Ant.  Robert. 

—  Commentarii  in  Arisiotelis  X  libros  Ethicorum  et  in  (JEcono- 

mica  ;  Arisi.  Topîc.  libri  VII  interpréta  tio  ;  Comment,  in  I 
et  II  libros  Platonis  de  Republica  ;  Notae  in  Cyropoediam  et 
Anabasin  Xenophontis ;  Versio  et  Comm.  in  I  et  II  libros 
Rhetoric.  ArUtotelis;  Notae  in  I  1.  Quaest.  Tusculan.  Cice- 
ronis,  in  très  libros  de  Officiis,  in  quinque  de  Finibus  et  in 
oratione  pro  Dejotaro;  Comm.  in  Catilinarias  (2  vol.).  — 
Ingolstad,  Ad.  Sartor. 
1604      Commentarii  in  V  libros  Annalium  Taciti  ;  notae  in  Sallustium* 

—  Ingolstadt,  Ad.  Sartor. 

—  Epistolae,  hymni  et  poemata.  —  Lyon. 

—  Variae  lectiones  (19  livres).  —  Francfort. 

—  Notes  de  Muret  sur  Catulle,  Tibulle  et  Properce,  réimprimées 

dans  Tédition  Variorum.  —  Paris,  Claude  Morel. 

—  Senecae  ad  Lucilium  Epistolae  (avec  notes  de  Muret,  d'Erasme, 

de  Gruter,  etc.).  —  Heidelberg,  Comelin. 
1606      Variae  Lectiones  (livres    16  à   19).    —  Augsbourg,  Andréas 
Schott. 

—  Idem.  (15  livres).  —  Paris. 


174  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

1606  Orationes  (avec  les  discours  de  Sigone).  —  Lyon,  Ant.  de  Harsy. 

—  Epistolae,  Hymni,  Poemata  omnia.  —  Idem,  ibidem. 

1607  In  utrumque  Seneeam  commentarii.  —  Paris. 

1608  In  Tacitum  commentarii.  —  Paris. 

—  Commentarii  in  Titulos  ad  materiam  jurisdictionis  pertinentes. 

—  Strasbourg. 

1609  Orationum  volumina  duo.  —  Cologne,  Ant.  Hiérat. 

—  Idem,  —  Anvers,  Verdussen. 

—  Traduction  latine  du  sermon  de  saint  Jean  Chrysostome  sur 

saint  Jean-le-Théologien.  (Dans  Fédition  de  Saint  Jean  Chr., 
par  le  P.  Fronton  du  Duc.)  —  Paris. 

1610  Horace  (d'après  TAldine.)  —  Lyon,  héritiers  de  G.  Roville. 

—  Annotatianes  in  Petronii  Satyricon.  —  Francfort. 

1611  Juvenilia.  —  Spire,  Kembach. 
1613      Orationes.  —  Lyon. 

—  Réimpression  des  Discours  prononcés  au  nom  d'Ant.  de  Bour- 

bon  et  de   François   II,  dans   Orationes  Gralulatoriae,  — 

Hanovre,  Wechel. 
1615      Orationes.  —  Mayence. 
1619      Notes  sur  Térence  (avec  les  notes  d^Erasme  et  autres.)  — 

Francfort,  Ch.  Winckel. 

—  Scholia  ad  Terentii  comoedias.  —  Naples. 

1621  Commentaires  sur  les  Catilinaires,  réimprimés  dans  Commen- 

taria  selecta  doctissimorum  virorum.  —  Cologne. 

—  Hymni  in  Beatam  Virginem,  cum  paraphrasi  Attica  et  parodia 

Fred.  Morelli,  Gr.  Lat.  —  Paris. 

1622  Epistolae,  Hymni  sacri  et  poemata.  —  Strasbourg. 
1629       Orationes,  Epistolae.  —  Leipzig. 

1661       Idem,  —  Cologne. 

1664      Variae  lectiones,  réimprimées  dans  le  tome  II  de  la  Lampas 

Critica  de  J.  Gruter.  —  Francfort. 
1672      Orationes.  Epistolae,  Poemata.  —  Leipzig,  J.  Thomasius;  avec 

portrait. 
1680      Notes  de  Muret  sur  Catulle,  TibuUe  et  Properce,  réimprimées 

dans  rédition  J.  G.  Graevius.  —  Utrecht. 
1690      Réimpression  améliorée  de  l'édition  de  1672.  —  Leipzig. 

1714  Orationes,  Epistolae,  Poemata  (avec  préface  par  J.  Thomasius, 

biographie  par  Andréas  Schott,  et  portrait.)  —  Leipzig,  hé- 
ritiers de  J.  Grossius. 

1715  Orationes,  etc.  —  Cologne. 

1727-30  Mureti  Opéra  (4  vol.,  avec  portrait.)  —  Vérone,  J.-Alberl  Tu- 

mermann. 
1740-41  Opéra  Selecta.  —  Padoue,  J.  Checoti. 

1757      Amoenitates  poeticae,  sive  Theod.  Bezae,  Mureti  et  J.  Secundi 
Juvenilia  (avec  portrait  par  Ficquet.)  —  Paris,  Barbou. 

—  Juvenilia  de  Muret  et  Th.  de  Bèze.  —  Leyde. 

1771       Comentarii  inTitulosad  materiam jurisdict.  pertinentes. — Halle. 


MAltC- ANTOINE  DE  MURET  175 

1779      Amoenitates  poeticae  (Cf.  éd.  de  1757;  en  plus,  les  Juvenilia  de 

J.  du  Bellay.)  —  Paris,  Barbou. 
1789      Opéra  Omnia  (4  vol.  ;  avec  portrait  gravé  par  Jonzis.)  —  Leyde, 

Rubnken. 
1791      Variarum  lectionum  libri  XVIII,  cum  Observa tionum  juris  libro. 

—  (2  vol.;  édition  F.-A.  Wolf.)   -  Halle. 
1809      Opéra  Selecta,  édités  par  Keyser  (avec  une  lettre-préface  de 

Fred.  Creuzer.)  —  Heidelberg. 
1819       Paraphrasis  in  Rhetoricam    Aristotelis,   par   Ant.    Riccoboni, 
avec  les  traductions  de  Muret,  Maioraggi,  Sigone  et  Vettori.  — 
Oxford. 
1822      Cf.  1819.  —  Londres,  Bothe. 
1824-26  Orationes  et  Epistolae,  éditées  par  Kappe,  Rubnken  et  Kirchbof 

(2  vol.)  —  Hanovre,  Helwing. 

1824-41  Variae  lectiones  (19  livres)  et  Observa  tiones  Juris  (éditées  par 

F.-A.  Wolf  et  J.-H.  Faesbius;  3  vol.).  —  Haie,  Ilemmerde. 

1826      Selectae  Epistolae,  praefationes  et  orationes.  —  Nordhausen. 

1834-41  Orationes,   Epistolae,  Carmina,  Variae  Lect.,  Observât.  Juris 

(4  vol.).  —  Leipzig,  Frotscher. 
1838-39  Térence,  édition   Pasewalcia,  contenant  les  commentaires  de 

Muret. 
1871-72  Scripta  Selecta  (Edition  classique,  par  Frey  ;  2  vol.) —  Leipzig, 

Teubner. 
*  1883       Lettres  inédites  de  Muret,  publiées  par  P.  de  Nolbac.  —  Mé- 
langes Graux,  Paris. 

1887  Eclogae  latinae  Mureti,  Ernesti,  Runkeni  aliorumque  operibus 

a  Zumptio  descriptae  (4*  édit.  par  H.  Wolf). 
—        Cf.  1871.  —  Leipzig,  Teubner.  ' 

1888  Lettres  inédites,  adressées  au  duc  de  Mantoue  (Bulletin  de  la 

Soc.  arcb.  du  Limousin,  t.  XXXVI,  p.  191-199). 

Nota.  —  Nous  publierons  un  paquet  de  lettres  inédites  de  Muret  dans 
le  tome  LVI  du  Bulletin  de  la  Société. 


176  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOOIQUE    BT  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 


APPENDICE    II 

(Hommages,  éloi^es,  jug^ements,  ranseignemenis  divers  sur  la  vie  et  les 
œuvres  de  Muret.  —  Les  noms  des  auteurs  qui  ont  adressé  à  Miuret  des 
hommages  poétiques  sont  en  italiques). 


Bernard  du  Pouy  :  De  collegio  Auscitano  carmen  ad  posteritatem  (Tou- 
louse, 1552). 

Baîf  :  Vers  grecs  et  vers  latins  en  tête  des  Juvenilia  de  Muret  (1553). 
—     Amours  (f«  9,  Paris,  1572;  f»  29,  Paris,  1577). 

Dorai  :  Vers  latins  en  tête  des  Juvenilia  de  M.  (1553). 
—      Eglogues  (p.  61,  Epitre  en  vers  latins;  Paris,  1586). 

Nicolas  Denisot  (Cornes  AÎsinous)  :  vers  latins  en  tête  des  Juvenilia. 

Buchanan  :  Vers  latins  et  vers  grecs  ;  id, 

Jodelle  :  Vers  latins  ;  id, 

Jean  Vermelian  d*UsseI  ;  id, 

Ronsard  :  Elégie  (dédiée  à  M.;  Amours,  1.  I;  1553). 

—  Les  Iles  Fortunées  {Poèmes,  1.  II;  1560). 

—  Dithyrambe  récité  à  la  pompe  du  bouc  de  Jodelle  (1553). 

—  Epigramme  traduite  de  Posidippe   (1553)    (édition  Galland, 

t.  II,  p.  1325). 

—  Epigrammes  sur  la  génisse  de  Myron  (1553)  {id.,  II,  p.  1323). 

—  Lettre  à  Passerat  (œuvres  de  Ronsard  ;  Blanchemain,  1867, 

t.  VIII,  p.  168). 

F,  Le  Duchat  :  Praeludiorum  libri  (f*  30;  Paris,  1554). 

Jean  de  la  Péruse  :  Médée  et  autres  diverses  poésies  (Poitiers,  1555). 
Jacques  Grévin  :  Discours  du   théâtre  en  tête  de  Jules  César  (Paris, 

1562). 
Lambin  :  Commentaires  sur  Lucrèce  (dédicace  du  1.  IV;  Paris,  1564). 

G.  Ganter  :  Novae  lectiones  (t.  III,  c.  7;  Anvers,  1571). 
Olivier  de  Magny  :  Amours  (1553)  (p.  85;  Paris,  1572). 

Marc  Monier  :  Epigrammata  {n^*  20,  21,  216;  Bordeaux,  1573). 

Conrad  Gesner  :  Bibliotheca  (revue  par  SimIer,  Zurich,  1574). 

Aide  Manuce  :  Epitre  dédicatoire  du  De  Epistolis  commentarius  (Venise, 

1575). 
Christ,  de  Cheffontaines  :  Fidei  majorum  nostrorum  defensio  (p.  165; 

Plantin,  1575). 


itARC- ANTOINE  DE  MURET  177 

Pierre  le  Loyer  :  Erotopegnia  (p.  22;  Paris,  1576). 

L.  Carrio  :  Lectiones  antiquœ  (I.  I,  c.  17;  II,  9  et  29;  Anvers,  1576). 

Scévole  de  Sainte-Marthe  :  Carmina  (f®  29;  Paris,  1577). 

—  —  Gallorum  doctrina  illusirium  Elogia  (articles 

Muret  et  Fauveau;  Poitiers,  1598). 
Guy  le  Fèvre  de  la  Boderie  :  Galliade  (Paris,  1578). 
Claude  Binet  :  Petronii  Arbitri  Epigrammata  (Poitiers,  1579). 
Montaigne  :  Essais  (I,  25;  Bordeaux,  1580). 

—  Voyages  (p.  694  de  Tédîtion  Desrez  ;  Paris,  1837). 
Th.  de  Bèze  :  Histoire  Ecclcs.  (1.  IV,  p.  55 't  ;  Anvers,  1580). 
Et,  Pasquier  :  Epigrammes  latines  (1.  V,  n°  106;  1582). 

Joachim  Blanchon  :  Premières  œuvres   poétiques  (f**  280  et  301  ;  Paris, 

1583). 

—  Sixain  sur  la  carte  du  Limousin  de  Fayen  (Tours,  1 594). 
Du  Monin  :  Le  Triple  Amour  (Paris,  1584). 

La  Croix  du  Maine  :  Bibliothèque  (p.  305-307;  Paris,  1584). 
Du  Vcrdier  de  Vauprivas  :  Prosopographie  (1.  VIII  ;  Lyon,  1573). 
—  —  Bibliothèque  (p.  839-840;  Lyon,  1585). 

F.  Benci  :  Oratio  in  funere  Mureti  (Rome,  1585  ;  Paris,  Coulombel,  1585; 

Lyon,  Benoist  Rigaud,  s.d;  id.^  1587;  Ingolstad,  1587; 
réimprimé  en  tête  de  nombreuses  éditions  des  œuvres  de 
Muret). 

—  Epicedion  (vers  latins);  Rome,  1585). 

Philippus  Poelarius  :  Epicedion   (vers  latins;  en   tète  des  principales 

éditions  de  Muret,  1585). 
Pantaléon  Thevenin  :  Vers  latins  sur  la  mort  de  Muret  (1585). 
Guillaume  Blanc  d'Alby  :  id. 
Juste  Lipse  :    Centuria  prima  Epistolarum   (Ep.  22,  p.  25)  ;  —  Variœ 

lectiones  (I,  2;  II,  2,   4)  ;  —  de  recta  pronuntiatione   linguœ  latin.'p 

(I,  p.  392);  etc.  (Anvers  et  Leyde,  1586). 

G.  de  Lurbe  :  Chronique  Bourdeloise  (V.  année  1547;  Bordeaux,  1594). 
Riccoboni  :  De  gymnasio  Patavino  (Padoue,  1598). 

J.-A.deThou  :  Histoire  (1.  L,  p.  258;  LXXXII,  p.  352  et  410;  édition  de 

Londres,  1734). 

—  Mémoires  (année  1574^p.  579-580;  année  1588,  p.  632; 

édition  Desrez,  Paris,  1836). 
Torquaio  Tasso  :  Sonnet  sur  la  mort  de  M.  A.  Muret.  (Dans  les  Rime, 

t.  IV,  p.  277,  de  l'édition  Solerti,  Bologne,  1902). 
Joseph  Scaliger  :  PoemsLia  (Plantin,  1615;   dédicaces  datées   de   1562, 

1565). 

—  Fabulse  Burdonianse  confutatio  (Leyde,  1608). 

—  Scaligerana  (Amsterdam,  1695). 

—  Lettres  inédites  (publiées  par  Tamizey  de  la  Roque  ; 

Agen,  1881). 
Guill.  Colletât  :  Biographie  manuscrite  (Biblioth.  du  Louvre). 

—  Vie  de  Pierre  de   Ronsard  (publiée  par   Blanchemain, 

dans  Œuvres  inédites  de  i?.,  Paris,  1855), 


178  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  OU    LIMOUSIN 

M.  A.  BoQciarius  :  Prœfatio  in  Epistolas  (p.  19;  Pérouse,  1603). 
Vauquelin  de  la  Fresnaye  :  Satires  Françaises  (Caen,  1605). 
Gasp.  Schopp  :  Scaliger  Ilypobolimaeus  (Mayence,  1607). 

—  Rhetoricae  exercitationes  (p.  17;  Milan,  1628). 

—  De  stilo  historico  (p.  64,  id). 

Béroalde  de  Verville  :  Palais  des  curieux  (p.  502;  Paris,  1612). 
Andréas  Schottus  :  Libri  IV  Tull.  Quaest.  (c.  I,  p.  269), 

—  Vita  Mureti  (Anvers,  1615). 

Ant.  Mornacius  :  Feriœ  Foreuses  et  Elogia  (Paris,  1619). 
Draud  :  Bibliotheca  classica  (Francfort,  1625). 
André  Ducbesne  :  Histoire  de  la  maison  de  Chasteigner  (p.  380,  382-3; 

Paris,  1634). 
Joannes  Imperialis  :  Musœum  Historicum  (Venise,  1640). 
J.  Nicias  Ërythraeus   (J.-V.    Rossi)  :  Pinacotheca  (I,  passim;  Cologne, 

1643). 
G.  Vossius  :  Poeticse  institutiones  (1.  II,  c.  14;  Amsterdam,  1647). 
Ghilini  :  Teatro  d'huomini  litterati  (p.  165;  Venise,  1647). 
J.-J.  Boissard  :  Bibliotheca  chalcographica;   continuatio  tertia  iconum 

virorum  illustrium  (portrait   gravé   par  Ammonius;  Francfort-a-M., 

1652). 
Huet  :  De  clara  interpretatione  (1.  II,  p.  159;  Paris,  1661). 
Rapin  :  Réflexions  sur  la  poétique  (n»  30  ;  Paris,  1674). 
Baillet  :  Jugements  des  savants  (édition  revue  par  La  Monnoye,  Paris, 

1722;  I,  p.  177;  II,  p.  325;  III,  p.  77-78;  IV,  p.  453-454. 
Ménage  :  Anti-Baillet  (I,  article  83;  H,  p.  234;  Paris,  1668). 

—        Menagiana  (I,  p.  302;  IV,  322-326;  Paris,  1715). 
La  Monnoye  :  Observations  sur  VAnti-Baillet  (p.  182). 
Jacob  Thomasius  :  Vita  Mureti  (Leipzig,  1672). 
M.  Konig  :  Bibliotheca  (t.  V  et  n.  p.  561  ;  Amsterdam,  1678). 
P.  Moret  :  Poésies  de  Muret,  mises  en  vers  français  (Paris,  Chr.Journel, 

1682). 
Isaac  Bullart  :   Académie  des  sciences  et  des  arts  (t.  II,  1.  3.,  p.  190- 

192,  avec  portrait  signé  de  Larmessin;  Paris- Bruxelles,  1682;  réim- 
pression par  Dujardin,  Paris,  1903). 
Ant.  Teissier  :  Eloges  des  savants,  tirés  de  Thistoire  de  M.  de  Thou, 

avec  des  additions  (t.  II,  p.  1(^13  et  p.  418-419;  Genève,  1683). 
La  Faille  :  Annales  de  Toulouse  (Toulouse,  1687). 
Th.  Pope-Blount  :  Censura  celebriorum  authorum  (Londres,  1690). 
Naudaeana  et  Patiniana  (Paris,  1701;  N.  p.  34-35;  P.  p.  117). 
Everard  Otto  :  Thésaurus  juris  romani  (t.  IV,  praef,  p.  4;  Leyde,  1725). 
J.  Voigt    :    Apologia    pro   Mureto    criminis   sodomiœ  postulato  (dans 

VApparaius  societalia  Collig.  de  Leyser,  I,  p.  93;  Wittemberg,  1717; 

réimpression  dans  les  Aménilés  littéraires  y  1729). 
Nicéron  :  Mémoires  pour  servir  à   Thistoire  des  hommes  illustres  (vol. 

27,  p.  143-175;  Paris,  1727). 
Tumermann  :  Vita  Mureti  (dans  Tédition  de  Vérone,  1727). 
Titon  duTillet  :  Le  Parnasse  français  (p.  Ii3-144;  Paris,  1732). 


MAIlC-ANTOlSlC  1>K    MCllEt  170 

Jos.  Carafa  :  De  gymnasio  romano  (t.  II,  c.  2;  Rome,  1751). 
Lazcri  :  Diatriba  de  vita  et  scriptis  Mureti  (dans  les  Miscellanea  ex  mss. 
libris  bibliothecae  collegii  romani  Soc.  Jesu;  1754-58;  —  réimprimée 
dans  rédition  Frotscher,  Leipzig-,  1834). 
Goiijet  :   Mémoire  historique  et  littéraire  sur  le  Collège   Royal  (t.  II, 

p.  38;  Paris,  1758). 
J.  Lelong  :  Bibliothèque  historique  (Edition  de  1768-78). 
Moreri  :  Dictionnaire  historique  (t.  VII;  Paris,  1769). 
Vitrac  :  Eloge  de  Muret  (Limoges,  Martial  Barbou,  1774). 
Mura  ni  :  Lettera  nella  quale  s'  illustra  il  ruolo  de  professori  del  Archi- 

ginnasio  Romano  (Rome,  1797). 
François  de  Neufchàteau  :  Conseils  d'un  père  à  son  (ils  (Imitation  de 
ÏInsUtutio puerilis  de  Muret;  Paris,  1798;  Parme,  1801;  Paris,  1811, 
1824,  1827). 
Renazzi  :  Storia  del  univcrsita  degli  studi  in  Roma  (t.  II,  Rome,  1803). 
A.  Asseliu  :  Les  distiques  de  Muret,  traduits  en  vers  français  (Vire,  1809). 
J.-B.  Idt  :  Traduction  en  vers  des  distiques  de  M...  (Lyon,  18??). 
Th.  Haubold  :  Institutiones  juris  romani  (Leipzig,  1809). 
Lundblad  :  de  Mureti  ejusque  scriptis  (Lund,  1819). 
Lemairc  :  Edition  de  Tacite  (t.  IV;  Paris,  1820). 
Michaud  :  Biographie  universelle  (t.  18;  Paris,  1821). 
Sainte  Beuve  :  Tableau  de  la  poésie  au  xvi*  siècle  (Paris,  1832;  t.  Il, 

p.  58,  82,  83,  148). 
Lemaire  :  Edition  de  Tibulle  (Pr.,  p.  XXIIl,  XLII-III,  LXXIII-IV;  Paris, 

1828). 
Marées  :  de  Mureti  in  rem  scholasticam  meritis  (Berlin,  1829). 
Aug.  Renouard  :  Annales  de  l'imprimerie  des  Aides  (Paris,  3«édit.,  1834). 
llallam  :  Hist.  de  la  littéral,  de  l'Europe  (t.  H,  p.  7-9,  29-31  ;  Paris,  1839). 
Valéry  :  Curiosités  et  anecdotes  italiennes  (Paris,  1842). 
M.  Albert  :  Galerie  de  portraits  des  personnages  célèbres  du  Limousin 
(Notice  sur  Muret,  par  Martial  Audouin,  avocat;  Limoges,  Ardillier, 
1847;  avec  portrait  signé  Albert,  impr.  Lemercier). 
J.  Bernays  :  Etude  sur  J.-J.  Scaliger  (Berlin,  1855). 
Lenient  :  De  bello  Ciceroniano  apud  recentiores  (Paris,  1855). 
Bernhardy  :  Tableau  de  la  littér.  latine  (p.  107;  Brunswick^  1865). 
Didot  :  Nouvelle  Biographie  générale  (Paris,  1865). 
Bulletin  de  la  Soc.  arch*.  du  Limousin  (t.  XVI,  p.  38,  Limoges,  1866^ 

t.  XXXVI,  p.  200-203,  301,  447-451,  Limoges,  1888). 
Registres  consulaires  de  la  ville  de  i^imoges  (t.  I,  p.  171,  344,  360,  369, 
Limoges,  1867;  t.  II,  p.  22, 140,  352,  Limoges,  1869;  t.  III,  p.  157,  253, 
258,  259,  App.  81,  Limoges,  1884). 
GauUieur  :  Hist.  du  collège  de  Guyenne  (Paris,  1874). 
Rivier  :  Introduction  histor.  au  droit  Romain  (Bruxelles). 
L.  Degeorge  :  La  maison  Plantin  à  Anvers  (Bruxelles,  1878). 
Morsolin  :  Il  Seicento  (Milan,  1880). 
Dejob  :  Marc- Antoine  Muret  (Paris,  1881). 

—     De  l'influence  du  concile  de  Trente  sur  la  littérature  (Paris,  1884). 


180  SOGIÉTÉ  ARCUÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

P.  de  Nolhac  :  Revue  critique  d'histoire  et  de  littérature  (n®  du  19  juin 

1882). 
—  La  Bibliothèque  d'un  humaniste  au  xvi"  siècle  (Mélanges 

de  TEcole  Française  de  Rome,  mars  1883). 
G.  Boissier  :  La  réforme  des  études  au  xvi«  siècle  (Revue  des  D,  A/.  ; 

1"  décembre  1882). 
A.  Desjardins  :  M. -A.  Muret;  renseignement  et  la  correspondance  des 

savants  au  xvi*  siècle  {Correspondant,  25  avril  1882). 
Philologische  Wochenschrift  (1882,  t.  II,  p.  594,  1247-1220). 
Mark  Pattison  :  Muretus  (  7ime«  du  23  août  1882;  article  réimprimé  dans 

Essays  by  the  la  te  M.  Pattison,  sometime  rector  of  Lincoln  Collège, 

coUectcd  by    II.    Nellleship,  Oxford,   Clarendon  Press,    1889,    t.    I^ 

p.  124-131). 
Crouslé  :  Revue  internat,  de  Tenscign.  (15  janv.  1882,  p.  108-110). 
Nuova  Antologia  (1"  sept.  1882). 
Faguet  :  La  tragédie  française  au  xvi«  siècle  (c.  2,  g  11  ;  c.  4.  g  2;  Paris, 

1883). 
Fr.  Plessis  :  Etudes  critiques  sur  Properce  (p.  51-53;  Paris,  1884). 
E.  Jacob  :  Œuvres  de  Tacite  (t.  I,  Introd.  p.  XLIII-IV;  Paris,  1885). 
Fray-Fournier  :  Catal.  de  portraits  limousins  et  marchois  (14  portraits 

de  Muret;  Limoges,  1895). 
G.  Lanson  :  Etudes  sur  les  origines  de  la  tragédie  classique  en  France 

(Revue  d'hist,  litiér,  de  la  France,  1903,  p.  183-184). 
P.  Bonnefon  :  Montaigne  (p.  37,  44,  51-52,  54-56;  Bordeaux-Paris,  1903). 
Baudrier  :  Bibliographie  lyonnaise  (six  séries;  Lyon,  1895-1904). 


La  Commanderie  et  les  Commandeurs 


de  Paulhac 


1) 


Paulhac,  que  Ton  prononce  Pauliac,  est  un  joli  pelit  bourg  de 
Tancienne  province  du  Limousin,  coquellement  assis  sur  un  pla- 
teau fertile  et  verdoyant,  légèrement  incliné  vers  le  riant  bassin  de 
FArdour. 

Sur  tous  les  vieux  actes  notariés  ou  autres  parchemins,  sur  les 
vieux  livres  faisant  mention  de  celte  localité,  ce  nom  est  écrit 
Pauliac  ou  Pauliat.  Joullietlon,  dans  son  Histoire  de  la  Marche 
publiée  en  18i6,  écrit  ainsi  le  nom  de  ce  bourg  :  Polliac, 

Dans  le  langage  patois,  la  prononciation  générale  est  Pauliat. 
Ce  n*est  que  depuis  la  confection  du  cadastre  communal,  sous  le 
règne  de  Charles  X,  qu'on  a  pris  l'habitude  d'écrire  Paulhac; 
mais  l'ancienne  et  véritable  prononciation  {Pauliac)  n'en  a  pas  été 
altérée  pour  cela. 

Autrefois,  Paulhac  était  un  chef-lieu  communal.  Depuis  seule- 
ment 18i!4,  il  est  civilement  réuni  à  la  commune  de  SaintEtienne- 
de-Fursac  (Creuse),  et  en  forme  la  principale  dépendance  ;  il  en  est 
distant  de  trois  kilomètres  et  demi. 

De  môme  que  Sainl-Etienne-de-Fursac,  Paulhac  a  eu  un  atelier 
monétaire  à  l'époque  mérovingienne  ainsi  qu'en  font  foi  les  diffé- 
rentes pièces  qui  en  proviennent,  décrites  par  M.  Deloche  (2). 

La  vieille  et  remarquable  église  de  Paulhac  est  un  monument  du 
milieu  du  xiii°  siècle;  son  haut  et  large  clocher  ressemble  à  un 
donjon  carré. 

Sur  le  flanc  méridional  de  Téglise  se  trouve  une  chapelle  dédiée 
â  saint  Fiacre;  c'est  un  élégant  édifice  du  xv« siècle,  dont  les  murs, 
profofldéflient  lézardés,  sont  recouverts  de  mousse  et  de  festons 

(1)  Aujourd'hui  en  la  commune  de  Saint-Etienne-de-Fursac  (Creuse i. 

(2)  Diction,  arck.  et  hist  de  la  Creuse,  par  Tabbé  A.  Lecler,  p.  609. 

T.  LV  12 


182  SOCIÉTÉ  AnCHKOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

de  lierre.  La  porte  d'enlrée  en  accolade  a  les  moulures  et  les  orne- 
ments multiples  de  cette  époque,  parmi  lesquels  on  remarque  un 
cerf  et  un  lion  (figure  allégorique  représentant  la  timidité,  le  cerf, 
unie  à  la  force,  le  lion). 

Les  nervures  de  la  voûte  s*appuient  sur  des  consoles  fo/mées  par 
des  anges  tenant  des  écussons. 

Un  texte  de  Nadaud  nous  apprend  que  la  vicairie  de  Saint- 
Fiacre  a  été  fondée  par  le  Père  Antoine  de  Nogerie,  comme  le 
prouve  rinscription  suivante,  ëcrile  en  lettres  gothiques,  qu*on 
voit  encore  sur  la  façade:  F.A.D.  NOGICH,  ou  mwM.r  NOGERI 
(1449)  (1).  Cette  inscription  fut  relevée  par  Tabbé  Nadaud  vers 
1770. 

Le  curé  de  Paulhac  était  chapelain  de  la  chapelle  de  Sainl-^Piacre 
et  percevait  les  revenus  qui  y  étaient  attachés.  Ainsi,  par  acte  du 
25  février  1762  (2),  «  messire  Charles  Garaud,  prêtre  curé  de  Pau- 
lhac et  chapelain  de  la  chapelle  de  Saint-Fiacre,  son  annexe  », 
affermait  pour  huit  années  consécutives,  à  M*  Français  Lecugy, 
notaire  royal  et  procureur  d'office  de  la  justice  de  Bessines,  tous 
les  cens  et  rentes  nobles,  féodales,  foncières,  directes,  solidaires  et 
les  c<  dixmes  d'aigniaux  »  que  le  dit  curé  avait  droit  de  prendre  et 
percevoir  sor  le  village  et  tènement  de  Beaubiat,  paroisse  de  Ber- 
sac,  à  lui  dus  à  cause  de  s!^  cure  de  Paulhac  et  de  la  chapelle  de 
Saint-Fiacre. 

Il  affermait  également  la  moitié  des  droits  de  lods  et  ventes  qui 
pouvaient  lui  être  dus  sur  le  même  village  de  Beaubiat.  Il  se  réser- 
vait expressément  Tautre  moitié. 

Ce  bail  était  consenti  moyennant  la  somme  de  85  livres  par  cha- 
que année  et  «  un  bâton  de  tabac  de  Hollande  de  pôt  de  vin  ». 

Avant  d'«ntrer  dans  les  faits  historiques  concernant  la  comman- 
derie  de  Paulhac,  nous  croyons  qu'il  est  convenable  de  dire  quel- 
ques mots  sur  Tordre  de  Saint-Jean  de-Jérusalem,  dont  les  membres 
ont  porté  successivement  les  noms  de  chevaliers  de  Rhodes  et  de 
Malte. 

Au  moyen  âge,  surtout  dans  le  cours  des  croisades,  on  vit  se 
former  plusieurs  ordres  religieux  qui  se  consacrèrent  à  combattre, 
par  les  armes,  les  ennemis  du  nom  chrétien  :  on  les  appelle  com- 
munément Ordres  militaires  et  Ordres  de  chevaleriey  parce  que 
les  membres  se  recrutaient  presque  exclusivement  dans  les  classes 
nobles. 


(1)  Recueil  des  inscriptions  du  Limousin,  par  Tabbé  Texier,  p.  258. 

(2)  Minutes  de  Vélude  de  notaire  de  Saint-Etienne-de-Fursac. 


LA  COMMANDKRIE  ET  LES  COMMANDEUnS  DE  PAULHAC  183 

Plusieurs  de  ces  corporalions  étaient  en  même  temps  hospita- 
lièresy  c'est-à-dire  chargées  du  service  d'établissements  destinés 
aux  malades. 

Ces  ordres  ont  tous  eu  le  même  sort  ;  tous  ont  disparu  après 
avoir  rempli  avec  plus  ou  moins  de  succès  l'objet  de  leur  fondation. 

L'Ordre  de  Malte,  auquel  appartenait  la  commanderie  de  Pau- 
Ihac,  se  composait  primitivement  de  trois  classes  de  membres  :  les 
Chevaliers,  pour  le  service  militaire  ;  les  Prétreit  et  Chapelains,  pour 
le  service  divin  et  l'administration  de  Thôpital;  et  les  Servants,  les 
uns  attachés  au  service  militaire  (servants  d*armcs),  les  autres  au 
service  de  Thôpital  (servants  d'office).  Ces  trois  classes  formaient 
ce  qu'on  appelait  le  triumvirat,  et  concouraient  seules  à  l'éleclion 
du  grand  maître  et  aux  assemblées  de  rOrdre  ;  mais  leur  organisa- 
tion reçut  par  la  suite  d*assez  nombreuses  modidcations. 

Ainsi,  au  xvni*  siècle,  on  distinguait  plusieurs  espèces  de  cheva- 
liers. Les  Chevaliers  de  justice  devaient  faire  preuve  de  huit  quar- 
tiers de  noblesse,  quatre  du  côté  paternel  et  autant  du  côté  mater- 
nel ;  on  les  appelait  ainsi  par  opposition  aux  Chevaliers  de  grâce  ou 
Chevaliers  honoraires,  dont  le  mérite  personnel  avait  fait  passer 
sur  l'insuffisance  ou  même  l'absence  totale  de  titres  généalogiques. 

Les  chevaliers  étaient  reçus  de  majorité,  c'est-à-dire  à  seize  ans 
accomplis,  ou  de  minorité,  c'est-à-dire  au-dessous  de  cet  âge,  mais, 
dans  ce  cas,  avec  une  dispense  du  pape.  A  dix-huit  ans,  ils  pou- 
vaient, s'ils  le  désiraient,  faire  profession,  en  d'autres  termes, 
s'engager  définitivement  dans  l'Ordre  au  point  de  vue  religieux,  en 
faisant  les  trois  vœux  de  pauvreté,  de  chasteté  et  d'obéissance; 
mais  le  nombre  des  profès  était  toujours  beaucoup  moins  considé- 
rable que  celui  des  reçus. 

C'était  parmi  les  chevaliers  de  justice  ayant  fait  au  moins  quatre 
caravanes,  c'est-à-dire  quatre  expéditions  contre  les  Turcs  ou 
contre  les  corsaires,  que  se  recrutaient  les  grands  dignitaires  de 
l'Ordre. 

Ces  expéditions  étaient  ainsi  nommées,  parce  que  les  galères  de 
rOrdre  s'étaient  plus  d'une  fois  emparées  de  la  caravane  qui  se 
rendait  tous  les  ans  de  Constantinople  à  Alexandrie  pour  gagner 
ensuite  la  roule  de  la  Mecque. 

L'Ordre  était  administré  par  un  grand  maître  et  par  une  commis- 
sion permanente  qu'on  appelait  le  Sacré  conseil.  Le  grand  maître 
était  électif,  avait  le  rang  de  prince  souverain,  recevait  les  litres 
A* Altesse  et  AEminence,  et  pouvait  déléguer  une  partie  de  ses 
attributions  à  un  adjoint  appelé  lieutenant  de  magistère.  Son  pou- 
voir était  rigoureusement  limité  par  les  statuts,  et  ceux-ci  ne  pou- 
vaient être  modifiés  que  par  le  conseil. 


'  18i  sociérè  archéologique  bt  historique  du  limousin 

Pour  la  facililé  de  leur  administration,  les  possessions  de  TOrdre 
étaient  divisées  en  huit  circonscriptions  appelées  Langues  :  c'étaient 
les  langues  de  Provence,  d'Auvergne,  de  France,  d'Italie,  d'Ara- 
gon, de  Castille,  d'Allemagne  et  d'Angleterre. 

CcUe  dernière  ayant  disparu  en  1537,  à  l'époque  de  la  réforme 
de  Henri  VIII,  fut  remplacée,  en  1782,  par  une  nouvelle  langue  qui 
reçut  le  nom  de  bavaroise  ou  anglo-bavaroise. 

Chaque  langue  était  divisée  en  Grands  prieurés,  ceux-ci  eu  Bail- 
liages et  ces  derniers  en  Commanderies. 

La  commanderie,  dit  M.  Yayssiëre  (1),  élail  une  circonscription 
purement  administrative.  Elle  comprenait  un  cbeMieu  et  des  mem- 
bres plus  ou  moins  nombreux.  Presque  tous  ces  membres  avaient 
eu  à  l'origine  une  existence  à  part.  C'est  dans  le  but  de  faciliter 
l'adminislration  des  biens  qui  en  dépendaient  et  de  former  des 
bénéHces  d'une  certaine  importance  qu'on  les  avait  placés  à  un 
moment  donné  sous  la  dépendance  d'autres  établissements.  D'ail- 
leurs, le  nombre  des  membres  d'une  commanderie  pouvait  aug- 
menter ou  diminuer;  il  arrivait  que  des  échanges  avaient  lieu  entre 
les  commandeurs,  que  deux  commanderies  parfois  n'en  formaient 
plus  qu'une,  ou  que  deux  ou  trois  membres  voisins  se  trouvaient 
réunis  sous  un  même  nom. 

Dans  chaque  grand  prieuré,  il  y  avait  une  commanderie  magis- 
trale, parce  qu'elle  était  annexée  à  la  grande  maîtrise.  En  outre, 
chaque  commanderie  était  tenue  de  payer  au  trésor  de  l'Ordre  un 
tribut  annuel. 

On  comptait,  en  France,  240  commanderies.  Chaque  langue 
possédait  à  Malte  un  hôtel  particulier  nommé  Auberge^  où  les  che- 
valiers qui  lui  appartenaient  se  réunissaient  et  prenaient  leurs 
repas.  Elle  avait  à  sra  léte  un  grand  dignitaire  qui  portait  le  litre  de 
Pilier  et  de  Bailli  conventuel.  Les  piliers  résidaient  à  Malte,  et, 
depuis  1646,  certaines  grandes  charges  de  l'Ordre  étaient  attachées 
à  leur  titre.  Ainsi,  le  pilier  de  la  langue  de  Provence  était  Grand 
commandeur;  celui  de  la  langue  d'Auvergne,  Grand  maréchal; 
celui  de  la  langue  de  France,  Grand  hospitalier  ;  celui  de  la  langue 
d'Italie,  Grand  amiral;  celui  de  la  langue  d'Aragon,  Grand  conser- 
vateur on  Drapier;  celui  de  la  langue  de  Castille,  Grand  chancelier; 
celui  de  la  langue  d'Allemagne,  Grand  bailli;  celui  de  la  langue 
bavaroise,  Turcopolier  ou  commandant  de  la  cavalerie. 


(1)  VOrdre  de  Saint-Jean^de-Jérusalem  ou  de  Malte  dans  le  diocèse  de 
Limoges,-  par  M.  Vayssière.  V.  le  BulL  des  sciences,  lettres  et  arts  de  la 
Corrèze,  (Tulle,  1882,  p.  491.) 


LA  COMHANDERIE  KT  LES  COMMANDEURS  DE  PAULHAC  185 

Le  cri  de  TOrdre  était  :  Saint  Jean  !  Saint  Jean  I  et  sa  bannière  : 
une  croix  d'argent  sur  champ  de  gueules.  A  la  guerre,  les  cheva- 
liers revêtaient,  par  dessus  leur  habit,  une  sonbrevesle  rouge,  en 
forme  de  dalmatique,  chargée  devant  et  derrière  d'une  grande  croix 
blanche.  En  temps  de  paix,  ils  portaient  un  long  manteau  sur 
lequel  était  à  gauche  une  croix  blanche  à  huit  pointes,  et  dont  les 
quatre  branches  d'égale  longueur  allaient  en  s'élargissant  du  cen- 
tre aux  bords.  Ils  portaient  aussi  sur  le  milieu  de  la  poitrine  une 
croix  d'or  de  même  forme  et  émaillée  de  blanc,  attachée  à  un 
roban  noir. 

Dans  leurs  armoiries,  les  chevaliers  portaient  en  chef  les  armes 
de  rOrdre,  c'est-à-dire  :  de  gueules  à  la  croix  (Targent.  Les  com- 
mandeurs et  grands-croix  mettaient,  en  outre,  derrière  l'écu  de 
leurs  armes,  la  croix  de  l'Ordre  avec  un  chapelet  autour.  Enfin,  le 
grand  maître  portait  :  écartelé,  aux  /''  et  4*  de  gueules  à  la  croix 
d'argent,  qui  est  de  l'Ordre  de  Malte  ;  aux  ^^  et  S*  des  armes  de  sa 
maison  ;  de  plus,  il  timbrait  son  écu  d'une  couronne  de  duc  et 
enveloppait  ses  armoiries  d'un  manteau  ducal. 

Il  faut  croire,  dit  un  auteur,  qu'ils  répondaient  à  un  bien  public, 
car  ils  couvrirent  dans  un  temps  fort  court  le  monde  catholique  de 
leurs  établissements.  Le  diocèse  de  Limoges,  qui  comprenait  alors, 
à  peu  de  chose  près,  les  départements  de  la  Corrèze,  de  la  Creuse 
et  de  la  Haute-Vienne,  dut  leur  offrir  des  conditions  particulière- 
ment avantageuses,  car  ils  s'y  développèrent  d'une  façon  vraiment 
incroyable.  Il  ne  leur  fallut  pas  deux  siècles,  en  effet,  pour  y  fon- 
der plus  de  cent  maisons. 

En  continuant  à  marcher  de  ce  pas,  ils  auraient  fini  par  absorber 
toutes  les  fortunes  privées;  on  pouvait  du  moins  le  craindre,  rt 
c'est  peut-être  cette  crainte  qui  a  motivé  pour  une  large  part  la 
suppression  des  Templiers. 

Pendant  la  célébration  de  la  Sainte-Messe,  au  moment  solennel 
de  l'élévation  de  l'Hostie  et  du  Calice,  le  chevalier  qui  y  assistait 
quittait  la  place  où  il  se  tenait  en  prières  et  se  dirigeait  vers  le 
milieu  du  chœur,  au  bas  des  marches  de  l'autel.  Là,  après  s*être 
humblement  prosterné,  il  tirait  son  épée  qu'il  portait  au  côté  et,  la 
tenant  élevée  vers  la  voûte,  il  se  tournait  successivement  vers  les 
quatre  points  cardinaux  en  prononçant  à  demi-voix  certaines  paro- 
les qui,  selon  toute  probabilité,  faisaient  partie  du  cérémonial 
prescrit  par  l'Ordre. 

Sur  les  quarante-huit  commanderies  relevant  du  grand  prieuré 
d'Auvergne,  dont  le  chef-lieu  était  Lyon,  dix  appartenaient  à  la 
Creuse  :  Blaudeix,  Chamberaud,  Charrière  (commune  de  Saint- 
Moreil],  Féniers,  Lavaud-Franche,  Maisonnisses,  Morterolles  (can- 


186  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

ton  de  Royëre),  Paulhac,  la  Croix-au-Bost  (commune  de  Saint- 
Domel)  et  Viviers  (commune  de  Tercillal)  ;  les  huit  premières  com- 
posées de  chevaliers  nobles  de  quatre  races  ;  les  deux  dernières 
occupées  par  des  frères  servants. 

On  ne  saurait  assigner  une  date  précise  à  la  fondation  de  la 
commandcrie  de  Paulhac  ;  mais  comme  la  plupart  des  auteurs  font 
remonter  Torigine  de  cette  sorte  d'établissements  à  l'année  1260, 
il  est  permis  de  croire  qu'elle  dut  être  créée  à  celte  époque,  ou 
peu  de  temps  après,  puisque  l'église,  bâtie  par  les  soins  de  l'Ordre, 
présente  tous  les  caractères  d'un  monument  du  milieu  du  xui*"  siècle. 

En  1281,  le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Limoges  permit  aux 
chevaliers  du  Temple  d'édifier  une  chapelle  à  la  Croix-de-Mazey- 
rac,  près  le  Grand-Bourg  de  Salagnac.  Or,  comme  cette  chapelle 
appartenait  à  la  commanderie  de  Paulhac  dès  l'année  1315,  on  a 
déjà  la  preuve  que  la  création  de  cette  dernière  remonte  à  une 
époque  fort  reculée  (1). 

D'un  autre  côté,  nous  trouvons  qu'en  1282  Jean  de  Saint-Hllaire 
était  précepteur  de  la  milice  du  Temple  à  Paulhac.  C'est  en  celte 
qualité  qu'il  signa  l'accord  conclu  entre  l'évéque  de  Limoges  et 
rOrdre  des  Templiers  touchant  les  églises  que  cet  Ordre  possédait 
dans  le  diocèse. 

A  la  commanderie  de  Paulhac  étaient  rattachés  les  deux  mem- 
bres importants  de  Lascroux  (paroisse  de  Fleurât),  et  de  Sauvagnac 
(paroisse  de  Saint-Léger-la-Montagne).  Le  droit  de  nomination  des 
titulaires  des  chapelles  de  ces  membres  était  exercé  par  le  com- 
mandeur de  Paulhac. 

Le  seigneur  commandeur  de  Paulhac  avait  aussi  droit  de  haute, 
moyenne  et  basse  justice. 

Les  chevaliers  de  justice  de  l'Ordre  de  Sain  t-Jeande- Jérusalem, 
seigneurs  commandeurs  de  Paulhac,  dont  les  noms  nous  sont 
connus,  sont  messires  : 

L  —  Pierre  Dubois,  en  1315; 
IL  —  Jehan  Coltet  (2),  en  1416  ; 

Le  commandeur  Jean  Cottet  fit  augmenter  de  deux  chapelles,  en 
1446,  le  monument  existant  déjà  à  Sauvagnac.  I^  porte  d'une  de 
ces  chapelles  qui  existent  encore,  est  surmontée  d'un  écusson  entre 
deux  branches  de  laurier,  aux  armes  du  commandeur  Cottet  qui 
sont  trois  lions  rampants,  avec  le  chef  de  Malte  (3). 


(1)  Diction,  strch,  et  hist,  de  la  Creuse,  par  A.  Lecler,  p.  315. 

(2)  Arch,  départ,  de  la  Haute-Vienne,  A.  3597. 

(3)  Notice  historique  sur  Sauvagnac,  par  Tabbé  A.  Lecler. 


LA  COMMANDERIE  ET  LES  COMMANDEURS  DE  PAULHAC  187 

Après  avoir  été  commandeur  de  Paulbac,  Jean  CoUet  fût  grand 
prieur  d'Auvergne  (1470H473). 

Les  GoUet,  famille  noble  du  Limousin,  ont  possédé  les  seignea- 
ries  de  Laron  (paroisse  de  Saint-Julien-le-Pe(il)  et  des  Biars 
(paroisse  de  Saint- Yrieix)  (1). 

III.  —  Jean  de  Coulx,  en  1488; 

IV.  —  Antoine  Coralli,  en  U98  ; 
V.  —  N...  de  Vallieux,  en  1567  ; 

VI.  —  N...  de  Raymond  de  Thys,  en  1867  ; 
VII.  —  Pierre  de  Razès,  en  1573  ; 
VIII.  —  N...  de  la  Goullie,  en  1881  ; 

IX.  —  Pierre  de  Saconneys,  en  1582; 

X.  —  César  de  Saint-Yrieix,  1588-1616. 

Ce  commandeur  recouvra,  vers  1616,  par  arrêt  de  la  Cour  du 
parlement  de  Bordeaux,  une  des  deux  clociies  placées  dans  la 
grosse  tour  carrée  de  Téglise  de  Paulhac,  laquelle  cloche  avait  été 
dérobée  (2). 

C'est  sous  Tadministralion  du  même  commandeur  qu'on  fit  le 
règlement  suivant  pour  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Sauvagnac 
qui  relevait  de  Paulhac  ;  nous  le  reproduisons  m  extenso  : 

»  L'an  mil  six  centz  seize  et  le  douzième  jour  du  mois  d'octobre, 
nous  commandeurs  commissaires  visitteurs  généraux  de  toutes  les 
commanderies  du  grand  prieuré  d'Auvergne,  en  visitlant  le  membre 
et  seigneurie  de  Sauvagnal,  en  Limosin,  dépendant  de  la  comman- 
derie  de  Pauliac,  les  prebtres  chapeilaios  et  babitans  du  village  de 
Sauvagnat  nous  auraient  formé  complainte  à  rencontre  de  plusieurs 
prebtres  estrangers  qui  accourent  de  divers  lieux  à  la  dite  chappelle 
les  jours  des  festes  et  sollempnités  de  la  dite  chappelle  Nostre- 
Dame  de  Sauvagnat,  fagniants  aux  pèlerins  d'estre  habilans  du 
dit  village  et  societtaires  de  la  dite  chappelle,  et  soubs  ce  prétexte 
prennent  les  aulmosnes,  bienfaitz  et  dévotion  du  peuple  pour  célé- 
brer grand  nombre  de  messes  en  la  dicte  chappelle;  et  les  festes 
sollempnelles  passées,  lesdictz  prebtres  estrangers  s'en  vont  et 
plus  ne  comparaissent  en  la  dite  chappelle,  contre  rintenlion  des 
pèlerins  et  personnes  dévotes  et  au  très  grand  préjudice  de  sept  ou 
huict  prebtres  natifs  et  habitanlz  du  dict  lieu  de  Sauvagnat  ou  de 
la  paroisse  de  Saint-Ligier,  lesquelz  servent  assiduellement  la  dite 
chappelle  sans  avoir  aulcuns  revenus  ou  aultres  émoluments; 


(i)  Nadaud,  Nobiliaire  du  Limousin,  tome  I,  p.  728. 
(2)  V.  le  Bull,  des  sciences,  lettres  et  arts  de  la  Corrf^ze.  (Tulle,  iSSi, 
p.  1,30.) 


188  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

»  A  ces  causes,  nous,  en  qualité  que  dessus,  avons  ordonné  par 
ces  présentes  que  aulcuns  preblres  estrangers  ne  pourront  célébrer 
la  messe  dans  la  dite  chappelle  de  Noslre-Dame  de  Sauvagnat  que 
seullement  pour  leur  dévotion  et  comme  pèlerins,  sans  qu'ils 
puissent  recevoir  aulcunes  aulmosnes,  oblations  ne  aultres  biens 
faictz  des  dilz  pellerins  et  personnes  dévotes  pour  la  cellébration 
de  leurs  dites  messes,  sous  peine  d'excommunication  latœ  sententiœ. 

»  La  nomination  des  chappelains  et  societtaires  sera  à  l'eslection 
et  collation  des  sieurs  commandeurs  de  Pauliac  présents  et  advenir; 
enjoignions  au  dit  moderne  commandeur  de  Pauliac,  à  ses  oftlciers 
et  aux  auUres  preblres  et  habitans  du  dict  lieu  de  Sauvagnat,  faire 
observer  et  garder  perpétuellement  et  inviolablement  la  présente 
ordonnance.  En  foy  de  quoy  Tavons  signée  de  nos  seings  manuels 
ensemble  avec  le  dict  sieur  commandeur  ». 

Signé  :  «  F.  Cezar  de  Saint-Uirié;  F. -À.  deNaberat,  commandeur 
du  temple  d'Ayen,  vicaire  et  visiteur  général;  le  commandeur  de 
la  Chcze  (il  ». 

XI.  —  François  de  Maleysset,  en  1637  ; 

XII.  —  Jean-Michel  de  Burin,  en  1643; 

XIII.  —  François  de  Maleysset  de  Châtelus,  1645-1691. 

Il  appartenait  à  la  noble  famille  des  de  Maleysset,  seigneurs  de 
Châtelus-Malvaleix,  dont  les  armes  sont  :  d'argent,  au  lion  de 
gueules,  au  chef  d'azur,  chargé  de  trois  étoiles  d'or. 

Le  Nobiliaire  du  Limousin  de  Nadaud  {%  dit  que  cette  famille  a 
produit  un  cardinal,  Guy  de  Maleysset,  mort  le  12  mai  1412. 
Joullietton,  dans  son  Histoire  de  la  Marche,  déclare  qu'il  fut,  en 
1368,  un  des  trois  commissaires  que  le  pape  Clément  VII  chargea 
d'examiner  l'opinion  où  étaient  les  Dominicains  que  la  Vierge 
Marie  avait  été  conçue  dans  le  péché. 

En  1348,  un  autre  membre  de  cette  famille,  Guillaume  de  Ma- 
leysset, acheta  de  Jeanne,  reine  de  Naples,  la  ville  d'Avignon  au 
nom  de  l'église  romaine. 

XIV.  —  Marie  Grattet  de  Dolomieu,  en  1696; 

XV.  —  Jean  de  Félines  de  la  Renaudie,  en  1725,  mort  en  1753. 

La  Renaudie,  dont  étaient  seigneurs  les  de  Félines,  est  une 
terre  située  paroisse  d'Ussac,  canton  et  arrondissement  de  Brive 
(Corrèze). 

Leurs  armes  sont  :  d'azur  à  un  soleil  d'or. 


(i)  Arch.  Départ,  du  Rhône,  fonda  de  Malle,  H.  2152,  f*  322. 
(2)  Tome  III,  p.  146. 


LA  COMMANDERIE  ET  LES  COMMANDEURS  DE  PAULHAC         189 

XVI.  —  Geopges-EUenne-Joachim  de  Buson  de  Champdivers,  en 
1756  et  1760. 

C/esl  sous  ce  commandeur,  le  16  mars  1756,  que  prit  possession 
de  la  cure  de  Paulhac,  laquelle  relevait  de  la  commanderie  et  était 
dédiée,  ainsi  que  l'église,  à  Saint-Jean-Baptiste,  m'«  Charles  Garaud, 
qui  resta  curé  de  Paulhac  jusqu*au  18  septembre  1809,  date  de  sa 
mort.  Ce  prêtre  eut  la  faiblesse  de  donner  son  serment  à  la  Cons- 
titution civile  du  clergé  pendant  la  Révolution. 

Charles  Garaud  remplaçait,  comme  curé  de  Paulhac,  messire 
François  de  la  Fleur  de  Thauveyrat,  démissionnaire,  et  avait  été 
pourvu  de  ce  bénéfice  par  haut  et  puissant  seigneur  m'«  Joseph- 
Louis  Chauvet  de  Montharin  de  la  Villatte,  au  nom  et  comme  fondé 
de  pouvoir  spécial  par  un  décret  du  Vénérable  conseil  de  Malte.  A 
cette  époque,  NgTilluslrissime  et  révérendissime  Jean-Gilles  du 
Coëtlosquel  était  évéque  de  Limoges. 

XVIL  —  Amable  de  Saint-Julien  de  la  Rochelte,  en  1776. 

Ce  commandeur  fit  établir,  en  1778,  le  renouvellement  du  terrier 
de  la  commanderie  de  Paulhac  et  des  membres  de  Lascroux  et  de 
Sauvagoac,  en  conformité  des  anciens  renouvellements  déjà  faits 
en  1662  sous  François  de  Maleysset,  et  en  17^  et  1750  sous  Jean 
de  Félines  de  la  Renaudie  (1). 

H  appartenait  à  la  vieille  famille  des  barons  de  Saint-Julien,  de 
la  Rochette,  de  Beauregard,  elc.  (2). 

Cette  maison,  très  célèbre  et  très  ancienne,  remonte  à  Amélius, 
fils  puîné  d*Amélius  II,  prince  de  Combraille,  vers  1066. 

Amélius  II  était  seigneur  de  Chambon  Sainte- Valérie  ;  il  descen- 
dait des  anciens  sires  de  Bourbon  et  prit  pour  femme  Alix,  fille  du 
baron  de  Saint- Julien. 

Son  fils  puiné  susdit  fut  le  fondateur  de  Tabbaye  de  Bonlieu,  de 
Tordre  de  Citeaux,  située  en  la  haute  justice  de  la  baronnie  de 
Saint-Julien,  proche  de  la  rivière  de  Tardes,  dans  le  ténement  de 
MazeroUe,  paroisse  de  Peyrat-la-Nonière. 

Les  armes  des  barons  de  Saint-Julien  sont  :  de  sable  au  lion  (ToVy 
armé  et  lampassé  de  gueules,  billeté  d*or,  ayant  pour  cimier  un 
pégase  et  pour  support  un  ours  bridé ,  tenant  des  bannières  de  mêmes 
armes,  autour  desquelles  est  écrit,  pour  cri  de  guerre  :  Saint- Julien  t 

Le  19  mai  1776,  messire  le  chevalier  de  Sainte-Colombe  de 
FAubépin,  receveur  général  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem 
au  grand  prieuré  i'kuyergner  faisant  aux  lieu  et  place  du  commun- 


(1)  Arch,  Départ,  de  la  Haute-Vienne,  —  Extrait  du  terrier,  ii°342/>w. 

(2)  Nobiliaire  du  Limousin  de  Nadaud,  tome  II,  p.  602. 


190  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

detir  Amable  de  Saint-Julien  de  la  Rochelle,  donnait  quittance 
d'une  rente  noble  et  féodale  due  à  la  commanderie  dQ  Pauihac  (1). 

XVIII.  —Jean-Pierre  de  Gain  de  Linars,  nommé  en  1783,  émi- 
gré en  1793,  présumé  mort  à  l'étranger. 

Il  appartenait  à  Tillustre  famille  des  de  Gain,  barons,  puis  mar- 
quis de  Linars,  marquis  de  Montaignac,  seigneurs  de  Lissai, 
d'Auval,  etc.  (2). 

Cftle  grande  maison,  que  son  ancienneté  et  son  illustration 
placent  au  nombre  des  plus  considérables  du  Limousin,  a  pris  son 
nom  d*un  fief  situé  à  peu  de  distance  de  Limoges  (3).  Ce  Oef  appar- 
tenait, à  Fépoque  de  la  Révolution,  à  m'«  Martial  Baillot  d'Estivaux, 
chevalier,  coseigneur  de  Veyrac,  conseiller  du  Roi  et  président 
trésorier  général  de  France  à  Limoges. 

Les  de  Gain  portent  pour  armes  :  d'azur  à  trois  bandes  d^or. 

Sur  la  vieille  et  précieuse  tapisserie  de  Taulel  de  Téglise  de 
Pauihac,  donnée  par  le  chevalier  commandeur  Jean-Pierre  de  Gain 
de  Linars,  on  trouve  :  d'azur  à  troU  bandes  d^or,  qui  est  de  Gain, 
au  chef  cousu  de  gueules,  à  la  croix  d'argent,  qui  est  de  Malte. 

Le  château  de  la  commanderie  de  Pauihac  était  relié  à  l'église, 
qui  en  faisait  partie,  par  divers  b&timents  de  service  et  une  cour 
intérieure  dans  laquelle  s'ouvrait  une  porte  privée  à  l'usage  parti- 
culier du  commandeur,  pour  pénétrer  dans  Téglise. 

Près  du  château  se  trouvait  une  très  belle  terrasse  qui  existe 
encore,  plantée  de  vieux  ormeaux  aux  puissantes  racines,  et  d'où 
l'œil  découvre  un  superbe  panorama  sur  la  vallée  de  TArdour,  la 
forêt  de  Lauriëre  et  les  monts  du  Limousin. 

En  1616,  le  château  de  la  commanderie  consistait  en  «  ung  grand 
corps  de  logis  faict  en  façon  et  forme  carrée,  une  basse-cour  au 
milieu,  et  une  autre  grande  basse-cour  ».  On  y  entrait  «  en  passant 
par  ung  ravelin  de  murailles  et  par  ung  grand  portail  en  forme 
ronde  ».  Il  était  flanqué,  à  l'intérieur,  de  grosses  tours  carrées  qui 
avaient  été  partiellement  démantelées  par  les  protestants  en  1576, 
année  de  la  formation  de  la  Ligue  (4). 

Le  31  août  1783,  le  seigneur  commandeur  de  Gain  de  Linars 
confiait  à  Jean  Auchat,  couvreur  à  La  Souterraine,  le  soin  de  faire 
«  de  grandes  et  sérieuses  réparations  au  château  de  la  comman- 
derie de  Pauihac  »,  consistant  principalement  à  «  crépir,  à  chaux 


(1)  Papiers  de  la  Commanderie  de  Pauihac  (Etude  de  Fursac). 

(2)  Nobiliaire  du  Limousin  de  Nadaud,  tome  II,  p.  251. 

(3)  Gain,  commune  d'Isle,  près  Limoges. 

(4)  V.  Bull,  des  sciencen^  lettres  et  arts  de  la  Corrèze  (Tulle,  1884,  p.  430). 


LA  GOMMANDERIE  ET  LES  COMMANDEURS  DE  PAULUAC  191 

et  à  sable  de  rivière,  tout  l'extérieur  de  i*église  de  Paulbac  et  du 
clocher,  le  château  et  la  cheminée  de  la  comoiaDderie,  le  tout  à 
pierre  vue  »,  moyennaDt  la  somme  de  350  livres.  Il  lui  donnait 
aussi  à  «  recouvrir,  en  bardeaux  neufs,  la  toiture  du  vieux  château, 
celle  du  cabinet  du  seigneur  commandeur,  celle  du  grand  comble 
et  celle  de  l'escalier  de  la  tour  et  du  chœur  de  l'église  »,  moyennant 
le  prix  de  288  livres  (1). 

Le  13  novembre  1787,  le  même  commandeur  chargeait  Léonard 
Galiard,  meunier  au  moulin  de  La  Brousse,  paroisse  de  Marsac,  de 
faire  quelques  réparations  au  dit  moulin  de  La  Brousse  et  de  nom- 
breuses au  moulin  du  Temple  de  Paulhac,  ce  dernier  situé  sur  la 
Gartempe,  notamment  de  refaire  sa  charpente  brûlée  par  l'incendie 
du  H  du  mois  de  novembre  précité,  moyennant  la  somme  de 
530  livres  q  le  le  chevalier  commandeur  de  Gain  de  Linars  s'enga- 
geait à  donner  au  dit  Galiard  (2). 

Les  rentes  de  la  commanderie  de  Paulhac  étaient  considérables. 
Elles  se  percevaient  d'abord  sur  le  territoire  du  bourg  de  Paulhac 
proprement  dit,  puis  sur  de  nombreuses  paroisses  environnantes. 

D'après  le  terrier  de  la  commanderie  de  Paulhac  dressé  en  1778 
sous  le  commandeur  de  Saint-Julien  de  la  Rochette,  le  territoire 
entier  du  bourg  de  Paulhac  avec  quelques  autres  dépendances, 
était  réparti  en  douze  tenues  différentes  et  indépendantes  les  unes 
des  autres,  sur  chacune  desquelles  étaient  imposées  séparément 
des  rentes  féodales. 

Ces  tenues  s'appelaient  :  1^  de  Beauvais;  2^  des  Rossignols; 
3""  des  Domets;  4""  des  Venassier;  5"  des  Richards;  6"*  des  Nadaud  ; 
7*  de  La  Prade;  8*  de  Châtenet;  9^  de  La  Roberterie;  10*  de  Mar- 
liannes;  W  de  la  Cbeyrade;  IS^desMeydes. 

Le  nombre  de  ces  tenues  pouvait  être  modifié,  réduit  ou  aug- 
menté, par  «  le  seul  bon  plaisir  du  seigneur  commandeur  ». 

D'après  le  même  terrier,  les  paroisses  qui  devaient  des  rentes 
nobles,  féodales,  foncières,  directes,  solidaires,  annuelles  et  per- 
pétuelles à  la  commanderie  et  dépendant  du  lieu  même  de  Paulhac, 
étaient  : 

Sainl-Etienne-de-Fursac,  Saint-Pierre-de-Fursac,  Saint-Goussaud, 
Cbâtelus-le-Marcheix,  Saint-Dizier,  Folles,  Marsac,  Chamboranf, 
Arrènes,  Mourioux  et  Saint-Michel  Laurière. 

Les  paroisses  suivantes  dépendaient  du  membre  de  Lascroux  : 


(1)  Minutes  de  Vétude  de  notaire  de  Saint-Etienne  de  Fursac, 

(2)  Même  nource» 


192  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  lIISTOniQUE   DU    LIMOUSIN 

Salagnac,  Saint-Priesl-la-Feuille,  Sainl-Priest-la-Plaine,  Lizières, 
Fleurai,  Sainl-Vaury,  Naillat  et  Saint-Sulpice-le-Dunois. 

KDfin,  celles  ci-après  relevaient  du  membre  de  Sauvaignac  : 
Saint-Léger-la-MoDlagne,  SalDl-Pierre-Ia-Montagne,  Saiul-Sulpice- 
Lauriëre,  Bcrsac,  Jabreilles,  Bessines,  Sain  (-Sylvestre,  Gomprei- 
gnac,  Razès,  Saint-Pardoux,  les  Eglises,  Ambazac,  Sainl-Sympbo- 
rien  et  la  ville  de  Chateaupoosac. 

Nous  croyons,  au  sujet  des  rentes  dues  à  la  commanderie  de 
Paulbac,  devoir  donner  ici  la  désignation  des  suivantes,  à  cause  de 
Toriginalilé  de  certaines  redevances  : 

28  décembre  1743  (1)  {trois  jours  après  la  fête  de  Noël)  —  quit- 
tance à  Pierre  Peyrot,  laboureur  au  village  de  Longvert,  paroisse 
de  Saint-Etienne-de-Fursac,  de  la  rente  noble  et  féodale  de  :  «  seigle 
trois  quartes,  froment  deux  coupes,  argent  quatre  sols,  une  geline 
(du  latin  :  gallina,  poule)  et  le  quart  de  la  souche  de  Noël  »  due  à 
la  commanderie  de  Paulbac. 

Un  titre  daté  du  23  avril  1744  (2)  mentionne  que  «  les  habitants 
de  Ghfttenet,  paroisse  de  Saint-Etienne-dc-Fursac,  pour  le  communal 
appelé  la  lande  de  Pauliac,  confrontant  aux  terres  de  laChaize,  etc.. 
sont  tenus  de  payer  au  seigneur  commandeur  de  Paulbac  la  valeur 
de  six  quartes  de  bled  seigle  pour  la  lampe  de  la  commanderie  ». 

Une  quittance  des  rentes  dues  à  la  commanderie  pour  Tannée 
1761  (3)  sur  les  tenues  du  Triât,  de  Las  Roudaud  et  de  Grëpial, 
conlient  :  «  Reçu  :  1*  pour  la  tenue  du  Triât  et  de  Las  Roudaud, 
seigle  neuf  quartes,  geline  une,  argent  vingt-buit  sols...,  pour  le 
guet,  3  sols;  i^  pour  celle  de  Crépiat,  seigle  sept  coupes,  etc..  » 

D*un  autre  titre  du  11  mai  1777  (4),  il  résulte  que  «  la  tenue  des 
Bosdeaux,  située  aux  appartenances  du  bourg  de  Fursac  et  les 
villages  de  Las  Goux  Giraud,  Ghàtenet  et  Gauliëres  doivent  à 
messire  Àmable  de  Saint-Julien,  seigneur  commandeur  de  la  com- 
manderie de  Pauliac,  la  rente  noble  et  féodale  de  :  argent  dix  sols, 
quatre  jambons  et  la  nouvelle  échinée  d'un  cochon,  plus  deux  sep- 
tiers  seigle,  mesure  de  Fursac  ». 

La  tradition  locale  rapporte  qu'après  le  départ  pour  Texil,  une 
nuit  d'avril  1793,  du  dernier  commandeur  de  Paulbac,  le  chevalier 

Jean-Pierre  de  Gain  de  Linars,  le  chflteau  de  la  commanderie  fut 
envahi  et  saccagé  par  des  bandes  armées  de  farouches  malfaiteurs 


(1)  Papiers  de  U  Commanderie  de  Paulhac  (Elude  de  Fursac). 

(2)  Papiers  de  la  commanderie  de  Paulhac  [Etude  de  Fursac), 

(3)  Même  source, 

(4)  Minutes  de  l'étude  de  notaire  de  Saint-Etienne  de  Fursac, 


lA  COHMAÏ^DEnlE  ET  LEà  CO»kMA>iDECRS  b£  PACLHAC  193 

el  d'avenluriers  vivant  au  jour  le  jour,  rebuts  de  la  société,  qui 
parcouraient  les  paisibles  campagnes  de  la  Marche  et  du  Limousin 
en  semant  partout  la  terreur  et  la  désolation.  Ces  bandes  de  révo- 
lutionnaires pillards,  aux  tristes  souvenirs,  attaquaient  et  souvent 
même  incendiaient  les  demeures  des  riches  et  les  châteaux  des 
nobles,  de  préférence  ceux  des  émigrés  ou  qui  ne  pouvaient  opposer 
à  leurs  coups  qu'une  médiocre  résistance. 

Par  suite  du  départ  du  chevalier  de  Gain  de  Linars,  le  château 
et  les  terres  de  la  commanderie  furent  mis  sous  séquestre  et  vendus 
nationalement  comme  biens  d'émigrés. 

Paulhac  était  aussi  la  résidence  d'une  branche  de  l'ancienne 
famille  de  Venassier  qui  a  pris  son  nom,  selon  toute  apparence, 
du  lieu  de  Venassier  (I),  qu'elle  a  possédé  il  y  a  plusieurs  siècles. 

L'autre  principale  branche  résidait  à  Beauvais,  autrefois  de  la 
commune  de  Paulhac,  aujourd'hui  de  celle  de  Saint-Etienne-de- 
Fursac. 

Nous  dirons  quelques  mots,  pour  terminer,  sur  la  famille  de 
Venassier,  car  la  branche  qui  était  (ixée  à  Paulhac  a  eu,  ainsi  que 
le  montrent  les  différents  documents  que  nous  avons  consultés  sur 
la  commanderie,  des  rapports  fréquents  avec  les  chevaliers  de 
justice,  seigneurs  commandeurs  de  Paulhac.  Cette  famille  a  d'ail- 
leurs occupé  autrefois  une  certaine  situation  dans  le  bourg  de 
Paulhac. 

Dès  l'année  1660,  les  de  Venassier  sont  qualifiés  d'écuyers,  sei- 
gneurs de  Beauvais;  ils  possédaient  aussi,  à  la  même  époque,  les 
seigneuries  de  l'Age-au-Seigneur  (paroisse  de  Salagnac),  de  Mar- 
chanteix  (paroisse  deSainl-Priest-la-Plaine),  et  de  La  Cour  (paroisse 
de  Saint-Etienne-de-Fursac). 

Ils  sont  alliés  aux  familles  de  Louche,  de  Vaucourbeix,  de  Savi- 
gnac,  de  Jabreillac,  de  Monneron  des  Mazets,  Baret  des  Cheises, 
d'Alesme  de  Ch&telus  de  Salvanet,  Baillot  d'Estivaux,  de  Gentil  de 
Bruline,  de  Roffignac-Grimodie,  Daniel  de  Taubrégeas,  Lajoumard 
deBellabre,  Malevergne  de  Fressiniat,  de  Verthamon,  etc. 

Une  des  principales  alliances  de  la  branche  fixée  à  Paulhac  est 
celle  qui  résulte  de  l'union  de  Léonard  de  Venassier,  fils  de  Pierre 
de  Venassier,  notaire  royal  et  procureur  à  Paulhac,  et  de  Thérèse 
du  Coudier.  Léonard  de  Venassier  qui  devint  capitaine  au  23*  régi- 
ment d'infanterie  légère  sous  Napoléon  I«',  épousa  au  château 


(1)  Venassier,  pays  de  chasse  (du  latin  venaiio,  chasse),  situe  à  400  mè- 
tres du  bourg  de  Paulhac,  est  un  village  de  la  commune  de  Folles,  can- 
ton de  Bessines,  arrondissement  de  Bellac  (Haute- Vienne). 


194  SOCIÉTK    AHCIIÉOLOGIQUE    ET    IIISTOniQUE   DU    LIMOUSIN 

d*£sUvaux,  commune  de  Vcyrac  (Haute-Vienne),  le  13  octobre  1807, 
Marie-Tbérëse-Josépliine  d'Alesme  de  Chftlelus,  damoiselle  de 
Salvanet,  flile  de  Jean-Marie  d'AIesme,  ci-devant  chevalier,  baron 
de  Châtelus-le-Marchcix,  seigneur  de  Salvanet,  le  Pic,  le  Gouret, 
Beynac  et  autres  places,  et  de  dame  Anne-Françoise  de  Pichard  de 
TEgiiseau-Bois. 

Les  armes  des  d*Alesme  de  Ghàlelus-Salvanet  sont  :  d'azur,  an 
chevron  d^or,  accompagné  en  pointe  d'un  croissant  de  même,  au  chef 
cotisa  de  gueules,  chargé  de  trois  étoiles  d'or. 

Les  de  Pichard  de  TËglise-au-Bois  portent  :  d^azur,  à  trois  bour- 
dons d'or,  deux  en  chef  et  un  en  pointe,  celui-ci  surmonté  d^une 
étoile  d'argent. 

Une  autre  demoiselle  Marfe-Tbérèse-Josépliine  d'Alesme  de 
Châtelus  de  Salvanet,  sœur  aînée  de  M"**  de  Venassier,  avait  épousé, 
le  6  février  1787,  messire  Martial  Baillot  d*EstiVaux,  écuyer,  frère  de 
Marie  Baillot  d*Esti  vaux  qui  étailmariée,  depuis  le  12  novembre  i  782, 
avec  Pierre-Léonard  Bogues  de  Fursac,  seigneur  de  la  cbàtellenie 
de  Sainl-Elienne-de-Fursac,  du  fief  de  Nouhâtre  et  autres  lieux, 
secrétaire-greRier  du  Point  d^Honneur  en  la  sénéchaussée  de  Mont- 
morilfon. 

On  voit  encore  au|<Hird*hui  à  Paulhac  le  petit  caste!  des  Venas- 
sier, iïanqué  d*une  tourelle  en  cul  de  lampe.  Cette  ancienne 
demeure  a  été  vendue  avec  ses  dépendances,  eu  1866^  par  les  hé- 
ritiers de  Venassier  à  un  cultivateur  du  bourg  de  Paulhac. 

JoSfph  BOULAUD. 


Auguste  BOSVIEUX 


22  Janvier  1831  —  31  mai  1811 


•  Je  tieps  infiniment  plu»  à  ce  qu'on 
parle  de  mon  payi  que  de  moi.  » 

(Lettre  de  Dt*$vifux). 


Il  y  a  de  cela  dix-sepl  ans,  te  très  érudil  libraire  Claudin  livrait 
au  veDl  des  enchères  la  bibliolhèque  dWuguste  Bosvieux,  ancien 
élève  de  TEcole  des  Charles,  ancien  archiviste  de  la  Creuse  el  du 
Lot-et-Garonne,  enfin  ancien  magistrat. 

Bosvieux  était-il  un  bibliophile  dans  toute  Tacception  du  mot  ? 
Nous  n'hésitons  pas  à  répondre  négativement.  Qu'est  en  eiïct 
Tamateur  de  livres,  qualifié  aujourd'hui  du  titre  devenu  banal  de 
bibliophile.  Le  plus  souvent,  les  trois-quarts  du  temps,  un  amou- 
reux du  livre,  non  pas  du  contenu,  mais  du  contenant.  Il  attache 
plus  d'importance  aux  questions  du  dehors  qu'à  celles  du  dedans. 
Pour  un  livre  ancien  une  belle  reliure  contemporaine,  voilà  son 
desideratum,  et  même  contiendrait-il  de  grosses  fautes  typogra- 
phiques, l'exemplaire  atteindra  un  prix  exorbitant.  Le  célèbre 
Jérôme  Pichon,  lui-même,  surnommé  à  bon  droit  le  prince  des 
bibliophiles,  ne  savait  plus  s'arrêter.  La  possession  du  livre  désiré 
devient  de  la  folie  et  les  grands  précurseurs,  les  de  Thou,  les 
Grollier,  seraient  eux-mêmes  surpris  de  voir  les  progrès  de  la 
maladie  de  leurs  successeurs.  Nous  ne  connaissons  que  deux 
exceptions  à  cette  règle,  le  célèbre  historien  Auguste  de  Thou  et 
le  duc  d'Aumale. 


106  SOCIETE  AlICUEOLOGliiL'E  ET  lllSTOlUQUE  t>U  LlMOL*i)lN 

Bosvieux  peut-il  éire  compté  comme  un  bibliophile  de  ce  genre? 
Nous  ne  le  pensons  pas.  Modeste  de  goût  et  de  fortune,  il  comprit 
bien  vile  qu'il  ne  pouvait  réussir  qu'en  se  concentrant  sur  les  œuvres 
émanées  d'auteurs  de  sa  province  natale.  Aussi  sa  bibliothèque 
pouvait  servir  de  modèle  à  tout  amateur  ne  voulant  pas  s'étendre 
indéfiniment.  Elle  contenait  douze  cent  seize  numéros  seulement, 
résumant  d'une  façon  parfaite  l'histoire  du  Limousin,  dans  ses 
grands  hommes,  dans  ses  monuments,  dans  ses  productions  artis- 
tiques si  multiples,  dans  ses  institutions  religieuses,  etc. 

Au  moment  de  l'impression  du  catalogue,  il  eut  été  désirable  de 
le  faire  précéder  du  portrait  de  Bosvieux  ;  malheureusement  on 
n'avait  rien  qui  pût  remplir  ce  désir.  Depuis  cette  époque,  un 
membre  do  la  famille  nous  a  communiqué  une  bonne  photographie 
faite  à  Strasbourg,  hélas!...  alors  qu1l  était  dans  toute  la  force  de 
l'âge  et  allait  prendre  en  Alsace  possession  de  son  poste  de  juge  à 
Wissembourg.  Bosvieux  avait  à  ce  moment  de  trente-sept  à  trente- 
huit  ans.  Sur  ce  cliché,. très  ressemblant,  un  élève  de  l'Ecole  des 
beaux-arts,  Emile  Vaucanu,  a  gravé  la  belle  eau-forte  qui  accom- 
pagne cette  étude. 

En  voyant  cette  charmante  physionomie,  ce  visage  franc  et 
ouvert, on  ne  peut  s'empêcher  d'éprouver  de  la  sympathie  et,  quand 
on  a  étudié  l'homme,  elle  augmente  encore  davantage  en  consta- 
tant l'harmonie  du  moral  avec  le  physique. 

Quand  on  songe  à  la  vie  si  courte  de  Bosvieux,  mort  à  peine  âgé 
de  quarante  ans,  à  tout  ce  qu'il  a  fait,  surtout  ce  qu'il  a  laissé  de 
documents  manuscrits  sur  son  cher  Limousin,  sur  sa  ville  natale, 
Saint-Yrieix,  on  ne  peut  que  profondément  regretter  une  fin  si 
prématurée. 

Certes,  s'il  eut  vécu,  Bosvieux  eut  été  pour  le  Limousin  ce  que 
fut  Dom  Vaisselle  pour  le  Languedoc,  Marca  pour  le  Béarn,  Lebœuf 
pour  l'Ile-de-France,  BourJigné  pour  l'Anjou,  Dom  Lobineau  pour 
la  Bretagne,  etc.  Les  quelques  trop  rares  œuvres  imprimées  de  lui 
sont  tracées  avec  une  telle  critique,  une  telle  modération,  un  style 
si  correct,  si  pondéré  et  si  juste,  que  l'on  ne  peut  éprouver  qu'un 
sentiment  de  regret  et  de  tristesse  en  présence  d'une  vie  si  courte. 

M.  Leroux,  archiviste  de  la  Haute-Vienne,  a  déjà  donné  la  nomen- 
clature complète  des  œuvres  de  Bosvieux  (1);  nous  ne  reviendrons 
qu'en  peu  de  mots  sur  quelques-unes;  il  ne  nous  reste  plus  qu*à 
glaner  des  épaves  de  sa  vie  intime  ;  nous  allons  essayer  de  le  faire. 

(1)  Bulletin,  XXXVI,  p.  186  et  276. 


Auguste   BOSVIEUX 


AUGUSTE    BOSVIBUX  l97 

Auguste  Bosvieux  était  né  à  SaiDt-YrieiK,  le  2i  janvier  1831  (i), 
il  est  décédé  dans  la  même  ville  le  31  mai  1871.  Il  était  le  hui- 
tième enfant  d'un  magistrat  modeste,  entouré  de  l'estime  de  tous, 
juge  de  paix  pendant  de  longues  années  dans  celte  petite  ville 
toute  monacale,  qui  s'est  toujours  ressentie  de  son  origine  religieuse. 
Elevé  à  l'ombre  des  murs  sombres  et  sévères  du  vieux  Moustier, 
fondé  par  Arédius  au  vi«  siècle,  c'est-à-dire  le  plus  ancien  monas- 
tère du  Limousin,  après  Saint-Augustin  de  Limoges,  Bosvieux  à 
rage  de  quatorze  ans  alla  terminer  ses  études  classiques  au  lycée 
de  Limoges.  Ses  débuts  y  furent  des  plus  heureux.  Dès  la  première 
année,  il  remporta*  tous  les  prix  de  sa  classe  (2). 

Circonstance  à  noter,  seule  l'histoire  fit  exception  et  n'obtint 
aucune  récompense.  Ce  ne  fut  qu'à  sa  quatrième  année  que  nous 
le  voyons  figurer  au  Palmarès  avec  un  simple  accessit  d'histoire. 
Ainsi  ce  passionné  amateur  d'histoire  ne  trouve  son  chemin  de 


(1)  Son  acte  de  baptême  dressé  le  lendemain,  23  janvier,  porte  la 
signature  :  Bigoric,  nom  en  quelque  sorte  fatidique  qui  devait  l^accom- 
pagner  de  son  berceau  jusqu^à  la  tombe. 

(2)  Nominations  obtenues  par  Auguste  Bosvieux,  élève  au  lycée  de 
Limoges,  de  18i5  à  1849. 

Année  1845.  Classe  de  quatrième»  — 2«  prix  de  version  de  latine;  2«  prix 
de  vers  latins;  2*  prix  d^excellence  (Pâques)  ;  1«'  prix  d^allemand  (3^  di- 
vision); l*''  accessit  de  thème  latin;  i^'  accessit  de  version  grecque. 

Année  1846.  Classe  de  troisième.  —  2*  prix  d'excellence  (!•'  semestre); 
2*  prix  de  version  latine;  2*  prix  de  thème  latin;  1*'  prix  de  vers  latins; 
!*"■  prix  d'arithmétique;  1*'  prix  d'allemand;  2«  accessit  de  version 
grecque;  1*'  accessit  de. thème  grec. 

Année  1847.  Classe  de  seconde.  —  l*'  prix  d'instruction  religieuse  ; 
!•»  prix  d^excellence  ;  1«'  prix  de  version  latine  ;  1"  prix  de  thème 
latin;  1«^  prix  de  vers  latins;  1*'  prix  de  version  grecque;  1*'  prix  de 
thème  grec;  1*'  prix  d'allemand. 

Année  1848.  Classe  de  rhétorique,  —  Prix  d'honneur  de  discours 
latin;  1«' prix  d'excellence;  1*'  prix  de  discours  latin;  2«  prix  de  dis- 
cours français;  1*'  prix  de  version  latine;  1*'  prix  de  version  grecque  ; 
l''<'prix  d'allemand;  1^'  accessit  d'instruction  religieuse;  2®  accessit  de 
vers  latins;  /"  accessit  d'histoire;  4*  accessit  de  cosmographie. 

Année  1849.  Classe  de  philosophie,  —  Prix  d'honneur  de  dissertation 
française;  l*'  prix  d'instruction  religieuse;  1"  prix  de  dissertation 
française;  l^'prix  de  disseilation  latine;  2*  prix  de  physique;  1*'  prix 
de  chimie;  l*'  prix  d'histoire  naturelle. 

Extrait  des  palmarès  du  lycée  de  Limoges,  annexés  à  une  lettre  de 
M.  Port,  proviseur  dudit  lycée,  datée  du  7  mars  1902  (M.  Port  est  le  fils 
de  Célestin  Port,  camarade  de  Bosvieux  à  l'Ecole  des  Chartes). 

T.  LV  13 


i9B  SOCIETE  ARCHèoLOOiQÙE  ET  UlàTORkQÛB  DU  LkBfOÙâlr^ 

Damas  qu*à  Tàge  de  dix-sept  ans,  alors  que  toutes  les  branches  de 
Tinslruclion  n'avaient  plus  de  secrets  pour  lui. 
.   Après  des  études  aussi  fortes,  on  comprend  que  le  baccalauréat 
ne  fût  quune  barrière  bien  facile  à  franchir.  Bosvieux  à  dix-huit 
ans  partit  pour  Paris,  afin  d'y  étudier  le  droit. 

Pour  une  nature  aussi  honnête,  quel  devait  être  le  sentiment 
dominant?  Le  dernier  enfant  d'une  famille  nombreuse  et  peu 
fortunée  cherchait  surtout  à  alléger  les  sacriGces  imposés  à  ses 
parents.  Non  content  de  suivre  4es  cours  de  l'Ecole  de  droit,  il 
s'astreignait  encore  à  les  compléter  en  se  rendant  à  l'Ecole  des 
Chartes,  et  sous  la  direction  de  ses  savants  professeurs  à  s'initier 
à  toutes  les  difficultés  de  la  paléographie. 

Il  se  trouva  là  en  compagnie  de  Céleslin  Port,  de  La  Borderie, 
Passy,  Mabille,  et  dans  celte  assemblée  d'élite,  le  jeune  élève  de 
Limoges,  à  p^ine  &gé  de  dix-neuf  ans,  obtenait  dans  les  examens 
de  fin  d'année  le  sixième  rang. 

Ainsi  se  passèrent  deux  années  à  Paris,  deux  des  plus  belles 
assurément,  1850-1851,  partagées  entre  l'Ecole  de  Droit  et  l'Ecole 
des  Charles. 

A  ce  foyer  d*intense  lumière,  Bosvieux  acheva  de  former  son 
goût,  de  s'initier  à  ces  profondes  sources,  seules  véritables  bases 
de  nos  études  actuelles.  Désormais,  ce  fut  l'unique  but  de  toute  sa 
vie. 

«  N'oublions  pas  que  de  l'Ecole  des  Chartes  sont  sortis  Léopold 
Delisle,  le  savant  administrateur  de  la  Bibliothèque  nationale; 
Siméon  Luce,  l'auteur  de  la  Jacquerie^  le  commentateur  de  Frois- 
sart  et  tant  d'autres.  » 

Vers  la  fin  de  l'année  1851,  les  Archives  départementales  de  la 
Creuse,  étaient  devenues  vacantes.  La  famille  de  Bosvieux  connais- 
sant ses  goûts,  ne  crut  mieux  faire  que  de  demander  pour  lui  celte 
place,  quoi  qu'il  n'eut  pas  encore  passé  sa  thèse  à  l'École  de  droit 
ni  fini  ses  examens  à  l'Ecole  de  Chartes.  Il  n'en  fût  pas  moins,  âgé 
de  vingt  ans  à  peine,  nommé  archiviste. , 

Ah  !  que  souvent  Bosvieux  dut  regretter  ses  deux  bonnes  années 
de  séjour  à  Paris,  pour  aller  s'enterrer  dans  le  petit  bourg  préfec- 
toral de  Guéret,  alors  sans  communications  par  voies  ferrées 
avec  les  provinces  voisines.  Mais  c'était  peu  éloigné  de  son  cher 
Limousin,  de  ses  parents,  et  Bosvieux,  malgré  ses  regrets,  fit  no- 
blement ce  sacrifice. 


L'ancienne  province  de  la  Marche,  par  sa  configuration,  était 
déjà,  avant  1789,  des  plus  morcelée.  Le  département  actuel  de  la 


AUGUSTE    B0SVlEÛ3t  199 

Creuse,  qui  en  renferme  la  plus  graude  parlie,  se  trouve  composé 
d'enclaves  du  Berry,  du  Bourbonnais  el  de  rAuvcrgne  (1).  De  là 
une  lâche  diflicile  à  surmonter  pour  les  débuis  d*un  jeune  archî- 
yistc.  Il  faul  ajouler  que  Tétat  dans  lequel  il  trouva  les  archives 
était  détestable  (<2). 

Bosvieux  se  mit  bravement  à  l'œuvre  el  pendant  près  de  quatorze 
ans  (1851-1864),  il  concentra  tous  ses  efforts  à  coordonner  des 
documents  poudreux  et  disparates  Dans  deux  rapporls  très  lon;^s 
et  très  documentés,  présentés  au  Conseil  général  en  1863  cl  1863, 
il  releva  en  grandes  lignes  les  institutions  administratives  cl  judi- 
ciaires de  la  province,  leur  étendue,  leur  importance,  leur  diversité. 

Pour  se  reposer  de  ce  travail  aride,  il  établit,  comme  en  se 
jouant,  Thisloirc  de  la  vieille  demeure  d'un  bourgeois  de  Guéret, 
(lualifiéc  pompeusement  du  nom  d'hôtel  des  Comtes  de  la  Marche. 
Bosvieux,  pièces  en  mains,  eut  bientôt  fait  de  démolir  cette  légende. 
L'antique  palais  des  comtes  devient  tout  simplement  la  demeure 
de  riches  habitants  de  Guéret,  seigneurs  du  petit  fief  des  Monney- 
roux,  situé  à  peu  de  distance  de  la  ville. 

Il  fut  plus  heureux  encore,  dans  la  publication  de  la  vie  de  saint 
Geoffroy,  fondateur  du  Châlard,  vieux  monastère  placé  aux  envi, 
rons  de  Saint-Yrieix,  où  reposent  les  cendres  de  GouOier  de  Las- 
lour,  le  héros  de  la  première  croisade. 

Dans  un  commentaire,  sobrement  écrit,  Bosvieux  se  révèle  tout 
entier.  On  ne  peut  exprimer  le  charme  qu'on  ressent  à  la  lecture 
des  quarante  et  quelques  pages,  résumant  la  vie  du  pieux  cénobite 
et  les  débuts  de  la  première  Croisade,  préchée  en  1098  à  Limoges, 
par  le  pape  Urbain  II  en  personne.  Sur  ces  temps  reculés,  on  n'a 
rien  ou  presque  rien.  Saint  Geoffroy  était  présent  et  l'hagiographe 
racontant  sa  vie,  nous  transmel  in  extenso  les  propres  termes  du 
discours  du  pape.  Satis  honeste,  articule-t-il,  et  Bosvieux  traduit 
ces  deux  mots  par  l'épithète  de  peu  éloquent.  Nous  croyons  ce 
détail  absolument  inédit,  quoi  qu'il  en  soit,  éloquent  ou  peu  élo- 
quent^ le  discours  du  chef  de  la  chrétienté  enQamma  les  cœurs  et 
tous  les  auditeurs  se  croisèrent  immédiatement. 

Ce  n'est  pas  seulement  sur  ce  premier  épisode  de  la  future 
croisade  que  Bosvieux  s*élend.  Il  nous  initie  encore  à  la  vie  d'un 


(1)  Afin  de  s'en  faire  une  idée,  croirait-on  que  la  paroisse  de  Chàtenet- 
en-Dognon,  située  à  quelques  kilomètres  au  N.-E.  de  Limoges,  faisait 
partie  de  la  Marche. 

(2)  Ce  SDnt  les  propres  termes  de  la  lettre  du  successeur  de  Bosvieux, 
à  Guéret. 


200  sociBTè  AncuèoLOGiQUB  fer  histoaiquk  dv  limousin 

riche  ciloyen  de  Limoges  qui  avait  été  le  premier  protecteur  du 
saint;  il  se  nommait  Pierre  Lebrun  et  faisait  un  grand  commerce 
d'échange  et  d*importa(ion.  On  voit,  dès  le  xi«  siècle,  cette  puis- 
sante bourgeoisie  de  Limoges  en  relation  d'affaires  avec  le  monde 
entier.  En  mourant,  Pierre  Lebrun  n'aspire  qu'à  un  honneur  : 
reposer  dans  le  lieu  même  où  les  changeurs  tenaient  leurs 
étaui  (1). 

Nous  ne  parlerons  que  pour  mémoire  de  la  troisième  œuvre 
imprimée  à  Guéret;  c'est  la  réimpression  d'une  plaquette  unique 
intitulée  : 

Brief  discours  sur  la  deff aide  des  Huguenots  advenue  le  10  juin 
1588  a%  pays  et  comté  de  la  Marche,  in-S"",  12  pages,  tiré  à  seize 
exemplaires  seulement.  Celte  plaquette  est  devenue  aujourd'hui 
aussi  rare  que  son  original . 

Mais  cette  vie  si  calme,  si  paisible,  si  consacrée  au  travail  devait 
subir  un  dur  réveil,  Bosvieux  ne  s'occupait  pas  de  politique  ;  ses 
fonctions  l'obligeaient  à  de  fréquentes  tournées  d'inspection  des 
archives  communales,  paroissiales  et  hospitalières  de  son  départe- 
ment. Vu  la  difficulté  des  communications, il  se  voyait  souvent  obligé 
de  recourir  à  l'obligeance  d'amis,  de  fonctionnaires  également  en 
tournée.  Les  luttes  électorales  dans  la  Creuse  ont  toujours  été  assez 
vives  ;  elles  l'étaient  sous  le  second  empire,  et  cela  n'a  fait  qu'aug- 
menter. 

En  1864,  deux  candidats,  tous  deux  conservateurs  et  également 
agréables  au  pouvoir,  se  disputaient  les  suffrages,  l'un  était  le 
comte  de  Beaufranchet,  le  second  se  nommait  Delamarre.  Le 
ministre  Rouher  soutenait  l'un;  Fialin  de  Persigny  l'autre. 

Afin  de  faire  à  moins  de  frais  ses  tournées  d'archiviste,  Bosvieux 
eut  la  malencontreuse  pensée  d'accepter  une  place  dans  la  voiture 
de  M.  de  Beaufranchet  qui  de  son  côté  faisait  ses  visites  électorales. 
Après  une  lutte  fort  vive  entre  les  concurrents,  M.  Delamarre 
obtint  la  majorité  et  devint  député  de  la  Creuse.  Malgré  ce  succès 
déGnitif,  il  n'en  fut  pas  moins  froissé  de  l'attitude  du  malheureux 
fonctionnaire,  qui  paraissait  avoir  donné  à  son  adversaire  une 
apparence  de  candidature  officielle.  Il  exigea  le  changement  de 
résidence  de  Bosvieux  et  l'obtinL 


(i)  M.  Charles  de  La  Tour,  ancien  procureur  impérial  de  Saint- Yrieix, 
président  honoraire  du  même  tribunal,  a  donné  en  1879,  une  traduction 
de  la  Vie  de  Saint  Geoffroy.  —  Sceaux,  in-8*. 


AUGUSTE    BOSVIBUX  201 

Le  gouveroeineDt  que  Ton  avait  alors  n'élait  peut-élre  pas  aus^ 
despotique  que  certains  écrivains  ont  tenté  de  le  faire  dire  à  l'his- 
toire. Nous  en  connaissons  qui,  dans  de  semblables  circonstances, 
auraient  brutalement  cassé  aux  gages,  autrement  dit  révoqué  Tinfar- 
tuné  archiviste.  11  n'en  fut  rien,  Bosvieux  eut  même  de  Tavance- 
ment;  de  l'obscur  bourg  préfectoral  de  la  Marche  il  fut  envoyé  à 
Agen,  ancienne  capitale  d'une  des  plus  riches  provinces,  chef-lieu 
d'une  cour  royale  ou  impériale,  etc.,  etc. 

Là  Bosvieux  devait  rester  moins  longtemps,  trois  ans  à  peine, 
mais  combien  occupée  fut  sa  vie.  Certes  il  n'avait  plus  la  proximité 
de  Limoges,  de  Saint- Yrieix,  de  ses  parents;  comme  il  était  heu«» 
eux  de  s'en  occuper  encore  et  quand,  dans  les  titres  ou  les 
registres,  il  rencontrait  des  noms  du  Limousin,  Pierre-Buffière, 
Chamberet,  Bonneval,  du  Përigord  Bourdeille,  du  Bordelais 
Pontac,  il  s'empressait  de  consigner  sur  un  registre  spécial  tous 
ces  noms  pour  y  avoir  recours  un  jour. 

C'est  ainsi  que  nous  trouvons  à  la  date  du  11  octobre  1632  ce 
1res  curieux  contrat  de  mariage  passé  au  chAteau  de  Bourdeille  en 
Périgord  de  la  fille  de  l'illustre  historien  de  Thou,  premier  prési- 
dent du  parlement  de  Paris  avec  un  Pontac,  fils  du  premier  prési- 
dent du  parlement  de  Bordeaux;  contrat  auquel  assistaient  les 
plus  grands  seigneurs  du  royaume  et  le  frère  de  la  mariée,  l'infor- 
tune de  Thou,  la  future  victime  de  Richelieu. 

A  Agen,  Bosvieux  comme  partout  avait  su  se  créer  de  solides 
amitiés,  qui  le  suivirent  plus  tard  en  Alsace  et  lui  survécurent 
même  après  sa  mort.  Nous  avons  nommé  M.  Magen,  qui  lui  a 
consacré  des  pages  émues  auxquelles  nous  emprunterons  plus 
loin  des  passages  intéressants. 

Hais  une  véritable  fatalité  s'attachait  aux  moindres  détails  de  sa 
vie.  N'eut-il  pas  une  affaire  avec  la  cour  des  comptes  en  personne 
et  voici  comment. 

Bosvieux  travaillait  très  tard,  la  nuit  elle-même  ne  pouvait 
Farracher  à  ses  chères  archives.  Naturellement  il  fallait  des  flam- 
beaux pour  éclairer  ce  travail  nocturne  et  il  en  acheta.  Cette 
dépense  fut  jugée  excessive  et  dangereuse  pour  la  sécurité  des 
archives  et  l'archiviste  incorrect  fut  bl&mé  par  la  haute  cour  de 
justice  financière  I 

C'en  était  trop  I  Depuis  longtemps  son  proche  parent,  M.  Bigorie 
de  Laschamps,  premier  président  de  la  cour  de  Golmar  le  sollicitait 


202  SOCléTÉ  ARCRéOLOGiQUE  ET  HISTORM^UE  DU  LIMOUSIN 

d'entrer  dans  la  magistrature;  il  lui  vantait  l'indépendance,  Tina- 
movibilité,  assurées  à  ses  membres,  et  lui  promettait  un  avance- 
cement  rapide.  Le  dernier  déboire  qu'il  venait  d'éprouver  le  décida 
et  il  accepta  de  débuter  dans  le  modeste  poste  de  juge  à  Wissem- 
bourg,  et  peu  de  temps  après  fut  nommé  en  avancement  juge  à 
Schlestadt. 

Là  encore  il  rendit  service  à  ses  amis.  Une  inscription  tombale 
dans  réglise  de  Sainte-Foy  consacrée  à  un  Monluc,  de  la  grande 
famille  du  maréchal  de  ce  nom,  faisait  le  désespoir  des  savants. 
Bosvieux  essaya  de  la  traduire  et  eut  à  cette  époque  une  corres- 
pondance suivie  avec  son  ami  M.  Magen. 

Mais  de  terribles  événements  se  préparaient.  Dans  sa  corres- 
pondance, il  avait  pressenti  les  préparatifs  de  nos  ennemis.  La 
ville  de  Scblesta(H  fut  une  des  premières  investie  après  la  déclara- 
tion de  guerre  de  1870.  Pendant  deux  longs  mois  la  ville  eut  à 
subir  un  terrible  bombardement.  L'on  s'imagine  aisément  quelles 
angoisses  dut  subir  le  malheureux  Bosvieux.  Voir  son  pays  accablé 
de  revers  comme  il  n'en  avait  jamais  éprouvé  ;  ses  chers  trésors 
bibliographiques  exposés  à  être  incendiés  par  le  feu  de  l'ennemi, 
il  ne  put  y  résister.  Cette  nature  profondément  bonne,  ouverte  à 
routes  les  impressions  devait  recevoir  un  coup  fatal.  Une  maladie 
de  cœur  dont  il  avait  les  germes  fit  pendant  le  siège  des  progrès 
considérables.  Aussitôt  la  ville  rendue,  octobre  1870,  Bosvieux 
comme  l'oiseau  blessé  regagna  son  cher  Limousin  et  vint  mourir 
à  Saint-Yrieix  le  31  mai  1871. 

L'on  peut  diviser  l'œuvre  laissée  par  Bosvieux  en  deux  parties 
bien  distinctes  :  l""  l'œuvre  imprimée  comprenant  les  trois  commu- 
nications faites  par  lui  à  notre  société  :  registres  dits  Consulaires 
de  la  ville  de  Saint-Yrieix;  des  extraits  du  Journal  historique  de 
Pierre  et  Pardoux  de  Jarrige;  les  bains  romains  d'Evaux. 

A  Guéret,  pendant  qu'il  était  archiviste  départemental  :  Le  pré- 
tendu Hôtel  des  comtes  de  la  Marche;  la  vie  de  saint  Geoffroy,  fon- 
dateur et  premier  abbé  duChalard;  enfin  deux  rapports  adressés 
au  Conseil  général  de  la  Creuse  en  1862-1863,  l'œuvre  assurément 
la  plus  parfaite  de  Bosvieux  et  qui  offrait  le  plus  de  difficullés. 

Nous  passons  sous  silence  une  plaquette  de  la  Bibliothèque 
Mazarine  dont  il  fut  simplement  l'éditeur  e(  non  l'auteur.  Nous 
omettons  également  quelques  appréciations  publiées  dans  le  jour- 
nal local  de  Saint-Yrieix  que  Bosvieux  regrettait  bien  d'avoir  faites, 
car  elles  ne  reposaient  que  sur  des  légendes  peu  dignes  de  foi. 


AUGUSTE   BOSVIEUX  203 

2®  Les  maDuscrits  légués  aax  Archives  départementales  de  la 
Haate-Vienne  sont  bien  autrement  importants.  Là,  sont  réunis  des 
travaux  considérables  sur  l'histoire  de  la  Marche,  du  Limousin  et 
de  sa  chère  ville  natale,  Saint-Yrieix. 

Ils  ont  été  déjà^onsullés  avec  fruit  par  M.  l'abbé  Lecler.  De  même 
dans  la  Géographie  du  testament  de  Saint-Yrieix,  qui  paraîtra  sous 
peu  dans  Tinlroduction  au  Cartulaire  deVigeois^  on  pourra  se  ren- 
dre compte  par  la  lecture  de  ce  document  à  quel  point  Bosvieux 
savait  creuser  une  question  et  ramener  à  bonne  tin.  Douze  noms 
de  lieux  mérovingiens  du  vi*  siècle  y  sont  savamment  identifiés,  alors 
que  des  érudits  de  la  capitale  avaient  souvent  erré,  et  que  ceux  de 
province  avaient  ignoré.  Bosvieux  d'une  plume  magistrale  met  tout 
au  point  et  éclaircil  tout. 

Dans  ses  trois  communications  insérées  à  notre  Bulletin  en 
1880  (1),  1882  et  1884,  Bosvieux  ne  se  révélait  pas  seulement, 
malgré  ses  vingt  ans  à  peine  comme  un  chercheur  heureux;  il  faisait 
pressentir  surtout  dans  la  troisième,  les  bains  romains  d'Evaux,  ce 
qu'il  devait  devenir  plus  tard.  En  eiTet  vers  1884  on  venait  de 
mettre  de  nouveau  à  jour,  à  Evaux  (Creuse),  d'antiques  thermes 
romains  abandonnés  depuis  des  siècles.  Bosvieux,  placé  à  ce  mo- 
ment à  peu  de  distance,  put  suivre  avec  un  vif  intérêt  les  recherches 
faites  à  ce  sujet. 

En  lisant  son  travail,  condensé  dans  six  pages  de  notre  Bul- 
letin (année  1884,  page  99S  à  231),  on  ne  peut  regretter  qu'une 
chose,  qu'il  soit  resté  si  peu  de  tout  ce  qui  avait  été  mis  au  jour 
par  les  nouvelles  fouilles. 

En  effet,  sauf  le  musée  de  Guéret  qui  en  a  recueilli  quelques 
débris,  il  reste  peu  de  traces  à  Evaux  des  thermes  antiques  décrits 
avec  soin  par  le  jeune  archiviste. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que  nous  avons  déjà  dit  de  la 
légende  si  accréditée  à  Guéret  du  prétendu  château  des  comtes  de 
la  Marche,  à  laquelle  Bosvieux  a  mis  fin  une  fois  pour  toutes.  La 
vie  de  saint  GeolTroy,  avec  sa  préface,  est  une  véritable  révé- 
lation d'un  épisode  de  la  première  Croisade.  Tout  le  discours 
du  pape  Urbain  II  est  rapporté  par  un  témoin  oculaire;  la  vie  de 
Pierre  Lebrun,  riche  négociant  de  Limoges,  si  fier  de  son  état  qu'il 


(1)  Nous  disons  année  1850-1851  au  plus  tard  et  non  1848,  comme  le 
le  porte  par  erreur  le  t.  III  du  Bulletin,  En  effet  cet  article  est  signé 
fièrement  par  Bosvieux,  élève  de  TEcole  des  chartes.  Or,  il  ne  Tétait 
pas  en  1848.  Il  ne  le  fut  que  deux  ans  après,  1850-1851. 


204  SOCléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

veut  être  enterré  sous  les  bancs  des  changeurs  (rue  des  Taules?), 
confirme  ce  que  nous  savions  déjà  sur  celte  bourgeoisie  de  Limoges, 
si  laborieuse,  si  riche  au  moyen  âge,  qui  avait  porté  dans  le  monde 
entier  la  renommée  du  nom  Limousin. 

Mais  rœuvre  la  plus  remarquable  de  Bosvieux«consiste  évidem* 
ment  dans  les  deux  rapports  faits  au  Conseil  général  de  la  Creuse 
pendant  les  années  1862  et  1863,  qui  résument  dix  ans  d'un  travail 
obstiné. 

Le  premier,  celui  de  1862,  est  consacré  à  l'élude  au  point  de  vue 
historique  de  la  composition  du  territoire  du  département  de  la 
Creuse.    . 

Après  avoir  donné  un  plan  à  suivre  pour  écrire  une  histoire  de 
cette  division  territoriale  il  examine  successivement  les  parties  qui 
ont  appartenu  aux  provinces  de  la  Marche,  de  la  Combraille, 
du  Poitou,  du  Limousin,  du  Franc-Alleu,  du  Bourbonnais,  du  Berry 
et  aussi  de  l'Auvergne. 

Il  s'occupe  ensuite  du  gouvernement  civil,  dans  lequel  il  fait 
entrer  les  Justices,  le  Présidial  et  la  Sénéchaussée  de  la  Haute- 
Marche,  les  Chàtellenies  et  les  Justices  royales  et  subalternes. 

Dans  la  môme  division,  il  aborde  les  juridictions  de  police,  à 
savoir  la  maréchaussée,  puis  les  juridictions  consulaires  et  enfin  la 
juridiction  financière,  maîtrise  des  eaux  et  forêts,  puis  les  élections. 

Son  rapport  se  termine  par  des  articles  consacrés  au  gouver- 
nement militaire,  au  gouvernement  ecclésiastique,  à  l'organisation 
féodale  et  en  dernier  lieu  aux  communes. 

A  ce  premier  rapport  sont  annexés  deux  très  importants  tableaux 
intitulés  le  premier  : 

«  Tableau  indicatif  des  anciennes  divisions  ecclésiastiques,  judi- 
ciaires et  administratives  auxquelles  appartiennent  les  différentes 
communes  du  déparlement  de  la  Creuse  ». 

Le  second  : 

«  Distribution  par  communes  des  établissements  religieux  qui  ont 
existé  sur  le  territoire  du  département  de  la  Creuse  ». 

Ce  premier  rapport  a  vingt-six  pages  in-folio. 

Le  premier  tableau  a  quatre  pages  in-folio. 

Le  deuxième  tableau  a  seize  pages  in-quarto. 

Le  second  rapport  (1863)  a  trente-cinq  pages;  il  traite  dans  une 
première  partie  des  principaux  ouvrages  imprimés  qui  doivent 
être  consultés  pour  Thisloire  de  la  Marche. 

Dans  la  seconde  partie  il  envisage  les  sources  pour  traiter  les 
différents  sujets  suivants  : 

Agriculture,  industrie,  langage,  coutumes,  événements  généraux, 


AUGU8TB    BOSVIBUX  âOo 

comtes  de  la  iMarche,  seigneurie  de  Combraille,  communautés 
municipales,  fiefs  et  familles,  archéologie,  hagiographie  et  bio* 
graphie. 


Correspondanoe  de  Bos vieux 

Le  style  c'estThomme  a-t-on  dit  souvent.  On  peut  le  dire  surtout 
du  style  épislolaire.  Les  lettres  qui  vont  suivre  font  bien  connaître 
Auguste  Bosvieux.  Il  nous  apparait  dans  sa  simplicité,  son  amour 
pour  sa  petite  patrie,  sa  terre  natale.  Sa  première  lettre  est  de  1886, 
alors  qu*il  venait  de  finir  son  droit  et  de  passer  sa  thèse  de 
licencié  (1). 

Voici  à  quelle  occasion  nous  entrâmes  en  relations  avec  lui. 

Je  savais  par  Maurice  Ardant,  alors  archiviste  de  la  Haute- 
Vienne,  qu'un  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes,  actuellement 
archiviste  de  la  Creuse,  cherchait  à  se  procurer  tous  les  documents 
relatifs  à  Thistoire  da  Limousin  en  général,  de  sa  ville  natale 
Saint-Yrieix  en  particulier. 

J'avais  découvert  dans  les  archives  du  marquis  de  Permangle» 
Chouly  de  son  nom  patronymique  (Fune  des  plus  anciennes  famil- 
les de  Saint- Yrieix),  une  pièce  très  curieuse.  C'était  le  procès-verbal 
complet  de  l'élection  faite  en  1865  par  les  habitants  de  Saint- 
Yrieix  d'un  maire  et  de  quatre  échevins.  Cette  élection  ne  s'était 
pas  accomplie  sans  soulever  de  graves  difficultés. 

La  ville  de  Saint- Yrieix,  en  effet,  était  placée  sous  le  pouvoir 
temporel  et  spirituel  du  chapitre  de  cette  ville.  Evidemment,  le 
doyen  et  les  chanoines  n'avaient  pas  l'autorité  suffisante  pour 
maintenir  Tordre  dans  ces  temps  si  troublés.  Dès  1862,  Yrieix  de 
Gentils,  appartenant  à  l'ancienne  famille  des  seigneurs  de  ce  nom» 
autrefois  chanoine  du  chapitre,  s'était  fait  ministre  de  la  nouvelle 
religion. 

Le  journal  de  Pierre  de  Jarrige,  publié  en  1868,  donne  à  ce  sujet 
les  détails  les  plus  intéressants  (2).  Il  y  avait  donc  urgence  à  mettre 


(1)  Bosvieux  passa  sa  thèse  de  licencié  en  droit  au  mois  d'avril  1856. 
Nous  avons  sa  thèse  imprimée  sous  les  yeux. 

(2)  Nota,  que  le  douze  d'aoust  1562,  ceulx  de  la  Religion  nouvelle 
firent  la  Cène,  en  la  dite  ville,  en  la  maison  auparavant  faicte  et  fut 
administrée  par  M*'  Yrieix  Gentils,  ministre  de  la  dite  religion;  lequel 
>ivait  été  curé  et  chanoine  de  Saint-Sulpice.  (Journal  de  Pierre  et  Par^ 
doux  de  Jarrige.  —  Angoulême,  1868,  pp.  4  et  6.) 


206  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

fln  à  un  semblable  état  de  choses  constaté  par  les  lettres  da 
roi  Charles  IX»  en  date  du  10  octobre  1568.  Certes,  les  registres 
dits  consulaires  cités  par  Bosvieux  sont  fort  intéressants,  mais  ils 
sontloin  de  Tétre  autant  et  surtout  aussi  complets  que  le  papier 
journal  de  Pardoux  Roch,  greffier  de  la  cour  royale  du  commun 
pariage  de  Saint- Yrieix,  qui  rend  compte  de  la  façon  la  plus  dé- 
taillée de  tous  les  incidents  survenus  avant  cette  élection,  énon- 
çant les  noms,  prénoms,  professions  et  qualités  de  plus  de  deux 
cents  familles  ayant  pris  part  à  ces  événements. 

Je  pris  la  copie  textuelle  de  ce  long  procès-verbal,  offrant  tontes 
les  marques  de  l'authenticité  la  plus  absolue.  (Elle  est  revêtue  d*ua 
vidimus  du  notaire  Thouron,  faite  à  la  requête  de  Chouly  Perman- 
gle,  en  date  du  1"  juin  1665.)  Je  m*empressai  de  l'offrir  à  H.  Bos- 
vieux, dont  je  connaissais  la  compétence  pour  ces  sortes  de  docu- 
ments. 

Ce  fut  à  cet  offre  qu'il  répondit  par  la  lettre  longue  et  détaillée 
qui  va  suivre.  Je  n'y  ajouterai  aucun  commentaire.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'est  que  la  même  pièce  très  écourtée,  qui  se  voit  encore 
dans  les  archives  de  la  Haute-Vienne,  ne  porte  pas  la  longue  énn- 
Biération  de  tous  les  habitants  notables  de  Saint- Yrieix.  Notre  copie 
était  donc  d'un  tout  autre  intérêt  et  méritait  bien  d'être  in  extenso 
publiée  au  Bulletin  : 

f  Guérei,  20  septembre  1856. 

»  Monsieur, 

»  J'accepte  avec  empressement  les  offres  de  collaboration  que 
vous  voulez  bien  me  faire  et  si  je  ne  vous  ai  pas  écrit  plus  têt  pour 
vous  remercier,  c'est  que  les  nombreuses  occupations  que  j'ai  trou- 
vées ici,  après  une  longue  absence,  ne  m'ont  laissé  jusqu'à  présent 
aucun  instant. 

»  Que  n'avez-vous  pas  eu  plus  têt.  Monsieur,  la  bonne  pensée  de 
m'écrire,  j'aurais  eu  le  plaisir  de  faire  votre  connaissance,  car  deux 
jours  avant  l'arrivée  de  votre  lettre,  j'étais  encore  à  Saint-Yrieix  et 
il  m'eût  été  facile  alors  de  me  trouver  au  rendez-vous  que  vous 
m'auriez  indiqué,  tandis  que  maintenant,  il  m'est  tout  à  fait  impos- 
sible de  m'absenler. 

»  J'espère,  du  reste,  que  ce  ne  sera  que  plaisir  remis  et  à  bien- 
têt  s'il  ne  dépend  que  de  moi. 

»  Puisque  vous  habitez  Paris,  ayez  la  bonté  de  me  donner  votre 
adresse  quoique  je  n^aie  plus  la  perspective  d'y  faire  des  voyages 
aussi  fréquents  que  par  le  passé,  car  je  n'ai  plus  la  raison  de  mon 
droit  que  j'ai  terminé  le  mois  dernier.  Je  compte  bien  cependant 


AUGUSTE   BOSVIEUX  207 

obtenir  de  temps  ea  temps  quelques  permissions  de  mon  préfet 
pour  aller  chercher  les  renseignements  qu'on  ne  trouve  que  là  et 
soyez  assuré,  Monsieur,  que  ma  première  visite  sera  pour  vous. 

»  Gomme  tous  Ta  dit  H.  Ardant,  je  m'occupe  beaucoup  de  l'his- 
toire de  Saint- Yrieix,  mais  ce  n'est  ni  par  passe-temps  ni  par 
vanité  de  me  faire  imprimer,  c'est  par  un  fanatisme  de  clocher 
poussé  aux  dernières  limites.  Aussi,  suis-je  prêt  à  partager  mon 
travail  avec  quiconque  voudra  apporter  sa  part  de  recherches  et 
de  matériaux,  et  ne  me  déciderais  à  le  publier  que  lorsque  je 
n'espérerais  plus  rien  découvrir  qui  puisse  le  compléter  encore. 
C'est  vous  dire  que  je  ne  sais  nullement  quand  mon  histoire  verra 
te  jour.  Il  y  a  quelques  années,  j'avais  commencé  à  publier  dans  le 
petit  journal  de  Saint-Yrieix  quelques  chapitres  composés  sur  les 
notes  que  j'avais  recueillies  jusque-là.  Mais  j  ai  reconnu  depuis  que 
les  documents  sur  lesquels  j'avais  travaillé  étaient  trop  incomplets 
et  je  m'en  suis  tenu  à  ce  premier  essai  ;  quoique  J'aie  déjà  rassem- 
blé  un  grand  nombre  de  renseignements,  ils  sont  loin  d'être  suffi* 
sants.  Les  archives  du  Chapitre  ayant  été  brûlées  lors  des  guerres 
de  Religion,  peu  de  documents  ont  été  conservés,  et  ceux-ci  je  les 
ai  en  partie.  La  préfecture  de  Limoges  ne  possède  presque  aucun 
titre  relatif  à  Saint-Yrieix. 

»  II  ne  me  reste  de  chance  d'en  trouver  qu'à  Tours  (parce  que 
le  Chapitre  de  Saint-Yrieix  dépendait  de  Saint-Martin)  ou  à  Pau, 
parmi  les  papiers  du  royaume  de  Navarre.  Dans  ce  dernier  dépôt, 
les  titres  relatifs  au  Limousin,  particulièrement  à  Saint-Yrieix  et  à 
Nontron,  sont  nombreux,  mais  Tordre  n'y  ayant  pas  encore  été  éta- 
bli, il  est  difficile  d'en  avoir  communication.  Du  reste,  j'ai  formé  le 
projet  d'aller  me  renseigner  en  personne  et  dès  que  le  classement 
sera  terminé,  j'irai  y  recueillir  une  abondante  moisson  de  notes. 

»  Je  ne  vous  parle  pas  des  collections  de  Paris,  des  Archives  et 
de  la  Bibliothèque  impériales,  ce  sont  là  les  mines  les  plus  riches, 
mais  aussi  les  plus  difficiles  à  fouiller.  Combien  je  vous  aurais 
d'obligation,  si  vous  voulez  avoir  le  courage  de  .vous  hasarder 
daDS  ce  dédale  inextricable. 

»  Les  manuscrits  concernant  l'histoire  du  Limousin  ne  sont  pas 
rares,  mais  ils  ne  contiennent  presque  aucun  renseignement  sur 
Saint-Yrieix.  Dom  Estiennot,  dans  ses  antiquités  de  l'ordre  de 
Saint-Benoit,  consacre  un  article  au  Chapitre  de  Saint-Yrieix,  mais 
ces  notes  peu  substantielles  d'ailleurs,  ont  été  reproduites  dans  le 
Gallia  Christiana.  Il  en  est  de  même  de  la  transactiou  de  1305 
entre  le  roi  Philippe-le-Bel  et  le  Chapitre  au  sujet  de  la  justice. 
Elle  a  été  éditée  dans  le  Recueil  des  ordonnances  des  rois  de 
France. 


208  sociirÉ  archéologique  et  hibtohiqub  du  limousin 

»  Ce  document  est  un  des  plus  intéressants  sans  contredit  pour 
rhistoire  de  noire  ville. 

»  Cest  aussi  le  seul  rapporté  par  Doro  Col  qui  concerne  Saint- 
Yrieix.  Je  connais  à  fond  cette  collection  et  je  n'en  ai  pas  rencontré 
d'autres. 

»  En  revanche  elle  contient  des  documents  sur  le  reste  du  Li- 
mousin du  plus  haut  intérêt. 

»  Le  procès-verbal  de  Malvergne,  du  16  octobre  1665,  que  vous 
m'offrez  est  très  curieux,  mais  je  vous  en  remercie.  Je  possède 
l'original  qui  se  trouve  sur  le  registre  de  l'ancienne  mairie  de 
Saint-Yrieix,  après  les  lettres  royales  de  création  que  j'ai  publiées 
dans  le  tome  III  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin, 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  prise  de  possession  du  9  mars 
1589,  que  je  vous  serais  très  reconnaissant  de  me  communiquer. 

»  Quant  à  la  publication  des  Mémoires  de  Pierre  et  de  Pardoux 
de  Jamge,  sur  laquelle  vous  me  demandez  mon  avis,  je  vous 
dirai  que  j'avais  songé  à  en  enrichir  le  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique, mais  deux  raisons  m'en  ont  empêché;  la  première  c'est 
que  ma  copie  avait  été  prise  sur  une  autre  copie  et  que  n'ayant  pu 
la  collationner  sur  l'original,  je  craignais  qu'elle  ne  fut  pas  assez 
exacte.  La  seconde  c'est  que  je  réservais  ces  mémoires  pour  les 
pièces  justificatives  de  mon  histoire  de  Saint-Yrieix.  Puisque 
M.  de  La  Borderie  vous  a  confié  le  manuscrit  original,  conservez-le, 
je  vous  en  prie,  le  plus  longtemps  possible  et  lorsque  j'aurai  le 
plaisir  de  vous  voir  je  m'en  servirai  pour  rectifier  ma  copie. 

»  Je  crois  d'ailleurs  avoir  publié  dans  le  Bulletin  toute  la  partie 
qui  est  d'un  intérêt  général  pour  l'histoire  de  la  province  ;  le  reste 
serait  mieux  à  sa  place  à  la  fin  d'un  ouvrage  sur  Saint-Yrieix.  Ce 
serait  l'occasion  de  deux  articles  biographiques  intéressants  s*ils 
étaient  suivis  de  ces  notes  et  plus  curieux  s'ils  étaient  réunis  en  un 
seul. 

»  Quelle  bonne  fortune  aussi  pour  notre  histoire  de  pouvoir  y 
joindre  le  manuscrit  de  Pardoux  Roch.  Jusqu'ici  je  n'en  connaissais 
pas  l'existence.  Je  crois  qu'où  il  y  a  le  plus  de  découvertes  à  faire 
c'est  dans  les  papiers  des  familles  de  Saint- Yrieix,  du  moins  des 
familles  importantes,  (elles  que  celles  des  Ghouly,  des  Jarrige,  des 
Gentils,  des  Du  Carreau,  qui  doivent  se  trouver  au  cabinet  des 
titres  à  la  Bibliothèque  impériale.  Je  n'ai  pas  encore  consulté  ces 
collections,  mais  je  me  promettais  bien  de  les  étudier  à  mon  pro- 
chain voyage.  Du  reste  puisque  vous  les  avez  eues  sous  les  yeux, 
vous  savez  bien  mieux  que  moi  à  quoi  vous  en  tenir  à  cet  égard  et 
je  vous  serais  très  obligé  si  vous  vouliez  me  faire  part  de  vos  ren« 
seignements. 


ACGCâtÊ    BOSVIECX  â09 

»  Qaels  quils  soient,  Us  me  seront  utiles;  car  mon  plan  est  le 
plus  étendu  possible.  Il  comprend  Tbistoire  proprement  dite  de 
Saint-Yrieix,  celle  de  ses  monuments,  de  ses  personnages  célèbres 
et  de  ses  familles  importantes;  subsidiairement,  j'y  ajouterai  Tbis- 
toire  des  autres  localités  de  Tarrondissement,  toujours  sur  le  même 
plan.  Il  y  aura  donc  place  pour  toutes  les  notes. 

»  Une  autre  fois,  je  vous  donnerai  un  aperçu  des  renseignements 
que  je  possède  déjà  et  je  n'en  serai  bien  sâr  que  si  vous  vouliez  me 
permettre  de  vous  considérer  déjà  comme  associé  à  mon  travail. 
S'il  en  était  ainsi  je  vous  prierais  de  m'indiquer  quelles  sont  les 
notes  que  vous  avez  entre  les  mains  afin  que  je  ne  dirige  pas  mes 
rechercbes  de  ce  côté.  Mais  je  dois  vous  prévenir  d'avance  que  je 
vous  donnerai  peut-être  un  troisième  collaborateur,  si  toutefois  il 
ne  veut  pas  garder  pour  lui  seul  l'honneur  de  son  entreprise.  C'est 
un  avocat  de  Saint-Yrieix,  M.  F.-R.  du  Garreau  qui  a  devers  lui  des 
documents  très  curieux  et  que  je  ne  pourrai  probablement  me 
procurer  qu'à  cette  condition. 

»  Voyez,  Monsieur,  si  ma  proposition  vous  convient,  pour  moi  je 
le  désire  sincèrement. 

»  Avant  de  terminer  ma  lettre,  permettez-moi  une  rectification 
qui  vous  intéresse  puisque  vous  appartenez  par  votre  mère  à  la 
famille  des  Jarrige.  Les  armes  de  votre  cachet  ne  sont  pas  je  crois 
très  exactes,  il  y  manque  deux  palmes  d'argent  à  chaque  côté  du 
chevron.  Ces  palmes  se  retrouvent  au  château  de  Montluc  qui 
appartenait  aux  Jarrige  et  sur  un  plan  de  la  ville  de  Limoges 
dressé  par  Jouvin  de  Rochefort  et  dédié  aux  présidents  trésoriers 
de  France,  généraux  des  finances,  grands-voyers  de  la  généralité 
de  Limoges,  dont  Paul  de  Jarrige  était  au  commencement  dii 
XVIII*  siècle,  je  crois.  Je  ne  pense  pas  que  la  branche  des  Biards 
ait  rien  changé  aux  armoiries  de  la  famille.  Les  La  Morelie  les 
portaient  telles  que  je  vous  les  ai  décrites.  Paul  de  Jarrige  lui- 
même  était  seigneur  de  La  Morelie  (1). 

(1)  Bosvieux  ignorait  des  détails  particuliers  à  cette  famille.  Les 
Jarrige  de  Lamorelie  ont  formé  plusieurs  branches  :  Tainée  fondue  dans 
la  maison  de  Lasteyrie  du  Saillant  ;  la  seconde,  seigneurs  de  Puyredon; 
la  troisième,  seigneurs  des  Biards,  qui  a  subsisté  jusqu'en  1850.  Les 
derniers  représentants  de  celte  branche  ont  été  :  le  chevalier  de  Lamo- 
relie des  Biards,  lieutenant  de  vaisseau  de  la  marine  royale,  échappé  de 
Quiberon,  grièvement  blessé,  et  son  neveu,  le  marquis  de  Lamorelie, 
ancien  préfet  dWlcnçon  et  de  Moulins  sous  la  Restauration.  La  bran- 
che des  seigneurs  des  Biards  (paroisse  de  Glandon,  près  Saint- Yrieix) 
pour  se  distinguer  des  autres  branches,  avait  supprimé  les  palmes. 
On  voit  encore  au  château  des  Biards,  sur  la  porte  des  écuries,  un 
vieux  blason  supporté  par  deux  anges.  Les  palmes  n'y  figurent  pas. 


âiO  SOClèrè  ARCHEOLOOIQÛE  ET  HtàTORiQUB  Dl)  LlBlOOSlN 

»  Pardonne/.n^i,    Moasiear,    moa   verbiage,   on  sW  expose 

lorsque  Ton  me  fa)l  parler  de  Saiol'-Yrieix. 

»  Recevez,  Monsieur,  rassunrnce  de  mes  sentiments  les  plus 

dévoués  ». 

A.  BosviEux. 

Quelques- dnnées  plus  tard,  en  1868,  nous  lui  fîmes  part  de  noire 
jolenlion  de  publier  le  journal  de  Pierre  et  Pardoux  de  Jarrigo, 
vtguters  de  la  ville  de  Sainl-Yrielx  (1560-1590). 

Tout  autre  que  Bosvieux  eut  certainement  éprouvé  quelque 
désappointement  de  voir  un  profane  se  permettre  de  marcher  sur 
ses  brisées  et  lui  enlever  Tespoir  qu*il  avaH  toujours  nourri  de 
pubirerh»H»éme  ce  doewneirt  curieux  aux  pièces  jusliHcatives  de 
rhisloire  de  sa  ville  natale  (1). 

Il  n^en  fut  rien,  au  contraire,  Bosvieux  m*encouragea  dans  ce 
travail  et  me  donna  ses  sages  conseils. 

Il  terminait  une  de  ses  lettres  par  ce  fost  scriptum  : 

«  Il  va  sans  dire  que  je  n*ai  pas  la  prétention  de  figurer  comme 
éditeur  ni  môme  comme  annotateur,  dans  la  publication  du  journal 
d'Antoine  de  Jarrige,  au  cas  où  vous  joindriez  cette  petite  chroni- 
que à  celle  dont  elle  est  le  complément  (3).  Je  suis  encore  plus 
Limousin  qu'archéologue  et  je  tiens  infiniment  plus  à  ce  quon 
parle  de  mon  pays  que  de  moi.  » 

Tout  Bosvieux  est  la  !  quelle  leçon  pour  certains  auteurs,  ^ont  la 
réclame  à  outrance  est  le  principal,  Tunique  mérite. 

Quelque  temps  avant  de  recevoir  cette  lettre,  j'avais  proposé  à 
Bosvieux  de  publier  en  son  nom  personnel  le  journal  d'Antoine  de 
Jarrige,  neveu  ou  fils  de  Pierre  et  Pardoux. 

(lomme  on  le  voit,  il  se  désintéressait  complètement  et  nç  vou- 
lait même  pas  figurer  comme  annotateur.  Du  reste,  longtemps 
après  (en  1880],  j'ai  eu  en  main  la  communication  de  c0ie  pièce 
qui  était  loin  d'ofTrir  le  même  intérêt  que  celle  de  ses;  prédéces- 
seurs et  je  dus  renoncer  à  en  faire  la  suite  du  jourMi  historique 
des  viguiers  de  Saint-Yrieix. 

Nous  allons  maintenant  donner  quelques  extraits  des  lettres  de 
Bosvieux  à  son  ami  Magen.  Il  avait  visité  l'Espagne  et  successive- 
ment parcouru  les  villes  de  Burgos,  Avila,  Tolède,  Simancas,  Val- 
ladolid  : 


(1)  Et  cela  eut  été  d^autant  plus  naturel  qu^il  avait  le  premier  signalé, 
dans  notre  Bulletin,  le  manuscrit  original. 

(2)  C'est-à-dire  faisant  la  suite  du  journal  de  Pierre  et  Pardoux. 


AUGUSTE    DÔàVtBClt  âl) 

«  À  Burgos,  j'élais  gelé  et  j'aurais  maudit,  de  tout  mon  cœur,  le 
printemps  éternel  de  TEspagoe  si  j'avais  eu  le  temps  de  songer  aux 
Séguidilles  d'Alfred  de  Musset  et  G^^  Mais  j'avais  la  cathédrale  à 
visiter,  et  au  milieu  de  ce  trésor,  j'oubliais  complètement  le  froid 
el  la  pluie.  J'ai  passé  Irois  jours  entiers  et  une  soirée  à  Burgos  : 
il  m*aurait  fallu  deux  mois  pour  tout  voir.  Mais  que  de  richesses 
j'ai  entrevues  !  Soixante  tombeaux  au  moins  dans  la  cathédrale; 
un  calvaire  en  lave,  en  marbre  dllalie,  en  bronze,  en  cuivre 
repoussé  et  émaillé  {optis  Lemovicense  ttî).  Des  inscriptions  à  tous 
les  pas;  des  tableaux  de  maîtres  dans  tous  les  coins  :  allemands, 
flamands,  italiens,  espagnols  ;  des  merveilles  de  serrurerie,  des 
forêts  de  bois  sculpté. 

y>  On  se  perd  dans  tons  ces  détails  qui  sont  charmants  et  on 
n'éprouve  nullement  le  besoin  de  reconstituer  l'ensemble  et  l'unilé 
de  i'édi&ce  qui  disparaît  sous  le  fouillis  des  rélables,  des  grilles, 
des  tentures  et  des  boiseries.  J'ai  rempli  un  carnet  de  notes  et  j'ai 
à  peine  étudié  une  rangée  de  stalles.  La  table  qui  se  relève,  la 
partie  sur  laquelle  on  s'asseoit  est  décorée  de  marqueteries  incroya- 
bles. On  dirait  une  ciselure  sur  cuivre,  avec  nielles  et  hachures. 
C'est  dans  ces  sujets  que  l'artiste  a  déployé  toute  sa  verve.  Il  y  a 
des  caricatures  qu'on  dirait  d'aujourdhui  ;  il  est  vrai  que  tout  cela 
date  du  xv!""  siècle.  » 

A  Avila,  c'est  une  autre  gamme  I  nous  sommes  dans  la  patrie  de 
sainte  Thérèse.  Bosvieux  s'attendait  à  trouver  une  sainte  extatique, 
diaphane,  toute  en  Dieu  ;  aussi  quel  n'est  pas  son  étonnement  en 
voyant  son  portrait  «  qui  vous  désillusionne  agréablement  du  reste 
On  s'attend  à  rencontrer  un  corps  maigre,  une  face  anémique  ;  la 
sculpture  et  la  peinture  vous  montrent,  au  contraire,  un  visage 
grassouillet,  à  peine  pâle,  avec  quelques  traces  de  bistre  nulle- 
ment effrayantes  »  (1).  Les  accessoires  des  tableaux  sont  chargés  de 
vous  révéler  les  étranges  exaltations  de  la  sainte  que  ses  portraits 
ne  font  pas  soupçonner.  Là,  c'est  Jésus-Christ  qui  lui  souffle  dans 
la  bouche  l'esprit  divin  au  moyen  d'une  longue  sarbacane  ;  ailleurs, 
des  anges  qui  .lui  écartent  les  bras  pendant  qu'un  amour  ailé  vient 
lui  percer  le  cœur  d'une  flèche,  etc.,  etc.  ». 


(1)  Il  a  été  publié  dans  le  Correspondant,  il  y  a  quelques  années,  une 
étude  sur  sainte  Thérèse,  qui  confirme  pleinement  le  jugement  de  Bos- 
vieux. Cette  étude  du  comte  de  Meaux  fait  connaître  la  grande  sainte 
sous  un  nouvel  aspect.  Héglant  les  questions  les  plus  pratiques  pour 
rétablissement  de  ses  nombreux  couvents  ;  s'occupant  du  mariage  de 
sa  sœur;  donnant  de  sages  conseils  au  roi  Philippe  H,  qui  ne  craignait 
pas  de  la  consulter  et  de  suivre  ses  avis. 


ti'Z  SOCIETE  ARCtIKOLOGiQCE  ET    HISTORIQUE  DV  LIMOUSIN 

Mais  Tolède,  ranlique  capitale  de  la  vieille  Gastille,  a  loiiles  les 
préférences  de  Bosvieax  ;  qu'on  en  juge  : 

«  Lorsqu'on  ne  peut  pas  visiter  loute  l'Espagne,  c'est  Tolède 
qu'il  faut  voir,  parce  qu'on  trouve  réuni  là  tout  ce  qui  est  dissé- 
miné dans  les  différentes  régions  du  royaume  :  le  site  le  plus  pitto- 
resque, l'aspect  le  mieux  conservé  des  vieilles  villes  espagnoles  et 
les  souvenirs  de  toutes  les  civilisations  qui  se  sont  succédé  dans 
ce  beau  pays.  Ruines  romaines,  vrisigothiques,  synagogues,  mos- 
quées, cathédrales  chrétiennes,  palais  de  la  Renaissance,  rien  n'y 
manque.  Â  côté  de  l'Alcazar,  qui  est  bien  le  monument  le  plus 
imposant  qu'ait  produit  le  xvi«  siècle,  on  a  à  admirer  encore  l'im- 
mense cathédrale,  avec  ses  sept  cent  cinquante  fenêtres,  toutes 
garnies  de  leurs  vitraux,  son  peuple  de  statues,  sa  forêt  de  bois 
sculptés,  ses  trésors  dont  une  snule  pièce,  le  manteau  de  la  Vierge 
de  Sagrario,  renferme  pour  plus  de  quatorze  millions  de  diamants, 
de  rubis,  de  saphirs,  de  perles  et  autres  joyaux.  L'église  de  San- 
Juan-de-Los-Reges,  avec  son  cloître,  le  bijou  le  plus  fouillé  du 
gothique  fleuri,  autour  duquel  se  déroulent  les  chaînes  de  fer  des 
captifs  chrétiens  enlevées  par  les  rois  catholiques,  Ferdinand  et 
Isabelle,  à  l'émir  de  Grenade  Boabdil,  etc.,  etc 

»  A  Tolède,  j'ai  éprouvé  la  plus  vive  émotion  archéologique  que 
j'ai  ressentie  dans  tout  mon  voyage.  Quelle  ville  unique  au  monde: 
il  est  impossible  de  faire  un  pais  sans  se  heurter  à  quelques  mer- 
veilles; toutes  les  portes  sont  des  chefs-d'œuvres  de  serrurerie. 
Quels  clous,  quelles  serrures,  quels  marteaux  I  chacun  est  un  objet 
d'art.  Des  clous,  gros  comme  des  têtes  d'enfants,  forgés  en  forme 
de  casque,  bordés  de  bandes  de  fer  sculpté  en  roses,  en  étoiles. 
Il  y  aurait  de  quoi  faire  un  splendide  musée  rien  qu'avec  celte 
ferraille.  J'aurais  bien  voulu  en  rapporter  une  collection  ;  mais 
impossible  I  Les  Tolédins,  qui  vendraient  bien  leur  porte,  n'en 
veulent  pas  arracher  un  seul  clou  ». 

Nous  voici  maintenant  à  TEscarial,  ce  sombre  tombeau  des  rois 
d'Espagne.  «  J'arrivais,  prévenu  par  la  description  qu'en  donne 
Th.  Gautier  et  je  l'avoue  d'avance,  je  regrettais  la  journée  que 
j'allais  dépenser  à  visiter  cet  immense  sépulcre.  Le  temps  était 
froid,  pluvieux,  je  m'étais  levé  matin,  je  grelottais,  j'étais  fort  mal 
à  Taise  :  tout  cela  me  disposait  fort  peu  à  l'admiration  et  un  pre- 
mier coup  d'œil  jeté  sur  l'espèce  de  caserne,  nue,  sans  ornement, 
aux  mille  fenêtres  basses  et  étroites,  placée  au  fond  d'un  enton- 
noir, qu'une  ceinture  de  montagnes  arides  entoure  de  tout  côtés, 
ce  premier  coup  d'oeil,  dis-je,  me  séduisit  très  médiocrement. 
Mais  lorsque  j'eus  erré  pendant  cinq  ou  six  heures  dans  ce  laby- 
rinthe de  couloirs,  d'escaliers,  de  cellules,  dans  celle  demeure  de 


ÀUiQUST£  BOSVkËOX  2f3 

moines,  à  laquelle  vient  se  sonder,  comme  un  appendice  insigni- 
Qanl,  un  palais  qui,  isolé  et  loin  de  ce  colosse  d'architecture,  se 
présenterait  avec  des  proportions  très  imposantes  ;  lorsque  j'eus 
compris  enfin  TEscurial,  je  m'expliquai  Tadmiration  des  Espagnols 
qui  en  font  la  huitième  merveille  du  monde. 

»  Tout  cela  est  triste,  froid,  sans  vie  ;  mais  Témolion  qu'on  en 
rapporte  n'en  est  pas  moins  très  vive  et  très  empoignante.  Celte 
visite  à  TEscurial  m'a  mieux  fait  connaître  Philippe  II,  que  tout  ce 
que  j'en  avais  lu  dans  l'histoire.  Ce  monument  est  le  rêve  réalisé 
d'un  moine  fanatique,  misanthrope  et  tout  puissant  :  c'est  avant 
tout  un  tombeau,  mais  un  tombeau  royal  qui  devait  concentrer 
autour  de  lui  une  armée  de  prêtres  et  prouver  en  même  temps  par 
quelque  hors-d'œuvres  somptueux  qu'il  aurait  pu  être  un  palais... 

»  Le  palais  est  tendu  de  magnifiques  tapisseries  des  Flandres  et 
d'Espagne,  ces  dernières  d'après  des  dessins  de  Goya,  charmants 
comme  tout  ce  qu'a  fait  ce  maître.  Il  y  a  bien  quelques  tapisseries 
des  Gobelins,  mais  peu  remarquables.  Elles  représentent,  dit  le 
guide,  des  scènes  des  Aventures  de  Télémagm,  d'après  des  dessins 
de  Rubens.  Il  est  vrai  que  le  même  guide  montre  aux  visiteurs  une 
médiocre  copie  du  beau  portrait  A'Hortense  Mancini,  qu'il  y  a  dans 
le  salon  de  la  préfecture  d'Agen,  comme  un  portrait  de  M""*  de 
Pompadour  I  » 

Hais  le  plus  piquant  du  voyage  de  Bosvieux  fut  certainement  sa 
visite  aux  célèbres  archives  de  Simancas.  Alors  que  la  monarchie 
espagnole  dominait  le  monde  entier,  ce  dépôt  renfermait  les  plus 
riches  documents.  L'accès  en  a  été  toujours  très  diflScile,  aussi 
Bosvieux  s'était-il  muni  d'une  autorisation  ministérielle,  mais  il  ne 
se  doutait  pas,  il  ne  pouvait  se  douter  à  quel  personnage  il  allait 
avoir  à  faire.  Certes  le  pays  de  Cervantes  et  de  Don  Quichotte  nous 
a  souvent  causé  bien  des  surprises,  mais  qui  pouvait  s'attendre  au 
spectacle,  auquel  nous  fait  assister  Bosvieux.  «  Simancas  est  à 
dix  Icilomètres  de  Valladolid,  par  une  fort  belle  route,  qui  traverse 
ta  campagne  la  plus  peuplée  et  la  mieux  cultivée  que  j'aie  vue  en 
Espagne.  Quand  j'arrivai,  vers  neuf  heures  du  malin,  le  senor 
Goozalès,  archiviste  général  de  l'Espagne,  n'était  pas  encore  à  son 
bureau  où  travaiiiaieol  une  dizaine  d'employés.  L'huissier  me 
mena  à  la  recherche  de  mon  illustre  collègue.  Comme  nous  appro- 
chions de  sa  maison,  je  vis  passer  un  monsieur  à  cheval,  en  bottes 
fortes,  drapé  jusqu'au  nez  dans  son  manteau  (le  30  mai),  sous  lequel 
il  me  semblait  entrevoir  le  bout  d'une  rapière  démesurée.  Dans  un 
bois,  je  me  serais  signé  à  cette  rencontre.  Quelle  ne  fut  donc  pas 
ma  surprise,  quand  mon  guide  me  présenta  à  ce  personnage  de 
mauvaise  mine. 

T.  LV  14 


214  SOCléré  ARGHéOLOGIQUB  fiT  HISTOIUOCB  DÛ  LIMOUSIN 

«  C'était  le  seigneur  Gonzalës  qui  se  rendait  dans  cet  accoutre- 
ment de  voyageur  russe,  partant  pour  la  foire  de  Nijni-Novogorod, 
à  ses  archives  situées  à  deux  cents  pas  tout  au  plus  de  sa  maison. 
Il  est  vrai  qu*tl  *«st  beaucoup  vieux  à  ce  qu'il  me  dit,  ce  que  je 
n'aurais  pas  deviné,  à  sa  manière  leste  de  sauter  de  cheval  et  de 
parcourir,  toujours  dans  sesl)Oties  de  sept  lieues,  les  quarante-six 
petites  salles  qui  forment  son  domaine  ». 

Le  terrible  archiviste  ne  fut  pas  d'ailleurs  très  généreux  pour 
son  collègue  limousin.  Il  ne  lui  permit  qu'un  examen  très  super- 
ficiel, prétendant  qu'il  fallait  Orden  Real,  ordre  du  Roi,  pour  con- 
sulter les  manuscrits  confiés  à  sa  garde. 

Heureusement,  il  devait  trouver  quelques  compensations  aux 
Archives  départementales  des  Basses-Pyrénées.  Elles  se  trouvaient 
sur  son  chemin  en  revenant  d'Espagne  en  France  et  il  ne  manqua 
pas  de  s'y  arrêter,  sachant  quelles  richesses  elles  offraient  pour 
l'histoire  du  Limousin.  Là,  pendant  plus  d'un  mois,  Bosvieux  put 
glaner  à  foison  des  documents  inédits  sur  sa  chère  province. 

Malheureusement,  l'inventaire  terminé  plus  tard  par  le  savant 
archiviste  de  Pau,  M.  Raymond,  était  à  peine  commencé  et  ce  ne 
fut  qu'avec  de  grandes  difficultés  qu'il  butina  à  pleines  mains  dans 
cet  immense  capharnaum,  concernant  toutes  les  provinces  ayant 
autrefois  appartenu  aux  maisons  de  Navarre,  de  Foix  et  d'Albret. 
La  moisson  fut  abondante  cependant,  tant  Bosvieux  savait  tirer 
parti  des  moindres  détails,  des  plus  petites  circonstances  pour 
augmenter  son  bagage  historique. 

Bosvieux  rentra  donc  à  Âgen  chargé  de  documents  précieux 
qu'il  s'empressa  de  consigner  dans  des  notes  manuscrites,  qui  sont 
aujourd'hui  aux  Archives  de  la  Haute- Vienne. 

Mais  revenons  à  Bosvieux  et  à  sa  nomination  comme  juge  à 
Wissembourg,  au  fond  de  l'Alsace,  à  la  fin  du  mois  de  décembre 
de  l'année  1866. 

A  peine  installé  dans  ses  nouvelles  fonctions,  il  apprenait  la  mort 
de  Maurice  Ardant,  archiviste  de  Limoges  ! 

Quels  ne  furent  pas  ses  regrets  I  car^  on  peut  l'affirmer  sans 
crainte,  le  désir  d'occuper  ce  poàte  avait  été  l'unique  ambition  de 
toute  sa  vie  I 

Son  protecteur,  il  est  vrai,  ne  tarda  pas  à  lui  donner  une  com- 
pensation. Il  fut  nommé  en  avancement  juge  à  Schlestadt,  place 
fortifiée  sur  la  frontière  d'Allemagne. 

Mais  même  là  devaient  l'attendre  de  nouveaux  déboires. 

La  guerre  de  1870  survenait  terrible  et  Schlestadt  placé  au 
premier  rang  ne  tarda  pas  à  être  investi,  assiégé,  bombardé. 


AUGUSTE   BOSVIBUX  2lB 

L*on  devine  quelles  durent  être  les  angoisses  de  notre  ioforluné 
compalriote.  Il  voyait,  dans  l'avenir,  la  perle  de  ce  qu*il  avait  de 
plus  cher,  sa  patrie  meurtrie  et  démembrée,  sa  position  perdue, 
ses  cbers  livres,  ses  manuscrits,  résultats  de  vingt  ans  d'études  et 
de  recherches,  exposés  à  tous  les  dangers  de  Tincendie  et  au  pillage 
derenneroi! 

C'en  était  trop  pour  cette  nature  profondément  sensible.  Sa  santé 
s'altéra  gravement. 

Nous  allons  emprunter  à  son  amiMagen  le  récit  de  leur  dernière 
entrevue  : 

«  Nos  cordiales  préoccupations  allaient  vers  lui  dans  ces  heures 
sombres  où  tout  semblait  s'effondrer.  Les  scènes  dont  il  était  le 
témoin  dans  une  ville  tombée  aux  mains  de  l'ennemi  devaient  lui 
mettre  la  mort  dans  Tâmc.  Il  avait,  dans  le  cours  ordinaire  de  la 
vie,  une  sorte  de  tranquillité  philosophique  et  de  dédain  qui  le 
rendait  fort  contre  les  petits  chagrins  ;  mais  un  séjour  de  trois  ans 
sur  la  frontière  l'avait  attaché  plus  étroitement  encore  à  sa  natio- 
nalité et  son  cœur  saignait  de  toutes  les  blessures  faites  à  la  patrie. 
Il  nous  arriva  un  soir  d'octobre,  paie,  l'œil  éteint,  la  voix  atone, 
affectueuse  comme  toujours,  mais  triste  à  navrer.  Il  s'était  échappé 
de  Schlestadt,  en  trompant  les  sentinelles  badoises,  et  n'emportait 
nul  bagage  avec  lui.  Ses  livres,  empilés  sans  soin  dans  des  caisses 
plus  ou  moins  solides,  étaient  restés  làbas  à  Tabandoo.  Les 
reverrait-il ?  qui  le  savait?  Au  reste  que  lui  importait  la  possi- 
bilité d  uue  satisfaction  égoïste,  quand  la  ruine  et  le  deuil  étaient 
partout.  Il  ne  songeait  plus  qu'à  sa  famille  où  il  serait  reçu  les 
bras  ouverts,  au  Limousin,  dont  son  désir  était  toujours  de  pré- 
parer l'histoire.  » 

En  quittant  son  ami,  Bosvieux  rentra  dans  sa  famille  à  Saint- 
Yrieix,  où  il  fut  entouré  par  son  frère  des  soins  les  plus  affectueux 
et  les  plus  éclairés  (1). 

La  maladie  de  cœur  qui  avait  débuté  à  Schlestadt  et  depuis  fait 
des  progrès  effrayants,  ne  lui  donna  plus  que  quelques  mois  d'exis- 
tence. Il  s'éteignit  doucement  et  chrétiennement,  le  31  mai  1871, 
entouré  des  siens  et  consolé  par  cette  religion  qu'au  début  de  la 
vie  il  avait  si  bien  étudiée  et  appréciée.  Et  cependant  une  suprême 
amertume,  étendu  sur  son  lit  de  douleur,  lui  était  encore  réservée  : 
dans  les  premiers  mois  de  l'année  1871,  les  archives  de  Limoges 
étaient  devenues  vacantes.  Bosvieux  n'aurait  eu  qu'à  dire  un  mot 


(1)  M.  le  docteur  Bosvieux, 


216  SOGlènl  ARCHEOLOGIQUE  ET  HfSTOtUQUB  DI)  LiMOÙStN 

poor  les  obtenir;  et  ce  mot,  il  n'eut  même  pas  la  force  de  le  pro- 
noncer (1). 

Toutes  ces  infortunes  accumulées  n'ayaient  pas  aigri  son  carac- 
tère, il  se  montra  bienveillant  et  doux  jusqu'à  la  fin.  Par  son  testa- 
ment, il  donnait  le  droit  à  plusieurs  de  ses  amis  de  choisir  dans  sa 
bibliothèque  un  livre  à  leur  convenance. 

De  plus,  il  léguait  par  le  même  acte  tous  ses  manuscrits  aux 
archives  de  la  Haute- Vienne. 

Espérons  que  ces  pages  lues  par  un  des  jeunes -compatriotes  de 
Bosvieux  lui  inspireront  la  pensée  de  les  publier. 

Ge  serait  rendre  un  véritable  service  à  Thisloire  du  Limousin,  en 
même  temps  qu'un  suprême  hommage  à  la  mémoire  de  cet  homme 
de  bien  (2). 

H.  DE  M. 


(1)  Il  est  à  notre  connaissance  personnelle  que  M.  Faure,  chef  de 
division  à  la  préfecture  de  la  Haute- Vienne,  fit  les  plus  vives  insistances 
près  d*un  de  nos  amis,  ancien  magistrat  (révoqué  en  1870  comme  pro> 
cureur  impérial  et  engagé  volontaire,  1870),  pour  lui  faire  accepter  les 
fonctions  d'archiviste,  à  ce  moment  vacantes. 

(2)  M.  Paul  Ducourtieux,  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Limousin 
(XXXVI,  303)  a  publié  une  excellente  notice  sur  la  bibliothèque 
d*Auguste  Bosvieux,  vendue  en  1887  ;  sur  les  noms  des  acquéreurs,  les 
prix  de  vente,  etc.,  etc.  Il  a  été  fait  un  tirage  à  part  de  ce  travail  (1889, 
16  p.  in-8<^).  En  le  lisant,  on  comprend  mieux  encore  que  par  les  pages 
qui  précèdent,  quelle  somme  de  travail,  persévérant,  obstiné,  il 
a  fallu  pour  former  ce  que  Ton  peut  appeler  un  fonds  de  bibliothèque 
limousine  et  marchoise. 


LA  MALADIE  DES  ESPAGNOLS 


A    LIMOGES    EN    1809 


Les  premiers  jours  de  Tannée  1809  furent  marqués  à  Limoges 
par  des  événements  qui  ont  laissé  dans  la  mémoire  des  habitants 
un  bien  lugubre  souvenir.  En  moins  de  deux  mois,  trente  et  quel- 
ques personnes  de  cette  ville  moururent  victimes  de  leur  charité 
pour  les  prisonniers  espagnols  qu'elles  avaient  soignés.  Beaucoup 
d*aulres  contractèrent  aussi  cette  maladie,  mais  échappèrent 
i  la  mort  ;  pendant  que  parmi  les  Espagnols  il  y  eut  plusieurs 
centaines  de  décès  en  peu  de  jours.  Aussi  n*est-il  pas  surprenant 
qu'une  panique  se  soit  alors  répandue  à  Limoges  et  dans  tous  les 
environs,  et  que  les  relations  avec  cette  ville  aient  été  interrom- 
pues par  crainte  de  la  contagion. 

Il  y  aura  bientôt  un  siècle  que  cette  Peste  des  Espagnols  ou  VEspa- 
gnolette,  comme  on  l'appelait  alors,  a  exercé  chez  nous  ses  ravages 
et  a  plongé  dans  le  deuil  plusieurs  familles  des  plus  honorables 
de  la  ville.  De  nos  jours,  on  raconte  encore  comment  les  choses  se 
passèrent,  mais  en  y  mêlant  un  peu  de  légende.  Il  est  bon  que 
rhistoire  en  conserve  un  souvenir  exact  et  fasse  connaître  le 
dévouement  de  ceux  qui  sont  morts  en  portant  secours  aux  mal- 
heureux. J*ai  recherché  leurs  noms  pour  les  inscrire  dans  ce 
mémoire  qui  fera  aussi  connaître  la  cause,  les  effets  et  la  nature  de 
cette  maladie  des  Espagnols. 

Les  armées  françaises  pendant  la  guerre  d'Espagne  avaient  fait 
un  grand  nombre  de  prisonniers  que  le  gouvernement  fit  interner 
en  France.  Comme  on  tenait  à  les  éloigner  des  frontières  de  leur 
pays,  beaucoup  de  ces  malheureux  furent  amenés  à  Limoges.  Du 
29  décembre  au  31  janvier  1809,  c'est-à-dire  dans  l'espace  d'un 
mois,  il  en  arriva  dans  notre  ville  1.480.  A  la  fin  de  janvier,  254  y 
étaient  morts.  On  put  alors  en  faire  partir  926  par  les  routes  de 
Moulins  et  de  Ghàteauroux,  mais  il  en  restait  encore  300  hors  d'état 
de  voyager.  Et  les  décès  continuèrent  le  mois  suivant. 

Quelle  est  la  cause  de  cette  maladie  ?  Le  Journal  du  département 
de  la  liaute-Yienne  l'indique  ainsi  :  «  Parmi  les  prisonniers  Espa- 


218  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

gDols,  il  Taut  disliDguer  ceux  qui  Taisaient  partie  des  corps  armés 
de  ceux  appelés  insurgés.  Ces  derniers  ont  été  enlevés  presque  au 
dépourvu  et  de  vêtements  et  de  secours.  Evacués  sur  la  France,  ils 
ont  traversé  les  Pyrénées,  alors  couvertes  de  neiges  et  de  glaçons, 
el  y  ont  éprouvé  des  froids  auxquels  la  plupart  d'entre  eux  n'étaient 
pas  accoutumés.  Fatigués  par  la  marche  et  en  proie  au  chagrin 
que  leur  causait  leur  position,  plusieurs  d'entre  eux  n'ont  pas  pu 
résister  à  la  fatigue  et  ont  été  conduits  sur  des  chariots  découverts 
où  le  froid,  en  unissant  de  s'en  emparer,  les  a  fait  tomber  gelés 
dans  plusieurs  de  leurs  membres. 

D  £n  arrivant  sur  les  différents  points  de  leur  route,  ils  ont  été 
enfermés,  ou  dans  des  prisons,  ou  dans  des  granges,  ainsi  que  la 
sûreté  l'exigeait. 

»  A  Limoges,  quoique  placés  dans  les  salles  de  l'ancien  sémi* 
naire,  très  vastes  et  très  aérées,  ils  n'y  ont  pas  moins  formé  par 
leur  entassement  el  leur  état  maladif  un  foyer  de  corruption,  mal- 
gré les  soins  de  l'administration  à  faire  changer  la  paille  à  chaque 
convoi,  à  faire  rafraîchir  l'air  par  sa  circulation,  et  même  à  faire 
désinfecter  par  les  procédés  de  Guyton  de  Morveaux. 

»  Mais  comment  pouvoir  dissiper  le  méphilisme  qui  natt  de 
l'encombrement  presque  journalier  d'hommes  en  partie  gangrenés 
par  le  froid,  ou  tous  humides  de  sueur  et  de  la  pluie  abondante  et 
continuelle  qu'ils  ont  éprouvée  à  la  suite  des  froids  ?  Ce  méphitisme 
s'attachait  à  chaque  instant  à  toutes  les  parties  de  leur  logement, 
devenait  de  plus  en  plus  délétère  et  répandait  sa  contagion  dans 
toute  l'atmosphère  environnante  »  (1). 

La  charité  des  habitants  de  Limoges  ne  fut  pas  en  retard  pour 
procurer  à  ces  pauvres  prisonniers  les  vêtements,  la  nourriture  et 
les  soins  dont  ils  avaient  un  si  grand  besoin.  Mgr  du  Bourg  publia 
la  lettre  suivante  pour  exciter  cette  charité,  mais  aussi  pour  la 
réglementer,  afin  d'éviter  le  désordre  qui  aurait  été  la  suite  de  dis- 
tributions d'aumônes  faites  d'une  manière  inopportune.  Elle  est 
adressée  à  M.  Montégut,  curé  de  Saint-Michel-des-Lions  : 

Q  Limoges,  le  10  janvier  1809. 

»  Au  milieu  des  motifs  de  profonde  tristesse  que  j'éprouve  à  la 
vue  des  malheureux  que  je  suis  allé  visiter,  mon  cher  curé,  je  dois 
vous  faire  part  de  la  satisfaction  que  j'ai  éprouvée  au  sujet  des 
aumônes  abondantes  que  Ion  ne  cesse  de  faire  de  toutes  parts.  J'ai 
la  douce  conliance  que  le  Seigneur  aura  égard  à  la  disposition 

(1)  Journal  du  département  de  la  Haute-Vienne,  3  février  1809, 


LA  MALADIE  DBS  ESPAGNOLS  A  LIMOGES  219 

charitable  de  cette  ville,  et  qu'il  dira  à  ceux  qui  font  ces  bonnes 
œuvres  :  «  Venez  à  moi,  les  bénis  de  mon  Père,  vous  mettre  en 
»  possession  du  royaume  qui  vous  a  été  préparé  depuis  la  création 
»  du  monde,  car  j'ai  eu  faim,  et  vous  m'avez  donné  à  manger  ;  j'ai 
»  eu  soif,  et  vous  m'avez  donné  à  boire...  J'étais  nu,  et  vous  m*avez 
»  vêtu;  j'étais  infirme,  et  vous  m'avez  visité;  j'étais  prisonnier,  et 
»  vous  êtes  venus  à  moi.  »  (Saint  Mathieu,  XXV,  34.) 

»  Celte  pensée  remplit  mon  &me  de  consolation,  et  je  ne  doute 
pas  que  des  &mes  ouvertes  à  Thumanité  ne  finissent  par  s'ouvrir  à 
la  piété.  Les  aumônes  du  centenier  Corneille  priaient  pour  lui,  et 
elles  obtinrent  sa  conversion.  (Act.  X,  31.) 

»  J'ai  vu  les  estimables  ecclésiastiques  qui  se  sont  rendus  dans 
les  asiles  du  malheur.  Je  les  ai  vu  porter  des  consolations  à  des 
gens  qui  n'avaient  plus  à  en  attendre  aucune  de  la  terre.  Je  les  ai 
vu  réussir  à  calmer  Tamerlume  la  plus  profonde,  et  à  faire  bénir 
le  Seigneur  par  ceux  que  sa  main  avait  frappés.  J'ai  vu  les  reli- 
gieuses distribuer  avec  le  plus  grand  empressement  les  secours 
qu'on  leur  apportait  et  se  privant  elles-mêmes  de  leurs  vêtements, 
en  couvrir  les  pauvres.  J'ai  vu  les  âmes  pieuses  envier  le  bonheur 
des  épouses  de  Jésus-Christ,  aller  leur  demander,  comme  une 
grâce,  la  faculté  de  les  soulager  dans  leurs  peines  et  leurs  travaux  ; 
non,  non,  non,  cher  curé,  le  Seigneur  ne  consentira  pas  à  effacer 
la  France  du  livre  de  vie;  il  ;  a  du  mal  sans  doute,  mais  il  y  a  du 
bien  ;  il  y  a  des  vertus  ;  les  anges  les  voient  avec  complaisance,  et 
la  religion  reprendra  ses  droits,  j'en  ai  la  confiance. 

»  Je  désire,  mon  cher  curé,  que  vous  fassiez  part  de  ma  lettre  à 
votre  paroisse;  je  voudrais  bien  que  mes  estimables  collaborateurs 
pussent  être  soulagés,  car  je  sais  qu'ils  en  ont  besoin  ;  et  il  en  est 
qui  se  rendent  à  leur  travail  malgré  la  fièvre  et  d'autres  infirmités 
réelles;  mais  je  n'ai  pu  employer  que  ceux  qui  savaient  la  langue 
des  infortunés  prisonniers.  J'aurais  regardé  comme  un  honneur  de 
m'unir  à  leurs  travaux  si  je  l'avais  mieux  possédée  ;  je  ne  puis  que 
m'affiiger  de  voir  que  je  ne  suis  pas  en  état  de  partager  leurs  fati- 
gues :  ils  les  supportent  et  le  Seigneur  sera  leur  récompense.  Mais 
je  désirerais  que  les  autres  personnes  pieuses  de  votre  paroisse 
qui  le  peuvent  ne  craignissent  pas  d'aller  offrir  leurs  services  à  la 
respectable  supérieure  de  l'hôpital,  afin  qu'elle  leur  assignât  le 
genre  de  soins  qu'on  peut  en  attendre,  et  l'heure  où  l'on  en  aurait 
besoin.  Par  là,  elles  acquerraient  un  grand  degré  de  gloire  aux 
yeux  du  Seigneur,  et  elles  conserveraient  à  la  religion  et  à  leur 
emploi  les  estimables  sœurs  qui  se  sont  consacrées  au  service  des 
pauvres.  Quant  à  la  distribution  des  aumônes,  je  désire  que, 
renonçant  à  toute  satisfaction  humaine,  on  se  prive  de  la  consola- 


220  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  BISTOBIQUE  DU  LIMOUSIN 

tion  de  les  distribuer  par  soi-même,  pour  éviter  le  malheur  dont 
parle  saint  Paul  :  alitis  autem  exurit^  alius  autem  ebrius  est. 
(Cor.  XI,  21.) 

»  Il  est  si  coDsolant  de  voir  HM.  les  magistrats  de  la  ville,  s'bo- 
Dorant  de  cet  acte  de  charité,  se  revêtir  de  leur  habit  de  cérémonie 
pour  aller  faire  la  quête  et  puis  la  remettre  aux  mains  de  ces  mères 
des  malheureux,  que  Ton  ne  saurait  mieux  faire  que  d'imiter  leur 
exemple!  Je  vous  prie,  mon  cher  curé,  de  dire  que  pour  chacune 
des  œuvres  de  charité,  j'accorde  quarante  jours  d'indulgence  et  je 
donne  ma  bénédiction  à  votre  paroisse. 

»  Je  suis,  mon  cher  curé,  votre  très  humble  et  très  obéissant 
serviteur. 

»  f  J.  Ph.,  év.  de  Lim.  » 

Mgr  du  Bourg  ne  se  contenta  pas  d'écrire,  mais  il  paya  large- 
ment de  sa  personne,  comme  on  le  voit  par  les  lignes  suivantes 
extraites  d'une  notice  historique  imprimée  après  sa  mort  : 

«  L'hôpital  de  Limoges  ne  suffisant  pas  pour  recevoir  tous  les 
prisonniers  espagnols  atteints  de  la  maladie  contagieuse,  on  en 
plaça  les  uns  aux  Jacobins,  les  autres  aux  Pénitents-Blancs.  On  eut 
de  la  peine  à  trouver  des  prêtres  qui  pussent  confesser  ces  infor- 
tunés dans  la  langue  de  leur  pays,  et  ils  étaient  exposés  à  mourir 
sans  sacrements.  Dès  qu'il  en  fut  informé,  Mgr  du  Bourg  se  trans- 
porta à  l'église  des  Jacobins  (1),  où  les  prisonniers,  couchés  sur  de  la 
paille  et  couverts  de  plaies  infectées  par  la  gangrène,  étaient  prêts 
de  rendre  le  dernier  soupir.  Pour  les  confesser,  le  nouveau  Charles- 
Borromée  s'assied  sur  la  paille,  approche  son  visage  de  leur  bou- 
che mourante,  et  continue  ce  dangereux  ministère  jusqu'au  soir. 
De  là,  il  passe  aux  Pénitents-Blancs,  où  il  confesse  beaucoup  de 
prisonniers,  mais  dans  une  position  moins  gênante.  Il  apprend 
qu'à  rhôpilal  les  aumôniers  sont  tombés  malades;  aussitôt  il  y 
court  et  voulut  même  y  passer  la  nuit.  On  lui  dressa  un  lit,  il  resta 
quatre  jours  à  l'hospice  parmi  les  morts  et  Tes  mourants.  La  provi- 
dence veilla  sur  ses  jours  et  nous  conserva  un  pasteur  qui  sacrifiait 
sa  vie  pour  le  salut  de  son  peuple.  Personne  ne  fut  plus  exposé 
que  lui  aux  funestes  effets  de  la  contagion.  Lorsqu'il  revenait  de 
confesser  ces  malades,  on  était  obligé  de  le  faire  changer  de  sou- 
tane, à  cause  des  vers  et  de  la  pourriture  dont  elle  était  couverte. 


(1)  A  quelqu'ua  qui  voulait  Tempêcher  d'y  aller  en  lui  représentant 
le  danger  auquel  il  s'exposait,  il  répondit  gaiment  :  «  Soyez  tranquille, 
je  suis  ami  de  saint  Charles  et  parent  de  saint  Roch,  et  puis  je  dpis  doa- 
ner  Texcmple  à  mon  clergé.  » 


LA  MALADIE  DBS  ESPAGNOLS  A  LIMOGES  22i 

Il  M  parfailement  secondé  par  les  préires  de  la  ville,  dont  plu- 
sieurs périrent  yictimes  de  leur  zèle,  ainsi  que  huit  religieuses 
hospilalières  de  Saint -Alexis.  Il  enviait  leur  sort  et  aspirait  au 
bonheur  de  mourir  martyr  de  la  charité.  Il  donna  des  soins  tout 
particuliers  à  HM.  Buliat  et  Cruzedière  qui  furent  à  toute  extré- 
mité et  qui,  échappés  au  danger,  s'y  exposèrent  de  nouveau,  par 
les  soins  qu'ils  donnèrent  encore  aux  malheureux  Espagnols.  » 

Pendant  le  mois  de  janvier  le  nombre  des  morts  parmi  les  Espa- 
gnols s'éleva  à  384.  A  partir  du  23  de  ce  mois  les  décès  se  succé- 
dèrent aussi  parmi  nos  concitoyens  qui  s'étaient  dévoués  pour  les 
secourir.  J'en  parlerai  plus  loin.  Le  Journal  de  la  Haute-Vienne 
nous  donne  sur  cette  première  période  les  renseignements  suivants  : 

<i  Les  personnes  charitables  n'écoutant  que  leur  compassion,  et 
sans  prendre  aucune  des  mesures  qu'indique  la  prudence,  bravant 
môme  les  remontrances  de  l'administration,  se  sont  empressées  de 
parcourir  les  salles  de  l'ancien  séminaire  ainsi  que  celles  de  l'hos- 
pice et  d'y  rester  des  heures  entières  pour  y  distribuer  des  aliments 
et  des  habillements. 

c(  Elles  ont  humé  par  tous  les  pores  l'infection  qui  y  régnait,  au 
point  que  plusieurs  de  ces  [personnes,  en  rentrant  chez  elles, 
usaient  de  tous  les  moyens  possibles  pour  chasser  l'odeur  cadavé- 
reuse qui  semblait  les  poursuivre  sans  pouvoir  s'en  débarrasser. 
Un  ou  deux  jours  après  elles  ont  été  atteintes  d'une  fièvre  catharale, 
ataxique,  intermittente,  ainsi  considérée  à  cause  des  grands  maux 
de  tête,  de  la  sécheresse  de  la  langue,  des  maux  de  gorge,  de  la 
difficulté  de  respirer,  d'une  flèvre  marquée  par  des  irrégularités 
nerveuses,  par  la  malignité  de  son  action,  qui  excitait  des  mouve- 
ments presque  convulsifs  ou  des  affaissements  extraordinaires,  des 
tâches  livides  ou  des  pustules  virnlanls  sur  différentes  parties  du 
corps. 

«  Quelques-unes  de  ces  personnes  ont  été  victimes  de  leur 
dévouement,  et  d'autres  sont  encore  détenues  au  lit;  néanmoins  la 
mort  n'a  frappé  que  les  personnes  qui  avaient  fait  ou  plusieurs  ou 
de  trop  longues  visites,  ou  qui  ont  trop  longtemps  négligé  de 
recourir  aux  secours  de  l'art,  ou  même  qui  n'ont  pas  eu  les  faci- 
lités de  se  procurer  un  air  sain,  de  changer  de  linge  et  d'habits,  de 
jouir  des  avantages  d^une  grande  propreté  et  de  se  procurer  des 
boissons  cordiales,  généreuses  et  des  aliments  de  facile  digestion. 

«  Le  nombre  des  victimes  n'est  cependant  pas  à  beaucoup  près 
aussi  considérable  que  la  frayeur  l'exaltait,  il  y  a  cinq  ou  six  jours; 
et  Ton  a  vu  reparaître  comme  Ton  sait  positivement,  quelques-uns 
de  ceux  qu'on  avait  dit  morts  ou  mourants,  et  qui  se  promènent,  vont 
beaucoup  mieux,  et  donnent  les  plus  grandes  espérances.  Et  ce 


222  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

qu'il  y  a  de  très  consolant,  dans  cet  événement  malheureux,  c'est 
que  personne  encore  de  ceux  qui  ont  soigné  les  parliculiers  dans 
leurs  maisons,  et  aucun  des  parents  qui  les  entourent,  n*ont  pris  la 
maladie.  On  peut  donc  assurer  qu'elle  a  été  seulement  contagieuse 
pour  les  personnes  qui  sont  allées  sans  précaution,  respirer  l'air 
empeslé  des  salles  du  séminaire  et  de  Thospice,  et  ont  voulu 
porter  des  secours  trop  particuliers. 

«  La  maladie  ne  peut  point  aussi  être  considérée  comme  épidé- 
mique  puisqu'elle  n*a  point  atteint  ceux  qui  ont  évité  de  s'approcher 
de  son  foyer.  G*est  une  vraie  6èvre  d'hôpital  et  de  prison  qui 
sortent  rarement  de  leur  enceinte. 

«  Parmi  les  personnes  moissonnées  par  cette  maladie,  non  obstant 
tous  les  soins  qui  leur  ont  été  prodigués,  les  regrets  du  public  se 
portent  particulièrement  sur  M*"*  veuve  Noualhier,  née  Pétiniaud, 
mère  de  notre  respectable  maire.  Cette  dame  était  citée,  depuis 
son  bas  &ge,  pour  un  modèle  de  son  sexe.  L'on  ne  saurait  trop 
publier  ses  vertus,  et  comme  mère  de  famille  et  comme  citoyenne. 
Entraînée  par  celte  bienfaisance  que  son  cœur  lui  dictait  pour  les 
malheureux  et  que  sa  fortune  lui  permettait  de  répandre,  elle  se 
transporta  dans  les  salles  du  séminaire  et  de  l'hospice,  y  distribua 
vingt  douzaines  de  bonnets,  etc.,  etc.  Le  lendemain  en  se  levant, 
elle  disait  :  «  Je  sens  une  puanteur  insupportable  »;  et  elle  a  répété 
cette  inquiétude  jusqu'au  moment  de  sa  mort  arrivée  le  vendredi 
matin  27  :  cette  dame  âgée  d'environ  soixante-six  ans  était  à  la 
tête  d'un  grand  négoce,  depuis  plus  de  trente  ans,  qu'elle  avait 
perdu  un  mari  digne  de  ses  regrets.  On  cite  aussi  la  Hlle  cadette 
de  M.  Talendier,  magistral  de  sûreté;  l'aînée  des  filles  de  M.  Plai- 
nemaison,  avoué  à  la  Cour  d'appel;  deux  jeunes  personnes  de 
dix-huit  à  vingt  ans,  dont  la  société  avait  droit  d'attendre  des 
agréments,  soit  par  la  qualité  de  leur  cœur,  soit  par  l'éducation 
qui  les  distinguait. 

«  Quelques  religieuses  de  Saint-Alexis,  toujours  autour  des  lits 
des  prisonniers  malades  ou  mourants,  ont  ressenti  les  atteintes  de 
leur  maladie,  et  les  sœurs  Marie  Constantin,  âgée  de  quarante-neuf 
ans,  et  Marguerite-Elie  Pinot,  encore  novice,  Agée  de  trente-six  ans, 
ont  succombé.  Les  dames  Françoise  Monlel-de-Laurière,  ex-reli- 
gieuse de  la  Visitation,  âgée  de  cinquante-sept  ans;  Marie  Laurenl- 
de-Saint-Cernin,  religieuse  de  Sainte-Claire  de  Toulouse,  &gée  de 
quarante-quatre  ans,  ont  aussi  payé  le  tribut,  pour  avoir  porté  des 
secours  trop  actifs  aux  malades.  Parmi  les  prêtres  appelés  pour 
administrer  ces  prisonniers,  la  mort  a  ravi  MM.  Francisquet,  ex- 
religieux,«carme  deschaux,  &gé  de  soixante-neuf  ans;  Elie  Vilrac, 
ancien  curé  de  la  Bregére,  Agé  de  soixante-trois  ans,  et  Jean-Bap- 


LA  MALADIE  DES  ESPAGNOLS  A  LIMOGES  223 

tisle  Bardy,  ancien  curé  de  Verneuil,  un  des  aumôniers  de  Thospice, 
dans  sa  cinquante-sixième  année,  pleins  de  zèle  pour  remplir  digne- 
ment leur  état.  Les  deux  ecclésiastiques  MM.  Martin  et  Bouiaud 
dont  nous  avons  parlé  dans  le  dernier  numéro  ne  sont  pas  morts 
de  cette  maladie  (1). 

«  Nous  ne  parlons  point  de  quelques  artisans  et  ouvriers  que  la 
mort  a  aussi  moissonnés,  parce  que  nous  ne  savons  pas  leurs 
noms;  mais  nous  le  répétons,  le  nonibre  n'excède  pas  de  beaucoup 
celui  des  morts  d'une  semblable  époque  des  années  précédentes; 
et  cette  année  le  public  n'aurait  point  surtout  été  affecté,  si  la  ter- 
reur n'avait  pas  vu  les  malades  et  les  morts  au  travers  du  micros- 
cope de  la  crainte,  pour  nous  servir  d'expressions  qui  peignent 
d'un  seul  trait  la  kirièle  des  on  dit^  que  les  échos  officieux  de  la 
rumeur  publique  s'empressaient  d'aller  psalmodier  aux  fontaines, 
et  les  oisifs  de  place  en  place  et  de  café  en  café,  durant  la  première 
décade  de  janvier;  mais  kyrièle  qui  doit  être  soigneusement  exa- 
minée et  pesée  avec  scrupule  par  l'homme  sage  qui  veut  la  répan- 
dre, pour  ne  pas  s'exposer  à  gémir  d'avoir  même  avec  les  inten- 
tions les  plus  religieuses  donné  inconsidérément  l'alarme. 

«  Espérons  néanmoins  avec  confiance  de  voir  bientôt  rasseoir  la 
tranquillité  puisque  le  foyer  de  la  contagion  perd  chaque  jour  de 
son  inteosité  ;  puisque  Texpérience  prouve  qu'on  ne  prend  point 
la  maladie  quand  on  use  de  précautions  en  se  rendant  à  l'hospice  ; 
puisque  la  contagion  ne  s'étend  poiot  du  tout,  des  malades  parti- 
culiers à  ceux  qui  les  soignent.  Nous  en  avons  la  garantie  dans  les 
soins  de  nos  administrateurs  à  continuer  de  purifier  l'air  des  salles 
du  séminaire  et  de  l'hospice  ;  à  faire  verser  de  la  chaux  sur  les 
cadavres  des  prisonniers,  et  surtout  dans  le  dévouement  généreux 
de  nos  officiers  de  santé,  qui,  après  des  conférences  réitérées, 
prescrivent  des  moyens  préservatifs  et  curalifs  ». 

Tels  sont  les  événements  qui  couvrirent  de  deuil  la  ville  de  Li- 
moges pendant  le  mois  de  janvier  1809.  Le  journaliste  qui  les 
décrit,  en  diminue  autant  que  possible  la  gravité  afin  de  ne  pas 
augmenter  la  crainte  du  danger  que  beaucoup  exagéraient. 

Le  mois  de  février  n'apporta  pas  d'amélioration  à  cet  état.  Les 
Espagnols  mouraient  toujours  en  grand  nombre  et  vingt  autres  de 
nos  compatriotes  payèrent  encore  de  leur  vie  leur  charitable 
dévouement  envers  ces  malheureux.  On  trouvera  plus  loin  leurs 
noms  et  la  date  de  leur  mort. 


(1)  Malgré  cette  assertion  du  journaliste,  il  est  certain  que  MM.  Mar- 
tin et  Bouiaud  sont  morts  de  cette  maladie,  ainsi  que  l'indique  le  Né- 
crologe ecclésiastique  du  diocèse. 


>  <m  r 


224  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

Pour  calmer  la  terreur  panique  qui  se  répandit  de  plus  en  plus, 
non  seulement  dans  la  ville,  mais  encore  dans  tout  le  département, 
le  préfet  de  la  Haute-Vienne,  publia  vers  le  milieu  du  mois  Tavis 
suivant  : 

((  L.  Texier-Olivier,  préfet  du  département  de  la  Haute-Vienne, 
membre  de  la  Légion  d'honneur. 

c(  Instruit  que  la  maladie  régnante  à  Limoges  depuis  environ  un 
mois,  a  répandu  Talarme  dans  les  villes  et  communes  rurales  de  ce 
département,  s'empresse  de  prévenir  ses  administrés  que  d'après 
Texpérience  et  les  avis  de  plusieurs  médecins  éclairés,  cette  maladie 
n'est  ni  épidémique  ni  contagieuse;  que  les  miasmes  qui  Tout 
répandue  n'existent  et  n'ont  eu  d'influence  que  dans  les  salles  où 
se  trouvaient  entassés  les  prisonniers  espagnols;  qu'aucun  des 
citoyens  de  la  ville  qui  en  a  été  atteint,  ne  l'a  communiquée  ;  et 
qu'enfln  depuis  plusieurs  jours,  on  ne  compte  aucun  nouveau  ma- 
lade. Le  nombre  des  morts  est  dans  la  proportion  ordinaire  et 
tous  les  convalescents  sont  dans  la  situation  la  plus  rassurante. 

«  Il  invite  en  conséquence  MM.  les  maires  à  publier  ou  faire 
publier  cet  avis  à  leurs  administrés,  et  à  les  inviter  à  renouer  leurs 
communications  habituelles  avec  la  ville  de  Limoges,  communica- 
tions qu'ils  n'auraient  jamais  interrompues  si  la  crainte  n'eut  pas 
grossi  et  dénaturé  la  maladie  qui  les  a  éloignés. 

«  Limoges,  le  14  février  1809, 

«  Le  Préfet  :  L.  Texier-Olivier  ». 

Le  Journal  du  département  de  la  Haute-Vienne  va  encore  nous 
faire  connaitre  l'état  des  esprits  à  Limoges  pendant  cette  première 
quinzaine  de  février;  il  nous  dira  aussi  le  nom  de  quelques-uns 
des  habitants  morts  de  cette  maladie  pendant  le  même  temps  : 

«  Nous  l'avons  dit  et  nous  le  répétons,  la  pusillanimité  et  la 
crainte  ont  causé  plus  de  mal  que  la  maladie.  On  a  dit  et  répété, 
Vespagnolette  est  épidémique  et  contagieuse.  Chacun  en  racontant 
a  ajouté  et  des  faits  controuvés  et  des  raisonnements;  en  sorte  que, 
comme  le  dit  Montaigne,  qui  connaissait  parfaitement  l'esprit  hu- 
main, sur  les  on  dit  «  le  plus  éloigné  témoin  en  est  mieux  instruit 
que  le  plus  voisin  ;  et  le  dernier  informé,  mieux  persuadé  que  le 
premier.  C'est  un  progrès  naturel  ».  Des  personnages  jaloux  d'être 
crus  sur  parole,  aussi  imprudents  que  peureux,  sont  partis,  et  ont 
répandu  sur  leur  route  «  l'épidémie  est  à  Limoges  ».  A  l'appui  de 
leur  assertion,  une  piété  mal  entendue  qui  se  persuade  qu'il  ne 
faut  que  prier  pour  se  garder  de  tous  les  maux  a  aussi  sollicité  des 
prières  pour  les  citoyens  de  Limoges  qui  mourraient  comme  mou- 


La    3lâALADl£   DES    ESPAGNOLS  A   LtMOGEà  225 

ckes^  car  c'est  Texpression  dont  on  s'est  servi  en  nous  priant  de 
nous  expliquer  sur  Tévénement.  Est-il  vrai,  se  demandait-on  dans 
les  canapagnes,  dans  les  villes  voisines  qu*d  Limoges  il  y  a  une 
espèce  de  peste?  Oh  !  ce  n*est  que  trop  réel,  disait  un  campagnard, 
peu  accoutumé  aux  usages  des  grandes  villes,  j'ai  vu  le  drapeau 
noir,  tendu  à  une  des  principales  églises  de  Limoges.  A  ces  mots 
«  j'ai  vu  »  on  n'osait  pas  révoquer  le  fait  en  doute.  Mais  qu'avait 
vu  le  campagnard?  Une  tenture  pour  un  enterrement  de  premier 
ordre.  Hais  une  tenture  n'est  pas  un  drapeau.  Le  drapeau  noir 
dans  les  temps  de  calamité  ne  s'attache  pas  à  la  porte  d'une  église; 
on  le  suspend  au  haut  du  clocher  le  plus  élevé.  Et  ce  n'est  pas  au 
clocher,  mais  à  la  porte  de  l'église  que  la  tenture  a  été  vue. 

«  Des  jeunes  gens  du  lycée  et  des  écoles  secondaires,  toujours 
ardents  pour  les  illusions  et  toujours  aux  aguets  des  circonstances 
qui  peuvent  augmenter  ou  prolonger  leurs  congés,  ont  écrit  à  leurs 
parents  :  «  Le  passage  des  prisonniers  espagnols  a  porté  une  ma- 
ladie épidémique  à  Limoges  ».  L'un  d'eux  a  poussé  l'exagération 
jusqu'à  mander  à  ses  parents  :  «  Dans  le  moment  ou  je  vous  écris, 
il  y  a  S.234  malades  à  Limoges  ». 

«  Des  parents  trop  faciles  à  s'alarmer  ont  de  suite  envoyé  cher- 
cher les  élèves,  avec  ordre  exprès  aux  conducteurs  d'arriver  dans 
la  matinée  et  d'emmener  leurs  enfants  sans  les  laisser  coucher  à 
Limoges.  Ils  ne  calculaient  pas  que  cinq  mille  malades  formaient 
au  moins  le  cinquième  de  la  population  de  la  ville,  et  que  leurs 
enfants  faisaient  aller  leur  plume  sous  le  microscope  de  l'espérance 
d'aller  passer  leur  carnaval  dans  leur  famille,  où  ils  savent  que  les 
plaisirs  seraient  plus  vifs  et  plus  bruyants  que  dans  leurs  pensions. 
Ils  ne  faisaient  pas  réflexion  que  quinze  jours  ou  un  mois  de  retard 
dans  les  cours  de  leurs  enfants,  les  reculeraient  au  moins  de  six 
mois.  Eh  bien,  s'ils  avaient  coQsullé  des  gens  sages,  pris  la  peine 
de  venir  examiner  eux-mêmes  ce  qui  en  était,  ils  se  seraient  con- 
vaincus que  cette  maladie  n'avait  aucunement  pénétré  dans  le 
lycée  et  les  pensionnats;  qu'il  n'y  a  pas  eu  d'autres  malades  que 
ceux  sujets  à  quelques  petites  indispositions;  que  dans  la  ville 
aucun  de  ceux  qui  ne  sont  pas  allés  trop  fréquenter  les  Espagnols, 
ou  dans  les  salles  du  séminaire,  ou  dans  celles  de  l'hospice,  n'a 
ressenti  la  moindre  atteinte  de  la  maladie.  Ils  se  seraient  égale- 
ment convaincus  que  les  maîtres  ne  s'étaient  point  prêtés  au  désir 
de  leurs  élèves,  d'aller  visiter  les  prisonniers,  et  que  tous  étudiaient 
ou  jouaient  suivant  leur  usage;  que  la  plus  grande  propreté, 
Tordre  le  plus  sage  régnait  dans  ces  maisons  d'éducation,  et  que 
toutes  les  précautions  y  étaient  prises  pour  y  entretenir  la  salubrité 
de  l'air  et  la  bonne  santé  des  élèves. 


2^6  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE    ET  NlSTORIQlTE   DÛ   LIMOUSIIf 

»  Mais,  dtra-l-oD,  pouvez-vous  soutenir  qu'il  d';  a  pas  eu  une 
maladie  dangereuse  portée  par  les  prisonnîers  espagnols.  Bien 
loin  de  le  contredire,  je  ro*empresse  de  répéter  que  celte  maladie  a 
existé.  Mais  elle  n'existe  plus,  parce  que  son  foyer  est  détruit. 
El  cette  maladie  n'a  pour  ainsi  dire  existé  que  dans  son  foyer. 
C'était  une  fièvre  d'hôpital  ou  de  prison,  ou  comme  rappelle 
M.  Oullié,  médecin  distingué  à  Caliors^  où  cette  maladie  a  éië 
connue  avant  de  paraître  à  Limoges,  une  fièvre  catarrale  malimoris, 
jouant  le  rôle  de  fièvre  d'hôpital  et  de  prison. 

»  Pour  achever  de  détruire  la  terreur  panique  qui  a  causé  tant 
de  rumeur  inconsidérée,  nous  rendrons  compte  des  décès  qui  ont 
fixé  plus  particulièrement  rallention,  soit  par  les  circonstances  où 
se  sont  trouvés  les  malades,  soit  par  leur  âge.  On  verra  qu'ils  ne 
sont  pas  aussi  considérables  qu'on  a  bien  voulu  le  publier,  et  nos 
lecteurs  apprendront  sûrement  avec  plaisir,  que  plusieurs  personnes 
qu'on  avait  dit  mortes  ec  enterrées  sont  encore  vivantes  et  rétablies. 

»  Au  nombre  des  victimes  sont  : 

»  MM.  Ârdant  de  TEstrade  et  Arnaud  d'Encombe,  deux  jeunes 
gardes  d'honneur  de  l'âge,  de  dix-neuf  à  vingt  ans;  la  dame  Des- 
roches, née  Ruaud,  jeune  femme  d'environ  vingt  ans  ;  la  dame 
Marie  Brousseaud,  novice  au  couvent  de  Saint-Alexis,  dans  sa 
vingt-cinquième  année,  qui,  à  trente-six  heures  d'intervalle,  suivit 
sa  sœur,  Madame  Catherine  Brousseaud,  ex-religieuse  de  la  Provi- 
dence, âgée  d'environ  quarante  ans.  Cette  dernière  prit  la  maladie 
en  allant  donner  des  secours  à  sa  sœur  dans  la  distribution  des 
aliments  aux  prisonniers  espagnols.  M.  Cibot,  prêtre,  vicaire  de  la 
succursale  de  Saînl-Ëlienne.  Cet  ecclésiastique  qui,  pendant  sa  vie, 
fut  un  digne  modèle  pour  les  personnes  de  son  état,  a  été  un  des 
premiers  atteints  par  celte  maladie,  et  sa  mort  peut  être  considérée 
comme  une  des  dernières  victimes  qu'elle  a  immolée.  Car  on  ne 
doit  pas  comprendre  d'autres  citoyens  qui  ont  payé  le  tribut  pour 
d'autres  causes,  comme  MM.  Léon  Chameau,  négociant,  dans  sa 
soixante-troisième  année,  décédé  par  suite  d'attaques  d'apoplexie 
qui  le  tenaient  en  chambre  depuis  environ  un  an  ;  Nicot,  contrôleur 
des  contributions,  qui  est  mort  par  suite  d'une  chAte  de  cheval, 
dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  et  d'autres  pères  de  famille,  non 
moins  recommandables  par  leurs  qualités  civiques;  attendu  qu'il 
est  démontré  qu'il  meurt  chaque  année  à  Limoges  environ  sept 
personnes  dans  deux  jours,  ce  qui  donne  par  mois  cent  trente  à 
cent  quarante  personnes. 

»  Revenons  à  M.  Cibot.  Il  a  laissé  un  monument  poursa  mémoire, 
bien  digne  de  sa  vie,  entièrement  consacrée  à  la  charité.  Nous 
croyons  devoir  en  consigner  ici  quelques  détails.  Les  traits  de 


LA  MALADIE  DES  ESPAGNOLS  A  LiMOGEÔ  ^27 

bienfaisance  ne  saaraienl  trop  être  cités.  Dans  sa  déporlation  le 
hasard  plaça  H.  Gibet  auprès  d*un  curé  espagnol,  dont  il  partagea 
les  travaux.  Ce  pasteur  fut  pénétré  de  son  zèle  apostolique  et  de 
son  dévouement  à  soulager  les  pauvres  et  les  iniirroes.  Quelques 
années  après,  il  décéda.  On  onvre  son  testament  et  M.  Gibot  y  est 
nommé  héritier.  Il  appelle  les  frères  de  son  bienfaiteur,  et  leur  dit  : 
«  Cette  succession  vous  appartient,  je  croirais,  en  la  retenant, 
y>  manquer  à  Tamitiè  qui  me  Tavait  confiée.  Hais  voilà  une  vieille 
»  servante  à  qui  l'Age  impose  des  besoins,  M.  votre  frère  n'avait  pas 
»  senti  la  nécessité  de  me  la  recommander.  Je  demande  pour  elle  la 
»  valeur  du  mobilier,  afin  de  lui  faire  un  sort  ;  parce  que  d'un 
»  moment  à  l'autre  j'espère  rentrer  dans  ma  patrie  et  je  ne  serais 
»  plus  à  portée  de  la  secourir  ». 

«  Par  des  dispositions  particulières,  M.  Gibot  a  remis  à  un  de  ses 
collègues  dans  le  service  de  l'église  de  Saint-Etienne  une  somme 
pour  être  placée  au  protit  des  pauvres  de  la  paroisse. 

»  Nous  ne  ferons  aucune  réflexion  sur  ces  deux  actes  de  bien- 
faisance et  de  charité  ;  ce  serait  en  affaiblir  le  mérite  (1)  ». 

G'esl  dans  la  seconde  quinzaine  de  février  que  la  ville  de  Limoges 
vil  la  fin  de  cette  maladie.  Il  y  eut  encore  quelques  décès  parmi 
les  Espagnols,  et  les  habitants  eurent  aussi  à  déplorer  la  mort  de 
six  autres  personnes,  entre  autres  celles  de  M.  François  Brigueil, 
adjoint  au  maire  de  Limoges,  et  de  sœur  Saint-Laurent,  supérieure 
des  religieuses  de  Saint-Alexis. 

J'ai  recherché  dans  Tétat-civil  de  la  commune  l'acte  mortuaire 
de  ces  victimes  de  leur  charité.  Ges  recherches  ne  m'ont  pas  fait 
connaître  tous  les  décès  que  j'aurais  voulu  signaler.  J'y  ai  trouvé 
seulement  six  religieuses  hospitalières  de  Saint-Alexis,  pendant 
que  la  Notice  historique  sur  Mgr  du  Bourg,  cilée  plus  haut, 
déclare  que  «  huit  religieuses  hospitalières  de  Saint-Alexis  péri- 
ment victimes  de  leur  zèle  ».  Les  registres  de  cette  communauté 
attestent  encore  que  parmi  les  religieuses  «  qui  contractèrent  la 
maladie,  onze  moururent  victimes  de  leur  charité  ».  Le  rédacteur 
des  actes  de  l'élat-civil  a  probablement  négligé  d'indiquer  pour 
quelques-unes  leur  qualité  de  religieuses,  ce  qui  ne  m'a  pas  permis 
de  les  reconnaître  sous  leur  simple  nom  de  famille. 

Il  m'était  aussi  impossible  de  trouver  l'acte  de  décès  de  ceux 
que  le  Journal  de  la  Haute-Vienne  désigne  en  ces  termes  :  «  Nous 
ne  parlons  point  de  quelques  artisans  et  ouvriers  que  la  mort  a 
aussi  moissonnés,  parce  que  nous  ne  savons  pas  leurs  noms  ». 


(1)  Journal  du  déparlemenl  de  la  Haute*  Vienne,  17  février  1809, 


228  SOCIETE  AIlCUlè0L0GIQU6   ET    HISTORIQUE  DU   LIM0USII4 

Malgré  ces  lacunes,  le  Nécrologe  de  cette  époque  contient  les 
trente-et-un  noms  suivants  : 

Pierre  MARTIN,  chanoine  de  la  cathédrale 

«  Leâ3  janvier  1809,  Pierre  Martin,  prêtre,  chanoine  de  la  cathé- 
drale de  Ûmoges,  âgé  d'environ  soixante-sept  ans,  né  à  Limoges, 
y  demeurant  près  l'évéché,  fils  de  Simon  Martin,  négociant,  et  de 
dame  Thérèse  Ronlhac,  est  décédé  ce  matin  à  une  heure  »  (Regis- 
Ire  de  Félal-civil  de  la  commune  de  Limoges). 

Pierre  Martin  était  né  à  Limoges,  sur  la  paroisse  de  Saint-Pierre- 
du-Queyroix,  le  19  novembre  1742.  Il  fut  chanoine  de  la  cathédrale 
en  1763  et  principal  du  collège  royal  de  Limoges  le  4  novem- 
bre 1782.  En  1791,  il  refusa,  ainsi  que  tous  les  professeurs,  le 
serment  schismalique  de  la  Constiiution  civile  du  clergé  et  pour 
cela  il  fut  remplacé  par  des  constitutionnels  et  ensuite  condamné 
à  la  déportation.  (Vest  probablement  en  Espagne  qu'il  passa  les 
dix  ans  d'exil.  Après  le  Concordat,  il  fut  nommé  curé-doyen  de 
Saint-Germain-les-Belles,  puis  en  1806,  chanoine  titulaire  de  la 
cathédrale. 

Martial  BOULAUD,  chanoine  honoraire 

«  Le  24  janvier  1809.  Les  sieurs  Mathieu  Nadaud,  propriétaire, 
&gé  de  soixante-trois  ans,  cousin  du  décédé,  et  Pierre  Henry,  né- 
gociant, âgé  de  cinquante-neuf  ans,  cousin  au  décédé,  tous  deux 
demeurant  rue  Bas-Lansecot,  ont  déclaré  que  Martial  Boulaud, 
prêtre,  chanoine  honoraire  de  la  cathédrale  de  Limoges,  âgé  de 
cinquante  ans,  né  à  Limoges,  demeurant  rue  Sainte-Affre,  fils  de 
feu  François  Boulaud,  et  de  dame  Marie  Mensat,  est  décédé  ce 
matin  »  (Registre  de  Télat-civil  de  la  commune  de  Limoges). 

Martial  Boulaud  fut  en  1784  curé  de  Pierrebutfière,  cure  que  lui 
résigna  son  oncle,  Piei  re  Mensat.  Déporté  en  Espagne  pour  refus 
de  serment,  il  rentra  à  l'époque  du  Concordat  et  fut  curé  de  Pa- 
nazol.  Mais  peu  après,  il  laissa  celte  paroisse  et  fut  employé  à 
prêcher  des  missions  dans  le  diocèse.  Mgr  du  Bourg,  qui  lui  donna 
cet  emploi,  le  nomma  en  même  temps  chanoine  honoraire  de  sa 
cathédrale. 

Jean  FOUREAU-FRANCISQUET,  vicaire  à  Sainte-Marie 

«  Le  26  janvier  1809.  Jean  Foureau,  dit  Francisque,  prêtre,  ex- 
religieux des  Carmes  déchaussés  de  Limoges,  y  demeurant,  rue 
Haute-Cité,  âgé  de  soixante-six  ans  et  un  mois,  né  à  Limoges,  fils 
de  Jean  Foureau,  chirurgien,  et  de  feue  Jeanne  [alias  Marie]  Cba- 


LA  3IALADIB   DES   ESPAGNOLS    A    LIMOGES  229 

belard,  est  décédé  ce  matin  à  cinq  heures  »  (Regisire  de  l*é(at-civil 
de  la  commune  de  Limoges). 

Jean  Foureau  est  né  à  Limoges  le  9  décembre  i742,  dans  la 
maison  où  naquit  aussi  le  maréchal  Jourdan,  dont  il  était  roqcle. 
Son  père,  Jean-Baptiste  Foureau  dit  Francisquet,  qui  était  origi- 
naire de  la  paroisse  des  Salles,  avait  épousé  à  Limoges,  le  5  févrior 
1741,  Marie  Ghabelard.  Parmi  leurs  enfants,  on  trouve  :  1"*  Jean, 
dont  il  est  ici  question  ;  2^  Jeanne,  qui  épousa  Roch  Jourdan  et  fut 
mère  du  maréchal. 

Avant  la  Révolution,  Jean  Foureau  était  religieux  Carme  dé- 
chaussé. Après  le  Concordat,  il  fut  vicaire  à  Sainte-Marie,  paroisse 
de  Limoges,  sur  laquelle  étaient  presque  tous  les  prisonniers  espa- 
gnols. C'est  en  leur  portant  secours  qu'il  prit  leur  mal,  ainsi  que 
Tabbé  Bullat,  curé  de  la  paroisse.  Ce  dernier  se  remit,  mais  son 
vicaire  succomba. 

Marie  CONSTANTIN,  sœur  Saint-Martial,  religieuse  de  Saint-Alexis 

«  Le  26  janvier  1809.  Marie  Constantin,  dite  sœur  Saint-Martial, 
religieuse  de  la  communauté  de  Saint-Alexis  de  Limoges,  y  demeu- 
rant, Agé  de  quarante-neuf  ans,  native  de  Limoges,  fille  de  sieur 
Jérémie  Constantin,  propriétaire,  et  de  Marguerite  Vauzelle,  est 
décédée  aujourd'hui  à  cinq  heures  »  (Registre  de  Tétat-civil  de  la 
commune  de  Limoges). 

Marie-Geneviève  PÉTINIAUD 

Cl  Le  27  janvier  1809.  MM.  Pierre  Pétiniaud,  négociant,  âgé  de 
cinquante  ans,  demeurant  rue  Manigne,  frère  à  la  décédée,  et 
Pierre-Augustin  Dépéret-Muret,  négociant,  âgé  de  soixante  ans, 
demeurant  rue  Ferrerie,  beau-frère  à  la  décédée,  ont  déclaré  que 
Marie-Geneviève  Pétiniaud,  âgée  de  soixante-trois  ans,  née  à  Li- 
moges, y  demeurant,  place  des  Bancs,  veuve  de  Joseph-Louis 
Nonalhier,  fille  de  feu  Joseph  Pétiniaud,  et  de  fcae  Marguerite 
Ardant,  est  décédée  ce  matin  à  deux  heures  »  (Regisire  de  Tétat- 
civil  de  la  commune  de  Limoges). 

Voir  ce  qui  est  rapporté  plus  haut  sur  M"*  Noualhier. 

Françoise  MONTET  DE  LAURIÈRE,  religieuse  de  la  Visitation 

«  F^e  27  janvier  1809.  Françoise  Monlet  de  Lanrière,  ex-religieuse 
de  la  Visitation  de  Limoges,  âgée  de  cinquante-sept  ans  huit  mois, 
née  dans  la  commune  de  Jumilhac,  déparlement  de  la  Dordogne, 
demeurant  à  Limoges,  au  susdit  enclos  des  Carmélites,  fille  de  feu 
Pierre  Montel  de  Laurière  et  de  feue  Louise  Jarry,  est  décédée  ce 

T.   LV  15 


â30  SOCléTè  ARGHèOLOCiQUE  tST  HISTORIQUE    DU  LIMOUSIN 

malîQ  à  sepl  heures  »  (Registre  de  Télat-civil  de  la  commune  de 
Limoges). 

A  cette  époque,  les  religieuses  de  la  Vîsilation,  dispersées  par 
la  Révolution,  trayaillaul  à  rétablir  leur  communauté,  s'étaient 
fixées  dans  l'ancien  enclos  des  Carmélites,  qui  se  trouve  entre  le 
séminaire  et  Téglise  des  Jacobins,  où  étaient  enfermés  les  prison- 
niers espagnols.  Là,  à  proximité  du  foyer  de  contagion,  quatre 
d'entre  elles  contractèrent  la  maladie  et  succombèrent. 

Elie  VITRAC,  curé  de  la  Bregère 

«  Le  29  janvier  i809  sont  comparus  HM.  Hyacinthe  Dalesme, 
imprimeur,  âgé  de  trente-neuf  ans,  demeurant  rue  Fourie,  neveu 
du  décédé,  et  Jean-Baptisle-Paulin  Bouriaud,  professeur  à  Técoie 
de  Feyliat,  &gé  de  trente-six  ans,  demeurant  rue  Monlant-Manigne, 
neveu  du  décédé,  ont  déclaré  qu'Elie  Vitrac,  prêtre,  âgé  de  soi- 
xante-trois ans  et  deux  mois,  né  à  Limoges,  y  demeurant,  susdite 
rue  Montant-Manigne,  fils  de  feu  Léonard  Vitrac  et  de  feu  Catherine 
Penot,  est  décédé  hier  à  neuf  heures  »  (Registre  de  i'élal-civil  de 
la  commune  de  Limoges). 

Elie  Vitrac  est  né  à  Limoges  le  30  novembre  1748.  Il  fut,  en 
1770,  régent  de  sixième  au  collège  royal  de  Limoges,  puis  de 
quatrième  en  1776.  Nommé  curé  de  la  Bregère,  près  Limoges,  en 
1787,  il  y  était  au  moment  de  la  Révolution.  11  repoussa  la  Consti- 
tution civile  du  clergé  et  écrivit  sur  son  registre  de  paroisse  ces 
mots  qu'on  y  voit  encore  :  Mori  potiiÂS  quam  fœdari.  «  Plutôt  la 
mort  que  le  parjure  ».  Condamné  à  la  déportation  hors  du  terri- 
toire français,  il  se  réfugia  en  Espagne,  ainsi  que  ses  trois  frères, 
aussi  prêtres.  Rentré  à  Limoges  après  le  Concordat,  il  porta 
toujours  le  litre  de  curé  de  la  Bregère,  quoique  cette  paroisse  ait 
été  réunie  à  celle  de  Saint-Pierre. 

Léonarde-Marie  PLAINEHAISON 

ce  Le  29  janvier  1809.  Jean  Baptiste  Plainemaison,  cultivateur, 
âgé  de  cinquante-cinq  ans,  demeurant  faubourg  des  Arènes,  oncle 
à  la  décédée,  et  Louis  Plainemaison,  marchand,  âgé  de  quarante- 
sept  ans,  demeurant  rue  Haut-Lansecot,  oncle  à  la  décédée,  ont 
déclaré  que  Léonarde-Marie  Plainemaison,  Glle  aînée,  âgée  de 
vingt  ans,  née  à  Limoges,  demeurant  avec  ses  père  et  mère,  susdite 
rue  Haut-Lansecot,  fille  de  M«  Pierre  Plainemaison,  et  de  dame 
Marie  Cornuau-Lacroisille,  son  épouse,  est  décédée  ce  jourd'hui  à 
onze  heures  du  matin  »  (Registre  de  l'état-civil  de  la  commune  de 
Limoges). 


LA    MALADIE   DES   ESPAGNOLS  A  LIMOGES  231 

Marie-jQsline  TÂLENDIER 

«  Le  29  janvier  1809,  Jean-Baplisle  Bardinet,  (ils  aîné,  marchand, 
âgù  de  Irente  ans,  demeurant  rue  des  Arènes,  beau-frère  à  la  décé- 
dée,  el  Nicolas  Boysse,  secrétaire  de  celle  mairie,  âgé  de  quarante- 
trois  ans,  demeurant  rue  Boucherie,  ont  déclaré  que  Marie-Justine 
Taiendier,  âgée  de  vingt  et  un  ans,  née  à  Limoges,  y  demeurant 
avec  ses  père  et  mère,  faubourg  des  Arènes,  lille  de  M.  Jean-Fran- 
çois Taiendier,  substitut  de  M*  le  procureur  général  impérial  à  la 
cour  de  justice  criminelle  de  ce  département,  magistral  de  sûreté 
de  cette  ville,  et  de  dame  Marie  de  Gros  de  Puyseguy,  son  épouse, 
est  décédée  à  dix  heures  du  soir.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de  la 
commune  de  Limoges.) 

Marie-Toinctte  LAURENT,  religieuse  de  Sainte- Claire 

«  Le  29  janvier  1809,  Marie-Toinette  Laurent,  dite  Saint-Sernin, 
ex-religieuse  de  Sainte  Glaire  de  la  ville  de  Toulouse,  âgée  d'envi- 
ron quarante-quatre  ans,  demeurant  à  Limoges,  rue  Fontaine  de  la 
Gave,  fille  de  feu  François-Hyacinthe  Laurent  el  de  feue  Jeanne 
Henry,  est  décédée  aujourd'hui  à  dix  heures  du  soir.  »  (Registre 
de  rétat  civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Marguerite-Emilie  PINOT,  religieuse  de  Saint-Alexis 

«  Le  30  janvier  1809.  Marguerite-Emilie  Pinot,  religieuse  de 
Saint-Alexis  de  Limoges,  y  demeurant,  âgée  de  trente-quatre  ans, 
native  de  Limoges,  fille  de  M.  Paul  Pinot  de  Moirat  el  de  feue  Mar- 
guerite Estienne,  est  décédée  aujourd'hui  à  l'heure  de  midi.  » 
(Registre  de  l'état  civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Jean-Baptiste  BARDY,  aumônier  de  l'hospice 

«  Le  1"  février  1809,  ont  comparu  Joseph  Bardy,  notaire,  âgé  de 
trente-quatre  ans,  demeurant  à  Limoges,  place  Saint-Michel,  el 
Malhien  Bardy,  receveur  d'enregistrement  à  Gompreignac,  y 
demeurant,  âgé  de  trente-trois  ans,  cousins  au  décédé,  lesquels 
ont  déclaré  que  Jean-Baptiste  Bardy,  prêtre,  ancien  curé  de  Ver- 
neuil,  près  Limoges,  âgé  de  cinquante-cinq  ans  et  six  mois,  né  à 
Limoges  et  y  demeurant  place  Saint-Michel,  fils  de  feu  Paul  Bardy, 
notaire,  el  de  feue  Marie  Guiberl,  est  décédé  le  jour  d'hier,  à 
six  heures  du  soir.  »  (Registre  de  l'étal  civil  de  la  commune  de 
Limoges.) 

Jean-Baptiste  Bardy  est  né  à  Limoges  le  27  juillet  1753.  Il  entra 
au  séminaire  des  Ordinands  en  1775  el  était  vicaire  de  Verneuil- 


232  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQOE   ET  HlSTOKlQUE  DU    LIMOUSIN 

sur-Vieane  au  moment  de  la  Révotalion.  Ainsi  que  son  curé, 
M.  Demassias,  il  refusa  le  serment  schismatique  de  la  Constitution 
civile  du  clergé,  mais  plus  tard,  il  revint  sur  sa  détermination  et 
fut  pendant  quelque  temps  curé  constitutionnel  de  cette  paroisse. 
Après  le  Concordat,  Mgr  du  Bourg  le  nomma  curé  de  Saint-Sym- 
phorien,  mais  il  préféra  rester  à  Limoges  en  qualité  d'aumônier 
à  rhospice  ;  et  c'est  en  remplissant  les  devoirs  de  sont  état  qu'il  est 
mort. 

Marie-Madeleine  CHATENET,  sœur  Sainl-Priesl, 
religieuse  de  Saint-Alexis 

«  Le  3  février  1809.  Marie-Madeleine  Chatenet,  sœur  Saint- 
Priest,  religieuse  de  la  communauté  de  Saint-Alexis  de  Limoges,  y 
demeurant,  âgée  de  cinquanle-qualre  ans  et  quatre  mois,  née  dans 
la  commune  d'Aixe,  près  Limoges,  fille  de  feu  Louis  Chatenet  et  de 
feue  Catherine  Gérald,  est  décédée  dans  la  dite  communauté 
cejourd'hui,  à  sept  heures  du  soir.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de  la 
commune  de  Limoges.) 

François  ARDANT-MARZAT 

«  Le  3  février  1809,  ont  comparu  MM.  Joseph  Audouin,  négo- 
ciant, âgé  de  trente-deux  ans,  demeurant  rue  de  la  Promenade, 
oncle  au  décédé,  et  Jean-Baptiste  Ardant-Marzat,  négociant,  &gé  de 
vingt-six  ans,  demeurant  faubourg  Boucherie,  cousin  au  décédé, 
lesquels  ont  déclaré  que  François  Ardant  de  Marzat,  propriétaire. 
Age  de  vingt-six  ans,  né  à  Limoges,  y  demeurant  susdite  rue  de  la 
Promenade,  (ils  de  feu  Jean-Baptiste  Ardant  de  Marzat  et  de  Jeanne 
Audouin,  est  décédé  ce  matin  à  six  heures.  »  (Registre  de  l'état 
civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Joseph  CIBOT,  vicaire  à  Saint-Etienne 

«  Le  4  février  1809.  Joseph  Cibot,  prêtre,  vicaire  de  l'église 
succursale  de  Saint-Etienne  de  Limoges,  âgé  de  quarante-six  ans, 
né  à  Limoges,  y  demeurant  susdite  rue  des  Tanneries,  fils  de  feu 
Pierre  Cibot,  marchand  boucher,  el^  de  feue  Yves  Plainemaison, 
est  décédé  cejourd'hui,  à  huit  heures  au  matin.  »  (Registre  de  l'état 
civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Joseph  Cibot  était  né  sur  la  paroisse  de  Sainl-Pierre-du-Queyroix 
le  2  décembre  1764.  Après  avoir  étudié  au  collège  des  Jacobins  de 
sa  ville  natale,  il  entra  au  séminaire  des  Ordinands  en  1787. 
Vicaire  à  Saint-Sylvestre  au  moment  de  la  Révolution,  il  fut,  ainsi 
que  son  curé  Jean-Baptiste  Vitrac,  condamné  à  la  déportation  à 


LA  MALADIE    DBS   ESPAGNOLS   A   LIMOGES  233 

rétranger  poar  refus  de  serment.  Après  dix  ans  d*exil  en  Espagne, 
il  revint  à  Limoges  et  fut  vicaire  à  la  cathédrale.  Il  s*occupa  beau- 
coup des  confréries  des  Pénitents  qui  se  reconstituèrent  alors,  fut 
le  directeur  de  M'"  du  Bourg,  la  fondatrice  de  Tordre  des  sœurs  du 
Sauveur,  et  mourut  en  laissant  aux  pauvres  de  la  paroisse  de  Saint- 
Etienne  l'argent  qu*il  possédait. 
Voir  ce  qui  est  rapporté  plus  haut  sur  M.  Gibot. 

Catherine  BROUSSAUD,  religieuse  de  la  Providence 

«  Le  4  février  1809,  ont  comparu  Joseph  Demartial,  négociant, 
âgé  de  quarante  et  un  ans,  demeurant  place  des  Bancs,  et  Félix 
Broussaud,  commis-marchand,  âgé  de  trente  ans,  demeurant  près 
la  Maison  de  Force,  le  premier  beau-frère,  et  le  second  frère  de  la 
décédée,  lesquels  ont  déclaré  que  Catherine  Broussaud,  ex-reli- 
giense  de  la  Providence  de  Limoges,  âgé  de  quarante-quatre  ans, 
née  à  Limoges  et  y  demeurant  places  des  Arbres,  fille  de  feu 
Halhurin  Broussaud  et  de  feue  Anne  Dutreix,  est  décédée  le  jour 
d*hier,  à  cinq  heures  du  soir.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de  la  com- 
mune de  Limoges.) 

On  a  vu  plus  haut  que  c'est  en  venant  aider  sa  sœur,  Marie 
Broussaud,  religieuse  de  Saint- Alexis,  qu'elle  a  contracté  le  mal 
dont  elles  sont  mortes  toutes  deux. 

Marie  BROUSSAUD,  religieuse  de  Saint-Alexis 

«  Le  8  février  1809,  ont  comparu  Félix  Broussaud,  commis-mar- 
chand, âgé  de  trente  ans,  demeurant  près  la  Maison  de  Force, 
frère  à  la  décédée,  et  Joseph  Demartial,  négociant,  âgé  de  qua- 
rante et  un  ans,  demeurant  place  des  Bancs,  beau-frère  à  la  décé- 
dée, lesquels  ont  déclaré  que  Marie  Broussaud,  novice  à  la  com- 
munauté de  Saint-Alexis  de  Limoges,  âgée  de  vingt-sept  ans,  née  à 
Limoges,  y  demeurant,  près  la  dile  Maison  de  Force,  fille  de  feu 
Malhurin  Broussaud  et  de  Catherine  Guineau-Dupré,  son  épouse, 
est  décédée  ce  matin  à  neuf  heures.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de  la 
commune  de  Limoges.) 

Marguerite  PAGNON  DE  LA  BORIE,  religieuse  de  Allois 

«  Le  6  février  1809,  ont  comparu  les  sieurs  Antoine  Du  Mas, 
négociant,  âgé  de  trente-sept  ans,  demeurant  place  Boucherie,  et 
André-Frédéric  Pagnon  de  La  Borie,  employé  chez  le  payeur  géné- 
ral, âgé  de  vingt-cinq  ans,  demeurant  place  de  la  Mothe,  cousins  à 
la  décédée,  lesquels  ont  déclaré  que  Marguerite  Pagnon  de  La 


234  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

Borie,  ex-religieuse  des  Allois  de  Limoges,  âgée  de  cinquante-trois 
ans,  native  de  la  ville  de  Saint-Yrieix,  dans  ce  département,  fille 
de  feu  Jean  Pagnon  de  La  Borie  et  de  Marie-Anne  Gay  de  Vernon, 
est  décédée  cejourd'hui,  à  neuf  heures  du  soir.  »  (Registre  deTétat 
civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Georges  ARNAUD 

«  Le  6  février  1809,  ont  comparu  MM.  Léonard  Pouyat  aine, 
négociant,  âgé  de  cinquante-deux  ans,  demeurant  rue  RaQUoux, 
oncle  maternel  au  décédé,  et  Joseph  Montégut,  négociant,  âgé  de 
quarante-cinq  ans,  demeurant  rue  des  Arènes,  lesquels  nous  ont 
déclaré  que  Georges  Arnaud,  négociant,  âgé  de  vingt-quatre  ans, 
né  à  Limoges,  y  demeurant  susdite  rue  des  Arènes,  flls  de  H.  Benoit 
Arnaud,  négociant,  et  de  dame  Marguerite  Pouyat,  son  épouse,  est 
décédé  cejourd*hui  à  cinq  heures  du  soir.  »  (Registre  de  Tétat  civil 
de  la  commune  de  Limoges.) 

Marie-Louise-Véronique  RUAUD 

«  Le  6  février  1809,  ont  comparu  Jean-Baptiste  Ruaud  aîné, 
propriétaire,  âgé  de  soixante-sept  ans,  demeurant  rue  Ferrerie, 
oncle  à  la  décédée,  et  Joseph-Guillaume  Déroche,  négociant,  âgé 
de  quarante  et  un  ans,  demeurant  place  des  Bancs,  beau-frère  à  la 
décédée,  lesquels  ont  déclaré  que  Marie-Louise-Véronique  Ruaud, 
âgée  de  vingt-quatre  ans,  née  à  Limoges,  y  demeurant  rue  du 
Clocher,  épouse  du  sieur  Jean-Baptiste-Ignace  Déroche,  négociant, 
fille  de  feu  Pierre  Ruaud  jeune,  et  de  Thérèse  Tuillier,  est  décédée 
cejourd*hui,  à  trois  heures.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de  la  com- 
mune de  Limoges.) 

Marie  CHABROL,  sœur  Sainte-Agathe,  religieuse  de  Saint-Alexis 

«  Le  7  février  1809,  Marie  Chabrol,  dite  sœur  Sainte-Agathe, 
religieuse  de  Saint-Alexis, âgée  de  cinquante-deux  ans  sept  mois,  née 
à  Limoges,  y  demeurant  dans  la  dite  communauté,  fille  de  feu 
Louis  Chabrol  du  Cluzeau  et  de  Madeleine  Moulinier,  est  morte 
cejourd*hui,  à  une  heure  du  matin.  »  (Registre  de  Tétai  civil  de  la 
commune  de  Limoges.) 

Anne-Julie  PEYROCHE,  religieuse  de  la  Visitation 

«  Le  7  février  1809,  Anne-Julie  Peyroche,  ex-religieuse  de  la 
Visitation  de  Limoges,  âgée  de  soixante-huit  ans  deux  mois,  née  à 
Limoges,  y  demeurant  audit  enclos  des  Garùiélites,  fille  de  feu 


LA  MALADIE   DES   ESPAGNOLS    A  LIMOGES  235 

Léonard  Pey roche  du  Puyguichard  et  de  fea  Marie  Duqaeyroix, 
est  décédée  ce  matin,  à  quatre  heures.  »  (Registre  de  Tétat  civil  de 
la  commune  de  Limoges.) 

Joseph  BROUSSE,  vicaire  à  Aixe 

Le  10  février  1809,  est  décédé  Joseph  Brousse,  né  à  Aixe  le 
23  février  1758,  fils  de  François  Brousse  et  de  Marie  Chàtenet.  Le 
Journal  de  la  Haute-Vienne  annonce  sa  mort  en  ces  termes  : 
«  Joseph  Brousse,  prêtre,  natif  d'Aixe,  âgé  de  cinquante  et  un  ans, 
gradué  de  l'université  de  Poitiers,  est  décédé  le  10  février  180i), 
après  avoir  desservi  sa  paroisse  en  qualité  de  vicaire,  pendant 
Tespace  de  vingt-huit  ans,  excepté  néanmoins  les  années  de  sa 
déportation  en  Espagne.  Au  passage  des  prisonniers  espagnols, 
Mgr  révéque  de  Limoges  écrivit  à  M.  Bramaud,  curé  d'Aixe,  que 
lui  ou  son  vicaire  se  rendissent  à  Limoges,  afin  de  donner  aux  pri- 
sonniers malades  les  secours  spirituels  dont  ils  avaient  besoin. 
M.  Brousse  s'y  rendit  aussitôt  et  leur  prodigua  pendant  plusieurs 
jours,  non  seulement  les  secours  de  son  ministère,  mais  encore 
tous  les  secours  pécuniaires  qui  élaient  en  son  pouvoir.  Peu  de 
jours  après  son  retour  à  Aixe,  Mgr  Tévéque  écrivit  encore  une 
seconde  lettre  pour  le  même  objet;  et  M.  Brousse,  malgré  les  vives 
instances  et  les  représentations  de  sa  famille  éplorée,  n'écoutant 
que  son  zèle  et  l'obéissance  qu'il  devait  à  son  supérieur,  s'y  rendit 
une  seconde  fois,  administra  plusieurs  malades  et  ne  les  aban- 
donna que  lorsqu'il  sentit  qu'il  était  lui-même  atteint  de  l'épidémie. 
Il  retourna  alors  à  Aixe,  où  il  mourut  au  dixième  jour,  emportant 
les  regrets  de  tous  ses  concitoyens.  » 

Pierre  BERNARD,  religieux  cordelier 

«  Le  13  février  1809,  Pierre  Bernard,  prêtre,  âgé  de  cinquante- 
deux  ans  trois  mois  dix  jours,  né  à  Limoges,  y  demeurant  Croix- 
de-l'Echalier,  fils  de  feu  Léonard  Bernard  et  de  feue  Paule- Marie 
Roudet,  est  décédé  le  jour  d'hier,  à  dix  heures  du  soir.  »  (Registre 
de  l'état  civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Pierre  Bernard  était  né,  le  23  novembre  1756,  dans  la  paroisse 
de  Saint-Maurice;  il  fit  ses  études  au  collège  de  Limoges  el  entra 
au  séminaire  des  Ordinands  en  1778.  Il  embrassa  ensuite  la  vie 
religieuse  dans  l'ordre  des  frères  mineurs  de  Saint-François,  et 
fut,  en  cette  qualité,  ordonné  prêtre  à  Limoges  le  19  décembre 
1789.  Après  la  Révolution,  il  résidait  à  Limoges  ;  il  est  toujours  dit 
religieux  cordelier  et  semble  n'avoir  occupé  aucun  poste. 


236  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOGIQUB   ET    HISTOniQUE    DU    LIMOUSIN 

Anne  BOUTINAUD,  religieuse  de  la  Croix 

<'  Le  16  février  1809.  Anne  Boulinaud,  ex-religieuse  de  la  Croix 
de  Limoges,  Agée  de  soixante-quatorze  ans,  née  à  Limoges,  fille  de 
feu  François  Boulinaud  et  de  feu  Anoe  Dournaud,  est  décédée 
susdite  place  de  la  Cilé,  ce  malin  à  quatre  heures.  »  (Registre  de 
rétat-civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

François  BRIGUEIL,  adjoint  au  maire  de  Limoges 

«  Le  17  février  1809,  François  Brigueil,  propriétaire,  adjoint, 
ex-officier  public  de  la  commune  de  Limoges,  né  à  Limoges, 
demeurant  rue  Haute-Cité,  âgé  de  soixante-quatre  ans  huit  mois, 
époux  de  dame  Marie-Rose  Vignes,  fils  de  feu  Alexis  Brigueil  et 
de  feue  Catherine  Cosse,  est  décédé  ce  matin  à  dix  heures.  »  (Re- 
gistre de  rétat-civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

H.  Brigueil,  adjoint  au  maire  de  Limoges,  tout  comme  M.  Serre, 
maire  de  Brive,  s'occupa  des  soins  à  donner  aux  malheureux 
espagnols,  Tun  et  l'autre  contraclèrent  leur  mal  et  succombèrent. 

Léonard  CRAHAILLE,  ancien  curé  d'Ambazac 

«  Le  18  février  1809,  ont  comparu  MM.  Léonard  Cramaille  atné, 
négociant,  âgé  de  quarante-sept  ans,  demeurant  faubourg  Bou- 
cherie, et  Pierre  Lagorce,  propriétaire,  âgé  de  soixante-deux  ans, 
demeurant  faubourg  Saint-Martin  de  la  Porte  de  Tourny,  tous  deux 
neveux  au  décédé,  lesquels  ont  déclaré  que  Léonard  Cramaille, 
ex-curé  d'Ambazac  en  ce  département,  âgé  d'environ  soixante- 
douze  ans,  né  à  Limoges,  et  y  demeurant  près  Tévéché,  Gis  de  feu 
Guillaume  Cramaille  et  de  feue  Marie  Reix,  est  décédé  ce  malin  à 
quatre  heures.  »  (Registre  de  Tétat-civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

Léonard  Cramaille,  qui  était  né  dans  la  paroisse  de  Saint-Maurice 
de  la  Cité,  fut  ordonné  prêtre  en  1762  et  nommé  curé  d'Ambazac 
en  1763.  Pendant  la  Révolution,  il  fit  partit  du  clergé  constitu- 
tionnel et  n'occupa  pas  d'autre  poste  après  le  Concordat. 

Marie  LAURENT  DES  COMBES,  religieuse  Clairette 

((  Le  20  février  1809.  Marie  Descombes,  ex-religieuse  des  Clai- 
rettes, âgée  de  soixante-douze  ans,  native  de  la  commune  du 
Dorât,  en  ce  département,  demeurant  faubourg  des  Arènes,  fille 
de  feu  Etienne  Laurent  des  Combes  et  de  feue  Marie  Lajaunière, 
est  décédée  ce  malin  à  huit  heures.  »  (Registre  de  Tétat-clvil  de 
la  commune  de  Limoges.) 


LA  MALADIE  DES  ESPAGNOLS  A  LIMOGES  237 

Marcelle  TANCHON,  sœur  SaiDl-Laurent,  supérieure  de  Saint-Alexis 

«  Le  1i  mars  1809,  ont  comparu  Bernard-Grégoire  Péconnet, 
docteur  en  médecine,  âgé  de  trente-huit  ans,  demeurant  rue  des 
Combes,  el  Malburin  Labrune,  Tun  des  secrétaires  de  Thospice  de 
celte  commune,  âgé  de  quarante  ans,  demeurant  place  de  la  Mairie, 
lesquels  ont  déclaré  que  Marcelle  Tanchcm,  dite  sœur  Saint-Lau- 
rent, religieuse  et  supérieure  de  la  communauté  de  Saint-Alexis  de 
Limoges,  y  demeurant,  âgée  de  cinquante-sept  ans  et  dix  mois, 
fille  de  feu  Jean-Baptiste  Tanchon  et  de  feue  Marie-Elisabeth 
Gamouret,  est  décédée  ce  matin  à  trois  heures.  »  (Registre  de 
rétat-civil  de  la  commune  de  Limoges.) 

On  lit,  à  son  sujet,  dans  les  papiers  des  sœurs  de  Saint-Alexis  : 
(c  La  peste  fut  apportée  en  France  par  les  Espagnols.  L'hôpital  de 
Limoges  en  reçut  un  grand  nombre.  I^es  lits  manquaient;  on 
couchait  les  malades  à  terre  sur  des  matelas.  Il  fallait  se  mettre  à 
genoux  dans  la  vermine  et  dans  les  crachats  pour  leur  donner  des 
soins.  Les  sœ.urs  s'y  adonnèrent  avec  un  grand  dévouement;  plu- 
sieurs contractèrent  la  maladie,  onze  moururent  victimes  de  leur 
charité.  Hère  Saint-Laurent,  navrée  de  douleur,  s'offrit  en  victime 
pour  la  cessation  du  fléau  et  la  conservation  de  ses  Tilles.  Elle  fut 
atteinte  de  la  maladie  et  mourut  le  11  mars  1809.  Mais  son  vœu 
était  exaucé  :  il  n'y  eut  pas  d'autre  victime.  Cette  mère  avait  été 
internée  à  Solignac  pendant  la  Révolution  et  avait  souffert,  avec 
les  autres  prisonniers,  le  froid,  la  faim,  le  manque  de  linge,  etc.  » 

Catherine-Cécile  LAMY  DE  LA  CHAPELLE,  supérieure 

de  la  Visitation 

cr  Le  17  mars  1809.  Catherine-Cécile  Lamy  de  La  Chapelle, 
religieuse  supérieure  delà  communauté  de  la  Visitation  de  Limoges, 
âgée  de  soixante-huit  ans,  née  à  Limoges,  y  demeurant,  susdit 
enclos  des  ci-devant  Carmélites^  fille  de  feu  Jean-Baptiste  Lamy  de 
La  Chapelle  el  de  feue  Marie  Pétiniaud,  est  décédée  le  jour  d'hier 
à  trois  heures.  »  (Registre  de  l'état-civil  de  la  commune  de  Li- 
moges.) 

Atteinte  par  la  maladie  qui  avait  fait  trois  victimes  dans  sa 
communauté,  elle  se  remit  un  peu,  mais  succomba,  ainsi  que  la 
précédente,  peu  de  temps  après. 

Ce  n'est  pas  seulement  à  Limoges  que  la  maladie  des  prisonniers 
espagnols  fit  des  victimes  parmi  les  personnes  charitables  qui  les 
soignaient,  la  même  chose  eut  lieu  dans  la   plupart  des  villes 


238  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

OÙ  ils  furent  internés  ;  (outerois,  il  y  eut  moins  de  cas  mortels  que 
chez  nous,  comme  par  exemple  à  Cahors,  à  Périgueux,  etc.  Deux 
autres  villes  de  notre  province  eurent  aussi  à  déplorer  la  mort  de 
citoyens  qui  s'étaient  dévoués  au  soulagement  de  ces  prisonniers. 
Ce  sont  Brive  et  Bourganeuf. 

Henri  SERRE,  maire  de  Brive 

A  Brive,  «  M.  Henri  Serre  était  maire  de  la  ville  et  président  de 
Tadminislration  de  Thospice,  lorsque  la  contagion  pestiférée  des 
prisonniers  espagnols,  auxquels  il  prodiguait  lui-même  ses  soins, 
le  conduisit  au  tombeau  en  janvier  Î809,  ainsi  que  plusieurs  autres 
personnes  charitables  des  deux  sexes.  »  {Histoire  de  Brive  par 
quatre  citoyens  de  cette  ville,  p.  234.) 

Jean-Etienne  SAPIENTIS,  chanoine  de  Brive 

En  janvier  1809,  mourait  aussi  de  la  contagion,  à  Brive,  Jean- 
Etienne  Sapientis,  ancien  chanoine  de  Brive,  qui  s'était  voué  au 
soulagement  des  prisonniers  malades.  H  était  né  à  Brive  le  \"  sep- 
tembre 1748  et  était  chanoine  du  chapitre  de  celte  ville  au  com- 
mencement de  la  Révolution.  Déporté  pour  refus  de  serment,  il 
passa  en  Espagne  les  dix  ans  d'exil.  De  retour  dans  sa  patrie,  après 
le  Concordai,  il  n'occupa  aucun  poste,  mais  vivait  dans  sa  famille  à 
répoque  de  cette  maladie. 

Guillaume  AUBUSSON-DUPIAT,  curé  de  Soubrebost 

A  Bourganeuf,  le  8  février  1809,  mourut  de  la  peste  des  Espa- 
gnols, Guillaume  Aubusson-Dupiat,  curé  de  Soubrebost,  qui  avait 
porté  les  secours  spirituels  aux  prisonniers  internés  dans  cette 
ville,  n  était  né  le  24  octobre  1742  et  avait  été  nommé  curé  de 
Soubrebost  en  1780.  Condamné  à  la  déportation  pour  refus  de 
serment,  c'est  vraisemblablement  en  Espagne  qu'il  avait  passé  les 
les  dix  ans  d'exil.  Après  le  Concordat,  il  fut  de  nouveau  curé  do 
Soubrebost  près  Bourganeuf,  jusqu'au  moment  de  sa  mort. 


Après  avoir  rapporté  ce  qui  arriva  à  Limoges  pendant  le  mois 
de  janvier  et  février  1809  et  fait  connaître  les  personnes  qui  mou- 
rurent victimes  de  leur  charité  pour  les  prisonniers  espagnols,  il 
me  reste  encore  à  dire  ce  qu'était  cette  maladie  appelée  chez  nous 
la  Peste  espagnole  ou  V Espagnolette ,  ou  au  moins  ce  que  les  méde- 
cins en  pensaient. 


LA  MALADIE  DES  ESPAGNOLS  A  LIMOGES  239 

M.  BarailoD,  ancien  médecin  en  chef  de  la  généralité  de  Moulins, 
consulté  à  ce  sujet,  répondit  :  «  La  maladie  régnante  à  Limoges  est 
une  catharrale  compliquée  et  d'un  mauvais  caractère.  Le  quinquina 
à  cinq  ou  six  gros  dans  vingt-quatre  heures,  avec  un  cinquième  ou 
sixième  de  cannelle,  le  tout  en  poudre  et  administré  en  substance 
à  quatre  doses  à  six  heures  d'intervalle,  une  tisane  tonique  légère- 
ment acidulée,  les  sinapismes,  les  vésicatoires,  quelques  autres 
secours  auxiliaires  en  constituent  le  traitement. 

«  Il  est  surtout  essentiel  de  supprimer  le  cours  de  ventre  chaque 
fois  qu'il  veut  paraître.  De  tous  les  symptômes,  c'est  celui-ci  qui 
précipite  le  plus  promptement  les  milades  et  aggrave  le  plus  les 
accidents  ».,  Il  termine  par  ces  mots  :  a  Ajouter  la  confiance  et  le 
courage  ». 

Après  la  publication  de  l'extrait  ci-dessus,  M.  Paye,  docteur  en 
médecine,  adressa  au  rédacteur  du  Journal  de  la  Haute-Vienne  la 
lettre  suivante  : 

«  Monsieur,  j'ai  lu  dans  le  numéro  du  3  février  l'extrait  d'une 
lettre  de  M.  Baraiton,  sur  la  maladie  régnante  à  Limoges.  Comme 
ce  médecin  n'a  pas  observé  personnellement  et  sur  les  lieux  cette 
maladie  et  qu*il  n'a  pu  en  avoir  connaissance  que  par  une  des- 
cription inexacte,  je  m'empresse  de  relever  une  méprise  importante 
qui,  quoique  ne  devant  pas  être  attribuée  à  ce  médecin  célèbre, 
ferait  beaucoup  de  mal,  appuyée  de  son  nom.  Il  a  cru  à  une  fièvre 
catharrale  compliquée  et  d'un  mauvais  caractère,  et  il  a  indiqué  le 
mode  de  traitement  le  plus  convenable  à  celte  affection  pernicieuse. 

»  La  maladie  qui  sévit  en  ce  moment  sur  mes  concitoyens  est 
une  véritable  fièvre  des  prisons,  ayant  une  marche  continue  remit- 
tente,  recevant  des  modiHcations  de  l'âge,  de  la  constitution  des 
individus  atteints,  et  étant  compliquée  le  plus  souvent  dans  le 
principe  d'un  écat  gastrique  et  quelques  fois  de  symptômes  de 
catharre. 

»  Cette  maladie  n'a  frappé  jusqu'à  présent  que  ceux  qui  sont 
allés  plus  ou  moins  souvent  au  séminaire  ou  à  l'hôpital.  Il  n'y  a  pas 
d'observation  positive  de  la  communication  en  ville  par  ces  malades 
à  ceux  qui  les  soignent  ou  les  approchent. 

»  Les  meilleurs  préservatifs  sont  la  plus  grande  propreté,  un 
air  pur,  souvent  renouveler  les  fumigations  guytoniennes,  un 
régime  fortifiant,  du  courage  et  l'éloignement  des  malades  si  l'on  a 
Tesp rit  craintif... 

»  Je  suis  avec  considération,  Monsieur,  votre  serviteur.  —  Paye, 
doc.  méd.  » 


240  SOCIÉTé   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Cette  maladie  n*é(ait  autre  que  le  typhus  des  prisons.  Il  est  bon 
de  remarquer  que  ce  n'est  pas  seulement  à  Limoges  qa*elle  fit  tant 
de  victimes,  mais  pendant  les  guerres  du  premier  Empire,  elle 
éclata  presque  partout,  en  France  et  en  Europe,  là  où  il  y  eut  de 
grands  rassemblements  de  troupes  ou  de  prisonniers  dans  de 
mauvaises  conditions  hygiéniques. 

A.  Legler. 


MONOGRAPHIE 

DU  CANTON   DE 

SAINT-SULPIGE-LES-FEUILLES 

(HAUTE-VIENNE) 
(Suite) 


SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 

La  com.  (1)  de  Saint-Suipice-les-Feuilles  occupe  l'extrémilé 
orientale  du  canton  ;  elle  est  bornée  au  Nord  par  les  communes  des 
Ghézeaux  et  d'Âzerables  ;  à  TE.,  par  celle  de  Vareilles  ;  au  S., 
par  le  territoire  â*Arnac  ;  à  TO.,  par  Hailiiac  el  Saint-Georges. 

Son  altitude  varie  de  269"  à  3S9".  L'extrémité  N.-E.  de 
la  commune  est  arrosée  par  le  ruisseau  de  la  Chaume  qui, 
après  un  cours  de  2.400",  entre  dans  l'étang  du  Bardon, 
situé  sur  le  territoire  de  Saint-Sulpice,  puis  fait  mouvoir  les  mou- 
lins du  Bardon  et  du  Refour.  Il  forme  ensuite  Tétang  de  Jançay  el 
prend,  à  partir  de  la  bonde  jusqu'à  son  confluent  avec  la  Benaize, 
le  nom  de  ruisseau  de  Lavaupot  ;  le  moulin  de  Peupilon  est  situé 
sur  ce  ruisseau  qui  est  appelé  en  1547  la  rivière  de  Planchoyrant  ; 
à  cette  époque,  le  chemin  de  Mailhac  le  franchissait  sur  un  pont 
qui  n'existait  plus  en  1640.  Sa  traversée  dans  la  commune  est  de 
10  500"".  Il  reçoit  sur  sa  rive  droite  le  ruisseau  de  Ghaulivet. 

La  Benaise  arrose  toute  la  partie  sud  de  la  commune  sur  une 
étendue  de  7.800".  Elle  sert  de  moteur  au  moulin  de  Piégul  ; 

(1)  Pour  simplifier,  nous  adoptons  les  abréviations  usuelles  :  ch', 
chevalier;  com.,  commune;  d.,  denier;  éc'jécuyer;  h., habitant;  1., livre; 
m.,  maison;  p*®,  paroisse;  s.,  sou;  set.,  sétérée,  setier;  8%  sieur,  sei- 
gneur; s"*,  seigneurie;  vill.,  village. 

De  même,  pour  ne  pas  cribler  notre  texte  de  trop  nombreuses  notes, 
nous  indiquerons  à  la  fin  de  chaque  paragraphe  les  sources  où  nous 
avons  puisé,  par  les  abréviations  suivantes  :  A.  B.,  archives  de  Beaujeu; 
£.  C,  registres  d^état  civil  ;  L.,  chartrier  de  Lussac;  G.  B.,  papiers  de 
la  famille  de  la  Goutte- Bernard  ;  G.  M.,  papiers  de  la  famille  Guillemin 
de  Montplanet;  P.  M.,  papiers  de  la  famille  de  Montbel;  M.  N.,  mi- 
nutes de  notaire.  Les  nombres,  sans  autres  indications,  désignent  les 
cotes  de  la  série  E  des  archives  de  la  Haute- Vienne. 

Pour  éviter  des  répétitions,  nous  ne  reviendrons  pas  dans  les  notices 
particulières  à  chaque  com.,  sur  les  faits  et  les  chiffres  que  nous  avons 
donnés  dans  les  généralités* 


â42  SOCIETE  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LtltOUSIN 

autrefois,  elle  aclionnait  le  moulin  de  la  Peurusse  et  formait 
rélang  de  Bantard  à  Tissue  duquel  se  trouvait  un  autre  moulin. 
C*est  pour  ce  molif  qu*on  la  trouve  appelée  rivière  de  Bantard. 
Elle  a  pour  affluents  dans  la  com.  le  ruisseau  de  I^avaupol  et 
celui  de  la  Garde  ;  ce  dernier  prend  naissance  près  Peutrémoulu 
et  vient  se  jeter  dans  la  Benaisc  au-dessous  des  Rebras. 

Celle  com.  est  de  grande  étendue;  sa  forme  est  un  ovale 
assez  régulier  ;  elle  présente  8  kilomètres  de  long  de  l'E.  à  TO.  et 
8.400"  de  largeur  moyenne  ;  sa  circonférence  est  d^environ  3S.250". 

Le  territoire  de  la  com.  coïncide  avec  celui  de  lancicnnc 
p'^»;  une  délibération  du  18  février  1749  constate  que  le  pré 
du  Pont  qui  joint  la  rivière  près  le  gué  de  Plancheron,  à  gauche 
en  remontant  au  gué  des  Borderies,  division  des  p'"  de  Saint- 
Georges  et  de  Mailhac,  est  compris  dans  la  p»«  de  Saint-Sulpice  et 
non  dans  celle  de  Mailhac. 

Vers  1762,  la  p"  comprenait  960  communiants;  le  Pouillé 
de  Nadaud,  presque  contemporain,  lui  en  attribue  1.880  ;  ce  dernier 
chiffre  nous  paraît  inexact.  Les  divers  recensements  que  nous  avons 
trouvés  nous  donnent  les  renseignements  suivants  :  /  793  : 1.250  h.  ; 
i806:  1.316; /«^/:1.«W;  /«55H.783;  ï 836  :AMi;  f  846 : 
1.881;/ «5/  :  1.947  ;/55^:  1.929;  /5tf/:  1.793;  i866:  1.888; 
/57^:  1.992;  /59/:2.143;  f896  :iM8;  1901  :  1997. 

Le  personnage  qui  lui  a  donné  son  nom  est  Sulpice  dit  le  Pieux, 
presque  un  compatriote,  car  il  était  né  à  Vatan,  en  Berri;  d'abord 
aumônier  de  Clotairell,  il  devint,  vers  Tan  624,  évéque  de  Bourges. 
11  mourut  le  18  janvier  644;  l'église  de  Saint-Sulpice  possède 
quelques-unes  de  ses  reliques. 

Les  Saint-Sulpice  étant  nombreux  dans  la  région,  on  dut  accoler 
au  notre,  pour  le  distinguer,  quelque  qualiflcation  particulière  : 
sa  situation  dans  la  Terre-aux-Feuille«  et  dans  un  pays  boisé  servit 
à  le  désigner.  C'est  ainsi  que  nous  le  trouvons  nommé  Saint-Sul- 
pizaeti  1254;  Saint'Sulpice'TerraFoliorum.HfH;  Sanctus  Sulpi- 
dus,  1408;  Sainl-SoiUpize'en'la'Terre-auX'Fueilhcs,  1466;  Saint- 
Soulpice-le-Feuillois,  1481  ;  Saint-Sulpice-Terre-aux-Feuilles,  1482; 
Saint-Sulpice'le'FeuillioiXy  1498,  1514;  Saint-Sulpice-aux-Feuilhes, 
1500;  Saint-Sulpice  le-FealeySy  1517;  Saint-Sulpice-le-Feuillays, 
1523.  Nous  rencontrons  pour  la  première  fois  la  forme  Saint- 
Sulpice-les-FeuilleSy  en  1547;  jusqu'au  milieu  du  xvn«  siècle,  elle 
est  employée  concurremment  avec  la  forme  Saint-Sulpice-Terre- 
aux-Feuilles,  mais  au  siècle  suivant,  cette  dernière  était  tout  à  fait 
tombée  en  désuétude. 

Saint-Sulpice,  petit  village  sous  Tancien  régime,  est  maintenant 
un  des  bourgs  les  plus  coquets  du  département;  placé  à  Textré- 
mité  d'un  plateau,  au  croisement  de  plusieurs  routes,  il  prend 


MONOGRAPaiB   DU   CANTON  DB  SAlNT-SCLPlC£-LBS-FEOlLLBS  ^43 

chaque  année  de  Texlension  que  le  percement  de  nouvelles  voies 
qui,  en  quelque  sorte,  le  ceintureront  d*un  boulevard,  ne  peut 
qu'accroître. 

L'augmentation  de  sa  population  a  été  rapide  :  en  i79Sy  il  ne 
comptait,  en  effet,  que  138  h.;  200  en  /  5  2/;  217  en  /  «46;  286  en 
1Sôi;in  en  /«56;296en  /5<î/;350en  /5<î<î;402en  iS72; 
476  en  i  896;  498  en  190i ,  Ainsi  donc  en  un  siècle  sa  popula- 
tion a  triplé  ;  on  a  vu  plus  Imut  que  la  population  de  la  com.  n*a 
pas  suivi  pareille  progression  :  dans  le  même  laps  de  temps,  elle 
a  augmenté  de  moitié.  On  peut  voir  dans  ce  fait  une  vérification 
de  la  loi  qui  fait  accroître  les  bourgs  aux  dépens  des  campagnes. 

Le  bourg  est  donc  de  formation  moderne  :  le  cadastre  dressé  en 
1835  nous  montre  qu'à  cette  époque  il  ne  comprenait  que  les 
maisons  groupées  autour  de  la  place;  celle-ci,  qui  n'était  qu'un 
ancien  cimetière,  était  plutôt  exiguë  ;  au  milieu  se  trouvait  un  vieil 
ormeau.  En  1892  la  démolition  de  divers  immeubles  qui  l'encom- 
braient lui  ont  donné  les  dimensions  qu'elle  possède  actuellement. 

La  rue  de  la  Poste,  aujourd'hui  construite  en  entier,  ne  -com- 
prenait en  183o  que  quelques  maisons  dans  sa  partie  inférieure. 

La  rue  qui  relie  la  place  à  la  gendarmerie  n'existait  pas  ;  elle  a 
été  créée  en  1848  et,  à  cette  époque,  on  a  abandonné  aux  rive- 
rains le  chemin,  qui  presque  parallèle,  mais  plus  au  N.,  conduisait 
à  La  Souterraine  ;  cette  rue  est  du  côté  N.-Ë.  totalement  bordée  de 
maisons;  sur  le  côté  S.-O.  on  a  amorcé,  en  1900,  une  nouvelle  voie 
qui  rejoindra  une  avenue  projetée  sous  le  nom  davenue  Bernut- 
Desgouges. 

A  peu  près  sur  l'emplacement  de  la  gendarmerie  se  trouvait  un 
hameau  dit  du  Bournazeau  qui  ne  comptait  pas  dans  Saint-Sulpice  ; 
de  même  la  Pérelle,  qui  forme  maintenant  un  quartier  important 
du  bourg,  n'avait  qu'une  maison  désignée  Chez-Alamargot. 

Le  boulevard,  qu'on  appelle  communément  la  Voie-la-Reine  (on 
trouve  les  terres  environnantes  désignées  sous  le  nom  de  Goutte  à 
la  Reine  dès  1482),  a  été  classé  en  1868  ;  il  se  continue  par  le 
chemin  qui  réunit  la  route  des  Chézeaux  au  village  de  Chez-Bou- 
chaud. 

Entin  vers  1845  la  route  du  Dorât  a  été  rectifiée  à  sa  sortie  du 
bourg  et  forme  une  longue  ligne  droite  de  plus  de  2  kilomètres. 

Il  va  sans  dire  qu'en  1835  toutes  les  maisons  qui,  sur  cette  route 
et  sur  celle  de  La  Souterraine,  donnent  à  Saint-Sulpice  de  si  riants 
abords,  n'existaient  pas. 

En  définitive,  il  faut  reconnaître  que  toutes  les  municipalités  qui, 
depuis  une  cinquantaine  d'années,  se  sont  succédé  à  Saint-Sulpice, 
ont  fait  subir  au  bourg  une  transformation  radicale  :  des  tracés 


244  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

reclilignes  ont  élc  subslilucs  aux  détours  capricieux,  aux  recoins 
sombres  et  sales,  qu'affectionnaieut  nos  pères. 

En  1846,  Sainl-Sulpice  comprenait  seulement  43  maisons;  en 
1901,  on  en  comptait  101  et  depuis  une  dizaine  ont  été  construites 
ou  sont  en  cours  d^cdification.  Malgré  ces  nouvelles  constructions, 
les  loyers  sont  toujours  élevés  ;  du  reste,  la  vie  matérielle  y  est 
fort  chère  et  les  prix  de  denrées  y  sont  toujours  plus  élevés  que 
ceux  pratiqués  à  Arnac  et  à  Lussac.  Le  commerce  est  prospère  : 
environ  60  commerçants  ou  ouvriers  tenant  atelier  habitent  Sainl- 
Sulpice. 

Dans  le  bourg,  les  prix  des  terrains  ont  subi  une  progression 
constante  et  actuellement  ils  sont  hors  de  proportion  avec  l'im- 
portance de  la  localité  :  nous  avons  vu  des  emplacements  vendus 
à  raison  de  8  fr.  le  mètre. 

Sous  Tancien  régime,  une  grande  partie  du  bourg  relevait  de 
Lavaupot,  notamment  les  maisons  sises  dans  le  fief  de  la  Barde, 
qui  englobait  l'espace  compris  entre  le  chemin  de  l'église  aux 
Chézeaux  et  le  chemin  du  grand  cimetière  à  Masgrimaud  ;  dans  ce 
circuit  se  trouvaient  les  maisons  du  Four,  du  Pont  et  de  la  Go- 
lympe  Alexilhe,  situées  devant  Téglise.  D'autres  maisons  relevaient 
de  Rurasson  et  de  Mondon.  La  grande  dîme  du  bourg  appartenait 
à  la  Salle  de  Jançai. 

Deux  documents,  l'un  de  1530,  l'autre  de  1593,  mentionnent  des 
immeubles  tenant  à  la  place  et  vigean  de  Saint-Sulpice  ;  nous  ren- 
controns encore  ce  mot  sous  la  forme  vegen  dans  un  terrier  de 
1543,  indiquant  une  maison  tenant  au  vegen  et  place  publique  de 
Lussac.  Un  acte  de  1601  est  passé  au  bourg  de  Chaillac,  au  vigean 
dud.  lieu  (G.  M.).  Ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans  les  dictionnaires  de 
l'ancien  langage;  le  Glossaire  du  Centre  de  la  France  contient  seu- 
lement le  mot  vijon,  réunion  où  l'on  s'amuse,  où  l'on  danse.  L'ana- 
logie que  présente  ce  nom  avec  le  mot  vigie  pourrait  faire  supposer 
qu'il  s'agit  d'une  tour  de  guet  ou  de  vigie  ;  d'autant  plus  que  l'exis- 
tence d'une  construction  défensive  sur  la  place  est  probable  :  en 
creusant  les  caves  du  presbytère  on  a  rencontré,  à  une  assez  grande 
profondeur,  des  terres  remuées  qui  semblaient  avoir  été  rapportées 
pour  combler  des  fossés  taillés  dans  le  roc.  Un  conduit  construit 
avec  des  tuiles  à  rebord  y  a  aussi  été  découvert.  Il  est  plus  probable 
que  ce  mot  est  synonyme  de  place. 

Sainl-Sulpice,  en  raison  de  son  peu  d'importance,  est  resté  ignoré 
des  chroniqueurs  et  son  nom  ne  ligure  pas  dans  les  annales  du 
pays  ;  son  histoire  se  réduit  donc  à  celle  de  ses  institutions. 

Saint-Sulpice  possède  tous  les  fonctionnaires  et  officiers  minis 
tériels  que  l'on  rencontre  d'ordinaire  dans  les  chefs-lieux  de  canton. 


MONOGRAPHIE  Dl)  CANTOK  DE  SAlNT-âULPlOE-LEâ-KECJLLES  24^ 

Le  bureau  de  poste  a  été  créé  en  1842;  en  1870«  on  y  adjoignit 
un  bureau  télégraphique  et  en  1904  un  poste  téléphonique.  Le 
bureau  de  Tenregislrement  a  été  transféré  dans  le  bourg  en  1843. 

La  gendarmerie  ioslallée  à  la  Révolution  à  Boismandé  fut  trans- 
portée h  Sainl-Sulpice  en  1857  :  d'abord  à  loyer,  le  département  fit 
l'acquisition  de  la  caserne  actuelle  en  1865,  moyennant  15.300  fr. 

Jusqu*en  1892  le  Conseil  municipal  ne  possédait  pas  de  local 
pirticulier  pour  se  réunir.  En  1861,  on  acheta,  moyennant  450  fr., 
un  emplacement  de  15  a.  pour  édifier  la  maison  commune,  le  pré- 
toire et  les  écoles.  Et  les  études  commencèrent...  Elles  durèrent 
31  ans,  car  ce  n*est  qu'en  1890  que  ces  bâtiments  furent  mis  en 
adjudication.  Le  tout  revint  à  64.721  fr.,  y  compris  le  groupe 
scolaire  de  Boismandé. 

Nous  avons  montré  précédemment  que  Tinstruclion  a  toujours 
été  fort  développée  à  Saint-Snlpice  :  en  1832-1851,  il  y  avait  3  ins- 
tituteurs libres;  en  1868,  on  comptait  2  écoles  libres  de  filles; 
récole  communale  fut  créée  par  décision  de  1869. 

En  1857,  on  décide  la  création  d'un  bureau  de  bienfaisance  qu'on 
dote  de  200  fr.  par  an  ;  il  existe  encore.  Une  société  de  secours 
mutuels  fondée  en  1862  par  des  ouvriers  n'eut  pas  semblable 
succès. 

Nous  n'avons  rien  trouvé  sur  la  Révolution  à  Saint-Sulpice  :  les 
registres  de  la  municipalité  et  de  l'administration  du  canton 
n'existent  plus. 

Le  premier  maire  fut  Etienne  Bernut  de  la  Chaume.  En  1790, 
Saint-Sulpice  élevé,  sans  doute  à  cause  de  sa  position  centrale,  à 
la  dignité  de  chef-lieu  de  canton,  reçut  dans  son  ressort  Arnac, 
Cromac,  les  Chézeaux,  Mailhac  et  Saint-Georges  ;  plus  tard,  on  lui 
réunit  trois  communes  du  canton  de  Lussac. 

Un  procès-verbal  des  23  et  24  nivôse  an  II  de  la  société  populaire 
du  Dorât,  qui  avait  envoyé  ses  commissaires  à  Sulpice-les-Feuilles 
pour  y  prêcher  les  principes  de  la  raison,  constate  qu'ils  ont  été 
menacés  d*étre  lapidés  ou  massacrés  par  des  femmes  fanatisées  par 
rhypocrile  Dumont,  leur  curé  (L  547). 

Les  élections  municipales  ont  toujours  été  fort  suivies  ;  voici 
quelques  chiffres  à  ce  sujet  :  le  30  juil.  1848,  sur  491  électeurs, 
2v)l  se  présentent  aux  urnes;  le  15  juil.  1865, 185  sur  488,  c'est  le 
minimum  rencontré  :  37  Vo*  Le  7  août  1870,  nous  trouvons  310  vo- 
Imts  sur  535  inscrits  ;  le  30  avril  1871,  415  sur  555,  soit  82  Vo, 
c'est  le  maximum  ;  depuis  1881  jusqu'à  nos  jours,  la  moyenne  des 
volants  est  d'environ  70  Vo- 

Les  différents  plébiscites  ont  donné  les  résultats  suivants    : 

T.  LV  16 


246  sociiETé  archéologique  et  uistorjqcb  du  limodsis 

SO  déc.  1851  :  437  oui,  13  non  ;  21  nov.  1852  :  350  oui,  3  non  ; 
8  mai  1870  :  341  oui,  39  non,  2  blancs. 

Sainl-Sulpice,  avant  la  Révolulion,  n'avait  ni  foires,  ni  marchés  ; 
à  cette  époque,  on  créa  une  foire  par  mois  et  un  marché  le  mer- 
credi. 

•  Ces  créations  n'eurent  sans  doute  pas  de  succès,  car  une  pan- 
carte imprimée  de  Tan  II,  portant  Avis  aux  citoyens^  annonce  que 
les  foires  se  tiendront  les  4  des  mois  de  vendémiaire,  frimaire, 
pluviôse,  germinal,  prairial  et  ihermidor  et  le  marché  le  quartidi. 

En  1823,  une  délibération  porte  que  les  trois  nouvelles  foires  des 
21  mars,  21  juil.  el2i  nov.,  créées  par  ordonnance  du  22  juiI.18i 8, 
ayant  très  bien  pris,  on  demandera  à  Tadminislration  Taulorisa- 
tion  d'en  tenir  trois  autres  les  21  janv.,  21  mai  et  21  sept.  En  1831 
et  1832,  le  nombre  des  foires  fut  porté  à  12. 

Le  8  nov.  1853,  les  habitants  s*élant  plaints  d'être  encombrés 
les  jours  de  foire  par  les  forains,  on  décida  de  leur  faire  payer  un 
droit  de  placage  et  la  place  de  l'église  leur  fut  exclusivement 
assignée.  Ce  placage  affermé  81  fr.  en  1854,  a  été  adjugé  670  fr. 
par  an  en  1904. 

La  fête  patronale  de  Saint-Sulpice  se  célèbre  le  17  janv.  ;  elle 
n'est  plus  l'occasion  d'une  assemblée.  Il  n'en  était  pas  ainsi  sous 
l'ancien  régime,  car  nous  voyons  dans  le  tarif  de  Brosses  que  les 
jours  de  Saint-Sulpice  et  Saint-Biaise,  chaque  cabarelier  du  bourg 
doit  au  vicomte  5  s.  et  un  pot  de  vin. 

Deux  assemblées  se  tiennent  les  premiers  dimanches  de  fév.  et 
de  juil.;  elles  sont  à  peu  près  tombées  ;  il  n  en  est  pas  de  même  du 
comice  agricole  qui  a  lieu  en  sept,  et  qui  attire  toujours  beaucoup 
de  visiteurs.  La  première  fêle  de  ce  genre  eut  lieu  en  sept.  1868. 

L'ancienne  église  de  Saint-Sulpice  étart  de  style  roman  (xi'-xii*  siè- 
cle). Une  partie  avait  sans  doute  était  restaurée  en  1636,  car  un 
claveau  provenant  d'une  des  portes  montre  encore  cette  date.  Elle 
était  précédée  d'un  «  chaputiau  »,  sorte  de  porche  sous  lequel 
avaient  lieu  les  délibérations  d'habitants. 

Après  la  restauration  du  culte,  des  travaux  importants  y  furent 
effectués  en  1809;  en  1848,  comme  elle  menaçait  ruine,  on  la  démolit. 
Dans  ses  fondations,  on  trouva  les  blocs  de  pierre  dont  nous  par- 
lons plus  haut,  et  qui  paraissent  avoir  appartenu  à  une  construc- 
tion romaine  en  grand  appareil. 

Reconstruite,  à  peu  près  sur  le  même  emplacement,  dans  le  style 
ogival  à  lancette  du  xur  siècle  par  M.  Victor  Gay,  elle  fut  consacrée 
le  20  août  1851;  elle  coûta  55,000  fr.  dont  14,000  fr.  fournis  par 
des  dons  particuliers  et  6,000  fr.  par  l'Etat;  trois  ans  après,  on 
s'aperçut  que  les  voûtes  fléchissaient  et  on  dut  y  faire  des  travaux 


MONOGnAPllIE  DO  CANTON  DE  SAINT-SULPIGE-LES-PECILLES  247 

de  consolidation.  Enfin  de  1res  importantes  modifications  y  furent 
apportées  en  1883  par  i*adjonction  de  deux  bas-côtés  et  la  réfection 
de  la  nef. 

En  résumé  son  plan  actuel  est  une  croix  latine  avec  chevet 
polygonal,  nef  et  deux  bas-côtés;  le  clocher  est  octogonal  à  base 
carré  et  abrite  un  porche  à  trois  côtés  ouverts. 

Elle  était  sous  l'ancien  régime  à  la  nomination  du  prévôt  deSaint- 
Benoit-du-Sault;  le  vicomte  de  Brosse,  dans  son  aveu  de  185S, 
en  revendique  la  présentation  ;  ce  droit  lui  étaii  contesté  parle 
s' de  Piégul.  Cet  acie  ajoute  qu'elle  vaut  50  I.  de  rente. 

D'après  un  aveu  de  Lavaupot,  les  droits  de  prééminence  dans 
celle  église  appartenaient  aux  s"  de  Piégut  et  de  Lavaupot;  ceux 
de  Piégut  passaient  les  premiers  dans  les  cérémonies  et  étaient 
enterrés  dans  le  chœur.  Les  s*^  de  Lavaupot  avaient  deux  bancs, 
l'un  derrière  l'autel  N.-D.,  Taulre  derrière  le  chœur  avec  droit 
d'enterrement  dessous. 

Les  registres  d'état-civil  renferment  le  procès-verbal  suivant  : 

L*an  1743,  le  H^  mai,  3*  semaine  après  Pasques,  Mgr  riilustrissime  et 
révérend issime  Jean-Gilles  de  Coellosquet  a  fait  la  visite  de  notre 
église  et  y  a  donné  la  confirmation  à  près  de  1,000  personnes;  il  y  a 
presché  Tespace  de  5/4  d'heures  sur  la  sanctification  du  dimanche 
d'une  manière  très  vive  et  très  pathétique  et  pour  donner  des  mar- 
ques de  la  bonté  qu'il  a  eue  pour  cette  p'*^  il  y  a  officié  et  y  a  chanté  la 
messe  pontificale.  Mgr  d'Espagnac,  son  grand  viCaire,  lui  servait  de 
diacre,  M.  Vctelay,  curé  de  Saint-Hilaire,  de  sous-diacre;  la  messe  fut 
chantée  par  3  petits  enfants  qui  faisaient  un  chœur  et  près  de  10  ecclé- 
siastiques et  4  séculiers  qui  sca voient  le  plain-chant;  20  ecclésiastiques, 
prestres  ou  curés  voisins  assistèrent  à  cette  cérémonie;  toute  la  p"*  était 
extrêmement  édifiée  de  la  douceur  et  de  TafTabilité  de  cet  illustre 
prélat;  il  avoit  près  de  70  ans  qu'on  n'avait  veu  d^évesque  dans  cette 
p^,  depuis  M.  Louis  Durset,  d'heureuse  mémoire,  qui  est  mort  en  odeur 
de  sainteté. 

On  sera  peut-être  bien  aise  de  scavoir  le  contenu  de  l'ordonnance  ; 
elle  ordonne  que  le  banc  de  Piégut  sera  rétréci  de  2  pieds  et  allongé 
jusques  à  la  première  marche  du  sanctuaire,  qu'on  feroit  une  grande 
croisée  entre  la  chaire  et  la  tribune  et  qu'on  fermeroit  la  petite  porte; 
que  les  droits  de  la  fabrique  pour  les  sépultures  dans  l'église  seroient 
de  10  1.  II  a  retranché  la  feste  de  la  translation  de  saint  Suipicc  qui 
tomboit  le  27  août  et  la  feste  de  saint  Biaise  dont  il  permet  la  dévotion 
le  dimanche  suivant  et  permet  l'exposition  du  Saint-Sacrement  et  prier 
saint  Suipicc  pendant  la  matinée  jusques  après  la  grand'messe  et  à 
vespres  ». 

Ijecuré,  ne  possédantpas  toutes  les  dîmes  de  la  p"%  était  à  portion 
congrue;  chaque  année  il  devait  au  s'  de  la  Salle  de  Jançay  18  d. 


248  SOClèTE   AnCllèoLOÔIQUE   ET  lIlSTOniQUE   DU    LlNlOUSlN 

et  40  pieds  de  chandelle  à  cause  du  presbylère.  Celui-ci,  aliéné  à 
la  Révolution,  a  été  racheté  en  1823  par  la  corn.  Il  a  été  réédifié 
en  1900  sur  le  même  emplacement. 

L'église  de  Saint-Sulpice  possède  deux  reliquaires  célèbres  qui 
ont  figuré  à  diverses  expositions  et  ont  été  maintes  fois  repro- 
duits. Tous  deux  proviennent  de  Grandmont. 

Le  plus  ancien  est  formé  d'une  urne  en  cristal  supportée  par  un 
ange  debout.  Le  tout  a  une  hauteur  de  O'^^S.  L'ange,  dans  une 
attitude  hiératique,  tient  de  la  main  gauche  Tévangile  et  élève,  au 
devant  de  sa  poitrine,  la  droite  dans  un  geste  de  bénédiction.  Sa 
ligure,  aux  yeux  énormes  formés  par  deux  globules  d*émail  noir, 
est  encadrée  par  une  chevelure  nattée  dont  chaque  natte  se  termine 
par  une  boucle.  Il  est  vêtu  d'une  robe  à  longues  manches;  ses  pieds 
nus  reposent  sur  une  sorte  de  lapis.  Ses  ailes  sont  garnies  d'émaux 
aux  tons  vifs.  Pour  imiter  les  plumes,  elles  portent  des  sortes 
d'imbrications  émaillées  au  champlevé  en  gros  bleu,  bleu  turquoise, 
gris,  blanc  et  rouge.  Une  bande  bleue  ornée  de  points  rouges 
traverse  ces  ailes;  le  cloisonnage  a  été  utilisé  pour  ces  points. 
Ce  procédé  a  été  fort  peu  employé  en  Limousin  (1). 

M.  Palustre  et  Mg'  Barbier  de  Montault  concluaient  à  l'origine 
allemande  de  cet  objet.  M.  Guibert  déduisait  du  style  très  caracté- 
risé de  l'ange  une  provenance  byzantine  ou  nord-italienne. 

L'autre  reliquaire  nous  présente  des  émaux  peints;  M.  Darcel, 
dans  sa  notice  sur  les  émaux  du  Louvre,  dit  que  ce  sont,  avec 
l'Adoration  des  Mages,  conservée  à  ce  musée,  les  plus  anciens  émaux 
peints  à  date  certaine. 

Ils  garnissent  les  côtés  d'un  soubassement  à  base  hexagonale 
qui  supporte  une  statuette  en  argent  de  saint  Sébastien.  Le  tout  a 
une  hauteur  de  O'^IS. 

Un  des  grands  côtés  est  muni  d'un  verre  permettant  de  voir  la 
relique;  à  l'oppose  un  émail  représente  une  Piela;  sur  chacun  des 
deux  pans  voisins,  plus  étroits,  un  saint  Antoine  et  son  compagnon. 

Sur  les  deux  autres  faces,  recouvertes  d'un  fond  violet  feuille 
d'or,  se  détache  un  écusson  écartelé  aux  i  et  4  de  gueules  semé 
de  fleurs  de  lis  à  une  barre  de  sinople;  aux  2  et  3  d'azur  au  chef  de 

(1)  Bibliographie  :  Ce  reliquaire  a  été  reproduit  par  Dldron  :  Annaleê 
archéologiques^  t.  XV,  p.  235  ;  Texier,  ibid,,  t.  XIX,  p.  41;  Palustre  et 
Barbier  de  Montault,  Orfèvrerie  et  émaillerie  limousine^  pi.  XVII;  Rupin, 
UŒuvre  de  Limoges^  fig.  527,  p.  478.  Voir  aussi  abbé  Texier,  Diction- 
naire d*orfèvrerie,  col.  868;  L.  Guibert,  Vorfèvrerie  limousine  à  Vexpo- 
sition  de  Limoges,  p.  195;  Catalogue  de  VExposition  de  Limoges,  Orfè- 
vrerie, p.  6. 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES  249 

sinople  au  lion  rampani  de  gueules  couronné  dCor.  Sur  un  des  écus- 
soDs  le  troisième  quartier  est  fascé  d'azur  et  de  gueules  de  six  pièces. 

L'authentique,  qui  accompagne  ce  reliquaire,  fait  connaître  qu'il 
a  été  donné  par  Antoine  Lallemand,  évéque  de  Gahors  et  abbé 
général  de  Grandmont  de  i471  à  1495,  mort  le  22  déc.  149â;  ces 
émaux  sont  donc  antérieurs  à  cette  dernière  date. 

Saint-Sébastien  est  représenté,  selon  la  tradition,  nu,  debout, 
attaché  an  poteau  et  percé  de  flèches.  Les  cheveux  et  le  caleçon 
sont  dorés  (1). 

Ce  reliqnaire  renferme  un  os  du  pouce  de  Saint-Sébastien. 

Par  arrêté  ministériel  du  20  juin  1891  ces  deux  objets  ont  été 
classés  monuments  historiques. 

Le  procès-verbal  suivant  constate  la  fonte  de  trois  cloches  qui 
n'existent  plus  : 

K  Le  vingtiesme  jour  du  mois  de  juillet  1664  ont  esté  bénistes 
trois  cloches  :  la  première  pour  Téglise,  qui  est  appelée  la  cloche  du 
Saiot-Sacrement,  sous  le  nom  de  saint  Blaize  et  de  sainte  Mathurine, 
qui  sont  Blèze  Demaillasson  et  Mathurine  Jammot  ;  la  segonde  qui  est 
pour  Saint-Michel  a  esté  parrin  M*  Roux  de  Maillasson  et  demoiselle 
Eslenne  Pot;  la  plus  petite  pour  sonner  aux  processions  a  esté  parin 
Léonard  de  Maillasson  et  Marguerite  Chambon.  Signé  :  Demaillasson, 
Hellène  Pot,  B.  de  Maillasson,  Perrot.  » 

Une  délibération  du  district  du  25  floréal  an  II  constate  l'envoi 
à  Morterol  de  deux  cloches  de  Saint-Sulpice  pesant  ensemble 
1,500 1.;  elles  devaient  ensuite  être  transportées  à  Limoges. 

En  1879  Tunique  cloche  a  été  refondue  et  a  été  remplacée  par 
deux  autres  dont  voici  les  inscriptions  : 

«  Septembre  1879.  Léon  XIII,  pape.  Alfred  Duquesnay,  évêque  de 
Limoges.  Mathurin  Bandel,  curé  de  lap".  J.-B.-F.  Aufort,  vice-président 
du  conseil  général,  maire  de  Saint-Sulpice,  parrain.  M"*  Marie-Alber- 
tine  de  Pot,  marraine. 

Ad  gloriam  sacratUsimi  cordis  Jesu. 

Afin  de  satisfaire  à  tous,  on  me  fit  une  soeur  jumelle,  Ton  m'amoindrit 
un  peu  pour  elle  sans  rompre  l'accord  entre  nous.  » 

Elle  pèse  572  k.  et  donne  le  sol  dièze. 

I^  petite  ne  pèse  que  320  k.  et  sonne  la  dièze  : 

M  Septembre  1879,  Léon  XIII,  pape,  Alfred  Duquesnay,  évêque  de 
Limoges,  Mathurin  Bandel,  curé,  Jean-Ba^^'-Ferdinand  Aufort,  maire. 


(1)  Bibliographie  :  Darcel  :  Notice  sur  les  émaux  du  Louvre,  p.  89; 
L.  Guibert,  VOrfèvrerie  limousine  à  V Exposition  de  Limoges,  p.  217; 
Vart  rétrospectif  k  VExposition  de  Limoges^  p.  75,  pi.  LVIII;  L.  Bour- 
dery,  Les  émaux  peints  à  VExposition  de  Limoges,  p.  289. 


?50  SOClÉTé  ABCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Marie-Charles  de  PuifTérat,  ancien  préfet  du  Puy-de-Dôme,  parrain, 
Madame  Marie-Thérèse-Emilie-Louise  Dubrac,  veuve  Gauthier,  mar- 
raine. 

Ad  laudem  Beatissimœ  Virginis  Immaculatœ, 

De  même  que  Foiseau  chanteur  lui  dit  sa  complainte,  à  la  Vierge 
sainte  je  dis  les  soupirs  de  mon  cœur.  » 

Toutes  deux  sont  signées  :  BoUée,  d'Orléans. 

Il  y  avait  autrefois  deux  ciroctiëres,  Tun  autour  de  l'église, 
Taulre  à  Tendroil  où  il  se  trouve  acluellement;  celui-ci  était  alors 
à  une  certaine  distance  de  Saint-Sulpice  qui  ne  s'étendait  pas  de 
ce  côté.  Il  est  mentionné  dès  i511. 

On  y  trouve  parfois  d'anciennes  sépultures  qui  contiennent  des 
vases  à  eau  bénite  globuleux,  à  goulot  court  et  étroit;  ils  ont 
environ  OHi  de  haut  et  0'°08  de  diamètre;  leur  terre  est  jaune. 

Encore  aujourd'hui  chaque  village  a,  dans  le  cimetière,  sa  place 
particulière. 

Une  chapelle  dédiée  à  Saint-Michel,  pour  laquelle  on  fait  fondre 
une  cloche  en  1664,  existait  dès  1563.  C'est  probablement  la  même 
qui  est  mentionnée  par  Nadaud  comme  se  trouvant  dans  le  cime- 
tière ;  elle  était  alors  ruinée. 

Il  existait  à  Saint-Sulpice  une  confrérie  du  Saint-Sacrement;  le 
24  oct.  1780  nous  trouvons  mentionné  le  décès  de  Sllvain  Besge, 
charpentier  et  tisserand,  «  lequel  a  été  baile  de  la  confrérie  du 
Saint-Sacrement  pendant  quarante  ans  et  Ta  gouvernée  en  parfait 
honnête  homme  et  au  grand  profit  de  l'église  ».  (E.  C). 

Les  confrères  devaient  accompagner  les  processions  un  cierge  à 
la  main  et  assister  aux  services  des  membres  décédés.  Le  baile 
avait  la  garde  des  cierges  et  les  distribuait  aux  confrères;  il  ordon- 
nait les  services.  La  confrérie  comprenait  deux  catégories  de  mem- 
bres :  ceux  qui  portaient  des  cierges  en  cire  blanche,  ils  payaient 
22  s.  par  an,  et  ceux  qui  se  contentaient  de  cire  jaune;  pour  ceux-là 
la  cotisation  était  de  17  s. 

Interrompue  pendant  la  Révolution,  elle  fut  reprise  en  1  SOS;  il  y 
avait  alors  14  membres  dans  la  première  classe  et  15  dans  la 
seconde. 

Aux  xvii^  et  xvui*  siècles,  on  ne  trouve  pas  à  Saint-Sulpice  d'im- 
portantes familles  bourgeoises  comme  il  en  existait  à  Arnac  et  à 
Lussac.  La  noblesse  n'y  était  représentée  que  par  les  seuls  s'*  de 
Piégut;  les  autres  fiefs  n'étaient  pas,  la  plupart  du  temps,  habités 
par  leurs  possesseurs. 

Nous  citerons  parrois  les  quelques  familles  notables,  les  Alabois- 
setle  :  Mathurin,  curé  de  Lussac  en  1790,  qui  fut  déporté  à  la  Révo- 
lution et  devint  ensuite  archiprétre  de  Bourganeuf  ;  René-Pierre, 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES  251 

prêtre  aussi  déporté,  et  Benoit,  chirargien  de  marine,  émigré, 
étaient  frères  (1)  et  fils  de  Jean  Alaboissette,  incarcéré  à  Limoges, 
le  7  mai  1793;  au  cours  d*une  perquisition  on  trouva  chez  lui  le 
brouillon  d'un  ouvrage  intitulé  Différence  des  deux  religions  (L.  846). 

Les  Bernul  :  Pierre,  s'  de  la  Chaume,  mort  le  17  sept.  1756, 
avait  épousé  Gabrielle  Depuiferrat;  leur  fils,  Etienne,  aussi  qualifié 
s'  de  la  Chaume,  épousa,  le  22  oct.  1754  Marie-Magdeleine  Peu- 
chaud;  leur  descendance  prit  le  titre  de  s'  des  Gouges  et  elle  s'est 
éteinte  dans  la  personne  de  Jean-Adolpbe  Bernut-Desgouges, 
décédé  en  1891.  J.-B.  Bernut-Desgouges  était  en  1792-1793  prési- 
dent du  district  du  Dorât  et  membre  du  Comité  de  salut  public. 

La  famille  Bonnet  est  plus  ancienne  :  le  12  nov.  1543,  Jean 
Bonnet,  notaire  en  cour  laye  et  hôte  vendant  vin,  cède,  avec 
Pierre  Bonnet,  son  fils,  un  verger  sis  au  village  du  Brac.  Jean 
Bonnet,  procureur,  épousa  le  6  fév.  1733  Anne  Aubar,  d'où  de 
nombreux  enfants.  Son  frère  Georges  épousa,  quatre  jours  après, 
Louise  Aubar,  sœur  de  Anne.  Leur  fils,  Georges-René,  se  maria  le 
25  janv.  1764  à  Françoise  Bernul  de  la  Chaume.  Siivain  Delagarde, 
notaire,  à  Saint-Sulpice,  et  Léonard,  s'  de  la  Perdrix,  étaient 
frères.  Le  premier  laissa  Etienne,  s'  de  la  Peurusse,  marié  à  Anne 
Peuchaud,  d'où  Siivain,  s'  de  la  Peurusse,  marié  le  13  sept.  1747  à 
Louise  Ramigeon,  fille  du  sénéchal  de  la  baronniede  Fromental; 
il  mourut  le  16  avril  1775.  Le  second  eut  une  nombreuse  descendance. 

Les  Demaillasson  ont  fourni  à  Montmorillon  un  Keutenant  géné- 
ral de  la  sénéchaussée  :  Jean  vivant  en  1577  ;  c'est  sans  doute  le 
même  qui,  qualifié  d'avocat  en  Parlement,  habitait  Lavaupot  en 
1566.  Un  de  ses  descendants,  aussi  lieutenant  de  la  même  séné- 
chaussée, a  laissé  un  curieux  livre  de  raison  dont  la  publication  est 
annoncée. 

Des  Niot,  que  l'on  trouve  dès  1449  au  vill.  des  Rebras,  une  bran- 
che s'était  fixée  aux  Gouges  vers  1750.  L'un  d'eux,  Etienne,  qui 
était,  en  1773,  syndic  de  Saint-Sulpice,  a  signé  le  23  mai  de  celle 
année,  une  curieuse  affiche  enjoignant  aux  miliciens  faisant  partie 
du  régiment  de  Châleauroux  de  se  rendre  dans  cette  dernière 
ville;  il  était  payé  à  ces  soldats  2  s.  par  lieue;  ceux  de  Saint- 
Sulpice  touchaient  ainsi  3  1. 

Les  Peuchaud  étaient  une  des  plus  anciennes  familles  du  bourg  : 
Jean,  s'  de  la  Fayolle,  et  Léonard,  s' de  Boismandé,  étaient  frères. 
Le  premier  eut  de  son  mariage  avec  Magdeleine  Roques  :  1*  Jean, 
s'  de  Boismandé,  marié  le  15  nov.  1740  à  Anne  Valleau,  d'où 


(1)  Cf.  M.  rabbé  Lecler,  op.  cit. 


252  SOCIÉTÉ  AflCHÉOLOGIQUB  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Sylvain  qui  épousa  le  l*'sept.  1767  Marie  Choppy  de  la  doulare; 
2*  Benoit,  marié  le  8  fév.  1742  à  Magdeleine  Moreau  de  la  Jarrige; 
3*  François,  s'  de  la  Fayolle»  m*  de  poste  à  Boismandé,  allié  en 
1733  à  Marguerite  Mitraud,  père  de  Claude-Valenliii  Peuchaud  de 
Boismandé,  m*  de  poste,  et  J.-B.,  curé  d'Ardenles. 

On  rencontre  à  Saint-Sulpice  en  1496-1828  un  notaire  du  nom 
de  Denis  de  Puyferrat  ;  nous  ne  savons  si  la  famille  du  même  nom 
existant  à  Lavaupol  à  la  fin  du  xvn*  s.  en  descend  :  Jean  Puiferrat 
ou  Depuiferrat,  époux  d'Anne  Silvain,  esl  père  de  Mathurin  marié 
à  Jeanne  Aupelit;  il  testa  devant  Poujaud,  notaire,  le  26  nov.  1727; 
celui-ci  laissa  Jean  marié  le  8  fév.  1723  avec  Marguerite  Peuchaud 
de  la  Fayolle;  de  ce  mariage  vinrent  :  Marie-Anne  qui  épousa,  le 
16  mai  1747,  Pierre  des  Rosiers,  s'  de  Chassincourt  ;  Pierre,  le 
grand  vicaire  de  Sens;  Jacques  et  d'autres. 

Jacques  de  Puiferrat,  notaire,  membre  du  Directoire  du  district 
en  1792-1793,  époux  de  Françoise  Choppy,  laissa  entre  autres 
Joseph-Louis-Simon,  marié  à  Marie  Génébrias  de  Gouttepagnon 
d'où  Jacques-Christian,  avocat,  père  de  Louis-Hubert-Christian, 
lieutenant  d'infanterie,  tué  en  1871,  et  de  Charles-Marie,  préfet  du 
Puy-de-Dôme,  mort  en  1880. 

Lieux  habités 

L'AGEBOUILLERAND.  —  Ce  village  est  nommé  iMge  Boulley- 
Iherant  en  1488,  Laige  Boulherant  en  1828,  L'Age  Boulhant  en 
1883.  Il  avait  14  h.  en  1821  ;  6  m.  et  26  h.  en  1846;  le  dernier 
recensement  a  donné  le  même  nombre  de  maisons  avec  31  h.  La 
dlme  était  levée  par  le  s'  de  Puyiaurent. 

L'AGE  DE  MAILLASSON  est  cité  en  1660. 1  m.,  1  h.  en  1901. 

BANTARD.  —  Lieu  détruit  qui  a  laissé  son  nom  à  la  planche  de 
Banlard.  Il  y  avait  là  un  moulin  dépendant  deMondon  au  xv«  siècle. 

En  1826,  ce  moulin  appartenait  au  duc  de  Savoie  ;  à  cette  époque 
celui-ci  était  en  procès  avec  le  s'  du  Noyer,  qui  était  propriétaire 
du  moulin  de  la  Pérusse  ;  ce  dernier  prétendait  que  le  duc  avait 
fait  exhausser  la  chaussée  de  Tétang  de  Banlard  et  inondait  ainsi 
son  moulin  de  la  Pérusse  ;  en  mai  1824,  accompagné  d'une  troupe 
d'hommes  en  armes,  le  s' du  Noyer  s'était  permis  de  la  démolir. 

Une  enquête  faite  le  14  mars  1847  à  la  requête  de  Mathurin  Pot, 
capitaine  de  Mondon,  constate  que  ses  prédécesseurs  ont  toujours 
joui,  en  qualité  de  gouverneurs  de  Mondon,  de  l'emplacement  de 
rétang  de  Bantard  ;  à  ce  moment  on  le  dit  desséché  depuis 
longtemps  (9380). 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SATNT-SULPICE-LES-FBUILLES  253 

Vers  1620,  il  y  eut  un  procès  entre  le  s'  de  Mondon  et  celui  de 
Puylaurenl,  au  sujet  de  la  possession  de  cet  emplacement;  on 
voyait  alors  au  gué  de  Bantard  un  reste  de  chaussée  long  de 
33  toises  et  haut  de  9  pieds  ;  on  prétendait  que  cet  étang  s'étendait 
jusqu'au  gué  de  Moolrenaud. 

LEBARDON.  — 1846:2m.,l«h.;  1901  :4  m.,  H  h.  Par  lettres 
de  James  Mamye,  curé  de  la  Châlre-au-Vicomtc  et  garde  du  scel 
de  Brosse,  du  11  fév.  1397,  Raymond  du  Sehuc,  damoiseau ,^  vend 
à  Louis  Gbilon,  damoiseau,  une  rente  de  3  s.  seigle  sur  le  moulin 
Bardon  moyennant  9 1.  Il  y  avait  autrefois  en  cet  endroit  3  moulins  : 
Tun,  détruit  au  xvni*  siècle,  se  trouvait  au-dessous  de  la  chaussée 
de  rétang  et  dépendait  du  s"  de  Lavaupot  qui  était  propriétaire  de 
rétang  :  dans  le  partage  de  Piégut,  en  1449,  il  est  attribué  à  Chris- 
tophe Pot,  rétang  et  moulin  Bardon,  «  tant  à  bleds  que  à  draps 
avec  les  molins  et  drapans  »  ;  l'autre  qui  existe  encore  appartenait 
à  Rhodes. 

BELLE  VUE.  —  1  m.,  6  h.,  fonderie  de  fonte,  désigné  au  cadaslre 
sous  le  nom  de  Marsaud. 

BERLANDE.  —  2  m.,  11  h.,  en  1846  ;  2  m.,  13  h.  en  1901.  Ce 
hameau  devait  une  rente  de  10  b.  seigle  à  la  s'^*  de  Mondon  ;  il  est 
appelé  Broulande  en  1490;  Brollande,  156S;  Brelande,  1583  et  1783  ; 
la  forme  Berlande  est  récente  ;  les  dîmes  au  s'  de  la  Goutte- 
Bernard  ;  Dolmen  détruit  mentionné  par  M.  de  Beaufort. 

BOISMANDÉ.  —  Village  important  sur  la  roale  nationale  ;  la 
gendarmerie  y  a  résidé  de  la  Révolution  à  1856;  un  groupe  sco- 
laire y  a  été  édifié  en  1889.  78  h.  en  1821  ;  19  m.,  90  h.,  en  1846  ; 
25  m.,  111  h.,  en  1901. 

Suivant  un  arpentement  dressé  en  1610  par  Just,  arpenteur  aux 
Chézeaux,  ce  village  devait  des  rentes,  une  vinade  et  un  bian  aux 
s"  de  Rhodes,  Honljohan,  Saint-Germain  et  la  Goulte-Bcrnard 
(9389). 

Le  8  juil.  1443,  Hélion  Chilon,  éC,  s' du  Couret,  vend  à  Vincent 
Dupuy  un  set.  d'avoine,  mesure  de  la  Terreaux-Feuilles,  sur  le  lieu 
et  lènement  de  Petus  à  Bost  Mandiet, 

Le  21  oct.  1466,  Gui  Pot,  s'  de  Rhodes,  baille  à  rente  à  Macé  de 
la  Chissarde  l'héritage  Bellot,  à  Bostmandiers,  p*"  de  Sainl-Soulpize- 
en-la-Terre-aux  Feuilles,  à  charge  d'y  édifier  sous  deux  ans  «  une 
maison  à  deux  aguilhes  »,  moyennant  10  s.  par  an  (9370j. 

Les  registres  d'état-civil  mentionnent  divers  décès  de  voyageurs 
survenus  à  Boismandé,  en  cours  de  route,  notamment  celui  d'un 
marquis  de  Mun  ;  voici  son  acte  de  décès  : 


254  SOClÉTé  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

L'an  de  grâce  1743  et  le  4«  jour  du  mois  de  février,  M'«  Alexandre  de 
Mun,  seigneur  marquis  de  Sarlabousse,  chevalier  de  Saint-Louys,  ca- 
pitaine de  cavalerie  du  régiment  royal  Pologne,  seigneur  de  Bise  et 
autres  places,  mari  de  dame  Marie-Michelle  de  Cailleret,  paroisse  de 
Bise,  diocèse  de  Comminges,  venant  de  Paris  et  ayant  esté  arrêté  d'une 
maladie  à  Thotelerie  de  la  maison  royale  de  Boismandé,  située  sur  le 
grand  chemin  dans  ma  paroisse,  y  est  décédé  en  la  communion  de  la 
Sainte-Eglise,  âgé  d'environ  50  ans  ;  duquel  le  corps  a  esté  inhumé 
dans  notre  église  paroissiale  de  Saint-Sulpice-les- Feuilles  le  lende- 
main de  sa  mort,  le  15  février,  après  avoir  été  confessé  le  jour  de  sa 
mort  par  moy,  curé  de  ladite  paroisse;  ce  que  M.  Bruno  Butaud,  curé 
des  Chézeaux,  Jean  Meru,  surnommé  Petitjean,  homme  de  chambre  de 
mondit  sieur  le  marquis  de  Melun  (sic),  qui  ont  assisté  au  convoy,  ont 
signé  avec  moy;  fait  Tan  et  jour  que  dessus. 

Siffné  :  B.  Butaud,  prêtre,  curé  des  Chézeaux;  Petitjean,  J.  Danjan, 
curé  de  Saint-Sulpice-les-Feuilles. 

LE  BOURNAZKAU.  —  Hameau  incorporé  à  Saint-Sulpice  ;  la 
gendarmerie  se  trouve  sur  son  emplacement. 

Celait  un  flef  relevant  de  Puylaurent.  Le  17  sept.  1545,  M''  Jehan 
Reignaud,  Pierre  de  Vouldy  et  son  fils  vendent  la  métairie  du  mas 
du  Bourgnazeau  à  Mathieu  de  Mailhasson  qui,  Tannée  suivante,  la 
céda  à  Mathurin  Pot.  Le  29  déc.  1571,  celui-ci  rend  aveu  pour  la 
s'^*  du  Bournazean  contenant  30  s.  de  terre  ;  il  dit  que  la  maison 
joint  le  chemin  de  Saint-Sulpice  à  Piégut  et  le  chemin  de  la  croix 
Sain  le- Valérie  à  Arnac  (9325).  Par  son  testament  du  8  Janv.  1575, 
Mathurin  donnant  tous  ses  biens  à  son  neveu  Christophe  Pot,  lui 
impose  la  charge  de  ne  jamais  aliéner  celte  s'*"  «  pour  Tamour  de 
luy  »  (A.  B).  Son  désir  a  été  respecté  jusqu'au  xvm'  siècle,  le  Bour- 
nazean étant  resté  jusqu'à  cette  époque  entre  les  mains  des  s"  de 
Lavaupot,  descendants  de  Chrislophe  ;  le  15  juil.  1749,  le  comte 
de  Bouthilier  la  vendit  à  Silvain  Delagarde,  s'  de  la  Pérusse  (9325). 

LA  BOUTINOTIÉRE.  —  5  m.,  20  h.  en  1846  ;  7  m.,  22  h.  en 
1901.  La  Botinotière,  1449,  doit  son  nom  à  une  famille  Boulinot  qui 
y  existait  encore  en  1490.  Les  habitants  étaient  astreignabies  au 
moulin  de  Bantard.  La  dîme  appartenait  au  s^  de  la  Goutte-Bernard. 

Par  abréviation  on  trouve  ce  nom  écrit  :  La  Butinotière,  1665, 
et  La  Penotière,  1735-1774. 

LES  BRAS.  —  49  h.  en  1821  ;  11  m.,  51  h.  en  1846  ;  9  m.,  48  h. 
en  1901.  Vill.  dont  Timporlance  a  bien  diminué  :  en  1595,  le 
s'  des  Chézeaux,  qui  le  possède,  dit  que  c'est  «  un  beau  village 
contenant  25  fermes  de  logis  »  (9398).  Il  est  appelé  le  Brac  en  1449 
et  1750;  le  Bract  en  1595  et  1661.  La  forme  plurielle  ne  se  ren- 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  255 

contre  qa^en  17S6  :  les  Bracs.  Dolmen  en  partie  renveisë,  dessiné 
par  M.  de  Beaufort. 

CHÉNIANT.  —  7  m.,  26  h.  en  1846  ;  H  m.,  40  h.  en  1901.  Sans 
doute  une  contraction  de  Chez-Niant;  on  écrit  aussi  Chaignant. 
Dans  le  pacage  dit  de  Lacou,  M.  de  Beauforl  a  retrouvé  une  table 
de  dolmen  (p.  78). 

CHEUGET.  —  14  m.,  53  h.,  1846;  13  m.,  48  h.  en  1901.  Village 
qu'on  trouve  mentionné  dès  1284  dans  le  curieux  acte  que  nous 
publions  ci-dessous,  le  plus  ancien  que  nous  ayons  rencontré  en 
français, 

Sachain  luyt  présens  et  venir  que  ge  Hélion  de  la  Porta,  seignor  du 
chasteau  de  Joancès,  dommeyseau,  connoys  et  confesse  moy  havoir 
donné  perpétuellement,  cessé  et  quitté  à  touz  temps  toutz  Téritage  et 
tenus  laquella  fuyt  ho  poot  appartenir,  on  temps  jadis  ho  qui  passez  est, 
hau  Roy  de  Joancès,  mon  homa,  loquiès  héritage  et  tenua  est  assis  et 
pouzé  on  village  de  Sougier  en  la  parossia  de  Saint-Sulpiza,  lequiès  ge 
ay  trové  vacans  et  sans  nuls  héritiers, au  Johan,  fîlh  Johan  de  Sougier, 
mon  homa,  et  ha  ses  héritiers  présens  et  venir  en  payant  et  rendant 
chescun  an  touz  les  devers,  tailhes,  rantes  au  dit  lieux  et  héritage 
appartenant,  ensembleament  am  una  piessa  de  terra  appellea  la  piessa 
à  la  Dompnea  pouzea  ond.  village,  delaquiella  piessa  de  terra  peara  lo 
dit  Johan,  fils  Johan  de  Sougiers,  chiescun  an  de  cens  à  moy  Hélion  ho 
à  mes  héritiers  troys  boisseaux  de  segle  a  la  mesura  de  la  Terra-au- 
Foylhes,  am  lesquîelles  chouses  dessus  dites  payant  et  rendant,  ge 
avandy  Hélion  de  la  Porta,  segnor  dessusdit,  bailhe  les  avandites 
chouses  à  Tavandy  Johan  et  Tenvist  et  saizi  et  le  li  permetta  guarantir 
et  deffendre  en  tella  forma  et  maniera  que  led.  Johan,  fils  Johan  de 
Sougier,  bastira  ho  fara  bastir  hou  dit  Roy  una  mayson  on  village  de 
Sougier  laquiella  mayson  tenra  led.  Roy  tant  que  vivra  et  emprès  la 
mort  dudit  Roy  de  Joancès,  la  dita  mayson  tornara  au  dit  Johan,  fils 
Johan  de  Sougier,  ho  à  ses  héritiers,  présens  ho  venir,  promettant  ge 
Hélion  de  la  Pourta  en  bonna  foy  les  chouses  dessus  dites  tenir  et 
guerder  pour  moy  et  pour  les  miens,  en  contre  non  venir  deyssi  en  avant, 
en  contre  non  venir  pour  moy  ne  pour  autre  et  en  tesmoinh  de  vérité 
ge,  avandy  Hélyon  ay  pouzé  mon  scel  en  cetes  présentes  lettres,  donné 
présens  tesmoinh  Johan  Giraudet  de  Joancès  et  Pieure  Byougon  et 
Jehan  Pelisson  de  Souzet  le  lundi  enprès  la  festa  de  Pasques  Tan  de 
grâce  mill  CC"®  cinquanta  et  quatre. 

(Parchemin,  E.  9  390.  Le  sceau  manque). 

En  dehors  de  cette  forme  Sougier,  nous  avons  encore  relevé 
Seugier,  1825,  1872;  CheuxGeay,  1669;  Cheujay,  1763. 

La  dîme  était  perçue  par  le  s'  de  la  Goutte-Bernard. 

Des  ruines  romaines  y  ont  été  rencontrées  en  1881  par  Tabbé 
Joyen.\  qui  fouilla  10  ou  12  compartiments  ;  quelques-uns  avaient 


356  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

leurs  murs  en  stuc  recouverts  de  peinture;  des  conduits,  des  mar- 
bres, des  poteries,  2  étuis,  une  lance  y  furent  trouvés. 
Souterain-refuge  indiqué  par  M.  de  Beaufort. 

CHEZ-BARDIN.  —  «  m.,  21  h.;  4  m.,  16  h.  en  1901.  Appelé 
tout  simplement  les  Bardins  en  1873  et  1677. 

CHEZ-BOUCHAULT.  —  Hameau  compris  dans  Saint-Sulpice;  il 
dépendait  autrefois  de  Lavaupot;  chaque  feu  devait  au  s'  une 
corvée  par  semaine  avec  bœufs  et  charrelle,  plus  une  vinade  par 
an  pour  aller  quérir  une  pipe  de  vin  au  Blanc  ou  à  Saint-Marceau. 
Les  habitants  étaient  encore  tenus  de  faire  le  guet  au  château  et  de 
moudre  au  moulin  banal.  Cheux  Bouschault,  1538. 

CHEZ-COLAS.  —  Métairie  située  dans  Saint-Sulpice;  un  plan  de 
1779  montre  qu'elle  se  trouvait  sur  remplacement  de  la  métairie 
actuelle  de  M.  Mondelet.  Elle  était  dans  le  Gef  de  Lavaupot. 

CHEZ-DANDIN.  —  Il  n'y  a  plus  qu'une  maison  inhabitée,  mais 
autrefois  il  y  avait  une  agglomération,  dont  les  habitants  devaient 
le  guet  à  Puyiaurent  ou  3  sols  par  feu.  Cheulx  Pierre  Dandin,  1832. 

CHEZ-GROSJEAN.  -  7  m.,  33  h.,  1846;  3  m.,  13  h.  en  1901. 
S'appelait  en  1880  le  guay  des  Mazeaulx,  sur  le  chemin  de  Lavaupot 
aux  Bussières;  en  1898  on  lui  donne  encore  ce  nom  concurrem- 
ment avec  celui  de  Chez -Gros- Jean  ;  1658,  Chez-les-Gros-Gens. 

CHEZ-RENARD.  —  6  m.,  23  h.  en  1846;  11  m.,  29  h.  en  1901. 
Ce  vill.  a  porté  différents  noms  :  métairie  des  Gorces-Cheux-Renard 
appartenant  à  Mathurin  Renard,  1556;  1561,  le  village  des  Gorces 
où  habitent  Etienne  et  Mathurin  Regnard  ;  1868,  les  Gorces  ]  1898, 
les  Gorces  Renard;  1613,  id.  Dépendait  de  la  s'*«  des  Chézeaux  (9398). 

LA  CHIRADE.  —  4  m.,  22  h.  1846;  2  m.,  14  h.  en  1901.  Citée 
en  1487  ;  on  y  voit  une  vieille  maison  présentant  au-dessus  de  la 
porte  une  hotte  défensive,  sorte  de  mâchicoulis. 

Un  souterrain-refuge  y  a  été  découvert  il  y  â  quelques  années. 

LA  FONT  DE  PIÉGUT.  —  Lieu  où  était  construite  une  métairie 
dépendant  de  Piégut,  démolie  au  milieu  du  xix^  s.;  Silvain  Pot,  est 
dit  s'  de  ce  lieu  en  1689. 

LA  GARDE.  —  8  m.,  26  h.  en  1846;  9  m.,  34  h.  en  1901.  En 
partie  sur  la  route  nationale.  Dépendait  de  Piégut;  un  logis  y  fut 
édifié  au  xvu«  s.  pour  un  cadet  de  la  maison  de  Pot.  Jacques  Pot, 
époux  d'Anne  de  Grailly,  y  décéda  le  28  pluviôse  an  IV.  Le  lieu 
noble  de  la  Garde  lui  avait  été  attribué  dan^  la  succession  de  son 
père,  Louis,  en  1742. 


MONOGIIAPUIB  DC  CANTON'    DE    SAi:*T-SltLl>ICE-LES-FEUlLLES  257 

LES  GOUGES.  —  En  1402,  Jean  de  Moiihet  possède  des  rentes 
sur  les  Gouges  :  le  9  mars  1544,  Jeanne  de  Verine,  fille  de  Jean  el 
d*Anne  de  Mouhet,  aliène  ces  rentes  qui  comportaient  une  journée 
d*homme  à  faucher  et  une  vinade.  Ce  vill.  devait  en  outre  des 
redevances  à  Gençay  età  Lavaupot  ;  les  Gouyges,  1537.  J.-B.  Bernut, 
greffier  de  Rhodes,  prend,  en  1783-1788,  le  litre  de  s'  des  Gouges. 

LES  GRANGES.  -  49  h.  en  1821;  14  m.,  68  h.  en  1846;  7  m., 
3{  b .  en  1 901 .  LesGranges de  Bantm\  1619;  les  Granges  Bantard,  1736. 

JANÇAY.  —  1  m  ,  5  h.  en  1846  ;  2  m.,  3  h.  en  1901.  Il  y  avait  là 
un  moulin  dépendant  de  la  s''<»  de  Jançay  dont  nous  parlerons  plus 
loin.  Il  a  été  détruit  au  xix*  s. 

LA  LANDE  DE  VIREVALAIS.  —  1  m.,  3  h.  en  1901  ;  construc- 
tion récente. 

LAVAUPOT.  —  Fief  relevant  de  Brosse  d'abord  appelé  Lavau, 
puis  possédé  par  la  famille  Pot  qui  lui  a  laissé  son  nom;  il  valait 
80  I.  de  rente  en  1552. 61  h.  en  1821  ;  13  m.,  51  h.  en  1846  ;  mêmes 
chiffres  en  1901. 

Lavaupot  appartenait  avant  1401  à  Sybille  Lafeuille  ou  Laseille, 
mariée  à  Guillaume  Herbert  (1)  ;  celui-ci,  au  nom  de  ses  enfants, 
Guyon  et  Marie,  avait  affermé  la  s''%  «  sauf  le  lieu  et  place  du 
chastel  fondu,  Testang  contigu  et  le  vergier  »  ;  en  1449  elle  était 
advenue  à  Gui  de  Chauvigny,  baron  de  Châteauroux,  vicomte  de 
Brosse,  s'  suzerain,  qui  la  céda  à  titre  d'échange  le  28  juin  1457  à 
Christophe  Pot,  fils  de  Raoul,  s'  de  Piégut  (2). 

C'est  bien  probablement  ce  dernier  qui  figure  dans  les  lettres  de 
rémission  accordées  à  ceux  qui  avaient  fait  partie  de  la  fameuse 
bande  de  routiers  commandée  par  Gui  de  la  Rochefoucauld,  séné- 
chal d'Angouléme. 

Dans  ces  lettres  données  en  juin  1446  on  retrouve  énoncés  leurs 
états  de  services  et  leurs  méfaits  :  «  ils  nous  ont  longuement  servi. 


(1)  D'après  M.  de  Beaufort,  Henor  Pot  porta  Lavaupot  à  son  mari 
Hélion  de  Chamborand  vivant  eu  1402;  leur  fils  Guillaume  en  jouit 
ensuite.  On  trouve  après  un  Hugues  de  Chamborand,  s*"  de  Lavault, 
qui,  en  novembre  1462,  reçut  du  roi  des  lettres  de  rémission  pour  de 
nombreux  crimes  commis  dans  la  région;  cf.  M.  Valadeau,  Notice  hislor. 
sur  la  ville  de  La  Souterraine,  p.  95.  Nous  ne  pensons  pas  (pi'il  s'agisse 
de  notre  localité. 

(2)  E.  9386.  —  La  généalogie  de  la  branche  des  Pot  de  Lavaupot 
n  avait  pas  encore  été  faite.  Le  registre  E.  9402  et  les  archives  de  Beaujeu 
nous  ont  permis  de  rétablir. 


258  SOCléTK    AUCIIEOLOGIQUB  £T  IIISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 

dit  le  roi,  ou  fait  de  noz  guerres  à  l'enconlrc  de  nos  anciens  enne- 
mis les  Anglois  et  à  celte  occasion  ils  avoicnt  longuement  vescu  sur 
les  champs  en  nos  pays  dePoiclou,  Xaintonge,  Lymosin,  Angomois, 
Berry  et  autres  pays.  Pendant  lequel  temps  ils  ont  fait  et  commis 
et  perpélré  plusieurs  courses,  destrousses,  rençonnements,  pille- 
ries,  roberies,  meurdres,  forcé  femme,  boulé  feux  et  fait  et  commis 
plusieurs  autres  maulx  et  crimes  ».  Le  roi  les  avait  bannis  et  ils 
s'élaient  réfugiés  dans  la  ville  d*AngouIéme  d'où  ils  pillaient  le 
pays;  ils  avaient  même  commis  une  deslrousse  sur  des  gens  du 
roi  commandés  par  le  bâtard  de  Culnnt.  Ils  avaient  obtenu  pour  ces 
faits  des  premières  lettres  de  rémission  le  24  sept.  1440. 

Depuis,  ils  avaienl  servi  le  roi  au  siège  de  Galardon  en  1442,  à 
la  prise  de  Chef-Boulonne,  en  1444-1445  dans  la  campagne  contre 
les  Suisses  et  enfin  en  Guyenne  et  en  Bordelais.  Dans  ces  dernières 
guerres,  ils  avaienl  «  tenu  les  champs,  pillé  et  rançonne  toutes 
manières  de  gens,  assally  églises  et  forteresses,  prins  femmes  par 
force  »,  si  bien  que  le  roi  dut  leur  accorder  de  nouvelles  lettres  de 
pardon  (1). 

Christophe  qui  avait  épousé  Annette  de  Rocheforl  figure  dans 
des  actes  de  1484  et  1463.  Sa  veuve  stipule  au  nom  de  ses  enfants 
dans  un  contrat  de  1478.  Il  avait  eu  Guillaume,  qui  suit;  Gui,  s' du 
Noyer;  Marie,  femme  de  H.  de  Vassé,  capitaine  de  Monty  en  1S19. 

Guillaume  Pot,  s'  de  Lavaupot,  est  dit  en  1486  habiter  dans  a  son 
chastel  et  place  forte  nouvellement  baslie  où  ^stoit  lechastel  fondu  ». 
Il  partageait  avec  son  frère  le  29  janv.  149^.  Par  contrat  du  16  fév. 
1480,  il  épousa  Louise  de  Viersac,  fille  dç  Hugues,  s' dud.  lieu. 

Le  31  août  1511  Ysabeau  de  Viersac,  /emme  de  Lionet  Jabaull, 
ecS  s' de  TAge-au-Brit,  lui  donne  pouvoir  pour  poursuivre  Godefert 
de  Malleret,  s'  de  Lussat,  qui  avait  tué  Gelibert  de  Viersac,  son 
frère  (A.  B.). 

Il  laissa  de  son  mariage  :  Antoine,  qui  suit;  Souveraine  mariée 
par  contrat  du  3  fév.  1500  à  Jean  du  Peyrat,  éc,  s'  de  Seilhes; 
Jeanne  qui  épousa  le  15  juin  1521  Antoine  de  la  Chapelle,  et  Ma- 
thurin,  d'abord  co-s'  de  Lavaupot,  puis  s''  de  la  Maison  Rouge  (A.  B.). 

Ce  dernier  eut  une  existence  agitée.  Une  enquête  nous  dit 
cependant  qu'il  est  doux  et  paisible  et  non  noisif  (3)  et  querelleur; 
qu'il  a  toujours  fréquenté  bons  gentilshommes;  dès  son  jeune  âge, 
il  a  servi  le  roi  ;  il  est  bien  estimé  et  expert  au  fait  de  la  guerre  et 
y  a  fait  son  devoir  (9385). 

(1)  Arch.  hisL  du  Poitou,  t.  XXIX,  p.  364. 

(2)  Un  Géraud  la  Feuille  est  ea  115i  prévôt  de  Saint-Benoît-du-Sault. 

(3)  De  noise. 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  2S>d 

Ajoutons  que  celle  enquête  fut  faite  pour  entériner  des  lettres 
de  grâce  qu'il  avait  reçues  à  Toccasion  d'un  homicide. 

Nous  le  trouvons  en  i&H  valet  de  chambre  de  son  parent  Phi- 
lippe Pot,  président  au  Parlement. 

En  1536,  il  avait  servi  en  Piémont  et  au  camp  d'Avignon,  où  il 
était  resté  dix  mois  comme  porte-enseigne  dn  capitaine  des  Forges, 
et  en  noY.  de  cette  année  il  revint  à  Lavaupot. 

Comme  il  était  capitaine  des  s'''*  de  Flex  cl  Mondon  appartenant 
au  connétable  de  Montmorency,  il  manda  par  devers  lui  les  gardes 
des  bois  et  forêts  de  Mondon,  pour  savoir  si,  pendant  son  absence, 
on  avait  commis  des  dégâts.  Ceux-ci  lui  ayant  signalé  que  le  s'  des 
Grands  Pas,  Malhurin  Vergnault,  s'était  permis  de  prendre  du 
bois,  il  lui  écrivit  d'avoir  à  réparer  le  forfait  commis. 

Cinq  ou  six  jours  après  son  retour,  il  sortit  en  pourpoint  avec 
trois  levrettes  pour  chasser  et  prendre  son  déduit  à  une  lande 
nommé  Lorreau  où  il  chassa  jusqu'à  midi;*cnsuite  il  alla  dîner  à 
Mondon.  Là,  les  gardes  lui  dirent  qu  ils  avaient  vendu  un  chêne 
chut  par  orage  de  vent  à  un  nommé  Bobusson  des  Sicardières  et 
qu'au  moment  où  celui-ci  emportait  cet  arbre,  Vergnault  était 
survenu  et  s'était  opposé  à  son  enlèvement  prétendant  qu'il  était  à 
lui  et  le  (11  payer  dix  s. 

Aussitôt  mis  au  courant  de  ces  faits.  Pot  partit  pour  les  Grands 
Fas,  où  il  ne  trouva  que  la  femme  de  Vergnault  qui  le  fit  entrer  au 
logis,  tandis  qu'elle  envoyait  une  chambrière  avertir  son  mari.  II 
vit  alors  que  celle-ci  se  dirigeait  vers  le  bois  appelé  de  Lavaupot 
distant  de  quatre  ou  cinq  portées  d'arbalète;  il  la  suivit  et  surprit 
Vergnault  qui,  avec  un  valet,  chargeait  de  bois  une  charrette  à 
bœufs.  Furieux  il  l'apostropha  :  «  Ah  I  méchant  !  ne  m'as-lu  pas 
assez  fait  d'autres  méchants  tours  sans  prendre  mon  bois  »  ;  il 
tira  son  épée  et  lui  bailla  trois  ou  quatre  coups  par  colère.  A 
raison  de  ces  blessures,  Vergnault  alla  de  vie  à  trépas. 

Pot,  craignant  d'être  poursuivi,  jugea  prudent  de  quitter  le  pays. 
Il  prit  mal  ses  précautions,  car  en  janv.  1S39  (v.  s.)  il  se  trouvait 
dans  les  prisons  de  Saint-Denis-lez-Paris. 

A  cette  époque  l'empereur  Charles-Quint,  réconcilié  pour  un 
temps  avec  François  I",  traversait  la  France  pour  aller  châtier  les 
Gantois  révoltés.  La  magnificence  des  réceptions  qu'on  lui  fit  sur 
son  passage  coula,  dit-on,  quatre  millions  à  la  France.  François  I"" 
le  combla  d'attentions  et  lui  donna  même  le  pouvoir  de  délivrer  et 
mettre  hors  de  prison  tous  ceux  qui  y  étaient  détenus,  pour,  selon 
l'exigence  des  cas,  leur  faire  grâce,  pardon  et  rémission. 

Charles-Quint  étant  justement  venu  à  Saint-Denis,  Mathurin  Pot 


â60  SOCIETE    AUCIIKOLOGIQUE  ET  IllSTOItlQUE  DO  LlMOOSlN 

lui  fll  présenter  uoe  supplique  el  oblinl  sa  liberlé  avec  des  lellres 
de  rémission  où  nous  avons  puisé  les  faits  que  nous  venons  d*ex poser. 

Nous  les  publions  ci  après,  après  avoir  exprimé  toute  notre  pro- 
fonde gratitude  à  noire  érudit  confrère,  M.  G.  de  Boismarmin,  qui  a 
bien  voulu  nous  abandonner  la  copie  qu'il  avait  faite  de  cette 
curieuse  pièce. 

Malliurin  reprit  ensuite  du  service  et  nous  le  retrouvons  en  1543, 
enseigne  de  Gallays  d*Âclié,  guerroyant  contre  ce  même  Charles- 
Quint. 

Le  roi  ayant  chargé  ce  capitaine  de  conduire  400  arquebusiers  à 
cheval  aux  environ  d'À^miens,  celui-ci  se  décltargea  de  ce  soin  sur 
son  enseigne  par  la  commission  suivante  : 

«  Nous  Gallays  d'Aché,  s'  dud.  lieu  et  de  Larrey,  cappitainc  de 
400  haquebuziers  à  cheval,  certifiions  à  tous  qu^il  appartiendra,  avoir 
donné  povoir,  puissance  et  auctorité  à  Mathurin  Pot,  s'  de  Lavaupot, 
notre  enseigne,  d'admener  les  souldars  qui  sont  de  nostre  compagnie  en 
diliç^ence,  de  sorte  qu'ilz  soient  au  lieu  d'Amyens  le  15«  jour  de  juing 
prochainement  venant  et  ce  en  vertu  de  commission  à  nous  donnée  par 
le  roy  nostre  sire,  cy  sus  escripte. 

Donné  aud.  lieu  d'Aché  soubz  nostre  seing  le  15*  jour  de  may  Tan  1543. 
Gallays  d'Aché  ».  (A.  B.) 

Mathurin  céda  en  1560  ses  droits  sur  Lavaupot;  nous  dirons  ce 
quMl  devint  à  la  notice  sur  la  Maison-Rouge. 

Antoine  Pot,  son  frère,  eut  une  vie  plus  calme  ;  du  reste,  il 
mourut  jeune.  De  sa  femme,  Catherine  Eslourneau,  il  eut  Jacques, 
qui  continua  la  descendance  ;  Gillone,  mariée  le  ii  avr.  1558  à 
Guillaume  de  Montbel,  s'  de  Champeron  et  de  la  Tâche;  Anne, 
femme  de  Marc  Beaux,  s'  de  Bonneuil  en  partie  (A.  B.). 

Jacques  Pot,  s'  de  Lavaupot,  rendait  le  5  mars  1539  une  déclara- 
tion au  sénéchal  du  Poitou  pour  son  fief  de  la  Vault  Pot  tenu  de 
Brosse  ;  il  a  droit  de  justice  moyenne  et  basse  divisément  et  droit 
de  haute  justice  en  comparsonnerie  avec  les  autres  seigneurs 
paniers  de  la  Terre-aux-Feuilles  ;  ce  fief  comprend  le  château,  ses 
préclotures,  étangs,  90  septérées  de  terre,  hommes  roturiers  et 
dîmes,  le  tout  valant  80  1.  de  rente  (9  399). 

La  succession  de  son  grand  père,  Guillaume  Pot,  étant  restée  indi- 
vise avec  Mathurin  Pot,  son  oncle,  il  obtint  du  sénéchal  de  Mont- 
morillon,  le  12  mars  1560  (v.  s.),  un  jugement  lui  attribuant  Thôtel 
principal  de  Lavaupot  avec  les  préclotures  et  les  deux  tiers  du 
surplus  de  la  succession  en  qualité  d'ainé  (A.  B.). 

Jacques  épousa  Gabrielle  Faulcon  qui,  veuve,  se  remaria  à  Gui 
de  FAge,  s' de  la  Palisse. 


MONOGltAPIUE  Dr  CANTON  DE  SAINT-SrLPICE-LKS-FECiLLES  2C1 

Il  est  père  de  :  1"*  Christophe  ;  ^  Gillone,  mariée  par  contrat  du 
10  août  1S87  à  Christophe  de  CarboDnières,  s'  de  Chambery, 
B""  Françoise,  épouse  le  16  mars  i593  de  Jacques  de  Sauzé,  s'  dud. 
Iteu,  4""  Jeanne,  mariée  à  François  Chardebœuf,  s^  de  la  Vareilie,  le 
14  mai  1590. 

Jacques  étant  mort  laissant  ses  enfants  mineurs,  leur  tutelle  fut 
confiée  à  François  Faulcon,  baron  de  Saint-Pardoux,  qui  dilapida 
leurs  biens.  En  1599,  Jeanne  plaidait  au  parlement  de  Bordeaux 
contre  ses  parents  qui  le  lui  avaient  imposé  :  les  s"  de  Rhodes,  de 
la  Feuiliade,  des  Bastides  (A.  B). 

Christophe  Pot,  s**  de  Lavaupot,  est  le  dernier  de  cette  branche. 

Le  24  juil.  1589,  il  vend  une  chaîne  d'or  et  de  la  vaisselle  d'argent 
provenant  de  la  succession  de  Mathurin,  son  oncle,  pour  accomplir 
le  voyage  qu'il  avait  envie  de  faire  en  armes.  Le  6  mai  1593,  étant 
logé  à  Orléans,  hôtellerie  du  Grand  Barillet,  il  reconnaît  devoir  à 
François  deRilhac,  200  écus  pour  vente  d'un  cheval  courtaud  sous 
poil  bay  et  autres  choses,  en  présence  de  Jacques  Savary,  s'  d'Al- 
lest,  et  de  Jean  de  Laleuf,  s'  de  la  Perrière  (9  402). 

Il  fut  tué  peu  de  temps  après  dans  des  circonstances  que  nous  ne 
connaissons  pas. 

Le  4  août  1594,  sa  sœur  Jeanne  faisait  procéder  à  un  inventaire 
au  château  de  Lavaupot,  en  présence  de  ses  beaux-frères.  A  cet 
inventaire  comparurent  tout  d'abord  les  créanciers  de  Christophe  : 
Jean  Martin,  s'  de  la  Goutte- Bernard,  pour  150  écus;  Laurent 
Sallet,  Pierre  Bonnet,  marchands  de  La  Souterraine;  Martial 
Bonnet  réclama  ses  gages,  20  écus  et  3  écus  pour  une  paire  de 
chausses  d'estamet  et  des  iricousses  ;  Simon  Lemoyne,  8  écus  pour 
ses  gages,  «  comprins  un  escu  qu'il  auroit  employé  pour  avoyr  des 
linceulx  pour  mettre  le  dict  dcffunct  ayant  esté  tué  »  ;  Thomas 
Moreau,  28 1. 5  s.  pour  ses  gages  de  soldat. 

On  représente  rinventaire  qui  fut  dressé  le  18  déc.  1581,  après 
décès  de  Jacques  Pot  et  on  procède  à  un  récolement  : 

En  la  salle  basse  deux  chaslictz  de  menuiserie,  Tun  à  coulonues 
guarny  de  surciel  et  de  rideaulx  de  cadit  rouge  et  Taultre  sans  que- 
nouilhes  et  sans  surciel;  lesd.  chaslictz  ayant  chascun  un  lict  guarny 
de  couhettes,  coussin  et  de  deux  couvertes,  l'une  de  cathelongue  rouge, 
Taultre  de  gris  de  Bellat,  mentionné  au  premier  article  dud.  inventaire, 
10  escus,  une  table  de  chesne  garnie  de  traicteaulx  et  ung  dressouer, 
2  escus...  Plus  en  la  chambre  haulte  estant  sur  lad.  salle  deux  chaslictz 
de  menuiserie  à  qucnouilhes  sur  lesquelz  il  y  a  deux  lictz  guarnis  de 
couhette,  coussins  et  de  deux  couvertures,  Tune  rouge  et  l'aultre  de 
drap  gris  de  Bellat  et  de  chascun  un  tour  de  lict  de  cadit  rouge,  10  escus; 
ung  buffet  guarny  d'armoyrcs,  20  s.  ;  deux  coffres  de  bois  de  menuiserie 

T.   LV  17 


262  SOCIÉTÉ  archéologiqok  rt  histoiuque  du  limousin 

fermantz  à  clef,   contenant  chascun  à  mectre   deux   charges  de   blé, 

2  escus  ;  deux  landiers  de  fer  de  petite  valeur,  2  testons.  Plus  en  la 
chambre  haulte  estant  dessus  la  chambre  précédente,  deux  chaslictz  de 
boys  de  chesne  de  grosse  menuiserie,  l'un  guarny  de  quenouilhes,  de 
surciel  et  de  courtines  de  cadit  rouge,  y  ayant  sur  chascun  d'icculx 
ung  lict  guarny  de  couhette,  coussin  et  couverte  de  drap  blanc,  20  1., 
plus  une  chaise,  2  ecus  1/3. 

Plus  en  la  cuisine  deux  chaslictz,  Tun  guarny  de  quenouilhes,  surciel 
et  courtines  de  cadit  jaulne  et  Taultre  sans  quenouilhes  guarny  d'ung 
pavillon  de  cadit  rouge,  8  écus  ;  deux  arquebuses  à  mèches,  40  s.  ; 
Du  contenu  au  30®  article  de  l'inventaire  ne  s'est  trouvé  que  deux  basions, 
l'ung  espieu,  l'aultre  une  langue  de  bœuf  (1),  l'aultre  s'est  perdu,  10  s.  ; 
une  hallebarde,  20  s. 

Plus  sommes  montés  en  une  tour  dud.  chasteau,  au  bout  d'une  grande 
salle  non  planchonnéc,  la  dite  tour  estant  du  costé  du  septentrion  ; 
la  dicte  tour  ayant  ung  cabinet  dans  lequel  avons  trouvé  les  habille- 
mens  dud.  feu  Christophe  Pot,  scavoir  ung  manteau  de  pou  de  soie  (2) 
verte  doublé  de  velours  verd  guarny  de  trois  tresses  d'argent  tout 
autour;  ung  pourpoinct  de  satin  verd  guarny  de  ung  gallon  de  soye, 
5  écus  ;  des  grègues  (3)  de  satin  incarnadé  (4)  mouchetté,  4  escus  ;  une 
aultre  paire  de  grègues  usées,  100  s.  ;  une  ceinture  et  pendant  (5)  faict 
en  broderie  d'argent,  3  escus;  deux  chappeaulx  de  castor,  l'ung  verd  et 
l'aultre  vioUet,  guarny  chascun  d'ung  cordon  de  tresse  d'argent,  ung 
escu  ;  5  chemises  de  lin  fort  usées,  50  s.  ;  une  cuyrasse  noire,  6  escuz  ; 
une  arquebuse  à  mèche  et  une   escoupette  guarpy  d'ung  rouhet  (6), 

3  escus. 

(1)  «  Les  maçons  appellent  langue  de  bœuf  un  instrument  fait  d'une 
plaque  de  fer  en  forme  de  cœur  et  dentelé  tout  autour  avec  une  tranche 
qui  va  s'insérer  dans  un  manche  en  bois  »  (Dict,  de  Trévoux),  Il  s'agit 
plutôt  ici  d'une  arme. 

(2)  «  Pout  ou  pou  de  soie,  grosse  étoffe  toute  de  soie  toute  Unie  et 
sans  lustre  qui  a  un  grain  pareil  au  gros  de  Naples  et  un  peu.tnoini 
serré  que  le  gros  de  Tours,  mais  qui  jette  un  gros  grain.  Il  y  a  appa- 
rence que  ce  mot  est  corrompu  de  tout  de  soie  »  {Id.). 

(3)  «  Haut-de-chausses  qui  serre  les  fesses  et  les  cuisses  que  tous  les 
hommes  portaient  au  siècle  passé  »  (/</.). 

(4)  Beau  rouge  qui  représente  la  chair  vive  et  fraîchement  coupée. 

(5)  Ouverture  où  passe  l'épée. 

(6)  11  y  a  plusieurs  espèces  d'arquebuses  et  principalement  l'arque- 
buse à  mèche  et  l'arquebuse  à  rouet.  L'arquebuse  à  mèche  partait  au 
moyen  d'une  mèche  qu'un  ressort  abaissait  sur  le  bassinet.  Au  xvi*  siè- 
cle, on  ne  mit  plus  le  feu  avec  une  mèche,  mais  avec  un  silex  qui  par 
la  détente  d'un  rouet  portait  contre  la  platine  et  faisait  jaillir  des  étin- 
celles. 

L'escopette  était  une  petite  carabine  qui  se  portait  à  l'arçon  de  la 
selle. 


V 


MONOGHAPHIE  DU  CANTON    DE  SAÏNT-SULPICE-LKS-FKITILLKS  263 

Lavaupot  dans.  les  partages  fut  aliribué  à  la  dame  Chardebœuf. 

Le  4  nov.  1S96,  son  mari  rendait  hommage  dads  la  haute  salle 
de  Brosse  à  Henri  de  Bourbon,  en  qualité  de  vicomte  de  Brosse,  et 
il  lui  fournit  son  dénombrement  le  8  avril  suivant. 

Il  déclare  posséder  la  prérogative  et  prééminence  dans  l'église 
de  Saint-Sulpice-les-Feuilles,  après  le  s' de  Piégut;  droit  de  banc 
et  droit  d'enterrement;  la  justice  moyenne  et  basse  et  la  haute 
justice  en  commun  avec  les  autres  s"  de  la  Terre-aux-Feuilles  ; 
droit  de  donner  mesures  ;  droit  de  pèche  dans  la  rivière  de  Benèze, 
Testang  de...  depuis  le  lieu  de  Planchouerand  jusques  au  moulin 
de  la  Goutte-Bernard  et  de  Tcscluze  dud.  moulin,  jusques  au  grand 
chomin  public  tcndaf^t  du  bourg  des  Chézeaux  au  moulin  du  Refour; 
plus  rélang  de  la  Grand-Fa  ;  plus  un  bel  élang  appelé  Tétang 
Bardon  avec  le  moulin  au-dessous  avec  roue  et  meule  pour  faire 
moudre  grains  de  froment  et  de  seigle,  avec  droit  d'y  avoir  moulin 
à  drap  et  à  huile. 

François  Chardebœuf  mourut  à  Lavaupot  le  25  oct.  1611,  laissant 
pour  seul  hérilier  son  fils  :  Melchior  Chardebœuf,  né  le  13  nov.  1594, 
éc,  s'  de  Lavaupot,  gentilhomme  ordinaire  de  Gaston  d'Orléans, 
faisait  partie  de  la  suite  de  Puyiaurent;  le  3  mai  1634,  à  Bruxelles, 
il  reçut  le  coup  de  fusil  destiné  à  ce  dernier.  Il  avait  épousé  Jeanne 
de  Lescoux. 

Gomme  plusieurs  des  s^'  de  Lavaupot,  il  avait  un  cadavre  sur  la 
conscience  :  une  sentence  du  6  mars  1619  du  t)révôtdes  maréchaux 
de  Monlmorillon  le  condamna  à  mort  par  contumace  pour  avoir 
tué  François  Estourneau,  s'  de  Tersannes.  Il  reçut  dans  la  suite 
des  lettres  d'abolition,  mais  pour  obtenir  mainlevée  de  Topposition 
des  enfants d'Estourneau,  ses  héritiers  leur  payèrent  le  3  août  1640 
une  indemnité  de  3.700  1. 

Il  avait  sans  doute  embrassé  là  religion  protestante,  car  Nadaud 
nous  apprend  que  le  25  oct.  1651,  M"*'  de  la  Vaupot  épousa  au 
château  de  la  Vaupot,  suivant  les  cérémonies  de  la  R.  P.  R.  le 
comte  de  Carlus.  Il  s'agit  de  Marie  Chardebœuf,  fille  de  Melchior, 
mariée  à  Jean  de  Boursolle  de  Caumont,  comte  de  Carlus  ;  celui-ci 
est  qualifié  de  s^  de  Lavaupot  en  1668-1677.  Jean  de  Boursolles, 
comte  de  Carlus,  époux  de  Jeanne  de  Goustin,  porte  ce  titre  en 
1690-1698. 

Possédé  au  commencement  du  xviii^'  s.  par  les  Bouthillier,  La- 
vaupot passa  ensuite  aux  Boucher,  puis  aux  Rochechouard. 

M.  de  Beaufort  a  donné  dans  ses  deux  ouvrages,  si  complets  au 
point  de  vue  archéologique,  le  plan  du  château  de  Lavaupot  dont 
il  ne  subsiste  plus  que  des  ruines  informes  et  le  plan  d'un  souter- 
rain-refuge, le  plus  intéressant  de  la  région,  qui  se  trouve  dans  le 
vill. 


^6i  SOCIETE   AHCHEOLOÛIQCE  et   HtSTOmQCE    DU    LlMOCSlK 

Sénéchaux  :  Pierre  Boutaud,  bachelier,  tient  ses  assises  le  28  oct.  152rv 
dans  une  grange  des  Chézeaux  ;  Pierre  Guilhot,  licencié,  1561-1594; 
François  Bétolaud,  licencié,  lient  ses  assises  à  Piégut;  Jean  Guyneau, 
1685;  Jean-Joseph  Butaud,  s'^du  Poux,  1767;  Antoine  Alabonno  de  l'En- 
clave, 1774-1779. 

Procureurs  :  Jean  de  Maillasson,  1633;  Jean  Guillemet,  1776-1782. 

Greffiers  :  Françoys,  1538;  Hognaud,  1561  ;  Gauchier,  1594;  Jean  Mi- 
chelon,  agent  des  affaires  du  s"",  1625-1648;  Delafont,  1573;  Dubrai-, 
1776-1778. 

Receveurs  :  Doublet,  1525;  Michelon,  1639;  Martial  Bonnet,  1598. 

CHARLES,  par  la  divine  clémence  Empereur  des  Romains  tousjours 
auguste,  Roy  de  Germanie,  de  Castille,  de  Léon,  de  Grenade,  d'Arrugon, 
de  Navarre,  de  Naples,  de  Cécille,  de  Maillorgue,  de  Sardaigne,  des 
Ysles  Yndres,  de  Terre  ferme,  de  la  mer  occéane,  archeduc  d'Autriche, 
duc  de  Bourgongne,  de   Lautrec,  de  Braban,  de  Luxembourg,  de  Lim- 
bourg,   de    Gueldres,    conte    de    Flandres,   d'Artois,   de    Bourgongne, 
palatin  de  Henault,  de  Hollande  et  de  Zélande,  de  Ferretle,  de  Hacque- 
nault,  de  Namur,  de  Zulphan,  prince  d'Enault,  marquis  du  Saint-Empire, 
seigneur  de  Frize  et  dominateur  en  Asye  et  en  Afrique,  SCAVOIR  fai- 
sons à  tous  présens  et  advenir  que  en  ensuivant  le  pouvoir  à  nous  donné 
par  nostre   très  cher  et  très  amé  beau-frère  le  Roy  Très  Chrétien,  à 
nostre  venue  et  entrée  en  son  royaume,  de  délivrer  et  mectre  hors  de 
prisons  tous  et  chascuns  les  personnes  qui  y  sont  lorz  trouvez  délenuz, 
pour  selon  Texigence   des  cas,   leur  faire  grÀce,  pardon  et  rémission. 
Et  soit  ainsi  que  en  passant  par  la  ville  de  Saint-Denis-en-France-lez- 
Paris,  ay  esté  trouvés  es  prisons  du  dict  lieu  ung  nommé  Mathurin  Pot, 
escuier,   seigneur  de    Lavaupot,  cappitaine  des  seigneuries  de  Fiez  et 
Mondon,    les   dictes    seigneuries  appartenant  au   dict   conneslable  de 
France  (sic)j  aagé   de   trente  ans  environ,  demeurant   au   dit   lieu    de 
Lavaupot  près  le   dict  lieu  de  Mondon,  ressort  de  Montmorillon  en 
Poictou;    disant  que   dès  le  nioys   de   novembre  cinq  cent  trente-six, 
il  seroit  retourné  du  voyage  de    Pyinont  et  camp  d'Avignon  où  le  dict 
suppliant  a  voit  demeuré  par  l'espace  de  dix  raoys  au  service  de  nostre 
très  cher  et  très  amé  beau-frère,  porte-enseigne  sous  le  cappitaine  des 
Forges  au  dict  camp  d'Avignon  et  luy  arrivé  de  retour  en  sa  maison,  au 
dict  lieu  de  Lavaupot,  auroit  envoyé  quérir  les  forestiers  et  gardes  bois 
et  forestz  de  la   dicte  seigneurie  de  Mondon,  de  laquelle  seigneurie  le 
dict  Pot  a  voit  la   charge,  comme  il  a   à  présent,   du  dict  connestable, 
pour  scavoir  d'eulx  si  durant  le  dict  temps  qu'il  avoit  esté  au  service  de 
nostre  très  cher  et  très  amé  beau-frère, aucuns  avoient  poinct  prins  des 
boys  es  dictes  forestz  ;    à  quoy  luy  fut  respondu  par  les  dicts  gardes  de 
boys  que  ung  nommé  Anthoine  Vergnault,  seigneur  des   Grands  Fa, 
demourant  près   les  dictz  boys  et  forestz  en  avoit  prins;  au  moyen  de 
quoy  icelluy   suppliant  luy  avoit  escript  une  lectre  par  la  quelle  il  luy 
avoit  mandé  qu'il  avoit   esté   adverty   par  les  dicts  gardes  des   boys  et 
autres  qu'il  avoit  prins  des  boys  es  dictes  forestz  de  Mondon  dont,  comme 


MONOGRAPHIE  DU    CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LE8-FEUILLES  265 

dict  est,  il  avoit  la  charge  pour  le  dict  connestable  et  quHl  réparast  le 
forfaict  ou  autrement  qu'il  le  luy  feroit  réparer;  et  cinq  ou  six  jours 
après  son  retour  des  dicts  voyages,  se  partlst  le  dict  suppliant  de  sa 
maison  à  pied  avecques  trois  levrettes  pour  chasser  et  prendre  son 
déduict  à  une  lande  nomme  Lorreau  où  il  fut  en  chassant  jusqu'à  l'heure 
de  midy  qu'il  se  retira  au  dict  Mondon  où  il  demeura  et  disna,  et  en 
disnant  enquist  de  rechef  auxs  dictz  forestiers  et  gardes  des  dictes 
forestz,  si  depuis  qu'il  avoit  parlé  à  eulx,  comme  dict  est  dessus,  il  n'y 
avoit  rien  de  nouveau  advenu  es  dictes  forestz  ;  à  quoy  les  dictz  fores- 
tiers luy  feirent  réponse  qu'ilz  avoient  vendu  ung  chesne  cheut  par 
orage  de  vent  à  ung  nommé  Bobusson  des  Sicardières  et  que  le  dict 
Anthoine  Vergnault  avoit  trouvé  le  dict  Bobusson  qui  enmenoit  le  dict 
chesgne  ;  auquel  il  avoict  dict  qu'auroict  le  dict  chesne  ou  ses  bœufz, 
combien  que  icelluy  Vergnault  n'eust  aucun  droit,  charge  ne  commission 
es  dictz  boys;  auquel  le  dict  Bobusson  luy  avoit  faict  responce  que  les 
forestiers  du  dict  connestable  luy  avoient  vendu  le  dict  chesne  dix  solz 
tournois  ;  nonobstant  lequel  propos  le  dict  Vergnault  dict  de  rechef  au 
dict  Bobusson  qu'il  auroict  les  bœufz  ou  l'argent;  à  quoy  de  rechef  luy 
fut  faict  responce  par  le  dict  Bobusson  qu'il  n'avoit  encore  paie  les  dix 
solz  aus  dictz  forestiers  et  qu'il  aymoit  myeulx  luy  bailler  les  dictz  dix 
solz  qu'il  print  ses  bœufz,  mais  que  le  dict  Pot  suppliant,  cappitaine 
du  dict  lieu,  n'en  seroit  content  ;  et  de  faict  luy  bailla  les  dictz  dix 
solz. 

De  quoy  adverty,  le  dict  suppliant  après  son  disner  faict,  se  seroit 
party  du  dict  Mondon,  avecques  ses  trois  levrettes,  en  pourpoinct, 
garny  de  son  espée  seulement,  qu'il  a  accoustumé  porter,  print  son  che- 
min vers  la  maison  du  dict  Vergnault,  qui  est  distant  du  dict  Mondon 
d'un  quart  de  lieues  ou  environ,  pour  luy  remonstrer  les  choses  dessus 
dictes;  où  luy  arrivé  ne  trouva  le  dict  Vergnault,  mais  seulement  sa 
femme  et  luy  demanda  où  estoit  son  dict  mary;  laquelle  luy  fcist  res- 
ponce qu'il  n'y  estoit  pas  et  qu'il  estoit  illec  près  du  dict  lieu;  à  quoy 
le  dict  $up[5liant  luy  pria  de  le  faire  appeler  et  envoyer  quérir;  ce  que 
feist  la  dicte  femme  et  y  envoya  une  scienne servante  ou  chambrière;  le 
dict  suppliant  estant  dedans  la  salle  du  dict  Vergnault  veist  la  dicte 
chambrière  qui  prenoit  droict  son  chemin  vers  le  bois  de  Lavaupot, 
appartenant  au  dict  suppliant,  distant  de  la  maison  du  dict  Vergnault  de 
({uatre  ou  cinq  portées  d'arbalestes  ou  environ,  seroit  party  d'illec  et 
suivy  après  la  dicte  chambrière,  laquelle  il  auroit  rataincte  environ  le 
meilleu  du  dict  chemin  ;  à  laquelle  il  dict  qu'elle  s'en  retournast  et  qu'il 
trouveroit  bien  son  dict  maistre  sans  elle;  et  marcha  le  dict  suppliant 
jusques  à  son  dict  boys,  dedans  lequel  il  trouva  le  dict  Vergnault  avec 
un  scien  valet  qui  chargeoit  une  charrette  de  bœufz  en  bois  du  dict 
suppliant;  auquel  il  dict  de  prime  face  :  «  AI  meschant,  ne  m'as-tu  pas 
assez  faict  d'autres  meschants  tours,  sans  prendre  mon  bois  »,  tira  son 
espée  et  en  bailla  trois  ou  quatre  coups  par  collère  et  estant  marry 
de  veoir  prendre  son  bien;  à  raison  desquelz  coups,  par  faute  de  bon 
appareil  ou  autrement,   le   dict  Vergnault  alla   le   dict  jour  de   vie  à 


*'s. 


266  SOCIÉTÉ  AIICIIÉOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Irespas.  Pour  occasion  duquel  cas,  le  dict  suppliant  craignant  rigueur 
de  justice,  se  seroit  absenté  du  pays,  au  quel  ne  ailleurs,  il  ne  seroit(sic) 
bonnement  ne  seurement  fréquenter  ne  demeurer,  si  noz  grâces  et  par- 
.  dons  ne  luy  estoienl  sur'ce  imparties,  nous  humblement  requérans  que, 
attendu  ce  que  dict  est,  et  que  en  tous  autre  cas  il  est  bien  famé  et 
renommé,  sans  jamais  avoir  esté  actainct  d'autre  villain  cas,  blasmc  ou 
reproche,  il  nous  plaise  en  faveur  de  nostre  dicte  entrée,  sur  ce  luy 
impartir  noz  grâces,  pardons  et  miséricorde. 

Pour  quoy,  nous,  ces  choses  considérées,  voulans  miséricorde  estre 
préférée  à  rigueur  de  justice,  au  dict  suppliant,  inclinant  à  sa  dicte 
supplication  et  requeste,  en  vertu  de  nostre  pouvoir,  avons  quicté, 
remis  et  pardonné  et  par  ces  présentes  remectons,  quictons  et  pardon- 
nons le  faict  et  cas  dessus  déclairé,  avecques  toutes  peines,  amende  et 
offence  corporelle,  criminelle  et  civille,  en  quoy,  pour  raison  du  dict 
cas,  il  pourroit  estre  encouru  envers  nostre  dict  très  cher  et  amé  beau- 
frère  le  roi  et  justice;  en  mectonsau  néant  tous  appeaulx,  bans,  bannis- 
semens,  adjournemens,  sentences,  delîaulx,  condampnacions  d'amendes, 
procès  et  procédures  quelzconques  et  tout  ce  généralement  que  pour 
raison  du  dict  cas  s'en  pourroit  estre  ensuivy.  Et  Tavons  remis  et  res- 
litué,  remectons  et  restituons  à  sa  bonne  famé  et  renommée  au  pays  et  à 
ses  biens  non  confisquez,  satisfaction  faicte  à  partie  civillement  tant 
seullement,  si  faicte  n'est  et  elle  y  eschet.  Et  sur  ce  imposons  silence 
perpétuel  en  vertu  du  dict  povoir  au  procureur  général  de  nostre  dict 
très  cher  et  très  amé  beau-frère  le  roy,  présent  et  advenir,  et  à  tous 
autres;  sy  donnons  en  mandement  en  vertu  d'icelluy  povoir  au  senéschal 
de  Poictou  ou  son  lieutenant  au  siège  de  Montmorillon,  en  la  juridiction 
duquel  le  dict  cas  est  advenu,  et  à  tous  les  autres  justiciers  et  officiers 
de  nostre  dict  très  cher  et  très  amé  beau- frère  le  roy,  ou  à  leurs  lieue- 
tenants  présens  et  advenir,  et  à  chascun  d'eulx,  si  comme  à  luy  apar- 
tiendra,  que  de  nos  présens,  grâce,  rémission  et  pardon  et  de  tout  le 
faict  contenu  et  déclairé  en  ces  dictes  présentes,  ilz  lacent,  souffrent  et 
laissent  le  dict  suppliant  joyr  et  user  plainement  et  paisiblement,  sans 
pour  occasion  des  dictz  cas,  lui  faire  mectre  et  donner,  ne  souffrir  luy 
estre  faict,  mis  ou  donné  ores  ni  pour  le  temps  advenir  aucun  arrest, 
destourbies  ou  empeschement,  ains  si  son  corps  ou  aucuns  de  ses  dictz 
biens  sont  ou  estoient  pour  ce  prins,  saisiz,  arrèstéz,  emprisonnez  ou 
autrement  empeschéz,  ils  les  mectent  ou  facent  mectre  incontinant  et 
sans  délay  à  plaine  et  entière  délivrance  et  au  premier  estât  et  deu;  et 
affin  que  soit  chose  ferme  et  estable  à  tousjours  nous  avons  fait  mectre 
nostre  seel  à  ces  dictes  présentes,  sauf  en  autres  choses  le  droict  de 
nostre  dict  très  cher  et  très  amé  beau-frère  le  roy  et  d'aultrui  en 
toutes. 

Donné  au  dict  lieu  de  Sainct-Denys  en  France  le  septièsme  jour  de 
janvier  Tan  de  grâce  1539  et  de  nos  règnes  assavoir  :  du  Saint-Empire 
le  dix-neufiesme  ;  des  Espaignes,  des  Deux-Cécilles  et  autres  le  vingt 
quatriesme. 

Signé  sur  le  replis  :  Par  VEmpereur  et  Roy, 

J.  Obbrnburger. 


MONOGRAPHIE   DU  CANTON   DE    SAINT-SULPICF-LBS-FEUILLES  267 

Volumineux  parchemin  avec  débris  de  scel  en  cire  ronge  coté  au 
dos  :  «  pour  Hathurin  Pot,  esc",  sgr  de  Lavaupot,  cap*  de  Mondon 
pour  M.  le  Gonnestable  »;  et  plus  basd*une  écriture  plus  moderne  : 
«  Lettres  de  grâce  et  d'abolition,  accordées  à  Mathurin  Pot  par  le 
roy  et  empereur  Charles-Quint  » 

MAILLASSON.  —  4  m.  24  h.  1846;  6  m.,  28  h.  1901. 
En  1596  «  le  village  de  Maillasson  contenant  en  basty  et  en 
masures  15  fermes  de  logis  »,  dépendait  de  Jançay  (9392) 

LA  MAISON-ROUGE.  —  3  m.  20  h.;  2  m.  9  h.  1901. 

Ancienne  maison  fortiDée  relevant  de  Mondon. 

Le  15  juin  1517,  Jacques  de  Montbel,  s'  de  la  Maison-Rouge, 
reconnaît  tenir  à  foi  et  hommage- lige,  au  devoir  d'une  paire  de 
gants  blancs,  à  mutation  de  seigneur  et  d'homme,  de  Charles,  duc 
de  Savoie,  prince  et  vicaire  perpétuel  du  Saint-Empire,  marquis  en 
Italie,  prince  de  Piémont,  s^  de  Mondon,  et  de  son  frère,  comte  des 
Genevois,  «  Thoslel,  maison  forte  et  hébergement  de  la  Maison- 
Rouge,  avec  ses  préclostures  et  basse-court  et  les  jardrins  renfermés 
de  murailles  et  palitz  vallant  25  s.  de  rente  ». 

Cette  s''*"  avait  été  acquise  par  son  père.  François  de  Montbel; 
en  mars  1517  (v.  s.),  il  était  en  procès  avec  sa  mère,  Françoise 
Vergnaud,  qui  réclamait  ses  droits. 

Le  30  juil.  15il  cette  maison  forte  est  vendue  par  Mathurin 
Lamberlhie,  éc\  et  Anne  de  Venues,  sa  femme,  à  Mathurin  Pot, 
s' de  Lavaupot  (2400  et  arch.  de  Turin). 

Mathurin  Pol,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  était,  nous  dit  une 
enquête  de  1590,  «  un  homme  riche  et  oppullanl  ayant  plusyeurs 
deniers  complans  jusques  à  la  somme  de  20.000  1.  et  plus  qu'il 
prestoit.  »  Il  possédait  encore  les  s'**'  de  Martinet  et  du  Bour- 
nazeau. 

Il  Gt  son  testament  le  8  janv.  1575  et  élut  sa  sépulture  dans 
l'église  de  Saint-Sulpice  ;  il  donna  200  1.  aux  pauvres  et  légua  tous 
ses  biens  à  son  neveu  Christophe  Pol  à  charge  de  divei*s  legs. 

Etant  tombé  en  démence,  un  conseil  de  famille  eut  lieu  à  la 
Maison  Rouge  le  30  mai  1584  où  furent  présents  ses  parents  : 
Guillaume  Pot,  prévôt  de  deux  ordres  du  roi,  premier  écuyer  tran- 
chant, maître  des  cérémonies  de  France,  s' de  Rodes,  »  (ant  comme 
haut  justicier  de  Mondon  que  comme  parent  ».  François  d'Aubus- 
son,  s'  de  la  Feuillade;  François  Faulcon,  ch'  de  Tordre  du  roi, 
baron  de  Sainl-Pardoux;  Christophe  de  Carbonnières,  gouverneur 
de  Rocroy,  Jacques  Estourneau,  s'  de  la  Mothe  de  Tersannes; 
René  de  BersoUes,  s'  des  Bastides;  Jacques  de  Vériue,  s' de  la 
Roche  de  Mouhet;  Marc  Deaux,  s' de  la  Gonilière;  Gui  de  TAge, 


268  SOCléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

S'  de  la  Palisse,  et  Jean  Pot,  s' de  Piégut.  On  lui  donna  pour  cura- 
leurs  Faulcon  el  de  TAige. 

Melchiop  Chardebœuf  est  s'  en  1631-1633. 

Le  6  juil.  1736  la  Maison-Rouge  esl  vendue  par  le  duc  de  I^val 
à  Léonard  Dalagarde,  marchand,  aux  Granges-Bantard.  On  voit 
à  la  Maison-Rouge  une  porte  ancienne  surmontée  d'une  accolade; 
au-dessous  de  celle-ci  esl  sculpté  un  écusson  portant  une  fasce  avec 
un  croissant  en  chef,  pièces  qui  se  retrouvent  dans  les  armes  des 
Chardebœuf. 

LA  MARDELLE.  -  40  h.  en  1821;  15  m.,  70  h.,  1846;  7  m., 
23  h.,  1901.  La  Marselle,  1481  ;  La  Mardelle,  1559. 

On  appelle  Mardelles,  en  Berry,  des  excavations  régulières  pré- 
sentant la  forme  d'un  cône  renversé  à  base  elliptique  de  30  sur 
40'*'  de  diamètre, au  fond  desquelles  on  trouve  des  débris  de  Tindus- 
trie  humaine  et  des  ossements  ;  leur  origine  a  donné  lieu  à  de 
nombreuses  controverses  ;  on  les  attribue  communément  à  Taction 
des  eaux.  Elles  ont  été  souvent  utilisées  comme  silos.  11  n'y  a  pas 
trace  d'une  semblable  excavation  dans  ce  village. 

Charles  Baull,  éc',  s'  du  Vergier  et  de  La  Mardelle,  épousa  par 
contrat  du  31  mai  1629,  Jacquetle  Martin  du  Puyvinaud,  d'où 
Léonarde,  femme  d'Henri  Dalesme  (Nadaud). 

LE  MAZIER.  —  7  m.,  38  h.,  1846;  8  m.,  28  h.,  1901.  Us  Ma 
zoiers  (1449). 

Le  vill.  du  Mazuiers  devait  une  vinade  à  quatre  bœufs  et 
charrette  pour  aller  quérir  une  pipe  de  vin  au  pays  d'Argenton  ; 
ce  droit  esl  vendu  le  30  mai  1545  par  Jeanne  de  Vérines,  veuve 
de  Malhurin  Lamberthie,  s^  de  LafTaict,  à  Mathurin  Pot,  s'  de 
Lavaupot  (9  387). 

1537,  Le  Mazurier,  Claude  Gaucher  esl  dit  s'  du  Mazier  en  1688- 
1707  ;  sa  fille,  Gabrielle,  femme  de  Jacques  Bastide,  conseiller  du 
roi,  à  Monlmorillon,  posséda  ensuite. 

Le  village  était  dans  la  mouvance  de  Piégut. 

Le  4  mai  1772,  Jean  Gaucher,  marchand  à  La  Villaubrun,  vend 
le  lieu  du  Mazier  à  René  et  Jean  Apierre,  moyennant  10.000  1. 

LE  MONTEIL.  —  43  h.  en  1821  ;  11  m.,  52  h.,  1846;  10  m., 
45  h.,  1801.  Le  dimanche  Jubilato  1363,  en  la  garde  du  scel  établi 
à  Monlmorillon  pour  le  roi  d'Angleterre,  Jean  de  Monteys,  damoi- 
seau, et  Huguelle  de  I^ Selle,  sa  femme,  accensentà  Jean  Arnalhon, 
une  tenue  vacante  par  la  mort  de  Fradet...  de  Monteys,  à  charge 
de  deux  bians,  l'un  pour  conduire  du  vin  d'Argenlon  à  Monteys  el 


MONOGRAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES  269 

raatre  pour  la  moissoa  oa  le  foin  ;  quand  il  sera  employé  à  ces 
corvées,  il  sera  défrayé  de  pain  (9  370).  Le  Montais,  1449. 

Par  sentence  du  13  août  1544,  il  est  reconnu  que  les  babilanls 
de  Montet  sont  astreignables  au  moulin  de  Piégut  ;  ce  droit  était 
réclamé  par  le  s'  de  Puylaurenl,  à  qui  ils  devaient  la  dîme  et  le 
guet(Gén.  Pot). 

MOBLIN  DELAVAUPOT.  — LeSl  nov.  1406,  Guillaume  Herbert, 
veuf  de  Sybille  Laseille,  dame  de  Lavau,  au  nom  de  ses  enfants, 
Guion  et  Marguerite,  baille  à  rente  à  Jean  Gaullier,  de  Derable, 
diocèse  de  Bourges,  «  la  méson  et  moullins  de  Lavau,  Tun  à  drap, 
l'autre  à  blé,  avec  cours  de  eaue,  motaige,  plassaige  »,  moyen- 
nant 41.  5  s. 

Le  8  janv.  1449,  Gui  de  Chauvigny  renouvelle  ce  bail  à  Denis 
Gautier,  messire  James  Gaulier  et  autpes  :  il  leur  cède  une  place 
contenant  une  boisselée  sise  «  en  nostre  terre  de  la  Vaulx,  auprès 
de  nostre  grand  estangà  Tendroit  de  Testât  ancien  d*icelluy,  jouxte 
certaines  vergnées  et  sauzées  et  jouxte  Testât  qui  a  esté  nouvel- 
lement aud.  eslang  et  tenant  à  la  chaussée  »,  avec  faculté  de  cons- 
truire un  moulin,  tant  à  blé  qu'à  drap. 

En  1490,  le  s'  de  Lavau  fit  édifier  un  nouveau  moulin  au-dessous 
de  Técluse  de  Tétang.  Il  est  affermé  30  set.  seigle  en  1493  ;  48  set. 
seigle  et  2  set.  froment  en  1546  ;  58  set.  seigle,  i  set.  froment, 
4 1.  et  2  gftteaux  de  roi  en  1571. 

Le  8  janv.  1532,  Macé  et  François  Gaulier  vendent  au  même  leurs 
droits  dans  le  moulin  neuf  au-dessous  de  la  chaussée  de  Tétang  et 
dans  les  moulins  vieux  sis  au-dessous  du  village  (9  386).  Ces  der- 
niers paraissent  disparus. 

LE  MOULIN  PLET.  —  2  m.,  16  h.,  1901. 

MONTRENAULT.  —  44  h.,  1821  ;  8  m.,  29  h.,  1846  ;  10  m.,  32  h., 
1901.  Dépendait  de  la  s'*'  de  Jançay  :  le  7  mai  1404  des  terres  à 
Mont  Regnaud  sont  données  à  bail  par  le  s^  de  ce  lieu  à  Jean  de 

Mont  Regnaud.  En  1449,  le  bois  de  Montreignand  appartenait  à 
Christophe  Pot. 

LE  NOYER.  —  Fief  relevant  de  Brosse,  il  vaut  50  1.  de  rente 
en  1552.  67  h.,  1821  ;  21  m.,  75  h.-,  1846  ;  24  m.,  98  h.,  1901. 

Cette  s''*  appartenait,  au  commencement  du  xv"  s.,  à  Raoul  Pot, 
s' de  Piégut,  qui  laissa,  entre  autres  enfant,  Christophe,  s'  de  la 
Vau  et  Ysabeau,  épouse  de  Régnier  de  Présigny,  ch'. 

Christophe  vendit  en  1459,  «  le  lieu  et  houstel  iixNougier,  cens, 
rentes,  garennes  et  dîmes  »,  avec  des  héritages  à  Montreignault,  à 
Etienne  le  Joincteur,  moyennant  huit  vingts  livres.  Ysabeau,  usant 


370  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

de  son  droit  de  relrail  lignager,  somma  le  Joinclenr  de  lai  dé- 
laisser celte  s'*'  et  en  même  temps  lui  ût  Toffre  accoutamée. 

Le  Joincteur  produisit  deux  témoins  qui  prétendaient  que  cette 
offre  n'avait  pas  été  faite  dans  le  délai  légal  :  Marsault  du  Nougier 
e(  Pierre  Dubrac.  À  quoi  la  demanderesse  répliquait  que  Marsault 
du  Nougier  éiait  de  serve  condition  et  serf  du  défendeur,  à  cause 
de  son  village  du  Nougier,  et  qu*il  lui  avait  promis  que  s*il  gagnait 
il  Taffranchirait  de  loute  servitude  ;  qu*il  avait  été  condamné  à 
Brosse  pour  faux-lémoignage  et  qu'il  s'était  parjuré  en  jugement  ; 
il  était  tenu  et  réputé  larron  ;  Pierre  Dubrac,  lui,  avait  été  cou- 
vaincu  d'avoir  emblé  50  écus  à  mess.  James  de  la  Vau,  prêtre.  Une 
sentence  du  sénéchal  de  Montmorillon,  donnée  es  grands  assises 
royaux,  le  2&  mars  1465,  adjugea  le  Noyer  à  Ysabeau  en  validant 
ses  offres  de  retrait  (9,386). 

Ysabeau  dut,  dans  la  suite,  abandonner  ce  fief  à  son  neveu  Gui 
Pot,  que  nous  trouvons  portant  le  titre  de  s'  du  Nougier  en  1493. 
Il  avait  épousé  Françoise  de  la  Marche.  Ses  enfants  furent  : 
!•*  François,  prieur  de  Pronel,  en  1541  ;  2"  Jacques  Pot,  qui  n'eut 
qu'une  tille,  Marie,  mariée  à  Jacques  de  Sandelesse,  s'  de  Champ- 
giron  ;  S"" Claude, qui  eut  Nicolas  Pot,  mort  sans  enfant;  4''  Gabrielle, 
mariée  par  contrat  du  20  avril  1545  à  Gilbert  de  Biencourt,  s' de 
Lesclauze  ;  et  5""  Jeanne. 

Par  un  partage  fait  après  la  mort  de  Gui,  François  avait  pris  pour 
son  droit  d'ainesse  les  deux  tiers  du  Oef  du  Nougier  en  Poitou,  le 
manoir  de  Boisgenest  avec  les  préclotures;  le  surplus  avait  été 
attribué  à  ses  frères  et  sœurs  ;  mais  à  la  suite  des  décès  de  divers 
de  ces  derniers,  un  nouveau  partage  fut  fait  le  9  fév.  1555  entre  la 
dame  de  Sandelesse,  Gabrielle  et  Jeanne;  la  première  eut  la  mé- 
tairie, le  moulin  et  l  étang  de  Boisgenest  et  les  deux  autres  tous  les 
biens  sis  en  Poitou. 

Le  18  déc.  1556,  Gabrielle  et  Jeanne  reconnaissent,  en  présence 
de  Gabriel  du  Peyroulx,  prieur  d'Aubusson,  que  de  Biencourt  a 
dépensé  plus  de  3.000  I.  dans  ses  améliorations  de  Boisgenest  et 
du  Noyer. 

Jeanne  étant  décédée  sans  enfant,  la  d""  de  Sandelesse,  qui  avait 
épousée  en  secondes  noces  Guy  de  la  Court,  éc,  s'  du  Peschier, 
renonça  à  tous  ses  droits  sur  sa  succession. 

Jacques  de  Biencourt,  s'  de  Boisgenest  et  du  Noyer,  Gis  de 
Jacques,  épousa,  par  contrat  du  30  avril  1567,  Jeanne  Meuron,  fille 
de  feu  Guillaume,  lieutenant  général  de  la  Marche.  Leur  (ils, 
Charles,  s'  des  mêmes  lieux,  se  maria  le  3  février  1592  à  Françoise 
de  l'Etang.  C'est  lui  sans  doute  qui  vendit  le  Noyer  à  René  de 


MONOGBAPHIE  DU  CANTON  DE  SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  271 

TAge,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  d*Elal  et  privé,  s^  de  Puy- 
laureot.  Il  en  est  dil  seigneur  en  1619-1623  (A.  B.). 

Le  fameux  duc  de  Puylaurent  le  posséda  ensuite  et  en  1660  il 
appartenait  à  Marie  Philippe,  veuve  d'Etienne  de  Ghanoborand. 

Une  sentence  du  23  mars  1533  déclare  que  les  habitants  sont 
tenus  d'aller  moudre  au  moulin  bannier  de  Lavaupot,  tant  que  le 
moulin  du  Noyer  ne  sera  pas  reconstruit  (9  387). 

Le  20  juillet  1820,  4  maisons  y  furent  incendiées  criminellement; 
à  cette  occasion,  la  duchesse  d'Angouléme  envoya  un  secours  de 
300  fr. 

LA  PËRELLE.  —  Lieu-dit  au  N.  de  Saint-Sulpice  où  des  maisons 
se  sont  construites  depuis  une  cinquantaine  d'années.  Le  mas  de 
La  Peyrelle,  1511.  Ce  hameau  est  désigné  au  cadastre  sous  le  nom 
de  CheZ'Alamargot;  1  m.,  5  h.,  1846;  8  m.,  52  h.,  1901. 

LA  PERDSSE.  —  34  h.,  1821;  8  m.,  37  h.,  1846;  10  m.,  61  h., 
1901.  Fief  et  moulin  relevant  dePuvIaurenl.  On  écril  aussi  Peurusse, 

Nous  avons  relaté  plus  haut  les  difllcuUés  qui,  en  1524-1526., 
surgirent  entre  le  duc  de  Savoie  et  François  Pot,  s' du  Noyer  et  de 
la  Parusse,  au  sujet  de  la  digue  du  moulin  de  Bantard  que  le  duc 
avait  fait  élever,  inondant  ainsi  le  moulin  de  la  Pérusse.  Dans  les 
pièces  de  ce  procès,  il  est  dit  que  ce  fief  appartenait  naguère  à 
Gabriel  de  Oretay,  qui  l'avait  vendu  à  Hugues  Audoulcet,  de  Saint- 
Benoit;  il  était  ensuite  advenu  à  Gui,  père  de  François,  par  défaut 
d'hommage;  Gui  le  possédait  en  1503  (9  380).  La  dime  qui  appar- 
tenait à  Puylaurent  valait  17  set.  seigle  en  1637;  les  habitants 
devaient  le  guet  à  cette  seigneurie;  au  xvn*  siècle  ce  droit  avait 
été  converti  en  une  somme  annuelle  de  3  s.  par  feu. 

C'est  au-dessus  de  ce  village,  entre  la  route  d'Arnac  et  le  vieux 
chemin,  dans  le  champ  des  Maudières,  qu'ont  été  trouvées,  vers 
1883,  les  urnes  dont  nous  parions  plus  haut. 

Etienne  Delagarde,  s'  de  la  Pérusse,  1747;  Silvain  Delagarde, 
S' dud.,  1747-1774. 

PEUCHAUD.  —  57  h.,  1821  ;  17  m.,  68  h.,  1846;  10  m.,  40  h., 
1901.  La  forme  de  ce  nom  est  récente  ;  nous  trouvons,  en  effet  : 
Puychault,  1499;  Puyschault,  1526;  PuychauU,  1532;  Puischaud, 
1659. 

La  dime  appartenait  à  Puylaurent  ;  elle  était  affermée  en  1637 
avec  celle  de  l'Agebouillant,  13  set.  seigle  et  un  set.  froment. 

M.  de  Beaufort  signale  à  Peuchaud  un  dolmen  dont  la  table  a  été 
brisée  (p..  76). 


272  sociérÉ  archéologique  et  historique  du  limousin 

LE  PEU  GUILLEBAUD.  —  Vill.  disparu  qui  se  trouvait  an-dessous 
de  Puiferrat  en  descendant  vers  Piégut  ;  des  terres  portent  encore  ce 
nom.  Ce  vill.,  qui  dépendait  du  Noyer,  existait  encore  en  1660(9  400). 

On  le  trouve  nommé  Puyguilbaud,  1449;  le  Puy  Guilhebaud,  1573. 

Des  ruines  gallo-romaines  y  ont  été  signalées  par  M.  de  Beaufort 
et  non  loin,  dans  la  terre  des  Grandes  Pièces,  un  souterrain-refuge. 

PEUPITON.  —  14  m.,  72  ii.,  1846;  15  m.,  69  h.,  1901. 

Le  plus  joli  site  de  la  com.  :  dans  le  bas,  un  vieux  moulin, 
tout  moussu,  fort  pittoresque;  dans  le  haut,  une  route  en  corniche 
et  les  premières  maisons  du  vill.  ;  un  souterrain-refuge  y  a  été 
trouvé  en  1899.  Vers  la  même  époque,  on  y  a  découvert  des  mon- 
naies d'argent  de  Louis  XV. 

Nous  le  trouvons  désigné  :  Puypiton,  1449  ;  Puypithon,  1496  ; 
Puypicton,  ibiS;  Peupictony  1606.  Une  famille  Pilhon,  qui  lui  a 
donné  son  nom,  habitait  encore  ce  vill.  en  1667. 

Le  s^  de  Lavaupot  percevait  sur  Peupiton  un  droit  appelé  le 
retour  des  bœufs,  qui  était  dd  par  ceux  qui  allaient  labourer  en 
certains  lieux.  La  dîme  appartenait  à  Puyiaurent  ;  elle  était  affermée 
7  set.  seigle  en  1637.  Le  moulin  ^e  Peupiton  était  le  moulin  banal 
de  la  s''*  de  la  Goutte-Bernard.  Dans  une  transaction  Ju  14  mai 
1522,  entre  le  s' de  Jançay  et  celui  de  la  Goutte-Bernard,  le  vill.  du 
Puys  reste  à  ce  dernier  avec  les  droits  de  justice  et  de  moulange. 

LES  PEUX.  —  Vill.  cité  en  1518  comme  étant  près  de  la  Roche. 
C'est  sans  doute  le  même  qui  est  appelé  Podium  en  1466  ;  le  Peust, 
1525  ;  le  Peux,  1587  ;  la  dlme  du  Peu  de  la  Roche,  1572,  dépendait 
de  la  Chaume-Baptetaud.  Il  y  a  aux  environs  de  la  Roche  plusieurs 
lieux-dits  qui  portent  le  nom  de  Peu.  M.  Leroux  a  publié  dans  ses 
Chartes,  chroniques,  etc.,  une  charte  du  25  août  992,  portant  dona- 
tion à  Saint-Martial  de  Limoges  d'un  alleu  sis  in  villa  quœ  dicitur 
Alpoi,  in  parrochia  S.  Sulpicii.  C'est  peut-être  un  de  nos  Peux. 

PIÈGUT.  —  8  m.,  42  h.  en  1846;  3  m.,  25  h.  en  1901. 

Très  ancien  fief  relevant  de  Brosse,  qui,  depuis  plus  de  six  siècles, 
appartient  toujours  à  la  même  famille (1);  évalué  100  I.  de  rente  en 
1552. 

(1)  M.  Duplès-Agier,  annotant  la  chronique  de  Bernard  Itier  qui  men- 
tionne en  1199  la  prise  du  château  de  Poi-Agut  par  le  vicomte  de  Li- 
moges, identifie  celte  localité  avec  notre  Piégut.  (Cf.  Chronique  de 
Saint-Martial  de  Limoges,  édit.  de  la  Soc.  de  THist.  de  France,  p.  66  et 
405.) 

Il  s'agit  plutôt  de  Piégut  dans  la  Dordogne,  car  le  texte  énumère 
ensuite  comme  châteaux  pris  dans  la  même  campagne  Nunlrun  (Non- 
tron,  Chaluz-Chabrol  (Châlus),  S,  Magrit  (Saint-Maigrin,  Charente). 


mo:ïograpAie  du  cai^ton  de  saint-sùlpice-lés-fecilles  273 

Le  mercredi  jour  de  rÂnnonciation  1298  Guillaume  de  la  Failbe- 
RenanU  ch'  s' de  Puyagu,  époux  de  Limousine  du  Breuil,  passe  un 
accord  avec  son  gendre  Raoul  Pot  qui  avait  épousé  Radegonde  de 
ia  Failhe. 

Raoul  Pot  était  fils  de  Guillaume  Pot,  s^  de  Ghamproy;  c'est  le 
premier  connu  de  cette  maison;  il  avait  épousé  vers  1250  Catherine 
du  Verdier. 

Raoul  eut  pour  (ils  Guillaume  qui  épousa  en  premières  noces 
Blanche  de  la  Trémoille  et  en  secondes  Marguerite  de  Magoac. 
Celui-ci  eut  du  premier  mariage  :  Régnier,  auteur  de  la  branche 
de  Bourgogne^  et  Hénor,  femme  d'Hélion  de  Chamborand.  Du 
second,  Raoul,  qui  suit,  et  Louis.  Raoul  Pot,  s'  de  Puyagu,  fut 
gouverneur  et  bailli  d*Orléansen  1384.  Sa  femme,  Jeanne  de  Céris, 
était  fille  de  Gui  de  Céris,  sénéchal  de  Rouergue,  s' des  Croix-de- 
Rhodes. 

De  ce  mariage  vinrent  Raoul,  qui  suit;  Louis  qui  a  fait  la  bran- 
che de  Rhodes;  Gui  et  Hugnette,  femme  Guillaume  de  TÂigues, 
chambellan  du  roi  et  du  duc  de  Bourgogne. 

Raoul  Pot,  s'  de  Puyagu,  transigeait  avec  ses  frères  le  11  mars 
1401  ;  le  20  déc.  1416  il  recevait  un  aveu  pour  le  fief  de  la  Bure. 
Sa  femme,  Jeanne  de  la  Roche,  lui  donna  :  Antoine,  suit;  Christo- 
phe, d'où  viennent  les  s"  de  Lavaupot;  Jeanne,  femme  Jacques  de 
Bemeuil,  s'  de  Chineau  ;  Huguette  et  Marguerite. 

Antoine  partageait  le  20  mars  1449  avec  ses  frères.  Il  fut  époux 
de  Françoise  de  Brisey,  d'où  le  suivant  : 

Raoul  Pot,  s'  de  Puyagu,  époux  de  Catherine  Egron.  Par  son 
testament  du  22  juin  1504,  celle-ci  demande  à  être  enterrée  à  Vie 
et  veut  qu  a  ses  obsèques  des  pauvres  portent  des  torches  avec 
écussoDS  à  ses  armes. 

Gui  Pot,  son  fils,  épousa  par  contrat  du  25  janv.  1505  Claude  de 
Cezard.  En  1544  il  était  en  procès  avec  le  s' de  Puylaurent  au  sujet 
de  ses  droits  sur  le  Honteil.  Il  eut  Jean  qui  suit. 

Jean  Pot,  s' de  Piëgut  ;  son  contrat  avec  Isabeau  de  Rance  est  du 
19  mars  1558.  Il  laissa  Jean  et  Pierre  (1). 

Jean,  s'  de  Piégul,  reçut  le  28  mai  1585,  du  roi  Henri  III,  une 
commission  pour  lever  et  conduire  à  la  guerre  200  hommes  de 
pied.  Il  s'engagea  dans  le  parti  de  la  ligue  et  Henri  IV  dut  dans 

(1)  JouUietton,  dans  son  Histoire  de  la  Marche,  p.  333,  dit  qu^en  1587,  à 
une  affaire  en  Auvergne  où  étaient  des  gentilshommes  de  la  Marche  et 
du  Berri,  le  sieur  de  Piégut  fut  tué.  Il  pourrait  s'agir  de  Pierre  Pot,  fils 
d'fsabeau  de  Rance,  qui  en  1570  est  dit  mineur  de  7  ans.  Les  auteurs 
des  généalogies  disent  qu'il  n'en  est  plus  fait  mention  dans  la  suite. 


274  SOClèTÉ    AHCiIKOLOGtQCE   Et    IfISTOniQeB    DC   LIMOCSlN 

la  suite  interposer  sod  autorité  pour  faire  cesser  les  poursuites 
crimiaelles  que  les  s".  Goussaull  et  Ghéne,  du  Dorât,  avalent 
iotenlées  contre  lui,  à  cause  de  plusieurs  excès  commis  dans  celte 
celle  ville  par  les  troupes  qu'il  commandait. 

Sa  femme,  Jeanne  de  la  Ghaslre,  était  fille  de  Jean,  s'  de  Paray, 
commissaire  d'arlillerie,  échanson  et  pannetier  du  roi. 

Mathurin  Pot,  s^  de  Piégut,  qui  lui  succéda  épousa  par  contrat 
du  13  fév.  1640  Anne  de  Bridiers. 

Raoul  Pot,  son  fils,  reçut  le.  13  nov.  1635,  au  camp  de  Bioncourt 
en  Lorraine,  un  cerlificat  de  Jacques  deBeauveau,  lieutenant  géné- 
ral en  Poitou,  constatant  qu'il  avait  bien  et  lidèlement  servi  le  roi 
en  son  armée  de  Lorraine  commandée  par  le  duc  d*Angouléme  et 
le  maréchal  de  la  Force.  Jeanne  des  Marquels,  sa  femme,  lui  donna  : 
Roland,  suit;  Daniel,  s'  de  Puyferral,  époux  d'Anne  Martin  (1),  et 
Catherine. 

Roland  Pot  (3),  s'  de  Piégut,  époux  le  10  sept.  1683  de  Marie 
de  RoflQgnac  (3),  ne  laissa  que  Louis  et  Marie  décédée  à  la  Garde 
le  24  février  1773  à  77  ans. 

Louis  Pot,  S'  de  Piégut,  marié  à  Françoise  deGhamborand  (4), 
fut  maintenu  noble  le  30  mars  1715  par  l'intendant  de  Bourges. 
Le  33  fév.  1731  il  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  l'église  aux  tom- 
beaux de  ses  prédécesseurs,  43  ans  (5). 

Il  laissa  :  Louis-Jacques,  suit;  François-Placide,  ne  le  5  août  1716, 
retiré  du  service  en  1771  comme  capitaine  au  régiment  de  Poitou 
et  ch'  de  Saint-Louis  décédé  à  Saint-Sulpice  le  27  sept.  1782; 
Jacques  né  le  21  janv.  1721  prit  le  titre  de  ch'  de  Rhodes;  lieu- 
tenant au  même  régiment,  il  eut  le  poignet  droit  brisé  par  une 
balle  à  l'attaque  de  Vintimille,  décédé  le  20  sept.  1782;  Sylvie. 

Louis-Jacques  Pot,  s'  de  Piégut,  né  à  Saint-Sulpice  en  1714,  fut 
lieutenant  au  régiment  de  Limoges  et  épousa  Marie-Thérèse  Reveau 


(1)  Dans  les  rcf^istres  de  Saint-Martin  on  trouve  à  la  date  du  26  fé- 
vrier 1726  le  mariage  de  Pierre  Pot,  s'  de  la  Gasnerie,  veuf  d'Anne 
Martin,  avec  Louise  de  Bridiers. 

(2)  Un  rapport  de  l'intendant  de  Bourges  de  la  fin  du  ivii*  siècle  porte: 
«  le  s^  de  Piégut  possède  3.000  1.  de  rente  et  passe  pour  violent  »  (Bibl. 
Nat.  F.  Colbert,  270,  p.  127). 

(3)  Inhumée  à  Saint-Sulpice  devant  Tautel  de  la  Vierge  le  28  septem- 
bre 1736;  80  ans. 

(4)  Inhumée  dans  l'église  de  Saint-Sulpice  le  6  avril  1741, 

(5)  11  eut  peut-être  aussi  Madeleine  Pot  de  Piégut,  nommée  le  12  avril 
1740  supérieure  de  l'hôpital  de  Bourganeuf  et  décédée  en  avril  1743 
(Cf.  Arch,  de  la  Creuse,  II.  655). 


MONOGRAPHIE   DU   CANTON    DE    SAINT-SCLPICË-LBS-FEUILLES  275  * 

"I 

de  SaiDt-Vareût  (1)  leSI  fév.  1743. 11  eut  de  nombreux  enrants,  ] 

dont  Louis,  suil;  Marie  née  le  24  fév.  1748,  chanoinesse  de  N.-D. 
de  Meaux  ;  Marie-Ànne-Thérèse,  née  le  13  juil.  1758,  mariée  en  1791 
à  Jean-Bapliste  Maréchal,  bourgeois.  Il  mourut  le  23  mai  1790. 

Louis  Pot,  s'  de  Piégut,  se  maria  le  3  déc.  1777  à  Adélaïde  d'He- 
mery;  il  n'émigra  pas  à  la  Révolution;  deux  de  ses  fils  firent  les 
campagnes  du  premier  Empire  comme  officiers  de  cavalerie  ;  l'un 
d'eux  fut  tué  à  Tennemi;  Mathurin,  né  à  Saint-Sulpice  le  4  sept. 
1792,  continua  la  postérité. 

Piégut  appartient  encore  à  sa  pelite-fille  M"*  de  Verneuil,  née  de 
Pot. 

Piégut,  contraction  de  Puy  aigu^  était  un  des  fiefs  de  la  Terre- 
aux-Feuilles. Il  est  mentionné  en  1447  comme  forteresse  (2).  On 
voit  encore  des  restes  des  murs  de  son  enceinte;  ces  murs  ont  2°'20 
d'épaisseur.  Cette  enceinte  avait  la  forme  d'un  polygone  irrégulier; 
elle  était  entourée  par  des  douves  sèches;  du  côté  de  la  rivière 
l'escarpement  naturel  du  coteau  défendait  cette  partie. 

Les  bâtiments  habités  se  trouvaient  du  côté  opposé.  Ils  ont  été 
reconstruits  au  xviii^  s.  ;  une  tour  et  le  portail  d'entrée  de  la  cour 
intérieure  ont  été  démolis  il  y  a  une  quarantaine  d'années  pour 
allonger  le  corps  de  logis. 

L'écusson  de  la  porte  d'entrée  présente  encore  la  fasce  des  Pot. 

Dans  les  jardins  on  voit  une  curieuse  pierre  qui  a  servi  de  base 
à  une  croix  :  elle  mesure  0"*,92  de  long  sur  0'",88  de  large  et  0",50 
de  haut.  Elle  est  décorée  sur  les  deux  plus  grandes  faces  par  deux  S 
placés  horizontalement  et  réunis  par  des  barres;  au-dessus,  trois 
croissants.  Le  sommet  des  S  est  en  saillie  et  forme,  en  se  prolon- 
geant, une  cannelure  sur  chaque  côté. 

De  Piégut  relevaient  les  fiefs  de  Puyroger  et  de  la  Bure  et  le 
ténemenl  de  la  Lande. 

Le  s'  avait  droit  de  guet  et  d'astreinte  à  son  moulin  sur  les  vill. 
de  Batenon,  les  Rebras,  le  Monteil  et  la  Villeaubrun. 

Il  possédait  moyenne  et  basse  justice  divisément  et  la  haute  jus- 
tice en  commun  avec  les  autres  s"  de  la  Terreaux-Feuilles.  Il  avait 
droit  de  prééminence  dans  l'église  de  Saint-Sulpice  et  de  tombeau 
dans  le  chœur. 

Juges  :  Guillot,  1S33;  Hyacinthe  Choppy,  s' des  Genests,  1728, 
tient  ses  audiences  à  Ratenon. 

Procureur  :  Jean  de  Maillasson,  1633. 

(1)  Décédée  le  17  octobre  1784. 

(2)  Une  tradition  dit  qu'anciennement  Piégut  était  construit  à  droite 
de  la  route  de  la  Souterraine. 


276  BOCIKTÉ    AnClléOLOûlurE    KT    iIISTOAIQUK    du    UlÂOLTSl.V 

Greffiers  :  Francoys,  1833;  Perrot,  1642;  Trébilhon,  1757;  A. 
Gravier,  1720-1727. 

Il  existait  à  Piégut  une  chapelle  dont  les  fondements  étaient 
reconnaissables  il  y  a  quelques  années.  Elle  avait  de  7  à  8"*  de 
long  sur  6  à  7'"  de  large;  elle  était  située  en  dehors  de  Tenceiote 
et  à  côté  se  trouvait  un  cimetière. 

C'étail  une  vicairie  en  Thonneur  de  Sainlc-Croix.  Suivant  pré- 
sentation du  14  janv.  1564,  Jean  Migier,  chapelain,  devait  trois 
messes  par  semaine  et  des  prières. 

La  cloche  qui  en  provient  est  conservée  à  Piégut;  elle  a  0",36 
de  diamètre  et  0",32de  haut.  Sur  le  cerveau,  elle  porte  Tinscriplion 
suivante  en  gothique  fleurie  du  xvi*  s.  : 


SNNCT    SEBASTI     ANI 

Entre  les  deux  noms  une  crucifixion  ;  après  ani.  Vierge  à  TEnfanl. 
A  noler  iV à  la  place  de  i4. 

Une  vierge  en  bois  couronnée  et  portant  un  enfant  et  un  raisin 
existe  aussi  à  Piégut.  Gomme  la  pierre  que  nous  avons  signalée 
plus  haut,  elle  doit  provenir  de  cette  chapelle. 

PUIFERRAT.  -  19  m.,  117  h.,  1846;  25  m.,  107  h.,  1901.  P«v- 
Ferat,  1449. 

Les  habitants  de  ce  vill.  étaient  tenus  chaque  année  d*aller  cher- 
cher à  Lavaupot,  dont  ils  dépendaient,  «  un  fuz  de  pipe  pour  le 
conduire  à  Argenton,  Saint-Marsaud,  Saint-Gautier  ou  le  Menou  »> 
et  le  ramener  plein  (Gén.  Pot). 

Daniel  Pot,  s'  de  Puiferat,  1683-1716,  épousa  Anne  Martin,  d'où 
un  fils  mort  au  service. 

La  dîme  appartenait  à  Puyiaurent  :  en  1637  elle  était  affermée 
14  s.  et  4  boiss.  seigle. 

RATENON.  -  19  m.,  87  h.,  1846;  20  m.,  63  h.,  1901.  Le  6  fé- 
vrier 1447  les  habitants  reconnaissent  devoir  diverses  rentes  à 
Piégut.  Us  sont  tenus  de  faire  chacun  leur  tour,  chaque  jour  de 
la  semaine,  guet  et  garde  à  la  forteresse  et  chastel  de  Piégut  et  d'être 
ses  justiciables  de  serve  condition  (Gén.  Pot). 

LES  REBRAS.  —  19  m.,  84  h.,  1846; 23  m.,  75  h.,  1901 .  Comme 
pour  les  Bras,  la  forme  plurielle  employée  actuellement  est  récente  : 
le  Rebrac,  1449,  1659  ;  le  Rebrat,  1519, 1541  ;  le  Rubrac,  1738-1750. 
Ce  vill.  dépendait  de  Piégut  à  qui  les  habitants  devaient  une  corvée 
par  semaine  et  la  dîme. 


MONOGlUPIIlft   DU   CANTON   DE  SAINT-SULPICE-LES-I^EUILLES  27"/ 

LA  ROCHE.  —  41  h.,  1821;  10  m.,  88  h.,  1846;  13  m.,  53  h., 
1901,  mcûUonnée  en  1449.  Le  25  mars  1554  Malhiirin  Pol,  s'  de 
Lavaupol,  el  Jacques,  son  frère,  afTranchissent  les  liabilanLs  de 
ce  lieu  tJ*une  corvée  qu'ils  leur  devaient  chaque  semaine,  à  charge 
de  payer  une  renie  de  2 1. 9  s.  Ils  se  réservenl  le  droit  de  vinade  (9389). 
François  Pcuchaud,  s' de  la  Roche,  1758-1786. 

LÀ  TUILERIE  DE  MAILLÂSSON,  figure  au  cadastre. 

LE  ROCHILLON.  —  1  m.,  7  h.,  1901. 

LA  VALETTE.  —  8  m.,  38  h.,  1846  ;  10  m.,  43  h.,  1901 . 

Le  S7  mai  1395,  devant  Gilles  Auboulet,  notaire  juré,  Perrotin 
de  Parnac  et  Agnès  Aillou,  sa  femme,  arrentent  à  Jean  Pénètre 
des  immeubles  à  la  Vallette  :  «  une  terre  joxte  la  plasse  de  la 
Valele;  uog  ort(l)  appelé  le  Ghiron;  une  lèze  d'ort  assise  joxle  le 
chappau  de  la  maison  au  Masson  ;  une  pledure  (2)  de  maison  joxle 
la  maison  Autorl.  »  (Lettres  de  Perrot  Souhe,  garde  du  scel  pour 
le  duc  de  Berry  à  Monlmorillon)  (9388j. 

Sieurs  :  1644,  Pierre  Petitpied,  lieutenant  du  comte  d*Harcourt  ; 
1649-1659,  Gharles  Petitpied,  avocat  en  Parlement;  Louis  Petit- 
pied,  1672-1700;  Vincent  Petitpied,  1710. 

LA  VILLAUGÉ.  —  9  m.,  42  h.,  1846  ;  8  m.,  33  h.,  1901.  ta  Vil- 
leaujay,  1449.  Le  s'  de  Lavaupol  y  avait  droit  de  censive  el  per- 
cevait une  poule  par  feu  suivant  reconnaissance  du  25  fév.  1547.  Le 
commandeur  de  Horterolles  prenait  diverses  rentes  sur  la  Ville  ou 
Jay  en  1555  (H.  462).  La  Villaugey,  1660. 

VIREVALAIS.  — 13  m.,  88  h.,  1901  ;  17  m.,  60  h.,  1901. 

Villa  ValeU,  1361  ;  Ville  Valloic,  1493;  Villevaloix,  1507-1520  ; 
Yiltevaley,  1513;  Virvalleys,  1549.  La  dîme  dépendait  de  la  s'<«  de 
la  Chaume  Baletaud  aux  Chézeaux. 

M.  de  Beaufort  indique  au  N.  du  vill.  un  dolmen  renversé  (p.  77). 

Au-dessus  de  Virvalais,  dans  un  champ  appelé  le  Dpgnon  appar- 
tenant à  M.  Pierre  Dupuis,  on  trouve  des  ruines  gallo-romaines 
qus  nous  avons  fouillées  en  compagnie  du  propriétaire. 

Conseillers  généraux.  —  F.-S.  Dubrac,  juge  de  paix,  1833-1844; 
J.*Ph.  Brac,  avocat,  1844-1848;  P.-Mathias-Pompée  Auforl,  notaire, 
18i8>1868;  Ferd.  Aufort,  noUire,  1868-1892;  CamiUe  Gabiat,  docteur 
en  droit,  1892-i#«S. 

Présidents  de  Vadministmiion  municipale  du  canton,  —  Georg.  Aufort, 
an  VI -an  VII;  J.-Placide  Degobcrticre,  an  VIII. 

(1)  Jardin. 

(2)  Terrain  vague  propre  à  bÀlir. 

T.  i*v  18 


278  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET   HITTORIQCE    DU    LIMOUSIN* 

Maires, —  Et.  Bernut  de  la  Chaume,  1790;  P.  Perrot,  1792;  VicL 
Puiferrat,  an  XI- 1816  ;  Benoit  Alaboissette,  1817-1821  ;  Jacq.  de  Pui- 
ferrat,  1822;  J.  Peuchaud-Boismandé,  1822-1832;  Denis  Joyeux,  1832- 
1853;  Bern.  MaflFré,  1853-1865;  F.  Aufort,  1865-1870  et  1871-1892; 
Théod.  Gabiat,  1870-1871  ;  Cam.  Gabiat,  1892-1905. 

Adjoints,  —  P.  Perrot,  an  V;  V.  Puiferrat,  an  VI -VU;  J.-B.  Bernut- 
Desgouges,  an  VII -1816;  Ch.  Aubar,  1821  ;  J.-B.  Peuchaud-Boismandé, 
1822;  Denis  Joyeux,  1822-1832;  Ilip.  Guillerot,  1832-183i;  J.-B.  Dubrac, 
1836;  Ad.  Bernut-Desgouges,  18^3-1816  ;  J.-V.  Asselinc,  1810-18^7; 
doct.  Alaboissette,  18'*8-18t9;  S.-F.  Dubrac,  1852  f  1853;  Alh.  Pâmas 
de  Villeron,  1853;  Théoph.-Gust.  Menu,  1854-1859;  J.-B. -Al.  Marsaud, 
1859-1888:  L.  Roussclet,  1888-1892;  P.-E.  Marzet,  1892-1893  et  189C- 
1900;  J.  Biabaud,  1893  f  1890;  Raymond  Marsaud,  1900-1905. 

Juges  de  paix.  —  S. -Mathieu  Dcmaillasson,  1793;  J.-B.  Bernut, 
an  III -an  IV';  Jacq.  Depuiforrat,  an  V;  Cl.-Pasc.  Degobertière,  an  Vl- 
an X  ;  Fr.  Resnier,  an  X-1821;  Fr.-S.  Dubrac,  1822tl«^4;  P.-Alex. 
Lasnier,  18iV-1867  ;  L.-J. -Adolphe  Léger,  1867-1873;  L.  do  Lafond, 
1873-1876;  F.-Jacq.-And.  Gravelat,  1876-1879;  L.-P.  Bornet,  1879-1883; 
Jul.-llip.-Jér.  Roblin,  1 883-1 88i  ;  Emman.  Poujaud,  1884  f  1886;  P. 
Raballet,  1886-1905. 

Greffiers.  —  P.  Coulaud-Desvergnes,  1793 -an  X;  L.-lIub.-J.  Puifer- 
rat-Lavergne,  anX-1840;  D.-Fred.  Bonnet,  1840  f  1882;  J.-Ars.-Cam. 
Dubrac,  1882-1892;  Raym.  Marsaud,  1892-1905. 

Curés.  —  M.  Massard,  1611-1631;  Mathieu  Duparc,  1631-1665; 
J.  Duparc,  1665  f  1681;  Castille,  1682-1686;  Jacq.  Danjean,  1719-1755, 
étail,  en  1759,  direct,  gén.  de  la  mission  de  Limoges;  J.  Delacoux, 
1755-1789;  Dumont,  vicaire  régent,  1790-1793;  S.  Niot,  1803-1843: 
Malh.  Bandcl,  1843-1885  ;  Ph.  Pascaud,  1885-1887  ;  J.  Pergay,  1887-1893; 
Nazaire  Galland,  1893-1905. 

Vicaires.  —  J,  Gaucher,  1531;  L.  Dupuy,  1565;  P.  Demaillasson, 
1575;  Demaravaud,  1711;  J.  Danjean,  1714;  Laroque,  1723;  Nie. 
Nicault,  172^-1730;  J.  Gravier,  1735-1736;  Picot,  1736-1738;  P.  Savard, 
1740-1744;  J.  Delacoux,  1745-1754;  J.  Martial,  1754-1755;  Jacq.-£t. 
Delagarde,  1756-1758;  en  1763,  il  était  curé  de  la  Chàtre-Langlin  et 
prieur  de  Crozant;  And.  Dccressac,  1760-1764;  Faugère,  176t-1765; 
J.  Pcuchaud,  1766;  Dupuis,  1767-1770;  Jac.  Besges,  1770-1782;  Malh. 
Alaboisssette,  1782-1788;  Descombes,  1788;  Dumont,  1788. 

Maîtres  d'école.  —  Etienne  Dupuy,  f  1724;  Et.  Dupuy,  écrivain,  1729  ; 
J.  Dumas,  1735;  J.  Pcnnetier,  1748-1765;  Benoit  Boulin,  1773  f  1789. 

Notaires.  -  D.  de  Puiferrat,  1498-152  ;  F.  Gauchier,  1520;  Charpen- 
tier, 1532;  Aucamus,  1562-1566;  J.  Bonnet,  hôte  vendant  vin,  1543- 
1578;  And.  Thomasson,  à  la  Chirade,  1597;  G.  Jammot,  1615-1627; 
J.  Demaillasson,  1593-1628;  J.  Michelon,  à  Lavaupot,  1639-1648  ;  Nie. 
Perrot,  à  Lavaupot,  1660-1665;  P.  Aumasson,  1660-1671  ;  Demaillasson, 
1688-1706;  S.  Delagarde,  1706-1713;  S.  Peuchaud,  1719  f  1738  ;  Claude 


MONOGRAPHIE    DU   CAPtrON    DE  SAlST-SULPICE-LfiS-PEUILLES  279 

Dubrac,  à  Cheuger,  1762-1792;  Jacq.  Depuiferrat,  1767-1790;  J.  Dubrac, 
1778  f  1790;  Et.  Dubrac,  àChéniant.  1781  +  1806;  Demaillasson,  1792- 
an  VIII;  Vict.  Puiferrat,  1790-1830;  P.-M.-P.  Aufort,  1830-i8G2;  F.  Au- 
fort,  1862-1891  ;  H.  Colleville,  1891-1905. 

Sergents.  —  Cl.  Pithon,  à  Peupiton,  1606-1610;  Jacq.  Jammot,  1642- 
1668;  L.  Aumasson,  1033-1651;  J.  Demaillasson,  aux  Bros,  165:^-1661; 
Math.  Gaulier,  exempt  à  l.avaupot;  J.  Dcmaillassoîi,  à  (Ihcz-Dan  lin, 
1676;  S.  Pithon,  1667;  P.  Demaillasson,  173^;  And.  Dufour,  à  la  Villai- 
ger,  1761-1783;  J.  Chanteclcrc,  à'Lavaupot,  1713-1714;  And.  Dubrac, 
1773-1776;  S. -Math.  Demaillasson,  1781  ;  P.  Perrot,  huissier  î\  verge, 
1785-1793. 

Hcceveurs  de  Venrcgistremenl,  —  G.  Saintaraille,  18i3-18i4;  Pinot, 
184i-18i7  ;  Peyrot,  1847-1848;  Bernion.l,  18i8-l849;  Haym.  Bouard  de 
Gard,  184'J-185i  ;  L.  du  Puy  de  Goyne,  1851-1854;  Delaunay,  1854-1856; 
Ch.  Harasse  de  la  Vicardière,  1856-1861  ;  J.  Perancy,  1861-1864;  Lave:- 
gne,  1864-1865;  G.  Marchadier,  1865-1866;  Sauvt',  1866-1867;  Mazel- 
reix,  1867-1808;  L.  Prufrùro,  1808-1869,  Panescorse,  1809-1872;  Viallc, 
1872;  Léon  Petitcollot,  1872-1874;  Luzy,  1874-1876;  Saletle,  1876-1881  ; 
Lanseigne,  1881-1883;  E.  Hicard,  1883-1884;  M.  Moulinier,  1884-1888; 
Anat.  Bonhomme,  1888-1893;  Ant.  Villa,  1893-1894;  Alph.  Cazcaux, 
1894-1896;  Boger  Drouault,  1897-1905. 

Maîtres  de  poste  à  Boismandé,  —  François  Peuchaud,  s'  de  La 
Fayolle,  1748-1757;  Claude- Valentin  Peuchaud,  s' de  Prémartin,  1776- 
1785;  L.  Merseret,  1787 -an  III. 

Chirurgiens,  —  L.  Delagebeaudeuf,  1677;  J.-B.  Juge,  s'  de  la 
Visière,  1738;  P.  Crozat,  1758-1816;  S.  Mitraud,  à  Bc^ismandé,  1739; 
S.  ViUauger,  1776-1791. 

Greffier  des  tailles,  —  Mathurin  Demaillasson,  1595. 

L'impôt  du  sang,  —  Baoul  Pot,  s'  de  Piégut,  tué  à  Montpellier  en 
1390;  Fr.-Plac.  Pot  de  PiéguI,  né  le  5  août  1716,  retraité  comme  capi- 
taine au  régiment  de  Poitou,  avait  reçu  plusieurs  blessures  qui  lui 
valurent  en  1758  une  pension  de  400  1.  ;  Jacques  Pot,  son  frère,  dit  le 
ch'  de  Bhodes,  né  le  21  janv.  1721,  eut  le  poignet  brisé  par  un  coup  de 
feu  à  Tattaque  de  Vintimille,  étant  lient*  au  rég'  de  Poitou  ;  Paul  Pot 
de  Piégut,  officier  au  24*^  chasseurs,  fut  tué  pendant  les  guerres  du  pre- 
mier Empire;  J.-B.  Saussier,  soldat  au  13«  bat.  du  train,  mort  h  Milan 
le  22  vent,  an  IX  des  suites  de  ses  blessures;  Jean  Mouhard,  lient*  de 
grenadiers  au  58**  de  ligne,  ch'  de  la  Légion  d'honneur,  tué  de  plusieurs 
coups  de  bayonnette  à  Taflaire  d'Ober-IIollabrun  le  25  brum.  an  XIV; 
.Math.  Lamargot,  voltigeur  au  21**  d'infant,  légère,  tué  d'un  coup  de  feu 
le  14  octob.  1806,  à  4  h.  du  soir,  à  la  bataille  d'iéna  ;  Bené  Dupuy,  chas- 
seur au  16*"  léger,  décédé  le  19  mars  1807  à  Thôpital  de  Thorn  en 
Pologne,  des  blessures  reçues  à  Eylau  ;  P.  Pithon,  chasseur  au  même 
régiment,  mort  le  24  sept.  1807,  à  Thôpital  des  Piaristes  de  Varsovie, 
des  suites  de  ses  blessures;  Christ,  de  Puiferrat,  lient*  d'infant,  tué  à 
Paris,  faub.  du  Temple,  le  26  mai  1871,  d'un  coup  de  feu  à  la  gorge. 

('A  smvrej  Roger  Drouault. 


LA  DISETTE  A  LIMOGES 


au    XVr    siècle 


Quand  on  détourne  les  yeux  du  monde  brillant  des  évéques 
aristocrates,  xje  la  fouie  active  de  ces  marchands  et  de  ces  bour- 
geois enrichis  dont  les  (ils  accaparaient  peu  à  peu  toutes  les  charges 
de  justice  et  de  finances  et  commençaient  à  constituer  une  nou- 
velle noblesse,  on  s'aperçoit  que  celte  prospérité  des  hautes  classes 
dissimulait  à  Tobservateur  bien  des  misères.  Sans  doute  le  luxe  et 
les  modes  du  temps  s'introduisaient  à  Limoges  et  s'étalaient  dans 
les  fêtes  et  dans  les  réceptions  solennelles.  Sans  doute  l'humanisme, 
la  poésie  et  l'art  avaient  leurs  adeptes,  parfois  estimables.  Mais 
pour  la  majorité  des  habitants,  pour  les  artisans  de  la  ville  comme 
pour  les  laboureurs  des  campagnes,  la  vie  était  souvent  bien  dure. 
Comment  en  eiïet,  au  milieu  du  bouleversement  général  qui  secoua 
la  France  au  xvi«  siècle,  le  Limousin  aurait-il  pu  échapper  aux 
communes  soutTrances?  Il  a  donc  connu —  on  le  sait —  les  bandes 
rapaces  et  brutales  des  soudards  catholiques  et  protestants;  il  a 
gémi  sous  le  poids,  sans  cesse  accru,  des  impôts  et  des  subsides. 
Et  pourtant,  même  sans  les  guerres  ruineuses,  le  mal  eût  déjà  été 
trop  grand  :  la  peste  et  la  famine  se  succédaient  à  intervalles  rappro- 
chés, ou  même  s'unissaient  pour  accabler  la  malheureuse  popu- 
lation. 

La  famine,  en  particulier,  s'est  renouvelée  avec  une  fréquence 
qui  épouvante  encore,  malgré  Téloignement,  celui  qui  entend  sortir 
des  vieux  livres  Técho  des  cris  de  détresse.  Que  de  plaintes  tou- 
chantes dans  ces  Registres  Consulaires  où  revit  le  Limoges  du 
seizième  siècle  !  Peut-être  ces  plaintes  sont-elles  parfois  un  peu 
forcées,  lorsque  les  habitants  désirent  obtenir  du  roi  la  faveur 
d'être  déchargés  en  totalité  ou  en  partie  d'un  impôt  nouveau. 
Cependant  elles  se  répètent  en  termes  si  ressemblants  et  l'accent 
en  paraît  si  sincère  qu'on  ne  saurait  douter  de  l'étendue  de  la 
misère. 


LA    DISETTE    A    LIMOGES  281 

On  peut,  à  l*aide  des  Registres  Consulaires  et  de  quelques  chro- 
niques, établir  la  statistique  très  approchée  des  années  de  stérilité 
et  de  disette  :  on  n'en  trouve  pas  moins  de  22,  dont  la  liste  s'étend 
de  iS15  à  1595,  22  années  sur  80  (1).  Ces  années  sont  rarement 
isolées;  elles  se  groupent  le  plus  souvent  en  périodes,  et  Ton  voit 
des  séries  de  3, 4  et  même  5  ans  pendant  lesquels  la  glèbe  refuse 
à  des  milliers  d'élres  une  nourriture  suffisante  (2j.  Assurément  la 
disette  n'était  pas  toujours  aussi  profonde  qu'elle  fut  en  1531-32, 
en  1557,  en  1563,  en  1566,  en  1572-73,  en  1580,  en  1586  et  en 
1595.  Mais  les  années  stériles  et  les  périodes  de  cherté  étaient  si 
rapprochées  que,  en  se  mu1tipliant,elles  aboutissaient  à  d'affreuses 
famines.  Ces  calamités  ont  été  relativement  rares  dans  la  première 
moitié  du  siècle  (7  sur  22)  ;  il  semble  qu'elles  aient  eu  pour  cause 
uniquement  des  intempéries  prolongées.  Mais,  dans  la  suite,  il  faut 
se  représenter  les  campagnes  parcourues  par  les  bandes  dans  tous 
les  sens,  les  maisons  pillées,  les  cuftares  ravagées,  le  travail  agri- 
cole souvent  suspendu,  sans  compter  les  meurtres  et  violences  de 
toute  sorte. 

C'est,  d'abord,  l'infertilité  et  la  maigreur  du  sol  qui,  d'après  les 
habitanis  eux-mêmes,  causent  la  disette.  Avec  un  sous-sol  peu 
profond,  reposant  sur  la  roche  granitique,  l'agriculture  était  con- 
damnée, ménfie  dans  les  années  favorables,  à  donner  de  modestes 
résultats.  Sans  doute  les  prairies  nourrissaient  des  bestiaux;  mais, 
sans  parler  des  épidémies  qui  n'étaient  pas  rares,  la  difficulté  des 
communications  et  l'insécurité  des  routes,  rendaient  les  transactions 
fort  difficiles.  En  dehors  de  la  rave  et  de  la  châtaigne,  c'étaient  le 
blé  et  le  vin  qui  étaient  les  plus  sûrs  revenus  de  la  culture  limou- 
sine. Les  vignobles  se  trouvaient  surtout  aux  abords  de  Limoges; 
mais,  sous  un  climat  trop  tempéré,  ils  ne  pouvaient  être  une  source 
de  gros  revenus;  l'absence  de  rivières  navigables  empêchait 
l'exportation,  et  le  vin,  d'ailleurs,  était  «  si  petit  »  qu'il  se  gâtait 


(1)  Voir  la  liste  à  la  fin  de  cette  élude,  avec  indication  des  sources. 

(2)  Ces  calamités,  loin  d'être  particulières  au  Limousin,  frappaient 
parfois  la  France  entière  ;  une  période  de  stérilité,  causée  par  l'absence 
de  froid,  de  la  fin  de  1528  au  début  de  1534,  est  relatée  par  Mézeray  et 
par  Delamare  (Traité  de  la  police,  t.  II,  p.  355).  Dclamare  signale  encore 
en  1547  la  stérilité  de  la  terre,  la  consommation  des  blés  par  les  armées, 
la  cessation  de  tout  commerce  avec  les  états  voisins  (II,  356)  ;  en  1572, 
la  médiocrité  de  la  récolte  et  trois  armées  à  nourrir  (II,  360);  en  1573, 
une  égale  pénurie;  en  1587,  la  consommation  des  ressources  existantes 
par  les  armées  et  l'abandon  presque  total  de  la  culture  des  terres 
(II,  363). 


282  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

aisément  pendant  le  transport  (1).  Quant  aux  céréales,  seigle  et 
froment,  la  culture  n'en  était  point  ausssi  répandue,  ni  d'ailleurs 
aussi  facile  qu'il  eût  été  nécessaire.  Cependant  Ton  avait,  sinon 
Taisance,  au  moins  le  nécessaire,  quand  le  temps  était  favo- 
rable (2). 

Mais  que  d'intempéries  survenaient  au  printemps,  quand  on 
commençait  à  compter  sur  les  futures  récoltes  1  Ce  ne  sont  que 
pluies  torrentielles  ou  gelées  tardives,  qui  ruinent  toutes  les  espé- 
rances. Sur  les  coteaux  où  la  terre  est  légère  et  «  de  varenne  », 
selon  l'expression  du  temps, les  pluies  déracinent  les  céréales;  dans 
les  plaines  où  l'eau  ne  peut  courir,  tout  est  noyé.  L'année  1531,  «n 
particulier,  fit  époque  :  on  crut,  dit  le  scribe  du  Consulat,  on  crut 
(c  dissolues  les  cataractes  du  ciel  et  de  la  terre  »;  des  inondations 
générales  ravagèrent  toutes  les  vallées.  Si  la  pluie  a  épargné  les 
cultures,  ce  sont  des  vents  froids  et  des  gelées  qui  surviennent  en 
mars  ou  en  avril. 

Alors  le  vigneron  reste  épuisé  par  les  premiers  frais,  sans  récolle 
et  sans  argent.  Le  paysan  se  demande  comment  il  vivra  avec 
quelques  seliers  qui  lui  restent  de  la  précédente  moisson,  et  com- 
ment il  pourra  faire  de  nouvelles  semailles,  —  heureux  encore  si  les 
gens  de  guerre  ne  le  dépouillent  pas  en  passant  du  peu  qu*il  a  pu 
épargner.  On  ménage  le  pain,  on  se  rationne  (3);  mais  la  provision 
bientôt  à  sa  fin.  Certains  marchands,  de  gros  fermiers,  des  sei- 
gneurs, de  riches  abbés  de  la  contrée  ont  bien  une  réserve  de 
grains;  mais  le  prix  monte  de  jour  en  jour  et  devient  inaccessible 
à  la  foule.  Les  variations  des  cours  nous  sont  indiquées,  d'année 
en  année,  par  les  forléaux  ;  le  cours  le  plus  bas  se  trouve  en  1511  : 
le  seller  (4)  de  froment  se  vend  alors  9  sons;  le  cours  le  plus  haut 

(1)  Reg.  cons.,  H,  320. 

(2)  Delam  A  RE  (  Trat/^  de  la  Police,  II,  446)  écrit  au  début  du  xviii'  siè- 
cle au  sujet  du  Limousin  :  «  Tout  ce  pays  est  couvert  par  quantité  de 
châtaigniers,  dont  le  fruit  fait  la  principale  nourriture  des  habitants. 
Les  terres  labourables  sont  très  peu  propres  à  porter  du  froment,  mais 
il  y  croit  d'assez  beau  seigle.  Elles  rapportent  aussi  beaucoup  de  blé 
noir  ou  sarrazin,  et  c'est  de  ce  blé  noir  avec  des  châtaignes  et  une 
espèce  de  grosses  raves  qui  croissent  dans  le  païs,  dont  les  paysans 
font  leur  nourriture  ordinaire  ;  en  sorte  que,  quand  la  moisson  du  fro- 
ment et  celle  du  seigle  seroient  abondantes,  les  paysans  ne  laissent  pas 
de  souffrir  de  très  grandes  disettes,  si  ces  trois  autres  espèces  de  fruits 
leur  manquent,  et  principalement  les  châtaignes.  » 

(3)  En  1562,  sur  dix  familles,  à  Limoges,  «  Tune  ne  mange  pain,  ne 
boit  vin  une  fois  la  sepmaine  ».  (Reg,  cons.j  II,  230). 

(4)  Le  setier  de  Limoges  valait  51  litres. 


LA    DISETTE    A    LIMOGES  283 

est  alteinl  en  1574  et  1397.  La  même  quantité  de  blé  vaut  alors 
3  livres  13  sols.  Mêmes  écarts  pour  le  seigle  :  le  setier,  qui  coûte 
5  sols  6  deniers  en  1811,  coûte  2  livres  18  sols  en  1595.  Mais  les 
prix  indiqués  par  les  forléaux  sont  des  prix  moyens  établis  pour 
Tannée;  en  réalité  les  cours  subissaient  des  mouvements  beaucoup 
plus  violents,  que  nous  connaissons  pour  Limoges,  par  les  jR^^t5- 
tres  Consulaires  :  le  setier  de  froment  est  à  5  livres  15  sous  en  1572, 
el  à  10  livres  en  1574;  le  setier  de  seigle  à  7  et  8  livres  en  1574. 
Les  châtaignes,  dernière  ressource  du  pauvre,  passent  parfois  de 
2  sous  à  10  sous,  soit  au  quintuple  (1). 

Dans  les  moments  d'extrême  cherté,  les  plus  misérables  n'ont 
qu'a  mourir  de  faim  ;  leurs  cadavres  jonchent  les  routes  sur  le 
passage  des  marchands  qui  arrivent  de  Paris,  de  Bordeaux  ou 
d'Auvergne  et  trouvent  presque  déserts  des  villages  jadis  floris- 
sants (2j.  Parmi  les  misérables,  certains  laissent  là  maison  et  héri- 
tage, et  passent  en  Périgord,  en  Angoumois  ou  en  Poitou,  avec 
Tespérance  de  pouvoir  manger  et  vivre.  D'autres  restent  encore 
quelque  temps  dans  leur  chaumière,  se  nourrissant  de  raves,  de 
châtaignes,  ou  d'une  bouillie  faite  de  son  et  d'avoine,  ou  encore 
d'un  pain  pétri  avec  de  l'avoine  et  du  mil,  parfois  même  réduits  à 
se  contenter  d'herbes  el  de  racines  (3).  Des  centaines,  sinon  des 
milliers,  à  bout  de  courage,  prennent  la  besace,  el  errent  sur  les 
routes,  de  village  en  village;  il  en  est  qui  vont  mourir  bien  loin,  en 
Auvergne,  épuisés  de  fatigue  et  de  privations;  la  plupart  accourent 
à  LimogeSi  où  ils  savent  qu'une  bourgeoisie  industrieuse  et  riche 
fait  volontiers  l'aumône,  que  des  hôpitaux  reçoivent  les  malades  et 
que  le  blé  ne  manque  pas. 

Mais  Limoges  a  déjà  ses  pauvres,  souvent  nombreux.  Si  Ton  en 
croit  le  scribe  —  qui  exagère  peut-être  —  ils  sont  1,400  en  1531, 
sans  compter  les  étrangers  ou  «  forains  »  ;  en  1541  on  en  voit  500 
aux  obsèques  de  l'évêque.  Parmi  les  treize  ou  quatorze  mille  habi- 
tants que  devait  posséder  alors  Limoges,  il  existait  une  population 
ouvrière,  «  gens  d'arts  »,  «  gens  mécaniques  »,  selon  l'expression 
du  temps,  «  ne  vivant  qu'au  jour  la  journée  »,  et  qui  devaient 
constituer  une  sorte  de  mendicité  flottante,  tantôt  se  suffisant  par 


(1)  Nous  laissons  de  côté  les  variations  du  vin  et  du  sel. 

(2)  Année  1529  [Limousin  historique,  pp.  115-118);  cf.  années  1572-73 
(Anonyme  de  Saint-Léonard,  p.  263,  et  Journal  de  Jarrige,  p.  75). 

(3)  Beg,  cons.,  I,  210;  II,  230;  II,  383.  De  même,  Jarrige  nous  montre 
les  paysans  de  Saint-Yrieix  faisant  de  la  bouillie  et  du  pain  avec  du  blé 
non  mûr,  avec  des  racines  de  fougères  et  des  graines  de  chanvçe 
(année  1573). 


284  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    UI  STOBIQUE  DU  LIMOUSIN 

le  travail,  tantôt  réduite  à  l'aumône.  Les  Aumônes  Sainte-Croix  (1), 
les  revenus  de  diverses  aumôneries,  les  hôpitaux,  les  quêtes  faites 
dans  les  paroisses  pour  les  pauvres  honteux  et  pour  les  malades 
nécessiteux  (2),  les  contributions  des  confréries  qui  allaient  jusqu'à 
sacrifier  leur  «  reppues  »  ou  banquets,  réussissaient  à  soulager  la 
misère  en  temps  ordinaire.  Mais  que  la  disette  se  fasse  sentir; 
aussitôt  toutes  les  denrées  enchérissent,  le  commerce  se  ralentit 
et  le  travail  devient  rare.  La  misère  des  campagnes  a  forcément 
une  action  sur  la  capitale  du  pays.  Pendant  que  les  ruraux  ruinés, 
jadis  clients  de  la  ville,  vendent  leurs  métairies,  la  plupart  des 
artisans  citadins  se  voient  réduits  à  vendre  leurs  meubles,  même 
leurs  habits  et,  dit  Bonaventure,  jusqu'à  leur  chemise.  Les  terres 
et  les  maisons  ne  trouventachcleurqu'au  cinquième  de  leur  valeur, 
et  un  courtier  garde  plus  de  cent  vignes  qu'il  ne  peut  parvenir  à 
vendre.  Personne  ne  veut  acheter,  personne  ne  veut  prêter,  pas 
même  sur  des  joyaux  d'argent  et  d'or  (3).  C'est  alors  que,  pour 
compliquer  les  choses,  la  campagne  se  rue  vers  la  ville. 

C'est  une  foule  de  paysans  qui  accourent  avec  leurs  familles,  du 
Haut,  du  Bas-Limousin  et  même,  comme  dit  le  scribe,  du  pays  de 
France.  lis  se  précipitent  dans  les  murs  et  emplissent  de  leurs 
lamentations  les  rues  étroites.  On  les  voit  «  malades,  crians,  vagans 
et  mourants  »  (4),  errer  jour  et  nuit  par  les  carrefours.  En  1531, 
leur  nombre  est  évalué  à  2.000  ;  dans  une  année  exceptionnelle, 
en  1580,  ce  fut  ^sauf  exagération),  10.000  paysans  que  Limoges 
dut  nourrir  pendant  l'espace  de  six  à  sept  semaines.  Ces  malheu- 
reux vont  de  porte  en  porte,  le  cou  chargé  d'enfants,  menant  après 
eux  «  grandes  séquelles  de  filles  »,  implorant  l'aumône  pour 
l'amour  de  Dieu.  Les  citadins,  devant  cette  marée  de  misère, 
n'osent  parfois  «  sortir  des  maisons  ni  se  tenir  par  les  ouvroirs  », 
lanl  sont  vives  leur  émotion  et  leur  pitié  (5).  On  se  hâte  pourtant 
de  secourir  les  malheureux,  on  leur  offre  des  alimenls;  mais 
certains  sont  tellement  épuisés  par  de  longues  privations  qu'ils 
meurent  sur  place,  victimes  de  la  nourriture  qu'ils  ont  avidement 
absorbée  (6). 

(1)  Elles  distribuent  3512  pains  en  un  jour,  la  veille  de  Noël,  en  J532 
(Reg,  cons,,  I,  212). 

(2)  Voir  notamment  Reg,  cons.,  II,  18,  22,  161. 

(3)  Années  1529-1530  {Limousin  histor,,  I,  p.  118;  BonavenlurCy  lïl, 
762). 

(4)  Reg.  cons,,  I,  192;  cf.  pour  Saint-Yrieix,  le  Journal  de  Jarrige, 
p.  /o. 

(5)  Reg.  cons.,  I,  200. 

(6)  Bonav.,  III,  761, 


LA    DISETTE    A    LIMOGES  285 

GependaDt  le  nombre  des  mendiants  augmente  tons  les  jours. 
Cette  foule  qui,  le  jour,  vague  par  les  rues  et,  là  nuit,  campe  péle- 
méle  dans  les  étabies  et  sur  les  places,  devient  si  importune  que 
les  consuls  s'inquiëlent.  Avec  cet  entassement  d'indigents  trop 
souvent  malpropres  et  débilités  par  une  nourriture  peu  saine  (1), 
la  peste  est  toujours  à  craindre.  Elle  éclate  plus  d*une  fois  et  Ton 
voit  le  chiffre  de  la  mortalité  s'élever  avec  une  vitesse  effrayante. 
C'est  ainsi  qu'en  1529,  dans  la  paroisse  de  Saint-Michel,  du  Carême 
prenant  à  la  fin  du  mois  d*aodt  (soit  en  deux  cents  jours},  il  meurt 
cinq  cent  personnes  [2).  Outre  ce  terrible  danger,  on  peut  en  pré- 
voir un  autre  :  dans  un  mouvement  de  désespoir  les  misérables 
pourraient  se  révolter  et  prendre  par  la  force  ce  qu'ils  ont  com- 
mencé par  implorer  (3)  ;  on  n'ignore  pas  à  Limoges  que  d'autres 
villes,  Lyon  notamment,  ont  vu  des  émeutes  causées  par  la  faim 
et  qu'il  a  fallu  une  répression  sévère.  Aussi  importe-t-il  d'organiser 
sans  retard  l'assistance  :  c'est  un  devoir  de  prudence  politique 
aussi  bien  que  de  charité  chrétienne  (4). 

Pour  connaître  l'étendue  du  mal,  on  commence  par  faire  un 
recensement  :  les  pauvres  sont  notés  par  écrit  et  répartis  par  can- 
tons (années  1529, 1530).  Il  arrive  que  des  imposteurs,  des  gens 
capables  de  gagner  leur  vie,  se  glissent  dans  la  masse  ;  mais  alors 
des  consuls  et  des  administrateurs  élus  par  la  commune  font  une 
enquête  sur  la  situation  de  l'indigent,  sur  le  nombre  de  ses  enfants 
et  sur  ses  moyens  d'existence  (1572).  Le  recensement  eut  lieu,  à 
plusieurs  reprises,  dans  le  préau  de  Saint-Martial  ou  dans  la  place 
dite  Sous  les  Arbres  (1572,  1595);  en  1595,  on  compta  ainsi  de 
1.200  à  1.500  pauvres  ;  généralement  on  faisait,  à  cette  occasion, 
une  aumône  générale  (5). 

Comme  les  finances  de  la  ville  ne  pouvaient  supporter  les  frais 
de  l'assistance,  on  faisait  appel  au  dévouement  des  particuliers. 
Pour  stimuler  leur  zèle  et  attendrir  leur  cœur,  le  clergé  organisait 
des  processions  où  figuraient  les  pauvres,  disposés  en  rangs,  les 
femmes  séparées  des  hommes.  Sous  la  conduite  des  séculiers  et 


(1)  Bonavenlure  nous  les  montre  mangeant  «  des  troncs  de  choux, 
herbes  et  autres  choses  semblables  »  aux  abords  du  pont  Saint-Martial 
en  1586  (III,  800). 

(2)  Pour  cette  année  1529,  Michel  de  Leyssennc  signale  une  «  fièvre 
chaude  »  faisant  de  nombreuses  victimes. 

(3)  Beg.  cons.,  I,  210;  II,  102,  129,  255,  384,  386. 

(4)  Nous  n'étudions  ici  que  Limoges-Château;  la  Cité  connaissait  les 
mêmes  épreuves. 

(5)  En  1572,  chaque  pauvre  présent  reçoit  1  liard. 


286  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

des  réguliers,  avec  des  torches,  des  cierges  el  des  flambeaux  (car 
ces  processions  se'  faisaient  aussi  bien  de  nuit  que  de  jour),  ils 
parcouraient  la  ville  en  portant  au  milieu  de  leur  triste  bande 
1  image  du  Rédempteur  «  à  la  figure  d'un  Ecce  Homo  »  (1S30). 
Parfois,  sans  attendre  la  disette,  dès  que  les  intempéries  devenaient 
effrayantes,  c*était  la  ville  presque  entière  qui,  groupée  autour  de 
ses  prêtres  et  de  ses  moines,  portant  les  cbftsses  de  ses  saints, 
escortant  ses  pauvres,  allait  d'église  en  église,  de  Saint-Martial 
jusqu'à  Montjauvy,  implorer  Tinlervenlion  divine  pour  sauver  les 
fruits  de  la  terre.  On  se  levait  au  plus  fort  de  la  nuit,  si  nous  en 
croyons  le  récit  peut  être  hyperbolique  du  scribe  ;  bravant  la  gelée, 
on  marchait  en  chemise,  tête  nue  et  pieds  nus,  criant  miséricorde 
et  pleurant.  «  Jeunes  et  vieux,  femmes  et  filles  y  accouroient  par 
si  grande  affluence  qu'il  ne  demeuroit  quasi  personne  es  maisons 
pour  icelles  garder.  Les  pelitz  innocents  crioyent  à  Dieu  si  piteuse- 
ment miséricorde  qu'il  n'est  si  dur  cueur  qui  les  oyst  qui  de  pitié 
se  feust  peu  abstenir  de  larmoyer  »  (1531).  Ces  processions  im- 
pressionnantes étaient  suivies  de  quêtes,  sans  doute  fructueuses, 
mais  encore  insuffisantes  ;  ce  n'étaient  que  des  palliatifs  passa- 
gers (i). 

Pour  assurer  la  subsistance  des  indigents  el  aussi  pour  préserver 
la  population  d'un  contact  dangereux,  les  consuls  retiraient  les 
malades  dans  les  hôpitaux  et  logeaient  les  valides  dans  des  mai- 
sons particulières,  avec  défense  d'aller  mendier  par  les  rues  (2). 
Puis  chaque  habitant  était  mis  dans  Tobligation  d'entretenir  un 
certain  nombre  de  pauvres,  selon  ses  moyens  :  il  devait  leur  donner, 
par  exemple,  6  deniers  ou  un  pain  de  même  valeur  chaque  jour 
(1581).  Le  nombre  des  pauvres  à  nourrir  semble  avoir  été  laissé  au 
bon  vouloir  de  chacun  ;  en  1595,  certains  habitants  se  chargèrent 
ainsi  de  dix,  douze  et  quinze  pauvres.  On  usait  encore  d'un  autre 
procédé  :  tous  les  habilanls  étaient  obligés  de  verser  une  contri- 


(1)  Pour  les  processions,  voir  surtout  années  1530,  4531,  1532,  1533  et 
1594.  —  Delamare  a  sur  ce  sujet  un  chapitre  curieux  :  «  Des  prières 
établies  par  TEglise  pour  demander  à  Dieu  la  disposition  du  temps, 
nécessaire  à  la  conservation,  la  maturité  et  Tabondance  des  biens  de  la 
terre,  et  de  celles  où  Ton  doit  avoir  recours  dans  les  temps  de  disette  » 
(t.  II,  titre  14,  chapitre  5). 

(2)  En  1531,  on  utilise  des  maisons  près  de  Saint-Pierre  et  des  Vieilles- 
Claux.  En  1587,  les  pauvres  sont  logés  au-delà  du  pont  Saint-Martial, 
au  village  de  Lascoux  et  à  la  métairie  de  Vaury  ;  Tcntrée  dn  pont  est 
gardée  par  des  soldats.  —  Cf.  en  1530  :  on  emploie  u  certaines  maisons 
à  l'escart  ». 


LA    DISETTE    A     LIMOGES  287 

billion,  soil  en  espèces,  soit  en  blé,  pain,  vin  ou  autres  aliments  ; 
toutes  ces  aumônes  étaient  réunies  dans  une  maison  où  les  pau- 
vres se  présentaient  :  là,  des  secours  leur  étaient  délivrés  sur  le  vu 
d*une  sorte  de  jeton,  dit  méreau.  Les  méreaux  étaient  distribués 
aux  indigents  de  chaque  canton  par  des  notables  désignés  pour  celte 
mission.  Ce  secours  fut  fixé,  en  1532,  à  3  deniers  tournois  par  jour. 
Les  cotisations  volontaires  étaient  souvent  abondantes  ;  c'est  ainsi 
qu*cn  156JS,  dans  Tespace  de  six  à  sept  mois,  on  donna  environ 
25.000  livres;  en  1572,  du  15  janvier  à  l'entrée  de  Tété,  on  re- 
cueillit cha'jue  mois  une  somme  de  1.400  livres.  Cependant  le  zèle 
n*étail  pas  toujours  aussi  vif;  il  y  avait  parfois  de  la  résistance. 
Mais  le  consulat  recourait  à  la  justice  pour  contraindre  les  habi- 
tants aisés  qui  refusaient  de  collaborer  à  l'œuvre  de  charité  (1531 , 
1595). 

Nous  avons  encore  à  noter  un  autre  mode  d'assislance  qu'on  ne 
s'attendrait  pasà trouver  à  cette  époque  :  l'assistance  parle  travail. 
On  occupait  les  pauvres  valides  à  réparer  et  à  nettoyer  les  fossés 
de  la  ville  (1530)  ou  à  travailler  aux  fortifications  (1580).  En  échange 
de  leur  travail,  ils  recevaient  des  vivres;  en  1580,  par  exemple,  ils 
touchaient  par  jour  deux  pains  de  3  livres  et  2  sols  en  deniers  pour 
acheter  de  la  viande  et  du  vin  (1). 

Ces  libéralités  sauvaient  les  indigents,  mais  ne  remédiaient  pas 
à  la  disette;  et  môme  elles  épuisaient  promptement  les  ressources 
propres  de  la  ville.  Aussi  la  partie  la  plus  délicate  et  la  plus 
urgente  de  la  Iftche  des  consuls  était  de  veiller  à  l'approvisionne- 
ment en  blé,  de  manière  à  amener  une  baisse  du  prix  ou,  tout  au 
moins,  à  enrayer  la  hausse. 

On  s'assurait  d'abord  de  la  quantité  de  blé  conservée  dans  la 
ville.  Pour  cela,  les  consuls  se  faisaient  ouvrir  les  greniers  des 
particuliers  et  dressaient  un  inventaire  par  écrit  (2).  Il  était  défendu 
aux  possesseurs,  et  sous  peine  d'amende  (3),  de  vendre  le  blé 
inventorié  chez  eux  :  ils  ne  pouvaient  le  céder  que  sur  le  vu  d'un 
«  brevet  »  délivré  par  les  consuls,  et  à  un  prix  modéré  que  fixaient 


(1)  A  vrai  dire,  cette  forme  d'assistance  ne  devait  point  procéder  de 
principes  philosophiques  ou  moraux  bien  définis;  en  1580,  les  consuls 
craignant  une  attaque  des  Huguenots  et  voulant  réparer  les  remparts, 
songèrent  naturellement  à  employer  les  bras  des  indigents  sans  travail. 

(2)  Années  1531,  1557,  1572,  1580,  1595.  —  A  partir  de  1544,  en  vertu 
d'un  arrêt  du  parlement  de  Paris,  les  officiers  du  vicomte  de  Limoges 
sont  associés  aux  consuls  pour  les  opérations  de  ce  genre.  {Beg,  cons., 
I,  384.) 

(3)  Amende  fixée  à  1.000  livres  en  1557, 


288  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

également  les  consuls.  Dans  les  besoins  pressants,  le  blé  trouvé 
dans  les  greniers  était  vendu  ou  distribué  immédiatement  par  les 
officiers  de  la  ville.  Ces  mesures  peuvent  paraîlre  un  peu  vives  : 
mais  c'était  la  loi  du  salut  public. 

Quand  la  ville  était  bien  pourvue,  les  consuls  n'empêchaient  pas 
les  forains  d'emporter  du  blé  acheté  à  Limoges  (1531).  Mais  quand 
ils  voyaient  que  de  tous  côtés,  même  de  fort  loin,  on  venait  acheter 
des  grains  à  Limoges,  que  le  prix  augmentait  el  que  la  provision 
diminuait  trop  vile,  ils  arrêtaient  la  sortie  par  des  ordonnances 
formelles.  Un  jour,  par  exemple,  courait  dans  le  peuple  une  rumeur 
affolante  :  des  marchands  prenaient  des  charges  de  blé  à  Limoges, 
les  embâlaient  sous  la  forme  de  ballots  de  marchandises  et  les 
e;Lpédiaient  à  Lyon.  Aussitôt  les  consuls  obtenaient  du  lieutenant 
général  des  lettres  de  confiscation  contre  tous  ceux  qui  seraient 
trouvés  transporter  du  blé  hors  de  la  ville  (1544);  les  garde-portes 
ne  laissaient  plus  sortir  les  charges  sans  les  visiter  et  sans  exiger 
un  brevet  en  bonne  forme.  De  même  le  blé  qui  franchissait  les 
portes  du  château  pour  aller  au  moulin  ne  passait  qu'avec  un 
brevet,  et  ce  brevet  était  rapporté  au  retour  avec  la  farine  (1595). 
Les  consuls  allaient  jusqu'à  faire  surveiller  les  routes  pour  qu'on 
n'achetât  pas  le  grain  avant  son  arrivée  à  Limoges  (1566).  Pour 
rendre",  les  voUuriers  plus  enclins  à  porter  dans  la  ville  les  grains 
des  régions  voisines  et  à  les  céder  à  un  prix  raisonnable,  on  leur 
faisait  remise  de  l'octroi  et  des  péages  (1531,  1557). 

Par  ces  mesures,  on  conservait  le  blé  de  la  ville  et  on  favorisait 
l'importation.  Par  d'autres,  on  veillait  sur  les  conditions  de  la 
vente.  Car  la  spéculation,  pratiquée  au  détriment  de  la  masse  du 
public,  n'était  pas  chose  inconnue  des  marchands  du  xvi*  siècle, 
pas  plus  que  l'accaparement  (1).  On  sait  qu'il  existait,  à  Limoges, 
un  marché  spécial  pour  le  blé,  appelé  cloitre  ou  clautre.  Or  des 
voituriers,  amenant  du  blé  à  vendre,  cachaient  leurs  sacs  dans  des 
maisons  voisines  du  cloitre,  et,  en  les  portant  au  marché  peu  à  peu, 
ils  faisaient  la  hausse  à  leur  gré.  Une  ordonnance  défendit  d'ache- 
ter tout  blé  qui  ne  serait  pas  mené  tout  d'abord  au  marché  public 
(1532)  (2).  Les  meuniers,  de  leur  côté,  cherchanl  aussi  leur  profil, 
se  rendaient  coupables  de  fraudes  et  de  tromperies  qui  conlri- 

(1)  Diverses  ordonnances  royales  (notamment  en  1531,  1539,  1567, 
1573,  etc.),  interdisent  les  «  monopoles  »,  «  contrats  »,  «  conventicu- 
les  »  des  marchands  de  grains. 

(2)  Plusieurs  ordonnances  des  rois  interdisent  de  vendre  le  blé  ail- 
leurs qu'au  marché  ou  sur  les  places  publiques  (28  oct.  1531,  6  nov.  1544, 
4  fév.  1567,  27  nov.  1577,  etc.). 


LA    DISETTE    A    LIMOGES  289 

huaient  à  ia  hausse  des  prix  :  il  leur  fui  ordonué  de  se  tenir, 
durant  le  marché,  devant  certaines  maisons,  aGn  de  laisser  le 
cloître  libre  ({532).  Enfin,  le  clottre  était  déclaré  «  franc  et  libé- 
ral »  :  tout  le  blé  apporté  par  les  voiluriers  y  était  vendu  libre  de 
droits  (1531, 1532, 1572).  Pour  favoriser  les  Iransactions  et  assurer 
leur  sincérité,  la  ville  flt  fabriquer  dix  mesures  légales,  dites  émy- 
naux  ({),  qui  furent  mises  gratuitement  à  la  disposition  du  public 
dans  le  cloître,  sous  la  surveillance  d*un  mesureur  aux  gages  de  la 
ville  (1532).  Aux  quatre  portes  et  dans  huit  carrefours  furent  pla- 
cées douze  bascules  dites  romaines  (1532).  Les  consuls,  payant  tou- 
jours de  leur  personne,  se  rendaient  eux-mêmes  au  marché  pour 
veiller  aux  abus  qu'auraient  pu  commettre  les  meuniers,  les  mar- 
chands et  les  boulangers  (1566).  Ces  iicrniers,  en  cffd,  étaient 
aussi  surveillés.  Ils  étaient  (en  scra-t-on  surpris?)  enclins  à  faire 
petit  poids.  Aussi  les  consuls  procédèrent-ils  à  une  expérience  en 
divers  fours  et  sur  trois  fournées  :  ils  constatèrent  qu'un  boulan- 
ger pouvait  honnêtement  faire  douze  «  tourtes  »  au  setier,  et  dès 
lors  fixèrent  le  poids  de  la  tourte  à  8  livres  et  demie  (1532)  (2). 

Toutes  ces  mesures  de  détail  dénotent  assurément  de  la  part  des 
consuls  une  grande  prévoyance.  Cependant,  si  nous  nous  en  tenions 
là,  nous  ignorerions  celles  de  leurs  décisions  qui  étaient  les  plus 
propres  à  remédier  à  la  disette. 

Le  blé  saisi  et  inventorié,  ainsi  que  celui  qu'importaient  les 
marchands,  ne  sufflsait  pas  toujours.  À  certaines  époques,  le  blé 
manquait  au  marché,  et  le  peuple,  sentant  la  famine  imminente, 
essayait  de  surprendre  quelque  riche  maison  (1572).  Il  fallait  donc 
trouver  du  blé,  en  trouver  sans  retard  et  en  grande  quantité.  Les 
consuls  créaient  alors  un  fonds  spécial,  en  empruntant  aux  bour- 
geois aisés  une  somme  plus  ou  moins  forte,  par  exemple  10.000 
livres  en  1563  (3).  Ils. procédaient  aussitôt  à  d'importants  achats  de 
blé.  En  1563,  quatre  marchands  furent  chargés  par  eux  d'aller 
chercher,  chaque  mois,  en  Auvergne  et  en  d'autres  régions  fer- 
tiles, une  quantité  de  grains  qui  variait  entre  2.600  et  3.000 
setiers  (4).  En  1572,  c'est  à  Lavauguyon,  à  Magnac,  au  château  du 

(1)  Valeur  de  Vémynal  :  un  demi-setier. 

(2)  Delamare  indique  des  «  essais  »  faits  officiellement  à  Paris,  à 
diverses  époques  (notamment  en  1549),  afin  de  procéder  à  la  réglemen- 
tation du  poids  et  du  prix  des  diverses  sortes  de  pain.  Voir  en  particu- 
lier Tordonnance  royale  de  1567  à  ce  sujet. 

(3)  En  valeur  moderne,  45.000  francs,  si  Ton  évalue  la  livre  à  4  fr.  50, 
—  Cf.  en  1566. 

(4)  Soit  1.326  et  1.530  hectolitres. 


290  SOCIÉTÉ  AROilÉOLOGlQUE  ET  IIISTODIqCE  DU  LlMOU&lK 

Fraixe,  à  Châlellerauit  qu'on  va  acheter  du  blé  pour  une  somme 
de  25.000  livres  (1).  En  189S,  ce  sont  les  greniers  de  Tabbé  de 
Solignac  et  le  château  du  Cbalard  (2)  qui  sont  la  principale  source 
des  approvisionnements. 

Le  blé  ainsi  acheté  était  déposé  dans  des  greniers  appartenant  à 
la  ville.  Parfois  il  était  en  partie  distribué  aux  manans  et  aux  pau- 
vres, en  partie  porté  au  marché  et  vendu  à  un  prix  modéré  quand 
il  y  avait  peu  de  blé  ou  quand  les  vendeurs  ne  voulaient  pas  baisser 
leur  prix  ;  la  ville  vendait  alors  au-dessous  du  prix  d'achat  (1866). 
Dans  d*autres  cas,  les  boulangers  se  fournissaient  aux  greniers  de 
la  ville  :  ils  payaient  le  grain  au-dessous  du  cours  et  vendaient  leur 
pain  aux  gens  du  commun  et  aux  pauvres  à  un  prix  particulier  fixé 
par  les  consuls  (i57i)(3).  Enfin,  la  fabrication  et  la  vente  du  pain 
étaient  parfois  soumises  à  une  réglementation  encore  plus  minu- 
tieuse. Un  certain  nombre  de  boulangers  (dix  en  1^7,  douze  en  1563) 
recevaient  chaque  jour  du  grenier  municipal  un  nombre  fixe  de 
setiers  de  blé,  que  Ton  notait  sur  un  registre  (4).  Après  la  cuisson, 
les  «  gros  pains  bruns  »  ou  tourtes  étaient  portés  à  la  maison  du 
consulat.  Une  partie  était  vendue,  toujours  à  un  prix  inférieur  au 
prix  de  revient;  en  1563,  la  tourte  coûtant  9  sols  est  ain^^i  cédée  à 
7  sols  (5).  Le  reste  était  distribué  de  la  façon  suivante,  sous  Tœil 
des  consuls  :  deux  administrateurs  remettaient  des  bons  ou  «  bre- 
vets »  à  tous  ceux  qui  n'avaient  pas  le  moyen  d'acheter  du  blé  ; 
deux  autres  pesaient  le  pain,  et  enfin  deux  le  remettaient  aux  por- 
teurs de  «  brevets  ».  Pour  éviter  toute  confusion  et  toute  fraude, 
on  tenait  registre  des  personnes  secourues  et  de  la  quantité  de  pain 
délivrée. 

Telles  sont  les  mesures  diverses  auxquelles  eurent  recours  les 
édiles  du  xvi<>  siècle.  Il  ne  faudrait  pas  croire  qu'elles  ont  été  toutes 
appliquées  à  la  fois.  En  réalité,  si  les  consuls  n'avaient  toujours 
qu'un  même  but,  faire  baisser  le  prix  des  denrées  et  secourir  les 
indigents,  ils  ne  procédaient  pas  toujours  par  les  mêmes  moyens; 
l'organisation  de  Tassistanse  publique  était  variable.  Cependant 


{\)  En  valeur  moderne,  112.500  francs. 

(2)  I/éditeur  du  Reg,  cons.  donne  «  le  chemin  du  Chalard  »  ;  mais  le 
Icxle  manuscrit  porte,  sans  doute  possible,  «  le  chasteau  du  Chalard  ». 

(3)  En  1572,  le  consulat  délivre  aux  boulangers  130  setiers  (=  66*»130) 
par  jour  en  moyenne,  de  mars  à  juillet. 

(4)  En  1557,  100  setiers  (=  51^)  par  jour,  pendant  plus  d'un  mois. 

(5)  On  distribue  chaque  jour  environ  900  tourtes  (durant  5  mois)  ;  la 
perte  étant  de  2  sols  par  tourte,  la  ville  penlsil  ^SUrrespar  jii«r(i 
400  francs  enviroB). 


LA    DISETTE    A     LIMOGES  ^91 

elle  prësenle  une  fixité  relative  dans  la  seconde  mollit}  du  siècle,  a 
partirde  1557;  dès  lors  ce  qui  domine,  c*estun  système  comportant 
Tachai  de  blés  par  Tadministration,  le  fonctionnement  de  boulan- 
geries en  quelque  sorte  officielles,  la  réglementation  rigoureuse 
de  la  vente  et  de  la  distribution  du  blé  et  du  pain. 

Il  est  assez  intéressant  de  voir  que  les  mesures  adoptées  par 
Turgot  lors  de  la  disette  de  1770  offrent  de  nombreuses  ressem- 
blances avec  les  décisions  des  consuls  du  wi**  siècle.  Turgot,  lui 
aussi,  se  préoccupe  de  secourir  les  pauvres  honteux.  Il  fait  repartir 
les  indigents  entre  les  habitants  aisés  des  paroisses.  Il  contraint 
par  voie  de  justice  ceux  qui  se  refusent  à  nourrir  les  pauvres  qui 
leur  ont  été  assignés.  Il  fait  opérer  des  achats  de  blé  à  l'étranger 
par  rinlermédiaire  de  quelques  notables.  A  ceux  qui  peuvent  tra- 
vailler, il  procure  un  salaire  en  créant  des  ateliers  de  charité.  Il 
fait  soigner  les  pauvres  étrangers  à  l'hôpital.  En  tout  cela,  il  reprend 
les  idées  des  anciens  consuls.  Mais  il  y  a  un  point  où  s'accuse  une 
différence  très  nette  :  Turgot  est  le  champion  de  la  libre  circula- 
lion  des  grains;  aussi  le  voit-on  casser  un  arrêté  des  échevins  de 
Turenne  qui  interdisait  la  sortie  des  grains  et  faire  rapporter  une 
ordonnance  du  Parlement  de  Bordeaux  qui  défendait  aux  marchands 
et  propriétaires  de  vendre  le  blé  librement  dans  leurs  greniers.  On 
se  rappelle  que,  tout  au  contraire,  et  sauf  une  exception  (en  1531 }, 
les  consuls  du  xvi<^  siècle  mettaient  de  forts  obstacles  à  la  sortie  et 
à  la  circulation  des  grains.  C'est  que  Turgot  est  intendant  de  toute 
une  province  et  non  consul  d'une  petite  ville  :  il  ne  veut  pas  qu'une 
localité  se  sauve  en  condamnant  les  voisines  à  la  disette. 

Quoi  qu'il  en  soit  sur  ce  point  particulier,  on  peut  dire  que  les 
hommes  du  xvi**  siècle  avaient  d'avance  mis  en  pratique  cette 
maxime  de  Turgot  :  «  Le  soulagement  des  hommes  qui  souffrent 
est  le  devoir  de  tous  et  l'affaire  de  tous  »  (1).  Ces  bourgeois,  ces 
marchands,  ces  hommes  de  loi  que  la  ville  mettait  à  sa  tête  ont,  en 
effet,  déployé  une  activité  et  une  habileté  qui  méritaient  d'être 
louées.  Dans  les  circonstances  les  plus  difficiles,  ils  surent  assurer, 
à  la  satisfaction  générale,  la  subsistance  de  Limoges.  En  appro- 
visionnant la  ville  d'une  quantité  de  blé  suffisante,  en  réglant  la 
sortie,  l'entrée  et  la  vente  du  blé,  de  la  farine  et  du  pain,  en  sur- 
veillant voituriers,  marchands,  meuniers  et  boulangers,  en  enrayant 
la  spéculation  et  l'accaparement,  bref,  en  tirant  du  minimum  de 
ressources  le  maximum  de  résultats  utiles,  ils  réussirent  non  seu- 


(1)  Sur  cette  question,  voir  Œuvres  de  Turgot,  t.  H;    cf.  Easai  sur 
V administration  de  Turgot,  par  M.  G.  d'Hugues,  chapitre  X. 


292  SOCIÉTÉ    ADClléoLOGIQL'E    ET    HISTORIQUE  DC  LIMOUSIN 

iemenl  à  secourir  leurs  conciloyens,  mais  à  sauver  des  milliers 
d'étrangers  dont  la  mort,  sans  eux,  était  à  peu  près  certaine. 

N'oublions  pas  que  les  consuls  étaient  secondés  par  nne  foule 
d*hommes  de  bonne  volonté,  qui  donnaient  librement  leur  temps  et 
leur  peine  (sans  parler  de  Targent)  pour  veiller  à  l'exécution  des 
règlements  en  remplissant  les  fonctions  d'enquêteurs,  d'acheteurs, 
de  comptables  ou  de  distributeurs. 

Dans  ce  dévouement  à  la  chose  publique,  les  femmes  rivalisaient 
avec  les  hommes.  C'était  des  dames  de  la  ville,  choisies  par  les 
consuls,  qui  faisaient  dans  les  paroisses  les  quêtes  hebdomadaires 
et  en  répartissaient  le  produit  entre  les  indigents  (1553  et  1554, 
par  exemple).  C'étaient  des  bourgeoises  qui,  avec  leurs  cham- 
brières et  leurs  serviteurs,  se  chargeaient  de  distribuer  aux  mal- 
heureux la  nourriture  quotidienne  et  Je  soigner  leurs  misères  (1532). 
On  vit  même  des  dames,  «  femmes  d'honneur  et  d'estat  »,  comme 
dit  le  scribe,  vendre  leurs  bagues  et  leurs  joyaux  pour  grossir  la 
collecte  (1572). 

Une  pareille  unanimité  de  toute  la  ville  dans  le  bien  nous  a  paru 
mériter  d*élre  relevée  et  mise  en  lumière.  Bien  que  nous  ne  soyons 
plus  exposés  à  voir  la  disette  jeter  dans  nos  rues  des  bandes  d'in- 
digents affamés  et  que  nous  n'ayons  plus  à  lutter  contre  de  sem- 
blables calamités,  nous  n'en  devons  pas  moins  apprécier  le  dévoue- 
ment et  le  désintéressement  dont  faisaient  preuve  les  hommes 
d'autrefois  dans  l'accomplissement  de  leurs  devoirs  sociaux. 


La    DiSfiTTE    A     LtMOÛES  293 


LISTE    CHRONOLOGIQUE 


AVEC   INDICATION   DES    SOURCES 


[Nota.  " —  Ne  figurent  pas  ci-dessous  les  années  où  il  y  a  eu  forte 
cherté,  mais  non  disette;  par  exemple,  années  1522  (Bonaventuro,  III, 
75i),  1538  (Fouchier,  dans  Documents  historiques,  II,  p.  57;  Bonav., 
m,  768),  1544  (Reg.  cons.,  I,  389,  396-7),  1555  {Reg.  cons.,  II,  129), 
1588  (Anonyme  de  Saint-Léonard,  dans  Chartes,  chroniques  et  mémo- 
riaux, p.  269;  Journal  de  Jarrige,  p.  96);  1589-90  {id.),  1594  (Anon.  de 
Saint-L.,  p.  273;  Annales  de  1638,  p.  375;  Bonav.,  III,  808).  —  Les 
chiiTres  gras  indiquent  les  années  où  la  disette  a  été  accompagnée  de 
peste  ou  maladies  contagieuses]. 

1515     Bonaventure,  Annales  du  Limousin,  III,  p.  750  (sans   indication 

de  source). 
1525  Bonav.,  III,  p.  759  {id.), 

1528  Annales  manuscrites  de  Limoges,  de  1638,  p.  320;  —  Bonav.,  III, 

p.  761. 

1529  Reg.  cons,,   I,  p.  177;  —  Limousin  historique,  I,  p.  115-118;  — 

Registre  de  Michel  de  Leyssenne  {Archives  histor.,  t.  X). 

1530  Reg,  cons.,  I,  p.   192-193;    —    Bonav.,  III,  p.  762;  —  Registre 

de  Michel  de  Leyssenne  {Arch.  histor.,  t.  X). 

1531  Reg.  cons.,  I,  p.  198-202. 

1532  Reg.  cons.,  I,  p.  210-212,  214-216  ;  —  Fouchier,  p.  52. 

1556  Reg.  cons.,  II,  p.  103  ;  —  Bonav.,  III,  p.  778. 

1557  Reg.  cons.,  II,  p.  129-131. 

1561     Reg,  cons,,  II,  p.  230;  —    Ann.   de   1638,  p.  341;  —  Bonav., 

lïl,  p.  781-2. 
4562  Reg.  cons..  Il,  p.  241  ;  —  Chron.  de  la  confr.  du  Saint-Sacr.,  dans 

Archives  historiques,  I,  p.  329-330;  —  Journal  de  Jarrige,  p.  5. 
1563  Reg,  cons.,   II,  p.  255-6;  —  Confr.  du  corps  de  Dieu  {id.);   — 

Bonav.,   III,  p.   783-4;   --   extraits   de   dom    PradiIkon,  dans 

Arch.  histor.,  IV,  p.  263;  —  Journal  de  Jarrige,  p.  9. 
1566    Reg.  cons.,  II,  p.  297-8. 

1571  Bonav.,  III,  p.  790. 

1572  Rég,  cons.,  II,  383-386;  —  Bonav.,  lïI,  790-1;  —  Journal  de 

Jarrige,  p.  63. 

1573  Anon.  de  Sainl-L.,  p.  263  ;  —  Ann.  de  1638,  p.  357  ;  —  Bonav., 

III,  p.  792  ;  —  Journal  de  Jarrige,  p.  75-76. 

1574  Reg,  cons.,  II,  p.  396. 

T.   LV  19 


294  SOCIÉTÉ   ARCHEOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU    LiMOÙSII>l 

1580  Reg.  cons,,  II,  p.  458,  454,  483-4  ;   —  Reg.  capitul.  de  Saint- 
Etienne,  dans  Arch.  kistor.,  III,  p.  47;  —  Bonav.,  III,  p.  797. 

1585  Anon.  de  Saint-L.,p.  265,  269  ;  —  Bonav.,  III,  p.  799  ;  —  Journal 

de  Jarrige,  p.  91 . 

1586  Ann.  de  1638,  p.  362  ;  —  Beg.  capitul.  de  Saint-Etienne,  dans 

Arch.  hUtor,,  III,  p.  47  ;  —  Bonav.,  III,  p.  800;  —  Journal  de 
Jarrige,  p.  93. 

1587  Ann.  de   1638,  p.   362  ;  —  Bonav.,   III,  p.  800  ;  —  Journal  de 

Jarrige,  p.  9^». 
1695  Reg.  cons.,  III,  p.  2t-:i;    -  Ann.  de  1(538,  p.  376;  —  Bonav.,  III, 
p.  808. 

Franck  Delage. 


SAINT-VITTE 


MONOGRAPHIE    D'UNE    COMMUNE  '^ 


Sainl-Ville,  dont  on  a  écril  le  nom  :  Sainl-Vil,  Sainl-Vite,  Sainl- 
Vict,  Sainl-Vic,  el  enfin  Saint- Yicq,  est  un  chef-lieu  de  commune 
dans  le  canion  de  Saint-Germain-les-Belles-Fiiles  (2).  Sa  superficie 
est  de  2,065  hectares;  son  aililude  au-dessus  du  niveau  de  la  mer 
va  jusqu^à  404  mètres  sur  la  hauteur  qui  domine  Bréjat. 

La  commune  est  traversée  par  la  Grande  Briance,  qui  coule  du 
S.-E.  au  N.-O.,  et  aussi  par  Ton  de  ses  afiluenls,  le  ruisseau 
d*Auzier,  qui  s'y  jette  près  du  village  de  Curzac. 

Lors  du  recensement  de  1901,  on  comptait  dans  la  commune  de 
Saint- Yitte  1.046  habitants  formant  184  ménages.  Le  nombre  de 
ses  feux  était  de  183,  soit  7  de  plus  qu'en  1747  (3). 

Avant  la  Révolution,  la  majeure  partie  du  territoire  de  la  paroisse 
relevait  soit  de  la  justice  seigneuriale  de  Saint- Yitte,  soit  de  celle 
de  Curzac;  le  reste  dépendait  soit  de  la  justice  du  marquisat  de 
Ghàteauneuf,  soit  de  celle  de  la  seigneurie  de  Champvert,  soit 
enfin  de  celle  du  chapitre  de  Saint-Germain.  La  paroisse  faisait 
partie  des  élection,  sénéchaussée  et  généralité  de  Limoges  (4). 


(1)  M.  le  chanoine  Lecler,  aumônier  de  Naugeat  a  bien  voulu  nous 
fournir  plusieurs  renseignements  et  nous  lui  adressons  ici  tous  nos 
remerciments. 

(2)  Saint-Germain-les-Putins,  comme  on  disait  encore  vers  la  fin  du 
XVIII*  siècle,  le  mot  «  putin  »  ne  servant  pas  alors  comme  aujourd'hui  à 
désigner,  en  terme  non  reçu  par  l'académie  il  est  vrai,  une  cat'égorie  de 
personnes  avilies. 

(3)  Archives  de  la  mairie  de  Saint- Vitte  :  Cadastre  dressé  et  clos  en 
1747. 

(4)  La  carte  de  la  généralité  de  Limoges,  divisée  en  cinq  élections, 
dressée  en  1719  par  B.  Jaillot,  géographe  du  roi,  porte  Saint-Vittc 
comme  faisant  partie  de  la  généralité  de  Moulins;  c'est  incontestable- 
ment une  erreur  d'impression. 


èd6  SOClÉTlè  ARGHèoLOGIQUE   fiT    IIiSTORIQOE  DÛ  LtMOÛSlK 

SaiDt-Vilte  élail  une  cure  (1)  de  l'ancien  archiprétré  de  la  Por- 
cherie, ou  Ton  comptait  à  la  fin  du  xyhi*  siècle  1.280  communiants 
(sa  population  était  alors  de  1.707  habitants).  Elle  était  taxée  aux 
décimes  :  102  livres.  Son  patron  a  toujours  été  saint  Vite,  ou  Guy, 
martyr,  dont  la  fête  se  célèbre  le  15  juin. 

L'évéque  de  Limoges  possédait  le  droit  de  nomination  à  celle 
cure,  et  on  trouve  les  nominalions  faites  par  lui  en  1480,  1643, 
1646, 1721, 1744  et  dans  la  suite,  depuis  la  sécularisation  du  mo- 
nastère dTzerche.  On  trouve  cependant  que  Tabbé  et  lechambrier 
dUzerche  y  nommèrent  un  titulaire  en  1722,  et  le  chambrier  seul, 
en  1744. 

En  1405,  Guillot  de  Maulmont  était  curé  de  Saint-Vitte;  il  était 
lils  de  Bertrand  de  Maulmont  (11°  du  nom),  chevalier,  seigneur  de 
Saint- Vitte,  et  do  Hélis  de  Bonneval,  son  épouse. 

Au  5  août  1546,  Hugues  de  Meillars,  licencié-ès-lois,  archidiacre 
de  Lectoure,  ancien  curé  de  Varaigne,  était  curé  de  Saint-Vitte  (2)  ; 
il  teste  le  10  mars  1549,  par  Grosserinot,  notaire.  Il  était  iils  de 
noble  mcssire  Julien  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  de  Meillars  et 
Gurzac,  et  de  dame  Anllioinette  de  Lachassaigne. 

Jean-Baptiste-Ghaussade,  curé  de  Saint-Ville,  fut  inhumé  en 
léglise  du  dit  lieu,  le  14  octobre  1744,  en  présence  de  M.  David, 
archiprétre-curé  de  La  Porcherie,  et  de  M'  Arnaud  Juge,  curé  de 
La  Croisille  (3). 

N Voliat,  succède  à  Jean-Baptiste  Ghaussade  à  la  cure  de 

Sainl-Ville  ;  il  signe  les  registres  de  la  paroisse  du  25  novembre  1744 
au  22  décembre  1775  inclusivement.  Il  mourut  :  «  ancien  curé  de 
Sainl- Ville,  chanoine  de  Saint-Germain  »,  en  avril  1777. 

Jean-Baptiste  Aubusson,  de  Gorceix  (4),  né  le  20  janvier  1744 

(1)  D'après  le  cadastre  de  1747,  articles  n«"  3154,  3155  et  3156,  les 
dîmes  qui  se  levaient  en  la  paroisse  de  Saint-Vitte,  à  la  onzième  gerbe, 
valaient  250  seticrs  de  blé-seigle,  ou  environ.  Elles  appartenaient  : 
pour  les  2/5*^  au  curé  de  la  paroisse,  et  pour  les  3/5®  au  seigneur  de 
Saint-Vitte.  Or,  à  cette  époque,  le  setier  valant  30  sols,  la  part  du 
curé,  soit  100  setiers,  représentait  une  valeur  de  150  livres,  et  celle  du 
seigneur  de  Saint-Vitte,  soit  150  setiers,  une  valeur  de  225  livres.  Les 
menues  et  vertes  dîmes  appartenaient  aux  curé  et  au  seigneur  de  Saint- 
Vitte;  elles  étaient  estimées  120  livres. 

(2)  Archives  du  château  de  Curzac  :  B  i4,  pages  37  cl  38-B  8. 

(3)  Registre  des  décès  de  la  paroisse  de  Saint-Vitte.  On  le  dit  âgé  de 
60  ans. 

(4)  Il  existe  dans  la  commune  de  Saint-Germain-les-Belles  un  lieu 
dénommé  :  Las  Gorceix.  C'est  sans  doute  de  ce  lieu  qu'était  originaire 
Tabbé  J.-B.  Aubusson. 


SAINT-VITTE  297 

fut  uoromé  curé  de  Saint-Vitte  au  mois  de  décembre  1775,  puis  de 
nouveau  en  4803. 11  esl  itiort  en  4811.  Il  prêta  serment  à  la  consti- 
tution civile  du  clergé. 

N Laurent  était  curé  en  1822;  il  y  est  resté  jusqu'en  4828. 

N Celle,  fut  curé  de  4828  à  4834;  Jean  Delfour,  de  4831  à 

4845;  Antoine  Bonnaud  fut  nommé  en  4845;  François  Bertrand  en 
4813;  Antoine  Moreau  en  4886;  Jean-Baptiste  Mambret  en  4891. 

L'église  actuelle,  de  style  gothique,  fut  construite  en  4873,  et 
payée,  en  grande  partie,  au  moyen  des  fonds  souscrits  par  les  per- 
sonnes pieuses  et  charitables  du  pays.  Les  deux  cloches  provien- 
nent de  la  refonte  de  deux  des  cloches  de  l'ancienne  église  (4). 
Celle-ci  en  avait  trois;  lorsque  la  nouvelle  église  eut  été  construite, 
le  conseil  de  fabrique,  à  l'unanimité  de  ses  membres,  fit  don  de 
cette  troisième  cloche  à  la  maison  d'école  que  tinrent  à  Saint- Vitte 
les  religieuses  de  l'ordre  du  Sauveur  (2).  Cette  cloche,  d'un  dia- 
mètre de  0",30  est  assez  belle  ;  voici  les  inscriptions  qu'elle  porte  : 

IHS  MA  P  DE  MEILLARS 
4653  I  DE  SALAGNAC 

puis,  en  trois  groupement  distincts,  sur  une  même  ligne  :  un  corps 
de  Christ  les  bras  en  croix,  accosté  de  deux  têtes  d'ange,  et  d'une 
télé  d'ange  en  pointe  ;  une  N.-Dame  de  France,  accostée  de  deux 
têtes  d'ange;  une  croix  dont  l'intérieur  est  fleurdelysé,  tréflé  et 
pointillé  comme  l'ornement  qui  figure  à  la  seconde  ligne  d'ins- 
cription. 

Nous  traduisons  l'inscription  :  Jésus,  Maria,  Philippe  de  Meil- 
lars  4653.  Julie  de  Salagnac  (cette  dernière  était  femme  de  Philippe, 
marquis  de  Meillars). 

A  l'intérieur  de  l'église,  au-dessus  du  bénitier,  on  voit  une  petite 
plaque  armoriée,  en  cuivre  repoussé,  qui  fut  trouvée  en  4901  dans 


(1)  La  plus  grosse  porte  les  indications  suivantes  : 
1856.  M.  B.-A.  Brugère,  maire,  et  L.-A.  Bonneau,  curé. 

Puis  dans  un  encadrement  formé  d'une  guirlande  de  roses  feuillées 
on  lit  :  Parrain,  M.  M.-J.  Sensaud,  doct.-médecin;  marraine,  dame  Ma- 
ria Bessoule. 

L'autre  porte  Tinscription  suivante  : 

1856.  M' B.-A.  Brugère,  maire  et  L.-A.  Bonneau,  curé. 

Puis  dans  un  encadrement  formé  d'une  guirlande  de  feuilles  d'olivier 
fruité  on  lit  : 

Parrain,  M.  N*  Barbe,  miss.  Apost.  ;  marraine,  dame  Herm.  Duverger. 

Ces  deux  cloches  furent  fondues  par  Martin,  frères,  fondeurs. 

(2)  Registre  des  délibérations  du  conseil  de  fabrique  de  Saint- Yitte* 


298  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

les  combles  du  presbytère.  Les  armoiries  sont  accolées  et  les  écos- 
soDs  de  forme  ovale  (i).  Le  premier  de  ces  écassons  porte  :  d'azur , 
à  trois  étoiles  d'argent;  au  chef  d'or  (2).  Le  second  écusson  porte  : 
d'azur j  à  la  fasce  murée  d'argent,  maçonnée  de  sable  ;  au  chef  de 
gueules^  à  deux  roses  d'argent,  tigées,  feuillées  et  posées  en  sautoir  (3). 
Une  couronne  de  marquis  surmonte  ce  double  écusson. 

A  l'extérieur  de  Téglise,  près  Tangle  nord,  on  voit  une  sorte  de 
calvaire  en  granit,  lequel  a  pour  base  un  massif  maçonné,  constitué 
de  pierres  taillées  que  recouvre  une  ancienne  table  d'autel.  Sur  ce 
massif,  un  socle  en  forme  de  pyramide  tronquée  à  pans  coupés, 
servant  lui-même  de  base  à  une  sorte  d'obélisque  de  deui  mètres 
environ  de  hauteur,  surmonté  d*une  croix  patlée,  chargée  en  abime 
d'une  croix  de  Malte,  laquelle  est  entourée  d'une  couronne,  guir- 
lande, ou  bourrelet  disque.  Cet  obélisque,  ou  plus  exactement  la 
CToii^  pattée  porte  la  date  de  1748;  elle  aurait  surmonté  le  pignon 
occidental  de  l'ancienne  église. 

Parmi  les  pierres  de  granit  du  massif  de  base  du  calvaire,  deux 
sont  armoriées.  L'une  porte  :  d'azur,  au  sautoir  d'or,  cantonné  de 
quatre  tours  d'argent,  maçonnées  de  sable  (qui  est  de  Maulmont); 
l'autre,  aux  mêmes  armes,  partis  d'or^  à  la  croix  ancrée  de  gueules 
(qui  est  d'Âubusson).  Ces  deux  pierres  proviendraient  de  la  vieille 
église  où  elles  se  trouvaient  sur  un  tombeau  (4)  dont  les  débris  se 
voient  dans  le  mur  de  la  porte  charretière  du  presbytère. 

L'ancienne  maison  curiaie,  telle  qu'elle  est  décrite  au  cadastre 
de  1747,  avec  ses  dépendances  et  son  jardin,  furent  vendus  nalio- 
nalement  le  16  fructidor  an  lY  (2  septembre  1796)  et  achetés  par 
la  commune  de  Saint-Vitte,  3,467  francs  ;  c'est  le  presbytère  actuel 
avec  ses  dépendances  et  son  jardin. 

Un  document  publié  par  l'abbé  de  Harolles,  nous  apprend  qu'en 
1103,  Léger,  archevêque  de  Bourges,  donna  l'église  de  Saint-Vitte  à 
Uzerche.  En  1140,  Etienne  d'Arnac  (ou  d'Ornhac  peut-être)  donnait 
à  ce  monastère  la  moitié  du  revenu  de  l'église  de  Saint-Vitte. 

Dans  l'ancien  cimetière  se  trouvait  une  chapelle,  dite  des  Gous- 
lin.  Âgnet  Coustin,  écuyer,  seigneur  du  Ghassaing  et  de  Toyron,  et 
Marguerite  des  Monstiers,  son  épouse,  firent  le  8  octobre  1549  un 


(1)  La  forme  ovale  fut  usitée  surtout  dans  le  xviii*  siècle. 

(2)  Pourrait  être  d'Arfeuille,  en  Limousin,  nous  ne  saurions  cepen- 
dant Taffirmer. 

(3)  Nous  ne  saurions  dire  quelle  famille  portait  ces  armoiries. 

(4)  Le  tombeau,  très  probablement,  de  Alexandre  de  Maulmont,  che- 
valier seigneur  de  Saint-Vitte,  et  de  Philippie  d'Aubusson,  sa  femme, 
lesquels  vivaient  dans  la  première  moitié  du  xV  siècle, 


SAINT-VITTE  ^99 

testament  mutuel  par  lequel  ils  yeulenl  être  inhumés  dans  la  cha- 
pelle des  Coustin,  au  cimetière  de  Sainl-Vitte,  et  qu'il  soit  appelé 
cent  prêtres  à  leur  sépulture. 

En  1483  et  1631,  il  existait  une  fondation  de  messes  ou  vicairie, 
dans  la  chapelle  des  Civori,  au  grand  cimetière. 

Saint- Vitte  avait  un  hôpital  en  1390. 

La  seigneurie  de  S^-Vilte  a  été  possédée  par  différentes  familles  : 

Vers  1070,  noble  Ramnulphe  de  Saint-Vitte  et  son  frère  Pontius, 
donnèrent  au  monastère  d'Uzerche,  Tëtang  et  les  moulins  de  Saint- 
Vitte.  Les  filles  de  Ramnulphe  épousèrent  Jean  de  Jaunhac,  et 
Gaucelin  de  Vouspillac  (1).  Aussi  on  trouve  en  1266  Pierre  et  Hu- 
gues de  Jaunhac,  chevaliers  de  S^-Vilte.  Ce  dernier  est  dit  en  1270, 
être  seigneur  en  partie  du  bourg  de  Saint-Vitte. 

D*après  une  reconnaissance  signée  :  Pierre  Suduiraud,  datée 
«  du  dimanche  que  Ton  chante  Jérusalem  1360  »  (2),  Pierre  de 
Joumiac,  ëcuyer,  seigneur  de  Saint-Vict,  reconnaît  devoir  une 
rente  annuelle  de  huit  setiers  de  blé-seigle,  mesuré  avec  une 
rasoire,  à  la  mesure  censuelle  de  Saint-Vict,  à  noble  Hélie  Galen- 
gaud,  chevalier,  seigneur  de  Martageix  (3),  à  raison  et  cause  des 
villages  appelés  de  La  Peyrousse  et  de  la  Boirie,  situés  en  la  susdite 
paroisse  de  Saint- Vicl  (4). 

La  seigneurie  de  Saint-Vitte,  passa  ensuite  dans  la  maison  de 
Haulmont  qui  Fa  possédée  de  père  en  fils,  pendant  quatre  siècles 
environ. 

Le  premier  membre  de  cette  illustre  maison  que  nous  trouvions 
qualifié  seigneur  de  Saint-Vitte,  est  Jean  de  Maulmonl  (5),  sei- 
gneur en  partie  de  Maulmont  et  de  Gimel,  titré  chevalier,  qui  fut 
capitaine  du  château  de  limoges.  Celui-ci  épousa  le  6  juin  1345 
Marie  de  Faure-d'Egletons,  fille  de  Pierre,  damoiseau.  Après  lui, 
vinrent  :  Bertrand  de  Maulmont,  damoiseau  de  Saint-Vitte,  qui 
épousa  le  4  novembre  1377  Hélis  de  Bonneval.  —  Alexandre  de 


(i)  Vouspillac  ?  Ne  serait-ce  pas  plutôt  Volpillac!  Autrefois,  il  exis- 
tait en  la  paroisse  de  Saint-Vitte,  un  village  (un  lieu  seulement  peut  être) 
dénommé  Volpillac  (Arch.  du  château  de  Gui*zac,  B  45,  page  5. 

(2)  Ce  dimanche  est  le  quatrième  du  Carême  1360. 

(3)  Martageix,  fief  et  hameau,  situés  en  la  paroisse  de  Saint-Méard, 
canton  de  Ch&teauneuf-la-Forêt. 

(4)  Arch.  du  château  de  Curzac,  B  45,  page  5. 

(5)  La  Chesnaye-Desbois  :  Dictionnaire  de  la  noblesse  :  Généalogie  de 
la  maison  de  Maulmont.  Ce  Jean  de  Maulmont  y  est  donné  comme  étant 
fils  de  Pierre  de  Maulmont,  seigneur  en  partie  de  Maulmont,  de  Gimel, 
de  CbAteaupeuf,  Tournoël,  et  d'Aune  d'Aubusson,  sa  femme. 


âOO  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

MaulmoDt,  cbevalier,  seigneur  de  Saiat-Vitte,  Guersat,  Curzac,  la 
Groisille,  lequel  rendit  hommage  en  1441  à  Jean  de  Bretagne,  vi- 
comte de  Limoges,  pour  les  seigneuries  ci-dessus  ;  il  eut  pour 
femme  Philippie  d'Aubusson.  —  Gilles  de  Maulmont,  chevalier, 
seigneur  de  Saint- Vitte,  Curzac  6t  la  Croisille,  qui  servit  en  qualité 
d*homme  d'armes  dans  la  G'*  du  comte  de  Sancerre  en  1470,  puis 
dans  celle  du  sire  d*Estouteville  en  1475,  et  fut  tué  à  la  prise  du 
château  de  Giron,  en  Franche-Gomlé,  en  1480;  il  eût  pour  femme 
Marguerite  Bras-de-Fer.  —  Louis  de  Maulmont,  seigneur  de  Saint- 
Vilte,  Beauvais  (1),  la  Croisille,  du  Poummaud  (2),  né  en  1471, 
servit  en  1492  sous  les  ordres  de  M'  d'Albret,  puis  sous  ceux  de 
M.  de  Guise  en  1495;  il  épousa  le  14  février  1492,  Françoise  de 
Noailles,  fille  de  Jean  de  Noailles  (I^  du  nom).  Louis  de  Maulmont 
ne  vivait  plus  au  24  août  1530.  —  Charles  de  Maulmont,  chevalier, 
seigneur  de  Saint- Ville,  la  Croisille,  Beauvais,  épousa  par  contrat 
du  25  janvier  1538,  Marguerite  de  Gomborn,  fille  de  François  de 
Comborn,  seigneur  d'Orval,  el  de  Françoise  de  Séguin;  Charles 
n'existait  plus  en  1571.  —Jacques  de  Maulmont,  chevalier,  seigneur 
de  Saint- Ville,  la  Croisille,  Beauvais,  quatrième  fils  du  précédent, 
assembla  des  troupes  lors  des  guerres  contre  les  Buguenots  en  1574, 
s'empara  du  château  de  Chalusset,  en  répara  les  ruines  causées 
jadis  par  les  Anglais,  s*y  fortifia,  puis  se  déclara  pour  la  religion 
prétendue  réformée.  Il  fut  surpris  à  Chalusset  par  le  seigneur  de 
Pompadour,  qui  Ten  délogea  en  1590.  Jacques  de  Maulmont  avait 
épousé  le  30  janvier  1589  Paule  de  Ravenel,  fille  de  Florent  de 
Ravenel,  seigneur  de  la  Rivière  et  de  Peyronnelle  de  Loubbes;  il 
testa  le  28  juin  1635.  —  Florent  de  Maulmont,  chevalier,  seigneur 
el  baron  de  Saint- Ville,  seigneur  de  Sënie  et  du  Châtenet,  vendit 
au  nom  de  Jacques  de  Maulmont,  son  père,  une  maison  au  village 
de  Coussac,  le  16  mai  1621  ;  il  avait  épousé  le  19  mai  1619,  Louise 
Plaisant,  fille  de  François  {alias  Jacques)  Plaisant,  écuyer,  seigneur 
de  Bouschial,  Puymalier,  La  Roque,  Benayes,  et  d*Anne  de  Sala- 
gnac;  il  testa  le  28  mai  16i0.  —  Melchior  de  Maulmont,  baron  de 
Saint-Ville,  seigneur  de  Sénie,  du  Chassaing,  etc.,  lieutenant-co- 
lonel du  régiment  Aubusson-La  Feuillade,  rendit  hommage  au  roi, 
le  3  avril  1684,  pour  la  baronnie  de  Saint-Ville,  la  Croisille,  le 
Chassaing,  le  Châtenet,  Lavaud,  Coussac  et  Sussac;  il  eut  pour 
femme  Marie  Jouhaud,  fille  de  Louis  Jouhaud,  notaire,  seigneur  de 
Veyssière,  et  de  Catherine  Allouveau.  —  Joseph  de  Maulmont, 


(1)  Beauvais,  paroisse  de  Sussac,  croyons-nous. 

(2)  Le  Poummaud  ;  commune  de  la  Croisille, 


SAINT-VITTE  301 

baron  de  Saint-Ville,  seigneur  du  Ghassaing,  du  Châlenet,  La- 
vaud,  elc...,  rendît  hommage  au  roi  de  la  baronnie  de  Saint-Ville, 
le  13  juillet  1719;  il  épousa  le  9  juillet  1697  Charlotte  de  Maulmonl, 
sa  cousine  germaine,  laquelle  était  fille  de  Charles  de  Maulmont, 
seigneur  du  Mas,  de  Maraffy  et  en  partie  de  Saint- Ville,  et  de  Mar- 
guerite de  Pindray  de  Maraffy.  —  Marie  de  Maulmont,  baronne  de 
Saint-Ville,  dame  du  Chassaing,  du  Mas,  de  Maraffy,  etc.,  fille  et 
unique  héritière  des  précédents,  porta  la  baronnie  de  Saint- Ville,  la 
Croisille,  Sussac,  Coussac,  avec  haute  et  moyenne  et  basse  justice, 
banalilé  de  four  et  moulin,  et  autres  terres,  à  son  mari  :  Français- 
Aimé  de  Joussincau  (1),  marquis  de  Tourdonnet,  fils  de  Charles  de 
Joussineau,  marquis  de  Tourdonnet  et  de  Louise  de  Chastagnet; 
ils  eurent  quatre  fils. 

D'après  une  note  que  très  aimablement  nous  fait  tenir  M.  Géné- 
brias,  le  propriétaire  actuel  du  château  de  Saint- Ville,  à  la  fin  du 
xvni**  siècle,  sur  licitalion  et  par  jugemenl  du  tribunal  du  2**  arron- 
diss^emenl  de  Paris,  la  terre  de  Sainl- Ville,  qui  se  composait  alors 
du  château  et  des  domaines  de  la  Basse  cour,  de  Lavaud,  de  Ghas- 
saing, du  Ghalenet  et  de  la  Vergue,  fut  adjugée  le  26  novem- 
bre 1791  à  M.  de  Glédat  qui  la  revendit,  le  2  thermidor  an  IX,  au 
général  Souham  par  acte  passé  devant  M*  Pérignon,  notaire  à  Paris. 

Le  général  agrandit  cette  propriété  du  domaine  de  Ponlfeuille, 
qu'il  acheta,  le  6  mars  1807,  par  acte  passé  devant  M'  Fournier, 
notaire  à  Limoges. 

La  terre  de  Saint- Vilte  ainsi  constituée  fut  acheté  au  général 
comte  de  Souham  par  MM.  Jean  Barbe  et  Jean-Pierre  Barbe,  frères, 
par  acte  passé  devant  M*  Lacombe,  notaire  à  Tulle,  le  1"  décem- 
bre 1823. 

Le  4  juillet  1840;  M.  Jean  Barbe  en  devint  seul  propriétaire.  Il 
mourut  le  23  septembre  1849,  laissant  cinq  enfants.  La  terre  de 
Saint-Ville,  après  avoir  reçu  quelques  modifications,  fut  alors 
divisée  en  deux  lots  ;  Tun  fut  attribué  à  M.  Augustin  Barbe,  sous  la 
désignation  de  terre  de  Ponlfeuille  ;  elle  comprenait  les  domaines 
de  Ponlfeuille,  du  Châlenet  et  du  bourg  ;  Tautre,  qui  garda  le  nom 
de  terre  de  Sainl- Ville  avec  les  domaines  d'en  bas,  de  Lavaud  et 
du  Ghassaing,  devint  la  propriété  de  M.  Jean  Barbe,  procureur 
général  à  Ponldichéry  et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

La  terre  de  Ponlfeuille  passa,  au  décès  de  M.  Augustin  Barbe, 
entre  les  mains  de  sa  fille  unique,  épouse  de  M.  Casimir  Duverger. 
Mme  Duverger  étant  décédée  sans  enfants  donna  cette  terrre  en 

(1)  La  famille  de  Joussineau  portait  :  de  gueules,  au  ohef  d'or. 


302  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

nue  propriété  par  testament  du  8  août  1901  à  M"**  Daase,  née 
Barbe,  sa  cousine. 

La  lerre  de  Saint-Vitte  fut  donnée  parle  magistrat,  à  son  décès, 
à  Tun  de  ses  frères  M*  Jean  Barbe,  notaire  à  GhàteauneuMa-Forét. 
Elle  appartient  aujourd'hui  à  sa  plus  jeune  fille  mariée  à  H.  Gené- 
brias,  directeur  des  contributions  directes  à  La  Rochelle  et  cheva- 
lier de  la  Légion  d'honneur. 

En  1580,  le  château  de  Saint- Vitte  fut  pillé  et  dévasté  dans  les 
conditions  suivantes  :  des  troupes  armées,  parties  du  château  de 
Turenne,  rendez-vous  des  réformés  et  le  quartier  général  des 
rebelles  pour  le  centre  de  la  France,  pillèrent  Treignac,  Masserel, 
Salon,  Obasine,  etc..  Gomme  elles  se  maintenaient  dans  le  château 
de  Saint- Yitte  (1),  M.  d'Hautefort,  pour  lors  lieutenant  général  en 
Limousin,  alla  les  en  déloger.  Les  registres  consulaires  de  Limoges 
le  rapportent  en  ces  termes  :  «  Estant  party  le  dit  sieur  gouver- 
neur de  cette  ville,  alla  assiéger  le  château  de  Saint- Vie,  dans 
lequel  faisaient  leur  retraite  une  partie  des  voUeurs  qui  écumaient 
le  pais  et  rançonnaient  les  gens  et  levaient  des  tailles.  Devant 
lequel,  ayant  demeuré  quelques  jours  et  tiré  quelques  coups  de 
canon,  fut  rendu  et  depuys  a  été  démoly.  » 

De  ce  qui  fut  l'ancien  château  de  Saint- Vitte,  siège  de  la  sei- 
gneurie de  haute  et  moyenne  et  basse  justice  (2),  il  ne  restait 
plus  au  commencement  du  xix*  siècle  que  deux  tours  à  peu  près 
ruinées.  Elles  furent  démolies  lorsque  fut  créé  le  chemin  de  grande 
communication  n""  31,  dénommé  :  de  Ghamberet  à  la  gare  de 
Nexon,  lequel  chemin  traverse  le  bourg  de  Saint- Vitte. 

Le  château  actuel,  construction  du  milieu  du  xvm«  siècle,  est  la 
propriété  de  M.  Génébrias,  petit  gendre,  et  héritier  pour  une  part, 
de  M. Jean-Barbe. 

Un  document  de  1658  (3)  nous  fait  connaître  à  combien  s'élevè- 
rent les  grandes  dîmes  qui  se  perçurent,  cette  année  là,  en  la 
paroisse  de  Saint- Vitte,  en  même  temps  que  la  répartition  qui  en 
fut  faite  aux  ayants-droits.  Nous  reproduisons  ces  chiffres  pour  que 
ceux  qui  les  voudraient  comparer  avec  le  montant  des  impositions 
actuelle  voient  qu  à  l'époque  dont  il  s'agit,  le  pauvre  monde  était 
moins  durement  traité  qu'il  ne  Test  aujourd'hui.  En  l'année  1658,  les 

(1)  Jacques  de  Maulmont,  seigneur  de  Saint- Vitte  les  y  avait  appelés. 
Lui-même  se  déclara  pour  la  Réforme. 

(2)  Etaient  de  cette  justice  :  les  habitants  et  dépendances  du  bourg 
de  Saint- Vitte,  du  Mas,  du  Chassaing,  du  Chàtenet,  de  Lavaud,  et  en 
partie  seulement  ceux  et  celles  de  Coussac,  Les  Ages,  Pontfeuille,  etc. 

(3)  Arch.  du  château  de  Curzac^  E  69» 


SAINT-VITTE  303 

grandes  dimes  produisirent  :  80  setiers  de  froment,  496  setiers 
de  seigle,  120  setiers  d'avoine.  Le  chambrier  d'Uzercbe,  pour  sa 
part,  eût  droit  à  4  setiers  froment  et  30  setiers  de  seigle  ;  le  gref- 
fier ou  sergent  eût  droit  à  5  setiers  seigle  ;  le  seigneur  de  Fours- 
sac  [sic),  à  7  setiers  eymine  {sic)  de  froment,  45  setiers  de  seigle, 
a  setiers  d'avoine  (1)  ;  le  seigneur  de  Gurzac  eût  droit  à  3  ses- 
tiers  1/4  de  froment,  20  setiers  de  seigle  et  5  setiers  d'avoine  ;  le 
seigneur  de  la  juridiction  de  Saint-Vltte  eut  droit  à  63  setiers 
eymine  de  froment,  383  setiers  de  seigle  et  103  setiers  d*avoine. 

Les  registres  de  baptêmes,  mariages  et  décès  de  la  paroisse  de 
Saint- Vitte  ne  remontent  pas  au  delà  de  Tannée  1743. 

En  Tun  de  ces  registres,  nous  avons  trouvé  mentionné  que  le 
mois  de  janvier  1774  fut  très  préjudiciable  aux  habitants  parce 
que  la  peste  {sic)  se  mit  sur  le  bétail  et  en  fit  périr  un  très  grand 
nombre  (2). 

Ceux  des  habitants  dont  le  nom  se  trouve  le  plus  fréquemment 
répété  en  ces  registres  de  la  paroisse  sont  :  Bonardeau,  Boussely, 
Briansoulet,  Brondeau,  Chadelaud,  Ghardet,  Combelte,  Debette, 
Derayneix,  Dezéraud,  Dupuylarousse,  Ducher,  Faye,  Filhoulaud, 
Goumondie,  Gavinet,  Gayot,  Guilhen,  Gille,  Habeillon,  Lafon, 
Lebraud,  Hadore,  Harlinot,  Maud,  Hazeau,  Mousnier,  Peyronnet, 
Penaud,  Pichon,  Planchaud,  Reyneix,  Roux  et  Rous,  Rivet,  Sage, 
Texier,  Virolle,  etc. 

Parmi  les  maires  de  Saint- Vitte,  nous  relevons  les  noms  sui- 
vants :  Jean  Guérëne  qui  était  maire  en  1794;  Jean  Filhoulaud,  de 
1838  à  1843  ;  Félix  Barbe,  de  1843  à  1855  ;  Bernard -Auguste  Bru- 
gère,  de  1855  à  1861  ;  Casimir  Duverger,  de  1861  à  1871  ;  Jean 
Barbe,  de  1871  à  1874;  Siméon  Baillot  d'Etivaux,  de  1874  à  1889  ; 
Casimir  Duverger,  de  1889  à  1901  ;  Pierre  Sautour  qui  fut  nommé 
en  1901. 

Parmi  los  instituteurs,  nous  relevons  les  noms  suivants  :  N... 
Ribièrequi  enseigna  de  1830  à  1836;  N...  Bonneau,  de  1836à  1862; 
Léonard  Faure,  de  1862  à  1874  ;  Guillaume  Basset,  de  1874  à  1890  ; 
Léonard  Vinour,  de  1890  à  1899;  Pierre  Yalade,  nommé  instituteur 
de  Saint- Vitte  le  7  nombre  1899. 

Les  religieuses  de  Tordre  du  Sauveur,  sous  Texcellente  direction 

(1)  Nous  ignorons  quand  et  comment  le  seigneur  de  Fourssac  acquit 
des  droits  en  la  dime  qui  se  levait  en  la  paroisse  de  Saint-Vitte. 

(2)  La  peste  dont  il  est  parlé  est  vraisemblablement  la  maladie  con- 
nue de  nos  jours  sous  le  nom  de  cocotte  ou  fièvre  aphteuse,  laquelle 
s^est  de  nouveau  déclarée  e^  1901  et  a  fait  subir  quelques  pertes  à  nos 
cultivateurs^ 


304  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

de  sœur  Saiol-Gabriel,  appelées  en  1876Jpar  M.  et  M"*  Duverger, 
donnèreDt  renseignement  aux  jeunes  filles  de  la  commune,  à  Tuna- 
nime  satisfaction  des  parents.  Au  mois  de  juillet  1902,  époque  où 
fut  supprimée  de  fait  la  liberté  de  renseignement,  ces  maîtresses 
sympathiques  et  dévouées  durent  quitter  Saint- Viite,  et  renseigne- 
ment chrétien  qu*elles  donnaient  fut  remplacé  par  renseignement 
athée.  Toutefois,  comme  la  maison  qu'occupaient  les  sœurs  était 
propriété  privée,  la  municipalité  dût  faire  construire  une  école  pour 
les  filles  de  la  commune,  aux  lieu  et  place  des  chemins  publics  que 
les  conseillers  avaient  promis  à  leurs  électeurs. 


Les  villages  et  les  lieux  habités  qui  font  partie  de  la  commune 
de  Saint- Vitte,  sont  :  Âulliat,  Auzier,  Bréjat,  Bretagne,  Chassa- 
gnas,  Coussac,  Curzac,  LaBauberie,  La  Valade,  Lavaud,  Lavergne, 
La  Peyrousse,  La  Tronche,  Le  Bourg,  Le  Chassaing,  Le  Chatenet, 
Le  Lit,  Le  Mas,  Le  Mazaud,  Le  Moulin-Brûlé,  Le  Peychaud,  Les 
Ages,  Les  Plas,  Nouaillas,  Nora,  Ponlfeuille,  Tratrade. 

Aulliat  (Le  Liât  d'après  la  carte)  s'est  écrit  Aulhat.  —  Hameau 
situé  non  loin  du  chemin  de  grande  communication  n°7  de  Saint- 
Germain-les-Belles  à  Guéret,  à  465  mètres  environ  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 

En  1747,  époque  à  laquelle  fut  dressé  le  cadastre  qui  a  précédé 
le  cadastre  actuel,  Aulliat  comprenait  huit  maisons  habitées.  Au 
recensement  de  1901,  on  n'en  comptait  plus  que  sept,  pour  une 
population  de  ^S  habitants. 

Avant  la  Révolution,  le  village  d' Aulliat  relevait  de  la  justice 
seigneuriale  de  Curzac. 

Auzier  et  Ozier.  —  Ce  village  est  formé  des  anciens  lieux  de  : 
Auzier,  La  Bernauderie,  Contantinerie  et  Chez-Marty,  dont  il  est 
fait  mention  dans  les  vieux  actes. 

En  1747,  Auzier  ne  comprenait  que  cinq  maisons  habitées,  tan- 
dis que  La  Bernauderie,  ou  Auzier  du  bas,  en  comprenait  sept. 

Au  recensement  de  1901,  on  comptait  à  Auzier  79  habitants  et 
14  feux. 

Avant  la  Révolution,  le  village  d'Auzier  ainsi  que  celui  de  la 
Bernauderie  relevaient  de  la  justice  de  Curzac. 

Brégeat.  —  Le  sommet  de  la  croupe  sur  laquelle  est  construit 
Brégeat  est  à  494  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

En  1747,  on  ne  comptait  qu'une  maison  à  Brégeat  ;  c'était  une 
métairie  appartenant  à  M.  Sanson  de  Royère,  écuyer,  seigneur  de 
Champvert. 


SAINT-VlTTÉ  30S 

Au  recensement  de  1901,  Brégeat  comprenait  S3  habitants  et 
7  maisons. 

Bretagne,  ancien  fief.  —  Depuis  plusieurs  siècles,  Bretagne  fait 
partie  de  la  terre  de  Gurzac. 

Avant  la  Révolution,  Bretagne  relevait  de  la  justice  seigneuriale 
du  chapitre  de  Saint-Germain. 

Au  recensement  de  1901,  on  ne  comptait  à  Bretagne  qu'une 
seule  maison,  et  8  habitants. 

Chassagnas,  hameau  situé  sur  le  chemin  de  Saint- Yilte  à  La  Por- 
cherie. 

En  1747,  on  comptait  19  maisons  à  Ghassagnas  ;  lors  du  recen- 
sement de  1901,  il  ne  s*en  trouvait  plus  que  16,  pour  une  popula- 
tion de  78  habitants. 

Avant  la  Révolution,  une  partie  du  village  de  Ghassagnas  était 
de  la  fondalilé  de  la  seigneurie  de  Ghampvert,  située  en  la  paroisse 
de  La  Porcherie. 

Il  existe  près  de  Ghassagnas  plusieurs  carrières  d*un  granit  fort 
dur,  à  grain  gros.  C*est  de  l'une  d'elles  que  sont  sortis  les  maté- 
riaux qui  servirent  à  construire  le  beau  viaduc  situé  près  la  gare  de 
Saint-Germain,  ainsi  que  plusieurs  des  ponts  élevés  sur  la  voie 
ferrée  de  Limoges  à  Brive,  par  Uzerche. 

Conssac,  fief  et  hameau.  —  Goussac  est  sur  le  chemin  de  Saint- 
Vitte  à  Saint-Germain. 

Avant  la  Révolution,  Goussac  dépendait  de  la  justice  seigneu- 
riale de  Saint-Vitle ,  celle  de  Gurzac  y  possédait  quelques  droits, 
notamment  sur  les  tenues  dites  de  Gurzac  et  I^a  Rousselie. 

Voici  quelques  noies  ou  actes  se  rapportant  soit  à  Goussac,  soit 
à  ses  anciens  seigneurs. 

Noble  Noël  Roux,  sieur  de  Goussat,  paroisse  de  Saint-Vitte, 
épousa,  le  30  juin  1888,  Hélène  de  La  Place,  fille  de  N...  de  La  Place, 
sieur  des  Brousses,  et  de  Antoinette  des  Pousses,  sa  femme. 

Florent  de  Maulmonl,  seigneur,  baron  de  Saint- Vitte,  etc.,  pour 
et  au  nom  de  Jacques  de  Maulmont,  seigneur  de  Saint- Vitte,  Gous- 
sac, etc.,  vend  une  maison  à  Goussac  le  16  mai  1621  (1).  Le  même 
Jacques  de  Maulmonl,  maître  François  Bréjat,  notaire,  et  autres 
habitants  de  Saint-Germain,  par  actes  du  18  mars  1623,  reconnais- 
sent tenir  du  seigneur  de  Gurzac,  à  rente  foncière,  certaines  dépen- 
dances du  village  de  Goussac. 

Melchior  de  Maulmont,  baron  de  Saint-Vitte,  etc.,  fils  de  Florent 


(1)  La  Chesnaye-Desbois,  Dictionnaire  de  la  noblesse:  Généalogie  de 
la  maison  de  Maulmont, 


306  SOr.IKT^    ARCHEOLOGIQUE  Et  HISTORIQUE  DÛ  LIllOÙSlK 

de  Maulmont,  rend  hommage  au  roi,  le  3  avril  1684,  pour  la  baron- 
nie  de  Saint-ViUe,  La  Croisille,  LeCbassaing,  Le  Châtenet,  Lavaad, 
Goussac  et  Sussac. 

En  1747,  le  hameau  de  Coussac  comprenait  14  maisons;  au 
recensement  de  1901,  il  n'y  en  avait  plus  que  9  pour  43  habitants. 

Curzac  s'est  écrit  aussi  Cursac.  —  Hameau  et  seigneurie  :  Gnrzac 
est  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Briance,  à  l.SOO  mètres  du  boarg 
de  Saint-Vittei  son  chef-lieu  de  commune,  et  à  420  mètres  environ 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ce  hameau  est  traversé  par  le  che- 
min de  grande  communication  n'^  31,  dénommé  de  Chamberet  à  la 
gare  de  Nexon;  au  point  de  vue  du  réseau  ferré,  il  est  desservi 
par  la  gare  de  Saint-Germain-les-Belles,  dont  il  est  à  6  kilomètres 
environ.  Son  bureau  de  poste  est  celui  de  Saint-Germain. 

Au  IX*  siècle,  le  village  de  Gurzac  était  le  chef-lieu  d'une  vicairie, 
vicaria  Cursiacensis,  circonscription  territoriale  sur  laquelle  s'exer- 
çait la  juridiction  d'un  officier  inférieur  au  comte  (1). 

Le  nombre  des  maisons  de  Gurzac  nous  parait  avoir  été,  dès  le 
xvi«  siècle,  à  peu  de  chose  près  ce  qu'il  était  en  1747. 

En  1747,  on  comptait  il  maisons  à  Gurzac  ;  au  recensement  de 
1901,  la  population  était  de  83  habitants  et  le  nombre  des  maisons 
de  12. 

Le  château,  construction  du  début  du  xv*  siècle,  est  édifié  à  très 
petite  dislance  de  Textrémité  du  promontoire  qui  sépare  la  vallée 
d'Âuzier  de  celle  de  la  Briance.  A  l'instar  de  beaucoup  de  châteaux 
du  XV'  siècle,  celui  de  Gurzac  comprenait  un  corps  de  logis  à  trois 
étages,  flanqué  de  quatre  tours  d'inégale  grosseur;  il  n'en  subsiste 
que  deux,  celles  de  la  façade  S.-O.,  ou  façade  de  la  Briance.  Vers 
le  milieu  du  xvp  siècle,  la  tour  du  nord  fut  démolie,  et  l'escalier 
en  vis  qu'elle  contenait,  remplacé  par  l'escalier  actuel,  qui  est  à 
deux  volées  droites  par  étage.  Quant  à  la  tour  de  l'est,  la  plus 
haute  et  la  plus  grosse  des  quatre  (2),  elle  contenait  la  prison  à 
laquelle  on  n'accédait  que  par  le  premier  étage  du  corps  de  logis. 
Gette  tour  fut  démolie  en  1718,  parce  qu'elle  était  devenue  une 
cause  d'insécurité. 

Dans  l'une  des  salles  du  premier  étage  du  corps  de  logis,  on  voit 
des  poutrelles  à  caissons  dont  le  dispositif  serait  semblable  à  celui 
qui  nous  est  signalé  au  presbytère  de  Gahors. 

A  onze  mètres  au  nord  et  parallèlement  au  château  se  trouvait  là 


(i)  Renseignement  fourni  par  M.  le  chanoine  Lecler,  aumônier  de 
Naugeat. 
(2)  Archives  du  château  de  Curzac,  Ail. 


SAINt-VÏtTE  30*1 

chapelle  (1).  Gelle-ci  ayait  été  construite,  vers  1S36,  par  ordre  de 
Jean  de  Meillars,  cheyalier,  seigneur  et  justicier  de  Meillars,  de 
Gurzac,  et  de  Flomont,  après  qu'il  en  eût  obtenu  l'autorisation  de 
révéque  de  Limoges.  Cette  chapelle  fut  désaffectée  vers  1732  et 
aménagée  en  maison  d'habitation  pour  le  personnel  d'exploitation 
d'une  réserve  créée  près  le  château  (2)  ;  elle  fut  démolie  en  1890. 

Au  nord-ouest  du  château  et  à  quarante-cinq  mètres  environ  de 
lui,  on  voit  une  construction  du  xvi*  siècle.  Dans  les  actes  de  ta  (in 
du  XVI*  siècle,  nous  la  trouvons  mentionnée  sous  le  nom  de  «  La 
Maison-Neuve  »  ;  depuis  la  fin  du  xvii*  siècle,  elle  fut  toujours 
désignée  sous  celui  de  «  le  petit  château  ».  Cette  Maison-Neuve  ou 
petit  château  fut  édifié  vers  le  même  temps  que  la  chapelle,  quelques 
années  auparavant  probablement.  Un  escalier  en  vis  permettait 
d'accéder  aux  combles;  on  aperçoit  encore  la  trace  de  cet  escalier 
sur  la  façade  est  (3). 

A  l'intérieur  du  petit  château,  certaines  parties  des  murs  portent 
encore  trace  de  fresques  assez  grossières,  dont  les  motifs  rap- 
pellent l'époque  Louis  XII.  A  droite  et  à  gauche  d'une  ancienne 
cheminée,  on  distingue  encore  deux  portraits  en  buste,  à  moitié 
effacés,  l'un  d'homme  et  l'autre  de  femme,  présentés  de  trois 
quarts;  les  personnages  sont  vêtus  de  costumes  qui  rappellent 
répoque  François  P'.  Ces  portraits  sont  évidemment  ceux  de  Jean 
de  Meillars,  et  de  Marguerite  du  Saillant,  sa  femme,  qui  firent  cons- 
truire celle  maison  neuve,  la  chapelle,  ainsi  que  l'escalier  acluel  du 
grand  château. 

Le  petit  château  sert  présentement  de  grenier  pour  les  grains  des 
propriétaires. 

Lors  de  la  Révolution,  Curzac  faisait  partie  des  élection,  séné- 
chaussée et  généralité  de  Limoges.  Le  château  était  le  siège  d'une 
seigneurie  de  haute  et  moyenne  et  basse  justice,  circonstance  qui 
conférait  au  seigneur  du  lieu,  le  titre  de  haut  justicier  dont  le  qua- 
lifiaient les  actes  dressés  dans  le  ressort  de  sa  justice. 

D'après  certains  terriers,  se  trouvaient  être  de  la  justice  de 
Curzac  :  1*"  dans  la  paroisse  de  Saint- Ville  :  le  village  de  Curzac 
avec  toutes  ses  dépendances  ;  les  tenues  de  Pontfeuille,  de  Thé- 
nèze  el  de  Puyguillaume,  de  Précoste,  de  Peychaud,  Budelarie  et 


(1)  Arch.  du  château  de  Curzac,  A.  11 

(2)  Depuis  1674,  le  cliàleau  n'étail  plus  habité  et  les  propriétaires  ne 
paraissaient  devoir  Thabiter  de  longtemps. 

(3)  Lors  du  pillasse  de  Curzac  par  le  chevalier  de  Meillars  et  ses  amis, 
le  30  octobre  1681,  c'est  le  petit  château  qu'habitait  le  receveur  de  la 
seigneurie,  0.  6. 


30Ô  SOGléré  ARCnéoLOGIQtJfi  et  HISTOHIQUE  DD  LlMOUStK 

Pré-Paradis  ;  les  tenues  de  Gurzac  et  de  Ronsselie,  sises  dans  les 
dépendances  de  Coussac  ;  les  villages  d'Auzier  et  de  La  Bemau- 
derie  avec  leurs  dépendances,  ainsi  que  les  tennes  de  Gonstanti- 
nerie,  Foulenour  et  Bosnègre  ;  le  village  de  La  Tronche  avec  ses 
dépendances;  le  village  d'AuIliat  avec  ses  dépendances,  y  compris 
la  tenue  de  Ghaveribiëre  ;  3*  dans  la  paroisse  Saint-Méard  :  le  vil- 
lage de  La  Valade  avec  toutes  ses  dépendances,  les  villages  du 
Masmousset,  de  La  Yialle,  de  Viers  avec  toutes  leurs  dépendances; 
la  tenne  du  Theil,  située  dans  les  dépendances  du  Rouvereau  ; 
3"*  dans  la  paroisse  de  Saint-Germain  :  les  tenues  du  Maschatain, 
des  Bettes,  de  La  Plagne  ;  4"*  dans  la  paroisse  de  Glanges  :  les 
villages  de  Glangettes  et  de  La  Rigondie  avec  leurs  dépendances. 

Le  corps  judiciaire  de  Gurzac  élait  composé,  à  Tinstar  de  celui 
de  toutes  les  juridictions  seigneuriales,  de  :  un  juge,  lieutenant  de 
juge,  un  procureur  d'office  ou  procureur  fiscal,  un  greffier. 

Le  baron  L  de  Gorbier,  dans  :  Montaigut-le-Blanc,  son  château^ 
sa  chdtellenie,  .ses  possesseurs  (i),  pages  13  et  suivantes,  définit 
ainsi  le  rôle  des  différents  membres  du  corps  judiciaire.  «  Le  lieu- 
tenant du  juge  élait  chargé  de  remplacer  le  juge;  souvent  même  il 
en  faisait  fonctions.  Venait  ensuite  le  procureur  d'office,  person- 
nage important,  actif,  chargé  de  faire  appliquer  la  loi,  poursui- 
vant les  délinquants.  Il  était  le  représentant  du  seigneur  justicier, 
prenait  ses  intérêts,  faisait  exécuter  ses  ordres;  il  remplissait 
1  office  de  nos  procureurs  près  les  tribunaux. 

j)  Ges  diverses  fonctions  étaient  à  la  nomination  du  seigneur, 
mais  les  personnes  nommées  devaient  ensuite  se  faire  agréer  par 
les  magistrats  de  la  sénéchaussée,  afin  de  justifier  de  leurs  capa- 
cités. 

»  l^e  greffe  était  souvent  loué  ou  donné  à  un  titulaire  qui  en 
devenait  possesseur. 

»  Auprès  de  la  juridiction  seigneuriale,  il  se  trouvait  des  prati- 
ciens, c'est-à-dire  des  hommes  de  loi,  plus  ou  moins  teintés  de 
connaissances  juridiques,  sorte  d'avoués  qui  étaient  chargés  d'ins- 
truire les  procès,  conseiller  les  parties  et  les  représenter  devant  la 
justice;  ces  fonctions  élaient  libres,  jointes  parfois  à  une  autre 
charge,  comme  celle  de  notaire  ». 

Les  archives  du  châtean  de  Gurzac  ne  contiennent  que  fort  peu 
de  documents  relatifs  à  la  justice,  parceque  ceux-ci,  lors  de  la 
suppression  des  justices  seigneuriales,  furent  versés  au  greffe  de 
Limoges. 

(1)  Montaigui-Le  Blanc,  son  château^  sa  châlellenie,  ses  possesseurs, 
par  le  baron  L.  de  Corbicr.  Paris,  Alph.  Picard  et  fils,  1902,  in-8. 


SAiNT-ViTTfi  300 

Le  droit  pour  la  seigneurie  de  Curzac  à  la  justice  haute  et 
moyenne  et  basse  fut  acquis  par  Jean  de  Meillai-'s,  du  roi  de  Na- 
varre, par  contrat  du  7  février  1541.  Très  peu  de  temps  après,  le 
même  Jcan  de  Meillars  acquérait  les  droits  de  fondalité,  directité, 
justice  hante,  moyenne  et  basse,  les  cens,  rentes  et  tous  droits 
seigneuriaux  sur  le  village  de  La  Tronche,  puis  successivement 
ceux  des  droits  qu*il  n'avait  pas  sur  les  villages  qui  constituèrent  la 
justice  dite  de  Curzac. 

Parmi  ceux  qui  furent  de  la  justice  de  Curzac,  nous  relevons  les 
noms  suivants  : 

Maître  Gabriel  Desmaisons,  était  juge,  aux  11  mai  1621  et  27  sep- 
tembre 1627  ; 

M<^  N...  Chassagnas,  était  lieutenant  de  la  cour  ordinaire  do 
Curzac,  au  25  septembre  16^8  ; 

M*N...  de  la  Rigondie,  succéda  au  précédent  dans  l'office  de 
lieutenant  ; 

M*  N...  Doudinot,  était  juge  de  Curzac  au  1*'  novembre  1681  ; 

M'N...  Gorse,  était  juge  au  22  juin  1685,  et  N...  Deloménie,  se 
trouvait  procureur  d'office  ; 

M'  Joseph  Âllouveau,  s*"  de  Montréal,  avocat  en  parlement,  était 
juge  de  la  juridiction  de  Curzac  aux  2  et  30  août  1706,  et  Louis 
Defaye,  y  était  procureur  d'office  ; 

M'  Pierre  Guiihen,  ancien  postulant  de  la  juridiction  ordinaire, 
était  juge  de  cette  juridiction  au  27  août  1717  ;  à  celle  même  date, 
M®  Pierre  Michel  était  l'un  des  postulants  à  la  môme  juridiction,  et 
M*  Louis  Defaye,  procureur  d'office  ; 

A  la  date  du  19  novembre  1726,  N...  Doudinot,  juge  de  Curzac, 
condamna  le  nommé  Pierre  Guér...,  laboureur  du  village  de  La 
Vialle  (paroisse  de  Saint-Méard),  pour  crime  d'assassinat,  «  à  faire 
amende  honorable  devant  la  chapelle  du  château  de  Curzac,  puis 
à  élre  pendu-étranglé  à  une  potence,  devant  le  château,  jusqu'à  ce 
que  mort  s'ensuive  ;  de  plus,  ses  biens  soumis  à  une  amende  de... 
envers  les  enfants  de  sa  victime  ». 

Sieur  Joseph  Doudinot  de  La  Gourganderie,  était  juge  au  20  sep- 
tembre 1757.  A  la  même  date,  le  sieur  Léonard  Rougier,  du  Pont, 
qui  était  procureur  postulant  et  procureur  d'office,  cessa  d'être 
procureur  d'office;  le  sieur  François  Michel  est  nommé  à  sa  place. 

Lors  de  la  Révolution,  le  juge  de  Curzac  était  M*  N...  Leysenne 
qui,  en  même  temps,  était  notaire  à  Saint-Germain. 

La  seigneurie  de  Curzac  relevait  à  fo^  et  hommage  lige  du  vi- 
comte de  Limoges.  D'après  les  ccrtiQcats  délivrés  par  le  bureau 
des  finances  de  la  généralité  de  Limoges,  les  plus  récents  aveux 

T.   LV  20 


310  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

reDdas  au  roi,  en  sa  qualité  de  vicomte  de  Limoges,  par  les  sei- 
gneurs de  Gurzac,  furent  : 

En  1667,  par  Julie  de  Salagnac,  dame  de  Heillars,  veuve  de  Teu 
messire  Philippe,  marquis  de  Meillars,  baron  de  La  Croisille,  sei- 
gneur de  Gurzac,  Brive,  etc.,  maréchal  de  camp  dans  les  armées 
du  roi,  chevalier  de  Tordre  de  Sainl-iMichel. 

Au  28  mai  1685,  par  François-Pierre  de  Marlin,  chevalier,  soi- 
gneur de  Terrerort,  Tcriitume^  de  la  maison  noble  de  Martin  en 
Meilhan,  etc.,  conseiller  en  la  graad*chambre  du  Parlement  de 
Guyenne,  pour  une  moitié  de  la  terre  et  seigneurie  de  justice  de 
Gurzac,  et  par  Pierre  de  Marlin,  chevalier,  seigneur,  baron  de 
Lanbardemont,  Saint-Denis  de  Piles,  Saint-Georges  de  Guitres, 
maire  et  gouverneur  de  Libourne,  capitaine  au  régiment  de  Pi- 
cardie, frère  du  précédent,  pourTaulre  moitié  de  la  dite  terre  et 
seigneurie. 

Au  14  août  1716,  par  Antoine-Joseph  de  Marlin  de  la  Baslide, 
chevalier,  seigneur  de  la  Bastide,  Uzurat,  etc.,  président  honoraire 
des  trésoriers  de  France  au  bureau  de  la  généralité  de  Limoges, 
pour  une  moitié  de  la  terre  et  seigneurie  de  Gurzac,  et  par  Bernard 
de  Marlin,  seigneur  du  Tyrac,  etc,,  pourTaulre  moitié. 

Au  12  juin  1769,  puis  au  20  décembre  1776,  par  Martial-Léonard 
de  Marlin-Labastide,  chevalier,  seigneur  de  Verlhamon  et  justicier 
de  Gurzac. 

Les  plus  anciens  seigneurs  de  Gurzac  dont  fassent  mention  nos 
archives  appartiennent  à  la  maison  noble  de  Meillars.  Gelle-ci 
portait  pour  armoiries  :  d'or^  à  trois  pals  de  gueules  ^chargés  chacun 
de  trois  étoiles  d'argent. 

Nous  ne  savons  au  jusle  à  quelleépoque  ni  comment  la  seigneurie 
de  Gurzac  entra  dans  la  maison  de  Meillars.  Nous  pensons  qu^elle 
lui  fut  portée  par  le  mariage  de  Hugues  Bamnulphe  de  Meillars, 
seigneur  de  Meillars,  avec  Gatherine  de  Maulmont,  fille  de  Bertrand 
de  Maulmont,  seigneur  de  Sainl-Vilte,  et  de  Hélis  de  Bonneval. 

La  seigneurie  serait  venue  à  Gatherine  de  Maulmont  et  à  Alexan- 
dre de  Maulmont,  seigneur  de  Sainl-Viiie,  son  frère,  non  par 
héritage  direct,  puisque  le  seigneur  de  Saint-Vitte,  leur  père,  ne 
fut  point  qualifié  seigneur  de  Gurzac,  mais  en  ligne  collatérale,  ce 
qui  ne  nous  éclaire  pas  sur  les  anciens  possesseurs.  Get  héritage 
dût  être  recueilli  peu  de  temps  après  4402,  époque  du  mariage  de 
ladite  Gatherine.  Hugues  Ramnulphe  de  Meillars  et  Alexandre  de 
Maulmont,  son  beau-frèrje,  puis  à  sa  suile  Gilles  de  Maulmont,  fils 
du  dit  Alexandre,  sont  qualifiés  seigneurs  de  Gurzac,  simultané- 
ment dans  des  actes  différents  (1). 

(1)  Arch.  du  château  de  Gurzac,  B  44,  p.  84. 


SAiNT-VtTTE  3ll 

Voici  quelques  acles  des  archives  du  châleau  qui  nous  ont  paru 
offrir  un  certain  intérêt  général,  en  tant  qu'ils  fournissent  quelques 
renseignements  sur  les  seigneurs  de  Gurzac  ou  les  mœurs  de 
répoque. 

Copie  en  français,  d'une  monition  générale  {$ic)  datée  du 
11  avril  1390,  publiée  au  prône  de  l'église  paroissiale  de  Saint- 
Méard,  par  laquelle  le  seigneur  évéque  de  Limoges  enjoint,  sous 
peine  d'excommunication,  à  tous  ceux  qni  cachent  des  terriers, 
d'avoir  à  les  exhiber  à  la  requête  de  noble  Hagnet  (sic)  de  La  Por- 
cherie (1),  veuve  et  héritière  universelle  de  feu  noble  Hélie  Galen- 
gaud  (2),  chevalier,  seigneur  du  Repaire,  noble  de  Martageix  (pa- 
roisse Sainl-Méard),  et  pour  lors,  consorte  de  noble  Bernard  (sicj 
Ranoulphe  (3). 

Sous  la  date  du  8  février  1405,  un  contrat  d'acquisition  aux  ap- 
partenances de  Marlageix,  en  faveur  de  noble  «  Bardino  Ramnul- 
phi  »,  seigneur  de  Meillars,  d'un  pré  dénommé  Pcyrat  (4). 

Hugues  Ramnulphe,  seigneur  de  Meillars  (8),  épousa  en  1402 
Catherine  de  Maulmont,  tille  de  Bertrand  (II)  de  Maulmont  (6), 
chevalier,  seigneur  de  Saint- Vilte,  et  en  partie  de  Gimel,  et  de 
Hélis  de  Bonneval,  sa  femme. 

À  la  date  du  27  octobre  1444,  par  contrat  de  Doudinot,  notaire, 
nobles  Hugues  et  Bardin  (Bardino)  Ramnulphe,  damoiseau,  père 
et  fils,  seigneurs  de  Meillars  et  de  Curzac,  consentent  un  bail  à 
rente  foncière  et  directe,  sur  le  mas  de  Martageix-le-Soutre,  le  lieu 
du  Rouveix,  le  lieu  de  Bonnemie,  et  le  mas  de  Yiers  (situés 
paroisse  Saint-Méard)  ; 

À  la  date  du  5  juin  1445,  Hugues  Ranoulphe  de  Meillars  et  Louis 


(1)  Arch.  du  château  de  Curzac,  B  45,  p.  7.  Dame  Hagnet  de  La  Por- 
cherie est  dite  avoir  pour  mère  demoiselle  Pétronille  Malougilhe. 

(2)  Même  source,  B  45,  p.  7.  Noble  Hélie  Galengaud  vivait  en  sep- 
tembre 1347;  en  juillet  1371,  il  fonde  en  Téglise  de  Saint-Méard  une 
vicairie  perpétuelle,  à  laquelle  il  attache  des  cens  et  rentes.  Le  contrat 
de  dotation  de  cette  vicairie  fut  passé  par  Maître  Pierre  Grenouillère, 
prêtre  et  notaire,  «  le  ^eudi  après  la  feste  de  la  Sainte-Magdeleine, 
1371  ».  Mêmes  arch.,  B  45,  p.  4  et  2. 

(3)  Le  nom  de  Bernard  est  la  façon  dont  le  traducteur  de  la  Monition 
a  traduit  le  nom  «  Bardino  Ramnulphi  »,  que  nous  voyons  dans  Tacte  en 
latin,  qui  suit,  nom  qui  très  exactement  se  rapporte  à  la  même  personne. 

(4)  Arch.  du  château  de  Curzac,  B  45,  p.  40. 

(5)  Fils  de  Bardin  Ramnulphe  de  Meillars  et  de  Hagnet  de  La  Por- 
cherie. 

(6)  La.  Chb3na.yb-Desbois,  Dictionnaire  de  la,  noblesse  :  Généalogie  de 
la  maison  de  Maulmont. 


312  sociéré  archéologique  Ist  utsTORiQUtt  du  liHoùsiN 

de  Pierrebofflëre,  seigneur  de  Ghàteauneuf,  font  échange  des 
?illages  de  la  Gorse  el  de  Yiers  ; 

A  la  date  du  13  janvier  14Si,  Hugues  Ranoulphe  de  Meillars 
échange  divers  héritages  situés  en  la  paroisse  de  Saint-Vitte  ; 

Hugues  Ramnoulphe  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  de  Meillars 
et  Gurzac,  testa  en  14S1  ;  dans  son  testament,  il  nomme  Alexandre, 
son  beau-frère,  pour  son  exécuteur  testamentaire  et  lui  demande 
de  vouloir  bien  le  faire  enterrer  à  Saint-Vitte  ; 

A  la  date  du  23  février  1481,  Bardin  Ramnulphe,  seigneur  de 
Meillars  et  Gurzac,  fils  de  Hugues  Ramnulphe,  obtient  des  lettres 
de  chancellerie  lui  confirmant  les  dîmes  de  la  paroisse  de  Saint- 
Méard  ;  à  la  date  du  19  juillet  1482,  noble  Bardin  Ramnulphe  de 
Meillars,  seigneur  de  Meillars  et  de  Gurzac,  damoiseau  de  la  pa- 
roisse de  Saint-Vitte,  haut  dimier  de  la  paroisse  de  Saint-Méard, 
consent  à  Maître  Jean  Gilet,  prêtre,  curé  ou  chapelain  de  Téglise 
paroissiale  de  Saint-Méard,  pour  lui  et  ses  successeurs,  à  titre  de 
supplément  aux  soixante  setiers  de  blé  qu'il  touche  déjà,  vingt- 
cinq  autres  setiers  de  blé,  ainsi  que  le  huitième  de  la  dtme  que 
le  dit  seigneur  a  droit  de  lever  et  percevoir  en  la  dite  paroisse  de 
Saint-Méard,  avec  le  doyen  du  chapitre  de  Saint-Germain,  le  prieur 
de  Saint-Léonard  et  le  seigneur  d'Eschizadour,  lequel  huitième 
ledit  Bardin  Ramnulphe  a  acquis  précédemment  de  noble  Pierre 
Rudelle. 

Les  seigneurs  de  Gurzac  qui  suivirent  sont  : 

Julien  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  de  Meillars  et  de  Gurzac, 
fils  du  précédent  ;  il  eût  pour  femme  Anthoinette  de  Lachassai- 
gne  (1)  ;  au  9  février  1516,  les  tenanciers  de  Martageix,  Le  Rouveix, 
Viers,  etc.,  le  reconnaissent  pour  leur  seigneur  foncier  et  direct. 
Il  testa  le  12  avril  1525,  par  Suduiraud,  notaire. 

Jean  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  et  justicier,  de  Meillars,  de 
Gurzac  elde  Flomont  {alias  Flaumonl)  (sis  près  de  Meyssac,  en  Bas- 
Limousin),  Gis  des  précédents,  eût  pour  femme  Marguerite  du 
Saillant  de  Flomont  (2),  qu'il  épousa  par  contrat  sans  filiation,  du 
9  juillet  1536.  Jean  de  Meillars  acquit,  par  contrat  du  30  décem- 
bre 1532,  la  dtme  des  fiefs  de  la  paroisse  de  Saint-Vitte;  puis,  par 
contrat  du  7  février  1541,  le  droit  pour  les  seigneuries  de  Meillars 
et  de  Gurzac,  à  la  haute,  moyenne  et  basse  justice;  enfin,  peu  de 

(1)  Lachassaigne  portait  :  D'azur  à  deux  étoiles  d'or  en  chef,  el  un 
croissant  d'argent  en  pointe  (Nadaud,  Nobil.  du  Limousin), 

(2)  Du  Saillant  portait  :  De  sable  à  une  aigle  éployée  d'or,  écartelé 
d'argent,  au  lambel  de  trois  pendants  de  gueules,  en  fasce  (Nadaud, 
Nobil.  du  Limousin). 


SAINT-VITTE  313 

temps  après,  les  droits  de  fondalité,  direclité,  justice  haute, 
mojenne  et  basse,  les  cens,  rentes  et  généralement  tous  les  droits 
et  de?oirs  seigneuriaux  sur  le  village  de  La  Tronche,  puis  ceux  des 
droits  qu*ils  n'avaient  pas  encore  sur  ceux  des  villages  qui  furent 
de  sa  justice. 

En  1565,  Charles  de  Haulmonl,  seigneur  de  Saint- Vitte,  La  Croi- 
sille,  Beauvais,  fait  une  constitution  de  rente  à  Marguerite  du 
Saillant  et  à  Jean  de  Meillars,  son  mari.  Ce  dernier  testa  et  codi- 
cila  au  château  de  Curzac  les  22  avril  1551  et  3  juin  1556.  Quant  à 
Marguerite  du  Saillant,  elle  survécut  à  son  mari.  Elle  acquit  au 
village  de  Curzac,  le  8  décembre  1570,  au  nom  du  seigneur  de 
Curzac,  son  fils  ;  elle  testa  le  5  avril  1572. 

François  de  Meillars,  seigneur  justicier  de  Meillars,  de  Curzac, 
seigneur  de  Flomont,  Saint-Rabier  (canton  de  Terrasson,  en  Péri- 
gord),  Brie,  en  Limousin,  paroisse  de  Tarn,  près  Aixe,  Brie  en 
Poitou  (commune  de  Cbampagnac),  chevalier  de  Tordre  du  Saint- 
Esprit,  fils  des  précédents,  épousa,  par  contrat  du  4  juin  1564, 
Catherine  de  Brie  (1),  laquelle  était  fille  de  Jehan  de  Brie,  seigneur 
desdits  lieux  de  Brie  en  Poitou,  de  Brie  en  Limousin,  et  de  Noyéras 
près  Aixe.  François  de  Meillars  testa  au  château  de  Curzac  le 
22  juillet  1570;  il  fut  tué  en  1578.  Quant  à  Catherine  de  Brie,  elle 
testa  le  17  octobre  1580  en  faveur  de  Jean,  son  fils. 

Jean  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  de  Curzac,  de  Flomont,  de 
Brie  en  Limousin,  et  de  Brie  en  Poitou,  de  Saint-Rabier  en  Péri- 
gord,  Le  Mas  en  Marche,  Laurière,  I^nault,  Bonneuil  en  Berry,  fut 
rhëritier  universel  de  Catherine  de  Brie,  sa  mère  ;  il  épousa,  en 
Véglise  Sainte-Marie  de  Châteauneuf,  en  exécution  du- contrat  du 
5  juillet  1592,  passé  par  Montintin  et  Nicolas  Desgéraulds,  notaires, 
dame  Jeanne  de  Pierrebuffière  de  Châteauneuf  (2),  laquelle  était 
fille  de  haut  et  puissant  François  de  Pierrebuffière,  vicomte  de 
Combom,  baron  de  Châteauneuf  et  de  Peyrat,  et  de  dame  Jeanne 
de  Chabol,  son  épouse.  Jean  de  Meillars  testa  au  château  de  Meil- 
lars le  2  septembre  1621,  mais  il  ne  mourut  que  vers  le  mois 
d*aoât  1622. 

Philippe  de  Meillars,  chevalier,  seigneur  et  marquis  de  Meillars, 
baron  de  La  Croisille,  conseiller  d'Etat,  seigneur  de  Curzac  et  de 
Brie,  etc.,  maréchal  de  camp  dans  les  armées  du  roi,  chevalier 
de  Tordre  du  Saint-Esprit,  fils  des  précédents,  était  calviniste  mais 


(1)  De  Brie  portait  :  cf'or  à  trois  lions  rampants  de  gueules,  armés, 
lampassés  et  contournés  de  sinople,  2et  1  (Nadaud,  Nobil.  du  Limousin)* 

(2)  Pierrebuffière  portait  :  de  sable,  au  lion  d'or. 


314  SOCIÉTé  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

mourut  catholique.  II  épousa,  par  contrat  du  H  mai  1621,  Julie  de 
Salagnac  (1),  fille  de  feu  Isaac  de  Salagoac,  seigneur  de  Rocbefort 
(paroisse  de  Séreillac),  baron  des  Etangs,  vicomte  de  Rochemeaux, 
et  de  dame  Olympe  Green  de  Saint-Marsault.  Philippe  de  Meillars 
testa  le  22  décembre  1653  en  faveur  de  sa  femme  et  mourut  le 
lendemain  dans  son  château  de  Meillars.  Quant  à  Julie  de  Salagnac 
qui,  elle  aussi  é(ait  calviniste,  elle  se  fit  instruire,  à  Limoges,  par 
le  père  Leau,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  et  se  fit  catholique  (2). 
Elle  testa  à  Limoges  le  27  septembre  1691  (3). 

Pierre  de  Martin,  seigneur  de  Terrefort,  Tertifume,  etc.,  con- 
seiller en  la  cour  do  Parlement  de  Bordeaux,  et  Jean  de  Martin  de 
Laubardemoni,  conseiller  d*Etat,  son  frère,  tous  deux  héritiers  de 
feu  Jean  de  Marlin  leur  père,  succédèrent  à  Messieurs  de  Meillars 
dans  la  possession  de  Gurzac,  en  vertu  d'an  arrêt  contradictoire 
de  la  chambre  de  TEdit  de  Castres,  rendu  le  24  novembre  1640, 
qui  leur  adjugeait  cette  terre  en  paiement  d'une  somme  capitale 
de  31,333  livres  que  leur  devait  Monsieur  de  Meillars,  et  pour  la 
garantie  de  laquelle  dette,  Jean  de  Martin  leur  père,  dès  le 
2  octobre  1613,  avait  été  amené  à  faire  saisir  tous  les  biens  de 
Jean  de  Meillars,  seigneur  de  Meillars,  Curzac,  Brie,  etc.. 

Toutefois,  de  l'arrêt  rendu  à  son  exécution,  il  ;  avait  loin.  Lors- 
que MM.  de  Martin  voulurent  prendre  possession  ils  ne  purent 
faire  exécuter  le  décret  par  suite  des  traverses  ^utenues  de  voies 
de  faits  que  M.  de  Meillars  et  les  siens  mirent  en  usage,  de  sorte 
qu'ils  durent  obtenir  un  second  arrêt  (19  mai  1655),  qui  demeura 
de  même,  sans  effet,  puis  un  troisième  (14  août  1657)  qui  ordonnait 
Texéculioivde  celui  de  1640  et  commettait  le  premier  officier  royal 
des  lieux  pour  mettre  MM.  de  Martin  «  en  possession  réelle,  actuelle 
et  corporelle  de  la  terre  de  Curzac  »,  avec  défense  d'y  apporter 
aucun  empêchement  à  peine  de  4,000  livres  d'amende,  et  injonc- 
tion à  tous  magistrats,  consuls,  prévêts  et  autres  sujets  du  roy  de 
prêter  main  forte. 

Mais  la  résistance  de  M.  de  Meillars  (Henry-Annet,  marquis  de 


(1)  Salagnac  portait  :  bandé  d'or  et  de  sinople  de  six  pièces,  (Nadaud, 
Nobiliaire  du  Limousin). 

(2)  Nadaud,  Nobiliaire  du  Limousin. 

(3)  Les  fils  de  Philippe  de  Meillars  et  de  Julie  de  Salagnac  furent  : 
1°  Henry-Annet,  qui  vivait  au  19  mai  1660  mais  parait  être  mort  très 
peu  après;  2°  Jean-Marie,  marquis  de  Meillars,  vivait  au  30  octobre  1681; 
il  était  mort  au  4  octobre  1719  sans  s'être  marié;  3«  Jacques  de  Meillars, 

•  comte  de  Meillars,  dit  le  chevalier  de  Meillars  ;  il  testa  à  Limoges,  où  il 
était  malade,  le  1"  août  1086. 


SAINT-VITTE  315 

Meillar8)  et  de  ses  frères  (1)  80ulenus  par  une  troupe  de  soldats 
rendit  une  seconde  fois  les  arrêts  inutiles,  ce  qui  élant  venu  à  la 
connaissance  du  roy,  Sa  Majesté  par  une  lettre  de  cachet  expédiée 
par  M.  Letellier,  lors  secrétaire  d*£tat,  donna  ordre  au  gouverneur 
et  au  lieutenant  du  roy  de  la  province  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
des  arrêts. 

Le  marquis  de  Meillars  n'osant  s'opposer  à  un  ordre  si  précis, 
laissa  pénétrer  dans  le  château  le  grand  prévôt  du  Limousin, 
chargé  de  ces  ordres.  Messieurs  de  Martin  n'en  furent  pas  plus 
avancés  pour  cela,  car  Messieurs  de  Meillars  mirent  une  sorte  de 
siège  devant  le  château  ce  qui  obligea  Messieurs  de  Martin  à  y 
entretenir  pendant  dix  mois  une  garnison  de  vingt-cinq  hommes; 
on  en  venait  tous  les  jours  aux  mains,  c'était  une  guerre  ouverte 
qui  causait  des  frais  considérables  sans  aucun  profit,  parceque 
M.  de  Meillars  s'était  emparé  des  dix  métairies.  Enfin  le  roy  informé 
de  cette  rébellion  trouva  à  propos  d'envoyer  sur  les  lieux  M.  de 
Givry,  l'un  des  exempts  de  ses  gardes  du  corps.  Celui-ci  dressa 
procès-verbal  de  l'état  des  choses,  le  17  juillet  1661,  mit  Messieurs 
de  Martin  en  possession  de  la  terre  de  Gurzac  et  de  toutes  ses  dépen- 
dances, et  demeura  trois  mois  au  château,  à  leurs  frais,  pour  leur 
en  assurer  la  paisible  jouissance  en  même  temps  que  pacifier  le 
pays. 

M.  de  Meillars  voyant  que  les  voies  de  fait  lui  étaient  interdites, 
eût  recours  à  la  ruse.  Il  proposa  un  accommodement  que  Messieurs 
de  Martin  voulurent  bien  accepter,  préférant  perdre  une  partie  de 
leur  dû  pour  s*assurer  le  reste,  que  de  se  conserver  la  propriété 
d'une  terre  qui,  selon  toutes  les  apparences,  serait  pour  eux  et 
leur  postérité  une  perpétuelle  occasion  d'inquiétude. 

Dans  cette  vue  ils  passèrent  une  transaction  le  21  août  1662,  par 
laquelle  ils  réduisirent  leur  créance  qui  montait  pour  lors  à  plus 
50,000  livres,  à  la  somme  de  28,000  livres  que  M.  de  Meillars 
promit  de  leur  payer  dans  un  délai  de  quatre  années.  Ce  dernier 
consentait  que  «  faute  par  luy  de  satisfaire  aux  conventions  et 
payements  promis,  Messieurs  de  Martin  pourraient  en  conséquence 
du  décret  du  24  novembre  1640,  et  sans  forme  ni  figure  de  procès, 
se  remettre  dans  ladite  terre  de  Curzac,  lui  Meillars  promettant  de 
n'y  apporter  aucun  trouble  n'y  empêchement  ». 

Une  fois  remis  en  possession  de  Curzac,  le  marquis  de  Meillars 
(Jean-Marie  de  Meillars)  se  garda  bien  de  remplir  les  engagements 
qu'il   avait  pris.  Le   délai  expiré  Messieurs  de  Martin  eurent 

(1)  Lesquels  étaient  fils  de  feu  Philippe  de  Meillars,  marquis  de  Meil- 
lars, et  de  Julie  de  Salagnac. 


316  SOCléTÉ  ARCHéOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

néanmoins  la  patience  d*attendre  durant  trois  années  encore  les 
effets  de  ses  promesses,  après  quoi  voyant  qu'on  n*avait  pensé 
qu'à  les  amuser  de  belles  paroles,  abusant  ainsi  de  leur  bonne  foi, 
ils  se  remirent  en  possession  de  la  terre  —  (en  vertu  d'une  ordon- 
nance du  lieutenant  général  de  Limoges  datée  du  23  février  1668, 
laquelle  ordonnait  qu'ils  y  seraient  remis  en  exécution  du  décret 
de  1640  et  conformément  aux  clauses  de  la  transaction)  —  après 
néanmoins  avoir  averti  M.  de  Meillars  de  leur  intention,  par  un 
acte  du  9  janvier  précédent. 

Julie  de  Salagnac,  marquise  douairière  de  Meillars,  mère  du 
marquis,  voulut  s'y  opposer  et  à  cette  fin  présenta  un  requête  à 
M.  Daguesseau,  lors  intendant  à  Limoges,  alléguant  que  son  fils 
lui  avait  abandonné  Curzac  pour  le  remplacement  de  ses  droits, 
mais  sur  le  seul  exposé  de  sa  requête  M.  Daguesseau  rendit  une 
ordonnance,  le  28  juin,  1668,  portant  que  le  décret  de  l'édit  de 
Castres  serait  exécuté. 

M""*  de  Meillars  n'insista  plus,  en  sorte  que  Messieurs  de  Martin 
demeurèrent  possesseurs  paisibles,  et  firent  tous  actes  de  proprié- 
taires comme  ils  faisaient  avant  la  transaction.  Cette  tranquillité 
dura  jusqu'en  1674,  époque  à  laquelle  le  marquis  de  Meillars  et  le 
chevalier  son  frère,  sous  prétexte  qu'ils  étaient  commandés  pour 
Tarrière-ban,  surprirent  chacun  une  ordonnance  du  sénéchal  de 
Limoges  qui  leur  accordait  une  provision  de  3,000  livres  pour  eux 
deux,  sur  les  fruits  de  leurs  biens  saisis. 

Munis  de  ces  deux  ordonnances  Messieurs  de  Meillars  se  mirent 
en  devoir  de  les  exécuter  sur  la  terre  de  Curzac  et  comme  début, 
ils  furent  à  main  armée  chasser  les  fermiei*s  de  Messieurs  de  Mar- 
tin qui  habitaient  le  petit  château,  y  prirent  et  enlevèrent  tout  ce 
qu'ils  purent  trouver  à  emporter.  Dès  qu'ils  eurent  connaissance 
de  ces  faits.  Messieurs  de  Martin  portèrent  plainte,  et  en  même 
temps  appelèrent  des  deux  ordonnances  au  parlementde  Bordeaux. 
Celui-ci  par  un  premier  arrêt  daté  du  19  octobre  1674  ordonna  que 
Messieurs  de  Martin  seraient  ainsi  que  leurs  fermiers,  rétablis  et 
réintégrés  dans  la  terre  et  château,  ce  qui  fut  exécuté  le  6  novembre 
suivant,  puis,  par  un  autre  arrêt  rendu  le  6  septembre  1675  — 
(après  que  l'affaire  lui  eût  été  renvoyée  par  le  Conseil  privé  devant 
qui  M.  de  Meillars  l'avait  à  tort  portée)  —  il  ordonna  la  restitution 
des  effets  dont  Messieurs  de  Meillars  s'étaient  emparés  lors  de  leur 
invasion,  ainsi  que  des  fruits  qu'il  avaient  perçus. 

Cet  arrêt  fut  signifié  à  M.  de  Meillars;  il  y  forma  opposition, 
mais  après  la  huitaine,  et  comme  il  prévoyait  qu'il  en  serait 
débouté,  il  se  servit  de  ce  prétexte  pour  former  une  instance  au 
conseil  en  évotion.  Elle  fut  jugée  le  22  août  1679,  et  les  parties 


SAINT- VITTE  317 

furent  renvoyées  devant  le  Parlement  de  Paris.  Mais  H.  de  Meillars 
jugeant  lui  même  son  opposition  insoutenable,  n'osa  en  poursuivre  ' 
le  jugement.  Ainsi  Messieurs  de  Martin  demeurèrent  propriétaires 
de  la  terre  de  Gurzac  en  vertu  du  décret  de  1640. 

En  1680,  les  créanciers  de  M.  de  Meillars  poursuivaient,  devant 
le  sénéchal  de  Limoges  le  décret  de  ses  biens.  Le  chevalier  de 
Meillars  son  frère,  voulut  faire  comprendre  la  terre  de  Gurzac  dans 
les  baux  judiciaires,  mais  il  n'y  réussit  pas,  et  par  une  sentence 
contradictoire  du  mois  d'octobre  1681,  le  sénéchal  confirma 
Messieurs  de  Martin  en  la  possession  et  jouissance  de  leur  terre. 

Nonobstant  celte  sentence,  le  chevalier  de  Meillars,  dans  la  nuit 
du  30  octobre  1681,  se  rendit  au  château  de  Gurzac  avec  une  troupe 
de  gens  armés  qui  enfoncèrent  les  portes,  bâillonnèrent  les  servi- 
teurs, enlevèrent  argent,  meubles,  bestiaux,  grains  et  généralement 
tout  ce  qu'ils  purent  trouver  à  emporter,  tant  dans  les  châteaux 
que  dans  les  domaines  à  la  main  du  maître  (1). 

Lorsque  la  nouvelle  leur  en  vînt  MM.  de  Martin  déposèrent  une 
plainte  contre  le  chevalier  de  Meillars,  puis  replacèrent  à  Gurzac 
une  garnison  de  huit  hommes  qui  y  demeura  trois  mois.  Quant  au 
chevalier  de  Meillars,  il  fut  recherché,  puis  enfin  arrêté  et  incar- 
céré à  la  prison  de  Limoges  le  7  février  1682,  mais  il  en  fut  enlevé 
deux  jours  après,  par  une  troupe  de  ses  amis,  Tépée  au  poing  (2). 

(1)  Le  receveur  de  la  terre  logeait  avec  sa  famille  au  petit  château. 
Le  procès-criminel  qui  fut  intenté  au  chevalier  de  Meillars  à  la  suite  de 
son  agression  nocturne  à  main  armée,  nous  apprend  que  ce  receveur  était 
couché  et  dormait  lorsque  le  chevalier  de  Meillars  se  présenta  en  compa- 
gnie de  parents,  d^amis  et  de  gens  armés,  au  nombre  de  quarante  environ. 
Parmis  les  personnes  qui  Ty  acompagnaient,  nous  relevons  les  noms 
suivants  :  de  Maulmont;  deVeyssière  frères;  Melchior  de  Maulmont, 
seigneur  de  Saint- Vitte,  dit  Monsieur  de  Saint-Vitte;  le  marquis  de  la 
Tour;  Joseph  de  Maulmont,  dit  le  sieur  de  Saint- Vitte,  fils  aîné  de 
Monsieur  de  Saint- Vitte;  Louis  de  Maulmont,  dit  le  sieur  de  Lavaud, 
frère  de  Joseph  ;  le  chevalier  de  la  Tour  ;  les  sieurs  de  Bort  (sic)  frères, 
lesquels  étaient  les  neveux  du  seigneur  de  Saint- Vitte  ;  Leboucher,  de 
Bréjat;  Lapeyre,  de  La  Croisille;  Labranchille,  des  Ages;  Amboyras, 
hôtelier  et  apothicaire  à  La  Croisille  ;  Tapprenti  de  Tapothicaire  Am- 
boyras; Céladon,  valet  de  chambre  du  marquis  de  la  Tour  (arch.  du 
château  de  Curzac,  O,  6). 

(2)  Arch.  du  château  de  Curzac,  O  6.  Ceux  des  parents  ou  des  amis 
du  chevalier  de  Meillars  qui  Tenlevèrent  de  prison  Tépée  au  poing, 

furent  :  N du  Mas,  chevalier  de  Peyzat,  et  N du  Mas,  sieur  de 

Lasserre  son  frère;  le  sieur  de  la  Tour  et  le  sieur  de  Combas  son  frère, 
tous  deux  fils  du  feu  sieur  Prévôt,  général  de  Limoges  ;  le  chevalier  dç 
Narbonneys  Taîné,  et  le  chevalier  son  frère. 


31S  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Avant,  pendant  et  après  ces  événements,  ta  chicane  toujours  si 
*  féconde  en  expédients,  usa  de  tous  les  procédés,  fut  devant  toutes 
les  juridictions  pour  faire  annuler  1  arrêt  du  24  novembre  4640,  ou 
tout  au  moins  en  retarder  le  plus  longtemps  possible  Teiécution, 
mais  MM.  de  Meillars  après  soixante-et-onze  ans  de  lutte,  durent 
s'incliner  enfin,  et  Curzac  resta  définitivement  à  MM.  de  Martin 
(1684). 

Durant  le  procès  les  deux  Martin  étaient  morts  :  Laubardemont 
vers  1655,  et  son  frère  en  1663  (1).  M.  de  Laubardemont,  sans  hé- 
ritier direct  mftle,  laissa  tous  ses  biens  à  Pierre  de  Martin,  écuyer, 
capitaine  au  régiment  de  Picardie,  Tun  des  fils  de  son  frère;  quand 
au  seigneur  de  Terrefort,  ce  fut  son  fils  atné,  François-Pierre  de 
Martin,  conseiller  en  la  GrandXhambre  du  Parlement  de  Guyenne, 
qui  hérita  de  sa  moitié  des  dites  terre  et  seigneurie  de  Curzac.  Ces 
dispositions  firent  que  Curzac  resta  dans  l'indivision,  et  celle-ci  se 
prolongea  jusqu'au  12  juin  1730. 

Pierre  de  Martin,  capitaine  au  régiment  de  Picardie,  seigneur  et 
baron  de  Laubardemont  (sénéchaussée  de  Castelmoron),  Saint- 
Denis-de-Piles,  Saint-Georges-de-Guitres  (près  Libourne),  maire  et 
gouverneur  de  Libourne,  co-seigneur  justicier  de  Curzac  du  fait 
des  dispositions  testamentaires  de  son  oncle  Laubardemont,  fil  do- 
nation de  ses  droits  sur  la  moitié  de  la  terre  et  seigneurie  de 
Curzac,  par  contrat  du  5  mai  1690,  à  Jean-François  de  Martin, 
chevalier,  seigneur  de  La  Bastide,  La  Bregère,  Uzural,  etc.,  pré- 
sident des  trésoriers  de  France  au  bureau  de  la  généralité  de  Li- 
moges, moyennant  une  rente  viagère  de  800  livres.  Quant  à 
François-Pierre  de  Martin  de  Terrefort,  son  frère,  co -seigneur 
pour  Vautre  moitié  de  Curzac,  il  décéda,  sans  enfant,  à  Paris  le 
11  mai  1699. 

La  succession  de  Pierre  de  Martin  de  Terrefort,  conseiller  en  la 
Cour  du  Parlement  de  Bordeaux,  avait  été  la  cause  d'un  procès 
entre  François-Pierre,  son  fils  aîné,  et  l'un  des  cadets  dudit  Fran- 
çois-Pierre, et  l'issue  du  procès  ne  fut  connu  qu'après  la  mort  du 
premier.  Le  jugement  rendu  ayant  été  défavorable  à  François- 
Pierre,  Denis-Hyacinthe  de  Martin  de  Marcellus  son  frère  et  aussi 
son  héritier,  fut  condamné  par  décision  arbitrale  du  14octobre  1702 
à  restituer  la  moitié  de  Curzac  à  Jean-François-Ârthur  de  Martin 
du  Tyrac  et  Louis  Martin  de  Bellassisse,  tous  deux  frères,  ses 
cousins. 

Mais,  M.  de  Bellassisse  n'ayant  pas  d'enfant  màle,  à  sa  mort,  la 


(1)  Son  testament  est  tout  au  tnoins  daté  du  18  juillet  1662. 


SAINT-VITTE  319 

substitation  qu'avait  autrefois  ordonnée  Pierre  de  Martin  de  Ter- 
refort  (testament  du  18  juillet  1663)  pour  le  cas  ou  Tun  quelconque 
de  ses  héritiers  viendrait  à  décéder  sans  enfant  mftie,  recul  encore 
une  application  et  cette  nouvelle  substitution  eât  pour  résultat  de 
faire  passer  sur  une  seule  tête,  celle  de  Jean-François-Arthur  de 
Martin  du  Tyrac,  la  partie  de  Curzac  qui  était  échue  à  M.  de  Bel- 
lassisse.  M.  du  Tyrac,  par  contrat  du  30  septembre  1695,  avait 
épousé  M"»  Marie-Anne  Poitevin  ;  il  mourut  entre  le  20  juin  1716 
et  le  14  juillet  1717  laissant  plusieurs  enfants,  dont  Bernard,  Tainé, 
qui,  devenu  co-seigneur  de  Curzac,  vendit  le  12  juin  1730,  alors 
qu'il  était  devenu  majeur,  sa  part  (moitié)  dans  la  dite  seigneurie, 
à  Antoine- Joseph  de  Martin,  chevalier,  seigneur  de  la  Bastide,  la 
Bregère,  Uzurat,  Tranchillon,  etc.,  président  honoraire  des  tré- 
soriers de  France  au  bureau  de  Limoges,  déjà  propriétaire  de 
l'autre  moitié,  comme  lui  étant  échue  dans  la  succession  du  feu 
seigneur  de  la  Bastide,  son  père. 

Martial-Léonard  de  Martin-Labastide,  chevalier,  seigneur  de 
Verthamon,  aine  des  enfants  d'Antoine-Joseph,  hérita  de  la  sei- 
gneurie de  Justice  de  Curzac,  mais  comme  il  n'eut  pas  d'enfant 
mâle,  après  sa  mort  survenue  le  10  novembre  1791,  Curzac  revint 
à  Jean-Baptiste  Martin  de  la  Bastide,  son  neveu. 

A  la  mort  de  Jean-Baptiste  Martin  de  la  Bastide,  baron  de  la 
Bastide  (181S),  la  terre  de  Curzac  fut  à  son  iils  unique,  Pierre-Hip- 
polyte,  dont  les  héritiers  sont  aujourd'hui  les  propriétaires. 

Jusqu'en  1880  la  terre  du  Curzac  comprenait  dix  domaines  et 
deux  moulins;  depuis,  elle  comprend  un  onzième  domaine  obtenu 
par  le  dédoublement  du  domaine  de  Toulon.  Des  deux  moulins, 
l'un  est  situé  sur  la  Briance,  l'autre  sur  le  ruisseau  d'Auzier. 

L'ancienne  seigneurie  de  La  Croisille,  était  chargée  envers  celle 
de  Curzac  des  droits  d'usage,  de  chauffage  et  des  bois  à  bâtir;  il 
est  vraisemblable  que  ces  droits  avaient  été  concédés  par  les  sei- 
gneurs de  La  Croisille  à  ceux  de  Curzac,  en  dédommagement  de 
prétentions  ou  de  droits  qu'ils  pouvaient  avoir  en  la  dite  terre.  En 
1719,  lors  de  la  vente  de  la  terre  de  La  Croisille  saisie  sur  les 
Meillars(l),  les  créanciers  de  ces  derniers,  rachetèrent  aux  co-sei- 
gneurs  de  Curzac,  les  droits  d'usage,  de  chauffage  et  de  bois  à 
bâtir,  qu'ils  avaient  dans  la  forêt  de  La  Croisille. 

(1)  Philippe  de  Meillars,  marquis  de  Meillars,  baron  de  la  Croisille, 
seigneur  de  Curzac,  était  devenu  propriétaire  de  la  terre  et  seigneurie 
de  La  Croisille,  par  Tadjudication  qui  lui  en  fut  faite,  le  2  avril  1643, 
dans  le  partage  de  la  fortune  de  la  marquise  de  Pierrebuffière-CbÀteau- 
neuf,  sa  parente. 


320  SOCIÉTÉ  ARCHéOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

Les  seigneurs  de  Curzac  avaient  des  droits  aux  dtmes  inféodées 
qui  se  percevaient  dans  les  paroisses  de  Saint-Vitle  et  de  Saint- 
Méard. 

Dans  les  grandes  dîmes  qui  se  perçurent  en  1658  dans  la  pa- 
roisse de  Saint-Vitte;  au  prorata  de  leurs  droits  il  leur  fut  octroyé 
trois  seliers  un  quart  de  froment;  vingt  setlers  seigle;  cinq 
setiers  d'avoine;  on  voit  par  là  que  leurs  droits  étaient  peu  im- 
portants, en  la  paroisse  de  Saint-Vitte. 

Dans  la  paroisse  de  Saint-Méard,  les  seigneurs  de  Curzac  avaient 
des  droits  beaucoup  plus  considérables.  G*était  d'abord  le  droit  à 
la  moitié  des  grandes  dimes  qui  s'y  percevaient,  puis  au  quart  de 
Tautre  moitié  (1);  en6n,  seuls  ils  avaient  droit  aux  dimes  qui  se 
percevaient  au  village  de  Toulon,  dans  le  canton  dénommé  :  la 
franchise  de  Curzac. 

La  Baubene,  hameau  situé  à  460  mètres  ou  environ,  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer. 

En  4747  on  comptait  à  la  Bauberie  six  maisons  ;  au  recensement 
de  1901  on  n'en  comptait  plus  que  cinq,  et  29  habitants. 

Avant  la  Révolution,  la  Bauberie  relevait  de  la  justice  du  cha- 
pitre de  Saint-Germain. 

La  Boirie,  ancien  village  qui  n'existe  plus  aujourd'hui. 

A  la  date  «  du  dimanche  que  l'on  chante  Jérusalem  1360  » 
(4*  dimanche  de  Carême  1360),  par  contrat  de  Suduiraud,  notaire, 
Pierre  de  Journial,  écuyer,  seigneur  de  Saint- Vict,  reconnaît  devoir 
une  renie  annuelle  de  huit  setiers  de  blé-seigle,  mesuré  avec  une 
rasoire,  à  la  mesure  censuelle  de  Saint-Vicl,  à  noble  Hélie  Galen- 
gaud,  chevalier,  seigneur  de  Marlageix,  à  raison  et  cause  des  vil- 
lages appelés  de  la  Peyrousse  et  de  la  Boirie,  situés  en  la  susdite 
paroisse  de  Saint- Vict  (2). 

Le  cadastre  de  1747  ne  fait  pas  mention  de  La  Boirie. 

Lavalade,  fief  et  hameau. 

Le  fief  de  Lavalade  appartenait  à  noble  Hugues  d'Eschizadour, 
sieur  de  Lavalade.  Celui-ci  étant  mort  sans  enfant,  laissa  son  fief 
de  Lavalade,  à  sa  femme  Suzanne  de  Maulmont,  fille  de  Charles  de 
Maulmont,  seigneur  de  Pontfeuille,  et  de  Catherine  de  La  Tour. 
Suzanne  de  Maulmont  ayant  convolé  en  secondes  noces,  le  2  mai  1613, 
porta  Lavalade  à  Gabriel  Jousselin,  seigneur  de  l'Horte,  fils  de 
Jean  Jousselin  et  de  Marguerite  d'Eschizadour,  son  mari. 

(i)  Ils  n'avaient  plus  toutefois  la  jouissance  de  ce  i/8*,  en  ayant  fait 
donation  perpétuelle,  comme  nous  Tavons  vu  dans  le  cours  de  cette 
étude,  par  contrat  du  19  juillet  1482,  au  curé  de  Saint-Méard, 

(2)  Arch.  du  château  de  Curzac,  B  45,  page  5. 


ÔAlNT-VlTTÉ  321 

Les  descendants  de  Gabriel  Jousselin  et  de  Suzanne  de  Maul- 
mont  possédaient  encore  ce  Hef  en  1747.  A  cette  époque,  le  hameau 
de  Lavalade  comprenait  cinq  maisons. 

Au  recensement  de  1901,  Lavalade  ne  comptait  plus  que  quatre 
maisons  et  24  habitants. 

Lavaudf  ancien  fief. 

Ce  fief  appartint  à  :  Melchior  de  Hauimont,  baron  de  Saint-Ville, 
qui  en  rendil  hommage  au  roi  le  3  avril  1684;  ensuite  à  Joseph  de 
Maulmont,  aussi  baron  de  Sainl-Vitte,  fils  du  précédent,  qui  en 
rendit  hommage  au  roi  le  13  juillet  1719. 

Au  recensement  de  1901  Tunique  maison  de  Lavaud  comprenait 
8  habitants. 

Lavergne,  ancien  fief  et  hameau. 

Au  moment  de  la  Révolution,  Lavergne  se  trouvait  de  la  fonda- 
lité  d'un  M.  de  la  Planche,  habitant  de  la  ville  d'Eymoutiers. 

En  1747  le  village  de  Lavergne  comprenait  6  maisons;  au  recen- 
sement de  1901  on  n*en  comptait  plus  que  trois,  pour  17  habitants. 

La  Peyromse,  hameau. 

En  1747  le  village  de  La  Peyrousse  comprenait  S  maisons;  au 
recensement  de  1901  on  en  comptait  le  même  nombre,  et  35  ha- 
bitants. 

La  Tronche^  hameau  situé  à  450  mètres  ou  environ  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer. 

Au  moment  de  la  Révolution,  le  village  de  la  Tronche  relevait 
de  la  justice  de  Curzac.  En  1747,  il  comprenait  sept  maisons;  lors 
du  recensement  de  1901,  on  en  comptait  huit,  et  36  habitants. 

IjC  bourg  de  Saint  Vitte  se  trouve  situé  sur  la  rive  droite  de  la 
Briance,  à  440  mètres,  ou  environ,  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
à  cinq  kilomètres  de  Saint-Germain-les-Belles. 

Le  bourg  de  Saint-Vitte  est  traversé  par  le  chemin  de  grande 
communication  n""  31  dénommé  de  Chamberet  à  la  gare  de  Nexon. 
Il  est  desservi  malin  et  soir  par  le  courrier  de  La  Croisille. 

En  1747  le  bourg  de  Saint-Vitte  comprenait  17  maisons;  lors  du 
recensement  de  1901  on  n'en  comptait  plus  que  14;  le  nombre  des 
habitants  y  était  de  74. 

Le  Chassaing,  ancien  fief. 

Le  fief  du  Chassain  appartint  : 

A  noble  Jean  Couslin,  damoiseau,  seigneur  du  Ghassaing,  qui 
transige  le  pénultième  jour  de  mars  1424,  avec  Adémar  Rudier, 
marchand;  ce  Jean  Goustin  acquiert  le  10  avril  1434,  de  noble 
Jean  de  la  Gorse  {aliàs  de  la  Saigne-de-Ghâteauneuf)  damoiseau  ; 
il  est  témoin,  le  17  décembre  1438  dans  un  acte  signé  :  G.  Doudi- 


32â  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    IIIâTORlQUE  DU    LIMOUSIN 

noii,  presbyter.  Ce  Jean  de  Coustin  avait  un  frère,  Etienne  Coaslin 
qui  était  prévôt  d^Arnac  en  1448  ; 

À  Gilles  Coustin,  seigneur  da  Cbassaing  :  Charles  de  Maulmont, 
seigneur  d'Âragen  et  de  Saint-Vilte  en  partie,  lui  consent  une  obli- 
gation ; 

A  Agnel  Coustin,  seigneur  du  Cbassaing,  que  Charles  de  Maul- 
monl,  seigneur  d'Âragen  et  de  Sainl-Yllle  en  partie,  nomme  dans 
son  testament  du  11  octobre  1331  pour  son  exécuteur  testamentaire. 
Il  eut  pour  femme  Marguerite  des  Monstiers.  Les  deux  époux  firent 
le  8  octobre  1549  un  testament  mutuel  dans  lequel  ils  expriment 
b  volonté  d'être  inhumés  en  la  chapelle  des  Coustin, 

A  noble  Germain  Coustin,  écuyer,  seigneur  du  Cbassaing,  fils 
des  précédents.  Par  contrat  en  date  du  18  décembre  1570  de  Des- 
gérauldx,  notaire  à  La  Porcherie,  «  noble  Germain  Coustin,  écuyer, 
seigneur  du  Cbassaing,  habitant  ledit  château,  vend  à  noble  Mar- 
guerite du  Saillant,  dame  de  Meillars  et  de  Cursac,  etc..  (1)  ». 

A  noble  Annet  Coustin,  écuyer,  seigneur  du  Cbassaing,  qui  épousa 
par  contrat  du  2  mars  1598  Isabeau  de  Montaignac. 

A  noble  Gabriel  Coustin,  écuyer,  seigneur  du  Cbassaing,  qui 
épousa  Gabrieile  de  Montéruc,  dame  de  Puymartin. 

Le  Cbassaing  fut  porté  dans  la  maison  de  Maulmont  par  la  dona- 
tion qu*en  fil  Jeanne  de  Coustin,  femme  de  Jean  de  Maulmont, 
seigneur  de  Pontfeuille,  par  son  testament  du  24  juin  1624,  à  son 
neveu  Jean  de  Maulmont,  fils  d'autre  Jean  de  Maulmont,  sieur  de 
La  forêt,  et  de  Isabeau  de  Royère. 

Melchior  de  Maulmont,  baron  de  Sainl-Vilte,  rend  hommage  au 
roi,  le  3  avril  1684,  pour  Le  Cbassaing. 

Joseph  de  Maulmont,  baron  de  Saint-Vitte,  fils  du  précédent, 
rend  hommage  au  roi,  le  13  juillet  1719,  pour  Le  Cbassaing. 

Marie  de  Maulmont,  baronne  de  Sainl-Vitle,  dame  du  Cbassaing, 
du  Mas  et  de  MaratTy,  fille  et  unique  héritière  du  précédent,  et  de 
Charlotte  de  Maulmont,  porta  le  fief  du  Cbassaing  à  François-Aimé 
de  Joussineau,  marquis  de  Tourdonnet,  qu'elle  épousa  le  12  février 
1719.  Leurs  descendants  possédaient  encore  Le  Cbassaing  à  l'épo- 
que delà  Révolution. 

De  nos  jours,  on  ne  voit  plus  trace  du  château  du  Cbassaing, 
dont  il  est  parlé  dans  le  contrat  du  18  décembre  1570  (2).  Il  n'y 
existe  plus  qu'un  domaine  et  celui-ci  se  trouve  aujourd'hui  com- 
pris dans  les  limites  du  bourg  de  Saint-Vitte. 


(1)  Arch.  du  château  de  Gurzac,  G  8. 

(2)  Arch.  du  château  de  Gurzac,  G  8. 


SAINT-VITTE  323 

Le  Chdtenet,  (ief  et  hameau. 

Le  Châlenet,  aux  xv*  el  xvi*  siècle,  est  qualifié  repaire,  ou 
maison  uoble. 

En  1631,  Florent  de  Maulmont,  baron  de  Saint-Vltte,  seigneur 
de  Sénie,  est  qualifié  seigneur  du  Ghâtenet. 

Melchior  de  Maulmont,  son  fils,  aussi  baron  de  Sainl-Vitle  et 
seigneur  de  Sénie  et  du  Ghassalng,  lieutenant-colonel  du  régiment 
d'Âubusson-La  Feuillade,  rend  hommage  au  roi,  le  3  avril  1684, 
pour  le  fief  du  Ghfttenet. 

Joseph  de  Maulmont,  aussi  baron  de  Saint- Ville,  fils  du  précé- 
deni,  rend  hommage  au  roi,  pour  le  même  fief,  le  13  juillet  1719. 

Marie  de  Maulmont,  fille  unique  du  précédent,  porta  le  fief  du 
Châlenet  dans  la  maison  des  marquis  de  Tourdonnet,  par  son 
mariage  avec  François-Aimé  de  Joussineau,  marquis  de  Tourdon- 
net,  qui  eut  lieu  le  12  février  1719.  Leurs  descendants  possédaient 
encore  Le  Ghâtenet  à  Tépoque  de  la  Révolution. 

En  1747,  Le  Ghâtenet  comprenait  4  maisons,  dont  3  se  trouvaient 
appartenir  au  marquis  de  Tourdonnet,  du  chef  de  sa  femme,  et  la 
quatrième  à  M.  du  Bost,  écuyer,  descendant  de  Paule  de  Maulmont, 
fille  de  Florent  de  Maulmont,  baron  de  Saint- Vitte  et  de  Louise 
Plaisant. 

Lors  du  recensement  de  1901,  Le  Ghâtenet  comprenait  3  mai- 
sons et  38  habitants. 

Le  LU.  —  Au  recensement  de  1901,  Le  Lit  comprenait  1  maison 
et  7  habitants. 

Le  MaSf  fief  et  hameau. 

Le  Mas  est  situé  à  450  mèlres  ou  environ  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer,  sur  le  chemin  de  grande  communication  n*"  31 . 

Le  fief  du  Mas  appartint  à  Gharles  de  Maulmont,  seigneur  du 
Mas,  de  Maraffy  el  de  Saint-Vitte  en  partie,  lequel  était  le  troisième 
enfant  de  Florent  de  Maulmont,  baron  de  Saint-Vitte  et  de  Louise 
Plaisant.  Gharles  de  Maulmont  épousa,  le  28  juillet  1661,  Margue- 
rite de  Pindray  de  Maraffy,  laquelle  testa  le  13  juillet  1679. 

Ensuite  à  Gharlotte  de  Maulmont,  dame  du  Mas,  de  Maraffy,  fille 
du  précédent,  laquelle  épousa  Joseph  de  Maulmont,  baron  de  Saint- 
Vitte,  par  contrat  du  9  juillet  1697.  Enfin,  à  Marie  de  Maulmont 
leur  fille,  qui  porta  Le  Mas  dans  la  maison  du  marquis  de  Tour- 
donnet par  le  fait  de  son  mariage  avec  François-Aimé  de  Joussi- 
neau, marquis  de  Tourdonnet.  Ge  dernier  rendit  hommage  au  roi 
pour  son  fief  du  Mas  en  1719,  année  même  de  son  mariage. 

En  1747,  le  village  du  Mas  comprenait  19  maisons.  Lors  du 
recensement  de  1901,  on  en  comptait  37  et  143  habitants. 


324  sociéré  ARCHéoLOGiQùB  et  historique  du  LIMoûsl^} 

Avant  la  Révolution,  Le  Mas  relevait  de  la  justice  seigneuriale  de 
Saint-Vitte. 

Le  Mazeau.  —  Lors  du  recensement  de  1901,  on  ne  conaptait  au 
Mazeau  qu'une  seule  maison  et  3  habitants. 

Le  Moulin-Brûlé.  —  Lors  du  recensement  de  1901,  on  ne  comp- 
tait au  Moulin-Brûlé  qu'une  maison  et  5  habitants. 

Le  Peychaud.  -  Lors  du  recensement  de  1901,  on  ne  comptait 
au  Peychaud  que  3  maisons  et  21  habitants. 

Avant  la  Révolution,  Le  Peychaud  relevait  de  la  justice  de 
Gurzac. 

Les  Ages,  hameau. 

En  1747,  le  hameau  des  Ages  comprenait  7  maisons  ;  lors  du 
recensement  de  1901,  il  en  comptait  le  même  nombre  et  41  habi- 
tants. 

Avant  la  Révolution,  Les  Âges  relevait  de  la  justice  seigneu- 
riale du  château  de  Champvert,  sis  en  la  paroisse  de  La  Porcherie. 

I^es  Plats,  ou  les  Pias,  hameau. 

En  1747,  le  village  des  Plats  comprenait  11  maisons;  lors  du 
recensement  de  1901,  on  comptait  1$  maisons  et  63  habitants. 

Nouaillas,  et  aussi  Noaillas.  —  Hameau  situé  sur  le  chemin  de 
grande  communication  n°  16  dénommé  de  Saint-Yrieix  à  Bourga- 
neuf;  à  450  mètres  ou  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

En  1747,  le  village  de  Nouaillas  comprenait  13  maisons  ;  à  Tépo- 
que  du  recensement  de  1901,  on  n'en  comptait  plus  que  10  et 
49  habitants. 

Avant  la  Révolution,  ce  village  relevait  de  la  justice  du  chapitre 
de  Saint-Germain. 

Nora.  —  Lors  du  recensement  de  1901,  on  n'y  comptait  qu'une 
maison  et  S  habitants. 

Pontfeuille,  fief. 

Il  s'y  trouvait  autrefois  un  château  ;  le  cadastre  de  1747  en  fait 
encore  mention. 

Pontfeuille  est  située  à  475  mètres  ou  environ  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  sur  le  versant  sud-ouest,  d'une  hauteur  cotée 
498  mètres. 

Charles  de  Maulmont,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Vitte,  La 
Croisille,  Beauvais,  etc.,  et  Marguerite  de  Gomborn,  sa  femme,  par 
contrat  du  5  mai  1553,  de  Roux,  notaire  à  La  Groisille,  vendent  le 
lieu  de  Pontfeuille,  à  autre  Charles  de  Maulmont  (leur  cousin  ger- 
main), lequel  était  second  fils  de  Charles  de  Maulmont,  seigneur 
d'Aragen  et  de  Sainl-Ville  en  partie,  et  de  Jeanne  de  la  Croix. 
Celui-ci  avait  épousé  un  mois  auparavant  (contrat  du  13  avril  1553), 
Catherine  de  La  Tour,  fille  de  Fiacre  de  La  Tour,  seigneur  de  Neu- 


SAINT-VITTÉ  32!» 


villars;  il  prit  le  nom  de  Pontfeuille,  sous  lequel  sa  descendoiice 
est  connue. 

Pontreiiille  fui  ensuite  possédé  par  :  Jean  de  Maulmont,  seigneur 
de  La  Forêt  et  de  Ponlfeuille,  guidon  d*une  compagnie  de  cent 
liommes  d*armcs  des  ordonnances  du  roi  en  1S91,  Ois  des  précé- 
dents; il  eut  pour  femme  Isabeau  de  Koyère,  (ille  de  Jean  de 
Royère,  seigneur  de  Manin,  et  d*Ànloinelte  de  Larmondie. 

Jean  de  Maulmont,  seigneur  de  Pontfeuille,  de  Briansolle  et  du 
Ghalard,  fils  des  précédents,  acquit,  le  15  novembre  16:25,  le  droit 
de  chauffage  dans  la  forêt  de  La  Croisille,  de  Marguerite  de  Pierre- 
kufBère,  veuve  de  Charles,  marquis  de  Pierrebufflëre-Château- 
neuf;  il  eut  pour  femme  Suzanne  Hugon,  fille  de  Philippe  Hugon, 
seigneur  de  La  Gardelle. 

Charles.de  Maulmont  (III*  du  noiû),  seigneur  de  Pontfeuille,  de 
Bourdelas,  baron  du  Chalard,  fils  des  précédents,  épousa  par  con- 
trat du  16  octobre  i6i6,  Jeanne-Josôphe  de  la  Régondie,  fille  de 
Guy  de  la  Régondie,  seigneur  du  Chalard,  et  d*Anne  de  La 
Brousse  ;  par  contrat  du  10  avril  1666,  il  yend  la  seigneurie  de 
Pontfeuille  à  Charles  Chauvcau,  baron  de  Rochefort,  époux  de 
Judith  de  Maulmont,  sa  sœur* 

Judith  Ghauveau  de  Rochefort,  fille  de  Charles  Chauveau,  baron 
de  Rochefort,  et  de  Judith  de  Maulmont,  en  épousant  par  contrat 
de  1679,  Charles  de  Bony,  écuyer,  seigneur  de  Vauzelas. 

Marie  Bony  de  La  Vergne,  dame  de  Vauzelas  et  de  Pontfeuille, 
fille  unique  des  précédents,  épousa,  en  1701,  Léonard  des  Pousses, 
écuyer,  seigneur  de  Rougieras.  Etant  veuve,  et  sans  enfant  croyons- 
nous,  elle  vendit  par  contrat  du  4  mai  1740  de  Bardy,  notaire  à 
Limoges,  à  maître  Pierre  Avril  Tatné,  prêtre,  docteur  en  théologie; 
curé  de  la  paroisse  de  Puy-d'Arnac,  au  diocèse  de  Limoges,  le  châ- 
teau de  Pontfeuille,  ainsi  que  les  domaines  el  biens  roturiers  à  elle 
appartenants  «  dont  une  partie  sont  en  fondalité  du  fief  de  Pont- 
feuille, et  une  autre  partie  située  dans  les  tènemcnls  de  Pont- 
feuille, de  Puyguillaume  et  de  Théncsc  sont  en  toute  fondalité  de 
de  la  seigneurie  et  justice  de  Curzac  ». 

Pierre  Avril  Taîné,  en  mourant,  laissa  la  terre  et  seigneurie  de 
Pontfeuille  à  mailre  Pierre  Avril,  son  frère,  chanoine  de  Saint- 
Etienne  de  Limoges  et  curé  de  Saint-Martin. 

Lors  de  la  Révolution,  Pontfeuille  relevait  pour  la  majeure  par- 
tie de  la  justice  de  Saint-Vilte,  et  pour  Taulre  partie  de  la  justice 
de  Curzac. 

I^  lieu  de  Ponlfeuille  faisait  partie  de  la  terre  de  Saint-Vilte  lors- 
que celle-ci  fut  achetée  par  M.  Jean  Barbe,  après  la  mort  du  géné- 
ral (le  Souham. 

T.    LV  21 


326  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    Et    tligTORIQÛE  DÛ   LlMOtJSlS 

Non  loia  de  rhabilalionacluelle  de  Pontfeuilie,  M.  et  M"*"  Duver- 
ger  (celle-ci  née  fiarbe),  héritiers  pour  une  moitié,  de  M.  Jean 
Barbe,  leur  aïeul,  firent  construire  une  chapelle  domestique, 
laquelle  fut  bénite  solennellement,  le  27  avril  1889,  par  Monsei- 
gneur Renouard,  évoque  de  Limoges. 

Lors  du  recensement  de  1901,  on  comptait  à  Pontfeuilie  2  mai- 
sons et  18  habitants. 

Traîrade,  hameau. 

En  1747,  le  village  de  Tratrade  comprenait  7  maisons  ;  lors  du 
recensement  de  1901,  on  en  comptait  9  et  46  habitants. 

Avant  la  Révolution,  le  hameau  de  Tratrade  relevait  de  la  jus- 
tice seigneuriale  du  château  de  Ghampvert,  sis  en  la  paroisse  de 
La  Porcherie. 

Volpillac,  ancien  hameau  n'existant  plus  aujourd'hui. 

«  Lejeudy,  fêle  de  Saint  Luc,  évangéliste  (18  octobre)  1352,  il 
appert  que  Pierre  Fabié,  écuycr,  le  vieux,  sieur  de  Benigier,  et  autre 
Pierre  Fabié,  son  neveu,  de  Peychaul,  lesquels  de  leur  plein  gré, 
tout  dol  et  fraude  cessant,  ont  vendu  purement  et  simplement  à 
A^ble^élie  Galengaud,  chevalier,  et  à  ses  successeurs  qui  de  luy 
auront  droit  et  cause  pour  le  temps  advenir,  pour  en  faire  à  leur 
plaisir  et  volonté,  tant  en  la  vie  qu'en  la  mort,  savoir  est,  en  leur 
village  appelé  :  de  Volpillac,  ensemble  une  bourderie  appelée  de 
La  Gasne  (ou  de  La  Gagne)  joignant  au  dit  village  de  Volpillac,  le 
tout  situé  en  la  paroisse  de  Saint- Vict,  et  soit  en  iceulx  lieu  et 
village,  maisons,  granges,  écures  et  terres  cultes  et  incultes,  prés, 
peschers,  boys,  rentes,  propriétés  et  touts  autres  droits  et  debvoirs 
en  dépendant  sans  y  faire  aucune  réservation  par  le  dit  ven- 
deur, etc.  (1).  Signé  :  Pierre  Soucaudy,  notaire.  » 

Le  cadastre  de  1747  ne  fait  pas  mention  de  Volpillac  qui,  évidem- 
ment, n'existait  plus. 

René  de  Sazilly. 

Château  de  Curzac,  2i  novembre  4903. 


(1)  Archives  du  château  de  Curzac,  B  45,  page  5. 


GÉNÉALOGIE 


DE   U 


MAISON  DE   PAYE  ou  DE  LA  PAYE 


CHAPITRE  1" 

Ija  famille  de  Paye  ou  de  la  Paye  est  origiDaire  de  Peyrat-le- 
Château. 

Meiry  ou  Marien  de  Paye,  escuyer,  seigneur  de  Malars,  épousa 
Yzabeau  du  Breilhe,  Olle  de  défunts  Jehan  du  Breilhe,  seigneur  du 
Breilhe(l),  et  Marguerite  de  Guyonnie,  et  sœur  de  Jourdain  du 
Breilhe,  escuyer,  seigneur  du  Breilhe.  Par  leurs  articles  de  ntariage 
faits  au  château  de  Ghâteauneuf  le  10  octobre  1856  (2),  Yzabeau, 
pour  tous  SCS  droits,  fut  dotée  de  huit  cents  livres  tournois  par  son 
frère,  sur  lesquels  six  cents  livres  devaient  être  payés  par  messire 
François  de  Pierrebuflière  et  de  Gomborn,  chevalier,  vicomte  de 
Gomborn,  baron  de  Ghâteauneuf,  Peyrat  et  Treignac. 

On  suit  la  filiation  à  partir  du  suivant  : 

1.  —  Honorable  homme  Léonard  de  Paye,  notaire  et  consul  de  la 
ville  de  Peyrat,  figure  en  qualité  de  consul  dans  la  charte  diî 
16  juin  1495,  octroyée  par  Loys  de  PierrebuRière,  seigneur  de 
Ghâteauneuf  et  de  Peyrat,  aux  consuls,  manants  et  habitants  de  la 
ville  de  Peyrat  (3). 


(1)  Le  château  du  Breilh  fut  détruit  pendant  la  Révolution  en  vertu 
d'un  arrêté  du  Directoire  pris  contre  la  famille  de  Chouly  de  Permangle 
(Pierre  Cousseyroux,  Inventaire  des  registres  paroissiaux  de  Peyrat-le^ 
Château), 

(2)  Voyez  à  Tappendice,  n*  I. 

(3)  Archives  historiques  du  Limousin,  IV,  283. 


328  SOCléTÉ   ARCHEOLOGIQUE  Et  HtSTOIUQÙE    Dli    LIMOÙSI?! 

• 

Par  acle  du  8  mai  1497  (1)  passé  devant  M*  Jacques  Âlenal,  prô- 
tre,  notaire  jnr^,  garde  du  scel  authentique  dans  le  château  et  la 
baronnie  de  Peyrat,  il  fit,  moyennant  soixante-huit  livres  tournois, 
l'acquisition  du  mas  et  village  d*Ârlodeys,  paroisse  de  Royère,  et 
de  la  moitié  de  la  directe  et  fondâlité,  de  la  rente  féodale  et  de  la 
dime  dudit  mas  et  village  de  Jehan  de  Comborn,  seigneur  d'Enval, 
damoiseau. 

Léonard  de  Faye  était  procureur  de  la  baronnie  de  Peyrat  en 
1514  et  1516.  Il  plaidait  à  celte  époque  avec  noble  et  vénérable 
personne  M*  Jehan  de  Saint-Georges  et  Marguerite  de  Morthcmar, 
veuve  de  Gabriel  de  Saint-Georges,  frère  dudit  Jehan,  tuteurs  et 
administrateurs  des  enfants  mineurs  dudit  défunt  et  de  cette  der- 
nière, par  devant  André  de  Vivonne,  chevalier,  seigneur  de  la 
Gbaslaigneraie,  «  conseiller  et  chambellan  du  Roy  noslre  sire  et  son 
séneschal  en  Poylou  ».  Il  avait  épousé  Anne  de  Mescleieu,  de  la 
noble  maison  d*Eycliisadour,  qui,  étant  veuve,  céda,  le  22  novem- 
bre 1520,  devant  P.  dii  Leyris  et  M.  de  Ghasteauneuf,  notaires 
royaux  à  Peyrat,  ses  droits  sur  ses  meubles  et  acquêts  à  Anthoine 
de  Faye,  son  fils  (2).  Il  jaissa  pour  fils  unique  Anthoine  de  Faye, 
qui  suit. 

IL  —  Noble  homme  Anthoine  de  Faye,  escuyer,  seigneur  de 
Villechenyne  (Villa  canina),  de  la  Gour,  de  la  Grillière,  de  Fayfrey 
et  du  repaire  noble  de  Freussengau,  comme  fils  unique  et  prin- 
cipal héritier  des  biens  de  maistre  Léonard  de  Faye,  déclara,  par 
acte  du  3  juin  1523  du  Leyris  et  Lhuillier,  no'*'  roy.,  tenir  et 
avouer  tenir  à  hommage  lige  franc,  sans  nul  devoir,  de  haut  et 
puissant  seigneur  messire  Loys  de  Pierrebufllère,  chevalier,  sei- 
gneur de  Peyrat  et  de  Ghàteauneuf,  et  ce  à  cause  de  sa  baronnie 
de  Peyrat,  son  lieu  et  village  de  Fesfreis,  avec  toutes  ses  appar- 
tenances et  dépendances,  tels  que  bois,  terres,  prés,  landes  et 
pacages,  outre  une  rente  féodale  de  soixante-deux  sols  six  deniers 
due  par  les  tenanciers  dudit  lieu  à  chaque  fête  de  TÂssomption 
Notre-Dame,  vingt-deux  setiers  seigle,  un  setier  froment,  huit 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat,  six  géiines,  cent  œufs,  une  paire 
de  bœufs  de  vinade,  lesdits  tenanciers  taillables  quand  le  cas  y 
advient,  sujets  à  guet,  arbans  selon  la  coutume  du  pays,  duquel 
lieu  il  avait  toute  la  fondalité  et  directe  seigneurie  (3). 

(i)  Titre  latin  déposé  aux  Archives  de  la  Creuse.  Voy.  à  Tappen- 
dice,  n«  IX. 

(2)  Voy.  à  rappendice,  n*»  II. 

(3)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux  communiqués  par  M.  Lenoble. 
—  Le  setier  de  Peyrat  pesait  quatre-vingts  livres,  était  composé  de 
quatre  quartes  de  vingt  livres  chacune  et  valait  cinquante-cinq  litres. 


GÉNÉALOGIE  DE  .LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE         320 

Le  12  septembre  1S30,  comme  seigneur  propriélaire  de  trois 
quartes  portions  el  de  la  moitié  de  l'autre  quarte  du  village  de  la 
Gathe,  il  consentit  la  baillette  dudit  village  de  la  Gathe.  Le 
26  novembre  1S32,  il  consentit  la  baillette  du  village  de  la  Cour  (1). 

Ânthoine  de  Paye  était  mort  en  1852.  Il  laissait  une  fortune  de 
dix  mille  écus.  De  lui  étaient  nés,  probablement  de  Louise  de  Beau* 
mont,  sa  femme,  épousée  vers  la  lin  de  1520  : 

l*"  Gabriel,  qui  suit,  chef  de  la  branche  aînée  ; 

2*  Léonard,  sieur  de  Villéchenyne  et  de  Fayfrey,  chef  de  la 
branche  cadette. 

§  1".  —  Branche  aînée 

III.  —  Noble  homme  Gabriel  de  Paye,  escuyer,  seigneur  de  la 
Paye  (2),  de  la  Cour  et  de  la  Grillière,  consentit,  le  23  décembre 
1552,  la  baillette  du  lieu  de  la  Cour  (3).  Le  6  novembre  1553,  il 
fit  dresser  le  terrier  de  ses  diverses  seigneuries.  Ce  terrier  com- 
mence ainsi  :  «  Table  et  répertoire  des  cens,  rentes,  dixmes,  droictz 
et  debvoirs  deuz  et  appartenanz  a  noble  Gabriel  Defaie,  escu\er, 
seigneur  dud.  lieu  et  de  la  Court.  » 

»  Lan  de  grâce  mil  cinq  cens  cinquante  trois  et  le  sixiesme  jour 
du  mois  de  novembre,  au  lieu  et  bourcg  de  Saint-Martin  a  Chasteaulx 
près  la  ville  de  Peyrac,  de  la  baronnie  dud.  Peyrac  dioce^^e  de 
Limoges  ressort  de  Monlmorillon  et  autres  lieux  de  lad.  baronnie 
de  Peyrac.  Par  devant  nous  Pierre  de  Champeaulx,  notaire  royal, 
Ânthoine  duLeyris  et  Anthoine  Marcial,  notaires  en  ladicte  baron- 
nie de  Peyrac  et  tesmoingz  cy  après  nommes  sest  comparu  en  sa 
personne  noble  homme  Gabriel  de  Paye  escuyer  seigneur  de  la 
Paye  près  Peyrac,  de  la  Grillière,  parroisse  de  Sainct  Junyen  et  de 
la  Court  dudict  Chasteaulx,  Lequel,  etc.  »  (4). 

L'aveu  et  dénombrement  que  rendit  à  cette  épo(|ue  Gabriel  de 
Paye  à  haut  et  puissant  seigneur  messire  Prançois  de  Pierrebuf- 
iière,  chevalier,  vicomte  de  Comborn,  baron  de  Chàteauneuf,  Poy- 
rat,  Treignac,  seigneur  de  Saint-Yrieix  et  de  Soubrebosl,  nous 


(1)  Minutes  de  M*  Lucien  Berger,  notaire  à  Bourganeuf. 

(2)  Le  château  de  la  Faye,  situé  près  les  Condamines,  au-dessus  de 
de  Télang  de  Peyrat,  a  été,  ainsi  que  sa  chapelle,  démoli  sous  l'adminis- 
tration de  M.  Fantoulier,  maire  de  Peyrat.  (Pierre  Cousseyroux,  Inven- 
taire des  registres  paroissiaux  de  Peyrat-le-Château .) 

(3)  Minutes  de  M^  Lucien  Berger,  notaire  à  Bourganeuf. 

(4)  M*  Lucien  Berger,  notaire  à  Bourganeuf,  est  détenteur  de  la  minute 
de  ce  terrier. 


330  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

révèle  les  nombreux  Gefs  qu'il  possédait  :  l"*  dans  la  paroisse  de 
Peyrat,  le  lieu  de  la  Paye  sous  Sainlrant,  le  lieu  et  village  du 
Boslbey,  le  Rouzier,  Chastesy,  les  Graudauds,  Bost-Rigaud,  le  tëne- 
ment  du  Masplanchard  du  Petit-Grandmont,  le  Grand-Grandmonl^ 
le  lieu  de  la  Seuve  près  Peyrat;  ^  dans  la  paroisse  de  Beaulieu, 
1 3  lieu  de  la  Ghaize,  le  lieu  de  Lavaud  ;  3°  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Martin  Château,  le  lieu  noble  de  la  Gour,  la  Vergne,  le  lieu  et  vil- 
lage de  Favareillas,  le  lènement  de  Trassaigne  do  Favareillas,  le 
lieu  de  Brudieux,  le  lieu  noble  du  Masfaure,  le  lieu  du  Chassai- 
gnoux,  le  lieu  du  Massoubrot  (pour  moitié),  le  lieu  de  la  Gathe  et 
tènement  de  Freissengeas,  le  lieu  et  village  de  Lansade,  le  lieu  et 
village  de  la  Seauve,  le  lieu  du  Mas  de  Château,  le  lieu  de  Pont  et 
tènement  du  Mont  (pour  un  tiers),  le  lieu  noble  de  Neufvialle,  le 
tènement  de  Chanlegrieu  de  Prasinat,  le  lieu  de  TAge  et  tènement 
de  Ghaumeilh,  le  lieu  de  la  Clavelle  ;  4*"  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Junien-le-Château  (aujourd'hui  SaintJunien-la-Bregère),  le  lieu 
noble  et  repaire  de  Saint-Junien-le-Ghâteau,  la  maison  noble  de 
Saint-Junien,  le  tènement  de  Laudrinelte  de  Clédat,  le  lieu  de  Las 
Ghenauds-Soubtranas,  le  lieu  du  Ghaslenet-de-ljabassat,  le  lieu  et 
village  des  Nouhauds,  le  lieu  et  village  de  Lestrade  et  tènement  du 
Bois-Soleil,  le  lènement  de  Beyrttt  ou  Leyret  de  Lestrade,  le  tène- 
ment du  Maésoubrot  de  la  Ghassagne,  le  lieu  de  Leymerige  ou 
Semmerye-de-la-Ghassagne,  le  lieu  de  la  Faye-Basse,  le  lieu  noble 
de  la  Grillière;  5'' dans  la  paroisse  de  Sainl-Pardoux-Lavaud,  le 
lieu  et  village  du  Massadour,  le  lieu  de  la  Vaupeline,  le  tènement 
de  Guyonnel  de  SaintPardoux  ;  G""  dans  la  paroisse  de  Royère, 
Vaux,  Àrpeix,  le  village  d*Arlodeys  (pour  un  tiers),  et  le  village  de 
Ghassagnas  ;  le  tout  en  tout  droit  de  fondalilé  et  directe  seigneurie. 
Il  était  en  outre  propriétaire  :  l"*  dans  la  paroisse  de  Saint-Martin- 
Château,  du  village  de  la  Cour,  du  village  de  Favareillas,  de  la 
métairie  de  Trassaigne  de  Favareillas,  d'une  métairie  à  Brudieux, 
du  village  de  la  Vergne,  du  village  de  Masfaure,  du  village  de  la 
Gathe,  de  la  métairie  de  la  Ghassagne  ;  ^  dans  la  paroisse  de 
Saint-Junien,  du  bois  et  forél  du  Bois-Soleil,  d'une  métairie  à  la 
Faye-Basse(i). 

Par  acle  du  16  janvier  1557  Ghappellon  et  de  Truffy,  no'*»  roy., 
Gabriel  de  Faye  céda  la  rente  féodale  et  la  dime  sur  Ghassagnas  à 
Antoine  du  Leyris,  sieur  de  Vaux,  notaire  royal  et  lieutenant  de  la 
baronnie  de  Peyrat.  Par  autre  acte  du  2  avril  1559  Ghappellon  et 
Laborne,  notaires  de  la  baronnie  de  Peyrat  et  Laron,  il  vendit, 


(1)  Voy.  à  Tappendice,  n<»  III, 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  331 

moyennanl  deux  cents  livres  tournois  au  même  Antoine  du  Leyris 
la  rente  féodale  el  la  dlme  sur  le  lieu  et  village  d'Arlodeys. 

Le  15  février  1559,  Gabriel  de  Paye  rendit  hommage  el  dénom- 
brement au  baron  de  Peyrat  pour  les  terres  et  fiefs  qu'il  tenait 
dans  sa  mouvance. 

Gabriel  de  Paye  épousa  Marguerite  de  La  Voye.  Lors  du  traité  de 
ce  mariage,  Léonard  de  Paye,  son  frère  cadet,  promit  de  céder  ses 
droits  paternels  à  Marguerite  de  La  Voye,  sa  belle-sœur,  et  reçut 
en  échange  de  Taïeul  maternel  de  ladite  Marguerite  de  La  Voye 
et  de  Tabbé  de  Souillac,  son  oncle,  le  prieuré  de  Saint  Denis  de 
Peyrat,  valant  sept  à  huit  cents  livres  de  rente.  Il  jouit  de  ce 
prieuré  pendant  dix-huit  à  vingt  ans,  jusqu*au  jour  où  il  le  résigna 
et  contracta  mariage.  Gomme  il  n'avait  pas  fait  la  cession  promise, 
quoiqu'il  eut  reçu  en  partage  le  fief  noble  de  Villechenyne  et 
d'autres  biens,  tels  que  le  fief  de  Payfreix  et  les  deux  tiers  de  celui 
d'Arlodeys,  Grbriel  de  Paye  el  Marguerite  de  La  Voye  obtinrent  du 
roi  Charles  IX,  en  décembre  157i,  des  lettres  royaux  pour  l'obliger 
à  consentir  cette  cession.  Des  énoncialions  qui  précèdent,  il  résulte 
que  le  mariage  de  Gabriel  de  Paye  el  Marguerite  de  La  Voye  était 
antérieur  au  20  novembre  1553. 

En  1581,  Gabriel  de  Paye  était  mort,  et  Marguerite  de  La  Voye, 
sa  veuve,  habitait  avec  Prançois  et  Gilberle,  ses  enfants,  le  repaire 
de  la  Paye,  près,  paroisse  et  justice  de  Peyrat. 

Du  mariage  de  Gabriel  de  Paye  et  Marguerite  de  La  Voye  naqui- 
rent : 

i""  Prançois,  qui  suit; 

2"*  Jeanne  de  Paye  ou  de  la  Paye,  mariée,  par  contrat  du  3  novem- 
bre 1572,  à  Loys  Esmoiogt,  escuyer,  sieur  de  La  Vaullblanche,  fils 
de  Jehan  Esmoin,  escuyer,  sieur  de  La  Vault-Blanche,  et  de  Pran- 
çoise  de  Cézar;  veuve  en  1607  (1)  ; 

3^  Jehan,  dit  TAiné,  dont  nous  nous  occuperons  plus  loin  ; 

4''  Guillaume  de  Paye,  écuyer,  sieur  de  la  Vergne,  qui  était  mort 
sans  enfants  avant  le  sieur  de  la  Grillière,  son  frère  ci-après  ; 

5°  Jehan  de  Paye  ou  de  la  Paye,  écuyer,  sieur  de  la  Grillière, 
qui  vivait  encore  en  1625  et  était  mort  en  1631,  sans  laisser  de 
postérité  ; 

6''  Gilberte  de  Paye  ou  de  la  Paye,  mariée  :  l''  par  contrat  du 
4  février  1581,  à  Prançois  Barlon  de  Montbas,  écuyer,  sieur  de 
Payolles,  près,  paroisse  et  justice  de  Guéret,  fils  de  Bernard  Bar- 
ton,  vicomte  de  Montbas,  seigneur  de  Lubignac,  Naillat,  Pleurac, 

(1)  Voy.  ce  contrat  de  mariage  à  l'appendice,  u?  X.  —  Archives  delà 
Creuse,  E,  265. 


332  sociéré  archéologique  et  historique  du  umousin 

.FayoIIes,  etc.,  garde  el  chancelier  de  la  Marche,  et  de  Marie  de 

Seuly,  dont  elle  n'eut  pas  d'enfants;  2®  à  N...  Seiglière,  éciiyer, 
sieur  de  Johet;  par  son  contrat  de  mariage  avec  François  Barlon 
de  Montbas,  passé  au  château  de  la  Paye  devant  P.  Demaleret,  no'% 
el  L.  Laborne,  no'»  roy.,  Marguerite  de  La  Voye,  sa  mère,  el  Fran- 
çois de  Faye,  son  frère  aîné,  lui  constituèrent  en  dot  dix-sepl  cent 
trente-trois  écus  un  liers  pour  tous  droits  successifs  paternels, 
maternels,  fraternels  el  collatéraux,  auxquelles  successions  ladite 
Gilberte  renonçait;  sur  laquelle  dot  deux  cent  trente-trois  écus  un 
tiers  devaient  être  employés  en  habillements  de  la  damoiselle  Gil- 
berte. Malgré  cette  renonciation  aux  successions  collatérales,  les 
descendants  de  Gilberte  de  Faye  réclamèrent  lei^rs  droits  dans  la 
succession  de  François  de  Faye,  seigneur  de  la  Faye  et  de  la  Vil- 
latte,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin  ; 

7*»  Charlotte  de  la  Faye,  mariée  :  1"  par  contrat  du  4  janvier  1589 
L.  Sallon  cl  Beneyton,  no^**,  à  Pierre  de  Monceaux,  seigneur  de 
Vernines,  de  Brousse  et  d*Hauleroche,  (ils  de  Hugues  de  Mon- 
ceaux, seigneur  de  Brousse,  de  Vernines  etd'Haulcroche,  et  d'An- 
toinette de  la  Veissière,  dont  elle  n*cul  pas  d*cnfant,  el  qui,  par 
acte  du  M  janvier  1589,  lui  fil  donation  de  cinq  cents  écus  d'or  ; 
2«  par  contrat  du  8  février  1592,  à  Joseph  de  La  Roche,  écuycr, 
seigneur  du  Ronzel,  co>seigneur  de  Giat,  fils  de  Jean  de  La  Roche, 
ccuyer,  seigneur  du  Ronzel,  co-seigneur  de  Giat,  et  d'Antoinette 
de  Mural,  qui  testa  et  mourut  le  11  juillet  1605  el  fut  enterré  dans 
la  chapelle  de  Giat;  3""  le  15  février  1608,  à  Gaspard  de  Laage  du 
Brudieu,  écuyer,  seigneur  de  Feydel,  baron  en  partie  de  Giat,  (ils 
de  Léonet  de  Laage  du  Brudieu,  seigneur  de  Feydel,  baron  en 
partie  de  Giat,  et  de  Louise  de  La  Mothe  du  Maslaurent  ou  de 
Madeleine  Esmoin  de  Lavaublache  ;  4^  à  Gilbert  de  Chasius,  baron 
de  Cordés  el  d'Orcival,  seigneur  de  Mauriat;  le  14  janvier  1610, 
comme  tutrice  des  enfants  mineurs  issus  de  son  mariage  avec 
Joseph  de  La  Roche,  Charlotte  de  la  Faye  donna  nommée  et 
dénombrement  du  château,  terre  cl  seigneur  du  Ronzct  au  roi,  à 
cause  de  son  duché  d'A'ivergne;  en  1614,  elle  était  tutrice,  avec 
Gaspard  de  Laage,  des  quatre  enfants  issus  de  son  mariage  avec 
Josepli  de  La  Roche  ;  elle  eut  deux  filles  de  son  mariage  avec  Gas- 
pard de  Laage,  et  et  une  fille  de  son  quatrième  mari,  Gilbert  de 
Chasius,  dont  elle  était  séparée  de  biens  au  moment  où,  par  acte 
du  5  janvier  1631,  elle  traita,  moyennant  cinq  mille  livres,  pour  le 
reliquat  de  sa  dot  et  ses  droits  successifs,  avec  François  de  Faye, 
son  frère  aîné,  et  Joseph  Pichard,  époux  de  Marguerite  de  Faye, 
sa  nièce  (1)  ;  par  acte  du  29  mars  1629  Lesclauze,  no^'  à  Giat,  elle 

(i)  Voy.  à  Tappendice,  n®  IV, 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE         333 

contribua  à  rclablisscmcnl  du  Rosaire  en  Téglisc  de  Gial  par  une 
renie  de  dix-huit  sous  ;  elle  testa  le  24  mai  4638,  fondant  une 
rente  de  douze  livres  seize  sols  dans  Tëglise  de  Giat  pour  des  mes- 
ses, et  une  autre  rente  de  vingt  sols  à  Téglise  d'Orcival  pour  une 
messe  haute  à  perpétuité  ;  elle  dut  mourrir  en  4640,  car  celte 
année  il  fut  fait  inventaire  de  ses  biens  (i)  ;  le  partage  de  sa  suc- 
cession amena  entre  ses  enfants  et  petits-enfants  de  longs  procès, 
qui  se  terminèrent  par  une  transaction  du  30  octobre  1674. 

S^  Jehan  de  la  Paye,  sieur  de  Lestrade  et  de  Fayfrey,  dont  il  sera 
parlé  plus  loin. 

IV.  —  Noble  François  de  Paye  ou  de  la  Paye,  écuyer,  seigneur 
de  la  Paye  et  de  la  Vilialte,  seigneur  du  Monteil-au-Vicomle,  gentil- 
homme ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  prit  du  service  à  la  cour  du 
roi.  Le  20  septembre  1572,  François,  duc  d'Alençon,  fils  et  frère  de 
roi,  le  prit  comme  gentilhomme  ordinaire  de  sa  maison  (2). 

En  1583,  il  partagea  avec  ses  frères  la  succession  de  Gabriel 
(te  Paye,  son  père.  Il  eut  dans  son  lot  :  la  terre  et  seigneurie  de  la 
Paye,  celle  de  la  Grillière;  Ife  vHlage  de  la  Vergne,  en  fondalité  et 
propriété,  les  renies  dues  par  les  tenanciers  de  Neufvialle,  de  Lan- 
sade,  du  Masfaure,  le  village  de  la  Gathe,  en  toute  propriété  et 
seigneurie,  ht  métairie  de  la  Chassaigne,  paroisse  de  Saint-Martin- 
Château;  les  rentes  du  Grand-Grandmoni  et  du  Mas-la-Ganne,  pa- 
roisse de  Peyrat;  celles  du  Bourdeleix,  de  Viilard,  même  paroisse; 
do  la  Villalelle  et  Châtenet  de  Labassat,  de  h  Paye,  des  Chenauds, 
des  Nouhauds,  de  Lestrade>  du  Bois-Soleil,  de  Saint  Junien,  la  mé- 
tairie de  Labassat,  la  forêt  du  Bois-Soleil,  paroisse  de  Saint-Junien. 

Par  acte  du  24  février  1589B1.  Chappellon,  no'*  roy.,  A.  Beneyton, 
no'*,  François  de  Paye  et  Marguerite  de  La  Voyc,  sa  mère,  vendi- 
rent, sous  faculté  de  rachat,  à  M<^  Pierre  Doumy,  sieur  de  Mansal, 
et  à  M*  Jehan  Chastenel,  sieur  de  Quinsat,  président  en  l'élection 
de  Bourganeuf,  divers  cens,  rentes  et  dîmes  assis  sur  les  villages 
de  la  Paye  Basse,  la  Grillière,  Oche,  la  Chieze,  TÂge,  Neufvialle. 
Mais,  par  acles  des  19  octobre  1599  Borde  et  Poucaud,  no"*  roy., 
et  9  juin  1609  Delachassaigne,  no"  roy.,  et  P.  Doumy,  n'*,  Fran- 
çois de  Paye,  demeurant  à  cette  dernière  date,  au  chAteau  du  Mon- 
teilau- Vicomte,  effectua  le  rachat  desdits  cens,  rentes  et  dimes  et 
rentra  ainsi  en  possession  de  ces  fiefs. 

François  de  Paye  était  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre 

(i)  A.  Tardiei:,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  La  Roche  d^ 
Ronzel. 

(2)  Voy.  à  l'appendice,  n»  V. 

*  »    • 


334  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

du  roi  cl  qualifié  écuyer,  seigneur  de  la  Paye  et  de  la  firilliërc, 
faisant  alors  sa  résidence  au  château  de  la  Paye,  près  et  paroisse 
de  Peyrat,  lorsque,  par  contrat  du  6  mars  1601  Babosty,  no"  roy., 
passé  au  château  de  Sévérac,  en  Rouergue,  en  présence  du  sei- 
gneur d'Àrpajon,  de  Françoise  et  de  Vincent  de  Monlal,  de  L.  Es- 
moing  et  de  honorable  homme  François  Trompodon,  lieutenant  en 
rélection  de  Bourganeuf,  il  épousa  haute  et  puissante  dame  Cathe- 
rine de  Montai,  fille  de  Dorde  ou  Dieudonné  de  Montai,  chevalier, 
seigneur  de  la  Roquebrou,  de  Carbonnières  el  de  Viescamp,  et  de 
Catherine  de  Castelnau,  dame  de  Clermont  de  Lodève.  La  future 
se  constitua  en  dot  la  somme  de  sept  mille  écus,  à  raison  de  trois 
livres  pièce,  dont  cinq  mille  écus  lui  étaient  dus  pas  Françoise  de 
Montai,  dame  d'Arpajon  et  de  Sévérac,  et  hypothéqués  sur  la  terre 
et  seigneurie  de  Beaucaire  et  baronnie  de  Peyrac  ;  les  futurs  renon- 
cèrent à  toute  espèce  de  communauté;  il  fut  stipulé  que  la  future 
aurait  pour  douaire  le  tiers  du  revenu  de  tous  les  biens  du  futur  (1). 
Quelque  temps  après  leur  mariage  François  de  Faye  et  Catherine 
de  Montai  firent,  vraisemblablement  de  la  maison  de  Pierrebuffière, 
Tacquisition  de  la  seigneurie  du  Monteil-au- Vicomte.  Par  devant 
Léonard  Chappellon  le  jeune  et  Pierre  Sallon,  no'"  de  la  baronnie 
de  Peyrat,  au  lieu  et  repaire  noble  de  la  Faye,  paroisse  et  justice 
de  Peyrat,  le  16  août  1609,  François  de  Faye,  tant  en  son  nom 
propre  que  comme  loyal  administrateur  des  droits  et  actions  de 
haute  et  puissante  dame  Catherine  de  Montai,  son  épouse,  afferma 
pour  quatre  années  à  Jehan  de  Faye,  son  frère,  écuyer,  sieur  de  la 
Grillière,  demeurant  avec  le  sieur  du  Monleil,  tous  les  revenus, 
fruits,  profits,  émoluments,  qui  «  sont  dus  et  dépendant  de  lad. 
jurisdiction  du  Monteil-au-Vicomle,  pays  de  la  Marche,  savoir,  les 
rentes,  dixmcs,  étangs,  château,  garennes,  près,  jardins,  fourrest, 
droits  de  mortaille  et  autres  droits  et  devoirs  quelconques  »,  sans 
en  rien  réserver,  à  la  charge  par  ledit  sieur  de  la  Grillière  d'être 
tenu  de  la  garde  dudit  château,  mais  sans  être  tenu  de  faire  aucune 
réparation.  Cette  afferme  (ut  faite  pour  le  prix  et  somme  de  sept 
mille  deux  cents  livres  tournois,  à  compte  de  laquelle  le  sieur  de 
la  Grillière  paya  comptant  au  sieur  de  Faye  la  somme  de  quatre 
mille  livres  tournois  en  cent  écus  au  soleil,  deux  cents  doubles  pis- 
toiles,  cinq  cents  quarts  d*écus,  deux  cents  testons  et  «  autre  mon- 
noye  blanche  »,  montant  et  faisant  les  quatre  mille  livres  tournois. 
Quant  aux  trois  mille  deux  cents  livres  de  reliquat,  ledit  sieur  de 
Faye  reconaut  les  avoir  reçues  du  sieur  de  la  Grillière  avant  ladite 
ferme  pour  avances  faites  par  le  sieur  de  la  Grillière  pour  la  nour- 

(i)  Voyez  à  rappendice,  n®  XI, 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  3dS 

riture  el  reclreliea  de  la  maison  du  sieur  du  Monteil.  Le  sieur  de 
la  Grilliëre  s^obligea  de  rendre,  à  fin  de  bail,  les  étangs  empois* 
sonnés  convenablement  de  nourrin  de  poisson.  Jehan  de  Paye, 
gieur  de  la  Grillière,  pendant  que  son  frère  François  résidait  hors 
du  pays,  géra  et  administra  les  revenus  dudit  François,  l^nl  dé- 
pendant de  la  seigneurie  du  Monteil-au-Vicomte  que  de  celle  de  la 
Faye  et  de  leurs  dépendances,  savoir,  pour  la  seigneurie  du  Mon- 
teil jusqu'à  la  Saint- Jean -Baptiste  de  1620,  et  pour  la  seigneurie 
de  la  Faye  jusqu'à  la  Saint-Jean-Baplistc  de  1621.  Le  9  janvier  1621 
devant  J.  Delagrange,  no'*  roy.  à  Ëymouliers,  en  la  maison  de  vé- 
nérable M.  M*  Pierre  Brenac,  chanoine  de  Téglise  séculière  et  col- 
légiale de  ladite  ville,  et  en  présence  de  François  de  Chasteauneuf, 
cscuyer,  seigneur  du  Chaslard,  gentilhomme,  François  de  Faye, 
alors  qualifié  seigneur  de  la  Faye,  de  la  Vcrgne  et  du  Masmier, 
demeurant  au  château  de  la  Faye,  el  Jehan  de  Faye,  sieur  de  la 
Grillière,  demeurant  aussi  au  chflleau  de  la  Faye,  firent  le  règle- 
ment de  toutes  les  affaires  qu'ils  avaient  faites  l'un  pour  l'autre,  de 
tous  les  revenus  que  le  sieur  de  la  Grillière  avait  touchés  pour  le 
compte  du  seigneur  de  la  Faye  et  de  toutes  les  fournitures  que  le 
sieur  de  la  Grillière  pouvait  avoir  faites,  soit  au  seigneur  de  la 
Faye,  soit  à  Madame  sa  femme,  et  des  dépenses  que  le  seigneur  de 
la  Faye  avait  faites  lorsqu'il  était  venu  ou  avait  envoyé  au  pays, 
soit  au  Monteil,  soit  à  la  Faye.  Ils  se  regardèrent  comme  quittes, 
sous  la  condition  que  le  sieur  de  la  Grillière  paierait,  en  l'acquit 
du  seigneur  de  la  Faye,  à  Joseph  Romanet,  sieur  de  Farsat,  la 
somme  de  trois  mille  livres  et  baillerait  au  seigneur  de  la  Faye 
en  son  grenier,  au  château  de  la  Faye,  mille  setiers  blé  seigle, 
mesure  de  Peyrat,  el  en  son  grenier,  au  château  du  Monteil,  mille 
setiers  seigle,  mesure  du  Monteil  (1)  bon  blé  et  marchand.  Le  sieur 
de  la  Grillière  conservait  les  acquisitions  qu'il  pouvait  avoir  faites 
dans  lesdites  terres  el  seigneuries,  à  l'exception  de  la  métairie  de 
Ghaleix,  dans  H  terre  du  Monteil,  et  de  la  métairie  de  Labassat, 
située  dans  la  justice  de  Peyrat,  qui  demeuraient  la  propriété  du 
seigneur  de  la  Faye  (2) 

Par  contrat  du  29  juillet  1620  de  Champeaulx,  n'*  roy.,  el  Chap- 
pelon,  n",  François  de  Faye,  et  ses  frères  Jehan  de  Faye,  sieur  de 
la  Voye  et  de  la  Cour,  et  Jehan  de  Faye,  sieur  de  la  Grillière, 
vendirent  à  M''  Martial  Masfaure,  «  esleu  pour  le  roy  en  l'éleclion 
de  Bourganeuf  »,  la  enter  féodale  et  foncière  que  leur  père  pos- 

(1)  Le  scticr  du  Monteil  était  le  même  que  celui  de  la  Borne,  com- 
posé de  huit  boisseaux  de  seize  livres  chacun, 

(2)  Voyez  à  Tappendice,  n«  VI. 


§36  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  lIISTOnKlUE  DU   LIMOUSIN 

sédait  sur  le  village  du  Chassaignoiu,  paroisse  de  SaioUMarlin- 
Château,  moyenDant  la  somme  de  mille  livres.  Le  droit  de  lods  et 
ventes  fut  payé,  à  raison  de  cette  acquisition,  le  15  février  1627, 
à  Peyrat,  à  Jehan-Charles  de  Chasteauneuf  etde  Comborn,  marquis 
de  Chasteauneuf,  vicomte  de  Comborn,  baron  de  Peyrat,  la  Crol- 
zille,  Masléon  et  autres  places,  à  cause  de  sa  baron  nie  de  Peyrat. 

Vers  la  fln  de  1620  ou  au  commencement  de  1621,  François  do 
Faye  revendit  la  terre  et  seigneurie  du  Monleil-au-Vicomtc  à  André 
d'Aubusson,  sieur  de  la  Villatte.  Vers  la  même  époque,  François 
de  Faye  fit  Tacquisition  de  la  terre  et  seigneurie  de  la  Viilalte, 
paroisse  de  Saint-Junien-le-Ch&teau. 

En  1629,  François  de  Faye,  seigneur  de  la  Faye  et  de  la  Villatte 
possédait,  outre  les  biens  dont  nous  avons  parlé,  le  moulin  do 
Saint-Junien,  des  rentes  à  Oche,  aux  Granges,  à  la  Villalle,  à  Peyrat, 
au  Grand-Grandmont,  à  Villars,  à  la  Gasne,  au  Mas  Maligieure,  au 
Bourdeleix,  à  Trasygon,  à  Ijongechaud,  à  Lansade,  au  Puy,  à  la 
Faye,  à  la  Villalelle,  aux  Chenauds,  aux  Nouhauds,  au  Châtenet  de 
Labassat,  au  Mas  Soubrot  de  la  Chassagnc,  à  Leslrade,  au  Bois- 
Soleil,  à  Saint-Junien,  les  métairies  de  la  Faye,  paroisse  de  Saint- 
Junien,  des  rentes  à  la  Gathe,  au  Masroure,  à  la  Vergne,  au  Mas- 
laure.  Malgré  cette  forlune  considérable,  les  dépenses  que  faisait 
François  de  Faye  le  placèrent  dans  une  situation  obérée.  Son 
château  et  domaine  de  la  Faye  et  d*au(res  biens  furent  vendus  par 
décret  rendu  en  la  cour  du  parlement  de  Paris  le  26  juillet  1629  et 
adjugés  à  Pierre  Esmoing,  prieur-curé  de  Saint-Martin-Château.  Ce 
dernier,  qui  était  le  neveu  de  François  de  Faye,  fut  aussi  sou 
homme  d'affaires  :  il  géra  et  administra  les  biens  de  son  oncle, 
notamment  la  terre  de  la  Villatte.  Le  20  décembre  1630,  ils  vinrent 
en  compte  devant  de  la  Chassaigne  et  Delavergne,no'"  roy.  :  Fran- 
çois de  Faye  se  reconnut  débiteur  envers  Pierre  Esmoing,  son 
neveu,  de  la  somme  de  vingt  six  mille  sept  cent  quatre-vingt-deux 
livres  quinze  sols,  qu'il  promit  de  lui  payer.  Il  fut  reconnu  en 
outre  que  Pierre  Esmoing  avait  fait  à  la  Villatte  des  réparations  et 
augmentations  évaluées  à  trois  mille  livres  et  il  fut  stipulé  que  Pierre 
Esmoing  ne  pourrait  répéter  cette  somme  de  trois  mille  livres  ni 
en  retirer  revenu  tant  qu'il  demeurerait  à  la  Villatte  en  la  demeure 
et  compagnie  de  son  oncle,  et  que  ce  dernier  ni  la  dame,  son 
épouse,  ne  pourraient  expulser  Pierre  Esmoing  sans  lui  payer  ces 
trois  mille  livres  (1). 

Par  acte  du  11  mai  1631  Delavergne  et  Delachassaigne,  no"*  roy., 
François  de  Faye  vendit  à  son  neveu  Pierre  Esmoing,  prieur  de 

(1)  Voyez  à  Tappendice,  n^  VIL 


G^NliALOOlB   DE  La  HaISÔN    ÛÊ  FAVfi  OU  DÉ  tA  FAVE  337 

SaiDt-Martin-Gbâtcau  :  i*"  sa  mélairie  de  la  Grilliëre,  paroisse  de 
Saint-Junien,  au  labourage  de  quatre  bœufs,  avec  tout  droit  de  fon- 
dante et  de  justice  haute,  moyenne  et  basse  lui  appartenant  audit 
lieu  de  laGrilliëre;  2^  sa  métairie  de  Labassat,  même  paroisse, 
justice  de  Peyrat,  fondalité  partie  du  seigneur  de  Charrières, 
partie  de  l'acquéreur,  au  labourage  de  deux  paires  de  bœufs; 
3"*  une  rente  foncière  et  féodale  de  deux  sols,  deux  poules  et  deux 
arbans  due  annuellement  par  les  tenanciers  du  village  de  Monta- 
yaud,  paroisse  de  Saint-Juni?n,  justice  de  Peyrat;4''  le  bois  de 
haute  futaie,  appelé  le  Bois-Soleil,  contenant  environ  deux  cents 
selerées  (1),  situé  dans  la  môme  paroisse  de  Saint-Junien,  avec  tout 
droit  de  justice;  5*"  le  village  du  Masmiel,  paroisse  et  justice  de 
Peyrat,  fondalité  du  sieur  de  Farsal  et  du  Mas,  consistant  en  trois 
métairies,  chacune  au  labourage  de  deux  paires  de  bœufs,  dont 
l'une  était  plus  spécialement  appelée  du  Masrouyer.  Cette  vente 
fut  consentie  moyennant  quinze  mille  livres,  qui  restèrent  com- 
pensées jusqu*à  due  concurrence  avec  les  créances  de  Pierre 
Esmoing  (2).  Les  métairies*  du  Masmier  et  Masrouyer  avaient  été 
vendues,  sous  faculté  de  rachat,  par  François  de  Faye  à  Guyon  du 
Laux,  escuyer,  sieur  de  Vergnas,  mais  le  prieur  de  Château  en 
avait  fait  le  rachat  pour  le  compte  du  seigneur  de  la  Faye. 

François  de  Faye,  vivant  au  même  pot  et  feu  que  Pierre  Esmoing 
de  Lavaublanche,  prieur  de  Château,  voulut  le  faire  son  héritier, 
au  préjudice  de  ses  autres-  neveux  et  nièces.  Par  acte  du 
20  février  1634  Dechampeauz  et  de  la  Vye,  no"*,  il  lui  fit  donation 
«  par  provision  de  corps  »  des  autres  biens  immeubles  qu*il  possé- 
dait encore. 

François  de  Faye  mourut,  sans  laisser  de  postérité,  le  jour  de  la 
fêle  de  Saint-Michel  (29  septembre)  i63i.  II  signait  tantôt  «  de 
Faye  »,  tantôt  ce  Lafaye  ». 

En  vertu  d*une  commission  du  sénéchal  de  Montmorillon,  le 
lieutenant  de  la  justice  ordinaire  de  Saint-Martin-Châleau  procéda 
à  rinventaire  des  biens  de  celte  succession.  Joseph  Pichard,  écuyer, 
sieur  de  TEglise  au  Bois,  en  qualité  de  père  et  légitime  adminis- 
trateur des  biens  de  ses  enfants  issus  de  son  mariage  avec  feue 
Marguerite  de  la  Faye,  et  Jeanne  de  la  Faye,  veuve  de  Gaspard  de 
Trigonnant,  sieur  de  la  Roche,  les  dites  Marguerite  et  Jeanne, 
nièces  dndit  feu  François  de  Faye  ou  de  la  Faye,  prirent  la  qualité 
d'héritiers  bénéficiaires  de  leur  dit  oncle  et  appréhendèrent  son 

(i)  Dans  la  paroisse  de  Saint-Junien,  on   comptait  par  setérée  de 
cinquante  perches  carrées,  valant  vingt-cinq  ares  5359. 
(2)  Voyez  à  l'appendice,  n®  VIII. 


338  sbcïtrà  archéologique  et  historique  bv  limocsIN 

hérédité.  lis  voulaient  procéder  à  la  difision  des  immeables 
demeurés  à  rhoirie  du  seigneur  de  la  Faye,  mais  ils  Irouvèrent 
Pierre  Esmoing,  prieur  de  Château,  en  possession  desdils  biens. 
Ce  dernier  s*opposa  au  partage  et  revendiqua  comme  loi  apparte- 
nant, savoir,  le  lieu  et  repaire  noble  de  la  Faye,  les  cens  et  rentes 
foncières  dues  sur  ce  viltage  et  sur  les  villages  et  tenances  de  la 
Viilatellc,  Ch&tenet  de  Labassat,  la  Faye,  tes^  Chenauds,  le»  Nra- 
hauds,  Lestrade,  le  Bois-Soleil,  les  Cardaux  de  Saint-Jnnien,  Lan- 
sade  et  le  Masfaure  pour  les  avoir  acquis  par  décret  du  96  juil- 
let 1629,  et  quant  au  surplus  des  biens  de  ladite  hoirie,  en  vertu  de 
de  la  donation  par  provision  de  corps  du  20  février  1634.  Hais  le 
sieur  de  TEglise  au  Bois  et  la  danooiselle  de  la  Roche  soutenaient 
que  le  décret  d*adjudication  n'avait  passé  que  d'accord  avec  le  sei- 
gneur de  la  Faye,  avec  qui  il  demeurait  à  même  pot  et  feu,  qa1l 
avait  été  fait  à  vil  prix  et  que  la  donation  avait  été  extorquée.  Pour 
évHer  un  long  procès,  les  parties,  savoir,  Joseph  Pichard,  sieur  de 
TEglise  au  Bois,  demeurant  alors  au  château  de  la  Fenillade,  et 
Jeanne  de  la  Faye,  veuve  de  Gaspard  de  Trigounant,  sieur  de  la 
Roche,  demeurant  au  repaire  noble  de  la  Cour,  d'i^ie  part,  et  noble 
Pierre  Esmoing  de  Lavaublanche,  écnyer,  prieur-curé  de  Saint- 
Marlin-Château,  habitant  au  repaire  noble  de  la  Yillatte,  d'autre 
part,  transigèrent  de  la  manière  suivante  le  5  janvier  1636,  à 
Eymouliers,  en  la  maison  de  M.  M»  Jean  de  la  Grange,  juge  des 
juridictions  de  la  ville  d'Eymoutiers,  devant  Rubeq,  no'®  roy.,  et 
en  présence  dudil  Jean  de  la  Grange  et  de  Martial  Masfaure,  eslu, 
habitant  au  repaire  du  Monteil,  paroisse  de  Ghdlteau  :  Pierre 
Esmoing  demeura  définitivement  propriétaire  1°  d^  la  seigneurie 
de  la  Faye,  avec  les  cens,  rentes,  droits  et  devoirs  seigneuriaux, 
à  l'exception  des  rentes  dues  sur  les  villages  de  Lansade  et  du 
Masfaure  ;  2«  de  la  terre  et  seigneurie  de  la  Grillière  ;  3<»  de  la  forêt 
du  Bois-Soleil  et  autres  biens  des  paroisses  de  Saint-Junien  et 
Peyral;  4<'  et  des  premiers  honneurs,  droits  i'église  et  monuments 
appartenant  à  la  maison  de  la  Faye  dan&  t*église  Saint-Martin  de 
Peyrat;  à  Joseph  Pichard,  ès-noms,  ei&  la  damoiselle  de  la  Roche 
furent  attribués  tous  les  autres  bieD«  dépendant  de  ladite  succession, 
notamment  le  village  du  Masmiel,  composé  de  trois  métairies,  le 
village  de  la  Vergne,  composé  aussi  de  trois  métairies,  le  village 
de  la  Galhe  et  tènement  de  Freissengeas,  composé  de  quatre  mé- 
tairies, en  toute  propriété  et  fondalité,  les  rentes  dues  sur  les  vil- 
lages de  Lansade,  le  Masfaure,  le  tènement  des  Aveix  possédé  par 
les  habitants  de  Neufvialle,  la  métairie  de  la  Ghassaigne,  paroisse 
de  Château,  et  les  autres  tombeaux  et  seconds  honneurs  dans 
l'église  Saint-Martin  de  Peyrat,  sons  la  charge  de  ne  pouvoir  les 


OÉNÉALOÔIE  De  La    MAtSOS    DE   t^AVB  OU    DE  LA   FaVB  33$ 

aliéner  et  d'en  jouir  eux  el  leurs  descendants  par  ordre  de  droit  et 
de  primogéniture.  Joseph  Pichard  se  réserva,  en  cas  de  parlage 
avec  la  dame  de  la  Roche,  le  droit  d'ainesse  appartenant  à  sa 
défunte  femme.  Et  comme  Catherine  de  Montai,  veuve  de  François 
de  Paye,  avait  une  créance  de  six  mille  livres  sur  les  biens  partagés, 
Pierre  Esmoing  s'obligea  à  payer  sur  cette  somme  aux  héritiers  de 
ladite  Catherine  de  Montai  quatre  mille  cent  livres,  et  Joseph  Pl« 
chard,  ès-noms,  et  la  dame  do  la  Roche  dix-neuf  cents  livres.  Les 
parties  se  réservèrent  tous  leurs  droits  sur  la  seigneurie  de  la 
Villatle  et  biens  en  dépendant. 

Catherine  de  Montai  testa  au  château  de  La  Villatte  par  acte 
sous  seing  privé  le  5  juillet  1631,  el  par  ce  testament  elle  légua  deux 
mille  écns  à  Pierre  Esmoing  de  Lavaublanche,  prieur  de  Château^ 
el  «  à  cause  des  agréables  services  et  des  grandes  obligations  qu'elle 
avait  du  soin  que  led.  Pierre  Esmoing  avait  porté  aux  affaires  et 
nourriture  de  M.  de  la  Paye,  son  oncle,  et  des  siennes,  à  quoi  il 
avait  employé  son  bien  paternel  »,  elle  lui  donna  «  de  bon  cœur 
de  toutes  les  profondeurs  de  son  Âme,  sa  demeure  perpétuelle 
dans  leur  maison  de  La  Villatte,  avec  les  presclotures  à  sa  volonté, 
tant  durant  sa  vie  qu'après  la  mort  de  son  dit  sieur  oncle  ». 

Le  1*'  mai  1638,  Catherine  de  Monlal,  alors  veuve  de  François 
de  Faye,  fit  un  second  testament  devant  Laborne,  no'®  roy.,  el  de 
Champeaulx,  no'*,  par  lequel  elle  légua  la  somme  de  six  mille 
livres,  dont  elle  était  créancière  de  la  succession  de  son  mari,  à 
Catherine  de  la  Faye,  sa  filleule,  fille  de  Jean  de  la  Faye,  sieur  de 
Leslrade  et  de  Fayfreix,  et  femme  de  Gabriel  de  Champeaux,  sieur 
de  Lavaud.  Elle  mourut  dans  le  courant  dud.  mois  de  mai. 

IV.  —  Noble  Jehan  de  Faye  ou  de  la  Faye,  dit  l'Aîné,  écuyer, 
seigneur  de  la  Voye  et  de  la  Cour,  par  articles  de  mariage  arrêtés 
au  château  de  Saint-Jeban-Ligoure,  en  Limousin,  le  %  avril  1594, 
en  présence  de  Pierre  du  Leyris,  seigneur  de  Chassagnas,  et  devant 
Sénémaud  et  P.  de  Launes,  no'"  roy.,  épousa  Gabrielte  de  Vars  de 
Saint-Jehan-Ligoure,  fille  de  feu  Milles  de  Vars,  escuyer,  seigneur 
de  Saint-Jehan-Ligoure,  et  de  Jehanne  de  Coingnac,  dame  de 
Château-Chervix.  Par  ce  contrat  de  mariage  Jehanne  de  Coingnac 
donna  et  légua  à  Gabrielle  de  Vars,  sa  fille  :  1*  la  seigneurie  et 
châtellenie  de  Châleau-Chervix,  sous  réserve  de  l'usufruit  de  la 
justice,  des  émoluments  et  honneurs  d'icelle  avec  puissance  d'établir 
officiers;  2"  les  terres  et  seigneuries  de  Château-Chervix  ;  3"  l'hom- 
mage qui  lui  appartenail  sur  Tourdonnet  cl  sur  la  justice  de  La  Vau 
Bousquer.  Moyennant  cette  donation,  Gabrielte  de  Vars  renonça 
à  tous  les  droits  qui  lui  appartenaient  sur  la  seigneurie  de  Saint- 


340  SOCIÉTÉ    AnCUÉOLOGIQUE  ET  UISTORIQOe  DU  LlSÏOÙSlH 

Jehan-Ligoure  et  sur  la  terre  et  seigneurie  de  Jumithac,  soit  à  cause 
de  la  succession  de  feu  Milles  de  Vars,  son  père,  soit  pour  tous 
autres  biens  paternels,  maternels,  fraternels  et  collatéraux.  Jehan 
de  Paye  légua  la  moitié  de  tous  ses  biens  présents  et  à  venir  au 
premier  enfant  mâle  ou  autre  choisi  par  les  futurs  époux,  et  à 
défaut  d'hoir  mâle  &  une  fille  nommée  et  choisie  par  les  futurs 
époux,  à  défaut  de  nomination  à  Tainé  fils  ou  fllle  ;  il  fit  à  la  future 
un  gain  de  survie,  en  cas  d'existence  d'enfants  de  huit  cents  écus, 
et  en  cas  de  non  existence  d^enfant  de  la  moitié  de  tous  ses  biens 
meubles  et  immeubles  et  de  la  maison  de  la  Cour.  Gabrielle  de 
Vars  légua  au  même  titre  à  son  futur  époux,  en  cas  de  non-exis- 
tence d*enfant,  la  somme  de  quatre  cents  écus. 

Jehan  de  Paye,  demeurant  alors  au  lieu  noble  de  la  Paye,  près, 
paroisse  et  justice  de  Peyral,  par  acte  passé  à  la  Paye  le  25  fé- 
vrier 1598  L.  Chappellon  le  jeune,  Loys  Dechampeaulx  et  Benjamin 
Laborne,  no'"  de  la  baroonie  de  Peyral,  vendit,  sous  faculté  de 
rachat,  à  Biaise  Chappellon,  notaire  royal,  habitant  de  Peyral, 
quatre  setiers  seigle,  mesure  de  Peyrat,  vingt  sols  en  deniers  et  une 
géline  de  rente  foncière  à  lui  due  par  les  acheteurs  et  hoirs  de  feu 
noble  Léonard  de  Paye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne  et  du  Leyris, 
c^  cause  des  terres  et  champs  appelés  de  Delay  Layguo,  silués  dans 
la  franchise  des  consuls  et  habitants  de  Peyrat,  confrontant  «  au 
chemin  tendant  du  pont  la  Maude,  au  village  du  Bost-Lacombe, 
aux  champs  communaux  de  la  dite  franchise  de  Peyrat  et  aux  prés 
dudit  Chappellon,  appelés  Dclay  Layguo  »,  moyennant  cinquante 
et  un  escus  d*or  sol,  qui  furent  payés  comptant  en  «  franlz,  demy 
frantz,  quartz  d'escuz,  testons  et  aultre  monnoye  ». 

Jehan  de  Paye  vivait  encore  en  16âi,  mais  était  mort  en  1631. 
Il  signait  :  «  Lafaye  ».  Gabrielle  de  Vars  vivait  encore  en  i634.  De 
leur  mariage,  ils  laissèrent  deux  filles  :  Marguerite  et  Jehanne,  qui 
suivent  : 

1*»  Marguerite  de  Paye  ou  de  la  Paye.  Elle  épousa,  en  16i5, 
Joseph  Pichard,  écuyer,  sieur  de  la  Genesle,  depuis  seigneur  de 
l'Eglise-au-Bôis,  fils  d'Antoine  Pichard,  écuyer,  seigneur  de 
FEglise-au-Bois,  maréchal-des-logis  de  la  maison  de  M.  le  Prince, 
et  de  Marie  Romanet.  Ils  habitaient  le  château  du  Permigier,  pa- 
roisse de  TEglise-au-Bois.  Quoique  Tainéedes  deux  filles,  ce  ne  fut 
pas  Marguerite  qui  fut  avantagée  par  son  père,  mais  dans  les  par- 
tages subséquents  qui  eurent  lieu  avec  sa  sœur,  les  enfants  de 
Marguerite  profitèrent  de  son  droit  d'aînesse.  Marguerite  de  Paye 
mourut  en  1634.  Elle  signait  :  «  Delafaye  ».  Par  son  testament  fait 
au  château  du  Permigier,  le  15  juillet  1634,  elle  institue  son  mari 
pour  son  héritier  universel  ;  clic  demande  à  être  ensevelie  dans  le 


GÉNÉALOGIfi  DE  LA   MÀISOK  f>E  FAVE  OU  DÉ    LA   PAYË  341 

tombeau  du  feu  seigneur  de  FEglise-au-Bois,  en  l'église  paroissiale 
de  TEglise-au-Bois;  elle  lègue  cent  livres  une  fois  payée  à  Gabrielle 
de  Sainl'Jean,  sa  mère,  Irois  cents  livres,  outre  sa  constitution 
dotale,  à  Marie  de  Pichard,  femme  de  Jean  de  Bourdicaud,  sa  fille, 
trois  cents  livres  à  chacun  de  ses  autres  enfants. 

Du  vivant  de  Marguerite  de  Paye  et  surtout  après  sa  mort,  Joseph 
Pichard  traita  en  son  nom  ou  au  nom  de  ses  enfants,  dont  il  avait 
la  garde-noble,  avec  Pierre  Esmoing  de  Lavaublanche,  pricur-curë 
de  Saint-Marlin-Château,  et  avec  les  époux  Gaspari}  de  Trigon- 
nant,  sieur  de  la  Roche,  et  Jehanne  de  la  Paye,  au  sujet  des  succes- 
sions de  Jehan  de  Paye,  sieur  de  la  Grillière,  de  François  de  Paye, 
seigneur  de  la  Paye  et  de  la  Villattc,  et  de  Jehan  de  Paye,  sieur  de 
la  Voye  et  de  la  Cour.  En  1636, 1637,  il  était  fermier  de  la  terre  et 
seigneurie  de  la  Peuillade  et  habitait  le  château  de  la  Peuillade, 
paroisse  de  Faux,  en  la  Marche.  Par  contrat  du  i4  décembre  1650 
Gambellôn,  no"*  roy.,  passé  à  Felletin,  en  la  maison  d'Antoine  de 
la  Grifoulière,  et  en  présence  de  Pierre  Couderl,  advocat  en  parle- 
ment, et  de  Jean  Borde,  tapissier,  tous  deux  de  Felletin,  Joseph 
Pichard  céda,  à  titre  d*échange,  à  Balthazard  de  la  Paye  de  la 
Porte,  escuyer,  seigneur  du  Breilh  et  de  Mansat,  demeurant  au 
château  de  Mansat,  le  village  du  Masmiel,  composé  de  trois  mé- 
tairies, en  la  baronnie  de  Peyral,  le  village  de  la  Gathe  et  le  tène- 
ment  de  Fressinjas,  composés  de  quatre  métairies,  tenus  noblement 
et  un  fief,  paroisse  et  justice  de  Saint-Martin-Châleau,  la  rente 
féodale  sur  le  village  de  Lansade,  même  paroisse,  la  rente  féodale 
et  la  redixme  sur  le  village  du  Grand-Grandmont,  qui  lui  étaient 
obvenues  par  échange  du  même  jour  avec  sa  belle-sœur,  Jehanne 
de  la  Paye,  la  rente  féodale  sur  le  village  de  Mezirat,  paroisse  de 
Sainl-Âmand-le-Petit,  et  sur  le  village  de  Malleret,  même  pa- 
roisse. En  contr'échange,  il  reçut  des  propriétés  territoriales  et 
des  rentes  dans  la  paroisse  de  la  Celle,  en  Bas-Limousin  (i).  Joseph 
Pichard  mourut  ab  intestat  le  12  octobre  i670,  à  Tâge  de  quatre- 
vingts  ans,  et  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  TEglise-au-Bols. 

2^  Jehanne  de  Paye  ou  de  la  Paye,  dame  de  la  Cour.  Elle  était 
donataire  par  précipul  de  la  moitié  des  biens  de  Jehan  de  Paye, 
sieur  de  la  Voye  et  de  la  Cour,  son  père,  en  vertu  de  la  désigna- 
tion que  ce  dernier  avait  faite  de  ladite  Jehanne,  en  conformité  de 
son  contrat  de  mariage,  mais  cette  donation  avait  été  faite  sous  la 
condition  de  payer  sept  mille  livres  à  Marguerite,  sa  sœur  aînée. 

(1)  Voy.  à  Tappendice,  n»  XII, 

T.  LV  ,  22 


342  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    DU    LlMOUSl^t 

Elle  épousa  Gaspard  du  Puy  de  Trigounant,  escuyer,  sieur  de  la 
Roche  ;  ils  étaient  mariés  en  1621. 

Tar  acte  sous  seing  privé  du  17  avril  1628  fait  en  présence  de 
MM.  de  la  Pommélye,  prévôt  d'Eymoutiers,  de  la  Regondie,  Mas- 
faure  et  Dechampeaux,  Joseph  Pichard,  sieur  de  la  Geneste,  faisant 
pour  Marguerite  de  Paye,  sa  femme,  ayec  Tautorisation  d'Antoine 
richard,  escuyer,  seigneur  de  TEgUse-au-Bois,  son  père,  fil  remise 
aux  sieurs  et  dame  de  La  Roche  de  la  somme  de  sept  mille  livres, 
que  Jehan  de  Paye,  sieur  de  la  Voye  et  de  la  Cour,  avait  chargé 
Jehanne,  sa  fille  cadette  atanlagée,  de  payera  Marguerite,  sa  fille 
aînée.  En  conséquence  de  cette  remise,  Gaspard  de  Trigounant 
s'obligea  de  payer  aux  sieur  et  dame  de  la  Genesie  la  somme  de 
six  mille  livres  et  leur  abandonna  jusqu^au  paiement  et  jusqu'à 
concurrence  de  quatre  cents  livres  le  revenu  des  domaines  cl  du 
lieu  de  la  Cour,  M.  et  M"'  de  la  Roche  devant  percevoir  le  sur- 
plus. Moyennant  cette  somme  de  six  mille  livres,  Joseph  Pichard 
céda  tous  les  droits  de  sa  femme  sur  la  succession  de  Jehan  de 
Paye,  sieur  de  la  Voye  et  de  la  Cour. 

Gaspard  de  Trigonnant  était  mort  en  1631.  Par  suite  du  partage 
qui  eut  lieu  plus  lard  entre  la  dame  de  la  Roche  et  Joseph  Pichard, 
és-noms,  relativement  à  la  succession  de  Prançois  de  Paye,  sei- 
gneur de  la  Paye  et  de  la  Villatte,  Jehanne  de  Paye  eut  dans  sou 
lot,  entr'autres  terres  et  seigneuries,  le  village  de  la  Vergue  et  les 
rentes  dues  sur  le  village  du  Masfaure, 

Le  paiement  de  la  créance  de  Catherine  de  Montai,  que  cette 
dernière  avait  léguée  à  Catherine  de  la  Paye,  épouse  de  Gabriel  de 
Champeaux,  sieur  de  Lavaud,  sa  filleule,  n'ayant  pas  été  effectué, 
Gabriel  de  Champeaux  poursuivit  le  prieur  de  Lavaublanche.  Ce 
dernier,  par  exploit  du  9  mai  1643,  fit  signifier  au  lieu  et  repaire 
de  la  Cour,  domicile  de  la  dame  de  la  Roche,  cette  poursuite  à  ladite 
dame  de  la  Roche  et  à  Joseph  Pichard,  et  leur  fit  bailler  assignsi- 
lion  à  comparoir  pardevanl  le  sénéchal  de  Monlmorillon  pour 
a  illeq  »  se  voir  condamner  à  lacquiller  envers  Catherine  de  la 
Paye  de  la  somme  de  dix  neuf  cents  livres,  qu'ils  étaient  tenus  de 
payer  aux  termes  de  la  transaction  du  5  janvier  1636  (i). 

Pierre  Esmoing,  prieur  de  Lavaublanche,  était  en  contestation 
avec  la  demoiselle  de  la  Roche  au  sujet  de  la  directe  du  lieu  des 
Condamines,  proche  la  ville  de  Peyrat.  Ils  soumirent  leur  diiîérend 
à  des  arbitres,  et,  par  décision  du  5  décembre  1646,  rendue  par 


■ 

(1)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux,  de  Fafreix,  communiqués  par 
M.  Lenoble. 


GÉNÉALOGIE    DE    LA  MAISON  DE  l^AYE  OV  DE  LA  PAYE  3'»3 

MH.  de  la  Tour,  de  La  Faax  et  du  Boslgiraud,  arbitres,  proches 
parents  et  amis  des  parties,  et  passée  devant  A.  de  Champeauix  et 
Chassaignoux,  no^'*  de  la  baronnie  de  Peyrat,  ii  fut  reconnu,  entre 
te  prieur  de  Lavaubianche,  la  damoiselie  de  la  Roche  et  M.  de 
Bussière,  son  gendre,  que  le  lieu  des  Condamines  dépendait  du 
fief  de  la  Paye,  appartenant  au  prieur  de  Lavaublanche. 

Jehanne  de  la  Paye,  dame  de  la  Roche  et  de  la  Cour,  vivait 
encore  à  la  Cour  en  1655. 

Par  sentence  de  la  sénéchaussée  de  Montmorillon  du  18  décem- 
bre 1655,  entre  Elienne  Seiglière,  écuyer,  sieur  de  Johel,  vice- 
sénéchal  de  la  Haute-Marche,  tant  de  son  chef  que  comme  héritier 
de  feu  Prançois  Seiglière,  conseiller  clerc  au  siège  présidial  de 
Guérel,  héritiers  de  feu  Gilberle  de  Paye,  leur  mère,  sœur  de 
Prançois  de  Paye,  seigneur  de  la  Paye  et  de  la  Villatte,  demandeur 
en  partage,  d*une  part,  et  Joseph  Pichard,  écuyer,  seigneur  de 
l'Ëglise-au-Bois,  ayant  la  garde  noble  de  ses  enfants  et  de  feue 
Marguerite  de  Paye,  sa  femme,  et  damoiselie  Jehanne  de  Paye, 
veuve  de  Gaspard  de  Trigounant,  écuyer,  sieur  de  la  Roche, 
défendeurs,  d'autre  part,  il  avait  é(é  ordonné  que  partage  des 
biens  dépendant  de  la  succession  de  François  de  Paye  serait  fait 
en  deux  lots,  pour  Tun  élre  délaissé  au  demandeur,  Tautre  aux 
défendeurs,  mais  appel  ayant  été  interjeté  par  ces  derniers,  un  arrêt 
du  parlement  du  2^  avril  1673  déclara  Tappel  péri.  En  conséquence, 
Antoine  Seiglière  du  Plantadis,  écuyer,  sieur  de  Johet,  vice-séné- 
chal de  la  province,  et  Prançois  Seiglière,  écuyer,  sieur  de  Cla- 
vicre,  héritiers  universels  d'Etienne  Seiglière,  leur  père,  firent 
assigner,  en  1674,  pardevant  le  sénéchal  de  Montmorillon,  François 
de  Pichard,  écuyer,  sieur  de  la  Chassagne,  héritier  de  défunts 
Joseph  Pichard  et  Marguerite  de  Paye,  ses  père  et  mère,  et  Pran- 
çois de  Beaufort,  sieur  de  la  Cour,  héritier  de  Jehanne  de  Paye, 
son  aïeule,  pour  procéder  au  partage,  mais  par  acte  du  5  juil- 
let 1677  Jean  et  autre  Jean  de  Pichard,  écuyers,  sieurs  de  la 
Genesle  et  de  la  Noaille,  frères  de  Prançois,  appelèrent  de  la  sen- 
tence du  18  décembre  1655.  Enfin,  par  transaction  du  30  mai  1681 
Sudre,  no'»  roy.  à  Guéret,  passée  en  présence  de  M»  Auslrille 
Meillet,  sieur  de  Rizac,  advocat  en  parlement,  demeurant  à  Guéret, 
et  de  Jacques  de  Vimlllac,  escuyer,  sieur  de  Chaban,  demeurant  à 
la  Cour,  paroisse  de  Château,  François  de  Pichard,  écuyer,  sieur 
de  la  Chassagne,  demeurant  au  château  de  Villemonleys,  tant  pour 
lui  que  pour  ses  frères,  et  Prançois  de  Beaufort,  écuyer,  sieur  de 
la  Cour,  y  demeurant,  tant  pour  lui  que  pour  Catherine  de  Tri- 
gounant, sa  tante,  héritière  universelle  de  feue  Jehanne  de  Paye, 
sa  mère,  promirent  payer  à  Antoine  Seiglière  du  Planiadis,  vice- 


.Vti  SOCII^Té  AnClléoLOGIQÛE  ET  HtSTORIQUB  DU  LIMOUSIN 

sénéchal,  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  Marguerite  Fayolle,  veu^e 
(le  François  Seiglière,  escuyer,  sieur  de  Clavière,  tutrice  de  ses 
enfants,  pour  tous  leurs  droits  dans  la  succession  de  François  de 
Paye,  seigneur  de  la  Villatte,  la  somme  de  deux  mille  quatre  cents 
livres,  qui  fut  hypothéquée  sur  la  terre  el  seigneurie  de  la  Cour  et 
sur  les  biens  de  la  succession  de  François  de  Faye,  jouis  depuis 
1636  par  Joseph  Pichard  et  Jeanne  de  Faye,  dame  de  la  Cour,  en 
conséquence  de  la  transaction  intervenue  le  5  janvier  1636, 
enlr'eux  et  feu  le  prieur  de  Château,  créancier  de  ladite  succes- 
sion. Celte  transaction  fut  ratifiée  par  Marguerite  Fayolle  suivant 
acte  du  18  juillet  1682  Sudre,  no"  roy. 


§  2.  —  Rameau  de  Fafreix 

IV.  —  Noble  Jehan  de  la  Faye,  écuyer,  sieur  de  Leslrade,  liabi- 
taiten  16291a  paroisse  de  Saint-Marlin-Chàteau.  Par  acte  passé  à 
Bourganeuf  le  23  mai  1631  Antoine  Delachassaigne  et  de  la  Vergue, 
no*""  roy.,  Barlazard  de  Bressoles  de  Vareynes,  écuyer,  sieur 
d'Arthon,  de  Boussay  et  autres  lieux,  demeurant  au  lieu  et  chaslel 
de  Boussay,  paroisse  de  Château-Mcillant,  en  Berry,  tant  en  son 
nom  que  comme  ayant  charge  et  procuration  expresse  de  damoi- 
selle  Françoise  de  la  Faye,  son  épouse,  vendit  audit  Jehan  de  la 
Faye,  alors  demeurant  à  la  Villatte,  paroisse  de  Saint-Junien,  jus- 
tice de  la  Villatte,  sénéchaussée  de  Montmorillon,  en  Poitou,  le 
village  de  Fayfreis,  paroisse  et  justice  de  Peyrat-le-Châleau,  au 
labourage  de  trois  paires  de  bœufs,  sans  aucune  réserve,  le  tout 
ainsi  que  ledit  village  était  joui  à  métairie  perpétuelle  par  Jehan 
et  Léonard  Favareilhas,  y  compris  le  «  bestail  boin,  gros  et  menu  », 
le  tout  moyennant  le  prix  et  somme  de  trois  mille  huit  cents  livres 
tournois,  laquelle  somme  fut  payée  comptant  au  vendeur  «  en  pis- 
toiles  d'Espègne  d'or  et  autre  monnoye  blanche  ».  Cette  vente  fut 
ratifiée  par  damoiselle  Françoise  de  la  Faye,  suivant  acte  de  Denis, 
no'«,  passé  au  Heu  et  chaslel  de  Boussay  le  17  octobre  1631  (1). 
I^a  fondante  et  directe  seigneurie  dudil  village  de  Fafreix  avait  été 
vendue  peu  de  temps  auparavant  à  noble  Pierre  Esmoing  de  Lavau- 
blanche,  écuyer,  prieur-curé  de  Saint-Martin-Château,  mais  elle  ne 
larda  pas  à  passer  sur  la  (été  de  Jehan  de  la  Faye,  sieur  de  r-»es- 
Irade. 

Le  bieur  de  Leslrade  et  de  Fayfrey  habitait  le  château  de  la  Vil- 
laite,  appartenant  à  François  de  la  Faye,  seigneur  de  la  Faye  el  de 

.   [i)  Archives  de  la  Creuse. 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  345 • 

la  Villalle,  son  frère  aine.  Après  la  mort  de  ce  dernier,  il  continua 
d'y  résider  avec  le  prieur  de  Sainl-Marlin-Château,  qui  en  avait  la 
garde  et  qui  en  devint  propriétaire  en  1638  après  la  mort  de 
Catherine  de  Montai,  veuve  de  François  de  Paye.  C^est  là  que 
moururent  Jehan  de  la  Paye  et  Marguerite  Bourssat,  sa  Temme, 
vers  la  fin  de  i641  ou  au  commencement  de  1642.  De  leur  union 
naquirent  : 

1^  Catherine  de  la  Paye,  dont  nous  nous  occuperons  plus  loin  ; 

2*»  François  de  la  Paye,  qui  suit; 

3*  Françoise  de  la  Paye  ; 

4**  Charlotte  de  la  Paye  ;  ces  deux  dernières  mortes  de  la  picole 
en  1643. 

V.  -—  François  de  la  Paye,  écuyer,  sieur  de  Lestrade  et  de  Peis- 
freix,  était,  ainsi  que  ses  sœurs  Françoise  et  Charlotte,  encore 
mineur  lors  du  décès  de  ses  père  et  mère.  Le  conseil  de  famille, 
présidé  par  Léonard  Masfaure,  Juge  sénéchal  de  Peyrat  et  de  la 
Vitlatte,  et  composé  de  Louis  Rougier,  sieur  du  Mas,  de  Louis  de 
Champeaulx,  prêtre,  d'Antoine  de  Champeaulx,  prêtre,  de  Pierre 
du  Leyris,  curé  de  Peyrat,  de  L.  Chappellon,  de  Fr.  Chappellon  et 
de  vénérable  mcssire  Pierre  Esmoing  de  Lavaublanche,  escnyer, 
curé  de  Saint-Martin-Châleau,  nomma  le  9  avril  1642  pour  tuteur 
et  curateur  aux  mineurs  François,  Françoise  et  Charlotte  de  la 
Paye,  la  personne  de  Gabriel  de  Champeaulx,  époux  de  Catherine 
de  la  Paye,  leur  sœur  aînée,  et  frères  des  prêtres  Louis  et  Antoine 
de  Champeaulx.  Le  25  mai  1642,  inventaire  des  meubles  dépendant 
des  successions  de  Jehan  de  la  Paye  et  Marguerite  Bourssat,  fut 
dressé  au  château  de  la  Villatle  par  Léonard  Masfaure,  sieur  de 
Pont,  juge  sénéchal  de  Peyrat  et  de  hv  Villatte,  accompagné  de 
Pierre  Sallon,  substitut  de  Âlartial  Masfaure,  procureur  d'olTice  de 
ladite  juridiction,  sur  la  représentation  qui  en  fut  faite  par  véné- 
rable Pierre  Esmoing,  qui  avait  eu  la  charge  des  mineurs  et  de 
leur  mobilier  depuis  le  décès  de  leurs  père  et  mère.  Le  7  juin  même 
année,  au  lieu  du  Monteil,  domicile  du  juge,  il  fut  procédé  à  Tin- 
venlaire  des  objets  contenus  dans  une  boite  confiée  par  feu  Jehan 
de  la  Paye  à  Jeanne  Chaussade,  mère  de  Léonard  Masfaure.  Le 
20  juin  suivant,  il  fut  procédé  par  le  même  Léonard  Masfaure, 
juge,  au  village  de  Faifreix,  à  l'inventaire  des  bestiaux  apparte- 
nant aux  enfants  de  la  Paye.  Enfin,  le  26  juin  suivant,  Catherine 
de  la  Paye,  fille  ainée,  fit  inventorier  au  château  de  la  Villatte,  en 
présence  de  Pierre  Esmoing,  les  meubles  qui  lui  appartenaient,  en 
vertu  du  testament  de  Catherine  de  Montai  du  1"'  mai  16*^8. 
Gabriel  de  Champeaulx,  tuteur,  paya  pour  les  frais  de  la  tutelle  et 


3ir6  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

de  riiivenlaire«  à  lilre  de  salaires  et  vacalioos,  savoir  :  au  juge 
sénéchal,  au  procureur  d'office  et  au  greffier,  quatre-vingts  livres, 
aux  appréciateurs  six  livres,  aux  sergents  trois  livres. 

Quoique  placés  sous  la  tutelle  de  Gabriel  de  Champeaulx,  leur 
heau-frëre,  les  trois  plus  jeunes  enfants  de  Jehan  de  la  Paye 
demeurùrenl  en  la  garde  et  compagnie  de  vénérable  raessire  Pierre 
Esmoingde  Lavaublanche,  prieur-curé  de  Château,  qui  habitait  le 
château  de  la  Yill^l^^.  François  de  la  Faye  y  resta  deux  années. 

Par  suite  des  décès  de  Françoise  de  la  Faye  et  de  Charlotte  de 
la  Faye,  leur  deux  jeunes  sœurs,  survenus  en  1643,  le  fief  de 
Fafreix  et  le  domaine  utile  de  cette  terre  appartinrent  par  moitié 
àFrançois  de  la  Faye  et  à  Catherine  de  la  Faye,  sa  sœur  aînée. 
Le  20  octobre  1679,  ils  payèrent  pour  droit  de  franc-flef  (jouissance 
depuis  Tannée  1652)  du  lieu  noble  de  Fafreix  lu  somme  de  cent 
cinquante  livres. 

En  1646,  le  tuteur  Gabriel  de  Champeaulx  fit  renfermer  le  jardin 
de  Fafreix  par  des  murailles  de  quarante-sept  brasses  de  longueur, 
et  paya  pour  la  main-d'œuvre  seulement  quarante-sept  livres  aux 
maçons  ;  en  1648,  il  fit  bâtir  à  Fafreix  une  grange,  dont  la  main- 
d'œuvre  fut  donnée  à  prix  fait  et  coûta  quatre-vingt-dix  livres 
argent,  dix-sept  setiers  émine  seigle,  dix  livres  de  lard  et  une 
quarte  de  sel. 

François  de  la  Faye  et  les  époux  de  Champeaulx  durent  procéder 
à  un  partage,  car  nous  avons  des  pièces  constatant  que  François  de 
la  Faye  prit  en  1651  Tadministration  de  ses  biens.  Il  afferma  sa 
métairie  en  1655,  1675;  dans  ces  baux,  il  se  réservait  la  rente 
féodale. 

En  1655,  François  de  la  Faye  intenta  à  Gabriel  de  Champeaulx, 
son  tuteur,  une  action  ea  reddition  de  son  compte  de  tutelle.  Ce 
compte  de  tutelle  fut  rendu  le  23  juillet  1658;  les  comptes  furent 
vus  et  arrêtés  par  Louys  de  Champeaulx  et  Jean  Laborne,  arbitres. 
Le  compte  de  tutelle  fut  clos  par  le  juge  sénéchal  de  Peyrat, 
Léonard  Masfaure,  sieur  de  TÂge,  licencié  èz  droits,  en  présence 
des  parties  et  du  procureur  d'office,  B.  Chappellon.  On  reconnut 
(|ue  le  tuteur  avait  payé  cinquante-une  livres  aux  médecins  et 
apothicaires  qui  avaient  soigné  Françoise  de  la  Faye  et  Charlotte 
de  la  Faye,  mortes  de  la  picote  en  1643.  Il  fut  alloué  annuellement 
quatre-vingt-une  livres  au  tuteur  pour  la  nourriture  et  Tentretien 
lie  François  de  la  Faye.  Les  frais  du  compte  de  tutelle  furent  taxés 
par  le  juge  sénéchal,  savoir,  ses  vacations  trois  livres,  celles  du 
procureur  d'office  les  deux  tiers,  soit  quarante-cinq  sols,  celles  des 
procureurs  du  rendant  et  de  Toyanl,  à  chacun  vingt  sols,  la  crosse 
du  greffier  trois  livres, 


GÉxéALOOIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  347 

Le  26  novembre  i661,  François  de  la  Paye  étail  léraoin  au  châ- 
teau d'Aubepeyre  du  lestamenl  de  Jacques  de  la  Paye  de  la  Porte, 
baron  du  Leyris. 

En  i664,  François  de  la  Paye  «  demeurait  gentilhomme  »  avec 
messire  Claude  de  Blanchier  de  Pierrebufllère,  chevalier,  seigneur 
marquis  des  terres  et  seigneuries  de  Lostanges,  Nedde,  La  Ville- 
neuve-au-Com(e,  seigneur  de  Bouchx  et  autres  places,  habitant  an 
château  de  Nedde,  en  Poitou.  Le  30  juin  dite  année,  devant  Labron, 
no"  roy.,  au  château  de  Bouchx,  paroisse  de  Terrasson,  en  Péri- 
gord,  ce  seigneur  lui  donna  procuration  pour  gérer  et  administrer 
toutes  ses  affaires  dans  la  seigneurie  de  Bouchx. 

En  1669  et  i6T4,  François  de  la  Paye  habitait  Pafreix.  Le  11  juil- 
let 1677,  alors  au  service  de  Sa  Majesté,  il  afferma  devant  J.  Conte, 
no",  et  Chenaud,  no"  roy.  héréd.  réservé  en  Poitou,  Limousin  et 
Marche,  à  Nedde,  la  portion  lui  appartenant  dans  la  terre  de 
Pafreix.  En  janvier  1690,  il  demeurait  au  village  de  la  Bedouche, 
paroisse  de  Brigueil-le-Chantre,  près  Montmorillon.  Il  mourut  âgé 
de  soixante-neuf  ans,  et  fut  inhumé  dans  Téglise  de  Brigueil-le- 
Chantre  le  13  août  1693  (1).  Après  son  décès,  il  fut  fait  à  la  Bedou- 
che un  inventaire  à  la  date  du  28  août  1692;  le  4  septembre  sui- 
vant, on  procéda  à  Pafreix  à  la  même  opération. 

Il  avait  épousé  Marie  Naude,  de  laquelle  il  ne  laissa  pas  d^enfant, 
et  qui  renonça  à  la  communauté  ayant  existé  entr*elle  et  son  mari. 
Catherine  de  la  Paye,  sa  sœur,  alors  veuve  de  Gabriel  de  Cham- 
peaulx,  fut  donc  son  héritière,  mais  elle  n'accepta  la  succession  que 
sous  bénéfice  d'inventaire.  Le  4  juillet  1693,  devant  Leras  et  Babert, 
no"*  roy.  à  Montmorillon,  Pierre  Malledent,  bourgeois  du  bourg  de 
Gentioux,  comme  mandataire  de  Catherine  de  la  Paye,  et  Léonard 
de  Champeaulx,  sieur  de  Lavaud,  fils  aine  de  Catherine  de  la 
Paye,  tous  deux  logés  à  Montmorillon,  «  au  logis  où  pend  pour 
enseigne  la  Croix-Blanche  »,  traitèrent,  au  sujet  de  la  succession 
de  François  de  la  Paye,  avec  Marie  Naude,  sa  veuve,  demeurant  à 
la  Bedouche,  paroisse  de  Brigueil-le-Chantre. 

V.  —  Catherine  de  la  Paye,  dame  de  Pafreix,  épousa  Gabriel  de 
Champeaulx,  sieur  de  Lavaud  (2),  fils  de  Loys  Je  Champeaulx, 
notaire  à  Peyrat,  et  d*Anne  Chappellon. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  Gabriel  de  Champeaulx,  pour  obte- 
nir le  paiement  du  legs  de  six  mille  livres  fait  par  Catherine  de 


(1)  Beauchet-Filleau,  Dictionnaire  généalogique  des  familles  du  Poi- 
tou, m,  376. 

(2)  Lavaud,  village  aujourd'hui  disparu  de  la  paroisse  de  Beaulieu, 

aujourd'hui  réunie  à  celle  de  Peyrat-le-Chàteau, 


< , 


348  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

Monlal  à  Catherine  de  la  Paye,  sa  femme,  avait  poursuivi  Pierre 
Esmoing,  prieur  de  SaintlMartin-l^hâleau,  détenteur  des  biens  sur 
lesquels  était  hypothéquée  cette  créance.  De  son  côté,  le  prieur 
avait  appelé  en  cause  Joseph  Pichard,  sieur  de  TEglise-au-Bois,  et 
Jehanne  de  Paye,  dame  de  la  Roche  et  de  la  Cour,  pour  les  con- 
traindre à  payer  dix-neuf  cents  livres  à  leur  charge  sur  celle 
créance.  I/affaire  se  termina  par  transaction  :  suivant  contrat  du 
5  avril  1662Laurens  etLadrat,  no'"  roy.,  messire  Pierre  Esmoing, 
chevalier,  seigneur  vicomte  de  Villemonteix,  Lavaublanche,  etc., 
héritier  du  prieur  de  Saint-Martin-Château,  son  grand-oncle,  pour 
se  libérer  de  la  somme  due  à  Catherine  de  la  Paye,  épouse  de 
Champeaulx,  lui  vendit  une  métairie,  sise  au  bourg  de  Maignat, 
paroisse  dudit  lieu,  justice  de  la  Chaulme,  fondalilc  du  prieur  de 
Maignat  (1).  En  4667,  les  époux  de  Champeaulx  eurent  un  procès, 
au  sujet  des  communaux  de  Maignat,  avec  Marie  Mauple,  veuve 
Aubusson  de  Gorceix,  et  Jean  Aubusson,  son  fils,  conseiller  du  roi, 
élu  en  réleclion  de  Bourganeuf. 

Gabriel  de  Champeaulx  élait  de  son  chef  propriétaire  d'une 
métairie,  sise  au  GrandGrandmont,  paroisse  et  justice  de  Peyral, 
provenant  de  la  succession  de  Loys  de  Champeaulx,  son  père;  elle 
avait  été  engagée  à  Menot,  d'Eymoutiers,  mais  Gabriel  de  Cham- 
peaulx la  retira.  En  4642,  il  était  greffier  de  la  baronnie  de  Peyrat. 
En  4674,  il  habitait  Pafreix. 

Par  acte  du  5  septembre  4677  Panel  et  Rounat,  no'^»  roy., 
Gabriel  de  Champeaulx,  Catherine  de  la  Paye,  sa  femme,  Léonard, 
Louis,  Jean  et  Catherine  de  Champeaulx,  ses  enfants,  et  Prançois 
de  la  Paye,  sieur  de  Leslrade,  son  beau-frère,  traitèrent  au  sujet  du 
procès  civil  et  criminel  qu'ils  avaient  avec  Prançois  de  Château- 
neuf,  sieur  de  Lachaud,  demeurant  à  Beaulieu,  et  Emmanuel  de 
Châteauneuf,  sieur  du  Chasiard,  frères,  écuyers. 

En  4692,  Gabriel  de  Champeaulx  était  mort  avant  Prançois  de  la 
l*aye,  son  beau-frère.  Par  le  décès  de  ce  dernier,  sans  enfant, 
Catherine  de  la  Paye  devint  seule  propriétaire  du  fief  et  de  la 
terre  de  Pafreix.  Elle  testa  le  17  septembre  4693  devant  Jean  du 
Roussel,  prêtre,  abbé  du  Puy-de-Cussac,  vicaire  de  la  paroisse  de 
Peyrat. 

§  3.  —  Branche  cadette  (2) 

IIL  —  Noble  Léonard  de  Paye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne 
{Villa  canina),  de  Payfrey,  du  Leyris  el  d'Arlodeys,  baron  de  la 

(1)  Voy.  à  l'appendice,  n°  XlII. 

(2)  Dans  notre  notice  :  «  La  baronniç  du  Leyris  »,  nous  avons  comipi« 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  FAYE  OÙ  DE  LA  FAYE  349 

baronnie  du  Leyris,  ôlail  déjà  propriélaire  de  la  plus  grande  parlie 
du  village  de  Villecros,  paroisse  de  Royère,  lorsque  par  acte  du 
S9  décembre  1869,  les  autres  propriétaires  et  tenanciers  dudil  vil- 
lage lui  cédèrent  ce  qui  leur  appartenait.  Par  acte  du  2i  février 
1870  Pierre  de  Champeaulx,  no'*  roy.,  et  Léonard  Chappellon, 
no'',  il  consentit  aux  dits  tenanciers  le  bail  à  métairie  perpétuelle 
de  tout  le  susdit  village  de  Villecros.  Il  fil,  vers  1S74,  l'acquisition 
de  la  baronnie  du  Leyris  de  Henri  de  Noailles,  chevalier,  seigneur 
de  Noailles  et  d'Àyen,  baron  de  Chambres,  Montclar,  Carbonnières 
et  Malemort,  seigneur  de  Brive  en  partie. 

Il  fut  d*abord,  ainsi  que  nous  Tavons  mentionné  plus  haut,  prieur 
de  Saint-Denis  de  Peyrat  jusqu'au  jour  où  il  résigna  ce  prieuré  et 
contracta  mariage. 

Suivant  acte  du  26  juin  1583  B.  Chappellon,  no'«  roy.,  A.  Chap- 
pellon et  du  Leyris,  no'*»»,  il  acquit  de  Léonard  Bouget  une  parlie 
du  village  du  Feix,  paroisse  de  Royère. 

Il  mourut  entre  1S83  et  1587.  Il  avait  épousé  Jehanne  d'Eychisa- 
dour,  dite  Jehanne  d*Aubepeyre,  fille  de  noble  et  puissant  seigneur 
Léonel  d'Eychisadour,  escuyer,  seigneur  d'Aubepeyre,  Rasteau, 
Puy-Seguin,  La  Fourcst-Belleville,  Lachaud,  et  de  Gilberte  d*Ai- 
gurande,  dame  du  Chiez,  et  sœur  de  Jacques  de  Chisadour,  escuyer, 
seigneur  d'Aubepeyre,  Rasteau,  Lafourest,  Saint-Yrieix  et  autres 
places,  dernier  seigneur  d'Aubepeyre  de  la  maison  de  Chisadour. 
Suivant  actes  du  22  mai  1587  B.  Chappellon,  no'°  roy.,  et  A.  Chap- 
pellon, no'%  et  du  26  juillet  1591  A.  du  Leyris  et  A.  Chappellon, 
no"»,  Jehanne  d'Aubepeyre  fit  Tacquisilion  du  surplus  du  village 
du  Feix. 

Jehanne  d'Eychisadour  se  remaria  à  Claude  de  Bressolles,  sieur 
de  Boussay,  qui  était  mort  en  octobre  1598.  Après  la  mort  de 
Léonard  de  Faye,  elle  avait  vendu  une  métairie,  formant  les  deux 
huitièmes  du  village  d'Arlodeys,  à  Pierre  du  Leyris,  sieur  de  Pey- 
ramont,  qui  la  revendit  peu  après  à  Martial  Phaly  de  Masgrangcs. 
Par  acte  du  13  mars  1598,  Chappellon,  no'<»,  elle  vendit,  moyen- 
nant deux  cent  vingt  écus  d*or,  le  surplus  dudit  village  d'Arlo- 
deys  et  un  tiers  de  la  dîme  dudit  village  à  M*  Antoine  du  Leyris, 
notaire  royal  et  lieutenant  de  la  baronnie  de  Peyrat. 

Du  mariage  de  Léonard  de  Faye  et  Jehanne  d'Eychisadour  naqui- 
rent : 

1"^  Léonard,  qui  suit: 

2*'  François,  dont  il  sera  parlé  plus  loin  ; 

quel({ues  erreurs  relatives  à  la  généalogie  de  cette  branche  de  la  maison 
de  la  Fave.  Nous  les  rectifions  ici, 


350  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

3°  Françoise  de  Paye  ou  de  la  Paye,  dame  de  Fayrreis,  mariée  à 
Bartazard  de  Bressolles  de  Vareynes,  escuyer,  sieur  d'Ârthon,  de 
Boussay  et  autres  lieux,  (ils  de  Claude  de  Bressolles,  sieur  de 
Boussay,  demeurant  au  lieu  el  chastel  de  Boussay,  paroisse  de 
Château-fifeillanl  en  Berry,  à  qui,  par  son  testament  du  5  octobre 
i598  Jacques  de  la  Bourderye,  no''<'  roy.,  Jacques  de  Chisadour, 
seigneur  d'Àubepeyre,  son  oncle,  légua  cent  cinquante  écus,  res- 
tant de  deux  cents  écus  que  feu  noble  Claude  de  Bressolles,  son 
beau-père,  devait  au  testateur,  «  à  cause  de  la  vendition  des  restes 
d'un  cheval  ».  Par  suite  d'un  partage,  qui  eut  lieu  entre  les  sieur 
et  dame  de  Bressolles  et  les  autres  enfants  de  Léonard  de  Faye,  le 
mas,  village  et  métairie,  appelé  de  Fayfreis,  situé  en  la  paroisse 
de  Pevrat,  échut  à  Françoise  de  la  Fave.  Cette  dernière  conserva 
longtemps  des  droits  dans  la  baronnie  du  Leyris,  ainsi  qu'il  résulte 
du  contrat  de  mariage  de  Pierre  de  Bressolles,  son  fils  cadet, 
escuyer,  sieur  de  Boussay,  avec  Marguerite  Esmoing,  veuve  de 
Louis  ou  Léonet  Esmoing,  escuyer,  sieur  de  Lavaultblanche,  passé 
au  chasiel  et  maison  noble  de  Lavaultblanche,  paroisse  de  Saint- 
Ëloy,  le  lundi  3  mai  1638  devant  Michon,  no'*"  roy.  héréd.  Aux 
termes  de  ce  contrat  de  mariage,  Françoise  de  la  Faye,  mère  du 
futur,  alors  veuve,  représentée  par  Jean  d'Assy,  escuyer,  sieur  de 
la  Coste  et  de  Moulay,  pays  de  Berry,  son  gendre  et  mandataire, 
institua  le  futur  pour  son  héritier  universel,  sous  réserve  de  la 
jouissance  de  la  terre  et  seigneurie  d*Arthon,  dont  elle  et  son 
défunt  mari  avaient  fait  donation  à  Léonard  de  Bressolles,  leur  (ils 
aine,  par  son  contrat  de  mariage  avec  Marguerite  de  Moussy  du 
6  juilly  1636,  et  sous  la  réserve  encore  de  la  jouissance  des  biens 
situés  en  Poitou,  consistant  en  la  baronnie  du  Leyris  à  elle  appar- 
tenant à  cause  du  décès  de  Léonard  de  la  Faye,  escuyer,  sieur  de 
Villechenyne  et  baron  du  Leyris  (1).  Avant  celte  époque,  el  proba- 
blement au  commencement  de  i63i,  Françoise  de  la  Faye  avait 
vendu  la  seigneurie  directe  du  village  de  Fatreix  à  noble  Pierre 
Esmoing,  escuyer,  prieur-curé  de  Saint-Martin-Château,  et  par 
acte  du  S3  mai  1631,  elle  avait  vendu  le  domaine  utile  dudlt  lieu 
de  Fafreix  à  noble  Jehan  de  la  Faye,  escuyer,  sieur  de  Lestrade, 
ainsi  que  nous  l'avons  expliqué  plus  haut. 

IV.  —  Noble  Léonard  de  Faye,  écuyer,  sieur  de  Villechenyne  et 
de  Fayfrey,  baron  de  la  baronnie  du  Leyris,  était,  en  1590,  ainsi 
que  ses  frères  et  sœurs,  sous  la  tutelle  de  Jehanne  d'Aubepeyre, 
leur  mère,  et  de  Claude  de  Bressolles,  sieur  de  Boussay,  son  second 

(1)  Archivçs  de  la  Creuse, 


ÛÉNéALOGIE  DE  LA  MAISON  DR  FAYE  OU  DE  LA  FAYE  351 

mari.  Par  contrai  du  11  juillet  1590  Biaise  Chappellon,  no"  rov., 
et  Antoine  de  Champeaulx,  no'%  Claude  de  BressoUes  et  Jehanne 
d'Aabepejre,  comme  tuteurs  des  enfants  de  feu  noble  Léonard  de 
Faye,  donnèrent  le  lieu  de  Fafreix  à  métairie  perpétuelle  à  Grand 
Jean  de  Favareilhas.  Ce  bail  à  métairie  perpétuelle  Tut  ratifié  le 
H  juillet  1640,  à  Peyrat,  maison  de  honorable  M""  Antoine  du 
Lcyris,  juge  sénéchal  de  Peyrat,  devant  Maareil  de  Champeaulx, 
no'«  roy.,  et  Antoine  Chappellon  Talné,  no'<»,  par  noble  Léonard 
de  Faye,  demeurant  au  lieu  noble  de  Villcchcnync,  cl  par  Grand 
Jean  de  Favareilhas  et  ses  curants  (1). 

Par  son  testament  plus  haut  mentionné  du  5  octobre  1508,  Jac- 
ques de  Chisadour,  seigneur  d'Aubepeyre,  oncle  de  Léonard  de 
Faye,  en  cas  que  Françoise  d'Aubepeyre,  sa  fille  unique  légitime, 
viendrait  à  décéder  sans  hoirs  légitimes  ou  descendants  d'elle  en 
loyal  mariage  ou  que  la  dame  Françoise  de  Carbonnières,  son 
épouse,  ne  se  trouvât  enceinte  de  fils  ou  fille,  avait  substitué 
Léonard  de  Faye  et  l'avait  nommé  son  héritier  universel,  à  la 
charge  par  son  fils  aine  de  porter  le  nom  et  les  armoiries  de  la 
maison  d'Aubepeyre.  Mais  cette  institution  d'héritier  devint  cadu- 
que :  Françoise  de  Chisadour,  dame  d'Aubepeyre,  épousa  Louis 
de  Gonrdon  de  Genouiliac,  comte  de  Vaillac,  et  en  eut  postérité. 

Le  31  août  1600,  Léonard  de  Faye  rendit  hommage  et  aveu  au 
roi,  à  cause  de  son  comté  de  Poitou  et  Tour-de-Maubcrgeon,  pour 
la  baronnle  du  Leyris  (2). 

En  1605,  les  tenanciers  de  Fafreix  firent  à  Léonard  de  Faye  une 
nouvelle  reconnaissance  de  la  rente  féodale  qui  lui  était  due.  Elle 
ne  frappait  pas  sur  tout  le  territoire  dudit  village,  car  la  renie 
féodale  du  tënement  du  Feys  appartenait  au  prieur  de  Saint- Denis 
de  Peyrat,  qui  avait  en  outre  toute  la  dîme  de  Fafreix. 

Le  7  août  1605,  à  Peyrat,  auprès  du  cimetière  Saint-Martin, 
devant  P.  Sallon,  no",  cl  B.  Chappellon,  no''  roy.,  Léonard  de 
Faye  afferma  à  ses  métayers  de  Fafreix  la  moitié  des  grains  lui 
revenant  dans  ledit  mas  et  métairie  (3). 

Suivant  contrai  du  5  septembre  1615  Laborne,  no'«  roy.,  et  de 
Champeaulx,  no'*,  Léonard  de  Faye  acquit,  moyennant  le  prix  de 
deux  mille  cent  livres  tournois,  de  haut  et  puissant  seigneur  Charles 
de  Pierrebufflëre,  vicomte  de  Comborn,  baron  de  Châteauneuf  et 
de  Peyrat,  conseiller  du  roi  en  ses  conseils  d'Etal  et  privé,  le  droit 

(1)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux. 

(2'  Beai'chf.t-FilleaI',  Dictionnaire  généalor/ique  dcst  familles  du  Pot- 
fou,  111,  379. 

3)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux, 


3o?  SOClÉTé  ARCHÉOLOGIQLiE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

de  justice  haute,  moyenne  et  basse  sur  le  lieu  et  village  de  la 
Conche  et  les  deux  tenues  et  lènements,  appelés  de  la  Salesse- 
Rapt  et  de  la  Salesse  de  Teillet,  leur  tenues  et  appartenances, 
situés  es  paroisses  de  Saint-Junien,  Saint-Pardoux  et  Saint-Martin- 
Ciiâteau,  ensemble  les  cens,  rentes  directes,  féodales  et  foncières 
sur  la  tenue  de  la  Salesse-Rapt,  possédée  parles  tenanciers  de  la 
Conche,  métayers  de  Léonard  de  Paye,  et  par  les  tenanciers  du 
Ghassin,  et  sur  la  tenue  de  la  Salesse  de  Teillet,  possédée  par  les 
tenanciers  de  la  Conche,  de  Teillet  et  de  Tourtouloux  (1). 

Le  i8  septembre  i615,  au  lieu  de  la  Conche  et  par  devant 
M*  Antoine  du  Leyris,  licencié  ez  'droits,  sénéchal  juge  ordinaire 
de  la  baronnie  du  Leyris,  eut  lieu  le  ban  général  de  la  baronnie. 
Comparurent  Léonard  de  Paye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne  et 
baron  de  la  baronnie  du  Leyris,  assisté  de  M«  Pierre  Rieublanc, 
substitut  du  procureur  de  ladite  juridiction,  elles  tenanciers  des 
villages  et  tènements  de  la  Couché,  la  Sallesse-Rapt,  la  Salesse  de 
Teillet,  paroisses  de  Saint-Pardoux  et  Saint-Martin-Château,  Lan- 
gladure,  Ouzou,  le  Leyris,  Arlodeix,  Andaleix,  le  Peix,  Soumelx, 
paroisse  de  Royëre,  Villemoujane,  paroisse  de  Beaumont.  Tous 
cîs  tenanciers  reconnurent  Léonard  de  Paye  pour  leur  seigneur 
justicier  et  confessèrent  les  renies  dont  ils  étaient  redevables  (2). 

En  1619,  Léonard  de  Paye  était  possesseur  d'un  mas  au  village 
de  Roudaressas,  paroisse  de  Royère,  sur  lequel  il  devait  dix-huit 
livres  de  rente  au  baron  de  la  Villeneuve-au-Comte  (3). 

Par  actes  des  22  août  et  3  octobre  1621  Laborne,  no"  roy.,  et 
de  Paye,  no'',  Léonard  de  Paye  acquit  de  haut  et  puissant  seigneur 
messire  Louis  de  Gourdon  de  Genouillac,  comte  de  Vaillac,  et  de 
haute  et  puissante  dame  Prançoise  de  Chisadour,  dame  des  sei- 
gneuries d'Aubepeyre,  Sainl-Yrieix,  son  épouse,  la  rente  directe, 
féodale  et  foncière  due  à  la  seigneurie  d'Aubepeyre  sur  les  tène- 
ments de  Tras-Ouzoux  et  de  Plazanet,  tenant  et  aboutissant  Tun  à 
Taulre,  tenus  et  possédés  par  les  tenanciers  du  village  de  Langla- 
dure,  ainsi  que  la  dîme  qui  apparlenait  à  la  même  seigneurie  sur 
le  tènement  de  Plazanet.  Pour  leur  leur  notifier  son  contrat  d'ac- 
quisition, il  fit  appeler  les  tenanciers  de  Langladure  devant  Antoine 
du  Leyris,  sénéchal  juge  ordinaire  de  la  baronnie  du  Leyris  (4). 

Léonard  de  Paye  était  mort  en  1631.  Il  signait  :  «  De  Paye  ». 

» 

(1)  Papiers  de   la    famille  de  Paye,  communiqués  par   M.   Maurice 
Delcaire. 

(2)  Papiers  des  familles  De  Paye  et  Faure. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  XXXVIII,  398, 

(4)  Papiers  de  la  famille  Coqtisson, 


CéNÉALOÛIE  DE    La  MAtS0r4    DE  PAVE  OU  DE  LA  FAVË  3Î)3 

Il  avail  épousé  Marie  de  GrandmoQt,  qui,  du  vivanl  de  son  mari, 
ralifla  une  vente  de  six  setiers  seigle  à  prendre  sur  le  lieu  de  Lin- 
tignat,  paroisse  de  Peyral.  Il  ne  laissa  poinl  d'enfanL 

IV.  —  Noble  François  de  Faye  ou  de  la  Faye,  escuyer,  chevalier, 
sieur  de  Villechenyne  et  de  Villegouleix,  et  par  sa  femme  seigneur 
de  la  Porle,  est  mentionné  dans  le  testament  de  Jacques  de  Chisa- 
dour,  seigneur  d*Aubepcyre,  son  oncle,  du  5  octobre  1598. 

Le  1'^  octobre  i6i9,  il  acquit  de  Jean  et  Denis  de  Guains  la  terre 
du  Coudert  et  le  Petit  Poncharal,  contigus,  près  Treignac  (I). 

Il  était  mort  en  1631.  Il  avait  épousé  Marie  de  la  Porte,  fille 
d'Annet  de  la  Porte,  escuyer,  seigneur  de  la  Porte,  et  de  Jehanne 
d'Eychisadour  d*Aubepeyre.  Elle  fut,  vers  1609,  Thérilière  uni- 
verselle de  son  père,  dont  le  fief  de  la  Porte  était  situé  dans  la  côte 
du  Saillant,  paroisse  de  Voutezac,  en  Bas-Limousin.  Annet  de  la 
Porte  y  mit  pour  condition  que  les  enfants  de  François  de  Faye  et 
de  Marie  de  la  Porte  joindraient  le  nom  de  La  Porte  à  leur  nom 
patronymique.  Etant  veuf  de  Marie  de  la  Porle,  il  testa  à  Poitiers, 
le  6  juillet  1619  (au  Petit-Maure),  en  faveur  de  ses  enfants  (2). 

De  ce  mariage  naquirent  : 

1"^  Jacques,  qui  suit  ; 

^  Balthazar,  dont  nous  parlerons  ensuite; 

S*»  Noble  frère  Jean  de  la  Faye  de  la  Porle,  qui,  le  14  juillet  1612, 
étant  prieur  de  Magontière,  fonda  dans  Téglise  de  Saint-Martin  de 
Treignac,  à  Tautel  de  sainte  Catherine,  une  vicairie,  dite  de  saint 
Jean  (3);  en  1619,  il  fut  reçu  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  et  devint  commandeur  de  Laumussc.  Il  portait  :  d'argent, 
à  un  quintefeuille  de  gueules  (4)  ;  et  vivait  encore  en  166i . 

4''  Claude  ou  Claudie  de  la  Faye  de  la  Porte,  qui,  après  le  décès 
de  ses  père  et  mère,  fut  mariée  par  Jacques  et  Balthazar,  ses 
frères,  à  messire  François  de  Cbasteauneuf,  escuyer,  sieur  du 
Chasiard  (5),  paroisse  de  Peyrat,  fils  de  François  de  Cbasteauneuf 


(1)  Champeval,  Le  Bas-Limousin  seigneurial. 

(2)  Beauchet-Filleau,  Dictionnaire  généalogique  des  familles  du  Poi^ 
tou,  III,  380. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Corrèze,  XIV,  4i  9. 

(4)  Communication  de  M.  Ambroise  Tardieu. 

(5)  Le  château  du  Chàlard,  situé  sur  la  Maulde,  a  vu  ses  bâtiments 
transformés  après  la  période  révolutionnaire.  Sa  chapelle  fut  détruite 
en  1793  par  les  jacobins  d'Eymoutiers.  Seuls  ont  subsisté  :  une  vieille 
tour  ronde,  servant  autrefois  de  pigeonnier  et  le  vieux  donjon  avec  ses 
seize  mâchicoulis  et  sa  façade  armorié  (Pierre  Cousseyroux,  Inventaire 
des  registres  paroissiaux  de  Peyrat-le-Château), 


'S^'k  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQllB  ET   IliSTORtQÙE    DÛ    LÎMOUS)?) 

el  de  Marie  Doumy  :  slux  termes  de  leur  contrat  de  mariage,  en 
date  du  28  avril  iQ3i  Laborne  et  Dechampeaulx,  no^',  elle  fut 
dotée  et  apanée  par  sesdits  frères  de  la  somme  de  dix  mille  livres, 
en  déduction  de  laquelle  il  lui  fut,  par  le  même  acte,  laissé  le  vil- 
lage de  Villegouleix  el  ses  appartenances,  avec  d^autres  rentes  el 
dîmes,  pour  la  somme  de  cinq  mille  livres.  Elle  était  morte  avant 
son  frère  Jacques. 

5**  Noble  François  de  la  Paye  de  la  Porte,  écuyer,  sieur  de  Ville- 
chenyne  et  de  Saint-Denis,  qui  épousa,  par  contrat  du  26  octo* 
bre  1645,  Jeanne  Doumy  de  Mansat,  fille  cadette  d'Esmonnet 
Doumy,  écuyer,  seigneur  de  Mansat,  et  de  feue  Gabriellc  de 
Bridiers  (i),  laquelle,  étant  veuve,  .se  remaria,  par  contrat  du 
26  avril  1651,  à  Louis  de  Chaussecourte,  chevalier,  sieur  de 
Souliers,  plus  lard  comte  de  Lépinas,  Gartcmpe,  la  Chassaigne  et 
Fontanet,  auquel  elle  survécut.  Jeanne  Doumy  fui  inhumée  le 
29  aoAt  1685,  dans  réglise  de  Gartempe  (2).  Du  mariage  de 
François  de  la  Faye  avec  Jeanne  Doumy  naquirent  deux  filles  : 

A.  Jeanne  de  la  Faye  de  la  Porte,  dame  de  la  baronnie  du  I^yris  en 
partie,  qui  épousa  Silvain  de  Rochcdragon,  écuyer,  seigneur  de  la 
Villatte  et  de  la  Vaureille,  ancien  page  de  la  grande  écurie,  capi- 
taine do  clievau-légers  au  régiment  de  Ligondès,  demeurant  au 
château  de  la  Vaureille,  paroisse  de  Peyrat-l'Asuonier,  en  Com- 
braille  ;  après  la  mort  de  Jacques  de  la  Faye  de  la  Porte,  baron  du 
Leyris,  son  oncle,  elle  eul  en  partage  la  plus  grande  partie  de  la 
baronnie  du  Leyris,  composée  des  villages  du  Leyris,  Langladure, 
Orladeix,  Andaleix  et  Auzoux  et  de  la  métairie  d'Andaleix  ;  entre 
1685  et  1689,  cette  dame  et  son  mari  venijirent  le  tout  à  Joseph 
de  Fricon,    chevalier,  seigneur  de   Parsac,   baron  de  Gouzon  ; 

B.  Jeanne  de  la  Faye  de  la  Porte,  mariée  ^  Joseph  de  Thiangcs, 
chevalier,  seigneur  de  Lussat,  Malleville,  Baland,  Lande  et  autres 
places,  demeurant  au  château  de  Lussat,  paroisse  de  ce  nom  ;  après 
la  mort  de  Jacques  de  la  Faye,  elle  eut  en  partage  le  château  du 
Breilh,  près  Peyrat,  avec  le  domaine  el  préclôlure  en  dépendant. 
Du  mariage  de  Louis  de  Chaus.secourle  avec  Jeanne  Doumy  naquit 
un  fils,  Godefroy  de  Chaussecourte,  chevalier,  seigneur  comte  de 
Lépinas,  Gartempe,  etc.,  demeurant  ordinairement  en  son  château 
de  Gartempe,  en  Poitou,  qui,  par  contrat  de  mariage  du  13  fé- 
vrier 1695,  épousa  Geneviève  du  Tronchay,  fille  de  Louis  du 
Tronchay,  chevalier,  seigneur,  marquis  de  Vayres,  et  de  Renée 
Luant,  el  mourut  en  1709,  sans  laisser  de  postérité  ;  sa  veuve  se 

(1)  Archives  de  la  Creuse,  B  35. 

(2)  Xobiliaire  du  Limousin ,  î,  690. 


GÉNéALOGlE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  Bo^ 

remaria,  par  coniral  du  9  septembre  ITli,  à  Philippe  Tournyol, 
seigneur  de  Bournazeau,  conseiller  du  rui,  premier  présidenl  en 
l'élection  de  la  Marche.  Jeanne  de  la  Paye  de  la  Porte,  épouse  de 
Joseph  de  Thianges,  sœur  utérine  de  Godefroy  de  Chaussecourle, 
hérita  de  ce  dernier,  dont  elle  n'accepta  d'abord  la  succession  que 
sous  bénéfice  d'inventaire  ;  mais,  par  acte  du  6  juillet  ilM  JabriN 
lac,  no'*  roy.,  Joseph  de  Thianges  et  Jeanne  de  la  Paye  traitèrent 
avec  Philippe  Tournyol  et  Geneviève  du  Tronchay,  au  sujet  de  la 
succession  de  Godefroy  de  Chaus^ecourte  {i). 

6"  Léonard  de  la  Paye  de  la  Porte,  tonsuré  en  1608,  propriétaire 
en  1619  et  1625  de  la  terre  du  Couderc,  près  Treignac  (2).  C'était 
peut-être  l'aîné  des  enfants. 

7°,  8*  et  9®  Gabrielle,  Marguerite  et  Françoise  de  la  Paye  de  la 
Porte,  mentionnées  dans  le  testament  de  leur  père  du  6  juil- 
leH6i9(3). 

V.  —  Noble  messire  Jacques  de  la  Paye  de  la  Porte,  chevalier, 
seigneur  baron  du  Leyris,  seigneur  de  la  Porte,  le  Breilh,  Ville- 
chenyne  et  autres  places,  vendit  le  17  juillet  163i,  moyennant 
treize  mille  cinquante-quatre  livres,  à  Chaverebière,  bourgeois,  élu, 
le  Couderc  et  le  petit  Poncharal  contigus,  près  Treignac  (4).  En 
1642,  il  nomma  à  la  vicairie  fondée  par  Jean  de  la  Paye  de  la 
Porte,  son  frère,  dans  l'église  de  Saint-Martin  de  Treignac.  En 
1646,  il  habitait  le  château  noble  d'Aubepeyre,  paroisse  de  Saint- 
Yrieix,  en  la  Marche,  où  il  était  le  représentant  du  seigneur 
d'Aubepeyre,  son  parent.  Le  19  juin  i6S0,  il  afferma  une  métairie 
qui  lui  appartenait  à  la  Rocherolle,  paroisse  de  Saint-Yrieix,  et 
qu'il  avait  acquise  des  Garraud  de  Saint-Yrieix.  Il  signait  : 
<c  Laporte  ». 

Jacques  de  la  Pave  de  la  Porte,  baron  du  I^yris,  testa  au  château 
d'Aubepeyre  le  26  novembre  1661  Clouzaud,  no"  roy.  Par  son 
testament,  il  demande  à  être  enseveli  aux  tombeaux  de  ses  prédé- 
cesseurs, dans  sa  chapelle  de  l'église  de  la  ville  de  Peyrat  ;  il  lègue 
aux  Révérends  Pères  Récollets  de  Saint-Léonard  trois  cents  livres 
pour  dire  des  messes  à  perpétuité  ;  il  reconnaît  devoir  sept  cents 
livres,  pour  le  prix  d'une  maison  par  lui  achetée  au  bourg  du 
Compeix,  et  cinq  cents  livres,  pour  le  reliquat  du  prix  de  la  mé- 
tairie de  Jean  Lagaie  du  Peix  ;  il  lègue  à  Jean  de  la  Paye  de  la 

(1)  Archives  de  la  Creuse. 

(2)  CiiAUPEVAL,  Le  Bas-Limousin  seigneurial, 

(3)  Beauchet-Filleau,  Dictionnaire  généalogique  des  familles  du 
Poitou,  III,  380. 

(4)  CiiAMPEVAL,  Le  Bas-Limousin  seigneurial. 


356  SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE   ET    lllStOlUQllE  Dlj  LIMOU&lN 

Porte,  son  frère,  chevalier  de  iordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
commandeur  de  Laumusse,  tous  ses  chevaux,  juments  et  équipages 
de  chasse,  à  l'exception  de  deux  juments  qu'il  lègue  à  Pierre 
Tixier,  son  domestique,  à  cause  de  ses  bons  services  ;  il  lègue  en 
outre  audit  Pierre  Tixier  une  tenture  de  Bragance  avec  deux 
clialils  garnis  de  quatre  matelas  et  plusieurs  couvertures  de  Cata- 
logne ;  il  lègue  à  Jean  de  la  Paye,  prieur  de  Saint-Denis  de  Peyrat, 
et  à  sa  sœur  Claudie,  ses  enfants  naturels,  tout  le  surplus  de  ses 
autres  meubles,  soit  lits,  châlits,  tapisseries,  linge,  vaisselle,  pots 
de  fer  qu1I  a  dans  ladite  maison  (probablement  celle  du  Compeix  ?) 
et  audit  Jean  de  la  Paye,  en  jouissance  pendant  sa  vie,  ses  renies 
établies  sur  les  villages  de  Langladure  et  d*Auzoux,  plus  à  Claudie 
de  la  Paye,  les  terres  et  seigneuries  du  Breilh,  ensemble  les  inaisons 
et  préclôtures  en  dépendant,  et  les  domaines  à  trois  paires  de 
bœufs,  jouis  par  Larfouillaud  et  Jean  Blanc,  et  le  village  de  Pey- 
ragoux,  consistant  dans  deux  domaines  à  deux  paires  de  bœufs, 
voulant,  dans  le  cas  où  ladite  Claudie  n'aurait  pas  d'enfants,  que 
lesdits  biens  revinssent  à  Jeanne  de  la  Paye,  sa  nièce,  fille  de  feu 
Prançois  de  la  Paye,  son  frère,  ou  à  ses  descendants  ;  il  déclare 
en  outre  devoir  à  cette  même  nièce  treize  mille  livres,  pour  la 
légitime  dudit  feu  Prançois  de  la  Paye,  et  Tinstituer  pour  seule 
héritière,  à  la  charge  de  payer  divers  legs  à  ses. valets  et  servantes 
et  de  payer  à  Claudie  de  la  Paye,  femme  de  Prançois  de  Chasleau- 
neuf  et  sœur  du  testateur,  la  somme  de  sept  mille  cinq  cents  livres 
ou  de  lui  laisser  la  rente  acquise  du  sieur  de  Yerdalle  et  le  village 
du  Petit-Grandmont,  composé  de  trois  métairies,  hypothéqués  à 
cet  effet;  il  charge  ses  héritiers  de  payer  quatorze  cents  livres  à 
Léonard  Darfeuilhe  pour  l'acquisition  du  domaine  d'Andaleix,  qu'il 
avait  revendu  à  Jean  Pichon,  écuyer,  seigneur  de  la  Nouaille  ;  il 
nomme  comme  ses  exécuteurs  testamentaires  le  commandeur  de 
Laumusse,  son  frère,  les  sieurs  de  Peizac,  de  Lavaud-Saint-Maixenl 
et  de  TEglise-au-Bois  (1). 

Jacques  de  la  Paye  de  la  Porte  ne  laissa  pas  d'enfant  légitime 
d'Anne  Rougier,  sa  femme,  qu'il  avait  épousée  avant  1642,  mais  il 
laissa  deux  enfants  bâtards  : 

1**  Jean  de  la  Paye,  escuyer,  curé  de  Peyrat  de  1637  à  1668, 
prieur  de  Saint-Denis  de  Peyrat  en  1661  et  1687,  qui,  en  1675, 
habitait  le  château  du  Breilh  ;  plus  tard,  il  habita  successivement 
avec  son  beau-frère,  Léonard  du  Masfaure,  le  château  de  Neuf- 
vialle,  celui  de  Villechenyme  et  en  1684  celui  de  la  Cour.  Ce  prieur 
eut  une  fille  naturelle,  Thérèse,  née  le  5  mars  1684,  ainsi  qu'il 

(1)  Archives  du  Monteil-Chftteau.  —  Voy.  à  l'appendice,  n^  XIV. 


G^NéALOGlE  DE  LA  MAISON  DE   PAYE  OU  DE  LA  PAYE  35^7 

résulte  de  Tacle  de  baptême  suivant,  que  nous  avons  copié  sur  le 
registre  paroissial  de  fiourganeuf  :  «  Le  sixième  iour  du  mois  de 
mars  de  Tan  susdit  (1684)  a  esté  baptizée  par  moy  vicaire  soussigné 
Thérèse,  fille  de  lean  de  La  Paye  dit  La  Porte,  prieur  de  Peyral, 
commandataire  simple  clerc  tonzuré,  et  de  Gabrielle  Bechemore, 
ses  parents  naturels,  ainsi  que  la  dite  Bechemore,  a  déclaré  que 
ledit  lean  de  La  Faye,  prieur  commandataire,  en  estoit  le  véritable 
père  naturel,  née  le  cinquième  mars,  a  trois  heures  du  soir.  A  esté 
parrein  loseph  Ducher,  praticien,  et  marreipe  damoiselle  leanne 
Borde,  Ils  ont  signé  avec  moy,  ils  sont  tous  de  Bourganeuf.  (Signé  :) 
J.  Bechamore  père,  J.  Duchier,  J,  Borde,  et  P.  Polier,  vicaire  ». 

2<*  Ciaudie  de  la  Faye,  mariée,  par  contrat  du  2  février  1672 
Du  I^yris,  no'«,  à  Léonard  du  Masraure,  sieur  de  Neufvialle,  né  le 
45  juillet  1646,  fils  de  Jacques  Masraure,  sieur  de  Neufvialle,  et 
d'Anne  Noalhier;  ses  droits  successifs  en  valeurs  mobilières  furent 
réglés  à  trois  mille  livres,  ainsi  qu*il  est  établi  dans  les  lettres  de 
rescision  de  la  Chancellerie  du  24  septembre  1681  ;  elle  mourut 
le  29  décembre  1686,  âgée  de  quarante  ans,  et  fut  ensevelie  dans 
l'église  de  Saint-Marlin-Ch&leau  ;  Léonard  du  Masfaure,  qui  avait 
épousé  en  deuxièmes  noces  Marie  du  Masfaure,  demoiselle  du 
Bosl-Rigaud^  et  en  troisièmes  noces  Jeanne  Cellière,  mourut  en 
1707  à  Youtezac,  eu  Bas-Limousin. 

Y.  —  Noble  Ballhazar  de  la  Faye  de  la  Porte,  escuyer,  sieur  du 
Breilh,  habitait  le  lieu  noble  de  la  Grola vergue,  près,  paroisse  et 
justice  de  Peyrat,  lorsque,  par  acte  du  13  mai  1631  Léonard 
l^borne,  no"  roy.,  et  P.  Laborne,  no'%  il  vendit  à  Emery,  fils  de 
feu  Jehan  d'Ouzou,  laboureur,  divers  héritages  situés  aux  dépen- 
dances du  village  d'Ouzou,  justice  de  la  baronnie  du  Leyris(l). 
Par  contrat  du  18  août  1641,  il  épousa  Jeanne  Doumy  de  Mansat, 
fille  aînée  d'Esmonnet  Doumy,  écuyer,  seigneur  de  Mansat,  et  de 
feue  Gabrielle  de  Bridiers,  et  par  son  mariage  devint  seigneur  de 
Mansat.  Jusqu'en  1644,  les  nouveaux  époux  habitèrent  le  château 
de  Mansat,  mais  à  cette  époque,  ils  firent  bâtir  une  maison  au 
Châtain  pour  s'y  retirer  (2). 

Par  acte  passé  au  château  d'Aubepeyre,  en  la  Marche,  le  29  dé- 
cembre 16S0  Clouzaud,  no'^  roy.  héréd.,  en  présence  de  Jehan 
Grelet,  maître  chirurgien  de  la  ville  d'Aubusson,  et  M'  Léonard 
Jallabaud,  de  la  ville  de  Peyral,  Balthazar  de  la  Faye  de  la 
Porte,  seigneur  du  Breilh  et  de  Mansat,  demeurant  au  château  de 

(1)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux. 

(2)  Archives  de  la  Creuse,  B  31, 

T.  LV  23 


3jB  SOClÉré   AHCIIÉOLOOIQUB   ET    HISTORIQUE   DU  LIMOUSIM 

Mansal,  paroisse  et  justice  dudit  lieu,  en  la  Marclie,  veodil  à  Léo- 
nard Masfaure,  escuyer,  sieur  de  Pont,  demeurant  en  son  lieu 
noble  du  Monteil,  paroisse  de  Saint-Marlin-Chftteau,  en  Poitou  : 
1»  le  village  de  la  Gathe,  en  son  entier,  avec  le  tènemenl  de 
Fressenjas,  composé  de  quatre  métairies  et  tenu  noblement  en  llef; 
iy  les  cens  et  rente  féodale  à  lui  due  sur  le  village  de  Lansade, 
consistant  en  trois  setiers  froment,  dix-sept  setiers  seigle,  deux 
setiers  avoine,  mesure  de  Peyrat^  trois  livres  quinze  sols  en  deniers 
et  deux  poules;  le  tout  moyennant  le  prix  de  cinq  mille  cent  cin- 
quante livres  tournois,  qui  fut  payé  comptant  en  quatre  cents  pis- 
tôles,  cent  sous  d'or  au  soleil  et  le  restant  en  écus  de  vingt  sols, 
testons  et  autre  bonne  monnaie  (1). 

Balthazar  de  la  Paye  testa  le  9  mai  1857  au  château  de  Mansat. 
Par  son  testament  il  lègue  mille  livres  à  Léonard,  son  fils  naturel, 
lègue  par  préciput  quatre  mille  huit  cents  livres  à  Jean  de  la  Paye, 
son  fils  légitime,  lègue  ses  chevaux  et  équipages  à  sa  femme  et  le 
surplus  à  Jean  et  Jeanne,  ses  enfants,  reconnaît  que  tous  les  meu- 
bles du  château  de  Mansat  appartiennent  à  sa  femme.  Il  était  mort 
avant  Jacques  de  la  Faye,  son  frère.  Jeanne  Doumy,  sa  veuve,  se 
remaria  par  contrat  du  19  janvier  1660  Ghampeaulx,  no'*  roy., 
avec  messire  Marien  de  Monrougnon  ou  Montrognon,  chevalier, 
seigneur  de  la  Groslière,  la  Gombe,  etc.,  demeurant  au  château  de 
la  Gembe,  paroisse  de  Sermur,  en  Gombraille.  Par  ce  contrat  de 
mariage,  passé  a«  lieu  et  maison  noble  de  Mansat,  en  la  Marche, 
en  présence  de  messire  François  de  la  Roche,  chevalier,  seigneur 
de  Giac,  et  d*honorable  M*  Ghristophe  Borde,  sieur  de  la  Brugière, 
conseiller  du  roy,  juge  sénéchal  de  la  justice  de  Bourganeuf  et  élu 
tu  Télection  dudit  lieu,  Jeanne  Doumy  de  Mansat,  assistée  et  con- 
seillée de  messire  Louis  de  Ghaussecourte,  escuyer,  chevalier, 
seigneur  de  Lespinas,  Soulier  et  autres  ses  places,  son  beau-frère, 
se  constitua  le  tiers  et  tierce  partie  de  la  terre,  fief  et  seigneurie 
de  Mansac,  le  tiers  des  autres  biens  qu'elle  possédait  dans  l'étendue 
de  sa  dite  terre  et  justice,  ensemble  ses  deux  mas  et  {métairies 
situés  au  bourg  de  Saint-Pardoux,  paroisse  et  justice  dudit  lieu,  le 
village  de  Plancoulène,  paroisse  et  justice  de  Soubrebost,  en 
Poitou,  plus  tous  les  biens  meubles,  équipages,  ustensiles,  gages, 
devoirs  ou  autres  qu*elle  avait  de  présent  dans  sa  dite  maison,  et 
le  tiers  de  la  valeur  des  cheptels  se  trouvant  dans  les  métairies 
situées  dans  le  détroit  de  ladite  justice  de  Mansac,  et  en  outre  le 
tiers  et  tierce  partie  des  droits  à  elle  appartenant  sur  la  terre,  sei- 


(1)  Voyez  à  Tappendice,  n®  XV. 


GENEALOGIE  DE  LA  MAISON  DÉ  I^AVE  OC    DR  LA    PAYE  3o9 

neurie  et  maison  de  tiarlempe.  Quanl  aux  deux  liers  de  la  terre  et 
seigneurie  de  Mansat  et  dépendances  et  deâ  métairies  dépendant 
d*icelle,  situées  tant  audit  lieu  de  Mansat  qu*au\  villages  de  Clii- 
gnac  et  la  Courriëre,  elles  deux  tiers  des  cheptels  de  ces  métairies, 
la  dame  de  Mansat  en  fit  donation  entre-vifs  à  Jean  de  la  Faye,  son 
tils  et  dudil  feu  seigneur  du  Breilh,  sous  condition  que  les  droits 
lui  revenant  dans  la-  duccession  de  son  père  seraient  confondus 
dans  celle  donation  et  qu*il  n*aurait  rien  à  prétendre  sur  les  biens 
que  la  dame  de  Mansat  se  réservait  par  son  contrat  de  mariage  et 
à  charge  de  bailler  et  payer  à  damoiselle  Jeanne  de  la  Faye,  sa 
sœur,  la  somme  de  douze  mille  livres  une  fois  payée  quand  elle 
trouverait  parti  sortable  et  selon  sa  condition  au  gré  et  su  de  la 
dame  de  Mansat,  laquelle  somme  lui  était  constituée  pour  tous  ses 
droits  dans  les  successions  de  ses  père  et  mère.  Elle  donna  en 
outre  à  ladite  Jeanne  de  la  Faye  le  tiers  des  droits  qni  lui  apparte- 
naient sur  la  maison  de  Gartcmpe;  Tautre  tiers  des  mêmes  droits 
fut  donné  à  Jean  de  la  Faye.  Dans  le  cas  où  la  dame  de 
Mansat  viendrait  à  décéder  sans  avoir  marié  la  damoiselle  Jeanne, 
sa  tille,  Jean  de  la  Faye  devait  payer  la  somme  constituée  à  sa 
sœur  dans  les  termes  qui  seraient  trouvés  à  propos  par  ses  plus 
proches.  La  dame  de  Mansat  se  réserva  l'usufruit  et  jouissance  sa 
vie  durant  des  deux  tiers  donnés  à  son  (ils.  «  Et  au  cas  que  lesd. 
Jehan  et  Jehane  de  la  Faie  vinssent  à  decedder  sans  hoirs  procréés 
de  leur  chair  ou  Inn  d'eux  le  bien  de  l*un  accroistra  a  lautre,  et 
estant  les  deux  reviendra  le  tout  et  susd.  donaon  en  son  entier  a 
lad.  dame  ou  ezsciens  de  son  estoq  et  ligne  et  délie  prenant  droict, 
comme  le  tout  réversible  par  droict  de  lignage  ».  Il  fut  expliqué 
que  les  droils  de  la  dame  de  Mansat  sur  la  terre  de  Gartempe  lai 
provenant  de  la  dame  Gabrielle  de  Bridiers,  sa  mère,  étaient  en 
litige  et  procès  pendant  pardevant  «  nos  seigneurs  de  la  cour  du 
parlementa  Paris  ». 

Par  acte  du  «H  juillet  1667,  passé  en  la  maison  noble  de  Ville- 
chenine,  en  Poitou,  en  présence  de  honorable  Christophe  Borde, 
sieur  de  la  Brugière,  advocat  en  parlement,  lieutenant-général  en 
l'élection  de  Bourganeuf,  et  Mathieu  de  Faye,  advocat,  conseils  et 
amis  des  parties,  Jeanne  Doumy,  dame  de  Mansat,  veuve  de  Bal- 
thazar  de  la  Faye  de  la  Porte  et  épouse  de  Marien  de  Montrognon, 
traita  avec  François  de  Ghasteauneuf,  escuyer,  sieur  du  Ghftlard, 
et  ses  enfants,  représentants  de  feue  Glaudie  de  la  Faye,  leur  mère, 
demeurant  tous  au  lieu  et  maison  noble  du  Châlard,  en  Limousin, 
justice  et  paroisse  de  Peyrat,  au  sujet  du  reliquat  de  la  dot  de 
ladite  Glaudie  de  la  Faye,  resté  dû  par  feu  Jacques  de  la  Faye  de 
la  Porte.  Jeanne  Doumy  leur  abandonna  en  paiement  les  trois  mas 


360  SOCIÉTÉ   ARCHéOLOeiQUB   ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

el  métairies  situés  dans  le  village  du  Pelit-Grammonl  et  tënemeat 
du  Mas  Planchât,  en  la  paroisse  de  Peyrat,  sous  réserve  de  la  rente 
féodale,  le  village  de  Prasinas,  en  propre  justice  et  fondalité,  et  la 
rente  due  sur  le  village  de  NeuMalie,  le  tout  dépendant  de  la  suc- 
cession de  Jacques  de  la  Paye  de  la  Porte  (1). 

Du  mariage  de  Balthazar  de  la  Paye  de  la  Porte  avec  Jeanne 
Doumy  de  Mansat  naquirent  deux  enfants  :  Jeanne,  qui  suit,  et 
Jean,  dont  nous  parlerons  ensuite.  Balthazar  de  la  Paye  laissa  en 
outre  un  fils  naturel,  Léonard  de  la  Paye. 

Le  mariage  de  Marien  de  Montrognon  avec  Jeanne  Doumy  donna 
le  jour  à  un  fils,  Jean  de  Montrognon,  seigneur  de  Mansat. 

Jeanne  de  la  Paye  de  la  Porte,  dame  de  la  baronnie  du  Leyris  en 
partie,  eut  pour  sa  part,  dans  le  partage  de  la  baronnie  du  Leyris, 
les  villages  du  Peix  et  de  Villemoujane.  Elle  épousa  :  l""  par  contrat 
passé  à  Paris  le  14  juillet  1663,  Jean  de  la  Gastine,  écuyer,  sieur 
dudit  lieu  et  de  Lizières,  paroisse  de  Salagnat,  en  Limousin,  mort 
le  26  mai  1664,  avec  les  héritiers  duquel  elle  transigea  par  acte 
du  15  septembre  1670  {i);^  par  contrat  du  27  août  1672  Ladrat, 
no'**  roy.,  passé  en  présence  de  Marien  de  Montrogon,  seigneur  de 
la  Combe  et  de  la  Groslière,  et  de  Diane  de  Pumel,  veuve  de  Pierre 
Esmoing,  seigneur  de  Yillemonteys,  Lavaublanche,  Joseph  de 
Pricon,  chevalier,  seigneur  de  Parsac,  baron  de  Gouzon,  fils  de 
Jean  de  Pricon,  escuyer,  seigneur  de  Parsac,  baron  de  Gouzon,  et 
d'Isabeau  de  Pouzolle,  demeurant  en  son  château  de  Parsac.  Par 
son  premier  contrat  de  mariage,  Jeanne  Doumy,  sa  mère,  lui  avait 
constitué  en  dot  dix-sept  mille  livres  que  Jean  de  Montrognon, 
seigneur  de  Mansat,  frère  utérin  de  ladite  Jeanne  de  la  Paye,  prit 
dans  la  suite  l'engagement  de  payer  à  ses  héritiers  aux  termes 
d'une  transaction  du  l^'août  1702  Philippon,  no"  roy.  En  1674- 
1675,  Jean  de  Pricon,  beau-père  de  Jeanne  de  la  Paye,  faisant  tant 
pour  lui  que  pour  celle  dernière,  consentit  à  Vallière  et  à  Saint- 
Yrieix  plusieurs  affermes  des  métairies  lui  appartenant  à  la  Roche- 
rolle,  paroisse  de  Saint-Yrieix.  Jeanne  de  la  Paye  était  morte  en 
1685.  Joseph  de  Pricon,  après  racquisition4)arlui  faite  de  Sylvain 
de  Rochedragon  et  de  Jeanne  de  la  Paye,  sa  femme,  de  la  plus 
grande  partie  de  la  baronnie  du  Leyris,  prit  le  titre  de  baron  du 
Leyris.  Il  épousa  en  deuxièmes  noces  le  17  décembre  1685  noble 
dame  Jeanne  Mourin  d'Arfeuille,  veuve  de  Jean  de  la  Paye  de  la 
Porte,  sieur  de  Villechenyne  et  seigneur  de  Mansat.  Le  26  février  1698 
il  rendit  hommage  au  roi  pour  la  baronnie  du  Leyris,  et  mourut  le 
le  19  juin  1702. 

(1)  Voyez  à  Tappendice,  n»  XVI. 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  FAYB  OU  DE  LA  FAYB         361 

VI.  —  Jean  de  la  Faye  de  la  Porte,  écuyer,  sieur  du  Breilh  el  de 
Villechenyne,  seigneur  de  la  baronnie  du  Leyris  en  partie,  seigneur 
de  Mansat,  obtint,  dans  le  partage  de  la  baronnie  du  Leyris,  les 
villages  de  Soumeix,  paroisse  de  Royëre,  et  de  la  Conche,  paroisse 
de  Saint-Pardoux-Lavaud.  La  seigneurie  de  Villechenyne,  la  sei- 
gneurie et  le  château  du  Breilh,  près  Peyrat,  lui  échurent  en  outre. 
Le  20  avril  1660,  pardevantSilvain  de  Madol,  seigneur  du  Musroy, 
conseiller  du  roi,  lieutenant  civil  en  la  sénéchaussée  de  la  Marche, 
il  accepta  la  donation  en  sa  faveur  stipulée  au  contrat  de  mariage 
de  Jeanne  Doumy,  sa  mère,  avec  Marien  de  Montrognon.  En  1670, 
il  était,  ainsi  que  Jeanne,  sa  sœur,  sous  la  curatelle  de  François 
de  La  Roche,  seigneur  de  Giat,  beau  frère  de  Jeanne. 

Quoiqu'il  ne  fut  propriétaire  que  des  deux  tiers  de  la  seigneurie 
de  Mansal,  Jean  de  la  Faye  en  fut  le  seul  seigneur  après  la  mort 
de  Jeanne  Doumy,  Jean  de  Montrognon,  son  frère  utérin,  étant 
encore  eh  bas-âge. 

Suivant  acte  du  26  août  1672,  Jean  de  la  Faye,  qui  demeurait 
alors  au  château  de  Yillechenine,  partagea  avec  Jeanne  de  la  Faye 
de  la  Porte,  sa  sœur,  alors  veuve  de  Jean  de  la  Gasline  et  demeu« 
rant  au  château  de  Mansat,  les  biens  dépendant  de  la  succession 
de  Jacques  de  la  Faye  de  la  Porte,  leur  oncle.  Il  eut  dans  son  lot 
le  fief  de  la  Porte,  sis  dans  la  côte  du  Saillant,  paroisse  de  Vou- 
tezac,  en  Bas  Limousin. 

Le  24  janvier  1670,  Jean  de  la  Faye  et  Jeanne,  sa  sœur,  avaient 
fait  condamner  devant  le  sénéchal  de  JMontmorillôn  les  héritiers  de 
Chasleauneuf  au  paiement  de  la  rente  féodale  due  par  le  village 
du  Petit-Grammont  et  tènement  de  Mas  Planchât  et  consistant 
annuellement  en  trente  setiers  deux  quartes  seigle,  huit  setiers 
avoine,  mesure  de  Peyrat,  trois  livres  dix  sols  argent  et  cinq 
gélines.  Par  acte  du  3  avril  1681  Laurens  et  Ladrat,  no'^'  roy., 
Joseph  de  Fricon  et  Jeanne  de  la  Faye  transigèrent  sur  les  arré- 
rages dus  et  vendirent  les  deux  cinquièmes  leur  appartenant  sur 
ladite  rente  à  Pierre  de  Vernias,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Géry,  et 
à  Gabrielle  de  Chasleauneuf,  sa  femme,  demeurant  au  château  de 
Saint-Géry,  paroisse  de  Nantiat. 

Jean  de  la  Faye  signait  :  «  Delafaye  Mansac  ».  En  1673  il  avait 
pour  fermier  à  Yillechenine  le  sieur  de  La  BetouUe,  Léonard  Jalâ- 
baud,  avec  lequel  il  plaidait  devant  le  juge  sénéchal  de  la  baronnie 
de  Peyrat. 

Jean  de  la  Faye  de  la  Porte,  le  24  décembre  1674,  ratifia  les 


(1)  Notes  recueillies  par  feu  M.  Etienne  Berger. 


362  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UM0U5IN 

partages  en  compagnie  de  Jean  de  Fricon,  beau-père  de  sa  sœur. 
Il  mourut  à  YiUechenine,  ftgé  de  trente  ans,  le  18  octobre  1678  et 
fut  enseveli  dans  l'église  de  Peyrat,  chapelle  de  Saint-Joseph.  Il 
avait  épousé,  par  contrat  reçu  Ranon,  no'*  roy.  à  Ahun,  le  22  jan- 
vier 1672,  Jeanne  Mourin  d*Arfeuilie.  Le  28  novembre  1678,  en  la 
maison  noble  de  YiUechenine,  au  requis  de  Jeanne  d'Arfeuille, 
alors  veuve,  il  fut  procédé  à  Tinventaire  des  meubles  délaissés  par 
son  mari,  en  présence  de  Godefroy  de  Gbaussecourte,  escuyer, 
seigneur  de  Lépinas,  Soulier  et  Gartempe,  de  Marien  de  Montro- 
gnon,  chevalier,  seigneur  de  la  Groslière  et  la  Gombe,  d'Emmanuel 
de  Ghftteauneuf,  chevalier,  seigneur  du  Ghalard,  et  de  Léonard 
Esmoingt,  chevalier,  seigneur  du  Ghezeau  et  de  la  Paye,  demeurant 
à  la  Grillière.  Jeanne  d*Arfeuille  se  remaria  le  17  décembre  1685, 
dans  la  chapelle  domestique  du  chftteau  de  Massenon,  paroisse 
d'Ahun,  à  Joseph  de  Fricoo,  chevalier,  seigneur  de  Parsac,  baron 
de  Gouzon  et  du  Leyris,  veuf  de  Jeanne  de  la  Faye  de  la  Porte. 
Veuve  de  nouveau  en  1702,  elle  fil  sa  résidence  au  château  de  Vil- 
lechenine,  où  elle  eut  pour  fermier  Léonard  du  Hasfaure,  sieur  de 
Neufvialle.  En  1709,  elle  signait  :  «  La  Mansac  y>. 

Du  mariage  de  Jean  de  la  Faye  de  la  Porte  avec  Jeanne  Mourin 
d'ArfeuilIe  naquirent  : 

l*"  Philibert,  qui  suit  ; 

2^  Marie,  qui  vient  ensuite; 

S''  et  4^  deux  enfants  morts  en  bas-âge  après  leur  père. 

VII.  —  Noble  Philibert  de  la  Faye  de  la  Porte,  seigneur  de 
Mansat  et  de  Villechenine,  mourut  à  Villechenine  le  19  mai  168S, 
à  l'âge  de  treize  ans,  et  fut  enseveli  dans  l'église  de  Peyrat. 

VII.  —  Noble  Marie  de  la  Faye  de  la  Porte,  demoiselle  de  Man- 
sat et  de  Villechenine,  dame  de  la  baronnie  du  Leyris  en  partie, 
dame  de  Villechenine,  la  Gombe,  Mansat,  fut  baptisée  à  Peyrat  le 
10  septembre  1678  (parrain  Philibert  de  la  Faye,  son  frère;  mar- 
raine Jehanne  de  la  Faye,  sa  tante).  Elle  était  née  au  château 
noble  de  Villechenine.  Elle  fut  mise,  après  la  mort  de  son  père, 
sous  la  tutelle  de  Jeanne  d'ArfeuilIe,  sa  mère,  plus  tard  épouse  de 
Joseph  de  Fricon,  seigneur  de  Parsac. 

-  Par  transaction  du  1«'  août  1702  Philippon,  no^«  roy,,  passée 
entre  Jean  de  Monlrognon,  écuyer,  seigneur  de  Mansat  et  de  la 
Gombe,  et  Jeanne  d'ArfeuilIe,  veuve  en  premières  noces  de  Jean 
de  la  Faye  de  la  Porte  et  en  secondes  noces  de  Joseph  de  Fricon, 
agissant  au  nom  de  Marie  de  la  Faye  de  la  Porte,  sa  fille  du  pre- 
mier lit,  et  ladite  Marie  de  la  Faye,  assistée  de  Glande  de  Montai- 
gnac  de  Larfeuillèr^i  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Jean  de  J^ru^- 


OÉxéALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  FAYE  OU  DE  LA  FAYE         363 

lem,  commandeur  de  Laarière»  «  son  bon  curateur  »,  il  fui  délaissé 
à  Marie  de  la  Faye  le  lieu  et  village  du  Ghezeau-Raymon,  en 
Poitou,  paroisse  de  Thauron,  pour  le  prix  de  cinq  mille  Iivre$,  à 
compte  de  la  somme  de  vingt  mille  livres,  à  laquelle  avaient  été 
réglés  les  droits  de  Marie  de  la  Paye,  tant  sur  les  biens  dudit  Jean 
de  Montrognon,  comme  fils  et  héritier  de  Marien  de  Montrognon, 
seigneur  de  la  Groslière,  que  sur  la  succession  de  Jeanne  Doumy, 
mère  de  Jean  de  Montrognon  et  aïeule  de  Marie  de  la  Paye,  qui 
était  son  héritière  en  partie,  par  représentation  de  feu  Jean  de  la 
Paye,  son  père,  fils  aîné  de  Jeanne  Doumy.  Ce  traité  terminait 
rinstance  enlr'elle  et  Jean  de  Montrognon  pendante  au  parlement 
de  Paris,  sur  l'appel  interjeté  par  Jean  de  Montrognon  d*une  sen- 
tence de  la  sénéchaussée  de  la  Marche  du  1^  juin  1694.  Par  autre 
transaction  du  8  janvier  170S  Bouchon  et  Champeauh,  no'**  roy., 
passée  entre  Jean  de  Montrognon  et  Marie  de  la  Paye  de  la  Porte, 
demoiselle,  demeurant  aussi  au  chftteau  de  Mansat,  cette  dernière 
ratifia  la  transaction  du  1*'  aoât  1702,  mais  ne  voulut  pas  accepter 
la  terre  de  Chezaud-Raymond,  parce  qu'elle  était  trop  éloignée  de 
ses  biens  et  était  d'ailleurs  un  bien  roturier.  Elle  reçut  en  échange 
de  Jean  de  Montrognon  la  terre  et  seigneurie  de  la  Combe,  paroisse 
de  Sermur,  en  Combraille,  provenant  de  la  succession  de  Marien 
de  Montrognon  et  consistant  en  un  ch&teau,  chambres,  greniers, 
écuries,  jardin,  chenevières,  prés  et  autres  préclôtures,  bois  de 
haute  futaie  et  taillis,  moulin,  étang,  cinq  domaines  et  métairies, 
dont  deux  situées  au  village  de  Chauvepeyre,  les  deux  autres  au 
Puy-Bargeron  et  les  Mazures  (peut-être  Mazeaux?)  et  l'autre  à  la 
Groslière,  lesdils  domaines  sans  bestiaux,  avec  les  cens  et  renies 
dépendant  de  ladite  seigneurie  dues  par  les  villages  du  Hasgniel 
(peut-être  le  Mavier?),  d'Ànzac,  (Le  Zat),  du  Mouléar,  des  Mazeaux 
et  de  Chauvepeyre,  «  icelles  terres  relevant  de  Mgr  le  duc  d'Or- 
léans, à  cause  de  sa  duché  de  Montpensier  ».  Cette  terre  de  la 
Combe  ayant  été  estimée  par  les  arbitres  vingt-sept  mille  livres, 
pour  se  libérer  des  sept  mille  livres,  dont  elle  se  trouvait  redevable 
envers  Jean  de  Montrognon,  Marie  de  la  Paye  lui  céda  son  Uef, 
lieu,  mas  et  métairies  de  la  Couche,  consistant  en  trois  petits  do- 
maines garnis  de  bestiaux,  ensemble  les  cens,  rentes,  droits  de 
justice  haute,  moyenne  et  basse  qui  lui  appartenaient  sur  ledit  vil- 
lage, ses  appartenances  et  dépendances,  le  tout  situé  dans  la 
paroisse  de  Saint-Pardoux-Lavaud,  en  Poitou;  ce  délaissement  fut 
consenti  moyennant  six  mille  livres,  prix  réglé  par  les  arbitres,  les 
mille  livres  de  surplus  se  compensèrent  avec  les  intérêts  des  vingt 
mille  livres  dues  par  Jean  de  Montrognon.  Par  contre-lettre  du 
même  jour,  8  janvier  1708  Ronchon  et  Champeaulx,  no'«*  roy.  ». 


364  SOClÉTé  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Marie  de  la  Fa;e  reconnut  que  le  prix  réel  de  la  terre  et  seigneurie 
de  la  Combe  était  de  trente-six  mille  livres,  el  constitua  au  profit 
de  Jean  de  Monlrognon  une  renie  annuelle  de  quatre  cent  cinquante 
livres,  en  paiement  des  neuf  mille  livres  de  surplus  (1). 

Le  21  octobre  1710,  Marie  de  la  Faye  de  la  Porte  épousa  haut 
et  puissant  seigneur  messire  Gaspard  de  Thianges,  chevalier, 
seigneur  marquis  de  Lussat,  Malleville,  Beaulieu  et  autres  places, 
demeurant  au  château  de  Lussat,  paroisse  de  ce  noïn,  fils  de  mes- 
sire Joseph  de  Thianges,  chevalier,  seigneur  de  Lussat,  Malleville, 
Boland,  Lande,  et  de  Jeanne  de  la  Faye  de  la  Porte. 

Par  acte  du  15  juillet  1720,  passé  à  Evaoux,  Gaspard  de  Thian- 
ges et  Marie  de  la  Faye  de  la  Porte,  son  épouse,  héritière  de  Jeanne 
d*Arreuille,  sa  mère,  demeurant  alors  en  la  ville  d 'Evaoux,  recon- 
nurent avoir  reçu  de  messire  Jean  Berthin,  chevalier,  seigneur  de 
Saint-Géran,  la  Chezotte  et  autres  lieux,  conseiller  au  parlement 
de  Bourdeaux,  acquéreur  de  la  terre  de  la  Chezotte,  provenant  de 
la  succession  de  Gilbert  Barton,  chevalier,  seigneur  de  Massenon, 
à  lui  vendue,  le  12  janvier  1720,  par  Léonard  Barton,  chevalier, 
seigneur  de  Montbas,  époux  de  N...  de  Chauvigny  et  fils  du  sei- 
gneur de  Massenon  :  l""  quatre  mille  livres  dues  à  Marie  de  la  Faye' 
par  ledit  seigneur  de  Massenon,  en  vertu  du  contrat  de  mariage  de 
Jeanne  d'Àrfeuille  avec  Jean  de  la  Faye  de  la  Porte  ;  2^  quatorze 
mille  livres,  principal  de  la  rente,  constituée  en  vertu  d'acte  du 
10  mai  1704,  au  profit  de  Jeanne  d'Arfeuille  par  ledit  seigneur  de 
Massenon  et  Léonard  Barton,  chevalier,  seigneur  de  la  Chezotte, 
son  frère  ;  3<»  et  quatre  mille  cent  vingt-deux  livres,  pour  intérêts 
comptés  depuis  le  19  Juin  1702,  jour  du  décès  du  seigneur  de 
Parsac,  second  mari  de  Jeanne  d'Arfeuille,  jusqu'au  21  octobre 
1710,  jour  du  mariage  de  Marie  de  la  Faye  avec  Gaspard  de 
Thianges  (2). 

Suivant  contrat  passé  au  château  de  Lussat  devant  Seguy,  no'* 
roy.,  le  4  mars  1728,  Gaspard  de  Thianges  et  Marie  de  la  Faye 
vendirent  à  M*  André  Villatte,  marchand,  demeurant  alors  en  la 
ville  d'Ahun,  i<  tous  les  cens,  rentes,  droits  et  devoirs  et  justice 
auxdits  seigneur  et  dame  appartenant  sur  le  village,  mas  et  tène- 
ment  de  Soumeix,  paroisse  de  Boyère,  en  Poitou,  diocèse  de  Limo- 
ges »,  ensemble  les  trois  quarts  des  dîmes  inféodés  dudit  village  et 
tènement  de  Soumeix  de  tous  grains  et  agneaux,  ainsi  que  le  tout 
était  établi  au  terrier  dressé  le  18  seplçmbre  1615  devant  le  juge 


(1)  Archives  de  la  Creuse  E,  1041, 

(2)  aVrchives  de  la  Creuse, 


ijÉNÉAtOGIÉ   Î)E  £Â  mAiBON"  tfÊ  FAYB  DU  DE.XÀ  FAYE  SfÇa 

sénéchal  de  la  tarorinie  du^Leyris.  Celte  venté  fut  consenliie  moyen- 
nant le  prix  et  somme  de  deux  mille  sept  cents  livres  et  ceni  livres 
de  pot  de  vin  ou  épingles  pour  la  dame  venderesse  (1).     . 

Jean  de  Montrognon,  seigneur  deMansat,  étant  mort  en  1711,- 
sans  laisser  de  postérité,  Marie  de  la  Paye  de  la  Porte,  sa  nièce, 
était  son  héritière.  Mais  elle  ne  prit  pas  sans  difficultés  possession 
de  cet  héritage.  Jean  de  Rosiers,  écuyer,  sieur  de  Plagne,  cousin 
germain  de  Jean  de  Montrognon  par  sa  mère,  qui  était  sœur  dé 
Marien  de  Montrognon,  père  de  Jean,  se  prétendant  le  plus  proche 
parent  dudit  Jean  de  Montrognon,  s'empara,  après^  la  mort  de  ce 
dernier,  de  la  seigneurie  de  Mansat  et  des  autres  flefs  dépendant' 
de  la  succession  de  Jean  de  Montrognon,  que  Marie  de  la  Ifaye 
n'avait  acceptée  que  sous  bénéfice  d'inventaire.  Mais  Marie  de  la 
Faye,  mieux  éclairée  sur  cette  hérédité,  voulut  ensuite  l'accepter 
purement  et  simplement.  Elle  ne  put  obtenir  l'autorisation  de  Gas-^ 
pard  de  Thianges,  son  mari,  pour  ester  en  justice.  Mais  elle  Tut 
autorisée  par  justice,  et  le  14  avril  1731  elle  intenta  à  Jean  de 
Rosiers,  devant  le  sénéchal  de  la  Marche,  une  action  en  délaisse- 
ment des  biens  de  la  succession  de  Jean  de  Montrognon.  Au  cours 
de  cette  instance  intervint  Françoise-Elisabelh-Sylvie  de  Fricon, 
femme  de  Jacques  Le  Bel,  chevalier,  comte  de  Lesnen,  petite-fille 
de  Jeanne  de  la  Paye  de  la  Porte,  épouse  de  Joseph  de  Fricon,  qui 
en  sa  qualité  de  petite-nièce  de  feu  Jean  de  Montrognon,  réclama 
également  la  succession  de  ce  dernier.  Par  sentence  de  la  séné- 
chaussée de  la  Marche  du  6  septembre  1734,  Marie  de  la  Faye  de 
la  Porte  fut  déclarée  héritière  de  feu  Jean  de  Montrognon,  son 
oncle  ;  tous  les  biens  dépendant  de  la  succession  de  ce  dernier  lui 
furent  adjugés  :  Jean  de  Rosiers  fut  condamné  à  lui  remettre  tous 
les  titres  de  propriété,  et  Françoise-Elisabelh-Silvie  de  Fricon  fut 
déboutée  de  son  intervention.  Jean  de  Rosiers  fit  appel  de  celte 
sentence.  De  son  côté,  pour  assurer  l'exécution  de  la  sentence 
frappée  d'appel,  Marie  de  la  Faye  présenta  et  fil  agréer  le  8  février 
1738  pour  caution  messire  Léonard  Barton  de  Montbas,  chevalier, 
seigneur  de  la  Roche-Massenon,  Villejuge  et  autres  places  (2). 
Marie  de  la  Faye  finit  par  avoir  gain  de  cause. 

En  1740,  Gaspard  de  Thianges  et  Marie  de  la  Faye,  son  épouse, 
demeurant  au  château  de  Lussat,  en  Bourbonnais,  étaient  proprié- 
taires d'une  métairie  au  village  de  Balandeix,  paroisse  de  Peyrat- 
le-Château. 


(1)  Papiers  de  la  famille  Coutisson. 

(2)  Archiver  de  la  Crçuse, 


166  SOCIÉTÉ  ÀRCHÉOLOOIOUE  ET  HliTOlUQUE  DU  UMOCtlK 

Suivant  contrat  du  1*'  août  1744  Barret  et  Revardeau,  no'**  roy., 
passé  au  cb&tean  de  Lussal,  en  présence  de  M^  Jacques  Ramer, 
afocat  en  parlement,  demeurant  au  cbftteau  de  Virassas,  et  de 
H*  François  Boery,  sieur  de  la  Borde,  conseiller,  procureur  du  roy 
en  la  chàtellenie  de  Ghénérailles,  y  demeurant,  Gaspard  de  tbian- 
ges  et  Marie  de  la  Paye  de  la  Porte,  ladite  dame  agissant  tant  en 
son  nom  propre  et  prifé  que  comme  seule  héritière  de  Jean  de 
Montrognon,  son  oncle,  vendirent  à  M.  M*  Joseph  Felder,  bour- 
geois et  fermier  de  la  commanderie  de  Blaudeix,  y  demearant, 
tous  les  biens  échus  à  ladite  Marie  de  la  Paye  par  le  décès  de  Jean 
de  Montrognon,  consistant  notamment  dans  la  terre  et  seigneurie 
de  Mansat  et  dans  le  village  de  la  Gonche-Balasse,  paroisse  de 
Saint-Pardoux-Lavaud,  moyennant  le  prix  et  somme  de  neuf  mille 
huit  cent  quatre-vingts  livres  de  prix  principal  et  celle  de  cinq  cent 
quatre-vingt-quinze  livres  d*épingles  ou  pot  de  vin  pour  la  dame 
venderesse  (1). 

(A  suivre,)  Zenon  Touvieux. 


(1)  Cette  rente  se  trouve  à  la  suite  de  la  notice  sur  la  baronnie  du 
Leyris. 


UNE  PLAQUE  DE  CHEMINEE 

du     XVI'     siècle 


Non  loiD  de  Limoges,  sur  la  roule  de  Peyrilhac,  a  été  trouvée, 
dans  une  vieille  maison,  une  plaque  de  cheminée  présentant  Ions 
les  caractères  d'une  œuvre  du  xvi»  siècle  qui  m'a  paru  digne  de 


:    Cootemptaitlan   du  lerpent   d'aii 


votre  attention.  La  voici  en  origiaal  et  la  voici  réduite  en  pliologra* 
pbie  d'après  uq  cliché  qui  a  bien  rendu  tous  ses  détails. 


368  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

La  plaque  est  en  ToDle,  sensiblement  carrée,  de  62  centimètres 
de  côté,  prolongée  à  une  de  ses  extrémités  par  une  bande  de  mé- 
tal brut  de  10  centimètres  de  largeur,  destinée  évidemment  à  un 
encastrement  dans  un  des  montants  de  la  cheminée. 

La  face  antérieure  ou  face  ornée  présente  dans  ses  trois  quarts 
supérieurs  un  tableau,  dans  son  quart  inférieur,  un  motif  de  déco- 
ration fait  de  volutes  de  feuillage  et,  entre  les  deux,  une  inscrip- 
tion en  caractères  gothiques  allemands  dont  les  derniers  mots  seu- 
lement sont  lisibles  par  suite  de  la  fusion  ou  de  Tabrasion  de  plii- 
sieurs  lettres  :  Schlange  numri  21 . 

La  scène  figurée  reproduit,  entre  deux  arbres  formant  les  deux 
limites  du  cadre,  un  T  de  la  branche  duquel  pend  un  serpent.  A 
gauche,  au  premier  plan,  un  personnage,  drapé  à  Tantique,  tenant 
d*une  main  une  baguette  et  de  Tautre  montrant  le  serpent;  à  un 
plan  un  peu  plus  reculé,  un  homme  et  une  femme  agenouillés  dans 
Tattitude  de  la  prière.  A  droite,  debout,  un  guerrier  caractérisé 
par  son  casque  et  son  sabre  et,  à  genoux,  un  peu  plus  en  arrière 
un  personnage  priant.  Les  yeux  de  ces  cinq  personnages  sont  tour- 
nés vers  le  T  central  qui  est  ainsi  le  sujet  dominant  de  la  scène. 
Par  terre,  deux  hommes  gisants,  morts  ou  malades,  et  çà  et  là  des 
serpents  errants  ou  dressés  sur  leur  queue,  une  feuille  mullilobëe 
dans  leur  bouche. 

Dans  le  fond,  des  tentes  dressées  devant  un  château  en  ruines 
dont  les  épaves  jonchent  le  sol,  comme  pour  évoquer  le  souvenir 
des  désastres  de  la  guerre. 

Cette  scène  dont  Tinterprétation  ramène  aux  récits  bibliques 
trouve  son  explication  et  son  commentaire  dans  les  données  que 
fournissent  des  documents  numismatiques  connus  sous  le  nom  de 
Pestthalers  de  Wittenberg  ou  de  Joachimsthal  (Bohême).  Ces  docu- 
ments dont  j'ai  la  bonne  fortune  de  vous  présenter  quelques  spé- 
cimens ont  dû  leur  origine  aux  calamités  publiques  qui  ont  désolé 
TËurope  et  tout  particulièrement  l'Allemagne  pendant  la  première 
moitié  du  xvi*  siècle  :  peste  bubonique,  typhus,  syphilis,  variole, 
rougeole,  dysenterie,  maladies  infectieuses  nées  de  la  misère  des 
peuples  (famine)  et  entretenues  par  les  horreurs  de  guerres  sans 
cesée  renouvelées.  Leur  but  a  été  d'offrir  aux  commerçants,  terrifiés 
par  les  sévices  des  maladies  populaires,  une  consolation  et  un 
encouragement  dans  leur  trafic,  en  leur  rappelant  la  protection  que 
le  ciel  avait  accordée  aux  Hébreux  dans  des  circonstances  sembla- 
bles par  la  vertu  du  serpent  d'airain.  Leur  livrée  a  été  celle  du 
thaler,  pour  n'avoir  rien  à  emprunter  à  la  forme  de  la  médaille  de 
dévotion  en  usage  chez  les  catholiques  parce  que  leurs  inspirateurs 
étaient  des^  protestants. 


L>NE    PLAQUE    de' CHEMINÉE    AL'    XVI*    SIECLE  36d 

Je  recommande  tout  particulièrement  à  votre  attention  le  pest- 
Ihaler  en  argent  doré  et  le  pestthaler  en  argent  (dont  les  avers  sont 
Qgurés  ici)  qui  oITrent,  le  premier  (n°  1  )  un  Moïse  montrant  le  ser- 
pent aux  fidèles  agenouillés,  le  second  (n"  2)  un  serpent  d'airan 
dressé  dans  un  camp,  au  miliea  de  gens  de  guerre,  parce  que  de  la 
comparaison  de  ces  deux  Ggurations  se  dégagent  racilemeat  la 
composition  et  la  signification  de  notre  tableau. 


Quant  aux  légendes  de  ces  tlialers  elles  expliquent  si  bien  te 
sens  des  scènes  représentées  que  leur  iranscriplion  peut  suffire  au 
commentaire  de  la  légende  biblique  : 

N"  1.  —  Av.  Contemplation  du  serpent  d'airain;  en  liuit  lignes  : 
DER,  HER.  SPRACH.  ZV.  MOSSE  ||  MACHE  DÎR.  AIN.  ERNE. 
SLAIINGE.  VN.  RICHT.  SI.  ZVM.  ZA  |)  ICHEN.  AVF.  WERGE- 
BISSE  IIIST.  VND,  SICHT.  SI.  AN  ||  DER.  SOL.  LEBEN  l|  NVMERl. 
ZI|M.D.  X.  X.  X.  I. 

Rev.  (non  figuré).  Adoration  du  Clirist  eu  croit  par  les  fidèles 
agenouillés  à  droite  et  à  gauche;  en  sept  lignes  :  WIE.  DI. 
SLANG  :  SO.  MOSSE.  ER  li  HÛHET  :  SO.  MUS,  DES.  MENUSCHEN. 
SON.  ERHOHET.  WE  ||  RDEN.  AVF.  DAS.  ALL.  DI  ||  AN.  IN. 
OLAVBEN.  HAB  |  DAS.  EWIG.  LEBEN  ||  lOHA.  3.  {i). 

(I)  Av.  «  Le  seigneur  dit  à  Moïse  :  Fais-toi  un  serpent  li 'a  ira  In  et  ins- 
cris ceci  au-dessus  :  Celui  qui  est  frappé  et  qui  regarde  le  serpent  vivra  h. 
Nombres  :  21-1!>31. 

Rev.  >t  Comme  le  serpent  a  été  élevé  par  MoTse,  ainsi  le  fils  de 
l'homme  doit  être  élevé  et  pour  que  tous  ceux  qui  croient  en  lui  aient  la 
vie  éternelle  ».  Saint-Jean,  chap.  lit. 


'SfO  société  AncHéoLOûiQÙe  et  historique  du  liKousiS 

'  N"  2.  —  Av.  Conlemplatlon  du  serpent  d*airam  dans  un  canap  ; 
en  légende  au  pourlour  :  FAC.  SPENTE.  EREV.  &.  PONE.  P.  SIC. 
Q.  PCVSSVS.  EV.  ASPEXERIT.  VIVET.  El  dans  le  champ  dans  les 
bras  delà  croix  :  NV.  ZI  (représentant  SI). 

Rev.  (non  figuré).  Le  Christ  en  croix  au  milieu  de  ses  bourreaux. 
Daos  le  lointain,  le  Christ  portant  sa  croix.  En  périgraphe  :  ET 
EGO.  SI.  EXALTAVS.  FVERO.  A.  TERRA.  OMNIA.  TRAHAM. 
AD.  ME.  10.  IZ. 

C'est  donc  une  restitution  des  pestthalers  de  Wittenberg  qu*a 
voulu  réaliser  notre  plaque  et  cela  sans  doute  dans  un  même  but 
de  consolation  biblique  en  des  circonstances  troublées  par  des 
calamités  graves.  Les  personnages,  le  paysage  et  les  inscriptions 
étant  les  mêmes,  ainsi  que  l'atteste  le  fragment  de  phrase  précité  : 
Schanlge  numri  ^/,  il  est  rationel  d'admettre  le  même  âge  pour  ces 
documaots,  spécialement  datés  par  les  thalers  de  1531-i538-18S7 
et  de  faire  par  suite  remoiUer  notre  fonte  au  milieu  du  xvi'  siècle. 

Reste  à  expliquerFoccurrence  de  cette  trouvaille  dans  le  Limon- 
siir,  dans  un  pays  relativement  très  éloigné  de  ta  Bohême. 

Les  maladies  populaires  qui  ont  désolé  l'Allemagne  au  xvi*  siècle 
n'ont  pas  été  des  fléaux  régionaux;  elles  n'ont  été  que  l'expression 
locale  d'une  vaste  pandémie  qui  a  affligé  toute  l'Europe  cl  qui  a 
eu  par  suite  son  écho  dans  le  Limousin.  Le  manuscrit  de  1638,  pour 
ne  mentionner  qu'une  source  (1),  signale  des  pestes  en  15i7-1549- 
1363-1884  et  15S6,  et,  en  les  signalant,  rappelte  les  entreprises  des 
hugenots,  cause  et  victimes  des  calamités  de  tout  ordre  nées  des 
guerres  de  religion.  Il  n'est  pas  téméraire  de  penser  que  les  pra- 
tiques des  protestants  d'Allemagne  ont  tenté  les  protestants  de 
France  et  que  les  mêmes  détresses  ont  fait  appel  aux  mêmes  con- 
solations et  aux  mêmes  remèdes.  Les  monnaies  se  trouvant  arrê- 
tées aux  frontières,  les  plaques  de  cheminée  ont  répandu  à 
l'étranger  les  idées  religieuses  que  vulgarisaient  en  Allemagne  les 
tbalers  allemands  et  elles  les  ont  répandues  sous  la  forme  qui 
pouvait  le  mieux  les  recommander  au  milieu  familial,  sous  la 
forme  d'un  accessoire  de  foyer  à  la  fois  ornemental  et  durable. 

La  religiosité  des  Limousins  a  dû  d'ailleurs  être  particulièrement 
encouragée  dans  ses  tendances  de  ce  côté  par  l'activité  du  Iraflc 
d'exportation  du  commerce  de  ferronnerie  allemand.  Nombreux 
sont,  en  effet,  les  accessoires  métalliques  de  foyer  que  de  tout 
temps  les  Allemands  ont  cherché  à  introduire  en  France.  La 


(i)  Annales  manuscrites  de  Limoges  dites  manusctit  de  4638  publiées 
pâftË.  PiAJi^^^i^^  F.  Ackard  et  P.  Ducourtieux.  Limoges,  1873,  passim. 


UNB    FLAQUE   DB  CHBMINâs    AU    XVI*    SlÈCLB  371 

récenle  démolilion  de  vieilles  maisoDs  de  Toulouse,  sacrifiées  pour 
le  percement  de  la  grande  rue  de  Metz,  a  été,  à  ce  point  de  vue,  fort 
instructive.  Sur  vingt  plaques  de  foyer  —  pour  ne  pas  sortir  du 
sujet  de  cette  présentation  —  neuf,  les  plus  belles,  étaient  de  fabri- 
cation allemande. 

Au  delà  de  ces  considérations,  il  me  paraît  opportun  de  vous 
signaler  la  valeur  artistique  de  cette  fonte.  t*œuvre,  d*un  charme 
naïf,  du  charme  particulier  aux  compositions  du  xw  siècle,  a  un 
réel  mérite  d'exécution  et  se  ressent  évidemment  des  aspirations 
artistiques  des  activités  intellectuelles  qui,  comme  des  Beurs  de  vie 
et  d'espérance,  ont  émergé  des  misères  qui,  à  cette  époque,  ont 
failli  faire  de  l'Europe  un  immense  cercueil  (1). 

D'  Fournie. 


(1)  A  consulter  pour  les  pesllhalers  :  D'  L.  Pfeiffer  et  C.  Ruland, 
Pestilentia  in  nummU.  «—  Tubingen,  1882,  p.  75  et  suiv. 


LA  FÊTE  DU  COUVENT  DE  BLESSAC 


A  répoque  gallo-romaine,  la  contrée  qui  a  formé,  en  1790,  le 
territoire  du  déparlement  de  la  Creuse  faisait  partie  du  pays  des 
Lemovikcs  et  confinait  à  celui  des  Ârvernes.  La  limite  séparali?e 
des  deux  peuplades  se  trouve  assez  exactement  représentée,  de  nos 
jours,  par  le  tracé  du  chemin  de  fer  d*Evaux  à  Eygurande  (1).  En 
jetant  les  yeux  sur  une  carte,  on  remarque,  à  la  hauleur  de  Crocq, 
entre  les  sources  du  Cher  et  celles  du  Chavanon,  une  brèche  dans 
la  frontière  naturelle  de  notre  province.  L'Auvergne  a  empiété  sur 
le  Limousin  à  une  époque  qu'il  est  difficile  de  déterminer.  La  chà- 
tellenie  d'Herment,  en  Auvergne,  devenue  baronnie  en  1270,  a 
étendu  son  ressort  sur  le  Combraille  jusqu'à  Crocq,  et  jusque  vers 
Ussel  sur  le  Limousin.  C'est  par  cette  brèche,  traversée  d'abord 
par  une  voie  romaine,  puis  par  la  grande  route  de  Bordeaux- 
Limoges  à  Lyon,  que  la  ville  d'Aubusson  transportait  les  produits 
de  son  industrie  tapissière  à  Lyon  et  à  Genève,  d'où  ses  marchands 
devaient  rapporter,  au  wv^  siècle,  la  doctrine  de  Calvin  (2). 

Robert  !•',  dauphin  d'Auvergne,  était,  à  l'occasion,  poète  trou- 
badour, comme  la  plupart  de  ses  plus  illustres  contemporains. 
Dans  une  Sirvente  qu'il  adressait,  en  1198,  à  Richard  Cœur-de- 
Lion,  son  infidèle  allié,  il  disait  :  «  Pourtant,  grâce  à  Dieu,  entre 


(1)  M.  Julien  Havet  énumère  un  certain  nombre  de  bourgs  de  diverses 
provinces  de  France,  qui  portent  les  noms  d'Eyg'urande,  Aigurandc, 
Ingrande,  Ivrandes,ou  autres  analogues.  Il  montre  que  presque  toujours 
les  localités  qui  portent  ces  noms  se  trouvent  à  la  limite  de  deux  dio- 
cèses épiscopaux  de  l'ancien  régime,  c'est-à-dire  à  la  frontière  de  deux 
cités  de  la  Gaule  romaine,  et,  avant  la  conquête  de  César,  de  deux 
nations  gauloises.  Il  en  conclut  qu'il  a  dû  exister  en  gaulois  un  mot 
Igoranda  ou  Icoranda,  dont  la  signification  était  «  frontière  ». 

(2)  M.Alfred  Leiioux,  Géographie  historique  du  Limousin,  —  Limoges, 
1890.  Passim, 


LA  FETE  DU  COCVfiKT  DE  BLES5AC  373 

le  Puy  el  Aubusson,  je  pourrai  tenir  ferme  avec  les  miens  (1).  » 
Ce  voisinage  immédiat  entre  les  puissants  comtes  d^Auvergne  et 
les  seigneurs  vicomtes  d'Aubusson,  peut  expliquer,  dans  une  cer- 
taine mesure,  les  rapports  d'origine  assez  obscure  qui  existaient 
entre  eux.  Ainsi,  GeoRroi  du  Vigeois  rapporte  que  Rainaud  III, 
vicomte  d'Aubusson,  restitua  le  monastère  de  Rauseille  aux  cha- 
noines de  Saint-Yrieix,  vers  Tan  4069,  poussé  à  cet  acte  de  répa- 
ration (/at^et^t^)  par  Guillaume,  comte  d'Auvergne.  Au  siècle  suivant, 
en  1150,  un  autre  comte  d'Auvergne,  Guillaume  VU,  Tait  donation 
au  prieuré  de  TArlige  des  binns  qu'il  possédait  à  la  Yille-du-Bois, 
localité  voisine  d'Aubusson  et  du  monastère  de  Blessac  (2). 

Il  est  difficile  de  préciser  la  date  de  la  fondation  du  monastère 
de  Blessac.  D'après  le  P.Bonaventure,en  Tannée  1049,  Ramnulphe, 
vicomte  d'Aubusson,  donna  ce  lieu  à  sa  iille,  qui  était  supérieure 
d'une  maison  de  Tordre  de  Saint-Benoit.  Au  commencement  du 
xu*  siècle,  Rainaud  IV,  d'Aubusson,  remplaça  les  religieuses  de 
Blessac  par  des  moines  de  Saint-Augustin.  Mais  sa  mère,  Agnès, 
prieure  de  Tusson  (Charente),  Tétant  venue  voir,  obtint  de  lui  et 
du  prieur  Etienne  de  Jean,  que  la  communauté  de  Blessac  acceptât 
les  modiGcations  apportées  par  Robert  d'Arbrissel  à  la  règle  de 
Saint-Augustin  et  se  donnât  à  Fontevraud.  Cette  agrégation  eut 
lieu  en  Tannée  H20  (3),  au  moment  où  le  vicomte  Rainaud  IV  prit 
l'habit  de  Fontevrault  à  Blessac  et  (it  au  prieuré  d'importantes 
donations,  dont  on  trouve  Ténumération  dans  le  cartulaire  de  la 
fin  du  \w  siècle  (4).  Cet  acte  solennel  s'accomplit  par  le  conseil  de 
la  vicomtesse,  en  présence  de  Rainaud,  fils  aîné  du  nouveau  reli- 
gieux, de  ses  autres  fils,  Guillaume,  Gui  et  Ramnulfe,  de  ses  filles 
et  de  ses  gendres,  P.  Hebrard  et  Guillaume  de  Saint-Marc  à  Fron- 
gier  et  des  chevaliers,  vassaux  et  clients  de  la  maison  d'Aubusson. 

On  ignore  l'époque  à  laquelle  la  communauté  d'hommes  du 
prieuré  de  Blessac  fut  supprimée.  Ce  fut  au  moins  antérieurement 

(1)  Pero  Dieus  m'a  fag  tan  bon 
Qu'enlr^el  Puey  et  Albusson 
Piiesse  remener  entr'cis  miens. 

(A.  Thierry,  Hisl,  de  la  conquête  de  V  Angleterre, 

(2)  M.  de  Sennevjlle,  Cartulaire  de  VArtige, 

(3)  L'ordre  de  Fontevraud  comprenait  des  monastères  d'hommes  et 
des  monastères  de  femmes,  mais  la  direction  générale  appartenait  à  la 
supérieure  des  religieuses. 

(4)  Ce  précieux  document  est  aux  archives  départementales  de  la 
Creuse,  série  II.  Texte  latin  avec  quelques  mots  en  langue  vulgaire. 
Original  perdu,  copie  de  1601. 

T.    LV  2t 


374  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOGIQUË  ET  HISTORIQUE  DI)  LIMOCSlK 

à  1582,  puisqu'alors  les  religieuses  recevaient  les  secours  spirituels 
(i*un  religieux  de  leur  ordre,  chargé  eu  même  temps  de  desservir 
la  paroisse  (1).  Â  Tépoque  de  sa  splendeur,  Blessac  compta,  dit-oo, 
jusqu'à  neuf  cent  religieuses  (2). 

La  fête  annuelle  du  prieuré  était  jadis  très  populaire. 

«  Au  mois  de  mai  1261,  le  chevalier  Âmblard  de  Montespedon 
choisi  pour  arbitre  entre  Hérec  de  Beaujeu,  seigneur  d'Herment, 
et  deux  de  ses  vassaux,  Arbert  et  Guillaume  de  Tinières,  seigneurs 
de  Fernocl,  prononce  une  sentence  dont  le  texte  nous  est  parvenu... 
En  même  temps,  l'arbitre  fixe  les  cas  où  les  hommes  d'Herment 
n'auront  pas  à  payer  le  péage  en  traversant  les  seigneuries  de 
Fernoël  et  de  Giat  :  ils  no  paieront  rien,  notamment,  quand  ils 
iront  aux  foires  et  marchés  de  Crocq,  et  quand  ils  se  rendront,  une 
fois  par  an,  à  la  fête  du  couvent  de  Blessac  (3)  ».  M.  Thomas 
ajoute  :  La  réserve  en  laveur  de  Crocq  s'explique  tout  naturelle- 
ment puisque  Hérec  était  seigneur  de  cette  ville  en  même  temps 
que  d'Herinent;  la  mention  de  Blessac,  qui  est  situé  à  plus  de 
40  kilomètres  à  vol  d'oiseau  d'Herment,  tient  évidemment  aux  liens 
qui  venaient  de  s'établir  entre  Hérec  de  Beaujeu  et  les  vicomtes 
d'Aubusson,  fondateurs  et  protecteurs  héréditaires  du  couvent  de 
Blessac  (4). 

Assalide  d'Aubusson,  fille  du  vicomte  Rainaud  VI,  était  prieure 
de  Blessac  en  1260,  au  moment  même  où  Hérec  de  Beaujeu,  l'époux 
de  sa  nièce  Alengard,  encourageait  ses  tenanciers  d'Herment  à 
fréquenter  la  frairie  du  couvent  (5).  Du  reste,  on  ne  possède  aucun 

■ 

(1)  Abbé  RôY-PiERREFFiTTE,  Lcs  monastères  du  Limousin  et  de  la 
Marche,  art.  Blessac. 

(2)  Robert  d'AneRissEL,  Poème  en  12  chants,  note  sur  le  douzième  chant, 
—  Paris,  1779,  p.  403. 

(3)  M.  Antoine  Thomas,  Hérec  de  Beaujeu,  maréchal  de  France  et  les 
derniers  vicomtes  d'Aubusson  {Bulletin  de  correspondance  de  la  Société 
des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  n°  5,  juin  1902).  — 
L'étude  de  M.  A.  Thomas  éclaire  d'un  jour  nouveau  une  période  jusqu'ici 
très  obscure  de  l'histoire  de  la  vicomte  d'Aubusson. 

(4)  Hérec  de  Beaujeu,  seigneur  d'Herment,  du  Monteil-Dégelat  et  de 
Crocq,  avait  épousé  Alengard,  dame  du  Puy-Malsignat,  fille  de  Gui  II, 
le  dernier  vicomte  d'Aubusson.  Elle  était  sœur  de  Rainaud,  prévôt 
d'Ëymoutiers  et  de  Moutier-Roseille  et  curé  de  Saint-Silvain-de-Belle- 
garde.  En  1273,  Alengard,  veuve  d'Hérec,  était  remariée  à  Guillaume 
de  Rochedagoux,  en  possession  de  la  seigneurie  de  Felletin,  partie 
intégrante  de  la  vicomte  d'Aubusson,  qui  fut  réunie  après  sa  mort  au 
comté  de  la  Marche  (A.  Thomas). 

(5)  Voir  à  l'Appendice  une  liste  des  prieures  de  Blessac  plus  complète 
que  celles  qui  ont  été  déjà  publiées» 


LA  FÊTE  DU  COUVENT  DE  BLESSaC  3 


détail  au  sujet  de  celte  fête  :  nous  essaierons  plus  loin  de  préciser 
la  date  à  laquelle  on  la  célébrait. 

Au  moyen  âge,  alors  que  notre  pays  était  divisé  en  nombreux 
petits  territoires,  les  fêtes  locales  abondaient.  L'église  qui  les  avait 
créées,  les  avait  espacées  dans  Tannée  :  chacune  d'elles  était  pour 
le  populaire  un  jour  d'affranchissement.  Le  jour  de  la  fête  reli- 
gieuse était  celui  d'une  kermesse  bruyante,  et,  en  même  temps, 
celui  de  la  foire  la  plus  importante  de  ta  localité.  Il  est  vraisem- 
blable que  cet  usage  s'était  établi  à  Blessac,  comme  il  existait 
partout  ailleurs. 

On  a  signalé  une  particularité  qui  parait  se  rapporter  au  sujet 
qui  nous  occupe  :  «  Des  relations  importantes  qui  répondaient  à 
des  besoins  réciproques,  étaient  celles  qui  s'échangeaient  entre  le 
massif  central  et  les  plaines  qui  le  bordent  au  sud  et  à  l'ouest. 
L'Auvergne  élève  des  races  de  bœufs  ;  le  Languedoc  et  le  Poitou 
ont  besoin  de  bœufs  pour  leurs  labourages.  Régulièrement,  ainsi, 
vers  le  mois  d'octobre,  arrivaient  des  pâturages  de  Salers  sur  les 
bords  de  la  Charente,  les  bestiaux  que  réclamait  sans  pouvoir  les 
produire  sur  ses  secs  plateaux  calcaires  l'agriculture  poitevine. 
Des  foires  étaient  organisées  pour  correspondre  à  ces  passages 
d'Auvergnats.  Il  y  a  là,  sans  doute,  pour  les  personnes  que  touche 
l'étude  des  divers  phénomènes  de  groupement  humain,  un  sujet 
de  curiosité  et  de  recherches. 

»  Il  semble  qu'on  retrouve  dans  ces  fréquentations  intermittentes 
quelque  chose  d'analogue  à  certains  pardons  de  la  Bretagne  ou 
panégyries  de  la  Grèce  (1)  ». 

Ce  n'était  pas  toujours  une  ville  ou  un  village  qui  servait  de  lieu 
de  rendez-vous.  Un  carrefour  de  routes,  quelque  endroit  désigné 
et  fixé  par  la  tradition  réunissait  aussi,  au  jour  dit,  vendeurs  et 
acheteurs.  De  même,  les  foires  qui  s'ouvraient  à  l'occasion  des 
fêtes  paroissiales,  et,  généralement  le  lendemain  de  la  fête  du 
patron  de  l'endroit,  se  tenaient  souvent  dans  de  simples  villages  ou 
dans  des  lieux  inhabités.  Telle  est  la  foire  de  Ghambérat  qui  s'ouvre 
le  20  août  sur  la  limite  de  la  Greuse  et  de  l'Allier.  A  signaler  aussi 
la  Sainte-Magdeleine,  fête  patronale  du  village  de  Rochis,  dans  la 
paroisse  de  Saint-Vaulry.  Dès  la  veille  du  22  juillet  arrivent  sur  le 
yersant  d'une  colline  voisine  des  centaines  de  chariots  chargés  de 
marchandises.  Robert  du  Dorât  écrivait  en  i650  :  «  A  Faux,  petit 
bourg  dans  la  Montagne,  il  y  a  une  foire  k  la  Saint-Luc  (18  octobre) 
qui  dure  trois  jours,  à  savoir  :  la  veille  de  Saint-Luc,  foire  de 

(1)  M.  Vidal  de  la  Blache,  Discours  prononcé,  le  5  avril  1902,  à  la 
séance  générale  du  Congrès  des  sociétés  savantes» 


376  SOClÛrà   ARCUÉOLOGtQlJfi  ET   HISTORIQUE    DU    LIMOCSI>f 

moulons  OÙ  s*en  trouve  bien  souvent  leçenl  et  six  vingt  mille  tôles  ; 
le  jour  de  Saint-Luc,  Toire  de  gros  bétail;  et  le  lendemain  foire  de 
toutes  bêtes  ».  Les  transactions  étaient  tellement  importantes, 
qu'en  1767,  le  ministre  Ber'tin  demanda  à  ses  agents  des  éclair- 
cissemenls  sur  les  moutons  que  Ton  conduisait  au  marché  de 
Faux  (1). 

L'existence  bien  constatée,  au  xiu*  siècle,  d'une  fêle  très 
renommée  auprès  du  monastère  de  Blessac,  nous  parait  devoir 
autoriser  un  rapprochement,  De  temps  immémorial,  le  premier 
lundi  du  mois  d'octobre  est  un  jour  de  chômage  pour  les  ouvriers 
de  la  manufacture  de  tapisseries  d'Âubusson  et  de  toutes  les  indus- 
tries qui  s'y  rattachent  :  ce  jour  férié  se  nomme  le  jour  du  couvent, 
et  les  veillées  d'hiver  commencent  le  lendemain.  Cette  fête,  toujours 
en  grand  honneur  à  Aubusson,  se  termine,  le  soir,  par  un  repas 
de  famille,  mais  son  origine  est  complètement  oubliée.  On  dit 
seulement  :  «  le  couvent  est  le  jour  des  chandelles  »,  sans  doule 
par  allusion  au  commencement  des  veillées. 

Le  peintre-littérateur  Gault  de  Saint-Germain,  qui  habita  Guéret 
en  1809  et  1810,  écrit  dans  une  notice  humoristique  sur  la  pro* 
vince  de  la  Marche  :  «  La  manie  des  Aquitains  est  de  vouloir 
toujours  découvrir  les  origines.  »  Ce  fut  peut-être  sous  une  influence 
atavique,  qu'un  écolier,  vers  1840,  demanda  à  un  docte  vieillard 
aubussonnais  la  signification  de  l'expression  assez  insolite,  «  la 
fête  du  couvent  ».  Autrefois,  lui  fut-il  répondu,  les  tapissiers 
d'Aubusson  avaient  l'habitude  de  se  rendre,  à  pareil  jour  à  Blessac, 
où  se  tenait  un  marché  dans  le  voisinage  du  couvent,  et  où  ils 
s'approvisionnaient  d'objets  de  toute  sorte  et  particulièrement  pour 
servir  à  l'éclairage  pendant  la  saison  d'hiver. 

Il  est  difTicile  de  ne  pas  voir  dans  cette  tradition  un  souvenir 
de  la  fête  du  couvent  de  Blessac  mentionnée  dans  la  sentence  dn 
mois  de  mai  1361.  Depuis  la  suppression  de  la  fête  et  du  marché 
du  couvent,  un  bourg  voisin  semble  avoir  hérité  de  quelques-uns 
de  ses  privilèges.  Jusqu'à  ces  derniers  temps,  les  ouvriers  d'Au- 
busson avaient  l'habitude  de  se  rendre  à  Vallière,  le  12  novembre, 
à  la  foire  de  Saint-Martin,  pour  faire  emplette  de  bas,  gilets,  chaus- 
sons et  autres  objets  en  laine  du  pays,  ouvrés  par  les  femmes  de 
la  campagne  environnante. 

L'acte  de  mai  1261  n'indique  pas  la  date  de  la  fête  du  couvent. 
Nous  croyons  pouvoir  la  placer  aux  premiers  jours  du  mois  d'oclo- 


(1)  M.  Z.  ToLMiEux,Lc  Comté  de  la  Eeuillade,  —  Guéret,  imp.  Amîault, 
1903,  p.  19. 


LÀ  FÊTE  DU  COUVENT  DE  BLESSAC  377 

bre,  à  Tépoque  du  passage  du  bétail  que  les  paysans  de  l'Auvergne 
conduisaient  dans  les  provinces  de  l'Ouest.  Cette  fête  n'était  pas 
celle  du  prieuré  proprement  dit,  mais  celle  de  la  paroisse  de 
Blessac,  et  Ton  disait  la  fête  du  couvent,  par  extension,  à  cause  de 
la  grande  notoriété  du  monastère. 

La  fête  du  prieuré  était  celle  de  TAssoraption,  le  15  août,  et  la 
fête  principale  de  la  paroisse,  celle  de  saint  Martial,  le  30  juin. 
Il  existait  aussi  une  autre  fête  de  saint  Martial,  celle  de  la 
Translation  de  ses  reliques,  que  la  liturgie  du  diocèse  de  Limoges 
place  au  10  octobre  de  Tannée.  Du  reste,  les  frairies  n'ont  jamais 
eu  une  fixité  absolue;  souvent,  lorsque  une  fêle  se  trouve  au  temps 
de  la  moisson,  elle  est  renvoyée  à  une  autre  date,  à  la  saison 
hivernale. 

Les  translations  de  reliques  se  faient  au  moyen  âge  avec  un 
grand  concours  de  fidèles  et  l'imagination  populaire  en  était  vive- 
ment frappée.  Au  neuvième  siècle,  les  reliques  de  Sainte-Valérie 
furent  transportées  de  Limoges  à  Charabon  et  Ton  en  retrouve  un 
vague  souvenir  dans  les  traditions  du  pays  de  Combraille.  En  885, 
les  religieux  du  monastère  de  Saint-Martial  de  Limoges  transpor- 
tèrent au  château  de  Turenne  les  reliques  de  leur  saint  patron  pour 
les  soustraire  à  la  fureur  des  Normands.  Quelques  moines,  entre 
autres  Aldebert,  prédicateur  célèbre,  restèrent,  afin  de  les  garder 
près  de  la  chapelle  où  elles  furent  déposées  avec  grand  honneur. 
Les  reliques  de  Fapôtre  de  l'Aquitaine  furent  transférées  à  Limoges 
vers  l'année  895  (1).  Cette  translation  eut  lieu  le  10  octobre,  date 
de  l'une  des  fêtes  de  Blessac  et  que  nous  croyons  être  celle  que 
fréquentaient  les  gens  de  la  Haute  et  Basse-Auvergne  et  les  habi- 
tants de  la  ville  d'Aubusson. 

Cyprien  Pérathon. 

(1)    Abbé   RoY-PlERREFlTTE,   loC.  cU,  . 


378  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


APPENDICE 


PRIEURES   DE   BLE88AC 

N...  d'Aubusson,  fille  du  yicomte  Ramnulfe  III,  1049.  —  Agnès  des 
Bordes,  vers  1120.  —  Dame  Arcendis,  1140.  —  Agoès  des  Tours,  après 
1140.  —  Aina,  vers  1179.  —  Lucie,  après  1179.  —  Almoïs,  fin  du 
XII*  siècle.  —  Agnès  la  lobeta?  fin  du  xii«  siècle.  —  Florencia,  fin  du 
XII*  siècle.  —  Alpaïs  de  Saint- Julien,  1229.  —  Assalide  d'Aubusson, 
fille  du  vicomte  Raina ud  VI,  1260.  —  Agnès  d^Aubusson,  1281.  — 
Catherine  de  la  Feulye,  1314.  —  Marquise  d*Aubusson,  1320.  —  An- 
toinette de  Saint-Julien,  1411.  —  Marie  d*Aubusson,  1429, 1456,  1461. 
Antoinette  d'Aubusson,  1507,  1512.  —  Rose  de  Saint-Julien,  1516.  — 
Françoise  d*Aubusson  de  Villac,  1520,  1526.  —  Dominique  Chenuy  ou 
Chennyn,  1541.  —  PauledeVeausse,  1542,  1560.  — -  Barbe  de  Prédevault, 
1546,  1556.  —  Catherine  LhuilUer,  1565,  1576,  1581.  —  Michelle  de 
Montoignac,  1570,  1575.  —  Loïse  Hébert,  alias  Hébret,  1582,  1584, 
1587.  —  Anthonie  d'Aubusson,  1586.  —  Jacquette  de  la  Chassaigne, 
1593.  —  Diane  de  MonUignac,  1594,  1604,  1608.  —  Catherine  de  Mon- 
taignac,  1597,  1613,  1620.  —  Antoinette  de  Carolus,  1601,  1608.  — 
Antoinette  de  Saint-Julien,  II*  du  nom,  1611.  —  Jeanne  de  Montaignac, 
1620,  1624,  1635.  —  Claude  du  Baile,  1631.  —  Françoise  de  Villejus, 
1635.  —  Louise  de  Lyon,  1638,  1641.  —  Françoise  de  Malesset  de 
Chastelus,  1642,  1644.  ~  Renée  du  Prat,  1646, 1650.  —  Anne  de  Chaslus, 
1651,  1653,  1674,  1702.  —  Marguerite  de  Ligondès,  1654.  —  Eléonore 
de  Montaignac,  1656,  1659.  —  Rose  de  Saint  Julien,  II*  du  nom,  de 
1659  à  1665,  moins  Tannée  1662.  —  Marguerite  de  La  Porte,  1665,  1668. 
—  Marie  de  Douhet  de  Saint-Pardoux,  1668,  1671.  —  Anne  de  Chaste- 
net  du  Liège,  1671,  1674.  —  Olympe  du  Pouget  de  Nadaillac  de  la 
Villeneuve,  1675,  1677,  1685,  —  Jeanne  de  Chaussecourte  de  Lépinas, 
1677,  1679.  —  Gabrielle  de  Malesset  de  Chastelus,  1681.  —  Marie 
Rougier  de  la  Valette,  1683,  1689,  1690.  —  Honorée  ou  Honorine  de 
Saint-Julien,  1687,  1690,  1693,  1695.  —  Rose  de  Saint-Julien  de  la 
Terrade,  1686,  1688,  1690,  1695.  —  Sœur  de  la  Villatte,  1689.  —  Antoi- 
nette de  La  Rocheaymon,  1690,  1701.  —  Marie-Constance  de  Saint- 
Julien- Saint-Marc,  1691.  —  Silvie  de  la  Tourette,  1692.  —  Sœur  de 
Mérignac-las-Tours,  1692.  —  Hyacinthe  de  Chastenet  de  Mérignac, 
1693.  —  Antoinette  de  Saint-Julien,  1694.  —  Françoise  de  Chausse- 
couile  du  Soulier  [allas)  du  Soulhac,  1699,  1701,  1702,  1703.  —  Marie 
de  Tonzierde  Mérignt'îc,  1701.  —  Marie- Antoinette  de  Larocheaymon  du 


LA    FÊTE    DU    COUVENT   DE    BLESSAC  379 

Chier  de  Barmont,  1705.  —  Françoise  de  Soullier  de  Mérignac,  1700, 
1701,  1702.  —  Marie-Eléonore  de  Chabanne,  1708.  —  Marie-Gabrielle 
de  Saint-Julien  de  la  Terrade,  1712.  —  Olympe  d'Arfeuille,  1713.  — 
Adèle  de  Larocheaymon  du  Chier,  1713.  —  Antoinette  de  La  Roche- 
aymon  du  Chier,  II«  du  nom,  1717,  1721.  -:-  Magdeleine  de  Chabanne, 
1730,  1734.  — Marie  de  La  Rocheaymon  de  Barmont,  1733. — Antoinette 
Roudeaux  du  Clos,  1738.  —  Gabrielle  de  Saint-Julien,  !!•  du  nom,  1744.  — 
Angélique  de  La  Rochebriant,  1745,  1764.  —  Marie-Rose  de  Pampelune 
de  Livry,  1753,  1762,  1763  (1).  —  Marguerite  de  La  Chaise- Dusseaux, 
1755,  1759.  —  Marie  de  Sarrebrune,  1757.  —  Magdeleine  de  Chausse- 
courte  de  Montfloux,  1757,  1768,1782.  —  Angélique  de  La  Rocheaymon, 
1761.  —  Marie-Blanche  de  La  Rocheaymon,  1766,  1767.  —  De  Vernon, 
1767.  —  Adèle  de  La  Rocheaymon  du  Chier  de  Barmont,  !!•  du  nom, 
1773.  —  Anne  de  Romanet  de  Beaune,  1774,  1776.  —  Marguerite  de 
Courtilhe  de  Saint- A  vit,  1790. 

PRIEURS  (2) 

S,  S.  Stephanus?,  prieur,  1120  (Donation  d'Aldcbert  V,  comte  delà 
Marche).  Stephanus  Johannis  (Etienne  de  Jean),  vers  1140  (Cartulaire 
de  Bîessac).  —  Guillaume  de  Saint-Gall  (de  Sancto  Gallo),  1179  (Cartu- 
laire). —  Gérald  de  Saint-Gall,  fin  du  xii*  siècle  (Cartulaire).  —  Frère 
Claude  Aramit,  1293.  —  Guillaume  de  Breuilh,  1312,  1314.  —  Jacques 
d'Aubusson,  fils  de  Jean  l^^^  seigneur  de  la  Borne,  1423,  1454,  1468  (3). 
—  Guyot  d'Aubusson,  fils  de  Jean  III  de  la  Borne,  prieur  commenda- 
taire,  1509.  —  Jehan  Moureau,  1510.  —Jean  d'Aubusson,  fils  de  Jacques 
d'Aubusson  de  la  Borne,  prieur  commenda taire,  1533,  1540.  —  Maurice 
Vosgien,  frère  et  confesseur  du  couvent,  1586  (4).  —  René  Binet^  1609. — 
Frère  Clovis  Ouvrard,  religieux  profès  de  Fontevraud,  1662.  —  Claude 
Durand,  religieux  profès  de  Fontevrault,  1666.  —  Révérend  père  Jean- 
Baptiste  Pecquet,  religieux  de  Fontevraud,  confesseur  et  curé  de  Blés- 
sac,  1683,  1686;  1688.  —  Jean  Meynard,  1688,  1691.  —  Jean  Rousseau, 
1694.  —  Renard,  1700.  —  François  de  la  Haye,  prieur  et  curé  de 
Blessac,  1701.  —  François  Allègre,  prieur  des  dames,  1705.  —  Frère 
Claude  de  la  Huproye,  1708, 1716.  —  Dom  Pierre  Suart,  prieur  et  curé, 
1557,  1761  f  1765.  —  Dom  Jean-Baptiste  Laire,  prieur  et  curé  de  Blessac 
dès  1765,  émigré  en  1793.  —  Fourniaud,  mentionné  en  1793,  devait 
être  prêtre  constitutionnel. 

(1)  Elle  était  veuve  de  Gilbert-Amable  de  La  Rochebriant,  marquis  de 
Clairavaux.  On  la  trouve  qualifiée  «  Supérieure  de  la  Société  des  Dames  de 
charité  d'Aubusson  et  des  Dames  religieuses  de  Blessac  n.  (Archives  départ, 
de  la  Creuse,  supplément  à  la  série  H,  archives  de  Thospice  d*Aubusson, 
p.  3,  col.  I.  —  3). 

(2)  Il  n'y  a  pas  lieu  de  distinguer  les  prieurs  des  curés  de  Blessac. 

(3)  Jacques  d*Aubusson  est  qualifié  a  Prieur  de  Blessac  pour  les  hommes  », 
ce  qui  indique  que  la  communauté  d'hommes  existait  encore  à  Blessac,  à 
côté  de  la  communauté  de  femmes,  au  milieu  du  xv*  siècle. 

(4)  La  communauté  d'homme»  n'existait  plus  à  ce  moment. 


PRÉSENTATION  DE  MÉDAILLES 


J'ai  1  honneur  de  vous  présenter  trois  souvenirs  mélatliques  qui 
par  leurs  allaches  limousines  me  paraissent  avoir  pour  vous  quel- 
que intérêt.  Il  s'agit  d'un  bouton  gravé,  d'un  mcreau  en-  plomb  et 
d'une  médaille  à  portrait. 

I.  —  Bouton  grai'é 

Ce  boulon  est  d'un  bronze  grisâtre  à  reflets  d'acier,  de  forme 
octogonale,  à  bords  légèrement  évidé?,  présentant  sur  sa  fate  anté- 
rieure, sensiblement  bombée,  la  gravure  qui  fait  l'objet  de  celte 
communication  et,  à  sa  face  postérieure,  brute,  la  racine  d'une 
tige  fortement  abrasée.  Son  diamètre,  d'un  angle  à  un  angle  opposé, 
est  de  34  millimètres. 


La  face  convexe  ou  gravée,  anépigraphe,  marquée  seulement  de 
deux  lettres  [^  CQ)  et  d'un  attribut  qui  n'est  autre  qu'une  entrave 
de  prisonnier,  présente,  se  détachant  sur  un  sol  uni,  accidenté  seu- 
lement rie  quelques  fleurettes,  deux  personnages,  l'un  debout, 


PRÉSENTATION   DE   3IÉD AILLES  381 

Tautre  agenouillé.  Lé  premier  est  un  saint  à  la  léte  nimbée,  revélu 
de  vêtements  sacerdotaux,  tenant  la  main  gauche  appuyée  sur  un 
rituel  ouvert  €l  la  main  droite  tendue  en  avant,  dans  un  geste  de 
bénédiction,  vers  le  personnage  agenouillé  à  ses  pieds.  Ce  dernier 
est  une  femme,  la  léte  ceinte  d*une  couronne  nobiliaire,  les  mains 
jointes  dans  Tatlitude  du  recueillement.  Dans  l'espace  séparant  les 
deux  personnages,  un  monstre  hirsute,  espèce  de  dragon  à  quatre 
pattes,  fuyant  irrité. 

Cette  représentation  est  gravée  au  trait  dans  un  style  un  peu 
archaïque,  mais  avec  une  correction  et  une  délicatesse  qui  attes- 
tent une  main  relativement  exercée.  La  facture  et  la  forme  des  vête- 
ments et  du  Ç£i  font  penser  à  une  œuvre  du  xvu«  siècle. 

Ainsi  figurée,  cette  gravure  reproduit  évidemment  une  scène 
d'exorcisme,  Texorciseur  étant  un  saint,  évéque  ou  prêtre,  et  l'exor- 
cisée une  dame  de  qualité.  A  quelle  origine,  à  quel  fait  rattacher 
cette  évocation  ? 

Si  on  se  laisse  guider  par  les  deux  lettres  précédemment  signa- 
lées S.  H.  gravées  suivant  un  type  très  connu  dans  les  écrits  et 
dessins  armoriés  du  Limousin,  on  est  conduit  à  l'histoire  de  saint 
Martial  et  tout  particulièrement  au  récit  des  miracles  de  ce  saint. 
L'orientation  est  d'autant  mieux  indiquée  de  ce  côté  que  le  saint 
limousin,  d'après  l'auteur  du  Bref  sommaire  de  F  histoire  de  Saint 
Martial  et  de  son  decedz  «  illumina  les  aveugles  et  prostrés  des 
»  idolles  d'Ahu,  (ist  marcher  les  impotents  et  contrefaits,  parler 
»  les  muets,  sauter  les  paralictiques,  chasser  les  diables  des  corps, 
»  les  contraignans,  par  vertu  de  Dieu,  apparoir  en  monstres  visi- 
»  blés  aux  hommes,  déclarans  leurs  astuces  et  malices.  »  (1). 

En  fait,  la  vie  de  saint  Martial  attribuée  à  saint  Aurélien,  repro- 
duite par  le  cardinal  Bourret,  rappelle  un  épisode  du  plus  haut 
intérêt  :  «  Ingressus  (il  s'agit  du  saint),  ilaque  Lemovicinum,  venit 
ad  Tullum  castellum  et  ibi  receptus  est  in  hospitium  divite  et 
mansit  ibi  duobus  mensibus...  Prsefatus  aulem  dives  Arnulphus 
habebat  unicam  (lliam  quae  a  dœmonio  quotidie  vexabatur.  At  ubi 
ingressus  est  beatus  Marcialis  domum  exdamavit  dœmon  dicens  : 
Scio  me  egressurum  de  ista  puella  quia  angeli  qui  tecum  sunt  me 
graviter  torquent.  Sed  adjuro  te  per  Crucifixum  quem  prœdicas  me 
non  in  abyssum  miltas.  Tune  beatus  Marcialis  dixil  :  Per  istum 
Crucifixum  te  adjuro  ut  exeas  de  corpore  islius  puellae  et  amplius 
non  intres  in  eam,  sed  vade  in  locum  desertum  ubi  neque  avis 


(i)  Annales  manuscrites  de  Limoges  dites  Manuscrit  de  1638 y  publiées 
par  E.  Ruben,  F.  Açhard  et  P,  Ducourtieux,  —  Limogées,  1873,  p.  43, 


382  SOCIÉTÉ    ÀRCHÉOLOGIQCB    ET    HISTORIQUE  PU  LIMOUSIN 

volât  neque  liabilalio  hominum  es(.  Ad  hanc  Tocem  evomuit 
puella  spiritam  immundum  et  quasi  mortua  facta  est.  Tune  bealus 
Marcialis  tenens  manum  ejus  erexit  eam  el  reddidit  patri  incola- 
inetn.  »  (1). 

Ce  fait,  qui  est  rappelé  sous  le  nom  de  miracle  de  Toulx-Sainfe- 
Croix  ou  de  la  Tille  d'Aroalphe,  par  le  Père  BoDavenlure  de  Saint- 
Âmable  (S),  l'abbé  Duléry  (;-t)  et  l'abbâ  \rbeIIot(4),  cadre  si  bien 
avec  la  composition  du  boulon  qu'il  ne  peut  que  paraître  avoir 
inspiré  eflectivement  l'auteur  de  la  gravure. 

Celte  assertion  sérail  indiscutable  si  d'autres  saints  n'avaient 
partagé  avec  saint  Martial  le  privilège  de  la  domination  des  malins 
esprits  ;  mais  les  actes  de  saint  Maurice  et  de  saint  Mathurin  (pour 
ne  pas  sortir  du  cadre  des  noms  à  l'initiale  M]  sont  tels  qu'il  n'est 
que  juste  de  les  supposer  possibles  dans  l'explication  clierchée.  Si 
nous  laissons  de  cÂlé  saint  Maurice,  dont  le  costume  tradilioûnel 
de  légionnaire  exclu!  la  figuration  précitée  d'habils  sacerdotaux, 
nous  trouvons  en  saint  Mathurin  un  Ihaumaturge  pouvant  réclamer 
pour  son  histoire  la  scène  représentée  :  c'est,  en  eiïel,  l'exorcisme 
de  la  princesse  Théodora,  fille  de  l'empereur  Maximien,  par  saint 
Mathurin,  de  Larchant,  qu'ont  reproduit  pendant  de  longues 
années,  avec  saint  Fiacre  ou  la  tête  du  roi  au  revers,  les  jetons  de 
la  corporation  des  potiers  d'étain  et  des  toiliers  de  Rouen,  ainsi 
que  rallcslent  les  reproductions  ci-dessous  de  pièces  du  Musée  Car- 
navalet. 


1  d<s  poUBra  d'éliio  (Forgeiisl- 


(1)  DocumenU  *ar  les  origintê   chrétiennes  du   Boaergue.   —  Bodei, 
1887-1902,  p.  16. 

(2)  HUloire  de  Saint  Marlùil,  t.  III,  p.  49-50. 

(3)  Histoire  de  Saint  Martial,  U  III,  p.  69-70. 

(4)  Hitloire  de  Sùnl  Martial,  t.  III,  p.  18. 


PBËS£NTATION    E 


L'aUribntiOD  de  la  gravure  à  saint  Martial  me  parait  décidée  par 
la  figuration  de  l'entrave  signalée  ù  calé  du  M  désignaol  le  saint. 
Les  traités  d'hagiographie  ne  mentionnent  pas,  en  effet,  le  pouvoir 
libérateur  vis-à-vis  des  prisonniers  de  saint  Mathurin,  tandis  qu'ils 
répètent  avec  insistance  celui  de  saint  Martial,  en  l'assimilant  à 
celui  de  saint  Léonard  (I). 

(I)  vil.  —  Adhuc  recens  virtutuni  clarescit  insigne  miraculum. 
Contigit  ul  quidam  publicec  mancîparelur  custodicc  et  adslnctus  cale- 
nai'iim  nexibus  tcneretur  oppressis  somno  custodiis,  nocte  evasil  cus- 
todia  et  basilicam  Sanctî  Marcialîs  adhuc  vinculatus  eipetiit;  qui  taclis 
liroinibus,  sed  tamen  seratia  januis,  ita  vincula  sunt  comminuta  ut 
Blalim  absolveretur  adslructus  :  quce  etiam  catena  teste  populo  sdpeusa 
ccrnitur  pariter  et  contracta. 

Vlll.  —  Simili  causa  aller  dum  ei  ligno  colla  fuissent  consti'icta  et 
ad  custodiam  carceris  duceretur,  invocans  sanclum  Dei  servum  ilîco 
lignum  de  cervicibuB  manJbusque  ejus  evulsum  est,  ut  liber  videretur 
a  vinculo  qui  fuerat  ferlasse  deputatus  mortis  eventu.  (.\bbé  Arbellot, 
Ehide  hMorùjue  fur  l'ancienne  vie  de  lainl  MitrlUl,  p.  31-35.) 


384  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 


i 


La  scène  figurée  parait  donc  bien  se  rapporter  à  saint  Martial  : 
mais  à  quelle  idée  a  pu  répondre  la  création  de  ce  bouton  ?  S'agit-il  { 

d*un  hommage  de  pure  dévotion  à  saint  Martial,  comparable  à  celui 
que  réalise  vis-à-vis  de  ce  saint  et  d'autres  la  médaille  à  bélière  en 
usage  de  nos  jours,  ou  bien  s*agit-il  d'une  illustration  exception- 
nelle par  le  burin  d'un  ornement  de  toilette  à  destination  spéciale? 

Cette  dernière  hypothèse  paraît  la  plus  probable  :  une  médaille 
de  dévotion,  pour  être  accessible  à  un  grand  nombre  de  fidèles, 
aurait  évité  sûrement  une  forme  aussi  incommode  et  aussi  coû- 
teuse, tandis  que  la  livrée  de  cérémonie  par  le  luxe  qu'elle  réclame 
et  qu'elle  comporte  peut  justifier  le  modèle  tourmenté  et  le  travail 
relativement  artistique  de  l'accessoire  qui  nous  intéresse.  J'admet- 
trai donc  que  par  sa  forme  anguleuse,  peu  compatible  avec  le  jeu 
commode  et  économique  d'une  boutonnière,  aussi  bien  que  par 
son  décor  justiciable  du  burin,  —  d'un  burin  expérimenté,  —  le 
bouton  présenté  doit  être  considéré  comme  un  ornement  d'un  habit 
de  cérémonie  de  maître  ou  de  domestique. 

Quant  à  l'illustration  de  ce  bouton,  qui  a  voulu  être  sûrement  un 
bouton  noble  et  distingué,  elle  n'a  pas  dû  être  prise  au  hasard  ; 
elle  a  dû  être  empruntée  de  parti-pris  au  sujet  qui,  à  l'époque, 
passionnait  le  plus  l'opinion  religieuse,  à  la  possession  démoniaque 
et  cela  pour  valbir  à  cet  ornement  de  luxe  l'intérêt  que  les 
peintures  et  sculptures  des  xni%  xiv«,  xv«  et  xvi*  siècles  avaient 
tiré  des  évocations  diaboliques. 

Il  serait  excessif  de  rappeler  à  l'occasion  de  cette  simple  présen- 
tation tous  les  monuments  qui  dans  l'art  se  sont  inspirés  du  ménae 
sujet,  surtout  après  ce  qu'a  écrit  sous  le  titre  :  Les  Démoniaquesy 
le  D' Paul  Richer,  dans  son  curieux  livre  sur  V  Art  et  la  méd€cine({)  : 
il  me  suffira  d'avoir  constaté  avec  vous  que  la  médaille  a  tenté 
d'avoir  sa  part  de  la  renommée  qu'avait  acquise  aux  peintres  et 
aux  sculpteurs  la  représentation  de  la  puissance  démonifuge  [des 
saints,  en  particulier  du  saint  Limousin,  saint  Martial. 

II .  —  Méreau  de  plomb 

Ce  méreau  se  présente  sous  la  forme  d'une  pièce  de  plomb, 
ronde,  [de  30  millimètres  de  diamètre,  portant  un  avers  et  un 
revers  : 

Av.  —  Un  saint  droit,  de  face,  la  tête  nimbée,  revêtu  de  vête- 
ments sacerdotaux,  notamment  d'une  dalmatique,  tenant  de  la 

(1)  L*Arl  et  la  médecine,  Paris,  Gauthier,  Maquier  et  C'«,  p.  10-165. 


maiD  gaache  une  clialae  eachaînanl  deux  personoages  ageaouillés, 
UD  à  droile,  l'aulre  à  gauche,  e(  de  la  main  droite  ua  objet  mal 
déterminé,  peut-être  un  livre,  Daos  le  champ,  de  chaque  côté  du 
personnage  cealral,  les  deux  lettres  S.  L.  et  au-dessous  de  cette 
demJÈre,  une  branche  à  trois  feuilles  chargée  d'un  fruit,  peut-être 
d'une  orange. 


Rev.  —  Un  personnage  agenouillé  ou  accroupi  ou  enfoitcé  dans 
l'eau,  s'appuyant  des  deux  mainR  sur  un  bALoo  tige  et  portant  sur 
ses  épaules  l'Enfant-Dieu,  ligure  par  une  main  bénissante  et  un 
globe  crucigère.  K  sa  droite,  un  personnage  agenouillé  présentant 
une  lanleme  ;  à  sa  gauche,  une  cruche  ù  anse.  Daas  le  champ, 
séparées  par  le  personnage  central,  les  deux  lettres  S.  L. 

Cette  pièce,  d'une  facture  assez  grossière,  rapprochée  des  plombs 
historiés  trouvés  dans  la  Seine,  décrits  par  Forgeais,  reproduit 
un  spécimen  du  méreau,  du  xvi*  siècle, des  fruitiers-regratliers  et 
plus  spécialement  de  la  variété  ilgurée  à  la  p.  106  de  la  Numisma- 
tique des  corjiorations  parisiennes  de  cet  auteur  (1). 

S)  ou  compare  la  composition  de  ce  méreau  à  celles  des  autres 
méreaux  de  la  corporation  des  fruitiers,  dessinés  daos  ce  môme 
ouvrage,  et  ù  celle  du  jeton  de  la  communauté  des  marchands 
fruitiers  orangers  de  1S78,  reproduits  ci-après  d'après  les  publi- 
cations de  Forgeais  et  de  de  Lespinasse  (2),  on  arrive  facilement  à 
la  caraclérisation  de  cette  pièce. 

(1)  Nam'umatique  des  eorporalioiiÈ  pariiiennn,  inélien,  etc.,  il'aprè» 
tei plomb»  hitlorii»  trouvés  dana  U  Seine,  Paris,  1%'i,  p.  100-liâ. 

(2)  Jtlofti  et  armoiries  des  métier»  de  Paris,  Nevera,  Vallière,  1897, 
litre  XV. 


386  SOCIÉTÉ   ARCnéOLOGIQUÊ    Et    HlTTORIQÙE    DÛ    LiMOL'SlM 

L'avers  figure  saint  Léonard  brisant  les  chaînes  des  prisonniers, 
en  rappelant  par  un  attribut  la  corporation  auteur  du  jeton,  et  le 
revers,  saint  Christophe  passant  un  torrent  avec  le  Christ  enfant 
sur  ses  épaules. 

Il  serait  intéressant  de  savoir  petir  quels  motifs  la  corporation 
de»  fpuHters  a  choisi  pour  patrons  saint  Christophe  et  saint  Léonard. 

Pour  saint  Christophe,  te  patronage  se  trouve  vraisemblable- 
ment expliqiiè  par  la  légende  qui  veut  que  le  bAton  dont  se  servait 
le  saint  pour  traverser  te  torrent  quand  il  portait  TEttARtf-Dieu,  se 
soit  —  planté  en  terre  —  transformé  en  arbre  chargé  de  feuilles  et 
de  fruits. 

La  mise  en  cause  de  saint  Léonard  est  moins  évidente.  Il  semble 

néanmoins  que  tes  fruitiers  ont  voulu  établir  par  leur  recours  à  ce 

saint  Tutililé  matérielle  et  peut-être  aussi  morale  ou  religieuse  du 

long  ou  fréqueat  usage  des  fruits,  car  la  tradition  enseigne  que 

\  Termite  de  Noblac  a  vécu  pendant  de  longues  années^  dans  la 

I  forêt  de  Pauvin,  d'herbes  et  de  fruits. 

I  Quoiqu'il  en  soit  de  cette  explication,  saint  Léonard  ayant  été 

!  choisi  patron  des  fruitiers^  il  convenait  que  ce  saint  fut  représenté 

dans  les  médailles  et  méreaux  sous  son  aspect  le  plus  caractéris- 
tique :  c'est  pour  ce  motif  qu'en  dehors  de  l'attribut  spécial  de  la 
I  corporation  figurée  par  un  rameau  d'oranger,  nous  voyons  le  saint 

limousin  représenté  entre  deux  prisonniers  enchaînés,  comme  le 
libérateur  traditionnel  des  détenus  dévoués  à  son  culte.  On  sait 
en  effet  que  la  docilité  des  chaînes  et  des  serrures  de  prison  à  la 
voix  du  saint  a,  suivant  la  tradition,  partout  marqué  la  puissance 
de  ce  thaumaturge. 

La  figuration  de  saint  Léonard  sur  les  méreaux  et  jetons  de  la 
communauté  des  fruitiers-orangers  a  subi  les  fluctuations  de  l'art 
du  XIV*  siècle  à  la  Révolution.  On  peut  suivre  les  étapes  des  progrès 
dans  l'ouvrage  de  Forgeais  qui  reproduit  un  plomb  du  xiv«  siècle 
et  quatre  du  xvi*  siècle  et  dans  les  reproductions  des  œuvres  artis- 
tiques du  xvni*  siècle,  dont  le  dessin  ci-joint  donne  un  élément. 
Il  est  à  remarquer  qu'avec  le  temps  saint  Christophe  a  disparu 
pour  laisser  sa  place  à  la  tête  du  roi,  et  consacrer  ainsi  par  cette 
disparition  l'entier  abandon  à  saint  Léonard  du  patronage  de  la 
corporation  des  fruitiers. 

Quand  à  cette  corporation,  auteur  du  jeton  présenté,  elle  était 
faite  de  tous  les  fruitiers,  regrattiers  et  coquetiers,  soit  des  petits 
marchands  de  fruits,  volaille,  beurre  et  œufs,  errant  dans  les  rues, 
et  des  plus  gros  marchands  des  mêmes  denrées  trafiquant  dans 
des  domiciles  fixes.  Par  suite  des  différends  survenus  dans  une 
association  si  complexe  et  si  hétérogène,  vers  le.  commencement 


du  ivii*  siècle,  les  regraltiers  de  fruiu  réclamèreni  leur  indépen- 
dance et  coaslituërent,  à  la  suil«  de  leUres  patentes  de  juin  1608, 
une  commuoautË  de  «  rrui(iers-orang«r3,  maislres  de  la  marchan- 


J«Mn  dei  frnltiïrt  onngtti  d*  ITEM  (CirDittlel) 

dise  de  fruits,  es^nios  et  savoureux  ».  C'est  vraisemblablement  à 
cette  communauté  qu'appartient  le  beau  jeton  de  ilSS,  spécifiant 
dans  son  exergue  :  «  La  communauté  des  marchands  fruitiers- 
orangers  de  Paris  ». 


38S  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    UISTORIQVB    VU    LIMOUSIN 

Les  slaluls  de  celle  communaulé  ne  menlionnenl  pas  la  confrérie, 
mais  celle-ci  Élail  établie  à  Sainl-Euslaciie  et,  comme  il  a  élé  dit, 
sous  le  vocable  de  sainl  Léonard.  La  m^lrise  cofltaii  850  livres. 


III.  —  MédaiUe  à  portrait 

Un  ile  nos  coUèpes,  éminent  conférencier,  M.Laguérenne,  nous 
a  tenus  l'an  ilernicrsous  le  charme  de  sa  parole  par  une  étude  des 
plus  aUrayantes  sur  Jean  Dorât,  poète  limousin  du  w\'  siècle, 
maître  de  Ronsard.  C'est  la  silliouelte  métallique  de  celte  gloire 
limousine  que  doit  vous  oiïrir  ma  troisième  communicalion. 


Iiillon  de  JtiiD  DontT,  pir  l>ctf 


Cette  médaille  est  une  médaille  Tondue,  anirace,  de  63  milli- 
mètres de  diamètre,  portant,  dans  le  champ  circonscrit  par  un 
grénetis,  le  portrait  en  buste  du  poète. 

Ce  dernier  est  représenté  de  profil,  regardant  à  gauche,  la  léte 
nue,  couverte  de  cheveux  courts,  la  barbe  taillée  en  pointe,  le  corps 
vêtu  d'un  pourpoint  recouvert  d'un  manteau  ouvert  sur  le  devant. 
Au  pourtour  la  légende  ; 

JOANNES  AVRATVS  JT.T.   SVE  AHN.  LXXVH. 


PRÉSENTATION    DE    MEDAILLES  389 

Sous  le  premier  mol  de  cette  légende  :  ia.  prima,  abréviatir  du 
nom  du  médailleur,  Jacques  Primavera. 

Le  personnage,  d*une  figure  relativement  maigre,  osseuse,  k 
reliefs  bien  accusés,  d'un  regard  pénétrant,  a  une  physionomie 
Qneet  ouverte,  la  physionomie  d'un  intellectuel.  La  tenue  est  sobre, 
mais  de  bon  goût  et  bien  ajustée,  dénotant  un  homme  de  qualité. 

L'exécution,  soignée,  trahit  une  grande  aisance  de  procédés. 
L'harmonie  des  proportions,  la  pureté  des  lignes,  la  sobriété  des 
reliefs,  la  correction  des  détails  et  Vexpression  de  la  physionomie, 
démontrent  la  maîtrise  de  l'auteur,  une  maîtrise  de  bon  aloi  qui 
aurait  sûrement  des  admirateurs  à  notre  époque. 

Il  serait  curieux  de  savoir  à  quelle  occasion  et  pour  quelle  fin  a 
été  fondue  cette  médaille  dont  les  caractères  et  la  signature  révèlent 
une  œuvre  de  la  seconde  moitié  du  xvi«  siècle.  La  documentation 
de  ce  côté  se  réduit  à  des  hypothèses.  La  mode  n'ayant  pas  été,  de 
1600  à  1700,  de  reconnaître  plus  qu'avant  les  écrits  des  savants  et 
des  artistes  par  l'offre  publique  de  médailles,  offre  si  répandue  de 
nos  jours,  le  portrait  doit  être  considéré  comme  le  résultat  d'une 
initiative  personnelle  de  notre  poète  ou  de  son  entourage.  Ainsi 
procédaient,  motu  proprio,  les  grands  personnages  de  l'époque 
quand,  mus  par  le  souci  de  leur  gloire  personnelle,  ils  entrepre- 
naient de  prolester  contre  l'indifférence  populaire  ou  l'égoïsme 
officiel,  seulement  attentionné  pour  le  roi  et  la  cour. 

Par  un  même  sentiment  ont  dû  agir  les  contemporains,  Jean-An- 
toine de  Baïf,  Philippe  Desportes  et  Pierre  Ronsard,  lorsqu'ils  ont 
confié  au  médailleur  le  soin  de  nous  conscjf  ver  les  traits  des  poètes 
que  devaient  nous  révéler  leurs  écrits. 

La  légende  portant  jet.  sue.  ann.  lxxvu,  c'est  vers  1585,  c'est-à- 
dire  trois  ans  environ  avant  sa  mort,  que  notre  poète  a  dû  se  faire 
modeler. 

L'auteur  du  portrait  est,  comme  l'indique  la  signature  précitée, 
le  médailleur  Jacques  Primavera.  Ce  nom  qui  devrait  être  une 
source  de  lumière  n'est  pas  fait  pour  éclairer  les  questions  d'ori- 
gine et  de  date  de  notre  médaillon,  car  si  les  œuvres  de  Primavera 
sont  connues  pour  la  conception  artistique  et  la  facture  qui  les  dis- 
tinguent, l'histoire  de  l'artiste  reste  enveloppée  dune  ombre  que 
les  recherches  des  critiques  contemporains  n'ont  pu  dissiper.  On 
ignore  encore  en  effet  la  nationalité  et  les  dates  extrêmes  de  la 
naissance  et  de  la  mort  du  médailleur.  Le  nom  indique  bien,  à  vrai 
dire,  une  origine  italienne,  mais  les  œuvres  sont  si  françaises  par 
les  personnages  qu'elles  représentent  et  le  goût  qu'elles  accusent 
que  E.  Piot,  en  reproduisant  la  médaille  de  Philippe  Desporles, 
signée  Primavera,  n'hésite  pas  à  considérer  Tartiste  comme  un 

T.  LV  25 


59Ô  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE  ET  HlSTôniQL'E  DC  LIMOCSIN 

médailleur  français  (1).  M.  Chaboaillet,  qui  a  fait  des  recherches  et 
écrit  avec  la  plus  grande dislinclion  sur  Primavera,  est  moins  affir- 
matif  :  il  pencherait  plutôt,  avec  Bolsenthal  qu*il  cite,  pour  une 
origine  italienne,  mais  avec  cette  restriction  que  Tartiste  aurait 
surtout  vécu  en  France,  où  ses  œuvres  se  seraient  poursuivies  de 
1574  à  1885  (2). 

Dans  cette  incertitude,  tout  ce  qui  peut-être  dit  c*est  que  le 
poète,  en  homme  de  goût,  a  fait  judicieusement  le  choix  du  mo- 
deleur appelé  à  perpétuer  son  souvenir.  Contemporain  de  Phi- 
lippe I  Danfrie,  de  Jean  Moulceaux,  de  François  Briot  et  d'autres 
artistes  renommés,  il  a  su  apprécier  Primavera  et  témoigner  ainsi 
de  la  sûreté  artistique  de  son  jugement.  Nombreux  sont,  en  effet,  et 
pour  cause,  les  grands  personnages  du  xvu*  siècle  qui  ont  honoré  le 
même  médailleur  de  leur  préférence  ;  sur  la  vingtaine  de  médailles 
fondues  (toutes  unifaces  moins  deux  et  presque  toutes  du  même 
diamètre,  de  60  à  65  centimètres)  qui  constituent  Tœuvre  connue 
de  Primavera,  on  trouve  les  portraits  de  Marie  Stuart,  de  Catherine 
de  Médicis,  d*Elizabelh  d'Angleterre,  de  Charles  de  Balsac  d'En- 
tragues,  de  César  de  Bellegarde,  de  Charles  de  Lorraine,  duc  de 
Mayence,  du  cardinal  Jacques  Davy  Duperron,  du  premier  pré- 
sident Christophe  de  Thou,  de  Pic  de  la  Mirandole,  des  poètes 
Jean-Antoine  de  Baïf,  Philippe  Desportes  et  Pierre  Ronsard  — 
sans  compter  le  portrait  de  l'artiste  modelé  par  lui-môme  —  c'est- 
à  dire  le  gros  appoint  des  éminences  de  tout  ordre  de  l'époque. 

Quant  à  la  valeur  artistique  de  l'œuvre,  reconnue  par  Armand  (3), 
Bolsenthal,  Chabouillet*et  d'autres,  elle  est  conQrmée  par  les 
reproductions  du  Trésor  de  Numismatique  y  qui  donne  les  médailles 
de  Jean  de  Baïf,  de  César  de  Bellegarde,  de  Charles  de  Lorraine, 
de  Christophe  de  Thou  et  de  notre  poète  lui-même  (avec  une 
petite  incorrection  de  la  lége.nde),  reproductions  que  vous  pourrez 
apprécier  vous-mêmes,  si  vous  le  désirez,  dans  notre  bibliothèque 
communale. 

De  ce  qui  précède  il  résulte  que  la  présentation  qui  vous  est 
faite  ne  s'est  pas  donnée  pour  but  de  vous  montrer  une  pièce  iné- 
dite, mais  seulement  de  vous  fournir  l'occasion  de  voir,  en  une  mé- 


(1)  Les  médailles,  les  médaillons  et  les  plaquettes  de  la  Renaissance. 
Gazette  des  Beaux-Arts,  1878;  t.  XVIII,  p.  1062-1063. 

(2)  Note  sur  une  médaille  inédite  de  Ronsard,  par  Jacques  Primavera, 
suivie  de  recherches  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  cet  artiste,  in  Mémoires 
de  la  Soc.  arch.  et  hist.  de  VOrléanais,  t.  XV,  1876,  p.  197  à  258. 

^3)  Les  médailleurs  italiens  des  XV^  et  XVI^  siècles,  Paris,  1883-1887, 
2«  édition. 


PRESENTATION    DE    MEDAILLES  391 

daille  relalivement  peu  répandue,  ie  porirail  d'une  gloire  limousine 
sans  doute  bien  interprélé  par  un  artiste  contemporain  de  grand 
renom. 

L'épreuve  que  vous  avez  sous  les  yeux  est  d'une  fonte  fine, 
dune  belle  venue,  d'une  patine  matée  par  le  temps  et  d'un  dia- 
mètre qui  dénolent  une  fonte  ancienne,  sans  doute  originale,  de 
l'époque.  Telle  elle  a  du  être  sans  doute  jugée  par  ceux  qui  ont  eu 
à  l'apprécier  avant  vous,  car  elle  vient  du  Musée  de  Francfort  d'où 
elle  n'est  sortie  que  par  suite  de  l'occurrence  d'un  deuxième 
exemplaire. 

D'  Fournie, 


NOTES 


pour  servir  à  l'histoire  de  la  musique  à  Limoges 

au  XlXn^®   siècle 


L'histoire  de  la  musique,  envisagée  au  point  de  vue  de  l'art,  et 
surtout  de  Tart  moderne,  ne  parait  pas,  de  prime  abord,  comporter 
une  élude  particulière  pour  une  simple  province  ou  une  ville  de 
celte  province  d'importance  encore  secondaire  ;  si  l'on  considère 
que  la  région  où  elle  est  située,  assez  distante  des  grands  centres 
intellectuels  et  artistiques,  ne  pouvait  guère  posséder  un  mouve- 
ment propre  et  original,  distinct  de  celui  rayonnant  de  ces  centres, 
notamment  de  Paris,  et  dont  il  ne  serait  pas  une  émanation,  ou  un 
écho  plus  ou  moins  fîdèle. 

Mais  la  musique  n'est  pas  seulement  un  art  d*agrément,  soumis 
aux  lois  du  progrès  et  régi  par  les  règles  de  Testhétique,  dont  la 
connaissance  est  devenue,  avec  le  cours  du  temps,  une  véritable 
science.  Elle  est  tout  d'abord,  et  à  un  point  de  vue  général,  une 
des  expressions  les  plus  ordinaires  et  les  plus  vivantes  de  Tintel- 
ligence  humaine.  Le  chant,  a-t-on  pu  dire  justement,  est  aus<i 
naturel  à  l'homme  que  la  parole.  Il  est  donc  par  cela  même  à  peu 
près  aussi  ancien  que  l'humanité.  On  trouve,  en  effet,  le  chant  non 
seulement  sous  la  forme  vocale,  mais  encore  sous  la  forme  instru- 
mentale, qui  est  l'imitation  de  la  première,  à  l'aurore  de  toute 
civilisation,  imparfaite  à  la  vérité,  très  fruste  et  souvent  même 
barbare  comme  celle-ci,  mais  avec  ses  caractères,  ses  accents  et 
son  influence  manifestes,  f/est  ainsi  que  la  musique  reflète  et 
traduit  assez  exactement  les  aspirations,  les  sentiments,  les  mœurs 
d'un  peuple,  d'une  génération  ou  d'une  époque. 

La  musique  a  donc  un  rôle  social  indéniable  et  considérable  ; 
par  son  caractère  de  spontanéité,  sa  mise  à  la  portée  de  tous  et  son 
action  facile  sur  la  masse,  elle  est  un  des  éléments  les  plus  naturels 


NOTES  POUR   SERTIR  A   L^HISTOIRB  DE  LA  MUSIQUE   A  LIMOGES  393 

et  les  plus  populaires  de  toute  vulgarisation  et  de  toute  socialisa 
tion.  C'est  pour  cette  raison  qu'elle  a  toujours  é(é  mêlée  assez 
intimement  aux  manifestations  de  la  vie  humaine,  à  ses  expansions 
et  à  ses  actes,  à  ses  épreuves  et  à  ses  douleurs,  comme  à  ses  joies; 
et  c'est  pour  cela  qu'elle  se  rattache  étroitement  à  la  connaissance 
même  des  idées  et  de  la  civilisation  d'un  pays,  pris  dans  son 
ensemble  ou  même  dans  une  de  ses  fractions.  À  ce  titre  n'est-il 
pas  rationnel  et  juste  de  reconnaître  et  d'assurer  à  la  musique, 
dans  l'histoire  de  tous  les  temps,  la  place  qu'elle  y  doit  occuper? 

Telle  est  la  pensée  qui  nous  a  conduit  à  rechercher  quels  ont  été 
la  nature,  les  modes  et  l'imporlance  du  mouvement  musical  à 
Limoges  pendant  le  siècle  antérieur  à  celui  où  nous  vivons. 

Mais  celte  étude  ne  saurait  être  une  histoire  même  de  la  musique, 
qui  n'est  ni  de  notre  ressort  ni  de  notre  compétence  ;  elle  ne  peut 
avoir  qu'un  caractère  documentaire;  c'est  un  recueil  de  notes 
réunies  avec  le  plus  de  soin  possible,  et  qui,  semble-t-il,  tout  en 
permettant  d'avoir  une  vue  d'ensemble  sur  les  faits,  les  choses  et 
les  hommes  de  générations  déjà  passées,  pourraient  faciliter,  sinon 
une  histoire  de  la  musique,  qui  n'est  peut-être  pas  indispensables, 
du  moins  les  recherches  nouvelles  et  plus  complètes  que  l'oA 
voudrait  faire  à  ce  sujet  (i). 

Nous  avons  jugé,  d'autre  part,  devoir  limiter  ces  investigations 
à  l'étude  du  xix<*  siècle,  en  prenant  ce  siècle  à  son  point  de  départ, 
période  assez  vaste,  du  reste,  et  assez  remplie  de  faits  pour  retenir 
et  absorber  de  très  modestes  efforts.  Remonter  au-delà  eéi  né- 
cessité un  labeur  d'érudition,  d'un  intérêt  très  réel  et  plus  saisis- 
sant sans  doute  au  point  de  vue  archéologique,  mais  de  nature  à 
faire  reculer  de  plus  experts  et  de  mieux  documentés  que  nous. 

De  ce  passé  plus  lointain,  il  paraissait  cependant  utile  de  donner 
quelques  indications  sommaires,  ne  fût-ce  que  pour  établir  la 
chaîne,  le  trait  d'union  qui  le  rattache  aux  temps  présents  ;  nous 
les  résumons  ici,  dans  une  sorte  de  préface,  en  quelques  traits 
rapides  et  nécessairement  un  peu  vagues,  en  rappelant  d'ailleurs 
que  plusieurs  érudits  Limousins  ont  déjà  publié  sur  ce  passé  de  la 


(1)  Il  convient  de  noter  que  dans  une  séance  de  la  Société  archéolo- 
gique et  historique  du  Limousin,  un  musicien  éminent  de  Limoges, 
M.  Paul  Charreire  avait  donné  lecture  d'un  essai  sur  Thisloire  de  la 
musique  en  Limousin,  où  il  faisait  ressortir  avec  beaucoup  de  force 
rintéret  et  l'utilité  que  cette  histoire  pouvait  présenter. 

M.  Paul  Cha(rreire  avait  assurément  la  science  et  Térudition  néces- 
saires pour  traiter  un  tel  sujet  (V.  Bulletin  de  la  Société,  t.  VII,  procès- 
verbal  de  la  séance  du  26  avril  1856). 


394  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

t      ■  • 

musique  dans  noire  pays  des  notions  ou  des  restitutions  intéres- 
santes. 


Avant  le  haut  moyen  âge,  les  manifestations  d*un  art  évidem- 
ment rudimentaire  sont  trop  incertaines  pour  ne  pas  échapper  à 
toute  description  et  à  toute  analyse  ;  mais  lorsque  le  Plain-Chant, 
institué  par  le  pape  Grégoire,  se  fut  répandu  dans  le  monde 
chrétien,  il  a  sa  place  en  Limousin  et  s*y  développe  non  seulement 
sous  ses  formes  purement  religieuses,  mais  encore  avec  ses  moda- 
lités et  ses  adaptations  diverses.  Les  témoignages  du  fait,  sans  être 
très  abondants  et  toujours  très  expressifs,  ne  font  toutefois  pas 
défaut.  Pays  peuplé  d*abbayes  et  de  monastères  qui  étaient  alors 
les  seuls  milieux  littéraires  et  artistiques,  le  Limousin  qui  fit  preuve 
jusqu'au  xiv)  siècle  d'une  vitalité  et  d'une  expansion  civilisatrice 
aujourd'hui  reconnues,  par  ses  chroniqueurs  et  ses  lettrés,  par  ses 
artistes,  ses  poètes  ou  ses  troubadours,  dont  la  langue  parait  bien 
avoir  été,  dans  Tordre  des  temps,  le  premier  dialecte  un  peu  parfait 
de  la  langue  du  midi,  ce  pays  ne  dut  pas  être  en  retard  sur  les 
autres  provinces  au  point  de  vue  musical,  si  même  il  ne  fut  pas  m 
avance  sur  quelques-unes  d'enlr'elles  (1). 

Les  moines  furent  certainement  les  premiers  musiciens  du  Li- 
mousin ;  leur  savoir,  leur  liturgie  étaient  connus  ;  mais  ils  ne 
bornèrent  pas  leurs  efforts  et  leurs  essais  aux  seuls  motifs  religieux. 
Par  TefTet  d'une  sorte  de  déviation  de  l'idée  et  de  Tinspiration 
premières,  assez  compréhensible  en  un  temps  où  TEglise  était 
l'initiatrice  de  toutes  les  productions  de  l'esprit,  ils  traitèrent  aussi 
des  sujets  d'ordre  profane.  On  sait  que  l'abbaye  de  Saint-Martial, 
réputée  à  divers  titres,  fut  une  source  très  importante  de  ces  pro- 
ductions, notées  en  Neumes,  système  de  notation  que  les  érudits  et 
les  techniciens  ont  été  longs  à  déchiffrer,  mais  dont  les  Chartreux 
et  les  Bénédictins  de  Solesmes  ont  cependant  trouvé  la  clé.  Or,  ces 


(1)  Cons.  Les  musiciens  du  Limousin,  par  M.  Joannès  Plantadis.  — 
Brive,  imp.  Roche,  1897. 

L'auteur  estime  que  la  province  du  Limousin  a  été  une  de  celles  où 
pendant  le  moyen  âge  le  culte  de  la  musique  a  été  le  plus  marqué. 
Selon  lui,  Tépithète  proverbiale  de  limousine  était  alors  donnée  à  la 
musique  ;  il  en  cite,  comme  preuve,  un  passage  de  la  geste  de  Renaud 
de  Montauban  (éd.  Michelant,  p.  175). 

M.  Plantadis  cite  aussi  comme  exemples  de  la  production  limousine, 
dans  le  genre  profane,  la  Marche  de  Turenne  et  la  Marche  de  V Hôpital, 
d'origines  indigènes,  et  dont  se  sont  inspirés  des  compositeurs  contem- 
porains, 


NQTES  POUR    SERVIR  A   L^HISTOIRE    DE  LA   MUSIQUE  A  LIMOGES  395 

compositions  n*0Dt  souvent  du  caractère  religieux  que  la  forme;  un 
certain  nombre  sont  des  chants  d*une  autre  nature,  composés  par 
les  moines,  ou  transformés  par  eux  diaprés  des  airs  plus  anciens. 
Beaucoup  de  nos  vieux  airs  populaires  n'ont  pas  d'autres  origines 
que  celles-là.  Et  plus  tard,  les  troubadours,  qui  n'étaient  pas  seule- 
ment des  compositeurs  et  des  poètes,  mais  aussi  des  musiciens, 
s'inspirèrent  à  leur  tour  de  ces  chants,  les  utilisèrent,  en  les  variant 
ou  en  les  transformant  à  leur  gré.  Ils  les  chantaient  souvent  eux- 
mêmes,  en  s'accompagnant  avec  le  luth,  la  viole  ou  la  citole  (1). 

Les  chants  devinrent  ainsi  en  Limousin  l'expression  populaire 
de  la  musique  profane  ;  cette  province,  a  écrit  M.  Charreire,  est 
une  de  celles  où  les  airs  anciens  sont  les  plus  nombreux,  où  l'on 
trouve  le  plus  de  documents  ou  d'instruments  musicaux  de  toutes 
sortes  {i).  Avec  le  cours  des  siècles,  les  chants  populaires  ten- 
dirent de  plus  en  plus  à  se  dégager  de  l'empreinte  religieuse,  à  se 
rajeunir  et  à  revêtir  des  formes  nouvelles  ;  certains  auteurs  les 
rattachent  encore  de  nos  jours ^à  quatre  tonalités  principales,  la 
tonalité  celtique  qui  apparaît  encore  sensible  dans  quelques-unes, 
la  tonalité  ecclésiastique  très  fréquente,  celle  du  moyen  âge  et  la 
tonalité  moderne;  cette  classiticalion  est  peut-être  incomplète  et  un 
peu  arbitraire;  quoiqu'il  en  soit,  beaucoup  de  nos  chansons,  bal- 
lades, beurrées,  conservent  encore  une  grâce  naïve  et  un  tour 
original.  Il  importe  d'ajouter  que  d'autres  érudits  limousins  ont 
publié,  depuis  quelques  années,  dans  des  revues  ou  des  monogra- 
phies un  très  grand  nombre  de  chants  et  de  vieux  airs  limousins, 
avec  commentaires,  collations  ou  restitutions  de  la  musique  (3). 

On  ne  saurait  passer  sous  silence  les  Drames  liturgiques  ou  les 
Mystères,  origine  première-  quoique  bien  lointaine  du  drame  mo- 


(1)  La  musique  instrumentale  était  déjà  fort  en  usage  aux  xii*  et 
XIII*  siècles;  on  est  même  assez  étonné  de  la  multiplicité  des  instru- 
ments qui  étaient  employés  au  moyen  âge  (Cons.  A.  Lavignac,  La  mu- 
sique et  les  musiciens,  —  Paris,  Delagrave,  nouv.  édit.,  p.  460, 

(2)  Paul  Charreire,  Poésies  en  patois  limousin,  avec  traduction  de 
Pierre  Laforest  et  musique  collationnéc  par  l'auteur.  —  Limoc^es, 
Ducourtieux,  1890. 

(3)  Indépendamment  des  notices  de  MM.  Paul  Charreire  et  Joanncs 
Plantadis,  déjà  citées,  il  convient  de  signaler  ou  de  rappeler  l'impor- 
tante publication  de  M.  François  Celor-Pirkin,  parue  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique  de  la  Corrèze  (t.  21, 
22,  23  et  24). 

Le  même  Bulletin  a  donné  dans  le  tome  20  une  longue  étude  de 
M  Ernest  Rupin  sur  les  Noéls  latins  et  patois  du  Bas-Limousin,  avec 
notations  musicales  de  M.  Frédéric  Noulet  et  de  M"«  Genès. 


396  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

derne,  et  qui  prirent  également  naissance  dans  les  cloîtres  et  dans 
les  églises,  pettt-élre  même  avant  la  formation  de  la  chanson. 
I/exécotion  de  ces  œuvres  comportait  aussi  le  concours  de  Tart 
musical  dans  une  mesure,  il  est  vrai,  assez  difficile  à  déterminer, 
en  l'absence  de  documents  qui  ont  disparu  du  moins  dans  notre 
province.  Selon  quelques  auteurs  les  Mystères  étaient  toujours 
accompagnés  ou  suivis  de  chants  religieux,  sortes  de  Te  Deum  ; 
daprès  d'autres,  le  rôle  de  la  musique  y  était  tellement  important 
qu'il  serait  permis  de  considérer  ces  compositions  comme  des 
œuvres  lyriques  (1). 

La  musique  de  certains  drames  liturgiques  et  en  particulier  de 
celui  des  Vierges  folles  et  des  vierges  sages,  tiré  d'un  manuscrit  bien 
connu  de  l'abbaye  de  Saint-Martial,  qui  remonte  à  la  fin  du  xi*  siècle 
ou  au  commencement  du  xu*  siècle,  a  été  attribuée  au  chantre  du 
Dorât,  saint  Israël  ;  mais  cette  provenance  limousine  n'est  pas 
certaine;  elle  a  même  été  contestée,  par  ce  motif  que  le  dialecte 
roman,  qui  est  l'un  des  dialectes  employés  dans  Tœuvre,  n'appar- 
tiendrait pas  à  la  langue  d'oc  (2). 

Ce  qui  parait  certain,  c'est  que  le  plus  ancien  témoignage  connu 
de  représentations  dramatiques  du  genre  s'applique  à  une  œuvre 
limousine.  En  1390  et  en  1303,  on  joua  à  Limoges  les  Miracles  de 
saint  Martial.  Ces  représentations  trouvèrent,  sans  doute  dans  la 
suite  des  imitateurs,  mais  la  pénurie  des  chroniques  de  ces  temps 
ne  permet  pas  d'en  retrouver  les  traces,  et  l'histoire  locale  présente 
une  longue  lacune  jusqu'aux  années  1521  et  1533,  où  furent  donnés 
le  Mystère  de  la  Passion  et  celui  de  Sainte-Barbe  et  de  Théophile  (3). 

La  musqué  sacrée  n'en  resta  pas  moins  pendant  des  siècles  le 
témoignage  principal  et  le  plus  éminent  de  1  art  musical  ;  sous  les 


(1)  Telle  est  notamment  Fopinion  de  M.  Louis  La  voix  {Histoire  de  la 
musique), 

(2)  Camille  Chabaneau,  La  langue  et  la  littérature  du  Limousin, 
notice,  avec  appendices  de  M.  A.  Leroux,  p.  22  (Montpellier  et  Paris, 
Maisonneuve,  1892).  Il  est  à  remarquer  cependant  que  certaines  parties 
relèvent  bien  de  cette  langue. 

(3)  C.  Chabaneau,  loco  citato.  —  Registres  consulaires  de  Limoges, 
p.  1,  108  et  226. 

Dans  la  même  période  furent  joués  à  Saint-Junien  le  Mystère  de  la 
Sa inte- Hostie f  et  le  Mystère  de  l'Assomption  (Chron.  de  Maleu). 

La  tragédie  de  saint  Jacques,  composée  par  l'avocat  et  vénérable 
Bardon  de  Brun,  qui  fut  jouée  à  Limoges  dans  le  cours  du  même  siècle, 
S'inspirait  des  mêmes  traditions  que  les  Mystères  et,  comme  eux,  elle 
comprenait  dçs  morceaux  etdes  strophes  qui  étaient  cbantés. 


NOTES   POUR  SERTIR  A    l'hISTOIRE    DE    LA   MUSIQUE  A  LIMOGES  397 

Toutes  des  sanctuaires,  dans  les  monastères  et  dans  les  chapitres, 
le  chant  grégorien  s*élevait  toujours  majestueux,  dans  son  austère 
simplicité,  au  milieu  des  foules  croyantes  et  fidèles.  Les  abbayes 
limousHies  et  les  grands  établissements  ecclésiastiques  possédaient 
des  maîtrises  qui  étaient  de  véritables  écoles  de  chant  ;  les  maîtrises 
existaient  encore  au  commencement  du  xvi*  siècle,  auprès  des 
chapitres  tout  au  rnoins,  et  c'est  même  d'une  maîtrise  de  Limoges 
que  serait  sorti  un  musicien  de  grand  mérite,  François-Léonard 
Barré,  qui  s'acquit  une  certaine  célébrité,  d'abord  en  Belgique, 
puis  en  Italie  (1). 

Mais  déjà  la  musique  religieuse,  subissant  les  influences  profanes 
et  des  immixtions  fâcheuses,  s'était  gravement  altérée  par  l'addition 
daccessoires  et  d'ornements  de  mauvais  goût  qui  lui  avaient  fait 
perdre  sa  simplicité  et  sa  noblesse  premières.  Cette  décadence  de 
l'art  religieux  qui  semble  coïncider  avee  celle  de  l'institution  mo- 
nastique elle-même,  ne  fut  pas  un  fait  momentané  en  France,  car 
malgré  les  progrès  constants  de  la  polyphonie  au  xvi*  siècle  et  la 
grande  rénovation  de  la  musique  religieuse  à  laquelle  Palestrina  a 
attaché  son  nom,  en  dépit  des  prescriptions  du  Concile  de  Trente, 
on  constate  encore  au  siècle  suivant  cette  fausse  conception  et  ces 
mauvais  errements  de  la  musique  sacrée,  contre  lesquels  réagissent 
avec  vigueur  les  Bénédictins  de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  en 
préconisant  le  retour  aux  véritables  et  saines  traditions.  Il  est 
intéressant  pour  nous  de  noter  que  parmi  les  membres  de  la  célèbre 
congrégation  se  trouvait  un  Limousin,  dom  Jumilhac,  auteur  d'un 
traité  De  la  science  et  de  la  pratique  du  plain-chant,  qui  jouit  encore 
d'une  grande  autorité  en  la  matière  (2). 

(1)  Suivant  M.  Joannès  Plantadls  (loco  citatOy  p.  13  et  suiv.),  qui 
reproduit  au  surplus  des  indications  de  Fétis,  François-Léonard  Barré 
ou  Barret  naquit  en  Limousin  et  probablement  à  Limoges  vers  la  fin 
du  XY*  siècle  ou  au  début  du  xvi^  siècle.  Il  aurait  fait  ses  études  de 
chant  dans  cette  ville  et  y  aurait  peut-être  même  reçu  les  ordres  sacrés. 
En  Belgique  où  il  se  rendit,  il  fit  partie  de  TËcole  franco-belge  qui  eut 
une  part  d^action  ou  d'influence  dans  la  grande  réforme  musicale  du 
XVI*  siècle  ;  il  partit  ensuite  pour  l'Italie  ;  à  Venise,  il  fut  l'élève  du 
célèbre  Cyprien  Willaert,  puis  se  fixa  à  Rome  où  il  fut  attaché  à  la 
chapelle  du  pape  Marcel  II  et  mourut  dans  cette  ville  où  il  laissa  la 
réputation  d'un  musicien  de  talent  et  d^un  compositeur  distingué. 
V.  aussi  F.-J.  Fetis  :  Biographie  universelle  des  musiciens,  2^  édii.,  t.  I*'. 

(2)  Pierre-Benoit  Chapelle  de  Jumilhac,  né  en  1611,  au  chÀteau  de 
Saint-Jean-Ligoure  (Haute- Vienne),  mort  à  Paris  en  1682,  appartenait  à 
une  branche  cadette  de  la  grande  lamille  de  ce  nom. 


398  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  UISTOXUQUE  DU  LLMOUSIN 

Au  surplus,  la  Renaissance  catholique  qui  se  produisit  pendant 
le  grand  siècle  et  fut  marquée  en  Limousin,  spécialement  à  Li- 
moges, par  un  grand  nombre  de  fondations  pieuses  et  d*œuvrcs 
charitables,  ne  paraît  pas  avoir  exercé  une  action  sensible  et  bien 
efQcace  sur  les  manifestations  et  les  formes  du  culte  extérieur,  tout 
au  moins  au  point  de  vue  qui  nous  occupe.  Les  mœurs,  de  nos 
ancêtres  étaient  alors  assez  sévères,  la  vie  sociale  retirée  et  géné- 
ralement concentrée  dans  la  famille.  Pour  cette  même  raison,  la 
musique  profane  devait  être  encore  moins  recherchée  et  cultivée; 
elle  avait  encore  apparemment  son  rôle  plus  ou  moins  actif,  plus 
ou  moins  saillant,  dans  les  fêles  et  les  cérémonies  publiques,  de 
même  qu'elle  avait  toujours  son  influence  sur  les  chants  populaires 
dont  un  certain  nombre,  comme  il  convient  de  le  remarquer,  pa- 
raissent dater  de  ce  siècle  ;  mais  la  société  polie  de  la  province  n*y 
prenait  sans  doute  qu'une  faible  part. 

Le  théâtre,  sous  sa  forme  moderne,  était  d'origine  encore  récente 
et  n'était  guère  connu  du  Limousin  que  par  les  rares  passages  de 
troupes  nomades,  comme  celle  de  Molière  qui  dut  passer  à  Li- 
moges en  1649.  El  l'opéra  était  un  genre  de  spectacle  encore  plus 
nouveau,  puisque  le  premier  privilège  concédé  à  Camberl,  à  l'abbé 
Perrin,  puis  à  Lulli,  pour  l'ouverture  d'une  scène  lyrique  à  Paris, 
date  seulement  de  l'année  1669  (1).  La  pénétration  de  la  musique 
d'opéra,  encore  fort  imparfaite  et  dont  les  grands  progrès  ne  se 
placent  qu'au  siècle  suivant,  devait  être  très  lente  dans  un  pays 
comme  le  nôtre,  très  éloigné  de  la  capitale,  de  ressources  modestes 
et  fort  peu  mêlé,  du  reste,  à  la  vie  sociale  et  politique  de  ce  temps. 

Il  faut  arriver  à  la  Régem^e  et  à  la  première  période  du  siècle 
de  Louis  XV  pour  constater  un  changement  assez  notable  dans  les 
mœurs  et  les  coutumes  des  habitants  de  Limoges.  L'initiation  fatale, 
quoique  tardive  aux  idées  et  aux  goûts  nouveaux,  les  exemples 
partis  de  loin  mais  de  haut,  et  plus  tard  l'influence  delà  littérature 
et  des  philosophes  amènent  dans  les  esprits,  dans  ceux  des  classes 
UQ  peu  élevées  tout  d'abord,  une  conception  moins  grave  et  moins 
austère  de  l'existence  et  le  sentiment  de  besoins  plus  nombreux  et 
plus  raffinés.  Le  cadre  des  distractions  et  des  plaisirs  s'aggrandit 
alors  ;  la  vie  extérieure  devient  plus  expansive,  plus  gaie  et  fait 
appel  à  toutes  les  ressources  qu*une  civilisation  progressive  com- 
porte, notamment  à  l'auxiliaire  de  la  musique  et  des  autres  arts 
d'agrément.  Les  réunions  de  famille,  d'amis,  d'invités  deviennent 

(1)  A.  Lavicnac,  loco  citatOy  p.  471, 


NOTES    POUR   SERVIR  A  l'hISTOIRE    DE  LA  MUSIQUE  A  LIMOGES  399 

ainsi  plus  fréqueDtes,  plas  animées,  non  seulement  dans  les  milieux 
aristocratiques,  mais  aussi  dans  les  cercles  de  la  bourgeoisie 
aisée  (1). 

Ce  n'est  toutefois  que  vers  le  milieu  du  xvui^  siècle  que  le  goût 
des  distractions  mondaines  et  artistiques  se  traduit  à  Limoges  par 
des  manifestations  publiques  ou  du  moins  collectives.  Pour  la 
première  fois,  en  effet,  en  Tannée  1743,  on  voit  se  former  dans  la 
ville  une  société  qui  donne  des  fêtes,  des  concerts  et  aussi  des 
représentations  théâtrales,  d'abord  dans  une  salle  fort  incommode 
improvisée  près  de  la  porte  Montmailler,  puis  dans  un  local 
distrait  de  celui  qu'occupaient  les  syndics  du  commerce  à  THôtel* 
de-Ville. 

Un  de  nos  concitoyens  les  plus  érudils  a  déjà,  dans  une  élude 
traitée  avec  la  grande  compétence  et  tout  Tintérél  qu'il  sait  apporter 
dans  ses  œuvres,  tracé  l'histoire  du  théâtre  à  Limoges  pendant 
cette  période  jusqu'à  la  fin  du  xvm""  siècle  et  même  jusqu'à  l'année 
1815.  Il  a  fourni  des  indications  précieuses  auxquelles  on  ne  saurait 
mieux  faire  que  de  se  référer  (2). 

La  Société  des  concerts,  après  quelques  vicissitudes,  venait  de 
se  dissoudre,  lorsqu'en  1775  une  nouvelle  salle  de  spectacle  installée 
dans  l'immeuble  Besse,  rue  fianc-Léger,  fut  inaugurée  par  une 
troupe  d'artistes  que  dirigeait  un  sieur  Laurent  et  qui  donna  avec 
un  certain  succès  des  représentations  d'œuvres  dramatiques  et 
lyriques. 

Le  goût  de  la  musique  allait,  du  reste,  en  progressant.  Les  audi- 
tions de  ce  genre,  non  moins  que  la  comédie,  étaient  très  recher- 
chées et  même  relativement  fréquentes,  grâce  aux  acteurs  séden- 
taires et  aux  passages  d'artistes  qui,  même  à  cette  époque,  n'étaient 
point  rares.  On  peut  admettre  que  la  société  limousine  fut  alors 
initiée  à  la  connaissance  de  la  plupart  des  productions  du  réper- 
toire en  vogue. 

Le  théâtre  ordinaire  ne  suffisait  même  point  à  satisfaire  le  public, 
puisqu'en  Tannée  1780  un  certain  nombre  d'amateurs  fondèrent  un 
théâtre  de  société  où  pendant  cinq  ans  ils  offrirent  des  spectacles 


(1)  C'est  à  ces  changements  dans  Tctat  des  esiprits  et  des  mœurs  que 
fait  allusion  M.  Juge  Saint-Martin,  dans  son  livre  bien  connu,  qui  a 
pour  titre  :  Changements  survenus  dans  les  mœurs  des  habilants  de 
Limoges, 

(2)  A.  FnAY-FouRNiEB,  Le  théâtre  à  Limoges  avant,  pendant  et  après 
la  Révolution,  —  Limoges,  Ussel  frères,  1900, 


400  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTOIUQUE   DU   LIMOUSIN 

forl  courus  et  qui  alternaient  avec  les  représentations  des  profes- 
sionnels, sans  leur  faire,  parait-il,  une  concurrence  nuisible  (1). 

Les  années  qui  précédèrent  immédiatement  la  Révolution  ne 
pouvaient  guère  être  propices  au  théâtre.  Celui-ci  fonctionnait 
toutefois  encore  en  1790,  lorsque  le  grand  incendie,  qui  détruisit 
tout  un  quartier  de  la  ville,  fil  disparaître  la  salle  Besse. 

Limoges  demeura  privé  de  spectacles  proprement  dits  jusqu'au 
10  décembre  1793,  date  à  laquelle  fut  ouverte,  dans  l'ancienne 
église  des  Récollets  Saint-François  (place  de  Tancienne  Comédie), 
une  nouvelle  salle  exploitée  par  une  réunion  d'amateurs,  sous  les 
auspices  de  la  société  populaire  et  le  contrôle  d'un  comité  local. 
Ce  fut  le  ((  Théâtre  national  de  la  commune  de  Limoges  »  qui  donna 
surtout  des  pièces  populaires,  patriotiques  ou  dramatiques  dans  le 
goût  et  l'esprit  du  temps. 

On  y  jouait  cependant  aussi  des  opéras  et  des  compositions 
relevant  du  genre  lyrique  (2). 

La  mise  en  scène,  dit  M.  Fray-Fournier,  était  faite  avec  beaucoup 
d'apparat  et  empruntait  une  grande  partie  de  son  éclat  aux  grandes 
misses  chorales  et  instrumentales  qui  figuraient  à  chaque  repré- 
sentation (3). 

Les  manifestations  de  celte  sorte  étaient,  du  reste,  alors  tout  à 
fait  à  la  mode,  comme  en  font  foi  de  nombreux  témoignages  ;  le 
sentiment  des  citoyens  répondait  en  cela  au  désir  des  gouvernants 
et  des  directeurs  de  l'opinion.  Dans  les  solennités  si  multiples  de 
cette  époque,  patriotiques,  révolutionnaires  ou  nationales,  dans 
toutes  les  fêtes  et  cérémonies  civiques,  la  musique  sous  ses  deux 
formes  accoutumées,  concourt  toujours  et  dans  une  large  mesure 


(1)  Fray-Fournier,  Le  théâtre,.,,  p.  21. 

(2)  Par  exemple  :  Annette  et  Lubin^  le  Jugement  de  Midas  (opéra  en 
trois  actes),  le  Retour,  le  Tonnelier,  le  Barbier  de  Séville,  V Epreuve  villa- 
geoise, comédie  en  deux  actes  mêlée  d'ariettes,  dont  la  musique  était 
de  Grétry  et  les  paroles,  fort  médiocres,  du  citoyen  Desforges. 

Après  une  carrière  assez  brillante  et  parfois  lucrative,  cette  associa- 
tion d'amateurs  à  laquelle  se  joignirent  de  temps  à  autre  des  artistes 
d'un  certain  mérite,  ût  place  à  une  troupe  de  professionnels  qui  ne  fit 
guère  ses  frais  ;  les  mœurs  et  l'engouement  public  étaient  déjà  changés. 

Pendant  cette  période  de  cinq  années,  au  dire  d'une  chronique  de  la 
Revue  du  Centre,  qui  paraissait  à  Limoges  en  1837,  le  théâtre  de  Li- 
moges ne  joua  pas  moins  de  cent-vingt  pièces,  comédies,  tragédies, 
pièces  diverses,  opéras-comiques  et  même  grands  opéras  (V.  Revue  du 
Centre,  p.  521,  o6i  et  suiv.). 

(3)  Fray-Fournier,  Le  ihéâtre..,,  p.  29, 


NOTtS  POCR  SERVIR  A  L^HISTOIRE  DE    LA   MUSIQUE  A  LIMOGES  401 

à  rehausser  la  pompe  et  le  prestige  de  ces  manifeslalions.  Les 
programmes  et  les  compte-rendus  en  font  constamment  mention, 
et  c'est  à  juste  titre  que  Fauteur  déjà  cité  fait  ressortir  le  rôle 
considérable  que  remplissent  alors  à  Limoges,  en  toutes  circons- 
tances de  la  vie  sociale  et  publique,  Torchestre  et  les  chœurs  (1). 
Ainsi  donc,  dans  cette  ville,  à  la  fin  du  xvui<^  siècle  et  au  point 
de  départ  de  celui  qui  devait  suivre,  les  ressources  et  les  éléments 
ne  manquaient  pas,  à  ce  qu'il  semble,  au  point  de  vue  du  culte  et 
de  la  mise  en  œuvre  de  Tart  musical. 


I 


De  1802  à  1815 

Le  théâtre.  -—  Concerts  publics  et  de  sociétés.  —  Fêtes  et  cérémonies. 
—  Solennités  religieuses,  —  La  musique  dans  les  écoles.  —  Ama- 
teurs,  artistes  et  professeurs.  —  La  musique  de  la  garde  d* honneur. 

Au  commencement  du  xix*  siècle,  le  pays  remis  de  ses  terreurs 
et  de  ses  épreuves,  senlant  la  sécurité  et  la  confiance  renaître  sous 
régide  d'un  pouvoir  fort  et  régulateur,  reprenait  une  vie  normale. 
La  société  mondaine,  qui  pendant  les  dernières  années  du  Direc- 
toire s'était  jetée  dans  les  plaisirs  et  les  divertissements  de  tout 
genre  avec  une  sorte  de  fièvre  assez  naturelle  de  la  part  de  gens 
qui  en  avaient  été  longtemps  privés,  ressentait  le  besoin  de  dis- 
tractions plus  intellectuelles  et  de  récréations  artistiques,  insépa- 
rables d'une  civilisation  un  peu  policée. 

Les  populations  limousines,  et  en  particulier  celle  de  Limoges, 
où  Ton  a  pu  constater  dès  avant  la  Révolution  une  certaine  cul- 
ture musicale,  ne  pouvaient  demeurer  étrangères  à  cette  tendance 
générale  des  esprits. 

Aussi  put-on  voir  alors  le  goût  de  cet  art  se  manifester  dans 
cette  ville  d'une  manière  assez  sensible  et  sous  des  aspects  mul- 
tiples et  divers. 

Ce  ne  fut  pas  seulement  au  théâtre,  qui  en  est  une  des  formes 
les  plus  populaires,  mais  encore  dans  les  réunions  publiques  et 


(1)  A,  Fra Y-Fou RNiER,  Lcs  fêtcs  nationales  et  les  cérémonies  civiques 
dans  ta  Haute-Vienne  pendant  la  Révolution  (p.  151).  —  Limoges,  imp. 
du  Petit  Centre,  1902. 


402  sociÉré  archéologique  ct  historique  du  limousin 

privées,  dans  les  cérémonies  officielles,  civiqaes  oa  religieuses, 
dans  les  fêtes  de  sociéié  et  des  écoles,  que  la  musique  prit  une 
place  importante  et  significative. 

Du  théâtre,  dont  M.  Fray-Fournier  a  tracé  un  historique  fort 
remarquable  depuis  ses  origines  à  Limoges  jusqu'à  Tannée  1815, 
qu'il  serait  à  la  fois  inutile  et  de  mauvais  goût  de  vouloir  refaire 
après  lui,  nous  nous  bornerons  à  rappeler  ou  à  indiquer  les  sou- 
venirs et  les  traits  les  plus  saillants,  ceux-là  seuls  qui  peuvent 
paraître  nécessaires  à  notre  sujet  (1). 

Le  Journal  de  la  Haute-Vienne,  l'unique  feuille  périodique  qui 
parut  alors  à  Limoges,  annonçait  dans  son  numéro  du  25  frimaire 
an  XI  (16  décembre  1802)  qu'une  réunion  dramatique  venait  de  se 
former  à  Limoges  ;  cette  réunion  ou  cette  troupe,  dirigée  par  un 
sieur  Hébert,  doonaU  ses  représentations  dans  Tancien  couvent 
des  Récollets  Saint-François,  transformé  en  salle  de  spectacle  sous 
la  Révolution  ;  elle  joua  d'abord  des  comédies,  des  drames,  des 
vaudevilles,  mais  on  ne  tarda  guère  à  y  joindre  des  pièces  du  réper- 
toire lyrique  et  tout  au  moins  Topera  comique.  Il  ne  paraît  pas 
douteux  que  ce  dernier  genre  ne  fut  le  plus  en  faveur  auprès  du 
public  qui  fréquentait  le  théâtre,  car  le  journal  observait  que  la 
bonne  comédie  n'ayant  pu  faire  fortune  dans  notre  ville,  on  avait 
pensé  que  Topera  comique  obtiendrait  plus  de  succès;  et  de  fait 
une  nouvelle  troupe  où  se  trouvaient  des  artistes  lyriques  ayant 
fait  ses  débuts,  le  public  se  montra  satisfait  (2). 

Ce  goût  pour  Topera  ne  fut  pas  une  mode  passagère  :  on  le  voit 
persister  et  même  s'accentuer  dans  la  suite,  au  regret  même  de 
quelques  intéressés  qui  déplorent  que  le  répertoire  dramatique  ne 
soit  pas  mieux  apprécié  par  les  habitants,  alors  même  qu'on  leur 
présente  de  bonnes  comédies  et  les  nouveautés  du  temps.  Ce  fut 
une  nécessité  pour  les  entrepreneurs  de  spectacles  d*avoir  une 
troupe  mixte,  à  la  fois  dramatique  et  musicale,  et  même  plus  tard 
uue  troupe  lyrique  alternant  avec  une  troupe  de  drame  et  de 
comédie. 

A  la  direction  Hébert  avait  succédé  celle  du  citoyen  Nortier 
Duberneuil  ;  mais  celui-ci  dut  se  retirer  à  la  fin  de  Tannée  1805, 
contraint  apparemment  par  le  mauvais  état  de  ses  affaires  auquel 
les  exigences  du  public  n'étaient  pas  étrangères.  Les  représenta- 
tions ne  furent  cependant  pas  interrompues. 

L'association  des  artistes  continua  Tenireprise  sous  la  gestion  de 

(1)  A.  Fray-Fournieh,  Le  théâtre  à  Limoges  avant,  pendant  et  après 
la  Révolution,  — -  Limoges,  Ussel  frères,  190(X 

(?)  Journal  de  la  Haute-Vienne,  n^  du  22  floréal  an  XI. 


NOTES   POL'R   SERVIR  A  lSiISTOIRE  DE  LA    MrSIQL*E   A  LIMOGES  403 

deux  d'enlr'eux,  M'^""  Zclmer  et  M.  Beauval  qai  élaienl  des  acleurs 
d'uD  certain  mérite.  Celui-ci  devint  bientôt  le  seul  directeur  du 
théâtre  et  conserva  ces  fondions  jusqu*à  sa  mort,  en  1827.  Celle 
longue  carrière  écoulée  dans  notre  ville  ne  paraît  pas  avoir  été 
sans  profil  pour  elle.  Beauval,  ainsi  que  le  remarque  M.  Fray- 
Fournicr,  n'était  pas  le  premier  venu.  Il  avait  quelques  lettres, 
composait  des  vers  à  l'occasion  et  récitait  des  couplets  dont  la 
feuille  locale  nous  a  transmis  des  échantillons.  Lorsque  le  gouver- 
nement impérial  réglementa,  par  le  décret  du  8  juin  4806,  l'orgaui- 
sation  et  le  fonctionnement  des  ihéàlres,  en  réduisant  leur  nombre 
à  deux  pour  les  grandes  villes  et  à  un  seul  pour  les  villes  de  second 
ordre,  et  créa  des  circonscriptions  théâtrales,  M.  Beauval  fut 
nommé  directeur  du  neuvième  arrondissement  qui  comprenait  la 
Vienne,  la  Charente,  la  Dordogne,  la  Corrèze  et  la  Haute- Vienne. 
Homme  de  ressources,  il  s'ingénia  de  son  mieux  à  faire  vivre  la 
scène  limousine,  il  varia  ses  spectacles,  ayant  même  à  la  fois  plu- 
sieurs troupes,  qui  alternaient  de  ville  à  ville,  sans  réussir  toujours 
à  satisfaire  un  public  parfois  trop  difficile  et  souvent  aussi  indif- 
férent. 

En  dépit  de  ces  difficultés  que  nous  connaissons  encore  de  nos 
jours,  les  représentalions  avaient  un  caractère  assez  continu  et 
périodique  ;  on  y  jouait  d'ordinaire  Topera  aux  mois  d'avril,  mai, 
août,  septembre  et  octobre,  et  la  comédie  pendant  Thiver  jusqu'à  la 
clôture  de  Pâques  ;  le  théâtre  ouvrait  habituellement  ses  portes  trois 
fois  par  semaine  et  même  à  certains  moments,  il  les  ouvrit  quatre 
fois.  A  l'époque  des  grandes  foires  de  la  Saint-Loup,  la  saison 
battait  son  plein.  Il  est  permis  de  constater  que  depuis  lors  et 
même  assez  près  de  nous,  la  ville  n'a  pas  toujours  été  aussi  bien 
favorisée. 

Le  personnel  des  troupes  était  assurément  plus  stable  que  de 
notre  temps,  les  acteurs  moins  nomades,  à  raison  même  de  la  diffi- 
culté des  déplacements  ;  dans  le  nombre,  certains  aimés  du  public, 
firent  à  Limoges  d'assez  longs  séjours.  Quelle  était  la  valeur  de  ces 
artistes  ?  Dans  une  ville  de  second  rang,  qui  ne  comptait  guère 
plus  de  vingt  mille  âmes,  on  ne  pouvait  demander  la  perfection.  A 
côté  d'acteurs  de  quelque  talent,  il  s'en  trouvait  d'autres  plus  ou 
moins  médiocres  et  même  de  tout  à  fait  insurflsants.  L'exécution 
péchait  par  l'ensemble  et  l'orchestre  n'était  sans  doute  pas  tou- 
jours à  la  hauteur  de  sa  tâche.  Ne  sont  ce  pas  d'ailleurs  les  mêmes 
reproches  que  nous  entendons  faire  encore  aujourd'hui  à  la  plu- 
part des  théâtres  de  province  ?  (4). 

(1)  La  feuille  locale  donnait  de  temps  en  temps  la  composition  du 


404  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HlàTORIQCE  DU  LtMOÙStN 

La  critique  d'alors,  surtout  au  début,  n'hésitait  pas  à  formuler  le 
blâme  à  côté  des  éloges  qu'elle  décernait.  Mais  son  indépendance 
assez  judicieuse  n'était  pas  du  goût  de  tout  le  monde;  elle  provo- 
quait des  ripostes,  des  polémiques  de  la  part  des  intéressés  qui 
trouvaient  ses  traits  trop  piquants.  Ces  criliques  témoignaient  au 
moins  d'une  certaine  préoccupation  esthétique  qu'il  est  bon  de 
signaler  (1). 

La  chronique  ne  ménageait  pas  plus  le  publis  qui  délaissait 
volontiers  la  comédie  de  caractère  et  de  genre  pour  se  porter  de 
préférence  aux  spectacles  du  dimanche  où  Ton  jouait  des  drames, 
des  pièces  de  gros  sel  ou  des  farces  vulgaires.  Mais  l'engouement 
des  spectateurs  pour  l'opéra  comique  était  toujours  aussi  marqué. 

Le  théâtre  avait  du  reste  de  temps  à  autre  la  visite  d'artistes 
étrangers  qui  venaient  en  représentation.  Ces  passages  d'artistes, 
dont  la  période  antérieure  à  la  Révolution  montre  des  exemples, 
étaient  assez  fréquents.  Plusieurs  d'entr'eux  avaient  un  réel  talent, 
telle  que  M"'  Clairville  qui,  au  mois  de  messidor  an  XII,  joua  dans 
notre  ville  Arianne  et  la  Colonie  ;  un  bouquet  lui  fut  offert  et  le 
directeur  lui  adressa  un  compliment  en  vers.  Elle  revint  à  Limo* 
ges  au  mois  d'avril  1813  et  y  trouva  le  même  succès  très  chaleu- 
reux et  bien  justifié,  avec  Didon,  le  Comte  Albert,  la  Caravane, 
Œdipe  à  Colonne,  le  Tableau  parlant. 

Avant  celte  dernière  date,  en  juillet  1810,  M.  et  M°«  Fay  avaient 
été  fort  appréciés  dans  Euphrosyne  et  une  Heure  de  mariage,  piè- 
ces qui  furent  montées  spécialement  pour  la  circonstance  et  non 
sans  peine,  car  il  n'y  avait  pas  à  ce  moment  de  saison  d'opéra. 

En  octobre  1811,  M.  Jausserand  se  fit  également  applaudir 
dans  le  Calife  de  Bagdad,  Françoise  de  Foix,  V Amant  jaloux, 
Annette  et  Lubin,  la  Rencontre  en  voyage. 

Le  répertoire  lyrique  était  assez  étendu,  il  comprenait  à  peu 
près  toutes  les  pièces  à  succès  du  temps  et  ne  semble  pas  avoir  été 
trop  en  relard  pour  les  nouveautés  (2;.  Sans  tenir  pour  vérité  l'as- 


personnel  et  les  noms  des  principaux  artistes.  (V.  not.  n^'du  4  mai  1810 
et  24  avril  1812.)  Il  publiait  aussi  parfois  les  programmes  des  spectacles 
et  les  prix  des  abonnements  qui  étaient  peu  élevés. 

(1)  Fray-Fournier,  Histoire  du  théâtre,,.,  page  43. 

(2)  Indépendamment  des  ouvrages  cités  au  texte,  voici  la  liste,  sans 
doute  incomplète,  des  compositions  musicales  jouées  à  Limoges  de  1803 
à  1815  :  le  Déserteur,  le  Tonnelier,  la  Matinée  du  maréchal  Catinat 
(poème  de  Marsollier,  musique  de  Dalairac),  le  Prisonnier,  M,  Muzard, 
le  Tyran  domestique,  les  Prétendus,  Ma  Tante  Aurore,  la  Jeune  mère, 
Gulnare  ou  l'Esclave  persanne,  Deux  mots  ou  une  Nuit  dans  la  forêt, 


NOTES  POUR  SERVIR  A   L^HISTOIRE  DE   LA    MfSIQCE    A   LIMOGES  40λ 

sertion  d'un  article  de  chronique,  d'après  lequel  Limoges  élait 
alors  doté  d'une  des  meilleures  scènes  de  théâtre  de  son  ordre,  il 
est  permis  de  supposer  que  cette  scène  n'était  pas  inférieure  à  la 
moyenne  de  celles  des  autres  villes  de  même  importance. 

Pendant  la  plus  grande  partie  de  la  période  dont  il  s*agit,  la 
saison  Ihé&tre  ne  subit  guère  d'interruptions,  si  ce  n'est  au  cours 
de  l'année  1814,  par  suite  des  revers  des  armées  et  de  Tinvasion 
étrangère  qui  amenèrent  l'abdication  de  l'empereur.  Nous  lisons 
qu'au  mois  de  décembre  1814,  le  théâtre,  fermé  depuis  six  mois, 
rouvrit  ses  portes.  Mais  les  agitations  et  les  sollicitudes  politiques 
étaient  trop  vives  pour  que  la  population  pût  se  complaire  aux 
distractions  habituelles.  En  l'année  1815,  dit  la  feuille  locale,  le 
théâtre  était  peu  fréquenté,  malgré  le  mérite  des  acteurs.  11  con- 
vient toutefois  de  noter,  à  la  date  du  34  janvier  de  cette  année, 
une  représentation  de  Topera  des  Sabots,  de  Sedaine,  interprété 
d'après  la  nouvelle  musique  d'un  jeune  amateur  de  la  ville,  M.  Léon 
deB...  (1), 

Le  16  mars  suivant  fut  jouée  la  Partie  de  chasse  d'Henri  IV,  à  la 

suite  de  laquelle  on  chanta  des  couplets  composés  par  M' A'*  T 

(de)  Limoges  (2). 

Quelques  jours  après  le  pays  qui  avait  fêté,  sans  regret  manifeste, 
la  rentrée  des  Bourbons,  acclamait  de  nouveau  Napoléon,  au 
retour  de  l'Ile  d'Elbe;  les  circonslances  et  les  graves  événements 
qui  se  succédèrent  si  rapidement  furent  encore  moins  propices  aux 
spectacles;  puis  arrive  la  seconde  Restauration,  et  le  3  décembre  1815 
fut  joué  le  Roi  et  la  Ligue,  ou  la  Ville  assiégée,  opéra  assez  mé- 
diocre; une  actrice,  M*'*"  Lalande,  à  la  demande  de  l'assistance  où 
se  trouvaient  beaucoup  de  militaires,  chanta  une  cantate  à  la  gloire 
du  Roi  et  des  Français,  et  fut  acclamée  aux  cris  de  :  Vive  le  Roi  !  (3). 


le  Jaloux  malade.  Deux  prisonniers  à  la  Bastille  (ou  Voltaire  et  Riche- 
lieu), Joseph,  la  Fausse  magie,  Barbe  Bleue,  Zéliaj  Maison  à  vendre,  la 
Belle  au  Bois  dormant  (opéra-vaudeville  de  Bouilly  et  Dumersan),  Pyg- 
malien  (scène  lyrique),  le  Barbier  de  Séville,  VEpreuve  villageoise  (de 
Grétry),  Adolphe  et  Clara  (de  Dalairac),  Aline,  Reine  de  Golconde,  Un 
jour  à  Paris,  Alexis  ou  TErreur  d'un  bon  père,  Fanchon  la  Vielleuse, 
Jean  de  Paris,  l'Auberge  de  Bagnères,  /a  Vallée  de  Barcelonnette,  Pierre 
le  Grand,  la  Soirée  orageuse,  Richard  Cœur-de-Lion,  Edouard  en  Ecosse, 
Cendrillon  (opéra-féerie),  Joconde,  les  Sabots  (de  Sedaine),  etc. 

(1)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n**  du  24  janvier  1815). 

(2)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n«  du  17  mars  1815,  supplément). 

(3)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n®  du  3  décembre  1815). 

T.   LV  26 


406  SOCIÉTÉ   ARCuéOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 


• 


Ce  n'élail  pas  seulement  au  théâtre  que  le  goût  de  la  musique 
trouvait  à  se  manifester  ;  celle-ci  tenait  aussi  une  place  Importanle 
dans  les  réunions  de  famille  et  d*amis,  dans  les  concerts  publics, 
privés  ou  de  société. 

Les  concerts  publics  avaient  lieu  parfois  au  tbéâlre,  mais  le  plus 
souvent  dans  diverses  salles  de  la  ville. 

Le  93  germinal  an  XII,  le  journal  annonçait  que  le  citoyen  Hus- 
Desforges,  chef  d'orchestre  «  jaloux,  disait-il,  de  mériter  les  suf- 
frages du  public  donnerait,  avant  son  départ,  un  concert  au 
théâtre  (1)  ». 

Le  6  frimaire  an  XIV,  les  amateurs,  dirigés  par  M.  Crémon, 
organisèrent  dans  la  salle  de  apectacles  un  concert  public  où  «  on 
applaudit  vivement  aux  heureux  succès  de  ses  élèves  et  à  des 
talents  jusqu'ici  inconnus  fsicj  »  (2). 

Mais  les  réunions  et  les  concerts  de  société  offrent  un  plus  grand 
intérêt.  La  société  mondaine  du  temps  avait  plusieurs  lieux  de 
rendez-vous,  notamment  les  salles  Deschamps  et  Landry;  on  y 
dansait,  on  y  jouait  même  beaucoup  à  certains  moments,  mais  on 
y  faisait  aussi  de  la  musique. 

Notons  ainsi,  à  la  date  du  38  août  1810,  dans  la  salle  Landry,  un 
concert  donné  par  M.  Crémon,  secondé  par  des  amateurs;  on  y 
admira  surtout,  paratt-il,  le  talent  de  M"**  Charpentier,  femme  du 
nouveau  directeur  des  Contributions,  les  mérites  de  M"'*  de  Maul- 
mont  et  de  Russy  et  les  progrès  comme  chanteur  de  M.  Dubos;  les 
élèves  du  lycée  assistèrent  à  ce  concert  (3). 

Ce  fut  encore  dans  cette  salle  Landry  qu*eut  lieu  le  8  juin  4814 
une  grande  fêle  ûfferte  au  commissaire  royal,  M.  Otto,  comte  de 
Hosloy  ;  Torchestre  au  grand  complet  salua  son  entrée  par  Tair  de  : 
Vive  Henri  IV  (4). 

Il  est  curieux  d*observer  que  ces  salles  et  le  théâtre  lui-même 
paraissaient  déjà  à  nos  devanciers  des  locaux  insuffisants  et  peu 
dignes  de  leur  destination.  Aussi  un  fervent  de  Tart  et  du  plaisir 
proposait-il,  dans  une  lettre  du  16  messidor  an  XII,  de  construire 
à  Limoges  une  grande  salle  plus  convenable  pour  les  concerts  et 
les  fêtes.  L'année  suivante  un  autre  plus  ambitieux  dans  ses  cou- 


(1)  Journal  de  la  Haute- Vienne  (n«  du  22  germinal  an  XII). 

(2)  Journal  de  la  Haute-Vienne  (n^  du  7  frimaire  an  XIV). 

(3)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n^  du  31  août  1810). 

(4)  Annales  de  la  Haute^Vienne  {n^  du  10  juin  1814). 


NOTES  POUR    SERVIR   A  L^HISTOIRE   DE    LA  MUSIQUE  A  LIMOGES  40 


/ 


ceplioDs,  ne  demaDdait  rien  moins  que  de  créer  dans  la  ville  un 
grand  édifice,  quelque  chose  à  l'instar  du  Palais-Royal  de  Paris, 
aOn  d'y  concentrer  les  réunions,  les  distractions  et  les  divertisse- 
ments de  toutes  sortes.  Au  mois  d'août  i808,  à  là  suite  d'une  fêle 
très  réussie  qui  avait  eu  lieu  dans  les  terrains  de  Hontjovis,  on 
voit  surgir  le  projet  de  former  une  société  par  actions  pour  édifier 
une  grande  salle  des  fêtes  dans  ce  quartier  où  il  serait  facile,  disait- 
on,  d'installer  «  un  véritable  Tivoli  ». . 

Tous  ces  beaux  projets  demeurèrent  sur  le  papier.  Nos  pères, 
plus  prompls  à  concevoir  qu'à  exécuter,  fort  économes  du  reste,  — 
nous  leur  ressemblons,  parait-il,  sur  le  premier  point  —  durent  se 
contenter  de  ce  qu'ils  avaient  et  du  moins  surent-ils  en  tirer  un 
certain  parti. 

La  salle  de  la  Société  littéraire  et  philarmonique,  dont  le  journal 
fait  mention  dès  le  11  pluviôse  an  XIII,  devint  bientôt  le  lieu  de 
réunion  le  plus  à  la  mode;  elle  avait  donné  asile  aux  danses  et  aux 
jeux,  mais  la  musique  ne  larda  pas  à  y  avoir  ses  grandes  entrées; 
pendant  l'hiver  de  1811-1812  notamment,  on  y  donna  des  concerts 
permanents  qui  avaient  lieu  tous  les  vendredis.  Chacun  de  ces 
concerts,  au  dire  de  la  chronique,  était  attendu  avec  impatience 
par  les  dames  de  la  Société.  Le  succès  le  plus  brillant  fut  celui  du 
dimanche  de  Quasimodo,  qui  fut  marqué  par  un  concert  spirituel 
devant  une  salle  comble,  quoique  très  vaste;  divers  chants  furent 
exécutés,  par  exemple  un  Veni  Creator,  un  fragment  de  Te  Deum 
et  un  Oratorio  avec  accompagneolent  de  chœurs  et  de  l'orchestre  (1  ). 

Il  y  avait  en  outre  des  réunions  de  famille^  d'amis  ou  d'invités 
d'un  certain  éclat;  on  trouve  à  la  date  du  19  août  1810  le  récit  cir- 
constancié d'une  fêle  de  ce  genre  donnée  dans  le  jardin  Brisset  qui 
était  situé  entre  Beaupeyrat  et  la  roule  de  Bordeaux  ;  l'assistance 
était  fort  nombreuse;  les  danses  et  les  divertissements  alternèrent 
avec  la  musique  faite  par  des  amateurs  et  des  artistes  distingués; 
on  y  chanta  une  chanson  en  idiome  Limousin  et  une  œuvre  de 
H.  Crémon,  interprêtée  par  M.  Péliniaud  Dubos  et  accompagnée  à 
grand  orchestre  (2). 

Ces  manifestations  témoignaient  de  la  part  de  nos  p'^res  du 
début  du  siècle  passé,  d'une  certaine  initiative  et  d'un  engouement 


{{)  Annales  de  la,  Haute-Vienne  (n°  du  10  avril  1812). 

M.  Fray-Fournier  remarque  à  ce  propos  que  les  concerts  faisaient 
une  concurrence  sérieuse  au  théâtre  et  que  le  directeur  de  ce  dernier 
se  vit  contraint  de  donner  alternativement  de  Topera  et  de  la  comédie 
(Le  théâtre  à  Limoges,,,  page  47), 

(2)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n»  du  24  août  1812). 


408  SOCléTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    DÛ    LIMOUSI?* 

musical  qui  n'approchail  sans  doule  pas  du  grand  art,  mais  qu*il 
serait  injuste  de  méconnaître.  Les  amateurs  du  reste  à  cette 
époque  ne  fuyaient  pas  les  exhibitions  publiques;  et  des  témoi- 
gnages précités  il  convient  ici  de  rapprocher  cet  autre  fait,  que 
plusieurs  de  ces  amateurs  encore  adolescents  à  la  vérité,  avaient 
repris  Tidée  d'organiser  un  théâtre  de  Société,  sur  le  modèle  de 
celui  qui  avait  fort  bien  réussi  à  Limoges  en  4780  et  les  années 
d'après;  sur  un  théâtre  installé  dans  Torangerie  de  M.  B.  des  Cour- 
rières,  ces  jeunes  gens  représenlèrent  les  Etourdis,  Crispin  rival  de 
son  maître,  la  Mégalanthropogênésie,  etc.  ;  il  n'était  pas  question 
d'œuvres  lyriques,  mais  il  y  avait  un  orchestre  dirigé  par  «  un 
fervent  du  violon  »  (1). 

Limoges  avait  aussi  sa  Société  littéraire  du  Caveau,  fondée  à 
rimitation  de  celle  de  la  capitale  et  qui  avait  son  siège  à  l'hôtel  du 
Périgord  ;  on  n'y  faisait  pas  de  musique  à  ce  qu'il  semble,  mais  on 
y  composait  des  vers,  des  chansons  et  des  couplets  auxquels  le 
journal  du  crû  prétait  volontiers  l'hospitalité  de  ses  colonnes. 

A  signaler  enfin,  dans  un  autre  ordre  d'idées,  la  fête  donnée  le 
17  juin  iSlO  par  les  ouvriers  de  la  manufacture  de  porcelaine  de 
M.  Baignol,  à  l'occasion  de  l'anniversaire  de  saint  Antoine,  leur 
patron  ;  les  artistes  de  la  manufacture,  réunis  aux  amateurs  et  à 
des  musiciens  de  la  garde  d'honneur,  donnèrent  un  concert  et  exé- 
cutèrent divers  morceaux  avec  beaucoup  d'expression  (2). 

« 

Si  la  musique  avait  un  rôle  aussi  actif  dans  les  réunions  particu- 
culières  ou  collectives  dont  elle  était  tantôt  l'objectif  principal,  ou 
tantôt  l'auxiliaire  habituel,  il  est  naturel  de  supposer  qu'elle  ne 
pouvait  être  oubliée  dans  les  fêtes  ofTicielles,  dans  les  cérémonies 
publiques  où  son  concours  devait  contribuer  à  en  rehausser  l'éclat. 
Ces  cérémonies  et  ces  fêtes,  sans  être  aussi  périodiques  et  nom- 
breuses qu'elles  Tavaient  été  pendant  la  période  Révolutionnaire, 
étaient  encore  assez  fréquentes.  Elles  avaient  lieu  pour  célébrer 
de  grands  anniversaires  ou  pour  solenniser  des  événements  im- 
portants, surtout  les  victoires  des  armes  françaises  et  les  triom- 
phes de  Napoléon  dont  le  prestige  allait  toujours  grandissant.  On 
déployait  pour  ces  fêles  le  plus  de  pompe  possible,  toutes  les 
ressources  que  pouvait  offrir  une  ville  de  condition  moyenne 
comme  Limoges,  au  point  de  vue  de  l'apparat,  du  décor  et  des 


(1)  Journal  de  la  Haute-Vienne  (n°  du  29  décembre  1809). 

(2)  Annales  de  la  Haute-Vienne  {n?  du  26  juiu  1810). 


NOTES  POUR   SERVIR  A  l'hISTOIRE  DE  LA  MUSIQUE  A  LIMOGES  409 

accessoires;  et,  comme  on  le  verra  plus  loin,  il  était  rare  que  ces 
fêtes  ne  fussent  pas  accompagnées  de  cérémonies  religieuses. 

En  1803,  la  fêle  du  XIV  juillet  est  encore  célébrée  à  Limoges  avec 
une  certaine  solennité,  aux  termes  de  Tarrété  des  consuls  du  21  mes- 
sidor (1).  On  y  constate  l'exécution  de  morceaux  de  musique  par  des 
artistes  lyriques  et  des  amateurs. 

Plus  lard,  c'est  la  fête  de  Napoléon  qui  revient  périodiquement 
les  15  et  16  août  de  chaque  année  et,  coïncidant  avec  celle  de 
TAssomption,  donne  lieu  à  de  grandes  manifestations  civiques  et 
religieuses. 

Les  années  1813  et  1814,  malgré  les  revers,  nous  font  assister 
encore  à  des  solennités  du  même  genre  ou  du  moins  à  des  démons- 
trations patriotiques  et  ofiicielles,  où  la  musique  a  toujours  sa 
place. 

Il  en  est  ainsi  même  en  février  1814  pour  la  prestation  de  ser- 
ment de  la  cohorte  urbaine,  dans  les  rangs  de  laquelle  le  préfet  de 
la  Haute-Vienne  s'incorpore  très  solennellement. 

Lorsque  la  fortune  tourne  une  première  fois  contre  le  régime 
impérial,  une  grande  cérémonie  a  lieu  le  13  avril  1814  pour  célé- 
brer Tarrivée  du  roi  Louis  XVIII  et  la  publication  de  la  charte 
constitutionnelle,  «  avec  accompagnement  des  tambours  et  des 
musiciens  de  la  cohorte  urbaine  ». 

Le  22  mars  1815  se  place  le  premier  passage  à  Limoges  du  duc 
et  de  la  duchesse  d'AngouIéme,  dont  la  feuille  locale  n'a  même 
pas  le  temps  ni  sans  doute  la  permission  de  faire  paraître  le  compte 
rendu,  car  le  destin  vient  de  nouveau  de  changer  de  face,  et  peu 
de  jours  après,  le  27  mars,  le  rétablissement  de  l'Empire  est  pro- 
clamé, fêté,  nous  apprend  la  Chronique,  «  au  milieu  d'une  joie 
folle  et  aux  sons  d'une  musique  guerrière  »  (2). 

Avec  la  seconde  Restauration,  les  hommages  et  les  témoignages 
publics  de  toute  nature  reviennent  une  fois  de  plus  à  ceux  que  le 
jeu  des  événements  ramène  au  pouvoir. 

Le  25  avril  1815,  la  fête  de  Saint-Louis  est  célébrée  en  grande 
pompe  dans  diverses  paroisses  de  la  ville,  notamment  à  Saint- 
Pierre-du-Queyroix,  où  la  musique  de  la  garde  nationale  exécute 
divers  morceaux  (3). 

A  la  date  des  8  et  9  septembre  1815,  le  duc  et  la  duchesse 
d'Angoulême  visitent  de  nouveau  la  ville  ;  de  grandes  fêtes  leur 

(1)  Journal  de  la  Haute-Vienne  (n<»  du  2  thermidor  an  XI). 

(2)  Annales  delà  Haute-Vienne,  n®  du  28  mars  1815. 

(3)  Ibidem,  n®  du  l*'  septembre  1815.  La  musique  de  la  garde  natio- 
nale est  mentionnée  pour  la  première  fois  dans  la  Chronique. 


410  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

sont  offertes,  nolararaent  à  Thôtel  de  la  Préfecture  où  l'orcbeslre, 
placé  dans  les  jardins,  joue  les  airs  connus  :  Où  peut-on  être  mieux^ 
etc. y  et  Vive  Henri  IV  (1). 

A  côté  de  ces  solennités  publiques,  il  y  avait  d'autres  fêtes  d*un 
caractère  moins  général,  semi-officiel,  mais  plus  intéressantes  an 
point  de  vue  qui  nous  intéresse.  Le  centre  de  ces  réunions  était 
rhôtel  de  la  Préfecture,  dont  le  titulaire,  M.  Texier-Olivier,  devenu 
baron  de  TEmpire,  remplit  ses  fonctions,  comme  on  sait,  jusqu'à 
la  première  Restauration,  et  les  reprit  même  pendant  les  Cent 
jours.  Dans  la  société  du  temps,  les  fondions  publiques  avaient 
été  organisées,  hiérarchisées  à  dessein  par  le  maitre  de  la  France 
pour  diriger  les  affaires  et  les  esprits,  et  remplir  le  rôle  de  l'an- 
cienne aristocratie  disparue.  La  position  d'un  préfet  avait  donc  une 
importance  et  un  relief  dont  il  est  difficile  aujourd'hui  de  se  faire 
une  idée  ;  le  préfet  de  la  Haute- Vienne  n'était  pas  seulement  le 
représentant  direct  du  pouvoir  central,  le  premier  magistrat  du 
département,  il  était  aussi  le  directeur  de  l'opinion,  le  guide  indis- 
pensable sans  lequel  rien  ne  se  décide  et  rien  ne  se  fait  ;  tel  avait 
été  d'ailleurs,  dans  les  derniers  temps  de  l'ancien  régime,  en  parti- 
culier à  Limoges,  le  rôle  des  intendants  de  province. 

L'usage  s'était  établi,  dès  le  début,  dans  les  villes  de  célébrer, 
tous  les  ans,  vers  la  fin  d'août  ou  au  commencement  de  septembre, 
la  fête  de  M.  Texier-Olivier;  les  employés  de  la  préfecture,  les 
fonctionnaires,  un  grand  nombre  de  citoyens  venaient  lui  présenter 
leurs  compliments  et  leurs  souhaits,  en  lui  offrant  un  bouquet  ;  et 
chaque  fois  il  y  avait  réjouissances,  divertissements  et  concerts. 

On  lit  ainsi  qu'au  mois  de  septembre  1804,  à  l'occasion  de  cette 
fête  et  d'une  bénédiction  de  cloches  «  un  grand  concert  fut  donné 
par  des  amateurs  et  des  artistes  à  la  Préfecture,  dont  le  jardin  était 
transformé  en  un  «  Tivoli  en  raccourci  »  (2). 

Au  mois  d'août  1805,  fête  semblable  à  laquelle  participaient  les 
membres  de  la  loge  maçonnique  ;  le  concert  fut  aussi  exécuté  par 
les  amateurs  et  les  artistes;  M"*  Texier-Olivier  joua  du  piano; 
M"'  Guineau  chanta  un  morceau  et  M.  Baptiste,  de  l'Opéra,  débila 
des  couplets  (3). 

En  1813,  aussi  On  août,  l'orchestre  était  dirigé  par  M.  Crémon, 
avec  concours  d'amateurs  et  déjeunes  filles  ;  la  chronique  signale 
en  même  temps  l'assistance  des  officiers  de  la  garde  d'honneur,  du 
11*  dragons  et  des  F.*,  de  la  Loge. 

(1)  Annales,  n°*  des  8  et  15  septembre  1815. 

(2)  J.  de  la  H,'V.,  n^  du  19  fructidor  an  XII. 

(3)  y.  de  la  //.-K^  n^  du  11  fructidor  aa  XUI. 


NOTES  POUR  SERVIR  A  L^HISTOIRE    DE   LA  MUSIQUE  A   LIMOGES  411 

La  coopération  de  ces  derniers  n'avait  rien  d'insolite  ;  M.  Texier- 
Olivier  était  vénérable  de  la  L.-.  de  Saint-Jean,  connae  sous  le 
titrç  distinctif  de  YAmitié  à  FO.'.  de  Limoges.  Celle-ci  s'associait 
avec  un  grand  empressement  à  toutes  les  manifestations  de  Tépoque, 
qu'elles  fussent  politiques  ou  patriotiques,  civiles  ou  même  reli- 
gieuses, de  même  qu'aux  démonstrations  musicales.  Elle-même 
donnait  des  concerts  en  l'honneur  des  succès  des  armées  françaises 
et  des  triomphes  de  Napoléon.  En  avril  1806,  elle  avait  inauguré 
un  nouveau  temple  édifié  dans  les  jardins  de  la  Pépinière  (ancienne 
Visitation)  et  célébré  avec  éclat  la  fête  de  son  patron,  saint  Jean- 
Baptiste  (1). 


* 


La  musique  religieuse  tenait  aussi  alors  une  place  importante. 
En  parlant  de  musique  religieuse,  nous  n'employons  peut-être  pas 
le  terme  exact  :  Le  rétablissement  du  culte  catholique  était  en  effet 
trop  récent  et  les  ressources  dont  il  disposait  encore  trop  restreintes 
sans  doute  pour  qu'il  put  y  avoir  dans  les  églises  des  maîtrises,  des 
corps  d'ensemble  de  musique  sacrée  vraiment  dignes  de  ce  nom. 
Ce  qui  permet  do  le  supposer,  c'est  que  les  solennités  religieuses, 
alors  très  nombreuses,  plus  nombreuses  même,  semble-t-il,  que 
les  cérémonies  civiques,  ont  toujours  lieu  dans  les  premiers  temps 
avec  le  concours  d'artistes  et  d'amateurs,  ou  celui  des  musiques  de 
la  ville  ou  de  la  garnison. 

La  première  de  ces  solennités  ou  du  moins  Tune  des  premières 
signalées  par  la  presse  locale,  est  celle  qui  fut  célébrée  à  la  cathé- 
drale de  Saint-Etienne,  le  4  floréal  an  XI,  pour  la  prestation  de 
serment  des  ministres  du  culte,  en  présence  du  préfet,  des  autorités 
et  des  corps  constitués.  Les  musiciens  de  la  83^  demi-brigade  et 
des  amateurs  y  exécutèrent  diverses  symphonies  (3). 

Puis  sont  mentionnés  dans  la  même  métropole  et  par  ordre  de 
dates,  de  nombreux  Te  Deum  destinés  à  fêter  ou  solenniser  les 
anniversaires,  comme  celui  de  ta  naissance  de  Napoléon  Bonaparte, 
celui  du  Sacre,  les  grands  événements  ou  les  grandes  victoires,  par 
exemple  la  paix  d'Amiens,  la  victoire  de  Friedland,  etc. 

Au  Te  Deum  des  15  et  46  août  1807,  l'orchestre  est  dirigé  par 
M.  Crémon  ;  des  chants  sont  exécutés  par  MM.  Recorquillé,  ancien 
militaire,  Pétiniaud-Dubos,  négociant,  et  Chabot,  maître  de  mu- 
sique. 


(1)  Voir  not.  les  n«  des  7  frimaire  an  XIV  et  2  juillet  1807. 

(2)  J,  de  la  H,-V.,  n'*  du  8  floréal  an  XI  (supplément). 


412  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

A  noter  aussi  h  la  date  du  16  février  1808,  une  grande  céré- 
monie à  la  fois  religieuse  et  civile  à  Toccasion  du  baptême  du  fils 
du  général  Souham,  que  M.  Texier-Olivier  tint  sur  les  fonds  bap 
tismaux  au  nom  de  l'Empereur. 

Le  3  décembre  1809,  pour  l'anniversaire  du  Sacre,  Torchestre, 
toujours  composé  des  mêmes  éléments,  interprète  un  Te  Deum 
composé  par  un  indigène,  M.  Trompillon. 

Le  12  mars  1811,  au  Te  Deum  qui  eut  lieu  pour  la  naissance  du 
roi  de  Rome,  une  hymne  est  exécutée  par  la  musique  de  la  garde 
d'honneur. 

Au  mois  de  juillet  de  cette  même  année,  rinstallation  du  tribunal 
civil  de  1"  instance  de  Limoges  est  accompagnée  d'une  messe  du 
Saint-Esprit  à  l'église  Sainl-Michel-des-Lions.  Au  rapport  du  chro- 
niqueur, «  une  jeune  et  intéressante  organiste  exécuta  avec 
beaucoup  de  talent  plusieurs  morceaux  de  musique  délicats  »  (1). 

En  1813,  solennités  multiples  au  sujet  de  la  victoire  de  Lutzen 

(23  mai),  de  celle  deWurtchen,  en  Lusace,  qui  Coïncide  avec  les 

Oslensions,  de  la  victoire  de  Dresde  (2  octobre),  de  l'anniversaire 

d'Auslerlilz  et  du  Couronnement  (5  décembre). 

j    Le  22  juillet,  même  année,  service  solennel  à  la  cathédrale  pour 

e  repos  de  l'âme  d'un  concitoyen,  le  général  en  retraite  Arbonneau. 

Le  21  octobre  autre  service,  assez  significatif,  célébré  en  l'église 

Saint- Pierre-du-Queyroix  en  l'honneur  de  Grétry  qui  venait  de 

mourir.  La  chronique  nous  apprend  que  les  dames  étaient  en  tenue 

de  deuil  et  que  «  la  musique  fut  si  louchante  qu'elle  fil  verser  des 

pleurs  à  la  foule  accourue  pour  participer  à  la  cérémonie  »  (2). 

(1)  Annales  de  la  Haute- Vienne,  n*»  du  19  juillet  1811.  Les  Annales, 
dans  le  numéro  suivant,  rendent  compte  d'une  cérémonie  semblable 
célébrée  à  Saint- Yrieix  pour  l'installation  du  tribunal  de  cette  ville,  et 
à  laquelle,  disent-elles,  prirent  part  les  amateurs  de  la  ville  qui  jouèrent 
avec  un  rare  talent  d'excellents  morceaux  du  musique  pendant  la  messe 
du  Saint-Esprit. 

L'installation  de  la  Cour  d'appel  de  Limoges  avait  eu  lieu  le  premier 
de  ce  même  mois  de  juillet  ;  elle  fut  faite  par  M.  le  comte  Depère,  sé- 
nateur, commissaire  du  gouvernement,qui  se  rendit  au  Palais  de  Justice, 
escorté  par  la  compagnie  de  réserve,  que  précédait  la  musique  de  la 
garde  d'honneur.  Le  procès-verbal  de  cette  installation  a  été  publié  par 
M.  Alfred  Leroux  dans  le  tome  V  des  archives  modernes  de  la  Société 
des  archives  de  la  Haute- Vienne,  p.  154  {Choix  de  documents  relatifs 
au  département  de  la  Haute- Vienne). 

(2)  Dans  la  soirée  du  même  jour  les  artistes  jouèrent  plusieurs  pièces 
du  célèbre  compositeur,  Richard  Cœur-de-Lion,  le  Tableau  parlant,  etc.; 
au  milieu  des  applaudissements  du  public, 


NOTES    POUR    SERVIR  A  L^HISTOIRE  DE   LA  MUSIQUE  A    LIMOGES  413 

Puis  on  note»  après  le  relour  des  Bourbons,  à  la  date  du  31  mai 
1814,  une  cérémonie  religieuse  en  souvenir  du  roi  Louis  XVI  et 
des  membres  de  la  famille  royale.  La  messe  fut  chantée  par  le 
clergé  et  la  musique  de  la  cathédrale,  soutenue  par  celles  de  la 
cohorte  et  du  24*  régiment.  L'organe  local  rend  compte  en  termes 
assez  dithyrambiqnes  de  l'impression  causée  sur  les  auditeurs  par 
celte  interprétation  musicale  (1). 

Il  importe  du  moins  d'observer  que  la  présence  d'une  «  musique 
de  la  Cathédrale  »,  c'est-à-Jire  apparemment  de  chœurs  et  d*un 
accompagnement  attachés  à  l'église,  est  signalée  pour  la  première 
fois  par  les  comptes  rendus  (2). 

Le  10  juillet  suivant  une  autre  grande  solennité  fut  célébrée  en 
conformité  d'un  mandement  de  Tévéque,  et  à  titre  d'action  de  grâce 
pour  le  rétablissement  de  la  paix  ;  l'afiluence  était  grande  et  la 
cohorte  urbaine  y  assistait  avec  sa  musique  (3). 


* 


Il  convient,  pour  être  complet,  de  ne  pas  oublier  le  rôle  qu*avait 
l'art  musical  dans  les  écoles. 

A.U  début  du  xix*  sièle,  Limoges  possédait,  indépendamment  de 
son  école  centrale,  quatre  institutions  d'enseignement  secondaire 
pour  les  jeunes  gens;  c'étaient  les  pensions  Fayliat  (Tarnaud), 
Sauger-Préneuf,  Isecq  et  Bouriaud,  qui  paraissent  avoir  joui  d'une 
certaine  prospérité  (4). 

L'enseignement  des  jeunes  filles  était  représenté  par  six  établis- 


(1)  Annales  de  la  Haute-Vienne,  iJ*  du  3  juin  1814. 

(2)  Cependant  il  y  avait  tout  au  moins  depuis  Tannée  1809  une  orga- 
nisation régulière 'de  cetle  nature  à  Téglise  cathédrale;  le  Calendrier  de 
la  sénaiorerie  de  Limoges,  pour  cette  année,  donne  en  effet  la  composi- 
tion du  bas-chœur  qui  était  ainsi  constitué  :  un  maître  de  psalette,  un 
serpent,  un  sous-maître,  des  enfants  de  chœurs,  deux  choristes,  deux 
thuriféraires  et  quatre  enfants  de  chœur;  il  n'est  pas  fait  mention  d'or- 
ganiste. 

(3)  Annales  de  la  Haute-Vienne  {p9  du  15  juillet  1814). 

(4)  Ces  établissements  se  trouvaient  un  peu  plus  tard  réduits  à  trois, 
mais  il  est  ensuite  parlé  de  la  pension  Beaure  ;  il  y  avait  du  reste  dans 
la  ville  d'autres  instituteurs  qui  tenaient  aussi  pension  et  s'occupaient 
de  l'instruction  secondaire  (V.  Annuaire  de  Bargeas  de  1806  à  1815). 
Le  Calendrier  de  la  Sénaiorerie  de  1809  donne  les  noms  de  quelques-uns 
de  ces  professeurs,  ceux  dç  MM.  Lemoine,  Drapeyron,  Foucaud,  etc. 


414  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

sements  dirigés  par  d'anciennes  religieuses  et  par  H"**  de  Brettes 
et  de  LorsoTi(l). 

Dans  la  plupart  de  ces  établissements  Tétude  de  divers  arts  libé- 
raux et  particulièrement  de  Tart  musical  était  certainement  en 
honneur. 

Aux  distributions  annuelles  des  prix  et  à  Toccasion  de  fêtes 
auxquelles  on  cherchait  à  donner  le  plus  d'éclat  possible,  les  élèves 
jouaient  des  pièces  de  théfttre,  disaient  des  poésies  ou  exécutaient 
des  morceaux  de  musique  avec  le  concours  d'amateurs  et  de  pro- 
fessionnels. 

La  feuille  officielle  oubliait  rarement  d'en  faire  mention. 

Dans  la  maison  d'éducation  de  M"*  de  Brettes  qui  avait  une 
grande  réputation,  la  fête  de  sainte  Anne,  patronne  de  la  directrice, 
était  célébrée  d'une  manière  très  brillante;  on  y  voyait  figurer  non 
seulement  les  amateurs,  mais  encore  les  maîtres  de  musique  et  la 
musique  de  la  garde  d'honneur;  les  invités  assistaient  aux  talents 
naissants  de  quelques  élèves.  Au  mois  d'août  1808,  l'ouverture  de 
la  Bataille  d'Itry  y  fut  exécutée  à  grand  orchestre  (2). 

La  chronique  parle  un  peu  plus  tard  d'une  fête  donnée  dans  le 
pensionnat  de  M""'  de  Lorson,  où,  dit-elle,  «  Thalie,  Therpsicore  et 
Euterpe  se  sont  partagé  la  gloire  de  la  journée  »  (3). 

Le  16  octobre  1804  marque  la  date  de  l'inauguration  du  Lycée  de 
Limoges  qui  remplaçait  les  Écoles  centrales  et  pour  l'installation 
duquel  une  souscription  publique  ouverte  dans  la  ville  avait  produit 
des  résultats  assez  fructueux.  A  la  messe  du  Saint-Esprit  qui  eut 
lieu  en  l'église  Saint-Pierre-du-Queyroix,  un  Veni  Creator  fut 
chanté  par  M.  Mortier  Duberneuil,  directeur  de  la  réunion  drama- 
tique; secondé  par  «  la  musique  gracieuse  et  brillante  »  de  nos 
meilleurs  artistes  et  amateurs  (41. 

Les  distributions  de  prix  se  font  au  Lycée  avec  beaucoup  de 
solennité  et  toujours  avec  la  musique  pour  auxiliaire.  Il  y  a  égale- 
ment des  fêtes  de  temps  en  temps;  le  23  juin  1807,  à  Tune  de  ces 
fêles,  on  joue  une  marche  militaire;  la  musique  est  composée  de 
jeunes  élèves,  d*amateurs  et  de  l'orchestre  (celui  du  théâtre  sans 


(1)  V.  Annuaire  de  Bargeas  (années  1806  et  suivantes).  Chaque 
année  Tannuaire  publiait  une  sorte  de  note  réclame  en  faveur  de  ces 
établissements. 

En  1814  il  est  question  d'une  autre  institution,  celle  de  M"^^  de  Mon- 
teson,  située  rue  du  Temple. 

(2)  V.  not.  /.  de  la  H,-V,  (n^»  des  21  thermidor  an  XII  et  7  avril  1806). 

(3)  /.  de  la  IL-V.  (n«  du  28  juillet  1809). 

(4)  J,  de  la  IL-V.  (a«  du  11  octobre  1804,  19  vendémiaire  an  XIII). 


NOTES   POUR  SERVIR    A  l'hISTOIRE   DE  LA  MUSIQUE  A   LIMOGES  415 

doute).  MM.  Beaulieu  et  Richard  chantent  quelques  morceaux,  avec 
accompagnement  d'instrumentistes  (1). 

La  même  année  (13  août  1807)  pour  la  distribution  des  prix, 
l'orchestre,  qui  est  en  nombre,  se  compose  presque  en  entier 
d'élèves  du  lycée  et  joue  plusieurs  symphonies;  on  remarque  un 
duo  de  flûte  par  deux  des  élèves. 

Le  7  juin  1810,  l'Académie  de  Limoges,  dont  le  recteur  est 
M.  Tabbè  d'Humières,  organise  au  Lycée  une  grande  cérémonie  en 
l'honneur  du  mariage  de  l'empereur  et  de  l'archiduchesse  Marie- 
Louise;  d'après  le  compte  rendu,  des  éloges  furent  adressés  aux 
lycéens  pour  leur  bonne  tenue,  leur  attention  et  leurs  progrès  dans 
la  musique  (2). 

Notons  encore,  à  la  date  du  24  août  1814,  un  concert  donné  par 
les  élèves  et  le  11  septembre  1815  distribution  des  prix  avec  le 
concours  de  la  fanfare  et  d'un  orchestre  composé  d'amateurs, 
d'élèves  et  de  leurs  maîtres  (3). 

Une  école  de  dessin  avait  été  aussi  instituée  à  Limoges,  âous  les 
auspices  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts.  Les  récom- 
penses furent  décernées  pour  la  première  fois,  à  ce  qu'il  semble, 
le  27  décembre  1812,  dans  la  salle  des  collèges  électoraux  (an- 
cienne maison  de  la  Visitation]  ;  les  amateurs  et  les  artistes  exécu- 
tèrent des  ouvertures  d'opéras  et  même  un  Oratorio  à  Sainte  Cécile, 
de  la  composition  de  M.  Trompillon  (4). 


* 


De  tous  les  faits  qui  précèdent  et  des  documents  ainsi  analysés, 
il  est  permis  de  conclure  que  le  goût  de  la  musique  était  assez 
répandu  à  Limoges  et  formait  un  des  éléments  très  appréciables 
de  sa  vie  sociale  pendant  les  premières  années  du  xix*  siècle.  Elle 
figure  en  effet  toujours  comme  auxiliaire  habituel  et  souvent  même 
comme  but  principal,  dans  les  réunions,  dans  les  cérémonies  et  les 


{i)J.dela  jy.-V.  (juin  1807). 

(2)  Annales  de  la  Haute^Vienne  (n^  du  !«'  septembre  1810). 

(3)  Annales  delà  Haute-Vienne  (n®*du  !«'  septembre  1814  et  du  lo  sep- 
tembre 18.15). 

(4)  Annales  de  la  Haute-Vienne  (n®  du  1*'  janvier  1813. 

A  signaler  aussi  un  banquet  en  l'honneur  de  la  paix,  du  7  juillet  1814, 
où  se  réunirent  les  professeurs  de  rAcadémie  alors  Royale  et  du  Lycée 
et  où  Ton  chanta  des  couplets  de  M.  Herbault,  professeur  de  seconde, 
couplets  reproduits  par  le  journal  (n®  du  13  juillet  1814). 


416  SOCIÉTÉ  AHCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

fêtes,  dans  toutes  les  manifestations  privées  ou  publiques,  civiques 
ou  religieuses  de  cette  période  (1). 

Le  personnel  artistique  est,  d'autre  part,  assez  facile  à  déter- 
miner, du  moins  dans  son  ensemble  ;  on  sait  déjà  qu'il  comprenait 
les  amateurs,  les  artistes  ou  les  professionnels. 

Les  amateurs  dont  la  mention  revient  si  souvent  dans  la  chro- 
nique, étaient  apparemment  assez  nombreux  ;  ils  avaient  aussi  un 
certain  culte  de  leur  art,  de  Tardeur  et  du  zèle  ;  sans  eux  il  eut  été 
peu  commode,  sinon  même  impossible,  de  constituer  des  groupes 
d'harmonie  suiRsants,  d'organiser  des  concerts  ou  des  fêtes  avec 
quelque  succès.  Peut-être  même  est-il  juste  Je  reconnaître  que 
leur  esprit  d'initiative  et  leur  influence  furent  alors  plus  importants 
qu'ils  ne  l'ont  été  plus  tard.  Nous  avons  cité,  en  passant,  les  noms 
de  queiflues-uns  de  ces  amateurs;  il  est  inutile  de  les  rappeler; 
mais  il  est  bon  de  noter  que  certains  d'entr'eux  avaient  de  la  faci- 
lité ou  quelque  talent  pour  la  composition,  par  exemple,  M.  Trom- 

pillon  et  surtout  M.  Léon  de  H qui  fil  jouer,  le  24  janvier  1815, 

l'opéra  des  Sabots  dont  il  avait  écrit  la  musique.  L'auditoire  fut  des 
plus  sympathiques,  et  cependant,  ainsi  que  le  remarque  M.  Fray- 
Fournier,  l'auteur  n'obtint  qu'un  succès  d'estime  (2).  On  fut  d'avis 
que  sa  musique  témoignait  de  beaucoup  de  connaissance  de  l'art,* 
de  travail  et  de  science,  et  que  son  œuvre  faisait  pressentir  pour 
le  pays  un  compositeur  distingué;  ce  qui  voulait  dire  sans  doute 
que  sa  science  musicale  n'était  pas  à  la  portée  de  tous. 

L'existence  d'amateurs  comporte  nécessairement  celle  d'artistes 
et  de  professionnels;  et  ces  derniers,  que  la  chronique  n'a  pas 
omis  de  signaler,  ne  faisaient  point  défaut. 

Le  plus  connu  de  tous  est  assurément  M.  Crémon,  dont  toute  la 
carrière  s*écoula  à  Limoges  et  lui  a  valu  un  certain  renom  a  beau- 
coup d'égards  mérité.  Elève  de  Viotli,  il  possédait  un  talent  dis- 
tingué, dans  le  genre  gracieux,  un  jeu  expressif  et  sympathique;  il 
tenait  à  l'orchestre  du  théâtre  le  pupitre  de  premier  violon,  mais 
il  devint  le  personnage  indispensable  dans  toutes  les  renions  mu- 
sicales. 

Le  Journal  de  la  Haute-Vienne  peirle,  au  mois  d'octobre  1803, 
du  grand  succès  que  venait  d'obtenir  M.  Crémon  dans  des  auditions 
au  grand  théâtre  de  Bordeaux  et  à  divers  concerts  de  cette  ville. 


(1)  Un  témoignage  bien  caractéristique  de  Tengouement  musical  à 
Limoges  est  Thommage  solennel  rendu  à  la  mémoire  de  Grélry  au 
mois  d'octobre  1813,  que  nous  avons  relaté  plus  haut. 

.  (2)  A.  Fray-Fournier,  le  Théâtre  à  Limoges,  page  48,  V.  aussi  Annales 
de  la,  Haule-Vienne  (n°  du  27  janvier  1815). 


NOTES    POL'B    SEnVlR  A    L^HISTOIBE  DE  LA  MUSIQUE   A  LIMOGES  4l7 

OÙ  il  s*étail  révélé,  d'après  les  relations  même  de  la  presse  borde- 
laise, comme  un  excellent  maître,  d'un  talent  vraiment  rare,  de 
ceux  que  Ton  comptait  bien  revoir  (1). 

Peu  après  sa  visite  dans  la  capitale  du  Sud-Ouest,  Crémon  joua 
au  théâtre  de  Limoges,  avec  son  fils  âgé  de  huit  ans,  une  sympho- 
nie concertante;  le  concert  fut  aussi  marqué  par  un  divertissement 
auquel  prirent  part  de  jeunes  enfants  de  la  ville  et  qui  avait  été 
dédié  au  citoyen  Jourdan,  président  du  collège  électoral  et  candi- 
dat au  Sénat  (2). 

Depuis  lors  le  nom  de  l'artiste  est  intimement  mêlé  à  toutes  les 
manifestations  musicales  de  la  ville.  Ce  fut  lui,  comme  on  Ta  déjà 
vu,  qui  en  1811  et  1812,  organisa  ou  du  moins  dirigea  les  concerts 
hebdomadaires,  institués  dans  la  salle  de  la  Société  littéraire  et 
philarmonique. 

Crémon  était  également  un  compositeur  très  fécond  ;  en  plus 
d'oratorios,  d'hymnes  et  d'autres  œuvres  déjà  indiquées,  il  avait 
composé  un  chant  national,  La  Limousine,  dont  les  paroles  étaient 
de  M.  Beauval  et  qui  fut  exécuté  plusieurs  fois  au  théâtre  avec 
succès;  chant,  assure  le  journal,  qui  était  digne  de  figurera  côté 
de  la  Lyonnaise  ou  de  la  Ronennaise,  mais  dont  toutefois  la  musique 
trop  savante  manquait  de  la  simplicité  qui  eut  été  nécessaire  pour 
en  faire  une  œuvre  populaire  (3). 

La  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Haute-Vienne,  qui 
ouvrait  alors  des  concours  périodiques  et  distribuait  des  prix,  lui 
conféra,  le  2  août  1807,  une  médaille  en  récompense  de  ses  services 
et  de  ses  œuvres. 

À  celé  du  nom  de  M.  Crémon,  nous  relevons  ceux  de  quelques 
autres  artistes  et  professeurs  :  MM.  Hus-Desforges,  Henry  Moria, 
chefs  d'orchestre;  de  M.  Cherprenet,  aussi  attaché  à  l'orchestre  du 
théâtre,  donnant  des  leçons  de  cor,  de  trompe,  etc.;  de  M.  Lardi 
de  Montazon,  professeur  de  musique,  de  piano  et  organiste,  qui 
avait  professé  à  Paris  et  tenu  l'orgue  à  Poitiers  pendant  plusieurs 
années,  scion  les  annonces-réclames  publiées  dans  le  journal;  de 
M.  Chabot,  qualifié  maître  de  musique. 

Un  peu  plus  tard  on  trouve  les  noms  de  M.  de  La  Yarinière, 
artiste  du  théâtre,  professeur  de  piano,  harpe  et  violon,  enseignant 
aussi  la  musique  vocale  ;  et  de  M.  Bernard,  premier  violon,  élève 
de  Rode  et  de  Kreutzer,  qui  apprenait  le  violon  et  la  musique 

{i)J,  de  la  H,'V.,  n«  du  4  brumaire  an  XII  (27  octobre  1803). 
(2)7</.,  n»  du  18  brumaire  an  XII  (10  novembre  1803). 
(3)  Annales  de  la  Haute-Vienne^  n^  du  12  mai  1805,  Le  journal  relate 
les  paroles  de  ce  chant. 


41 8  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

vocale»  el  faisait  savoir  a  qu'il  donnait  des  leçons  de  goûl  d'après 
ces  deax  grands  maîtres  de  Técole  moderne  »  (1). 

Ces  professionnels  n*élaienl  apparemment  pas  les  seuls.  Le  Lycée 
de  Limoges  eut  comme  professeurs  alitrés,  de  1806  à  1818,  pour  la 
musique  vocale  el  instrumentale,  MM.  Sennemer,  Desjardins, 
Lapiaud,  Charton,  Oiierprenet  et  Beatrix.  La  danse  y  était  aussi 
régulièrement  enseignée  (2). 

L'instruction  musicale  était  aussi  donnée  dans  plusieurs  établis- 
sements privés,  comme  elle  Tétait  dans  les  familles.  Les  avis  pour 
cet  enseignement  reviennent  assez  fréquemment  dans  la  feuille 
locale  de  même  que  ceux  de  mise  en  vente  et  de  réparation  d'ins- 
truments. On  se  saurait  peut-être  affirmer  qu'il  y  eut  à  ce  moment 
des  cours  d'ensemble,  de  véritables  écoles  de  solfège  et  de  chant, 
sur  le  modèle  de  ceux  qui  ont  été  formés  depuis  ;  Texistence  d'asso- 
ciations populaires  de  chant,  dans  le  sens  actuel  de  ce  mot,  ne  se 
révèle  aussi  par  aucun  témoignage.  Mais  on  a  pu  constater  dans 
les  concerts  la  formation  de  choeurs  d'ensemble. 

La  musique  instrumentale  comportait  l'étude  du  piano  qui  était 
déjà  fort  à  la  mode,  celle  du  violon,  de  la  flûte  et  d'autres  instru- 
ments à  corde  ou  à  vent;  on  jouait  aussi  de  l'orgue,  de  la  harpe, 
de  la  guitare  ;  ces  souvenirs  de  nos  mères  ou  de  nos  grand'mères 
nous  ont  transmis  plus  d'une  indication  à  ce  sujet. 

En  dehors  de  l'orchestre  du  théâtre,  il  ne  pouvait  y  avoir  appa- 
remment dans  une  ville  de  vingt  et  un  mille  habitants  au  plus,  de 
groupements  musicaux  Hxes  et  très  déterminés;  les  choses  se 
passaient  sans  doute  comme  de  nos  jours,  où  lorsque  l'occasion  se 
présente,  il  est  nécessaire  de  recourir  à  des  éléments  divers  pour 
constituer  l'orchestre  ou  les  ensembles  nécessaires. 

On  ne  saurait  toutefois  omettre  une  institution  qui  eût  à  l'époque 
une  certaine  importance  et  beaucoup  de  relief  dans  la  cité. 

Au  mois  d'août  1808,  une  garde  d'honneur  fut  organisée  à  Limo- 
ges; elle  était  formée  de  citoyens  possédant  quelque  aisance,  car 
ses  membres  étaient  obligés  de  s'habiller  et  de  s'équiper  à  leurs 
frais,  et  le  costume  et  les  accessoires  étaient  assez  décoratifs.  Cette 
garde  comprenait  deux  compagnies,  l'une  à  pied,  composée  de 
soixante  hommes  et  commandée  par  le  général  en  retraite  Arbon- 
neau,  l'autre  à  cheval  qui  comptait  quarante  hommes  et  avait  pour 

(i)  Annales  de  la  Haute- Vienne,  n<>  du  11  septembre  1 810. 
Ce  M.  Bernard  annonçait  en  outre  qu'il  acceptait  des  élèves  au  prix 
de  15  francs  par  mois  à  son  domicile,  et  de  i 8  francs  en  ville. 
(2)  V.  Anuuaire  de  Bargeas  (de  1806  à  1815). 


NOTES  POim  SERVIR  A   L^HISTOIRE  DE  LA   MUSIQUE    A   LIMOGES  419 

capilaiae  M.  Fournier,  receveur-général  des  finaDces  (1).  La  garde 
d'honneur  avait  une  musique  dont  le  chef  était  M.  Dlsnemalin- 
Dessales,cadel,  etle  sous-chef  M.  Dépéret-Muret,fils;  ce  sont  deux 
noms  essentiellement  limousins. 

Cette  musique  de  la  garde  d'honneur  parait  avoir  dans  la  ville 
une  grande  vogue  ;  elle  figura  dans  la  plupart  des  concerts,  des 
cérémonies  et  fêtes  civiques  ou  religieuses,  et  prêta  son  concours 
aux  réunions  de  la  préfecture,  parfois  même  aux  solennités  des 
prix  du  Lycée  et  de  quelques  écoles  (1). 

Il  est  permis  de  la  considérer  à  un  certain  point  de  vue  comme 
une  musique  municipale,  dont  l'organisation  a  été  tentée  depuis  à 
diverses  reprises,  mais  sans  beaucoup  de  succès. 

  partir  de  l'année  1814  la  chronique  ne  fait  plus  mention  de  la 
garde  d'honneur  ni  de  sa  musique  ;  en  revanche  elle  signale  l'exis- 
tence d'une  cohorte  urbaine  et  la  présence  de  la  musique  de  cette 
cohorte  à  diverses  cérémonies  (2). 

Il  y  a  des  raisons  de  supposer  que  la  musique  de  la  garde 
d'honneur  s'était  fondue  dans  celte  de  la  cohorte. 

fA  siiivrej  Camille  Jouuanmeaud. 


(1)  L'effectif  de  cette  garde  fut  élevé  dans  la  suite  à  80  hommes  pour 
la  compagnie  à  pied  et  à  50  pour  Tescadron.  Le  Calendrier  de  la  Séna- 
iorerie  de  Limoges  et  V Annuaire  de  Bargeas  en  font  mention  et  donnent 
la  composition  de  Tétai-Major  jusqu'à  Tannée  1814;  à  cette  époque  fut 
constituée  la  cobprte  urbaine,  réorganisée  en  1811;. 

(2)  Par  exemple  au  mois  d'août  1809,  à  la  grande  solennité  donnée 
dans  l'église  cathédrale  pour  les  fêtes  de  l'Assomption,  et  à  laquelle 
étaient  présents  trois  évêques,  la  musique  de  la  garde  d'honneur  donna 
son  assistance  avec  les  tambours  de  la  garde  nationale  et  les  trom- 
pettes du  régiment  de  Westphalie. 


LA  POPULATION  DE  LA  COMMUNE  DE  PANAZOL 


EN    1793 


Parmi  les  registres  tenus  par  la  municipalilé,  durant  la  période 
révolutionnaire,  et  que  nous  avons  découverts  à  la  Mairie  de  Pa- 
nazol,  celui  de  Tannée  1793  contient  VEtat  des  habitants  de  la 
Commune,  dressé  à  la  date  du  1«'  mai  1793. 

C*est  le  recensement  complet  de  la  population  avec  tous  les  déve- 
loppements que  comportent  les  dénombrements  actuels.  Il  donne, 
en  effet,  par  village  et  par  ménage,  les  noms,  prénoms,  âge,  pro- 
fessions, les  liens  de  parenté  qui  unissent  les  différents  membres 
de  chaque  ménage. 

Le  total  des  habitants  était  de  668,  formant  un  ensemble  de 
118  ménages,  et  se  répartissant  amsi  qu'il  suit  : 

Garçons •  164 

Filles 177 

Hommes  mariés 146 

Femmes  mariées 133 

Veufs 19 

Veuves 29 

668 


Chaque  ménage  comprenait,  en  moyenne,  six  personnes;  un 
certain  nombre  dix  et  douze  et  quelques-uns  davantage. 

En  général,  les  jeunes  gens,  après  leur  mariage,  continuaient  à 
habiter  avec  les  grands  parents,  et  ceux-ci  conservaient  la  direction 
delà  maison. 

Lorsque  le  père  ou  la  mère  étaient  décédés,  le  Gis  aine,  s'il  était 
marié,  devenait  le  chef  du  ménage.  Ses  frères  et  sœurs  —  môme 
mariés  —  reslaient  avec  Taîné,  qui  élait  appelé  «  le  maître  ». 

Pour  donner  une  idée  aussi  exacte  que  possible  de  la  composi- 
tion des  familles,  nous  croyons  devoir  citer  quelques  ménages,  en 


LA  POPULATION    DE    PANA20L  4^1 

relevant  textuellement  les  indications  de  YEtat  des  habitants  que 
nous  analysons. 

Au  Masjude,  le  ménage  Gtiarles  comprenait  : 

Le  citoyen  Léonard Cliarles,  cultivateur,  âgé  de.  33  ans  ; 

Marguerite  Merle,  sa  femme,  âgée  de 33  — 

Pierre  Charles,  cultivateur,  son  frère,  ûgé  de.  •  27  — 

Anne  Charveix,  sa  femme,  âgée  de 28  — 

Léonard  Charles,  son  frère,  âgé  de 23  — 

Marie  Charles,  sa  mère,  âgée  de 50 

Françoise  Charles,  la  fille  du  maître,  âgée  de. .  10  — 

Léonard  Charles,  son  fils,  âgé  de 2  -— 

Léon  ou  Elie  Delage,  son  domestique,  âgé  de. .  19  — 

A  Courbiat  : 

Pierre  Bonnetaud,  cultivateur,  âgé  de «  H  ans  ; 

Jeanne  Faure,  sa  femme,  âgée  de 42  — 

Martial  Bonnetaud,  son  fils,  âgé  de 18  — 

Anne  Bonnetaud,  sa  fille,  âgée  de 11  — 

Léonard  Bonnetaud,  son  fils,  âgé  de 7  — 

Martial  Bonnetaud ,  son  fils,  âgé  de 3  — 

Martial  Faure,  son  beau-frère,  cultivât.,  âgé  de.  37  — 

Catherine  Noualhaguet,  sa  femme,  âgée  de. . . .  25  — 

Jean  Faure,  son  fils,  âgé  de 5  — 

Catherine  Faure,  sa  fille,  âgée  de 3  — 

Marie  Faure,  sa  fille,  âgée  de 14  mois  ; 

Anne  Faure,  belle-sœur  du  maiire,  âgée  de. . . .  39  ans. 

A  Coubras  : 

Barthélémy  Villeneuve,  cultivateur,  âgé  de 48  ans  ; 

Marie  Beaunié,  sa  femme,  âgée  de 43  — 

Calheriiie  Villeneuve,  sa  fille,  âgée  de 18  — 

Pierre  Crosse,  son  gendre,  époux  de  Catherine, 

âgé  de 28  — 

Anne  Villeneuve,  sa  cadette,  âgée  de 8  — 

Catherine  Villeneuve,  sa  3*  fille,  âgée  de 5  — 

Marie  Villeneuve,  sa  4»  fille,  âgée  de 3  — 

François  Villeneuve,  son  frère  âgé  de 40  — 

Catherine  Bonnefond,  femme  dudit  François, 

âgée  de 33  — 

Marie  Villeneuve,  sa  fille,  âgée  de 9  — 

T.  LV  27 


42^  ftOCliTÉ  ARCHioLOGIQCE  ET  itlSTORIQOE  DÛ  LIMOUSiS 

Jeanne  Villeneuve,  sa  cadette,  âgée  de 7  ans  ; 

Jacques  Villeneuve,  son  fils,  âgé  de 5    — 

Léonard  Morange,  son  beau-frère,  âgé  de 50    — 

Marguerite  Jeany,  servante,  âgée  de 2i    — 

Ce  dernier  ménage  était  t^omposé  de  quatorze  personnes  :  les 
deux  frères,  le  gendre  de  Tainé,  leur  beau-frère  ;  quatre  enfants, 
dont  une  fille  mariée,  appartenant  au  frère  atné,  et  trois  enfants 
au  frère  cadet. 

Il  est  à  remarquer  que,  seules,  les  familles  des  cultivateurs  sont 
nombreuses  ;  au  contraire,  celles  des  quelques  ouvriers  du  bâtiment, 
maçons  et  charpentiers,  sa  réduisent,  le  plus  souvent,  au  père,  à 
la  mère,  à  une  flile  ou  à  un  jeune  garçon  : 

Nous  trouvons,  par  exemple,  à  Fargeas,  le  ménage  : 

François  Rougerie,  maçon,  âgé  de 80  ans  ; 

Guillaume  Rougerie,  son  fils,  âgé  de 30    — 

Léonarde  Verger,  sa  femme,  âgé  de 30    — 

Barbe  Rougerie,  flIle  de  Guillaume,  âgée  de. . .  3    — - 

Pierre  Rougerie,  au  même,  âgé  de 1    — 

On  doit  supposer  que  le  tils,  âgé  de  30  ans,  qui  vit  auprès  du 
père  âgé  de  80  ans,  n*est  pas  Tunique  enfant  de  celui-ci.  Hais  ces 
ouvriers  ne  pouvant,  comme  les  cultivateurs  ou  journaliers,  s'oc- 
cuper dans  la  commune,  devaient  émigrer  à  Limoges,  où  le  travail 
leur  était  plus  assuré.  En  sorte  qu'au  moment  du  recensement,  les 
familles  des  cultivateurs  étaient  au  complet,  tandis  que  celles  des 
artisans  se  trouvaient  réduites  par  le  départ  forcé  de  la  plus  grande 
partie  de  leurs  membres. 

Il  a  été  établi  que,  de  tout  temps,  la  plupart  des  propriétaires 
fonciers  de  la  commune  de  Panazol  ont  eu  leur  domicile  à  Limoges, 
et  même  certains,  aujourd'hui,  à  Paris. 

Aussi,  VÊtat  des  habitants  de  1795  constate  seulement  la  pré- 
sence de  trois  familles  de  propriétaires,  savoir  : 

Le  Maire,  Maisonneuve,  à  Fargeas; 

Le  Procureur  de  la  commune,  Léonard  Soudanas,  du  village 

de  Soudanas ; 
La  citoyenne  Magdeleine  Grouchaud,  à  La  Grêle. 
Le  ménage  Maisonneuve  comprenait  neuf  personnes  :  le  mari, 
40  ans  ;  sa  femme,  28  ans  ;  sa  belle-mère,  64  ans  ;  une  sœur,  28  ans; 
un  domestique,  86  ans  ;  la  femme  de  celui-ci,  28  ans  ;  deux  autres 
domestiques  âgés  de  31  ans  et  de  13  ans,  et  une  servante  de  17  ans. 
Le  ménage  Soudanas  était  composé  de  huit  personnes  :  le  chef, 
sa  femme,  trois  enfants,  deux  domestiques  et  une  servante. 
Le  ménage  Grouchaud  était  formé  des  deux  sœurs  âgées,  Tune 


LA  POPULATION  DE  PANAZOL  423 

de  65  ans,  l*aulre  de  46  ans  ;  deux  servantes  âgées  de  48  ans  et 
31  ans,  et  d'un  domestique  âgé  de  16  ans. 

Toutes  les  grandes  propriétés,  le  Buisson,  les  Prades,  Proxi- 
mart,  etc.,  étaient  eiclusivement  liabitées  par  des  familles  entières 
de  domestiques.  C'est  ainsi  que  nous  voyons  à  Forêt  : 

Martial  Brillot,  âgé  de 27  ans  ; 

Marguerite  Bourdelas,  sa  femme,  âgée  de 32  — 

Martial  Brillot»  son  fils,  âgé  de 6  — 

Antoine  Bouchellas,  âgé  de 34  — 

Mathieu  Thevenin,  âgé  de 37  — 

Jean  Lionet,  âgé  de 32  — 

Magdeleine  Brillot,  sa  femme,  âgée  de 45  — 

Jean  Barrière,  âgé  de 15  — 

Françoise  Barbit,  âgée  de 60  — 

Peu  d'habitants  parvenaient  à  un  âge  très  avancé.  C'était  une 
femme  du  bourg,  Jeanne  Tabard,  âgée  de  90  ans,  qui  détenait  le 
record  de  la  vieillesse. 

Après  elle,  venait  un  maçon  de  Fargeas,  âgé  de  80  ans  ;  puis  une 
servante  des  Pradelles  âgée  de  75  ans.  On  relève  ensuite,  une 
femme  et  un  homme  de  72  ans,  et  quatre  hommes  âgés  de  70  ans. 

Le  bourg  de  Panazol  contenait  dix-neuf  ménages.  A  part  le  curé 
assermenté,  Dumas-Faure,  et  un  maçon,  tous  les  habitants  hommes 
sont  qualifiés  de  laboureurs  ou  Ae  journaliers. 

Les  villages  désignés  aujourd'hui,  la  Croix  Finor  et  la  Croix  de 
la  Lieue  portaient  la  même  dénomination  :  Les  Croix  de  Saint- 
Léonard, 

L'agglomération  la  plus  importante  était  le  village  de  Fargeas. 
On  a  vu  que  le  Maire  l'habitait,  cinq  maçons  et  un  charpentier  y 
demeuraient  aussi.  La  proximité  de  Limoges  leur  permettait  d'y 
aller  travailler  chaque  jour. 

Les  autres  professions  manuelles  se  réduisaient  à  : 

Un  tisserand,  à  la  Grêle; 
Un  fontainier,  aux  Vignes  ; 
Un  charpentier,  aux  Mas  Chambard  ; 
Un  autre  charpentier,  à  Manderesse  ; 
Un  maréchal,  à  ChezTharaud; 

Deux  moulins  à  blé  fonctionnnaient,  l'un  à  Gâlisse,  l'autre 
à  Cordelas. 

L'industriectaituniquement  représentée  par  une  tuilerie  exploitée 
par  Simon  Leyzat,  à  Cordelas. 
Enfin,  aucune  auberge  n'existait  dans  la  commune. 

Octave  d'Abzac. 


L'ASSISTANCE  PUBLIQUE 


ET  LES  SUBSISTANCES 


DANS  LA  COMMUNE  DE  PANAZOL  DE  1790  A  1795 


La  question  de  Tassislance  publique  et  des  subsistances,  pendant 
la  Révolution,  n'a  pas  encore  été  traitée,  croyons-nous,  en  ce  qui 
concerne  les  communes  rurales  de  la  Haute- Vienne.  Notre  travail 
apportera  donc  une  modeste  contribution  à  Thistoire  de  cette 
époque. 

Plutôt  que  de  les  analyser,  nous  préférons  citer  teituellementles 
délibérations  sur  lesquelles  nous  nous  appuyons  :  elles  constituent 
des  documents  originaux  et  inédits  dont  Tinlérét  dépasse  les  limi- 
tes de  la  commune.  En  effet,  les  événements  qui  se  sont  succédé 
à  Panazol  ont  dû  se  produire  dans  la  plupart  des  autres  localités. 
Notre  étude  suppléera  de  la  sorte,  dans  une  certaine  mesure,  aux 
renseignements  qui  font  défaut  pour  le  plus  grand  nombre  des 
communes  du  déparlement. 

Constituée  le  7  mars  1790,  la  municipalité  de  Panazol  n'eut  pas 
à  intervenir,  durant  les  deux  premières  années  de  son  existence, 
dans  l'aide  qui  fut  accordée  aux  nécessiteux.  Le  registre  des  délibé- 
rations est  muet  relativement  au  concours  qui  put  être  demandé  à 
la  commune.  Mais,  à  partir  de  1792,  les  municipalités  des  environs 
de  Limoges  se  trouvèrent  souvent  dans  de  graves  embarras  au 
sujet  de  l'assistance  publique  et  des  subsistances.  Elles  étaient  obli- 
gées, à  la  fois,  de  secourir,  en  blé,  les  pauvres  et  de  répondre  aux 
réquisitions  du  département  pour  l'approvisionnement  du  marché 
de  Limoges. 

À  une  époque  où  les  mauvaises  récoltes  occasionnaient  presque 
la  disette,  cette  situation  n'était  pas  sans  créer  de  nombreux  ennuis 


l'assistance  a  panazol  425 

aux  adminislraleurs,  la  plupart  improvisés,  qui  avaient  été  mis  à  la 
télc  des  communes. 

A  Panazol,  la  municipalité  ne  possédait  aucune  ressource  pour 
venir  en  aide  aux  malheureux.  La  population,  composée  presque 
exclusivement  de  cultivateurs  et  de  journaliers  (1),  vivait  au  jour  le 
jour  et  assiégeait  pour  ainsi  dire  la  salle  des  réunion,  afin  d'obtenir 
une  assistance  à  laquelle  il  était  difficile  de  donner  satisfaction. 
Cependant,  au  début  de  Thiver  4792,  la  municipalité,  <c  voulant 
faciliter  les  différents  particuliers  et  les  pauvres  de  la  paroisse  », 
arrêta,  le  15  octobre  1792,  qu'il  serait  mis  en  circulation,  sous  sa 
responsabilité,  une  émission  d'assignats  ou  billets  de  conOance, 
pour  la  somme  de  1.500  livres,  dont  la  moitié  en  assignats  de  5  sols 
et  Tautre  moitié  en  assignats  de  10  sous.  Cette  décision  fut  approu- 
vée par  le  Directoire  du  district,  et  les  assignats  de  10  sous  com- 
mandés, d'abord,  au  citoyen  Famé,  imprimeur  à  Limoges. 

Malgré  les  instances  de  la  municipalité,  le  citoyen  Farne  ne 
livrait  pas  les  assignats;  les  besoins  des  indigents  devenaient  pres- 
sants. La  délibération  suivante  nous  renseigne  sur  les  causes  du 
retard  apporté  à  la  mise  en  circulation  des  bons  de  confiance  créés 
par  la  municipalité  : 

«  Aujourd'hui  20  novembre  1792,  les  citoyens  municipaux  de  la 
commune  de  Panazol,  extraordinairement  assemblés  pour  délibérer 
sur  notre  demande  et  réponse  que  le  citoyen  Farne,  imprimeur  de 
cette  ville  [Limoges],  a  faite  au  maire  le  jour  d'hier  et  pourquoy  le 
citoyen  Farne  n'avait  pas  accéléré  l'impression  pour  la  somme  de 
750  livres  d'assignats  de  10  sous,  sur  papier  jaune,  suivant  l'ordre 
qu1l  en  avait  reçu  de  la  municipalité  en  date  du  4  novembre  1792. 
Le  citoyen  Farne  nous  a  répondu  avec  véhémence  qu'il  les  avait 
remis,  le  7  ou  le  8,  à  un  individu  qui  s'était  présenté  de  la  part  de 
la  municipalité  de  Panazol  ;  qu'il  lui  avait  remis  un  ordre  signé  du 
maire.  L'ayant  sommé,  plusieurs  de  nous,  de  le  représenter,  ce  qui 
luy  était  impossible,  il  a  fini  par  ne  montrer  que  Tinvitation  que 
la  municipalité  luy  avait  faite  d'en  accélérer  l'impression. 

»  Sur  ce,  oui  le  procureur  de  la  commune,  avons  délibéré  et 
ordonné  de  suite,  tant  pour  le  bien  public  que  pour  les  signataires, 
qu'il  serait  de  suite  affiché  sur  même  papier  que  les  assignats  volés 
un  avis  au  public  et  à  la  diligence  du  citoyen  Farne,  lui  demandant 
la  rentrée  des  assignats  vrais  de  Panazol  et  de  refuser  ceux  de 
10  sols  sur  papier  jaune  comme  faux,  ayant  été  volés  chez  l'impri- 


(1)  Voir  notre  précédente  communication  :  La  population  de  Panazol 
en  1793, 


426  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

meur,  ce  dernier  demeurera  responsable  et  garant  de  tous  les  évé- 
nements comme  ayant  remis  les  billets  sans  ordre  ni  écrit. 
»  A  Panazol,  les  jour,  mois,  et  an  que  dessus. 

»  Signés  :  Faulte,  maire  ;  Nanot,  offlcier  muni- 
cipal ;  SOUDANAS,  BOIICHAUD.   » 

Dans  rintervalle,  il  était  survenu  un  heureux  événement  qui 
allait  momentanément  applanir  les  difiicultés. 

Une  demoiselle  Périer  avait,  par  testament  du  9  février  179i , 
reçu  Fournier  jeune,  légué  aux  pauvres  et  nécessiteux  de  la  com- 
mune la  somme  de  1 .000  livres. 

A  la  suite  du  versement  de  cette  somme  effectué  par  M.  Raby 
du  Sirier,  héritier  de  la  demoiselle  Périer,  la  municipalité  prit,  à  la 
date  du  2t  octobre  1792,  la  délibération  ci-après  (1)  : 

«  Aujourd'hui,  21  octobre  1793,  à  Tissue  de  la  messe  paroissiale 
de  Panazol,  la  majeure  partie  des  habitants  de  la  commune  assem- 
blés et  convoqués  huit  jours  auparavant  pour  aviser  la  manière  de 
distribuer  la  somme  de  mille  livres  reçue  du  legs  Périer. 

»  Les  oiQciers  municipaux,  de  Tavis  de  la  majeure  partie  des 
habitants, 

»  Arrêtent  qu'il  serait  acheté  et  payé  la  quantité  de  blé  seigle, 
à  raison  du  prix  du  marché  de  Limoges  pour  la  somme  de  mille 
livres  ;  que  ledit  seigle  sera  déposé  dans  le  grenier  de  la  cure  et  de 
suite  délivré  aux  pauvres,  en  nature  et  par  mandat  d'un  officier 
municipal  à  chaque  pauvre  porté  dans  la  liste  par  appel  nominal 
faite  et  arrêtée  pour  cet  objet.  La  municipalité  invite  les  particu- 
liers de  la  paroisse  à  livrer  et  faire  conduire  au  lieu  du  dépôt  de 
ce  blé,  la  quantité  qui  lui  sera  demandée  et  dont  il  peut  facile- 
ment se  passer  ;  il  lui  sera  payé  à  raison  de  9  livres  par  septier  et 
un  sol  pour  le  mesurage  et  la  conduite. 

»  De  tout  ce  que  dessus  avons  dressé  procès-verbal  et  arrêté 
qu'il  sera  envoyé  par  la  municipalité  une  invitation  aux  fermiers 
du  sieur  Guibert  pour  17  sepliers  ;  au  citoyen  Garât,  17  septiers  ; 
au  citoyen  Jérémie  Martin,  20  septiers;  au  citoyen  Grellet  des 
Prades,  20  sepliers  ;  au  citoyen  Annet  Samie,  IS  septiers  ;  au 
citoyen  Faure,  10  septiers  ;  au  citoyen  Naurissart,  20  septiers  ;  au 
citoyen  Granger,  S  septiers. 

»  Fait  à  Panazol,  au  lieu  accoutumé  de  nos  séances,  jour,  mois 
et  an  que  dessus  et  ont  signé,  les  autres  ont  déclaré  ne  savoir. 

»  Signé  :  Faulte  Dubuisson,  maire  ;  Suudanas,  procureur  de  la 
commune,  Nanot,  Boughaud  et  Léonard  Soudanas.  » 

(1)  Registre  des  délibérations,  1792,  page  5, 


l'assistance  a  panazol  427 

Des  récriminations  durent  s'élever  ou  les  propriétaires  désignés 
ne  purent  fournir  les  quantités  de  grain  qui  leur  étaient  assignées, 
car  la  municipalité  se  trouva  dans  Timpossibililé  de  ramener  à 
exécution  sa  délibération  du  34  octobre  1792,  et  elle  se  vit  obligée 
de  faire  une  première  distribution  en  numéraire,  ainsi  que  le 
constate  la  délibération  qui  suit  (1)  : 

«  Aujourd'hui,  28  octobre  1792,  à  Tissue  de  la  messe  paroissiale 
de  Panazol,  nous,  ofTiciers  municipaux  de  celte  commune,  sur  les 
demandes  réitérées  des  pauvres  nécessiteux  de  Panazol  ou  les  ma- 
lades qui  nous  ont  instamment  priés  de  commencer  à  leur  faire 
part  de  Targent  destiné  aux  pauvres  nécessiteux  de  Panazol  ; 
voulant  favoriser  Thumanité  souffrante,  nous,  citoyens,  composant 
la  municipalité  de  Panazol,  et  premiers  dépositaires  de  mille  livres 
que  nous  avons  remises  au  citoyen  Bouchaud. 

»  Autorisons  le  citoyen  Bouchaud  à  donner,  en  son  âme  et  cons- 
cience, aux  plus  pauvres  et  malades  nécessiteux  de  cette  somme, 
que  nous  luy  passerons  à  compte  et  que  nous  nous  en  rapportons  à 
sa  bonne  foi,  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  pris  des  mesures  pour  nous 
procurer  des  grains  pour  le  restant  de  la  somme  qui  restera  dans 
les  mains  dudit  Bouchaud. 

»  Signé  :  Faulte  DubuissoiN,  maire  ;  Nanot,  officier 
municipal;  Soudanas  ». 

Nous  ignorons  le  montant  des  secours  qui  furent  allouées  en . 
espèces  aux  nécessiteux;  mais  il  fut  aussi  acheté  des  grains, 
parce  que  nous  lisons  dans  une  délibération  du  20  janvier  1793, 
relative  à  la  reddition  des  comptes  de  la  municipalité,  «  que  les 
maires  et  officiers  municipaux  ont  été  déchargés  de  tous  comptes, 
excepté  les  cent  pistoles  destinées  aux  pauvres  dont  les  comptes 
ne  sont  pas  apurés  et  qu'il  reste  à  payer  certaines  petites  sommes 
à  plusieurs  propriétaires.  » 

Le  legs  Périer  était  épuisé.  La  municipalité  ne  possédait  pas  de 
nouvelles  ressources  ;  aussi  elle  s*empressa  de  mettre  à  exécution 
Tarrété  du  département  du  22  décembre  1792,  et  elle  plaça  les 
pauvres  en  pension  chez  les  riches. 

Voici  la  délibération  qui  mentionne  cette  décision  (2)  : 

«  Aujourd'hui  26  février  1793,  Tan  second  de  la  République 
française,  la  municipalité,  ainsi  que  le  Conseil  général  de  la  com- 
mune, réunis  et  assemblés  en  la  chambre  ordinaire  de  nos  séances, 
désirant  subvenir  aux  besoins  des  malheureux  et  les  secourir  autant 


(1)  Registre  des  délibérations,  1792,  page  6. 

(2)  Registre  de  1792-93,  p.  12. 


<i28  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

qu'il  sera  en  noire  pouvoir;  voulant  d*ailleurs  toujours  obéir  aux 
lois,  avons,  conformément  à  Tarrété  du  département  du  22  dé- 
cembre dernier,  placé  les  pauvres  de  noire  commune  chez  les 
différents  propriétaires  pour  qu'ils  eussent,  à  compter  de  demain, 
une  livre  et  demie  de  pain  par  jour  ou  l'équivalent,  à  la  volonté  du 
donateur,  et  les  avons  disposés  en  notre  âme  et  conscience  selon 
les  facullés  d'un  chacun. 

»  Signé  :  Maisonneuve»  maire  ;  Bouchaud;  Nanot.  » 

Nous  n'avons  pu  découvrir  le  nombre  des  pauvres  et  les  noms 
des  propriétaires  qui  les  hébergèrent.  Rien,  non  plus,  ne  constate 
la  durée  de  cette  mesure. 

La  récolle  de  1792  avait  été  peu  abondante;  elle  ne  permettait 
pas  de  subvenir  aux  besoins  des  habitants  de  la  commune,  si  Ton 
en  juge  par  la  délibération  suivante  (1)  : 

«  Aujourd'huy  2  nivôse  de  Tan  second  de  la  République  française 
une  et  indivisible,  nous,  maire  et  officiers  municipaux  et  Ck)nseil 
général  de  la  commune,  réunis  et  assemblés  au  lieu  ordinaire  de 
nos  séances,  vu  le  peu  de  grains  qu'il  y  a  dans  notre  commune,  et 
qu'une  infinité  d'ouvriers  de  notre  commune  nous  demande  jour- 
nellement des  billets  pour  aller  se  faire  donner  du  grain  au  prix 
du  maximum,  avons  délibéré  que  le  séquestre  qui  est  à  Forest 
livrerait  provisoirement  dix  setiers  de  seigle  aux  dits  ouvriers  en 
leur  donnant  des  billets  de  requis,  que  ledit  citoyen  nous  rapport 
tera  dans  le  délai  de  trois  jours. 

»  Signé  :  Maisonnecjve,  maire;  Nanot;  Bougoaud  »• 

La  crise  des  subsistances  s'accentuait.  Le  Directoire  du  district 
de  Limoges  avait,  par  arrêté  du  iS  nivOse  an  II,  ordonné  aux  mu- 
nicipalités de  procéder,  «  pour  des  motifs  impérieux  />,  à  un  recen- 
sement des  subsistances  «  de  telles  natures  qu'elles  soient  ». 

Mais  ces  prescriptions  ne  furent  pas  exécutées.  Le  Directoire 
constate  «  que  la  plupart  des  municipalités  sont  demeurées  à  cet 
égard  dans  un  assoupissement  vraiment  répréhen&ible  et  que 
d'autres  pleines  de  volonté,  manquaient  des  moyens  nécessaires  à 
son  exécution,  et  le  Directoire  ajoute  : 

»  Considérant  qu'il  nous  est  parvenu  que  le  recensement  des 
grains  qui,  pour  le  bien  général,  devait  être  opéré  avec  l'exactitude 
la  plus  scrupuleuse,  avait  été  fait  avec  une  telle  insouciance  que 
les  officiers  municipaux  se  contentaient  de  mettre  sur  tous  les 
tableaux  la  quantité  de  grains  que  chaque  citoyen  voulait  déclarer, 

(1)  Registre  de  1793,  p.  22. 


L^ASSISTANGE   A    PANAZOL  4^9 

sans  songer  qae  la  malveillance  a  intérêt  de  dissimuler  et  de  cacher 
les  subsistances,  et  que  la  fausse  crainte  de  manquer,  sans  être 
animée  des  mêmes  motifs,  se  rend  coupable  de  la  même  faute  en 
ne  découvrant  que  la  moitié  de  ses  ressources,  et  qu'un  nouveau 
recensement  est  le  seul  moyen  de  repousser  victorieusement  le 
soupçon  injuricnx  d'égoïsme  dont  on  nous  soupçonne  au  milieu  du 
dénûment  ou  nous  sommes  ». 

Pour  toutes  ces  raisons,  le  Directoire  prit  à  la  date  du  2  germinal 
an  II,  un  arrêté,  dont  nous  extrayons  quelques  articles  (1)  : 

A  Article  1*'.  —  Il  sera  fait  dans  toutes  les  communes  du  district 
un  recensement  révolutionnaire  de  toutes  les  ressources  en  toutes 
espèces  de  subsistances  qui  poussent  sur  terre,  dans  les  vingt- 
quatre  heures  de  l'arrivée  des  commissaires  dont  il  sera  parlé 
ci-après. 

»  Art.  2.  —  A  cet  effet,  il  sera  fait  choix  de  deux  commissaires 
pour  chaque  commune  ;  ce  nombre  sera  augmenté  dans  celles  dont 
rétendue  est  plus  considérable. 

»  Art.  3.  —  Chaque  municipalité  sera  tenue,  sous  sa  responsa- 
bilité, de  faire  accompagner  les  dits  commissaires  dans  toute 
l'étendue  de  son  arrondissement  par  un  ou  deux  officiers  muni- 
cipaux. 

»  Art.  4.  —  Supposé  que  les  commissaires  omissent  de  recenser 
les  subsistances  d'un  ou  plusieurs  citoyens,  alors  chacun  de  ceux 
chez  lesquels  les  commissaires  auront  oublié  de  se  présenter  serait 
tenu  de  faire  dans  les  vingt-quatre  heures  la  déclaration  à  la  muni- 
cipalité de  son  domicile  des  subsistances  qu'il  peut  avoir,  sous 
peine  de  confiscation,  et  le  prix  en  être  réversible  au  dénonciateur. 

»  Les  municipalités  où  des  déclarations  auront  été  faites  seront 
également  tenues  d'en  donner  copie  au  district  dans  les  vingt- 
quatre  heures. 

»  Art.  5.  —  Tous  les  commissaires  arriveront  le  même  jour  dans 
chaque  commune  du  district. 

»  Art.  6.  —  Les  commissaires  par  nous  nommés  demeurent 
autorisés  à  lever  les  scellés  sous  lesquels  peuvent  se  trouver  des 
grains  et  comestibles  pour  la  quantité  en  être  constatée  en  pré- 
sence des  deux  officiers  municipaux  qui  reposent  à  l'instant  même 
les  scellés. 

»  Art.  9.  —  Pour  exécuter  les  mesures  dans  la  commune  de 
Panazol,  l'administration  nomme  les  citoyens  Bonnaud  aine,  Bàlier 
et  Senèque,  ci-devant  curé  de  Saint-Just,  dont  elle  attend  la  fermeté 
et  l'exactitude  qui  caractérisent  le  vrai  républicain. 

»  Pour  expédition  :  Auvray,  vice-président  ». 

(1)  Registre  de  1792-93,  p.  27, 


430  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

Les  commissaires  de  la  commune  de  Panazol  accomplirenl  leur 
mission  avec  beaucoup  de  zèle. 

La  municipalité,  par  une  décision  qui  n'est  pas  consignée  au 
registre  des  délibérations,  avait  organisé,  probablement  après  le 
premier  recensement,  un  grenier  public  où  elle  avait  fait  conduire 
les  grains  requis  chez  divers  particuliers  de  la  commune. 

Les  commissaires  constatèrent  rétablissement  de  ce  grenier, 
auquel  ils  refusèrent  de  reconnaître  une  existence  légale,  et  ils  en 
emportèrent  la  clé. 

La  municipalité  protesta  contre  cet  acte  d'autorité  et  demanda 
la  restitution  de  la  clé  avec  la  libre  disposition  des  grains  que  le 
grenier  contenait. 

Après  examen  de  TafTaire  et  sur  le  rapport  des  commissaires,  le 
Directoire  prit  l'arrêté  suivant  à  la  date  du  9  floréal  an  II  (1)  : 

((  Le  directoire  du  district  de  Limoges,  considérant  que  la  muni- 
cipalité de  Panazol  ne  pouvait,  sous  aucun  prétexte,  établir  un 
grenier  public  aux  dépens  des  habitants  de  sa  commune,  ni  les 
obliger  à  y  déposer  leurs  grains  ;  qu'elle  avait  seulement  droit  de 
faire  des  réquisitions  pour  Vapprovisionnement  des  manouvriers 
et  cultivateurs,  conformément  à  l'article  3  de  la  section  2  du  décret 
du  11  septembre  dernier  (vieux  style)  ;  que  cet  établissement  con- 
trariait la  loi  et  l'intérêt  des  particuliers  requis, 

»  Arrête  : 

l"*  Que  les  mêmes  commissaires  nommés  par  l'arrêté  du  H  ger- 
minal se  transporteront  en  la  commune  de  Panazol  pour,  sur  l'in- 
dication des  officiers  municipaux,  faire  la  distribution  aux  citoyens 
qui  auront  le  plus  de  besoins,  des  grains  rassemblés  dans  ledit 
grenier  au  prix  du  maximum  ; 

^  Que  le  prix  provenant  desdits  grains  livrés  sera  remis  à  la 
municipalité,  laquelle  demeure  chargée  d'en  payer  aussitôt  le  mon- 
tant à  ceux  qui  l'ont  fourni  ; 

»  S""  Que  tous  les  frais  d'établissement,  de  garde  et  autres  qu'a 
pu  occasionner  la  formation  dudit  grenier,  demeurent  à  la  charge 
personnelle  des  maire  et  officiers  municipaux,  qui  ont  consenti 
l'établissement  du  grenier,  et  seront  par  eux  acquittés  de  suite  ; 

0  4"*  Enfin,  que  le  présent  sera  transcrit  par  le  secrétaire  sur  le 
registre  des  délibérations  de  ladite  municipalité,  qui  se  trouve 
déposé  au  secrétariat  du  district,  pour  qu'elle  ait  à  s'y  conformer  ; 

»  Pour  expédition,  signé  :  Auvray,  président;  Méat,  secrétaire.  » 

Les  prescriptions  du  directoire  reçurent  aussitôt  leur  exécution  : 

(1)  Registre  1792-93,  page  28. 


L^ASSISTANCE  A   PANAZOL  431 

le  blé  que  contenait  le  grenier  public  Tut  distribué  et,  durant  un 
mois,  il  suffit  à  alimenter  les  nécessiteux  ;  mais,  à  partir  du  15  prai- 
rial, la  si  tuai  ion  devint  menaçante  pour  l'ordre  public.  C'est  ce  que 
fait  ressortir  la  délibération  prise  par  la  municipalité  à  la  date  du 
27prairîalan  11(1)  : 

«  Un  membre  dit  qu*il  était  urgent  de  s'adresser  à  l'administra- 
tion du  district  pour  demander,  vu  l'entière  livraison  du  grain  qui 
se  trouvait  dans  le  grenier  de  la  commune,  un  secours  en  blé  pour 
la  décade  prochaine,  de  30  septiers  blé  seigle,  pour  pareille  con- 
•  sommation  qu'il  se  fait  pendant  la  durée  d'une  décade,  attendu 
que  tout  relard  ou  toute  négligence  serait  impardonnable  et  com< 
promettrait  tout  à  la  fois  l'ordre  et  la  tranquillité  publiques.  La 
motion  mise  en  délibération  et  oui  l'agent  national,  le  conseil  a 
unanimement  délibéré  que  la  présente  sera,  par  extrait,  commu- 
niquée au  directoire  du  district;  à  cet  effet,  nomme  les  citoyens 
Soudanas  et  Bouchaud,  commissaires,  pour  employer  tous  les 
moyens  de  sollicitude,  aux  Ans  d'obtenir  les  30  septiers  nécessai- 
res pour  la  nourriture  de  nos  concitoyens  pendant  une  décade. 

»  Fait  et  délibéré  les  jour,  mois  et  an  que  dessus,  et  ont  signé  : 

»  Maisonneuve,  maire  ;  Soudanas,  agent  ;  Nanot.  » 

Le  district  ne  put  accorder  le  grain  demandé  ;  nous  ne  trouvons, 
en  effet,  nulle  trace  de  l'allocation.  Mais  les  troubles  redoutés  ne 
se  produisirent  pas  :  les  ouvriers  s'occupèrent,  à  ce  moment,  aux 
travaux  de  la  saison  et  ils  eurent  leur  existence  assurée  pour  quel- 
que temps. 

Afin  d'obliger  en  quelque  sorte  les  manœuvres  à  s'employer,  la 
municipalité,  dans  la  séance  du  26  prairial  an  II  (2),  avait  décidé 
«  que  tous  les  journaliers  qui  s'occupent  du  travail  de  la  campagne 
dans  notre  commune  sont  et  resteront  de  cejourd'hui  en  réquisi- 
tion pour  les  opérations  relatives  à  la  présente  récolte  et  qu'en 
conséquence  ils  seront  invités  d'y  travailler  ou  de  se  rendre  dans 
les  communes  où  ils  sont  habitués  de  se  rendre  pour  aider  à  lever 
la  récolte. 

»  Les  journées  des  journaliers,  manœuvres  et  voiluriers  seront 
fixées  à  la  moitié  en  sus  du  prix  de  1790,  et  comme  il  résulte  que 
les  journées  des  faucheurs  étaient,  en  1790,  de  26  sols,  elles  seront 
portées  et  fixées  pour  la  présente  année  à  39  sols  et  les  non  fau- 
cheurs de  18  sols  à  1  livre  et  7  sols.  Pour  les  femmes,  de  12  sols  à 
18  sols.  Pour  le  labourage  et  voiture,  de  3  livres  à  4  livres  10  sols, 

(1)  Registre  1792-93,  page  38. 

(2)  Registre  de  1792-93,  page  38. 


439  SOCléré  ARCRéOLOGIQU)!  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

et  qu6  flnalemenl  les  bons  citoyens  resteront  invités  à  concourir  au 
travail  de  la  récolte.  » 

Un  mois  plus  tard,  le  district  alloua  un  secours  de  93  livres,  et  la 
municipalité  procéda,  à  la  séance  du  20  thermidor  an  II  (1),  à  la 
distribution  entre  les  familles- les  plus  nécessiteuses  de  la  com- 
mune. 

Dans  la  même  séance,  la  municipalité  désigna  trois  commissai- 
res chargés  de  recevoir  Tioscription  des  parents  des  défenseurs  de 
la  Patrie,  dont  la  situation  nécessitait  des  secours  du  district.  Ces 
commissaires  furent  :  Jean  Nanot,  le  plus  ancien  officier  municipal  ; 
Joseph  Faure  et  Jean  Barrière,  pères  de  défenseurs  de  la  patrie. 

Puis,  sur  la  demande  du  district,  la  municipalité  adressa  une 
invitation  à  ses  coacitoyens  pour  les  engager  à  faire  sécher  des 
prunes  «  pour  leurs  frères  blessés  i]ui  se  trouvent  dans  les  hôpi- 
taux ;  d'apporter  ce  don  civique  la  décade  prochaine,  aux  fins  de 
radresser  à  l'administration  du  district  d. 

Le  procès-verbal  de  cette  même  séance  du  20  thermidor  se  ter- 
mine ainsi  : 

«  Le  conseil  donne  encore  lecture  de  l'adresse  de  l'administra- 
tion du  district,  relative  aux  déclarations  à  faire  par  les  proprié- 
taires et  tous  autres  citoyens  du  produit  total  des  difiérentes  récol- 
tes qu'ils  ont  perçues  dans  le  courant  de  cette  année,  dont  le  délai 
est  Hxé  pour  faire  ladite  déclaration  du  20  courant  au  8  vendé- 
miaire prochain.  Le  conseil  invile  tous  ses  concitoyens  à  se  confor- 
mer et  à  fournir  leur  déclaration  la  plus  précise,  aHn  d'éviter  les 
rigueurs  des  lois  à  ce  relatif. 

n  Le  conseil  nomme  ensuite  un  commissaire  pour  délivrer  les 
réquisitions  qui  sont  à  faire  par  la  municipalité  aux  citoyens 
manœuvres  et  autres  de  notre  commune  qui  n'ont  point  de  grains 
et  dont  la  subsistance  doit  être  prise  chez  les  citoyens  qui  en  ont 
récolté,  en  apportant  la  plus  juste  proportion.  L'unanimité  ayant 
été  pour  le  citoyen  Haisonneuve,  le  conseil  lui  a  remis  son  plein  et 
entier  droit  pour  la  délivrance  desdites  réquisitions. 

»  Enfin,  le  Conseil  annonce  à  ses  concitoyens  que  la  loi  du  1 1  sep- 
tembre 1793  sera  formellement  exécutée  à  l'égard  de  ceux  qui  se 
refuseront  de  fournir  aux  réquisitions  de  subsistances  qui  leur 
seront  adressées  ». 

Notons,  à  la  même  date,  une  réquisition  de  porcs  ordonnée  par 
le  directoire  du  district  dans  la  commune  de  Panazol.  Le  recense- 
ment effectué  par  les  commissaires  nommés  par  la  municipalité, 


(1)  Registre  de  1792-93,  page  42. 


lVssistascë  a  panazôL  433 

accasa  un  lolal  de  77  porcs  mâles,  dont  an  huitième  fut  mis  à  la 
disposition  du  district. 

A  la  séance  publique  du  iO  fructidor  an  II  (i),  la  municipalité 
procéda  au  paiement  des  secours  alloués  sur  les  fonds  du  district 
aux  parents  des  défenseurs  de  la  patrie  qui  s'étaient  fait  inscrire  à 
la  suite  de  la  séance  du  30  thermidor. 

Une  somme  de  700  livres  fut  répartie  entre  les  intéressés  dont 
les  noms  suivent  : 

Joseph  Faure  et  son  épouse; 

Marguerite  Raby,  veuve  Fraissinel  ; 

Jean  Bouchemousse  et  sa  femme  ; 

François  Ruaud  et  son  épouse  ; 

Jean  Thabard  ; 

Marguerite  Barny; 

Léonard  Boudaud  ; 

Léonarde  Ribière  ; 

Ghazaud,  veuve  Bertrand  ; 

Martial  Bonnetaud  ; 

Léonard  Bournazeau; 

Antoine  Malabre  e  t  sa  femme  ; 

Léonard  Bernard  ; 

Léonard  Bonneteau; 

Marie  Moury  ; 

Marguerite  Thévenin  et  sa  fille  ; 

Jeanne  Desmaisons; 

Marie  Fourcher; 

Jean  Barrière  et  Jeanne  Rougier,  son  épouse. 

^On  remarque,  sur  les  registres  de  la  municipalité,  la  délivrance 
très  fréquente  et  non  interrompue  durant  les  années  4792  et  1793 
d'acquits  à  caution  délivrés  à  des  citoyens  de  Panazol  pour  la  con- 
duite à  Limoges  des  grains  et  provisions  de  toute  nature.  Cesl  le 
blé  seigle  et  le  blé  noir  qui  dominent  ;  le  froment  est  plus  rare,  et 
quelques  fois  les  acquits  concernent  des  haricots. 

Ces  envois  périodiques  au  marché  de  Limoges  devinrent  cepen- 
dant insufQsants,  et  le  directoire  demanda  à  la  commune  de  Pa- 
nazol, au  commencement  de  fructidor  an  II,  un  envoi  supplémen- 
taire de  100  septiers. 

La  municipalité  se  réunit  en  séance  publique  extraordinaire,  le 
i 7  fructidor,  pour  donner  satisfaction  à  Tinvitation  du  district. 
Voici  la  délibération  qui  intervint  à  ce  sujet  (2)  : 

«  Assemblés  pour  délibérer  sur  les  moyens  à  employer  pour  pro- 
curer des  secours  à  nos  frères  de  Limoges  ; 


(1)  Registre  1792-93,  page  43. 

(2)  Registre  1792-93,  page  43. 


434  âOClÉTé   ARCnéOLOGlQDE  £T   historique    dû   LIMÔÛStN 

»  D'après  Furgence  qu'ils  nous  ont  témoignée  dans  la  circulaire 
du  district,  la  municipalité  toujours  prête  à  donner  des  preuves 
non  équivoques  de  fraternité,  a  unanimement  délibéré  qu1l  serait 
de  suite  adressé  des  réquisitions,  d*après  une  répartition  juste,  sur 
les  différents  propriétaires  de  la  commune  pour  qu'ils  aient  à  faire 
transporter,  sous  le  plus  bref  délai,  une  quantité  de  iOO  septiers 
blé-seigle,  savoir  : 

Pour  la  côte-part  du  citoyen  Faulte  Dubuisson.. . .  6  septiers; 

Pour  celle  du  citoyen  Grellel  des  Prades 10      — 

—  —       Roulbac  de  Fargeas 6      — 

—  —       Jean  Reix 6  quartes  ; 

—  —  Maisonneuve 10  septiers  ; 

'—  —  Faurie 6  quartes  ; 

—  —  Grellet  de  Fleurel,  Marpiénas  10  septiers  ; 

—  —  Baptiste  Nanot.. 8      — 

-—  —  Arnaud,  de  Marliaguet 6      — 

—  —  Tharaud,  à  Proximart 8      — 

—  —  Baptiste  Faure,  à  Lavaud.. .  6      — 

—  —  Daniel,  de  Courbiat 10      — 

—  de  la  citoyenne  Boulaud,  à  Soudanas. .      3      — 

—  du  citoyen  Jérémie Martin, au  MasCham- 

beau 3      — 

—  —       Soudanas 2      — 

—  de  la  citoyenne  Raby 3      — 

—  du  citoyen  Baptiste  Granet 3      — 

—  de  la  citoyenne  Poumot 3      — 

Dix  jours  plus  tard,  le  district  de  Limoges  adressait  à  la  muni- 
cipalité de  Panazol  une  nouvelle  réquisition  de  100  quintaux  de 
grains.  La  répartition  en  fut  effectuée  entre  divers  propriétaires, 
qui  n'étaient  pas  les  mêmes  que  ceux  qui  avaient  fourni  la  pre- 
mière réquisition.  Mais  à  la  séance  du  30  fructidor,  il  fut  reconnu 
que  la  répartition  des  100  quintaux  entraînerait  trop  de  longueur 
dans  son  exécution,  et  qu'il  conviendrait  de  requérir  cette  quantité 
sur  la  propriété  de  Forest,  qui  était  sous  séquestre.  Le  citoyen 
I^abesse,  fermier  de  Forest,  consulté,  consentit  à  exécuter  la  réqui- 
sition pendant  la  décade.  Nous  verrons  plus  loin  qu'il  ne  livra 
qu'une  partie  du  blé  à  la  municipalité  de  Limoges,  après  avoir, 
toutefois,  prélevé  20  quintaux  pour  la  commune  de  Saint-Maurice- 
les-Brousses,  ainsi  que  l'explique  la  note  ci-après  transcrite  au 
registre  des  délibérations  (1)  : 

(1)  Registre  1792-93,  page  46. 


l\s5ISTANCE   a   t»AHAZOL  435 

c<  Ce  jourd^hui  3  vendémiaire,  troisième  année  républicaine»  se 
sont  présentés  les  citoyens  Jean  GuitarJ,  maire  et  Mathurin  Berger, 
de  la  commune  de  Mauricc-les-Brousses,  porteurs  d*un  exirait  des 
délibérations  du  district  du  premier  jour  des  sans  culolides,  ladite 
délibération  portant  réquisition  de  20  quintaux  de  blé  pour  les 
semences  de  ladite  commune  et  nous  ont  requis  qu'il  soit  de  suite 
délibéré  sur  le  contenu  de  leur  mission  et  ont  signé. 

»  Donné  la  réquisition  des  20  quintaux  ci-dessus  sur  le  citoyen 
Labesse,  à  Forest,  en  déduction  des  100  quintaux  requis  pour 
Limoges  ». 

Malgré  la  bonne  volonté  qwi  ta  municipalité  de  Panazol  parait 
apporter  dans  l'exécution  des  diverses  réquisitions  qui  lui  sont 
adressées,  cette  commune  se  trouve  comprise  parmi  celles  dont  le 
district  de  Umoges  blâme  la  négligence  et  même  Tégoïsme  dans 
l'arrêté  ci-après  (1)  : 

«  Liberté,  égalité,  fraternité  ou  la  mort; 

«  Extrait  des  registres  de  l'administration  révolutionnaire  du 
district  de  Limoges  ; 

«  Séance  publique  du  18  vendémiaire,  Tan  III  de  la  République 
française,  une  et  indivisible  ; 

(c  L'administration,  pénétrée  de  douleur  à  la  vue  de  la  pénurie 
effrayante  du  grain  où  se  trouve  la  commune  de  Limoges  ;  recon- 
naissant que  les  moyens  de  douceur  et  de  persuasion  employés 
jusqu'ici  n'ont  pas  produit  leur  eifet  par  la  négligence  des  officiers 
municipaux  de  plusieurs  communes,  l'insouciance  et  Tégoïsme 
d'un  grand  nombre  d'individus  qui,  ne  pensant  qu'à  eux-mêmes,  à 
un  vil  intérêt,  se  refusent  au  plus  léger  sacrifice  plutôt  que  de  sou- 
lager l'affreuse  misère  de  leurs  frères  ; 

«  Voulant  rappeler  les  uns  et  les  autres  à  leur  devoir,  à  l'accom- 
plissement des  obligations  que  leur  impose  le  nom  sacré  de  l'égalité 
qui  réunit  tous  les  républicains; 

«  Voulant  enGn  procurer  par  tous  les  moyens  qui  sont  en  elle 
l'exécution  des  lois  si  cruellement  oubliées  ». 

Arrête,  oui  sur  ce  l'agent  national  : 

1"*  Il  sera  nommé  des  commissaires  pour  se  transporter  dans  les 
communes  deNieul,  Peyrilhac,  Gonore,  Jouvent,  Gence,  Boisseuil, 
Feytiat  et  Panazol,  à  l'effet  de  faire  transporter  sur  le  champ,  à 
Limoges,  le  grain  qui  eut  du  y  être  conduit  d'après  les  réquisitions 
arrêtées  le  28  fructidor  dernier  ; 

2*  I^es  commissaires  nommés,  à  leur  arrivée  dans  chacune  des 


(1)  Registre  1792-93,  page  46. 


436  SOClÉré  AACHÉOLOÛIQIJE   et   HISTORIQIJE    du   LtMOUâl!^ 

communes  désignées,  se  transporteront  au  secrétariat  de  la  munici- 
*  alité;  ils  y  feront  (ranscrire  sur  les  registres  le  présent  arrêté  pour 
qu'il  soit  exécuté  dans  les  vingt-quatre  heures  de  sa  transcription  ; 

S""  Les  officiers  municipaux  demeurent  personnellement  respon- 
sables de  Texécution  de  Tarrélé,  sauf  à  eux  à  employer  les  moyens 
que  la  loi  a  mis  en  leur  pouvoir  et  à  montrer  Ténergie  que  les 
vrais  républicains  doivent  manifester  lorsquUl  s'agit  de  remplir  un 
devoir  aussi  sacré  qu*est  celui  de  soulager  ses  frères  souffrants  ; 

»  4''  Les  commissaires  nommés  ne  cesseront  leurs  fonctions  que 
lorsque  les  réquisitions  seront  entièrement  remplies  ;  ils  feront 
connaître  à  Tadministration  du  district  toutes  les  entraves  qu*on 
pourrait  mettre  à  Taccomplissemenl  de  leur  mission. 

»  5""  Le  citoyen  Declareuil  jeune  est  nommé  commissaire  pour  les 
communes  de  Nieul,Peyrilhac,  Gonore>Jouvent  et  Gence.Le  citoyen 
Meyze  aine  est  nommé  commissaire  pour  celles  de  Boisseuil, 
Feytiat  etPanazol. 

»  6""  Les  commissaires  recevront  une  indemnité  qui  sera  fixée 
par  l'administration  et  payée  par  les  officiers  municipaux  person- 
nellement qui  ont  mérité  les  mesures  de  cet  arrêté,  en  ne  satis- 
faisant pas  à  la  réquisition  du  28  fructidor.  L'Administration  se 
réservant  de  prendre  ultérieurement  telle  autre  mesure  que  de 
droit,  après  le  rapport  des  dits  commissaires. 

»  Signé  :  Romanet,  David  fils,  Estier,  Auvray  et 
Lamarghe,  secrétaire  ». 

I^e  commissaire  Meyze  atné  se  rendit  à  la  séance  de  la  munici- 
palité du  20  vendémiaire  et  exigea  la  livraison  immédiate  du  reli- 
quat des  iOO  quintaux  demandés  le  28  fructidor. 

La  municipalité  délivra  aussitôt  la  réquisition  sur  divers  proprié- 
taires, avec  invitation  de  conduire  le  blé,  dès  le  lendemain,  au 
marché  de  Limoges. 

Le  commissaire  Meyze  avait  à  peine  quitté  la  salle  des  séances 
de  la  municipalité  qu'un  autre  délégué  du  district,  le  commissaire 
Bordas,  se  présentait  et  signifiait  l'arrêté  ci-après,  réclamant  un 
nouvel  envoi  de  60  quintaux  : 

»  Liberté,  égalité,  fraternité  ou  la  mort, 

»  L'Administration  révolutionnaire  du  district  de  Limoges, 

»  En  exécution  de  son  arrêté  de  ce  jour,  requiert,  au  nom  de  la 
loi,  la  municipalité  de  la  commune  de  Panazol  de  faire  conduire 
au  marché  de  la  commune  de  Limoges,  la  quantité  de  60  quintaux 
de  grains  qu'elle  requerra  sur  tous  les  citoyens  ayant  des  grains 
(indistinctement),  en  raison  de  leurs  ressources,  dans  le  délai  et 
sous  la  responsabilité  portée  audit  arrêté,  en  suivant  les  autres 


L^SSISTAJtCE  A    PANAZOL  437 

dispositions,  sans  que  néanmoias  le  contingent  sus  requis  puisse 
porter  atteinte  aux  autres  réquisitions  déjà  exercées,  qui  doivent 
être  entièrement  remplies  et  effectuées  dans  les  délais  qui  ont  été 
prescrits. 

»  Fait  en  séance  publique  le  17  vendémaire  Tan  III  de  la  Répu- 
blique une  et  indivisible. 

))  Signé  :  David  fils,  Romanet,  Auvray,  Estier,  Lamar- 
GHE,  greffier  ». 

La  municipalité  procéda  immédiatement  à  la  répartition  des 
60  quintaux  et  accorda  deux  jours  aux  intéressés  pour  transporter 
le  grain  au  marché  de  Limoges. 

Ces  réquisitions  successives  avaient  fortement  atteint  Tapprovi- 
sionnement  de  blé  que  possédait  la  commune.  Les  propriétaires 
commencèrent  à  se  plaindre,  tel  le  citoyen  Grellet  qui  présenta,  le 
18  brumaire,  k  la  municipalité  une  pétition  et  le  tableau  du  blé 
qu'il  avait  livré,  et  il  prouvait  qu'il  ne  lui  restait  que  18  septiers  et 
2  quartes  qui  étaient  indispensables  pour  la  nourriture  de  sa  maison 
et  de  ses  domestiques. 

De  même,  le  citoyen  Jérémie  Martin  *  proteste,  le  10  nivôse 
an  III  (1),  contre  les  réquisitions  dont  il  est  Tobjet.  Deux  commis- 
saires sont  désignés  séance  tenante  pour  vérifier  ses  allégations, 
et,  de  leur  rapport,  il  résulte  que  le  grain  qui  reste  au  citoyen 
Martin  et  à  son  métayer  est  nécessaire  pour  la  consommation  de 
la  maison  et  la  prochaine  semence.  Néanmoins,  les  recensements 
des  grains  se  succédaient  à  des  intervalles  très  rapprochées. 

Le  5  frimaire  an  III,  le  Directoire  nomme  le  citoyen  Faulte 
Buisson  en  qualité  de  commissaire  pour  opérer  un  recensement  de 
de  tous  les  grains  dans  la  commune  de  Panazol  ;  il  s'acquitte,  le 
10  frimaire,  de  sa  mission.  Le  19  du  même  mois,  le  citoyen  Anli- 
gnac,  nommé  commissaire  par  arrêté  du  district  du  13  frimaire, 
pour  assister  le  citoyen  Renouf,  agent  de  la  commission  du  com- 
merce et  approvisionnement  de  la  République,  se  présenta,  à  son 
tour,  à  la  municipalité  de  Panazol,  à  Teffet  de  recevoir  les  déclara- 
tions des  subsistances  que  peuvent  posséder  les  propriétaires.  Les 
oiïiciers  municipaux  firent  remarquer  au  délégué  qu'un  recense- 
ment identique  venait  d'éire  effectué  par  le  citoyen  Faulte. 

Le  citoyen  Antignac  n'insista  pas  pour  accomplir  sa  mission  et 
se  retira. 

Malgré  les  réclamations  individuelles  et  les  avis  conformes  de  la 


(1)  Registre  de  1791-93,  p.  51. 

T.   LV  28 


■ 

436  SOClèré  AnCHÉOLOGtQCE  et   ittSTÔRlQUÉ   DU    LIMOUSII^ 

municipalité,  le  districl  continua  à  exiger  des  subsistances  de  la 
commune  de  Panazol. 

En  effet,  nous  lisons  dans  le  procès-verbal  de  la  séance  du 
20  nivôse  an  m  (4). 

«  Avons  fait  lecture  d^nne  Icllre  du  18  nivôse  par  laquelle  le 
district  invile  tous  les  citoyens  de  notre  commune  à  faire  conduire 
du  grain  ou  subsistances  4£  telle  nature  que  ce  soit,  au  ci-devant 
collège  de  Limoges,  ce  que  de  suite  avons  fait.  Malgré  la  bonne 
volonté,  ce  qui  arrête  tous  nos  concitoyens,  ce  qui  les  empêche, 
c'est  que  les  réquisitions  ont  été  trop  fréquentes  dans  notre  com- 
mune, ainsi  que  le  grand  nombre  de  manouvriers  qui  sont  dans 
notre  commune  et  qui  ne  récoltent  rien.  C^s  ouvriers  sont  dans  ce 
moment  à  notre  séance  pour  nous  demander  des  subsistances. 
Nous  ne  savons  qu^I  parti  prendre  pour  les  en  approvisionner  ». 

Quelques  jours  plus  tard,  dans  sa  séance  du  7  pluviôse  (2),  la 
municipalité  prit  la  détermination  d^ouvrir  un  registre  destiné  à 
recueillir  les  dons  volontaires  pour  fournir  des  subsistances  aux 
indigents. 

Nous  ne  connaissons  pas  le  résultat  qu'obtint  cette  mesure  ;  il  y 
a  lieu  cependant  de  croire  que  des  souscriptions  se  produisirent  et 
permirent  de  secourir  les  indigents.  L'hiver  dut  se  terminer  sans 
créer  trop  de  soucis  à  la  municipalité,  car  nous  arrivons  au 
45  prairial  sans  trouver  aux  registres  mention  de  demandes  et  de 
distributions  de  subsides,  ni  de  réquisitions  pour  Limoges. 

La  séance  de  la  municipalité  du  45  prairial  fut  consacrée  à 
prendre  les  dispositions  nécessaires  pour  donner  satisfaction  à  un 
recensement  général  tant  des  farines  que  des  grains  battus  ou  à 
battre,  ordonné  dans  toute  retendue  de  la  République  par  Tarti- 
cle  3  de  la  loi  du  2  prairial  an  III,  pour  assurer  jusqu'à  la  récolte, 
par  un  prélèvement,  Tapprovisionnemenl  des  armées  de  la  Répu- 
blique et  de  la  commune  de  Paris. 

Le  district  de  Limoges  avait  nommé  deux  commissaires  pour 
procéder  à  ce  recensement  dans  la  commune  de  Panazol  :  les 
citoyens  Laforest  fils,  domicilié  place  des  Bancs,  et  Nadaud,  gendre 
Bruniér,  négociant  à  Limoges.  La  municipalité,  de  son  côté,  désigna 
le  citoyen  Soudanas,  procureur  syndic,  pour  assister  les  commis- 
saires. Les  opérations  s'effectuèrent  sans  soulever  aucun  incident. 


(1)  Registre  de  i  /91-93,  p.  51. 

(2)  Registre  de  1792-93-94,  p.  51. 


L*ASSISTANCE    À   PASAZOL  43Ô 

La  belle  saison  étail  revenu, les  manœuvres  el journaliers  devaient, 
par  le  travail,  pourvoir  à  leurs  besoins. 

I.a  municipalité  avait  cependant  encore  à  s'occuper  des  infirmes 
indigents  et  hors  d'étal  de  gagner  leur  vie. 

Sur  ses  démarches,  et  en  vertu  de  la  loi  du  21  pluviôse,  arti- 
cle 5,  un  secours  de  175  livres  fut  alloué  à  la  commune  et  réparti 
au  cours  de  la  séance  du  3  messidor  an  III. 

Quatre  vieillards  se  trouvèrent  dans  le  cas  d'être  secourus  et  se 
partagèrent  la  somme  de  175  livres. 

Nous  terminerons  en  signalant  une  dernière  réquisition  de 
60  quintaux  de  grains  demandée  à  la  commune  de  Panazol  par  le 
district  de  Limoges,  à  la  date  du  30  vendémiaire  an  IV. 

La  répartition  en  fut  opérée  entre  vingt-six  propriétaires  de  la 
commune,  auxquels  il  fut  accordé  un  mois  pour  conduire  le  blé  au 
marché  de  Limoges,  «  établi  au  ci-devanl  collège  qui  sera  ouvert 
tous  les  tridi,  nonidi  de  chaque  décade,  passé  lequel  délai  les 
citoyens  requis  seront  poursuivis  avec  les  rigueurs  de  la  loi  ». 

Nous  devons  arrêter  ici  la  période  particulière  à  la  commune  de 
Panazol.  En  effet,  à  partir  du  29  vendémiaire  an  IV,  une  munici- 
palité cantonale,  avec  Panazol  pour  cheMieu,  fut  créée.  Le  nouveau 
canton  extra-muros  de  Limoges  comprenait  les  communes  de 
Panazol,  Condal,  Bosmie,  Sainl-Just,  Isle,  Couzeix  et  Le  Palais. 

Durant  cette  organisation,  qui  prit  fin  le  29  floréal  an  VIII,  les 
faits  et  les  événements,  les  décisions  intervenues  forment  un 
ensemble  qui  intéresse  le  canton  tout  entier. 

Nous  nous  proposons  de  l'étudier  dans  ses  diverses  parties. 

Octave  d'ÂBZAC. 


BIBLIOTHÈQUE 


DE    LA 


_/ 0_ 


SOCIETE    ARCHEOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE 

DU    LIMOUSIN 

(suite)  (1) 


22.  —  De  sancio  Marliali  Lemovicensium  episcopo  necDon 
lolius  AquitaaiaB  apostolo  quaedam  notiones  et  dispulationes  ms. 
(P.  9  et  ss.)  :  Exercitatio  de  epistolis  saDcIi  Martialis  Aquitanorum 
apostoli  ad  Burdigalenses  et  Tolosanos  scriptis. 

Cahier  pet.  in-f^  22  p.  pap.,  mesurant  0'"29  sur  0"21. 

Ce  cahier  est  enfermé  dans  une  double  couverture  :  la  première,  en 
papier  grisâtre,  porte  dans  un  cartouche  rectangulaire  très  simple  ces 
mots  :  Ex  Bibliotheca  F.  Mureti  de  Poe  j  —  la  seconde  est  un  placard 
imprimé,  provenant  de  la  Chambre  angélique  de  Nostre-Dame  de  Mon- 
serrat;  ce  placard  présente  deux  gravures  au  trait  et  diverses  prières 
en  français.  Le  tout  parait  appartenir  au  commencement  du  xvii'  siècle 
et  venir  d^Espagne. 

Don  de  M.  Emile  Hervj',  notaire  honoraire  (1896). 

23.  —  Cathaiogus  sanctorum  quorum  corpora  requiescunt  in 
dyocesi  Lemovicensi.  —  Ce  titre  est  répété  en  marge,  en  vermillon. 
Il  y  a  en  plus  un  titre  courant  :  Sancti  qui  |  in  dyocesi  Ijemovicensi 
jacent.  —  Cà  et  là  des  notes  liturgiques,  des  extraits  du  Martyrologe 
d'Usuard  et  des  chroniques  locales.  F«  6  r®,  bulle  du  pape  Jean  à 
révéque  de  Limoges  sur  Tapostolat  de  saint  Martial. 

Cahier  de  6  feuillets  parchemin,  mesurant  0™29  sur  0"»22.  Ecriture 
gothique  du  xiii*  siècle.  Incipit  :  Amplectimur  itaque prius  ac  principius,,, 
Desinit  :  At  puer  clara  voce  respondit  :  Iste  episcopus  est  pater  meus. 
Quod  audiens  rex  Francie, 

(1)  Voy.  le  Balletin,  XXXVI,  215,  335;  XXXIX,  630. 


BIBLIOTHÈQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ  441 

24.  —  Coutume  du  châleau  de  Limoges  et  chartes  du  Prince 
Noir,  des  rois  Charles  V,  François  I",  Henri  IV. 

Copie  du  texte  latin  de  la  coutume  et  traduction  française  par  Maurice 
Ardant,  vers  1855.     . 

Cahier  in-f»  de  16  feuillets,  pap. 

25.  —  ROle  du  ban  et  arrière-ban  des  nobles  du  Haut-Limousin, 
19  février  1,W«. 

Cahier  original  in-4°  de  22  ff.,  pap. 

Publié  par  M.  l'abbé  A.  Lecler,  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Li- 
mousin, XLI,  p.  543-580. 

Don  de  M.  Jules  Godet  de  Boysse  (1889). 

26.  —  Procédures,  testaments,  contrats  de  mariage,  actes 
d^acquisitions,  etc.,  concernant  diverses  familles  de  Lastours, 
1496-1810. 

14  pièces,  pap.  1  parch.  (orig.). 
Don  de  M.  Tabbé  A.  Lecler  (1904). 

27.  —  Recueil  d'armoiries  limousines  de  Philippe  Poucet,  pein- 
tre et  émailleur. 

Registre  in-S»,  114  ff.  pap.  mesurant  0'»229  sur  0»  166. 
Publ.  par  MM.  A.  Lecler  et  L.  Guibert  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch. 
du  Limousin,  LU,  p.  425-484  et  LIV,  p.  337-426. 
Don  de  M.  L.  Mouret  (1904). 

28.  —  Diclionnajre  biographique  des  personnages  notables  du 
Limousin,  commencé  par  les  deux  bouts. 

XVIII*  siècle.  Ecriture  de  TabbéVitrac  (?).  Cahier  pet.  in-f»  27  fF.  pap. 
Don  de  M.  E.  Hervy,  notaire  honoraire  (1895). 

29.  —  Notaires  de  Limoges  anciens  et  .modernes,  par  ordre 
alphabétique,  avec  les  noms  des  particuliers  délenteurs  de  leurs 
minutes. 

N.-B.  —  On  y  a  joint  les  noms  de  quelques  notaires  des  environs 
de  Limoges,  mais  du  ressort  de  la  sénéchaussée  de  cette  ville. 

Cahier  pet.  in-f®,  papier,  paginé  de  523  à  564,  Ecriture  de  labbé 
Legi'os,  t  iSll. 

Don  de  M.  Jules  Codet  de  Boysse  (1898). 


il 


442  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

30.  —  Catalogue  manuscrit  des  émaux  de  la  section  du  moyen 
âge  à  FErmitage  impérial  de  Saint-Pétersbourg,  19/31  mars  1892. 
S.  nom  d'auteur. 

2  cahiers,  pet.  in-f<»  25  +  27  ff.  pap. 

31.—  Quittance  d'un  setier  froment  de  rente  due  à  Casiellouse 
de  Nouviale  {Casteloza  de  Nouviela)  par  Berge  de  Nouviale  sur  le 
lieu  de  Condat.  Le  dit  acte  passé  devant  la  cour  du  commun 
pariage  de  Saint- Yrieix,  1374. 

Orig.  parch.,  se.  de  cire  verte  pendant  sur  double  queue  de  par- 
chemin. 

Don  de  M"®  de  Froidefond. 

32.  —  Mandement  du  dauphin  du  Viennois  annonçant  que 
noble  Jean  Delaporte  est  établi  écuyer  en  Técurie  du  Roi.  Monlils- 
lez-Tours,  22  sept.  1445, 

Orig.  parch.  publ.  par  A.  Leroux  dans  le  Bull,  de  la  Soc,  arch.  du 
Limousin,  LIV,  p.  507. 

Don  de  M.  P.  Cousseyroux  (1904). 

33.  —  Transaction  en  vertu  de  laquelle  Guillaume  de  Bretagne, 
comte  de  Penthièvro,  comte  du  Périgord  et  vicomte  du  Limousin, 
accorde  à  Bernard  Dumas,  prêtre,  curé  de  la  paroisse  de  Pageas 
en  Limousin,  le  droit  de  dîme  sur  la  dite  paroisse.  Gourbefy, 
16  mars  1450  (n.  st.  1451). 

Traduction  en  mauvais  français  de  Toriginal  latin.  Pap.,  écriture 
du  XVII*  siècle. 

34.  —  Avis* au  public  de  Tostension  du  chef  de  saint  Mar- 
tial, 1533. 

Orig.  parch.  mesurant  0™91  sur  0™63,  avec  trois  enluminures  sur  une 
hauteur  de  O^iO.  —  Ecriture  gothique  des  manuscrits,  mesurant  4  mill. 
de  hauteur. 

Publié  par  A.  Leroux  dans  les  Archives  histor,  du  Limousin,  I,  p.  296. 

35.  —  Ordonnance  de  la  cour  ordinaire  de  Limoges  pour  la 
réforme  des  abus  qui  se  commettent  dans  la  dite  ville  sur  les  mesu- 
res fabriquées  par  les  pinliers  et  potiers  d'étain,  1603. 

Orig.  parch.  Se.  perdu.  Publ.  dans  le  Bull,  de  la  Soc,  arch,  du  Limou- 
sin, LIV,  p.  509. 
Don  de  M.  Léopold  Mouret  (1903). 


BIBLIOTHÈQUE  DE    LA  SOCIÉTÉ  443 

36.  —  Mandement  royal  portant  nomination  de  Jean  Lymosin 
comme  Tun  des  peintres  et  émailleurs  du  roi.  Paris,  17  juillet  i617. 

Orig.  parch.  Se.  de  cire  plaqué. 

Don  de  M.  E.  Hervy,  notaire  honoraire  (1896). 

37.  -—  Attestation  délivrée  par  le  lieutenant  des  juridictions  de 
la  ville  d'Eymoutiers  à  M»  Pierre  Bourdicaud,  greffier  de  Tarnac  (?), 
portant  que  celui-ci  est  de  mauvaise  santé,  âgé  de  soixante-treize 
ans,  et  par  conséquent  en  droit  d'être  déchargé  de  Tadministration 
des  biens  de  révoque  en  la  châtellenie  d*£ymoutiers,  1630. 

Orig.  pap. 

38.  —  Lettres  dimissoires  adressées  par  révoque  de  Tulle  aux 
ëvéques  de  Périgueux  et  Sarlat,  en  faveur  de  M<>  Jean  Calmine 
Laporle,  sous-diacre  du  diocèse  de  Tulle,  1670.      • 

Orig.  pap.  Cachet  de  cire  rouge  plaqué. 

39.  —  Contrat  de  la  vente  faite  par  M°  Jean  Donnel  aîné,  sieur 
de  Laborderie,  demeurant  au  Dorât,  à  M^  Jean  Donnet  le  jeune, 
sieur  de  Lavillatte,  son  frère,  demeurant  aussi  au  Dorât,  d'une 
maison  sise  en  la  grande  rue  de  la  dite  ville  pour  le  prix  de 
950  11.  23  fév.  1682. 

Orig.  parch.  Sceau  de  cire  verte  plaqué. 

40.  —  Procès-verbal  de  l'hommage  lige  rendu  devant  le  bureau 
des  finances  de  Limoges  par  Gaucher  de  Lavergne,  écuyer,  sieur 
du  Marginier,  pour  les  fiefs  qu'il  tient  du  roi  en  la  paroisse  de 
Janaillac.  11  juillet  168S. 

Orig.  parch.  Publ.  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Limousin,  LIV, 
p.  514. 

Don  de  M.  Léopold  Mouret  (1902). 

41.  —  Requête  de  Jean  Malardeau,  bedeau  de  l'église  collégiale 
de  Sainl-Yrieix  et  baile  de  la  confrérie  de  Sainte-Anne,  à  l'évéque 
de  Limoges,  pour  obtenir  «  l'érection  »  en  la  dite  église  de  la  dite 
confrérie.  Avec  autorisation  conforme  de  l'évéque.  23  déc.  1686. 

Orig.   pap. 

42.  —  Inventaire  des  biens  de  feu  Martial  Dunoyer,  marchand 
tanneur  el  corroyeur,  à  la  requête  de  Jeanne  Vergnaud,  sa  veuve. 
Janvier  1680. 

Cahier  in-4o,  orig.,  5  feuillets,  pap. 


444  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

43.  —  Vente  par  autorilé  de  justice  des  meubles  «  morts  et 
virs  »  du  château  de  La  Chëze,  à  la  requête  de  dame  Marguerite- 
Marie  de  Reymond,  dame  du  lieu,  veuve  de  messire  Charles  de 
Saint-Mathieu,  chevalier,  seigneur  du  Pavillon  et  autres  lieux. 
Août  1699. 

Orig.  pap. 

Don  de  Mgr  Barbier  de  Montault. 

44.  —  Procès-verbal  d'estimation  des  fruits  du  fief  de  la  Male- 
lie  (?)  par  M*  Jean  Lalande,  notaire  royal,  1741. 

Cahier  pet.  in-f°,  9  flf.  pap. 

45.  —  Quatre  pièces  relatives  aux  taxes  pour  les  miliciens  en 
la  paroisse  deSaint-Martin-Château,  1743. 

Quatre  p.  pap.  Publiées  dans  le  BulL  de  la  Soc.  arch,  du  Limousin^ 
LIV,  p.  521. 

Don  de  M.  P.  Cousseyroux  (1904). 

46.  —  «  Mémoire  au  sujet  de  la  nomination  des  sieurs  margui- 
tiers  de  la  paroisse  de  Saint-Pierre  [du  Queyroix  à  Limoges],  du 
23«  janvier  175S.  » 

Cf.  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Limousin,  LIV,  p.  702. 
Don  de  M.  Maurat-Ballange,  avocat  (1904). 

47.  —  Lettre  de  Turgot,  intendant  de  la  généralité  de  Limoges, 
à  M"*"  de  Puymarets,  à  Brive.  Datée  de  Limoges,  23  mai  1765. 

48.  —  Deux  lettres  du  duc  de  Fitz-James,  gouverneur  du  haut 
etbas  Limousin,  aux  consuls  de  Limoges. 

L\ine  est  datée  de  Fontainebleau,  10  nov.  1765;  Tautrc  des  Cars, 
17  fév.  1766. 

49.  —  Lettre  de  labbé  Expilly  aux  consuls  de  Limoges.  Datée 
d'Avignon,  31  déc.  1765. 

Publ.  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du  Limousin,  V,  71. 

50.  —  Lettres  de  vœux  des  consuls  de  Limoges  au  duc  de  Fitz- 
James,  gouverneur  général  du  haut  et  bas  Limousin,  et  à  son  lieu- 
tenant le  comte  des  Cars.  1"  déc.  1765. 

Minutes  écrites  sur  Içs  deux  paçes  du  feuillet. 


BIBLIOTHÈQUE  DE  LA   SOCIÉTÉ  445 

51.  —  Letlre  du  comte  des  Gars,  lieutenant  du  roi  en  Limousin, 
aux  consuls  de  Limoges,  pour  les  remercier  de  leurs  vœux.  Datée 
des  Cars,  7  janv.  i766. 

52.  —Letlre  du  comte  des  Cars,  lieutenant  du  roi  en  Limousin, 
aux  consuls  de  Limoges,  à  Toccasion  des  prières  demandées  pour 
le  repos  de  l'âme  du  Dauphin.  Datée  des  Cars,  7  janvier  1766. 

53.  —  Délibération  des  habitants  de  Bersac  pour  prolester 
contre  la  suppression  de  l'abbaye  de  Grandmont.  Nov.  1773. 

Publ.  par  M.  i  abbé  A.  Lecler  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch,  du  Li- 
mousin, LIV,  p.  531. 

Don  de  M.  Boulaud  (1904). 

54.  —  Arrentement  du  moulin  de  la  Rechignerie  (paroisse  de 
Pageas),  fait  par  les  religieux  de  l'abbaye  de  Saint-Âugustin-lez- 
Limoges  à  Martial  Desmaisons  de  La  Coste  et  à  d"""  Marguerite 
Deliron  sa  femme,  moyennant  la  redevance  annuelle  de  quatre 
seliers  seigle,  mesure  de  Châius,  et  le  paiement  des  droits  de 
lods  et  ventes,  prélation  et  investiture.  Janvier  1778. 

Orig.  parch. 

Don  de  Mgr.  Barbier  de  Montault. 

55.  —  Extrait  du  registre  des  délibération  du  Directoire  du 
district  de  Limoges  concernant  les  déclarations  à  faire  par  les 
ecclésiastiques.  21  nov.  1790.  Signé  :  Soulignac,  syndic.  Avec  la 
lettre  d'envoi  (25  nov.)  signée  du  même. 

56.  —  Letlrede  famille, datée  de  «  Berlin...  février»,  sanssigna- 
ture,  adressée  «  à  Monsieur  Gay-Lussac,  médecin  à  Saint-Léonard, 
dép'  de  la  H*'-Vienne,  France  ». 

On  y  peut  relever  cette  phrase  :  «  Je  suis  entièrement  plongé 
dans  la  minéralogie,  l'allemand  et  le  magnétisme  ». 

1  pièce  pap.,  premier  quart  du  xix«  siècle. 

57.  —  Lettre  du  sieur  Albert  (1)  au  baron  de  Roulhac,  vice 
président  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Limoges, 
pour  lui  adresser  ses  Vx^es  pittoresques  et  monuments  anciens  du 
Limousin, 

S.  date  [1818]. 

(1)  Sur  cet  artisie  vqIv  le  Bulletin^  XXXVI^  174_et  '^04, 


446  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

58.  —  Lellre  du  dit  baron  de  Roiilhac  (1)  au  secrétaire  de  la  dite 
Sociélé  pour  le  prier  de  présenter  l'ouvrage  d'Albert  à  la  prochaine 
séance. 

Limoges,  11  août  1818. 

59.  —  Lettre  de  M.  C.-N.  Allou  (2),  sans  adresse,  annonçant 
renvoi  à  la  Société  d'agriculture  du  rapport  de  M.  Alex,  de  Laborde 
sur  la  Description  des  monuments  de  la  Haute-Vienne. 

Limoges,  3  janvier  1821 . 

1  p.  pap. 

60.  —  Lettre  du  sieur  Duroux  (3),  maire  de  la  commune  de 
Saint-Pardoux,  à  MM.  les  rédacteurs  du  Bulletin  de  la  Société 
royale  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  Limoges,  sur  des  matières 
de  numismatique  limousine. 

Saint-Pardoux,  8  avril  1823,  avec  cette  seconde  adresse  au  revers 
de  la  lettre  :  «  Monsieur  Ardant,  secrétaire  général  de  la  prérec- 
ture  de  la  Haute-Vienne  (4),  à  Limoges  ». 

1  pièce  pap. 

61.  —  Lettre  de  M.  Guernon  de  Banville,  procureur  général  près 
la  cour  de  Limoges  (S),  sans  adresse,  pour  remercier  de  renvoi 
d'un  livre  (6)  et  demander  quelques  explications  sur  la  langue 
limousine. 

Limoges,  28  mars  1826. 

62.  —  Note  sans  date  et  sans  adresse,  signée  Périgord,  fai- 
sant part  de  la  découverte  d'un  vase  antique  dans  une  tombe 
du  cimetière  de  Chassenon. 

La  lettre  se  termine  par  ces  mois  :  «  J*ai  Thonneur  de  saluer 
M.  Alluaud  ». 

1  pièce  pap.,  première  moitié  du  xix*  siècle. 


(1)  Sur  ce  personnage  voir  le  Bulletin  de  la  Soc,  d'agriculture,  1824. 

(2)  Sur  cet  auteur  voir  le  Bulletin,  XXXVII,  306. 

(3)  Sur  cet  historien  voir  le  Bulletin,  XXXVIl,  300. 

(4)  De  1821  à  1832. 

(5)  De  1823  à  1826. 

(6)  Probablement  le  Dictionnaire  des  locutions  vicieuses  usitées...  dans 
la  ci-devant  province  du  Limousin,  par  Sauger-Préneuf,  qui  parut  à 
Limoges  chez  Ardiller  en  1325, 


BIBLIOTHÈQUE  DE  LA    SOCIÉTÉ  447 

63.  —  Pièces  diverses,  Urées  des  papiers  de  feu  J.B.  Navières, 
sgr  de  Rieux-Peyroux  el  de  La  Boissière,  conseiller  du  roi,  grefflier 
en  chef  de  la  cour  sénéchale  de  Limoges.  1642-18d5. 

Procédures,  extraits  des  registres  paroissiaux,  quittances,  contrats, 
arpentement  d'un  village  de  la  paroisse  de  Vicq  (1762),  testament  de 
Simon  Mouret  (1773),  adjudication  des  biens  de  l'émigré  Benoit  d'Etivaux 
(an  II),  etc. 

3  p.  parch.;  25  p.  pap. 

Don  de  M.  Léopold  Mouret  (1903). 

64.  —  Rôles  des  tailles  pour  diverses  paroisses  de  Télection  de 
Limoges,  datés  du  i"  juillet  1770  et  signés  Turgot. 

42  pièces  volantes  imprimées,  dont  les  blancs  sont  remplis  à  la  main, 
in-f^ 

65.  —  Procédures,  actes  d'acquisition  et  de  vente,  comptes  el 
contrats  divers  concernant  les  localités  de  Baroneau,  Compreignac, 
Château-Gaillard,  Lafont. 

xvi«-xix«  siècles.  4  p.  parch.  ;  117  p.  pap. 
Don  de  M.  Marc  Barbou  des  Courières  (1904). 

66.  —  Recueil  général  sur  Torigine  el  les  progrès  de  la  typo- 
graphie ou  Tari  de  Timprimerie,  avec  Tanalyse  des  premiers 
auteurs  de  la  découverte  et  les  noms  des  arlistes  qui  ont  porté  à 
Limoges  cet  arl  devenu  tout  à  fait  nécessaire  et  qui  d*année  en 
année  acquiert  de  la  perfection. 

Cahier  pet.,  in-4o,  59  pages  chiffrées.  Ecriture  du  xix"  siècle. 
Don  de  M.  Nivet-Fontaubert. 

67.  -—  [Dom  Col.]  Histoire  d'Auvergne.  Registre  contenant  les 
morceaux  suivants  : 

—  Mémoire  pour  le  seigneur  du  Chambon  à  raison  de  la  haute 
justice.  Ecriture  du  xvui*  s. 

—  Concordat  entre  Mgr  de  Langeac,  vicomte  de  la  Monte  et 
messire  Guillaume  du  Guiberleix,  chevalier,  louchant  la  justice  du 
Chambon,  4484. 

—  Mémoire  pour  répondre  à  la  consultation  du  sieur  Vialle  du 
Chambon.  Ecriture  du  xvu*  s. 

—  Hommage  rendu  à  messire  de  Langeac  par  Guillaume  de 
Guiberleix  pour  les  terres  qu'il  tient  de  lui.  Apud  castrum  de  Pe- 
russe,  févrter  1274 .  Copie  du  xvi'  siècle. 


448  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

—  Considérations  sur  les  causes  de  la  dépopulation  en  Auvergne. 
Ecrilure  du  xvnr  s. 

—  Mémoire  pour  frère  Elie  de  La  Brousse  de  Boffrand,  prélre, 
chanoine  régulier  de  la  congrégation  de  France,  prieur-curé  de 
Vieille-Brioude,  contre  Antoine  Braull,  vigneron,  habitant  du  lieu 
de  Denlilhac,  paroisse  de  Vieille-Brioude,  en  présence  des  sieur  et 
dame  Redond.  Impr.  1759. 

—  Pancharta  seu  descriptio  beneficiorum  quorum  collalio,  pro- 
visio,  guarnia  et  alia  omnimoda  dispositio  reverendo  domino 
abbati  secularis  et  collegiatas  ecclesiae  beati  Geraldi  oppidi  Aure- 
liaci,  sanctaB  sedi  apostolicae  in  spirilualibus  immédiate  subjectae  in 
diœcesi  Sli-Flori,  nuper  monasterii  ordinis  sancti  Benedicli^perti- 
nere  dignoscuntur,  prout  ex  indnllo  aposlolico  secularisationis 
ejusdem  ecclesiae  ordinata;  obtineri  exliterunt.  Sans  date.  Ecriture 
du  xvHi"  siècle. 

—  Coppie  de  transaction  passée  entre  MM.  du  chapitre  de 
Brioude  et  habitans  de  lad.  ville  pour  raison  des  laydes,  4491.  Co- 
pie du  xvii«  siècle.  Suit  un  acte  en  latin,  y  relatif,  daté  d'une  ma- 
nière incorrecte  :  Âclum  est  hoc  Brivati»,  anno  ab  incarnationem 
{sic)  Domini  milesimo  decenlesimo  {sic)  vigesimo  secundo,  unde- 
cimo  kalendas  februarii,  régnante  Philippo  rege  Francorum  (4). 

—  Inventaire  des  lectres,  arrestz,  liltres  et  autres  enseignemens 
produictz  et  mis  en  court  par  devers  vous  nosseigneurs  tenans  le 
parlement  du  Roy  nostre  sire  en  son  palais  à  Paris  par  mess,  de 
chappilre  de  Tesglise  de  Brioude,  deffendeurs  à  Tinterinement  de 
certaines  lettres  réaulx  et  requerans  provision,  d'une  part,  contre 
les  manans  et  habitans  de  lad.  ville  de  Brioude,  demandeurs  et 
requérant  rinlérinement  desd.  lettres  réaulx,  d'autre  part.  Sans 
date.  Ecriture  du  xvi«  siècle. 

i   —  De  la  taille  à  merci  et  volonté.  Ecrilure  du  xvui"  sièele. 

—  Mémoire  sur  la  prévôté  de  Langeac.  Ecriture  du  xvui'  siècle. 

—  Vente  faite  par  Jean  de  Moncet,  écuyer,  et  d"*  Jeanne,  sa 
femme,  à  noble  homme  Miles  sgr  de  Noiers,  et  à  Mad.  Jeanne,  sa 
femme,  de  la  nommée  Mcline,  femme  de  feu  Jerbaul  Délavai,  et  de 
la  moitié  de  ses  enfants,  pour  le  prix  de  1011.  tournois.  1316.  Tra- 
duction française.  Ecrilure  du  xvni*  siècle. 

—  Copie  d'actes  latins,  annotés  en  maige,  concernant  les  fiefs 
de  Langeac,  Peirusse,  Chambon,  Chanleuge,  Varennes  et  (sur  deux 

(1)  11  faut  peut-être  corriger  decentesimo  par  trecentesimo,  ce  qui 
diminuerait  la  difficulté  sans  la  résoudre  complètement  puisque  Phi- 
lippe V  le  Long  mourut  le  3  janvier  1322. 


BIBLIOTHÈQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ  449 

cahiers  intercalés  plus  loin  sous  les  n"^  35,  38,  43)  Tapon  et  la  jus- 
tice de  Langeac. 

-—  Acte  portant  dotation  de  la  chapelle  de  Gaudissart,  par  Tabbé 
de  Pibrac.  S.  date,  copie  nioderne. 

—  Généalogie  de  la  maison  de  Langeac.  S.  date,  écriture  du 
XV"  siècle. 

—  Instructions  et  memoyres  à  M'  Jehan  de  Langhac,  conseiller 
du  roy  et  maistre  des  requesles  ordinaire  de  son  hostel,  envoyé  de 
par  luy  pour  recovrer  la  flihe  du  feu  seigneur  de  Myson,  que  le 
sr.  de  Santal  tient  contre  la  volonté  du  roy  et  de  justice  et  contre 
le  gré  de  lad.  fllhe.  S.  date,  écriture  du  xvr  siècle. 

—  Memoyre  pour  la  commission  que  le  roy  a  donnée  à  maistre 
Jehan  de  Langhac,  son  conseiller  et  maistre  des  requestes  ordi- 
naire de  son  hostel,  pour  soy  transporter  delà  les  montz,  au  lieu 
de  Demont,  auquel  lieu  le  s' de  Santal  se  tient.  S.  date,  écriture  du 
XVI*  siècle. 

—  «  Déclaration  »  au  Conseil  étroit  des  dépenses  faites  par  le 
sieur  de  Haulmont  et  M«  Jean  de  Langeac,  conseiller  du  roi,  «  con- 
cernant le  fait  de  nostre  commission  pour  recouvrer  tous  et  chacuns 
les  biens  estant  dans  ung  navire  nommé  La  barbe  (1)  de  Pempol, 
prins...  au  port  et  havre  de  Rosco  {sic),  qui  est  port  de  basse  Bre- 
taigne,  près  la  ville  et  cité  de  Saint-Pol-de-Léon,  d'une  lieue  ». 
Nantes,  février  1621. 

—  Rapport  touchant  l'exécution  de  la  mission  donnée  par  le  roi 
à  M.  de  Langeac  contre  le  sieur  de  Génial  {sic),  1523. 

—  Requête  adressée  au  sénéchal  d*Âuvergne  ou  au  lieutenant 
général  criminel  par  Louis-Melchior  Marie,  avocat  demeurant  à 
Langeac,  contre  M*  Benoit  Redon,  juge  prévotal  de  la  dile  ville, 
pour  raison  des  sévices  subis.  S.  d.,  impr.  à  Riom,  chez  J.-B.  Vial- 
îanes[xvHr  s.). 

—  Mémoire  signifié  pour  Messire  Jean-Gabriel  d'Âurelle,  cheva- 
lier, comte  de  Lodan,  seigneur  de  La  Blanchisse,  de  Domesc,  de 
La  Batonie  et  autres  lieux,  défendeur  et  demandeur  en  garantie, 
contre  dame  Marie  Legendre  de  Collandre,  veuve  de  Messire 
Gabriel-Armand  de  Montmorin,  comte  de  S.  Herem,  dame  de 
Belime,  demanderesse,  et  contre  Messire  Cimetière  de  la  Basolle, 
écuyer,  seigneur  de  Beaupoirier,  trésorier  de  France  en  la  géné- 
ralité de  Moulins,  défendeur  en  garantie. 

S.  date,  impr.  après  1765  à  Riom,  chez  René  Gandeze.  (Le  litige 
portait  sur  la  justice  du  lieu  de  La  Batonie.) 


(1)  Peut-être  faudrait-il  corriger  Sainte-Barbe. 


456  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

—  Ordonnance  de  J.-L.  de  JMonlagu,  yicomle  de  Beaune,  lieule- 
nanl  général  des  armées  du  roi  et  son  lieutenant  général  comman- 
dant dans  la  province  d'Auvergne  et  le  pays  de  Combraille,  faisant 
défense  de  porter  des  armes  offensives  ou  défensives  sous  quelque 
prélexle  que  ce  soit,  sans  sa  permission,  et  de  chasser  dans  retendue 
de  son  commandement. 

Clermont,  8  juillet  1722.  Irop.  chez  P.  Boutaudon. 

—  Mémoire  pour  M.  Delaval-Delacresse,  subdélégué  deTinten- 
dance  à  Riom,  sur  les  taxes  des  anoblis.  S.  date,  écriture  du 
xvni®  siècle. 

—  Ordonnance  du  sénéchal  d'Auvergne  pour  le  duc  de  Bour- 
bonnais et  d'Auvergne  (en  44  articles).  S.  dale,  écriture  du 
xvnr  siècle. 

—  Mémoire  pour  faire  dupplicques  pour  le  s'  de  Langhac  contre 
le  s'  de  Nantoilhe.  S.  date,  écriture  du  xvi*  siècle. 

—  Lettres  patentes  du  roi  portant  érection  d'un  consulat  en  la 
ville  de  Langeac.  Paris,  janv.  1487.  Avec  l'arrêt  du  Parlement 
portant  enregislremenl  des  dites  lettres  (déc.  1513),  et  une  tran- 
saction intervenue  entre  les  seigneurs  et  les  habitants  de  la  dite 
ville  (oct.  Iël4)  et  autres  actes  y  relatifs(1514-1769).  51  pages  impr. 
à  Paris,  chez  P. -S.  Simon,  1774. 

—  Consultation  juridique  relative  aux  droits  prétendus  sur  le 
bois  de  Pourcharesse  par  Messire  Louis  de  La  Rochefoucault, 
marquis  de  Langeac,  et  les  habitants  du  village  de  Chantengeol. 
«  Délibéré  à  Paris,  le  quatriesme  juillet  1647.  Didier,  Jabert,  Cha- 
brol, Uger  ». 

—  Requête  adressée  au  Roi  et  à  nosseigneurs  de  son  Conseil 
par  Joseph  Randon  de  Ch&teauneuf,  comte  d'Apchier,  contre  le 
sieur  Félix  de  Bessuejols,  marquis  de  Roquelaure  et  baron  de 
Lanta,  pour  obtenir  une  évocation  du  procès  pendant.  1769.  Impr. 
à  Paris,  chez  Knaper  et  Delaguette. 

—  Deux  autres  requêtes  du  même  aux  mêmes  contre  le  sieur  de 
Crossal,  duc  d'Uzès,  premier  pair  de  France,  intervenant  dans 
raffaire  ci-dessus,  1769. 

Impr.  comme  dessus. 

—  Mémoire  touchant  la  commanderie  de  Rousson  et  de  Pastoral, 
son  annexe,  sise  près  de  Brioude.  Sans  date,  écriture  du xvn»  siècle. 

—  Inventaire  de  pièces  concernant  la  susdite  commanderie,  de 
1452  à  1706.  Ecriture  du  xvui*  siècle. 

•^  Inventaire  des  tiltres  de  la  terre  et  châtellenie  de  Saint-Ilpise, 
de  1228  à  1766.  Ecriture  du  xvni*  siècle. 


^IBLfOTHf.QCE  DE  LA  SOCléré  451 

—  Elirait  des  livres  imprimés  et  manuscrits  du  Cabiael  de 
l*ordredu  Saint-Esprit  sur  les  noms  deLangeac,  LanghacetLanjac. 
Sans  date,  écriture  du  xvm'  siècle. 

Don  de  M.  E.  Hervy,  notaire  honoraire  (1899). 

68  à  83.  —  Papiers  Codet  de  Boisse,  concernant  principale- 
ment la  ville  de  St-Junien  et  ses  environs. 

Don  de  M.  Surin  (du  Chatelard),  d903. 
46  cartons  inventoriés  ci-après. 

Alfred  Leroux. 


RÉPERTOffiE 


DU    FONDS   CODET   DE   BOISSE 


Dans  la  séance  de  la  Société  archéologique  du  29  juillet  1902,  M.  A. 
Leroux,  archiviste,  au  nom  de  M.  R.  Fage,  président,  annonçait  que 
M.  Léon  Surin  (1),  attaché  à  la  direction  du  Crédit  lyonnais  à  Angou- 
lême,  allait  faire  don  à  la  Société  d'un  lot  de  papiers  et  de  parchemins 
recueillis  dans  la  succession  de  M.  Jules  Codet  de  Boisse,  ancien  ma- 
gistrat (2).  Ces  documents,  qui  avaient  été  sommairement  classés  par  le 
père  de  ce  dernier,  M.  Codet  de  Boisse,  avocat  à  Rochechouart,  ont 
rapport  à  différentes  localités  du  Limousin,  mais  surtout  à  la  ville  de 
Saint-Junien  et  aux  chàtellenies  des  environs.  On  y  trouve  des  délibé- 
rations de  communes,  des  décisions  judicaires,  des  actes  de  notaires, 
des  terriers,  etc.,  qui  se  rapportent  au  chapitre  de  Suin^-Junien,  à  la 
justice,-  à  l'administration  épiscopale,  aux  familles  du  pays. 

Aujourd'hui  tous  ces  papiers  reposent  aux  archives  de  la  Société 
archéologique  du  Limousin,  répartis  sommairement  dans  seize  grands 
cartons. 

Ils  sont  accompagnés  de  nombreuses  notes  manuscrites  de  M.  Codet 
de  Boisse,  auteur  de  la    collection,  où   il  commente  avec  une  compé- 


(1)  M.  Léon  Surin,  le  généreux  donateur  de  la  collection,  appartient  à 
une  très  ancienne  famille  de  Saint-Junien,  dont  il  est  souvent  question 
dans  ces  papiers.  Il  est  fils  d'Hubert  et  de  Zoé  Masson  et  petits-fîls  de 
François-Amand  Surin  et  de  dame  Dubreuilh  llélion  de  La  Guéronnière. 
Son  arrière  grand-père,  qui  avait  épousé  une  demoiselle  d'Hugonneau, 
était  procureur  au  parlement  de  Bordeaux.  11  habite  la  propriété  du 
Chatelard,  près  Saint-Junien,  et  a  épousé  récemment  M"*  Rouvray  de 
Limoges. 

(2)  Augustin-Jules  Codet  de  Boisse,  Gis  de  Léonard-Jules  et  de  dame 
Aimée  Surin,  naquit  à  Saint-Junien  en  1812  et  épousa  à  la  fm  de  1846 
Caroline  Surin,  fille  de  François  Noël  et  de  dame  Adélaïde  La  Bouli- 


néPEKTOIRE  DU  FONDS  CODET  DE  BOISSE  '403 

'tence  et  une  sagacité  indiscutables,  les  faits  divers  mentionnés  dans 
CCS  vieilles  paperasses  et  cherche  à  rétablir  les  anciennes  divisions 
administratives.  La  tâche  est  ardue,  car  le  champ  des  recherches  est 
situé  au  point  de  contact  de  trois  anciennes  provinces,  le  Limousin,  le 
Poitou  et  TAngoumois.  Néanmoins,  il  lève  le  voile  sur  cet  échiquier 
administratif  formé  peu  à  peu  par  nos  rois,  et  fait  apprécier  davantage 
la  simplicité  de  nos  départements  modernes. 

•G.  TOUYÉRAS. 


Carton  n**  1 

1686.  —  Pièces  de  procédures  enlre  Jean  Pouliot,  procureur  du 
roi  de  la  maison  de  ville  de  Saint-Junien,  en  Limousin,  contre  les 
consuls  el  échevins  de  la  dite  ville.  —  (Orig.). 

168S.  —  Marie  du  Rousseau  avait  épousé,  le  25  octobre  1685, 
Joseph  Pouliot,  sieur  de  La  Molle,  de  la  ville  de  Sainl-Junien.  — 
(Orig.). 

1686  et  suivantes.  —  Nombreuses  lellres  de  M.  de  Rocquart  à 
M.  Surin,  à  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

14  septembre  1687.  —  Lettre  de  Madame  Lacour  de  Rocquart, 
datée  du  Pelil-Pressat,  pour  réclamer  un  fût  enlevé  par  M.  Surin, 
de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

1575.  —  Yrieix  Prestaseigle,  sieur  de  Lavaud,  est  propriétaire  de 
domaines  à  la  petite  Aubinerie.  —  (Notes  Codet-Boisse). 

1612.  —  Notes  sur  la  vicairie  de  Saint-Charles,  en  Téglise  collégiale 
de  Saiut-Junien.  Le  titulaire  était  en  16<2  messire Christophe  Chiranton, 
chanoine.  En  1737,  le  titulaire  était  Léonard  Simon,  oncle  maternel  de 
Symon  Peyrissat.  —  (N.  C.  B.). 

1646.  —  M«  François  Allegraud  est  notaire  à  Saint-Junien.  —  (N. 
C.  B.). 

1677.  —  M*  Antoine  Bernard  est  procureur  fiscal  de  la  baronnie  de 
Château-Morand  (1).  —  (N.  C.  B.). 

nière.  Avoué  à  Rochechouart  vers  1838,  il  vendit  son  office  à  la  mort 
de  son  père  pour  habiter  à  Saint-Junien  avec  sa  mère.  C'est  lui  qui  a 
fait  la  belle  collection  des  vieux  papiers  donnés  à  la  Société  archéolo- 
gique. C'était  un  homme  instruit  et  un  sage,  vivant  dans  la  plus  grande 
retraite.  11  fut  membre  du  Conseil  municipal  de  Saint-Junien  el  de  la 
Fabriqne  et  suppléant  du  juge  de  paix.  11  mourut  le  2  novembre  1881. 

Par  suite  d'une  rectification  d'état-civil,  le  nom  de  famille  est  bien 
réellement  Codct  de  Boisse,  du  nom  d'une  propriété  située  au  village 
de  Boisse,  commune  de  Saint-Junien. 

(1)  Château-Morand  sur  la  Glane,  en  face  du  Châtelard,  était  le  siège 
d'une  justice  seigneuriale  qui  s'étendait  jusqu'à  Cognac. 

T.  LV  29 


4S4  SOCIÉTÉ  ARCnèOLOGlQÛE  ET  HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

19  juillet  1695.  —  Jean  Laborie,  semi-prébenilier  du  chapitre  de 
Saint-JuQîen,  et  Philippe  Laborie,  procureur  en  Tordinaire  du  dit 
Saint-Junien,  frères,  intentent  une  action  à  Jean  Laborie,  leur 
frère.  —  (Orig.). 

23,  25  février  n03.  —  Pièces  de  procédure  concernant  Junien 
Poulhlot,  maître  chirurgien  de  la  ville  de  Saint-Junien,  époux  de 
Jeanne  Hugon,  Vaury  Poulhiot,  maître  chirurgien,  Catherine,  autre 
Catherine  et  Marie  Poulhiot,  ses  filles.'  —  (Orig.). 

id  avril  1733.  —  Ven^e  par  Jean  Rocher  à  Charles  Barbarin, 
écuyer,  seigneur  de  Vérat,  demeurant  au  logis  noble  de  La  Bor- 
derie,  paroisse  de  Saint-Maurice,  de  terres  situées  dans  la  mou- 
vance du  dit  seigneur.  —  (Orig.). 

1733.  —  Charles  Barbarin,  écuyer,  seigneur  de  Vérat,  demeu- 
rant au  lieu  noble  de  la  Borderie,  paroisse  de  Saint-Maurice-des- 
Lions,  achète  d*Annet  de  Limaigne,  sieur  de  La  Roche,  une  métairie 
sise  au  village  de  Flayat,  paroisse  de  Chirac,  juridiction  de  Confo- 
lens  en  Angoumois.  —  (Orig.). 

7  juin  1734.  —  Quittance  par  Louis  Lévôque  et  autres,  demeu 
rant  au  village  de  La  Chai,  paroisse  de  Saint-Maurice,  en  faveur  de 
M*  Charles  Barbarin,  écuyer,  sieur  de  Vérac,  tuteur  et  curateur  des 
enfants  mineurs  de  feu  le  seigneur  des  Brosses,  demeurant  au  lieu 
noble  de  la  Borderie,  paroisse  de  Saint-Maurice,  pour  réparations 
au  moulin  de  Cailloux,  paroisse  de  Sainl-Maurice. 

6  août  1720.  — -  Pièce  de  procédure  où  figure  Léonard  Bour- 
goin,  boulanger,  habitant  à  Saint-Junien,  rue  Pailiouse,  paroisse 

4679.  —  François  AUegraud  est  sergent  à  Saint-Junien,  rue  Simians 

—  (N.  C.  B.). 

17d3-d720.  —  Le  greffier  en  chef  de  la  baronnie  de  Château-Morand 
est  M.  Mathieu  Vigier.  —  (N.  C.  B.). 

4720.  —  Laurent  Marchadier  est  régent  du  collège.  —  (N.  C.  B.). 

41  août  4720.  —  Charles  Barbarin,  écuyer,  seigneur  de  Vérat,  demeu- 
rant au  lieu  noble  de  La  Borderie,  paroisse  de  Saint-Maurice-des-Lions, 
épouse  Catherine  de  Bousiers,  fille  de  François  dé  Bousiers,  chevalier, 
seigneur  de  Lésignac  et  du  Bu,  et  d'Anne  de  La  Breuilhe  de  Chantrezat. 

—  Biographie  de  Bousiers.  —  (N.  C.  B.). 

4722.  —  Etienne  Barbarin,  sieur  de  Flayat,  a  du  naître  vers  4722. Avant 
4700,  il  habitait  au  château  de  Brigueil  où  il  était  fermier  de  la  seigneurie 
et  vicomte  du  lieu  (1).  —  (N.  C.  B.). 

473i.  —  Le  juge  du  Bepaire  est  Jean  Vigier  et  le  procureur  d'office 
Pierre  AUegraud,  sieur  de  Montménard.  —  (N.  C.  B.). 

(4)  Le  Bepaire,  village  de  la  commune  d'Oradour,  sur  la  Glane,  était 
le  siège  d'une  juridiction. 


RÉPERTOIRE  DU  PONDS  CODET  DE  BOISSE  455 

de  Saint-Pierre,  ayant  pour  procureur  Etienne  Massias,  procu- 
reur fiscal  de  la  ville  de  Saint-Junien,  y  demeurant, raubourg  de  la 
voie  du  pont,  paroisse  de  Saint-Pierre.  —  (Orig.). 

4  seplenobrc  1758.  —  Comparution  en  justice  de  messire  Melchior 
de  Carbonnières,  chevalier,  seigneur,  comte  de  Sainl-Brice,  com- 
parant par  Léonard  Godet  (1),  son  procureur,  d*uoe  part  :  contre 
Victurnien  Merlin,  sieur  de  Lisie,  défendeur,  en  suite  de  quoi  il  a 
été  ordonné  que  le  boisseau,  le  quart-boisseau,  mesure  de  Saint- 
Junien,  déposé  entre  les  mains  de  M«  Joseph  Rouhet,  notaire  royal 
à  Saint-Junien,  serait  apporté  au  minage  pour  être  appatronné  avec 
la  mesure  de^Saint-Junien,  qui  est  la  même  que  celle  de  Saint- 
Brice.  —  (Orig.). 

1736.  —  M*  Léonard  Symon,  prêtre,  chanoine  théologal,  est  fils  et 
garde-scel  de  feu  Léonard  Simon,  notaire  réservé.  —  (N.  C.  B.). 

En  1747,  Pierre  de  Salignac,  écuyer,  seigneur  des  Brosses  et  de 
Bourdicaud,  avait  affermé  ses  terres  à  Jean  Praneuf.  Cette  ferme  fut 
renouvelée  en  1754.  —  (N.  C.  B.). 

1748.  —  Cieux,  siège  d'une  juridiction  était  en  Limousin.  —  (N.  C.  B.). 

Etienne  Barbarin  eut  une  nombreuse  postérité.  Entre  autres  Barbarin 
des  Brosses,  Barbarin  de  La  Martinie,  dont  Barbarin  d'Ecossas  et  Bar- 
barin du  Rivaud.  Le  prieur  Barbarin,  qui  émigra  en  Suisse  pendant  la 
tourmente  révolutionnaire,  rentra  en  France  au  premier  moment  de 
calme  et  fut  persécuté  en  Vendée  par  le  gouvernement  de  Bonaparte. 
Marie  Barbarin,  religieuse  des  filles  de  Notre-Dame  de  Saint-Junien, 
mourut  en  1839.  M™*  Touyéras  Latroubadie  se  maria  vers  1780. 

M"*«  Gouzon  La  Chaumette  était  une  autre  fille.  Paul  Barbarin  du  Ri- 
vaud épousa  Catherine  Gouzon,  fille  de  feu  Jean-Baptiste  Gouzon  de 
Bellefond,  notaire  royal  à  Limoges,  d'où  sont  nés  Barbarin  du  Rivaud 
et  Barbarin  Bellefonds. 

Outre  Marie  Barbarin,  qui  épousa  Jean-Louis  Ilugonneau  de  Boyat  et 
les  quatre  fils  dénommés  et  qualiûés  autre  part,  Etienne  Barbarin  de 
Flayat,  fermier  de  la  vicomte  de  Brigueil,  laissa  : 

Marie  Barbarin,  dite  M™«  de  Flayat,  religieuse  des  filles  de  Notre- 
Dame,  entrée  à  Tâge  de  quatorze  ans  au  couvent  de  Sainl-Junien, 
expulsée  par  la  Révolution  et  retirée  dans  sa  famille  depuis  1792,  morte 
à  Saint-Junien  vers  1840,  à  Tàge  de  quatre-vingt-dix  ans. 

Madame  Touvéras  La  Troubadie, 

Madame  Gouzon  La  Chaumette, 

Peut-être  aussi  M"®  du  Limbert.  Peut-être  était-ce  des  Pougeard  du 
Limbert  et  enfin,  sans  affirmer,  une  Jollivet.  —  (N.  C.  B.). 

(1)  Une  famille  Codet  a  donné  plusieurs  députés  à  Tarrondissement 
de  Rochechouard,  mais  elle  est  entièrement  distincte  de  celle  des  Codet 
de  Boisse. 


456  âOCléTE  AHCHéoLOGIQUË  ET  HISTORIQUE  DIJ  LIMOUSIN 

24  mars  d76i  —  Dossier  d'une  procédure  inlroduile  devant  le 
juge  de  Saînl-Junien  par  Etienne  Praneur,  marchand  au  village  des 
Brossses,  paroisse  d'Elagnac,  contre  le  sieur  Etienne  Barbarin, 
sieur  de  Fiayat,  bourgeois  de  la  ville  de  Brigueil,  à  raison  de 
menaces  et  voies  de  fait  exercées  par  ce  dernier  conire  le  dit 
Praneuf,  au  sujet  d'un  passage  sur  un  terrain  que  le  sieur  de 
Flayal  avait  achelé  en  1759  de  M.  de  Salignac,  seigneur  des 
Brosses.  Le  village  des  Brosses  était  en  Limousin,  bien  qu'il  existât 
dans  les  environs  d'autres  terres  situées  en  Angoumois.  —  (Orig.). 

28  juin  1764.  —  Vente  où  comparaît  Léonard  Codet,  bourgeois 
de  Sainl-Junien.  —  (Orig.).  ^ 

30  juillet  i766.  —  Pièces  de  procédure  entre  dame  Françoise- 
Josephe  de  Salignac,  veuve  de  M.  de  La  Laurencie,  et  demoiselle 
Anne  Moulinier,  veuve  de  Martial  Pécadaud,  au  sujet  de  sommes 
que  la  dame  de  La  Laurencie  réclamait  au  sieur  Picot,  métayer  de 
«"•Pécadaud. —(Orig.). 

29  mars  1782.  —  Aveu  consenti  par  Léonard  Godet,  bourgeois 
de  la  ville  de  Saint-Junien,  en  faveur  de  noble  Olivier  Isaac  Perry 
de  Saint-Auvent,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
pour  des  prés  et  terres  appelés  du  Masvicomteau,  provenant  de 
M.  Monjon  de  Ribarbit,  situés  sur  le  chemin  de  Saint-Junien  à 
Saint-Brice.  —  (Orig.). 

23  septembre  1785.  —  Partage  de  diverses  terres  entre  Joseph- 
Pierre  Godet  de  Boisse,  avocat  en  parlement,  et  Junien  Videau  de 
Pleau.  —  (Orig,). 

7  février  1786.  —  Un  sieur  Surin,  praticien  à  Bordeaux,  fait 
assigner  Jean  Ganton,  demeurant  à  Bordeaux,  en  payement  d'une 
somme  de  deux  cent  quatre-vingts-huit  livres.  —  (Orig.). 

3  novembre  1787.  —  Un  Léonard  Godet  est  procureur  à  Sainl- 
Junien.  —  (Orig.). 


1753.  —  Junien  Montjon  de  La  Valette  était  propriétaire  des  domaines 
de  la  Bretagne  et  du  Bourdieu,  comme  héritier  de  Jean  Montjon  de  La 
Valette,  son  frère,  d'Antoine  Montjon  de  Château-Gaillard  et  de  Junien 
Montjon  de  Boismorand,  ses  oncles.  Ce  dernier  était  propriétaire  d'un 
domaine  au  Puy  de  Valette.  —  (N.  C.  B.). 

22  juillet  1750.  —  Le  village  du  Mas,  paroisse  de  Saint-Pierre  de  la 
ville  de  Saint-Junien,  était  en  Limousin.  —  (N.  C.  B.). 

En  17r>9  ou  170'»,  Etienne  Barbarin,  sieur  de  Flayal,  achète  de  Pierre 
de  Salignac  les  fiefs  et  terres  des  Brosses  et  de  Bourdicaud.  Il  était, 
suivant  toute  apparence,  fils  de  Charles  Barbarin  qui  précède.  Vers 
175!)  ou  1700,  Marie  Barbarin,  fille  d'Etienne,  épouse  Jean-Louis  Hugou- 
neau  de  Bovat.    -  iN.  C.  B.l. 


RÉPEHTOIRE   DU    FONDS    GODET   DE    BOISSE  457 

1793.  —  Volumineux  dossier  d'un  procès  eiilre  Pierre  Godet 
Boisse,  homme  de  loi,  et  Louis  Monjon  du  Bourdieu,  au  sujet  d'un 
ruisseau.  —  (Orig.). 

En  1791,  un  Léonard  Codel  est  percepteur  à  Saint-Junien. — 

(Orig.). 

An  III  de  la  République.  --  Joseph-Pierre  Codel  Boisse  est  adrai- 
nislraleur  du  dislricl  de  Sainl-Junien.  •—  (Orig.). 

7  septembre  1758.  —  Assignation  donnée  par  M.  de  Carbon- 
nières,  chevalier,  seigneur  de  Sainl-Brice,  à  Viclurnien  Merlin, 
sieur  de  Lislc,  pour  dcgals  causés  à  une  propriété  dont  ce  dernier 
était  régisseur.  —  (Orig.). 

28  mars  1788.  —  Léonard  Codel  de  Boysse  était  curateur  réel 
de  Jean-Baptiste  Thamoineau  de  Puymory.  —  (Orig.). 

Vers  adressés  le  1"  janvier  1814  par  Auguste  Surin,  écolier,  à 
Confolens,  à  ses  parents  : 

O  VOUS  qui  dès  ma  tendre  enfance. 

Sans  cesse  me  comblez  de  vos  soins  bienfaisants, 

Pour  vous  offrir  les  sentiments 

De  ma  tendre  reconnaissance 

Ai-je  besoin,  chers  auteurs  de  mes  jours, 

Qu'un  nouvel  an  recommence  son  cours  ? 

En  vain  le  temps  fuit  et  s'efface, 

  chaque  jour,  à  chaque  instant, 

8  juin  1761.  —  Projet  de  transaction  entre  Melchior  de  Carbonnières, 
seigneur  de  Saint-Brice,  Jean  de  Carbonnières,  chevalier,  marquis  de 
Boussac,  seigneur  de  La  Vigne,  d'une  part  :  et  Viclurnien  Merlin,  sieur 
de  Lisle,  au  sujet  de  la  ferme  du  château  de  La  Vigne.  —  (N.  C.  B.). 

1762.  —  La  vicairie  de  Saint-Charles  donnait  droit  à  certaines  rentes 
assises  sur  le  village  des  Brosses  d^Etagnac  et  sur  le  village  de  Cicio- 
reix.  Elle  appartenait  en  1762  à  Jacques  Périgord.  —  (N.  C.  B.). 

1759.  —  Charles  Barbarin  se  qualiGe  dans  ses  actes  écuyer,  tandis 
que  Etienne  Barbarin  ne  prend  que  la  qualification  de  bourgeois.  Cela 
tient  sans  doute  à  la  profession  roturière  exercée  par  ce  dernier  comme 
fermier  de  la  vicomte  de  Brigueil.  —  (N.  G.  B.). 

Cette  famille  devait  être  originaire  de  Confolens,  où  il  existait  et 
existe  encore  plusieurs  branches  de  Barbarin.  Fia  va  t  est  le  nom  d'un 
village  près  de  Mannot,  paroisse  de  Chirac.  Les  Barbarin  de  Flayat 
avaient  pour  armes  les  trois  barbeaux  que  portent  d'autres  familles  de 
Barbarins.  Voir  le  Nobiliaire,  —  (N.  C.  B.). 

Le  village  de  Roche,  paroisse  de  Saint-Junien,  était  partie  en  Limousin 
et  partie  en  Angoumois.  Il  était  situé  sur  la  route  de  Limoges  à  Angou- 
lême,  près  de  la  Vienne,  et  à  environ  un  kilomètre  de  la  limite  actuelle 
de  la  commune  d'Etagnac.  —  (N.  C.  B.). 

Saint-Brice  était  en  Limousin.  —  (N.  C.  B.). 


458  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Tout  enfin  à  mon  cœur  retrace 

Combien  vous  m'aimez  tendrement. 

De  Tamitié,  non  de  Tusage, 

Daignez  donc  agréer  Thommage, 

Et  si  le  ciel  est  sensible  à  mes  vœux, 

Vous  jouirez  longtemps  du  sort  le  plus  heureux.  (Orig.). 

1824.  —  Dossier  de  IcUres  écrites  par  M.  Sauger-Préneuf  à 
M°'  Sœur  des  Anges.  —  (Orig.). 

Dossier  établissant  l'origine  de  la  famille  Babaud  de  la  Fordie 
qui  fut  anoblie  par  la  charge  de  secrétaire  du  roi.  —  (Orig.). 


Carton  n^'  2 

21  mai  1635.  —  Junien  Durousseau  est  consul  de  la  ville  de 
Saint-Junien.  —  (Orig.). 

15  mai  1635.  -—  Jean  Vidaud,  bourgeois  est  svndic  de  l'hôpilal.  — 
(Orig.). 

1649.  —  Jean  Mandinaud,  marchand  et  consul.  —  (Orig.). 

5  juillet  1705.  —  Plusieurs  lellres  humoristiques  signées  Ri- 
chard, prélre,  adressées  à  M""  Chauvin,  religieuse,  chez  M"*  Go- 
naud,  à  Rochechouart. 

26  avril  1710. — Junien  Pouliol  est  consul  de  Saint-Junien. — 
(Orig.). 

30  mai  1713.  -  Amand  Surin  est  consul  de  la  ville  de  Sainl-Ju- 
nien.  —  (Orig.). 

Extrait  de  Henri  Martin.  «  Eudes,  roi  des  Français,  en  887,  passe  en 
Aquitaine  en  889,  reçoit  Thommage  de  Guilhem-le-Pieux,  comte  d'Au- 
vergne, soumet  Ramnulfe,  comte  de  Poitiers,  qui  s'était  fait  proclamer 
roi  d'Aquitaine  en  892.  Ramnulfe  meurt  empoisonné.  Eudes  donne  ses 
comtés  à  Robert,  son  frère.  Adhémar  chasse  de  Poitiers  le  frère  du 
roi  et  le  premier  frère  de  Ramnulphe,  et  le  duc  d'Aquilaine  rcvcndi- 
diquant  Poitiers  au  nom  du  fils  de  Ramnulphe.  Guillaume  défait  et  tue 
Hugues,  comte  de  Bourges,  partisan  d'Eudes.  En  893,  Eble  I  est  tué  à 
Brillac.  » 

898.  —  Eudes  meurt  laissant  le  trône  à  Charles-le-Simple.  Le  comte 
Robert,  frère  d'Eudes,  lui  rend  hommage  moyennant  la  concession  des 
fiefs  de  son  frère.  Guilhem-le-Pieux,  un  des  chefs  du  parti  de  Charles, 
tient  l'Aquitaine  sous  sa  domination.  Mort  en  917.  Guilhem  II  lui  succède. 
—  (N.  G.  B.). 

922.  —  L'archevêque  de  Sens  sacre  roi  Robert,  comte  de  Paris, 
d'Orléans,  du  Gâtinais,  de  Chartres,  du  Perche,  du  Mans,  d'Angers,  de 
Tours,  de  Blois,..  Charles-le-Simple  est  détrôné.  —  (N.  C.  B.). 


RÉPERTOIRE    DU    FONDS   GODET    DE    BOISSE  459 

14  juiiiel  1713.  —  Sentence  prononcée  par  Devillebois,  Juge  de 
Saint-Junien,  condamnant  Simon  Teillel  le  jeune,  boucher  défail- 
lant, à  payer  quinze  livres  deux  sous  aux  héritiers  Couvidai,  sur  la 
demande  d'Amand  Surin,  bourgeois  et  marchand,  demandeur  en 
qualité  de  consul.  Godet  est  sergent  royal.  —  (Orig.). 

7  avril  1720.  —  Lettre  adressée  de  Limoges  par  M.  de  Breteuil  à 
M.  Hugon  Demondaire,  subdélégué  de  Tintendant  à  Saint-Junien, 
pour  l'informer  que  le  régiment  de  cavalerie  de  Noailles  passerait 
à  Sainl-Junien  le  29  du  mois  pour  y  coucher  une  nuit.  —  (Orig). 

30  octobre  1728.  —  Hu^çon  et  Tardif,  consuls,  nomment  fabri- 
queurs  de  Téglise  collégiale  de  Saint-Junien,  Philippe  de  La  Bo.rie 
et  Barthélémy  Bastier.  —  (Orig.). 

1721.  —  Contrainte  contre  le  sieur  Simon,  propriétaire  du  fief 
des  Croyers,  situé  en  la  paroisse  de  Saint-Junien,  estimé  300  livres 
de  revenu,  à  lui  échu  de  la  succession  de  son  père  décédé  en  1685. 
-(Orig.). 


923.  —  Le  roi  Robert  est  tué.  Son  beau-frère  Raoul,  duc  de  Bour- 
gogne, se  fait  sacrer  roi.  (Les  chroniqueurs  considèrent  le  roi  Robert 
comme  le  dernier  comte  de  Limoges),  —  (N.  C.  B.). 

924.  —  Raoul  obtint  Thommage  de  Guilhem  II,  comte  d'Auvergne  et 
duc  d'Aquitaine,  en  lui  cédant  le  comté  de  Rourges,  926,  927.  Guil- 
laume II  rompt  avec  Raoul  qui  marche  contre  lui-même  en  927. 

930.  —  Raoul  écrase  les  Normands  dans  le  Limousin  et  soumet  les 
Aquitains.  Meurt  en  936. 

935.  —  Mort  d'Eble  Mauzer,  compétiteur  d'Adhémar  au  comté  de 
Poitiers  et  son  successeur  en  qualité  de  fils  naturel  de  Ramnulphe  IL 
Il  laisse  deux  fils  :  1°  Guillaume-Tête-d'Étoupes  qui  prit  possession 
immédiatement  du  comté  de  Poitiers;  et  2°  Eble  qui,  en  946,  fut  promu 
à  Tévêché  de  Limoges.  —  (N.  C.  B.). 

Après  la  mort  du  roi  de  France,  Louis  VIII,  dans  la  première  année 
de  la  minorité  de  Saint-Louis,  les  bourgeois  de  Saint-Junien,  hommes- 
liges  de  l'évèque,  leur  baron,  prêtent  serment  de  fidélité  au  jeune  roi  et 
à  sa  mère  la  reine  Blanche,  l**"  février   1227.  Voir  Arbellot,  Maleu, 

^  OD. 

En  1254,  ces  mêmes  bourgeois  obtiennent  par  compromis  de  leur 
baron  Aymeric  de  La  Serre,  évêque  de  Limoges,  une  charte  consacrant 
leurs  franchises  communales.  En  1255,  cette  transaction  est  approuvée 
par  le  roi  Saint-Louis  en  son  Conseil,  sauf  le  droit  de  fidélité  que  le  roi 
avait  sur  les  habitants,  et  sauf  encore  le  droit  d'ost  et  de  chevauchée, 
qu'il  avait  comme  roi  sur  la  ville  de  Saint-Junien.  —  (Arbellot,  N.  C.  B.). 

27  février  1722.  —  Jean  Petit  était  consul  de  Saint-Junien.  —  (N.C.B.) 

17  septembre  1736.  —  Beynaud,  Thamoineau  et  Rouet  sont  consuls. 
—  (N.  C.  B.). 


460  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIK 

30  mai  1753.  —  Arrêt  de  la  coor  du  parlement  qui  supprime  les 
Endrounes  (1)  entre  les  maisons  de  la  ville  et  faux  bourgs  et  fait 
un  règlement  sur  la  mitoyenneté.  —  (Orig.)- 

93  juin  1770.  —  Lettre  adressée  par  un  Radenne  à  M.  Jules 
fioisse  à  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Affiche  portant  vente  de  biens  nationaux,  savoir  : 

I*  Municipalité  de  Saint-Auvent,  canton  de  Saint-Laurent,  un 
domaine  au  labourage  de  deux  bœufs  et  quatre  vaches,  situé  au 
village  de  Rouyer,  joui  ci-devant  par  les  Jacobins  de  Rochechouarl, 
estimé  de  revenu  à  603  livres  10  sols. 

2*  le  prieuré  de  Notre-Dame  de  Reauvais,  paroisse  de  Saint- 
Laurent-sur-Gorre,  comprenant  une  chapelle,  maison,  écurie  pour 
un  meunier,  petit  moulin,  clang,  terres  douze  sétérées  de  pays, 
cens  et  rentes,  loué  par  bail  authentique  600  livres. 

Le  domaine  de  Royer  était  estimé  14,477  livres  et  celui  de 
Reauvais  11,500  livres.  —  (Orig.). 


Il  y  avait  deux  sortes  d'hommages  :  1®  le  lig-e  (celui  qui  lie),  engage- 
ment absolu  dont  le  serment  est  prêté  à  genoux,  sans  épée  ni  éperons, 
les  mains  dans  celles  du  seigneur.  Voir  hommage  rendu  le  3  mars  1736 
à  Tévèque  de  Limoges,  baron  de  Saint-Junien,  Benjamin  de  Liste  du 
Gast,  par  M*  L.  Godet,  juge  sénéchal  de  Chàteau-Morand,  au  nom  et 
comme  mandataire  de  Pierre- Sylvain  Jouberi  de  La  Bastide,  seigneur 
do  Chàteau-Morand. 

2°  Le  simple  dont  le  serment  se  prêtait  debout,  1  epée  au  côté,  les 
mains  libres.  Par  ce  serment,  le  vassal  devait  au  seigneur  la  siance,  la 
justice  et  le  service,  c'est-à-dire  qu'il  devait  l'assister  de  ses  conseils, 
siéger  à  son  tribunal,  monter  à  cheval  pour  le  suivre  à  la  guerre. 

L*hommage  simple  dominait  anciennement  dans  les  coutumes  fran- 
çaises, mais  plus  tard  les  formules  de  Thommage  lige  s'appliquèrent  aux 
obligations  bien  moins  strictes  de  Thommage  simple.  —  (Henri  Martin, 
HUtoire  de  France). 

Amand  Surin,  consul,  habitait  paroisse  de  Nolre-Damc-du-Mouticr?. 
En  1736,  les'  consuls  sont  Beynaud,  Tliamoyneau  et  J.  Rouhct.  Ils 
nomment  Philippe  Laborie  et  Léonard  Grateyrolles,  fabriqueurs  de  la 
grande  église.  —  (N.  G.  B.). 

Le  calendrier  de  1786  fait  figurer  Saint-Junien  dans  le  département 
de  la  Basse-Marche.  Voici  les  localités  comprises  dans  ce  département  : 
Bellac,  Bénévenl,  Bessines,  Bussière-Boffy,  Ghabanais,  Ghâteau-Ponsac, 
Gieux,  Corapreignac,  Gonfolens,  Gatebourg,  La  Souterraine,  Laurière, 
Le  Dorât,  Le  Dognon,  Magnac,  Rançon,  Saint-Junien,  Saint- Vaulry, 
Salagnac  ou  le  Grand-Bourg.  —  (N.  G.  B.). 


(1)  Endronne^  espace  entrç  deux  maisons,  venelle. 


REPERTOIRE   DU    FONQik   GODET   DE    BOISSE  461 

Autre  affiche  indiquant  les  prix  d*adjuclication,  savoir  : 

Le  domaine  de  Rouver 17,600  livres; 

Deux  domaines  de  Boubon,  maison,  bâtiments,  etc.    36,300     — 

Cure  de  Saint-Jean  de  Vayres 11,000     -— 

Le  pré  de  la  cure  de  Saint-Auvent 1,452     — 

(Orig.). 

Affiche  portant  vente  au  district  de  Saint-Junien  de  biens  natio- 
naux le  1'''  avril  1791.  Les  mises  à  prix  sont  : 

Bâtiments,  église,  jardin,  enclos  des  Jacobins  et  Cordeliers  (Ja- 
cobins, 18,377  1.  ;  —  Cordeliers,  17,950  1.). 

Les  cimetières,  masures  et  chapelle  du  Mas  Buisson,  paroisse  de 
Gorre  élaient  évalués  en  capilal  à  132  livres.  —  (Orig.). 

2  janvier  1791.  —  Copie  sans  signature  de  la  délimitation  des 
communes  de  Saint-Laurent  cl  de  Gorre,  —  (Orig.). 

21  prairial  an  IL  —  Délibération  du  conseil  général  du  district 
de  Saint-Junien  pour  mettre  en  sûreté  les  biens  du  sieur  Gay  de 
Nexon,  situés  à  Cognac  et  mis  par  l'Etat  sous  séquestre.  —  (Orig.). 

20  fructidor  an  IL  —  Pétition  présentée  par  les  votants  du  can- 
ton de  Saint-Laurent-sur-Gorre  au  comité  de  législation  (Orig.). 

i.5  septembre  1797.  —  Naissance  de  Tabbé  Mitraiid  Antoine-Théobald, 
à  Magnac-Laval.  Il  entra  au  séminaire  de  Limoges  en  1817,  fut  ordonné 
prêtre  en  1820  et  envoyé  comme  professeur  de  philosophie  au  petit 
séminaire  de  Servières,  Corrèze.  En  1822,  il  fut  nommé  desservant  de 
Biennac  et,  en  1829,  il  remplaça  son  oncle  comme  curé  de  Roche- 
chouart.  En  1841,  il  fut  appelé  à  Aubusson,  où  il  eut  des  difficultés  et 
fut  nommé  directeur  du  collège  de  Billom,  où  il  résida  jusqu'en  1854. 
Revenu  à  Paris,  il  se  lia  avec  M.  Emile  de  Gii-ardin  et  dirigea  la  cons- 
cience de  madame  de  Girardin,  la  fameuse  Delphine  Gay.  Nommé  en 
1858  dans  une  petite  cure  dos  environs  de  Bordeaux,  il  y  mourut  le 
17  novembre  de  la  même  année.  —  (N.  C.  B.). 

17  septembre  1833.  —  Mort  de  l'abbé  Goumot,  curé  de  Saint-Junien. 
Voir  sa  biographie  dans  le  carton  n*  2.  —  (N.  C.  B.). 

Saint-Junien.  —  Oppidum  Sancti  Juniani.  —  Ville  dans  la  Mavche, 
diocèse  de  Limoges,  parlement  de  Bordeaux,  intendance  et  élection  de 
Limoges,  3.000  habitants.  Cette  ville  est  située  dans  la  basse  Marche. 
L'évêque  de  Limoges  en  est  le  seigneur.  Son  principal  commerce  est 
la  fabrique  des  gants.  Il  y  a  un  chapitre  composé  d'un  prévôt,  de  dix- 
sept  chanoines  et  dix  titulaires.  11  y  a  un  bureau  des  traites  foraines 
établi  depuis  peu  à  La  Barre,  sur  le  chemin  de  cette  ville  à  Limoges, 
dans  une  langue  de  terre  du  Poitou  qui  se  trouve  enclavée  dans  le 
Limousin.  —  [Dict.  universel  de  la  France,  tome  III,  1726). 

Brigueil  l'aîné,  bourg  dans  le  Poitou,  diocèse  de  Limoges,  parlement 
de  Paris,  intendance  de  Poitiers,  élection  de  Confolens,  2.814  habi- 
tants, (Dict,  universel).  Saint-Auvent  avait  1.589  habitants.  —  (N.  C.  B.), 


462  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE.  ;ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Adresse  aux  administrateurs  du  district  de  Sainl-Junien,  deman- 
dant du  blé  pour  la  municipalité  de  Saint-Laurent,  signée  Gour- 
saud.  —  (Orig.j. 

26  frimaire  an  VI.  —  Joseph-Pierre  Godet  Boisse  est  notaire  à 
Sainl-Junien. 

1828  et  1832.  —  Notes  et  lettres  de  Tabbé  Bullat.  —  (Orig.). 

9  février  1818.  —  Arrêté  de  comptes  du  bureau  de  bienfaisance 
de  Saint-Junien,  signé  par  MM.  Simon  Tcillet,  Surin  et  Gonmot, 
curé.  —  (Orig.}. 

9  juillet  1828.  —  lettre  de  M.  le  curé  Vénassier  à  M"«  Emilie 
Puyboyer  à  Saint-Junien  pour  lui  dire  qu'il  ne  voyait  aucun  incon- 
vénient à  ce  que  ses  élèves  prennent  des  leçons  de  danse  les  di- 
manches. 

1812.  -—  Pétition  adressée  par  les  paroissiens  et  bourgeois  de 
Saint-Junien  tendant  à  maintenir  à  Saint-Junien,  comme  prêtre  de 
cette  ville,  Tabbé  Lamy  d'une  santé  fort  délicate,  qui  avait  été 
nommé  curé  à  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

24  juin  1867.  —  M.  Godet  Boisse  Jules  est  membre  du  conseil 
municipal  de  Saint-Junien  et  M.  G.  Dupeyrat,  maire.  —  (Orig.) 

Pièces  concernant  l'hôpital  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 


Carton  n""  3 

11  avril  J597.  —  Teslamenl  de  Marie  Lemaux,  veuve  de  feu  Jean 
Surin,  en  son  vivant  procureur  pour  le  roi  en  l'élection  de  Bour- 

Quoiqu'il  nVxistàt  plus  de  comtes  de  Limoges,  les  comtes  de  Poitiers, 
ducs  d'Aquitaine  en  tenaient  lieu.  Cette  suzeraineté  a  eu  pour  consé- 
quence de  placer  Rochechouart  dans  la  province  de  Poitou,  sans  que 
pour  cela  il  cessât  d'appartenir  à  Tévêché  de  Limoges,  dont  le  diocèse 
était  le  véritable  Pagus  Lemovicensis. 

Aixe,  Les  Cars,  Châlus,  Chalusset  étaient  baronnics. 

Cbâteau-Chervix  et  Courbefv  étaient  chàtellenies. 

Pierre-Buffière  était  baronnie.  —  (N.  C.  B.). 

L*abbé  Ribière  fit  comme  Tabbé  Foucaud  et  labbé  Richard  des  chan- 
sons patoises  qui  n'ont  pas  eu  le  même  succès.  11  était  curé  de  Saint- 
Junien  en  1833  et  1836,  et  fut  nommé  vers  i846  curé  de  Rochechouart 
après  le  départ  de  l'abbé  Mitraud.  Il  mourut  chanoine  titulaire  à  Limo- 
ges le  2  janvier  1877.  —  (Notes  et  orig.). 

Le  droit  de  franc  fief  était  dû  par  les  roturiers  et  non-nobles  pour  les 
biens  nobles  qu'ils  ont  acquis,  qui  leur  sont  échus  ou  qu'ils  possèdent 
à  quelque  filre  que  ce  soit,  et  ceux  dont  l'affranchissement  est  expiré 
à  compter  du  jour  de  l'expiration  du  dit  affranchissement.  —  (N.  C,  B), 


BÊPERTOIRE  DU  FONDS  GODET  DE  BOISSE  463 

ganeuf,  ressort  de  Montmorillon.  Elle  demande  à  élre  enterrée 
dans  les  tombeaux  des  prédécesseurs  du  dit  feu  Surin,  en  1  église 
Saint-Jean  de  Bourganeuf.  —  (Copie). 

1655.  —  Etienne  Surin  sieur  de  Lafond  est  témoin  dans  un  acte 
où  il  est  question  de  la  rue  appelée  de  chez  Limiau.  —  (Orig.). 

Nombreux  registres  des  audiences  dont  l'un  est  de  1694.  — 
(Orig.). 

24  mai  1720.  —  Situation  flnancière  du  couvent  des  filles  de 
N.-Dame  de  Saint-Junien  à  celle  époque. 

La  communauté  se  composait  de  vingt  religieuses  professes 
dames  de  chœur,  trois  sœurs  compaignes  et  trois  novices  dont  une 
a  pris  le  voile  blanc  depuis  le  8  mai. 

La  fondation  de  la  communauté  avait  été  faite  par  dame  Claude 
Dreux,  épouse  de  messire  Gédéon  de  Breltes,  seigneur  du  Cros  et 
autres  places  par  son  testament  du  10  octobre  1654,  suivant  lequel 
elle  donnait  une  somme  de  six  mille  livres.  M.  de  Montjon  donna 
mille  livres.  Les  habitants  de  Saint-Junien  acceptèrent  avec  em- 
pressement rétablissement  d'une  communauté  et  le  bref  du  Saint 
Père  s'appliquait  à  trois  communautés  qui  sont  :  les  filles  de  Notre- 
Dame  de  Limoges,  celles  de  Saint-Léonard  et  celles  de  Saint- 
Junien. 

M.  de  La  Faucherie  devait  à  la  communauté  trois  mille  livres 
pour  la  dot  de  Madame  de  La  Laurencie»  sa  tante. 

D'autres  personnes  devaient  des  sommes  importantes.  —  (Orig.). 

En  1430,  Joannes  Motgeonis  Junior  est  commissaire  au  scel  authen- 
tique. 

En  1607,  Jean  Motgeon  est  syndic  et  scribe  du  chapitre  ; 

En  1615,  Cibard  Motgeon  est  greffier; 

En  1586,  Jean  Surin  est  chantre  du  chapitre  ; 

En  1618,  Jean  Surin,  marchand,  est  propriétaire  à  Lafond.  —  (N.C.  B.). 

Vers  1620,  est  né  Léonard  Dupuy  de  Saint-Brice  qui  avait  épousé 
Isabeau  Surin. 

Diverses  notes  sur  la  famille  de  Villebois.  —  (N.  C.  B.). 

2t  avril  1720.  —  Un  Léonard  Godet  est  grcfGer  de  la  ville  de  Saint- 
Junien  pour  Tévêque  de  Limoges. 

1720.  —  Marie  de  Montjon,  épouse  de  Jacques  de  Grandsaigne 
d'Essenat,  était  fille  de  Jean  de  Montjon,  sieur  de  La  Valette,  licencié 
es  lois.  —  (N.  C.  B.). 

8  avril  1809.  —  M.  Surin  Augustin  est  syndic  fabricien.  —  (N.  C.  B.). 

La  baronnie  de  Saint-Junien  comprenait  le  village  des  Brosses, 
paroisse  d'Etagnac  et  la  paroisse  actuelle  qui  en  formait  deux,  celle  de 
Saint-Pierre  et  celle  de  Notre-Dame-du-Moutier.  Il  y  avait  aussi  deux 
juridictions,  celle  de  Saint-Junien  et  çellç  de  Châtçaq-Morand.—  (N.C.  B.), 


464  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

Juillet  1727.  — Léonard  Codel,  procureur, esl  nommé  mandataire 
des  religieuses  de  la  ville  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

1739.  —  Compte  des  dépenses  faites  du  5  juillet  1739  au  14  mai 
1749  par  Léonard  Godet,  syndic  fabricien  de  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre  en  Sainl-Junien.  Les  recettes  sont  de  355  livres  et  les  dépen- 
ses de  382.  —  (Orig.). 

26  novembre  1749.  —  Léonard  Codet  est  juge  de  la  baronnie  de 
Château-Morand.  —  (Orig.). 

14  février  1754.  —  Saisie  arrêt  faite  à  la  requête  de  Jacques 
Martin  en  qualité  de  syndic  des  religieuses  de  Notre-Dame  de  Sainl- 
Junien,  entre  les  mains  de  Louise  de  La  Bastide  de  Château-Morand, 
demeurant  à  Saint-Junien,  rue  Salers,-de  toute  somme  appartenant 
à  Messire  Simon  Dreux  et  la  dame  Romagùre.  —  (Orig.). 

3  novembre  1755.  —  Assemblée  des  filles  de  Notre-Dame  de  la 
ville  de  Saint-Junien,  pour  entendre  Jacques  Martin,  procureur 
syndic  de  la  communauté  qui  se  plaignait  d*étre  trop  absorbé  p<ar 
les  affaires  de  la  communauté  et  demandait  la  nomination  d'un 
autre  syndic.  —  (Orig.). 


Il  est  des  noms  de  localités  que  Ton  trouve  relaies  dans  d'anciennes 
chartes  et  qui  permettent  de  penser  qu'ils  désignent  des  agglomérations 
déjà  existantes  au  temps  des  Romains.  La  plupart  de  ces  localités 
étaient  les  chefs-lieux  de  vicairies  dont  on  trouve  les  noms  dans  des 
chartes  des  ix«  et  x«  siècles.  —  (Deloche). 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique,  tome  XI,  l""^  livraison,  cite  : 

Axiay  Aixe;  Compriniacum,  Comprcignac;  Flavinhacum,  Flavignac; 
Solemniacum,  Solignac  ;  Padriliacum,  Peyrilhac  ;  liellacum,  Bellac  ; 
Compiniacum,  Cognac-lo-Froid  ;  Javerdacum,  Javcrdat  ;  Brigolium,  Bri- 
gueil  (Brig  Montagne)  ;  ^alliacum,  Saillac  ;  (Iharempnacum,  Chéronnac; 
Niolum,  Nieul.  —  (N.  C.  B.). 

Notes  sans  signatures,  d'où  il  résulte  que  l'ancien  comté  de  Limoges 
fut  démembré,  surtout  dans  la  partie  qui  avoisinait  Saint-Junien  et 
qui  était  soumise  à  la  coutume  du  Poitou,  quoique  faisant  partie  du 
diocèse  de  Limoges.  Cela  tenait  à  ce  fait  que  le  duc  d'Aquitaine,  Guil- 
laume Tête-d'Eloupcs  ou  un  de  ses  prédécesseurs,  ne  pouvant,  par 
suite  de  la  création  par  Eudes,  des  vicomtes  du  Limousin  et  de  l'atteinte 
portée  par  ce  roi  à  l'existence  du  comté  de  Limoges,  reconstituer  féo- 
daloment  le  comté,  fut  obligé  d'incorporer  au  comlé  de  Poitiers  les 
parties  sur  lesquelles  il  avait  pu  asseoir  son  pouvoir  direct,  par  exem- 
ple, la  vicomte  de  Rochechouart,  Saint-Laurent,  Oradour-sur-Vayres, 
Saint-Mathieu,  Saint-Victurnien,  Oradour-sur-Glane,  la  vicomte  de 
Brigueil,  les  vicomtes  de  Brosse  et  de  Bridiers. 

La  majeure  partie  de  Chaillac  suivait  le  droit  écrit  et  faisait  partie  de 
Ja  baronnie  de  Saint-Junien.  —  (N.  C.  B.), 


rIpBRTOIHE   dû   F0?^DS   CODEt   DE   ROiSSË  465 

22  janvier  1762.  —  Nomination  par  Mgr  d'Argenlré,  évéquc  de 
Limoges,  de  Léonard  Code(i  habitant  de  Saint-Junien,  comme  pro- 
cureur en  la  juridiction  et  baronnie  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

1788.  —  Dans  le  rôle  des  20™"  de  1788  on  trouve  les  inscrits 
suivants  : 

Simon  de  Périssal 24'  15" 

Jimet  Demonljon 27.40 

Les  héritiers  de  Martial  Basiier 23.19 

Léon  Godet 20.18 

Amand  Thamoineau 27.10 

Michel  Vidaud,  veuve 19.16 

Léonard  Codel,  Meunier 17.08 

Périgord,  avocat 8.16 

François  Petit 11 .11 

Le  vicomte  de  Rochechouarl 18.03 

En  avril  1790  Tabbaye  royale  de  l'ordre  de  Graodmonl,  située 
en  Marche,  paroisse  de  Saint-Sylvestre,  diocèse  de  Limoges,  géné- 
ralité de  Moulins,  possédait  dans  la  banlieue  de  Saint-Junien  en 
Limousin  : 

Note  de  M.  Godet  de  Boisse  :  «  Je  tiens  de  M.  Muret  aîné,  archéolo- 
gue, le  renseignement  suivant  qu'il  avait  extrait  des  archives  du  château 
de  Saint-Auvent  : 

«  Sous  la  juridiction  d'Aymeric  Gendraud  de  Glane,  il  se  présenta  un 
))  cas  qui  donna  lieu  à  une  revendication  de  justiciables  par  voie  de  fait 
»  à  main  armée,  de  la  part  du  seigneur  de  Saint-AuVent.  Ce  seigneur, 
»  à  la  tête  de  trente  chevaliers  armés,  traversa  la  ville  de  Saint-Junien, 
)>  et  rendu  sur  la  place  publique,  fit  enfoncer  les  portes  de  la  prison  de 
»  la  baronnie,  où  étaient  détenus  certains  prisonniers  qui  prétendaient 
»  être  ses  justiciables  à  cause  de  certains  méfaits  commis  de  l'autre 
))  côté  du  pont,  dans  les  terres  de  sa  juridiction,  et  emmena  les  dits 
»  prisonniers  à  son  château  de  Saint-Auvent.  Le  sénéchal  Gendraud  de 
»  Glane  dressa  procès-verbal  de  cette  voie  de  fait.  J'ignore  quelles 
»  furent  les  suites  de  cette  affaire.  » 

A  la  suite  de  cette  note,  il  y  a  une  citation  d'une  notice  de  M.  Louis 
Guibert  sur  les  pénitents  de  Limoges  Insérée  dans  VAlmanach  limousin 
de  1879. 

Autre  note  sans  signature  sur  Jean  Vidaud,  premier  du  nom,  juge 
sénéchal  de  la  baronnie  de  Saint-Junien.  —  (N.  G.  B.). 

Note  sur  la  famille  Gendraud.  —  (N.  G.  B.). 

François  Aillaud,  avocat  au  parlement  de  Paris,  juge  de  Saint- 
Junien,  était  fils  de  M<^  Junien  Aillaud,  notaire,  et  de  Léonardc  Godet. 
-  (N.  G.  B.). 

Le  chapitre  de  Saint-Junien  avait  des  rentes  considérables  en  nature 
sur  le  village  du  Bouchet.  —  ^Orig.). 


466  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Sur  le  moulin  do  Grand moDl,  sur  la  Vienne,  donné  par  bail 

emphiléolique,  savoir  : 63  livres. 

Sur  les  greniers  de  MM.  du  chapitre  de  Sainl- 

Junien  en  blé  seigle,  deux  setiers  eslimés 8      » 

!2  barils  de  vin  dus  sur  les  pressoirs  du  chapitre.  6      » 

Dû  par  deux  diiïérenls  particuliers,  3  boisseaux 

froment 3      » 

Sur  trois  ou  quatre  maisons,  argent  ou  gélines. .  S      »    5  s. 

8S  livres  S  s. 

(Orig.). 

9  juilFel  1790.  —  Inventaire  de  tous  les  ornements  existants  dans 

l'église  de  Sainl-Junien,  fait  à  la  requête  des  officiers  municipaux 

de  la  ville  de  Satnt-Junicn,  signé  :  Maret,  Dussoubs  le  jeune,  Mas- 

sial,  Reynaud,  Roulet  et  Surin,  Hugon,  maire.  —  (Orig.). 

François  Aillaud,  avocat  en  parlement  est  nommé  juge  sénéchal 
par  Mgr  Charpin  de  Genétines,  évéque  de  Limoges.  —  (Orig.). 
Lettres  adressées  à  Monsieur  et  Madame  Jules  Boisse.  —  (Orig.). 


Carton  n""  4 

iS  février  128S.  —  Décision  du  roi  de  France  en  latin,  concer- 
nant Saint-Junien.  —  (Copie). 

15  mars  1285.  —  Décision  du  roi  de  France  en  latin,  concernant 
des  contestations  au  sujet  de  certains  droits  que  Tévéque  de  Limo- 
ges possédait  à  Saint-Junien.  —  (Copie). 

1506.  —  Vente  par  les  frères  Sarrazin,  seigneurs  du  Mazet,  à 
Jean  Montjon,  marchand,  d'un  fief  situé  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre.  —  (Orig.). 


1284.  —  Notice  sur  Laure  de  Chabanais  extraite  de  Justel,  historien 
de  la  maison. 

Après  la  mort  d'Agathe  de  Pons,  Raymond  VI,  vicomte  de  Turenne, 
se  remaria,  en  1284,  à  Laure  de  Chabanais,  fille  de  Jourdain  111,  sei- 
gneur de  Chabanais  et  de  Confolens,  et  d'Alix  de  Montfort,  lequel  était 
fils  do  Simon,  comte  de  Montfort,  qui  fit  la  guerre  aux  Albigeois.  Laure 
était  veuve  et  avait  une  fille  nommée  Létice  qui,  en  même  temps 
qu'elle,  se  maria  avec  Haymond  VII,  fils  du  premier  lit  de  Raymond  VI 
et  d'Agathe  de  Pons.  Laure  était  sœur  d'Echivat  II,  seigneur  de  Cbatxa- 
nais,  qui  devint  comte  de  Bigorre  par  la  mort  de  Péronnelle,  comtesse 
de  Bigorre,  son  aïeule,  qui  l'avait  institué  son  héritier. 

Laure  épousa  Simon,  vicomte  de  Rochechouart. 


RÉPERTOIRE  DU  FONDS  CODET  DE  BOISSE  467 

1307.  —Règlement  de  police concernanl les  haies  el  arbres  élant 
aux  hérilages  de  la  ville  de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

9  septembre  1583.  —  Claude  de  Rouziers,  écuyer,  seigneur  de 
Charampnac  (Chéronnac),  Châteauneuf  et  Cagoussal,  vend  à  Chris- 
tophe de  Carbonnières,  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  gouverneur  de 
Rocroi,  elc,  la  seigneurie  et  lief,  apparlcnanccs  et  di^pendances  du 
Puy-de-MalIcl,  situés  dans  les  paroisses  de  Sainl-Viclurnien,  Saint- 
Brice,  Oradour-sur-Glane  el  Saint-Junien.  —  (Orig). 

26  avril  168S.  —  Adresse  à  Sa  Majeslé  signée  par  François 
Deglane,  juge  sénéchal  de  Château-Morand,  François  de  Glane» 
Jean  Lamy,  Jean  Battier,  Jérôme  du  Bouchcl,  Pierre  Codel,  Léo- 
nard Teillet  et  Jean  Pouliot,  de  la  ville  de  Saint-Junien,  demandant 
la  création  d*une  élection  générale  à  Saint-Junien,  à  Toccasion  de 
la  môme  création  faite  pour  Montmorillon,  en  observant  qu'on  y 
joindrait  dilTérentcs  paroisses  et  notamment  le  baillagc  de  Roche- 
chouart  qui  est  éloigné  de  plus  de  vingt  lieues  de  Montmorillon. 

-  (Orig.). 

1662.  —  Vente  par  dame  Marie  Estuarl,  dame  comtesse  de  Bron- 

teil  et  autres  places,  demeurant  à  Paris,  paroisse  de  Saint-Sulpice, 
faisant  tant  pour  elle  que  pour  messire  Jacques  Estuart,  chevalier 
de  Tordre  du  Roi,  comte  de  Lavauguyon,  marquis  deSaint-Mégrin, 
baron  de  Tonnein,  Vilton,  Grateloup,  seigneur  do  Varagne  et 
autres  places,  demeurant  au  lieu  noble  de  Puy,  paroisse  de  Maison- 
nais,  de  diverses  rentes  assises  sur  des  terre  appartenant  au  sieur 
de  Fontlebon.  —  (Orig.). 

i"  avril  1636.  —  Comparution  de  Pierre  de  Villebois,  docteur 
en  théologie  prévôt  de  Téglise  séculière  et  collégiale  de  la  ville  de 
Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

i294.  —  La  majeure  partie  de  la  paroisse  de  Javerdat  dépendait  de  la 
généralité  du  Poitou,  élection  de  Confolens.  Une  enclave  assez  considé- 
rable faisait,  pour  les  impôts,  partie  du  Limousin  et  ressortissait  de 
Télection  de  Limoges. 

Fiefs  de  la  baronnie  de  Saint-Junien  en  1294  :  Bosvieux,  Boisse, 
Le  Bois-Itier,  Monlvallier,    Le    Raton,  Saliac,  le    repaire  de  Veyrac. 

—  (N.  C.  B.). 

Verlhiac  et  Montpoutiec  de  Cognac  étalent  en  Poitou.   —  (N.  C.  B.), 

Il  existe  dans  le  tome  XI,  3*  livraison,  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique,  une  nomenclature  des  Oefs  de  la  baronnie  de  Saint- 
Junien  en  1294.  —  (N.  G.  B.). 

1571.  —  Le  village  de  Pruniéras,  paroisse  de  Chaillac,  était  de  la 
juridiction  de  Saint-Auvent  et  de  la  sénéchaussée  de  Montmorillon. 

lîi*2.  —  Le  Bouchet,  paroisse  de  Saint-Junien,  était  de  la  vicomte 
de  Rochechouart,  sénéchaussée  de  Montmorillon.  —  (N.  C.  B.). 


468  SOCléré    ARCHéOLOGiQUE    ET    HISTORIQUE    DU  LIMOUSI>i 

20  novembre  1677.  —  Transaction  enlre  Jean  Barbarin,  écuver, 
seigneur  du  Monleil,  prêtre  curé  de  Blon,  y  demeurant,  Pierre 
Barbarin,  écuyer,  seigneur  de  Nombreuil  (?),  demeurant  au  lieu 
noble  de  Puy-Franioux,  paroisse  de  Brigueil  d'une  part,  et  François 
Décubes,  sieur  du  Ferrant  et  de  Puydaud,  docteur  en  médecine,  el 
demoiselle  Valérie  Barbarin,  son  épouse,  demeurant  à  Limoges, 
au  sujet  d'une  somme  de  Irois  cents  livres  en  discussion.  —  (Orig.). 

4  mars  1688.  —  Comparution  de  Françoise  de  Chauveron  de 
Magnac,  iille  de  Joacbim,  chevalier,  seigneur  du  Ghatelard,  le 
Clos  el  aulres  places,  et  de  dame  Catherine  de  Rocquard,  son 
épouse,  demeurant  au  Chalelard,  paroisse  deNotre-Darae.  —{Orig). 

i"  février  1689.  —  Procédure  contre  Jean  de  Monljon,  sieur  de 
la  Vergne,  bourgeois  de  la  ville  de  Bourdeaux,  héritier  de  feu 
maître  Jean  de  Monljon,  vivant  conseiller  du  roi  en  la  cour  du  par- 
lement de  Guyenne.  —  (Orig.). 

2  juin  1699.  —  Comparution  d'Antoine  de  Montjon,  sieur  de 
Chîileau-Gaillard,  conseiller  du  roi  au  parlement  de  Bordeaux,  en 
qualité  de  tuteur  des  enfants  mineurs  de  feu  Jean  de  Monljon,  sieur 
de  La  Vergne.  (Orig.). 

Verliac,  paroisse  de  Cognac,  était  dans  la  vicomte  de  Rochechouart 
et  la  sénéchaussée  de  Moutmorillon,  bien  que  dans  la  seigneurie  de 
Cognac.  Acte  de  Bonneysseix,  1574.  D*oû  la  conséquence  que  la  sei- 
gneurie de  Cognac  était  distincte  de  Ghâteau-Morand. 

Montpostier  ou  Montpoutier,  paroisse  de  Cognac,  vicomte  de  Roche- 
chouart, était  de  la  sénéchaussée  de  Montmorillon.  —  (Acte  de  Bon 
neysseix,  1574). 

Ces  notaires  étaient-ils  de  la  nomination  des  seigneurs  de  Cognac  ou 
des  vicomtes  de  Hochechouart? 

1577.  —  Chanliac,  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  était  de  la 
vicomte  de  Rochechouart.  —  (N.  C.  B.). 

1647.  —  François  de  Glane,  juge  sénéchal  de  la  baronnie  de  Château- 
Morand,  transporte  les  assises  de  sa  justice  à  Beaulieu  qui  faisait  partie 
de  la  dite  juridiction,  attendu  que  sa  vie  n'était  pas  en  sûreté  par  les 
menaces  que  lui  faisait  par  lui-même  ou  par  ses  valets,  messire  Charles 
de  La  Bastide,  soigneur,  baron  de  Chàteau-Morand,  à  Toccasion  d'un 
proc(*s  (jui  existait  entre  eux  et  sur  lequel  était  intervenu  un  arrêt  du 
parlement  de  Paris  en  faveur  du  dit  juge.  Le  transfert  de  la  justice  eut 
lieu  à  Beaulieu.  —  (N.  C.  B.). 

En  1647,  Antoine  de  Montjon,  conseiller  du  roi,  seigneur  de  ïiois- 
jourdaud,  habitait  Poitiers  dont  il  était  échevin.  —  (N.  C.  B.). 

En  1681  Clément  Hugon,  apothicaire,  pour  s'exempter  de  la  curatelle 
des  enfants  mineurs  de  feu  autre  Clément  Ilugon,  fils  de  Gabriel,  excipa 
de  sa  qualité  de  préposé  à  la  caisse  des  dépôts  et  consignations  près 
la  juridiction  de  Chàteau-Morand.  Le  juge  de  Saint-Juuien  admit  son 


lii^PBUTOIltE    bu    FONDS    CODKï    DE    UOIBSE  469 

18  juin  t68â.  •—  Assignation  à  la  requéle  de  Junien  Pouilhot, 
chirurgien  de  la  ville  de  Saint-Junien,  contre  dame  Marie  de 
Rochechouart,  dame  de  Bussière-BoiTy,  femme  séparée  de  biens 
de  messire  Jacques  Dupin,  écuyer,  seigneur  de  Bussière,  demeu- 
rant à  Saint-Junien,  pour  se  voir  condamner  à  puyer  à  Jeanne 
Hugot,  sa  femme,  une  somme  de  mille  livres  à  elle  constituée  par 
le  contrat  de  mariage  du  dit  Junien  Pouilhot  avec  la  dite  Jeanne 
Hugot.  —  (Orig.). 

22  septembre  1704.  —  Etat  et  arpentement  des  rentes  et  dîmes 
dues  par  le  tènement  du  village  du  Bouchet  au  chapitre  de  Saint- 
Junien.  (Orig.). 

Subdélégation  de  Rochechouart.  Par  acte  du  13  décembre  1710, 
Martial  et  Etienne  de  Montjon  ont  aiïermé  à  Jean  Rouchet  leur 
métairie  du  Puy-de- Valette  moyennant  99  1. 10  s.  par  an.  -—  (Orig.). 

Par  contrat  du  17  juillet  1713,  M.  et  M')'  de  Lambertye  ont 
vendu  à  sieur  Jean  Barbou,  bourgeois  de  Limoges,  la  métairie  des 
Combes,  paroisse  de  Saint-Auvent,  avec  le  droit  de  percevoir 
annuellement  sur  les  colons  les  cens  et  rentes  y  dues,  conformé- 
ment au  double  passé  entre  les  vendeurs,  à  François  de  Plumant, 
écuyer,  sieur  de  Fonlpeyrine,  moyennant  2.600  livres  et  celle  de 
20  livres  de  pension  annuelle  à  la  demoiselle  Léger  Barbou.  -— 
(Orig.). 


exception.  Appel  par  le  conseil  de  famille  de  la  sentence  du  juge  devant 
le  sénéchal  de  Limoges.  Il  fut  soutenu  par  les  mineurs  que  :  1°  cet 
office  dont  excipait  Clément  Ilugon  ne  lui  avait  pas  été  régulièrement 
conféré  ;  2°  il  venait  d'être  supprimé  attendu  que  la  juridiction  de  Châ- 
leau-Mor^nd  près  laquelle  il  avait  été  créé,  ne  possédait  ni  bourg,  ni 
foires,  ni  marchés.  Le  sénéchal  de  Limoges  adoptant  ces  motifs,  cassa 
la  sentence  du  juge  de  Saint-Junien  et  maintint  Clément  Hugon  dans 
la  curatelle  des  pubères,  Martiale  et  Pierre  Ilugon.  —  (N.  C.  B.). 

En  i692,  Jacques  Duqueyroix,  avocat,  fils  d'Etienne,  était  juge  de 
Saint-Junien.  Etienne,  le  père,  était  juge  de  Chàteau-Morand  et  époux 
de  Léonarde  Revs.  —  (N.  C.  B.). 

Les  audiences  de  la  juridiction  de  Château-Morand  se  tenaient  : 

En  160ri,  au  village  de  Chabans,  paroisse  de  Cognac; 

En  1702,  au  village  de  La  Garde,  paroisse  de  Notre-Dame  du 
Mouliers; 

En  1717,  au  même  village; 

En  1697,  au  village  de  Ciciaureix,  paroisse  de  Notre-Dame  du 
Mouliers; 

En  1700,  au  village  de  La  Garde,  devant  M.  Alluaud,  avocat  ; 

En  1G08,  au  village  de  Baronneau. 

Glane  était  en  Limousin. 

T.    LV  30 


470  sociéré  archéologique  et  iïistoriqOe  du  limousin 

Par  acle  du  S8  janvier  1714,  Martial  el  Etienne  de  Monljon,  père 
et  fils,  délaissèrent  à  Magdeteine  de  Monljon,  fille  du  dit  Martial,  et 
sœur  du  dit  Etienne,  certains  fonds  aux  appartenances  de  Saint- 
Junien  et  leur  fier  appelé  de  Chabanas  et  de  Baîgnac,  pour  le  paye- 
ment du  legs  à  elle  fait  par  la  demoiselle  Uuqueyroix,  sa  mère. 
Etienne  de  Monljon  fut  déclaré  prodigue.  Magdeleine  de  Monljon 
avait  épousé  un  Martial  Singareau  (1).  Jean  Singareau,  prêtre, 
était  tuteur  d*autr«  Jean  Singareau,  fils  de  Martial  et  de  Magde- 
leine Monljon.  —  (Orig.). 

29  octobre  1716.  —  Acle  de  procédure  à  la  requête  de  Marie 
Despousses,  demoiselle  de  Vignerie,  contre  Pierre-Joseph  Mouli- 
nicr,  avocat  défendeur.  Elle  était  fille  de  messire  François  Des- 
pousses, écuyer,  seigneur  de  Feuillade.  —  (Orig.). 

6  juin  1719.  —  Ferme  où  comparaissent  comme  bailleurs  Cathe- 
rine de  Monljon,  veuve  de  Charles-François  Dusolier,  sieur  de 
Lécuras,  avocat,  juge  de  Saint-Laurent-sur-Gorre,  y  demeurant,  et 
Suzanne  de  Monljon,  sa  sœur,  veuve  de  Pierre  Jude,  sieur  de  la 
Judie,  habitant  au  lieu  de  Farnières,  paroisse  de  Champagnac, 
Magdeleine  de  Montyon,  leur  sœur,  veuve  de  Pierre  de  Grandsai- 
gne,  sieur  d'Essenat,  habitant  la  présente  ville,  et  Françoise  Bar- 
barin,  veuve  de  Pierre  Barbarin,  écuyer,  seigneur  de  Nombrail  (?), 
habitant  le  lieu  de  Palaines,  paroisse  de  Lézignac,  comme  aïeule 
et  curatrice  des  enfants  pubères  de  Léonard  Barbarin,  seigneur  du 


26  juin  1704.  —  Les  dames  religieuses  de  la  Trinité  de  Poitiers,  ordre 
de  Saint-Benoît,  possédaient  le  fief  et  seigneurie  de  Sémanne  (?).  — 
(N.  C.  B.). 

d730.  —  Pierre  de  Salignac,  écuyer,  seigneur  des  Brosses  et  de  Bour- 
dicaud,  vendit  ses  fiefs  et  terres  à  Etienne  Barbarin  de  Flayat.  — 
(N.  C.  B.). 

1"  juillet  i748.  —  Léonard  Godet  est  procureur.  —  (N.  C.  B). 

Les  villaf^os  de  Houssis  et  de  Montpoutier  et  leurs  dépendances,  sis 
dans  la  paroisse  de  Cognac,  étaient  en  partie  compris  dans  la  juridiction 
de  Châleau-Morand,  et  en  ]>artie  dans  la  chàtellenie  de  Cognac  qui 
n'avait  qu'un  droit  de  basse  justice.  La  haute  et  moyenne  appartenant 
au  vicomte  de  Hochechouart,  étaient  exercées  en  1754  pour  Cognac  par 
Simon  de  La  Barde,  juge,  lieutenant  du  vicomte. 

La  paroisse  de  Sainte-Marie-de-Vaux  était  parlie  en  Poitou,  partie  en 
Limousin.  La  maison  curiale  et  la  maison  des  Dupin-Chaillac  étaient  de 
la  juridiction  de  la  baronnie  de  Saint-V^icturnien.  —  (N.  C.  B.). 


(1)  11  oxiste  toujours  à  Saint-Junien  une  dame  Singareau. 


nèpERTornE  du  fonds  codet  de  boisse  47l 

Monlcil,  son  fils,  et  de  défunle  dame  Isabeau  de  Monljon.  Il  s*agis- 
sait  de  deux  métairies  situées  aux  lieux  de  Raybarbary  et  Grand- 
Péravieux,  paroisse  de  Notre-Dame.  —  (Orig.). 

1734.  —  Acte  où  comparaissent  Philippe  Bernard,  sieur  de  La 
Villolle,  bourgeois  du  dit  lieu,  paroisse  de  Cognac,  et  messire 
Etienne  de  Salignac,  écuyer,  seigneur  des  Brosses,  et  de  Bourdi- 
caud,  héritier  sous  bénéfice  d*inventaire  de  feu  messire  Pierre  de 
Salignac,  écuyer,  seigneur  des  Brosses,  son  père,  demeurant  au 
lieu  des  Brosses,  paroisse  d'Etagnac.  —  (Orig.). 

n  février  1728.  —  Cerlifioat  délivré  par  M*  François  Noël  Surin, 
maire  de  Saint-Brice,  constatant  que  le  bois  appelé  de  la  Gaudine, 
paroisse  de  Saint-Brice,  appartenant  à  M.  Gravellat  de  Saint- 
Auvent,  était  impropre  à  la  marine.  —  (Orig.). 

12  novembre  1730.  —  Bail  d'un  domaine  au  Puy-de-Mallet  de 
Saint-Viclurnien  par  Armand  Surin,  bourgeois  de  Saint-Junien,  à 
Léonard  Bézinier  et  Jean  Darnat,  laboureurs  au  Puy-de-Mallet.  — 
(Orig.). 


Champsac  était  en  Limousin  et  Champagnac  en  Poitou.  Bessilhac  et 
Florensac,  bien  que  dans  la  paroisse  de  Saint-Brice  et  dans  les  appar- 
tenances des  Carbonnières,  étaient  en  Poitou  et  dépendaient  de  la 
juridiction  de  la  baronnie  de  Saint- Victurnien. 

Rochefort,  près  Séreilhac  en  Limousin,  était  le  siège  d'une  juridiction 
dont  en  1786  était  juge  Martial  Sudraud  Desisles,  aussi  juge  civil,  cri- 
minel et  de  police  de  la  ville  et  juridiction  d'Aixe.  —  (N.  C  B.). 

Puyjudaud,  village  de  Cognac,  était  en  Limousin  et  relevait  de  la 
justice  de  Chàteau-Morand.  —  (N.  C.  B.). 

Le  village  du  Buis,  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  relevait  de  la 
justice  de  Chàteau-Morand. 

Le  village  de  Bctoulles,  paroisse  du  Moutiers  de  Saint-Junien,  rele- 
vait aussi  de  la  justice  de  Chôteau-Morand.  —  (N.  C.  B.). 

2Ii  février  1769.  —  Il  y  avait  à  cette  époque  deux  Léonard  Codet,  Tun 
bourgeois,  l'autre  procureur.  —  (N.  C.  B.). 

La  propriété  de  Fontférias  (1)  fut  vendue  sur  décret  en  1770,  au  pré- 
judice de  Junicn  Vidaud  de  Plaud  et  de  feu  Elisabeth  Lépnarde  de 
Dreux  et  héritier,  sous  bénéfice  d'inventaire,  de  feu  Simon  François  et 

(i)  Village  de  la  paroisc  de  Saint-Auveni. 
Jean-Baptiste  de  Dreux,  ses  oncles,  en  vertu  de  sentence  du  juge  de 
Saint-Auvent,  confirmée  sur  Tappel  par  le  sénéchal  de  Montmorillon. 
—  (N.  C.  B.). 

13  novembre  1786.  —  Comparution  de  M.  Codet  Boisse.  — (N.C.  B.). 

Béchemoure,  dans  la  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  payait  des 
rentes  au  doyen  du  chapitre  de  la  cathédrale  de  Limoges.  Ce  village 
était  en  Poitou  et  dépendait  de  la  juridiction  de  Saint-Auvent.  — 
tN.  C.  B.). 


472  SOCIETE  AnCHÈOLOGlQUE  ET  AlSTÛRIQUE   Ï>U  LIMOUSIN 

i73S.  —  Mémoire  imprimé  des  chanoines  du  chapitre  de  Sainl- 
Junien  contre  les  syndics,  manans  et  habitans  de  la  paroisse  de 
Sainl-Auvani,  intimés  et  encore  contre  la  demoiselle  de  Roche- 
chouart,  comtesse  des  Bâtiments,  dame  en  partie  de  la  terre  de 
Rochechouart  ; 

Le  sieur  Bussière,  archiprélre  de  Nonlron  et  curé  d'Oradoor-sur- 
Vayres,  Jean-Joseph  Mandon  de  la  Gasne,  prieur-curé  dOradour- 
sur-Glane  et  prieur  de  la  Nouzille  ; 

Et  autres  co-décimaleurs  du  chapitre  de  Saint-Junien,  en  la 
paroisse  de  Saint-Auvanl,  tous  appelés  en  assistance  de  cause, 
défendeurs. 

Le  chapitre  de  Saint-Junien  est  gros  décimateur  en  partie  de  la 
paroisse  de  Saint-Auvanl  ;  le  curé  de  Saint-Auvanl,  Tarchiprétre 
de  Nontron,  curé  d'Oradour  et  autres  recueillent  le  surplus  des 
dîmes. 

En  1731,  il  y  eut  des  réparations  à  faire  à  Téglise  de  Saint* 
Auvant.  Le  12  juillet,  M.  l'intendant  de  Poitiers  ordonna  que  Ton 
nommerait  des  experts  et  il  fut  déclaré  que  le  clocher  n'était  point 
sur  le  chœur,  mais  qu'il  faisait  partie  de  la  nef,  et  l'intendant  de 
Poitiers  jugea  que  les  réparations  à  faire  au  clocher  devaient  être 
à  la  charge  des  habitants.  Ils  exécutèrent  cette  ordonnance. 

An  mois  de  juin  1734,  le  tonnerre  tomba  sur  l'église  de  Saint- 
Auvent.  Le  chapitre  de  Saint-Junien  fit  réparer  aussitôt  le  chœur  et 
le  sanctuaire.  Il  en  donna  les  preuves. 

Chanliac  relevait  de  Tabbesse  de  La  Règle  et  du  seigneur  de  La  Lau- 
rencie.  -^  (N.  C.  B.). 

Le  village  de  La  Guérillerie,  dans  la  paroisse  de  Chaillac,  était  de  la 
mouvance  de  la  commanderie  du  Temple,  nommée  commanderie  de 
Puybonieux  et  du  temple  de  Saint-Junien,  dont  le  siège  était  au  château 
de  Puybonieux.  —  (N.  G.  B.). 

Le  bourg  de  Sainle-Marie-de-Vaux  était  en  Limousin.  La  paroisse 
renfermait  trois  villages  qui  sont  Le  Dognon,  La  Borderie  et  Chanzat. 
Elle  dépendait  en  partie  de  la  baronnie  de  Saint- Victurnien  en  Poitou. 
—  (N.  C.  B.). 

La  Garde  haute  et  basse  était  de  la  juridiction  de  Ghâteau-Morand, 
ainsi  que  Chabant,  paroisse  de  Cognac,  Peyrissac,  Fontchabrier,  le 
moulin  de  Vienne  sur  la  rive  gauche  en  face  de  Boussignac,  La  Villotte, 
paroisse  de  Cognac,  le  bas  Dieulidou,  les  Essarts  de  Saint-Junien,  les 
Séguincs  de  Saint-Junien,  Puyjudaud,  Puygerbin,  Houssis  de  Cognac, 
Montargis  et  les  cassines  de  Javerdat,  Peyravaux,  La  Clautre,  Les 
Grattes,  Le  Carteron,  le  Buis,  La  Garde  de  Saint-Junien,  Croyet,  La 
Chauvie  en  partie,  etc.. 

La  paroisse  de  Sainl-Viclurnien  dépendait  pour  les  tailles  de  l'élec- 
tion de  Confolcns.  —  (N.  C.  B.). 


RÉPEnTOIRE    DU    FONDS    CODET    DE    BOISSE  473 

A.  regard  du  clocher,  il  avait  éléjugé  conlradictoirement,  en 
i731,  qu'il  élait  situé  sur  la  ner  et  que  le  chapitre  n'était  pas  (enu 
de  le  réparer.  Un  devis  de  1.660  livres  fut  rédigé  et  les  réparations 
furent  adjugées  aux  nommés  Mallet  et  Ratinaud.  Elles  pouvaient 
à  peine  coûter  cinq  cents  livres. 

Les  habitants  se  pourvurent  en  conseil  d'Etat  et  y  surprirent 
Tarrét  du  i5  février  1735,  qui  mettait  les  travaux  à  la  charge  du 
chapitre  décimateur. 

Le  chapitre  se  pourvut  contre  cette  décision,  mais  le  subdélégué 
de  Confolens  autorisa  une  saisie-arrét  de  toutes  les  dîmes  du  cha- 
pitre. Une  main  levée  fut  rendue  quelque  temps  après,  mais  la 
saisie  resta  pour  les  dîmes  de  Saint-Martin-de-Jussac.  Le  12  octo- 
bre 1739,  M.  l'intendant  rendit  une  ordonnance  prescrivant  l'exé- 
cution de  l'arrêt  du  conseil  d'Etat  du  15  février  1735,  ordonnait  que 
les  dîmes  du  chapitre  sur  la  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac 
seraient  vendues  en  déduction  des  réparations  et  des  dépens,  don- 
nait défaut  contre  les  co-décimateurs  et  prescrivait  qu'ils  rembour- 
seraient leur  quote  part  au  chapitre,  ainsi  que  les  frais. 

Appel  du  chapitre  de  cette  ordonnance  et  de  celle  prétendue  du 
29  juillet  1732. 

D'après  la  législation,  les  décimateurs  étaient  tenus  des  répara- 
tions du  chœur,  et  les  habitants  étaient  tenus  des  réparations  de  la 
nef.  —  (Orig.). 

29  janvier  1735.  —Léonard  Godet,  ancien  praticien,  nommé 
juge  sénéchal  de  la  baronnie  de  Château-Morand,  est  installé  en  la 


La  Viguerie,  —  L'évêque,  baron  de  Saint-Junien,  exerçait  sur  ses 
censitaires  son  droit  de  haute  et  moyenne  justice  par  son  juge  ordinaire 
sénéchal  ou  prévôt,  prepositus  (Maleu).  Il  exerçait  aussi  le  droit  de 
basse  justice,  justice  municipale  et  de  police,  par  un  ou  deux  magis- 
trats inférieurs  qui  prenaient  le  nom  de  Viguiers,  Vicarii,  L'origine  de 
la  Viguerie  à  Saint-Junien  remonte  au  moins  avant  le  douzième  siècle. 
Un  texte  de  Maleu,  pages  46  et  47  établit  Texistence  des  Viguiers 
avant  1140.  La  Viguerie,  à  son  origine,  comprenait  le  droit  de  police 
administrative  et  executive  de  perception  des  leydes. 

En  1581,  ferme  des  trois  quarts  de  Toffice  de  huche  et  trompette  appar- 
tenant aux  Lamy,  l'autre  quart  appartenait  aux  Vignon.  Ce  droit  de 
huche  reconnu  aux  susdits  par  arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  du 
17  septembre  1672  et  le  dit  arrêt  en  fixa  le  tarif  savoir  :  aux  baptêmes 
12  deniers,  pour  la  garde  des  morts  5  sols  et  une  chandelle. 

La  Viguerie,  qui  avait  sa  raison  d'être  avant  que  Saint-Junien  fut 
constitué  en  commune,  dut  perdre  de  son  importance  par  ce  grand  fait 
de  notre  histoire  locale.  —  (N.  C.  B.). 


474  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTOIUQUE  DU   LIMOUSIN 

dite  qualité  au  village  de  Cicioreix  par  Philippe  Laborie,  procureur 
le  plus  ancien.  —  (Orig.). 

43  avril  1737.  —  Règlement  du  parlement  de  Bordeaux  pour 
l'administration  de  l'hôpital  de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

24  mai  1740.  —  Avis  du  conseil  de  Bordeaux  qui  a  vu  le  contrat 
de  vente  du  5  juillet  1739  passé  entre  les  mains  des  religieuses  de 
N.-D.  de  la  ville  de  Saint-Junicn  et  sieur  Paul  Vidaud,  sieur  de 
Veyvialle,  lant  en  son  nom  propre  et  privé  que  comme  fondé  de 
procuration  de  demoiselle  Marie  Bislerolt  et  comme  mari  de 
demoiselle  Marie  Lamy,  son  épouse  : 

Est  d'avis  qu'il  n'y  a  pas  de  doute  que  le  vassal  peut  se  jouer  de 
son  fier  jusqu'à  démission  de  foy,  en  retenant  néanmoins  quelque 
droit  seigneurial  et  domanial  à  la  charge  néanmoins  que  l'aliéna- 
tion ne  pourra  pas  excéder  les  deux  tiers  du  fief,  et  il  n'a  pas 
besoin  de  consentement  du  seigneur  pour  faire  une  pareille  alié- 
nation. 

23  mai  1744.  —  Vente  par  Jean  Barbarin,  écuyer,  seigneur  du 
Monteix,  cl  Marie  de  Salignac,  son  épouse,  demeurant  au  Montcix, 
en  faveur  de  Léonard  Simon,  sieur  de  Raquiaud,  procureur  d'office 
à  Saint-Junien  et  avocat.  —  (Orig.). 

1745.  —  Jean  et  Junien  de  Monljon,  sieurs  de  la  Valette,  frères, 
sont  héritiers  institués  de  Junien  de  Montjon,  sieur  de  Boismorand, 
leur  oncle.  —  (Orig.). 


La  charte  de  125i  qui  consacre  les  franchises  municipales  de  Saint- 
Junien  fit  passer  dans  les  mains  des  consuls  les  attributions  actives  et 
réelles  des  Viguiers.  Un  décret  du  11  août  1789  supprima  les  Vigueries. 

Nombreuses  notes  sur  le  fief  de  Montvallier  dépendant  de  la  baronnie 
de  Saint-Junien. 

Les  bayles  du  chapitre  de  Saint-Junien  étaient  viguiers  vis-à-vis  des 
censitaires  du  chapitre. 

Les  droits  de  vigucrie  s'appliquaient  principalement  à  la  police  des 
rues  et  marchés  et  surveillance  des  poids  et  mesures. 

Au  xvi^  siècle,  La  Viguerie  et  ses  dépendances  se  trouvaient  dans  les 
mains  des  Sarrazin,  famille  noble  sortie  de  Saint-Junien  pour  aller 
habiter  Ambazac.  Elle  avait  hérité  des  biens  d'une  autre  famille  notable 
les  Vigiers.  C'est  à  ces  derniers  qu'avait  été  donnée  la  Viguerie  par 
révoque  de  Limoges. 

La  prévôté  était  chargée  de  rendre  la  justice  au  nom  du  baron,  mais 
elle  n'était  pas  héréditaire  comme  la  viguerie  qui  était  une  aliénation 
de  la  souveraineté. 

La  Guérillerie  et  les  environs  étaient  de  la  mouvance  du  commandeur 
du  Temple  de  Saint-Junien.  —  (N.  C.  B.). 


RÉPERTOIRE    DU    FONDS    GODET    DE    BOISSE  475 

24  février  1749.  --  Quittance  de  M.  Périgord,  contrôleur,  en 
faveur  de  Léonard  Godet,  bourgeois  de  Saint-Junien,  de  la  somme 
de  170  livres,  montant  du  droit  de  franc  fief  sur  Tacquisilion  d'un 
domaine  acheté  de  M.  de  Villebois,  au  village  de  Boisse.  —  lOrig.). 

13  novembre  1761.  —  Comparution  d'Elienne  Barbarin  de 
Flayat,  bourgeois  de  Brigueil,  et  de  Pierre  de  Salignac,  écuyer, 
seigneur  des  Brosses.  —  (Orig.). 

10  octobre  1762.  —  Tableau  des  consuls  de  la  ville  dressé  par 
Jean  Perrier  de  La  Garde,  conseiller  du  roi  en  Téleclion  de  Limoges, 
assisté  de  Rouhet,  noiaire,  Barthélémy  Mignon,  Pierre  Gratlerolle, 
JunienBastier,  Etienne  Mérieux,  tous  quatre  consuls  en  charge  de 
la  présente  année.  Suivent  un  grand  nombre  de  noms,  sur  qualre 
colonnes  avec  les  en-lêtes,  première,  deuxième,  etc.  —  (Orig.). 

4  novembre  1775,  —  Pièce  de  procédure  où  comparaissent 
comme  requérants  Junien  Montjon,  seigneur  de  Bagnac  et  bour- 
geois, fils  d*EtienneMonljon,  qui  rétait  de  Martial,  Joseph  Montjon, 
chanoine,  clerc  du  chapitre  de  cette  ville  de  Sainl-Junien,  faisant 
tant  pour  lui  que  pour  MM.  Antoine  Montjon,  prêtre  semi-prébcn- 
dier  du  chapitre  de  cette  ville,  et  pour  autre  Junien  Montjon,  aussi 
bourgeois,  ses  frùres,  fils  de  feu  Léonard  Montjon,  qui  l'élait  du 
dit  feu  sieur  Etienne  Montjon,  qui  était  fils  du  dit  Martial,  demeu- 
rant les  dits  requérants  en  la  ville  de  Saint-Junien,  contre  Jean 
Singaraud,  sieur  du  Précoin,  bourgeois,  demeurant  rue  du  Pont- 
Levis,  tendant  à  obtenir  de  lui  communication,  comme  héritier  de 
Madeleine  Montjon,  sa  mère,  tille  de  feu  Martial  Montjon,  d'un 
inventaire  des  meubles  délaissés  par  le  dit  feu  Martial  Montjon. 
-  (Orig.). 

28  janvier  1791.  -—  Loi  imprimée  pour  la  perception  des  droits 
de  la  régie  des  domaines  et  contrôle,  et  à  la  distribution  du  papier 
timbré.  —  (Orig.). 

An  III,  6  pluviôse.  —  Quittance  par  Martial  Godet,  tuteur  de 
Tenfant  mineur  de  feu  Marie  Dubanl  et  Anne  Godet  pour  la  pension 
de  Tenfant,  qui  finira  le  17  juillet  1795.  —  (Orig.). 

An  VIII,  Il  fructidor.  —  Reçu  du  citoyen  Auguste  Surin  la 
somme  de  douze  francs  sur  les  impôts  de  Hugon  Marcillac.  — 
(Orig.). 

Léonarde  de  Saint-Aulaire,  fille  de  feu  François  de  Saint-Aulaire, 
chevalier,  et  de  haute  et  puissante  dame  Françoise  de  Ruffec,  était  dame 
d'honneur  de  la  reine  mère  et  dame  de  La  Grainerie  en  Limousin  et 
autres  places.  —  (N.  C.  B.). 

Aymeric  de  Rochechouart,  prince  de  Chabanais,  seigneur  de  Confolens, 
épousa  Alix  de  Châteauneuf.  Il  en  eut  Echivat  et  Laure.  —  (N.  C.  B.). 


476  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

13  avril  1814.  —  Comparution  de  M.  Auguslin  Surin.  —  (Orig.)- 
Nomination  par  Messire  Jean-Etienne  de  Roulhac,  écuyer,  sei- 
gneur de  Trachaussade,  Le  Chatelard,  Rocbebrune  et  autres  lieux, 
actuellement  au  Chatelard,  de  Messire  Jean  Guillemaud,  prêtre, 
chanoine  du  chapitre  de  Saint-André  de  la  ville  de  Saint-Junien,  à 
la  vicairie  de  Saint-Eutrope,  Tondée  dans  Téglise  du  chapitre  de 
Saint-Junien  à  Tautel  de  saint  Paul.  —  (Orig.). 

Novembre  1858.  -—  M.  Dupeyrat  était  maire  de  Saint-Junien  et 
M.  Jules  Boisse,  conseiller  municipal.  —  (Orig.). 
.  Projet  de  quittance  par  M.  de  Font-Réaulx,  ancien  trésorier  de 
la  fabrique,  en  faveur  de  M"'  Adélina  Codet-Boisse,  d'une  somme 
de  cinq  cents  francs  qu'elle  avait  promise  le  6  janvier  1870  pour 
les  réparations  à  faire  en  l'église  de  Notre-Dame  du  Pont.  — 
(Orig.). 

Carton  np  5 

20  février  1718.  —  Enterrement  dans  l'église  collégiale  de  Saint- 
Junien  de  dame  Françoise  La  Breuilhe,  épouse  de  Messire  Melchior 
de  Carbonnières,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Brice.  —  (Orig.). 

10  février  1753.  —  Mémoire  imprimé  où  Martial  de  Verdilhac  du 
Loubier,  garde  de  l'hôtel  du  roi,  expose  qu'il  porta  plainte  au  lieu- 
tenant criminel  de  Monlmorillon  pour  avoir  été  arrélé  le  8  du 
même  mois,  jour  de  foire  d'Oradour-sur-Glane,  et  avoir  reçu  un 
coup  de  pistolel  de  la  part  de  Jean  Raymond,  garde  du  roi.  Lequel 
coup  de  pislolel  contenait  deux  balles.  —  (Orig.). 

17  novembre  1790.  —  Affiche  imprimée  relative  à  la  liquidation 
de  la  dette  publique.  —  (Orig.). 

8  mars  1791.  —  Lettre  de  M.  de  Nantiat,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  maire  de  Nantiat,  à  M.  de  Lépaud,  député  de  la  Hante- 
Vienne,  sur  la  répartition  delà  contribution  foncière.  —  (Orig.). 

25  aoiU  1792,  an  IV  de  la  liberté.  —  Loi  relative  aux  droits 
féodaux.  —  (Imprime). 

17  juillet  1793.  —  Décret  de  la  convention  nationale  supprimant 
les  redevances  seigneuriales  et  droits  féodaux.  —  (Imprimé). 

23  janvier  an  II.  —  Extrait  imprimé  des  registres  des  procès- 
verbaux  de  la  Société  des  amis  de  la  constitution  établie  à  Limoges. 
-  (Orig.). 

4  mai  1726.  —  M.  Boucher  d'Orsay  était  intendant  de  Limoges.  — 
(Notes). 

31  janvier  1731.  —  Aubert  de  Tourny  était  intendant  de  Limoges.  •— . 
(Notes). 


RÉPERTOIRE    OU    FONDS    GODET   DE   BOISSE  477 

8  octobre  1804.—  Procès-verbal  de  Touverlure  du  lycée  de 
Limoges.  —  (Imprimé). 

18  janvier  i8<)9.  —  Eloge  de  Joseph  de  Gaston,  proviseur  du 
lycée,  décédé  récemment,  prononcé  à  la  Société  d'agriculture.  — 
(Imprimé). 

1824.  —  Liste  des  électeurs  de  Saint-Junien.  On  trouve  parmi 
eux  : 

Chabodie  du  Peyrat  (François),  avocat. 

Chauvignier  (Jean-Baptiste),  adjoint. 

Godet  Boisse  (Jules). 

Godet  Boisse  (Mathieu-Joseph). 

Godet  (Julien-Augustin),  médecin. 

De  Grandsaigne  (Jean). 

Maublanc  (Martial),  officier. 

Périssat  (Simond-Léonard). 

Petit  (Junien-Gharles-Ignace). 

Pouliot  (Jean-Baptiste-Simon),  médecin. 

Pouliot  (Jean-Baptiste-Junien). 

Surin  Hugon  (François),  avocat. 

Surin  (Augustin),  propriétaire. 

Tamoineau  (Jean-Baptiste). 

Vidaud  (François),  àSainl-Marlin-de-Jussac. 

Vouzelaud  (Jacques),  percepteur  cà  Ghaillac. 

1824.  —  Electeurs  du  canton  de  Saint-Laurent  : 

De  Brie  (Elienne-Gédéon),  à  Saint-Laurent. 

De  Brie  (  Jean-Marie-Gamille),  à  Gorre. 

De  Marsange  de  Vaulry  (Henri),  à  Gorre). 

De  Ribeyreix  (François),  à  Saint-Laurent. 

Doscubes  du  Ghatenet  (Jacques-Léon),  à  Saint-Laurent. 

Descubes  des  Guérennes  (Pierre),  à  Saint-Laurent. 

Fornei  de  La  Laurencie,  maire,  à  Saint-Auvent. 

Perry  de  Saint-Auvent  (Hubert  Benjamin),  comte  de  Saint-Auvent. 

Vignaud  d*Essenac  (Xavier-Marie),  à  Saint-Gyr. 

1848.  —  Profession  de  foi  imprimée  de  M.  Louis  Godet,  député 
de  Saint-Junien. 

xvm*  s.  —-  Mémoire  imprimé  du  marquis  de  Garbonnières,  che- 
valier, comte  de  Saint-Brice,  contre  Simon  Verdilhac,  seigneur  du 
Loubier,  conseiller  au  présidialde  Limoges,  appelant. 

Carton  n""  6 

En  1600,  un  Jean  Godet  est  chanoine  de  Téglise  collégiale  et 
Jean  Surin,  syndic  du  chapitre.  —  (Orig.], 


478  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOGlQUE    ET    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

1686.  —  Liasse  de  papiers  coroportanl  une  ordonnance  élablis- 
sant  la  noblesse  de  François  Pasquel  de  Boisgourdon,  écuyer,  sieur 
du  Meyny.  —  (Orig.). 

19  novembre  1690.  —  Vente  de  terres  par  Françoise  Bouyer, 
veuve  de  Pierre  Frugier,  demeurante  LaTinerie,  paroisse  de  Gorre, 
en  faveur  de  Simon  Dusolier,  sieur  du  Buisson,  demeurant  au 
bourg  de  Saint-Laurenl-sur-Gorre.  —  (Orig.). 

1715,  9  novembre.  —  «  Reçu  de  Jean  Pouilhot,  mon  frère,  la 
somme  de  vingt  livres  pour  cinquante  messes  que  je  promels  de 
dire  incessamment  à  sa  décharge  pour  le  repos  de  Tâme  de  feu 
Junien  Pouilbol,  aussi  mon  frère.  Saint-Junien  le  9  novembre  1715. 
Signé  :  Poulhiot,  prêtre  semi-prébendier  ».  -  (Orig). 

1720.  —  Aymeric  Hugon  de  Glane,  sieur  de  Mondary,  avocat  en 
parlement,  était  délégué  de  Tintendant  de  la  généralité  de  Limoges. 
-  (Orig.). 

Août  1729.  —  Arpentcmenl  des  terrains  du  tènemenl  de  la  Pas- 
caliere  sur  lesquels  M.  Dusolier,  sieur  des  Lèzes,  avait  des  cens  et 
rentes.  —  (Orig.). 

14  mars  1749.  —  Reçu  d'une  rente  en  nature,  signé  :  Gullle- 
maud,  curé,  en  faveur  de  M.  Surin,  bourgeois  de  Saint-Junien, 
porlant  sur  le  tènemcnt  du  Mas-Ferrat,  paroisse  d'Oradour-sur- 
Glane.  —  (Orig.) 

6  mars  1750.  —  Autre  quittance  du  même  et  pour  lé  même 
motif  en  faveur  de  M.  Arnaud-Hubert  Surin,  bourgeois  de  Saint- 
Junien,  et  concernant  le  chapitre.  —  (Orig.). 

1754.  —  Gros  cahier  recouvert  de  parchemin,  d'une  écriture 
moderne,  renfermant  des  documents  extraits  en  1754  par  l'abbé 
Nadaud,  des  titres  et  manuscrits  de  Téglise  collégiale  de  Saint- 
Junien.  —  (Orig.). 

1755.  —  Pièces  de  procédure  relatives  à  une  instance  devant  le 
juge  sénéchal  des  Bâtiments.  —  (Orig.). 

1762.  —  Mémoire  de  procédure  entre  Etienne  Barbarin  deFlayat, 
bourgeois  de  la  ville  de  Brigueil,  pour  un  droit  de  passage  contesté 
avec  Pierre  Derousseau,  Pierre  Touyéras  et  Jean  Filloux.  — 
(Orig.). 

16  juin  1767.  —  Mémoire  imprimé  pour  Julien-Pierre  AUaire, 
conseiller  du  roi,  receveur  général  des  domames  et  bois  de  la  gé- 
néralité de  Limoges,  intimé,  contre  dame  Elisabeth  de  Lostange, 
marquise  de  Sainl-Alvaire,  à  l'occasion  d'une  sentence  du  bureau 
du  domaine  de  la  généralilé  de  Limoges.  —  (Orig.). 

1713.  —  Une  Marie  Maiiblanc  avait  épousé  un  Beynaud.  —  (N.  C.  B.). 
1790,  —  M.  Godet  de  Boisse  est  collecteur  de  Dieulidou.  —  (N.C.  B.). 


RÉPERTOIRE  DU  FONDS  CODET  DE  BOISSE  479 

27  juillet  1774.  —  Dossier  concernant  Messire  Pierre  de  La  Val- 
lade,  écnyer,  seigneur  de  La  Robcrlie,  demeurant  au  château  de 
Boisgourdon,  paroisse  de  Sainl-Victurnicn  en  Poitou.  —  (Orig.). 

14  novembre  1781.  —  Arpentement  du  village  des  Sous,  paroisse 
de  Gorre.  —  (Orig.). 

1784.  —  Pièces  de  procédure  où  figurent  les  de  Verdilliac,  les 
Chaban  de  Saint- Viclurnien.  Il  existe  un  brouillon  de  lettre  d'un 
officier  de  marine,  fils  de  Jean  de  La  Vallade  du  Repaire,  sieur  de 
Truffîn,  contre  lequel  une  saisie  avait  été  pratiquée. 

Lettre  relative  à  la  même  affaire,  datée  dn  21  juin  1810,  à  La 
Laurencie,  signée  de  Trufïin  de  La  Tour  et  adressée  à  son  oncle, 
M.  Chaban,  notaire  à  Saint-Junien. 

Nombreuses  notes  sur  la  famille  de  La  Vallade  de  Truffjn,  qui 
était  originaire  du  Périgord.  —  (Orig.). 

23  septembre  1790.  —  Procuration  donnée  à  Bordeaux  par 
Martial  de  La  Vallade  de  Truffin  à  Jean  de  Fornel,  son  beau-frère. 
Arbre  généalogique,  —  (Orig.). 

3  germinal  an  II  (24  mars  1794).  —  Adjudication  des  biens  fonds 
de  Louis-Suzanne  Dussoulier,  en  faveur  de  Léonard  Rebeyrol, 
demeurant  à  Gorre,  pour  la  somme  de  cinq  cent  cinquante  livres, 
d'une  contenance  de  quatre  sctérées.  —  (Orig.). 

5  messidor  an  II  (23  juin  1794).  —  Adjudication  en  faveur  de 
François  Frugier  des  biens  de  Louis-Suzanne  Dussoulier,  moyen- 
nant quatre  cent  cinq  livres.  —  (Orig.). 

24  mars  1808.  —  Quittance  de  droit  de  pêche  de  la  somme  de 
quinze  francs.  —  (Orig.). 

1818.  —  Mémoire  de  Tapothicaire  Raynaud  des  médicaments 
fournis  à  la  gouvernante  de  M.  Hugon  Surin,  avocat,  s'élevant  à 
soixante-quinze  francs.  —  (Orig.). 

Dossier  sans  date,  concernant  les  seigneurs  de  Saint-Mathieu, 
Champagnac,  Brie,  Chéronnac,  Champniers,  Piégul.  —  (Orig.). 

Dossier  concernant  les  familles  de  Bermondet,  de  Gouslin,  du 
Boucheron,  d'Oradour-sur-Vayres  et  Dumas  de  Paysac.  —  (Orig.). 

Diverses  dates.  —  Lettres  des  Carbonnièrcs,  seigneurs  de  Saint- 
Brice.  —  (Orig.). 

Documents  sur  le  marquis  de  Sain t-Abre,  comte  de  Rochefort, 
vicomte  de  Rochemaux,  baron  d'Aixe  et  de  La  Bergerie.  —  (Orig.). 

Carton  n^  7 

24  septembre  1886.  —  Testament  de  Jacques  Beynaud  de  Sainl- 
Junien.  —  (Orig.). 


480  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

2  mars  1646.  —  Pièce  de  procédure  où  comparait  Melchior 
Lamy,  chanoine  de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

Liasse  3-5  mai  1658.  —  Acte  portant  reconnaissance  de  rente 
en  faveur  du  chapitre  de  Saint-Junien,  sur  des  terres  dépendant 
du  village  du  BoucheL  11  est  question  de  la  chapelle  du  Bouchet. 

1666.  —  Remontrance  adressée  par  les  habitants  de  la  paroisse 
de  Saint-Marlin  de  Jussac,  à  M.  le  Président,  lieutenant  élu  de 
rélection  du  Poitou  à  Poitiers,  tendant  à  obtenir  un  dégrèvement 
d*impôt  base  sur  la  situation  de  la  paroisse  en  plein  nord  et  Tim- 
possibilité  de  faire  venir  des  récoltes.  —  (Orig.). 

SI  juillet  1673.  —  Venle  par  Gilibert  Champaluux,  laboureur,  au 
village  de  Lacour,  paroisse  d*Essc,  à  Charles  Dupin,  écuyer,  sieur 
de  La  Rivière  et  damoiselle  Marguerite  Dupin,  sa  femme,  demeu- 
rant au  lieu  de  La  Sotterie,  paroisse  de  Lesterps.  —  (Orig.). 

19  novembre  1691 .  —  Contrat  de  mariage  de  Jean  Dupin,  écuyer, 
fils  de  Charles  et  de  défunte  Suzanne  Regnaud,  avec  Anne  Dupin, 
fille  légitime  de  défunt  Jacques  Dupin  écuyer,  sieur  de  La  Souche- 
rolle  et  de  Marguerite  Hugonneau.  —  (Orig.). 

25  janvier  1699.  —  Partage  entre  divers  personnages  d'une 
famille  Dupin,  liabitant  le  lieu  noble  des  Cossières,  paroisse  de 
Saugon.  —  (Orig.). 

7  septembre  1700.  —  Note  signée  Coindaud,  d'où  il  résulte  que 
Amand  Surin  était  (ils  et  héiitier  universel  de  feu  Aymeric  Surin, 
bourgeois,  marchand  à  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

22  septembre  1704.  —  Arpenlement  et  licitation  du  village  du 
Bouchet,  mouvant  du  chapitre  de  Saint-Junien  et  occupé  entre 
autres  tenanciers,  par  MM.  Jérôme  du  Bouchet,  Jean  Périgord  de 
iMassé,  Amand  Surin,  bourgeois,  Pierre  Fourgeaud  de  Pruniéras, 
les  héritiers  de  feu  Jacques  Godet,  etc..  —  (Orig.). 


1542.  —  La  tour  de  Bar,  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  et  ses 
dépendances  appartenaient  en  1435,  à  la  maison  de  Peyrusse  des  Cars. 
Elle  passa,  en  1535,  par  acquisition,  à  François  de  Peyrusse  des  Cars, 
seigneur  de  La  Vauguyon.  —  (N.  C.  B.). 

Le  village  de  Pruniéras  relevait  de  Montmorillon.  —  (N.  C.  B.). 

En  1667,  Jacques  Dupin,  écuyer,  sieur  de  Bussière-Boffy,  était  marié 
avec  Marie  de  Rochechouart,  dame  de  Sailhac,  fille  de  Jean  de  Roche- 
chouart,  baron  de  Saint-Cyr  et  des  Bâtiments.  Elle  se  fit  séparer  de 
son  mari  et  demeurait  en  1681  à  Saint-Junien.  Elle  dota  Jeanne  Hugon, 
fille  de  Junien  Hugon,  et  femme  de  Junien  Pouliot,  chirurgien.  — 
(N.  C.  B.). 

Le  village  du  Puy-de- Valette,  paroisse  de  Saint-Junien,  était  en 
Poitou.  —  (N.  C.  B.). 


UEPEntOinit    DIT    FONDS    CODET    DE    BOISSE  481 

4  janvier  1720.  —  Requête  au  juge  de  Sainl-Juaien,  par  Jean 
Jouy,  huissief  à  Saint-Junien  el  Marie  André,  son  épouse,  pour 
avoir  été  frappé  et  malmené  par  le  nommé  Deschamps,  à  cause 
d'une  exécution  faite  par  Jouy  au  préjudice  du  sieur  Deschamps,  à 
la  requête  du  seigneur  de  Saint-Auvent.  —  (Orig.). 

24  mai  i742.  —  Pièces  de  procédure  contre  Messire  Pierre  de 
Dreux  de  Monlerollet,  fils,  hérilier  el  biens-tenant  d'autre  Messire 
Gautier  de  Dreux  de  Monterollet,  son  père.  —  (Orig.). 

4  juillet  1742.-—  Pièce  de  procédure  où  comparaît  Messire  Pierre 
de  Dreux  de  Monterollet,  fils  héritier  biens-tenant  d'autre  Messire 
Gautier  de  Dreux  de  Monterollet,  son  père.  —  (Orig.). 

1746.  —  Six  pièces  de  procédure  où  comparaît  la  famille  Mer- 
lin, deSaint-Victurnien.  —  (Orig.). 

Dossier  d'une  procédure  entre  Pierre  de  Dreux  el  la  veuve 
Augereau  de  Saint-Junien.  Y  figure  une  lettre  d'un  Touyéras 
adressée  à  M.  de  Dreux  de  Fontférias.  —  (Orig.). 

6  septembre  1752.  —  Pièces  de  procédure  émanant  de  Gaultier, 
juge  de  Saint-Auvent,  délivrées  à  dame  Françoise  de  Salignac, 
veuve  de  feu  François  de  Fornel,  écuyer,  seigneur  de  La  Laurencie, 
pour  Fautoriser  à  poursuivre  le  sieur  Durousseau,  son  ancien 
métayer.  —  (Orig.). 

Août  1786.  —  Vente  par  messire  Jean-Baptiste  de  Carbon- 
nières,  comte  de  Saint-Brice,  Champlevie,  La  Vigoe,  Le  Repaire, 
baron  de  Boussac  et  autres  lieux,  demeurant  en  son  château  de  la 
ville  de  Boussac,  paroisse  de  Sainte-Anne,  el  étant  actuellement 
dans  son  château  de  Saint-Brice,  d'un  pâturage  el  terre  faisant 
partie  de  son  domaine  de  Dieulidoux,  directe  du  chapitre  de  Saint- 
Junien,  en  faveur  de  Jean  de  Villechaise  dit  Vanton,  marchand,  au 
bourg  de  La  Bretagne.  —  (Orig.). 

Procédures  et  pièces  diverses  concernant  la  famille  Dupin.  — 
(Orig.). 

Carton  n""  8 

1481-1719.  —  Gros  terrier  où  Ton  relève  à  la  date  de  mai  1481,  le 
nom  de  Gabriel  de  Bonneval,  seigneur  de  Roche-Brune  el  celui  de 
Jean  Montyon,  notaire  à  Saint-Junien  ;  une  note  sur  la  vie  de  saint 
Junien  signée  Deglane,  chanoine;  —  22  novembre  14S6,  compa- 
rution de  Jean  Singaraud,  marchand  de  la  ville  de  Saint-Junien; 

—  ISavril  1719,  comparution  d'Anne  Surin,  veuvedeJean  I^borie. 

—  Reconnaissance  pour  le  fief  de  Rochebrune,  lerritoiredelaville 
de  Saint-Junien,  consentie  au  profit  de  dame  Françoise  de  Magnac 


482  socièrè  archeologiqCe  et  Historique  bû  limocsiK 

du  Chatelard,  épouse  de  noble  Chrislophe  de  Carbonnières,  sei- 
gneur de  La  Forêl,  reçue  par  Vidaud,  notaire.  —  (Orig.). 

2  juillet  1S00.  —  Invesliture  faite  par  Ambroise  de  Magnac, 
seigneur  du  Chatelard,  chanoine,  en  faveur  de  Pierre  et  Etienne 
Godet,  frères,  d*un  pré  acquis  de  Jean  Tamoineaii. 

Gros  volume  coniprenant  rénumcration  des  rentes  et  devoirs 
dus  au  chapitre  de  Saini-Junien  et  à  quelques  particuliers.  — 

(Orig.). 

Rôle  de  la  taille  de  1596,  appelée  la  subvention,  iniposée  par  le 
roi.  Le  principal  est  de  853  livres.  —  (Orig.). 

16  mars  1648.  —  Mention  de  François  Lamy,  sieur  de  Mazières 
et  de  Montvallier,  à  cause  de  son  (lef  noble  de  Monlvallier,  habi- 
tant la  ville  de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

Les  Villebois  avaient  été  prévôts  de  père  en  fils.  En  1717  un  Jean 
de  Villebois  était  juge  de  Saint-Junien.  En  1721  un  Léonard  Godet 
est  procureur.  —  (Orig.). 

1748.  —  Livre  de  recette  de  M.  Guillemaud,  chanoine  du  cha- 
pitre de  Saint-Jnnien,  divisé  en  quatorze  chapitres  correspondants 
aux  rentes  de  chaque  paroisse,  aux  aumônes, procès,  voyages,  etc.. 

Etat  des  cens  et  rentes  de  Messieurs  du  chapitre  de  Saint-Junien. 

-  (Orig.). 

11  septembre  1783.  —  Acte  où  comparaissent  Martial  Godet, 
bourgeois,  Marc  Dubant,  son  beau-frère,  marchand  gantier,  et 
Anne  Godet,  son  épouse.  —  (Orig.). 

Dossier  concernant  le  fief  du  Mazet.  —  (Orig.). 

Nombreuses  pièces  de  procédure  relatives  à  noble  Pierre  Sarrazy, 
seigneur  du  Mazet.  —  (Orig.). 

L*enclave  de  La  Barre  entre  Limoges  et  Sainl-Junien  dépendait 
de  la  généralité  de  Poitiers.  —  (Orig.). 

Nombreuses  pièces  de  procédure  de  lecture  difficile.  —  (Orig.). 

Note  sur  les  Carbonnières  comprise  dans  un  terrier.  —  (Orig.). 

11  juin  1754.  ~  Quittance  où  comparaissent  Léonard  Pouillot 
de  Bar,  bourgeois,  demeurant  au  Bois-au-Bœuf,  paroisse  de  Saint- 
Pierre,  Léonard  Simon  aussi  bourgeois,  époux  de  Marie  Quichaud, 
icelle  héritière  de  Jean  Gharles  de  Villebois,  en  son  vivant  prêtre, 
prévôt,  pasteur  du  chapitre  de  la  ville  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

D'après  Tétat  des  renies,  Gaspard  Desoudanes,  Jean  Delaylavoix 
et  Jacques  de  La  Gouchie,  fermier  des  dîmes  de  Saint-Auvent, 

payaient  : 
Froment  :  24  seliers,  1  boisseau  et  3  coupes; 
Pour  le  Ghartreau  en  entier,  14  seliers  et  un  boisseau  seigle; 

Diverses  noies  sans  signature  sur  les  enclaves  du  Poitou.  —  (N.  C.  B.). 


RèpERTOinc  dc  posds  codét  de  boissé  483 

Pour  les  villages  de  Peyral  cl  de  Morlegoutle,  28  setiers  seigle  ; 

Le  village  de  Lâge,  22  seliers  ; 

Royer  et  Boreille,  3  seliers  el  3  boisseaux  de  fromenl; 

Claude  Elias,  chapelier,  à  Saint-Auvent,  sous-fermier,  payait 
pour  Royer,  Boisvieux  et  La  Bellemenie,  21  setiers  de  seigle  à  rai- 
son de  cinq  livres  dix  sols,  soit  115  livres  dix  sols; 

La  Berlhe,  Fonférias  et  Soumagnas  payaient  50  seliers  seigle  ; 

Les  Combes,  Foucaudie  et  la  Laurcncie,  12  seliers  seigle,  soit 
en  argent  69  livres,  douze  sols; 

Trcnsolas  el  Royer,  8  seliers  à  33  sous  le  boisseau  soit  8  livres  ; 

Morlegoulle,  5  boisseaux  de  seigle  à  38  sous  le  boisseau  ; 

Royer  et  la  Bellemenie,  6  boisseaux  et  2  coupes  de  seigle  : 

Petite  dîmerie  de  Saint-Auvent,  12  setiers,  seigle  ; 

Le  Peyrat  et  Mortegoulte,  6  setiers. 

Las  Puas  et  La  Troubadie,  8  seliers,  3  boisseaux,  \  coupe  seigle. 
-  (Orig.). 


Carton  n*"  9 

24  juillet  1631.  —  Obligation  consentie  par  Isaac  Defuas  Taîné, 
maître  apothicaire  habitant  Saint  Junien,  en  Taveur  de  Simon 
Pouliot,  marchand  de  ladite  ville.  —  (Orig.). 

5  mai  1730.  -—  Vente  par  Anne  Gauteron,  veuve  de  Pierre  Béli- 
nier,  demeurant  à  Jussac,  en  faveur  de  Marie  Dagoury,  veuve  de 
Pierre  Teillet,  habitant  Boussignac,  paroisse  de  Saint-Brice.  — 
(Orig.). 

9  janvier  1642.  — -  Contrat  de  mariage  de  Jeanne  Graleyrolle 
avec  Etienne  Duqueyroix,  de  la  ville  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Octobre  1653.  —  Pièce  de  procédure  où  comparait  Anne  Reynaud 
veuve,  héritière  de  feu  Eslienne  de  Magnac,  écuyer,  seigneur  du 
Chalelard,  Rochebrune,  Baignai  et  autres  places.  —  (Orig.). 

14  février  1672.  —  Procuration  consentie  par  Jean  Eymery  en 
faveur  de  Jacques  Eymery,  son  frère.  Mention  des  Carbonnières.  — 
(Orig.). 

4  avril  1691.  —  Papiers  d'affaires  concernant  M.  Poulhot,  maître 
chirurgien  à  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

26  décembre  1692.  —  Quittance  par  Hélie  Phélipe,  bourgeois  de 
Champniers  et  Jean  Chollet,  maître  de  forge,  d'une  somme  de 
mille  livres  due  et  payée  par  Pierre  Descubes,  sieur  des  Vignes, 
habitant  le  lieu  noble  de  la  Laurencie,  mais  fournie  par  François 
Descubes,  sieur  de  Lascoux,  le  sieur  Pierre  Descubes  étant  retenu 
dans  la  prison  de  Champniers.  —  (Orig.). 


484  SOCIETE   AHCuéOLOGiQUE    ET  MlàTOhiQCË   bl)    LI»tOUSKS 

11  mai  1717.  —  Vente  par  devant  Etienne  Massias,  procureur 
d'ofîice  h  Sainl-Junien,  des  biens  et  fruits  de  la  métairie  de  Ricax 
Barby  dépendant  de  Thérédité  de  feu  Martial  Reys,  saisis  sar  la 
léle  de  demoiselle  Marie  Devoyon,  veuve  du  feu  Reys,  à  la  requête 
de  Jean  Pouillol,  chirurgien,  suivant  saisie  du  21  avril  dernier.  - 
(Orig.). 

1718.  —  Bail  de  la  métairie  de  Condal  appartenant  à  Jean  Vi- 
daud.  —  (Orig.). 

1734.  —  Ferme  du  château  de  La  Vigne,  consentie  par  MM.  de 
Saint-Brice  et  de  Carbonnières,  au  sieur  Raymond  et  dame  de 
Brettes,  son  épouse.  —  (Orig  ). 

1734.  —  Pièces  de  procédure  où  figurent  Melchior  et  Jean  de 
Carbonnières,  seigneurs  de  Saint-Brice,  contre  plusieurs  proprié- 
taires du  Mas  de  Glane.  —  (Orig.). 

20  mai  1734.  —  Cilalion  en  payement  de  rente,  à  la  requête  de 
Melchior  et  Jean  de  Carbonnières,  père  et  fils,  chevaliers,  seigneurs 
de  Saint-Brice,  ayant  pour  procureur  Léonard  Codet  de  la  juridic- 
tion de  Sainl-Brice  contre  Léonard  Brandy  du  village  de  la  Bor- 
derie,  paroisse  de  Saint-Brice,  pour  payement  de  renies  en  nature. 
--  (Orig.). 

28  juin  1746.  —  Lettres  de  relief  d'appel  pour  demoiselle  Mar- 
guerite Simon,  épouse  du  sieur  Raymond  de  Saint-Victurnien, 
conire  Léonard  Simon,  sieur  de  Peyrissac,  et  Ktienne  Simon,  pro- 
cureur et  curateur  du  dit  s' de  Peyrissac.  —  (Orig.). 


Notes  sur  Tabbaye  de  Beuil,  ordre  de  Citéaux,  sur  Mortemart,  Ché- 
i*onnac,  Cramaux. 

En  1606,  dans  Taveu  de  Jean  de  Rochechouart,  Saint- Auvent  porte  le 
litre  de  châtellenie.  —  (N.  G.  B.). 

Le  village  de  Rieux-Barby,  paroisse  de  N.-D.  du  Moutiers,  était  dans 
la  juridiction  de  la  baronnie  de  Saint-Junien  et  se  composait  de  deui 
tènements,  l'un  de  Rieux-Barby,  et  l'autre  de  Beaujeu.  —  (N.  C.  B.). 

En  1755  étaient  chanoines  du  chapitre  de  Saint-Junien  :  François 
Hugonneau,  chanoine  plus  ancien,  Jean  Devoyon,  Léonard  Simon, 
théologal,  Etienne  Vignon,  Joseph  Reyx,  Etienne  Massias»  François 
Tardieu,  François  Déserce,  Jean  Pouliot,  Charles  Desmaisons  et  Pierre 
Pouliot,  semi-prébendier,  Jacques  Périgord,  François  Marchadier  el 
Mathieu  Vigier.  —  (N.  C.  B.). 

16  novembre  1762.  —  Jacques  Martin  est  procureur  en  la  juridiction 
ordinaire  de  Chôteau-Morand  et  demeurait  à  Saint-Junien,  et  Pierre 
Lemasson,  sergent,  en  la  baronnie  de  Saint-Junien.  —  (N.  C.  B.). 

Par  accord  entre  l'évêque  et  le  chapitre,  le  greffe  appartenait  au  cha- 
pitre qui  l'aftermait.  En  1762,  il  était  affermé  85  livres  par  an  à  Léonard 
Codet,  fils  du  juge  de  Château-Morand.  —  (N.  C.  B.). 


IIÉPEUTOIHE    DU    FONDS    CODET    DE    BOISSE  48*) 

22  février  1783.  —  Mademoiselle  Marie  de  Verdilhac,  épouse  de 
VicUirnien  Merlin  de  Lisle,  demeurant  au  château  de  la  Vigne, 
paroisse  de  Sainl-Brice,  accompagnée  Ju  sieur  Picron  et  de  la 
femme  Compère,  se  rendait  vers  les  sept  heures  du  soir  au  village 
du  Loubier  pour  voir  son  père,  le  sieur  de  Verdilhac,  qui  avait 
reçu  un  coup  de  pistolet  du  sieur  Jean  Raymond  de  La  Saigne,  ci- 
devant  garde  du  roi  et  dont  on  annonçait  la  mort.  Elle  apportait 
avec  elle  une  somme  de  deux  mille  livres  pour  les  besoins  de  la 
circonstance.  Arrivée  au  ruisseau  de  Champac  elle  rencontra  le 
sieur  Raymond,  qui,  après  Tavoir  apostrophée  très  grossièrement, 
lui  tira  un  coup  de  pistolet,  et,  Tayant  maxiquée,  descendit  de 
cheval,  la  prit  par  les  cheveux  et  la  traîna  jusqu'au  ruisseau  des 
Monneries,  où  lui  ayant  pris  son  argent  il  la  monta  sur  son  cheval 
et  la  conduisit  à  la  prison  de  Saint-Viclurnien.  Jean  Merlin  sieur 
Dumas  était  en  compagnie  de  Raymond  mais  était  assez  loin  quand 
ce  dernier  rencontra  Mademoiselle  Delisle.  Déposée  à  la  prison  de 
Saint-Victurnien  après  les  mauvais  traitements  qu'elle  avait  reçus 
de  Raymond  et  dans  un  élat  de  grossesse  avancée,  M"°  de  Ver- 
dilhac fit  appeler  des  le  lendemain  M.  Pierre  Dupuy,  juge  civil  et 
criminel  qui  reçut  sa  déposition.  Les  parties  n'élaient  pas  d'accord 
sur  les  faits.  Raymond  prétendah  que  c'était  Mad'"  de  Verdilhac 
qui  lui  avait  tiré  deux  coups  de  pistolet  et  qu'elle  était  déguisée, 
tandis  qu'elle  soutenait  le  contraire.  Le  lendemain  elle  fut  trans- 
férée par  la  maréchaussée  dans  la  prison  de  Limoges. 

La  première  affaire,  c'est-ù-dire   l'attaque  du  sieur  Raymond 
contre  le  père  de  M"!  de  Verdilhac,  fut  réglée  par  jugement  du 


7  septembre  i767.  —  Liste  des  membres  du  Parlement  de  Bordeaux. 
—  (N.  C.  B.). 

y  octobre  1879.  —  Notice  sur  la  famille  Mallebay  de  La  Mothe,  insérée 
par  M.  Tabbé  Arbellot,  dans  la  semaine  religieuse  du  diocèse.  — 
(N.  C.  B.). 

Notes  sans  signature  sur  la  famille  Faucon  de  Thouron,  près  Nantiat. 

Bussière-Poilevine,  Darnac,  Sainl-Barbant  et  Châtain  étaient  du  dio-^ 
cèse  de  Limoges.  —  (N.  C.  B.). 

La  Basse-Marche  limousine  faisait  partie  de  Télection  de  Limoges, 
mais  la  Poitevine  faisait  partie  de  l'élection  de  Gonfolens.  Bellac,  Le 
Dorât,  Magnac-Laval  et  Château-Ponsat  étaient  le  siècle  d'une  sub- 
délégation de  l'élection  de  Limoges.  —  (N.  C.  B.). 

Notes  de  M.  Oodet  Boisse  sur  les  enclaves  poitevines. 

Extrait  du  tome  XX VU,  2^  liv.,  du  Bulletin  de  la  Société  archéolo- 
gique, relatif  à  la  ville  de  Bellac.  —  (N.  C.  B.). 

Nombreuses  notes  sur  la  baronnie  de  Saint-Germain-sur- Vienne, 
Brilhac  et  Saint-Quentin  en  Basse-Marche.  —  (N.  C.  B.). 

T.    LV  31 


1 


486  SOCIETE  ARCHEOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LtMOCSlS 

39  mars  1754  condamnant  Jean-Bapliste  Raymond  au  bannisse- 
ment à  perpétuité  des  généralités  de  Limoges  et  de  Poitiers,  à 
trois  livres  d'amende  et  trois  mille  livres  de  réparations  civiles  et 
aux  dépens  liquidés  à  mille  treize  livres,  dix-neuf  sols,  envers  le 
père  de  la  suppliante.  La  seconde  fut  terminée  quatre  jours  après 
par  un  jugement  par  défaut  du  2  avril  1754,  condamnant  Marie  de 
Verdilhac  au  bannissement  des  généralités  de  Limoges  et  de  Poi- 
tiers pour  neuf  ans,  à  trois  livres  d'amende,  deux  cents  livres  de 
dommages  intérêts  envers  le  sieur  Raymond  et  aux  dépens,  déchue 
de  sa  demande  faute  de  preuves  juridiques,  et  relâchée  après 
quatre  mois  de  prison  et  obligée  de  se  retirer  en  Périgord,  à  plus 
de  vingt  lieues  de  son  domicile.  Les  choses  en  étaient  là  quand 
parut  le  17  mai  1757  un  rappel  de  ban  sur  parchemin,  signé  par  le 
roi,  levant  le  bannissement,  et  amnistiant  complètement  Mademoi- 
selle de  Verdilhac.  —  (Orig.). 

1754.  —  Avis  de  Tinlendant  de  la  généralité  de  Limoges,  Jac- 
ques-Louis de  Chaumont  de  la  MiUière,  fixant  à.12,837  livres  le 
montant  des  tailles  à  percevoir  dans  la  paroisse  de  Saint-Junien 
pour  1754.  —  (Orig.). 

S3  juin  1755.  —  Réunion  des  chanoines  dans  la  salle  capitulaire 
pour  affermer  le  droit  de  dîmes  d&  au  chapitre  par  le  village  de  La 
Bretagne,  évalué  à  S39  setiers  de  seigle,  mesure  de  Saint-Junien.  — 

(Orig.). 

29  mars  1756.  —  Requête  du  sieur  Viclurnien  Merlin  sieur  de 
Lisle,  bourgeois,  contre  M' Joubert  de  La  Bastide,  marquis  de  Châ- 
teau Morand,  à  propos  de  lods  et  rentes  situés  en  la  paroisse  de 
Saint-Brice.  —  (Orig.). 

10  novembre  1761.  —  Information  faite  par  François  Beynaud, 
docteur  en  médecine,  bachelier  en  droit,  juge  civil  et  criminel  de 
la  baronnie  de  Saint-Junien,  à  la  requête  de  Pierre  Reynaud, 
laboureur-marchand,  contre  Antoine  Reynaud,  métayer  du  sieur 

La  paroisse  de  Cieux  était  partie  en  Poitou  et  partie  en  Limousin.  — 
(Original). 

Suivant  Tabbé  Texier,  dans  son  article  sur  les  monastères  et  abbayes 
du  diocèse,  les  prieurés  avaient  commencé  par  être  des  maisons  monas- 
tiques et  plus  tard  étaient  devenues  des  cures.  Saint-Martin  de  Jussac 
était  un  prieure  dépendant  de  la  congrégation  de  Sainte-Geneviève. 
A  la  porte  extérieure  de  la  maison  curiale,  on  remarque  un  écusson  où 
figurent  trois  hures  de  sanglier  et  un  cœur  traversé  d'une  iîèche.  Quelle 
en  est  la  signification  ? 

Bosgourdon  en  Poitou  était  une  juridiction  de  Saint-Victurnien  avec 
manoir  et  domaine,  relevant  des  ducs  de  Mortemart,  marquis  de  Saint- 
Yicturnicn.  —  ^N.  C.  B.). 


lléPERTOlRE   DU    ?ONDS    CODEt    DE    BOISSE  487 

Surin  au  village  de  Fayolas,  et  Etienne  Gouteron,  bordier,  au  vil- 
lage du  Dognon,  défendeurs.  —  (Orig.). 

42  juillet  1762.  —  Comparution  de  Léonard  Godet,  ancien  gref- 
lier  et  procureur  de  la  juridiction,  comme  plaignant,  contre  Ca- 
therine Bonhomme,  veuve  Bonhomme,  à  raison  de  rétablissement 
d'une  forge  près  d'un  mur  contigu.  —  (Orig.). 

26  septembre  4762.  —  Lettre  d'affaire  adressée  de  Bordeaux  à 
M.  Godet,  procureur,  rue  Saint-Pierre  à  Saint-Junien,  par  Fostin- 
Baslier.  —  (Orig.). 

5  mars  1763.  —  Longue  pièce  de  procédure  où  figure  comme 
partie  Messire  Jean  Barbarin,  licencié  es  lois.  —  (Orig.j. 

13  août  1766.  —  Déclaration  du  rot  qui  accorde  des  encourage- 
ments à  ceux  qui  défricheront  des  landes.  —  (Orig.). 

13  février  1768.  —  Déclaration  du  roi  touchant  les  deniers  des 
communes.  —  (Imprimé). 

7  janvier  1770.  —  Contrat  de  mariage  de  Pierre  Teiliet,  fils  de 
Léonard  et  de  feu  Catherine  Saleix,  demeurant  à  Fiorensac,  pa- 
roisse de  Saint- Viclurnien  en  Poitou,  d'une  part;  et  Jeanne  Bouby, 
fille  de  Joseph  et  de  Marie  Chabaud,  demeurant  au  village  des 
Vignes  à  Dieu,  paroisse  de  Saint-Victurnien,  en  Poitou.  —  (Orig.). 

7  juillet  1771.  —  Acte  notarié  reçu  par  Rouhel,  notaire,  où 
figure  Barthélémy  Vignon,  notaire  en  la  juridiction  de  Saint-Ju- 
nien.  —  (Orig.). 

23  février  1772.  —  Règlement  de  compte  sur  parchemin,  entre 
Barthélémy  Vignon,  bourgeois,  et  Denis  Debenne,  journalier, 
demeurant  au  village  du  Maine  du  BosI,  paroisse  de  Sainl-Pierrc.  — 
(Orig.). 

1774,  1775,  4776,  4777,  4778,  4779,  4780.  —  Reçus  sur  la  môme 
feuille  délivrés  par  le  curé  de  Sainl-Viclurnien  pour  rélribution  de 

<^ 

Peyrilhac,  Pedriliacum,  )^lait  à  l'époque  gallo-romaine  et  mérovin- 
gienne une  vicairie  ou  viguerie. 

Craniaud-le-Vieil,  parcjisse  de  Chaillac,  était  de  la  province  du  Poitou, 
faisait  partie  de  la  vicomte  de  Rochechouart  et  dépendait  de  la  juridic- 
tion de  la  haronnie,  plus  tard  comté  de  Saint-Auvent. 

La  paroisse  de  Chaillac  était  pour  la  plus  grande  partie  en  Limousin 
et  pour  quelques  villages  situés  à  Test,  elle  dépendait  du  Poitou. 

La  partie  limousine  composait  le  fief  de  Saillac  (jui  emportait  droit  de 
juridiction,  dcAit  les  assises  se  tenaient  au  bourg  de  Chaillac,  compris 
dans  la  dite  juridiction.  Cette  justice  relevait  de  la  suzeraineté  de 
révoque,  baron  de  Saint-Junien,  et  suivait  le  droit  écrit. 

La   partie  poitevine  de  Chaillac  relevait  de  la  suzeraineté  du  comte 
de  Poitiers,  comme  membre  de  la  vicomte  de    Rochechouart,   —  (N 
C.  B.). 


488  SOCIÉTÉ  AnCHÉOLOGiQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIS 

services  fondés  à  perpéluilé  par  défunle  demoiselle  Elisabelh  de 
Saint-Fraud,.raère  de  M.  Merlin  de  Lislc.  —  (Orig.). 

11  août  4781.  —  Cerlificatsur  parchemin  constatant  que  la  com- 
mission de  marguillier  pour  faire  la  quête  pour  les  captifs  dans  la 
paroisse  de  Saint-Fiacre  de  La  Bretagne,  diocèse  de  Limoges, 
accordée  par  M.  Navièrcsdu  Rieupeyroux,  procureur  de  Tordre  de 
la  rédemption  des  captifs,  le  3  du  présent  mois,  en  faveur  de  Matliicu 
Surin,  bourgeois  de  Saint-Junien,  a  été  enregistrée  au  greffe  de  la 
cour  à  Bordeaux,  les  dits  an  et  jour.  —  (Orig.). 

10  juin  1783.  — Arrêt  du  conseil  d'état  au  sujet  des  terres 
acquises  et  réunies  à  un  franc  fief  (Question  de  droit  féodal).  — 

(Orig.). 

décembre  1783.  —  Arrêté  pris  par  Marie  de  Pérusse  des  Cars, 
lieutenant  général  du  roi  en  Limousin,  tendant  à  rétablissement 
d'une  patrouille  et  corps  de  garde  pour  maintenir  la  sécurité  et 
Tordre  dans  les  rues  de  Saint-Junien.  Joseph  Godet  de  Boisse  fut 
nommé  capitaine  du  canton  de  la  voie  du  pont,  Mathieu  Surin,  ca- 
pitaine du  canton  du  cimetière,  Montjon  du  Bourdieu,  capitaine 
du  canton  du  Pont-levis,  Jacques-Amand  Beynaud,  capitaine  du 
canton  de  Salers.  Cette  mesure  avait  été  provoquée  par  de  nom- 
breux désordres  dans  les  rues.  —  (Orig.). 

11  juin  1784.  —  Supplique  à  Tintendanl  de  Poitiers  par  demoi- 
selles Françoise,  Anne  et  Jeanne  de  Fornel,  à  (în  de  réduction 
d'impôt.  -—  (Orig.). 

29  octobre  1785.  —  Pièce  de  procédure  à  la  requête  de  Léonard 
Durataud,  écuyer,  seigneur  de  Vaux,  garde  de  la  marche  du  roi, 
capitaine  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint-Louis,  demeurant  à  la 
papeterie  d'Oradour-sur-Glane,  contre  les  habitants  de  Tenclave  du 
Limousin  de  la  paroisse  d'Oradour-sur-Glane.  —  (Orig.). 

14  février  1790.  —  Assemblée  des  notables  pour  Téleclion  de 
nouveaux  olïiciers  municipaux.  —  (Orig.). 

1791.  ~  DossJLM-  (le  procédure  concernant  M.  Merlin  Chabanl, 
homme  de  lois  et  a<lminislraleur  du  déparlement  de  la  Haute- 
Vienne,  à  Mortemart.  —  (Orig.). 


Laurièro  <^Hait  baronnie  ainsi  que  Nieul.  Monlbrun  et  Lavauguyon 
étaient  en  Poitou,  sénéchaussée  de  Montmorillon.  —  (N.  C.  B.). 

Su|)pli(|i;e  adressée  au  juge  de  Saint-Junien  par  Jeanne  Pagnoux, 
femme  de  Pierre  (^odet.  —  (N.  C.  B.). 

()radour-sur-(ilane  faisait  partie  de  la  subdélégation  de  (^onfolens  et 
de  la  généralité  de  Poitiers,  sauf  les  enclaves  de  Dieulidon,  du  Mas  du 
Puy  et  de  Laplau(l,((ui  étaient  comprises  dans  Télection  de  Limoges. — 

;n.*  c.  h.). 


nÉPEItTOinE    DU    FONDS    CODET    DE    BOISSE  489 

1792.  —  Lisle  des  jurés  :  Rayet,  Pouliot  et  Périgoni,  adminislra- 
teur  du  district,  Simon  Beaujcu,  Godet  de  Boisse,  Chabaudie  du 
Peyrat,  Simon  Durivaud,  Fleurât  Lapoumêrouiic,  maire  à  Cognac, 
Descubes  Chalenel,  à  Saint-Laurent,  Descubes  de  Lascaux,  à  Sainl- 
Cyr,  de  Brie  aine,  à  Soumagnas,  Puyboyer,  maire  à  Gorre,  Gros- 
Tramer,  à  Saint-Mathieu,  Fleurât  Lavayssière,  à  Dournazac.  — 

(Orig.). 

19  messidor  an  XI  (9  juillet  1802).  —  Préfet  Texier-Olivier.  Etat 
des  cent  plus  imposés  de  la  commune  de  Saint-Junien.  Y  figurent  : 
Alluaud  (Joseph)  et  Georges  Barbarin,  Beynaud  (Jacques),  avocaf, 
Beynaud  (Cibar),  Beynaud  (Lavergne),  Chauvignier  (Léonard), 
Godet  Boisse(Jean-Bapliste-Pierre),Godet(Léonard;,  Godet  (Pierre), 
Grandsaigne  (Jean),  Labracherie  (Michel),  Maublanc  (François;, 
Maublanc  (Jean-Baptiste),  Montjon  (Jean-Louis),  Montjon  (An- 
toine), Périssat  (Armand-Simon),  Petit  (Léonard)  (ils,  Petit  (Fran- 
çois), Petit  (Gabriel),  Pouillol  (Jean),  Pouillot  (Jean),  fils  aîné, 
Pouillot  (Jean),  ex-commissionnaire,  Simon  (Jean-Baptiste-Beaujcu), 
Simon  (Marlial),  Simon  Rieubarby  (Jean-Baptiste),  Simon  (Martial), 
Surin  (Hugon-François),  Surin  (Auguste),  Tamoineau  (Jean-Baptiste), 
Vidaud  (Junien),  Vidaud  (Marc-Antoine),  Vignaud  (Jean).  —  (Orip.). 

7  vcnlôse  an  VIII  (26  février  1800).  —  Plusieurs  extraits  df-s 
registres  paroissiaux  de  Saint- Victurnien,  notamment  la  publication 
du  mariage  de  Léonard  Godet  aîné  d'une  part,  et  de  Marie-Anne 
Faure,  demeurant  canton  de  la  voie  (\\\  Ponl.  —  (Orig.). 

Louise-Elisabeth  de  Galignon  de  Vicq  et  Louise-Antoinette  de 
Galignon  de  Vicq,  épouse  Joseph  Ghérade  de  Monlbron,  étaient 
créancières  hypothécaires  de  Victorine  Boucher,  veuve  du  vicomte 
de  Rochcchouart,qui  élait  créancière  de  son  mari  pour  des  reprises 
s*élevant  à  plus  d'un  million.  —  (Extrait  d'un  acte  reçu  Beaudequin 
à  Rochechouart). 

Dossier  renfermant  de  nombreuses  noies  sur  la  baronnie  du 
Riz  Ghauveron  et  sur  la  famille  d'Esluerl.  —  (Orig.). 

Dossier  concernant  la  baronnie  de  Magnac-Laval,  la  juridiction 
de  Monlrochcr  ou  Masrochcr,  les  familles  de  Brettes  et  dEsluerl 
et  de  Brettes  du  Gros.  —  (Orig.). 

Le  village  de  Légignac  était  en  Poitou,  paroisse  de  Chaillac.  — 
(N.  C.  B.). 

Sentence  rendue  par  le  Parlement  de  Bordeaux,  où  figurent  Jacques 
Thamoyneau,  Laurent  Simon,  notaire,  Léonard  et  Simon  Pouliot.  — 
(N.  C.  b.). 

Le  village  du  Buis,  paroisse  de  Saint-Martin  de  Jussac,  était  en  Li- 
mousin, juridiction  de  Château-Morand.  —  (N.  C.  B.). 


490  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

Liasse  comprenant  soixante  actes  notariés  où  nous  notons 
comme  notaires,  Àllegraud,  Simon,  Faure,  presque  tous  du  dix- 
septième  siècle.  —  (Orig.). 

Dossier  de  procédure  entre  Hartial-Junien-Merlin  Chabant,  no- 
taire public,  et  Jean  Rivaud,  de  Saint- Viclurnien.  —  (Orig.). 

Autre  dossier  de  diverses  pièces  concernant  le  village  de  Gros, 
paroisse  d'Oradour-sur-Glane.  —  (Orig.). 

Carton  n""  10 

1579.  -—Supplique  par  Guillaume  Roux,  marchand,  fermier  de 
l'abbaye  de  Rournet.  —  (Orig.). 

10  juillet  1627.— Quittance  des  pères  Cordeliers  de  Rochechouart 
faisant  llnal  payement  de  la  somme  de  980  livres,  due  par  Messire 
René  de  Rochechouart,  chevalier,  seigneur,  baron  de  Saint-Auvent, 
Monlmoreau  et  autres  lieux.  —  (Orig.). 

24  août  1629.  —  Rail  à  ferme  par  Jean  Soury,  en  faveur  du  prieur 
de  Saint-Sauveur  de  Rochechouart,  passé  par  devant  Laurent 
Demarcilhat,  procureur  fiscal  de  la  baronnie  de  Saint-Auvent.  — 
(Orig.). 

1662.  —  Dossier  d*une  procédure  au  sujet  de  la  prise  de  posses- 
sion de  Tabbaye  de  Rournet  par  M.  de  Monlmoreau,  comprenant 
la  quittance  des  décimes  de  l'abbaye,  les  pièces  adressées  au  grand 
conseil...,  etc. 

Dcciaralion  du  temporel  du  prieuré  de  Saint-Sauveur  de  Roche- 
chouart. -  (Orig.). 

1262.  —  Noies  sur  la  viguerie  ou  basse  police.  Le  droit  de  juger  était 
attribué  aux  hayles  du  chapitre,  institués  en  1662  et  investis  par  le 
chapitre  du  droit  de  juger  en  basse,  moyenne  et  haute  justice  à  l'occasion 
des  cens  et  rentes  qu'ils  étaient  charo^és  de  percevoir. 

Ces  baylcs  étaient  des  chanoines  pris  dans  le  sein  du  chapitre. 

Notes  sur  la  viguerie. 

Autres  notes  disant  que  la  baronnie  de  Saint-Junien  comprenait  une 
chàtellenie  ayant  droit  de  justice  moyenne  et  basse,  et  deux  seigneuries 
ayant  justice  plus  ou  moins  étendue  :  1°  Chàteau-Morand  ;  2*»  la  sei- 
gneurie du  chapitre. 

Nombreuses  noies  sur  la  prévôté  et  la  visite  du  roi  Louis  XI.  — 
(N.C.  B.). 

1289.  —  Notes  sur  la  viguerie,  selon  le  compromis  de  1289. 

Cahier  rose  renfermant  des  détails  sur  l'église  de  Notre-Dame-du- 
Pont  de  Saint-Junien  et  sur  l'église  collégiale,  tirés  de  l'abbé  Texier. 
La  communauté  du  Verbe-Incarné  fut  établie  à  Saint-Junien  par  ordon- 
uance  royale  du  21  octobre  1835,  —  (N.  C.  B.). 


RÉPERTOIRE    DU    FONDS    CODET    DE    BOISSB  491 

21  janvier  1663.  —  Renie  conslituéc  par  le  sieur  Machaumont 
aux  pères  du  Chalenet,  de  Rochechouarl.  —  (Orig.). 

1665.  —  Diverses  pièces  de  procédure  concernant  Jacques  de 
Rochechouarl,  chevalier,  seigneur,  baron  de  Monlmoreau,  abbé 
commendalaire  de  l'abbaye  de  Noire-Dame  d'Aubournie  (?)  et  prieur 
de  Saint-Sauveur  de  Rochechouarl.  —  (Orig.). 

21  juillet  1682.  —  Procuration  en  blanc  donnée  à  Paris  par 
Jacques  de  Rochechouarl,  clerc  tonsuré  du  diocèse  de  Limoges, 
nommé  par  le  roi  à  Tabbaye  de  Hanlieu,  ordre  de  Saint-Benoit, 
diocèse  de  Clermont,  demeurant  à  Paris,  rue  Sainle-Ânne,  paroisse 
de  Saint-Roch,  à  l'effet  de  recevoir  les  lettres  de  provision,  bulles 
et  entérinements  et  opérer  toutes  formalités  nécessaires  en  cour  de 
Rome.  —  (Orig.). 

16  janvier  1690.  —  Appoinlement  sur  parchemin  entre  Jean 
Emery  et  Junien  Alliaud,  au  sujet  d*une  procédure  dépendant  du 
parlement  de  Bordeaux.  —  (Orig.). 

Noie  de  M.  Godet  Boisse  sur  la  mense  capitulaire  de  l'église  de  Saint- 
Junien  avec  mentions  suivantes. 

1458.  —  Ordonnance  de  Tévêque  de  Limoges,  Barton  de  Montbas, 
prescrivant  de  rebâtir  les  églises  de  Chaillac  et  de  Sainl-Cyr-sur-Gorre, 

1480.  —  Ordonnaece  épiscopale  enjoignant  de  rebâtir  l'église  de 
Sainte-Marie  de  Vaux. 

1509.  —  Construction  dans  la  paroisse  de  Saint-Victumien  de  la  cha- 
pelle de  N.-D.-du-Queyroix,  laquelle  fut  interdite  en  1741.  ■ —  (N.  G.  B.). 

Dossier  enfermant  de  nombreuses  notes  manuscrites  sur  les  séné- 
chaussées de  Limoges  et  de  Bellac,  prises  dans  divers  recueils  et  énu- 
mération  des  seigneuries  du  Limousin.  Frédaigne,  village  de  la  com- 
mune de  Nantial,  était  en  1495  le  siège  d'une  châtellenie.  Le  roi 
Gharles  VIII  en  fît  don  à  Jean  Ghauvet,  seigneur  du  lieu.  Elle  appar- 
tient aujourd'hui  à  la  famille  Martin.  En  1695,  Jean-François  Martin  de 
La  Bastide,  trésorier  de  France  au  bureau  de  Limoges,  épouse  Gharlotte 
Ghauvet,  dame  deNanliat  et  de  Frédaigues. 

La  sénéchaussée  de  Limoges  s'étendait  sur  quelques  paroisses  qui 
font  aujourd'hui  partie  de  la  Dordogne,  telles  que  Genis,  Saint-Trie  ou 
Trojan,  Dalon,  Loms,  Saini-Jory.  Le  bourg  de  Lesterps  dans  la  Cha- 
rente et  une  partie  de  la  commune  dépendaient  de  la  sénéchaussée  du 
Haut-Limousin. 

Enumération  des  localités  de  la  Basse-Marche  dépendant  de  la  séné- 
chaussée du  Dorât. 

Sainl-Yrieix-sous-Aixe  et  Verneuil  étaient  partie  en  Poitou,  partie  en 
Limousin.  -—  (N.  G.  B.). 

16  octobre  1509.  —  Extrait  du  procès-verbal  de  réformation  de  la 
coutume  du  Poitou.  —  (N.  G.  B.). 

En  1643,  après  la  victoire  de  Rocroi,  de  nombreux  prisonniers  espa- 
gnols furent  internés  à  Saint-Junien  et  entretenus  par  la  paroisse,  — 
(N.  G.  B.). 


492  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

4  novembre  4702.  -Abandon  par  Geoffroi  de  La  Roche,  com- 
mandant des  gardiens  du  parc  de  Versailles,  comme  hérilier  en 
partie  de  feu  Guillaume  de  La  Roche,  vivant  abbé  commendataire 
de  N.-D.  de  Bournel,  son  père,  qu'au  nom  de  père  et  tuteur  de 
Pierre  Delaroche,  légataire  universel  du  dit  sieur  abbé  de  La  Roche, 
son  oncle,  en  faveur  de  Jacques  Poisson,  abbé  de  la  dile  abbaye, 
de  tout  ce  qui  peut  être  dû  par  M"  Jean  de  Rochechouart,  marquis 
de  Monmorin,  des  réparations  de  Tabbàye  de  Bournet,  et  autres 
choses  dont  il  peut  être  tenu  comme  héritier  de  Jean  de  Roche- 
chouart, chevalier,  comte  de  Saint-Auvent,  son  père  ou  frère  (?), 
vivant  aussi  abbé  de  Bournel,  et  prédécesseur  de  M.  Guillaume  de 
La  Roche,  elc.  —  (Orig.). 

Autre  cahier  décousu  de  M.  Godet  de  Boisse  portant  des  notes  sur 
Feuillade,  la  famille  de  Saint-Laurent,  le  petit  quartier  Saint-Pierre  de 
Saint-Junien,  qui  était  en  Poitou  depuis  le  partage  de  1602  et  de  la 
juridiction  de  Saint-Auvent,  ainsi  que  la  plus  grande  partie  de  Saint- 
Martin.  Le  moulin  d'au-delà  du  pont  de  Notre-Dame,  compris  dans  le 
lot  de  Jean  de  Rochechouart,  baron  des  Bâtiments,  et  fils  du  second  lit 
de  Louis  II,  vicomte  de  Rochechouart.  1672,  Louis  de  Rochechouart, 
comte  des  Bâtiments,  seigneur  de  Saint-Cyr,  Chaillac  et  autres  places, 
fait  compte  pour  sa  quote-part  avec  le  meunier  du  moulin  susdit,  sans 
préjudice  à  la  quote-part  revenant  à  M™*  Marie  de  Rochechouart,  tante 
du  dit  Louis  de  Rochechouart,  et  à  celle  revenant  à  M.  Jean  Dupin. 
En  1670,  Saint-Auvent  est  qualifié  comté.  Notes  sur  Chaillac,  Saint- 
Victurnien,  Gorre,  Saint-Laurent-sur-Gorre,  Saint-Cyr,  Puydaud. 

En  1430,  hommage  au  chapitre  de  Saint-Junien  par  le  seigneur  de 
La  Laurcncie.  1G21,  Léonard  Dcscuhes,  licencié  es  lois,  achète  de 
François  de  Saint-Fief,  son  beau-père,  le  fief  de  La  Laurencie.  Léonard 
Descubes,  seigneur  de  La  Laurencie,  et  Anne  de  Chauveron  eurent  de 
leur  mariage  :  1°  une  fille  Anne  qui,  en  1671,  épousa  à  Pluviers  Pierre 
Fornel,  écuyer,  seigneur  de  La  Faucherie;  2°  un  fils  Jean  qui,  en  1678, 
épousa  aux  Bâtiments,  paroisse  de  Biénac,  Jeanne  de  Vautière,  fille  de 
Jean,  écuyer  du  bourg  des  Cars,  et  d'Anne  de  Bolinaud.  —  (Nobiliaire 
limousin). 

Notes  sur  la  tour  de  Bar,  paroisse  de  Saint-Martin  de  Jussac,  cl  le 
château  de  Montbrun.  —  (N.  G.  B.). 

169*).  —  Nombreuses  notes  sans  signature  sur  la  famille  de  noble 
Etienne  de  Maugnac,  seigneur  de  Mazerolles  et  de  Boisse,  sur  celles 
des  Chauveron  et  des  de  Rocquart.  Catherine  de  Rocquart,  femme  de 
Joachim  de  (Chauveron,  était  fille  de  François  de  Rocquart,  seigneur  de 
Saint-Laurent  c\e  Céris  et  de  Marie  Laurent.  Après  la  mort  de 
Joachim  de  Chauveron,  elle  convola  en  secondes  noces  avec  François 
de  Rouzier,  seigneur  de  Roth,  par  contrat  passé  à  Saulgon  le  7  septem- 
bre 169:').  Le  mariage  fut  célébré  à  Etagnac  le  22  septembre  1695 
(Arbellot,  Biographie  de  Uouziers,  p.  82).  —  (N.  G.  B.). 


RÉPEUTOIRE  DU  FONDS  CODET  DE  BOISSE  493 

6  septembre  1740.  —  Commission  sur  parchemin  signée  de 
Louis  XIV,  nommant  grefïier  des  consuls  de  Limoges,  Jean  Boisse. 

-(Orig.). 

17  janvier  17i8.  —  Papier  de  procédure  entre  Jean  Goudy, 
laboureur,  et  Martial  et  Antoine  Monjon,  frères,  défendeurs,  pour 
règlement  de  compte.  —  (Orig). 


En  1698,  l'industrie  de  la  ganterie  était  importante  à  Saint-Junien.  — 
(N.  C.  B.). 

1708.  —  Le  rôle  des  tailles  de  1708  s'élevait  h  17.702  livres  15  sols, 
dont  11.603  livres  5  sols  6  deniers  de  principal  et  le  surplus  provenant 
de  Tustensile,  des  droits  de  visite  des  ports  et  des  offices  de  consul. 
Il  y  avait  un  rôle  particulier  pour  la  partie  de  la  paroisse  qui  se  trouve 
de  l'autre  côté  de  la  Vienne,  laquelle  était  enclavée  dans  Télection  de 
Confolens.  Il  y  avait  aussi  un  rôle  particulier  pour  la  petite  paroisse  de 
La  Bretagne,  et  de  plus,  le  village  du  Monteil  et  une  partie  du  Mas, 
enclavés  aussi  dans  l'élection  de  Confolens  (1),  étaient  compris  dans 
le  rôle  de  Brigueil  l'aîné.  —  (N.  C.  B.'). 

(1)  L'élection  de  Confolens  fut  créée  en  1714  aux  dépens  des  élections 
de  Niort,  d'Angoulême  et  de  Poitiers.  Voir  l'édit,  tome  XXXVIII,  p.  421, 
du  Bulletin,  1891. 

10  août  noV.  —  Pièce  de  procédure  portant  signification  et  assigna- 
tion aux  habitants  du  village  de  Verteuil,  paroisse  de  Javerdat,  pour 
reconnaître  devant  le  sénéchal  de  Limoges  et  accomplir  leurs  devoirs 
envers  révôcfue  de  Limoges  en  vertu  d'un  titre  en  latin  dont  il  est  fait 
signification. 

Autres  notes  sur  le  village  de  La  Bretagne.  —  (N.  C.  B.). 

1764.  —  Cahier  en  papier  fort,  petit  format,  portant  sur  les  bords  une 
lisière  dorée.  — Notes  importantes  sur  l'église  de  Saint-Junien  ;  extraits 
d'AUou  sur  l'échevinage  et  les  consuls.  Autres  notes  sur  un  procès 
intervenu  entre  un  Chabodie,  avocat,  fils  de  Jean  et  de  Catherine  Sin- 
garaud  d'un  côté  et  M.  Périgord,  au  sujet  d'un  arbre  planté  sur  le  ter- 
rain de  Chabodie.  Note  de  178i-  portant  plainte  au  roi  contre  l'intendant 
d'Ablois  au  sujet  de  l'administration  de  la  paroisse.  —  (N.  C.  B.). 

Avant  1789.  —  Dossier  intitulé  :  Recherches  sur  l'étendue  de  la  puis- 
sance féodale  de  l'évêque  de  Limoges  avant  1789.  —  (N.  C.  B.). 

vr  siècle.  —  Cahier  jaune  renfermant  de  nombreuses  notes  sur  l'his- 
toire de  France  au  vi«  siècle  et  suivants.  —  (N.  C.  B.). 

Notes  sur  les  familles  de  La  Rivière  Puytalier,  Barton  de  Montbas,  de 
Beaupoil  de  Saint-Aulaire,  de  Duratos,  de  Montalembert,  de  Tryon, 
Joubert  de  La  Bastide,  Maugnac  de  Boisse,  sur  la  seigneurie  de  Chà- 
teau-Morand,  qualifiée  baronnie  et  appartenant  aux  Joubert  de  La  Bas- 
tide, et  enfin  sur  les  Maugnac,  seigneur  du  Ghatelard.  —  (N.  C.  B.) 

Nombreux  extraits  de  journaux  contenant  des  notices  historiques  sur 
les  abbayes  du  pays.  Mention  du  tableau  chronologique  des  abbés  de 
Saint-Martial  et  notes  diverses  sur  les  abbés.  —  (N.  C.  B.), 


494  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSTTV 

1719  environ.  —  Plusieurs  pièces  de  procédure  entre  frère  Phi- 
lippe David,  religieux  de  Tabbaye  de  L'beler,  prieur-curé  de  Plai- 
sance d'une  part,  et  Jean  Lasrue,  adjudicataire  des  moulins  royaux 
de  Mon(n)orillon,  et  les  religieux  Àugustins  de  Montmorillon  inli- 
més  d'autre  part,  au  sujet  de  la  ferme  de  plusieurs  moulins  de 
Montmorillon.  —  (Orig.). 


Cahier  manuscrit  de  nombreuses  notes  historiques  et  généalogiques 
sur  Confolens,  Chabanais  et  Tarrondissement,  La  Rochefoucaud,  Ru(Tec, 
Pons,  La  Valette*Villebois,  La  Roche-Beaucourt,  les  maisons  de  Galard 
de  Béarn,  de  Montchenu,  Simon  de  Rochechouart,  Laure  de  Chabanais, 
de  Montluc  et  en  général  les  personnages  illustres  de  l'Angoumois.  — 
(N.  C.  B.). 

Cahier  vert  renfermant  de  nombreuses  notes  sur  le  haut  moyen  âge. 
—  (N.  C.  B.). 

Autre  cahier  manuscrit  sur  les  hommes  remarquables  du  Limousin. 
On  y  trouve  les  noms  suivants  :  Aigue-Perse,  Arfeuille  Aubert,  Aubus- 
son,  Auzannet,  Bagnac,  Baluze,  de  Barry  de  Barthe,  Bruneau  des  Loges, 
Chamborant  de  Lestrange,  Foucaud,  Nadaud,  Tauteur  du  Nobiliaire, 
Audoin  ;  collection  de  noms  tudesques.  —  (N.  C.  B.). 

Liste  dés  monastères  et  abbayes  du  haut  et  du  bas  Limousin.  — 
(N.  C.  B.). 

Choix  de  textes  et  documents  historiques  contenus  dans  les  Bulletins 
de  la  Société  archéologique  du  Limousin.  —  (N.  C.  B.). 

Cahier  vert  contenant  de  nombreuses  notes  sur  les  premiers  rois  de 
France,  et  des  feuilles  volantes  sur  Thistoire  de  Saint-Junien,  Como- 
doliac.  —  (N.  C.  B.). 

Autre  cahier  vert  foncé  renfermant  des  notes  sur  la  baronnic  de 
Peyrat-le-Chàteau,  les  maisons  de  Pierre-Buffière  et  de  Montbrun.  — 
(N.  C.  B.). 

Comme  baron  de  Sainl-Junien,  Tévêque  avait  sur  tous  les  habitants, 
sans  exception,  de  la  ville  de  Saint-Junien  et  de  ses  dépendances  : 

1°  Droit  de  haute  justice  et  de  connaissance  de  toutes  causes  par  voie 
d'appel  ; 

Droit  de  régler  les  poids  et  mesures  et  de  juger  les  contraventions  y 
relatives  ; 

Droit  exclusif  de  connaître  des  délits  d'injures  et  voies  de  fait  commis 
dans  les  foires  et  marchés  ; 

2°  Les  habitants  de  la  ville  de  Saint-Junien  et  dépendances  étaient 
ou  censitaires  et  justiciables  de  Tévêque  et  de  sa  chàtellenie  et  baron- 
nie,  ou  censitaires  et  justiciables  de  l'église  collégiale  de  Saint-Junien, 
chàtellenie  et  justice  du  chapitre  sous  la  mouvance  de  Tévêque  baron  ; 

3^  L'évèque  avait  sur  ses  censitaires  droit  plein  et  entier  de  justice, 
savoir  :  basse,  moyenne  et  haute,  mais  le  chapitre  n'avait  sur  les  siens 
qu  un  droit  de  justice  basse  et  moyenne,  la  haute  justice  sur  eux  appar- 
tenant à  révoque  baron  ; 


DÉPERTOIRE   DU   FONDS    GODET   DE   BOISSE  495 

10  septembre  i738.  —  Par  contrat  reçu  Lagasne,  notaire  à 
Cognac,  Jean  Dupin  et  sa  femme  actiètent  du  sieur  Annet  Gouzon, 
sieur  de  Bellefonds,  et  Madeleine  Quinque,  sa  seconde  femme, 
agissant  solidairement,  demeurant  à  Cognac,  la  métairie  de  La 
Gazonnie  et  ses  dépendances,  par  exemple  Télang  de  Vendiogre, 
paroisse  de  Saulgon,  la  dile  métairie  appartenant  aux  enfants 
mineurs  du  premier  lit  d'Annet  Gouzon  et  de  feu  Jeanne  Dupin, 
sa  première  femme.  —  (Orig.). 

4®  L'exercice  de  la  justice  dans  tous  ses  degrés  pouvait  avoir  un  pré- 
vôt ou  juge  châtelain  et  un  sénéchal  et  le  chapitre  ne  pouvait  avoir 
qu'un  juge  ; 

5*'  Dans  les  causes  des  habitants  de  Saint-Junien  portées  sur  appel 
devant  Tévêque,  Tinstruction  et  le  jugement  devaient  avoir  lieu  à  Saint- 
Junicn  même,  soit  par  Tévêque  en  personne,  soit  par  un  juge  commis 
par  lui  et  non  suspect,  mais  tout  autre  que  son  prévôt  ou  juge  ordinaire. 
—  (N.  C.  B.). 

Note  sans  signature  du  personnel  ecclésiastique  de  la  paroisse  du 
Moutier,  Saint-Pierre  en  Saint-Junien  et  La  Bretagne.  —  (N.  C.  B.). 

Note  sur  Jean-Charles  de  Villebois,  prévôt  de  Saint-Junien.  — 
(N.  C.  B.). 

Liasse  de  feuilles  volantes  sans  signatures,  relatives  aux  évêques  de 
Limoges,  à  Tabbé  de  Saint-Martial,  au  chapitre  de  la  cathédrale  et  à 
l'abbé  de  Saint- Augustin.  —  (N.  C.  B.). 

Textes  et  documents  concernant  le  blason  de  plusieurs  familles  et 
notes  diverses.  —  (N.  C.  B,). 

Autre  dossier  intitulé  :  Les  prévôtés  dépendant  de  l'abbaye  de  Saint- 
Martial  de  Limoges.  —  (N.  C.  B.). 

Cahier  portant  pour  titre  :  Etude  sur  les  prévôtés  ecclésiastiques 
ayant  droit  de  juridiction,  et  prévôtés  dépendant  de  l'abbaye  de  Saint- 
Martial  et  de  celle  de  Saint-Augustin.  —  (N.  C.  B.). 

Liasse  de  la  même  main  sur  les  comtes  de  Saint-Auvent.  —  (N.  C.  B.). 

Diverses  notes  sur  le  canton  de  Juîllac  et  le  chapitre  de  Limoges.  — 
(N.  C.  B.). 

Cahier  de  forme  allongée  contenant  des  notes  historiques  sur  Chan- 
trezac,  Montagrier  en  Basse-Marche,  le  pariage  de  la  cité  de  Limoges, 
Chalusset,  Compreignac,  Bridiers,  Brette,  Bret  près  Coussac,  Nieul  et 
Montrocher,  Laumonnerie,  paroisse  d'Aixe,  Saint-Mathieu,  Chassenon, 
Saint-Victurnien,  Loubert,Nontron,  Laurière,  Gorre,  Saint-Jean-Ligoure, 
Chàteau-Chervix,  Neuvic,  Le  Moulin-Paute,  Blond,  Rochefort,  Les 
Etangs,  Brillac  en  Basse-Marche,  Le  Lindois  en  Angoumois^  Vaulry, 
Bagnac,  Montmoreau,  Cieux,  Marthon,  Montbron,  Millaguet,  Saint- 
Vict,  Puymaud,  Puydenus,  Veyrinas,  Bessou,  Le  Défend,  Nantiat,  Le 
Chambon,  Grenne,  paroisse  de  Biennat,  Traslàge,  La  Nadalie,  Masmar- 
vent,  paroisse  de  Saint- Yrieix-sous-Aixe,  Pennevayres,  Suris,  Fres- 
sinet,  Fayat,  Tourdonnet,  Bonnat  (seigneurs  de  Sombreuil),  Les  Bâti- 
ments, Champsac,  Champagnac.  —  (N.  C.  B.), 


496  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE     ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

1749.  —  Extrait  des  mémoires  historiques  pour  les  annales  de 
la  province  de  la  Marche,  manuscrit  de  1749,  comprenant  le  détail 
des  paroisses  composant  la  sénéchaussée  de  la  Basse-Marche,  qui 
comprenait  les  quatre  chefs-lieux  du  Dorai,  Charroux,  Calais 
aujourd'hui  Tlsle-Jourdain  et  Saint-Germain-sur-Vienne.  —  (Copie 
manuscrite  par  M.  Godet  de  Boisse.) 

Volumineux  dossier  portant  en  léle,  sur  une  feuille  de  journal, 
le  litre  :  couvents  et  abbayes  comprenant  une  réclamation  au  lieu- 
tenant général  de  là  sénéchaussée  de  Limoges  par  le  syndic  de 
l'abbaye  de  Saint-Martin,  sur  un  droit  de  présence  des  religieux 
à  certains  offices  dans  l'église  de  Saint-Etienne.  —  (Orig.). 

Etal  du  revenu  de  l'abbaye  de  Saint-Symphorien-les-Brameaux. 

-  (Orig.). 

Manuscrit  san.>  signature  contenant  la  réception  d'un  franc- 
maçoftà  la  loge  de  l'Amitié  de  Périgueux.  —  (Orig.). 

Carton  n**  11 

Liasse  2.  —  Nombreuses  pièces  originales  en  partie  notariées 
concernant  les  francs  fiefs  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Liasse  3.  —  Noies  d'écriture  moderne  sans  signatures,  concer- 
nant Oradour-sur-Glane,  l'abbaye  de  Solignac,  Coussac-Bonneval, 
Bussière-Boffy,  Soumagnas,  Sainl-Junien,  Monirollet,  Sainl-Viclur- 
nien,  Cognac,  Videix,  Ghabrac,  les  Brosses,  paroisse  d'Elagnac. 
Peyrat-le-Château  était  en  Poitou.  La  juridiction  de  Saint-Auvent 
s'exerçait  sur  le  quartier  Saint-Pierre  de  Saint-Junien,  au  delà  du 
pont.  —  (Orig.  et  notes). 

Volumineux  cahier  de  notes  sur  les  familles  de  Julien,  Chantois,  les 
seigneuries  de  Chàlus,  Chaillac,  Pensol,  notes  du  Nobiliaire,  justice 
de  Chàleau-Morand,  les  seigneurs  de  Saint-Brice,  Saint-Germain-sur- 
Vicnne,  de  Carbonnières,  La  Fauvette,  Mortemart.  Le  village  des  Bros- 
ses appartenait  partie  à  la  juridiction  de  Saint-Junien,  partie  à  celle  de 
Chabanais.  Autres  notes  sur  Guillaume  de  Bretagne,  Guy  de  Chauvigny, 
Prinsaud,  etc.  —  (N.  G.  B.). 

Notice  historique  sur  Tabbaye  de  Solignac,  la  cour  des  appeaux  de 
Périgord,  la  cour  des  appeaux  de  Ségur. 

Cahier  de  notes  sur  les  présidiaux,  les  tribunaux  et  cours  d'appeaux. 

Autre  cahier  renfermant  des  notes  sur  le  château  de  Veyrac,  la  séna- 
torerie  de  Limoges,  les  vicomtes  de  Limoges  et  la  guerre  entre  Pierre- 
BufOère  et  Chalusset,  Masléon  et  Ambazac.  —  (N.  G.  B.). 

Autres  cahiers  de  notes  sur  l'ancien  Limousin  et  le  comté  de  Limo- 
ges, la  famille  Ilugon  de  Marcillac,  la  cour  d'appeaux  de  Ségur,  le  pré- 
sidial  de  Limoges  et  le  tribunal  révolutionnaire,  —  (N.  G.  B.). 


R^.PEnTOlnE    DC    FONDS    COOET   DE    BOISSE  497 

Liasse  4.  —  Epoque  de  la  Reslauralion.  —  Documenls  munici- 
paux sur  les  élections  de  Sainl-Junien,  les  finances  et  les  réquisi- 
tions à  la  suite  de  Toccupation  étrangère.  (Orig.). 

Liasse  5.  —  16  septembre  1773.  —Contrat  d'acquisition  authen- 
li(|uc  sur  parchemin  passé  au  village  de  Chansac  en  Limousin, 
paroisse  de  Sainte-Marie-de-Vaux,  entre  Annet  Boussaud  cl  Vie- 
turnicn  Merlin,  sieur  de  Lisle,  bourgeois  de  Sainl-Victurnien.  — 
(Orig.). 

Liasse  6.  —  Décret  de  TAssemblée  nationale  du  21  juin  1791 
prescrivant  Texécution  de  toutes  ses  décisions  sans  qu*il  soit  besoin 
de  l'acceptation  du  roi. 

Cinq  pièces  originales  relatives  à  l'exercice  des  fonctions  de 
capitaine,  de  commandant  et  de  colonel  de  la  milice  bourgeoise. 

172i.  —  Pièce  de  procédure  au  sujet  de  biens  saisis  par  Jacques 
Duqucyroix  au  préjudice  de  Marguerite  Chavaud. 

5  novembre  1790.  —  lx)i  sur  l'abolition  des  droits  de  traites  dans 
rintérieur  du  royaume.  —  (Orig.). 


Liasse  intitulée  :  Vicomte  de  Hochechouart  comprenant  cinq  chemi- 
ses portant  les  titres  suivants  : 

Chéronnac,  Oradour-sur-Vayres,  Saint-Mathieu  et  son  canton,  Dour- 
nazac  et  Montbrun,  Maisonnais,  Marval,  La  Chapelle-Montbrandeix, 
Pensol  et  Millaguet,  Montrollet,  Saint-Laurent-sur-Gorrc. 

Dournazac  était  partie  en  Poitou  et  partie  en  Limousin. 

En  1594,  les  paysans  de  la  paroisse  de  Dournazac  faisaient  en  grande 
partie  les  bandes  de  croquants  qui  ravageaient  le  pays  et  furent  détrui- 
tes par  le  vicomte  de  Chamberet.  —  (N.  G.  B.). 

4  novembre  1662.  —  Contrat  de  mariage  de  Jean  Demassaloux,  sieur 
de  Savergnac  et  de  Marie  Dusolier.  —  (N.  C.  B.). 

Notes  de  M.  Godet  Boisse.  —  Louis  II,  vicomte  de  Hochechouart, 
mort  en  1604,  avait  fait  le  partage  de  ses  seigneuries  entre  ses  nom- 
breux enfants  issus  do  deux  lits.  Ge  partage  avait  dû  se  faire  ainsi  : 

Jean,  fils  de  la  première  femme,  Louise  de  Glérembault,  eut  pour  lot 
la  vicomte  de  Rochechouart. 

Les  enfants  de  la  seconde  femme,  Madeleine  de  Bouille,  furent  ainsi 
lotis  : 

Un  autre  Jean  eut  en  partage  la  seigneurie  des  Bâtiments,  celle  de 
Saint-Gyr  et  celles  de  Ghaillac  et  Saillat  ; 

JoachJm  et  Anne  embrassèrent  l'état  ecclésiastique  ; 

Isabelle  reçut  la  seigneurie  de  Pensol  qu'elle  porta  en  mariage,  le 
3  février  1605,  à  Gabriel  de  Lambertie. 

La  liasse  de  Montrollet  contient  des  notes  sur  les  Dreux  de  Font- 
férias  et  les  de  Salignac  des  Brosses. 

La  liasse  de  Saint-Laurent-sur-Gorre  contient  plusieurs  actes  notariés 
conceî'nant  la  paroisse  de  Gorre.  —  (N.  G.  B.). 


498  SOCIÉTÉ  ARCnéOLOÛIQCÊ  et  HISTORIqOE  t>l)  LIMOUSIN 

ri90.  —  Tableaux  de  la  populalion  active  du  départecnenient  et 
des  noms  des  clecleurs.  —  (Orig.). 

D^lail  imprimé  des  journées  des  26,  27,  28  et  29  juillet  ig30. 
Ciiansons  patriotiques  imprimées,  pamphlets  politiques  —  (Orig.)- 

Liasse  7.  —  Sainl-Victurnien.  —  Bail  du  16  avril  1733,  concer- 
nant les  biens  de  Pierre  Armât,  mineur,  situés  au  lieu  de  Chandiat, 
requis  par  Pierre  Mallet,  sieur  de  I^a  Vigerie,  en  qualité  de  tuteur. 

-  (Orig.). 

2  nivôse  an  III.  —  Adjudication  en  forme  à  Saint- Victurnicn 
des  biens  de  Jean  de  Rocbechouart  Mortemart,  émigré,  en  faveur 
de  Pierre  Barouiaud,  du  moulin  de  Boussignac.  —  (Orig.). 

Liasse  8.  —  Cinq  pièces  de  procédure  non  signées,  constatant 
des  échanges  entre  Jean  de  Bretagne,  comte  de  Penthièvre  et  le 
duc  des  Cars,  dans  la  paroisse  de  Garre.  —  (Orig.). 

1732.  —  Trois  pièces  de  procédure  en  forme  touchant  la  prise 
de  possession  d'une  chapelle  et  d*un  ban^  dans  Téglise  d'Etagnac 
par  Fitienne  de  Salignac,   écuyer,  seig^aeur  du  Yignaud  et  des 

Liasse  9.  -  Notes  de  M.  Godet  de  Boisée  sur  Brigueil,  MonteroUet  et 
Saint-Christophe. 

Anne  Dreux,  épouse  d'Etienne  de  Salignac,  jâcuyer,  seigneur  du 
Yignaud,  des  Brosses  et  de  Bourdicaud,  demeurait  au  lieu  noble  de 
Losille,  paroisse  de  Mouterollet.  Elle  vivait  séparée  de  son  mari  qui 
demeurait  en  son  logis  des  Brosses. 

1578.  —  Etagnac  avait  appartenu  à  la  famille  de  Bousiers;  Javerdat 
appartenait  aux  Dreux. 

1717.  —  Lacotte,  paroisse  de  Saint-Martin-de-Jussac,  appartenait  à 
dame  Marie-Anne  des  Moutiers,  veuve  de  Jacques  de  Jullien,  plus  tard 
épouse  de  Jean  de  Marsange,  écuyer,  seigneur  de  la  Cour  et  de  Vaulry. 

La  paroisse  de  Saint-Christophe  était  partie  en  Angoumois  et  partie 
en  Poitou. 

Notes  sur  les  Dreux  : 

En  1758,  un  Paul  Pinot,  sieur  de  Laulerie,  avocat  en  parlement,  était 
juge  de  la  juridiction  de  Brigueil. 

12  avril  1758.  —  Pièce  de  procédure  de  la  justice  de  Brigueil,  signée 
Barbariu,  greffier. 

Le  bourg  de  Saint-Christophe  et  une  partie  de  la  paroisse  étaient  en 
Angoumois  et  relevaient  de  la  juridiction  de  Confolens,  entr'autres  Pers 
et  le  Masrousseau.  L'autre  partie  était  en  Poitou  et  dépendait  de  la 
juridiction  du  duché  pairie  de  Mortemart,  entr'autres  Exubras,  Bras,  la 
Fourgeaudie.  —  (N.  C.  B.). 

Notice  sans  signature  sur  la  généalogie  des  de  Salignac,  du  Vignaud 
et  des  Brosses.  En  1750,  Pierre  de  Salignac  vend  à  Etienne  Barbarin 
de  Flayat  les  fiefs  et  terres  des  Brosses  et  de  Bourdicaud.  Plusieurs 
pièces  de  procédure.  —  (N.  C.  B.). 


népEnToiuE  dd  fonds  codet  de  boisse  40d 

Brosses,  laquelle  prise  de  possession  élail  conteslée  par  dame 
Françoise  Laurent,  veuve  de  Jean  de  Plument,  seigneur  de  Baillac. 
-  (Orig.). 

Liasse  10.  —  Noies  et  pièces  originales  sur  la  famille  de  Brie  de 
Soumagnas.  —  (Orig.). 

Filasse  li.  —  Quelques  pièces  de  procédure  concernant  les  Léo- 
nard, seigneurs  de  Sainl-Cyr  et  leurs  tenanciers.  —-(Orig.). 

Liasse  12.  —  Pièces  de  procédure  faites  à  la  requête  de  Suzanne 
Merlin,  épouse  de  Joseph  Rochon,  sieur  duChiron.  —  (Orig.). 

Liasse  13.  —  Pièces  de  procédure  concernant  un  Jean  Hugon, 
1668.  -  (Orig.). 

11  avril  1520.  —  Acte  sur  parcliemin  par  lequel  le  garde  du  scel 
aux  contrats  de  la  principauté  de  Chabanais,  agissant  au  nom  du 
prince,  son  maître,  authentique  une  vente  faite  par  Pierre  Foucaud 
el  sa  femme  à  messire  Guillaume  Bozange,  alias  Tatevin,  prêtre, 
des  terres  sises  en  la  paroisse  de  Saugon,  pour  le  prix  de  trente- 
trois  livres.  Acte  passé  à  Chabanais.  —  (Orig.). 


Carton  n''  12 

Liasse  1.  —  3  septembre  1617.  —  Testament  sur  parchemin  fait 
en  la  ville  de  Rochechouarl  par  François  Southonny,  laboureur,  au 
village  de  Chaumié,  paroisse  de  Chaillac.  —  (Orig.). 

Liasse  2.  —  Dossier  intéressant  de  nombreuses  causes  portées 
devant  la  justice  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Liasse  3.  —  Diverses  pièces  de  procédure  et  notes  sur  les  Leclerc 
de  Montbazet  el  de  la  Jarodie.  —  (Orig.). 

Liasse  4.  —  Diverses  pièces.  —  Le  village  du  Dognon,  paroisse 
de  SainUMartIn,  juridiction  de  Saint-Auvent,  était  en  partie  de  la 
mouvance  de  madame  Tahbesse  de  la  Règle.  (Orig.). 

Liasse  5.  —  Nombreux  actes  de  procédure  concernant  les  familles 
Laborie,  Pouliot  et  autres. 

Notes  sur  la  juridiction  de  Saint-Auvent.  Le  village  du  Maine>du- 
Bost,  paroisse  de  Saint-Junien,  était  en  Poitou  et  faisait  partie  de 
la  juridiction  de  Saint-Auvent. 

Compte  concernant  la  commanderie  du  Puy-Bonnieux.  Pièces 
concernant  la  commanderie  du  Temple  de  Saint-Junien,  les  sei- 
gneurs du  Chatelard,  les  de  Magnac,  les  Roulhac,  le  Puy-de-Bos 
en  Limousin.  Le  village  de  la  Chauviç  était  en  Poitou,  Montargis, 
en  Limousin.  —  (Orig.  el  notes). 

Liasse  6.  —  Pièces  de  procédure  entre  Jean  Sire,  seigneur  du 
Mazet,  docteur  médecin,  demeuranl  à  Saint-Junien,  paroisse  de 


500  SOCIÉTÉ    ARCHEOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

Noire-Dame  du  Mouliers,  d'une  pari,  et  Aymeric  Surin  d'aulre 
pari.  —  (Orig.). 

Rôle  de  la  capilallon  de  1731  s'élevant  à  184  livres  15  sols.  — 
(Orig.). 

Papiers  d'aiïaires  cnlre  Guillaume  de  la  Garde,  d'une  part,  el 
Martial  el  Pierre  Durousseau  d'autre  part.  —  (Orig.). 

Aulre  pièce  de  procédure  tendant  à  rintroduclion  en  appel  d'une 
procédure  entre  dame  Françoise  de  Chauveron,  épouse  de  Fran- 
çois Rcgnauld,  écuyer,  seigneur  de  La  Soudière,  d'une  part,  et 
Dom.  Alexis  Dalmas,  prêtre  syndic  de  l'abbaye  de  Grandmonl. 

23  juillet  1692.  —  Autres  pièces  de  même  nature  concernant 
damoiselle  Marguerite  Chenaud,  femme  de  Jean  Lamy,  procureur, 
et  Jacques  Duqueyroix,  juge  de  Saint-Junicn. 

Plusieurs  pièces  de  procédure.  —  (Orig.). 

Liasse  7.  —  Diverses  pièces  et  arpenlemenl  du  lènement  de 
Rieubarby.  —  (Orig.). 

Liasse  8.  —  Papiers  d'affaires  divers,  dont  l'un  du  16  septem- 
bre 1758,  relatif  à  la  justice  de  La  Bretagne.  —  (Orig.). 

Liasse  9.  —  1771.  —  Pièce  de  procédure  incomplète.  —  (Orig.). 

Liasse  10.  —  Nombreuses  feuilles  de  procédure  où  l'on  trouve 
les  noms  de  MM.  Hugon  de  Glane,  avocat,  Maublanc  l'aîné,  Jean 
Aillaud,  François  et  Josepb  Aillaud,  (ils  du  premier,  Poulhol. 
prêtre  semi-prébendier,  Jacques  Duqueyroix,  Etienne  Duqueyroix, 
juge  de  Château-Morand.  Un  Godet  est  sergent.  Lettre  de  politesse 
datée  de  février  1738,  adressée  par  M.  Mathieu  Surin  à  M"'' Surin 
la  cadette,  à  Saint-Junien.  (Orig.). 

Liasse  11.  —  26  avril  1829.  —  Projet  de  délibération  non  signé 
des  membres  de  la  fabrique  de  Saint-Junien.  M.  Surin  remplissait 
provisoirement  les  fonctions  de  président.  Ont  été  élus  :  président 
dédnilif,  M.  Surin  Augustin,  et  conseiller,  M.  Defuas.  Vote  de 
300  francs  pour  réparer  le  pavé  de  l'église. 

Diverses  noies  sur  les  paroisses  dePressignac,  Saint-Brice,  Nouic 
MonteroUet,  Cieux,  Monlrol-Sénard.  —(Orig.). 

Liasse  12. —  Juillet  1773.  —  Quatre  pièces  de  procédure  rela- 
tives à  une  réclamation  faite  par  les  sieurs  Le  Boutel  de  Fou- 
caudie  (1)  el  Dumur,  du  village  de  Rouyer  (2),  à  M.  Junien  Videau, 
bourgeois  et  héritier  sous  bénétice  d'inventaire,  de  feu  MM.  Simon 
Gaultier  de  Dreux,  François  de  Dreux  le  chevalier  et  Jean-Baplisle 
de  Dreux  ses  oncles,  demeurant  en  la  ville  de  Saint-Junien,  rue 
Salers,  paroisse  de  N.-D.  du  Moutiers,  au  'sujet  d'une  sentence 

(1,  '2)  Villages  de  la  paroisse  de  Saint- Auvent. 


R^PËRTOinF.    DU   PONDS  CODET   DE   BOISSE  50l 

rendue  par  la  justice  de  Saint-Auvent  au  profit  de  François  de  ta 
Garde  Thonisserie,  comme  seigneur  foncier  et  direet  du  village, 
mas  et  lènemenl  de  Fonférias...,  etc..  —  (Orig.). 

Liasse  43.  —  38  mai  i765.  —  Lettre  de  H.  Maisondieu  à  M.  de 
Flayat,  datée  des  Brosses.  Nomination  d'experts  pour  un  procès 
entre  H.  de  Carbonniëres  et  M.  Merlin  de  Liste  de  Saint-Victurnien. 

-  (Orig.). 
Liasse  14.  —  22  janvier  1791.  —  Vente  reçue  à  Saint-Junien  par 

J.-B.  Rouhet,  notaire  à  Saint-Junien,  disant  que  le  Mas  Vicomtcau, 

aux  dépendances  de  Saint-Junien,  était  de  la  directe  de  M.  de 

Saint-Auvent.  Pièces  de  procédure,  contrai  de  ferme.  —  (Orig.). 

16  septembre  1691.  —  Quittance  délivrée  aux  sieurs  Louis  et 

Jean  Bernard,  laboureurs  au  village  de  Glane,  paroisse  de  Sainl- 

Junien,  d*une  somme  de  six  livres  pour  le  droit  de  pèche  pendant 

un  an  appartenant  au  prince  de  Chabanais.  —  (Orig.). 

Carton  n<>  18 

14  février  1723.  —  Intimation  d'exploit  an  sujet  de  rentes  fon- 
cières concernant  Tabbaye  de  la  Règle,  représentée  par  M""*  Jeanne 
de  Verlhamon,  supérieure,  le  Révérend  père  Plaidevaux,  syndic  de 
Tabbaye  de  Saint-Augustin-lès-Limoges  et  Pierre  de  La  Rapidie 
sieur  de  Sainte-Marie  de  Vaux,  y  demeurant.  —  (Orig.). 

Compte  rendu  d'un  procès  entre  Martial  Baslier,  docteur  en  mé- 
decine, et  Léonard  Pouliot,  1849.  —  (Orig.). 

Extrait  du  Figaro  du  29  août  1875.  —  Sur  les  litres  de  noblesse,  les 
seuls  litres  anciens  élaienl  ceux  de  duc  et  de  comte.  A  partir  de  Charle- 
magne,  les  frontières  dénommées  marches  furent  surveillées  par  des 
chefs  militaires  nommés  margraves,  c'est-à-dire  comtes  des  Marches. 
De  )à  le  titre  de  marquis  qui  ne  fut  régulièrement  créé  que  par 
Louis  XII,  vers  1509,  en  faveur  d'un  seigneur  de  Trans.  Ce  ne  fut  que 
sous  Louis-le- Débonnaire  que  le  titre  de  Mark-Graff  fet  employé  la  pre- 
mière fois.  Sous  Louis  XIV,  le  titre  de  marquis  fut  vendu. —  (N.C.B.). 

Notes  sur  du  Bellay,  Guy  de  Lusignan,  Sébrand  Chabot,  de  Brémont 
d'Ars,  le  royaume  de  Chypre,  Sébastien  Zamet,  favori  de  Henri  IV, 
Françoise  d'Amboise,  les  comtes  de  Chàteauroux  et  de  Sancerre,  les 
comtes  de  Laval,  la  baronnie  de  Montmorency,  les  seigneuries  d'En- 
ghien  et  de  Mauzé.  —  (N.  C.  B.). 

Armoiries  des  Pierrc-Buffîère,  Pompadour,  Turenne,  Venladour,  La 
Tour  d'Auvergne,  Chauvigny,  Maulmont,  La  Hochefoucaud,  Lévis  Mire- 
poix,  Hogcr  de  Beaufort,  Hautefort,  La  Cropte-Lenquais,  Comborn, 
Limoges  ancien,  Angoulême  ancien,  Malemort,  Chabanais,  Gimel.  — 
(N.  C.  B... 

T,    LV  32 


boâ 


SOClérà   ARCHEOLOGIQUE    Et    blStOBIQÙË    bÙ    LlMOUStN 


Deux  comptes  originaux  sans  signatures  des  impôts  payés  de 
\HS  à  17S7  par  un  anonyme. 

Pièces  de  procédure  originales  entre  Âmand  Surin,  bourgeois  et 
marchand,  consul  de  la  ville  de  SaintJunien,  contre  Marie  Sensaud, 
veuve  de  Jean  Demansoux  sieur  de  Las  Coux  et  Joseph  Tardy,  son 
gendre^  —  (Orig.). 

Nombreuses  letlres  adressées  d'Eslaignac  à  M.  Surin  à  Sainl-Ju- 
nien  par  une  dame  C.  de  Rocquart.  —  (Orig.). 


Autres  notes  sur  la  famille  Dusoulier  de  Saint- Laurent. 

Articles  de  journaux  sur  les  châteaux  de  Pompadour  et  de  Chalusset. 
Notes  sur  François  de  Coignac,  seigneur  de  Chàteau-Chervix,  prove- 
nant de  Henri  Etienne.  Citation  de  M.  Arbellot,  Revue  archéologique  et 
historique,  page  217.  Notes  sur  les  Pardaillan,  les  Rochechouart,  les 
Pérusse,  les  gouverneurs  de  Limoges,  les  Cardaillac,  etc. 

Notes  sur  les  Ventadour,  les  Chabanais,  les  Comborn,  les  Lévis. 

Cahier  de  notes  renfermant  quatre-vingt-dix-huit  pages  de  renseigne- 
ments sur  les  familles  ci-après  (N.  C.  B.)  : 


Alvère 53 

Ancre 69 

Archiac 87 

Ayen 39 

Brézé 38 

Clavière  (La) 52 

Chamborant 49 

Chateaubriaut 79 

Chàteau-Morand 62 

Chàteauroux 29 

Chassaigne  (La) 83 

Civrav 77 

Craon 67 

Crov 92 

Couhé-Vevrac 13 

Desmiers 87 

Douze  (La) 9 

Droux 51 

Excideuil 5 

Feuillade  (La) 47 

Fors 14 

Fronsac 45 

Fumel 74 

Giversac 75 

Gencay 77 

Grignol 55 

Uautefort 6 


Rarcourt , 64 

Jal  (Saint-) 89 

Jumilhac 93 

Laval 23 

Lauzun 42 

Laxion 12 

Lezay 19 

Louvois 84 

Magnac 15 

Maintenon 41 

Marmier 85 

Maixent  (Saint-) 71' 

Montauzier. 32 

Montbron 77 

Montmorency 65 

Mirabeau 36 

Neuckèze 82 

Noirmoutiers 28 

Ozillac 33 

Pleumartin 36 

Randan 60 

Rastignac 10 

Rochemaud 71 

Autres  feuilles  volantes. 

Ribérac 42 

Royan 4 

Ruffec 3 


RÉPEItTOIRE    DU    FONDS   CODET   DE    BOISSB  503 

Pièces  relalant  une  procédure  entre  Madame  Josephe  de  Sali- 
gnac,  dame  de  La  Laurentie,  et  Jean-Baptiste  Chauvigny,  marchand 
à  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

3  révricr  i603.  —  Obligation  sur  parchemin  où  figure  un  Jean 
Labarie.  —  (Orig.). 

168EJ.  —  LiifPe  de  comptes  delà  métairie  du  ChatelarJ.  —  (Orig.). 

1713.  —  Etat  du  rôle  des  tailles  de  la  paroisse  de  La  Bretagne. 
-(Orig.). 

Note  sur  la  seigneurie  de  Saint-Auvent.  Dans  Thommage  du  30  mars 
1606  rendu  par  Jean,  vicomte  de  Rochechouart,  est  compris  le  château 
et  chàtellenie  de  Saint-Auvent,  mais  il  est  ajouté  ces  mots  :  pour  moi 
et  mes  parageux,  lesquels  mots  il  n'a  pas  ajouté  à  Thommage  qu'il  a 
fait  plus  haut  de  la  vicomte  de  Rochechouart  et  de  la  chàtellenie  de 
Cognac. 

C'est  qu'en  fait  la  seigneurie  de  Saint- Auvent  faisait  partie,  avec  les 
Bâtiments,  Chaillac  et  Saint-Cyr,  du  lot  d'un  autre  Jean,  son  frère  du 
second  lit. 

Ce  Jean,  premier  baron  des  Bâtiments,  eut  pour  fils  Jean  II,  baron 
des  Bâtiments,  qui  fut  père  de  René,  tige  de  la  branche  de  Saint- 
Auvent,  qui,  mort  sans  postérité,  transmit  le  comté  de  Saint-Auvent  à 
sa  sœur  Anne,  mariée  à  Isaac  de  Perry. 

Le  fils  du  premier  lit  (Jean,  3"  du  nom)  eût  pour  sa  part  la  vicomte  de 
Rochechouart  et  la  chàtellenie  de  Cognac. 

Le  30  mars  1606,  il  fit  hommage  au  roi  à  cause  de  son  comté  de 
Poitiers  et  tour  de  Maubergeon  : 

1*  De  sa  vicomte,  ville,  chàtel  et  chàtellenie  de  Rochechouart,  avec 
tous  droits  de  justice  haute,  moyenne  et  basse,  etc. 

2o  De  son  fief  et  chàtellenie  de  Cognac,  avec  mêmes  droits  de  justice 
haute,  moyenne  et  basse.  —  (Duléry,  Hisl.  de  Rochech.,  p.  343). 

Louis,  vicomte  de  Rochechouart,  avait  épousé  en  premières  noces 
Louise  de  Clérembault,  et  en  secondes,  Madeleine  de  Bouille.  11  mourut 
en  1604,  après  avoir  fait,  le  22  septembre  1603,  entre  ses  enfants  de 
l'un  et  l'autre  lit,  le  partage  de  ses  biens  et  seigneuries. 

La  paroisse  de  Saintc-Marie-de-Vaux,  composée  du  bourg  et  de  trois 
villages,  Chauzat,  la  Borderie  et  le  Dognon,  était  située  partie  en  Li- 
mousin et  partie  en  Poitou.  Le  bourg  lui-même  était  divisé  entre  les 
deux  provinces. 

La  portion  de  la  paroisse  comprise  dans  le  Limousin,  par  exemple  Je 
village  de  Chauzat  dépendait  de  la  juridiction  de  la  baronnie  d'Aixe, 
mais  au  point  de  vue  féodal  elle  relevait  de  l'abbesse  de  la  Règle  de 
Limoges  et  en  partie  de  l'abbaye  de  Saint-Auguslin-lès-Limoges,  ordre 
de  Sainl-Benoîl.  Cette  dernière  passa*  plus  tard  dans  la  féodalité  de 
Saint-Martial  de  Limoges. 

La  portion  de  la  paroisse  comprise  dans  le  Poitou  dépendait  de  la 
juridiction  de  la  baronnie  de  Saint- Victurnien.  —  (N.  C.  B.). 


504  SOCIÉTÉ    ABCUéOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

15  juin  1784.  —  Pièce  de  procédure  où  comparait  Léonard  Codet 
en  qualilé  de  procureur,  contre  Madame  Singaraud,  veuve  Cbabodie, 
tutrice  de  Robert  Chabodie.  (Orig.). 

Quatre  liasses  d^acles  notariés  et  parmi  elles  une  ferme  où  com- 
paraissent Françoise  Laurent,  veuve  de  Jean  de  Plument,  vivant 
chevalier,  seigneur  de  Baillac,  et  François  de  Plument,  sieur  de  La 
Cour,  son  fils,  demeurant  au  château  noble  de  Baillac,  en  pré^eDce 
de  Martial  de  Plument,  seigneur  de  Fontpérine.  —  (Orig.). 


Fragments  d'histoire  féodale  du  canton  de  Nantiat  ; 

Etude  sur  les  sénéchaussées  de  la  basse  Marche,  Le  Dorât  et  Bellac. 

Fragments  d'histoire  féodale  concernant  le  canton  d'Aixe-sur- Vienne; 

Autres  fragments  concernant  les  cantons  de  Nieul,  Chatcauponsat. 
Bellac,  Ambazac,  Dessines,  Saint-Germain,  Mézières,  Laurière,  Eyni«u 
tiers,  les  baronnies  de  Chabannes,  la  sénéchaussée  de  Guéretet  la  sti- 
gneurie  du  Dognon; 

Diverses  notes  sans  signatures  concernant  l'administra tion  de  la  ville 
de  Saint-Junien.  —  (N.  G.  B.). 

En  1719  la  place  de  maire  perpétuel  de  Saint-Junien  était  supprimée, 
en  1695,  1696,  1716,  Joseph  Hugon  était  maire  perpétuel. 

Note  manuscrite  récente  sur  trois  anciennes  maisons  nobles  au^ 
tourelles  :  1°  la  maison  ayant  appartenu  aux  Lamy  de  Monlvallier  e-^t 
vendue  aux  filles  de  Notre-Dame.  La  tourelle  porte  pour  suscripti"n 
sur  la  pierre  (jui  surmonte  la  porte  d'entrée  la  date  de  1531  ; 

2"  La  maison  do  Hochebrune  habitée  en  1575  par  noble  Jehan  <ieh 
Boyxière,  seigneur  des  Planches,  et  en  1655  par  'Vidaud; 

3**  La  maison  habitée  en  1655  par  Martial  Montjon  du  Boùrdieu.  - 
(N.  C.  B.). 

Amand  Surin  consul  en  1720,  l'est  encore  en  1721. 

Le  sieur  Surin  est  préposé  pour  le  dixième  de  la  ville  de  Saint-Juniec 
en  1736.  —  (N.  C.  B.). 

En  1573  Charles  IX  érige  la  généralité  de  Limoges  comprenant  lAn- 
goumois,  la  haute  et  basse  Marche,  le  haut  et  bas  Limousin,  avec  un 
bureau  des  trésoriers  et  officiers  de  France.  Note  sur  la  cour  d  appcaui 
de  Ségur  et  sur  le  passage  de  saint  Bernard  en  Limousin  et  en  .Knîr»a- 
mois,  les  Châteaubriant,  la  châtellenie  de  Tersannes,  le  prieuré  d'Alta- 
vaux,  la  seigneurie  de  Chàlus. 

Notes  sur  la  domination  gasconne  en  Aquitaine. 

Notes  sur  Thisloire  féodale  du  haut  Limousin  au  xi«  siècle. 

Notes  sur  Lesterps,  le  château  de  Servières,  Bourganeuf,  lebour^'Jc'? 
Salles,  Champagnac  en  Poitou,  la  Combraille,  Malemort,  Magnac-Boua' 
le  bas  Limousin,  la  famille  Chauvçron.  —  (N.  C.  B.). 


néPERTOIRG   DU    FONDS    GODET   DE   BOISSE  505 

Carton  n*"  14 

16S5.  —  Acte  concerDanl  les  habitants  du  village  de  Babodu, 
paroisse  de  Vayres.  —  (Orig  ). 

1686.  —  Pièces  originales  concernant  la  juridiction  du  marquisat, 
baronnie  et  chatellenie  de  Saint- Viclurnien.  —  (Orig.). 

17H.  —  Liasse  H.  —  Nombreuses  quittances  de  renies  déli- 
vrées à  M.  Pierre  Laborie.  Pièces  de  procédure  entre  François 
Reynaud,  chevalier,  seigneur  de  la  Soudière  et  autres  lieux,  et 
Messire  Melchior  de  Carboniliëres,  chevalier,  seigneur  de  Saint- 
Brice  d'une  part,  et  Martial  Gorse,  laboureur  et  principal  tenancier 
du  lieu  de  Dcugnat,  constatant  le  défaut  de  Martial  Gorce.  Chapus, 
grefiier  de  la  justice  de  Saint-Âuvent  et  Jean  Delagarde,  sieur  de 
La  Besse,  juge  de  Saint-Âuvent.  Autre  pièce  de  procédure  non 
signée,  du  16  janvier  1666,  où  figure  Aymeric  Surin.  —  (Orig.). 

1741.  —  Pièces  de  procédure  relevant  de  la  justice  de  la  princi- 
pauté de  Ghabanais.  —  (Orig.). 

1751-1758.  —Neuf  pièces  de  procédure  originales  concernant 
un  procès  entre  les  Quichaud,  Beynaud  et  Feyti  d'une  part  et  les 
Depeyrissac  d'autre  part.  —  (Orig.). 

1761.  —  Ginq  pièces  de  procédure  au  sujet  d'un  retrait  féodal 
entre  Jean  Guilhauroaud,   bachelier  en  théologie,  chanoine  de 
Sainl-Junien,  et  Martial  Hier,  tisserand  au  même  lieu.  —  (Orig.). 
Diverses  factures  non  signées, 
Plusieurs  chansons  poitevines. 

1752.  —  Liasse  de  procédure  entre  Benjamin  Leteneux  (?),  che- 
valier, seigneur  de  Goumiers,  conseiller  du  roi,  représenté  par 
Godet,  son  procureur  d'une  part,  et  dame  Glaude  Elisabeth  Pasquet, 
épouse  de  Messire  Jean-Baptiste  Demeurin,  séparée  de  lui  quant 
aux  biens  et  veuve  en  premières  noces  de  M.  de  Yerdilhac,  au 
sujet  d'une  dette.  —  (Orig.). 

Liasse  3.  —  1789.  —  Volumineux  dossier  d'affaires  entre  M.  Mel- 
chior de  Garbonnières,  comte  Je  Saint-Brice  d'une  part,  et  M.  Vic- 
turnien  Merlin  de  Liste,  bourgeois,  défendeur.  —  (Orig).. 

1761.  —  Papiers  d'affaires  concernant  la  justice  de  La  Bretagne. 
-  (Orig.). 

Liasse  o.  —  Cahier  de  uoles  extraites  des  registres  consulaires  de  la 
ville  de  Limoges.  —  (N.  G.  B.). 

Liasse  6.  —  Notes  historiques  de  la  période  mérovingienne  et  du 
haut  moyen  âge.  Liste  des  souverains  du  Limousin  à  partir  de  l'invasion 
des  Wisigoths  jusqu'à  Pépin  le  Bref.  —  (X.  C.  B.). 


506  SOCIÉTÉ  ARC H-ÉO LOGIQUE   ET   HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

1762.  —  Quatre  pièces  de  procédure  où  comparait  Joseph 
Defuas  fils,  juge  de  police  de  la  ville  de  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Liasse  n^  10.  —  Documents  divers.  Justices  seigneuriales,  notes 
de  M.  Godet  Boisse,  sur  le  fief  de  Monastier,  la  viguerie  de  Saint- 
Junien,  la  Haute  Marche,  Ahun,  Yidaud  de  Bosvigier,  le  canton  de 
Châleauneuf,  les  Barbarin  de  Puyfranioux.  En  4769  il  existait  trois 
fabriques  de  papier  pour  récriture  à  Saint-Junien.  —  Epitaphe  à 
réglise  Saint-Louis  à  Rome  de  François  de  Rochechouart-Morte- 
mart,  mort  en  1592  à  Tàge  de  vingt-deux  ans,  rais  au  tombeau  par 
sa  mère,  Jeanne  de  Saulx-Tavannes.  —  (Orig.). 

1782.  —  Dossier  d'une  affaire  enlre  Léonard  Godet  de  Boisse, 
bourgeois,  demandeur  en  qualité  de  tuteur  des  enfants  mineurs  de 
feu  Amand-Hubert  Tamoyneau,  contre  Viclurnien  Godet,  marchand. 
-  (Orig.). 

13  novembre  1815.  —  Un  numéro  de  la  Gazette  de  France. 

Liasse  n*  1.  —  Lettres  d'affaires  non  datées  j)orla»l  te&  signa- 
tures Boismorand  et  Lagraviàre.  •—  (Orig.). 

Requête  sans  date  ni  signature  présentée  à  l'intendant  de  Li- 
moges par  Léonard  Godet,  syndic  des  religieuses  ite  N.-Dame,  sur 
une  question  de  procédure.  — -  (Orig.). 

Diverses  pièces  originales  de  procédure.  —  (Orig.). 

Liasse  4.  —  Diverses  pièces  accompagnées  de  notes  de  M.  Godet 
Boisse,  d'où  il  résulterait  que  les  villages  ci-:tprès  situés  dans  la 
paroisse  de  (^haillac  faisaient  partie  du  Poitou  et  relevaient  de  la 
juridiction  du  comté  des  Bâtiments,  savoir  : 

Gramaud-le-Vieil,  Pruniéras,  La  Guérillerie,  le  pont  de  Gorre» 
Ghez-Sadry,  Légignac,  Valette  en  partie  (la  ligne  séparalive  des 
deux  provinces  traversant  les  airages  de  La  Valette),  LeBelhomme. 
La  justice  de  Ghaillac  était  distincte  de  celle  des  B&timents.  — 
(Orig.). 

Liasse  8.  —  Notes  de  M.  Codet  sur  retendue  géographique  de  la  ba- 
ronnie  de  Saint-Junien  qui  embrassait  la  presque  totalité  de  la  paroisse 
de  N.-D.  du  Moutier,  une  grande  partie  de  celle  de  Saint-PieiTC,  plus 
de  la  moitié  de  celle  de  Ghaillac,  une  petite  partie  de  Saint-Martin,  une 
partie  considérable  de  Cognac,  la  paroisse  presque  entière  de  Sainl- 
Brice,  quelques  morceaux  d'Oradour-sur-Glane  et  de  Jave'rdat  et  une 
minime  partie  de  la  paroisse  d'Etagnac. 

Enumération  des  seigneurie  subalternes  de  la  baronnie.  ^  (N.  G.  B.). 

Autre  note  du  même  disant  que  les  chambellans  de  Napoléon  I®*"  avaient 
ctù  les  comtes  d'Aubusson,  les  de  La  Feuillade,  Galard  de  Béarn,  de 
Turenne,  de  Noailles,  de  Saint-Aulairc,  Trion  de  Montalcmbcrt,  dames 
du  palais  :  la  comtesse  Victor  de  Mortemar,  la  comtesse  de  Turenne. 

Papiers  divers.  —  (N.  G.  B,). 


RéPERTOlRÉ   DC    FONbS    CODÊt   Dfe   BOISSÉ  bO* 

I/iasse  7.  —  Papiers  d'affaires  où  sonl  mentionnés  Pierre  de  La 
Vallade,  écuyer,  sieur  de  La  Roberlie,  habitant  à  Boisgourdon, 
paroisse  de  Saint- Victurnien  en  Poitou,  d'une  part,  Guillaume  de 
La  Garousse,  François  de  La  Vallade,  sieur  deTruRin,  paroisse 
d'Angoisse  en  Périgord.  Réclamation  par  Jean  de  Fornel,  écuyer, 
sgr  de  La  Laurencie,  comme  mari  de  dame  Jeanne  de  La  Vallade,  au 
sujet  d'un  droit  de  franc  fief  réclamé  par  le  receveur  d*Excideuilsur 
lederdeTruffln. 

Juridiction  de  Chateau-Morand.  —  (Orig). 

Liasse  n°  9.  —  Pièces  concernant  le  procès  des  chanoines  de 
Saint-Junien  avec  les  habitants  de  Saint-Auvent  pour  les  répara- 
lions  de  régliïie  de  Saint-Auvent.  —  (Imprimé). 

Liasse  12.  —  Pièces  originales  sur  le  comté  de  Monlbron  en 
Angoumois. 

Diverses  pièces  de  procédure  où  comparaissent  Jacques  de  La 
Sudrie,  écuyer,  sieur  de  Gaumoury,  el  Maniai  de  ta  Sudrie,  sei- 
gneur de  Puy-Richard,  demeurant  à  Gonfolens,  et  les  seigneurs 
de  Pressacprès  Cliabanais,  paroisse  de  Chassenon.  —  (Orig.). 

Liassel3.  — Livre  de  délibération  des  habitants  de  Saint-Auvent, 
relatif  au  procès  intenté  conlre  les  chanoines  de  Saint-Junien  à 
Toccasion  de  la  construction  du  clocher  de  Téglise.  Nombreuses 
lettres  d'avocats  et  de  Tintendanl  de  Poitiers  à  M'"''  de  Saint- 
Auvent.  —  (Orig.). 

Carton  n''  15 

5  février  1676.  —  Cession  sur  parchemin  par  dame  Penelle 
Simon,  veuve  Aillaud,  où  comparaissent  Marguerite  Charaux, 
veuve  de  Jean  Reix  et  autres.  —  (Orig.). 

1705.  —  Procès  entre  avocats  et  chirurgiens.  —  (Orig.). 

1720.  —Procédure  pour  Jean  Guillon  contre  Pierre  Rivaud  et 
Pierre  Lachaud.  —  (Orig  ). 

14  juillet  1733.  —  Pièce  de  procédure  où  comparaît  comme 
requérant  Charles  Barbarin,  sieur  de  Yérat.  —  (Orig.). 

Baronnie  de  Loubert,  châtellenie  de  Mannot,  prieuré  de  Chanlrezac, 
Genouillac. 

Les  marquis  deNesmond,  barons  des  Etangs,  Sauvagnac,  Massignac, 
les  d'Abzac,  marquis  de  Pressac,  Savignac,  Le  Portai,  etc.  Principauté 
de  Chabanais,  Etagnac,  paroisses  et  clergé.  —  (N.  C.  B.). 

Nombreuses  notes  de  M.  Godet  de  Boisse  sur  les  Némond,  baron  des 
Etangs,  les  Regnault,  les  de  Goulard,  les  Brassard,  la  sénéchaussée 
d'Angoulême,  le  canton  de  ChabanaiS)  Lesterps,  Saulgon,  la  barounie 
de  Loubert,  Lézignat,  Confolens,  etc..  —  (X.  C.  B.). 


B08  SOCIÉTÉ  AnCHÈOLOÛIQOE  ET  HÏSTOk)IQl)E  t)U  LÎMÔUStN 

il  juillet  1735.  —  Prise  de  possession  de  la  chapelle  de  Saint- 
Jean  d*Âuzal|  diocèse  de  Poitiers,  par  le  curé  Marlin  de  La  Croix, 
du  diocèse  de  I.inîoges.  —  (Orig.). 

9  février  1737.  —Transaction  entre  les  collecteurs  de  la  paroisse 
de  Saint-Mauricc-des-Lions.  —  (Orig.). 

8  juillet  1754.  —  Requête  préscnlc^e  au  lieutenant  général  de 
Limoges  par  Yicturnien  Merlin  de  Lisle,  bourgeois,  tendant  à  la 
révision  d,un  procès  où  se  trouvaient  impliqués  Marguerite  Duval, 
veuve  de  Jean  Raymond,  chirurgien,  et  autres.  —  Rejetée.  — 
(Orig.). 

5  août  1755.  —  Documents  concernant  la  juridiclion  de  Brillac, 
en  basse  Marche,  celle  de  Châlus,  du  comlé  des  Bâtiments,  de  la 
vicomte  de  Rochechouart,  la  seigneurie  et  juridiction  de  Tabbé  de 
Leslerps.  —  Conclusions  du  procureur  du  roi  du  sénéchal  de  Li- 
moges dans  le  procès  de  Yicturnien  Merlin  de  Lisle  et  le  sieur 
Raymond.  —  (Orig.). 

13  juin  1760.  —  inventaire  des  meubles  de  Martial  Pasquet,  sieur 
de  Boigourdon,  paroisse  de  Saint- Yicturnien.  —  (Orig.). 

6  avril  1768.  —  Copie  d'une  transaction  passée  entre  Amand- 
Hubert  Thamoynaud  du  Yignaud  et  Anne  Thamoynaud,  veuve 
Godet.  —  (Copie  informe). 

8  janvier  1770.  —  Yenle  par  devant  Rouchet,  notaire,  d'une 
maison  située  rue  du  Pontlevis,  par  Simon  Jean-Baptiste  Maison- 
dieu,  en  faveur  de  Junien  Périgord,  maître  chirurgien.  —  (Orig.). 

11  novembre  1771.  —  Arrangement  par  devant  notaire  entre 
Simon  de  Yerdilhac,  seigneur  de  Puyjudaud,  conseiller  au  présidial 
do  Limoges,  demeurant  paroisse  de  Saint-Michel,  et  Léonard 
Blancheton,  demeurant  au  Yignaud,  paroisse  de  Saint- Yicturnien, 
pour  la  jouissance  paisible  de  leurs  héritages.  —  (Orig.). 

25  juin  1774.  —  Copie  d'une  assignation  de  la  part  du  chapitre 
de  Sainl-Junien  à  Amand  Thamoineau  pour  assister  à  un  procès- 
verbal  au  moulin  Grollicr.  —  (Orig.). 

6  avril  1783.  —  Pièce  de  procédure  pour  Antoine  Pouch  contre 
Etienne  Grenaille,  sénéchaussée  de  Sarlal.  —  (Orig.). 


François  Surin  Ilugon,  habitant  de  Saint- Junien,  avait  fait  donation 
entre  vifs,  pure  et  simple  de  ses  biens  à  François  Surin  Hugon,  son 
neveu  et  filleul,  fils  mineur  de  Jean-Baptiste  Surin,  habitant  de  Saint- 
Junien,  le  dit  François,  absent,  mais  Jean-Baptiste  Surin,  son  père, 
acceptant  en  son  lieu  et  place.  —  (Note  de  l'époque  sans  signature). 

Diverses  pièces  sur  les  églises  de  SaintiJunien  et  les  dons  faits  par 
divers  personnages  en  faveur  de  la  chapelle.  —  (N.  C.  B.). 


néPERTOlKE  DU  PONDS  GODET  DE  BOISSB  509 

1"  juillet  1783.  —  Partage  eolre  Jeanne,  Fraaçois,  Augustin, 
Jean-Baptiste  et  Marie  Surin,  frères  et  sœurs,  héritiers  de  feu 
demoiselle  Suzanne  Hugon,  leur  mère,  héritière  testamentairoi  de 
feu  sieur  Araand-Hubert  Surin,  leur  père.  —  (Orig.). 

1788-1789.  —  Dossier  émanant  de  la  justice  de  Mortemart.  — 
(Orig.). 

8  floréal  an  IV.  •—  Signification  faite  à  la  requête  de  la  citoyenne 
Marie  Surin,  (ille  majeure,  demeurant  à  Saint-Junien,  rue  du 
Pont-levis,  par  Jean-Baptiste  Dupuy,  huissier  public,  au  citoyen 
Guillaume  Quichaud,  aubergiste  à  Sainl-Junien,  du  contrat  de 
vente  consenti  à  la  requérante,  d*un  domaine  et  cheptel  situé  à  La 
Bretagne,  par  Jean-Baptiste  Surin.  —  (Orig.). 

7  nifôse  an  YHI.  —  Pétition  pour  la  réouverture  de  la  chapelle 
de  Notre-Dame. 

An  X.  ^  Papiers  d*afTaires,  partages,  estimations  des  biens  de 
la  famille  Surin,  où  figure  un  Thamoineau  comme  héritier.  — 
-  (Orig.). 

8  brumaire  an  XII.  r-  Jugement  prononcé  par  le  juge  de  paix  de 
Saint-Junien  à  la  requête  de  Jean-Baptiste  Surin  contre  François 
et  Pierre  Glavaud  dit  VaMe,  du  village  de  La  Bretagne.  —  (Orig.). 

30  mars  1806.  —  Acquisition  d'une  grange  située  à  Saiot-Jumea 
par  M"*  Barbe  Taulier,  veuve  de  René  De&vergnes  Lafond,  de 
Jean-Baptiste  Surin,  propriétaire  à  Saint-Junien,  moyennant  la 
somme  de  2.120  francs.  £tat  des  inscriptions  hypothécaires.  —- 
(Orig.). 

iA  septembre  1806.  —  Autre  acquisition  par  devant  notaire  par 
lean-Baptiste  Surin,  de  Jean  Dupuy  de  Saint-Junien,  d*un  b&timeni 
situé  au  Puy-de-Mallet,  commune  de  Saint-Brice,  moyennant 
SOO  francs. 

Copie  d*une  pièce  de  procédure  où  flgure  Jean-Baptiste  Surin, 
6  mars  1806. 

Plusieurs  pièces  de  procédure  intéressant  M.  Amand-Hubert 
Surin.  Citation  de  la  rue  Joumardière  à  Saint-Junien.  Vente  par 
François  Surin  Hugon  à  Jean-Baptiste  Surin,  son  frère,  de  ses 
droits  dans  la  succession  de  feu  Mathieu  Surin,  leur  oncle.  10  ther- 
midor an  VIII.  —  (Orig.). 

Mémoires  sur  la  famille  Mirabeau.  Réclamations  de  crcaociers,  nolam- 
ment  de  Junien  Périgord,  maître-chirurgien  à  Saint-Junien,  époux  de 
dame  Anne  Carrière.  —  (N.  C.  B.). 

Notes  historiques  modernes  concernant  la  famille  Surin  et  nombreux 
aotes  notariés. 

Le  village  du  Dognon,  paroisse  de  Saint-Martin  de  Jussac,  était  en 
Poitou.  —  (N.  C.  B.). 

T.    LV  33 


510  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Papiers  intéressant  la  famille  Surin.  —  (Orig.). 
28  mars  4807.  —  Echange  d'immeubles  entre  Junien-Charles- 
Ignace  Petit,  fils  aine,  d'une  part,  et  Jean  Broussaudier,  marchand. 

-  (Orig.). 

12  avril  1807.  —  Vente  par  Junien-Charles-Ignace  Petit,  fils  aine, 
demeurant  à  Saint-Junien,  à  Jean-Baptiste  Surin  jeune,  d'une  terre 
labourable  située  au  lieu  de  Gbaussade,  paroisse  de  Saint-Junien. 

-  (Orig.). 

!«'  mai  1809.  —  Pièces  de  procédure  entre  Jean-Baptiste  Surin, 
propriétaire  à  Saint-Junien  et  François  Surin  Hugon,  son  frère, 
d'une  part,  et  le  sieur  Simon,  notaire  à  Saint-Junien.  —  (Orig.). 

Copie  sans  signature  et  sur  papier  libre  d'un  jugement  rendu 
entre  Martial  Simon,  notaire  impérial,  demandeur,  et  Jean-Baptiste 
Surin,  propriétaire  à  Saint-Junien,  défendeur  au  sujet  de  sources 
d'eau  situées  au  village  de  La  Bretagne.  Pièces  y  relatives,  1809. 
Procédure  où  comparaissent  Guillaume  Quichaud ,  Jacques  Beynaud , 
sieur  de  Savcrgdac,  et  la  demoiselle  Grateyrolle.  —  (Orig.). 

Quatorze  pièces  de  procédure  où  comparait  Victor  Claude 
Riquetti,  vicomte  de  Mirabeau,  colonel  de  cavalerie,  demeurant  à 
Vannes,  comme  héritier  sous  bénéfice  d'inventaire  ^e  dame  Marie- 
Geneviève  Vassant,  marquise  de  Mirabeau,  son  aïeule  paternelle, 
par  représentation  de  Victor-Boniface  Riquetti,  vicomte  de  Mira- 
beau, son  père,  comme  ayant  provoqué  la  vente  opérée  au  tribunal 
de  Rochechouart  le  3  décembre  1818,  du  domaine  de  Vénepayre, 
situé  commune  de  la  Chapelle-Montbrandeix,  en  faveur  de  Jean 
Hébrard  de  Verneuilh  (?},  chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  Légion 
d'honneur,  demeurant  à  la  Quintaine,  commune  de  Panazol.  Purge 
des  hypothèques.  —  (Orig.). 

Vente  du  12  septembre  1831,  sur  papier  libre  et  sans  signature 
par  François'Noêl  Surin,  maire  de  SaintBrice,  à  Jean-Baptiste 
Font-Réaux  de  Saint-Junien,  d'une  chaume  dite  du  Paissillon,  sise 
au  village  de  La  Bretagne.  ^  (Orig.). 

Acte  sous  seing  privé  entre  Noël  Surin,  maire  de  Saint-Brice,  et 
Louis  Simon,  négociant  aux  Batignoles,  rue  des  Dames,  11,  Paris. 

-  (Orig.). 

Copie  informe  et  sans  date  du  testament  d'Àmand  Thamoigneaud, 
bourgeois,  demeurant  canton  du  cimetière.  Il  avait  épousé  Anne 
Grateyrolle.  —  (Orig.). 

Actes  notariés  concernant  la  fzmille  Surin.  —  (Orig.). 

Divers  actes  de  la  juridiction  du  Repaire  de  Glane,  paroisse 
d'Oradour-sur-Glane,  en  Poitou,  relevant  du  marquisat  de  Saint- 
Victurnien.  —  (Orig.). 


RÉPERTOIRE  DU  FONDS  GODET  DE  BOISSK  511 

Jugements  de  diverses  juridictions,  notamment  de  celle  de  Mor- 

temarl.  —  (Orig.). 

Nombreux  papiers  de  famille,  lettres,  procédures,*intéressant  les 
familles  Surin  et  de  la  Soudière.  —  (Orig.). 

Fragment  d*une  pièce  de  procédure,  sans  date,  et  sur  parchemin^ 
intéressant  le  chapitre  de  Sainl-Junien.  —  (Orig.). 

Pièces  provenant  de  la  juridiction  de  la  prévôté  de  Verneuil,  ei> 
Limousin.  —  (Orig.). 

Pièces  originales  sur  la  juridiction  de  la  châtellenie  de  Puy- 
Gaillard.  —  (Orig.). 

Papiers  de  procédure  à  plaider  au  tribunal  du  district  de  Saint- 
Léonard  par  Parelon,  avoué.  —  (Orig.). 

Pièces  concernant  les  juridictions  d'Aixe  et  de  Rochefort.  — 
(Orig.). 

Carton  n^'  16 

xv«-xviir  siècles.  —  Pièces  diverses  sur  la  vicomte  de  BrigueiU 
la  seigneurie  de  Pers  en  Angoumois,  —  la  cour  d'appeaux  de 
Ségur  pour  le  comté  de  Périgord  et  la  vicomte  de  Limoges,  —  la 
paroisse  N.-D.  du  Moutier  à  Saint-Junien,  etc.,  etc.  —  (Orig.). 


GOUFIER  DE  LERMITE 


CAPITAINE    DE    GHALUCET    AU    XV*    SIÈCLE 


Dans  son  livre  intitulé  :  Chdlucet  {Limoges y  1887),  Loais  Gaibert 
a  parlé  avec  quelques  détails  d*un  capitaine  de  cette  célèbre  forte- 
resse qui  entra  en  fonctions  lorsque  les  excès  de  la  garnison, 
signalés  au  roi  de  France  à  son  passage  à  Limoges  (mai  1442), 
eurent  obligé  Charles  d'Albret  à  révoquer  Tandonet  de  Fumel  au 
mois  de  juillet  1443  :  il  rappelle  «  Gouffler  de  Laron  »,  et  il  s^attache 
à  démontrer  qu'il  a  raison  contre  ceux  qui  ont  lu  de  Lermite  le  nom 
qu'il  lit  lui-même  de  Lerunte  et  qu'il  identifie  à  celui  de  la  famille 
«  de  Laron  »,  famille  bien  connue  par  le  rôle  qu'elle  a  joué  en 
Limousin  au  moyen  ftge  et  que  Louis  Guibert  a  contribué  plus 
que  personne  à  faire  connaître  (1). 

Je  crois  que  Louis  Guibert  s'est  trompé  :  ce  n'est  pas  à  la  famille 
((  de  Laron  »,  c'est  à  la  famille  marchoise  «  de  Lermite  »,  illustrée 
au  xvip  siècle  par  le  poète  et  romancier  Tristan  L'Hermite,  un  des 
premiers  membres  de  l'Académie  française,  qu'appartient  incontes- 
tablement le  capitaine  de  Chalucet  (2).  Je  laisse  à  mon  confrère 
et  ami  Alfred  Leroux  le  soin  d'examiner  à  la  loupe  le  très  curieux 
mémoire  du  chapitre  de  Limoges  que  Louis  Guibert  a  publié 
en  appendice  d'après  la  liasse  3025  des  Archives  départementales 
delà  Haute- Vienne  (p.  176-182)  (3)  :  il  n'est  pas  possible  que, là  où 
L.  Guibert  a  lu  soit  Lerunta,  soit  Lerunte^  il  ne  faille  pas  lire  soit 


(1)  Châlucei,  p.  106,  note  2,  et  179,  note  1.  Sur  la  famille  de  Laron, 
voir  un  autre  travail  de  L.  Guibert,  Laron,  topographie,  archéologie, 
histoire  (Limoges,  1893);  on  y  trouve  la  mention  de  «  GoufBer  de  Laron, 
capitaine  de  Chalucet  pour  le  sire  d'Albret  en  1443  et  1452  »,  sans  allu- 
sion au  doute  que  peut  causer  sa  véritable  personnalité  (p.  38). 

(2)  J'écris  Chalucet  sans  accent  circonflexe  sur  Ta,  par  amour  de  la 
simplicité  orthographique. 

(3)  [La  vérification  ne  nous  a  pas  été  possible.  Le  classement  provi- 
soire auquel  se  réfère  la  cote  indiquée  par  L.  Guibert  a  été  bouleversé 
il  y  a  peu  de  temps  en  vue  d*un  classement  définitif  du  fonds  du  cha- 
pitre cathédral.  La  pièce  en  question  ne  se  retrouvera  qu^au  cours  de 
rinventaire.  —  A,  Lbrouz]. 

T.  LV  34 


ÎSl4  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

LermiiOf  soit  Lermite.  L.  Guibert  cite,  en  oalre,  deux  liasses  des 
archives  départementales  des  Basses-Pyrénées,  E  714  et  E  716. 
Llnvenlaire  sommaire  rédigé  par  P.  Raymond  ne  mentionne  rien 
qui  se  rapporte  à  notre  homme  dans  la  liasse  714,  mais  dans 
Tanalyse  de  la  liasse  716,  P.  Raymond  a  inséré  cette  cote  :  «Lettres 
de  Charles  VII  concernant  la  restitution  de  la  seigneurie  de  Château- 
Ghervix,  engagée  pour  1.200  liv.  t.  à  Gaufier  de  Lermitey  capitaine 
de  Ghftlusset  »  (1). 

Dans  la  généalogie  de  la  famille  de  Lermite  (2),  telle  que  M.  Ber- 
nardin, auteur  d'un  bon  livre  sur  Tristan  L*Hermite,  s'est  efforcé 
delà  dégager  des  légendes  vaniteuses  qui  Tout  ridiculement  altérée, 
nous  voyons  figurer,  au  milieu  du  xv«  siècle,  un  GauBsier,  fils  aine 
de  Jean,  mentionné  dans  le  testament  de  son  père  (10  octobre  1448), 
concurremment  avec  son  frère  Jaques  (3;  :  ce  Gaussier  est  Tancétre 
direct  de  Tacadémicien  ;  sa  descendance  est  éteinte,  tandis  que 
Jaques  a  formé  la  branche  des  seigneurs  de  la  Rivière  qui  existe 
encore  aujourd'hui  et  qui  possède  toujours  le  manoir  de  la  Rivière, 
près  d'Eymoutiers. 

Rendant  compte  du  livre  de  M.  Bernardin,  peu  après  son  appari- 
tion, j'ai  conjecturé  que  Gaussier  était  une  simple  faute  de  lecture 
pour  Goufier  (4).  Depuis,  dans  un  article  publié  dans  YEcho  de  la 
Creuse  du  10  novembre  1900,  sous  le  titre  :  «  Un  ancêtre  authen- 
tique du  poète  Tristan  L'Hermite  »,  j'ai  cité  un  extrait  du  sixième 
compte  de  Jean  de  Xaincoins,  receveur  général  des  finances  (1443- 
1444),  dans  lequel  on  trouve  mentionné  «  Gouffier  Lermite,  escuier, 
serviteur  d'Arnaud  (8)  Amanieu  d'Albret,  seigneur  d'Orval  »,  qui 
fut  chargé  d'une  mission  de  la  Cour  auprès  de  son  maître,  capitaine 
de  gens  d'armes,  qui  était  alors  «  sur  les  marches  d'Allemagne  en 
la  compagnie  de  Monseigneur  le  Dauphin  »  (6).  Ma  conjecture  sur 


(1)  Inv,  somm,  des  arch,  dép..  Basses- Pyrénées,  t.  IV  (1867),  p.  196. 

(2)  Telle  est  la  forme  des  documents  les  plus  sÛrs  pour  la  période 
ancienne  qui  seule  nous  intéresse  ;  mais  on  trouve  plus  d^une  fois 
Lermite  sans  la  particule.  Il  est  indifférent  de  mettre  ou  de  ne  pas 
mettre  d*apostrophe  ;  je  n'en  mets  pas,  parce  que  c'est  plus  simple 
ainsi. 

(3)  Un  précurseur  de  Racine  :  Tristan  VHermite  (Paris,  Picard,  1895), 
p.  19. 

(4)  Annales  du  Midi,  VII,  460. 

(5)  L'Echo  de  la  Creuse  porte  Armand^  mais  c'est  une  coquille  typo- 
graphique. 

(6)  Bibl.  nat.,  franc.  32511,  f«  83  (copie  de  Caille  du  Fourny,  d'après 
l'original  de  la  Chambre  des  Comptes,  aujourd'hui  détruit). 


GOUFIEn    DE    LERMITE  Ol5 

i*ûpportuDilé  de  corriger  Gaussief*  en  Gouffier  se  irouve  doûc 
justifiée  par  cela  même,  et  Texistence  de  Goufier  de  Lermite  ne  fait 
pas  qneslion.  D'ailleurs,  j'aurais  pu  relever  sa  présence  dans  la 
revue  des  nobles  de  la  Haute-Marche  et  des  châtellenies  de  Mon- 
taigut-en-Combraille  et  du  Dorât  passée  à  Guéret  le  17  décem- 
bre 1470  par  Mathurin  Brachet,  seigneur  de  Montaigut-le-Blanc  : 
((  Gouffier  Lermite^  escuier,  seigneur  de  Souliers,  monlé  et  armé 
de  brigandine,  avecques  ung  homme  armé  pareillement  de  brigan- 
dine  »  (1). 

C'est  bien  Goufier  de  Lermite  qui  fut  capitaine  de  Chalncel  pour 
Charles,  puis  pour  Arnaud  Amanieu  d'Albret,  à  partir  de  juillet  1443; 
c'est  bien  lui  qui  acquit  de  la  maison  de  Bretagne,  le  1*'  octo- 
bre 1452,1a  seigneurie  de  Château-Chervix,  moyennant  douze  cents 
livres  «  qui  ne  provenaient  vraisemblablement  pas  de  son  patri- 
moine »,  comme  le  remarque  malicieusement  Louis  Guibert,  et  qui 
fit  les  plus  grandes  difficultés  pour  laisser  accomplir  la  clause  de 
réméré  stipulée  par  les  vendeurs,  au  point  qu'il  fallut  l'inter- 
vention de  lettres  royaux  du  7  mai  1458  pour  vaincre  sa  résis- 
tance. Les  mémoires  du  chapitre  de  Limoges,  publiés  par 
L.  Guibert  montrent  que  les  pilleries  et  les  violences  des  gens  de 
guerre  autour  de  Chaiucet  n'avaient  pas  cessé  parce  qu'un  de 
Lermite  avait  succédé  à  un  de  Fumel  dans  les  fonctions  de  capi- 
taine de  la  redoutable  forteresse  :  tous  les  capitaines  du  temps 
étaient  plus  ou  moins  des  écorcheurs. 

M.  Bernardin  sait  peu  de  chose  de  son  Gausner  :  il  nous  apprend 
pourtant  qu'il  lit  son  testament  en  1473,  mais  il  ajoute  prudem- 
ment :  «  si  nous  en  croyons  la  généalogie  suspecte  de  d'Oultre- 
man  ».  Sa  défiance  est  légitime  :  cette  généalogie  est  en  réalité 
l'œuvre  de  Jean-Baptiste  de  L'Hermite  (2),  frère  de  l'académicien, 
faussaire  éhonlé,  dont  M.  Bernardin  connaît  mieux  que  personne 
les  turpitudes  morales  (3),  et  dont  les  allégations  historiques  ne 
peuvent  être  acceptées  sans  contrôle,  surtout  quand  sa  vanité  est 


(1)  Le  texte  de  cette  revue  a  été  publié  deux  fois,  d*abord  par  Tabbé 
Pataux,  dans  la  Généalogie  de  la  maison  de  Brachet  (Limoges,  1885j, 
puis  par  M.  Clément-Simon,  Bull,  de  la  Soc.  scientif.,  hisl.  et  archéoL 
de  la  Corrèze,  t.  XI  (Brive,  1889),  p.  285. 

(2)  Elle  a  été  insérée  par  J.-B.de  L'Hermite  dans  la  deuxième  édition, 
cuisinée  par  lui  et  publiée  en  1C45,  de  la  Vie  du  vénérable  Pierre 
VHermite,  du  Père  d'Oultreman. 

(3)  Voyez  la  piquante  étude  intitulée  :  Un  mari  d'actrice,  dans  le  livre 
que  M.  Bernardin  a  publié  en  1900  :  Hommes  et  mœurs  au  dix-septième 
siècle. 


t>16  SOCIÉTÉ  AHCHEOLOClQUfi  ET  HlâTOftlQUE  DU  LlMOUSlN 

enjeu.  Or,  dans  ce  teslainent  Gaussier  mentionnerhil  le  nom  de  sa 
femme,  Philippe  de  Vignolles,  la  propre  sœur  du  célèbre  La  Hire... 
Sans  élre  trop  affirmalif,  je  suis  enclin  à  croire  que  Jean-Baptisle 
de  L'Hermite  a  dit  par  hasard  la  vérilé  :  les  relations  bien  établies 
de  Goufler  de  Lermite  avec  la  maison  d'Albret  montrent  qu'un 
mariage  avec  la  sœur  de  La  Hire  n'a  rien  d'invraisemblable,  sartoat 
si  Ton  songe  que  le  don  fait  à  La  Hire  par  Charles  YII  de  la  sei- 
gneurie de  Monlmorillon  lui  donnait  un  pied  sur  les  frontières  du 
Limousin. 

Antoine  Thomas. 


CHATEAU  -  GHERVIX 

ARCHÉOLOGIE  —  HISTOIRE  —  DOCUMENTS 


A  côté  du  bourg  de  Cbftteau-Chervix,  canton  de  Saint-Germain- 
les-Belles,  sur  une  hauteur  dominant  les  environs,  à  une  altitude 
de  411  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  existe  un  magnifique 
donjon  carré  du  xw  siècle,  seul  reste  du  chftteau  qui  a  donné  son 
nom  à  la  localité.  De  son  sommet,  la  vue  s'étend  sur  toute  la  con- 
trée, et  découvre,  plus  au  sud,  un  seul  point  plus  élevé,  le  Puy-de- 
Bar,  couronné  par  une  chapelle  et  son  clocher  moderne  à  une 
altitude  de  533  mètres. 

L*étude  de  ce  donjon  peut  offrir  quelque  intérêt,  soit  qu'on  l'exa- 
mine comme  un  spécimen  de  Tarchltecture  militaire  en  Limousin  à 
une  époque  reculée,  soit  que  Ton  recherche  le  souvenir  des  événe- 
ments dont  il  a  été  le  témoin.  C'est  à  ce  double  point  de  vue  que 
se  rapportent  les  pages  que  je  lui  consacre  ici  : 

I 

Cette  belle  tour  de  Chàteau-Chervix,  ainsi  que  plusieurs  autres 
que  je  signalerai  plus  loin,  est  de  forme  carrée.  D'un  côté,  elle  a 
12  mètres  51  centimètres,  et  de  l'antre  9  mètres  15  centimètres.  Ses 
contreforts  plats  régnent  depuis  la  base  jusqu'au  sommet  ;  au  der- 
nier étage,  ils  se  recourbent  en  formant  deux  arcades.  Sur  les  deux 
côtés,  les  plus  larges  de  la  tour,  il  existe  un  troisième  contrefort 
central,  partant  du  sol  et  allant  jusqu'à  la  réunion  de  ces  arcades, 
pendant  que  les  côtés  les  plus  étroits  n'en  possèdent  qu'un  près  de 
chaque  angle. 

Comme  dans  les  autres  donjons  du  xii*  siècle,  la  porte  de  celui-ci 
est  au  premier  étage,  au-dessus  d'un  cordon  saillant  qui  règne  sur 
les  quatre  faces.  Elle  est  en  plein-cintre  et  regarde  le  Sud-Est.  C'est 
ce  côté  que  donne  notre  gravure. 

Au-dessus  se  trouve  un  grand  espace,  sans  aucun  ornement  ;  il 
forme  deux  étages.  De  puissantes  tiges  de  lierre  le  couvrent  en  par- 
tie. Plus  haut,  au  quatrième  étage,  on  remarque  des  ouvertures 
rectangulaires  qui  servaient  de  portes  pour  sortir  sur  une  galerie  en 


SIS  SDCltrÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    D 

bois,  d'où  l'oD  défendait  le  pied  de  la  iQur  et  sa  porte  d'entrée.  Les 
trous  que  l'on  observe  dans  la  maçoanerie  à  la  hauteur  de  ces 
ouvertures  autorisent  cette  eiplication,  car  ils  étaient  destinés  à 
recevoir  les  poutres  portant  ce  cliemin  de  ronde.  Du  cùlà  du  Nord- 


Ouest,  où  il  n'y  a  pas  de  porte  à  défeadre,  il  n'existe  pas  d'ouver- 
tures semblables,  mais  entre  chaque  contrerort  on  trouve  une 
renéire  en  plein  cintre  à  deux  baies  géminées  que  sépare  une 
légère  colonnelte. 

il)  Voy.  Alnmnarh  Umautin,  année  1883, 


CHATIAU-GHXRVIZ  1S19 

Au  cinquième  étage,  au-dessns  d'un  cordon  qui  existe  sur  les 

quatre  faces,  on  remarque  les  arcades  formée^  par  le  sommet 

recourbé  des  contreforts.  Enfin,  au*dessus  quelques  pierres  faisant 

saillie  sont  peut-être  les  supports  de  mâchicoulis  qui  n'existent 
plus. 

La  hauteur  totale  de  ce  beau  donjon  est  d'environ  30  mètres. 

L'intérieur  est  absolument  yide,  et  les  murailles  qui  ont  an  bas 
un  peu  plus  de  2  mètres  d'épaisseur,  sont  complètement  nues  de 
la  base  au  sommet,  on  y  reconnaît  seulement  la  place  des  plan- 
chers qui  séparaient  autrefois  chaque  étage. 

Quant  au  cbfttean  que  dominait  ce  donjon,  il  n'en  reste  rien  ;  on 
trouve  seulement  quelques  morceaux  de  murs  retenant  au-dessus 
des  terres  labourées,  la  terrasse  sur  laquelle  il  se  dresse. 

Cette  tourne  Ghâteau-Ghervix  peut  être  donnée  comme  type  de 
celles  que  les  xi*  et  xu*  siècles  ont  élevées  en  Limousin.  Jusqu'à  la 
fin  du  xir  siècle  les  chftteaux-forts  nous  montrent  tous  un  doi^on 
ou  tour  centrale  occupée  par  le  commandant  de  la  place,  qui  affecte 
la  forme  carrée.  G*est  au  xm*  siècle,  en  même  temps  que  l'ogive 
vient  à  dominer,  que  les  donjons  prennent  la  forme  cylindrique. 
Tons  ces  monuments  militaires  n'offrent  guère  que  des  masses  de 
maçonnerie  sans  ornements  et  sans  sculpture,  aussi  y  trouve4-on 
peu  d'éléments  pour  l'étude  de  l'école  d'architecture  limousine  du 
xu*  siècle.  C'est  dans  nos  églises  de  cette  même  époque  qu'il  faut 
aller  les  chercher  comme  l'a  fait  M.  Anthyme  Saint-Paul  (1),  et  non 
parmi  les  moyens  de  défense  employés  alors  dans  nos  châteaux, 
et  le  dernier  refuge  de  leur  garnison  assiégée. 

Dans  la  partie  méridionale  du  département  de  la  Haute-Vienne, 
entre  Limoges  et  la  frontière  du  Périgord,  je  peux  citer  onze  don- 
jons similaires,  pendant  qu'il  n'en  existe  pas  plus  au  nord.  Ce  sont 
ceux  de  Château-Chervix,  Montbrun,  Lastours,  Chalucet-Bas,  Cha- 
lucet-Haut,  Echizadour,  la  Tour  du  Plot  à  Sainl-Yrieix,  celui  de 
Tranchelioo,  Magnac-Bourg,  le  Chalard  et  Aixe.  Quelques  indica- 
tions sur  chacun  d'eux  montreront  leur  ressemblance  avec  celui 
que  je  viens  de  décrire. 

La  tour  qui  ressemble  le  plus  à  celle  de  Chflteau-Chervix  est 
celle  du  château  de  Montbrun,  commune  de  Dournazac  (2).  Ce 
château  a  été  bâti  au  lieu  de  Trados  par  Àymeric  Brun,  ainsi  que 
le  disent  les  plus  anciens  titres.  Ce  doit  être  Aymeric  Brun  qui,  en 
1106,  contribuait  à  la  fondation  du  monastère  de  Bonbon,  à  moins 

(1)  Almanach  limousin,  année  1885,  page  91. 

(2)  Montbrun,  commune  de  Dournazac,  canton  de  Saint-Mathieu.  — 
Voy.  Almanach  limousin,  1876. 


520  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

que  ce  soit  Aymeric  Brun  qui,  en  1179,  fondait  le  monastère  de 
Tayaux.  C'est  dqnc  une  œuvre  du  xh«  siècle.  Ce  cb&teau  ayant  été 
pris  et  fort  endommagé  par  les  Anglais,  Pierre  de  Montbrun,  évé- 
que  de  Limoges,  le  répara  au  milieu  du  xv*  siècle,  et  conserva 
dans  la  nouvelle  conslruclion  la  tour  carrée  ou  donjon  qui  nous 
intéressé.  Je  Tai  vue  presque  intacte  dans  son  état  ancien,  avant  la 
nouvelle  restauration  faite  par  HM.  de  Labonne  en  1880;  elle 
avait  30  et  quelques  mètres  d'élévation.  L'épaisseur  de  ses  murail- 
les est  de  1  mètre  33  centimètres,  et  cbacun  de  ses  côtés  mesure 
6  mètres  25  centimètres.  A  l'extérieur,  deux  contreforts  plats  l'ap- 
puient sur  chaque  face  et  se  relient  au  sommet  où  ils  forment  deux 
arcades  plein-cintre.  Une  fenêtre  géminée  avec  une  légère  colon- 
nette  au  milieu  s'ouvre  au  Midi.  A  l'intérieur,  huit  étages  la  divi- 
sent de  la  base  au  sommet  ;  les  quatre  inférieurs  formaient  des 
appartements  séparés  par  des  planches  en  bois,  comme  dans  la 
construction  du  xV  siècle,  mais  les  étages  supérieurs  conservaient 
encore  deux  voûtes  en  pierre.  Sur  sa  plate-forme,  où  des  arbustes 
couvraient  de  leurs  rameaux  Taire  des  oiseaux  de  proie,  existaient 
encore  quelques  mâchicoulis  en  encorbellement  qui  sont  les  plus 
anciens  connus  de  leur  espèce,  s'ils  datent  réellement  de  la  première 
construction.  Toutefois,  il  est  bon  de  remarquer  qu'on  trouve  au 
sommet  des  donjons  de  Chftteau-Chervix,  de  Lastours  et  de  Cha- 
lucet,  des  consoles  en  pierre  de  taille  qui  semblent  avoir  porté  de 
semblables  mâchicoulis. 

Le  donjon  de  Lastours  (1)  était  au  centre  du  château  bâti  par 
Goufler  de  Lastours  ;  il  a  aussi  été  conservé  dans  le  château  rebâti  au 
xv«  siècle.  C'est  une  magnifique  tour  carrée,  toute  en  pierres  de 
taille,  qui  a  9  mètres  de  côté.  Elle  appuie  chacune  de  ses  quatre 
faces  sur  deux  lourds  contreforts  plats  qui  se  continuent  depuis  la 
base  jusqu'au  sommet.  Sa  porte  est  élevée  de  7  à  8  mètres  au-des- 
sus du  niveau  actuel  de  la  cour,  elle  est  en  plein  cintre.  A  lïntcrieur, 
on  distingue  quatre  étages  qui  communiquent  entre  eux  par  un 
escalier  à  vis  pratiqué  dans  l'épaisseur  de  la  muraille.  Le  rez-dc- 
chaussé  seul  a  conservé  sa  voiUe.  Ici  encore  on  trouve  à  son  sommet 
des  consoles  qui  ont  porté  des  mâchicoulis  en  encorbellement. 

Chalucet  (2)  possède  deux  châteaux  du  xu*  siècle.  Le  château  du 
Bas-Chalucet  est  complètement  détruit,  son  donjon  seul  existe 
encore  au  milieu  des  ruines  qui  s'élèvent  peu  au-dessus  du  niveau 

(1)  Lastours,  commune  de  Rilhac-Lastours,  canton  de  Nexon.  -»  Voy. 
Almanach  limousin,  1885. 

(2)  Chalucet,  commune  de  Saint-Jean-Ligoure,  canton  de  Pierre- 
buffièro. 


CHATEAU-CIIEIWIX  .  o21 

du  sol.  Oo  peut  Toir  la  gravure  qui  le  représente  au  lome  XXXIII, 
page  113  du  Bulletin.  C'est  une  grande  tour  carrée  de  8  mètres 
environ  de  côté,  construite  en  pierres  plates  de  moyennes  dimen- 
sions, avec  un  large  contrefort  plat  sur  chaque  face.  Elle  présente 
à  trois  mètres  et  demi  environ  du  sol  une  ouverture  à  plein-cintre 
qui  servait  de  porte  d'entrée.  Le  couronnement  de  cette  tour  est 
tombé. 

Le  château  du  Haut-Cbalucet,  construit  aussi  au  xii*  siècle,  a  été 
rebâti  et  fort  agrandi  dans  la  seconde  moitié  du  xui*.  Son  donjon 
carré,  appartenant  à  la  première  construction,  domine  toujours  ses 
remparts  et  ses  tours  en  ruine.  On  peut  voir  la  gravure  qui  le 
représente  au  tome  XXXIII,  page  176  du  Bulletin,  Sur  une  de  ses 
faces  extérieures,  on  remarque  un  contrefort  en  angle  très  saillant 
que  Ton  compare  avec  raison  à  un  éperon  de  navire  ;  les  trois 
autres  côtés  s'appuient  sur  un  large  contrefort  plat.  La  porte  d'en- 
trée en  plein>cintre  est  au  premier  étage.  Au  sommet,  on  voit 
encore  quelques  beaux  mâchicoulis  d'assez  grandes  dimensions.  A 
l'intérieur,  un  mur  de  refend  de  2  mètres  d'épaisseur  le  partage 
du  haut  en  bas.  On  y  trouve  les  vestiges  d'un  escalier  à  deux  cour- 
ses qui  régnait  seulement  dans  la  partie  inférieure,  et  on  accédait 
aux  étages  supérieurs  par  un  escalier  à  vis  pratiqué  dans  Tépais- 
seur  du  mur  de  refend.  Tous  les  planchers  sont  tombés.  Une  voûte 
qui  tient  bon  encore  couvre  le  compartiment  Nord  de  ce  donjon  et 
supporte  une  partie  de  sa  plate-forme,  mais  il  a  perdu  son  couron- 
nement. 

La  tour  d'Echizadour,  commune  de  Saint-Méard  (i),  est  tout  ce 
qui  reste  de  l'ancien  château  qui  fut  le  berceau  de  la  famille  de  ce 
nom.  Elle  est  carrée  et  ses  épaisses  murailles  sont  soutenues  sur 
chaque  côté  par  deux  contreforts  plats.  On  y  remarque  comme  aux 
autres  donjons  du  xii*  siècle,  une  élégante  fenêtre  à  baies  géminées 
avec  une  légère  colonnette  pour  meneau  central. 

La  tour  du  Plot,  à  Saint- Yrieix,  est  aussi  une  tour  carrée  de  la 
même  époque.  Alain  d'Albret,  vicomte  de  Limoges,  la  cédait  en 
1483  au  chapitre  de  Saint-Yrieix,  représenté  par  messires  Pons  de 
Salignac,  son  doyen,  et  le  chanoine  Bertrand  de  Royère.  Dans 
l'acte  de  vente  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologi- 
que (2),  il  est  dit  qu'il  lui  «  cède,  quicte  et  transporte  a  toujours  et 
perpétuellement  la  terre  et  seigneurie  de  la  prévosté  de  Saint- 
Yriey,  ensemble  la  forteresse  diruite  assise  en  ladite  ville  dudit 
Saint-Yriey  ». 

(1)  Echizadour,  commune  de  Saint-Méard,  canton  de  Châteauneuf. 

(2)  Bulletin  de  lu  Société  archéologique,  tome  XL,  page  622, 


522  SOCIÉTÉ  AI^HÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Le  château  de  Tranchelioo  (1),  appelé  aussi  Bas-Château  de 
PierrebuflBère,  avait  un  doDJou  carré  du  jlm^  siècle,  que  nous  fait 
conoaitre  un  dessin  exécuté  par  Beaumenil  au  xvm"  siècle  et  repro- 
duit par  Tripon  {i).  Il  avait  deux  contreforts  plats  sur  chacune  de 
ses  faces,  et  si  le  dessin  en  question  est  exact,  ce  dont  on  peut 
douter,  ces  contreforts  n'allaient  pas  jusqu'au  sommet  de  la  tour. 
Il  existait  encore  en  1821,  puisque  à  cette  date,  Allou  écrivait: 
(v  Sur  la  droite  de  la  route,  au  delà  du  pont  de  PierrebuflBère,  on 
aperçoit  une  tour  carrée,  environnée  de  quelques  habitations;  c'est 
tout  ce  qui  reste  de  l'ancien  château  de  Tranchelion  (3).  »  On  y 
remarque  aussi  une  fenêtre  à  baies  géminées,  séparées  par  une 
légère  colonnette,  semblable  à  celles  déjà  sigoalées. 

Magnac-Bourg(4),  voisin  de  Ghâteau-Ghervix,  avait  aussi  un  don- 
jon carré  dont  il  ne  reste  presque  rien.  «  On  y  observe  encore, 
écrivait  Allou  en  1821,  une  tour  carrée,  assez  haute,  mais  dont  la 
partie  supérieure  a  été  démolie  et  qui,  à  ce  que  prétendent  les 
habitants,  avait  autrefois  près  de  140  pieds  (5).  » 

Le  Chalard  (6),  à  l'extrémité  des  bâtiments  qui  font  suite  à  son 
église  du  xi*  siècle,  conserve  encore,  au  moins  en  partie,  une  tour 
de  l'époque  qui  nous  occupe.  Son  propriétaire,  M.  Tenant  de 
Latour,  m'a  écrit  que  son  père  avait  été  obligé  d'en  faire  démolir 
la  partie  supérieure  à  cause  de  son  étal  de  vétusté,  mais  il  en  pos- 
sède un  dessîD  parfaitement  exact  qui  a  été  fait  à  la  chambre  noire 
par  un  homme  de  talent.  Cette  tour  «  offrait  à  l'extérieur  la  même 
structure  que  le  donjon  de  Château-Ghervix.  On  y  voyait  et  on  y 
voit  encore  aujourdhui  au  Midi  une  de  ces  fenêtres  à  colonnette 
formant  meneau  et  divisant  en  deux  l'ouverture  que  l'on  remarque 
dans  les  autres  donjons  du  xii*"  siècle,  et  aussi  sur  trois  de  ses  faça- 
des les  contreforts  plats  se  replianl  en  arceaux  au  sommet  (7).  » 

Enfin  le  château  d'Aixe,  qui  a  joué  un  si  grand  rôle  pendant  les 
guerres  de  la  vicomte  de  Limoges,  avait  son  donjon  carré  du 
xii*  siècle.  Entièrement  ruiné  depuis  la  Révolution,  on  n'en  voit 
plus  que  l'étage  inférieur  sur  le  rocher  qui  domine  le  confluent  de 
la  Vienne  et  de  l'Aixelte. 


(1)  Tranchelion,  commune  de  Picrrebuffière. 

(2)  Historique  monumental  de  Fancienne  province  du  Limousin,  p.  159. 

(3)  Dencription  des  monuments  de  la  Haule^Vienne,  p.  294. 

(4)  Magnac-Bourg,  cAnton  de  Saint-Germain-les-Belles. 

(5)  Description  des  monuments  de  la  Haute-Vienne,  p.  3^3. 

(6)  Le  Chalard,  canton  de  Saint-Yrieix. 
{1)  Lettre  du  26  janvier  1883. 


CHÀTBÀU-CUERVIX  523 

II 

Chervix  et  Château-Chervix  out  formé  jusqu'à  la  Révolution  deux 
paroisses  distinctes.  La  première,  Ghervix,  dépendait  de  Tabbaye 
de  Saint-Augustin  de  Limoges,  et  son  abbé  ou  son  chapitre  y  ont 
toujours  nommé  les  curés.  Etienne,  abbé  de  Saint-Âuguslin,  mort 
en  1137  y  avait  bâti  un  monastère  qui  était  qualifié  prévôté.  La 
seconde,  Cb&teau-Ghervix,  appelée  jadis  Saint-Silvain^du-Chftteau, 
dépendait  de  Tabbaye  de  Saint-Martial  de  Limoges  en  1097;  et 
Tabbë  ou  le  chapitre  y  ont  aussi  toujours  nommé  les  curés.  Ces 
deux  localités  qui  ne  sont  qu'à  quelques  centaines  de  mètres  Tune 
de  Tautre,  ne  forment  aujourd'hui  qu'une  seule  commune,  dans  le 
canton  de  Saint-Germain-Ies-Belles.  Gomme  indice  de  ce  qu'elles 
ont  été  dans  le  passé,  on  peut  noter  les  faits  suivants  : 

Une  monnaie  gauloise,  trouvée  à  Gbàteau-Chervix,  a  été  donnée 
au  Musée  de  Limoges  en  1873. 

On  connaît  une  monnaie  mérovingienne  frappée  en  ce  lieu.  C'est 
un  tiers  de  sou  d'or,  du  poids  de  1  gramme  IS  centigrammes,  da- 
tant du  deuxième  quart  du  vu*  siècle.  D'un  côté  on  lit  :  isB  CARO- 
VIGVS  F.  Tête  à  droite  ceinte  d'un  bandeau  perlé,  le  col  et  le  buste 
orné  de  perles  ;  le  tout  dans  un  grénelis.  Au  revers  :  *  TEODO- 
LENO.  M.  Croix  égale,  pattée. 

Chervix  était  au  x""  siècle  le  chef-lieu  d'une  vicairie  assez  étendue, 
qui  s'appelait  Vicaria  Carvùcensis  ou  de  Chervix.  On  trouve,  vers 
l'an  980,  Gaucelin  I  de  Pierrebuffière,  surnommé  Barbe  ou  Barbu, 
qui  fait  une  donation  des  biens  qu'il  possédait  dans  la  viguerie  de 
Chervix.  La  vicairie  ou  viguerie  était  dans  le  principe  une  circons- 
cription territoriale  où  s'exerçait  la  juridiction  d'un  officier  inférieur 
au  comte,  et  plus  tard  au  vicomte.  L'organisation  du  pays  en  vi- 
cairies  est  attribuée  à  Charlemagne,  ou  aux  maires  du  palais,  mais 
elle  parait  remonter  plus  haut.  La  vicairie  de  Chervix  s'étendait 
depuis  la  rive  gauche  de  la  Briance  à  Solignac  et  au  Vigen,  jusqu'au 
sud  de  Glandon,  comprenant  dans  sa  circonscription  le  territoire 
actuel  des  communes  de  Saint-Jean-Ligoure,  Saint-Priest-Ligoure, 
Pierrebuffière,  Château-Chervix,  La  Roche  l'Abeille,  Saint-Yrieix 
et  Glandon. 

Geoffroy  de  Vigeois,  écrivant  au  xu«  siècle,  nous^  ditjque  [la 
grande  tour  de  ChÂteau-Chervix  mouvait  de  l'abbé  de  Saint-Martial 
de  Limoges,  et  que  le  vicomte  lui  rendait  hommage]  pour  elle  au 
même  titre  que  pour  les  châteaux  de  Limoges  et  de^Pierrebuffière. 
En  effet  Adémar  V,  vicomte  de  Limoges,  fit  hommage  pour  Chà- 
leau-Chervix,  Limoges  et  Chambon-Sainte-Valérie  à  Isembert  élu 


î)24  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET    IIISTOHIQUE    DU    LIMOUSIN 

abbé  de  Saint-Martial  en  1174.  Il  renouvela  cet  liommage  pour 
Gbftteau-Ghervix  et  tous  ses  fiefs  en  1179.  On  trouve  plus  tard  Jean 
de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges  qui  fait  cet  hommage  en  1307, 
Jean  d'Albret  en  1487,  etc. 

Quant  à  ce  qui  se  rapporte  plus  particulièrement  à  Château- 
Chervix  et  aux  événements  dont  son  antique  donjon  a  été  le  témoin, 
je  vais  rapporter  ici  quelques  indications  glanées  dans  différents 
documents  pour  servir  de  jalons  à  son  histoire. 

En  1202,  Guy,  vicomte  de  Limoges,  après  avoir  pris  cette  viUe 
par  surprise,  en  envoya  les  principaux  habitants  prisonniers  dans 
ses  châteaux  d'Àixe,  Châteaux-Chervix,  Nontron  et  Exideuil. 

En  13S6  les  Anglais  s'emparèrent  de  ChâteauGhervix.  Ils  y 
tenaient  encore  garnison  en  1380,  époque  à  laquelle  ils  se  retirè- 
rent moyennant  une  somme  d'argent. 

Jean  de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges,  vendit  le  1«'  octobre  1452, 
le  château  et  la  châtellenie  de  Ghâteau-Ghervix  pour  la  somme  de 
1.200  livres.  L'acquéreur,  d'après  le  Nobiliaire  du  Limousin,  se 
nommait  GoufiSer  de  L'Hermite  et  était  capitaine  de  Chalucet.  La 
généalogie  de  cette  famille  donne  en  effet  un  de  L'Hermite,  l'auteur 
de  la  branche  du  Souliers,  qui  vivait  à  cetie  époque  et  était  gouver- 
neur de  Gourbefy  et  capitaine  de  Chalucet.  M.  Guibert  avait  lu  ce 
nom  de  Lerunte,  mais  il  faut  le  lire  de  Lertnite{l)  et  ne  pas  en  faire 
comme  lui  un  membre  de  la  famille  de  Laron.  Le  contrat  qu'il  avait 
passé  avec  Jean  de  Bretagne  était  plutôt  un  engagement  qu'une 
vente.  Peu  après  la  famille  de  Bretagne  voulut  profiter  de  la  faculté 
de  rachat  qu'elle  avait  stipulée  Gouffier  de  L'Hermite  s'y  refusa;  et 
réclama  la  délivrance  du  fort  et  de  la  justice  dont  il  n'avait  encore 
perçu  que  les  revenus.  Il  fallut  pour  le  décider  à  se  dessaisir  une 
ordonnance  de  Charles  VII,  du  7  mai  1455. 

Quelque  temps  après,  Jean  d'Albret,  vicomte  de  Limoges  et  roi 
de  Navarre,  ayant  besoin  d'argent  «  pour  passifier  son  royaume  et 
comté  de  Foy,  et  frayer  à  plusieurs  autres  charges  »,  vendit  à 
Christophe  de  Bony,  seigneur  de  La  Vergne,  pour  la  somme  de 
3.000  livres  tournois,  Château-Chervix  et  toutes  ses  dépendances, 
mais  avec  faculté  de  rachat  pendant  six  ans.  Par  un  nouvel  acte  du 
20  novembre  1487,  Château-Chervix  fut  cédé  à  Jean  et  Antoine  de 
Coignac,  seigneurs  de  Saint-Jean-Ligoure,  pour  1.900  livres  tour- 
nois et  Christophe  de  Bony  conserva  seulement  les  droits  seigneu- 
riaux du  bourg  et  de  la  paroisse  de  Saint-Priest-Ligoure  et  enclave 
de  Janailhac  pour  la  somme  de  1.100  livres  tournois.  Cet  acte  de 
vente,  de  1487,  nous  fournit  d'intéressants  renseignements  sur  les 

(1)  Voy.  ci-dessus  p.  513,  l'art,  de  M.  A.  Thomas. 


CHAtKAU-CMÊUVDi  î)2; 


u 


)Z,y 


châteaux  du  voisinage,  et  les  familles  qui  les  habitaient  alors,  mais 
principalement  sur  les  familles  de  Bony  et  de  Coignac;  on  en  trouvera 
le  texte  plus  loin. 

La  famille  de  Bony  de  La  Vergne  est  originaire  du  Limousin  et 
de  la  paroisse  de  Saint-Priest-Ligoure,  où  elle  existait  vers  Tan  1000. 
C'est  en  ce  même  lieu,  au  chftteau  de  La  Yergne  que  réside  encore 
le  représentant  de  la  branche  aînée.  La  preuve  de  son  existence  en 
ce  lieu  et  à  cette  date  nous  est  fournie  par  le  Gartulaire  d'Uzerche.  On 
y  lit  :  «  Aimericus  de  Pierabufeira  dédit cum  uxore,  redditusin  manso 
Boni  sancH  Prejecti  de  Ligora;  testis  Guida  Chenet.  Hoc  etiam 
perhibuit  Auduinas  filius  e^us^  apud  Lemovicas,  in  manu  Fulcherii 
monachi  (1)  ». 

Une  théorie,  inspirée  par  la  vanité  nobiliaire,  et  fort  à  la  mode 
sous  Louis  XIV,  consistait  à  aller  chercher  à  Télranger  le  berceau 
des  familles  nobles  de  France.  Nul  n'est  prophète  dans  son  pays, 
dit  le  proverbe,  aussi  être  d'origine  française  était  peu  apprécié, 
mais  venir  d'Irlande  ou  d'Espagne  était  très  considéré.  L'Italie 
surtout  était  très  recherchée  et  les  familles  dont  le  nom  se  termi- 
nait par  0,  I,  ou  Y,  prétendaient  toutes  venir  d'Italie.  Aussi  les 
généalogistes  n'ont  pas  manqué  de  donner  à  la  famille  de  Bony  une 
origine  italienne;  ils  la  font  arriver  chez  nous  au  xnt*  siècle,  pen* 
dant  que  nous  l'y  voyons  deux  siècles  avant  cette  date  (2). 

  partir  de  Raymond  de  Bony,  chevalier,  qui  vivait  en  1218,  on 
peut  suivre  par  les  pièces  authentiques,  sa  filiation  jusqu'à  nos 
jours.  Christophe  de  Bony,  seigneur  de  La  Vergne,  qui  acheta  de' 
Jean  d'Albret  la  terre  et  la  ch&lellenie  de  Château-Chervix,  avait 
épousé  par  contrat  du  5  septembre  1445,  Anne  de  Cottet;  il  était 
fils  de  Jean  et  de  Jeanne  Brun,  fille  du  seigneur  de  Montbrun.  Leur 
fils,  Pierre  de  Bony,  épousa  Marguerite  de  Trenchelion,  et  le  fils 
de  ces  derniers,  Albert  de  Bony,  épousait  en  1542,  Louise  de  Las- 
tours.  Toutes  ces  familles  seigneuriales  avaient  leur  château  dans 
le  voisinage,  et  Montbrun,  Tranchelion,  Las  Tours  avaient  comme 
Chftteau-Ghervix,  un  donjon  carré  du  xu*  siècle,  dont  j'ai  parlé  plus 
haut. 

(1)  C&rtulaire  d'Uzerehe,  n^  624.  *  Publié  par  M.  Champeval  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  Tulle,  t.  XVI,  p.  132. 

(2)  On  pourrait  citer  bien  d^autres  familles  du  Limousin  étant  dans  la 
même  erreur  au  sujet  de  leur  origine  :  les  Léobardy,  qui  se  croient 
venus  d'Irlande  en  1570,  étaient  à  Limoges  avant  cette  date  {Registres 
consulaires  de  Limoges,  t.  II,  p.  300);  ils  ont  pris  leur  nom  du  lieu  de 
Léobardi,  commune  de  Nantiat.  Les  Maleden  qui  se  disent  originaires 
de  la  Grande-Bretagne  le  sont  plus  probablement  du  lieu  de  Maleden, 
commune  de  Chaptelat,  etc.,  etc. 


")2C  sociÉTé  ARcii^:oLOGrQi;E   et  histobiql'e  dit  limousin 

DaDS  l'acte  de  procaralion  de  Christophe  de  Boay  en  i487,  nous 
voyons  qu'un  des  procureurs  nommés  par  lui  est  «  Maître  Richard 
de  Bony,  établi  recteur  et  curé  de  l'église  paroissiale  de  Saint- 
Gosme  etSaint-Damien  de  Pierrebufflère  ».  Aucun  autre  document 
ne  parle  de  lui  et  il  est  resté  inconnu  des  généalogistes.  La  famille 
de  Bony  porte  pour  armes  de  gueules  à  trois  besants  d'argent. 

Les  de  Coignac,  seigneurs  de  Saint-Jean-Ligoure  et  de  Château- 
Ghervix  sont  moins  connus  que  les  de  Bony.  Ils  sont  peut-être  dif- 
férents des  Goignac,  seigneurs  de  Goignac  (canton  de  Saint-Laurent- 
sur-Gorre),  et  semblent  s'être  éteints  après  les  trois  degrés  que 
nous  fait  connaître  Tacte  de  vente  de  Gbàteau-Ghervix  : 

Noble  et  puissant  homme  Jean  de  Goignac,  autrefois  seigneur 
du  Bouchaud,  seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure,  de  Vlllefavard,  de 
Berlande  et  de  Jumilhac,  avait  entre  autres  enfants  :  1*  Gaultier  ; 
i^  Mathurin;  3*  Antoine,  qui  suit. 

Antoine  de  Goignac,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure, 
conseiller  du  roi  de  Navarre  et  son  chambellan,  épousa  Marie  du 
Merle,  dame  dudit  lieu,  de  La  Boisse  et  de  Ghampniel.  G*est  lui  qui 
acheta,  avec  Jean  son  père,  de  Jean  d'Albret,  vicomte  de  Limoges 
et  foi  de  Navarre,  le  château  et  la  chfttellenie  de  Ghftteau-Chervix 
par  acte  du  20  novembre  1487.  Parmi  ses  enfants  on  trouve  Anne 
de  Goignac,  qui  épousa  le  iS  aoAt  1510,  Phillipe  Gouraud,  écuyer, 
seigneur  de  la  Rochechevreux. 

Noble  et  puissant  seigneur  François  de  Goignac,  chevalier,  sei- 
gneur de  Saint-Jean-Ligoure,  achetait  le  8  août  1K39,  la  métairie 
de  La  Judie,  paroisse  de  GhâleauGhervix  des  frères  Gaston  et 
Pierre  de  La  Pomélie.  Le  S8  décembre  154i,  il  fait  foy  et  hommage 
au  vicomte  de  Limoges  pour  les  terre,  fief,  justice  et  juridiction  de 
Ghftleau-Ghervix  lui  appartenant  en  vertu  d'un  traité  entre  Jehan  et 
Antoine  de  Goignac  ses  perayeul  et  ayeul  et  le  vicomte  de  Limoges, 
roi  de  Navarre.  Le  Nobiliaire  du  Limousin  (tome  II,  page  473), 
nomme  encore  noble  homme  François  de  Goignac,  comme  seigneur 
de  Saint-Jean-Ligoure  le  12  décembre  1554,  et  cela  d'après  les 
registres  du  présidial  de  Limoges. 

L'hommage  fait  au  vicomte  de  Limoges  par  Antoine  de  Goignac 
en  1498,  et  par  François  de  Goignac  en  1541,  va  nous  faire  connaî- 
tre leurs  possessions  à  ces  deux  dates  : 

Hommage  du  Seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure  pour  différents  fiefs, 
notamment  pour  la  chatellenie  de  ChâteaU'Cherf>ix,  i498 

Alain,  sire  d'Albret,  comte  de  Dreux,  de  Gastres,  de  Gaure,  de 
Penthiëvre  et  de  Perregort,  vicomte  de  Tartas  et  de  Uinoges,  sieur 


CIIATBAU-CHBRVIX  ^)27 

d'Âveene sçavoir  faisons  que  nostre  aimé  et  féal  conseiller  et 

chambellan,  messire  Antboyne  de  Coignac,  chevalier,  seigneur  de 
Saint-Jehan-Llgoure,  nous  a  aujourd'hui  faictiesfoy,  hommage  lige 
et  serement  de  féaulté  qu'il  nous  est,  et  penlt  estre  tenu  faire  à  cause 
et  pour  raison  de  son  hostel  assiz  au  bourg  de  Saint-Jehan -Ligoure, 
avecque  les  justice  haute,  moyenne  et  basse,  maire  mixte  et  imparc 
dudit  bourg  et  paroisse  avecque  toutes  ses  apartenances  et  dep- 
pendances  quelconques  ;  et  de  ses  hostels  nobles  de  Deymarie  et 
de  Lur,  assiz  audit  bourg  de  Saint-Jehan  ;  de  son  hostel  de  la  Dou- 
lassie,  assis  au  bourg  de  Nexon;  et  de  Tbommage  du  village 
d'Eyssette  que  les  héritiers  de  Puy-Faulcon  tiennent  dudit  de  Coi- 
gnac; de  son  hostel  de  la  Vallade  assis  dedans  la  ville  de  Saint- 
Yrieix;  item  de  son  hostel  et  repaire  de  Crozet,  assis  en  la  pré- 
vôté de  Tivier;  de  Thostel  et  repaire  de  La  Jautadis;  de  lamoytié 
parindevizdu  repaire  de  la  Roche-Saint-Martin,  en  la  chastellenye 
d'Exiduelh;  de  Thostel  du  Brueilh-Rocheilhon,  en  ladite  chastel- 
lenie;  de  son  hostel  assis  dedans  nostre  chastel  d*ExidueIh,  qui  fut 
à  Guy  Poichevin;  du  repaire  de  La  Salle,  assis  en  la  paroisse 
d'Eyzerac;  de  Thommaige  de  Thostel  de  Montmadin  en  la  paroisse 
de  Gompnhac  ;  et  Thommage  de  La  Vaslie,  paroisse  de  Sarrazac, 
avecque  tous  les  cens,  rentes,  hommaiges,  dismes,  droilz,  et  géné- 
ralement nous  a  faict  foy  et  hommaige  de  tout  ce  qu'il  tient  et 
peolt  tenir  mouvant  de  nous  en  toute  nostre  vicomte  de  Limoges. 
Auxquels  foy  et  hommage  et  serment  de  féauté  Tavons  reçu,  sauf 

nostre  droict  et  l'aullruy Donné  en  nostre  chasteau  de  Mon- 

tignac,  soubz  nostre  scel,  le  20*  jour  de  septembre  l'an  1498. 

Sur  le  reply  est  escript  :  Par  Monseigneur,  les  s'*  des  Cars,  de 
Lissac,  de  Tursac,  le  juge  d'appeaux  en  la  vicomte,  et  signé  : 
L.  Guyot. 

A  la  suite  de  cet  hommage  se  trouve  une  déclaration  de  François 
de  Coignac,  écuyer,  qui  certifie  ne  posséder  des  Aefs  portés  au  pré- 
cédent hommage,  que  :  le  chastel  et  la  ch&telleoie  de  Saint-Jehan- 
Ligoure,  avec  la  justice  du  bourg  et  paroisse  de  Saint-Jehan,  et 
avec  les  dépendances  des  hôtels  nobles  de  Deymarie  et  de  Lur, 
assis  audit  bourg  de  Saint-Jehan  ;  l'hommage  du  village  d'Eyssete, 
que  les  héritiers  de  Puy-Faulcon  tiennent  en  Qef  de  lui  ;  et  les  hom- 
mages de  l'AUabastie,  paroisse  de  Sarrazac,  et  de  Montmadie,  pa- 
roisse de  Corgnac.  Et  de  plus  les  terre,  fief,  justice  et  juridiction 
de  Château-Ghervix,  pour  lesquels  il  offre  faire  hommage  au  vi- 
comte; lesdites  terre  et  seigneurie  à  lui  appartenant,  en  vertu  d'un 
traité  fait  entre  feu  haut  et  puissant  prince  Jehan,  par  la  gr&ce  de 


!)!28  SOCIÉTÉ  ARCIlÉOLOÛtQUË  £T  HISTÛRIQUK  DU   LIMOUSIN 

Dieu  roi  de  Navarre  et  vicomte  de  Limoges,  et  feuz  messires  Jehan 
et  AnthoiDe  de  Goignac,  perayeul  et  ayeul  da  déclarant. 

Limoges,  20  octobre  1841  (1). 

Les  renseignements  fournis  par  ces  hommages  peuvent  nous  don- 
ner la  solution  d'un  petit  problème  de  géographie  féodale,  jusqu'a- 
lors fort  obscur  :  où  est  situé  Lur,  lieu  d'origine  de  la  famille  de  ce 
nom? 

On  sait  que  cette  famille,  aussi  distinguée  par  Téclat  de  ses 
alliances  que  par  les  nombreux  services  rendus  à  TElat  et  les 
dignilés  dont  plusieurs  de  ses  membres  ont  été  revêtus,  existait  en 
Limousin  dès  le  commencement  du  xi*  siècle.  De  là  elle  s'est 
répandue  dans  le  Périgord,  l'Auvergne  et  le  Bordelais.  Depuis 
Talliance  qu'elle  contracta,  en  1586,  avec  rbériiière  du  marquisat 
de  Saluces,  en  Piémont,  elle  a  ajouté  au  nom  de  Lur  celui  de  Til- 
lustre  maison  de  Saluces,  autrefois  souveraine  et  Tune  des  plus 
puissantes  d'Italie.  Aujourd'hui  elle  porte  pour  armes  :  écartelé 
aux  1*'  et  4^  de  gueules  à  trois  croissants  d'argent,  qui  est  de  Lur; 
aux  2*  et  3^  d'or  au  chef  d'azur,  qui  est  de  Saluces. 

Selon  Laine,  dans  son  Nobiliaire  du  Limousin^  «  il  existait  dans 
la  paroisse  de  Masseret  à  trois  lieues  d'Uzerche,  un  château  fort 
dont  une  seule  tour  en  ruine,  appelée  la  tour  de  Lur  se  voyait 
encore  en  IHIQ.  Ce  château  était  le  patrimoine  de  la  maison  de  Lur 
dès  le  commencement  du  w  siècle  ». 

Un  autre  généalogiste  nous  dit  :  «  Cette  maison  originaire  du 
Limousin,  parait  avoir  pris  son  nom  d'un  château  situé  près  de 
Masseret,  à  peu  de  distance  de  la  route  de  Limoges  à  Tulle,  entre 
PierrebufBèreetUzerche,  et  dont  il  reste  à  peine  quelques  vestiges». 

J'ai  reçu  il  y  a  quelque  temps  la  visite  d'un  membre  de  la  famille 
de  Lur-Saluces,  qui,  muni  de  ces  renseignements,  était  allé  recher- 
cher à  Masseret  et  dans  les  environs,  le  lieu  où  avait  existé  le  châ- 
teau de  Lur.  Toutes  les  recherches  et  toutes  les  démarches  qu'il 
avait  faites  à  ce  sujet  ne  lui  avaient  absolument  rien  appris.  De 
mon  côté  je  ne  pouvais  pas  mieux  le  renseigner,  n'ayant  aucun  do- 
cument ancien  faisant  connaître  la  position  de  ce  château,  mais  je 
croyais  qu'il  devait  être  plus  à  l'ouest  de  la  route  de  PierrebuflBère 
à  Masseret,  dans  la  direction  de  Ghâteau-Ghervix  et  de  Fressinet, 
commune  de  Saint-Priest-Ligoure. 

Quelque  temps  après,  notre  infatigable  et  heureux  chercheur, 
M.  Champeval,  publiait  l'indication  suivante  dans  le  Bulletin  de  la 

{[)  Copie  sur  papier  du  xvi«  siècle.  — Archives  des  B&sses-Py rénées, 

E.  850. 


•  «. 


CHATEAU-CHfinVIt  t)29 

Société  de  Tulle  (tome  XI»  p.  414)  :  «  Le  chàleau  de  Lui*  élait  en 
4544  daDs  la  paroisse  de  La  Porcherie,  et  non  entre  celles  de  Mas* 
seret  et  de  Salon,  comme  le  voudraient  les  nobiliaires  ».  Il  y  avait 
en  effet  une  branche  de  cette  famille  qui  habitait  la  paroisse  de  La 
Porcherie.  On  connaît  Arnaud  de  Lur,  clerc,  de  lia  Porcherie,  en 
1336;  noble  Pierre  de  Lur,  de  La  Porcherie,  en  1346,  etc..  Mais 
on  trouve  aussi  des  membres  de  cette  famille  dans  plusieurs  autres 
paroisses;  tels  sont  :  Gui  de  Lur,  damoiseau,  seigneur  de  Gham- 
bouraud,  paroisse  de  Saint-Mathieu  ;'Gaucelin  de  Lur,  seigneur  du 
même  lieu  en  4337.  G'esl  surtout  dans  la  paroisse  de  Fressinet, 
aujourd'hui  réunie  à  celle  de  Saint-Priest-Ligpure,  que  cette  famille 
semble  avoir  eu  plus  d'importance  :  Géraud  de  Lur,  chevalier,  était 
seigneur  de  Fressinet  en  4364.  Gu;  de  Lur,  de  la  maison  noble  de 
Fressinet,  était  abbé  de  Saint-Serge,  d'Angers,  en  1426.  Noble 
Bertrand  de  Lur,  seigneur  de  Fressinet,  en  4435,  est  témoin  au 
contrat  de  mariage  d'Isabeau  de  I^a  Tour  d'Auvergne  en  4456;  il 
marie  sa  fille  Isabelle  de  Lur  à  Mathelin  de  Goignac.  Mais  dans 
aucune  de  ces  paroisses  on  ne  trouve  le  château  de  Lur.  Aussi,  à 
moins  d'autres  renseignements,  on  ne  peut  pas  dire  que  le  chftteau 
de  Lur  était  dans  la  paroisse  de  La  Porcherie,  parce  que  des  mem- 
bres de  cette  famille  y  avaient  leur  habitation,  ou  un  château  quel- 
conque. 

M.  Philippe  de  Bosredon,  en  publiant  les  sceaux  de  Géraud  de 
Lur,  chevalier,  fils  de  Boson,  seigneur  dudit  lieu  et  de  Jourdaine 
de  Joussineau-Fressinet,  1354;  de  Jean  de  Lur,  seigneur  de  Fres- 
sinet, sénéchal  d'Albrel,  1473,  etc.,  nous  dit  :  «  D*après  les  recher- 
ches de  M.  Ghampeval  le  chftteau  de  Lur  était  situé  entre  La  Por- 
cherie et  Château-Chervix  »  {Bull.  Soc.  arch.  Lim.,  XXXVIII,  114). 
Getle  dernière  indication  nous  ramène  à  Ghâteau-Chervix,  et  ce 
sont  maintenant  les  seigneurs  de  Ghâteau-Ghervix  et  de  Saint-Jean- 
Ligoure  qui  vont  nous  apprendre  eux-mêmes  où  se  trouve  le  châ- 
teau de  Lur. 

Dans  rhommage  qu'ils  rendent  au  vicomte  de  Limoges  pour  tout 
ce  qu'ils  possèdent,  Antoine  de  Goignac  en  4498  et  François  de 
Goignal  en  1541  nomment  «  leurs  hostels  de  Deymarie  et  de  Lur, 
assiz  audit  bourg  de  Saint-Jehan  ».  Le  château  de  Lur  était  donc 
au  bourg  de  Saint-Jean-Ligoure,  aujourd'hui  canton  de  Pierrebuf- 
Hère.  On  trouve  aussi  dans  cette  même  paroisse  un  petit  fief  qui 
avait  quelque  rapport  avec  le  château  de  Lur,  puisqu'il  porte  le 
nom  de  Luret  ou  Pelit-Lur.  Depuis  le  xvi«  siècle  il  appartient  à  la 
famille  Lamy. 

En  1553  Ghâteau-Ghervix  fut  le  théâtre  d'un  de  ces  drames  de  la 
folie  dont  le  souvenir  se  conserve  longtemps  parmi  les  habitants 

T.  LV  35 


530  soGiéré  archéologique  et  Historique  dC  LlMOitsirt 

du  pays.  Le  seigneur  du  lien,  «  transporté  de  désespoir  et  de  furie  », 
fit  mettre  à  mort  tous  les  membres  de  sa  famille  et  incendier  son 
château  où  ils  étaient.  De  nos  jours  on  voit  encore  trop  souvent  de 
semblables  drames  de  la  folie  ;  les  journaux  de  notre  époque  pas- 
sent rarement  plusieurs  années  sans  donner  le  récit  de  faits  sem- 
blables.  Depuis  quinze  ans  que  j*habite  un  asile  d'aliénés,  j*y  ai 
connu  personnellement  deux  malheureux  qui  avaient  mis  le  feu  a 
leur  maison  après  avoir  tué  ceux  qui  Thabitaient. 

Plusieurs  de  nos  historiens*  ont  ignoré  ou  passé  sous  silence  ce 
tragique  événement  ;  d'autres  Tout  transformé  en  Tattribuant  au 
seigneur  de  Ghalucet,  ennemi  de  celui  de  Ghâtean-Gbervix  (1). 
Pour  en  donner  une  connaissance  plus  exacte,  je  vais  mettre  sous 
les  yeux  du  lecteur  le  récit  qu'en  ont  fait  deux  contemporains  : 
Mathieu  Bandel,  littérateur  italien,  qui  a  vu  exécuter  à  Limoges  les 
coupables,  et  Pierre  de  Teysseulh,  chanoine  de  la  cathédrale  de 
Limoges. 

Mathieu  Bandel  (Hatheo  Bandello)  était  né  en  i480,  dans  le  Mi- 
lanais ;  Il  était  neveu  de  Vincent  Bandello,  dominicain  et  général 
de  son  ordre  en  IKOl.  Il  entra  lui  aussi  dans  Tordre  de  Saint-Do- 
minique. Sa  famille  était  dévouée  à  la  France  ;  après  la  bataille  de 
Pavie  et  Toccupation  du  Milanais  en  1525,  il  s'expatria  et  vint  en 
France,  où  il  fut  nommé  évoque  d'Agen  en  1550.  Il  fut  aussi 
ambassadeur  de  François  P'  en  Turquie.  Il  était  à  Limoges,  ainsi 
qu'il  l'a  écrit  lui-même,  le  31  mars  1554,  jour  de  Texéculion  des 
coupables.  Il  a  écrit,  en  italien,  des  Nouvelles  qui  furent  imprimées 
à  Lucques  en  1554,  en  trois  volumes  in-4*,  puis  à  Lyon  en  1572. 
Dans  cet  ouvrage  il  attaque  les  abus  et  les  vices  de  son  temps  avec 
autant  de  franchise  que  de  crudité  dans  le  langage. 

L*œuvre  de  Mathieu  Bandel  a  été  traduite  en  français  par  Fran- 
çois de  Belleforest  et  Pierre  Boisteau,  qui  l'ont  publiée  sous  le  titre 
de  Histoires  tragiques  extraites  par  Boisteau  et  Belleforest  des 
Nouvelles  de  Bandel^  Lyon,  1580.  Ces  auteurs  nous  avertissent  dans 
leur  préface  que,  au  lieu  de  s'astreindre  au  texte  de  Bandel,  ils  ont 
pris  l'histoire  rapportée  par  lui  et  l'ont  racontée  à  leur  manière. 
Une  autre  des  éditions  qui  ont  suivi  celle  de  Lyon  a  été  donnée  à 
Rouen,  en  1604,  par  Loiselet. 

Voici  le  litre  de  la  Nouvelle  qui  nous  intéresse  : 


(1)  F.  Marvaud,  dans  Vllistoire  des  vicomtes  de  Limoges,  t.  II,  p.  ICI. 


CHATEAU-CHERVIX  53 1 

Acte  cruel  du  sieur  Saint- Jean-Ligoure,  gentilhomme  Limousin, 
faisant  oecir  fsicj  sa  femme  et  toute  sa  famille  et  brûlant  son 
ckâteau,  transporté  de  désespoir  et  furie,  et  quelle  fut  sa  fin, 

L'hisloire  est  fort  longae,  elle  commence  à  la  page  374  du 
VI*  volume  des  Histoires  tragiques;  elle  est  toute  farcie  de  conver- 
sations et  de  considérations  morales  et  autres.  Voici  le  résumé  que 
M.  L.  Guibert  a  bien  voulu  me  faire,  au  mois  de  mars  1883,  sur  le 
volume  de  la  Bibliothèque  nationale  : 

«  Un  sieur  de  Saint-Jean-Ligoure  se  livre  à  la  recherche  de  Tor, 
et  sa  famille  aussi.  Son  beau-père  Qst  accusé  de  «  falsifier  la  mon- 
naie du  roi  »,  et  conduit  «  au  chatelet  d*Angouléme  ».  Saint-Jean- 
Ligoure  s'adresse  pour  sauver  son  beau-père  «  au  maréchal  de 
Saint-André  ».  Celui-ci  lui  promet  tout  simplement  que  bonne  jus- 
tice sera  faite.  Ce  n'est  pas  ce  que  demandait  le  a  galant  »,  lequel, 
a  au  contraire,  grand  peur  qu'on  fasse  bonne  justice,  sachant  qu'il 
lui  en  cuirait.  Il  redoute  les  révélations  de  sa  femme  et  des  gens 
d6  sa  maison.  Il  a  pour  confident  un  prêtre,  que  l'auteur  ne  nomme 
pas  «  aultant  détestable  comme  sa  vie  fist  depuis  aparoir  ».  Celui^ri 
proposa  de  tuer  tous  ses  parents  et  domestiques  pour  empêcher 
qu'on  puisse  établir  le  crime.  «  Ne  vaut-il  pas  mieux,  dit-il,  que 
votre  femme,  enfants  et  chambrières  meurent  innocents,  que  si,  en 
vous  accusant,  ils  ont  l'ftme  souillée  de  trahison  ».  Saint-Jean-Li- 
goure perd  la  tête,  accepte  les  services  de  son  confident,  lequel  se 
rend  au  chftteau  avec  un  affidé,  pendant  que  le  seigneur  se  tient 
sur  une  hauteur  voisine.  Les  deux  complices  arrivent  au  moment 
où  un  enfant  vient,  par  une  espèce  de  prophétie,  d'annoncer  à  sa 
mère  le  danger  qui  les  menace  tous.  La  mère,  les  enfants,  les  pa- 
rents, les  domestiques,  tout  est  massacré,  sauf  un  petit  laquais  qui 
s'e9l  réfugié  dans  une  cave.  Puis  les  misérables  mettent  le  feu  au 
château.  Le  gentilhomme  regarde  son  château  brûler,  puis  aban- 
donnant ses  complices,  se  réfugie  en  Suisse.  Cependant  le  feu 
n'ayant  pas  anéanti  toutes  les  traces  du  crime,  et  les  corps  de  plu> 
sieurs  des  victimes  ayant  été  retrouvés,  le  petit  laquais  d'ailleurs 
ayant  parlé,  le  prêtre  et  son  complice  sont  arrêtés  et  on  fait  leur 
procès.  «  Les  registres  du  greffe  de  Limoges  en  donnent  assurance, 

où  les  meurtriers  furent  dépéchés et  furent  ces  gaians  mis  sur 

la  roue,  ce  que  je  puis  dire,  comme  vray  tesmoin  qui  estois  à  Li- 
moges lorsque  fust  faite  cette  exécution  ».  Saint-Jean-Ligoure  s'éiait 
enfui  en  Suisse.  La  police  française  le  découvrit  et  on  demanda 
son  extradition.  Les  magistrats  du  canton  de  Berne,  qu'il  habitait, 
ne  voulurent  pas  y  consentir,  mais  ils  envoyèrent  en  Limousin  «  un 


] 


532  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HtSTOniQrE  Di:  LIMOUSIN 

Bernois,  homme  sage  el  de  bonne  conscience,  que  j'ay  \eu  en 
Lymousin  »  et  qui  Ql  une  enquête  sur  cette  affaire.  La  vérité  ap- 
prise, les  magistrats  suisses  ne  rendirent  pas  leur  tiôte  au  roi  de 
France,  mais  ils  le  firent  passer  en  jugement,  et  il  fut  condamné  à 
avoir  la  tête  tranchée  ;  ce  qui  fut  exécuté  toujours  à  Berne  »  (1). 

Le  second  contemporain  qui  nous  a  laissé  le  récit  de  ce  tragique 
événement  est  le  chanoine  Pierre  de  Teysseulh,  de  Téglise  cathé- 
drale de  Saint-Etienne  de  Limoges.  Il  a  écrit  un  journal  historique 
allant  de  4533  à  1868,  dont  le  manuscrit  original  est  perdu  ;  mais 
M.  A.  Leroux,  archiviste  du  déparlement,  Ta  publié,  par  extraits» 
dans  ses  Chartes  et  Chroniques,  d*après  une  copie  du  xvii*  siècle, 
qui  se  trouve  dans  la  collection  de  Gaignères  à  la  Bibliothèque 
nationale.  D'ailleurs,  le  P.  BonaVenture  de  Saint-Âmable  a  donné 
presque  textuellement  (2)  le  récit  du  chanoine  de  Teysseulh  pour  ce 
qui  se  rapporte  à  Chàteau-Chervix,  et  les  quelques  auteurs  qui  en 
ont  parlé  après  lui  n'en  ont  pas  connu  d'autre. 

(c  Mémoire  que,  le  6  décembre  1553,  le  château  appelé  de  Ghàteau- 
Chervix  fut  bruslé  et  auparavant  tués  dedans  la  femme  du  sieur,  sa 
mère,  leurs  enfants  et  filles  dudit  sieur,  servantes  et  chambrières, 
saïf^  excepter  aucun  qui  fut  dedans,  et,  après  les  avoir  tués,  mirent 
le  feu  audit  château  et  firent  brûler  les  corps;  et  la  dame  qui  était 
enceinte  ne  se  put  brûler  qu'une  partie  du  corps,  et  en  l'autre 
partie  on  trouva  les  coups  des  épées  et  dagues  qu'on  leur  avait 
baillés  :  par  quoy  fut  cogneu  qu'il  y  avait  du  meurtre,  qui  fut  la 
cause  que  la  justice  en  fit  grosse  diligence,  el  le  sieur  gaigna  au 
pied.  Et  fut  pris  un  prêtre  nommé  Barmondieras,  paroisse  de  Gha- 
lucet,  qui  confessa  le  cas,  et  que  ledit  sieur  l'avait  fait  faire,  et  le 
tout  confessa  sans  torture  et  qu'auparavant  mettre  le  feu,  qu'il  les 
avait  tués,  et  que,  ce  fait,  les  mirent  au  milieu  d'une  chambre,  et 
sur  eux  la  paille  des  lits  et  autres  choses,  et  puis  mirent  le  feu,  le 
tout  par  commandement  du  sieur  qui  les  voulait  tuer,  comme 
disaient,  s'ils  ne  Teussent  fait.  Et  le  dernier  mars,  an  susdit  [1553, 
nouveau  style,  1554],  ledit  Barmondieras,  prêtre,  fut  mené  sur  un 
tombereau  par  la  ville  de  Limoges,  en  chemise,  la  lête  nue  et  pieds 
n  js,  et  avec  lui  la  figure  dudit  sieur,  et  furent  tenaillés  lui  el  ladite 
figure  par  les  carrefours  de  la  ville  ;  el  après  êlre  arrivé  à  l'espiu- 
loir  de  la  dite  ville,  le  dit  Barmondieras  fut  mis  tout  vif  à  quatre 


(1)  Histoires  tragiques  extraites  par  Boisteau  et  Belleforest  des  A'oii- 
velles  de  Fiandel,  édition  en  sept  volumes.  Le  VI*  volume  où  cette  Sou- 
velle  se  trouve  à  la  page  371  est  imprimé  en  1604,  à  Rouen,  par  Loiselet. 

{2j  Tome  III,  page  775. 


CHàTEAU-CHERVIX  533 

quartiers,  et  pais  tranché  la  tête,  et  après  lesdits  quartiers  et  la 
iigure  dudit  seigneur  qui  avait  été  condamné  à  estre  brûlé  tout  vif, 
furent  brûlés  et  mis  en  cendre  »  (1). 

On  remarquera  que  le  chanoine  de  Teysseulh  nomme  le  château 
de  GbàteaU'Gheryix,où  ce  drame  eut  lieu,  ce  que  ne  fait  pas  Bandel 
qui  donne  seulement  le  nom  du  seigneur  de  ce  château,  le  sieur 
Sainl-Jean-Ligoure.  C'est  ainsi  qu'était  alors  désigné  François  de 
Goignac,  sieur  de  Saint-Jean-Ligoure  et  de  Cihâteau-GherTix.  Le 
nom  de  son  complice  Bernardiéras  nous  est  aussi  révélé  par  le  cha- 
noine Teysseulh,  pendant  que  Bandel  ne  le  nomme  pas.  Mais  le 
texte  ci-dessus,  où  on  lit  Barmondiéras,  semble  être  une  erreur  de 
copiste,  car  le  P.  Bonaventure  de  Saint-Amable,  comme  tous  cent 
qui  en  ont  parlé,  le  nomment  Bernardiéras,  et  ce  dernier  nom 
existait  alors  et  existe  encore  dans  le  pays,  pendant  que  Barmon- 
diéras y  est  complètement  inconnu. 

Il  faut  aussi  remarquer  que  plusieurs  auteurs  modernes  sont  dan» 
Terreur  en  disant  que  ce  Bernardiéras  était  de  Ghalucet.  Le 
texte  contemporain  rapporté  ci-dessus  dit  :  de  la  paroisse  de 
ChatUcet.  Celte  dernière,  aujourd'hui  dans  le  département  de  la 
Dordogne,  fait  partie  de  celle  de  Jumilhac,  dont  les  de  Goignac 
étaient  coseigneurs  et  où  ils  avaient  une  habitation.  Ce  Bernar- 
diéras semble  être  un  de  leurs  familiers,  et  il  doit  être  considéré 
comme  étranger  au  château  de  Ghalucet  qui  est  dans  la  paroisse 
de  Saint-Jean-Ligoure,  au  confluent  de  la  Briance  et  de  la  Ligoure, 
dans  le  département  de  la  Haute- Vienne. 

Le  chanoine  de  Teysseulh  atteste  encore  dans  son  récit  que  tous 
les  habitants  du  château  furent  tués  «  sans  excepter  aucun  qui  fut 
dedans  ».  Dans  le  récit  de  Bandel,  il  est  dit  que  a  tous  furent  mas- 
sacrés, sauf  un  petit  laquais  qui  s'était  réfugié  dans  une  cave  ».  Je 
suis  porté -à  croire  que  les  traducteurs  de  Bandel  ont  ajouté  à  son 
récit  ce  petit  laquais,  ainsi  que  «  Tenfant  qui,  par  une  espèce  de 
prophétie,  vint  annoncer  à  sa  mère  le  danger  qui  les  menaçait 
tous  ».  Je  regrette  de  ne  pas  avoir  le  texte  italien  pour  vérifier 
Texaclitude  de  ma  conjecture. 

Cette  affaire  de  Château-Chervix  est  une  des  premières  dont  se 
soit  occupé  le  présidial  de  Limoges.  Un  édit  royal  du  mois  de  jan* 
vier  1551  avait  en  effet  créé  des  sièges  présidiaux,  et  dans  Tam* 
pliation  du  mois  de  mars  suivant,  la  ville  de  Limoges  avait  élé 
désignée  pour  être  le  siège  de  celui  du  Haut-Limousin.  La  cour 
présldiale  y  fut  solennellement  installée  le  lundi  11  septembre  1553, 

(1)  Journal  de  Pierre  de  Teysseulh,  publiés  par  M.  A.  Leroux,  dans  les 
Chartes  el  Chroniques,  p.  255. 


534  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOOIQUE    ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSm 

par  Massiot,  conseiller  au  parlement  de  Bordeaux,  et  cette  caaae 
lui  était  soumise  moins  de  trois  mois  après.  Si  les  premiers  régie- 
très  de  ce  présidial  nous  avaient  été  conservés,  on  pourrait  connaî- 
tre les  raisons  qui  déterminèrent  son  jugement  que  plusieurs 
auteurs  trouvent  juste  mais  très  sévère.  Toutefois,  rien  ne  nous  fait 
supposer  qu'il  ait  tenu  compte  de  Tëtat  d'aliénation  mentale  du 
principal  auteur. 

Quant  à  la  famille  de  ce  dernier,  on  ne  la  retrouve  plus  dans  le 
pays  après  cet  événement,  et  les  châteaux  de  Saint-Jean-Ligôure  et 
de  Cbftteau-Gbervix  passèrent  à  d'autres. 

Jeanne  de  Goignac,  qui  est  dite  dame  de  SaintJean-Ligoure  et 
Ch&teau'-Ghervix,  avait  épousé,  le  21  décembre  18M,  noble  Miles 
de  Vars.  Elle  en  eut  une  fille  nommée  Marguerite  de  Vars  de  Saiot> 
Jean,  qui  épousa  Antoine  de  La  Chapelle,  veuf  de  Galherine  Baillot. 
C'est  à  cette  fllle  que  Jeanne  de  Goignac  donna  la  terre  de  Saint- 
Jean-Ligoure,  par  acte  du  3i  janvier  1601.  À  sa  mort,  elle  passa  à 
son  fils  Jacques  La  Chapelle- Jumilhac,  seigneur  de  Saint-Jean- 
Ligoure  et  de  Jamilhac.  Ses  descendants  possédaient  encore  ces 
(erres  au  moment  de  la  Révolution.  De  Vars  porte  d'axur  àtroU 
cœurs  d'argent,  et  La  Chapelle-Jumilhac  de  sinople  à  une  chapelle 
d'or. 

Pour  Château-Chervix,  nous  trouvons  un  peu  plus  tard  Jeanne 
de  La  Vergue  qui  est  dite  dame  de  Tourdonnet  et  de  ChAteau- 
Ghervix  ;  elle  épousa  en  premières  noces  Gaston  de  La  Marthonie, 
chevalier,  seigneur  de  Combas  et  de  Tranchelion,  et  en  secondes 
noces,  par  contrat  du  SI  juillet  1633  Jean-François  Gain  de  Unards . 
Elle  donna  Château-Chervix  à  sa  fille,  en  la  mariant  avec  Philibert 
de  Joussineau.  Les  armes  de  la  famille  de  Joussineau  sont  de  gueu- 
les au  chef  d'or. 

À.  Leclbr. 


Contrat  de  vente  de  :  /**  ChdtèathChervijby  Ê^  Saint-Jean^Ligàure, 
JànailhaCy  consentie  en  faveur  de  1""  Jean  et  Antoine  de  Coignat; 
^*  Christophe  et  Pierre  Bonny  par  Sa  Majesté  le  rdi  de  Navarte. 
—  ZO  novembre  1487. 


PROCURATION  DU  ROI  DE  NAVARRE 


Nous  garde  du  scel  autentique  royal  étably  et  ordonné  par  le  roy 
nôtre  sire  aux  contrats  au  baillage  de  Limoges,  à  tous  ceux  qui  ces 
présentes  lettres  veront  et  ouïront.  Salut.  Savoir  faisons  que  par- 
devant  nos  féaux  commissaires  et  jurés  ci-dessous  escrits  et  les 
témoins  ci-dessous  nommés  ont  été  présents  et  personnellement 


GHATBAU-CHERVIX  53S 

éUblU  en  droit.  Très  haut  et  très  puissant  seigneur  Monseigneur 
Jean  Alain,  seigneur  d*Albret,  comte  de  Périgord  et  vicomte  de 
Limoges,  tant  en  son  nom  propre  et  privé,  et  tant  qnil  lui  touche, 
que  comme  procureur  et  légitime  administrateur  de  très  haut  et 
très  excellent  prince  le  roy  de  Navarre,  son  aymé  fils,  ainsi  qu^il  a 
allégué,  montré  et  enseigné  des  lettres  de  sa  procuration  desquelles 
la  teneur  cy-après  s'ensuit  par  ces  paroles  : 

Jean,  par  la  grftce  de  Dieu  Roy  de  Navarre  à  tous  ceux  que  les 
présentes  lettres  veront  et  ouiront.  Salut.  Savoir  faisons  que, 
comme  pour  passifier  notre  dit  royaume  et  notre  comté  de  Foy,  et 
suppléer  et  frayer  à  plusieurs  autres  charges  qu'il  nous  faut  porter 
de  jour  à  autre,  et  pour  entretenir  notre  état  royal,  nous  convienne 
et  fait  besoin  de  vendre  et  aliéner  aucunes  de  nos  terres  et  sei- 
gneuries, ou  plusieurs,  étant  en  notre  comté  de  Périgord  et  vicomte 
de  Limoges,  à  cette  cause,  pour  la  paternelle  confiance  que  nous 
avons  et  devons  avoir  en  notre  très  cher  seigneur  et  père,  Monsei- 
gneur Halin,  sire  d'Albret,  nous  iceluy  avons  fait,  constitué  et 
ordonné,  faisons,  constituons  et  ordonnons  notre  procureur,  gêné- 
rai  négociateur  et  messager  spécial  en  tous  nos  affaires  et  négoces 
de  par  delà  en  nos  pays  de  Périgord  et  Limousin,  et  par  exprès,  et 
en  spécial,  avons  donné  et  octroyé,  donnons  et  octroyons  à  notre 
dit  seigneur  et  père  procureur  susdit,  mendement,  plein  pouvoir  et 
puissance  de  vendre,  échanger  ou  aliéner  par  lettre  de  vendition, 
ou  par  mutation,  à  perpétuité  et  à  jamais,  céder,  transporter  et 
aliéner  le  droit  et  action  que  nous  avons  de  racheter  et  reavoir  de 
Christophe  Bony,  sieur  de  Lavergne,  en  la  paroisse  de  Saint-Priest- 
Ligoure,  en  Umousin,  notre  château  et  chàtellenie,  juridiction  et 
justice  de  Gh&teau*Ghervix,  assis  et  situé  au  diocèse  et  vicomte  de 
Limoges,  avec  la  situation  forteresse  dudit  château  et  toute  la  jus- 
tice et  juridiction,  d'institution  d'officiers,  honneurs,  hommages, 
bourg,  paroisse,  forets  et  antres  dépens,  et  lieux  vacants,  rivières, 
forteresse,  guets,  garde,  droits  de  vigerie,  péage,  traverse,  plassa- 
ges,  laydes  et  étangs,  moulins,  hommes  mounants,  pescheries, 
garennes,  colombiers,  achat,  fondantes,  pensions  de  dixmes,  fours, 
chenages,  mas,  villages,  bois,  pasturaux,  vignes,  terres,  cens,  ren- 
tes et  revenus  de  bled  et  de  vin,  argent,  gelines,  chapons  et  autres 
choses,  et  tout  autre  droit  et  devoir  appartenant  et  dépendant  dudit 
château  et  chàtellenie  de  Ghâteau-Gbervix  ;  ainsy  et  pour  la  forme 
et  manière  que  nous  et  notre  dit  seigneur  et  père,  et  nos  prédéces- 
seurs les  vicomtes  de  Limoges  l'avons  accoutumé  tenir,  user, 
exploiter  par  cy-devant  et  par  nous  et  par  notre  dit  seigneur  et 
père  autrefois,  audit  de  la  Vergue  ceddé  et  transporté,  et  aussy  de 
vendre  ou  échanger  ledit  château  et  chàtellenie  et  choses  dessus 


536  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

spécifiées,  sans  aucune  chose  à  nous  revenir  audit  château  et  ch&- 
tellenie,  ses  fins,  limites,  appartenances  et  dépendances  d'icelle,  et 
ce  à  Jean  de  Goignac,  chevalier,  seigneur  de  Sainl-Jean-Li^oure,  et 
à  Antoine  de  Goignac,  son  fils,  et  audit  Ghristophe  Bony,  et  à  cha- 
cun d*eux,  pour  eux  et  leurs  hoirs,  successeurs,  et  ayant  cause  et 
droit  d'eux  pour  telles  parties  et  portions  qull  lui  plaira.  G'est  à 
savoir  auxdits  de  Goignac  lesdits  châteaux  et  chàteilenie,  avec  tous 
et  chacun  des  droits  et  devoirs  dessus  dits  et  déclarés,  et  audit 
Bony,  en  confirmant  la  vente  par  nous,  ou  noire  dit  seigneur  et 
père  en  notre  nom  à  lui  faite,  c'est  à  savoir  la  juridiction  et  justice 
de  tous  droits  de  château  et  chàteilenie  avec  tous  les  cens,  fentes, 
moulins  et  autres  droits  et  devoirs  des  bourg  et  paroisse  de  Saint- 
Priest-Ligoure,  et  enclave  de  Janailhac,  lesquels  par  la  teneur  de 
ces  présentes  voulons  audit  Bony  être  expressément  réservés, 
comme  étant  des  appartenances  de  ladite  chàteilenie,  et  par  tel 
prix  et  somme  qu'il  lui  plaira,  et  iceux  prix  et  somme  recevoir,  et 
en  quitter  et  absoudre  yceux  de  Goignac  et  Bony  achepteurs,  et 
leur  en  donner  pléniëre  quittance,  pour  et  au  nom  de  nous,  et  nous 
devestir  desdites  choses  ainsi  vendues  et  aliénées,  et  investir  lesdits 
achepteurs  et  leur  en  bailler  et  délivrer  la  réelle,  actuelle,  vaquée 
et  libérale  possession  pour  faire  dés  lors  leur  agréable  et  franche 
volonté,  et  donner  congé  et  licence  aux  hommes  et  tenanciers  et 
nos  emphiteostes  de  reconnaître  lesdits  achepteurs  et  tenir  d'eux 
comme  seigneurs  fonliers  et  directs  desdites  choses,  et  leur  payer 
les  cens,  renies,  et  devoirs  dont  pour  raison  des  dites  choses  sus- 
dites nous  pouvons  être  tenus,  et  de  céder  et  laisser  pour  et  au  nom 
de  nous  auxdits  achepteurs  toutes  actions,  possessiop,  exploits  pour 
raison  des  choses  susdites  à  nous  appartenant,  en  tels  pactes  et 
promesses  que  bon  luy  semblera,  néanmoins,  et  par  exprès  de  per- 
multer  ou  échanger  avec  lesdits  de  Goignac  père  et  fils,  et  chacun 
d'eux  notre  enclave  et  tout  ce  que  avons  et  tenons,  en  la  paroisse 
de  Saint-Jean-Ligoure,  à  cause  dudit  château  et  chàteilenie  dudit 
Gbâleau-Ghervix,  et  avec  tous  et  chacun  des  lieux,  terres,  mas, 
villages  et  autres  cens  et  rentes  desdits  de  Goignac  père  et  fils,  et 
de  promettre  et  obliger  pour  nous  et  en  notre  nom  auxdits  achep- 
teurs que  nous  déchargerons  desdiles  choses  vendues  et  échangées 
et  aliénées  de  toutes  et  chacunes  obligations,  hypothèques,  et  obli- 
ger par  exprès  de  demoiselle  Jeanne  de  Bretagne,  veuve  de  feu  le 
seigneur  de  Valon,  et  de  toutes  autres  sœurs  de  ladite  demoiselle 
et  de  tous  autres,  et  que  de  tout  se  prendront  la  charge  et  garantie 
en  jugement  et  dehors  quand  requis  en  seront,  et  de  promettre  et 
obliger  pour  nous  et  en  notre  nom  de  payer,  décharger  et  tenir 
quittais  lesdits  achepteurs  du  Révérend  Père  l'abbé  de  S'  Martial 


CHATEAU-CHEHVIX  537 

auquel  appartient  rhommage  dudit  château  et  chfttcllenie  et  à  pré- 
server et  garder  indemnes  lesdits  achepleurs  de  toutes  les  choses 
dessus  dites,  sans  jamais  venir  au  contraire  et  csmander  toute 
éviction  universelle  et  particulière,  et  de  jamais  ne  venir  au  con- 
traire comme  dessus  est  dit  par  quelque  moyen  que  ce  soit,  et  d'en 
octroyer  et  passer  lettres  et  instruments  en  bonne  forme  et  valable 
par  foy  et  serment  en  notre  ame,  et  aussy  avons  donné  et  octroyé 
à  notre  dil  procureur  libérale  puissance  de,  et  sûr  ce  que  dit  est, 
faire  et  besoigner  tout  ainsy  que  nous  ferions  et  pourrions  faire  si 
étions  présent,  et  néanmoins  en  tant  que  besoin  et  métier  serait 
nous,  par  vertu  et  authorité  de  ces  présentes,  vendons  et  transpor- 
tons auxdits  de  Coignal  père  et  fils,  et  audit  de  Bony,  par  titre  de 
pure  et  irrévocable  venditioo,  par  tel  contrat  que  par  mon  dit  sei- 
gneur et  père  sera  besoigné  et  contracté  avec  euT[,  par  tel  prix  et 
somme  qu'avec  eux  par  luy  seroit  accordé,  et  avons  renoncé  et 
renonçons  par  la  teneur  de  ces  présentes  à  tout  moindre  et  âge 
et  minorité  et  à  toute  restitution  pour  laquelle  pourrions  ou  nous 
serait  permis  ne  loisible  venir  au  contraire  directement  ou  indirec- 
tement, par  quelque  moyen  ny  remède  que  ce  soit,  aussy  à  excep- 
tion, allégation  ou  négative  de  nom  avoir  reçu  ny  eue  la  somme  ou 
sommes  pour  laquelle  ou  quelles  part  notre  dit  seigneur  et  père,  et 
notre  dit  procureur  sera  appointé  et  accordé  avec  ledit  de  Goignat 
et  Bony,  et  chacun  d'eux  pour  les  choses  ainsy  vendues  et  échan- 
gées et  aliénées,  et  pareillement  à  toute  lésion  et  déception  de 
juste  prix,  et  promettons  auxdits  de  Goignat  et  Bony,  et  chacun 
d'eux,  sous  la  foy  et  serment  de  notre  corps,  de  porter  et  prendre 
à  tout  temps  et  à  jamais  de  bonne  et  ferme  garantie  desdites 
choses  aux  dessus  dits  de  Goignat  et  Bony  et  à  leurs  hoirs  et  suc- 
cesseurs, et  ce  sous  Tobligation  de  tous  mes  biens,  dominations,' 
terres  et  seigneuries,  et  tout  autrement  avoir  agréable,  ferme  et 
stable  à  tenir,  observer  et  accomplir  toutes  et  chacunes  les  choses 
esquelles  par  mondit  seigneur  et  père,  comme  mondil  procureur, 
sera  et  aura  été  besoigné  et  accordé  en  quelque  manière  que  ce 
soit  au  nom  de  nous,  et  d*abondanl  et  pour  plus  grande  sûreté  des 
choses  dessus  dites,  en  tant  que  mestier  est  et  pourroit  estre  le 
temps  à  venir,  promettons  en  bonne  foy,  et  sous  obligation  que 
dessus,  de  ratifier,  approuver  et  omologuer  tout  ce  que  par  notre 
dit  seigneur  et  père  sera  besoigné,  passé,  traité,  accordé  et  appointé 
arec  lesdits  de  Goignat  et  Bony,  toutefois  que  par  eux,  ou  d'eux, 
ou  aucuns  d'yceux  en  sera  sommé  et  requis,  et  de  leur  en  bailler, 
passer  et  expédier  toutes  telles  lettres  et  instruments  qu'ils  vou- 
dront et  verront  être  à  eux  nécessaires.  En  témoignage  desquelles 
chosestiious  avons  signé  ces  présentes  de  notre  main  et  fait  sceller 


536  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

du  sceau  de  nos  armes.  Donné  à  Bonrepos,  en  Bigorre  le  ?ingt 
deuiième  jonr  de  septembre  Tan  mil  quatre  cent  quatre  vingt  sept. 
Ainsy  signé  en  marge  :  Jean.  Par  le  Ro;  et  Seigneur  :  De  Gomboc, 
M.  Nicolle  TauUica  et  autres  présents.  N.  Gaillet  pour  luy  et  autres 
nos  seigneurs  ses  enfants,  auxquels  et  chacun  d'eux  mondit  sei- 
gneur d*Albret,  comme  père  et  légitime  administrateur  de  nos  dits 
seigneurs  ses  enfants,  a  promis  de  fair  louer,  approuver  et  ratifier 
le  contenu  en  ces  présentes  lettres,  toutes  et  quante  fois  qu'il  en 
en  sera  nommé  et  requis  parles  parlies  cy-dessous  nommées,  pour 
luy  et  nos  dits  seigneurs  ses  enfants,  leurs  hoirs  et  successeurs  et 
qui  de  luy  auront  droit  et  cause  en  temps  advenir  d'une  part,  et 
noble  homme  Pierre  Bony,  écuyer,  fils  naturel  et  légitime  et  aussy 
procureur  de  npble  homme  Christophe  Bony,  écuyer,  sieur  de 
Lavergne,  paroisse  de  Saint-Priest-Ligoure,  diocèse  de  Limoges, 
ainsy  qu'il  a  été  allégué,  enseigné  et  montré  de  sa  dite  procuration 
de  laquelle  la  teneur  s'ent  suit  par  ces  paroles  : 

PROCURATION   DB  CflRfSTOPHE   BONY 

Nous,  seigneur  de  PierrebuflBère  et  Saint- Paul-d'Aigueperse, 
faisons  savoir  à  tous  en  général  et  en  particulier,  que  pardevant 
le  féodelle  commissaire  et  dit  no'*  soussigné,  par  nous  pour  ce 
spécialement  député  et  pardevant  les  témoins  bas  nommés,  a  été 
présent  et  s'est  constitué  pour  lui  noble  homme  Christophe  Bony, 
damoiseau,  seigneur  de  La  Vergue,  près  Saint-Priest*Ligoure, 
lequel  de  son  bon  gré  et  sciemment  dans  toutes  et  chacune  des 
causes,  procès  et  affaires,  mues  et  à  esmouvoir,  tant  pour  agir  que 
pour  défendre  pardevant  toute  sorte  de  juges,  tant  ecclésiastiques 
que  séculiers,  nomme  et  ordonne  ses  procureurs  généraux  et 
messagers  spéciaux,  sans  que  néanmoins  la  généralité  déroge  l'es- 
pécialité,  ny  vienne  au  contraire,  à  scavoir  noble  homme  Pierre 
Bony,  damoiseau,  fils  du  constituant  susdit,  et  vénérable  hemme 
Monsieur  et  maître  Richard  Bony,  établi  recteur  et  curé  de  Téglise 
paroissiale  de  Saint-Gosme  et  Saint-Damien  de  Pierrebuffière,  et 
un  chacun  d'eux  à  scavoir  pour  ces  présentes  comparaître  devant 
un  chacun  desdits  juges  au  nom  d'iceluy  constituant  par  luy  expres- 
sément et  spécialement  pour  vendre,  céder,  acquitter  et  autrement 
transporter,  en  bonne  et  valable  forme,  aux  mains  de  noble  prince 
vicomte  de  Limoges,  ou  dans  les  mains  de  noble  homme  Jean  de 
Coignat,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure,  tout  le  droit, 
part  et  portion  que  iceluy  noble  de  La  Vergue,  a  et  peut  avoir  de 
quelque  façon  que  ce  soit  sur  le  château  et  chatellenie  de  Ch&teau- 
Ghervix,  avec  toutes  ses  appartenances   et   dépendances,  sous 


CHATXAU*CHERVIX  539 

promesse  d'en  donner  lettres  sous  la  meilleure  forme  que  se  peut, 
en  quittant  les  dites  choses,  et  pouvoir  généralement  de  faire,  pro- 
curer et  exécuter  toutes  autres  choses  qui  seraient  nécessaires  pour 
les  susdites  choses,  et  que  iceluy  constituant  ferait  et  pourrait 
faire  s'il  était  présent,  promettant  tenir  pour  agréable  tout  ce  que 
par  les  susdits  procureurs  et  chacun  d'eux  sera  fait*  sons  Tobliga- 
tion  expresse  de  tous  et  chacun  ses  biens,  quels  qu'ils  soient,  qu'il 
a  obligé  et  bipothéqué  pour  cela  avec  le  n'*  soussigné,  stipulant 
pour  tous  ceux  qu'il  touche,  ou  i  qui  il  peut  toucher,  emporter  i 
l'advenir.  En  foi  de  quoy  et  pour  témoignage  de  toutes  lesquelles 
choses  nons  avons  scellé  lesdites  lettres  de  notre  sceau,  dont  nous 
nous  servons  dans  toute  notre  terre  et  juridiction.  Donné  et  fait  en 
présence  de  noble  homme  Pierre  de  La  Garde,  seigneur  de  Tran- 
chelion  et  de  La  Garde,  et  discret  homme  maître  Jean  de  Nicolas, 
clerc  bachellier  es  lois,  témoins  connus  à  ce  appelés,  le  quatrième 
jour  du  mois  d'octobre  de  l'an  de  Notre  Seigneur  mil  quatre  cent 
quatre  vingt  sept.  Ainsi  signé  en  marge  :  Nicolas,  et  auquel  Chris- 
tophe de  Bony  son  père,  quand  besoin  et  requis  en  sera,  a  promis 
faire  ratifier,  approuver  le  contenu  en  ces  présentes  lettres  pour 
luy  et  ses  hoirs  et  successeurs,  et  qui  de  luy  auront  droit  et  cause 
en  temps  à  venir. 

PROGCHATION  DE  iSAlV  PB  C0IGI«AT 

D'autre  part  et  messire  Jean  de  Goignat,  chevalier,  seigneur  de 
Saint-Jean-Ligoure  et  Antoine  Goignat,  seigneur  du  Merle,  son  fils, 
tant  en  leurs  noms  propres  et  privés,  que  comme  procureur  et  au 
nom  de  nobles  hommes  Gaultier  et  Mathurin  de  Goignat,  fils  natu- 
rels et  légitimes  dudit  messire  Jean  de  Goignat,  et  aussi  comme 
procureurs  aux  noms  de  dame  Gaspare  du  Merle,  dame  dudit  sieur 
du  Merle»  femme  et  épouse  dudit  Antoine  de  Goignat,  et  de  chacun 
d'eux,  ainsy  qu'ils  ont  illect  aussy  montré  et  enseigné  par  lettres 
de  leur  procuration  cy-après  insérées  chacune  en  son  ordre,  des- 
quelles la  teneur  s'ensuit  : 

Nons,  juges  de  la  cour  et  terre  et  de  toute  la  juridiction  et  chft- 
tellenie  de  Jumilhac,  pour  nobles  et  puissants  hommes  coseigneurs 
dudit  lieu,  faisons  savoir  à  tous  que  ces  présentes  lettres  verront, 
liront  et  ouïront  que  pardevant  fidèle  commissaire  et  nostre  féal 
juré  sous  écrit  pour  et  semblables  choses  par  nous  spécialement 
député,  et  pardevant  les  témoins  bas  nommés  personnellement 
constitués,  noble  et  puissant  homme  Jean  de  Goignat,  autrefois 
chevalier  du  Bouchard,  seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure  et  de  Vil- 
lefavard,  et  coseigneur  dudit  lieu  de  Jumilhac,  et  nobles  Gautier, 


540  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

Antoine  et  Mathurin  de  Coignat,  damoiseaux,  frères»  fils  légiti- 
mes et  naturels  dudit  sieur  chevalier,  mais  à  présent  lesdits 
nobles  Gautier  et  Malburin  Coignat,  damoiseaux,  et  un  cbacun  d'eux 
pour  leur  regard,  tant  conjointement  que  séparément,  de  leur  bon 
gré,  comme  ils  ont  de  la  licence  et  volonté  et  consentement  dudit 
seigneur  chevalier  leur  père,  pour  eux  et  un  cbacun  d*eux  pour 
toutes  les  choses  susdites,  ont  fait,  ordonné,  élably  pouvoir  en  un 
chacun  d'eux  tant  conjointement  que  séparément,  leurs  procureurs 
généraux  et  acteurs  et  messagers  spéciaux  de  tous  uns  cbacuns  les 
affaires  et  choses  sous  écrites,  sans  que  Tespécialité  déroge  à  la 
généralité,  ny  la  généralité  à  la  spécialité,  savoir  lesdits  nobles 
hommes  sieur  Jean  de  Coignat,  leur  père,  et  Antoine  de  Coignat, 
damoiseau,  leur  frère,  ici  présents,  et  Tun  d-eux  faisant  pour  l'au- 
tre, sans  que  pourtant  le  présent  fasse  rien  au  préjudice  de 
Tabsent,  mais  ce  qui  sera  fait  par  Tue  d'eux,  soit  approuvé 
par  l'autre.  Et  pour  la  validité  des  présentes  ont  donné,  cédé, 
comme  donnent  et  cèdent  à  leurs  dits  procureurs  lesdits  consti- 
tuants pour  eux  et  un  chacun  d'eux,  tant  séparément  que  conjoin- 
tement tout  ainsy  qu'il  leur  touche,  leur  spécial  commandement 
de  vendre,  céder,  quitter,  délaisser  à  jamais  avec  pacte  de  rachapt, 
ou  sans  pacte  de  rachapt,  d'affermer  et  assencer  pour  le  t^mps 
queiceux  leurs  procureurs,  ou  l'un  d'eux  trouvera  bon,  tous  leurs 
biens  et  villages,  cens,  revenus,  fondalités,  droits,  deniers,  que 
lesdits  constituants  out  ou  peuvent  avoir  dans  tout  le  diocèse  de 
Limoges,  et  d'affermer  pour  un  temps  et  mettre  les  dits  acheteurs 
pour  jamais  en  lieu  et  place  desdits  constituants,  de  leur  constituer 
leur  droits  et  hypothèques  des  susdits  biens  et  les  y  subroger,  et 
de  recevoir  le  prix  et  somme  qui  en  proviendra,  et  d'en  donner 
quittance,  et  de  donner  telles  lettres  de  vendition,  cession  perpé- 
tuelles et  affennes  temporelles  desdiis  lieux  qu'ils  verront  être 
nécessaire,  en  passer  valable  ferme  pardevant  no'^  et  témoins  avec 
jurement  et  renonciation,  et  obligation  de  leurs  biens  et  autres 
clauses  à  ce  nécessaires,  leur  donnant  pouvoir  de  faire,  agir,  pro- 
curer, négocier  telles  autres  choses  que  des  bons,  véritables  et 
légitimes  procureurs  légitimement  constitués,  font,  peuvent  et 
doivent  faire,  et  que  yceux  constituant  feraient  et  pourraient  faire, 
s'ils  étaient  présents.  Que  si  lesdites  choses  sont  telles  qu'elles 
requièrent  un  mandement  plus  spécial  lesdits  constituants  promet- 
tent de  tenir  et  avoir  pour  agréable  et  confirmer  ce  que  par  lesdits 
procureurs  ou  un  chacun  d'eux  il  sera  fait  et  agis  dans  lesdites 
choses,  promettant  de  les  relever  indemmes  de  tout  et  de  les 
décharger  à  leur  jugement,  et  s'il  est  besoin  stipulant  et  acceptant 
tout  ce  qui  aura  été  fait,  sous  obligation  et  hypothèque  de  tous  et 


ClIATEAr-niIERVtX  tJVl 

un  chacun  de  leurs  biens,  lesquels  ils  onl  obligé  expressément 
pour  cela,  notre  commissaire  et  juré  sous  écrit  stipulant  pour  tous 
ceux  qu'il  importe  ou  peut  importer  à  Favenir,  et  lesdils  consti- 
tuants ont  signifié,  et  ont  voulu  que  ce  fut  signifié  à  tous  ceux 
qn*ii  touche  ou  peut  loucher  a  Tayenir  par  ces  présentes  lettres, 
lesquelles  nous,  juge  susdit  à  la  fidèle  relation  de  commissaire,  et 
notre  juré  soussigné,  avons  voulu  être  cachetée  du  sceau  de  notre 
dite  cour^  pour  foy  et  témoignage  des  susdites  choses.  Fait  et 
(loniré  dans  le  châleau  du  chevalier  de  Jumilhac,  diocèse  de  Péri- 
gueux,  le  vingt  sixième  jour  du  mois  d'octobre,  Tan  de  Notre 
Seigneur  mille  quatre  cent  quatre  vingt  sept,  en  présence  du  cher 
notre  seigneur  messire  Jean  Fabry,  prêtre,  et  messire  Jean  Burre, 
lesdits  témoins  connus  à  ce  appelés.  Ainsy  signé  en  ùiarge  : 
De  Rupibus,  retulit. 

PROCURATION   DE   DAME   GASPARE  DU  MERLE,  FEMME  D'aNTOINE  DE  COIGNAT 

Nous,  juge  de  la  cour,  terre  et  de  toute  la  juridiction  de  Jumi- 
lhac, pour  et  au  nom  de  nobles  et  puissants  hommes  et  seigneurs 
dudit  lieu,  savoir  faisons  à  tous  en  général  et  pardevant  fidèle 
commissaire  notre  juré  sous  écrit,  et  témoins  bas  nommés,  pour 
ce  et  semblables  choses  par  nous  députés,  ont  été  personnellement 
constitués  noble  homme  Antoine  de  Coignat,  chevalier,  fils  légi- 
time et  naturel  de  noble  et  puissaul  homme  mons'  Jean  de  Coignat, 
seigneur  de  Saint-Jean-Ligoure,  de  Villefavard  et  BerlanJe  et  de  . 
Jumilhac,  et  Gaspare  du  Merle,  dame  dudit  lieu  du  Merle,  de 
La  Boisse  et  de  Ghampniel,  femme  dudit  noble  Antoine  de  Coi- 
gnac,  chevalier,  la  susdite  noble  Gaspare  du  Merle,  dame  susdite, 
de  gré  et  volonté  authorisée  et  licenciée  dudit  noble  Antoine  de 
Coignat,  son  mary,  ainsy  qu'elle  dit  lui  avoir  donné  et  permis 
pour  faire  valoir  et  concéder  toutes  les  choses  sous  écrites,  a  fait, 
constitué  et  étably,  et  solennellement  ordonné  ses  procureurs 
généraux  et  messagers  spéciaux  pour  agir  les  choses  souscrites, 
sans  que  pourtant  la  généralité  déroge  à  Tespécialité,  ni  Tespécia- 
lité  à  la  généralité,  ledit  noble  et  puissant  homme  Monsieur  Jean 
de  Coignat,  chevalier,  seigneur  susdit,  absent  comme  présent,  et 
ledit  Antoine  Coignat,  fils  dudit  chevalier,  et  mary  de  ladite 
Gaspare  du  Merle,  constituante  ici  présente,  et  un  chacun  d'eux 
pour  le  mieux  sans  que  néanmoins  le  présent  puisse  plus  que 
Fabsent,  ni  l'absent  plus  que  le  présent,  mais  que  ce  qui  aura  été  fait 
par  Tun  soit  valide  et  approuvé  par  l'autre,  et  ladite  constituante  a 
donné  à  ses  dits  procureurs  mandement  spécial  de  vendre  et  de 
transporter  à  noble  Christophe  de  Bony,  damoiseau,  seigneur  de 


542  SOCléTÊ    ARCHéOLOGIQI^E    ET    HISTORIQUE    OL'    LIMOUSIN* 

Lavergoe,  diocèse  de  Limoges,  tous  les  lieux  et  villages,  cens, 
rereuus,  droits  et  deniers  situés  dans  la  Jaridletion  de  Saint-Jean- 
Ligoure,  de  Pierrebuffiëre  et  de  Nexon,  diocèse  du  susdit  Limoges, 
et  de  mettre  et  de  subroger  en  son  lieu  et  place  iceluy  noble  Gliris- 
tophe  Bony,  damoiseau,  seigneur  susdit,  jusqu*à  la  somme  de 
mille  cinq  cent  livres  monnaie  courante,  on  à  moindre  prix,  mais 
non  à  plus  grand,  tout  aussi  et  comme  il  sera  advisé  par  sesdiis 
procureurs,  ou  Tun  d'eux,  et  de  prendre  et  percevoir  la  somme  qui 
en  proviendra,  et  d'en  donner  quittance,  et  pour  la  vente  et  ces- 
sion desdites  choses  donner  bonnes  et  suflBsantes  lettres  de  vente 
et  cession  à  ce  nécessaires,  pardevant  no'**  et  témoins,  avec  ser- 
ment et  renonciation  et  obligation  de  tous  et  on  chacun  ses  biens, 
et  autres  clauses  à  ce  nécessaires,  et  leur  donnant  pouvoir  de 
faire  généralement  tout  ce  que  de  bons  et  de  véritables  et  légitimes 
procureurs  font,  peuvent  et  doivent  faire,  promettant  icelle  cons- 
tituante de  tenir  pour  agréable  tout  ce  que  par  les  susdits  procu- 
reurs sera  fait  et  géré,  et  promettant  de  les  relever  endemnes  de 
tout,  sous  les  obligations  expresses  et  hypothèque  de  tous  et  cha- 
cun ses  biens,  lesquels  elle  a  obligés  pour  cela  an  commissaire 
no**  Juré  soussigné,  pour  tous  ceux  à  qui  il  touche  ou  peut  toucher 
par  ces  présentes  lettres,  lesquelles  nous,  juge  susdit,  pour  le 
fidèle  rapport  de  notre  commissaire  et  juré  soussigné  avons  voulu 
être  scellées  du  sceau  de  notre  dite  cour,  pour  la  foy  et  témoignage 
des  susdites  choses.  Fait  et  donné  au  susdit  lieu  de  Jnmilhac,  dio- 
cèse de  Périgueux,  le  vingt-huit  novembre  Tan  de  Notre  Seigneur 
mil  quatre  cent  quatre  vingt  sept,  ici  présents  et  assistants  m*  Jean 
Fabry,  prêtre,  et  Martial  Sapientis,  témoins  connus  à  ce  appelé. 
Ainsy  signé  en  marge  :  De  Rupibus,  recepit.  auxquels  et  à 

chacun  d'eux  lesdits  messires  Jean  de  Goignat,  chevalier,  sieur  de 
Saint-Jean-Ligoure,  et  A^ntoine  de  Goignat,  son  fils,  a  promis  faire 
louer,  ratifier  le  contenu  en  ces  présentes  quand  besoin  et  requis 
en  serait  pour  eux  et  chacun  d'eux,  leurs  hoirs,  successeurs  et  qui 
d'fttx  auront  auf $i  droit  et  cause  en  temps  advenir  d'autre  part. 

VEMTB 

Gomme  soit  ainsy  que  mondit  s'  Dalbret,  au  nom  que  dessus, 
devant  no**  et  témoins  pour  certains  grands  aCTaires  que  mondit 
s' lors  avait,  pour  te  bien  et  avancement  de  nosdits  s"  ses  enfants, 
et  autres  causes  justes  et  raisonnables  lors  mouvant  son  courage 
aye  vendu,  cédé  et  transporté  à  perpétuité  et  à  jamais  audit  Ghris- 
tophe  Bony,  sieur  de  La  vergue,  le  ch&teau,  ch&tellenie,  terre  et 
seigneurie  de  Ghâteau-Chervix,  avec  toute  la  juridiction  haute. 


CHATËAU-CHERVfX  543 

moyenne,  basse,  mère,  mixle,  empaire,  cens,  rentes,  dixoies, 
profits,  droits,  devoirs,  revenus,  émoluments,  ressort,  fiefs,  arrière- 
llefs,  hommages,  bois,  forets,  gaerennes,  colombiers,  étangs,  mou- 
lins, pétitions  et  demandes  que  mondit  s'  Dalbret  ou  nosdits  sieurs 
ses  enfants  lors  auront  ou  pourront  avoir  audit  chftteau  et  chfttellenie 
tant  seigneurie  de  Ghâteau-Ghervix,  et  ce  en  faculté  et  puissance 
ou  mondit  s' Dalbret  qu'il  pourrait  racheter  et  ravoir  lesdites  choses 
vendues  et  transportées  dedans  le  temps  de  six  ans  lors  en  suivant, 
et  lequel  terme  dure  et  pend  encore,  avec  certains  pactes,  quali- 
fications et  promesses  entre  eux  lors  accordées  et  déclarées  et  ce 
pour  prix  et  somme  de  trois  mille  livres  tournois,  monnaye  cou- 
rante, laquelle  somme  de  trois  mille  livres  monnaye   courante 
susdite  fut  lors  payée  réellement  et  d'effet  par  ledit  Christophe 
Bony,  ainsy  que  plus  emplement  appert  et  peut  apparoir  par  les 
lettres  par  nous  sur  ce  faites  et  passées  entre  lesdites  parties, 
auxquelles  lettres,  quand  à  ce,  les  dites  parties  se  rapportent.  Ainsy 
est-il  qu'aujourd'hui  cy-dessus  écrit,  ledit  Pierre  Bony,  au  nom 
susdit,  non  séduit,  contraint,  ni  préforcé  par  aucun,  mais  de  son 
bon  gré,  franche  et  pure  volonté,  ainsi  qu'a  dit  ledit  de  Goignat, 
allégué  et  confessé  de  vouloir  consentement  et  commandement 
exprès  de  mondit  s'  Dalbret  aux  noms  susdits,  lequel  vouloir  et 
cotkseotement  par  mondit  seigneur  Dalbret,  illec  baille  et  octroy 
audit  Bony,  iceluy  Bony,  au  nom  que  dessus,  a  cédé,  quitté  et 
transporté,  cède,  quitte  et  transporte  à  perpétuité  et  à  jamais, 
auxdils  messires  Jean  et  Antoine  de  Goignat,  père  et  fils,  tout  le 
droit,  nom,  propriété,  action  et  possession  qu'il  avait  ou  pouvait 
avoir  de  luy  compote  et  appartient  audit  ch&teau,  chfttellenie,  terre 
et  seigneurie  à  cause  et  pour  raison  de  l'acquisition  par  luy  faite  de 
mondit  seigneur  Dalbret  et  par  la  forme  et  manière  qu'il  l'avait 
avant  acquis  de  mondit  seigneur  et  pour  le  prix  et  somme  de 
mille  neuf  cents  livres  tournois,  sauf  et  réserve  audit  Bony  excepté, 
du  vouloir  et  consentement  de  mondit  seigneur  Dalbret,  le  bourg  et 
paroisse  de  Saint^Priest-Ligoure  et  enclave  de  Janailhac  comme 
étant  des  appartenances  et  dépendances  dudit  chftteau  et  chfttel- 
lenie de  Chervix,  avec  tous  et  chacun  des  droits  et  devoirs  et  juri- 
diction, et  justice  haute,  basse,  moyenne,  mère  et  mixte,  impere, 
guet  et  garde,  fiefs,  arrière-fiefs,  hommage,  bois   guerennes, 
colombiers,  étangs,  moulins,  hommes  mouvants,  cens,  rentes  et 
tous  autres  droits  et  devoirs  seigneuriaux  d'iceux  bourg  et  paroisse 
de  Saint-Priest-Ligoure  et  enclave  de  Janailhac,  lequel  bourg  avec 
toutes  et  chacune  les  appartenances,  droits,  prérogatives  et  préémi- 
nences étant  dans  les  fins  et  limites  d'icelles,  dudit  vouloir  et  con- 
sentement de  mondit  seigneur  Dalbret,  audit  nom  susdit,  s'est 


î»44  ftOr.lÉTK  ARCII^IOLOGIQUi;  fiT  IirâTOniQUE  DU  LIMOUSIN 

releou  et  réservé,  relient  et  réserve  expressément  pour  luy  et  les 
siens,  ses  hoirs  et  successeurs,  pour  le  prix  et  somme  de  onze 
cents  livres  et  monnaye  susdite  desdites  trois  mille  livres  tournois', 
toutefois  et  sans  que  ledit  Bony  par  cette  présente  cession  et 
transport  soit  désisté  et  départy  de  son  premier  litre  et  acquisiiion, 
tant  qui  louche  lesdits  Bony  et  paroisse  de  Salnt-Priest,  enclave  de 
Janailhac,  ains  par  celte  présente  cession  entend  confirmer  la 
vente  aulrefois  comme  dit  est  à  luy  faite,  et  ycelle  corroborer  par 
lés  présentes  lettres  desquelles  cession  et  transport  fai...  par 
les...  susdits,  mondit  seigneur  Dalbret  et  en  a  quitté  et  quitte 
ledit  Bony  cl  les  siens  en  pacte  et  promesse  expresse  de  jamais 
ne  luy  en  rien  demander,  ny  luy  en  faire  action,  pétition,  requeste, 
n y  demander,  lesquels  cession  et  transport  et  réservation ,  ainsy 
que  dit  est,  faites  par  ledit  Bony  au  nom  susdit,  messire  Jean  et 
Antoine  de  Goignat,  père  et  fils,  mondit  seigneur  Dalbret,  au  nom 
que  dessus  illec  présent  a  eu  pour  agréable,  ferme  et  stable,  en 
louant,  vérifiant  et  approuvant  icelles  cession,  transport  et  réser- 
valions,  et  lesquelles  mondit  seigneur  Dalbret  a  illec  loué,  i*atifié 
et  approuvé  en  tant  que  besoin  est,  a  vendu,  cédé,  quitté  et  trans- 
porté à  perpétuité  et  à  jamais  audit  de  Goignat  père  et  fils,  yliec 
présents  et  acceplant  lesdits  château,  châtellenie,  terre  et  sei- 
gneurie de  Châleau-Chervix,  juridiction  et  justice  haute,  moyenne 
et  basse,  mère  et  mixte,  impere,  exercice  d'ycelle,  institution  et 
destitution  d'offices,  d'officiers,  honneurs,  hommages,  bourg, 
paroisse,  forêts,  bois  et  autres  dépôts  et  lieux  vacants,  repaires, 
forteresses,  tours,  salles,  cours,  maisons,  tournelles,  crénaux, 
prisonnières,  barbacandes,  murailles,  porches,  bassecourts,  guets, 
gardes,  droit  de  vigerie,  péage,  iramide,  plassages,  laydes,  étangs, 
moulins,  hommes  mananls,  droits  de  moûnage,  pêcheries,  eaux, 
ruisseaux,  guérennes,  colombiers,  achat,  fondante,  pention  et 
dixmes,  feux,  maisons,  puits,  vergers,  mazures,  vignes,  terres, 
prés,  bois,  pasturaux,  chenayes,  chenancheurs,  mas,  lieux  et 
villages,  cens,  renies,  charoirs,  revenus  de  blé  et  d'orge,  poulallles, 
chapons  et  autres  biens,  choses  et  tous  droits  et  devoirs,  appar- 
tenances et  dépendances  quelconques  d'iceluy  ch&teau  et  châtel- 
lenie, terre  et  seigneurie  de  Ghâteau-Ghervix,  et  ce  pour  la  somme 
de  mille  neuf  cents  livres,  pour  lequel  payement  et  solluclion 
desdites  mille  neuf  cents  livres  tournois,  lesdits  Pierre  Bony  et  au 
nom  susdit  et  yceux  de  Goignat  se  sont  convenus  et  accordés  en  la 
forme  et  manière  contenues  et  déclarées  aux  articles  cy-aprés 
incérés,  signés  et  marqués  des  s*  manuels  desdits  Pierre  Bony, 
messire  Jean  de  Goignat,  chevalier,  et  Antoine  de  Goignat,  son  fils, 
et  aussi  des  no*^  cy-dessous  écrits,  lesquels  articles  la  teneur  s'en 
suit  par  ces  paroles  : 


CItÀTliAU-CfIBflVit  &4S 

Ce  sont  les  articles  faits  et  accordés  entre  nobles  homflies  leaa 
de  Goignat,  cbe?a1ier,  seigneur  de  Saint-Jean-Ufonre,  tant  en  aen 
nom  propre  et  privé  qoe  ooinnie  procareur  de  Gaultier,  Mathurin 
de  Coignat»  ses  fils,  et  comme  administrateur  d*yceux  et  aussi 
ooflime  procureur  de  noble  dame  Gasparre,  dame  du  Merle,  «a 
note,  ainsy  qu'il  a  fait  prompte  foy  de  ladite  procuration  et  Antoine 
de  Goignat,  fils  de  mondit  sieur  de  Saint-Jean,  sieur  du  Herte^ 
d*une  part,  et  noble  bomme  Pierre  Bony,  écuyer,  fils  de  noMe 
tiomme  Christophe  Bony,  sieur  de  Lavergne,  et  comme  procureur 
de  sondit  père,  ainsy  qu'il  a  été  fait  prompte  foy,  et  auxquels 
absents  lesdites  parties  de  côté  et  autre  ont  promis  faire  ratifier  et 
approuver  le  contenu  en  ces  présents  articles,  toutes  et  quanles 
fois  qu'une  partie  en  requerra  Tautre  d'autre  part,  en  la  fbrme  qui 
s*en  suit  :  E(  premièrement  est  proposé  que  icy  mondit  sieur  de 
Lavei^oe  acquit  de  très  haut  et  très  puissant  prince  monseigneur 
Dalbret,  le  cbftteau  et  ch&tellenie  de  Ghàteau-Ghervix  avec  toutes 
ses  appartenances  et  droits  de  ch&iellenie  et  seigneurie  pour  le 
prix  et  somme  de  trois  mille  livres  tournois,  lesquels  paya  le  dil 
sieur  de  Lavergne  i  monsieur  réellement  et  d'effet,  avec  ce  donnant 
ledit  sieur  de  Lavergne  faculté  à  mondit  seigneur  de  ravoir  et 
racheter  ladite  chfttellenie  dans  le  terme  de  six  ans  que  durena 
encore  en  lui  payant  et  rendant  ladite  somme.  Item,  a  été  dit  et 
accordé  entre  lesdites  parties,  aux  noms  que  dessus,  que  ledit  sieur 
de  Lavergne  sera  tenu  de  recevoir  mondit  sieur  audit  rachat  do 
ladite  chfttellenie,  et  en  la  recevant  et  par  un  même  contrat,  ledit 
de  Lavergne,  du  vouloir,  consentement  et  commandement  de 
mondit  sieur  cédera  et  transportera  audit  de  Goignal  tous  les  droits 
et  actions  que  luy  peut  compéter  et  appartenir  en  ladite  ctrAtel- 
Mnie,  excepté  et  réservé  expressément  audit  de  Lavergne  la  justice 
totale  et  autres  droits  et  devoirs  de  chfttellenie  qui  compétent  et 
a|>partiennent  à  ladite  chfttellenie,  bourg  et  paroisse  de  Saint- 
PMest-Ugoure  et  enclave  de  Janailhac  cy-dessus  plus  amplement 
dAclarés,  et  ce  pour  le  prix  et  somme  de  dix-neuf  cents  livres 
tournois,  lesquels  dix-neuf  cents  livres  tournois  ledit  de  Coignat 
répondra  et  sera  tenu  payer  et  bien  assurer  ledit  Bony  et  s'en 
obligera  comme  de  son  propre  depte  ainsi  que  dessus  sera  plus 
amplement  spécifié  et  déclaré.  /<e»n,  et  pour  les  autres  onze  cent 
litres  tournois  restants  desdils  trois  mille  livres  tournois  comme  dit 
est,  ledit  sieur  de  Lavergne  se  réservant  expressément  et  luy 
demeurera  ladite  justice  mère,  mixte,  empere,cens,  rentes  et  autres 
droits  de  seigneurie  qui  compettent  à  ladite  chfttellenie  et  paroisse 
et  enclave  de  lanailhac  à  perpétuité,  item,  et  faite  ladite  réception 
dttdit  rachat  à  mondit  seigneur  de  la  dite  chatellenie  et  transport 

T.  LV  36 


546  sociâré  archéologique  et  historique  du  limousin 

dlcelle  audit  de  Goignat,  mondit  sieur  sera  tenu,  tant  en  son  nom 
que  comme  légitime  administrateur  et  procureur  du  roy  de  Navarre, 
son  fils  et  autres  m'*  ses  enfants,  de  bailler  lettres  en  bonne  et 
valable  forme,  tant  desdites  vendition  et  transport  faits  audit  de 
Goignat  que  de  la  réservation  faite  par  le  dit  de  Lavergne  que 
aussi  pour  le  guériment  au  nécessaire.  Item,  et  pour  parfinir  ledit 
payement  des  dix  neuf  cents  livres  tournois  et  pour  la  somme  de 
quatre  cents  livres  tournois  en  déduction  des  dix  neuf  cents  livres, 
ledit  de  Goignat,  au  nom  que  dessus,  vendra,  cédera  et  transportera, 
et  dès  maintenant  vend,  cède  et  transporte  audit  de  Lavergne 
c'est  à  savoir  tout  premièrement  sur  le  lieu  de  la  Ribière,  assis 
en  ladite  paroisse  de  Saint-Priest-Ligoure  les  cens  et  rentes  qui 
s'en  suivent.  V°^^^^  soixante  quinze  sols  on  deniers,  cinq  setiers 
froment,  vingt  deux  septiers  seigle,  quarantedeux  éminaux  d'avoyne, 
dix  sols  en  taille  aux  quatre  cas  et  six  gelines  en  cens  ou  en  rentes, 
avec  Tachapt  accoutumé,  et  en  outre  cent  livres  tournois  une  fois 
payées  qu'il  dit  luy  être  dues  par  les  tenanciers  dudit  lieu  de  la 
Ribière  et  depte  que  luy  sont  tenus.  Itenij  sur  Pierre  Grapd  de 
Laslebreix  en  ladite  paroisse,  deux  septiers  froment,  six  deniers 
d'achapt,  à  cause  d'une  terre  appelée  de  Mouraud.  Item,,  sur  une 
terre  qu'y  tient  de  présent  Bonnaud  de  La  Planche  de  ladite  pa- 
roisse, une  émioe  de  froment,  une  geline  de  rente  et  six  deniers 
d'achapt.  Item,  sur  une  terre  appelée  des  Poulys  que  tient  à  per- 
pétuité le  Texier  de  la  Ribière  de  ladite  paroisse  deux  septiers  de 
froment  et  six  deniers  d'achapt.  Item,  sur  le  village  appelé  las 
Planchas,  paroisse  de  Meuzat,  à  cause  du  Has  de  TAge,  vingt  cinq 
sols  en  deniers,  deux  septiers  de  froment,  deux  septiers  de  seigle, 
deux  septiers  avoine,  cinq  sols  d'achapt,  dix  sols  en  taille  aux  qua- 
tres  cas  et  deux  gelines.  Item,  sur  le  village  de  las  Chastoylias,  en 
ladite  paroisse,  six  septiers  de  froment,  six  septiers  seigle,  quatre 
septiers  avoine,  quatre  gelines  de  renie  et  cinq  sols  d'achapt.  Item., 
sur  la  terre  des  Gombeaux  assise  au  lieu  de  la  Vigne,  contenant  la 
moitié  dudit  lieu  que  tiennent  Thomas  et  Janot  de  Ghampagnat, 
paroisse  de  Ghervix,  dix  sols  en  deniers,  deux  septiers  froment, 
deux  septiers  seigle,  deux  septiers  avoine,  une  geline,  six  deniers 
d'achapt  et  cinq  sols  de  rent^.  Item,  plus  est,  et  sur  le  lieu  delà 
Veyssière  que  tient  Pierre  de  la  Regnaudie,  trois  émines  seigle,  un 
septier  avoine,  dix  huit  sols  en  deniers  de  rente,  et  six  deniers 
d'achapt  avec  la  taille  aux  quatre  cas  et  toute  fondalité  droits  et 
devoirs  qu'il  a  et  peut  avoir  en  sur  lesdites  terres  et  villages,  leurs 
personnes  dessus  déclarées  et  spécifiées,  et  aussy  tout  autre  droite 
devoir  que  luy  peut  compeler,  appartenir  au  bourg  et  paroisse 
dudit  Saint-Priest,  et  baillé  ledit  de  Goignat  le  village  de  la  Ri- 


GHATEAU-CRERTIZ  S47 

bierre  arec  lesdits  cens  et  rentes  fondalilé  et  devoirs  daes  à  cause 
d'iceluy  de  neuf  vingt  neuf  livres  tournois,  en  déduction  de  quatre 
cent  livres,  et  tout  le  résidue  pour  deux  cent  vingt  livres  en  déduc- 
tion des  dix  neuf  cent  livres  tournois,  de  toute  laquelle  rente  et 
antres  choses  susdites  jouira  incontinant  ledit  Bony.  Item.,  et 
demeurera  et  sera  à  perpétuité  audit  de  Lavergne  ledit  lieu  de  la 
Ribière  avec  tous  les  susdits  cens,  rentes  et  autres  devoirs  quel- 
conque dues  à  cause  d'iceluy  avec  la  fondalité,  sans  que  ledit  de 
Goignat  ny  les  siens,  ny  autres  puissent  avoir  ny  rachepter  en  façon 
que  ce  soit,  et  si  pour  retour  de  bourse  ou  autrement  par  quelque 
las  de  temps  ledit  de  Goignat  recouvrait  ledit  village  de  la  Ribière, 
ledit  de  Lavergne  Taura  et  le  prendra  toujours  pour  le  prix  susdit 
de  neuf  ving  neuf  livres,  aussy  ne  pourra,  ne  sera  permis  audit  de 
Goignat  de  ravoir  ni  rachepter  les  autres  cens,  rentes  ci-dessus  dé- 
clarés, si  non  de  mondit  seigneur  rachepla  par  entier  ladite  cbfttel- 
lenie  de  Ghàleau-Ghervix,  auquel  cas  sera  permis  audit  de  Goignat 
de  ravoir  et  rachepter  lesdits  cens  et  rentes  dans  demy  an  après, 
après  ledit  rachapt  pour  se  faire  par  mondit  seigneur  de  laditte 
cbatellenie  excepté  ledit  lieu  de  la  Ribière,  lequel  nullement  ledit 
de  Goignat  ny  les  siens  ne  pourront  rachepter  ains  demeurera  per- 
pétuellement audit  Bony  et  aux  siens.  Item,  et  sera  tenu  ledit  de 
Goignat  de  bailler  audit  de  Lavergne  les  dernières  reconnaissances 
ou  double  d'icelles  signées  des  no''%  faire  obïiger  et  reconnaître 
les  hommes  audit  de  Lavergne,  et  ce  avant  que  ledit  de  Goignat 
jouisse  de  ladite  chàtellenie  et  émoluments  d'icelle,  et  en  la  forine 
cy-dessous  déclarée.  Item,  et  pour  parachever  ledit  payement  de 
dix  neuf  cent  livres,  c'est  à  savoir  pour  la  somme  de  quatre  cent 
livres  que  reste,  ledit  de  Goignat,  au  nom  que  dessus,  vendra,  cédera 
et  transportera  et  de  présent  vend,  cède  et  transporte  audit  de 
Lavergne  et  aux  siens  et  successeurs  en  bonne  et  seure  rente  avec 
toute  fondalité  sur  les  villages  à  lui  appartenante,  paroisses  de 
Sainl-Jean-Ligoure,  de  Janailhac  et  de  Nexon,  la  somme  de 
soixante  quinze  livres  tournois,  chacun  an  de  perpétuelle  rente  au 
prix  du  roy,  selon  la  coutume  et  assiette  faite  d'ancienneté  en  la 
vicomte  de  Limoges.  G'est  à  savoir  les  deux  parties  blé  et  le  tiers 
argent.  Et  est  dit  que  s'il  y  a  plus  de  cent  sols,  fournira  ledit  de 
Goignat  en  blé  ce  que  restera,  ainsy  que  dit  est,  pour  faire  ladite 
assiette  de  deux  parties  blé,  et  ce  pour  ladite  somme  de  quinze 
cent  livres.  Item,  a  été  dit  et  accordé  que  ledit  de  Lavergne  ne 
jouira  de  ladite  rente  de  soixante  quinze  livres  d'icy  à  deux  ans  et 
demy  prochainement  venant,  et  à  compter  la  date  d'aujourd'hui  blé 
deux  ans  et  demy  passés  jouira  ledit  de  Lavergne  tant  seulement 
chacun  an  de  dix  livres  de  rente  jusqu'à  la  fin  de  payement.  Item^ 


Ui'  SOCléré  ARCHéOLOQIQIS  «r   HISTOMQUE  du   LIMOUftlN 

yorra  leéil  àe  Goignat  rachepter  riiacui  a»  après  lesditcs  deax 
aiuéts  la  somoie  d^  dix  livres  de  rente  à  dédoetion  desdites 
soixaftie  quieze  livres  taumois  de  reste  Faii  après  le  pa]renieat  4e 
dix  livres  de  reale  sera  échu  poor  le  prix  et  socnme  de  de«x  cent 
livres  chaciuie  féis  pour  la  décharge  desdites  dix  livres  de  reiHe  en 
dèduetioA  des  soixante  quinze  livres  de  rente.  El  si  ledit  de  Goignal 
ne  racbette  lesdites  dix  livres  de  renie  après  ledit  an  qne  le  paje* 
ment  sera  écchu  demeureront  perpetnellenient  audit  de  Bony  et 
aux  siens,  sans  qne  ledit  de  Coignat  les  paisse  plus  achepter; 
ctecun  an  après  le  terme  passé  tes  dites  dix  livres  de  rente,  les 
soixante  quinze  livres  de  rente  ou  partie  d'iceltes  non  racheptées 
demeureront  à  perpétuité  audit  Bony  et  aux  siens,  l'un  payement 
ne  cessait  pour  l'autre,  et  sans  faire  aucune  commutation  desdils 
payement.  Item,  et  si  ledit  de  Goîgnat  fait  aucun  racbapt  desdiles 
soixante  quinze  livres  de  renie  ou  partie  d'icelles,  en  la  forme  q«e 
dessus  est  dit,  ledit  racliapt^e  fera  et  sera  fait  au  choix  dudit  Bony 
et  non  pas  dudit  Coignat.  Item,  et  pareillement  sera  tenu  ledit  de 
Goipuit  bailler  audit  de  Lavergne  les  copies  des  dernières  recon- 
naissances qu'il  a  délaissé  que  sera  tenu  de  faire  d^sdites  soixante 
quinze  livres  tournois  en  bonne  et  valable  forme,  en  telle  que  ledit 
Bony  Ten  paisse  ayder  et  exécuter  et  contraindre  les  hommes 
empres  que  les  payements  seront  échas  et  fait  reconnaître  et  obli- 
ger les  hommes  par  lesquels  se  fera  laditç  assiette  dedans  la  ray 
carême  prochain,  et  ne  jouira  ledit  de  Coignat  de  ladite  châtellenie, 
qurique  acquisition  qu'il  s'en  fasse,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  fait  ladite 
assiette  et  obligation  des  hommes  audit  Bony,  et  s'il  ne  le  fait 
dedans  le  terme  jouira  incontinant  et  ledit  de  Lavergne  ne  sera 
tenu  d'aucun  guerniment,  si  non  de  son  fait  et  de  sa  competant 
seulement. 

GARARTIB  DU  SEIGPIBUR  DE  COIGNAT  EN  FAVEUR  DU  SEIGNEUR  DE  LAVERGNE 

Item^  et  sera  tenu  ledit  sieur  de  Coignat  de  garentir  et  défendre 
audit  de  Bony  tous  et  chacun  lesdits  cens  et  rentes  et  autres  choses 
par  loy  baillées  en  payement  audit  Bony,  tant  pour  le  payement 
des  dit  quinze  cent  livres  que  des  autres  quatre  cent  livres,  et  loy 
faire  bonne  ladite  assiette  des  dits  cens  et  rentes  par  luy  baillées 
sons  l'obligation  de  tous  et  chacun  des  biens  meubles  et  immeubles 
dudit  Coignat,  et  expressément  de  garentir  et  défendre  de  toutes 
les  obligations,  charges  et  hypothèques  qu'y  pourraient  avoir  et 
prétendre  messieurs  les  enfants,  ou  madame  du  Merle  sa  mère. 
Hem,  a  été  dit  et  accordé  que  tous  et  un  chacun  les  enfants  tant 
maies  que  femelles  dudil  de  Coignat,  aussi  madame  dame  du  Merle 


S6  coDlèriMreQl  à  Isdite  assiieUe  desdils  cms  e4  renies  et  eulrea^ 
chose»  par  ledit  deC^Bai  baillées  en  ebligaHonel  hspo4liè%iie&4e 
goériiM&l  d'toeiu,  el  renonçaEl  à  toutes  et  chacunes  les  oUiga- 
tioQS  et  hypothèques  4«e  lesdits  enfants  et  ladite  dame  da  Merle 
pourraient  avoir  ea  auciiae  manière  sur  lesdits  cens  et  rentes  et 
autres  choses  baillées  en  paiement.  Itemy  a  été  dit  et  accordé  entre 
lesdiies  parties  expressément  que  ledit  de  Bouy  jouira  de  ladite 
chàlellenie  et  émoluments  d'icelle  nonobstant  quelque  cession  ou 
traasport  qu'il  en  fasse  jusqu'à  ce  que  ledit  de  Goignat  aura  fait  et 
parlait  ladite  assiette  desdits  soixaote  quinze  livres  de  rente  bien  et 
compétaroent  a  ladite  coutume  dudit  vicomte  de  Limoges  et  comme 
dessus  est  dit  en  Tarticle  qui  parle  de  faire  obliger  les  hommes 
pour  la  rente  de  quatre  cent  livres,  et  que  ledit  Bony  soit  content 
d'icelle,  en  outre  fait  et  accompli  toutes  et  chacune  les  aulres 
choses  contenues,  promises,  spécifiées  et  déclarées  en  ces  présents 
articles.  A«m,  et  en  événement  que  mondit  sieur  ou  ses  enfants  ou 
autres  rachepteront  ladite  chàtellenie  par  entier,  et  que  ledit  de 
Goignat  reçut  ladite  somme  ou  la  valeur  d'icelle»  en  ce  cas  ledit  de 
Goignat  sera  tenu  de  bailler  et  payer  audit  Bonj  ladite  somme  de 
quinze  cent  livres  incontinent  fait  le  racbapi,  et  au  cas  que  ne 
payerait  pas  entier  ladite  somme,  en  ce  cas  ledit  de  Lavergne  jouira 
par  entier  de  ladite  somme  de  soixante  quinze  livres  de  rente  par 
entier,  et  aussi  a  été  accordé  que  lesdiies  paroisse  et  enelave  de 
Janailbac,  demeureraient  audit  Bony  à  perpétuité  avec  tous  les 
cens,  rentes,  moulins,  et  aussy  avec  tous  el  chacun  les  mouoans 
étant  dans  lesdiies  fins  et  limites  desdites  paroisse  de  Saint-Priest 
et  enclave  de  Janailbac  qui  aussy  dès  lors  c*est  à  savoir  les  mounans 
qui  sont  tenus  au  moulin  des  dites  paroisse  et  enclave,  avec  tous 
et  chacuns  autres  droits  et  devoirs  qui  pourraient  élre  dus  à  cause 
de  ladite  chitellenie  de  Ghâteau-Gbervix.  Item,  et  pareillement 
demeureront  audit  Bony,  comme  dit  esl,  bourg  et  paroisse  de  Saint- 
Priesl  et  enclave  de  Janailbac  à  perpétuité  et  à  jamais,  avec  tous 
et  chacuns  lesaulres  droits,  devoirs,  justice  haute  et  basse,  moyenne, 
mère,  mixte,  imper,  guet  et  garde  et  tous  autres  droits  de  château 
et  ch&tellenie,  c'est  à  savoir  tels  et  semblables  que  mondit.  sieur  et 
messieurs  ses  enfants  y  avaient  et  pouvaient  y  avoir  ea  ladite  chà- 
lellenie auparavant  l'acquisilion  dudit  Bony,  sans  que  les  habitants 
desdites  paroisse  el  enclave  ne  soient  contribuables  ni  ses  biens  à 
ladite  justice  et  chàlellenie  de  Gbàteau-Ghervix,  mais  seront  audit 
Bony  et  aux  siens,  en  fera  et  jouira  ledit  Bony  comme  du  sien 
propre.  /I#m,  ressortiront  les  appeaux  de  la  vicomte  de  Limoges  et 
non  pardevani  le  juge  de  Ghervix,  concernant  les  habitants  desdites 
chàlellenie  et  enclave  seront  renvoyé  en  Testai  en  quoy  ils  soient 


550  SOGIAtÉ  ARCHiOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

pardevani  ledit  Bony,  où  son  juge  que  par  luy  sera  commis  esdits 
paroisse  et  enclave.  Item,  de  tous  les  émolaroenls  des  choses  à 
présent  jugées  de  la  dite  chàlellenie,  en  quelque  cause  que  ce  soit, 
seront  et  demeureront  au  profit  dudit  Lavergne,  et  pareillement 
tous  les  arrérages.  Item,  et  ne  sera  ledit  Bony,  ny  les  siens,  de 
faire  hommage  à  cause  desdites  paroisse  et  enclave,  sinon  à  mondit 
sieur,  où  à  ses  enfants  à  cause  de  ladite  vicomte  de  Limoges,  et 
non  autre,  coinme  aussy  ledit  de  Goignat  sera  tenu  de  le  faire  à 
cause  de  ladite  châtellenie  de  Ghervix.  Item,  a  été  dit  et  accordé 
que  ledit  Bony  aura  et  recevra  réellement  el  d'effet  par  les  mains 
du  receveur  de  Ghervix,  la  somme  de  vingt  cinq  livres  tournofs 
comptant  que  ledit  de  Goignat  lui  donne  pour  aucune  cause  sur  les 
cens  et  rentes  qui  seront  dus  et  écheront  à  la  feste  de  Noël  pro- 
chain venant^  et  sera  ledit  Lavergne  le  premier  payé  de  ladite 
somme,  et  ledit  de  Coignàl,  accomply  qu'il  aye  par  entier  le  contenu 
de  ces  présents  articles  comme  dessus  est  dit,  jouira  par  entier  du 
surplus  de  ladite  châtellenie  en  la  forme  cy-dessus  déclarée  et  non 
autrement;  et  pour  tenir,  garder  et  accomplir  les  choses  dessus 
dites  et  chacune  d*icelles  a  été  dit  et  accordé  que,  lesdites  choses 
et  contenu  en  ces  présnts  articles  seront  faites  et  passées  lettre  en 
la  meilleure  forme  pardevant  notaires  et  témoins,  et  pour  la 
plus  grande  assurance  desdites  parties  et  chacune  d'icelles  que 
dessus,  ont  signé  ces  présentes  articles  de  leurs  seings  manuels  y 
rois  le  huitième  novembre  Tan  1487.  Ainsy  signé  en  marge  :  J.  de 
Goignat,  A.  de  Goignat,  Pierre  Bony,  J.  Farnelly,  P.  Gharlonie.  De 
laquelle  somme  de  mille  neuf  cent  livres  ledit  Pierre  Bony  au  nom 
susdit  a  quitté  et  quitte  par  ces  présentes  lettres,  et  a  promis  tenir 
et  faire  quitter  mondit  seigneur  Dalbret  lesdits  château  et  châtellenie, 
terre  et  seigneurie  de  Ghâteau-Ghervix  audit  Ghristophe  Bony  son 
père,  et  à  tel  autre  qu'il  appartiendra  et  dont  sera  requis. 

Et  avec  ce  aussy,  mondit  seigneur  Dalbret  audit  nom  a  vendu,  cédé, 
quitté  et  transporté  et  délaissé  auxdits  de  Goignat,  père  et  flis,  tout  le 
droit  de  rachapt  qu'il  avait  dudit  Ghristophe  Bomy,  sieur  de  Laver- 
gne, et  de  son  consentement  audit  château  et  châtellenie,  terre  et 
seigneurie  de  Ghâteau-Ghervix,  sauf  et  réservé,  comme  dit  est, 
audit  Bony,  lesdits  bourg  et  paroisse  de  Saint-Priest  et  enclave  de 
Janailhac,  en  la  forme  que  dessus  est  dit  et  déclaré,  et  tout  autre 
droit,  action,  nom,  propriété  et  possession  que  monJit  seigneur 
Dalbret  au  nom  susdit,  avait  ou  pouvait  avoir  et  lui  competait  et 
appartenait  auxdits  château  et  châtellenie  et  seigneurie  de  Ghâ- 
teau-Ghervix, et  iceux  et  chacun  d'eux,  vend,  cède,  quitte  et  trans- 
porte à  perpétuité  et  à  jamais  audit  messire  Jean  de  Goignat, 
chevalier,  et  à  Antoine  de  Goignat,  son  fils,  illec  présent  et  accep- 


CRATSAU-CHERVIS  551 

tanl  pour  le  prix  el  somme  de  deux  mille  livres  lournois,  monnaye 
susdite,  de  laquelle  somme  de  deux  mille  livres  mondil  seigneur 
Dalbreta  illec  pris  et  réellement  reçu  en  la  personne  des  no'*'  et 
témoins  cy-dessous  nommés  et  écrits,  savoir  est  en  six  cdot  cin- 
quante huit  reals  ou  écus  d*or  au  soleil,  deux  cent  soixante  neuf  écus 
d'or  de  monnaie  vicomte,  et  deux  cents  cinquante  réals  d'or,  six 
écus  vieux,  trois  reals  ou  demy  noble  à  nef,  deux  louis  d'or,  et  le 
demeurant  en  monnaye,  le  tout  estimé  à  ladite  somme  de  deux 
mille  livras,  eticelle  de  deux  mille  livres  mondit  seigneur  Daibret 
en  a  quitte  et  quitte  ledit  de  Coignat  père  et  fils  en  pacte  et  pro- 
messe expresse  de  jamais  ne  leur  en  rien  demander,  et  sy  faisait 
au  contraire  a  voulu  non  être  ouy  en  jugement  ny  dehors,  et 
d*iceux  chftteau  el  chàtellenie,  terre  et  seigneurie  de  Ghftteaa- 
Ghervix,  et  de  tous  autres  droits  et  devoirs  dessus  dits  et  déclarés, 
monditseigneurDalbret  au  nom  susdit  en  est  desaisy  et  devestu, 
et  en  a  saisy  et  investu  lesdits  de  Coignat  père  et  fils  en  prenant 
dès  maintenant  comme  pour  lors,  comme  bon  leur  semblera,  la 
possession  actuelle,  corporelle  et  réelle,  icelle  prise,  qu'ils  en 
jouissent  et  en  usent  comme  de  leurs  choses  propres,  et  en  ce 
mpnditsieur  Daibret  a  fait  et  constitué  lesdits  de  Coignat  père  et 
fils  seigneurs,  utiles  propriétaires  et  possesseurs  desdits  château  et 
châlr*llenie,  terre  et  seigneurie  de  Château-Chervix,  et  a  donné  et 
donne  mondit  seigneur  Daibret  audit  nom  par  ces  mêmes .  pré- 
sentes lettres  et  mandement  à  tous  et  à  chacun  les  hommes  tenan- 
ciers sujets  et  emphiteotes  desdits  château  et  chàtellenie,  terre  et 
seigneurie  de  Châtean-Chervix  qu'ils  baillent,  livrent  et  payent, 
audit  messire  Jean  de  Coignat,  chevalier,  et  Antoine  de  Coignat, 
son  fils,  tous  et  chacun  les  cens,  rentes,  droits  et  devoirs  qu'ils, 
doivent  et  sont  dus  à  cause  et  pour  raison  desdits  château  et  chà- 
tellenie, terre  et  seigneurie  de  Chftteau-Chervix,  et  qu*ils  enten- 
dent et  obéissent  auxdits  de  Coignat,  seigneurs  desdits  château  et 
chàtellenie  de  Ghâteau-Ghervix,  tant  et  pour  ainsy  et  en  la  forme 
et  manière  qu'ils  faisaient  et  ont  accoutumé  de  faire  à  mondit  sei- 
gneur Daibret  et  autres  seigneurs  ses  prédécesseurs,  à  excepter 
et  reserver  lesdits  bourg  et  paroisse  de  Saiot-Priest-Ligopre  et 
enclave  de  Janailhac,  comme  dessus  est  dit  et  déclaré,  et  avec  ce 
mondit  seigneur  Daibret  au  nom  susdit,  a  promis  et  promet  audit 
messire  Jean  de  Coignat,  chevalier,  et  Antoine  de  Coignat,  son  fils, 
de  les  tenir  quittes  et  aussy  lesdits  château  et  chàtellenie  de  Châ- 
teaux-Chervix  de  toutes  ventes,  losts  et  honneurs  qui  sont  ou 
pourront  être  dus  à  savoir  à  Monsieur  l'abbé  de  Saint-Martial  de 
Limoges,  ordre  de  Saint-Benoit,  seigneur  féodal  desdits  château  et 
chàtellenie  de  Château-Chervix,  et  se  retient  et  réserve  mondit 


iKâ  ^OClirà  ARGHéoLOOTQins  2T  HtSTÔlUQUE  DU  LlHOUSIN 

•eigneer  Dalbrel  rtiomniage  eC  rcssdrd  4e  ladite  cbfttellenie  de 
Ghtteau-Gherfix  pardevant  son  juge  d*appeaux  de  sa  vkofnté  de 
Limoges,  lesqtels  hommages  Iny  seront  tenus  de  faire  lesdits  de 
Goignat  père  et  fils  et  leurs  hoirs  et  successeurs,  et  mondti  sei- 
gsevr  Dalbnet  le  fera  audit  abbé  de  Saint-Martial,  seigneur  féodal 
d'iceluy  chftteau  et  cbfttellenie,  terre  et  seigneurie  de  Ghâteau- 
Ghervix.  Et  aussy  s*est  retenu  et  réservé  mondit  seigneur  Dalbret, 
au  non  que  dessus,  les  ressorts  de  Pierrebuffière,  Ghftteau-Cher- 
▼ix  et  Saint-Jean-Ligoure  à  perpétuité  et  à  jamais,  et  les  foy  et 
hommage  des  seigneurs  de  Tranchillon,  dudit  Christophe  Bony, 
steor  de  Lavergne,  et  de  Monsieur  Freyssinel,  et  néanmoins  a 
fromy  et  promet  mondit  seigneur  Dalbret  au  nom  susdit  audit 
BMSsire  lean  de  Goignat,  chevalier,  et  Antoine  son  iils,  et  aussi 
audit  Bony  à  cause  de  la  dite  réservation,  et  à  chacun  d*eux,  de 
leur  garentir  et  défendre  envers  tous  et  contre  tons  en  jugement  et 
dtbors,  toutes  et  chacune  les  choses  ainsy  que  dit  est,  vendues, 
transportées  et  alliénées  de  toutes  obligations,  évictions,  et  hipo- 
liièques  de  tout  homme,  seigueur,  seigneurie,  sacque  (?),  et  de 
teut  autre  empêchement  quelconque  et  spécialement  et  par  exprès 
de  toute  obligation  et  hypothèque  envers  Mademoiselle  Jeanne  de 
Bretagne,  veuve  de  feu  Monsieur  de  Baslon,  et  envers  tous  et 
oMtre  tous  autres  quelconque  de  toutes  autres  obligations  et  hypo- 
thèques et  autre  éviction  universelle  ou  particulière,  et  si  en  temps 
aivenir  procès  par  débat  ou  cause  au  moyen  de  choses  susdites 
était  mue  et  suscité,  d*en  prendre  le  guériment  et  défense  pour  et 
M  nom  desdits  de  Goignat  père  et  fils,  et  iceux  procès  poursuivre 
et  eMduire  à  ses  c6tés  et  dépens  jusqu'à  fin  de  cause,  et  ledit  Bony 
au  nom  que  dessus  a  promis  audit  de  Goignat  père  et  fils  leur 
garentir  et  défendre  lesdits  droits  et  actions  que  luy  competait  et 
appartenait  audit  Ghervix  et  par  luy  acquis  du  consentement  et 
commandement  de  mondit  seigneur  cédés,  transportés  de  son  fait 
et  de  sa  ooulpe,  tant  seulement  ainsy  que  plus  amplement  est 
contenu  et  couché  auxdits  articles,  et  avec  ce  lesdites  parties  et 
chacune  d'elles  aux  noms  susdits  respectivement  tant  que  leur 
touche  et  les  peut  toucher,  ont  promis  l'une  et  l'autre  de  éman- 
der,  refondre  et  réserver  tous  damnes,  dommages,  intérêts, 
couBte  et  dépens  que  l'une  partie  par  faute  de  l'autre,  de  non 
avoir  fait  tenir,  garentir  et  observer  les  choses  et  promesses 
susdites  et  chacune  d'icelles,  ferait  et  souffrirait  et  soutiendrait 
au  simple  serment  de  la  partie  endommagée  ou  intéressée, 
sans  autre  preuve  ou  modération  de  juge  nonobstant  le  droit 
qoi  dit  nul  ne  devoir  être  juge,  témoin  ou  arbitre  en  son 
propre  fait  et  cause,  auquel  droit  les  dites  parties  et  chacune 


CHATEAC-CttERVll  S53 

d'elles  ont  renoncé  et  renoncent  par  exprès,  el  aussy  ont  renoncé 
icelles  parties  et  chacune  d'elles  à  toute  exception  de  dol,  de  mal, 
de  fraude,  de  lésion  du  barat  et  convention,  à  la  condition  de  non 
dû  et  sans  cause,  à  tout  usage,  statut  el  coutume,  et  à  l'exception 
du  feaulx  de  plus  fait  et  dit  que  écrit  et  au  contraire  à  tout  bénéfice 
d'ordre  de  droit  canon  ou  civil,  écrit  ou  non  écrit,  fait  ou  à  faire,  et 
au  droit  par  lequel  ceux  qui  sont  déçus  et  circonduit  outre  et  par 
dessus  la  moitié  du  juste  prix  sont  relevés  et  secourus,  et  à  toutes 
autres  exceptions,  raisons  et  défenses  de  droit  et  de  fait  que  pour- 
raient être  dites,  objectées  et  proposées  à  rencontre  du  contenu  en 
les  présentes  lettres  en  tout  ou  en  partie  pour  .lesquelles  le  contenu 
des  dites  présentes  lettres  pourrait  être  détruit  au  temps  avenir,  et 
à  la  loi  disant  renonciation  générale,  non  valoir  si  non  que  expres- 
sément soit  déclaré,  et  outre  ont  promis  icelles  parties,  et  chacune 
d'elles,  l'une  à  l'autre  respectivement  par  les  foy  et  serment  de 
leurs  corps,  les  mains  touchés  le  livre  sur  le  saint  Evangile  notre 
Seigneur,  de  non  faire,  dire,  proposer,  obvier,  ne  venir  à  rencon- 
tre des  choses  dessus  dites  et  chacune  d'icelles  en  quelque  manière 
que  ce  soit,  par  elles  ni  par  autres,  directement  ou  autrement,  ne 
donner  aucun  autre  conseil,  voys  ny  matière  de  le  faire  tenir, 
accomplir  et  observer  les  choses  dessus  dites,  icelles  parties  et 
chacune  d'icelles  ont  comme  dessus  obligé,  affecté  et  hipothéqué 
tous  et  chacun  leurs  biens  meubles,  immeubles,  présents,  advenir, 
en  quelque  endroit  qu'ils  soient,  et  pour  icelles  mêmes  choses 
ainsy  que  dit  est  dessus  faire  et  entretenir,  garder  et  accomplir  et 
observer  de  point  en  point,  lesdites  parties  et  chacune  d'elle  respec- 
tivement ont  voulu  etconsenty,  veullent  et  consentent  être  compel- 
lées  et  contraintes  par  nous  garde  du  scel  et  nos  huissiers,  et  se 
sont  icelles  parties  soumises  et  suposées  à  la  rigueur,  contribution, 
compulsion  dudit  scel  et  du  nom  et  d'autres  alliés  serviteur  du  roy 
notre  sire,  et  par  prinse,  vente,  saisie,  rente,  discussion,  aliéna- 
tion et  exploits  de  leurs  biens  meubles  et  immeubles,  présents  et 
advenir,  et  aussy  par  droit  ecclésiastique,  par  un  chacun  d'eux  tel 
que  soit,  ou  plusieurs,  et  par  toute  autres  voyes  el  manières  d'huës 
el  raisonnables.  Tune  cessant  pour  l'autre,  et  ont  été  icelles  parties 
et  chacune  d'elles  au  nom  que  dessus  respectivement  condamnées 
de  leur  volonté  el  consentement  à  ce  donnés  expressément  pour 
tenir,  complir  et  observer  le  contenu  de  ces  présentes  lettres  par 
Jean  Tineau,  prêtre,  el  Pierre  de  Charlonia,  cler,  no's  el  nos  féaux 
juges  commissaires  cy-dessous  écrits.  Par  devant  lesquels  toutes  et 
chacunes  les  choses  dessus  dites  ont  été  faites,  dites,  compiles  el 
déclarées,  el  par  eux  ainsy  que  dit  est  en  notre  lieu  reçu,  ainsi  que 
nous  ont  dit  el  rapporté  par  ces  mêmes  lettres  de  la  relation  el  rap- 

T.  tv  37 


b^4  SOCI^Té   ARCIlèoLOÛIQÛE  ET  ttlStÛRtQÙE  Dl)  LlMOÙSt?<f 

porl  desquels  nous  garde  susdit  avons  rais,  administré,  mettons  et 
administrons  pleniëre  et  entière  foy,  et  icelles  tenons  et  approu- 
vons et  avouons  pardevant  notaire  le  contenu  en  ces  présentes;  et 
le  lemoing  de  toutes  les  choses  dessus  dites  avons  mis  et  apposé  à 
ces  présentes  lettres  ledit  scel  authentique  royal  élably  aux  contrais 
audit  baillage  de  Limoges,  et  aussi  le  contre  scel  des  armes  de 
mondit  seigneur  Oalbret,  eu  approuvant  les  obmissions  cy-dessus 
faites  ez  seings  que  s'ensuivent  ou  autrement.  —  haute,  impere, 
droit  de  monaye,  et  science,  ledit  Merle  et  ledit  Bony,  de  toute 
châtellenie,  de  Sainl-Priest.  —  Aussy  les  reserves  dessus  faites  et 
dictions  que  s'en  suivent  :  Nobilis,  par  mondit  seigneur  Dalbret, 
comme  dit  est,  et  de  son  fait. 

Donné  ce  dit  au  château  de  Montignac  en  PérigorJ,  présents  et 
ouys  vénérables  scientifiques  personnes  nos  seigneurs  M'*  Paul 
Gay,  licencié  en  droit  et  bachelier  en  loys,  juge  général  de  la 
vicomte  de  Limoges,  el  François  Faure  licencié  en  loys,  juge  géné- 
ral du  Périgord,  par  mondit  seigneur  d'Albret,  témoins  à  ce  requis 
et  appelés,  le  vingtième  jour  du  mois  de  novembre  de  Tan  mil 
quatre  cent  quatrevingt  sept.  Signé  Tinaud  avec  ledit  Pierre  de  Las 
Charlonias,  clerc  et  no'%  signé  aussy  sur  le  reply  J.  Tinaud  avec 
ledit  M"  Pierre  de  Charlonia,  clerc  et  no^*,  et  de  Gbarlonia  avec 
ledit  M'*  J.  Tinaud,  prêtre,  no"  (1). 

(1)  D'après  une  copie  du  xvi'  siècle. 


Confrérie  de  Notre-Dame  la  Joyeuse 

ou    des  Pastoureaux 


L'ancienne  confrérie  de  Noire-Dame  la  Joyeuse,  ou  des  Pastou- 
reaux, esl  représenléc,  aux  Archives  de  la  Haute-Vienne,  principa- 
lement par  deux  registres  de  haute  importance. 

Le  premier  (Archives  hospitalières,  Vi,  B.  1)  contient  d*abord 
les  statuts  de  la  confrérie,  datés  du  6  janvier  1490  (ancien  slylej  ; 
ils  ont  été  publiés  par  H.  Leroux  dans  la  Bévue  des  Langues  ro- 
manes (1891,  p.  417  sqq).  Ils  sont  suivis  de  plusieurs  articles 
nouveaux,  datés  de  15il,  1519, 1521, 1530, 1531  et  1555,  et  dont 
TefTet  esl  de  compléter  ou  rectifier  les  anciens  ;  nous  en  donnons 
la  transcription  intégrale.  Les  remaniements  qu'ils  attestent  prou- 
vent assez  que  la  vie  de  la  confrérie  n'allait  pas  toujours  sans  diffi- 
culté; certains  articles  des  statuts  (nécessité  de  se  déguiser  en 
pastoureaux,  —  payement  des  amendes,  —  frais  de  banquets) 
paraissaient  maintes  fois  une  gène  à  des  confrères  peu  convaincus 
de  la  nécessité  de  remplir  toutes  leurs  obligations.  On  trouve 
encore  dans  le  môme  registre  trois  listes  de  confrères  (i5â0?, 
1539,  1550),  qui  ont  été  analysées  par  M.  Leroux  dans  son  Inven- 
taire des  Archives  (série  H  suppl.). 

Le  deuxième  registre  (cote  VI,  E.  1)  $*ouvre  par  une  copie  des 
statuts.  Mais  son  véritable  objet  —  et  son  véritable  intérêt  —  c'est 
d'être  le  livre  des  comptes  de  la  confrérie  :  année  par  année  les 
bailes  y  inscrivent  receltes  et  dépenses.  Nous  pénétrons  ainsi  dans 
la  confrérie,  et,  en  rapprochant  ces  indications  des  articles  statu- 
taires, nous  pouvons  nous  représenter  assez  bien  ce  qu'était  sa  vie, 
et,  en  particulier,  comment  elle  célébrait  ses  fêtes.  La  série  des 
comptes  est  malheureusement  incomplète.  De  1518  à  1568,  elle  se 
poursuit  sans  interruption;  mais  là  s'ouvre  une  brusque  lacune 
dont  la  cause  esl  hypothétique  :  peut-être  doit-on  la  voir  dans  les 
(roubles  religieux  que  traversa  Limoges  et  qui  durent  gêner  le 
fonctionnement  des  associations  de  dévotion.  La  série  reprend  en 
1578,  mais  pour  subir  une  nouvelle  interruption  de  deux  ans. 


ï>56  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUfi  ET  îtlâTORlQUE  DU   LIMOUStt>^ 

reprendre  en  1581,  puis  8*arréler  pour  un  an.  De  1583  à  1587,  la 
suite  est  régulière;  mais  elle  ne  persiste  pas,  et  dès  lors  le  registre 
devient  assez  confus.  Les  comptes  du  xvn*  siècle,  —  quand  ils  figu- 
rent à  leur  place,  —  sont  extrêmement  sommaires  jusqu'en  1633. 
De  1633  à  1637,  lacune;  de  1637  à  1644  (dernière  date)  la  régula- 
rité et  le  souci  de  l'exactitude  reparaissent.  Peut-être  pourrait-on 
voir,  dans  ce  désordre  du  registre,  une  image  des  vicissitudes  de 
la  confrérie  elle-même.  Parmi  tous  ces  comptes,  nous  avons  pris 
'pour  type  les  premiers,  ceux  de  Tannée  1518-1519  (1)  et  les  avons 
transcrits  presque  en  entier.  Daus  les  années  suivantes,  nous 
avons  relevé  des  détails  de  diverses  sortes,  dont  la  connaissance 
nous  a  paru  utile  pour  éclaircir  ou  compléter  les  indications  du 
premier  budget.  Parmi  ces  détails,  plusieurs  intéressent  Thistoire 
générale  de  Limoges  (pestes,  — imprimeries,  —  affaires  de  finances, 
—  collège,  —  salaires  des  métiers,  —  prix  d'objets  divers). 

Ce  registre  contient  encore  de  nombreuses  mentions  relalivesà 
la  réception  de  nouveaux  confrères,  et  cinq  listes  de  noms  (1583?, 
1593,  1612,  1634,  1646).  Ces  listes  ont  été  signalées  et  les  noms 
intéressants  ont  été  relevés  dans  VInventaire  des  Archives.  Nous 
n'avons  donc  pas  à  y  revenir.  Mais  nous  devons  faire  remarquer 
ici  que  ces  listes  permettent  de  connaître  le  nombre  des  membres 
de  cette- confrérie  depuis  le  début  du  xv!*"  siècle  jusqu'au  milieu  du 
xvii'  siècle  et  les  régions  sociales  dans  lesquelles  elle  se  recrutait. 
Les  confrères  sont  101  aux  environs  de  1520,  108  en  1539,  72  en 
1550,  58  en  1580, 49  en  1592, 13  en  1612,  14  en  1634,  13  en  1646. 

C'est,  on  le  voit,  une  progression  descendante,  et  comme  un 
scliéma  figurant  la  décadence  de  l'esprit  qui  avait  fondé  et  animé 
d'abord  les  associations  de  ce  genre;  la  chule  décisive  du  nombre 
des  confrères  se  produit  au  début  du  xvn"  siècle,  à  l'époque  de  la 
création  des  Pénitents,  comme  on  Ta  souvent  remarqué.  D'autre 
part,  en  lisant  les  noms  sur  les  listes,  il  semble  que  l'on  fait  une 
revue  de  presque  toutes  les  familles  qui  ont  marqué  dans  la  société 
limousine  en  ces  temps-là.  Ce  sont  des  Dubois  et  des  Benoist,  des 
Romanet  et  des  Guibert,  des  Rougier  et  des  Ardent,  des  Veyrier  et 
des  Disnemalin,  des  Dauvergnc,  des  de  Jnllien,  des  Malledent,  des 
Grégoire,  des  Dupeyral,  des  Coulomb,  des  Decordes,  etc.,  etc.  De 

(i)  L'année  commençant  en  Limousin  le  25  mars,  chaque  année  de 
bailic  porte  sur  deux  années  nouveau  style,  soit  du  25  mars  15i8  au 
24  mars  1519.  La  réforme  grégorienne  fut  appliquée  en  Limousin  le 
1'**  janvier  1566;  la  bailie  continue  à  empiéter  sur  deux  années,  sans 
doute  à  cause  de  la  proximité  très  grande  des  deux  fêtes  de  Noël  et  des 
Rois  qu'il  valait  mieux  faire  organiser  par  les  mêmes  bailes. 


CONFRÉRIE   DE  NOTRE-DAME  LA  JOYEUSE  557 

pure  en  fils  on  peut  suivre  plusieurs  générations,  les  voir  se  suc- 
céder fidèlement  dans  la  confrérie.  Laïques  et  prêtres,  curés  et 
fonctionnaires  des  finances,  magistrats  et  apothicaires,  procureurs 
et  orfèvres  :  toutes  les  classes  de  la  société  et  toutes  les  professions 
ont  ici  leurs  représentants. 

La  confrérie  était  administrée  par  un  roi  et  trois  bailes.  Chacun 
était  roi  à  son  tour,  suivant  le  rang  qu'il  occupait  sur  le  rôle  des 
membres.  Les  bailes,  élus  pour  un  an,  comptaient  deux  laïques  et 
un  prêtre.  Parmi  leurs  fonctions,  nous  croyons  devoir  rappeler  ici 
le  rôle  de  justiciers  et  de  pacificateurs  qui  leur  était  dévolu  (arti- 
cles Si  et  S3  des  statuts).  En  effet,  avant  de  s'adresser  à  la  justice, 
un  confrère  maltraité  ou  injurié  doit  demander  aide  aux  bailes; 
ceux-ci,  de  concert  avec  le  roi,  s'efforcent  d'arranger  l'affaire,  et, 
quand  ils  ont  rendu  leur  sentence  arbitrale,  le  confrère  qui  refuse 
de  l'accepter  est  frappé  d'une  amende  de  10  sous  tournois. 

C'était  dans  l'église  Saint-Pierre-du-Queyroix  que  les  confrères 
célébraient  leurs  cérémonies.  Si  nous  en  croyons  M.  Ardanl  (1),  ils 
n'étaient  pas  possesseurs  d'une  chapelle  réservée  uniquement  à  leur 
culte.  «  Notre-Dame  la  Joyeuse  touchait  à  la  porte  de  la  sacristie, 
du  côté  de  Vépllre  [donc  du  côté  droit],  au-dessous  du  beau  vitrail 
consacré  h  la  mort  et  à  l'apothéose  de  la  Sainte-Vierge.  C'était  la 

chapelle  de  la  communauté  des  prêtres On  l'appelle  aujourdbui 

N.-D.  de  Lorette  »  (2).  Au  reste,  une  sculpture  que  l'on  voit  encore 
aujourd'hui  sur  la  façade  de  l'église  Saint-Pierre  atteste  la  présence 
et  l'importance  de  cette  confrérie.  La  fenêtre  de  la  chapelle  qui 
est  à  la  droite  de  la  porte  du  clocher  est  en  effet  encadrée  entre 
deux  bas-reliefs  ;  celui  de  droite  représente  un  Saint-Sacrement 
avec  scène  de  crucifixion  :  c'est  l'insigne  de  la  confrérie  du  corps 
de  Dieu  ;  Mgr  Barbier  de  Montault  y  voyait  même  la  représentation 
exacte  du  joyau  de  cette  associalion  (t3).  Pouvons-nous  alTirmer  que 
l'autre  bas-relief  est  l'image  fidèle  du  joyau  des  Pastoureaux  ?  Ce 
joyau,  ou  reliquaire,  pièce  d'argent  qui  pesait  8  marcs,  2  onces  et 
18  deniers,  comprenait  plusieurs  figures  ;  trois  pâtres,  une  bergère 
et  sept  brebis  sont  indiqués  par  le  registre,  qui  mentionne  aussi 


(1)  M.  Ardant,  Saint-Pierre-du-Queyroix.  —  Limoges,  1851,  p.  26-27. 
—  Nous  nous  permettrons  d'ajouter  que  ni  Ardant  ni  Tripon,  qui  par- 
lent de  la  Confrérie  du  Saint-Sacrement,  ne  mentionnent  celle  de  Notre- 
Dame  la  Joyeuse  ;  Ardant  parle  seulement  de  la  chapelle  (V.  p.  33,  34, 
39,  42,  44). 

(2)  Cette  chapelle  porte  actuellement  le  nom  de  chapelle  de  la  Sainte- 
Vierge. 

(3)  Bull,  de  la  Soc,  arch,  du  Limousiriy  XXXV,  p.  174. 


558  sociéré  archéologique  et  iiistobiquc  du  limousin 

un  ange;  il  est  probable  qu'il  faut  y  ajouter  les  trois  rois  mages  et 
tous  les  personnages  nécessaires  pour  la  scène  de  TAdoration  (1). 
Mais  il  reste  difficile  d'affirmer  que  le  bas-relief  de  l'église  Saint- 
Pierre  reproduit  exactement  le  joyau  des  Pastoureaux  ;  en  tout  cas, 
et  sans  aucun  doute,  il  est  Temblëme  de  la  confrérie  que  nous  élu- 
dions ici  (2).  Pour  remercier  l'église  de  l'hospitalité  qu'elle  lui 
donnait,  la  confrérie  contribua  aux  frais  nécessités  par  des  répara- 
tions et  agrandissements  ;  en  1541,  «  le  roi  de  la  frérie  »  versa  une 
somme  de  100  livres  tournois  entre  les  mains  des  «  fabricqueurs  ». 
Le  souvenir  de  cette  libéralité  fut  consacré  par  une  marque  durable  : 
les  :  ((  armes  et  enseignes  »  de  la  confrérie  furent  gravées  sur  la 
clef  de  voûte  (3). 

Cette  confrérie  n'avait  pas  pour  but  particulier  l'exercice  de  la 
charité.  Jusqu'au  jour  où  Thôpilal  Saint-Martial  persuada  aux  Pas- 
toureaux de  lui  consentir  une  rente  annuelle  de  2  livres  (1556, 
nouveau  style),  ils  se  contentaient  de  donner  aux  pauvres,  une  fois 
par  an,  quelques  sous  «  en  menuz  deniers  ».  L'article  31  des 
statuts  porle  que  le  roi  et  les  bailes  visiteront  tout  confrère  malade 
(à  moins  de  danger)  et  que  chaque  confrère  sera  tenu  de  lui  donner, 
s'il  est  dans  le  besoin,  un  secours  de  2  sols  6  deniers.  Nous  n'avons 
trouvé  dans  le  registre  aucune  mention  relative  à  cet  usage.  En 
dehors  de  ces  minces  libéralités  et  des  messes  funèbres  dites  aux 
frais  de  la  caisse  commune  pour  l'âme  des  confrères  morts,  c'était 
la  dévotion,  le  culte  de  Notre-Dame,  qui  était  l'objet  de  cette 
sociélé. 

Une  mise  en  scène  assez  pittoresque  donnait  à  la  piété  des  Pas- 
toureaux un  caractère  assez  gracieux.  Le  soir  de  Noël  et  le  jour  des 
Rois,  ils  paraient  l'autel  de  feuillage,  de  houx,  de  buis  et  de  divers 
emblèmes  pieux  (4).  Près  de  l'autel,  une  «  cabane  »  ou  «  tonne  », 

(1)  Voir  plus  loin  années  1518,  1522,  1524,  1526,  1535,  1549,  1552,  15G7, 
1568. 

(2)  A  quelle  époque  fut  mis  en  place  ce  bas-relief?  Nous  Tignorons. 
Ce  fut  en  1587  que  la  confrérie  du  Saint-Sacrement  chargea  le  maître 
maçon  François  Gullct  de  «  graver  les  armoiries  de  la  confrérie  à  l'entrée 
dudit  bastiment.  »  (M.  Ardant,  Bull,  des  Coni.  Histor.  ArchéoL,  1850, 
t.  II,  p.  45).  Le  registre  dos  Pastoureaux  ne  nous  a  fourni  aucune  indi- 
cation sur  ce  point.  En  1888,  M.  Judicis  a  présenté  h  la  Société  archéolo- 
gique les  moulages  de  ces  deux  bas-reliefs  (Bulletin,  XXXVII,  p.  436); 
on  peut  voir  le  moulage  de  TAdoration  au  Musée  de  Limoges,  à  qui 
M.  Judicis  en  a  fait  don. 

(3)  Voir  le  contrat  que  nous  publions  plus  loin,  d'après  le  Registre 
déjà  cité  (VI.  E.  1.) 

(4)  Pour  les  détails,  voir  notamment  années  1522,  1524,  1526,  1527, 
1535,  1536,  1539,  etc. 


CONFRÉRIE   DE   NOTRE-DAME    LA  JOYEUSE  559 

faile  de  bois  léger  et  de  branchages,  s'élevait,  rappelant  que  c'était 
dans  une  étable  que  Tenfant  Jésus  avait  d*abord  été  adoré.  Là 
prenaient  place  le  <c  sernioniadonr  »  ainsi  que  les  pastoureaux  (1). 
Un  certain  nombre  des  confrères  avaient  en  effet  révolu  leur  robe 
de  bergers,  ornée  de  lierre  pour  la  circonstance.  Assis  sur  des 
bancs  dans  la  cabane,  ils  entonnaient  en  l'honneur  de  la  Vierge  une 
«  chanson  »  ou  cantique,  qui  parait  avoir  été  composée,  sinon 
chaque  année,  au  moins  plusieurs  fois,  par  un  confrère  (2V  Nous 
serions  assez  disposés  à  voir  des  fragments  on  des  ébauches  de 
i<  chansons  »  dans  quelques  strophes  gauchement  versifiées  que 
contient  le  registre  (3).  Chaque  année,  à  partir  de  1543,  les  bailes 
faisaient  imprimer  le  nombre  d'exemplaires  nécessaire  (4),  et  de 
plus  transcrivaient  la  chanson  sur  un  «  papier  reliât  ».  Toute  cette 
pieuse  poésie  est  perdue;  donnons  lui  un  court  regret;  sans  avoir 
de  valeur  littéraire,  elle  serait  au  moins  un  document  témoignant 
du  degré  de  culture  des  confrères.  Il  semble  que,  avec  les  progrès 
du  temps,  les  Pastoureaux  se  soient  fatigués  de  chanter  eux-mêmes 
leur  cantique.  A  partir  de  15S2,  il  est  souvent  question  de  «  chan- 
tres »,  avec  indication  de  salaire;  on  trouve  même  (5)  les  expres- 
sions «  marché  faict  )>  et  (c  faire  marché  ».  Plus  tard* nous  voyons 
aussi  figurer  dans  les  dépenses  les  enfants  de  chœur  de  Saint- 
Etienne,  comme  s'ils  avaient  pris  part  au  chant  du  cantique.  Au 
XVII'  siècle,  les  comptes  mentionnent  plusieurs  fois  le  paiement 
d'une  petite  somme  d'argent  au  maître  de  la  psalelle,  aux  cho- 
ristes et  enfants  de  chœur  de  Saint-Martial.  Si  les  confrères  ne 
voulaient  plus  chanter,  en  revanche  le  goût  leur  venait  de  dan- 
ser (6),  et  la  caisse  de  la  société  devait  payer  aux  danseurs  non 
seulement  la  musique,  mais  encore  un  festin.  Les  expressions  du 
livre  de  comptes  donnent  même  à  croire  que  ces  danses  devinrent 
vite  une  partie  en  quelque  sorte  réglementaire  de  la  fêle. 

Chanson  et  danse  ;ne  pouvaient  se  passer  de  musique  Aussi, 
sans  parler  des  orgues,  la  confrérie  avait  recours  à  divers  musi- 
ciens; à  l'origine,  ce  sont  des  tambourins,  chabretaircs,  huchels, 
rebecs  et  hautbois;  plus  tard,  on  voir  paraître  des  trompettes,  des 
clairons,  une  cornemuse,  une  viole.  Le  nombre  dé  ces  inslrumen- 


^I)  Voir  année  1518;  cf.  article  des  statuts  n°  15. 
(2)  Voir  années  1564,  1565. 
(3J  Années  1527,  i536,  i587. 

(4)  Sur  celte  question,  voir  notre  article  dans  le  Bibliophile  limousin 
(1905,  n°  3). 

(5)  Voir  années  1552,  1561,  1564. 

(6)  Voir  années  1558,  1561,  1578,  1581,  1587,  1624. 


360  SOCléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

tisles,  qui  sont  souvent  désignés  par  U  nom  colleclif  ménestriers^ 
est  variable;  on  en  compte  12  en  1546,  par  exemple  :  2  clairons, 
i  trompette,  S  buchels,  2  tambours,  3  hautbois,  1  cornemuse  et 
1  rebec.  Limoges  n'était  sans  doute  pas  très  riche  en  musiciens  de 
profession  au  xvi«  siècle  ;  car  il  est  dit  très  souvent  qu'il  faut  aug- 
menter le  salaire  des  artistes,  payer  leur  logement  et  la  nourriture 
de  leurs  chevaux  pour  les  faire  rester;  les  localités  d'où  ils  viennent 
sont  même  plusieurs  fois  indiquées  :  Eyjeaux  (1558),  Verneuil  (1568), 
Grandmont  (1585). 

Nous  nous  demandons  si  Tair  sur  lequel  on  chantait  le  cantique 
était  toujours  le  même, ou  bien  si  parfois  il  n'était  pas  composé  spé- 
cialement pour  ta  circonstance,  comme  les  paroles.  Certains  termes 
du  registre  des  bailes  permettent  de  pencher  vers  la  seconde  hypo- 
thèse. En  1578,  on  donne  un  présent  au  maitre  des  enfants  de 
chœur  de  Saint-Elienne  «  pour  retirer  le  champ  {sic)  des  deux 
chansons  de  Noël  et  des  Roys  ».  En  1584,  on  va  à  Beauvais  «  qué- 
rir les  chans  de  la  chanson  ».  En  i587,  on  paye  le  «  maître  »  de 
Saint-Etienne  «  pour  avoir  le  chant  ».  Si  de  ces  expressions  il  est 
permis  de  conclure  que  notre  supposition  n'est  pas  invraisembla- 
ble, la  confrérie  des  Pastoureaux  nous  apparaîtra  douée  d'un  goût 
artistique  qui  lui  donnera  une  physionomie  originale  parmi  toutes 
les  associations  similaires. 

Toutes  ces  fêtes  (1)  étaient  naturellement  l'occasion  de  nombreux 
banquets  offerts  à  l'ensemble  ou  à  une  partie  des  confrères,  notam- 
ment à  ceux  qui  s'habillaient  en  pâtres  et  aux  chantres,  soit  aux  frais 
du  roi,  soit  aux  frais  de  la  caisse  commune. 

Les  festins,  les  chansons,  la  musique,  l'entretien  de  l'autel  et 
divers  autres  frais  finissaient  par  constituer  un  budget  de  dépenses 
assez  élevé.  Aussi  arrivait-il  plus  d'une  fois  que  les  recettes  étaient 
non  seulement  absorbées,  mais  dépassées  ;  le  déficit  retombait  sur 
les  bailes,  à  moins  que  les  confrères  ne  consentissent  à  verser  une 
contribution  supplémentaire,  ou  que  l'on  n'aliénât  une  parcelle  des 
biens  sociaux,  par  exemple  des  anneaux  d'or  attachés  au  joyau. 
Les  ressources  venaient  de  la  ferme  de  deux  prés  appartenant  à  la 
confrérie,  situé»  l'un  au  Mas  Blanquet  et  l'autre  vers  la  Croix- 
Buchilien,  de  deux  setiers  de  seigle  de  fondalité  sur  une  petit 
domaine  sis  à  la  Brugère  (2),  du  produit  des  amendes  ou  péchés, 
des  cotisations  payées  par  les  confrères  et  confréresses  de  la  chan- 
delle, et  de  quelques  autres  recettes  peu  importantes,  telles  que 
les  petites  sommes  offertes  par  l'évêque,  par  le  chapitre  de  Saint- 

(1)  Veille  de  Noël,  Noël,  jour  des  Rois,  dimanche  et  lundi  suivants. 

(2)  Aujourd'hui  la  Bregère.  Voir  année  1533. 


CONFHJÉRIE   DE  NOTRE-DAME  LA  JOYEUSE  561 

Etienne  et  par  Tabbesse  de  la  Règle  (1).  Le  total  était  peu  considé- 
rable. A  vrai  dire,  le  prix  d'affermé  des  prés  augmenta  dans  le 
cours  du  xvi*  et  du  xvu*  siècles  :  de  10  livres,  en  1518,  le  grand 
pré  de  la  Croix-Buchilien,  appelé  souvent  pré  des  Pastoureaux  ou 
des  Pâtres,  passe  à  14  1.  en  1850,  à  23  en  1560,  à  25  en  1568,  à  40 
en  1583;  il  est  à  63  en  1633,  à  52  en  1685,  à  60  en  1705  (2).  Mais 
les  dépenses  croissaient  encore  plus  vite  que  les  recettes;  les  Trais 
des  messes  et  services  funèbres,  les  salaires  des  ouvriers  et  des 
musiciens,  le  coût  des  banquets,  des  impressions  et  de  tous  les 
objets  achetés  s'élevaient  avec  une  progression  qui  apparaît  assez 
nettement  quand  on  feuillette  le  livre  de  comptes  des  bailes  qui  est 
ainsi  un  document  intéressant  pour  l'histoire  économique.  Bref,  les 
revenus  de  la  confrérie  tendaient  peu  à  peu  à  s'épuiser.  En  1660, 
un  document  officiel  constate  qu'ils  consistent  en  :  l'afferme  du  pré 
des  Pastoureaux,  2  setiers  de  seigle  sur  la  Brugère,  o  livres  de 
rente  sur  une  maison  de  la  rue  Gruchedor  ;  les  autres  renies,  ajoute 
le  document,  sont  prescrites  (3j. 

A  la  même  époque,  la  situation  morale  de  la  confrérie  ne  parait 
pas  avoir  été  plus  brillante  que  sa  situation  financière.  La  délibé- 
ration de  la  municipalité,  en  date  du  15  mai  1659,  qui  demande  au 
roi  la  permission  de  créer  un  hôpital  général  et  d'y  employer  u  les 
biens  et  revenus  de  quelque  confrairie  dont  l'aplication  ne  se  fait 
pas  dans  des  œuvres  de  piété  »  vise  en  particulier  les  Pastoureaux. 
En  parlant  «  des  revenus  des  confrairies  qui  ont  déchu  de  leur 
encienne  institution  et  piélé  »,  la  municipalité  ajoute  «  et  spéciale- 
ment de  celle  des  pasteurs  dont  Temploy  s'est  rendu  abusif  ».  Plus 
loin,  la  môme  délibération  accuse  les  confrères  de  convertir  leurs 
revenus  à  de  mauvais  usages  (4).  A  la  fin  de  l'année  1660,  le  roi 
délivra  des  lettres  patentes  qui  donnaient  toute  satisfaction  à  la 
municipalité  et  déclaraient  les  revenus  de  diverses  confréries,  dont 
celle  des  Pastoureaux,  unis  aux  fonds  des  hôpitaux  de  Limoges. 
Mais  dans  l'intervalle,  les  confrères  avaient  pris  leurs  précautions. 
Sentant  la  confiscation  imminente,  ils  avaient  trouvé  un  détour 
pour  sauver  leurs  biens  :  ils  les  avaient  «  remis  et  délaissé  »  au 
profit  de  la  communauté  des  prêtres  de  Saint-Pierre-du-Queyroix. 
Les  administrateurs  de  l'hôpital  ne  voulurent  pas  l&cher  prise, 
tandis  que,  de  leur  côté,  les  prêtres  de  Saint-Pierre  s'efforçaient 
de  jouir  des  revenus  cédés  par  la  confrérie.  En  1661,  les  deux  par- 

(1)  Voir  années  1550  et  1556. 

(2)  Les  chiffres  de  1685  et  1705  sont  donnés  par  les  Archives  hospita- 
lières de  la  Haute-Vienne,  B  268.  ^  La  contenance  du  grand  pré  était 
de  6  journaux  (Arch,  hospit.,  B  244). 

(3)  Archives  hospital.,  D.  I.,  157. 

(4)  Archives  hospital.,  B  495,  f<»  4  v»,  5  r»,  9  r». 


562  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

ties  firenl  saisir  les  sommes  en  litige,  et  an  procès  s'engagea.  Les 
préires  faisaient  valoir  que  la  donation  était  antérieure  aux  lettres 
patentes.  Mais  les  administrateurs  de  l'hôpital  répondaient  «  que 
la  ditle  donation  n'avait  pu  estre  faille  par  les  dits  confraires,  les- 
quels n'avaient  aucune  disposition  du  fonds  et  capital  de  la  ditte 
frairie,  mais  seulement  la  jouissance  et  uzufruil  pour  l'employer  à 
faire  faire  des  services  divins...  La  donation  n'avoit  esté  faille  par 
les  dils  confraires  qu'en  haine  du  dit  acte  [la  délibération  du  corps 
de  ville]...  »  Pour  montrer  leur  esprit  de  modération,  les  adminis- 
trateurs offraienl  en  même  temps  de  payer  sur  les  revenus  unis  à 
l'hôpital  les  frais  du  culte  de  la  confrérie  moribonde.  Les  disposi- 
tions conciliantes  et  la  crainte  d'un  long  procès  aboutirent  à  une 
transaction  qui  fut  conclue  le  28  février  166%.  Aux  termes  de  cet 
acte,  les  prêtres  de  Saint-Pierre  renoncent  à  la  donation  du  «  fonds 
et  capilal  »  de  la  confrérie,  qui  demeurent  unis  à  perpétuité  à 
l'hôpital  général.  D'autre  part,  les  administrateurs  de  l'hôpital 
payeront  annuellement,  le  jour  des  Rois,  une  somme  de  20  livres 
aux  prêtres  de  Saint-Pierre.  Moyennant  cette  rente,  les  prêtres 
seront  «  tenus  de  faire  le  service  accoutumé  estre  fait  en  la  ditte 
frairie,  consistant  aux  vespres,  de  la  vigile  du  premier  dimanche 
d'après  les  Rois  d'une  chaqu'une  année,  la  grand  messe  du  jour 
de  dimanche,  la  procession  accouslumée  estre  faille  ledit  jour,  avec 
les  vêpres  du  soir  et  le  service  pour  les  morts  au  lendemain  ».  Une 
dernière  disposition  oblige  les  prêtres  à  faire  avertir  un  des  admi- 
nistrateurs, afin  qu'il  puisse  assister,  si  bon  lui  semble,  aux  céré- 
monies énnmérées  ci-dessus  (1). 

Ainsi  s'acheva,  bon  gré  mal  gré,  la  vie  de  la  confrérie  de  Notre- 
Dame  la  Joyeuse.  Elle  disparut  par  un  acte  d'autorité  municipale  et 
royale,  victime  sans  doute  de  la  décadence  de  son  esprit  et  surtout 
de  son  absence  de  charité.  Tout  en  maintenant  les  services  reli- 
gieux qui  restèrent  comme  la  survivance  de  la  confrérie,  la  ville  et 
l'Etat  n'hésitèrent  pas  à  supprimer  cette  association.  Jadis  floris- 
sante, elle  était  devenue  incapable  de  remplir  le  devoir  social  qui 
paraissait  le  plus  urgent  à  tous  ceux  qui,  vers  1660,  voulurent 
remédier  à  la  misère  publique  en  concentrant  les  ressources  épar- 
ses  des  hôpitaux  et  des  confréries,  en  les  enlevant  à  la  direction  de 
particuliers  trop  souvent  peu  consciencieux,  pour  les  soumettre  à 
la  gestion  d'administrateurs  responsables  vis-à-vis  de  leurs  conci- 
toyens (2). 

Franck  Delage. 

(1)  Archives  hospital.,  B  495,  f°  9  v». 

(2)  Sur  cette  période  de  l'histoire  limousine,  voir  Leroux,  Inven- 
taire des  Archives  départementales,  série  II  suppl.  {Archives  hospita- 
lières), pp.  xviu-xxvi. 


CONFRÉRIE  DE  NOTRE-DAME   LA  JOYEUSE  563 


DOCUMENTS 


Articles  complétant  ou  rectifiant  les  statuts 

Lou  dissabde  de  la  fesla,  Tan  mil  V  et  XI,  avan  soupar,  en  la 
roeigou  de  guaign  (1),  per  (uch  lous  couffrairs  feurey  courregitz  III 
arlicleys  deus  slalutz  de  lad.  confreyrie  en  la  Tourma  et  manieyra 
que  s'enset;  preinyeyrament  :  Que  lous  assensadours  de  las  péchas 
dors  en  avant  deoiandaran  la  pécha  aus  confrair  que  aura  deffalit 
dins  quinze  jours,  auUramen  no  sira  pas  tengul  de  pagar  lad. 
pécha. 

Kern  l'autre  article  eys  que  lou  pair  ou  parent  ou  aultre  que  vou- 
daran  lours  enfans  à  lad.  confrérie,  et  serant  ressoubulz,  et  no 
scrant  en  eagc  de  servir  et  garnir  en  pastoureu  lou  ccir  de  Nadau 
et  de  la  BrefTanie,  que  aqueu  pair  ou  aultre  que  se  obligara  per 
loud.  enfant  sera  tengut  de  se  garnir  per  l'enfant  quant  cera  son 
lorn  et  rent,  et  fara  tout  servici  que  se  deu  far. 

Item  l'autre  article  eys  que  lou  confrair  que  eys  commandât  à 
garnir  quant  vet  en  torn  et  failhan  de  se  garnir,  eran  quicteys  de 
payar  X  s.  per  la  pécha;  et  amavan  meys  pagar  lous  X  s.  que  se 
garnir  aucuns  que  y  avye,  et  la  confreirie  y  perdie  beucot,  et  lous 
bayleys  eran  contrainclz  de  lougar  d'aultreys  per  lous  far  garnir; 
et  per  se  feut  avyzat  per  lous  lous  confrairs  que  dores  en  avant 
aquel  que  falire  cens  aveyz  eyssonie  razonnable  pagara  vingt  soulz 
aus  aullreys  confrairs  que  se  garnirant,  que  sira  per  lou  disnar 
conmenl  eys  de  couslume. 

Lou  dilus  de  la  fesla,  VIII«  jour  de  jevier,  l'am  mil  V<=  et  XIXi 
durant  lou  disnar  en  Gaign  (2),  fut  ordenat  per  messieurs  lous  con- 
frairs se  que  si  après  s*ensel,  et  premieyramenl  :  Per  ce  que  aul- 
cuns  avian  trenchat  lours  nomps  et  de  aulcuns  confrairs  deu  libre 
deus  stalutz  per  mectre  lousd.  nomps  lous  uns  mais  en  ad  van  l  et 
lous  aultreys  mais  en  arreir  ;  Et  aussi  yavye  deus  confrairs  que  nou 
voulian  payar  lours  intrageys  quant  eran  en  qscrich,  mesdizian  que 
ne  lous  poudian  pas  gictar  de  lad.  confreirie,  veut  que  avian  fach 

(1)  Un  acte  notarié  "de  1H53  (Archiv.  hospitalières,  B  114)  signale  une 
maison  «  vulgairement  appelée  de  Gaing  »,  sise  rue  du  Mûrier.  Cet 
immeuble  avait  sans  doute  appartenu  ou  appartenait  à  la  famille  de 
Gaing.  Le  l'*'"  Registre  consulaire  mentionne,  p.  IQi,  une  transaction 
entre  les  consuls  et  Louise  de  Gaing,  dite  de  Linards,  dame  de  Neuf- 
ville.  Nous  rappellerons  que  la  Revue  des  Soc.  sav.  des  départ.  (1869, 
t.  X)  a  publié  une  note  de  M.  A.  Darcel  relative  à  des  documents  com- 
muniqués par  M.  Beauchet-Filleau  au  sujet  de  la  famille  de  Gaing. 

(2)  C'est-à-dire  :  dans  la  maison  dite  de  Gaing. 


564  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

iou  segrament  et  que  eran  escrich  au  libre  deus  statulz  de  lad. 
confreirie  ;  El  d'aullreys  reffuzavan  à  payar  las  péchas  et  per  def- 
fensas  dizian  que  jamays  nou  avian  fach  de  segrament  à  lad. 
coDfreirie;  Per  que  feut  ordeuat  que,  quant  ung  pressonage  sirie 
intrat  et  ressoubul  per  lous  comfrairs  à  inlrar  en  lad.  confreirie, 
lous  bayleys  Iou  presenlarie  au  scindic,  et  aqui  ly  farian  far  Iou 
segrament  en  prezence  de  tesmoinglz  ;  Et  loud.  sindic  Iou  mectra 
en  escrich  au  papier  deus  compteys  de  lad.  confreirie;  Et  aussi 
lous  tesmoigns  et  lous  nomps  deus  bayteysque  iou  prézenten,  et  la 
date  deu  jour  et  am  que  sira  ;  Et  lousd.  bayleys  Iou  prëzenlaran 
quant  siran  payalz  deus  inlrageys,  et  aullrament  non,  à  la  pena  de 
lous  recoubrar  suz  lousd.  bayleys. 

Item  plus  feut  ordenat,  aclendut  la  grande  quanlilat  deus  com- 
frairs que  son  en  lad.  festa  (que  Dieu  per  sa  gracie  vueilha  mante- 
neir).  et  que,  quant  vet  au  repas,  Iou  nombre  eys  beucop  plus 
granl;  car  chacun  comfrair  ou  la  plus  part  an  acoustumat  menar 
ung  enfan  ;  per  que  Iou  reys  que  deu  teneir  lad.  festa  se  trobe  sou- 
vent enpachat  de  troubar  lougis  per  tenir  lad.  festa,  et  aussi  de 
Iroubar  tant  de  viandas  sey  grande  coste  per  far  sous  servicis  au 
repas  de  lad.  festa  à  servir  de  treys  en  treys  confrairs  conment  eys 
de  coustume  ;  Lou  tout  comsiderat,  eys  estât. ordenat  que  dores  en 
avant  nou  menaray  plus  neguns  enfans;  Et  que  lou  servici  que  se 
soulie  farde  treys  en  treys  se  fara  doresnavant  de  quatre  en  quatre  ; 
de  lascaulz  chauzas  susd.  lous  bayleys  en  demanderen  acte  et  me- 
raourial  à  meistre  Loys  deu  Py,  sindic  et  percuraire  de  lad.  confrei- 
rie loud.  jour  et  en  Toure,  en  la  présence  de  Mathieu  Maladent  et 
Pierre  Mousnier,  marchans  de  Limogeys,  tesmoignlz  à  ce  appelatz 
loud.  jour  etam  susd. 

Ilem  le  lundy  XIIP  jour  de  janvier,  Tan  mil  cinq  cenlz  vingt  ung, 
tenant  la  festa  et  estant  roy  vénérable  messire  Albert  Romanet, 
chanoyne  de  Tesglise  cathédrale  de  Lymoges,  a  esté  advisé  par  les 
confrayres  que  la  somme  à  laquelle  estoient  cothizés  les  confrayres 
quy  estoient  tenus  se  garnir  et  abilher  en  pastoureaulx  le  seoir  de 
Noël  à  matines  et  le  jour  de  TEpiphanie  à  la  messe,  esloit  trop 
petite  ;  et  plusieurs  différoient  de  se  garnir  et  abiller,  en  aymant 
rayeulx  poyer  la  lauxe  ;  que  pourroit  eslre  à  temps  advenir  en  dimi- 
nution de  lad.  confrayrie.  A  ceste  cause,  d^ung  commun  accord,  a 
esté  ordonné  que  ceulx  qui  deffailiront  à  se  garnir  et  habiller  en 
pastoureaulx  le  seoir  de  Noël  à  Matines,  poyeront  cinquante  sous 
tournois  ;  Et  aussy  ceulx  qui  deffailiront  le  jour  de  TEpiphanie  à  la 
messe  poyeront  semblable  somme  de  cinquante  solz  tournois;  les- 
quelles sommes  desd.  deffaillans  seront  employées  pour  le  disner 
de  ceulx  qui  se  seront  garnis  et  habilhés  en  pastoureaulx  led.  jour 


CONPR^niË  DE  NOTRK-DAME  LA    JOYEUSE  56!> 

de  TEpiphanie;  Et  s*ii  y  a  reste,  sera  mise  à  la  boette  ;  Et  ne  seront 
tenus  les  bayles  faire  aucune  composition  avec  ied.  defTaillans  desd. 
sommes,  ains  les  contraindront  totaiiement,  aultrement  le  sup- 
ployeront  de  leur  propre  bourse.  El  ainsi  [a]  esté  juré  estre  observé 
par  tous  lesd.  confraires. 

M.  Boyol,  chanoine  de  Lymoges.  P.  Âury. 

J.  Ardent,  procureur  du  roy.  J.  Suduyraud. 

J.  de  Jayac,  notaire  juré,  soubs  le  scel  de  messieur  Tof- 

ficial  de  Limoges,  par  le  commandement 
de  la  greigneur  partie  desd.  confrères. 

Item,  et  le  dimanche  buictiesme  jour  de  jenvier.  Tan  mil  cinq 
cens  trente,  estant  roy  et  tenant  la  feste  sire  Jehan  Duboys,  des 
Taules,  bourgois  et  marchant  de  Lymoges,  part  la  délibération  et 
commun  avys  des  confrères  de  la  dicte  freirie  ou  plus  grant  part 
d'iceulz,  a  esté  avizé  et  conclut  que,  actendu  la  grant  multitude  et 
effréné  nonbre  des  confrères  de  la  dicte  freirie  (1),  part  quoy  le  roy 
de  la  dicte  feste  a  [à]  soustenir  gran  charges  et  fere  gros  frais  et 
mises,  que  dor  en  avant  chascun  desditz  confrères  sera  tenu  poyer 
et  balher  à  celuy  la  qui  sera  roy  pour  chascun  an  et  au  jour  que 
Ton  a  acoustumé  à  pourter  Targent,  assavoyr  est  la  somme  de  quinze 
soulz  tournois  (2),  pour  manger  à  ladicte  feste. 

M.  Boyol,  chanoyne  de  Lymoges. 
J.  Suduyraud.  J.  Ardent.  P.  Foucher. 

Laurens  Dupin.  r. 

Item  le  lundy  neutiesme  jour  de  Janvier,  Tan  mil  cinq  cens  trente 
ung,  tenant  la  feste  Léonard  Sanlys,  marchant  de  Lymoges,  A  esté 
advisé  par  les  confrères  et  d'ung  commun  accord  a  esté  ordonné 
que  ceulx  qui  defTailleront  à  se  garnir  et  habiller  en  pastoureaulx 
le  seoir  de  Noël  à  matines  poyeronl  cinquante  solz  tournois;  Et 
aussi  ceuU  qui  deffailiront  le  jour  de  TEpiphanie  à  la  prossession 
et  à  la  messe  poyeronl  la  somme  de  cent  solz  tournois  ;  lesquelles 
sommes  desd.  deffailhans  seront  employées  pour  le  disner  de  cculx 
qui  seront  garnilz  et  habillés  en  pastoureaulx  le  jour  de  TEpipha- 
nie  ;  et  si  il  y  a  reste,  sera  mise  à  la  boeste  ;  et  ne  seront  tenus  les 
bayles  à  faire  aucune  composition  avec  lesd.  deffailhans  desd.  som- 
mes, ains  les  contraindront  lolallemenl,  et  autrement  le  supploye- 


(1)  Une  lissle  do  confrères  antérieure  à  1539  donne  101  noms  enre- 
gistrés en  une  seule  fois.  {Arch,  hospil.,  VI,  B.  I.) 

(2j  Les  anciens  statuts  (article  2)  prescrivaient  à  chaque  confrère  de 
remettre  au  roi  10  s.  ts.  le  dimanche  avant  Noël. 


666  SOClèrè   AnCHèoLOÛIQÙË    et   HtStORIQCË  Dû  LIltOCStK 

ronl  de  leur  propre  bourse.  Et  aussi  a  esté  juré  estre  observé  par 
tous  lesd.  confrères  ;  desquelles  choses  ont  requis  acte  au  notaire 
et  scindic  dessoubz  escript,  que  leur  a  esté  concédé  pour  leur  ser- 
vir ce  que  de  raison.  Faict  ez  présence  de  sire  Jehan  Hardit  et  Jehan 
Goudin,  marchans  de  Lymoges,  (esmoinglz  ad  ce  appelles  et  requis, 

les  jour  et  an  susd. 

Laurens  Dupin,  r. 

L*an  mil  cinq  cens  cinquante  cinq  fusl  aresté  pour  les  dis  confrè< 
res  de  la  confrérie  de  N'*  Dame  des  Pastoureaux  de  Saincl  Pierre  du 
Querrouy,  que,  au  lieu  que  les  roys  de  la  dicte  frérie  bailloient 
ung  banquet  au  chantres  qui  chaatoient  la  chanson  ou  ung  escasl, 
A  esté  àreslé  pour  le  comung  avis  de  messieurs  les  confrères  que  le 
roy  de  la  frérie  ne  fera  le  dyct  banquet  acoustumé  ausd.  chantres, 
mes  donra  aux  bailes  ung  escusl  soulel,  duquel  on  baillera  qua- 
rante soubz  aux  povres  de  Topital  pour  le  diner  du  lundi  de  la 
feste(l). 

(Signatures  de  Louis  Romanet;  Jean  Romanet;  Dupeyrat; 
J.  Martin;  P.  Dupin,  sindlc  de  lafreyrie.) 


Reddition  de  comptes  des  bailes  à  la  fin  de  tannée  4518 

(F'  10).  Premieyrament  vous  redden  la  grande  arche  (2)  fermant 
en  douas  claus  dins  la  calle  a  douas  caissas  ou  cofTreys  ent  sont 
las  leclras  deus  beys  de  lad.  confreyrie. 

Item  en  une  aullre  arche  (3)  jugnent  à  la  susdite,  fermant  en  une 
clau,  que  vous  bailhen,  dans  la  calle  et  dins  lad.  grande  arche  eys 
la  luminarie  blanche  et  rouge  de  lad.  confrérie,  que  aven  pezat 
devant  vous  et  que  vous  bailhen  per  redde,  pezan  lasd.  chandelas 
la  somme  de  VI"  11.  p.  nect. 

Lous  deus  bordons  et  aquilz  eytachatz  lous  dous  panenceus,  et 
en  chascun  bourdon  son  grant  cournel  de  fert  blanc. 

La  prose  notade  ;  las  douas  ballas  (4)  et  cent  petiz  cournetz  de 
fert  blanc  per  las  chandelas  deus  confrairs,  et  las  douas  chappas 


(i)  Voir  plus  loin  les  extraits  de  Tannée  1555. 

(2)  Ce  coffre  était  devant  Tautel  de  Notre-Dame;  les  deux  clefs  étaient 
confiées  aux  deux  bailes  laïques  ;  le  baile  ecclésiastique  avait  la  clef  de 
la  «  boite  )>*contenant  l'argent  de  la  confrérie  (article  23  des  statuts). 

(3)  Ce  second  coflre  était  près  de  Tautel  de  Saint-Jérôme. 

(4)  Cf.  f<>  30  v°  :  u  dous  balUs  que  mestent  las  chandellas  ». 


1 


Confrérie  dk  t^otre-dame  la  joVeùsë  567 

deus  dous  pasloureus  fazent  chandaliers  au  puai  (1),  et  iou  tout 
dins  lad.  arche. 

I/eychale  manuau  par  aveir  Iou  Juyeu  et  per  meclre  las  chandelas 
au  puarl. 

Lou  Juyeu  (3)  en  sa  chappe  de  céda  et  son  eslouy,  ung  aneu 
d*aur  estachataud.  joyeu,  et  son  bouquet,  lou  tous  dins  l'armari 
deu  pilier  fermant  en  treys  ciaus. 

Lous  treys  panenceus  de  céda  (3)  que  lous  roeneslriers  porlen 
per  la  festa  et  aussy  lour  eslouy. 

(F°  12).  La  (ouailha  de  céda  per  Tauctar,  une  aullre  louailhe 
de  ly  per  loud.  auctar,  et  une  longieyra  (4)  per  lou  sermoniadour  ; 
et  la  sarge  verda  que  meclen  davan  Tauctar  durant  lou  careyme. 

Lou  granl  lampier  de  couyre  garnyt  de  lampeirous,  el  Testola 
queys  dessoubre;  e(  Taulre  petit  lanpier  de  couyre  por  la  grande 
lampe. 

La  claus  de  Tarmary  de  Toly  ;  las  douas  grandas  bugas,  el  lous 
pichiers  à  leneyr  Toly. 

Lou  libre  vieilhdeus  compteys  de  lad.  confrérie,  et  quatre 
papiers  ont  sont  escrich  lous  confrairs  et  confreyressas  de  ladite 
confrérie  ». 

(Les  recettes  de  Tannée  comprennent  :  le  reliquat  de  l'année 
précédente;  les  droits  d'enlrée  ou  a  intrageys  »  des  nouveaux 
confrères;  le  prix  des  chandelles;  des  legs,  rentes  et  revenus 
divers.  Tolal  :  98  livres  17  sols  4  deniers.  —  Nous  relevons  quel- 
ques articles  de  ce  chapitre  :) 

(F""  13).  Item  [ressoubul]  de  las  péchas  per  sce  que  durant 
lad.  annade  era  brut  de  peste,  et  per  sce  feut  dich  que  Tassenssa 
nou  tendrie  poinct,  mes  que  chascun  payeria  en  concienssa; 
lascauls  leveran  au  mieilh  far,  et  amassen  en  tout  la  somme  de 
XXV  s. 


{[)  Puarl  ou  puât  :  probablement  un  râteau  muni  de  pointes  pour 
tenir  les  cierges.  Voir  année  1566. 

(2)  Voir  plus  loin  les  années  1322,  1524,  1526,  1535,  1549,  1552,  1567, 
1568.  —  D'après  Tarticle  23  des  statuts,  les  deux  bailes  et  le  roi  ont 
chacun  une  clef  du  joyau. 

(3)  Cf.  f<*  30  \^  :  «  treys  panenceus  de  cède  que  lous  aulxboys  portent 
en  lous  charamellas  lou  jour  de  la  festa  ».  En  1527  on  les  fait  u  habi- 
Ihar  »  parce  que  la  soie  en  était  toute  déchirée  (f<>  74  v«).  —  Voir  année 
1534. 

(4)  Cf.  f°  30  v^  :  u  une  serviette  de  ly  houbréde  per  lou  sermonyadour  ». 
Cf.  fo  62  V»  :  «  une  serviete  à  mètre  en  Tévangélistari  ». 


568  SOCléTÉ  ARCnèoLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Ilem  aven  ressoubul  de  las  chandellas  deus  confrairs  LXI  s. 
VIII  d^ 

Item  aven  ressoubul  de  las  chandellas  blanchas  XI 1.  X  d. 

Plus  de  V  I.  que  avian  assensal  lou  prat  deu  Mas  Blanqnel  (1)  à 
Barlholomieu  Juge  ;  rebatut  XVIII  s.  VI  d.  que  avie  meys  à  far 
levar  cerlanas  berches  de  murailhe  que  eran  tornbadas,  comme 
luy  era  eslal  promeys;  et  per  sce  avons  ressoubul  IIII 1.  I  s.  VI  d. 

Deu  s'  Jehan  Michalou  per  lou  lougier  deu  gran  prat  (2)  de  lad. 
confrérie  per  lad.  annade,  la  somme  de  diel  lieuras. 

(Le  chapitre  des  dépenses,  ou  «  mize  »,  mentionne  d'abord  les 
messes  générales  de  la  confrérie,  et  les  services  funèbres  des 
confrères  morts  dans  l'année.  Les  messes  générales  sont  au  nombre 
de  cinq  :  Notre-Dame  de  mars,  le  dimanche  après  Notre-Dame 
d'août,  le  dimanche  après  Noire-Dame  de  septembre,  le  dimanche 
après  Notre-Dame  de  Conception,  le  dimanche  après  la  Purification 
de  N.-Dame.  —  Extraits  des  aulres  dépenses  :] 

(F*  14).  Lou  jour  de  mars  Tamd.  mil  V«  XVIII  assenseren  à 
Thomieu  Juge  pour  se  et  pour  son  frair  lou  pras  deu  Mas  Blanquet 
de  lad.  confrérie  per  IX  ans,  perveut  que  messers  lous  confrairs 
vouguessas  loud.  terme  de  IX  ans  (aultrament  Tassons,  que  per 
ung)  per  V  livres  chascun  an;  et  feiren  passar  la  lectre  à  meislre 
Loys  deu  Py,  noslre  comfrair,  au  quau  baylheren  per  l'enrregistrar 
Xd. 

Item  per  sce  que  lou  lenc  de  la  corde  deu  gram  lampier  lous 
ratz  decendian  heure  Toly,  feut  avizat  que,  au  lec  de  ung  plat  que 
Ton  ha  acostumat  mectre  en  la  corde  soubre  lous  lampiers,  nous 
farian  far  une  grande  estelle  de  boys  cuberle  de  feuille  d*aur, 
lacau  gardarie  que  lousd.  ratz  nou  deicendrian  plus  au  lonc  de  la 
corde;  et  lad.  estelle  pararie  lou  lampier  et  servirie  per  mayar  (3) 
loud.  lampier  à  las  festas;  et  y  mectrian  lous  pendens  :  car  quant 
eran  bas,  lous  enfans  lous  preignan  et  empourtaran  tuch  durant 
que  lou  aluchavan.  Et  per  sce  la  feiren  fer  à  Vileta,  qui  per  la 
feissou  et  per  la  coubir  et  penheir  ac  en  tout  VII  s.  VI  d. 


(1)  Dans  la  région  actuollo  des  Casseaux  (Cf.  Arch.  Hospil,  D.  6,  f»  233). 

(2)  Ce  pré  dit  des  Pastoureaux  était  sis  «  au  territoire  de  la  Croix  Bu- 
chelin,  en  la  paroisse  de  Sainl-Michel-des-Lions  »  {Arch,  HospU,  B.  497). 
Il  est  dit  parfois  «  près  la  Boric  >»  (id.  VI,  E.  1,  f°  249),  qui  est  la  même 
région. 

(3)  Mayar,  verbe  paraissant  signiticr  d'abord  garnir  de  feuillage 
(Maye)  au  mois  de  mai,  el  employé  souvent  au  sens  large  de  parer, 
arranger,  embellir. 


CONFRÉRIE   DE   NOTRE-DAME   LA   JOYEUSE  î(69 

Item  feiren  fer  à  Marsau  Queyrau,  gendre  de  Baslourrel,  la  ciau 
de  la  petite  bouylie  que  meltea  l'argent;  et  levar  las  Ireys  platas, 
abilhar  las  gâchas,  et  far  las  clans  nouas  de  Tarmari  ont  tenen  Toly 
de  lad.  comfrérie;  et  en  claveus,  per  mectreet  tournar  lasd.  platas 
en  lour  lec;  et  aussy  far  ung  crampon  de  fer  en  crouchet  per  teneir 
las  ireys  cordas  que  fan  empachier  à  monlar  et  dcicendre  quérir 
lou  juyeu  dins  Tarmary  deu  pilier;  ac  en  tout  loud.  sarrurier,  et 
per  1  I.  plomb  per  mectre  lod.  crampon,  V  s.  X  d. 

(FH5).  Item  per  VII  cibotz,  VU  quilhons  et  VII  baudiffas  (I), 
lou  tout  croys,  aflit  que  fus  plus  légier,  per  mayar  lou  lampier, 
coastet  deu  penytavy,  III  s.  VI  d. 

It.  per  treys  fueilbas  de  papier  doublas  et  une  autre  daurade,  et 
las  treys  de  couleurs  per  far  estelas  et  aultras  chauzas  per  mayar 
lou  lampier  et  Tauctar,  XII  d. 

II.  en  aur  clican,  et  vous  an  redden,  tout  III  s. 

It.  en  boys  per  far  fert  fondre  la  cera,  et  per  lou  ceyr  de  Nadau 
quant  lous  confrairs  se  amasseren  per  anar  à  mandinas,  et  lou 
ceyr  de  la  Breffanie  aussi  per  lou  ceir  de  mandinas  quant  se 
abilhavan  :  en  tout  XII  s. 

It.  quant  fonderen  la  cera  de  lad.  comfrie,  que  voulian  far  la 
luminarie;  ac  Faucte  per  son  beure,  X  d. 

It.  per  abilhar  une  barre  de  léthou  deus  panenceus  de  céda  que 
porten  lous  haultboys  quand  van  per  ville  lou  jour  de  la  fesla, 
lacau  era  roupude,  ac  Roucet  (?),  X  d. 

It.  en  lieu  et  agulhas  per  mayar  de  lieyra  lous  pastoureus  lous 
ceirs  de  Nadau  et  Breffanie,  VI  d. 

II.  à  la  moulher  Je  Chabroulel  per  lavar  la  lampe  et  lampeirons 
per  Nadau,  XII  d. 

It.  per  ung  fays  agrefueilhs  (2),  ung  fays  de  bouy,  per  parar  lous 
lampiers  et  auctar  per  Nadau  ;  et  ung  fays  de  lieyra  per  mayar  lous 
pastoureus  que  se  abilhavan  lou  ceyr  de  Nadau,  II  s.  VI  d. 

It.  à  Chabroulet  per  anar  sonnar  aus  pastoureus  que  se  devian 
abilhar  lou  ceyr  de  Nadau,  X  d. 

It.  per  une  charge  pailhe,  per  far  las  torchas  aus  pastoureus  lou 
ceir  de  Nadau,  et  per  mectre  au  sermoniadour,  comment  eys  de 
coustume,  coustet  XX  d. 

(i)  Cf.  (c  per  quilhions  et  goubelet  et  boudiffar,  en  nombre  de  douas 
dougenas,  per  mectre  aud.  lampier  »  (1539  ;  f°  129  v®). 
(2)  Acrifolium,  houx. 

T.  LV  38 


u70  sociérè  AncnéoLOGiQUB  et  historique  du  Li&tousiN 

It.  per  lou  salary  deu  chabretayre,  de  Tuschet  (1),  deu  tabouri  et 
rebel  lou  ceyr  de  Nadau;  à  chascun  II  s.  ;  somme  VIII  s. 

It.  per  la  messa  deus  pastoureus  à  las  laudas,  ioa  ceir  deu  Reys, 
conment  eys  de  coustume,  II  s.  VI  d. 

It.  per  lou  disnar  deus  pastoureus  loud.  jour  de  la  Breffauye 
aven  preys  de  la  bouytie  comment  eys  de  coustume,  XX  s. 

It.  per  une  lieura  arcanela  (3)  per  far  las  chandeias  rougas;  nous 
coustet  la  somme  de  II  s. 

It.  per  une  charge  et  ung  fay  bouy  per  far  la  chabane  (3)  deu 
sermoniadour;  coustet  II  s.  VI  d.  / 

It.  per  la  feisson  de  lad.  chabane  et  lou  disnar  d'aque  que  la  fey, 
m  s.  IV  d. 

II.  per  dous  fays  de  pailhe  per  far  las  torchas  aus  pastoureus 
loud.  ceir  de  BrcfTanie  à  Handinas,  XII  d. 

It.  per  une  charge  bouy  et  une  charge  pailhe  per  balhar  au  reys 
per  mayar  Teigleige,  comment  eys  de  coustume,  III  s.  VI  d. 

It.  per  lou  souppar  deu  tabouri,  rebel,  chabrelaire  et  luschet, 
lou  digeous  vueilha  de  Breffanye,  XI  s.  III  d. 

(F**  16).  II.  per  lou  souppar  deu  divendreys  au  soir  et  disnar  lou 
dissande  mandi  de  Tuscbet,  chabretayre  et  laboury;  car  nou  s*en 
aneren  pas  per  sce  que  la  festa  conmenssave  loud.  dissande,  X  s. 

II.  quan  lous  haull  boys  vengueren,  loud.  dissande  à  miey  jour, 
per  servir  lad.  festa,  agueren  per  lour  heure,  II  s. 

II.  per  la  despeasa  que  feiren  lou  jour  que  pourlavan  las  chan- 
dellas  per  ville,  per  leu  mandi  IV  s.  et  lou  ceir  XI  s.  ;  somme  XV  s. 

Ilem  pour  lou  journau  de  Chabroulet  que  pourtave  lasd.  chande- 
ias per  ville,  XII  d. 

II.  per  lardadoyras  (4),  per  lou  jour  que  pourlavan  lasd.  chan- 
deias et  per  lou  jour  de  la  festa,  per  bailhar  aquelz  que  payavan 
lasd.  chandeias,  VIII  s. 

II.  per  boy,  charbon  et  aultre  despensa,  et  salari  de  far  IIII" 


(1)  Huchet,  sorte  de  cor,  servant  notamment  à  appeler  les  chiens  à  la 
chasse. 

(2)  Arcanète,  cire  rouge  faite  de  vermillon. 

(3)  Cf.  f»  74  (1527)  :  «  Fazem  far  la  c/iabbane  sur  lou  sermoniadour  ». 
Cf.  f<»  196  (1556)  :  «  Pour  la  thonne  faicte  au  prosne,  tant   en  boys,  buy 

que  pour  le  salaire  des  vignerons  et  nouriture  d'iceulx »  Voir  aussi 

année  1541. 

(4)  Cf.  (^  74  v^  (1527)  :  «  en  lardadoyras  per  pourtar  quant  et  las  chan- 
dellas  per  la  ville,  VIII  s.  ». 

Cf.  fo  145  (1543)  :  «  pour  cinq  cent  lardadairas  pour  bailher  las  chan. 
dellas  que  Ton  pourtoit  pour  ville  ». 


CONFRÉRIE    DE   NOTRE-DAME    LA    JOYEUSE  571 

XV  llp.  [de  chandelas]  per  Ions  confrairs  de  demye  lieura  la  pessa  ; 
quatre  cirys  de  i  Ip.  la  pessa,  per  mectre  aus  pasloureus  que  fan 
chandaliers  au  puarl,  et  per  mectre  aus  chandaliers  d'argent  per 
loujourde  la  festa,  et  après  lous  mectre  aud.  pastoureus  deu  puart 
quan  lous  aullreys  sirian  achabalz  per  servir  tout  Tan.  II.  X  chan- 
delas rougas  toutas  petitas  de  1  Ip.  qrt.,  toutas  per  lous  chanda- 
liers deu  corps  de  Dieu.  It.  L  chandelas  rougas  de  VI  à  la  livre,  per 
mectre  au  puart  et  devant  Tauctar  lou  jour  de  la  festa.  It.  per 
XVIII'^'^  XVI  chandelas  blanchas  per  lous  confrairs  et  confreiressas 
de  la  chandela,  et  VII  chandelas  rougas  de  i  Ip.  3«  (1),  per  mectre 
à  Tautar  durant  mandinas  lo  ceyrs  deNadau  et  deu  Reys;  ac  Faucte 
en  tout,  XX  s. 

It.  à  la  confrérie  deu  corps  de  Dieu  per  parar  Tauctar  lou  jour 
de  la  festa,  II  s.  VI  d. 

It.  au  segreyta  per  las  chappas  et  parar  l'auctar  loud.  jour  de  la 
feste,  II  s.  VI  d. 

It.  au  segreyta  de  las  chappas  negras,  X  d. 

It.  per  lou  salary  de  sonnar  lous  orgueys  per  la  festa.  Il  s.  VI  d. 

It.  per  aqueu  que  lous  buffant,  ac  VI  d. 

It.  cousteren  las  distribucleus  de  la  vespras  lou  dissande,  veilha 
de  la  festa,  à  chascun  prebstre,  V  d.  ;  somme  XXXIV  s.  III  d. 

It.  las  distribucleus  de  matinas  lou  jour  de  la  festa,  XXXII s.  VI  d. 

It.  las  distribucleus  de  la  messa  loud.  jour,  XXXVI  s.  VI  d. 

It.  las  distribucleus  de  las  vespras  loud.  jour,  XXXVI  s.  VI  d. 

It.  de  la  messa  deus  mortz  et  absolucieu  généralle  lendema  de  la 
festa,  XXXVIII  s. 

It.  en  deniers  menutz  per  lous  paubreys  à  Toumosne,  lendema  de 
la  festa  après  lad.  absolucieu  générale  fâche,  VIII  s. 

It.  per  quinze  pinctas  holy  que  seys  darramat  (2)  durant  noslre 
annade  au  grant  lampier  et  en  la  lampe;  tout  constat,  monte  la 
somme  de  XXXII  s.  X  d. 

(F"  17).  It.  per  lou  salary  deus  hault  boys  per  la  vueilha,  lou 
jour  et  lendema  de  la  festa,  XV  s. 

It.  per  lou  salary  deu  chabretayre,  luschet,  taboury,  rebet,  per 
lou  jour  de  Breffanye  et  per  lou  jour  de  la  festa,  an  agut  per  tout  : 
lou  chabretaire  X  s.;  luschet  X  s.;  lou  tabouri  VII  s.  VI  d.;  lou 
rebet  VII  s.  VI  d. 

(1)  C'est-à-dire  :  une  livre  pesant  et  un  tiers. 

(2)  Cf.  fo  25  v<»  :  «  oly  que  se  darramet  »  ;  cf.  f«  113  v»  :  «  en  chande- 
les  que  se  daramet  )).  Ëtymologie  :  dirimere. 


o72  SOCIKTÉ  AncnéoLOGIQUS  ET  HlSTORiQÙE  Dû  LIMOUSIN* 

It.  per  une  peu  de  pergamy  per  meclre  lous  slalulz  nouveulx  au 
libre  oui  son  lous  aultreys  statulz  (i),  III  s. 

It.  per  aquest  présent  papier,  que  aven  fach  far  néou,  et  per 
X  mas  papier  que  y  aven  meys  ;  cosle  en  tout,  X  s. 

It.  per  sce  que  monssieur  Marsau  de  Fursat,  presbslre,  notre 
compaignon  bayle,  dévie  XX  s.  et  douas  lieuras  cera  de  cera  de 
resta  de  reste  {sic)  de  sous  inlrageys,  au  jour  duey  XXII»  jour  de 
mars  l*amd.  mil  V<^  XIX  a  pagat  la  despensa  deu  disnar  que  aven 
facli  aus  bayleys  nouveulx  per  leur  rendre  ions  compteys  de  lad. 
comfrérie  comment  eys  de  coustume  ;  et  per  la  despensa  que  avie 
fach,  Taven  quistat  de  sce  dessus  dich  que  dévie  de  reste  de  sousd. 
inlrageys  ;  et  per  sce  :  Rè. 

Somme  la  meza  quarante  11.  XVI  s.  VIII  d. 

Monte  la  recepte  IIII"  XVIII 11.  XVII  s.  IIII  d. 

El  per  sce  restara  que  vous  bailhen  contant  LVIII  II.  VIII  d. 

Enset  se  sce  queys  dégut  à  lad.  confrérie. 

(Parmi  les  débiteurs,  nous  relevons  les  noms  suivants)  : 

Mons^  la  Gardedeu  ceu  Jehan  Lamyt  ;  —  lou  prébost  raons.  Peir 
Parlier  (2);  —  mons.  lou  percuraire  deu  reys  meystre  Jehan 
Ardent  ;  —  mons.  meistre  Pierre  Aury,  licencié  en  leys  ;  —  meistre 
Jehan  Lamyt,  advoucat  en  parlament  à  Bourdeus. 

Année  1522 

(F«  30  V**).  Deuls  aneux  d'aulr,  estachat  au  bout  deud.  juyeu  en 
UDg  (ieu  de  léton. 

(F«  32  V").  Item  Tavant  veilhe  de  Nadau  fassem  ansenblaz  lous 
confreyrs  per  se  que,  lou  dieumen  avant,  nous  estant  en  Gaym, 
pourtant  l'argent  de  nostre  feste  au  reys  corne  eys  de  bonne  cos> 
tume,  messieurs  les  officiers  députât  de  par  le  Reys,  alla  requeste 
du  procureur  du  Roy,  et  ausy  mossr  le  lieutenant  etTavocat  du  Roy 
ajoync  avesques  Grandchault,  prévost  de  par  le  Roy,  avaient  fat 
far  une  inybissiom  à  sont  de  tronpe  que  home  ne  fut  cy  ardit  de  fere 
congrégacion  en  fréries  ne  aultrement  alla  peyne  de  cinq  cent  lyvres 
appliquant  au  Reys  notre  Syre.  Et  per  ce  qu'en  y  avie  deu  confrayrs 
que  se  devian  garnir,  que  aviam  doste  et  cranyaro  ley  inybicion  et 
se  volhiam  pas  garnir,  fut  faiche  Tasemblade  deu  dis  confrays  à 
Toure  des  vespres,  que  coutet  X  d. 

(1)  Ce  sont  très  probablement  les  folios  15  et  16  du  Registre  coté 
VI,  Bi. 

(2)  «  Peyr  Parlier,  prestre,  prébost  de  Teigleige  et  preboustat  de 
Peyrabuffieyra  »  (fo  10). 


CONPRéniE    DE    NOTRE-DAME    LA   JOYEUSE  573 

II.  aqueu  jour,  nous  eslant  dareys  l'aulars  de  S'  Peyr,  lous  fui 
remonlrat  que  deviam  fas  cy  iou  seis  de  Nadau  s'abilhariant  hou 
non.  Lous  ungdissiam  que  nous  nous  deportessant  per  aqueus  ans, 
veu  que  iou  Reys  nous  avie  autal  ia  justice,  et  ausy  que  nous  nous 
erant  que  restornat  à  Lymoges,  et  que  enqueire  la  ville  n'ere  pas 
be  sano  (1).  Lous  autreys  dissiam  que  la  ville  erie  be  sano,  et  que 
au  temps  passât  s'erant  be  abilhas  que  il  avie  beucopt  may  de  dan- 
giers  que  n'avie  au  temps  pressera  ;  et  quis  erram  d*avis  que  fasse- 
sam  une  sindiquat  etqu'entregitassam  une  appel. 

It.  Quam  lous  autreys,  de  numéro  de  VI  ou  VIII,  ovigrem  parllas 
d'appel,  s'en  vant  anas  en  nous  dissem  que  il  n'y  consentant  pas,  et 
la  au  quas  que  nous  vouguessam  rellevas  l'appel,  corne  comfrays  il 
s*apousavant  et  n'y  consenliant  poync. 

(F<>  33V  It.  lous  autreys  dissiam  que  nous  nous  retiressam  de 
vers  la  gens  deu  Reys,  veyre  cy  poudiaut  aveys  lissence  amyabla- 
ment. 

It.  la  velhie  de  Nadau,  nous  furcm  parllas  en  mossr.  Iou  procu- 
reur deu  Reys  à  S*  Marly  per  plusieurs  viageys,  et  nous  renveys  à 
mossr.  Grandchault  ;  et  Grandchault  et  nous  anerent  chas  mossr. 
Iou  lostenent  per  plusieurs  viageys,  et  ne  feyrent  autre  chose  den 
peux  dicl  houras  de  maty  jusque  au  ceys  anas  de  Tune  à  Tauctre  ; 
etjamays  mossr.  Iou  lostenent  nous  vougel-donnarlissense. 

It.  Iou  ceys  be  tard  trameyrent  couvidas  tuch  aquisque  ce  deviam 
abilhas,  en  dissem  :  messieurs,  nous  ne  poudem  pas  aveys  de  lis- 
sence, vias  qu'eys  de  fas;  et  lous  remonlrem  qu'à  S*  Micheu  (2) 
s'abilhavant  be  et  que,  cy  se  voulhiant  abilhas,  nous,  balleys,  nous 
abilhariam  lous  premyers;  et  que  lous  estrumens  errant  aribat  tuch 
presteys,  et  ausy  la  provysion  de  boys,  pallie,  heyre  cre  tuche 
preste.  Lous  ung  se  voulliant  abilhas  ;  lous  autreys,  et  la  majoure 
partide,  nou,  synom  que  lous  balleys  lours  promesesant  gardar  de 
dommaige  et  de  payar  au  despens  de  la  confrérie  las  eymendas; 
auctramen  nou  s'abilhiariant  pas. 

It.  nous  lours  feyrent  response  que  nous  nous  troubavant  pas  per 
conseilh,  et  que  nous  nou  fariant  pas.  Et  per  ce  dégut  nou  s'abilhat 
Iou  seys  de  Nadau,  ce  que  ne  fut  fait  jamays  à  Sent  Peys. 

It.  quam  malhinas  se  dissiam,  nous  ouvigrent  la  chabrete  de 


(1)  Le  7  juillet  1522,  séquestre  des  deniers  communs  et  de  la  justice 
de  la  ville  fut  opéré  parles  commissaires  royaux  de  La  Roche-Beaucourt 
et  Bertrand  de  Brassât,  parce  que  les  consuls  de  1 520-2  i  n'avaient  pas 
déféré  à  leurs  ordres  et  comparu  devant  eux  (Reg.  cons,,  I,  120).  — 
L'épidémie  notée  ici  n'est  pas  mentionnée  dans  le  Registre  consulaire. 

(2)  Voir  année  1536. 


r)74  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

S*  Michea  anas  per  ville  ;  inconlinent  fe;renl  pourtas  davant  la 
meygou  deu  peslre,  là  hou  nous  soulbaot  essayer  las  chansons, 
boys,  paille,  chandellas  et  lous  eslrumens  tuch  presteys  per  anas 
per  ville.  Mas  nous  troubërent  là  porte  fermade,  et  nous  vougerent 
pas  hubrir,  ny  nou  troubërent  pas  ung  pestre  (1)  de  la  confrérie  ny 
autre  pestre  que  nous  vouguès  prestar  lous  meigous,  non  pas  per 
saras  iou  boys  ni  la  pallie;  mas  furent  contraync  an  fas  restornar 
corne  gens  infessis  (2).  Et  nou  souberent  que  fas  cynon  payars  leu 
troys  menestriers  qu'eranl  vengut  de  deforc  corne  Iou  chabrelayre, 
luschet  et  Iou  tabouri,  et  lous  douneren  congiet. 

(F'*  34).  Item  Iou  darie  jour  de  Tarn  agrem  congiet  de  moss.  Iou 
lostenent  chas  Tavocat  Betume  (?),  au  balesme  (3)  et  on  feyrent 
raportau  confrays;  et  lous  confrays  furent  d'avis  que  ly  donessam 
ung  pressem;  et  luy  pourtent  doas  pcrdris  et  ung  connys  que  coû- 
tèrent XII  s. 

1524 

(F"*  52).  Plus  aven  balyat  ac  Jeham  Roy  (4)  per  acbylias  Iou 
dous  pastoureu  que  heran  gasta,  et  fas  la  bergerye  deu  constat  de 
la  Trenytat,  et  netezyr  Tauctar,  et  repenyer  las  lymandas  neuas, 
XXXV  s. 

Avem  ballyat  à  Jehan  Roy  per  cismentas  Iou  bras  deu  pety 
nostre  Senyer  et  ung  bras  de  ung  deu  troy  Rey  qu*ere  toumbat, 
II  s.  VI  d. 

1526 

(F°  65  v*).  Mize  per  la  reparacion  de  Toutar  : 

Primo  per  ung  Sen  Josep,  compreys  Iou  boys,  LVIII  s. 

Per  deux  pastoureux,  XX  s. 

Per  la  menusarie  de  Toutar,  et  à  acoustrar  Iou  tout  que  fazie 
besoing,  et  per  V  s.  que  nostreys  prédécessours  avian  promeys  à 
cause  de  payar  Iou  sermonyadour  per  chanctar  (?)  Iou  seir  de 
Nadaud,  aguet  Iou  charpentier  per  Iou  tout,  VIII I. 

Per  ung  honme  que  pourtet  la  menusarie,  VI  d. 

Per  doux  masons  que  leveren  lou[s]  retaule(ys]  de  peyre  qu'eran 
bassas,  X  s. 

(1)  Pestre  :  boulanger  (piston)  ?  ou  prêtre  (pastor)  ? 

(2)  Infestés,  pestiférés. 

(3)  Le  nom  de  Bétume  n'est  pas  autrement  connu.  Peut-ôtre  s  agit-il 
de  l'avocat  Beaune  (pièce  datée  de  1541  ;  Arch.  Hospital,  B  91),  mais  la 
lecture  ne  peut  donner  Beaune, 

(4)  On  trouve  un  Jean  Reverdy,  dit  Roy,  peintre,  à  la  date  de  1537 
[Arch.  Hospital,  B.  63), 


CONFRÉRIE   DE   NOTRE-DAME   LA   JOYEUSE  575 

Item  à  Bastourret  per  segar  doux  crampous  que  lollian  de  montar 
lous  retauleys  de  peyre,  V  s. 

IL  per  dourar  ia  menusarie  de  Touctar,  et  penney  de  blan  lous 
ymagieys,  lou  visadgeys  incarnais,  à  Jehan  Roy,  IV  1.  XII  s.  VI  d. 

(F«  66).  II.  en  une  charge  de  boys  conduche  chas  Marolaud  per 
essayar  las  chansons,  VI  s.  IX  d. 

(F*  70  yo).  Fut  preys  dea  juyeu  Ireys  aneux  d'or,  que  furen 
vendus  per  Tavis  deux  congfays  {sic)  conme  apert  par  quilanse. 

1527 

(V°  74).  Item  fezen  far  une  prégieire  pour  moss.  Peyr  Gibot, 
prebtre  et  nostre  confrayr,  pour  lors  fort  malade,  coustet  III  s. 
IV  d. 

It.  VI  piessas  doublas  (1),  où  a  en  chascune  II  petitz  Jésus 
eslevalz,  et  III  historias  deux  Ireis  Rois,  per  parar  loud.  auUar  et 
lampier,  à  moss.  Jehan  Saleys  (2),  XX  s. 

Aux  trompetayreis  (3),  VI  s. 

(A  la  fin  de  la  reddition  de  comptes,  se  lit  la  prière  suivante)  : 

Regina  celi,  sias  curiousanient 
Vers  vostre  iilz  per  nous  bonne  advocade; 
Tant  en  la  vite  que  à  1  cxpirament, 
Mémento  nostri,  doulce  Vierge  sacrado. 

1530 

(F*  84).  Item  per  XVIII  Jhésus  (4)  que  feysen  far  per  guarnyr 
l'outar  et  lanpier,  XVIII  d. 

1S32 

(po  90  yo)  jjgnj  [^yQ„g  redden]  lous  deus  manteus  d'eslame 
bigarrât  que  Ton  met  en  caresme  aus  deus  pastoureus,  et  la  cour- 
tine de  sarge  verte  davanl  lous  imageis  de  1  autar  Notre-Dame  en 
caresme. 

1533 

(F""  98  v*").  Fazen  sazirt  per  Joham  Londeys  une  vingie  (5)  am  lous 

(1)  Est-ce  une  sorte  de  diptyque? 

(2)  On  connaît  à  cette  date  un  Jean  Saleys,  prêtre  (Arch.  Hospitaly 
VIII,  D.  i.) 

(3)  Aux  instruments  déjà  cités,  s'ajoutent  en  1530  un  clarin,  en  1546 
une  cornemuse. 

(4)  Jésus,  sorte  d'écusson  portant  le  monogramme  I.  II.  S.,  et  que  l'on 
attachait  aux  objets  appartenant  à  la  confrérie. 

(5)  Vigne. 


576  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

fruizt  pendens,  asize  à  la  Graulhe  (i),|  estant  de  noslre  fondalilat 

par VI  d.,  et  III  setiers  de  arreyratge  et  intérest;  bailhem  auds. 

Londeys  II  s.  VI  d. 

Item  à  Pauly  deu  Bost,  que  fazit  vendenyare  la  vingie  nonobstaot 
que  fus  sasyde,  et  luy  anvoyenl  intimar  la  saisyne  per  Besse;  et 
luy  fut  bailhat  XX  d. 

Avant  achaplat  une  lampe  et  XVIII  laropeyrous,  III  s.  I  d. 

(F*"  99).  Per  luchet  que  ère  de  loing,  luy  fust  bailhat  lU  s.  IX  d. 

Per  fart  escripre  las  chansons  tant  per  Nadau  que  per  la  Epipha- 
nye,  que  erant  XXIIII  chansons  escriptas,  bailhren  à  moss. 
Guilhaume  de  Vaux  (2)  VI  s. 

A  Tautre  uchet  Boysons  per  demourart  esta  ville  jusques  au 
dyeument  de  la  fesle,  II  s. 

Item  per  la  de.spence  dcus  aux  boys  per  la  feste,  per  leurs 
chavaux  de  tuch  treys,  XXX  s. 

Mémoire  que  nous  vous  reden  ung  manteau  de  velour  cramoisy, 
semmé  de  estoiles  d'or,  que  a  donné  à  la  dite  confreyrie  la  dompne 
Barbe  Ronmanel,  femme  de  s'  Syméon  Boyol. 

(F*  100  V*»).  El  vous  redden  lous  présents  compteys  en  protestant, 
que,  si  y  troubas  aulcune  faulle,  erreur  ou  mesconte,  louquaul  nou 
prétenden  aveir  faite,  em  presteys  de  repararl;  pregan  Jhs  et  la 
glorieuse  Vierge  Marie  et  vous  que  nous  veilhas  perdounart  ;  quart 
nou  vourriam  fart  aulcune  chause  contre  nostre  sagrament  de  la 
dite  confreyrie,  louquaulx  aventpromeys  et  jurât;  en  pregant  Dieu 
el  sa  glorieuse  mair,  nostre  advocade,  que  nous  voilh  perdounarl, 
et  vous  veilha  consoulart  et  adjurard  en  tentas  nécessitas  et  espé- 
ciallament  au  servici  de  sa  jouyouse  confreyrie  deus  pastoureuxs. 

1534 

(F«  102).  Item  per  lous  II  panenceus  de  las  torchas  que  feyren 
far  à  Gaquet,  XX  s. 

(F°  103).  Per  far  demourar  l'uchet  II  jours  esla  ville,  car  ne 
voulve  relournar,  VI  s.  VI  d. 

It.  per  far  demourar  Tune  de  las  trompelas,  car  eys  de  loyn, 
Ils.  VI  d. 

(1)  Anciennement,  hameau  situé  dans  la  commune  et  canton  nord  de 
Limoges,  à  la  suite  du  village  de  la  Brégère  (Dictionnaire  topographique 
de  la  Haate-Menne,  manuscrit  Grignard).  —  Un  document  authentique 
donne  Findication  suivante  ;  «  Une  terre  de  la  contenance  de  cinq 
esminécs  située  dans  le  bourg  de  la  Brugère  joignant  le  cymetière  » 
[Arch.  hospital,  D  522,  f.  311). 

(2)  Prêtre  ;  figure  sur  la  liçte  de  1539, 


CONFRÉRIB    DE    NOTUF.-DAME   LA    JOYEUSE  577 

II.  per  lous  gileys  de  Tuchet,  lous  intruments,  à  chas  Guillyen  la 
mère,  XII  s. 

(F""  104).  It.  lou  deu  paneaceus  mi  hor  qae  avant  fat  far  per  las 
torchas  (i). 

1535 

(FM06v*)  (Recettes).  II.  per  doux  aneux  d'aur  queeran  au  joyeu 
apesaul  treze  deniers  que  furent  vendut  .'per  lou  coumandement 
deux  confrays,  tant  per  payar  lous  beyieys  de  Tannade  passade  de 
la  somme  que  leur  ère  dégude,  que  per  employar  la  reste  à  la  répa- 
ration de  Taultar,  IX  1.  X  s. 

It.  aven  recoubut  deux  confrayrs  de  la  confrayrie,  per  far  peneyr 
rislorye  de  la  Nalivitat  et  ireys  Reys,  far  ung  deux  pasloureux 
nuouf,  ensemble  far  tas  claravoyas  neuvas,  et  far  la  courtine  et 
frangas,  aussy  far  rebeyssar  lou  lableu  que  ocupant  la  vislc  de  las 
susd.  historias,  la  somme  de  X  1.  XV  s.  XI  d. 

(F°  109  v*»)  (Dépenses).  It.  à  Peyr  Jaire  (?)  per  peyneyr  las  histo- 
rias de  la  Nalivitat  et  deux  treysReys,  ensemble  le  pastoureau  que 
fevrenl  far,  XVIII 1. 

It.  à  Thève  Jacquet  per  far  ung  pastoureau  nuouf,  far  las  clara- 
voyas et  abiliard  Taullar,  XX  s. 

It.  per  far  la  verge  de  la  corline  (2)  et  deux  crampons  per  teneyr 
lou  bras  d'ung  Reys  que  ère  tunbat,  X  s. 

It.  per  une  claud  que  fust  mese  au  lampier  à  Saint-Peyr  per  ce 
que  prcniant  Toly,  XII  s. 

1536 

(F.  113).  Item  feyrent  ung  paramenl  en  Toutar,  la  veilhe  de 
Nadau,  hom  fut  fach  ung  gram  chapiteu  renplit  de  fueilhas  doura- 
das,  ung  petit  Dieu  dins  ung  chapeu  de  triomphe,  douas  Sibillas  et 
ung  ange  à  la  pointe  deud.  chapiteu,  douas  dougenas  pastoureux, 
une  dougène  chérubins,  et  douas  dougenas  Jésus;  fut  bailhat  au 
Goujat  per  far  lou  dessus,  pour  son  salari,  XXX  s. 

(F'  113  V**}.  En  treys  chargas  de  bouys  per  parar,  et  per  far  la 
chabane  hom  se  dit  la  chanson,  fut  bailhat  V  s.  VII  d. 

It.  per  far  far  lad.  chabane  au  prêtre  Vachier,  IV  s. 

(F°  114).  It.  lou  jour  de  la  Rrefanye,  qu'eir  la  veilhe  de  nostre 
feste,  lous  confrairs  se  abilhëren  en  pasloureux  et  aneren  dire  la 
chanson  dins  reyglieygie  de  Sen-Micheu,  hom  aquels  de  Sen- 

(1)  Cf.  année  1539. 

(2)  Cf.  f°  H6  (1536)  :  la  courtine  de  tafetas  de  davan  i'outar  de  Nostrç« 
Pâme. 


HT 


78  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Micheu  lour  bailheren  coulacieu  chas  lour  baylie  be  honorablement. 

It.  Tendemi,  qu*eir  lou  jour  de  la  feste,  vengueren  aquelz  de  Sen 
Micheu  abilhas  en  pastoureux  et  plusours  autreys  lour  confrairs; 
hom  lour  fut  bailhal  coulacieu  chaz  moss.  Marsau  de  Fursat,  hom 
avye  tariras  d*alemandas  et  autras  chauzas  ;  el  coustet  la  dyte  cou- 
lacieu XX  s. 

VI  fueilhas  d'aur  per  far  las  torchas,  V  s.  VI  d. 

(F.  115  V**).  It.  per  ung  papier  reliai  que  aven  fach  far,  hom  sont 
eycrichas  las  chansons  de  nostre  annade  (1),  X  s. 

(F*  117  V*»).  (Prière  à  la  fin  de  la  reddition  de  comptes). 

Vierge  sey  doubtance 
Mayr  deu  vray  créatour, 
Chascun  en  vous  se  fie. 
Car  en  bonne  espérance 
N'aven  autre  recour 
Sinon  en  vous,  Marye. 
Très  noble  comfreyrie, 
Fazent  à  vostre  honnour 
Maintenes  l'alianse  ; 
Qu'en  rhaultre  geralchie  (2) 
Hom  eys  lou  vray  pasteur, 
Sye  nostre  demourance. 

1539 

(F*^  129).  Item  à  mons.  Jehan  Lacipetre  {sic),  per  far  VI  instoryas, 
en  ung  chapeux  de  triomphe  à  Tenlour,  rondas;  an  cousla  XXV  s. 

It.  per  far  lou  parament  et  tonne  de  soubre  Tautar,  enssemble 
XIII  pastreys  que  ferenl  far  à  lourdit  per  meilre  davant,  tant  en 
maye  qu'en  bouys  et  cyre  et  fuste,  tout  conpreys  la  dey  pence. 

(F**  131  ).  It.  las  douas  torchas,  ensemble  lous  panenseulx  d*eymaus. 

1540 

(F*'.133).  It.  per  far  lou  paramen  de  Toutar,  compris  las  ystorias 
que  feist;moss.  Jehan  Tarciprebstre,  boy,  cyre,  fuste  et  journault 
demieys  ;  couste  tout  II 1.  X  s. 

1541 

(F**  437).  Per  far  la  tonne  deu  sermoniadour,  siercleys  et  maye, 
VI  s.  VI  d. 

(1)  Ce  recueil  n'a  pas  été  conservé. 

(2)  Hiérarchie  (provençal  Gerarchia  ;  Gérarchie  dans  la  Vie  de  Saint- 
Denis  du  British  Muséum,) 


CONFRÉI1IË    DE    NOTRE-DAME   LA  JOYEUSE  579 

1542(4) 

(F*>  440  V*).  Plus  pour  enprimer  les  chansons  de  Noël,  V  s.  (2). 
Plus  pour  enprimer  ceux  là  de  la  Brefaigne,  V  s. 

1545 

(F"  154  v**).  Per  douas  chargas  de  boys  de  Navex,  XV  s. 

(F°  155).  Plus  à  Glaudo  Garnier  (3)  per  enprymar  las  chansons 
dous  vet,  X  s. 

1546 

(F*  158).  Pour  faire  imprimer  les  chansons  tant  de  Noël  que  des 
Roys,  X  s. 

1549 

(F*  164).  Pour  balher  au  pourlier  le  soyr  de  Nohel  et  le  jour  des 
Roys  pour  fère  entrer  sr.  Joseph  Ruaud  (4),  XX  d. 

Pour  porter  Notre  Dame  à  la  procession,  XX  d. 

(F*»  165).  (Vous  rendons)  le  joyaulx  de  lad.  confrérie  couvert  de 
mantheaulx  de  taphetas,  en  ung  bouton  d'argent,  ensemble  Testuy. 

1550 

(F*>  166).  Plus  avons  reçeu  de  moss.  de  Lyjnoges  par  les  mains 
de  moss.  Marsuppin  ung  esceu  pd.  (?)  vallant  XLVI  s. 

Plus  de  mess,  du  chappitre  de  Sainct  Estienne,  XX  s. 

Plus  de  madame  Fabbesse  de  la  Reigle  ung  teslon  vallant  XI  s. 
m  d.  (5). 

(F**  167  V*).  Item  pour  faire  imprimer  les  chansons  du  ceir  de 
Noël,  bailhé  à  Glande  Granier  XV  s.  VII  d. 

(1)  Premier  emploi  de  la  langue  française  dans  les  comptes  de  cette 
confrérie. 

(2)  Première  mention  de  ce  fait.  A  partir  de  1545,  cette  impression  a 
lieu  tous  les  ans,  sauf  de  rares  exceptions. 

(3)  Avant  que  cette  indication  fût  connue,  on  n'avait  aucune  trace  de 
Texistence  de  cet  imprimeur  entre  1533  et  1550.  Voir  notre  étude  dans 
le  Bibliophile  limousin,  1905,  n^  3. 

(4)  Peut-être  s'agit-il  d'un  cérémonial  suivi  pour  l'introduction  d'un 
nouveau  confrère. 

(5)  Voir  années  1560  et  1581.  —  Ces  libéralités,  inaugurées  en  1550, 
se  renouvellent  constamment  de  1554  à  1568.  Elles  deviennent  ensuite 
moins  régulières.  —  Voir  année  1556, 


580  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Item  pour  imprimer  les  chansons  de  la  Bréfanye,  bailhé  au  filz 
de  Pol  Barllîon  (i)  la  somme  de  VIII  s. 

(F^*  168).  Item  pour  le  disner  des  pastoureaulx  habillés  le  jour 
de  la  Brefanye,  où  nous  fismes  quatre  platz,  sans  les  ménestriers, 
monte  X 1. 

ISol 

Item  pour  le  salaire  de  Jehan  de  Brigueil  qui  joua  du  rebect  led. 
jour  de  la  feste,  VII  s.  VI  d. 

1532 

(F''  174).  Et  davantage  fault  noter  que,  parce  qu'il  a  pieu  au 
Roy  nostre  sire,  pour  subvenir  à  ses  affaires  au  faicl  de  la  guerre, 
mectre  sur  chascun  clocher  de  parroisse  par  tout  le  diocèse,  le  for 
portan  le  foible,  la  somme  de  vingt  livres  tournois  ;  et  que,  parce- 
que  les  fabriqueurs  de  Téglise  dud.  S^  Pierre  nous  ont  conlrainct 
bailler  par  déclaration  les  rentes  et  aultres  choses  apartenant  à 
lad.  frérie,  en  obéissant  à  ce,  comme  les  bailles  des  aultres  frérics 
faisoyent,  avons  balhé  la  déclaration  de  cens  et  rentes  de  lad. 
frérie  ;  veu  laquelle  déclaration  le  grand  vicaire  de  moss.  de  Lvmo- 
ges  nous  auroit  balhé  ung  chartreau  contenant  comment  lad.  frérie 
avoit  esté  taxée  à  la  somme  de  dix  huict  livres  ts  ;  laquelle  somme 
de  XVIII 1.  a  esté  promeis  payer  aud.  sr.  grand  vicaire,  comme  en 
apert  par  la  quitance  attachée  au  présent  livre,  signée  Sommière, 
en  date  du  VIII  de  juilliet  mil  V^  cinq'*  deux;  touteffoys  lesd. 
XVIII 1.,  les  avons  heues  de  Joseph  Ruaud  sur  sa  ferme  du  grand 
pré  que  luy  avons  affermé  pour  troys  années  advenir  par  advis 
desd.  confraires  à  prix  et  somme  de  vingt  livres  ts  pour  an,  comme 
de  ce  apert  par  leur  surlé  (3)  receue  par  M*  Jehan  Ronchon, 
laquelle  est  parelhiemen  attachée  au  présent  regestre;  laquelle 
quitance  de  XVIII  l.,  ensemble  lad.  lettre  signée  Ronchon  nous 
avons  laissés. 

(F*^  175).  It.  pour  les  chansons,  marché  faict,  a  esté  paie  aux 
chantres,  oullre  un  escu  que  le  roy,  le  sire  Martial  Dauvergne,  a 
balhé,  IX  It. 

Oultre,  une  collacion  que  fismes  ches  Mayau,  que  cosla  XIII  s. 
VIII  d. 

It.  pour  le  disner  des  paslres  habillés  le  jour  des  Roys  et  pour 
les  chantres  qu'estoyent  en  nombre  vingt,  à  cinq  sous  tourn.  pour 

(1)  Pour  les  Barton  comme  pour  les  Garnier,  voir  Bibliophile  Limou- 
sin,  1905,  n«  3. 

(2)  Sûreté,  garantie  donnée  par  devant  notaire. 


CONFRÉRIE    DE   NOtRË-DAME    LA    JOYEUSE  t>81 

homme,  oullre  les  ménesiriers  et  coarrieu  (1)  susdit,  a  esté  poyé  V 1. 
(F*  178).  Et  premieyremenl  le  joyau  d'argent,  poysant  huict 
marcz  deux  onces  XVIII  d.,  couvert  d'ung  manteau  de  taffetas,  et 
ung  gros  bouton  d'argent  dauré,  et  son  estui  de  coyr;  auquel  relie- 
guère  y  a  une  bergère  am  pie,  ont  y  a  Iroys  pastres  et  sept  brebis 
d'argent. 

1553 

{F^  180  V*»).  Item  pour  les  chansons,  XV  l. 

1554 

(F*  184  V*).  Plus  avons  receu  de  deux  personnes  de  ceste  ville 
qui  avoyent  veux  et  debvotion  à  lad.  confrayrie,  desquels  avons 
receu  la  somme  de  45  1. 17  s.  0  d.  (3). 

(F''  186).  Plus  à  Léonard  de  Combrouze,  tabourin  ;  à  Just;  au 
chabretaire  ;  à  Fougeyron  et  au  fllz  de  Léonard  de  Gombruze  ;  à 
chascun  pour  leurs  sallaires  10  s.  ;  monte  4  1. 10  s. 

Plus  a  esté  bailhé  à  Mourier  le  rebet  pour  ses  sallaires,  3  1.  5  s. 

1555 

(F*»  190  v*).  Plus  avons  mys  pour  fère  fère  et  garnir  le  devant  de 
Tautel  de  Nostre  Dame,  tant  à  Femynas  (3)  que  à  Petaviyeus, 
painctres,  que  à  Denys  le  vigneron  pour  fère  la  tonne  du  sermo- 
niadour. 

(F**  191).  Plus  avons  donné  à  Mr  Denys  Barthon,  imprimeur, 
pour  avoir  imprimé  les  deux  chansons,  comme  est  aussi  de  cous- 
tume,  XXV  s. 

(F^*  193).  Plus  fut  donné  le  lendemain  de  la  frayrie  pour  le 
disner  de  tous  les  pouvres  de  Thospital  de  S*  Martial  dudit  Lymo- 
ges  (4),  XL  s. 

(i)  Courrier,  messager  chargé  de  convoquer  les  confrères. 

(2)  Premier  emploi  des  chiffres  arabes.  Dans  les  comptes  du  xvi*  siè- 
cle, les  bayles  de  celte  confrérie  ne  s'en  servent  qu'en  1554,  1568, 
1578,  1583-84-85-86. 

(3)  Laurent  Dubreuilh  dit  Fémynas.  (Cf.  année  1561). 

(4)  Hepas  annuel  fixé  au  «  lendemain  qu'on  mange  la  fête  (des  Hoys), 
que  sera  le  lundy  malin,  à  disner,  à  tous  les  pauvres  qui  seront  et  se 
trouveront  dans  ledit  Hôtel  Dieu  ledit  jour  ».  (Acte  notarié  du  20  jan- 
vier 1555,  ancien  style,  Archives  hospii.y  I.  B.,  7.)  La  rente  de  40  sols, 
annuelle  et  perpétuelle,  est  garantie  par  Tensemble  des  biens  de  la 
confrérie  et  spécialement  par  le  grand  pré.  —  Voir  le  dernier  des  arti- 
cles complémentaires  des  statuts. 


d82  société   AKCliéoLOGKjUE    ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

1556 

(F**  195  v*»).  Plus  ay  receu  de  Jehan  Blanchon,  messagier  de 
Lymoges,  en  argent,  XX  s. 

Receu  du  roy,  à  cauze  du  bancquel  qu*il  devoit  faire  aux  chan* 
très  et  [qui]  ne  se  Ht  pas,  la  somme  de  quarante  soulz  que  furent 
balhés  aux  bayles  de  l'opilal. 

(F*  196  V').  Pour  le  présanl(l)  que  fust  donné  à  monsieur  TEves- 
que  et  à  chapitre  et  à  Tabesse  de  la  Règle,  le  tout  compté  XIV  s. 

1557 

(F°  199  v«>).  Premyèrement,  pourcequMl  faict  besoin  gran  frais,  et 
que  nous  bailles  n'estions  pas  pour  despandre  du  notre  à  cause  que 
sommes  povres,  et  que  ni  avoil  pas  d'autres  confrères  qui  ne  fussen 
estes  bailles,  les  confrères  nous  (iren  accepter  la  bailie,  moyennant 
que  ne  despandisen  du  notre,  et  pour  ce  avons  laissé  à  dire  plu- 
sieurs messes;  quar  n'avion  le  de  quoy  (2). 

1568 

(F**  202).  Premièrement,  le  dimanche  d'apprès  les  Roys,  eusmcs 
pour  fère  danser  les  confrères  en  paslres  XII  torches,  desquelles 
en  perdismes  sept,  XXVI  s. 

Item  le  lundy  entseguent,  pour  ce  que  les  confrères  vollurenl 
dancer  (3),  poyasmes  les  ménestriers,  qui  coustarent,  comprins  leur 
soupper,  XX  s. 

It.  avons  bailhé  pour  fère  reigler  le  livre  des  stalulz  à  neufz, 
parcequ'estoit  for  rompu  ;  ensembles  pour  y  adjoucler  une  pau  de 
parchemyn  pour  escripre  les  noms  des  confraires  au  nect,  et  pour 
le  faire  rabilher  le  dessus,  en  tout  VII  s.  VI  d. 

(F*  203).  Plus  avons  bailhé  à  Berthon  pour  imprimer  les  chan- 
sons, XX  s. 

1559 

(F*  207).  k  Barton,  imprimeur,  XX  s. 

(1)  Voir  années  loCl,  1502,  ir>67  que  nous  relevons  à  titre  d'exemples. 
—  Voir  année  1550. 

(2)  Etaient  bayles  :  Laurent  Dubreuil  (peintre),  Etienne  Borye  (?), 
Robert  de  la  Place  (prêtre). 

(3)  Voir  années  1578,  1581.  —  Ces  danses  sont  aussi  mentionnées  en 
1587  et  1624. 


CONFRÉRIE   DE   NOTRÛ-DAME    LA   JOYEUSE  d83 

1560 

[po  211  v^).  Avons  receu  de  mess,  les  chanoiDes  du  chappitre  de 
Sainct  Elienne,  le  jour  des  Roys,  comme  ont  de  coustume,  et  parce 
que  on  a  chanté  la  chanson,  la  somme  de  XX  s. 

Plus  avons  receu  du  grand  vicayre  de  mons.  de  Lymoges,  comme 
a  de  bonne  couslume,  après  avoir  chanté  la  chanson  au  logis  de 
TEvesque,  L  s. 

Receu  de  madame  Tabesse  de  la  Reigle,  après  avoir  chanté  la 
chanson  en  son  abbaye,  XII  s. 

(F""  S12).  À  Barton,  imprimeur,  pour  imprimer  la  chanson  de 
Noël,  Xn  s. 

Plus  à  ceux  de  la  Couronne  (1)  pour  imprimer  celle  du  jour  des 
Rovs,  XV  s. 

1S61 

(po  217),  Le  XVI*  novembre,  pour  la  collation  après  disner  et 
souper  des  chantres  pour  (ère  marché  de  fère  chanter  les  chansons, 
XL  s. 

Item  le  dernier  jour  de  novembre  an  susd.  promismes  à  Laurens 
Dubreuilh  dict  Femynas  et  Etienne  Bosrie  pour  fère  chanter,  et, 
pour  ce,  fournir  de  chantres  les  chansons  de  Noël  et  des  Roys 
comme  est  de  coustume;  pressentz  sire  Marcial  De  Cordes  le  Jeune, 
roy  de  lad.  feste,  et  Pierre  Chambon  ;  X  s.,  que  leur  avons  payé  et 
en  avons  quictance. 

It.  le  dict  jour  pour  la  collation  que  payâmes  en  faisant  led. 
marché,  VI  s.  VI  d. 

It.  pour  fère  mectre  au  net  la  chanson  de  l'Epiphanie  chez  Claude 
Grenier,  X  s.,  et  XX  d.  pour  le  vin  des  compaignons;  que  sont 
XI  s.  VIII  d. 

It.  fut  payé  à  Colin  Noalhier,  pasticier,  pour  la  collation  baillée 
aux  ménestriers  quand  ilz  arrivarent  la  vigile  des  Roys,  VI  s. 

II.  pour  ung  connil  VI  s.,  une  palonme  III  s.  IV  d.,  et  pour  deux 
oranges  VIII  d.,  pour  bailler  à  mons.  TEvesque  de  Lymoges,  mess, 
du  chapitre  de  Lymoges  et  madame  Tabbesse  de  la  Règle;  monte 
X  s. 

15«4 

(F"  "220).  Avons  payé  pour  fère  imprimer  les  chansons  à  Jhérosme 
Garnier,  XXIV  s. 

(1)  Atelier  des  Garnier. 


S84  SOCIÉTÉ  ARCIléoLOGIQCË    iîT    HISTORIQUE  DU  LtMOUSiS 

(F"  221).  Avons  payé  pour  ung  connil  et  une  perdridz  qui  furent 
donnés  au  grand  vicaire  et  au  trésorier  de  Saint-Ëslienne,  XII  s. 

1563 

(F°  222).  Mémoire  que,  pour  ce  que  la  présente  année  la  peste 
esloii  en  la  dite  ville  de  Lymoges,  el  ne  purent  fëre  led.  service  le 
dimanche  d'après  les  Roys  comme  on  avoit  de  bonne  coustume, 
mais  fut  faict  led.  service  le  tiers  dimanche  de  caresme,  cinquiesme 
jour  de  mars  an  susdict  (1). 

(po  3<24  V").  Item  avons  donné  à  messieurs  les  confrères  par 
ordonnance  de  monss.  le  lieutenant  général,  pour  la  nourriture 
des  pouvres  pestifférés,  la  somme  de  V  1.  XV  s. 

1564 

(F°  225  v**).  Pour  fère  fère  la  verbe  de  la  chaussons  du  soyr  de 
Noël,  que  fustbalhé  ung  présent  à  sr.  Jacques  Grégoyre  (2),  XXIX  s. 

Plus  a  esté  halhé  aux  chanlres  par  comendement  de  mon  cooi- 
paignon  mestre  Pierre  Dupin,  pour  accorder  la  chaussons  de  Nohel 
aux  chantres,  qu*est  iroys  soupers  et  ung  disner,  VI I.  XIII  s.  VI  d. 

1565 

(F®  227  v*).  Plus  de  Marcial  de  Beaubrueil,  dict  Mouston,  à  cause 
des  rantes  d'une  escure  qui  est  au  dernier  de  sa  maison,  IV 1.  XV  s. 

Item  pour  fere  faire  la  verbe  de  la  chausson  alams  jusques  au 
Masbouriane  (3)  parler  avec  frères  Psaulmet  Grégoyre  (4)  et  Pierre 
Benoist,  pour  nous  fère  une  verbe  de  chanson,  et  lour  fust  bailhé 
ung  présant  :  une  bégasse  et  une  perdris,  XV  s. 

(F»  228).  Plus,  le  soyr,  soupasmes  ensemble  et  despandismes, 
XXX  s. 

Plus  quatre  jours  après,  retournâmes  aud.  Masbouriane  pour 
recouvrer  la  verbe;  fust  porté  deux  cartes  vin,  à  II  sols  pincte  : 
VIII  s. 

1566 

(F""  231).  Plus  en  la  sepmaine  saincte,  pour  fère  ung  puai  de  fer 
à  la  syme  du  grand  lampier  pour  meclre  dix  lamperons,  costé 
VI  s.  I  d. 

(1)  Aucune  mention  relative  à  la  chanson  en  celte  année  de  peste. 

(2)  Contrôleur  en  la  recette  générale. 

(3)  Actuellement  hameau  situé  dans  la  commune  de  Couzeix,  près  de 
la  route  de  Limoges  à  Poitiers,  à  4.500  mètres  environ  de  Limoges. 

(4)  Apothicaire  {Arch.  hospit.  11,  B  8).  —  Pierre  Benoist,  prieur  de 
Saint-Gérald  et  archidiacre. 


CONFRÉRIE    DE    NOTRE-DAME    LA    JOYEUSE  585 

Plus  ay  fourny  pour  poursuyvre  le  procès  contre  les  délégués 
du  colliège  (1),  qui  demandoyeut  le  revenu  de  lad.  frérie;  fismes 
assanbler  les  confrerz  pour  fère  ung  sommaire  de  la  myze  et 
recepte,  et  communicquer  à  moss.  de  Beaubreilh  pour  leur  fère 
response;  le  tout  cousta  XV  s.  et  II  d. 

Plus  bailhé  pour  ung  disner  que  fust  faict  à  chas  sire  Anthoine 
Rouchaud,  XXI  sols,  le  dymanche  après  Toussainctz,  pour  fère  la 
chanson  de  Noël. 

Plus  pour  ung  disner  que  fust  faict  aux  champtres  le  dymanche 
vigille  de  S^-Estienne  pour  leur  charopler  la  chanson,  XXXVI  s. 

Plus  pour  un  autre  repas,  présent  le  greffier  Ronmanet,  le 
dimanche  amprës,  que  fîstz  mess.  André  Deschamps  ausd.  chanp- 
tres,  que  cousta  LU  s.  IX  d. 

(F<»  232).  Plus  pour  ung  disner  le  dimanche  avant  Noël  faict  aux 
champtres,  présent  le  greffier  Roumanet,  sieur  Pierre  Benoist, 
Marcial  Mouriquet,  messire  Barlholomé  Moneyron  et  aultres  con- 
frairz,  à  chas  messire  Anlhoyne  Rouchaud;  cousta  III  l.  X  s.  VI  d. 

Plus  payé  à  l'organiste  pour  fère  le  son  de  lad.  chanson  de  Noël, 
XXXVI  s. 

Plus  pour  fère  imprimer  lad.  chanson  à  ches  Michel  Granier, 
conprins  le  vin  des  serviteurs  ;  cousta  XXVI  s.  VI  d. 

Plus  au  muet  de  ches  Salot  pour  fère  les  ystoyres  de  la  tonne,  de 
devant  l'ymaige  de  Nostre  Dame  la  Joyeuse  ;  costa  XXVII  s. 

Plus  pour  ystoires  et  Jésus,  pour  mectre  aus  lampiers  et  à  lad. 
lampe,  XX  s. 

Plus  en  or  quyquant,  pour  atacher  lesd.  hystoyres  et  Jhésus, 
IV  s.  X  d. 

Plus  en  feilhes  de  carto  pour  fère  lesd.  histoires,  lesquelles  je 
fournjs  aud.  muet,  VI  s. 

Plus  à  Mages,  pour  fère  le  son  de  la  chanson  des  Roys,  XII  s. 

Plus  pour  la  fère  imprimer  à  ches  led.  Michel  Granier,  et  pour  le 
vin  aux  serviteurs,  XXXVII  s.  VI  d. 

1867 

(po  236).  Plus  pour  fère  chanter  la  chanson,  le  premier  jour  de 
décembre,  fourny  pour  ung  disner  en  pistance,  en  vin  et  pain, 
XXIV  s. 

(i)  Par  mandement  de  Charles  IX,  il  avait  été  ordonné  en  1562  :  »  les 
deniers,  biens  et  revenus  des  confréries  de  la  ville  de  Limoges,  le  ser- 
vice divin  préalablement  fait,  seront  pris,  maniez  et  distribuez  par  celluy 
ou  ceulx  que  les  consuls  commecteront.  »  {Arch,  Haute-  Vienne,  série  D.7.) 
(Cf.  Reg.  consul.  II,  233). 

T.  LV  39 


b86  sociérè  ARcnéoLOûlQUE  Et  historique  du  limousi?^ 

Aux  enffens  du  cueur  de  S^-Eslienne  (i),  XIX  s.  VI  d. 

Plus  pour  une  collation  chez  Bernard  de  Leymarie,  IV  s.  IV  d. 

Pour  ung  pot  de  sucre,  XXXVIII  s. 

Aux  enffens  chez  le  mesme,  VII  s.  VI  d. 

Plus  pour  les  escripteaux,  au  muet  chez  Salot,  IV  s. 

Pour  avoir  des  chapeaux  (2)  le  seoir  de  Noël,  VI  s. 

[fo  237).  Plus  la  vigile  des  Roys,  en  quatre  connilz  pour  fère  les 
présents,  XXXVI  s. 

En  une  bécasse  el  une  perdrix,  XIII  s. 

Pour  une  douzaine  cçufs,  III  s. 

A  Coly  le  pastissier,  pour  le  disner  des  contraires,  VU  I.  X  s. 

(po  238).  Plus  rendons  le  reliquaire  et  joyeu  d'argent,  pesant 
huict  marcz  deux  onces  et  dix  huit  deniers,  hormis  Taisle  d'ung 
ange  et  d'ung  mouston  (sic)  comme  en  sont  à  dire  comme  estoient 
lorsque  nous  furent  balhéz. 

1S68 

(F""  239).  Plus  pour  la  despense  des  confrers  qui  allaren  quérir 
les  ménestriers  à  Eyjaulx,  4  1. 

(F""  240)  Plus  en  allan  quérir  les  ménestriers  pour  les  Roys  à 
Verneilh... 

{fo  241  yo^  Rendons  aux  bayles  la  boyle  vuyde,  dont  sonsmes 
bien  maris  que  n'ayons  de  quoy  rendre  ung  surplus. 

Plus  rendons  le  reliquaire  entier;  car  Jehan  Vérier  Tayné, 
confrère,  a  faict  Taisle,  pasteur  et  brebis  qu'estoy  perdus,  port  son 
entrée  en  lad.  confrérie. 

(po  242).  Plus  un  lampier  d'araing,  et  un  petit  lampier  d'araing, 
avec  la  lampe  et  clefz  desd.  lampiers. 

1678 

(po  243  v^).  Avons  mis  le  dimanche  d'anpprès  les  Roix  qu'eusmes 
pour  fére  danser  les  pastres  VI  torches  dont  en  perdisroes  V. 

Plus  avons  baillé  à  mons.  le  maistre  de  S'-Etienne  pour  retirer 
le  champ  des  deux  chanssons  de  Noël  et  des  Roix  ung  présent 
jusques  à  1 1. 

Plus  avons  frayé  pour  ung  desjuner  que  fîsmes  aux  pastres  pour 
les  fére  danser  la  vigille  de  Noël,  20  s. 

(1)  Voir  années  1587.  —  Mention  analogue  en  1568. 

(2)  Chapeaux  garnis  de  fleurs  que  les  confrères  portaient  le  jour  de  la 
fête  (Voir  Tarticle  11  des  statuts).  Cet  usage  n^était  pas  spécial  à  la 
frérie  des  Pastoureaux. 


CONFRÉRIE    DE   NOTRE-DAME   LA   JOYEUSE  587 

1580 

(F^  247).. Et  la  susdite  promesse  (1)  a  esté  faicte  pour 

obvier  à  ce  qu'on  a  veu  durant  deulx  ans  derniers  aulcuns  deulx 
confrères  ayant  esté  receuz  soy  absantés  et  retirés  des  aultres 
confrères,  après  y  avoir  assisté  quelques  années,  à  Tescandale 
deuls  et  de  la  frérie.  A  esté  aussy  aresté  que  les  balles  à  Tadvenir 
ne  recepyron  aulcuns  confrères  sans  Tadviz  de  dix  ou  vingt  des 
anciens  confrères,  et  leur  feront  signer  les  statutz  et  la  présente 
convention  à  peyne  dé  payer  en  leur  nom  propre  lad.  somme  de 
vingt  escuz  ;  et  a  esté  convenu  et  accordé  que  les  confrères  qui 
n'on  esté  baillés  le  seront  conjoinctement  au  ranc  qu'ilz  ont  esté 
receuz  sans  soy  pouvoir  excuser,  et,  le  ranc  expiré  et  passé,  sera 
reveneu  aux  anciens  par  le  mesme  ordre.  Et  néanlmoingtz  demeu- 
rent les  présédants  status  en  leur  force  en  ce  que  conserne  l'assis- 
tance de  service  dyvin.  Testât  et  ranc  des  confrères  qui  se  doibvent 
abilber  annuellement,  et  autres  articles,  serments  par  nous  jurez, 
lesquels  promettons  et  les  susdits  thenir  moyennant  serment  et 

considéré  tous;  présent  Pierre  Buisson,  filz  de  Léonard 

Buisson,  dit  le  Gontaud,  charpentier  de  Lymoges,  et  Jehan  Besse, 
roestre  du  Jeu  de  Paulme,  témoings  ad  ce  appelés  le  dit  jour. 
[=  10  janvier]. 

1581 

(F""  249).  N'avons  daigné  aler  fère  dire  la  chanson  à  la  Reigle, 
causant  qu'on  n'y  bailhiè  qu'ungteston,  et  les  présents  que  eussions 
bailhié  eussent  valeu  led.  teston  et  plus. 

A  l'imprimeur  qui  imprima  les  deulx  chansons,  fut  payé  V I. 

(F""  250).  Pour  faire  assembler  les  confrères  après  Noël  deulx  ou 
troys  jours,  aux  fins  de  scavoir  ceulx  qui  debvoient  danser  et 
s'abilhier,  fut  payé  au  courrier  X  s. 

1583 

(F«  251).  Ce  sont  les  comptes  tant  de  la  recepte  que  de  la  myze 

faict  par  moy  Jehan  Veyrier  l'alné,  m»  orpheuvre  de  Lymoges, 

et  suys  esté  bayle  seulz  part  ce  que  Guyihyaume  de  Cordes  ne 
voulut  assester  la  beylye,  et  ay  faict  tous  les  frais  à  mes  despans  en 
Tannée  susdite. 

(po  2gj  yoj  ^  Joysept  Guyber,  sonneur  de  vyolie,  25  s. 

(1)  Promesse  de  garder  le  rang  assigné  à  chaque  confrère  par  la  liste, 
sous  peine  de  payer  20  écus  au  soleil  d'amende.  Chaque  confrère  était 
bayle  à  son  tour,  selon  le  rang  qu'occupait  son  nom. 


588  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTOIUQUÈ   DU  LDIOUSIN 

1584 

(P  253).  Estant  ballies  François  Clément  el  Harcial  Garac  ;  dont 
led.  Marcyal  Garac  mourut  de  peste  en  Tannée. 

Pour  aler  à  Beavoys  (i)  qaéryr  les  chans  de  la  chanson  avec  (des) 
troys  des  chantres  quy  estoint  avec  moy,  avons  despandeu  pour 
chasque  foys  20  s.  ;  monte  38  1. 

(F**  254).  Ay  envoyé  à  mons.  le  raeyslre  des  anfans  deulx  perdris 
et  une  bout^llye  de  ving  de  Slmillyon  ;  coûte  le  tout  40  s. 

1585 

(F**  255  y^).  Pour  les  ménestriers  qui  ont  assemblé  les  confraires 
à  l'Eglize,  et  pour  avoir  envoyé  à  Grammont  et  aileurs  chercher 
davantage  de  ménestriers,  2  1. 15  s. 

1587 

(po  257'  Ysiki  par  moy,  Jacques  Rougier,  recepveur  de  mess, 
les  Présidiaulx;  et  suis  esté  seul,  parceque  M*  Pierre  Dupin,  qui 
estoit  nommé  comme  moy  bayle,  ne  voulut  assister  la  dicte  baylie  ; 
et  ay  faict  tous  les  frays  à  mes  despens  (2). 

Plus  ay  bailhé  à  monsieur  le  meslre  des  enfans  de  S^  Etiene 
pour  avoir  le  chan  ung  levrau  et  deulx  perdris  qui  coutarent 
XXX  s. 

Pour  leur  faire  chanter  la  chanson,  6  1. 

Plus  ay  payé  à  sire  Heugue  (3)  pour  imprimer  la  chanson,  III I. 

Plus  ay  payé  pour  ung  repas  pour  les  confrères  qui  dansarent  le 
jour  des  Roys  et  pour  les  chantres  ;  payé  à  Léonard  Jay,  13  1. 

(F*  260).  (Fragment  inachevé  de  chanson)  : 

Veycy  lou  bon  nieynajçe 
Que  n'an  bre  de  soucit, 
Qu'en  lour  courage 
Deu  f^ay  beurage 
Ne  sont  ennemis. 

L'argent  ny  la  richesse 
Jamay  nés  lour  meytresso 


(1)  Probablement  le  village  situé  O.-N.-O.  de  Limoges,  et  où  se  trou- 
vait un  chÀteau  servant  de  maison  de  plaisance  à  Tabbé  de  Saint  Martial. 

(2)  Recette  :  45  livres  15  sols  8  deniers.  Dépense  :  84  livres  6  sols 
8  deniers. 

(3)  Hugues  Barbou,  Timprimeur  bien  connu,  fixé  à  Limoges  depuis 
1566, 


CONFR^RIB   DE   NOTRS-DAME  UL.  tOXEVSE  589 

1614 

(F""  266  y^).  Le  doaze  de  janvier  mit  six  cents  quatorze,  de  Tadvis 
de  mess,  les  confrères,  et  pour  avoir  manque  par  M*  Claude  de  la 
Jouroard  à  son  devoir  et  autres  considérations,  a  esté  aresté  que 
led.  de  la  Joumard  ne  sera  plus  receu  en  lad.  compagnie  (4). 

i623 

(F®  2691.  Réception  dans  la  confrérie  de)  Pierre  Blanchon,  advo- 
ral  et  lieuteuant  de  la  jurisdiciion  des  Combes  (2). 

1634 

(F*  271  v«).  Le  jour  de  lanoée  par  avant  escripl,  les  confraires 
eslanz  assamblés  au  logis  des  Trois  Pilliers,  ayant  esté  mis  en  déli- 
bération qu'il  y  avoit  beaucoupt  de  personnes  qui  avoient  devoc- 
(ion  à  la  frérie,  néanmoins  qu'ils  craignoient  les  fraiz  extraordi- 
naires qui  se  font  tant  à  la  prinse  de  la  frérie  que  au  disner  de 
celluy  qui  se  faict  le  jour  de  la  fesle.  A  esté  arresté  par  lesd.  com- 
fraires  que  celluy* qui  viendra  au  rang  pour  prandre  la  feste  comme 
roy,  au  lieu  des  dix  livres  qu'il  baylhoit  du  lundy  (?),  il  en  sera 
quicte  moyennant  six  livres  ;  et  pour  le  disner  du  jour  de  la  feste, 
sera  au  choix  de  celluy  qui  la  tiendra  de  bailler  à  sa  discrétion  le 
disner  et  à  sa  discrétion  sans  user  de  superfluité.  De  plus,  afBn  que 
lesd.  comfraires  ayent  moyen  d*ouïr  les  comptes  des  bayles  qui 
seront  en  charge,  que  ceux  qui  entreront  seront  tenus  d'advanccr 
la  somme  de  quatre  livres.  Et  attandu  le  peult  de  nombre,  qu'il  n'y 
aura  que  ung  bayile  pour  faire  les  frais,  et  le  sieur  Urbain  (3)  pour 
baylle  d'esglize.  El  pour  Tannée  prochaine  avons  nommé  Jehan 
Midy,  l'un  desdits  confraires;  et  ensuite  de  l'un  à  Taulre.  Ce  que 
ont  promis  et  sygné 

(Fo274j.  Le  susdit  jour,  attendu  que  Mr  Simon  Fornier(4)  n'a 
voulu  payer  les  deux  escus  qu'il  debvoit  en  qualitté  de  daulphin  (5), 
il  a  convenu  à  s'  Albert  Midy  de  les  payer  et  prandre  la  plassc 

(i)  Claude  de  la  Joumard,  «  praticien  »,  avait  été  reçu  confrère 
en  1604  (f**  265).  Il  fut  fermier  des  aumônes  de  Sainte-Croix  en  1630. 

(2)  Pierre  Blanchon  devint  contrôleur  général  du  taillon  de  Limoges 
«t  auditeur  des  comptes.  (Archives  hospitalières,  B.  82.) 

(3)  Jean  Urbain,  «  maitre  de  la  sellette  (sic)  de  Saint- Martial  »  (f^  268). 

(4)  Simon  Fornier  ou  Fournier,  prêtre  de  Téglise  Saint-Pierre  (Beg. 
cons.,  III,  p.  272]  ;  il  se  distingua  lors  de  la  peste  de  1631. 

(îî)  C'est  la  première  mention  de  ce  titre  que  nous  trouvions  dans  ce 
registre. 


•  .«I  •. .» 


590  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  UMOUSIN 

dudit  Fornier,  et  tiendra  la  feste  l'année  prochaine.  Et  léd.  Fornier 
demeurera  exclus  d*entrer  â  Tadvenir  en  la  compaignie. 

(jpo  275).  Aux  coristes  et  enffanz  de  cueur  de  Sainct  Martial  pour 
fëre  chanter  le  quantique  du  jour  de  Noël,  3  1. 

1640 

(F**  280  v°).  Pour  avoir  payé  à  M°  Debroa,  patriarche,  pour  deux 
sesliers  froment,  quatre  livres  iO  sols. 

(F*>  281).  Receu  des  sieurs  bayles  de  la  confrairie  de  Notre  Dame 
de  la  Joyeuse,  alias  de  Notre  Dame  des  Pastres  de  Tesglise  de 
Sainct  Pierre  du  Queyroir  de  Limoges,  la  quantitté  de  deux  sestiers 
frommant  à  moy  dbeubz  de  sens  et  fondalitté  un  chascun  an  sur  le 
pré  appelé  des  Pastres,  à  cause  de  ma  vicairie  dicte  du  patriarche 
Lamy  fondée  dans  Tesglise  de  Limoges,  desservie  à  Thautel  sainct 
Thomas.  A  raison  de  quoy  tiens  quittes  lesd.  sieurs  pour  la  pré- 
sente année  et  jusques  au  préf^eot  jour.  En  foy  de  quoy  ay  signé  le 
dixiesme  décembre  à  Limoges  de  Tannée  mil  six  cent  quarante. 

Debroa,  vicaire. 

1647 

(po  ^7  yo).  (Réception  de)  Jehan  Barry,  cappitaine  de  la  maison 
Commune. 

Contrat  {iUl) 

Faict  en  la  sacristanie,  estant  au  dernier  le  grand  aultier  de 
l'esglise  parrochielle  de  Sainct  Pierre  du  Queyroy  de  Limoges,  le 
dix  neuviesme  jour  de  décembre,  Tan  mil  cinq  centz  quarante  ung. 
Sont  esté  présens  et  personnellement  eslablys  et  constituez  en 
droict,  honnourables  bonmes  maistre  Pierre  Aury,  licencié  ez 
droictz,  conseiller  pour  le  Roy  nostre  sire  en  la  senneschaulciée  de 
Limosin,  sires  Syméon  Boyol  et  Simon  du  Peyrat,  bourgeoys  et 
marchans  dud.  Limoges,  fabricqueurs  et  au  nom  de  fabricqueurs 
de  Tedifflce  et  bastiment  de  lad.  esglise,  faisans  aud.  nom  en  ceste 
partie  tant  pour  euU  que  pour  sire  Françoys  Dauvergne,  aukre 
fabricqueur,  leur  compaignon,  absant,  d'une  part;  Et  honnourable 
homme  Âudoin  Dauvergne,  bourgeoys  marchant  dud.  Limoges, 
au3si  pour  luy  et  les  siens  d'aullre  pari  ;  Et  maistre  Jehan  Londeys, 
prebtre,  sires  Joseph  Rogier  et  Jehan  Romanet,  bourgeoys  et  aussi 
marchans  dudict  Limoges,  comme  bayles  et  au  nom  de  bayles  de  la 
dévote  et  notable  freyrie  appellée  de  Nostre  Dame  la  Joyeuse,  alias 
des  Pastoureaulx,  célébrée  chescun  an  à  son  honneur  en  lad. 
esglise,  pour  leurs  compaignons  bayles  et  confrères  qui  à  Tadvenir 


CONPRERIE   DE    NÛTBE-DAltE  LA  JOYEUSE  ^9i 

seront  de  lad.  freyrie,  faisant  en  ceste  partie  et  stipulens  d*auUre  ; 
Comme  par  mond.  seignear  le  conseillier  Aury,  Vang  desd.  fabric- 
queurs  dessus  nommés  et  confrère  de  lad.  frayrie,  aist  esté  pro- 
posé, dict  et  remonstré  en  présence  desd.  bayles  dessus  nommés 
et  de  la  plas  grand  et  saine  partie  desd.  confrères  de  lad.  freyrie 
aussi  présens,  illecques  présens  et  assemblés  et  traitans  dez  afTeres 
et  négoces  de  ladicte  freyrie  :  Que,  comme  a  veue  d'ueil  soit  tout 
notoire,  lad.  esglise  aist  grand  besoingt  et  soit  nécessaire  de  la 
clore  et  parachever  TedifSce  piecça  par  les  fabriqueurs  précédens 
acconmensé;  Laquelle  chose  ne  se  puisse  faire,  conduire,  parfaire  ni 
parachever,  veu  la  sumptuosilé  de  l'édifflce  piecça,  comme  dict  est, 
accommensé  et  grand  coustaige  d*icelluy,  sans  Tayde  et  secours  de 
beaucoup  de  notables  personnaiges  de  lad.  parroisse;  Et  pour 
laquelle  chose  parachever  les  susdits  sieurs  fabriqueurs  ayent  ser- 
ché  tous  les  moyens  qu'il  leur  a  esté  poussible  de  trouver  pour 
leur  ayder  à  parfaire  leur  dict  édifflce  ;  Et  ayent  communiqué  dud. 
afTère  et  négoce  avec  mesd.  sieurs  les  bayles  et  confrères  de  lad. 
freyrie  de  leur  ayder  à  parfëre  le  bastiment  et  édifBce  jà  acconmen- 
ses  ;  Et  soit  esté  advisé  et  iceulx  fabricqueurs  ayent  tenu  propos  et 
requis  lesd.  bayles  et  confrères  de  adce  ayder  ;  et,  comme  led.  sire 
Âudoin  Dauvergne  doibve  tenir  la  présente  année  lad.  feste  de 
notre  dame  la  Joieuse  alias  des  Pastoureaulx,  en  laquelle,  com- 
prins  le  jour  de  porte-argent,  se  faict  cinq  repas,  de  en  oster  et 
extaindre  les  quatre  pour  la  présent  année  seulement,  veue  la 
nécessité,  et  sans  lirer  à  conséquence,  et,  de  ce  que  cousteroit  aud. 
Dauvergne  les  quatre  repas,  de  le  bailler  pour  l'honneur  de  Dieu 
et  de  la  Vierge  Marie  au  bastiment  et  édifice  de  lad.  esglise. 
À  quoy  led.  Dauvergne,  voyant  la  nécessité  de  lad.  esglise,  a 
tousjours  volu  entendre  et  offert  de  fere  et  obéyr  au  vouloir  desd. 
bayles  et  confrères,  et  se  soit  tousjours  remys  à  leur  vouloir  et 
discrétion,  et  promis  de  faire  tout  ce  que  par  eulx  luy  seroit  dict  et 
ordonné  ;  Et  estoit  tout  prest,  comme  il  a  illecques  dict  et  affirmé, 
de  tenir  lad.  feste  etfère  bonne  chiëre  ausd.  confrères  et  les  traic- 
ter  en  gens  de  bien,  se  soubzmectant  tousjours  à  leur  bon  adviz  et 
délibération.  Etamprès  plusieurs  assemblées  en  traitant  dud.  affère 
faictes,  soit  esté  dict,  conclud  et  arestë  par  et  entre  lesd.  bayles  et 
confrères  que  led.  Dauvergne  bailleroit  et  poyeroit  ausd.  fabric- 
queurs pour  ayder  à  parfaire  led.  bastiment  et  édiffice  la  sonme  de 
cent  livres  tourn.  par  luy  une  foys  poyées  et  ung  disner  ausd. 
confrères  le  jour  de  leur  feste,  et  avec  ce  seroit  et  demeureroit 
quicte  des  aultres  quatre  repas  accoustumés  de  fere;  de  quoy  led. 
Dauvergne  libéralement  aist  consenti  et  promis  de  fère. 
Par  quoy  est  il  aiusin  que  aujourd'huy,  en  accomplissant  lad. 


B9â  sociÉré  archéologique  et  uistoriqle  du  UMousrs 

promesse,  led.  Dauvergne  a  payé  et  baillé  illecques  réaulment  et 
de  faict  ausd.  fabricqaeurs  ladicte  somme  de  cent  livres  ts.  ea  mon- 
noie  blanche  de  douzains  illecques  nombres  el  couplés,  et  par  led. 
Boyol  el  ang  desd.  fabricqaeurs  lieue,  prinse  et  receue  en  présence 
des  notaire  el  lesmoins  soubznommés,  donticeals  fabricqueurs  s*eQ 
sont  tenuz  pour  bien  contons  et  en  ont  quicté  led.  sire  Audoin 
Dauvergne  et  les  siens.  Et  a  été  dici  et  accordé  el  promis  par  et 
entre  lesd.  fabricqueurs,  bayles  et  confrères  dessusdits  que,  afBn 
que  de  ce  soit  perpétuelle  mémoire,  iceulx  fabriqueurs  feront  fera 
la  clef  de  voulte  et  édifice  que  se  font  à  présent  tout  à  neuf;  en 
laquelle  clef  mectront  les  armes  et  enseignes  de  lad.  freyrie  en 
pierre  de  taille  ou  bien  en  fonde  de  cuyvre,  que  seront  eslevés 
en  bosse;  et  y  mectront  et  expouseront  jusques  à  la  somme  de  six 
escuz  d'or  au  souleil  ;  laquelle  dite  somme  de  six  escuz  d'or  au 
souleil  lesd.  fabricqueurs  ont  promis  meclre  et  employer  pour  rai- 
son de  ce  fère,  affln  que  de  ce  soit,  comme  dict  est,  perpétuelle 
mémoire.  Et  ainsin  Tonl  promis  et  juré  de  faire  lesditz  fabric- 
queurs aux  sainclz  Dieu  évangilles  nostre  Seigneur,  louché  le  livre. 

Dont  et  desquelles  choses  susd.  lesd.  bayles  et  confrères,  Dau- 
vergne et  fabricqueurs  ont  demandé  et  requitz  à  moy  notère  royal 
soubz  escript  acte  et  lectre  leur  estre  faictes  el  baillées  ;  ce  que  a 
esté  faict  soubz  les  scelz  du  Roy  el  de  monsr.  TofBcial  dud.  Limo- 
hes  en  la  meilleure  forme  pour  leur  servir  et  valoir  en  temps  et 
lieu  comme  de  raison,  ez  présences  de  maistre  Pierre  Victrat,  pbre 
sacristain  de  lad.  esglise,  et  de  Georges  Grand,  clerc,  natif  de  la 
paroisse  de  Linardz,  à  présent  habitant  dud.  Limoges,  tesmoingz 
cogneuz,  adce  requitz  et  appelles,  les  jour  et  an  susd. 

Ainsin  a  esté  faict  par  devant  moy  notère  royal  soubz  escript,  ad 
ce  fère  requitz  et  appelle  par  lesd.  parties. 

M.  Des  Champs. 


PORTAIL  FORTIFIÉ  ET  ÉOLISE  D'A1 


MONOGRAPHIE 


DU     CANTON     DE 


SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 


(HAUTE-VIENNE) 
(Suite) 


ARNAC-LA-POSTE 

Ceiie  commune  est  située  au  S.-E.  du  canton  entre  les  com.  de 
Mailhac  et  Saint-Sulpice  au  N.,  Vareilles  et  la  Souterraine  à  TE., 
Saint-Maurice  au  S.  —  ces  trois  dernières  de  la  Creuse  —  et  à 
ro.  Saint-Hilaire-la-Treille. 

C'est  par  son  territoire  que  la  Benaise,  sortant  de  la  Creuse, 
entre  dans  le  département;  elle  coule  dans  la  com.  dans  une  direc- 
tion E.-O.  pendant  4.500". 

Le  ruisseau  de  la  Planche  Arnaise,  qui  sort  aussi  de  la  Creuse, 
arrose  la  partie  N.  de  la  com.  sur  une  longueur  de  7.800"  et  passe 
près  des  villages  du  Monteil  et  de  la  Salesse. 

Le  Glévert,  qui  porte  sur  certaines  caries  le  nom  de  Benaise, 
prend  naissance  au-dessous  du  Drelet  et  coule  dans  la  partie  0.  de 
la  commune  pendant  7.000". 

Enfin  Textrémité  S.  est  coupée  par  la  Brame  qui  a  dans  la  com. 
un  cours  de  4.000". 

Cette  com.  est  la  plus  étendue  du  canton  :  4.651  hectares;  elle 
est  plus  longue  que  large  et  sa  forme  est  très  irrégulière;  elle  me- 
sure 8.300"  dans  sa  plus  grande  longueur  et  sa  largeur  moyenne 
est  de  6.900".  Son  périmètre  peut  être  évalué  à  66.050". 

C'est  dans  cette  com.  que  se  trouve  le  point  culminant  du  canton; 
altitudes  comprises  entre  260  et  359. 

Sous  Tancien  régime,  le  territoire  de  la  p**«  était  à  peu  de  chose 
près  celui  de  la  com.  actuelle;  seul  Champlong  était  contesté. 

Nous  avons  dit  plus  haut  qu*elle  était  coupée  en  deux  par  la 
ligne  de  séparation  des  intendances. du  Berry  et  du  Limousin,  ou 
du  Poitou  et  de  la  Basse-Marche  :  la  partie  au  N.  relevait  adminis- 
trativement  de  Bourges  et  judiciairement  de  Monlmorillon;  la 
pariie  au  S.  de  Limoges  et  du  Dorât. 

L'étal  des  p"*  en  4680-1686  donne,  à  Arnac,  270  feux.  D'après 
le  terrier  de  1745,  la  partie  marchoise  contenait  270  maisons, 
8  moulins  et  10  étangs. 

T.  LV  40 


b94  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousiK 

Le  recensemenlde  190<  accuse  pour  loale  la  com.  468  m.  et 
2,066  b.;  le  cadastre,  rédigé  en  1835,  ne  porle  que  444  m. 

Les  recensements  précédents  ont  donné:  i793  : 1,868  h.;  i  806  : 
1,333;  i836:  1,792;  i837  :  2,001  ;  i 846  :%OiS;  /«55: 1,957; 
i876  :  1,963. 

Un  tableau  de  collecte  de  1769  pour  la  partie  marcboise  nous  Tait 
connaître  qu'elle  était  babilée  par  9  bourgeois,  4  marcbands,  1  armu- 
rier, 2  voituriers,  2  marécbaux,  1  cbarron,  3  tailleurs,  3  tisserands, 
2  sabotiers,  1  cordonnier,  5  meuniers,  3  charpentiers,  14  maçons, 
8  paveurs,  1  fontainier,  52  laboureurs,  15  métayers  et  9  journa- 
liers (M.  N.). 

Le  Pouillé  de  Nadaud  donne  à  la  p'<»  2,100  communiants  et  les 
notes  de  Mgr  d'Argentré  1,300;  le  premier  chiffre,  si  on  le  rappro- 
che du  résultat  du  recensement  de  1793,  est  certainement  inexact. 

Arnac,  dont  la  terminaison  dénote  une  origine  celtique,  contient 
le  radical  ar  «  qui  signifie,  dans  toutes  les  langues,  ce  qui  couvre, 
contient,  enferme,  protège  :  un  enclos,  maison  agricole,  petite 
habitation  :  arcs,  arx  ».  Ar  veut  dire  aussi  rocher,  endroit  élevé  (1  ). 

Dans  le  département  et  aux  environs  plusieurs  bourgs  portent  ce 
nom  d'Arnac.  Cette  communauté  a  provoqué  de  fâcheuses  confusions 
et  rendu  difficile  (2)  la  recherche  des  documents  concernant  notre 
com.  jusqu'au  xvin*  s.,  où,  pour  distinguer  noire  Arnac  des  autres 
localités,  on  lui  adjoignit  le  nom  de  la  Vaste  à  cause  du  relai  de 
poste  qui  s*y  trouvait.  C'est  en  1700  que,  dans  tes  registres  d'état- 
civil,  nous  rencontrons,  pour  la  première  fois,  le  mot  composé 
Amac-la-Poste. 

Vers  1760,  des  familiers  de  la  maison  de  Laval-Hontmorency, 
qui  possédait  la  baronnie  d'Arnac,  lancèrent  le  nom  i* Arnac-lMval- 
Montmorency;  cette  tentative  n'eut  point  le  succès  de  Magnac- 
Laval.  En  1764  on  trouve  encore  Arnac-la-Poste-de-Laval ;  cet 
essai  fut  général,  car  à  la  même  époque  on  rencontre  Saint-Léger- 
Laval,  Saint' Amand- Laval;  mais  après,  il  n'en  est  plus  question. 

Diverses  trouvailles  faites  à  Arnac  établissent  l'origine  antique 
de  ce  bourg. 

En  1868,  en  établissant  la  roule  le  long  du  champ  de  foire,  on 
rencontra  un  souterrain- refuge  de  1"'50  de  haut  sur  0°'80  de  large, 
donnant  accès  à  une  salle  carrée  de  2'"50  sur  chaque  côté. 

(1)  Abbé  Beroier,  Etudes  historiques  et  philologiques  sur  Vorigine,  le 
développement  et  la  dénomination  des  localités^  1884. 

(2)  Ainsi  M.  de  Beaufort  dit,  p.  143,  d'après  un  écrit  du  vicaire  de  la 
maison  de  Rochechouart,  que  les  tours  de  Bridiers,  du  Dorât  et  d' Ar- 
nac furent  renversées  en  1200  par  un  tremblement  de  terre.  Est-ce 
notre  Arnac  ? 


MONOGRAPHIE   DU    CANTON   DÉ   SAINT-SULPIGE-LÉS-FEUILLÉS  595 

A  500  m.  (lu  bourg  on  découvrit,  à  la  même  époque,  une  urne 
cylindrique  en  granit  munie  d'un  couvercle  de  même  et  renfermant 
un  vase  de  verre  à  long  col  pourvu  de  deux  anses.  Il  contenait  des 
ossements  humains  calcinés,  un  anneau  de  bronze  et  un  fragment 
de  poignée  d'épée.  (M.  Masfrand). 

Enfin,  vers  1861,  en  réparant  Téglise,  on  trouva  Vautel  gallo- 
romaine  que  nous  avons  reproduit  précédemment.  C'est  un  cippe  à 
quatre  faces  mesurant  1>"10  de  haut  avec  têtes  et  fronton  en  relief. 
(M.  rabbé  Lecler). 

Ajoutons  que  dans  le  territoire  de  la  commune  on  rencontre  un 
camp  gallo-romain  à  Martinet,  des  vestiges  de  constructions  de 
cette  époque  au  Buis  et  à  Oreix,  un  souterrain-refuge  aux  Brosses- 
Pcrrot  et  que  des  dolmens  existaient  au  Bost  et  à  L'Héritière. 

M.  Grignard,  dans  son  dictionnaire  topograpbique  manuscrit, 
très  exact  en  maliëre  géographique,  mais  sujet  à  caution  en  ma- 
tière histqrique,  conte  ainsi,  sans  indiquer  ses  sources,  l'origine 
d'Arnac;  nous  lui  en  laissons  la  responsabilité  : 

u  L'église  primitive  d*Arnac-la-Poste  érigée  en  prieuré  de  Saint- 
Martial  fut  bâtie  au  commencement  du  ix'  siècle  sous  Tin  vocation  de 
Saint-Pardoux.  La  translation  des  reliques  de  ce  saint  eut  lieu  en  1018 
par  les  soins  de  Gui  de  Lastour,  surnommé  le  Noir,  qui  les  fît  trans- 
porter du  monastère  de  Sarlat.  La  dédicace  de  cette  église  date  de  1028; 
elle  fut  consacrée  par  Jourdain,  évêque  de  Limoges,  à  son  départ  pour 
la  Terre  Sainte,  en  présence  de  Guy  de  Lastour  et  de  plusieurs  cheva- 
liers et  barons. 

«  Le  bourg  actuel  d'Arnac  doit  son  origine  à  la  maison  de  Lastours. 

u  Séguin  de  Lastour,  fils  du  célèbre  Gouffîer  de  Lastour,  de  retour 
de  Jérusalem,  où  il  s'était  couvert  de  gloire  à  la  bataille  d'Ascalon,  fit 
jeter,  en  1190  les  fondations  d'une  église  à  peu  de  distance  de  Tancien 
prieuré  de  Saint-Martial  et  lui  donna  le  nom  d'Arnac,  en  mémoire 
d'Arnac-Pompadour,  fondé  par  son  ayeul  Guy  de  Lastour.  Il  fit  égale- 
ment construire  une  commanderie  de  Tordre  des  Templiers  qui  fut 
jointe  à  Téglise.  Ces  deux  édifices  furent  crénelés,  entourés  de  fossés 
et  de  remparts.  Peu  à  peu  les  habitants  de  l'ancien  bourg  et  prieuré  de 
Saint-Martial  abandonnèrent  cette  localité  et  formèrent  une  colonie 
autour  du  bourg  d'Arnac  », 

Il  n*est  pas  besoin  d*être  grand  clerc  en  histoire  du  Limousin 
pour  décider  que  le  premier  paragraphe  est  manifestement  faux  : 
l'église  construite  auix*s.  est  celle  d'Arnac-Pompadour  ;  les  événe- 
ments de  1018  et  1028  s'appliquent  aussi  à  cette  localité. 

Quand  au  second  paragraphe,  on  ne  rencontre  mention  de  la 
fondation  de  1190  ni  dans  les  généalogies  de  la  maison  de  Lastour, 

ni  dans  les  divers  cartulaires  limousins,  ni  dans  les  chroniques  de 
la  région. 


b9d  âocièrè  ARCHèoLOOiQùÊ  jir  ilisToRtQùB  dû  limousin' 

La  tradition  d*UQ  établissement  de  Templiers  est  encore  fort 
répandue  à  Arnac  :  on  montre  près  de  Téglise  un  vieux  logis  qu'on 
appelle  la  maison  des  Templiers,  mais  qui,  par  malheur,  est  tout 
au  plus  du  XV'  siècle. 

De  ce  que  cet  établissement  n*esl  cité  ni  dans  le  texte  du  fameux 
procès,  ni  dans  les  cartulaircs  des  diverses  commanderies  de  Tordre 
du  Temple  qui  ont  été  publiés,  ni  dans  les  divers  ouvrages  concer- 
nant cet  ordre,  ni  surtout  dans  l'accord  intervenu  le  23  juin  1282 
entre  Tévéque  de  Limoges  et  le  précepteur  des  Templiers,  relati- 
vement  aux  églises  et  chapelles  qu'ils  possédaient  en  Limousin  (1), 
nous  concluons  qu'il  n'a  jamais  exislé.  Ajoutons  qu*on  ne  trouve 
pas  Arnac  parmi  les  possessions  des  chevaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  qui  furent  les  héritiers  de  cet  ordre. 

Nous  soupçonnons  fort  le  curé  Védrine,  dont  nous  avons  déjà 
signalé  Timagination  ardenle,  d'être  pour  quelque  chose  dans 
réclosion  de  ces  légendes. 

Une  autre  légende,  assez  courante  dans  la  commune,  attribue  à 
Saint-Martial  la  fondation  d'Arnac  :  ce  saint  se  trouvait  au  camp 
de  César  à  Martinet  et  pour  indiquer  à  ses  disciples  le  point  où  ils 
devraient  construire  une  église,  il  lança  son  marteau  qui  vint  tom- 
ber sur  l'emplacement  ou  s'élève  actuellement  le  bourg  d'Arnac. 

Nous  n'avons  rien  rencontré  sur  les  origines  de  la  s'^*  d'Arnac; 
il  est  à  croire  qu'elle  fut  de  tout  temps  une  dépendance  de  la  châ- 
tellenie  de  Magnac  ;  tout  au  moins  depuis  le  xv«  s.  que  celle-ci 
passa  aux  mains  des  Bracbet  qui  possédaient  déjà  dans  la  p««  les 
iiofs  du  Monteil  et  d'Orcix. 

Elle  pourrait  élre  aussi  une  dépendance  du  Monteil,  car  une 
pièce  du  xvui»  s.  désigne  la  baronnie  d'Arnac  sous  le  nom  de  baron- 
nie  du  Monteil;  ajoutons  que  la  famille  Brachet  était  originaire  du 
Monteil. 

Magnac  et  Arnac,  possédés  successivement  par  Gilles  Brachet, 
qui  rendait  aveu  en  1492,  Jean  Brachet  et  Claude  Brachet  furent 
saisis  sur  ce  dernier  et  adjugés,  le  1''  mai  1545,  à  Antoine  de  Neu- 
ville, ch'  de  l'ordre  du  roi,  conseiller  d'état. 

Antoine  laissa  pour  héritière  sa  pelite-fllle,  Marie  de  Bonneval, 
qui,  dans  son  contrat  du  12  mars  1599,  se  qualifie  de  dame  de 
Magnac,  Neuville  et  Arnac.  Elle  épousa  François  de  Salignac,  baron 
de  la  Mothe-Fénelon. 

Le  3  sept.  1612,  avec  sa  tante  Marie  de  Neuville,  femme  de  Jacques 
d'Urfé,  elle  rend  hommage  au  roi  pour  sa  baronnie  de  Magnac  et 

{{)  BulL  de  la  Soc,  arch.,  t.  LIV,  p.  493. 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FKUII.LES  597 

châlellenie  d'Arnac  (Arch.  nal.,  P.  8622-2704).  Dès  1528  on  Irouve 
celle  qualiticalion  de  châlellenie  appliquée  à  la  s"*  d'Arnac. 

Marie  fit  don  de  Magnac  el  d*Arnacà  son  fils  aîné  Pons  de  Sali- 
gnac  quand  il  épousa,  le  20  février  1629,  Isabelle  de  Lussans.  Celte 
donation  Tut  sans  doute  résolue  par  la  suite,  car  c*est  Antoine  de 
Salignao,  son  frère  cadet,  qui  obtint,  en  avril  1683,  des  lettres  du 
roi  portant  Téreclion  de  Magnac  en  marquisat  et  d'Arnac  en 
baronnie  (1).  Ces  lettres  sont  fort  curieuses  par  les  délails  qu'elles 
renferment  sur  les  services  de  ces  s"  (Arch.  nat.  X^»  8698,  f  177). 

Antoine  ne  laissa  qu*une  fille,  Marie,  qui  épousa  en  1681  Pierre 
de  Laval-Montmorency.  Celui-ci  rendit  au  roi,  le  26  juil.  1684,  un 
dénombrement  pour  ces  terres  qui  ëtaienl  tenues  au  devoir  d'une 
paire  d'éperons  d'or  : 

«  Plus  nous  tenons  en  arrière-fief  de  S.  M.  à  cause  de  notre  dit  mar- 
quisat, nos  baronnies  et  ch&teaux  d'Arnac  et  du  Soulier  qui,  estant  dis- 
tinctes, ont  droit  particulier  de  haute,  moyenne  et  basse  justice  avec 
rappel  devant  notre  sénéchal  du  marquisat  de  Magnac. 

H  Plus  joignant  nostre  dite  enclave  de  Saint-Maurice  et  suivant  loJ. 
contour  de  nostre  territoire  circonscrit,  nous  appartient  le  bourg  et 
paroisse  d'Arnac  avec  droits  de  fort  et  fossez  et  choses  en  dépendant 
dons  ledit  bourg;  laquelle  paroisse  dWrnac  nous  appartient  à  la  réserve 
des  villages  de  la  Salesse,  Lage  du  Lac,  Margot,  Ruffet,  Rufasson,  Dei- 
champs,  L'Héritière,  Puyroger  et  la  Villaubrun,  lesquels  villages  sont 
de  l'élection  du  Blanc,  généralité  de  Bourges,  et  sénéchaussée  de  Mont- 
morillon.  Tout  le  reste  de  4a  dite  paroisse,  qui  nous  appartient,  estant 
de  même  sénéchaussé,  destroit  et  généralité  que  tout  le  reste  de  nostre 
dit  territoire  circonscrit  et  la  dite  paroisse  est  bornée  et  limitée  du  costé 
d'orient  par  la  (paroisse  de  la  ville  de  la  Souterraine,  (|ui,  comme  dit 
est,  despend  de  la  province  de  Limousin  et  du  parlement  de  Guyenne, 
et  p^r  la  paroisse  de  Versillac,  et  du  côté  de  septentrion  par  les  bourgs 
et  paroisses  de  Mailhac  et  Saint-Sulpice  qui  sont  de  la  susdite  élection 
du  Blanc  et  généralité  de  Bourges,  sénéchaussée  de  Montmorillon. 
(Arch.  nat.  P.  5733-3972)  >.. 

Pierre  de  Laval  élant  décédé  en  1687,  Marie  de  Salignac  épousa 
en  secondes  noces  son  cousin  germain,  Henri-Joseph  de  Salignac- 
Fénelon,  frère  du  fameux  archevêque. 

Les  s'*  d*Arnac  furent  ensuite  Gui- André  de  Laval  (1686-1745), 
et  Gui-André-Pierre,  fils  du  précédent  (1723-1794),  maréchal  de 
camp,  lieutenant-général  puis  maréchal  de  France.  En  1780,  il 


(1)  Le  Dict.  des  Fiefs  de  M.  Gourdon  de  Genouillac  attribue  cette 
érection  k  un  Arnac  sis  en  Languedoc;  le  Dirl.  d'Expilly  hésite  entre 
les  V  p*»***  qui  portent  ce  nom. 


598  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

obtint  du  roi  Térection  en  duché,  sous  le  nom  de  Laval,  du  mar- 
quisat de  Magnac  et  de  la  baronnie  d*Arnac. 

Le  bourg  d'Arnac,  vu  des  éminences  voisines,  est  fort  pittores- 
que :  il  émerge  des  frondaisons  des  chênes,  ramassé  autour  de  son 
église,  sur  un  petit  monticule  qui  parait  occuper  le  centre  d'une 
plaine  fortement  vallonnée. 

De  près,  l'impression  est  différente  :  les  abords  en  sont  difficiles, 
les  rues  malpropres,  escarpées,  tortueuses,  la  place  bosselée,  iné- 
gale, seule  un  peu  curieuse  à  cause  du  portail  fortifié,  la  plupart  des 
maisons  vieilles,  décrépites  et  bâties  sans  souci  de  Talignement. 

Enserré  de  toutes  parts  par  de  grands  domaines,  le  bourg  ne 
s'accroîtra  que  difficilement.  Il  possédait  55  m.  en  1745(1);  le 
recensement  de  1901  donne  108.  Sa  population  était  de  266  h 
en  1793,  364  en  1846,  349  en  1856,  415  en  1901. 

Les  registres  de  La  Souterraine  nous  apprennent  qu'un  grand 
incendie,  qui  dura  du  12  au  13  septembre  1615,  consuma  dans  le 
bourg  12  à  13  maisons  (Note  de  M.  Bellet). 

Certaines  maisons  portaient  des  noms  particuliers  dus  sans 
doute  aux  enseignes  ou  sculptures  qui  les  décoraient.  C'est  ainsi 
que  nous  pouvons  citer  La  Croix  Blanche  (1705);  la  maison  du 
Châtaignier  (1734);  la  maison  de  La  Lancette,  à  trois  étages, 
appartenant  de  1729  à  1775  aux  chirurgiens  Mondelet.  La  maison 
de  Quarante  Ans  (1745),  joignant  au  chemin  qui  va  au  Seux,  à 
droite;  la  maison  de  r£cu(1771). 

L'appellation  de  rue  d'Enfer  donnée  à  une  des  rues  d'Arnac,  à  la 
pente  raide,  parait  toute  moderne. 

La  situation  d'Arnac  sur  une  grande  route  royale  lui  valut  cer- 
taines visites  :  quelques-unes  purent  être  agréables,  d'autres  pas  ! 

En  avril  1440,  Charles  VII  allant  du  Dorât  à  Guéret,  au  moment 
de  la  guerre  de  la  Praguerie,  y  séjourna. 

Au  commencement  de  sept.  1544,  c(  une  grande  bande  de 
Gascons,  gens  sans  adveu  »,  qui  était  au  nombre  de  4.000  hommes 
de  pied  et  de  500  chevau-légers, après  s'être  abattue  sur  la  Touraine, 
le  Poitou  et  le  Berry,  où  elle  avait  «  faict  des  maux  infinis  et  détruit 
plusieurs  gros  bourgs  et  villes  closes  »,  se  donna  Arnac,  «  le  droict 
chemin  de  Paris  »,  comme  point  de  ralliement,  avant  d'envahir  le 
Limousin,  sous  le  commandement  du  baron  de  Bèze.  A  celle  occa- 


(1)  D'après  le  terrier  maintes  fois  cité  qiii  nous  indique  qu'à  la  même 
époque  on  trouvait  dans  le  bourg  :  21  chevaux  dont  7  chevaux  de  poste 
chez  Ytier,  3  mules,  10  boeufs,  30  vaches,  226  brebis,  19  chèvres, 
32  cochons  et  9  ruches. 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  599 

sion,  il  n'esl  pas  douteux  qujs  notre  bourg  fut  rois  à  feu  et  à  sang. 
(Reg.  cons,,  1. 1,  p.  387  ;  Bonaventure,  p.  771). 

Après  le  procès  de  Montmorency,  Louis  XIII,  revenant  de  Tou- 
louse à  Paris,  pa3sa  par  Limoges,  où  il  coucha  le  9  nov.  1632; 
le  10,  il  était  à  Morterolles  (1)  ;  le  lendemain,  Pierre  Robert,  lieu- 
tenant général  de  la  Basse-Marche,  dont  il  devait  traverser  la 
circonscription,  se  rendit  à  Arnac  pour  le  recevoir,  comme  il  le 
raconte  dans  ses  mémoires  : 

Je  lui  fis  une  harangue  en  pleine  campagne,  près  du  bourg  de  Dar- 
nac  {sic);  j'étois  accompagné  de  plusieurs  officiers  et  habitans  du  Dorât. 
Nous  le  trouvâmes  dans  un  petit  carosse  qui  avoit  le  fouet  à  la  main  et 
le  menoit  tout  seul  et  n'y  avoit  que  lui  dans  led.  carosse  et  quand  il  fut 
près  d'Arnac,  il  monta  h  cheval  et  avoit  un  manteau  d'écarlate. 

Je  fus  tellement  transi  que  je  ne  pus  jamais  me  ressouvenir  du  pre- 
mier, mot,  si  bien  que  je  lui  en  fis  sur  Dicure  mesme  un  autre  de  cette 
sorte  :  plusieurs  grands  personnages  sont  demeurés  courts  en  parlant. 

Mon  harangue  finie,  il  eut  grand  peine  à  nous  dire  :  ienés-moi  cela  et 
je  vous  teroi  bon  roi,  car  il  ne  pouvoit  parler  qu'avec  une  grande  peine, 
mais  il  avoit  un  fort  bon  jugement  et  étoit  adroit  à  toutes  sortes  d'exer- 
cice que*  Ton  lui  put  montrer.  Madame  la  princesse  de  Condé  arriva 
aussi  en  ces  quartiers  et  logea  à  Magnac,  qui  suivoit  le  roi.  (D.  Fonte- 
neau,  t.  31,  p.  577,  et  t.  45,  p.  167.) 

Les  registres  révolutionnaires  d*Arnac  paraissent  perdus,  aussi 
ne  possédons-nous  rien  sur  le  grand  mouvement  populaire  dans 
le  bourg. 

La  tradition  rapporte  que  pendant  les  trois  journées  de  la  Peur, 
les  femmes  et  les  enfants  se  réfugièrent  sur  les  voûtes  de  Téglise 
où  on  avait  entassé  des  pierres  pour  servir  de  projectiles. 

Une  société  populaire  existait  en  1793,  et  à  la  même  époque,  un 
notaire  du  bourg,  Barret,  était  administrateur  du  district  et  membre 
du  comité  de  salut  public  du  département. 

Le  27  janv.  1814,  le  pape  Pie  VII,  rentrant  de  captivité  sous  la 
conduite  du  capitaine  Lagorce,  traversa  la  commune  d'Arnac  et 
s'arrêta  pour  déjeuner  à  la  Villeaubrun. 

Enlin,  au  dernier  siècle,  Arnac  fut  le  théâtre  d'une  curieuse 
émeute  qui  eut  pour  motif  la  suppression  du  bureau  de  Tenregis- 
irement. 

En  1843,  les  démarches  réitérées  des  habitants  de  Saint-Sulpice 
pour  obtenir  au  cheMieu  du  canton  le  transfert  du  bureau  de  Ten- 
registrement  furent  couronnées  do  succès,  et  on  leur  donna  salis- 

(1)  Le  11,  il  coucha  à  Saint-Benoit.  Cf.  Pièces  fugitives  pour  servir  k 
Vhistoire  de  France,  1759,  p.  125. 


600  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

faction  par  arrêté  du  13  juin  1843.  Les  habitants  d'Ârnac,  qui 
avaient  mis  tout  en  œuvre  pour  assurer  sa  conservation,  furent 
vivement  affectés  de  cet  insuccès,  et,  les  têtes  se  montant,  jurèrent 
Ide  le  conserver  par  la  force.  Le  28  juil,  prévoyant  des  difficultés, 
Fadminislration  envoya  un  vérificateur,  M.  Coudert  de  la  Vilatte, 
pour  assister  à  l'opération  du  transfert.  Le  receveur,  M.  Sainta- 
raille,  le  mit  au  courant  de  la  situation,  et  il  put  se  rendre  compte 
que  les  esprits  étaient  fort  montés  et  quil  était  bon  de  prendre 
quelques  mesures  de  précaution.  Le  maire  n'était  pas  de  cet  avis 
et  jugeait  que  tout  se  passerait  sans  incident,  à  tel  point  qu*il  ne 
crut  point  devoir  différer  un  voyage  projeté. 

Le  vérificateur,  qui  avait  essuyé  maintes  menaces  et  injures,  ne 
partageait  pas  cet  optimisme.  Il  fit  prévenir  le  brigadier  de  gendar- 
merie de  Boismandé  et  pria  le  curé  de  conserver  chez  lui  les  clés 
du  clocher  pour  éviter  qu'on  ne  sonnât  les  cloches. 

Le  1*'  août,  jour  fixé  pour  le  déménagement  du  bureau,  des  char- 
rettes vinrent  à  5  h.  du  matin  pour  enlever  les  registres.  Déjà  on 
remarquait  dans  le  bourg  un  mouvement  inusité  et  quand  les  voi- 
tures se  montrèrent,  il  se  forma  des  groupes  discutant  avec  anima- 
tion sur  le  parti  à  prendre.  Tout  à  coup  le  tocsin  sonne  et  la  foule 
envahit  la  place.  La  brigade  de  gendarmerie  qui  s'était  tenue 
cachée  survient  au  trot  et  couvre  les  papiers  administratifs.  Il  y  eut 
un  moment  de  stupeur  bientôt  passée  et  la  foule,  rendue  furieuse 
par  cette  intervention,  vocifère  de  plus  belle,  réunissant  dans  une 
même  haine  agents  et  gendarmes.  En  vain  le  vénérable  adjoint, 
vieillard  octogénaire  et  fort  aimé,  s'emploie-t-il  pour  calmer  ses 
administrés,  en  vain  les  agents  représentent-ils  qu'ils  ne  font 
qu'exécuter  un  ordre  de  l'autorité  supérieure,  les  habitants  s'exas- 
pèrent de  plus  en  plus.  A  une  sommation  des  gendarmes  d'em- 
ployer la  force,  une  centaine  d'individus,  armés  de  faux  et  de 
fourches,  excités  par  les  vociférations  d'une  multitude  surtout 
composée  de  femmes  ivres  de  colère,  se  précipitent  pour  enlever 
les  voitures  qu'on  a  grand  peine  à  protéger. 

Le  tocsin  sonnant  toujours,  la  foule  s'accroissant  de  la  popula- 
tion des  villages  voisins  et  parlant  d'incendier  les  voitures,  le  véri- 
ficateur, d'accord  avec  le  brigadier  et  l'adjoint,  reconnut  qu'il  était 
impossible  de  faire  plus  longue  résistance  et  donna  l'ordre  de 
décharger  les  charrettes  ;  de  suite  l'émeute  s'apaisa. 

Sur-le-champ,  on  envoya  à  Limoges  un  exprès  pour  mettre  au 
courant  les  autorités.  Le  soir  même,  le  maire,  qu'on  était  allé  pré- 
venir, partit  aussi  pour  Limoges,  accompagné  d'un  délégué. 
L'administration  ne  pouvait  revenir  sur  le  parti  qu'elle  avait  arrêté, 
et  le  2  août,  le  directeur  prévenait  le  vérificateur  que  le  transfert 


MONOGRAPHIE   DU   CANTON    DE   SAINT-SCLPICE-LES-FEUILLES  601 

aurait  lieu  sous  la  prateclion  de  la  force  armée  qui,  se  roetlaot  en 
marche  le  soir  même,  arriverait  le  lendemain. 

L*émeute  couvait  toujours,  et  quand  le  vérificateur  voulut  repren- 
dre le  chargement  de  ses  registres,  il  ne  put  trouver  personne 
qui  consentit  à  lui  louer  une  charrette;  les  marchands  refusè- 
rent même  de  vendre  les  cordes  nécessaires  à  remballage  des 
archives. 

Le  3  août,  de  très  grand  matin,  la  brigade  de  Boismandé  s  ins- 
talla à  Arnac;  trois  autres  brigades,  sous  le  commandement  d'un 
lieutenanl,  vinrent  bientôt  la  rejoindre;  elles  étaient  accompagnées 
du  procureur  du  roi  et  du  juge  d'instruction  de  Beliac. 

A  l'arrivée  de  cette  force  armée,  le  tocsin  sonne  à  nouveau  et 
les  gens  du  bourg,  bientôt  renforcés  de  ceux  de  la  campagne, 
armés  de  faux,  de  fourches  et  de  bfttons,  se  précipitent  au  bureau 
de  l'enregistrement  et  en  prennent  possession,  en  refusant  Taccès 
aux  agents  et  aux  magistrats  :  tous  les  pourparlers  sont  inutiles  ; 
le  juge  dlnstruction,  qui  veut  entrer  dans  Téglise,  est  menacé  d'un 
coup  de  fusil,  et  bientôt  une  lutte  corps  à  corps  s'engage  avec  les 
gendarmes  qui,  finalement,  ont  le  dessous  et  sont  mis  en  fuite  à 
coups  de  pied  et  à  coups  de  poing  :  vingt  gendarmes  contre  quatre 
cents  individus  afTolés. 

Les  habitants  des  communes  voisines,  intéressés  au  maintien 
du  bureau,  viennent  grossir  la  foule  menaçante;  les  magistrats 
prennent  alors  le  parti  de  se  retirer  dans  une  maison  voisine  et  d'y 
commencer  une  instruction  judiciaire.  Mais  après  avoir  reçu  les 
dépositions  du  vérificateur  et  du  receveur,  ils  sont  obligés  de  clore 
sous  les  yeux  moqueurs  de  la  foule,  faute  de  témoins  ou  de  préve- 
nus à  interroger. 

Tout  à  coup,  on  entend  un  bref  commandement,  un  cliquetis  de 
sabres,  un  piaffement  de  chevaux  :  c'est  un  escadron  de  chasseurs 
qui,  au  trot,  charge  la  multitude  ébahie  de  cette  intervention  sou- 
daine  et,  malgré  ses  cris  et  ses  huées,  la  rejette  des  abords  du 
bureau.  Le  préfet,  le  commandant  de  la  gendarmerie  de  la  Haute- 
Vienne  et  le  procureur  général  dirigeaient  eux-mêmes  cette  opéra- 
tion exécutée  sans  effusion  de  sang. 

Craignant  un  retour  offensif,  on  réquisitionna  une  charrette  et 
de  suite  les  archives  y  furent  placées.  Immédiatement  sous  la  pro- 
tection de  huit  gendarmes  et  de  chasseurs,  le  convoi  se  mit  en 
marche  et  arriva  sans  encombre  à  Saint-Sulpice. 

Les  magistrats,  à  l'abri  de  la  force  armée,  purent  reprendre  leur 
enquête  à  la  suite  de  laquelle  les  habitants  les  plus  compromis 
lurent  traduits  en  cour  d'assise  et  gratifiés  de  quelques  mois  de 
prison. 


602  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

L^église  d'Arnac,  dont  la  flèche  se  voit  de  fort  loin^  est  on 
monument  du  xu*  s.,  remanié  aux  xiii*  et  xiv*  s.  Elle  a  la  forme 
d'un  rectangle  avec  chevet  droit  et  est  orientée  selon  les  rites;  les 
murs  N.  et  S.  sont  soutenus  par  de  puissants  contreforts  diminués 
vers  leur  milieu  par  un  retrait  et  moins  élevés  que  le  toit  ;  d'au- 
tres contreforts  buttent  le  chevet  et  le  clocher. 

La  grande  porle  est  percée  dans  la  muraille  S.,  la  petite,  dans 
la  muraille  0.  La  première  est  décorée  de  chaque  côté  par  trois 
colonnettes  à  chapiteaux  ornés  de  crochets  rappelant  le  mode  corin- 
thien ;  de  ces  chapiteaux  partent  des  archivoltes  formant  Togive. 
Au-dessus,  deux  corbeaux  de  pierre  indiquent  qu'un  auvent  pré- 
cédait cette  porte. 

Tout  autour  de  Téglise  règne  une  couronne  de  modillons,  les 
uns  frustres,  les  autres  à  figures  humaines. 

Lintérieur  de  Téglise  est  divisé  en  cinq  travées  par  des  colonnes 
appliquées  sur  les  murs  et  réunies  par  des  arcs  doubleaux;  qua- 
tre  travées  sont  voûtées  par  des  croisées  d'ogive.  La  retombée  des 
arceaux  et  des  arcs  doubleaux  repose  sur  les  chapiteaux  des 
colonnes  qui  sont  flanquées  de  chaque  côté  de  figures  grotesques. 

Le  mur  N.  est  aveugle;  celui  du  S.  est  percé  de  trois  fenêtres  en 
plein  ceintre  plus  étroites  vers  l'extérieur  et  fort  élevées  au-dessus 
du  sol.  Au  chevet  se  trouve  une  ouverture  ogivale. 

Sur  la  première  travée,  à  TO.,  s*élève  un  massif  clocher  carré 
supporté  à  rintéricur  par  deux  arcs  en  ogives  perpendiculaires  à 
Taxe  de  l'église;  celui  du  S.  présente  cette  particularité  d'avoir  ses 
deux  branches  inégales,  peut-être  par  suite  d'un  tassement.  Ce 
clocher  est  contrebutté  par  de  puissants  contreforts  ;  il  est  percé 
de  quatre  fenêtres  ogivales  et  surmonté  d'une  flèche  aigiie  cou- 
verte d'ardoise. 

Bien  probablement  pendant  les  guerres  anglaises,  on  mit  cette 
église  ec  état  de  défense  :  on  l'entoura  de  murailles  sur  lesquelles 
s'appuyèrent  plus  tard  des  maisons  et,  de  chaque  côté,  sur  les 
contreforts  du  milieu,  on  construisit  des  échauguettes  cylindriques, 
crénelées  et  percées  d'archères. 

Une  sorte  de  tour  carrée  à  base  légèrement  pyramidale,  qui 
existe  encore,  permettait  d'entrer  dans  cette  enceinte  ;  elle  est  per- 
cée de  deux  portes  :  une  petite,  carrée,  de  0"50  de  large;  une 
grande,  ronde,  de  1"40  de  large.  L'étal  de  la  construction  démon- 
tre qu'il  n'y  avait  ni  pont-levis  ni  herse.  Les  gonds  sont  encore 
visibles  à  l'intérieur  et  derrière  la  grande  porte  se  trouvent  des 
encoches  destinées  à  recevoir  une  barre  de  sûreté. 

Ces  deux  portes  donnent  accès  à  un  porche  voûté  en  berceau,  à 
droite  et  à  gauche  duquel  se  trouvent  pratiquées  dans  l'épaisseur 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  603 

(lu  mur,  et  à  1""  do  sol,  deux  niches  disposées  avec  banquettes  de 
chaque  côté  comme  le  sont  les  fenêtres  des  châteaux  du  moyen 
âge.  Elles  mesurent  i^AO  de  haut  sur  l^^OS  de  large;  chacune 
pouvait  abriter  deux  hommes  assis. 

Ce  portail  est  couronné  de  créneaux  et  de  mâchicoulis  restaurés 
il  y  a  une  trentaine  d*années. 

Cet  ensemble  est  désigné  dans  les  documents  sous  le  nom  de 
fort{\). 

Celle  église  ëlait  placée  autrefois  sous  Tinvocalion  de  Saint-Julien- 
de-Brioude;  acluellemenl  elle  est  sous  le  patronage  de  Saint-Mar- 
tial. Elle  était  à  la  présentation  du  prévôt  de  Sainl-Benoit-du-Sault. 

Le  curé,  ne  possédant  pas  les  grosses  dîmes  de  la  paroisse,  était 
à  portion  congrue  que  lui  payaient  les  décimateurs;  le  prieur  no- 
tamment devait  lui  fournir  le  pain,  le  vin  et  le  luminaire  nécessaire 
au  service,  ainsi  que  l'huile  pour  la  lampe.  (B.,  268). 

En  4771,  rapporte  le  curé  Plaignaud,  eut  lieu  dans  cette  église 
une  fameuse  mission  qui  attira  un  concours  immense  de  population  ; 
le  dimanche  avant  la  Toussaint  plus  de  5.000  personnes  y  assis- 
tèrent. Elle  fut  prôchée  par  MM.  Peitavi,  de  la  Gasnerie,  supérieur, 
de  Chabans,  de  Cabanis,  Goursaud,  Senemaud,  tous  de  la  mission 
de  Limoges.  (Ë.  G.). 

Dix  ans  plus  tard,  durant  la  semaine  de  Noël  une  grande  retraite 
y  fut  préchée  par  dix  prêtres  :  MM.  Lacoux,  Ducoux,  Boussi,  Queiroi, 
Barret,  Maurat,  Hébré,  Décressac,  Démousseau,  Dardant,  le  vicaire, 
et  le  curé.  Une  foule  considérable  s*y  rendit;  on  y  vit  3.000  com- 
muniants :  nobles,  croix  de  Saint-Louis,  bourgeois;  «  les  gens  de 
malloute,  employés,  contrôleurs,  vérificateurs  s'y  présentèrent  et 
quelques-uns  communièrent  ».  Durant  toute  une  semaine  Téglise 
ne  désemplit  pas;  «  qui  le  croiroit,  des  nobles  délicates  demeu- 
roient  pliées  dans  leurs  pelisses  depuis  6  h.  du  matin  jusqu'à  6  h. 
du  soir,  ravies  en  extase  »  (E.  C). 

Les  curés  Plaignaud,  les  organisateurs  de  ces  grands  mouve- 
ments, jouèrent  un  rôle  considérable  dans  la  vie  d'Àrnac  à  cette 
époque;  Tun  d'eux  fut  même  en  1785  adjoint  à  l'administration 
provinciale  du  Berry  ;  ils  méritent  une  courte  notice. 

Jean-Bapliste  Plaignaud,  le  premier  curé  de  ce  nom,  était  né  à 
Ozillac,  près  Chaleauponsac  en  1718  ;  ordonné  prêire  en  1742  il  fut 
pendant  30  mois  vicaire  à  Saint-Pardoux,  et  vint  professer  les 

(1)  Un  document  du  xv«  s.,  que  nous  signalons  plus  loin,  dit  que  ce 
que  Ton  appelle  fort  à  Lussac  n'est  autre  que  Téglise  fortifiée  au  temps 
des  guerres  anglaises. 


604  SOGIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

basses  classes  au  séminaire  de  Magnac;  il  resta  4  ans  dans  ce 
poste,  puis  son  aptitude  à  renseignement,  sa  parole  facile  et  ornée, 
lui  firent  confier  la  chaire  de  rhétorique  :  il  y  resta  dix  ans.  «  Pour 
des  raisons  aussi  légitimes  qu'on  les  a  crues  frivoles  »,  il  demanda 
à  aller  comme  vicaire  à  BrigueiUle-Ghantre.  La  cure  d'Arnac  étant 
devenue  vacante,  M.  Girard,  supérieur  du  séminaire  de  Limoges 
et  grand  vicaire,  posa  sa  candidature  à  son  insu  et  la  fit  réussir  le 
6fév.  1759.  (E.C.). 

«  Très  bon  prêtre,  grand  travailleur,  a  du  talent  pour  Tédacation 
de  la  jeunesse  »,  ainsi  le  note  Tévéque  de  Limoges  qui  ajoute, 
comme  correctif,  qu'il  embrasse  trop  de  choses  à  la  fois. 

A  Arnac,  en  elTet  M.  Plaignaud  organisa  un  véritable  pensionnat 
qui  jouissait,  grâce  à  son  directeur,  d'une  légitime  renommée,  à 
tel  point  qu'on  y  venait  de  fort  loin  ;  les  élèves  étaient  poussés 
jusqu'en  rhétorique. 

Surmené  par  toutes  ses  occupations,  il  fut  frappé  le  6  mai  1769 
d*une  attaque  de  paralysie;  on  le  conduisit  plusieurs  années  de 
suite  aux  eaux  de  Néris,  mais  il  ne  retrouva  jamais  complètement 
la  mémoire  et  le  langage.  Chose  curieuse,  il  conserva  cependant 
Tusage  du  grec  et  de  l'hébreu,  surtout  de  cette  dernière  langue 
qu'il  écrivait  encore  couramment.  Une  nouvelle  attaque  l'emporta 
le  10  juil.  1770  ;  il  fut  inhumé  dans  sa  paroisse  natale. 

S'inléressant  également  aux  recherches  historiques,  il  déchiffrait 
tous  les  parchemins,  et  se  proposait  de  composer  une  histoire  de 
la  cure  et  communauté  des  prêtres  d'Arnac.  Tous  ses  papiers  pa- 
raissent perdus.  (E.  C.)« 

Son  frère,  aussi  prénommé  Jean-Baptiste,  qui  l'aidait  déjà  comme 
vicaire  et  comme  professeur,  lui  succéda  :  «  on  peut  lui  appliquer 
les  mêmes  notes  qu'au  précédent  »,  dit  l'évêque  de  Limoges.  Il  a 
laissé  dans  les  registres  d'état>civil  des  notes  intéressantes. 

Dans  la  région,  de  nombreuses  églises  avaient  des  communautés 
de  prêtres  qui  devaient  aider  le  curé  dans  ses  fonctions  :  celui-ci 
en  était  généralement  le  chef  ou  syndic.  Nous  en  trouvons  à  la 
Souterraine  en  1216,  à  Saint-Maurice,  à  Bellac,  à  Lussac.  Arnac 
aussi  en  possédait  une  sur  laquelle  nous  n'avons  que  de  rares  ren- 
seignements; nous  n'avons  pu  retrouver  ses  statuts. 

Elle  est  mentionnée  dès  1519.  Au  xvui*  s.  elle  ne  se  composait 
que  de  deux  ou  trois  prêtres;  le  curé  portait  le  titre  de  syndic.  A 
cette  époque,  les  admissions  sont  constatées  par  acte  notarié  : 
devant  la  communauté  assemblée,  le  récipiendaire  demande  à  être 
admis  comme  communaliste,  «  il  offre  à  faire  le  service  accou- 
tumé et  à  satisfaire  à  toutes  les  charges  et  fournir  à  tous 
frais  qui  y  pourroient  arriver  pour  la  conservation  de  lad.  commu- 


Monographie  du  cantoW  de  SAiNT-sULPtcE-LEs-PEùiLLES         60b 

nauté  en  obéissant  aux  ordres  el  statuts  de  lad.  église  et  commu- 
nauté de  Saint-Julien  d'Arnac  ».  Il  constitue  ensuite  une  renie  per- 
pétuelle de  24  s.  Après  son  admission,  il  prèle  serment.  (H.  N.). 

Cette  communauté  possédait  des  renies  sur  Sainl-Somin,  la  Sal- 
lesse,  etc.  Elle  percevait  indivisément  avec  le  curé  de  Saint-Amand- 
Magnazeix  le  quart  des  dîmes  de  cette  p'*. 

Arnac  avait  aussi  un  prieuré,  qui,  sous  le  même  patron  que  la 
cure,  était  comme  elle,  à  la  présentation  du  prévôt  de  Saint-Benoit 
du-Saull. 

I^  majeure  partie  des  dîmes  de  la  p'*  lui  appartenait  :  d'après  le 
terrier  de  1745  les  dîmes  de  grains  et  gros  fruits  qui  se  levaient  à 
la  onzième  gerbe,  produisaient  480  set.,  de  grains  au  prieur,  60  au 
s' du  Martinet  et  30  au  prieur  de  Vitrac;  elles  étaient  estimées  en 
totalité  2.055  I.  Les  menues  dîmes,  qui  consistaient  en  agneaux  et 
chanvres,  appartenaient  au  curé. 

Au  xvu'  s.  le  service  de  prieuré  se  faisait  dans  Téglise  d'Arnac. 

Le  mobilier  de  Téglise  n'était  pas  très  riche  :  un  inventaire 
dressé  le  17  août  1758  mentionne  deux  calices,  l'un  de  vermeil, 
Taulre  d*argenl,  avec  leurs  patennes,  deux  mauvaises  pâlies,  deux 
Porte-Dieu  assez  en  état,  une  boite  de  Saintes  huiles  en  étain  com- 
mun el  un  encensoir  sans  navette  assez  bon.  (M.  N.) 

En  1771  lors  de  la  destruction  de  l'abbaye  de  Grandmond  on 
accorda  à  l'église  d'Arnac  un  reliquaire  précieux. 

Ce  reliquaire  plusieurs  fois  reproduit  par  la  gravure  parait  être 
du  milieu  du  xm*  s.  Il  a  figuré  à  diverses  expositions. 

Il  consiste  en  un  plateau  de  cuivre  doré  et  gravé  à  six  lobes  por- 
tant six  flacons  de  cristal  de  forrhes  diverses  avec  montures  et  cou- 
vercles en  cuivre;  au  milieu  se  trouve  une  burette  plus  haute 
placée  sur  une  sorte  de  piédestal  el  surmontée  d'un  couvercle  de 
cristal  terminé  par  une  croix.  Des  agrafes  qui  subsistent  à  ce  pla- 
teau indiquent  qu'il  devait  être  orné  de  pendeloques.  Il  est  supporté 
par  un  pied  à  six  lobes  orné  de  filigranes  d'une  délicatesse  infinie, 
de  cabochons,  de  pierreries  et  d'intaiiles;  Tune  de  ces  dernières 
représente  un  personnage  barbu  avec  les  lettres  G.  I. 

Avant  d'atteindre  le  plateau  le  pied  se  renfle  en  forme  de  pomme 
couverte  de  la  même  décoration. 

La  hauteur  de  ce  reliquaire  est  de  0.292,  son  diamètre  de  0.15. 

On  a  fait  ressortir  l'analogie  qu'il  présentait  avec  le  fameux 
ciboire  d'Alpais  conservé  au  Musée  du  Louvre  (1). 


(1)  Bibliographie  :  Kl'pin,  VCEuvre  de  Limoges,  pi.  XLIIl;  Palustre 
et  Barbier  de  Montault,  Orfèvrerie  et  émaillerie   limousines,   pi.    XXI; 


606  SOClérÉ   AncilÈ0L0(ÎIQLrU   Et  lltâTOlUQCE    DU    LtMOUStN 

Elle  en  possédait  un  autre  qui  avait  été  envoyé  de  Rome  au  curé 
par  révêque  de  Porphyre  le  22  janvier  1776  ;  d'après  un  procès- 
verbal  du  1''  mars  1777,  il  avait  la  forme  d'un  ostensoir  en  bois 
doré  en  plein,  d'environ  un  pied  de  haut,  ayant  par  devant  une 
ouverture  en  oval  de  la  longueur  de  4  pouces,  fermée  d'un  verre  ; 
à  rintérieur,  se  trouvait  un  ossement  ayant  une  tille  de  papier  avec 
ces  mots  :  S.  Exuperantii.  (Arch.  dép.,  Evéché). 

Le  clocher  renferme  trois  cloches  :  la  plus  petite  et  aussi  la  plus 
ancienne  du  canton  porte  : 

S.  M.  MAGDALENA  ORA  PRO  NOBIS.  Te  Deum  Laudamus. 

L'invocation  est  en  capitales  gothiques  ornées  ;  les  mots  Te  Deum 
Laudamus  en  minuscules  gothiques. 

Celte  inscription  est  accompagnée  par  deux  médaillons  carrés  : 
^^  sous  un  dais  renaissance,  Ecce  Homo  avec  le  coq  et  les  instru- 
ments de  la  Passion  ;  2^^  sous  un  dais  identique,  Vierge,  le  poing  sur 
la  hanche,  tenant  TEnfant  qui  étend  le  bras  vers  un  hibou  placé  à 
sa  gauche;  à  droite  de  la  Vierge,  oiseau  semblable.  Deux  autres 
oiseaux,  sans  doute  des  cigognes,  accostent  la  Vierge  à  droite  et  à 
gauche  en  tendant  leurs  longs  becs  vers  elle. 

Ces  deux  médaillons  paraissent  absolument  identiques  à  ceux 
dessinés  par  M.  Lecler  sur  la  cloche  de  Saint-Aignant-de-Versillac 
datée  de  1490;  c'est  sans  doute  l'œuvre  du  même  fondeur. 

Sur  les  cinq  cloches  possédées  à  la  Révolution  par  Arnac,  quatre 
ayant  été  détruites  à  cette  époque  et  la  cinquième  étant  décrite  ci- 
dessous,  cette  petite  cloche  est  étrangère  à  notre  église.  Le  voisi- 
nage du  prieuré  de  Mas-Rimoulet  (aujourd'hui  Marmoulé,  com.  de 
Saint-Hilaire-la-Treille),  qui  était  Justement  sous  l'invocation  de 
Marie-Madeleine,  nous  porte  à  croire  qu'elle  en  provient. 

Sur  la  grosse,  on  lit  : 

^  IHS  MARIA  s  ...  LIANE  S  MARCIALI  ORA  PRO  NOBlS  MESIR  JEHAN  GAIOT 
CURE  D  ARNAG  M'^E  lEHAN  PERREAV  P  VICAIRE  DV  PRIEVR  D  ^  PIERRE  DE 

'^  BLON  ESGV  SEIEVR  DE  LA  SALLE  PARRAIN  0AME  CHARLOTTE  RESNAVD 
FEMME  DE  M*^E  F  MOREAV  SIEVR  DES  ROSIERS  MARINE  1623 

S  SEBASTIEN  S  D  ARNAC  M  lEHAN  MARCOVL  N  R  A  FAVR  P  P 

Au-dessous,  une  couronne  de  fleurs  de  lis  et  plus  bas  la  marque 
du  fondeur  :  une  cloche  avec  en  exergue  :  Pierre  ,..not\  le  com- 
mencement du  nom  n'est  pas  venu  à  la  fonte  ;  à  côté  et  à  droite  du 
médaillon  les  initiales  /.  G. 

GuiBERT  elTixiER,  L*Art  rétrospectif,  pi.  XXXVIII  ;  Mieusbmbnt,  Album, 
pi.  X;  Catalogue  de  f Exposition  de  Limoges,  n.  26,  Orfèvrerie;  Texjbr, 
Dict.  d'Orfèvrerie,  col.  853. 


MOKOGIIAPIIIE    DU    CANTON    DE    SAtNT-SULPlCE-LES-FEUILLKS  607 

En  général,  les  lettres  sont  assez  mal  venues;  à  la  première  ligne 
on  peut  restituer  :  Jvliane;  orale;  messire;  prêtre;  à  la  deuxième  : 
escHier;  seigneur;  François;  à  la  dernière  :  pcul-élre  Sébastien^ 
syndic  d'Arnac;  Jean  Marconi^  notaire  royal;  A,  Faure,  procureurs 
(de  fabrique)? 

On  ne  retrouve  pas  dans  les  listes  de  fondeurs  de  M.  Berlhelé  et 
de  M.  Lecler  de  noms  pouvant  s'appliquer  à  notre  Pieire  ...nol; 
les  letlres  /.  G.  sont  sans  doute  les  initiales  du  compagnon 
fondeur. 

La  troisième,  moyenne  cloche,  porte  : 

K  L'an  1862,  j'at  été  bénite  et  nommée  Amélie-Marie.  J'ai  eu  pour 
parrain  M'  Mathieu  Guillemain,  mon  donnateur,  né  à  Peuroger,  de  la 
commune  d'Arnac,  époux  de  feue  M"«  Catherine-Frédérik-Civile  Hél- 
lefTre,  et  pour  marraine  M^^^  Marie-Pauline  Asseline,  épouse  de 
M.  Hippolyte-Benjamin  Asseline,  maire.  M.  Jean-Marie  Védrine  étant 
curé  de  la  paroisse  d'Arnac.  Christus  vincit,  Chrislus  régnât,  Christus 
imperat.  Christus  nos  &b  omni  malo  defendat. 

»  Fondue  par  M.  F.  Dutot  et  O*  à  Paris,  fondeur  de  son  ém.  Mgr  le 
cardinal  archevêque  de  Paris.  » 

Sur  la  gorge  se  trouve  l'impression  d'une  fine  dentelle  fleurde- 
lisée; sur  la  robe,  la  crucifixion,  saint  Jean-Baptiste,  la  Vierge  et  un 
écusson  surmonté  d'un  chapeau  de  cardinal  et  portant  d'azur  à 
la  croix  engrêlée  cantonnée  de  4  étoiles. 

Les  registres  nous  font  connaître  d'autres  cloches  aujourd'hui 
défuntes.  Le  18  juin  1761,  le  curé  procède  à  la  bénédiction  de  la 
deuxième  cloche  qui  avait  été  refondue  le  16,  derrière  la  maison 
du  s'  Guillemet,  entrepreneur  ;  elle  coûta  178  l.,  y  compris  20  I.  de 
métal  d'augmentation.  Elle  ne  dura  pas  longtemps,  car  le  procès- 
verbal  ci-après  montre  qu'elle  fut  refaite  en  1775  : 

u  Le  10  du  mois  de  juin  1775  a  été  sollennellement  bénie  la  seconde 
cloche  du  bourg  et  paroisse  d'Arnac,  du  poids  de  770  qui  a  été  fondue 
aux  dépens  des  habitans  de  la  paroisse  qui  ont  donné  des  marques  de 
leur  générosité  en  fournissant  de  vieux  métaîl  de  toute  espèce.  Lad. 
cloche  a  été  fondue  par  le  s'  Jean- Baptiste  Martin  (1),  en  présence  de 
M.  François  le  Cugy,  curé  de  Morterolles,  parrain,  de  Madame  Anne 
Gaucheraud,  épouse  de  M.  Jacques  Poujaud,  notaire  royal  du  Doignon, 
paroisse  de  St-Maurice,  de  Pierre  Poujaud,  praticien,  second  parrain, 
dud.  St-Maurice,  de  Léonard  Gaucheraud,  syndic  fabricien  de  lad. 
paroisse  d'Arnac  et  de  plusieurs  autres  soussignés.  Le  s'  le  Cugy  a 
donné  des  marques  de  sa  générosité  dont  tous  les  habitants  ont  été 
contens. 

(1)  Ce  fondeur,  originaire  de  Breuvanne  (Haute-Marne),  a  travaillé 
en  Limousin  de  1760  à  1788.  (M.  Lecler). 


608  âOCléTè  AUCIlèoLOGlQIÎE    Et    HrSTORIQl)E    DU  LiMOUSiK 

»  Lecugi,  curé  de  Morlerol,  pariii  de  la  cloche  ;  A.  Gaucheraud,  mareine  î 
A.  de  Lavaud  ;  Ytier  de  Beaujour;  Gaucharaud;  J.-B.  Martin,  fondeur; 
Poujaud  du  Villar;  Barret;  Plaignaud  de  Beauséjour  ;  L.  Gaucheraud, 
syndic  fabricien;  Ducoux,  curé  de  St  Hilaire,  visiteur  de  l^église  d'Ar- 
nac.  J.  B.  Plaignaud,  curé  d'Amac-la-Poste,  duché  de  Laval-Montmo- 
rency en  Basse  Marche,  diocèse  de  Limoges. 

»  La  cloche  est  bénite  sous  Tinvocation  de  la  Mère  de  Dieu  par 
M.  Ducoux,  préposé  par  Mgr  Tévêque,  visiteur  de  Téglise  d'Arnac-la- 
Posle.  » 

Le  25  brumaire  1793,  un  citoyen  d'Arnac  signalait  à  la  Société 
des  Amis  de  la  Liberté  et  de  TEgalité  que  la  municipalité  n'avait 
pas  obéi  à  la  loi  sur  la  descente  des  cloches  ;  elles  étaient  encore 
dans  le  clocher  au  nombre  de  5.  Le  i*'  frimaire  suivant,  la  Société 
populaire  d*Arnac  faisait  part  de  la  descente  de  4  cloches. 

L'installation  d'une  horloge  dans  le  clocher  date  au  moins  de 
1770;  le  i^'  fév.  de  cette  année  le  syndic  paye  à  Jean  Baige,  char- 
pentier, 63  I.  10  s.  pour  réparations  au  clocher  «  et  avoir  fait  une 
espèce  d'armoire  aux  reloges  qui  sont  dedans  le  clocher  ».  (M.  N.). 

Arnac  a  possédé  jadis  une  fondation  charitable  sur  laquelle  les 
renseignements  circonstanciés  font  défaut.  Le  16  mai  1670,  Faure, 
prêtre  de  ce  bourg,  confirmant  son  testament  du  26  août  1653, 
donne  une  rente  de  10  1. 10  s.  «  aux  dames  de  la  charité  establyes 
dans  led.  bourg  d'Arnac  et  ce  pour  estre  employées  dans  lad.  cha- 
rité fondée  par  led.  s'  Faure  moyennant  qu'icelles  dames  de  la  dite 
Charité  seront  tenues  de  bailler  et  fournir  les  aulmosnes  et  charilez 
qu'icellui  dict  s'  Faure  a  ordonné  par  sond.  testament  qui  est  à 
chascuns  pauvres  qui  assisteront  à  Tenterrement  dud.  s'  Faure 
chacun  trois  deniers  et  à  trente  pauvres  femmes  chascune  un  bois- 
seau  de  blé  ou  dix  sols  et  quand  au  parsus  de  lad.  rente  icelluy 
s'  Faure  leur  en  a  faict  don  pour  charité  et  aumosnes  hospital- 
liëres  ».  Il  déclare  ne  pouvoir  signer  à  cause  d'une  c(  défluction 
cathéreuse  qui  lui  est  tombée  sur  son  corps  ».  L'acte  ne  porte  pas  son 
prénom,  mais  il  est  fort  probable  qu'il  s'agit  de  «  vénérable  Antoine 
Faure  »,  prêtre,  inhumé  dans  l'église  d'Arnac  le  28  janv.  1672. 

Le  11  av.  1692,  nous  notons  dans  l'état-civil  le  décès  d'une  pau- 
vre femme  survenu  «  entre  les  mains  des  dames  de  la  Charité  de 
celte  paroisse  ». 

Par  son  testament  du  25  sept.  1728,  le  curé  de  Haravaud  lègue 
une  rente  de  15  I.  et  une  somme  de  300  1.  à  l'hôpital  des  pauvres  ; 
le  26  av.  1735,  ses  héritiers  s'engagent  à  verser  ces  sommes  aux 
mains  des  administrateurs. 

Dans  la  suite,  cet  hôpital  fut  transformé  en  simple  bureau  de 
bienfaisance   chargé  de    secourir  les   pauvres.    A  la  fin  d'un 


MONOGRAPHIE   DU    CANTOS    DE    SAINT-SULPICB-LES-FEUILLES  609 

compte  de  fabrique  de  1749,  se  trouve  le  compte  du  revenu 
des  pauvres.  Il  comprend  une  rente  de  4 1.  10  s.  due  par  la  S^  Jac> 
ques,  rente  de  10 1. 10  s.  par  les  héritiers  de  Jacques  Harcoul,  s' des 
Brosses,  rente  de  15  1.  due  par  les  héritiers  du  curé  de  Maravaud 
et  une  rente  de  15  i.  due  par  Jean  Faure,  s' de  Beauvais. 

En  1761-1782,  le  syndic  fabricien  prend  toujours  le  tkre  d'admi- 
nistrateur du  revenu  des  pauvres. 

En  1745-1749,  il  existait  dans  Téglise  d'Arnac  une  confrérie  du 
Saint^crement  ;  de  29  confrères  en  1745,  elle  atteignait  36  en 
1749  ;  elle  comprenait,  en  outre,  4  porteurs  de  dais  ;  la  cotisation 
était  de  6  s.  pour  les  membres  et  de  30  s.  pour  les  porteurs.  Elle 
avait  à  sa  tête  un  baile. 

Une  chapelle  de  Saint-Martial,  sise*  proche  du  village  de  Saint- 
Martial,  est  mentionnée  en  1549.  C'est  sans  doute  la  même  que  la 
chapelle  du  cimetière  où  est  inhumé,  en  1686,  M*  Pierre  Philippe. 

Il  y  avait  deux  cimetières  à  Arnac,  Tun  autour  de  l'église,  rauH*e 
qui  existe  encore.  Dans  Tarpentement  de  1745,  celui-ci  est  dit  tenir, 
sétérée  deux  perches. 

On  y  voit  encore  deux  anciennes  tombes  :  Tune  porte  uae  épée  à 
la  garde  recourbée  et  une  sorte  de  masse  d*armes  à  trois  pointes. 
Sur  l'autre,  se  trouve  une  croix  de  Malthe  évidée  et  placée  à  l'ex- 
trémité d'une  longue  tige  ;  dans  chaque  palmette  de  la  croix  est 
sculptée  une  fleur  de  lis,  le  tout  d'un  travail  fini.  A  droite  de  cette 
hampe  et  en  bas,  on  voit  un  cavalier  d'une  facture  moins  soignée. 

L'interprétation  de  celle  croix  de  Malthe  pourrait  bien  avoir 
donné  lieu  à  la  légende  des  templiers. 

Le  presbytère  a  été  acquis  5.000  fr.  le  5  nov.  1866. 

La  p'*  étant  comprise  dans  deux  généralités  possédait  une  double 
administration  pour  la  perception  de  l'impôt  :  des  collecteurs  pour 
l'enclave  du  Poitou  qui  versaient  au  Blanc  ;  d'autres  pour  le  bourg 
et  le  surplus  de  la  p'*  qui  versaient  à  Limoges. 

Ijes  premiers  étaient  au  xvni*  s.  au  nombre  de  deux,  plus  un 
syndic  ;  ils  levaient  aussi  la  taille  au  Dognon.  En  1602,  les  parleurs 
du  bourg  sont  au  nombre  de  4;  en  1733,  ils  étaient  6,  plus  un 
syndic  ou  porte-bourse. 

En  1706,  le  montant  total  des  impositions  de  la  partie  marchoise 
est  de  5.903  1. 

Le  percepteur  qui,  à  la  Révolution,  succéda  aux  collecteurs,  a 
été  supprimé  vers  1845. 

Le  bureau  de  contrôle  des  actes  qu'on  trouve  à  Arnac  au  com- 
mencement du  xvia*  s.  a  été  transporté  à  Vitrât  en  1730;  il  a  été 
rétabli  en  1790  sous  le  nom  d'enregistrement;  sa  suppression 
en  1843  a  été  contée  plus  haut. 

T.  LV  41 


610  SOCléré    ARCHéOLOGIQUE  BT   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Sous  rancien  régime  el  vers  la  On,  Araac  possédait  encore  des 
gens  de  maltoute]  l'iroportance  de  la  route  royale  avail  aufsi  Tait 
créer  au  Magnaud  un  conducteur  des  grands  chemins. 

Le  bureau  de  la  poste  aux  lettres  qui  succéda,  comme  nous 
Tavons  dit,  à  la  poste  aux  chevaux,  a  été  complété  en  1871  par  un 
bureau  télégraphique  et  en  1904  par  un  poste  téléphonique. 

En  Tan  VIII  des  barrières  furent  établies  à  LaVilleaubrun  pour 
le  payement  d'une  taxe  spéciale  destinée  à  l'çntreUen  des  routes; 
un  receveur  y  était  attaché. 

Arnac  ne  possède  plus  qu*un  notaire  depuis  Tan  VIII;  antérieu- 
rement, ils  étaient  plus  nombreux  ;  la  Révolution  supprima  aussi 
les  huissiers  ou  sergents  qu'on  y  trouvait. 

Les  écoles  d'Arnac  ont  été  plusieurs  fois  l'objet  d'importants 
travaux,  notamment  en  1880,  où  on  construisit  l'école  de  filles  qui 
coûta  15.600  fr. 

Arnac  possédait  autrefois  des  foires  qui,  au  moment  de  la  Révo- 
lution, étaient  tombées  en  désuétude.  I^s  droits  sur  les  foires  et 
marchés  appartenaient  au  s'  de  Grassevaud. 

Le  0  mars  1766,  François  Bléreau,  s'  de  Grassevaud,  afferme 
son  droit  de  vigerie  sur  le  bourg  et  p"  d'Arnac,  sur  Vitrac-le- 
Dognon,  p**  de  Saint-Maurice,  et  sur  toute  la  p*''  de  Saint-Hilaire  ; 

«  Savoir  les  droits  qui  sont  dus  par  chacun  an  :  sur  chaque  cabaretier, 
un  pot  de  vin;  sur  chaque  boulanger,  un  pain  de  telle  façon  qu'il  se 
trouve  de  poids  ;  sur  chaque  marchand  de  quelque  espèce  qu'il  soit  qui 
mèneront,  étaleront  de  la  marchandise  tant  aud.  bourgs  et  p'^'  d'Arnac, 
Vitrac  le  Dognon  et  led.  bourg  et  paroisse  de  St  Hilaire,  cinq  deniers, 
scavoir  pour  ceux  qui  sont  domiciliés  dans  led.  bourg  et  p**'  d'Arnac, 
St  Hilaire,  Vitrac  le  Dognon,  par  chacun  an,  et  pour  les  étrangers,  cha- 
que fois  qu'ils  mèneront  de  la  marchandise;  pour  les  marchands  de 
cerise,  une  livre  de  cerise  par  chaque  panier;  pour  chaque  tisserand 
qui.  sont  domiciliés  dans  lesd.  bourgs  et  p**'*  et  Vitrac  le  Dognon,  un 
sol  de  cens  par  an.  «  Les  pots  de  vins  dus  par  les  cabaretiers  et  vendants 
vins  en  bouteille  sont  payables  à  la  fête  St  Martial  ainsi  que  les 
1^  deniers  de  cens  dus  par  les  tisserands.  Le  preneur,  au  nom  du  sei- 
gneur devra  »  faire  tenir  les  mesures  desd.  cabaretiers  et  vendant  vin 
en  bouteille  égales  à  celle  du  seigneur,  faire  tenir  toutes  sortes  de  poids 
à  toutes  espèces  de  marchands  qui  s'en  servent  domiciliés  dans  lesd. 
bourgs  et  paroisses  et  villages  et  même  les  étrangers,  faire  mesurer  les 
aunes  desd.  tisserands.  »  Ce  bail  conclu  pour  six  ans  moyennant  i8  1. 
par  an.  (M.  N.) 

A  la  Révolution,  ou  créa  des  foires  les  7  nivôse,  ventôse,  fructidor 
et  messidor  el  marché  le  septidi. 
En  aoât  1793,  une  maladie  épidémique  décima  les  bestiaux  de  la 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SUI.PICE-LES-FEriLLRS  61 1 

com.  ;  elle  sévit  aussi  à  Saiat-Sulpice,  Saint-Hilaire,  Sainl-Benoit, 
Chaniac.  (L.,  546.) 

Le  coromerce  d*Arnac  se  réduit  au  commerce  de  détail;  les 
foires  ont,  depuis  une  yingtaine  d'années,  beaucoup  perdu  de  leur 
importance  et  les  droits  de  place  n'ont  pas  suivi  une  progression 
semblable  à  celle  de  Saint*Sulpice;  ferme  en  1861  :  162  fr.; 
en  1901  :  355  fr.  Le  commerce  des  boissons  est,  comme  partout 
ailleurs,  très  florissant  :  dans  le  bourg,  15  marchands  ou  débitants 
se  chargent  de  désaltérer  leurs  concitoyens,  soit  1  pour  37  habi- 
tants, femmes  et  enfants  compris!! 

VEtat  des  paroisses  de  la  généralité  de  Limoges  pour  1 680- 1 6H6y 
publié  par  M.  Leroux,  constate  qu'Ârnac  est  un  pays  de  landes» 
qu'il  y  a  peu  de  prairies,  qu'on  y  ramasse  du  seigle  et  des  châ- 
taignes et  qu*il  s'y  élève  des  bestiaux.  Il  y  a  alors  dans  la  partie 
marchoise  85  bœufs  et  38  vaches.  En  1745,  on  trouve  dans  la 
même  180  bœufs  et  306  vaches. 

L'évaluation  donnée  dans  le  terrier  de  1745  aux  dîmes  de  la 
paroisse  levée  au  11«,  3.055  1.,  permet  d'établir  que  la  récolte 
totale  de  la  paroisse  en  grains  atteignait  alors  33.600  I.,  soit  envir 
ron  37.534  fr.  de  notre  monnaie.  A  ce  produit  il  y  a  lieu  d'ajouter 
le  croit  du  bétail,  dont  partie  seulement  se  trouve  indiquée  plus 
haut. 

Actuellement  les  terres  s'afferment  de  45  à  60  fr.  l'hectare.  La 
culture  est  fort  avancée  dans  la  commune,  où  plusieurs  domaines 
ont  obtenu  la  prime  d'honneur. 

C'est  à  Arnac  que  nous  avons  trouvé  les  premiers  paveurs.  Au 
moment  de  l'organisation  à  Limoges  de  l'industrie  de  la  porcelaine, 
qui  devait  prendre  depuis  l'extension  que  Ton  sait,  un  marchand 
d'Arnac  y  contribua  par  ses  fournitures  de  meules.  Le  27  août  1784, 
Benoiton-Destouches,  marchand  et  chirurgien,  s'engage  à  fournir 
à  Alluaud,  directeur  de  la  manufacture  royale  de  porcelaine, 
13  meules  pour  la  porcelaine,  et  à  les  conduire  incessamment. 
Au  14  juil.  suivant,  il  n'en  avait  encore  livré  que  6,  et  à  une  récla- 
mation d'Alluaud,  il  objectait,  le  18  de  ce  même  mois,  qu'à  cause 
de  l'augmentation  du  prix  des  fourages,  il  attendrait  pour  lui 
adresser  le  surplus;  à  quoi  Alluaud  répondait  qu'il  ne  pouvait 
entrer  dans  ces  considérations. 

Celle  fourniture  fut  sans  doute  au  gré  d'AUuaud  qui,  le 
le  33  mai  1787,  lui  faisait  une  nouvelle  demande,  lui  recomman- 
dant toutefois  de  ne  pas  envoyer  de  meules  fêlées.  Benoiton  ayant 
réclamé  300  l.  pour  13  meules,  avec  payement  d'avance,  Alluaud 
lui  répondait  le  38  en  lui  offrant  un  louis  par  meule  et  lui  faisant 


6l2  SOCIÂTÂ   ARCHÉOLOGIQUE   fiT    filSTORlQOE   DU  LIMOUSIN 

connaître  que,  celle  commande  étant  pour  le  compte  du  roi,  le  mode 
de  payement  demandé  ne  pouvait  être  accepté.  (Arch.  dép.). 

II  s'agit  sans  doute  de  meules  à  broyer  le  kaolin;  le  beau  granit 
que  Ton  trouve  du  côlé  du  Bost,  dans  celle  com.,  devait  être  fort 
propre  à  faire  des  meules. 

Arnac  était  un  bourg  de  bourgeois  :  aux  xyu"*  et  xviii*  s.,  on  y 
trouve  un  grand  nombre  de  vieilles  familles  dont  les  membres, 
pour  se  distinguer  et  aussi  pour  singer  la  noblesse,  se  titraient  de 
noms  de  propriété,  voire,  tout  comme  Gros  Pierre,  du  nom  d*un 
morceau  de  terre. 

Nous  citerons  parmi  les  plus  notables  :  les  Benoiton,  qui  se  qua- 
lifiaient de  s'  des  Touches;  ils  étaient  chirurgiens;  les  Copprie 
étaient  notaires  avant  1625. 

Les  Delavaud,  aujourd'hui  disparus,  étaient  légion  :  Pierre  et 
Antoine,  tous  deux  qualifiés  d'opérateurs,  avaient  épousé  le  pre- 
mier Anne  d'Armigny,  le  second  Françoise  de  la  Gelie.  Charles 
Delavaud,  s'  du  Bost  (1646-1727),  est  fils  de  Pierre;  il  laissa 
!">  François  (1682-1764),  d'abord  gendarme  du  roi,  puis  notaire, 
s' du  Queroi,  père  d'autre  François,  gendarme  du  roi  (1716-1783); 
*»  Pierre,  s»  du  Bost;  3«  Jean,  s'* de  Fondranne  (1681-1722).  Tous 
laissèrent  postérité. 

Antoine  Faure,  le  fondateur  de  la  Charité  d'Arnac,  appartenait 
à  une  vieille  famille  :  René,  s'  de  RuiTec  (1644-1707;,  est  père  de 
Jean,  s'  de  Beauvais  (1685-1750),  et  d'Henri,  s^  de  Ruffec.  Pen- 
dant près  de  deux  siècles  ils  monopolisèrent  la  poste  aux  lettres 
d' Arnac  et  la  messagerie. 

Les  Gaucher  étaient  notaires  :  Léonard  (1638-1688);  Claude, 
s'  du  Mazier  (1648-1728),  eutdeGabrielle  de  Lerpinière  :  Gabrielle, 
femme  de  Jacques  Bastide,  s'  du  Pescher,  conseiller  du  roi  et  son 
procureur  à  Monlmorillon;  Marie-Anne,  mariée  en  1716  à  André 
Guillemin  de  Monlplauet,  et  Jeanne-Bonavenlure,  mariée  la 
même  année  à  Jean  Guillemin  du  Gousset. 

Les  Gaucheraud  étaient,  comme  on  dit,  dau  rapportas  (des  rap- 
portés), ils  liraient  en  effet  leur  origine  de  Folles;  nous  trouvons 
successivement  :  Jean,  s' du  Bouchet;  Léonard  (1710-1778),  s'^  de 
Mazeirat,  père  de  Pierre  Gaucheraud  de  Mazeirat,  s'  du  Branle, 
gendarme  du  roi,  époux  de  Catherine  Pertard  de  la  Cosle. 

Les  Mondelet  se  trouvent  à  Commergnac  dès  1555  :  André, 
notaire  à  Arnac  en  1655-1681,  eut  de  Marie  Moreau  :  Pierre, 
(1656-1719),  aussi  notaire  et  contrôleur  des  actes,  marié  le 
28  fév.  1683  à  Anne  Delajoux,  d'où  Maxiroin  (1705-1752),  s'  de 
Bonnaud,  huissier  royal  et  général  d'armes,  qui  épousa  le 
24  juil.  17^4  Gabrielle  Tricbard.  Celui-ci  est  père  de  Jean-Louis, 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE   SAINT- SULPICE-LES-FEUILLES  613 

époux  de  Marie  Ygonin  de  Monlorand  et  de  François-Simon,  chi- 
rurgien, époux  d*Anne  Ygonin  de  Montorand.  Du  premier  vint 
Léonard,  marié  à  Marguerite  Benoilon-Destouches,  aïeul  de  notre 
vieil  et  excellent  ami  le  docteur  Frédéric  Mondelet,  chevalier  du 
Mérite  agricole;  du  second,  François-Gosme-Damien,  chirurgien 
—  aux  prénoms  prédestinés  —  d'où  descend  M.  Hondelet,  ingé- 
nieur en  chef  des  ponts  et  chaussées,  en  retraite  à  Guéret. 

Un  mariage  avec  une  Ylier,  fllle  du  m*  de  pofile,  amena  à  Arnac 
les  Mondot  de  Beaujour,  originaires  de  Bellac  :  J.-B.,  né  à  Arnac  le 
l*'sept.  17S6,  fut  chanoine  du  Dorât,  aumônier  d*une  compagnie 
de  mousquetaires,  chanoine  et  doyen  au  diapitre  de  Meaux;  il 
mourut  en  i824;  son  portrait  lithographie  a  été  signalé  par  H.  Fray- 
Fonrnier.  Son  frère  François-Philippe,  mort  à  Arnac  en  1824, 
laissa  André  Mondot  de  Beaujour,  inspecteur  de  la  navigation  de 
la  Seine,  et  André-Joseph-Jules  Mondot  de  Lagorce,  ingénieur  en 
chef  à  Lyon. 

La  famille  Moreau  est  une  des  plus  vieilles  et  importantes 
familles  d'Arnac  :  Vincent  Moreau,  notaire  à  Arnac  en  1584-16i8, 
est  sans  doute  père  d'honorable  homme  Vincent  Moreau,  s'  des 
Rosiers,  puis  du  lieu  noble  de  La  Jarrige,  conseiller  du  roi,  élu  et 
contrôleur  en  Télection  de  Bellac.  Il  eut  Pierre,  s'^dela  Jarrige. 
Ge  dernier,  qui  épousa  Marthe  Ygonin,  est  père  de  François  Moreau 
de  la  Jarrige,  notaire  royal,  marié  à  Anne  Duhail-Desouches. 

Gette  famille  est  actuellement  représenté.e  par  M.  Moreau-Lajar- 
rige,  propriétaire  du  château  de  Dompierre. 

La  nomination  du  curé  Plaignaud  à  Arnac  y  fixa  sa  famille,  qui 
sortait  de  Chàteauponsac.  Ges  curés  avaient  sept  frères  et  sœurs. 
Léonard  Plaignaud  de  Beauséjour,  régent  latiniste,  un  de  leurs 
neveux,  épousa  à  Arnac,  le  i4  juil.  i777,  Louise-Anne-Elisabeth 
Pennetier;  il  était  en  i793  administrateur  du  district.  MM.  Eugène, 
Louis  et  Piene  Plaignaud  sont  les  représentants  actuels  de  cette 
famille. 

Les  Poujaud,  établis  à  Arnac  au  xvrn*  s.,  étaient  originaires  de 
Saint-Maurice.  Le  plus  ancien  connu  est  Joseph,  s'  de  Puyrollet, 
avocat  en  Parlement,  juge  sénéchal  de  MorteroUes  en  1560.  Pierre 
Poujaud  du  Villard,  notaire  et  contrôleur  des  actes  à  Arnac, 
épousa  en  1790  Anne  Marcoul  des  Brosses.  Il  publia  en  1823  une 
généalogie  de  sa  famille.  Son  fils,  Jean-Baptiste-Félix,  laissa  deux 
enfants  :  Emmanuel,  juge  de  paix  et  maire  d'Arnac,  et  Léonline, 
mariée  à  Gharlcs  Pénicaud,  descendant  des  fameux  émailleurs, 
notre  grand'mère  par  alliance. 

Jean  Thomas  dit  la  Sonde  était  en  4704  chirurgien-major  à  Thô- 
pital  de  Grémone;  il  servit  ensuite  dans  Tarmée  du  duc  de  Yen- 


614  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

dôme,  régimeot  de  Piémoot,  et  en  1709  rentra  à  Arnac.  Jean-Louîs 
Thomas,  s'  des  Rivières  (1712-1760),  soq  fils,  lieatenaDl  du  premier 
chirurgien  du  roi  pour  la  Basse*Marche,  épousa  Gabrielle 
des  Noyers,  d'une  famille  de  gentilshommes  verriers. 

Les  Ylier  étaient  m"  de  poste  :  Philippe  (167K-1731),  eut  de 
Marguerite  de  la  Gorsse,  fille  d'un  m*  de  poste  d'Ârnac,  Fran- 
çois, curé  de  Gromac,  et  Mathieu  Ylier,  s'  de  la  Gorsse,  père  de 
Marie,  mariée  en  1747  à  J.-B.  Mondol  de  Beaujour,  qui  succéda  à 
son  beau'-père. 

Lieux  habités 

1;aGE.  —  1  m.,  4  h.  (1).  Dépendait  de  la  s'»«  de  La  Salle  d'Ar- 
nac.  UAgehraud^  1658;  VAage  Beraut,  i616 ]  Lage  Breau,  ilSS. 
François  Guillemet,  que  nous  trouvons  successivement  qualifié  de 
paveur,  m"  paveur,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  du  roi,  est 
dit,  en  1766,  s'  de  Lagebrault.  1  m.  en  1745. 

Le  moulin,  qui  était  au  bas  de  Tétang  de  La  Salle,  portait  aussi  le 
nom  de  moulin  de  VAgebraud. 

L'AGE  BANNE. —  1  m.,  1  h. 

L'AGE  DU  LAC.  —  3  m.,  16  h.  Les  habitants  de  ce  vill.,  qui 
était  en  Poitou,  étaient  astreignables  au  moulin  de  La  Salesse. 

En  1439,  le  lieu  de  Lage  den  Lac,  avec  toutes  ses  appartenances, 
prés,  landes,  terres,  champs,  vergers,  bois,  dîmes  et  les  hommes 
taillables  et  corvéables  appartient  au  s'  de  Tache.  LAige  du  Lac, 
1598;  en  1759,  François  Delavaud,  notaire  et  chirurgien,  se  dit 
s'  de  Laage  du  Lat. 

LA  BEDOUCHE.  --  1  m.,  11  h.,  était  comprise  dans  le  Poitou  : 
1466,  le  mas  de  La  Bedouche.  Claude  Gauchier,  s'  de  la  Bedouche, 
1710-1725;  Léonard  Gaucher,  s'  do  la  Bedouche,  1731-1734. 

BELAIR.  —  1  m.,  6  h.  S'est  transporté  sur  la  route  de  La  Sou- 
terraine; les  maisons  de  Tancien  Belair,  qui  se  trouvaient  à  TO.  de 
la  rouie,  sont  à  présent  inhabitées.  En  1745,  il  n'y  a  qu'une  métairie 
à  2  vaches. 

LA  BETOULE  ou  LES  FOSSES.  —  Ne  paraît  plus  habitée. 
Nommée  La  Betoule  dans  le  terrier  de  1745;  il  y  avait  alors  10  mai- 
sons, dont  6  inhabitées.  A  côté  se  trouvent  mentionnées  des  terres 
appelées  Les  Fosses  ;  1771,  Les  Fosses, 

(1)  Chiffres  du  recensement  de  1901. 


MONOGRAPHIE   DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  6t5 

LE  BOBY.  —  Vill.  disparu;  devait  se  trouver  près  du  pont  qui 
porte  encore  ce  Dom.  Il  est  mentionué  en  1540*1669. 

LE  BOIS  DE  SÉCHAULT.  -  Vill.  cité  en  1714-1734. 

LES  BORDES.  —  1  m,  10  h.  Moulin  mentionné  en  1669. 

Diaprés  le  terrier  de  1745,  ce  moulin  esta  une  meule  à  seigle 
avec  instrument  à  huile;  il  est  affermé  150  I.  par  an.  L'étang  des 
Bordes,  qui  avait  40  s.,  a  été  desséché  au  iix*  $.  Gabriel  Prévost, 
s' des  Bordes,  1598;  Jacques  Marcoul,  s'  des  Bordes,  1746. 

LE  BOST.  —  3  m.  1745. 12  m.,  35  h.  Construit  sur  un  mamelon; 
de  Tautre  côté  de  la  route  se  trouve  une  éminence  cotée  288  m.  qui 
est  parsemée  de  blocs  erratiques  de  granit  à  gros  grains  très  appré- 
ciés par  les  tailleurs  de  pierres  qui  les  exploitent. 

Cette  éminence  était  autrefois  couronnée  par  un  dolmen  appelé 
la  Pierre  Virdouaire  ou  Vironaiie  qui  se  voyait  de  fort  loin.  Un  peu 
plus  à  rO.,  sur  le  penchant,  existait  un  autre  dolmen  plus  petit 
et  connu  sous  le  nom  de  Four  des  Fées.  Tous  deux  avaient  été 
classés  monuments  historiques  il  y  a  une  cinquantaine  d^années, 
ce  qui  ne  les  a  pas  mis  àTabri  du  vandalisme  :  vers  1865,  des  tail- 
leurs de  pierres  les  débitèrent  et  les  fragments  servirent  à  cons- 
truire le  couvent  d*Arnac. 

Le  piédestal  de  la  Pierre  Virdouaire  existe  encore.  La  table  de 
ce  dolmen  était  de  forme  ronde  ;  elle  avait  environ  2<',40  de  dia- 
mètre. La  table  du  Four  des  Fées  était  soutenue  par  deux  pierres. 

On  montre  encore  sur  cette  éminence  deux  autres  pierres  :  Tune, 
qui  est  plutôt  un  amoncellement  de  rochers,  est  appelée  le  Château; 
Tautre,  qui  est  fourchue,  est  connue  sous  le  nom  de  Pierre  Four- 
chue ou  Pierre  du  Bonheur^  car  les  fliles  qui  passent  au  travers  se 
marient  dans  Tannée. 

Le  Bost  Amazois  dépendait  de  Mondon.  On  trouve  Charles  Dela- 
vaud,  s'  du  Bost,  1679-1727;  François  Delavaud,  notaire,  s'  du 
Bost,  1725;  Pierre  Delavaud.  s'  du  Bost,  1733. 

LE  BRANLE.  —  4  m.  en  1745;  4  m,  31  h.  Vill.  situé  sur  le 
chemin  de  la  Poste,  appartenait  au  xvu*  s.  à  la  famille  Marconi  : 
Antoine  Marconi,  s'  du  Branle,  1673-1687;  J.-B.  Marconi,  1743; 
Hyacinthe  Harcoul,  1744  ;  Pierre  Gaucheraud,  gendarme  dans  la 
!'•  compagnie  de  Berry,  1758-1779. 

La  dîme  du  Branle  dépendait  de  la  s'**  de  Martinet. 

LES  BROSSES  CHANTAUD.  -  2  m.  en  1745;  2  m.,  21  h. 
Le  17  mai  1554,  Jean  Anfaure  reconnaît  tenir  de  R.  P.  en  Dieu 
Guillaume  Barthon,  évoque  de  Lectoure  et  prévôt  de  La  Souter- 


61,6  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

raine,  à  cause  de  ce  dernier  bénéfice,  le  lieu  et  vill.  des  Brosses 
Chantaudy  au  devoir  de  3  quartes  de  seigle  (H^  5412). 

La  dime  était  levée  par  le  s'  de  Martinet. 

On  trouve  les  formes  suivantes  :  las  Broussas  Chantaud,  i5S5  ; 
les  Brosses  Aufaure,  1626-4713;  les  Brosses  de  MorUmagner^  1702. 

Dans  le  partage  de  la  succession  de  Julien  Marcoul,  les  Brosses 
furent  attribués  à  ses  petits  enfants,  fils  d'Antoine  Marcoul.  Jean 
Marcoul,  s'  des  Brosses,  syndic  perpétuel  de  la  p'*  d'Arnac,  vivait 
en  16871708. 

Jacques  Marcoul  (1713-1746)  épousa  Anne  Busson  de  TAge  et 
Anne  Gaucheraud,  d*où  Joseph-Israël  Marcoul  des  Brosses  (1742  f 
1780),  marié  en  1768  à  Magdeleine  Delavaud  ;  leur  fille,  Anne 
Marcoul  des  Brosses,  épousa,  en  1790,  Pierre  Poujaud  du  Villard, 
notaire,  qui  en  1806  propagea  dans  la  contrée  le  mouton  mérinos  ; 
il  fut  aussi  un  des  introducteurs  de  la  pomme  de  terre.  Les  Brosses, 
une  des  plus  riantes  propriétés  du  pays  par  ses  frais  ombrages  et 
ses  eaux  abondantes,  sont  actuellement  possédées  par  M"*  Emile 
Gravier,  née  Poujaud,  arrière-petite  fille  du  précédent. 

Il  existe  aux  Brosses  une  grande  plaque  de  cheminée  portant 
au  centre  un  écusson  oval  soutenu  par  des  palmes  et  meublé  des 
armes  des  Montmorency-Laval,  barons  d*Arnac.  Au-dessus,  dans  un 
demi-cercle,  est  figuré  un  soleil;  plus  haut,  se  trouve  une  couronne 
de  marquis, 

LES  BROSSES  PERROT.  —16  maisons  dont  6  masures  en  1745  ; 
^im.,^Oh.  Lss  Brosses  Perraud,  1S54;  Les  Brousses  de  Bouhy, 
1855;  Les  Brosses  ParreaUf  1669  ;  Pierre  Delavaud,  s' des  Brosses- 
Perraud,  1762.  La  dime  du  lieu  appartenait  à  Martinet. 

M.  de  Beaufort  a  donné,  pi.  V,  fig.  S,  le  plan  d'un  souterrain- 
refuge  important  découvert  dans  ce  village  vers  1815. 

Au-dessous  des  Brosses-Perrol,  le  terrier  signale  un  étang  de 
20  perches  et  un  moulin  en  ruines  près  le  chemin  de  la  Poste. 

LA  CARRIÈRE.  —  8  m.,  31  h.  Vill.  sur  la  route  nationale  appelé 
aussi  Montmagner. 

GHABRANNE.  —  3  m.  en  1745;  6  m.,  27  h.  Le  8  mai  1693,  les 
habitants  reconnaissent  qu'ils  sont  entièrement  dans  la  mouvance 
du  commandeur  de  MorteroUes  et  que  tous  ceux  qui  y  tiennent 
feu  vif  sont  banniers  à  son  moulin  qui  était  sur  la  p^*  de  Vareilles 
(H.  452). 

1640,  Pierre  Pignet,  s'  de  Chabranne,  teinturier;  1641f  1703, 
François  Pigné,  s'  dç  Chabranne;  1707-1711,  Léonard  Pigné,  chi- 
rurgien. En  1744,  au  comte  de  Laval. 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SI'LPICE-LES-FEUILLES  617 

CHAMPBLANC.  -  3  m.  en  1748  ;  6  m.,  33  h. 

GHAMPLONG.  —  11  m.  en  1745  ;  19  ro.,  63  h.  Le  commandeur 
de  MorteroUes  y  possédait  des  droits  en  1555  (H.  462).  En  1790,  le 
curé  d'Arnac  constate  que  ce  vill.  est,  solvant  les  uns  de  la  Souter- 
raine, suivant  les  autres  d*Arnac;  1675-1703,  Léonard  Sallelon, 
s'  de  Champlong. 

CHAMPOTANT.  —  1  m.  en  1745;  2  m.  13  b.  Le  25  juil.  1495t 
Jean  Pot,  s' de  Martinet,  baille  à  rente  à  Etienne  Glémenson,  l'héri- 
tage de  Champ  Potant  avec  permission  d*y  bâtir.  C'est  sans  doute 
Toriginc  de  ce  hameau. 

S"  :  Louis  Delavaud,  notaire,  1763;  Joseph  Delavaud  de  Gham- 
potant,  bourgeois  du  Dorât,  1759-1772. 

LES  CHAMPS.  —  2  m.,  9  b.  Se  trouvait  en  Poitou,  mentionné 
en  1449'. 

Le  vin.  des  Champs  devait  à  Mondon  deux  ratz  d*avoine  valant 
4  bx.  1687,  Léonard  de  la  Gorsse,  s' des  Champs. 

CHANTEMERLE.  —  6  m.  en  1745  ;  2  m.,  14  h.  L^  Petit  Chante- 
merle  mentionné  en  1669. 

LE  CHATELAT  doit  son  nom  à  une  motte  féodale  aujourd'hu 
détruite.  Elle  était  haute  de  5"  avec  90"  de  circonférence. 

Il  n*y  avait  en  1745  que  deux  maisons  couvertes  en  paille  ;  même 
nombre  en  1901  avec  15  h. 

Suivant  déclaration  du  14  nov.  1555,  le  vill.  du  Chastellardz  est 
dans  la  censive  du  commandeur  de  MorteroUes  (H.  462).  Le  Chas- 
tellart  est  habité  en  1495. 

S"  :  sire  Léonard  Nicaud,  1644;  André  Nicaud,  1677f  1707  ;  Jean 
Nicaud,  1711fl750. 

CHEZ  NICAUD  était  compris  dans  la  sénéchaussée  de  Montmo- 
rillon  ;  9  m.,  41  h.  Chez  Nicaud,  1670. 

CHEZ  FOUGÈRE.  -  5  m.,  21  h.  ;  Chez  Faugère,  1745,  6  m. 

CHEZ  LAPOINTE.  -  3  m,  17  h.  Ne  figure  pas  dans  le  terrier. 

LE  CHIRON.  —  19  m.  en  1745  ;  27  m.  108  h.  On  y  trouve  une 
tuilerie  en  1696-1699  La  s'^""  appartenait  au  xvu*  s.  à  Suzanne  du 
Vignaud,  veuve  Guillaume  Sornin,  s'  de  Milliacq  ;  sa  fille,  Julie 
Sornin,  mariée  en  1675  à  Léonard  Laurent,  cons'  du  roi  à  Montmo- 
rillon,  donne  à  bail  en  1705  le  lien  du  Chiroux,  qui  en  1759  appar- 
tenait encore  aux  Laurent  de  la  Besge  ;  Le  Chirromr,  1693, 


618  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

COMMERGNAC.  —  15  m.,  72  h.;  en  174S  22  m.  toutes  couvertes 
eu  paille  ;  à  cette  époque  petit  étang. 

Coulxmaignac,  1555;  Coulxmargnaty  1645.  Le  mot  conlx  indique 
un  terrain  en  friche. 

Le  13  mai  1645,  les  habitants  de  Commergnac  et  de  Puymornet 
reconnaissent  qu1ls  sont  «  hommes  couchants  et  levants  rosturiè- 
rement  du  s'  de  Lubignac,  sujets  à  aller  mouldre  leurs  grains  à  son 
^moulin  banal,  comme  s' direct,  féodal  et  foncier  dud.  village  ».  Ils 
lui  doivent  un  bian  pour  aller  chercher  du  vin  avec  4  bœufs  et 
charrette  en  Berri,  un  bian  à  faucher,  un  bian  à  bescher  et  un  bian 
à  charroyer  toutes  les  semaines  (M.  N.)- 

S"  :  Mathurin  Mondelet,  diacre,  1725  ;  Joachim  Vallet,  1778. 

LA  CROIX  DE  CHABRANNE  se  trouvait  à  l'angle  du  grand 
chemin  de  Lussac  à  La  Souterraine  et  du  chemin  d*Arnac  à  Gha- 
branne;  habitée  en  1700;  en  1745,  Tunique  maison  est  dite  inhabi- 
tée et  le  jardin  en  friche.  Lieu  disparu. 

LE  DRELET.  —  1  m.,  12  h.  Lieu  de  création  moderne  (xix*  s.). 
Des  champs  portant  ce  nom  figurent  dans  le  terrier  comme  dépen- 
dances du  lieu  de  Loule. 

L'ECLUSE.  —  ik)  m.,  68  h.  Faisait  partie  de  la  Terre-aux-Feuil- 
les.  Le  4  août  1605,  François  Chardebœuf  et  Jeanne  Pot,  sa  femme, 
vendent  à  Jean  Busson,  s'  de  Laige,  m^  de  La  Souterraine,  le  fief 
de  Lêscluze  relevant  de  Lavaupot,  moyennant  150  1.  Us  conservent 
le  droit  de  guet  sur  ce  vill.  (9400). 

I;ÉTANG-CARTER0N  aussi  nommé  le  BoisCarteron  ou  Chez- 
Faisant.  —  2  m.,  12  h.  Origine  récente,  doit  son  nom  à  Jacques- 
Noël  Carteron.  subdélégué  de  l'intendant  à  La  Souterraine  en  1777 
qui  possédait  Rufasson. 

FLAYOUX.  —  Moulin  détruit  depuis  longtemps;  en  1745,  il  était 
abandonné  ainsi  que  la  maison  sise  à  côlé;  ce  moulin,  qui  fonction- 
nait encore  en  1729,  joignait  aux  communaux  du  Bost  et  du  Ghiron. 
Au  xvm*  s.,  il  appartenait  aux  Bléreau  de  Grassevaud  ;  Moulin  de 
Flaioulx,  1653. 

FONTPCIS.  —  1  m.  en  1745  ;  2  m.,  10  h.  Claude  Delacoste,  s' de 
Fontpuis,  1696-1702. 

FRESSANGES.  —  1  m.,  13  h.  Mentionné  en  1449,  était  dans  la 
censive  de  Piégut  et  faisait  partie  du  Poitou  ;  appartenait,  en  1734, 
au  comte  de  Laval. 


MONOGRAPIIIB    DC    CANTON    DE   SA1NT-SULPICE-LE*-PEUILLES  619 

LE  GAUTIER.  —  4  m.  en  1745;  i  m.,  10  h.  1648, 1$  Gaulthier. 

LA  GORGE.  -  4  m.,  en  1745;  3  m.,  26  h.  La  Gorsse,  1508. 
Malhiea  Ytier,  s' de  la  Gorsse,  1744. 

LA  GRANDE-PIËGE.  -  2  m,  5  h. 

L  HËRITIËRE.  —  4  m.,  19  h.  Etait  comprise  dans  la  Terre-aux- 
Feuilles.  iM.  de  Beaufort  y  a  signalé  un  dolmen  renversé,  p.  85. 

LA  JâRISSADE.  —  Lieu  disparu/près  de  Puychenin  ;  la  légende 
y  fait  naître  Sixte-Quint  (1). 

LA  LANDE.  —  2  m.  en  1745  ;  5  m.,  24  h. 

LA  LEYDATARIE  ou  LEYDATAIRE.  —  Lieu  disparu.  Parmi  les 
dépendances  de  la  Tâche  relevant  de  Hondon  en  1439,  nous  voyons 
locum  de  Leydatarie^  dans  la  p"«  d'Arnac,  avec  les  vergers,  jardins, 
prés,  pacages,  champs,  landes,  bois  et  autres  dépendances,  plus  la 
dime  de  tous  blés,  prémices  des  agneaux,  porcs,  vaches,  veaux,  le 
droit  féodal  et  les  hommes  taillables  et  exploitables  dud.  lieu.  Le 
village  de  la  Laidetière  dépendait  encore  de  la  Tâche  en  1597.  Il 
se  trouvait  dans  la  partie  poitevine  de  la  com.  C'est,  croyons-nous, 
THéritière. 

LOUTË.  —  1  m.  en  1745.  Lien  détruit,  les  bâtiments  ont  été 
reconstruits  un  peu  plus  loin  et  portent  le  nom  du  Drelet,  sur  le 

(1)  Depuis  la  publication  du  chapitre  où  nous  avons  exposé  Tétat  de 
cette  question,  M.  de  Lépinay  a  donné  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  de 
la  Corrèze  (1905)  une  notice  intitulée  :  Le  pape  Sixte-Quint  êeraU-il 
d'origine  limouêine? 

Il  a  simplement  reproduit  la  première  édition  de  Tabbé  Védrine 
et  Ta  fait  suivre  de  quelques  commentaires. 

Voici  les  nouveaux  arguments  introduits  par  M.  de  Lépinay  : 

1°  Le  nom  de  Peretti  n'est  pas  un  nom  d  origine  dalmale  ; 

2°  Le  pape  a  pris,  suivant  la  coutume  française,  des  armes  par- 
lantes, 3  poires;  or,  en  patois  d'Arnac,  poire  se  dit  père  et  poirier père<; 
en  Dalmalie  on  dit  krouchka; 

^^  Le  caractère  de  Sixte-Quint  permet  de  supposer  qu'il  n'hésita  pas 
à  modifier  les  actes  de  baptême  et  à  prendre  le  nom  de  Montalte. 

On  peut  objecter  que  la  Dalmatie  a  été  un  pays  tour  à  tour  occupé 
par  les  Romains,  les  Grecs,  les  Croates  et  les  Vénitiens  ;  qu'en  italien 
poire  se  traduit  par  péra  et  poirier  par  péro  ;  qu'actuellement  on  dit  en 
patois  péri  à  Arnac  et  pérail  à  Saint-Sulpice  ;  que  dans  certains 
ordres  religieux  il  était  d'usage  de  prendre  comme  nom  de  religion  le 
nom  de  sa  province. 


620  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 

chemin  d*Arnac  à  Vilrat.  Apparleoait,  au  xvir  s.,  à  la  famille 
Marcoul. 

Ce  nom  s'est  écrit  :  Louthe,  1668;  FHouthe,  4700;  VHoute,  1738- 
1745;  Loute,  1745.  La  dlme  était  levée  par  le  prieur  de  Vitrât. 

LUBIGNAG.  —  Ghâlean  composé  d'un  corps  de  logis  avec  une 
grande  tour,  chapelle  et  grand  bâtiment,  le  tout  menaçant  ruines; 
3  m.  et  un  moulin  en  1745;  7  m.  22.  h. 

Pendant  plus  de  trois  siècles  cette  s'*%  qui  relevait  de  Magnac,  a 
été  possédée  par  la  famille  Barthon  de  Montbas,  une  des  plus  illus- 
tres de  notre  pays,  encore  représentée  de  nos  jours. 

Son  origine  n'a  point  encore  été  débrouillée  d'une  façon  cer- 
taine :  un  inventaire  du  xvuP  s.  mentionne  le  contrat  de  mariage 
passé  le  5  juin  1380,  en  la  cour  de  Moulins,  de  Jean  Barthon,  ch', 
s'  de  Lubignac,  chancelier  du  Dauphiné  et  de  la  Marche,  flls  aine 
de  Roland,  vicomte  de  Montbas,  et  de  Louise  de  Salaignac,  avec 
Berthe  de  Bonal.  Puis  les  généalogistes  chargent  ce  Jean  des 
dignités  suivantes  :  chancelier  du  Dauphiné,  1439,  chancelier  du 
grand  sénéchal  de  Lanes,  secrétaire  de  Jacques,  roi  de  Hongrie, 
lieutenant  général  de  la  Basse-Marche,  1437,  garde  des  sceaux  de 
la  baillie  de  Limoges,  1446-1449;  chancelier  du  comté  de  la  Mar- 
che, 1453,  et  du  Limousin,  conseiller  du  roi  et  premier  président 
au  parlement  de  Bordeaux.  Or,  un  acte  authentique  de  1455  le  dit 
septuagénaire;  'par  suite,  ou  le  contrat  de  1380  ne  le  concerne  pas 
ou  la  date  est  fausse.  On  peut  aussi  supposer  que  toutes  ces  charges 
n'ont  pas  reposées  sur  la  même  tête  et  qu'il  y  a  deux  Jean  Barton, 
le  père  et  le  fils;  les  titres  nous  manquent  poumons  prononcer. 

Le  documentée  plus  ancien  que  possède  encore  M.  le  comte  de 
Montbas  est  un  partage  du  3  déc.  1455.  On  remarquera  que  dans 
cet  acte,  dont  nous  transcrivons  le  préambule  fort  curieux,  Jean 
Barton  ne  porte  que  le  titre  de  s' de  Lubignac. 

Jean  Barton,  ch%  s' de  Lubignac,  conseiller  du  roi,  chambellan 
du  Dauphiné  et  de  la  Marche,  expose  par  devant  Jacques  de  Mar- 
cillac,  notaire  juré, 

<  Que  comme  il  soit  ainsi  que  Dieu  nostre  créateur  et  largiteur  de 
tous  bien  luy  eust  donné  dez  grâces  plus  largement  que  ne  pourroyt,  ny 
ne  scauroit  déffinir,  tant  en  biens  de  nature  de  fortune,  que  de  grÀce, 
et  bien  recognoissant  tous  lesd.  biens  luy  estre  venus  par  don  de  Dieu 
et  ayant  recours  à  sa  benoicte  miséricorde,  luy  requérant  vray  pardon  de 
ses  faultes  et  très  humblement  le  merciant  des  biens  et  des  grâces  à  luy 
données,  dits  et  proufféra  en  effet  les  paroles  qui  s^ensuyvent  :  que  par 
ce  que  dès  longtemps  voyant  son  aage  estre  jà  septuagénaire,  pensant 
que  il  fauloit  payer  le  devoir  de  nature  et  que  de  sa  plus  loingue  durée, 
il  n'çst  pas  gratit  espérance  et  voulant  pourvoir  à  sa  puisance,  que 


MONOGnAPiftB    Dr   CANTON    DE    SAINT-SULPrCE-LES-FBUrLLBS  621 

morust  comme  vray  catholicque  en  bonne  recognoissance  de  Dieu  et  de 
ses  biens  faitz  et  pour  vouloir  laisser  paix  et  union  entre  ses  enfants  et 
héritiers  et  afûn  que  par  ses  biens  délaissés  entre  eulx  ne  puissent 
sortir  question  ne  débat  et  dont  inconvéniant,  que  Dieu  ne  veulhe, 
s^en  peust  ensuyr.  Et  affin  que  paix  et  amour  puisse  estre  guardée  et 
entretenue  entre  ses  enfants,  leur  en  avons  bailhé  la  doctrine  et  pour 
estre  mieulx  moriginés,  à  grands  fraiz  et  despenses,  des  biens  que  Dieu 
de  sa  grâce  luy  avoit  donnés,  les  avoint  entretenuz  aux  escolles  et 
estudes  jusques  à  perfection,  tous  licenciés,  et  despuys,  ainsi  que  par 
eulx  avoit  esté  advisé,  les  aucunz  avoient  mis  et  dédiés  au  service  de 
Dieu  et  de  Téglise  et  les  autres  ordonnés  estre  au  siècle  et  leur  succéder 
es  bien  temporelz  que  Dieu,  de  sa  grâce,  leur  avoit  donnés  ». 

On  voit  par  cet  acte  que  ces  enfants  sont  :  Jean  Barton,  doyen  de 
Limoges,  abbé  du  Dorât,  archidiacre  de  Constantin,  conseiller  du 
roi  au  parlement  de  Paris,  président  aux  enquêtes;  frère  Etienne 
Barton,  prieur  de  Cluys  et  prévôt  de  Tulle;  Pierre  Bartou,  s'  du 
DeflTens,  conseiller  du  roi;  Jacques,  archidiacre  de  Bruyères  et 
chantre  du  Dorai;  Malhurin,  général  conseiller  du  roi  en  la  cham- 
bre des  aides,  s' de  Bouablon;  Philippe,  archidiacre  de  Thouars  et 
archiprétre  d*Ânzesme,  tous  licenciés  ès-lois  ou  en  décret.  It  avait 
eu  deux  fliles  :  Catherine,  mariée  à  Malhelin  Bonnichaud,  s'  de 
Grasse  Vaut,  et  Antoinette,  épouse  de  Guillaume  de  Vie,  s' de  Toz 
et  de  Colombes,  conseiller  au  Parlement;  la  première  était  décédée 
avant  lui  laissant  Marguerite  mariée  à  Antoine  Allart,  secrétaire 
du  comte  de  la  Marche,  et  Berthe  alliée  à  Jean  de  Perpenolle,  fils 
du  s' de  Aulte  Paye. 

Jean,  Jacques  et  Philippe  reçoivent  chacun  300  i.  de  rente;  Ma- 
thurin  prend  Thôtel  sis  à  Paris  et  les  meubles  qui  s*y  trouvent 
ainsi  que  Bouablon.  Pierre  conservera  le  surplus  «  tant  pour  son 
partage  que  pour  son  esnéage  que  aussi  les  services  faitz  à  sesd. 
père  et  mère  et  frères  ».  (P.  M.) 

Pierre  Barton,  chancelier  de  la  Marche  en  1467-1481,  mourut  le 
26  mars  1491  ;  sa  femme,  Perrette  Lefevre,  fut  inhumée  en  1499 
dans  la  chapelle  du  prieuré  de  Vitrât. 

Son  fils,  Bernard  Barton,  v*'  de  Monlbas,  s'  de  Lubignac,  épousa 
en  premières  noces  Françoise  Trousseau,  petite-fille  de  Jacques 
Cœur,  et  en  secondes  Marie  de  Seuilly.  Celle-ci  fut  enterrée  dans 
la  chapelle  de  Lubignac  qu'elle  avait  probablement  fondée.  En 
1528,  elle  avait  établie  la  vicairie  du  château  de  Montbas. 

Le  10  nov.  1509  Bernard  abandonna  toutes  ses  terres  à  son  fils,  à 
Toccasion  du  mariage  de  celui-ci  avec  Isabeau  de  Levis. 
,  Pierre  Barton  fut  d'abord  connu  sous  le  nom  de  Lubignac  ;  il  se 
trouva  au  voyage  du  roi  contre  les  Vénitiens  en  1509,  et  à  celui  de 


622  SOCIÉTÉ  ARCHéOLOGiQlTE    BT   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Picardie  en  1518.  Son  château  de  Montbas  fut  iucendié  et  pillé  en 
1544,  sans  doute  par  un  détachement  de  la  bande  de  gascons  dont 
nous  avons  signalé  plus  haut  le  passage  à  Arnac. 

Il  eut  pour  enfants  :  Guillaume,  évéque  de  Lectoure,  député  des 
Etals  de  France  au  concile  de  Trente  ;  François,  prieur  de  Vitrac 
en  1546;  Gilberle,  abbesse  de  Cusset,  et  Pierre  qui  suit. 

Pierre  Barton,  étant  tombé  malade  à  Saint-Germain-les-Prés,  dicta 
son  testament  le  30  juil.  1556  : 

Il  veut  être  inhumé  dans  la  chapelle  Saint-Jean  de  Guéret,  u  tout  razibus 
de  sa  femme  et  qu'à  cette  place  il  soit  faict  un  monument  de  la  hauteur  de 
celuy  de  Fay  ou  deux  doigts  plus  haut  et  soit  faict  une  tombe  de  cuivre, 
en  laquelle  tumbe  ieelluy  testateur  et  la  dicte  feue  dame  de  Levis,  sa 
femme,  seront  inscultés  (sic)  avecq  chascun  leurs  armoiries  soubz  leurs 
pieds  et  une  escripture  portant  ces  mots  :  Cy-gisl  noble  et  puissant  sei- 
gneur messire  Pierre  Barlhon^  chevallier,  jadiz  seigneur  vicomte  de 
Montbas,  seigneur  du  Deffens,  de  Lubignac,  de  Fayolles  et  de  Fay  près 
NémouXy  qui  trespassa  le.,.  Cy-gist  aussy  noble  dame  Ysabeau  de  Levys 
dicte  de  Chasteaumorant,  femme  du  dict  messire  Pierre  Barthon,  qui 
trespassa  le  vingt  troisismejour  de  mars  Van  mil  cinq  cens  quarante  sept  ». 

Il  veut  aussi  que  «  au  chevet  de  la  pierre  ou  à  quelques  costé  des 
douelles  qui  soustiendront  lad.  tumbe  de  cuivre  soit  mys  ung  petit 
escripteau  de  cuyvre  faisant  mention  de  la  mort  de  messire  Jehan  Bar- 
thon  et  ung  aultre  de  messire  Pierre  Barthon  et  ung  aultre  de  messire 
Bernard  Barthon,  tous  chevalliers,  qui  tenoient  lesd.  terres  et  seigneu- 
ries dont  cy-des6us  est  faicte  mention  et  soyenl  mys  les  jours  et  ans  de 
leurs  trespas  ».  On  prendra  le  coût  du  monument  sur  les  1.500  1.  qu^il 
s'est  réservé  sur  les  terres  de  Fa'yolles  et  de  Lubignac  en  les  donnant  à 
son  fils. 

»  Item,  et  pour  ce  que  de  tout  temps  led.  testateur  a  eu  singulière 
dévotion  à  la  Vierge  Marie,  à  madame  Sainte-Catherine,  à  M.  Saint-Jean- 
Baptiste,  et  à  m.<idame  Sainte-Marguerite,  dont  les  images  sont  dans  sa 
chapelle  de  Lubignac  et  aussi  pour  ce  que  feue  dame  Marie  de  Sully, 
mère  d'icelluy  testateur,  qui  y  est  enterrée,  à  laquelle  ieelluy  testateur 
dict  estre  grandement  tenu,  tant  pour  la  terre  du  DefTens  que  aussi  qu'il 
a  craincte  de  n'avoir  pas  bien  faict  tout  ce  qu'il  éstoit  tenu  de  faire  pour 
elle,  veult  et  ordonne  que  sur  les  1.500  1.  il  soit  fondé  en  la  dicte  cha- 
pelle quatre  messes  toutes  les  semaines,  sçavoir  est  le  jour  de  sabmedi 
de  nostre  Dame,  le  lundi  de  sainte  Catherine,  et  veult  que  messire 
Antoine  Bonnet,  son  presbtre,  die  lesd.  deux  messes  et  que  il  en  soit 
vicaire,  et  le  mercredi  une  messe  de  Saint-Jean  laquelle  est  ordonnée 
estre  dicte  par  messire  Julien  Laurenson,  filz  de  Bernard  Laurenson, 
qui  a  esté  son  mestayer  de  Lubignac  l'espace  de  six  vingtz  ans  (sic)  et 
Taultre  messe  de  Sainte-Marguerite  le  jeudi;  veult  quelle  soit  dicte  par 
messire  Jehan  fils  de  Thony  Biret  et  veult  que  en  la  fin  desd.  messes 
soit  dicte  l'absolution  avec  de  profundis  et  les  collectes  Deus  in  cujus 
miserationiê  inclina  et  fide^^"^  **- 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FELILLES  623 

11  assigna  ïe&  deux  premières  sur  les  moulius,  la  troisième  sur  la  métai- 
rie du  château  de  Lubignac  et  la  dernière  sur  la  métairie  de  Masbon- 
neau  ;  les  revenus  de  chacune  d'elles  seront  de  4  s.  seigle  el  50  sous. 
Ces  vicairies  seront  ensuite  à  la  présenlaiion  de  Tévèque  de  Limoges. 
Les  deux  premières  messes  pourront  à  l'avenir  ne  faire  qu'une  seule 
vicairie. 

11  veut  que  son  cœur  soit  apporté  dans  la  chapelle  de  Lubignac  où  est 
déjà  celui  de  sa  femme  et  qu'il  y  soit  mis  un  escriteau  de  cuivre  faisant 
mention  de  ce.  Enfin  ses  enfants  devront  envoyer  un  prêtre  ou  homme 
de  religion  à  Saint-Jacques  en  Galice  pour  accomplir  un  vœu  fait  par  lui 
et  sa  femme.  (P.  M.). 

Nous  trouvons  ensuite  comme  seigneurs  de  Lubignac  : 

Pierre  Barlon,  lieutenant  général,  enterré  au  Dorât  en  4898. 

François,  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  ;  sa  femme,  Diane 
de  Bonnevat,  habitait  Lubignac  en  1S93. 

Pierre  Barton,  capitaine  de  100  chevau-légers,  grand  maître 
des  eaux  et  forêts  de  Normandie  ;  Jean  dit  le  comte  de  Monlbas,  à 
qui  nous  avons  consacré  un  article  biographique,  était  son  flis, 
comme  le  suivant. 

François  Barton,  page  du  cardinal  Richelieu,  maréchal  de  camp, 
lieutenant  général,  reçut  de  nombreuses  blessures  à  Lens  et  à 
Rocroy  ;  «  il  mourut  illustré  par  toutes  ses  vertus,  mais  surtout  par 
sa  charité  envers  les  pauvres  ». 

Pierre  Barton,  comte  de  Monlbas,  mousquetaire  de  la  première 
compagnie,  qui,  en  1732,  vendit  Lubignac  au  comte  de  Laval. 

Celte  seigneurie  était  encore  aux  mains  des  descendants  de  ce 
dernier  lors  de  la  Révolulion.  Le  domaine  de  Lubignac  possédé 
ensuite  par  le  duc  de  Monlmorency-Laval,  pair  de  France,  lieutenant 
général,  décédé  en  1817,  puis  par  son  fils,  ambassadeur  à  Madrid, 
a  été  aliéné  par  les  héritiers  de  ce  dernier. 

Le  5  mai  1727  le  s'  de  Lubignac  donne  à  bail  à  André  Beynot, 
teinturier  et  foulon,  la  maillerie  et  moulin  à  drap  de  Lubignac  ; 
Beynot  pourra  reprendre  ses  presses  el  ses  landes  qui  servent  à 
presser  et  à  faire  sécher.  En  1734  il  y  avaU  à  la  fois  moulin  à  blé, 
à  huile  el  à  drap. 

La  tour  de  Lubignac,  qui  existe  encore,  est  un  des  rares  vestiges 
de  Tarchitecture  militaire  de  noire  pays.  Elle  profile  sa  masse  dans 
un  site  assez  sauvage,  aa  fond  d'une  vallée,  sur  les  bords  de  la 
Brame,  qui  autrefois  s'étalait  en  un  vaste  étang  au  pied  du  châ- 
teau. 

Ce  château,  d'après  un  plan  dressé  par  M.  Grignard,  avait  la 
forme  d*un  carré  parfait,  flanqué  aux  angles  N.,  0.  et  S.  de  tours 
rondes;  la  dernière,  la  plus  importante,  est  celle  qui  subsiste; 
dans  Tangle  Ë.  se  trouvait  la  chapelle  mentionnée  en  1477. 


624  fiociéré  archéologique  bt  historique  du  limousin* 

Celle  leur,  à  base  légèrement  conique,  servait  de  donjon  ;  on  y 
entrait  par  un  pont-levis  qui,  abaissé,  venait  reposer  sur  un  massif 
en  maçonnerie  aujourd'hui  détruit  auquel  sans  doute  on  accédait 
par  un  escalier,  comme  à  Bridiers.  Ce  pont-levis  s'appuyait  pour 
rouler  sur  deux  corbeaux  en  saillie  sur  les  deux  jambages  de  la 
porte  et  creusés  de  gouttières  pour  recevoir  les  axes.  Relevé,  il 
s'encastrait  dans  la  muraille  et  servait  de  porte;  une  seconde 
porte  le  doublait  en  arrière;  elle  était  consolidée  par  une  barre  de 
bois  glissant  dans  une  rainure. 

Ces  deux  portes  franchies,  on  trouve  à  droite  un  escalier  en  spi- 
rale qui  copduit  aux  étages  supérieurs  et  à  gauche  des  degrés  qui 
descendent  aux  caves  voûtées.  Au  fond,  une  porte  donne  accès  à 
une  grande  salle  carrée  munie  de  nombreuses  cachettes.  A  Tinté- 
rieur  tous  les  plafonds,  toutes  les  voûtes  sont  tombées. 

On  voit  ainsi  que  cette  tour  était  divisée  en  trois  étages  dont  le 
dernier  seul  était  voûté.  Celui-ci  était  divisé  en  deux  travées  cou- 
vertes par  des  voûtes  à  nervures;  aux  retombées  des  arcs,  se  trouvent 
figurés  des  personnages  à  mi-corps  soutenant  des  deux  mains  les 
chapiteaux  d'où  partaient  ces  arcs. 

Des  cheminées  monumentales,  dont  les  manteaux  manquent, 
réchauiïaient  chaque  étage.  Ceux-ci  étaient  éclairés  par  des  fenê- 
tres munies  de  banquettes  et  allant  en  diminuant  de  l'intérieur  à 
l'extérieur;  au  dehors,  elles  se  présentent  sous  la  forme  rectan- 
gulaire, coupées  par  un  meneau  horizontal,  et  sont  ornées  à  la 
partie  supérieure  de  simples  baguettes  ;  au  second  étage,  l'une 
d'elles  est  surmontée  d'une  accolade  dans  laquelle  sont  inscrits  le  chef 
ëchiqueté  et  le  cerf  des  Barlhon  ;  cet  écusson  se  voit  encore,  avec 
la  variante  losangée,  sur  une  clef  de  voûte  employée  dans  la  cons- 
truction d'un  bâtiment  moderne. 

A  chaque  étage,  du  côté  de  la  cour,  «e  trouve  un  cabinet  rec- 
tangulaire voûté  en  anse  de  panier  et  éclairé  par  une  fenêtre 
étroite. 

Toutes  les  portes  intérieures  sont  à  anse  de  panier,  d'où  l'on 
peut  conclure  que  cette  construction  date  de  la  fin  du  xv*  s.  ou  du 
commencement  du  suivant. 

La  tour  est  munie  en  partie  de  sa  couronne  de  mâchicoulis. 

Encore  assez  bien  conservée  au  commencement  du  dernier  siècle, 
un  vandalisme  pratique  l'a  vouée  à  une  destruction  prochaine,  un  de 
ses  derniers  propriétaires  ayant  vendu  les  bois  et  les  matériaux  à 
prendre  au  choix  ;  ainsi  toutes  les  poutres,  toutes  les  pierres  de 
grand  appareil  :  marches  d'escaliers,  manteaux  de  cheminées,  lin- 
teaux de  portes  et  de  fenêtres,  ont  été  arrachés!  •  . 


CHATEAU  DE  MOHTUAGSER 


IWNJON   DE  LUBI 


MO^JOGRAPHIE    DU    CASTOS   DE    SAIST-SL'LPICE-LES-FECILI.ES  C25 

LE  MAGNAUD.  —  7  m.  en  174S  ;  44  m.,  48  h.  La  dîme  de 
grains  appartenait  au  prieuré  de  Vitrac;  elle  était  affermée  17  s. 
en  1668.  Une  brigade  de  gendarmerie  y  casernail  en  1806-1834. 

MARGOT,  sis  dans  l'enclave  poitevine.  —  10  m.,  45  h. 

En  1439,  les  hommes  de  Mago  doivent  au'  s'  de  la  Tache  13  s. 
4  d.  de  rente  annuelle  pour  raison  du  lieu  de  Mago  et  ses  apparte- 
nances. Margo,  1S08. 

Le  fief  relevait  de  Mondon  :  le  8  juill.  1570,  le  s'  de  ce  lieu 
opère  le  retrait  féodal,  entre  les  mains  de  Malhurin  Davaille,  de 
divers  fonds  dépendant  du  fief  de  Margot  qui  avaient  été  vendus 
par  Julien  le  Brelon,  s'  de  Lésigné,  et  Hiiguellc  de  Felletin  (9400). 

1580,  Jean  Agenet,  s'  du  Courry  et  Marguol 

Diaprés  Taveu  rendu  à  Mondon,  le  31  mars  1598,  par  Marc  de 
Monard,  s'  de  Villemarlin  et  Margot^  ce  fief  était  tenu  à  foi  et 
hommage  lige;  il  comprenait  «  un  beau  village,  sénéchaussée  de 
Montmorillon,  estant  basty  et  eddifîé  de  plusieurs  maisons,  compre- 
nant vingt  fermes  de  logis  ou  environ,  avec  le  labourage  de  8  pai- 
res de  bœufs  ».  Il  fut  vendu  le  9  déc.  1602  par  Jean  de  Monard  à 
Jean  Busson,  s'  de  Laige,  moyennant  1.236  I.  ;  Jacques  Busson. 
s'  de  Margot,  à  Saint-Etienne  de  Fursac,  {1637  ;  le  23  juin  1780,  le 
s' Cujas  de  Ribbe  le  cède  à  M"'  de  Rochechouard  (9400). 

Le  24  déc.  1703,  dans  un  accident  de  cheval,  le  m"  de  poste, 
Simon  de  la  Gorsse,  et  un  jeune  homme  y  sont  tués. 

MARTINET.  —  15  m.  en  1745;  20  m.,  88  h.  Ancien  fief  rele- 
vant de  Magnac,  qui  se  trouvait,  vers  1470,  aux  mains  des  Pot  de 
Rhodes.  En  1483,  d'après  les  comptes  de  Guillaume  de  Rnffel, 
receveur,  fes  tailles  de  la  s''*  qui  se  levaient  en  août,  à  Noël  et  en 
mars,  ont  produit  47  1.  et  les  grains  de  JUartinoys  montent  à  treize 
vingts  dix  sept  septiers  de  seigle.  Le  même  constate  qu'il  a  mis  en  1485 
dans  le  grand  étang  du  moulin  600  de  norin  de  carpe  d'ung  pié  et 
LX  brasmes  et  dans  le  petit  étang  de  I^^scoux  de  Martinet  XIX 
vingtz  de  norin  de  carpe  d'ung  demy  pié.  Le  môme  registre  de 
compte  renferme  un  curieux  acte  de  reconnaissance  de  servage 
pour  recevoir  une  nouvelle  investiture  de  propriété  : 

Le  25  février  1486  (v.  s.)  Malhurin  Cathely,  demeurant  à  Martinoys, 
«  c*est  fet  homme  sert  de  n.  h.  Jehan  Pot,  escr.,  s'  dud.  lieu,  à  scavoir 
est  que  led.  Mathurin  a  promis  servir  led.  et  de  bian  toutes  les  semai- 
nes, de  queste  es  quatre  cas  privilégiés,  de  taille  trois  fois  Tan,  Tavoine 
et  la  geline  par  chacun  an,  par  ainsi  que  led.  écuyer  a  consenti  et  con- 
sent que  led.  Cathely  joysse  de  cinq  parts  les  deux  de  tous  et  chacuns 
les  héritages  (jue  tient  à  présent  Petit  Jehan  Auboutet,  lequel  éritage 
est  baillé  aud.  Cately  à  cause  et  pour  raison  de  Martine,  sa  femme,  fille 

T.  LV  42 


626  soci^é  AhCHéoLOGiQufa  et  kiiâTottroue  t>u  LrstoOSif^ 

de  feu  Philippe  Auboutei,  et  ses  cousins  et  cousines,  enifans  de  feu 
Jehan  Auboutet  le  jeune  ;  lesquels  enffans  en  faveur  de  mariage  oui 
cédé  leurs  d.  droits  à  lad.  Martine  ;  comme  ainsi  que  led.  Mathurin  a 
promis  à  payer  aud.  ecuyer  de  cinq  parts  les  deux,  les  rentes  deues  à 
cause  et  pour  raison  desd.  héritages.  »  (9401). 

Cet  acte  et  celui  que  dous  avons  cité  à  propos  du  Noyer  mon- 
trent que  le  servage  existait  encore  dans  notre  pays  à  la  fin  du 
XV"  siècle. 

Possédé  ensuite  par  Jean  ;Busson,  qui  est  convoqué  en  1577  à 
l'arriëre-ban  du  Poitou  à  raison  de  ce  fief,  Martinet  fut  vendu,  le 
16  mars  4880,  moyennant  800  écus,  à  Mathurin  Pot,  dont  nous 
avons  parlé  à  la  notice  sur  la  Maison  Rouge. 

Le  9  sept.  1617,  Zacharie  de  Saint-Hor,  s'  de  TOradour  et  de 
Lavault,  cède  ce  fief  à  Jacques  Sornin  qui  rend  aveu  à  Hagnac  te 
8  juin  1619  :  la  s''*  comprend  les  deux  tiers  d*un  logis  dans  le  fort 
d'Arnac,  la  dime  générale  du  Martinet  et  Lascoux  avec  cbarnage  et 
agneaux  ;  la  dîme  dite  de  Rhodes  sur  les  Brosses  Chantaud  ;  la 
dime  de  Villemort  sur  Saint-Martial  et  le  bourg  d'Arnac  ;  le  fief  de 
TEscIuze. 

Marie-Louise  Sornin,  fille  de  Jacques,  s'  de  la  Roche,  en  se 
mariant,  le  18  fév.  1678,  à  Guillaume-Alexandre  de  Saint-Martin  lui 
apporta  cette  s'^'qui  resta  dans  cette  famille  jusqu*à  la  Révolution. 
D*elle  relevait  le  fief  de  Chégurat  à  hommage  lige  (1). 

En  1S03,  le  moulin  de  Martinet,  sis  au-dessous  de  la  chaussée 
du  grand  étang  de  Lascoux,  était  à  blé  et  à  drap. 

Receveurs  :  Guillaume  de  Reullet,  1485-1493  ;  Jean  de  Fres- 
sanges,  1494-1502,  son  neveu. 

Le  plan  du  camp  romain  de  Martinet  a  été  relevé  par  M.  de  Beau- 
fort,  pL  VL 

MASMEAU.  —  1  m.  en  1745  ;  1  m.,  9  h.  Ancien  fief  relevant  de 
Magnac.  Les  bâlhnents  ont  été  complètement  rasés  il  y  a  une 
quinzaine  d'années;  un  puits  en  indique  seul  remplacement.  La 
métairie  a  été  construite  quelques  centaines  de  mètres  plus  haut. 

Seigneurs  :  Hélion  Marbœuf,  1421  ;  Etienne  Marbœuf,  son  fils, 
1450;  Julien  Marbœuf  qui  rend  hommage  pour  Masmeau  an  s'  de 
Magnac  le  15  fév.  1552  ;  François  Marbœuf,  1555  ;  Charles  de  Mar- 
bœuf, 1564.  Jacques  de  Marbœuf,  s' de  Masmeau,  marié  suivant 
contrat  du  28  janv.  1598  à  Claude  de  Savignac,  fit  ses  preuves  de 
noblesse  la  même  année.  Il  eut  Jean  de  Marbœuf,  s'  de  Masmeau, 

(1)  Cf.  M.  Champeval  de  Vyers,  Notice  historique  sur  la  maison  de 
Saint-Martin  de  Bagnac,  —  Limoges,  Ducourtieux,  1897. 


MOSOGRAPllkE    DU    CANTON    DE    SAtMT-SOLPIC^-LES-FEUtLLES  627 

marié  à  Bonavenlure  de  Monlbel,  et  sans  doule,  Silvie  enterrée 
devant  la  porte  de  l'église  d'Arnac  le  i^^  mars  1669. 

Jean  qui,  en  1667,  habitait  Lignicres  en  Berri,  laissa  Robert, 
s^  de  Masmeau,  marié,  le  28  fév.  1677,  à  Marie  Moreau;  celui-ci 
mourut  le  27  janv.  1679,  et  sa  femme  le  15  janv.  1680  ;  ils  avaient 
eu  Bonaventure  (28  déc.  1677)  et  Anne,  mariée  à  Vincent  Moreau, 
s'  de  la  Jarrige.  (E.  C). 

En  1712,  est  s' de  Masmeau  Léonard  Chadenier,  avocat  à  Magnac, 
qui  avait  épousé,  le  3  août  1700,  Bonaventure  Moreau,  fille  du  pré^ 
cèdent,  à  qui  sans  doute  ce  lief  fut  attribué  à  Textinclion  des  de 
Marbœuf. 

Claude  Pascal  Degobertière,  avocat  à  Magnac,  est  dit  s' de  Mas- 
maux  en  1778;  il  vendit  cette  propriété,  le  17  floréal  an  XII,  h 
Pierre  Poujaud,  notaire  aux  Brosses. 

LE  MONTEIL.  —  13  m.  56  li.  ;  8  m.  en  1745,  plus  le  château 
composé  d'un  corps  de  logis  flanqué  de  deux  tours  et  un  moulin  à 
une  roue  à  seigle.  Ancien  fief  relevant  de  Magnac. 

Aimery  ditMérigot  Brachet,  s'  du  Monteil,  vivait  en  1387  ;  de  sa 
femme  Marguerite  de  la  Porte,  veuve  Hugues  de  la  Celle,  s'  de 
Jançay,  il  eut  Jean  Brachet,  qui  épousa,  vers  1400,  Marie  de  Ven- 
dôme, de  la  famille  des  comtes  de  ce  nom  ;  de  ce  dernier  mariage 
vint  Jacques  Brachet,  qui  continua  la  postérité  et  dont  le  fils  fut 
baron  de  Magnac,  et  Catherine,  mariée,  le  3  nov.  1436,  au  fameux 
Jean  Pothon  de  Xainlrailles.  (Nadaud). 

A  partir  de  cette  époque,  le  château  du  Monteil  a  été  constam- 
ment possédé  par  les  s^'  de  Magnac. 

Dans  plusieurs  actes,  on  trouve  indiquée  la  baronnie  du  Monteil, 
au  lieu  de  baronnie  d'Arnac. 

MONTMAGNER.  —  5  m.  en  1745  ;  3  m.,  23  h.  Vers  1012-1020, 
Gilbert,  chanoine  de  Limoges,  donne  au  chapitre  caihédral  de 
cette  ville  deux  mas  au  lieu  de  Monlmainier,  avec  les  forêts, 
prés,  vignes,  etc.  (1).  Montmanyer,  1500. 

Vieux  corps  de  logis  flanqué  d'une  lour  couverte  de 
planchettes  de  châtaignier.  Ancienne  maison  noble  possédée  de 
temps  immémorial  par  la  famille  Marcoul  :  une  vieille  généalo- 
gie que  nous  avons  eue  entre  les  mains  porte  :  «  Lajmaison 
du  fief  ou  maison  noble  de  Montmagner  en  Basse-Marche  a  été 
bâlie  en  1360  par  J.  Marcoul.  Cette  date  élait  gravée  sur  la  pierre 
au-dessus  de  l'huisserie  de  la  porte  d'une  lour.  »  Elle  commence  la 

(1)  inv.  publié  par  M.  A.  Leroux,  Bull,  Soc,  arch.,  t.  LIV,  p.  437, 


628  sociàré  a^h^ologiquë  et  kiisTORtQUE  di)  libIousiN 

suite  des  s**  de  ce  lieu  par  Guillaume  Marcoul,  fils  de  Jean,  né  au 
commencement  de.  1510.  Celui-ci  est  père  de  Jean,  qui  suit,  et  de 
Julien,  prélre,  tonsuré  le  16  août  1560  dans  Tëglise  de  la  Souter- 
raine par  Julien  de  rA.ubespine,  évéque  de  Limoges. 

Jean,  s'  de  Montmagner,  est  père  de  Julien  qui  eut  Jean,  marié 
le  S6  sep.  1593  à  Marie-Madeleine  Pallisson  de  Barnëges.  De  ce 
mariage  vint  Julien,  marié  à  Françoise  de  Vauzelle  ;  ces  deux  der- 
niers furent  inhumés  dans  Téglise  d'Arnac  :  le  mari  le  31  déc.  1666, 
la  femme  le  18  juin  1689;  ils  laissèrent  plusieurs  enfants,  dont 
Joseph,  qui  suit;^Jean,  s'  de  la  Brosse  (1642-1708),  qui  ne  laissa 
qu'une  fille,  Magdeleine,  mariée  à  Jean  du  Chalard,  lieutenant  par- 
ticulier au  siège  de  la  Basse-Marche;  Claude  (1641-1676),  mariée, 
le  4  fév.  1671,  à  Jacques  de  Florel,  s'  d'Oreix;  Antoine  (1651- 
1693),  s'  du  Branle,  oflicier  au  régiment  de  Champagne,  qui  eut 
plusieurs  enfants  de  Charlotte  Moreau  de  la  Tibarderie. 

Joseph,  s' de  Montmagner,  né  le  24  nov.  1643,  épousa  le  11  juill. 
1671  Marguerile-Renée  Jevardat;  il  mourut  au  Dorât  le  5  Juill. 
1701,  laissant  entre  autres  :  J.-B. -Bruno,  éc,  s' de  Montmagner,  la 
Prévoslière  et  THoulhe,  mousquetaire  du  roi,  puis  l'un  des  cent 
chevau-légers  de  la  garde  ordinaire  de  S.  M.  Dans  une  transaction 
du  12  avril  1712,  il  reçoit  pour  son  droit  d'aînesse  la  maison  noble 
de  Montmagner.  Né  en  1674,  il  fut  inhumé,  le  26  nov.  1745,  dans 
réglise  d'Arnac,  laissant  de  Marguerite  de  la  Coste  :  Joseph-Israël, 
qui  suit;  Marie,  mariée  à  J.-B.  Lafleur  de  Lascoux;  Marie-Anne- 
Geneviève,  épouse  de  Philippe  Silvain  des  Gorces;  Antoine-Théo- 
hald,  s*  de  THoute,  marié  à  Marguerite  de  Génicourt,  d'où  Antoine 
Marcoul  des  Prugnes. 

Joseph-Israël  Marcoul  de  la  Prévostière,  s'  de  Montmagner 
(1713  -f  1791),  gendarme  de  la  garde  du  roi,  premier  maire  d'Arnac, 
épousa  :  1»  le  24  août  1740,  Marie  Silvain  de  Brimord  ;  2»  le  22  fév. 
1748,  Anne-Geneviève  Frichon  de  la  Lane.  Il  eut  entre  autres 
enfants  :  le  suivant;  Louis-Protais  et  Jean-Léonard- Victor,  ces 
deux  derniers,  prêtres,  dont  la  biographie  a  été  donnée  par 
M.  Lecler. 

Joseph-Israël  Marcoul,  s'  de  THoute,  né  le  6  janv.  1762,  s'allia  le 
29  sept.  1789  à  Jeanne-Thérèse  Poujaud  de  la  Roche  ;  il  mourut  le 
25  nov.  1835,  ayant  eu  :  Louis-Joseph-Alexandre  (1790),  président 
à  la  cour  d  appel  de  Limoges,  époux  de  Clémence  de  Verdilhac- 
Lalande,  d'où  Elodie-Lucie-Jeanne,  mariée  au  général  Arbellot,  et 
Joséphine-Lucic-Jeanne,  qui  possèdent  encore  Montmagner  ;  Jean- 
Baptiste  (1793  1850),  père  du  suivant. 

Paul-Edouard  Marcoul  de  Montmagner  de  Loute,  né  au  Puiche- 
nin  le  14  mai  1840,  administrateur  de  la  G^'  foncière  de  France  et 


MONOGRAPHIE    DU   CANTON    DE    SAINT'-SULPICE-LES-FEUILLES  629 

président  du  Conseil  d'administration  de  la  C**  de  la  Bourse  de 
commerce  de  Paris,  marié  le  10  oct.  1877  à  Eléonore-Agnès  Hogg, 
des  lords  Hogg,  pairs  d'Angleterre,  d*où  Henri-Marie-Douglas 
(1878),  et  J.-B.-Paal-Bruno-Waller  (1879). 

En  1748,  il  y  a  à  Montmagner  une  maison  louée  au  maître  de 
poste  d'Arnac  pour  y  loger  les  postillons.  Un  arrêté  du  district  de 
germinal  an  II  met  en  régie  le  relai  de  Montmagner;  une  autre 
délibération  du  17  thermidor  an  II  constate  que  les  chevaux  de  ce 
relai  sont  morts  faute  d'avoine.  (L.  846). 

En  vendémiaire  an  III,  on  rapporte  au  district  que  par  suite  de 
la  suppression  de  la  poste  intermédiaire  de  Montmagner,  les  che- 
vaux de  Boismandé  et  Morterolles  sont  fourbus  et  qu'on  est  obligé 
de  faire  tirer  les  malles  et  les  diligences  par  des  bœufs  réquisition- 
nés dans  les  communes  voisines. 

Le  37  frimaire  suivant,  le  district  mentionne  qu'à  leur  tour  les 
bœufs  sont  sur  la  litière  et  qu'il  y  a  deux  diligences  et  sept  malles- 
postes,  chargées  de  fonds  et  d'ordre  pour  l'armée  du  Midi,  en  souf- 
france à  Boismandé. 

A  la  suite  de  nombreuses  plaintes  du  district  et  des  communes, 
le  département  réorganisa  la  poste,  au  mois  de  pluviôse  suivant, 
en  envoyant  trente-quatre  chevaux  tant  à  Montmagner  qu'à  Bois- 
mandé (L.  848). 

MOULIN  DES  COTES.  -  1  m.,  7  h. 

MOULIN  DE  CROCHET  mentionné  en  1628-1669. 

MOULIN  DE  LASCOUX.  —  i  m.,  11  h.,  une  meule  à  seigle  en 
1748.  Moulin  banal  dépendant  de  la  s''*  de  Martinet;  tous  les  habi- 
tants de  la  banlieue  y  étaient  astreignables  ;  la  mouture  s'y  faisait 
au  seizième. 

Le  18  fév.  1800  (v.  s.)  Jean  Pot,  s'  de  Rhodes,  afferme  à  Pierre 
Cathelin,  le  moulin  de  Lascoux  au-dessous  du  grand  étang.  Cet 
étang  a  7  seterées  en  1748. 

MOULIN  LOCHON.  —  1  m,  18  h. 

MOULIN  DE  LA  VILLEAUBRUN.  —  1  m.,  3  h. 

NEUVILLE.  -  1  m.,  18  h.  Nuvilhe,  1490;  Neville,  1800.  Sieurs  : 
Jacques  de  Marbœuf,  s'  de  Neufville,  1688  ;  François  Moreau  de  la 
Jarrige,  1748;  Joseph  Moreau  de  Neuville,  1772-1779. 

OREIX.  —  8  m.,  42  h.  ;  7  m.  et  corps  de  logis  à  3  étages  flanqué 
de  2  tours  en  1748.  Oureys,  1881;  on  dit  actuellement  Le  Rets. 
Ancien  fief  possédé  par  les  Brachet.  Jean  Brachet,  s'  i'Orey, 


630  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

vivant  en  1460,  eut  de  Leone  Combarel,  Malhelin,  chambellan  du 
roi.  Le  5  sept.  1519,  François  Brachet,  s'  i'Auraix,  et  Dauphine 
du  Barry,  sa  femme,  donnent  aux  prieur,  curé  et  prêtres  de  la  com- 
munauté d'Ârnac  toutes  les  dîmes  dépendant  de  leur  s'*«  d'Auraix, 
tant  vertes  que  menues  et  charnages,  à  charge  de  célébrer  par  an 
4  anniversaires  à  hautes  voix  et  4  messes. 

Pierre  Brachet,  s'  (ÏOreys  en  1540.  M.  de  la  Porle  cite,  en  1577, 
Jean  et  Mesmin  Probes?  s"  de  ce  lieu.  André  de  Montbel,  s'  de  la 
Tâche,  est  aussi  qualifié,  s' d'Orais  en  1657-1669. 

Les  Fioret,  d'une  vieille  famille  de  la  Souterraine,  en  sont  ensuite 
propriétaires  :  Jacques,  s'  d'Oreys,  épouse  à  Arnac  le  4  fév.  1671, 
Claude  Marconi;  Jacques  Fioret,  s'  d'Oreys,  se  maria  à  Marie  Sal- 
leton  en  1689. 

Sa  fille,  Marie-Anne  Fioret,  épousa  Pierre  Chapelet,  s'  de  Font- 
vieille,  et  lui  porta  Oreix.  Pierre  y  mourut  le  10  oct.  1720  et  fut 
inhumé  dans  Téglise  d*Arnac  le  11.  [Is  eurent  Pierre-Martial  Cha- 
pelet, né  et  décédé  à  Oreix (1709-1775),  juge  de  la  Souterraine;  le 
11  nov.  il  fut  inhumé  dans  Téglise  Saint-André  de  cette  ville  et 
tous  les  gens  de  justice  en  costume  accompagnèrent  son  convoi. 

Il  avait  épousé  Françoise  le  Gras;  saillie^  Marie-Anne-Brigitte, 
fut  femme  de  Paul  Delaneau,  s'  d'Oreix,  1783-1790. 

Une  partie  du  corps  de  logis  subsiste  encore  avec  les  deux  (ours 
découronnées.  Non  loin  m.  moderne  construite  en  1885  par  M.  Le- 
blanc et  désignée  sous  le  nom  à'Oreix-Montaudon. 

LE  NOUHAUD.  —  Vill.  disparu  avant  1745;  1571,  le  Nouhaud; 
1701 ,  le  Nouaux, 

PAVÉ  DE  BUFASSON.  —  4  m.,  17  h.,  partie  du  vill.  de  Buf- 
fasson  construite  sur  la  grand'route. 

LA  PLANCHE- ABNAISE.  —  Maison  citée  en  16Î5;  disparue. 

PONTJAUGE.  —  1  m.,  7  h.  Etang  de  7  s.  en  1745;  le  ruisseau 
qui  arrive  à  la  queue  de  cet  étang  séparait  la  p»V  d'avec  l'enclave 
de  Vitrac.  Ancienne  carderie  disparue  vers  1870. 

PUICHENIN.  —  1  m.,  7  h.  Les  maisons  de  Puichenin  devaient 
des  rentes  à  Mondon.  S"  :  Pierre  Moreau,  1700;  Jean-Louis  Mar- 
coni, 1745.  M.  de  Longuemar,  dans  son  travail  sur  les  voies  ro- 
maines et  gauloises  dans  Touest,  émet  l'opinion  que  le  mot  Pui- 
chenin désigne  un  lieu  où,  dans  des  souterrains  les  hommes  se 
livraient  à  la  débauche.  Il  est  à  remarquer  que  notre  Puichenin  se 
trouvait  au  croisement  de  2  grandes  routes  :  Poitiers-Guéret  et 
Pari  s -Limoges.  6  m.  en  1745. 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DB    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  631 

PUYMORNET.  —  1  m.  en  1748  sise  sar  le  chemin  de  Commergnac 
au  communal  disparue  depuis;  devait  des  corvées  à  Lubignae. 

PUYROGER.  ~  11  m.,  51  h.  Ancien  fief  de  la  Terre-aux-Feuilles 
relevant  de  Piégut  à  foi  et  hommage  lige,  possédé  en  1 573-4 S99 
par  Christophe  du  Genest,  écuyer  ordinaire  de  la  grande  écurie  du 
roi  ;  sa  veuve,  Jacquelle  des  MonsliBrs,  rend  aveu  le  20  mai  1626; 
Jean  Coprie,  1706;  Jean  Coprie,  1727-1761  ;  Peurogier,  1669. 

LE  RAGOT.  —  2  m.,  3  h.  François  Gauchier,  s' de  Ragots,  1710. 

LES  ROSIERS.  —  Métairie  disparue  sise  en  face  du  couvent, 
qualifiée  de  lieu  noble;  a  appartenu  aux  Moreau  de  1623  à  1731. 

RUFASSON.  —  9  m.,  53  h.  C'était  une  s'»*  qui  relevait  de  Brosse 
et  qu'on  trouve  nommée  Roefasson,  1449;  Reufasson,  1558;  /iby- 
f assort,  i^Sd;  ReufaçoUy  1777  ;  on  rencontre  également  Ronnfassùn, 
Rieufasson,  Roy  façon. 

En  1520,  ce  fief  est  à  Pierre  de  Chazerat,  s'  du  Ris  et  la  Jarrtge, 
puis  à  Louis  de  Chazerat,  s' de  Bélabre,  qui,  le  8  août  1558,  vend 
celte  s"*  et  celle  de  la  Jarrige  à  Pierre  Soroin,  marchand  à  Morte- 
rolles.  Ce  dernier,  époux  de  Marguerite  Daubroche,  eut  Simon 
Sornin,  licencié  ës-lois,  qui  en  1560  faisait  une  transaction  pour 
Rufasson.  (9400). 

Jean  Sornin  est  ensuite  s'  en  1596-1602;  Malhurin  Moreau  en 
16831707. 

En  août  1777  J.-B.  Bulaud  de  Beauvais,  vend  ce  fief  à  Jacques- 
Noël  Carleron,  snbdélégué  de  Tintendant  et  receveur  à  l'entrepôt 
des  labacs  de  la  Souterraine,  (9400). 

Il  possédait  droit  de  basse  justice  et  des  maisons  dans  le  bourg 
de  Saint-Sulpice  ;  en  1552  il  vaut  20  1.  de  rente. 

A  la  fin  du  xvni*  s.  il  y  avait  un  courrier  spécial  de  Rufasson  au 
Dorât  pour  porter  dans  celte  ville  les  lettres  venant  de  Paris 
(L.  516). 

RUFFEC.  —  2  m.,  10  h.,  faisait  aussi  partie  du  Poilon.  1  m.  en 
1745  joignant  au  grand  chemin  royal  et  au  chomin  de  Liissac  à  la 
Souterraine.  Reuffet,  1670;  Raffé,  1707;  Reapct,  1720-1726. 
Reuffet,  1745.  Les  Faure  sont  s'»  de  ce  lieu,  1707-1745; 

SAINT-MARTIAL.  -  4  m.  en  1745,  15  m.,  59  h  ;  faubourg 
d'Arnac  où  Ton  trouve  une  chapelle  en  1549  et  où  existe  encore  le 
cimetière.  (9394). 

D'après  la  légende,  saint  Martial  passant  dans  ce  pays  y  ren- 
contra une  peuplade  sauvage  qu'il  évangélisa;  il  y  construisit 
ensuite  une  chapelle. 


632  SOCIÉTÉ  AHCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

S'*  :  Joseph  Philippe,  greffier  de  Magnac,  1630;  Joseph  Philippe, 
lieutenant  criminel  de  la  Basse-Marche,  1681  ;  Pierre  Philippe,  1685; 
Jacques  Jarry,  17101716;  François  Delavaud,  notaire,  1743. 

LA  SALESSE.  —  13  ra.,  44  h.,  anciennement  du  Poitou.  En 
1439  le  lieu  de  la  Salessa  avec  les  près,  terres,  vergers,  et  bois  et 
les  hommes  taillables  dépenif  de  Mondon;  le  moulin  étail  de 
Mailhac. 

LA  SALLE  D'ARNAC.  —  Ancienne  s'*^  qui  comprenait  un  logis 
dans  le  bourg  d'Arnac  et  un  moulin,  tous  deux  appelés  de  la  Salle  ; 
rétang  au-dessus  du  moulin  subsiste  et  porte. encore  ce  nom. 

S"  :  Jean  Coigne,  témoin  à  un  mariage  le  9  janv.  1486  (v.  s.); 
Jean  de  Blom,  15S5;  le  29  juill.  1577  il  fait  défaut  au  banc  de  la 
noblesse  delà  Basse-Marche;  Mondot  de  Blom,  1592;  Pierre  de 
Blom,  1616-1635  ;  Jean  de  Blom,  1644  ;  Françoise  de  Blom,  mariée  à 
Antoine  de  Roaffignac,  d'où  Mondot  de  Roufflgnac,  s'  de  la  Salle, 
époux  de  Gabrielle  de  Leffe;  sans  doute  leur  fille,  Marie,  épousa 
Pierre  de  la  Faire  qui  est  s' en  1705-1746  :  le  20  mai  1746  il  donne 
à  bail  moyennant  680  Ule  lieu  et  fief  de  la  Salle,  comprenant  logis, 
moulin,  étang,  terres,  des  rentes  nobles,  une  métairie  à  TAgebraux 
et  une  autre  à  Saint-Martial. 

LouiS'Gharles-Alexandre  de  Rouflignac,  s'  de  la  Salle,  fils  de 
J.-B.,  s'  de  Sannat,  et  de  Marie  Coustin,  habitait  en  1778-1790  son 
logis  noble  de  la  Salle  à  Arnac.  Il  avait  épousé  Jeanne-Françoise 
de  Puiguion  ;  il  émigra  à  la  Révolution. 

LE  SËUX.  —  1  m.,  12  h.  ;  corps  de  logis  composé  d'un  pavillon 
et  d'une  maison  à  2  espaces  en  1745. 

Ancien  fief.  Le  3  août  1398  Raymond  de  Sahmco^  écuyer,  s' dud. 
lieu,  qui  avait  vendu  ci-devant  une  rente  assise  sur  son  héberge- 
ment de  Sahusco,  déclare  la  transférer  sur  le  ténement  de  TEffe, 
p**  desChézeaux.On  le  trouve  encore  nommé  Raymond  de  Sehw:  en 
1397-1400;  Martial  deu  Seuc,  1439.  (9358). 

Jacques  Prévost,  s'  du  Seuc,  1543. 

Le  13  avril  1563  Guillaume  de  Montbel,  s'  de  la  Tache,  cède  à 
Gabrielle  Bouichault,  veuve  de  Jacques  Prévost,  s'  du  Set^Cy  une 
dîme  sur  des  terres  joignant  le  chemin  de  Vieilhecourt  à  la  cha- 
pelle du  Seuc  avec  tous  les  droits  féodaux,  fors  le  droit  de  mosnaige 
réservé  tant  que  lad.  dame  n'aura  pas  de  moulin  dans  ses  terres  (P.  M.) 

N.  Prévost,  s'  du  Seu,  époux  de  Jacquelte  de  Sauzet,  laissa  Gui 
et  Philippe,  femme  du  s'  de  Puyvinault,  vivant  en  1599. 

Charles  Prévost,  s'  du  Seux,  demeurant  à  Orsanne  en  Berri,  est 
maintenu  noble  le  21  juin  1669. 


MONOGRAPHIE   DU    CANTON   DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  633 

Joseph -Martial  de  la  Cosle,  époux  de  Marie  de  l^Bassiëre,  est 
dit  s'  du  Seux  ou  du  Scetix  en  17141718  ;  Antoine  de  la  Goste  en 
1776.  D'après  un  plan  donné  par  M.  Grignard,  le  Seux  comprenait 
des  bâtiments  placés  dans  un  carré  entouré  de  douves  pleines  d'eau; 
un  pont  situé  à  TE.  faisait  communiquer  avec  Textérieur. 

VIEILLEGOURT.  —  Lieu  disparu,  doit  être  englobé  dans  Chez- 
Nicaud.  Le  terrier  de  174S  ne  fait  qu'un  article  pour  ces  deux  vil- 
lages qui  avaient  3  m.  toutes  couvertes  à  paille  et  un  moulin  ; 
Vieilhecourt,  1563,  ce  village  est  encore  appelé  ChezPreussaudy 
ilSId  \  CheZ'Perussau,  \16i',  Chez-Purussaud,  illl. 

Le  moulin  mentionné  en  1670,  dépendait  de  Martinet  ;  en  1761 
il  avait  une  meule  et  un  sotUre  à  seigle. 

Le  terrier  mentionne  aussi  le  Petit  Vieillecourt  où  il  y  a  une 
maison. 

LA  VIGNE.  —  13  m.  en  1745;  10  m.,  44  h.  Fief  relevant  de  Lu- 
bignac.  Le  30  janv.  1599  François  Barlon,  vicomle  de  Montbas,  s' 
de  Lubignac,  cède  à  Charles  d'Armeny,  écuyer,  seigneur  de  la  Ga- 
lanchère,  p"  de  Bussière-Poitevine,  le  lieu  et  mélairie  de  la  Vigne, 
acquis  de  François  Belle,  et  reçoit  en  échange  la  tief  noble  de  la 
Galanchère  et  le  moulin  Quenard  sur  la  Gardampe.  (M.  N.). 

François  d'Armagny,  s'  de  la  Vigne,  1620. 

Sans  doute,  sa  Hlle,  Anne  d'Armigny,  épousa  Annet  de  la  Bus- 
sière,  écuyer,  s'  de  la  Vigne,  inhumé  dans  le  cimetière  d'Arnac  le 
10  oct.  1669. 

LA  VILLEAUBRDN.  -  23  m.,  92  h.  Gros  vill.  de  la  com.  bien 
déchu  depuis  la  suppression  du  trafic  de  la  route  nationale.  II. se 
trouvait  autrefois  en  Poitou. 

Dépendait  de  Piégut  en  1449;  le  28  août  1528  les  habitants  se 
reconnaissent  serfs,  justiciables  et  guelables  de  celte  seigneurie. 
(Gén.  Pot.). 

Maison  du  Plat  d'élain,  1772-1786;  nous  avons  déjà  signalé  le 
passage  du  pape  Pie  VII  le  27  janv.  1814. 

Le  relai  de  poste  y  fut  établi  à  la  fin  du  xvni''  s.  ;  il  y  avait 
15  chevaux  en  1816. 

Maires  d^Arnac.  —  Joseph-Israel  Marcoul  de  la  Prévostière,  1790;  Fr. 
Conor,  1792;  Léonard  Plaignaud,  1793-1794;  Joseph  Barret,  an  III;  Jean 
Faurefils,  anIU;  J.-B.  Pertat-Lacôte,  an  X-1807;  Fr.  Moreau-Lajarrige, 
1807-1836,  i8U-I8i3  et  1846-1852;  Aug.  Poujaud, notaire,  1836-1841;  doc- 
teur P.-E.  Plaignaud,  1843-18'*");  Maurice  Rebeyrol,  off.de  santé,1852-l  860; 
B.  Asseline,  notaire,  1860-1870  et  1871-1877;  P.-Fr.-Emmanuel  Poujaud, 
1870-1871  et  1878-1884;  Ph.-Ch.-R.  Dubranle-Richefort,  notaire,  1877- 


634  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

1878;   docteur.  L.  Bognaud,  1884-1886;  E.  Valladon,  1886-1887:  N.  Lé- 
tang,  1888-1904;  E.  Leblois,  1904-1905;  docteur  J.  Bontenl,  1905. 

Curés  d'ArriHc.  —  Mathurin  d'Aubusson,  1488;  Gui  Domeron,  1500; 
Martial  Ozanet,  1528  ;  André  Maillasson;  Jean  Guillemet;  Pierre  Pichon, 
1608-1612;  Mathurin  Picbon;  Jean  Gayot,  1623-1646;  Antoine  Gayot, 
1651-1662;  Léonard  Adhenet,  1667-1686;  Léonard  Dcmaravaud,  1687-1706; 
Jean  Demaravaud,  1706-1712;  Joachim  de  Maravaud,  1712  f  1*28;  Jo- 
seph Larocque,  1728  f  1758;  François  Ytier,  f  1758;  J.-B.  Plaignaud, 
1759  t  1770;  J.-B.  Plaignaud,  1770-1790. 

Ficaire».  —  Jean  Copprie,  1661-1689;  Boin,  1686;  J.  Maravaud,  1697; 
G.  Delescluze,  1700-1701;  Beaure,  1702-1703;  François  Yvernat,  1703-1704; 
J.  Dujardin,  1706;  de  Maravaud,  1708-1710;  Charles  Massard,  1727; 
François  Ytier,  1730-1730;  Brun  1739-1741  ;  Coulaud,  1743;  Jean  Delalé- 
gerie,  17^3-1757;  Peuchaud  de  Boismandé,  1757-1758  ;  Massard,  1758; 
François  Decressac,  1758-1759;  J.-B.  Plaignaud,  1766-1770;  François 
Delalégerie,  1769;  Joseph  Baret,  1771-1775;  J.-B.  Plaignaud,  1781-1790. 

Prieurs.  —  Biaise  d'Estropiat,  1610;  René  Delouche,  1644-1666; 
Jean  Delouche,  1698;  Silvain  Delouche,  s'  de  Boisraymond,  1701-1703; 
Joseph  Delouche,  1713;  Gabriel  Decressac,  1716-1729;  Gabriel  Delou- 
che, f  1752;  Zacharie  de  Burguevieux,  1752,  directeur  du  séminaire  des 
missions  étrangères  à  Paris;  Jean-Pierre  Burguevieux,  1779;  Germain 
Gallard,   1779-1789,  vicaire  général  de  Senlis. 

Conimunalisles.  —  André  Nicaud,  1610;  Antoine  Faure,  1645  f  1672; 
Berthonnet,  1653-1655;  Antoine-Gayot,  1669-1688;  François  Marcoul, 
1675;  Simon  Delagorsse,  f  1704;  Jean  Thomas,  1707  f  1746;  Mathieu 
Mondelet,  1726;  Charles  Massard,  1726-1727;  Pierre  Delalégerie,  1728; 
Joseph  Delaroque,  1729-1731;  François  Ytier,  1729-1733;  François 
Delalégerie,  1758-1767;  Joseph  Barret,  1768-1776;  Jean  Delalégerie, 
1743-1749;  Joseph  Moreau  de  la  Jarrige,  1782-1788;  Louis-Protais  Mar- 
coul delà  Prévostière,  1783;  Augustin  Petit,  1789. 

Régent  latiniste,  —  Léonard  Plaignaud  de  Beauséjour,  1783-1788. 

Syndics  ou  préposés  perpétuels.  —  Jean  Marcoul  des  Brosses,  1702  f  1 708; 
Léonard  Chadenier,  1708-1712;  Antoine  Butaud,  s'  de  MaisonseuUe,  1760. 

Greffiers  des  rôles  de  la  paroisse.  —  Jean  Marcoul  des  Brosses,  1707; 
Jean  du  Chalard,  s'  de  la  Palière,  1707. 

Contrôleurs  et  receveurs  de  V enregistrement.  —  Pierre  Mondelet, 
1701-1718;  Poujaud,  1727-1730;  Pierre  Poujaud,  1790-1793;  Magloire 
Poujaud,  1793-an  II!  ;  Chabrol,  an  Ill-an  IV;  Gerbault,  an  Vll-an  VIII  ; 
Lavaud,  an  VIII;  L.-B.  Maffré,  1816-1833;  P.-M.-B.  Maffré,  1833-1840; 
Danglas,  1840-1843;  G.-E.-A.  Saintaraille,  1843. 

Maîtres  de  poste.  —  Jean  Valleau,  1670-1678;  Simon  Delagorsse, 
1683  t  1703;  Philippe  Ytier,  1704  f  1731;  Mathieu  Ytier,  1732  f  1?^*; 
sa  veuve,  1744-1747;  Jean  Mondot  de  Beaujour,  1747-1770. 

Directeurs  du  bureau  des  lettres.  —  René  Faure,  1707  ;  Louise  Ni- 
caud, veuve  Henri  Faure,  1741;  Jean  Faure,  s'  de  Beauvais,  1742;  Henry 


MONOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  635 

Faure,  1759-1763;  Charles  Faure,  1766-1786;  Jean-Israel  Faure,  1790. 

Directeur  de  la  messagerie.  —  Michel  Gauche  de  Chambord,  1776. 

Buraliste.  —  Charles  Faure,  1764-1779. 

Employé  dans  les  gabelles.  —  Claude  Marlio,  s'  de  la  Pointe,  1702-1721. 

Conducteurs  des  ponts  et  chaussées  du  roi.  —  Martial  Laforest,  au  Ma- 
gnaud,  1767;  Simon  Faure,  commis  sur  les  travaux  du  roi,  à  Chez  Ni- 
caud,  1785  ;  Fr.  Guillemet,  conducteur  des  ouvrages  du  roi,  1762-1767; 
Mathurin  Adnet,  au  Magnaud,  1767. 

Notaires.  —  Vincent  Moreau,  1584-1618;  Julien  Marcoul,  1599-1602; 
Léonard  Coprie,  1625  f  1672;  Secrétin,  1626-1662;  Jean  Marcoul, 
1623-1631;  François  Moreau,  1638-1645;  Julien  Marcoul,  1645-1671; 
André  Mondelet,  1655  f  1681  ;  Claude  Gaucher,  à  la  Villeaubrun, 
1659-1669;  Léonard  Gauchier,  1660  f  1688;  René  Faure,  s'  de  Ruffec, 
1653  f  1707  ;  Mathurin  Gaillard,  au  Monteil,  1672;  Léonard  Coprie,  1679; 
Simon  Delagorsse,  à  la  Gorce,  1675-1694;  Pierre  Mondelet,  1681  f  1719,* 
Léonard  Adhenet,  s'  des  Roseaux,  au  Magnaud,  1694-1729;  Mathurin 
Nicaud,  1698-1724;  Jean  Poujaud,  à  Montmagner,  1700-1706;  François 
Vaslet,  à  Commergnac,  1705  f  1768;  François  Delavaud,  s' du  Queroix, 
1719-1750;  Pierre  Mondelet,  arpenteur,  1720-1756;  Jean  Valleau, 
1727  f  1762;  Louis  Delavaud,  chirurgien,  1747  f  1767;  Pierre  Delavaud, 
arpenteur,  1752-1763;  Joseph  Barret,  1753  tl763;  Joachim  Vaslet, 
s'  de  Commergnac,  1765-1787;  Joseph  Vaslet,  1764-1784;  Martin  Mor- 
lan,  8' de  la  Fitte,  archiviste,  1769;  Léonard-François  Moreau  de  la 
Jarrige,  1771  f  1782;  Pierre-Joseph  Barret,  à  Martinet,  1781  fan  Vlll; 
J.-B.  de  Labussière,  praticien  bailliste  au  Martinet,  1782;  Degobertière, 
à  Masmaud,an  IV-an  V;  Claude-Pascal  Degobertière,  à  Magnac,  trans- 
porta son  étude  à  Masmaud,  en  brumaire  an  VI;  Vaslet,  1789-an  VIII; 
Pierre  Poujaud,  an  VIII-1843  ;  B.  Asseline,  1843-1^72;  Dubranle-Riche- 
fort,  1872-1878;  Ernest  Guillerot,  1878-1906. 

Sergents  et  huissiers.  —  Antoine  Faure,  1631  f  1673;  Jean  Gaucher, 
1645-1646;  Julien  Gorsat,  1646;  François  Seignat,  1646-1673;  Léonard 
Demacloux,  1672  f  1689;  Silvain  Chaput,  archer,  1675-1689;  Antoine 
Faure,  f  1673;  Léonard  Paillardin,  1678-1681;  Antoine  Secrétin, 
1688  t  i692;  André  Bonnet,  f  1696;  Simon  Malhé,  sergent  subalterne, 
1700  i  1712;  François  Vaslet,  à  Commergnac,  1729  f  1768;  Jean  Val- 
leau, 1731  f  1762  ;  Maximin  Mondelet,  huissier  royal  et  général  d'armes, 
1738  f  1752;  Joseph  Baret,  1753-1765;  Mathieu  Valleau,  huissier  royal, 
héros  d'armes  reçu  à  la  table  de  marbre  de  la  grande  connétablie  de 
France  exploitant  par  tout  le  royaume,  1765  f  1782;  Mathieu  Guillemet, 
1771-1790;  Joachim  Vaslet,  1765-1768;  J.-B.  Trébilhon,  f  1780;  Joseph 
Vaslet,  1781-1790. 

Chirurgiens.  —  Pierre  Delavaud,  opérateur,  1 64 i- 1688  ;  Charles 
Gayot,  1646-1655;  Antoine  Delavaud,  opérateur  à  la  Vigne,  1646-1709; 
Jean  Gayot,  1669-1690;  Léonard  Delagorsse,  1675;  Salomon  Dclage- 
boaudeuf,à  la  Villeaubrun,  1683-1691  ;  Léonard  Delalégerie,  1688  f  1690; 
Léonard  Despeyrelles,   1690-1702;  Pierre   Gayot,  1691  f  1713;  François 


636  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

Lezaud,  1691-1707;  François  Gayot,  1701;  Charles  Delavaud,  à  la 
Vigne,  1701  f  i722;  Antoine  Gayot,  à  la  Vigne,  1703;  Jean-Pierre  Val- 
leau,  1704  f  1723  ;  Léonard  Pinet,  à  Chabranne,  1707-1711;  Jean  Thomas, 
1707-1730;  Jean-Louis  Thomas,  s'  des  Rivières,  lieutenant  des  chirur- 
giens de  la  Basse-Marche,  1728  f  1760;  Claude  Gaucher,  f  1731  ;  Louis 
Delavaud,  notaire,  premier  chirurgien  sur  les  vaisseaux,  prévôt  des 
chirurgiens  de  la  Basse-Marche,  aubergiste,  1740  f  1767  ;  Yves-Joseph 
Poujaud,  s'  de  la  Combe,  doyen  des  chirurgiens  de  la  Basse-Marche, 
1750  f  1767;  François-Simon  Mondelet,  1764-1782;  Philippe  Benoiton- 
Destouches,  1768  f  an  X;  Joseph  Maurat,  1771-1773;  Philippe  Berton, 
1776  1 1784;  Mathieu  Guillemet,  1776-1790;  Julien  Lecomte,  à  Puyroger, 
1778-1788;  J.-B,  Plaignaud,  1793; 

Apothicaires.   —   Etienne   Gayot,     1646-1655  ;    Pierre    Gayot    Faîne, 
1652  t  1670;  Pierre  Gayot  le  jeune,  1656-1683. 
Accoucheuse.  —  Catherine  Nicard,  dite  Léobon,  1784. 

V impôt  du  sang.  —  Joseph  Gauche-Chambord,  tirailleur  de  la  garde 
impériale,  m.  le  li  février  1810,  à  Fhôpital  de  Passau  (Bavière),  des 
suites  d'une  blessure  à  la  jambe;  J.-B.  Tabaraud,  fusilier  au  69",  m.  à 
Burgos,  le  11  oct.  1812,  des  suites  de  ses  blessures  ;  Mathieu-Silvain 
Vaslet,  m.  le  17  sept.  1863  aux  Invalides. 


MûKOGRAPHIE    DU    CANTON    DE    SAINT-SL'LPICE-LES-FEUILLÉS  63' 


CROMAC 

La  corn,  de  Cromac  occupe  Textrémilé  septentrionale  du  canton  ; 
elle  est  bornée  au  N.  par  les  com.  de  Beanlieu,  Chaillac  et  la 
ChatreLanglin,  toutes  de  Tlndre;  à  TE.  par  Saint-Georges  ;  au  S. 
par  Mailhac  ;  à  l'O.  par  Jouac. 

Toute  la  partie  N.  est  arrosée  par  le  ruisseau  des  Riaudes  et 
celui  du  Portefeuille.  Le  premier,  placé  le  plus  au  N.,  coule  dans 
la  direction  de  TE.  à  TO.  sur  une  étendue  de  S.OOO*".  Le  second  a 
une  traversée  de  2.800"*,  il  a  pour  afSuent  le  ruisseau  du  Peude- 
roont  qui  coupe  la  com.  sur  OSO"*.  L'extrémité  S.  est  arrosée  par  la 
Benaise  pendant  5.300"*.  Cette  rivière  n'a  d'affluent  dans  la  com. 
que  le  petit  ruisseau  du  Bouchel  qui  a  sa  source  près  du  hameau 
de  ce  nom;  après  un  cours  de  l.SOO",  il  vient  se  jeter  dans  la 
Benaise,  en  face  de  Reculais. 

La  com.  de  Cromac  esi  assez  étendue  ;  sa  plus  grande  longueur 
est  de  11.200",  sa  largeur  moyenne  de  2.300".  Son  périmètre  peut 
être  évalué  à  35.S00°*.  Sa  superQcie  est  de  2.413  h.  28  a. 

Sa  population,  d'après  le  recensement  de  1901,  est  de  941  hab. 
En  1793,  elle  était  de  812;  i806,  de  857;  i836,  1.036; 
1837,  1.056;  1846,iMi;  1891,  989;  1896,9ifi\  1901,  941. 

Les  procès-verbaux  de  visite  épiscopale,  en  1762,  donne  550  com- 
muniants ;  le  Pouillé  de  Nadaud,  6b0. 

Cromac  semble  venir  de  cro,  qui  est  la  même  syllabe  que  cra, 
cret,  craig,  monticule,  éminence,  plateau  rocailleux,  qu'on  retrouve 
dans  Gros,  Crozant,  Craon,  Crail,  etc.  Sa  désinence  ac  indique 
bien  une  origine  celtique. 

Le  bourg  est,  en  effet,  placé  sur  un  plateau  rocheux  complète- 
ment isolé,  la  Benaise  et  Tétang  de  Lascroux  Tensèrent  presque  de 
toutes  parts. 

H  a  dû  jouir  jadis  d'une  certaine  importance,  car  les  docu- 
ments des  XV*  et  xvi*  s.  le  qualiflent  toujours  de  v  ville  de  Cro- 
mas  »  (9378). 

En  1793,  sa  population  était  de  68  h.  ;  de  80  en  1836.  En  1901, 
elle  était  tombée  à  70  avec  19  maisons. 

Les  jours  d'assemblée,  le  vicomte  de  Brosse  percevait  4  d.  sur 
chaque  marchand  y  étalant,  5  s.  et  un  pot  de  vin  sur  chaque  hôte 
vendant  vin. 

L'étude  de  notaire  de  Cromac  a  été  supprimée  en  l'an  X.  Il  y 
avait  un  huissier  avant  la  Révolution. 

La  poste  et  le  téléphone  ont  été  récemment  établis. 

La  construction  de  la  maison  d'école  a  été  adjugée  le  24  nov. 
1864  moyennant  9,820  francs. 


6â8  socièré  ARcuéoLOGiQrE  et  kiisToifiiQuÉ  hv  LtMOL'siK 

Sur  la  façade  de  celle  école,  se  Irouve  une  pelile  cloche  qui  porle 
sur  le  cerveau  :  Fonderie  de  St-Loup,  i 86i ,  G.  Bollée;  sur  la  robe 
on  a  gravé  d*un  côlé  A.  J.  L.;  de  Taulre  R.  D.  H.  C,  ioiliales  de 
rinsliluieur,  du  parrain  el  de  la  marraine. 

L'église  de  slylc  roman  du  xu"  s.  paratl  être  une  des  plus  ancien- 
nes du  pays;  sa  forme  esl  rectangulaire. 

Un  portail  en  plein  cinlre  orné  de  trois  (ores  retombant  sur  des 
colonnes  munies  de  chapiteaux  à  crochels  y  donne  accès.  A  rinté- 
rieur,  de  chaque  côté  de  la  porte,  deux  enfeux  en  plein  ceintre  ;  les 
fenêtres,  fort  étroites  à  Textérieur,  sont  franchement  romanes  ;  le 
chœur,  voûté  par  une  croisée  d'ogive,  est  terminé  par  un  chevet 
droit.  L'arc  doubleau  qui  le  sépare  de  la  nef  est  ogival  et  la  voûte 
récente,  qui  couvre  la  nef,  a  épousé  sa  forme,  ce  qui  ne  laisse  pas 
d'être  bizarre.  Le  portail  est  en  grès  ferrugineux  de  Ghaillac;  le 
surplus  en  granit. 

Un  clocher  massif,  sorte  de  donjon  carré,  sans  doute  du  temps 
des  guerres  anglaises,  soutenu  à  chaque  angle  par  deux  contre- 
forts, flanque  Téglise  au  N.  Le  rez-de-chaussée,  qui  communique 
avec  réglise  par  un  arc  gothique,  forme  une  petite  chapelle. 

A  une  certaine  époque,  un  mur  avait  été  construit  pour  la 
séparer  ;  il  a  été  démoli  en  1900,  lors  d'importantes  réparations. 
Celles-ci  ont  fait  disparaître  deux  écussons  qui  étaient  peints  sur 
les  murs  de  cette  chapelle  et  que  nous  avions  relevés  auparavant; 
Tun  était  d'or  à  une  bande  componée  d'or  et  de,.,  qui  appartenait 
aux  de  Montbel  ;  l'autre  portait  de  gueules  à  la  croix  d'argent  char- 
gée en  abîme  de,,.  Ils  indiquent  que  cette  chapelle  appartenait  aux 
s'»  deLascroux. 

Dans  un  coin  de  l'église,  on  voyait  un  vieil  autel  en  bois  sculpté, 
orné  de  quatre  statues,  dont  un  saint  Laurent  appuyé  sur  son  gril, 
et  de  deux  écussons  timbrés  d'une  couronne  de  comte  :  sur  l'un 
flgurait  un  sautoir  accompagné  d'un  croissant  en  pointe^  a^vmes  des 
Laurent  de  FontbufTaud  ;  l'autre  portail  une  fasce  accompagnée  de 
2  étoiles  en  chef  et  d'un  croissant  en  pointe. 

L'église  de  Cromac  était  sous  le  patronage  de  saint  Silvain 
d'Ahun  et  à  la  nomination  du  prieur-curé  de  Beaulieu.  L'aveu  de 
Brosse  de  1585  revendique  la  présentation  et  dit  qu'elle  vaut 
40  I.  de  rente. 

Le  curé,  ayant  abandonné  ce  qui  lui  appartenait  de  dîmes  aux 
Augustins  de  Montmorillon,  par  acte  du  4  juillet  1686,  était  à  por- 
tion congrue.  (Arch.  de  la  Vienne,  M.  D.,  298). 

Le  17  août  1663,  le  curé  déclare  devant  notaire  qu'ayant  voulu 
faire  dîmer  un  champ  en  novaille,  par  un  de  ses  neveux,  sous- 
diacre,  trois  des  enfants  de  Gaspard  du  Rieux,  s'  de  Fontbuffeaux, 
assistés  de  sept  ou  huit  personnes,  armé»  de  b&tons  ferrés,  épées 


MONOGRAPHIE    Dl)     GASTON    DE    SAlNT-ÔOLPlCÉ-LES-PEÛILLES  639 

Cl  autres  armes,  lui  auraient  ôlé  la  gerbo  qu'il  avait  prise,  «  en 
jurant  et  blasphémant  le  nom  de  Dieu  qu^il  ne  léveroil  pas  la  dîme 
ni  qu'il  n'emporteroit  aucune  gerbe  et  que  s'il  ne  se  reliroit,  ils  lui 
couperoient  les  oreilles  ».  (Arch.  de  l'Indre,  E.,  643). 

Le  26  mai  1644,  ce  curé  fait  procéder  à  l'inventaire  des  linges  de 
l'église  assez  peu  nombreux.  La  cire  du  patron  de  l'église  a  été 
vendue  l'année  précédente  pour  acheter  un  calice  et  autres  orne- 
ments. On  voit  par  cet  acte  qu'il  existait  dans  cette  église  une  con- 
frérie de  Saint-Sacrement.  (W.). 

Les  habitants  de  Cromac,  réunis  en  assemblée  générale  le  H  oci. 
1770,  nomment  un  marguillier  et  sacristain  qui  devra  balayer  et 
nettoyer  Téglise,  sonner  les  cloches,  passer  le  pain  bénit  et  suivre 
le'curé;  les  métayers  lui  donneront  1  b.  de  seigle;  ceux  qui  labou- 
rent à  3  vaches  ou  2  bœufs,  demi-boisseau;  les  particuliers  paye- 
ront ce  qu'ils  ont  coutume  (M.  N.). 

Les  registres  d'état  civil  de  Cromac,  peu  riches  en  renseigne- 
ments, nous  indiquent  au  30  mai  1716  la  bénédiction  des  figures  de 
saint  Sylvain,  patron  de  l'église,  et  de  sainte  Kadégonde  et,  au 
3  août  de  la  même  année,  celle  d'une  petite  cloche  pesant  40  1.  au 
nom  de  la  Vierge  et  Sainte-Barbe  ;  le  parrain  fut  Louis  Dumont, 
garde  du  corps;  la  marraine,  Marie  Decressac,  nièce  du  curé.  Le 
tout)  ajoute  celui-ci,  fait  sutnptibus  77ieis. 

En  1730,  la  grosse  cloche,  qui  était  fêlée,  fut  refondue  et  aug- 
mentée de  300  1.  ;  elle  fut  bénite  le  17  juillet  1730  ;  son  poids  était 
de  400 1.  Elle  fut  tenue,  sous  les  noms  de  la  Vierge  el  saint  Sylvain, 
par  Léonard  Laurent,  s'  de  Lacroux,  et  par  Thérèse  Decressac, 
femme  de  Louis  de  Lafont,  s^*  de  Saint-Georges,  à  défaut  de  Marie- 
Françoise  Deaux,  femme  de  Jean-Louis  Desmarais,  s'  de  Soulignac, 
dont  le  nom  se  trouvait  sur  la  cloche  et  qui  était  décédée  entre  la 
fonte  et  la  cérémonie.  Les  trois  cloches,  qui  se  trouvent  actuellement 
dans  le  clocher,  sont  récentes  et  signées  G.  Bollée  et  Hoitzer. 

La  plus  grosse,  qui  pèse  401  kilos  (diamètre  0*^901)  et  donne 
sol  dièzBy  porte  : 

Bénite  en  1863  par  M'  le  chanoine  Chevastelon,  doyen  du  chapitre; 
nommée  :  Françoise.  Parrain  :  M*"  Alexandre  Appay  ;  marraine  : 
M""  J.-M.-J.  M.  Bourduge,  curé.  Plainemaison,  Thomas,  Hervy,  prêtres, 
amis  du  curé.  Bienfaiteurs  :  Maire.  Aumasson,  trésorier.  Lemoine,  ins- 
tituteur. P.  Clément.  L.  Clément.  Courroux,  ingénieur.  Montaud,  Drai- 
gnaux.  Bienfaitrices  :  Paumier.  Marg^«  Appay.  Bourduge.  Colombet. 
D.  Thibaut,  R.  Demay.  Vauzelade.  Bardon.  M.  Appay.  M^ame»  Thibaut  et 
de  la  Lande.  —  G.  Bollée,  fonderie  de  S'-Loup,  Orléans. 

La  seconde  :  la  dièze,  284  kilos,  0»798  de  diamètre  : 

Bénite  en  1863  par  M'  le  chanoine  Chevastelon,  doyen  du  chapitre; 
nommée  :  Anne-Marie.  Parrain  :  J.-B'*.  J.-M.-J.  Marraine  :  Anne-Marie 


640  SOClèrÉ  ARCHEOLOGrOCÊ    ET    HtSTORIQUÉ   I)U    LlMOlïSiPi 

Bourduge,  née  des  Rochers.  Curé,  Bourduge.  M'  Thomas,  prêtre. 
Suriot,  adjoint.  Couroux,  ingénieur.  Bouchaud.  F.  Aubrun.  —  G.  Bollée, 
fonderie  de  S*- Loup,  Orléans. 

Ces  deux  cloches  sodI  cd  bronze;  la  suivante  est  en  acier;  dia- 
mètre :  O^TOS;  elle  donne  mi  : 

Fond'  :  Jacob  lloltzer  et  C'«,  1869.  J.-M.-J.  Nom  :  Jeanne-Radégonde. 
Parrain  :  M""  J.-B.  Thibaut,  maire.  Marraine  :  M^ame  J.-M.  Lemoine. 
Douai"  :  M""*  C.  Appay,  IP"*  Thibaut.  A.  Hjurroux.  P.-L.  Bourduge, 
curé. 

(Copie  de  M.  Tabbé  Bouchel,  curé  de  Cromac). 

Ces  registres,  les  moins  anciens  du  canton,  donnent  d'assez 
nombreux  noms  d'ouvriers  de  la  forge  deMondon,  qui,  en  général, 
habitaient  sur  la  p.  de  Cromac. 

On  y  trouve  peu  de  familles  notables  :  les  Âppay,  qui  se  titrent 
s"  de  Commergnac,  sont  fermiers  de  Lacroux  et  Soulignac. 

Aux  XVII'  et  xviii^'  s.,  nous  rencontrons  à  Cromac  une  branche  de 
la  famille  Delacoux  des  Roseaux,  originaire  de  Brigueil. 

BANNE.  —  9  m.,  34  h.  M.  de  Beaufort  y  signale  un  souterrain- 
refuge  avec  salle  annulaire  et  non  loin,  le  dolmen  des  Redondes, 
dit  Pierre-à-îa-Marte,  détruit  (p.  75  et  171).  —  LA  BETOULE.  — 
3  m.,  32  h. 

BOUBRAUD.  —  6  m.,  31  h.  Bouquebraud,  1611  ;  Pierre  Silvain, 
s'  de  BouquebrauU,  1660.  Le  7  août  1764,  François  Pillaud,  mar- 
chand à  Lussac,  vend  le  lieu  et  métairie  de  Boucqueberot  mouvant 
de  la  s'**  de  la  Couliniëre,  à  Silvain  Valleau,  fermier  de  Soulignac, 
moyennant  2.600  I.  (M.  N.). 

BOUCHAIS.  —  1  m.,  6  h.  En  1572,  la  forêt  de  Bouschays,  le 
grand  étang  et  la  métairie  dépendent  de  Lascroux;  la  dime  AeBou- 
chest  est  levée  en  1636  par  le  curé  de  Cromac.  En  1905  on  y  a  trouvé 
une  bague  en  or  portant  une  intaille  gallo-romaine. 

LA  BURE.  -  H  m.,  36  h.  Fief  relevant  de  Piégul  à  foi  et  hom- 
mage lige  au  devoir  d'une  maille  d*or  à  mutation  de  seigneur  et 
d*homme,  tenu  en  1416  par  Guy  de  Chazerat  ;  en  1433,  parN.  Lou- 
bes,  dame  du  Riz,  veuve  de  Guyot  de  Chazerat  ;  en  1523-1573,  par 
Louis  de  Chazerat  ;  en  1587,  par  Adam  Bordes,  s' du  Poyron.  Char- 
les Bordes,  s' du  même  lieu  du  Poyron,  le  posséda  ensuite  et  à  son 
décès,  ses  héritières  Tabandonnèrenl  à  sa  veuve,  Anne  Deanix, 
par  transaction  du  15  janv.  1598  ;  celle-ci  se  remaria  à  Jacques  de 
Montbel.  A  celte  époque,  la  mouvance  de  ce  fief  fut  contestée  par 
le  duc  de  Monlpensier  qui  fut  dèkouté  par  jugement  du  sénéchal  de 
Montmorillon  du  20  déc.  1602.  Le  duc  ayant  fait  appel  et  saisir 
le  fief  de  la  Bure,  le  roi,  sur  la  plainte  de  Jacques  de  Montbel, 
décida  que,  provisoirement,  Thommage  de  la  Bure  serait  reçu  par 


Monographie  du  canton  de  SAiNT-sûLpiCE-LES-FÉutLLiîs  64 1 

MM.  du  Parlement  «  comme  par  main  spuveraine  »,  et  ordonna 
mainlevée  de  la  saisie  par  lettres  du  24  janv.  1604.  Ce  procès 
durait  encore  en  1606  (P.  M.)-  L'issue  en  tut  défavorable  pour  le 
duc,  car  Philippe  Silvain,  prieur  de  Beaulieu,  rendait  aveu,  le  6  juin 
1761,  au  s'  de  Piégut. 

LA  CH\UVETERIE,  métairie  citée  en  1734.  La  Chauffeterie,  1741, 
près  Solignac. 

CHANTOUANT.  - 16  m.,  69  h. 

Une  école  mixte  y  a  été  construite  en  1893  moyennant  20,480  fr. 

LE  CHASTAIGNIER.— Métairie  et  fief  auxdeMontbel,1632-1 748. 

LA  COULINIÈRE.  —  1  m.,  13  h.  Curieux  exemple  de  Iransposi- 
tion  de  lettres  dans  un  nom  de  lieu,  cette  localité  s*étant  appelée 
jusqu'au  xvui''  s.  la  Counilière,  de  connil,  vieux  nom  du  lapin. 

An^en  fief  relevant  de  Brosses  comprenant  «  plusieurs  logis, 
tours  et  bâtiments  clos  de  murailles  avec  fossés  et  pont-levis  ;  trois 
métairies,  les  droits  de  moyenne  et  basse  justice,  droits  sur  les  vil- 
lages de  Soulignac,  Jagon,  les  Rivailles,  Pré-Long,  Grand-Peu  et  le 
Soulier;  les  métairies  de  la  Porte,  de  la  Giraudrie,  de  Cherchamets, 
des  Plaignes  et  du  Châtaignier;  le  grand  bois  des  Dames  ». 

En  1860,  il  ne  restait  plus  rien  du  château  qui  se  trouvait  au  bas 
dun  pré,  derrière  la  métairie,  sur  le  bord  du  coteau.  (M.  de  Beau- 
fort,  p.  236). 

Antoine  d'Eaux,  s' delà  Counilière,  comparaît  en  1859  à  la  réfor- 
mation de  la  coutume  du  Poitou. 

Antoine  d'Eaux,  s'  de  la  Counillière  et  de  Soulleignac,  laissa  de 
Paule  Agenet  Marc  et  Balthazar,  qui  habitaient  tous  deux  la  Couni- 
lière :  Marc  épousa,  par  contrat  du  4  fév.  1572,  Bonavenlure  Pizon. 
Balthazar,  gentilhomme  servant  du  duc  d*Anjou  par  brevet  du 
5  mai  1570,  s'  en  partie  de  la  Conilhière,  s'allia  le  15  nov.  1578  à 
Jeanne  du  Vignand,  dame  de  Chambon  (P.  M.). 

Marc  eut  :  Charles;  Françoise,  mariée  à  Jacques  Sornin,  s'  de 
la  Jarrige,  et  Anne,  femme  de  Charles  Bordes,  puis  de  Jacques  de 
Montbel. 

Claude  Sornin,  fils  de  Jacques,  portait  en  1623  le  titre  de  s'  de 
la  Counillière,  et  demeurait  dans  le  château  ;  il  avait  pour  frère 
Pierre  Sornin,  s' de  Martinet, 

A  la  Révolution,  la  Counilière  appartenait  à  la  famille  de 
Montbel. 

LA  DENT.  —  1  m.,  8  h.  Souterrain-refuge,  mentionné  par  M.  de 
Beaufort,  p.  175.  —  LA  FOLIE.  -  2  m.,  5  h.  —  LE  GAT.  —  8  m., 
23  h.  Le  Gas,  1660.  Une  partie  est  sur  Saint-Georges. 

LE  GAULIER.  — 11  m  ,  57  h.  Les  Gaulliers,  1711. 

T.  LV  43 


C4â  SOCIÉTÉ  ARÔHéOLOGIQÙE    ET    BlàTÔRtQiJE  bV    LtMOl)St>t 

LA  61RAUDIE.  —  Mélairie  mentioDBée  en  1707,  sise  près  Son- 
ligDac. 
LES  GOUTTES. —4  m,  16  h. 

LES  GRANDS-BOIS.  ~  3  m.,  18  b,  Oasis  au  milieu  des  brandes 
et  des  bois  :  maison  de  maître  récente  appartenant  à  M"*  Daroujet 
et  entourée  de  fort  beaux  jardins. 

LA  GRAND'CROUX.  —  Nom  ancien  du  village  de  Lascroux. 

Le  15  juillet  1S95,  Léonard  de  SauEet  rend  une  déclaration  à 
Brosses  pour  son  fief  et  mélairie  de  la  Grand  Croux  (9378);  le  village 
de  la  Grand'Crous,  1679. 

LE  GRAND  HâZOU.  -  4  m.,  14  h. 

LES  GRANDS-PEUX.  -> Mentionnés  en  1643-1648  comme  dépen- 
dant de  Soulignac. 

LASCROUX.  —  13  m.,  56  h.  Le  village  actuel  s'appelait  autre- 
fois la  Grand*croux.  Le  cbftteau  féodal  s'élevait  plus  à  TO.  surplom- 
bant la  rivière. 

Il  était  possédé  au  xV  s.  par  Nérigné  ou  Nigon  de  la  Barde,  s' de 
la  Barde  (Journet),  qui  avait  épousé  Antoinette  du  Plessis,  fille  de 
Jean,  échanson  du  roi  Charles  VI,  et  de  Catherine  Frétard.  Sa 
veuve  passait  une  transaction  au  nom  de  ses  enfants  mineurs  avec 
Jean  Boltinot  le  7  janv.  1459  (v.  s.)  au  sujet  d'un  grand  mas  de 
terre  sis  entre  Mondon  et  Lascroux  et  joignant  le  grand  chemin  de 
Lascroux,  le  Pont  de  Bot  et  la  Benoise  (9378). 

Son  flls,  Guillaume  de  la  Barde,  était  en  procès,  en  1495,  avec 
son  beau-père,  Jean  de  Moussy  (Beauchet-Filleau). 

Ce  fief  passa  ensuite  aux  de  Sauzet  :  François  de  Sauzet  est  s' 
en  1530  ;  le  15  janv.  1540  (v.  s.),  Marc  de  Sauzet,  époux  deleanne 
de  Naillac,  rend  hommage  à  Brosses  pour  «  le  fief  de  Lascroux 
avecques  le  chastçau,  place  forte  et  hébergement  dicelui,  jardrins, 
foussés,  guaranne,  meslairle  »,  le  fief  des  Plaignes,  droit  de  justice 
moyenne  et  basse  et  la  haute  justice  avec  les  autres  s"  de  la  Terre- 
aux-Feuilles ;  «  plus  le  droit  de  péage  que  j'ay  trois  fois  Tan  pour 
le  passage  de  Teslang  et  chaussée  de  Lascroux,  qui  est  sur  chacun 
passant  menant  bestes  en  foyres,  pour  icelles  vendre,  4  deniers 
chacun  »  (9406). 

L'aveu  rendu  le  15  janv.  iSli  par  Léonard  de  Sauzf^l,  époux  de 
Marie  de  Marsenges,  sans  doute  fils  du  précédent,  est  plus  expli- 
cite :  il  mentionne  comme  précédemment  le  château  et  place  forte, 
avec  colombier,  éeurles  et  jardins,  le  tout  renfermé  dans  une 
grande  basse-cour,  et  ajoute  le  moulin,  le  droit  de  rivière  depuis 
les  Ponts  qui  bouilhent  jusqu  à  Téciuse  de  Jouac.  La  moitié  de  la 
grande  dîme  de  Cromac  qui  s'étend  depuis  le  pont  de  Bot  qui  est 
sur  la  rivière  descendant  de  Mondon,  tirant  le  long  du  grand  che- 


MONOGRAPHIE    DU   CANTON    DP.    SAINT-SrLPlCE-LES-FEt'ILLBS  6^3 

min  de  Saint-Benoist  jusqu^au  chemin  de  la  Grand'Croux  à  Gromae 
el  [e  long  de  ce  dernier  jusqu'à  une  gasne  ou  ruisseau  qui  descend 
des  prés  de  Rouelly  ;  montant  le  long  du  grand  chemin  de  Mailhac 
àSouleignac  josqu*au  grand  chemin  de  Mondon  à  Saint-Benoit; 
joignant  à  Tétang  du  s'  de  Bréviande,  au  chemin  de  Saint-Benoit 
à  Beaulieu  el  à  la  Bétoule,  à  la  rivière  descendant  de  Tétang  de 
Souleignac,  montant  à  la  Bétoule  ;  au  grand  étang  de  Fouzier,  au 
bois  de  Souleigoac,  aux  maisons  de  la  Manescbanderie,  au  gué  de 
la  Boytière  sur  la  Benaise  et  revenant  au  moulin  de  Lascroux.  Plus 
sur  cette  étendue,  la  diroe  de  laine  et  une  poule  par  chaque  feu 
pour  la  dlme  de  rabbe  ;  dlme  de  menus  fruits  et  de  tous  charnages, 
fors  des  agneaux.  Il  tient  également  la  forêt  de  Bouchays,  avec 
Tétang  et  la  métairie;  le  bois  de  la  Ligne  de  Mondon  ;  moitié  de  la 
dlme  de  Montlambert  ;  la  grande  dlme  de  Jouac  appelée  de  TAge 
jusqu*au  moulin  Rodier;  la  dime  de  Monternon.  Les  habitants  de 
Reculais  et  Monllambert  sont  astreignables  à  son  moulin  (9400). 

Ce  fut  sans  doute  à  cette  époque,  au  cours  des  guerres  civiles 
qui,  vers  1578-1593,  dévastèrent  notre  contrée  que  le  château  de 
Lascroux  fui  démoli;  le  dénombrement  rendu  à  Brosses  le  H  no- 
vembre 1597  ne  men lionne  plus,  en  effet,  que  «  la  place  où  ancien- 
nement estoit  basty  le  vieux  chastel  de  la  Croux  avec  le  droit  et 
puissance  de  bastir  et  eJiflier  fuye  el  guerenne  ».  Pierre  de  Sauzet 
était  s'  de  Lascroux  en  1610;  miis  quelques  années  après  ce 
fief  est  aux  mains  de  Paul  Thomas,  sénéchal  de  Hontmorillon, 
époux  de  Françoise  Mangin.  Son  fils,  LéonanJ  Thomas,  s'  de  Las- 
croux, trésorier  der  France  à  Poitiers,  épousa  en  1622  Marthe  le 
Prévost.  (D.  Fonleneau,  t.  45,  p.  599). 

Vers  1664  Lascroux  fut  vendu  sur  criées  à  M.  de  Fontbuffeau. 

Léonard-Innocent  Laurent,  s'  de  Fontbuflleau,  procureur  du  roi 
de  la  Basse-Marche,  le  possédait  en  1730;  il  mourut  en  1768  lais- 
sant Jcanne-Silvine  Laurent  de  Fontbuffeau  qui  avait  épousé  par 
contrat  p^ssé  à  Lascroux  le  27  janvier  1751  François  de  Montbel, 
garde  de  la  Manche  de  S.  M.  François-Esprit-Marie  de  Montbel  de 
Lacroux,  leur  fils,  fut  le  dernier  seigneur.  Au  moment  de  la  Révo- 
lution, étant  officier  au  régiment  de  la  Sarre,  il  émigra  et  ne  rentra 
qu'à  la  Restauration  :  le  29  mai  1816  il  recevait  des  lettres  de 
chevalier  de  Saint-Louis.  (P.  M.). 

Possédé  pendant  de  longues  années  par  la  famille  Appay,  le 
domaine  de  Lascroux  a  été  acquis  en  1893  par  M.  Albert  Paintendre, 
avocat  à  Paris,  qui  a  fait  construire  en  style  moderne,  sur  les  plans 
de  M.  Martin,  architecte  à  Paris,  un  château  de  belle  allure,  au  milieu 
d'un  parc  conquis  sur  la  lande  elles  rochers  qui,  de  place  en  place, 
montrent  encore  leurs  léles  brunes  perçant  les  gazons.  Les  ruines 
de  la  vieille  forteresse,  dont  les  pieds  plongeant  dans  Tablme, 


644  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

s'agrippent  au  roc  pour  maintenir  leur  équilibre,  s*élèveDt  à  quel- 
ques mètres,  ensevelies  sous  les  lierres  :  un  grand  pan  de  murailles 
construites  en  pierres  de  petite  dimension  flanquées  de  deux  tours 
rondes  percées  de  meurtrières. 

Le  cadastre  donne  le  plan  du  Tancien  château,  un  rectangle 
d'environ  28  m.  sur  10  m.  On  y  reconnaît  la  façade  ac^^ompapée 
de  ses  deux  tours  donnant  sur  la  rivière;  à  droite  se  trouvait  uoe 
tour  carrée  ou  pavillon  ;  à  gauche,  le  mur  avait  la  forme  d'un  arc 
de  cercle. 

De  la  terrasse,  le  long  des  ruines,  le  coup  d*œil  est  enchanteur  : 
au  loin  à  droite,  les  frondaisons  vertes  qui  tapissent  les  cirques  se 
succédant  dans  la  vallée;  en  face,  Tamoncellement  de  rochers  qui, 
du  lit  de  la  rivière,  semble  monter  à  Tassant  du  vieux  château 
gallo-romain  du  Ghatelas;  au  bas,  la  rivière  toujours  semée  de 
rochers,  mais  qui,  un  instant  s'étale,  retenue  par  un  barrage  coo- 
duisanl  l'eau  à  un  moulin,  tout  primitif,  avec  ses  vieillesvconstruc- 
tions  envahies  par  les  mousses  et  les  lichens. 

LÀ  MANESGHANDERIE.  —  Maisons  mentionnées  en  1S72. 

MÉRIGOT.  —  19  m.,  65  h.  Cheulx-Mérigot,  1613. 

MONTLAMBERT.  —  23  m.,  89  h.  Dépendait  de  la  commanderie 
d'Hérnt  suivant  déclaration  rendue  le  1*'  avril  1459  par  les  habi- 
tants à  Jean  du  Sol,  commandeur.  Gette  commanderie  fut  dans  la 
suite  réunie  à  la  Maison-Dieu  de  Montmorilloji.  (Arch.  Vienne, 
M.  D.,391). 

Le  12  sept.  1649  les  habitants  passaient  un  compromis  avec  les 
religieux  delà  Maison -Dieu  à  qui  ils  devaient  chaque  année  8  s. 
froment,  18  s.  seigle,  11  s.  d'avoine,  14  s.,  10  poules,  5  vinadesel 
15  bians,  outre  les  poules  dues  par  chaque  feu,  la  dime  et  le  ter- 
rage.  La  tenue  de  Montlambert,  y  dit-on,  contient  300  seterées. 
Elle  joint  au  Ghéne  à  la  Reyne  près  le  grand  chemin  de  Saint-Léger 
à  Jouac  à  droite;  le  bois  de  la  Sicardière;  le  grand  chemin  de 
Lussac  à  la  Souterraine  jusqu'au  carrefour  de  la  Groix  de  Villoux 
où  en  rencontre  le  chemin  de  Mondon  au  Dorât;  le  ruisseau  qui 
sort  des  bois  de  Mondon  ;  la  Benaise  où  il  y  a  une  forge  à  fer, 
suivant  lad.  rivière  jusqu'à  l'Ecluse  Noire  on  descend  le  ruisseau 
de  Ghaignay. 

Les  religieux  jouissaient  du  droit  d'agrier  ou  de  terrage  sur  les 
terres  emblavées  à  raison  de  12  gerbes,  une;  il  est  convenu  que 
dans  les  champs  froids  et  communaux,  cette  redevance  ne  sera  que 
de  25  gerbes,  une. 

D'autre  part,  il  y  avait  autrefois  à  Montlambert  deux  moulins  qui 
étaient  chargés  de  rentes  envers  la  Maison-Dieu  et  dont  il  ne  sub- 
sistait plus  que  les  masures  ;  l'un  était  à  pied,  l'autre  à  saull.  Les 


MONOGRAPHIE   DU    CANTON    DE    SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES  645 

propriétaires  renoncent  à  les  faire  reconstruire  pour  être  déchar- 
gées des  renies,  mais  les  religieux  pourront  en  édifier  à  Honilam- 
bert  ou  à  Hérul  où  les  habitants  seront  astreignables.  (/d.,  M.  D., 
299). 

L'un  des  moulins  est  mentionné  en  14S9  sous  le  nom  de  moulin 
de  Montlambert  ;  Tauire  devait  être  le  moulin  du  GadischauU. 

Le  9  février  1778  les  religieux  donnaient  à  bail  remplacement  de 
Tancien  moulin  de  Montlambert  sis  sur  la  rive  gauche  avec  faculté 
de  le  faire  reconstruire.  {Id.,  M.  D.,  300). 

Nous  avons  décrit  plus  haut  le  ch&teau  gallo-romain  du  Chatelas 
qui  se  trouve  non  loin  de  Montlambert;  environ  600  m.  en  aval,  on 
rencontre  une  sorte  de  grotte  connue  dans  le  pays  sous  le  nom  de 
Maiêon-auX'Martes,  (M.  de  Beaufort,  p.  195). 

Au  siècle  dernier  un  curé  de  Cromac  avait  fait  édifier,  sur  le 
coteau  qui  borde  la  rivière,  une  petite  chapelle  dont  les  ruines 
existent  encore;  on  s*y  rendait  en  pèlerinage  le  jour  St-Silvain. 
(M.  Le  Gendre). 

Le  3  juin  1619,  les  brandes  sises  entre  Montlambert  et  la  route 
de  Poitiers  à  Guéret  furent  témoins  d'une  revue  passée  par  le 
fameux  Henri  de  Schomberg,  alors  gouverneur  de  la  Haute  et 
Basse-Marche,  depuis  maréchal  de  France.  «  II  y  avoit,  dit  Robert 
du  Dorât,  deux  enseignes  el  dix  cornettes  de  cavalerie  et  une 
compagnie  de  carabiniers  conduite  par  le  s'  de  Francourt,  au 
nombre  de  mille  hommes  de  pied  et  de  mille  chevaux  en  tout». 
à  cette  monstre  assistèrent  de  nombreux  personnages  de  distinction 
notamment  :  Charles  de  Schomberg,  marquis  d'Espinay,  fils  du 
gouverneur,  depuis  pair  et  maréchal  de  France;  Louis-Philibert, 
vicomte  de  Pompadour,  plus  tard  maréchal  de  camp  et  lieute- 
nant général  en  Limousin  ;  son  frère  Jean  de  Pompadonr,  baron 
de  Laurière  ;  Jean-Charles  de  Carbonnières,  s'  de  la  Capelle  Biron, 
leur  beau-frère;  Léonor  de  Rabutin,  comte  de  Bussi,  lieutenant 
général  en  Nivernais,  père  de  Tauteur  de  VHistoire  amoureuse  des 
des  Gaules;  M.  de  Saint-Angel,  une  noiabiiité  protestante;  M.  de 
la  Vergne,  lieutenant  du  gouverneur,  etc.  (M.  Leroux,  Chron. 
protest,,  p.  292). 

MONDON.  —  6  m.,  18  h.;  une  partie  de  ce  village  dont  nous 
parlerons  longuement  dans  notre  notice  sur  Mailhac,  se  trouve  sur 
le  territoire  de  Cromac.  Les  habitations  des  ouvriers  de  la  forge 
s'y  trouvaient. 

LES  NORDIÈRES.  —  Lieu  diî^paru  :  le  12  sept.  1446  Jean  de 
Brosses,  s'  de  Sainlc-Sévère  el  de  Mondon,  donne  à  son  bien  aymé 
serviteur,  Perroton  Deoulx,  écuyer,  pour  le  récompenser  de  ses 
services,  Ihéritage  appelé  Las  Nordières^  sis  en  la  terre  de  Mondon, 


646  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

comprenaDl  maison,  murailles,   ors,  prés,  terres  et  pâturais  à 
charge  des  devoirs  accoutumés. 

LA  PALISSE. —4m.,  H  h. 

LE  PEU.  —  11  m.,  30  h.  Les  grands  Peux,  cités  plus  haut,  en 
étaient  une  partie.  ^ 

LES  PLAIGNES.  —  20  m.,  69  h.  Suivant  déclaration  du  8  janv. 
1458  les  habitants  devaient  au  commandeur  d*Héru  diverses  rentes, 
2  vinades  et  6  bians.  En  1533  le  village  était  divisé  en  deux  parties 
ou  tenues  :  les  Pleignes  de  Rallet  et  les  Pleignes  de  Bemabé;  les 
Pleignes  Barnabe,  156».  (9379). 

Dans  Paveu  de  Jançai  du  25  sept,  i486  le  s'  déclare  posséder 
24  bians  «  et  le  saisir  et  le  veslir  »  sur  le  village  do  las  Plains. 

LE  PLAY.  -  1  m  ,8  h. 

LE  PRÉ-BARRAT.  —  Dépendait  de  Mondon  suivant  déclaralion 
du  18  oct.  1596;  un  arpenteur  y  demeurait  en  1648.  Les  bâlimcnls 
qui  composaient  la  métairie  du  Prébarrat,  ont  été  démolis  vers  1900 
et  reconstruits  au  Pré-Long.  Pra  Barrât,  1601.  (9379). 

LE  PRÉ-LONG.  —  1  m.,  12  h.,  mélairie  dépendant  autrefois  de 
la  Counilière  ;  abandonné  pendant  longtemps,  le  Pré-Long  a  vu 
construire  récemment  une  ferme-modèle  par  M.  BilhaudDurouyel. 

RECULAIS.  --  13  m.,  58  h.  Reculays,  1458.  Suivant  déclaration 
du  1"  août  1551  chaque  feu  du  village  devait  au  s'  de  Lascroux  une 
poule  de  rente  et  une  autre  poule  pour  la  franchise  de  la  dime  de 
rabbes. 

Le  moulin  de  Reculais  où  il  y  a  10  habitants  est  fort  ancien. 

Il  relevait  de  Mondon.  En  1546  Gervais  Chavignac,  qui  en  était 
propriétaire,  était  en  procès  avec  le  procureur  de  cour  de  Mondon 
qui  lui  demandait  de  quel  droit  il  tenait  un  mouUn  à  Reculais; 
comme  il  ne  le  possédait  pas  à  titre  de  bail  à  rente,  il  voulait  Tim- 
poser  suivant  la  coutume  du  Poitou.  A  quoi  Chavignac  répliquait 
que  ces  ancêtres  le  possédaient  depuis  80  ans  et  qu'il  payait  une 
rente  de  20  s.  à  Mondon.  .Le  procureur  exigeait  des  titres  de  pro- 
priété et  soutenait  que  ce  moulin  valant  plus  de  20  L  de  rente 
devait  être  quand  même  taxé  par  gens  connaissant  sa  valeur,  mais 
un  jugement  du  sénéchal  de  Mondon  du  11  sept.  1516  le  débouta 
de  ses  prétentions. 

Le  3  nov.  1584,  Guichard,  Mery  et  Jean  Chavignac  baillaient 
déclaration  à  Mondon  «  pour  ung  mouhn  onquel  y  a  deux  roues  de 
molanges  à  bled^  ung  moulin  à  scier  le  boys  et  la  place  d*ung 
moulin  à  drap,  appelé  le  moulin  de  Reculés  »  qu'ils  possèdent  de 
temps  immémorial.  (9379). 

En  1784  François-Sébastien  de  Montbel,  lieutenant  au  régiment 
d'Auvergne,  acquiert  les  moulins  de  Reculais,  Tun  à  froment, 


MONOCnAPtlIE    t>r   CANTON    DÉ    SAÎNT-SrLPiCE-LES-PEUÎLLÉS  64* 

Taulre  à  seigle,  «  le  (aul  sous  le  môinc  faix  »  avec  lous  les  sujets 

et  eslraignables,  moyeQDant  3.382  I. 

•  iMichel  Guili^rol,  s'  de  Reculais,  4669-4700. 

LA  RIVAILLE.  —  3in.,13h. 

LES  RIVAILLES.  —  6  m.,  30  h.  Léonard  Guy,  s'  des  Ryvailhes, 
1S44. 

SOULIGNAC.  —3  m.,  18  h.  C'était  autrefois  un  fief  relevant  de 
Brosse.  L*aveu  de  la  vicomte  de  1S5S  sigoale  un  second  tief, 
sans  doute  tenu  en  parage  du  premier,  sous  le  nom  de  tief  des 
Demoiselles  de  SouUgnac  ;  tous  deux  réunis  à  la  GoDilière  sont 
déclarés  d'un  revenu  de  400  I. 

Ce  QOfli  de  SouHgnac  a  subi,  nous  allons  le  voir,  de  nombreux 
avatars. 

Le  logis,  détruit  depuis  longtemps,  était  enfermé  dans  une  cour 
dMt  le  mur  de  devant  était  flanqué  à  ses  angles  de  2  tours  rondes 
qui  se  sont  écroulées  vers  4830  ;  à  Tiatérieur  se  trouvait  une  petite 
chapelle  avec  flèche,  indiquée  dès  1572,  qui  existe  encore  ensevelie 
sous  les  lierres. 

Les  deux  fiefs  de  Soulignac  mentionnés  par  Taveu  de  4KS5 
étaieitt  séparés  dès  le  xv«  s. 

Nous  trouvons  pour  le  premier  Antoine  de  Ricoux,  s' de  SoUmp- 
ntdc,  le  8  juil.  1487;  Antoine  de  Ricoux,  s'  de  Soubzleignac,  1475, 
SouleignaCy  1497,  un  des  cent  gentilshommes  de  la  maison  du  roi; 
il  épousa  le  6  mai  1466  la  veuve  du  s^  de  Lascroux. 

Il  eut  pour  enfants  :  Gabriel  et  Catherine  mariée  le  3  nov.  1506 
à  Gilbert  Chardebœuf.  Dans  ce  contrat,  Gabriel  est  titré  de  s'  de 
Solùignac  ou  Soloignat;  il  vivait  encore  en  1543  ayant  épousé  Fran- 
çoise Couraud. 

Ballhazar  de  Ricoux,  s'  de  SouUgnac,  comparaît  en  1559  à  la 
réformation  des  coutumes  du  Poitou. 

Georges  de  Vérines,  époux  de  Gabrielle  de  Ricoux  est  dit  s'  en 
1582-1585.  Le  30  nov.  1601  Honoré  de  Vérines,  s'  de  Soubsleignac, 
Marie,  femme  de  Guillaume  Planchas,  et  Jacques,  enfants  du  pré- 
cédent, donnent  à  bail  à  Claude  Boyer  la  maison  de  Razinier,  p*«  de 
Chaillac,  dépendant  de  lad.  s'**  et  actuellement  en  ruines.  (P.  G.). 

Le  second  resta  pendant  de  longues  années  aux  mains  de  la 
famille  d'Eaux  ou  Deaux. 

En  mars  1458,  Fronton  d'Eaux  est  s'  de  Soulaignac;  le  4  déc. 
1459,  Guillaume  Deaux  vend  à  son  fils  Perrolin  l'hôtel  ou  repaire 
de  Solomniac. 

Pierre  d'Eaux,  époux  de  Françoise  de  la  Touche,  est,  en  1482, 
s'  en  partie  de  Sêloinguac. 

Antoine  Deaux,  s""  de  Soulleignac,  en  1559.  Nous  avons  vu  à. 


648  socièré  archéologique  i^t  HtâroRtQDâ  du  limousin 

l'arlicle  de  la  Counilière  qu'Antoine  avait  eu  deux  enfants;  Tua 
d'eux  eut  pour  descendant  Pierre  d'Eaux,  s'  du  Ghambon  et  de 
Soulignac,  mort  à  Bersac  le  14  avril  1735  à  70  ans.  Sa  fille  unique, 
Marie -Françoise,  avait  épousé  Louis-Jean  des  Marais,  geniilbomaie 
de  la  chambre  du  roi  et  capitaine  des  gardes  de  S.  A.  R.  le  duc  de 
Lorraine,  et  lui  porta  Soulignac. 

Ils  eurent  une  nombreuse  descendance  parmi  lesquels  nous  cite- 
rons :  Joseph,  abbé  de  Bonlieu,  grand  vicaire  de  Poitiers,  qui  pos- 
sédait une  bibliothèque  et  un  cabinet  d'histoire  naturelle  reDom- 
mes  ;  François-Louis,  s'  de  Solignac,  mousquetaire  du  roi,  époux 
de  Jeanne-Marie  de  Sauzet,  un  littérateur  fort  estimé  en  son  temps. 

De  ce  dernier  vint  Joseph-Louis  des  Marais  de  Ghambon,  mous- 
quetaire du  roi,  qui  épousa,  le  19  déc.  1773,  Silvie  Lignaud  de  Lus- 
sac.  (Nadaud).  Ge  fut  le  dernier  s'. 

De  1708  à  1719  nous  trouvons  le  lieu  noble  de  Soleignat  ou  Sollei- 
gnac  habité  par  les  Dumont  :  Jacques,  écuycr,  s' de  TAge,  y  décède 
le  25  déc.  1719  à  Tâge  de  82  ans,  époux  de  Marie-Anne  de  Mou- 
reau,  après  y  avoir  marié,  le  30  janv.  1708,  son  fils  Louis  à  Fran- 
çoise Gamet,  fille  de  Jérôme,  s'  de  Saint-Gérard.  (E.  G.). 

En  1735,  Antoine  Butaud,  s'  du  Peux,  est  juge  de  Soulignac. 

Une  maison  de  maître  et  un  domaine  importants  y  ont  été  édifiés 
récemment  par  M.  Aubrun,  entrepreneur  à  Paris. 

LA  VERGNADE.  —  1  m.,  8  h.,  dont  les  terres  touchaient  le 
chemin  de  Saint-Benoît  à  Mondon,  dépendait  de  Mondon  suivant 
déclaration  du  8  mai  1597.  (9400). 

Maires  de  Cromac,  —  André  Aubrun,  1790-1811;  Maffré,  an  XII; 
Silv.  Appay,  1813-1832;  J.  Martinon,  1832-1833;  Silv.  Peurot,  1833- 
1835;  Tliéoci.  Blanchard,  1835-1846;  P.  Thibault,  1846;  S.-J.-B.-Alexandre 
Appay,  1846-1848;  Laurent  Couronnet,  1848-1857;  L.-P.  Couronnet,  1857- 
1859;  J.-B.  Thibault,  1859-1871;  J.-App.  Bardon,  1871-1876;  P.  Penot, 
1876-1894;  Aug.  Filloux,  1894-1896;  Alexandre  Appay,  1896-1897;  Silv. 
Laguide,   1897-1900;    Raoul  Bilhaud-Durouyet,  membre  du  Conseil   de 

Tordre  des  avocats  de  Paris,  1900-1906. 

Curés.  —  Jacques  Pichon,  1625-1644;  Léonard  Rabby,  1663-1684; 
J.-B.  Bachelier,  1686tl707;  Joseph  Decressac,  1707tlf39;  François 
Ythier,  1739-1758;  René  Gaillaud,  1758-1762;  Jean  Maurat,  1762tl790 
Bastide,  1790-1792. 

Vicaires.  —  Chanaud,  1740-1741;    Descombes,  1778;   Maurat,  1779 
Jean  Hebré,  1781-1785;  Jean-Lucien  Roffignac,  1786-1790. 

Notaires.  —  Delarouture,  1625;  Gilbert  Bardet  à  Montlambert,  1662 
Mathurin  de  Maillasson,  arpenteur  à  Prébarat;  S.  Appay,  1771;  Jean- 
Placide  Degobertière,  an  Vll-an  X. 

Sergents.  —  Philippe  Lyzonfl732;  Silvain  Appay,  1763-1773;  Geor- 
ges Vauzelle,  1770-1779;  Silvain  Gaulier,  1786-1789;  Etienne  Gou- 
donfl788. 

Chirurgiens.  —  Jean  Prévost,  1707tl713;  Gabriel  Montaudon,  1770- 
1772. 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS 


DE  LA 


BIBLIOTHÈQUE    COMMUNALE 

DE  LIMOQES 

(NOUVEAU    SUPPLÉMENT) 


AVERTISSEMENT 

«  Les  manascrits  de  la  Bibiiolbëquc  de  Limoges  viennent  on  peu 
de  partout  :  aucun  fonds  n*a  formé  le  noyau  de  cette  petite  collec- 
tion... »  dit  Louis  Guibert  (1)  ;  et  d'ailleurs,  sur  39  manuscrits  qu'il 
catalogue,  il  n'indique  la  provenance  que  d'une  demi-douzaine. 
S'il  n'a  pas  été  plus  précis,  contre  son  habitude,  c'est  qu'il  n'était  pas 
possible  de  l'être,  toutes  références  manquant  (2).  M.  G.  Leymarie 
parait  avoir  été  plus  heureux  (3).  Il  a  catalogué  10  manuscrits,  et 
il  donne  leur  provenance  à  tous.  Mais,  il  convient  de  le  dire,  pour 
huit  d'entre  eux,  il  n'avait  eu  qu'à  les  recevoir  des  mains  de  M.  Paul 
Ducourtieux  —  qui,  mandaté  par  notre  adminislratiom  municipale, 
les  avait  acquis  en  1897,  à  la  vente  Tandeau  de  Marsac  (4)  —  et 
pour  un  autre,  pour  le  n**  48,  il  commet  une  erreur  déconcertante. 

(1)  Catal.  gén.  des  manuscrits  des  biblioih,  publiques  de  France,  t.  IX, 
p.  446. 

(2)  Il  est  pour  le  moins  étrange  que  Ton  n  ait  pas  en  temps  et  lieu 
communiqué  à  Louis  Guibert  le  «  Catalogue  des  mss  de  la  BibL  de 
Limoges  dressé  et  envoyé  (par  E.  Ruben)  à  M,  le  Maire  pour  être  transmis 
à  S.  Exe,  M,  le  Ministre^le  24  juin  1870»,  Louis  Guibert  y  eût  trouvé  les 
renseignements  qui  lui  ont  manqué.  (Ce  catalogue  est  mentionné  plus  loin). 

(3)  Catal.  gén.  des  manuscrits,  supplément,  t.  XLI,  pp.  637-641. 

(4)  Le  n«  44,  «  Mémoire;  inventaire...  d'Evrard  Jabach  »,  fut  acheté 
par  M.  Leymarie  à  la  vente  Tandeau  de  Marsac,  faite  à  Limoges  avant 
ceUe  de  Paris,  et  dont  il  n'y  a  pas  eu  de  catalogue. 

44 


650  SOCléré  ARCHÉOLOGIQUE  ST  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Moins  heureux  que  noire  prédécesseur  pour  déterminer  l*origine 
des  manuscrits  dont  nous  donnons  ici  l'inventaire,  nous  ne  serons 
guère  plus  précis  que  Louis  Guibert.  Les  références  manquent 
encore,  manquent  toujours,  sous  forme  de  catalogues  et  aussi  de 
registres  d'entrées-inventaires,  tenus  comme  il  convient.  Aussi  bien 
notre  tâche  est-elle  de  remédier  à  ce  défaut. 


La  bibliothèque  de  TEcole  centrale  de  la  Haute-Vienne,  formée 
pendant  la  Bévolution  d'éléments  provenant  des  communautés 
religieuses  supprimées  ou  réformées  et  des  cabinets  des  émigrés 
non  rentrés,  «  fut,  en  4804,  cédée  par  le  gouvernement  à  la  com- 
mune de  Limoges,  grâce  aux  démarches  de  son  maire,  M.  François- 
Joseph  Noualhier  (1  )  ».  Des  qualorzes  pièces  manuscrites  qu'elle  pos- 
sédait, la  Bibliothèque  communale  n'en  possède  plus  aujourd'hui  que 
sept  que  signale  la  Notice  des  ouvrages  manuscrUs  de  la  bibliothèque  de 
l'Ecole  centrale,  rédigée  le  «  24  thermidor,  an  9*  de  la  République 
française  »,  par  A.  Guillen-Biron  (2).  Ces  sept  pièces  ont  donc 
au  moins  cette  origine  comme  certaine.  Gomment  toutes  les  autres 
sont-elles  entrées  à  la  Bibliothèque  de  Limoges?  On  le  sait  pour 
quelques-unes  qui  y  sont  arrivées  par  achat  ou  par  dons  des  auteurs 
ou  de  tiers.  Pour  le  plus  grand  nombre,  on  ne  saurait  même  dire 


(1)  E.  RuBEN.  —  Càtal.  de  la  Bibl,  de  Limoges.  Histoire,  p.  VIT. 

(2}  Voir  plus  loin  le  Supplément,  —  Voici  le  texte  de  cette  notice  des 
manuscrits  :  u  1.  La  Cité  de  Dieu  de  Saint- Augustin,  sur  vélin.  —  2.  Va- 
lerius  Maximus,  sur  vélin.  —  3.  L'Institution  de  chose  publique  (sic)  de 
François  Patrice,  sur  vélin.  —  4.  Une  Bible  sur  vélin,  en  très  mauvais 
état.  ^  Sur  papier  ordinaire  :  5.  Traité  des  propriétés  de  la  nature, 
translaté  du  latin  en  français.  —  6.  —  Astronomiœ  tracta  tus.  —  7.  Les 
Annales  de  Limoges.  —  8.  Mémoire  de  la  généralité  de  Limoges.  — 
Cartes  topographiques  :  9.  De  la  ville  d^Evaux  et  de  ses  environs.  — 
10.  De  la  ville  d'Aubusson  et  de  ses  environs,  —  ii.  De  la  ville  du  Dorât 
et  de  ses  environs,  —  12.  Idem.  —  Toutes  ces  cartes  sont  collées  sur 
toile.  —  Tableaux  :  13-14.  Deux  tableaux  des  victoires  des  Français,  Le 
premier,  depuis  le  8  septembre  4793,  répondant  au  22  fructidor  de  Van 
premier  de  la  République  française,  jusqu* au  45  pluviôse  an  troia;  le 
second,  du  15  pluviôse  an  trois  jusqu'au  /•'  ventôse  an  5«.  —  Fait  double 
et  conforme  à  Toriginal.  Limoges,  24  thermidor  an  9*  de  la  R.  Fr. 
Biron,  Biblioth.  ».  —  Nous  avons  ajouté  les  numéros  et  mis  en  italique 
ce  que  la  Bibliothèque  n*a  pas  hérité  de  TEcole  Centrale.  La  Bible  ma- 
nuscrite est  très  probablement  celle  que  signale  Ruben  dans  Bulletin  de 
la  Soc.  arch.  et  histor.  du  Lim.,  t.  VI,  p.  184,  en  note.  Qu*est-elle 
devenue  ? 


CATALOGUE   DES   MANCSGIUTS  0^1 

aUément  quand  les  catalogues  les  signalent  pour  la  première  fois; 
on  ne  pourrait  pareillement  établir  d'une  façon  complète  quels 
manuscrits  la  Bibliothèque  a  possédés,  que  Ton  y  chercherait  vai- 
nement aujourd'hui,  —  que  nous  y  avons  vainement  cherchés 
nous-môme.  En  effet  tous  les  catalogues,  inventaires  ou  récole- 
ments  qui  précédèrent  les  trois  beaux  volumes  imprimés  d'Emile 
Ruben,  ne  comportent  pas  une  division  spéciale  pour  les  manuscrits. 
Il  en  est  ainsi  pour  le  trop  sommaire  travail  que  fit  Biron,  Tan  XIII; 
pour  Tinveataire  du  comte  G.  de  Villelume,  commissaire  délégué; 
etc.  Un  catalogue,  qui  est  peut-être  de  Sanson  de  Royëre,  signale 
dix-sept  manuscrits  {\)  en  dix-huit  volumes,  mais  de  façon  si  sèche, 
si  hâtive,  qu'il  n'est  pas  toigours  facile  de  les  reconnaître  sous  des 
titres  par  trop  sommaires,  fantaisistes  même.  Dans  un  rapport, 
encore  manuscril,  qu'il  adressait,  vers  1835  ou  1837  au  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  Michelet  était  encore  moins  précis.  Il  signa- 
lait dix-sept  manuscrits  lui  aussi  (2).  Et  il  semble  qu'ils  durent  fort 

(1)  Voici  cette  liste  : 

«  1.  La  Chronique  d'Eusèbe  traduite  par  Saint  Jérôme  suivie  de  celle 
de  saint  Prosper  qui  finit  à  l'an  455  et  celle  de  saint  Izidor  de  Séville 
qui  commence  à  la  créatton  du  monde  et  finit  à  Tan  de  J.-C.  626.  1  in-4(>, 
vélin.  —  2.  Valère  Maxime.  Commentaire.  1  in-foL,  vélin.  —  3.  La  Cité 
de  Dieu  de  saint  Augustin,  trad.  de  Raoul  de  Prèle.  1  in-foL,  vélin.  — 
4.  Commentaires  sur  Tancien  et  le  nouveau  testament,  par  S.  Jérôme. 
2  in-fol.  vélin  fermant  avec  une  chaîne.  —  5.  Quelques  livres  de  Tan- 
cien  testament  en  latin,  i  in-fol.,  vélin.  —  6.  Breviarium  noté.  1  in-8°, 
vélin.  —  7.  Livre  de    prières.   1   in-4»,  vélin.  —  8.    De  Tinslitut  du 
Prince  ou  de  la  chose  publique.  Traduct.  française  de  Patris  François 
de  Senes,  de  1520.   1  in-fol.,  vélin.  —  9.  Antiphonaire  noté.  1  in-4o, 
vélin.  —  10.  Liber  secundœ  partis  B.  Thomse  de  Aquino.  1  in-4<*,  moitié 
vélin,   moitié   papier.  —  11.   Mémoire  en  forme  d'histoire  contenant 
l'origine   et   l'antiquité  de  la  ville  de  Limoges  ;  ms  qui  finit  à  1638. 
1  in-fol.,  papier.  —  12.  Mémoire  de  la  généralité  de  Limoges;  ms  de 
1698.  1  in>4°,  papier.  —  13.  Traité  des  propriétés  de  la  nature,  trad.  du 
latin  en  franc.  1  in-fol.,  papier.  —  14.  Astronomie.  1  in-4°,  papier.  — 
15.  Le  Clavicul  de  Salomon.  1  in-4°,  papier.  —  16.  Institution  à  la  pra- 
tique française.   1   in-4°,  papier.  —  17.  Chambre  de  justice  de  1661. 
1  in-fol.,  papier.  —  Total  des  manuscrits  :  18  ».  Nous  avons,  pour  plus 
de  clarté,  ajouté  les  numéros.  Nous  ne  pouvons  vraiment  reconnaître  à 
leurs  titres  étranges  ou  par  trop  insuffisants  les  n®*  5,  6,  1,  15,  qui 
d'ailleurs  ont  disparu. 

(2)  Voici  la  note  de  Michelet  :  «  17  manuscrits.  Eusèbe,  xii*  siècle.  — 
Commentaires  sur  Valère  Maxime,  xv*  siècle.  —  Saint  Augustin;  Saint 
Jérôme,  xiii*  siècle.  —  Un  bréviaire  de  1587,  gr.  in-4**  avec  musique  et 
miniatures  (précieux),  sans  titre.  —  Mélanges  politiques  et  historiques 
du  xv«  siècle  ». 


652  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUS  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

peu  rintéresser,  tant  il  prit  peu  le  souci  d*étre  exact  en  les  dési- 
gnant. 

Il  Faut  arriver  à  Emile  Ruben,  l'organisateur  véritable,  le  seul 
jusqu'à  présent,  de  notre  Bibliothèque  communale,  pour  trouver 
de  nos  manuscrits  une  mention  sérieuse,  suffisante  pour  les  recon- 
naître (1),  et  savoir  que  ceux-ci  au  moins  nous  sont  restés,  tandis 
que  quatre  de  ceux  que  de  Royère  indiquait  si  brièvement  n'étaient 
plus  sur  nos  rayons  quand  Ruben  fit  son  inventaire.  Certes,  et  il 
est  aisé  de  s'y  reporter  (1),  de  même  que  de  Royère,  Ruben  donne 
dix-sept  numéros,  —  qui  font  d'ailleurs  vingt-et-une  pièces;  — 
mais  c'est  qu1I  signale  quatre  éléments  nouveaux  :  le  Bréviaire  de 
Saint-Martial,  les  quatre  volumes  de  plain-cbant,  les  manuscrits 
arabes,  l'Estat  des  paroisses  de  l'élection  de  Limoges;  ~  tandis 
que  quatre  pièces  signalées  par  de  Royère  ne  sont  plus  à  la  Biblio- 
thèque en  1855,— quelques  livres  de  l'ancien  testament  en  latin,  un 
Breviarium  noté,  un  Livre  de  prières,  le  Clavicul  de  Salomon  (2). 
Pour  ces  ouvrages  comme  pour  bien  d'autres,  nous  regrettons 
leur  disparition,  sans  pouvoir  l'expliquer.  Nous  devrons  nous 
contenter  de  dire  que  le  «  Livre  de  prières  »,  n^"  7  de  Sanson  de 
Royère  et  perdu  avant  Ruben,  doit  être  celui  dont  parle  Aliou  dans 
sa  Description  des  monumens  des  di/férens' âges  observés  dans  le 
département  de  la  Haute-Vienne  (3),  page  249  :  «  Un  livre  de 
prières,  de  format  in-12,  appartenait  d'après  une  inscription  placée 
au  bas  de  la  première  page,  à  noble  fema  Catherine  de  la  Jugie^ 
molher  du  sieur  Johan  de  Julie^  bourgeois  de  Limoges;  laquelle 
mourut,  suivant  une  date  placée  plus  loin,  en  1496.  L'écriture,  très 
belle  et  très  nette,  doit  être  du  treizième  siècle.  Ce  livre  semble 
provenir  de  la  bibliothèque  de  Grandmont  ». 

Dans  les  catalogues,  inventaires  et  récolements,  il  serait  intéres* 
sanl  de  rechercher  quelles  autres  pièces  hospitalisèrent  nos  rayons, 
car  nous  savons  que  d'autres  ont  été  perdues.  Mais  il  faudra  lire 
avec  soin  ceux  de  ces  peu  souriants  in-folio  où  ne  se  trouve  point 
une  rubrique  spéciale  pour  les  manuscrits.  Nous  nous  réservons 
cette  tâche.  Certes  les  résultats  en  seront  tout  platoniques;  mais  y 
gagneront  peut-être  la  bibliographie  et  l'histoire  de  la  bibliothèque 
de  Limoges. 


(1)  Inventaire  de  lu  Bibliothèque  de  Limoges  du  //  février  4855, 
pages  251-252. 

(2)  Ces  quatre  manuscrits  ne  .devaient  plus  être  à  la  bibliothèque  sous 
Léon  Duboys.  Celui-ci,  dans  son  très  sommaire  inventaire,]sans  le  moin, 
dre  commentaire  il  est  vrai,  ne  relève  que  14  mss. 

(3)  Lim(fgeSy  Chapoulaud,  1821,  1  vol.  in-4°. 


CATALOGUE    DES   MANUSCRITS  653 


Il  entrait  dans  les  projets  d'Emile  Ruben  de  faire  un  catalogue 
spécial  de  nos  manuscrits.  Il  ne  put  achever  cette  œuvre,  pas  plus 
qu'il  ne  put  mettre  la  dernière  main  aux  cataloguas  du  fonds  reli- 
gieux et  du  fonds  limousin,  qui  depuis...  attendent.  Au  courant  de 
ses  trois  beaux  volumes  imprimés,  là  où  Tordre  méthodique  le 
veut,  il  signale  en  passant  les  manuscrits  et  en  souligne  la  mention 
d'un  renvoi  à  leur  division  propre.  On  ne  les  relève  pas  tous, 
mais  en  revanche  on  constate  que  des  traductions  latibes  de  ser- 
mons de  Tabbé  J.-B.  Vitrac  aîné  (1),  faites  par  fauteur  lui-même, 
ont  disparu,  de  même  que  le  «  Procès-verbal  de  r Assemblée  prélimi 
naire  des  députés  du  tiers  Etat  des  villes,  bourgs,  paroisses  et  com- 
munautés du  ressort  de  la  sénéchamsée  de  Limoges  des  9^  fO,  i  3  et 
14  mars  1789^,  et  le  «  Procès-verbal  de  l'Assemblée  générale 
des  3  ordres  réunis  des  sénéchaussées  de  Limoges  et  de  Saint  Yrieix, 
du  16  mars  1789  ». 

Cependant,  TElat  avait  repris,  en  1886,  la  publication  du 
Catalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  de 
France,  Ulysse  Robert,  inspecteur  général  des  archives  et 
des  bibliothèques,  avait  déjà  xonsacré  à  la  Bibliothèque 
de  Limoges  les  pages  356  et  357  de  son  Inventaire  sommaire. 
En  homme  averti,  c*est  Louis  Guibert  qu'il  chargea  officiel- 
lement (i)  de  rédiger  Tinventaire  de  notre  fonds  de  manuscrits, 
en  1888,  pour  le  tome  IX  du  Catalogue  général.  Il  est  hors 
de  doute  que  Louis  Guibert  a  catalogué,  et  avec  une  rare  auto- 
rité, tout  ce  qu'il  a  vu.  S'il  n'a  pas  tout  mentionné,  c'est  qu'il  n'a 
pas  tout  vu,  qu'on  ne  lui  a  pas  tout  fait  voir.  Des  pièces  signalées 
déjà  par  Ruben,  comme  les  sermons  des  abbés  Vitrac,  par  exem- 
ple, ne  figurent  pas  dans  les  39  numéros  de  Guibert.  Nous  avons 
retrouvé  ces  sermons  ;  ils  portent  deux  ou  trois  précieuses  annota- 
tions au  crayon  de  la  main  de  Ruben.  Guibert  les  a  ignorés.  Il  n'est 
pas  le  seul.  Dans  le  tome  XXXVI  du  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logigue  et  historique  du  Limousin,  l'abbé  Arbellot  écrivait  :  «  Quaut 
aux  sermons  de  fabbé  Vitrac,  qui,  d'après  une  note  de  M.  Emile 
Ruben (3), avaient  été  déposés  à  la  Bibliothèque  communale, on  ne 


(1)  Catalogue  de  la  Bibliothèque  de  Limoges,  Histoire,  p.  223. 

(2)  Bulletin  de  la  Soc,  arch.  et  hist,  du  Lim,,  i.  XXXIX,  p.  457,  note  1. 

(3)  L'abbé  Arbellot  fait  allusion  à  la  note  du  Catal,  de  la  BibL  de 
Limoges,  Histoire,  p.  223.  Ce  catal.  est  de  18.*>8.  Dans  le  Catalogue  des 
mmss  de  la  Bibl,,,  du  24  juin  1870,  il  n'est  mentionné  qu'un  ms  de 


654 


SOCIÉTÉ  ARCBÉOLOGIQUE   ET   uiSTORIQUE   DU   LIMOUSIN 


les  y  trouve  plus  aujourd'hui  »  (1888).  M.  le  chanoine  Lecler  dit 
la  même  chose  dans  le  lorae  II  {i)  de  ses  Martyrs  et  Confesseurs 
de  la  foij  à  la  page  694.  Les  sermons  ne  figurent  pas  davantage,  et 
combien  d'autres  pièces  avec  eux,  au  tome  XLI  (2)  du  Catalogue 
général,  où  M.  Camille  Leymarie,  bibliothécaire»  donna  un  sup- 
plément de  dix 'numéros,  40  à  49.  Voilà  qui  excuse  suffisamment 
Louis  Guibert  et  les  biographes  des  abbés  Vilrac. 

En  revanche,  M.  Leymarie  a  donné  le  n""  48  à  un  manuscrit, 
auquel  Louis  Guibert  avait  déjà  affecté  le  n*»  38.  Au  reste,  voici, 
vis-à-vis,  les  deux  fiches  : 


Par  Louis  Guibert. 

88.  «  Livre  d'arithmétique, 
à  Brive,  chez  le  sieur  Dédé, 
1768.  » 

Traité  d'arithmétique  élé- 
mentaire, avec  tableaux  et  li- 
gures de  calligraphie,  frontis- 
pice et  dessins  à  la  plume, 
relevés  à  la  sépia  ou  coloriés. 
Signatures  à  la  première  page  : 
«  Nignat,  1768.— Broussaud.  m^ 

XVIII*  siècle.  Papier,  lOo 
feuillets,  224  sur  163  millim. 
Bel.  veau,  avec  ornements 
dorés  :  rosaces  et  fleurs  de 
lys. 


Par  M.  G.  Leymarie. 

48.  «  Livre  d'arithmétique. 
A  Brive,  chez  le  sieur  Dédé. 
1768.  n 

XVIII*  siècle.  Papier.  406 
feuillets.  12  feuillets  sont 
restés  blancs  (avant  la  table). 
Au  commencement,  3  feuil- 
lets de  garde,  2  à  la  fin.  Quel- 
ques dessins  à  la  plume  par- 
fois rehaussés  d*aquarelle. 
Bel.  veau  vert,  fers  dorés.  — 
(Acquis,  en  1898,  de  M.  Fray- 
Fournier^  à  Limoges.) 


Or,  la  Bibliothèque  ne  possède  qu*un  exemplaire  de  ce  manus- 
crit. Par  sa  fiche,  Guibert  le  décrit  parfaitement,  sauf  en  ce  qui 
concerne  la  teinte  verte  fort  passée  du  cuir  de  la  reliure,  dont  il  n'a 
peut-être  pas  jugé  bon  de  tenir  compte  ou  que  sa  vue  très  basse  n'a 
pas  discernée.  Sur  ce  point,  M.  Leymarie  ne  se  sépare  pas  de  Guibert, 
il  le  complète.  Il  est  vrai  qu'il  ajoute  :  «  Acquis,  en  1898,  de  M.  Fray- 
Fournier,  à  Limoges  ».  Mais  M.  Fray-Fournier  n'a  jamais  vendu  de 


Vitrac  :  les  Iléroïdes,  Où  étaient  à  ce  moment  les  sermons .'  Ils  étalent 
à  la  bibliothèque  en  1858;  ils  y  sont  en  1906;  nous  les  y  avions  vus 
nous-même  en  1899  ou  1900.  Maintenant  il  est  vrai  que  le  Catalogue,., 
de  4870  que  possède  la  Bibliothèque,  n'est  qu'une  minute  établie  sur 
fiches,  et  quelques  fiches  ont  bien  pu  s'égarer.  Il  n'y  a  pas  d'autre 
hypothèse  vraisemblable. 

(1)  Ce  tome  II  est  paru  en  1900. 

(2)  1903. 


CATALOGUE   DES   MANUSCRITS  655 

manuscrit  à  la  Bibliothèque  de  Limoges,  pas  même  en  1898  :  son 
témoignage  et  les  registres  de  THôtel  de  ville  en  font  foi.  Il 
convient  donc  d*annuler  le  n*  48»  comme  reproduisant  le  n"^  38. 

* 
*  « 

G*est  tout  ce  que  nous  savons  pour  le  moment  sur  l'histoire  des 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  communs^e  de  Limoges  ;  le  reste  de 
leur  histoire,  c'est  leur  énumëration  complète  et  consciencieuse 
qui  récrit.  Certes,  ce  que  nous  présentons  au  public  n'a  pas  la 
valeur  des  manuscrits  que  Guibert,  le  premier,  décrivit  avec  science 
et  talent.  Certaines  pièces  sont  néanmoins  fort  intéressantes  ;  nous 
avons  pris  à  les  rechercher  par  toute  la  bibliothèque  le  plus 
grand  plaisir,  malgré  les  diiBcuUés  et  l'absence  de  tout  renseigne- 
ment ;  nous  avons  apporté  à  les  classer  tous  nos  soins  ;  à  les  cata- 
loguer une  patiente  conscience;  et  nous  sommes  au  moins  certain 
de  rendre  au  public  studieux  le  service  qui  depuis  longtemps  lui 
était  dit . 

Barthélémy  Mayéras. 


650  SOCléTi  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

« 

50.  Une  liasse  conlenaDt  37  pièces  diverses  (a  à  mm)  : 

a.  —  Vente  de  meubles,  faite  devant  le  garde  du  scel  royal  à 
Montmorillon,  par  Jean  Merechiers  de  las  Merechieras,  à  litre  de 
tuteur  et  curateur,  pour  le  prix  de  10  II.  1317. 

1  page;  parchemin. 

b.  —  Lettres  données  a\y[  assises  de  Montmorillon,  desquelles  il 
appert  que  Pierre  Vidalon,  pour  cause  de  maladie,  n'avait  pas  rendu 
en  temps  et  lieu  ses  foi  et  hommage  à  Hëlion  de  Salignac  ;  mais  qu*à 
la  suite  d'ajournement,  Guillaume  de  Beauvès,  «  sergent  en  la  cour 
de  céans  »,  avait  payé  ses  arrérages.  19  mars  1410. 

1  page;  parchemin. 

c.  —  Vente  faite  par  noble  Pierre  Bidon,  écuyer,  seigneur  de 
Leyssard  (paroisse  de  Beaune),  à  sire  Martial  Dubouscheix,  mar- 
chand de  Limoges,  de  certaines  terres  sises  au  bourg  de  Beaune, 
pour  le  prix  de  1300 11.  Décembre  1569. 

4  feuillets  chiffrés;  papier. 

d.  —  Cahier  contenant  :  Fol.  8  r^  :  Testament  de  noble  Pierre 
Bidon,  au  château  de  Leyssard.  8  août  1574.  —  Fol.  9  r*.  Attribu- 
tion de  la  tutelle  de  Georges  de  Leyssard  à  d"«  Antoinette  de  Jour* 
net,  sa  mère,  veuve  de  Pierre  Bidon.  Juillet  1575.  —  Fol.  11  r>  : 
Arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  touchant  une  contestation  pour 
partage  de  biens  entre  Depéret  et  Jacques  de  Bidon.  5  septem- 
bre 1626. 

18  feuillets  chiffrés;  papier. 

e.  — '  Exploit  d*buissier  à  la  requête  du  sieur  Depéret  contre  Jac- 
ques de  Bidon  de  Leyssard.  Octobre  1625. 

4  feuillets  chiffrés;  papier. 

f.  —  Mise  aux  enchères  des  biens  de  noble  Jacques  de  Bidon, 
écuyer,  sieur  de  Leyssard,  situés  en  la  paroisse  de  Beaune,  près 
Limoges,  et  saisis  à  la  requête  de  M.  Jean  Depéret,  prêtre  et  consort, 
créancier  d'une  somme  de  3.983  11.  1636. 

8  feuillets  chiffrés  ;  papier. 

g.  —  Arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  dans  Taffaire  pendante 
entre  le  sieur  Depéret  el  le  sieur  de  Leyssard.  1627. 

4  feuillets  chiffrés;  papier. 

h,  —  Quittance  d'une  somme  de  8.150  11.  donnée  par  Emery 
Depéret.  Février  1628. 

4  feuillets  chiffrés;  papier. 


CATALOGUE   DES   MANUSCRITS  657 

t.  —  Accord  enlre  l'abbé  de  Sainl-Marlin-des-Feuillanls-Iez- 
Limoges  et  Joseph  Rogier,  conseiller  du  roi  au  siège  présidial, 
touchant  le  fief  de  Leyssard.  Juillet  1658. 

2  feuillets  chiffrés,  2  pages  ;, papier. 

;.  —  Cession  faite  par  Tabbé  de  Sainl-Martin-des-Feuillants-lez- 
Limoges  à  M.  Joseph  Rogier,  conseiller  du  roi  au  présidial  de  cette 
ville,  des  droits  de  prélalion  sur  la  première  vente  à  faire  du  fief 
de  Leyssard.  1658. 

2  feuillets  chiffrés,  2  pages:  papier. 

k.  —  Vente  faite  au  village  de  Grandmont,  en  Haute-Marche,  par 
Guillaume  Pounel,  laboureur,  à  Vincent  Gainant,  notaire  et  procu- 
reur audit  lieu,  du  pâturai  des  Pelites-Rebières  et  terres  voisines, 
pour  le  prix  de  78  11.  1585. 

1  page;  parchemin. 

(.  —  Vente  d'une  terre  sise  au  mas  de  la  Lande,  au  village  de 
Goupillon,  paroisse  de  Beanne,  faite  à  dame  Catherine  Peyroche, 
par  Etienne  Bracquet,  laboureur,  pour  le  prix  de  16  écus  sol.  1593. 

2  feuillets;  papier. 

ni,  —  Àrr^l  de  la  cour  présidialc  de  Limoges  dans  une  instance 
pendante  entre  Emory  Depéret,  notaire  royal,  et  noble  Antoine 
Duclerc,  sieur  de  Maisonneuve.  1624. 

2  feuillets  ;  papier. 

n.  ~  Reconnaissance  d'une  dette  de  fê  11.  faite  par  François 
Depéret  au  sieur  de  Maisonneuve.  1631. 

2  feuillets;  papier. 

0.  —  Notification  d'un  arrêt  du  parlement  de  Bordeaux  faite  à 
la  requête  du  syndic  des  PP.  Feuillants  de  Limoges,  à  d"'  Suzanne 
de  Bonneval  et  consorts.  1656. 

i  page;  papier. 

p.  —  Aveu  et  dénombrement  de  terres  fait  par  noble  Léonard 

d'Eschizadour,  écuyer,  sieur  du  lieu,  habitant  au  château  d'Eschiza- 

'  dour,  paroisse  de  Saint-Méard,  à  messire  André  Landin,  seigneur 

du  marquisat  de  Châteauneuf,  conseiller  du  roi  au  présidial  de 

Limoges.  Février  1668. 

1  feuillet;  papier. 

q.  —  Quittance  délivrée  à  Jacques  Parry,  laboureur,  demeurant 
au  bourg  de  Beaune,  par  Pierre  Parry,  aussi  laboureur,  des  arré- 
rages de  pension  dus  par  les  héritiers  de  feu  sieur  Guy  Dentrey- 
geas.  1669. 

2  feuillets  ;  papier. 


658  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

r.  —  Noroinalion  de  tuteur  et  curateur  faite  par  la  cour  de  la 
châteilenie  du  Dorât,  en  faveur  des  enfants  de  feu  Gabriel  Ro- 
main. 1680. 

1  feuillet  ;  papier. 

S.  —  Copie  faite  au  XVIIP  siècle  d*actes  du  bureau  de  la  recette 
des  tailles  concernant  le  comte  du  Doignon.  Ces  actes  sont  des 
17  août  1717,  —  17  août  1717,  —  3  novembre  1688,  —  3  jan- 
vier 1731. 

2  feuillets  ;  papier. 

t.  —  Copie  d'un  acte  émanant  de  Daguesseau  et  concernant 
Texercice  du  droit  de  pécbe  à  Beaulieu  et  dans  le  Limousin  en 
général.  18  août  1729. 

1  feuillet;  papier. 

tt.  —  Lettres  de  grâce  accordées  par  Nicolas-Joseph  de  Paris, 
évéque  d'Orléans,  à  Alexandre  Duport  de  la  Cosle,  originaire  de  la 
ville  de  Servières,  diocèse  de  Tulle,  pour  un  crime  commis  sur  la 
personne  d'Antoine  Vialors,  laboureur,  dans  le  bourg  de  Darazac, 
le  21  septembre  1733.  2  mars  1734;  signé  :  f  Nicolaus  Josepbus 
Episcopus  Aurelianorum  ;  avec  le  cachet  épiscopal. 

1  page  ;  parchemin  grand  format. 

V.  —  Signiflcation  des  dites  lettres  de  grâce  faite  à  Servières  par 
Puyrejmon,  huissier  dans  cette  ville.  Mars  1734. 

1  page;  papier.. 

X.  —  Certificat  de  vie  délivré  par  Fr.  Jarrige  du  Bournazel,  lieu- 
tenant particulier  de  la  sénéchaussée  de  Tulle,  à  Madeleine  Monsal, 
veuve  de  Rabanide.  20  juin  1735.  —  Cachet  de  la  sénéchaussée 
de  Tulle. 

i  page;  papier. 

y.  —  Reçu  du  gardien  des  Récollets  de  Guéret  au  vicomte  de 
Thiange.  Juillet  1749. 

1  page  ;  papier. 

z,  —  Plainte  portée  par  Jean  Crouzaud,  sieur  de  la  Touche, 
avocat  en  la  cour  et  principal  au  gouvernement  des  provinces  de 
Haute  et  Basse-Marche,  à  M.  le  lieutenant  général  de  police  de  la 
ville  et  banlieue  de  Bellac,  contre  les  cabaretiers  de  Berneuil  qui 
donnent  à  boire  avec  excès  pendant  le  temps  des  offices  religieux,  et 
contre  les  ivrognes  qui  ont  causé  du  scandale  à  la  sortie  d'un  office. 
—  Signé  :  Crouzaud.  —  Acte  pris  de  la  plainte,  signé:  Bonnet. 
22  septembre  1768. 

3  pages  chifi&'ées;  papier. 


CATALOGUE    DES   MANUSCRITS  659 

aa.  —Citation  à  comparaître  pour  témoigner  devant  le  lieute- 
nant général  de  police  de  Bellac,  faite  à  six  témoins  de  Taffaire 
ci-dessus.  24  septembre  1768. 

i  feuillet;  papier. 

bb.  —  Dépositions  des  témoins  Bidaud,  Marsat,  Beuiy,  Rasleau, 
Compain,  Boijoux,  Romanet,  dans  Taffaire  ci-dessus.  28  septem- 
bre 1768. 

4  feuillets  chiffrés  ;  papier. 

ce.  —  Quatre  pièces  concernant  un  différent  survenu  entre  les 
Pénitents  bleus  et  blancs  d'Eymoutiers.  Août  1732,  2  feuillets  chif- 
frés; —  19  septembre  1732. 1  page;  —  décembre  1782,  2  feuillets 
chiffrés;  signature  de  L.-C.  Duplessis  d'Argeutré;  —  31  décem- 
bre 1783;  2  feuillets;  cachet  des  Pénitents  blancs.  Papier. 

dd.  —  «  Répertoire  II  Etat  d'ancienes  procédures  et  pièces  qui 
sont  dans  la  chambre  du  conseil.  » 

8  feuillets  chiffrés,  dont  4  blancs.  XVIII*  siècle  ;  papier. 

ee.  —  «  Affaires  en  médiation  ».  Répertoire. 

7  feuillets  chiffrés,  dont  feuillets  dà  6  blancs.  XVIII*  siècle;  papier. 

ff.  —  «f  J.-B.  Meyvières  ||  Dartois,  propriétaire,  demeurant  au  lieu 
de  II  Lhortolary,  Commune  de  Montgibaud,  demandeur  ||  Comparant 
par  M*  Jouhaud,  son  avoué,  Il  En  réponse  à  récrit  à  lui  signiffié 
le  II  dix-sept  messidor  dernier  à  la  requête  de  W^  Jeane  II  Charlote 
Laloue  veuve  Descubes  Duchatenet,  demeurant  11  au  chef  lieu  de  la 
commune  de  S*  Laurent  sur  ||  Gorre,  deffenderesse  comparant  par 
M*  Guitard  ||  son  avoué. 

Fin  du  XVIII*  siècle.  Une  pièce  incomplète   du   procès;    ni 
signature  ni  date.  16  feuillets  chiffrés;  papier. 

gg.  •*  Copie  d'un  acte  établissant  une  redevance  du  sieur  Des- 
champs au  prieur  d^Aureil  et  la  propriété  au  «  Collège  »  (?)  d*un 
pré  à  Saint-Paul-d*Eyjeaux.  Juillet-août  1788. 

1  feuillet;  papier. 

hh.  —  Quatre  pièces  concernant  une  requête  présentée  par  les 
garçons  perruquiers  de  Limoges  à  M.  de  BouiQers  :  1^  Certificat 
délivré  par  la  municipalité  de  Limoges;  cachet  de  la  municipalité. 
28  octobre  1790.  1  page.  —  2^  Certificat  délivré  par  Tétat-major 
de  la  garde  nationale  de  Limoges;  cachet  de  la  garde.  29  octo- 
bre 1790. 1  page.  —  3*^et  4'  Deux  requêtes  des  garçons  perruquiers. 
22  novembre  1790  et  8  octobre  1790.  Chacune  2  feuillets  chiffrés; 
papier. 


660  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

tï.  —  Compte  rendu  de  la  fête  de  la  présentation  de  la  Bastille  à 
Limoges  et  à  Périgueux.  Décembre  ....  ?  —  Signé  :  Renié. 

2  feuillets  chiffrés;  papier. 

jj.  —  Sept  pièces  relatives  aux  événements  du  IS  juillet  1792  à 
Limoges. 

Copies  faites  au  XIX*'  siècle;  papier. 

kk.  —  Hospice  civil  et  militaire  de  Limoges.  —  Reçu  d'arrérages 
de  renies  dûs  par  Béchade  aux  prêtres  de  Saint-Pierre  et  de  Saint- 
Michel.  Limoges,  28  ventôse  an  XIIL 

1  page;  papier. 

II.  —  Note  sur  le  passage  du  pape  Pie  VII  à  Limoges,  le  21  jan- 
vier 1814. 

Anonyme.  1  feuillet;  papier. 

mm,  —  Deux  lettres  du  maire  de  la  commune  de  Saint-Paul, 
Fougeras-Lavergnolle,  au  préfet  de  la  Haute-Vienne.  29  août  et 
7  septembre  1830. 

2  feuillets  chiffrés  ;  papier. 

51.  «  Couvents  et  abbayes  du  Limousin  et  de  la  Marche  par 
frère  Claude  Chalemel  ?  Ms.  du  XVII*  siècle  [vers  1662]  »,  dit  une 
note  ms.  de  la  couverlure  en  papier  mise  au  ms.  suivant  : 

Fol.  1  r*  :  «  Catalogus  Sacrarum  Reliquiarum  II  quae  Àsservanlur 
in  Cœnobio  S.  Martialis.  an.  1644.  »;  v*"  et  foL  1  bis  blancs.  — 
Fol.  2  r*  :  «  Ortus  Cœnobii  B.  Virginis  Maria  de  Régula  ||  Monialium 
Benedictinarum  ».  —  Fol.  4  r*  :  «  Ortus  ÀbbatiaB  Antiquae  S. 
Juniani  ||  nunc  Praepositurœ  Saecularis  ||  et  Collegiatae  ».  — 
Fol.  11  r*»  :  «  Ortus  Abbatiae  Boni  Loci,  in  ||  Marchia  ordinis  Cis- 
terc.  Colonia3  Dalonarum.  Et  séries  Abbatum  ||  qui  eidem  Cœnobio 
prœfuerunt  ».  —  Fol.  13  v*  :  «  Ortus  AbbatiaB  de  Columba  Cister- 
ciensi  ||  Apud  Marchianos,  Colonia  Pontiacensium...  Il  Et  séries 
Abbatum  qui  eidem  Cœnobio  prœfuerunt  ».  —  Fol.  16  r*  :  «  Ortus 
Abbaliae  Voziensis  vulgo  Vigeos  Benedictinorum  ».  — Fol.  16  r*>  : 
«  Ortus  Abbaliae  Siirpcnsis.  ||  Canonicorum  Rogularium  S.  Augus- 
tin! vulgo  Leyter  ».  —  Fol.  17  r°  :  <r  Ortus  Prioralus  Artigiani  et 
Séries  Priorum  qui  eidem  cœnobio  PraBfuerunt  ».  —  Fol.  18  r*  : 
«  Ortus  Prioratus  S.  Andrese  II  civitatensis  Lem  ».  —  Fol.  20  r*  : 
«  Ortus  ChartusiaB  Glanderiensis  II  ex  ipsis  Chartusiae  tabulis».  — 
Fol.  22  r°  :  «  Ortus  Prioralus  B.  Mariae  Virginis  ||  ad  Arenas  ».  — 
Fol.  23  r®  :  «  Ortus  Prioralus  Aureliensis  Auguslinensium  II  ex 
Veteri  M.  S.  Grandimontensi  ».  —  Fol.  24  r<>  :  «  Orlus  Cœnobio- 
rum,Chartusiani,||Augustiniani,EtCarmelilani,||deMortuoMari  ». 


CATALOGliE    DES    MANCSCRITS  661 

—  Fol.  28  à  30,  liste  de  bénéRces  épiscopaux  el  autres,  —  de  la 
môme  écriture  que  les  quelques  notes  que  Ton  trouve  dans  le 
ms.  attribué  à  frère  Claude  Chalemel. 

Papier.  305  sur  200  millim.  pour  les  feuillets  1  à  27.  262  sur 
180  millim.  pour  les  feuillets  28  à  31.  I/écriture,  du  XVII*  siècle, 
couvre  un  espace  irrégulier.  31  feuillets  chiffrés.  Reliure  demi-bas. 
fauve,  coins  du  même. 

Papier  en  mauvais  état 

Publié  en  partie  par  A.  Leroux  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
des  lettres  de  Tulle,  4893,  p.  291-297. 

52.  <c  Quarta  pars  ||  philosopbiae.  {|  Melhaphisica.  1 1731  ». 
Notes  prises  au  cours  de  philosophie  du  professeur  Demarthon 

par  Guillaume  Lachëze,  clerc  tonsuré. 

Page  83.  «  Epitre  du  fils  au  père  »,  signée  page  85,  r®  de  la  cou- 
verture :  Lacbèze  cler.  tons. 

Papier.  165  sur  135  millim.  1731.  Couverture  en  parchemin. 
(Donné  à  la  Bibliothèque  de  Limoges  par  M.  Fray-Fournier,  chef 
de  division  à  la  Préfecture  de  la  Haute- Vienne,  le  l"*"  janvier  1906). 

53.  «  Processionale  |  Ecclesiœ  ||  Lemouicensis  ». 

Page  99.  PropriumSanctorum.  Page  135.  Go[m]mune  sanclorum. 
Quand  il  y  a  lieu,  notation  musicale  au-dessus  du  texte. 

Papier.  192  sur  131  millim.  XVIII*  siècle.  Marges  de  1  à  2  cent, 
Paginé  de  1  à  150  pages.  2  feuillets  blancs  avant  la  première  page 
écrite  ;  pages  98  et  134  blanches  ;  3  feuillets  blancs  à  la  Gn.  Reliure 
veau  plein. 

54.  Panégyrique  de  saint  François  Régis  par  le  P.  Barbou, 
jésuite.  1739. 

Fol.  1  r",  titre,  date  et  nom  de  l'auteur  de  deux  mains  différentes 
et  étrangères  à  Tauteur;  son  nom  semble  de  la  main  de  Tabbé 
Vilrac.  —  Fol.  2  r",  première  ligne  :  Sp[irit]us  d[omni]ni  sup[erj 
me...  »;  ligne  3  :  «  L'esprit  du  s[ei]g[neu]r  est  sur  moi,  c*cst  pour 
cola  que  j*ai  reçu  Tonction  de  lui...  ».  —  Fol.  12  r*  :  plan  d'un 
nouveau  sermon  sur  le  même  sujet;  ligne  1  :  «  Bcatus  vir  qui...  »; 
ligne  3  :  «  Bienheureux  Tbomme  qui  a  répandu  abondamment  ses 
biens...  »  —  Fol.  12  v"  :  blanc.  —  Fol.  13  r®  :  «  Passons  ici  donc 
sous  silence...  ».  —  Fol.  13  v<>  :  7  lignes  seulement;  suite  au  fol.  14  : 
«  Ce  serait  ici  le  lieu...  »;  v*  blanc.  —  Fol.  15,  fin,  7  lignes  ;  v®  blanc. 
—  Fol.  16  blanc. 

Papier.  270  sur  190  millim.,  sauf  les  feuillets  14  et  15  ;  210  sur 
160  millim.  XVIIl'  siècle.  Ecriture  compacte;  nombreuses  ratures 
et  surcharges;  notes  marginales;  IG  feuillets  chiffrés.  Reliure 
bradel  demi-toile  rouge. 


662  soci^rré  ARcnèoLoGiQûË  Et  ttiâTOftiQûÉ  dû  limousin 

55.  «  Teslamenl  de  Msgr  Tévéque  De  Seaez,  mis  en  vers  ||  par 
H.  L*abbë  Théophile  ». 

Poème  satirique  dirigé  contre  Jean  Soanen,  évéque  de  Senez  de 
4696  à  1727,  janséniste. 

Papier.  302  sur  195  millim.  XVIII*  siècle.  34  vers  par  page.  La 
page  11,  étant  en  partie  déchirée,  ne  laisse  lire  qu'une  partie  des 
6  derniers  vers.  11  pages  chiffrées.  Reliure  bradel  rouge. 

56.  Recueil  factice  de  41  pièces  d*un  procès  onire  le  marquis  de 
Ghoul;  de  Permangle  et  les  religieuses  de  Boubon. 

Papier,  sauf  les  pièces  27,  33  et  39.  XV1I1«  siècle,  1730-1739. 
Les  pièces  sont  de  dimensions  très  diverses  ;  rangées  dans  Tordre 
chronologique,  elles  sont  numérotées  à  Tencre  rouge  de  1  à  41. 
Reliure  demi-basane  fauve;  coins  du  même. 

57.  «  La  Lémovicade,  ou  Le  |  Mariage  de  l'Amour  et  de  la  Pau- 
vreté, Il  Poème.  Il  A  Messeigneurs  du  Parlement  de  | Guyenne;  Il  Par 
M.  de  la  Grange-Chancel  ||  1747.  |  Copiée  par  M.  Pontois,  rhéto- 

ricien  ». 

Ce  manuscrit  contient  les  pièces  de  la  polémique  en  vers  engagée 
eotre  Lagrange-Chancel  et  M.  de  Nisor,  son  fils,  à  propos  d'un 
procès  qu'ils  soutenaient  Tun  contre  l'autre  devant  le  Parlement  de 
Guyenne. 

Le  folio  du  titre  n'est  pas  chiffré.  Fol.  1  r^  :  «  La  Lémovicade  » 
(poème  satirique  en  iv  ctiants).  —  Fol.  15  v^  :  «  Lettre  de  H.  La- 
grange-Chancel à  un  de  ses  amis  »  (datée  de  Périgueux,  3  fév.  1747, 
où  il  explique  pourquoi  il  a  écrit  La  Lémovicade).  —  Fol,  16  r<>  : 
<c  A  Monsieur  Bouquier,  célèbre  avocat  en  la  cour  du  Parlement  de 
Guïenne.  Stances  »  (par  Lagrange-Chancel  père;.  —  Fol.  18  r'  : 
«  A  Messeigneurs  du  Parlement  de  Guïenne.  Stances  »  (par  le 
même).  —  Fol.  20  r**  :  «  A  Messeigneurs  du  Parlement  de  Guyenne. 
Stances  »  (par  «  LagrangeChauchet  fils  (sic),  H.  de  Nisor).  —  Au 
bas  du  fol.  43  :  «  Finis  coronat  opus  anno  1769.  P.  J.  P.  ». 

Papier.  190  sur  160  millim.  XV11I«  siècle.  Marges  de  1  à  2  cenl. 
20  à  24  lignes  à  la  page.  23  feuillets  chiffrés.  Couverture  en  car- 
tonnage souple,  de  couleur  violette  ;  sur  sa  première  page,  une 
étiquette  blanche  porte  :  La  Lémovicade. 

58.  Pouillé  historique  du  diocèse  de  Limoges,  par  l'abbé  Nadand, 
avec  additions  de  l'abbé  Legros  pour  ce  qui  postérieur  à  1775. 

Copie  partielle  du  Pout//^ray^  de  la  bibliothèque  du  Grand-Sémi- 
naire de  Limoges  (n*l);  M.  l'abbé  Texier  la  fit  faire,  en  1858,  par  un 
détenu  de  la  Maison  Centrale  de  Limoges,  pour  servir  à  son  Diction- 
naire de  géographie.  Dans  cette  copie,  les  paroisses  du  diocèse  sont 
rangées  dans  Tordre  alphabétique. 


nAtALOÛÛE   t>ES  MANDdcmtS  663 

D'après  une  tradilion  orale  venant  d'Emile  Ruben,  cette  copie 
aurait  été  faite  aux  frais  de  la  ville,  ce  qui  explique  sa  présence  à 
la  Bibliothèque. 

Cf.  :  «  .,.Pouillédu  diocèse  de  Limoges,  par  TabbéNadaud,  ...édité 
avec  de  nombreuses  additions  sous  forme  de  dictionnaire  géogra- 
phique de  la  Marche  et  du  Limousin,  par  M.  l'abbé  Texier...  Limo- 
ges, 18S9,  in-4de  42  pages  et  7  feuillets  blancs  »,  et  dans  le  Bull, 
de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  t.  LUI, 
la  publication  intégrale  dudit  Pouillë  par  le  chanoine  A.  Lecler, 
notamment  V  «  Avant-propos  ».  Voir  aussi,  même  Bulletin^  t.  VIII, 
p.  182,  et  t.  IX,  p.  178, 177, 187, 188, 194. 

Pas  de  titre.  Fol.  1  :  «  Eglise  cathédrale  sous  Tinvocation  de 
Saint  Estienne  ».  —  Fol.  9  in  fine  :  «  ...mais  on  n'a  plus  fait  de 
démarches  depuis  ».  8  feuillets  blancs  chiffrés  10  à  18.—  Fol.  chif- 
fré H  :  «  2-  Cahier  ».  —  Fol.  281  in  fine  :  «  Fin  de  Tulle  ».  — 
Fol.  282  à  308  y  :  «  Table  ».  —  3  cahiers  chiffrés  11  à  40,  dont 
feuillets  38  à  40  blancs,  qui  ont  l'air  d'être  une  première  ou  une 
autre  rédaction  des  cahiers  correspondants  dans  l'ouvrage. 

Papier.  480  sur  316  millim.  XVIII»  siècle.  Ecrit  généralement 
pleine  page  et  sur  le  recto  des  feuillets  seulement.  Folioté  1  à  15, 
lia  305^  11  à  40.  Demi-reliure  veau  fauve,  coins  du  même. 

59.  Recueil  factice  de  17  cahiers  contenant  17  sermons  ou  pro- 
jets de  sermons  des  deux  abbés  Vitrac. 

a.  Fol.  1  :  «  Sermon  sur  le  jeu,  1769  ».  —  Fol.  2,  écrit  en  tra- 
vers :  «  Non  sedi  in  consilio...  ».  —  Fol.  3,  idem.  —  Fol.  13  v*  et 
fol.  14  blancs.  —  b.  Fol.  18  :  («  Enfant  Prodigue.  Surgam  et  ibo  ad 
patrem...  »  (1769);  fol.  24  v  et  28 et  26  blancs.  —  c.  Fol.  27  :  «  La 
Mort  »  (1777);  fol.  33  et  34  blancs.  —  d.  Fol.  38  :  «  Sur  l'Envie. 
1778,  vers  la  fin  ;  fol.  42  blanc.  —  e.  Fol.  43  :  «  Pentecôte,  1779  »  ; 
fol.  20  v*  et  81  à  84  blancs.  —  f.  Fol.  88  :  «  Amour  de  Dieu,  par 
M.  Vitrac,  1783  »;  fol.  62  blanc.  —  g.  Fol.  63  :  a  Panégyrique  de 
Saint  François  de  Sales,  1786  »  ;  fol.  79  v""  et  80  blancs.  —  h. 
Fol.  81  :  c<  Jubilé,  1804  »;  fol.  90  blanc.  —  t.  Fol.  91  :  «  Sur  le 
salut  »;  s.  d.;  fol.  97  v*  et  98,  99  blancs.  —  ;,  Fol.  101  :  «  Sermon 
sur  le  pardon  des  ennemis  »;  5.  d.  ;  fol.  113  v^  et  114  blancs.  — 
k.  Fol.  118  :  «  La  persévérance  »;  s.  d.;  fol.  118  v»  et  119  à  126 
blancs.  —  /.  Fol.  127  :  «  Sur  l'aumône  »;  s.  d.;  fol.  138  f"  blanc.  — 
m.  Fol.  139  :  «  La  Retraite  »;  au  crayon,  de  récriture  d'E.  Ruben  : 
«  L'abbé  Vitrac, curé  de  Saint-Sylvestre  »;  s.  d.;  fol.  180  blanc.  — 
n.  Fol.  181  :  «  Le  péché  »;  s,  d.;  fol.  162  blanc.  —  0.  Fol.  163  : 
«  Sur  la  passion  de  notre  divin  Sauveur  »;  au  crayon,  de  l'écriture 
d'E.  Ruben  :  «  M'  Vitrac,  curé  de  La  Bregère  »;  s.  d.  ;  fol.  181  et 


664  SOClÊTè    ARCHÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DC    LIMOUSIN 

182  blancs.  —  p.  Fol.  183  :  «  Dévolion  à  la  Saint- Vierge  »,  s.  d.  ; 

fol.  198  blanc.  —  q.  Fol.  199  blanc;  fol.  200  :  «  Le  Saint-Sacrifice 

de  la  Messe  »;  s,  i.\  fol.  214  blanc. 
Sont  de  J.-B.  Vitrac  aîné  les  sermons  :  a,  g^  h,  p,  q. 
Sont  de  J.-B.  Vitrac  cadet  les  sermons:  ft,  c,  d,  e,f,  t,;,  t,  /,  m,  ». 
Est  d'Elie  Vitrac  le  sermon  :  o. 

Papier.  22  à  25  centim.  sur  lo  à  19.  XVIII*  siècle  et  commence- 
ment du  XIX«.  Espace  couvert  par  récrilure  :  irrégulier.  214  feuil- 
lets chiffrés.  Demi-reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

Le  papier  est  souvent  détérioré,  fumé  ou  taché. 

60.  Recueil  factice  de  19  cahiers  contenant  19  sermons  ou  pro- 
jets de  sermons  des  deux  abbés  Vitrac. 

a.  Fol.  1  :  «  Sermon  sur  la  Nativité  de  J.-(] »,  25  décembre 

1768...;  fol.  13  v  et  14  blancs.  —  b.  Fol.  15  :  «  L'Enfer...,  «769  »; 
fol.  26  v^  27  et  28  blancs.  —  c.  Fol.  29  :  «  (A)  Saint  Pierre. 
Enfer  ».  Date  douteuse;  peut-être  1779.  Fol.  33  v»  et  34  à  36 
blancs.  —  d.  Fol.  37  :  «  Panégyrique  de  Saint  Thomas  d'Aquin, 
1771  ».  Fol.  46  blanc.  -  e.  Fol.  47  :  «  Oratio  pro. ..?...  1771  ». 
Fol.  48  :  «  Dereliquerunt  me  propinqui  mei...  »,  et  ligne 5  :  «  C'est 
un  juste  affligé  qui,  victime  pour  un  temps  de  la  divine  justice...  » 
Fol.  59  à  61  blancs.  — /".  Fol.  62  :  «  Sermon  pour  une  profession. 
A  notre  dame,  le  16  mai  1773.  A  la  Règle,  octobre  1774...  ». 
Fol.  70  V"  et  71  blancs.  —  g.  Fol.  72  :  «  Prière.  Dimanche  des 
Rogations,  1774...  ».  Fol.  78  v*  et  79  à  82  r*  blancs.  Le  fol.  82  v«  est 
écrit  en  sens  inverse;  V^  ligne  :  «  S'il  arrive,  disait  le  seigneur  à 
Salomon,  que  je  ferme  le  ciel...  ».  Fol.  83  blanc.  —  /i.  Fol.  84  : 
«  Dévotion  à  Marie.  A  Saint-Etienne,  1774...  ».  Fol.  90  v«  cl  91 
blancs.  —  t.  Fol.  92  :  «  Saint-Pierre,  1775,  1789  ».  Et  ces  deux 
notes  mss.  :  «  J'ai  payé  la  nourriture  du  cheval  du  père  »  ;  «  Bou- 
riaud  pourra  venir  après  diner  chercher  son  serin  ».  Fol.  99  v*  et 
100-101  blanc.  — ;.  Fol.  102,  en  marge  :  «  La  foi,  T' prône  1775...  ». 
Fol.  106-107  blancs.  —  k.  Fol.  108  :  «  Brièveté  du  temps...  ».  En 
marge  :  «  1776  ».  Fol.  112  v  et  113  blancs.  —  /.  Fol.  114,  en 
marge  :  «  Le  4"»«  Dimanche  de  Carême,  1775...  ».  Fol.  117  v**  et 
118, 119  blancs.  — m.  Fol.  120:  «  1776...  Sur  le  jeûne  ».  Fol.  124V 
blanc. —  n.  Fol.  125  :  «  Délais  de  la  Conversion,  1776...  ».  Fol. 
130  à  132  blancs.  —  o.  Fol.  133  :  «  Pâques,  1777...  ».  Fol.  140 
blanc.  —  p.  Fol.  141  :  «  Sur  la  grâce.  Saint  Pierre,  1778...  ».  Fol. 
154  blanc.  —  q.  Fol.  155  :  «  Sur  le  luxe,  1783,  1*'  février...  ». 
Fol.  156  blanc.  Fol.  157  :  «  Où  trouver  une  femme  forte,  s'écrie 
Salomon...  ».  Fol.  161  v"  et  162  blancs.  —  r.  Fol.  163  :  «  Ascen- 
sion de  Notre-Seigneur.  Le  bonheur  du  Ciel.  Ce  sermon  peut  servir 


CATALOGUE   DES    MANUSCRITS  -665 

encore  pour  la  fêle  de  tous  les  saints.  I/exorde  est  à  la  dernière 
page  ».  Fol.  176  \^  et  177  blancs,  (le  sermon  est  entièrement  reco- 
pié de  la  main  de  Boariaud,  neveu  de  Tauleur.  —  s.  Fol.  178  : 
«  La  Sainteté,  pour  le  jour  de  la  Toussaint  ».  S.  d. 

Sont  de  labbé  J.-B.  Vitrac  aîné  les  sermons  :  d  els. 

Sont  de  Tabbé  J.-B.  Vitrac  cadet  les  sermons  :  a,  b,c,  eh  g. 

Douteux,  r,  qui  a  été  recopié  peut-être  par  Bouriaud,  neveu  de 
Taulenr. 

Papier.  24  à  26  centim.  sur  17  à  20.  XVIII«  siècle.  Espace  cou- 
vert par  récriture  :  irrégulier.  187  feuillets  chiffrés.  Demi-reliure 
basane  fauve,  coins  du  même. 

Le  papier  est  souvent  détérioré,  fumé  ou  taché. 

61.  —  Recueil  factice  de  17  cahiers  contenant  19  sermons  ou 
projets  de  sermons  des  deux  abbés  Vitrac. 

a.  Fol.  1,  en  marge  :  «  Passion  de  J.  Ch.  ».  S.  d.  Fol.  10  blanc. 
—  6.  Fol.  11  :  «  Homélie  du  mauvais  riche  ».  S,  d.  Fol.  16  blanc.  — 

c.  Fol.  17  :  «  Telle  sera  la  fin  des  évolutions  éternelles...  ».  Fol.  20  r* 
à  22  v*>  écrits  en  sens  inverse;  fol.  22  v*  :  «  Obligé  par  état  de  vous 
instruire  du  chemin  par  lequel  il  vous  faut  marcher...  ».  S.  d.  — 

d.  Fol.  23,  une  signature  :  «  Bouriaud  »,  el  plus  bas  :  «  Panégi- 
rique  de  Saint-Benoist  ».  Fol.  32  blanc.  S.  d,  ~  e.  Fol.  33,  au 
crayon,  de  l'écriture  d'E.  Ruben  :  «  L'abbé  Vitrac  [aîné],  curé  de 
Saint-Michel  ».  Fol.  34  :  «  Je  suis  le  seigneur  votre  Dieu...  »  Fol.  37  v® 
el  38  blancs.  S.  d.  —  /".  Foi.  39,  en  marge  :  «  Panégyrique  de 
Sainte-Valérie  ».  Fol.  46  blanc.  S.  d.  —  g.  Fol.  47  :  «  Impénitence 
finale  ».  S.  d.  Fol.  86  blanc.  —  A.  Fol.  57  :  «  Mort  du  Juste  ?. 
Fol.  64  à  66  blancs.  S.  d.  —  i.  Fol.  67  :  «  Vocation  religieuse  ». 
Fol.  68  :  «  Etat  religieux  ».  Fol.  75  et  76  blancs.  S.  d.  —j.  Fol.  77  : 
«  Rem  difficilem  postulavisli...  ».  S.  d.  --  A:.  Fol.  88  :  ((  Les  modes  ». 
Fol.  91  V*  et  92  blancs.  S.  d,  —  /.  Fol.  93,  en  marge  :  «  Epiphanie  ». 
S.  d.  —  m.  Fol.  97  :  «  Sur  la  mort  ».  S.  d.  —  n.  Fol.  103  :  «  L'as- 
cension ».  Fol.  HO  v°  à  114  blancs.  S.  d.  —  o.  Fol.  115  :  «  Sermon 
de  la  Pentecôte.  1769  ».  Fol.  123  v  et  124  blancs.  —  p.  Fol.  125 
((  Mort  du  pécheur...  1775  ».  Fol.  131  à  134  blancs.  —  q.  Fol.  135 
«  Panégirique  de  Saint-Alexis,  1785  ».  Fol.  144  blanc.  —  r.  Fol.  145 
«  Panégirique  de  Saint-Charles  Borromée,  1776  ».  Fol.  154  .blanc. 

Sont  de  Tabbé  J.-B.  Vilrac  aîné  les  sermons  :  d,  e,  /",  g,  A,  t,  ;,  t, 
fw,  0,  },  r. 

Sont  de  Tabbé  J.-B.  Vitrac  cadet  les  sermons  :  a,  c,  p. 

Sont  de  Tabbé  Elie  Vitrac  les  sermons  :  b,  /,  n. 

T.  LV  45 


-.  «^  '  * 


660  sociét6  archéologiqde  et  historique  du  limousin 

Papier.  25  à  18  centim.  sur  28  à  20.  XVIII»  siècle.  Espace  cou- 
vert par  récriture  irrégulier.  154  feuillets  chiffrées.  Demi-reliure 
basane  fauve,  coins  du  même. 

Le  papier  est  souvent  détérioré,  fumé  ou  taché. 

62.  -—  Recueil  factice  de  19  cahiers  contenant  une  élude  et 
20  sermons  ou  projets  de  sermons  des  deux  abbés  Vltrac. 

a.  Fol.  1  :  u  Le  clergé  de  France  a-lil  pu  licitement  s'expatrier. 
Dissertalion  lliéoiogico-historique,  adressée  à  M.  Joseph  Péra,  de 
Tordre  de  Monlesa,  curé  de  Benicarlo  ».  —  b.  Fol.  13  :  «  Homélie 
pour  la  rentrée  d  un  curé  exilé  de  sa  paroisse,  1795  ».  Fol.  19  et  20, 
noies  sur  le  même  sujet.  —  c.  Fol.  21,  sermon  sans  titre  et  S.  d.  : 
«  Cum  dilexisset  eos  qui  erant  in  mundo...  ».  —  d.  Fol.  29  :  Décol- 
lation de  Sainl-Jean-Baptisle  ».  S.  d,  —  e.  Fol.  37  :  «  Panégirique 
d'une  Vierge...  ».  S.  d,  —  f.  Fol.  44  :  «  La  Foy  ».  S.  d.  Fol.  oO, 
ligne  9  :  u  L*amour  des  ennemis  ».  S.  d.  —  g.  Fol.  57  :  «  Saint 
Martin  de  Tours  ».  S.  d.  —  h.  Fol.  63  :  «  Panégirique  de  Sainte 
Thérèse  de  Jésus  ».  S.  d.  —  t.  Fol.  83  :  (Ignace  de  liOyola).  S.  d,  — 
j.  Fol.  96  :  «  Devoirs  envers  Marie  ».  S.  d.  —  k.  Fol.  104  :  «  La 
Conscience  du  pécheur  ».  S.  d.  —  /.  Fol.  110  :  «  Sur  la  médisance  ». 
Fol.  116  blanc.  Fol.  117  :  «  Gompendio  de  la  vida  de  la  Santa  Madré 
Teresa  de  Jésus  ».  S.  d.  —  m.  Fol.  119  :  «  La  Grâce  ».  S.  d.  — 
n.  Fol.  127  :  «  Sermon  préliminaire  pour  une  mission  ».  S,  d,  — 
0.  Fol.  134  :  «  Saint  Bernard  ».  S.  d.  —  p.  Fol.  144  :  «  L'adversité  ». 
Fol.  153  r"  et  y  écrit  en  sens  inverse,  les  deux  pages  barrées. 
S.  d.  -  q.  Fol.  154  :  (Notes  en  latin.  Hymnes).  Fol.  155  :  «  Sainte 
Marie  Madelalne  ».  Fol.  161  r*»  au  bas,  161  y«,  162  à  167  r>  écrits 
en  sens  inverse,  noies  diverses,  surcharges,  etc.,  fol.  167  v*  et  168 
(hymnes  latins).  S.  d.  —  r.  Fol.  169  :  «  Luxe  dans  les  habits.  Mo- 
des ».  S.  d.  —  s.  Fol.  179  :  «  Sur  les  Modes  ».  S.  d.  Fol.  186  blanc. 

Le  sermon  t  sur  Ignace  de  Loyola  est  peut-être  d'Elie  Vilrac; 
tout  le  reste  est  de  J.-B.  Vitrac  aine. 

Papier.  30  sur  20  centim.  XVIII*  et  peut-être  commencement 
du  XIX«  siècles.  Espace  couvert  par  l'écriture  irrégulier. 
186  feuillets  chiffrés.  Demi-reliure  basane  fauve;  coins  du  même. 

Le  papier  est  souvent  détérioré,  fumé  ou  taché. 

63.  ->  Recueil  contenant  trois  pièces  imprimées  dont  2  sermons, 
et  15  sermons  manuscrils  de  l'abbé  J.-B.  Vilrac  aîné. 

a.  Imprimé  :  «  Elogio  del  B.Juan  de  Ribera,  patriarca  de  Aniio* 
quia,arzobispoy  virey  de  Valencia,  parD.  Manuel  Tur  presbitero  » 
(par  l'abbé  Vitrac).  —  Cf,  note  au  crayon  de  la  main  d'E.  Ruben  au- 
dessous  de  ce  titre;  et  du  même,  Catal.  de  la  Bibl,  de  Limoges, 
Belles  Lettres,  page  195  où  Ruben  dit  que  l'abbé  J.-B.  Vilrac  vécut 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS  067 

ôn  exil  «  du  proJuil  des  sermons  en  lanj^'ue  espagnole  qu'il  com- 
posait pour  les  moines  espagnols  eux-mêmes  »;et  :  AbbéA.Lecler, 
Martyrs  et  confesseurs  de  la  foi,  t.  II,  p.  693,  au  bas  de  la  page)  : 
«  En  Valencia,  por  los  hermanos  de  Orga,  a[n]no  M  DCC  X  CVII  »  ; 
in-4°  de  66  p.,  portrait  de  Juan  de  Ribcra.  L*abbé  Arbellot  dans  sa 
Notice  biographique  et  bibliographique  sur  Vabbé  Vitrac  (Bulletin 
de  la  Soc,  arch.  et  hist.  du  Limousin,  t.  XXXVI,  p.  20, 1888)  dit 
appartenir  à  M.  Emile  du  Boys,  à  Rocheforl-sur-Mer,  un  manuscrit 
de  J.-B.  Vitrac,  intitulé  :  Eloge  du  bienheureux  Jean  de  Ribera,,, 
Est-ce  le  lexle  espagnol  ou  une  version  française?  —  Manuscrits  : 
b.  Fol.  1  r**  :  «  Sermon  dogmatico  y  Moral  sobre  el  Misterio  de  la 
S.  S.  Trinidad  ».  —  c.  Fol.  13  r"':  «  Novena  a  Jésus  Crucificado, 
i"  sermon  ».  —  d.  Fol.  25  r*  :  idem.,  2*  sermon.  —  e.  Fol.  37  r*  : 
id,,  3°  sermon.  —  f.  Fol.  49  r"*  :  id.,  4«  sermon.  —  g.  Fol.  61  r°  : 
irf.,  5*  sermon.  —  A.  Fol.  73  r*  :  td.,  6*  sermon.  —  t.  Fol.  85 
1-"  :  û/.,  7*  sermon.  — j.  Fol.  97  r*  :  td.,  8*  sermon.  —  A:.  Fol. 
109  r**  :  td.,  9'  sermon.  —  /.  Fol.  121  v^  :  «  Elogio  funèbre  de 
Luis  16,  Rey  de  Francia  y  de  Navarra  >•  (1).  —  m,  imprimé,  inter- 
calé enire  les  feuillets  136  et  137  :  «  f ,  Paris,  25  de  Enero.  Tes- 
tamento  de  Luis  XVI  »;  Reimpreso  en  Valencia,  por  Joseph  Este- 
van  y  Cervera,  a[n]no,  1793.  —  Manuscrits  :  n.  Fol.  137  r"  : 
«  Alocucion  de  N.  S.  P.  Pio  VI  en  el  consistorio  del  Lunes  17  de 
Junio  de  1793,  sobre  el  Regicidio  de  Luis  XVI,  Rty  di  Francia  ». 

—  0.  Fol.  151  r«  :  «  Oracion  funèbre  de  Maria  Antonia  de  Lorena, 
Archiduquela  de  Austria,  y  Reyna  de  Francia  y  Navarra  »  (1). 

—  p.  Fol.  167  r"*  :  «  Elogio  funèbre  de  Madama  Isabel  Felipa 
Maria  Helena  de  Francia,  Hermana  del  Rey  Luis  16  »  (1).  —  q. 
Fol.  181  r**  :  «  Discur^o  sobre  la  muerte  de  Luis-Carlos,  Dellin  de 
Francia  »  (1).  —  r.  Fol.  192  r»  :  «  Roberspiere  en  los  infiernos. 
Poema  Heroï-Diabolico,  traducido  del  Tartaro»  (1);  fol.  206  v"  : 

(1)  L'abbé  Arbellot,  loc.  cU,,  signalant  réditiou  faite  par  les  soins 
de  Bouriaud  cadet,  neveu  de  Tauteur,  en  1814  (in-8«  de  295  p.),  chez 
J.'Bargean,  à  Limoges,  et  intitulée  :  «  Oraisons  funèbres  fie  Louis  XVI, 
roi  de  France  et  de  Navarre;  de  Marie-Antoinette,.,,  de  Madame  Elisabeth- 
Philippinc-Marie-Uélène  de  France,.,  et  de  Louis-Charles,  dauphin  de 
France.,.,  prononcées  en  1793,  1794  et  1795,  dans  plusieurs  églises  du 
royaume  d'Espagne...,  par  M,  Vabbé  Vitrac,  suivies  de  Robespierre  aux 
Enfers,  poème  héroï-comique,  du  même  auteur  »,  Tabbé  Arbellot  dit  : 
«  M.  Emile  Du  Boys,  à  Rochefort-sur-Mer,  possède  le  manuscrit  de  ces 
oraisons  funèbres  et  de  Robespierre  aux  Enfers,  qui  est  intitulé  dans 
l'original  :  Poème  héroï-diabolique,  traduit  du  Tarlare  »  ;  et  plus  loin, 
il  signale  comme  appartenant  au  même  :  «  Ludovici  XVI,  Galliarum 
Xavarripque   régis,    Elogium  funèbre,  habiturn  in  urbe  Castellionensi 


668  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQCB  ET  HISTORIQUE   DO  LlMOÛSTN 

«  Notas  n.  —  8,  Fol.2i3r:« Sermon  de  oracias  por  la restauracion 
del  Gatolicismo  en  Francia  ».  —  f.  Fol.  224  r  :  «  Immaculada 
Concepcion  de  Maria  Santisima  ».  —  u.  Fol.  236  r®  :  a  Panegirico 
de  S»»®  Antonio  de  Padiia  ».  —  t?.  Fol.  261  r»  :  Lettre  adressée  à 
Tabbé  Yitrac,  12  février  1799,  signée  «  vicario  de  Man[uel]  de  S. 
Thomas  »;  fol.  252  rf  :  autre  lettre  datée  d'  «  Almazorad,  28  de 
Febrero  de  1799  »,  signée  «  Mariano. ;.?...  ».  —  x.  Imprimé  : 
«  Elogio  de  la  seraûca  doctora  Santa  Teresa  de  Jésus,  por  Fr.  Ma- 
nuel de  Santo  Tomas,  Garmelita  Descalzo,  Prior  del  Convento  de 
Valencia,  y  Escritor  de  su  Orden;  En  Valencia,  por  Francisco  Bur- 
guete,  a[nlno  M  DCC  X  CIX.  in-4»  de  87  p.  Cf.  ci-dessus  n"  62, 
folios  63  et  117.  Cet  éloge  peut  être  attribué  à  J.-B.  Vitrac  aine 
aussi  bien  que  celui  de  Jean  de  Riberaet  pourdes  raisons  pareilles. 

Papier.  210  sur  147  millim.  XVII I«  siècle.  249  feuillets  mss 
chiffrés.  Demi-reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

64.  —  Recueil  factice  de  sept  cahiers  contenant  vingt  sermons 
de  rabbé  J.-B.  Vitrac  aîné. 

a.  Un  carême  en  18  sermons,  du  fol.  1  r*  au  fol.  75  y*.  —  b. 
Fol.  76  r*  :  «  Miercoles  de  Cenizas.  Pensamiento  de  la  Muerte.  — 
c.  Fol.  80  r**  :  «  Viernes  despues  de  Cenizas  ».  —  d.  Fol.  84  :  «  Do- 
mingo de  la  Pasion  ».  —  e.  Fol.  88.  r""  :  1«'  Domingo  de  la  qua- 
resma.  Grianza  de  los  ninos  ».  —  f.  Fol.  92  r^  :  «  Miercoles  de  la 
l'*  semana  Juicio  universal  ».  —  g.  Fol.  96  r*"  :  Lettre  «  al  eminen- 
tissimo  Gardenal  Arzobistro  de  Toledo  »;  octobre  1794;  noies  de 
la  main  de  Tabbé  J.-B.  Vitrac  au  bas  des  feuillets  96  r®  et  V"  et  97. 

Papier.  310  sur  230  millim.  XVIII*  siècle,  peut-être  aussi 
XIX*  siècle.  97  feuillets  chiffrés.  Demi-reliure  basane  fauve,  coins 
du  même. 

65.  —  «  Calendrier  romain  ». 

Au  dessous  de  ces  deux  mots,  au  crayon,  de  récriture  d'E.  Ruben  : 
«  M.  Vitrac,  curé  de  Saint-Michel  ».  Ce  cahier  est  bien  en  efTel  de 
rabbé  Vitrac  aîné. 

Fol.  1  blanc. 


de  la  Plana f  die  21  februariianno  1793  »  et  a  Mariœ-AntonisB  Austriacx, 
Gallorum,  Navarneque  Reginse,  Oratio  funebris  ».  L'abbé  Vitrac  écrivit 
donc  ces  oraisons  funèbres  en  trois  langues.  Ruben,  dans  son  CataL  de 
la  Bibl.  de  Lim.,  Histoire,  p.  223,  signale  précisément,  en  1858,  des 
versions  latines,  mais  c'est  une  copie  de  ces  versions  que  possédait 
feu  Emile  Du  Boys,  et  l'abbé  Arbellot  a  omis  de  le  spécifier.  Il  y  aurait 
donc  eu  en  1888,  aux  mains  de  M.  Duboys,  une  version  latine  et  une 
française. 


CATALOGUÉ  DES  MANUSCRITS  669 

Papier.  210  sur  i75  miHim.  XVIII«  siècle.  Marges  de  7  centim. 
aux  feuillets  2,  3  et  4  seulement.  16  feuillets  chiffrés.  Reliure 
bradel  rouge.  Mouillures  au  papier. 

N.  B.  —  Les  manuscrits  des  abbés  Vitrac  ont  été  donnés  à  la 
Bibliothèque  communale  de  Limoges  par  leur  neveu,  Bouriaud 
cadet. 

66.  «  Livre  journal  ||  concernant  l'enclos  des  II  Gy-devant  Grands- 
Carmes  ». 

Avec,  à  la  On,  collé  sur  le  plat  intérieur  de  la  couverture,  copie 
sur  papier  timbré  d*un  acte  d'huissier  concernant  le  même  enclos, 
faite  pour  «  M.  Juge  Saint-Martin  »,  commençant  ainsi  :  «  L*an 
mil  huit  cent  douze  et  le  vingt-un  septembre  à  la  requette  de 
M.  Pierre  Segue...  »,  et  finissant  ainsi,  v^  :  «...  a  pris  la  présente 
copie  par  nous  dont  le  coul  est  de  quatre  francs.  Declareuil  ».  — 
\  folio  de  même  dimension  que  le  registre. 

Fin  du  XVIII*  siècle  et  commencement  du  XIX*  siècle.  Papier. 
250  sur  190  millim.  38  pages  chiffrées.  Ecrit  à  pleines  pages,  sauf 
page  22,  2  lignes,  page  34,  16  lignes,  page  36,  19  lignes,  page  37, 
2  lignes.  Pages  blanches  :  23  à  31,  35  et  3d.  Cartonnage  souple. 
Le  mot  «  Carmes  »  sur  la  couverture. 

Les  pages  36  et  37  sont  écrites  en  sens  inverse.  La  page  37  est 
signée  :  Juge  (Juge  Saint-Martin). 

67.  —  Recueil  factice  de  49  pièces  concernant  Tacquisilion  des 
domaines  du  nommé  Desmarais  du  Gbambon,  émigré. 

Papier.  Copies  d'actes  et  actes  rangés  dans  Tordre  chronolo- 
gique, numérotés  de  a  à  n.  Ecritures  des  XV1II«  et  X1X«  siècles. 
Demi-reliure  basane  fauve,  coins  de  même. 

68.  —  «  Société  de  la  charité  maternelle.  1  Souscriptions.  ||  Le 
présent  Registre  contenant  quarante  huit  Feuillets  a  élé  coté  II  et 
parafé  par  nous  Présidente  de  la  Société,  conformément  à  l'art.  15 1| 
du  règlement  pour  servir  à  TEnregistrement  des  souscriptions 
faites  par  |  les  dames  composant  la  dite  société.  \\  A  Limoges  le 
douze  février  1817.  |  Ghambonas  de  Barrin  •. 

XIX«  siècle  (1817-1831).  Papier.  317  sur  210  millim.  Ecrit  à 
pleines  pages,  sauf  au  folio  12  r^,  8  lignes.  A  partir  de  cet  endroit, 
pages  blanches.  Couvert  en  cartonnage  bleu,  dos  parchemin.  Sur 
la  couverture  :  «  Registre  ||  des  ||  souscriptions  » 

Collé  :  au  commencement,  sur  le  plat  intérieur  de  la  couver- 
ture :  «  Note  pour  le  trésorier  »,  et  sur  la  page  du  titre,  une  autre 
note. 

69.  —  «  Registre  de  recelte  >i  et  dépense  à  Tusage  |  de  Madame 
Boudet,  née  Alluaud  ». 


670  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

Papier.  195  sur  150  millim.  92  feuillets  chiffrés.  XIX^  siècle. 
Cahier  cartonné  jaune,  dos  et  coins  parchemin. 

70.  BouRiAUD  I.  —  Les  Bucoliques  de  Virgile;  texte  et  traduction. 
Recueil  factice  de  6  cahiers  contenaal  : 

a.  —  «  Les  Bucoliques  g  de  Virgile,  ||  traduites  lilléralenienl  ||  en 
vers  français,  ||  accompagnées  de  remarques  neuves  sur  le  texte.  | 
Saint  Junien,  {j  Dernier  avril,  1838.  ||  Bouriand  Aîné.  Il  Du  root  pour 
mot  jamais  ne  vous  rendez  esclaves,  ||  et  gardez-vous  surtout  des 
honteuses  entraves,  ||  d'où  rien  ne  permettrait  de  retirer  le  pié.  '| 
Horace,  Art  poétique,  \\  1835.  ||  »  (Les  mois  suivants  sont  de  Bour- 
goin-Mélice,  neveu  de  Fauteur  et  donateur  des  manuscrits  de  son 
oncle  à  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges)  :  «  quarante-quatre 
pages  manuscrit,  ouvrage  de  feu  Monsieur  Jean-Baptiste  Bouriaud 
cné;  offert  à  la  Biblotëque  (sic)  par  Monsieur  Bourgoin  Hélice  de 
Sainl-Junien,  mambre  de  la  Société  archéologiijue  et  historique  du 
Limousin,  en  1857,  mars  8.  Signé  :  Bourgoin  Mélice  a.  Entre  le 
litre  précité  el  le  folio  1  a  été  intercalé  un  folio  pour  V  «  Avant-pro- 
pos »,  écrit  r°  el  v*^.  —  Page  53,  in-fine  :  «  il  croîtra  :  vous  aussi 
vous  croîtrez  mes  amours  ». 

2  feuillets  non  chiffrés  et  55  pages  chiffrées.  390  sur  260  millim. 

b.  -—  a  Les  Bucoliques  de  Virgile,  Il  Traduites  littéralement  ||  en 
Vers  Français,  |)  avec  le  Texte  en  regard,  ||  et  des  Etudes  î||  sur  le 
Texte  latin,  {et  sur  TArl  de  Traduire.  (Ouvrages  du  même  ».  ||  {etc). 

Page  3  :  «  Avant-propos  ».  —  Manquent  les  pages  5  el  6.  — 
Page  7  :  «...  une  licence  assez  fréquente  chez  nos  grands  poètes...  ». 
—  Page  19,  tilre  de  départ  :  «  Bucoliques  de  Virgile  ».  — Page  30  : 
«  Egloga  I  ».  —  Page  83  in-fine  :  «  vous,  auprès  de  Gallus,  en  com- 
blerez le  prix  ».  —  7  feuillets  blancs. 

81  pages  chiffrées  cl  7  feuillets  chiffrés  blancs.  340  sur  230  millim. 

c.  —  «  2*  cahier.  1"  el  2*  Ëglogues  ». 
(Le  1"  cahier  manque). 

Page  1  :  «  Egloga  I...  ».  —  Toute  la  page  2  a  été  rapportée  sur 
une  page  déjà  écrite  et  collée  avec  des  pains  à  cacheter.  —  Page  14 
in-fine  :  «  n'en  trouveras-tu  pas  un  aulre  qui  réponde  ».  1  folio 
blanc.  —  R®  de  la  page  16  :  «  3"  cahier.  3'  el  4*  Ëglogues  ».  — 
Page  15  :  «  Egloga  III  ».  —  Page  30  in  fine  :  «  Pan  le  dirait  jugé 
même  par  TArcadie  !  ».  —  Page  45  :  «  Egloga  VU.  —  Page  60  in 
fine  :  «  ou  bien  tous  les  amanis  se  forgent-ils  des  songes?  ».  — 
1  folio  blanc.  —  R<*  de  la  page  61  :  «  6"  et  dernier  cahier.  9*  et  10* 
Ëglogues  ».  -—  Page  61  :  «  Egloga  IX  ».  —  Page  74  in  fine  :  «  comme 
une  chose  impossible  en  Français  ».  —  2  feuillets  blancs. 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS  671 

60  pages  chiffrés  et  6  feuillels  blancs  non  chiffrés.  262  sur 
195  millim.  Le  cahier  2  a  été  rongé  par  les  rats  à  l'extrémité  des 
pages. 

Papier.  XIX*  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

Bibl.  ^  Les  Bucoliques  de  Virgile,  traduites  du  latin  en  Fran- 
çais. —  A  Limoge»,  chez  L.  Barbou,  impr.,  1789,  in-12  de  63  p. 

71.  BouRiAUD  II.  —  Fables  de  Phèdre;  texte  et  traduction. 

Recueil  factice  de  2  cahiers  contenant  : 

a.  —  «  Fables  de  Phèdre  ||  traduites  en  vers  français.  B.  A.  Il  Aver- 
tissement. Il  J'ai  suivi  l'édition  donnée  à  Rouen  |  en  1756  ;  c'est  une 
des  meilleures  que  je  II  connaisse.  La  plus  mauvaise  est  celle  dont 
on  se  sert  dans  nos  écoles.  On  ne  trouvera  pas  ici  Canum  ]  Legati 
adjovem  ;  j'ai  cru  devoir  jj  supprimer  celte  fable,  ainsi  que  quelques 
autres  »>.  —  Fol.l  v»  :  «Tra'luclion  de  la  Vie  de  Phèdre  ». — Toi.  2  r°  : 
«  Fables  de  Phèdre  ||  traduites  en  vers  français  ||  Par  J.  B.  F.  Bou- 
riaud  Aîné.  ||  Limoges,  1816.  jj  —  FoL  2  v"  :  «  Epigraphe...  ».  — 
Page  1  :  «  Fables  deThèdre.  Livre  premier...  »>.  —  Page  67  : 
«  Tables  des  Livres  ».  6  feuillets  blancs. 

2  feuillets  chiffrés,  67  pages,  6  feuillets  chiffrés  blancs.  343  sur 
226  millim. 

ft.  —  Fables  de  Phèdre  ||  Livre  sixième  |  Dix  feuillets,  ne  varie- 
tur.  ijBouriaud  Aîné  ». 

Fol.  2  ro  :  «  Observations...  ».  —  Fol.  2  v*»  :  «  Fables  de  Phè- 
dre Il  traduites  |  en  vers  français.  ||  ».  —  Fol.  11  v*  :  «  Table  des 
matières...  ».  —•  Fol.  12  r"  :  <'  Aladin,  renfermé  dans  les  murailles, 
où  labondance  régnait,...  ».  —  Fol.  20  r**,  in  fine  :  «  ...  et  les 
échos  de  l'enfer  on  {sic)  prolongé  ses  accents  dans  les  ténèbres  [8]  ». 

20  feuillets  chiffrés.  255  sur  197  millim. 

Papier.  XIX^  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

72.  BouRiAt'D  III.—  Traduction  d'épigrammes  de  Martial,  et  des 
épigrammes  latines  de  M.  Grancher,  recteur  de  l'Université  de 
Limoges. 

Recueil  factice  composé  de  6  cahiers  contenant  : 

a.  —  «  Premier  et  second  |  Supplément  |  à  ma  ||  Traduction  des 
Epigrammes  ||  choisies  De  Martial,  ||  avec  le  texte  en  Regard.  || 
19 septembre  1833;  ||  1"  supplément,  ||  5J  Pages.  ||  1''  et  2*  supplé- 
mens  ||  89  Pages.  Bouriaud  Aîné.  ||  N.  B.  J'en  ai  pris  quelques  unes 
parmi  celles  l|  des  plus  heureux  imitateurs  de  Martial,  en  les  1  rap- 
prochant toutefois  un  peu  plus  du  texte  ».  Page  S7  :  «  Second  sup- 


672  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

plément  ».  —  Page  89  in  fine  :  «  [Voyez  aux  pages  5  el6  delà 
saite  de  ces  supplémeos]  ». 

89  pages  chiffrées.  188  sur  124  millim. 

b.  —  (t  Suite  de  mon  1*'  et  2*  |  supplémens  |  à  ma  Traduction 
d*épigrammes  ||  clioisies  de  Martial.  |  31  Pages.  Bouriaud  Aine  ». 
Page  120  in  fine  :  «  est  forcé  de  donner  tous  les  fruits  de  l'au- 
tomne ». 

La  pagination  de  ce  cahier  suit  celle  du  cahier  a  :  90  à  120. 
196  sur  154  millim. 

c.  —  «  Suite  du  'È"  supplément  ||  à  mon  choix  d'Epigrammes  |  de 
Martial.  1  64  Pages.  Bouriaud  Àtné  ».  —  Pages  186  et  189,  table 
des  cahiers  a,  b,  c. 

La  pagination  de  ce  cahier  suit  celle  du  cahier  Z>  ;  121  à  189. 
11  feuillets  chiffrés  blancs.  220  sur  166  millim. 

d.  ~  Sans  litre.  Epigramroes  de  Martial.  Texte  et  tradactioo.  — 
Fol.  1  ¥*>  :  «  Ollus  a  construit  la  cellule  d'un  pauvre...  ».  —  Fol.  9 
in  fine  :  «  Gemmatum  Scythicis  ut  luceat  ignibus  aurum  |  aspicc! 
quot  digitos  exuit  iste  calix  ».  —  Fol.  10  à  21  blancs. 

24  feuillets  chiffrés.  228  sur  165  millim. 

e.  —  <c2*cahier.  |  Supplément  à  ma  traduction  des  ||  Epigrammes 
choisies  de  Martial.  Il  Retouché  à  SWunien  ||  [H^'-VienneJI  10  sep- 
tembre 1821.  Bouriaud  Aine  ». 

Au  verso  du  fol.  de  couverture  :  «  Nombre  des  epigrammes  ».  — 
Page  1  :  «  Ex  libro  de  spectaculis  ».  —  Page  56  in  fine  :  date  et 
signature. 

56  pages  chiffrées  et  feuillets  chiffrés  blancs.  252  sur  194  millim. 

f.  —  «  Traduction,  en  vers  Français,  ||  Des  Epigrammes  ||  Lati- 
nes I  De  Monsieur  Grancher,  \\  Recteur  de  TAcadéroie  de  Limo- 
ges; Il  hommage  à  Monsieur  Le  Recteur,  |l  Par  Bouriaud  Aloé, 
X*»'*  1828.  Il  Le  vers  seul  peut  du  vers  nous  rendre  la  Magie.  | 
2«  copie  ».  —  Page  27  in  fine  :  «  Apprends-leur  son  voyage...  el, 
toi,  Philippe,  viens.  ||  B.  A.  ». 

27  pages  chiffrés  et  2  feuillets  chiffrés  blancs.  240  sur  180  miUim. 
Papier.  XIX*  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

78.  BouRUUD  IV.  —  Théâtre,  I. 

Recueil  factice  de  4  cahiers  contenant  : 

a,  —Fol.  1  r°  :  «  Cornélie  ».  —  Fol.  2  r«  :  «  Une  demi-journée 
de  II  Cornélie.  ||  Comédie  en  deux  actes  |  et  en  Prose,  p  1803.  ||  Bou- 
riaud Aîné  », 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS  673 

2  feuillets  chiffrés,  53  pages  chiffrées,  2  feuillets  chiffrés  blancs. 
230  sur  185  millim. 

b.  —  Fol.  1  r  :  «  La  fête  de  la  Rose  II  Rétablie  à  Salency  l|  Petite 
Pièce  II  De  Société  et  Allégorique,  en  2  Actes,  |  et  en  Prose  Mêlée  il 
D*Àriettes  ».  —  Fol.  18  v*  in  fine  :  «  Couplets  et  Ballet  jj  si  possible  ». 

18  feuillets  chiffrés.  260  sur  181  millim. 

c.  —  Fol.  1  I*  :  —  «  Maintenon  d.  —  Fol.  2  r*  :  «  Le  Premier 
anniversaire  de  n  La  fondation  de  S^-Gyr.  ||  Comédie  en  trois  Actes 
et  en  prose  mêlée  de  vers  ».  —  Fol.  20  v**  in  fine  :  «  ...  c'est  que 
nous  ne  voudrions  nous  acquitter  jamais  !  ».  —  Fol.  21-22  blancs. 

22  feuillets  chiffrés.  240  sur  189  millim. 

d.  —  Pièce  dont  le  titre  et  le  commencement  manquent. 

Fol.  1  r*  :  «  Le  voici  qui  entre...  ».  —  Fol.  13  r*  m  fine  :  «  Fin  ». 
—  Fol.  13  v"^,  en  marge  :  «  Ariette.  Elisabeth.  Ariette  d'une  amante 
infortunée  ».  —  Fol.  14  r""  :  «  Vers  chantés  par  l'auteur  après  la 
fête  ».  —  Fol.  14  V*  ;  «  Exhortation  pleine  d'intérêt  »;  la  2*  moitié 
de  cette  page  contient  une  note  qui  commence  ainsi  :  «  Octavius 
ayant  fait  alliance  avec  Antonius,  ...  ». 

H  feuillets  chiffrés.  244  sur  190  millim. 

Papier.  X1X«  siècle.    Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

74.  BouRiAOD  V.  —  Théâtre,  IL 
Recueil  factice  de  2  cahiers  contenant  : 

a.  —  «  Adam,  Eve  et  leurs  ||  enfants.  |  Fête  de  famille  ».  Com- 
mence page  1.  —  Page  28  in  fine  :  «  Fin  ».  —  Page  29,  1"  vers  : 
«  Soyez  tous,  dira-t-il,  à  jamais  confondus  »  ;  dernier  vers  :  ^  Qu*on 
voudrait  égaler  à  votre  bienfaisance  ». 

29  pages  chiffrées.  325  sur  210  millim. 

b.  Sans  titre  :  Drame  ou  tragédie  historique,  plan  et  commence- 
ment d'exécution.  —Fol.  2  r*  :  «  10  février  1810  (date  du  manus- 
crit). «  1«'  Acte.  Il  La  comtesse  de  Flandre  tâchera  de  réveiller  les|| 
prétentions  de  Philippe  Comte  de  Boulogne  à  la  |  couronne  de 
France.  ».  —  Fol.  4  blanc.  —  Fol.  5  r*  :  «  Acte  1".  Scène  1"  ».  — 
Fol.  14  r""  in  fine  :  «  il  ne  veut  désormais  que  Paris  pour  asyle  ». 

14  feuillets  chiffrés.  325  sur  214  millim. 

Papier.  XIX*  siècle.  Ecrit  ]  généralement  pleine  page.   Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

75.  BouRiAUD  VL  —  Discours. 
Recueil  factice  de  7  cahiers  contenant  : 

a.  —  Pages  1  et  2  manquent.  —  Page  3  :  «  1"  Partie.  ||  Embellir 
Tesprit  des  plus  belles  fleurs  dç  la  litté  |  rature, ...  ».  —  Page  23  ; 


674  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

«  S'-Junien.  22  août  1813.  Il  Pères  de  familles,  Il  Chargés  d^oD  dépôt 
sacré,  ...  ».  —  Page  26  :  «  encore  tout  effrayé  des  horreurs  qui 
avaient  si  longtemps  ensanglanté || la  patrie...  ».  —  Page  30 in /{a« : 
«  ...  c'est  le  seul  11  moyen  d'en  jouir  ». 

30  pages  chiffrées.  248  sur  185  millim. 

b.  —  Fol  1  :  «  Discours  avant  la  distribution  ||  Des  Prix.  S*-Janien 
août  i818  II  Dans  Tentlionsiasme  dont  me  remplit  une  cérémonie | 
aussi  auguste...  ».  —  Page  10  in  fine  :  «  Vive  le  Roi  î  ». 

10  feuillets  chiffrés.  240  sur  184  millim. 

c.  —  2  feuillets  blancs.  —  Page  1  :  «  Institution  de  S*  Juoien 
[H**  Vienne).  ||  Discours  pour  la  Distribution  des  ||  Prix.  21  août 
1819.  Bouriaud  Aîné  ».  —  Page  12  in  fine  :  «  Vive  le  Roi!  Boa- 
riaud  Aîné!  »  —  Pages  13  et  14  blanches.  —  Pages  15  :  «  Les 
solennités  qui,  tous  les  ans  et  à  pareille  ||  époque,  nous  réunissent 
en  ces  lieux...  ».  —  Page  19  in  fine  :  «  Vive  le  Roi  !  ».  —  Pages 20 
à  30  blanches.  —  Pages  31  à  35  écrites  en  sens  inverse  ;  — page 35: 
u  1837.  —  1  François  Albécola  de  la  Rovëre,  fils  d'un  sioaple 
pécheur...  »;  —  page  31  in  fine  :  «  Vive  le  Roi  !  ». 

36  pages  chiffrées.  255  sur  190  millim. 

d.  — Fol.  1  ro  ;  (c  S*  Junien  |  22  août  1821  ».  (Cf.  cahier  c,  p.  lo). 

—  Fol.  6  r<>  :  «  S*  Junien,  |  23  août  1822  ».  -  Fol.  8  r»,  note  com- 
mençant ainsi  :  «  un  esprit  supérieur  est  essentiellement  cosmopo- 
lite... )),  et  finissant  :  «  ...  ajouter  à  sa  prospérité  en  ajoutant  à  sa 
gloire  ».  —  Fol.  9  r*  :  «  S^  Junien  22  août  |  1822  ».  —  Fol.  13,  le 
discours  finit  :  «  ...  tout  pour  l'honneur!  Vive  le  Roi  !  ». 

13  feuillets  chiffrés.  250  sur  187  millim. 

e.  ~  Fol.  1  v*»  :  «  Sainl-Junien,  21  août  1824  ».  —  Fol.  4  r%  fin  : 
«  ...  à  la  télé  des  nations  civilisées.  ||  Vive  le  Roi  !  ». 

4  feuillets  chiffrés.  205  sur  165  millim. 

/.  —  Fol.  1  r*»  :  «  S*-Junien,  |  22  août,  1826  »  ;  pas  d'autre  men- 
tion; le  reste  du  fol.  et  le  fol.  2  blancs.  — Fol.  4  écrit  en  sens 
inverse;  v*»  :  «  Rappelons-nous,  je  vous  en  conjure,  la  manière 
cruelle...  »;  r*,  in  fine:  ce  ...accents  horribles  d'une  fureur  expi- 
rante ».  —  Fol  4  blanc.  —  Fol.  5  r»  :  «  SWunien,  22  août  1826.  ||  Les 
beaux  jours,  tels  que  celui  qui  ||  vient  de  réunir...  ».  —  Fol.  7  r* 
in  fine  :  «  ...  en  s'élcvanl  avec  force  contre  les  utopies  de  certains! 
esprits  chagrins  »  ;  v*  :  note  de  6  lignes.  —  Fol.  8  r®  :  «  Jeunes  élè- 
ves, nousallons  nous  séparer...  »;  fin  au  v*-.  —  Fol.  9, 10, 11  blanc*. 

—  Fol.  12  à  19  écrits  en  sens  inverse.  —  Fol.  19  v*  :  «  Les  cérémo- 
nies augustes,  telles  que  celle  qui...  »,  -^Fol.  13  r»  in  fine  :  «  ...et 


CATALOGUE   DES   MANUSCRITS  675 

répèle  sans  cesse  II  Vive  le  Roi!  ».  —  Fol.  12  v**  :  «  Voudrail-on 
révoquer  en  doule  les  richesse  |  des  Sémiramis...  »;  r"*  in  fine  : 
«  Quand  TEurope  eût  reçu  Timpulsion  |  vigoureuse  du  16'  siècle 
el...  ».—  Fol.  20  blanc. 

20  feuillets  chiffrés.  250  sur  193  millim. 

g.  —  Fol.  1  r«  :  «  1832 1|  Félix  qui  poluil...  ».  —  Fol.  2  r«  :  «  Dis- 
cours pour  la  distribution  des  Prix.  Sainl-Junien,  1832  ».  —  Fol.  3  r**  : 
«  Discours  :  Tandis  que,  charmé  des  Progrès  de  son  Siècle...  ».  — 
Fol.  8  y«  in  fine  :  «  S^  Junien,  Il  1832  ».  —  Fol.  9  à  12  blancs. 

12  feuillets  chiffrés.  258  sur  196  millim. 

76.  BoimrAUD  VII.  —  «  Poétique  ||  et  Versification  françaises.  || 
Bouriaud  aîné  ». 

Au  v<>  du  titre,  noie  de  13  lignes,  commençant  ainsi  :  «  ttom» 
signifie  je  fais...  »,  et  finissant  :  «  ...  voilà  où  j*ai  trouvé  mon 
poème  ».  —  Page  1  :  «  Poétique  française  ».  —  Page  65  in  fine  : 
«  la  fiebvre  le  quitta  si  tosl  qu'il  eut  à  boire  ».  —  1  folio  blanc.  — 
1  folio  de  litre  :  «  Traité  de  Versification  |  française.  ||  Bouriaud 
aine  ».  —  1  autre  folio  non  chilTré  au  verso  duquel  :  «  Vers  Hexa- 
mètres el  Penlamètres  il  Par  Nicolas  Rapin  ».  —  Page  1  :  «  Versi- 
ficalion  française  ».  —  Page  28  t»  fine  :  «...  employons  les  et  ne 
les  multiplions  point  trop  ». 

Papier.  65  pages,  chiffrées.  3  feuillets  chiffrés,  28  pages  chiffrées. 
210  sur  172  millim.  XIX«  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page. 
Demi-reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

77.  BouRi.AUD  VIII.  —  (c  Cours  élémentaire  de  logique  et  de  || 
rhétorique.  ||  Multa  Paucis.  |  Saint-Junien,  1831.  Bouriaud  Aîné.  » 

Au  v°  du  titre,  note  de  6  lignes.  —  Page  1  :  «  Cours  de  rhéto- 
rique ».  —  P.  m  in  fine  :  «  Fin  de  la  Rhétorique  ».  —  Page  113  : 
note  de  H  lignes  sur  Vergnaud,  extraites  de  Thiers.  —  Page  115  : 
«  Programme  ||  de  |  Rhétorique  ».  —  Page  121  in  fine  .  «  Fin  ||  du 
Programme  de  Rhétorique  ».  —Pages  121  à  130  blanches. 

Papier.  130  pages  chiffrées.  333  sur  205  à  215  millim.  XIX«  siè- 
cle. Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi-reliure  basane  fauve, 
coins  du  même. 

78.  Bouriaud.  —  IX.  «  Le  Sphynx  vaincu  II  ou  ||  Explications  ||  de 
la  plupart  des  Allégories  Mythologiques;  |  ouvrage  nécessaire  |J  à 
L'intelligence  des  Auteurs  anciens,  |  par.M.  Bouriaud  Aîné,  |  ancien 
Professeur  aux  Ecoles  centrales,  aux  Lycées,  au  (sic  Collèges  H 
Royaux,  Bachelier  ès-leltres.  Licencié  ès-sciences,  ofiQcier  ||  De  l'Uni- 
versité, Il  Principal  du  collège  de  Sajnt-Juniçn.  |  Que  d'absurdes 


iV;       } 


676  SOCIÉTÉ    ÀRCHiOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

récits  ne  faut-il  pas  admettre,  |]  Si  dans  Vanliquité  Tod  prend  tout 
à  la  lettre  ?  H  [Neuf-CbAteau,  poème  des  tropes,  1817.]  Il  4830  ». 

Au  V®  du  titre  :  «  Travaux  d*Hercule  [toyez  cet  article],  (en  ters, 
une  page).  —  Fol.  2  r*  :  «  Préface  »  ;  v*  blanc.  —  Page  1  :  «  A.  | 
Académie...  ».  —  Page  76  in  fine  :  «  Plus  il  voit,  chaque  jour, 
aggraver  sa  misère.  \\  Traduction  de  Bouriaud  aine  ». 

Papier.  2  feuillets  chiffrés.  76  pages  chiffrées.  380  sur  257  milUm. 
XIX*  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi-reliure  basane 
fauve,  coins  du  même. 

79.  Bouriaud  IX.  —  Mathématiques.  Recueil  factice  de  3  cahiers 
contenant  : 

a.  —  Fol.  1  r*  :  (c  Des  logarithmes  ».  —  9  v*  :  une  pièce  de  vers 
commençant  ainsi  :  «  Un  jeune  oiseau  perdit  Gelas  i  n,  et  finissant 
par  ce  vers  :  «  vous  Peindre  ma  reconnaissance  »;  quatre  lignes 
d'une  équation  algébrique. 

9  feuillets  chiffrés.  208  sur  165  millim. 

b.  —  Fol.  1  V*  :  «  Mémoire  Présenté  au  juri  d*  Il  instruction  à 
Tulle  pour  le  concours  du  !•'  germinal  jl  an  X.  —  Page  1  :  «  hoc 
opus;  hic  Labor  est  :  Pauci  quos  œquus  amavit  |  Jupiter...  Oneid... 
Lib.  VI.  Il  Mon  but  ne  doit  pas  être...  ».  —  Page  13  in  fine  :  signé  : 
«  Bouriaud  aîné,  ||  Professeur  de  Math<i««"  à  Limoges  ». 

I  feuillet  chiflré.  13  pages  chiffrées.  259  sur  208  millim. 

c.  —  Le  même  que  le  précédent,  retouché.  Fol.  1  r*  :  «  hoc  opus, 
hic  Labor...  Oneidor,  Lib.  VI.  Je  ne  cherciierai  point  dans  la  nuit 
des  II  tems...  ».  —  Fol.  H  r*  in  fine  :  signé  :  «  Bouriaud,  P*«»'  de 
Mat*!""  Il  à  l'Ecole  centrale  de  la  Corrèze  ». 

II  feuillets  chiffrés.  255  sur  190  millim. 

Papier.  XIX*  siècle.  Ecrit  généralement  pleine  page.  Demi- 
reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

80.  Bouriaud  XI.  —  Ses  notes  de  professeur.  Vol.  L 

Recueil  factice  contenant  textes  de  versions  latines,  thèmes 
latins,  discours  français,  corrigés  des  uns  et  des  autres,  traductions 
de  fragments  latins  ou  grecs,  etc.,  etc.,  et  3  cahiers  de  géographie, 
le  tout  dans  le  plus  grand  désordre,  écrit  dans  un  sens  ou  dans 
Tautre,  entremêlé  de  feuillets  blancs,  etc. 

1  cahier.  Papier.  32  feuillets  chiffrés.  380  sur  260  millim. 
X1X«  siècle.  Ecriture  généralement  pleine  page.  Demi-reliure  ba- 
sane fauve,  coins  du  même. 

81.  Bouriaud  XIL  —  Ses  notes  de  professeur.  Vol.  IL 
Hecueil  factice  contepant  8  cacbiers,  a  ki  ; 


250 

-  231 

2S2 

—  187 

230 

-  176 

200 

—  188 

190 

—  135 

240 

-  180 

250 

—  190 

250 

—  170 

CATALOGUE  DES   «ANUSCniTS  67T 

a.  —  13  feuillets  chiffrés.  2S0  sur  338  millim. 

ft.  —    8  - 

c.  —  i6  — 

d.  —  14  — 
^.  —  27  — 
/•.  —  49  — 
ff.  —  4  — 
ft.  —  6 
i.  -    6  — 

L'exlrémilé  des  pages  a  été  rongée  par  les  rais. 

Mêmes  observations  que  pour  le  précédent. 

82.  BouRiAUD  XIII.  —  «  Les  Plaideurs,  |  Comédie  |  de  Racine,  || 
Arrangée  Pour  les  collégiens  ||  sans  la  moindre  altération  ||  Dans 
rinlrigue  ni  dans  le  dénouement.  ||  l""'  avril,  1832.  |Bouriaud  aine  ». 

Papier.  180  sur  110  millim.  XIX«  siècle.  Ecrit  à  pleines  pages. 
46  pages  chiffrées  écrites  et  pages  47  à  65  chiffrées  blanches. 
Dans  une  reliure  parchemin  forme  portefeuille. 

N.-B.  —  Tous  les  manuscrits  de  Bouriaud  portent  la  signature 
de  Bourgoin  Mélice,  son  neveu,  qui  en  fut  propriétaire  avant  de 
les  donner  à  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges. 

Le  papier  de  ces  manuscrits  est  généralement  en  médiocre  état. 

83.  —  Recueil  d'Elie  Joseph  Lefebvre. 

a,  «  Notice  peu  intéressante,  faite  par  un  homme  1res  obscur  ». 
(Autobiographie  d'Elie-Joseph  Lefebvre,  secrélaire  général  de  la 
Haute-Vienne,  de  1752  à  1748). 

Incomplet  du  dernier  feuillet.  A  été  publié  par  M.  A.  Leroux 
dans  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin , 
tome  XLI,  p.  313,  où  ce  qui  manque  a  été  remplacé  grâce  au  pro- 
cès-verbal des  délibérations  du  Conseil  général. 

Papier,  bleuté  sauf  les  pages  31  à  34.  244  sur  185  millim. 
XIX"  siècle.  24  lignes  à  la  page.  Espace  couvert  par  l'écriture  : 
225  sur  145  millim.  34  pages  chiffrées.  Reliure  bradel  rouge. 

b  :  «  Traduction  en  Français  d'une  conversation  en  patois  limou- 
sin, entre  un  Bourgeois  et  un  bon  Païsan.  Février  1831  ». 
L'écriture  permet  d'atlribuer  ce  manuscrit  à  Elie-Joseph  Lefebvre. 

Papier,  blanc  pour  les  feuillets  ^  et  2,  bleuté  pour  les  autres. 
247  sur  210  millim.  20  lignes  ou  vers  à  la  page.  Marge  à  gauche 
de  4  à  5  centim.  5  feuillets  chiffrés. 

84.  «  Létro  sur  las  modas|é  surtout  lo  Grinolino.  |)  A  M'  E. 
Ruben.  ||  De  la  part  de  1  auteur  »>.  (H.  E.  Ruben  a  ajouté  :  «  Pour  la 
Bibliothèque  communale.  L'abbé  Ribière  »« 


678  SOCIÉTÉ  AHCHÉOLOGIQUË    ET    HISTORlQt'E   DU    LlMOUSt>l 

Papier.  âlO  sur  145  millim.  XIX*  siècle.  Ecrit  à  pleines  pag-c». 
13  pages  chiffrées.  Reliure  bradel  rouge. 

85.  «  Légendes  el  |  Nouvelles  ||  !'•  partie  ».  —  (Anonyme). 
Fol.  3  r""  :  «  Les  Montagnes,  (j  La  Sorcière  |  ou  |  La  fiancée  de 

l'autre  monde  |  Légende  ».  —  Page  1^^«  :  «  La  sorcière  ||  l'«  Lé- 
gende »  ;  Jinit  page  15,  —  Page  17  :  «  Le  Vicomte  ||  Archamband  \\. 
LégendeB  imitée  d'une  vieille  chanson  ».  —  Page  19  :  «  Le  Vicomic 
Archambaud.  Il  Légende  S"""  ||  »;  inachevée;  page  21  in  fine  : 
«...  dites- 1  moi,  Seigneur  troubadour,  où  va|  la  jeune  mariée  ?  *> 
—  Le  reste  du  cahier  est  blanc. 

Papier.  X1X«  siècle.  195  sur  154  milliui.  2  feuillets  chiffrés. 
21  pages  chiffrées.  12  feuillets  non  chiffrés  blancs.  Reliure  bradel 
rouge. 

86.  Poésies  et  pensées  d'Emile  Ruben. 

An  fol.  97  r  :  «  Emile  Ruben  i|  Avocat||  Cours  d'Albrel,  99(1  Bor- 
deaux  ».  —  E.  Ruben  fut  par  la  suite  conservateur  de  la  Bibliothè- 
que communale  de  Limoges.  —  Cahier  de  notes,  de  projets,  d'ébau- 
ches littéraires. 

Papier.  XIX*  «iècle.  216  sur  170  millim.  97  feuillets  chiffrés; 
feuillets  81  à  92  t^  blancs  ;  quelques  notes  sur  papier  collées  sur 
les  pages  ;  les  feuillets  92  v°  à  97  écrits  en  sens  inverse.  Cartonné 
vert. 

87.  «  Guide  ||  du  sapeur-pompier  ||  de  la  Ville  jj  de  jj  Limoges.  || 
Contenant  I)  Thistorique  de  la  Compagnie  depuis  sa  fondation  jus- 
qu'à Il  nos  jours,  la  Chronologie  des  principaux  incen<)ies  qui  ont  J 
ravagé  noire  ville,  ||  la  Théorie  pratique  de  la  manœuvres  j|  des 
pompes,  elc,  d'après  M'  Plazanet,  le  Règlement  ||  général  de  la 
Compagnie,  el  les  Instruclions  p'  les  Incendies.  |  Avec  planches.  || 
Par  Auguste  Debord,  S'  P'.||  Officier  Instructeur.  |j  Limoges,  1874». 
Première  partie. 

Fol.  1  r*  :  «  A  Monsieur  le  Maire  de  la  Ville  de  |  Limoges,  Che- 
valier de  la  Légion  d'honneur.  | ...  »,  lettre-dédicace  à  la  Munici- 
palilé  de  Limoges,  signée  :  «  Aug'"  Debord,  Lieutenant  Instructeur 
en  Retraite.  Limoges,  le  2  juillel  1876  »,  fol.  3  r«.  —  Fol.  4r*: 
dédicace.  —  Fol.  5  r°  :  au  milieu  d'un  motif  décoratif  au  lavis,  titre 
sommaire.  —  Fol.  6  r*  :  titre  complet,  voir  ci-dessus.  —  Fol.  7  r*  : 
«  Première  partie  ».  —  Fol.  '8  r*  :  «  Parmi  l'Institution  les  plus 
dignes  de  ||  sympathie...  ».  —  Fol.  9  r<^  :  «  Tableau  Chronolo- 
gique Il  des  I  Commandants  des  Sapeurs-Pompiers  de  Limoges, 
Il  De  1793  à  1874  »;  v«  blanc.  —  Fol.  10  :  «  Tableau  général 
I  des  1  Décorations  Décernées  j|  aux  II  Sapeurs-Pompiers  l|  par 
le  Gouvernement  el  la  Ville  de  |  Limoges  |  à  compter  de  l'année 


CATALOGUE    DES    MAXLSCRITS  670 

ixU  à  celle  de  18S6  ».  —Fol  11  v°  blanc.  —  Page  1  :  «  Nolice|| 
historique  de  la  Compagnie  ||  de  1794  à  1872  |  Rétablissement  d'un 
service  public...  ».  —  Page  343  in  fine  :  a  Vu  et  approuvé  :  H  Le 
Maire  1|  Signé  Othon  Péconnet  ».  —  a.  Plan  de  L'ancien  hôtel 
des  II  Monnaies  approprié  au  Casernement  ||  d*une  Fraction  des 
hommes  de  la  Compagnie  t|  des  sapeurs-Pompiers  destinés  à  Por- 
ter Il  les  premiers  secours  en  cas  d'Incendie.  |  Extrait  d*aprës  le 
nouveau  Plan  de  la  Ville  de  185o.  ||  Fait  et  dressé  par  le  Soussi- 
gné Il  Pour  être  joint  au  Guide  du  Sapeur-Pompier.  ||  Limoges, 
20  Août  1874,  ||Aug*«  Debord...  ».  -—  b.  Plan  du  Rez-de-Chaussée 
et  des  Dépôts  de  la  |l  Caserne  dos  Snpciirs-Pompiers  de  la  ville  de 
Limoges.  |  Ancien  Bâtiment  de  la  Monnaie.  ||  Fait  par  le  soussigné... 
Debord...  ». 

Papier.  279  sur  184  millim.;  plan  a  :  âG5  sur  360  millim.  ; 
plan  b:  255  sur  343  millim.  XIX*  siècle;  21  lignes  par  page; 
espace  couvert  par  récriture  :  170  sur  115  millim.,  encadré  par 
2  traits  à  l'encre.  Hubricpies  à  l'encre  rou^^e  ou  bleue.  Lettres 
ornées  et  peintes  or  et  couleurs.  Bessin  au  lavis  hors  texte  entre 
les  pages  272  et  273.  11  feuillets  chiffrés.  344  pages  chiffrées. 
2  plans  a  et  b.  Reliure  pleine,  maroquin  rouge,  fers  ornés  et 
dorés. 

Tome  II  du  précédent.  —  Fol.  1  v**,  dessin  au  lavis  :  «  Pendant 
rincendie  ».  —  Fol.  2  r*  :  titre  complet  comme  ci-dessus.  — 
Fol.  3  r°  :  «  Deuxième  partie  «.  —  Entre  les  pages  216  et  217,  des- 
sin hors  lexle  au  lavis.  —  Entre  les  pages  276  et  277,  idem  ;  278  et 
279,  idem.  —  Page  288  in  fine  :  «  ...  un  orifice  de  15  millimètres  ». 

—  a.  «  Plan  du  Terrible  et  Epouvantable  Incendie  qui  Détruisit 
une  II  Parlie  de  la  Ville  de  Limoges,  le  6  septembre  1790.  ||  Extrait 
d'après  le  Plan  de  la  Ville  de  Limoges,  1775...  (par)...  Debord  ». 

—  ft.  «  Plan  Général  du  Terrible  Incendie  du  Quartier  des  Arènes 
Il  du  15  Août  1864.  |  Extrait  diaprés  le  Plan  de  la  Ville  de  Limoges, 
de  1856...  »  (par  le  même].  —  c.  «  Plan  de  l'Incendie  du  Quartier 
de  la  rue  Sainte-Marthe,  le  7  juin  1870...  Extrait  du  Plan  de  la 
Ville  de  Limoges  de  l'Année  1856...  »  (par  le  même).  —  d.  «f  Plan 
de  la  Célèbre  Basilique  Apostolique  de  Saint  Martial,  Bâtie  au 
l\^  siècle  sous  Louis-le-Pieux..  Extrait  du  Plan  de  la  Ville  de 
1775...  »  (par  le  môme). 

Papier.  279  sur  184  millim.  ;  plan  a  :  600  sur  900  millim.  ; 
plan  b  :  586  sur  890  millim.  ;  plan  c  :  508  sur  630  millim.  ;  plan  c/  : 
423  sur  525  millim.  ;  le  dessin  entre  les  pages  276  et  277  :  338  sur 
276  millim.  ;  celui  entre  les  pages  278  et  279  :  348  sur  268  millim. 
XIX''  siècle.  21  liçnes  par  page;  espace  couvert  par  l'écriture  : 
170  sur  115  millim.,  encadré  par  2  traits  à  Tencre.  Rubriques  à 


1 


680  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   IIISTOniQUÈ    DU    LlMOCSI!^ 

l'encre  rouge  ou  I)leue.  Lettres  ornées  et  peintes  or  et  couleurs. 
3  feuillets  chifTrés.  288  pages  chiffrés.  4  plans  :  a,  b,  c,  d.  Reliure 
pleine  maroquin  rouge,  fers  ornés  et  dorés. 

88.  Neuf  cahiers  des  chansons  d*Aifred  Durin. 

88*.  —  /•'  cahier  :  Lettre  de  Tautear  par  laquelle  il  envoie  ses 
cahiers  à  Amable  Boudel.  1  pa^e.  17  février  1877.  —  Folio  de 
garde  :  «  Cahier  n*  1  ».  —  Page  1  :  «  I^  Complainte  des  Ruraux  ». 
—  Page  54,  lignes  8  et  9  :  «  Arrélée  à  la  chuie  du  président  Thiers 
[soit  à  peu  près  au  24  mai]  ».  —  Page  55  à  88  blanches.  —  Pages 
89  à  HO  écrites  en  sens  inverse.  Page  HO  :  «  Cahier  n»  1  «.  — 
Page  108  :  «  Le  Croquemilaine  ».  ^  Pagr.  89,  au  bas  :  «  Dans 
le  même  cahier  la  complainte  des  Ruraux.  De  Tautre  côté  de  ce 
livre  ». 

110  pages  chiffrées. 

88^.  —  2^  cahier  :  Folio  de  garde  :  «  Cahier  n*  4.  Par  Alfred 
Durin  ».  —  Page  1  :  «  La  Re^lauralion  ».  —  Page  i09  :  «  Table  ». 

110  pages  chiffrées. 

88«.  —  3*  cahier  :  Folio  de  garde  :  «  Cahier  n»3.  Chansons  d'Al- 
fred Durin  ».  —  Page  1  :  «  Le  shah  de  Perse  ».  —  Page  134  :  «  La 
Voiture  cellulaire  »;  il  n*y  a  qoo  le  titre  de  cette  chanson.  — 
Pages  135  et  136  blanches.  —  Page  137  :  «  Une  nuit  à  Mazas  »;  il 
n'y  a  que  le  titre.  —  Pages  138  et  139  blanches.  —  Page  140  : 
«  L'arrivée  à  Belle-Isle  »;  il  n'y  a  que  le  titre.  —  Page  141  :  «  Le 
Chant  de  la  France  ».  —  Pages  146  et  147  :  «  Table  ». 

147  pages  chiffrées. 

88<*.  —  4«  cahier  :  Folio  de  garde  :  «  Cahier  n*  4  ».  —  Page  1  : 
«  Le  Chant  du  Tocsin  ».  —  Pages  33  à  41  blanches,  sauf  les  mois  : 
page  36  :  «  Mon  Transfèremenl  [à  faire]  »,  et  page  39  :  «  Ha 
condamnation  [à  faire]  ».  —  Page  42  :  «  1852  ».  —  Pages  126  et 
127  :  «  Table  ». 

127  pages  chiffrées. 

88*.  —  ô*  cahier  :  Folio  de  garde  :  a  Chants  et  Chansons  d'Al- 
fred Durin.  Cahier  n*"  S  ».  —  Page  1  :  «  La  Prévention  d*un  Limou- 
sin ».  —  Pages  131  el  132  :  «  Table  ». 

132  pages  chiffrées. 

88^  —  6*  cahier  :  Page  I  :  a  Chansons  d'Alfred  Durin.  Cahier 
n""  6  ».  Les  pages  9  à  44  et  72  à  118  ont  été  enlevées.  —  Pages  12â 
et  123  :  «  Table  ». 

18  pages  chiffrées. 


CATALOGUE   DBS    MANUSCRITS  68 i 

888.  —  7"  cahier  :  Folio  de  garde  :  «  Cliansons  inédiles,  par 
Alfred  Durin.  Cahier  n*  7.  Romances  et  Poésies  Diverses  ».  — 
Page  1  :  «  Nei^-Ralapolis  ».  —  Page  70,  ligne  6  :  «  A»  nouvel 
empereur,  à  son  gouvernement  »;  et  ligne  .8  :  «  Paris,  20  février 
1857  ».  —  Suivent  des  pages  arrachées,  14  feuillets  blancs  non 
chiiïrés.  Un  15*"  folio  r""  contient  la  «  Table  ». 

70  pages  chiffrées  et  15  feuillets  non  chiffrés. 

88*^.  —  8*  cahier  :  Première  page  :  «  Chansons  inédites.  Par 
Alfred  Durin  ».  —  Page  1  :  «  Le  Croquemilaine  ».  —  Page  25,  tw 
fine  :  «  Proclamez  roi  ce  beau  dindon.  —  Paris  1872.  A.  D.  ».  — 
Les  11  dernières  pages  du  cahier  sont  blanclies. 

25  pages  chiffrées  et  H  pages  blanches. 

88^  —  9*  cahier  :  Première  page  :  «  Chanls  et  chansons  d'Alfred 
Durin.  Faire  publier  dans  Tordre  suivant  ». 

8  pages  écrites  et  30  feuillets  blancs. 

Papier.  XIX«  siècle.  Pour  les  premiers  cahiers,  20  lignes  à  la 
page  pleine.  186  sur  150  millim.  Cartonnage  rouge.  8*  et  9«  cahiers 
19  lignes  à  la  page  pleine.  150  sur  110  millim.  8«  cahier  :  carton- 
nage souple,  bleu;  9*  cahier,  idem,  vert  olive. 

Donné  à  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges  par  M.  Amable 
Boudet,  le  24  janvier  1877. 

89.  —  «  Limoges,  ||  Lemovices,  Augustoritum.  Lemovicum,  || 
Capitale  du  Limousin  |  aujourd'hui  cheMieu  du  dép^  de  la  Haute- 
Vienne.  1 1879  ». 

Essai  de  compilation  historique,  sans  valeur.  A  la  fin,  signé  : 
«  Goberville,  3  mars  1879  ». 

Papier.  XIX'^  siècle.  190  sur  120  millim.  Hauteur  couverte  par 
récriture  :  15  centim.;  à  gauche  de  chaque  page,  marge  de  2  à 
3  centim.  ;  25  ou  30  lignes  à  la  page.  24  feuillets  chiffrés.  Reliure 
bradel  demi-toile  rouge. 

90.  Baylac  —  Spiritisme.  L 

«  1"  volume.  Commencé  le  10  mai  1860,  fini  le  7  octobre  môme 
année  ;  5  mois.  |  Voir  la  table  à  la  fin  du  9'  volume.  ||  Spiristisme.  | 
1860. 1  Ce  volume  doit  être  lu  le  dernier,  ||  car  en  majeure  partie, 
il  a  été  ainsi  que  |  les  2*  et  3«  écrit  pour  former,  le  II  médium  ».  — 
Sur  le  folio  suivant  est  collée  une  note  signée  :  «  Baylac  »  (fils)  par 
laquelle  le  signataire  légua  les  manuscrits  de  son  père  à  la  Biblio- 
thèque de  Limoges. 

Paginé  ainsi  :  I  à  X  —  1  à  1102  —  303  à  798;  plus  15  feuillets 
non  chiffrés  blancs. 

T.   LV  40 


Ô82  SOGléTé  ARGRéOLOÛIQUE   BT   urdTORIQUB  DU  LIMOUSIN 

91.  Batlag.  —  Spiritisme  IL 

l*'  titre  :  «  Spiritisme  1  ||  1860.  |  ^  volume.  ||  Commencé  le 
[  ]  octobre  1860,  fini  le  18  février  1861. 4  mois  et  demi  ».  —  ^Utre 
ou  folio  suivant  :  «  2^  cahier.  |  Spiritisme  ||  Baylac  écrivit  crache- 
ment I  ceci  du  3  juin  au  13  inclus.  ||  1860  ».  —  Page  1627  : 
«  Tome  3*  {sic}  Table  alphabétique.  2*  volume  V"  »;  cette  table  n'a 
pas  été  faite. 

1627  pages  chiffrées.  19  feuillets  non  chiffrés  blancs. 

92.  Baylac.  —  Spiritisme.  III. 

Collé  sur  le  plat  intérieur  :  «  Table  du  3*  vol.  y  Omis  ».  —  Tilro  : 
«  3*"  vol.  Commencé  le  15  février  186i,  fini  le  31  mai  1862.  15  mois 
et  demi.  ||  Voir  la  table  à  la  fin  du  9^  volume  ».  Page  1618  in  fine  : 
«...  pour  que  ces  derniers  voulussent  en  tolérer  la  libre  émission  ». 

1618  pages  chiffrées.  2ï  feuillets  non  chiffrés  blancs. 

93.  Bayuc.  —  Spiritisme.  IV. 

«  Spiritisme.  IV'  volume.  Baylac  Médium  ».  —  Page  1601  : 
«  Table  analytique  des  matières  »;  finit  page  1686. 

1686  pages  chiffrées.  8  feuillets  non  chiffrés  blancs. 

94.  Baylac.  —  Spiritisme.  V. 

Page  1  :  «  Commencé  le  30  mai;  repris  le  8  juillet  1864 1|  et  fini 
le  22  août  même  année  —  écrit  en  48  jours.  ||8«  volume  ».  —  Page 
1601  :  Table  analytique;  finit  page  1711. 

1711  pages  chiffrées.  3  feuillets  non  chiffrés  blancs. 

95.  Baylac.  —  Spiritisme.  VI. 

«  Spiritisme  ».  —  Page  1  :  «  Commencé  le  29  janvier  1867,  fini 
le  23  mars,  écrit  en  83  jours  ».  —  Page  1604  in  fine  :  «...  Pour 
prouver  a  priori  qu*un  être  humain  existe  ».  —  Fol.  1  :  c  Table 
analytique  »;  finit  folio  86  v^". 

160i  pages  chiffrées.  50  feuillets  chiffrés. 

96.  Baylac.  -—  Spiritisme.  VII. 

«  Spiritisme.  Il  Cahier  d'Etudes  ||  d'un  II  médium.  |  Matériaux  | 
d*un  essai  de  spiritisme  rationnel.  ||  7*  volume.  ||  Janvier  1870- 
Févrierl878.  OS.  J.  Baylac». 

Au  verso  du  titre,  fragment  de  table.  —  Fol.  1  :  «  Table  »;  finit 
folio  7  v^  —  Fol.  8  à  10  blancs.  —  Page  1  :  «  Commencé  le  9  jan- 
vier 1870...  ».  —  Page  1604  in  fine  :  «  ...  C'est  loutce  qu'ils  peuvent 
faire  lorsqu'ils  sont  élevés  ». 

10  feuillets  chiffrés.  1604  pages  chiffrées. 

97.  Baylac  —  Spiritisme.  VIII. 

«  Spiritisme.  ||  Cahier  d'études  ||  d'un  Médium.  ||  Malériaux  1|  d'un 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS  GB3 

essai  de  Spiritisme  Rationoel.l  8*  volume.  ||  Février  1878-Mars  1886.  | 
Baylac.  Joseph  Siroéon  ». 

Fol.  1  :  «  Table  »  ;  finit  folio  10  V.  —  Fol.  H  et  12  blancs.  — 
Collé  entre  folio  12  et  page  1  fragment  de  papier  bleu  sur  lequel 
fragment  de  table.  —  Idem  enlre  pages  100  et  10t.  —  Page  1  : 
«  Commencé  le  17  février  1878;  fini  le  12  juin  même  année;  écrit 
en  3  mois  et  23  jours  ».  —  Page  1600  in  fine:  <«  Ce  8'  volume  ..  etc.  ». 

12  feuillets  chiflrés.  1600  pages  chiffrées. 

08.  Batlag.  —  Spiritisme.  IX.  (Recueil). 

«  Spiritisme.  |  Cahiers  d*éludes  ||  D*un  |  Médium.  |  Matériaux  || 
D'un  essai  de  Spiritisme  Rationel  {sic)  |  9"  volume.  ||  mars  1886- 
1892 1  Baylac  Joseph-Siméon  ». 

Sur  un  carré  de  papier  collé  au  dos  du  volume  :  «  Lire  ce  volume 
lel*'». 

Fol.  1  blanc.  —  Fol.  2  :  «  Bordeaux  le  26  août  1891.  Il  Avant- 
propos».— Fol.4  :«  Préface».—  (Fol.  3  à  13  écrit  r*  seulement).— 
Fol.  17  V'  in  fine  :  «...  pourrait  donner  de  bons  résultats  ».  — 
Page  1  :  «...  Spiritisme.  Neuvième  volume  ».  —  Page  855  :  «  Ces 
cahiers  ont  été  clos  par  la  maladie  |  le  20  avril  1892  ».  ~  5  feuillets 
chiffrés  blancs.  —  Page  1  :  «  Présidence  spirituelle  de  Samuel 
Hahnemann...  »  (50  pages).  —  Fol  1  r*  :  «  Questions  »;  fin  folio  187  v®. 
—  Fol.  188  à  210  blancs.  —  Fol.  2H  r«  :  «  Table  du  1^'  volume.  — 
Fol.  227  r  :  «  Table  du  2*  volume  »  —  Fol.  235  ro  à  246  r«  :  réfé- 
rences  diverses  sous  forme  de  tables.  —  Fol.  246  v*  ;  «  Table  du 
3*  volume  ».  —  Fol.  259  à  268  :  Références  diverses  sur  des 
morceaux  de  papier  collés  eux-mêmes  sur  des  feuillets  déjà  écrits.  — 
Fol.  269  à  286  :  «  Table  du  9*  volume  ».  Fol.  287  v«  :  v  Ordre  de 
classement  des  cahiers  du  9*  volume  ». 

17  feuillets  chiffrés,  855  pages  chiffrées,  5  feuillets  chiffrés, 
50  pages  chiffrées,  287  feuillets  chiffrés.  Ont  des  dimensions  par- 
ticulières :  50  pages  :  24  sur  21  centim.  ;  les  feuillets  269  à  287  : 
225  sur  i50millim. 

99.  Bayug.  —  Spiritisme.  X  (Recueil). 

(c  Spiritisme  ||  rationnel,  |  Matériaux  d'un  essai  ||  sur  ||  l'homme.  || 
10*  volume  g  1891-1893  II  Baylac.  Médium  ». 

Page  1  r*:  «  Spirilisme.  10«  volume  |)  Lorsque  Vesprit  se  trouve 
dans  la  zone  flui  ||  dique...  ».  —  Page  620  in  fine  :  «  C*est  imbécile 
et  méchant  et  Iflche  |  au  moral  ».  — 11  feuillets  blancs.  —  6  feuillets 
d*un  cahier  de  devoirs  d'écolier  sur  lesquels  sont  collés  des  réfé- 
rences en  forme  de  table.  —  Page  chiffrée  29  :  «  Différer  d'un 
individu  au  physique...  »;  jusqu'à  page  350  notes  diverses  :  spiri- 
tisme, sociologie,  minutes  de  lettres,  etc..  —  Page  chiffrée  1  : 


684  SOCléré    ARCHiOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

«  Cruchonneries  »;  série  finissant  page  138.  —  69  feuillets  chiffrés 
de  consultations  d'esprits. 

620  pages  chiffrées,  11  feuillets  chiffrés  blancs,  6  feuillets  chif- 
frés. Pages  29  à  350.  Pages  1  à  138.  69  feuillets  chiffrés. 

100.  Baylac.  —  Spiritisme.  XI  (Recueil). 

Sur  89  pages  d'un  livre  de  comptes  ont  été  collés  des  fragments 
de  papier  blanc,  bleu,  bulle,  de  paille,  etc..  sur  lesquels  sont  des 
notes  diverses,  généralement  relatives  au  spiritisme. 

Dimensions  du  registre  de  comptes  :  340  sur  215  millim.  Relié 
pleine  toile  noire. 

Pour  les  X  premiers  volumes.  Papier.  28  sur  22  centim.  environ. 
Ecrit  généralement  pleine  page.  XIX*^  siècle.  Reliure  dos  et  coins 
parchemin. 

101.  —  «  Catalogue  ||de  la  Bibliothèque  Limousine  de  M.  Auguste 
Bosvieux.  ||  Auteurs  Limousins  ||  et  Marchois  ». 

«  Fin  ))  page  ^28.  —  Pages  228  à  236  blanches. 

Papier.  XIX*  siècle.  31  sur  20  centim.  34  lignes  à  la  page. 
236  pages  chiffrées.  Demi-reliure  basane  fauve,  coins  du  même. 

Cf.  le  Catalogue  de  la  dite  bibliothèque,  imprimé  pour  Claudin. 
Paris,  i887. 

102.  Catalogue  de  la  bibliothèque  des  Pères  Oblals  de  Limoges. 
Sur  la  feuille  de  garde,  cachet  des  P  Oblats  de  Limoges,  à  Tencre 

bleue. 

Sur  le  fol.  1  :  «  Ce  catalogue  de  la  Bibliothèque  des  Pères  Oblats 
de  Limoges  a  été  trouvé  dans  la  hotte  à  vieux  papiers  de  M.  Dubois, 
commissionnaire  et  bouquiniste,  place  d*Âine,  à  Limoges,  en  février 
4904,  par  M.  Mayéras,  sous  conservateur  de  la  Bibliothèque  com- 
munale de  Limoges  ».  {Signé}  :  B.  Mayéras. 

Papier.  211  sur  164  millim.  Fin  du  XIX*  siècle  ou  début  du  XX*. 
22  lignes  par  page  pleine.  135  feuillets  chiffrés.  Cahier  d'écolier 
cartonné,  disposé  en  façon  de  répertoire.  Beaucoup  de  feuillets 
blancs. 

103.  «  Cathédrale  II  de  ||  Limoges.  |  Projet  de  restauration  i84S.| 
Projet  d'achèvement  1881.  ||  P.  Chabrol,  architecte  ». 

Plans  en  couleurs  au  lavis. 

Papier.  Les  feuillets  sont  de  dimensions  diverses,  et  quelques 
uns  de  forme  polygonale.  Dimension  générale  :  1™,09  sur  65 
centim.  1  fol.  titre  non  chiffré;  entre  feuillets  VII  et  VIII,  titre 
de  départ  non  chiffré  :  «  Projet  de  charpente  1|  en  bois  »  ;  idem 
entre  feuillets  11  et  12  :  «  Projet  de  charpente  en  fer  »  ;  XV  feuil- 
lets de  planches  chiffrés.  Reliure  carton  vert,  dos  et  coins  par- 
chemin vert. 


CATALOGUB   DES    MANUSCRITS  685 

104.  «  Limoges,  y  Incendie  da  qaarlier  des  Arènes.  |  Nuit  du 
15  au  16  août  1864.  |  Offert  à  la  Bibliothèque  communale  ».  Signé  : 
Maquart. 

Album  de  10  dessins  originaux,  2  plans  imprimés,  1  plan  manus- 
crit. —  1"  plan  :  «  Ville  de  Limoges.  Plan  du  quartier  des  Arènes, 
détruit  dans  la  nuit  du  15  au  16  août  1864,  comprenant  les  nou- 
veaux projets  de  rues,  l'agrandissement  de  la  place  de  la  Molbe, 
avec  Talignement  des  rues  de  la  Boucherie,  le  changement  et 
Taugmenialion  du  marché  couvert,.,  dressé  par  Tagent-voyer  Lan- 
sade,  1864.  —  2*  plan  :  «  Nouveau  quartier  des  Arènes.  Plan 
d'alignement  proposé  par  la  Société  Immobilière  pour  le  rétablis- 
sement de  ce  quartier...  par  Fayette  et  Ruben;  —  fl.  Dncourtieux, 
éditeur,  S.  d.  —  Le  3*  plan  est  manuscrit  :  «  Plan  de  l'incendie  du 
15  août  1864.  |  D'après  le  plan  Général  de  Limoges,  dressé  en  1851 
par  M'  Em.  Grignart  ».  Lavis  en  plusieurs  teintes. 

Papier.  46  centim.  de  hauteur  sur  62  de  largeur.  XIX*  siècle. 
Titre  or,  rouge  et  noir.  Dessins  sur  papier  bulle,  aux  crayons 
noir  et  blanc,  collés  sur  carton  blanc;  celui  du  fol.  H  :  «  Dessin 
à  la  plombagine,  Procédé  particulier  à  l'Auteur  ».  1  fol.  blanc, 
14  feuillets  chiffrés,  1  fol.  blanc.  Demi-reliure  basane  bleue,  fers 
ornés  et  dorés. 

105.  Liasse  de  77  lettres  concernant  d'une  façon  générale  le 
Musée  céramique  et  l'Ecole  des  Beaux-Arts  appliqués  à  Tindustrie 
de  Limoges,  la  Société  des  Amis  des  Ans  du  Limousin,  etc. 

A.  Dubouché  à  Burty  (?;,  9  aoîlt  1864;  —  A.  Dubonché  à  Burly, 
18  juin  1866;  —  M**  E.  Tunis,  avoué,  à  la  Société  des  Amis  des  Arts, 
27  février  1867;  —  A.  Dubouché  à  Burty,  13  juillet  1868;  —  Idem, 
S.  d.\  -  Idem,  2  juin  1868;  —  Idem,  5  juin  1868;  —  Idem.  2  juil- 
let 1868;  —  Idem,  18  août  1868;  —  A.  Dubouché  à...,  13  novembre 
1868;  —  A.  Dubouché  à  Burty,  31  décembre  1868;  —  Idem,  5  jan- 
vier 1869;  —  A.  Dubouché  à...,  10  janvier  1869;  —  Idem,  22  jan- 
vier 1869;  —  A  Dubouché  à  Burly,  23  février  1869;  —  Idem  (avec 
note  de  Burly  à  Solon),  !•'  avril  1869;  —  Idem,  10  mars  1869;  — 
Idem,  22  juillet  1869  ;  —  A.  Dubouché  à  Burty,  17  mai  1869;  — 
Idem,  7  juin  1869  ;  —  Idem,  26  juillet  1869;  —  Idem,  21  juillet 
1869;  —  Idem,  16  août  1869  ;  —  A.  Dubouché  à  Burty  (?),  31  août 
1869;  —Idem,  1«'  septembre  1869;— E.  Ruben  à  Burty,  10 octobre 
1869;  —  Idem,  16  novembre  1869;  —  Idem,  25  novembre  1869; 
—  Idem,  1"  décembre  1869;  —  Dubouché  à  Burly,  18 décembre 
1869;  —  Idem,  24  décembre  1869;  —  E.  Ruben  à  Burty,  7  janvier 
1870;  —  Dubouché  à  Burty,  8  janvier  1870;  —  A.  Guillemot  à 
Burly,  15  février  1870;  —  H.  Ardant  à  Burty,  18  février  1870;  — 


686  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

MassoD  à  Barly,  23  février  4870;  —  Dubouché  à...,  18  avril  1870; 

—  Dabouché  à  Burty,  6  mars  1870;  —  Dubouché  à...,  3  mai  4870; 

—  Idem, 4  maii870;  —  Idem, H  mail870;  — H.  Ardant  à  Burty(?), 
18  mai  1870;  —  Idem,  30  mai  1870;  —  A.  Guillemot  à  BÙrly. 
30  mai  1870;  —  MassoQ  à  Burly,  28  juin  1870;  —  Idem,  6  juillet 
1870;  —  Dubouché  à...,  10  juillet  1870;  -  Idem,  14  juillet  1870; 

—  H.  Ardant  à  Burty,  26  juillet  1870;  —  Dubouché  à  Burty,  26 
juillet  1870;  -  Dubouché  à  Burty,  30  juillet;  —  Idem,  2  août  1872; 

—  Idem,  9  septembre  1872;  —  M*  E.  Tunis  à...,  11  octobre  1872; 

—  Dubouché  à  Burty,  15  octobre  1872  ;  —  Idem,  4  janvier  1873; 

—  M«  E.  Tunis  à  Dubouché,  9  janvier  1873  ;  —  Idem,  13  février 
1873;  —  Dubouchéà...,  16  février  1873;  —  M«E.  Tunis  à...,  7  mars 
1873;  —  Idem,  12  avril  1873  ;  —  Baylac  à  M.  de  Lajolais,  10  juillet 
1892;  -—  Lettres  non  datées,  J.  Michelin  à  Burty;  —  A.  Guillemot 
à  Burty,  2  lettres;  —  Dubouché  à  Burty,  6  lettres;  —  Dubouché  à 
de  Lajolais,  2  lettres;  —  H.  Ardant  à  Burty,  2  Ictlres;  —  Maurice 
Laportcà  G.  Leymarie  (?),  14  janvier  1882;  —  L.  de  Lajolais  au 
môme  (?),  15  novembre  1896.  Papier. 

106.  Etudes  de  géométrie  pure,  ou  appliquée,  surtout  à  Tari  da 
biltiment.  Figures. 

Ce  vol.  de  planches  est  signalé  dans  l'inventaire  de  G.  de  Ville- 
lume,  p.  355,  au  bas,  ainsi  :  «  Figures  de  géométrie  manuscrites, 
1  in-fol.  »,  sans  autre  renseignement. 

Papier.  XIX*  siècle.  Planches  de  dimensions  diverses  ;  dimen- 
sion générale  :  45  sur  30  centim.  103  feuillets  chiffrés.  Ni  date, 
ni  nom  d'auteur.  Reliure  plats  bleus,  dos  toile  noire. 

107-118.  J.-S.  Baylac;  modeleur  de  Limoges.  Collection  de  ses 
épures,  dessins,  esquisses,  projets,  etc.  (de  vers  1849  à  vers  1891), 

T.  I  (107)  :  Etudes  de  géométrie  et  épures  appliquées  à  la  céra- 
mique. 

T.  II  (108)  :  Quelques  études  comme  dans  le  précédent,  puis, 
surtout,  soupières,  théières,  cafetières,  crémiers,  quelques  caba- 
rets, etc. 

T.  III  (109)  :  Services,  buires,  aiguières,  seaux. 

T.  IV  (110)  :  Idem. 

T.     V(H1)  :  Services  à  toilette. 

T.  VI  (112)  :  Services,  cabarets,  tasses. 

T.  VII  (113)  :  Nouveautés,  grands  vases,  etc. 

T.VIII(114):  Idem. 

T.  IX  (115) -.Cabarets. 

T.    X  (116):  Idem. 


CATALOGUE   DES    MANUSCRITS  687 

T.  XI  (117)  el  XII  (H8)  :  Matériaux  surromcmcntalioD;  éludes 
diverses  ;  au  t.  XII  surtout,  dessins  et  projets  relatifs  à  Fiadustrie 
des  bronzes  d*art. 

Baylac  avait  collé  ses  dessins  sur  20  volumes  de  la  Gazette  des 
Tribunaux  el  de  la  Loi.  Avec  ces  20  volumes,  on  a  formé  10  albums 
de  65  sur  80  cenlim.  Pour  les  tomes  XI  et  XII,  on  les  a  laissés 
comme  ils  étaient,  les  dessins  collés  sur  les  pages  de  registres  de 
comptes. 

Il  y  a  environ  2.500  dessins. 

Tous  les  manuscrits  de  Baylac  ont  été  achetés  par  la  Bibliothè- 
que en  juillet  1892.  Voir  n""  109,  fol.  1  «  Etat  des  pièces  vendues 
par  Baylac  à  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges  ».  A  ce  qui  est 
énumérë  sur  cet  état,  Baylac  joignit  ses  autres  manuscrits  concer- 
nant le  spiritisme  (voy.  ci-dessous,  n'**  90  à  100),  et  environ 
80  planches  photographiques  (voir  Catalogue  du  fonds  limousin). 

Sauf  les  registres  n<*  118  et  119,  les  n®"  108  à  117,  demi-reliure 
basane  fauve. 

AUTOGRAPHES 

1.  Adelon  (Docteur).  —  Lettre  à...?,  au  sujet  de  sa  collaboration 
à  la  Biographie  universelle  Michaud.  —  31  juillet  1812.  —  2  (T., 
3  pp.  1/2. 

2.  Adelon  (docleur).  —  Lettre  à  M.  Bourée,  docteur  en  méde- 
cine à  Châtillon-sur-Seine.  —  Lettre  d'affaires.  —  22  juillet  1830. 

—  2ff.,2pp. 

S.  Aine  (d').  —  Lettre  à  Guineau-Dupré,  avocat  à  Limoges, 
approuvant  que  celui-ci  prenne  la  direction  de  la  Feuille  hebdoma- 
daire de  la  Généralité  de  Limoges.  —  7  janvier  1781.  —  1  p.  (La 
signature  seule  doit  être  de  d*Aine). 

Angiviller  (Charles-Claude  1^  lahaull  de  la  Billardrie,  comte  d'). 

—  Voir  Louis  XVI. 

4.  Baret-Deschénes.  —  Lettre  à...?  —  Renseignements  politi- 
ques sur  Guéret.  —  Guéret,  samedi  11  septembre  1824.  —  2  ff.,  3 pp. 

Bordas.  —  (Voir  Guineau).  * 

Breteuil  (Baron  de).  —  Voir  Louis  XVI. 

5.  Bugeaud,  duc  d'Isly,  à...,  1845.  —  Conseils  à  un  fonctionnaire 
sur  la  façon  d'administrer.  —  2  ff.,  4  pp. 

6.  Catinat  (Maréchal  de).  —  Lettre  à  M.  de  Locmaria,  —  sur  les 
mouvements  de  ses  troupes,  etc.  —  Strasbourg,  le  18  octobre  1702. 

—  2ff.,4pp. 


688  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUS|;« 

7.  Daguesseau.  —  Lettre  à  un  imprimeur  de  Londres  pour  lui 
demander  renvoi  d*une  publication.  —  4  décembre  1724.  —  2  pp. 
Large  écriture. 

8.  Dagues.<?eau.  —  Lettre  adressée  à  «  S'  Conlest  de  la  Chalai- 
gneraye  »  (Sainl-Conleslde  la  Barberie  II,  intendant  du  Limousin), 
au  sujet  du  Présidial  de  Limoges.  La  signature  est  de  la  main  du 
chancelier.  —  4  juin  1745.  —  XVIIP  siècle.  32  sur  21  centim. 
4  ffc.  dont  1  blanc. 

9.  Deloche  (Maximin).  —  Lettre  à  E.  Ruben.  —  k  propos  de  son 
livre  :  «  Les  Lémovices  de  TArmorique  ».  —  Paris,  6  décembre  1836. 

—  2ff.,3pp. 

10.  Deloche  (Maximin).  —  Lettre  au  même.  A  propos  de  la 
Bibliothèque  communale  de  Limoges.  —  Paris,  21  décembre  18S6. 

—  2ff.,  3  pp. 

11.  Deloche  (Maximin).  —  Lettre  au  même.  A  propos  de  son 
dernier  ouvrage.  —  Paris,  26  août  1857.  —  2  ff.  3  pp. 

12.  Deloche  (Maximin).  ^  Lettre  au  même.  A  propos  de  la 
Bibliothèque  communale  de  Limoges.  —  Paris,  17  septembre  1857. 

—  2  ff.,  3  pp. 

18.  Dupuytren.  —Lettre  à  un  confrère.  12 juin?  —  Invitation. 

—  2ff.,3pp. 

14.  Fromental  (Vilar  de)  à  M"'  de  Segonzal  (sic),  •<  A  Limogei^, 
ce  22*  sept.  1711  ».  (Avec  :  une  lettre  de  change  tirée  par  le  même 
sur  la  même,  à  Tordre  de  M.  de  Silhouette).  —  19  et  22  septembre 
1711.  — 5  ff.,  2  pp.  Cachet  brisé. 

Gay-Vernon.  —  (Voir  Guineau). 

15.  Guéronnière  (A.  de  la).  —  Billet  à...?  —  Conçu  en  termes 
énigmatiques.  —  Thouron,  30  octobre  1857. 

16.  Guibert  (Louis).  —  Lettre  du  5  févriers  1879,  au  maire  de 
Limoges,  lui  donnant  les  renseignements  qu'il  avait  demandés  sur 
Tancien  Palais  de  justice  de  Limoges.  —  2  ff.,  3  pp. 

17.  Guineau,  Bordas,  Gay-Vernon,  Plazanet.  —  Signature  au  bas 
d'une  adresse  au  Ministre  de  la  guerre  en  faveur  de  Bourdeaud,  com- 
missaire des  guerres  dans  la  Haute- Vienne.  La  pétition  est  rédigée 
de  la  main  de  Guineau.  —  Paris,  27  frimaire  an  5  —  1  f.,  2  pp. 

18.  Juge-Saint-Martin.  —  Lettre  à  E.  Ruben?  —  Envoi  d'ouvra- 
ges de  son  père,  Tagronomc  limousin.  —  Boubeau,  13  avril  1857. 

—  2ff.,2pp.  1/2. 


CATALOGUE    DES    MANUSCRITS  689 

19.  Lasleyrie  (C.  de).  —  Leltre  à  un  ami  qui  lui  demandait  de  le 
recommander  à  Paris;  prolestalions  contre  le  gouvernement  de 
Juillet.  —  Paris,  29  décembre  1836.  —  2  (T.,  2  pp.  1/2. 

20.  Lasleyrie  (C.  de).  —  Lettre  à  un  libraire  au  sujet  de  son 
Essai  sur  les  voyages.  —  26  février  1838.  —  2  ff.,  1  p. 

21.  La  Touche  de  Tréville.  —  Signature  sur  un  ordre  d'embar- 
quement au  s'  Dubournazeau,  lient*  de  frégate.  —  Rochefort, 
25  mai  1784. 

22.  Louis  XV.  —  V  Brevet  d'historiographe  de  France  pour  le 
S'  de  Marmonlel  ».  —  Signé  :  Louis;  et  plus  bas  :  Philippeaux 
(Conseiller  secrétaire  d'Etal).  —  27  mars  1772.  —  1  p.,  parchemin. 

23.  Louis  XVL  —  «  Brevet  d'historiographe  des  bâtiments  du 
Roi  pour  le  sieur  Marmontel  ».  —  Signé  :  Louis;  et  plus  bas  :  Le 
B«"  de  Breteûil.  31  octobre  1785.  —  Et  au-dessous,  visa  signé  : 
D'Angiviller  (Charles-Claude  de  Flahault  de  la  Billardrie,  comte..., 
Conseiller  du  Roi)  ;  10  novembre  1786.  —  1  p.,  parchemin. 

24.  Monlégut  (Emile).  —  Leltre  au  bibliothécaire  de  la  ville  de 
Limoges  ;  —  envoi  de  ses  ouvrages.  —  Thias,  10  février  1889.  — 
2ff.,2p. 

25.  Montégut  (Emile).  —  Lettre  au  [même;  —  envoi  d'un  de  ses 
ouvrages  et  d'autres  volumes.  —  Thias,  7  mai  1890.  —  2  ff.,  1  p. 

26.  Mortemart  (R.  de).  —  Lettre  à  M.  Tarbé  des  Sablons,  vice- 
président  du  Comité  électoral  de  la  Seine;  adhésion  à  1'  «  Union 
électorale  ».  —  Paris,  4  février  1850.  —  2  ff.,  1  p. 

27.  Mortemart  (R.  de).  —  Ancien  député,  membre  de  l'Assem- 
blée constituante.  —  Lettre  par  laquelle  il  retire  sa  candidature 
dans  le  département  de  la  Seine.  —  Paris,  20  février  1850.  —  2  ff., 
Ip. 

28.  Mourier  (Baron),  (maréchal  de  camp,  commandant  le  dépar- 
tement de  la  Creuse).  —  Demande  de  la  décoration  de  la  Légion 
d'honneur  en  faveur  de  M.  Terni,  ancien  lieutenant  au  103*  régi- 
ment de  ligne.  -—  Guérel,  1*'  avril  1815.  —  1  p. 

29.  Mourier  (Baron).  —  Signature  au  bas  de  l'état  de  ses  services 
et  blessures.  —  Limoges,  13  septembre  1814.  —  1  p. 

30.  Mourier  (Baron).  —  Leltre  d'avis  d'envoi  de  pièces  person- 
nelles au  Grand-Chancelier  de  la  Légion  d'honneur.  ^  Limoges, 
14  septembre  1816.  —  1  ff.,  2  p. 

SI.  Noualhier  (Armand).  —  Lettre  à  E.  Ruben.  —  A  propos  dQ 
la  Bibliothèque.  —  8  novembre  1856.  —  Billet  de  19  lignes, 


690  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

32.  Noualhier  (Armand).  —  Leltre  au  même.  —  A  propos  de  la 
Bibliothèque  et  des  relations  qui  existaient  aux  XV'  et  XVI''  siècles 
entre  Venise  et  Limoges.  —  Paris,  20  janvier  1857.  —  2  ff.,  2  pp. 

83.  Orves  (Thomas  d').  —  Signature  sur  un  ordre  d'embarque- 
ment à  M.  de  Bournajo.  —  A  bord  de  l'Orient,  14  septembre  1780. 
Philippeau,  conseiller  d'Etat.  —  (Voir  Louis  XV). 
Plazanet.  —  (Voir  Guineau). 

34.  Roumanille  (J.).  —  2  fables  en  provençal,  adressées  «  à  son 
ami  E.  Ruben  ».  —  Avignon,  22  mars  1861.  —  2  ff.,  3  pp. 

35.  Souham  (GoroteV  —  Signature  au  bas  d'une  pièce  du  Bureau 
de  la  Police  militaire,  20*  division  militaire  ;  Périgueux,  11  aoAliSlS. 
—  1  fol.,  2  pp. 

36.  Souillac  (Comte  de).  —  Signature  sur  2 ordres  d'embarque- 
ment au  s'  Bournazo.  —  Port-Louis,  21  mai  et  30  août  1780. 

37.  Anonyme.  —  Lettre  à...  ?  signée  D.  —  Quelques  renseigne- 
ments sur  la  situation  politique  de  Guéret. -—  11  octobre  1824. — 
2  ff.  ;  3  pp.  1/2  ;  écriture  large. 

SUPPLÉMENT 

La  Bibliothèque  possède  en  outre,  manuscrits  : 

«  Bibliothèque  d'un  lycée  »  (Lycée  de  Limoges?)  Catalogue. 
1  cahier  broché.  S  d. 

«  Catalogue  des  livres  qui  se  trouvent  dans  la  Bibliothèque  de 
l'Ecole  centrale  de  la  Haute- Vienne...  contenant  en  outre  la  notice 
des  manuscrits..  ,  par  Biron,  bibliothécaire  an  IX  ».  —  1  registre 
grand  format  relié  parchemin. 

«  Premier  catalogue  de  la  Bibliothèque  publique  de  Limoges  », 
par  le  même.  —  S.  d.  —  3  cahiers  br.,  numérotés.  Le  1*'  88  ppc, 
le  2*  97  ppc,  le  3»  96  ppc.  (Brouillon  du  suivant). 

Catalogue  de  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges,  par  Biron, 
bibliothécaire.  An  XIIL  —  Registre  relié  parchemin,  838  ffc,  léga- 
lisé parL.  Texier-Olivier,  préfet  de  la  Haute- Vienne  (2  exemplaires). 

«  Catalogue  des  ouvrages  qui  forment  l'effectif  de  la  Bibliothèque 
communale  de  la  ville  de  Limoges...  »,  1816.  Inventaire  par  G.  de 
Villelume,  commissaire  délégué  à  cet  effet.  1  registre  gr.  format, 
cartonné.  362  ppc. 

«  Catalogue  par  ordre  de  matières  de  la  Bibliothèque  de  Limoges, 
21  mai  1820.  Pour  la  Mairie  de  Limoges  ».  Par  Siméon-Sanson  de 
Royère,  bibliothécaire.  —  1  registre  gr.  format,  cartonné.  166  ppc. 

«  Catalogue  des  livres  de  la  Bibliothèque  communale  de  Lime- 


CATALOGUB   DES   MANUSCRITS  691 

ges  »,  par  Sanson  de  Royëre.  Divisé  en  8  tableaux.  —  5  catiiers 
br.,  gr.  format.  S.  d. 

a  Catalogue  par  noms  d*auleurs  et  par  ordre  de  matières  »  des 
livres  de  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges,  par  Sanson  de 
Royère.  Un  registre  cartonné,  gr.  format.  120  ppc.  S.  d. 

«  Bibliothèque.  15  août  1837.  Remise  de  la  bibliothèque  h 
M.  Judde  de  la  Judie,  par  Monsieur  Godefroy  de  Royères  »,  fils  de 
Sanson  de  Royère.  —  Inventaire,  suivi  de  Tinvenlaire  et  des  notes 
d'entrées  de  Léon  Duboys,  bibliothécaire.  Registre  gr.  format, 
cartonné. 

«  Catalogue  par'ordre  alphabétique  des  livres  de  la  Bibliothèque 
de  Limoges  ».  Par  Judde  delà  Judie,  bibliothécaire.  S.  d.  1  registre 
gr.  format,  relié  veau  pi. 

<c  Catalogue  de  la  Bibliothèque  par  ordre  alphabétique,  dressé 
par  M.  Judde-de-la-Judie,  1829  ».  —  Â  la  moitié  :  «  Catalogue  des 
livres  de  la  Bibliothèque  par  ordre  de  matières  ».  —  1  registre 
gr.  format,  relié  peau  de  truie. 

«  Catalogue  par  ordre  de  matières  des  livres  de  la  Bibliothèque 
communale  de  Limoges  »,  par  Boisse,  bibliothécaire,  4  cah.  gr. 
format,  br.  S.  d. 

Catalogue  raisonné,  avec  sommaires  ou  commentaires,  des  livres 
de  la  Bibliothèque  communale  de  Limoges,  par  Boisse.  S.  d.  — 
12  cahiers  gr.  format;  br. 

«  Inventaire  de  la  Bibliothèque  de  Limoges,  du  il  février  1855  », 
par  E.  Ruben,  bibliothécaire.  Registre  d*entrées  de  la  p.  263  à  la 
p.  273.  —  Registre  grand  format,  cartonné. 

Catalogue  du  fonds  religieux  de  la  Bibliothèque  communale  de 
Limoges,  par  E.  Ruben.  —  Cahiers  grand  format,  demi-reliure 
basane  fauve.  (N'a  pas  été  imprimé). 

Catalogue  des  ouvrages  sur  le  Limousin  et  la  Marche  que  possède 
la  Bibliothèque  communale  de  Limoges,  par  E.  Ruben.  —  468  ppc. 
Cahiers  format  moyen,  demi-reliure  basane  fauve.  (Avec  quelques 
additions  de  M.  C.  Leymarie,  conservateur  de  la  bibliothèque.  (N'a 
pas  été  imprimé)  (1). 

Minute  de  :  «  Catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de 
Limoges,  dressé  et  envoyé  à  M.  le  Maire  pour  être  Iransmis  à 
S.  Exe.  M.  le  Ministre,  le  24  juin  1870.  (Par  Emile  Ruben).  — 
27  feuillets. 


(1)  A  disparu  :  le  Recollement  d'E.   Ruben,  du  10  nov.  1856,  signalé 
par  Fauteur  dans  la  Notice  sur  la  Biblioth,  comm.  de  Lim, 


692  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    DU   LIMOUSIN 


ERRATA    ET    ADDENDA 

AUX    NOTICES    DE    LOUIS    GUIBERT    ET    DE    M.    G.    LEYMARIE 


N""  2.  —  «  ÀDliphonaire  ».  —  De  E.  Ruben,  dans  son  Catalogue 
des  mss.  de  la  Bibliothèque  de  Limoges...- du  24  juin  iS70  :  «  Ce 
ms.  doit  être  à  la  Bibliothèque  depuis  sa  fondation  ». 

N*  5.  —  «  Missel  limousin  ».  —  De  E.  Rubcn,  op,  cil,  :  «  Ce  vol. 
provient  de  la  bibl.  de  M.  Juge  de  Saint-Martin  et  a  été  ofTerl  par 
ses  héritiers,  le  15  juin  1859  ». 

N*  6.  —  «  Registre  d'Aimeric  et  Gérald  Tarneau...  ».  —  De  E. 
Ruben,  op.  cit.  :  «  J'ai  obtenu  ce  manuscrit,  en  échange,  de 
M.  Buisson  de  Mavernicr,  ancien  rédacteur  du  Courrier  du  Centrcy 
ancien  directeur  du  Musée.  Je  ne  sais  de  qui  il  le  tenait.  Je  crois 
qu'il  Tavail  acheté  à  quelque  bouquiniste  ». 

N**  10.  —  «  Registre  et  statuts  de  la  confrérie  de  la  Conception 
de  Notre-Dame...  ».  —  De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Provient  de  la 
bibliothèque  de  M.  Juge  de  Saint-Martin  et  offert  par  ses  héritiers 
le  15  juin  1859». 

N"  11.  — -  «  Vie  de  saint  Léonard  ».  —  De  E.  Ruben,  op.  cit.  : 
«  Ce  ms  se  trouvait  à  la  Bibliothèque  de  Limoges  lorsque  j'ai  été 
nommé  conservateur.  J'ignore  sa  provenance  ». 

N"  12.  —  «  Obituaire...  ».  —  De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Ce  ma- 
nuscrit... faisait  partie  de  la  bibliothèque  de  M.  Juge  de  Saint- 
Martin  et  a  été  offert  par  ses  héritiers  le  15  juin  1859  ». 

N**  18.  —  «  Manuscrit  dit  de  Jean  de  Lavaud  ou  de  Pierre  Mes- 
nagier  ».  —  Louis  Guiberl  n'en  indique  pas  la  provenance.  — 
De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Il  est  entré  à  la  Biblioliièque  le  15  juin 
1859.  Il  provient  de  celle  de  M.  Juge  de  Saint-Martin  et  a  été  offert 
par  ses  héritiers  ». 

N**  19.  —  «  Journal  d'Olivier  Lefèvre  d'Ormesson  ».  —  De  E. 
Ruben,  op.  cit.  :  «  Ce  ms  me  semble  être  à  la  Bibliothèque  depuis 
l'origine  ». 

N°  20.  —  «  Estât  des  paroisses  de  l'élection  de  Limoges...  ».  — 
De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Pour  ce  qui  est  de  la  provenance,  il  n'y  a 


CATALOGUE   DBS   MANUSCRITS  693 

qu'à  lire  la  note  manuscrite  qui  se  trouve  au  1*'  feuillet  liminaire 
blanc  :  «  Ce  manuscrit,  trouvé  par  moi,  J^-B^  Boileau,  sur  les  quais 
à  Paris,  a  été  acheté  1  fr.  SO  et  donné  à  la  ville  de  Limoges,  i*'  août 
4842.  [Signé]  :  Boileau  ». 

N"*  23.  —  «  Ex  manuscriptis  et  compositis  Francisci  de  Malle- 
vaud  ».  —  De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Ce  ms  est  entré  à  la  bibliothè- 
que le  16  août  1839.  Je  le  tiens  de  M.  Buisson-Mavernier  ». 

N»  80.  —  «  Mémoire  sur  un  palais  des  rois  de  France  de  la 
seconde  race,  dans  le  Limousin  »•  —  De  E.  Ruben,  op.  cit.  :  «  Ce 
manuscrit  acheté  à  M.  Porquet,  libraire  à  Paris,  est  entré  à  la 
bibliothèque  le  26  janvier  1866  ». 

N**  88.  —  u  Les  Héroïdes  d'Ovide...  ».  —  De  E.  Ruben,  op.  cit,  : 
«  Ce  ms  a  été  offert  à  la  Bibl.  de  Limoges  par  M.  Aug.  Du  Boys, 
pharmacien,  le  7  février  1836  ». 

Ko  87.  —  Il  faut  ajouter  :  1*  Manquent  les  pages  11  à  14,  —  63 
à  78,  —  98  à  105,  —  154  à  157,  —  176  â  183. 

S""  Par  suite  d'une  erreur  de  pagination,  la  p.  81  n*est  pas 
signalée. 

S^"  Après  la  table,  le  bas  de  la  page  252,  les  pp.  253  et  254  sont 
d'une  écriture  grossière,  différente  de  celle  du  volume. 

N'*48..  —  Supprimer  ce  n**  (voir  à  Tavant-propos  le  motif  de 
cette  suppression). 


•et. 


LA  CHAPELLE  DE  L'HOPITAL  DE  LIMOGES  ^*> 

(avec    coupe    et    plan    Cl-ANNEXÉS) 


I.  —  Notice  descriptive 

La  grande  chapelle  À,  do  XVIP  siècle,  au  fond  de  laquelle  se 
trouve  le  rétable,  a  pour  accès  direct,  à  l'avenue  Baudin,  un  por- 
tail en  fer  B,  placé  dans  l'épaisseur  du  mur  de  clôture  qui  longe 
celle  avenue.  Au  droit  de  ce  portail  il  y  a  un  perron  de  huit  mar- 
ches, h  droite  et  à  gauche  duquel  se.trouvent  deux  terrassons  G  et  D. 

Une  allée  avec  sentier  en  carreaux  de  ciment  relie  ce  perron  à 
la  porte  principale  de  la  grande  chapelle.  À  droite  et  à  gauche  de 
cette  allée  il  existe  deux  jardinets.  De  celte  porte  principale  on 
accède  à  la  dite  chapelle  au  moyen  de  neuf  marches  descendantes 
qui  étaient  comprises  dans  le  tambour  E  que  formait  tout  récem- 
ment encore  la  partie  du  milieu  du  dessous  de  la  tribune.  La  partie 
de  gauche  de  ce  dessous  servait  de  dépôt  de  chaises,  et  celle  de 
droite  donnait  accès  à  la  tribune  au  moyen  de  l'escalier  F.  L'esca- 
lier G  situé  sur  la  tribune  même  et  aboutissant  à  la  porte  H  du 
premier  étage  de  l'hôpital  permettait  aux  militaires  de  venir  direc- 
tement de  leurs  salles  assister  aux  offices.  Deux  immenses  bancs- 
d'œuvre,  surélevés  d'une  marche,  se  remarquent  en  K  et  en  L,  et 
à  Tune  des  extrémités  du  banc-d'œuvre  de  droite,  en  M,  se  trouve 
la  chaire.  En  se  dirigeant  vers  le  maître-autel,  on  arrive  à  une 
marche  cintrée  en  plan.  Cette  marche,  avec  la  balustrade  fixée  à  | 

son  bord,  délimite  le  chœur  N.  Aux  extrémités  de  la  dite  marche 
se  trouvent  à  droite  et  à  gauche  les  stalles  du  chœur,  au  nombre 
de  douze.  De  ce  dernier  on  accède  à  l'autel  au  moyen  de  quatre 
marches.  Cette  chapelle,  qui  a  36",07  de  longueur  sur  H",09  de 
largeur  et  11"',38  de  hauteur,  est  éclairée  par  huit  grandes  baies 
à  plein-cintre  et  est  garnie  d'un  plafond  droit  en  mortier  se  raccor- 
dant aux  parois  verticales  des  murs  au  moyen  de  voussures  égale- 

(1)  Voir  plus  loin  le  procès- verbal  de  la  séance  du  26  décembre  1905. 


LA   CHAPELLE   DE   L^HOPITAL   DE   LIMOGES  69^ 

ment  en  mortier.  Les  arcs  des  dites  baies  foDt  pénétration  dans  ce 
dernier. 

Entre  la  tribune  et  les  premières  baies  de  droite  et  de  gaache,  il 
y  a  de  cbaqae  côté  ane  baie  simulée  par  le  pinceau.  II  n'y  a  ni  mou- 
luration  ni  sculpture  aux  parois  et  au  plafond  de  la  chapelle;  toute 
leur  ornementation  consiste  dans  une  décoration  peinte  et  médiocre, 
simulant  aux  entre-axes  des  baies,  à  partir  du  dessus  du  lambris,  des 
pilastres  en  relief  qui  supportent  un  entablement  au-dessus  duquel 
se  trouvent  rangés,  également  en  relief,  des  caissons  sur  le  plafond  ' 
et  les  voussures.  Au  milieu  du  plafond  de  la  première  travée,  au- 
dessus  du  cbœur,  se  trouve  peinte  la  Trinité  ;  au  milieu  du  plafond 
de  la  travée  à  la  suite  est  peint  le  monogramme  du  Christ,  et  le 
milieu  de  la  troisième  travée  comporte  des  anges.  Il  y  avait  encore 
un  autre  motif-milieu  à  la  quatrième  travée,  qui  a  disparu  par 
suite  de  la  brèche  qui  s'est  faite  il  y  a  quelques  mois  à  la  toiture, 
une  partie  de  la  charpente  et  du  plafond  au-dessous  s'étant 
effondrée. 

Les  huit  baies  qui  éclairent  la  chapelle  sont  garnies  de  vitraux 
modernes  de  bonne  facture.  Le  premier  vitrail  de  gauche  à  partir 
du  maître-autel  représente  la  Mère  de  Dieu.  Le  vitrail  à  la  suite 
représente  le  bicnheui*eux  Joseph  Labre.  Un  cartouche  figure  sur 
le  troisième  vitrail  avec  l'inscription  :  Beati  pauperes  spiritu,  Matth.y 
V,  7.  Le  quatrième  vitrail  de  gauche  porte  un  cartouche  dans 
lequel  se  trouve  Tinscription  :  Malien  de  Savignac  fundator  hoep, 
gen.  Lemov,  1659. 

A  droite,  à  partir  du  mallre-autel,  figure  sur  la  première 
verrière  saint  Joseph,  sur  la  deuxième  se  trouve  sainte  Germaine 
Cousin,  sur  la  troisième  dans  un  cartouche  il  y  a  Tinscription  : 
Beati  miséricordes,  Matth.  V.  7,  et  enfin  la  quatrième  verrière  de 
droite  comporte  également  un  cartouche  avec  Tinscriplion  :  Maria 
de  Petiot,  fundatrix  Congreg.  S^-Alexis,  1659, 

Sur  la  paroi  du  mur  de  gauche,  entre  la  première  et  la  deuxième 
baie,  à  partir  du  maître  autel,  se  trouve  appendu  un  tableau  peint 
représentant  saint  Alexis. 

£n  face,  entre  la  première  et  la  deuxième  baie  de  droite,  se  trouve 
un  autre  tableau  qui  met  en  scène  saint  Charles  Borromée. 

Enfin,  en  plein  milieu  du  rétable,  au-dessus  du  maitre-autel,  se 
montre  une  toile  peinte  qui  a  pour  sujet  la  Descente  du  Saint- 
Esprit. 

Ces  trois  toiles  sont  des  peintures  de  valeur. 

Tout  le  fond  de  cette  grande  chapelle,  tant  en  largeur  qu'en  hau- 
teur, est  pris  par  le  rétable  qui  se  divise  en  trois  parties.  A  la  partie 
du  milieu  est  accolé  Tautel,  et  les  deux  parties  extrêmes  compren- 


696  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

neDt  cliacuDc  une  immeose  niche  au-dessous  de  laquelle  se  trouTC 
pratiquée  une  porte  qui  donne  accès  h  la  sacrislie  E'. 

Dans  la  niche  de  gauche  est  placé  le  Chrisl,  et  dans  celle  de 
droite  se  trouve  la  Vierge. 

Ces  deux  statues  sopt  plus  grandes  que  nature. 

Les  trois  parties  du  retable  sont  accentuées  par  quatre  puissantes 
colonnes  torses  sur  les  spires  desquelles  s'allie  la  faune  à  la  flore, 
la  première  étant  représentée  par  des  animaux  divers,  et  la  seconde 
par  du  pampre. 

Le  tout  est  doré  en  plein,  sauf  la  plupart  des  figurines  qui  sont 
peintes. 

Cette  œuvre,  de  grande  valeur,  complètement  en  bois,  est  due 
au  ciseau  de  Martin  Bellet,  sculpteur  limousin. 

Elle  date  de  la  dernière  moitié  du  X  VII^  siècle,  et  rappelle  l'archi- 
tecture de  la  Renaissance  italienne  que  Varliste  a  dû  visiter  avant 
de  commencer  son  œuvre. 

Les  reproductions  photographiques  ci-annexëes  indiquent  mieux 
que  nous  ne  saurions  le  faire,  ce  qu'il  y  a  de  beau  et  d'original 
dans  cette  conception,  pour  la  réalisation  de  laquelle  il  a  été 
dépensé  beaucoup  de  talent  et  probablement  beaucoup  d'argent. 

Une  observation  doit  cependant  être  faite  au  sujet  du  morceau 
de  sculpture  qui  renferme  deux  anges  placés  au-dessus  et  à  droite 
et  à  gauche  du  tabernacle.  Cette  partie  de  sculpture  nous  parait  ne 
pas  avoir  la  même  valeur  que  le  reste  du  retable  et  est  certaine- 
ment sortie  d'autres  mains  que  de  celles  de  maître  Bellet. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut,  il  s'est  produit  il  y  a 
quelques  mois  une  brèche  à  la  toiture  et  au  plafond. 

Cette  brèche  qui  laisse  la  chapelle  à  ciel  ouvert  sur  toute  la  sur- 
face marquée  en  plan  par  les  lettres  OPRQ  n'est  pas  un  mal  irrépa- 
rable, et  nous  sommes  vraiment  étonné  que  l'on  n'ait  pas  encore 
songé  à  y  porter  remède  en  adoptant  une  des  deux  solutions  sui- 
vantes, nécessitées  l'une  ou  Tautre  par  le  projet  de  l'extension  que 
l'administration  désire  donner  à  l'hôpital  militaire. 

La  première  solution  qui  consiste  à  construire  un  bâtiment  à 
retour  d'équerre  du  bâtiment  actuel,  sur  le  rectangle  STVU  du 
plan,  permettrait  à  l'administration  de  satisfaire  à  toutes  les  con- 
ditions d'hygiène,  pour  ce  nouveau  bâtiment,  tout  en  maintenant 
la  grande  chapelle  actuelle  dans  son  intégralité;  et  pour  l'y  main- 
tenir on  pourrait  d'urgence  faire  réparer  sa  charpente  de  toiture, 
remettre  en  état  son  plafond  au  droit  de  la  brèche  OPRQ,  et  faire 
disparaître  les  fuites  de  couverture  qui  se  sont  produites  au-dessus 
de  la  tribune  et  de  l'orgue  qui  s'y  trouvait. 

II  nous  paraît  regrettable  que  celte  tribune  et  cet  orgue  aient 


M.  Chiire:    N,  < 


I  lUapUal  millUire  ;  t>\  Chap 


La  chapelle  de  l^iiopital  de  limooes  697 

élë  déposés,  attendu  qae,  celte  solution  du  bûlimcnl  à  retour 
d'équerre  nous  semblant  absolument  pratique,  la  somme  que  hm 
a  déjà  dépensée  pour  la  dépose  de  la  tribune  et  de  Torgue,  ajoutée 
à  celle  que  Ton  dépensera  encore  pour  lear  repose,  forment  une 
dépense  considérable  que  Ton  aurait  pu  éviter  en  couvrant  provi- 
soirement l'orgue  pour  le  protéger  des  eaux  pluviales  pendant  la 
réparation  de  la  toiture  an-dessus. 

En  admettant  que  cette  solution  ne  puisse  convenir,  il  s'en  pré- 
sente une  seconde  qui  consiste  à  allonger  le  bfttiment  actuel  en 
plaçant  la  nouvelle  construction  sur  le  trapèze  TWXZ  du  plan.  On 
isolerait  cette  rallonge  au  moyen  d'un  espace  libre  de  six  mètres 
de  largeur  qu'on  laisserait  entre  sa  façade  WX  et  le  nouveau 
pignon  A'B'  de  la  grande  chapelle  et  de  celles  à  côté.  La  longueur 
de  la  grande  chapelle  qui  est  de  36"07  serait  ainsi  réduite  à  49  mè- 
tres. Nous  disons  que  la  première  solution  nous  parait  préférable  à 
la  seconde  parce  que  :  i"*  la  partie  à  retour  d'équerre  serait  mieux 
aérée,  mieux  ventilée;  2^  la  grande  chapelle  et  ses  annexes  pour- 
raient être  intégralement  maintenues. 

Nous  dira-t-on  que  les  murs  dont  les  parties  au  droit  de  la  brèche 
sont  exposées  de  tous  côtés  à  la  pluie,  depuis  quelques  mois  déjà, 
pour  des  motifs  ignorés  par  nous,  sont  hors  d'état  de  continuer  à 
supporter  la  charpente  de  toiture  et  le  plafond  ?  Nous  ne  le  pensons 
pas.  Sans  doute,  il  y  a  au  point  H'  de  la  tête  du  mur  de  la  façade 
principale  de  la  chapelle  une. crevasse  verticale;  sans  doute  il  y  a 
une  partie  du  mur  latéral  de  droite  qui,  à  partir  du  dit  point  H', 
est  hors  d'aplomb;  mais  cela  ne  prouve  pas  que  les  murs  qui  ont 
0'"90  d'épaisseur  menacent  ruine,  et  cela  ne  prouve  pas  qu'ils  sont 
mauvais  dans  leur  ensemble.  A  notre  avis,  ils  nous  paraissent 
encore  parfaitement  propres  à  supporter  le  plafond  et  la  charpente 
actuels  ainsi  que  le  plafond  eX  la  charpente  que  va  nécessiter  la 
fermeture  de  la  brèche;  mais  il  ne  faudrait  pas  les  faire  péricliter 
en  laissant  les  eaux  pluviales  continuer  à  s'y  infiltrer  par  leur 
dessus,  et  miner  tout  leur  intérieur. 

Les  mesures  préventives  ne  manquent  pas  à  cet  effet. 

Quant  aux  bois  de  charpente,  nous  estimons  que  les  pièces  qui 
sont  mauvaises  sont  faciles  à  remplacer. 

Dans  quel  but  défendons-nous  aujourd'hui  le  maintien  de  la 
grande  chapelle,  soit  entière,  soit  rognée?  Dans  l'unique  but  de 
conserver  au  rétable  qui  est  une  œuvre  d'art  dans  toute  l'acception 
du  mot,  une  œuvre  faite  par  un  artiste  limousin,  ce  qui  lui  sert 
d'abri,  c'est-à-dire  la  grande  chapelle  dont  toute  la  largeur  et 
presque  toute  la  hauteur  sont  prises  par  le  retable. 

Nous  nous  demandons  quel  pourrait  être  à  Limoges  l'édifice 

T.   LV  47 


69d  SOGléri   ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

assez  grand  et  assez  convenable  pour  I«  recevoir,  dans  le  cas  où 
Tadminislration  tiendrait  absolument  à  se  débarrasser  de  cette  cha- 
pelle et  de  ses  annexes. 

Nous  ajoutons  de  ses  annexes^  parce  que  celles-ci  ne  pourraient 
pas  conlinuer  à  subsister  isolément,  la  chapelle  une  fois  démolie. 

Nous  objeciera-t-on  que  l'argent  fait  défaut  pour  remettre  sur 
pied  celle  dernière  d*une  façon  ou  d'une  aulre,  afin  de  pouvoir 
laisser  le  retable  en  place  ?  Dans  ce  cas,  nous  répondrions  que  les 
escarcelles  des  fervents  de  Tart,  qui  sont  nombreux  à  Limoges, 
s'ouvriraient  bien  un  peu  pour  venir  en  aide  à  la  réaiisalion  de  nos 
désirs  que  partageront  certainement  tous  les  membres  de  la  Société 
archéologique  du  Limousin. 

Il  est  du  reste  à  noter  et  à  prendre  en  considération  que  la  dépose 
et  la  repose  du  rétable  à  un  aulre  lieu  pourrait  bien  coûter  près  de 
sept  mille  francs,  sans  compter  le  coût  des  raccords  d'épaufrures 
et  de  dorure  qu'entraînerait  ce  travail  de  dépose  et  de  repose. 

Ceci  dit,  n'omettons  pas,  avant  de  clore  la  présente  notice,  de 
dire  que,  comme  annexes,  il  y  a  lieu  de  compter  : 

1**  La  sacristie  qui  est  superbe  et  qui  est  située  derrière  le  retable. 
Elle  mesure  H"'09  sur  B^OO  de  largeur  et  4"4o  de  hauteur; 

3"*  Une  chapelle  à  gauche  de  la  grande,  mesurant  17"65  de  lon- 
gueur el  e^ST  de  largeur; 

3**  Une  chapelle  à  droite  de  la  grande,  qui  mesure  14"37  sur  6*46. 
Elles  communiquent  toutes  deux  avec  la  chapelle  principale  au 
moyen  de  deux  grandes  arcades  de  5"13  d'ouverture,  et  sont  pla- 
fonnées el  voussurées  de  la  môme  manière  que  celle  dernière, 
mais  en  bois.  Leur  hauteur  est  de  S^'TS; 

4**  Une  pièce  en  avant  de  la  chapelle  de  droite,  qui  sert  actuelle- 
ment de  dépôt  des  ornements  cultuels.  Au-dessus  de  cette  pièce  il 
y  en  a  une  autre  qui  sert  au  même  usage; 

S""  Quelques  dépendances  de  l'hôpital,  situées  à  gauche  de  la 
grande  sacristie  et  coupées  presque  à  leur  milieu  par  un  passage 
d'accès  à  celle-ci  ; 

6^  Une  courette  de  service  en  arrière  de  la  petite  chapelle  de 
droite,  comprenant  un  appentis  qui  sert  de  remise. 

Il  nous  parait  aussi  utile  de  mentionner  comme  toile  peinte  de 
valeur  le  tableau  appendu  dans  la  sacristie  et  qui  représente  le 
Christ  en  croix,  et  d'énumérer  les  toiles  que  nous  avons  vues  dépo- 
sées dans  la  grande  chapelle  et  qui  se  trouvaient,  avant  l'accident 
dont  il  vient  d'être  parlé,  accrochées  tant  dans  celle-ci  que  dans  la 
petite  chapelle  de  droite  à  côté,  savoir  : 
i.  Saint  Rocb; 
3.  La  Présentation  de  la  Vierge; 


LA-  CHAPELLE    DE    l'hOPITAL    DE   LIMOGES  699 

3.  La  Toussaint; 

4.  Le  Purgatoire  ; 

5.  La  Samaritaine; 

6.  Les  Rois  Mages  ; 

7.  Adam  et  Eve  chassés  du  Paradis  terrestre; 

8.  Le  Christ  au  jardin  des  Oliviers  ; 

9.  La  Cène; 

iO.  Sainte  Madeleine; 

U.  Saint  Dominique; 

42.  Saint  Jean-Baptiste. 

Les  numéros  S  et  9  entre  autres  sont  de  très  bonnes  peintures. 
Quant  aux  numéros  3  et  4  qui  ont  été  déchirés  lors  de  l^accident  par 
la  chute  des  matériaux,  ils  sont  peut-être  réparables. 

Le  numéro  7  est  le  seul  qui  soit  complètement  délabré  et  irré- 
parable. 

Enfin,  ne  laissons  pas  dans  Toubli  la  pénible  impression  que 
nous  avons  ressentie  quand  nous  avons  vu  dernièrement  les  sœurs 
de  rhospice  mettre  des  seaux  dans  les  deux  petites  chapelles  pour 
recueillir  une  partie  des  eaux  qui  venaient  les  envahir.  Nous 
sommes  convaincu  que  si,  aujourd'hui  encore,  les  inondations  de 
ces  deux  chapelles  continuent  à  se  produire,  c'est  de  la  faute 
des  sœurs,  assez  négligentes  pour  ne  pas  oser  porter  leurs 
doléances  auprès  de  Tadministration  qui,  certainement,  se  ferait 
un  devoir  de  leur  donner  satisfaction  en  faisant  exécuter  les  répa- 
rations nécessaires. 

Limoges^  le  if  décembre  1906, 

E.  WoTTLiNG,  Architecte. 


IL  —  Notice  historique 

La  chapelle  de  Saint-Alexis  fut  entreprise  au  commencement 
du  règne  de  Louis  XIV.  La  construction  en  était  achevée  au  milieu 
(]e  Tannée  4664  et  le  service  divin  y  fut  inauguré  au  mois  de  juillet 
de  la  même  année  (1). 

Les  frais  de  cet  édifice  avaient  été  couverts  par  les  libéralités  de 
Messire  de  Maledent  de  Savignac,  à  qui  Limoges  doit  un  ensemble 

(1)  Diaprés  les  Mémoires  mss»  de  Pierre  Mercier,  cités  par  P.  Laforest, 
Limoges  au  XVII*  siècle,  p.  428. 


700  SOCléTÉ    ARCHéOLOGlQUB  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

d*ëtablisseinents  élevés  surle  clos  Sainte- Valérie  :  THôpital  général» 
le  séminaire  de  la  Mission  el  le  séminaire  des  Ordinands  (1). 

Dans  la  pensée  de  M.  de  Maledent,  cette  chapelle  était  destinée 
uniquement  aux  exercices  religieux  des  Missionnaires.  Cest  donc  à 
eux  qu'il  en  fit  don  par  un  acte  en  règle  qu'homologua  Tévéque  du 
diocèse  en  1665,  et  que  lui-même  confirma  dans  son  testament  de 
4666  (2).  Il  étendit  en  même  temps  au  séminaire  des  Ordioands  la 
jouissance  de  Tédifice  (3). 

Comme  les  PP.  de  la  Mission  étaient  en  même  temps  chargés  de 
rassistance  spirituelle  des  pauvres  et  des  malades  de  rhôpKal, 
il  parut  tout  indiqué  d'étendre  à  ceux-ci  le  bénéfice  de  la  donation  (4). 
Il  fut  donc  stipulé  qu'ils  y  seraient  admis  chaque  dimanche  pour 
la  célébration  des  offices  et  qu'ils  occuperaient  le  collatéral  de 
droite,  comme  étant  le  plus  rapproché  de  l'hôpital.  Quant  aux 
administrateurs  de  l'hôpital,  ils  avaient  un  banc  réservé  dans  le 
chœur  môme  (5). 

Ce  régime  a  duré  jusqu'à  la  Révolution  (6),  à  ce  détail  près  que 


(1)  Voy.  les  Actes  testamentaires  de  Maledent  de  Savignac^  publiés 
dans  le  t.  II,  p.  133,  de  nos  Doc,  hist.  sur  la  Marche  et  le  Limousin^ 
Cf.  la  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  fondation  de  VHôpital,  de  la, 
Mission  et  du  Séminaire,  publiée  par  M.  Tabbé  Lecler  dans  ses  Chron. 
ecclés,  du  Limousin,  p.  7  et  ss. 

(2)  Publié  par  A.  Leroux,  Doc.  hist.,  II,  p.  140,  et  par  M.  l'abbé  Lecler, 
Chron.  ecclés. ,  p.  112. 

(3)  «  Item,  je  conûrme  et  réitère  et  donne  de  nouveau  et  par  un 
d'abondant  Téglise  de  Saint-Alexis,  avec  les  sacristies,  proche  THos- 
pilal  général  au  séminaire  de  la  Mission  et  des  Ordinands...»  (Doc. 
hist.,  II,  137). 

(4)  «...  A  la  charge  que  le  contrat  fait  avec  les  sœurs  de  Saint- Alexis 
sera  ponctuellement  exécuté  et  que  les  chapelle  et  chœur  que  j'ay  fait 
bastir  pour  les  pauvres  enfermés,  seront  entretenus  aux  frais  communs 
du  séminaire  de  Tune  et  Tautre  maison  »  [Ibid.). 

(5)  Voy.  l'acte  d'homologation  par  l'évêque  de  Limoges,  déjà  cité.  — 
Le  premier  registre  des  délibérations  du  Bureau  de  l'hôpital  (1661-1726) 
fournirait  sans  doute  bien  des  détails  intéressants  à  cet  égard,  si  on 
pouvait  le  consulter.  Ce  registre  était  en  1862  aux  mains  des  religieuses 
de  Saint-Alexis  d'après  M.  P.  Laforest  {Limoges  au  XVII^  siècle,  2«  édit., 
p.  496). 

(6)  «  Les  Missionnaires  font  le  service  de  l'église  de  Saint-Alexis, 
qui  est  commune  à  THopital  et  à  la  maison...  »  (Gilles  Le  Duc,  Etal  du 
clergé  de  Limoges,  1702,  publ.  par  M.  Lecler,  Bull.  Soc.  arch.  du  Li- 
mousin, XLVI,  p.  389).  Cf.  l'abbé  Bullat,  Tableau  ecclés.,  publ.  par 
M.  l'abbé  Lecler,  Arch.  hist.  du  Limousin,  II,  430. 


LA    CHAPELLE    DE    l'hOPITAL    DE    LIMOGES  70i 

le  séminaire  des  Ordinands  eut,  à  partir  de  4674  environ  (1),  une 
chapelle  en  propre  sous  le  vocable  de  sainte  Marie  (2). 

Le  départ  des  PP.  de  la  Mission  au  commencement  de  la  Révolu- 
tion, et  la  conflscation  de  leurs  biens  eurent  pour  effet  de  faire 
entrer  leur  chapelle  dans  le  domaine  de  TEtat  (3).  Elle  fut  concédée 
à  THôpilal  général,  en  même  temps  que  les  bâtiments,  cours  et 
jardins  des  Missionnaires,  par  une  décision  des  pouvoirs  publics 
(15  nivôse  an  XII  =r  6  janvier  1804),  en  remplacement  de  certains 
biens  dont  ce  même  établissement  avait  été  dépouillé  (4).  Depuis 
lors,  elle  a  été  désignée  couramment  sous  le  nom  de  chapelle  de 
rHôpital  (5). 

Les  dimensions  de  la  chapelle  de  Saint-Alexis  sont  indiquées 
dans  l'acte  d'homologation  dont  nous  avons  parlé.  Elle  mesurait 
134  pieds  de  longueur  sur  40  pieds  de  largeur.  De  chaque  côté  de 
sa  nef  oblongue,  à  fond  plat,  il  y  avait  deux  collatéraux  plus  bas, 


(1)  Voy.  Tacte  de  séparation  de  biens  faite  entre  le  séminaire  de  la 
Mission  et  celui  des  Ordinands,  1674,  publ.  par  M.  Lecler,  Chron,  eccL, 
p.  115  :  art.  13,  «  A  Tégard  de  l'église  qui  jusqu'à  présent  a  esté  com- 
mune à  toutes  les  deux  maisons,  il  a  esté  expressément  convenu  et 
accordé  qu'elle  demeurera  propre  et  particulière  à  la  dite  maison  de  la 
Mission,  nonobstant  la  donation  faite  par  feu  M.  de  Savignac...  A  la- 
quelle donation...  le  séminaire  des  Ordinands  a  renoncé...  » 

(2)  Cette  chapelle,  démolie  depuis  près  d'un  siècle,  figure  sur  le  Plan 
de  Limoges  de  l'abbé  Legros,  conservé  à  la  Bibliothèque  communale  de 
notre  ville.  Elle  fut  église  paroissiale  de  1802  à  1822  environ.  Son  voca- 
ble fut  alors  transféré  à  l'anciejQne  église  Saint-Thomas-d'Aquin  des 
PP.  Jacobins.  Voy.  Allou,  Description  des  monuments  de  la  Haute- 
Vienne,  p.  197  et  221. 

(3)  En  1796,  le  Bureau  de  l'hôpital  adressait  à  l'administration  du 
département  une  pétition  pour  obtenir  la  mise  en  vente  de  la  maison, 
jardin  et  ci-devant  église  de  la  Mission.  (Voy.  notre  Invent,  des  arch. 
hospit,,  reg.  E.,  2,  f»  273  v»). 

(4)  Renseignements  que  nous  devons  à  Tobligeance  de  M.  Morel, 
secrétaire  en  chef  de  l'hôpital  général. 

(5)  Le  second  registre  des  délibérations  de  la  Commission  adminis- 
trative de  l'hôpital  fait  mention  [î^  104),  d'une  lettre  de  cette  commis- 
sion au  préfet  du  département  (19  janv.  1808))  relativement  «  à  la  suc- 
cursale de  Sainte-Marie  [des  Ordinands]  que  l'évêque  désirerait  de 
porter  dans  l'église  de  la  Mission  ».  D\ine  pièce  conservée  aux  Archives 
départementales  (Q,  320),  il  résulte  qu'en  l'an  Xî  (1803)  l'église  de  la 
Mission  desservait  les  quartiers  de  Sainte-Claire,  Saint>Gérald  et  Saint- 
Cessateur. 


702  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

plus  élroils,  plus  courts,  auxquels  on  accédait  par  deux  larges 
baies  percées  à  l'entrée  du  chœur.  Sur  chaque  côté,  la  nef  était 
éclairée  par  quatre  grandes  fenêtres,  le  collatéral  de  droite  par 
quatre  autres  plus  petites,  le  collatéral  de  gauche  par  deux  seule* 
ment  (1). 

Derrière  le  chevet,  on  avait  ménagé  deux  sacristies  par  le  moyen 
desquelles  on  communiquait  de  plain*pied  avec  THôpilal  et  avec  la 
Mission. 

La  façade  était  en  forme  de  pignon  ajouré  d'une  rosace  et  percé 
d'un  portail  bas,  à  cadre  rectangulaire,  qui  s'ouvrait  dans  l'axe  de 
la  nef.  Gomme  ce  portail  se  trouvait  en  contre-bas  du  sol,  on  y 
accédait  par  un  escalier  de  neuf  marches.  Celte  disposition  ne  con- 
tribuait pas  peu  à  diminuer,  en  apparence,  la  hauteur  de  la  façade. 

Sur  la  porte  d'entrée,  on  a  sculpté,  dans  un  cartel  exigu,  la 
légende  de  saint  Alexis  sons  son  escalier. 

  l'intérieur  aussi  bien  qu'à  l'extérieur,  la  chapelle  de  Saint- 
Alexis  était  d'une  simplicité  extrême,  voulue  par  le  fondateur  et 
conforme  à  l'esprit  et  à  la  règle  des  PP.  de  la  Mission. 

Les  deux  autels  qui  s'élèvent  à  l'extrémité  des  collatéraux  témoi- 
gnent eux  aussi  de  ce  parti-pris  d'éviter  la  recherche  artistique  et 
TeiTet  décoratif.  Ils  étaient  dans  le  style  classique  le  plus  sobre  (2). 

Il  en  était  vraisemblablement  de  même  de  Tautel  central  que 
nous  ne  connaissons  pas.  Il  fut,  en  effet,  remplacé,  tout  à  la  lin 
du  XVII**  siècle,  à  une  date  dont  on  n'a  point  conservé  le 
souvenir  par  un  superbe  et  giganles(|uc  retable  de  bois  dA  à  l'ha- 
bile ciseau  du  sculplcur  Martin  BcUct  (3).  Ce  morceau  remarqua- 

(1)  La  droite  d'un  édifice  est  naturellement  la  gauche  du  spectateur. 

(2)  A  en  juger  par  celui  qui  subsiste  dans  le  collatéral  de  gauche. 
Dans  le  collatéral  de  droite,  le  rétable  de  Tautel  principal  est  récent 
(vers  1880)  ;  Tautel  qui  lui  fait  face  est  plus  ancien,  mais  ne  remonte  pas 
bien  haut. 

(3)  C'est  du  moins  ce  que  dit  la  tradition  courante  à  Limoges.  De 
preuve  à  Tappui  nous  n'en  avons  pas  trouvé.  —  Martin  Bellet  (a/.  Bellay), 
est  signalé  plusieurs  fois  comme  maître  sculpteur  dans  VInverU,  des 
arch,  comm,  de  Limoges^  par  M.  Ant.  Thomas  :  en  1696  (GG.  115),  en 
1702  (GG.  190),  en  1710  (GG.  186),  et  en  1723  (GG.  62).  —  Par  Tart. 
GG,  186,  nous  apprenons  qu'il  construisit  le  rétable  de  l'église  de  Saint- 
Christophe.  C'est  sans  doute  peu  après  cette  date  de  1710  qu'on  lui 
commanda  le  rétable  de  Saint-Alexis.  —  L'abbé  Legros  (cité  par  M.  Ar- 
bellot,  JReo.  archéoL,  p.  35),  prétend  que  Bellet  vint  s'établir  à  Limoges  au 
commencement  duXVlII*  siècle.  L'art.  GG.  115  prouve  qu'il  s'y  trouvait 
déjà  en  1696.  Legros  ajoute  qu'il  mourut  après  1740.  Et,  en  effet,  nous 


LA    CHAPELLE   DE   L*IIOPITAL   DE   LIMOGES  703 

ble  atteint  le  plafond  de  la  chapelle  et  ne  mesure  pas  moins  de 
10  mètres  de  haut  sur  11  mètres  de  large.  Les  colonnes  torses  qui 
en  soutiennent  le  couronnement,  les  statuettes  qui  le  décorent,  les 
niches  et  les  cartouches  qu'on  y  a  multipliés,  les  dorures  qu'on  y  a 
prodiguées  forment  un  ensemble  chargé,  dans  le  goût  espagnol  ou, 
si  Ton  préfère,  dans  le  goût  des  autels  construits  par  les  Jésuites  (1). 

Comme  tous  les  sanctuaires  de  ce  genre,  celui  de  Saint-Alexis,  au 
double  titre  de  chapelle  des  Missionnaires  et  de  chapelle  de  THôpi- 
tal,  a  vu  venir  à  lui  de  bonne  heure  les  fondations  pieuses.  Nous 
avons  donné  ailleurs  le  relevé  des  principales,  d'après  les  regis- 
tres conservés  dans  les  archives  de  rétablissement  (2).  Nous  nous 
bornerons  ici  à  dire  qu'elles  furent  au  nombre  de  2301  pour  la 
période  de  126  années  qui  s'étend  de  1664  à  1790.  Actuellement, 
Faumônerie  de  l'hôpital  célèbre,  chaque  année,  environ  400  messes 
ou  services  fondés  par  des  familles  de  Limoges.  Le  total  des  fonda- 
tions antérieures  depuis  1802  (la  plupart  sont  périmées)  n'a  pu  être 
fait.  Mais  on  peut  l'évaluer  à  plusieurs  milliers  (3). 

La  chapelle  de  Saint-Alexis  ne  servait  pas  seulement  à  la  célé- 
bration du  service  funèbre  des  indigents  qui  mouraient  à  l'Hôpital  : 
nous  voyons  par  les  registres  qui  ont  été  conservés,  de  1669  à 
1792  (4),  que  les  PP.  de  la  Mission  y  baptisaient  aussi  les  enfants 
nés  accidentellement  dans  l'établissement  et  y  faisaient  abjurer 
tous  les  étrangers  et  soldats  protestants  qui  y  décédaient.  Parmi 
les  personnages  de  marque  qui  y  furent  enterrés,  nous  ne  connais- 
sons que  l'évéque  François  de  Lafayetle  qui,  par  son  testament  daté 
de  1670,  demandait  à  être  enterré  «  dans  la  chapelle  du  séminaire 
des  Ordinands  »  (5).  Son  désir  fut  exaucé  en  1676,  alors  que, 


savons  qu*en  1745,  il  était  chargé  par  les  religieuses  dominicaines  de 
Magnac-Laval  de  construire  le  tabernacle  de  leur  chapelle  (Invent,  des 
arc  h,  hospil,  de  Magnac-Laval,  E  22). 

(1)  Le  pavillon  qui  surmonte  le  tabernacle  est  un  morceau  rapporté 
après  coup  et  qui  s'ajuste  mal  au  reste  du  rétable. 

(2)  Invent,  des  arch.  hosp.  de  Limoges,  art.  C.  1. 

(3)  Renseignements  fournis  comme  précédemment  par  M.  Morel. 

(4)  Invent,  des  arch.  comm.  de  Limoges^  par  M.  A.  Thomas,  art. 
GG.  158  à  170.  Dans  VInvent.  des  arch.  hospit.  de  Limoges,  par  A.  Leroux, 
les  art.  C,  2  à  17,  qui  concernent  les  inhumations,  regardent  en  général 
les  droits  perçus  par  THôpital  sur  les  inhumations  faites  au  dehors. 

(5)  Voy.  son  testament  analysé  dans  notre  Inveni.  des  arch.  hospit., 
B,  4,  et  publ.  par  M.  Laforest,  Limoges  au  XVII^  siècle,  p.  642.  A  Tappui 
de  ces  deux  textes,  on  peut  citer  le  témoignage  de  Bonaventure  de 
Saint-Amable  (Annales,  867),  qui  est  contemporain  du  fait.  Cf.  Gilles 


704  SOCIÉTÉ    ARCHéOLOGlQUE    ET  HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

comme  on  la  dit  plus  haut,  la  chapelle  de  Saint-Âleiis  n^apparle- 
nail  plus  aux  Ordinands  (4). 

François  de  I^fayelt«  avait  légué  aux  PP.  de  la  Mission  uneertaiu 
nombre  d'objets culluels  (2J  Aucun  cependant  ne  parait  se  retrouver 
dans  le  trésor  de  la  chapelle,  composé  de  sept  pièces,  qui  a  été 
déposé  en  1902  au  Musée  Adrien  Dubouché  (3). 

Eu  i84S,  grâce  à  la  générosité  tle  quelques  personnes  de  notre 
ville,  la  chapelle  de  Saint-Alexis  subit  d'importantes  réparations  et 
fit  quelques  acquisitions  de  prix.  Les  dépenses  montèrent  à  40.000  fr. 

Réparations  et  acquisitions  furent  reprises  en  1864-65  (dépenses 
12.112  francs);  en  1868  69  (dépenses  10.200  francs),  et  en  1877 
(dépenses  5  225  francs).  En  voici  Texposé  détaillé  (4)  : 

1845 

MM.  les  administrateurs  donnèrent  d'une  bourse  noire 

pour  le  plafond 2.000  (4j 

Sœur  Saint-André  de  Nauclas 4.000    » 

Une  dame  dont  on  n'a  pas  le  nom 2.000    » 

Les  employées  de  rétablissement  vendirent  leurs  che- 
veux pour  faire  dorer  les  deux  grandes  statues. 

Mère  Saint-Martin  Rullier  donna 8.000    » 

Plusieurs  autres  sœurs  y  coniribuèrent,  quelques  em- 
ployés et  enfin  les  quêtes. 

La  chaire  coûta 1 .201    » 

L*appui  de  communion 400    » 

L'orgue 6.000    » 

Le  Duc,  Etat  du  Clergé  (Bulletin  de  la  Soc.  ardu,  XLVI,  p.  389)  et 
Bullat,  Tableau  de  Limoges  {Arch,  histor.,  II,  402),  publ.  tous  deux  par 
M.  l'abbé  Lecler. 

(1)  On  interpréta  son  désir  dans  le  sens  qu'il  lui  avait  sans  doute 
donné  lui-même  après  la  séparation  de  1674. 

(2]  Voir  le  testament  déjà  cité  (dans  notre  Invent,  des  Arch,  hospil.^ 
B.  4.) 

(3)  Il  se  compose  de  un  calice  du  XVI*  s.,  un  brûle-parfums  du 
XVII*  s.,  deux  bénitiers,  deux  tableautins  et  un  plat  en  étain. 

Le  calice,  daté  de  1555,  a  été  décrit  par  M.  L.  Guibert  et 
représenté  par  M,  J.  Tixier  dans  VArt  rétrospectif  à  l'Exposition  de 
Limoges  (1886),  p.  68  et  pi.  LUI.  Cf.  le  Catalogue  de  cette  même  expo- 
sition, n»  87  de  la  section  Orfèvrerie. 

(4)  Nous  devons  ce  relevé  à  une  obligeante  communication  de  M.  le 
Secrétaire  en  chef. 


LA    CHAPELLE   DE   l'hOPITAL    DE   LIMOGES  705 

186468 

Chapelle  de  la  Sainle-Vierge  (Bény,  à  Poiliers) 8.000    » 

Fondations,  pose 2.080    » 

Peinlures  et  autres  frais i .  200    *> 

Chandeliers  et  croix 822    » 

Gnlles  des  deux  chapelles 1 .000    » 

Chapelle  de  Saint-Joseph  et  diverses  autres  dépenses, 

environ i  .600    » 

Bancs  de  la  grande  chapelle 710    » 

C*est  de  ce  temps,  croyons-nous,  que  datent  les  peintures  à  la 
détrempe  qui  couvrent  les  murs  intérieurs.  Elles  sont  attribuées  à 
un  peintre  espagnol  dont  nous  n'avons  pu  malheureusement 
retrouver  le  nom  (1). 

1868-1869 

Toiture  en  zinc  de  la  chapelle  de  la  Sainte- Vierge 
(M.  Martin,  aumônier  fournit  1.200  francs;  Sœurs  de 

Saint-Alexis  3.000) 4.200    » 

Les  vitraux  de  la  grande  chapelle  (sœur  Saint-Prosper, 

née  Beaure  d'Augère) 6.000    » 

1877 

Réparations  de  la  sacristie  (M.  Martin,  aumônier)  : 

Menuiserie            —                          —                ....  2.726    » 

Mémoires  Gaston  et  Lavioletle            —                ....  112    » 

—  Gardelle  et  Chamaral          --      ^          ....  441     » 

—  Réa  —  ^  197    » 

Pendules 130    » 


(1)  C'est  à  ces  travaux  de  186i  que  semble  faire  allusion,  d'une  ma- 
nière d'ailleurs  incomplète,  le  passage  suivant  de  Limoges  et  le  Limousin, 
guide  de  Vélranger  (1865,  2«  partie,  p.  179)  : 

«  Il  y  a  quelques  années  à  peine  que  cette  église  [de  rhôpilal]  vient 
d'être  richement  décorée  et  embellie,  grâce  au  legs  d'une  des  supérieures 
qui  avait  laissé  après  sa  mort  une  somme  à  cette  intention  »>. 


'•s 


706  sociérà  archéologique  et  uistorique  du  limousin 

Echelles  à  coulisse             (M.  Martin,  aumdDier) 137  » 

Bibliothèque  (menuiserie}                  —              650  » 

Harmonium                                       —              600  » 

Quatre  bras  pour  le  gaz                     —              240  » 

Ces  embellissements  répétés  donnèrent  à  la  chapelle  Taspecl 
dernier  sous  lequel  nous  Tayons  connue  et  que  nos  descendants  ne 
verront  point.  Il  était  donc  convenable  d'en  fixer  ici  le  souvenir. 

Alfred  Leroux. 


NOTAIRES    ARTISTES 


Ou  est  agréablement  surpris,  en  feuilletant  des  registres  prove- 
nant du  notaire  Bordas  (de  Saint-Léonard),  et  du  nolaire  Lafaye 
(des  Cars),  de  voir  certaines  pages  ornées  de  dessins  à  la  plume. 
Ces  registres,  déposés  aux  Archives  du  département  de  la  Haute- 
Vienne,  ne  contiennent  que  des  actes  rédigés  au  XV*  siècle.  Mais 
le  Bordas  notaire  aux  environs  de  1450  eut  pour  successeurs 
d'autres  Bordas  ;  et  c'est  à  un  de  ces  successeurs  vivant  au  XVI'  siè- 
cle qu'il  faut  allribuer  les  dessins  dont  nous  donnons  des  fac-similés. 
Il  est  probable  que  le  contemporain  des  Valois,  parcourant  les 
registres  de  son  prédécesseur  pour  le  besoin  de  son  office,  s'amu- 
sait à  en  illustrer  les  pages  blanches  dans  un  instant  de  loisir. 

Quant  aux  lettres  ornées,  elles  appartiennent  toutes  ou  presque 
toutes  au  XV«  siècle.  Les  letlres  de  la  planche  II,  sauf  celle  que  nous 
cotons  G',  sont  les  initiales  d'acles  authentiques  portant  leur  date. 
Ces  letlres  dénotent  une  certaine  imagination,  le  goût  de  la  compo- 
sition et  de  l'arrangement  des  lignes.  Un  art  tout  différent  se  révèle 
dans  les  dessins  de  personnages  ;  les  traits  de  la  physionomie  sont 
tracés  avec  un  certain  sens  d'expression  et  de  vie  ;  les  yeux  mêmes 
ne  sont  pas  loin  d'avoir  une  certaine  beauté. 

Nous  n'aurons  pas  le  ridicule  d'exagérer  la  qualité  artistique  et 
esthétique  de  ces  rapides  esquisses.  Mais  lancées  par  la  main  d'un 
homme  de  la  province,  à  une  époque  où  l'art  du  dessin  n'était  point 
vulgarisé  par  l'enseignement,  elles  ont  une  valeur  appréciable.  Tout 
au  moins  dénotent-elles  chez  le  tabellion  qui  se  plut  à  les  tracer 
un  penchant  pour  les  choses  artistiques,  qui  est  à  son  honneur. 

Le  même  nolaire,  notre  dessinateur,  était  aussi  poète  à  ses 
moments  perdus  ou  du  moins  s'efforçait  de  l'être;  il  a  semé  dans 
ses  registres  quelques  pièces  de  vers  qui  seront  prochainement 
publiées  par  notre  confrère  M.  Alfred  Leroux. 

Planche  /,  A,  A'.  —  Lettres  ornées,  de  style  gothique  fleuri 
(XV«  siècle),  relevant  non  de  l'art  du  dessin,  mais  de  l'art  de  la  cal- 
ligraphie cultivé  avec  amour  par  les  scribes  du  moyen-âge.  Ces 
deux  majuscules,  qui  sont  jetées  sur  une  feuille  de  garde,  dénotent 


708  SOCléTÉ   ARClléOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

une  décadence  de  goût  assez  sensible;  Timaginalion  se  donne 
carrière  et,  malgré  l'habilelé  du  scribe,  la  grâce  s'alourdit  et  la 
sobriété  devient  surcharge.  Ces  lettres  sont  extraites  d'un  registre 
du  notaire  Fagia  (ou  Lafaye),  notaire  de  la  seigneurie  des  Gars 
dans  la  seconde  moitié  du  XV*  siècle.  En  dehors  des  initiales  cou- 
vrant la  page  de  garde,  ce  registre  ne  contient  qu'un  dessin  (Voir 
planche  III,  G). 

Planche  Ilk.  —  La  lettre  II A  relève  du  même  art  gothique  que 
les  précédentes,  mais  n'est  pas  delà  même  main  (registre  Bordas)  ; 
le  scribe,  renonçant  aux  rinceaux  du  calligraphe,  fait  appel  à  une 
flore  et  à  un  feuillage  conventionnels. 

Planche  II,  B,  G,  G'.  —Il  semble  qu'il  y  ait  une  sorte  de 
filiation  entre  les  trois  D  que  nous  reproduisons  et  -qu'on  doit 
ranger  dans  la  catégorie  des  lettres  dites  lettres  à  cadre.  Pour  le 
premier,  qui  commence  une  formule  de  date  (Di^  prima,  etc.)  en 
Tannée  444S,  le  calligraphe  ne  s'est  servi  que  des  ressources  de 
son  art,  ornant  l'intérieur  de  la  panse  de  lignes  ondulées  et  d'un 
quadrillé.  La  forme  générale  de  celte  lettre  parait  avoir  inspiré  à 
un  scribe  postérieur  l'idée  d'une  transformation  curieuse  (II  G);  le 
contour  se  modifie  pour  permettre  l'inscription  d'une  figure 
d'homme;  la  hasle  devient  un  panache  de  plume;  les  mots  qui 
suivent  celte  initiale  sont  d'une  écriture  qu'il  convient  d'attribuer 
au  XVI"  siècle.  Entin  une  troisième  main  plus  habile  et  moins 
asservie  à  Timitation  a  repris  le  sujet  d'une  manière  moins  gros- 
sière (II  G).  Ges  deux  têtes  dessinées  de  face,  sont  des  sortes  de 
grotesques  à  nez  écrasés  et  fleuris;  chez  l'une  le  nez  surmonte  une 
bouche  très  grande  et  irrégulière,  ornée  d'une  moustache  et  d'une 
barbiche  baroque;  dans  l'autre  ligure,  la  fente  buccale  est  cachée 
par  un  dessin  ressemblant  à  une  feuille  polylobée.  Seuls  les  yeux 
présentent  un  certain  caractère  artistique;  ces  yeux  largement 
ouverts,  les  paupières  supérieures  de  forme  anguleuse,  surmontées 
de  l'arcade  sourciliëre  ayant  la  même  forme,  donnent  à  ces  têtes 
l'expression  de  l'attention.  Les  deux  lettres  sont  couronnées  d'une 
longue  plume  formant  panache,  et  entourées  d'une  torsade  rappel- 
lant  les  écharpes  qui  tombent  des  chaperons  de  la  Gn  du  XV'  siècle. 

Sur  la  figure  II  G,  le  cou  est  enveloppé  dans  une  sorte  de  gor- 
gerin  couvrant  les  épaules. 

Planche  IIL  —  Les  deux  initiales  ornées  (III  A,  III  B)  commen- 
cent des  actes  datés  de  1445  [Personaliter  constituto  honesto  viro 
Pretoto  deu  Molar  mercatore  —  In  Dei  nomine).  Elles  portent 
nettement  la  marque  golhique.  comme  les  lettres  de  la  planche  I; 


NOTAIRES   ARTISTES  ^^09 

c*est  la  même  recherche,  le  même  luxe  de  coups  de  plume,  sauf 
uu  peu  plus  de  sobriété  peut-êlre.  Mais  de  plus  la  panse  du  P 
enferme  une  figure  naïvement  indiquée,  dans  rallitude  de  Tinvo- 
calion,  altitude  précisée  par  le  geste  des  deux  mains.  L'initiale  I 
présente,  en  dehors  du  corps  de  la  lettre,  un  protil  particulièrement 
grotesque  et  grimaçant;  c*est  une  déformation  bizarre  de  la  gothique. 

Planche  III,  G.  —  Au-dessus  d*une  maxime  latine  dont  Técrilure 
parait  être  du  XV®  siècle,  un  animal  fantastique,  rappelant  assez  ces 
monstres  dont  les  artistes  du  moyen-àge  ornaient  leur  vélin.  Cet 
animal,  en  qui  Ton  peut  voir  un  chien  accroupi  sur  son  train  de 
derrière,  tient  entre  ses  pattes  antérieures  une  cornemuse,  dont  sa 
bouche  ouverte  saisit  l'embouchure  et  joue.  Le  contour  des  formes 
rappelle  les  dessins  des  scribes  du  moyen-àge;  carie  trait,  lancé 
d'une  main  sûre  avec  une  plume  habile,  semble  plutôt  être  de  la 
calligraphie  que  du  dessin.  La  devise,  assez  ironique  pour  Thu- 
manité,  omnis  homo  est  animal,  est  conforme  au  symbolisme  des 
bestiaires  qui  furent  en  honneur  en  France  jusqu'au  début  du 
XVI-  siècle. 

Planche  IV.  —  Christ  assis  dans  les  nuages,  la  poitrine  nue, 
répaule  gauche  ainsi  que  la  partie  inférieure  du  corps  drapées  dans 
une  sorte  de  toge.  Dans  le  bras  droit  plié,  il  tient  la  croix,  instru- 
ment de  son  supplice.  À  la  partie  supérieure  de  cette  croix  se 
trouve  un  phylactère  où  sont  écrites  en  capitales  romaines  les  lettres 
INRI;  cette  inscription  n'étant  pas  en  lettres  gothiques,  on  pour- 
rait supposer  que  le  dessin  est  du  XVP  siècle.  Derrière  la  tête  un 
nimbe  circulaire,  dans  lequel  se  irouve  inscrite  une  croix  grecque 
curviligne.  La  léle  est  expressive  et  d'un  assez  joli  caractère  :  belle 
chevelure,  abondante  et  ondulée;  front  élevé;  arcades  sourciliè- 
res  d'une  belle  fermeté  ;  yeux  grand  ouverts  et  bien  dessinés  ;  nez 
arqué,  donnant  bienà  cette  tête  le  caractère  sémitique;  bouche  assez 
grande;  lèvre  inférieure  épaisse,  autre  caractère  de  la  race  sémite  ; 
moustache  peu  fournie,  mais  barbe  abondante  et  ondulée.  Torse 
décharné,  dont  la  maigreur  semble  accusée  par  des  traits  en  forme 
de  virgule  qui  représentent  les  saillies  des  clavicules  et  de  la  cage 
thoracique;  bras  musculeux  ;  avant-bras  fusiformes,  au  bout  des- 
quels de  grosses  mains,  avec  de  longs  doigts  gauchement  dessinés, 
portent  les  traces  des  stigmates;  le  bras  gauche  est  allongé  pour 
montrer  ces  traces.  Les  draperies,  d'un  dessin  un  peu  mou,  enfin 
les  pieds,  présentés  en  géométral  et  portant  également  les  stigma- 
tes, sont  d'un  dessin  plus  qu'enfantin  et  rappellent  les  productions 
artistiques  antérieures  à  la  Renaissance. 


710  SOCIÉTÉ   ARCHEOLOGIQUE    ET   HtSTORIQUÊ    DU    LIMOUSIN 

En  ce  qui  concerne  ce  dessin,  sans  pouvoir  en  préciser  la  dale, 
nous  sonames  portés  à  Tatlnbuer  à  une  main  du  XVI*  siècle,  à 
cause  des  ressemblances  que  la  facture  de  la  léte  présente  avec  les 
planches  suivantes  ;  les  yeux,  les  paupières  et  la  bouche  sont  de  la 
même  main.  La  page  portant  ce  Christ  est  placée  entre  des  actes 
de  14S7  ;  mais  Tensemble  de  cette  composition  paraît  appartenir  au 
XVI*  siècle.  II  ne  serait  pas  impossible  que  ce  fût  la  copie  d'une 
gravure  sur  bois  ou  d'un  émail  limousin. 

Planché  V.  —  Un  cavalier,  coiffé  d'un  chapeau  à  bords  rabattus 
avec  une  sorte  de  bourJalou,  qui  parait  être  du  XVP  siècle;  la 
tête  assez  forte  et  engagée  dans  les  épaules,  assez  bien  dessinées 
d'ailleurs,  fait  paraître  le  torse  du  cavalier  trop  court.  Gomme  dans 
les  précédentes  têtes,  Tarcade  sourcilière  fermement  indiquée, 
ainsi  que  les  yeux  grandement  ouverts  et  bien  dessinés.  Le  nez  est 
représenté  de  proHI  dans  une  tête  vue  de  trois  quarts;  la  bouche 
et  la  lèvre  inférieure  sont  figurées  par  une  simple  ligne  brisée;  le 
maxillaire  inférieur  et  le  menton  sont  largement  développés. 

Comme  costume,  une  sorte  de  hoqueton,  vêlement  droit,  ample  et 
court,  avec  manches  larges,  qui  doit  être  un  surtout  de  voyage; 
au  cou  une  petite  collerette  plate  et  rabattue  sur  le  vêtement.  La 
jambe  semble  être  habillée  du  maillot  collant  et  ne  pas  avoir  de 
trousses.  ^  La  selle  par  son  pommeau  a  tout  le  caractère  de  la 
selle  française  du  XVI*  siècle.  La  main  gauche  tient  les  rênes  qui 
sont  on  ne  peut  plus  floltanles;  elles  sortent  de  la  bouche  de  rani- 
mai saus  se  rattacher  au  licol,  et  se  croisent  sur  le  haut  de  Ten- 
colure. 

Le  cheval  est  d'un  fort  mauvais  dessin,  grêle,  et  semble  en  bois  ; 
la  tête,  vue  de  profil,  possède  les  deux  oreilles  de  face,  ainsi  qu'un 
œil  dessiné  à  la  façon  des  Egyptiens.  L'encolure  est  ornée,  à  l'aide 
de  larges  traits  de  plumes,  d'une  crinière  abondante  et  double.  La 
jambe  antérieure  a  la  même  forme  que  la  jambe  postérieure,  le 
jarret  y  tient  la  place  du  genou. 

Planche  Fi,  A.  —  Tête  d'homme  coiffée  d'une  haute  toque  à 
bords  bien  rabattus  avec  cordelière;  cheveux  longs,  tombant  sur  le 
col  ;  les  yeux  fermement  dessinés,  le  nez  de  même  ;  la  bouche  repré- 
sentée par  une  ligne  brisée;  l'ovale  de  la  tête,  de  même  que  le 
maxillaire  inférieur,  d'un  dessin  hésitant.  La  collerette  du  vêlement 
de  dessous  est -rabattue  sur  le  grand  col  saillant  de  la  casaque.  Le 
corps  du  personnage  est  enveloppé  dans  un  manteau  jeté  sur 
l'épaule  gauche  à  la  mode  espagnole.  L'ensemble  fait  penser  à 
l'époque  de  Charles  IX. 


NOTAIRES   ARTISTRS  711 

Planche  r/,B.  —  Jeune  homme  coiffé  d'un  chapeau  haut,  à  bords 
rabattus,  qui  fait  penser  à  ceux  dont  le  peintre  Leloir  aime  à  coiffer 
ses  jeunes  seigneurs  du  milieu  du  XVI*  siècle;  ce  dessin  vient 
prouver  une  fois  de  plus  que  le  couvre-chef  cylindrique  appelé 
haut-de-forme  a  bien  plus  d'un  siècle  d'existence.  La  tête,  vue  de 
face,  est  d'un  dessin  assez  nerveux,  sauf  le  nez  dont  le  contour  est 
indécis.  Vêtement  légèrement  indiqué  ;  une  casaque  avec  collerette 
plate  et  rabattue  ;  manches  droites  et  amples. 

Planche  YIU  A.  —  Tête  de  femme,  d*un  dessin  ferme,  les  yeux 
étant  la  partie  la  mieux  traitée  ;  le  front  haut  ;  les  cheveux  très 
remontés  donnent  assise  à  une  coiffure  dite  attifet,  formant  une 
sorte  de  dôme  qui  laisse  tomber  un  voile  sur  les  épaules.  Colle- 
rette en  forme  de  fraise.  Le  corsage,  entre  les  deux  barbes  de  la 
coiffure,  est  représenté  par  des  lignes  ondulées  qui  laissent  deviner 
un  plissé.  L'aspect  général  de  ce  personnage  fait  penser  aux  cos- 
tumes de  l'époque  de  Marie  Stuart. 

Planche  VII,  B.  —  Tête  d'homme  couverte  d'une  toque  assez 
haute  et  bordée  par  une  cordelière  qui  fait  songer  aux  coiffures 
que  portent  maints  personnages  de  Tépoque  des  Valois.  On  peut 
voir  une  toque  pareille  dans  le  portrait  de  Marie  Touchet  (collec- 
tion Racinel)  et  sur  la  lête  d*un  bourgeois  au  temps  de  Charles  IX 
dans  la  collection  Gaignières.  La  lête  de  trois  quarts;  les  yeux  assez 
fermement  desssinés;  le  nez  se  présentant  de  profll;  la  bouche 
assez  ferme,  notamment  la  lèvre  inférieure  ;  la  lèvre  supérieure 
ornée  d'une  moustache  fine  et  longue  ;  la  barbe  taillée  en  pointe 
rappelle  celle  que  portent  les  genlilhommes  au  temps  de  la  Ligue  ; 
le  tout  est  d'un  bon  dessin.  Col  en  forme  de  fraise  ;  manches  assez 
renflées,  ornées  de  festons  à  l'épaule  et  serrées  au  poignet.  De  la 
manche  sort  une  main  trop  petite,  d'un  dessin  ridicule,  qui  tient  et 
serre  sur  la  poitrine  une  paire  de  gants,  geste  que  l'on  voit  sur 
maints  portraits  de  la  seconde  moitié  du  XVP  siècle;  une  rangée 
de  boutons  sur  le  devant  du  pourpoint. 

Références 

PI.  I  A',  A.  —  Registre  9733,  feuille  de  garde  (notaire  Lafaye). 

PI.  II  A  —  Registre  2220,  P  30  V  (notaire  Bordas). 

PI.  II  B.  —  idem  idem 

PI.  II  C.  —  idem  idem 

PI.  II  C.  —  Registre 2220,  P  H  idem 

PL  III  A.  —  Registre  2220,  ^  26  v*  idem 

PL  m  B.  —  Registre  2220,  f»  28  v  idem 


71^  SOCléTlÈ    ARCHKOLOGIQtJfe    ET   ItlStORIQÙE    Dl)    LiMOCstS 

PL  m  C.  —  Registre  9733,  feuille  de  garde  V  CLafaye). 

PI.  IV  —  Registre  D  699*m,  P»  48frw  v»  (Bordasj. 

PI.  V  —  Regisire  E  iSil bu,  f«  77  V         idem 

PI.  VI  A.  —  Regisire  E  1817»û,  t'iObis         idem 

PI.  VI   B.  —  idem  f»29^^rV    idem 

PI.  VII  A.  —  idem  ^  29  t^r        idem 

PI.  VII  B.  —  idem  f83  idem 

Le  tout  aax  Archives  de  la  Haale-Vienne,  série  E. 

Paul-Laareot  Gourtot. 


Dessins  fac-similés  d'après  les  originaux,  par  Paul-Laurent  Coitrtot 


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Planche  VI 


LES    VOIES    ROMAINES 

EN      LIMOUSIN 


PREMIÈRE  PARTIE 

Sommaire.  —  Un  mot  de  préface.  —  Où  s'apprend  la  géographie  de  la 
Gaule.  —  Les  livres  de  Desjardins  :  sa  description  de  Tltinéraire 
d'Antonin,  de  la  Table  de  Peutinger,  de  la  Cosmographie  du  Raven- 
nate  ;  la  Commission  de  la  topographie  des  Gaules  ;  sa  carte,  le  rap- 
port de  M.  Alexandre  Bertrand.  —  Les  travaux  locaux  sur  les  voies 
romaines.  —  Géographie  du  Limousin  à  Tépoque  romaine.  —  Limites 
du  Limousin,  diaprés  M.  Deloche.  —  Le  Fines  du  côté  des  Pétro- 
cores.  —  Le  Fines  du  côté  des  Arvernes.  —  Les  agglomérations  à 
Tépoque  gallo-romaine,  dissémination  de  la  population  sur  le  terri- 
toire des  Lémovices  d'après  les  découvertes  de  cimetières,  tumuli, 
villas,  inscriptions,  monnaies,  poteries  et  autres  objets. 

Nous  avons  essayé,  dans  ce  travail,  d'ajouter  à  la  géographie 
physique  de  notre  province,  la  géographie  politique  à  Tépoque 
gallo-romaine,  en  indiquant  les  localités  connues  à  celle  époque 
et  les  voies  qui  les  mettaient  en  communication. 

On  sail  que  les  voies  romaines  étaient  jalonnées  par  des  relais, 
mutationes  et  des  lieux  de  repos,  mansiones,  dont  quelques-uns 
sont  encore  incertains,  et  que  parmi  les  relais,  ceux  placés  à  la 
limite  des  cités  porlaient  le  nom  de  Fines,  limites. 

Les  voies  romaines  conduisent  donc  à  rechercher  les  limites 
d'une  cité  déterminée  et  à  identifier  les  localités  désignées  comme 
stations. 

Parmi  ces  voies,  il  en  est  qui  sont  mentionnées  dans  les  Itiné- 
raires romains,  d'autres  non  citées,  sont  attestés  par  les  portions 
encore  subsistantes,  par  la  découverte  de  milliaires,  enfin  il  en  est 
d'autres  dont  il  subsiste  peu  de  choses  mais  qui  peuvent  être  consi- 
dérées comme  probables.  De  là  les  divisions  de  ce  travail. 

Il  convient  peut-être  tout  d*abord  de  dire  ce  que  Ton  entend 
par  voie  romaine  :  ce  sont  les  grandes  voies  construites  aux  frais 

T.  LV  48 


^14  sociéré  archÊoloûique  Et  ittâTORiQùB  dû  LtBtOCàlN 

de  rélât  qui  reliaient  les  capitales  des  différentes  cités  et  qni  per- 
mettaient d'exercer  une  surveillance  étroite  sur  le  pays.  Ces  voies 
correspondaient  à  ce  que  furent  plus  tard  les  routes  royales,  qui 
concouraient  au  même  but  le  rattachement  des  villes  principales 
entre  elles  et  avec  la  capitale  (1). 

En  même  temps  que  les  voies  construites,  il  existait,  comme  de 
nos  jours,  des  voies  de  moindre  importance  {semita,  trames),  met- 
tant en  communication  les  petites  agglomérations  ou  les  rattachant 
à  la  grande  voie  la  plus  voisine.  Nous  ne  nous  en  occuperons  pas, 
parce  que  n^étant  pas  construites,  elles  n*ont  pas  laissé  de  traces 
apparentes. 

Notre  travail  embrasse  le  territoire  de  la  Cité  des  Lemovices,  tel 
qu'il  existait  à  Tépoque  de  la  conquête. 

Nous  avons'  adopté  comme  mesures  de  longueur  celles  qu'indique 
M.  Ernest  Desjardins  (2)  :  le  mille  romain  (mtl/ta  passuum)  de  75  au 
degré,  de  1  k.  481  m.  80;  —  la  lieue  gauloise,  de  50  au  degré, 
de  2  k.  322  m.  ou  4  mille  4/2  romain. 

Nous  ne  chercherons  pas,  au  sujet  des  voies  des  Itinéraires,  à 
modifier  le^  distances  données  pour  appuyer  les  identifications, 
sauf  cependant  lorsque  la  distance  réelle  bien  établie  s'en  écarte. 
De  même  nous  ne  chercherons  pas  à  faire  dire  aux  noms  des  lieux 
dits  traversés,  autre  chose  que  ce  qu'ils  disent,  et  à  tirer  quand 
même  de  leur  étymologie  la  preuve  du  passage  d'une  voie. 

Aux  indications  qui,  d'après  Desjardins,  peuvent  aider  à  fixer  le 
passage  d'une  voie,  nous  ajouterons  les  établissements  des  cheva- 
liers de  rOrdre  du  Temple  ou  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  qui 
furent  placés  plus  tard  sur  le  bord  d'anciennes  voies  encore  utili- 
sées au  moyen  âge. 

(1)  Les  voies  romaines  se  divisaient  en  deux  grandes  catégorie,  les 
routes  impériales,  dites  aussi  consulaires,  prétoriennes,  stratégiques 
{vise  consulares,  prœtoriœ,  militares)  établies  et 'entretenues  aux  frais 
de  TEtal,  et  les  voies  communales  et  vicinales  entretenues  aux  frais  des 
villes. 

Les  grandes  voies  militaires  (vise  militares),  commencées  par  les  cen- 
seurs en  Italie,  poursuivies  dans  les  provinces  par  les  gouverneurs, 
furent  systématiquement  dirigées  sous  Auguste  et  ses  successeurs,  de 
Rome  vers  les  principales  frontières  de  l'Empire.  Le  service  des  postes 
{cursus  publicus)  ne  fut  pas  établi  sur  toutes  les  voies  publiques  [vise 
publicae).  A  plus  forte  raison,  les  routes  qui  ne  conduisaient  pas  d'une 
cité  à  une  autre,  les  voies  latérales  et  celles  qui  touchaient  les  fron- 
tières étaient  dépourvues  de  cursus  publicus.  (Darembeiig  et  Saglio, 
Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines.) 

1^2)  E.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  IV,  23. 


LB5  VOlKS  ROMAINES  EN  LIMOUSIN  7l$ 

Nous  pensons  que  les  ingénieurs  romains  n'ont  pas  tracé  leurs 
voies  sans  avoir  étudié  soigneusement  la  conGguration  du  sol  et 
que  c'est  à  bon  escient  qu'ils  ont  adopté  telle  ou  telle  direction. 
Les  voies  suivent  les  plateaux,  afin  de  mieux  surveiller  le  pays  et 
aussi  afin  d'assurer  leur  solidité  et  leur  conservation.  C'est  bien 
volontairement  que  certains  cours  d'eau  sont  évités  ou  qu'ils  sont 
traversés  dans  des  endroits  facilement  guéables. 

Bien  des  erreurs  auraient  été  évitées  par  les  auteurs,  s'ils  avaient 
mieux  étudié  la  direction  des  voies,  s'ils  s'étaient  mieux  rendu 
compte  de  l'idée  qui  a  présidé  à  leur  construction,  idée  basée  sur 
le  relief  du  sol. 


La  géographie  de  la  Gaule  a  fait  Tobjet  d'un  grand  nombre 
d'ouvrages  écrits  par  de  hautes  personnalités  du  monde  savant. 
Nous  avons  cherché  parmi  ces  ouvrages  ceux  qui  les  résument  tous 
et  nous  nous  sommes  appuyés  sur  ceux  d'Ernest  Desjardins  (1);  la 
Table  de  Peutinger  et  la  Géographie  de  la  Gaule  romaine.  La  moil 
de  son  auteur  (1886)  a  interrompu  la  publication  de  ce  dernier 
ouvrage.  Elle  a  été  reprise  par  H.  Longnon  qui  a  publié  le  tome  IV. 
Celui-ci,  qui  traite  du  réseau  des  voies  romaines  et  de  la  topogra- 
phie détaillée  a  été  forcément  écourlé,  bien  que  Desjardins  ait 
recueilli  de  nombreux  matériaux.  M.  Longnon  se  propose  de  mettre 
en  œuvre  ces  matériaux  et  de  les  publier  par  la  suite. 

Tel  qu'il  est,  le  tome  IV  servira  de  base  à  tous  les  travaux  que 
l'on  voudra  entreprendre  sur  la  géographie  de  la  Gaule  romaine.  Il 
est  surtout  consacré  aux  sources  de  la  topographie  comparée,  et  il 
contient  des  renseignements  précieux  sur  trois  documents  de  pre- 
mier ordre  :  l'Itinéraire  d'Antonin,  la  Table  de  PetiHnger  et  la  Cos- 
mographie du  Ravennate, 

Vltinéraire  d'Antonin,  d'après  Desjardins,  peut  remonter  au 
II*  siècle,  mais  il  a  été  complètement  remanié  au  IV*.  Il  ne  com- 
prend qu'un  certain  nombre  de  voies  romaines,  et  parmi  celles 
qu*il  cite,  une  seule  intéresse  le  Limousin.  Elle  a  pour  titre  : 
De  Aquitania  in  Gallias.  De  Burdigala  (Bordeaux)  à  Argantomagus 
(Argenton).  Nous  en  reproduisons  le  tableau  (2). 

(1)  Ernest  Dbsjardins,  La  Table  de  Peutinger  diaprés  Toriginal  con- 
serve  à  Vienne.  (Paris,  Hachette,  1869,  in-fol.).  —  Géographie  historique 
et  administrative  de  la  Gaule  Romaine.  (Paris,  Hachette,  1876-1893, 
4  vol.  in-8«). 

(2)  E.  Desjaroins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  IV,  68. 


716 


SOCléré  ARCHEOLOGIQUE.  ET    HISTORIQUE    DU-  LIMOUSIN 


De  Aquitania  in  Gallias 

De  Burdigala  (Bordeaux)  à  Argantomagus  (Argenton)  par  Agixmum 

(Agen),  Vesunna  (Périgueux)  et  Augustoritum  (Limoges)  (1) 


.NOMS 


Sirione 

Ussubium  ..,..., 


Fines  

Agiiinum 

Ëxcisum 

Trajectus 

Vesunna  


Fines  

Augustoritum  . . 

Arganlomago . . . 


VARIANTES 


Sirlone 

Uassubium,  Usubium 


Ëxusum  . . 
Travectus 


Uaesunna,  Vesunam, 


AguatorituaifAgustoricuin 

Aigntori«iii,  AifilUrrUa. 

irMbiMac*,  âifialo  na^o 


ME8URB8 

AKCIBNNBS 


KILOMETRES 


IDENTIFICATIONS 
MODERNES 


XV  milliaj33k.333m. 


XX  m. 


XXIIII  m . 

XV  m.  (3) 

XllI  m.  (4) 

XXi  m. 

XVIIl  m. 
XXI  m. 


44k  445  m. 

53k.  334  m 
33  k.  333  m. 
28k.  889  m. 
46k.  667  m. 

40  k.  000 111. 
46k. 667  m. 


XXVlIIm.  62k.  323  m. 
XXI  m.    |46k.667m. 


Gérons. 

Au  nord-est  de  M  ont- 

pouillon. 
Au  Doux. 
Agen. 
Ëysses. 
Le  passage  de  U  Dordogne 

à  1.500  m.  de  Couze. 
Périgueux. 
[Au  nord  de  Thiviers] 

Limoges. 
Argenton. 


Oq  remarquera  que  la  voie  indiquée  par  VlUnéraire  ne  va  pas 
directement  de  Bordeaux  à  Périgueux.  Elle  descend  à  Aginnutn 
(Agen)  pour  remonter  ensuite  de  celte  ville,  du  sud.au  nord,  en 
passant  par  Excisum  (Eysses)  el  Trajectus  (passage  de  la  Dordogne 
près  Couze). 

La  voie  de  Bordeaux  à  Bourges,  que  l'on  verra  plus  loin  à  la 
Table  de  Peulinger,  va  directement  de  Périgueux  à  Bordeaux,  en 
passant  par  Varatedum  (Saint-Vincent-de-Paul),  Corterate  {Couir^^) 
et  Canao  (passage  du  Salembre). 

La  Table  de  Peutinger,  du  nom  de  Conrad  Peulinger,  savant 
d'Augsbourg,  vivant  au  XVI'  siècle,  est  une  carte  manuscrite  et 
coloriée,  sur  onze  feuilles  de  parchemin,  exécutée  par  un  anonyme 
connu  sous  la  désignation  u  le  moine  de  Colmar  »,  qui  vivait  en 
1Î165.  Elle  esl  conservée  actuellement  à  la  Bibliothèque  de  Vienne 
(Autriche). 

M.  Desjardins  a  fait  une  savante  dissertation  sur  la  date  du  docu- 
ment et  sur  sa  composilion.  Il  a  établi  qu'il  «  ne  pouvait  avoir  été 
fait,  dressé  et  rédigé  en  une  seule  fois,  et  il  a  recherché  l'empreinte 


(1)  Desjardins,  Gaule  romaine^  IV,  68. 

\t)  Les  distances  sont  exprimées  eu  lieues  gauloises. 

'  ()  Xri  dans  UD  manuscrit. 

^-ij  XVI  dans  de  nombreux  manuscrits,  XI II,  leçoQ  isolée. 


LES  VOIES    DOMAINES  EN  LIMOUSIN  717 

des  diverses  époques  de  sa  rédaclion,  depuis  le  règne  d'Auguste 
jusqu'à  celle  de  Théodose  II  et  de  Justinien  ». 

Parmi  les  nombreuses  remarques  de  M.  Desjardins,  nous  relevons 
la  suivante  qui  s'applique  à  notre  région.  La  présence  du  nom  des 
Cambiovicenses  (1)  sur  la  Table  de  Peutinger  lui  fait  dire  : 

«  Peut-être  pourrait-on  tout  au  plus  tirer  quelques  conséquences 
favorables  à  l'ancienneté  des  noms  de  peuples  de  la  présence  des 
Cambiovicenses  qui  ne  correspondent  certainement  pas  au  territoire 
d'une  cité  et  ne  se  trouvent  mentionnés  nulle  part  ailleurs  ». 

«  Le  document  primitif  dont  le  moine  de  Colmar  nous  a  laissé  la 
copie,  dit  M.  Desjardins,  est  certainement  de  l'époque  romaine.  Il 
suffit  d'y  jeter  un  regard  pour  s'en  convaincre,  et  Mammert  a  pensé 
avec  raison  que  la  forme  bizarre  qu'y  prend  VOrbis  romanus^ 
lequel  est  comme  passé  au  laminoir  et  tellement  disproportionné 
dans  ses  dimensions  de  hauteur  et  de  largeur  (G'^SS  sur  0°'34  seule- 
ment) ne  saurait  s'expliquer  que  par  l'intention  de  reproduire  le 
dessin  de  ce  fameux  Orbis  pictus  d'Agrippa,  qui  se  voyait  sous  le 
portique  achevé  par  Paulla,  sa  sœur,  et  qui  devint  le  prototype  de 
toutes  les  cartes  géographiques  de  l'Empire.  On  conçoit  en  effet 
que,  voulant  représenter,  sous  un  long  portique,  le  «  dessin  gra- 
phique »  du  monde,  on  ait  dû  lui  donner  une  figure  convention- 
nelle singulièrement  élargie  dans  le  sens  de  Testa  l'ouest,  et  consi- 
dérablement resserrée  du  nord  au  sud  :  il  est  impossible  d'attribuer 
une  autre  cause  à  la  singulière  construction  de  la  carte  qu'a  copiée 
le  moine  de  Colmar  »  (2). 

Nous  reproduisons  ici  l'extrait  du  segment  1,  de  la  Table  de  Peu- 
tinger qui  embrasse  le  territoire  des  Lëmovices. 

Dans  les  vignettes  locales,  les  deux  tours  reliées  ensemble  dési- 
gnent des  chefs-lieux  de  cités  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas, 
les  mansiones  (3).  C'est  ainsi  que  nous  voyons  autour  de  Limoges  : 
Pèr\gueu%(Ve8unna),  kgen{Aginnum),  Cahors(Dtt7ona),  Saintes(Jf^- 
diolanum-Santonum)^  Poitiers  {Limonum),  Clermont  [Augusto  Ne- 
metum). 

(1)  Habitants  du  pays  de  Chambon. 

Le  mot  Cambiovicenses,  comme  le  nom  de  plusieurs  peuplades,  est 
placé  au  hasard  sur  la  Table  de  Peutinger  :  il  est  écrit  entre  les  trois 
établissements  balnéaires  Aquœ  Segestae,  Aquœ  Nisincii  et  Aquœ 
Bormonis,  Le  mot  Cadurci,  Cadurques,  est  écrit  au-dessus  de  Poitiers, 
au  lieu  de  Tètre  au-dessus  de  Cahors,  etc. 

M.  Deloche  (Géographie  de  la  Gaule,  p.  168  et  suiv.),  fait  du  pagus 
Cantbiooicensium  Tun  des  dix-buit  pagi  des  Lémovices  antérieurs  au 
Xll*  siècle. 

(2)  E.  Desjabdins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine^  IV,  73. 

(3)  E.  Desjardins,  op,  cit.,  IV,  107. 

T.  LV  48  a 


:il^OI.0GI(lim   ET    IIISTORIQUe    E 


Elirait  du  I"  segment  de  la  Table  de  Peul.rfr 


Redressement  de  l'exlniit  ci-<Ie«sus 


LES    VOIES    HOMAINES    EN    LIMOUSIN 


719 


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BjARDiNS,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  IV,  72). 

Pour  rintelligence  de  Textrait  ci-dessus  de  la  Table  de  Peutinger  (l***  segm.  original 
de  Vienne),  nous  donnons  la  carte  des  voies  avec  la  position  réelle  des  villes  en  ce 
oui  touche  le  territoire  des  Lémovices.  Nous  avons  numérotés  les  voies  de  1  à  6. 
Il  suffira  pour  les  suivre  de  se  laisser  guider  par  les  noms  des  stations. 

1.  De  Ljron  à  Saintes.  -  ...  Augustonomelum  (Clermont),  Ubium  (Olby),  Fines 
(Monteil-Guillaume),  Aciiodunum  (Ahun),  Praelorium  (Puy-de- Jouer),  Augustoritum 
I Limoges),  Cassinomaqus  (Chassenon),  Sermanicomagus  (Charmé),  Aunedonnacum 
(Aulnay),  Mediolanum  Sanionum  (Saintes)  (1). 

2.  I>e  Bourges  à  Bordeaux.  —  Avaricum  (Bourges),  Alerta  (Ardentes),  Argen- 
iomagus  (Argenton),  Prœtorium  (Puy-de-Jouer),  Augustoritum  (Limoges),  Ifines 
Thiviers,  Vesunna  (Périgueux),  Canao  (Passage  du  Salembre),  Corterate  (Coutras), 
Varatedo  (Saint- Vincent-de-Paul),  Burdigala  (Bordeaux). 

3.  De  Clermont  à  Poitiers.  —  Augustonemetum  (Clermont),  Caniilia  (Chantelle), 
Aquœ  Neri  (Néris),  Mediolanum  (Chàteau-Maillant),  Argeniomagus  (Argenton),  Fines 
Ingrandea,  Limonum  (Poitiers). 

4.  De  Poitiers  à  Bordeaux.  ~  Limonum  (Poitiers),  Rauranum  (Rom), 
Brigiosum{Bnoux) y  Aunedonnacum  (Axkïndiy),  Mediolanum  Sa/i/o/ium  ^Saintes),  Tarn- 
num  (2  kilomètres  de  Mérignac),  Blavia  (Biaye),  Burdigala  (Bordeaux). 

5.  DeLjfron  à  Bordeaux  par  Rodez.  —  ...  Divona  (Cahors),  /)e'o/in</(im  (Belvès), 
Excisum  (Eysses),  Aginnum  (Asen),  Fines  (Au  Doux),  r/ssu/>{(im  (Montpouillant),  Sirio 
(Cerons),  Burdigala  (Bordeaux). 

Nous  avons  indiqué  aussi  le  tronçon  qui  joint  Périgueux  à  Agen  par  Trajectus 
(passage  de  la  Dordogne  à  1.500  m.  de  Couze)  d'après  ritinéraire  d  Antonin. 

6.  De  Saintes  à  Pèri^eux.  —  Mediolanum  Santonum  (Saintes),  Condate  (à  2  k. 
d'Ars),  Sarrum  (à  500  m.  du  Plessac),  Vesunna  (Périgueux). 

Nous  n'avons  pas  à  parler  des  voies  dont  on  remarque  les  amorces,  puisqu'elles 
sortent  du  territoire  qui  nous  intéresse. 

(1)  Pour  cette  première  voie,  nous  indiquons  le  trace  primitif  d'Ahun  au  Puy-KJe- Jouer 
(Baint-Goussaud)  et  de  Chassenon  A  Aunapr  par  Charmé,  contrairement  à  MM.  Dcjtjardins 
et  Longnon,  qui  indiquent  un  til^acé  postérieur  d*Ahun  k  Limoges  par  Bourganeufet  Sauviat, 
et  de  Chassenon  à  Saintes  directement,  sans  passer  par  Aunay  On  verra  plus  loin  pour 
quelles  raisons.  De  plus,  nous  plaçons  Prœtoriom  à  Puy-de-Jouer  (Saint-Goussaud),  non 
à  Sauviat,  et  Sermanicomagus  à  Charmé,  non  à  Sainte-Sèvère. 


'  72) 


SOClÉrÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 


Nous  donnons  les  deux  tableaux  qui  concernent  noire  province, 
M.  Desjardins  a  scindé  en  deux  la  voie  de  Lyon  à  Sainles,  par 
Limoges,  Cliassenon  el  Aunay.  Nous  n*en  avons  fait  qu'une  seule 
pour  plus  de  clarté. 

De  Lugdunum  (Lyon)  à  Mediolanum  Santonum  (Saintes)  par  Aug^storitum 

(Limoges)  et  Aunedonnacum  (Aunay) 


NOMS    DE    LA. TABLE 


Lugduno  

Fore  Segustauarv. 

M^diolano 

Roidomna 

Ariolica 

Voroglo 

Aquis  CalLdis. . . . 
Aus.  Nemeto  . . . . 

Ubi..um 

Fines  

Acllodonum 

Pretorio ., 

Ausrito 

Cassinomago  . . . . 
Ser..ianicomago  . 

Auedonnaco 

Mcdiolano  Sanco- 


rum 


N»  DU 
SEGMKNT 
tt  diftaitll 

lUlsBrtt 

(lieues) 

KILOM. 

> 

I,G,2 
1,C,2 

XVI 

35,556 

I,C,2 

VIÎII 

20,000 

I,C,l-2 

XXII 

48,889 

I,C,l-2 

XII 

26,667 

I,C,l-2 

XV  nu 

42,222 

I,BC,l-2 

VIII 

17,778 

LB,2 

I,B,2 

VIIII 

20,000 

I,B,2 

X 

22,222 

I,B,l-2 

XX 

44,445 

I>B,l 

XVIII 

40,000 

1,B,1 

XIIII 

31,111 

I,AB,1 

xvu 

37,778 

I,A,1 

XVll  (?) 

37,778 

I,A,1 

I,A,1 

XVI 

35,556 

INDBNTIFICA.T10N8 
MODERNES 


NOMS  REDRESSES 


Lyon  . . 
Feurs . . 
Miolan 
Roanne 


Entre    Satnt-Martin-d*Cs- 
tréaux  ei  La  Pacaudière. 

Vouroux 

Vichy 

Clermont-Ferrand  ... 

Passage  de  la  Sioule  (1  ) 

La  Basse -Chaise  ^2). . 

^vnun  ..••..••■■••.•• 

Au  passage  de  la  Vigie 
com.  de  Sauviat  (3). 

Limoges 

Chassenon 

Sainte-Sévère  (4) . . . , 

Aunay 


Saintes 


Lugdunum. 

Forum  Segusiavoruni 

Mediolanum. 

Roidomna. 

Ariolica. 

Vorocium. 

Aquœ  Calidœ. 

Auguslonemetum. 

Ub...um. 

Fines. 

Agctodunum . 

Pnctorium. 

Augustoritum. 
Cassinomagus. 
Germanicomagus. 
Aunedonnacum. 

Mediolaaum  Santonam. 


De  Burdigala  (Bordeaux)  à  Avaricum  (Bourges)  par  Vesunna  (Périgueus) 

et  Augustoritum  (Limoges) 

Bordeaux 


Burdigalo 
Varatedo 
Corlerate. 
Ca...nao . , 
Vesonna  . 
Fines  .  • . . 


Ausrito 

Argantomago  . . . . 

Alerta 

Avaricum 


I,A,1 
I,A,1 
I,A,1 
I,A,1 
I,A,1 
I,A,1 

I,B,1 
I,B,1 
I,B,1 
I,B,1 


III 

6,666 

XVIII 

40,000 

XIX 

42,222 

X 

22,222 

XIIII 

31,111 

XIIII 

31,111 

XX  un 

53,334 

xnn 

31,111 

XXVII 1 

62,223 

St-Vincent-de-Paul  . 

Coutras 

Passage  du  Salembre 
Périgucux 

A  la  limite  den  passage»  de 
Saiot-Angel  et  de  Saiat- 
Mariial  de  Valette  (5). 

Limoges 

Argenton 

Ardentes 

Bourges 


Burdi};ala. 

Varatedum. 

Corterate. 

Vesunna. 
Fines. 

Augustoritum. 
Argentomagus. 
Alerta. 
Avaricum  (6). 


(1)  Olby,  qui  se  trouve  dam  la  direction  de  la  voie,  point  d'embranchement  de  la  voie  de  Clermont 
à  Péri^ueux  par  Ussel,  Tintignac  et  Brive. 

(2)  Moot«>il-Guillaame  (Creuse),  à  XV  lieues  gauloises  (33  k.  333)  d'Ubittm  (voyez  plus  loin). 

(3)  Puy-de-Jouer,  commune  de  Saint-Gouasaud  (Creuse).  Le  passage  de  la  Vige  est  sur  une  voie  aecon. 
daire  don;  il  sera  parlé  plus  l<>in. 

(4)  Charmé  (Charente),  à  XXIV  lieues  gsuloises  (53  k.  32S)  de  Chassenon.  Sainte-Sévère  est  aur  ane 


vo.e  secondaire  dont  il  sera  parlé  plus  loin. 
*5)  Thiviers,  comme  l'a  victorieusen 


victorieusement  démontré  M.  Deloche  (voyez  plas  loin^  Une  station  partageant 
la  (  (îistance  de  Périgueux  à  Limoges  en  trois  tronçons  de  31  k.  111  a  été  oubliée,  c'est  celle  de  Lm, 
située  prés  de  Is  gare  actuelle  de  Bussiëre-Galant.  Périgueux  est  à  100  k.  de  Limoges  et  non  à  63  k.  2^. 
(0)  Desjahdins,  Gaule  romaine,  IV,  146  et  147. 


LES  VOIEâ  ROMAINES  EN  LIMOUSIN  721 

La  Cosmographie  du  Ravennate.  «  Cette  Cosmographie,  dit 
M.  Desjardins,  rédigée  par  tin  Ravennate  anonyme  et  publiée  potir 
la  première  fois  en  1688  à  Paris,  par  Dom  Porcheron,  d'après  un 
manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  n'appartient  pas  à  Tëpoque 
romaine  :  elle  date  seulement  de  Tépoque  franque  et  n'est  pas 
antérieure  au  temps  de  Charlemagne,  mais  rédigée  à  Taide  de 
monuments  géographiques  plus  anciens,  elle  mérite  toutefois  de 
fixer  l'attention  des  érudits  qu'intéresse  la  géographie  de  l'Empire 
romain  ». 

M.  Desjardins  considère  l'œuvre  du  Ravennate  comme  un  texte 
dérivé  en  partie  de  la  Table  de  Peutinger.  Il  passe  ensuite  en 
revue  les  sept  régions  entre  lesquelles  le  Ravenuate  partage  la 
Gaule.  Notre  Limousin  fait  partie  de  la  sixième  :  la  Gnasconia  olim 
Aquitania,  qui  s'étend,  au  nord,  jusqu'à  la  Loire  «  qui  la  sépare 
des  Gaules.  On  ne  peut  indiquer  plus  clairement  le  Duché  de 
Gascogne  ou  d'Aquitaine  que  gouvernèrent  au  VII^  siècle  Eudon, 
Hunald  et  Waïfre,  les  adversaires  de  Charles-Martel  et  de  Pépin  le 
Bref». 

Il  décrit  les  montagnes  et  les  cours  d'eau  et  désigne  comme 
appartenant  à  la  Gasgogne  les  onze  rivières  suivantes  :  La  Loire, 
Ligeris,  qui  sépare  les  Gaules  de  la  Gascogne  ou  Aquitaine;  le 
Cher,  Cares;  l'Anglin,  Angxilis;  l'Allier,  Alere;  l'Indre?  Icara;  la 
Creuse,  Crosa*,  la  Vienne,  Vicenna;  la  Vézère,  Bicera;  la  Dordogne, 
Drononn;  le  Lot,  UUaj  et  la  Garonne,  Gamma, 

Dans  la  liste  des  vingt  villes  de  la  Gascogne,  le  Ravennate  ne 
donne  que  deux  noms  qui  nous  intéressent  : 

LimodicaSt  Limoges  et  Luci.  Il  dit  au  sujet  de  ce  dernier  nom  : 
<«...  L'ordre  qui  y  est  suivi  est,  jusqu'à  un  certain  point  géogra- 
phique, et  a  dû  être  emprunté  à  une  carte,  la  carte  routière  de 
l*empire  romain  —  qui  a  fourni  les  noms  des  stations  itinéraires 
d'Argenton,  de  Blaye  et  de  Chantelle,  peut-être  celui  de  Luci  qui 
rappelle  une  ancienne  population  et  un  castrum  du  pays  limousin. 
Les  Leuci  et  le  castrum  Leucus  sont  mentionnés  au  VIP  siècle  dans 
la  YitaS.  Vedasti  »  {{). 

Au  sujet  de  la  viabilité  en  Gaule  avant  les  Romains,  «  on  ne  peut 
contester,  dit  M.  Desjardins  que  les  Gaulois  eurent  des  chemins, 
comme  tous  les  peuples  du  monde  qui  ont  joui  d'une  civilisation 
relative,  on  peut  ajouter,  xomme  tous  les  groupes  de  société  qui 
ont  éprouvé  le  besoin  do  communiquer  entre  eux,  même  avant  les 
âges  historiques...  Personne  ne  peut  songer  h  nier  l'existence  de 

(1)  Nous  re viendrons  plas  loin  sur  ce  Luci. 


722  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOMQUB  DU  LIM0U8IK 

chemins  gaulois  et  de  communications  régulières,  actives,  suivant 
même  des  directions  fixes,  entre  les  différents  centres  de  peuples  ou 
de  «  cités  »  pour  employer  le  terme  dont  s*esl  servi  César;  mais 
nous  afl9rmons  que  c^s  routes,  qui  n*étaient  pas  <v  construites  », 
n'ont  pu  laisser,  en  conséquence,  aucun  vestige  appréciable,  ni 
même  distinct,  quant  à  leur  origine  et  quant  à  leur  époque,  rien  en 
un  mot  qui  puisse  donner  une  date  approximative  à  ces  «  chemins 
creux  »  dans  lesquels  on  a  pu  reconnaître  des  chemins  gaulois...  » 
Il  conclut  ainsi  :  «  il  n*y  a  jamais  eu  de  viabilité  générale  solide, 
durable,  bien  établie,  en  un  mot,  que  par  les  Romains  et  par  les 
ingénieurs  des  temps  modernes  (1)  ». 

Passant  à  la  viabilité  romaine  M.  Desjardins  pense  que  la  grande 
viabilité  en  Gaule  commence  avec  Auguste,  et  indique  la  part  qu'y 
prit  Agrippa.  Parmi  les  onze  voies  qui  existaient  en  Gaule  vers  le 
commencement  du  règne  d'Auguste,  il  cite  la  voie  qui,  de  Lyon 
gagnait  le  pays  des  Santons  par  le  Forez  et  l'Auvergne  et  celle  qui 
partant  du  Midi  sur  Bordeaux,  suivait  la  vallée  de  la  Garonne. 

Parlant  ensuite  des  bornes  milliaires  du  I*'  siècle,  il  constate  que 
l'on  trouve  des  milliaires  de  Claude  en  Auvergne  (route  d'Agrip- 
pa),  de  Lyon  chez  les  Santons.  D'après  l'ouvrage  de  Tudot,  ùs 
voies  romaines  dans  le  département  de  t Allier, .  de  nombreuses 
bornes  de  Claude  se  trouvent  dans  les  départements  de  la  Loire  et 
du  Puy-de-Dôme.  On  sait  que  la  borne  trouvée  à  Ahun  est  posté- 
rieure; elle  est  de  Gordien  III  (238-244),  (Espérandieu,  p.  43  et 
suiv.);  celles  de  Saint-Sulpice-le-Donzeil  et  de  Limoges  paraissent 
être  du  même  empereur.  Parmi  les  bornes  de  Sévère  Alexandre 
à  Théodose  (222  à  395)  il  cite  une  borne  de  Tetricus  sur  la  roule 
de  Poitiers  à  Saintes  dont  Tinscription  esta  peu  près  la  même  que 
celle  de  Saint-Léger-Magnazeix  décrite  par  M.  Espérandieu  (2). 

(i)  M.  Winkler,  auteur  d'un  travail  sur  les  Voies  romaines  en  Limousin 
a  bien  voulu  nous  le  communiquer.  Nous  lui  en  exprimons  tous  nos 
remerciements.  Dans  ce  travail,  il  donne  le  tracé  de  trois  voies  gauloises 
traversant  la  Cilé  des  Lémovices,  dont  il  croit  avoir  trouvé  des  restes. 

«  La  première  voie  gauloise  traversait  la  Gaule  du  Nord-Est  au  Sud^ 
Ouest  et  du  Centre  arvernique  se  dirigeait  vers  le  Centre  ibérique.  Dans 
la  Novempopulante  ce  chemin  est  appelé  la  Téranèse  (Voir  notre  notice 
sur  la.  Téranèse  dans  les  Voies  antiques  de  la  Notempopulanie  (1898)  et 
sur  les  Voies  antiques  de  l'Espagne  (1899)  ». 

«  La  deuxième  allait  de  Clermont  à  Limoges,  en  passant  par  Felletin, 
Peyrat-le-Chàteau,  Saint-Léonard  et  Feytiat. 

'(  Enfin,  la  troisième  allait  de  Clermont  à  Breth,  par  Ahun  et  Le  Puy- 
de-Gaudy  ». 

(2)  Espérandieu,  Inscriptions  de  Ul  Cité  des  Lémovices,  p.  45  et  ss. 


LES  VOIES  ROMAINES  EN  LIMOUSIN  723 

M.  Espérandieu  (1)  a  décrit  ud  miiliaire  trouvé  à  Ambernac,  sur 
la  voie  de  Bourges  à  Bordeaux,  par  Argenton,  Gonfolens,  Aunay  et 
Saintes.  Il  est  au  nom  des  divers  empereurs  de  la  tétrarchie  (292). 


* 


La  Commission  de  la  topographie  des  Gaules  a  publié  une  carte 
intitulée  :  «  Carte  itinéraire  de  la  Gaule  au  commencement  du 
cinquième  siècle  (travail  préparatoire)  »  et  une  brochure  ayant 
pour  tilre  :  Les  voies  romaines  en  Gaule.  Voies  des  Itinéraires. 
Résumé  du  travail  de  la  Commission  de  la  topographie  des  Gaules^ 
par  M.  Alexandre  Bertrand  (2). 

Sur  la  carte,  les  voies  romaines  qui  traversent  la  Cité  des  Lémo- 
vices  sont  calquées  par  erreur  sur  les  routes  de  poste  à  la  fin  du 
XVIII»  siède. 

Dans  le  travail  de  M.  Bertrand,  la  Commission  prévient  le  public 
que  c'est  un  premier  essai  et  qu'elle  appelle  au  sujet  des  voies  le 
lumières  que  peuvent  fournir  de  nouvelles  recherches  sur  le  ter- 
rain. Elle  avertit  le  lecteur  qu'elle  a  préféré  s'en  tenir  à  Topinion 
de  d'Anville  toutes  les  fois  que  les  opinions  proposées  à  rencontre 
de  ce  géographe  n'ont  présenté  qu'un  caractère  conjectural. 

Le  travail  de  la  Commission  n'est  pas  disposé  de  la  même  façon 
que  celui  de  M.  besjardins.  Il  débute  ainsi  : 

ce  Strabon  nous  apprend  qu'Agrippa  fit  de  Lyon  le  centre  des 
voies  de  la  Gaule.  De  ce  point  central  partaient  quatre  grandes 
voies  qui,  avec  leurs  embranchements,  atteignaient  tous  les  points 
importants  du  pays. 

»  L'une  allait  de  Lyon  aux  côtes  de  la  Manches  (réseau  nord- 
ouest)  A. 

»  Une  autre  de  Lyon  à  l'Océan,  dans  la  direction  de  Saintes 
(réseau  central)  B. 

i>  Une  troisième  de  Lyon  aux  Pyrénées  (réseau  du  Midi)  C. 

n  Une  quatrième  enfin  de  Lyon  aux  embouchures  du  Rhin 
(réseau  de  l'Est)  D  ». 

Les  voies  des  Lémovices  appartenaient  au  deuxième  réseau. 
Avant  d'en  donner  le  tableau,  la  Commission  le  fait  précéder  des 
observations  suivantes  :  «  La  proportion  des  déterminations  incer- 
taines est  plus  grande  dans  le  second  réseau  que  dans  le  premier. 
Le  chiffre  des  stations  marquées  d'un  point  d'interrogation  monte 
à  trente  et  une  sur  soixante-quatorze.  De  plus,  sur  ces  trente  et  une 

(1)  EspÉRANDiEU,  Epigraphie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saintonge 
(Paris,  Thorin,  1889). 

(2)  Paris,  Didier,  1864,  in-8*'.  (Extrait  de  la  Revue  archéologique). 


724 


SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUB    ET   BISTORIQUS  DU  LIMOUSIN 


statioDs,  les  stations  1res  douteuses  dominent.  Gela  tient,  surtont,  i 
ce  que  les  localités  connues  en  dehors  des  Itinéraires  étant  fort 
rares  sur  le  parcours  des  voies  du  centre,  les  points  de  repère 
manquent,  et  que  d*un  autre  côté  peu  de  tronçons  de  voies  ont  été 
reconnus  jusqu*ici  sur  le  terrain...  Le  seul  moyen  d'arriver  à  la 
connaissance  complète  des  voies  du  second  réseau  est  d*en  pour- 
suivre la  recherche  non  pas  le  compas  à  la  main  sur  des  caries, 
mais  sur  le  terrain  à  Vaide  de  la  pioche  et  de  la  bêche...  La  carte  de 
Peutinger,  le  seul  document  qui  nous  donne  ces  voies  avec  quelque 
ensemble  paraissant  particulièrement  altérée  dans  toute  celte  ré- 
gion, et  plusieurs  chiffres  et  peut-être  plusieurs  stations  y  ayant  été 
omises,  il  faut  savoir  attendre  de  nouveaux  renseignements  que 
les  fouilles  seules  peuvent  donner  avant  de  se  prononcer  d'une 
manière  définitive.  C'est  donc  sous  toute  réserve  que  la  Commis- 
sion donne  le  tableau  suivant  : 

Deuxième  réseau  (réseau  central).  B.  — >  De  Lyon  à  Bordeaux  par  Saintes 

(Les  distances  sont  marquées  en  lieues  gauloises) 


STATIONS 


1.  Lugdunum 

2.  Station  anonyme 

3.  Mediolanum,    Forum  Segu- 
siavorum 

4.  Rodumna .... 

5.  Ariolica 

6.  Vorogium 

7.  Aquœ  Calida? 

8.  Augustoncmetum 

9.  Ub...num   

10.  Fines 

1 1 .  Acitodunum 

12.  Prœtorium 

13.  Augustoritum 

14»  Cassinomagus 

15.  Sermanicomagus 


Chiffrea 
des 

Distance 
réeUe 

XVI 

16 

XIIII 

14 

XXII 

22 

XII 

12 

XVIIII 

20 

VIII 

9 

Deest . 

•    m     • 

VIÏII 

11 

X 

11 

XX 

20 

XVIII 

18 

XIIII 

14 

XVII 

18 

XII 

12 

DBSlONATiOK 

det 

DOCUMENTS 


Table  Peut. 

T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 


IDENTIFICATIONS 


Lyon. 

Duerne? 

Feurs. 

Roanne. 

AvrUly-sur-Loirc 

Varennes  ? 

Vichy. 

Clermont. 

Bromont-Lamothe  ? 

Merlange  p.  Saint-Avit? 

Ahun. 

Sauviat? 

Limoges. 

Chassenon. 

Chasseneuil? 


9.  Idenliûcations  difTérentes  :  Olby,  d'Anvillc;  Poni-Armarier,  Pasumot;  Poii<- 
Gibaud,  Walkenaer.  Le  chiffre  VIIII  est  exact  si  1  on  tient  compte  d  un  embranche- 
ment que  la  Commission  croit  reconnaître  à  Orcines,  près  Clermont.  Voir  ce  que 
nous  avons  dit  des  embranchements  dans  nos  observations  sur  le  premier  réseau 
(Sixième  exemple  d'embranchement). 

10.  Identifications  différentes  :  Voingt  (Puv-de-Déme),  Pasumot. 

Arènes,    d'Anville;    Moni-de-Joner,    près  Sainl- 


12.  Identifications  différentes 
Goussaud  (Creuse),  Lapie. 

15.  Identifications  différentes 
dé  Ciriéy  Walkenaer. 


Charmé    (Charente),    d*AnvilIe;    Saini-Laurtni 


LES  TOnSS  ROMAINES  EN  LIMOUSIN 


785 


8TAT10KB 


16.  Aunedonnacum 

17.  Mediolanum  Sanlonum 

18.  Novioreg^m 

19.  Tamnum 

20.  Blavia  . 

21.  Burdigala 


Chiffres 
des 

DoCWHBli 

1  Distance 
1    réelle 

des 
Dsrwwelf 

Deest . 

T.  P. 

XVI 

18 

T.  P. 

XV 

15 

It.   459 

xn 

12 

It.    459 

XXVI 

21 

U.    458 

vu   II 

19 

U.   458 

IPXNTIPICATlOTfS 


Aunay. 

Saintes  (It.  459,  XVI». 

Royan? 

Morlagne? 

Blaye. 

Bordeaux. 


Voies  secondaires  complétant  le  réseau, 
a.  De  Limoges  à   Bordeaux    par   Périgueux. 


1.  Augustoritum 

2.  Fines  

3.  Vesunna 

4.  Cunnaco 

5.  Corteratc 

6.  Varatedo  .... 

7.  Burdigala  . . . . 


XXYHl 

xnn 

X 

xvini 
xvin 

V 


28 
14 
15 
19 
18 
5 


U.  462 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 
T.  P. 


Limoges. 
Thivicrs  ? 
Périgueux . 
Saint-Loui'i. 
Coutras . 
Fargues  ? 
Bordeaux. 


1.  Argantomagus. 
2    Augustoritum . 


VII.  D'Argenlon  à  Limoges 

Argenton. 
Limoges. 


XXI 


41 


It.   462 


17.  La  Commission  croit  qu'il  devait  y  avoir  un  embranchement  non 
encore  reconnu  sur  le  terrain  à  Font-Couvert,  point  de  rencontre  de  la  route 
de  Poitiers  avec  celle  de  Saint-Jean-d'Angely.  Le  chiffre  serait  alors  exact. 
(Septième  exemple  d'embranchement. 

a.  2.  Identifications  différentes  :  Firbeix,  Lapie.  Firbcix  s'accorde  mieux 
avec  les  limites  de  la  civi^aj;  mais  il  faudrait  changer  les  chiffres  en  XVIII 
et  XXIUI  au  lieu  de  XXVIII  et  XIIII. 

3.  It.  462,  XXI. 

4.  Identifications  différentes  :  SAint-Vincent  de  Conozac,  d'Anville;  Neuvie, 
Lapie.  La  distance  se  réduit  à  XIII  en  partant  de  l'embranchement  des 
routes  de  Saintes  et  de  Bordeaux  (aox  Reynat9).  (Huitième  exemple  d  em- 
branchement). 

6.  Identifications  différentes  :  Vayres,  d'Anville. 

VII.  2.  XXI  probablement  pour  XH.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  une 
autre  altération  analogue.  XVlfl  pour  XLIII. 

La  Commission  accompagne  ses  tableaux  des  voies  de  sages 
réflexions  suivantes  : 

«...  Tous  ceux  qui  ont  étudié  des  manuscrits  anciens  contenant 
des  colonnes  de  chiffres  savent  que  rien  n*est  plus  fréquent  que  le 
changement  du  V  en  X  et  réciproquement.  Que  V  s*altère  égale- 
ment souvent  en  II  et  II  en  V  par  un  léger  rapprochement  ou  écarte- 
ment  des  jambages  du  chiffre.  L^omission  on  l'addition  d*un  X  est 
aussi  chose  fréquente  dans  la  transcription  des  nombres  qui  com- 
mencen  t  par  ce  signe ... 


726  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HI8T01UQUE  DU  LIMOUSIN 

»  La  Commission  a  recueilli  avec  soin  tous  les  cas  d*embran- 
chemenls  que  présentenl  les  voies  romaines  de  la  Gaule.  Elle  a 
constaté  que  presque  toujours,  comme  elle  l'avait  soupçonné  en 
s*occupant  de  la  voie  de  Soissons  à  Senlis,  quand  deux  voies  se 
rencontraient  avant  une  station,  la  dernière  distance  n'était,  sur 
Tune  de  ces  voies,  comptée  que  jusqu'à  Tembranchement,  le  tron- 
çon commun  étant  considéré  comme  n'appartenant  qu'à  une  seule 
des  deux  directions.  C'est  là  un  fait  d'expérience  qui  deviendra  de 
plus  en  plus  sensible  à  mesure  que  nous  avancerons,  mais  qui 
trouve  déjà  son  application  dans  les  limites  seules  du  premier 
réseau...  » 

Certes,  ces  réflexions  sont  bien  faites  pour  guider  les  travailleurs, 
mais  pourquoi  la  Commission  ne  tient  elle  aucun  compte  de  leurs 
recherches,  surtout  lorsqu'elle  sont  faites  sur  le  terrain  à  taide  de 
la  pioche  et  de  la  bêche. 

Dans  une  question  de  cette  nature,  ce  sont  les  auteurs  qui  ont 
vu  les  voies  qui  doivent  l'emporter  sur  ceux  qui  les  ont  tracées 
avec  le  compas,  dans  le  silence  du  cabinet. 


Les  chercheurs  locaux,  obligés  de  se  renfermer  dans  l'étude  de 
leur  province,  peuvent  beaucoup  mieux,  que  les  savants  étrangers, 
se  livrer  à  des  observations  sur  le  terrain,  et  rectifier  les  erreurs 
qui  se  glissent  dans  les  ouvrages  généraux.  C'est  sur  leurs  travaux 
que  nous  nous  appuierons. 

Le  premier  de  ces  auteurs  qui  ait  étudié  les  voies  romaines  en 
Limousin  est  l'abbé  Nadaud  qui,  dans  le  Fouillé  du  diocèse {i),  et 
dans  une  Notice  sur  les  voies  romaines^  publiée  par  les  soins  de 
l'abbé  Legros  (2),  s'est  efforcé  de  réunir  ce  qu'il  savait  sur  ces 
voies.  Il  s'est  appuyé  sur  la  carte  publiée,  en  1*783,  par  l'ingénieur 
Cornuau  (3). 

Duroux  {Essai  historique  sur  la  sénatorerie  de  Limoges)  (1811)  et 
Allou  {Description  des  monuments)  (1821)  n'ont  fait  que  reproduire 
Nadaud. 

Depuis  1848,  date  de  la  fondation  de  notre  Société,  le  Bulletin  a 
publié  un  certain  nombre  de  travaux  sur  les  voies  romaines  du 


(1)  Publié  par  M.  labbé  Lecler  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  arch.  du 
Lim.,  t.  LUI. 

(2)  Indicateur  du  diocèse  de  Limoges.  —  Limoges,  Barbou,  1788. 

(3)  Un  exemplaire  de  la  carte  des  voies  romaines  par  Corquau  était 
en  la  po9$e9sipn  de  M.  Nive^-Fontaubert. 


LV8  YOIKS  BOMAINKS  EN  LIMOUSIN  727 

Limousin  dus  à  MM.  Maurice  Ardant,  Bonnat,  Buisson  de  Masver- 
gnier,  de  Gessac,  Mgr  Rougerie,  l*abbé  Lecler. 

Lies  Mémoires  de  la  Société  iês  sciences  naturelles  et  arckéologi- 
ftitf^d^faCr^ii^^conliennenldes  travaux  de  MM  Grellet-Dumazeau, 
Maurice  Ardant,  Bonnafous,  Fillioux,  de  Cessac,  Thuot,  Dercier. 

Nous  reviendrons  sur  leurs  travaux  en  faisant  la  description  des 
voies. 

M.  Maxiroin  Deloche,  dans  sa  Géographie  de  la  Gaule  et  en  par- 
ticulier du  LimotAsin,  a  parlé  des  voies  qui  traversaient  le  Bas- 
Limousin. 

M.  Espérandieu,  dans  ses  Inscriptions  de  la  Cité  des  Lémovices, 
a  consacré  un  chapitre  aux  voies  romaines.  On  doit  lui  savoir  gré 
d^avoir  tenu  compte  des  travaux  publiés  dans  les  Bulletins  de  nos 
Sociétés  archéologiques  et  historiques, 

Enfin,  M.  le  capitaine  Winkler  a  présenté,  il  y  a  deux  ans,  une 
excellente  étude  que  nous  aurons  souvent  l'occasion  de  citer. 


Avant  de  décrire  les  voies  romaines  qui  sillonnaient  le  territoire 
qui  nous  occupe,  il  convient  tout  d'abord  de  parler  du  pays  lui-même 
au  moment  où  ces  voies  furent  construites. 

Les  Lémovices  formaient,  sous  la  domination  romaine,  la 
Civitas  Lemovicum.  Ils  figuraient  au  nombre  des  peuples  impor- 
tants de  la  Gaule  celtique  au  sud  de  la  Loire  et  leur  territoire 
correspondait  assez  exactement  à  Tancien  diocèse  de  Limoges. 
Ce  peuple,  on  le  sait,  prit  une  grande  part  aux  guerres  de  Tin- 
dépendance  contre  Gésar,  qui  prononce  plusieurs  fois  son  nom 
dans  ses  Commentaires  au  sujet  de  la  septième  campagne  {De  Bello 
Gallico,  VII,  4,  75,  88  ;  VIII,  46). 

Les  Lémovices  figuraient  parmi  les  soixante  peuples  de  la  Gaule 
chevelue  quiformèrent  les  soixante  cités  des  trois  provinces  d'Auguste 
(Ibéro-Aquitaine,  Geltique  et  Belgique),  cités  dont  les  noms  étaient 
gravés  sur  l'autel  d'Auguste  à  Lyon  (l'an  12  avant  notre  ère). 

Lors  de  la  réorganisation  de  la  Gaule  par  Auguste  Tan  27  avant 
notre  ère,  les  Lémovices  furent  compris  parmi  les  quatorze  peuples 
gaulois  qui,  ajoutés  aux  cinq  peuples  Ibéro-Aquitains,  formèrent 
l'Aquitaine  politique  gouvernée  par  un  légat. 

Dans  le  tableau  de  l'organisation  administrative  des  cités  vers  le 
second  siècle,  donné  par  M.  Desjardins  (i),  la  Gaule  est  divisée  en 
trois  provinces  et  les  Lémovices  figurent  parmi  les  douze  peuples 

(1)  Dbmardinb,  Géogr,  de  U  Gaule  romaine,  II,  436. 


728  SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOaiQUE  ET  HISTORIQUE  OU    LIMOUSIN 

de  rAquitaine  politique.  Relalivemenl  à  Limoges,  on  relève  ce  qui 
sait  : 

«  Auguêtoritum  Lemovicum,  Limoges.  •»  Pas  de  renseignements 
autres  que  le  monument  des  Très  provinciœ  en  Thonneur  d*oii 
Lémovice  (1)  ». 

C'est  vers  Tan  297  que,  d'après  Hommsen,  l'Empiré  romain 
aurait  été  divisé  et  que  la  Gaule  elle-même  aurait  été  subdivisée  à 
nouveau  (3). 

A  la  fin  du  IV*  siècle,  d'après  la  Notice  des  provinces  et  des  cités 
de  la  Gaule  et  la  Notice  des  dignités,  qui  sont  à  peu  près  de  la 
même  époque,  c'est-à-dire  du  règne  d'Honorius,  la  cité  des  Lémo- 
vicesest  comprise  parmi  les  huit  cités  qui  forment  l'Aquitaine  pre- 
mière, soumise  à  la  métropole  de  Bourges.  Elle  resta  dans  cet  état 
jusqu'au  moment  des  invasions  barbares  (3). 

D'après  M.  Ueloche  (4),  «  la  Civitas  ou  grand  Pagus^  dont  souvent 
l'origine  remonte  à  rétablissement  des  peuples  sur  le  sol  où  la 
conquête  les  a  trouvés,  c'est-à-dire  à  des  temps  que  l'historien 
ne  peut  indiquer  que  d'une  manière  coi^ecturale,  respectée  géné- 
ralement par  l'organisation  administrative  des  Romains,  adoptée 
au  IV*  siècle  comme  type  de  l'institution  des  diocèses  ecclésiasti- 
ques, laquelle,  à  son  tour,  nous  en  a  transmis  l'empreinte  fidèle, 
cette  division  traverse  les  orages  et  lès  désastres  des  invasions  des 
barbares,  tout  le  chaos  du  moyen  Age,  et  arrive  jusqu'à  nous, 
modifiée  quelquefois  sur  certains  points  de  ses  limites,  mais  par 
exception  seulement,  et  conservée  dans  sa  base  par  l'institution 
religieuse,  à  laquelle  elle  avait  servi  de  modèle. 

«  ...  Cette  unité  du  diocèse,  qui,  jusqu'aux  Carlovingiens,  cor- 
.  respondit  exactement  au  territoire  de  la  cité  romaine,  et,  suivant 
toutes  les  vraisemblances»  à  la  configuration  de  la  cité  gauloise, 
telle  que  l'avait  trouvée  la  conquête,  fut  modifiée  par  un  empiéte- 
ment du  diocèse  de  Périgueux,  sans  toutefois  que  l'ensemble  de  la 
configuration  fut  très  sensiblement  atteint.  »  (S). 

«  Les  Lémovices  constituaient  donc  une  cité,  un  peuple  indé- 
pendant. Ils  occupaient  une  de  ces  contrées  déterminées  que  César 


(1)  Ce  monument  est  reproduit  dans  Espéra ndieu,  Inscriptions  de  la, 
Cité  des^  Lémovices  y  p,  219  et  ss. 

(2)  Desjarimns,  op.  et/.,  Il,  46f. 

(3)  Ihid,,  II,  500. 

(4)  Etudes  sur  la  géographie  historique  de  la  Gaule,  et  en  particulier 
sur  les  divisions  territoriales  du  Limousin  au  moyen  âge,  p.  8,  49. 

(5)  Dbloche,  op,  cil,,  p.  55, 


LES  VOtSS  ROMAINES  EN  LIMOUSIN  729 

appelle  le  plus  souvent  fines  ou  ager,  quelquefois,  mais  moins  fré- 
quemment, regio,  et  aussi  rarement  civitas  (1). 

«...  Les  deux  diocèses  de  Limoges  et  de  Tulle  réunis  représen- 
tent Tancien  diocèse  de  Limoges  avant  que  celui  de  Tulle  en  eût 
été  disirait  (4317)  et  leurs  pouillés,  ainsi  que  le  journal  de  la  tour- 
née que  Tarchevéque  Simon  y  (it  en  4288  et  1290,  nons  donnent 
bien  la  forme  générale  du  pays  limousin  ;  d'après  eux,  ce  pays 
aurait  compris  :  les  départements  de  la  Haute- Vienne,  de  la  Gor- 
rèze  et  de  la  Creuse  en  leur  entier;  dans  le  département  de  la 
Dordogne,  Nontron  et  son  territoire;  dans  le  département  de  la 
Charente,  Gonfolens  avec  certaines  parties  attenantes.  Mais  tout  eu 
adoptant  le  cadre  formé  par  cette  circonscription  diocésaine,  nons 
devons  signaler  les  points  sur  lesquels  d*autres  documents  obligent 
de  s*en  écarter  et  reporter  les  véritables  frontières  de  Tancien 
Limousin  au-delà  des  limites  qu'elle  nous  a  tracées.  »  (2). 

La  carte  ci-jointe  indique  les  limites  du  territoire  des  Lémovices, 
ainsi  que  les  noms  des  villes  révélés  par  les  itinéraires,  les  ins- 
criptions et  les  plus  anciens  documents  connus. 

Nous  renvoyons  à  l'ouvrage  de  M.  Deloche  au  sujet  des  empiéte- 
ments de  l'Auvergne  et  du  Quercy  sur  le  diocèse  de  Limoges,  qui 
eurent  lien  au  X*  siècle.  Mous  revenons  plus  loin  sur  6éux  du  Péri- 
gord,  qui  eurent  lieu  deux  siècles  auparavant. 

D'après  M.  Espérandieu  (3),  le  pagus  était  une  fraction  de  la 
cwitas  dont  le  chef  était  investi  d'un  pouvoir  judiciaire.  Le  vict» 
était  de  même  une  subdivision  du  pagus.  Indépendamment  de  ses 
pagi  et  de  ses  vici,  chaque  cité  avait  enfin  ses  oppida.  César,  qui 
cite  85  oppida  par  leurs  noms,  n'en  indique  point  chez  les  Lemomces, 
non  pas  assurément  parce  que  celte  cité  n'en  comptait  pas,  — 
puisqu'on  lui  connaît  au  moins  celui  du  Puy-de-Gaudy,  près  de 
Guéret,  et  peut-être  aussi  celui  de  Toulx-Sainte-Croix,  —  mais 
bien  sans  doute  parce  que  les  efforts  des  légions  romaines  n'eurent 
pas  à  se  porter  beaucoup  sous  les  murs  de  ceux  qu'elle  avait...» 

Desjardins  nous  dit  (4)  «  que  les  Lémovices  avaient  probable- 
ment pour  capitale  une  bourgade  dont  le  nom  avait  comme  second 
terme  Ritu  ou  Mo,  que  M.  d'Arbois  de  Jubainville  rapproche  du 
gallois  rit,  «  gué  »,  qui  est  devenu  Augusto-Ritam,  «  le  gué  d'Au- 
guste »,  après  l'organisation  de  la  Gaule  en  Tan  27.  Les  mots  gau- 
lois nemetum^  bona^  dunum,  magus  et  ritum  (ces  deux  derniers  ne 

(1)  Deloche^  op.  cit.,  p.  57. 

(2)  Deloche,  op.  cit.,  p.  66. 

(3)  Inêcript.  de  la  Cité  des  Lémovices,  p.  285  et  ss. 

(4)  Desjardins,  op.  cit.,  II,  424. 


730  sociéTé  AHCHioLO(fiQUM  ET  Historique  oc  limousin 

pouvaol  avoir  élé  employés  seuls)  soot  devenus  :  Augusto-Neme- 
tum,  «  la  ville  sacrée  d'Auguste  »;  Augusto^Dunum^  v  le  fort 
d*Attgus(e  »;  Augu$to-Ritum,  «  le  gué  d'Auguste  »;  Augusto-Magus, 
n  le  champ  d'Auguste  »,  et  Augusto-Bona,  «  la  ville  d'Auguste  ». 
Cependant,  la  leçon  de  la  Table  de  Peutinger  est  Aus-Ritum  (I). 

«  On  trouve  aussi  dans  le  périmètre  de  leur  domaine  des  localités 
dont  les  noms  sont  purement  celtiques,  telles  que  Aeitodunum  (2), 
Xhun,  Cassinomagus  (3),  Chassenon,  et  Briva-Curetia^  «  pont  sur  la 
Corrèze  »  (Brive-la-Gaillarde)  »  (4). 

Vers  le  III*  siècle,  la  plupart  des  chefs-lieux  de  cités  abandoa- 
nent  leur  ancien  nom  pour  prendre  celui  de  la  Cité,  c'est-à-dire  le 
nom  ethnique.  Augustoritum  devient  Lemovices.  Il  portait  ce  nom 
en  243,  sous  le  principal  de  Gordien  III,  comme  le  montre  le  mil- 
liaire  du  Moutier-d'Ahun  (5). 

Les  autres  localités  du  pays  des  Lémovices  dont  l'Itinéraire  et  la 
Table  de  Peutinger  donnent  les  noms  sont  Prœtorium^  Puyde-Jouer, 
près  Saint-Goussaud  (Creuse);  Cassinomagus,  Cbassenon;  Cam- 
biovicus?  Chambon  {Cambiovicenses  dans  la  Table  de  Peutinger). 


Les  voies  stratégiques,  sur  lesquelles  l'Itinéraire  d'Antonin  et  la 
Table  de  Peutinger  fournissent  quelques  iodications  sont  au  nom- 
bre de  deux  :  l""  celle  construite  par  Aigrippa,  de  Lyon  à  Saintes  par 
Clermont,  Limoges,  Ghassenon  et  Aunay;  2^  celle  de  Bordeaux 
à  Bourges  par  Périgueux,  Limoges  et  Argenlon. 

«  On  sait  que  les  confins  des  cités,  dans  la  période  romaine, 
étaient  fixés  par  des  pierres  ou  des  colonnes  milliaires  qui  por- 
taient de  chaque  côté  le  mot  FIN  {fines)  et  le  nom  de  la  cité  vers 

(1)  Segm.  I,  B.  1.  Ce  mot  est  ainsi  écrit  :  Aus-Rito.  II  faut  remar- 
quer qu^en  général  on  trouve  dans  ce  document  des  noms  hybrides 
romanO'Celtiques  dans  la  composition  desquels  entre  le  nom  Augusta, 
et,  avec  les  abréviations  Aug.  Nemeto,  Aug.  Bona,  Aug.  Magiis,  etc. 
Nous  ferons  observer  que  pour  le  nom  Aus-Rito,  la  forme  de  Ts  donne 
à  croire  que  cette  lettre  n^esl  pas  le  résultât  d^une  méprise  du  G  en  S. 
Auêrity  et  non  pas  simplement  Rit,  ne  serait-il  pas  le  nom  gaulois  de 
Limoges?  On  comprendrait  comment  on  eût,  par  la  suite,  évité  de  dire 
Augusta- Ausritum,  et  qu*on  eût  supprimé  le  premier  terme  ou  le  pré- 
fixe de  Tancien  nom  gaulois. 

(2)  Table  de  Peutinger,  segm.  I,  B.  1-2. 

(3)  Ibid.,  segm.  I,  AB  i. 

(4)  Voy.  la  Géographie  de  Grégoire  de  TourSy  par  M.  Longnoa. 

(I)  Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de 
la  Creuse,  V,  132. 


LUS  VOlKB  ROlfAINkS  EN  LlHOUSlN  731 

laquelle  ce  côté  était  tourné  ;  d*où  il  résulte  que  chacune  de  ces 
colonnes  présentait  au  moins  la  marque  de  deux  frontières.  De  là, 
sans  doule,  le  nom  qu*elles  communiquèrent  aux  lieux  où  nous  en 
trouvons  des  traces  dans  la  géographie  moderne.  Dans  l'Itiné- 
raire d*Antonin  et  dans  la  Table  de  Pentinger,  lorsqu'une  station  ou 
mansion  tombe  sur  l'un  de  ces  conGns,  et  qu'il  n'existe  pas  déjà  en 
ce  point  de  localité  possédant  un  vocable  particulier,  elle  prend, 
sur  ces  deux  monuments  géographiques,  le  nom  de  Finei^  et  comme 
les  mesures  de  dislances  sont  marquées  en  de  çà  et  de  au  delà  du 
même  point,  nous  y  trouvons  l'indication  la  plus  certaine  des  limi- 
tes respectives  des  peuples  à  l'époque  où  la  Table  et  l'Itinéraire 
ont  été  dressés,  c'est-à-dire  au  III*  et  au  IV*  siècle  de  l'ère  mo- 
derne (1). 

»  Quand  les  pouillés  des  diocèses  sont  d*accord  avec  ces  indica- 
lions,  on  possède  la  preuve  la  plus  complète  que  les  limites  de  ces 
arrondissements  ecclésiastiques  correspondent  bien  à  celles  des 
anciennes  nations  gauloises  sous  l'occupation  romaine.  Mais  s'il  y 
a  contradiction  entre  les  pouillés  et  les  itinéraires  romains,  ces  der- 
niers donnant  avec  une  exactitude  mathématique  les  bornes  des 
peuples,  il  en  résulte  que  les  diocèses,  à  l'époque  où  furent  rédigés 
les  pouillés,  ne  représentaient  plus  leur  territoire.  Dans  ce  cas,  on 
doit,  ce  nous  semble,  préférer  le  titre  dont  la  date  est  la  plus  recu- 
lée, l'Itinéraire,  parce  qu'il  conduit  plus  sûrement  à  leur  but  le 
géographe  et  l'historien  qui  cherchent  à  reconstituer  le  pays  de 
l'ancienne  peuplade,  d  (2). 

Les  deux  voies  qui  traversaient  le  Limousin  avaient  chacune  une 
station  désignée  sous  le  nom  de  Fines,  indiquant  la  frontière  des 
peuplades  traversées  (3). 

Connaissant  la  direction  des  voies  ainsi  que  la  distance  qui  sépa- 
rent les  stations  des  Fines  de  celle  qui  les  précèdent  ou  qui  les 
suivent,  il  semble  que  l'on  pouvait  déterminer  approximativement 
leur  position.  Cependant,  les  auteurs  n'ont  pu  se  mettre  d'accord 
sur  ce  point,  soit  qu'ils  ne  soient  pas  fixés  sur  la  direction  des 
voies,  soit  que  les  limites  des  peuplades  aient  varié,  soit  enfin 
que  les  distances  données  par  les  Itinéraires  ne  soient  pas  exactes. 


(i)  Dblochb,  op.  cil,,  p.  55. 

u  Dans  les  provinces,  les  milles  étaient  comptés  sur  les  routes  com- 
munales^ depuis  la  cité  qui  en  avait  fait  les  frais  jusqu*à  Textrémité  de 
son  territoire;  sur  les  routes  impériales  à  partir  de  la  capitale  de  la 
province.  »  (Darbmbbrg  et  Saolio,  Dict,  des  antiquités). 

(2)  Delochb,  op.  cit.,  p.  64. 

(3)  Voyez  la  carte  insérée  ci-dessus  par  la  position  de  ces  Fines, 


732  SOCléri  ARCHéOLOOIQUB  BT  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

Pour  le  Fines  de  la  voie  de  Bordeaux  à  Bourges,  voici  Topinion 
de  M.  Deloche  : 

«  L'Itinéraire  d'Antooin  el  la  Table  de  Peutinger  marquent  entre 
Yesunna  (Périgueux)et  Ausritum^  forme  corrompue  A' Augustoritum 
(Limoges)  un  point  appelé  Fines^  c'est-à-dire  la  limite  connue  des 
Lemovices  et  des  Petrocorii. 

»  Les  manuscrits  de  Tltinéraire  offrent  des  dissidences  quant  aux 
dislances  indiquées  entre  Yesunna  et  Fines  d'une  part.  L'un  d'eux 
porte  entre  Yesunna  el  Fines  XXI  lieues  gauloises  ou  XXXI  milles 
romains  et  la  même  distance  de  Fines  à  AugustorUum,  ce  qui  pla- 
cerait Fines,  suivant  l'abbé  Belley  à  Firbeix,  aux  confins  des  deux 
diocèses,  sur  la  route  de  Limoges  à  Périgueux,  et  d'après  Walcke- 
naer,  entre  Vaux  el  Chante,  sur  la  même  route.  Mais  les  autres 
manuscrits,  et  ils  sont  nombreux,  marquent  XIV  lieues  gantoises 
ou  XXI  milles  romains  entre  Yesunna  et  Fines  et  XXVIII  lieues 
gauloises  ou  XLII  milles  romains  entre  Fines  et  AugustorUum. 
Aussi  cette  dernière  leçon  a-t»elle  été  adoptée  sans  hésitation  par 
les  éditeurs  de  l'Itinéraire^  Wesseling,  Parthey  et  Pinder,  et  en 
dernier  lieu  par  le  savant  H.  Léon  Renier.  Elle  doit  d'ailleurs  être 
d'autant  mieux  considérée  comme  exacte  que  la  Table  de  Peutinger 
indique  également,  Yesunna  à  Fines,  XIV  lieues  gauloises. 

»  Or,  le  mesurage  de  cette  dislance  en  ligne  droite  place  Fines 
près  et  un  peu  au  nord  de  Thiviers,  Tiverium,  petite  ville  de  l'arron- 
dissement de  Nontron  (Dordogne),  la  seule  localité  qui  ait  de  l'im- 
portance sur  la  route  de  Limoges  à  Périgueux. 

»  Une  autre  raison,  tirée  de  trions  mérovingiens  du  Limousie, 
dont  les  légendes  s'appliquent  à  certains  lieux  compris  entre  Thi* 
viers  et  la  frontière  du  diocèse  de  Limoges,  vient  encore  à  Tappui 
de  l'Itinéraire  pour  nous  déterminer  à  penser  que  cette  partie  du 
Périgord  moderne  appartenait  aux  Lemovices  sons  les  Romains  et 
sous  les  rois  de  la  première  race... 

»  Nous  possédons  enlin  une  dernière  preuve,  et  celle-là  paraîtra 
péremptoire,  dans  une  lettre  écrite  entre  l'an  480  et  l'an  800  de 
notre  ère  par  saint  Rurice  I",  évéque  de  Limoges,  à  Gronope» 
évéque  de  Périgueux.  Celui-ci  ou  plutôt  ses  prêtres  commettaient 
des  empiétements  sur  le  territoire  du  diocèse  de  Limoges,  où  était 
située  l'église  baptismale  de  Jumilhac,  diœcesis  Gemiliacensis  ;  saint 
Rurice  adjure  son  frère,  son  collègue,  de  faire  cesser  les  abus  exer- 
cés au  préjudice  de  son  église. 

»  Les  termes  de  celte  missive  attestent  que  des  tentatives  d'em- 
piétement avaient  eu  lieu,  à  une  époque  antérieure,  de  la  part  des 
prêtres  périgourdins  ;  et  que,  malgré  les  réclamations  que  le  prélat 
de  Limoges  annonce  avoir  précédemment  élevées  pour  la  même 


./.£S  Vûi&s  Kçmaiiie^  ei)  Itmcu 


.'z  par  Faut  DVCOUKTIEUX 


LES  VOItS  ROMAlAÎBà  É!4  LtMOUSlT^  ^33 

cause,  et  qa*ii  reproduit,  ces  tentatives,  qui  devaient  aboutir  plus 
tard  à  l'agrandissement  du  diocèse  de  Périgueux,  se  renouvelaient 
fréquemment. 

i>  Si  Ton  admet  ce  point  comme  établi,  les  limites  de  l'ancien 
pagus  Lemovimus  allaient  de  Dalon  vers  Thiviers  qui  était  près  et 
un  peu  au  sud  de  la  frontière,  et  de  Thiviers  à  Saint-Angel  Castrum 
Sancti  Angeli^  qui  d'après  le  testament  du  comte  Roger,  de  785,  et 
une  bulle  du  pape  Urbain  II  (1103-1108),  appartenait  positivement, 
comme  Nontron,  Castrum  Non$ronum,  au  pays  limousin  et  à  Tévé- 
ché  de  Limoges,  quoiqu'il  ne  s'y  trouve  plus  compris  au  XVII*  et  au 
XVIII*  siècle.  * 

On  remarque,  en  effet,  que  le  département  de  la  Dordogne  pénè- 
tre beaucoup  dans  ceux  de  la  Haute- Vienne  et  de  la  Gorrèze.  Celte 
emprise  a  la  forme  d'un  fer  à  cheval  dont  le  sommet  serait  à  Saint- 
Nicolas-Courbefy,  Tun  des  côtés  à  Pensol  (Haute-Vienne),  et  l'autre 
à  Saint-Robert  (Gorrèze). 

En  face  de  preuves  aussi  sérieuses,  on  n'hésitera  plus  à  l'avenir 
pour  fixer  à  Thiviers  le  Fines  de  la  voie  de  Bordeaux  à  Limoges 
par  Périgueux. 

Presque  tous  les  auteurs  ont  placé  à  Courbefy  le  Fines  de  cette 
voie,  sans  se  demander  si  le  territoire  du  Limousin  ne  se  prolon^ 
geait  pas  au  delà,  à  Tépoque  gallo-romaine.  Nous  pensons,  avec 
M.  Deloche,  que  c'est  à  Thiviers  et  non  à  Courbefy  qu'il  convient 
de  placer  le  Fines  de  la  voie  de  Limoges  à  Périgueux. 

Sur  la  voie  de  Lyon  à  Saintes,  après  la  station  d'Ubium  (Olby), 
la  Table  de  Peutinger  indique  un  Fines,  point  frontière  entre 
les  Lémovices  et  les  Arvernes,  «  à  XXX  milles  romains  ou  XX 
lieues  gauloises  i'Acitodunum  (Ahun),  et  à  XV  milles  romains  ou 
X  lieues  gauloises  i'Ubium  »  (Walkenaer,  Géogr.  des  Gaules,  111, 98). 

Voici  l'opinion  de  H.  Deloche  :  «  Suivant  Pasumol,  la  position  de 
ce  Fines  tombe  à  Voingt  [Dissertations  sur  plusieurs  sujets  d'anti- 
quité,  mises  en  ordre  et  publiées  par  Grivaud,  18{0i813).  M.  Grel- 
let-Dumazeau  [Mém,  de  la  Soc.  des  sciences  nat.  de  la  Creuse,  II, 
387),  considérant  le  nom  de  la  mutation  d'Ubi,.,um  comme  étant 
dans  son  entier,  en  a  fixé  la  position  à  Olby  (Puy*de-Dôme),  et 
celle  de  Fines  au  lieu  dit  La  Pause,  qui  serait  à  la  distance  de 
X  milles  romains,  ou  bien  dans  le  voisinage  de  Voingt,  dont  le  nom 
indiquerait  la  présence  de  la  20*  pierre  milliaire.  Mais  cet  anti- 
quaire a  été  conduit  à  placer  à  Aubusson  {ibid,,  p.  393)  la  station 
d'Acitodunum,  qui  est  cependant  bien  VAgidunum  du  moyen  âge, 
l'Ahun  moderne;  d'ailleurs,  le  nom  d'Aubusson  au  IX*  et  au 
X*  siècle,  Albucium,  Albuco  et  Albuzzo,  et  le  mesurage  des  dis- 

T.  LV  49 


734  âOCléré  ARGHéOLOiBIQtJB    fiT  HiBtORtQUB   DU   LIMOUSIK 

tances,  s'opposent  à  ces  diverses  attributions.  Il  faut  donc,  pour  se 
rapprocher  de  la  vérité  dans  cette  question,  mesurer  la  section 
comprise  entre  UbL..um  (Pontgibaud)  et  Fines,  dans  la  direction 
d*Ahun. Suivant labbè Belley  (Mém. de VAcad.  des  Inscript.,  t. XIX, 
p.  716),  Fines  serait  au-delà  de  Crocq,  auprès  de  Faydets,  sur  le 
territoire  d*Auvergne  et  près  des  limites  des  diocèses  de  Clermont 
et  de  Limoges.  D*Anville  (Notice  de  Fancienne  Gaule,  p.  387)  s'est 
contenté  de  dire  que  le  mesurage  des  distances  marquées  sur  les 
itinéraires  faisait  tomber  la  frontière  à  l'entrée  du  pays  d'Auver- 
gne, mais  il  ne  désigne  nommément  aucune  position.  Walckenaer 
a  constaté  que  le  mesurage  des  distances  la  plaçait  à  la  hauteur  de 
Groisacoigne,  sur  le  ruisseau  de  Mérinchal,  près  de  Montel-de- 
Gélat.  Or,  c'est  précisément  entre  ces  deux  endroits  que  passent 
les  limites  du  diocèse  que  nous  venons  de  tracer  et  dont  plusieurs 
autres  indices  viennent  attester  la  conformité  avec  l'ancienne  cité  ». 

H.  Deloche  commet  une  erreur,  parce  que  pour  bien  déterminer 
la  position  de  ce  Fines  il  importait  d'être  (ixé  sur  deux  points  :  la 
direction  de  la  voie;  et,  étant  donné  cette  direction,  la  distance 
qui  sépare  réellement  la  frontière  du  Limousin  de  Clermont. 

En  ce  qui  concerne  la  direction  à  partir  d'Ahun,  nous  n'avons 
qu'à  puiser  dans  les  nombreux  travaux  qui  ont  paru  dans  les  Bul- 
letins de  nos  Sociétés  archéologiques  de  la  Haute- Vienne  et  de  la 
Creuse.  Nos  autorités  n'appartiennent  pas  à  la  Commission  de  la 
topographie  des  Gaules,  ce  sont  simplement  les  personnes  qui  ont 
observé  le  passage  de  la  voie. 

En  quittant  Ahun,  la  voie  descendait  au  Moutierd'Ahun,oà  elle 
traversait  la  Creuse,  puis,  tournant  au  S.-E.,  elle  gagnait  le  pla- 
teau qui  domine  la  vallée  de  la  Creuse,  traversant  les  paroisses 
actuelles  de  Lavaveix-les-Mines,  Issoudun,  Saint-Médard,  La  Chaus- 
sade,  Saiut-Alpinien;  là,  elle  domine  les  vallées  de  la  Rauzeille  à 
rO.  et  celle  de  la  Tarde  à  TE.,  passe  près  de  Néoux,  Saint-Mau- 
rice, au  S.  de  Crocq,  au  Honteil-Guillaume.  Elle  entre  ensuite  en 
Auvergne,  passe  près  de  Fernoël,  Giat,  Voingl,  Celles,  Olby,  où 
elle  rencontrait  la  voie  venant  de  Périgueux  à  Clermont  par  Brive, 
Tintignac  etUssel  (1).  Ses  traces  se  retrouvent  sur  plusieurs  points. 

Voyons  maintenant  si  les  distances  données  par  la  Table  de 
PeuUnger  correspondent  avec  celle  qui  sépare  Clermont  des  limi- 
tes de  l'Auvergne  dans  celte  direction,  et,  d'autre  part,  la  distance 
d'Ahunà  cette  frontière.  De  Clermont  à  Olby,  VIII  lieues  gauloises 

(Ij  Voy.  la  bibliographie  des  travaux  sur  les  voies  romaines  traver- 
sa :it  le  Limousin  et  notamment  Mathieu,  Colonies  et  voies  en  Auvergne, 
cité  par  M.  Desjardins. 


LBfl  VOltâ  ROMAINES  KN  LIMOUSIN  735 

OU  20  kil.,  !a  dislance  est  exacte;  d*01by  à  Fines,  X  lieues  gauloi- 
ses ou  22  kil.  222,  la  distance  est  trop  faible;  il  y  a  plus  de  34  kil. 
à  vol  d'oiseau  d'Olby  à  la  frontière  de  l'Auvergne,  il  faudrait  donc 
lire  XV  lieues  gauloises,  33  kil.  333,  pour  être  dans  le  vrai. 

La  distance  àeFines  à  Ahnn,  XX  lieues  gauloises,  44  kil.  444,  est 
exacte. 

Que  Ton  ne  pense  pas  que  nous  modifions  un  chiffre  pour  le 
besoin  de  notre  thèse  ;  c'est  à  toutes  les  pages  de  son  Etude  swr  ta 
Table  de  Peutinger  que  M.  Desjardins  relève  des  erreurs  de  dis- 
tance semblables. 

En  ce  qui  concerne  la  limite  du  diocèse  du  côté  de  TAuvergne, 
on  sait  que  Grocq,  comme  Saint-Oradoux  et  Basville,  appartenaient 
depuis  1249  à  Tarchiprétré  d'Herment;  mais  tout  porte  à  croire 
qu'avant  cette  date,  cette  paroisse  relevait  du  diocèse  de  Limoges, 
comme  les  paroisses  avoisinanles  au  sud  et  à  Touest,  celles  de 
Saint-Aignan  près  Grocq,  de  Saint-Georges-Nigremont,  de  Saint- 
Maurice. 

M.  Deloche  décrit  en  ces  termes  les  limites  sur  ce  point  (1)  : 

«...  Elles  passaient  à  Test  de  Gharron  (Limousin),  à  Touest  de 
Vergheas  (Auvergne),  descendaient  jusqu'à  un  petit  hameau  appelé 
Vallette,  de  là  remontaient  vers  le  Cher,  qu*elles  franchissaient  en 
face  d'Auzance  (Limousin)  et  suivaient  sa  rive  gauche  en  passant 
tout  près  et  à  Test  de  la  Marche,  dont  le  nom  significatif  indique 
bien  une  frontière.  Entre  Montel-de-Gélat  (Auvergne)  et  les  étangs 
de  Mérinchal  (Limousin),  elles  Traversaient  le  ruisseau  de  même 
nom  et  passaient  au  nord,  puis  à  l'ouest  de  La  Gelle-d'Auvergne,  à 
l'est  de  Grocq  (Limousin),  de  Monteil-Guillaume,  Salesse  et  Saint- 
Merd-la-Breuille...  » 

L'identification  de  Fm«f,  limitant  la  cité  des  Lémovices  du  côté 
des  Arvernes,  n'a  cessé  de  préoccuper  les  archéologues  de  la 
région. 

Dans  le  Bulletin  monumental  (2),  nous  trouvons  à  la  chronique 
(p.  280)  une  note  de  M.  Antoine  Tardieu  dont  nous  extrayons  les 
passages  suivants  : 

«...  Beauclair  (commune  de  Voingt)  est  la  station  de  Fines  de 
la  carte  de  Peutinger,  sur  la  voie  romaine  de  Glermont-Ferrand  à 
Limoges.  Tout  vient,  en  effet,  confirmer  cette  assertion  :  les  décou- 
vertes récentes,  les  distances,  les  traces  de  voies  antiques  et  les 
explorations,  dont  la  première  remonte  à  celle  de  l'antiquaire 

(i)  Dblocub,  op,  cit,,  p.  77. 

(2)  &•  série,  tome  10«,  48«  de  la  collection,  n«  2  et  3  (Paris,  Cham- 
pion, 1862). 


736  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   ItlSTOIUQCE  DU  LlIfOCSm 

Pasucnot  et  de  François  Grangier,  seigneur  de  Vediëres  et  de 
Goruès,  en  1767. 

»  ...  J'ai  constaté,  à  Beauclair,  les  traces  d*un  amphithéâtre 
placé  en  dehors  et  à  Torient  de  la  ville,  sur  le  bord  de  la  voie 
romaine.  Geile-ci,  que  les  paysans  appellent  Chemin  de  César,  a 
servi  de  route  principale,  de  Glermont-Ferrand  à  Limoges,  jusqu'au 
siècle  dernier;  elle  forme  une  chaussée  bombée  qui  court  à  travers 
la  bruyère.  Gette  voie  conservée  est  un  argument  de  plus  en  faveur 
de  ce  problème  résolu  :  que  Beauclair  était  la  ville  gallo-romaine 
de  Fines;  que  là  était  la  station  marquée  sur  la  Table  de  Peutinger, 
entre  Clermont-Ferrand  et  Limoges,  sur  la  grande  voie  romaine 
qui  traversait  la  Gaule,  de  l'Est  à  l'Océan,  en  passant  par  Lyon, 
Glermont,  [Limoges]  et  Saintes,  magnifique  itinéraire  ouvert  par 
les  ordres  d'Agrippa,  gendre  d'Auguste,  et  restauré  par  les  empe- 
reurs Claude  et  Tétricus,  ainsi  que  l'indiquent  les  milliaires  ». 

Nous  ne  partageons  pas  l'avis  de  H.  Tardieu  au  sujet  de  l'iden- 
tification de  Fines  à  Beauclair  pour  les  deux  raisons  suivantes  : 

1<>  Fines  ne  pouvait  indiquer  la  limite  de  l'Auvergne  à  Voingl 
parce  que  cette  limite  passe  plus  loin.  Les  paroisses  au-delà  de 
Voingt,  Giat  et  Fernoêl,  ont  toujours  appartenu  au  territoire  des 
Arveroes. 

2^  Identifiant  Voingt  avec  Fines,  la  dislance  de  celte  localité  avec 
Glermont  s'accorde  avec  celle  donnée  par  les  itinéraires,  XIX  lieues 
gauloises,  40  kilomètres;  mais  elle  ne  s'accorde  plus  avec  celle 
séparant  Ahun  de  Fines,  XX  lieues  gauloises,  44  kil.  444. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  distance  à  vol  d'oiseau  qui  sépare 
Glermont  de  la  frontière  des  Lémovices  est  de  54  kil.;  que  de 
Voingt  à  cette  frontière  il  y  a  14  kil.;  que,  par  conséquent,  les  iti- 
néraires donnent  une  distance  trop  faible  de  44  kil.,  et  qu'au  lieu 
de  X  lieues  gauloises  entre  Ubium  et  Fines,  il  faudrait  lire  XV  lieues 
gauloises,  33  kil.  333,  pour  arriver  à  peu  près  au  54  kilomètres. 

Quel  serait  maintenant  la  localité  correspondant  aujourd'hui  à  la 
position  de  Fines.  On  a  vu  par  ce  qui  précède  que  les  auteurs  qui 
ont  traité  cette  question,  ont  proposé  des  noms  différents,  suivant 
la  direction  qu'ils  donnaient  à  la  voie  (1)  : 

Quatre  se  sont  prononcés  pour  Saint-Avit  d'Auvergne,  trois  pour 
Montel-le-Gélat,  trois  pour  Voingt,  un  pour  Miremont,  un  pour 
Feix.  Toutes  ces  localités  du  canton  de  Pontaumur,  sauf  Voingt, 
sont  au  nord  de  la  voie. 

Geux  qui  ont  indiqué  Saint-Avit  d'Auvergne  n'ont  tenu  aucun 
compte  de  la  direction  de  la  voie,  Saint-Avit  est  le  point  de  jonction 

(1)  DfiSJARoiNS,  La  Table  de  Peutinger,  p.  40. 


LE5  VOIES  ROMAINES  EN  LIMOUSIN  737 

de  deux  routes  du  moyen  âge,  Tune  venant  d'Aubusson,  Tautre  de 
de  Felletin,  pour  continuer  sur  Glermont  par  Pontaumur  et  Pont- 
gibaud. 

Trois  de  ces  auteurs,  comprenant  la  direction  vraie  de  la  voie, 
ont  placé  Fines  k\omgi  pour  deux  raisons  :  la  première  c*est  qu'ils 
ignoraient  où  passaient  les  limites  de  TAuvergoe;  la  seconde 
parce  qu'ils  ont  pris  à  la  lettre  les  distances  données  par  la  Table 
de  Peutinger.  Nous  avons  montré  plus  haut  que  la  distance  donnée 
entre  Ubium  et  Fines  (limite  de  TAuvergne)  était  insuffisante. 

Le  seul  des  auteurs  limousins  qui  nous  paraisse  dans  le  vrai  est 
Tabbé  Nadaud;  il  s'était  tout  d'abord  trompé,  mais  il  a  corrigé  son 
erreur. 

VIndicaieur  du  diocèse  et  de  la  généralité  de  Limoges,  publié  par 
l'abbé  Legros  en  4788,  contient  (p.  138-152)  les  Observations  sur  les 
anciennes  voies  romaines  du  Limousin^  tirées  des  Mémoires  manus- 
crits de  feu  M.  J.  Nadaud,  curé  de  Teyjac.  Cet  auteur  identifie  Fines 
avec  Montel-le-Gélat  (p.  140). 

On  lit  d'autre  part  dans  son  Fouillé  du  diocèse  (publié  par 
M.  l'abbé  Lecler,  en  1903)  que  Nadaud  identifie  Fines  avec 
Monteil-Guillaume.  Mais  comme  le  Fouillé  était  encore  inédit, 
les  auteurs  limousins  n'ont  connu  que  VIndicateur  du  diocèse,  im- 
primé en  1788,  ils  ont  tous  reproduit  la  fausse  attribution  de  Mon- 
teMe-Gélat(l). 

Honteil-Guillaume,  commune  de  Crocq,  était  jadis  un  chef-lieu 
de  commune  qui  a  été  réunie  à  celle  de  Grocq  en  1836,  et  compre- 
nait les  villages  de  Courades,  Côtes-Bertrand,  Naberon  d'en-bas  et 
Naberon  d'en-haut  (2). 

C'était,  comme  Salesse  et  Naberon  où  résidait  le  commandeur  (3), 
un  membre  de  la  commanderie  de  Sainte-Anne.  L'ordre  de  Malte, 


(i)  Pouillé,  p.  443.  «  M.  Danville  n*a  pu  désigner  quelque  position  qui 
y  ait  rapport  et  véritablement  le  non  de  Fines  ne  se  retrouve  plus  dans 
aucun  lieu  de  ce  canton.  C'est  Monteil-Guiilaume,  où  par  les  sinuosités 
et  rirrégularité  du  terrain  par  Issoudun,  la  Chaussade,  Néoux  se  trou- 
vent exactement  les  X  lieues  de  France,  et  est  à  Textrémité  du  diocèse 
de  Limoges  et  limitrophe  de  celui  de  Clermont.  On  peut  remarquer  que 
toutes  ces  mansions  des  romains  étaient  placées  sur  des  endroits  fort 
élevés.  » 

(2)  A.  Lecler,  Didionnaire  topographique,  archéologique  et  historique 
de  la  Creuse,  p.  4i9.  Limoges,  V*  Ducourtieux,  1902,  in-i8. 

(3)  Le  Moulin  du  Commandeur,  qui  dépendait  du  chAteaude  Naberon, 
figure  sur  les  cartes  modernes. 


738  soGiéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

nous  dit  M.  Yayssière  (1),  y  possédait  une  église  paroissiale  ayant 
dix  cannes  de  long  sur  quatre  de  large  et  placée  sous  le  vocable  de 
saint  Jean-Baptiste. 

La  présence  de  trois  établissements  de  l'Ordre  de  Malte,  si  rap- 
prochés les  uns  des  autres  vient  attester  que  Tancienne  voie 
romaine  de  Limoges  à  Glermont  était  suivie  au  XIV*  siècle  comme 
elle  rétait  encore  au  XVIII«. 

M.  Espérandieu  (2)  a  commis  une  erreur  en  disant  que  «  la  sta- 
tion de  Fines  se  trouvait  vraisemblablement  à  Montel-le-Gélat,  «  la 
voie  devant  s*y  rendre  en  passant  près  du  village  de  Grocq  ».  Il  n*y 
avait  aucune  raison,  pour  que  la  voie,  passant  au  sud  de  Grocq,  à 
Monteil-Guillaume,  remontftl  à  90  kilomètres  au  nord  pour  redes- 
cendre ensuite. 

Nous  appuyant  sur  la  direction  de  la  voie,  sur  la  distance  d*Ahun 
à  Fines,  sur  les  limites  du  diocèse  de  Limoges,  nous  pensons  que 
Ton  doit  avec  Nadaud,  identifier  le  Fines  de  la  voie  romaine  de 
Limoges  à  Glermont,  avec  Monteil-Guillaume,  aujourd'hui  hameau 
de  la  commune  de  Grocq,  autrefois  paroisse  du  Limousin  touchant 
à  la  limite  du  diocèse. 

On  a  vu  précédemment  que  Ton  ne  connaît  les  noms  que  de  très 
peu  de  villes  à  l'époque  gallo-romaine.  Aux  noms  des  stations  des 
itinéraires,  il  convient  d'ajouter  Cambiovicus,  Ghambon»  parce  que 
la  Table  de  Peutinger  mentionne  les  Cambiovicenses;  Andecamulum^ 
Rançon  et  Jtit^atnim^  Evaux,  qui  sont  révélés  par  des  inscriptions; 
Qtiintiniacum,  Tintiniac  et  Breilh,  où  l'on  a  trouvé  des  traces  d'une 
agglomération  assez  importante;  Tullum.  (Toulx-Sainte-Groix) , 
mentionné  dans  l'ancienne  vie  de  Saint-Martial  ;  Luct  (Gourbefy )  (3), 
indiqué  par  la  Gosmograpbie  du  Ravennate  et  mentionné  dans  la 
Vita  Sancti  Vedasti  du  VIP  siècle.  Les  noms  de  ces  localités  à 
l'époque  gallo-romaine  ne  sont  pas  venus  jusqu'à  nous. 

Il  ne  faudrait  pas  en  conclure  qu'il  n'y  avait  que  ces  localités. 
Il  existait  des  subdivisions  dont  les  chefs-lieux  tout  au  moins 
avaient  une  certaine  importance,  mais  comme  ils  n'apparaissent 


(1)  A.  Vayssièrb,  Histoire  des  chevtiliers  de  Vordre  de  Saint-Jetin  de 
Jérusalem  ou  de  Malte. 

(2)  Inscriptions  de  la  Cité  des  Lémovices,  p.  316. 

(3)  M.  Deloche  [Géographie  de  la  Gaule,  p.  457)  place  à  lort  Luci  chez 
les  Lémovices  de  i^Armorique,  à  Grand-Luc  (Vendée).  M.  Desjardins 
au  contraire  place  Luci  à  Gourbefy,  au  bord  de  la  voie  romaine  de  Bor- 
deaux à  Bourges,  et  nous  pensons  qu'il  est  dans  le  vrai. 


LES  VOIES  ROMAINES  EN  LIMOUSIN 


739 


que  dans  les  documents  du  VP  siècle,  ou  ne  sait  au  juste  quel 
était  leur  nom  pendant  la  période  gallo-romaine  (1). 

Le  territoire  des  Lémovices,  à  Tépoque  gallo-romaine,  était  plus 
peuplé  qu'on  ne  le  suppose.  En  dehors  de  quelques  villes  propre- 
ment dites,  la  population  était  disséminés  sur  tout  le  territoire 
comme  l'attestent  les  nombreuses  découvertes  archéologiques. 

Le  dépouillement  des  Bulletin  des  Sociétés  archéologiques  de  la 
région  nous  a  permis  de  grouper  les  découvertes  gallo-romaines 
faites  depuis  soixante  ans.  Ces  observations  portent  sur  300  com- 
munes, dont  100  de  la  Haute-Vienne,  113  de  la  Creuse,  59  de  la 
Corrèze,  19  de  Farrondissement  de  Gonfolens  (Charente)  et  9  de 
l'arrondissement  de  Nonlron  (Dordogne).  Ce  nombre  est  très  infé- 
rieur à  la  réalité  parce  que  chaque  jour  amène  de  nouvelles  dé- 
couvertes. 

Nous  avons  souligné  d'un  trait  rouge  sur  la  carte  ci-jointe  toutes 
les  communes  où  Ton  a  fait  des  découvertes,  afin  de  montrer 
leur  répartition  sur  le  territoire  de  Tancienne  Cité  des  Lémovices. 

Par  ordre  d'importance,  les  découvertes  se  répartissent  ainsi  : 

Sépultures,  114;  Tumuli,  102;  Camps  ou  enceintes,  71;  Mon- 
naies, 51;  Villas,  constructions,  49;  Inscriptions,  30;  Poteries, 
objets  divers,  26;  E^tploitations  minières,  20;  Oppida,  6;  soit  au 
total  469  observations.  Il  va  sans  dire  que  dans  une  même  localité 
on  a  trouvé  à  la  fois  des  inscriptions,  des  monnaies,  des  poteries,  etc. 

Nous  en  donnons  le  résumé  dans  le  tableau  ci-dessus  : 


DEPARTEMENTS 

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Exploitation 
minières 

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VILLAS 

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Haute  -Vienne 

100 

24 

4 

8 

14 

2 

7 

24 

36 

26 

145 

Creuse 

113 

23 

16 

19 

32 

4 

12 

66 

25 

13 

210 

Corrèze 

59 

9 

3 

4 

5 

22 

29 

6 

78 

Charente 
arr.  de  Confolena 

19 

13 

1 

2 

1 

5 

2 

23 

Dordogne 
arr.  de  Nontron 

9 

3 

• 

1 

7 

2 

13 

Totaux  

300 

71 

20 

30 

51 

6 

26 

lli 

102 

49 

469 

Quant  aux  localités  où  Ton  a  fait  les  découvertes,  nous  en  don- 
nons la  liste,  avec  les  noms  des  hameaux  et  les  sources  où  nous 
avons  puisé. 

(1)  Au  sujet  de  Tadministration  provinciale  et  municipale,  on  doit 
consulter  le  savant  ouvrage  de  Desjardins  (t.  III).  Nous  pensons  avec 
M.  Espéra ndieu,  que  les  listes  de  gouverneur  de  T Aquitaine  données 
par  les  Chroniques  limousines  sont  absolument  fantaisistes. 


740 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOOIQCE  ET  RISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


Les  découvertes  sont  désignées  psr  les  initiales  suivantes  : 

C  camps,  enceintes;  E  exploitations  minières;  1  inscriptions;  M  monnaies; 
0  oppida;  P  poteries,  tuiles,  statues,  etc.,  S  sépultures,  cimetières;  T  tumuli; 
V  villas,  constructions,  autels. 

Les  Bulletins  des  Sociétés  archéologiques  de  Limoges,  Rochechouart,  Guéret, 
Tulle,  Brive,  Angouléme  et  Périgueux  sont  désignés  par  le  nom  de  la  ville. 

Haute- Vienne 


COMMUNBS 


Ambazac 

Amac-la-Poste 


Azalrle-Ris 
Beaune  ... 

Bellac 

Bemeuil.. . 
Bersac .... 
Biénac .... 
Bessines  . . 


HAMEAUX 


Billan^es  (Les) 

Blond 

Blanzac  


•  • .  •  • 


Bonnac 

Buis  (Le...). 
Cars  (Les)... 
Chalard  (Le)., 

Ghàlus 

Champagnac 

Champsac 

Champnétery 

Chaptelat 

ChAteau-Chervix  . . . . 
ChAteauneuf-ia-Forêt. 
ChAteauponsac 


Les  Gars,  Fosses-de- 

Marcilhac. 
Le  Buis,   Martineix; 

Oreix. 

Razès. 

Comeloube. 

Gourriol. 


Mas-Barbu. 

Chantegros. 
Lupë. 
Puymartin,  La  Glan- 
douille. 
Leychoisier. 
Pisseau. 
Les  Carillons. 


La  Bethoule. 

Le  Nouhaud.] 
Le  Theillol. 

Fayac,  Luchat. 

Chégurai,    Puy-Mar- 
ron,  Les  Vernnes. 


liNcatini 

4tli 
NeMiftrto 


Compreignac 


Condat 

CoussaC'Bonneval . . . 


Couzeix 


Cromac 


Cussac  

Dompierre  . 
Dorât  (Le).. 


Le  Buis,  Mas-de- 
Lage,  Mas-Genest, 
Puy- Rénier,  Texon- 
niéras. 

Les  Chatelas. 

Montlambert. 

Les  Combes,  Le  Courret. 


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SOURCBS   DBS  INDICATIOKS 


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Limoges,  ii,  ni,  vu. 

Limoges,  vin,  113;  xi;  lix,  449; 
Soc.  des  ant.  de  TOuest,  1851- 
54,  XIX,  55;  Rochech.,  vni,  43. 

Limoges,  xxxix,  723,  728. 

Limoges,  vn,  109.  207;  Lvn,  486. 

Roy-Pierrefitte,  Hist.  de  Bel.,  103 

Limoges,  xlvi,  441. 

Limoges,  xxvi,  368,  396,  398,  405. 

Limoges,  ix,  55. 

Limoges,  xxxi,  80;  xxxn,  333, 
335,  338;  xxxiii,  332. 

Limoges,  li,  401. 

Limoges,  xxx,  323;  liv,  680,  687. 

Gazette  du  Centre,  déc.  1903. 

Limoges,  xxx. 

Espér.,  Inscr,  cité  des  Lém.,  73. 

Limoges  ,xxiv,  376;  xxvni,306, 309 

Limoges,  vu. 

Limoges,  xli,  661. 

Limoges,  xxxviu,  434. 

Masfrand,  Lim,  préhist.,  108. 

Limoges,  xlv.  531. 

Duroux,  99;  Allou,  379;  Grignard, 

Dict.  nis. 

Limoges,  vu,  186:  xxx. 
Limoges,  xxu. 
Limoges,    xxxvni,    399;    xxxix, 

738;  XLiv,  208;  Ëspérandieu,  14, 

159,  194. 
Limoges,  vn,  133,  192;  vni,  96; 

xxxn,  345. 

Limoges,  xxn,  153,  279. 
Carte  topog.  des  Gaules;  Arbel- 

lot.  Revue  archéol. 
Limoges,  vn;  Allou. 


Soc.  des  ant.  de  TOuest,  1851; 
Limoges,  liv,  449. 

Limoges,  xli,  606;  xlii,  610. 
Espérandieu,    102;   JouUietton, 
Uist,  de  U  Marche,  ii,  279. 


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LES   VOIES   ROMAINES   EN   LIMOUSIN 


741 


COMMUiXES 


Dournazac 

Eyjeaux 

Eymoutiers 

Flavignac 

Folles 

Glanges 

Grands-Chézeauz. . . . 

Jabreilles « . . 

Javerdat 

La  Chap«lle-Montbraodeix 

La  Geneytouse   

La  Jonchère 

La  Meyze 

La  Porcherie 

La  Roche-rAbeille. . . 

Laurière 

Limoges 


Lussac-les-Eglises . . . 

Magnac-Laval 

Mailhac 

Marval 

Meuzac 

Nexon 

Nicul 

Oradour-sur-Glane  . . 
Oradour-sur  -  Vay  res . 

Pageas 

Pensol 

Peyrat-le-Château . . . 
Pierrebufflère 

Rançon  

Razès 

Rilhac-Lastours 

Rochechouart 

Roussac 

Saint-Basile 

Saint-Bonnet-Briance. 
S*-Bonnet-la-Marche . 

Saint-Brice 

Saint-Cyr 


HAMEAUX 


DéetuTcrto 


Les  Rudelles,  La  Rue. 
Le  Masneuf. 
Peyrade. 
Texon. 

Monjourde. 
Puynde-Diane. 
La  Font-Claire. 


Lascaux,  LeCourtieux 
Lartimache. 
PuY^Joubert. 
LeCouretf  Les  Bassières. 

Puy-Négrier 
ChAteauvieux. 
GiauXf  L*Imperadour. 


Lavaud,  Boismandé. 


Peu-Marchoux. 

IP 

Mondou. 

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Le  Chalard. 

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Chavagnac. 

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Caillou-Blanc. 

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Le  Repaire,  Orbagnac. 

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Le  Chalard. 

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Mazeaubrun,    Petite- 
Vessièrc. 

Eaux-Joignantes. 

Anlone. 

Mont-Rû. 

Santrot. 

Lastours,  Petit- Arbre 

Lamothe. 

Le  Monteil. 

Neuvillard. 
Pont-Saint-Marlin. 

Lascaux. 


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SOURCES   DES   INDICATIONS 


Limoges,  xiii,  85. 
Limoges,  m,  102,  note  ;  xxx. 
Limoges,  xxix,  405;  xxxviii,  449. 
Limoges,  iv,  63,  174;  ix,  55,  183; 

XXVI,  408;  XXXIX,  717. 
Limoges,  xxix,  413,418;  xxxii,  1 17. 
Limoges,  ix,  55;  xxxviii,  449,  482. 
Soc.  des  An  t.  de  TOuest,  xix,  52; 

Limoges,  liv,  449. 
Limog. ,  XLi V,  293, 295, 299;  xlv,  65 
Rochechouart,ii,88;iii,199;xiii,55 
Limoges,  x,  258;  xxix,  399. 
Limoges,  xlii,  589. 
Limoges,    xix,    37;    xxxii,    117, 

xxxiv,  283;  xu,  637. 
Masfrand,  127. 

Limoges,  m,  73,  deVerneilh-Puy- 
raseau,  HUt  a*AqnU.,  i,  259. 

Limoges,  xxxii,  117. 

Espérandieu,  42, 50, 55, 77,  81,  85, 
87,108,106,116,128,137,157,162, 
178,  180,  182,  185,  195, 198,  201, 
202,  203;  Limoges,  x,   xi,  xiv, 

xxx  II,  XXXIII,  xxxiv,  xxxvi,  XXXIX, 
XL,  XLI,   XLV,  XLVIII. 

Soc.  des  Ant.  de  TOuest,  xix, 

47;  Limoges,  liv,  450. 
Limoges,  XL,883;  Espérandieu,203 
Limoges,  liv,  450. 
Limoges,  xi,  xiii,  85. 
Masfrand,  127. 
Masfrand,  127. 
Limoges,  xxx,  304. 
Limoges,  xxxviii,  491;  XL,839, 879. 
Limoges,  xxxviii,  428,  462;xxxix, 

686;  XL,  841;  Rochechouart,  ii, 

100,  219. 
Simon,  Culte  des  morts ,  306. 

Limoges,  viii,  85. 

Limoges,  xliv,  282. 

Limoges,  xii,  292,  316;  xiii,  256, 
260;  XIV,  189,  192,  xv;  45. 

Limoges,  m,  131;  xxxvii,  447; 
Espérandieu,  27,  36. 

Limoges,  xlii,  590. 

Limoges,  vu,  184;  xiii,  85;  Ver- 
neilh-Puyraseau,  i,  116;  Mas- 
frand; 126. 

Rochechouart,  ii,  124;  Verneilh- 
Puyrascau,  I,  117. 

Limoges,  lu,  554. 

Limoges,  xxxvi,  527. 

Gazette  du  Centre,  6  sept.  1887. 

Limoges,  i,  48. 

Limoges,  xxvii,  354. 

Lim.,  xxxvii,  472;  Roch.,  ii,  166, 


M     .'. 


742 


SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 


Saint-Denis-des-Murs. 
Saint-Gence 

Saint-Georges 

S^-Germaint-l. -Belles. 
S'-Gilles-les- Forêts.. 


S^-Hilaire-las-Toiirs . 
S^-Laurent>l. -Eglises . 

S*-Laurent-sur-Gorre. 

S*-Léger-la-Montagne 
S^-Léger-Magnazeix. . 


Saint-Léonard 

S*-Martin-de-Jussac . 
S'-Martin-le-Mault... 

Sain  t-Martin-le- Vieux 
S*-Martin-Terre8sus. . 

Saint-Mathieu 

Saint-Nicolas 

Saint-Paul-d'Eyjeaux. 
Saint  Priest-Ligoure  . 
Saint-Priest-Taurion 

Saint-Somin-Leulac  . 
S*-Sulpice-Laurière  .. 

S^-Sulpice-les-FeuilIes 

Saint-Yrieix ......... 

Sëreilhac 

Solignac 

Sussac  

Vayres 

Verneuil-Moûtiers . . . 
Verneuil-Bur- Vienne . 

Vicq 

Vigen  (Le) 

Ahun 

Ajain 


Villejoubert. 
La  Châtre,  Le  Rabaud, 
Senon. 
Les  Fontenets. 

Mont-Gargan. 


Les  Places. 
Ausiac. 


Le  Grand-Fa,  La  Séjotte. 


La  Basse,  Les  Rongëres. 

Bard. 

La  Mazère. 


Le  Breuil. 


Courbefy. 

Beaumont. 

Puymie. 

Les  Martines. 

Les  Chassaignes. 
Puy-Chatelard. 

Chuyet,  Virvalais, 
Lavaupot,  Peu-GuiU 
lebrau,  Peuchaud. 

La  Faye. 

La  Baisse. 

Champs. 

Le  Fan. 
Viallebost. 

Le  Buis. 

Fougeras. 


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SOURCES   DBS   I!CDICATI05S 


Limoges,  xi. 
Limoges,  xxx. 

Limoges,  liv,  450. 

Limoges,  ii;  Grignard,  DicL  m«. 

Limoges,  XXIII, 325, 345;  xxiv,37e. 

382;  XXV,  410,  413,  415;  xxxi,396; 

XXXVIII,  492;  xxxix,  691. 
Masfrand,  126. 
Limoges,  xii,  625,  628,  638;  xlii, 

599;  XLV,  309. 
Limoges,    xxviii,    305;    Roche- 

chouart,  i,  139;. ii,  164. 
Allou,  204. 
Limoges,  xxx;  Soc.  des  Ant.  de 

rOuest,  XIX,  100,  1854;  Ardouin- 

Dumazet,    Limoaêin^    p      17: 

Espérandieu,  45. 
Limoges,  xxvii,  475;  xxix.   422; 

xxxviii,  449. 
Rochechouart,  m,  309. 
Limoges,  xlvi, 467;  xlvii,  475,  4SI. 

482,  486;   Liv,  450;   Gaseite  da 

Centre,  13  juillet  1888 
Limog.,xxvii,353;  xLv,538:Liv,T0h 
Limoges,  xxx. 

De  Vemeilh-Puyraseaii,  i,  116. 
Limoges,  xiii,  83,  241:  xxiii,  3i6. 
Limoges,  m,  64,  98;  xxx. 
Limoges,  xlvi,  472. 
Limoges,  xxx;  xliv,   281,  Alm, 

limoasin,  1899. 

Gazette  du  Centre,  27  fév.  41(84. 
Limoges,    xxvi,    404;    AsMÎses 

scient,  de  Limoges,  1867. 
Limoges,  xxx,  319,  928,  lit,  449. 


Limoges,  xxxvii,  467. 

Rochechouart,  ▼,  42. 

Espérandieu,  110. 

Limoges,  XIII,  259;  xxvi,  402. 

Limoges,  xzviii,303;xxix,40&;  xxx 

Limoges,  xl,  840. 

Limoges,  ix,  55;  xxx,  325;  xxst, 

260;  LIT,  698. 
Limoges,    vu,    183;    xjmt,    381, 

xxxvi,  534;  lui,  865. 
Limoges,  xxxii,  316;  xli,  630. 


Creuse 


CIMP 


Limoges,  iii,139, 238, 344,  462,483; 

xix,39;Guéret,i,30,42,71,114,222. 

111,194, 343, 462,483;  IV,  231  ;v,  142; 

Espérandieu,  67,  134,  161,  192. 
Gueret,  iv,225;  Assises  scient,  de 

Limoges,  43. 


LVS  TOIBS  ROMAINES  BN  LIMOUSIN 


743 


COMMUNES 


Arfeuille 

Airènes  

Are 

Aubusson 

Aulon 

Azërables 

Bazelat 

Bénévent 

Blaudeix 

Bonnat 

Bord-Saint- Georges  . 

Bourganeuf 

Bourç-d'Hem 

Boussac-Bourg 

Budelière 

Ceyroux  

Chambon • 

Chamborant . .  « 

Champagnat. 

Chansanglard 

Chauchet  (Le) 

Chënérailles 

Colondaraes 

Crocq  

Domérot 

Dun 

Evauz  

Faux-Ia-Motitagne . . . 

Fclletin 

Fleurât 

Fresselines 

Gartempe 

Glénic 

Gouzon 

Gouzougnat 

Grand-Bourg  '  Le). . , . 

Gucret 

Issoudun 

Janaillat 

Jarnages  

Jouillac 

La  Brionne 

La  Chapelie-S^-Martial 


HAMBAUX 


Faye-aux-Arey?,  Forgeas, 
Les  Giraudes,  Fradelles, 
Puy-Faacher,  Saieirat. 

Colomba t,  Conchat. 

ChAtres,  Cube  (La). 


L'Age-du-Mont. 
Le  Grand-Mural. 


Pouyoux. 


Cluptat,Creusot8  ;les), 
Forgeas. 

Petite-J''aye. 
Chez-Mafran. 
Chambon,  Les  Fougères. 
Breuil. 


Villetelle. 

Bois  -  de  -  Roche ,  Le 
Roi]goux. 

Truffy, 

Trois-et-Demie. 

Ghassignoles ,  M  a  s  - 
Brenier,  La  Chassarae. 

Les  Ecures,  Vilielot, 
Vaumoins. 


Celles ,    Huviers ,    La 
Barde,  Salagnac. 

FayoUe. 

Le  Dognon ,  La  Vacheresse 


li4kaliow 

«•la 
DécMMrto 


Lescuras,  La  Vedrenne, 
Pouyant. 


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BIPS 


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MS 

CISTV 


SOURCES  DBS  INDICATIONS 


Guéret,  i,  330. 

Lioiog.,  xvi,44;  xxxn,117,  xLi,64d, 

xLiv,  304;  XLV,  385,  561;  Guéret, 

iv,323,230;  v,  17, 135;  Espér.,136, 
Guéret,  i,  46,  113. 
Guéret,  m,  343;  iv,  237;  vu,  260. 
Guéret,  II,  39;  iv,  224. 
Guéret,  ii,  39;  iv,  228. 
Soc.  des  ant.  de  TOuest,  xix,  49. 
Guéret,  ii,  39;  m,. 343,  461,  483, 

488;  IV,  228,  236,  291;  ix,  457. 
Guéret,  iv,  224. 
Guéret,  i,  198,   220;  iv,   244;  v, 

148;  Espérandieu,  69. 
Guéret,  iv,  238. 
Guéret,  i,  116,  117. 
Guéret,  ii,  301;  m,  38. 
Guéret,  m,  329. 
Guéret,  ii,  42;   iv,   216;  v,  141; 

Espérandieu,  11. 
Limoges,  xxxii,  117. 

Guéret,  m,  454. 

Limoges,  xxxii,  117. 

Guéret,  m,  459. 

Guéret,  i,  122. 

Guéret.  i,  239. 

Guéret,  i,  113;  m,  33,  327;  iv,  229, 
238;  Vf,  396. 

Guéret,  iv,  208. 

Guéret,  i,  112;  2*  livr.,  89. 

Limoges,  m,  133. 

Guéret,  m,  344. 

Limoges,v,  255;  Guéret,  i,  81 ,  151, 
227;  m,  29,  33,343;  iv,  193, 239, v, 
137;  VI,  54;  Espérandieu,  16,  40. 

Rochechouart,  iv,  19. 

Guéret^  i,  113. 

Guéret,  ii,  122;  m,  333;  iv,  227. 

Guéret,  m,  343. 

Guéret,  i,  121,  122. 

Guéret,  i,  123,  204,  210;  ii,  294; 

m,  343;  iv,  222,  224. 
Guéret,  ii,  39. 

Guéret,  v,  140;  Espérandieu,  25. 
Guéret,  m,  191,  222,  325,329,343, 

481;  IV,  242;  V,  149,  Espérandieu, 

158,  204. 
Guéret,  i,  46;  m,  194,  343;  v,  417. 
Guéret,  ii,  37;  vi,  392 
Guéret,  i,  46, 115;  ii,  37,  m,  337,  iv, 

224,  240. 

Guéret,  ii,  39;  m,  328. 
Guéret,  i,  126;  ii,  38;  iv,  224. 
Guéret,  ii,  38;  m,  343. 
Guéret,  i,  111, 112, 114, 115;  v,  147; 

Espérandieu,  73.- 


•4«."* 


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7U 


SOGltTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET  HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 


COMMU?{BS 


La  Courtine 

Lafat 

La  Souterraine 

Lépinas 

Lourdoueix-S*-Pierre . 

Mansac 

Marsac 

Méasnes 

Mérinchal 

Mourioux 

Moutier-d*Ahun 

Moutier-Rozeilie  .... 

Nailhat 

Nëoux  

Nouziers 

Parsac 

Peyrat-la-Noniérc. . . . 
Pionnat 

Pontarion 

Puy-Malsignat 

Roches 

Rouenat 

Rovères 

S*-Aignan-près-Crocq. 
S^-Amand  -Jartoudeix 

Saint-Chabrais 

Saint-Christophe  .... 

Saint-Dizier 

S*-Dizier-Ia-Tour 

Saint-EIoi 

S*-Ëtienne-de-Fursac . 
Sainte-Feyre 

Saint-Fiel 

S*-George8-Nigremonl . . 

Saint-Goussaud 

S'-Hilaire-Chàtcau . . . 

Saint- Loup. 

S*-Marc-à-Frongier  . . 

3aint-MartiaMc-Nfont 


HAMEAUX 


Breith,  Crosmont,  Ma- 
louze,  Peu-la-Pierrc. 


Lignaud. 

La  Courrière. 

Mon  t-à-Ia-Forgeas . 

Létrade. 

LaGaudineri«,  LesGroppas, 
La  Ribière,  La  Vedrenne. 


Le  Coure  t. 
Les  Rebières. 
La  Gondeix. 


Château  vieux. 

La  CoffretU,  Les  Razès. 
Les  Chapelles. 


Pey  roux-Château . 
Mas-Foreau  (pierres  du 

Marmot  et  de  Monisne). 
Pommier. 

Tour-Saint-Austrille. 
DroailleSf  La  Fête,  Mont- 

Pijeau,  La  Chaize  ,LaVit 
Montgibaud. 
Les  âains   (Puy-de- 

Gaudy),  Villepetou. 

Champ-Géf  Muraut. 

Puy-de-Jouer,  Millemi- 
langes,  Redondesagne. 


Villescot,  Chameyroux. 
Chautcan,  Conchezotte. 


liiiMiiwi 
DfenTirle 


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SM 

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S 
CIMS 

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ECMV 


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s 

CP 
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SOURCES  DBS  IICDICATIOXS 


Guéret,  m,  336. 

Lecler,  Dict  de  la  Crease,  p.  353 

Limoges,  x  i,  319;  xix,  49;  xxxti. 
332;  XXXIII.  335;  XL. 405, 412, 871; 
Guéret,  i,  62,  84,208,211,232;  ii, 
296;  iij,  31,  201,  336,  463;  iv,224, 
241;  Espërandieu,  39,  93,  115. 

Echo  de  la  Creuse,  9  avril,  1898. 

Guéret,  v,  69,  71. 

Guéret,  iv,  222. 

Limoges,  xi,  200;  xxxir,  117. 

Guéret,  iv,  224. 

Guéret,  iv,  224. 

Guëret,iii,323;Linioges,xxxii,117 

Guéret,  i,  44, 110, 114;  v,  141, 149, 
155;  Espérandieu,  27,  43,  65.  87, 
89,  108,  109,  186. 

Guéret,  1891, 

Guéret,  m,  326,  341. 

Guéret,  i,  113;  vu,  261. 

Guéret,  i,  213. 

Gjuéret,  m,  328;  v,  150;  Espé- 
randieu, 91,  130. 

Guéret,  IV,  224. 

Guéret,  v,  351;  AsêUes  êcienl.  de 
Limoges,  1867. 

Guéret,  i.  116. 

Guéret,  vu,  261. 

Guéret,  i,  202;  iv,  219;  vi,  395. 

Guéret,  iv,  323. 

Toumieux,  Royére,  14. 

Guéret,  iv,  224. 

Guéret   v,  361. 

Guéret,  m,  327;  iv,  218,  238,  239. 

Guéret,!,  46,  114. 

Guéret,  i,  116;  m,  327. 

Guéret,  i,  114. 

Guéret,  i,  46, 114,  217;  v,  72,  352; 
Assises  scient,  de  Limoges^  1867. 

Limoges,  xu,  632. 

Guéret,  i,  26, 86, 115, 177;  v;  Espé- 
randieu, 150. 

Guéret,  i,  134,  126. 

Guéret,  m,  456;  v,  355;  Assisea 
scient,  de  Limoges,  1867. 

Guéret,  1,1 16;  vin;  ix,193;  xiii,  450; 
XIV,  193;  XV,  371;  Limoges,  xiii, 
98,  219;  u,  451;  Lit,  554. 

Guéret,  iv,  224. 

Guéret,  II,  39. 

Guéret,  1891;  Pérathon,  Hisi. 
d*Anbusson,  6. 

Guéret,  i,  44;  m,  463;  iv,  219; 
220,  233,  244;  v,  !Î3,  150;  Kspé- 
randiçu,  98,  134,  135, 


LE&   VOIES   ROatAtNfid   £n    LlMOCSlS 


740 


COMMUNES 


Saint-Maurice 

Saint-Médard 

S*-Merd-la-Breuille    . 

Saint-Moreil 

S*-Oradour-de-Chirouze . 
S*-Pardoux-Lavaud  .. 
S^-Pardouz-les-Cards. 
S»-Priest-la-Feuille  . . 
S'-Priest-U-Plaine  . . . 

Saint-Quentin 

Saint-Sébastien 

Saint-Silvain-d*Ahun. 
S*-Silvain-Montégut.. 
S*-Sulpice-le-Guérétois . 

S^-Sulpice-lc-Dunois . 
Saint-Vaury 

S^-Yrieix-Ia-Montagne 


Saint- Yrieix-les-Bois 

Sardent 

Savennes , 

Sermur 

Soubrebost , 

Soumans 

Sous-Parsac , 

Thauron 

Toulx-Sainle-Croix  . . 

Villars 

Aix , 

Ambrugeat , 

Angles  ^Les) , 

Argentat 

Amac-Pompadour. . . 

Bort 

Brive 

Ghamberet ...  ; 

Chameyrat 


HAMEAUX 


U  Ville-«ax-Boi8,  MafTé. 


DfCMvertt 


Les  Moites. 

Besses,  LaRebière-Bayard 
ParchimbauK. 


La  BusBière,  La  Villalte, 
Montlevade,  La  Ribière. 

Bernagc. 


Ghiroux-les-Bois,  Vil- 

lerÀniier. 
Les  Chantrelles,  Mas- 

Baulet,  Le  Seilloux. 
HeiUac. 


Linard. 

La  Drouille,  Montebras. 


Ponl-de-l'Enfer 


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SOURCES  DBS   INDICATIONS 


Limoges,  xliv,  297  ;  xlvi,  461;  Soc. 
des  Ant.  de  TOuest,  xix,  185. 

Guëret,  v,  151:  Ëspérandieu,  189. 

Simon,  Culte  des  morts,  308. 

Guéret,  m,  461;  iv,  224. 

Guëret,  v,  173,  317. 

Guérel,  iv,  224;  £spérandieu,154. 

Guéret,  m,  327;  iv,  225,  231. 

Soc.  des  Ant.  de  TOuest,  xix,  61. 

Guéret,  m,  325. 

Guéret,  i,  113. 

Limoges,  xxxi,  402. 

Guéi*et,  IV,  220. 

Guérel,  vi,  395. 

Guéret,  1,118, 204, 11,38;  111,343,  IV, 
223,  226,  227;  Ëspérandieu,  131. 

Commission  delà  top.  des  Gaules 

Guéret,  i,  116;  m,  343;  Assises 
scient,  de  Limoges,  1867. 

Limoges,  xlii,  584;  Echo  de  la 
Creuse,  14  janv.  1893;  Guéret, 
IX,  457, 468;  Èul,  de  corresp,,  n*  3 

Guéret,  IV,  217,  237;  v,  152;  Ëspé- 
randieu, 75,  156. 

Guéret,  i,  115,  230;  n,  295;  m,  192. 

Guéret,  ii,  297;  m,  29,  iv,  218, 246; 

Espérand.,  131,132,133, 135,151. 
Limoges,  xxxii,  336,  344;  xxxii, 

345;  xxxiv,  111,  345;  Brive,  xii. 
Gazette  du  Centre,  15  oct.  1891. 
Guéret,i,127,210,217;iv,228;v,323 
Limoges,  m,  138;  Guéret,  i,  114. 
Guéret,  v,  355;  Assises  scient. 

de  Limoges,  1867. 
Guéret,  i,  179;  tu,  32K,  451;  iv, 

779;  Assises  scient.  Limoges  Ati^l 
Guéret,  i,  221. 


Corrèse 


Moulin-du-Peuch. 
Le  Chambon. 


MS 

S 
T 


Croisy,Longour,LePeuch     V  S 
Pompadour.  T 

MP 
Ghanoux,  Chastellou,       S 

Griffoiet,     Palènes, 

Le  Rey 
Mont-Cé.  MTV 


La  Combotte. 


Ëspérandieu,  p.  206  et  suiv. 
Ph.  Lalande,  Sépult.,  11. 
Carte  top.  des  Gaules;  Ph.  La* 

lande  ;    de    Bergues  -  Lagarde  ; 

Courrier  du  Cen(re,16  sep.  1872. 
Tulle,  1897,  58;  Ph.  Lalande,  20. 
Carte  top.  des  Gaules. 
Brive,  iv,  679. 
Ph.  Lalande,  24. 


Limoges,  xxiii,  325, 846;  xxiv,  370, 
382;  XXV,  410,  413, 415;  xxxi,  396; 
XXX VIII,   492;   xxxix,    691;    Ph 
Lalande. 

Brive,  iv,  683. 


•746 


SOClèré   ARCHèoLOGiQUÈ    ET    HlâTOtilQUË    bV    LIMOUSIS 


COMMVinSS 


Chasieau 

CoDdat 

Damels 

Donzenac 

Espa^nac  

Eyourie 

Eygurande 

GouUes 

Lapleau 

Laroche-près-Feyt . . . 
Lubersac 

Malemort 

Masseret 

Ménoire 

Mestes 

Meymac 

Miftevaches  

Monceaux 

Naves 

Nespouls 

Neuvic 

Neuville 

Perpewic-le-Noir 

Rilhac-Treig^nac 

S*-Bonnet-le-Pauvre. . 

S^-Cernin-la'-Mar  ce  . 


Saint-Hilaire-Foissac. 
S*-Julien-le-Pèlcrin  . . 
S*-Julien-Maumont  . . 
S**-Mapie-la-Panou8e  . 
Saint-Martin-Seperl.. 
S'-Pardoux-Corbier. . 
S»-Priest-de-Gimel  .. 

Saint-Rémi 

Saint-Yrieix-le-Déjalat . 

Saint- Ybard 

Salon-Ia-Tour 

Seilhac 

Sérandon 

Servières 

Soudaine-Ia-Vinadiëre . 

Toy-Viam 

Treirnac 

Trocne 

TuUc 

Turenne , . . . 

Ussac 

Ussel 

Uzerclic 

Voutezac 

Yssandon 


HAMEAUX 


Puy-dc-Crochet. 
Les  Saulières. 
Randeix,  Pont-Charroux 


La  Motte,  Le  Gué-de- 
Monviile. 
Puymareix,  Roomegoux. 

Cbfttellus,  Roc-de>Vic. 

Le  Jassoneix,  Le  Monteil. 
Fontgrande. 
Puy-du-Tour, 
Tinti^nac. 


Puy-du-Tour. 


Laroche,Piiy-de-Cha9- 
sagne,  Puy-de-Paleu, 
Roc-Blanc. 


Brach. 


La  Yernouille,  Montfumat 
La    Motte,    La   Ver- 
nouille,  Le  Repaire. 

PUteau-des-Ages. 


Rilhac. 

Rebeyrie. 

SaintrPriest. 

Nazareth. 

Lanel. 


Chazueix,  Sauvezit. 
Puy-du-Ghalard. 


DéCNVtru 


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GM 


SOURCES  DES  INDICATIONS 


Ph.  Lalande,  Sipult.,  35. 

Ph.  Lalande,  15. 
Ph.  Lalande,  35. 

Carte  top.  Gaules,  Ph.  Lalande. 
Ph.  Lalande,  10;  D' Longy,  Mon. 
d'Eygurande. 

Garte  top.  des  Gaules 

Brive,  vi,  573. 

Limoges,  xxii;  Ph,  Lalande,  31. 

Ph.  Lalande,  27. 

Ardoin-Dumazet,  Limottsitif  221. 

Brive,  xii. 

Garte  top.  des  Gaules. 

Ph.  Lalande,  11. 

Ardoin-Dumazet,  Limousin,  202. 

Brive,  xii. 

Brive,  vil,  631  à  713;  ix;  Espéran- 
dieu,  111,  130. 

Ph.  Lalande,  Monumentê  pré- 
historique» de  là  Corréxe. 

Garte  top   Gaules;  Ph.  Lalande 

Brive,  xit. 

Espërandieu,  113. 

Ph.  Lalande,  Monuments  pré- 
hist.  de  U  Ùorréze. 
Ph.  Lalande,  Sép.,  35. 


Ph.  Lalande,  20. 
Ph.  Lalande,  35. 


Garte  top.  Gaules;  Ph.  Lalande. 
Ph.  Lalande,  19. 

Ph.  Lalande,  15. 
Brive,xii,287,289;Limoges,xii,260 
Limoges,  xxi,  304;  xl.  845;  TuUe, 
1891,  107. 
Ph.  Lalande,  17. 

Ph.  Lalande. 

Marvaud,  Hisl,  du  Aas-Limoa- 
siR,  I,  7;  Ph.  Lalande. 
Ph.  Lalande,  15. 
Rochechouart,  v,  112. 
Garte  top.  Gaules;  Ph.  Lalande. 

Ph.  Lalande,  30. 
Ph.  Lalande,  26. 
Brive,  xix,  129;  Ph.  Lalande,  9; 

Espërandieu,  97,  190. 
Limoges,  xxu;  xxiv,  376. 
Ph.  Lalande,  35. 
Brive.  xii;  Ph    Lalande,  Monu^ 

mênis  préhist  de  U  Corrète. 


LS5   VOIES    ROBIAINKS   EN    LIMOUStN 


i4/ 


Charente 

Arrondissement  de  Confolens 


COMMUNBS 

HAMBAUX 

Uakatlê» 
DkÊtntU 

SOURCES   DBS  INDICATIONS 

Alloue 

Anglard-la-Forét. 
Ambournet. 
Chez-Fou quet,  Les 
Peines. 

Chez-Godard 
L'Age-la-Forét. 
Petit-Mas-Dieu. 
Les  Mottes. 

Les  Assieux,  Puy- 
Mérigoux,  Roubadeau. 

Trallebost. 

ChMeau  -  de  -Boonetè  ve, 
LaGuierche,  LeBannet 

L'Age. 

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Limoges,  xxx. 

Ambernac 

Espërand  ,  Ep,  Poitou  et  Saint. 

Ansac 

Carte  top.  des  Gaules. 

Benest 

Angouléme,  1862;  Michon,  Stat, 

Brigueil 

mon  ,  149. 
Angouléme,  1R62;  Michon,  148. 

Champagne-Mouton. . 
Chasseneuil 

Angouléme,  1862;  Michon,  150. 
Michon,  151. 

Chassenon. 

Limoges,  x,   252;   xx,  253,  xxi, 
310;  XXXV  ,641 ,645;Rochechouart 
I,  18,  38,  60,  123,  223;  ii,  86. 

Angouléme,  1862;  Michon,  150. 

Rochechouart,  m,  238. 

Chassieca 

Etaffnac 

Grand-Mas-Dieu 

Lindois  (Le) 

MazeroUes 

Angouléme,  1862;  Michon,  150. 

Michon,  149. 

Carte  top.  des  Gaules. 

Montembœuf 

Montrollet 

Carte  top.  des  Gaules. 
Angouléme,  1862;  Michon,  148. 

Angouléme,  1862;  Michon,  149. 
Limoges,    xxx    (25    oc  t.    1881); 
Michon,  149. 
Limoges,  iv,  118;  v,  196. 
Rochechouart,  ii,  234,  255,  283. 
Angouléme,  1862;  Michon,  149. 

Pleuville 

Pressiffnac 

S^-Maurice-  le  vLions 

Saint-Quentin 

Saulirond  ..*.. 

Dordogne 

Arrondissement  de  Nontron 


Bussière-Badil 

Jumilhac-le-Grand.. . 


La  Nouaille 

Milhac-de-Nontron . . 

Champ-Romain 

Sainl-Barthélemy.. . . 

S*-Priest-les-Fougèrc8 

Varaignes 

Villars 


Petit-Bois. 

F6ret-Jeune,  La  Mon- 
tre, Le  Tindeix,  Li- 
viers,  Villezanal. 

Landes-de-Coaderféry. 
Verlaine. 

Châteaumanque,  («enest, 
Villechabanne. 
La  Bregère,  Le  Bûcheron 


La  Chabestie ,  Las 
Monthas,  LasVergne, 
Le  Brandeau. 


V 
CT 


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T 

T 

CT 

CST 

V 
T 


Limoges,  xxxix,  399. 
Périgueux,  vu;  Limoges,  xxviii, 
299,  316;  xxix,  125. 

Périgueux,  vu. 
Périgueux,  vu. 
Périgueux,  vu. 
Périgueux,  vu;  Limoges,  xiii. 

Limoges,  xxiv;  xxix,  125;  xluc, 
640;  Périgueux,  vu. 
Limoges,  xlv,  538. 
Périgueux,  vu. 


Nous  avons  craint  d'allonger  ce  tableau  en  citant,  pour  un  grand  nombre  de 
localités,  les  ouvrages  de  M.  l'abbé  A.  Lecler,  ses  monographies  de  cantons  de  la 
Haute- Vienne  et  ses  Dictionnaires  géographiques,  historiques  et  archéologiques  de 
la  Creuse  et  de  la  Haute^Vienne  (ce  dernier  en  cours  de  publication).  Nous  y  ren- 
voyons le  lecteur. 


746  SOCI&Tè   ARCHÉOLOâlQCB   tt   AlSTORlQÛB   DC   LlMOCSRt 

Il  résulte  de  ce  Irafail  :  1*  que  les  découfertes  ont  été  plus  nom- 
breuses sur  le  parcours  des  anciennes  Toies  que  partout  ailleurs  ; 
que  toutes  les  localités  où  Ton  a  troufé  des  inscriptions  se  trouvent 
sur  le  passage  d*une  voie  romaine  on  à  proximité. 

Si  on  ajoute  les  tnmuli  aux  sépultures,  on  atteint  le  chiffre  de 
deux  cent  seize  découvertes.  Beaucoup  de  ces  sépultures  n'étaient 
pas  isolées,  et  elles  semblaient  constituer  un  véritable  cimetière, 
sans  que  cependant  on  ait  pu  découvrir  encore  de  constructions 
aux  alentours.  Ces  sépultures  consistent  dans  des  vases  de  diverses 
natures  renfermant  des  cendres.  Elles  sont  donc  antérieures  au 
V*  siècle.  Il  est  à  croire  que  plusieurs  tumuli  appartiennent  à  la 
période  préhistorique. 

Les  sépultures  gallo-romaines  de  k  Creuse  et  de  la  Gorrèze  ont 
fait  Tobjet  d'études  spéciales  par  MM.  de  Gessac  et  Philibert 
Lalande  auxquels  nous  avons  renvoyé  (1). 

Les  camps  ne  sont  peut-être  pas  tous  de  l'époque  gallo-romaine 
et,  dans  tons  les  cas,  ils  nont  été  occupés  que  temporairement. 
Presque  tous  sont  placés  à  proximité  des  voies.  Ils  ont  été  étudiés 
par  M.  Imbert  (S). 

Dans  la  catégorie  des  villas,  sont  rangées  toutes  les  substructions 
mises  à  jour.  On  sait  qu'une  vilk  se  composait  de  l'habitation  du 
propriétaire  et  de  vastes  dépendances.  Celles  qui  ont  fait  l'objet 
d'une  description  assez  complète  sont,  dans  la  Haute- Vienne,  An- 
tone  près  PierrebuflBère,  Les  Carillons  près  des  Cars,  Auziac  près 
Saint-Laurent-les-£glises. 

Dans  la  Creuse  :  Fayolle  près  Guéret,  La  Bussière  près  Saint- 
Sulpice-le-Guérétois,  La  Cube  près  Aubusson. 

Dans  la  Gorrèze  :  Longour  près  Argentat. 

Pour  être  plus  nombreuses,  les  découvertes  de  monnaies  et  de 
poteries  sont  moins  des  signes  probants  d*un  séjour  que  les  mo- 
numents. Mais  on  doit  tenir  compte  que  le  sol  a  subi  bien  des 
modifications  depuis  l'époque  gallo-romaine  et  que  dans  les  endroits 
où  ces  objets  ont  été  trouvés  seuls,  sans  trace  de  constructions, 
ces  dernières  se  découvriront  probablement  par  la  suite. 

Les  monnaies  qui  se  trouvent  le  plus  communément  dans  notre 
province  appartiennent  au  haut  empire  et  principalement  aux 
Antonins.  Les  monnaies  d'Antonin  le  Pieux  et  de  Faustine  sont  les 


(1)  Db  CKSdAG,  Sépulture  gallo-romaine  d*une  jeune  enfant,  —  Phili« 
bert  Lalandb,  Sépulturei  gallo-romaines  de  la  Corrèze  (Brive,  1881). 

(2)  Imbbrt,  Monographie  de$  anciennes  enceintes  du  Limousin  et  des 
régions  voisines  (Rochechouart,  Dupanier,  1894,  in-8). 


LES  V0K8  ROMAINBd  SS  LIBtOUStS  74d 

plus  communes.  Cette  époque  doit  correspondre  à  un  moment  de 
prospérité.  On  trouve  aussi  quelques  monnaies  de  Tétricus  qui  a 
régné  sur  la  Gaule  de  S68  à  378  de  notre  ère. 

En  ce  qui  concerne  les  inscriptions,  nous  nous  sommes  appuyés 
sur  Texcellenl  ouvrage  de  M.  Espérandieu,  Inscriptions  de  la  Cité 
des  Lémovices^  qui  résume  tous  les  ouvrages  parus  précédemment. 

Les  oppida  sont  peu  nombreux  :  on  croit  en  avoir  constaté  deux 
sur  le  territoire  de  la  Haule-Vienne  :  Gourbefy  et  le  Puy-Chatelard, 
et  quatre  dans  la  Creuse  :  Puy-de-Gaudy  près  Guéret,  Toulx-Sainle- 
Croix,  Le  Monl-Pijeau  près  Saint-Eloi  et  Ch&teauvieux  près  de- 
Pionnat.  Ils  ont  tous  fait  l'objet  d'études  particulières. 

Les  traces  d'exploitations  minières  sont  assez  nombreuses  sur 
notre  territoire.  Les  recherches  ont  porté  sur  le  fer  (limites  des 
Pétrocores,  des  Pictons  et  des  Bituriges)  ;  sur  le  cuivre  (Montebras, 
Creuse),  l'étain  (Vaulry,  Haute- Vienne).  Les  filons  de  quartz  auri- 
fères du  Limousin,  ceux  de  Vaulry,  par  exemple,  ont  sans  doute 
été  exploités  du  temps  des  Gaulois  (1).  Ces  exploitations  ont  fait 
l'objet  d'une  étude  de  M.  Mayaud  (2). 

Nous  aurions  voulu  y  ajouter  les  piles  et  les  tours  à  signaux  dont 
on  a  retrouvé  les  traces  sur  quelques  points  de  la  France  ;  mais  on 
n'en  a  pas  signalé  chez  les  Lémovices. 

Les  piles  étaient  des  massifs  de  maçonnerie  ronds  ou  carrés  que 
l'on  plaçait  sur  le  bord  des  voies  pour  les  orner.  Sur  ces  piles,  se 
trouvaient  quelquefois  des  niches  destinées  à  recevoir  une  statue. 
«  Parmi  les  monuments  de  ce  genre,  les  plus  importants,  dit  de 
Caumont,  sont  les  pyramides  de  Pirelongue  et  d'Ebuon  en  Sain* 
tonge.  » 

Au  sujet  des  signaux,  H.  l'abbé  Arbellot  et  M.  Winkler  ont  émis 
l'idée  qu'ils  pouvaient  être  placés  sur  les  points  culminants  de 
quelques  voies  comme  le  Puyde-Jouer,  Gourbefy,  etc.,  mais  sans 
en  donner  la  preuve. 

Il  est  certain  cependant  que  les  Gaulois  et  Romains  faisaient 
usages  de  signaux  à  feu  placés  sur  les  lieux  élevés  :  la  fumée  pen- 
dant le  jour,  le  feu  pendant  la  nuit.  César,  dans  ses  Commentaires, 
dit  que  les  GauMs  allumaient  des  feux  sur  les  montagnes  qui  aver- 
tissaient les  provinces  des  mouvements  de  son  armée. 

(1)  £.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  romaine,  I,  412. 

(2)  S.-P.  Mayaud,  Recherches  sur  les  exploitations  minières  par  les 
Celtes  et  par  les  Romains  dans  les  environs  de  Bénévent  (Creuse),  Limo- 
ges, Ducourtieux,  1885,  in-8. 

T.    LV  50 


750  socièré  archêolooiqcb  et  historique  du  limousin 

Nous  aurons  plusieurs  fois  roccasioo  de  revenir  sur  les  milliaires 
et  les  camps  lors  de  la  description  des  yoies. 

La  liste  des  découvertes  que  Ton  a  vu  plus  haut  est  loin  d*étre 
complète;  mais  nous  avons  pensé  que,  si  imparfaite  qu'elle  soit, 
elle  pouvait  présenter  un  certain  intérêt. 

{A  suivre.)  P.  Docourtiedx. 


GÉNÉALOGIE 


DE  LA 


MAISON  DE  FAYE   ou  DE  LA  PAYE 

(suitb) 


CHAPITRE  II 

De  oertains  flefs  possédés  par  la  maison  de  Fajre 

ou  de  la  Faye 


§  !•'.  —  Fafreix 

Le  fief  de  Fafreix  (anciennement  Fayfrey,  Feisfreix  ou  Fayfreis), 
paroisse  de  Peyral-le-Ghftteau,  élait  mouTant  de  la  baronnie  de 
Peyrat. 

Il  eut  successivement  pour  possesseurs  : 

I.  —  Honorable  homme  Léonard  de  Faye  (1495-1516). 

II.  —  Anthoine  de  Faye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne,  de 
Fayfrey  et  d'Arlodeys  (1520-1552). 

III.  —  Noble  Léonard  de  Faye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne, 
de  Fayfrey,  du  Leyris  et  d'Arlodeys,  baron  de  la  baronnie  du  Leyris 
(1552*1583). 

IV.  —  Noble  I^onard  de  Faye,  escuyer,  sieur  de  Villechenyne 
et  de  Fayfrey,  baron  de  la  baronnie  du  Leyris  (1590-1630). 

(1)  Cette  vente  se  trouve  à  la  suite  de  la  notice  sur  la  baronnie  du 
Leyris. 


7o2  socièré  archéologique  iît  RtstoRïQCfi  dc  limousin 

V.  —  FpançoisedeFayeoudelaFaye,  dame  de  Fayfreis,  épouse 
de  Bartazard  de  Bressolles  de  Vareynes,  escuyer,  sieur  d'ArthoD, 
de  Boussay  et  autres  lieux  (1630-1631). 

VI.  —  Vénérable  messire  Pierre  Esmoing  de  Lavaublanche, 
écuyer,  prieur-curé  de  Saint-Marlin-Chftteau(1631). 

VII.  —  Noble  Jehan  de  la  Faye,  sieur  de  Lestrade  et  de  Fayfreis 
(16311641). 

VIII.  —  François  de  la  Faye,  sieur  de  Lestrade  et  de  Feisfreix 
(164M692). 

IX.  —  Catherine  de  la  Faye,  dame  de  Fafreix,  veuve  de  Gabriel 
de  Ghampeaulx,  sieur  de  Lavaud.  Voyez  page  16.  Gabriel  de 
Champeaulx  était  Gis  de  Loys  de  Champeaulx,  notaire  à  Peyrat,  et 
d*Anne  Chappellon.  Loys  de  Champeaulx  était  lui-même  fils  de 
Pierre  de  Champeaulx,  notaire  royal  à  Peyrat  en  1870,  et  avait 
pour  frère  Pierre  de  Champeaulx,  sieur  du  Mazet,  greffier  de  la 
baronnie  de  Peyrat  en  1612  et  1631.  Ce  dernier  Pierre  mourut  en 
1651  ;  Gabrielle  du  Leyris,  sa  femme,  vivait  encore  en  1667.  Ils 
avaient  eu  pour  fils  Antoine  de  Champeaulx,  sieur  du  Mazet,  habi- 
tant de  Peyrat  en  1634  et  1664,  et  pour  tille  Catherine  de  Cham- 
peaulx, habitante  de  Peyrat  en  1654.  De  leur  famille  étaient  Pierre 
de  Champeaulx,  prêtre  de  Peyrat  en  1641,  et  Antoine  de  Gliam- 
peaulx,  procureur  d'office  de  la  baronnie  de  Peyrat  en  1648  et  1651. 

En  1605,  Loys  de  Champeaulx  possédait  une  métairie  au  Grand- 
mont,  justice  de  Peyrat.  Par  contrat  du  26  novembre  1613, 
Laborne,  no"roy.  elLaborne,  no",  noble  Léonard  de  Faye,  escuyer, 
sieur  de  Villechenyne  et  baron  de  la  baronnie  du  Leyris,  demeurant 
alors  au  lieu  noble  de  Villechenyne,  paroisse  et  justice  de  Peyrat, 
en  Poitou,  vendit  audit  M^Loys  de  Champeaulx,  notaire,  moyennant 
trois  cents  livres,  Tofflce  de  greffier  des  terre,  seigneurie  et  baron- 
nie du  Leyris. 

Anne  Chappellon  était  veuve,  lorsqu'elle  mourut  le  3  août  1654. 

Du  mariage  de  Loys  de  Champeaulx  et  Anne  Chappellon  étaient 
issus  :  i^  Gabriel  de  Champeaulx,  sieur  de  Lavaud,  époux  de  Cathe- 
rine de  la  Faye  ;  S""  Antoine  de  Champeaulx,  prêtre,  vivant  en  1642  ; 
S"*  Antoine  de  Champeaulx,  dit  Saint- Jacques,  greffier  de  la  baron- 
nie du  Leyris  en  1623,  notaire  en  1633,  lieutenant  de  la  Justice  de 
Peyrat  en  1641  et  1645,  greffier  et  receveur  de  la  baronnie  de 
Peyrat  en  1655,  qui  avait  épousé  Jeanne  Deneufville,  dont  il  eut  : 
A)  Loys  de  Champeaulx,  sieur  du  Teil  et  d'Auphelle,  époux  en  1653 
et  1657  de  Gabrielle  Menot,  dont  il  eut  Marie  de  Champeaulx,  bap- 
tisée à  Peyrat  le  25  octobre  1655,  laquelle  épousa  François  Paignon, 
sieur  de  la  Chabane;  en  1684  Louys  de  Champeaulx,  sieur  du  Teil, 
habitait  la  ville  d'Eymoutiers,  et  François  Paignon,  son  gendre,  celle 


GÉNÉALOGIE    DE  LA  iftAISON    DE  FAYE  OU  DE  LA  PAYE  753 

de  Saint^GermaiD,  en  Limousin  ;  B)  Jehan  de  Ghampeaulx,  vivant 
en  4648;  C)  Jehanne  de  Ghampeaulx,  vivante  en  1652  et  1686,  qui 
avait  épousé  Pierre  Rieublanc,  sieur  de  Villard,  maître  chirurgien  à 
Peyrat  en  168S  et  1656;  D)  Ysabeaa  de  Ghampeaulx,  baptisée  à 
Peyrat  le  3  septembre  1641,  mariée  à  Jean  Béthoulaud,  praticien, 
avec  lequel  elle  demeurait  à  Nedde  en  1686;  encore  vivante  en  1694. 
A^  Loys  ou  Louys  de  Ghampeaulx,  prêtre  ;  il  habitait  Peyrat,  lorsque 
le  22  juin  1632,  au  château  de  la  Villatle,  en  Poitou,  devant  Laurens 
et  De  Larye,  no'*"  roy.,  noble  et  vénérable  personne  François 
Esmoingt,  prieur  du  prieuré  séculier  de  Nalhat,  en  la  Marche,  lui 
donna  procuration  d*affermer  au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur 
les  dîmes  de  la  paroisse  de  Nalhat  lui  appartenant;  le  7  mai  1662, 
il  demeurait  à  Ghambon,  pays  de  Gombraille,  quand  Révérend 
père  en  Dieu  messire  François  de  Montaignac  de  Larfeuillère,  abbé 
et  prévôt  de  Tabbaye  et  prévôté  de  Sainte-Valérie  de  Ghambon,  lui 
donna,  pardevant  Mas,  no'*  roy.  à  Poncharaud,  paroisse  de  Saint- 
Georges-Nègremont,  et  en  présence  de  M*  Antoine  Ruyneau,  gref- 
fier de  la  châtellenie  de  Poncharaud,  procuration  pour  plaider  avec 
les  redevables  de  la  prévôté  de  Ghambon  au  bailliage  de  Monl- 
pensier;  il  était  religieux  de  Tabbaye  de  Ghambon,  lorsque  le 
21  juin  1664  devant  Pouchol,  no'*  roy.,  Tabbé  de  Montaignac  lui 
donna  procuration  de  toucher  et  recevoir  les  revenus  de  cette 
abbaye;  le  10  juin  1665,  l'abbé  de  Montaignac  lui  donna  décharge 
de  «  tout  le  maniement  qu'il  pouvait  avoir  fait  »  pour  lui  tant  à 
Poncharaud  qu'à  Ghambon,  comme  son  mandataire;  il  était  vicaire 
de  Poncharaud  et  demeurait  au  lieu  de  Treiffonts,  lorsque  par  acte 
du  27  avril  1667  Aucousturier,  no'«  roy.,  le  même  abbé  de  Montai- 
gnac lui  assença  tous  les  cens,  rentes,  droits,  devoirs,  bois,  étangs, 
prés  et  dîmes  de  la  seigneurie  et  balifve  de  Treiffonts  dépendant 
de  l'abbaye  de  Ghambon;  en  1673  il  habitait  Peyrat  ;  S""  Gilberle 
de  Ghampeaulx,  qui  épousa  Jehan  Barry,  de  Bujaleuf;  ils  habi- 
taient Beaulieu  en  1655;  &*  Philippe  de  Ghampeaulx,  fille  vivante 
en  1655. 

Gatherine  de  la  Paye,  qui  avait  succédé  en  1692  à  François  de  la 
Paye,  son  frère,  dans  la  possession  du  fief  de  Pafreix,  mourut  vers 
la  fin  de  1693.  De  son  mariage  avec  Gabriel  de  Ghampeaulx  étaient 
issus  treize  enfants  : 

1""  Léonarde  de  Ghampeaux,  née  le  26  novembre  1643,  baptisée 
le  17  décembre  suivant  par  Pierre  du  Leyris,  curé  de  Peyrat  (par- 
rain noble  Pierre  Esmoingt,  écuyer,  sieur  de  la  Paye,  prieur  de 
Lavaublanche);  elle  vivait  encore  en  1648; 

2"*  Jehanne  de  Ghampeaux,  née  le  22  mars  1645,  baptisée  le 
27  avril  suivant  (parrain  Antoine  de  Ghampeaulx,  dit  Saint-Jacques, 


754  sociAté  archéologique  et  historique  du  limousin 

son  oncle  paternel  ;  marraine  Jehanne  de  la  Faye,  veuve  de  Gas- 
pard de  Trigounant,  sieur  de  La  Roche)  ;  elle  vivait  encore  en  4663  ; 

S""  Léonard,  dont  nous  parlerons  plus  loin; 

4<*  Catherine  de  Ghampeaux,  née  le  2  décembre  1648  (parrain 
messire  Louys  de  Ghampeaulx,  son  oncle  paternel);  en  1695,  elle 
demeurait  au  château  de  Laslours,  paroisse  de  Lastours,  en  Limou- 
sin; elle  épousa  plus  tard  N...  Bourdicaud,  et  était  morte  en  t720; 

Sf"  Catherine  de  Champeaux,  née  le  24  août  1650,  baptisée  le 
5  février  1651  par  Pierre  Beneyton,  vicuire  de  Peyrat  (parrain 
Jehan  Barry,  son  oncle,  de  Bujaleuf;  marraine  Catherine  de  Tri- 
gounant,  damoiselle  de  Bussière)  ; 

6''  Louis  de  Champeaux,  né  le  17  mai  1653,  baptisé  le  27  juillet 
suivant  (parrain  Louis  de  Champeaulx,  fils  de  Saint-Jacques  ;  mar* 
raine  Philippe  Chappellon,  fille  de  feu  M*^  Gaspard  Ghappellon);  il 
vivait  encore  en  1677  ; 

7<' Jean  de  Champeaux,  né  le  21  juillet  1655,  baptisé  le  15  dé- 
cembre suivant  (parrain  Jean  de  Beaufort,  sieur  de  Bussière;  mar- 
*  raine  Gilberte  de  Champeaulx,  sa  tante,  femme  de  Jehan  Barry, 
habitant  du  bourg  de  Beaulieu)  ; 

S^  Léonard  de  Champeaux,  né  le  10  juillet  1657,  baptisé  le 
7  août  suivant  par  Pierre  Rieublanc,  vicaire  de  Peyrat  (parrain 
Léonard  Chappellon,  sieur  de  Lintignat;  marraine  Gabrielle  Henot, 
femme  de  Louys  de  Champeaulx,  son  cousin  germain)  ; 

9^  Antoinette  de  Champeaux,  née  le  21  septembre  1659,  baptisée 
par  Louys  de  la  Villemestlange,  curé  de  Peyrat  (parrain  Pierre 
Rieublanc,  sieur  de  Villard;  marraine  Antoinette  Brunet,  femme 
de  Pierre  Barry,  de  Bujaleuf);  elle  épousa  (contrat  du  25  septem- 
bre 1685  Rounat,  no'«  roy.  et  Gay,  no'*)  François  Petitaud,  dit 
Rieuxpeyraud ,  marchand  à  la  Ribière  au  Gay,  paroisse  de  Saint- 
Moreil,  justice  d'Auriat,  en  Poitou;  elle  fut  apanée  de  neuf  cents 
livres  ;  messire  Claude  de  Malleret,  chevalier  de  Lussat,  signa  au 
contrat  de  mariage  ;  elle  testa  le  15  novembre  1686  au  lieu  de 
la  Ribière  au  Gay  devant  Laurens  et  Sallon,  no***  roy. 

10°  Jehan  de  Champeaux,  né  le  28  juin  1663  (parrain  Jehan 
Neymon,  prieur  de  Saint-Martln-Ch&teau);  mort  à  Igny,  au  comté 
de  Bourgogne,  le  1"  août  1717; 

11<*  N...  de  Champeaux,  née  le  6  mai  1665(baptisée  par  Mathurin 
Laureilhon,  vicaire  de  Peyrat,  parrain  Jehan  Betoulaud,  son  cousin 
germain,  deNedde); 

12'' Joseph  de  Champeaux,  sieur  de  Grandmont,  né  le  27  dé- 
cembre 1667  (baptisé  par  Rogier,  vicaire  de  Peyrat;  marraine 
Gabrielle  du  Leyris,  veuve  de  Pierre  de  Champeaulx,  sieur  du 
Mazet);  prit  du  service  dans  les  arnlées  du  roi.  Étant  lieutenant 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  755 

des  grenadiers  du  régiment  de  Toulouse,  il  céda  à  Léonard  de 
Gbampeaux,  sieur  de  Lavaud  et  de  Fafreix,  son  neveu,  le  iO  mars 
17i8  devant  Dubayle  et  Limousin,  no'«'  roy.  à  Bourganenf,  moyen- 
nant onze  cents  livres,  les  droits  qui  lui  appartenaient  sur  la 
métairie,  dite  de  Chez  Saboullias,  située  au  bourg  de  Maignat,  soit 
de  son  chef  soit  de  celui  de  feu  Jean  de  Champeaux,  son  frère,  dont 
il  était  héritier  pour  un  quart.  H  eut  deux  fils  :  il)  N...  de  Cham- 
peaux, capitaine  aux  gardes,  chevalier  de  Saint-Louis,  épousa  une 
femme  fort  riche;  la  Révolution  le  ruina;  devenu  veuf,  il  mourut 
aux  Invalides,  laissant  une  fille  qui  vivait  encore  en  4840,  très 
ftgée;  B)  N...  de  Champeaux  de  Grandmont  épousa  une  demoiselle 
originaire  de  la  Champagne;  ils  moururent  tous  deux  à  Saint-Ger- 
main, près  Paris,  où  ils  habitaient  depuis  longtemps;  ils  laissèrent 
de  leur  union  deux  filles,  M""'  Cordon  et  H"*"  de  Chalhen,  qui 
toutes  deux  veuves  habitaient  Paris  en  1840;  M""*  Cordon  était 
alors  veuve  depuis  trente-six  ans,  n'ayant  qu'une  jfille,  veuve  sans 
enfants;  elle  entretint  à  celte  époque  avec  H.  Jean-Baptiste  de 
Champeaux  et  M.  Lenoble,  S09  gendre,  une  correspondance  qui 
dura  plusieurs  années; 

IS""  Isabeau  ou  Elisabeth  de  Champeaux,  née  le  12  septembre  1672 
(parrain  Jehan  de  la  Paye,  escuyer,  prieur  du  prieuré  Saint-Denis 
de  Peyrat;  marraine  Isabeau  Chappellon«  veuve  de  Gabriel  Lauton, 
mestre  apothicaire  de  Peyrat);  le  24  juin  1695,  devant  Gabriel 
Laborne,  juge  sénéchal  de  Peyrat,  le  procureur  fiscal,  au  nom  de 
ladite  Isabeau,  fil  appeler  Léonard  et  Joseph  de  Champeaux,  frères, 
demeurant  à  Fafreix,  Léonard  Beneyton,  maître  apothicaire,  demeu- 
rant au  lieu  des  Condamines,  Jean  Neufville,  praticien,  Pierre 
Chassine,  marchand,  et  Melquiol,  Tixier,  bourgeois,  habitants  de 
Peyrat,  proches  parents  de  ladite  Isabeau  de  Champeaux,  qui, 
réunis  en  conseil  de  famille,  lui  nommèrent  pour  curateur  Ijéonard 
de  Champeaux,  son  frère  aîné;  le  6  octobre  169^  elle  épousa  à 
Saint-Martin-Chàteau  Léonard  Larlhe,  veuf  de  Jeanne  Farailhas, 
marchand  à  Pont,  paroisse  de  Saint-Martin-Chftteau  ;  leur  mariage 
fut  célébré  par  Etienne  Larthe,  vicaire  de  Royère,  frère  du  marié. 

X.  —  Léonard  de  Champeaux,  sieur  de  Lavaud  et  de  Fafreix, 
naquit  le  10  novembre  1646.  Par  contrat  de  mariage  du  23  novem- 
bre 1688  de  Truffy,  no'"*  roy.,  il  épousa  Catherine  Malledent,  fille  de 
Pierre  Malledent  et  d'Anne  Malledent,  bourgeois,  habitants  du 
village  de  la  Glizioux,  paroisse  de  Gentioux.  Il  lui  fut  constitué  un 
préciput  de  deux  mille  cinq  cents  livres;  la  future  fut  apanée  de 
quinze  cents  livres. 

Le  18  juillet  1693  Léonard  de  Champeaux  donna  procuration  à 
Pierre  Malledent,  son  beau-père,  de  déclarer  au  directeur  et  rece- 


756  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  CT  HISTORIQUE  DU  LlliOU»t?l 

veur  des  droits  de  francs-flefs  eo  la  généralité  de  Limoges  «  uo 
petit  fief  et  domayne,  appelle  de  Fafreix,  sic  et  situé  en  la  paroisse 
de  Peyrat,  lequel  consiste  en  un  sestier  froment,  seigle  vingt-deux 
sestiers,  advoyne  huit  sestiers,  meinre  dud.  Peyrat,  argent  trois 
livres,  gélines  six,  œufs  cent,  vinade  une  à  un  paire  de  bœufs  », 
et  en  une  métairie  au  labourage  de  deux  paires  de  bœufs,  relevant 
du  seigneur  baron  de  Peyrat,  seigneur  suzerain  et  justicier. 

En  16M,  comme  héritier  de  Catherine  de  la  Paye,  sa  mère,  seule 
héritière  de  François  de  la  Faye,  siear  de  Lestrade,  Léonard  de 
Ghampeaux  intenta  un  procès  à  ses  métayers  perpétuels  de  Fafreix 
pour  leur  faire  payer  la  moitié  de  la  rente  féodale  établie  sur  ledit 
village.  Le  juge  sénéchal  de  Peyrat  lui  donna  gain  de  cause,  mais 
les  métayers  en  appelèrent  devant  la  sénéchaussée  de  Montmorillon. 
Nous  ignorons  quelle  fut  la  solution. 

Le  3  juillet  169B,  Léonard  de  Ghampeaux  partagea  avec  Jean  de 
Ghampeaux,  Joseph  de  Ghampeaux,  Gatherioe  de  Ghampeaux  et 
Isabeau  de  Ghampeaux,  ses  frères  et  sœurs,  demeurant  tous  à 
Fafreix,  sauf  de  Catherine,  qui  habitait  le  château  de  Lastours, 
tous  les  biens  dépendant  des  successions  de  Gabriel  de  Ghampeaux 
et  Catherine  de  la  Faye,  lesquels  étaient  situés  à  Fafreix,  au  Grand- 
Grandmont  et  à  Maignat.  Ce  partage  eut  lieu  eo  deux  lots  :  le  pre- 
mier pour  Léonard  de  Ghampeaux  et  Isabeau  de  Ghampeaux  com- 
prenait Fafreix,  propriété  et  seigneurie,  et  la  métairie  du  Grand- 
Grandmont;  le  second  pour  Jean,  Joseph  et  Catherine  de  Gham- 
peaux comprenait  la  métairie  de  Maignat  et  une  soulte  de  deux 
cents  livres,  que  devait  leur  payer  Léonard  de  Ghampeaux.  Dans  le 
lot  attribué  à  Léonard  et  à  Isabeau,  la  part  de  cette  dernière  consis- 
tait en  la  moitié  de  la  métairie  du  Grand-Grandmont  et  en  une 
soulte  de  deux  cents  livres,  que  devait  lui  payer  Léonard.  Isabeau 
de  Ghampeaux,  encore  mineure,  avait  contracté  sous  Tautorisation 
de  Léonard  de  Ghampeaux,  son  curateur.  Joseph  de  Ghampeaux 
seul  savait  signer. 

Isabeau  de  Ghampeaux  obtint  le  4  mai  1697  des  lettres  royaux  de 
bénéfice  d'âge,  afin  de  faire  annuler  ce  partage  qu'elle  prétendait 
lui  être  défavorable.  Mais,  suivant  transaction  passée  à  Peyrat, 
maison  du  curé,  le  29  mai  1699  devant  Gay,  no**,  et  Bénassy,  no'* 
roy.,  et  en  présence  de  messire  Philippe  de  La  Saigne,  sieur  d'Oliac, 
bachelier,  curé  de  Peyrat,  de  Léonard  Ghassagniaux,  curé  de  Saint* 
Martin-Château,  de  M*  Gabriel  Labome,  advocat,  jage  sénéchal  de 
Peyrat,  Isabeau  de  Ghampeaux  se  départit  de  ses  lettres  de  rescision 
et  reçut  de  Léonard  de  Ghampeaux  l'autre  moitié  de  la  métairie  du 
Grand-Grandmont. 

Le  17  octobre  1709,  en  la  maison  de  Pierre  Malledent,  sise  au 


(^ÉNi^ALOGIB  DE  LA  MAISON  DE   FAYE  OlA>E  LA   FAYE  757 

bourg  de  Gentioax,  en  la  Haute-Marche,  Léonard  de  Ghampeaux, 
sieur  de  Lavaud  et  de  Fafreix,  testa  en  faveur  de  Catherine  Malle- 
dent,  sa  femme,  et  fit  procéder  à  son  inyentaire  devant  Duhayle, 
n"  roy.,  et  Guerre,  no".  Il  mourut  le  10  juillet  1710.  Catherine 
Malledent,  sa  veuve,  mourut  le  12  septembre  1714. 

Du  mariage  de  Léonard  de  Ghampeaux  et  Catherine  Malledent 
naquirent  : 

1<»  Léonard,  qui  suit; 

9^  Léonarde  de  Ghampeaux,  mariée  à  SaintMartin*Ghftteau  le 
8  février  1722,  et  suivant  contrat  du  même  jour  Landon,  no**  roj., 
à  Joseph  Ducouret,  marchand,  demeurant  au  bourg  de  Mourioux, 
en  Poitou  ;  son  frère  Léonard  lui  constitua  en  dot  neuf  cents  livres 
de  principal;  elle  était  veuve  en  1753,  et  morte  en  janvier  1788; 

3^  Catherine  de  Ghampeaux,  qui  en  1712  épousa  Antoine  Sallan- 
drouze,  sieur  du  Teil,  demeurant  à  la  Seauve,  paroisse  de  Vallière, 
fliK  de  feu  Jean  Sallandrouze  et  de  Marguerite  Bandon,  bourgeois 
de  la  ville  de  Fellelin.  Leur  contrat  de  mariage  fut  passé  à  Genlioux, 
maison  des  hoirs  de  Pierre  Malledent,  le  14  novembre  1712  devant 
Vareilhe,  no**  roy.  héréd.  ;  le  futur  était  assisté  d*Antoine  Bandon, 
sieui  de  la  Seauve,  son  grand-père  maternel,  de  François  Bandon, 
sieur  du  Mazeau,  son  oncle  maternel,  de  Jean  Sallandrouze,  sieur 
des  Gestes,  bourgeois  de  Felletin,  son  oncle  paternel,  et  de  M*  Jac- 
ques Mirebeau,  son  cousin  germain  ;  la  future  était  assistée  de  sa 
mère,  de  Léonard  Malledent,  sieur  de  Mouliéras,  demeurant  au 
bourg  de  Gentioux,  son  oncle  maternel,  d'Anne  Malledent,  veuve 
de  Pierre  Malledent,  sa  grand*mère  maternelle.  Jean  Sallandrouze, 
sieur  des  Gestes,  institua  le  futur  pour  son  héritier  universel  ;  la 
mère  de  la  future  lui  constitua  en  dot  la  somme  de  quinze  cent 
cinquante  livres,  pour  tous  les  droits  qu'elle  avait  à  prétendre  à 
Fafreix  ;  Anne  Malledent,  veuve  Malledent,  institua  la  future  pour 
rhéritière  des  deux  tiers  de  tous  ses  biens,  et  Léonard  Malledent, 
sieur  de  Mouliéras,  Tinstilua  pour  son  héritière  universelle.  Cathe- 
rine de  Ghampeaux  était  veuve  en  1742  et  vivait  encore  à  la  Seauve 
en  1784; 

A^  Arnaud  de  Ghampeaux,  baptisé  le  21  juillet  1699  (parrain 
Arnaud  Malledent;  marraine  Luce  de  Bieublanc),  vivant  en  1728; 

8*  Louis,  dit  Léonard  de  Ghampeaux,  baptisé  le  13  octobre  1697 
(parrain  Louis  de  Malledent,  de  Gentioux),  marié  à  «  honneste 
femme  d  Léonarde  Gluzeau,  veuve  d'Etienne  Leblanc,  de  Pimpé- 
rigeas,  qui,  par  son  contrat  de  mariage  du  1«'  mars  1734  Gasne, 
no'«  roy.  héréd. ,  céda  tous  ses  droits  successifs  à  Léonarde  Bénassys, 
veuve  de  Léonard  de  Ghampeaux,  sa  belle-sœur  ; 

6^  Gilles  de  Ghampeaux,  baptisé  le  24  août  4720; 


758  sociéré  AncftéoLOGiQUE  et  historique  du  limousin 

V  Pierre  de  Champeaax,  baptisé  le  31  août  1704. 

Tous  les  enfants  qui  survivaient  lors  de  la  mort  de  leur  père 
étaient  mineurs  et  furent  placés  sous  la  tutelle  de  Catherine  Malle- 
dent,  leur  mère,  qui  était  encore  leur  tutrice  le  15  janvier  1714. 

XI.  —  Léonard  de  Ghampeaux,  sieur  de  Lavaud  et  de  Fafreix, 
naquit  le  10  janvier  1694.  Il  eut  pour  préciput,  à  titre  d*alné,  le  fief 
de  Fafreix,  bien  noble. 

En  1720,  il  paya  pour  le  droit  de  franc-fief  du  bien  noble  de 
Fafreix,  à  raison  de  vingt  années  de  jouissance,  cent  quarante<leux 
livres  deux  sols  six  deniers. 

En  1717,  à  la  requête  de  Léonard  GouUsson,  sieur  d'Àuphelle, 
notaire,  d*Antoine  et  Léonard  Beneytou,  marchands,  propriétaires 
dudil  village  d*Àuphelle,  il  fut  procédé,  conlradicloircment  avec 
Léonard  de  Champeaux,  propriétaire  de  Fafreix,  par  Laborne,  juge 
sénéchal  de  Peyrat,  au  bornage  de  la  montagne,  dite  Puy  de  Lenty, 
et  bois  en  dépendant,  située  entre  le  village  d'Auphelle,  celui  des 
Bordes,  le  tënement  de  Villouteix,  dépendant  du  village  du  Mas- 
soubrot,  et  le  territoire  de  Fafreix. 

Léonard  de  Champeaux,  sieur  de  Lavaud  et  de  Fafreix,  mourut 
en  1727.  Il  avait  épousé  (contrat  du  21  août  1724  Jabouille,  no'"" 
roy.)  le  22  août  1724  I^onarde  Bénassys  de  La  Pleoux,  née  le 
9  avril  1694,  fille  de  feu  Martial  Bénassys,  sieur  de  La  Pleoux, 
notaire  royal  et  procureur  près  la  justice  de  la  Villeneuve  au  Comte, 
et  de  Marguerite  Jagot,  bourgeois  de  Laschaux-Couraud,  paroisse 
de  Gentioux.  Elle  lui  survécut  longtemps,  fut  tutrice  de  leurs 
enfants  et  mourut  le  1*'  mai  1766;  elle  fut  inhumée  dans  l'église  de 
Peyrat. 

De  leur  union  naquirent  : 

1^  Arnaud,  qui  suit; 

2''  Marguerite  Dechampeaux,  mariée  le  20  novembre  1759  à 
Michel  Legier  ou  Léger,  sieur  de  Ghaix,  bourgeois,  fils  de  fea 
Pierre  Legier  et  d'Anne  Lestard,  demeurant  à  Lachaud,  paroisse 
de  Champagnial.  Aux  termes  de  son  contrat  de  mariage  du  18  no- 
vembre 1789  Coutisson,  Coutisson  et  Tramonteil,  no'*'  roy.,  elle 
céda  ses  droits  paternels  à  Arnaud  Dechampeaux,  son  frère, 
moyennant  quinze  cents  livres;  Léonarde  Bénassys,  sa  mère,  lui 
constitua  de  son  chef  la  somme  de  cinq  cents  livres  et  un  mobilier  ; 
plus  tard,  son  mari  était  marchand  à  Sardent;  ils  vivaient  encore 
en  1786. 

S^"  Antoine  Dechampeaux,  baptisé  le  P'  juillet  1725  (parrain 
Arnaud- Antoine  Bénassy); 

4''  Emmanuel-Jean  Dechampeaux,  baptisé  k  Peyrat  le  4  octo- 
bre  1729  (parrain   Emmanuel-Jean   LabQnie;   marraine  Marie 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  FAYE  OU  DE  LA  FAYE         759 

Rebière  de  Lapleoux),  que  sa  mère  mit,  à  l'âge  de  dix  ans,  en 
apprentissage  chez  François  Tramonteil,  mallre  chirurgien  à  Peyrat; 
ce  dernier  devail  d'abord  lui  apprendre  à  lire  et  lui  enseigner  les 
préceptes  de  la  religion  catholique,  apostolique  et  romaine. 

XII.  —  Arnaud  Dechampeaux,  sieur  de  Lavaud,  seigneur  de 
Fafreix,  bourgeois  et  praticien  du  lieu  de  Fafreix  fut  pourvu  des 
charges  et  offices  de  greffier,  notaire  et  procureur  des  justices  de 
la  Grillière,  Neufvialie  et  Prasinas  et  membres  en  dépendant  par 
lettres  du  25  mars  1760  signées  à  la  Grillière  par  messire  Pierre 
Esrooingt,  écuyer,  seigneur  de  la  Grillière,  Neufvialie,  Prasinas  et 
Tourlouloux,  résidant  au  lieu  de  la  Grillière.  Le  1"  mai  1761,  il 
fut  pourvu  des  charges  et  offices  de  notaire  et  procureur  dans  les 
justices  de  Sainl-Martin-Cbâteau,  Saint-Pardoux  et  membres  en 
dépendant  par  lettres  signées  au  Monteil-Chftteau  de  Marguerite 
Guyol,  épouse  et  mandataire  de  Guillaume  de  Loméoie,  seigneur 
baron  de  Saint-Martin-Ghftteau  et  Saint-Pardoux-Lavaud,  alors  au 
service  de  Sa  Majesté.  Par  lettres  du  S  février  1763  signées  par 
Jean-Jacques  Larlhe  deLangladure,  en  qualité  de  seigneur  justicier 
du  village  de  la  Seauve,  il  fut  pourvu  de  la  charge  de  greffier  de  la 
justice  de  la  Seauve.  Le  25  novembre  1764  il  fut  pourvu  de  Toffice 
de  procureur  dans  la  justice  et  baronnie  de  Peyrat  par  lettres 
signées  au  château  de  Peyrat  de  dame  Marguerite-Thérèse  Faulte, 
veuve  de  messire  Guillaume-Anoet  des  Maisons,  écuyer,  seigneur 
du  Pallant,  capitaine  de  dragons  au  régiment  de  Vitry,  dame  de  la 
ville  et  baronnie  de  Peyrat. 

On  le  trouve  en  outre  :  en  1759,  greffier  de  la  justice  du  Ghassa- 
gnoux,  greffier  de  la  justice  du  Masfaure;  en  1766,  greffier  de  la 
justice  de  Sainl-Martin-Châleau;  en  1770,  procureur  près  la  justice 
du  Masfaure;  en  1774,  greffier  de  la  justice  du  Bost-Boussac ;  en 
1778,  greffier  de  la  justice  de  Saint-Pardoux  ;  en  1781,  greffier  de 
justice  de  la  Gonche. 

Par  lettres  données  au  château  de  Longechaux  le  1  "  décembre  1785, 
Jean  du  Authier,  chevalier,  comte  du  Authier,  mestre-de-camp  en 
second  du  régiment  de  Penthièvre  infanterie,  chevalier  de  Tordre 
militaire  de  Saint-Louis,  seigneur  baron  de  son  chef  et  de  celui  de 
dame  Marie-Léonarde  de  Rieublanc  du  Bost,  son  épouse,  de  la 
baronnie  de  Sainl-Junien-la-Bregère,  institua  Arnaud  Dechampeaux, 
greffier  de  sa  justice  de  ladite  baronnie  de  Saint-Junien,  Gharrières, 
Saint-Moreil,  Bost-Boussac,  Masfaure,  Buze,  le  Mazeau  et  dépen- 
dances (Le  sceau  porte  deux  écus  accolés). 

Arnaud  Dechampeaux  cumulait  toutes  ces  places. 

Arnaud  Dechampeaux  testa  à  Fafreix  le  16  février  1772,  en  pré- 
sence de  messire  Joseph  Teillet,  prêtre,  curé  du  bourg  et  paroisse 


7êO  SOCIÉTÉ  ABCBÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

de  Saint-Martin-Cb&teau,  et  de  Louis  Gaéret,  bourgeois,  du  village 
de  la  Cour;  il  léguait  à  Anne  Demalleret,  sa  femme,  tout  ce  que  la 
coutume  du  Poitou  lui  permettait  de  disposer  en  sa  faveur.  Il  mou* 
rut  subitement  le  17  mai  1788. 

Il  avait  épousé,  le  21  novembre  1783  (témoins  du  mariage  :  Pierre 
du  Masfaure,  sieur  de  Saintrand  ;  Josepb  Dubayle,  bourgeois  d*Au- 
phelle,  de  Malleret  de  Villard,  Darfeuille  de  Rubeyne  et  Trasmon- 
teil  atné)  (contrat  du  90  novembre  1763,  Goutisson  et  Domasfaure, 
no"*),  Anne  Demalleret,  de  Peyrat,  née  le  8  décembre  1742,  iîlle 
de  feu  Léonard  Demalleret,  notaire,  et  de  Magdeleine  I^borae 
et  sœur  d*Emmanuel-Jean  Demalleret,  sieur  de  Villard.  De  leur 
union  étaient  nés  : 

1(  Emmanuel-Jean  de  Ghampeaux,  baptisé  le  26  septembre  1764; 

2*  Léonard-Arnaud  de  Cbampeaux,  baptisé  le  29  juin  1765; 

3*  Luce,  dite  Lnce-Hélène  Dechampeaux,  baptisée  le  26  avril 
1766,  mariée  à  François  Vanginol  ou  Vanginaud  qui,  en  181  <,  était 
marcband  à  la  Vétizon,  commune  de  Neuvic  ;  ils  habitaient  Peyrat 
en  1840; 

iP  Emmanuel-Jean  de  Cbampeaux,  baptisé  le  11  mai  1767  ; 

8*  Marie  de  Ghampeaux,  baptisée  le  16  octobre  1768; 

6®  Jean  de  Ghampeaux,  né  jumeau  avec  le  suivant,  baptisé  le 
29  décembre  1770  (parrain  et  marraine  le  baron  et  la  baronne  de 
Peyrat);  il  partit  comme  soldat  et  Ton  n*en  eut  plus  de  nouvelles  ; 

7^  Jacques  de  Ghampeaux,  né  jumeau  avec  le  précédent,  baptisé 
le  29  décembre  1770  (parrain  et  marraine  le  baron  et  la  baronne  de 
Peyrat)  ; 

S""  Gatberine  de  Ghampeaux,  baptisée  le  5  avril  1772; 

9^  Germain  de  Ghampeaux,  baptisé  le  25  avril  1774  (parrain 
Germain  de  Pichard,  seigneur  de  Villemonteix);  il  partit  comme 
soldat  et  Ton  n*en  eut  plus  de  noavelles  ; 

lO*'  Jean-Baptiste,  qui  suit  ; 

H*  Pierre  de  Ghampeaux,  baptisé  le  26  février  1777  (parrain, 
Pierre  du  Masfaure,  sieur  de  Saintrand  et  de  Neufvialle)  ; 

12^  Jean-Baptiste  de  Ghampeaux,  baptisé  le  26  septembre  1778; 

13''  Jean  de  Ghampeaux,  baptisé  le  26  novembre  1783  (parrain 
messire  Jean-Baptiste,  comte  du  Authier,  colonel  au  régiment  de 
Penthièvre  infanterie,  baron  deSainl-Junien-la-Bregère;  marraine, 
Luce  de  Malleret). 

Gomme  les  enfants  d'Arnaud  Dechampeaux  étaient  mineurs  lors 
de  la  mort  de  leur  père,  par  devant  Louis  Dulac,  avocat  en  parle- 
ment, juge  sénéchal  de  la  justice  et  baronnie  de  Peyrat,  et  à  la 
requête  d*Anne  Demalleret,  leur  mère,  fut  réuni,  le  10  juillet  1788, 
)e  cçnseil  d^  famille  des  dits  niineurs,  composé  de  Jean-BaptistQ 


OÂNéALOGlK  DE  LA  MaISOX  DE    I^AYE  OC  Dt  LA  PAYE  ÎOl 

Savy,  curé  de  Beaulieu,  Jean-Baplisle  Farge,  bourgeois  de  ia  VëU- 
zon,  paroisse  de  Neuvic;  Marc-Aotoine-Tristan  de  Lhermile,  de 
Bourganeuf;  Jean-Baplisle-François  Savy,  conseiller  en  l'éleclion 
de  Bourganeuf;  EmmanueUJean  Demalleret  de  Villard,  ancien 
gradué,  juge  des  baronnies  d*Aarial,  Laron-Saint-Julien;  Léonard 
Tramonteil,  notaire  royal;  Jean  Emmanuel  Goulisson-Dessaigne , 
chirurgien;  ces  trois  derniers  demeurant  à  Peyrat.  La  mère  fut 
conservée  comme  tutrice,  et  Jean-Baptiste  Savy,  curé  de  Beaulieu, 
fut  nommé  curateur  desdits  mineurs. 

Anne  Demalleret  mourut  le  26  décembre  18i7.  Elle  avait  testé  le 
7  avril  1773  :  son  testament  ne  porte  pas  la  signature  du  notaire, 
mais  on  y  lit  la  sienne  et  celles  de  Joseph  Teillet,  curé  de  Saint- 
Martin-Ghftleau,  et  de  Louis  Guéret,  bourgeois  de  la  Goor. 

XIIL  —  JeanBaptisie  Dechampeaux,  sieur  de  Lavaud,  seigneur 
de  Fafreix,  naquit  à  Fafreix  le  20  février  1776  (parrain  messire 
Jean-Baptiste  Tramonteil,  curé  de  Saint-Pardoux  ;  marraine  Marie 
Savy).  Par  acte  sous  seings  privés  du  15  fructidor  an  XI,  il  devint 
cessionnaire  des  droits  de  l^uce-Hélène  Dechampeaux,  sa  sœur, 
dans  la  succession  d'Arnaud  Dechampeaux,  leur  père  (1). 

Il  ne  laissa  que  des  Qlles.  L'ainée  avait  épousé  M.  Auguste  Leno- 
ble,  originaire  de  la  Seauve,  commune  de  Vallière,  qui,  survivant 
à  sa  femme,  est  mort  celte  année  (1903)  à  Fafreix,  âgé  de  quatre- 
vingt-dix  ans. 

Fafreix  appartient  aujourd'hui  à  M""*  Gilerne,  de  Bourganeuf, 
flUe  cadette  de  M.  Lenoble. 

§  2.  —  La  Cour 

Le  fief  de  la  Cour,  paroisse  de  Saint-Martin-Ghftteau,  en  Poitou, 
comprenait  les  villages  de  la  Gour,  la  Vergne,  Favareillas  et  Bru- 
dieux.  Il  relevait  de  la  baronnie  de  Peyrat  (2).  Au  commencement 
du  XVI*  siècle,  le  village  et  moulin  de  Brudieux,  et  ses  tènements 
du  Mas-au-Blanc,  du  Has-la-Vergne  et  de  Villatelle  avaient  pour 
seigneur  direct  et  foncier  Antoine  du  Gloupt,  sieur  de  la  Gouhe  (3), 
châtelain  de  Peyrat.  Son  fils  et  principal  héritier  Nicolas  du  pioupt, 
sieur  de  la  Gouhe,  en  rendit  aveu  et  dénombrement,  le  22  juin  1522, 

(i)  Papiers  de  la  famille  Dechampeaux  communiqués  par  M.  Lenoble. 

(2)  Papiers  existant  à  la  Cour  communiqués  par  M.  Bayle. 

(3)  Le  château  de  la  Couhe  avait  été  détruit  de  fond  en  comble  lors 
de  la  prise  de  Peyrat  le  7  février  1184.  Il  ne  fut  jamais  rebâti.  Le  plan 
de  Peyrat  de  1769  mentionne  les  ruines  de  ce  ch&teau  ;  aujourd'hui,  les 
ruines  n'existent  plus.  (Pierre  Cousseyroux,  Inventaire  des  registres 
paroissiaux  de  Peyrat-le-Château.) 


76:2  sociéré  ahchêologiqub  et  bistobique  du  limousin 

à  Loys  de  Pierrebufflëre,  baron  de  Ghàteauneuf  et  de  Peyrat  (1).  A 
la  Révolation,  ces  villages  étaient  encore  dans  la  justice  da  baron 
de  Peyrat. 

Aux  termes  de  Tavea  et  dénombrement  rendu  par  Gabriel  de 
Paye,  seigneur  de  la  Cour,  mentionné  plus  haut,  le  lieu  noble  de  la 
Cour,  en  tout  droit  de  fondalité  et  directe  seigneurie  payait  annuel- 
lement une  rente  féodale  ainsi  composée  :  argent  trente-trois  sols 
neuf  deniers  pour  le  présent,  dix-huit  sols  de  rente,  seigle  sept 
setiers  ;  avoine  un  setier  deux  éminaux  ;  guet  cinq  sols,  taille  aux 
quatre  cas  et  arbans  servis;  le  lieu  de  la  Vergne,  aussi  en  tout  droit 
Je  fondalité  et  directe  seigneurie,  payait  chaque  année  de  rente 
féodale  :  argent  quatre  livres,  seigle  vingt-cinq  setiers;  avoine 
cinq  setiers  et  une  paire  de  bœufs  de  vinade  ;  le  lieu  et  village  de 
Favareillas,  aussi  en  tout  droit  de  fondalité  et  directe  seigneurie, 
payait  de  rente  féodale  annuelle  :  argent  soixante  sols  tournois, 
seigle  dix-huit  setiers,  avoine  huit  setiers  deux  éminaux,  gélines 
quatre,  vinade  deux,  guet  et  arbans  ;  le  tènement  Je  Tressaigne, 
joui  par  les  habitants  de  Favareillas,  aussi  en  tout  droit  de  fonda- 
lité et  directe  seigneurie,  payait  annuellement  de  rente  féodale  : 
argent  soixante  sols  tournois,  présent  deux  sols,  seigle  vingt- 
trois  setiers,  froment  un  setier,  avoine  sept  setiers,  gélines, 
vinade  une,  œufs  cinquante,  guet  et  arbans  serves;  le  lieu  de 
Brudieux,  aussi  en  tout  droit  de  fondalité  et  directe  seigneurie, 
payait  de  rente  féodale  annuelle  :  argent  sept  livres  dix  sols,  pré- 
sent deux  sols,  seigle  trente-six  setiers,  froment  un  setier, 
avoine  dix-sept  setiers,  gélines  six,  une  paire  de  bœufs  de  vinade, 
guet  et  arbans  serves. 

A  ce  fief  furent  annexés  successivement  d'autres  flefs  :  le  Mas- 
faure,  le  Massoubrot,  Yillouteys,  la  Gathe,  Lansade,  la  Seauve,  le 
Mas-de-Château,  Pont,  Neufvialle,  l'Age,  la  Clavelle,  Yillegouleix, 
le  Chassaignoux.  Au  moment  de  la  Révolution,  presque  toutes  ces 
acquisilions  s'en  étaient  détachées;  le  fief  primitif  avait  lui-même 
été  démembré. 

*  Seigneurs  de  la  Cour 

I.  —Noble  homme  Antoine  de  Paye,  escuyer,  seigneur  de  Ville- 
chenyne,  de  la  Cour,  de  la  Grilliëre  et  de  Fayfrey  (1520,  18S2). 
Voyez  page  4.  C'est  lui  qui  réunit  Brudieux  au  fief  de  la  Cour. 

IL  —  Noble  homme  Gabriel  de  Faye,  escuyer,  seigneur  de  là 
Faye,  de  la  Cour  et  de  la  Grillière  (15S2,  1881).  Voyez  page  ff . 

(1)  Voy.  à  l'appendice  n»  XVII. 


G^NÉALOCIÉ  Dfi  LA  MaTSOS  DE   KAYH  UL*   DE  LA  PAYE  763 

m.  —  Noble  Jehan  de  Paye  ou  de  la  Paye,  dit  TAlné,  écuyer, 
seigneur  de  la  Voye  et  de  la  Coup  (1581, 1631). 

IV.  —  Jehanne  de  Paye  ou  de  la  Paye,  dame  de  la  Cour  (1631, 
1658).  Voyez  page  17.  Elle  avail  épousé  Gaspard  du  Puy  de  Trîgou- 
nanl,  escuyer,  sieur  de  La  Roche,  qui  élait  mort  en  1631.  De  leur 
mariage  naquirent  deux  filles  : 

1*"  Catherine,  qui  suit  ; 

2^  N...  du  Puy  de  Trigounanl  mariée  à  N...  de  Beaufort,  sieur 
de  la  Porte.  De  ce  mariage  naquit  Prançois  de  Beaufort,  seigneur 
de  la  Cour  et  d'Enval  que  nous  retrouverons  plus  loin. 

V.  —  Catherine  du  Puy  de  Trigounant,  dame  de  la  Cour,  fut 
l*héritiëre  universelle  de  sa  mère.  En  1638,'  elle  était  mariée  et 
habitait  la  Cour  avec  son  mari,  Jean  de  Beaufort,  écuyer,  sieur  de 
Bussière.  Les  deux  filles  de  Jehanne  de  la  Paye  avaient  épousé  les 
deux  frères.  Jean  de  Beaufort,  sieur  de  Bussière,  qui  habitait  encore 
la  Cour  en  16S5,  était  mort  en  1656.  Il  avait  institué  pour  héritier 
Prançoià  de  Beaufort,  son  neveu. 

En  1658,  le  fermier  de  la  terre  de  la  Cour  était  Gabriel  de  Neuf- 
ville,  époux  d'Anne  Laborne,  habitant  de  la  ville  de  Peyrat.  En 
1661  et  1663,  on  trouve  Rouillac  ou  Roulhac,  fermier  du  lieu  noble 
de  la  Cour. 

M"*  de  Bussière  vivait  encore  à  la  Cour  en  1681.  Elle  avait  ins- 
titué pour  son  héritier  universel  Prançois  de  Beaufort,  son  neveu, 
qui  était  déjà  Théritier  de  son  mari. 

VI.  —  Noble  messire  Prançois  de  Beaufort,  écuyer  chevalier, 
seigneur  de  la  Porte,* de  li  Cour  et  du  Monleil  et,  par  sa  femme 
d'Enval,  demeurait,  en  1681,  dans  son  château  d'Enval,  en  Bas- 
Limousin.  Quoique  H""*  de  Bussière,  sa  tante,  dame  de  la  Cour,  fut 
encore  vivante  et  habitât  la  Cour,  il  prenait  le  titre  de  seigneur  de 
la  Cour  dès  1656.  Comme  héritier  de  Jean  de  Beaufort,  sieur  de 
Bussière,  son  oncle,  il  donna,  le  21  décembre  1668,  quittance  à 
Antoine  de  La  Roche-Aymon  de  la  somme  de  deux  mille  cinq 
livres,  faisant  le  paiement  final  de  trente-six  mille  trois  cent 
soixante-quinze  livres,  prix  de  la  vente  de  la  seigneurie  de  Lavaud- 
Gratton. 

En  1681,  Léonard  Hasfaure,  sieur  de  Neufvialle«  bourgeois  de  la 
ville  de  Peyrat,  était  fermier  du  lieu  et  maison  noble  de  la  Cour  et 
y  faisait  sa  résidence  habituelle.  En  1699,  on  l'y  trouve  encore  fer- 
mier. 

Prançois  de  Beaufort  épousa  Catherine  de  Comborn,  dame  d*En- 
val,  en  Bas-Limousin,  la  dernière  de  l'illustre  maison  de  Comborn. 


* 

V 


764  SOCléTè   ARCHèoLOGiQCB  £T   HidTOtUQUE    DC   UMÛUSIK 

Tous  deux  vivaient  encore  en  1689;  François  de  Beaufort  était 
mort  en  1692,  sans  laisser  de  postérité  (1). 

François  de  Pichard,  écuyer,  seigneur  de  TEglise-au-Bois,  obtint 
des  lettres  royaux  en  date  du  12  mars  1692  l'autorisant  à  se  porter 
héritier  bénéficiaire  des  biens  maternels  de  François  de  Beaufort. 
Comme  la  terre  et  seigneurie  de  la  Cour  faisait  partie  de  ces  biens 
maternels,  il  en  devint  possesseur. 

VII.  —  François  de  Pichard,  écuyer,  sieur  de  la  Chassagne  et 
de  la  Geneste,  seigneur  de  l'Eglise-au-Bois  et  do  la  Cour,  et  par  sa 
femme,  comte  de  Villemonteix,  seigneur  de  Hontsergue,  Lavau- 
blanche,  Ghâtelus  en  partie,  la  Villatte,  était  le  fils  aîné  de  Joseph 
Pichard,  seigneur  de  FEglise-au-Bois,  et  de  Marguerite  de  Paye  (2). 
Il  avait  épousé,  par  contrat  du  16  août  16S1  Dufoar,  no'*  roy., 
passé  à  Eymoutiers,  Catherine  Esmoiog,  fille  ainée  de  François 
Esmoing,  chevalier,  comte  de  Villemonteix,  seigneur  de  Hontser- 
gue, Chfttelus  en  partie,  Nailiac,  lieutenant-colonel  du  régiment 
d'infanterie  du  cardinal  Mazarin,  et  de  Marguerite  Esmoing  de 
Lavaublanche.  Par  la  mort  sans  enfant  de  son  frère  unique  Pierre 
Esmoing,  chevalier,  vicomte  de  Villemonteix,  seigneur  de  Mont- 
sergue,  Lavaublanche,  la  Villatte,  la  Grillière,  Catherine  Esmoing 
avait  hérité  des  dites  terres  et  seigneuries.  Depuis  leur  mariage, 
François  de  Pichard  et  Catherine  Esmoing  habitaient  le  repaire 
noble  du  Fermigier,  paroisse  de  l'Eglise-au-Bois,  demeure  de  la 
famille  Pichard:  après  la  mort  de  Pierre  Esmoing,  seigneur  de 
Villemonteix,  ils  continuèrent  d'y  résider  jusqu'en  1671,  époque 
où  ils  transportèrent  leur  résidence  au  cb&teau  de  Villemonteix. 

Le  6  février  1700,  devant  Ligoure,  no'*  roy.,  François  de  Pichard 
afferma  la  terre  et  seigneurie  de  la  Cour  à  Jacques  Fillioux,  bour- 
geois de  Bourganeuf.  Le  18  février  suivant,  devant  L.  Borde,  no**, 
et  J.  Limousin,  no"  roy.,  Jacques  Filloux,qui  avait  déjà  transporté 
sa  résidence  au  château  de  la  Cour,  s'associa  à  moitié  pour  cette 
ferme  Marie  Foucaud,  veuve  de  Pierre  Defaye,  conseiller  du  roy  et 
lieutenant  en  l'élection  de  Bourganeuf,  sous  réserve  pour  lui  de  la 
maison  et  préclôtures  de  la  Cour,  mais  cette  association  ne  dura 
guère»  car  elle  fut  résiliée  le  19  mars  suivant,  et  Jacques  Fillioux 
resta  seul  fermier  de  la  Cour. 

François  de  Pichard  avait  déjà  le  grade  de  capitaine  (on  le  nom- 
mait le  capitaine  Lëglise  au  Bois),  lorsque  le  roi  lui  donna  une 
commission  de  capitaine  d'une  compagnie  de  cent  hommes  dans  le 

(4)  Archives  de  la  Creuse. 

(2)  Pour  plus  de  détails  sur  les  seigneurs  de  la  Cour  de  la  maison  de 
Pichard,  voyez  la  notice  intitulée  «  Villemonteix  et  Montsergue  ». 


g£nêalogib  de  la  maison  db  paye  ou  de  la  paye      765 

régiment  d'infanterie  de  Toulouse  le  30  février  1684.  Il  vivait 
encore  en  1693,  mais  était  mort  en  1697.  Catherine  Esmoing  mou- 
rut au  commencement  de  1719.  De  leur  mariage  étaient  Issus  neuf 
enfants,  six  garçons  et  trois  filles  : 

l^'  Germain  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  chevalier,  seigneur 
du  Fermigier,  puis  de  TEglise-au-Bois,  qui  épousa,  par  contrat 
passé  au  chàleau  du  Solier  le  27  novembre  16iK  Naudin,  no", 
Marie  de  Bridiers  de  Saint-Julien,  fille  de  Paul  de  Bridiers,  cheva- 
lier, baron  de  Saint-Julien,  et  d'Elisabeth  de  Ghamborant.  Aux 
termes  de  ce  contrat  de  mariage  et  d'une  transaction  du  2  octobre 
1692  Roby,  no**  roy.,  François  de  Pichard  et  Galherine  Esmoing 
firent  donation  entre-vifs  à  Germain  de  Pichard  des  maisons  et 
terres  seigneuriales  du  Fermigier  et  de  l'Eglise-au^Bois,  à  la  charge 
de  payer  trente  mille  livres  aux  créanciers  de  là  lerre  du  Fermi- 
gier. Germain  de  Pichard  était  mort  en  1754,  époque  où  Marie  de 
Bridiers,  sa  veuve,  habitait  le  château  de  Saint-Julien,  en  Com- 
braille;  de  leur  union  sont  sortis  les  de  Pichard,  barons  de  Saint- 
Julien  ; 

9"  Jean,  que  nous  trouverons  plus  loin; 

3""  Joseph  de  Pichard,  écuyer,  chevalier  de  l'Eglise  au  Bois,  né  à 
l'Eglisc-au-Bois,  baptisé  à  Faux  le  25  juillet  1654  (parrain  Joseph 
Pichard,  son  grand-père;  marraine  damoiselle  Catherine  de  Tri- 
gounant,  femme  du  sieur  de  Bussière;  présents  messires  de  Los- 
tanges,  de  Marsillac,  d'Auriat  et  de  la  Cour,  Antoine  Chappellon, 
sieur  de  la  Védrenne,  La  Fermerie,  Dubayle,  procureur  fiscal  de  la 
Fcuillade),  lieutenant  de  la  lieutenance  coronelle  du  régiment  de  la 
Reine,  mort  à  Laval,  ou  il  tenait  garnison,  après  avoir  fait  son 
testament  le  12  décembre  1675; 

4''  François,  qui  suil; 

5**  Julien  de  Pichard  de  Vitlemonteix,  écuyer,  seigneur  de  Châte- 
lus  en  partie,  capitaine  dans  le  régiment  de  Sainle-Aulaire,  puis 
dans  celui  de  Chàteauneuf,  qui  était  mort  en  1740;  il  signait  «  Châ- 
telns  »  ; 

6<»  Germain  de  Pichard,  chevalier  de  Villemonleix,  né  le  2  novem- 
bre 1674,  d'abord  page  du  Grand-Maître  de  l'ordre  de  Malte,  sous- 
lieutenant  en  la  compagnie  de  Moran  dans  le  régiment  d'infanterie 
de  Toulouse  par  brevet  du  14  octobre  1692,  lieutenant  de  la  compa- 
gnie de  FEglise  au  Bois  dans  le  même  régiment  par  brevet  du 
12  février  1696,  capitaine  de  la  même  compagnie  par  commission 
du  7  décembre  1702,  enfin  premier  capitaine  au  régiment  de  Tou- 
louse,, chevalier  de  Saint-Louis;  en  1741,  il  résidait  au  château  de 
Yillemonteix,  titulaire d*une  pension  du  Trésor;  il  lesta  le  9  février 
1749  et  mourut  le  même  jour  à  Chérignac; 

T.  LV  SI 


756  SOCIÉTÉ    ARCHEOLOGIQUE  BT  HtftTORIQUB  DU  LIMOUSIN 

T""  Marie  de  Pichard,  demoiselle  de  Villemonteix,  mariée,  par 
contrai  da  8  aoûl  1686,  de  Lachëze,  no'«  roy.,  à  Charles  de  David, 
chevalier,  seigneur  marquis  de  Lastours,  fils  de  François  de  David, 
chevalier,  seigneur  baron  de  Venloux,  et  de  Charlotte  d'Abzac,  qui 
commanda,  en  1697,  le  ban  et  Tarrière-ban  de  la  province  du  Haut 
et  Bas-Limousin  (1);  elle  survécut  à  son  mari  ; 

8"  Jeanne  de  Pïchard  de  Villemonteix,  mariée,  par  contrat  du 
7  avril  1693,  à  Philibert  de  David,  chevalier,  seigneur  de  Chamvert  ; 

9^  Marie  de  Pichard  de  Villemonteix,  mariée,  par  contrat  du 
29  mars  1700  Ligoure,  no~  roy.,  à  Philippe  Bourdicaud,  écuyer, 
seigneur  de  Saint-Priest,  fils  de  François  Bourdicaud,  écuyer,  sei- 
gneur de  Peyrigeas,  et  de  feue  Catherine  d'Aubusson,  demeurant  à 
Soudanas,  paroisse  de  Saint-Priest,  en  Poitou;  on  lui  constitua 
en  dot  douze  mille  livres;  elle  (esta  le  22  décembre  1707  et  mourut 
peu  de  jours  après,  laissant  pour  héritiers  son  mari  et  son  fils  uni- 
que, François  Bourdicaud,  qui  mourut  lui-même  en  1733,  sans 
hoirs,  ab  intestat  et  en  majorité. 

VIII.  —  François  de  Pichard,  écuyer,  chevalier  de  TEglise-au- 
Bois,  seigneur  de  la  Cour,  fut  nommé  enseigne  en  la  compagnie  de 
la  Frelonnière,  dans  le  régiment  d'Angoumois,  le  7  juillet  1686, 
lieutenant  en  la  compagnie  de  Jean  de  l'Eglise  au  Bois,  son  frère, 
dans  le  régiment  d'infanterie  de  Toulouse  le  18  décembre  1686.  Il 
était  capitaine  d'une  compagnie  d'infanterie  dans  le  régiment  du 
comte  de  Toulouse,  lorsque  son  père,  François  de  Pichard,  «t  consi- 
dérant les  bons  et  agréables  services  dudit  François  de  Pichard,  et 
à  cause  du  service  de  Sa  Majesté  et  pour  soutenir  el  subvenir  aux 
dépenses  dud.  service  et  soustënement  de  lad.  compagnie  »,lui  fit  le 
7  octobre  1691  donation  entre-vifs  pure,  simple  et  irrévocable,  avec 
dessaisissement  actuel,  du  lieu,  fief  et  domaine  de  la  Cour  à  lui 
obvenu  par  le  décès  de  messire  François  de  Beaufort,  chevalier, 
seigneur  de  la  Cour,  le  Monteil,  etc.,  suivant  la  coutume  du  Poitou, 
où  les  biens  et  fiefs  étaient  situés  et  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Martin-Château,  consistant  en  château,  préclôtures,  garennes,  mou- 
lins, prés,  métairies,  cens,  rentes,  dîmes,  droits  et  devoirs  seigneu- 
riaux. Cette  donation  fut  passée  devant  Ligoure,  no'*  roy.,  en 
présence  de  Gaston  Barrât,  prêtre,  curé  de  Védrénas,  et  de  Char- 
les de  Lavernelle.  Elle  fut  confirmée  par  François  de  Pichard  père 
le  27  janvier  1692  Ligoure,  no"  roy.,  au  château  noble  de  Ville- 
monteix, en  présence  de  H*  Philippe  Marsalaud,  avocat  en  parle- 
ment. La  terre  de  la  Cour  était  estimée  trente  mille  livres. 

Joseph  Pichard,  seigneur  de  TEglise  au  Bois,  aïeul  du  seigneur 

(1)  Nobiliaire  du  Limousin,  II,  43. 


•1.1 


qui  Dons  occupe,  avait  été  compris  au  rAle  des  gentilhomi 
bililés  ou  conÂrmës  dans  leur  noblesse  pour  une  somme 
mille  trois  cents  livres.  Cette  somme  devait  élre  payée  pai 
fils  qui  se  partagèrent  sa  succession.  Comme  les  gens  cli 
recouvrement  de  celle  somme  avaient  fait  saisir  entre  les 
Léonard  du  Masraure,  sieur  de  Neufvialle,  Termier  de  la 
revenus  de  cette  terre  et  seigneurie,  François,  Jean  et  G( 
Picbard,  Sis  d«  François,  tous  trois  capitaines  dans  le 
de  Toulouse,  présentèrent  requête  en  1698  et  1699  à  Tint 
Limoges  pour  obtenir  que  sur  cette  somme  le  tiers  seul 
misa  la  charge  de  la  succession  de  François  de  Picbard,  I 
et  que  la  moitié  de  ce  tiers  fut  supportée  par  Germain  de 
seigneur  du  Ferraigier  et  de  l'Eglise-au-Bois,  leur  frère  i 
tagé  parle  père  commun. 

En  1700,  Jacques.Fillioux,  de  Bourganeuf,  succéda  à  Lt 
Masfaure  comme  fermier  de  la  lerre  et  seigneurie  de  la 
1704,  il  babilait  le  cb&teau  de  la  Villatte. 

Par  suite  de  la  promotion  de  son  frère  Jean  à  la  cbarg 
tenanl-colonel  du  régiment  d'inranlerie  de  Toulouse,  Fr 
Picbard  obtint  le  commandement  de  la  compagnie  de  g 
que  commandait  son  frère  :  sa  commission  est  du  16  décen 

François  de  Picbard  céda,  au  commeacement  de  1704, 
nus  de  sa  terre  et  seigneurie  de  la  Cour  à  Pbilippe  Bo 
seigneur  de  Saint-Priest,  demeurant  en  sa  maison  de  Sou 
dernier,  par  acte  du  13  juillet  1704,  afferma  à  Jacques  1 
fief  noble  de  la  Cour. 

Le  cbevalier  de  l'Eglise  au  Bois,  seigneur  de  la  Goa 
vera  la  fin  de  1704,  après  avoir  fait  un  testament  mililain 
lel  1704,  élanl  blessé  dangereusemenl  :  par  ce  lestameot 
la  (erre  de  la  cour  à  Jean  de  l'Eglise  au  Bois,  son  frère,  li 
colonel  du  régiment  de  Toulouse,  et  les  droits  sur  la  ter 
lemonleix  à  lui  provenus  du  cbef  de  H"  de  Saint-Priési. 
à  Germain  de  Villemonleix,  son  aulre  frère,  capitaine  au 
d'infanlerie  de  Toulouse. 

IX.  —  Jean  de  Picbard  de  l'Eglise  au  Bois,  chevalier 
de  Villemonleix,  Montsergue,  Chfttelus,  la  Cour,  chf 
l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  lieutenant-coloni 
ment  de  Toulouse  infanterie,  entra  au  service  comme  si 
ses  frères.  Il  avait  déjà  le  grade  de  capitaine  (c'était  \< 
Léglise  au  Bois),  lorsqu'il  obtint  le  28  juillet  1631  une  i 
de  capitaine  d'eue  compagnie  dans  le  rëgvmeiaV  d,'\T 
Toulouse;  en  1702,  il  fui  promu  capitaine  d'une  c>on\^ 
nediers  dans  le  même  régiment.  Il  était  prQ^-.r  ca-v 


768  sociérÉ  ARcnéoLOGiQUE  et  historiqCe  du  limoUsiM 

nadiers  de  ce  régiment,  lorsque  le  roi  lui  donna  le  16  décembre  1703 
la  charge  de  lieutenant-colonel  de  son  régiment.  Enfin  le  22  octo* 
bre  1705  il  fut  nommé  chevalier  de  Saint-Louis. 

Jean  de  Richard  épousa,  par  contrat  du  12  mars  1706  Thouron, 
no"  roy.  à  Sainl-Yrieix-la-Perche,  Catherine  de  Lasteyric  du  Sail- 
lant, fille  de  feu  Antoine  de  Lasteyrie  du  Saillant,  marquis  du  Sail- 
lant, vicomte  de  Gomborn,  baron  d*Ussac  et  du  Vergis,  co-seigneur 
de  la  ville  et  pariage  d'Allassac,  grand  sénéchal  du  Limousin,  el  de 
feue  Marie-Marguerite  de  la  Morellie,  demeurant  ordinairement  au 
château  du  Saillant,  paroisse  de  Voutezac,  en  Bas  Limonsin. 

Jacques  Fillioux  n'était  plus  fermier  de  la  Cour  en  1708  :  il  n'y 
avait  pas  de  fermier.  Cette  terre  avait  été  délaissée  en  jouissance  à 
Philippe  de  Bourdicaud,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Priest,  baron 
d'Auriat,  la  Baconnaille,  habitant  en  son  ch&leau  de  la  Baconnaille, 
paroisse  d'Auriat,  en  Poitou,  comme  tuteur  dç  François  de  Bour- 
dicaud, son  fils,  issu  de  son  mariage  avec  feue  Marie  de  Pichard  de 
TEglise  au  Bois,  pour  le  paiement  de  la  dot  de  sa  femme,  et  M.  de 
Saint-Priest  touchait  lui-même  les  revenus,  rentes,  etc.  Mais  en  1712 
cette  dot  fut  payée,  et  la  maison  de  Villemonteix  rentra  en  jouis- 
sance de  la  terre  de  la  Cour. 

Jean  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  seigneur  de  Villemonteix  et 
de  la  Cour,  mourut  en  1713.  Catherine  du  Saillant,  sa  veuve, 
accepta  la  garde  noble  de  ses  enfants  et  prit  en  mains  Tadminis- 
tration  de  leurs  biens. 

Par  acte  au  19  mai  1714  L.  Bouchon  et  J.  Limousin,  no'**  roy., 
passé  au  village  de  Garnaud,  paroisse  de  Châtelus,  en  Poitou,  en 
présence  de  M.  M*  Joseph  de  La  Font,  conseiller  du  roy  au  prési- 
dial  et  assesseur  de  la  sénéchaussée  de  la  Marche  à  Guéret,  y 
demeurant,  et  de  Jean  Forest,  maître  chirurgien  de  Bourganeuf, 
Gilbert-Timoléon  Seigliëre,  écuyer,  seigneur  de  Johet,  conseiller 
du  roy,  vice-sénéchal  de  la  Marche  et  Combraille,  demeurant  au 
château  de  Johet,  près  Guéret,  et  Pierre  Seigliëre,  écuyer,  seigneur 
de  Clavières,  demeurant  en  sa  maison  de  Clavières,  paroisse  de 
Saint-Sulpice-le-Guérétois,  faisant  tant  pour  eux  que  pour  Antoi- 
nette de  Saint-Julien,  veuve  d*Etienne  de  Seigliëre,  écuyer,  sieur 
des  Salles,  tutrice  de  leurs  enfants,  reconnurent  avoir  reçu  de 
Catherine  Esmoing,  veuve  de  François  de  Pichard,  et  de  Catherine 
du  Saillant,  veuve  de  Jean  de  Pichard,  la  créance  due,  en  vertu 
de  la  transaction  du  30  mai  1681  Sudre,  no'*  roy.,  à  défunts  Antoine 
Seigliëre  et  Marguerite  Fayolle,  veuve  Seigliëre,  par  François  de 
Pichard  et  François  de  Beaufort,  seigneur  de  la  Cour. 

Le  30  avril  1717  devant  L.  Bouchon  et  J.  Limousin,  no"*  roy., 
Catherine  du  Saillant  afferma  pour  sept  ans,  à  partir  du  1"  mai  1717, 


>iU 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  769 

moyennant  huit  cents  livres  par  an,  à  Jean  Dubayle,  bourgeois  de 
fiourganeuf,  et  à  Léonard  Dumasfaure,  sieur  de  Prasinas,  son 
gendre,  demeurant  à  Neurvialle,  tous  les  revenus,  cens,  rentes, 
mélairies,  château  et  préclôtures  de  la  terre  et  seigneurie  de  la 
Cour,  y  compris  les  bestiaux  des  métairies,  les  droits  de  lots  et 
ventes,  sans  que  les  preneurs  fussent  tenus  de  faire  aucune  répa- 
ration au  château  et  bâtiments  de  la  Cour  et  des  mélairies.  Cette 
ferme  devait  prendre  fin  en  1724.  A  celle  époque  la  dame  de  Vil- 
lemonteix  rentra  en  jouissance  de  la  Cour,  qu'elle  afferma  de  nou- 
veau au  sieur  de  Prasinas  en  1725. 

Du  mariage  de  Jean  de  Pichard  et  Catherine  du  Saillant,  naquirent  : 

1*>  Charles,  qui  suit; 

2''  Julien,  qui  viendra  ensuite; 

S^  Jeanne,  dont  l'article  suivra  celui  de  Julien; 

4*'  Marie  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois  de  Yillemonleix,  reli- 
gieuse à  l'abbaye  de  Saint-Bernard  de  Tulle,  prieure  de  la  même 
abbaye  en  1760  ;  Catherine  du  Saillant,  sa  mère,  alors  veuve,  et 
Germain  de  Pichard,  chevalier  de  Villemonteix,  son  oncle,  lui 
constituèrent  comme  aumône  dotale  trois  mille  cinq  cents  livres,  et 
s'obligèrent  à  lui  payer  une  pension  viagère  de  cinquante  livres; 

S""  Marie  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  demoiselle  de  Monlser- 
gue,  qui  épousa  Etienne  Dubois  de  Mcyrignac,  fils  de  Léonard 
Dubois,  sieur  de  la  Planche,  conseiller  du  roy,  ancien  receveur  des 
tailles  à  Bourganeuf,  et  de  feue  Marie  de  Silhouetle  ;  par  son  contrat 
de  mariage  du  18  novembre  1738  Mian,  no'**  roy.,  il  lui  fut  cons- 
titué en  dot  :  1^  neuf  mille  six  cents  livres  pour  sa  part  et  portion 
dans  la  succession  de  son  père  et  dans  celles  de  ses  frères  et  sœurs 
morts  ou  qui  s'étaient  faits  religieux  depuis  la  mort  de  leur  père; 
2®  et  mille  livres  pour  tous  les  droits  qu'elle  avait  à  prétendre  dans 
la  succession  de  Catherine  du  Saillant,  sa  mère.  Six  cents  livres 
furent  payées  pour  les  habits  nuptiaux,  et,  pour  se  libérer  des  dix 
mille  livres  de  surplus,  Catherine  du  Saillant  et  Charles  de  Pichard 
délaissèrent  à  Marie  de  Pichard  deux  métairies  à  quatre  bœufs  et 
une  métairie  à  deux  bœufs,  garnies  de  bestiaux,  situées  à  Favareil- 
las,  dans  la  fondalité  de  la  Cour,  ne  se  réservant  pour  tous  droits 
seigneuriaux  que  cinq  sols  de  rente,  payables  à  chaque  fêle  de 
Notre-Dame  d'août.  Ces  métairies  de  Favareillas  furent  vendues 
par  les  Dubois  de  Meyrignac,  père  et  fils  et  Paule  Bouchière, 
deuxième  épouse  du  père,  tous  demeurant  au  château  de  Meyrignal 
à  Louis  Yiau  de  la  Roche,  conseiller  du  roy.  receveur  des  tailles  en 
l'élection  de  Bourganeuf,  demeurant  à  «Bourganeuf,  rue  dii  Puy, 
moyennant  neuf  mille  deux  cents  livres,  par  acte  du  16  février  1740 
Dubayle  et  Mian,  no"'  roy.  Le  surplus  dudit  village,  formé  d'un 


770  SOCIÉTÉ    ABCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

petit  domaine,  appelé  de  Ghez-François-Bannette,  au  labourage  de 
deux  bœufs,  également  dans  la  fondalité  de  la  Cour,  avait  été 
vendu,  suivant  acte  passé  à  Yillemonteix  le  26  août  1734  Mian, 
no'*  roy.,  eu  présence  de  Pau!  Audousset,  praticien,  par  Catherine 
du  Saillant  et  Charles  de  Pichard  à  Léonard  Guerras,  du  Chassai- 
gnoux,  moyennant  la  somme  de  neuf  cents  quatre-ving-dix-neuf 
livres,  sous  réserve  de  la  directe  fondalilé  et  d'une  rente  féodale  de 
une  coupe  seigle,  une  coupe  avoine,  mesure  de  Peyrat,  trois  sols 
argent  et  une  poule,  le  tout  payable  et  portable  au  château  de  la 
Cour.  Marie  de  Pichard  était  morte  en  1743. 

G""  Paul  de  Pichard,  chevalier  de  TEglise  au  Bois,  sieur  de  Ghft- 
telus,  enseigne,  puis  nommé  le^  décembre  1729  lieutenant  de  la 
compagnie  de  Valbonnette  dans  le  régiment  d'infanterie  de  Tou- 
louse; mort  de  maladie  à  l'hôpilal  militaire  de  Spire  le  19  octo- 
bre 1735,  inhumé  sur  sa  prière  dans  Téglise  des  Révérends  Pères 
Gordeliers  de  Spire  ;  il  fut  dépensé  à  cette  occasion  soixante-sept 
livres  dix  sols  par  Jean  Chillaf,  de  Guéret,  employé  à  son  service. 

X.  — •  Charles  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  chevalier,  seigneur 
de  Yillemonteix,  Vedrénas,  Boissioux,  Ghfttelus  en  partie,  la  Cour, 
et  par  sa  femme,  du  Bost-Bé}  (1),  du  Chassagnoux  et  de  Villouteix, 
naquit  le  5  septembre  1707  et  fut  baptisé  le  14  janvier  1709  (par- 
rain Charles  marquis  du  Saillant;  marraine  Catherine  Esmoing, 
dame  de  Yillemonteix,  sa  grand'mère  paternelle).  Il  fut  place 
comme  page  chez  le  comte  de  Toulouse. 

Léonard  du  Masfaure,  sieur  de  Prasinas,  était  toujours  fermier 
de  la  terre  de  la  Cour.  Par  suite  de  renouvellements,  son  bail  ne 
devait  prendre  fin  qu'en  1743.  Il  avait  eu  à  soutenir  plusieurs  procès 
contre  ses  fermiers  du  moulin,  contre  ses  métayers  de  Favareillas, 
qui  volaient  la  nuit  les  gerbes  dans  les  champs  et  les  cachaient  dans 
les  villages  voisins. 

Catherine  du  Saillant,  dame  de  Yillemonteix,  avait  de  nombreux 
créanciers.  Pous  s'en  débarrasser,  elle  leur  donnait  des  délégations 
sur  son  fermier  de  la  Cour.  Ce  dernier  en  accepta  pour  des  sommes 
supérieures  à  ce  qu'il  devait,  et,  lorsqu'il  refusa  de  payer  les 
créanciers,  il  fut  emprisonné  à  leur  requête  et  resta  trois  mois  dans 
les  prisons  de  Limoges.  Lorsque  Léonard  du  Masfaure  voulut  se  faire 
rembourser  Catherine  du  Saillant  soutint  qu'il  était  encore  son 
redevable,  à  cause  des  dégradations  qu'il  avait  commises.  Inde  irœ. 

(1)  Le  château  du  Bostbéy,  situé  sur  une  éminence  dans  un  pacage 
sur  les  bords  de  la  Maulde,  a  été  complètement  détruit  pendant  la 
période  révolutionnaire.  (Pierre  Cousseyroux,  Inventaire  des  registres 
paroissiaux  de  Peyrat-le-Château). 


J 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  PAYE  OU  DE  LA  PAYE  771 

Elle  prétendait  notamment  qu'il  avait  ruiné  le  château  de  la  Cour. 
Un  appointement  fut  rendu  au  profit  du  fermier  par  la  justice  de 
Peyrat  le  19  octobre  1737.  Catherine  du  Saillant  en  fit  appel;  dans 
sa  supplique  comme  intimé  Dumasfaure  se  prétend  créancier  de 
plus  de  douze  mille  livres.  Il  finit  par  obtenir  justice  (1). 

A  cette  date  1737  la  Cour  possédait  deux  moulins  à  blé  et  un 
à  chanvre. 

L'administration  de  Catherine  du  Saillant  fut  désastreuse  pour  la 
maison  de  Villemonteix.  Ses  enfants  majeurs,  Charles  de  Pichard, 
seigneur  de  Villemonteix;  Julien  de  Pichard,  seigneur  de  Mont* 
sergue,  et  Jeanne  de  Pichard,  demoiselle  deChàtelus,  voyant  leurs 
intérêts  compromis,  intentèrent  en  1739  à  leur  mère  une  action  en 
reddition  de  compte  devant  le  lieutenant-général  de  la  sénéchaussée 
de  la  iMarche  à  Guérei.  Ce  procès  ne  fut  jamais  terminé,  car  Charles 
de  Pichard  et  Catherine  du  Saillant  moururent  avant  qu'il  n'y  eut 
une  solution.  A  Toccasion  de  ce  procès,  il  fut  constaté  que  la  terre 
de  la  Cour  était  composée  d'un  château  et  de  ses  préclôtures  et  de 
six  domaines,  le  tout  affermé  mille  livres. 

Par  contrat  du  20  avril  1739  Ligoure,  no'»  roy.,  passé  au  château 
de  Villemonteix,  en  présence  de  Paul  Audousset,  receveur  audit 
château,  et  de  Pierre  Lavaud,  bourgois  de  Bourganeuf,  Charles  de 
Pichard  traita  avec  Julien  de  Pichard,  seigneur  de  Monlsergue,  et 
Jeanne  de  Pichard,  demoiselle  de  Châtelus,  ses  frère  et  sœur;  ces 
derniers  cédèrent  à  Charles  de  Pichard  tous  leurs  droits  dans  la 
succession  de  Jean  de  Pichard,  leur  père  commun,  et  reçurent  en 
partage,  par  moitié  enlr*eux,  la  terre  et  seigneurie  de  la  Cour,  en 
quoi  qu'elle  put  consister,  sous  la  seule  réserve  du  village  de  Fava- 
reillas,  qui  avait  été  aliéné,  et  sur  lequel  en  1789  le  baron  de 
Peyrat  percevait  une  rente  de  deux  coupes  seigle,  deux  coupes 
avoine,  onze  sols  argent  et  deux  gélines. 

Charles  de  Pichard  mourut  en  1748.  Il  avait  épousé,  étant  encore 
mineur  (contrat  du  21  août  1730),  Catherine  de  Châteauneuf,  dame 
du  Bostbéy,  fille  et  héritière  d'Emmanuel  de  Châteauneuf,  seigneur 
de  Saint-Pardoux,  du  Bostbey,  du  Chassagnoux  et  de  Villouleix. 
Elle  mourut  au  château  de  Villemonteix  le  24  août  1743,  à  l'âge  de 
trente-trois  ans.  Ce  mariage  avait  enrichi  la  maison  de  Villemon- 
teix des  terres  et  seigneuries  du  Bostbey,  du  Chassagnoux  et  de 
Villouleix.  Les  deux  dernières  furent  incorporées  à  la  terre  et  sei- 
gneurie de  la  Cour. 

En  secondes  noces  Charles  de  Pichard  avait  épousé,  par  contrat 
du  23  juillet  1744  Durieux,  no'*  roy.,  Louise  Green  ou  Grain  de 

(1)  Archives  du  Monteil-Chàteau. 


772  sociéré  archéologique  et  historique  du  limousin 

Saint-Marsaut,  demoiselle  d'Eyburie,  fille  de  feu  Jean-Jacques 
Green  de  Saint-Marsaut,  vicomte  du  Verdier,  et  d'Anne  Duprert, 
habitant  au  château  du  Verdier,  paroisse  d'Eyburie,  en  Limousin. 

Du  premier  mariage  Charles  de  Pichard  laissait  huit  enfants 
vivants,  six  filles  et  deux  garçons,  savoir  : 

1®  Germain,  qui  viendra  plus  loin; 

2^  Marie  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  née  en  1734,  qui  épousa  : 
!•  le  23  janvier  1753,  Gabriel  de  Rieublanc,  chevalier,  seigneur 
du  Bost,  Boussac,  Sainl-Junien4a-Bregère,  fils  de  Jean  de  Rieu- 
blanc, sieur  du  Bost,  procureur  fiscal  de  la  baronnie  de  Peyrat,  et 
de  Catherine  Daniel  de  Monfayon,  encore  vivant  en  1743;  2*  le 
28  novembre  1755  Joseph  Tristan  de  Lhermite,  chevalier,  seigneur 
de  la  Rivière,  veuf  de  Catherine  de  Brugière  de  Farsat  et  fils  de 
Joseph  de  Lhermite,  ëcuyer,  seigneur  de  la  Rivière,  et  de  Gabrielle 
du  Garreau  (1);  Marie  de  Pichard  et  son  second  mari  vivaient 
encore  en  1787  ; 

3""  Rose  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  née  en  1735;  morte  céli- 
bataire en  1767  ; 

4""  Jeanne  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  née  le  23  octobre  1736, 
qui  en  1753  était  encore  au  couvent  d*Eymoutiers;  morte  célibataire 
avant  l'année  1767; 

5**  Marie  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  née  le  31  décembre  1737, 
qui  en  1753  était  encore  au  couvent  d'Eymoutiers;  en  1787,  reli- 
gieuse du  chœur  du  monastère  de  Sainte-Ursule  d'Eymoutiers  sous 
le  nom  de  sœur  Saint-Charles; 

6^  Julien  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  chevalier  de  Yillemon- 
teix,  baptisé  le  4  octobre  1739,  qui  était  encore  vivant  le  28  novem- 
bre 1755,  mais  dut  mourir  peu  après; 

7*"  Anne-Françoise  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  née  le  17  jan- 
vier 1741,  mariée  le  7  novembre  1766  à  Jean-Marie  d'Alesme  de 
Salvanet,  chevalier,  seigneur  baron  de  Châtelus,  Salvanet,  Cour- 
beyrac,  etc.,  fils  d'Yrieix  d^Alesme,  sieur  de  Salvanet,  baron  de 
Châtelus,  trésorier  de  France  à  Poitiers  ;  encore  vivante  en  Tan  XII  ; 

8*  Catherine  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  née  en  1743,  mariée 

le  3  frimaire  an  V  à  Léonard-Joseph  Dubois  de  Meyrignac,  fils 

d'Etienne  Dubois,  sieur  de  Meyrignac,  et  de  Marie  de  Pichard  de 

TEglise  au  Bois. 
Du  second  mariage  était  issu  un  fils  unique,  Germain  de  Pichard 

de  l'Eglise  au  Bois,  qui  survécut  à  son  père,  mais  était  mort  avant 

le  7  octobre  1749. 

Pierre  d'Oyron,  chevalier,  seigneur  de  Chérignac,  demeurant  au 

(1)  Nobiliaire  du  Limousin,  II,  524, 


GÉNÉALOGIE  DE  LA  MAISON  DE  FAYE  OU  DE  LA  FAYB  773 

bourg  de  Ghérignac,  fol  nommé  tuteur,  et  François  de  David,  che- 
valier, seigneur  de  la  Cour  de  Rozet,  demeurant  aux  larges, 
paroisse  de  Gbamproi,  en  Poitou,  curateur  des  enfants  de  Charles 
de  Pichard  et  de  Catherine  de  Ghâteauneuf,  qui  étaient  tous  mi- 
neurs. L'inventaire  fut  dressé  à  la  Cour  et  au  Boslbey  par  M*  de 
Saint- Vaury,  no'«  roy.,  au  mois  de  novembre  1748. 

XI.  —  Julien  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  seigneur  de  Mont- 
sergue  et  de  la  Cour,  fut  alloti  par  Charlos  de  Pichard,  son  frère 
aine,  de  la  terre  et  seigneurie  de  la  Cour,  par  moitié  avec  Jeanne 
de  Pichard,  demoiselle  de  Ghfttelus,  sa  sœur.  Il  était  mort  en  1742. 
Par  suite  de  son  décès,  Jeanne  dePichard  devint  seule  propriétaire 
de  la  terre  de  la  Cour. 

XI  bts.  —  Jeanne  de  Pichard  de  TEglise  au  Bois,  demoiselle  de 
Châtelus,  dame  de  la  Cour,  posséda  la  terre  et  seigneurie  de  la 
Cour,  d*abord  en  commun  avec  Julien  de  Pichard,  son  frère,  et 
ensuite  seule  après  la  mort  dudit  Julien.  En  1743,  elle  était  encore 
célibataire  et  habitait  le  château  de  Villemonteix.  En  1754,  elle 
était  la  femme  de  Pierre  d'Oyron,  chevalier,  seigneur  de  Chérignac. 
Au  moment  de  son  mariage,  elle  dut  rétrocéder  la  terre  et  seigneu- 
rie de  la  Cour  à  Charles  de  Pichard,  son  frère,  car,  lors  de  Tinven- 
taire  qui  fat  dressé  après  le  décès  de  ce  dernier,  le  notaire  et  les 
experts  se  transportèrent  à  la  Cour  aussi  bien  qu'à  Villemonteix  et 
au  Bostbey.  Les  experts  firent  Testimation  des  bestiaux  garnissant 
les  domaines;  ils  trouvèrent,  savoir  :  dans  une  des  métairies  de  la 
Cour,  deux  cent  quatre-vingt-dix  livres  de  bestiaux  ;  dans  Tautre 
métairie,  deux  cent  cinq  livres  de  bestiaux;  dans  Tune  des  métairies 
de  la  Vergoe,  trois  cent  soixante-douze  livres  quinze  sols  de  bes- 
tiaux ;  dans  Tautre  métairie,  deux  cent  vingt-huit  livres  de  bes- 
tiaux; dans  la  métairie  du  Chassagnoux,  quatre  cent  quatre-vingt- 
douze  livres  de  bestiaux  ;  dans  la  métairie  de  Villegouleix,  huit 
cent  soixante  livres  de  bestiaux  ;  dans  les  quatre  métairies  de  la 
Galbe,  cinq  cent  soixante-dix-sept  livres  de  bestiaux.  En  1749,  les 
terres  de  la  Cour  et  du  Bostbey  produisirent  ensemble  dix-sept  cent 
vingt-une  livres.  • 

XII.  —  Germain  de  Pichard  de  l'Eglise  au  Bois,  chevalier,  sei- 
gneur de  Villemonteix,  de  la  Cour,  du  Bostbey,  du  Chassagnoux, 
de  Villouteix  et  de  la  Gathe,  était  ftgé  de  seize  ans  lors  de  la  mort 
de  son  père  en  1748  ;  il  était  donc  né  vers  1732. 

Par  contrat  du  20  juin  1760  Tramonteil,  no'«  roy.,  il  vendit  à 
François  iMoreau,  bourgeois  et  marchand,  le  fief  de  la  Cour,  com- 
posé du  château,  des  préclôtures  (bien  noble),  des  deux  domaines 
de  la  Cour  (bien  roturier)  et  d*un  moulin,  «  avec  les  astreignables 
à  y  celui  »,  Celte  veate  fqt  coj^sentie  moyennant  huit  mille  livres, 


771*  SOCIÉTB   ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE    DU  LIMOUSIN 

dont  quatre  mille  livres  pour  les  biens  nobles  et  quatre  mille  livres 
pour  les  biens  roturiers.  Le  prix  de  cette  vente  devait  être  employé 
à  payer  les  dettes  de  la  maison  de  Villemonteix  et  notamment  au 
paiement  de  «  Taumône  dotale  »  de  la  dame  Marie  de  Picbard, 
prieure  de  Tabbaye  de  Saint-Bernard  de  la  ville  de  Tulle,  tante  du 
vendeur.  Il  n'était  pas  question  de  la  justice  qui  appartenait  toujours 
au  baron  de  Peyrat.  Le  vendeur  ne  cédait  que  la  partie  du  fief  qui 
s'appliquait  au  village  de  la  Cour  (1). 

Les  trois  domaines  de  Brudieux,  appartenant  à  la  maison  de 
Pichard,  avaient  été  déjà  cédés  par  contrat  de  mariage  à  une  iille 
de  cette  maison.  En  1789,  un  de  ces  domaines,  à  quatre  bœufs, 
joui  en  fief,  appartenait  à  Tramonteil  jeune,  le  surplus  du  village, 
aussi  joui  en  fief  appartenait  aux  frères  Bouchet,  de  Peyrat.  Ville- 
gouleix  avait  été  le  lot  de  Marie  de  Pichard,  épouse  en  premières 
noces  de  Gabriel  de  Rieublanc  du  Bost  et  en  secondes  noces  de 
Joseph-Tristan  de  Lhermile,  seigneur  de  la  Rivière. 

Du  fief  de  la  Cour  et  de  ses  annexes,  il  restait  à  la  maison  de 
Villemonteix  au  moment  de  la  ^Révolution  :  1<>  tout  le  village  de  la 
Gathe,  en  fief  et  propriété  ;  2^  tout  le  village  du  Chassagnoux,  en 
fief  et  propriété  ;  3"*  tout  le  village  de  la  Vergue,  en  fief  et  propriété, 
sauf  d'une  rente  de  six  setiers  seigle  due  sur  un  tènement  à  M.  des 
Maisons  du  Palant,  baron  de  Peyrat;  4^  une  rente  féodale  de  qua- 
torze setiers  seigle,  vingt-quatre  ëmioaux  combles  avoine,  argent 
cinq  livres,  y  compris  les  poules,  sur  le  tènement  de  Villouteix, 
dépendance  du  village  du  Massoubrot. 

Observons  que  le  seul  village  de  la  Vergue  dépendait  du  fief  ori- 
ginaire de  la  Cour.  La  Gathe,  le  Chassagnoux  et  Villouteix  étaient 
des  fiefs  distincts,  qui  ne  dépendaient  pas  de  la  justice  du  baron  de 
Peyrat. 

Par  acte  du  21  nivôse  an  XII,  J.  Berger  et  son  collègue,  no'**  à 
Bourganeuf,  les  époux  Léonard-Joseph  Dubois  de  Meyrignac  el 
Catherine  de  Pichard  et  les  époux  Joseph  Dubois  de  Meyrignac  et 
Catherine  de  Lhermite,  demeurant  tous  à  Villemonteix  et  repré- 
sentant slifcs  la  maison  de  Villemonteix,  vendirent,  moyennant 
16.560  francs  à  François  Paslins,  de  la  Cour,  le  lieu  de  la  Vergne, 
composé  de  deux  domaines  à  quatre  bœufs,  garnis  de  bestiaux. 

Germain  de  Pichard  mourut  en  Tan  X. 

XIII.  —  François  Moreau,  sieur  de  la  Cour,  bourgeois,  était  fils 
unique  de  feu  François  Moreau  et  de  Françoise  Ârdouin.  Françoise 
Ardouin  avait  épousé  en  secondes  noces  Jean-Pierre  Guéret,  dont 

(1}  Papiers  communiqués  par  M.  Ba^le. 


GÉNÉALOGIE    DE  LA  MAISON  DE  FAYE   OU  DE  LA  FATE  "/^S 

elle  était  veuve  eo  1760,  et  duquel  elle  avait  eu  un  fils  unique, 
Louis  Guéret. 

François  Moreau  avait  épousé  (contrat  du  U  janvier  1784  Tra- 
montell  et  Goutiasou,  no'»*)  Marie  Reix,  fiile  de  Giraud  Reii  et 
d*Antoinetle  Sauzelle  de  Lestards,  et  sœur  de  Jean-Baptiste-Noêl 
Reix,  docteur  en  théologie,  curé  de  Beanmont,  chez  qui  elle  demeu- 
rait. François  Moreau  mourut  à  la  Gour  le  23  décembre  1766,  à 
l'âge  de  quarante-cinq  ans,  et  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint- 
Marlin-Ghftteau,  en  présence  de  Pierre  Dumasfaure,  juge  de  Saint- 
Martin-Ghâteau.  Il  n'avait  point  eu  d^enfant  de  Marie  Reix,  et  par 
son  testament  du  20  décembre  1766  Tramonleil,  no'^  il  institua 
Françoise  Ârdouin,  sa  mère,  et  Louis  Guéret,  son  frère  utérin,  pour 
ses  héritiers,  notamment  de  la  terre  de  la  Gour.  Françoise  Ardouin 
mourut  à  la  Gour,  âgée  de  quatre-vingts  ans,  le  24  août  1781. 
Marie  Reix,  sa  bru,  demeurait,  en  1T78,  à  Ghez-Bricaille,  près  et 
proche  le  bourg  de  Saint-Marlin-Ghâteau. 

XIV.  —  Louis  Guéret,  bourgeois,  sieur  de  la  Gour,  devint  seul 
propriétaire  et  seigneur  du  fief  de  la  Gour  par  le  décès  de  Fran- 
çoise Ardouin,  sa  mère.  Il  avait  épousé  Gatherine  Bardet.  Elle  fut 
injuriée  et  maltraitée  par  Guillaume  de  Loménie,  seigneur  baron 
de  Saint-Martin-Gbâteau,  et  Louis  de  I^oménie,  son  (ils.  A  raison 
de  ces  mauvais  traitements,  Louis  Guéret  porta  plainte  contre 
Guillaume  et  Louis  de  Loménie  devant  le  lieutenant-criminel  de 
MontmorilloD  ;  mais  l'affaire  se  termina  par  une  transaction  passée 
le  24  avril  1777  devant  Seygaud  et  son  confrère,  notaires  à  Bourga- 
neuf,  aux  termes  de  laquelle  Louis  de  Loménie  déclara  être  fâché 
de  ce  qu'il  avait  fait,  reconnut  Gatherine  Bardet  pour  «  femme 
honneste  «t  vertueuse  »  et  paya  les  frais  du  procès  montant  à 
soixante-sept  livres  seize  sols  six  deniers  (1). 

Louis  Guéret  avait  chez  lui  une  jeune  fille,  âgée  de  vingt-cinq 
ans,  Françoise  Taure,  que  Ton  disait  sa  nièce,  fille  de  feu  Joseph 
Taure,  marchand,  et  de  Marguerite  Bardet,  de  la  ville  d'Auzances. 
D'aucuns  prétendaient  que  c'était  la  fille  naturelle  de  Louis  Guéret. 
Il  la  maria  le  1*'  mars  1791  à  François  Paslins,  demeurant  au  Meit, 
paroisse  de  la  Souterraine,  né  le  18  févrie.r  1762,  fils  d'Antoine 
Paslins,  notaire  royal  et  châtelain  de  Drouilles,  et  de  feue  Marie 
Marchandon,  du  bourg  de  la  Ghapelle-Taillefer.  Parleur  contrat 
de  mariage  du  28  février  1791  Seygaud  et  son  confrère,  no'*^, 
Louis  Guéret  fit  donation  à  Françoise  Taure  de  tous  ses  biens, 
notamment  de  la  terre  de  la  Gour.  Le  mariage  fut  célébré  par 

(1)  Papiers  communiqués  par  M.  Bayle. 


776  SOCIÉTÉ  Archéologique  et  historique  du  limousin 

Joseph  MarchandoQ,  priear-curé  de  Marsac,  oncle  de  François  Pas- 
lins,  en  présence  de  Léonard  Meyrignac,  chirurgien-juré  de  la  ville 
de  Peyrat,  représentant  Marguerite  Bardel  absente,  de  Suzanne 
Marchandon  et  de  Marchandon  de  Goûtant.  Par  le  contrat  de  ma- 
riage susdaté,  Joseph  Marchandon  avait  fait  donation  à  François 
Pasiins  de  la  somme  de  trois  mille  francs,  payable  après  son  décès. 
Silvain  Marchandon  de  la  Faye,  héritier  de  feu  Joseph,  refusant  de 
payer  cette  somme,  y  fut  condamné  par  jugement  du  tribunal  de 
Bourganeuf  du  H  thermidor  an  VIII  et  par  arrêt  de  la  cour  de 
Limoges  du  4  germinal  an  IX. 

En  1791,  Louis  Guéret  était  maire  de  la  commune  de  Saint- 
Marlin-Ghàteau.  Lors  de  Télection  qui  eut  lieu  à  Royère  le  21  juin 
1791,  il  fut  choisi  comme  électeur  des  députés  de  la  première  légis- 
lature. Les  fonctions  de  maire  lui  étant  devenues  à  charge,  il  fil 
signifier  sa  démission  au  procureur-syndic  de  Bourganeuf  par 
exploit  du  11  août  1791  (1). 

XV.  —  François  Pasiins,  par  son  mariage  avec  Françoise  Taure, 
devint  propriétaire  de  la  terre  de  la  Gour,  où  il  fit  sa  demeure.  La 
loi  du  19  vendémiaire  an  IV  ayant  supprimé  les  administrations 
communales  et  organisé  par  canton  une  administration  municipale, 
François  Pasiins  fut  nommé  président  de  Tadministration  munici- 
pale du  canton  de  Royère.  G'était  un  homme  fort  intelligent,  ainsi 
qu'il  résulte  d'un  rapport  adressé  au  Directoire  du  district  de  Bour- 
ganeuf par  l'abbé  Goutisson  de  Lascoux,  commissaire  du  Directoire 
exécutif  près  cette  administration  cantonale. 

Du  mariage  de  François  Pasiins  avec  Françoise  Taure  naquirent 
trois  enfants  : 

1*"  Sylvain-Léonard,  qui  suit; 

S""  Gatherine  Pasiins,  née  le  21  mai  1792,  mariée  à  François 
Reix,  de  Saint-Martin -Ghâteau; 
S^  Gatherine-Julie  Pasiins,  mariée  à  Louis  Dubois,  de  Bujaleuf. 

XVI.  —  Sylvain-Léonard  Pasiins  fut  maire  de  la  commune  de 
Saint-Marlin-Gh&teau,  suppléant  du  juge  de  paix  du  canton  de 
Royère,  membre  du  conseil  d'arrondissement  de  Bourganeuf. 

Après  lui,  la  Gour  fut  possédée  par  Gharles  Pasiins,  son  second 
fils,  et  ensuite  par  Auguste  Pasiins,  son  petit-fils.  Elle  appartient 
aujourd'hui  (1903)  à  M.  Barny,  ancien  pharmacien  à  Bourganeuf. 

{A  suivre.)  Zenon  Toumîeux. 

(1)  Papiers  communiqués  par  M.  Lucien  Bayle, 


EXCURSION  A  GROZAN 

(1905) 


Suivaot  UD  aacien  et  iradilionnel  usage,  la  Sociélê  archet 
el  historique  du  Limousiu  a  Tail,  le  12  juin  190S,  lundi  de  h 
cote,  son  excursion  annuelle  aux  ruines  de  Grozant. 

Le  choix  d'un  jour  férié  paraissait  loul  indiqué  aux  orgao 
pour  Taciliter  les  tourisles  et  décider  les  volontés  hésilante 
ment  mieux  employer  des  heures  légitimement  dérobées  a 
des  aiTaires  el  les  moments  de  répit  accordés  à  ceux  qui  s 
quotidiennement  à  la  précision  des  mouvements  mODOl 
la  grande  machine  administra Live  gne  le  monde  a  la  c( 
de  nous  envier!  Rien  de  plus  tentant  qu'une  promenad* 
muros,  et  nous  fûmes  même  presque  surpris  de  consts 
la  troupe  des  voyageurs  format  une  si  petite  armée.  Cela 
avec  surabondance  qu'il  faut  une  loi  pour  organiser  le  recru 
Quoiqu'il  en  soit  les  intrépides  fuient  solides  au  poste.  Ils 
rent  avec  le  soleil  et  certainement  avec  une  meilleure  hum 
lui.  Ce  jour-là  l'astre^roi  avait  le  front  rembruni  —  caprice 
narque  va-t-on  me  dire  —  dans  tous  les  cas  fantaisie  un  peu 
tante  pour  l'agrémenl  probable  de  notre  pèlerinage  aux 
du  passé. 

Au  départ  de  Limoges  nous  formions  uo  groupe  décidi 
filer,  raéme  avec  la  discourtoise  absence  du  ciel  bleu,  de 
instants  de  la  journée.  C'est  dans  ces  heureuses  disposili 
nous  traversâmes  les  sites  pittoresques  qui  avoisinent  la  i 
bourgade,  —  pardon  j'oubliais  que  c'est  une  ville  -  qui 
chef-lieu  au  canton  d'Ambazac.  Les  monts  qui  commande 
de  ravissantes  vallées  avaient  des  crêpes  épais  à  leur 
c'était,  nous  devons  le  dire,  un  quelque  peu  funèbre  el  ^w 
rement  inquiétant. 

La  gaieté  des  voyageurs  corrigeait  be^xito»V  ^^^  ** 
Qatare;  nous  avions  décidé  qu'à  tout  évè».  goV  ïi^iV 
ses  crêpes  à  la  campagne  sans  nous  a^^  ^1^     '^  %>o 


778  sociéré  archéologique  et  uistoiuqce  du  lîmousik 

bonne  humeur  triompha  et  parvint  sans  doute  à  égayer  les  champs 
d'alentour,  car  le  capricieux  soleil  nous  fit  la  concession  de  se 
mettre  de  la  partie  alors  que  la  vapeur  nous  entraînait  aux  bords 
majestueusement  abrupts  de  la  Gartempe.  L'astre  du  jour,  pour 
parler  comme  les  poètes,  ce  qui  s'impose  pour  narrer  une  telle 
journée,  avait  sans  doute  appris  notre  qualité  d'archéologues,  et 
comme  il  est  un  bien  vieux  monument,  il  voulut  sourire  à  des  amis, 
ce  qu'il  ne  cessa  de  faire  jusqu'au  soir. 

Le  train  s'arrête:  Saint-Sébastien  chante  l'employé...  Sommes- 
nous  en  Espagne?...  Non,  c'est  bien  mieux, nous  avons  tonché  la 
Creuse.  Pauvre  département,  disent  les  économistes,  splendide 
contrée,  ajoutent  les  touristes,  et  nous  allons  bientôt  en  admirer  les 
sites.  t 

Un  de  nos  sociétaires  à  qui  nous  devons  un  hommage  tout  par- 
ticulier, M.  Berger,  dont  le  talent  d'organisateur  n'en  est  plus  à 
faire  ses  preuves,  s'est  acquitté  avec  minutie  des  délicates  fonctions 
de  fourrier.  Nous  savons  tous  l'importance  de  l'avant-garde.  Notre 
dévoué  sociétaire  nous  montre  une  fois  de  plus  quelle  bonne  chose 
est  la  prévoyance.  Grâce  à  lui  nous  n'auront  qu'à  nous  laisser  vivre  ; 
il  a  déjà  vu  les  lieux  et  les  gens  ;  tout  est  prévu  pour  le  moment 
précis  et  opportun;  il  est  dit  que  cette  journée  nous  déchargera  de 
tous  soucis. 

Cinq  voilures  nous  attendent  eu  gare  de  Saint-Sébastien  ;  on  se 
divise  en  escouades  dont  chacune  fait  promptement  l'assaut  d'un 
véhicule.  Les  automobiles  sont  trop  modernes  pour  les  antiquaires; 
le  modeste  char-à-bancs  est  mieux  dans  la  note.  Les  coursiers  — 
nous  devons  ce  nom  à  leur  allure  rapide  —  nous  entraînent  sur  la 
route  de  Crozant  et,  à  un  tournant  du  chemin,  un  photographe 
amateur  perpétue  le  peu  banal  ensemble  de  notre  caravane. 

Bientôt  nous  arrivons  au  château  des  Places,—  c'est  la  première 
station  officielle  de  notre  voyage,—  qui  fut  au  XV*  siècle  le  fief  du 
seigneur  Jean  Goudeville  et  qui  fut  habité  sous  Louis  XIII  par  la 
famille  des  Foucault. 

Nous  trouvons  dans  l'avenue  qui  conduit  à  l'antique  demeure 
seigneuriale  M.  le  curé  de  Crozant  qui,  avec  une  grâce  parfaite  et 
une  érudition  consommée  qu'il  met  à  notre  service,  nous  fait  les 
honneurs  du  lieu.  Il  nous  conduit  à  la  chapelle  où  se  font,  chaque 
année,  des  pèlerinages  très  suivis. 

Ce  sanctuaire  fut  édifié  par  Gabriel  Foucault  et  l'on  raconte  an 
sujet  de  sa  fondation  une  légende  souvent  répétée  dans  la  campagne 
creusoise  pendant  les  longues  veillées  d'hiver.  Nous  en  trouvons  les 
détails  dans  Touvrage  de  M.  l'abbé  Rouzier,  notre  aimable  guide. 

Jadis  existait,  non  loin  du  château  des  Places,  à  une  époque  que 


l'auteur  croU  pouvoir  placer  vers  le  XV*  siècle,  ud  saoclua 
sacré  à  Noire-Dame  de  Pitié.  H  fut  déiruil  en  1373,  peni 
guerres  de  religion.  La  slaliie  de  la  Vierge  fui  enlevée  et  s 
sèment  cachée  dans  le  chAtean  des  Places. 

Le  17  août  1664  elle  fui  rpirouvée  sans  avoir  subi  aucui 
lation.  On  la  replaça  dans  la  chapelle  et  de  nombreux  pèlt 
enigèrenl  la  présence  d'un  chapelain  assisté  de  deim  autres 

L'édi&ce  primitif  ne  suffisait  plus  aux  besoins  du  culte 
construisit  la  chapelle  que  nous  avons  visitée. 

C'est  ici  que  se  place  la  lùgende  : 

Une  jeune  paysanne,  duo  tiameau  de  la  paroisse  et  que  li 
des  habitanls  désignent  encore  sous  le  nom  de  Blanche 
rendue  au  sanctuaire  revêtue  de  ses  plus  beaux  atours.  L 
lain  la  rencontra  au  retour  d'une  partie  de  chasse  tandis 
revenait  à  son  village.  Quelle  belle  créature,  s'écria-t-il 
soldats  devinant  sa  pensée  se  mirent  à  ta  poursuite  de  la  jeu 
Comprenant  le  péril  qui  la  menace,  Blanche  ne  pense  qu'à 
son  honneur  et,  arrivée  près  d'un  précipice,  elle  se  jette 
torrent. 

On  rapporte  son  cadavre  au  comte,  qui  pris  de  repent 
remords,  fait  construire  comme  temple  expiatoire  la  chap 
Places. 

Voilà  dans  toute  sa  naïveté  la  légende  qui  nous  fut  r 
J'ajoute  que  chaque  année,  au  dire  des  paysans  de  la 
jusqu'à  la  Révolution  de  1793,  on  voyait  errer  dans  la  a 
la  nuit  de  la  Nativité,  l'ombre  de  Blanche. 

Ce  récit  a  produit  sou  ciïet  sur  les  touristes  et  nous  en 
quelques-uns  regarder  mystérieusement  derrière  les  rid 
verdure  du  chemin  s'ils  ne  voient  pas  flotter  la  blanchi 
TOile.  Nous  visitons  dans  ses  détails  la  vieille  chapelle.  Les 
n'y  apportent  pas  des  trésors  ;  elle  est  pauvre  et  délabrée- 
Ce  n'est  pas  à  dire  cependant  qu'elle  ne  renferme  rien  d'ar 
des  colonnes  torses  linement  sculptées  attirent  notre  atlenl 
le  chœur,  et  au-dessus  de  l'autel  nous  trouvons  la  statue  mir 
qui  ornait  le  premier  oratoire. 

Il  est  temps  de  reprendre  notre  marche  vers  Croia 
reprenons  nos  équipages  et  en  quelques  minutes  nous  ai 
Pont-Charraud,  uû  nous  saluons  la  Se  délie,  qui  va  bVeuV.( 
à  la  Creuse,  sous  les  ruines  de  la  forteresse. 

l-ie  site  nous  paraît  tellement  enchanteur  ntt'Vïi^*^^^^ 
véhicules  s'arrêtent,  étalons  vient  spontaiv^J^g^v ^a.  tt 
suivre  la  Sédelle  jusqu'à  Crozant,  en  part^,       «V  îil  v^ 
bâton  des  touristes,  les  sinuosités  de  la   r».^f*  aA»^ 
graDdfl  Creuse.  ^"^^V^ 


T80  SOClàTÉ   ARCHèoLOGlQDB   £T    HiSTORtQCE  DU    LiMOUSIS 

Nous  sommes  récompensés  de  ce  courage  relatif  et  nous  pouvons 
admirer  à  loisir  la  succession  ininterrompue  de  ces  tableaux  qui 
tentent  chaque  année  le  pinceau  des  plus  célèbres  artistes.  Les 
fldèles  apôtres  de  l'esthétique  s'abandonnent  à  tous  les  ravisse- 
ments que  cette  grande  nature  leur  inspire.  A  chaque  nouveau 
méandre  du  ruban  argenté  que  forment  les  cascades  de  la  Sédelle, 
le  décor  change  comme  par  enchantement,  c'est  la  belle  et  surtout 
c*est  la  grande  nature  que  nous  offre  cette  délicieuse  promenade. 
Quelques  fidèles  chevaliers  de  la  ligne,  sans  mettre  pour  cela  la 
sourdine  à  leur  admiration,  interrogent  les  flots  d'un  regard  de 
connaisseurs.  Nous  en  voyons  qui  sont  satisfaits  de  leur  examen  et 
qui  semblent  dire  avec  conviction  à  dame  Sédelle  :  Nous  nous 
reverrons  un  jour. 

Enfin,  nous  touchons  le  but;  comme  on  a  vile  atteint  la  terre 
promise  lorsque  le  chemin  qui  y  conduit  a  tant  d*altraits.  A  un 
détour,  nous  nous  trouvons  en  face  des  restes  imposants  de  la 
vieille  forteresse  de  Grozant,  que  Ton  a  appelée  une  des  plus  majes- 
tueuses ruines  féodales  de  France. 

Nous  éprouvons  peut-être  alors  l'impression  du  poète  qai, 
s'adressant  à  ces  vieilles  ruines,  s'écrie  : 

On  croirait  voir  sous  Tastre  aux  rayons  tremblotants 
Comme  un  spectre  arrêté  sur  les  confins  du  temps. 

Ce  spectre  nous  attire  sans  nous  effrayer  et  nous  allons  nous 
mettre  en  mesure  d'en  détailler  les  beautés  sévères. 

Mais  disons  d'abord  ce  que  les  pierres  ne  nous  ont  pas  dit. 
Sachons,  avant  de  pénétrer  dans  l'enceinte  qui  commande  encore 
à  ses  deux  tributaires  la  Creuse  et  la  Sédelle,  quels  furent  jadis  les 
habitants  et  les  destinées  de  ces  lieux. 

Dans  la  bourgade  et  aux  environs  de  Crozant,  on  a  trouvé  à 
diverses  époques  plusieurs  monnaies  romaines,  des  débris  d'am- 
phores et  des  urnes  cinéraires. 

M.  Tahbé  Rouzier  nous  fait  connaître  qu*au  temps  d'Alaric,  Cro- 
xant  était  une  forteresse  importante  qui  protégeait  les  frontières 
septentrionales  des  Visigoths  dans  les  Gaules. 

Il  fait  remarquer  qu'il  se  trouve  dans  la  commune  un  village  du 
nom  de  Champgothin,  ce  qui  doit  donner  comme  élymologie  assez 
vraisemblable  :  Campus  Gothorum. 

Une  tradition  du  pays  veut  que  les  premières  tours  de  la  forte- 
resse aient  été  construites  par  les  Sarrasins. 

L'auteur  auquel  nous  empruntons  cette  indication,  toujours 
M.  Rouzier,  fait  remarquer  qu'il  y  a  dans  la  commune  un  village 
appelé  Mont-Sarrazin  {3lons  Sarracenus)^  et  il  ajoute,  constatation 


à  demi-flatteuse  pour  ses  oiiailles,  qu'on  trouve  ça  et  là  le 
très  marqué  de  la  race  arabe,  rtioname  fourbe,  rusé,  volem 
pour  la  servitude  et  prêt  à  la  révolte. 

Rappelons-nous  que  les  archéologues  attribuent  ces  tours  s 
ment  au  KIII*  siècle. 

G'élaii,  dit  l'auteur  déjit  cité,  une  des  quatre  résidences  pri 
res  du  royaume,  où  le  monarque  venait  passer  chaque  anné 
quartier  d'hiver. 

Après  le  démembrement  de  l'Aquitaine,  Crozant  passa 
comtes  de  la  Marche,  et  en  l'an  ii9d,  Hugues  IX  de  Lusignan  r 
sur  sa  tête  le  gouvernement  de  toute  la  Marche,  dont  Crozant 
la  principale  Torteresse.  Son  successeur  Hugues  X  s'unit  au^ 
gneurs  qui,  pendant  la  minorité  de  Louis  IX,  avaient  pris  ie^  a 
contre  la  régente.  Ayant  refusé  l'hommage  à  son  suzerain  it 
dial,  le  comte  Alphonse  de  Poitiers,  frère  de  saint  Louis,  il  s'uii 
roi  d'Angleterre.  Saint  Louis  s'empara  du  château  de  Crozant 
la  fiorne.  La  forteresse  passa  de  la  famille  de  Lusignan  aux 
(le  France,  et  Charles-le-Bel,  ayant  échangé  avec  Louis  de  I 
bon  le  comté  de  la  Marche  contre  le  comté  de  Clermoat  en  E 
Taisis,  Crozanl  appartint  jusqu'en  14^  au\  membres  de  la  fa 
de  Bourbon  et  revint  aux  rois  de  France. 

Pierre  I"  de  Bourbon  nomma  Guillaume  Foucault,  fils  dt 
Foucault,  gouverneur  de  Saint-Germain-Beaupré,  capitaine  go 
neur  du  chAteao  de  Crozant. 

Après  la  bataille  de  Poitiers,  le  Prince  Noir  attaqua  Cro 
mais  après  une  vive  résistance,  il  fut  obligé  d'en  lever  le  siège 

Pendant  les  guerres  de  religion,  la  Marche  et  plus  particu 
ment  le  chflteau  de  Grozant  eut  sa  part  d'épreuves  et  fut  le  th 
d'une  lutte  terHble  contre  les  huguenots. 

Eo  vertu  d'une  ordonnance  de  Louis  XIII  les  terre,  seignen 
chftteau  de  Crozant,  dépendant  de  son  comté  de  la  Marche,  f 
vendus  le  16  mai  1640,  sous  faculté  de  rachat,  au  profit  d'I 
Foucault,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Germain. 

En  1768,  à  la  mort  de  Anne-Françoise  Foucault,  ses  héi 
vendaient  le  ch&teau  de  Crozant  au  marquis  Nicolas  Doubi 
Persan. 

Ce  gentilhomme  n'en  fut  pas  longtemps  propriétaire,  car 
fut  faite  de  ses  biens  pour  une  dette  de  3.000  \ivre%  %m^' 
François  Pidansat  de  Mairobert,  ècnyer  du  rot. 

En  1786,  les  comtes  de  la  Marche  se  rei^f^i^euV  %.c^>\i 
restes  de  la  forteresse. 

De  tous  les  biens  vendus  à  Crozant  par  \^         „ç\q\t«i 

T.  LV  Vj\* 


782  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  KT    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

au  comte  de  la  Marche  que  le  domaine  des  Places  el  la  forteresse  de 
Crozant. 

Le  comte  AUale  de  La  Marche,  propriétaire  actuel,  fut  mis  en 
possession  par  un  jugement  authentique  du  tribunal  civil  de  Guëret 
en  1868,  à  la  suite  d'un  procès  avec  les  habitants  du  bourg  qui 
s'étaient  emparés  des  ruines. 

C'est  dans  Tenceinle  de  l'antique  forteresse  que  nous  allons 
pénétrer,  mais  préalablement  il  faut  nous  soumettre  au  droit  de 
péage,  c'est  le  seul  revenu  que  donne  le  castel  au  fermier  des 
ruines. 

La  caravane  franchit  l'espace  où  s'abaissait  jadis  le  poct-levis  et 
grimpe  allègrement  jusqu'au  sommet  de  la  colline. 

L'imagination  a  besoin  de  se  faire  architecte  pour  nous  donner 
ridée  de  la  disposition  du  château  fort,  car  les  pans  de  murailles  et 
les  tours  qui  subsistent  sont  relativement  éloignés  les  uns  des 
autres,  les  ruines  s'étendant  sur  une  longueur  de  500  mètres. 
Dix  tours  protégaient,  dit-on,  les  murailles.  Nous  pouvons  consta- 
ter que  le  temps  est  un  grand  destructeur. 

On  peut  cependant,  d'après  la  disposition  des  diverses  enceintes 
que  les  siècles  ont  respectée,  reconnaître  que  le  ch&teau  renfermait 
trois  cours. 

Dans  celle  du  milieu  s'élève  encore  le  donjon,  tour  carrée  très 
endommagée,  qui  a  encore  cependant  une  hauteur  de  douze  mètres. 

Dans  la  troisième  cour,  on  voit  les  ruines  de  la  grosse  tour  cons- 
truite par  Isabelle  d'Angouléme,  épouse  d'Hugues  X  de  Lusignan  ; 
il  n'en  reste  que  quelques  matériaux  amoncelés. 

Nous  nous  réunissons  auprès  de  la  tour  du  Renard,  une  des  par- 
ties les  mieux  conservées.  Un  escalier  tournant  donne  accès  à  uo 
étage  supérieur  ;  nous  hésitons  à  nous  y  engager,  mais  les  dames 
excursionnistes,  plus  courageuses  que  nous,  montent  vivement  à 
l'assaut  et  nous  les  voyons  bientôt  paraître  à  une  fenêtre  élevée. 
Leur  exemple  est  suivi  de  quelques-uns  seulement. 

C'est  au  pied  de  la  tour  du  Renard  qu'un  de  nos  excellents 
confrères  nous  photographie  en  groupe. 

Nous  avançons  jusqu'à  la  tour  Colin  qui,  extérieurement,  res- 
semble à  la  tour  du  Renard,  et  de  là  nous  poussons  la  promenade 
jusqu'au  confluent  de  la  Sédelle  et  de  la  Creuse. 

Le  spectacle  est  ravissant,  nous  sommes  servis  à  souhait  par  les 
effets  de  lumière,  les  teintes  du  paysage  sont  telles  que  peuvent  les 
souhaiter  les  amateurs  du  beau. 

La  fraîcheur  du  lieu,  et  il  faut  bien  l'avouer  aussi,  un  peu  de 
lassitude  nous  engagent  à  faire  une  halte  près  de  la  réunion  des 
deux  cours  d'eau,  et  nous  nous  reposons  en  face  de  la  gigantesque 
roche  des  Pileuses  qui  surplombe  la  grande  Creuse. 


Hais  les  heares  se  soDt  écoulées,  le  soleil  va  marqaer  biei 
milien  du  jour  et  nos  appétits  de  toufisies  en  excarsioa  ( 
le  matin  avacceot  métoe  sur  l'horloge. 

Nous  nous  mettons  en  marche  vers  le  bourg  de  Crozanl. 
une  localité  coquette,  dont  les  blanclies  (açades  tapissées  de 
et  de  clématites  font  le  plus  gracieux  accueil  à  l'étranger. 
la  solennité  un  taolinet  austère  des  vieilles  ruines,  l'hospilali 
moderaes  ei  rustiques  babilalions  du  village  produit  une  hei 
diversion. 

Noua  atteignons  la  principale  hdiellerie  de  léans  et  nous  i 
cions  l'indiscutable  suggestion  d'une  table  bien  garnie,  di 
dans  une  salle  bien  fraîche  où  le  soleil  pénètre  discrèlemenl. 

Point  n'est  besoin  d'insister  sur  les  détails  d'un  menu  dont 
fourrier  fut  l'auteur  responsable,  et  qui  contribue  à  lui  ilonni 
grande  part  dans  les  honneurs  de  la  journée. 

M.  le  curé  de  Crozant  occupe  la  place  à  la  droite  de 
sympathique  président,  et  nous  raconte  avec  sa  belle  hom 
sa  gatlé  commanicative  plusieurs  épisodes  se  rattachant  k  la 
forteresse. 

La  conversation  se  fait  vive  et  animée,  les  traits  spiriti 
succèdent  et  ces  substantielles  agapes  sont  en  même  tem 
délicieux  échange  de  pensées  et  d'impressions. 

Pendant  que  nos  automédons  préparent  le  transport,  no 
sons  one  visite  à  l'église  de  Crozant,  et  nous  remarquons  sur 
route  une  très  ancienne  sculpture  qui  a  la  prétention  de  t 
une  symbolique  image  de  la  fécondité. 

Un  regard  d'adieu  aux  vieilles  pierres,  et  nous  voici  en 
pour  Fresseliaes. 

Le  chemin  est  accidenté,  nous  admirons  des  échappées  d< 
superbes  sur  le  Berry  et  nous  évoquons  naturellement  le  soi 
de  George  Saod,  qui  place  dans  ce  cadre  digne  de  tenter  le  r 
cier  comme  le  poète  l'action  d'une  de  ses  délicieuses  paslors 

Nous  gagnons  rapidement  le  moulin  de  Vervix  et  le  pont 
Creuse.  La  route  est  des  plus  accidentées  et  chaque  coin 
caractère  original. 

Nous  approchons  de  Freaselines.  K  droite  de  la  rouli 
apercevons  une  maisonnette  de  roman,  toute  petite  el  lot 
pretle,  disparaissant  sous  les  roses  grimpantes.  C'est  l'erin' 
poète  Bolliiiat,  du  bon  H.  Maurice  comme  disalenX.\«% 

L'auteur  des  Névroses  a  passé  vingt  ans  dans  cbVV^  ^ ^ 
mandant  ses  inspiratiaos  au  vaste  livre  de  lan{^Vo.te  ^'^i 
sont  si  belles  à  Fresseliaes. 

La  bourgade  en  elle-même  n'oflre  d'am^    _      hçfc^  *Vû 


784  sociéré  ARcuéoLOOiQUB  bt  historique  du  limousin 

élégaDce  dans  sa  simplicité,  les  rues  sont  bien  entretenues,  les 
jardins  sont  dessinés  avec  goût  et  la  toute  petite  église  des  KIY*"  et 
XV*  siècles,  récemment  restaurée,  contient  des  boiseries  avec  des 
peintures  d'une  certaine  valeur. 

Nous  avançons  en  caravane  sur  la  route  d*Aigurande  jusqu'au 
pied  du  vieux  château  de  Puy-Guillon  qui  domine  la  petite  Creuse. 

Les  intrépides  descendent  jusqu'à  la  rivière  et  jouissent  du 
spectacle  de  ses  bords  escarpés  et  à  pic,  plantés  de  vastes  bois  aux 
arbres  séculaires. 

Nul  ne  veut  connaître  la  fatigue»  il  nous  reste  à  peine  quelques 
quarts  d'heure,  nous  allons  nous  diriger  vers  le  confluent  des  deux 
Creuse  qui  ont  choisi  pour  cadre  de  cette  durable  union  le  plus 
beau  site  de  la  contrée. 

La  journée  s'avance,  il  faut  songer  au  départ  et  sonnerie  boute- 
selle;  il  y  a  quelques  retardataires,  mais  bab  I  ils  auront  vite  rejoint 
le  gros  de  l'armée,  et  nous  sommes  de  nouveau  en  route  vers 
Saint-Sébastien.  A  notre  arrivée,  une  voiture  manque  à  l'appel... 
Un  moment  d'inquiétude  va  assombrir  la  journée...  Mais  non,  le 
char  apparaît  bientôt,  il  arrive  le  dernier  et  voilà  tout  ;  en  somme 
vous  allez  voir  qu'il  n'y  a  là  rien  que  de  très  logique,  il  conduit 
notre  président  et  il  est  de  classique  protocole  que  dans  un  cortège 
le  plus  digne  ferme  toujours  la  marche. 

Un  repas  bien  servi  nous  attend  dans  la  salle  du  buffet  de  la  gare, 
dont  l'espace  restreint  ne  peut  tous  nous  recevoir.  On  dresse  des 
tables  sur  les  quais. 

La  galté,  fond  du  programme,  règne  au  milieu  de  nous. 

La  journée  a  été  si  bien  employée  que  jusqu'à  ce  moment  on  a 
négligé  les  toasts. 

Au  dessert,  M.  le  docteur  Fournie  se  lève  et,  dans  une  char- 
mante allocution,  où  il  a  de  délicates  flatteries  pour  la  Société,  il 
lève  son  verre  à  sa  prospérité.  Voici  le  texte  de  son  improvisation  : 

Messieurs, 

L'ûrchéologie  a  du  bon.  Nous  ne  nous  en  sommes  jamais  mieux 
aperçus  qu'en  venant  cueillir  les  souvenirs  du  passé  dans  ce  cadre 
merveilleux  que  la  nature  limousine  a  si  largement  paré  de  sa  grâce  et 
de  sa  grandeur.  Epris  du  beau  comme  nos  ancêtres,  nous  avons  compris 
pourquoi  de  gi*ands  monuments  avaient  jalonné  Tadmiration  humaine 
devant  les  grands  spectacles  qui  ont  ébloui  nos  yeux,  et  nous  avons 
constaté  une  fois  de  plus  que  la  belle  nature  éternellement  vraie  et 
captivante  avait,  à  tous  les  âges,  suscité  les  mêmes  enthousiasmes  et 
inspiré  le  même  culte. 

Nos  joies  se  sont  accrues  du  charme  de  la  confraternité  afGrmée  par 
un  imposant  cortège  de  visiteurs,  et  du  profit  de  l'échange  des  impres- 


EXCURSION  A  CROZANT  785 

sions.  Ce  jour  vaut  pour  notre  société  d*être  marqué  d*une  pierre  blan- 
che, nous  le  garderons  sûrement  dans  notre  souvenir. 

En  attendant,  pour  ne  pas  faillir  à  la  justice,  je  vous  propose  de 
témoigner  notre  reconnaissance  à  ceux  qui  nous  l'ont  valu.  D'abord  à 
notre  très  compétent  et  très  complaisant  guide  M.  Tabbé  Rouzier,  si 
bien  préparé  par  ses  études  à  nous  faire  entendre  la  voix  du  passé,  et 
à  nos  commissaires,  en  particulier  à  M.  Aubert  Berger,  dont  la  vaillance 
est  inlassable  quand  il  s'agit  d'obliger  et  dont  le  talent  d'organisation 
a  depuis  longtemps  atteint  la  maîtrise. 

Je  vous  propose  aussi  d'exprimer  notre  gratitude  aux  dames  qui  ont 
bien  voulu  encourager  notre  excursion  de  leur  présence,  pour  nous 
montrer  qu'aucune  étude  n'était  aride  auprès  d'elles  et  que  l'archéologie 
s'accomodait  à  merveille  de  leur  collaboration. 

Messieurs,  à  la  bonne  fortune  de  notre  rencontre  sous  le  ciel  rayon- 
nant, et  à  tous  les  concoui*s  gracieux  et  utiles  qui  nous  ont  préparé  les 
charmes  de  ce  jour. 

Après  lui,  le  secrélaire,  caractère  assez  mal  fait  pour  taquiner 
une  faible  muse  qui  n*a  pas  su  se  défendre,  nous  recite  le  toast 
rimé  que  nous  avons  rindiscrélion  de  reproduire  : 

Quelque  Sédeloise  amphiirite 
A  dû  se  dire,  ce  matin  : 
Quel  est  ce  cortège  insolite 
Qui  vient  ici  faire  un  festin  ? 

Pour  se  renseigner,  me  dit-on, 
Elle  a  commandé  de  service 
Le  très  vénérable  Triton 
Qu'elle  a  pour  préfet  de  police. 

Le  redoutable  assermenté 
A  grimpé  jusqu'à  Crozant- Ville 
Et  voici  ce  qu'a  rapporté 
Ce  messager  toujours  docile. 

Nous  ne  courons  pas  de  dangers, 
C'est  un  groupe  d'archéolog[ues. 
Ce  sont  de  nobles  étrangers, 
Numismates  ou  lithologues. 

Ils  sont  il  est  vrai  Limogeaux  ; 
On  pourrait  craindre  quelque  grève, 
Mais  dès  qu'ils  sont  sur  ces  coteaux 
A  la  politique  ils  font  trêve. 

J'ai  téléphoné  prudemment 
Au  Parquet  de  la  République 
Qui  m'a  répondu  promptement  : 
Ce  sont  des  chercheurs  d'esthétique. 


786  SOGliTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET    HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

Pour  me  fixer,  c'est  mon  devoir, 
J'ai  suivi  leurs  pas  sur  la  rive  : 
Contre  TEtat  ou  le  Pouvoir 
Ils  n'ont  point  émis  d'invective. 

Dans  le  cénacle  Lépinat, 
Je  les  ai  vus  avec  aisance 
*  Mariant  en  grand  apparat 

L'appétit  avec  la  science. 

Et  le  Triton  très  satisfait, 
Ornant  son  rapport  d'un  paraphe, 
A  rapporté,  ser^ot  parfait. 
Ce  beau  travail  de  biographe. 

Pour  compléter  courtoisement 
D'un  post-scriptum  son  beau  libelle, 
Portons  cérémonieusement 
Un  toast  aux  nymphes  de  Sédelle. 

Mais  le  train  va  partir,  un  sillon  de  vapeur,  un  coup  de  siflet,  et 
nous  avons  quitté  la  Creuse. 

Le  retour  s^effectue  avec  un  peu  moins  d*entrain,  on  s'avoue 
confidentiellement  un  rien  de  fatigue;  et  puis  rapproche  de  la  ville 
maussade  et  des  affaires  plus  maussades  encore  entretient  un 
recueillement  qui  pour  beaucoup  se  termine  dans  le  sommeil.  Plus 
d*un  croit  être  au  sommet  du  grand  donjon  en  y  continuant  la 
partie  dans  un  rêve...  Tout  à  coup,  il  fait  une  chute  et  tombe...  en 
gare  de  Limoges...  Messieurs,  par  ici  la  sortie...  Et  chacun  gagne 
ses  pénales,  non  sans  avoir  encore  répété  :  A  Tannée  prochaine  ! 

René  Laguérknne. 


COMMUNICATIONS   DIVERSES 


Souterrain-refuge  du  Monteil  (1  ) 

M.  Camille  Jouhanneaud  signale  la  découverte  d'un  souterrain- 
refuge  Taile  au  mois  d'août  dernier,  au  village  du  Monteil,  commune 
de  Saint-Léonard  ;  des  indications  fournies  avec  beaucoup  d'obli- 
geance par  le  propriétaire  actuel  des  lieux,  M.  Ducros,  il  ressort 
que  des  ouvriers,  en  creusant  une  cave,  sous  une  maison  d'habita- 
tion, ont  trouvé,  à  cinq  mètres  au-dessous  du  sol  environ,  un  sou- 
terrain long  de  dix  mètres  et  aboutissant  à  denx  galeries.  Tune 
ayant  cinq  mètres  de  longueur  sur  trois  de  largeur  et  deux  mètres 
de  haut,  l'autre  de  dimensions  plus  restreintes  ;  une  sorte  de  grotte 
juxtaposée  à  l'une  des  galeries  devait  servir  à  placer  des  objets, 
des  outils,  peut-être  des  aliments.  Chacune  des  galeries  présente 
des  traces  de  sorties  qui  ont  été  obstruées  il  y  a  sans  doute  long- 
temps, car  on  n'avait  conservé,  paraît-il,  dans  le  village  du  Monteil 
qui  est  très  ancien,  aucun  souvenir  de  l'existence  de  ce  souterrain; 
on  n'a  retrouvé  évidemment  qu'une  partie  de  l'ouvrage,  comme 
rindiquent  les  ouvertures  comblées  qui  devaient  communiquer 
sans  doute  avec  d'autres  souterrains  ou  passages  et  par  eux  avec 
l'extérieur.  Les  souterrains-refuges  avaient  d'ordinaire  plusieurs 
accès  et  présentaient  parfois  des  dispositions  assez  ingénieuses 
pour  la  sûreté  et  la  défense. 

Celui-ci  est  creusé  dans  le  tuf  dur,  comme  tous  les  similaires  que 
l'on  rencontre  en  Limousin.  Son  nom  est  à  ajoutera  la  liste  dressée 
par  M.  l'abbé  I^ecler  et  à  laquelle  il  a  été  déjà  fait  de  nombreuses 
additions  soit  par  celui-ci,  soit  par  MM.  Bourdery,  Ducourtieux  et 
d'autres  membres  ou  correspondants  de  la  Société. 

M.  C.  Jouhanneaud  renvoie  du  reste  à  l'étude  bien  documentée 
et  intéressante  de  M.  Lecler,  publiée  dans  le  tomeXLI  du  Bulletin. 
Les  souterrains-refuges  sont  très  nombreux  dans  nos  régions,  mais 
beaucoup  sont  ignorés  et  n'ont  pu  être  étudiés  par  suite  de  l'indif- 
férence des  cultivateurs  qui  les  découvrent. 

Dans  l'arrondissement  de  Limoges,  beaucoup  moins  riche  à  cet 
égard  que  les  autres  arrondissements  de  la  Haute- Vienne,  celui  de 

(1)  Voir  le  procès-verbal  de  la  séance  du  31  janvier  1905. 


788  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTOIUQUB  DU  LIMOUSIN 

Rochechouart  notamment,  on  ne  connaît  encore  qa'un  petit  nombre 
de  ces  souterrains;  toutefois  la  commune  de  Saint-Léonard  et  les 
environs  en  comptent  actuellement  quatre.  Il  en  existe  apparem- 
ment dans  ce  canton,  comme  ailleurs,  un  bien  plus  grand  nombre. 
Ne  serait-il  pas  à  souhaiter  que  Ton  pût,  en  sollicitant  des  rensei- 
gnements, continuer  le  travail  et  la  statistique  de  M.  Tabbé  Lecler 
et  imiter  Texemple  de  nos  voisins  de  la  Gorrèze  qui  ont  publié  Tan 
dernier  (1)  une  étude  descriptive  de  plus  de  quarante  de  ces  souter- 
rains avec  plans  et  dessins  pour  une  partie  de  Tarrondissement  de 
Tulle  seulement  ? 


L'église  des  Salles-Lavauguyon 

Dans  le  Bulletin  archéologique  de  1896,  il  a  été  donné  par  M.  le 
baron  de  Vemeilb  un  charmant  dessin  représentant  en  perspective 
réglisedes  Salles-Lavauguyon,  et  accompagné  de  quelques  Ipages 
de  texte. 

Ce  petit  travail  constitue  un  aperçu  très  intéressant  quoique  des 
plus  concis,  et  si  aujourd'hui  nous  venons  entretenir  de  cette  église, 
après  M.  de  Verneilh,  les  lecteurs  du  Bulletin,  ce  n*est  que  pour 
développer  une  partie  de  ce  qui  a  été  dit  en  1896. 

Cet  édifice  est  bien  de  l'architecture  de  transition  de  la  fin  du 
XII*  siècle,  et  sa  façade  se  ressent  bien  de  Tart  de  TAngoumois. 

Le  plein  cintre  et  l'ogive  s'y  allient  d'une  façon  très  heureuse  ;  sa 
décoration  est  très  raisonnée  et  accuse  nettement  sa  disposition  inté- 
rieure. Les  pilastres,  situés  à  droite  et  à  gauche  du  portail  principal 
et  reliés  l'un  à  Tautre  au  moyen  de  trois  arcatures  ogivales,  délimitent 
la  nef;  quant  aux  bas-côtés,  ils  sont  indiqués  par  les  dits  pilastres  et 
les  pilastres  extrêmes  qui  sont  également  reliés  par  des  arcatures. 

La  nef  est  en  outre  indiquée  en  façade  principale  par  la  surélé- 
vation d'une  partie  du  pignon.  Sur  les  faces  latérales  la  nef  et  les 
bas-côtés  sont  distincts  par  leurs  toitures  qui  s'étagent. 

Le  fond  du  chœur  est  percé  de  quatre  fenêtres  à  plein-cintre; 
les  bas-côtés  sont  formés  de  travées  voûtées  en  berceaux  à  ogives, 
retombant  sur  les  contre-forts  allégés  par  des  baies  ogivales. 

Ces  baies  permettent  d'accéder  à  toutes  les  travées  sans  repasser 
par  la  nef.  L'on  y  remarque  aussi  que  cette  dernière  est  voûtée  en 
berceau  à  ogive  et  la  façon  dont  elle  est  reliée  aux  bas-cotés. 

(1)  Voir  le  BulL  de  la  Soc,  des  lettres  de  Tulle,  1904,  p.  73-103,  art. 
de  M.  E.  Bombai. 


c 


L'ÉGLIBEC  DES  SALLES-LA  VA  UG1;Y0N 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  789 

La  coupe  longitadinale  indique  la  hauteur  de  la  nef  et  celle  du 
chœur,  ainsi  que  la  face  des  quatre  travées  ogivales  des  bas-côtés 
de  gauche  avec  leurs  fenêtres  à  plein-cintre.  Â  la  suite  de  la  qua- 
trième travée  se  trouve  celle  qui  renferme  la  sacristie,  et  les  deux 
dernières  travées  de  droite  représentent  une  chapelle  dont  les 
doubleaux  supportent  des  voûtes  d*aréte.  En  face  de  cette  chapelle, 
à  la  droite  du  chœur,  se  trouve  une  autre  chapelle  semblable, 
composée  de  deux  travées  également,  mais  dont  l'une  supporte  le 
clocher,  ainsi  que  l'indique  le  plan  sur  lequel  on  remarque  aussi 
que  quatre  baies  des  contreforts  des  bas-côtés  sont  bouchées.  Dans 
la  deuxième  travée  de  cette  dernière  chapelle  il  existe  une  porte 
murée  qui  devait  autrefois  faire  communiquer  l'église  avec  le 
prieuré  duquel  elle  dépendait. 

Ce  prieuré  a  fait  place  à  des  dépendances  du  presbytère,  qui 
aujourd'hui  sont  dans  un  état  complet  de  ruine. 

Du  seuil  du  portail  on  accède  à  la  première  marche  du  maître- 
autel  au  moyen  de  quatre  marches  qui  se  trouvent  chacune  dans 
Taxe  d'un  pilier;  d'une  marche  à  lautre  il  y  a  une  rampe  très 
accentuée.  Cette  particularité  tient  au  terrain  qui  est  en  très  grande 
pente,  et  l'architecte  de  cet  édifice  a  su  joindre  à  son  tempérament 
d'artiste  le  sens  pratique  en  évitant  le  plus  possible,  au  moyen  de 
ces  marches,  de  construire  ses  murs  longitudinaux  à  contre-terrain, 
afin  d'en  éloigner  l'humidité  du  sol.  De  la  sorte,  sans  le  chercher, 
l'architecte  a  imprimé  au  chœur,  par  la  grande  élévation  du  maître- 
autel,  un  aspect  très  religieux,  et  fait  donner  aux  offices  par  l'offi- 
ciant d'une  part  et  les  fidèles  de  l'autre  un  caractère  des  plus 
édifiants. 

N'oublions  pas  de  dire  que  les  bois  de  charpente  des  toitures  ne 
sont  pas  soutenus  par  des  fermes  en  bois,  c'est-à-dire  que  les  che- 
vrons de  la  nef  sont  soutenus  par  des  pannes  qui,  elles,  sont  sup- 
portées par  les  arcs  doubleaux  surélevés  de  la  nef. 

Quant  aux  pannes  qui  soutiennent  les  chevrons  de  toiture  des 
bas-côtés,  elles  sont  supportées  par  la  partie  supérieure  de  chaque 
contrefort. 

La  perspective  de  M.  de  Verneilh,  qui  date  de  1894,  représente, 
au  pied  de  la  partie  antérieure  du  clocher,  de  vieilles  masures  qui 
devaient  vraisemblablement  servir  autrefois  de  sacristie  et  de  pres- 
bytère avec  ses  dépendances.  Ces  masures  ont  disparu. 

La  sacristie  à  laquelle  on  arrivait  du  dehors  au  moyen  d'une 
dizaine  de  marches,  devait  communiquer  avec  le  chœur  par  deux 
portes  dont  celle  au  droit  de  la  travée  du  clocher  est  actuellement 
bouchée. 

La  partie  inférieure  du  clocher  est  sur  plan  carré;  la  partie 


790  SOCIÉTi  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

supérieure  sur  plan  octogonal  se  greffe  à  la  parlie  basse  au  moyen 
de  quatre  plans  inclinés.  Chaque  face  de  Toclogone  esl  percée 
d'une  grande  baie.  Le  clocher  est  d*une  architecture  très  calme  qui 
date  de  la  même  époque  que  le  reste  de  Tédifice. 

Le  travail  de  restauration  de  cette  église,  duquel  nous  sommes 
chargé,  nous  permet  de  donner  ces  détails  avec  toute  la  précision  que 
comporte  le  relevé  exact  du  plan,  des  coupes  et  des  faces  extérieures. 

Contrairement  à  ce  qu*a  assuré  le  Guide  Joanne,  et  à  ce  qu'a  cru 
M.  de  Verneilh,  ce  monument  n'est  pas  classé.  Nous  ne  saunons 
trop  engager  les  lecteurs  du  Bulletin  à  se  reporter  à  son  sujet  à  la 
notice  qui  a  été  publiée  par  le  savant  archéologue  dans  le  tome  XLV 
de  Tannée  1896. 

Comme  complément  de  cette  restauration,  Ton  nous  demande  un 
projet  de  construction  d'une  nouvelle  sacristie  devant  remplacer 
la  sacristie  actuelle  qui  est  mal  située  et  beaucoup  trop  petite. 

La  démolition  des  dépendances  du  presbytère  qui  s'impose  d'ur- 
gence va  nécessiter  un  nouvel  escalier  d'accès  au  clocher,  que  l'on 
reliera  à  une  partie  de  l'ancien  qui  se  trouve  dans  le  clocher  même. 
Nous  avons  cru  devoir  accoler  ce  nouvel  escalier  à  une  parlie  de  la 
sacristie  en  le  couvrant  et  en  le  clôturant. 

Limoges,  le  12  novembre  1905. 

E.   WOTTLING. 


Communications  archéologiques  (i ) 

M.  Roger.  Drouault  communique  l'empreinte  d'une  in  taille  trou- 
vée récemment  près  du  village  de  Bouchais,  commune  <le  Gromac, 
le  long  de  la  voie  romaine.  Elle  orne  le  chaton  d'une  bague  en  or 
de  forme  assez  massive  et  paraissant  creuse. 

Cette  pierre  porte  gravé  un  personnage  coiffé  d'un  casque  et 
assis  sur  un  siège  formé  de  deux  demirsphères  superposées.  La 
main  gauche  s'appuie  sur  une  sorte  de  haste  terminée  en  haut  par 
un  carré,  sans  doute  une  enseigne  militaire,  vexillum,  labarum. 
Dans  la  main  gauche,  il  tient  un  objet  indéterminé,  long  et  étroit. 

Le  travail  du  graveur  laisse  à  désirer  au  point  de  vue  de  la  net- 
teté des  traits. 

Cette  pierre,  d'un  gris  bleu,  est  de  forme  ovale  et  mesiilre  12"" 
de  grand  axe  et  10""  de  petit. 

La  bague  a  35°""  de  diamètre  extérieur  et  18""  de  diamètre  inté- 
rieur, pris  parallèlement  à  la  pierre. 

(1)  Voir  le  procès- verbal  de  la  séance  du  ^7  octobre  i90S. 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  791 

Son  aspect  massif  et  son  manqae  d'élégance  font  rejeter  une 
attribution  féminine,  malgré  Teiiguité  du  diamètre  intérieur.  Il 
semble  qu'elle  a  dû  appartenir  à  un  homme  de  petite  taille  à  la 
main  fine.  - 

Rich  dit  que  Tanneau  à  cachet,  signum,  se  portait  au  quatrième 

doigt  de  la  main  gauche.  (V.  Annulus.) 

Cette  bague  est  en  la  possession  de  M.  Surun,  maire  de  Jouac, 
qui  a  eu  Tobligeance  de  la  communiquer. 

M.  Roger  Drouault  signale  la  trouvaille  dans  une  terre,  à  La 
Ghardonnerie,  commune  d'Azerables  (Creuse),  de  huit  pièces  d*or 
des  rois  Louis  XII  et  François  h'.  Des  fragments  de  ferrures  ren- 
contrés à  côté  donneraient  à  croire  qu'elles  étaient  renfermées  dans 
une  sorte  de  bourse. 

Ce  petit  trésor,  qui  est  en«la  possession  de  M.  Coulaud,  filateur 
aux  Grands-Ghézeaux,  est  intéressant,  car  il  nous  montre  sur  des 
pièces  à  peu  près  de  la  même  époque,  des  caractères  gothiques  et 
des  caractères  romains,  des  points  secrets  et  des  lettres  monétaires. 

LOUIS  XII  :  3  écus  au  soleil  portant  :  LVDO VIGVS  :  DEI  :  GR\  : 
FRANCORVM  :  REX.  Au  centre  un  écusson  à  3  fleurs  de  lis,  sur- 
monté d*une  couronne  avec,  au-dessus,  un  soleil.  Au  revers  la 
légende  XPS,  etc ,  entourant  une  croix  à  la  Charles  VIII  avec 
rosace  au  centre.  Deux  des  pièces  portent  des  points  secrets  sous 
la  21*  lettre,  indication  de  Tatelier  d*Amiens. 

Ecu  d'or  du  Dauphiné  de  même  dimension,  portant  an  centre  un 
écusson  écartelé  de  France  et  de  Dauphiné  soutenu  par  deux  ports- 
épics,  avec  la  légende  : 

^  LVDOVICVS  :  DEI  :  GRA  :  FRANCORVM  :  REX  :  A. 

A  remarquer  les  deux  D  qui  sont  en  caractères  cursifs  ;  cette  cou- 
tume était  propre  aux  ateliers  de  Normandie  et  du  Lyonnais.  Au 
revers,  une  croix  fleuronnëe  cantonnée  de  deux  L  et  2  dauphins  et 
la  formule  : 

XPS  :  VINCIT  :  XPS  :  REGNAT  :  XPS  :  IMPE. 

L'attribution  à  Louis  XII  n'est  pas  douteuse  par  suite  de  la  pré- 
sence des  porcs-épics  :  les  premières  pièces  portant  cet  animal  ont 
été  frappées  en  1S13. 

Cette  pièce,  qui  n'est  pas  décrite  par  M.  Berri,  parait  fort  rare. 

FRANÇOIS  I«'  :  3  écus  au  soleil  :  l'un  frappé  à  Lyon  (point 
secret  sous  la  12*  lettre),  porte  au  revers  la  croix  à  la  Charles  VIII, 
cantonnée  de  deux  F  couronnés  ;  un  autre  frappé  au  même  atelier 
présente  la  même  croix  cantonnée  de  deux  F  et  2  fleurs  de  lis  cou- 
ronnés ;  le  3*  a  été  frappé  à  Paris. 

Toutes  ces  pièces  portent  la  légende  : 


792  50GIÉTé  ARCHéOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

FRANCISCVS  :  DEI  :  GRA  :  FRANCORVM  :  REX,  et  au  revers  : 
XPS,  etc. 

La  dernière  pièce  non  décrite  par  H.  Berri  est  aassi  un  écu  au 
soleil,  mais  Técusson  est  accompagné  à  senestre  d*une  hermeline 
couronnée  et  à  dextre  d*un  F  aussi  couronné.  La  légende  est  : 

FR...  FRANCOR  :  REX  :  BRITANIE  :  DVX  (hermeline). 

Au  revers,  la  croix  à  la  Charles  VIIl  cantonnée  de  deux  F  et  2  her- 
melines  issant  du  centre,  et  autour  la  devise  bretonne  : 

DEVS  :  IN  :  ADIVTO...  MEVM  :  INTENDE  :  K  (hermeline). 

Pièce  sans  doute  frappée  à  Bordeaux  pour  la  Bretagne. 

Toutes  ces  monnaies  sont  neuves  et  n*ont  que  peu  circulé; 
elles  pourraient  avoir  été  enfouies  en  1544,  lors  du  passage  dans 
le  pays  de  la  fameuse  bande  de  Gascons  qui,  venant  du  Poitou  el 
du  Berri,  dévasta  toute  la  contrée  et  finalement  se  porta  sous  les 
murs  de  Limoges. 


Un  arrêt  du  Présidial  de  Limoges  au  XV W  siècle  (i) 

J'ai  trouvé  dans  un  ancien  recueil  de  jurisprudence  de  Claude 
Henris,  conseiller  du  roi,  avocat  au  baillage  de  Forez  (4  volumes 
édités  à  Paris,  chez  Rollin,  en  1738),  le  compte-rendu  d'un  intéres- 
sant procès  qui  se  déroula  devant  la  cour  présidiale  de  Limoges  en 
1659.  Sans  entrer  à  fond  dans  Torganisation  judiciaire  du  Limou- 
sin au  XVIP  siècle,  on  peut  se  rendre  compte  par  ce  récit  du  pro- 
grès que  l'institution  des  présidiaux,  tous  composés  d'hommes  de 
loi  et  magistrats  professionnels,  fit  faire  à  la  justice.  Son  résultat  le 
plus  remarquable  fut  de  permettre  aux  juges  locaux  de  frapper 
rapidement  et  sévèrement  les  coupables  sans  distinction  d'origine 
et  de  porter  ainsi  remède  aux  excès  et  pillages  qui  désolaient  notre 
province  à  celte  époque.  Aussi,  dirons-nous,  avec  le  commenta- 
teur de  l'arrêt  que,  dans  cette  affaire,  «  Messieurs  du  présidlal  de 
Limoges  témoignèrent  toute  la  vigueur  qu'on  peut  désirer  et  que, 
malgré  la  licence  causée  par  une  longue  guerre,  ils  firent  triompher 
les  lois  et  la  justice  ». 

Jacques  Bouchaud,  écuyer,  baron  des  Etangs,  était  en  même 
temps  sieur  haut  justicier  de  cette  seigneurie.  La  baronnie  des 
Etangs  est  aujourd'hui  bien  déchue  de  son  importance  d'antao. 
C'est  un  simple  domaine  dont  je  suis  ai]jourd'hui  le  propriétaire  (et 
je  m'excuse  de  la  digression).  Il  est  situé  arrondissement  de  Saint- 

(1)  Voir  le  procès-yerbal  de  la  séance  du  30  mai  1905. 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  793 

Yrieix,  commune  de  Ladignac,  à  28  kilomètres  de  Limoges,  à 
proximité  des  communes  de  Saini-Hilairela-riaine  et  Rilhac- 
Lastours.  Le  pay^  est  encore  très  boisé  et  devait  être  à  cette  époque 
couvert  de  forêts.  Quant  aux  moyens  de  communication,  ils 
étaient,  malgré  la  proximité  de  Limoges,  des  plus  difficiles.  Or,  il 
advint  que,  dans  les  premiers  jours  de  février  16S9,  Guillaume 
Bouthet,  juge  de  la  dite  seigneurie  des  Etangs,  déposa  entre  les 
mains  de  lieutenant  criminel  au  siège  de  Limoges,  messire  Jacques 
de  Douhet,  une  plainte  des  plus  graves  contre  son  propre  seigneur. 
Le  malheureux  juge  se  plaignait  d'avoir  été  volé  et  pillé  par  une 
bande  à  main  armée,  à  la  tête  de  laquelle  se  trouvait  le  baron  des 
Etangs.  Il  ajoutait  que  ses  meubles  et  bestiaux  avaient  été  dérobés 
et  qu^enfin,  il  avait  été  violemment  frappé  par  le  dit  baron  à  coups 
d'étrivières. 

Sur  quoi  la  cour  présidiale  rend  le  premier  jugement  suivant  : 

«  La  cour  présidiale  faisant  droit  sur  le  réquisitoire  du  procureur 
du  roi  ;  attendu  qu'il  s*agit  de  graves  excès,  vols  et  violences  com- 
mis par  Taccusé  et  ses  domestiques,  I^  Garde  et  Jean,  avec  armes 
à  feu,  dans  la  maison,  sur  les  bestiaux  et  meubles  du  dit  Bouthet, 
juge  en  la  dite  juridiction,  au  mépris  et  rébellion  à  justice,  en  haine 
des  ordonnances  données  par  la  dite  cour,  a  déclaré  et  déclare  la 
présente  cause  être  de  celles  dont  la  connaissance  est  attribuée  aux 
prévôts,  vice-baillis  et  vice-sénéchaux,  par  prévention,  aux  juges 
présidiaux  :  ordonne  que  le  procès  sera  fait  au  dit  accusé  et  com- 
plices, et  jugé  souverainement  en  dernier  ressort  à  la  dite  cour.  » 

La  cour  présidiale,  qui  avait  déjà  décrété  de  prise  corps  le  baron 
des  Etangs  par  procès-verbal  en  date  des  11  et  20  du  mois,  ordonne 
que  les  valets,  ses  complices,  détenus  es  prisons  de  Lastours,  soient 
conduits  à  la  geôle  du  présidial  pour  y  être  interrogés;  enfin  elle 
cite  une  longue  liste  de  témoins  qui  devront  être  assignés  à  com- 
paraître dans  les  trois  jours  pour  être  ouïs  sur  les  charges  qui 
seront  établies  par  le  procureur  du  roi. 

Ce  premier  jugement,  que  nous  appellerions  aujourd'hui  un  inter- 
locutoire, est  fait  à  Limoges,  en  la  chambre  du  conseil,  le  22  février 
1659.  Il  est  signé  par  :  «  Perière,  président,  De  Petiot,  assesseur, 
Martin,  Descoutures,  Desmaisons,  Paignon,  DemalleJent  et  Rou- 
gier.  »  En  marge  est  écrit  :  «  Epices  :  dix  écus,  signifié  le  dit  jour  la 
dite  sentence  dans  la  conciergerie  au  dit  Bouchaud,  S' des  Etangs, 
parlant  à  lui  qui  n'a  fait  de  réponse.  Signé  :  Charles,  commis  du 
grefiBer.  » 

Si  le  S' Bouchaud  ne  répond  rien,  comme  le  constate  le  greffier, 
c'est  qu'il  se  sent  en  mauvaise  posture  et  qu'il  n'a  probablement 
pas  la  conscience  tranquille.  En  effet,  la  justice  ne  chôme  pas. 


794  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    BT   UISTORlQUB  I>U  LIMOUSIN 

L*eQquéte  a  lieu.  Le  chirurgien  Charles  Paultre  du  bourg  de  Las- 
tours;  les  médeclDs  de.  Limoges,  Martial  Maynard  de  Favelon  et 
Guillaume  Dumas,  ont  déjà  déposé  le  li  février  leurs  rapports 
constatant  les  blessures  reçues  par  le  plaignant.  Les  témoins  Berny, 
Bertrand  Chausse,  Antoinette  de  Prageas,  Âymeric  de  Boysse  sont 
entendus,  les  confrontations  sont  faites.  Les  réponses  du  baron 
«  sur  la  sellette  »  sont  enregistrées.  Le  38  février,  le  procureur  du 
roi  prend  ses  conclusions  et,  le  29,  l'arrêt  que  je  rapporte  in  extenso 
est  rendu. 

<(  La  cour  présidiale  faisant  droit  sur  le  réquisitoire  du  procu- 
reur du  roi  a  déclaré  et  déclare  le  dit  Jacques  Bouchaud,  sieur  des 
Etangs,  dûment  atteint  et  suffisamment  convaincu  des  crimes  de 
vol,  enlèvement  de  meubles  et  bestiaux,  excès  réels  et  violences  à 
coup  d'étrivières  commises  et  exercées  en  la  persoune  du  dit  Bou- 
thet,  juge  en  la  dite  juridiction  des  Etangs,  dans  son  château, 
mépris  et  rébellion  aux  ordonnances  et  décrets  de  la  justice  ;  pour 
réparation  de  quoi  Ta  déchu  et  déclaré  indigne  de  toute  noblesse, 
lut  et  sa  postérité  roturière;  la  justice  de  la  dite  seigneurie  des 
Etangs,  acquise  et  réunie  à  la  justice  du  roi;  Ta  condamné  en  outre 
à  faire  amende  honorable,  les  plaids  tenans,  en  l'audience  de  la 
dite  cour,  la  hart  au  col,  nud  en  chemise,  ayant  une  torche  de  cire 
du  poids  de  deux  livres  en  maiq,  et  dire  et  déclarer  que  témérai- 
rement et  malicieusement  il  a  commis  les  dits  excès  et  Tiolences 
dont  il  se  repent  et  demande  pardon  à  Dieu,  au  roi,  à  la  justice  et 
au  dit  Boutbet  qui  pourra  y  assister  si  bon  lui  semble  ;  Ta  een- 
damné  à  servir  le  roi  en  ses  galères  par  force  pendant  dix  ans  et  à 
la  somme  de  quatre  mille  livres  d'amende  envers  le  roi;  moitié 
applicable  à  la  construction  »t  réparation  du  palais,  l'autre  moitié 
pour  la  construction  et  réparation  de  l'hôpital  général  de  la  pré- 
sente ville  ;  condamne  le  dit  Bouchaud  envers  le  dit  Boutbet  en  la 
somme  de  deux  mille  livres  d'amende;  semblable  somme  pour  les 
réparations  civiles  et  dommages-intérêts;  sur  lesquelles  amendes 
sera  prise  la  somme  de  quatre  cents  livres  pour  faire  conduire  et 
mener  le  dit  Bouchaud  à  la  chaîne;  ordonne  la  dite  cour  que  pour 
marque  de  la  dite  violence,  les  fortifications  de  la  maison  du  dit 
Bouchaud,  au  lieu  des  Etangs,  seront' démolies  et  rasées  en  pré- 
sence et  de  l'autorité  des  commissaires  de  la  dite  cour  qui  à  ces  fins 
se  porteront  sur  les  lieux  avec  inhibition  de  les  réédifter  et  bfttir  à 
l'avenir.  Condamne  le  dit  Bouchaud  aux  dépens  des  procédures,  la 
taxe  à  la  dite  cour  réservée. 

»  Signé  :  Perière,  président;  de  Douhet,  lieutenant-général  cri- 
minel, rapporteur;  de  Romanet,  lieutenant  particulier;  de  Petiot, 
assesseur;  Martin,  Descoutures,  Desmaison^  Biays,  Martin,  Des- 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  79^ 

cordes,  Des  Flottes,  Paignon  de  Reculés,  de  La  Biche,  de  Malledent, 
de  Favart,  Rougier  et  Rougier.  En  marge  est  écrit  :  Epices,  cent 
écus.  Délibéré  le  dernier  février  1659  la  dite  sentence  en  la  cham- 
bre du  conseil;  et  le  lendemain  1«'  mars  la  dite  sentence  a  été  pro- 
noncée au  dit  Bouchaud,  dans  la  chambre  du  conseil,  par  M.  de 
Douhet,  lieutenant  criminel,  assisté  de  M*  Joseph  Descoulures  en 
présence  de  M«  François  Paignon,  procureur  du  roi,  et  ensuite  a  été 
mis  et  conduit  par  l'exécuteur  de  la  haute  justice  en  Tandience  de  la 
dite  cour;  lecture  faite  de  la  dite  sentence,  a  été  exécutée  par  le 
sieur  Bouchaud,  et  icelui  remis  en  prison.  Fait  à  Limoges,  le  i*'  mars 
1659,  en  Taudience  de  la  cour  présidiale,  y  présidant  M*  Perière, 
président.  » 

L'affaire  n'était  pas  cependant  terminée  et  c'est  maintenant  que 
nous  allons  entrer  dans  ce  que  Ton  appellerait  aujourd'hui  le 
maquis  de  la  procédure.  Les  deux  domestiques  du  baron,  ses 
complices,  La  Garde  et  Jean,  «  personnes  de  néant,  sans  aveu  et 
mal  famées»,  s'étaient  échappés  pendant  qu'on  les  conduisait  de  la 
prisons  de  Lastours  à  celle  de  Limoges.  Contre  eux  fut  entamée  une 
procédure  de  contumace  dont  nous  ne  connaissons  pas  le  résultat. 
Quant  au  baron,  il  ne  voulut  pas,  et  cela  s'explique,  accepter  sa 
dure  condamnation  sans  avoir  usé  de  tous  les  rouages  judiciaires. 
En  même  temps  qu'il  sollicitait  des  lettres  de  grâce,  il  s'efforçait 
de  porter  son  affaire  en  appel  devant  le  parlement  de  Bordeaux, 
cour  souveraine  créée  en  1462  et  à  laquelle  ressortissaient  les 
affaires  judiciaires  de  la  Guyenne,  de  la  Gascogne,  des  Landes  et 
du  Limousin. 

Un  instant  il  put  espérer  triompher.  En  effet  le  procureur  général 
de  la  cour  de  Bordeaux  faisait  rendre  au  commencement  du  mois 
de  mars  un  arrêt  portant  que  la  procédure  serait  apportée  au 
greffe  de  la  Cour  et  que  le  prisonnier  serait  transféré  à  Bordeaux 
sous  bonne  garde,  «  pour  être  procédé  au  jugement  de  l'appel  par 
lui  interjeté  ».  En  même  temps  le  baron  des  Etangs  d'accusé 
devenait  accusateur;  il  obtenait  l'autorisation  d'assigner  le  lieute- 
nant criminel  et  le  procureur  du  roi  de  Limoges,  «  pour  ces  derniers 
se  voir  bien  pris  à  partie,  ce  faisant  voir  casser  et  annuler  le 
jugement  de  compétence  par  eux  rendu,  en  conséquence  ren- 
voyer le  défendeur  par  devant  tel  lieutenant  criminel  qu'il  plaira 
et  par  appel  devant  le  parlement  de  Bordeaux  ». 

Une  grave  question  de  compétence  surgissait  donc.  Avant  d'indi- 
quer  dans  quel  sens  elle  fut  déGnitivement  tranchée,  j'ouvre  une 
parenthèse  pour  dire  un  mot  sur  l'institution  des  présidiaux  et  sur 
le  présidial  de  Limoges  en  particulier. 

Le  principal  objet  de  la  création  des  présidiaux  nous  dit  le  si 


796  SOCIÂTÂ   ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

* 

regretté  Louis  Guiberl  dans  une  de  ses  publications,  La  Cour  royale 
de  Limoges,  fut  «  d'apporter  un  peu  d'ordre  dans  le  chaos  des  juri- 
dictions inférieures  et  de  décharger  les  parlements  du  plus  grand 
nombre  des  appels  qui  encombraient  leurs  audiences  ».  En  prin- 
cipe les  présidiaux  n'étaient  pas  des  juridictions  à  compétence 
étendue.  Ils  jugeaient  au  civil  et  au  criminel,  mais  au  civil  jusqu'à 
280  livres  seulement.  Au  criminel,  leur  compétence  au  moment 
du  procès  n'était  pas  encore  définiiivcment  établie.  C'est  par 
ordonnance  de  1670,  c'est-à-dire  dix  ans  plus  tard,  qu'il  fut  décidé 
par  l'article  15  «  que  les  présidiaux  connaîtraient  en  dernier  ressort 
de  tous  crimes  commis  par  vagabonds,  gens  sans  aveu,  des  oppres- 
sions, excès  et  autres  crimes  commis  par  gens  de  guerre,  des  vols 
faits  sur  les  grands  chemins,  avec  effraction,  port  d'armes  et  vio- 
lences publiques,  des  assassinats  prémédités,  séditions  et  fausse 
monnaie  ».  La  Cour  présidiale  de  Limoges,  instituée  sous  Henri  II  par 
un  édit  de  1582,  avait  pour  ressort  le  Haut  Limousin  et  la  Basse 
Marche.  La  nouvelle  juridiction  fut  ajoutée  à  l'ancienne  séné- 
chaussée et  fut  installée,  le  11  septembre  1583,  par  Massiot,  con- 
seiller au  parlement  de  Bordeaux.  Le  présidial  siégeait  trois  fois 
par  semaine  di^ns  les  bâtiments  voisins  de  Saint-Michel,  dont 
M.  Guibert  nous  a  donné  l'histoire.  Voici  d'après  M.  Laforest, 
Limoges  au  XVIP  siècle,  quelle  était  la  composition  de  cette  com- 
pagnie judiciaire...  Le  lieutenant  général  criminel,  le  lieutenant 
particulier,  un  assesseur,  douze  conseillers,  deux  avocats  du  roi, 
un  greffier  de  présentation  des  droits  réservés,  un  commissaire 
certificateur  et  un  receveur  des  consignations.  La  chancellerie  du 
Présidial  était  représentée  par  un  garde  des  sceaux,  un  greffier^ 
un  receveur  et  deux  huissiers. 

L'institution  dura  plus  d'un  siècle  et  ne  disparut  qu'en  1791 
avec  la  Révolution. 

Revenons  au  procès  :  La  sentence  définitive  avait  un  intérêt  réel. 
Ils'agissaitde  trancher  le  différend  entre  le  parlement  de  Bordeaux 
et  le  Présidial  de  Limoges.  Ce  dernier,  qui  ne  restait  pas  inactif, 
comprit  que,  pour  ne  pas  éterniser  les  débats,  il  fallait  porter 
l'affaire  devant  une  juridiction  suprême.  Aussi  un  nouvel  arrêt 
intervint-il,  portant  que  les  parties  «  seraient  assignées  au  grand 
Conseil  pour  être  réglées  de  juges  ».  Toute  la  procédure  fut  donc 
envoyée  à  Paris,  les  pièces  examinées  par  le  s'  Balthazar,  conseiller 
du  roi  en  ses  conseils,  maître  des  requêtes  ordinaire  de  son  hôtel, 
commis  à  cet  effet.  Après  avoir  ouï  son  rapport,  l'arrêt  suivant  fut 
prononcé  : 

«  Le  Roi  en  son  Conseil,  faisant  droit  sur  le  tout,  sans  s'arrêter 
à  la  requête  verbale  et  lettre  du  dit  Bouchaud,  a  déclaré  et  déclare 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  797 

les  dits  De  DouhetetPaigoon,  foHemenl  assignés  et  pris  à  partie;  au 
surplus  a  renvoyé  et  renvoie  les  parties  par  devant  les  dits  Prési- 
diauK  de  Limoges  pour  y  être  procédé  en  dernier  ressort,  ponr  tout 
ce  qui  reste  à  exécuter  des  condamnations  corporelles  et  civiles 
portées  par  leur  jugement  du  dernier  février,  même  pour  les  saisies 
réelles,  criées  et  décrets,  dont  Sa  Majesté  leur  attribue  la  connais- 
sance, nonobstant  les  arrêts  du  parlement  de  Bordeaux  des  4  et 
7  mars,  que  Sa  Majesté  a  cassés  et  annulés  avec  tout  ce  qui  8*en  est 
ensuivi.  Condamne  le  dit  Bouchaud  aux  dommages  et  intérêts 
envers  de  Douhet  et  Paignon  et  aux  dépens  de  l'instance  envers 
toutes  les  parties.  Fait  au  Conseil  privé  du  Roi,  tenu  à  Paris,  le 
27  septembre  1659.  Collationnné.  Signé  Laguillaumie  ». 

Le  Présidial  de  Limoges  triomphait  ainsi  sur  tonte  la  ligne. 
L'affaire  avait  duré  six  mois. 

Le  baron  des  Etangs  voyait  ainsi  disparaître  ses  dernières  espé- 
rances, car  le  Conseil  privé  ou  grand  Conseil,  sous  Louis  XIV,  était 
à  la  fois  conseil  de  gouvernement  et  cour  de  cassation  ;  il  jugeait 
donc  sans  appel.  Aussi,  à  partir  de  ce  moment,  ignorons  nous  ce 
qu'il  advint  du  condamné.  Arraché  aux  prisons  du  présidial  qui, 
d'après  ce  que  nous  voyons  encore  aujourd'hui  rue  des  Prisons  et 
rue  Adrien  Dubouché,  présentaient  un  aspect  peu  eogageant,alla4il 
ramer  sur  les  galères  royales  ?  Nous  ne  le  saurons  probablement 
jamais.  Peut-être  des  recherches  plus  complètes  aux  Archives 
départementales,  ou  aux  mairies  de  certaines  communes  de  l'ar- 
rondissement de  Saint-Yrieix  nous  procureraient-elles  quelques 
renseignements  complémentaires. 

Nous  terminerons  là  notre  récit,  en  rapportant  les  dernières 
paroles  du  commentateur  de  l'arrêt  qui,  non  sans  une  pointe  de 
malice,  en  tire  lui-même  la  conclusion  :  «  Cet  arrêt,  dit-il,  servira 
encore  à  faire  connaître  aux  grands  et  aux  seigneurs  que,  comme 
ils  doivent  recourir  à  la  justice  pour  se  maintenir  en  leurs  droits, 
ils  la  doivent  aussi  appréhender  s'ils  s'emportent  aux  violences  ». 

Un  dernier  mol  en  ce  qui  concerne  le  château.  Il  est  probable 
que  Tarrêt  fut  exécuté  et  qu'il  fut  rasé  ou  tout  au  moins  ses  forti- 
fications démolies,  car  lors  de  l'acquisition  du  domaine  par  ma 
famille  en  1884,  il  n'y  avait  à  la  place  de  l'ancien  manoir  qu'une 
grande  et  très  vieille  maison  ne  présentant  aucune  trace  féodale. 
Cette  maison  elle-même  a  été  détruite  il  y  a  dix  ans  par  un  incendie 
et  il  ne  fut  sauvé,  des  décombres,  que  quelques  antiques  plaques 
de  cheminées  d'un  slyle  Louis  XIII  assez  remarquable  que  le  feu 
ne  put  consumer. 

Les  titres  de  propriété  que  j'ai  entre  mains,  ne  remontent  pas 

T.  LV  53 


798  SOGlÉTé  AUCHéOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE    DU    LIMOUSIN 

au-delà  du  commencemeat  du  siècle.  .\  ce  moment  (1810)  la  lerre 
appartenait  à  la  famille  Fleurât.  C'est  par  les  héritiers  de  celte 
famille  qu'elle  a  été  vendue.  J'ajoute  que  je  possède  une  lettre 
datée  de  Versailles  en  1784  et  adressée  par  le  chevalier  de  Ghalus 
à  M.  des  Etangs.  Cette  lettre  contient  quelques  lignes  au  sujet  d'un 
procès,  mais  sans  détails  précis.  Il  semblerait  donc  que  sous 
Louis  XV  l'ancienne  famille  continuait  à  habiter  et  à  jouir  de  son 
domaine. 

A.  Maurat-Ballangb. 


Un  procès  à  La  Souterraine  en  f  728 

En  17S8  il  y  avait  sans  doute  des  juges  à  Berlin,  mais  on  n'en 
trouvait  aucun  à  La  Souterraine  comme  le  montrera  le  fait  suivant  : 

Le  3i  juin  de  la  dite  année  1728,  Etienne  Dupré,  pro^^ureur, 
huissier  près  la  juridiction  consulaire  de  Limoges,  demeurant  en 
cette  ville  place  du  Palais,  paroisse  de  Saint-Michel-des-Lions,  à 
la  requête  de  demoiselle  Barbe  Sénamaud,  veuve  en  premières 
noces  de  M*  André  Montaudoo,  vivant  procureur  à  Limoges,  et 
son  héritière  en  usufruit,,  épouse  de  sieur  Simon  de  La  Fosse, 
bourgeois,  ce  dernier  autorisé  de  Jean  de  La  Fosse,  sieur  du 
Caillaud,  son  père,  demeurant  rue  du  Temple,  paroisse  de  Saint- 
Michel-des-Lions,  où  elle  fait  élection  de  domicile,  faisant  aussi 
élection  de  domicile  à  La  Souterraine,  en  la  maison  du  s'  de 
Népoux,  hôtelier,  pour  24  heures  seulement,  sans  attribution  de 
juridiction,  ayant  pour  procureur  M*  François  Tanchon,  qui, 
demeurait  rue  Fontaine-des-Barres;  —  Etienne  Dupré,  dis-je,  se  pré- 
senta devant  la  maison  de  M*  Pierre  Ranjon,  prélre,  demeurant  à 
La  Souterraine,  accompagné  de  témoins  amenés  de  Limoges,  vou- 
lant parler  audit  Ranjon  et  le  sommer  de  payer  à  la  demoiselle 
Sénamaud  une  rente  annuelle  de  50  livres  et  les  arrérages  à  elle 
dus  comme  héritière  de  son  premier  mari. 

L'huissier  étant  resté  devant  le  logis  du  s'  Ranjon  pendc^nt 
plus  d'une  heure,  ayant  heurté  plusieurs  fois  à  la  porte  sans  obte- 
nir de  réponse  et  averti  par  les  voisins  qu'on  ne  voulait  pas  lui 
répondre,  dressa  procès-verbal  de  protestation  et  se  retira,  se 
réservant  de  demander  aux  juges  compétents  la  permission  de  bris 
et  rupture  de  portes,  à  l'effet  de  remplir  sa  mission  et  pour  que 
force  restât  au  roi  et  à  la  loi. 

•Le  lendemain  Etienne  Dupré  se  rendit  en  la  demeure  du  s'  de 
Gartempe  de  la  Cour,  juge  de  La  Souterraine,  et  le  somma  de  loi 
accorder  l'autorisation  de  bris  et  rupture  de  portes,  à  quoi  le  juge  se 


COMMUNICATIONS    DIVERSES  799 

refusa,  ainsi  que  de  sîgoer  son  refus,  alléguant  que  Pierre  Ranjon 
était  son  beau-frère. 

Uhuissier  s'adressa  ensuite  au  s'  Floret  de  Poumeroux,  lieu- 
tenant de  la  justice  de  La  Souterraine;  au  s'  Sallet  de  Peumalliat, 
plus  ancien  postulant  de  ladite  justice;  au  s'  Savit  de  Barnëge, 
procureur  en  la  même  justice;  au  s'  Delaville,  procureur;  à 
autre  Savit,  procureur;  au  s'  Ranjon,  procureur;  au  s'  Roche- 
rolles,  aussi  procureur,  tous  demeurant  à  La  Souterraine,  lesquels, 
sommés  de  donner  permission  de  bris  et  rupture,  répondirent  qu'ils 
étaient  parents  du  s'  Ranjon  et  ne  voulaient  donner  la  permission 
demandée  ni  signer  leur  refus. 

Dupré  alla  aussi  au  logis  du  sieur  Montaudon  de  la  Plante,  pro- 
cureur, où  il  ne  trouva  que  la  belle-mère  du  dit  Montaudon,  qui 
déclara  que  son  gendre  était  absent. 

En  présence  de  tous  ces  refus,  Thuissier  se  retira  avec  ses  témoins 
en  dressant  procès-verbal  de  protestation  afin  de  se  pourvoir  devant 
les  juges  supérieurs. 

J'ignore  quelle  suite  fut  donnée  à  sa  protestation. 

(Archives  domestiques). 

La  Souterraine,  le  21  juin  4902.    • 

J.  Bellet. 


La  terre  de  Chdteau-Chervix 

GhÂteau  de  Saint-Jean-Ligoure,  par  Pieppebuffîère  (Haute- Vienne), 
ce  1"  novembre  1905. 

A  M.  Fournie,  médecin  principal  de  /'•  classe,  directeur  du  service 
de  santé  du  i2*  corps  d'armée,  président  de  la  Sociéié  archéolo- 
gique et  historique  du  Limousin. 

Monsieur  le  Président, 

Le  Courrier  du  Centre  dans  son  numéro  du  vendredi  27  octo- 
bre 1905  a  donné  un  compte-rendu  de  la  séance  du  25  juillet  1905 
de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin  que  vous  pré- 
sidez; et  cité  un  travail  de  M.  le  chanoine  Lecler  que  M.  Aubert 
Berger  a  lu  en  séance,  sur  Thistorique  du  donjon  de  Châleau-Chervix. 

Je  suis  propriétaire  en  indivis  avec  ma  sœur,  Mademoiselle  de 
Vanteaux,  de  la  terre  et  du  châlean  de  Saint-Jean-Ligoure  (com- 
mune limitrophe  de  celle  de  Château-Chervix),  qui  constituent  notre 
héritage  familial,  et  sont,  depuis  le  X1V«  siècle,  et  nonobstant 


BÛO  SOCltré   ARCHÉOLOGIQUE  £T   UlftTOBlQCB  DC   LlMOUS):< 

lOQles  les  vîcissiludea  des  lemps,  toujours  passés  aux  litTiUers  les 
plus  proches  de  chaque  génération. 

,  Les  archives  du  château  de  Saint-Jean  ont  donc  conservé  depuis 
le  XIV*  siècle  des  documents  intéressants  et  parfois  curieux. 

Permettez-moi,  Monsieur  le  Président,  de  vous  adresser,  ci  après, 
la  copie  d*un  passage  d'un  mémoire  écrit  vers  1685  sur  les  origines 
des  familles  de  Gognhac  et  de  Jnmilhac,  passage  ayant  trait  à  Ghâ- 
teau*Ghervix,  qui  pourra,  peut-être,  s'ajouter  au  travail  de  M.  le 
chanoine  Lecler. 

(Si  je  copie  exactement  le  texte,  je  ne  transcris  pas  Torthographe 
qui  est  cependant  curieuse). 

«  Comment  la  terre  de  Châleau-Chervix  était  venue  dans  la 
maison  de  Saint-Jean-Ligoure  : 

(c  Pour  faire  voir  comme  quoi  la  terre  de  Château-Chervix  était 
venue  dans  la  maison  de  Saint-Jean  et  comment  elle  en  fut  tirée, 
il  faut  savoir  que  Antoine  de  Coignac,  que  j'ai  dit  ci-dessus  avoir  été 
marié  avec  Gasparde  de  Marie  en  fit  l'apquisition  par  contrat  du 
28*  janvier  1488  de  Jean  d'Albret,  par  lequel  il  est  dit  que  noble 
homme  Antoine  de  Goignac,  gentilhomme,  seigneur  de  Marie,  fils 
de  noble  et  puissant  seigneur,  Messire  Jean  de  Coignac,  gentilhomme, 
seigneur  de  Sainl-Jean-Ligoure,Viliefavars  et  de  Jumilhac,  acquiert 
la  terre  de  Château-Chervix,  etc.,  de  bénin,  illustre  et  excellent 
prince.  Monseigneur  Jean  d*Albrel;  comte  de  Dreux,  de  Gaure  de 
Penthièvre  et  de  Périgord,  vicomte  de  Limoges,  de  Tartas,  captai 
de  Buch  et  seigneur  d'Avenues,  etc. 

«  Ce  fut  donc  par  celte  acquisition  que  la  susdite  terre  de  Châ- 
teau-Chervix vint  en  la  maison  de  Saint-Jean.  Mais  cette  maison  de 
Saint-Jean  n'en  eut  pas  longtemps  la  possession,  car  Jean  de  Coi- 
gnac, frère  de  François  i^'  dit  le  Prodigue  et  petit  fils  du  dit  Antoine, 
ayant  été  condamné  à  mort  en  l'an  1554,  que  j'estime  être  celui 
allégué  dans  l'histoire  de  Belleforest,  étant  mort  dans  les  poursuites 
de  la  contumace  de  son  crime,  ses  biens  furent  confisqués  au  roi. 

—  <(  Il  est  à  remarquer  que  François  2**  dit  le  Prodigue,  son 
frère,  avait  traité  quelque  temps  auparavant  avec  lui  et  lui  avait 
donné  pour  son  droit  de  légitime,  qu'ils  avaient  entre  eux  réglé  à 
la  somme  de  3,000  IL,  la  terre  de  Château-Chervix  en  hypothèque, 
pour  la  dite  somme  par  transaction  entre  eux  passée  en  1541. 

«  Comme  elle  çn  sortit  : 

a  Et  par  ainsi,  comme  le  dit  Jean  fut  condamné  à  mort  en  la 
susdite  année  1554,  la  dite  terre  de  Château-Chervix  fut  confisquée 
sur  lui,  et  la  confiscation  en  fut  donnée  par  Charles  9"**  au  seigneur 
de  Lanzat  qui  en  jouit  pendant  quelque  temps,  et  qui  ensuite  céda 
son  droit  au  comte  des  Gars,  avec  qui  la  susdite  Jeanne  de  Coignac 


COH>1.-tCIC  ATtON  • 

eul  de  grands  procès  tant  an  Parlement  de  Bordeaux  gu' 
conseil,  prétendant  Taire  voir  qu'il  n'y  avait  eu  de  lieu 
conllscalion  de  ta  dite  terre,  d'aulaal  qu'elle  n'apparten: 
susdit  Jean  de  Coignac,  son  dit  Teu  frère,  et  qu'elle  ne  lui 
donnée  par  le  Gusdil  François  son  frère  aine  que  parengaj 
liypollicque,  pour  la  somme  de  3,000  11.  qu'elle  offrait 
au  roi. 

"  Si  bien  qu'en  Tan  ISOt  elle  obtint  un  arrêt  du  Parli 
Bordeaux  contre  le  procureur  général,  par  lequel  elle  h 
cl  mainlenne  dans  la  dite  terre  de  Châtcau-Chervix.  Ce  fu 
séquence  du  don  et  main  levée  qu'en  avait  fait  le  roi  He 
Hector  de  V,irs,  fils  de  la  dite  dame. 

«  Néanmoins,  nonobstant  cet  arrêt,  Jacques  comte  de 
laissa  pas  de  se  maintenir  par  violence  ou  autrement  dans 
sion  de  la  dite  terre,  car  en  l'année  1600  la  dite  Jeanne  di 
plaidait  toujours  à  Castres  pour  le  désistât  d'icelle  cou 
seigneur  des  Cars  qui  s'était  pourvu  par  requête  civi 
l'arrêt  ci-:lessus  allégué,  donné  en  faveur  de  la  dile  Jeann 
qu'il  faut  qu'en  l'année  1601  elle  fut  débontôc  de  ses  pr 
et  de  la  demande  de  désistât,  puisque  la  dite  terre  se  Irou^ 
en  l'an  1602  par  le  dit  comte  des  Curs  qui  ta  vendit  à  V< 
JoussJnean,  écuyer,  seigneur  de  Fayat  pour  la  somme  de  3,0 
à  pacte  de  rachat  perpétuel  par  contrat  de  l'année  1603. 

«  M.  du  Payai  est  aujourd'hui,  1685.  le  seigneur  incof 
de  la  terre  et  seigneurie  de  Châlcau-Chervix. 

«  Et  voilà  comment  la  dite  terre  de  Chateau-Chervix  i 
de  la  dite  maison  de  Saint-Jean  ». 

Iji  crime  pour  lequel  Jean  de  Coignac  fut  condamné  l 
ISM  et  exproprié  a  fait  le  sujet  d'un  article  du  Bulletin  de 
archfoiogxqne  et  hùtortgue  du  Limousin,  tome  X\XII1,  2* 
pages  219  et  suiv.  (1886);  mais  c'est  à  tort  qu'il  est 
l'horrible  forfait,  dont  il  est  question,  fut  perpétré  à  S 
Ligoure.  C'est  à  Chflteau-Chervix  qu'il  eut  lieu,  et  là  s 
qu'il  pouvait  avoir  lieu.  L'histoire  de  Saint-Jean  est  faite  < 
faits  ainsi  que  la  généalogie  des  familles  de  Coignac,  de 
Jumilhac  qui  ont  été  maîtresses  du  dit  lien,  sont  éta 
pièces  et  documents  à  l'appui.  Les  archives  de  la  ville  de 
ferment  beaucoup  d'actes  concernant  les  droits  féodau: 
lignage,  d'hommage,  etc.,  des  sires  d'Albrei  alori  i\'& 
snierains  de  la  vicomte  du  Limousin. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  leDirecleuret  fi^^aVà^nV. 
de  mes  sentiments  très  distingués  et  dévou^b 


Général  J-     "     -   o«. 


802  SOGIÉTé  ARCnéOLOOIQUB  ET  HISTORIQUB  DU  LIMOUSIN 

Une  famille  de  comédiens 

U.  Clouzot,  dans  son  Bisioire  du  théâtre  en  Poitou^  parle  de 
Nicolas  Le  Roy,  sieur  de  La  Marre,  el  dit  qu'il  avait  épousé  Simonne 
de  La  Chappe,  morte  à  Fonlenay-le-Gomte  le  4  octobre  1666,  à 
rage  de  S2  ans,  laquelle  paraît  être  née  à  La  Souterraine  d'upe 
famille  de  comédiens  dont  le  chef  était  Michel  de  La  Chappe. 

Ce  dernier  aurait  en  plusieurs  filles,  outre  la  femme  de  Le  Roy  : 

Jeanne,  qui  épousa  Zacharie  Jacob,  dit  Monfleury,  un  des  plus 
célèbres  comédiens  de  Thôlel  de  Rourgogne,  le  môme  que  Molière 
a  si  fort  malmené  dansTimpromptu  de  Versailles; — Anne,  mariée  à 
Lyon  en  1645,  à  Jean-Jacques  Hautefeuille,  comédien  ;  — Victoire, 
femme  de  Charles  de  la  Haye,  sieur  de  Romainville. 

Toujours  d'après  M.  Clouzot,  Simonne  de  La  Chappe  ne  montait 
plus  sur  les  planches  quand  elle  mourut. 

J'ai  cherché  dans  les  registres  paroissiaux  de  La  Souterraine 
l'acte  de  naissance  de  cette  femme,  en  remontant  de  52  ans  à  partir 
de  1666  et  j'ai  trouvé  l'acte  suivant  que  je  transcris  littéralement  : 

<f  Le  11  mars  1613  est  née  Symonne  Chappe,  fîlle  de  Michel 
Chappe  de  Saulmur  et  de  Françoise  Channeau  ;  parrain  M**  Jehan 
Regnault,  notaire,  et  marraine  Symonne  du  Puy  de  Cros  ». 

Suivent  les  signatures. 

Ce  document  pourrait  bien  concerner  la  comédienne,  épouse 
Nicolas  Le  Roy,  mais  il  m'a  été  impossible  de  découvrir  les  actes 
de  naissance  des  autres  filles  de  Michel  de  La  Chappe. 

La  famille  Chappe  ou  de  La  Chappe  n'était  sans  doute  pas  de  La 
Souterraine  et  c'est  probablement  lors  de  son  passage  en  cette 
ville,  dans  une  tournée  en  province,  que  Symonne  Chappe  y  est  née. 

Je  n'ai  pas  lu  le  livre  de  M.  Clouzot.  Les  renseignements  qui  pré- 
cèdent m'ont  été  communiqués  par  un  ami. 

La  Souterraine,  le  5  mai  1903, 

J.  Rellet. 


Billet  d'admission  dans  la  confrérie  de  Saint- Rustique 
établie  dans  l'église  de  Saint-Pierre-du-Queyroix  deLimoges,  i  680 

(Sur  un  petit  papier  de  10  cent,  sur  17  cent.) 

«  Nous  avons  nommé,  avec  Messieurs  les  confrères  de  Saint-Rus- 
tique, Monsieur  Péconnet  pour  remplir  une  place  dans  la  confrérie 
de  ce  saint,  il  est  prié  de  se  trouver  demain  matin,  à  neuf  heures, 
chez  Monsieur  Renoist,  avocat  du  roy  à  l'ordinaire,  qui  en  est  le 
premier  frère  cette  année,  ce  23  aoust  1680. 

»  Signé  :  Juge,  curé  de  Saint-Pierre.  » 


COMMU:fICATIONS   DIVERSES  803 

Au  bas  du  billet  se  trouveot  les  menlions  suivantes  : 

«  La  feste  de  Saint-Rustique,  martyr,  se  faict  le  24  aousl.  == 
Solvit  30  sols  pour  réception  et  qui  se  payent  annuellenrent.  = 
Tiendra  la  frerie  M.  Maynard,  1681.  » 

Cette  confrérie  s'était  formée  autour  des  reliques  de  saint  Rusti- 
que, martyr,  son  patron.  Le  corps  de  ce  saint  avait  été  porté  de 
Rome  au  mois  de  juillet  1664  et  avait  été  déposé  dans  Téglise  de 
Saint-Pierre-du-Queyroix  ;  le  corps,  dans  une  chftsse  de  cuivre 
surdoré  et  le  chef  dans  une  coupe  d*argent. 

Les  deux  confrères  dont  nous  voyons  les  noms  sur  le  billet  d'ad- 
mission étaient  membres  de  deux  familles  des  plus  notables  de  la 
ville. 

Le  mardi  de  Pâques,  les  confrères  portaient  leur  châsse  à  la  pro- 
cession des  reliques  qui  se  faisait  dans  l'église  de  Tabbaye  de  Saint- 
Martial,  et  aux  années  d'ostensions,  le  chapitre  de  Tabbaye  de 
Saint-Martial,  en  visitant  processionnellement  les  églises,  faisait  sa 
première  station  à  Saint-Pierre,  où,  après  avoir  célébré  ses  offices 
au  grand  autel,  il  allait  vénérer  le  chef  de  saint  Rustique  en  chan- 
tant trois  fois  Sancte  Rustice,  etc. 

Dans  la  Généalogie  des  Péconnet  de  Limoges,  publiée  en  1894, 
Joseph  Péconnet  de  Ghastenet,  avocat,  dit  (page  22)  :  «  Le 
24aoust  susdit  an  (1630),  j'ay  eu  Thonneurd'estre  repceu  au  nom- 
bre des  confrères  de  Saint-Rustique,  en  notre  paroisse  de  Saint- 
Pierre.  » 

[Communication  de  M.  E.  Hervy.) 


Mtre  du  marquis  de  Sainte- Aulaire.  1 723 

La  lettre  que  nous  publions  ci-après  faisait  partie  de  la  collection 
d'autographes  du  comte  de  Larmandie,  membre  de  la  Société  his- 
torique et  archéologique  du  Périgord,  décédé  à  Périgueux  le  18  dé- 
cembre 1879. 

Elle  fut  écrite  par  un  homme  de  mérite,  auquel  le  Limousin 
s'honore  d'avoir  donné  le  jour,  François-Joseph  Beaupoil,  marquis 
de  Sainte-Aulaire,  baron  de  La  Grénerie,  lieutenant-général  pour 
le  roi  au  gouvernement  du  haut  et  du  bas  Limousin  (1).  Amoureux 


(1)  Il  naquit  le  6  septembre  1Ô48  au  château  du  Barry  en  Limousin. 
Il  mourut  à  Paris  le  17  décembre  1742. 


1 


S04  SOCIÉTÉ  ARCRÉOLOOIQUE  BT  HISTOBIQUB  DU  LIMOUSIN 

de  la  belle  littérature,  il  savait  en  faire  usage.  Ce  ne  fut  guère 
qu*à  soixante  ans  qu*il  se  mit  à  cultiver  la  poésie.  L'Académie 
française  l'admit  dans  son  sein  le  23  septembre  1706. 

On  le  recherchait  dans  tes  sociétés  d*élite  de  Paris,  à  cause  de 
son  esprit  aisé,  naturel  et  plein  de  délicatesse.  La  cour  littéraire 
de  la  duchesse  du  Haine  brigua  Thonneur  de  le  posséder.  Il  en  fit 
partie  pendant  une  quarantaine  d^années  environ.  Cette  princesse 
trouvait  toujours  un  nouveau  plaisir  dans  sa  conversation.  Ce  fut 
à  Sceaux  qu'il  improvisa  ses  meilleures  poésies,  dont  fort  peu  ont 
été  imprimées.  Les  plus  jolis  vers  que  Ton  ait  de  lui  ont  été 
faits,  dit  on,  à  quatre-vingt-dix  ans  passés.  Ses  saillies  piquantes 
égayaient  les  hôtes  de  la  duchesse,  qui  l'appelait  ordinairement 
son  berger.  Tout  le  monde  connaît  ce  madrigal  qu'il  improvisa 
lorsque  celle-ci  s'avisa  un  jour  de  lui  demander  son  secret. 

Il  était  encore  sous  l'impression  du  plaisir  que  lui  avait  causé  le 
succès  de  ce  fameux  madrigal,  quand  il  écrivit  à  la  vicomtesse 
d'Aydie,  sa  sœur,  la  lettre  suivante  : 


«  A  Madame  la  vicomtesse  d'Eydie,  àSaint-Pardoux-la-Rivière, 
route  de  Bordeaux. 

»  Je  suis  bien  aise  d'apprendre  que  vous  êtes  en  bonne  santé, 
ma  chaire  sœur  (1),  et  que  le  bally  (2)  n'est  pas  excédé  de  la 
goutte.  Madame  de  Lambert  (3)  est  toujours  infirme;  Madame  de 


(1)  Marie  Beaupoil  de  Sainte-Aulaire,  née  en  1661,  mariée  à  Armand 
vicomte  d'Aydie,  seigneur  de  Saint-Martial-de- Valette.  Un  de  leurs 
neuf  enfants  fut  le  célèbre  chevalier  d*Aydie. 

(2)  François-Foucauld,  né  en  1653,  chevalier  de  Malte,  frère  de  Tauteur. 
Il  avait  donné  des  preuves  de  sa  bravoure  sur  TOcéan  et  la  Méditerranée 
comme  capitaine  de  vaisseau  du  roi.  Secrétaire  des  commandements  du 
grand-maître  de  Malte  pour  les  affaires  de  France,  son  grand  écuyer  et 
gouverneur  de  Malte,  il  avait  été  fait,  en  1710,  grand'croix  et  grand 
maréchal  de  Tordre,  puis,  en  1717,  grand  bailli  de  Lyon. 

(3)  Anne-Thérèse  de  Marguenat  de  Courcelles,  veuve,  en  1686, 
d'Henri,  marquis  de  Lambert,  avait  établi,  à  Paris,  une  maison  qui  était 
devenue  le  rendez-vous  des  gens  du  monde  et  de  lettres  les  plus  distin- 
gués. L'on  considérait  comme  un  honneur  d'y  être  admis.  Elle  a  laissé 
des  ouvrages  estimés,  remarquables  par  la  pureté  du  style  et  de  la 
morale. 


COMMUNICATIONS   DIVEttSES  805 

S*  Aulaire  (1)  se  délitre  mojenant  le  quinquinal  de  la  fièvre  qui  la 
tourmeDtoit;  la  petite-nUe  (2)  est  avec  elle  à  Clamart  par  crainte 
que  nous  avons  eue  de  la  petite  verolle,  qui  est  dans  son  couvent  et 
dans  plusieur  maison  de  Paris.  Pour  moy  je  suis  quasi  toujours  à 
Sceaux  où  on  joue  et  on  versifie  beaucoup.  Madame  Dreuillet  (3), 
présidente  de  Toulouse,  qui  fait  de  jolis  vers,  a  renouvelle  ce  goul  là 
ehes  Madame  la  duchesse  du  Maine.  Je  pourois  vous  en  dire  qui 
vous  amuseroit,  si  Ton  navoit  exigé  sur  cela  un  grand  secret.  Je 
vous  dirais  seulement  ce  qui  a  couru  de  moy  parce  qu'il  étoit  aisé 
à  retenir. 

»  L'on  s'envoyés  des  chansons  d'une  table  à  Tautre;  et  je  fus 
agacé,  et  je  répondit  sur  Tair  qui  couroit  que  je  beudois  à  ma  Muse, 
Madame  Du  Maine  voulut  que  je  déclarasse  qui  étoit  celte  Muse, 
et  donnant  à  ma  discreption  le  nom  de  coquetterie,  elle  me  mandat 
que,  puisque  je  ne  la  vouloit  pas  pour  ma  Muse,  elle  me  désavoué 
pour  son  Apollon.  Voyez  y  ma  réponse  : 

La  divinité  qui  s'amuse 

A  s'informer  de  mon  secret, 

Si  j'étoit  Apollon,  ne  seroit  pas  ma  Muse, 

Elle  seroit  Thétis  et  le  jour  finiroit. 

»  Ces  quatre  vers  ont  fait  fortune;  mais,  comme  la  petite  gloire 
qui  en  revient  coûte  assez  cher  à  un  paresseux  qui  ne  rencontre 


(i)  L'académicien  avait  épousé,  en  1676,  Marie  de  Fumel,  fille  de 
Louis  comte  de  Fumel  en  Agenois,  et  de  Marguerite  de  Lévis-Mirepois. 

(2)  Son  fils  Louis,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  lieutenant- 
colonel  du  régiment  d'Enghien-lnfanterie,  tué  le  26  août  1709  au  com- 
bat de  Rumersheim,  dans  la  Haute-Alsace,  avait  été  marié,  en  1703, 
avec  Marie-Thérèse  de  Lambert,  fille  d'Henri,  marquis  de  Saint-Bris-en- 
Auxerrois,  lieutenant-général  des  armées  du  roi  et  gouverneur  du 
Luxembourg,  et  de  la  marquise  déjà  nommée.  Il  avait  laissé  une  fille 
unique  Thérèse- Eulalie,  qui  devait  épouser,  le  7  février  1725,  Anne- 
Pierre  d'Harcourt,  marquis  de  Beuvron,  maréchal  de  France,  lieutenant- 
général  au  gouvernement  de  Normandie,  et  mourut  en  1739. 

(3)  Elisabeth  de  Montlaur,  mariée  à  Dreuillet,  président  aux  enquêtes 
au  parlement  de  Toulouse,  où  sa  maison  avait  été,  pendant  la  vie  de  son 
mari,  le  rendez- vous  des  gens  du  premier  mérite  de  sa  ville,  au  milieu 
desquels  elle  brillait  par  Tagrément  de  sa  conversation.  Elle  avait  eu 
presque  la  même  réputation  à  Paris,  lorsqu'elle  y  était  venue  après  la 
mort  de  son  mari.  Campistron  Tavait  produite  chez  quantité  de  person- 
nes d'esprit.  Elle  était  associée  aux  divertissements  de  Sceaux,  où  elle 
mourut  au  mois  de  juillet  1730,  âgée  de  soixante-quatorze  ans.  Titon  de 
Tillet  a  donné  place  dans  son  Parnasse  français  à  M"«  Dreuillet,  qui  a 
composé  quantité  de  poésies  françaises,  dont  peu  d'imprimées, 


806  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

que  par  liazard,  Yoici  ce  que  je  dit  en  allant  diner  chez  Madame  de 
Jjaoïbert  a?ec  sa  compagnie  : 

Je  suis  las  de  Tesprît,  il  me  met  en  courouz. 

Il  me  fait  tourner  la  cervelle. 
Lambert,  je  viens  chercher  un  azille  chez  vous 

Entre  Lamothe  et  Fontenelle. 

»  Pendant  que  je  m'amuse  a  ces  lanternes,  mes  affaires  vont  mal 
en  Limousin,  et  je  suis  assès  fâché  de  n*y  être  pas  ailé;  il  est  trop 
tard  à  présent,  et  il  faut  attandre  le  printant.  J*espère  trouver 
encore  le  bally,  que  j*embrasse,  et  la  chère  nièce  (1).  Failes  bien 
des  amitiés  pour  moy  à  Ligneux  (2).  Adieu.  Le  chevalier  (3)  part 
bientôt  et  vous  dira  les  nouvelles. 

»  A  Sceaux,  le  i"  aoust  4743.  » 

Le  marquis  de  Sainte-Aulaire  n*avait  point  cru  devoir  signer  cette 
lettre  destinée  à  sa  sœur  et  à  des  intimes.  Il  en  avait  tiré  trois  ou 
quatre  copies  que  la  vicomtesse  d^Aydie  se  chargea  de  distribuer. 
Une  de  ces  copies  s'était  trouvée  parmi  les  papiers  que  la  com- 
tesse de  Larmaudie  tenait  de  sa  grand*mère  M"*  Philip  de  Saint- 
Viauce,  nièce  et  légataire  universelle  du  dernier  des  d*Aydie,  sei- 
gneur de  Vaugouberl  en  Périgord. 

A.  Dujarric-Descoiibes. 


(1)  Marie  d'Aydie,  mariée  au  marquis  d'Abzac,  fort  connue  en  Péri- 
gord sous  le  nom  de  marquise  de  Mayac. 

(2)  L'abbaye  de  Ligneux,  située  en  Périgord,  semblait  destinée  à  la 
famille  Beaupoil  de  Sainte-Aulaire.  Elle  avait  été  augmentée  pour  le 
spirituel  et  le  temporel  par  Suzanne  de  Sainte-Aulaire,  une  des  grand'- 
tantes  de  Tauteur  de  la  lettre.  Trois  de  ses  sœurs  y  étaient  religieuses. 
Sa  fille  Julie  en  devint  abbesse  en  1730. 

(3)  Un  des  frères  puînés  de  Tacadémicien.  L'un  d'eux  avait  été  vicaire 
général  de  Périgueux,  puis  évoque  de  Tulle. 


DOCUMENTS 


Deux  chartes  limousines  concernant  Vahhaye  de  Saint- Martial, 

publiées  par  M.  Charles  de  Lasteyrie 


I 

Sentence  rendue  par  le  sénéchal  du  roi  d'Angleterre  en  Limousin,  au  sujet 
de  la  perception  du  droit  de  commende  à  La  Souterraine,  23  mars  i  195 

La  pièce  en  question  est  relative  à  un  conflit  survenu  entre  Tabbé 
de  Saint-Martial  de  Limoges  et  les  bourgeois  de  La  Souterraine. 
Les  bourgeois  prétendaient  exercer  à  rencontre  des  étrangers  cer- 
tains droits  de  commende,  c'est-à-dire  de  protection  et  de  sauve- 
garde, que  leur  disputait  Tabbé  de  Saint-Martial  en  sa  qualité  de 
seigneur  de  la  ville.  L'affaire  fut  portée  devant  le  sénéchal  du  roi 
d'Angleterre  en  Limousin.  Nous  avons  retrouvé  à  la  Bibliothèque 
Nationale  (i)  une  copie  du  texte  de  la  sentence  rendue  à  cette  occa- 
sion. Sans  parler  de  l'intérêt  qu'elle  présente  au  point  de  vue 
purement  local,  cette  pièce  offre  un  aperçu  curieux  des  relations 
sociales  au  moyen-âge  et  donne  des  détails  précis  sur  la  condition 
des  aubains.  Pour  bien  en  comprendre  la  portée,  il  est  nécessaire 
de  rappeler  brièvement  l'histoire  de  La  Souterraine  à  la  fin  du 
XII»  siècle. 

En  l'année  1171,  les  habitants  de  la  ville  s'étaient  révoltés  contre 
l'abbé  de  Saint-Martial  et  son  représentant  le  prévôt  de  Monianègre. 
Ils  refusèrent  de  payer  la  taille  et,  s'étant  donné  une  organisation 
communale  (2),  cherchèrent  à  faire  triompher  leurs  prétentions  les 

(1)  Ce  texte  a  été  copié  par  les  Bénédictins,  et  se  trouve  dans  le 
manuscrit  n»  12746  (p.  118  à  125)  du  fonds  latin. 

(2)  Geoffroy  de  Vigeois,  t.  Il,  p.  318.  Comme  nous  Tavons  indiqué 
dans  notre  Histoire  de  Vabbaye  de  Saint-Martial,  p.  375,  aucun  texte  ne 
parle  expressément  de  la  Commune. insurrectionnelle  qui  aurait  été  éta- 
blie par  les  bourgeois;  mais  son  existence  ressort  indirectement  du 
texte  de  G.  de  Vigeois  et  de  la  pièce  que  nous  analysons  ci-dessous. 


808  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    £T   HIStORIQUE    DU   LIMOUSIN 

armes  à  la  main.  L'intervention  des  troupes  du  roi  de  France  brisa 
leurs  résistances;  mais  ils  ne  tardèrent  pas  à  s'agiter  à  nouveau, 
soutenus  sous  main  par  les  comtes  de  la  Marche  (I).  Au  cours  des 
guerres  qui  désolèrent  le  Limousin  au  temps  des  fils  d'Henri  le 
Vieux,  ils  parvinrent  à  usurper  certains  des  droits  seigneuriaux 
qui  appartenaient  à  Tabbé  de  Saint-Martial.  C'est  ainsi  qu'ils  s  em- 
parèrent du  droit  de  commande. 

On  sait  combien  les  coutumes  du  moyen-âge  étaient  rigoureuses 
pour  les  étrangers.  Ils  n'avaient  aucune  place  dans  la  hiérarchie 
féodale  et,  à  l'instar  des  Juifs  ou  des  Lombards,  vivaient  presque 
en  dehors  de  la  société.  Ils  ne  pouvaient  circuler  librement.  Pour 
s'établir  dans  une  localité,  ils  devaient  obtenir  l'autorisation  du 
seigneur  suzerain  et  lui  payer  une  redevance  plus  ou  moins  élevée, 
appelée  la  commende.  Dans  certains  pays,  tout  forain  qui  demeu- 
rait plus  d*un  an  et  un  jour  sans  avoir  fait  «  aveu  de  bourgeoisie  » 
était  réputé  serf  et  perdait  sa  liberté  (2).  Ces  règles  si  dures  ne 
s'appliquaient  pas  seulement  à  des  personnes  appartenant  à  une 
nationalité  étrangère.  Des  hommes  d'une  province  voisine,  parfois 
même  d'une  seigneurie  ou  d'une  paroisse  peu  éloignée,  étaient 
considérés  comme  forains  et  traités  comme  tels. 

A  côté  de  la  commende  féodale,  il  existait  une  commende  con- 
tractuelle. Celle-ci  formait  une  sorte  d'assurance  par  laquelle  un 
voyageur  se  plaçait  sous  la  protection  de  tel  ou  tel  seigneur  et 
—  moyennant  une  certaine  rétribution  —  se  couvrait  contre  les 
risques  éventuels  de  la  route. 

Au  mépris  des  privilèges  de  l'abbé  de  Saint-Martial,  les  bourgeois 
de  La  Souterraine,  ou  au  moins  quelques-uns  d'entre  eux,  avaient 
accordé  leur  sauvegarde  à  des  forains,  originaires  pour  la  plupart 
de  la  seigneurie  voisine  de  Bridiers.  Ils  les  avaient  autorisés  à  s*éla- 
blir  en  ville  et,  en  échange  de  la  protection  qu'ils  leur  accordaient, 
réclamaient  d'eux  certains»  services  »  et  le  paiement  d'un  cens.  Ces 
individus  se  trouvaient  de  la  sorte  soustraits  à  la  commende  de 
labbé  de  Saint-Martial.  L'abbé  prolesta.  Il  cita  les  bourgeois 
devant  le  sénéchal  du  roi  d'Angleterre  (3),  à  Limoges,  et  après  dif- 
férents incidents,  obtint,  en  l'année  1195,  gain  de  cause  sur  la  plu- 
part des  points. 

(1)  Voir  notre  Histoire  de  l'abbaye  de  Saint- Martial,  p.  375. 

(2)  Voir,  pour  plus  de  détails  sur  la  commende,  le  Ghêtaire  de  Du 
Gange  au  mot  commenda,  et  le  Glossaire  du  droit  français  de- Bagnean 
aux  mots  aubain  et  aubenage, 

(3)  Pierre  Audier. 


Le  sénéchal  décida  qu'en  priacipe  toul  Torain  ou  et 
tanl  La  goulerraine  relevait  de  l'abbé  d»  Saint-Mari 
prévAl.  Aussi  les  bourgeois  ne  devraient-ils  plus  accepi 
aucune  commeode.  Quant  aux  commendes  eiistanles, 
le  droit  de  les  percevoir  à  son  profil,  mais  devrait  déi 
propriétaire  dépossédé  en  lui  assignanl  en  dehors  de 
rente  équivalente.  Ces  disposilions  ne  s'appliquaieni  [ 
que  des  forains  pouvaient  devoir  â  des  habitants  de  La 
pour  l'occupation  d'une  terre  ou  d'une  maison.  Les 
d'ordre  privé.  lis  n'avaient  aucun  caractère  seigneurii 
valent  être  revendiiiutis  par  l'abbé  (t). 

Le  sénéchal  édicla  des  mesures  spéciales  pour  les  I; 
vani  de  la  seigneurie  de  Bridiers  (â).  En  vertu  île  couli 
ils  se  trouvaient  dans  des  conditions  particulières.  Ceu: 
qui  s'établissuienl  a  La  Souterraine  restaient  sous  l'aul 
suzerain.  S'ils  venaient  à  s'y  marier,  les  seigneurs  de  I 
valent  donner  leurs  droits  de  patronnage  aux  hourge 
individus  avaient  épousé  les  filles  ou  les  nièces.  Mais, 
avaient  été  acquis  pour  toute  autre  cause,  par  suite  d'i 
comme  caution  d'une  obligation  par  exemple,  l'abbé  i 
tial  pouvait  les  rsclieter  moyennant  une  juste  in<lemnii 

Après  avoir  ainsi  tranché  en  faveur  de  l'abbé  de  Sai 
droit  d'exiger  et  de  percevoir  la  •  commende  »  sel 
sénéchal  du  roi  d'Angleterre  Oxa  dans  une  seconde  | 
arrêt  les  conditions  dans  lesquelles  pouvait  être  admi 
mende  »  contractuelle.  A  la  veille  de  partir  en  voyag 
lants  de  La  Sonlerraine  réclamaient  fréquemment  la  p 
seigneurs  de  Bridiers,  Ils  leur  payaient  une  certaine 
l'efTet  d'oblenir  leur  appui.  Or,  les  seigneurs  de  Briij 
vent  à  court  d'argent  —  revendaient  cette  commende 
geois  de  I^  Souterraine  ou  la  leur  donnaient  en  gage. 
admet  la  régularité  de  celte  pratique.  Il  précisa  seulen 
galions  des  bourgeois  et  décida  que  ceux-ci  devrairn 

(1)  Voir  dans  Viollel,  Précis  de  Vkisloire  du  droit  frança 
l'exposé  de  la  théorie  sur  les  baux  à  cens  ou  à  rente,  et  s 
tère  seigneurial  ou  privé.  Les  cens  ont  en  général  une  or 
mais,  romme  le  cunsinte  M.  Viollet,  el  tel  est  le  cas  da 
mot  n'était  pas  toujours  pris  dans  une  acception  rigourei 
cens  relevaient  du  clroit  privé. 

(2)  Voir  sur  Bridiers  la  courte  notice  que  le  regretlc  M 
lui  a  consacrée  dans  le  BuUelin  de  la  Société  archéQiogi<i 
t.  XL,  p.  398.  En  tl",  Henri  II,  roi  d'Angleterre   s'éUiv 


dierfi  et  l'avait  donné  aux  vicomtes  de  la  Bi 


rosse _ 


810  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQUE  DU    LIMOUSIN 

équitablement  toute  personne  qui  aurait  dans  ces  conditions  éprouvé 
quelque  dommage.  En  cas  de  contestation,  l'affaire  serait  portée 
devant  l*abbé  de  Saint-Martial  ou  son  prévôt,  en  leur  qualité  de 
seigneurs  justiciers  de  la  ville. 

Telle  est  Tanalyse  sommaire  de  l'arrêt  rendu  par  le  sénéchal  du 
roi  d'Angleterre.  La  commende  féodale  n'était  plus,  à  la  (in  dn 
moyen-âge,  qu'une  légère  redevance  payée  au  seigneur  suzerain. 
Elle  a  disparu  peu  à  peu,  a  mesure  que  s'adoucissait  la  législation 
sur  les  aobains. 

Quant  à  la  <c  commende  »  contractuelle,  elle  a  subi  de  profondes 
transformations.  Elle  existe  encore  dans  certains  pays  barbares  où 
les  étrangers  ne  peuvent  se  livrer  au  commerce  qu'en  prenant 
pour  caution  une  personne  du  pays.  Partout  ailleurs,  le  rôle  qui 
lui  était  naguère  dévolu  se  trouve  rempli  aujourd'hui  par  les  assu- 
rances, et  a  pris  une  extension  considérable. 

Rlcardus,  Dei  gratia  rex  Angliae,  dux  Normanniae,  Aquitaniae» 
comes  Andegavensis,  archiepiscopis,  episcopis,  abbatibus,  comi- 
libus,  vicecomitibus,  baronibus,  justiciariis,  senescallis,  prepositis, 
ballivis,  et  omnibus  minislris  et  fidelibus  suis,  et  omnibus  litteras 
istas  inspecturis  in  perpetuum. 

Notificamus  vobis  quod  judicium  et  mandatumquod  P.  Audierus, 
lune  seneschallus  a  nobis  in  Marchia  conslitutus,  super  contro- 
versia  et  lite  quae  inter  Isimberlum,abbalem  Sancli  Martialis  Lemo- 
vicensîs,  et  P.  Ardaeilo,  preposilum  de  Sublerranea,  et  ex  altéra 
parte  inter  burgenses  de  Sublerranea  vertebalur,  authoritate  et 
mandato  nostro  fecit,  nos  omnino  ratum  habentes,  firmum  et 
stabile,  sicut  in  hac  présent!  carta  adnolatum  continelur,  confirma- 
mus  et  prœcipimus  inviolabililer  observari. 

Hoc  est,  cum  prsBdictus  abbas  et  prsBpositus  de  Sublerranea, 
nobis  et  eidem  P.  Audiero  seneschallo  sa^pius  conquererentur  de 
Jacme  Barbo,  Willelmo  Barbo,  Aenrico  Barbo,  G.  Baisa  domna, 
P.  Barbo,  Ai.  Barbo,  Audiero  Barbo,Willelmo  Barbo, patruoeorum, 
et  P.  Mauseinal,  et  G.  Mauseinat,  et  Ai.  Mauseinat,  et  Willelmo 
Mauseinal,  et  de  pluribus  aliis  qui  homines  advenas  venientes  ad 
commandendum  in  villam  de  Sublerranea,  suo  dominio  et  servicio 
subdere  prsBsumebant,  et  eosdem  homines  contra  praedictum  abba- 
tem  et  preposilum  injuriose  tuebantur;  ila  quod  ah  eisdem  homi- 
nibus  idem  abbas  et  prasposilus  nullum  debitum  servitium 
poterant  habere.  Hoc  autem  idem  abbas  et  prœpositus  nobis  et 
illis  qui  in  loco  nostri  erant  conquerentes,  a  prsBdictis  burgensibus 
de  Sublerranea  injuriose  fieri  monstrarent,  cum  tola  villa  de  Sub- 
lerranea praediclo  abbali  et  praeposilo  in  omni  jure  dominii  et 
honoris  penitus  subjaceaf,  et  praedicti  burgenses  dominium  taie 
super  eos  in  villa  de  Sublerranea  non  debeanl  habere. 


DOCIMENTS  811 

Super  ergo  cum  idem  abbas  et  prœposilus  prsediclos  burgenses 
ut  a  tali  injuria  et  praBsumptione  desislerent,  diligenter  ssepius 
commonerent,  ipsi  burgenses  nihil  borum  facere  voluerunl;  ideo- 
que  jamdiclo  P.  Àudiero  seneschallo  praBcepimus,  ut  loco  noslri 
praediclam  litem  et  controvcrsiam  coram  se  ordine  judiciario  difli- 
niret.  Unde  prsBdiclus  P.  de  prudenli  virorum  consilio  utramqiie 
partem  ante  se  convocavit.  Qui  cum  in  unum  convenirent,  idem 
burgenses,  fide  praestila  datisque  Gdejussorum  securitatibus,  eidem 
P.  Âudiero  seneschallo  et  abbali  et  prsBposilo  concesserunt  super 
îlla  causa  et  controversia  ejusdem  P.  Âudierii  judicio  et  mandate, 
sine  omni  contradictione  parère.  Simililer  prasdictus  abbas  jam- 
dicto  P.  id  ipsum  se  prosequuturum  in  verbo  veritatis  promisit. 
Cum  autem  burgenses  judicio  et  mandate  ejusdem  P.  seneschalli, 
sicut  praedicto  modo  promiserant  parère,  noluissent,  ipse  P.  senes- 
challus  partem  utramque  ad  nostram  praesenliam  convocavit. 

Nos  autem,  audientes  causam,  jam  saepe  dicto  seneschallo  eam 
judicio  terminare  praecepimus.  Ipse  vero  P.  Âudierus  juxta  manda- 
tum  nostrum  et  consilium  prudentum  virorum  qui  alTuerant  utram- 
que partem  apud  Sanctum  Valericum  convocavit  coram  se,  prseci- 
piens  abbati  et  praeposito  et  burgensibus  ex  parte  nostra  et  sua, 
ut  judicium  et  mandatum  ex  parle  nostra  fecimus,  sicut  subscrip- 
tum  est,  tam  ipsi  quam  posteri  sui  super  bac  causa  ratum  in  per- 
peluum  conservarent. 

Prseffatus  vero  P.  seneschallus  causam  illam  tali  judicio  diffinivit 
et  formam  ejusdem  judicii  ex  parte  nostra  et  sua,  eidem  abbati  et 
prseposito  et  burgensibus  taliter  perpétue  observandum  mandavit, 
ut  homines  de  Bridaires,  qui  vénérant  ad  commandendum  apud 
Subterraneam  qui  fuerant  homines  militum  de  Bridaires,  quos 
dederant  burgensibus  de  Sublerranea  cum  marilagio  filiarum 
vel  neptum  suarum,  praedictorum  burgensium  dominio,  salvo  jure 
abbatis  et  praepositi,  subjaceant. 

Si  autem  burgenses  a  praedictis  militibus  homines  emerant  vel 
pignore  acceperant,  vel  alio  modo  sibi  acquisierant,  abbas  et  prae- 
posilus  eos  recuperarent,  reddita  burgensibus  illa  pecunia,  quae 
burgenses,  praestilo  sacras  religionis  juramenlo,  pro  eisdem  homi- 
nibiis  se  dédissent,  firmarenl.  Haec  burgenses,  deinceps  homines 
miiilum  apud  Subterraneam  manentes,  ab  eisdem  militibus  loco 
pignoris,  vel  vendicionis,  vel  quolibet  alio  modo  accipiant. 

Gonsuetudo  etiam  est  quod  si  homines  militum  de  Bridaires 
venerintad  commandendum  apud  Subterraneam, eorumdem  militum 
de  Bridaires  dominio,  in  eadem  villa  de  Subterranea  dum  manse- 
rint,  salvo  jure  et  dominio  abbatis  et  praeposili,  subjacebunt. 

Conclusit  etiam  sub  eodem  judicio  sappedictusP.  ut  omnes  homi- 


812  socièrè  archéologique  et  historique  du  limousin 

nés  advenae  manentes  in  villa  de  Subterranea  et  Imredes  eorum, 
absque  coDlradiclione  in  omni  jure  et  dominio  abbatis  Sancti 
Martialis  Lemovicensis  et  praeposilo  de  Subterranea,  prorsus 
subdili  (eneanlur.  Quod  si  bomines  advena^  pro  redditu  vel  censu 
domus  aut  terras  suae  aut  alicui  burgensi  (enentur,  eumdem  censom 
eidem  burgensi  reddant.  Idem  si  praBdictî  advenaa  alicui  burgensi 
pro  commenda  duo  vel  très  denarios,  vel  amplius  persotvunt, 
praedictus  abbas  et  praepositus  illos  denarios  vel  aliam  rem  corn- 
mendsB,  elsdem  burgensibus  extra  viiiam  de  Subterranea  in  diclo 
loco  reddant  et  assignent.  Quod  sicut  praBdicti  advenue  et  hsBredes 
eorum  ecclesiae  Bealœ  Marias  de  Subterranea  et  abbati  Sancli  Mar- 
tialis et  prasposilo  de  Subterranea  in  oroni  jure  et  doipinio  et 
servilio  semper  lenebuntur  subjecti.  Quod  numquam  amplius 
praedicti  burgenses  ab  aliquo  homine  in  saepe  dicta  villa  homagiam 
accipiant  vel  commendam.  Si  vero  aliquis  hominum  abbatis  et 
pra&positi  de  Sublerranea  alicui  militum,  ut  securius  eat  et  redeat 
ad  fora  et  ad  alia  negotia  sua  quandiu  sibi  placuerit,  commendam 
solverit,  et  miles  illam  commendam  alicui  burgensi  de  Subterranea 
dederit,  vel  vendideril,  vel  pignori  obligaverit,  in  voluntate  ait 
hominis  illius  illam  non  reddere,  vel  reddere.  Si  autem  bomines 
praedicti  militibus  commendam  jure  baBredilario  debebant,  et  mili- 
tes eamdem  commendam  burgensibus  dederant,  vel  vendiderant, 
vel  pignori  obligavcrant,  quamdiu  burgenses  eos  deffensaverint, 
illam  commendam  habeant. 

Quod  si  bomines  in  custodia  burgensium  damnum  incurrerint, 
burgenses  illud  damnum  prasdiclis  hominibus  restituent.  Et  post 
damni  reslitutionem,  sit  in  volunlate  burgensium,  si  ipsi  commen- 
dam voluerint  accipere,  sibi  tali  pacto,  ut  quicquid  bomines  sub 
custodia  illorum  admillent,  ipsi  burgenses  eis  restituant.  Et  ne 
super  bis,  lis  aut  contentio  aliqua  in  posterum  emergeret,  ipse 
P.  Audierus  senescliallus  ex  parle  noslra  et  sua  saepe  dictum  abba- 
tem  et  praspositum  de  bis  omnibus  prasdictis  inveslivit,  et  semper 
investiios  esse  praecepil,  loco  nostri  et  auctoritale  nostra  et  sua 
flrmiler  burgensibus  prascipiens,  ut  ipsi  et  haeredes  eorum  hanc 
prasseripti  judicii  formam  in  omnibus  et  per  omnia  illassam  et  incon- 
cussam  perpetuo  servarent,  bis  praesentibus  et  subscriplis  testibus  : 

Rad.  de  Morlamar,  Willelmo  de  Mastac,  Eschivat  de  Ghabaneis, 
Guiddone  de  Narlac,  Willelmo  Galvo,  Iterio  de  Magnac,  Auberto 
seneschallo,  Ai.  Bru,  P.  de  Gaslro  Novo,  Rampn.  de  Salainac,  Ym- 
berto  Guidone,  B.  de  Floirac,  Audierio  Sarrazi,  Helia  de  Axia, 
B.  de  Boisoil,  Willelmo  de  Sancto  Ylario  et  pluribus  aliis,  quorum 
omnium  consilio  et  assensu  omne  quod  pronuaciatum  est,  factum 
fuit  et  judicio  diffinitum. 


bOCUMENTâ  81d 

Actum  anno  Incarnai!  Verbi  M»  C*  XC«  V*.  Cujus  quidem  lenor 
prœscripti  jadicii,  ut  firmus,  stabilis  et  inviolabilis  perseveret,  nos 
eum  sigilli  nostri  auctorilate  et  appositione  communiri  fecimus  et 
consignari.  T.  Willelmo  de  SanciaB  Mari»  ecclesia  in  Norwi.,  archi- 
diacono,  Roberto  et  Basd.  et  Johello  cappellanis  nosiris,  Willelmo 
de  Stagno  et  plaribus  aliis.  Data  per  roanum  magistri  Eustachii, 
Sar.  decani  tune  agentls  vicem  cancellarii,  XXV  die  martii  apud 
insulam  Andeliatam.  Anno  VII^  regni  nostri. 


II 

Concession  par  Vabbé  de  Saint-Martial  du  domaine  d*Aigueper$e 
à  des  moines  de  l'abbaye.  Avril  1223  (1) 

Au  commencement  du  XIII*  siècle,  les  communautés  religieuMs 
du  Limousin  —  et  notamment  la  plus  célèbre  d*entre  elles,  Tabbaye 
de  Saint-Martial  —  se  trouvaient  posséder  un  patrimoine  considé- 
rable. Enrichies  par  la  muniticeuce  des  princes  ou  des  seigneurs, 
par  la  piété  des  Qdèies,  elles  étaient  devenues  propriétaires  de 
nombreux  domaines  sitnés  souvent  dans  des  diocèses  fort  éloignés. 
Il  serait  intéressant  de  connaître  la  façon  dont  ces  immeubles 
étaient  mis  en  valeur.  Les  textes  sont  malheureusement  fort  incom^ 
plets  à  cet  égard.  Autant  que  nous  pouvons  en  juger,  il  semble  que, 
Jusqu'au  XII*  siècle,  le  chapitre  de  la  plupart  des  abbayes  sur- 
veillât directement  l'exploitation  des  biens  relevant  de  la  mensé 
conyentuelle  (2).  Celte  manière  de  procéder  n'était  pas  sans  pré-^ 
senter  de  nombreux  inconvénients.  Le  chapitre  ne  pouvait  se  trans^ 
porter  sur  les  lieux;  il  était  obligé  de  régler  à  dislance  les  queslIOM 
les  plus  importantes.  Or,  la  culture  s'accommode  mal  d'une  direction 
impersonnelle  et  lointaine.  Aussi  toyons-nous,  vers  la  fin  du 
XI*  siècle,  ces  chapitres  renoncer  à  ces  anciens  errements  dans  la 
plupart  des  cas  et  répartir  entre  leurs  différents  membres  le  soin 
de  s'occuper  spécialement  de  tel  ou  tel  des  domaines  appartenait 
au  monastère.  Dans  les  endroits  éloignés,  ils  envoyèrent  à  demeure 

(1)  L'original  de  cette  pièce  est  conservé  aux  Arch.  départ,  de  la 
Haute-Vienne,  n*  prov.  7828. 

(2)  Jusqu'au  XII«  siècle,  on  voit  dans  tous  les  actes  figurer  1  abbé  et 
le  couvent  de  Saint-Martial  ;  c'est  seulement  à  partir  de  cette  époque 
q«e  Ton  trouve  trace  de  Tinterveation  personnelle  de  tel  ou  tel  moine, 
soit  pour  la  gestion  d'un  domaine  -^  comme  dans  la  pièce  que  nous 
paW«Mw  —  soit,  quelque  ciaquante  ans  plus  tard,  pour  la  direction  d'un 
des  offices  principaux  de  l'abbaye,  comme  la  pitaaceitc  .ou  la  cellérerie. 

T.  LV  54 


814  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

quelques-uns  de  leurs  religieux  el  fondèrenl  des  prieurés.  Dans  les 
localités  plus  rapprochées,  les  moines  purent  surveiller  leurs  terres 
sans  être  obligés  d*habiter  sur  place  et  continuèrent  à  résider  dans 
Tabbaye.  La  pièce  que  nous  publions  ci-dessous  donne  à  cet  égard 
des  détails  fort  précis.  Elle  est  datée  de  1223  et  relative  à  la  mise 
en  valeur  du  domaine  d'Aigueperse,  aux  environs  de  Limoges. 

L'abbé  de  Saint-Martial  —  tout  en  s*en  réservant  le  dominium  — 
en  fait  donation  au  chapitre  qui  le  rétrocède  à  quatre  de  ses  mem- 
bres (1).  Ceux-ci  le  posséderont  leur  vie  durant;  à  la  mort  de  Tun 
d'eux,  la  pari  du  défunt  accroîtra  celle  des  survivants.  Le  domaine 
se  compose  d'un  étang,  de  deux  moulins,  de  deux  prés  et  de  terres 
attenantes.  Les  religieux  en  dirigeront  rexploilalion  à  leur  gré.  Ils 
pourront  dessécher  l'étang  s'ils  le  jugent  à  propos  et  le  livrer  à  la 
culture  (2).  De  môme,  ils  pourront  faire  valoir  les  terres  directe- 
ment ou  les  donner  à  cens  à  des  cultivateurs.  En  ce  cas,  Tabbé  et 
le  chapitre  devront  accorder  leur  investiture  aux  colons  ainsi  dési- 
gnés. Comme  contre-partie  à  la  concession  qu'ils  reçoivent,  les 
religieux  s'engagent  à  servir  au  couvent  une  rente  annuelle  de 
10  livres,  payable  en  quatre  termes.  S'ils  parviennent  à  retirer  de 
leur  exploitation  des  bénéGces  supérieurs,  ils  auront  la  faculté  de 
les  affecter  à  des  services  anniversaires  que  le  couvent  se  chargera 
d'assurer  pour  le  repos  de  leur  âme.  Après  la  mort  du  dernier  sur- 
vivant, le  domaine  fera  retour  au  couvent.  Celui-ci,  suivant  les  cir- 
constances, en  aura  la  jouissance  directe  et  immédiate,  ou  conti- 
nuera seulement  à  percevoir  les  cens  au  cas  où  les  terres  auraient 
été  affermées,  k  partir  de  ce  moment,  l'abbé  rentrera  eu  possession 
des  droits  de  lods  et  ventes  et  d'accapte,  auxquels  il  renonce 
momentanément.  I^  pièce  que  nous  venons  d'analyser  est  à  rap- 
procher d'un  document  analogue  publié  par  M.  Louis  Guiberl  (3) 
et  concernant  la  mis^  en  valeur  du  domaine  de  la  Déliade.  Ce 
domaine  appartenait  également  a  Tabbaye  de  Saint-Martial  et  fut 
concédé  à  la  môme  époque  —  en  1224  — -  à  un  des  religieux  du 
monastère.  La  concession  en  fut  faite  à  des  conditions  presque 


(1)  Ces  quatre  religieux  sont  :  Hugues  de  Charrières,  cellérier  du  vin, 
mentionné  à  deux  reprises  dans  les  Chroniques  de  Saint-Martial,  édition 
Duplès-Agier,  p.  258  et  273;  Hélie  Confolent,  prévôt  de  Rosier  (arr.  de 
Brive,  Corrèze)  ;  Jacques  Chaucha,  prévôt  des  Combes  à  Limoges,  et 
P.  de  Pratmi,  prieur  de  Mansac  (arr.  de  Brive,  Corrèze). 

(2)  L'étang  d*Aigueperse  a  été  desséché  en  cette  même  année  1223* 
Chroniques  de  Saint-Martial,  éd.  Duplès-Agier,  p.  115,  146  et  117. 

(3)  Louis  Guibert.  BulL  hist,  du  Comité  des  trav,  hist,  et  phUologi- 
ques,  année  1891,  p.  10  et  ss. 


DOCUMENTS  81 5 

semblables.  Ces  deux  docaments  moQlrenl  de  quelle  manière  le 
monaslëre  organisait,  au  XIIP  siècle,  Texploilalion  de  ses  biens. 
On  voil  qu'à  la  direction  collective  du  chapitre  il  avait  senti  la 
nécessité  de  substituer  Tinitiative  individuelle  de  tel  ou  tel  de  ses 

membres. 

* 
♦  » 

Âd  presencium  et  futurorum  noliciam  volumus  pervenire  quod 
nos  Willelmus  abbas  S.  Harcialis  libère  et  absolute  contulimus 
convontui  monachorum  nostrorum  S.  Martialis  stagium  Àque 
Sparse  cum  piscibus,  et  duo*  prala  et  duo  molendina  et  terram  cuU 
tam  et  incultam,  prout  P.  Sudraus  et  P.  Durans  habere  solebant  et 
possidere.  Conventus  auteni  cum  aucloritate  et  assensu  noslro 
omnia  supra  dicta  dedlt  et  concessit  Hugoni  de  Charrieiras  lune 
temporis  cellerario  vini;  Helie  Cofolent  tune  prcposito  de  Rosier; 
Jacobo  Chauchagrua  preposito  de  Cumbis;  P.  de  Pratmi,  priori  de 
Mansac,  fratibus  nostris,  quamdiu  vixerint  paciflce  habendo  et  pos- 
sidendo,  [et  quod]  sivoluerint  stagium  nominatum  possint  redigere 
ad  culturam,  vel  in  eodem  statu  in  quo  est  delinere.  Decimam  vero 
dicti  loci  eisdem  contulimus  quamdiu  prefalus  Jacobus  vixerit, 
postmodo  ad  nos  revertetur.  Hoc  tamen  adjunctum  fuit,  quod  si 
Yoluerint  per  se  retinere  sive  aliis  quibuslibet  tradere  ad  culturam 
ascensare  perpetuo  vel  alio  modo  prout  voluerint,  [hoc  faciendi] 
habeant  potestatem.  Verum  si  de  uno  ex  illis,  quatuor  vel  de  duo- 
bus,  vel  etiam  de  tribus  humanitus  contigerit,  pênes  superstites 
vel  superstitem  sub  premissa  forma  heedem  remaneant  posses- 
siones  et  jure;  addilum  etiam  fuit  quod  si  per  istos  quatuor  vel  per 
pautiores,  si  (]e  aliis  humanitus  eveniret,  memorate  possessiones  vel 
pars  earum  darentur  perpetuo  ad  censam,  nos  tanquam  dominus 
tenemur  concedere  et  eos  quos  ipsi  voluerint  investire  ;  nec  propter 
concessionem  hujusmodi  debemus  aliquid  percipere,  quoniam 
dicti  IIII*"'  vel  quilibet  eorumdem,  quando  de  aliis  humanitus  con- 
tigerit, debent  habere  vendiciones  et  acaplamenta;  et  postdeces« 
sum  dictorum  IIIP'  ad  nos  dominium,  vendiciones  et  acaplamenta 
devolvenlur.  Idem  etiam  (iet  per  omnia  si  illi  qui  possessiones 
predictas  vel  partem  earum  ad  censam  rcceperint,  eas  aliis  volue- 
rint ascensare,  quatuor  prcdictis  sublatis  de  medio,  prefate  pos- 
sessiones seu  redilus  earumdem  prout  ipsi  voluerint  disponere, 
redibunt  ad  conventum  a  dominio;  vendicionibus  et  dccima  nobis 
in  inlegrum  reservatis.  Nos  autem  a  conventus  relinuimus  super 
nominatis  possessionibus  X  Ubras  annualim  redduales;  et  si  ali- 
quid de  redditu,  exceptis  X  libris,  residuum  fuerit,  nominati  IIH'*' 
ad  profectum  conventus  possunt  assignare  ad  anniversarium 
saam,  vel  ad  festum  [ad  hoc]  celebrandum,  prout  ipsi  maluerint, 
nec  possunt  alio  modo  alienare.  Si  vero  nominati  P.  Durans  et 


816  SOGléTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

P.  Sudraus  vcl  quisquam  alius  movcril  aliquam  quesUonem  fel 
querelam,  pro  hisdem  (sic),  possessionibns  contra  convenlom  fel 
IIII*"  supradictos  vel  illos  qui  babercot  causam  ab  eis,  dos  tenemur 
in  propriis  expeosis  deffendere  et  garentire,  decem  autem  libre 
solvende  sunt  lalibus  terininis,  videlicet  LX  solidi  in  reocla- 
bis  Pasche  et  alie  LX  die  quo  anniversarium  Hysimberli  qocodam 
abbatis  noslri  celebratur,  XL  in  feslo  B.  Micbaelis  et  XL  io  nati- 
vitate  Dotnini  sequenti.  Acturo  anno  gracie  MH^C^'XX*!!!*  mense 
aprilis.  Quod  ad  majorem  firmitalem  dos  et  coDTentus  Hueras 
patentes  dedimus  sigillorum  nostrorom  munimine  roboratas. 


Inscription  d'une  plaque  de  cuivre,  mesurant  0^f9  sur  O'^SS, 
encastrée  jadis  dans  un  mur  du  Naveix  pour  indiquer  les  amen- 
sions  Ugales  de  fabal  de  bois  (1594.) 

DE  PAR  LE  ROY 
ET  MESSIEURS  LES  JUGES  DE  LA  POLICE 

DE  U  VILLE  DE  LIMOGES 
IL  EST  INHIBÉ  ET  DÉPENDU  AUX  PREVDSTZ 
DU  NAVEIX  DE  PRENDRE  PLUS  HAUT  DE  DEtIX 
BUSCHES  CHASCUN  POUR  ABAUT  DE  BOTS 
ET  LES  MERCQUEURS  CHASCUN  UNE  BUSCHB 
QUI  EST  DEUS  POUR  ABAUT 
ET  CEULX  QUI  VANDRONT  LE  DICT  BOTS 
FERONT  LES  ABAUt[s]  BONS  ET  MARCHANOZ 
ET  DES  MESURES  ET  GRANDEURS  ANCIENNES, 
AUX  PEYNES  PORTÉES  PAR  LES  ORDONNANCES 
ET  REGLEMENTZ  ANCIENS.  FAICT  LE 
15^  JOUR  DE  FEBVRIER  1594 

Communication  de  j/.  A,  Leroux  d'après  r original  consené  iant 
le  cabinet  deiiJe  Secrétaire  en  chef  de  l'Hôpital  général  de  Limoges  J 


Nomination  d'un  collecteur  à  Saint-Auvent  { 1 744  J 

Aujonrdbuy  dimanche  sixième  décembre  mil  sept  cents  quarante 
qtiatre,  à  Fissne  de  la  messe  paroissiale  du  bourg  et  paroisse  de 
Saint-Auvent  qui  a  été  célébrée  en  Téglise  de  Saint-Gyr  à  canse  de 
Tinterdit  de  celle  de  Saint-Auvent,  en  la  place  publique,  an  Bon  de  la 
cloche  à  la  manière  ordinaire,  devant  nous  no'*'  royaux  de  la  sénés- 
chaussée  de  Hontmorillion  soussignés,  ont  comparu  en  teors  per* 
sonnes  François  Musnier  du  village  de  la  Benfae  et  Martial  Gorce 
du  village  du  Peyrat,  le  tout  paroisse  de  Saint-Anvent,  (ousdeai 
sindis  dlcelle  ditte  paroisse,  tesqueb  tn  parlant  onixi.  baMtaas 


DOCUMENTS  817 

leur  ont  remontré  que  Pierre  Javerliat  du  village  de  LAge,  p»^<^  pa- 
roisse de  Saint-Auvent,  qui  était  sur  le  tableau  de  la  coUonne  des 
collecteurs  pour  Tannée  prochaine  mil  sept  cents  quarante  cinq,  et 
quUI  leur  a  fait  signifier  une  senlance  par  luy  obtenue  par  deffaud 
à  l'élection  de  Gomfolens,  portant  sa  descharge  de  collecteur  comme 
étant  septuagénaire,  par  acte  de  Laurent,  sergent  royal,  du  vingt 
six  novembre  dernier,  duement  controUée.  Ainsi  par  conséquant 
led.  Javarliac  n^est  plus  en  état  de  passer  par  la  collecte,  ce  que 
lesd.  habitans  ne  peuvent  pas  ignorer  puisque  cella  se  justifle  par 
la  sentence  par  luy  obtenue  en  lad.  élection,  le  deux  novembre 
dernier,  duement  en  forme,  lesquels  sindicts  demendent  et  requiè- 
rent que  lesd.  habitans  convoqués  et  assemblés  ayenl  a  nommer  un 
collecteur  au  lieu  et  place  du  d^  Javerliat,  telle  personne  qu*iU 
adviseront  et  ont  déclaré  ne  scavoir  signer.  A  quoi  se  sont  pré- 
sentés :  s' François  Guaspard  de  Soudanes,  m' chirurgien,  M*  Fran- 
çois Demarcilliat,  no'*,  Jean  Glanisson,  m^,  François  Allegraud, 
Léonard  Devillard,  Léonard  Glanisson,  Sibard  Lemasson,  Junien 
Hellias,  Etienne  Fanet,  faure,  Jean  Vareille,  aussi  faure,  Léonard 
Javellaud,  laboureur,  Martial  Boissaud,  Augustin  Monnerie,  Eslienne 
de  la  Brunie,  Martial  Fanet,  Pierre  Joubert,  Léonard  Gravellat,  s' 
de  la  Gasne,  Anlhoine  et  Jean  Nénert,  taillieurs  d*abits,  François 
Frugiers  et  plusieurs  autres  habitans  dud.  {bourg  et  paroisse  de 
Saint-Auvent,  faisant  la  plus  grande  et  majeures  partie  des  princi* 
paux  habitans,  lesquels  après  avoir  examiné  la  remontrance  desd. 
sindicts,  unanimement  et  d*une  mesme  voye  ont  dit  et  déclaré  qu'il 
est  vray  que  led.  Javerliat  est  septuagénaire,  et  mesme  qu*il  en  est 
déchargé  suivant  la  d*  sentence  ci  dessus  dattée,  et  qull  convient 
d'en  nommer  un  à  son  lieu  et  place  pour  être  collecteur  pour 
l'année  prochaine  1745;  lesquels  d.  sindicts  nomment  pour  collec- 
teur pour  la  d'  année  prochaine  la  personne  de  Pierre  Delagarde, 
demeurant  au  village  des  Besses,  paroisse  dud.  SaiolAuvent,  qu'ils 
ont  testé  et  certifié  être  bon  et  capable  et  sufisant  pour  la  d*  charge. 
Lecture  faille  ont  persisté;  dont  et  du  tout  a  été  par  nous  no'*'  sous- 
signés fait  et  concédé  acte  pour  servir  et  valloir  en  temps  et  lieu;  et 
ont  les  soussignés  signés;  les  autres  ont  déclaré  ne  sçavoir,  de  ce 
interpellés. 

GuNissoif,    Dbmargilhat  ,    Dbsodbsdane  ,   F.   Allegrado, 

Léonard  Dbvilurd,  Lagasnb,  no'*  royal,  Léonard  Javbi*^ 

uuo,  TouTÉRAs,  nof*  royal. 

GonlroUé  à  Saint-Auvant  (1)  ce  trois  descembre  i744,  resu  donze 
sols.  Dbsoubsoanb,  commis. 

{Communication  de  M.  G.  Touyéras,) 

(1)  Gh.-l.  de  canton  de  Tarrond.  de  Rochechouart. 


818  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

Copie  d'actes  relevés  sur  les  registres  de  la  commune  de  Bonnac, 
relatifs  à  la  famille  de  SombreuiL  —  XVIW  siècle 


Mariage  de  Charles  Viraud  de  Sombreuil  avec  Marie-Madeleine  des  Flottes 

[41  décembre  4166) 

L*an  mil  sept  cent  soixante  six  et  le  onze  décembre,  après  la 
publication  faite  en  Tëglise  de  Saint-Micbel-des-Lions  d'un  seul  ban 
de  mariage  entre  messire  Charles  Viraud,  chevalier,  seigneur  de 
Sombreuil,  brigadier  des  armées  du  roi  et  colonel  commandant  du 
régiment  de  Bercheny-hil^sards,  fils  majeur  de  défunt  messire 
Noël  Viraud,  chevalier,  seigneur  de  Sombreuil,  et  défunte  dame 
Marianne  Rochin  de  la  ville  d'Buningen  en  Alsace,  d*une  part,  et 
demoiselle  Marie-Madeleine  des  Flottes,  (ilie  de  messire  Joseph 
Clément  des  Flottes,  écuyer,  seigneur  de  rEychoisier  et  de  Bonnat, 
et  de  dame  Marie-Anne-Françoise  des  Marais,  ses  père  et  mère,  tous 
habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Michel-des-Lions.  Vu  le  congé  de 
M' le  curé  de  Saint-Michel,  signé  de  Frcssanges,  ensemble  la  dis- 
pense des  deux  autres  bans  et  du  tems^  les  ai  fiancés  suivant  la  per- 
mission de  Monseigneur  l'évéque  de  Limoges,  solennellement  conjoints 
en  mariage  et  donné  la  bénédiction  nuptiale  en  présence  de  messire 
Joseph  Clément  des  Flottes,  père  de  réponse,  de  messire  Jean- 
François  Renaudin,  chevalier,  seigneur  de  Puynège,  de  Joseph 
Ducirier,  laquais  deM^  de  l'Echoisier,  et  de  Nicolas  Houpert,  laquais 
de  M'  de  Sombreuil,  qui  ont  signé  avec  mol,  excepté  le  sieur  Duci- 
rier qui  a  déclaré  ne  savoir  signer,  de  ce  enquis. 

Teulier,  curé  de  Bonnat. 
Des  Flottes  de  Leychoisier. 
Regnaudin.  Nicolas  Houpert 

Viraud  de  Sombreuil. 
Marie  Magdeleine  Deflotte  de  rEychoisier. 

Naissance  et  baptême  de  AT**  de  Sombreuil^  22  mai  4767  et  44  février  4768 

L'an  mil  sept  cent  soixante  huit  et  le  quatorze  février,  a  été  bap- 
Usée  demoiselle  Jeanne-Jacques-Marianne-Françoise  Viraud,  fille 
de  messire  Charles-François  Viraud,  chevalier,  seigneur  de  Som- 
breuil, brigadier  des  armées  du  roi,  colonel  commandant  le  régi- 
ment des  hussards  de  Bercheny  et  de  dame  Marie-Madeleine  des 
Flottes  de  rEychoisier,  sa  femme,  née  au  château  de  rEychoisier, 
le  vingt-deux  mai  de  la  présente  année,  et  a  été  portée  sur  les  fonds 


DOCUMENTS  819 

de  baptême  par  messire  Charles-François-Louis  de  Villelume,  che- 
valier, seigneur  de  Châmborél,  lieutenant  dans  le  réginient  des 
grenadiers  de  France,  au  nom  et  en  la  place  de  messire  Jean- 
Jacques  Maarille  Michaud,  chevalier,  seigneur  de  Montaran,  con- 
seiller du  roi  en  son  grand  conseil  et  intendance  du  commerce  à 
Paris,  en  vertu  de  Tacle  de  sa  procuration  en  date  du  29  décembre 
mil  sept  cent  soixante  sept,  et  par  dame  Marie-ÂnneFrançoise 
Desmarais  de  TSychoisier,  grand  mère  de  l'enfant,  qui  ont  signé 
avec  moi,  Teulier,  curé  de  Bonnat. 

Des  Marais  de  TÂychoisier.  Villelume. 


Naissance  et  baptême  de  François-Antoine  Ladislas  de  Sombreuil, 
23  septembre  et  31  décembre  1768,  Guillotiné  le  17  juin  1794 

L'an  mil  sept  cent  soixante  huit  et  le  trente  et  un  décembre,  a  été 
baptisé  François-Antoine  Ladislas  Viraud,  fils  naturel  et  légitime  (1) 
de  messire  Charles-François  Viraud,  chevalier,  seigneur  de  Som- 
breuil,  brigadier  des  armées  du  roi,  colonel  commandant  le  régiment 
de  Bercheny,  et  de  dame  Marie-Madeleine  des  Flottes  de  rEychoisier, 
né  au  château  de  rEychoisier  le  vingt  trois  septembre  de  la  présente 
année;  et  a  été  porté  sur  les  fonds  de  baptême  par  sieur  Nicolas  Hou- 
pert  et  Marie  Barde,  laquais  et  nilë  de  chambre  de  M' le  m.  de  Som- 
brenil,  au  nom  et  en  la  place  de  messire  François-Antoine  Ladislas 
comte  de  Bercheny,  mestre  de  camp  d'un  régiment  de  cavalerie 
hongroise,  gouverneur  des  ville  et  château  de  Gommercy  et  capi- 
taine des  chasses,  chevalier  non  profès  de  l'ordre  de  Saint*Jean 
de  Jérusalem,  cy  devant  premier  gentilhomme  de  la  chambre  du 
feu  roi  de  Pologne,  duc  de  Lorraine,  et  grand  écuyer  en  survivance 
et  bavois  (?),  et  de  dame  Aniesse- Victoire  de  Rage,  comtesse  de  Ber- 
cheny, dame  de  Mesdames;  en  vertu  de  leur  procuration  et  consen- 
tement les  parrain  et  marraine  délégués  ont  signé  avec  moi,  Teulier, 
curé  de  Bonnat,  approuvant  Vinterligne. 

Marie  Barde.  Nicolas  Houpert. 


Naissance  et  baptême  de  Charles  de  Sombreuil  (11  juillet  /770),  général 
au  débarquement  de  Quiberon,  fusillé  au  champ  des  Martyrs 

L'an  mil  sept  cent  soixante  dix  et  le  onze  juillet,  a  été  baptisé 
Charles-Eugëne-Gabriel,  fils  de  messire  Charles-François  Viraud, 

(1)  Le  mot  légitime  a  été  ajouté  en  marge. 


890  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE   BT  HiaTORIQUE   DU  LIMOUSIN 

chevalier,  selgueor  de  Sombreuil,  maréchal  des  camps  et  armées 
du  roi,  et  de  dame  Marie-Magdeleine  des  Flottes  de  rEychoisier,  ses 
père  et  mère,  né  le  même  jour  au  ch&leau  de  rEychoisier.  A  été 
tenu  sur  les  fonds  baptismaux  par  messire  Joseph  Clément  des 
Flottes,  écuyer^  seigneur  de  rEychoisier  et  de  Bonnat,  son  grand- 
père,  au  nom  et  place  de  haut  et  puissant  seigneur  messire  Charles- 
Eugène-Gabriel  de  la  Croix,  marquis  de  Castries,  chevalier  des 
ordres  du  roi,  lieutenant-général  de  ses  armées,  maître  de  camp  de 
la  cavalerie  de  France,  général  de  la  gendarmerie,  gouverneur  dQ 
Montpelier  ei  lieutenant  du  roi  du  Lionnais  et  Forest,  et  par  demoi- 
selle Marie-Anne  des  Flottes  de  rEychoisier,  sa  tante,  qui  ont  signé 
avec  moi,  Teulier,  curé  de  Bonnat. 

Marie  Desflottes.  Des  Flottes  de  L'Eychoisier. 

{Communication  de  ilf. ...?..  ). 


Mémoire  pour  le  chapitre  de  Saint- Martial  de  Limoges, 

29  août  i 7 86 

Les  abbé,  chanoines  et  chapitre  de  l'église  royale,  collégialle  et 
séculiè^e  de  Saint-Martial  de  la  ville  de  Limoges,  exposent  que 
cette  église,  la  plus  ancienne  du  royaume,  bâtie  sur  le  tombeau 
de  saint  Martial,  apôtre  de  l'Aquitaine,  a  toujours  été,  comme  elle 
Test  encore,  sous  la  protection  spéciale  de  nos  rois. 

Pépin,  roi  d'Aquitaine,  Tempereur  Louis-le-Débonnaire,  qui  la 
rebâtit,  Charlesle-Chauve,  Philippe  de  Valois  et  Louis  XI,  tous 
à  rexemple  de  leur  prédécesseur,  comme  ils  le  disent  dans  leurs 
chartes,  lonl  mise  en  termes  exprès  sous  leur  sauve-garde  et  celle 
des  rois,  leurs  successeurs,  et  lui  ont  promis  de  la  protéger  toujours 
a  l'avenir  d'une  manière  particulière. 

François  I*'  s'interressa  à  sa  sécularisation  en  termes  infiniment 
flatteurs  pour  cette  église,  a  qui  il  renouvelle  formellement  la  pro- 
tection de  son  thrône  et  la  déclare  de  fondation  royale. 

Agitée  dans  différents  temps  par  plusieurs  querelles  étrangères, 
nos  rois  sont  venus  succesMvemenl  à  son  secours  et  presque  tous  lui 
ont  accordé  quelque  faveur. 

Henry  quatre,  dont  la  mémoire  sera  à  jamais  chère  à  la  nation, 
est  venu  en  personne  rendre  son  hommage  à  St-Martial,  et  nos 
registres,  moins  encore  que  nos  cœurs,  conservent  précieusement 
le  souvenir  de  ses  bienfaits. 

Ce  court  appercu  des  bontés  précédentes  de  nos  souverains 


DOCUMENTS  821 

pour  réglise  de  St-Marlial  et  la  certitade  bien  consolante  qu*elle 
n'eD  est  pas  moins  digne  aujourd'hui,  suffiroit  sans  doute  pour 
attester  sa  célébrité  et  la  garantir  de  tout  projet  destructeur. 

Mais  nous  exposons  encore  que  celte  église  est  et  a  toujours  été 
dépositaire  du  chef  de  saint  Martial,  Tune  des  plus  authentiques 
reliques  de  ce  royaume;  que  cette  relique  précieuse  est  Tobjet 
constant  de  la  profonde  vénération  de  la  ville  de  Limoges,  de  la 
province  et  des  provinces  voisines,  et  qu'elle  attire  habituellement, 
et  plus  encore  a  certaines  époques,  un  concours  prodigieux  a 
cette  église  où  elle  est  soigneusement  gardée  sous  huit  clefs  diffc- 
rentes,  partagées  entre  le  corps  municipal  et  le  chapitre. 

Ce  culte  et  ce  concours  ont  rassemblé  naturellement  autour  de 
cette  église  toutes  les  maisons  des  commerçants  qui  forment  prin- 
cipalement, comme  on  le  sait,  la  ville  de  Limoges,  dont  la  popu- 
lation est  réputée  de  vingt-deux  milles  âmes.  Il  n'y  a  dans  le  centre 
de  cette  ville  d'autre  église  capitulaire  que  celle  de  St-Marlial  ; 
c'est  véritablement  l'église  de  la  ville;  le  corps  municipal  y  a  des 
droits  incontestables,  la  juridiction  consulaire  y  fait  célébrer  toutes 
ses  fêtes,  et  tous  les  ordres  des  citoyens  y  trouvent  au  besoin  et 
en  abondance  toute  espèce  de  secours  spirituels, confesseurs,  ser- 
mons pendan  il' Avant  et  le  Carême,  messes  et  entre  autres  une  messe 
matutinale  pour  les  voyageurs,  ouvriers  et  domestiques,  établie 
dans  celte  église  par  ^rretdu  parlement  de  Bordeaux. 

Ainsi  placée  au  centre  de  Limoges,  et  au  milieu  de  ses  habilans, 
l'église  de  St-Martial,  pour  se  servir  de  l'expression  de  François!*', 
décore  utilement  la  ville  de  Limoges;  elle  est  sans  contredit  de 
toutes  les  églises  la  plus  fréquentée,  aucune  autre  ne  peut  dans 
l'état  actuel  des  choses  et  ne  pourra  jamais  sans  un  bouleversement 
étranger,  la  remplacer  sous  aucuns  rapports  ;  l'église  cathédrale 
elle  même  ne  le  peut  et  ne  le  pourra  moins  encore  qu'aucune  autre, 
séparée  de  la  ville  par  un  faubourg  très  long  et  située  dans  un 
quartier  peu  ou  point  fréquenté  jusque  la,  que  ni  la  réputation  des 

Monseigneur  Téveque  de  Limoges  ayant  demandé  hier  par  sa 
lettre  a  M.  le  prévôt  deux  députes  pour  conférer  d'une  affaire 
importante,  lecture  faite  de  celle  lettre,  le  chapitre  ayant  député 
M"  Cibot  et  Nicolas,  ces  Messieurs  ayant  rendu  compte  de  la  con- 
férence qu'ils  ont  eue  avec  Monseigneur  et  remis  sur  le  bureau  un 
projet  de  requête  de  l'église  cathédrale  à  Mgr  l'évéque  de  Limoges, 
aux  fins  d'union  ou  incorporation  du  chapitre  de  St-Martial  a 
celui  de  St-Etienne,  lecture  faite  du  susdit  projet  remis  par  le  dit 
seigneur  eveque  aux  susdit  sieurs  Cibot  et  Nicolas  pour  nous  être 
communiqué,  après  mure  délibération  il  a  été  unanimement  conclu 


822  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

et  arrêté  que  le  chapitre  de  St-Marlial  s'opposeroit  formellement 
aux  prétentions  du  chapitre  de  Sl-Elienne,  qu'en  cas  de  contesta- 
tion il  prendroit  tous  les  moyens  de  droit  pour  soutenir  fortement 
son  opposition  et  que  M'*  Cibot  et  Nicolas  rendroient  demain  a 
rheure  indiquée  cette  réponse  au  dit  sgr  e\reque  et  lui  demande- 
roient  instamment  la  continuation  de  sa  protection  et  de  ses  bons 
offices. 

Signé  au  registre  :  L.  de  Maussac,  abbé  de  St-Martial;  L.  Faulte, 
prevol  de  St-Martial;  Puiferat,  grande  chantre  de  St-Martîal;  Thuil- 
ler,  chanoine;  Lostende,  chanoine;  Tanchon,  chanoine;  Cibot, 
chanoine;  Montbriat,  chanoine;  Fauger,  chanoine;  La  Biche, cha- 
noine; Nicolas,  chanoine;  Dalbiac  Dalesme,  chanoine;  de  Comprei- 
gnac,  chanoine  adhérant  a  la  susdite  conclusion,  quoi  qu*absent. 

Copie  de  la  lettre  de  Mgr  Tevêque  de  Limoges  au  chapitre  de 
de  St-Marlial,  écrite  de  Paris  le  29  août  1786. 

J'ai  reçu,  Messieurs,  la  lettre  que  vous  avez  chargé  M' le  prevot 
de  me  remettre;  il  a  du  vous  rendre  compte  des  sentiments  dans 
lesquels  il  m'a  trouvé  pour  votre  église  et  pour  tous  les  membres 
qui  la  composent;  non  seulement  je  ne  concourrai  Jamais  a  aucune 
opération  qui  peut  vous  être  désagréable,  mais  au  contraire  je 
saisirai  avec  empressement  toutes  les  occasions  de  vous  donner 
des  preuves  des  sentiments  inviolables  d'estime  et  d'attachement 
avec  lesquels  j'ai  l'honneur  d'être.  Messieurs,  votre  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur. 

(Communication  de  iW...  ?.../ 


Opposition  de  129  habitants  de  Bussière-Poitevine  au  rattachement 
de  leur  paroisse  au  district  de  Bellac  {Si  octobre  1 790) 

Pardevant  nous  Jean-CharIesPenlecouteau,run  des  notaires  royaux 
établis  au  bourg  de  Lussac-les-Eglises,  l'autre  présent,  et  garde- 
notes  du  roi  notre  sire,  juré  des  sénéchaussées  de  Montmorillon  et 
du  Dorât,  ce  jourd'hui  premier  novembre  1790,  au  bourg  et 
paroisse  de  Bussière-Poitevine,  en  la  maison  de  Louis  Dupont, 
sacristain  et  notable  de  la  dite  paroisse,  où,  à  sa  réquisition  et  des 
ci-bas  dénommés,  nous  nous  sommes  transportés  à  l'effet  des  pré- 
sentes, sont  comparus  par  devant  nous  duemenl  établis  et  soumis 
en  droit,  ce  jourd'hui  Ironle-et-un  octobre  1790,  huit  heures  du 
malin,  François  Bonvallet,  marchand  boucher;  René  Bardais,  jour- 
nalier ;  Germain  Bastien,  maître  menuisier;  Jean  Huguet,  marchand 
cabarelier;  Louis  Gaillard,  marchand  cabaretier;  Pierre  Barassac, 


DOCUMENTS 


823 


maçon;  René  Guionet,  tisserand  et  charron;  Silvain  Rainaud,  fen- 
deur,  et  Françoise  Mosserion,  veuve  de  Jean  Trouvé,  mère  tutrice 
de  ses  enfants,  tous  demeurant  au  bourg  de  Bussière-Poitevine; 
François  Pallié,  marchand  voiturier;  Joseph  Dupond,  laboureur; 
Jean  du  Bouchaux,  marchand  voiturier;  Pierre  Dupond,  marchand 
voiturier;  Louis  Gabilleau,  maître  charpentier;  Pierre  Dupond, 
voiturier;  Denis  Dupond,  voiturier;  Maurice  de  Scieux  et  autre 
Louis  Dupond,  tous  propriétaires  et  habitants  du  village  de  la 
Maisonrouge,  paroisse  de  Bussière-Poitevine. 

Maurice  Lefort,  laboureur,  demeurant  au  village  de  Chez-Gillel- 
Desgranges  (1),  susdite  paroisse  de  Bussière;  Maurice  Dutroux  et 
Pierre  Dulroux,  voiluriers,  demeurant  au  village  de  Paulmarais(2), 
en  lad.  paroisse;  Laurent  Souchaud,  laboureur,  demeurant  au  village 
du  Fouilloux  (3),  susd.  paroisse;  François  Robichon, laboureur  ;  autre 
François  Robichon,  son  fils;  Etienne  Delavau  et  Jean  Pallié, 
maçons,  tons  propriétaires  et  demeurant  au  village  de  Chez- 
Létus  (4),  en  lad.  paroisse;  Pierre  Laubaleistre,  et  François 
Rocher,  fermier  et  propriétaire  au  village  de  Chez-la-Casline  (5), 
en  lad.  paroisse;  Marc  Perrin,  laboureur,  et  Charles  du  Dognon, 
propriétaire  du  village  du  Repaire,  en  lad.  paroisse;  Pierre  Tuil- 
laud,  laboureur,  et  Hilaire  Roger;  Etienne  et  Maurice  Roget;  aussi 
laboureurs,  tous  demeurant  au  village  du  Defant  (6),  en  lad. 
paroisse;  Pierre  Baudout,  maître  maçon;  Jean  Ofort,  maître  ton- 
nelier; Denis  Dupond,  laboureur;  Jean  Desruelles,  maçon;  Pierre 
Delabrousse;  tisserand,  et  Denis  Dupond,  laboureur,  tous  habitants 
et  propriétaires  du  village  de  Virallais  (7),  susd.  paroisse;  Jean 
Pailhé,  sabotier;  Simon  Dumas,  tisserand;  Silvain  Dumas;  sabo- 
tier; Jeanne  Dubouchaud,  veuve  Pierre  Dumas,  sabotier,  et  Denis 
Dupond,  maître  charpentier,  tous  manants  e)  propriétaires  du  vil- 
lage de  Chez-Drouset,  en  lad.  paroisse. 

Denis  Barlot,  laboureur;  Jeanne  Dumas;  veuve  Jean  Dubou- 
chais;  François  Dubouchage,  Jean  Perrin,  laboureurs;  Louis  Per- 
rin, maçon;  Maurice  Labrousse,  laboureur,  et  Pierre  Dutroux, 
marchand,  tous  propriétaires  et  résidant  au  village  de  Villeneuve, 
en  lad.  paroisse;  Gilles  Texier,  propriétaire  du  village  de  Chez- 


(i)  Les  Granges  de  Chez-Gilet. 

(2)  Le  Poumaret. 

(3)  Le  Fouillaud. 

(4)  Latu. 

(5)  La  Câline. 

(6)  Le  Défend. 

(7)  Virales. 


,1' 


•j 


894  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

GoUy  (1),  en  lad.  paroisse;  Jean  Gallon,  laboureur;  Denis  Galloo, 
aussi  laboureur,  propriétaires  et  résidant  au  village  de  Mar* 
change  (2),  en  lad.  paroisse;  Pierre  Dumas  et  Barthélémy  Mour- 
gaud,  aussi  laboureurs,  propriétaires  et  résidant  au  village  de 

Launai,  susd.  paroisse  ;  Léonard  Ducros,  marchand, Gounaude, 

veuve  Pierre  Rémondière;  Jean  Ducros  dit  Fillioux,  et  Pierre 
Ducros,  tous  habitants  et  propriétaires  du  village  du  Massengon  (3), 
enclave  de  Bussière-Poitevine;  Pierre  Nicaud,  laboureur,  et  Jean 
Nicaud,  aussi  laboureur,  demeurant  au  village  de  Chez^Perot,  en 
lad.  paroisse;  François  Chassât,  maître  maçon,  demeurant  au  viU 
lage  de  Chez  Nadaud,  en  lad.  paroisse;  Jean  Desnoelles,  sabotier; 
Jean  Guillon,  sabotier;  Berthommé  Souchaud,  fermier;  Pierre 
Dupré,  aussi  fermier;  René  Guillon,  maçon;  François  Rémondière, 
voituricr;  Maurice  Guillon,  maçon,  et  Pierre  Desnoelles,  labou- 
reur, tous  habilanls  el  propriétaires  du  village  de  La  Bergue- 
rie,  susd.  paroisse;  Jean  Parpain,  sabotier;  Philippe  Dubaussage, 
maçon,  propriétaires  et  habitants  du  village  de  Ghez-Boissonnet  (4), 
en  lad.  paroisse;  Jean  Audebert,  maçon;  Marie  Ruineaux,  veuve 
de  Jean  Audebert,  et  Pierre  Gaulliard,  laboureurs,  propriétaires  et 
résidant  au  village  de  La  Palinière,  susd.  paroisse;  Etienne 
Chassât,  laboureur;  Maurice  Dumas,  laboureur;  Gabriel  Plat, 
mailre  lailleur,  et  Maurice  Dumas,  laboureur,  propriétaires  et 
demeurant  au  village  de  Chez-Goursaud,  en  lad.  paroisse;  Jean 
Jamet,  laboureur;  Louis  Jamet,  laboureur;  Maurice  Percheron; 
Denis  Duverger,  maréchal;  Jean  Chambre,  fermier,  et  Louis  Gour- 
saud,  propriétaires  et  résidant  au  village  de  Mazereau,  en  lad. 
paroisse;  Etienne  Dumas,  laboureur;  Etienne  Michelel,  laboureur, 
el  René  Michelet,  aussi  laboureur,  demeurant  au  village  des 
Bouis  (5),  en  lad.  paroisse;  Pierre  Duvillard,  meunier;  Maurice 
Petit,  aus.M  meunier;  Marc  Rémondière,  meunier,  propriétaire  et 
fermier  du  moulin  Gainaul  (6),  et  y  demeurant  dile  paroisse;  René 
Cheverut,  maçon;  Calherine  Simon,  veuve  Audebert;  Jean  Lapaire, 
laboureur;  Pierre  Naudon,  laboureur;  Maurice  Desnoelles,  labou« 
reur;  François  Villars,  voilurier;  Pierre  Michelet,  cardeur,  tous 
propriétaires  du  village  de  Boussage  (7),  en  lad.  paroisse;  Jacques 


(1)  Coly. 

(2)  Marsange. 

(3)  Masvignon  (?). 

(4)  Boisonnet. 

(5)  Les  Buis. 

(6)  Moulin  Guènant. 

(7)  Bouchage. 


DOCUMENTS  BSS 

Lagoeau,  marchand  et  propriélaire  du  village  de  Péricaud,  en  lad. 
paroisse;  Louis  Delachaume,  marchand  et  propriélaire,  résidant 
au  village  de  Chez-Paulet,  en  lad.  paroisse  ;  Jean  Galieton»  labou- 
reur; François  Chambre,  laboureur,  demeurant  au  village  de 
lia  Marlière  (1),  en  lad.  paroisse;  Pierre  Pasquet,  laboureur;  Jean 
Pasquel, laboureur,  résidant  au  village  du  Gluseau,  en  lad.  paroisse; 
Pierre  Dupond,  voiturier;  Denis  Dupond,  aussi  voilurier;  Jacques 
Dupond;  Jacques  Goursaud,  voilurier;  Anne  Desbrousses,  veuve 
Goursaud,  tous  habitants  et  propriétaires  du  village  de  La  Ghaume, 
en  lad.  paroisse;  René  Larbalesle,  laboureur,  et  Jacques  Salvan- 
don,  laboureur,  demeurant  au  village  de  Ghez-Ghamplault,  en  lad. 
paroisse;  Louis  Ebrac,  propriélaire,  seul  et  résidant  au  village  de 
Maspeuchaud  (3);  Jean  Ebrac,  fermier  et  laboureur,  du  village  de 
Ghez-Grétoux  ;  Maurice  Dupont,  marchand  voiturier,  et  Silvain 
Dubaussage,  sabolier,  propriétaire  et  résidant  au  village  de  Ghez- 
Nadeau,  en  lad.  paroisse;  Jacques  Dupond,  maître  tailleur  d'habits, 
propriétaire  et  résidant  au  village  de  La  Faytellière,  en  lad. 
paroisse;  Pierre  Bernard,  maître  maçon,  demeurant  au  village 
des  Broux,  en  lad.  paroisse;  Jean  Gabillaux,  meunier;  autre 
Jean  Gabillaux,  aussi  meunier;  François  Gabillaux,  batelier,  tous 
propriétaires  et  demeurant  au  village  et  moulin  du  Quéroux,  en 
lad.  paroisse;  Jean  Barban,  laboureur,  propriétaire,  habitant  du 
village  de  Ghez*Jallaud,  en  lad.  paroisse;  François  Barban,  labou- 
reur; Robert  Labrousse,  aussi  laboureur,  propriétaires  et  résidant 
aa  village  de  La  Rochepelite,  en  lad.  paroisse;  François  Rudeau, 
laboureur  et  propriétaire  au  village  de  Ghez-Guinard,  en  lad. 
paroisse;  René  Godard,  laboureur  et  propriétaire,  demeurant  au 
village  de  La  Roderie,  en  lad.  paroisse,  et  finalement  Louis  Dupont], 
sacristain  et  notable  de  la  municipalité,  demeurant  aud.  bourg  et 
paroisse  de  Bussiëre-Poitevine. 

Tous  lesquels  susnommés  nous  ont  dit  qu'ayant  connoissance 
d'une  délibération  qui  a  été  prise  dans  l'assemblée  tenue  au  bourg 
de  BuBsière-Poilevine,  le  4  juillet  dernier,  par  laquelle  on  a  feit 
option  pour  le  district  de  Bellac  au  préjudice  de  celui  du  Dorât, 
ils  déclarent  par  ces  présentes  protester  et  réclamer  contre  cette 
délibération  comme  étant  illégalement  faite^  eu  égard  à  ce  que  la 
majeure  partie  des  votants  n'ont  pas  été  libres  dans  leurs  suffrages 
et  que  ne  sachant  point  écrire  lorsqu'ils  se  présentèrent  pour  faire 
faire  leur  scrutin,  les  scrutateurs,  qui  étaient  à  la  «dévotion  de 
Messieurs  de  Bellac,  sollicitèrent  les  votants  pour  consentir  à  ce 

(1)  La  Morlière. 

(2)  Mas-Pechaud. 


826  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 

qu'on  établisse  sur  les  dits  scrutins  que  leurs  vœux  étaieDtpour 
Bellac;  qu'en  conséquence,  ils  déclarent  tous  par  ces  préseoles 
vouloir  demeurer  irrévocablement  unis  au  district  du  Dorât  el 
retirer  les  suffrages  qu'ils  auraient  été  forcés  de  donner  poor 
Bellac,  soit  par  les  promesses,  les  menaces  ou  surprises  de  solli- 
citants et  scrutateurs,  soit  enfin  par  les  violences  de  Joseph  Du- 
pond,  sentinelle  postée  à  la  porte  d'entrée  de  Téglise  paroissiale 
de  Bussière  où  se  tenoil  la  dite  assemblée,  qui,  lorsqu'on  déclaroil 
qu'on  vouloit  voter  pour  le  Dorât,  refusait  opiniâtrement  l'entrée 
de  l'église,  ce  qui  occasionna  plusieurs  disputes,  notamment  enlre 
Pierre  Dumas,  laboureur,  du  village  de  Launai,  Jean  Dudroildit 
Fillioux  et  autres  qui  ne  purent  entrer  dans  l'église  pour  donner 
leurs  suffrages;  ce  que  voyant  le  sieur  Mondot,  maître  de  la  garde 
nationale,  s'en  plaignit  au  dit  Bourgadier  dit  Dupond  et  dit  que  ce 
n'étoit  pas  ainsi  qu'on  devoit  agir  et  qu'il  en  communiqua  au  pré- 
sident de  l'assemblée  qui  lui  dit  :  «  Chut  !  chuti  ne  dites  rien  »,  et 
que  par  cette  manière  plusieurs  d'entre  eux  votants  furent  privés 
de  donner  leurs  suffrages;  les  autres  furent  captés  et  suggérés, 
soit  par  les  promesses,  menaces  el  le  vin  qu'on  leur  prodigua  sous 
les  halles  par  ordre  de  Messieurs  Latouche,  Arbellot,  Fusibai,  et 
autres  procureurs  de  la  ville  de  Bellac,  soit  enfin  par  les  craintes 
qu'on  leur...  {i)  que  s'ils  votaient  pour  le  Dorât,  ils  s'en  repenti- 
raient et  ne  seraient  pas  libres  de  disposer  de  leurs  biens  à  leur 

gré.  Les  susnommés de  la  justice  et  l'équité  de  l'Assemblée 

nationale  qu'elle  écoutera  favorablement  leurs  plaintes  et  réclama- 
tions et  qu'elle  déclarera,  si  besoin  est,  que  la  paroisse  de  Bussière 
demeurera  irrévocablement  unie  au  district  du  Dorât,  el  pour 
faire  parvenir  leurs  dites  plaintes  et  réclamations  à  rAssemblée 
nationale  ou  au  département,  les  susnommés  établis  ont  spéciale- 
ment chargé  Louis  Dupond,  notable,  Tun  d'eux,  de  faire  expédier 
copie  des  présentes  et  de  la  transmettre  au  procureur  général  du 
département. 

De  toutes  lesquelles  déclarations,  protestations,  demandes  el 
délégation  les  susnommés  établis  nous  ont  requis  acte  que  nous 
leur  avons  octroyé  pour  leur  valoir  et  servir  ce  que  de  raison. 

Fait  et  passé  au  bourg  de  Bussiëre-Poitevine,  lesd.  jour,  mois  et 
an  que  dessus.  Lecture  faite  des  présentes,  toutes  parties  y  ont 
persisté  et  déclaré  ne  savoir  signer,  fors  led.  Dupont  qui  a  accepté 
la  commission  à  lui  donnée  el  s'est  avec  nous  soussigné.  Louis 
Dupont,  Brac,  nolaire;  Pentecouteau,  notaire  royal. 

{Communication  de  M.  Roger  Drouault), 

(1)  Déchirure. 


DOCUMENTS  827 

Procès-verbal  de  la  translation  du  chef  de  saint  Etienne  de  Muret 
et  autres  reliques  de  Grandmont  à  Saint-Sylvestre  (1791 ,) 

L'ao  mil  sept  cent  quatre- vingt  onze  et  le  quinzième  aoûL  jour 
de  TAssomplion  de  la  bienheureuse  et  très  Sainle  Vierge  Marie, 
nous  Jean-Baptiste  Boisson,  prêtre,  curé  de  la  paroisse  de  Saint- 
Sylvestre,  district  de  Bellac,  déparlement  de  la  Haute- Vienne  ;  vu  la 
permission  à  nous  accordée  par  Mgr  Tévéque  de  ce  déparlement, 
de  transporter  la  relique  de  Saint-Etienne  de  Muret  et  autres  dépo- 
sées dans  la  chapelle  ci-devant  sacristie  du  monastère  de  Grand- 
mont  détruit  :  laquelle  permission  à  nous  présentée  par  MM.  les 
officiers  municipaux  de  notre  commune,  écrite  au  bas  d'une  pétition 
faite  par  eux  pour  cet  effet  ;  permission  datée  de  Limoges  le  vingt- 
un  juillet  présente  année,  signée  Gay  de  Vernon  évoque  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Vienne;  vu  aussi  le  consentement  de  Tautorité 
civile,  par  extrait  des  délibérations  du  directoire  du  même  dépar- 
tement, séance  du  six  août,  an  que  dessus,  signée  Pétiniaud,  pré- 
sident, Jouhaud,  greffier. 

Nous,  curé  de  Saint-Sylvestre,  nous  sommes  rendu  à  notre  église 
paroissiale,  à  sept  heures  du  matin,  avec  MM.  les  officiers  muni- 
cipaux, garde  nationale  et  te  peuple.  Là  revêtu  d^habits  sacerdo- 
taux, après  avoir  adoré  le  très  Saint-Sacrement,  entonné  le  Veni 
Creator^  que  le  chœur  a  répondu,  nous  sommes  partis  immédiate- 
ment et  processionnellement  pour  nous  rendre  au  dit  lieu  de 
Grandmont,  village  de  notre  paroisse,  pour  faire  Tenlèvement  des 
susdites  reliques.  Y  étant  arrivé,  M.  le  maire  a  ouvert  la  chapelle, 
nous  y  sommes  entré  et  après  avoir  adoré  la  croix,  on  nous  a  pré- 
senté la  clef  d  une  armoire  basse  située  au  côté  gauche  de  Tautel  ; 
nous  Tavons  prise  et  avons  ouvert  la  dite  armoire  ;  nous  y  avons 
trouvé  un  buste  d'argent  contenant  le  chef  (caput)  de  saint  Etienne 
de  Muret,  instituteur  de  Tordre  des  Bonshommes  dits  Grandmon- 
tins,  lequel  buste  de  la  hauteur  de  deux  pieds  est  travaillé  en 
forme  d'une  dalmalique  diaconale  dont  les  orfrois  sont  dorés;  il 
est  terminé  au  bas  par  une  demi-couronne  de  cuivre  dont  les 
rayons  sont  dorés,  et  tout  autour  de  la  bande  sont  peintes  en  émail 
différentes  figures  exprimant  la  vie  du  Saint.  La  léle  du  reliquaire, 
servant  de  coupe  où  est  renfermée  la  relique,  est  ouverte  dans  la 
partie  qui  représente  le  crâne  en  forme  de  tonsure  du  diamètre  de 
sept  pouces  et  quatre  lignes,  dont  la  calotte  est  retenue  par  deux 
petites  charnières  de  fer;  celle  du  haut  est  à  demeure,  celle  du  bas 
sert  pour  ouvrir  et  fermer.  Nous  avons  ouvert  le  dit  reliquaire  et 
avons  trouvé  la  relique  du  saint  enveloppée  dans  un  petit  sac 


828  SOClèré  ARCHéOLOGIQCE   fiT  HISTORIQUE   DO   LIMÔCSIM 

d'étoffe  en  soie  verie,  brochée  et  recouverte  d'une  calotte  d'étoffe 
aussi  brochée  et  en  or;  au  haut  de  la  calotte,  servant  à  ouvrir  la 
relique,  est  encore  une  petite  ouverture  en  rond,  du  diamètre  de 
deux  pouces,  dont  le  couvercle  est  d'argent  doré  et  à  grille,  lequel 
nous  avons  trouvé  détaché,  la  charnière  qui  est  de  fer,  feroaant 
avec  une  aiguille  de  même  matière,  étant  détruite  par  la  rouille. 

Cet  examen  fait,  nous  avons  refermé  le  reliquaire  et  avons  déposé 
le  buste  sur  l'autel. 

On  a  descendu  ensuite  deux  châsses  qui  étaient  placées  à  chaque 
côté  de  l'autel  et  élevées  de  huit  pieds;  nous  les  avons  examinées 
et  avons  vu  qu'elles  ne  fermaient  qu'avec  des  pointes  de  fer.  Nous 
en  avons  fait  l'ouverture  et  n'avons  trouvé  aucune  relique  dans 
celle  qui  était  à  droite  de  Tautel.  Dans  celle  qui  était  à  gauche  en 
entrant,  nous  y  avons  trouvé  des  ossements  plies  dans  un  sac  de 
taffetas  rouge  de  la  longueur  de  dix-neuf  pouces  et  de  la  circonfé- 
rence de  vingt,  avec  une  inscription  latine  sur  velin  contenant  deux 
lignes  et  un  mot  en  lettres  gothiques  dont  voici  l'interprétation  : 
«  Ici  est  le  corps  d'une  vierge  et  martyre  qu'un  nommé  Hevenan, 
doyen  de  l'église  apostolique,  avait  reçu  d'un  célérier  de  l'abbaye 
de  Citeaux  et  le  donna  à  l'église  de  Grandmont.  » 

Les  deux  châsses  ci-mentionnées  sont  de  cuivre  jaune  ëmaillë, 
ornées  tout  autour  de  figures  debout  en  gravures,  dont  les  têtes 
seules  sont  saillantes,  et  par  le  haiit  sont  aux  extrémités  de  chaque 
châsse  deux  petites  boules  de  cuivre  aux  extrémités  ;  au  milieu  une 
petite  pierre  plate  de  cristal  et  de  quatre  œils  intermédiaires  de 
même  matière;  le  tout  enchâssé  sur  une  bande  de  cuivre  terminant 
la  hauteur  des  chasses,  dont  une  de  ces  bandes  est  à  jour  et  c'est 
celle  de  la  châsse  où  nous  n'avons  pas  trouvé  de  reliques  ;  et  l'autre 
bande  est  unie,  c'est  celle  où  nous  avons  trouvé  le  corps  de  la 
Sainte  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Ces  deux  châsses  d'ailleurs 
ne  diffèrent  en  rien,  étant  de  même  grandeur  dans  tous  les  sens, 
savoir  de  la  longueur  de  vingt-trois  pouces,  de  la-  hauteur  de  dix- 
huit  et  de  la  largeur  de  neuf  et  demi.  Après  avoir  refermé  tes  dites 
châsses,  nous  avons  mis  sur  l'autel  celle  qui  contenait  les  reliques. 
Ayant  ensuite  chanté  une  antienne  à  l'honneur  du  saint,  donné  la 
bénédiction,  tenant  en  main  la  relique  de  saint  Etienne,  nous  avons 
repris  l'ordre  de  la  procession  pour  faire  la  translation  des  dites 
reliques  à  l'église  paroissiale  dans  l'ordre  qui  suit  : 

La  Garde  nationale  a  ouvert  la  marche,  deux  pénitents  ont  pris 
ensuite  sur  un  brancard  de  bois  la  châsse  contenant  les  reliques; 
immédiatement  a  suivi  M.  le  curé,  tenant  en  main  le  buste  de  saint 
Etienne,  que  deux  pénitents  lui  ont  aidé  à  soutenir  avec  un  petit 
brancard. 


boctfMSNts  829 

MM.  les  officiers  municipaux,  revêtus  de  leurs  écharpes,  sont 
venus  après  el  le  peuple  a  terminé  la  procession.  Une  partie  de  la 
Garde  nationale  a  accompagné  collatéralement  les  reliques  jusqu'à 
MM.  les  officiers  municipaux  inclusivement.  Dans  cet  ordre  nous 
sommes  arrivés  à  neuf  heures  à  Téglise  paroissiale,  où  après  avoir 
déposé  les  reliques,  nous  avons  célébré  la  Sainte  Messe;  laquelle 
finie,  nous  nous  sommes  retirés  laissant  les  reliques  exposées  jus- 
qu'à Vêpres. 

Advenant  la  deuxième  heure  après-midi,  nous  avons  fait  sonner 
l'office  des  Vêpres  que  nous  avons  chanté;  lequel  fini  nous  avons 
chanté  une  antienne  à  l'honneur  du  très  saint  Sacrement,  ensuite 
une  à  l'honneur  des  Saints,  et  avons  donné  la  bénédiction  tenant  en 
mains  la  relique  de  saint  Etienne  que  nous  avons  donnée  à  véné- 
rer au  peuple.  Ce  qui  étant  fait,  nous  avons  mis  cette  dernière 
relique  avec  le  buste  qui  la  contient  et  ce  provisoirement  dans  une 
armoire  située  au  haut  des  stalles  du  côté  droit.  Nous  avons  placé 
la  châsse,  dont  la  bande  du  haut  est  unie  et  qui  contient  le  corps 
d'une  sainte  Vierge  dont  nous  n'avons  pas  le  nom,  sur  la  porte  de 
la  sacristie,  à  main  droite  de  l'autel;  la  châsse  dont  la  bande  est  à 
jour  et  qui  n'a  pas  de  reliques,  nous  l'avons  placée  sur  la  porte  au 
côté  gauche  de  l'autel  pour  servir  seulement  d'ornement,  jusqu'à  ce 
que  nous  ayons  permission  d'y  placer  des  reliques  que  l'église  de 
Saint-Sylvestre  possède  depuis  longtemps  et  dont  les  reliquaires  de 
bois  tombent  en  pourriture. 

De  tout  quoi  nous  avons  dressé  présent  procès- verbal,  que  nous 
avons  signé  avec  Messieurs  les  officiers  municipaux  pour  servir 
d'authentique  aux  dites  reliques,  et  nous  avons  requis  que  le  dit 
procès-verbal  resterait  dans  les  archives  de  la  municipalité  el  que 
copie  en  serait  étendue  au  long  à  la  Gn  du  registre  des  baptêmes 
et  qui  resterait  à  la  cure. 

Fait  et  conclu  dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Sylvestre  ce  quinze 
août  mil  sept  cent  quatre-vingt-onze,  à  trois  heures  après-midi. 
Signé  Boissou,  curé  de  Saint-Sylvestre,  Cuchet,  maire;  Delacour, 
officier  municipal,  Dessagne,  officier  municipal,  Desihèves,  substi- 
tut du  procureur  de  la  commune. 

Pour  copie,  Boissou,  curé  de  Saint-Sylvestre. 

Extrait  des  registres  des  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  la 
paroisse  de  Saint-Sylvestre,  année  1791, 15  août. 

{Communication  de  M.  l'abbé  Larue,  curé  de  Saint-Sylvestre.) 


T.  LV  55 


830  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 


Etablissement  d'une  verrerie  à  Azat.  1798 

9  frim.  an  VIL  —  Acte  de  sociélé,  entre  Margaerite  Fournier, 
femme  de  Luc  Deguercy,  ppre  à  Azat,  canton  de  Lussac,  J.-B.  De- 
guercy,  ppre  et  Marie-Madeleine  Declielette,  sa  femme;  Joseph 
Deguercy,  cl  Madeleine  Marcoul,  sa  femme,  à  Montquedioux,  Lus- 
sac,  pour  établir  une  verrerie  ou  manufacture  de  verre  blanc  au 
chef  lieu  de  la  com.  d'Azat. 

Société  établie  par  1/3  pour  18  ans;  l'un  d*eux  voyagera  et  lou- 
chera 40  s.  par  déjeuner  et  3  fr.  10  s.  par  souper  et  nuitée. 

Les  immeubles  sont  apportés  par  lad.  Fournier. 

9  frim.  an  VIIL  —  Pouvoir  par  J.-B.  Deguercy,  chef  de  bataillon, 
commandant  la  force  armée  du  dépt.  de  la  Hte  Vienne,  à  lad.  Dé- 
chelette,  sa  femme,  pour  le  représenter  dans  la  société. 

Il  frim.  an  VIIL  —  Même  pouvoir  par  Joseph  Deguercy,  capi- 
taine de  la  huitième  compagnie  du  bataillon  auxiliaire  du  dépL  de 
la  Hte-Vienoe,  à  lad.  Marcoul. 

24  floréal  an  VIIL  —  Retrait  dud.  J.-B.  Deguercy,  chef  de  batail- 
lon réformé;  il  laisse  ses  droits  à  lad.  Fournier, il  lui  est  remboursé 
2,S76  fr.,  qu'il  avait  mis  en  société. 

14  prairial  an  VIIL  —  Reirait  dud.  Joseph  Deguercy,  capitaine. 
Tous  deux  invoquent  les  exigences  de  leur  métier  militaire,  qui  ne 
leur  permet  plus  de  s'occuper  de  la  verrerie.  Il  avait  versé  l,500fr. 
au  fonds  social.  S'il  n'est  pas  remboursé  dans  trois  ans,  il  pourra 
rentrer  dans  la  société. 

Suit  l'inventaire  du  matériel  :  un  four  qui  a  servi  une  campagne  ; 
les  barres  et  les  crochets  du  four  en  bon  étal;  deux  places  garnies, 
13  cannes;  2  cordelines,  et  deux  ferréts;  deux  popoirs  et  2  mar- 
bres, 3  pelles  à  reufourner,  3  râbles,  une  éburge  de  fer  pesant 
150  1.;  2  fers  à  faire  les  bouteilles;  une  douzaine  de  moules;  1  pin- 
cette,  2  malettes,  2  bigornes,  2  marteaux  à  écailler,  3  baquet?, 
2  bancs  d'ouvriers,  1  marchepied,  une  espalule,  2  barres  à  tenir 
les  tisonniers,  2  carquaises  (1)  qui  ont  fait  la  campagne  dernière; 
l'usage  de  3  chaudières  et  d  un  four  à  salin  et  d'un  four  à  cuire  les 
terres  et  chauffer  les  pots;  12  fonceaux  à  mettre  les  pots,  une  mai 
à  marcher  la  terre;  une  comporte  à  porter  les  compositions 
en  mauvais  état;  2  auges  à  piler  dont  une  ferrée,  six  pillons, 
2  tamis  à  tamiser  la  terre,  une  barre  croche,  une  pince,  une  tami- 

(1)  «  CarquessCj  c'est  un  four  séparé  du  four  de  la  verrerie  dans 
lequel  on  fait  cuire  les  pots  avant  que  de  les  mettre  dans  le  four  de  la 
verrerie  ».  (Trévoux). 


bOCUMBMTâ  831 

série  planchée  ;  30  cordes  de  bois  de  billettes,  10  charretées  de 
chadre,  104  charretées  de  sable,  6  quartes  de  ceddre,  1  rifflard, 
S  scies  à  scier  les  briques  et  13  soliveaux  propres  à  faire  une  roue 
à  sécher  le  bois. 

9  brumaire  an  IX.  —  Nouvel  acte  de  société  entre  lad.  Fournier, 
femme  Luc  Deguercy  ;  Silvain  Deguercy,  capitaine  de  cavalerie  en 
non  activité  et  J.-B.-Henry  Deguercy,  et  Julie  de  La  Paye,  sa 
femme.  La  verrerie  ne  donne  pas  de  résultats  faute  de  fonds  ;  ils 
apportent  2,400  Tr.  par  1/2.  Société  établie  pour  K  ans.  Chaque 
associé  prélèvera  ÏOO  fr.  par  mois. 

An  IX  (3  et  4  pluviôse).  -—  Procès-verbal  à  la  requête  de  lad. 
Fournier  étant  aux  droits  de  ses  neveux,  J.-BL  et  Joseph  Deguercy, 
«  pour  constater  les  tords  qu'elle  a  éprouvé  par  les  différents  mar- 
geages  et  interruption  de  la  verrerie  occasionnés  à  défaut  par  le 
s'  René  Labrousse  d'avoir  fait  couper  et  livrer  2,i00  cordes  de 
bois  »  de  8  pieds  de  couche,  4  pieds  de  haut. 

(c  II  est  constant  d'après  les  déclarations  uniformes  des  citoyens 
Biaise  Schmidt,  Hermann  Faleur  et  Balthasard  Schmidt,  ouvriers 
en  bouteilles;  Jean  Renard  et  François  Pajot,  fondeurs;  Joseph 
Mazalerat  et  Léonard  Sarrazin,  tisseurs;  Silvain  Rougier,  René 
Maître,  Didier  Fruchon,  Jean  Peraud,  Baptiste  Gevaud,  anciens  et 
nouveaux  carcassiers,  qu'avec  du  bois  coupé  neuf  ou  dix  mois  à 
l'avance,  deux  carcassiers  avec  les  anciennes  carcaizes  existantes 
h  la  verrerie  ont  tenu  et  alimenté  cet  établissement  en  activité 
pendant  la  campagne  dernière;  qu'aujourd'hui  avec  le  bois  vert 
fourni  par  Labrousse,  4  carcassiers  ne  peuvent  faire  sécher  le  bois 
nécessaire  à  Fentrelient  de  la  verrerie;  qu'au  lieu  de  24  heures  qui 
suflisaient  pour  sécher  les  billettes  de  bois  sec,  il  en  faut  aujour- 
d'hui 60  pour  sécher  dans  les  carcaises  celles  du  bois  vert  que 
fournit  Labrousse,  ce  qui  occasionne  des  pertes  journalières.  Que 
les  margeages  qui  ont  eu  lieu  du  14  fructidor  dernier  au  !<"'  ven- 
démiaire ont  été  occasionnés  par  le  défaut  de  bois;  que  ce  même 
défaut  est  la  cause  de  l'extinction  totale  du  four  de  la  verrerie 
qui  a  eu  lieu  du  1*'  vendémiaire  au  4  nivôse  dernier;  que  les 
margeages  antérieurs  au  1*'  vendémiaire  an  IX  ont  fait  éprouver 
des  pertes  considérables;  que  du  i*'  vend,  au  4  nivôse,  il  en  a 
coûté  pour  salaires  d'ouvriers,  à  raison  de  2  fr.  pour  chaque  jour- 
née des  trois  ouvriers  en  bouteilles,  d'un  franc  par  chacune  de 
celle  des  3  guénins,  de  1  f r.  25  par  chacune  de  celle  des  deux  fon- 
deurs, même  prix  pour  chaque  journée  des  4  sécheurs  de  bois,  du 
porteur  d'eau,  du  tourneur  de  matière,  de  l'emballeur,  de  chacun 


832  SOCléré   ARCHéoLOOlQÙÊ   ET  HlâTORlQtTk  DU   LIMOUSIN 

des  s  liseurs,  de  chacun  des  2  tamiseurs,  et  40  centimes  pour  le 
maréchal  à  raison  de  120  fr.  par  an.  Par  jour 25  65 

Elle  a  manqué  de  faire  600  bouteilles  par  jour  qui  se 
fabriquaient  ordinairement,  qui,  à  raison  de  25  fr.  du 
cent,  auraient  procuré  un  bénéfice  brut  de  150  fr.,  déduc- 
tion faite  de  42  fr.  par  six  cordes  de  bois  nécessaires  à  la 
fabrication,  de  21  fr.  pour  façon  à  raison  de  3  fr.  50  du 
cent  aux  ouvriers  en  bouteilles;  de  8  fr.  pour  2  liseurs 
et  2  fondeurs  à  2  fr.  par  jour;  6  fr.  pour  le  porteur 
d'eau,  le  tourneur  de  malière  et  les  2  tamiseurs;  1  fr.  25 
pour  Temballeur  et  12  fr.  50  pour  composition;  en 
tout  90  fr.  25. 

Il  reste  net  de  profit 59  75 

Total  dès  pertes  par  jour 85  40» 

Soit  une  perte  totale  de  7,942  fr.  20  éprouvée  pour  les  93  jour- 
nées qui  se  sont  écoulées  du  1*'  vend,  au  4  nivdve  an  IX. 

Pour  faire  sécher  le  bois  vert  on  a  du  faire  construire  deux  nou- 
velles carquaises  qui  touchent  à  leur  fin  et  qui  coûteront  au  moins 
1 ,000  fr.  «  Il  n'a  été  possible  de  travailler  que  du  4  au  27  nivôse  ; 
que  Ton  a  été  obligé  de  tirer  le  verre  à  Teau  le  27,  par  défaut  de 
bois  sec  propre  à  le  rafiner;  que  le  four  est  en  margeage  depuis  ; 
qu'il  y  a  des  ouvriers  qui  doivent  être  payés  comme  en  temps  de 
travail  ». 

Donné  lecture  aux  ouvriers  qui  déclarent  ne  savoir  signer,  sauf 
Biaise  Schmidt  et  Hermann  Faleur. 

Minutes  de  Brac,  notaire  à  Lussac-les-Eglises. 

[Communication  de  M.  Roger  Drouault). 


-^m 


PROCÊS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SËANGE  DU  31  JANVIER  190S 


Rréttldence  de  M»  le  D'  Fourniét  ppénldent 

Sont  présents  :  MM.  d'Àbzac,  Anbert  Berger,  Blancher,  Boulaud, 
Gourtot,  Paul  Ducouriieux,  Dayoisin-Mazorie,  C.  Jouhanneaud, 
Joly  de  Saiily,  Lagnérenne,  Alfred  Leroux,  Malevergne  de  Lafaye, 
S.  Hazeaud,  Mayéras,  D' E.  Raymondaud,  Royer,  Touyéras. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  préeédente  est  lu  et  adopté  après 
quelques  rectifications. 

Le  Président,  en  son  nom  et  au  nom  du  Bureau,  remercie  la 
Société  du  témoignage  de  confiance  qu*elle  a  donné  aux  nouveaux 
élus. 

MM.  Lecler  et  Page,  nommés  présidents  honoraires,  remercient 
également  par  lettres. 

M.  Fray-Fournier  adresse  par  lettre  sa  démission  de  bibliothé- 
caire adjoint.  Dont  acle. 

MM.  Ducourtieux  et  d'Abzac  présentent  la  candidature  de  M.  R. 
Fusade,  sur  laquelle  il  sera  prononcé  à  la  prochaine  séance. 

Le  Secrétaire  général  rend  compte  des  publications  nouvelles  : 

V Annuaire  de  la  Corrèze  pour  1905,  édité  par  M.  P.  Ducourtieux 
et  contenant  une  bibliographie  corrézienne  par  M.  R.  Page,  et  la 
nécrologie  de  diverses  personnes  mortes  au  cours  de  Tannée  1904. 

V Annuaire  de  la  Haute-Vienne  pour  1908,  édité  par  M.  Dumont 
et  donnant  pour  la  plupart  des  institutions  locales  des  notices  his- 
toriques et  des  listes  de  fonctionnaires. 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres  de  Tulle  (1904, 4«  livr.},  où  se 
trouve  la  suite  de  divers  articles  commencés  par  M.  R.  Page,  sur 
Les  Pénitents  blancs  de  Tulle;  par  M.  Forot,  sur  La  Seigneurie  de 
Chaunac  en  Bas-Limousin;  par  M.  Bourneix,  sur  Trois  prieurés 
limousins.  Le  même  fascicule  nous  apporte  une  notice  de  M.  le 
lieutenant  Bastide  sur  L^  6^»^a{  Treich-Desfarges,  et  une  autre  de 
M.  deNussac,  sur  La  Seigneurie  de  Pompadour  au  dix-septième  siècle. 


834  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

Les  Annales  du  Midi  (janvier  1905),  où  Ton  peut  relever  les  arti- 
cles suivants  :  Une  prétendue  histoire  de  Vabbays  de  Beaulieu  au 
douzième  siècle^  par  M.  A.  Thomas,  dont  il  a  été  déjà  question;  un 
exposé  du  contenu  de  la  brochure  de  M.  A.  Leroux  sur  Les  archi- 
ves provinciales;  un  compte  rendu,  par  M.  F.  Pasquier,  de  VHistoire 
de  la  porcelaine  de  Limoges,  par  MM.  Savodin,Leymarie  et  Leroux, 
compte  rendu  où  on  lit  avec  surprise  que  les  notices  de  ces  trois 
auteurs  «  ne  concernent  pas  directement  l'histoire  de  la  porce- 
laine ». 

L'Inventaire  des  archives  départementales  de  la  Haute-Vienne 
(série  G.,  fonds  de  Tancien  évéché,  feuilles  1  à  16,  in-4*'),  sur 
lequel  l'auteur  donne  quelques  indications.  Les  457  articles  analy- 
sés concernent  le  temporel  de  Tévéché,  c'est-à-dire  les  nombreuses 
seigneuries  dont  l'évéque  de  Limoges  était  suzerain  :  la  Cité,  les 
cbàtellenies  d'isie,  Saint-Léonard,  Eymoutiers,  Saint Junien,  Atlas- 
sac,  etc.  ;  puis  les  matières  proprement  ecclésiastiques  depuis  la  fin 
du  quinzième  siècle;  enfin,  les  registres  des  collations  de  bénéfices, 
qui  commencent  en  1514.  Il  reste  à  inventorier,  pour  compléter  le 
volume,  200  registres  d'insinuations  ecclésiastiques  et  environ 
150  dossiers  relatifs  à  l'administration  du  diocèse. 

Le  Secrétaire  général  signale  comme  parliculièrement  important 
l'ouvrage  de  M.  Ë.  Bombai,  La  Haute-Dordogne  et  ses  gabariers,  où 
Fauteur  a  montré  qu'il  connaissait  à  fond  les  institutions  actuelles, 
les  besoins,  les  mœurs  de  la  région  qu'il  habite;  —  et  le  recueil  de 
Documents  sur  le  Limousin,  publié  par  M.  Clément-Simon,  pour  la 
Société  des  archives  historiques  du  Limousin  (t.  IX).  On  y  rencontre 
des  textes  de  grande  valeur  pour  l'histoire  politique  du  Limousin, 
les  Etats  provinciaux  des  quinzième  et  seizième  siècles,  l'état  des 
personnes  et  des  biens  au  moyen  âge,  etc. 

La  parole  est  ensuite  donnée  à  M.  Charles  de  Sailly,  présenté  par 
M.  Joly  de  Sailiy,  pour  raconter  l'excursion  qu'il  vient  de  faire  aux 
ruines  romaines  de  Tebessa  et  Timgad,  dans  le  déparlement  de 
Gonslantine.  La  première  de  ces  deux  villes  fut  construite  par 
les  Romains  et  entourée  de  murailles  par  les  Byzantins.  La  seconde, 
qui  couvre  une  superficie  d'environs  60  hectares,  fut  construite 
sous  Trajan  par  la  3^  légion.  Elle  est  abandonnée  et  disparaît  peu 
à  peu  sous  les  sables,  à  partir  du  septième  siècle,  et  n'a  été  retrou- 
vée qu'en  1882.  Par  l'intérêt  et  l'importance  de  ses  ruines,  elle 
paraît  l'emporter  sur  Pompeï.  Les  photographies  que  fait  circuler 
M.  Ch.  de  Sailly,  et  qui  représentent  l'arc  de  Trajan,  le  forum,  les 
thermes,  le  théâtre,  le  capitole,  les  propylées,  des  basiliques  chré- 
tiennes, le  cardo  maximus,  etc.,  ne  démentent  point  cette  opinion. 

M.  Ducourtieux  communique,  de  la  part  de  M.  Sauvageot,  direc- 
teur de  l'Ecole  normale  primaire,  une  sorte  de  médaille  en  pierre 


PROCèS-VERBAUX  DES  SÉANCES  835 

gravée,  trouvée  près  de  Grochat  et  figurant  uue  tête  de  femme  dans 
le  style  l^ouis  XVI.  Il  y  a  apparence  que  c*est  une  œuvre  du  temps 
de  Louis-Philippe  ;  —  de  la  part  de  H.  Roger  Drouault,  la  descrip- 
tion de  huit  pièces  d*or  du  temps  de  Louis  XII  et  François  I*% 
trouvées  à  Âzerables  (Creuse).  Cette  description  sera  publiée  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  (1). 

M.  Touyéras,  trésorier  de  la  Société,  rend  compte  delà  situation 
financière  qui,  au  31  décembre  1904,  s'établit  comme  suit  : 

Recettes 

146  cotisations  des  membres  titulaires 2.110    » 

15  droits  d'entrée  de  membres  nouveaux ISO    » 

54  cotisations  de  membres  correspondants 540    » 

Subvention  du  département 500    » 

Produit  des  50  centimes  ajoutés  aux  cotisations  recou- 
vrées par  la  poste 26  90 

Don  de  la  famille  Guibert 200    » 

Vente  de  volumes  de  la  Société 40    » 

Acompte  de  la  faillite  Magne,  Ranson  et  C^' 180  33 

Souscriplions  pour  le  monument  Guibert 3.855    » . 

Intérêt  des  fonds  déposés  au  Crédit  Lyonnais 31  80 

Total  des  receltes 7.633  03 

Dépenses 

Impression  du  Bulletin 2.512  90 

Abonnements  à  divers  recueils  {Art  chrétien^  Borna- 

nia.  Bulletin  monumental) 57  30 

Salaire  de  l'encaisseur 100    » 

A  remployé  chargé  de  la  salle  des  séances 20    » 

Affranchissements,  ports,  frais  de  recouvrements, 

timbres 48  56 

Achats  de  carions 45  50 

Couronne  funéraire  pour  M.  Guibert 55    » 

Affranchissement  des  invitations  à  souscrire  au  monu- 
ment.   10  25 

Médaille  offerte  à  M.  le  directeur  de  TEcole  des 

beaux  arts 33  40 

Achat   des  dernières  œuvres  de  Mgr  Barbier  de 

Monlault 25    » 

Total  des  dépenses 2.907  90 


(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  791. 


835  sociéré  archéolooique  bt  ristobiqub  su  Lncousni 

Récapitulation 

Les  recettes  de  Tannée  1904  s*élëyent  à 7 .633  03 

Les  dépenses  à 2.907  90 

D*oà  résulte  un  excédent  de  recettes  de 4.725  13 

L'excédent  des  recettes  des  années  antérieures  étant  de    3 .  238  95 

Il  en  résulte  un  excédent  de  recettes  de 7.964  08 

qui  se  décomposent  ainsi  :  —— ^ 

Fonds  de  la  souscription  an  monument  Guibert 3.855    » 

Fonds  généraux  sans  affectation 4. 109  08 

Sur  les  7.964  fr.  08  de  l'excédent  de  receltes,  il  y  a  7.873  fr.  40 
déposés  au  Crédit  Lyonnais  et  90  fr.  68  en  caisse  pour  les  besoins 
journaliers. 

Toutes  les  cotisations  son  recouvrées. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  différents  mémoires. 

M.  0.  d'Abzac  donne  les  résultats  d'un  recensement  de  la  com- 
mune de  Panazol  établi  en  1793.  Cette  commune,  qui  compte 
aujourd'hui  1.692  habitants,  n'en  possédait  alors  que  668,  repré- 
'  sentant  115  ménages. 

M.  C.  Jouhanneaud  communique  une  longue  note  de  M.  Ducros 
(de  Saint-Léonard)  sur  un  souterrain-refuge  découvert  au  Monteil, 
en  la  dite  commune.  Ce  souterrain  mesure  1  mètre  50  à  son  entrée. 
Il  a  une  longueur  de  5  mètres  sur  une  largeur  de  3  mètres,  et  a  été 
creusé  en  plein  tuf,  à  5  mètres  au-dessous  du  sol.  On  n'y  a  point 
trouvé  le  moindre  objet,  et  la  question  se  pose  à  nouveau  de  savoir 
si  ces  sortes  de  souterrains  servaient  de  refuge  aux  populations  ou 
de  dépôt  de  vivres  dans  les  temps  de  calamités  (1).  En  tout  cas  le 
souterrain  du  Monteil  s'ajoute  à  la  liste  déjà  longue  de  ceux  que 
M.  l'abbé  Lecler  a  signalés  au  tome  XLI  de  notre  Bulletin. 

En  vertu  d'un  traité  passé  en  1654,  un  fermier  général,  Isaac 
Blandin  (de  Paris),  émit  au  nom  delà  royauté,  pendant  les  années 
1655-58,  des  pièces  de  cuivre  sous  le  nom  de  «  liards  de  France  ». 
M.  Royer,  qui  a  eu  quatre  de  ces  monnaies  en  main,  en  donne  la 
description  et  fournit  quelques  explications  subsidiaires. 

Il  lit  ensuite  l'étude  consacrée  par  M.  Bordeaux  (dans  la  Revue 
numismatique  de  i90i,i^  trimestre)  à  diverses  monnaies  de  la  (in  du 
XV*  siècle  qui  ont  été  trouvées  à  Montmorillon.  Ces  monnaies  sont 
en  la  possession  de  M.  Royer,  dont  elles  complètent  la  riche  collec- 
tion. 

M.  Courtol,  qui  désire  reproduire  les  fresques  de  la  crypte  de  la 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  787, 


PROCiS-VERBAUX  DB8  SÉANCBS  S37 

cathédrale,  demande  que  la  Société  veuille  bien  solliciter  en  son 
nom  Tautorisation  du  Ministère  des  beaux  arts.  II  est  décidé  qu*une 
lettre  en  ce  sens  sera  adressée  à  M.  le  Ministre. 
La  séance  est  levée  à  diii  heures. 

Le  secrétaire  général^ 
Alfred  Leroux. 


•^F* 


SÉANCE  DU  Î8  FÉVRIER  190S 


Présldenoe  de  M*  le  D'  Fovmlét  pré»ldenC 

Présents  :  MM.  d'Abzac,  Aubert  Berger,  Boulaud,  Gourtot,  F. 
Delage,  G.  Joubanneaud,  Duvoisin-Mazorie,  Gérard,  Laguéreone,  A. 
Leroux,  Malevergne  de  Lafaye,  S.  Mazeaud,  Tabbé  Pénicaut,  Royer. 

Le  Président  propose  d^envoyer  un  témoignage  de  sympathie 
à  M.  Léopold  Delisle  nommé  administrateur  honoraire  de  la  Biblio* 
thèque  nationale  à  l'occasion  de  sa  mise  à  la  retraite,  et  remplacé 
dans  les  fonctions  actives  par  M.  Henri  Marcel. 

La  Sociélé  compte  M.  Delisle  au  nombre  de  ses  membres 
d'honneur  et  a  pu  profiter,  en  plusieurs  occasious,  de  ses  conseils 
et  de  sa  précieuse  collaboration. 

La  proposition  du  président  est  acceptée  à  Tunanimité. 

M.  Louis-Joseph  de  Bar,  demeurant  à  Argentat  (Gorrèze),  est 
présenté  par  MM.  René  Fage  et  Alfred  Leroux,  comme  membre  de 
la  Société. 

Il  sera  procédé,  à  la  prochaine  séance,  au  vote  sur  son  admission. 

Il  est  passé  au  vote  sur  la  candidature  de  M.  Fusade,  professeur 
de  langues  à  Limoges,  présenté  à  la  dernière  séance.  Il  est  élu 
sociétaire. 

GoMMurticATioifs.  —  M.  Gh.  de  Lasteyrie.  —  Documentsdu  treizième 
siècle  sur  Saint-Martial  (1  ). 

H.  Touyéras.  •—  Inventaire  des  cartons  de  M.  Codet  de  Baisse 
(16  cartons  classés  provisoirement)  (2). 

H.  Leroux.  —  Catalogue  des  manuscrits  de  la  Société  archéologique 
(suite)  (3). 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  807  et  ss. 

(2)  Voy.  ci-dessus,  p.  452  et  ss. 

(3)  Voy,  çi-dessus,  p.  440  et  ss^ 


838  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET   HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 

M.  Franck  Delage.  —  Document  de  1597  sur  la  confrérie  de 
Saint- Jacques  {i). 

Publications.  —  Deuxième  fascicule  du  Bulletin  de  la  Sociélé, 
tome  LIV,  conteDanl  les  matières  ci-après  : 

Suile  de  Tbisloire  de  la  porcelaine  ;  —  Recueil  d*armoiries  limou- 
sines; —  Les  plus  anciens  titres  du  chapitre  de  la  cathédrale  de 
Limoges;  — Monographie  du  canton  de  Sainl-Sulpice-les-Feuilles; 
—  L'œuvre  de  Louis  Bourdery;  —  une  série  d'articles  biographi- 
ques sur  Louis  Guibert. 

René  Fage,  deux  monographies  des  Pénitents  bleus  et  des  Péni- 
tents blancs  de  Tulle. 

L*abbé  Lecler,  Notice  sur  Notre-Dame  de  Sauvagnac. 

Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Roche- 
chouart,  contenant,  entre  autres  articles  :  Les  lutles  intestines 
à  Rochechouart,  par  le  docteur  Marquet;  Le  droit  de  haute, 
moyenne  et  basse  justice  sur  le  bourg  d'Oradour-sur-Vayres,  par  P. 
Gaumy. 

Lemouzi,  numéro  de  janvier-février  1905  :  Psychologie  du  Limou- 
sin, par  le  docteur  F.  Lagrange  et  J.  Glaretie. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  l'Orléanais,  tome  XIII, 
contenant  une  description  détaillée  des  tapisseries  des  hospices 
d'Orléans,  au  nombre  desquelles  on  remarque  douze  fauteuils  et 
un  certain  nombre  de  scènes  avec  personnages,  sortant  des  ateliers 
d'Aubusson. 

M.  Leroux  signale  dans  la  correspondance  de  Voltaire  une  lettre 
adressée  à  M.  Tabbé  Vitrac,  sous-principal  du  collège  de  Limo- 
ges, en  date,  à  Ferney,  23  décembre  1778,  le  remerciant  de 
renvoi  de  deux  de  ses  ouvrages  sur  les  hommes  célèbres  du 
Limousin. 

M.  Courtot,  l'artiste  peintre  limousin  bien  connu,  présente  une 
toile  reproduisant  un  contrefort  de  la  cathédrale,  architecture  du 
X1Y«  siècle,  où  l'on  reconnaît  les  épisodes  du  martyre  de  saint 
Etienne. 

M.  d'Abzac  présente,  de  la  part  de  M.  Hersant,  un  tétradrachme 
d'Alexandre  le  Grand,  roi  de  Macédoine.  Gette  monnaie  d'argent 
valait  quatre  drachmes  et  était  en  usage  dans  beaucoup  de  pays 
grecs.  Elle  est  dans  un  parfait  état  de  conservation  et  pèse  3  gr.  80 
d'argent. 

M.  Franck  Delage  donne  lecture  d'une  intéressante  étude  sur 
l'humaniste  Marc-Antoine  de  Muret,  d'origine  limousine. 

(1)  Non  encore  publié. 


PROCis-VBRBAUZ  DBS  SEANCES  839 

Marc-Antoine  de  Muret  est  né  en  1526;  tous  les  auteurs  ne  sont 
pas  d'accord  sur  le  lieu  de  sa  naissance  ;  l'abbé  Vitrac  le  revendique 
pour  Limoges. 

Cette  opinion  prend  consistance,  si  Ton  considère  que  le  nom  de 
Muret  fut  très  répandu  à  Limoges.  Un  légiste  de  cette  famille  occu- 
pait dans  cette  ville  la  situation  de  conseil,  position  offrant  une 
certaine  analogie  avec  celle  des  avocats  actuels,  et  Muret  a  écrit 
dans  ses  œuvres  que  son  père  fut  jurisconsulte. 

Il  commence  ses  études  à  Poitiers,  avec  beaucoup  d'indépen- 
dance, et  se  détourne  du  droit  pour  se  consacrer  plus  particulière- 
ment à  la  littérature. 

En  1548,  il  obtient  une  chaire  à  Auch,  puis  à  Villeneuve-d'Agen. 
Il  se  lie  avec  du  Bellay;  ses  aventures  amoureuses  font  déjà  quel- 
que bruit.  En  1547,  on  le  trouve  professeur  au  collège  de  Guyenne, 
à  Bordeaux,  où  on  remarque  la  liberté  de  son  langage.  En  1551,  il 
professe  à  Paris,  au  Collège  du  cardinal  Lemoine,  et  peut-être  au 
Collège  Royal. 

Il  se  distingue  comme  poète,  à  la  fois  français,  latin  et  grec;  il 
se  lie  avec  Ronsard. 

Vers  la  fin  de  l'année  1553,  il  est  obligé  de  quitter  Paris  ;  les 
causes  de  cette  fuite  sont  restées  mystérieuses.  Il  professe  quelque 
temps,  sans  succès  du  reste,  le  droit  à  Toulouse.  En  1554,  il  est 
condamné  comme  huguenot  et  sodomiste.  Il  est  à  remarquer  qu'au- 
cun de  ses  amis  n'élève  la  voii  en  sa  faveur. 

Il  gagne  l'Italie,  est  malade  en  route,  va  à  Venise  et  sort  victo- 
rieux d'un  examen  qui  lui  fait  obtenir  une  chaire  d'humanités. 
En  1557,  nouvelle  accusation  de  sodomie.  En  1558,  il  quitte  Venise 
et  ouvre  des  cours  à  Padoue.  Nouvelle  accusation  de  vices  contre 
nature. 

Quelle  est  la  vérité?  Question  difficile  à  résoudre^  mais  qui 
revient  trop  souvent  dans  sa  biographie. 

Il  entre  dans  la  maison  du  cardinal  d'Esté,  Hippolyte  II,  avec 
lequel  il  entretient  les  meilleurs  rapports.  Il  devient  Torateur  atti- 
tré de  la  France  auprès  des  papes.  Ses  harangues  sont  en  latin. 

Hippolyte  II  le  mène  en  France  à  sa  suite,  quand  il  y  vient  comme 
légal,  et  Muret  renoue  ses  anciennes  amitiés. 

Le  cardinal  d'Esté  renire  à  Rome,  Muret  l'accompagne  ;  il  ensei- 
gne avec  un  vif  éclat,  unissant  l'éloquence  à  la  philosophie;  pen- 
dant quatre  ans,  il  jouit  d'une  véritable  popularité.  Il  étudie  de 
nouveau  la  jurisprudence  et  fait  des  cours  de  droit.  Il  suit  une 
méthode  analogue  à  celle  de  Cujas,  auquel  il  est  du  reste  inférieur. 
'  Il  est  chargé  de  missions  délicates  et  le  Sénat  romain  le  choisit 
comme  orateur  en  quelques  circonstances.  Il  obtient  le  titre  de 


4 


J^f 


840  SOCIÉTÉ  ARCHEOLOGIQUE   ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

citoyeD  romain.  Il  prononce  Téloge  funèbre  de  Pie  V,  glorifie  la 
Saint-Barthélémy,  et  loue  la  sagesse  de  Charles  IX. 

Sa  façon  sceptique  de  professer  le  droit  lui  attire  des  ennemis; 
un  traitement  supérieur  l'engage  à  abandonner  les  études  de  droit 
pour  la  littérature. 

Louis  d*Este,  héritier  d'Hippolyte  II,  lui  consenre  ses  fareurs. 
En  1876,  il  entre  dans  les  ordres,  se  fait  remarquer  par  sa  piété 
sincère  et  continue  de  professer  après  son  ordination. 

On  lui  demande  de  professer  en  Pologne;  à  la  sollicitation  du 
pape,  il  reste  à  Rome.  Lassé  par  les  élèves,  il  demande  sa  mise  à 
la  retraite.  Cette  retraite  ne  diminue  pas  son  crédit.  Il  se  lie  avec 
les  jésuites,  ce  qui  a  fait  dire  à  tort  qu'il  le  fut.  Il  redoubla  de  dévo- 
tion à  la  fin  de  sa  vie  et  mourut  le  4  juin  1888.  Benci,  son  élère  et 
ami,  prononça  son  oraison  funèbre. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  adjoint^ 

René  Laguérenne. 


SÉANCE  DU  28  MARS  1908 


Présidence  de  M*  G*  «iouhttnneandt  vlce-présldeiit 

Sont  présents  :  MM.  d'Abzac,  A.  Berger,  Boulaud,  Charles-La- 
vauzelle  fils,  Courlot,  F.  Delage,  Duvoisin-Mazorie,  Fusade,  Gérard, 
C.  Jouhanneaud,  Hersant,  Laguérenne,  A.  Leroux,  Mariaux,  Mau- 
rat-Ballange,  B.  Mayéras,  S.  Mazeaud,  abbé  Pénicaud,  docteur  E. 
Raymondaud,  Royer,  Vandières  de  Vitrac. 

M.  le  D'  Fournie,  président,  s'est  fait  excuser. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté  après 
quelques  rectifications. 

Le  Président  annonce  que  M.  Elie  Lemas,  ancien  professeur  de 
rhétorique  au  lycée  de  Limoges,  né  à  Brive,  est  décédé  en  mars 
courant,  à  Tâge  de  66  ans,  et  il  adresse  à  la  famille  les  condoléances 
de  la  Société.  Il  rappelle  que  raclivilé  du  défunt  s'était  renfermée 
presque  toute  entière  dans  le  cercle  de  ses  occupations  universi- 
taires, mais  que  cependant  il  avait  été  pendant  plusieurs  années 
un  auditeur  assidu  de  nos  séances  et  à  trois  reprises  un  collabora- 
teur de  notre  Bulletin. 

Il  lit  ensuite  la  lettre  que  M.  Léopold  Delisle  vient  d'adresser  i 
notre  Société  pour  la  remercier  des  sentiments  de  sympathie  qu'elle 


PROCÂS-VBRBAUX  DBS  s£aNCB6  641 

lai  a  témoignés  à  Foccasion  de  son  départ  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale. 

Il  donne  ensuite  communication  d'un  récent  arrêté  ministériel 
par  lequel  M.  Alfred  Leroux  est  nommé  membre  non  résidant  du 
Comité  des  travaux  bistoriques  et  scientifiques  près  le  ministère  de 
rinstruction  publique,  et  il  y  ajoute  ses  félicitations. 

Le  Président  fait  savoir  que  MM.  R.  Fage«  Â.  Leroux  et  A.  Ber- 
ger ont  été  délégués  au  Congrès  des  sociétés  savantes  qui  se  tiendra 
à  Alger  le  24  avril  prochain,  et  annonce  que  le  prochain  congrès  de 
la  Société  française  d'archéologie  aura  liea,  cette  année,  à  Beauvais 
du  20  au  28  juin. 

Il  est  ensuite  procédé  à  la  présentation  par  MM.  Leroux  et 
Mayêras,  de  M.  Gabriel  liajudie,  élève  en  pharmacie  à  Limoges, 
comme  membre  titulaire,  et  au  vote  sur  l'admission  de  M.  de  Bar 
^d*Argentat),  comme  membre  correspondant  présenté  par  MM.  Fage 
et  Leroux.  M.  de  Bar  est  élu. 

Le  Secrétaire  général  ënumère  les  principales  publications  adres- 
sées à  la  Société  depuis  la  précédente  séance  : 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Brive  (4*  livr.  de  1904) 
contenant  un  essai  sur  le  prieuré  de  Carlûs  par  M.  de  Vallon;  une 
étude  sur  la  famille  de  Certain*Ganrobert  par  M.  de  Saint-Germain; 
et  le  curieux  récit  d'un  voyage  hippiatrique  à  Pompadour  et  Auril- 
lac,  en  1809,  par  M.  de  Murât; 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  d'Angouléme  (t.  IV),  dans 
lequel  M.  Blanchet  publie  de  nombreuses  lettres  d'intérêt  politique 
adressées  à  Antoine  de  Bourbon  et  Jeanne  d'Albret,  entre  1553  et 
1562; 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Bordeaux  (t.  XXIV, 
2*  fasc),  dans  lequel  M.  Fernand  Thomas  rappelle  (ce  que  nous 
savions  d'ailleurs)  que  le  prétendu  vitrail  de  Jeanne  d'Albret  a 
appartenu  quelque  itemps  à  Jacques -Christophe  Ruffln,  ancien 
avocat  au  Parlement  de  Bordeaux. 

A  propos  du  roman  de  Goulfier  de  Lastours  que  notre  confrère, 
M.  Antoine  Thomas,  vient  de  publier  dans  la  Romania  (1*'  fasc.  de 
1905),  après  en  avoir  donné  la  primeur  à  notre  Société  (séance  de 
novembre  dernier),  le  Secrétaire  général  appelle  Tattention  sur  le 
Memoriale  pro  reverendo  pâtre  qui  facturus  est  sermonem,  donné  en 
appendice.  C'est  l'exposé  des  gloires  de  la  famille  de  Lastours  et 
du  haut  rang  qu'elle  a  toujours  occupé  en  Limousin.  Ce  document 
du  X  V«  siècle  est,  en  ce  genre,  le  plus  ancien  que  nous  possédions. 

Il  signale  encore  le  discours  prononcé  par  notre  confrère  M.  F.  de 
Labrouhe  de  Laborderie  sur  le  Barreau  de  Bordeaux  sous  la  Terreur^ 
et,  dans  les  derniers  numéros  de  Limoges  Illustré^  un  article  de 


N  "-ik 


842  SOCIETE    ARCnéOLOGlQUE  fit  HtSTORtQUE  DÛ  LtMOUSlN 

M.  Fusade  sur  La  Sonlerraine  ;  one  étade  de  M.  GharboDoier  sur 
le  D'  Pierre  Mazard  (de  Saint- Yrieix),  mort  en  i858;  et  une  autre 
de  M.  G.  Thuillier  sur  le  D'  Vallon  (de  Limoges). 

A  roccasion  du  Catalogue  général  des  mamucriU  des  déparie- 
ments,  la  Société  exprime  le  regret  qu*un  grand  nombre  de  documents 
et  registres  importants  de  notre  Bibliothèque  communale,  appelés  à 
figurer  dans  le  complément  donné  au  tome  XLI  qui  vient  de  paraître, 
aient  été  oubliés  par  le  bibliothécaire. 

M.  Mariaux  communique  un  curieux  registre  des  baptêmes  et 
mariages  célébrés  à  Limoges  ou  dans  le  ressort  du  diocèse,  entre 
1795  et  1802,  par  un  délégué,  non  connu,  de  Tévéque  exilé.  Ce 
document,  le  seul  de  son  espèce  que  l'on  connaisse  à  Limoges,  est 
d^une  écriture  très  lisible  et  provient  de  la  succession  de  M.  le  cha- 
noine Ardant,  récemment  décédé. 

M.  Vandières  de  Vitrac  fait  connaître  une  généalogie  des  de 
Lasteyrie  du  Saillant,  dressée  en  1668  et  différente  en  plusd*un 
point  de  celle  qui  a  été  publiée  dans  le  Nobiliaire  limousin.  Go  y 
a  inséré  quelques  notes  historiques  et  autres  documents,  dont  il 
est  fait  lecture. 

Dans  une  étude  sur  Etienne  Baluze,  publiée  par  le  Bulletin  de 
Tulle  en  1898,  M.  Emile  Fage,  reproduisant  une  erreur  qui  remonte 
à  Tabbé  Gouget,  avait  fixé  à  Tannée  1670  la  date  à  laquelle  le 
célèbre  érudit  limousin  fut  nommé  professeur  de  droit  canon  aa 
Collège  de  France.  S'appuyant  sur  VHistoire  du  Collège  de  France^ 
de  M.  Abel  Lefranc,  parue  en  1893,  M.  Franck  Delage  démontre 
que  celte  date  est  erronée.  La  lettre  royale  portant  création  d'une 
seconde  chaire  de  droit  ecclésiastique  en  faveur  de  Baluze,  aux 
appointements  de  600  11.  (appendice  H  de  Touvrage  précité),  porte 
la  date  du  30  décembre  1689.  Il  résulte  encore  du  même  ouvrage 
(appendice  B)  que  notre  compatriote  fut  syndic  et  inspecteur  du 
Collège  de  France,  de  1707  à  1710,  fait  qui  semble  avoir  été  ignoré 
des  biographes  de  Baluze.  —  M.  Delage  fait  remarquer  avec  raison 
que  la  date  de  1670  se  justifiait  beaucoup  moins  que  celle  de  1689, 
si  Ton  tient  compte  des  publications  de  notre  érudit  limousin. 

Aux  lien  et  place  de  M.  Malevergne  de  Lafaye  absent,  le  Secré- 
taire général  présente  divers  documents  envoyés  par  notre  confrère. 
En  premier  lieu,  un  superbe  évangéliaire  du  X«  siècle,  sur  parche- 
min, mesurant  0"24  sur  0"17,  avec  reliure  moderne.  L'écriture  est 
la  minuscule  romane,  de  date  un  peu  indécise  si  les  deux  minia- 
tures qui  figurent  dans  ce  volume  n'appartenaient  clairement  à  la 
période  des  derniers  Carolingiens.  —  En  second  lieu,  Toriginal  sur 
parchemin  de  la  bulle  de  suppression  de  Tabbaye  de  Grandmont, 
1772,  bulle  publiée  d'ailleurs  depuis  longtemps,  par  M.  Guibert.  — 


PROcès-VEHBAUX  DES  SÉANCEâ  84S 

Enfin,  seize  pièces  de  monnaie  que  M.  Royer  veut  bien  idenlilier. 
Ce  sont  des  blancs  de  Charles  VII,  des  lestons  d'Henri  II,  des  don- 
zains  de  Louis  XIV  et  des  centimes  de  la  première  République. 

Un  denier  du  XIP  siècle,  présenté  par  M.  Gourtot,  est  également 
identifié  par  H.  Royer  qui  y  reconnaît  la  monnaie  de  Robert, 
comte  de  Ne  vers. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  lecture  d'une  étude  de  M.  d*Abzac  sur 
Tassislance  publique  et  les  subsistances  dans  la  commune  de  Pa- 
nazol,  de  1790  à  1795. 

La  population  de  cette  commune  étant  composée  en  presque 
totalité  de  journaliers  et  de  cultivateurs  pauvres,  la  municipalité 
dut,  toutes  les  fois  que  les  mauvaises  récoltes  ou  Tabus  des  réqui- 
sitions publiques  faisaient  sentir  trop  vivement  leurs  effets,  s'ingé- 
nier à  créer  des  ressources  Emission  d'assignats,  souscriptions, 
distribution  d'un  legs  de  1.000  H.,  organisation  d'un  grenier  public 
alimenté  par  les  propriétaires,  autant  de  mesures  qui  furent  tour  à 
tour  appliquée.s.  La  municipalité  fit  plus  encore  :  elle  plaça  les 
pauvres  en  subsistance  chez  les  riches  et  distribua  à  domicile  des 
secours  aux  vieillards,  aux  infirmes,  aux  parents  des  dérenseurs  de 
la  patrie.  Enfin,  elle  osa  protester  contre  les  exigences  du  directoire 
du  district,  qui  réquisitionnait  sans  cesse  des  grains  et  même  des 
porcs  pour  l'approvisionnement  du  marché  de  Limoges. 

L'étude  de  M.  d'Âbzac,  Taite  sur  les  registres  de  la  municipalité, 
s'arrête  au  29  vendémiaire  an  IV  en  ce  qui  concerne  la  commune 
proprement  dite.  A  cette  date,  une  municipalité  cantonale,  avec 
Panazol  pour  cheMieu,  fut  créée^qui  devait  durer  jusqu'au  29  flo- 
réal an  VIII.  Elle  comprenait  les  communes  de  Panazol,  Coudât, 
Rosmie,  Saint-Just,  Isie,  Couzeix  et  Le  Palais,  et  fera  l'objet  d'une 
communication  ultérieure. 

La  parole  est  donnée  à  M.  C.  Jouhanneaud  pour  la  lecture  du 
mémoire  de  M.  C.  Pérathon  (d'Aubusson)  sur  la  fêle  du  couvent  de 
Rlessac. 

De  temps  immémorial,  le  premier  lundi  du  mois  d'octobre  est  un 
jour  de  chômage  pour  les  ouvriers  de  la  manufacture  de  tapisseries 
d'Aubusson.  Ce  jour  férié  se  nomme  le  jour  du  couvent,  et  les 
veillées  d'hiver  commencent  le  lendemain.  M.  Pérathon  croit  pou- 
voir rattacher  cette  dénomination  à  certaine  fête  du  couvent  de 
Rlessac,  que  Ton  trouve  mentionnée  dans  une  sentence  de  mai  1261. 

Les  Aubussonnais  conservèrent,  en  effet,  pendant  des  siècles, 
l'habitude  de  s'y  rendre,  parce  qu'ils  s'approvisionnaient  facilement 
de  toutes  sortes  de  denrées  et  d'objets  au  marché  qui  se  tenait 
près  du  couvent.  Cette  explication,  qui  a  déjà  été  proposée  par 
Gault  de  Saint-Germain,  est  vraisemblable,  mais  elle  aurait  besoin 


844  sociéré  archéologique  bt  HtsrôRtQUK  du  limousin 

d*6tre  appuyée  de  fails  précis  que  M.  Pérathon  ne  donne  malheu- 
reusement pas  (1). 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  le  Président  rappelle  qu'en  raison 
de  la  date  tardive  à  laquelle  tombent  les  Pâques,  la  prochaine 
réunion  de  la  Société  est  remise  au  mardi  2  mai.  Il  espère  que  la 
seconde  livraison  du  Bulletiny  dont  la  distribution  est  retardée 
par  le  manque  d*une  planche,  pourra  paraître  d'ici  là. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  général, 
ÀUred  Leroux. 


SÉANCE  DU  2  MAI  i90ff 


Présidence  de  M.  C*  «ioahanncaud»  vlce-préaldeiit 

Présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Gourtot,  F.  Delage,  Fusade,  Lagué- 
renne  et  A.  Leroux. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance  qui  est  adopté  sans  obsen'alions. 

Il  est  procédé  au  vote  sur  l'admission  de  M.  Gabriel  Lajudie, 
élève  en  pharmacie  à  Limoges,  dont  la  candidature  avait  élé  pré- 
sentée à  la  dernière  séance.  Il  est  élu  comme  sociétaire. 

Le  Secrétaire  général  donne  le  détail  des  publications  reçues 
depuis  la  dernière  réunion,  en  faisant  ressortir  les  documents  de 
nature  à  intéresser  la  région. 

Notes  paroissiales  de  géographie  historique  pour  la  Haute-Vienne, 
par  J.-B.  Champeval.  Gette  première  partie  se  rapporte  au  canton 
et  à  la  commune  de  Limoges. 

Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiques  de 
la  Creuse^  2*  série,  tome  neuvième,  contenant  une  étude  de  Louis 
Guibert,  ayant  pour  titre  :  Histoires  de  sorciers;  des  notes  sur  les 
Sociétés  populaires  dans  la  Creuse  pendant  la  Révolution^  par 
M.  Louis  Lacrocq  ;  Aigurande  depuis  l'époque  gauloise  jusqu^à  nos 
jours,  par  M.  Gabriel  Martin. 

Lemouzi  littéraire,  livraison  d'avril  1905.  —  Ce  numéro  est  con- 
sacré à  la  mémoire  du  chanoine  Joseph  Roux,  décédé  à  Tulle  le 
4  février  dernier.  On  y  trouve,  avec  une  élude  sommaire  de  ses 
œuvres,  une  esquisse  de  son  existence  longue  et  fructueuse.  Il  est 
l'auteur  de  Pensées ^  de  la  Chansou  Lemouzina,  de  diverses  poésies 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  372  et  ss. 


l^ROcàs-VBRBAÙX    DBS  SEANCES 

doot  deax  yolumes  de  poésies  limousiaes,  et  de  la  Lengua  i'or, 
diclionnaire  de  la  langue  limousine. 

Le  Bibliaphik  limouHn^  publié  par  M.  Paul  Ducourtieux,  n*  de 
janvier  1905,  contenanl  la  suite  des  études  de  M.  Ducourtieux, 
Cantribuêion  à  Fhist^e  des  périodiques  limousins  ;  —  Un  petit-fils  de 
Pourceaugnac,  étude  de  M.  Camille  Jouhanneaud  sur  un  ouvrage 
en  Tonne  de  roman,  publié  en  1809,  sans  autre  indication  d^auteur 
que  cette  mention  Par  l'auteur  des  Jeannot  et  Jocrisse  (d'Orbigny). 

Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts  de  Roche- 
ehouartj  t.  XIV,  n*  3,  avec  une  notice  du  D'  Marquet  sur  les  répa- 
rations de  réglise  de  Biénac  en  1761  ;  un  article  de  M.  d'Àbzac 
sur  les  Puits  romaifis  de  Chassenon  ;  Les  Tumulus,  par  M.  Masfrand, 
et  la  suite  de  l'étude  de  M.  Gaumy,  sur  le  Droit  de  haute,  de 
moyenne  et  de  basse  justice  sur  le  bourg  d^Oradour-sur-Vayres, 

Congrès  archéologique  de  France.  —  Compte  rendu  des  séances 
générales  tenues  à  Poitiers  en  i  90 3  par  la  Société  française  d'archéo- 
logie. Ce  volume  contient  un  article  descriptif  de  Téglise  collégiale 
du  Dorât  des  XI*  et  XII*  siècles,  saur  le  clocher  principal  qui  date 
du  XIII*.  Une  notice  de  M.  le  chanoine  Colon,  sur  la  Crosse  de  la 
cathédrale  de  Poitiers,  à  propos  de  laquelle  l'auteur  mentionne  le 
retard  architectonique  de  lorfèvrerie  limousine. 

Le  Mémorial  de  la  Creuse^  portant  la  date  du  20  avril  1905,  rela- 
tant le  compte  rendu  du  banquet  offert,  à  Saint^Yrieix-la-Monta- 
gne,  à  M.  Antoine  Thomas,  membre  de  riastitut,  originaire  de 
cette  commune,  et  le  texte  des  toast  et  discours  prononcés  à  cette 
occasion. 

Le  Secrétaire  général  signale  le  fascicule  d'avril  de  la  Revue  des 
questions  historiques  (page  420),  qui  nous  apporte  des  détails  nou- 
veaux sur  la  nomination  de  Pierre  de  Montbrun  à  Tévéché  de  Li- 
moges en  1426. 

Parmi  les  prisons  ecclésiastiques  du  diocèse  de  Limoges,  on 
connaît  celle  des  Cordeliers  de  Bois-Ferru,  canton  de  Bonnat  et 
commune  de  Linard  (Creuse),  M.  Leroux  prouve  qu'il  en  existait 
une  autre  à  Brouzeau,  commune  de  Saint-Léger-Magoazeix  (Haute- 
Vienne),  qui  était  celle  des  Grandmontains  (G.  478  du  fonds  de 
révéché). 

11  est  présenté  un  plan  des  anciens  bancs  charniers  situés  entre 
la  porte  Boucherie  et  la  porte  Manigne»  occupant  l'emplacement 
actuellement  compris  entre  la  rue  du  Canard  et  celle  du  Verdurier. 
Ce  plan  a  été  dressé  en  ^^H9.fArch.  hospital.  de  Limoges,  B,  2d/ 

M.  A.  Leroux  donne  lecture  d'une  étude  de  M.  Louis  Guibert  sur 
les  lépreux  et  les  léproseries  en  Limousin. 

L'existence  de  la  lèpre  en  Occident  et  en  particulier  dans  diverses 

T.  LV  56 


846  SOCIÉTÉ   AnCHÉOLOGiQUÈ   ET   HISTORIQUE   DU   LIMOUSIN 

régions  de  la  France  est  atleslée  dès  ie  moyen  âge.  Elle  pril  au 
commencement  du  Xll*  siècle  un  développement  énorme  et  devint 
commune  dans  certaines  provinces;  mais  elle  sévissait  depuis 
longtemps,  et  Taulorité,  dès  le  VIII*  siècle,  avait  cherché  à  séparer 
les  lépreux  du  reste  de  la  population,  comme  cela  existait  dans 
l'antiquité.  D'après  une  disposition  des  capitulaires,  la  femme  d*un 
lépreux  pouvait,  avec  le  consentement  de  son  mari,  rompre  le  lien 
conjugal  et  prendre  un  autre  époux.  Placés  sous  la  protection  des 
évéques,  les  lépreux  furent  Tobjet  de  leur  intérêt  et  les  premières 
maisons  où  ils  furent  recueillis  sont  de  fondation  épiscopale.  On 
distinguait  les  personnes  affligées  de  la  lèpre  dite  lèpre  blanche, 
et  celles  plus  cruellement  atteintes  qu'on  désignait  sous  le  nom  de 
ladres  rouges. 

Après  les  Croisades,  l'extension  que  prit  la  maladie  fil  créer  de 
nombreux  établissements  pour  isoler  les  lépreux.  Sons  Louis  VII, 
il  en  existait  deux  mille  en  France,  et  au  XIIP  siècle  il  se  serait 
créé  dix-neuf  mille  établissements  nouveaux,  si  Ton  en  devait  croire 
le  Dictionnaire  de  Larousse. 

Les  maladreries  étaient  placées  autant  que  possible  près  d'une 
source  ou  d*un  cours  d'eau  dans  la  campagne. 

Dans  certains  pays,  les  lépreux  étaient  considérés  comme  civile- 
ment morts  et  déchus  de  toute  capacité  et  de  tous  droits.  La  no- 
blesse échappa  à  cette  restriction  de  liberté.  Beaucoup  de  grands 
seigneurs  croisés,  affligés  de  la  lèpre,  vécurent  dans  leurs  chftleaux 
et  n'abandonnèrent  pas  leur  famille.  Dans  les  monastères,  on  se 
borna  à  donner  aux  frères  atteints  du  mal  une  cellule  à  part  dans 
les  dépendances  du  cloître. 

On  ne  pouvait  avoir  partout  des  léproseries  distinctes  pour  les 
hommes  et  pour  les  femmes;  mais  dans  celles  qui  n'étaient  pas 
séparées,  il  y  avait  des  locaux  affectés  à  chaque  sexe.  Les  lépreux 
constituaient  une  communauté  ayant  un  caractère  religieux  et  où 
l'on  faisait  des  vœux  analogues  à  ceux  des  ordres  monastiques.  Il 
semble  qu'en  tout  temps  les  malades  pouvaient  se  marier  entre  eux, 
et  il  y  avait  dans  les  léproseries  des  maisonnettes  réservées  à  ces 
ménages. 

La  lèpre,  rare  en  Limousin  jusqu'au  début  du  XII*  siècle,  y 
apparaît  plus  commune  à  partir  de  cette  époque  et  il  se  fonda 
beaucoup  de  léproseries  dans  notre  pays.  On  peut  citer  la  comman- 
derie  du  Saint-Esprit,  à  Gonfolens  ;  la  maladrerie  de  Saint-Jacques, 
àAixe;  celles  de  Saint-Junien  et  de  Saint-Léonard,  l'hôpital  de 
Magnac  et  la  maladrerie  de  Chftlus  ;  à  Limoges,  la  léproserie  de  la 
\laisonDieu  et  celles  de  Notre-Dame  des  Arènes  et  de  Monljauvy. 
Il  est  donné  lecture  d'un  travail  de  M.  Drouault  sur  la  commune 


PROCès-VEBBACX   DSS  SÉANCES  84*7 

de  Sainl-Sulpice-Ies-Feuilles,  formant  une  monographie  très  com- 
plète. 

L'auteur  décrit  la  situation  de  la  commune  et  en  détermine  les 
limites  et  l*étendue.  Il  fait  rénumération  des  cours  d*eau  qui  larro- 
scnt  et  dont  le  plus  important  est  la  rivière  de  la  Benaize. 

La  population  s*est  rapident  accrue;  en  1793  il  y  avait  seulement 
1,250  communiants,  et  le  recensement  de  1896  accuse  2,008  habi- 
tants. 

Le  nom  de  Saint-Snipice  vfent  de  Sulpice>Ie-Pieux,  né  à  Vatan, 
dans  le  Berry,  aumônier  de  Glotaire  II  et  évéque  de  Bourges.  La 
situation  du  chef-lieu  dans  un  pays  boisé  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  Saint-Sulpice-Terreaux-Feuillei,  et  en  1547,  de  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles. 

C'est  un  bourg  coquet,  au  croisement  de  plusieurs  routes.  La 
localité  est  de  formation  moderne,  le  commerce  y  est  prospère,  on 
y  a  compté  jusqu'à  soixante  négociants.  Un  bureau  des  postes  a  été 
créé  en  1842,  le  télégraphe  y  a  été  établi  en  1870.  La  recette  de  l'en- 
registrement date  de  1843  et  la  gendarmerie  de  1857.  II  existe  un 
comice  agricole  depuis  1868,  qui  se  tient  chaque  année  au  cheMieu 
du  canton,  au  mois  de  septembre.  L'ancienne  église  paroissiale 
a  été  démolie  en  1848,  elle  a  été  reconstruite  sous  la  direction  de 
M.  Victor  Gay,  architecte,  et  consacrée  en  1851.  Elle  contient  deux 
reliquaires  très  remarquables  qui  viennent  de  l'abbaye  de  Grand- 
mont  :  l'un  représente  un  ange  portant  un  globe,  l'autre  est  enrichi 
d'émaux  peints  très  anciens. 

Dans  son  élude,  l'auteur  relate  des  lettres  de  rémission  accordées 
par  Charles-Quint  à  Mathurin  Pot,  retenu  dans  les  prisons  de  Saint- 
Denis-les-Pariz,  pour  avoir  trop  vertement  châtié  un  individu  qui 
lui  avait  volé  du  bois. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  adjoint ^ 

René  LAGOÉRBniifi. 


SÉANCE  DU  30  MAI  1905 


Présidence  de  M*  C*  Jlonhanneaud,  vlcse^préaldent 

Sont  présents  :  MM.  d'Abzac,  Ânbert  Berger,  Boulaud,  Blancher, 
Courtot,  F'ranck  Delage,  Ducourtieux,  Fusade,  C.  Jouhanneaud, 
Laguérenne,  A.  Leroux,  Maurat-Ballange,  Mayéras,  Moufle,  D'  E. 
Raymondaud,  Royer,  Touyéras. 


f 


l^fi  prjocèç-yerbjil  de  la  séaQjce  pri&cédephP  P^t  lu  !^f  a^ioplé  ^pnès 
quelques  rectifications. 

ILe  S^pf^t^vfi  général  ^gqalp,  fia,m  1^9  oayragps  rppeaififeat 
pjiruç,  )iss  articles  et  docaments  qn\  ^ptéressei)t  nptre  provin.cè  : 

Dans  le  fiecueilfte  pAcadéffiiede9je^xfiorff^xde  fo^lous0  (19DS), 
le?  Visions  grecqufs^  troi«  j&légjfmts  spnuets  de  M"»  Suzanne  Ver- 
gplaud  (4e  Li^ioges),  qui  ^,  obtenu  en  récompieiis^  une  primevère* 

Dans  le  Journal  des  Débats  du  3  mai  4905,  un  court  article  dans 
lequel  M.  AnL  Thoqa^s  pi^pliq^e  ^^¥pression  «  Poules  et  Coqs 
Limoges  n,  qui  se  r.ei^pontre  daqs  qpplqyps  textes  de  \^  France  du 
Nprdau  wpyenige. 

Les  galUnac^9  aipsi  désignés  ne  sppt  autres  que  les  faisans,  dont 
la  livrée  éclatante  a  été  instinctivement  comparée  aux  prqduils 
{qulticolores  de  Témaillerie  (irpousinp. 

Paqs  (a  Bibliotl^qu^  de  V^cole  des  çfiartes  (t.  LXVI),  U  meniion 
(jl'un  registre  de  comptes  de  la  Gn  du  XV*  siècle  qpuv^lleqiient  entré 
à  )4  Bibliqi()èque  natiopale  (nouv.  acq.  U(.  1884).  H^.  Leroux  fait 
qbsçirver  que,  contrairerpei)^  au  dife  dp  rédacteur  du  catalogue 
(p.  7),  ce  pegi$tr^  de  coipptes  provient  dei  Bripude  {Brivatutn)  et 
ppp  d^  Brive  {Briva), 

Le  Ifemouzi  de  mai  190tf,  où  se  Irppye  pne  nqt|ce  de  U.  V.  Foro( 
sur  la  cppimi^ne  4e  f^guenne,  —  et  pu  article  anonyme  sur  Bf .  le 
I)T  Y^ljon  (de  Paris),  Tun  de  nos  plus  distinguas  compatriotps. 

Le$  Ç\^iio$Ués  de  /(i  Bibliqfirqpbie  Hmous^ney  par  un  Bibliophile 
corrézien  (M.  Clément-Simon).  C'est  le  recueil  d'pne  longue  série 
d/^lud^s,  p^rne^  ()*&bQpd  ((an^  le  ÇipJiçgfhih  limousin,  sur  une  foule 
dp  ppiq(9  ftbscpn  de  flfltre  histoire  lilférftife.  Lenteur  y  a  f^it 
prpuYp  d*pnp  érudiMflP  4Hs$i  at^qnd^nte  qup  prépjse. 

M.  Haurat-Ballange  fait  circuler  le  dessin  de  deux  plaqqes  de  che- 
minée (style  Louis  XIII}  provepaqf  f|e  sa  prqpnétp  des  Etangs, 
commune  de  Lsi^igq^c. 

Dp  U  part  de  M.  Henri  de  Lavillatte,  M.  Tabbé  A.  Lecler  soumet 
la  reoroduction  d'une  superbe  plaque  de  cheminée  du  château  de 
Lavillatte  (Creuse),  aux  armes  de  la  famille  Dissandes  de  Bogenet 
de  Lavillatte  de  Monl^vade.  L^o^uyre  paralf  cfu  XV*  siècle.  A  ce  pro- 
pos, la  Société  demande  que  M.  Tabbé  Lecler,  qui  possède  les  copies 
de  bon  nombre  de  plaques  de  ce  genre,  veuille  bien  en  faire  profi- 
ter le  ^t/tHetin. 

M.  le  D'  Fournie  envoie  une  figurine  en  bronze  trouvée  dans 
rapcl^n  château  d'Aixp.  Gçitp  fignrine,  qui  rpprésç^fe  un  s^pAlre, 
peu(-^tre  sfiiqt  P^ul,  q^esure  enyifon  QT^i^  ^e  hc|uteur  e|  est  pour- 
vue d/iin  certain  nombje  de  ${|pli|irs.  G'çst  un^  pièce  d'applique  qui 
peut  remonter  au  XIV*  siècle,  sinon  au  XIIP. 


pàoùiS'xiRtxvx  des  siLiNCKS  H^ 

Bl.  Ûuéottrtieut  pré'se&le  anë  ntionnaie  en  or  trouvée  à  Ô^jat 
(Côfrèze),  au  type  de  Terâperèàr  cTAIléiïii^e  Sigrsmoiid,  mort  en 
1438.  Cette  moi^naîé  a  ^è  ùidàHlè,  répais^eàf  ei  ié  poid^  des  ][ilëces 
françaises  de  là  même  époqae.  A  Tavers  nn  globe  surmonté  dPàne 
croix,  avec  la  légende  «  Sigismv'dvs  »  ;  au  revers  Téibpereur  éëhbiii 
et  de  face  tient  un  sceptre  ffeur(^èfii^  ;  là  légende  est  èiffa^céè. 

Dans  rttisiôire  de  Charles  Ylil  oubliée  par  fiodéfrô:^  en'  <Mfl, 
M.  A.  Leroux  a  relevé  un  acte  de  1^  par  lecjfué^  Cha^teé  dé  Ci^fj, 
prince  de  Chinlay,  TieutenanC  et  capitaine  général'  ou  coMVé  <ïè  ti^f- 
naut,  s'engage  envers  le  roi  de  France  S  observer  la  ^i\i  de  Senïïs. 
Ce  de  Groy  de  Chiraay  est  dit  vicomte  d^e  Limoges,  ce  quî  est  Hk 
toute  impossibilité,  pttis(}ue  la  vicomte  Hé  Limoges'  était  aTôVs  aù^ 
mains  d^Alaîn  d'ÀIbrèt.  II  y  à  eu  dans  fa  famille  tfes  dé  Gi^oy  dé 
Chimay  une  branche,  les  Liiiiosin  d'Alheini,  que  menl!ionne  VÀrikù' 
fiai  générai  ùe^  d'riozi'ér  (Vl,  page  3).  On  peut  se  rfenVânder  s'îï  nW 
aurait  pas  eu,  d'é  la  part  de  Gôdefroy,  une  côn/ûsibn  résoltailt  de 
cette  qûasi-homonymie. 

M.  Leroux  signale  encore,  dans  le  cabinet  de  M.  le  seci^é(^a?i^e  éii 
chef  de  ThApital  de  Limoges,  une  inscription  sur  cuïvre  eu  ofuàtorze 
lignes,  i]ui  porte  la  date  du  4*5  février  1594.  C'est  on' arrêté  des  jti^s 
de  police  de  Limoges  relatif  à  la  mesure  des  bois  du  Naveix.     ^ 

La  Société  s'entendra  avec  If.  le  secrétaire  de  Thôpital  pttur  raire 
photographier  cette  curieuse  inscription  (1). 

Rappelant  la  relation  que  le  voyageur /ouvin  de  Rochefort' nous 
a  laissée  de  son  passage  à  Linioges,  M.  Leroux  ibohtre  que  cette 
relation  date,  non  point  de  1671  comme  on  l'a  cfu  jusqu'ici,  mais 
de  mars  1660,  puisque  Jouvin  dil'éxpressénient  qu'il  assista  à  l'en- 
trée de  M.  de  Turenne,  gouverneur  de  la  province  (Gf.  lé  Bulletin, 
XXX,  313  et  XXXII,  138). 

M.  le  Président  demandé  que  la  Société  ratifie  le  choix  qû\  a  été 
fait  par  le  Bureau,  de  Grozant  pour  but  de  l'excursion  projetée  au 
lundi  de  Pentecôte  prochain.  M3f.  Laguérenne,  Ducoui'tieuj^  et 
A.  Berger  sont  chargés  de  préparer  cette  excursion. 

La  jiàrole  est  donnée  à  M.  d'Abzac  pour  là  lecture  de  la  biogra- 
phie de  Marc-Antoine  de  Muret,  que  Isaa'c  Brulàrt  à  insérée  dans  le 
tome  II  de  VAcadémiô  des  sàiences  et  arts  (Bruxelles,  1682). 

G'est  une  apologie  qu*il  faut  connaître,  mais  qui  n'ajouté  rien'  à 
ce  que  nous  apprennent  les  contemporains  du  célèbre  lîutiiànlst'e. 
Par  contre,  M.  d'Abzac  signale  à  la  Bibliothèque  nationale  Texis- 
tence  de  dix-huit  portraits  de  Muret,  qu'a  fait  relever  M.  teisserènb 
de  Sort.  M.  Fray-Fournier  en  avait  déjà  mentionné  quatorze  dans 
son  Catalogue  des  portraits  limousins. 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  816» 


B50  SOCIÉTÉ   ABCHÉOLOGIQUB  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSni 

L*ordre  du  jour  appelle  la  lecture  de  M.  Maurat-Ballange  sur  on 
arrêt  du  présidial  de  Limoges  de  1659.  Cet  arrêt,  qui  figure  dans  le 
Recueil  du  célèbre  juriste  forésien  Claude  Henrys,  témoigne  du 
grand  progrès  que  riosliluUon  des  présidiaux  avait  fait  accomplir 
à  l'administration  de  la  justice  (1). 

Il  s'agissait  en  l'espèce  de  Jacques  Bouchaud,  baron  des  Etangs, 
propriétaire  de  la  seigneurie  de  ce  nom,  en  la  commune  de  Ladi- 
gnac,  qui  avait  frappé  un  juge  du  nom  de  Guillaume  Bouibet,  et 
pillé  ses  biens.  La  cour  présidiale  décréta  le  coupable  et  ses  com- 
plices de  prise  de  corps.  Comme  ils  faisaient  défaut,  elle  insliloa 
une  enquête  et,  sans  s'occuper  davantage  des  comparses,  déclara 
le  baron  suffisamment  convaincu  du  crime  de  vol  et  violence»  et 
comme  tel  déchu  de  sa  noblesse.  Elle  le  condamna  ensuite  à  faire 
amende  honorable  dans  les  formes  accoutumées  et  à  expier  ses 
torts  par  dix  années  de  galères  et  une  amende  de  4.000  livres. 
Mais  le  coupable  en  appela  au  parlement  de  Bordeaux  et  réussit  à 
créer  un  conflit  de  compétence.  L'affaire  fut  alors  portée  an  grand 
Conseil  du  roi  qui,  après  examen,  affirma  la  compétence  dn  pré- 
sidial. Mais  nous  ne  savons  rien  de  plus,  ni  dans  quelle  mesure  fut 
exécutée  la  sentence  prononcée  par  cette  cour  contre  le  baron  des 
Etangs. 

M.  Camille  Jouhanneaud  donne  lecture  des  notes  par  lui  recueil- 
lies dans  les  documents  du  temps  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
musique  à  Limoges  entre  1800  et  1818.  Il  résulte  de  ses  recherches 
que,  dès  ce  temps,  le  goût  de  la  musique,  qui  remonte  bien  au  delà 
de  la  Révolution,  était  assez  prononcé  dans  notre  ville.  Sans  insis- 
ter sur  le  théâtre,  où  cet  art  trouvait  sa  principale  manifestation, 
comme  l'a  montré  M.  Fray-Fournier  dans  une  notice  à  laquelle  il 
convient  de  renvoyer  (2),  M.  Jouhanneaud  étudie  la  place  impor- 
tante que  tenait  la  musique  dans  les  réunions  du  premier  Empire, 
nou  seulement  dans  les  concerts  publics  ou  privés,  qui  étaient  alors 
fréquents,  mais  encore  dans  toutes  les  fêtes  et  solennités  civiques 
ou  ecclésiastiques. 

L'étude  de  l'art  musical  était  fort  en  honneur  dans  les  familles, 
dans  les  écoles,  et  notamment  au  Lycée  institué  en  1806.  A  cété  des 
amateurs,  qui  étaient  nombreux  et  pleins  d'initiative,  il  y  avait  des 
professionnels,  des  artistes,  dont  le  plus  connu  était  M.  Crémoo. 
M.  Jouhanneaud  en  cite  quelques  autres  et  parle,  en  terminant,  de 
la  musique  de  la  Garde  d'honneur,  très  en  vogue,  et  qui  avait  poor 
chef  et  sous-chef  deux  notables  habitants  de  Limoges. 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  792  et  ss. 

(2)  Voy,  Limoges  Illustré,  juillet-octobre  iOOO;  tirage  à  part. 


PROCiS-VBiiaAUX    DBS  SÉANCES  %M 

Nécessairement  rapide  et  succincte,  l'étude  de  notre  confrère 
touche  maintes  fois  aux  événements  de  l'époque  et  aux  faits  sail- 
lants qui  avaient  leur  répercussion  dans  la  vie  sociale.  Par  là  encore 
elle  éveillera  auprès  des  lecteurs  le  vif  intérêt  qu'elle  a  provoqué 
chez  ses  auditeurs. 
La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  géfUral, 
Alfred  Leroux. 


SÉANCE  DU  27  JUIN  1905 


Présidence  de  M«  le  IK  Fournie»  président 

Sont  présents  :  MM.  d*Abzac,  Aubert  Berger,  Franck  Delage, 
Roger  Drouault,  Ducourtieux,  Georges  Guibert,  C.  Jouhanneaud, 
Alfred  Leroux,  P.  Mariaux,  Barthélémy  Mayéras,  S.  Mazeaud, 
Touyéras. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

Au  sujet  de  l'expression  «  Poules  et  Coqs  Limoges  »,  que  M.  A. 
Thomas  a  si  bien  interprétée  en  montrant  qu'il  s'agissait  de  fai- 
sans, M.  Ducourtieux  propose  d'y  voir  une  allusion  aux  anciennes 
étoffes  de  couleur  éclatante,  connues  sous  le  nom  de  limotgiatures. 

Sur  la  demande  du  président  et  l'avis  conforme  des  membres 
présents,  il  est  décide  que  les  séances  mensuelles  de  la  Société  ne 
commenceront  désormais  qu'à  huit  heures  et  demie. 

M.  G.  Jouhanneaud  fait  circuler  deux  photographies  prises  lors 
de  la  récente  excursion  de  la  Société  aux  ruines  de  Grozant,  excur* 
sion  dont  M.  Laguércnne  rendra  un  compte  détaillé  (1). 

Le  Président  expose  en  quelques  mots  où  en  est  le  projet  du 
monument  Guibert.  La  Société  et  la  famille  se  sont  prononcées 
pour  l'une  des  deux  maquettes  proposées.  Il  ne  reste  plus  qu'à 
régler  administralivement  l'acquisition  de  l'emplacement  au  cime- 
tière. 

A  propos  de  la  publication  de  la  notice  sur  VŒuvre  historique  de 
Louis  Guibert,  par  M.  Alfred  Leroux  {Bulletin,  LIV,  390),  M.  Ph.  de 
Bosredon  écrit  pour  faire  observer  que,  dans  la  préface  de  sa  Sigil- 
lographie de  la  Haute  Vienne^  il  a  rappelé  le  nom  de  M.  Guibert 
par  les  mots  suivants  :  «  Il  veut  que  le  recueil  auquel  il  a  si  utile- 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  777  et  ss. 


9!^%  sociéré  AncBéoLC^GiQOB  bt  bistomovs  bu  limousin 

m^t  collaboré  soit  signé  de  moi  sm);  je  cède,  rea»  û  m  est  Mitant 
que  malmène  TaBleor  ». 

Ea  ce  fai  touche  M.  Alt>ert  Gérardhi,  M.  de  Bosredae  ajoute 
cfttll  est  le  preoiier  à  regreller  êe  n'arolr  point  été  nis  au  eoarMi 
de  sa  collaboration.  Le  nom  de  M.  Gérardin  ne  lui  a  pas  été  feuni, 
par  suite  d'une  omission  inyolontaire  dans  la  liste  dea  cMpéraleirs 
locaux  de  son  o&UYre. 

M.  le  Seerétûre  général  rend  compte  des  ouvrages  reçus  depuis 
la  dernière  séance  : 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres  de  Tulle  (déc.  1904),  dans 
lequel  il  faut  signaler  la  notice  de  VL  Berlin  sur  le  général  Malerre, 
et  celle  de  M.  René  Page  sur  les  fêles  publiques  à  Tulle  pendant 
la  Révolulion  ; 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Brive  (mars  1908), 
dans  lequel  M.  Foroi  s'occupe  du  Royal-NaYarre-^^erie,  caserne 
dans  la  Gorrèze  en  1790,  —  et  M.  de  Lépinay  examine  la  question 
de  saroir  si  le  pape  Sixte-Qoini  sérail  d'origine  limousine  ; 

Le  Bibliophile  limousm  (avril  1965),  dans  lequel  M.  Ducourtieui 
continue  ses  recherches  sur  la  presse  locale  au  temps  de  la  Révo^ 
lulion  ; 

La  Revue  des  idées  (juin  190S),  où  l'on  trouve  un  article  de  M.  Paul 
Yerdier  sur  la  corporation  des  bouchers  de  Limoges  au  XtX*  siècle, 
articte  judicieux,  mais  qui  n'apporte  rien  de  nouveau; 

Les  Procès-verbaux  du  conseil  municipal  de  Limoges  pour  1904. 

M.  René  Page  oflTre  la  notice  biographique  qu'il  a  consacrée  à 
la  mémoire  de  Louis  Guibert;  M.  Louis  Page,  une  étude  sur  la 
forme  épitoque  de  Nereis  fucata  Sav; 

M.  Alfred  Richard,  archiviste  de  la  Vienne,  deux  brochures qu  il 
a  publiées  en  réponse  aux  critiques  de  M.  Lot,  sur  ïHistoire  des 
comtes  du  Poitou. 

M.  Leroux  signale  comme  un  ouvrage  de  mérite  la  thèse 
que  M.  l'abbé  Aulagne  vient  de  composer  sous  ce  titre  :  Un  siècle 
de  vie  ecclésiastique  en  province  :  la  réforme  ecclésiastique  dans  le 
diocèse  de  Limoges  au  XYIP  siècle.  Les  renseignements  y  sonlextré- 
moment  abondants,  le  plan  en  est  clair,  Tesprit  assez  indépendant,  le 
style  simple  et  approprié  au  sujet.  C'est  la  plus  forte  contribution 
qui  ait  été  apportée  jusqu'ici  à  l'histoire  du  XYII*  siècle  limousin. 

U  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  M.  Baliot,  fabricant  de  por- 
celaine à  Limoges.  L'auteur  proteste  contre  une  assertion  de  H.  G. 
Leymarie  qui,  dans  son  étude  sur  l'art  dans  la  porcelaine  {BulhUn, 
LIV,  p.  319),  a  écrit  que  la  fidbricalion  du  biscuit  est  abandonnée  à 
Limoges  depuis  la  disparition  de  la  maison  Laporte. 

Cette  assertion,  vraie  au  moment  où- elle  fut  écrite,  ne  Test  plus 


ftujoord'bw,  grice  à  H.  Batiet,  qm  a  pris  te  svile  de  M.  Rayoïdnd 
Laporleet  reteTé  so»  genre. 

M«  R.  Drouanll  fait  circuler  «ne  KChograpbîe  cenflerrèe  chez 
M.  Haurensanae,  so»  beau^përet  à  Vemeailr  el  reprèBentamlr  peut- 
être  d'après  une  peîatare  petène^  MV  Bfag;  é'AodaleiXy  veove 
d'un  trésorier  de  ce  nom,  qnî  faisati  partie  du  bvreaa  des  ftoances 
de  Limoges  avanC  la  Révotniien. 

M.  Anteiae  Tbomas  ew<m  an  extrait  des  Procli-frrtatiar  dm 
conseil  de  régeme  de  Charles  F///,  où  it  est  dit  (foe  le  greffe  de  la 
sénéchansiée  de  Lknoges,  la  prévôté  de  Hasléon  et  de  Lar on  se 
baillent  à  fènne  et  sont  du  domaine  royal  (p.  10ft). 

M.  le  I^'  Fournie  présente  une  statuette  en  pierre,  dite  de  Pot^ 
tiers,  mesurant  environ  e",40  de  bauteor,  tronvée  dans  les  raines 
d^Mie  cbapeHe  sise  k  trois  kilomètres  de  Limoges.  Cette  statnett^, 
qui  semble  de  hi  Sn  in  Xll^  siècle,  représente  probablement  saime 
Agnès.  Elle  porte  une  couronne,  tient  de  la  main  droite  une  épée, 
et  un  livre  de  la  main  gauche.  Malgré  le  manque  de  proportions^ 
elle  offre  an  certain-  caractère  artistique  qui  la  recommande  à 
Tattention  de  l'archéologue. 

La  démolition,  qui  se  poursuit  actuellement  de  Tancienne  église 
de  Sainte-Félieité,  au  bas  du  faubourg  du  Pont-Saint*Martial,  four- 
nit à  M.  Ducourtieux  Toccasion  de  nous  parler  de  cet  édifice.  Ce 
Alt,  jusqu'à  la  Révolution,  Tune  des  seize  paroisses  de  Limoges, 
malgré  ses  dimensions  restireintes  :  six  mètres  sur  dix-huit  mètres. 
Elevée  sur  les  ruines  d'une  chapelle  beaucoup  plus  ancienne,  elle 
datait,  sous  sa  forme  dernière,  du  XIII*  siècle.  La  première  image 
que  nous  en  ayons,  fut  f^ite  par  un  moine  de  Tabbaye  de  Saint* 
Martin  en  1S98.  Jouvin  de  Rochefort  en  1680,  Trésaguet  vers  1777, 
I^ont  fait  figurer  sur  leurs  plans  de  Limoges,  et  Tantiquaire  Beau»- 
mesnil  s'est  plu  à  la  représenter  sons  des  formes  embellies  qui  ne 
peuvent  tromper  l'archéologue.  M.  Gourtot  a  tait  une  reproduction 
du  monument.  Près  dfa  maître-autel,  M.  Ducourtieux  a  constaté 
Texistence  d'un  caveau  servant  de  sépulture  et  orné  de  peintures  à 
ft*esque,  de  dhte  indécise. 

En  examinant  te  contenu  d'un  terrier  de  Tancien  chapitre  de 
Saint-Léonard,  H.  Leroux  a  trouvé  une  proclamation  des  consuls 
dis  cette  ville,  datée  de  144S,  et  qui  a  trait  au  don  fait  par  le  roi 
GharlesYn  d'un  reliquaire  d'argent  à  Téglise  de  JSainl^Léonard  (1). 
Il  y  est  dit  que  ce  reliquaire  a  la  forme  de  la  Bastille  de  Paris,  ce 
qui  confirme  dé  tout  point  un  passage  de  VHiHàirê  de  Saiid^ 
Léonard,  publiéepar  Orouspen  1760. 

(1)  Bublié  dan&le  £u//e(i/i  archéologique  du  MinUtère,  1905. 


854  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIN 

La  parole  est  donnée  à  H.  Franck  Delage  pour  enlretenir  la 
Société  de  neuf  lellres  inédites  de  Marc-Ântoine  de  Muret,  communi* 
quées  par  H.  de  Noalhac,  conservateur  du  musée  de  Versailies.  Ces 
lettres  proviennent  des  bibliothèques  de  Rome,  de  Sienne  et  d* An- 
vers. Les  unes  sont  écrites  par  Muret,  en  qualité  de  secrétaire  de 
hauts  personnages,  à  Marie  Stuart,  à  Fempereur  Ferdinand  I"  et 
au  pape  Grégoire  XIII  (1870).  Les  autres  sont  des  lettres  person- 
nelles de  Muret  adressées  à  Paul  Manuce,  Fulvio  Orsini,  Christophe 
Plantin  et  autres  lettrés  dn  temps  (entre  1561  et  1884). 

Conformément  à  Tordre  du  jour,  M.  Camille  Jouhanneaud  donne 
lecture  d'un  historique  très  bref  de  la  musique  en  Limousin,  anté- 
rieurement au  XIX*  siècle^  pour  servir  de  préface  au  travail  qu  il  a 
lu,  lors  de  la  dernière  séance,  sur  le  mouvement  musical  à  Limoges 
pendant  le  cours  de  ce  siècle.  Il  a  voulu,  par  cet  exposé  rapide, 
qui  ne  peut  avoir  un  caractère  documentaire,  rappeler  sommaire- 
ment les  origines  de  son  sujet  et  le  lien  qui  unit  le  passé  au 
présent. 

On  ne  saurait,  dit-il,  pour  déterminer  ces  origines,  remonter  au- 
delà  du  haut  moyen  &ge.  Hais,  à  partir  de  Vinstitution  du  plaio- 
chant,  le  culte  de  la  musique  se  manifeste  dans  notre  pays  tout 
d'abord  par  les  chants  religieux  des  églises  et  des  monastères,  par 
les  représentations  thé&trales,  par  les  compositions  profanes  des 
troubadours  et  les  chants  populaires  de  toute  sorte.  L'auteur  note  les 
influences  et  les  modifications  successives  qui  se  sont  produites  en 
Limousin  dans  la  musique  sacrée  ou  profane,  avec  la  marche  des 
temps  et  les  progrès  de  l'art,  en  observant  qu'au  XVII*  siècle,  les 
manifestations  de  cet  art  paraissent  moins  fréquentes  dans  notre 
ville  qu'aux  âges  précédents,  et  qu'il  faut  arriver  au  XVIII*  siècle 
pour  constater  à  Limoges,  du  moins  dans  les  rangs  de  la  population 
aisée,  le  goût  des  réunions,  des  fêtes  mondaines,  des  concerts  de 
société  et  du  thé&tre. 

De  son  abondante  monographie  du  canton  de  SaintSulpice- 
les-Feuilles,  M.  R.  Drouaull  lit  quelques  passages  relatifs  à  la  com- 
mune d'Arnac-la-Poste,  appelée  de  ce  nom  depuis  1700  seulement. 
Le  nom  de  Arnac-Laval,  Ârnac-Montmorency,  qu'on  essaya  de  lui 
imposer,  ne  put  prévaloir.  L'auteur  signale  le  passage  de  quelques 
grands  personnages,  montre  la  confusion  que  les  historiens  ont 
faite  à  maintes  reprises  entre  Arnac-la-Poste,  Àrnac-Pompadour  et 
Darnac,  et  expose  les  péripéties  d'une  singulière  émeute,  qui  eut 
lieu  en  1843,  pour  empêcher  le  transfert  à  Saint-Sulpice-les-Feuilles 
du  bureau  d'enregistrement  fixé,  jusque-là,  à  Amac. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  général, 
Alfred  Leroux. 


PIIO€i5-VBnBAUX  DBS  SEANCES  855 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1908 


Pré«ldeo€se  de  M«  le  D'  Fournie*  président 

Présents  :  MM.  Aubert  Berger,  Gourtot,  Ducourtieux,  Fusade, 
Camille  JouhaDoeaud,  Laguérenne,  A.  Leroax,  Mayéras,  S.  Mazeaud, 
Royer. 

Le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  pré- 
cédente, qui  est  adopté. 

M.  Camille  Joubanneaud,  vice-président,  offre  à  M.  le  D'  Four- 
nie, président  de  la  Société,  les  sincères  félicitations  de  tous  les 
membres  à  l'occasion  de  sa  promotion  à  la  dignité  d'officier  de  la 
Légion  d'bonneur. 

M.  Fournie  remercie  le  vice-président  et  les  sociétaires  de  cette 
marque  de  sympathie,  qui  lui  fournit  l'occasion  d*affirmer  une  fois 
de  plus  son  allacbement  à  la  Société  archéologique. 

M.  Alfred  Leroux  présente  les  ouvrages  reçus  pendant  le  mois, 
en  signalant  d'une  mention  particulière  les  articles  qui  se  rappor- 
tent au  Limousin. 

Revue  scientifique  du  Ltmousm,  numéro  du  18  juillet  1908,  conte- 
nant, entre  autres  travaux  pouvant  intéresser  la  région,  une  étude 
de  M.  Ducourtieux  sur  la  voie  romaine  de  Tintignac  à  Limoges. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Périgord, 
livraison  de  mai-juin  1908.  Dans  ce  fascicule,  M.  R.  Villepelet 
insère  des  notes  et  documents  sur  la  navigabilité  de  la  Vézère 
en  «606. 

La  Grange-ChanceU  poète  périgourdin,  par  M.  A.  Dujarric-Des- 
combes  (imprimerie  Joucla,  Périgueux,  1908).  L'auteur  de  cette 
courte  notice  s'attache  à  faire  connaître  la  physionomie  très  origi- 
nale de  ce  poète,  qui  mourut  en  1788. 

Communications.  —  M.  Antoine  Thomas  envoie  une  courte  com- 
munication sur  Jean  de  Lermile,  capitaine  de  Chalucet  au  XV*  siè- 
cle, en  montrant  que  ce  nom  est  le  seul  admissible,  en  dépit  des 
doutes  que  peut  présenter  la  lecture  de  manuscrits.  Par  consé- 
quent, il  faut  renoncer  à  la  leçon  Larunte,  qu'avait  adoptée 
M.  Louis  Guibert. 

M.  F.  Delage  a  trouvé,  dans  un  registre  factice  de  la  Bibliothèque 
nationale  (collection  Dupuy),  deux  lettres  autographes  et  inédites  de 
Marc-Antoine  de  Muret.  Ces  deux  lettres,  adressées  de  Rome  à 


t^  SOCIÉTé  ARCR^OLÔÛIQUE   ET   flflSTÔÀIQUÉ  DU  LIMOUSIN 

Claude  Dupuy,  avocat  aa  parlement,  à  Paris,  contribuent  à  faire 
connaître  Tactivité  intellectuelle  de  Muret  et  le  souci  qu'il  prenait 
d'entretenir  des  relations  suivies  avec  les  lettrés  et  les  érudits  de 
France  (1572  et  1573). 

M.  Delage  a  trouvé,  dans  un  autre  volume  de  la  môme  collection, 
une  lettre  autographe  de  Martial  Mosnier,  originaire  de  Limoges, 
poète  fatin  asse^  distingué  et  avocat  à  Bordeaux.  Cette  lettre  (1582), 
adressée  à  Loysel,  avocat  général  du  roi  à  la  cour  de  justice  d'Agen, 
a  pour  objet  de  recommander  à  ce  personnage  influent  d'accélérer 
la  marche  d'un  procès  auquel  Mosnier  s^intéressait  vivement'.  Les 
documents  relatifs  à  Martial  Mosnier  sont  extrêmement  rares. 

Lectures.  ^  M.  René  Laguérenne  fait  un  compte  rendu.  délaîHé 
de  rexcorsion-de  la  Société  dans  la  Creuse,  qui  a  eu  lieu  te  12juin(l). 
Le  temps  menaçant  au  départ  s'est  rapidement  modifié  et  le  soleil 
a  favorisé  la  partie.  Les  touristes  ont  visité  le  chftteau  des  Places 
et  son  antique  chapelle. 

Ce  cb&teau  fut,  au  XV*  siècle,  le  fief  du  seigneur  Jean  Goudeville 
et  fut  habité,  sous  Louis  XIII,  pir  la  famille  des  Foucault. 

La  deuxième  étape  du  voyage  est  la  célèbre  forteresse  de  Crozant, 
que  l'on  a  appelée  une  des  ruines  les  plus  majestueuses  de  France. 
C'était  un  point  de  défense  important,  élevé  au  confluent  de  la 
Creuse  et  de  la  Sédelle,  qui  protégeait  la  frontière  septentrionale 
des  Wisigoths. 

Après  le  démembrement  de  l'Aquitaine,  Crozant  passa  aux 
comtes  de  la  Marche,  et  en  l'an  1199  Hugues  XI  de  Lusignan  réunit 
sur  sa  tête  le  gouvernement  de  toute  la  Marche,  dont  Crozant  était 
la  principale  forteresse.  Saint  Louis  s'en  empara  et  la  forteresse 
passa  de  la  famille  de  Lusignan  aux  rois  de  France. 

En  1327,  Charles-le-Bel  échangea  le  comté  de  la  Marche  avec 
Louis  de  Bourbon  contre  le  comté  de  Clermont  en  Beauvaisis,  et, 
depuis  celte  époque  jusqu'en  1435,  il  appartint  aux  membres  de  la 
famille  de  Bourbon. 

Pierre  I*'  de  Bourbon  nomma  Guillaume  Foucaud,  seigneur  de 
Saint-Germain-Beaupré,  gouverneur  de  Crozant. 

Après  la  bataille  de  Poitiers,  le  prince  Noir  attaqua  Crozant  et  fut 
obligé  d'en  lever  le  siège. 

Pendant  les  guerres  de  religion,  Crozant  fut  le  théâtre  d'une  lutte 
terrible  contre  les  huguenots. 

Sous  Louis  XIII,  le  château  fut  vendu  avec  faculté  de  rachat  à 
Henri  I^oucaud,  seigneur  de  Saint-Germain.  En  1768,  les  héritiers 

(1)  Voy.  ci-dessus,  p.  777  et  ss. 


^ROcÀs-VEiiBAûx  Des  séANCEd  iil 

d'Anae-FraQçoise  Fpacaud  yendirient  CrozanI  4u  marqujs  Nicolas 
Doublet  de  Persan,  aa  préjudice  duquel  il  fut  saisi  par  François 
Pidapsas  de  Haueberl,  écuyer  du  foi,  pour  une  dette  de  3.000  livres. 

En  1786,  les  comtes  de  la  Marche  se  rendirent  acquéreurs  des 
restes  de  la  forteresse.  Le  propriétaire  actuel  est  le  comte  Attale  de 
la  Marche. 

Après  une  promenade  aussi  agréable  qu'instructive  dans  les  rui- 
nes, les  excursionnistes  trouvèrent  à  Thôtel  Lépinat,  une  table  bien 
servie  et  durant  le  repas  la  plus  franche  gailé  n^  cessa  de  régner. 

La  Société  avait  pour  guide  M.  Tabbé  Rouzier,  cpré  de  Crozant, 
auteur  de  T histoire  de  la  vieille  forteresse,  qui  mit  gracieusement 
le  résultat  de  ses  études,  augmenté  du  charme  d(9  son  atnabilité,  au 
service  de  la  Société. 

Après  Grozan^les  excursionnistes  visitèrent  Fresselines,  dont  les 
paysages  accidentés  attirent  chaque  année  de  nombreux  artistes.  On 
remarque,  à  quelques  centaines  de  mètres  de  la  localité,  la  rustique 
et  coquette  demeure  de  roman  qu  habita  le  poète  ftollinat.  Les  sites 
les  plus  remarquables  qui  avoisinent  la  localité  furent  explorés  et 
Ton  put  admirer  le  vieux  ch&leau  du  PuyguilloQ  et  le  confluent  des 
deux  Creuses. 

Un  repas  au  b|i(Tet  de  la  gare  de  Saint-Sébastien  termina  la  jpur- 
née  et  des  toasts  furent  portés  par  le  président,  notre  aimable  çicét 
rone,  M.  le  curé  de  Crozant  et  le  secrétaire. 

M.  Ducourtieux  lit  ensuite  une  étude  sur  l'imprimeur  Antoine 
Blanchard  qui  était,  en  1S14,  Tassocié  ou  peut-être  sirnplemeqt  le 
correcteur  de  Richard  de  la  Nouaille,  imprimeur  et  libraire  &  Limo- 
ges. M.  Ducourtieux  se  range  à  celte  dernière  opinion.  Hlaochard 
alla  plus  tard  fonder  une  imprimerie  à  Lyon.  Nous  possédons  les 
titres  des  ouvrages  imprimés  par  lui  de  18i29  k  1K32  et,  dans  pres- 
que tous,  il  fait  suivre  son  nom  de  celui  de  sa  ville  natale  :  Lemovi- 
censis.  M.  Ducourtieux  remarque  que  R.  de  la  Nouaille  avait  com- 
mencé par  être  libraire  et  que,  lorsqu'il  devint  imprimeur,  il  eut 
besoin  de  s'attacher  un  professionnel  pour  suppléer  à  son  inexpé- 
rience. C'est  une  nuance  qui  peut  être  juste  et,  dans  ce  cas,  Antoine 
Blanchard  ne  devrfti(  pas  flgqrer  parmi  les  imprimeurs  de  Limoges. 
Cependant,  il  est  certain  qu'il  habita  cette  ville. 

Il  est  fait  mention  d'Antoine  Blanchard  dans  la  Bibliographie 
lyonnaise^  que  publie  en  ce  moment  M.  Baudrier. 

M.  Aitbçrt  Perger  lit  un  travail  de^  M.  le  chai^QiQe  L^Qter  9ur  le 
donjon  de  Ch&teau-Chervix,  qui  s'élève  près  du  bourg  du  même 
nom,  cantop  de  Saint-Germain-les-Pelles,  à  ui^e  altitude  de  41  i  mè- 
tres ^u-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Cette  tOMf»  qui  est  d^XII''  siè* 
cle,  est  le  seul  reste  de  l'ancien  ch&teau  de  Ch&teau-Chervix.  Ji\\e 
mesure  environ  30  mètres  de  hauteur. 


8o8  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE   ET   HISTORIQOE   DU    LIMOUSIN 

L'auleur  Texamine  au  double  point  de  vue  de  l'inlérét  archilec- 
tural  et  historique. 

Cette  tour  peut  être  donnée  comme  type  de  celles  que  les  XI«  et 
XII*  siècles  ont  élevées  en  Limousin. 

L'auteur  cite,  dans  la  partie  méridionale  du  département  de  la 
Haute-Vienne,  onze  donjons  similaires.  Celui  qui  ressemble  le  plus 
à  la  tour  de  Château-Chervix  est  la  tour  du  ch&teau  de  Montbrun, 
commune  de  Doumazac,  canton  de  Saint-Hathieu. 

Cliâteau-Chervix  et  Chervix  ont  formé,  jnsqu*à  la  Révolution, 
deux  paroisses  distinctes;  elles  ne  forment  aujourd'hui  qu*une  seule 
commune.  On  connaît  une  monnaie  mérovingienne  frappée  en  ce 
lieu.  Chervix  était,  au  X*  siècle,  le  chef-lieu  d*une  vicairie  assez 
étendue,  comprenant  dans  sa  circonscription  le  territoire  actuel 
des  communes  de  Saint-Jean-Ligoure,  Pierrebuffière,  Saint-Priest- 
Ligoure,  Ch&teau-Chervix,  La  Rochc-rAbeille,  Saint-Yrieix  et 
Glandon. 

En  1356,  les  Anglais  s*emparèrenl  de  Château-Chervix  et  y  tin- 
rent garnison  jusqu'en  1380,  époque  à  laquelle  ils  se  retirèrent 
moyennant  une  somme  d'argent. 

Jean  de  Bretagne,  vicomte  de  Limoges,  vendit,  eu  14S2,  le  châ- 
teau, moyennant  1.200  livres,  à  GoufBer  de  THermlte,  capitaine  de 
Chalucet.  La  vente  avait  été  faite  avec  faculté  de  rachat.  Gouffler, 
se  refusant  à  observer  cette  clause,  fut  dessaisi  par  une  ordonnance 
de  Charles  VII. 

Plus  tard,  Jean  d'Albret,  vicomte  de  Limoges  et  roi  de  Navarre, 
vendit  Ch&teau-Chervix  à  Christophe  de  Bony,  seigneur  de  la  Ver- 
gue, qui  le  céda,  en  1487,  à  Jean  et  Antoine  de  Coignac,  seigneurs 
de  Saint-Jean-Ligoure. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  adjoint^ 
René  Laguérerne. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1905 


t^réttldeoce  de  M«  G*  Joahanneaud^  vlcc'pi*é«ldent 

Présents  :  MM.  Blancher,  Boulaud,  Courtot,  Franck  Delage, 
C.  Jouhanneaud,  René  .Laguérenne,  Alfred  Leroux,  Royer  et 
Touyéras. 


PROCÈS-VERBAUX  DBS  SÉANCES  859 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté,  après 
quelques  rectiOcations. 

Sont  présentés  comme  candidats  : 

M.  Ernest  Lyon,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  C.  Jouhan- 
neaud  et  A.  Leroux. 

M.  Paul-Louis  Grenier,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  A. 
Leroux  et  Franck  Delage. 

M.  V.-L.  Vandermarcq,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  A. 
Leroux  et  G.  Touyéras. 

H.  de  Ressling,  chef  d'escadron  au  21*  chasseurs,  présenté  par 
MM.  le  D' Fournie  et  Royer. 

M.  Courlot  expose  aux  yeux  de  ses  confrères  la  suite  de  sa  gale- 
rie limousine.  Cette  fois,  c'est  Tancien  couvent  des  Clairettes,  rue 
de  la  Cathédrale,  qui,  fort  à  propos,  a  sollicité  le  pinceau  de  Tar- 
tiste.  Le  sujet  se  présente  avec  le  relief  et  le  coloris  appropriés. 

Le  Président  annonce  que  le  prochain  congrès  des  Sociétés 
savantes  se  tiendra  à  Paris,  les  17  avril  1906  et  jours  suivants,  et  il 
distribue  le  programme  des  questions  historiques  et  scientifiques 
dressé  par  le  Ministère  de  Tinstruction  publique. 

Il  donne  ensuite  communication  d'une  lettre  de  l'Académie 
royale  d'archéologie  de  Belgique,  en  date  du  13  octobre,  remerciant 
notre  Société  des  félicitations  que  celle-ci  a  adressées  à  sa  grande 
sœur  à  l'occasion  de  son  75*  anniversaire. 

Il  rappelle  enfin  que  notre  confrère  M.  Bonnaud  a  obtenu,  à  la 
récente  exposition  de  Liège,  un  grand  prix  pour  ses  émaux  limou- 
sins. Il  lui  adresse,  à  cette  occasion,  les  félicitations  de  la  Société. 

Le  Secrétaire  général  informe  la  Société  que  la  chapelle  de  l'hô- 
pital général,  construite  au  XVIP  siècle,  semble  destinée  à  dispa- 
raître, par  suite  de  l'effondrement  de  la  toiture,  survenu  dernière- 
ment. Il  demande  s'il  ne  conviendrait  pas  de  charger  un  de  nos 
confrères  d'en  faire  auparavant  une  description  exacte  et  minutieuse, 
qui  prendrait  place  dans  le  Bulletin. 

Il  rappelle  encore  qu'il  existe,  dans  Tune  des  salles  de  l'ancien 
présidial,  de  très  curieuses  boiseries  style  Louis  XIII,  qui  méritent 
d'être  sauvées  de  la  ruine  dont  elles  sont  menacées. 

La  Société  décide  qu'elle  charge  MM.  Wottling  et  Gourtot  de 
s'occuper  de  ces  deux  questions  le  plus  promptement  possible,  et 
convie  en  même  temps  ses  membres  à  une  visite  de  la  chapelle  de 
l'hôpital,  visite  fixée  au  dimanche  12  novembre,  deux  heures  du 
soir. 

M.  A.  Leroux  a  recueilli  quelques  faits  qu'il  croit  utile  de  com^ 
muniquer  à  la  Société  : 
Au  mois  de  juillet  dernier,  a  eu  lieu  à  Chambon  (Creuse)  la 


MO  éocii^TÀ  archAoloûiqùé  it  HtgfotdQùc  b\)  LtMôcfiiM 

▼enle  aprèg  décès  d'une  pariie  delà  collection  d'objets  d'art,  énaoi, 
livres,  tableaux,  réunie  jadis  par  H.  Germeau,  ancien  préfet  de  la 
Haute-Vienne,  et  augmentée  par  ses  descendants.  Cette  vente, 
jointe  à  celle  qui  a  eu  lieu  à  Paris,  a  produit  an  tolal  environ 
500,000  francs.  Il  ne  reste  plus  à  la  maison  de  Ghambon  que  les 
archives  de  Tancien  prieuré  du  lieu. 

Dans  un  registre  d'assises  du  cliapilre  catbédral  de  Limoges 
(Àrch.  dép.,  n^"  prov.  G.  15482,  p.  50),  on  relève,  sous  la  date  de 
juillel  1405,  la  mention  suivante  :  Actum  in  ossifia...  tenta  infra 
ecclesiam  Saneti  Stéphanie  in  loco  nbi  tenetur  calx  dicte  eeclesie. 
Celte  mention  vient  à  Tappui  d'un  passage  de  Thistoire  de  la  cathé- 
drale de  Limoges,  où  H.  Arbellot  dit  (p.  35)  que  Ton  reprit  les 
travaux  en  1399.  (Cf.  le  Bulletin  archéologique  du  Ministère,  1900, 
p.  63). 

A  Saint-Marcel,  déparlemenl  de  Tlndre,  un  arrêté  ministériel 
du  VI  janvier  1897  a  classé  comme  monument  historique  une  cb&ssc 
en  émail  de  Limoges,  du  commencement  du  XIU*  siècle,  dont  on 
trouve  la  reproduction  dans  le  nouveau  fascicule  du  Bas-Berry^ 
que  vient  de  publier  M.  Eugène  Hubert,  archiviste  de  llndre.  Celte 
reproduction  est  accompagnée  d'une  courte  description  (p.  318)  : 
«  Est  en  forme  de  maison  avec  crête  ajourée,  ornée  de  cristaux  de 
roche  et  de  pinacles  émaillés.  Elle  est  recouverte  de  plaques  en 
cuivre  doré,  assujetties  par  des  bandes  émaillées  de  rosettes.  Sur 
chaque  compartiment  est  rapportée  une  plaque  à  quaire  lobes 
aigus  portant  les  figures  du  Christ,  de  la  Vierge»  des  anges  et 
des  apôtres,  en  relief  ou  en  réserve,  sur  fond  bleu  décoré  de  rin- 
ceaux ;  des  pierres  cabochons  dans  de  larges  sertissures  accompa- 
gnent les  plaques.  «> 

M.  A.  Thomas,  de  l'Institut,  annonce  par  lettre  qu'il  a  découvert 
aox  Archives  nationales,  dans  les  registres  du  Paritsmeat,  X^  a, 
racle  de  confiscation  du  consulat  de  Limogea  par  Charles  VII  en 
1443,  confiscation  qui  n'a  pas  duré  moins  de  sept  ans  et  demi.  Il 
n'y  en  a  que  deux  traces  fugitives  dans  le  recueil  de  M.  Guibert. 

M.  lUger  Drooault  communique,  au  nom  de  M.  Samn,  maire  de 
Jouac,  Tempreiote  d'une  inlaille  trouvée  récemoieot  près  du  village 
de  BoQctiais,  commune  de  Cromac  (Hante-Vienae)«  le  long  'de  la 
voie  romaine.  Elle  porte  gravé  un  personnage  qui  est  ceiffé  d'un 
ea^que  et  asisis  sur  un  siège  formé  de  deux  demi-sphères,  super- 
posées. La  main  gauche  s'appuie  sur  une  sorte  de  hasie  termûiée 
en  haut  par  un  carré,  sans  doute  une  enseigne  militaire;  la  main 
droite  tient,  un  objet  indéterminé,  long  et  étroit  (1)^ 

(1)  Voir  ei-<i9a$as  p.  790. 


PROG&S-VÀRBAUX  DBS  séANCBS  861 

M.  Royer  signale  qa'un  reliquaire  de  Téglise  de  Razès,  prô?e- 
nant  de  Tabbaye  de  Grandmont,  Tient  d'être  vendu  à  un  antiquaire 
de  Paris,  pour  une  somme  relativement  élevée. 

Invité  à  faire  connaître  les  publications  parues  depuis  la  dernière 
séance,  le  Secrétaire  général  les  énumère  dans  l'ordre  suivant  : 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  lAmouHn 
(t.  LV,  4'*  livr.),  qui  a  été  distribué  au  mois  de  septembre  dernier, 
il  ne  compte  pas  moins  de  811  pages. 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  lettres^  sciences  et  arts  de  Tulle 
(1905, 1'*  livr.),  où  Ton  remarque  la  suite  deTétude  de  M.  R.  ^age 
sur  les  fêles  et  cérémonies  publiques  pendant  la  Révolution,  —  et 
les  recbercbes  de  M.  A.  Petit  sur  les  origines  du  collège  de  Tulle 
au  XV*  siècle. 

Le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Brive  (1908, 2*  livr.), 
oii  Tabbé  Âlbe  poursuit  la  publication  des  documents  qu'il  a  em- 
pruntés à  la  VaUcane  pour  Tbistoire  du  Limousin  et  du  Quercy  au 
XIV*  siècle.  La  même  livraison  contient  une  intéressante  biogra- 
phie de  J.-B.-H.  Serre,  maire  de  Brive  de  1804  à  1809,  par  M.  Mar- 
cel Roche. 

L*ilr^  (oct.  1908),  qui  consacre  à  M.  Emile  Page  (de  Tulle),  un 
article  spécial,  avec  portrait,  et  publie  un  article  de  M.  A.  Leroux 
sur  un  portraitiste  hongrois  du  XVIII*  siècle,  Jean  Kupetzky  ; 

Le  Bulletin  archéologique  du  Ministère  (1904, 3«  livr.),  dans  lequel 
M.  Blanchet  décrit,  au  nom  de  M.  Plancouart,  un  souterrain  décou- 
vert à  Neudialle,  commune  de  Saint-Léonard,  {corr.  Neuvialle, 
commune  de  Ghampnétery).  Ce  refuge,  situé  dans  la  propriété  de 
H.  Joseph  Peyrusson,  composé  de  dix  pièces  creusées  dans  le  tuf, 
a.  d'ailleurs  été  signalé  déjà  par  M.  Ducourtieux  (Bu/fo^in,  XLVIII, 
p.  849); 

Le  Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  de  Rochechauart 
(1908),  dans  lequel  figurent  deux  importants  travaux  :  l'un,  de 
M.  le  D' Marque!,  est  un  recueil  de  documents  tirés  pour  la  plupart 
des  Archives  départementales  (jiérie  G),  et  relatifs  à  la  ville  de  Ro- 
chechouart  au  XVIII*  siècle;  l'autre,  de  M.  Pierre  Gaumy,  a  pour 
titre  :  Le  droit  de  justice  sur  le  bourg  d'Oradour-sur-Vayres  au  moyen 
Age,  Ces  deux  auteurs  ont  fait  don  à  la  Société  de  tirages  à  part; 

La  Retnie  scientifique  du  Limousin  (18  août  1908),  dans  laquelle 
M.  Tabbé  Lecler  émet  cette  opinion  contestable  que  certains  cours 
d'eau  de  notre  région  ont  emprunté  leurs  noms  à  des  localités  rive- 
raines. 

Les  Notes  d'art  et  d'archéologie  (sept.-oct.  1908),  qui,  par  la 
plume  de  M.  Berthelé,  présentent  quelques  rectifications  au  Die- 
tionnaire  des  fondeurs  de  cloches,  publié  par  M.  l'abbé  Lecler  ; 

T.  LV  57 


ÔÔâ  SOCléTÉ  ARGHéoLOGlQllll   BT  HIBTORIQUK  DU   LIMOUfllN 

L*étude  de  M.  A.  Leroux  sur  le  Manuel  des  missionnaires  de  l*abbé 
Gosle  ; 

Le  Rapport  de  M,  VInspecteur  d'académie  sur  la  situation  de  ren- 
seignement primaire  dans  la  Haute-Vienne  en  1904; 

Une  curieuse  Correspondance  d*affaires  de  la  maison  de  Pompa- 
dour,  éditée  par  MM.  Dntbeillet  de  Lamothe  et  Gbampeval; 

Et,  enfin,  une  brochure  intitulée  :  Louis  Guibert^  sa  vie,  ses 
écrits,  ses  obsèques  (1840-1904).  C*est  le  tirage  à  part  des  articles 
que  notre  Bulletin  (t.  LIV)  a  consacrés,  par  les  soins  de  MM.  R. 
FagQ,  A.  Leroux,  G.  Jouhanneaud  et  P.  Ducourtieux,  à  notre  très 
regretté  secrétaire  général. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Franck  Delage  pour  rendre  compte  du 
Gongrès  préhistorique  qui  s*est  tenu  à  Périgueux  du  26  septembre 
au  1*'  octobre  dernier.  Une  centaine  de  savants,  français  et  étran- 
gers, assistaient  à  ces  importantes  assises.  Parmi  les  nombreuses 
communications  qui  ont  été  présentées,  il  y  a  lieu  de  distinguer 
particulièrement  celle  de  M.  Viré,  qui  a  décourert  une  intéressante 
station  paléolithique  au  village  de  Lacave  (Lot),  et  exploré  en  même 
temps  de  magnifiques  galeries  souterraines,  ancien  lit  d*une rivière 
depuis  longtemps  disparue;  celle  de  M.  l'abbé  Breuil,  qui  s'est 
efforcé  avec  succès  de  suivre  l'évolution  des  procédés  employés 
pour  la  gravure  et  la  peinture  par  l'homme  de  l'&ge  du  renne;  celle 
de  MM.  Hue  et  Baudoin,  sur  les  menhirs  et  les  dolmens,  etc.,  etc. 

De  nombreuses  excursions  ont  permis  aux  congressistes  à  la  fois 
d'admirer  les  sites  si  pittoresques  qu'offrent  les  vallées  de  l'Isle,  de 
la  Dronne,  de  la  Vézère,  et  de  constater  la  variété  et  la  richesse, 
eu  quelque  sorte  inépuisable,  des  stations  préhistoriques  du  Péri- 
gord.  Ghancelade,  Brantôme,  Bourdeilles,LesEyziesetLeMoustier, 
pour  ne  citer  que  quelques-uns  des  noms  les  plus  célèbres,  ont 
reçu  la  visite  du  congrès. 

Le  clou  de  ces  excursions  a  été  la  visite  des  grottes  de  LaMouthe, 
des  Gombaralles  et  de  Font-de-Gaume,  longs  boyaux,  tantôt  fort 
étroits,  tantôt  s'élargissant  pour  former  des  salles  dont  les  parois 
sont  couvertes  de  gravures  et  de  peintures.  Ges  figures  représentent 
des  animaux  de  la  fin  de  l'époque  quaternaire,  des  mammouths, 
des  bisons,  des  rennes,  etc.,  traités  avec  une  variété  d'attitudes  et 
un  sentiment  de  la  vie  admirables. 

Au  cours  de  ses  explications,  M.  Delage  a  fait  passer  sous  les 
yeux  de  ses  confrères  de  nombreuses  vues  photographiques  de  ces 
sites  périgourdins,  si  célèbres  dans  la  préhistoire.  Le  Président  le 
remercie  de  cet  instructif  compte  rendu. 
La  séance  est  levée  à  dix  heures  et  demie. 

Le  secrétaire  général, 
Alfred  Leroux. 


PROC&S- VERBAUX  DBS  SIUnCBS  863 


SÉANCE  DU  28  NOVEMBRE  190S 


Présidence  de  M.  G.  aoubenneaadf  ▼lce*préAldeiit 

Présents  :  MM.  d'Âbzac,  Aubert  Berger,  Boulaud,  Gourlot,  Dubois, 
Ducourtieux,  Laguérenne,  A.  Leroux,  Maurat-Baliauge,  S.  Mazeaud, 
abbé  Pénicaud,  Royer,  Wotlling. 

Le  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  pré- 
cédente, qui  est  adopté. 

Il  est  procédé  au  vote  sur  l'admission  des  nouveaux  sociétaires 
présentés  à  la  dernière  séance.  Sont  élus  : 

M.  Ernest  Lyon,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  Jouhan- 
neaud  et  Leroux. 

M.  Paul-Louis  Grenier,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  Le- 
roux et  Delage. 

M.  V.-L.  Vandermarcq,  licencié  en  droit,  présenté  par  MM.  Le- 
roux et  Touyéras. 

M.  de  Kessling,  chef  d*escadron  au  SI*  chasseurs,  présenté  par 
MM.  Fournie  et  Royer. 

Communications.  —  Le  Secrétaire  général  donne  communication 
d  une  note  de  M.  Gaumy,  de  la  Société  des  amis  des  sciences  et  arts 
de  Rochechouart,  qu'on  peut  résumer  ainsi  : 

Dans  le  Dictionnaire  administratif  et  historié  des  rues  et  monu- 
ments de  Paris,  par  Félix  Lazare  (IStfS,  2*  édition),  l'auteur,  par- 
lant de  l'administration  municipale  de  la  ville,  expose  qu'il  fallait 
être  Parisien  pour  être  magistrat  de  la  ville.  Il  établit  à  ce  sujet  un 
parallèle  entre  les  habitants  de  la  capitale  et  ceux  de  la  province  et 
cite,  à  titre  d'exemple  de  ces  derniers,  les  Limousins,  en  la  compa- 
gnie, fort  bonne  du  reste,  des  Champenois  et  des  Auvergnats. 

M.  Alfred  Leroux  fait  part  à  la  Société  d'un  document  intéressant 
notre  histoire  locale.  On  savait,  dit-il,  que  l'un  des  principaux 
secrétaires  de  Charles  Y,  Jean  Tabari,  était  Limousin.  On  en  trouve 
une  nouvelle  preuve  dans  un  mandement  du  roi,  délivré  à  Melun  le 
16  septembre  1378,  et  portant  paiement  de  SOO  francs  d'or  au  dit 
Tabari,  pour  l'aider  à  supporter  les  frais  qu'il  a  dû  faire  à  l'occasion 
du  mariage  de  deux  de  ses  nièces  «  au  pays  de  Lymosin  »  (L.  Delisle, 
Mandements  de  Charles  Y,  n""  1.452). 

Publications  offertes  à  la  Société  depuis  la  dernière  réunion  : 


864  sociéré  ARCHéoLOOiQUfi  Ct  histokioub  l>u  limoitsik 

Bulletin  de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique  de 
Brive  (juillel-septembre  1908),  contenant  des  Titres  et  documents 
concernant  le  Limousin  et  le  Quercy  au  temps  des  Papes  d'Avignon, 
d'après  les  archives  du  Vatican,  par  M.  le  chanoine  Albe. 

Article  de  M.  René  Lafarge  sur  la  Société  d'agriculture  de  BriTe, 
ses  origines  et  ses  débats.  En  1789,  une  Société  d'agriculture  avait 
été  fondée  à  Limoges,  par  Tintendant  Pajot  de  Marcheval;  elle  fut 
divisée  en  trois  bureaux  :  un  à  Limoges,  Tautre  à  Brive  et  le  troi- 
sième à  Angouléme. 

Le  bureau  de  Limoges  a  fait  Tobjet  de  plusieurs  travaux  subs- 
tantiels de  M.  Alfred  Leroux  (Voy.  Inventaire  des  archives  du  dépar- 
tement, série  C.  Choix  de  documents  historiques,  t.  III,  pages  1S3  et 
suivantes.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Limousin,  t.  U). 
Bulletin  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèxe, 
contenant  un  article  de  M.  René  Page,  sur  les  fêtes,  cérémonies  et 
manifestations  publiques  à  Tulle  pendant  la  période  révolutionnaire  ; 
<—  les  juridictions  consulaires  de  la  ville  de  Tulle  (1710-1789),  par 
le  D' Paul  Morely. 

Annales  du  Midi  (octobre  1908,  n<>  68).  —  Etude  de  M.  Antoine 
Thomas  sur  Isarn  de  Fontiës,  archiprétre  de  Garcassonne,  arche- 
vêque de  Riga,  de  Luna  et  de  Salerne  (1310).  M.  Leroux  avait  groupé 
sur  ce  personnage  des  documents  authentiques  dans  une  notice 
publiée  en  1879,  intitulée  Un  légat  de  Boniface  VIII,  prieur  de 
Bénévent'C Abbaye  et  archiprétre  de  Carcassonne  (1S98-1310).  L*êtude 
de  M.  Thomas  se  borne  à  montrer  que  Ton  a  confondu  jusqu'ici 
deux  personnages  différents  portant  le  nom  dlsarn. 

Bulletin  historique  et  philologique  du  ministère  de  Finstruction 
publique  et  des  beaux-arts  (année  1904,  liv.  3«  et  4*),  contenant  : 

Notes  inédites  sur  Jean-Baptiste  de  La  Fontaine,  seigneur  de 
Fontenay  et  de  Savoie.  Communication  de  M.  Roger  Drouault, 
membre  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin. 

Celte  étude  apporte  des  rensdgnements  tout  à  fait  nouveaux 
sur  les  Mémoires  de  Jean-Baptiste  de  la  Fontaine  (1699),  considérés 
à  tort  jusqu*ici  comme  un  roman  ;  tout  le  fond  est  de  Thistolre  vraie. 
Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  française  de  numisma  - 
tique.  —  Séance  du  3  décembre  1904.  —  M.  Royer,  numismatiste  à 
Limoges,  présente  Tempreinte  d'un  écu  d'or  au  soleil  de  Charles  VIII, 
ayant  dans  le  premier  canton  de  la  croix  du  revers  l'initiale  L. 
Cette  pièce  démontre  par  plusieurs  caractères  que  sous  Charles  VIII 
certains  hôtels  des  monnaies  du  centre  de  la  France  ont  différencié 
leurs  produits  par  l'apposition  de  leurs  initiales  dans  un  canton  de 
la  croix.  On  connaissait  cette  particularité  pour  Bordeaux  et  Poi- 
tiers. U  faut  désormais  y  ajouter  Limoges. 


PROCèflhVBRBAUZ    DBS   sâANCBS  865 

A  propos  de  Roc-Amadour.  Mon  portrait  par  M.  Tabbé  Gbartrusse. 
Brochure  de  M.  Ernest  Rapin,  de  Brive^  au  sujet  d'une  polémique 
de  presse  se  rapportant  à  l'ouvrage  de  M.  Rupin  sur  Roc-Amadour. 

Annuaire  de  la  Creuse^  publié  par  M.  Ducourtieux  pour  Tannée 
1906,  contenant  dans  sa  partie  historique  :  Le  musée  de  Guéret, 
par  M.  Louis  Lacrocq  ;  Peintres  pour  tapisseries,  par  M.  Gyprien 
Pérathon  ;  Les  députés  du  comté  de  la  Marche  aux  Etats  généraux 
de  1484,  par  M.  Antoine  Thomas  ;  la  porcherie  dans  la  Creuse,  par 
M.  Jules  Tixier. 

Lectures.  —  M.  Ducourtieux  signale  la  fête  organisée  à  Aixe- 
sur- Vienne,  le  13  août  dernier  à  l'occasion  de  l'inauguration  d'une 
plaque  commémorative  en  l'honneur  du  poète  académicien  Beau- 
poil  de  Sainte-Aulaire,  qui  fut  marquis  et  général,  et  derint  poète  à 
soixante  ans.  V Aubépine  limousine  et  la  direction  du  Limoges  Illustré^ 
qui  en  est  l'organe,  avaient  invité  à  cette  fête  le  bureau  de  la  Société 
archéologique.  Quelques-uns  des  membres  ont  pu  répondre  à  cette 
invitation.  La  manifestation  organisée  en  l'honneur  de  l'académi- 
cien s'est  accomplie  avec  beaucoup  de  simplicité  et  de  modestie. 
Le  numéro  du  18  août  190S  du  Limoges  Illustré  a  publié  d'intéres- 
sants articles  à  son  sujet,  dûs  à  plusieurs  membres  de  la  Société, 
MM.  Fusade,  Ducourtieux  et  d'Abzac. 

M.  Ducourtieux  fait  connaître  à  la  Société  que  M.  Vauzelles, 
instituteur  à  Thonron,  lui  a  raconté  que  des  laboureurs  ont 
découvert,  en  travaillant,  au  village  de  Touradis,  une  sépulture 
gallo-romaine  dont  voici  la  description  : 

A  un  mètre  de  profondeur,  on  a  rencontré  un  bloc  de  granit  de 
l"*  do  longueur  environ  sur  0*80  de  largeur  et  0*30  d'épaisseur. 
Cette  pierre  reposait  sur  une  autre  formant  un  cube  ayant  80  cen- 
timètres de  cAtés.  La  pierre  servant  de  couvercle  était  creuse  à  son 
centre,  de  façon  à  recouvrir  l'urne  en  pierre  dont  le  rebord  était  en 
saillie  ;  cette  dernière  contenait  un  vase  en  verre  antique,  ayant  un 
col  évasé  sans  anses;  il  renfermait  des  os  calcinés  et  des  cendres. 

Les  sépultures  découvertes  jusqu'à  ce  jour  n'étaient  pas  recou- 
vertes de  la  même  manière,  les  couvercles  étaient  tantôt  des  pierres 
plates,  tantôt  des  cipes  de  forme  arrondie  ou  triangulaire. 

M.  d'Abzac,  en  dépouillant  les  registres  paroissiaux  de  la  com- 
mune de  Feytiat,  a  constaté  pour  Tannée  1710  une  mortalité  extra- 
ordinaire. La  population  était,  à  celte  époque,  de  600  habitants  et 
la  moyenne  des  décès  était  de  17.  En  1710,  leur  nombre  s'éleva  à  88. 
Aucune  indication  ne  figure  aux  registres  paroissiaux,  qui  permette 
de  fixer  la  cause  de  cette  mortalité  anormale.  Elle  parait  avoir 
frappé  surtout  la  population  agricole,  dont  les  maisons  étaient 
dans  les  conditions  d'hygiène  les  plus  défavorables. 


866  SOCléTÉ  ARGHÉOLOGIQUK  ET  HISTOBIQUE  DU  LIMOUSIN 

M.  Couriot  présente  un  tableau  de  l'ancienne  église  Sainte- 
Félicité,  et  Tartiste  se  corpplétant  de  Thistorien,  il  veut  bien  nous 
donner  quelques  détails  sur  ce  monument. 

L'église  Sainte-Félicité,  dite  autrefois  du  pont  Saint-Martial,  avait 
été  fondée,  d'après  la  tradition,  par  saint  Martial,  au  lieu  même  où 
il  aurait  prêché  en  sortant  de  la  maison  de  sainte  Suzanne,  mère 
de  sainte  Valérie.  Il  la  dédia  à  la  sainte  Trinité.  Brûlée  en  IIOS, 
dans  la  guerre  entre  la  cité  et  le  château,  elle  fut  reconstruite  et 
placée  sous  Tinvocation  de  sainte  Félicité.  Détruite  en  1182,  elle  fut 
de  nouveau  réédifiée,  probablement  au  XIII*  siècle,  d'après  son 
style.  En  1565,  on  y  adjoignit  la  cure  de  Saint-Lazare,  située  de 
l'autre  côté  de  la  Vienne,  fondée  en  1164,  par  Gérald,  abbé  de 
Saint-Augustin. 

M.  Royer  a  acquis  un  certain  nombre  de  pièces  de  monnaies 
provenant  de  la  découverte  faite  à  Battut,  près  Chartrier  (Corrèze). 
La  découverte  a  échappé  comme  toiyours  à  un  examen  sérieux. 
M.  Royer  fait  la  description  des  monnaies  qu*il  a  recueillies  et  qui 
sont  du  règne  de  Charles  IV  et  de  Philippe  VI.  Il  est  regrettable 
que  les  pièces  de  monnaies  provenant  de  cette  trouvaille  aient  été 
dispersées  entre  plusieurs  mains. 

M.  Maurat-Ballange  donne  lecture  d*une  note  du  général  du 
cadre  4®  réserve  Faulte  de  Vanteaux,  propriétaire  par  indivis  du 
château  de  Sàint-Jean-Ligoure,  relatant  un  passage  d'un  mémoire 
écrit  vers  1685,  ayant  trait  à  Ghâleau-Ghervix  et  qui  pourra  s'ajou- 
ter au  travail  de  M.  le  chanoine  Lecler  (1). 

Communication  de  M.  le  comte  Fontaine  de  Resbecq,  ancien 
officier  de  cavalerie  demeurant  à  Cussac  (Haute- Vienne),  sur  Louis- 
Jean-Ange  Poisson  de  la  Chabeaussière,  gouverneur  de  Mirabeau 
(1753-1763),  directeur  des  mines  de  Glanges  (Haute- Vienne)  (1763- 
1781)  et  président  du  tribunal  de  conciliation  de  la  baronnie  de 
Pierrebuffière,  créé  par  le  marquis  de  Mirabeau. 

M.  Wottling,  architecte,  a  été  chargé  de  la  restauration  de 
l'église  de  la  commune  des  Salles-Lavauguyon.  Il  présente  les 
plans  de  son  projet  et  donne  d'intéressants  détails  sur  le  monu- 
ment. L'église  offre  les  caractères  de  l'architecture  de  transition 
de  la  fin  du  XII*  siècle.  Les  décorations  sont  raisonnées.  La  nef  et 
les  bas-côtés  sont  distincts  non  seulement  en  façade,  mais  encore 
par  les  toitures  qui  s'étagent  sur  les  côtés.  La  partie  inférieure  du 
clocher  est  sur  un  plan  carré,  la  partie  supérieure  octogonale. 

Le  Bulletin  de  la  Société,  tomes  XLIV  et  XLV,  contient  des  études 
de  M.  Jules  de  Verneilh  sur  celte  église  des  Salles-Lavauguyon. 

(1)  Voy.  ci-dessus  p.  799  et  ss. 


PRO€ÈS* VERBAUX  DBS  SÉANCES  867 

GontrairemeDt  à  une  opinion  assez  répandue,  elle  n'est  pas  classée 
parmi  les  monuments  historiques. 

M.  Camille  Jonhanneaud  rappelle  le  vœu  très  expressif  émis  par 
la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  dans  sa  séance 
du  28  juillet  1903,  pour  le  maintien  du  pont  Saint-Etienne,  à  Limo- 
ges, que  la  municipalité  de  cette  ville  projette  de  démolir,  pour  le 
remplacer  par  un  nouveau  pont.  Malgré  ce  vœu,  malgré  les  pro- 
testations très  vives  des  archéologues,  de  tous  les  amis  de  Fart»  du 
pittoresque  et  des  souvenirs  matériels  du  passé,  et  celles  de  toutes 
les  collectivités  qui,  soit  à  Paris,  soit  en  province,  veillent  à  la 
conservation  de  nos  vieux  monuments,  Tadministration  locale  parait 
vouloir  persister  dans  ce  projet  dont  Texécution  serait  à  tous  égards 
fâcheuse  et  regrettable.  Tout  a  déjà  été  dit  et  bien  dit  sous  les 
rapports  archéologique  et  artistique,  et  même  au  point  de  vue  de 
Tulilité  pratique,  ainsi  qu*en  témoignent  les  notices  de  HM.  Louis 
Guibert  et  Judicis  publiées  dans  le  Bulletin,  ou  les  études  et  arti- 
cles parus  dans  les  journaux  de  Limoges  et  d'ailleurs.  A  tous 
égards,  la  conservation  de  noire  vieux  pont  s*impose. 

Indépendamment  des  raisons  majeures  déjà  indiquées,  M.  Jouhan- 
neaud  s'attache  à  démontrer  que  la  démolition  du  pont  et  sa 
reconstruction  seraient  des  mesures  coûteuses,  inutiles,  et,  de  plus, 
contraires  à  l'intérêt  de  la  ville.  Après  avoir  jeté  un  coup  d'œil  en 
arrière  sur  la  situation  topographique  de  celle-ci,  ses  anciens  ponts, 
les  circonstances  dans  lesquelles  furent  construits  le  pont  Neuf  et, 
en  dernier  lieu,  le  pont  National,  il  établit  que  la  question  est  la 
même  pour  le  pont  Saint-Etienne  que  pour  le  pont  Saint-Martial, 
qui,  ajuste  titre,  a  été  conservé,  sans  nuire  à  aucun  intérêt. 

La  démolition  du  pont  Saint-Etienne  et  sa  reconstruction  à  la 
même  place  n'amélioreraient  en  rien  les  voies  d'accès  au  centre  de 
la  ville  et  la  circulation;  l'accroissement  continuel  de  Limoges  fait 
naître,  du  reste,  des  besoins  nouveaux.  Si  la  construction  d'un 
nouveau  pont  est  nécessaire,  ce  n'est  pas  à  cette  place,  mais  en 
amont,  à  la  hauteur  de  la  partie  haute  du  faubourg  des  Gasseaux 
et  de  l'avenue  du  Sablard,  que  sa  situation  est  indiquée,  reconnue, 
de  l'avis  des  hommes  les  plus  compétents. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  la  Société,  s'associant  aux  conclusions 
de  son  auteur,  déclare  renouveler  le  vœu  formel  qu'elle  a  déjà 
émis  en  juillet  1903  pour  la  conservation  du  pont  SaintrEtienne. 

I^  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Le  secrétaire  adjoint, 
René  Laguérbnre. 


MS  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  BT  HI6T01UQUX  DU  LIMOUSIN 


SÉANCE  DU  S6  DËCEMBRE  1905 


Présidence  de  M*  le  IM  Ponmléy  président 

Sont  présents  :  MM.  Boulaud,  A,  Berger,  Gourtot,  Franek  Delage, 
G.  Jouhanneaud,  A.  Leroux,  R.  Lagaérenne,  S.  Mazeaud,  Malever- 
gne  de  Lafaye,  Royer,  Rachaad  et  Woltling. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  la  et  adopté  après 
quelques  rectifications. 

A  la  veille  de  prendre  sa  retraite,  M.  Joiy  de  Sailly,  inspecteur 
des  eaux  et  forêts,  exprime  par  lettre  à  ses  confrères  le  regret 
qu*il  éprouve  de  se  séparer  d'eux.  —  La  Société  déclare  partager 
ce  regret. 

L*Université  d*Aix-Marseille  propose  l'échange  de  ses  Annales 
des  facultés  de  droit  et  des  lettres  avec  le  Bulletin  de  notre  Société. 
—  Adopté. 

L*Ecole  des  sciences  politiques  envoie  le  programme  des  confé- 
rences qu*elle  se  propose  de  faire  en  province  pendant  Thiver 
190S-06.  ~  La  Société  réserve  sa  décision  jusqu'à  plus  ample 
informé. 

M.  Courtot  rappelle  que  le  Limousin  vient  de  faire  une  grande 
perte  en  la  personne  du  statuaire  Thabard.  Le  Président  charge 
M.  Courtot  de  rédiger  sur  cet  artiste  une  notice  biographique,  qui 
sera  insérée  dans  le  Bulletin. 

La  Société  prend  acte  de  divers  faits  récents  qui  intéressent  Tar- 
chéologie  locale  :  les  vols  d'objets  d'art  qui  viennent  d'être  commis 
dans  les  églises  de  Laurière  et  de  Solignac;  l'entrée  au  musée  dé 
Cluny  de  deux  pyxides  émaillées  de  Limoges,  attribuées  au  XIII*  siè- 
cle et  provenant  de  la  collection  Dru  ;  le  signalement  qui  a  été  donné 
de  l'existence  de  la  châsse  de  saint  Calmine  dans  la  collection  Dobrée 
au  musée  de  Nantes.  Cette  châsse,  que  Ton  croyait  depuis  long- 
temps perdue,  provient  de  Téglise  de  Laguenne  et  est  tenue  pour 
l'un  des  chefs-d'œuvre  de  l'orfèvrerie  limousine. 

Le  Président  donne  communication  d'une  lettre  par  laquelle 
M.  le  baron  de  La  Bastide  fait  don  à  notre  Société  de  trois  grandes 
caisses  de  documents  anciens  (XlIP-X VIII*  siècles).  Ces  documents, 
qui  proviennent  du  château  de  La  Bastide,  ont  été  classés  sommai- 
rement (en  attendant  mieux),  par  le  bibliothécaire  de  la  Société 
qui  les  a  répartis  en  33  cartons,  rangés  sous  différents  chefs  : 


PROGAb-VBRBAUX  DBS  SEANCES  S69 

Registres  de  Tbôtel  des  Monnaies  de  Limoges  (XVIIP  siècle). 

Recettes  da  siège  présidial  de  Limoges  (XVII*  siècle). 

Comptes  de  Télection  du  Hant-Limousin  (XVII*  siècle). 

Titres  relatifs  à  la  baronnie  de  Rrie. 

Titres  relatifs  à  la  seigneurie  de  Trancbillon. 

Titres  relatifs  au  marquisat  de  Ghftteauneuf,  1715. 

Titres  relatifs  à  la  terre  de  Verthamont. 

Titres  relatifs  à  la  terre  de  Texonniéras. 

Titres  relatifs  à  divers  petits  domaines. 

Titres  relatifs  à  diverses  familles  du  Limousin. 

Livres  de  comptes.  —  Procédures  diverses. 

La  Société  exprime  sa  gratitude  à  M.  de  La  Bastide  et  décide 
qu'an  extrait  de  son  procès-verbal  sera  adressé  au  donateur,  qui  a 
déjà  reçu  les  remerciements  personnels  du  Président. 

Pour  donner  satisfaction  à  une  demande  qui  s*6st  produite,  et 
après  avoir  entendu  M.  Leroux  qui  expose  que  notre  bibliotbèque 
est  une  bibliothèque  de  prêts  et  non  de  lecture  sur  place,  il  a  été 
décidé  que  les  membres  de  la  Société  qui  voudront  la  consulter 
dans  l'un  ou  Tautre  des  deux  locaux  qu'elle  occupe,  s'adresseront 
soit  au  bibliothécaire  en  chef,  soit  à  l'un  des  sous-bibliotbécaires, 
en  se  soumettant  aux  formalités  usitées  jusqu'ici. 

Le  Président  expose  qu'il  a  vu  récemment  à  Paris  M.  Goutheillas 
et  lui  a  demandé  où  en  était  le  monument  Guibert.  Après  en  avoir 
délibéré  récemment,  le  Bureau  a  décidé  de  charger  M.  Guibert  fils, 
qui  doit  se  rendre  à  Paris,  de  voir  auparavant  M.  J.  Tixier  et  d'ob- 
tenir de  lui  les  renseignements  et  les  instructions  qui  manquent 
encore  à  M.  Goutheillas.  On  espère  qu'ainsi  le  monument  pourra 
être  inauguré  en  mai  1906. 

M.  le  D' Dunoyer  (du  Dorât)  écrit  à  la  Société  pour  signaler  la 
découverte  qui  vient  d'être  faite  dans  le  domaine  de  H.  Laguset,  au 
village  de  La  Berginerie,  commune  de  Dinsac,  d'un  souterrain- 
refuge  où  l'on  a  retrouvé  des  poteries  et  des  ossements  d'animaux. 
Ge  souterrain  ne  diffère  pas  dans  ses  dispositions  générales  de  celui 
de  La  Jante,  qu'a  décrit  M.  l'abbé  Lecler  {Bulletin,  XLI,  229). 

H.  Aubert  Berger  présente  une  thèse  de  philosophie,  du  collège 
de  Poitiers,  dédiée  à  Mgr  Uuplessis  d'Argentré,  évêque  de  Limoges, 
par  Joseph  Desbordes.  Gette  thèse  est  imprimée  sur  soie.  On  con- 
naît déjà  plus  d'un  spécimen  de  ce  genre.  Gelui-ci  a  été  étudié  lon- 
guement par  M.  Tabbé  Lecler,  qui  en  a  fait  l'objet  d'un  article  que 
publiera  notre  Bulletin. 

H.  Malevergne  de  Lafaye  signale  l'existence  dans  l'immeuble 
habité  par  M.  Tarneaud,  place  du  Ghamp-de-Foire,  d'une  cheminée 
monumentale  provenant  de  l'abbaye  de  Grandmont,  et  d'un  portail 


870  SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  BT   HISTORIQVE  DU   LIMOUSIN 

proveDant  de  Tancien  hôtel  de  rinteDdance.  Oo  s'eipliqoe  la  pré< 
sence  de  la  cheminée  de  Grandroont  par  le  fait  que  la  maison  en 
question  était  habitée,  à  la  fin  du  XVIII*  siècle,  par  Broussaud, 
rarchitecle  de  Tévéché,  qui  fut  chargé  de  la  démolition  de  Grand- 
mont. 

Le  Président  expose  qu'il  est  entré  en  relations  avec  la  commis- 
sion envoyée  à  Limoges  par  le  Ministère  des  beaux  arts  pour  exa- 
miner la  question  du  pont  Saint-Etienne.  Cette  commission,  qui 
est  favorable  au  classement  de  ce  pont,  ne  Test  pas  moins  à  celui 
des  églises  Saint-Pierre  et  Saint-Michel,  de  la  croix  de  Saint-Auré- 
lien,  de  la  Vierge  de  Saint-Pierre  et  du  rétable  de  Thôpital.  Elle 
appelle  l'attention  de  notre  Société  sur  la  nécessité  qui  s'impose  de 
compléter  l'inventaire  de  nos  richesses  d'art,  si  nous  voulons  éviter 
de  voir  notre  Limousin  s*appauvrir  de  tant  d'objets  précieux  qui 
sollicitent  la  convoitise  des  brocanteurs  et  des  étrangers. 

En  conséquence,  il  est  décidé,  sur  la  proposition  de  M.  le  D' 
Fournie,  qu'une  commission  de  quatre  membres,  composée  de 
MM.  Wottlingy  Courlot,  Ducourtieux  et  Berger,  sera  chargée  de 
développer,  en  ce  qai  regarde  plus  spécialement  la  ville  de  limo- 
ges, le  catalogue  publié  en  1887  par  M.  L.  Guibert. 

La  série  des  communications  étant  épuisée,  M.  le  Secrétaire  géné- 
ral est  prié  de  rendre  compte  des  publications  reçues  depuis  la  der- 
nière séance,  en  tant  qu'elles  intéressent  l'histoire  du  Limousin.  Il 
les  énumère  dans  l'ordre  suivant  : 

Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéohgiques  publiés 
par  les  Sociétés  savantes  de  France  :  t.  IV,  4*  livraison,  contenant 
le  département  de  la  Haute- Vienne. 

Dans  ce  minutieux  dépouillement,  dû  au  zèle  de  MM.  R.  deLastey- 
rie  et  A.  Vidier,  on  constate  quelques  lacunes.  Ainsi,  l'histoire  des 
Associations  savantes  de  la  Haute- Vienne  a  donné  lien,  dans  FAI- 
manach  limousin  de  1892,  à  une  notice  exacte  qu'il  eût  été  bon  de 
rappeler.  La  Société  d'agriculture  de  Limoges  a  fait  elle  aussi  l'objet 
de  deux  notices  qui  ne  sont  pas  mentionnées.  Enfin,  mainte  publi- 
cation de  notre  Société  archéologique,  indiquée  comme  anonyme, 
porte  une  signature  que  M.  Vidier  eut  pu  facilement  retrouver. 

Bulletin  de  la  Société  des  lettres  de  Tulle,  190S,  3^  livraison,  conte- 
nant  des  lettres  inédites  adressées  à  Baluze,  publiées  par  M.  Nouail- 
lac;  —  une  notice  de  M.  Bertin  sur  le  général  Materre,  —  et  les 
suites  des  articles  des  précédentes  livraisons. 

Almanach'Annuaire  de  la  Corrèze  pour  1906,  contenant  un 
article  de  M.  Forot  sur  la  cure  de  Bar,  quelques  pages  de  M.  de 
Nussac  sur  le  musée  de  Brive,  et  une  notice  de  M.  Ducourtieux  sur 
le  monument  Lovy. 


PROC&S'VBRBAUX  DBS  SÉANCES  871 

Notes  d'art  et  d'archéologie  (novembre  ld05)t  où  M.  Berlhelé 
continue  ses  éludes  critiques  sur  les  inscriptions  campanaires 
publiées  par  M.  Tabbé  Lecler. 

La  question  du  pont  Saint-Etienne  à  Limoges^  par  H.  Camille 
Jouhauneaud.  Cet  article  (tiré  à  part  de  VAlmanach  limousin  pour 
1906)  est  un  plaidoyer  très  pondéré,  très  informé  et  en  somme  fort 
juste,  en  faveur  du  maintien  de  notre  vieux  pont.  11  restera  Tune 
des  pièces  essentielles  au  dossier  du  procès  qui  s'instruit  actuelle- 
ment. 

M.  A.  Leroux  signale  encore  la  publication  par  M.  Bruel,  dans 
V Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France  pour  1904, 
d'un  ensemble  de  titres  généalogiques  de  la  maison  de  La  Tour 
d'Auvergne,  —  et  renvoi  par  M.  Roger  Drouault  de  ses  Notes  iné- 
dites  sur  J.-B.  de  Lafontaine,  seigneur  de  Fontenai^  parues  dans  le 
Bulletin  historique  du  Ministère  (1904). 

La  parole  est  donnée  à  H.  Wottling  pour  la  lecture  dune  notice 
descriptive  de  la  chapelle  de  Thôpital  général.  L'auteur  indique 
quelles  sont  les  dimensions  de  Tédifice,  son  mode  de  construction, 
la  disposition  de  son  plan,  son  ornementation  intérieure,  et  conclut 
à  la  possibilité  de  sa  conservation  par  des  travaux  appropriés.  Sa 
description,  très  technique,  est  rendue  intelligible  pour  tous  par  la 
présentation  d'un  plan  à  grande  échelle  qui  permet  de  suivre  les 
indications  données. 

A  son  tour,  M.  Leroux  lit  une  notice  purement  historique,  où  il 
rappelle,  en  s'appuyant  sur  des  documents  probants,  comment  la 
chapelle  des  PP.  de  la  Mission,  achevée  en  1664,  fut  affectée  au 
service  des  pauvres  de  l'hôpital  et  devint,  en  1801,  la  propriété  de 
l'établissement.  Il  fixe  la  date  du  rétable,  qui  est  de  la  fin  du 
XVII*  siècle,  et  celle  des  peintures  à  la  détrempe  qui  furent  exécu- 
tées vers  1850.  Il  caractérise  en  outre  le  style  général  de  l'édifice, 
de  ses  collatéraux  et  de  sa  décoration. 

Après  avoir  entendu  la  lecture  de  ces  deux  mémoires,  la  Société 
archéologique,  considérant  : 

1*  Que  le  chœur  de  la  chapelle  de  l'hôpital  offre,  au  moins  par 
ses  boiseries,  un  intérêt  artistique  indéniable; 

i^  Qu'il  contient  un  rétable  de  grande  valeur  dû  au  ciseau  d'un 
artiste  limousin  du  XVII*  siècle,  Martin  Bellet; 

3<>  Que  le  déplacement  de  ce  rétable  (10  mètres  de  haut  sur 
11  mètres  de  large),  à  supposer  qu'il  pût  trouver  asile  ailleurs,  pré- 
senterait pour  l'œuvre  elle-même  les  plus  grands  inconvénients; 

Emet,  à  l'unanimité  des  membres  présents,  le  vœu.que  l'adminis- 
tration de  l'hôpital  et  les  pouvoirs  appelés  à  délibérer  sur  cette 
question,  veuillent  bien  s'inspirer  de  ces  mêmes  considérations 


872  soci^A  argrAologiqub  bt  historique  i>a  limousin 

pour  conseryer  à  la  ville  de  Limoges  deux  moDameots  iusëpan- 
blés  :  le  rétable  de  Martin  Bellet  et  au  moins  la  partie  de  la  chapelle 
qui  l'abrite. 

II  est  décidé,  en  outre,  que  ce  vœu  sera  transmis  à  la  commission 
de  rhôpita!  et  à  la  préfecture,  et  que  les  mémoires  de  HM.  Wotl- 
ling  et  Leroux  seront  reproduits  dans  le.'prochain  Bulletin  (1),  pour 
l'instruction  des  intéressés. 

La  séance  est  levée  à  dix  heures  trois  quarts. 

Le  secrétaire  général, 
Alfred  Leroux. 

(1)  Voy.  ci-dessus  p.  694  et  ss. 


TABLE    MÉTHODIQUE 


Société  archéologique  et  historique 
du  LimouBin 

Procès-verbaux  des  séances,  par  MM. 
A.  Leroux  et  R.  LaguéreDQe,853. 

Situation  financière  de  la  Société  au 
31  décembre  1904,  par  M.  G.  Ton- 
yéras,  p. -t.  835. 

Félicitations  adressées  à  M.  Fournie 
à  Toccasion  de  sa  promotion  à  la 
dignité  d'officier  de  la  Légion 
d'honneur,  p.-v.  855. 

Lettre  de  M.  Batiot,  fabricant  de 
porcelaine,  rectifiant  une  assertion 
de  M.  G.  Leymarie  dans  son  travail 
sur  la  porcelaine,  p.-y.  852. 

Lettre  de  M.  Philippe  de  Bosredon, 
rectifiant  un  passage  de  la  notice 
de  M.  I^roux  sur  VŒuvre  histori- 
que d$  Louis  Guibert^  p.-v.  851. 

Bibliothèque  de  la  Société,  forma- 
lités pour  la  consulter,  p.-y.  860. 

Bibliothèque  de  la  Société,  catalogue 
des  manuscrits  (suite),  par  M.  A. 
Leroux,  440;  p.-v.  837. 

Répertoire  du  fonds  Godet  de  Boisse, 
offert  à  la  Société,  par  M.  G.  Tou- 
yéras,452;  p.-v.  837. 

Documents  offerts  par  M.  le  baron  de 
La  Bastide,  p.-v.  868. 

Monument  Guibert,  p.-v.  851, 869. 

Excursion  à  Grozant  en  1905,  p.-v. 

849. 
Visite  de  la  chapelle  de  Thôpital, 
p.-v.  859. 


Sciences  auxUiairee  de  Phlttoire 

Bibliographie  :  Un  siècle  de  vie  ecclé- 
siastique en  province;  la  réforme 
ecclésiastique  dans  le  diocèse  de 
Limoges  au  XVII*  siècle,  par  M. 
Tabbé  Aulagne^  p.-v.  852. 

Bibliothèque  communale  de  Limoges: 
Gatalogue  des  manuscrits  (nouveau 
supplément),  par  M.  B.  Mayéras, 
649. 

Evangéliaire  du  X*  siècle,  par  M.  Ma- 
levergne  de  Lafaye,  p.-v.  842. 

Médailles  (présentation  de),  par  M. 
le  D' Fournie,  380. 

Monnaies  (description  de),  par  M. 
Royer,  p.-v.  836. 

Monnaie  d'Alexandre  le  Grand,  par 
M.  Hersant,  p.-v.  838. 

Monnaies  de  Gharles  VII  et  Henri  II, 
par  M.  Royer,  p.-v.  843. 

Monnaie  d*or  de  Gharles  VIII,  à  l'ini- 
tiale L,  par  M.  Royer,  p.-v.  864. 

Monnaie  en  or  de  Sigismond,  empe- 
reur d'Allemagne,  trouvée  àObjat, 
par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  849. 

Monnaies  trouvées  à  Baltut,  près 
Ghartrier  (Gorrèze),  par  M.  Royer, 
p.-v.  866. 

Monnaies  trouvées  à  La  Ghardonne- 
rie,  commune  d'Azerables,  par 
M.  Roger Drouault, 791;  p.-v.  835. 


874 


SOCléré  ARCHéOLOGIQUB   ET    BISTORtQUB    DU    LIMOUSIN 


Hiftoire  proprement  dite 

Voies  romaines  (Les)  en  Limousin 
fl"  partie),  par  M.  P.  Ducourtieux, 
•743. 

Sainl-Sulpice-les-Feuilles  (Monogra- 
phie du  canton  de)  (suite),  par 
M.  Roger  Drouault,  241,593;  p.-v. 
846,854. 

Arnac-la-Posle.  (Voy.  Saint-Sulpice- 
les-Feuilles  (Monographie  du  can- 
ton de),  593. 

Busssière-Poitevine  (Opposition  des 
babilanls  de),  au  rattachement  de 
leur  paroisse  au  district  de  Bellac, 
1790.  Doc.  comm.  par  M.  Roger 
Drouault,  822. 

GhftleaU'Chervix,  archéologie,  his- 
toire, documents, par  M.  A.  Lecier, 
517;  p.-v.  857. 

Ghàleau-Chervix  (Contrat  de  venle 
de)  !•  Château-Chervix;  2«  de 
Saint-Jean-Ligoure,Janailhac  con- 
senti en  faveur  de  1*»  Jean  et  An- 
toine de  Goignat,  2^^  de  Christophe 
et  Pierre  de  Bony,  par  Sa  Majesté 
le  roi  de  Navarre,  1487.  (Voy. 
Ghâleau-Chervix,  doc,  534. 

Château-Chervix  (La  terre  de),  par 
Faulte  de  Vanleaux,  799,  p.-v.  866. 

Cromac.  (Voyez  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles  (Monographie  du  canton 
de),  637. 

Crozant  (Excursion  à),  1905,  par  M. 
René  Laguérenne,  777;  p.-v.  856. 

Feytiat,  mortalité  en  1710,  par  M.  0. 
d'Abzac,  p.-v.  865. 

Limoges.  Baptêmes  et  mariages 
(registre  des),  de  1795  à  1802,  par 
M.  Mariaux,  p.-v.  842. 

Limoges.  Confiscation  du  Consulat 
du  Château  par  Charles  VII,  en 
1443,  par  M.  A.  Thomas,  p.-v.  860. 


Limoges.  Disette  au  XVI*  siècle, 
par  M.  Franck  Delage,  280. 

Panazol  (L'assistance  publique  et  les 
subsistances  dans  la  commune  de) 
de  1790  à  1795,  par  M.  0.  d'Abzac, 
424;  p.-v.  843. 

Panazol  (La  population  de  la  com- 
mune de)  en  1793,  par  M.  d'Abzac, 
420;  p.-v.  836. 

Saint-Auvent.  Nomination  d'an  col- 
lecteur, 1744.  Doc.  comm.  par  M. 
G.  Touyéras,  816. 

Saint-Vitte,  monographie  d'une  com- 
mune, par  M.  René  de  Sazilly,  295. 

Histoire  eoclésiastique 

Prisons  ecclésiastiques,  par  M»  A.  Le- 
roux, p.-v.  845. 

Abbaye  de  Saint-Martial.  Senfeoce 
rendue  par  le  sénéchal  du  roi 
d'Angleterre  en  Limousin  au  sujet 
de  la  perception  du  droit  de  com- 
mande à  La  Souterraine,  1195. 
Doc.  comm.  par  M.  Gh.  de  Lasley- 
rie,  807;  p.-v.  837. 

Abbaye  de  Saint-Martial.  Concession 
par  Tabbé  de  Saint-Martial  du  do- 
maine d'Aigueperse  à  des  moines 
deTabbaye,  1223.  Doc.  comm.  par 
M.  Gh.  de  Lasteyrie,  813;  p.-v. 
837. 

Chapitre  de  Saint-Martial  (Mémoire 
pour  le),  1786.  Doc,  820. 

Abbaye  de  Grandmont  (Bulle  de  sup- 
pression de  r),  1772,  par  M.  Maie- 
vergue  de  Lafaye,  p.-v.  842. 

Confrérie  de  Nolre-Dame-la-Joyeuse 
ou  des  Pastoureaux,  par  M.  Franck 
Delage,  555. 

Confrérie  de  Notre-Dame-la-Joyeuse. 
Articles  complétant  ou  rectifiant  les 
statuts  (1511-1555).  Doc,  563. 


TABLE  MÊTHODIQUB 


875 


Confrérie  de  Nolre-Dame-Ia-Joyeuse. 
Reddition  de  coofiptes  des  bailes, 
4618-1647.  Doc,  866. 

Confrérie  de  Sainl-Jacques,  doc.  de 
1897,  par  M.  F.  Delage,  p.-v.  838. 

Confrérie  de  Saint-Kustique  (billet 
d'admission),  1680.  Doc.  comm. 
parM.E.  Hervy,  802. 

Commanderie  (La)  et  les  comman- 
deurs de  Paalbac,  par  M.  Joseph 
Boulaud,  181. 

Limoges.  Chapelle  de  l'hôpital  : 
notice  bistoriqae,  par  M.  A.  Le- 
roux, 699;  p.-v.  871. 

Saint  Etienne  de  Muret  (Procès- 
verbal  de  la  translation  du  chef  de) 
et  autres  reliques  de  Grandmpnt  à 
Saint-Sylvestre,  1791.  Doc.  comm. 
par  M.  Larue,  827. 

Histoire  jadiciaire 

Sénéchaussée  de  Limoges,  prévôté 

de  Hasiéon    et    de    Laron,  par 

M.  A.  Thomas,  p.-v.  883. 
Présidial  de  Limoges  au  XVII*  siècle 

(Un  arrêt  du),  1689,  par  M.  A. 

Maural-Ballange,  792;  p.-v.  880. 
Procès  à  La  Souterraine  en  1728,  par 

M.  J.  Bellet.  798. 

Instruction 

Thèse  de  philosophie  du  collège  de 
Poitiers,  imprimé  sur  soie,  par 
M.  A.  Lecler,  p.-v.  869. 

Etablitiements  charitables 

Abbesse  de  la  Règle  condamnée  à 
payer  une  redevance  à  la  léprose- 
rie de  la  Maison-Dieu,  1498.  (Voy. 
Lépreux  (Les).  Doc),  143. 

Abbesse  de  la  Règle  condamnée  à 
payer  diverses  rentes  à  la  léprose- 
rie de  la  Maison-Dieu,  1806.  (Voy. 

'    Lépreux  (Les).  Doc),  144. 


Hôpitaux  et  maladreries  du  diocèse 
dépendant  de  Tordre  de  Saint- 
Lazare  (Décimes  relatives  aux), 
1818-28.  (Voy.  Lépreux  (Les).  Doc), 
124. 

Hôpital  de  Limoges,  union  d'une 
rente  de  180  livres  payée  par 
Tabbesse  de  la  Règle  à  l'ordre  de 
Saint-Lazare,  1698.  (Voy.  Lépreux 
(Les).  Doc),  148. 

Lépreux  (Les)  et  les  léproseries  de 
Limoges,  par  M.  Louis  Guibert,  8; 
p.-v.  848. 

Maison-Dieu.  Recteurs,  précepteurs, 
prieurs  et  prieures,  chapelains  et 
curés,  curés  de  Saint-Jacques  et  de 
Saint-Christophe.  (Voy.  Lépreux 
(Les).  Doc),  118,  119,  120. 

Maison-Dieu  (Déclaration  d'Etienne, 
prieur),  1240.  (Voy.  Lépreux  (Les). 
Doc),  121. 

Maison-Dieu,  constitution  de  rentes 
par  Barthélémy  de  Drouiihes  et 
autres,  1282  (Voy.  Lépreux  (Les). 
Doc),  142. 

Maison-Dieu.  Lépreux  autorisé  à  quit- 
ler  la  léproserie,  1477.  (Voy.  Lé- 
preux (Les).  Doc),  131. 

Maison-Dieu .  Les  lépreux  constituent 
un  receveur  comptable,  1482.  (Voy. 
Lépreux  (Les).  Doc),  123. 

Maison-Dieu  (Liève  du  XV'  siècle). 
(Voy.  Lépreux  (I^s).  Doc),  134. 

Maison-Dieu  de  Limoges,  ordonnance 
pour  les  réparations,1861-62.(Voy. 
Lépreux  (Les).  Doc),  126. 

Maison-Dieu  (Lettres  d'admission  à 
la  léproserie  de  la)  1372-1618. 
(Voy.  Lépreux  (Les).  Doc),  132. 

Soienoes  naturelles,  Médeoine 

Poules  et  Coqs  de  Limoges,  par 
M.  A.  Thomas,  p.-v.  848,  881. 


876 


SOCIÉTÉ    ARCHÉOLOGIQUE    BT    HISTORIQUE   DU    LIMOUSIN 


Maladie  (La)  des  Espagnols  à  Limo- 
ges en  1809,  par  M.  A.  Lecler,  217. 

Industrie,  Conuneroe 

Abal  de  bois  (Plaqae  de  cuivre  indi- 
quant les  dimensions  à  Limoges 
en  1594.  Doc.  comm.  par  M.  A. 
Leroux,  816;  p.-v.  849. 

Verrerie  (Etablissement  d'une),  à 
Azat,  com.  de  Lussac-les-Eglises, 
1798.  Doc.  comm.  par  M.  Roger 
Drouault,  830. 

Mœon,  usages 

Blessac  (La  fêle  du  couvent),  par  M. 
CyprienPéralhon,374;  p.-v.  843. 

Archéologie  et  Beaux-Arts 

Archéologie  préhistorique  et  gallo-romaine 

Congrès  préhistorique  tenu  à  Péri* 
gueux,  par  M.  F.Delage,  p.-v.  862. 

Souterrain-refuge  à  La  Berginerie, 
com.  de  Dinsac,  p.-v.  869. 

Souterrain-refuge  du  Monteil,  com. 
de  Saint-Léonard,  par  M.  Camille 
Jonhanneaud,  787,  p.-v.  836. 

Urne  funéraire  gallo-romaine  trou- 
vée à  Touradis,  com.  de  Thouron, 
par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  865. 

Intaille  trouvée  au  Bouchais,  com.  de 
Gromac,  par  M.  Roger  Drouault, 
790;  p.-v.  860. 

Camée  en  pierre  trouvé  à  Crochat, 
par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  834. 

Tebessa  et  Timgad  (Ruines  romaines 
de),  par  H.  Joly  de  Sailly,  p.-v.  834. 

Architecture 

Classement  de  plusieurs  monuments 
historiques  de  Limoges  (commis- 
sion peur  le),  p.-v.  870. 


Limoges.Calhédrale,continualiODdes 
travaux  de  construction  en  1405, 
par  M.  A.  Leroux,  p.-v.  860. 

—  Chapelle  de  l'hôpital,  effondre- 
ment de  la  toiture.  Visite  de  la 
chapelle,  p.-v.  859. 

—  Chapelle  de  Fhôpital  :  notice  des- 
criptive, par  M.  E.  Wottling,  694, 
p.-v.  871. 

—  Cheminée  de  Grand  mont  et  Por- 
tail de  l'Intendance  dans  une  mai- 
son de  la  place  duGhamp-de-Foire, 
par  M.  Malevergne  de  Lafaye,  p.-v. 
869. 

—  Eglise  de  Sainte-Félicité,  par  H. 
P.  Ducourtieux,  p.-v.  853. 

—  Pont  Saint-Etienne,  conservation, 
vœu,  classement,  par  M.  Camille 
Jouhanneaud,  p.-v.  867,  870. 

Sailes-Lavauguyon  (L'église  des),  par 
M.  E.  Wottling,  790;  p.-v.  866. 

Peinture,  aeiilptiire,  graTure 

Limoges.  Contrefort  delà  cathédrale, 
peinture,  par  M.  Cx)urlot,  p.-v.  838. 

—  Le  couvent  des  Clairettes,  pein- 
ture, par  M.  Courtot,  p.-v.  859. 

—  Eglise  de  Sainte-Félicité,peinturc, 
par  M.  Courtot,  p.-v.  866. 

Statuette  en  pierre  du  XIIP  siècle, 
par  M.  le  D'  Fournie,  p.v.  853. 

Notaires  artistes,  par  M.  Courtot,  707. 

Portrait  de  M"*  Magy  d'Aodaleix, 
veuve  d'un  trésorier  de  France, 
par  M.  R.  Drouault,  p.-v.  853. 

OrfèTrerie,  métaux,  éaudOlerie 

Figurine  en  bronze  provenant   du 

Château  d'Aixe,  par  H.  Fournie, 

p.-v.  848. 
Saint-Léonard.  Reliquaire  d'argent 

donné  par  Charles  VII,  par  H.  A. 

Leroux,  p.-v.  858. 


TABLfi  mAtHODIQUÉ 


877 


Plaqae  de  cheminée  (Une)  du  XVI* 
siècle,  par  M.  Fournie,  367. 

Plaque  de  cheminée,  par  H.  A.  Le* 
cler,  p.-v.  848. 

Emaux,  objets  d*ar(s,  Hvres,  tableaux 
de  la  collection  Germeau  (Vente), 
par  M.  A.  Leroux,  p.-v.  889. 

Gh&sse  en  émail  de  Limoges  à  Saint- 
Marcel  (Indre),  par  H.  A.  Leroux, 
p.-Y.  860. 

Musique 

Musique  à  Limoges  (Notes  pour  ser- 
vir à  l'histoire  de  la)  au  XIX»  siè- 
cle, par  H.  G.  Jouhanneaud,  392; 
p.-v.  880,  884. 

Biographies 

Une  famille  de  comédiens,  par  M. 
J.  Bellet,  802. 

Paye  ou  de  La  Paye  (Généalogie  de 
la  maison  de),  par  M.  Zenon  Tou- 
mieux,  327,  780. 

Lasteyrie  du  Saillant  (Généalogie  de 
la  famille  de),  par  H.  de  Vandières 
de  Vitrac,  p.-v.  842. 

Sombreuil  (Actes  relatifs  à  la  famille 
de).  Doc,  818. 

Baluze  (Etienne),  professeur  de  droit 
canon  au  Gollège  de  Prance  en 
1689,  par  M.  P.  Delage,  p.-v.  842. 

Beaupoil  de  Sainte-Aulaire  (De). 
Inauguration  d'une  plaque  commé- 
morative  à  Aixe-sur-Vienne,  par 
M.  P.  Duconrtieux,  p.-v.  868. 


Beaupoil  de  Sainte-Aulaire  (Pran- 
çois-Joseph),  lettre  inédile,  1723, 
par  M.  A.  Dujarric-Descombes,803. 

Blanchard  (Antoine)  de  Limoges, 
imprimeur  à  Lyon,  par  M.  P.  Du- 
conrtieux, p.-v.  887. 

Bos vieux  (Auguste),  parM.  H.  de  M., 
198. 

Groy  de  Ghimay  (Gharles  de),  dit 
vicomte  de  Limoges,  par  M.  A. 
Leroux,  p.-v.  849. 

Jouvin  de  Rochefort,  son  passage  à 
Limoges  en  1660,  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  849. 

Ijemas  (Elle),  nécrologie,  p.-v.  840. 

Lermite  (Goufier  de),  capitaine  de 
Ghalucet  au  XV*  siècle,  par  M.  A. 
Thomas,  818;  p.-v.  888. 

Mosnier  (Martial),  de  Limoges»  poêle 
et  avocat  à  Bordeaux  (Une  lettre 
de),  par  M.  F.  Delage,  p.-v.  886. 

Muret  (Marc^Antoine  de).  Un  huma- 
niste limousin  du  XVP  siècle,  par 
M.  P.  Delage,  147  ;  p.-v.  838. 

Muret  (Marc-Antoine  de),  lettres 
inédites,  par  M.  P.  Delage,  p.-v. 
884,888. 

Muret  (Marc-Antoine  de)  d'après  la 
biographie  d*Isaac  Brulart,  par 
M.  0.  d'Abzac,  p.-v.  849. 

Poisson  de  la  Ghabeaussière  (Jean- 
Ange),  par  M.PontainedeResbecq, 
p.-v.  866. 

Tabari  (Jean),  Limousin,  secrétaire 
de  Gharles  V,  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  863. 

Thabard,  statuaire,  nécrologie,  par 
M.  Gourtot,  p.-v.  868. 


T.   LV 


l>8 


TABLE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DE  MATIÈRES 


Abal  de  bois  (Plaque  de  cuivre  indi- 
quanl  les  dimensions  à  Limoges 
en  4S94.  Doc.  comro.  par  M.  A. 
Leroux,  846;  p.-y.  840. 

Abbaye  de  Grandmont  (Bulle  de  sup- 
pression de  r),  1772,  par  M.  Male- 
vergne  de  Lafaye,  p.-v.  842 

Abbaye  de  Saint-Martial.  Concession 
par  Tabbé  de  Saint-Martial  du  do- 
maine d'Aigueperse  à  des  moines 
de  Tabbaye,  1223.  Doc.  comm.  par 
M.  Ch.  de  Lasleyrie,  813;  p.-v. 
837. 

Abbaye  de  Saint-Marlial.  Sentence 
rendue  par  le  sénéchal  du  roi 
d'Angleterre  en  Limousin  au  sujet 
de  la  perception  du  droit  de  com- 
mande à  La  Souterraine,  1195. 
Doc.  comm.  par  M.  Gh.  de  Lasley- 
rie, 807;  p.-v.  837. 

Abbesse  de  la  Règle  condamnée  à 
payer  une  redevance  à  la  léprose- 
rie de  la  Maison-Dieu,  1498.  (Voy. 
Lépreux  (Les).  Doc),  143. 

Abbesse  de  la  Règle  condamnée  à 
payer  diverses  rentes  à  la  lépro- 
serie de  la  Maison-Dieu,  1806. 
(Voy.  Lépreux  (Les).  Doc),  144. 

Arnac-la-Poste.  (Voy.  Saint-Sulpice- 
les-Feuilles  (Monographie  du  can- 
ton de),  S93. 

Baluze  (Etienne),  professeur  de  droit 
canon  au  Collège  de  France,  par 
par  M.  F.  Delage,  p.-v.  842. 


Beaupoil  de  Sainte-Aulaire  (De). 
Inauguration  d'une  plaque  commë- 
morative  à  Aixe-sur-Vienne,  par 
M.  P.  Ducourlieux,  p.-v.  868. 

Beaupoil  de  Sainte-Aulaire  (Fran 
çois-Joseph),  lettre  inédile,  1723, 
par  M.  A.  Dujarric-Descombes,803. 

Bibliographie.  Un  siècle  de  vie  ecclé- 
siastique en  province  ;  la  réforme 
ecclésiastique  dans  le  diocèse  de 
Limoges  au  XVII«  siècle,  par  M. 
l'abbé  Aulagne,  p.-v.  882. 

Bibliothèque  communale  de  Limoges. 
Catalogue  des  manuscrits  (nouveau 
supplément),  par  M.  B.  Mayéras, 
649. 

Blanchard  (Antoine),  de  Limoges, 
imprimeur  à  Lyon,  par  M*  P.  Du- 
courlieux, p.-v.  887. 

Blessac  (La  fête  du  couvent),  par 
M.  Cyprien  Pérathon,  372;  p.-v. 
843. 

Bosvieux  (Auguste),  par  M.  H.  de  M., 
198. 

Bussière-Poitevine  (Opposition  des 
habitants  de)  au  rattachement  de 
leur  paroisse  au  district  de  Bellac, 
1790.  Doc.  comm.  par  M.  Roger 
Dronault,  822. 

Camée  en  pierre  trouvé  à  Crochat, 
par  M.  P.  Ducourtieux,  p.-v.  834. 

Chapitre  de  Saint-Martial  (Mémoire 
pour  le),  1786.  Doc  820. 


8B0 


SOGlÉTé     ARCHÉOLOGIQUe    ET  HtSTORIQUB    DU    LIMOUSIN 


Gh&sse  en  émail  de  Limoges  à  Saint- 
Marcel  (Indre),  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  860. 

Chftteau-Chervix,  archéologie,  his- 
toire, documents,  par  M.  A.  Le- 
cler,  817;  p.-v.  887. 

Château-Chervix  (Contrat  de  vente 
de)  l""  Gh&teau-Ghervix  ;  S»  de 
Saint-Jean-Ligoure,  Janailhac  con- 
senti en  faveur  de  l""  Jean  et  An- 
toine de  Goignat,  2<>  de  Christophe 
et  Pierre  de  Booy,  par  Sa  Majesté 
le  roi  de  Navarre,  1487.  (Voyez 
Chftteau-Chervix.  Doc,  834. 

Chàteau-Chervix  (La  terre  de),  par 
Faulle  de  Vanteaux,  799,  p.-v. 866. 

Classement  de  plusieurs  monuments 
de  Limoges, commission,  p.-v. 870. 

Commanderie  (La)  et  les  comman- 
deurs de  Paulhac,  par  M.  Joseph 
Boulaud,  181. 

Confrérie  de  Notre-Dame-la-Joyeuse 
ou  des  Pastoureaux,  par  M.  Franck 
Delage,  888. 

Confrérie  de  Notre-Dame-ia-Joyeuse. 
Articles  complétant  ou  recliiiant 
les  statuts  (1811-1888).  Doc,  863. 

Confrérie  de  Notre-Dame-la-Joyeuse. 
Reddition  de  comptes  des  bailes, 
1818-1647,  866. 

Confrérie  de  Saint-Jacques.  Doc.  de 
1897,  par  M.  F.  Delage,  p.-v.  838. 

Confrérie  de  Saint-Rustique  (Billet 
d'admission),  1680,  par  M.  Ë. 
fiervy,  80Î. 

Congrès  préhistorique  tenu  à  Péri- 
gueux,  parM.  F. Delage, p.-v.  862. 

Cromac.  (Voyez  Saint-Sulpice-les- 
Feuilles  (Monographie  du  canton 
de),  637. 

Croy  de  Chimay  (Charles  de),  dit 
vicomte  de  Limoges,  par  M.  A. 
Leroux,  p.-v.  849. 


Crozant  (Excursion  à),  en  1908),  par 
M.  René  Laguérenne,  777;  p.-v. 
886. 

Emaux,  objets  d*arts,  livres,  tableaux 
de  la  collection  Germeau  (Vente), 
par  A.  Leroux,  p.-v.  889. 

Evangéliaire  du  X*  siècle,  par  M. 
Malevergue  de  Lafaye.  p.-v.  842. 

Famille  de  Comédiens  (Une),  par  M. 

J.  Bellet,  802. 
Faye  ou  de  La  Faye  (Généalogie  de 

la  maison  de),  par  H.  Zenon  Tou- 

mieux,  327,  760. 

Feytiat,  mortalité  en  1710,  par  M. 

0.  d'Abzac,  p.-v.  868. 
Figurine  en  bronze   provenant  du 

Château  d'Aixe,  par  M.  Fournie, 

p.-v.  848. 
Hôpital  de  Limoges,   union    d'une 

rente  de    180   livres   payée  par 

Tabbesse  de  la  Règle  à  l'ordre  de 

Saint-Lazare,  1668.  (Voy.  Lépreux 

(Les).  Doc),  148. 
Hôpitaux  et  maladrerie  du  diocèse 

dépendant  de  l'ordre  de   Saint- 
Lazare   (Décimes  relatives  aux), 

1818-28.  (Voyez  Lépreux   (Lesj. 

Doc),  124. 
Intaille  trouvée  au  Bouchais,  corn. 

de  Cromac,  parM.  Roger  Drouauli, 

790;  p.-v.  860. 
Jouvin  de  Rochefort,  son  passage  à 

Limoges  en  1660, parM.  A. Leroux, 

p.-v.  849. 
Lasteyrie  du  Saillant  (Généalogie  de 

la  famille  de,  par  M.  Vandières  de 

Vilrac,  p.-v.  842. 
Lemas  (Elle),  nécrologie,  p.-v.  840. 
Lépreux  (Les)  et  les  léproseries  de 

Limoges,  par  M.  Louis  Guibet,  S; 

p.-v.  848. 


TABLE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DE  MATIÈRES 


881 


Lépreux  de  la  Maison-Dieu  consti- 
tuant un  receveur  comptable,  1482. 
(Voy.  Lépreux  (Les).  Doc),  123. 

Lépreux  autorisé  à  quitter  la  lépro- 
serie, 1477.  Voy.  Lépreux  (Les). 
Doc),  131. 

Lerroite  (Goufier  de),  capitaine  de 

Chalucet  au  XV*  siècle,  par  M. 

Antoine  Thomas,  315;  p.-v.  8S5. 
Limoges.    Baptêmes    et    mariages 

(Registre  des)  de  1798  à  1802,  par 

M.  Mariaux,  p.-v.  842. 

—  Cathédrale,  continuation  des  tra- 
vaux de  construction  en  1405,  par 
M.  A.  Leroux,  p.-v.  860. 

—  Chapelle  de  Thôpital,  effondre- 
ment de  la  toiture,  visite  de  la 
chapelle,  p.-v.  859. 

—  Chapelle  de  Thôpital,  notice  des- 
criptive, par  M.  E.  Wottling,  694; 
p.-v.  871. 

—  Chapelle  de  Fhôpital,  notice  his- 
torique, par  M.  A.  Leroux,  699; 
p.-v.  871. 

—  Cheminée  de  Grandmont  et  Por- 
tail de  rin  tendance  dans  une 
maison  place  du  Ghamp-de-Foire, 
par  M.  Malevergne  de  Lafaye^  p.-v. 
869. 

—  Confiscation  du  Consulat  du 
Ch&teau  par  Charles  VII,  par  M. 
A.  Thomas,  p.-v.  86U. 

—  Contrefort  de  la  cathédrale,  pein- 
ture, par  M.  Gourtot,  p.-v.  838. 

—  Couvent  des  Clairettes  (Le),  pein- 
ture, par  M.  Courtot,  p.-v.  859. 

—  Disette  à  Limoges  au  XVP  siècle, 
parM.  F.  Delage,  280. 

—  Eglise  de  Sainte-Félicité,  par  M. 
P.  Ducourtieux,  p.-v.  853. 

—  Eglise  de  Sainte-Félicité,peinlure, 
par  M.  Courtot,  p.-v.  866. 


—  Pont  Saint-Etienne,  conservation, 
vœu,  classement,  par  M.  Camille 
Jouhanneaud,  p.-v.  867,  870. 

Maison-Dieu,  constitution  de  rentes 
par  Barthélémy  de  Drouilhes  et 
autres,  1252.  (Voy.  Lépreux  (Les). 
Doc),  142. 

Maison-Dieu  (Déclaration  d'Etienne, 
prieur),  1240  (Voy.  Lépreux  (Les). 
Doc),  121. 

Maison-Dieu  (Lettres  d'admission  à 
la  léproserie  de  la),  1572-1618. 
(Voy.  Lépreux  (Les).  Doc),  132. 

Maison-Dieu  (Liève  du  XV»  siècle). 
(Voy.  Lépreux  (Les).  Doc),  134. 

Maison-Dieu  de  Limoges,  ordonnance 
pour  les  réparations, 1&61-62.  (Voy. 
Lépreux  (Les).  Doc),  126. 

Maison-Dieu.  Recteurs,  précepteurs, 
prieurs  et  prieures,  chapelains  et 
curés,  curés  de  Saint-Jacques  et 
de  Saint-Christophe. (Vo;.  Lépreux 
(Les).  Doc),  118, 119,  120. 

Maladie  (La)  des  Espagnols  à  Limo- 
en  1809,  par  M.  A.  Lecler,  217. 

Médailles  (Présentation  de),  par  M. 
le  D'  Fournie,  380. 

Monnaies  (Description  de),  par  M. 
Royer,  p.-v.  836. 

Monnaie  d'Alexandre  le  Grand,  par 
M.  Hersant,  p.-v.  838. 

Monnais  de  Charles  VII  et  Henri  II, 
par  M.  Royer,  p.-v.  843. 

Monnaie  d*or  de  Charles  VIII,  à  l'ini- 
tiale L,  par  M.  Royer,  p.-v.  864. 

Monnaie  en  or  de  Sigismond,  empe- 
reur d'Allemagne,  trouvée  à  Objat, 
par  M.  P.  Ducourlieux,  p.-v.  849. 

Monnaies  trouvées  à  Battu t,  près 
Chartrier  (Corrèze),  par  M.  Royer, 
p.-v.  866. 


882 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE    ET    HISTORIQUE  DU   LIMOUSIN 


Monnaie  trouvées  à  La  Chardoone- 
rie,  corn.  d*Azerab1es,  par  M.  R. 
DrouauU,  791  ;  p.-v.  838. 

Mosnier  (Martial),  de  Limoges,  poète 
et  avocat  à  Bordeaux  (Une  lettre 
de),  p.-v.  886. 

Muret  (Marc-Antoine  de).  Un  huma- 
niste du  XVP  siècle,  par  M.  F. 
Delage,  147;  p.-v.  838. 

Muret  (Marc-Antoine),  lettres  inédi- 
tes, par  M.  F.  Delage,  p.-v.  884, 
888. 

Muret  (Marc-Antoine  de),  d'après  la 
biographie  dlsaac  Brulart,  par  M. 
0.  d'Abzac,  p.-v.  849. 

Musique  à  Limoges  (Notes  pour  ser- 
vir à  rhistoire  de  la)  au  XIX'  siè- 
cle, par  M.  G.  Jouhanneaud,  392; 
p.-v.  880,  884. 

Notaires  artistes,  par  M.  Courtot,  707. 

Panazol  (L'assistance  publique  et  les 
subsistances  dans  la  commune  de) 
de  1790  à  1798,  par  M.  0.  d'Abzac, 
424,  p.-v.  843. 

Panazol  (La  population  de  la  com- 
mune de)  en  1793,  par  M.  0. 
d'Abzac,  420,  p.-v.  836. 

Plaques  de  cheminées,  par  M.  A.  Le- 
cler,  p.-v.  848. 

Plaque  de  cheminée  (Une)  du  XVI» 
siècle,  par  M.  le  D' Fournie,  367. 

Poisson  de  Chabeaussière  (Jean- 
Ange),  par  M.  Fontaine  de  Resbecq, 
p.-v.  866. 

Portrait  de  M-  Magy  d'Andaleix, 
veuve  d'un  trésorier  de  France, 
par  M.  Roger  DrouauU,  p.-v.  883. 

Poules  et  Coqs  de  Limoges,  par  M. 
A.  Thomas,  p.-v.  848,  881. 

Présidial  de  Limoges  au  XVII»  siècle 
(Un  arrêt  du),  1689,  par  M.  A. 
Maurat-Ballange,  792;  p.-v.  880. 


Prisons  ecclésiastiques,  par  M.  A. 
Leroux,  p.-v.  848. 

Procès  à  là  Souterraine  en  1728, 
par  M.  J.  Bellet,  798. 

Saint-Auvent.  Nomination  d*un  col- 
lecteur, 1744.  Doc.  comm.  par  M. 
G.  Touyéras,  816. 

Saint  Etienne  de  Muret  (Procès- 
verbal)  de  la  translation  du  chef 
de)  et  autres  reUques  de  Grand- 
mont  à  Saint-Sylvestre,  1791.  Doc. 
comm.  par  M.  Tabbé  Larue,  827. 

Saint-Léonard.  Reliquaire  d'argent 
donné  par  Charles  VII,  par  M.  A. 
Leroux,  p.-v.  883. 

Saint-Sulpice-les-Feuilles  (Monogra- 
phie du  canton  de)  (suite),  par  M. 
R.  DrouauU,  241,  893;  p.-v.  846, 
884. 

Saint- Vitte,  monographie  d'une  com- 
mune, par  M.  René  de  Sazilly,  298. 

Salles-Lavauguyon  (L'église  des), 
par  M.  E.  Wottling,  790;  p.-v.  866. 

Sénéchaussée  de  Limoges,  prévôté 
de  Masiéon  et  de  Laron,  par  M.  A. 
Thomas,  p.-v.  883. 

Sombreuil  (Actes  relatifs  à  la  famille 
de).  Doc,  818. 

Souterrain-refuge  à  la  Berginerie, 
com.  de  Dinsac,  p.-v.  869. 

Souterrain-refuge  du  Monteil,  com. 
de  Saint-Léonard,  par  M.  Camille 
Jouhanneaud,  787,  p.-v.  836. 

Statuette  en  pierre  du  XIIP  siècle, 
par  M.  Fournie,  p.-v.  883. 

Tabari  (Jean),  Limousin,  secrétaire 
de  Charles  V,  par  M.  A.  Leroux, 
p.-v.  863. 

Tebessa  et  Tingad  (Ruines  romaines 
de),  par  M.  Joly  de  Sailly,  p.-v. 
834. 

Thabard,  statuaire,  nécrologie,  par 
M.  Courtot,  p.-v.  868 


TABLE    PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE   DE  MATIÈRES 


883 


Thèse  de  philosophie  du  collège  de 
Poitiers,  imprimée  sur  soie,  par 
M.  A..  Lecler,  p.-v.  869. 

Urne  fanéraire  gallo-romaine  trouvée 
à  Touradis,  corn,  de  ThouroOf  par 
H.  P.  Duconrtieux,  p.-v.  866. 


Verrerie  (Etablissement  d*une)  à 
Azat,  com.  de  Lussac-les-Eglises, 
1798.  Doc.  comm.  par  M.  Roger 
DronauU,  830. 

Voies  romaines  (Les)  en  Limousin 
(l**  partie;,  par  H.  P.  Ducourtieux, 
718. 


TABLE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  D'AUTEURS 


Abzac  (Octave  d'). 

Feytial,  morlalilé  en  1710,  p.-v.  865. 

Muret  (Marc-Antoine  de),  d'après  la 
biographie  dlsaac  Brulart,  p.-v. 
849. 

Panazol  (L'assistance  publique  et  les 
subsistance  dans  la  commune  de] 
de  1790  à  1795,  424;  p.-v.  843. 

Panazol  (La  population  de  la  com- 
mune de)  en  1793,  420;  p.-v.  836. 

Bellet  (J.). 

Famille  de  Comédiens  (Une),  802. 
Procès  à  La  Souterraine  en  1728,798. 

Boulaud  (Joseph). 

Gommanderie  (La)  et  les  comman- 
deurs de  Paulhac,  181. 

Gourtot  (Paul-Laurent). 

Limoges.  Contrefort  de  la  cathédrale, 
peinture,  p.-v.  838. 

—  Le  couvent  des  Clairettes,  pein- 
ture, p.-v.  859. 

^  Eglise  de  Sainte-Félicité,  pein- 
ture, p.-v.  866. 

Notaires  artistes,  707. 

Thabard,  statuaire,  nécrologie,  p.-v. 
868. 

Oelagé  (Franck). 

Baluze  (Etienne),  professeur  de  droit 
canon  au  Collège  de  France  en 
1689,  p.-v.  842. 

Congrès  préhistorique  tenu  à  Péri- 
gueux,  p.-v.  862. 


Confrérie  de  Nolre-Dame-la-Joyeuse 

ou  des  Pastoureaux,  555. 
Confrérie  de  Saint-Jacques.  Doc.  de 

1597,  p.-v.  838. 
Disette  à  Limoges  au  XVI*  siècle,280. 
Mosnier  (Martial),  de  Limoges,  poète 

et  avocat  à  Bordeaux  (Une  lettre 

de),  p.-v.  856. 

Muret  (Marc-Antoine  de).  Un  huma- 
niste limousin  du  XVI*  siècle,  147; 

.  p.-v.  838. 

Muret  (Marc-Antoine  de),  lettres  iné- 
dites, p.-v.  854,  855. 

Orouaolt  (Roger). 

Bussière-Poitevine   (Opposition  des 

habitants  de)  au  rattachement  de 

leur  paroisse  au  district  de  Bellac, 

1790.  Doc.  Gomm.,  822. 
In  taille  trouvé  au  Bouchais,  com.  de 

Cromac,  790;  p.-v.  860. 
Monnaies  trouvées  à  La  Chardon 

nerie,  com.  d'Azerables,  791;  p.-v 

835. 
Portrait  de  M"*  Magy  d'Andaleix 

veuve  d'un  trésorier  de  France 

p.-v.  853. 
Saint-Sulpice-les-Feuilles  (Monogra 

phie  du  canton  de)  (suite),  241 

593;  p.-v.  846,  854. 
Verrerie    (Etablissement  d*une)    à 

Azat,  com.  de  Lussac-les-Eglises, 

1798.  Doc.  comm.,830. 


886 


SOCléré   ARCHÉOLOGIQUE    ET   HISTOniQUE    DU   LIMOUSIN 


Ouooortieax  (Paul). 

Beaupoil    de   Sainte-Aulaire    (De). 

Inauguration  d'une  plaque  coin- 

mémoralive    à    Aixe-sur-Vienne, 

p.-f .  865. 
Blanchard  (Antoine),   de  Limoges, 

imprimeur  à  Lyon,  p.-v.  8S7. 
<2amée  en  pierre  trouvé  à  Grochat, 

p. -T.  834. 
Limoges.  Eglise  de  Sainte-Félicité, 

p.-v.  883. 
Monnaie  en  or  de  Sigismond,  empe- 
reur d'Allemagne,  trouvée  à  Objat, 

p.-v.  849. 
Urne  funéraire  gallo-romaine  trouvée 

à  Touradis,  com.  de  Thouron,  p.-v. 

868. 
Voies  romaines  (Les)  en  Limousin 

H^  partie).  713. 

OaJfl'i*>*io*Oe»coiiibes  (A.). 

Beaupoil  de  Sainte-Aulaire  (Fran- 
çois-Joseph), lettre  inédite,  1723, 
803. 

Faulte  d0  Manteaux* 

Gbftteau-Chervix  (La  terre  de),  799; 
p.-v.  866. 

Fontaine  de  Reebecq« 

Poisson  de  la  Ghabeaussière  (Jean- 
Ange,  p.-v.  866. 

Fournie  (D'). 

Figurine  en  bronze  provenant  du 
Ghâteau  d*Aixe,  p.-v.  848. 

Médailles  (Présentation  de),  380. 

Plaque  de  cheminée  (Une)  du  XVI« 
siècle,  367. 

Statuette  en  pierre  du  XIII*  siècle, 
p.-v.  883. 

Gnibert  (Louis). 

Lépreux  (Les)  et  les  léproseries  de 
Limoges,  8;  p.-v,  848. 


int  (E.). 

Monnaie  d*AIexandre  le  Grand,  p.-v. 
838. 

fliei*vy  (Emile). 

Gonfrérie  de  Saint-Rusiiqoe  (Billet 
d'admission),  1680,  SOS. 

Jlely  €le  «aUly» 

Tebessa  et  Tingad  (Ruines  ronaines 
de),  p.-v.  834. 

Jloubanneand  (Gamille). 

Limoges.  Pont-Saint-Etienne,  con- 
servation, vœu,  classement,  p.-v. 
867,  870. 

Musique  à  Limoges  (Notes  pour 
servir  à  l'histoire  de  la)  au  KIX* 
siècle,  392;  p.-v.  880, 884. 

Souterrain-refuge  du  Monteil,  com. 
de  Sain-Léonard,  787;  p.-v.  836. 


le  (René). 

Grozant  (Excursion  à)  en  1908,  777; 
p.-v.  886. 

LAPae  (L'abbé). 

Saint  Etienne  de  Muret  (Procès-verbal 
de  la  translation  du  chef  de)  et 
antres  reliques  de  Grandmont  i 
Saint-Sylvestre,  1791.  Doc.  comm., 
827. 


latesri*!^  (Gh.  de). 

Abbaye  de  Saint-Martial.  Sentence 
rendue  par  le  sénéchal  du  roi 
d*Angleterre  en  Limousin  au  sujet 
de  la  perception  du  droit  de  com- 
mende  à  la  Souterraine,  1196.  Doc. 
comm.,  807;  p.-v.  837. 

Abbaye  de  Saint-Martial.  Goncession 
par  l'abbé  de  Saint-Martial  du 
domaine  d'Aigueperse  à  des  moi- 
nes de  rabbaye,1223.  Doc.  comm., 
813;  p.-v.  837. 


TABLE  PAR  ORDRE   ALPHABÉTIQUE  O* AUTEURS 

l^ecler  (L'abbé  A.). 

Château-Ghervix,   archéologie,  his- 


887 


tôire,  documents,  817;  p.-v.  857. 

Maladie  (La)  des  Espagnols  à  Limo- 
ges en  1809,  217. 

Plaques  de  cheminée,  p.-v.  848. 

Thèse  de  philosophie  du  collège  de 
Poiliers,  imprimé  sur  soie,  p.-v. 
869. 

Leroux  (Alfred). 

Abal  de  bois  (Plaque  de  cuivre  indi- 
quant les  dimensions  à  Limoges  de) 
1594.  Doc.  comm.,  816;  p.-v.  849. 

Bibliothèque  de  la  Société,  catalogue 
des  manuscrits  (suite),  440,  p.-v. 
837. 

Châsse  en  émail  de  Limoges  à  Saint- 
Marcel  (Indre),  p.-v.  860. 

Groy  de  Chimay  (Charles  de),  dit 
vicomte  de  Limoges,  p.-v.  849. 

Emaux,  objets  d*arts,  livres,  tableaux 
de  la  collection  Germeau  (Vente), 
p.-v.  859, 

Jouvin  de  Rochefort,  son  passage  à 

Limoges  en  1660,  p.-v.  849. 
Limoges.  Gathédrale,conlinuation  des 

travaux  de  construction  en  1405, 

p.-v.  860. 
Limoges.  Chapelle  de  Phôpital,  notice 

historique,  699;  p.-v.  871 . 
Prisons  ecclésiastiques,  p.-v.  845. 
Saint-Léonard.  Reliquaire  d'argent 

donné  par  Charles  VII,  p.-v.  853. 
Tabari  (Jean),  Limousin,  secrétaire 

de  Charles  V,  p.-v.  863. 

0.  «le  M. 

Bosvieux  (Auguste),  195. 

Maie  ver  yne  de  LAfteye* 

Abbaye  de  Grandmont  (Bulle  de 
suppression  de  T),  1772,  p.-v.  842. 


Limoges.  Cheminée  de  GrandoMmt 
et  Portail  de  rintendance  dans  une 
maison  place  du  Ghamp-de-Fair€t 
p.-v.  869. 

Bibliographie.  Evangéliaire  du  X* 
siècle,  p.-v.  842. 

llarlaux* 

Limoges.  Baptêmes  et  mariages  (Re- 
gistre des)  de  1795  à  1802,  p.-v. 
842. 

Maurat-Ballanye  (A.). 

Présidial  de  Umoges  au  XVIP  siècle 
(Un  arrêt  du),  1659, 192,  p.-v.  850. 

Mayéraa  (Barthélémy). 

Bibliothèque  communale  de  Limoges. 
Catalogue  des  manuscrits  (nou- 
veau supplément),  649. 

Pérathon  (Cyprien). 

Blessac  (La  fête  du  couvent),  372, 
p.-v.  843. 

Monnaies  (Description  de),  p.-v.  836. 

Monnaies  de  Charles  VII  et  Henri  II, 
p.-v.  843. 

Monnaie  d'or  de  Charles  VU,  à  l'ini- 
tiale L,  p.-v.  864. 

Monnaies  trouvées  à  Battut,  près 
Chartrier  (Corrèze),  p.-v.  866. 


Etily  (René  de). 

Saint- Vitte,  monographie  d'une  com- 
mune, 295. 

Xtiomaa  (Antoine). 

Lermile   (GouGer  de),  capitaine  de 

Chalucet  au  XV«  siècle,  515;  p.-v. 

855. 
*  Limoges,  confiscation  du  Consulat  du 

Château  par  Charles  VU,  en  1443, 

p.-v.  860. 


88S 


SOClélIfc  'ARCfilOLbGIQUS  ET  BISTOIUQUE  DU  LIMOUSIN 


Poules  et  Coqs  de  Limoges,  p.-T.  848, 

881. 
Sénéchaussée  de  Liâooges,  prévdté 

de  HasIéoD  et  de  Laron,  p.-v.  883. 

Toumleox  (Zenon). 

Paye  ou  de  La  Faye  (Généalogie  de 
la  maison  de)  (suite),  327,  780. 

Toayératt  (G.). 

Fonds  Godet-Boisse  (Répertoire  du), 
482,  p.-v.  837. 


Saint-Auvent  (Nomination  d*un  col- 
lecteur, 1744.  Doc,  816. 

Vandiéres  de  ^Itrae  (de). 

Lasleyrie  du  Saillant  (Généalogie  de 
la  fitmille  de),  p.-v.  842. 

l^oUlln^  (E.). 

Salles-Lavauguyon  (L'église  des), 
790;  p.-v.  866. 

Limoges.  Chapelle  de  Thôpital,  no- 
tice descriptive,  694;  p.-v.  871. 


LISTE 


/        t 


DES  MEMBRES  DE  LÀ  SOCIETE 


PENDANT    L*ANNÉE    1908 


BUREAU 

PréMent-né.  —  M.  le  Prépkt  de  la  Haule-Vienne  (1). 

PrésidenU  honoraire».  —  UM.  Faob  (René)  et  Tabbé  A.  Usclke. 

Président.  —  H.  le  D'  Foubnib  (U.}  1.  P.  tf,  0  «. 

Viae-préaidenia,  MM.  Hbrvt  (Emile)  et  Jouhannbaud  (Camille). 

Secrétaire  général.  —  H.  Leroux  (Alfred),  I.  P.  ^. 

Secrétaire-adjoint.  —  M.  Laouêrenns  (René). 

Tréaorier.  —  M.  Toutèras  (Gabriel). 

Bibliothécairea-adjointa.  —  MM.  Moufle  (Léonard)  et  Dubois  (Joseph). 

CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

MM.  LES  Membres  du  Bureau. 

M.  TixiBR  (Jules),  A.  ^,  i. 

M.  Garrioou-Lagrangb  (Paul),  A  ^. 

M.  Malevergne  de  Lafayb^E.). 

COMITÉ  DE  PUBLICATION 

MM.  LES  Membres  du  Bureau. 
M.  DucouRTiEUX  (Paul),  T.  P.  ||. 
M.  Mariaux  (Paul). 
M.  Laverqnolle  (Gaston). 

M.  COURTOT,  A.  ^. 

M.  Dblaob  (Franck). 

M.  Maubat-Ballanoe  (Albert). 

M.  rabbé  Pénicaut  (G.). 


(1)  La  Société  a  été  fondée  le  26  décembre  iS45:  elle  a'ett  conatltuée  à  la  aaite  de  la  nomi- 
natioD,  le  3  do  même  moia,  par  If.  MoridOt,  préfet  de  la  Haute- Vienne,  d'une  commission 
pourta  recherche,  l'étude  et  la  conservation  des  monumenti  historiques. 


SOO  SOCtirÉ  ARCBftOLOOlQUt   BT  BlSTORtQUK   DU  LlliOUSiN 

MEMBRES  HONORAIRES  (i) 

1859-1876 
MM. 

RouGBRiB  (Mgr)»  évAqne  de  Pamiera. 

1874-1888 

CL4IIBT1B  (Jules),  0  4^,  de  l'Académie  fraoçaise»  administratenr  de  la 
Comédie  Française,  155,  boutevard  Haussmann,  Paris. 

1875-1888 

LàSTBTRiB  (comie  Robert  db),  ^,  membre  de  i*Académie  des  Inscriptions, 
professeur  d'archéologie  à  i*Kcole  des  Charles,  40  bis,  rue  dn  Pré-auz- 
Clercs,  Paris. 

1870 

Dblislb  (Léopold),  G  0  ^,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions,  ancien 
administrateur  général  de  la  Bibliothèque  nationale,  Paris. 

1890 

LouvRisa  DE  LuoLàis,  {flf ,  directeur  des  Ecoles  nationales  d'arts  décoratifs 
de  Paris,  Limoges  et  Aubusson,  19,  quai  Bourbon,  Paris. 

1870-19O1 

Thomas  (Antoine-André)  4f,  membre  de  TAcadémie  des  Inscriptions,  pro- 
fesseur à  rUnlversité  de  Paris,  76,  me  de  Madame,  Paris. 

1881-1001 

MoLiNiBB  (Emile),  0  ^,  conservateur  honoraire  des  Musées  Nationaux  do 
Louvre,  29,  rue  de  La  Rochefoucauld,  Paris. 

1006 

Cbabanbau  (Camille),  correspondant  de  Tlnstitut,  ancien  professeur  k  la 
Faculté  des  Lettres  de  Montpellier,  à  Nontron  (Dordogne). 


MEMBRES  TITULAIRES 

1851 
MM. 

GsAVK  (le  marquis  db),  propriétaire,  à  Vernenil-sur-Vienne. 

1858 

RoGUBs  DB  PuasAC  (Victor),  notaire,  k  Aixe*8ur-Vlenne. 

1850 

Lbclbb  (l'abbé  A.),  chanoine  honoraire,  rue  des  Charseix,  13. 

1862 

HsavT  (Emile),  notaire  honoraire,  33,  boulevard  Gambctta. 

(1)  Quand  11  y  a  deux  dates,  c*«tt  la  dernière  qui  indique  i'année  de  la  promotioD  au  titre 
de  membre  honoraire. 


LISTE  DBS  HBMftRtS  801 


1865 


Lk  Sagb  (Charles),  4^,  A.  y,  iDgénleur  civil,  ancien  maire  de  Limoges, 
18,  rue  Pôliniaad«Beanpeyrat. 

1870 

DuGouETiBux  (Paul),  I.  P.  Q,  imprimear-libraîre,  membre  correspoodant  du 
Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  7,  nie  des  Arènes. 

1872 

AsDANT  (Georges),  imprimeur,  14,  rue  Pont*Hérisson. 

JouBANNBAUD  (Camille),  avoué  près  ie  tribunal  civil,  !K6,  boul.  Victor  Hugo. 

RoMàNBT  DU  (^AiLLàUD  (Frédéric),  ^,  au  château  du  Caillaud,  près  Isle. 

1878 

**  CaKSSAG-BACBKLLBaiB  (db),  aucien  percepteur,  au  Dorât. 

Faob  (René),  I.  P.  ^,  avocat,  88  bis,  avenue  Kléber,  Paris  (XVh). 

VANDKaMARGQ  (Eugène),  ^,  propriétaire,  7,  rae  du  Général  Gérez. 

1874 

BouoBT  (Gabriel),  I.  P.  ^f,  docteur  en  médecine,  I,  rue  du  Général  Cérez. 

*  Madame  veuve   Louis  Boubobby,  au   chAteau  d*Oche,  par  La  Coqnille 

(Dordogne). 
Raymordaod  (E.)»  ik$  L  P.  Qt  directeur  honoraire  de  l'Ecole  de  médecine, 
98,  rue  Delescluze. 

1875 

CoiiSTANTiii  (Jérémie),  avocat,  it,  avenue  de  Juillet. 

LtoBON-LftTANG,  ancicu  notaire,  à  Saint-Jean-Ligoure  (Haute-Vienne). 

1876 

6uAbin-L£zA  (Guillaume  dit  William),  ^,  fabricant  de  porcelaine.  II,  rue 

du  Petit-Tour.  • 

**  HoNSTiBRs-MAaiNviLLB  (le  marquis  Jean  dbs),  au  château  du  Fraisse,  par 

Mézières  (Haute-Vienne). 
VioiBB  (Fabbé),  eu ré-archi prêtre  de  Bellac. 

1877 

*  Cbrclb  db  l'Uhion,  â  Limoges. 

Dblob  (Adrien),  propriétaire,  au  château  du  Puy-Malhieu,  par  Solignac, 

et  à  Limoges,  boulevard  Louis  Blanc,  SI. 
Db  Lubbt  db  Pbix,  propriétaire  au  Pleinard,  par  Pierrebuffière. 
Lapobtb  (rabbé),  curé-doyen  à  Evaux  (Creuse). 
PoMÈLiB  (le  baron  Melchior  db  la),  ^,  propriétaire,  au  château  du  Mont- 

joffre,  par  Saint-Denis-des-Murs. 


89t  SOCIAtR  ARCBéOLOOlQUE  IT   HISTORIQUK  ^DU   LIMOUSIR 

1878 

Berger  (Elie),  ^,  1.  P.  ^,  professeur  au  Lycée,  18,  avenue  Sainl-Eloi. 

*  DucHASTEAu  (GeoFges),  notaire  à  Dessines  (Hante-VieDDe). 

**  Leroux  (Alfred),  L  P.  ^f,  archiviste  de  la  Haute-Vienne,  membre  non 
résidant  du  Comité  des  travaux  historiques  près  le  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  48,  rue  de  Paris. 

NAifEPtANE  (Paul  Veyrier  de),  receveur  des  finances  en  retraite,  à  Saint- 
Léonard. 

1870 

Bellabre  (Jules  de),  propriétaire,  au  chAleau  de  Puyjoubert,  commune  de 

La  Geneytouse»  par  Saint-Léonard. 
Lachbnaud  (Emile),  entrepreneur,  2,  place  du  Poids-Public. 
Lepinay  ("Gaston  de),  maire  de  Lissac,  au  château  de  Moriolies,  par  Larche 

(Corrèze). 
Malevbrgnr  de  la  Paye,  ancien  magistrat,  32,  boulevard  Victor  Hugo. 

1880 

BouLLAt^D  (Henri),  A.  ^f,  docteur  en  médecine,  36,  boulevard  Victor  Hugo, 

1881 

GiLEBET  (Monseigneur),  ancien   évéque    du   Mans,    évêque    d'Arsinoé, 

97,  avenue  Baudin. 
Mariaux  (Paul),  avocat,  18,  boulevard  Victor  Hugo. 
Merlin-Lemas  (Abel),  avoué  près  la  Cour  d*appel,  99,  boulevard  Gambeita. 

1882 

Brissbt-Dbsislbs,  ancien  magistrat,  directeur  particulier  de  la  compagnie 
d'Assurances  générales  sur  la  Vie,  11,  avenue  de  Juillet. 

BouRDBAO  DE  La  Judib  (Audré),  9,  rue  Cruchedor,  et  au  château  de  La  Jndie, 
par  Aixe. 

Gatheu  (Théodore  de),  '^,  propriétaire,  au  château  de  Juillac,  près  Limoges. 

Nemert  (André),  4,  avenue  GaribaMi. 
Savodin  (Jules),  50,  avenue  de  Juillet. 

TixiER  (Jules)  A  Q,  t)  architecte  des  monuments  historiques,  88,  rue  Péti- 
niaud-Beaupeyrat. 

1888 

Degrord,  (Gustave),  ^,  ancien  préfet,  9,  place  Denis  Dussoubs. 
Fougbras-Lavbrgnollb  (Gaston),  avocat,  23,  boulevard  Garnot. 
LouvBT  (André),  avoué  près  laGour,  8,  cours  Bugeaud. 
Moufle  (Léonard),  directeur  d'assurances,  16,  rue.d*Agaesseau. 
WoTTLiNG,  A.^,  architecte  diocésain,  ancien  directeur  des  travaux  de  la  villç , 
8,  cours  Gay-Lufisac. 


LI8TI  DIS  Mumiiis  993 

MM.  1884 

BooiiDKAU-D*AifTORT,  docteur  en  médecine,  35,  avenue  Garibaldi. 

M"*  BaiooBiL,  13f  avenue  du  Midi. 

CouBONNUL (marquis  Bf),  #«  à  MagnacLavai. 

GÉftARDiN  (Albert),  avocat,  6,  rue  Ventcnat. 

Maurat-Ballanok  (Albert),  avocat,  46,  place  du  Champ-dc-Foire. 

Maxaubrom  (Antoine  ou),  avocat,  5,  rue  Adrien  Dubouché. 

MoTNAT  (Pabbé),  curé  de  Saint-Pierrc-du-Queyroix,  9,  avenue  Garibaldi. 

Sazbkat  (René),  S,  rue  Dalesme. 

1885 

Garriooh-Laobaiiob  (Paul),  A.  %f,  secrétaire  générai  de  la  Société  <ïay- 

Lussac,  à  l'Observatoire  météorologique,  23,  avenue  Poocaud. 
Paradis  (Léon),  entrepreneur  de  serrurerie,  6,  me  des  Gharseix. 

1886 

Frat-Foubnibb  (Alfred),  I.  P.  ^.  ohef  de  division  k  la  Préfecture  de  la 
Haute-Vienne,  chemin  des  Basses-Palisses,  17. 

Lbymarir  (r<amille),  I  y,  correspondant  honoraire  du  ministère  de  i'ios- 
truction  publique  pour  les  travaux  historiques,  membre  non  résidant  du 
Comité  des  Sociétés  des  Beaux-Arts  des  départements,  80,  avenue  Baudin. 

1887 

Dbmartul  (André),  directeur  d'assurances,  boulevard  Louis-Bianc,  tl. 
Dubois  (Joseph),  avoué,  7,  rue  Arbonneau, 

Hbrsant  (Edouard),  A^,  directeur  particulier  de  la  compagnie  d'assu- 
rances la  Providence^  17,  place  Manigne« 
JuBicis  (Antoine),  architecte,  3i,  rue  Elie-Berthet. 

1888 

Dbsbordbs  (Qiarles),  propriétaire,  à  Salesse,  par  Ambazac  (Haute- Vienne). 
**  Ecole  nationale  d*Arts  décoratifs  de  Limoges. 
Gant,  percepteur  à  La  Chapelle  d*Aogillon  (Cher). 
Tbxibr  (Hubert),  avocat,  à  Paris,  rue  Clapeyron,  16,  et  au  Queyraud,  par 
Saint-Paul  d*Eyjeaux. 

1880 

Chabbbybon  (Pierre),  avocat,  docteur  en  droit,  4,  rue  des  Feuillants. 
TouTÉRAS  (Gabriel),  ancien  percepteur,  rue  d'Aguesseau,  16. 

1890 

Grifpin  (Walter),  consul  des  Etals-Unis  de  l'Amérique  du  Nord,  rue  d*lsly,  5, 
k  Limoges. 

1891 

Guimbaud  (fabbé),  professeur  à  r£cole  Montalemberi,  Limoges. 

Laumo.id  (Jules),  avocat,  à  Beanvais,  commune  de  Saini-Amand-Jartoudeix, 

prôs  Bourganeuf  (Creuse). 
TsiiAirr  DK  Latour  (Albert),  k  l'abbaye  du  Chalard,  par  Ladtgnac. 

T.  LV  59 


B94  SOCtéti  ARCBÉOLOGIQPV   Et  BISTORIQUK  DU  LlttOtJSIll 

MM.  1802 

< 

ÂRDANT  (l'abbé  Georges),  sous-directeur  à  l'École  Nontatembert,  31,  roule 

d'Aixe. 
Cbaptis  (Henry  dr  Fatollis  de  Corus  de),  ^,  chef  d*escadrons  de  cavalerie 

territoriale,  au  chAteau  du    Couret,   commune  de  Saint-Laurent-les- 

Eglises,  près  La  Jonchère  (Haute- Vienne). 
Laporte  (Maurice),  ikt  négociant,  ancien  sénateur,  maire  de  Jarnac. 
Maequet,  4^,  I.  P.  41,  docteur  en  médecine,  membre  du  Conseil  général, 

maire  de  Rochecbouart. 

1898 

FAis8AT(J.)<A^,con8trucleurd*appareil8photographiques,rneduClocher,19. 
Gentil  de  Rosier  (Alexandre  de),  propriétaire,  au  chAteau  de  Rosier,  par 

le  ChAtenet-en-Dognon  (Haute-Vienne). 
HoumER  (Fabbé),  chanoine,  rue  Neuve-Saint -Etienne,  4. 

1896 

Billard  (Georges),  notaire,  7,  rue  Pétiniaud-Beanpeyrat. 

Brousse  (Gilbert),  propriétaire,  35,  chemin  des  Basaes-Palisses. 

Frédy  (de),  propriétaire,  membre  du  Conseil  général  de  la  Haute-Vienne, 

au  chAteau  de  Saint-Auvent,  par  Saiol-Anvent  (Haute-Vienne). 
Gaeiat  (Camille),   docteur  en  droit,  ancien  député,  membre  du  Conseil 

général,  à  St-Sulpice-les-Feuilles,  et  à  Paris,  179,  rue  de  Grenelle. 
Lagaux  (Charles),  lÉi,  négociant,vice-Kion8uld*E8pagne,  3t,  cours  Gay-Lussac. 
Malinvadd-Beroer,  négociant,  19,  rue  Lansecot. 
Marie  (Eugène),  propriétaire,  9,  me  de  TOhaervatôire. 
MAETtR  DB  LA  Bastide,  Capitaine  au  SO*  dragons,  avenue  Ernest  Rubeu,  53. 
AloREL  (Etienne),  directeur  d'assurances,  16,  boulevard  Gamot. 
VandiAres  DE  ViTRAC  (Atttoine-Mttrc  de),  ijf(,  ancien  capitaine  de  cavalerie* 

!i7,  boulevard  de  la  Corderie. 

1896 

PAnicaud  (Gustave),  caré  à  Cognac  (Haute-Vienne). 
Roche  (Edouard),  négociant,  à  Champagnat,  près  Nexon. 
RucEAUD  (Lucien)^  négociant,  17  bia^  rue  Manigne. 

1897 

CouETOT,  A.  41,  professeur  de  dessin  au   Lycée  Gay-Lussac,  14,  avenue 

de  Toulouse. 
LHeemite  (vicomte  de},  ^ ,  capitaine  au  Si*  régiment  de  chasseurs  à  cheval, 

place  Boucherie,  3. 

1898 

Berger  (Aubert),  entrepreneur,  43,  rue  des  Char3eix.  • 
JooE  (Alex.)i  négociant,  18,  rue  du  Clocher. 
Maeahdat  (l'abbé  J.),  curé  doyen  de  Saint- Yrieix. 
Saillt,  notaire,  i,  rue  Léonard-Limosin. 
TrAseguet  (Albert),  négociant,  45,  rue  des  Taules, 
Vkyretoh  (Pabbé),  curé  de  Ghaptelal  (Haute-Vienne). 
ZiBELiN,  0  4(s>  ancien  officier  supérieur,  9,  place  Haute-Cité. 


USTB  DBS  MEMBRES  895 

MM.  1899 

JouHANNBAU»  (Charles),  chimiste,  licencié  ès-sciences,  rue  Elie  Berthet,  15. 
Tbaraud  (Armand),  fabricant  de  pâtes,  à  A ixe*sur- Vienne. 

1900 

Arbsllot  (Emile),  négociant,  4,  cours  Jourdan. 
Ardant  (Maaricc),  propriétairet  rue  du  Collège,  3.     , 
Bkaure  d^AuGÈRES  (Louis),  i5,  rae  Gondinet. 
Bronot  (Joseph),  A  U,  pharmacien,  21,  place  des  Bancs. 
DupuY  (Firmfn),  avocat-agréé,  8,  rue  Pont- Hérisson. 

1901 

Blakghrr  (ErnesOi  A^,  peintre-émailleur,  rue  Péliniaud-Beaapeyrat,  53. 
BoNNAUû  (Paul),  A  y,  peintre-émailleur,  boulevard  de  Fleuras,  3. 
Fournie (D^  H.),  médecin-principal  de  Tarmée,  0  ^,  1  P  ^,  av.  de  Juillet,  3. 

1902 

Abzac  (0.  D*),  A  ^f,  percepteur  des  contributions  directes,  rae  Pétiniaud- 

Beaupcyrat,  40. 
Collet  (Paul),  directeur  de  l'agence  du  CrédU  Lyonnais^  boul.  du  Collège. 
Drquet  (Paul),  au  château  du  Mas,  par  St-Yrieix,  et  3i,  rue  de  Ghaillot,  Paris. 
DROUAULT<.(Roger)»  A  y,  receveur  de  Fenregistrement,  à  Saint-Sulpice- 

les-Feuilles. 
Hbrvy  (Pierre),  docteur  en  médecine,  33»  boulevard  Gambetta. 
JouBAUD  dbVbrdibr  (Etienne),  architecte,  39,  avenue  de  Juillet. 
Lagu6rbnnk  (René),  avocat,  avenue  Foucand,  \%, 

1903 

Bouillon  (Marc),  ingénieur  civil,  boulevard  Louis  Blanc,  17. 
Cbarles-Lavauzellr  (Henri),  0  |}if,  I^,  éditeur  militaire,  avenue  Baudin. 
Guillemot  (René),  rédacteur  en  chef  du  Courrier  da  Centre,  raeTurgol,  18. 
Nazbaud  (S.),  juge  au  tribunal  eivil  de  première  instance  de  Limoges,  avenue 

du  Midi,  30. 
Naviêrbs  du  Treuil  (Adolphe),  au  Graud-Treuil,  Limoges. 
RoTBR  ( Frédéric- Lo^is),  pharmacien,  rue  Honlmailler,  49. 
Vergnon  (Marcel),  professeur  de  philosophie  à  TËcole  Montalembert,  Limoges. 

1904 

Boulaud  (Joseph),  clerc  de  notaire,  3,  boulevard  Louis-Blanc. 

Cbabrol  (Paul),  avocat,  99,  avenue  du  Midi. 

Charles- Lavauzbllb  (Alfred),  62,  avenue  Baudin. 

Delagb  (Franck),  professeur  au  Lycée,  5,  avenue  du  Ghamp-de-Juiflet. 

DuvoufiM-MAZOBiB,  Bvocat,  434,  avenue  Ernest  Ruben. 

FooGBRAs  (Auguste),  manufacturier,  X9,  avenue  Baudio. 

Gârard  (Raymond),  avocat,  3^  boulevard  Montmailler. 

GuiBEHT  (Georges),  directeur  d'assurances,  5,  rue  de  rObservatoirc. 

Mayéras  (Barthélémy),  conservateur  de  la  Bibliothèque  communale   de 

Limoges. 
PuYRAUO  (Ludovic),  avocat,  12,  place  du  Champ -de-Foire. 


696  SOClfirÉ  AHCttèOLOGlQUK  rr  HISTORIOUB  du  LltOUSl!l 

MM.  1905 

FusÂDB  (Emile),  rue  Gondinct,  3. 

Kbssliiig  (de),  chef  d'escadron  au  3f*  chasseurs,  avenoe  de  Poitiers,  31 


MEMBRES  CORRESPONDANTS 
MM.  1857 

CLtMKNT-SiHoify  4f,aDcicn  procureur  général»  chftteau  de  Bach,  par  Naves, 
(Corrèza). . 

1865 

CousTiif  ou  Mâsnadaod  (la  marquise  oi),  au  chftteau   de  Saieyrnt,  par 

Marsac  (Creuse). 
Debout  (Gabriel),  propriétaire,  an  château  de  Montaiguet  (Allier). 

1871-1876 

AoBiPiN,  ancien  archiviste  du  département  du  (^ntal,  au  Dorât. 

1870 

Dbcoci-Laoouttb,A  |f ,  aocien  magistrat,  ruodtBonnieîlles,  It,  àPérigiienz. 
**  PouLBRiÉRK  (Pabbé),  Supérieur  du  Petit-Séminaire  de  Servières  (Gorrèze). 

1874-1885 

DmÂRTUL  (Henri),  4?,  cooteiller  à  la  Cava  de  Cassation,  18,  rue  d*A8aaa, 
&  Paris. 

1875 

Masbaubt  do  Bâstt  (Edouard),  conservateur  des  hypothèques,   à  Niort 
(Deux-Sèvres). 

1876-1884 

BoHBOiivE  DE  MoNTÉGUT  (Henri),  ancien  magistrat,  aux  Ombrais,  près  La 

Rochefoucauld  (Charente). 
BosviEux  (Paul),  conservati'.ur  des  hypothèques,  cité  Vaudoit,  M,  à  Cler- 

mont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

1877 

AcuDSsoN  DE  SouBRLBOsT  (Edouard),  98,  rue  de  Varennes,  Paris. 
MoNTCBEUiL  (Paul  DE),  chftteau  de  ttontcheiiil,  près  Nontron  (Dordogne). 
MoNTVAiLLBa  (Paul  de),  avocat,  Confolens  (Charente). 

1878 

Dojâebic-Dbscombes,  I.  P.  ^,  licencié  en  droit,  ancien  notaire,  vice-prési- 
dent de  la  Société  historique  du  Périgord,  9,  rue  de  Paris,  à  Périgneui. 

1879 

CiALis  (Pabbé),  curé  de  La  Souterraine  (Creuse). 

Rarcoonb  (de),  chez  M.  Verdeau,  rue  des  Bezines,  à  Angoutéme  (Cbaren  te). 


LISTE   DBS   MiMMSS  89? 

MM.  1882 

Bmtbomibr  (Georges),  avocat,  aa  chftteau  de  St-GermaiD -Beaupré  (Creuse), 

el  à  Neuiliy-sur-Seioe,  38,  avenue  du  Roule. 
Sknnivilli  (db),  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  Comples,  8t,  rue  de 

Grenelle,  à  Paris. 

1883 

BaucBAiD  (lean  on),  avocat,  villa  Saint-Germain,  par  Brive  (Gorrèze). 

1884 

RuBBN  (Emile),  imprimeur- libraire,  Charleville  (Ardennes). 

1886 

TooMiEux  (Zenon),  ancien  notaire,  &  Masgrangeas,  par  Royère  (Creuse). 

1885-1894 

GutORRBT  (Paul-André),  Aiie -sur-Vienne  (Haute-Vienne). 

1886 

**  Cbampbvâl  db  Vtbbs  (Jean-Baplisie),  avocat,  à  Bourganenf  (Creuse). 

1888 

Bbllet,  instituteur  es  retraite,  à  La  Souterraine  (Creuse). 

**  Fâgb  (Emile),vicc-pré8idenl  honoraire  du  Conseil  de  préfecture  de  la  Gorrèze, 

président  honoraire  de  la  Sociéié  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  Tulle, 

à  Tulle. 
Mazbt  (Albert),  A  ^f,  architecte,  boulevard  des  Batignollcs,  t6,  ik  Paris. 
**  Ruriif  (Ernest)  i)f},  I  P.  ^f,  président  honoraire  de  la  Société  scientifique, 

historique  et  archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive. 
Tkbmbs  (Emile  dbs),  inspecteur  général  de  la  Compagnie  d'Assurances 

générales,  à  Bordeaux,  16,  me  Ducau,  et  à  Bellac,  rue  du  Coq. 
Tbohas-Duris  (D'  René)«  à  Bogeat  (Gorrèze). 

1889 

GoHDiNBT  (Hichel)  •!(,  avocat,  docteur  en  droit,  II,  rue  Matignon,  Paris. 
DuLAU  et  €?•,  libraires,  37,  Soho-Square,  à  Londres  (1). 

1890 

**  AlbxbIbfp  (Son  Excellence  le  comte  Georges  d*),  G.  G.  lii,  maître  de  la 
Tour  de  S.  M.  l^mpereur  de  Russie,  tuteur  honoraire,  rue  Serguievskaya, 
40*11,  Saint-Pétersbourg. 

CÂBs(le  duc  DBs),  80,  rue  de  Lille,  Paris. 

**  Pébathon  (Cyprien),  membre  correspondant  du  comité  des  Sociétés  des 
Beaux*Arts  des  départements,  à  Aubnsson. 

1891 

Bbauchbsnb  (marquis  db),  vice-président  de  la  Société  historique  et  archéo- 
logique du  Haine,  maire  de  Souvigné,  au  chftteau  de  la  RocheTalbot, 
par  Sablé  (Sarlhe),  et  8,  avenue  Marceau,  Paris. 

BaouÂBD  (Arsène),  frère  des  Ecoles  chrétiennes,  me  Porte-Panct,  iO, 


898  SOCléTà  AftOHftOLOGIQUB   R  H18T0IIIQUB   DU  LIMOrSIIV 

MM.  1893 

AsBBR  et  C*%  libraires,  13,  Uoler  den  Linden»  Berlin. 
Lenobmano  (Louis),  archilecte,  %,  impasse  de  Conli»  Paris. 

1896 

Albbrt  (D'  Prosper),  médecin  principal  de  l*armée  en  retraite,  37,  chemin 

du  Vivier,  à  Chublac,  par  Amplepuîs,  près  Lyon. 
Lbspinas  (Edmond),  avocat,  ancien  magistral,  13,  rue  de   Bonrdeilles,  à 

Périgueux. 

1898 

Abbbllot  (Alberi),  recevenr  dés  Finances,  à  Saint-Nazaire. 
Arbbllot  du  Rb^aibb  (Emile),  receveur  des  Finances,  à  Marennes  (Charente- 
Inférieure). 
FouGAUD (François),  comte  DU  Daugnob,  chftteau  d*Offanengo  (Lombardiej. 
Maumt  (Fr.),  avocat,  76,  rue  N.-D.  des  Champs,  Paris. 

1899 

Stbgbbrt,  libraire,  76,  rue  de  Rennes,  à  Paris. 

1900 

Lofez  Pelabz  (D.  Antolin),  évéque  de  Jacca  (Espagne). 

1901 

Langladb  (A.),  rue  de  la  Mairie,  39,  Boulogne-snr-Seine. 

Mbynieux  (P.),  licencié  ès-leltres.  Palais  de  Justice,  à  Saini-Etienoe. 

1902 

Valadbau  (P.),  instituteur,  à  Saint-Priest-la-Feuille  (Grouse). 

1903 

Pagb  (André),  architecte,  avenue  Kléber,  71,  Paris. 

Labrouhb  db  la  BoRDBRiB  (Femaud  db),  avocat  à  la  Cour  d'appel,  f  9  bU,  rue 

Solférino,  Bordeaux. 
PouQOBT,  docteur  en  médecine,  8,  rae  du  Pré-anx-Clercs,  Paris. 

1904 

Db  Sazillt  (René),  au  château  de  Gurzac,  par  Saint-Germain-les-BclIes, 

(Haute-Vienne). 

1905 

Bar  (Joseph  db),  propriétaire  )i  Argentat  (Gorrèze). 

Grbnibr  (Paul-Louis),  avocat,  rue  Notre- Dame-des-Champs,  56,  Paris. 

Lajudib  (Gabriel),  ù  La  Rochelle. 

Lton  (Ernest),  avocat,  square  Maubeuge,  3,  Paris. 

Yandbrmarcq  (Y.-L.),  avocat,  rue  Radziwill,  Paris. 

Etabliaaements  auxquels  la  Société  enooie  ses  pubUcaiions  : 

Ministère  de  riostruclion  publique,  à  Paris. 

Bibliothèque  de  FEcole  des  Chartes,  à  Paris. 

Bibliothèque  communale  de  Limoges. 

Archives  déparlemenlales  de  la  Haute-Vienne. 

Grand-Séminaire  de  Limoges. 

Ecole  normale  d*instituteurs«  à  Bellevue,  près  Limoges. 


LISTK  DES  SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES 


Aime  : 
Société  Historique  et  Archéologique,  à  Château-Thierry. 
Société  Archéologique,  Historique  et  Scientifique,  à  Soissons. 

Algérie  : 
Société  Historique  algérienne,  à  Alger. 
Société  Archéologique,  à  Côostantinc. 
Académie  d'Hippone,  à  B6ne. 

Allier: 
Société  d'Emulation  de  PAllier,  à  Moulins. 

,  *  * 

Aube  : 

Société  Académique  de  l'Aube,  à  Troyes. 

ATeyioii  : 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Ans  de  l'Aveyron,  à  Rodez. 

Boncdiefl-da-Bhône  : 
Académie  des  Sciences  de  Marseille. 
Société  de  Statistique  de  Marseille. 

Académie  des-Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  Aix-ea-Provcnce. 
Bibliothèque  de  TUniversiié,  à  Aix -en-Provence. 

CalTados  : 
Société  française  d'Archéologie  pour  la  conservation  jet  la  description  des 
monuments,  (siège  à  Caen). 

Cbareate  : 
Société  Archéologique  et  Historique  de  la  Charente,  à  Angouléme. 

CharenU-Inférieiire  : 
Société  des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  PAunis,  à  Saintes. 

Cher: 
Société  des  Antiquaires  du  Centre,  A  Bourges. 

Corrèse  :  - 

Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  la  Corrèze,  ^  Tulle. 
Société  Scientifique,  Historique  et  Archéologique  de, la  Corrèze,  à  Brive. 

C6te-d*0r  : 

Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles^Lettres,  à  Dijon. 

CreoM  : 
Société  des  Sciences  naturelles  et  archéologiques  de  la  Creuse,  k  Guéret. 

Dordogne  : 

Société  Historique  et  Archéologique  du  Périgord,  à  Périgueux. 


900  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOOIQUI  BT  IISTOlilCIII  DU  LiaOUSIV 

DoallS  : 

Société  d*£inulalioo  du  Dcobs,  à'  Besançon. 

B«M-«i-Lolr  : 

Sodété  DuBoiae,  k  Ghiteaodan. 


Société  Académique,  l  Brest. 

Gard: 
Académie  du  Gard»  à  Nîmes. 

Oaioam  (Btnto-)  : 
Académie  des  Jeux  Floraux,  k  Toulouse. 
Société  Archéologique  du  Midi  de  la  France,  à  Toulouse. 

fllrQiid6  : 
Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

Hémlt 

Académie  des  Sciences  et  Lettres»  à  Montpellier. 
Revue  des  langues  Romanes,  à  Montpellier. 
Société  archéologique,  à  Montpellier. 

nie-ei-YflaliM  : 
Société  Archéologique,  à  Rennes. 

Indra  : 
La  Reouê  du  Centre^  à  Ghftteauroux. 
Société  Académique  du  Centre,  à  Chftteauroux. 

Iiidr«-«t-U>tre  : 
Société  Archéologique  de  Touraine,  à  Tours. 

Académie  Delphinale,  à  Grenoble. 


Société  de  Borda,  à  Dax. 

Société  Archéologique,  Scientifique  et  Littéraire  du  Vendômois,  *à  Vendôme. 

Loire  : 

Société  d'Agriculture,  Industrie^  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  St*Etlenne. 

IiOlrt  (Haute-)- 
Société  Agricole  et  Scientifique  de  la  Haute->i^ire,  au  Puy. 

Loiie-Inftiieiire  : 
Société  Archéologique,  à  Nantes. 

Lolrel: 
Société  Archéologique  de  l'Orléanais,  à  Orléans. 

Lot: 
Société  des  Etudes  Littéraires,  Scientifiques  et  Artistiques  du  Lot,  à  Cahors. 

Lot-et-Saroime  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Ag«n. 


SOCIÉTÉS   CORiBSrOHDANTBS.  901 

IUIlM-tt-L«irt  : 

Sociéié  d*Agricalture,  Sciences  ei  Ans  de  Maine-et*Loire,  à  Angers. 

MariM  : 

Société  Archéologique,  à  Ghàlons-^ur-Maroe, 
Académie  des  Lettres,  Sciences  et  Arts,  à  Reims. 


Académie  de  Stanislas,  à  Nancy. 

HQcMtaan  : 
Société  Polymalhiqae  do  Morbihan,  à  Vannes. 

Nord  : 
Société  des  Sciences,  de  rAgricaltare  et  des  Arts,  à  Lille. 


Société  Académique  d*Archéologie,  Sciences  et  ArCs,  à  Beanvais. 
Comité  Archéologique,  à  Senlis. 

Orm  : 
Société  Archéologique  et  Historique,  à  Alençon. 


Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  A  Arras. 

Société  Académique,  à  Boùlogne-sur-Mer. 

Société  des  Antiquaires  de  la  Morioie,  à  Saint-Omer. 

Fnj-dt-MoM  : 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  (à  la  Bibliothèque  de  Cler- 

mont^Ferrand). 
Société  des  Amis  de  TUniversité  d'Auvergne,  à  Clermont  -Ferrand. 

Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  Pau. 


Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts,  à  Lyon. 
Bulletin  historique  du  diocèse  de  Lyon. 

8«tee-«t-L«irt  : 

Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  MAcon. 
Société  Bdnenne,  à  Autun. 

Stftht: 

Société  Historique  et  Archéologique  du  Maine,  au  Mans. 

SftToie  : 
Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  à  Chambéry. 
Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Savoie,  à  Chambéry. 

ËÊCfùU  (Baiito-) 

Société  Florimontane,  à  Annecy. 


Société  des  Antiquaires  de  France,  à  Paris. 

Société  Française  de  Numismatique  et  d'Archéologie,  à  Paris. 

Société  Indo-Chinoise,  à  Paris. 

Lemottj(,revue  franco-limousine,organe  des  associations  limousines  de  Paris. 

8«lM-at-IIarM  : 

Société  Historique  et  Archéologique  du  Gâtinais,  à  Fontainebleau. 

8«lBt-«t-0lM  : 

Société  Archéologique,  à  Rambouillet* 


dos  SOCléTB  ARCaifcOLOGIQUÈ   BT   B19T0RIQUB   DU    LII0U8IM 

Sdne-Infèrieiiro  : 
Académie  des  Sciences,  Belles-Leitres  et  Arts,  à  Roaen. 

Sèrros  (Deoz-)  : 
Société  de  Statistique,  Science»  et  Ans  des  Deux-Sèvres,  à  Niort. 
Revue  épigraphique  (direction  à  Saint-Maixent). 

Somme  : 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres,  Arts  et  Agriculture,  à  Amiens. 

Société  d'Emulation,  ^  Abbeville. 

Tarn-at-Oaroi^M  : 
Société  Archéologique  de  Tarn-et-Garonno,  à  Montauba'n. 

▼ar  : 
Société  d*Etudes  Scientifiques  et  Archéologiques,  à  Draguignan. 
Académie  des  Arts  du  département  du  Var,  à  Toulon. 

Ylemia  : 
Société  des  Antiquaires  de  TOuest,  à  Poitiers. 

Vienne  (Hante-)  : 
Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts,  à  Limoges. 
Société  Gay-Lussac,  à  Linioges. 
Société  botanique  et  Revue  scientifique,  à  Limoges. 
Société  des  Amis  des  Sciences  et  des  Arts,  à  Rochechouart. 

Tonne  : 

Société  des  Sciences  Historiques  et  Naturelles  de  l'Yonne,  à  Auierre. 
Société  Archéologique,  à  Sens. 


AUemagne  : 
Société  historique  d'Ajx-la-^hapelle  (Acuihener  GeêcMchisoerein). 
Neue  Heidelberger  Jahrbuecher  (Bibliothèque  de  rOniversité«  Heidclberg). 

Belgique  : 
Académie  royale  des  Sciences,  des  LeUrea  et  ,des  Beaux-Arts  de  Belgique, 

à  Bruxelles. 
Académie  royale  d'Archéologie,  à  Anvers. 
Société  des  Bollandistes,.^,  rue  des  Ursulines,  Bruxelles. 
Les  RR.  PP.  Bénédictins,  à  Maredsous. 
Cercle  Archéologique  de  Moos. 

Bniflie  : 
Commission  impériale  d'Archéologie  de  Saint-Pélersboprg. 
Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg. 

Snède  : 
Académie  royale  des  Belles-Lettres,  d'Hi9U>ire  et  des  Antiquités,  et  Musée 
.National   (Kon,gl.  vUterheU^  HUtoriê  och  rAn^iquUeês  Akademien)   de 
Stockholm. 
Snlsee  : 
Société  neut'chftteloise  de  géographie,  à  Neufchâtel. 
Société  historique  et  archéologique  de  BÂlc  (HUtorieche  und  antiqua- 
rische  Gesellschaft)» 

Etats-Unis  de  rAmtilqoo  &a  Hord  : 

Société  Smithsonienne,  à  Washington. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


TRAVAUX 

Pag«i 

Les  lépreux  et  les  léproseries  de  Limoges,  par  M.  Louis  Guibert.  5 

Un  humaniste  limousin  au  XVI<^  siècle  :  Marc-Antoine  de  Muret, 

par  M.  Franck  Delage 147 

La  Commanderie  et  les  Commandeurs  de  Paulhac,  par  M.  Joseph 

Boulaud 181 

Auguste  Bosvièux,  par  H.  de  M 195 

La   maladie   des   Espagnols  à  Limoges  en  1809,  par  M.  Tabbé 

A.  Lecler 217 

Monographie  du  canton  de  Saint-Sulpice-les- Feuilles  (suite),  par 

M.  Roger  Drouault 241  et  593 

La  disette  à  Limoges  au  XV1«  siècle,  par  M.  Franck  Delage 280 

Saint- Vitte,  monographie  d*une commune, par  M.  René  de  Sazilly.  295 
Généalogie  de  la  Maison  de  F«ye  ou  de  La  Faye,  par  M.  Zenon 

Toumieux 327  et  750 

Une  plaque  de  cheminée  au  XVI«  siècle,  par  M.  le  D'  Fournie. . .       367 

La  fête  du  couvent  de  Blessac,  par  M.  Cyprien  Pérathon. 372 

Présentation  de  médailles,  par  M.  le  D'  Fournie. .  • 380 

Notes    pour  servir  à   l'histoire   de   la   musique  à   Limoges  au 

XIX'  siècle,  par  M.  Camille  Jouhanneaud ,     392 

La  population  de  la  commune  de  Panazol  en  1793,par  M.O.  d'Abzac.  420 
L'assistance  publique  et  les  subsistances  dans  la  commune  de 

Panazol  de  1790  à  1795,  par  M.  Octave  d'Abzac 424 

Bibliothèque  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limou- 
sin :  catalogue  des  manuscrits  (guité),  par  M.  Alfred  Leroux. . .       440 

Répertoire  du  fonds  Godet  de  Boisse,  par  M.  G.  Touyéras 452 

Gouûer  de   Lermite,  capitaine  de  Chalucet  au  XV*  siècle,  par 

M.  Antoine  Thomas 513 

Châteaux -Cher  vix  :  archéologie,  histoire,  documents,  par  M.  Tabbé 

A.  Lecler 517 

Confrérie  de  N.-D.  la  Joyeuse  ou  des  Pastoureaux  (suivie   de 

documents),  par  M.  Franck  Delage 555 

Catalogue    des   manuscrits  de   la    Bibliothèque   communale    de 

Limoges  :  nouveau  supplément,  par  M.  Barthélémy  Mayéras..       649 


904  SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE  ET  HISTORIQUE  DU  LIMOUSIK 

La  chapelle  de  Thôpital  de  Limoges  : 

Notice  descriptive,  par  M.  E.  Wottling 69* 

Notice  historique,  par  M.  A.  Leroux 699 

Notaires  artistes,  par  M.  P.-L.  Courtot TOT 

Les  voies  romaines  en  Limonsîn,  par  M.  P.  Ducourtieux 713 

Excursion  de  la  Société  à  Crozant  (1905),  par  M.  IL  Laguéreiuie«  777 


COMMUNICATIONS  DIVERSES 

Souterrain-refuge  du  Monteil,  par  M.  C.  Jouhanneaud 787 

L'église  des  Salles-Lavauguyoa,  pax  M.  E.  Wottling 788 

Communications  archéologiques,  par  M.  R.  Drouault 790 

Un  arrêt  du  Présidial  de  Limoges  au  XVII*  siècle,  par  M.  A.  Mau- 

rat-Ballange 792 

Un  procès  à  La  Souterraine  en  i  728,  par  M.  J.  Bellet 798 

La  terre  de  Chàteaux-Chervix,  par  le  général  Faulte  de  Vanteaux.  801 

Une  famille  de  comédiens,  par  M.  J.  Bellet 802 

Billet  d'admission   dans    la    confrérie   de    Saint-Rustique,    par 

M.  E.  Hervy 802 

Lettre  du  marquis  de  Sainte- Aulaire,  par  M.  Dujarric-Descombes.  803 


DOCUMENTS 

Deux  chartes  limousines  concernant  Tabbaye  de  Saint-Martial 

(1195  et  1223),  par  M.  Ch.  de  Lasteyrie 807 

Inscription  du  Naveix  (1594),  par  M.  A.  Leroux 816 

Nomination  d*un  collecteur  à  Saint-Auvent(1744),  par  M.  Touyéras.  816 

Actes  relatifs  à  la  famille  de  Sombreuil  (1768-70),  par  M.  X 818 

Mémoire  pour  le  chapitre  de  Saint-Martial  de  Limoges  (1786), 

par  M.  X 820 

Opposition  des  habitants  de  Bussière-Poitevine  au  rattachement 

de  leur  paroisse  au  district  de  Bellac(1790),parM.  R.  Drouault.  822 
Procès-verbal  de  la   translation  du  chef  de  saint  Etienne  de 

Muret  à  Saint-Sylvestre  (1791),  par  M.  Tabbé  Lame 827 

Etablissement  d^une  verrerie  à  Azat(1798),  par  M.  R.  Drouault..  830 


GRAVURES 

Fac-similé  d'une  lettre  de  Marc- Antoine  de  Muret 149 

Auguste  Bosvieux 197 

Plaque  de  cheminée  :  contemplation  du  serpent  d'airain 367 

Avers  de  deux  pestthalers  en  argent  du  XVI«  siècle 369 

Bouton  gravé  du  XVII«  siècle 380 

Jeton  de  la  corporation  des  potiers  d'étain  (Forgeais).   .....      382,  383 


TABLE   DBS   MATIÈRES  905 

Jeton  de  la  corporation  des  toiliers  de  Rouen  (coUect.  F.) 383 

Méreau  de  plomb  (fruitiers)  au  type  de  saint  Léonard 385 

Méreaux  des  fruitiers  orangers  (Forgeais) 387 

Jeton  des  fruitiers  orangers  de  1758  (Carnavalet) 387 

Médaillon  de  Jean  Dorât,  par  Jacques  Prima vera  388 

Donjon  de  Chàteau-Chervix 518 

Porte  fortifiée  et  église  d'Arnac-la- Poste 593 

Château  de  Montmagner 625 

Donjon  de  Lubignac 625 

Château  de  Lascroux 645 

Plan  de  la  chapelle  de  Thôpital  général  de  Limoges 697 

Retable  de  la  chapelle  de  Thôpital  général  de  Limoges 705 

Fac-similés  de  dessins  des  XV*,  XVI*  siècles,  par  P.-L.  Courtot.  713 
Fac-similé  d*un  extrait  du  1*'  segment  de  la  Table  de  Peutinger 

et  redressement  de  cet  extrait 718,  719 

Cité  des  Lémovices,  ses  limites,  stations  des  itinéraires 733 

Carte  des  découvertes  de  Tépoque  gallo-romaine  en  Limousin. .  741 

Plan  de  Téglise  des  Salles- La vauguyon 789 

PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 

Séance  du  31  janvier    1905  833 

—  du  28  février       —     837 

—  du  28  mars           —     840 

—  du    2  mai            —     844 

—  du  30  mai            —     847 

—  du  27  juin            —     851 

—  du  25  juillet         —     855 

—  du  27  octobre      — 858 

—  du  28  novembre  — 863 

—  du  26  décembre  —     868 

TABLES 

Table  méthodique,  par  M.  P.  Ducourtieux . , 873 

—  par  ordre  alphabétique  de  matières,  par  M.  P.  Ducourtieux.  879 

—  par  ordre  alphabétique  d'auteurs,  par  M.  P.  Ducourtieux. .  885 

Liste  des  membres  de  la  Société 889 

Liste  des  sociétés  correspondantes 899 


CORRECTIONS 
Page  11,  ligne  28.  —  Au  lieu  de  poison^  lire  priion. 


Limogei,  imprimerie-tibrtirie  Dacoorticiuc  «t  Goût,  7,  rue  dtf  Arènes.