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T. 1
U il
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
BULLETIN
HE LA SOCIÉTÉ
ARCHÉOLOGIQUE & HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
LIMOGES
imprimerie: et librairie limousines
DUCOURTIEUX &: GOUT
7, HUE DES ARÈNES, 7
1900
^S-A>^«'V^•vv^•«^^
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE & HISTORIQUE DU LIMOUSIN
TOME LV
LES LÉPREUX
ET
LES LÉPROSERIES DE LIMOGES
INTRODUCTION
L'existence de la lèpre en Occident, en particulier dans diverses
régions de la France, est attestée dès le tiaut moyen âge par des
témoignages nombreux. Il semble hors de doute que celte terrible
maladie, devenue fort rare aujourd'hui dans nos contrées, mais
dont on connaît encore beaucoup d'exemples en Bretagne et dont
nous avons entendu, au cours des cinquante dernières années, des
médecins citer quelques cas bien caractérisés en Limousin, fut
apportée de TOrient, où elle est signalée dès la plus haute antiquité.
Cest à tort, néanmoins, que certains auteurs ont prétendu que
l'Europe centrale ne Tavail pas connue avant les grandes expédi-
tions tentées à partir de i096 pour la délivrance des Lieux Saints.
La vérité est que la lèpre prit, vers le commencement du douzième
siècle, un développement énorme et devint presque commune dans
certaines provinces; mais elle sévissait depuis longtemps déjà, et
môme des ordonnances avaient été promulguées pour séparer les
lépreux du reste de la société, en vue d'éviter la propagation de
leur mal. Celui-ci est mentionné à un capitulaire de Tan 757, et
un autre, de 789, interdit aux personnes infectées de se mêler au
peuple (1). Deux siècles plus tôt, l'Eglise de France s'occupait
(1) De LeprosUy ut se non intermisceant alio populo, [Historiens de
France, t. V, p. 650.)
T. LV 1
6 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGIQUE ET HISTOHIQUE DU LIMOUSIN
déjà des lépreux avec sollicitude. En 849, le concile d'Orléans
recommaudait instammenl ces malheureux à la charilé de leurs
frères en Jésus-Chrisl; le concile de Lyon, en 883, adressai! en
leur faveur un nouvel appel à tous les Hdëles et chargeait les évé-
ques du soin de pourvoir à la nourriture et à ThabiHemenl de ces
parias qu\^ l'exemple de certains peuples de TOrient, la société
chrétienne allait, sinon rejeter de son sein, du moins bannir dos
villes et, dans beaucoup de provinces, priver presque complètement
de leur liberté. Les adjurations de l'épisropat furent entiînducs.
Un intéressant mémoire sur les Maladreries de Verdun conslale
que les lépreux de Maêstricht et de Metz avaient été, dès l'an 634,
Tobjet des libéralités du diacre Âdalgise, neveu de Dagobert (i).
D'autres donations en faveur des infortunés atteints de la lèpre
sont signalées aux siècles suivants.
On a vu que l'autorité civile avait cherché, dès le huitième siècle,
à séparer du reste de la population les personnes frappées d'une
affection déjà tenue non seulement pour transmissible dans le sang,
mais pour contagieuse. Des mesures analogues avaient été en
vigueur dans l'antiquité : chez les Juifs et les Persans, les lépreux
vivaient à part et il leur était enjoint d'éviter le contact des autres
hommes. Pépin ne fit probablement qu'édicter une séparation qui,
en vertu de la seule coutume, existait déjà de fait. Mais les capitu-
laires renferment une disposition très caractéristique, très grave :
celle-ci, avec raison, a appelé d'une façon toute particulière l'atten-
tion des écrivains qui se sont occupés de notre sujet. Aux termes
de cet article d'un capituiaire de Pépin, de l'année 787 (2), la
femme d'un lépreux pouvait, avec le consentement toutefois de
son mari, rompre le lien conjugal et prendre un autre époux.
L'Eglise ne paraît pas avoir admis ce cas de divorce. Mais nous
devons retenir le fait et y voir un témoignage bien frappant de
cette disposition d'esprit qui, s'affirmant et déduisant logiquement
les conséquences de certaines prémisses posées, aboutira à dénier
au lépreux jusqu'à sa qualité d'homme. On verra plus loin que, dans
plusieurs régions, la coutume ou la législation écrite a frappé de
mort civile les personnes reconnues atteintes de l'épouvantable
maladie.
Placés sous la protection des évéques, les lépreux furent l'objet
de leur intérêt tout spécial, et il semble que les premières maisons
(1) BuviGNBH, Les maladreries de la cité de Verdun (Metz, 1862).
Voir aussi un mémoire de M. Labourt : Recherches sur Vorigine des
maladreries, 1851.
(2) Historiens de France, t. V, p. 643.
LES LEPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 7
OÙ ils aient été recueillis soient de fondalion ëpiscopale. La charité
publique avait besoin d'élre stimulée à l'égard de cette catégorie
de membres souffrants de TEglise. Le vulgaire attribua toujours
un caractère mystérieux au mal dont ils étaient affligés; il y voyait
TefTel d'une sorte de malédiction et était porté à s'écarier des indi-
vidus qu'avait frappés cette malédiction ; néanmoins, le peuple
n'avait pas encore conçu pour eux les sentiments d'horreur et de
haine qu'il manifesta plus tard et que nous verrons, dans le pre-
mier quart du xiv" siècle, se traduire par des persécutions odieuses
et une véritable extermination. En réalité, pendant longtemps, les
lépreux paraissent n'avoir été, en France, l'objet d'aucune mesure
rigoureuse.
On confondait sous le nom de lèpre des maladies de natures
diverses. Des savants ont prétendu que la véritable lèpre du moyen
âge n'était auire que la syphilis, et cette thèse a été plus d'une fois
soutenue. On s'accorde aujourd'hui à la rejeter. Il n'entre pas dans
le cadre de cette étude de discuter le caractère môme des affections
très variées, nous le répétons, dont se trouvaient atteints les hôtes
des maladreries. Il convient de rappeler du reste qu'on distinguait
les personnes affligées de la lèpre dite « lèpre blanche », de celles
que rongeait un mal plus cruel et qu'on désignait sous le nom de
ft ladres rouges y> , sSLûs donie h c^nse de l'aspect de leur peau, enflam-
mée et sanguinolente. Ces derniers, souvent défigurés et mutilés,
furent, à plusieurs époques, tenus impitoyablement séquestrés
dans l'enclos de la maladrerie, marqués même au fer rouge, aiin
qu'en cas d'évasion la cicatrice les dénonçât à première vue. Les
ladres blancs, qui portaient des stigmates moins hideux de la
maladie, eurent presque toujours la faculté d'aller et de venir, de
vagabonder et de mendier, en s'astreignant toutefois à certaines
précautions auxquelles ils étaient obligés de se conformer sous
peine de châtiments corporels. Des hospices différents étaient dans
beaucoup de localités assignés à chacune de ces catégories de
malades.
Les signes les plus caractérisques de la lèpre étaient les suivants,
d'après le Précis historique des ordres de Saint-Lazare et de Saint-
Maurice, de Cibrario :
« Peau dure et bronzée, couverte de squammes ou croûtes d'un
blanc livide, et sillonnée de crevasses exsudant des humeurs féti-
des; front ridé; yeux ronds, vitreux et fixes; cils érodés ; dépila-
tion générale du corps; nez déformé, ulcères dans ses cartillagfts ;
ulcères au palais, avec destruction de la luette; voix rauque;
haleine excessivement fétide; oreilles cadavéreuses et dispropor-
tionnément allongées ; ongles réduits à une substance gommcuse ;
8 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOLIQUE ET HISTOEUQUE DU LIMOUSIN
genoux et mains gonflés, de couleur noire, avec transparence
livide... » (i).
Quelques précautions d'hygiène paraissent avoir été au moyen
âge toute la médication employée à regard des lépreux. Nous
n'avons nulle part trouvé trace d'un traitement curatif quelcon-
que. N*eût été la crainte de la communication de leur mal, ils eus-
sent été secourus en qualilé de pauvres beaucoup plus qu'à titre
de malades. La défense qui leur éiait faite de se mêler au reste de
la population fut souvent renouvelée; mais elle parait avoir été
rarement appliquée et être demeurée sans aucune sanction pénale.
Tout au moins les précautions auxquelles on eut recours furent-
elles insuffisantes; les malades vécurent à part, mais restèrent en
général dans leur famille el purent semer aulour d'eux le germe
d*une affection dont les multiples phénomènes et la marche capri-
cieuse déroutaient la science médicale du temps.
L'extension que prit la maladie au retour des premiers croisés et
la constatation irrécusable de son caractère contagieux décidèrent
enfin TEglise el le pouvoir civil à édicter une réglementation sévère,
dans le but d'isoler les lépreux et de les obliger à vivre dans des
établissements particuliers situés en dehors des villes. Le clergé et
les seigneurs laïques paraissent avoir rivalisé de zèle et de généro-
sité pour la création de ces asiles qui, en peu d'années, se multi-
plièrent el dont beaucoup devinrent fort riches (2). Avant la fin du
règne de Louis VU, il n'existait pas, dans le royaume de France,
moins de deux mille établissements de ce genre. Le testament de
ce prince, qui renferme un legs relativement considérable au profit
(les léproseries de ses Etats, l'énonce en termes catégoriques (3).
D'après le Dictionnaire de Larousse, le treizième siècle n'aurait
pas vu s'élever moins de dix- neuf mille établissements nouveaux
de cette espèce.
Presque toutes les maladreries furent établies, sinon sur le même
modèle, du moins d'après un programme à peu près identique. Une
étude des plus intéressantes sur les anciens établissements hospi-
taliers de l'Yonne indique d'une façon très précise les conditions
qu'on recherchait surtout dans l'assiette de ces maisons :
(1) Traduction de M. Humbert Ferrand. — Lyon, 1860, p. 4.
(2) Plusieurs, dans notre région, jouirent de revenus considérables.
La Maison-Dieu de Montmorillon passe pour avoir possédé cinquante
mille livres de rentes. (Labourt, Recherches sur Vorigine des ladreries,
maladreries, léproseries. Paris, 1851, p. 4.)
(3) Donamus et legamus duobus millihus domorum leprosorum decem
millia llbrarum, videlicet cuilibet earum cent uni solidos.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 9
« On les plaçait toujours, dit Fauteur, dans la campagne, vers
une source ou un cours d'eau, dans un but de salubrité, et près
d*un chemin, afin de recueillir les aumônes des passants. De plus,
dans la plupart des léproseries de noire contrée, TEglise établit
des pèlerinages auxquels elle accordait des indulgences, pour rap-
peler aux foules le souvenir des lépreux et exciter à leur égard la
commisération et la charité du peuple chrétien » (t).
En général, les constructions de ces asiles n'avaient rien de
grandiose : elles consistaient en un groupe de petites maisons,
quelquefois de huttes d'un aménagement très sommaire, édiOées
autour ou à proximité d'une chapelle : les indications que donnent
certains documents sur ces hôpitaux nous les montrent comme
offrant à peu près l'aspect et la disposition des béguinages flamands.
La citation qu'on vient de lire mentionne l'établissement de pè-
lerinages et d'assemblées de dévotion dans les petits sanctuaires
dépendant des maladreries. Nous ne constatons pas le fait dans
notre pays, et nous ne trouvons trace d'aucune concession d'ordre
spirituel en faveur des chapelles de lépreux; mais les léproseries
des provinces voisines ont bénéficié de privilèges importants,
accordés par le pouvoir civil. En Poitou notamment, les rois d'An-
gleterre, qui avaient richement doté plusieurs établissements de ce
genre, leur octroyèrent, à la flc du xu* siècle, les droits à percevoir
sur les marchandises apportées à plusieurs grandes foires, et peut-
être telle de ces foires avait-elle été créée précisément en vue d'as-
surer des ressources à ces maisons.
Dans certains pays, les individus atteints de la lèpre étaient
considérés comme civilement morts et déchus de toute capacité
comme de tout droit. M. Guillouard, qui a fait une étude appro-
fondie de la condition des lépreux au moyen âge, signale cet état
de choses comme ayant existé, de par les mœurs et de par la légis-
lation, dans plusieurs provinces. La coutume deClermont en Beau-
voisis formule l'arrêt en termes catégoriques : le mézel est « mort
quant au siècle ». Ailleurs, en Normandie par exemple, ce régime
barbare est atténué : l'infortuné n'a ni le droit de contracter, ni
celui de tester ; mais il conserve l'usufruit de ses biens (2). Plus au
nord, à Lille et dans une partie des Flandres, dans le Hainaut, le
lépreux n'est nullement dépouillé de la propriété de son patrimoine
(1) H. Bouvier, Histoire de Vassistance publique dans le département
de V Yonne,
(2) Guillouard, De la condition des lépreux au moyen âge, notamment
diaprés la Coutume de Normandie. Paris et Caen, 1875.
10 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
et peut en disposer à son gré. Il agit, traite et contracte, achète et
vend comme toute autre personne ; il est soumis à des règlements
de police et d'hygiène spéciaux, rien de plus. Nous verrons plus
loin qu'il paraît en avoir été de même en Limousin et dans notre
région.
Encore, dans une partie au moins des provinces, les restrictions
apportées à la liberté du mézel ne paraissent-elles, au moins jus-
qu'au xm** siècle, s'appliquer qu'aux malades indigents ou appar-
tenant aux classes inférieures. La noblesse tout au moins y échappe.
On sait qu'en 1119 l'ordre de Saint-Lazare avait été fond;^ spéciale-
ment pour les chevaliers lépreux et que, jusqu'en 12S3, le grand-
maître dut être choisi parmi les membres de cette famille religieuse
atteints de la lèpre. Plusieurs grands seigneurs croisés qui l'avaient
contractée continuèrent à guerroyer, à chasser, à tenir leurs assises,
à vivre de la même vie que leurs voisins, et Amaury, roi de Jéru-
salem, qui demeura malade de longues années, mourut sur le tr^ne.
En Europe, beaucoup de barons affligés de la lèpre vécurent dans
leur château et n'abandonnèrent pas leur famille. Dans les monas-
tères, on ne chassa pas les frères chez qui se manifesta la maladie ;
on se borna à leur donner une cellule à part, dans les dépendances
du cloître. La Vie de Louis IX, écrite par le confesseur de sa femme,
Marguerite de Provence, et qui contient tant d'anecdotes touchantes,
tant de gracieux récits concernant le saint roi, nous apprend qu'un
religieux de l'abbaye de Royaumont, le frère Ligier, était couvert
de la lèpre la plus rebutante. « Pour la grant maladie, conte le
naïf auteur, ses yeux estoienl si degastez qu'il ne veoit goûte, et
avoil perdu le nez, et ses lèvres esloient fendues et grosses, et les
perluis esloient rouges et hysdeux a veoir ». Louis allait souvent
visiter la maison qu'il avait fondée et à laquelle il témoignait un
intérêt tout particulier. Il apprit l'infortune du pauvre moine et
voulut lui apporter lui-même des paroles de consolation. On le
conduisit à la cellule qu'occupait Ligier. Celui-ci, à ce moment,
prenait son modeste repas. Le roi s'agenouilla devant le malade,
prit le couteau qui était sur la table, se mit à couper les morceaux
et les présenta un à un au lépreux; en même temps il réconfortait
le pauvre homme. « Li disoit qu'il soulTrist en bonne patience celé
maladie; que c'estoit son purgatoire en cest monde et que il valoil
miex qu'il souffrist celé maladie ici que il soufTrist autre chose el
siècle a venir ». Et saint Louis conserva l'habitude de visiter et de
servir le frère Ligier chaque fois qu'il venait à Royaumont. —
« Allons voir notre malade », disait-il en mettant pied à terre dans
la cour de l'abbave.
Néanmoins, presque toutes les personnes atteintes de la lèpre
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 11
furent peu à peu concentrées dans les nr)aladrerics. Elles y menaient
une existence à peu près analogue à celles de beaucoup de commu-
nautés religieuses. Ces établissements eurent souvent un caractère
municipal; mais ils furent partout, à Torigine surtout, placés sous
Tautorité des ëvêques, qui ont été, dans toutes nos provinces, les
fondateurs de la plupart des maisons hospitalières. Les léproseries
étaient donc régies par des ordonnances épiscopales et par des
coutumes dont on retrouve partout les traces. On connaît, dans les
provinces au nord de la Loire surtout, un certain nombre de statuts
concernant les lépreux et remontant pour la plupart aux xn^ et
xui* siècles. L'attention de FËglise avait été appelée tout spéciale-
ment par les désordres dont les maladreries étaient le théâtre dès
cette époque, et qui paraissent, au témoignage de nombreux docu-
ments, avoir été assez communs dans les établissements hospita-
liers d'autrefois. On ne pouvait avoir partout des maladreries dis-
tinctes pour les hommes et pour les femmes, et la présence simul-
tanée, dans le même établissement, de malades des deux sexes était
souvent l'occasion de scandales. Dans presque toutes les léproseries,
néanmoins, les hommes occupaient ou un bâtiment spécial ou une
portion des constructions séparée du local affecté aux femmes :
ils vivaient, comme nous l'avons dit plus haut, en communauté,
sous une règle simple et comportant peu d'obligations. Les lépreu-
ses, de leur côté, constituaient également une communauté ayant
un caractère religieux et faisant des vœux analogues à ceux des
ordres monastiques : chasteté, obéissance, pauvreté. Le malade
qui contrevenait aux règlements de la maison, notamment en ce
qui concernait la séparation des sexes, encourait certaines puni-
tions, comme le jeûne au pain et à l'eau ou même le poison. Au
surplus, il semble que de tout temps les malades aient pu se marier
entre eux et qu'il y eut, dans les léproseries, des cellules ou des
maisonnettes réservées à ces ménages.
Les statuts épiscopaux n'édictaient pas seulement des mesures
propres à prévenir les actes d'immoralité ou d'insubordination;
leurs prescriptions s'étendaient à tout ce qui avait trait au régime
intérieur de la maison et aussi à la conduite des lépreux au dehors.
La plupart de ces statuts constituaient, on l'a dit plus haut, une
sorte de règle monastique. M. Bouvier, dont nous avons déjà eu
occasion de citer le consciencieux ouvrage, mentionne une ordon-
nance de Guy de Noyers, archevêque de Sens, enjoignant aux lépreux
d'observer le silence à table et au dortoir, leur interdisant de par-
courir les rues et d'entrer dans les tavernes et autres lieux publics.
Ces dernières prohibitions, du reste, se retrouvent à peu près
partout. Les populations, en général, ne souffraient guère que les
12 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ladres sepermisseat.de les enfreindre. A ia porte d'un certain
nombre d'églises du moyen âge, on montre encore ie bénitier des
lépreux, témoignage subsistant d'un état de choses consacré par
plusieurs siècles.
Les lépreux ont été souvent accusés de vices hideux et de crimes
abominables. Des témoignages sérieux établissent que beaucoup se
livraient à la débauche, et nous n'avons pas celé que les maladre-
ries étaient le théâtre de graves désordres. Quant aux crimes, ils
n'ont jamais été prouvés. Il est néanmoins vraisemblable que les
lépreux n'étaient pas tous innocents des forfaits dont les chargeait
l'opinion publique. Quelques faits réels ont pu se produire, dont
rimagination popu4aire s'est emparée pour les généraliser en les
présentant sous les plus sombres couleurs.
La crainte qu'inspiraient aux populations ces misérables à
l'aspect hideux, aux chairs rongées, à la voix rauque et comme
étranglée, une instinctive répulsion qui, chez beaucoup de per-
sonnes, allait jusqu'à l'horreur, les habitudes de vagabondage des
lépreux, le mystère qui entourait certains côtés de leur existence,
les passions brutales qu'on leur attribuait, leurs allures louches
justifiant dans une certaine mesure la suspicion, faisaient accueillir
aisément, sur leur compte, les bruits les plus étranges, les rumeurs
les plus absurdes. Au commencement du xiv* siècle, les imputa-
tions dont ces infortunés étaient l'objet prirent un caractère à la
fois plus précis et plus dangereux. On les accusa d'avoir tramé un
vaste complot pour faire périr tous les chrétiens par le poison.
Ces bruits, évidemment absurdes si on les prenait à la lettre, se
répandirent dans tout le royaume et semblent y avoir sans peine
trouvé créance. Ils provoquèrent, dans le peuple, une véritable
explosion de haine et de fureur contre les habitants des mala-
d reries.
Les premières années du xiv'' siècle, il ne faut pas l'oublier,
semblent témoigner d'un état d'esprit passablement troublé. Cette
période fut marquée en France par des événements extraordinaires,
dont les causes n'ont jamais été parfaitement éclaircies ni les
phases nettement déterminées, et qui, malgré la lumière jetée sur
beaucoup de faits obscurs par l'érudition contemporaine, gardent
dans quelque mesure, pour la postérité, un caractère presque mys-
térieux. Sans parler des scandales intimes qui éclatèrent dans la
famille royale et déshonorèrent plusieurs de ses membres, des
tragédies de cour dont on est loin d'avoir élucidé les détails, le
procès des Templiers et l'affaire des lépreux demeurent des pro-
blèmes sur lesquels le dernier mot n'a certainement pas été dit.
L'opinion publique a toujours été une force. Même au moyen
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 13
âge on ne la bravait pas impunément. Dans plus d'une occasion,
les princes essayèrent de la rendre favorable à leurs desseins et de
s'appuyer sur elle. Philippe le Bel, qui se Tétait aliénée par l'allé-
ration des monnaies, compta pourtant avec elle et tenta, dans
diverses circonstances, d'en tirer parti au profit de sa politique.
On sait notamment quels efforts il lit, au cours de sa lutte avec le
Saint-Siège, pour obtenir une imposante manifestation de tous les
corps, laïques et ecclésiastiques du royaume, en faveur de la convo-
cation d'un concile œcuménique par lequel il rêvait de faire déposer
Boniface VIII, son énergique adversaire.
Parfois l'opinion parlait si haut que les souverains jugèrent pru-
dent de lui donner satisfaction, et plus on étudie les ordonnances
rendues par la royauté contre les lépreux, plus il paraît évident
que les barbares mesures adoptées à leur égard furent arrachées
au prince par les exigences d'un puissant courant d'opinion, bien
plus que dictées par la conviction de la culpabilité de ces mal-
heureux.
Plusieurs chroniqueurs, parmi lesquels on peut citer le conti-
nuateur de notre Gérald de Frachet et Jean de Saint- Victor, racon-
tent en termes identiques qu'un lépreux d'importance (1) aurait
reçu d'un riche Juif une somme considérable pour engager tous les
ladres du royaume dans une vaste conspiration. Ils devaient
empoisonner toutes les fontaines et tous les puits, de telle sorte,
disent les contemporains, que tous les chrétiens qui boiraient de
ces eaux mourussent ou fussent atteints de la lèpre. Juifs et mezels
rêvaient, non seulement de se venger par là des chrétiens^ mais de
conquérir la puissance et de gouverner l'Etat à leur tour. Et un
contemporain, Pierre Cochon, traduit en ces termes une pensée que
nous retrouvons chez plusieurs autres auteurs de son époque :
« Les mesiax empoisonnèrent les eauez affin que les genz sainz
mourussent et que les mesiax fussent seigneurs du monde » (2).
Terrible était le poison employé et dont le Juif avait probable-
ment donné la formule au lépreux avec lequel il s'était abouché.
Celui-ci, épouvanté des conséquences du complot dont il avait été
lui-même le principal organisateur et qui avait, on l'assurait du
moins, reçu un commencement d'exécution, se décida à tout avouer.
Interrogé sur la composition du poison dont on devait faire usage,
il déclara qu'il y entrait du sang humain, de l'urine et trois herbes
(1) Cujusdam magni leprosi,
(2) Historiens de France, tome XXIII, p. 224.
14 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUE DU LIMOUSIN
qu'il ne sut ou ne voulut pas indiquer (1). La confession du cou-
pable fui recueillie par le seigneur de Parlhenay et adressée par
celui-ci, sous son sceau, au roi Philippe V, qui se trouvait alors à
Poiliers. Mais le bruit du forfait tramé par les hôtes des maladre-
ries s*élait déjà répandu partout, et le peuple ne voulait plus per-
mettre aux lépreux d'approcher des fontaines (2). Sur plusieurs
points, en Poitou et en Limousin notamment, les juMices locales
avaient déjà commencé des informations, obtenu des aveux et
même fait exécuter les coupables. Mais dans beaucoup d'endroits,
le peuple avait voulu se faire justice lui-même et, sans attendre la
procédure des juges, trop lente à son gré, avait livré les infortunés
lépreux aux flammes. Un chroniqueur normand assure que le
nombre de ces malheureux envoyés au bAcher par les juges fut
très inférieur à celui des lépreux que firent brûler les populations (3).
C'est dans ces circonstances que Philippe V rendit, le 21 juin 1321,
une ordonnance dans laquelle, tenant pour établi le dessein abo-
minable prêté aux lépreux (4) et qui avait pu être rêvé par quelques
scélérats et quelques fous, il prescrivait de saisir tous les individus
atteints de cette maladie qui se trouvaient dans le royaume, de les
jeter en prison, d'informer contre eux et de faire périr par le feu
tous ceux qui avoueraient leur crime ou seraient convaincus d'avoir
trempé dans la conspiration. Le roi déclarait du reste que des
arrestations avaient été opérées par son ordre, que plusieurs cou-
pables avaient avoué leur crime et déjà expié ce forfait sur le
bûcher (5).
C'est à tort, croyons-nous, qu'on attribua au Saint-Siège, une part
quelconque dans les informations et les poursuites. Malgré les
indications données à cet égard par certaines chroniques (6),
(1) Potiones fiebant de sanguine humano et urina et tribus herbis quas
noluit aut nescivit nominare (Histor, de France^ t. XXI, p. 56 et 673).
(2) « Les sainz ne voulurent point que ilz puisasent de Teaue en leurs
puits ne en leurs fontaines (Chronique de Rouen, ap. Ilistor. de France,
t. XXIII, p. 3d4).
(3) Omnes leprosi, quasi per totum regnum, longe plus per populum
quant per sœcularem locorum justitiam combusti sunt {Histor, de France,
t. XXIII, p. 349).
(4) Cum universi leprosi.., venenosis potionibus quas in aquis, fonti-
bus, pulheis et locis aliis projecerunt, christianos interficere conati fue-
runt,.. (Ordonnances, t. XI, 481).
(5) Leprosos ipsos in regno nostro Francie capi fecerimus, quorum
aliqui reatum suum confîtentes, jam combusti sunt...
(6) Capti fuerunt omnes leprosi et a domino Papa condemnaii, muUique
in diversis locis igné combusti, etc. (Chronique du monastère de Sainte-
Catherine de Rouen, dans les Historiens de France, t. XXIII, p. 409).
LES LÉPIIBUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 15
Jean XXII, qui occapait la chaire de Saint-Pierre, parait être
resté étranger à ces événements.
L'émotion était grande partout. Heureusement pour eux, les
hôtes des maladreries, quoique beaucoup de leurs maisons fussent
bien dotées, ne possédaient pas les richesses des chevaliers du
Temple, et leurs revenus pouvaient être revendiqués par des com-
munautés ou des autorités locales. Aussi la persécution contre eux
fut-elle de courte durée. Si un trop grand nombre de malheureux,
dont la plupart étaient des victimes bien innocentes, périrent dans
les flammes, beaucoup de mézels, même adultes, eurent la vie
sauve. Après avoir subi une détention de quelques mois dans les
prisons royales, ceux qui avaient échappé au bûcher furent renfer-
més ensemble, chaque sexe à part, dans un hôpital de leur lieu
d'origine. On séquestra leurs biens et on laissa seulement affecté
au service de ces maisons la portion des revenus de3 maladreries
nécessaire pour subvenir aux frais de nourriture et autres dépenses
de première nécessité des malades, ainsi qu'à Tentretieu des frères
et sœurs chargés de leur donner des soins (1). Fort étroite d'abord,
cette captivité se relâcha peu à peu de sa rigueur, et presque par-
tout les lépreux jouirent bientôt de la même liberté qu'avant la
persécution.
Les événements de \'âi\ anéantirent une grande quantité d'œu-
vres intéressantes et d'établissements qui rendaient de réels servi-
ces. Partout les officiers royaux avaient reçu l'ordre de se saisir des
possessions des léproseries et de les administrer avec une scrupu-
leuse sollicitude ; mais ce n'était point chose aisée que celte mise
sous séquestre et cette régie. Beaucoup de seigneurs locaux, d'évê-
ques surtout, protestèrent auprès du roi et réussirent à conserver
provisoirement sous leur main les biens des maladreries. A la
faveur des tiraillements qui se produisirent et du désarroi qui
s'ensuivit, beaucoup Je revenus se perdirent; les bâtiments ne
furent pas entretenus; les propriétés rurales furent abandonnées.
Les léproseries, rétablies après la crise et remises en possession de
la plus grande partie de leur patrimoine, ne purent de longtemps
effacer les traces de la crise qu'elles venaient de subir. Malgré les
efforts de l'autorité ecclésiastique, les désordres qui s'étaient pro-
duits dans les hôpitaux de lépreux dès leur création reparurent
et s'aggravèrent. L'abandon où beaucoup de maladreries tombè-
rent pendant la période la plus sombre de la guerre de Cent Ans
(1) Mémoire de M, Duplès-Agier clans la Bibliothèque de V Ecole des
chartes, tome III, quatrième série, pages 265 et suivantes.
16 sociéré archéologique et historique du limousin
favorisa ces désordres, auxquels s*ajoutërent des abus de loule
sorle. Certaines maisons furent presque totalement dépouillées de
leurs biens. Ailleurs, les lépreux, dont le nombre diminuait grâce
à la séquestration au moins relative des personnes atteintes de ce
mal et aussi à l'amélioration des conditions générales de Thygicnc,
s'émancipèrent presque complètement et constituèrent de petites
collectivités de mendiants privilégiés, très enclins à mésuser de leur
privilège et à Texploiter au mieux de leurs intérêts particuliers. Le
mariage entre les ladres et les femmes saines dont on a, dès le
moyen âge, un certain nombre d'exemples, et que TEglise n'avait
point du reste prohibé d'une façon absolue, devint de plus eu plus
commun. La police des hôpitaux de lépreux, comme des autres éta-
blissements, laissait de plus en plus à désirer. L'influence du clergé
diminuait et le pouvoir civil se substituait â Tautorité épiscopale en
beaucoup de matières relatives à l'assistance. François I*' essaya
de mettre ordre à une situation qui, depuis longtemps, n'avait fait
qu'empirer. II chargea, en 1543, le grand aumônier de France de
prendre des mesures pour rétablir la régularité dans les léprose-
ries et arrêter la dilapidation des biens. Celte ordonnance ne paraît
pas avoir eu beaucoup d'efficacité. Les guerres religieuses du
seizième siècle mirent le comble aux désordres qu'on avait voulu
réprimer. Un édit d'Henri IV défendit, en 1606, le mariage des
lépreux avec des femmes non atteintes de la maladie, et enjoignit
aux ladres, dont les anciennes communautés s'étaient dissoutes
dans nombre de localités et dont beaucoup menaient une existence
de vagabondage et de débauche, de se retirer dans les maladre-
ries les plus rapprochées de leur lieu d'origine. Ils continuaient à
porter, pour être plus aisément reconnus, un signe apparent, le
plus souvent un morceau d'étoffe de couleur éclatante, cousu sur
I épaule ou sur la poitrine (1). A plusieurs reprises, dos ordonnan-
ces royales avaient rappelé aux mézeaux cette obligalion; Char-
les VI notamment avait renouvelé, en 1407, les prescriplions «le
ses prédécesseurs louchant les lépreux. Celle de la rouelle subsis-
tait au dix-septième siècle, tout au moins dans nos contrées.
Les individus atteints de la maladie se faisaient rares ; les méde-
cins le constatcnl et, dès le seizième siècle, Jean Vigo dit ne pou-
voir ciler qu'un seul cas certain de lèpre. Beaucoup de mendianis,
qui n'en étaient nullement infectés, se prétendaient malades pour
(1) Les Juifs avaient élé astreints au moyen âge à la même obligation
et avaient longtemps porté sur l'épaule une « roue » ou pièce d'étoffe de
forme ronde, de couleur jaune. La couleur de la roue des lépreux paraît
avoir varié suivant les localités.
LES LÉPREUX ET LES LEPROSEIUES DE LIMOGES 17
se faire admettre au nombre des pensionnaires d^une léproserie et
jouir des immunités séculaires concédées à leurs hôtes. Une décla-
ration de 4613 ordonna que les soi-disant ladres seraient visités
avant d'être admis dans un des hôpitaux spéciaux. Comme les
rentes dues à ces établissement avaient cessé, dans certaines loca-
lités, d'être recouvrées, qu'ailleurs elles étaient détournées de leur
emploi et gaspillées, le roi chargea le grand aumônier de France
de réunir entre ses mains la gestion des biens de toutes les roala-
dreries et de servir une pension aux lépreux. Ces mesures ne
reçurent que partiellement leur exécution. En 1672, Louis XIV
transféra, par un nouvel édil, à Tordre de Notre-Dame du Mont-
Carmel et de Saint-Lazare — (le mieux qualifié pour celte mission
puisque Tordre de Saint-Lazare, on Ta vu, avait été, à l'origine,
exclusivement composé de chevaliers atteints de la lèpre) — Tad-
ministration des biens de toutes les léproseries, maladreries, com-
manderies, prieurés, hôpitaux existant dans le royaume, qui
avaient dépendu soit de leur institut soit des « autres ordres hos-
pitaliers, militaires, séculiers ou réguliers, éteints, supprimez et
abolis de fait ou de droit »; Tédil concédait aussi aux chevahers du
Mont-Carmel et de Saint-Lazare « Tadministration perpétuelle et
irrévocable de toutes les maladeries, commanderies et léproseries,
ensemble tous les hospitaux, hôtels-Dieu, maisons-Dieu, aumos-
neries, confréries, chapelles hospitalières et autres lieux pieux du
royaume », possédés en titre de bénéfices et ou Thospilalité se
trouvait ou non éteinte ou n'était plus exercée suivant les condi-
tions de leur fondation. Cet octroi était fait à TOrdre, à la condition
qu'il emploierait une partie de ses revenus à contribuer aux
dépenses des hôpitaux des armées, à créer des commanderies
dont le roi pourrait disposer en faveur d'anciens ofiSciers ou
soldats qui y trouveraient une retraite honorable. L'édit constatait
qu'il n'y avait « presque plus de lépreux dans le royaume » et dis-
posait que les pauvres qui seraient reconnus atteints de ce mal,
seraient « logez tous dans un même lieu et entretenuz aux despens
dudit ordre, suivant l'institution d'iceluy ».
De pareilles mesures devaient susciter d'innombrables procès.
Dans la prévision des difficultés qu'allaient rencontrer les membres
de Tordre de Saint-Lazare pour la prise de possession des biens
qui leur étaient ainsi dévoli:s, le roi créa une juridiction spéciale,
la Chambre de TArsenal, pour connaître de toutes les causes se
rapportant à l'exécution de Tédit.
Celui-ci souleva de toutes parts de vives protestations. La plupart
des anciens patrons ou seigneurs, les autorités ecclésiastiques, les
administrateurs des hôpitaux, les magistrats municipaux qui, dans
18 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQl'E ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
un certain nombre de villes s'étaient arrogés, avec plus ou moins
de titres, la gestion ou tout au moins la surveillance des maisons
de ce genre, opposèrent aux prétentions de Tordre de Saint-Lazare
la plus vive résistance. Les lépreux ou soi-disant lépreux qui occu-
paient encore un certain nombre de maisons, réclamèrent contre
des mesures qui portaient atteinte à leurs intérêts et menaçaient
leur indépendance. D'interminables procès s'engagèrent. Plusieurs
déclarations du roi, celle du 24 mars 1674 entr'autres, atténuèrent
la portée de Tédit de 1672 : il fut expliqué que celui-ci ne s'appli-
quait pas aux léproseries unies aux hôpitaux généraux créés en
1662, non plus qu'aux hôtels-Dieu et « bureaux de pauvres » où
des indigents malades ou des mendiants étaient reçus. Mais les
difficultés ne se multiplièrent pas moins et la Chambre de l'Arsenal
se trouva surchargée d'alTaires embrouillées et souvent de minime
importance. On constatait en môme temps que les ressources pro-
duites par l'exécution de l'édit seraient loin de répondre à ce qu'on
en avait attendu. Aussi le roi se décida-l-il, après vingt-et-un ans,
à revenir sur les dispositions adoptées en 1672.
Un nouvel édit, du mois de mars 1693, reconnut que Funion
ordonnée (< n'apportait presque aucune utilité » aux militaires au
profit desquels elle avait été opérée et « les engageoit à des procez
inévitables » ; que lextrôme dissémination des biens et revenus des
établissements visés par l'acte royal en rendait la surveillance et
l'administration aussi coûteuse que dilUcile. En conséquence, le
patrimoine des maisons et congrégations énoncées à l'édit de 1672
était « désuni » de l'ordre du Mont-Carmel et de Saint-Lazare. Il
fut ordonné aux commandeurs et prieurs pourvus de ces bénéfices
de les délaisser et de remettre les titres aux personnes chargées
par les intendants de prendre provisoirement la régie de ces biens
et les fonds, droits et revenus durent être affectés à quelques-uns
des établissements hospitaliers en exercice ou tout au moins au
soulagement des pauvres delà localité. Les dispositions de cet édit
furent complétées par des déclarations et arrêts des 15 avril,
8 août, 24 août, 22 décembre de la même année 1693, et des ins-
tructions adressées aux intendants et aux évêques.
L'édit de 1693 fut précédé d'une déclaration dulSavrildelamême
année constatant la disparition « presque entière et universelle » de
la lèpre. Il ordonna que le patrimoine des maisons spéciales, établies
pour recevoir les personnes atteintes de ce mal, et l'administration
de ces hôpitaux seraient repris à l'ordre de Saint-Lazare, et que
celles de ces maisons qui conservaient encore des revenus suffi-
sants seraient érigées en hôpitaux ; les autres devaient être unis
à des établisseiaeiils bespftafiers auxquels passeraient leurs oblifa-
LES LÉPREUX ET LES LÉPHOSERIES DE LIMOGES 19
lions avec leurs immeubles el redevances. C'est ce qui parait avoir
été exécuté presque partout. A ia Révolution, il n'existait plus,
semble-t-il, d'hôpitaux de lépreux dans le royaume. Toutefois, des
colonies de mendiants patentés, point du tout aUeinls de la terrible
maladie, bien portants en général et entourés d-une nombreuse
famille, dont quelques-uns entretenaient soigneusement une affec-
tion le plus souvent bénigne, destinée à être invoquée comme un
titre de propriété, occupaient encore un certain nombre d'ancien-
nes maladreries.
I. — La lèpre et les lépreux en Limousin avant i 321
Nous ne connaissons pas de texte remontant au haut moyen âge
où il soit fait mention de Texistence de lépreux dans noire pro-
vince. A un document qui énumëre les coutumes et les charges de
Taumônerie du célèbre monastère de Saint-Martial à Limoges, et
qui parait dater du commencement du xi« siècle, il est parlé d'un
prélèvement de deux deniers opéré en faveur des lépreux, par le
titulaire de l'aumônerie, sur la somme reçue par lui chaque samedi
du chévecier et provenant sans doute du produit des offrandes
recueillies au sépulcre de Tapôlre d'Aquitaine (1). Un texte assez
curieux du carlulaire du prieuré d'Aureil rapporte qu'en 1092,
trois ans avant la prédication de la première croisade, un seigneur
du pays, Bernard de la Brugère, atteint de la lèpre, Ut construire un
oratoire qu'il dédia à la Vierge et concéda aux moines d'Aureil (3).
Dans notre pays comme dans le reste de la France, Vafifreux mal,
rare jusqu'au début du xn** siècle, apparaît plus commun à partir
de cette époque. C'est alors qu'on vil, au témoignage du prieur de
Vigeois, s'établir les premiers hôpitaux et que se formèrent les
premières communautés de lépreux (3). Les personnes affligées de
ce mal durent être aussi nombreuses en Limousin qu'en Bourgo-
gne et dans l'Ile-de-France ; car il se fonda des léproseries dans
presque toutes nos petites villes et même dans quelques bourgs.
Los infortunés à qui Dieu envoya cette cruelle épreuve se retirèrent
(1) Quorum duos (sic) denarios (sic) impùtstbantur leprosis, (A. Leroux,
E. Molinier et A. Thomas : Documents historiques concernant la Marche
et le Limousin. — Limoges, V« Ducourtieux, 1883-85, 2 vol. in-8o, tome II,
p. 18.)
(2) Bernardus de Brugera,,. Dominus dédit ei infirmitatem lèpre, (Voir
le Cariai d'Aureil, édité par M. de Seaneville dans le Bull, Soc, arch,
du Limousin, XLVIII, p. 166.)
(3) Dans Labbe, Scriptores, II, 297.
20 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IIISTOHIQUE DU LIMOUSIN
dans les ëtabiissemenls spéciaux créés pour les recevoir et aux-
quels les fondateurs consUtuèreut de pelites dotations. Ce patri-
moine, les aumônes des fidèles furent chargées de le compléter.
Dans le diocèse, ils n'y faillirent pas plus qu*ailleurs.
On possède peu de documents relatifs à la création des léprose-
ries de notre pays. Nous savons qu'à son retour de la première
croisade, Raimond I*', vicomte de Turenne, établit à Nazareth
(près Noailles), une petite roaladrerie avec un hospice pour les
pèlerins. On voit plus tard le vicomte de Limoges se donner pour
le fondateur de la Maison-Dieu de celte ville, à l'origine de laquelle
il semble à vrai dire être resté à peu près étranger. Des documents
d'archives attestent les libéralités de divers chevaliers, de divers
bourgeois en faveur des asiles de lépreux. Les seigneurs, en
somme, paraissent en Limousin, comme dans bien d'autres pro-
vinces du royaume, s'être montrés généreux pour ces hôpitaux ;
mais aucun témoignage ne nous les montre s'occupant avec une
sollicitude, avec un dévouement particulièrement affectueux, des
pauvres malades, à l'exemple de certains pieux chevaliers d'autres
provinces, et méritant cet éloge, si éloquent dans sa naïveté, qu'une
charte de 1276, relative à une léproserie du diocèse de Laon, fait
d'un seigneur de Cessé : « Il a été le pain et la provende de la
maison. »
Nous ne saurions donner ici le relevé complet des léproseries
qui furent établies dans le diocèse de Limoges. On ne le connaît
que d'une façon fort incomplète. Nous ne possédons, de ces établis-
sements, aucune liste qui remonte au moyen âge, et nous savons
d'autre part qu'un certain nombre disparurent au cours de la
guerre de Cent Ans. Ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que
presque tous les hôpitaux dépendant, au xvn<> siècle, de l'ordre de
Saint-Lazare et les petites maisons rattachées à ces hôpitaux
avaient autrefois reçu des ladres. On trouve (à la liasse n<* 4847 de
la série S, aux Archives nationales) l'énuméralion de ces maladre-
ries avec l'évaluation, pour chacune d'elles, du revenu dont elle
était encore en possession à cette époque. Nous reproduisons ici ce
relevé :
La commanderie du Saint-Esprit de Confolens (revenu : 35 livres).
La maladrerie de Confolens (même revenu).
Celle de Saint-Jacques d'Aixe (revenu : 5 livres).
Autre maladrerie à Aixe (revenu : 15 livres).
La maladrerie de Saint-Junien (revenu : 40 livres).
Celle de Saint-Léonard (revenu : 5 livres).
L'hôpital de Magnac (revenu : 12 livres).
La maladrerie de Chalus (revenu : 30 livres).
LteS Lél>REDX bt LES LEPROSERIES DE LIMOGES ^i
La maladrerie de La Magdelaine de ia ville de Limoges (revenu :
iSO livres).
L'évaluation du revenu nous parait, ici, fort inférieure à la
réalité.
Plusieurs de ces maisons avaient été déjà réunies à des établis-
sements hospitaliers de la localité et des difficultés restaient à
résoudre entre le grand-maître de Saint-Lazare et les évéques,
\ilies et communautés. Les maladreries qui avaient été données à
l'ordre et dont celui-ci avait pris possession lui furent retirées
après redit de 1693 dont nous avons eu occasion de signaler plus
haut la teneur. Une très petite partie seulement des archives de
ces maisons nous a été conservée.
La liste que nous fournit la liasse S, 4847 (1), précieuse du reste
à plus d'un titre et à laquelle nous aurons souvent à recourir pour
cette étude, est loin, on le pense bien, de comprendre toutes les
léproseries du diocèse. Le nombre de ces établissements avait été,
on n'en peut douter, considérable aux xu"* et xui* siècles, et divers
documents nous renseignent avec plus ou moins de précision sur
le compte de plusieurs d'entre eux. Mais sur la plupart, nous ne
savons à peu près rien. Il serait pourtant d'un grand intérêt de
posséder, avec un relevé complet des maisons de lépreux, un
aperçu de leurs ressources, de leur organisation, des relations qui
existaient entre elles. D'une seule, la Maison-Dieu de Limoges, il
nous a été conservé des archives d'une certaine importance (2).
Le grand Fouillé historique du diocèse, dit Fouillé rayé, que
nous devons à l'abbé Nadaud, curé de Teyjac, mort en i775, et
dont M. le chanoine Lecler vient de donner une édition com>
plètc (3), ne mentionne pas moins de quarante et un établissements
(1) Cette liasse, outre les états d'anciennes maisons hospitalières
et une procédure volumineuse relative à la léproserie de la Maison-Dieu
de Limoges, comprend des documents relatifs à l'hôpital de Baudac,
près Malemort, remis en 1676 aux chevaliers du Mont-Carmel et de
Saint-Lazare, — à la maladrerie de La Vinadière, aux hôpitaux de Saint-
Priest-sous-Aixe, d'Uzerche et au prieuré de Saint-Gérald de Limoges.
En ce qui concerne la Maison-Dieu, ces documents sont très heureu-
sement complétés par ceux du fonds de cet établissement, inventoriés
en 1887 par M. A. Leroux (série H suppl.).
(2) Voy. la note précédente.
(3) Tome LUI du Bulletin de la Société archéologique et historique du
Limousin.
T. LV 2
22 SOCIÉTÉ AUCIléOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
hospitaliers, qualifiés de « léproserie » ou de « maladrerie » (i),
daus rétendue de Tancien diocèse de Limoges. Nous en donnons
la liste, en y ajoutant, précédés d'une astérisque, sept maladreries
qui n*y figurent pas ou n*y sont pas données pour telles, et dont
Texistence nous est connue par ailleurs :
1. Limoges : Notre-Dame des Arènes, léproserie vers 1200. —
2. Montjauvy, léproserie vers 1200. — 3* Saint- Jacques du Mas-
bianc, léproserie en 1212. — 4. La Maison-Dieu, léproserie en 1224.
(Nous verrons plus loin qu'elle a été fondée vers 1160). Devait une
pension à la commanderie de Saint-Lazare de Périgueux. — 5* Aixe
(chef-lieu de canton de Tarrondissement de Limoges, Haute-Vienne) :
infirmerie ou malatie de Sainte-Madelaine, 1492 ; église des lépreux,
1260. —6. Maladrerie de Saint- Jacques, chargée de 5 livres de rente
à la commanderie de Périgueux (2). — 7* Ambazac (chef-lieu de
canton, arrondissement de Limoges, Hau te- Vienne) : maladrerie de
fondation royale, d'après les pouillés généraux, et pourvue par le
grand aumônier. — 8. Anzéme (commune du canton de Saint-Vaury,
arrondissement de Guéret) : maladrerie de fondation royale, pourvue
(1) Nous ne comprenons pas, dans ce relevé, les hôpitaux simple-
ment qualifiés de « maison- Dieu », <( infirmerie », « malatie », quand,
des indications du Pouillé, il ne résulte pas qu'ils ont servi d*asiles à
des lépreux.
(2) Il semble (à moins qu'il ne se soit glissé dans le Pouillé et dans
certains documents qui nous ont passé par les mains de très grosses
erreurs), que sur Tancien territoire dépendant du prieuré de Tarn, il
n'ait pas existé moins de trois maladreries : celle qui est appelé « infir-
merie de Sainte-Madelaine » au xv* siècle et à laquelle Nadaud, peut-
être sans raison sérieuse, rapporte la mention « église des lépreux »,
relevée par lui à un acte de 1260; la « maladrerie de Saint-Jacques-le-
Majeur, dont la chapelle fut interdite en 1741 (une des deux devait avoir
été unie au prieuré de la Maison-Dieu et aumônerie de la ville d'Aixe
qui avait un recteur dès 1250, et dépendait de Tabbé de Saint-Martial,
mais payait une pension de 15 livres à la commanderie de Périgueux).
La troisième, dite des (^hambourets, en 1634, payait 5 livres au comman-
deur de Périgueux. Cette dernière est certainement la « maladrerie de
Chambouret, paroisse de Fars, en Limousin», mentionnée par M. Roger
Drouault dans la brochure signalée plus bas. Toutefois, on ne peut pas
ne pas être frappé d'une particularité qui semble de nature à faire croire
à une confusion de la part de l'auteur du Pouillé. La maladrerie des
Chambourets est sous l'invocation de sainte Madelaine et de saint Jac-
ques. Or, nous avons vu que sainte Madelaine était donnée par Nadaud
comme la patronne de la première des maladreries ci-dessus mention-
nées, et saint Jacques le Majeur comme le patron de la seconde.
LES LBPREOX ET LES LEPlIOSERtES DE LtMOÔES ki
par le grand aamônier. — 9. Aobussoin (cheMieu d*arrondissemenl),
inaladrerie de fondation royale, pourvue par le grand aumônier. —
10. Beaune (commune du canton d'Ambazsc» près Limoges) : mala-
dreriede fondation royale, à la nomination du grand aumônier, peut-
être à La Mazelle originairement. — H.Bénéyent (chef-lieu de
canton, arrondissement de Bourganeufj : maladrerie de fondation
royale,pourvue parle grandaumônier. — 12. BoNNEFONT(communedu
canton de Bugeat, arrondissement d'UsselJ : maladrerie en 1406. —
13. Brive (chef-lieu d'arrondissement) : maladrerie sous Tin voca-
tion de Notre-Dame Majeure ou la Grande. L'évoque et les consuls
y pourvurent comme co-seigneurs. — 14*. Brivezac (commune du
canton de Beaulieu, arrondissement de Brive) : maladrerie de fon-
dation royale, p. Grand Aumônier. — 15. Chalus (chef-lieu de
canton, arrondissement de Saint-Yrieix) : maison-Dieu ou hôpital,
1292, 1407, 1459, dite léproserie ou malalie, 1539, 1549, pension
de 40 livres à la commanderie de Périgueux. — 16. Champsac (com-
mune du canton d'Oradour-sur-Vayres, arrondissement de Roche-
chouart) : infirmerie des lépreux, 1274. — 17*. CHASSENori (commune
du canton de Chabanais, arrondissement de Confolens). —
18. Ghateauponsac (chef-lieu de canton, arrondissement de Bellac),
maladrerie de fondation royale, 1648; p. Grand Aumônier. —
19. (loMBRAiLLB (commuue de Viersat, canton de Ghambon, arron-
dissement de Boussac) : maladrerie de fondation royale, p. Grand
Aumônier. --20*. Confolens (chef-lieu d'arrondissement) : aumô-
fierie ou préceptorerie du Saint-Esprit : 1542, 1490 ; revenu : 60 li-
vres, 10 livres de pension à la commanderie de Périgueux. —
21. Feix, maladrerie 1595 (1). —22. Le Dorat (cheMieu de canton,
arrondissement de Bellac) : la Maison-Dieu, 1513; maladrerie de
fondation royale, p. Grand Aumônier. — 23. La Jo?«cnÉRE (com-
mune du canton de Laurière, arrondissement de Limoges) : mala-
drerie, 1510; prieuré ou aumônerie sous l'invocation de la Sainte-
Vierge, auquel l'évêque aurait pourvu dès 1371. — 23. Le Lonzac
(commune du canton de Treignac, arrondissement de Tulle) : mala-
drerie de fondation royale, p. Grand Aumônier. - 24. Lubersac
(chef-lieu de canton, arrondissement de Brive) : maladrerie de
fondation royale, 1673, p. Grand Aumônier. — 25. Lussac-les-
Eglises (commune du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles, arron-
dissement de Bellac) : maladrerie, sur les hôtes de laquelle un
excellent mémoire de M. Roger-Drouault fournit les plus curieux
(1) Voir Alfred Leroux, Introduction à V Inventaire des Archives
de la Haute-Vienne. Limoges, D. Gély, 1884-87, p. xxxvii.
24 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGlQUE ET RISTORIQUB DU LIMOCSlN
renseignements {Comment finirent les lépreux, extrait du Bulletin
historique et philologique. Imprimerie Nationale, 1903). — 26. Manog
(commune du canton nord et arrondissement de Conrolens) : mala-
drerie ruinée, 1465. — 27. Magnag-Layal (chef-lieu de canton,
arrondissement de Beliac) : maladrerie de fondation royale, p. Grand
Aumônier ; probablement celle unie à un autre hôpital en 1695 (1).
Pension de 12 livres au commandeur de Périgueux. — 28. Heymac
(cheMieu de canton, arrondissement d'Ussel) : maladrerie de Saint-
Roch, chapelle agrandie en 1633. — 29. La Meyze (commune du
canton de Nexon, arrondissement de Saint- Yrieix) : maladrerie de
fondation royale, p. Grand Aumônier. — 30. Nazareth (partagé
entre les communes de Jugeais, canton de Brive, et de Turenne,
canton de Meyssac, arrondissement de Brive) : léproserie fondée
par Raymond I de Turenne ; prieuré sous le patronage de la
Nativité de la Vierge et de Sainte-Madeleine, passait pour une des
premières léproseries établies dans le pays. L*abbé de Souillac
y pourvoyait. — 31. Nontron (chef-lieu d'arrondissement) : mala-
drerie^ 1488, sous l'invocation de Sainte-Madeleine. Permission de
démolir la chapelle en 1744. — 32. Oradour-sur-Glane (commune
du canton de Saint-Junien, arrondissement de Rochechouart) :
maladrerie de La Fauvette, 1513, 1585, dont le chapitre de Saint-
Junien a les rentes. Il est probable que celte maison est la même
que le prieuré, préceptorerie ou aumônerie, d'une certaine impor-
tance, du même nom, puisqu'il était taxé à 385 livres de décimes ;
sous l'invocation de saint Marc et sainte Catherine. Le prieur de
la Maison-Dieu de Montmorillon y pourvoyait. — 33*. Pierreblf-
FiÉRE (cheMieu de canton, arrondissement de Limoges) : La Malatie,
qui avait un cimetière en 1595; parait avoir été une léproserie (2).
— 34. La Porcherie (commune du canton de Saint-Germain-les-
Belles, arrondissement de Saint-Yrieix) : maladrerie de fondation
royale, p. Grand Aumônier. — 35. Boussines (commune du canton
de Montembœuf, arrondissement de Gonfolens) : aumônerie ou
matodrew? L'évéque en était patron. — 36. Saint-Chamant (com-
mune du canton d'Argentat, arrondissement de Tulle) : léproserie
en 1313. — 37. Saint-Jean-Ligoure (commune du canton de
Pierrebuffière, arrondissement de Limoges) : maladrerie avec
cimetière, 1574. — 38. Saint-Junien (chef-lieu de canton, arron-
(1) Voir A. Leroux, L'hôpital de Magnac-Laval, dans le BulL Soc.
arch,, XXVIII, p. 156.
(2) M. Alfred Leroux la mentionne comme maladrerie, au relevé
d'hôpitaux qu'il donne à Tintroduction de V Inventaire des Archives
hospitalières de la Haute- Vienne, déjà cité.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 25
disseroent de Rochechooarl) : tnaladrerie des lépreux, 13S0.
L'évéque permit, en 1497, d'y construire une chapelle pour que les
malades puissent recevoir les sacrements de la main de leur propre
aumônier. La maison ou plutôt la chapelle était sous Tinvocation
de sainte Elisabeth et devait 20 livres de pension à la comman-
derie de Périgueux. En 1S06, un damoiseau, nommé Léonard
Sarrazi, pourvut à trois places. — 39. Saint-LauAent-sur-Gorre
(chef-lieu de canton, arrondissement de Rochechouart) : infirmerie
de lépreux en 1340; probablement la même que la « malatie »,
où, dans son testament, daté de 1316, Simon, vicomte de Roche-
chouart, ordonna de bâtir une chapelle dans le cimetière. Sous
rinvocation de saint Mathurin. Unie à l'hôpital général de Limoges.
— 40. Saint-Léonard (chef-lieu de canton, arrondissement de
Limoges) : tnaladrerie des ladres blancz, 1599; « maladrerie des
lépreux », 163.5, devait S livres à la commanderie de Périgueux.
— 41. Saint-Oradour-de-Chirouze (commune du canton de La
Courtine, arrondissement d'Aubusson) : maladrerie de fondation
royale. Le Grand Aumônier pourvoyait. — 42. Saint-Paul-d'Eyjeaux
(commune du canton de Pierrebuffière, arrondissement de Limoges) :
maladrerie de fondation royale, p. Grand Aumônier. — 43. Saint-
Sulpice-les-Rois (commune du canton de Heymac, arrondissement
d'Ussel) : maladrerie, 1560. — 44. Solignac (commune du canton
sud et arrondissement de Limoges) : léproserie. — 45. Tarn (com-
mune et canton d'Aixe, arrondissement de Limoges) : maladrerie
de Chambourets, chapelle sous l'invocation de saint Jacques et
sainte Madeleine (1), démolie vers 1750. Elle avait été unie à
Tordre de Saint-Michel, mais payait 5 livres de pension à la
commanderie de Saint-Lazare de Périgueux. — 46. Tulle : lépro-
serie près Tulle, 1356. — 47*. Uzerche (chef-lieu de canton, arron-
dissement de Tulle) : le Fouillé ne mentionne pas de maladrerie
dans celle ville ; mais le nombre considérable de lépreux qui
existait en 1321 sur le terriloire de la justice ne permet pas de
douter que Uzerche en possédai. La léproserie de Las Corsarias
(nous n'avons pu identilier ce nom) où on enferma, après les
exécutions, les malades survivants ne pouvait pas être très éloignée
(le la ville. — 48*. La Vinadiére (commune de Soudaine, canton de
Treignac, arrondissement de Tulle) : l'existence d'une maladrerie
est signalée, par une pièce de la liasse S 4847 des Archives natio-
nales, dans cette localité, siège dès 1285 d'une commanderie de
Tordre du Saint-Sépulcre (chapelle sous le vocable de saint Jean).
(1) Voir plus haut ce qui est dit d'Aixe, n^ 5 et 6.
26 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Le roi, qui y pourvoyait au wi" siècle, s'en démit en 1625 en faveur
de Tordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Ainsi, le diocèse de Limoges ne possédait pas moins d*une cin-
quantaine de maisons de lépreux. Peut-être conviendrail-il d'ajouter
à cette liste les nombreux prieurés et bénéfices qui relevaient de
la Maison-Dieu de Monlmorillon, une des léproseries les plus
richement dotées du royaume et dont plusieurs figurent à des états
de décimes dues par d^anciens hôpitaux du diocèse au commence-
ment du seizième siècle. Citons Notre-Dame d'Angelard, près
Compreignac ; Saint-Jean d'Aurivaux ou de Rivaux, près Fresse-
lines; Sainte-Madeleine de Bagnoux, près Fromental ; Saint-Gosme
et Saint-Damien de Chasseneuil, près Rançon; Saint-Jacques de
Chiroux, près La Chapelle-Taillefer ; Saint- Vincent d'Hérue, près
Saint-Léger-Magnazeix ; Sainte-Madelaine de La Plagne, près
Tersannes ; Sainl-Jean de Poulignac, près Nailhac ; Sainte-Made-
laine de Verrines, près La Bussière-Saint-Georges; Saint-Jean-du-
Vieux Bost, près Droux. (La Fauvette, une autre dépendance de
Montmorillon, expressément qualifiée léproserie, figure au relevé
ci-dessus). Enfin, il y a quelque raison de croire que la Maison-Dieu
de Saint-Priest-les-Ollières (Sainl-Priest-Taurion), un des hôpitaux
de Felletin, et plusieurs des commanderies, prieurés ou précep-
tories de Tordre de Saint-Antoine de Viennois, de Tordre du
Temple et de celui de Saint-Jean de Jérusalem, ont reçu des lépreux,
du moins à certaines époques.
Les personnes imbues de certains préjugés de Téducation con-
temporaine doivent éprouver une vérilable stupéfaction en recon-
naissant le développement merveilleux qu'avaient pris au moyen-âge
les œuvres hospitalières : en conslalant, par exemple, que, dans le
diocèse de Limoges, on comptait plus de cent cinquante maisons
de secours : léproseries, malalies, infirmeries, aumôneries, hôpi-
taux de tout genre.
L^obligation imposée aux paroisses, dans certains pays, de Tournir
aux lépreux une maison et le mobilier nécessaire, existait elle en
Limousin ?Nous ne saurions le dire. Les chrétiens avaient de toute
évidence la conscience des devoirs qui leur incombaient vis-à-vis
(les malheureux sevrés par la maladie du commerce de leurs sem-
blables. Mais les lois ecclésiastiques ou la coutume avaient-elles
établi à cet égard des obligations précises? On ne trouve rien qui
y fasse allusion, soit dans les statuts synodaux, soit dans les
autres documents que nous avons pu consulter. En tous cas, les
traditions et habitudes de la contrée n'avaient certainement pas,
comme les coutumes de Lille et du Hainaut, et celles de plusieurs
provinces du nord-est, poussé la prévoyance jusqu'à déterminer
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 27
exactement la composition du mobilier dont chaque lépreux devait
être pourvu aux frais de la communauté des habitants. Il ne nous
semble pas sans intérêt de donner ici TénumératioD de ce mobilier,
d'après le Rittiel de Réginald, archevêque de Reims.
Le reclus devait recevoir, outre la jouissance d'une maison et
d'un puits particulier, « un lit estoffé de couette, coussin et couver-
ture, deux paires de draps, une hache, une; escrin fermant à clef,
une selle, une lumière, une poêle, un aiodier (alandier?), des
escuelles à mangier, ung bassin, un pot a mectre cuire la chair,
une tartarelle, souilliers, chausses, robe de camelin, une housse et
un chaperon de camelin, deux paires de drapeaux, ung baril, un
entonnoir, une courroie, ung coustel, une escuelle de bois » (i).
Les lépreux vivaient à part ; mais, sauf au cours de certaines
périodes où des mesures de rigueur presque générales furent prises
à leur égard, ils ne furent, pas plus en Limousin qu'ailleurs, tenus
dans un état complet et permanent de réclusion. Il semble qu'ils
aient toujours, les moins malades, eu la faculté de sortir de leurs
hôpitaux moyennant certaines précautions. A la fin du moyen âge,
tout au moins, ils ne sont nullement considérés comme exclus
pour toujours du monde et ne faisant plus partie de la société.
Nous les voyons figurer parmi les bienfaiteurs de nos communautés
et de nos confréries ; ils testent et fondent des anniversaires (2) ;
ils conservent aux xiv* et xv* siècles,la libre disposition de leurs biens
personnels et jouissent de tous leurs droits civils. En 1306, les
prêtres communalistes de Saint-Pierre-du-Queyroix réclament à un
lépreux de la maladrerie de Saint-Jacques de Limoges, du nom de
Barbarin ou Barbary, la moitié de la dime d'une terre lui apparte-
nant (3). Un acte de 1469 contient une donation faite par un malade
de la Maison-Dieu de la même ville, Jean Davino ou Davineau, à
un de ses cousins (4). Un lépreux du même établissement, Mayet
Rigault, prêle, en 1484, de l'argent à un cultivateur du Mas-
Blanquet (5). En décembre 1517, Etienne Le Pelletier, lépreux de
(i) Cité par Guillouard, Etude sur la condition des lépreux, etc.
(2) Nous en rapporterons plusieurs exemples, tirés notamment de la
liève de la confrérie de La Courtine.
(3) Dictum Barbari, leprosurn de in fir maria sancti Jacohi (Arch.
Haute-Vienne, communauté de prêtres de Saint-Pierre, résidus divers).
(4) Arch. nationales, S 4847.
(5) Die ultima mensis julii, anno Domini millesimo CCCC"*^, octuage-
simo quarto, Mathelinus Guilhot, agricultor loci deu Masblanquet,
parrochie sancti Jacohi,,. recognovit debere bene et légitime Mayeto
Rigault, leproso Domus Dei Lemovicensis, presenti, quinquaginta quinque
28 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
la Maison-Dieu, consent une subrogation à un boucher d*Aixe (t).
M. DrouauU cite plusieurs exemples d*actes de ce genre souscrits
par les ladres de Lussac-les-Eglises et montre même ces dernicrrs
désignés comme collecteurs on 1747, 1752, 1768 par leur voisins (2).
On voit par ce qui précède que la condition des hôtes des maia-
dreries, dans notre pays, ne ressemblait en rien à celle faite à ces
malheureux par les coutumes ou la législation de certaines pro-
vinces, de certaines localités, de Ciermont-en-Beauvoisis, par
exemple, où, on Ta vu plus haut, ils étaient frappés de mort civile
absolue.
Beaucoup de lépreux, parmi ceux atteints de la maladie blanche
surtout, et qui n'avaient pas éprouvé de mutilation grave, exerçaient
une profession manuelle et ajoutaient le produit de leur travail aux
ressources que leur assuraient leur infirmité et leur qualité de
pensionnaires d'un hôpital spécial. Beaucoup sont tisserands;
quelques-uns vanniers, cordonniers ou tailleurs d'habits. Il est
question dans plusieurs actes des xiv* et xv^ siècles, de ces lépreux
artisans, et les personnes qui font des legs aux malades des lépro-
series stipulent parfois que ceux exerçant un métier n'auront point
de part à leurs libéralités. Nous trouvons notamment cette clause
ej^presse dans le testament d'un ecclésiastique de Limoges, Pierre
de Saint-Paul (3). L'acte est daté de 1303.
Il faut toutefois noter que les individus affligés de la lèpre ont
toujours été exclus du ministère sacerdotal. Les statuts synodaux
du diocèse interdisent de les admettre aux ordres sacrés et dis-
posent que, si un prêtre contracte cette maladie, il doit sur le
champ cesser la célébration du saint sacrifice et en référer à son
évéque, qui avisera (4). Il est vraisemblable que les ecclésiastiques
se trouvant dans ce cas étaient placés dans une maladrerie, ou ils
pouvaient donner une aide utile aux prêtres attachés à l'établisse-
ment.
solidos nionete nunc currcntis eidem Mayeto debilos causa et racione et
ex reslo majoris summe sihi debilo, etc. (Archives Ilaule-Vieune, No-
taires, no 5.35i prov., fol. 310 v*»).
(1) Sfephanus Le Pelletier (Hôpital, III, B 8).
(2) Comment finirent les lépreux, p. 10, ouvr. déjà cité.
(3) Lego cuilibet leproso castri et civitatis Lemovicensis duos denarios,
exceplis artificibus (Arch. Hôpital Saint-Gérald, divers).
(4) Non présumant,., patientes lepram venire ad ordines sacros, —
Si quis presbiter fuerit,,. leprosus, ulterius non celebret episcopo incon-
sulto, qui ei, ut melius erit, providebit. Statuts de Philippe de Montmo-
rency, 1519 (Leroux, Molinier et Thomas, Documents, t. I, p. 315, 316}>
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 29
UEglise, nous Tavons dit, s'occupait des lépreux avec une solli-
cilode toute particulière. Elle travaillait à leur procurer Tassistance
matérielle aussi large que possible; mais elle s'efforçait surtout de
les moraliser et de les consoler. Elle leur recommandait la patience
et la résignation et cherchait à leur faire envisager tout le mérite
de leur sacrifice, s'ils acceptaient, dans des sentiments chrétiens,
l'épreuve que Dieu leur avait imposée. Ces pensées, que saint
Louis suggérait au pauvre frère Ligier, si cruellement éprouvé, nous
les trouvons exprimées dans beaucoup de documents ayant trait
aux maladrcries et à leurs habitants, en particulier dans les lettres
d'admission des malades aux léproseries.
Peut-être dans la période durant laquelle la maladie avait pris
un soudain et redoutable développement, les personnes atteintes
de la lèpre s'étaient-elles vues soumises à une séquestration com-
plète, à un véritable emprisonnement, et leur séparation d'avec le
reste de la société avait-elle été en Limousin accompagnée du
lugubre cérémonial consacré dans beaucoup de provinces. Nous
n>n avons pas la preuve certaine; mais il n'est pas invraisemblable
que les usages que nous trouvons établis dans plusieurs diocèses
voisins, ceux de Clermonl-Ferrand et de Saint-Flour, par exemple,
aient été en vigueur dans le diocèse de Limoges. Dans les rituels
de l'église de Clermont, de celles de Reims, de Chartres, de
Bayeux, etc., les cérémonies et les formules de prières concernant
les lépreux, sont à peu près les mêmes. C'est à l'autorité diocésaine
qu'il appartenait de prononcer la « séparation ». Les rites religieux
que comportait Texéculion de cet arrêt étaient analogues à ceux
des obsèques. Après l'épreuve, c'est-à-dire la constatation des
signes principaux et caractéristiques de la maladie sur le corps de
l'intéressé, le juge ecclésiastique, l'ofQcial rendait une sentence
par laquelle il déclarait que la personne suspecte ayant été reconnue
atteinte de la lèpre, serait séquestrée de la société des autres
hommes. Le clergé de la paroisse était avisé et chargé de présider
à la séparation, aux conséquences matérielles et financières de
laquelle les fabriciens, syndics et l'assemblée paroissiale avaient
ensuite k pourvoir; au jour fixé, il allait processionnellement, pré-
cédé de la croix, chercher l'infortuné à son domicile, faire en
quelque sorte la levée du corps. Le lépreux était conduit à l'église
au son des cloches tintant le glas, escorté de ses parents et de ses
amis, qui une dernière fois lui faisaient cortè<7C. Devant Tautel un
drap mortuaire était tendu sur deux tréteaux. Le malade s'agenouil-
lait soit en avant du poêle, soit entre les tréteaux sous l'espèce de
30 sociéré archéologique et historique du limousin
tente que formait le drap et entendait dévotement la messe (1).
On c<^lébrait roflfice des morts et c'était à ses propres obsèques
qu'assistait le malheureux. Fient exequiœ mper eum, disent dans
leur précision terrible les statuts de Téglise de Toull (2). Puis le
clergé accompagnait le lépreux à la maisonnette où il devait être
renfermé ou à la maladrerie dont il allait devenir l'hôte. La croix
et les prêtres précédaient le reclus. Arrivés à la triste demeure où
celui-ci devait passer le reste de ses jours, le curé bénissait la
maison, Taspergcait d'eau bénite, puis adressait au lépreux une
courte allocution dans laquelle il l'exhortait à la patience et à la
résignalion, l'engageait à accepter ses souffrances et son isolement
pour le salut de son àme. Il ajoutait certaines recommandations qui
n'étaient pas partout identiques, mais qui offraient certainement
peu de variantes d un diocèse à l'autre ; car le code d'hygiène et
de police à l'usage des lépreux parait avoir été presque partout le
même. Nous donnons le texte de ces avis, d'après le rituel de
l'église de Verdun, où tout le cérémonial que nous venons de
rappeler était encore observé au xvi* siècle :
c< Mon ami, je te défends que jamais tu n'entres en église ou
moustier, en foyres, en molins, en marché, en en compagnie de gens.
» Je te défends que ne voises point hors de ta maison, sans ton
habit de ladre, afin qu'on te connaisse, cl que tu ne voises point
deschaux.
» Je te défends que jamais lu ne laves tes mains ni autre chose
d'entour toi en rivage ni en fonlaine ni que lu boives; et si lu veux
de l'eau pour boire, puise en ton baril, en ton escuelle.
» Je te défends que tu ne louches a chose que tu marchandes ou
achetés, jusqu a tant qu'elle soit tienne.
» Je te défends que tu n'entres point en taverne. Si tu veux du
(1) Eu 1490, on trouve encore dans le Manuel des curés des diocèses
de Clermont-Ferrand et de Saint-Flour le détail de ces cérémonies sous
le titre expressif : De modo separandi leprosos. En voici quelques pas-
sages que le Glossaire de Du Cange reproduit au mot Leprosi :
In ecclesLi, ante altare, pannus niger, si habeaiur, supponatur duobus
Iralellis disjunctis et juxta siel infirmus, genibus flexis, inter trelellos ;
subtus ponitur, simililudinem mortui gerenSy quamvis vivat corj)ore et
spiritu, Deo donante.,. Et sic ibi dévoie missam débet audire, etc.
(2) Ces statuts indiquent notamment tous les détails de la cérémonie
solennelle qui doit être célébrée pour la « séparation » d'un chanoine
atteint de la lèpre. Une messe de requiem est chantée. Le chanoine y
assiste en surplis. Il quitte Téglise, porté sur un chariot devant lequel
piarche un clerc portant la croix, etc.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 31
irin, soit que tu l'achetés oa qu'on te le donne, fais-le entonner en
Ion baril.
» Je te défends que lu ne habiles a autre femme que la tienne.
» Je te défends que si lu vas par les chemins el que tu encontres
aucune personne qui parle a toi et Tarraisonne, que tu te mettes
au-dessous {sic) (1) du vent ».
Le prêtre jetait encore quelques gouttes d'eau bénite sur le
lépreux el sur sa demeure ; puis le clergé s'éloignait, suivi de la
foule, qu'avait profondément impressionnée la lugubre cérémonie.
Le malheureux restait seul, comme un naufragé dans une île
déserte. L'afTreuse « séparation » commençait.
n esl impossible de n'être pas frappé de la complète analogie
des cérémonies que nous venons de rappeler avec celles usitées
à Limoges aux xvi® el xvn« siècles pour l'inslallation de la recluse
des Arènes, sorle d'orante officielle, de victime volontaire ayant
accepté, sollicité même du Consulat la mission ou pour mieux
parler, la fonction d'appeler, par ses prières et ses sacrifices,
les bénédictions de Dieu sur la ville, el investie de cerlains privi-
lèges, dotée de certaines redevances par les magistrats municipaux.
C'est la même pensée qui domine les rites des deux cérémonies,
c'esile même appareil funèbre et les mêmes prières liturgiques.
lAi prêtre va prendre à son domicile la recluse comme le lépreux.
Vêtus l'un et l'autre d'habillements de deuil, tantôt noirs, tantôt
blancs, ils suivent l'ecclésiastique à l'église, accompagnés de leur
famille, de leurs voisins et de la foule des fidèles. Les Consuls, en
robes et en chaperons rouges, précédés des capitaines et valets de
la maison commune, marchent auprès de la recluse et assistent à
la cérémonie. La messe des morts est célébrée. L'acteur principal
(lu drame, recluse ou lépreux, l'entend, placé sous le poêle mor-
tuaire et prosterné au devant du chœur à l'endroit même où on
pose les cercueils pour les bénir. Puis le cortège funèbre se
reforme pour conduire le reclus forcé ou volontaire, à l'abri qui
sera sa dernière demeure en ce monde. Le prêrre adresse aux deux
morts vivants des exhortations semblables et jette sur eux et leur
maison de l'eau bénite comme on en jette sur un cercueil.
On peut se demander si la recluse qui occupait aux xiv**
et XV' siècles une cellule ménagée dans les ruines de Tancien
amphithéâtre, n'avail pas remplacé un lépreux ou une lépreuse,
^i) Le sens est bien clair : le lépreux ne doit pas se placer «au-dessus
du vent », c" est-à-dire de façon à ce que son interlocuteur soit sous Iç
vent, par rapport au mezel.
(
32 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
surtout si on considère que Termitage existant à Montjauvy et
qu'liabilail dans les mômes conditions un autre reclus volontaire
avait été, à Torigine, une maladrerie, s'il faut en croire l'auteur
du Pouillé du diocèse, auquel nous avons eu déjà plus d'une fois
recours. On irouve mention, vers 1180, d'une maison de malades ou
d'infirmes située dans le jardin de la cure de ce bourg, qu'avait
rendu célèbre le miracle de la guérison des Ardents en 994, et
cet établissement est, vingt ans plus tard, catégoriquement désigné
sous la dénomination de léproserie (1).
Quant à l'existence d'une maison hospitalière auprès des ruines
de l'amphithé&tre romain, elle est établie par de nombreux textes.
Cette maison, placée sous le patronage de saint Jacques, parait de
fondation fort ancienne et les évéques avaient, d'après une infor-
mation de 1760^ pourvu aux dépenses de son établissement. Elle
ne fut pas seulement, comme on Ta dit quelquefois, un hospice
pour les pèlerins; car il est parlé, en 1239, du précepteur « des
pauvres de l'hôpital des Arènes » (2). Elle porte, dès les premières
années du xiu* siècle, la dénomination d'hôpital (3). Erigée
en prieuré, on ne sait à quelle époque, elle subsista jusqu'en 1761,
date à laquelle son titre fut éteint, et ses revenus (200 livres,
charges déduites) unis à Tévéché. L'immeuble avait été acquis,
dès 1659, par les religieuses réformées de Sainte-Glaire. L'aumô-
nerie des Arènes figure, au xvi* siècle, sur un étal d'anciens
hôpitaux soumis aux décimes et dépendant de l'ordre de Saint-
Lazare ou revendiqués par cet institut (4); ce qui tend à nous con-
firmer dans l'opinion que Saint-Jacques était le « résidu », suivant
l'expression consacrée, d'une ancienne léproserie (5).
Nous ne sommes pas éloignés de croire qu'à une époque reculée
une autre léproserie fut établie à Saint-Lazare, dans la banlieue de
Limoges, probablement sur le bord de la petite rivière d'Auzette,
qui déverse un peu plus bas ses eaux dans la Vienne, en aval do
la ville. Nous ne connaissons aucun document de nos archives
fournissant une preuve catégorique de l'existence de celte lépro-
serie; et l'abbé Nadaud, dans son Pouillé, ne signale aucune note
de nalure à corroborer notre opinion. Mais il faut noter que la
(1) Nadaud, Mémoires manuscrits, à la Bibliothèque des Sulpiciens
et Pouillé rayé, édition A. Lecler, p. 187.
(2) Arch. de Thôpitel, D 4, p. 233.
(3) Lbgros, Essais historiques sur la ville de Limoges.
(4) Arch. nationales, S 4847.
(5) Cf. VInvent. des Arch. dép, (série G, n^* 42 et 43), que M. Louis
Guibert n*a pu connaître [A. LJ.
LES LÉPREUX ET LES LèPROSERtES DÉ LIMOGES 3^
chapelle de Saint-Lazare figure, comme le priearé des Arènes, au
relevé d'hôpitaux et anciens élablissements d'assistance cité plus
haut.
A partir des premières années du xm« siècle seulement, nous
possédons des documents d'une certaine importance concernani
les léproseries de Limoges. A cetle époque, deux asiles de ce genre
subsistent encore et sont ouverts aux malades, tous les deux
sur la rive droite de la Vienne, au bord du même cours d'eau, le
ruisseau d'Aigueperse, l'un situé au pied des murailles de Tabbajc
de Saint- Augustin, sur le bord du très ancien chemin se dirigeant
vers le Palais, Sainl-Priest-Taurion et Saint-Léonard; l'autre, dis-
tant de quelques centaines de mètres seulement du premier et
construit sur un carrefour fréquenté, non loin de l'abbaye de
Saint-Martin, de l'église de Saint-Paul et des granges Poyllevé.
Le second de ces hôpitaux a toujours porté la dénomination de
Haison-Dieu; le premier est connu sous le nom de maladrerie de
Saint-Jacques du Masblanquet ou des Gasseaux.
U. — [m persécution contre les lépreux dans la province.
Décadence de nos léproseries.
Nous avons raconté plus haut les persécutions dont les lépreux
furent l'objet en France et dans plusieurs autres royaumes, au
cours du XIV* siècle. On sait peu de chose des faits qui signalèrent
en Limousin cette période agitée et assez mal connue de notre
histoire. Il est possible néanmoins de se faire une idée, diaprés
les indications fournies par un petit nombre de documents, de ce
qui se passa à cette époque sur quelques points au moins de notre
province. On peut s'étonner, vu le caractère de ces événements et
l'impression profonde qu'ils durent produire sur le public, d'en
recueillir aussi peu d'échos. En vain nous avons cherché la trace
des mesures prises spontanément par les évoques contre les
lépreux. On sait qu'en 1010, Hilduin, qui occupait alors le siège
de saint Martial, chassa les Juifs de son diocèse. Mais les usures
qu'on avait alors à leur reprocher n'avaient aucun rapport avec
les crimes dont on les accusa plus tard ; en tout cas on ne voit pas
que les lépreux aient été, en quoi que ce soit, mêlés à cette affaire.
On imputa plus tard à ces derniers des forfaits exécrables. C'était
une croyance fort répandue, et le curieux roman d'Amis et Amile
en fait foi, que l'affreuse maladie pouvait être guérie par des
bains de sang humain, et que le sang des enfants surtout avait une
vertu merveilleuse. La chose se disait et s'écrivait couramment.
34 SOClÊrè AnCHéoLOGiQUE ET inàTORlOOE DU LtMOÛSlM
De là à accuser les personnes infectées de ce mal d'enlever des
enfants pour les immoler, il n*y avait pas loin. Des rumeurs mysté-
rieuses couraient donc à ce sujet; mais elles ne rencontraient pas
créance partout. Sur quelques points seulement* à la suite de faits
particuliers, ces bruits purent prendre consistance et soulevèrent
le peuple contre les lépreux.
Genx relatifs à un vaste complot pour Tempoisonnement des
eaux furent plus aisément et plus universellement accueillis. L'ima-
gination populaire vit partout les lépreux, qu'on rencontrait vaga-
bondant et mendiant dans les campagnes, s'approcher en cachette
des sources et des puits pour y jeter les drogues infernales qu'ils
avaient préparées et qui devaient donner la mort à tons les
« chrétiens ». Le continuateur de la chronique de notre Gérard de
Frachet assure avoir examiné de ses propres yeux ce poison dans
une petite localité du Poitou: une lépreuse passait par là; craignant
d'être prise, elle jeta un petit paquet qu'elle portait enveloppé
dans un linge. Ce paquet fut aussitôt ramassé et montré à la
justice. On y trouva la léle d'une couleuvre, les pieds d'un crapaud
et quelque chose qui parut être des cheveux de femme, oints d'un
liquide noir et infect (1).
On a vu à un des chapitres précédents, qu'à la suite de certaines
révélations et sous la pression de l'opinion publique, deux ordon-
nances royales furent rendues à treize mois d'intervalle contre les
lépreux.
Par la première, datée du 24 juin 1321, Philippe V rappelait
qu'il avait prescrit Tarrestation de nombre de ces malheureux
sous l'inculpation d'un abominable complot; que plusieurs avaient
fait des aveux et avaient déjà été livrés au supplice. Il prescrivait
en conséquence de jeter en prison tous les lépreux qui se trouvaient
dans le royaume, d'informer contre eux et de faire périr ceux qui
confesseraient leur forfait ou seraient convaincus d'avoir participé
à la conspiration. Les biens des maladreries durent être saisis par
les officiers du roi et administrés provisoirement par eux.
Aux termes d'une nouvelle ordonnance, rendue par Charles le
Bel, le 31 juillet 1322, les lépreux durent être renfermés « entre
(1) VallU, in Pictavia, oculis noslris conspexintus potiones : leprosa
quasdam, per villam transiium faciens, timens ne caperetur, quœdam post
se panniculum ligatum projecit qui statim ad justiciani est delalus. Et
inventum est in panno caput colubris, pedes bufonis et capilli quasi mu-
lieris, infecti quodam liquore nigerrimo et olente, (Historiens de
France, t. XXI, p. 56).
LES LBPHEUX ET LES LéPROSERIBS DB LIMOGES 35
des murs /> et il leur fut défendu, sous les peines les plus sévères,
de sortir des maladreries.
Pour faire face aux dépenses auxquelles dottna lieu Texécution
de cette mesure, on dut, en cas d'insuffisance dès biens des lépro-
series, recourir à des quêtes (i).
Nous savons que le sénéchal du Poitou et du Limousin transmit
dans notre province les ordres du roi (2)f et ils y furent exécutés.
Nous ignorons ce qui se passa à ce sujet entre les officiers royaux
et les diverses autorités locales ecclésiastiques et laïques, qui pré-
tendaient avoir des droits sur les maladrerieAot leur administration.
Mais il n'est pas permis de douter que les lépreux de notre diocèse
n'aient été incarcérés et un certain nombre d'entre eux envoyés
au bûcher. Un passage du précieux registre de Thôtel de ville de
Cahors, communément désigné sous le nom de Te igitur^ et d'où
ont été extraits maints textes d'un haut intérêt pour l'histoire de
la région du Centre et de celle du Midi, rapporte que, dans les
diocèses de Toulouse, d'Albi, de Rodez,. de Cahors, d'Agen, de
Périgueux et de Limoges, tous les malheureux habitants des mala-
dreries furent condamnés et montèrent au bûoher. On ne laissa la
vie, ail témoignage de l'auteur de ce manuscrit, qu'aux femmes
enceintes et aux enfants dont l'&ge criait l'innocence; encore furent-
ils retenus dans la plus étroite captivité (3). Ces barbares exécu-
tions, qui eurent lieu au mois de mai et de juin 1321 (4), s'étendi-
rent à d'autres provinces de la France.
Deux textes d'origine limousine, seulement, mentionnent ces
mesures atroces. Le premier est une petite chronique de l'abbaye
de Saint-Martial qui s'exprime avec une concision regrettable,
(1) Mémoire de M. Duplès-Agier, dans la Bibliothèque de l'Ecole des
chartes, tome III, 4* série, p. 265 et suiv.
(2) Littera continens Iranscriplum lilterarum senescalli Pictavensis et
Lemovicensis.,, Leprozos qui mandabantur per Regem includi, (Arch.
Haute- Vienne, Evêché, reg. 0 Do mina y (^ 43, 44).
(3) Anno domini millesimo CCC^ XXI°, in mense maii et junii, omnes
leprosi diocesium Tholosanœ, Albiensis, Rutenensis, Cadurcensis, Age^
nensiSj Petragoricensis, Lemovicensis et de pluribus aliis partibus regni
Francie fuerunt ad comburendum et moriendum ignis incendio condem-
nati, quod.,, exsequta, exceptis paucis mulieribus prœgnantibus et pueri
qui non erant doli capaces. (Fragment reproduit au tome II, pages 112
et 113 du Bulletin de la Société d^Etudes du Lot).
(4) On trouve ici la confirmation de ce qui a été dit plus haut
(page 34) : la date donnée par le document cadurcin établit qu'une
partie au moins de ces exécutions devancèrent l'ordonnance de Phi>
lippe V, qui n'est datée que du 21 juin.
30 soc I ÉTÉ ARCnEOLOGiQUB ET HISTORIQUE DU LÏMOÛS).")
mais en termes d'une terrible netteté, et sans ajouter un mot de
commentaires.
« L'an 1321, écrit le religieux auteur de ces notes, les lépreux
furent brûlés pour les crimes qu'on leur imputa » (1). Il ne paraît
pas douteux que l'écrivain, dont le regard ne cherche pas à dépasser
les limites d'un horizon assez étroit, a ici en vue les exécutions
ordonnées dans le diocèse ; mais il ne nous apprend rien que nous
ne sachions déjà par le registre municipal de Gahors. Il n'en est
pas de même du second des documents auxquels nous venons de
faire allusion. Celui-ci est autrement explicite et autrement sérieux.
Nous voulons parler de la curieuse chronique de l'abbaye d'Uzer-
che, dont M. Georges de Hanleyer a tout récemment donné des
fragments dans les Mélanges publiés par les amis de M. Paul Fabre
pour honorer la mémoire de ce jeune savant, prématurément
enlevé aux éludes historiques (2j. Ces fragments contiennent toute
une page sur les faits qui se passèrent à Uzerche en 1321, et une
page vraiment territiante.' On remarquera que les condamnations
au feu qu'elle signale sont antérieures à l'ordonnance de Philippe V.
Notre province serait donc une des premières où le complot
ourdi par les lépreux aurait été découvert et puni.
L'auteur de la chronique d'Uzerche ne se borne pas à signaler
la conspiration des lépreux et à raconter lé terrible châtiment dont
elle fui suivie. Il cherche à expliquer comment les malheureux
s'étaient laissé eniraîner à concevoir un forfait aussi abominable
que l'empoisonnement dont on les accusait, et nous apprend qu'en
1320, il avait été rendu des ordonnances enjoignant aux personnes
atteintes de la lèpre de porter un signe apparent qui permit au
peuple de les distinguer et de reconnaître leur présence dans les
lieux publics. Elles devaient coudre à leur vêtement un morceau
d'étoffe de lin. Nous avons parlé plus haut de cette prescription
qui était ancienne déjà, dans certains diocèses au moins, et qu'on
retrouve mentionnée à des actes du xvii*» siècle (3). Cette mesure
(1) « Furent ars lous degièts per tous cas que lour furent soubre
meys, » Duplés-Agibh, Chroniques de V abbaye de Saint-Martial, p. 152.
(2) Mélanges Paul Fabre : études d'histoire du moyen âge. Paris,
Alphonse Picard et fils, 1902, in-S», pages 403 à 415.
(3) Un acte de vente, cité par M. R. Drouault, dans Topuscule auquel
nous avons eu déjà plusieurs fois Toccasion de recourir, et daté du
30 septembre 1614, rappelle que » tous les habitants du lieu de la mala-
drerie, à Lussac-les-Eglises, doivent porter sur eux une marque de
drap bleu et y mettre les armes du seigneur du fief, sous peine d'amende
contre ceux qui contreviendront » (p. 6)»
lES LEPREOX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 37
fat-elle appliquée avec plus de rigueur qu*elle ne Tavail élé
jusqu*aIors? Noire chroniqueur semble altribuer à Texaspéralion
qu'elle provoqua chez les lépreux leur projet d^empoisonner toutes
les eaux (1). L*auteur du document édité parM. de Manleyer assure,
à l'exemple de beaucoup d'autres historiens, qu'avant Tannée 13ii,
les misérables tentèrent réellement de mettre à exécution ce des-
sein et que les coupables ou tout au moins quelques-uns d'entr'-
eux ayant fait des aveux, ils furent condamnés au bûcher. On ne
peut douter que tous les lépreux des environs d'Uzerche n'aient
été compris dans les poursuites intentées à cette occasion. On va
voir qu'ils étaient alors en assez grand nombre. Notre chroniqueur*
nous donne, en effet, avec une sorte de complaisance, Ténuméra-
tion des exécutions qui se succédèrent dans le ressort de la seule
juridiction de Tabbaye — in dominio nostro Usercensi; — il men-
tionne, le mercredi 13 mai 4324, le supplice de trois lépreux cl
d'une femme qu'il désigne sous le nom de major matrona et où il
faut peut-être voir l'intendante, la « dame » (2), la baylesse de la
communauté lépreuse; le vendredi 48, onze hommes ou femmes
sont livrés au bûcher; le mardi 19, sept; le jeudi 21, huit, « petits
ou grands »; le jeudi 41 juin suivant, quinze hommes ou femmes.
Parmi celles-ci, des mères avec des enfants au maillot qu'elles
emportaient au bûcher, bien qu'ils n'eussent pas été condamnés
à périr, et sur lesquels on les voyait s'étendre ensuite pour les pré-
server des flammes (3), le sentiment maternel reprenant le dessus.
(1) Anno Domini M^CCC°XX°, reges et principes terre statuera ni quod
omnes leprosi signum déferrent de panno lineo, ut inter onines alios
agnoscerentur; et inde introïvit tanta iniquitas in omnibus leprosis de
regno quod inter se conspiraverunt et secrète ordinaverunt ut per eos
omnes fontes et omnes aque de mundo venenarentur et toxicarentur, etc.
(Mél, Paul Fabre, p. 412.)
(2) Nous aurons occasion de relever plus loin la dénomination de
domina donnée en Limousin à la ménagère de petits établissements
hospitaliers, ou d'exploitations rurales dépendant de nos hôpitaux.
(3) Est sciendum quod anno Domini M°CCC^XX primo ^ die mercurii
in crastinum sanctorum Nerei et Achillei, tercio ydus maii in dominio
nostro Usercensi, très leprosi cum majori matrona cremati fuerunt.
Item, sequenti die veneris, similiter undecim tam homines quant mu Itères,
Item, sequenti die martis, septem tam homines quam mulieres. Item,
sequenti die Jovis, octo tam homines quam mulieres, parvi et magni.
Item, sequenti mense junio, die martis ante festum Corporis Xristi,
eadem racione cremati fuerunt similiter quindecim tam homines quam
mulieres; de quibus erant alique habentes infantulos in cunabulis, et,
T. LV 3
38 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Enfin, on fil trêve aux exécutions. Quaranle-cinq lépreux avaienl
péri à Uzerdie en motifs d'un mois. Il en restait encore quinze
vivants : des femmes enceintes et des enfants des deux sexes. Le 27,
dornier jeudi du mois d'août 4321, ils furent renfermés dans la
léproserie des Coursières, où ils devaient finir leurs jours avec du
pain et de l'eau pour toute subsistance. En les y installant, on les
marqua au cou avec un fer rouge, afin de pouvoir les reconnaître
s ils réussissaient à s'évader... Toutefois, un mois s'éJait à peine
écoulé qu'on leur ouvrit les portes et qu'ils purent vaguer comme
auparavant à leur fantaisie (1).
On ne s'explique guère comment, après les traitements barbares
infligés aux habitants des maladreries, l'autorité se relâcha tout à
coup de ses rigueurs et leur rendit la liberté dont ils jouissaient
auparavant. I^e chroniqueur attribue ce changement soudain de
traitement à la coutume du pays, aux usages qui reprirent le
dessus, après la crise; c'est ainsi du moins que nous croyons pou-
voir traduire les mois ratione testimonii terrarum, dont il se sert.
La maladrerie des Coursières, où furent emprisonnés les lépreux
survivants d'Uzerche et des environs, n'est, à notre connaissance,
mentionnée par aucun autre texte.
Nous avons dit que nous sa\ions peu de choses sur l'histoire de
nos léproseries limousines. Beaucoup semblent n'avoir pas survécu,
en tant que maladreries, aux événements de 1324. Celles de Châ-
lus, Confolens, Lussac-les-Eglises, Aixe, Saint-Léonard et Saint-
Junien et quelques autres subsistèrent toutefois, comme celles de
Limoges. Les familles qui les occupaient encore au xvi« siècle
jouissaient de divers privilèges, de l'exemption notamment de cer-
tains impôts et du droit de mendier dans tous les environs. Char-
les VIII et François P' confirmèrent ces privilèges qui furent
renouvelés par Henri IV, tout au moins en ce qui concerne les
ultra, voluntatem domini, ipsos in ignem traebant et supius se predicto,
ponehant et de igné quantum poterant defendebant,.. (Mél, Paul Fabre,
p. 412, 413.)
(1) Item, sequenti mense augusto, eodem anno, die Jovis ullima mensis
predicti, sexto calendas mensis (septembris), quindecim iam mulieres
pregnantes quam pueri, Iam masculi quam femelle, qui remanserant,
omnes clausi fuerunt in quadam domo leprosie de Las Corsarias, ut ibi
perpétua in pane et aqua finirent dies suos ; et in inlroitu domus,
omnes pariter fuerunt cum quadam clave fercenti faucibus sigillafi :
ut si quis ipsorum evaderet, inter alios nosceretur. Et infra mensem
fuerunt resoluti, ratione testimonii terrarum, et hinc inde habierunt
liberi prout antea (p. 413).
Les LEPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 30
maisons du Masbianquet près Limoges, de Lassac, d'Âixe et de Saint
Léonard. On trouve bien peu de traces de Texistence des autres
en dehors des relevés de bénéfices et des documents d*un carac-
tère tout local. Quant à leur vie intérieure, elle est moins connue
encore, s'il est possible» qu'au moyen âge.
On a vu au début de cette étude qu'en 1843 une ordonnance
royale avait confié à la Grande Aumônerie la mission de remettre
un peu d'ordre dans les maladreries, tant au point de vue de la
discipline et des mœurs que de la gestion des biens. Nous n'avons
pu constater, pour nos établissements du diocèse de Limoges, les
effets de son action, du reste contrariée par diverses causes et
bientôt annihilée par les guerres civiles. Un demi-siècle plus tard,
les abus de toute nature étaient à leur comble. Au commencement
du règne de Louis XIII, le Grand Aumônier reçut d'une nouvelle
ordonnance un mandat plus précis et des pouvoirs plus étendus.
Mais la concentration entre ses mains de la gestion de tous les
biens des maladreries, que le roi avait prescrite, ne put s'opérer à
cause des droits revendiqués sur ces établissements par les fonda-
teurs, patrons et bienfaiteurs. Un certain nombre d'anciennes
léproseries de la province, abandonnées pour la plupart, semble-t-il,
purent cependant être comprises dans les mesures générales qui
venaient d'être adoptées, ces maisons ayant été reconnues de fon-
dation royale. Nous doutons fort qu'on eût trouvé des traces pré-
cises de cette origine pour la plupart d'entre elles. Peut-être
l'absence de tout litre fut-il le principal argument invoqué à l'appui
des prétentions de la Couronne. Peut-être aussi celle-ci réussit-elle
à produire quelque ancien état de répartition de subsides, la liste
par exemple des léproseries qui avaient eu part aux libéralités
posthumes de Louis VIII, et les indications de ce document paru-
rent-elles un titre suffisant pour faire attribuer la création même
de l'hôpital au roi et remettre à la Grande Aumônerie, avec les
droits de patronage et de provision au bénéfice, l'administration
de ce qui restait des biens de l'établissement. Quoi qu'il en soit,
constatons qu'aucun des seize ou dix-sept hôpitaux de ladres dits
«de foDdaLiûu royale », situés dans notre diocèse et qui figurent
avec cette qualifîcatioD aux Pouillés généraux des xvu<^ et xvui* siè-.
clés, ne paraît avoir eu à aucune époque une grande importance.
En tout cas, le patrimoine de ces maisons se trouvait-il alors réduit
à fort peu de chose.
Les maladreries les mieux dotées de la province, celles de Limo-
ges, de Saint-Junien, de Tarn (Aixe), de La Fauvette (Oradour-sur-
Glane), de Nontron, de Brive, de Châlus, de Magnac-Laval, de
Gonfoiens, furent en somme soustraites, dans une certaine mesure,
40 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
aux améliorations que i*autorilé royale avait voulu introduire dans
Tadministralioû et le régime de ces établissements. Les abus aux-
quels on avait voulu remédier s'y perpétuèrent en s*aggravant de
plus en plus.
L'ordre de Saint-Lazare possédait déjà quelques bénéfices dans
le diocèse de Limoges; mais il n*y avait jamais eu de maison de
quelque importance. Le transfert à cet ordre, en 1672, de la mis-
sion précédemment dévolue au Grand Aumônier, en ce <]ui concerne
les léproseries, fut le point de départ de quantité de procès qu'il
est impossible de suivre, car des uns nous possédons seulement
des requêtes et des mémoires, sans connaître la solution du litige,
et des autres, il nous a été conservé les arrêts, mais sans les élé-
ments de la procédure. Il serait du reste faslidieux d'entrer dans
le détail de ces contestations dont Tobjet est en dehors du cadre de
notre monographie. L'ordre de Saint-Lazare, qui avait déjà réussi
à se faire attribuer des pensions sur un grand nombre d'établisse-
ments de bienfaisance, poursuivit, avec autant de suite que de
diligence, ses revendications sur nos maladreries. 11 ne réussit pas
dans la tâche qui lui avait été confiée, puisqu'il ne put rétablir la
régularité ni dans les hôpitaux encore occupés ni dans l'adminis-
tration de leurs revenus. En apparence, seulement, il parvint à
rattacher la plupart de ces maisons à une sorte d'organisation
générale, à créer entre elles le lien d'une commune dépendance.
Le résultat le plus clair pour lui fut d'obtenir des ecclésiastiques
qui avaient été pourvus des bénéfices constitués sous le titre et
avec ce qui restait des ressources des anciens hôpitaux, le paie-
ment de petites pensions, attribuées à la commanderie de Péri-
gueux. Des quarante-huit léproseries dont nous avons plus haut
donné la liste d'après le Fouillé de Nadaud, huit au moins acquit-
taient à cette commanderie des redevances annuelles variant entre
cinq et quarante livres.
L'impossibilité d'aboutir dans l'œuvre d'ensemble entreprise plus
d'un siècle auparavant par la royauté ayant paru suffisamment
démontrée, on revint, en 1693, sur les mesures adoptées à l'égard
des léproseries, et on décida l'union de ce qui subsistait de leur
patrimoine et de leurs redevances à des établissements de chanté
du voisinage. Un très petit nombre seulement de maladreries sub-
sistèrent et furent érigées en hôpitaux : celles qu'on jugea posséder
des ressources suffisantes. 11 ne s'en trouva pas une seule assez
riche, dans toute l'étendue du diocèse de Limoges. Disons au sur-
plus que ces unions locales avaient presque partout été opérées
depuis longtemps par les soins de l'autorité ecclésiastique et que
c'est surtout en raison de cet état de choses que les tentatives de
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 41
centralisation poursuivies par le pouvoir royal avaient abouti à un
échec.
Au xvni* siècle, des communautés de lépreux qui s'étaient autre-
fois constituées sur un assez grand nombre de points de la pro-
vince, il subsiste trois ou quatre colonies de mendiants, les uns
menant l'existence tranquille et régulière des cultivateurs et des
artisans qui les entourent; les autres, et c'est la plupart, voués au
vagabondage et fort mal vus des voisins. Beaucoup, du reste, ne
demeurent pas attachés à leur maladrerie d'origine. Volontiers ils
la quittent et s'efforcent d'obtenir leur admission dans une collec-
tivité mieux dotée, dans un établissement d'un séjour plus agréable
et offrant plus de ressources. C'est ainsi que nous voyons, dès le
xv!"" siècle, des lépreux ou soi-disant tels appartenant aux inGrme-
rics de Sainl-Junien, de Châlus, d'Aixe, de Nonlron, solliciter leur
agrégation à la colonie de la Maison-Dieu de Limoges (1). Il se
peut, à la vérité, que ces transferts ne soient pas tout-à-fail
volontaires et qu à la suite de certaines unions, on ait fait évacuer
les mendiants qui habilaimit l'établissement, sans tenir compte de
leurs réclamations, de leur possession, de leurs prétendus droits.
Ceux-ci se sont alors rabattus sur une maison plus hospitalière.
Ne retenons qu'un fait incontestable : la diminution du nombre
de ces collectivités, peu intéressantes du reste. Colles qui subsis-
tent changent peu à peu d'allures et de caractères. Les masures qui
les abritent entourent presque partout une chapelle en ruines.
C'est tout ce qui reste d'une commanderie, d'une préceptorerie,
d'un prieuré fondé cinq ou six cents ans auparavant. Les prétendus
lépreux, là où il y en a, jouissent des bâtiments et de leurs dépen-
dances, et reçoivent une petite pension, qui est acquittée tantôt à
chacun des membres du groupe, tantôt au représentant de la col-
lectivité. Le titulaire du bénéfice perçoit ce qui reste des revenus,
sans avoir — une fois cette pension, en général fort modique,
acquittée — à pourvoir à d'autres charges qu'à l'entretien du sanc-
tuaire, là où un oratoire existe encore, et aux honoraires de quel-
ques messes, dont le nombre a été bien réduit, pour le repos de
l'âme des fondateurs d'anniversaires. Sur presque toutes ces ancien-
nes léproseries, nous l'avons vu, les renseignements font défaut.
Les deux maisons de Limoges, dont il a été question à la fin du
chapitre précédent, Saint-Jacques des Casseaux et la Maison-Dieu,
cette dernière surtout, peuvent seules fournir la matière d'une
notice historique. C'est à elles que nous consacrerons cette élude.
(1) En 1578, 1617, 1618. Voir appendice, no IX, et Fouillé du dioc.
de Limoges, éd. Lecler, p. 137.
42 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
III. ~~ La maladrerie de Saint-Jacques des Casseaux
ou de la lèpre blanche.
L'hôpital des lépreux de la Cité, placé comme celui des Arènes,
sous riovocalioD de saint Jacques, Tut, on n'en peut douter,
Tonde par un évoque de Limoges. Par lequel des successeurs de
saint Martial? A quelle époque? Nous n'en savons rien. Peut-être
cette maison rem plaça- t-el le la maladrerie primitive des Arènes,
qui n'aurait subsisté que comme hôpital ordinaire, ou celle de
Saint-Lazare, détruite par la guerre ou supprimée pour un motif
inconnu ? Il n*est permis d'émettre à cet égard que des hypothèses
toutes gratuites. Les documents de nos archives, comme nos chro-
niques et nos annales, sont muets sur l'origine de la léproserie des
Casseaux. Nous ne constatons du reste avec certitude l'existence
de cet établissement qu'en i21S. A cette date, un titre du cartulaire
de Saint-Etienne de Limoges mentionne les maisons des lépreux
de Saint-Jacques (1). L'abbé Legros, d'après Nadaud, sans doute,
fait allusion au môme texte. On ne possède aucune donnée sur la
disposition et l'importance de ses bâtiments, qui étaient situés, nous
l'avons dit, sur le bord d'une des principales voies qui aboutis-
saient à Limoges, celle du Palais et de Saint-Priest, dans un lieu
souvent désigné sous le nom de Mas Blanc ou Mas-Blanquet, auprès
d'un ruisseau, à peu de distance de la Vienne et du port du Naveix,
oii se déchargeaient les bois venus par eau des cantons forestiers de
Saint-Léonard, Bujaleuf, Châteauneuf, Neuvic et Eymouliers. Nous
savons seulement qu'au milieu des modestes constructions de la
maladrerie s'élevait un bâtiment principal, magna dçmus, men-
tionné par un document du xiu' siècle (2), et où étaient sans doute
installés les services communs. Cette léproserie était comme abri-
tée derrière les importantes constructions de l'abbaye de Saint-
Augustin-lès-Limoges. 11 n'est pas impossible que les évoques lui
eussent concédé certains revenus sur le flottage. Aucun document
néanmoins n'en fournit la preuve.
Quelques testaments des xui» et xiv" siècles renferment des
libéralités au profit de cette maison. On relève, dans un codicille
(1) DomoÈ leprosorum Sancli Jacohi (manuscrit 9193 du fonds latin de
la Bibliothèque nationale). Il s'agit bien, à ce texte, de Saint-Jacques des
Casseaux ; la mention ne peut se rapporter à Saint-Jacques des Arènes.
(2) Magna domus infirmarie Sancli Jacobi. (Arch. Haute- Vienne, fonds
des prêtres con^munalistes de Saint- Pierre.)
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 43
de révoque Aymeric de Serre de Malemorl (27 mars 1263) un legs
de cinquante sous aux lépreux de la Cilé pour leur subsistance
d'un jour(l). En 1276, ils sont meniionnés dans le testament de
Pélronille de Nigremonl (2) ; en 1303, dans celui de Pierre de Saint-
Paul, prêtre (3) ; tn 1382, dans celui de Valérie Marteau, femme de
Jean Bayard (4).
L'hôpital dont nous nous occupons ici est appelé tantôt c Lépro-
serie de Saint-Jacques, près Saint-Âugustin » (8), tantôt « Mala-
drerie du Naveix », « Saint-Jacques du Naveix », « Saint-Jacques
le Tignoux »; « Tlnflrmerie de Limoges » en 1401 (6) ; la « Malap-
tie » en 1456 (7j ; la « Maladrerie blanche », « Tlnfirmerie blanche »
ou de « Saint-Jacques du Mas-Blanc », « du Mas-Blanquet », — par
corruption sans doute « Malplaqueys » — en 1455, 1464, 1481,
1492, 1494 (8); « l'Infirmerie des Caquots » en 1504 (9). Cet éta-
blissement semble avoir eu moins d'importance et avoir reçu un
nombre moins considérable de malades que la Maison-Dieu. Il
s'élevait auprès d'une fontaine dont on trouve mention en 1281 (10),
à peu de dislance de la petite église paroissiale de Saint-Jacques :
celle-ci avait peut-être été au début une simple chapelle dépendant
de la léproserie. Un chemin mettait Thôpital en communication
directe avec cette église (11), qui fut de bonne heure réunie à Saint-
Christophe. Les constructions de la maladrerie subsistaient encore
en partie en 1688; mais elles étaient en ruines. Les revenus de
celle maison avaient été, dès 1660, donnés à l'Hôpital général. À
la fm du xvin' siècle, il ne restait plur> de la vieille léproserie qu'un
(1) Leprosis civitatis LemovicensiSy quinquaginia solidos ad refectio^
nem una die. (Bull. Société archéologique du Limousin, t. IV, p. 133.)
(2) Arch. Haute- Vienne, fonds des Cordeliers.
(3) Arch. hôpital Saint-Gérald, divers.
(4) Cuilibet infîrmo de infirmaria Sancli Jacobi Lemovicensis unum
album quinque denariorum. (Hôp.)
(5) Arch, Haute-Vienne. Evêché, 0 Domina, fol. 43, 44.
(6) In terriiorio de Infirmaria Lemovicensi, (Archives Haute-Vienne,
chapitre cathédral, n* 8192 provisoire.)
(7) Registres du fonds de Tévêché.
(8) D'après Legros et des documents du fonds de Saint-Martial aux
Archives du département.
(9) Arch. Haute-Vienne : Saint-Martial, registre de la Pitancerie,
fol. 285 to.
(10) Arch. Haute- Vienne. Evêché : reg. Ac singularem, fol. 71 v®.
(11) lier per quod recte itur de ecclesia Sancli Jacobi prope Lemovicas
versus diclam infirmariam. (Arch. Haute-Vienne, Chapitre, 8192.)
44 SOCIÉTÉ AnCIlÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
pan de muraille, une vierge fort en vénération dans les environs
et une croix de pierre (1).
Il faut croire que le prêtre chargé de desservir la petite église de
Saint-Jacques remplit de tout lemps les Tonctions de chapelain de
la maladrerie. Aucun document de nos archives ne mentionne un
ecclésiastique spécialement investi du soin des âmes à Tinfirmerie
Saint-Jacques. Nous connaissons du reste bien peu de curés de
cette paroisse, qui ne fut peut élre à l'origine que la chapelle du
petit hôpital. Le curé d'une église voisine fut de bonne heure
chargé d'administrer les deux paroisses.
Celte réunion remonterait, d'après Nadaud, à 1416 ou 1419;
toutefois nous constatons qu'elle est déjà efTectuée en 1412. On
trouve, en effet, à une pièce du fonds de St-Augustin, aux Archives
de la Haute- Vienne, mention de Aymeric Alby, « curé de l'église
paroissiale des saints Jacques et Christophe ». Le même personnage
remplit encore ces fonctions au mois d'avril 1427 (2). Legros cile
un « Pierre de Blanc » curé de Saint-Christophe en 1436, qui
pourrait bien être un Pierre Albi. Celte famille se perpétue à Saint-
Christophe, puisqu'on trouve François Alby ou Dalby titulaire de
la cure des deux paroisses en 1451, 1456 et 1457 (3). Celles-ci
demeurèrent unies. L'église de Saint-Jacques, qui subsistait en
1401, était un peu plus lard en fort mauvais état. Elle tombait en
ruines au xvu* siècle. Elle fut démolie en 1697.
Au XIV' siècle, l'évêque et l'abbé de Saint-Augustin (4) préten-
daient l'un et l'autre avoir la justice du bourg qui entourait
celte dernière abbaye et dont dépendait rinRrmerie. Le différend
fut soumis à des arbitres. Ceux-ci déclarèrent que tout ce que le
monastère possédait soit dans le bourg de Saint-Augustin soit dans
le bourg de Saint-Lazare et leurs dépendances, il l'avait reçu de
l'évêque et le tenait de lui. Il fut donc décidé que chaque abbé
nouvellement élu reconnaîtrait n'avoir que la moyenne et la basse
justice dans ces deux localités : la haute justice appartenant à
l'évêché. Il s'agissait dans l'espèce d'un objet de peu d'importance :
la possession d'un porc errant, qui avait été saisi (5).
(1) Legros.
(2) Aymericus Albi, capellanus sive recior ecclesie parroshialis Sanc-
torum Jacobi et Chrisiophori (liasse 9007 prov.).
(3) Arch. Haute- Vienne. Prêtres de Saint-Pierre : terrier Dupin.
(4) Ibid, Saint-Augustin, n»» 5108, 7609, 831 1 prov.
(5) Lillera compromissi factiper... episcopum et abbatemet conventum
Sancti Augustini Lemovicensis super alta^ be^ssa, média justicia, quam
ut raque pars habere dicebat in vilHs et burqis Sancti Augustini et Sancti
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 45
Les droits de Tévéque furent invoqués et reconnus par le sénéchal
du roi, semble-(-i1, dans une aflfaire plus imporlanle et sur laquelle
nous n'avons pas de détails précis. Autant qu'on peut en juger
d*après le texte du document où nous puisons ces indications, deux
personnages, deux jurisconsultes peut-être, avaient été commis
pour terminer un différend relatif à la juridiction du bourg de
Saint-Augustin et de la léproserie de Saint-Jacques, réclamée par
révéque; malgré l'opposition du procureur du roi et du prévôt
commun de la cité (1), les droits de Févéque furent reconnus par le
sénéchal et la commission révoquée (i).
Les dernières difficultés auxquelles il est fait allusion ici avaient
peut-être surgi à Foccasion des mesures prises en i3U et 1322 à
regard des lépreux et dont nous avons parlé aux chapitres pré-
cédents.
En tous cas, elles se produisirent de nouveau à ce moment, et
quand le sénéchal voulut, en vertu des ordres du souverain, faire
saisir et jeter en prison les malades de Saint-Jacques, Tévéque en
appela au roi et obtint satisfaction. Une lettre du sénéchal reconnut
que le prélat étant seul seigneur justicier de la maladrerie de Saint-
Jacques, il lui appartenait d*exëcuter l'ordonnance t't de recevoir
dans ses prisons les individus visés par elle (3). Nous ignorons du
Lazari.., Per arbitras fuit dicium quod abbas et conventus lenuerunt
ab antiquo et ieneant a dicta domino episcopo quidquid habent in burgin
Sancti Augustini et Sancti Lazari et periineniiis eorumdem.., et quod
premissa recognoscat abbas Sancti Augustini in novitate sua, dicto epis-
copo. (Arch. Haute- Vienne : Evêché, Reg. 0 Domina, f<* 4i r<>.
(1) Magistrat nommé alternativement par le roi et par Tévêque pour
exercer l'autorité commune, aux termes du traité de pariage de 1307.
(2) Liltera assizie régie Lemovicensis super questione juridicionis burgi
Sancti Augustini et leprosarie Sancti Jacobi civitatis Lemovicensis cui se
opponebat procurator regius et prepositus communis civitatis Lemovi-
censis, Et fuit revocata commissio alias facta super ipso negocio magis-
tro Joanni Burgensi et Ber[tran] do de Veterivilla qui causam debebant
lerminare (Arch. Haute- Vienne, Evêché, reg. 0 Domina, f® 44 r®.
(3) Dominus episcopus.,.appelavH a senescallo Pictavensi ad liegem, qui
mandaverat includi leprosos leprosie Sancti Jacobi Lemovicensis. De quo
fuit postmodum manus regia amota et mandatum quod per dictum épis-
copum includerentur.., Littera continens transcriptumlitterarum senescalli
Pictavensis, continencium quod d ictus episcopus posset includere leprozos
leprozarie Sancti Jacobi prop Sanctum Augustinum qui mandabantur
includi per Regem, tanquam dominus habens altam et bassam justi-
tiam (Arch. Haute- Viçnne : Evêché, reg» 0 Domina, f» 43 v» et 44 v«)«
46 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
reste si les lépreux placés sous la maia de révoque qui étail alors
Gérald Roger, eurent un autre sort que les autres.
À une époque et dans des circonstances que nous ne saurions
préciser, peut-être à la suite de l'événement de 1321, peut-être
seulement vers la lin du moyen âge, une sorte de classement
s'opéra entre les lépreux des deux hôpitaux de Limoges. A ceux
dont la maladie affectait la forme la moins grave et la moins rebu-
tante, et qui étaient connus sous le nom de ladres blancs ou ca-
quots, Tinfirmerie de Saint-Jacques fut spécialement assignée
pour résidence. Les malades atteints plus gravement furent can-
tonnés à la Maison-Dieu. Nous avons vu qu'à partir du milieu du
XV» siècle, la maladrerie de Saint-Jacques est souvent appelée la
Maladerie blanche^ V Infirmerie de la lèpre blanche ; mais on sait
fort peu de chose de Tbistoire de cet hôpital, dont les archives pa-
raissent avoir été perdues.
Les malades qui rhabitaient encore en i599 et qui formaient
une petite communauté ou plutôt une agglomération de trois ou
quatre familles (1), s'avisèrent de demander directement au roi la
confirmation des exemptions de certaines taxes dont ils jouissaient
de temps immémorial. Ils lui exposèrent qu'ils étaient séquestrés
avec leurs femmes et leurs enfants comme appartenant à la lignée
de Giézy [sic), et traités ainsi que les ladres rouges; ils devaient,
lorsqu'ils allaient quêter, se munir de cliquettes; ils ne pouvaient
entrer dans les églises et devaient se tenir à la porte. En consé-
quence ils revendiquaient le bénéfice de la situation qu'on leur
avait faite et demandaient à ne pas être astreints à payer de
subsides. Ils en avaient été exemptés sous Charles VIII et sous
François I". Henri IV accueillit favorablement leur requête et
confirma les privilèges des lépreux de Sainl-Jacques en même
temps que ceux des habitants de plusieurs autres maladreries du
diocèse (2).
Que devint celte colonie de mendiants privilégiés soixante ans
plus tard, lors de la réunion de Sainl-Jacques à l'hôpital général ?
Il est vraisemblable qu'elle existait encore à cette époque; mais
(1) A un acte de 1512, il est parlé des syndics des pauvres delà Maison-
Dieu de la Cité : «< Syndicos pauperum Domus Dei CÀvitalis (Arch. Haute-
Vienne : La Règle, n° 856 prov.); mais il résulte des indications fournies
par le document lui-même quïl s'agit dans ce document des syndics
des lépreux de la maladrerie du Château, de rétablissement qui avait
de tout temps porté spécialement la dénomination de « Maison Dieu ».
(2) Nadaud : Mémoires manuscrits^ 1. 1, p. 41; — Arch. Haute-Vienne :
Prêtres de S'-Pierre, résidus divers ; — Carmes des Arènes, liasse 9604 prov,
LES LÉPREUX ET LES LEPROSBIUES DE LIMOGES 47
nous n*avons Iroavé nulle part trace des incidents qui signalèrent sa
dispersion, non plus que des protestations que ses membres ne
manquèrent pas d'élever contre la mesure prise de concert par
l'autorité civile et Tautorité ecclésiastique en 1660.
Ajoutons que, si on a peu d'indications sur Thistoire de celte
léproserie, on trouve à peine, dans les actes, trois ou quatre
mentions relatives à ses habitants. Les registres des prêtres com-
raunalistes de Sainl-Pierre-du-Queyroix, nous avons déjà signalé le
fait à un précédent chapitre, nomment Pierre Barhary, « lépreux
(le rinfirmerie de Saint-Jacques », propriétaire d'une terre devant
la dime à cette église en 1306 (1). Ce ladre fait souche et, près de
deux siècles plus tard, ses descendants sont encore au nombre des
pensionnaires du Mas Blanquet : Héliot et Jean Barbari, fils de feu
Pierre Barbari, « de Tinfirmerie blanche », sont mentionnés à un
acte du 20 novembre 1481 (2). La famille se perpétue dans les
diverses maladreries de la région. M. Drouaulta trouvé, en 1647,
Marguerite Barbary à celle de Chambouret d*Âixe; en l'/19, Ca-
therine Barbary, à celle de Bruzac près Milhac, en Périgord ; en
1747, Anioine Barbary, à celle de Lussac-les-£glises ; de 1749 à
1781, Sylvain Barbary, cl de 1745 à 1779, autre Sylvain Barbary, h
la même (3). Le même a rencontré à la date de 1647, le nom de
deux habitants de la Irproserie des Casseaux : Jacques Meslier et
Antoinette Bernard (4).
IV. — La Maison-Dieu : sa fondation et la première période
de son histoire; déclarations du recteur Etienne d^Excideuil
On ignore à quelles considérations s'inspirèrent les fondaieurs
des deux léproseries de la Cité et du Château dans le choix de
Tassielle de ces établissements. Il faut reconnaître que ni Tun ni
Tautre des deux emplacements n'étaient très sains, et la préoccu-
pation toute naturelle de placer des maisons de ce genre de façon
à ce que les vents soufflant le plus ordinairement n'en apportassent
pas les émanations dans la direction de la ville, ne suffit pas à
expliquer comment on établit nos maladreries dans des endroits
bas et humides.
(1) Arch. Haute- Vienne.
(2) De infirmarin alba (Arch. Haute- Vienne).
(3) Roger Drouault : Comment finirent les lépreux, p. 6, 8, iO, li,
13, 14.
(4) Ibid, p. 14.
48 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
L'emplacement de la Maison-Dieu était à cet égard plus mal
choisi encore que celui de Tinfirmerie de Saint-Jacques. La lépro-
serie du Château se trouvait située un peu au-dessous de Tétang et
des marais d'Aigueperse, qui ne furent desséchées qu'au xni* siècle,
et tout auprès des terrains marécageux s'étendant au nord-est de
réglise Saint-Paul. Il est vrai que le petit hôpital se trouvait au
bord d*un des carrefours les plus animés de la banlieue. Cinq ou
six chemins y aboutissaient; les deux pins fréquentés partaient Tun
de la porte Montmailier, une des entrées principales du Château ;
l'autre de la Cité.. Au dernier se soudait, devant Téglise Saint-Paul,
le chemin venant de la porte Mirebœuf et de la porte Boucherie.
Nous avons déjà dit qu'auprès de la maladrerie coulait un ruis-
seau dit de la Maison-Dieu ou d'Aigueperse, dont les eaux prove-
naient d'Aigueperse et de Ghinchauveau [de Campo Chalveu, al.
Chouveti) et que le même ruisseau un peu plus bas baignait presque
les murs de Tinrirmerie de Saint-Jacques, à peu de distance de
laquelle il se jetait dans la Vienne. Cette particularité que le
petit cours d'eau en question, sur un parcours total de 1.800 à
2.000 mètres à partir d'Aigueperse, ne desservait aucun groupe
d'habitations et allait presque aussitôt se perdre dans la rivière (1),
avait dû être prise en considération. Peut-être détermina-l-elle le
choix de l'emplacement, défectueux, on l'a vu, sous d'autres rap-
ports, de nos deux roaladreries.
Les bâtiments de la Maison-Dieu, sans être très grands, avaient
des le xni'' siècle, une certaine étendue. Us se composaient semble-
l-il, de maisonnettes contigiies, disposées probablement autour
d'une cour, avec une ou plusieurs constructions plus importantes
pour les services communs.
Nous avons dit que les établissements de ce genre devaient olîrir
Taspect de la plupart des béguinages flamands, avec plus de sim-
plicité rustique certainement et sans doute aussi moins de minu-
tieuse propreté. L'église, qui avait une juridiction paroissiale
s'étendant non seulement sur les hôtes de l'établissement, mais sur
plusieurs villages des environs, semble avoir été en façade sur le
carrefour, tout au moins sa porte principale s'ouvrait-elle directe-
ment sur la voie publique.
Celle église, placée sous l'invocation de Sainte-Marie-Madeleinc
« la bienheureuse pécheresse » (2), palronne, on a pu le remarquer,
d'un certain nombre de nos maladreries et infirmeries limousines,
m
(1) En amont de Limoges, il est vrai; mais la Vienne a un débit assez
considérable pour qu'on n'ait pas attaché d'importance à ce détail.
(2) Beaiissime peccalricis, texte cité ci-après.
LES LÉPREUX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 49
est nommée pour la première fois dans le premier quart du xin"* siè-
cle : nous n*avons trouvé nulle part la date de sa construction.
Le chroniqueur Bernard Ilhier, moine de Tabbaye de Sainl-Har-
tial, conte au sujet de cette église une anecdote où se reflète toute
la foi naïve de son temps.
An mois de mai 1224, le troisième jour des Rogations, le chape-
lain Je la Haison*Dieu, qui avait très bien décoré le sanctuaire de
Sainte-Marie-Madeleine, sollicila et Ht solliciter par ses amis l'abbé
de Saint-Martial, Guillaume, et toule sa communauté, d'entrer dans
son église au retour de la procession qui, selon la coutume, visitait
ce jour-là l'abbatiale de Saint-Augustin. Il désirait qu'en passant
devant Sainte-Madeleine, les religieux y fissent une station pour
honorer la mémoire de la fidèle amie du Christ. Le chapitre ne put
s*accorder sur l'objet de celle demande, un ou deux religieux
s'étant évertués à dissuader leurs confrères d'y donner satisfaction.
Le temps était pluvieux ce jour-là. On fit néanmoins la procession
à Saint-Augustin, mais au moment même où la communauté de
Saint-Martial venait de défiler devant l'église de Sainte-Madeleine
et l'avait dépassée, une pluie diluvienne survint qui mit le désordre
dans le cortège et dispersa si bien les religieux le long du chemin
conduisant au monastère, qu'à peine chacun put-il demeurer avec
son compagnon. Beaucoup émirent l'avis que cet orage n'était pas
un pur effet du hasard : le ciel ayant voulu par là venger l'hon-
neur de Sainte-Marie-Madeleine du peu de cas que la communauté
avait fait de la prière de son chapelain. En conséquence, trois jours
après, un jeûne fut ordonné et les religieux de Saint-Martial firent
une procession à l'église dont il s'agit. Ils marchaient tous nu-pieds;
on chanta l'office de nones, puis la grande messe, et on adressa de
ferventes prières au ciel pour obtenir le beau temps : elles furent
exaucées (1).
Notons que la Maison-Dieu n'était pas seulement une infirmerie
de lépreux; elle avait aussi le caractère de maison de secours pour
les pauvres et les voyageurs. On peut constaterqu'il en aété ainsi de
(1) Anno gracie M"* CC^ XXIII°, mense niaio, feriallhin Rogaiionibus,
capellanus de Domo Dei qui ecclesiam in honore Marie Magdalenes con^
secratam decentissime ornaverat, rogat per se et per amicos dompnuni
W. abbalem et Mum convenium S. Martialis ut in processione que fit ex
more ipsa die ad S, Augustinum et in redeundo transitur anle prefatani
ecclesiam, ut pro honore beatissinie peccatricis non ded ignare mur intrare
ipsam ecclesiam et stationem ibidem facere, etc. Duplés-Agier. Chroni-
ques de Saint-Martial de Limoges, — Paris, V* Renouard, 4874, p. 117
et 118.
BO SOClèré AIlCHèoLOLIQUE BT DlATOniQÛE DU UMOUSIS
beaucoup de maladreries. Ici celte double destinalion n'esl pasdou-
Icuse et plusieurs pièces y font allusion. Une procédure de 1399 (1),
que nous aurons occasion de ciler plus d'une fois, affirme que
jadis Taumône était donnée, chaque jour après le dîner à )a porte
de rhôpital, aux pauvres de Textérieur, et que celte aumône con-
sistait en un morceau de pain — peciapanis. — Cette distribution,
dans la suite, n'eût plus lieu que le vendredi. Un mémoire de
Tabbesse de ja Règle, prieure de la Maison-Dieu, confirme que lors
de Funion de ce prieuré au monastère, une des conditions acceptées
par celui-ci avait été l'acquit régulier de Taumône hebdomadaire(2).
Au commencement du xvn» siècle, on donnait dans rétablissement
rhospilalilé à nombre de voyageurs indigents; les malades de la
maison se plaignent, en 1618, que Tabbcsse Virgile de Pont-Jarno
y reçoive « tous les jours quantité de pauvres étrangers » (3).
Par qui et à quelle époque avait été fondée la Maison-Dieu?
Plusieurs versions existaient à cet égard et on les voit produites
tour à tour et affirmées par les diverses parties intéressées au
cours des nombreux procès dont Tadministralion, les biens, le
patronage, les droits, les charges, les dépouilles de cet hôpital furent
durant près de cinq cents ans Tobjet ou l'occasion. La légende la
plus accréditée à cet égard et selon toute apparence la moins véri-
dique, nous rétablirons plus loin, était celle-ci : une abbesse de la
Règle et plusieurs de ses filles avaient été atteintes vers le temps
de la Croisade (un peu auparavant môme, 1070, s'il faut en croire),
de Tafireuse maladie, et elles avaient fondé, dans un mas apparte-
nant au monastère, un hôpital où elles s'étaient retirées, pour se
vouer entièrement aux soins des infortunés infectés du même
mal (4).
On verra, aux xvi* et xvu^ siècles, le Grand Aumônier de France
soutenir que la maladrerie est de fondation royale, mais sans pro-
duire aucune preuve pour justifier son assertion. A en croire, d'un
autre côté, les Vicomtes de Limoges, ils avaient élé les fondateurs
de la maison, tout au moins ses principaux bienfaiteurs; mais ils
n'appuyaient cette prétention d'aucun fait, d'aucun document.
Une autre version était mise en avant et soutenue par les Goasvto
(1) Appendice, n<> IV.
(2) Hôpital, H 25.
(3) BulUàin de la Société archéologique et historique du Limounin^
t. un, p. 137.
(4) Lbgros, Essais historiques, p. 354 ; Allou, Monuments de la Haute-
\ienne,p. 151; Bonav. de Saint-Amablo, Histoire de saint Martial^ t. 11,
p. 241.
LES LÉPREUX ET LES LKPIIOSERIES DE LIMOGES ^1
du Ghàleau de Limoges. La Maison-Dieu avait été établie à l'aide
des doDs, legs et aumônes des « bonnes gens » de celle ville (1) et
sous les auspices des magistrats municipaux. Ces derniers ne se
lassèrent pas, du xni" au xvii' siècle, de revendiquer certains droits
sur la maladrerie. Nous les verrons, vers 1240, les exercer en
recourant à la violence et instituer, de leur propre aulorilé, un
prieur pour administrer rétablissemcnl. Plus lard ils intentèrent
des procès à l'abbesse de La Règle pour la contraindre à réparer
les bàtimenls qui tombent en ruines. Il n'est ni impossible ni
invraisemblable que les libéralités des bourgeois de Limoges
eussent contribué à la fondation de l'infirmerie du Bas-Chinchau-
veau; mais il paraît difficile d'admetlre sans témoignage bien
catégorique que, dès le xn' siècle, les habitants du château eussent
directement, sans rintervenlion et en dehors du patronage de
rantorité ecclésiastique, établi un hôpital de lépreux et Tait édifier
les bâtiments nécessaires. La vérilé nous paraît avoir été dile par
Etienne d'Excideuil, recteur de la maison, dans la déclaration
solennelle faite « au péril de son âme », alors qu'il gisait sur sa
couche de douleur et que, entrevoyant sa fin prochaine, il avait
déjà pris des mesures pour pourvoir à son remplacement.
Suivant ce témoignage, la léproserie aurait été fondée « par le
seigneur G..., évéque de Limoges ». Il ne s'agit pas ici de Gui de
Cluzeau,évéque d'octobre ou novembre i 226 au mois de janvier 1235,
qui, étant archidiacre sous l'administration de Sébrand Chabot,
avait été chargé par ce dernier de la haute administration de
la maison. L'initiale G ne peut designer que Gérald du Cher.
1^ création de la Maison-Dieu remonterait donc au milieu du
XH' siècle et se placerait entre i 150 et 1177, à une date peu éloignée
de celle de rétablissement de Thôpital de Saint-Gérald, fondé en
H58 par le même prélat.
Les déclarations du recteur Etienne que nous venons de men-
tionner, furent faites sur l'interpellation, soit des frères de la Mai-
son-Dieu, soit de l'évéque ou de son délégué. Elles ont été consi-
gnées dans un curieux procès-verbal donl l'original, revêtu du
sceau de l'évéque Durand d'OrIhac (1240-1245), ne nous a pas été
conservé, mais dont les archives de l'hôpital de Limoges possèdent
un vidimus délivré par l'ofScial le 5 des ides de janvier (1262 v. st.)
1263 (2). La pièce est des plus importantes pour l'hisloire de la Mai-
(1) Audivit dici quod dictus locus fuit ediffîcaius per bonas gentes
Casiri Lemovicensis et per ipsas dolatus plurihus censihus et redditibus
Enquête de 1399, ap. Legros, Mélanges mss, t. III, p. 361 et ss.).
(2) Autrefois aux Archives départementales, aujourd'hui aux Archives
de rhôpital de Limoges, III« fonds, G 1 .
f>2 SOClèré ARCllèoLOGIQUE ET HlâTORIQÛB DU LIMOUSIK
son-Dieu el elle mérite d*ô(re donnée in extenso. En voici la fra-
duclion littérale.
» Je sais, dit le recteur, non seulement par ouï-dire, mais poar
ravoir vu moi-même — et je l'atteste par mon serment et au péril
de mon âme — que Jean Vatavespres, prêtre, avait autrefois
l'administration de la Maison-Dieu du consentement et volonté des
malades et des donats de Thôpilal et aussi du consentement et vo-
lonté du seigneur Gui, jadis évêque de Limoges, de bonne mémoire;
lequel Gui était seulement à celle époque archidiacre de Limoges
cl avait reçu du seigneur évéque — c'était alors Sébrand ou
Jean (1) — la charge de veiller sur cet élablissement et d'inspirer
son adminislration. J'affirme, toujours sous mon serment, et cela
je l'ai vu et enlendu, que, durant toute la vie dudil seigneur Gui,
ie recteur et les frères recouraient à lui en toute occasion, comme
au supérieur et au chef de la maisoa. C'était par son avis que tout
$e décidait. Et j'ai vu les choses se passer de la sorle durant qua-
rante ans et plus.
« Lorsque le prêtre dont j'ai dit plus haut le nom et qui est resté
vingt-cinq ans à la tête de la maison, fut couché sur son lit par la
maladie — cela encore je l'ai vu et entendu — il fit appeler maître
P[;erre], prieur du couvent des Frères Prêcheurs (2), et maître
P. Papalou, et il me demanda à moi, Etienne, qui avais été curé de
ladite maison, me requit et m'enjoignit par deux fois, au nom de
la confralernilé, de l'obéissance et au péril de mon âme, de pren-
dre la charge et l'administration de l'établissement : ce à quoi je
ne consentis que sur les pressâmes instances du prêtre en question.
J'ai lieu de croire que Vatavespres me confia ce mandat de Tavis
du seigneur Gui.
«J'affirme sous serment qu'après les funérailles de Vatavespres,
Tarchidiacre Gui (3) ayant eu connaissance de tout, vint ici, assem-
bla en sa présence tons les malades, les donats et les sœurs de la
maison et leur fit jurer à tous, malades, donats et sœurs, de m'obéir,
de conserver fidèlement le patrimoine de cet élablissement el de
m'en reconnaître pour le recteur. J'ajoute que mon prédécesseur
dans ces fondions, en me remettant, dans les circonstances que je
viens de rappeler, le gouvernement de Tinfirmerie, m'adjura de ne
point désigner ni instituer, lorsque sonnerait pour moi l'heure de
(1) Sébrand Chabot, 1179-1198; Jean de Veyrac, 1198-1218.
(2) Ce fait doit donc se placer entre 1219 et 1226. Les fils de Saint -
Dominique ne s'établirent à Limoges qu'en 1219.
(3) Gui fut élu évoque de Limoges au mois d'octobre ou de no-
vembre 1226.
Les lépreux bt les léproseries de limoges ^3
quiltef celte vie, aucun habitant du Château de Limoges pour
remplir la charge de recteur, mais de choisir plutôt, pour diriger
cet établissement, un ânier appartenant à la maison.
« Je jure que ni moi ni mon prédécesseur, ni à ma connaissance
aucun autre des supérieurs de la Maison-Dieu n'avons été investis
de Tadministration de cet hôpital soit par les consuls du Château,
soit en vertu du consentement des consuls ou des bailes ou d'un
ordre émanant d*eux.
<c Vous me demandez quel a été le fondateur, le créateur de réta-
blissement. A cette question je réponds que je crois, par mon ser-
ment, que la Maison-Dieu a été instituée par le seigneur G[érald],
évéque de Limoges. C/est du moins ce que j'ai entendu dire par
mes anciens.
« Toujours sous la foi du serment, je déclare que moi-mémot
retenu au lit par la maladie, j'ai récemment réuni les lépreux et les
donats de la Maison : je les ai requis et prié de trouver bon que je
pourvusse l'hôpital d'un recteur et de consentir à ce que je remisse
l'administration à Jean du Peyrat, prêtre, et à ce que celui-ci fut
institué supérieur en mon lieu et place. Les uns ont adhéré à cette
demande; les autres n'y ont fait aucune objection. J'ai donc, en
leur présence, et sans que personne crût devoir protester, résigné
sur le champ mes fonctions en faveur de cet ecclésiastique, et je
l'ai investi de la charge de supérieur. Etienne Pioncelot, cordonnier
de la maison, était présent et n'a élevé aucune opposition. C'est
lui néanmoins qui, après la désignation ainsi faite du nouveau
recteur, a déclaré s'opposer, au nom des consuls du Château, à l'ins-
titution de du Peyrat. .
« On me demande de déclarer, sous mon serment, si l'argent
que ledit du Peyrat, le prêtre Jean Tréiin, chapelain de l'hôpital,
Pierre de Saint-Lazare et Pierre de Beaune, ont enlevé de cette
maison appartient à celle-ci. J'affirme que non, et j'ajoute que les
bourses et les sacs renfermant cet argent m'ont été apportés pour
me permettre d'examiner et de vérifier s'ils étaient, ou non, la pro-
priété de rétablissement : j'ai pu ainsi constater qu'ils n'apparte-
naient ni à moi ni à la Maison-Dieu.
« En ce qui concerne mon avoir personnel, sur lequel vous
m'interrogez, je possède cinquante sols de vieille monnaie barba-
rine (1), que je garde depuis quarante ans pour les dépenses de
mes obsèques, plus une somme de vingt livres et une autre de onze
livres en argent, deux cuillers d'argent, un gobelet d'argent à pied
(i) On sait que la monnaie barbarine, frappée à Limoges, portait la
figure barbue de saint Martial .
T, LV 4
64 dociéré archéologique et ttisTokUQtrs du limousin
et une obole d'or. Tout cela, les consuls du Château de Limoges
Font, contre ma volonté, donné à Pierre d^Eglelons en installant
celui-ci de leur autorité en qualité de recteur de la maison.
» En quelles mains se trouvent les privilèges de rétablissement?
Ils sont présentement en la possession du môme Pierre d'Eglelons,
à qui les consuls ont livré la clef de mon coffre où étaient déposés
ces privilèges, après m'avoir arraché de force cette clé des mains,
malgré mes protestations et ma résistance et bien que je les adju-
rasse de prendre garde de porter un coup mortel à cet hôpital.
» Vous me posez encore celte question : Qui avait ici la juridic-
tion spirituelle et le soin des âmes ? J*en ai moi-môme fait investir,
avec le titre de chapelain, Jean Tréfin, prêtre, par le seigneur Gui,
évoque de Limoges. Avant lui, j*ai vu un autre prôtre de la maison
Elle Reclus, porter ce titre de chapelain et avoir la charge du ser-
vice religieux. Il tenait cet emploi du défunt seigneur Sébrand, lui
aussi jadis évoque de Limoges.
» Je dois ajouter que deux bourgeois habitant le Château,
Mathieu de Vilayvenc et Pascal Chrétien, se sont autrefois occupés
des affaires de la Maison-Dieu par pure amitié et par charité. Cela
encore, je Tai non seulement ouï dire, mais vu de mes yeux. A ce
moment, Thôpital se trouvait sans recteur; car Jean Vatavespres
n'avait pas été encore chargé de ces fonctions. J*ai tout lieu de
croire qu*ils agissaient ainsi de leur propre mouvement et point du
tout en vertu d'un mandat des consuls. Au surplus leur gestion n*a
pas été profitable aux intérêts de notre hôpital. Le premier, en
particulier, a aliéné les biens de l'établissement ».
Là s'arrête la longue déclaration du prieur Etienne. Nos lecteurs
trouveront peut-être qu'il n'était pas inutile d'en donner ici leteite
complet. Elle ne contient pas seulement, sur l'organisation et le
fonctionnement de la maison, pendant près d'un siècle, le mode de
désignation de ses supérieurs, les rapports entre ses habitants des
renseignements qu'aucun autre document ne renferme; elle nous
révèle des faits que nous ne connaissions pas par ailleurs : la lutte
notamment engagée vers 1240 entre l'autorité ecclésiastique et les
consuls au sujet du droit de patronage de la léproserie et de son
administration, et elle nous montre les magistrats municipaux ne
craignant pas de recourir à la violence pour faire prévaloir leurs
revendications ou triompher leur usurpation.
•
\. —La confrérie du Saint-Esprit.
Il n'y a aucune raison pour suspecter la véracité des déclarations
solennelles du recteur. Il est visible toutefois qu'en les faisant, il
LBS LBPBBUX ET LES LÀPROSBBlEâ DE LIMOGES 50
obéit à une préoccupation très vive, très pressante, et qu*elles sont
dictées, dans leur ensemble, par les difficultés d*un état de choses
insuffisamment connu de nous. On y sent très bien l'inquiétude
causée à Télémenl ecclésiastique chargé de la direction de Thôpital,
par riotenrention, les prétentions, les violences des chefs de la
commune du Château. Tout en n*énonçant, tout donne à le penser,
que la vérité, Etienne s'attache à établir que la maison a été fondée
par les évéques de Limoges et a toujours été régie par eux et sous
leurs auspices. Cette préoccupation du malade et le sentiment qu*i,
a de l'importance de son témoignage, à lui, attaché depuis long-
temps au service de la léproserie et son supérieur depuis plus de
dix ans, donne une valeur particulière à Faveu relatif à la vacance
du prieuré avant la désignation de Jean Vatavespres et à Timmix-
tion, à cette époque là, dans les affaires de rétablissement, de
Mathieu de Vilayvene et de Pascal Chrétien. Il faut que ces deux
bourgeois aient été mêlés bien intimement à son administration,
y aient eu une part bien importante, bien prépondérante, pour
avoir pu valablement aliéner certaines des possessions de la maison.
Les dires du recteur, en ce point, sont confirmés par plusieurs
documents de nos archives, lesquels nous montrent à une certaine
époque l'un au moins de ces personnages investi à titre officiel du
soin des intérêts de rétablissement, et une organisation laïque
juxtaposée, pour ainsi dire, au personnel ecclésiastique chargé de
la direction de la Maison-Dieu.
On sait le rôle considérable que jouèrent au moyen âge les
confréries. Leur action, à Limoges, se révèle partout. L'existence
d'une confrérie du Saint-Esprit attachée à notre maladrerie par un
lien dont nous ne connaissons pas d'une façon précise l'origine,
est constatée dans un acte de 1206. A celle date, Pierre Peyrat,
bourgeois, vend une rente de cinquante-cinq sous de monnaie
limousine « au prieur et à la Maison-Dieu des lépreux, ainsi qu'à
la confrérie du Saint-Esprit du même hôpital » (1).
A un acte de l'année suivante, constatant un don fait à Félablis-
sement par un chevalier, Foucher de Heiras, un certain nombre
de témoins sunt nommés, qui tous, ou la plupart, pourraient bien
être des membres de la confrérie du Saint-Esprit : J. de Vilaivenc
Audier Amlart, Gui Arnau, W. Rainart, S. Arnau, B. Guibbert,
G. Aimeric, P. Borzes, Pascal Chrétien, Verneuil (2). Toutefois le
(1) Priori et domui Dei Leprosorum Castri Lemov icensia et con fratrie
Mancti Spiritus ipsius domus (A.rch. Haute- Vienne , n<* 2120, prov.).
(2) Arch. de THôpital, III« fonds, B, 10. Cette liasse appartenait pré-
cédemment au fonds de La Règle, des Archives du département, et
portait le u? 1014. L*acte a été publié par A. Leroux, Doc, hist., I, 157,
b6 SOCIETE ARCIléoLOOIQUE ET HiStOHiQUE DU LlMOUSm
nom de la confrérie n'est pas prononcé à ce document, mais nous
y trouvons ceux de Pascal Chrétien et d'un membre de la famille
Vilavvenc.
Les confréries charitables et les maisons hospitalières dites du
Saint-Esprit prirent naissance dans le midi de la France. Il se peut
que Limoges ait dû la création d'une association de ce genre à des
marchands de Toulouse et de Montpellier, le commerce de ces
deux villes étant dès lors en rapports suivis avec celui de Limoges.
Peut-être aussi celte fondation fut-elle l'œuvre de nos négociants,
assez portés à implanter chex eux les institutions pieuses dont
ils avaient admiré ailleurs les heureux résultats. Dans les der-
nières années du xu* siècle et les premières du xin% un nombre
prodigieux de sociétés, d'aumôneries, d'hôpitaux, de léproseries
sous l'invocation du Saint-Esprit s'étaient créés le long du lillorai
de la Méditerranée et dans la vallée du Rhône. C'est sous ces
auspices et sous celle dénomination qu'entrell75etl190 le fameux
Gui de Montpellier avait fondé dans celte ville l'hôpital et l'ordre
dont celle maison et celle de Sainte-Marie in Saxia, à Rome,
devaient être les principaux établissements. L'œuvre n'était nulle-
ment spéciale aux lépreux ; elle se proposait de les secourir au
même titre que tous les autres pauvres du Christ : Ibi reficiuntur
famelici; paupres vestiuntur; necessaria ministrantur inflrmis,
disait Innocent III dans une bulle du 22 avril 1198, relative à
l'hôpital de Montpellier. Le souverain pontife ajoutait que le maître
et les frères chargés de l'administration de la maison devaient se
considérer et être lenus pour les serviteurs des indigents plus
encore que comme les receveurs des revenus des pauvres : Magister
et fratres non tam receptores dici debeant qtAam ministri indigen-
tium (1). Cet esprit devait être celui de la confrérie de la Maison-
Dieu, qui fui, il convient de le rappeler, une aumônerie en même
temps qu'un hôpital de lépreux. Nous ne connaissons aucun docu-
ment, aucun témoignage qui permette de rattacher l'œuvre hmou-
sine à l'institution de Gui de Montpellier. Notons seulement que,
dans les maisons qui suivent la règle donnée par ce dernier, l'éta-
blissement est placé sous la direction d'un recteur élu, renouvelable
annuellement il est vrai, et que les religieux administrent l'hôpital
avec l'adjonction de coopérateurs laïques (2).
Ce qu'il importe de constater, c'est que les rares mentions que
(i) Baluze, Lettres d* Innocent III, t. I, lettres 95 et 97.
(2) Paulinier, Guy de Montpellier, fondateur de Vordre du Saint-
Esprit. Mémoires de la section des Lettres de rAcadémie des Sciences
et Lettres de Montpellier, t. V, p. 133.
•^
.. • •
LES LEPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 57
noos possédions de la confrérie du Saint-Esprit de Limoges, se
rapportent eiiclnsiYement à l'administration de la léproserie du
Ghâteao.
Noos menons de mentionner un acte de vente daos lequel la
confrérie do Saint-Esprit est donnée comme étroitement liée à
notre hôpital. Un autre document, daté de 4216 et inséré au Car-
tulaire do consulat du Château, parce qu'il consacre des conven-
tions faites en présence des magistrats de la commune, est l'instru-
ment d'un accord conclu entre Pascal Chrétien lui-même, qualilié
non de prieur, recteur ou précepteur, mais de baile, c'est-à-dire
d'administrateur ou de régisseur, bajulus, bailivtis, de la mala-
drerie, et un certain Pierre Laurier, au sujet d'un léger débat
entre ce dernier et la Maison-Dieu (1). L'acte est rédigé à la
requête des deux parties, per comandament d'ambas las partidas;
il ne nomme que le baile, et aucun autre représentant ou digni-
taire de la léproserie n'y figure. Le nom de la confrérie du Saint-
Esprit n'est pas prononcé cette fois ; mais nous avons vu qu'elle
existait déjà en 1206 et qu'à cette époque ses intérêts se confon-
daient avec ceux de l'établissement, Pascal Chrétien porte ici le
titre, plutôt laïque, de baile; nous verrons ce personnage, ou un
autre du même nom, figurer à un acte de date postérieure concer-
nant la Maison-Dieu, avec la qualification de « baile de la confrérie
du Saint-Esprit ». Qu'il s'agisse ou non de la même personne, il
est permis de penser que Pascal Chrétien, représeniant de la
Maison-Dieu, agit, à l'acte de 1316, à titre de chef de la confrérie
aussi bien qu'en qualité de mandataire de la léproserie et des
malades.
Or, nous avons appris, de la bouche d*Elienne d'Excideuil, que
Jean Vatavespres fut institué recteur de l'hôpital sous l'épiscopat
de Sébrand Chabot, mort au mois de mars 1198, — ou celui de
Jean de Veyrac, en fonctions de 1198 à 1218; et par lui également
nous savons qu'avant l'installation de ce supérieur, Mathieu de
Vilayvenc et Pascal Chrétien s'élaient occupes des afifaires de la
maison. Tout concorde donc pour nous donner à penser que, dans
la période qui a précédé cette installation, la confrérie du Saint-
Esprit, représentée par ces deux personnages, se trouvait chargée
(i) Conoguda chaussa sia,.. qe de demanda qe li malapte fazien
P. Laureir e P. Laureirs aus malaptes, fo aitals acorz faics en la ma
deas cossols,.. Aiso juret a tener.., e en vestit Pasqal Crestia, qi era
bailles de la Afaijo Deu.., Actum anno Verbi incarnati M<» CC^ XVI^.
(Arch. Hôtel de Ville, A 1, fol. 88 v»). Le Clos Laurier, dépendant de
Saint-Martin, était voisin de la Maison-Dieu.
58 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de I*adininistra(ion des intérêts malëriels, tout au moins des affaires
extérieures de Télablissemenl.
Mais il semble que la mémoire d*Etienne Ta trahi en ce qui a
trait à la durée des fonctions de Jean Valavespres. Si les actes de
4206 et 4216 que nous venons de mentionner ne contiennent pas
une erreur de date, il faut admettre que Tinstallation de ce dernier
a eu lieu entre 1216 et 1218 seulement (1); par suite, neuf oa
dix ans à peine ont pu s*écouler entre celte date et celle de rentrée
en fonctions de son successeur. Etienne nous apprend en effet que
Tarchidiacre Gui vint le mettre en possession de sa charge. Or Gui
fut élu évéque en octobre ou novembre 1226. L*administration
toute entière de Vatavespres n'aurait donc pas excédé dix années.
On peut supposer toutefois qu*avant d'être oiBciellement investi
des fonctions de recteur, il avait eu le gouvernement intérieur de
la maison.
Mathieu de VilajYenc n'est pas pour nous un inconnu. On le
voit figurer à plusieurs actes du vieux cartulaire de Thôtel de ville
de Limoges. Il est au nombre des consuls devant lesquels se trouve
porté précisément, le 10 octobre 1224, un litige entre Jean, prieur
de la Maison-Dieu, d^ine part, et Jeanne d*Eymoutiers et le mari
de celle-ci Jean de Bourganeuf, de l'autre, au sujet d'une vigne
sise au-dessous de La Bregère (2). On relève le nom de Mathieu
de Vilayvenc des Taules, parmi ceux des bourgeois compromis
dans l'affaire de l'église de Bré et qu'en 1244 ou 1245, les magis*
trats municipaux sont invités, par une délibération de « l'Hôpital »,
c'est-à-dire du conseil de la commune, à garder de tout dommage
à raison du procès qui leur est intenté à cette occasion (3). Le
même Mathieu de Vilayvenc est chargé, au mois de juillet 1244,
avec P. d'Egletons et Mathieu Gramavi, d'accommoder un différend
entre deux bourgeois (4); il se trouve au nombre des prud'hommes
que s'adjoignent les consuls pour un règlement de comptes en
1218 (S). Il n'est p)us question de lui à partir de cette date, et il
(1) Jean, prêtre et recteur de la Maison- Dieu, est nommé à un acte
du 29 novembre 1217. (Alfred Leroux, Chartes et chroniques, p. 66.
(2) Autrefois aux Archives du département de la Haute- Vienne, fonds
de La Règle, n'* 5937 du classement provisoire ; aujourd'hui aux Archi*
ves de Thôpital, III' fonds, B, 10. Nous avons publié cette pièce dans nos
Documents relatifs à Vhistoire municipale des deux villes de Limoges, t. I,
p. 130 à 132.
(3) Arch. Hôtel de Ville, AA», fol. 62 v«.
(4) //)«/., fol. 63 r*.
(5) Ibid,, fol. 7 v«.
LES LÉPREUX ET LES LéPROSBRIES DE LIMOGES 59
parail être mort entre 4248 et 1960 (1). Ce fut un notable jouissant
de Festime et de la confiance de ses concitoyens. Ses frères on ses
fils, Jean, Pierre, Humbert et Elie de Vilayvenc jouent à leur tour un
certain rôle à Limoges, entre 1220 et 127S. Nous avons vu un J. de
Vilayvenc, nommé en 1207.
Nous connaissons également la famille à laquelle appartenait
Pascal Chrétien. Le personnage lui-même n*est mentionné, croyons-
nous, qu'à l'acte de 1216, où nous l'avons vu figurer avec le tilre
de baile de la Maison-Dieu, et au contrat de 1253 dont nous parle-
rons plus loin, où il intervient en qualité de baile de la confrérie
du Saint-Esprit (s*il s'agit bien toutefois du même homme ; car il
est dit prêtre cette fois). Mais nous trouvons un J. Chrétien, consul
ou plutôt ancien consul, nommé en 1274 (2). Enfin, un orfèvre du
XIV* siècle, Âymeric Chrétien nous a laissé une œuvre assez inté-
ressante, le buste reliquaire de saint Ferréol, qui porte sa signa-
ture et est conservé dans l'église de Nexon (Haute- Vienne).
La confrérie du Saint-Esprit existait-elle dès la fin du xn* siècle
et avait-elle participé à la fondation de la léproserie ? Nous ne
pouvons l'affirmer, bien que le fait ne paraisse pas invraisemblable,
et, dans ce cas, se trouverait confirmée la prétention des « bonnes
gens de Limoges » d'avoir contribué à cette création. Néanmoins,
nous n'avons pas trouvé, on l'a vu, cette confrérie mentionnée
avant 1206. Â cette date, elle est déjà associée à l'œuvre charitable
à laquelle président les évoques de Limoges. Le prélat ou le digni-
taire ecclésiastique, entre les mains duquel le chef du diocèse a
remis la haute direction de la léproserie, demeure « le seigneur et
la tête » de la maison, pour employer les expressions mêmes du
recteur Etienne; mais les détails de l'administration, la perception
des revenus, la gestion des biens paraissent dévolus aux membres
de l'association du Saint-Esprit, pleins de zèle pour Tœuvre bien-
faisante entreprise par Gérald du Cher, et uniquement animés des
sentiments d'affection et de charité auxquels du reste rend justice
Etienne d'Excideuil. Un contrat de vente du mois de décembre 1252
nous montre la confrérie subsistant toujours, et cette fois non plus
seulement jointe à la communauté de la Maison-Dieu, mais pour
ainsi dire identifiée à l'hôpital. Â la date que nous venons de noter,
un certain Barthélémy de Drouilles vend — nous citons les propres
termes de l'acte — « à la confrérie du Saint-Esprit qui o.si propre-
(1) Peut-être est-ce le feu Martial de Vilayvenc — Marciali de Vilai-
venc qui fo — nommé dans un acte de juillet 1262, au même cartulaire,
fol. 36 v«.
(2) Arch. Hôtel de ViUe, AA*, fol. 40 v*.
60 SOCIÉTÉ ARCnÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
menl la Maison-Dieu du Château de Limoges » (1). D^ordinaire, on
aura occasion de le constater plus loin, le vendeur, en sembla-
ble cas, investit des droits et rentes cédés le prieur de l'hôpiial
son fonde de pouvoirs, ou la communauté de la maladrerie elle-
même. Cette fois, c'est le baile même de la confrérie, Pascal Chré-
tien, prêtre, qui représente l'acquéreur et reçoit Tinvestiture (2).
Il est permis de se demander s*il y a identité entre ce personnage
et le bourgeois du même nom, qualifié « baile de la Maison-Dieu »,
à l'acte de 4216, et à qui sûrement se rapporte le passage déjà
plusieurs fois rappelé, de la déclaration du recteur Etienne : rien
n'est moins certain. Outre qu'un intervalle de trente-six ans sépare
les deux mentions, on remarquera que le personnage figurant au
contrat de 1252 est dit « prêtre » ; rien de semblable à celui de
4216. De plus, en 1240 ou 1241, Etienne désigne Pascal Chrétien,
comme Mathieu de Vilayvenc, sous la simple dénomination de
« bourgeois ». Il se fut certainement servi d'un autre mot si le
premier avait été un ecclésiastique.
On pourrait tirer d'autres inductions de cet acte. Pascal Chrétien
n'est pas qualifié ici de prêtre de la Maison-Dieu, ni de membre de
la communauté de l'établissement. Il semble qu'il agisse en vertu
de son seul titre de bayle de la confrérie du Saint-Esprit. C'est un
ecclésiastique ; mais on sait que beaucoup de nos confréries du
moyen âge ouvraient leur sein indistinctement à des laïques et à
des hommes d'église. Faut-il conclure de la vente de 1252 qu'après
les actes de violente usurpation commis par les consuls entre 1240
et 1245 et dénoncés par Etienne d'Excideuil, l'hôtel de ville a gardé
une sorte de mainmise sur la maladrerie et que les biens de celle-ci
sont administrés non plus par le recteur, mais par le bayle ou les
bayles de la confrérie du Saint-Esprit. La conclusion nous semble-
rait excessive : d'autant plus que, de cette période de 1240 à 1252,
on possède plusieurs actes dans lesquels la léproserie est repré-
sentée par le recteur ou prieur. Nous nous bornons, en consé-
quence, à constater les termes remarquables du contrat de vente et
d'investiture que nous venons de signaler, sans en tirer argument
en faveur d'aucune hypothèse.
On ne connaît pas de document où il soit parlé de la confrérie
du Saint-Esprit, à Limoges, postérieurement à 1252 et on ignore
comment elle s'éteignit. Peut-être, comme d'autres associations
(1) Confratrie SancU Spiritus que est domus Dei Leprosorum Castri
LemovicensU, (Hôpital, III* fonds, C 3.)
(2) MaBSlroit Paschalem Christianum, presbiterurn hailivuni pro tem-
pore dicte confratrie, (Hôpital, III* fonds, C 3.)
LES LÉPREUX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 6i
non moins inléressantes, fut-elle désorganisée par la guerre qui
éclata en 1263 entre le Yicomte de Limoges Gui VI et les habitants
du Château. Peut-être ne s'éteignil^lle qu'en 1321. Ajoutons qa*un
seul hôpital du diocèse fut institué sôus la dénomination du Saint-
Esprit : la maladrerie de Confolens. Possédait-il une confrérie?
On ne saurait le dire.
VI. — La communauté de la Maison-Dieu. Prêtres; donats;
malades. Recteur, précepteur ou prieur.
Les lépreux et ceux qui les soignent sont étroitement unis. Prieur
ou recteur, chapelain, prêtres, frères et sœurs donnés, malades
des deux sexes forment une communauté, une « personne civile »
comiQe on dirait aujourd'hui. Et c*est cette collectivité qui reçoit et
donne, vend et achète, délivre et investit. C'est en son nom et pour
son compte que se traitent toutes les affaires de la maison.
Le prieur, recteur ou précepteur est le supérieur de Fhôpital : il
a une autorité que nul ne conteste, et tout le monde lui est soumis
dans la clôture du reclusage. CVst à lui qu'appartiennent la police
iiHèrieure et la direction des divers services, la surveillance et
Tentretien des bâtiments, le maniement de Targent, la garde des
archives, la conservation des privilèges, les rapports avec les supé-
rieurs ecclésiastiques. II doit se conformer à certaines règles,
observer les coutumes de la Maison-Dieu; car dans ces temps
anciens, les règlements résultent beaucoup plus d'usages longtemps
suivis que de statuts écrits, et ces derniers ne sont en général autre
chose que la formule précise des coutumes jugées à Texpérience
les meilleures.
Il ne faut pas voir dans le prieur de la Maison-Dieu, jusqu'au
second quart du xiv"* siècle, le titulaire d'un bénéfice. C'est le chef
de la communauté, le gérant de ses affaires et le directeur de
rhôpital. Il représente l'établissement dans tous les actes et con-
trats, mais n'agit jamais en son nom propre ; il paraît n'avoir pas
d'intérêt spécial, de mense particulière ; on n'aperçoit pas en lui,
dans l'exercice extérieur de ses fondions, de personnalité distincte
de celle des autres habitants de l'hôpital, dont il est seulement le
fondé de pouvoirs officiel et permanent.
La formule de la donation ou du legs en faveur des établisse-
ments charitables est, du reste, fort nette et ne comporte pas de
malentendu. Ce n'est plus seulement à Dieu et au patron de la
Maison : Deo et beato Petro, Deo et beato Martiali.,. que la libé-
ralité s'adresse ; ce n'est pas au supérieur non plus ; le bienfaiteur
62 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOEUQUE DU LIMOUSIN
donne « au prieur et à l'hôpital », c'est-à-dire à l'établissement et
au chef qui personnifie ses droits, souvent à la communauté, aux
malades, directement.
Il est intéressant de consulter à ce sujet quelques actes de nos
Archives. Voici Bernardet-Elie Amiet qui, en 1317, concédait la
moitié d'un bois « à Dieu et aux pauvres lépreux de la Maison-
Dieu » (1). Dans les mêmes termes est stipulé, en 1%24, un don de
W. de Vioys, de sa femme et de son fils. En 1228, dans un contrat
d'acquisition de rente fait par le prieur, il est déclaré que l'acqui-
sition est opérée pour le compte des malades (2). Six ans plus tard
Gérald Jayos, bourgeois, vend une vigne à Etienne, recteur de la
Maison-Dieu, « pour le compte de la léproserie » (3) ; un chevalier
du Château de Limoges, Elie Vigier, et ses fils cèdent en 1234 des
rentes sur plusieurs immeubles « au précepteur de la Maison-Dieu,
à ladite maison et aux lépreux de l'établissement » (4). Un noble de
la paroisse de Fursac, Adémar de Ghabannes, reconnaît en 1251
que le prieur de la maladrerie, l'hôpital lui-même et les frères de
cet hôpital possèdent une rente au Cluzeau et à Gouleyrolles, près
Folles (8).
En H73, le prieur, pour lui et la maladrerie, reçoit un don que
fait Etienne Givoarlz en considération de son affection pour le
prieur, l'hôpital, les pauvres et les ladres (6). La même année,
Pierre Texloris, prêire du faubourg Saint-Gérald, déclare que sa
maison est dans la mouvance de Jean, prieur de la Maison-Dieu
et de la dite maison (7) ; en 130S, le prieur Pierre agit « pour son
compte, pour celui des frères de la maladrerie et pour la mala-
drerie elle-même » (8) ; une reconnaissance de 1312 énonce que le
(1) Deo et pauperibus leprosis Domus Dei de Castro Lemovicensi
(Hôp., III« fonds, B 10. Publ. par A. Leroux, Chartes et chroniques, p. 66).
(2) Per preceptorem tune temporis Dotnus Dei, pro leprosis (Arch.
IlôpiUl, III« fonds, B 7).
(3) Vendidit Stephano, pro tempore rectori Domus leprosorum, ad opus
ejusdem domus (Ibid., II !• fonds, B 6).
(4) Stephano, Domus Dei leprosorum castri Lemovicensis preceptori, et
ipsi domui et leprosis ipsius domus (Ibid,),
(5) Prior Domus Dei,., et ipsa domus et fralers domus ejusdem (Ibid."^.
(6) Johanne, priore, ... pro se et dicta domo.,, Stephanus, actendens et
considerans devocionis et amoris affectum quem habet et habuit,.. erga;
priorem et domos predictos, et egenos et pauperes dicte domus, (H6p.,
in« fonds, B 6.)
(7) Movet de dominio et feodo dicti prioris et Domus Dei predicte,
(Hôp., III« fonds, B 6.)
(8) Pro se et pro fratribus ejusdem domus et pro ipsa domo, (Hôp.,
JII« fonds, B 7.)
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 63
prieur Pierre, pour le compte de son hôpital, Thôpital lui-même et
les frères et les malades dudil hôpital, possèdent des redevances
sur un certain nombre d'immeubles (1). Nous avons déjà cité la
vente consentie en 1206 « au prieur et à la Maison-Dieu des
lépreux et à la confrérie du Saint-Esprit de ladite maison d (2j»
De même, c'est a au maître et aux frères » de la léproserie de
Saint-Jean de Verdun que sont faites les donations en faveur de cet
établissement (3). On trouve ailleurs des formules analogues.
Le recteur est parfois assisté d'autres ecclésiastiques de la mai-
son. Ainsi, en 1222, plusieurs frères de la maladrerie, P. d'Autafort,
prêtre ; P. Jamberii, sous-diacre, sont nommésavec le prieur Jean (4).
En 1207, Foucher de Meiras donne aux lépreux la dlme et d'au-
tres redevances qu'il possède dans deux localités, et il les en inves-
tit dans la personne du chapelain et d'un autre prêtre de l'établis-
sement (8). Nous avons déjà vu le « baile de la Maison-Dieu » et
le « baile de la confrérie du Saint-Esprit » substitués au prieur. Un
acte du 29 mai 1301, intéressant à plus d'un titre, énumëreun
certain nombre de membres de la communauté de la maladrerie
concourant à la passation du contrat d'accense d'une maison sise à
Limoges dans la rue Mircbeuf. On trouvt) nommés, à cette pièce,
outre le prieur Pierre, Pierre de Lebralhet et Pierre de Saint-Sul-
pice, prêtres; Jourdain Pignet et le nommé Christianau (6), clercs ;
Gérald Estevenot et Jean de Pare, laïques, « tous frères de la
Maison-Dieu » (7). C'est un véritable acte capitulaire. A Saint-Jean
de Verdun, dont nous avons déjà parlé, les lépreux souscrivent
directement les contrats intéressant la maison (8).
Un certain nombre de prêtres sont attachés à la maison et font
partie de la communauté. L'un d'eux, on l'a vu, a le titre de cha-
(1) P red ictus prior, r&tione ipaius domus sue, et dicta domus, et fra-
très et leprosi ipsius domus. (Hôp., III' fonds, B 7.)
(2) Arch. Haute- Vienne, fonds de la Règle, liasse 2120.
(3) BuviONER, Les MaUdreries de la Cité de Verdun,
(4) Hôp., III« fonds, B 10.
(5) A us malaptes de la Maijo Dieu... e en vestis los malaptes.., en la
ma non, J, lo chapela de lo M. D, et Helia le prever. (A. Leroux*
E. Molinier et A. Thomas, Documents historiques concernant la Marche
et le Limousin, t. I, p. 157.)
(6) Il est possible que Christianau ne soit que le prénom de Jourdain
Pignet; toutefois, le mot clericis fait entendre qu'il y a deux personnes.
(7) Petro, priore Domus Dei..,, Petro de Lebralhet et Petro de Sancto
Sulpicio, presbileris et Jordano Pinheta, dicto Christianau, clericis;
Geraldo Estevenoti et Johanne de Pare, laîcis, fratribus ipsius Domus
Dei, (Hôp. III* fonds, B 7.) Une copie donne : Deodato Fpria/ia^.
(8) BuviGNBR, Les Malad reries de la Cité de Verdun^
64 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIIIQUE DU LIMOUSIN
pelain ou curé, et est investi par l'autorité épiscopale de la charge
des âmes. Il y eut sans aucun doute un chapelain à la Maison-Dieu
dès le début. Peut-être ces fonctions se sont-elles à l'origine con-
fondues avec celles de prieur et Tinstilution d*un supérieur, à côté
et au-dessus du chapelain, ne serait-elle pas antérieure à la nomi-
nation de Jean Vatavespres, c'est-à-dire aux premières années du
xni* siècle. Nous nous expliquerions ainsi cette vacance que signale
la déclaration d'Etienne d'Excideuil et durant laquelle des laïques
amis de la maison auraient été chargés du soin de ses affaires. L*état
de choses qu'il désigne ainsi serait, en réalité, un autre régime qui
aurait précédé celui inauguré par l'élection au rectorat de Jean
Vatavespres. Le chapelain ne suffisant pas à la double besogne
de curé et d'administrateur, se déchargeait, tout en gardant la
haute main sur toutes choses, des affaires temporelles extérieures
et de certains soins matériels sur les membres de la confrérie du
Saint-Esprit, dont le baile a pu être, à certains moments, sous sa
direction, le véritable administrateur de l'hôpital.
Y avait-il des lépreux parmi les prêtres des maladreries ? Nous
savons que l'ecclésiastique atteint de la maladie devait ne plus
célébrer la messe, interrompre son ministère et en référer sans
retard à Tévéque; nous savons aussi que les prêtres lépreux étaient
séquestrés comme les autres; mais nous n'avons pas la certitude
que l'autorisation de r«'mpiir les fonctions sacerdotales à l'intérieur
du reclusage leur fût donnée. Il est pourtant permis de le croire.
La communauté de la Maison-Dieu ne se composait pas seule-
ment des ecclésiastiques attachés à l'établissement et des malades;
les « donats » des deux sexes en faisaient partie.
On désignait sous ce nom plusieurs catégories de personnes atta-
chées aux établissements monastiques et en particulier aux maisons
hospitalières : les unes s'étaient offertes avec leurs biens et demeu-
raient en général jusqu'à leur mort dans les menses occupées par
elles et qu'elles continuaient de cultiver; d'autres s'étaient sponta-
nément vouées au service des lépreux et demeuraient dans la
léproserie, ayant une chambre spéciale, mais, en dehors de cette
prérogative, vivant de la vie commune; d'autres se trouvaient
hommes de glèbe sur des terres données à la Maison-Dieu et
étaient devenus les vassaux ou les serfs de l'hôpital. La catégorie
la plus relevée était celle à laquelle on donnait dans certains pays
le nom d'oblats et qui se composait surtout des enfants remis au
prieur par leur famille pour être élevés et attachés à l'hôpital (1).
(1) L'ordre du Saint-Esprit recevait aussi des Oblats. On trouve, dans
notre précieux cartulaire de Beaulieu, des actes d'oblation d*enfànt»
relatant les formçilités de Toblation,
LES LéPREUSt ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 65
Ces derniers, comme les oblats des monastères bénédictins, rece-
vaient souvent de Tinstruclion et étaient promas au sacerdoce.
Peut-être un prêtre de la Maison-Dieu de Limoges, qui figure à
plusieurs actes et qui est qualifié à l'un d*eux de « donat » de l'hô-
pital (1), Pierre de Lebralhet, appartenait-il à cette catégorie.
L'exemple que nous relevons ici prouve dans tous les cas que cette
situation de donn^ n'avait rien d'humiliant et ne constituait pas une
inrériorité sociale, puisque Lebralhet avait pu soit conserver la qua-
lité et les fonctions de prêtre en devenant donné, soit, se trouvant
dans cette condition, être néanmoins élevé au ministère sacerdotal.
Nombre de donats étaient de simples serviteurs. Nous ne croyons
pas qu'antérieurement à la fin du xiv*" siècle, il y ait eu, dans le
personnel de la léproserie, des hommes ou «femmes à gages. 11 est
néanmoins, à un document du mois de janvier 1237 v. st. (1238),
fait mention de deux « serviteurs » de la Maison-Dieu, témoins à
un contrat relatif à une acquisition effectuée pour l'hôpital (2).
Plusieurs documents du siècle suivant parlent des « servantes » des
lépreux. Ces servantes devaient appartenir à la catégorie des
donates. Mais il était, dans le personnel féminin, un emploi plus
relevé, une situation à part, celle de ménagère ou maîtresse de
maison, domina. Il est probable qu* il faut reconnaître une femme
de cette catégorie dans la malheureuse brûlée à Uzerche le 13 mai
4321, et que l'intéressante chronique publiée par M. G. de Man-
teyer qualifie de « major matrona » (3). Nous citerons plus loin
l'exemple de femmes chargées de la direction du ménage dans
certaines petites communautés dépendant de nos hôpitaux, dénom-
nées aux actes domina et entourées d'égards particuliers, qui sem-
blent pourtant n'être que de simples donates.
Presque toutes les léproseries et un grand nombre d'hôpitaux
ordinaires* possédaient des communautés de «donnés». Â une
liasse des Archives nationales où nous avons trouvé beaucoup
d'indications que nous utilisons dans cette élude, il est rappelé
qu'il existait dans l'église de Sainte-Marie-Madeleine hors des
murs de Chartres, auprès d'un établissement analogue à la Maison-
Dieu, une « confrérie de prostrés séculiers, appeliez Condonnez,
vivant en commun, dont l'un esloit nommé prieur et estoit le chef
des autres ». On ajoute qu'ils n'avaient pas de costume spécial et
qu'ils portaient l'habit ecclésiastique séculier, mais qu'on les tenait
(1) Petro de Lebrelhet, presbitero, donato Domus Dei Castri Lemovi-
censis. (Hôpital, IH» fonds, B 7.)
(2) Hôpital, III* fonds, B 10.
(3) Voir ci-dessus, chapitre 11. . .
66 SOCIÉTÉ ARCHÊOl^OGIQUfi ET HlStOlUQÛE Di; LlMOCStN
pour des religieux à cause de leur genre de yie et parce qu'à la
réception de chacun d'eux dans la « confrérie », on récitait cer-
taines oraisons et que le récipiendaire faisait « certain serment de
fidélité entre les mains du prieur » (i).
Telle à peu près devait être la communauté de « frères » à qui
était confié le service du plus considérable des établissements
hospitaliers de Limoges, rhôpilai de Saint-Gérald^ fondé en 1158
'{al. 1454). Nous possédons d'assez nombreux documents sur le
régime et Torganisation de cette maison au moyen-Age. Sa commu-
nauté oflrail ce trait de ressemblance ar^c la confrérie des Gon-
donnés de Chartres, qu'elle comprenait seulement le personnel
des préposés de la maison : les malades ne paraissant y avoir été
admis à aucune époque; mais elle en différait en ce que tous
ses membres n'étaient pas des prêtres, ni même des clercs : Félé-
roenl laïque se trouvait assez largement représenté dans ce corps.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans les détails de Torganisation
de la communauté de Saint-Gérald, dont l'institution fut approuvée
et confirmée par plusieurs papes : Adrien IV, Alexandre III,
LuciusIII, Honorius III. Une bulle de ce dernier, du mois de décembre
1217, dispose que nul ne pourra être admis dans la communauté
de Saint-Gérald sans l'assentiment des frères ou de la plus saine
partie d'entr'eux; que le prieur sera élu par la communauté, avec
l aveu ou l'approbation de Tévêque; qu'enfin le supérieur de l'éta-
blissement ne pourra être choisi que parmi les clercs (2).
Retenons ces trois articles du règlement des frères de l'hospice
de SaintGérald. Ils étaient certainement en vigueur à la Maison-
Dieu. Nous n'avons par malheur rencontré aucun document
relatif à l'admission d'un frère ou d'un malade dans cet établis-
sement, avant l'époque où il fut remis à l'abbesse de I^a Règle.
D'autre part, aucune lettre apostolique concernant la Maison-Dieu
et antérieure au xiv* siècle n'est mentionnée dans les pièces des
archives de cet établissement. Mais il semble bien qu'aucun des
prieurs ou recteurs du reclusage n'a été un laïque, et nous voyons,
par les déclarations d'Etienne d'Excideuil, auxquelles il faut sans
cesse revenir, la communauté consultée quand il s'agit de nommer
un prieur. Il dit expressément que Jean Vatavespres occupait ces
fonctions « du consentement et de la volonté » {consenm et voluntate)
des malades et des donats de la maison, et du consentement et de
la volonté de l'archidiacre Gui. Quand, après vingt-cinq ans de
charge, Jean vient à mourir, ayant enjoint en quelque sorte à
(1) Arch. nationales, S 4847.
^2) Arch. nationales, S 4847, no 18.
LES LéPEUCUX ET LES LépROSERlEft DE LIMOGES 67
Etienne, « au nom de l*obéissance et de la confraternité et au péril
de son âme » d'accepter les fonctions qu'il va laisser vacantes,
l'archidiacre se rend à la Maison-Dieu, réunit en sa présence « tous
les malades, les donats et les sœurs », et leur fait prêter serment
à tous de veiller à la conservation du patrimoine de Thôpilal et
d'obéir au nouveau supérieur (1). Il n'est point parlé cette fois de
l'assentiment donné par la communauté à la nomination d'Etienne;
on peut seulement Tinférer de ce qui précède et de ce qui suit.
En effet, sentant à son tour s'épuiser ses forces, le successeur de
Jean convoque autour de son lit les malades et les donats de la
maison, et leur demande de consentir à ce qu'il pourvoie le reclu-
sage (i'uQ nouveau supérieur — rogavil quod placeret eis quod ipse
ordinaret de redore, — et remette la direction à Jean Peyrat. Tous
les membres de la communauté sont présents à la réunion ; les
uns adhèrent expressément à la proposition d*Etienne ; les autres
gardent le silence, mais sans donner aucune marque de désappro-
bation. En conséquence, le prieur installe, en présence de tous les
frères et sans aucune protestation, le nouveau supérieur dans ses
fonctions (2).
Il résulte avec évidence de ces divers passages que les malades
étaient, au même titre que les donals et que les autres habitants do
rhôpital, membres de la communauté de la Maison-Dieu. C'est à
eux, en somme, que s'adressaient les libéralités des bienfaiteurs :
ceux-ci avaient uniquement en vue le soulagement des misères
physiques et morales des malheureux atteints de la lèpre. Il semblait
donc juste, à un temps qui avait à sa façon le respect des droits et
la conception de la liberté, que les malades prissent part à l'admi-
nistration de leur propre patrimoine.
Du régime intérieur de l'établissement, des mesures d'hygiène
qui y étaient prises ou recommandées, des soinsdonnés aux lépreux,
à ceux qui, souffrant d'alTeclions moins graves, ou au premier pé-
riode de la maladie, pouvaient rendre certains services dans l'hôpi-
tal, aller mendier au dehors, ou exercer des professions lucratives,
comme aux reclus atteints de graves infirmités, aux mutilés, aux
alités, nous ne savons absolument rien. Pas un document ne nous
fournit un seul trait d'une esquisse dont ce serait ici la place, mais
dont nous serions obligé d'emprunter presque tous les éléments à
(1) Convocatiê coram se omnibus infirmis et donatis et sororibus dicte
domus, fecil omnes infirmos, donatos et sorores jurare.
(2) Quidam concesserunt et alii non contradixerunt,,. Ipse St, statim,
omnibus ipsis presentibus et non contradicentibus, tradidit eidem
J, Peyrac, presbitero, dictam curam, et instituit eumdem rectorem*
i '
68 SOCIKTE ARGHBOLOÛIQCE Et lIlSTORtQUE DÛ LIMOlTSlK
notre seule imaginalioD, tout au moins à des analogies rien moins
que certaines.
Au xYi' siècle, nous verrons les lépreux, lors de leur admission
à la Maison-Dieu, prêter « le serment requis », prendre certains
engagements, prometire non seulement d'obéir à la prieure et à ses
représentants, mais de « vivre chastement et converser honneste-
ment » avec les autres malades, de ne pas dilapider le patrimoine
de rhôpital, de ne pas garder peureux les aumônes qu'ils pourront
recueillir, mais de les verser à la bourse commune Qt d*en rendre
bon et loyal compte, en un mot de se conformer « aux coutumes
dudit prioré ». Ces coutumes, nous les avons déjà trouvées établies
dans la première moitié du xiii* siècle. Nous avons vu tout le per-
sonnel du reclnsage, la communauté toute entière : malades, frères,
donats et sœurs, s'engager par serment à obéir au prieur et à
conserver les biens de rétablissement. Nous pouvons donc, malgré
l'absence de documents de cette période, avoir une idée assez
exacte des « espèces de vœux » que faisaient les membres de la
communauté de la Maison-Dieu et que mentionneot Bonaventure
de Saint-Âmable, Nadaud, Legros et d'autres historiens de seconde
main.
Les archives de l'hôpital Saint-Gérald, plus riches, on l'a vu, que
celles de nos léproseries, fournissent des documents d'un très vif
intérêt sur les donations de se et suis faites à l'établissement et sur
la condition des donats. Notons un acte par lequel deux frères,
Gilles et Bernard d'Arfeuille se donnent eux et leur postérité au
grand hôpital de Limoges en 1224. Le prieur leur prescrit de
s'établir dans la <c maison des pauvres » de Clédat, dans laquelle
ils doivent se transporter avec tout ce qu'ils possèdent : linge et
vêtements, animaux, ruches à miel, outils agricoles. Le tout
deviendra la propriété de la maison; ils en auront seulement
Tusage, ainsi que celui des objets qui se trouvent déjà dans le mas
et de ceux qui pourront être acquis. Ils en jouiront eux et leur
famille en commun avec un prêtre, un clerc et une « dame »
chargée de la direction du ménage. Nous dirions aujourd'hui une
« maîtresse de maison, une ménagère ». Après le prêtre, auquel
sera, s'il est possible, donné une alimentation un peu plus recher-
chée, la dame et le clerc devront avoir les logements les plus
convenables et profiter des petits avantages qui n'entratnent pas de
dépense particulière (1).
(1) Et aliis que sumptus non exigunt (Leroux, Chartes et chroniques^
p. 71, d'après un document de la liasse 7270 des Arch. départementales,
auj. à THôpital, III* fonds, B 3).
LES LÉPREUX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 69
L'acte prévoit le cas où les membres delà petite communauté de
Glédat ne pourraient s'entendre ensemble et où la vie commune
deviendrait impossible; le cas où le prieur jugerait nécessaire
d'envoyer les deux donnés dans un autre domaine de l'hôpital ou
de séparer leurs familles en les chargeant chacun d'une exploita-
tion distincte. Nous mentionnons tout spécialement cet acte, qui a
été publié par M. Alfred Leroux dans son intéressant recueil :
Chartes et chroniques, parcequ'il nous paraît renfermer la formule
exacte, si l'on peut s'exprimer ainsi, des intéressantes commu-
nautés qui essaimaient de nos établissements charitables. Le prieur
est le chef de la maison ; il y ordonne toutes choses et aucun des
membres du groupe ne doit rien faire de quelque conséquence sans
son conseil ou son assentiment. Lui, de son côté,n'arrélera aucune
mesure importante concernant les biens communs sans le conseil
ou l'aveu des donats. Et tout, à Glédat, sera commun à ce point
que, ni le prêtre ou les autres préposés de Saint-Gérald habitant la
maison, ni les donats ou leur famille ne puissent savoir ou dire que
quelque chose leur appartient en propre (1).
Nous aurons plus loin à revenir sur la communauté de la Maison-
Dieu au cours de la seconde période de son histoire. Nous verrons
subsister l'association des malades et la mise en commun de leurs
biens; mais il n'y aura plus alors, à ce qu'il semble, d'ecclésias-
tiques résidant continuellement dans l'hôpital, plus de prieur, plus
de chapelain ; tout au plus un curé habitant la ville, ne partageant
ni la vie ni la règle des lépreux. En un mot, la Maison-Dieu nous
apparaîtra fort différente de ce que nous venons de la voir.
VU. — Prieurs et bienfaiteurs, — Libéralités et acquisitions.
Les chapitres qui précèdent relatent les faits de l'histoire de la
maladrerie de la Maison-Dieu jusqu'aux événements de 1321 ; mais
cette histoire serait incomplète si nous n'y ajoutions un aperçu
chronologique de l'administration des prieurs, des donations reçues
et des acquisitions réalisées durant cette période par la plus impor-
tante et la plus connue de nos léproseries limousines. La nomeu-
{i)Ad mandatum ejusomnia disponantur, nec ipsi fratres vel sui aliqua
digna consilio faciant, sine ejus consilii et assensu, Ipse eciam de bonis
communibus nichil agat dignum consilio sine ipsorum fratrum consilio
et assensu, Ita erunt omnia communia quod nec sacerdos aui illi qui pro
domo Sancti Geraldi morabuniur in domo predicta, nec dicti fratres aui
sui scient vel diceni aliquid proprie suum esse,
T. LV 5
70 SOClénÈ ARGHÉOLOLIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
clàlure sera forcément un peu sèche, et nous nous en excusons à
Tavancc.
De la première période, celle antérieure à fadministralion de
Jean Vatavespres, nous savons fort peu de chose, et c'est à peine
s'il subsiste trois ou quatre titres ne fournissant au surplus que
d'assez vagues indications. La date d'aucun de ces documents ne
remonte jusqu'au xu' siècle.
Elic Reclus est le premier des prêtres attachés à la Maison-Dieu
dont le nom nous soit connu. (1 fut institué chapelain ou curé de
la léproserie par l'évéque Sébrand Chabot (1), mort en 1198. U y a
sans doute identité entre cet Elie et Elie, prieur de rétablissement
avant 1206, mentionné ailleurs (3). Peut être ce personnage
est-il celui que nomme le nécrologe de la confrérie de la Cour-
tine (3). Il nous semble plus probable, toutefois, que cette mention
se rapporte à Elie II Âimeric, prieur ou recteur en 1241.
Le titre le plus ancien concernant notre maladrerie que possèdent
les Archives locales (4) est un acte de vente de cinquante-cinq sous
de monnaie limousine, par Pierre Peyrat, bourgeois du Château de
Limoges, au prieur et à la Maison-Dieu des lépreux du Château,
ainsi qu'à la confrérie du Saint-Esprit de cet hôpital (3). Nous avons
déjà signalé ce document, daté de l'an 1206 et où le nom du prieur
ne se trouve pas.
Il n*e$t pas mentionné non plus dans un acte de l'année suivante,
le second, dans Tordre chronologique qui soit relatif à l'établisse-
ment. A celui-ci, la présence du prieur n'est même pas énoncée.
Un membre de la famille de Meiras, — les de Meiras étaient cheva-
liers du château de Pierrebufflère, — Foucher donne «aus malaples
de la Maijo Dieu» représentés par J., chapelain de l'hôpital, et
Elie, prêtre, ce qu'il possède, dime et autres droits, au breuil Mauz,
et sur la borderie de Combalando. La donation est faite dans la
(1) Déclaration d'Etienne d'Excideuil. Appendice, n* IV.
(2) Arch. Ilaute-Vienne, fonds de La Règle, 2120 prov".
(3) Ilel. capellanus de Domo DeL (Nccrol. de la Courtine, aux Mé-
moires manuscrits de l'abbé Nadaud, t. V, p. 1 et 367, Mélanges manus^
crils de l'abbé Legros, t. I, p. 303 et suiv. Bibliothèque de MM. les
Sulpiciens du Séminaire de Limoges).
(4) La liève III B 3 des Archives de l'hôpital que nous transcrivons
à l'appendice, mentionne un titre de 1202 concernant une maison de la
rue Manigne, déchargé d'une rente due à la léproserie, mais il est pos-
sible que la date ait été mal lue.
(5) Fonds de La Règle, 2120 prov*"* Cf. Lehoux, Molinier et Thomas,
Documents historiques^ t. J, p. 157,.
LES LÉPREUX ET LES L^IPROSEIUES DE LIMOGES 71
tour d'Audier Âmblarl, sous les sceaux des consuls des deux villes
de la Cilë et du Chdleau.
Le chapelain Jean, — ]. lo chapela de la Maijo Dieu, — men-
tionné au litre de 1207, pourrait bien n*étre autre que Jean Va(a-
vespres. Celui-ci élait déjà, selon toute vraisemblance, prôire
attaché à la léproserie quand Tarchidiacre Gui lui remit Tadminis-
tration de la maison, comme nous Tavons vu plus haut. Nous
avons dit que la durée assignée dans sa declaradon par Etienne
d'Excideuil, au rectorat de Jean, nous parait inadmissible et que
la mémoire du malade a dû le trahir, si toutefois le scribe n a pas
commis une erreur. Constatons en tous cas que nous rencontrons
pour la première fois le nom du prêtre Jean avec le litre de recteur»
dans un acte daté du 29 nov. 1217 (1) par lequel il reçoit de Ber-
nard Amiel, pour la maladrerie, le don de la moitié du bois deuBo-
^ar(te»,àcertaines conditions, que les malades devrontobserver pour
Vavantage commun (2). En 1217 Jean de Veyrac est encore évoque
de Limoges. C'est sous son épiscopat, nous le savons, que Vata-
vespres a été investi de la charge de supérieur de la maison.
L'année précédente, en 1216, a été conclu un accord entre les
lépreux et les Laurier pour terminer un différend relatif à une
rente de cinq sols limousins due sur la maison de Saint-Martin.
Les malades sont reproscnlés à cet acte par Pascal Chrétien, baile
de rétablissement, sans aucune intervention ni mention du recteur.
Les Laurier reconnurent devoir la rente, et la Maison-Dieu, de son
côté, renonça à réclamer une charge de vin sur leur vigne et aban-
donna le surplus de ses réclamations (3).
On retrouve, en 1222 et 1224, Jean avec la qualification de prieur
de la maladrerie. A la première de ses dates, il est assisté par deux
ecclésiastiques de la maison : P. d'Hauteforl, prêtre, et P. Jambier,
sous-diacre, il reçoit, en 1224, les libéralités de W. de Vioys, de sa
femme Amelia et de leurs fils en faveur des lépreux.
Jean Vatavespres meurt entre 1224 et 1226. Il a pourvu à sa suc-
cession pendant sa dernière maladie et enjoint, au nom de la con-
fraternité et de Tobcissance, à un prêtre de la maison d'accepter la
charge de recteur. Etienne d*Excideuil, qu'il a choisi, est installé en
présence de toute la communauté par l'archidiacre Gui. C'est avant
le mois d'octobre ou novembre 1226 qu'il faut placer cette instal-
(1) Johannes, presbiler et reclor domus predicfe. Hop. B 6, 10, publ.
par A. Leroux, Chartes et chroniques, p. 60.
(2) Quod predicti leprosi pro communi ulililate ohservabunt, Ibid»
(3) Cartulaire du Consulat, à l'Ilôtol de ville, fol. 88 v».
72 SOCIÉTÉ AnOlIKOLOGIQl E ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
lalion, puisqu*à celle dale Gui monle sur le siège épiscopal de
Limoges.
k un conlrat d'acquisilion, pour' le compte de la Maison-Dieu,
de 17 sols 6 deniers de renie, sur un immeuble de Reynaud de Bré,
devant les degrés du Queyroix de Sainl-Pierre (1), le supérieur de
la léproserie porle le lilre de précepleur, souvent donné aux admi-
nistrateurs des établissemenls de charilé; mais son nom n'est pas
prononcé (2).
Le 29 juin 1230, Elicnne est menlionné pour la première fois,
avec celle qualilicalion de précepteur, à un acte d'achat de rente.
La situation de la maison doit être prospère à cette date ; car les
prix ont une certaine importance. La léproserie verse notamment,
à Geoffroi et à Pierre du Peyrat son frère, une somme de 500 sols
pour prix d'une reconnaissance de 20 sols de cens et 12 deniers
d'accapt sur un jardin ou culture (3) — villare — dans la mouvance
des vigiers, officiers de justice du vicomte de Limoges. Une acqui-
sition plus considérable est faite, encore par Etienne dExcideuil,
à la dale du 27 mai 1234, de Gérald Jayos, au prix de cinq mille
et cinquante sous de monnaie limousine. Il s'agit d'une vigne et
d'un pressoir silués à proximité de la Maison-Dieu, au bord du che-
min qui se dirige vers le Sault Gayficr(4). Un des témoins est Jean,
chapelain de l'hôpital. Ce doit être Jean Tré(in,qui a été, nous le
savons par le témoignage d'Etienne d'Excidcuil lui-même, investi,
sur la proposition de ce dernier, de la cure de la Maison-Dieu, par
l'évêque Gui de Cluzeau.
Sous l'adminislration d'Etienne, au mois de janvier 1237 v. st.
(1238), fut terminé par une transaction un différend assez sérieux
entre le recteur ou prieur de la Maison-Dieu et le précepleur de la
maison du Temple du Palais. Ce dernier avait, sur leurs propres
instances, acheté d'Adémar de Gain, leur seigneur, deux frères serfs,
G. de Poi-OIzil et B. Vis, avec les tènements qu'ils cultivaient. Ces
hommes lui avaient promis une somme de 34 livres pour le déter-
miner à cette acquisition. Ils ne tinrent pas leur engagement, et
la vente fut annulée. Le précepteur, qui avait eu à supporter les
frais de cette vente et ceux nécessaires pour sa résiliation, réclama
(1) Ante gradus de Quadruvio.
(2) Preceptorem tune temporis Domus Dei. Acte donné sous le sceau
d'Aimeric Tranchelion. (Hôpital, III B 7. Vidimus de 1312.)
. (3) En sol vigayral. (IIÔp., III B 6.)
(4) Vendidit Stephano, pro tempore reclori domus leprosoruni ejusdem
Casiri... Johannes capellanus ejusdem domus leprosorum. (Arch. Hôpi-
tal, III B 6.)
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 7^
à CCS deux frères, qui étaient devenus probablement par suite d'une
donation faite à la Maison-Dieu ou ci*une acquisition opérée par
celle-ci, les hommes de la maladrerie, des dommages-intérêts. Il
demandait de plus qu'on fit partir ces deux frères et d'autres colons
placés par le prieur de la léproserie dans le manse du Châtenet ou
de Beauvoir (ou Bellevue), appartenant à la Maison-Dieu, mais^
dépendant de la paroisse du Palais, qui était de la juridiction du
Temple; assurant que ces colons étaient atteints de la lèpre: ce
que niaitabsolumenl leprieur(l). Seulement, par la substitution de
CCS nouveaux habitants aux héritiers du manse, — heredibus
mansi, — le Temple pouvait perdre sa juridiction ecclésiastique
sur ce lieu. Il fut convenu que, pendant un délai de quatre ans, les
hommes du Châtenet demeureraient soumis au chapelain de la
Maison-Dieu, tant pour l'administration des sacrements que pour
la sépulture. Passé ce délai ils redevenaient les hommes du pré-
cepteur (2).
Etienne obtint, en 1240, de l'abbé de Saint-Martin, Pierre de
La Meyze, l'autorisation de lever et faire lever annuellement les
rentes dues à l'hôpital dans le bourg de Saint-Martin. L'acte, qui
est daté du 20 novembre, est passé dans la maison d'un habitant
du bourg (3).
Un acte du 18 juillet de la même année constate une nouvelle
acquisition faite par Etienne. Elle Vigier, chevalier du Château de
Limoges et ses flls Elie et Guillaume, damoiseaux, vendirent aa
précepteur, à la Maison-Dieu et aux lépreux de l'établissement,
des rentes sur plusieurs maisons du faubourg Saint-Gérald, sises
notamment devant le cimetière et dans la grande rue qui va dans
la direction de la porte de Pichevache {sic) (4).
Bien qu'à une certaine époque les vicomtes de Limoges se soient
donnés comme les fondateurs de la léproserie du Château, nous
n'avons pu retrouver nulle part la trace de leurs libéralités. Les
comtes de la Marche figurèrent au nombre des bienfaiteurs de la
(1) Peiebai amoveri de manso de Chastanet, quod est ejusdem priorU,
iito in parrochia de Palacio S. et P. deu Valat et alios ibidem habitan-'
tes, quos idem prior ibidem posuerat, quia dicebat (le précepteur) eos
esse morbo lèpre infectas ; dicto priore penitus hoc negante.
(2) Hôpital, III, B 5. Publ. par A. Leroux, Charles, chroniques et mé^
moriaux. (Tulle, Crauflfon, 1886, p. 76, 77.)
(3) In domo P, Malveszi, sita in dicto vico. (Arch, Haute- Vienne, 2499.)
(4) Hôp., III B 6.
74 SOGléré ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Maison-Dieu ; (nais ce fut pour ainsi dire par un effet de la volonté
d*autrui qu'ils furent amenés à s*occuper de cette maison. Le titre
qui atteste la concession obtenue d'eux par la maladrerie mérite
Tattention des personnes curieuses des particularités de Thistoire
limousine. Le comte de La Marche semble, au cours des dernières
années du xu* siècle et des premières du suivant, avoir été mêlé,
sans que nous puissons bien nous rendre compte des circonstances
<]e celle immixtion, à plusieurs événements notables des annales
de notre ville. L'intérêt qu'Hugues de Lusignan accorde, en 1219,
à ces énigmatiques Banclatgiers, dont Timprudence a causé la
•chute d'une portion du rempart au moment même où se reconstruit
la ceinture fortiHéedu Château (1), le bannissement d'un bourgeois,
4a menace adressée par le comte aux consuls, de leur faire payer
<^her celte mesure, nous ont toujours semblé les trop vagues don-
nées d*un petit problème qui mériterait d'être éclairci. Mais ce
n'est pas ici le lieu de le traiter : d'autant qu'il ne paraît pas avoir
de rapport avec le fait qui nous occupe. Voici le peu que nous
savons des rapports du comte de la Marche avec la Maison-Dieu.
Hugues IX, mort en i2i9, avait donné -- ou vendu — à un cer-
tain P. Mathieu, habitant de Limoges à ce qu'il semble, un droit
d'une obole sur chaque livre de monnaie frappée par le comte de
la Marche. 11 n'y avait là rien d'extraordinaire. On constate que
certaines familles de bourgeoisie limousine sont en possession,
vers la même époque, d*opérer, sur la monnaie de Limoges, de
semblables prélèvements. P. Mathieu abandonna ce droit, avec le
consentement du comte, au prieur, à la communauté et aux mala-
des de la Maison-Dieu. La perception de cet obole donna sans
doute lieu à quelque diOicuUé après la mort d'Hugues IX. Le diffé-
rend fut terminé en 1247 par un accord aux termes duquel « le
prieur, les frères et les lépreux » furent confirmés dans leur droit
ûe prélever une obole sur chaque livre grosse de monnaie mar-
cholse. Toutefois, il fut dit que ce droit s'exercerait seulement sur
les espèces fabriquées dans les domaines propres à Hugues X et
ayant appartenu à son père : la concession ne devant pas s*étendre
à la monnaie d*Ângouléme, et d'autre part, les bénéficiaires de
cette obole ayant l'obligation de donner au garde de la Monnaie
du comte douze deniers par jour toutes les fois que dans la journée
il aura été fabriqué plus de vingt-cinq livres grosses de ces espèces.
Sous ses réserves, Hugues, comte d'Angoulême, fils de Hugues X,
appose son sceau à Tacte. Cette concession dut être rachetée ou
(1) Dlplès-Agier, Chronique de Saint-Martial, p. 194.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 75
annulée peu après ; car on n'en relève mention dans aucun docu-
ment postérieur (1).
Etienne d'Excideuii mourut, suivant i*abbë Legros, avant le
27 décembre 4240 (2). On trouve son nom au nécrologe de la con-
frérie de la Courtine, où il est qualifié « précepteur de la Maison-
Dieu » et où est mentionnée, avec deux autres des supérieurs de
rétablissement, une certaine Valenline de la Maison-Dieu, qui
peut être soit une sœur donate, soit une lépreuse (3).
On a vu quels événements avaient marqué les derniers jours
d*Elienne et troublé la tranquille existence de la Maison-Dieu.
Fidèle aux recommandations de Jean Vatavespres, qui Tavait
adjuré de ne pas désigner pour lui succéder un habitant du château
et de confier plutôt sa charge à un ànier de rétablissement, le
recteur, se sentant gravement malade, avait convoqué autour de
son lit de douleur les donats et les lépreux et les avait priés d'ac-
cepter un supérieur de sa main. Le prêtre Jeau du Peyrat, proposé
par lui, avait été en fonctions sans qu'aucune voix se fût élevé
contre cette désignation ; mais un habitant de la maison, un lépreux
sans doute, Etienne Pioncelot, qui exerçait la proression de cor-
donnier, adressa à ce sujet une protestation aux consuls du Châ-
teau, ou peut-être, gagné par eux, consentit-il à servir leurs desseins.
Quoiqu'il en soit, il déclara à la communauté de la Maison-Dieu
qu'il s'opposait, au nom des magistrats municipaux, à l'installation
de Jean du Peyrat. Nous ne savons si sa voix rencontra beaucoup
d'écho parmi les hôtes de l'établissement et quelle fut l'attitude de
ceux-ci. Bientôt après, les consuls eux-mêmes se rendirent à la
maladrerie. Ils prirent possession de Thôpital, arrachèrent des
mains d'Etienne d'Excideuil la clé du coffre où étaient déposés les
(1) Super questione oboli quem Prior et fratres Domus Dei leprosa"
rum LemovicensU et ipsi leproai petehant in qualibet libra moneie nostref
racione donacionis olim, ut dicehant, eis fade a Petro Mathei, de coiX"
sensu clare memorie domini genitoris nostri et nostro [qui genitor noster
eidem P. Mathei eundem obolum donaveral, ut dicebant), nos et ipsi
Prior et fratres et leprosi^ pacem fecimus in hune modum : quod eis
concessimus perpétua unum obolum percipiendum in qualibet grossa
libra nostre monete que fabricabitur in terra nostra et domini genitoris
nostri tantummodo, etc. (A. Leroux, E. Molinier et A. Thomas : Docu-^
menis historiques, t. I, p. 172, 173.)
(2) Tables chronologiques ecclésiastiques j manuscrit de la bibliothèque
des Sulpiciens de Limoges.
(3) Valentina de Domo Dei. Mélanges manuscrits de Legros, t. h
p. 363 et suiv.
76 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
titres de la maison, le dépouillèrent de son argent et des objets
précieux qu'il possédait et nommèrent de leur autorité aux fonc-
tions de recleur un certain Pierre d'Egletons à qui ils remirent,
malgré les protestations du pauvre malade, les privilèges et les
archives de Thôpilal, les bijoux et les fonds trouvés par eux (1).
Nous ignorons ce qui se passa alors. L'autorité ecclésiastique dut
intervenir. Il est probable que, pour parvenir à amener la conci-
liation, il fut décidé que le supérieur désigné par Etienne d'Exci-
deuil et celui institué par les consuls ne seraient ni l'un ni l'autre
maintenus en fonctions. Il est certain que nous ne trouvons nulle
part Pierre d'Egletons mentionné avec la qualification de recteur
ou prieur de la Maison-Dieu. Même constatation pour Jean de
Peyrat, qui meurt en 1283 après avoir fait un legs de trois deniers
à tout ecclésiastique qui assisterait à ses obsèques et est simplement
qualilié « prêtre » (2).
Dès 1241, Elie Âymeric est mentionné comme investi de la
charge de prieur de la Maison-Dieu des lépreux (3).
Beaucoup de testaments du xni* siècle, dont plusieurs nous ont
été inlégralement conservés, contiennent des legs au profit des
lépreux de notre établissement. C'est Jean Botin oj Bouty, qui
laisse à la maison dix sous de rente pour la célébration de son
anniversaire (4); c'est Mathieu de Drouilles qui, vers 1250, fait
aux ladres de la Maison-Dieu une libéralité analogue (5).
La léproserie devait avoir reçu un legs important de son ancien
recteur Jean du Peyrat, qui y fonda un anniversaire le jour de la
fête de saint Léonard et disposa que le prieur de la maison devrait
remettre trois deniers à tout prêtre de la communauté de Saint-
Martial assistant en surplis à ce service, et aux diacres, un denier^
Elie Aimeric, à qui fut sans doute délivré le legs de J. du Peyrat, dut
donner à la communauté une caution; il hypothéqua à cet effet la
rente de vingt-cinq sous que le prieuré possédait sur la maison des
Goraus, rue Manigne et sur un autre immeuble, rue Mirebeuf (6).
(d) Déclaration d'Etienne d'Excideuil, pièce n*» IV de l'appendice.
(2) Arch. Haute- Vienne, liasse 5781, n® provisoire.
(3) Hôpital, ni, B 10.
(4) HôpiUl, III, B 6.
(5) HôpiUl, III, B 6.
(6) Obligavit eUdem presbiteris viginti quinque solidos LemovicensU
monete quos idem prior habet renduales in domo Geraldi Coraus qui alio
nomine vocatur Andréas Coraus, sita in carreria deManhania,,. obligavU
etiam domum que fuit a la Girrarola siiam in carreria de Mayrabuou,
Hôpital, III, B 6.
LES LÉPREl'X ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 77
L'évoque Aymeric de la Serre de Maicmort, le riche prélat dont
le testament, daté du 27 mars 1263, est un des documents les plus
intéressants de cette époque, fait un legs assez important, vingt-
cinq livres à la maladrerie de la Maison-Dieu en vue de la fonda-
tion d'un anniversaire pour lui et son oncle; il laisse de plus cent
sols destinés à acquitter la dépense d'un repas — unam refectio-
nem — pour les frères et les malades (1). Un de ses successeurs,
Gilbert de Halemort, lègue aux lépreux de chacune des deux infir-
meries de la Cité et du Château une certaine somme pour leur réfec*
tion d'un jour. Cette somme leur est délivrée en 1295 par un des
exécuteurs du prélat, le chantre Gérald d*Escorailles (?). On a
déjà parlé d'une libéralité de Pierre de Saint-Paul, prêtre, ordon-
nant de donner deux deniers à chaque malade de Tun et de l'autre
établissement, sauf toutefois à ceux qui exercent un métier, excepti$
artificibiis,
Âelis, fille d'Elie de Razès, avait fait don à la léproserie de dix
sous de rente sur les domaines de Couleyrolles et du Cluzeau,
paroisse de Folles. Le paiement de cette rente fut pendant assez
longtemps refusé par ses héritiers. Au mois de juin 1251, le repré-
sentant de la donatrice, Àdémar de Chabannes, se décide à recon-
naître sa dette, qui s'élève à ce moment à sept livres et demie,
compose avec Elie Aymeric et assigne en paiement une rente per*
péluelle de deux seliers seigle (2). Le même supérieur, toujours
qualifié de prieur (3), acheta la même année au mois de mai, de
Barthélémy de Droullles,AudierYtier et Jean du Peyrat, exécuteurs
testamentaires de Mathieu de Drouilles, huit sous de rente sur des
maisons sises au faubourg de Saint-Gérald, le long du fossé du
Château, entre les portes de Pichevache et de ^ancléger, tout
auprès, à ce qu'il semble, des immeubles sur lesquels la maison
possédait déjà des revenus en vertu d'un contrat de 1240. Il est à
noter que, peu de mois auparavant, les mêmes exécuteurs avaient
vendu diverses rentes dans le même quartier à la confrérie du
(1) Lego domui leprosorum Lemovicensium viginti quinque libras ad
emendos redditus ad opus anniversarii pro anima mea et domini avunculi
mei faciendiy et cenium solidos ad unam re/ectionem fratrum et lepro-
sorum ipsimê ioci {BulL Soc. arch. du Limousin, tome V, p. 132). Ce
passage a bien trait à la Maison-Dieu, puisque un autre legs pour les
lépreux de la Cité se trouve à un codicille {ibid, p. 136).
(2) H6piUl, III, B 6.
(3) Relias Aymericz, priors de la Maijio Dieu dcu Lebros de Lemotges,
Ib.y III, B 6.
78 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
SaintEspril de la Maison-Dieu (i). D*au(res acquisitions furent
effectuées en 12S3 (i bis).
A celle année 12S3 se rapporle une sentence de roflicial de li-
moges rendue en faveur de la Maison-Dieu contre Jacques Nègre,
bourgeois du Ghâleau, qui avait émis une prétention nous révélant
un curieux trait de mœurs. Nègre devait à la maison la dîme de
sa vigne du Clos des Barresi; mais à Ten croire, le prieur était len«
par contre de lui donner, chaque année, cinq sous pour élre dis-
iribués par lui-même aux lépreux, n Tépoque des Rogations (2).
Le réclamant ne put établir son droit et fut condamné.
Les documents concernant l'administration d*Elie Âymeric ne
sont pas rares. Nous en avons déjà mentionné quelques-uns. Au
mois de novembre 4253, le prieur achète, au prix de soixante-deux
sous, qui proviennent de la rente léguée par Jean Bouty et dont il
a probablement touché depuis peu les arrérages, cinq sous de
rente sur une maison sise place Saint-Gérald et que Jean de Giroilh
tient de la Maison-Dieu. Il est déjà dû à rétablissement, sur cet
immeuble, un cens de 18 deniers et 3 oboles d*accapt (3). En
février 1258 il acquiert, en vue de l'anniversaire de Pierre Bouty,
deux sous de rente sur la maison d'Elie de Puymarot, à proximité
des précédents, au prix de 28 sous 2 deniers provenant d'une
rente de 10 sous sur une culture d'Elie Bouillon, à La Font-Char-
let (4).
Nous ignorons à quelle date Elle fut remplacé par un autre prieur,
et si Jean, que Tabbé Legros a trouvé en charge en avril 1269 (S],
avait été son successeur direct. Peut-être entre le décès ou la
démission de l'un et l'entrée en charge de l'autre, le priorat
demeura-t-il un certain temps sans titulaire. En 1262, Martial de
Gompreignac, chapelain de la Maison-Dieu, recfor capellanie Domtis
Dei Leprosorum, reçoit au nom du prieur une reconnaissance (6).
Notons cette dénomination de rector capellanie appliquée au cha*
(1) Hôpital, III, C 3.
(1 bis) Ibid,, III, B 6.
(2) Ipse prior debebat sibi reddere annuatim quinque solidos quos in
diebus Rogationum ipse burgensis debebai distribuere inter leprosos.
(Hôp. III, B 12).
(3) Hôpital, III, B 6.
(4) Ibid., Documents historiques, publ. par MM. Leroux, Molinier et
Thomas, l. I, p. 176, 177.
(5) Tables chronol. ecclésiastiques,
(6) HôpiUl, ni, Bli.
LES LÉPREUX ET LES L^PROSEIUES DE LIMOGES 79
pelain. Le tilre de rector^ réserve aux curés, n'est pics donné au
supérieur de Thôpilal, qui désormais est dans tous les actes appelé
« prieur ».
Jean reçoit, comme ses prédécesseurs de nombreuses libéralités.
Guillaume Âudoin, prêtre, donne au mois de juin 4272 au prieur,
à ses successeurs et à Thôpiial, la dîme sur toute sa vigne du Sault
Guayfier, voisine de rétablissement (1). Le 24 décembre 12*13,
Elienne Giroarlz, iils émancipé de Jean Giroartz, Itourgeois du
Château, se décide, en considération de l'affection et dudévouement
qu'il porte au prieur, à la maison et au\ pauvres de l'hôpital et à
cause des bons offices et des marques de bonté quils lui ont don-
nées, à constituer à leur profit une renie de cinq sous sur sa maison,
^igne et pressoir, près la Maison-Dieu et le Sault Guaylier (2).
Plusieurs autres contrats se rapportant à radministration du
prieur Jean II nous oui été conservés : Tun daté du i9 mars 1273
V. st. (1274) contient la reconnaissance par Pierre Textoris, prêtre
du faubourg Saint-Gérald, que la maison habitée par lui auprès du
cimetière de celle paroisse, est d^ancieune date dans la mouvance
€t seigneurie du prieur et de la Maison-Dieu (3). C'est probablement
un des immeubles dont on a parlé plus haut.
On relève le nom de Jean II, Johannea, prior DomusDei Lemovi-
censis, avec la date de 1285, au nécrologe de la Confrérie de La
Courtine; c'est probablement cette mention qu*a connue Tabbé
Legros, et d'après laquelle il a indiqué ce prieur comme décédé à
la date de 1285. Pierre des Moulins lui succéda ; on le trouve men-
tiouné en 1287. Ce sont des reconnaissances plus que des donations
<]ue nous fournil cette période; mais elles sont souvent destinées
à mettre fin cà des procès et à des difficultés de toutes sortes. Au
mois de février 1288 v. st. (1289), Aymeric Tranchelion confesse,
pour terminer un différend avec la léproserie, qu'une maison
placée « au devant des degrés du Queyroix où on vend les
paios, entre la maison de Pierre Arloin et celle de Laurent Su-
dour » (4), laquelle doit un cens à lui et à ses prédécesseurs, a
(1) Hôp., III, B 6.
(2) Actendens et considerans devocionis et amoris a/fectum queni habet
et habuit temporibus retroactis erga priorem et domum predicloa et
egenos et pauperes dicte domus et eciam servicia et honores ab eisdem sibi
exhibitos. (Hôp., III, B 6).
(3) Movet de dominio et feodo dicti prions et domus Dei ab antiquo
(Hôp., in, B 6).
(4) Ante gradus de Quadruvio, ubi panes venduntur, inter domum
Pelri Arloyni et domum Laurentii Sutoris. (Hôp., ÏII, B6). Pierre Arloin
figure dans le procès de la commune du Château avec la vicomtesse.
80 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
d'ancienne dale pour seigneur et propriétaire foncier le prieur en
charge de la Maison-Dieu. La même année ou Tannée précédente,
; le curé de Lubersac déclare que son église et le curé charge de
; Vadminisiralion de la paroisse, doivent deux sous de rente à la
! léproserie et qu'à chaque changement de prieur comme à chaque
changement de curé, ils sont tenus de payer un droit d*accapt, à
Ç raison de la rente de quatre setiers de seigle, donnés sur la dîme
de Lubersac à Téglise du lieu par feu Arnaud Trotier, diacre, jadis
: frère de la maladrerie (1). A un autre contrat du mois de janv. 1290
! V. st. (1S91), Pierre Sapientis Grasseteau et sa femme, « TAn-
drienne », hériiière de Pierre Textoris, reconnaissent que les
prédécesseurs du prieur — appelé ici Pierre dit Migos — sont sei-
gneurs fonciers de leur maison sise près le Queyroix de Saint*
Pierre, depuis si longtemps qu'il n'y a pas souvenirdu contraire (2).
Jean Aubert, qui vient (mai liai) d'acheter un étal où on vend le
pain, établi auprès des bancs charniers du marché, confesse que
le prieur est seigneur foncier de cet étal (3). Une sentence de
l'évéquc Girbert (Gilbert de Halemort) termine le 29 juillet 4292
un différend relatif à la vigne de Pierre Audoln sise au territoire
des Arènes, entre la maladrerie et Jean Germain, curé des églises
unies de Saint-Michel-des-Lions et des Arènes (4). En 1296, à la
suite de difficultés sur lesquelles nous n'avons pas de détails, Jean
Aubert, acquéreur du banc « panneret » dont nous avons parlé un
peu plus haut («^), est condamné par ToSicial à se dévêtir de cet
étal, à en investir le prieur qui le réinvestira à son tour sous
réserve du paiement d'un cens annuel de cinq sous.
Nous avons déjà mentionné un contrat passé devant l'officiaU
le 28 avril 1301, et auquel le prieur Pierre comparait assisté de
deux prêtres, de deux clercs et de deux laïques, tous frères de la
Maison-Dieu. Il s'agit d'une maison de la rue de Hirebœuf, appar-
tenant au prieuré, confrontant à une autre maison lui appartenant
aussi et formant l'encoignure de la rue Saint-Nicolas. Cet immeuble
qui a besoin de réparations a été accensé à Jacques du Colombier
(1) Arnaudo Trotier, dyacono jam deffuncio, quondam fratre dicte
domus, (Hôp., III, B 6).
(2) Fuerunt domini fundales ipsius domine per tantum tenipus quod
lie contrario memoria non existit, (Hôp., III, B 6).
(3) Hôp., III, B 6.
(4) Johannem Germani, rectorem ecclesiaruni Sancti Michaelis de
Leonibus et de Arenis. (Hôp., III, B 6).
(5) Scannum, stallum seu bancum panareiz, in quo venduntur panes
juxta acanna charnarretz (Hôp., III, B 6).
LES LÉPI\£UX ET LES LÉPnOSElUES DE LIMOGliiS 81
et à Marie « Colombieyra », sa femme, moyennant quarante sous de
cens et un droit de mutation. De plus les preneurs ont pour
4c enlrage » — pro intragio {l) — payé dix-neuf livres afin d'acquérir
des rentes au profit de l'hôpital. Les membres de la communauté
déclarent qu'ils approuvent les conventions et prometlent de ne
pas y contrevenir. L'ofiicial constate que tout a été fait au mieux
des intérêts de la Maison-Dieu, et le prieur déclarede son c6lé que
la somme versée a élé employée pour l'utilité de leur établisse-
ment (2).
L'hôpital parait avoir fait plusieurs acquisitions successives sur
ra\igncdu territoire du Sault Guayfier,dont Guillaume Âudoin a
donné, on 1272, la dime à la léproserie. Ce clos appartient en 1302
à Jean Martial ou Demartial le jeune, qui outre la seigneurie fon-
cière et Taccapt, y perçoit une redevance de trois setiers de fro-
ment : le tout est vendu en janvier 1301 v. st. (1302) au prieur et
h la Maison-Dieu, au prix de dix-neuf livres tournois (3).
En 1301 et 1303, le prêtre Pierre de Lebralhel, donat de la Mai-
son-Dieu (4) et procureur du prieur, reçoit plusieurs recon-
naissances. En 1316 André Jay agit comme fondé de pouvoirs du
prieur des frères prêcheurs et du prieur de la Maison-Dieu (5).
Les deux premiers actes ont trait h une redevance de quatre sous
de cens due par Pierre Sireuil dit Samson, et assise sur des
maisons du faubourg Saint-Gcrald ; Tautre h un arrangement avec
Martine, veuve de Jean Lo Morgue, au sujet des arrérages d'une
rente de trois sous dus sur deux emplacements de la rue Vieille-
Monnaie. L'acte de 1316, dont la dernière partie est illisible, a
trait à des conventions entre Jay et les exécuteurs de Jean
Martial l'ainé. Il y est parlé d'une rente de trois sous qui est
vendue à ces derniers et probablement cédée ensuite au procureur
des dominicains et des lépreux pour l'acquit d'un legs.
Le recueil de nos chartes de donations et d'achat est fort incom-
plet et nous ne connaissons l'origine que d'une partie des posses-
sions et revenus de la Maison-Dieu. Ainsi, dès 1257, elle a des
tenanciers du côté de Chinchauveau et de Louvat. Dès avant cette
(1) Le mot s'est conservé dans les baiUettes de nos métayers.
(2) Et sciendurn quod dicli fratres promiserunt se non venturos contra
premissa prestitis juramentis. Et tam ipse prior quanx dicti fratres
recognoverunt predicta esse facta et dictam pecuniam fuisse conversani
in utilUatem dicte Domus Dei. (Hôpital, III, D 7).
(3) Hôpital, m, B 7.
(4) Hôpital, III, B 7.
(5) Hôpital, III, B 7.
82 SOCIÉTÉ. ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
époque plusieurs immeubles de la rue Hanigne relèvent du prieur,
mais nous n'avons rencontré qu'un seul document s'y rapportant. La
Uève de la fin du xvi* siècle que nous donnons à Tappendice (1)
mentionne une reconnaissance en i275, de cinquante sous do
rente et de sixdeniers et six sous d'accapt sur Tancien clos de»
Alexandre au faubourg Manigne; une autre en 1285, de dix sous
decens sur unemaison et four au Verdurier, et plusieurs autres sans
date relalivesà des maisons sises des rues du Clocher, Ferrerie, des
Arènes, d'Eygoulène, Boucherie. De tous ces d roits fonciers, de toutes
ces rentes, nous ne trouvons pas dans nos archives les actes de
concession ou d'achat primitif, comme nous trouvons ceux d'une
partie des immeubles et redevances assis dans le faubourg Saint-Gé-
raid, dans les rue Mirebœuf, du Clocher, Ferrerie, Boucherie, etc.
De même, nous ne savons rien de la constitution première du
domaine immédiat de la maladrerie qui comprenait, outre les bâti-
ments, un enclos, des prés, des terres, des vignes, ni des circons-
tances dans lesquelles elle a acquis des propriétés et redevances
en dehors de la ville de Limoges et de sa banlieue.
Du mois de février 1305, nous avons un accord entre l'hôpital et
Martial Manhbert, clerc. Celui-ci possède, dans la rue Manigne,
une maison sur laquelle Gérald Jayos a légué à la maladrerie une
rente de dix-huit deniers; Manhbert réclame par contre à la Mai-
son-Dieu une redevance de quatre sols sur un immeuble de sa
mouvance sis devant le cimetière de Saint-Pierre (2).
Une des pièces les plus intéressantes des archives de la Maison-
Dieu est un acte du mois de juillet 1312, dans lequel Alexandre des
Bancs, le jeune, donne le détail des trente-quatre sous de rente et
trente-quatre deniers d'accopt dus par lui à la maladrerie sur un
certain nombre de fonds et de bâtiments du faubourg de Saint-Gé-
raid (3). Nous n'en donnons pas le détail, qui serait fastidieux.
Pierre des Moulins est encore à la tète de la léproserie le 25 juin
1317. A cette date Jeanne Deyritz, dite d'Augères, veuve de Gérald
le Fogassier^ et ses deux filles, confessent devoir à la Maison-Dieu
huit sous de rente sur une maison de la rue Mirebeuf, contigue à
celle qui a appartenu au nommé Domingo et est maintenant à Guil-
laume de Balaro (4).
C'est postérieurement au 25 juin 1317 que Guillaume Boniface
succéda à Pierre des Moulins dans la charge de prieur. Il était
(1) Voyez appendice, n^ X.
(2) Hôpital, III, B 7.
(3) HôpiUl, III, B 7.
(4) lïôpitftl, III, B 7.
LES LÉPREUX ET LES LLPUOSEHISS DE LIMOGES 83
vraisemblablemenl en fonctions lors des barbares mesures adop-
tées en 1321-1322 à l^égard des lépreux. Sans doute il protesta;
mais st56 réclamations, pas plus que les actes qui purent les accom-
pagner n*ont laissé trace nulle part. Il parait certain que les droits
particuliers du prieur, que nous avons vu jusqu'ici étroitement
unis, confondus môme avec ceux des malades et de la maison,
furent déterminés à cette occasion, et sauvegardés, du moins après
la lin de la période durant laquelle les biens de l'hôpital furent
saisis et administrés par les officiers du roi. Cette période ne fut
pas de longue durée; car dès le carême de Tannée 1323 (1) un do-
cument nous montre le prieur ayant repris possession de Tadmi-
nistration et donnant Tinvesliture à Mathieu Le Bloy, qui a acheté
au prix de douze livres, de Pierre Pozi, une maison de la rue du
Puits Sainl-Pierre-du-Queyrolx, mouvant de la maladrerie. En
1325, des lettres du commissaire délégué pour la levée des droits
de nouveaux acquêts mentionnent des acquisitions faites par le
même prieur, notamment une rente sur rinfirmerie de La Meyze
et une autre sur celle de La Barrière, cédées par Guillaume de La
Mothe et Gui Foucher, damoiseaux (2). En janvier 1328 (v. st.)
1329, Martial de Soubrevas achète de Symon de Thiviers {de Tibe-
fto), prêtre, une rente sur une maison rue Ferrerie et le vendeur
s'oblige à le faire investir par le seigneur foncier, qui est le prieur
de la Maison-Dieu (3). Le nom de prieur n*est malheureusement
prononcé dans aucun de ses actes ; mais une pièce du fonds de la
Règle, aux Archives du déparlement, le nomme à la date de 1327 (4).
Quinze ans plus tard, Guillaume est toujours en charge. En
1342, Perrot Boniface, fondé de pouvoirs de « discrète personne
Guillaume Boniface, prieur de la Maison-Dieu » (5) reçoit de Jean
Ija Chardadie et de Jeanne, sa sœur, Taveu qu'ils tiennent de son
mantlant leur maison de Saint-Gérald, près le fossé de Pichevache.
L'année d'après, c'est-à-dire en 1343, Jean Martial ou Demartial
fait un échange avec Mautet le Pcrolier ; il cède à celui-ci ses
droits sur une maison de la rue Saint-Nicolas. Le même prieur
intervient pour approuver et confirmer le dévcslissement de Mar-
(1) Le vendredi après Reminiscere 1322 (Hôpital, III, B 8).
(2) Super infirmaria de La Meyza^ super infinnaria de Barriera (Hô-
pital, IH, B 2), publié par Â. Leroux dans ses Chartes, Chroniques et
Mémoriaux, Tulle, Graufifon, 1886, p. 122, 123.
(3) Hôpital, III, B 8.
(4) La Règle, n® prov. 859.
(5) Procurator discreii viri Guillelmi Bonifacii, prioris domus Del
(Hôpital, III, B 8).
84 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN
liai et linveslitiire de Maulet (1). C'est la dernière fois que nous
ayons rencontré le nom de Guillaume Boniface, et nous ne connais-
sons pas de texte de date plus récente où il soit fait mention de ce
prieur de la Maison-Dieu.
II n'est pas inutile de faire remarquer que, dans les derniers
actes que nous avons notés, il n*est plus dit que le prieur agit pour
rétablissement ou pour les malades. Il semble agir en vertu de son
seul droit et dans son intérêt propre. Peut-être nous trompons-
nous, mais il semble qu*à ce moment et selon toute probabilité à la
suite des événements de 1321, un nouveau régime ait été institué;
ou bien une mense priorale fut créée avec une dotation particu-
lière, prélevée sur le patrimoine de la maison ; ou bien les revenus
de rhôpilal furent abandonnés au titulaire du prieuré, qui les
administra et les perçut sans le concours de Tancienne commu-
nauté supprimée, ayant en retour à supporter des charges déter-
minées. L'une et l'autre de ces hypothèses peuvent être émises
avec une égale vraisemblance.
VIII. — Union du prieuré de la Maison-Dieu à V abbaye de La Règle
Les lépreux du diocèse de Limoges, comme ceux de plusieurs
provinces voisines, avaient été, on Ta vu, condamnés au dernier
supplice sur une accusation qui pouvait n'être pas absolument ima-
ginaire; toutefois, il semble à peu près certain que les victimes de
cette atroce persécution étaient pour la plupart innocentes des
crimes qui leur furent imputés. Nous avons dit qu'on possède fort
peu de renseignements sur les exécutions barbares provoquées par
Topinion publique, sanctionnées et généralisées par l'autorité
royale. Les choses se passèrent-elles à Limoges comme à Uzerche?
Il est permis de le supposer, en s'étonnanl de ne pas trouver de
traces plus profondes de semblables événements, de ne pas ren-
contrer, tout au moins, plus de renseignements relatifs aux mesures
adoptées en vue de la conservation et de Tutilisation du patrimoine
des maladreries.
L'emprisonnement des malades, le séquestre mis sur les biens
de la Maison-Dieu portèrent un coup funeste à la prospérité de
rhôpital fondé par Gérald du Cher. La communauté, telle qu»
nous l'avons vue constituée un siècle auparavant, parait s'être dis-
soute. A partir de cette époque, il n'est plus question des douais.
(1) Guillelmus Bonifaciiy prior Domus Dei..,, dominas fundalis dicte
dornu8 (Hôpital, III, B 8).
LES LÉPREUX ET LES LéPBOSBEUES DE LIMOGES 85
Furent-ils renvoyés el remis en possession de leurs biens? Passé-
renl-ils au service d'autres établissements? Nous ne saurions le
dire. Nombre de redevances se perdirent. La continuation, quel-
ques années encore, d'un ^ussi pitoyable étal de choses, aurait eu
sans nul doute pour conséquence la ruine complète de Tœuvre de
la piété et de la charité de six générations. Il fallait aviser. C'est
alors, s'il faut en croire certaines indications relevées dans une
procédure du xvi* siècle, que Tabbesse du monastère bénédictin de
Notre-Dame de La Règle, — un des plus anciens de la contrée puis-
que la chronique de l'Astronome signale l'existence de cette maison
religieuse dès le temps de l'empereur Louis le Débonnaire (1), —
offrit, moyennant l'union à son abbaye du titre et des biens du
prieuré de la Maison-Dieu, d'entretenir la léproserie, d'y nourrir
treize malades et de distribuer chaque vendredi l'aumône aux
pauvres suivant l'usjige (2).
La proposition fut acceptée. Il n'est même pas impossible que
révéque eût pris l'initiative et proposé celte union au roi. S'il est
vrai qu'on n'eût fait grâce qu'aux femmes et aux enfants des
lépreux de Limoges, on s'explique fort bien le choix de la supé-
rieure d'une communauté de religieuses pour lui remettre le gou-
vernement de cette pauvre colonie de veuves et d'orphelins. Une
bulle du Saint-Siège consacra cette mesure. Nous n'avons pu, mal-
gré nos recherches, découvrir l'original, le texte tout au moins de
ces lettres apostoliques. On ne peut guère révoquer en doute leur
existence et il semble bien établi que l'abbaye de Notre-Dame de
La Règle fut mise en possession de la Maison-Dieu par un acte du
souverain Pontife. Mais cet acte n'est pas toujours attribué au
même pape et placé à la même date. C'est ainsi qu'il est dit, à
une pièce provenant du monastère, que l'abbesse « a besoin de
faire rechercher dans les archives publiques et privées une bulle
du pape Clément IV, de l'année mil six cens vingt neuf » (3) : il
s'agit ici de notre bulle ; il n'y a pas à en douter. Seulement, Clé-
ment IV était mort en 1268, c'est-à-dire très longtemps avant
l'union ; et en 1629, le trône ponlirical n'était pas occupé par un
Clément. Il y a là une double erreur : de personne et de date.
(1) DucHBSNE, Historiens de France, t. II, p. 293.
(2) Arch. Hôpital de Limoges, III, H 25. Suivant la version, la pièce à
laquelle nous empruntons ce passage, et qui émane de Tabbesse, fait
agir celle-ci, dans cette occurrence, en vertu de son prétendu titre de
prieure de la Maison- Dieu.
(3) Requête du 1" juillet 1676. (Arch. Haute- Vienne : La Règle, liasse
3648 prov.)
T. LV 6
86 SOCIÉTé ARCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
S'agil-il de Clément V, comme Findiquent plusieurs pièces de pro-
cédure du xvii** siècle, entre autres un mémoire imprimé dont nous
aurons à citer plus loin des passages et qui date la pièce de 1309 ?(1),
Clément Y ne garda le siège d*Avignon que du 5 juin 1305 au
30 avril 1314. Il mourut sept ans avant les tragiques scènes de 1321
et il n'est pas vraisemblable que la maladrerie du Château de Limo-
ges ait été remise à Tabbesse de La Règle avant les événements.
Les avocats du monastère racontent bien dans leurs mémoires
contre Tordre de Saint-Lazare et contre les administrateurs de
THôpital général de Limoges, qu*à son passage à Limoges, les
20-23 avril 1306, Clément V, qui avait célébré pontificalement la
messe dans Téglise de La Règle, avait pu se rendre compte de Télat
d'abandon où se trouvait la Maison-Dieu et concevoir dès lors la
pensée de Tunion qu'il avait réalisée quatre ans plus tard (2). Mais
nous ne comprendrions en aucune façon cette mesure à la date de
1309. Et puis comment expliquer, si Tunion a été opérée dès cette
époque, que, postérieurement au 26 juin 1317, Pierre Des Moulins,
prieur de la léproserie, ait été remplacé par un autre prieur, 'Guil-
laume Boniface, alors qu'aux termes du décret apostolique, le titre
aurait dû, au décès ou à la résignation du prieur en fonctions lors
de la promulgation de la bulle, appartenir à Tabbesse ?
Ce que nous avons de plus complet et de plus précis touchant
cette bulle est une analyse de son contenu, qu'on trouve dans les
productions d'un long procès dont nous aurons à parler plus loin,
entre l'abbesse de La Règle et les chevaliers de Saint-Lazare.
Celte analyse est ainsi conçue :
« Bulle de Clément, Avignon, 11 des calendes d'octobre, an IV""
du Pontificat, obtenue par Marie, abbesse de La Règle, portant
union, audit monastère, du prieuré de la Maison-Dieu, estant à la
collation du &' Evesque de Limoges, et d*une chappellc y mention-
née, aveq tous les droits et appartenances, en sorte qu'après
la démission ou deceds des prieur dudil prieuré et chappelain de
ladite chappelle qui estoient lors, l'abbesse et ladite abbaye seroient
en possession d'iceux et de leurs dépendances de plain droit, pour
en demeurer en possession et en employer les revenus pour la
nourriture et vestemenl d'elle et des religieuses dudit monastère,
et subvenir aux charges de la mense abbatiale et dudit monas-
tère » (3).
(1) Arch. Hôpital, B 538.
(2) Arch. HôpiUl, B 538.
(3) Arch. nationales, S 4847.
LES LÉPREUX BT LES LÉPROSERIES DE LIMOOBS 87
Il n*est pas question ici des charges particalières de PimtOQ el
des obligalioDs contractées par l'abbaye à regard des malades de
la Maison-Diea ; mais on ne peat douter que la bulle n'en fît men-
tion. L'analyse que nous fournit notre procédure est donnée par
Tabbesse à l'appui de certaines réclamalions, et celle-ci a pris seu-
lement à la lettre pontiGcale ce dont le monastère pouvait avoir
besoin pour appuyer ses droits et justifier ses prétentions.
Les indications que fournît l'analyse transcrite ci-dessus (à la
réserve du nom de Tabbesse, comme on le verra plus bas), ne don-
nent lieu à aucune objection. La bulle ne saurait émaner de Clé-
ment V, mort en 1314, bien avant les mesures de rigueur prises à
regard des lépreux en Limousin et ailleurs, ni de Clément VII
(Robert de Genève), élu seulement en 1378. Elle a été expédiée
sans nul doute par Clément VI. C'est du reste à celui-ci que Taltri-
bue le grand Pouillé du diocèse, de l'abbé Nadaud (1), qui fixe la dale
de ce document « vers 1349 ». Notre compatriote Clément VI avait
été élevé au suprême pontificat le 7 mai 1342. Ce serait donc
exactement le 21 septembre 1345 qu'aurait été donnée la bulle
d'union.
La fixation de cette date est importante pour l'histoire de la
Maison-Dieu. On ne connaît pas, en effet, avant 1380 une seule
pièce dans laquelle la léproserie soit donnée comme relevant de
l'abbaye de la Règle. Il n'existe même aucune trace de rapport
d'une nature quelconque entre le vieux monastère et le petit
hôpital. Tout ce qui a été raconté à ce sujet, a été écrit et sans nul
doute imaginé à une époque beaucoup plus rapprochée de nous.
Par contre, tous les documents postérieurs au milieu du xiv« siècle
attestent que l'abbaye est en possession des biens de la maison et
gouverne celle-ci.
L*abbesse de La Règle est appelée Marie au résumé qu'on a
trouvé plus haut de la bulle de 1345. Or, en 1345, la communauté
avait à sa tête Denise de La Roche, qui, d'après le Gallia christiana
nova, aurait occupé le siège abbatial jusqu'en 1351. Elle aurait
succédé, en 1344, à Marie des Allois. Elle fut remplacée, toujours
d'après le Gallia, par Marguerite des Allois, qu'on trouve en 1354.
Marguerite et Marie des Allois pourraient bien n'être qu'une seule
el même personne. L'histoire du monastère est, du reste, il faut le
rappeler, très imparfaitement connue et pleine d'obscurités.
L'abbé Nadaud assure que l'abbesse de la Règle prenait la qualité
de prieure de la Maison-Dieu en 1376 et « y tenoit un prêtre,
(i) Ed. par A. Lecier, tome LUI du Bulletin de la Société archéolo-
gique et hùttorique du Limousin, p. 187.
88 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
décoré du tilre dé prieur, pour gouverner rétablissement » (1).
La supérieure de La Règle, en effet, pourvut dès cette époque,
selon toule vraisemblance, à la chapellcnie ou cure de Sainte-
Madeleine ; mais le curé nommé par elle pour administrer les
sacrements aux hôtes de la maladrerie et aux autres ouailles
composant le troupeau dont il avait la charge, fut-il jamais investi
de la gestion des biens du prieuré et du gouvernement des ma-
lades? Nous hésitons fort à le croire. Quant au titre du prieuré de
la Maison-Dieu, il fut presque constamment porté soit par Tabbesse
elle-même, soit par une de ses religieuses qu'elle en investit.
On rencontre peu de documents relatifs à la prise de possession
par Tabbcssc de La Règle de la léproserie du Château de Limoges.
Peut-être la mise à exécution de la bulle de Clément VI rcncontra-t-
clle des difficultés : les consuls et la population, notamment, durent
tenter d*y mettre obstacle. Quoi qu'il en soit, il est un fait que nous
devons constater : vingt-sept années s*écoulent sans qu'aucune
pièce de nos archives ne mentionne l'exercice , par la nouvelle
titulaire, de ses droits sur l'hôpital des lépreux et son patrimoine.
Et il semble résulter des premiers documents ayant trait à Tadmi-
nistration de l'abbaye qui nous aient été conservés, que toutes les
difficultés ne sont pas aplanies, ce laps de temps passé. La procé-
dure du xvn^ siècle, à laquelle nous avons déjà emprunté plus d'un
renseignement, mentionne deux sentences rendues à cette époque
par le juge du Château et se rapportant aux droits de l'abbaye sur
1 hôpital. Toutes deux sont en faveur de Marie de La Jugie, qui
gouverne alors le monastère, et maintiennent la titulaire de la noble
abbaye, en sa qualité de prieure de la Maison-Dieu (2), dans la
jouissance des rentes dues à cet établissement : le premier de ces
jugements est du mardi après la Saint-Pierre-aux Liens (4 août)
i377; le second, du samedi après la fête de Saint-Gérald 1379
(15 octobre) (3). Un peu plus tard, un acte des archives de
l'hôpital nous montre la même percevant, à titre de prieure, de
Guillaume Barthélémy, peintre du château de Limoges, un droit
do mutation sur un immeuble de la rue Mirebœuf, dont l'hôpital
est seigneur-foncier et dont la subhastation a été ordonnée en
(1) Ed. Lecler, p. 187. L'auteur du Pouillé distingue très bien le
prieuré de la cure.
(2) Maria, abbatissa monasterii Béate Marie de Régula, priorissaqucprio-
ratus Donius Dei.
(3) Arch. Hôpital, B 578.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSElilES DE LIMOGES 89
1385 (1). En 1395, la « priouressa de La Meygo Dieu » lève plusieurs
cens el rentes sur des maisons du caulon de LansecoL
On ne trouve trace d'aucune opposition de la part du prieur et
du chapelain de la maladrerie, dont la bulle de 1345 avait expres-
sément réservé les droits, leur vie durant, et il ne parait pas qu*ils
aient soulevé aucune difficulté à la nouvelle administration. Peut-
être Guillaume Bouiface, qui était depuis plus de trente ans déjà
titulaire du prieuré lorsque Thôpilal fut remis à la Règle, roourut-il
peu après Tunion ou consentit-il à se démettre. L'acte de 1343,
mentionné au chapitre précédent, est le dernier document qui fasse
mention de lui.
Le milieu du \\s^ siècle est rempli, en Limousin, d'agitations, de
désordres et de guerres. La maladrerie placée dans la banlieue de
la ville, éloignée de la protection de ses tours, subit sans nul
doute le contre-coup de ces événements. Au cours de trois ou
quatre années, les environs de la capitale de la province furent
sans cesse parcourus par les troupes : août 1370, une petite armée
française vint planter la bannière de Charles V devant les murs de
la Cité et, grâce à la connivence de Tévéque Jean de Cros, entra
sans coup férir dans la vieille ville ; quelques semaines plus lard, les
troupes du Prince Noir, accouru pour châtier la trahison du prélat
et des habitants, se logèrent dans les faubourgs cl la banlieue et se
répandirent ensuite dans une partie de la province. Un peu plus
tard, le maréchal de Sancerre, M* de Culant et bien d'autres par-
coururent tous les environs.
Tous les bourgs et châteaux des alentours furent successivement
occupes par les soldats de Tun el de Taulre parti. Ce n'e.sldonc pas
seulement à la négligence ou à la parcimonie de Tabbesse de La
Règle qu'est imputable Tétai de ruine dans lequel nous est repré-
sentée la léproserie dans les dernières années d i ws^ siècle. La
guerre n passé par là et y a laissé de douloureuses traces. Toutes
les misères qui lui font cortège se sont abattues sur le pays. Le
monastère de La Règle a, du reste, lui-même été fort éprouvé.
Les Anglais n'ont pas épargné ses bâtiments, lors du sac de la Cilé ;
ses religieuses ont été outragées, brutalement dispersées. Peut-être
est-ce à cette époque que Tabbesse se réfugia avec quelques-unes
de ses (illes dans ce qui reste des constructions de la Maison-Dieu.
Le souvenir de ce séjour, qui est attesté par des témoins en 1399(3),
sera probablement le point de départ de la légende attribuant, à
(1) Registre des pauvres.
(2) Vidit predecessorem domine abbatisse ibidem morari eu m certis
monialibus.
90 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
une abbesse la fondation de la léproserie. Seulement Tannaliste
fera remonter à trois siècles en arrière un fait qui ne date que de
1370 et, Tentourant à plaisir de circonstances romanesques, mon-
trera la noble dame atteinte de la lèpre, ainsi que plusieurs reli-
gieuses, consacrant avec elles au soin des malheureux infectés du
même mal ce qui leur reste de force et de vie.
Il résulte de fragments fort intéressants de procédures dont
nous devons la conservation à Tabbé Nadaud, qu'en 1399 les bâti-
ments de la Maison-Dieu se trouvaient dans le plus pitoyable état.
Depuis longtemps on ne pourvoyait plus à leur entretien. Les
constructions étaient considérables. Outre des logements conve-
nables pour de nombreux malades, elles comprenaient des salles
communes, réfectoire et autres, un appartement pour le prieur,
d'autres pour les prêtres attachés à la maison — on en avait
compté jusqu'à quatre — de « bonnes » chambres destinées aux
donats, aux sœurs donates qui servaient les lépreux et les malades,
toutes les dépendances en un mot d'un hôpital d'une certaine
importance (1). Les témoins afBrmaient avoir vu l'établissement
prospère et fonctionnant à la satisfaction de tout le monde. Les
ressources à ce moment étaient abondantes. La dime seule des
vins ne donnait pas moins de cent muids et le prieuré valait trois
cents francs.
Cinquante ans après la remise de la léproserie à Tabbesse de La
Règle, il ne restait plus dans la maison que deux pauvres et aucun
prêtre n'y habitait. La Maison-Dieu offrait l'image de la pauvreté
et de l'abandon. Les constructions tombaient littéralement en
ruines (2),
Les consuls, qui se disaient les patrons de l'établissement et
assuraient que celui-ci avait été fondé par les « bonnes gens » de
la ville et grâce à leurs libéralités (3), intentèrent devant le juge du
Chftteau, — leur propre juge, choisi et institué par eux, rendant la
justice en leur nom ^ un procès à l'abbaye de la Règle. Us deman-
daient que l'administration des revenus de la léproserie leur fût
restituée ou tout au moins que la supérieure du grand monastère
de la Cité, au lieu de les appliquer à son usage et à celui de sa
(1) Leprosi, ibidem affluenteSy habebant bonas caméras et comedebanl
incommuni,,. donate habebant bonas caméras,,,
(2)Iste locus non repara relu r pro duodecim centum franchis : necfierei
quatuordecim mille, Nadaud, Mél, manusc. III, 361.
(3) Audivit dici quod dictus locus fuit edifficatus per bonas gentes casiri
Lemovicensis et per ipsos doîatus.
LES LÉPREUX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 91
communaulë, les rendit à leur véritable destination et les employât
au soulagement des pauvres malades.
Les documents recueillis par Tabbé Nadaud et copiés par Legros
ne nous font pas connaître Tissue du procès. Il est fort possible
que la demande des magistrats municipaux n'ait pas eu de suites
en justice : tout au moins n'en trouve*l-on pas trace. Mais il se
pourrait aussi que Tévéque eut été amené à intervenir. Plusieurs
registres du fonds de révécbé, aux Archives de la Haule- Vienne,
font en effet menlion de Faction intentée à Tabbaye de La Règle
par les consuls et résument le senlimentde ceux-ci, rappelant « que,
en ladite Haison-Dieu, il y soloyt avoyr ung prieur qui gouvernoyt
les pouvres et les alimentoyt » (1). Mais ces dires se rapportent
évidemment à Tétat de choses antérieur à 1321 . Il y est aussi énoncé,
on Ta vu plus haut, que le corps de ville de Limoges revendiquait
le patronage de Thôpital de Téglise appelée ^ la Basilique », qui y
était attenante et qu'il croyait en conséquence de son devoir d'em-
pêcher la ruine de la maison et de pourvoir aux intérêts et aux
besoins des pauvres recueillis dans cet établissement (2). Cette
prétention au patronage de la léproserie ne dut pas passer sans
protestation de la part du prélat qui administrait alors le diocèse.
Comment Tévéque Bernard de Bonneval se substitua-t-il aux consuls
du Château, nous l'ignorons ; mais nous le trouvons dès Tannée
suivante, 1400, admonestant Jeanne de Rochechouart, alors supé-
rieure du monastère, au sujet de Tétat d'abandon où était tombé
la Maison Dieu (3). Un différend au sujet du droit de visite de
rhôpilal de Tévéque se greffa sur cepremier désaccord. L'abbessc
Jeanne obtint du souverain pontife un bref étendant aux obédiences
de l'abbaye et aux bénéfices unis l'exemption dont jouissait le mo-
nastère (27 juin 1403). Mise en demeure d'employer les revenus de
l'établissement d'une façon plus conforme aux intentions des fon-
dateurs et donateurs, Tabbesse tint, dans une certaine mesure,
compte de ces injonctions. Quelques réparations furent effectuées
aux bâtiments, et on reçut quelques malades. Nous verrons qu'en
(1) Arch. Haute-Vienne. Evùché : reg. Ac singularem, fol. 22.
(2) Occasione Domus Dei sive hospitalis el cujusdam ecclesie vocale ba-
silice eidem hospitali contigua^ cujus dicti consules erant patroni : ob quod
desiderabant ipsius hospitalis ruine obviare et panperibus ibidem de gen-
tibus providere, etc. (Arch. Haute-Vienne, Evèché : reg. Tuœ hodie,
fol. 31.) Remarquons ce nom de basilica donné à Téglise de la lépro-
serie du Chftteau et rappelons qu'on le trouve appliqué, au xir siècle, à
la chapelle de Thôpital Saint-Gérald.
(3) Arch. Haute-Vienne, Eveché : reg. Ac singularem, fol, 87.
92 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
4 468 ceux-ci étaient au nombre de treize (1), c*est le chiffre que
fournissent plusieurs documents. Nous avons dit qu'il avait élé fixé,
dap[ës la déclaration même de Tabbesse de La Règle lors de
l'union du prieuré à son abbaye.
IX, — Les lépreux à partir du XI V" siècle. — C4ommunauté ; syndic;
admissions; vœux; comment on sortait des léproseries.
Les mesures d'extermination poursuivies contre les lépreux
avaient complètement détruit l'ancienne organisation de la mala-
drerie du Château de Limoges. La communauté de la Maison-Dieu
devait avoir perdu la plupart de ses membres. Si nous en croyons
en effet le témoignage du manuscrit de l'hôtel-de-ville de Cahors,
relatif aux exécutions dont notre diocèse fut alors le théâtre, tous
les habitants de nos léproseries, à l'exception des femmes enceintes
et des petits enfants, auraient été livrés au bûcher. Il fallut donc
qu'une nouvelle génération eut grandi avant que la vie intérieure
du vieil hôpital pût reprendre son activité et sa physionomie d'au-
trefois, et la collectivité de ses habitants retrouver une certaine
autonomie.
Entre le moment où les exécutions prirent fin et celui où la mai-
son fut remise h Tabbesse de La Règle, il dut s'écouler un assez grand
nombre d'années. Sur cette période de transition, durant laquelle
la léproserie demeura administrée par les officiers du roi, ou fut
peut être placée soit sous la main du consulat soit sous celle de
l'évéque, on ne trouve aucun éclaircissement, aucune indication :
on ne sait rien.
Quand l'établissement eut recommencé à fonctionner dans des
conditions normales sous l'obéissance de l'abbesse, la communauté
de la Maison-Dieu se reforma. Toutefois elle semble n'avoir plus
compris de prêtres à partir de cette époque. Il n'y en eut plus,
certainement, au xv* siècle. Les fonctions de chapelain ou curé
existaient toujours; elles avaient un titulaire nommé par la prieure;
toutefois ce chapelain n'habitait plus la maison. Les donnés n'avaient
pas disparu complètement : mais ils étaient uniquement représentés
par deux ou trois femmes, désignées dans les actes sous la déno-
mination de « servantes des lépreux ». Ces femmes constituaient
avec les malades et leur famille, toute la population de l'hôpital :
elles faisaient partie de la communauté au même titre que les
anciennes donnâtes.
(1) Arch. Haute- Vienne, Ëvêché : reg. Ae ninguUrem, fol.
LB8 LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 93
Le temps est passé où le sapérieur de Thâpital : recteur, précep-
teur ou prieur, vivait au milieu des lépreux, (oui au moins auprès
d*eux, dirigeant toutes choses, présidant à tous les détails de la
vie intérieure, maintenant dans la maison par sa seule présence la
discipline et les bonnes mœurs. La prieure, renfermée dans le
grand monastère construit à Tombre de la cathédrale, n'a que des
rapports indirects avec les habitants de la maladrerie, sauf au
cours des années qui suivirent le sac de la Cité nous avons parlé
plus haut du séjour possible, vraisemblable, de Marie de La Jugie
à la Maison-Dieu après 1370. Elle ne semble, à aucune époque, y
avoir résidé, même momentanément. Si elle conserve la haute
main sur Tadministration de Thôpital, il n'y a' plus, entr'elle et les
pauvres mézeaux, le lien de communauté de vie et de règle, la
« fraternité » qui existait entre les anciens prieurs et leur petit
troupeau. Le titre du prieuré, au surplus, est presque toujours
conservé par l'abbesse de La Règle elle-même, et lorsque celle-ci,
pour des raisons particulières, investit de ce bénélice une des reli-
gieuses de sa communauté, rien n'est modifié dans les relations
entre l'abbaye et la Maison-Dieu. La titulaire demeure dans son
couvent, derrière les grilles de sa clôture, ne connaissant parfois
ni la léproserie ni les malades, se désintéressant des questions de
régime intérii^ur et de police que jadis le prieur étudiait par lui-
même et savait trancher, se bornant enfin à passer, dans le parloir
de l'abbaye, les contrats nécessaires à Tadministralion des biens,
et à y recevoir les comptes de son homme d'affaires.
A cet état de choses les malades gagnèrent en indépendance ce
qu'ils perdirent en soins et en affection. Livrés à eux-mêmes, dans
une certaine mesure tout au moins, ils choisirent, parmi les habi-
tants de la maison, un syndic pour administrer leurs biens communs,
répartir entr'eux les pensions, subsides et aumônes reçus par la
maison, les représenter enfin dans tous les actes où pouvaient se
trouver en jeu les intérêts spéciaux de leur collectivité, et c'était
bien souvent que les habitants de la Maison-Dieu avaient à défendre
ces intérêts contre « Madame », Il n'est pas douteux que ce syndic
n'eût une certaine autorité dans rétablissement et ne fût chargé de
la police intérieure.
Nous ne saurions dire à quelle époque les malades constituèrent
pour la première fois un syndic, ni dans quelle forme ce délégué
était choisi. On peut supposer qu'élu par la petite communauté de
la Maison-Dieu, il devait obtenir l'agrément de la prieure. Les
noms de quelques-uns de ces modestes administrateurs, dont
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 95
Ces mots : « comme ils avoient faict auparavant », prouvent que
l'élection dont nous venons de donner le procès-verbal abrégé, a
lieu en vertu d'un usage établi et que les lépreux sont déjà en
possession du droit de nommer eux-mêmes leur receveur, qui
s'oblige à rendre compte de sa gestion à ses mandants. Ce receveur
n'appartient pas, on le voit, à la communauté de la maladrerie.
Nous avons montré, durant la première période de l'histoire de
la Maison-Dieu, les actes relatifs à la léproserie souscrits tantôt
par le prieur ou un autre représentant- attitré delà communauté,
tantôt par la communauté elle-même ou tout au moins une partie
de ses membres, présents au contrat. On trouve des exemples de
faits analogues après la remise de la maladrerie à l'abbesse de La
Règle. Si par exemple, en 1561, le syndic des « pauvres ladres »
poursuit seul contre la prieure l'exécution de réparations urgentes
aux bâtiments (1), plusieurs textes du siècle précédent montrent,
comparaissant aux acteset stipulant personnellement, la collectivité
même des habitants de l'hôpital, les chefs de famille tout au moins.
Ainsi, en 14'72, « Pierre Hilaîre, Thomas Qaeyrols, Jean Davino(2)
et Jean Hougy, pauvres lépreux, faisans pour eux et les autres
lépreux absens », reçoivent délivrance d'une pièce de terre léguée
par Pierre Brugière, manouvrier du lieu de la Maison-Dieu aux
malades de l'infirmerie « pour avoir part à leurs prières » (3). La
procédure déjà signalée nous fournit l'analyse d'un autre contrat,
postérieur de trois ans au précédent et où la communauté compa-
rait plus nombreuse et plus complète :
« Une quittance du dernier novembre mil quatre cent soixante-
quinze, passée dans la chapelle de Sainte-Marie-Magdelaine de
Limoges, par M" Bertrand Donali, m" es arts et bachelier es lois,
M" Antoine Mataudy, prestre, nol'* (?), Thomas Queyrolly, Jean
Volutely, Léonard Jaboty, Antoine de Beaulieu, Guillemette Pi-
carde (?) et Perrette Mougina, pauvres lépreux de la léproserie et
Maison-Dieu de Limoges, et Leonarde Palaza, servante desdits
lépreux, pour eux et pour les autres lépreux de la dite léproserie,
et pour Jacquette Mouzella, leur autre servante, absente, de la
somme de vingt livres par eux receue du sieur abbé et monastère
de Saint-Martial, pour employer aux réparations, affaires et besoins
de la maison desdits lépreux, à laquelle somme de vingt livres il
avoit esté condamné par arrest du parlement, en une cause qu'il
avoit eue contre Estienne de Gardia » (4).
(1) Appendice, n» VII.
(2) Nous avons cité plus haut une donation faite par ce lépreux.
(3) Arch. nationales, S 4847, n» 19.
(4) Arch. nat., S 4847, n» 19,
96 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Od trouve au même documenl diverses quiltances données à
rabbesse,ea tant que prieure de la Haison-Dieu, pour les pensions
el les subsistances fournies par elle à la communauté : citons en
une émanant, en 1633, de « Léonard et Philippes Boutique, sa
femme, et François Noël, pauvres messaux de la maladrerie de
la Maison-Dieu, faisant tant pour eux que pour les autres messaux
de ladite maison »; une seconde en 1645, de Léonard Fourny
(Fermy, Fermin) « pour lui et les autres pauvres »; une troisième
de « Martial Meylier dit Bii*on et de Philippes Boutique, sa femme »,
en 1656 (i).
À partir de l'union de la Maison-Dieu à La Règle, la distinction
entre la mense priorale et la mense conventuelle, qui n'ont
fait qu'un seul et même avoir, un patrimoine avant la persécution
contre les lépreux, apparaît de la façon la plus évidente. D'un
côté i'abbesse-prieure jouit de certains revenus, les perçoit direc-
tement, les applique à ses besoins et à ceux du monastère. Elle
fournit aux lépreux certaines prestations déterminées, puis elle est
quitte vis à vis d'eux, sauf bien entendu les obligations incombant
à tout commendataire, à tout titulaire d'un bénéfice avec charges
d'âmes en ce qui a trait à la réparation des bâtiments et à l'entretien
du service religieux. Par contre une part'du patrimoine de 1 hôpital
parait avoir été adjugée aux malades, qui en ont l'entière et libre
administration. Comme au xni* siècle, la communauté de la Maison-
Dieu contracte et agit en justice, en son seul nom et pour son
compte exclusif.
Il n'est pas impossible, toutefois, que les donations et les aveux
ayant été faits, durant la première période de l'histoire de la
Maison-Dieu, au profit de l'hôpital, de sa communauté et de ses
malades, l'abbesse de La Règle ait quelquefois mis en avant les
lépreux et ait fait poursuivre en leur nom la reconnaissance de
droits et le recouvrement de redevances appartenant non à la col-
lectivité des mézeaux, mais à la mense priorale. A certains actes,
elle intervient au môme titre, peut-on croire, que les lépreux ; à
d'autres son consentement est mentionné. Toutefois, certains des
documents, oii il est parlé de cette autorisation, paraissent concer-
ner les seuls malades : par exemple des publications faites à une
certaine époque devant le juge de la cour ordinaire de l'abbaye de
La Règle, en la Cité, à la requête des habitants de la Maison -Dieu,
nommés à l'acte — dont nous ne connaissons pas le texte, — à
l'effet d'annoncer « l'adjudication, aux enchères, du bail à rente
(1) Arch. nationales, S 4847, n» 19.
LES LEPREUX ET LES LÉPROSEniES DE LIMOGES 97
foncière d*ulie maison apparlenant aux ntalades, et l'offre faite par
le dernier enchérisseur de sept livres payables par chascun an
ausdits pauvres et à leurs successeurs, à chacune fesle de
Noël » (1).
Sans que nous en ayons la preuve, nous croyons que, jusqu'à
Tabandon de la Maison-Dieu, ses hôtes gardèrent leur organisation
cl nommèrent un syndic.
Pendant la période au cours de laquelle rautorité ecclésiastique
ou le pouvoir civil prescrivirent la réclusion rigoureuse des lépreux,
les obligèrent tout au moins à habiter dans des asiles spéciaux
d'où ils ne pouvaient sortir qu'à certaines conditions et moyennant
des précautions minutieuses, les communautés de malades n'étaient
certainement pas consultées au sujet de l'entrée de nouveaux
hôtes dans les léproseries. La constatation de la maladie suffisait
pour que le ladre fût admis dans l'établissement ou môme y fût
séquestré à son corps défendant. Plus tard, quand les pauvres,
atteints de différentes affections se rapprochant plus ou moins de la
lèpre, sollicitèrent comme une faveur d'être reçus dans ces mai-
sons, l'admission fut prononcée tantôt par la communauté des
lépreux eux-mêmes, tantôt — le plus souvent à ce qu'il semble —
par révoque ou le supérieur de la maladrerie, ou bien encore par
les magistrats municipaux, parfois avec le consentement des per-
sonnes vivant des ressources de l'établissement.
Nous n'avons trouvé dans aucun acte, antérieurement à la prise
de possession de la Maison-Dieu par l'abbaye de La Règle, rien
qui ait trait à l'admission d'un malade dans cet établissement.
Quant aux prêtres et aux clercs non lépreux, il est vraisemblable
qu'aux xni* et-*xiv* siècles tout au moins, les choses se passaient
à l'infirmerie de Sainte-Marie-Madeleine comme dans les autres
hôpitaux de la ville, notamment à Saint-Gérald, le plus important
de tous nos établissements de bienfaisance. Un certain nombre de
bulles apostoliques nous font connaître quelques points intéres-
sants du règlement de cette maison. Une lettre d'HonoriuslII, du
mois de décembre 1217, dispose que nul ne sera reçu dans la com-
munauté de Saint-Gérald sans le consentement du chapitre (3). 11
devait en être ainsi à la Maison-Dieu. Il faut toutefois remarquer
que les pauvres, soignés ou secourus à Saint-Gérald, ne faisaient
pas partie, comme les reclus de la léproserie, de la communauté
(1) Arch. nat., S 4847, n» 19.
(2) Inhibemus ne aliqua persona in vestrum collegiuni adniiltatur a/)S-
qae capituli ve$tri seu majoris aut sanioris partis ipsius conûlio et
aMensu, (Arch. nat., S 4847, n^ 18).
98 SOCIÉTÉ AHCUÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
%
de la maison. La plupart des malades ne se trouvant à SaintGérald
qu*à titre temporaire, il était tout naturel qu'il en fill ainsi. Les
hôtes de la Maison-Dieu y étaient fixés pour toute leur vie. Peut-
être furent-ils consultés de bonne heure sur les admissions.
Une fois Tabbesse de La Règle en possession de la Maison-Dieu,
elle seule (ou son délégué) a droit d'admettre des malades dans
rétablissement. Elle a pris, s'il faut en croire l'acte d'union de 134S,
l'engamenl d'y nourrir treize lépreux (1) et d'y continuer la distri-
bution de certaines aumônes. Ce nombre de treize ne fut certaine-
ment pas toujours atteint. En 1399, les consuls, dans la requête
dont il a déjà été plusieurs fois question, assurent que deux ladres
seulement y trouvent asile à ce moment (2). Nous avons vu que l'auto-
rité ecclésiastique avait, elle aussi, rappelé à l'abbesse de La Règle
ses obligations non seulement en ce qui avait trait à l'état des bâti-
ments et de réglisede la Maison-Dieu et à la discipline de l'hôpital,
mais aussi touchant le nombre des habitants de la léproserie. Au
XV* siècle, ce nombre s'accrut, sans pourtant, semble-t-il, avoir
jamais excédé le chiiïre que nous avons indiqué plus haut. Il y a
treize malades à la Maison-Dieu en 1468 (3). Nous en comptons dix
— sept hommes et trois femmes ~- à l'acte de nomination du rece-
veur des aumônes, du 10 novembre 1483,. mentionné dans ce cha-
pitre. En 1475, un autre acte, également signalé plus haut, nomme
quatre lépreux, deux lépreuses et deux servantes ; mais il est dit que
les comparants agissent tant pour leur compte que pour les autres
malades de la Maison-Dieu.
Si le pouvoir laïque ou l'autorité ecclésiastique reprochait par-
fois à Tabbesse-prieure de n'entretenir dans la maladrerie qu'un
nombre d'habitants inférieur à celui qui avait été convenu, la
communauté des hôtes de la Maison-Dieu protestait par contre si
ce nombre se trouvait dépassé.
Un article du Pouillé rayé de Nadaud (4) nous apprend que, sous
l'administration de Virgile de Pont-Jarno, abbesse de La Règle, un
lépreux du nom de François Marsallot, habitant la maladrerie de
Nontron, fut admis au nombre des pensionnaires de la Maison-Dieu.
11 voulut s'y installer avec sa famille ; mais il éprouva des difficultés
de la part des autres malades : ceux-ci trouvaient que les pauvres
étrangers que l'abbesse y recevait « tous les jours » — notons ces
(i) Hôpitel, H 25.
(2) Et modo non erant nisi duo pauperes.
(3) Voy. ci-dessus, p. 92.
(4) Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin,
tome LUI, p. 137.
LES LipilEUX ET LRS LÉPROSERIES DE LIMOGES 99
roots — rognaient par trop leurs pelites prébendes. C'était, du
reste, aussi l'avis de Marsallot depuis le jour de son admission,
bien entendu : il se permit donc de rappeler à Virgile que le
nombre des lépreux de la Maison-Dieu avait été anciennement fixé
à treize et qu'il était bien suffisant, eu égard aux maigres ressources
de la maison et à l'état de ruine où se trouvaient les bâtiments.
L'abbesse accueillit favorablement la requête du nouvel hôte de la
maladrerie et promit qu'à l'avenir le nombre de ses pensionnaires
no dépasserait pas le chiffre indiqué. Cet engagement est consigné
dans un contrat du notaire Lortcornet, sous la date du31 mai 1618*
Il résulte des indications fournies par cette pièce que, si la conduite
et l'administration de Virgile donnèrent lieu à certaines critiques,
sa charité du moins était à l'abri de tout reproche. On secourait
donc encore à la Maison-Dieu, au commencement du xvn* siècle,
non seulement les lépreux habitant l'hôpital, mais des lépreux
externes, des passants. Peut-être y doïinait-on encore l'aumône
quotidienne d'autrefois, le morceau de pain, peciam partis, dont il
est parlé au procès de 1399. Nous possédons le texte de plusieurs
lettres d'admission de lépreux à la Maison-Dieu, au cours des
xvi« et XVII* siècles. On en trouvera quelques-unes à l'appendice (1).
Elles différent peu les unes des autres. Notons-en les traits prin-
cipaux.
Il fallait qu'il fut constaté préalablement à son admission, que le
requérant était bien atteint de la lèpre. Dans certaines villes, il
était soumis à une visite médicale. Il est possible qu'à Limoges il
fut procédé à un examen de cette nature : les ordonnances royales
le prescrivait; et cette obligation avait été expressément confirmée
par celle de 1612 ; mais nous n'avons pas la preuve de cette cons-
tatation. L'abbesse déclare seulement « qu'il lui est deuemenl »
apparu du mal dont le requérant est atteint « par l'inspection de
sa face et personne » et aussi par le rapport de tous les autres
pauvres lépreux élans audit prieuré de la Maison-Dieu ». Plusieurs
de nos lettres d'admission ne renrerment même pas cette énoncia-
tion ; mais elles se rapportent à des malades ayant précédemment
habité d'autres léproseries et pour lesquels la preuve de leur mal
n'était plus à faire.
Le malade, avant de prendre possession de sa prébende de
mendiant, prêtait serment sur l'Evangile de porter honneur,
respect et obéissance à l'abbesse-prieure, à ses officiers et à ses
serviteurs ; de « vivre et converser chastement et honnestement »
(1) Appendice, n<»IX.
100 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUE DU LlMOUSIiN
avec les autres malades « suivant les louables coustumes ei obser-
vances » de la maison ; enfin de verser à la bourse commune de la
maladrerie toutes les aumônes qu'il pourrait recueillir et d*en
rendre un compte bon et fidèle.
Il jurait aussi de veiller aux intérêts de Tabbaye et de Tbôpital,
de ne pas dilapider le patrimoine de la maison, de veiller à sa
conservation, enfin de ne pas aliéner les biens qu'il pourrait
acquérir dans retendue du territoire des croix de Limoges (1), de
n'en disposer ni durant la vie ni à la mort sans la permission de
Tabbesse.
Quelques-unes de nos patentes d'admission énoncent enfin que
le ladre promet de supporter la maladie et la pauvreté « patiem-
ment, au mieulx que luy sera possible ». L'esprit des anciens
temps jetle ici son reflet : cet engagement des lépreux n'est pas
une formule banale : la charité fait appel à la résignation, pour la
consolation de Taflligé sur terre et pour son salut éternel. C'est
assurément aller un peu loin que de voir dans ces engagements un
vœu de relip:ion. Il est certain toutefois que les lépreux avaient
constitué jadis de véritables communautés régulières et que si les
observances auxquelles ces communautés étaient soumises parais-
sent avoir été d'une grande simplicité, la vie intérieure, dans les
maladreries d'une certaine importance tout au moins, avait singu-
lièrement ressemblé, au moyen âge, à celle des établissements
monastiques. La discipline s'était, par la suite, à mesure que
devenait moins étroite la réclusion, relâchée ; les habitudes de
vagabondage que, depuis longtemps, on reprochait aux hôtes des
léproseries et qui s'étaient fort développées aux xiv* et xv* siècles
ne pouvaient guère s'accorder avec une existence de pratiques
pieuses et de sévère régularité. Notons toutefois que les collecti-
vités de lépreux avaient encore pour le public le caractère de con-
grégations. L'abbesse de La Règle continuait à tenir sa pauvre
clientèle de la Maison-Dieu pour une communauté. Un certain
nombre de documents en font foi. Maurice Allain est reçu, le
11 décembre 1504, par Tabbesse-prieure de la Maison-Dieu, « ez
pauvres estans en icelle », pour y jouir des droits et revenus
attachés à cette qualité « tant qu'il sera pauvre de la dite maison
et religieux de son dit prieuré » (1). A l'ordonnance du 7 avril 1S8T
par laquelle le vicaire de « Madame » prononce l'admission dans
(1) Cette locution : intra ou infra cruces est d^usage fréquent du xiii*
au XVI' siècle. On appelait ainsi le territoire de la ville et de ses fau-
bourgs, dont les limites étaient marquées par des croix, quelque chose
comme la petite banlieue. On dirait aujourd'hui : les limites de Toctroi.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 101
cet établissement de Jean et Marquet Fermy, enfants do feu Jean
Fermy, dit Pilou, « pauvres ladres », il est dit expressément que
ceux-ci « ont promis de garder les vœux de ladite léproserie, qni
sont : pauvreté, chasteté, obédience, et faire les autres choses
requises en la fonction de ladite léproserie » (1). Des lettres pa-
tentes du 19 janvier 1622, accordées par Tabbesse Maureillc de
Verlhamon à Philippe Fermy et à Catherine Nadaudi énoncent
qu'elles seront reçues « en pauvres religieuses du prioré et mala-
drerie de la Maison-Dieu », à la charge « de vivre chastement et
de converser honnestement audit prieuré avecq les autres pauvres
religieuses d'iceluy » (2).
Il y a certainement là plus qu*une simple formule de style,
qu'une réminiscence du passé ne tirant nullement à conséquence.
Mais dans quelle mesure les mendiants de la Maison-Dieu menaient-
ils, en apparence au moins, la vie religieuse, nous serions bien
embarrassés de le dire.
Après ledit de 1672, qui avait chargé Tordre de Saint-Lazare de
Tadministration des biens des léproseries, il fut procédé aune infor-
mation sur Torigine, l'ancienne destination, Taffectation actuelle
et les revenus de la Maison-Dieu. Les personnes commises pour la
visite des lieux en 1675 constatèrent qu'à ce moment cinq préten-
dus malades seulement habitaient l'ancienne maladrerie : « les
nommes Meslier, leurs femmes et la veuve de feu Biron » (3). Le
nom de Meslier est porté au xvu"" siècle, on l'a vu plus haut, par
des caquets de la léproserie de Saint-Jacques des Casseaux.
Interrogés, les cinq occupants des bâtiments de la Maison-Dieu
déclarèrent « qu'ils estoient ladres et qu'ils descendoient de vérita-
bles ladres ». Ils ne prenaient plus la peine, comme naguères,
d'entretenir quelques stigmates ou cicatrices apparentes sur leurs
bras et leurs visages. Les commissaires constatèrent qu'aucun de
ces soi-disant lépreux n'était atteint de la lèpre et qu'ils n'en
avaient « ni marque ni incommodité » (4).
Ces braves gens, au surplus, ne demandent rien, sinon qu'on les
laisse jouir en paix de leur prébende, si maigre qu elle paraisse.
Ils ont une philosophie pratique qui leur a appris à se contenter de
peu et déclarent aux commissaires que Tabbesse de La Règle leur
donne quelque subsistance, bien peu de chose; mais que, joint à
(1) Analyse donnée par la liasse S., 4847, n<> 19, des Arch. nat.
(2) Ibid.
(3) Archives nationales, S 4847, n<» 19.
(4) Ibid.
T. LV 7
102 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ce qu'ils gagnent, ce modique secours suffit à les faire vivre (1). Ils
se font tout petits, espérant qu'on leur conservera les minces pré-
rogatives dont ils jouissent encore. Ils ne réclament rien à l'ordre
de Saint-Lazare, pourvu que, de son côté, l'ordre de Saint-Lazare
ne leur réclame rien.
Un malade qui, après un examen médical le reconnaissant
atteint de la lèpre, avait été enfermé dans une léproserie ou y
avait obtenu son admission, pouvait-il en sortir plus tard si, par
des soins intelligents et assidus ou par une heureuse évolution
de la maladie, il guérissait de la terrible affection et réussissait à
faire constater cette guérison? On conçoit que les documents de
nature à nous édifier sur ce point ne soient pas nombreux. En ce
qui concerne nos maladreries limousines, nous en avons rencontré
un, sans plus; mais il est des plus précis et des plus intéressants.
Un prêtre, du nom d'Antoine Truchat, atteint de la lèpre, avait
été admis à la maladrerie de la Maison-Dieu, en vertu d'une
patente de l'abbesse de La Règle, dans la forme ordinaire. L'ecclé-
siastique obtint-il vraiment sa guérison, ou trouva-t-il trop misé-
rable en vérité j'existence qu'on menait dans le vieil hôpital et
trop grossière la compagnie des gens qui l'habitaient? Peut-être
avait-il en vue une retraite qui lui agréait davantage? Quoi qu'il en
soit, Truchat demanda à quitter la maison. Il fut <( visité » par des
médecins, sans nul doute, et déclaré n'être plus « entaché » de la
lèpre. Permission lui fut donc accordée de se retirer où bon lui
semblerait. Notons que ce n'est pas l'abbesse qui délivre au prêtre
son cxéat, mais l'officier délégué pour exercer en son nom la jus-
tice, le sénéchal du monastère. On peut en inférer qu'il appartenait
au juge local de constater la guérison du lépreux et d'autoriser sa
sortie de la maladrerie (2).
Le fait que nous venons de mentionner confirme ce que nous
avons dit au commencement de cette étude touchant la diversité
des affections désignées sous la commune dénomination de lèpre.
Quelques-unes de ces maladies étaient relativement bénignes, gué-
rissables tout au moins. Celle dont Truchat avait été atteint appar-
tenait à cette catégorie.
L'admission dans une léproserie, même au prix d'une certaine
restriction de la liberté, constituait à tout prendre un avantage et
un privilège pour un pauvre diable. C'était l'abri et le pain assu-
rés. Aussi le prêtre Truchat, bien que guéri et proclamé tel, n'en-
(1) Archives nationales, S 4847, n° 19.
(2) Ibid,
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 103
tend-il pas, en homme prudent, perdre le bénéfice de sa patente
de lépreux. I^a maladie, qui sait? pourrait le reprendre, ou bien il
pourrait se raviser et trouver la retraite qu'il a en vue plus triste
encore que le séjour de la Maison-Dieu. Il est donc stipulé qu'en
cas de rechute, il pourra reprendre sa place dans Télablissemeut
et jouir de nouveau de sa part des renies et des prestations en
nature que se partagent ses habitants; mais il ne conservera cette
raculté que pendant un laps de lemps déterminé : deux ans. Passé
ce terme, il ne saurait rentrer à la maladrerie sans de nouvelles
lettres de Tabbesse, lettres qui ne sei aient sans doute délivrées
qu*après une visite médicale constatant les titres du malade à sa
réintrégation.
Moins heureux que M. Drouault, nous n*avons pu relever aucun
renseignement précis concernant les lépreux des Casseaux aux
registres de nos paroisses. Il n'en existe aucun de Tancienne
paroisse de Saint-Jacques, celle-ci ayant été réunie à Saint-Chris-
tophe; de celte dernière église, THôlel de ville de Limoges ne
possède pas d'actes antérieurs à 1692, et les recherches que nous
avons faites dans les cahiers de 1692 à 1791, pour y trouver quel-
ques noies concernant nos lépreux, ont été absolument sans résul-
tat. On trouve mention de quelques habitants du Mas-Blanc; mais
les rédacteurs des actes ne les désignent ni avec la qualification de
ladres ni avec celle de mendiants ; et comme il s'était bâti en cet
endroit quelques maisons auprès des bâtiments de la léproserie^ il
est impossible de savoir si les personnes nommées aux actes sont
des gens sains ou des caqnots : Marguerite Pommier, veuve de
liéonard Guilhot, qui se marie le 17 juin 1692, est simplement dite
« du village du Masblanquet » ; Gérald Chabrol, baptisé le 10 jan-
vier 1705, « fils de Pierre et de Jeanne , « du Masblan-
quet » (1). Léonard Legros et Françoise Baubiat, qui se marient
le 29 août 1700, sont « tous deux pauvres et tous deux de cette
paroisse »; mais habitent-ils Saint-Jacques et sont-ils ladres
blancs? Rien ne le prouve. Il faut renoncer à tirer dos registres
de catholicité de Limoges les renseignements que nos confrères ont
pu ailleurs y recueiUir sur les derniers hôtes de nos léproseries.
X. — Ressources des lépreux; quêtes, dons et legs en leur faveur
au cours de la seconde période de l'histoire de l* établissement.
Un des chapitres qui précèdent est composé d'une suite de notes
sur les recteurs de la Maison-Dieu, les libéralités reçues par Téta-
(1) Arch. iniinicli>ales de Limoges, GG 186.
i04 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
blisscmènt, les acquisilions opérées à son pro6t au cours de la
première période de sou histoire. Nous Q*avons pu avoir la préten-
tion de reconsliluer le patrimoine de notre hôpital sous Tadminis-
Iration de ses prieurs; nous avons seulement essayé de donner un
aperçu de l'avoir de la maladrerie en propriétés foncières, en
renies et en redevances diverses, avant les événements de 1324.
Cet avoir a notablement diminué au xv" siècle. Il y a tout lieu de
croire que beaucoup de renies acquises au cours du xui'' ont été
vendues ou perdues. Néanmoins on peut constater qu'une partie
importante de ces redevances sont encore reconnues et payées
jusqu'à Tunion de la léproserie à Fhôpilal général de Limoges. Les
habitants de la Maison-Dieu jouissent de quelques parcelles de
terre, à proximité delà maladrerie. Ils ont dans la ville des maisons
qu'ils acccnsenl à leur profit. On les voit intervenir à des ventes
d'immeubles sur lesquels ils possèdent des renies, provoquer ces
subliaslalions par leur requêtes, rappeler aux censitaires et aux
autres débiteurs de rétablissement leurs obligations, intenter des
procès pour soutenir leurs droits, faire en un mot des actes
d'administration de tout genre. Nous en avons signalé quelques
exemples aux chapitres qui précèdent.
Les ressources des lépreux, aux xv« et xvi« siècles, consistent prin-
cipalement en aumônes, car ils sont mendiants avant tout. Aux
produits de cette profession s'ajoutent quelques redevances qu'ils
perçoivent eux-mêmes, les legs et aumônes qu'ils recueillent direc-
tement et la pension que leur sert l'abbesse de La Règle. Ils ont
de plus la jouissance des bâtiments de la Maison-Dieu, dont les
grosses réparations an moins demeurent à la charge de la titulaire
du prieuré,— de l'enclosqui entoure les constructions et de quelques
prés, vignes et pièces de terre à proximité. Tout cela constitue
assurément un fort modeste patrimoine, mais comme le nombre
des habitants de la maladrerie n'est plus ce qu'il a été dans la
première période de son histoire et que quatre ou cinq familles
seulement habitent maintenant l'hôpital, ils trouvent leur sort
satisfaisant, évitent en général de se plaindre et ne demandent qu'à
profiter le plus longtemps possible de la situation privilégiée qui
leur est faite. Ils ont bien, de temps en temps, quelques démêlés
avec l'abbesse ; mais d'ordinaire ces différends n'offrent pas beau-
coup de gravité et sont assez aisément terminés. La question de
l'entretien des bâtiments de la léproserie et des réparations que
réclame leur état peut seule soulever entre les deux parties des
difficultés sérieuses. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet.
Les plus valides de nos lépreux étendaient fort loin le cercle de
leurs tournées et de leurs quêtes. Ils ne bornaient pas leurs courses
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSBIUES DE LIMOGES 105
anx environs de Limoges et empiétaient volontiers sur des terri-
toires dont les aumônes semblaient être acquises de préférence à
daulres établissements de même nalure. On a pu noter, à l'acte de
nomination du receveur ou comptable de leurs fonds mentionné
plus baut,que1a gestion de cet agent s'étend aux offrandes recueil-
lies dans toute l'étendue du diocèse (1). Il est vrai qu'à certaines
époques les évêques prescrivirent que des quêtes fussent faites dans
toutes les paroisses au profit des lépreux.
C'était surtout à la fin de l'été et de l'automne, les récolles ter-
minées, que les lépreux partaient de la maladrerie pour faire à
leur tour leur petite moisson. Ils suivaient un itinéraire qui pro-
bablement variait peu. Les bonnes maisons, les villages où les
gens avaient le cœur pitoyable, ceux dont les habitants étaient
mal disposés à l'égard des caquots et lançaient les chiens à leurs
trousses, devaient être également notés. Le ladre ou les ladres,
car ils voyageaient le plus souvent par deux, emmenaient avec eux
leur ff somme », un âne ou un vieux cheval, dont la charge gros-
sissait à chaque halte. Quand la somme pliait sous le poids, on
rentrait à la léproserie, pour reprendre le lendemain la fructueuse
tournée. « Besace bien trainade, disaient-ils, vaut mieux que
f|ualre bœufs à la rave » (2V
l^es ladres ne s'adressaient pas seulement à la charité. Pour les
gens avares et pour les sceptiques, ils faisaient appel à d'autres
sentiments moins généreux. Ils avaient passé, au moyen âge, pour
être en relations avec le diable, le vulgaire ayant toujours attribué
à leur mal un caractère mystérieux. De cette réputation dangereuse,
qui avait amené l'explosion de 1321 et les exécutions que nous
avons rappelées à de précédents chapitres, il restait encore quelque
chose aux xvn** et xvni® siècles. Les gens des campagnes tenaient
tous les ladres pour plus ou moins sorciers. Pour eux un sorcier
était un homme qui pouvait presque impunément faire le mal.
L'obole que n'auraient pas tiré de leur poche les supplications d'un
mendiant inoiTensif, ils n'osaient la refuser à ces vagabonds de
mauvaise mine, le visage marqué de cicatrices repoussantes,
soigneusement entretenues, souvent simulées peut-être, qui deman-
daient Taumône sur le ton de la menace. La peur arrachait ce que
n'aurait pas obtenu la pitié. M. Roger Drouault, qui, dans sa très
curieuse étude intitulée : Comment finirent les lépreux, trace une
(1) Uelemosinarum eis per Chrisli fidèles porrigendarum et que eis
dabuntur per toiam diocesim Lemovicensem (appendice, n^ V).
(2) Dictoa cité par M. Drouault,
106 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
esquisse fidèle de ces singuliers roendianls, cite un couplet, moitié
français, moitié patois, d'une chanson qui n'était certainement
pas répétée par les seuls ladres de Lussac-les-Egiises :
Jon ! Jon ! Donnez-moi un pHit brouillon de laine ; {bis)
Jon ! Jon ! Donnez-m'en pHion ! [bis]
Si vous voulez pas m'en douna, (bis)
Fera creva touta voir' avoueilla ! (bis)
Si vous voulez pas m'en douna,
Les fera toula creva !
Les ladres de Lussac chantaient ce couplet pour la quête de la
laine ; il y en avait d'autres pour le blé, le chanvre, etc. ; chaque
denrée avait le sien (1).
Les offrandes en nature étaient sans nul doute recueillies au
profit de la collectivité de ladres à laquelle appartenaient les quê-
teurs et il en était fait « bourse commune », comme des deniers.
Au premier rang des revenus fixes des habitants de la Maison-
Dieu, figuraient, après le produit des quêtes et les aumônes spon-
tanées, les pensions en nature dues au lépreux par Tabbessede La
Règle à raison de son prieuré. Ces pensions n'a\aient pas un carac-
tère individuel et ne variaient pas suivant le nombre des malades.
C'était une redevance fixe, une sorte de dotation assurée à l'hêpital
et dont la composition avait été probablement arrêtée lors de
l'union à l'abbaye et de la constitution d'une mense priorale parti-
culière. On se rappelle que, durant la première période de Ihistoire
de la Maison-Dieu, tous les dons et acquisitions ne formaient,
comme dans la plupart des établissements charitables du reste,
qu'un seul fonds commun, un seul patrimoine, affecté à tous les
besoins de la maison et de ses habitants : malades, prêtres et
donnés indistinctement.
Au xvii<^ siècle, l'abbesse de La Règle devait à la Maison -Dieu
treize setiers de froment, seize charges de vin (le tout à la mesure
de l'abbaye), six merlues, cent harengs « moitié noirs et moitié
blancs », une émine de pois, une émine de fèves, un setier d'huile
de noix,douze«poulailles» et treize livres douze sous en argent (2).
Cette prestation, qui est souvent désignée sous la dénomination de
« pension de carême », n'était cependantpas payable à cette époque
de l'année. Elle était acquittée, au syndic ou au procureur des
ladres, en deux pactes : à la fête de Notre-Dame d'août et à la
(1) R. DnouAULT, Comment finirent les lépreux, p. 8.
(2) A une autre énumération des denrées et objets composant cette
pension, on lit : « ou dix francs ». Arch. nationales, S 4847, n« 19.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES 1>E LIMOGES 107
Saint-Michel. Le paiement de cette pension avait, on ne saurait en
douter, un caractère obligatoire. Toutefois Tabbesse prétendait n*y
être pas tenue et ne la servir aux habitants de la Maison-Dieu
que « par aumosne et charité pitoyable » (1). Si bien qu*en 1562,
les réparations nécessitées par Tétat des bâtiments ayant donné
lieu à une dépense considérable, elle refusa d'acquitter la rede-
vance accoutumée (2); il semble toutefois qu'elle ait été contrainte
de s'exécuter. Cette pension avait donné lieu, à la fin duxv<> siècle,
à un procès entre le syndic des lépreux d*une part, et Jean du
Peyrat, élu, et les autres commissaires nommés par le parlement
« pour lever les fruictz de Tabbesse de Notre-Dame de La Reigle ».
Un arrêt de la cour, en date du 13 juin 1498, avait enjoint à ces
commissaires d'acquitter sous quinze jours, par provision aux pau-
vres ladres, douze seliers de froment et six de seigle, qui leur
étaient dus pour l'année 1495. On trouve trace d'autres arrêts de
justice postérieurs, dans le même sens.
Nous avons vu le monastère de Saint-Martial prélever, dès le
XI* siècle, en faveur des lépreux, une petite aumône sur les offrandes
recueillies au sépulcre de Tapôlre d'Aquitaine. Au xnr siècle,
l'Àumônerie de la même abbaye distribuait chaque semaine à ces
malheureux, trois setiers el demi de seigle. Celte dislribulion, dont
bénéFiciaieut les seuls habitants de la Maison-Dieu, n'était pas un
acte de 'charité spontanée de la part du monastère. Elle avait lieu
en vertu d'une fondation, et la rente était acquittée à la mesure de
Saint- Vaury (3) et sur la dîme de cette paroisse, laquelle appar-
tenait à Saint-Martial. Elle fut réduite des trois cinquièmes au
XIV* siècle, les revenus de l'abbaye ayant diminué dans une propor-
tion considérable. En 1420, l'aumônier ne payait plus à la mala-
drerie que soixante et onze setiers et demi de seigle (4). Celle
redevance restait fixée un siècle plus tard, à la même quantité de
grain (5). Elle paraît avoir été de bonne heure attribuée à la mense
de la prieure; mais il semble rësullcr de certains documents que
partie du seigle de Saint- Vaury devait revenir aux lépreux.
(1) Arch. nationales, S 4847, n» 19.
(2) Hôpital, II 25.
(3) Ad mensuram Sancli Valerici, et hoc causa et racione deciniœ suœ
Hcu redditus quos idem Eleeniosinarius lei'at et perclpil in el super dicto
loco et parrochia (Arch. Haute-Vienne, La Règle, n° 7310, prov.).
(4) Cum dictus Eleeniosinarius, causa officii sui eleemosinarie debeai et
ieneatur solvere annis singulis dicte Abbatisse dicti monasterii Béate
Marie de Régula, causa, nomine et racione prioratus sui Domus Deisexa-
gienta undecim sextarios et eminani silliginis (ibid,).
(5) Registres consulaires de Limoges, t. I, p. 248 et suiv.
108 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUE DU LIMOUSIN
Les dons et legs furent, après TunioD de la Maison-Dieu à Tab-
baye de La Règle, beaucoup plus rares qu'an cours de la période
précédente. Néanmoins, il se trouve, à toutes les époques, de
bonnes âmes qui, mues de pitié, voulurent procurer aux pauvres
lépreux quelques secours et quelques adoucissements. Elles n*en-
lendent en aucune façon, on le comprend, que la prieure bénéficie
de leurs libéralités. Peu de personnes se souciaient, à cette époque,
de donner aux grands monastères. Valérie Marteau, femme de
Jean Bayar, lègue dans son testament, daté du 13 août 1382,
quinze deniers à chaque malade de la Maison-Dieu (1). Pierre
Brugière, habitant du lieu de la Maison-Dieu, manouvrier, père
de famille du reste, lègue aux malades, pour leur usage per-
sonnel, une pièce de terre, dont la délivrance est faite aux hOtes
mêmes de la maladrerie en 1472 (2). Certains bienfaiteurs sou-
lignent leurs intentions de façon à ce qu'aucun doute ne puisse
subsister : « Je lègue, dit Jean Charles, voilurier à Limoges, mort
vers 1460, un pré a moy et a ma femme appartenant aux pauvres
lépreux de la Maison-Dieu et autres qui seront a Tadvenir lépreux
dans ladite maison, et aussy a autres lépreux de dehors, qui,
passans, prendront retraite dans ladite maison : ordonnant que
ledit pré et ses appartenances soient tous les jours et à perpétuité
le patrimoine desdils pauvres et a leur uzage et que dame Catherine
de Combornio, abbesse, comme prieure de ladite Maison-Dieu de
Limoges, et comme ayant le régime et gouvernement entier et
Fadministralion de ladilo maison et desdits pauvres, et de tous
leurs biens, délaisse toute la propriété et possession, uzufruit et
esmolumens et les fruits d'icelui perpeluellement » (3). Signalons
encore,dansle teslamentde Valenlin Pasquet,curéde Saint-Pardoux
prés Razès (19 septembre 1308), un legs de cinq sous aux pauvres
ou lépreux de la Maison-Dieu (4) ; dans celui de Balthazar Parrot,
prêtre (13 avril 15S3), une disposition par laquelle il veut qu'il
soit donné aux mêmes pauvres une somme de vingt sols tournois,
une nappe, deux draps ou couvertures et deux serviettes (5;.
(1) Cuilihel leproso domus Dei, quindecim denarios (Hôpital, III, D 4,
p. 225).
(2) Arch. nationales, S 4847, n« 19.
(3) Hôpital, III, B 8. Dans le texte, l'extrait du testament a été mis à
la troisième personne. On trouve Tanalyse du testament dans les pro-
ductions des abbesses Jeanne et Marie de Verthamon (Arch. nat. S 4847,
n« 19).
(4) Arch. Haute-Vienne, notaires, minutes Pomeyrolli, n« 920 prov.
())) Lego pauperibus leprosis domus dei LeniovicensU, ad finem ut
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 109
Nous n'avons trouvé aucune libéralité faite à la Haison*Dieu à
une date postérieure à 1650.
Au xvn* siècle, la maladrerie percevait encore un assez grand
nombre de renies sur des maisons assises en divers quartiers de
la ville : rue d'Aigouléne, rue des Arènes, place des Bancs ou du
Marché neuf, rue Bancléger, rue du Bélier, rue Biscole, rue et
porte Boucherie, rue Gharretarie, rue du Chevalet, rue du Clocher,
rue des Combes, rue Ferrerie, rue et faubourg Manigne, rue
Mirebœuf, rue de la Poissonnerie, queyroix de Saint-Pierre, fau-
bourg Saint-Gérald, rue du Verdurier, etc.
XI. — Labbesse de La Règle dispute son prieuré au Grand- Aumônier,
à f ordre de Saint-Lazare et aux administrateurs de V Hôpital de
Limoges. — Union de la Maison-Dieu à l'Hôpital Général.
Les procès tiennent une grande place dans Thistoire de toutes
les institutions de quelque importance des siècles passés, des mo-
nastères et des établissements charitables surtout. La Maison-
Dieu en avait eu quelques-uns au cours de la première période de
son existence. Nombreux furent ceux qu*elle valut, pendant la
seconde, à Tabbesse de La Règle : procès avec révoque, avec les
consuls, avecTabbé de Saint-Martial, avec les malades de la lépro-
SL*rie. Les documents relatifs à ces différends constituent une bonne
partie des archives du prieuré. Pendant trois siècles, toutefois,
« Madame » put tenir tête à tous ses adversaires et n*eul pas lieu
de concevoir d*inquiétudes sérieuses au sujet de la possession de
son prieuré. Les choses changèrent de face à partir du milieu du
xvu« siècle et Tabbesse fut obligée de défendre ses droits contre
plusieurs ennemis à la fois. Il est fort difficile d*y voir un peu
clair dans ces procédures qui se juxtaposent, se croisent, s'enche-
vêtrent, se poursuivent à cerlains moments devant des juridictions
différentes, sont ensuite réunies et traversent, tour à tour, des
phases d'activité et des périodes d'accalmie dont les causes le plus
souvent nous échappent. Tout ce que nous pouvons faire est de
donner un court aperçu historique de celte luUe dont tous les
incidents, au reste, ne nous sont pas connus.
La Grande Aumônerie avait, dès le xvi^siècle vraisemblablement,
ieneantur deprecari Deum pro sainte anime meè et parentum meorum
summam viginti solidorum turonensium semel^ unam mappam, duo lin-
teamina et duas servietas (Ibid,^ minutes Rogier, n^ 1170, fol. 239).
110 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
revendiqué des droits sur la Maison-Uieu. Elle soutenait que
rbôpilai était de fondation royale : nous n*avons pu retrouver
Texposé de ses arguments. Ceux-ci ne parurent sans doute ni très
probants ni très solides, puisque l'abbesse réussit. à garder non
seulement son prieuré avec les revenus attribués à sa mense et
le droit de prononcer les admissions à la maladrerie, mais même
le droit de patronage sur Téglise de Sainte-Marie-Madeleine, et
continua à pourvoir à celle-ci, notamment en 1589, 1568, 1580,
1619 et 1623(1). Les Pouillés généraux n'en firent pas moins
figurer la Maison-Dieu au nombre des hôpitaux qui devaient leur
existence aux libéralités de la couronne. Répétons encore une fois
que cette énonciation paraît de pure fantaisie. Nous n'avons jamais,
au cours de nos recherches, trouvé un seul document qui puisse
justifier les prétentions de la couronne.
Au mois de décembre 1660, des lettres patentes royales érigèrent
rhôpilal Saint-Gérald en hôpital général et y unirent tous les
autres établissements d'assistance de Limoges ainsi que les revenus
d'un certain nombre de confréries de charité. Parmi les infirmeries
unies figurent les deux léproseries de Saint-Jacques des Casseaux
et de la Maison-Dieu ; mais leurs revenus n'étaient donnés au nouvel
établissement quà la charge « de fournir un lieu séparé dans
iceluy pour les lépreux ».
Opposition fut faiteà l'enregistrement de ces lettres par l'abbesse
de La Règle : celle-ci objectait, non sans quelque raison, que
l'union du prieuré de la Maison-Dieu à son monastère ayant é(é
opérée à certaines conditions qu'elle et les abbesses précédentes
avaient observées, il semblait injuste et inadmissible qu'une nou-
velle mesure, parût-elle utile au public, pût avoir pour elTei de
revenir sur une union opérée suivant les formes canoniques et
consommée depuis trois cents ans. Les chanoines réguliers de
Saint-Augustin de la Congrégation de France qui, depuis 1637,
avaient remplacé au prieuré de Saint-Gérald ceux de la réforme de
Chancelade, protestaient de leur côté contre la nouvelle organisa-
tion de Saint-Gérald et avaient aussi formé opposition. Les habitants
de la maladrerie, pensant bien que Texécution des lettres patentes
de 1660 entraînerait leur expulsion à bref délai, s'étaient joints à
l'abbesse et aux chanoines réguliers. Les « pauvres lépreux » de
la Maison-Dieu étaient représentés par Martial Melier ou Meslier,
dit le Biron, leur syndic.
Malgré les efforts des opposants, le Parlement de Bordeaux
(1) Fouillé, p. 187.
LES LéPIlEUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 111
ordonna, par arrêt du 26 février 1661, que les lettres du roi
seraient enregistrées pour recevoir leur plein efTet.
Ce premier débat judiciaire est comme le prologue de toute une
série de procès longs et embrouillés, que vinrenl compliquer,
quelques années après, les revendications de Tordre du Mont-
Garmel et de Saint-Lazare à qui avaient été, comme on sait, remis,
par un édil de 1672, Tadminislration et la jouissance des biens
de toutes les léproseries du royaume.
A Fabbesse Jeanne de Vertbamon qui avait subi le premier
assaut et eu à défendre les droits du monastère de La Règle contre
laGrande-Aumônerie et Tordre de Saint-Lazare, avait succédé Marie
de Verlhamon de Lavaud, sa nièce : celle-ci dut lutter à la fois
contre Tordre de Saint-Lazare, qui poursuivait Texécution de Tédil
de 1672 et contre les administrateurs de THôpital Général réclamant
le plein effet des lettres patentes de 1660.
En vain Tabbesse prouva ou s'efforça de prouver qu' « en qualité
de prieure du prieuré appelé de la Maison-Dieu, comme membre
dépendant, uny et annexé de tout temps (depuis plus de trois cents
ans tout au moins) à ladite abbaye, elle gardait Thospitalilé, dans
le lieu dudit prieuré, envers les pauvres lépreux qui se trouvaient
en diverses familles dudit lieu, en leur fournissant régulièrement
certaines pensions en grains, vins, chairs et poissons, faisoit entre-
tenir les bastimens et leur habitation, les faisoit secourir, sains et
malades, spirituellement et corporellement, que les revenus dudit
prieuré ont esté de tout temps exactement employés a cella ; et que
les dits pauvres ne sont point pelterins et passans, mais demeurent
et résident audit lieu... » (1). Ses adversaires ne démordaient pas
de leurs prétentions : Tordre du Saint-Esprit voulait qu'on lui
adjugeât la Maison-Dieu, ses dépendances et tous ses biens ; les
administrateurs demandent de leur côté d*étre mis en possession
de toutes les propriétés et revenus de la maladrerie, — et subsi-
diairement, c au cas où la Maison-Dieu ne serait pas considérée
comme un établissement de charité proprement dit, mais comme
un simple prieuré d'hospitalité », d'être maintenus en possession
des pensions et subventions fournies par Tabbesse aux habitants
de Tbêpilal (2).
L'affaire fut portée, à la suite d'un appel comme d'abus, devant
la Chambre royale séant à TArsenal, qui, par arrêt du 31 août 1684,
confirma Tunion de la Maison-Dieu à l'Hôpital général, disposa
(1) Arch. nationales, S 4847, n® 19.
(2) Hôpital, B 538. — Arch. nationales, S 4847, n» 19.
112 sociéré AncuéoLOGiQUB et histoiuque du limousin
que Tabbesse acquitterait désormais à Tordre du Saint-Esprit « les
pensions et rentes cy devant payées aux lépreux pour leur hospita-
lité et nourriture », dont la liquidation serait faite par le S' Philip-
peaux désigne en qualité de commissaire. L'abbesse et l'abbaye
étaient déchargées de toutes autres obligations et les dépens étaient
compensés.
Il semble, d'après certains documents, peu clairs du reste, nous
le confessons, que le procès du prieuré de la Maison-Dieu ne fut
pas terminé par cet arrêt el qu*il fut poursuivi devant le Conseil
privé. Peut-être était-il encore en suspens lorsqu'un nouvel acte
du pouvoir, Tédit du 24 août 1693, prescrivit, au contraire de ce
qui avait été ordonné depuis un siècle et demi, la transformation
en hôpitaux ordinaires des léproseries les mieux dotées et l'union
de toutes les autres à des hôpitaux existants à qui incomberaient
désormais leurs charges. C'était la confirmation des lettres patentes
du mois de décembre 1660 et l'union définitive de la Maison-Dieu à
l'Hôpital général. 11 semble toutefois qu'une transaction ait eu lieu
entre les administrateurs de cet établissement el l'abbesse de La
Règle.
Les cléments nous manquent pour écrire le dernier chapitre de
l'histoire de la Maison-Dieu. Les archives de l'Hôpital général à qui
la maladrerie est restée dcfjnitivement unie, ne fournissent aucun
renseignement sur le départ ou l'expulsion des derniers prétendus
lépreux. L'administration de rétablissement laissa-t-elle les men-
diants qui occupaient ces vieilles masures mourir en paix dans les
lieux où leur existence s'était écoulée? Nous ne le savons pas.
Nous avons dit plus haut que les registres paroissiaux de Saint-
Christophe ne mentionnent pas les lépreux et que rien ne permet
de distinguer les malades habituels de la Maison-Dieu, s'il en
existe encore, des habitants des immeubles voisins. Le 17 juin
1693, le curé de Saint-Christophe note l'enterrement d'une certaine
Catherine Dugo, veuve de Martial Gautier et a demeurant à la
Maison-Dieu » ; le 4 septembre 1705, l'enterrement de « la femme
du nommée Peyrol, 83 ans, qui demeurait à la Maison-Dieu; le
23 décembre 1706, le baptême de Pierre Paye, (ils de Jean et de
Catherine Gaudoys, à la Maison-Dieu ; le 3 mai 1713, le baptême
de Léonard, fils d'André Jourde « qui demeure à la Maison-Dieu »
et de Catherine Coussinaud... Mais ne s'agit-il pas ici des familles
qui ont remplacé les lépreux dans les bâtiments de la maladrerie?
Notons toutefois, en 1701, un Pierre Queyrol, qui pourrait bien
être un descendant du Thomas Queyrolli, nommé le premier à une
quittance donnée par les ladres de la Maison-Dieu à l'abbé de
Saint-Martial, et analysée au chapitre IX ci-dessus, ainsi qu'à la
nomination du receveur-comptable des aumônes, en 1482.
i
LES LÉPREUX ET LES LEPROSERIES DE LIMOGES 113
XII. — Les bâtiments de la léproserie
Aucun document se rapportant a la première partie de l'histoire
de la Maison-Dieu, ne fournit de renseignements un peu précis sur
rimporlanco, la disposition et Taspect de ses constructions. Elles
devaient être dès les xm' et xiv" siècles, nous Tavons dit plus haut,
assez considérables. Indépendamment des maisonnettes et des
chambres servant à Thabitation des malades, il y avait des bâti-
ments afTectés à des services communs. Les lépreux mangeaient
ensemble (1) : d*où un réfectoire, une cuisine, des celliers et res-
serres, des caves, du reste mentionnées à plusieurs reprises, sans
doute aussi une salle commune ou chapitre pour les réunions de la
communauté; et le logement du prieur; et celui des prêtres de la
maison. Il fallait encore des locaux pour les donnés des deux sexes
qui, un document en témoigne, avaient des « bonnes chambres »,
comme les malades du reste, atteste la même pièce (2). Or, les
lépreux de rétablissement et les passants, qui y étaient hospitalisés
à litre provisoire, avaient été en grand nombre (3), dans la période
qui avait précédé Tunion du prieuré à Tabbaye de La Règle, s*il
faut en croire les témoignages recueillis par une enquête à la fin
du xiv« siècle.
Nous ignorons la date de la construction de Téglise de Sainte-
Marie-Madeleine et nous ne savons pas davantage Torigine et le
sens exact de la dénomination de basilica qu'on lui trouve attribuée.
Elle demeurera paroisse jusqu*à la (in du xvi® siècle. Il semble
résulter d'un acte de 1555 des archives de Tabbaye de La Règle
qu*elle Tétait encore à cette époque. L'abbesse nomma encore à la
cure en 16^ ; mais vu Tétat de ruines où se trouvait dès avant cette
date réglise de la Maison-Dieu, il n'est pas douteux qu'elle fut,
dès lors, unie à Saint-Christophe, et cet état de choses subsista
jusqu'à la Révolution (4) .
De l'architecture de cette église, il est difficile de dire
quelque chose de précis. Néanmoins, construite soit à la fin
(1) Comedehant in communL — Nadaud, Mélanges manuscrits. Ibid,
(2) Que guident donale habebant prebendam et bonas caméras. Ibid.
(3) Leprosi ibidem affluentes habebant bonas caméras,
(4) On trouve toutefois, dans une lettre épiscopale de 1610, Téglise
de la Maison-Dieu mentionnée en ces termes lecclesiam parrochialem seu
vicariam perpétuant Domus Dei (Hôpital, III, C 2), ce qui donnerait à
croire que l'union n'était pas encore opérée à cette époque.
114 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
du xu*, soit dans les toutes premières années du xiii* siècle,
elle devait être de slylc roman, comme la plupart de nos églises, el
de fort modestes dimensions. On dut la réparer souvent; mais il
y a toute raison de croire qu elle ne fut jamais réédifiée d'une Taçon
complète el que le bâtiment dont les procédures et les contrats
signalent, à diverses époques, le fâcheux état de délabrement, esl
bien la construction primitive.
Un demi siècle après la remise de Thôpilal à Tabbesse de La
Règle, tous les bâtiments étaient en mauvais état. Ils avaient été,
depuis quatre-vingts ans, Tobjel de fort peu de réparations. Il va
sans dire qu'au cours de la période des persécutions, on ne s'était
pas occupé de leur entretien. L'abbesse avait probablement reculé,
lors de la prise de possession du prieuré, devant la dépense d'une
restauration, tout au moins d'une remise en état suffisante. En
sorte que Thôpital tombait en ruines. En 4399, l'église était en
partie découverte et les tuiles qui la protégaient avaient servi à
réparer la toiture d'autres constructions. Le logement du prieur,
ceux des donnés, une partie des locaux destinés aux malades
n'existaient plus (2). Dans une requête adressée au juge du Château
deLimoges et dans laquelle ils exposent au long ce déplorable état
de choses, les consuls, arguant du titre (que l'autorité ecclésias-
tique, on le sait, leur contestait) de patrons de l'hôpital, évaluaient
à plus de douze cents francs — quelque 60.000 d'aujourd'hui — la
somme nécessaire pour faire exécuter les travaux indispensables
de réparation ; il ne fallait pas songer à une reconstruction com-
plète de la Maison-Dieu : quatorze mille francs — 700.000 d'au-
jourd'hui — n'eussent pas suffi (3).
A la suite de ce procès, auquel semble être intervenu, nous
l'avons dit, l'évéquc de Limoges Bernard de Bonneval, des travaux
d'une certaine importance durent être exécutés. Un siècle plus
tard, il fallut en effectuer d'autres. Le P. Bonaventure de Saint-
Amable rapporte que la maladrerie dut à l'abbesse Françoise de
Saint-Aulaire (1495-1506), des réparations ou agrandissements;
celle-ci Ot même construire quelques cellules pour les malades (4).
Mais l'ensemble des bâtiments resta en assez mauvais état. Ces
constructions auraient eu besoin d'un entrelien attentif et incessant
(1) Ecclesia fuerat dimcohoperla ah una parte et (egule amote,,, et alie
camere Prioris et aliorum infirmorum erant destructe, etc.
{2) Ipse locu» non repararetur pro duodecim centum franchis, nec
fîeret pro quaiuordecim mille.
(3) Histoire de Saint-Martial, t. II, p. 2i0, et Leghos : Abrégé des An*
naleSy t. I, p. 44G.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSEniES DE LIMOGES iV&
pour se tenir debout en dépit de leur véluslé et des nombreux
assauts qu'elles avaient déjà subis. De nouveau, en 1561, celles
qui subsistaient menaçaient ruine. Saisi par une plainte des lépreux
ou soi-disant tels qui les occupaient, le lieutenant-général au siège
présidial Bermondet, après avoir fait examiner Tétat de ces ma-
sures crut devoir ordonner que les « ediffices, bâtiments et esglise
de ladite léproserie » seraient visités, en sa présence ou celle du
lieutenant particulier du siège, par des « arbitres » du choix de
Tabbesse de La Règle, prieure de Thôpital, et du syndic des ma-
lades. En conséquence, les parties comparurent par procureurs
devant Lamy, lieutenant particulier, le 6 novembre 1561, au lien
même de la léproserie, et déclarèrent nommer pour procéder à cette
visite, savoir, l'abbesse Charlotte de Maulmont : Etienne Deville-
goureys, Jean de Beaunom dit Moureau, menuisiers; Martial de
Rançon et Pierre Moureau, de Cognac, maçons; le syndic des
pauvres : Jean Picard dit Thorlogeur, Hugues Guyennel et Pierre
Penicaud dit le Bureau, menuisiers et Antoine Descoutures, maçon.
L*abbesse récusa deux de ces derniers. Néanmoins, conformément
aux conclusions du procureur du roi, il fut dit que les experts rem-
pliraient la mission que leur avait donnée la justice, examineraient
en toute conscience l'état des constructions, interrogeraient Tun
après l'autre, à part et secrètement, les « povres ladres habitans en
ladicte léproserie a, et feraient ensuite leur rapport au magistrat.
Le lendemain, 7, les experts après avoir prêté serment, décla-
rent « avoir veu et visité tous les longis des pouvres ladres,
ensemble Tesglize, tant par le dedans que par le dehors; il semble
ausdiclz Guyennet, Penicaud, de Villegoureys et Mourant», que
« le boys et fustaies sont fort ruynécs et ont besoing de prompte
réparation; car n'y a aulcun boys que puisse servir que le boys
de la couverture dudict logis ».Le rapport des maîtres maçons n'est
pas plus satisfaisant : les murs du bâtiment qui sert d'habitation aux
lépreux sont « ruyneux et concaves » : « pour reparer lesdictes
murailhes il les faudrait habaptre » tout au moins refaire deux
côtés de la maison, reprendre certaines parties et construire un
<c arceau et voûte >> au-dessus de la cave; car si on y rétablissait un
simple plancher, l'humidité l'aurait en peu de temps pourri.
Il est ordonné que les travaux et réparations seront exécutés
d'après les prix indiqués par les experts et qu'ils seront adjugés au
rabais aux ouvriers qui se présenteront pour en prendre l'entre-
prise. Les experts sont invités à faire connaître quel salaire ils
demanderaient pour faire les travaux, « en les fornissant de ce que
sera nécessaire esdictz ediffices ». Guyennel offre de se charger
d'exécuter pour vingt livres ceux nécessaires pour « appuyer le
116 SOCIÉTÉ AnCllÊOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
logis », et comme personne ne fait de proposition plus avantageuse,
le lieutenant lui adjuge les t?*avaux en ordonnant que Tabbesse
remettra « entre les mains des administrateurs » la somme fixée
et fera conduire à pied d'œuvre le bois nécessaire. Martial de
Rançon et Moureau à leur tour disent qu*ils se chargeront pour
vingt écus de la maçonnerie et sont déclarés adjudicataires de ce
lot à ces conditions : l'abbesse devant « bailher et fournyr ausdictz
massons ce que sera besoing ausdiles murailhes ». Toutefois un
délai de huit jours est donné à CharloUe de Maulmont pour faire
examiner les lieux et aviser à trouver d'autres ouvriers qui s^enga-
gent à exécuter les travaux à moindre prix. Elle en présente en
effet, et malgré les proteslations du syndic des ladres, disant que
leur logis menace de s*efTondrer et qu'il ne s*agit pas d'une répa-
ration provisoire, mais des travaux nécessaires pour rendre la
maison habitable et conjurer tout danger, l'entrepreneur de Tab-
besse met la main à Tœuvre et poursuit les travaux. Charlotte peut
notifier au lieutenant, à la date du 13'janvier suivant, que tout est
terminé depuis un mois (1). Peu après, elle faisait des difTicultés
pour payer la pension des malades, alléguant les réparations consi-
dérables qu'elle vient de faire exécuter à la maison (2).
En dépit de ces travaux un plan de nos Archives départemen-
tales, attribué à Jean Court dit Vigier et postérieur de peu d'années
au document dont nous venons de donner l'analyse, représente la
Maison-Dieu dans un triste étal. Le peintre a tiguré le bâtiment
avec une toiture présentant un trou béant. Peut-être faut-il recon-
naître seulement Tégllse de Sainte-Madeiaine dans la pauvre cons-
truction en ruines. Néanmoins cette image est un indice assez
éloquent de l'état déplorable de la maladrerie, qui du reste, n'avait,
en 1616, d'après un document consulté par l'abbé Nadaud, ni porte
ni clocher (3). Les autres constructions ne devaient pas offrir un
aspect beaucoup plus satisfaisant, quinze ans plus lard, lorsqu'au
cours de la terrible peste de 1631, une des épidémies les plus
meurtrières dont nos annales aient gardé le souvenir, le consulat
choisit la Maison-Dieu pour y établir, avec l'assentiment de l'abbesse-
prieure, une maison de sanlé, un hôpital provisoire où on évacuait
les personnes atteintes par le fléau, et ou elles étaient soignées (4).
(1) Appendice : pièce n° VIT.
(2) Arch. Hôpital, H. 25.
(3) Nadaud : Pouillé, éd. Legler, p. 187. — Lecros^ E»8ai» historiques
et notes diverses.
(4) Registres consulaires, t. III, p. 278.
L£S LEPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES. 117
Un procès-verbal dresse un demi-siècle plus tard, vers 1615, par
des experts commis pour la visite de la Maison-Dieu, constate que
riiôpital consiste « en une ciiappelle moityé démolie, fondée sous le
liltre de Sainct Lazarre et Saincte Magdeleine et en quel(]ucs vieux
baslimens près d*icelle, dans Tun desquels il y a une fontaine cl
dont le reste sert à loger les prétendus ladres » (1).
Notons cette dernière expression. Elle est un témoignage du peu
de foi qu'on avait dans la réalité des-aiïeclions dont se disaient
atteints les habitants de ces masures délabrées. Nous avons vu plus
haut qu'à cette date, ils étaient au nombre de cinq seulement.
Il subsistait encore, vers 1848, à la petite métairie de la Maison-
Dieu, quelques vieux bâtiments, sans aucun caractère architectural
du reste et sans aucun style. Ils servaient de granges et ne présen-
taient aucune particularité digne d'intérêt. I/église avait été depuis
longtemps démolie. Les remaniements opérés dans le quartier ont
fait disparaître ces anciens bâtiments; il ne reste rien aujourd'hui
des constructions de la maladrerie. Toutefois, dans un jardin bor-
dant la ligne du chemin de fer qui met en communication la gare
des Bénédictins avec la gare de Montjauvy, à peu de distance du
chemin du Grand-Treuil, nous avons aperçu, il y a peu de mois,
une statue en pierre calcaire peinte de sainte Madeleine, paraissant
appartenir au xiv siècle et ne manquant pas d*un certain caractère,
mais fort mutilée. Cette sculpture qui, nous a-t-il été raconté, est
demeurée assez longtemps encastrée dans le mur de clôture d'une
propriété voisine, an bord d'un petit chemin, est à notre connais-
sance le seul reste qui ait été conservé de l'église de Sainte-Marie-
Madeleine et de la léproserie de la Maison-Dieu.
Louis GUIBERT.
(1) Arch. nationales, S 4847, n<» 19.
T. LV
H
\i^ SOCIÉTÉ AnCHÉOLOHIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
APPENDICE
I
Listn des recteurs, précepteurs, prieurs et prieures de la Maison-Dieu
de Limoges
Eue (Hélias Reclus) y prêtre, chapelain de la maison avant avril 1198,
qualifié prêtre de la maison en 1206 (Pièce n<* IV ci-après; Arch.
Haute- Vienne, I^ Règle, 2120; Nécrol. de La Courtine).
Jean Vatavespres, probablement le même que J. lo chapela de la Maijo
Dieu, 1207 — recteur al. prieur, 29 novembre 1217, 1222, 1224
(Johannes, presbiier et rector Domus Dei, Johannes Vadavespras,
recior; Johannes ^ prior Domus Dei Leprosorum) f entre 1224 et
1226 (Pièce n^ IV; Arch. Haute- Vienne, no 1014; Hôpital, III B 10;
A. Leroux, Chartes et Chroniques, p. 66).
Etienne d'Excideuil, recteur, al. précepteur ou prieur, institué avant
novembre 1226, 29 juin 1230, 27 mai 1234, janvier 1238, 18 juillet
1240 (Stephanus de Exidolio, preceptor Stephanus, rector Domus
Dei: Stephanus, prior) f entre le 20 novembre 1240 et le 27 dé-
cembre même année (Pièce n*» IV ci-après; Hôpital, III B 6;
III B 10; Nécrol. de La Courtine; Legros : Tables chronologiques.
.Iean nu Peyrat (/. de Payrac, J. Payrax), prêtre, désigné et institué
recteur par Etienne, avant le 27 décembre 1240, non installé par
suite de l'opposition des consuls, f 1253 (Pièce n® IV ci-après;
Arch. Haute- Vienne, 5781 ; Legros : Tables chronologiques.
Pierre d'Egletons (P. deus Glotos), improvisé comme recteur par les
consuls, fin décembre 1240 ou janvier 1241 (Pièce n® IV ci-après).
Elie Aymé RIO (Helias A y mer ici, prior Domus Dei, Hel. Aymerics, priors
de la Mayio Dieu deu lebros de Lemotges), prieur, 1241, 1247,
mai 1251, juin 1251, 3 novembre 1253, février 1255 (Arch. Haute-
Vienne, 4318; Hôpital, III B 6; III B 10; Leroux, Molinieh et
Thomas : Documents historiques, I, 197).
Jean, prieur {Johannes, prior Domus Dei Lemovicensis), avril 1269, 1272,
1273, 1278, 1282, f 1285 (Arch. H»«- Vienne, 3956; Hôpit., III B 6;
III B 11; Legros : Tables chronologiques).
Pierre des Moulins [Petrus de Molendinis, prior), prieur, 1287, 1288,
janvier 1291, 1292, 1296, 1298, 1299, 28 avril 1301, 1303, 1305,
1312, 26 juin 1317 (Arch. Haute-Vienne, 3755; Hôpital, III B 6,
inB7, m B 11).
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES i19
Guillaume Boniface {Guillelmus Bonifacii, prior Domus Dei), prieur,
1323, 1327, 16 juillet 1342, 1343 (Arch. Haute-Vienne, 859, 3180;
Hôpital, III B 8 ; Legros : Tables chronologiquefi).
Denise de La Rocur, abbcsse de Notre-Dame de La Rog-le, prieure de
La Maison-Dieu, 1349.
Marguerite des Allois, d<*, 1354.
Marie de la Jugie du Puy, d®, 1303, 1389.
Jeanne de Rociiechouart, d®, 1394, f 5 mai 141V.
Isabelle d'Amboise, d°, 1415, f 1427.
Catherine de Comborn, d°, 1428, + 20 septembre 1460.
Catherine d'Aubusson, d®, 1460, f 20 août 1472. Elle est dite cependant
abbessc à la date du 13 mars (H72 v. st.) 1473 (Arch. Haule-
Vienne, La Règle, n^ prov. 3648).
Marguerite d'Aubusson, d°, 1473, f 24 décembre 1481.
Anne de Maumont, d*», 1481, f 24 août 1495.
Louise d'Aubusson, d<>, 1495.
Françoise de Beaupoil, d», 1495, f 49 avril 1507.
Catherine de Maumont, d°, 1507, 1523.
Charlotte de Maumont, d°, 1525, + 12 février 1571.
Jeanne de Bourbon-Montpensier, d°, 1571, dém. 1586.
Jeanne de Bourbon-Lavedan, d°, 1586, permuta avec la suivante, 159i-,
+ 15 mars 1610.
Françoise de Rohan, d°, 1594, rés. 1598.
Marie Vidard de Saint-Clair, d°, 1599, résigna, f 1613.
Virgile de Pont Jarno, d®. Le Pouillé la nomme en 1612 seulement.
Nous possédons des lettres d'admission à la Maison-Dieu, déli-
vrées par elle et datées des 28 novembre 1617 et 31 janvier 1618
(Voir pièces ci-après). Un acte cité au chap. IX ci-dessus et où
elle intervient est du 31 mai 1618. •
Maureille de Verthamon du Mas du Puy, est donnée par le Pouillé
comme abbesse en 1619 ; nous la trouvons en effet nommée à un
acte du mois de juillet 1619 (Arch. H*«-Vienne, La Règle, n° 4548).
Jeanne de Verthamon, d° (1629, rés. 1653, f 12 mars 1675). A plusieurs
actes Jeanne de Verthamon figure avec la qualité d'abbessc les
5 janvier 1627, 8 janvier et 18 novembre 1628 (Arch. H*«-Vienne,
La Règle, n» 862 et 6526).
Marie de Verthamon-Lavau, d**, 1556, f 1679.'
Elisabeth al. Marie-Elisabeth d'Aubusson de La Feuillade, d**, 1670,
f 13 mars 1704. Est la dernière des abbesses do La Règle qui
ait porté le titre de prieure de la Maison-Dieu.
II
Liste des chapelains et curés de lu Maison-Dieu»
Elie {Ilelias Beclus), institué chapelain de la Maison-Dieu avant avril
1298 (V. pièce ci-après, n° IV), f avant décembre 12V0.
{'20 SOCIÉTK AHCHÉOLOGIQÎ'E ET HISTOIIIQUK DU LIMOUSIN
Jean [J. lo chapela de la Maijo Dieu), 1207, probablement le même que
Jean Vatavespres, recteur (Voir la liste précédente).
Jean (J. capellanus Donius Dei), 1234 (Arch. Haute-Vienne, La Règle,
850) est probablement J. Tréfin^ investi de la cure par Tévêque
Gui du Cluzeau (Voir pièce ci-après, n° IV).
Mautial de Gompreignac [reclor capeÛanie I). D, Leprosum)^ 1262 (Arch.
ilaute-Vienne, La Règle, 3956; Hôpital, III, B 11).
Pierre du Puy (Peints de Podio, capellanus), novembre 13^3 (Arch.
Ilaute-Vienne, Saint-Martial, 3611).
Jean Hugonneau (Johannus UugonclU, capellanus D. Z).), 22 mars 14-60;
dit grand vicaire de la Cathédrale et cure de la Maison-Dieu en
1481 (Arch. Haute- Vienne, Notaires, 1996, et Leghos).
Aymeric Cheyrou, f avant 150i (Arch. Haute- Vienne, Répertoires géné-
raux de Saint-Martial, I, 328).
Jean de la Bastide le jeune [Johannes de Bastida junior, capellanus
Sancti Maxentii et Domus Dei l^eniovicensis), (Legros : Mélanges
manuscrits, I, 702 et Tables chronologiques).
Martial de la Vernue, de la Vergnhe, 22 janvier (1538 v. st.) 1539,
f avant 1540 (Arch. Haute- Vienne : Saint-Pierre, terrier de Bony,
fo 77 v**, et Legros : Tables chronologiques).
LiOi'is Audeteau, pourvu de la cure de la Maison-Dieu par Mgr de La
Marthonie, évoque de Limoges (Legros : Tables chronologiques).
IH
Curés de Saint-Jacques et Saint-Christophe.
(Nous ne connaissQns pas le nom d'un seul ecclésiastique qui ait
ail ministre la paroisse de Saint-Jacques seule).
Guillaume de Ghatandeau (de Chastandeu), curé de Saint-Ghristophe
en 1366 (Legros).
Guillaume Tevssendier, curé de Saint-Ghristophe en 1390 (Arch. Haute-
Vienne, Saint-Pierre-du-Queyroix, n** 2733 prov.)
(II n est pas bien sûr que ces deux ecclésiastiques aient desservi la
paroisse de Saint-Jacques avec celle de Saint-Ghristophe).
Aymeric Albi, al. Dalby, curé de Saint-Jacques et de Saint-Ghristophe,
avril 1427.
Pierre le Blanc, curé de Saint-Ghristophe (et probablement aussi do
Saint-Jacquos, en 1436 (Legros). Ne serait-ce pas aussi un Albi?
François Albi, al. Dalby, curé de Saint-Jacques et de Saint-Ghristophe,
1451, 1456, 1457 (V).
Antoine Laporte, curé, 27 novembre 1605, mars 1607 (Legros).
Jean Moulinard, curé, 1652 (Legros).
l) Notons qu'en 1598 il existe, dans l'église de Saint-Christophe, une con-
frérie de ce saint (Arch. Hôtel-de- Ville, compl. par A. Leroux, G G 233).
r^
LES LÉPUEUX ET LES LÉPHOSEUIES DE LI&LOGES 121
Guillaume Cibot, curé, 1661, 1677 (Legros).
Decordes, curé, de 4691 à 1723 (1).
Constant, curé (signe les actes à partir du 29 mai 1723).
GèftALD, curé (signe à partir du 12 novembre 1726).
Avril, prêtre desservant (signe à partir du 12 ou 17 mars 1735).
Benoist (Louis- Philippe), curé, signe à partir du 15 novembre 1735 ; f le
24 mars 1777 à Tâge de 66 ans, et est inhumé le 25 dans son église.
Michel, curé, première signature le 29 mars 1777.
De Compreignag, curé, signe des actes du 15 avril 1790 au 4 mai 1701.
IV
Déclarations d'Etienne, prieur de la Maison-Dieu (1240)
Universis présentes litteras inspecturis officialis curie Lemovicensis
saluteni in Domino : sequentes litteras signalas sigillo bone memorie
Durandi, quondam Lemovicensis episcopi, nos vidisse noveritis in
hec verba : Stephanus, quondam rector Domus Dei leprosorum
Lemovicensis, in lecto egrotans positus, juratus ? bone memorie et
mentis compos, interrogatus super statu inslituendi priorcm sivc
rectorem in domo eadem, respondit per juramentum suum et asseruit,
in periculo aminé sue, quod vidit et audivitquod JohannesVadavespras,
presbiler, tenebat domum dictam in cura de voluntate et consensu
infirmorum et donatorum dicte domus, et de consensu et voluntate
bone memorie domini Guidonis, quondam Lemovicensis episcopi, tune
temporis archidiaconi Lemovicensis tantum, qui in custodia et con-
silio dictam domum comiinissam habebat a domino Lemovicensi épis-
copo, videlicet domino Celebrando vel domino Johanne ; et asseruit,
per idem juramentum, quod vidit et audivit quod quamdiu idem dominus
Guido vixit, rector et fratres dicte domus audibant eum Inuquam domi-
num et capud dicte domus, et consilio ipsius domini Guidonis dicta
domus regebatur omnino ; et hoc vidit per quadraginta annos et
amplius. Dixit etiam quod vidit et audivit quod dictus presbiter qui
tenuit per viginti quinque annos dictam domum, tandem in lecto
egritudinis positus, convocatis magistris P., priore domus Fratrum
Predicatorum. et P. Papalou, rogavit et submonuit illum qui deponit,
et injunxit eidem, in virtute societatis et obedientie et in periculo
anime sue, semel et secundo, quod ipse S., quondam rector dicte
Domus, onus et curam reciperet dicte domus : quod ipse St. fecit ad
nimiam instanciam presbiteri memorati, et crédit quod dictus pres-
biter dictam curam ipsi S. tradidit de consilio dicti domini Guidonis.
(1) On ne possède les registres paroissiaux de Soint-Chrislophc qu'à partir
de l'année 1693 ; mais à un acte du 10 décembre 1705, le cure Decordes dé-
clare qu'il est chargé o depuis treize ou quatorze ans de radmiiiislration de
la paroisse ».
122 SOCIÉI'É AnCIlÊOLOGIQUE EX HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Dixit cliam, per jurameiitum suum, quod postmodo dictus archidia-
conus, hoc audito et sepulto dicto presbitero, ad eandeni doiuuni
accessit, et convocalis coram se omnibus infirmis et dotiatis et soro-
ribus dicte domus, fecit omncs infîrmos et donatos et sorores jurare
({uod omncs obedirent eidcm St. et fideliter servarcnt bona domus dicte
et responderent eidem tanquam rectori domus dicte. Dixit etiam idem
St. quod, quando dictus prior eidem St. tradidit, ut dictum est, dictam
domum, idem prior inhibuit eidem St. et rogavit eundem quod, quum
contingeret humanitus de eodem S., quod nunquam poneret vel insti-
tueret rectorem aliquem ibidem de Castro Lemovicensi : imo prius
poneret ibidem in rectorem aliquem ductorem asini de ipsa domino.
Dixit etiam idem S., per juramentum suum, quod ipse S. non recepit
curam dicte domus a consulibus dicti Castri nec de ipsorum consulum
consensu, vel precepto bailivorum, nec predecessor suus, nec
aliquis alius, ut crédit. Interrogatus quis fuit institutor sive lundator
dicte domus, respondit, per juramentum suum quod crédit quod domi-
nus episcopus Lemovicensis G., et dixit quod ita accepit a majonbus
suis. Dixit etiam, per juramentum suum, quod nuper ipse S., positus
in locto ogritudiuis, convocatis inûrmis et donatis dicte domus, requi-
sivit eos et rogavit quod placeret eis quod ipse ordinaret domum de
rcctorc et quod vellent quod ipse traderet J. de Payrac, presbitero,
curam dicte domus; et quod idem J. Payrax institueretur. Et dixit,
per juramentum suum, quod quidam concesserunt, et alii non contra-
dixcrunt quod dictus J. Payrax, presbi ter, dictam curam haberet; et
quod esset rector dicte domus ; et dixit quod ipse S. statim, omnibus
ipsis preseniibus et non contradicentibus, tradidit eidem J. Payrac,
presbitero, dictam curam, et instituit eundem rectorem, présente
Stephano Pioncelot, sutore dicte Domus, et non conlradicente, qui
postmodum prout institutionem factam, ut dictum est, de dicto J.
Payrac, presbitero, inhibuit ex parte consulum dicti Castri ne dictus
J. Payrax institueretur rector ibidem. Interrogatus per juramentum
suum si denarii quod dictus J. Payrax, presbiter, et J. Trefin, pres-
biter, capellanus dicte domus et P. de Sancto Lazaro et P. de Beuna^
clerici, exlrahebanl de dicta domo, erant de dicta domo, respondit quod
non : imo dixit quod cum postea bursc et saculi in quibus erant dicti
denarii esseut allati eidem S. ad videndum et experiendum utruni
esseut de dicta domo necne, dixit, cum vidisset bursas et saculos, quod
non erant dicte domus, nec erant ipsius S. Quantum idem S. habebat
(lo denariis, respondit quod quingentos solidos barbarinorum veterum,
quos scrvaverat per quadraginta annos ad exequias sui funeris faciendas,
et viginti libras, vel circa et undecim libras, et duo cloquearia argenti
et ciphum argenti cum pede, et obolum aureum : que omnia cpnsules
dicti Castri tradiderunt Petro deus Glotos contra voluntatem ipsius S.,
quoniam P. deus Glotos consules pro voluntate sua posuerunt ibidem
rectorem. Interrogatus quis habebat privilégia dicte domus, respondit
quod dictus P. deus Glotos cui dicti consules tradiderunt clavem arche
ipsius S., ubi erant dicta privilégia, violenter extracta clavc de manu
LES LÉPHEUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 123
ipsius S., et contra voluntatem ipsius S., ipso inhibente et dicente eis
ne destnierent dictam domum. Interrogatus quis habebat curam ani-
manim dicte domus, respondit quod, ad inslantiam ipsius S., dominus
Guido, Lemovicensis episcopus, contulit curam animarum J. Trefin,
presbitero, capellano dicte domus. Vidit etiam quod Helias Reclus,
presbiter dicte domus jam defunctus, fuit capellanus, dicte domus, et
habebat curam animarum dicte domus a domino Celebrando, quondam
cpiscopo Lemovicensis. Addidit etiam quod vidit et audivit quod
Matheus de Vilayvenc et Paschalis Crestias, burgenses in Castro ma-
nentes, intromittebant se de negociis dicte domus propter afTectionem
et compassionem quam habebant erga domum dictam, tune temporis
carentem rectore antequam esset rector dictus J. Vadavespras, et hoc
faciebant pro sua voluntate, non de mandato consulum, ut crédit; et
dixit quod maie gerebant négocia domus quia dictus Matheus alienavit
bona dicte domus. — In cujus rei testimontum presentibus litteris sigillum
Lemovicensis curie duximus apponendum. Datum quinto ydus januarii,
anno Domini M'^ CC<> LX^ secundo (1).
Archives de V Hôpital, III, C 1.
Acte par lequel les lépreux de la Maison-Dieu conslituenl un receveur
comptable des aumônes destinées à leur communauté (10 novembre 1A82)
Die dominica que fuit X* mensis novembris, ànno Domini CCCCmo
LXXX*» secundo, Thomas Queyrelli, Guillermus Veauce, Johannes
Boluchet, Rigauldus Mayet, Johannes Laurens, Leodegarius Pèlerin,
Johannes Bartholomy, Thomasse Pèlerine, Guilloumeta Picarde et
Petronilla Forestière, pauperes leprosi et leprose leprosie Domus Dei
Lemovicensis^ fecerunt, creaverunt et constituerunt prout alias créa-
verant et constituerant eorum receptoreni et levatorem helemosinarum
eis per Çhristi fidèles porigendarum et que eis dabuntur, Petrum dcu
Pueyt, aliter Rabau, manuperarium Castri Lemovicensis, ibidem pre-
sentem, per totam diocesim Lemovicensem, qui juravit bene etfideliter
servire (?) et reddere compotum, aliter lo reliqua ; et dedccus et inco-
modum evîtare, et comodum et decus procurare, etc. Et pecierunt
memoriale sub sigillo officialis Lemovicensis, présente magistro P. (?)
Saleys, archipresbitero de Joarres in viridario Domus Dei. Et renovetur
certisficatoria. — Brevis.
* Arch, du départ, de la Haute-Vienne, notaires, n*» 5354 prov,,
fol. 205 recto (En marge : au s' Raulin, 1675).
(t) M. A. Leroux, a publié cette pièce au tome I de ses Documenls histo-
riques concernant principalement la Marche et le Limousin, pages 183 à 185
124 SOCIÉTÉ AltCllÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
VI
Relevé des décimes relatives aux hôpitaux et rnaladreries du diocèse
dépendant de Vordre de Saint-Lazare {1518-4528)
Du compte de la décime levée au diocèse de Limoges en rannce
XV*XVII1, rendu par Hugues Coletier, procureur du s' abbé de Saint-
Pcre, clos le IIII* juin XV'XXII, a esté extrait ce qui en suit :
L'arceprcvere {sic) de Limoges : le chapitre de la Maison-Dieu, xl*;
Taumosnierde la René (1), xx»; Taumosnerie de la cour episcopale, 1'.
In archipresbitcratu Sancti Juniani : preceptor Sancti Anthonii prope
(^onfolentum (2) (sic), viii*.
Preceptor de Soutin ou Rulin (?) (3), iiii'.
In archipresbiteratu de la Meyse : Elemosinarius S. Aredii (4), Ix*.
Elemosinarius de Assia (5), iiii'.
In archipresbitatu de Porcheria : preceptor de Lestan (6), xviii^
In archipresbitatu de Ranconio : preceptor de Chasseno (6 bis), xïV;
preceptor de Tine (7), xii*; preceptor de La Plagne (8), xii'.
(1) De r Arène, de Arena : Hôpital ou maladreric de Saint-Jacques des
Arènes, à Limoges.
(2) Saint-Antoine de Confolcns.
(3) Leçon évidemment fautive. Le copiste a-t-il mal interprété une abi-é-
viation, et s'agirait-il ici de Saint^Ouen ou de Saint-Sornin-la-M arche, près
Bellac? Le nom estropié serait^il Seuris?; c'est celui d'une localité, proche
de Chabanais (Charente), où on tix>uve trace d'une chapelle, dite de Barandey,
ayant appartenu à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
(4) Peut-être le « Grand Hôpital ». Nous n'avons aucune indication l'clative
à l'existence d'une léproserie à Saint-Yrieix.
(ô) Aixe-siir-Vienne, qui a possédé trois ou quatre établissements hospi-
taliers au moyen-âge.
(6) Probablement Saint-Antoine de Lestars, près Bugcat (Cori*è«c), qui
dépendait de l'ordre de Saint-Antoine de Vienne et qui était bien situé sur le
territoire de l'archiprétré de La Porcherie.
(6 bis) Chassenon (l'ancien Cassinomagus) se trouvait situé dans l'archî-
prétré de Saint-Junien et non dans celui de Rançon, où Chassenon ligure aux
deux états de décimes de 1518 et 1528 que nous donnons ici. II s'agit ici de
Chasseneuil en Rançon, sis à peu de distance du chef-lieu de Tarchiprctré. Ce
bénéfice qui avait eu le titre de prieuré ou préccptorerie avait dépendu de la
Maison-Dieu de Montmorillon, puis des Augustins de la même ville. Il était
sous l'invocation de saint Cosme et saint Damien. •
(7) II n'est guère admissible que cet article concerne Tilly, aujourd'hui
canton de Bellabre (Indre), ni Rilhac-Rancon, canton d'Ambazac, à peu de
distance de Limoges, qui n'eurent jamais d'hôpital.
(8; Nous devons sans doute reconnaître ici le prieuré de La Plagne, près
Tersannes, canton du Dorât. Cet établissement, dont la chapelle était sous
l'invocation de ^iu'nte Madçleine, avait peut-être été une comn>anderi<?. H
LES LÉPIUSUX El' LES LÉFHOSEHIES DE LIMOGES 125
In archipresbitalu de Albuconio : preceptor Sancti Anthonii de Cas-
sania (1), xii'.
In archipresbiteraiu de Benevento : preceptor de Chiro (2), xv"; pre-
ceptor de PoIIignac (3) («ic), x*; preceptor de Venis (4), iiii* x"; p. de
Vaulx (5), xl»; p. de La Pouge (6), iiiP.
In archipresbiteratu Brive; Elemosinarius Brive, v'; preceptor
S. Anthonii de Plantadis (7), xv' x».
D'autre compte de Jehan Chantoys et Galliot-Mondac, commis à
recevoir les décimes du diocèse de Limoges en Tannée XV'XXIII, clos
le dernier de décembre XV*XXVIII.
In archipresbiteratu Lemovicensi. Cappella Domus Dei, vii' xv';
cappella Sancti Lazari (7 bia)^ iiii* x".
In archipresbiteratu Sancti Juliani (sic) : preceptor Sancti Spiritus
prope Confolentum (8), xxxi* x*; preceptor de Fouveta (9), vi'.
dépendait, au moins au xvi* siècle, de la Maison-Dieu de Montmorillon dont le
prieur pourvut cinq ou six fois au bénéfice. En 1601 le Grand Aumônier y
nomme. D'après le Poaillé de Nadaud, les Augustins de Montmorillon en
jouissaient au siècle dernier.
(1) Commanderie près -Sain t-Frion, canton de Felletin; appartenait à
Tordre de Saint-Antoine.
(2j Chiro ne peut être que Saint-Jean (même Saint-James) de Chiroux,
près la Chapelle-Taillefer, canton de Guéret (Creuse), sous la protection de
saint Jacques et saint Philippe, dépendant de la Maison-Dieu de Montmo-
rillon.
(3) Nous croyions d'abord qu'il s^agit de Solignac ; mais Solignac dépendait
de Tarchiprétré de La Meyze et non de celui de Bénévent. L'ancien hôpital
désigné dans ce passage est Saint-Jean-de-Poulignac, préceptorerie ou com-
manderie, près Nailhac, canton de Dun-le-Palleteau, et qui dépendait du prieur
de la Maison-Dieu de Montmorillon.
(4) Vaynes, près Bussière-Dunoise, canton de Saint- Vaulry, parait en
elTet avoir porté le titre de préceptorerie. Dépendait de TArtige.
(ô) Vaulx, près Auriac, canton de Bourganeuf, a porté le titre de précep-
torerie et dépendait aussi de TArtige. C'est la seule maison à laquelle nous
paraisse pouvoir se rapporter la mention de notre état.
(6) La Pouge, près Saint-Hilaire-Chftteau, canton de Pontarion (Creuse),
appartenait aux chevaliers du Temple. Sa chapelle avait pour patron saint
Jacques-le-Majeur.
(7) Commanderie, dans la paroisse d'Ussac, près Brive. Dépendait de
Tordre de Saint-Antoine.
(7 bis) Saint-Lazare ancienne paroisse dans la banlieue de Limoges.
(8) L'hôpital du Saint-Esprit, prés ConTolens, est bien connu et nous
avons eu déjà l'occasion de le mentionner. C'est le seul établissement hospi-
talier du pays que nous puissions affirmer avoir dépendu de Tinstitution de
Guy de Montpellier. Tout au moins y fut-il rattaché durant une certaine
période, puisque le Fouillé du diocèse mentionne qu'en 1452, 1562, 1579, il
fut pourvu au bénéfice par les hôpitaux du Saint-Esprit in Saxta, à Rome, et
du Saint-Esprit de Montpellier.
(9) La Fauvette, près Oradour-sur-Glane, était une dépendance de la
Maison-Dieu de Montmorillon qui, du xv* au commencement du xvii* siècle
tout au moins, nomma à ce prieuré, dont les revenus furent ensuite donnés^
comme ceux de La Plagne, aux Augustins de Montmorillon.
126 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOllIQUE DU LIMOUSIN
In archipresbiteralu de Nontronio : Elemosinarlus de Nontronio,
« • • • I
XIIll'.
In archipresbiteralu de Meyse : prepositus Sanctt Valentini (i, la
somme de xi' xv" (et néant comme dessus et pour ce cy).
In archipresbiteralu de Ranconio : pi*eceptor de Cassenon, xlvii* x*;
preceptor de Erue (2), xlvii' v".
In archipresbiteralu de Albuconio (même somme) : ELemosinarius de
Pheletino (3), vii> xix» (néant comme dessus, pour ce).
Archives nationales, série S. 4847.
VII
Ordonnances successives du lieutenant particulier ayant trait à la visite
par des experts des bâtiments de la Maison-Dieu et à l'adjudication
des travaux indispensables pour empêcher que ces constructions tom-
bent en ruine {6 novembre 1561 -13 Janvier 1562).
Joseph Lamy, conseiller pour le Roy, son lieutenant particulier en la
senneschaulcée de Limosin au siegpe presidial de Limoges, scavoir fai-
sons que, aujourdhuy soubz escript, suyvant Fappointemenl par nous
donné le (4) jour du presant moys de novembre, nous sommes
transportés au lieu de la léproserie communément appelée la Maison
Dieu de la presant ville de Limoges. Appelle avec nous le commys du
greffier soubz signé : ou illecq estant, pardevant nous ont comparu*
scavoir : honnorable le procureur du Roy, par Maledent et Ardent, advo-
cat et procureur dudict seigneur; le sindic des pouvres ladres, par
Essenault et Rougier, d'une part, — et dame Charlotte de Maulmont,
abbesse de Nostre Dame de La Reigle, par Bonyn, son procureur, avec
M* Jehan Poyat, son solliciteur, d'aullre part. Ledict Essenault nous a
dict que, a cause de la ruyne notoire de ladite léproserie, que cy devant
avoit esté visitée par ordonnance de Monsieur Bermondet, et avoit esté
ordonné de rechiefz que les ediffices, bastimens et esglize de ladite
léproserie, qui ont besoing de prompte repparation, seroienl visités et
que tant les dictz sindic que abbesse comme administraresse des fruiclzj
prouffictz, revenuz et esmolunicntz de ladite léproserie, prandroient
(1) Saint- Valen lin ou Saint-Jean de Vclentin, est désigné au Ponilte': « prieuré
ou prévôté ». Il dépendait de Tabbaye de Tourtoyrac, en Périgord et était
situé paroisse de Roy ère, auj. commune de La Roche-l* Abeille, près Nexon
(Haute- Vienne).
(2) La petite commanderie de Saint-Vincent-d*Eyruc ou d'Héru, près
Saint-Léger-Magnazeix, qui comme la plupart des anciennes maisons hospi-
talières de la zone de Texlréme nord du département de la Haute- Vienne,
dépendait de la Maison-Dieu de Montmorillon ; ses revenus furent affectés
aux Augustins de la même ville.
'3) L'auni5n3ne ou h >piti1 de Felletin,
(4) Blanc.
LES LÉPREUX ET LES LÉPnOSEniBS DE LIMOGES 127
gens et arbitres dont ilz s'accorderoient pour veoir et visiter lesdictz
edifûces, bastimens et esglize en nostre présence ; lequel sindic obeys-
sant auroit nommé Jehan Picard, dict Horlogeure ; Hugues Guyonnet,
menusier; Pierre Penicaud dict Le Bureau, aussi menusier, et Anthoine
Descousturcs, masson : lesquelz il a dict avoir faict assigner a heure
presante par devant nous, ausdictes fins; lesquelz ont compareu en
leurs personnes, et ledict Essenault a requis que, en deffault que ladite
abbesse ne fornyra d^arbitres, qu'il soit commys aux siens affaulte
d'obeyr. Ledict Bonyn a dict compareoir seulement sans préjudice de
ses appellations, et avoir faict aussi assigner ausdites fins Estienne de
Villegoureys, menusier: Jehan de Beaunon dict Mourant, aussi menu-
sier ; Marcial de Rançon et Pierre Moureau de Coignac en Poitou, qui
illecq ont compareu en leurs personnes. Toutesfoys a dict ledict Bonyn
que lesdictz Picard et Lebureau avoyent estes récusés par sa partie,
comme elle le luy avoit mandé, et nous a requis ordonner qu'ilz ne
assisteront a laditte Visitation et rapport, n'empeschant que les aultres
arbitres ne visitent les choses dont est question pour en faire leur rap-
]>orl par devant nous, comme ilz verront estre aÛaire. A quoy ledict
Essenault a dict et remonstré que ladicte dame n*avoit récusé aulcuns
de ses arbitres, et que ce que ladicte Idame faict, ce n'est que pour
cmpescher ladicte Visitation et réparation, s'arrestcr que, es cas que
ledict Bonyn ne mostrera présentement desdites causes de récusation,
que lesdits Picard et Bureau ensemble tous les susdictz arbitres nom-
més tant par ledict Bonyn que par luy, debvoient presantement visiter
lesdictz bastimens et esglize, pour, ce faict, en faire leur rapport par
devant nous comme ilz verront estre affaire. Sur quoy, après avoir
interpellé ledict Bonyn de declairer si les susdictz Picard et Bureau
avoient esté récusés par sa partie, qui a dict que ouy; avons ordonne
qu'il exhibera presantement lesdictes récusations : autrement que nous
les précéderons {sic) de nostre office. Et actendu que ledict Bonyn
nous a dict que ladicte dame luy avoit donné charge de dire qu'ilz luy
estoient suspeclz et les avoit récusés et qu'il les récuse comme de faict
les a récusés, et qu'il n'a deduict ne déclaré causes de récusations légi-
times; avons ordonné que tant lesdictz Picard et Bureau que les aultres
arbitres suz nommés par lesdictz Essenault et Bonyn, visiteront les-
dictz bastimens et esglize présentement, pour scavoir si ont besoing de
promptes repparations pour, ce faict, faire leur rapport par devant nous
comme ilz verront estre affaire par raison : ce que lesdictz arbitres ont
faict comme ilz nous ont rapporté en la presance desdictz advocatz et
procureur du Roy, Essenault, Rougier et Bonyn. Et les avons assignés
en notre maison, heure presante, pour illecq faire leur rapport par
devant nous; et après ledict Essenault nous a requis, en presance
dudict Bonyn, interroger et examiner les pouvres ladres habitans en
ladicte léproserie sur le contenu en ViniendU mis par devers nous, pour,
ce fait, dire ce qu'il appartiendra, et a sommé messieurs les gens du
Roy adhérer a son requisitoyre. A quoy ledict Ardent a dict avoir veu
ledict intendu et estre signé de luy, et a adhéré au requisitoyre dudict
128 SOCIÉTÉ AltCUÉOLOGlVtl E ET 111ST01U(2CE OU LIMOUSIN
Essenault pour, ce faict, requérir aussi ce qu^il appartiendra. Ledict
Bonyn a dict, pour sa partie, que lesdictz pouvres ladres sont ses par-
ties, et empesche leur examen; sur quoy, avons ordonné que lesdictz
pouvres ladres seront ouys présentement Tung empres Taultre, a part
et secrètement, sur le contenu audict inlendii mis par devers nous pour,
ce faict, y avoir tel esgard que de raison. Faict audict lieu de la Lépro-
serie de Limoges, par devant nous, lieutenant susdict, le sixiesme jour
de novembre mil cinq cens soixante ung. — Et ledict jour, actendu que
les susdictz expertz n^ont compareu pour fere leur rapport par devant
nous, en noste maison, requérant lesdictz Essenault, Rougier et Poyat,
avons ordonné qu'ilz comparestront demain, heure de sept heures de
matin par devant nous, pour faire leur rapport comme ilz verront estre
affaire, a peyne de cinq cens livres et de prison ; et leur sera signiffié :
ce que tost après a esté signiffié par le commys de greffier subzsigné
ausdictz arbitres, parlant, scavoir quant audict Picard, a Beligne Picard,
sa filhe ; quant ausdictz Mourcau, Villegoureys et Mouraut, a leurs per-
sonnes; quant ausdictz Bureau, Rançon et Descoustures, a leurs femmes,
et quant audict Guyonnet, a sa personne, qui n'ont faict aulcune res-
ponce. — Et advenant le lendemain, septicsme jour du moys de novem-
bre mil cinq cens soixante ung, ont compareu par devant nous, lieute-
nant susdict, scavoir lesdictz Picard, Guyonnet [et Pierre Moureau] (1),
Penicaud de Villegoureys, Moureau de Rançon et Pierre Mourcau de
Coignac en Poictou, en leurs personnes, lesquclz, après serment par
eulx faict sur les Evangiiies, nous ont dict et rapporté avoir ve j et
visité tous les lougis desdictz pouvres ladres, ensemble Tesglize, tant
par le dedans que par le dehors; et leur semble mesmes, ausdictz
Guyonnet, Penicaud de Villegoureys et Mouraut, que le boys et futaies
sont fort ruyncs et ont besoing de prompte réparation ; car n'y a aulcun
boys que puisse servir que le boys de la couverture dudict logis. Et
lesdictz de Rançon, PieiTe Moureau, maistres massons, et Jehan Picard,
ont dict que les murai Ihes dudict logis estre ruyneuses et concavées, et
que, pour reposer lesdictes murailhes, il les faudroit habaptre, car ont
besoing de prompte réparation. Lesquelz susdictz charpentiers ont
aussi dict qu'ilz ne vouldroient entreprendre de appuyer ledict logis,
encore que ladicte dame leur fornist tout le boys nécessaire, pour
soixante livres; et lesdictz maistres massons ont aussi dict qu'ilz ne
vouldroient faire lesdictz murailhes pour cinquante escutz; car fault
commenscr despuys les fondements dudict logis, actendu que sont
iniynés, percés, fenduz et vin... (2) en plusieurs endroictz, et, pour bien
dresser les logis, est besoing ung arseau et voûte pour empcschcr
Thumidité que provient de la cave ; car si c'estoit faict de planches,
ne seroit de durée. Aussi est nécessaire habaptre les deux murs des
deux coustés dudict logis, parceque sont en emynant péril et dangier.
Parquoy avons ordonné que, tant le Procureur du Roy, sindic desdictz
(1) Ces trois mots ratures.
(3) Mot illisible,
I-ES LÉPIŒITX ET LES LKPnOSEHIES DE LIMOC.ES 120
pouvrcs, que Bonyn, procureur de ladicte dame, seront assignés pré-
sentement a compareoir par devant nous pour, en leur présence, estre
bailhé a pris falct, tant lesdictz appuys que murailhes : lesquelz pris
faictz seront bailhés ausdictz ouvriers au rebays; et pour ce faire, com-
mandement est faict au commys de nostre greffier aller signiffier nostre
présent appointement ausdictz procureur du Roy, sindic desdictz pou-
vrcs, que a Bonyn, procureur de ladicte dame. — Et après, ont compa-
reu par devant nous, Lieuctenant susdict, scavoir : ledict procureur du
Roy, par Maledent, advocat dudit seigneur ; ledict sindic des pouvres,
par Rougier, et ladicte dame, par M* Pierre Poyat, ausquelz Maledent,
Rougier et Poyat avons declairé que lesdictz arbitres a voient faict leur
rapport, et lequel veu, avons ordonné que tant lesdictz appuys que
murailhes seront faictz a pris faict : lequel pris faict seroit bailhé aux
ouvriers au rebays. Lequel Maledent nous a requis interroger lesdictz
ouvriers, s'ilz vouloient fere Icsdictes réparations a pris faict. A quoy
ledict Rougier a adhéré. Sur quoy, nous, lieutenant susdict, avons
interrogé, en présence dudict Poyat, lesdictz arbitres coraparens comme
dessus, s^ilz vouldroient fere lesdictz ediffices, lesquelz nous ont dict
qu'ilz y vacqueroient en les fornissant de ce que sera nécessaire esdictz
ediffices et les payant de salaire compectant. Ausquelz avons interpellé
declairer ce qu'il leur fauldroit. Lequel Guyonnet nous a dict qu'en luy
fornyssant de boys compectant, a appuyer ledict logis, il le appuyeroit
pour vingt cinq livres dans le temps que seroit dict. Et actendu que
aulcun aultre n'a faict aultre offre, avons ordonné que ladite dame
bailheroit entre les mains des administrateurs ladicte somme de vingt
cinq livres, pour la bailheret distribuer audict Guyonnet; ensemble fera
conduire audict lieu de la leprozerie le boys nécessaire audict appuye-
ment ; lequel Guyonnet appuyera ledict logis dans ung moys peremp-
toyrement ; et, pour ce faire, bailhera bonne et souffizante caution ; et
lesdictz de Rançon et Moureau nous ont dict qu'ilz feroient lesdictes
murailhes par la forme que dessus pour vingt escutz, en ce que ladicte
dame leur forniroit et feroit conduire sur ledict lieu de la leprozerie, la
piarre et aultres choses que seroient nécessaires ausdictes murailhes*
Par quoy, actendu que aulcun aultre ne s'est compareu que aist faict
meilheur offre, avons ordonné que ladicte dame sera tenue bailher
entre les mains des administrateurs ladicte somme de vingt escutz :
laquelle somme lesdictz administrateurs seront tenus distribuer et
bailher ausdictz de Rançon et Moureau, lesquelz se obligeront en la
meilheur forme de fere lesdictes murailhes, par la forme que dessus, et
bailheroient caution, que s'en obligera. Les quelles murailhes lesdictz
de Rançon et Moureau seront tenuz fere et rendre faictes dans la pro-
chaine feste de Pasques. Et aussi ordonnons que ladite dame sera tenue
bailher et fournyr ausdictz massons ce que sera besoing ausdictes
murailhes, et lesquelles sommes susdictes la dicte dame sera tenue
bailher par la forme que dessus dans huictaine péremptoirement, pen-
dant laquelle luy est permys de mener aultres charpentiers et massons
pour fere lesdictz appuys et murailhes par la forme que dessus, a
130 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
moindre pris, et s'en obligeront par la forme que dessus : aultrement,
afiaulte de ce faire, icelle escheue, est concédé execuloyre desdites
sommes, et donné mandement au premier sergent royal sur ce requis,
contraindre ladite dame de La Reigle au paiement desdictes sommes
par toutes voyes, manières deues et raisonables. A quoy le dict Poyat
n'a consenty, ains a appelle. — Et advenant le quatorzième jour
de novembre audit an, audcvant Tauditoyre royal de la cour de la
seneschaucée de Lymosin, s'est compareu par devant nous, lieutenant
susdict, M*" Pierre Poyat, sans préjudice des appellations de ladicte
dame, si aulcuncs on y a, et sans desroger a icelles, au nom et comme
[)rocureur de ladite dame de La Reigle, que a dict que suyvant nostre
dict appointement, il a faict visiter par charpentiers et massons ledict
lieu de la Maison Dieu, et veoir les reparacions necesseres, et nous a
présenté Michel de La Vault, m« charpentier de la présent ville de
Limoges, qui a offert appuyer et mectre en asseurance ledict lieu de
la Maison Dieu pour dix livres tournois, en ce que ladicte dame luy
fournisse sur le lieu le boys necessere. Et a offert donner bonne
et soufûsanle caution. Et s'est présenté aussi Jehan de Vaulx, bon-
netier de Limoges, lequel a dict avoir veu et visité ledict lieu de
la Maison Dieu et les réparations y necesseres tant de charpentaric
que de massonnerie, et a offert fere faire le tout pour trente escutz
au solelh, et donner bonne et souffisante caution de ce faire, en luy
donnant delay compectant. Par quoy avons ordonné que ce que dessus
sera monstre au procureur du Roy pour y venir dire ce qu'il appartien-
dra lundy, a deux heures après mydy presizement. — Et advenant le dix
septiesme desdictz moys et an, ce que dessus a esté monstre et signiffié
a monsieur Ardent, procureur du Roy, audevant l'auditoyre royal de
ladicte seneschaucée, par Jehan Lafon, commis de greffier, parlant a
luy et en lisant, s'est compareu M" Marcial Essenault, au nom et
comme sindic des pouvres ladres dudict lieu de la Maison Dieu et hos-
pital de la présent ville, lesquelz, après avoir veu et leu lesdictes offres,
ledict Essenault, audict nom, a requis estre mis en l'instance et appelle
audict affaire et bailh de ladite caution, pour scavoir s'il est solvable et
pour dire ce qu'il appartiendra actendu l'eminent péril qu'est audict
lieu ; car le logis et habitation desdictz pouvres ladres thumbe par
terre si promptement n'y est pourveu ; et fault que celluy qui sera
caution, s'oblige fere faire non seulement les appuys et asseurance
prétendus par ladite dame, mays aussi toutes réparations nécessaires
sans discontinuation, et rendre ledict logis et habitation desdicts pou-
vres lougeable et habitable, non poinct par provision, mays en telle
commodité et estât qu'a esté ad visé et ordonné cy devant, tant par
nous que par les expertz, pour l'advenir, et ce dans un briefz delay qui
luy sera bailhé pour ce faire, et ce au dict et ordonnance de gens ad ce
expertz et entendus qui visiteront ce que sera faict, et feront rapport si
les charpentiers et massons nommés et présentés par ladicte dame y
auront faict toutes réparations nécessaires ; et s'ilz ne les font, qu'elles
et ses dictes cautions en soient responsables, et de tous inconveniens
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES OE LIMOGES 131
qui en pourroient advenir, Tung pour l'aultre, et chacun d^euix seul et
pour le tout, au choix et eslection desdictz pouvres, sans qu^ilz soient
tenus faire aulcune distraction de bien, si mieulx elle n'ayme fornyr
argent aux administrateurs de ladicte léproserie pour ce faire du jour
la journée (?) en sa présence ou de ses commys et depputés : ce que
ledict sindic offre faire faire ausdictz administrateurs en leur bailhant
matière et argent qui sont responsables de tout ce que dessus, protes-
tant que en aultre condition et qualité lesdictes réparations et choses
susdites ne doibvent estre baiihées et confiées audict de Vaulx. Dict
ledict sindic qu'il ne le cognoist, et en bailhe actestations capables,
responsables, et cogneuez : n'cmpesche lui estre bailhé, o (1) lesdictes
cautions et qualités, non aultrement. Ladicte dame dict avoir faict et
arresté marché avec les expertz qui ont desja mys la main a Tœuvre et
y besoignent journellement. Par quoy ledict sindic, sans cause, empes-
che ladicte exécution effectuelle. Ledict sindic a protesté comme dessus
et dict qu'il n'a faict et ne veuct fere aulcun empeschement ad ce que
dessus ; mays plustost avanser ce qu'il fault fere, protestant a deffault
d'obeyr comme dessus. Ledict Procureur du Roy a employé la responce
dudict EsscnaulL Et advenant le treiziesme de janvier an susdict (2),
ledict Bonyn, pour ladicte dame, a dit que, sans cause, ledict sindic
poursuit l'exécution de fere appuyer le logis desdictz pouvres; car ce
qu'il demande est faict, il y a ung moys dernier passé et davantage, et
la maison mise en asseureté, et les pouvres qui demeurent dedans ne
peuvent dire le contraire et en ont adverty ledict sindic comme ont dict.
Signé Lamy. ColL Delaporte. G. commis.
(Source non indiquée par M. L. Guihert),
Vlïl
Permission de quitter la léproserie donnée à un lépreux reconnu guéri
(16 octobre 1477)
m
Permission accordée par le senechal de la dame abbessc de la Règle,
le seize octobre mil quatre cent soixante dix sept, en présence du pro-
cureur de ladite dame, a Anthoine Truchat, prestre, demeurant lors
dans la maison des lépreux de ladite dame abbesse appellée de la Mai-
son-Dieu ou il avoit esté admis du mandement et de la permission de
ladite dame, comme estant atteint de lèpre, dont il avoit esté déclaré
par ceux qui l'avoint visitté, n'estre pour lors entaché, de se retirer ou
bon luy sembleroit, et s'il tomboit dans ladite maladie de lèpre, de
revenir en ladite maison, d'y prendre sa place et jouir des droits de
ladite maison, comme les autres lépreux d'icelle, ^ la charge de revenir
(1) Avec.
(2) 13 janvier 1562, nouveau style. L'année commençait encore à Pâques.
132 SOCIKTK ARCIIKOLOGIQUE ET HISTORIQUE Dl' LIMOUSIN
avant deux ans : passé lequel temps il n*y seroit pas receu sans ordon-
nance ». Extrait d'une procédure pour Tabbesse de la Règle.
(Archives nationales, série S, liasse 4847, n® 19).
ÏX
Lettres d^ admission à la léproserie de la Maison-Dieu
{1572-16f8)
Jeanne de Bourbon, humble abbesse du dévot monastère de l'abbave
de la Règle en la Cité de Limoges et prieure du prieuré de la Maison-
Dieu de Limoges, soussignée, avons receu humble supplication a nous
présentée de la part de Marquet Martin et Libérale Boulanger, sa
femme, pauvres lépreux, comme de ce nous est deiiement apparu, tant
par l'inspection de leur face et personne qu'aussi par le rapport de tous
les autres pauvres lépreux, étant audit prieuré de la Maison-Dieu : pre-
mièrement avons receu d'iceux le serment en tel cas requis et néces-
saire, et preste par les susdits aux Saints Evangiles, ayant touché le
livre, pour jouyr des gages, préeminances et autres qualitez et condi-
tions, comme ont fait cy devant les autres pauvres, qui ont esté et ont
demeuré audit prioré, et comme faisoient les autres pauvres lépreux
qui y sont de présent. Et pour majeure fermeté, avons délivré et baillé
nos lettres aux susdits conjoints pauvres lépreux en la meilleure forme;
auxquels avons commandé y apposer nostre scéel ; et avons signé ces
présentes de nostre seing naturel. Donné et fait en nostre maison abba-
tiale de la Règle, en laditte Cité de Limoges, le premier jour de janvier
157-2 et en présence de M. Léonard Boisse, prestre, et de François
Sorni, pauvre lépreux, témoins signez. Jeanne de Bourbon (1), et scellé.
Bonaventure de Saint-Amable : Histoire de Saint-Martial, t. H, p. âil*
Jehanne de Bourbon, humble abbesse du Monastère et abbeye Notre-
Dame de la Reigle en la Cité de Limoges, scavoir faisons a tous qu'il
apartiendra que, a Thumblô supplication et requête de Jehan Fermy,
paoure ladre de la maladerie de Sainct Junien, nous inclinans a icelle en
faveur de pieté, icelluy Fermy avons receu et recepvons, mis et mettons
en la maison du prieuré de la Maison Dieu deppendant de ladîcte
abbeye pour en icelle maison vivre et habiter par ledict Fermy des
aulmosnes et biens de ladicte maison, comme les autres pouvres ma-
lades d'icelle, tant quïl nous plaira ; lequel Fermy a par devant nous
promis et juré de bien fidellement et decentement vivre et converser
en icelle maison, selon les louables coustumes et observances d'icelles,
sans y faire ne commectre aucun excès, acte de dissolution ne aultre
sinistre, et a faict et preste tout aultre serement au cas requis et accous-
tumé. Si donnons en mandement aux aultres pouvres ladres de ladicte
Maison Dieu de icelluy recepvoir et admectre en ladicte maison et le
(l) Il faut peut-^tre lire : Signé Jeanne de Bourbon.
LES LKPIŒITX ET LES LKIMIOSERIES DE LIMOGES 133
•
permectre et laisser y vivre avec eux des aulmosnes et droictz d'icelle
comme ung chacun d'eulx, sans luy faire ne donner aulcung empesche-
ment. Et en témoignage de ce, avons signé ces présentes de nostre
mniA et seing manuel, et icelles faictes signer par le notaire soubzsigné,
commis de notre greffier et secrétaire. Donné et faict a Limoges, en
notre abbeye, le vingt troisième jour du mois de juing mil cinq cens
soixante dix huict.
Par le mandement de madicte dame, Goubeht.
Virgille du Pont Jarno, humble abbesse du devot monasléire de Notre
Dame de la Reiglc de la Cytté de Limoges, a cause de ladicto abbeye,
prieure du prieuré de la Maison Dieu dudit Limoges. Est-il que ce
jourdhuy souIjz escript nous, abbesse susdicte, a la prière et humble
supplication de Marguerite Lafon et de Francoys Nadaud, son filz et de
feu Jehan Nadaud, demeurant a présent en la malladerie de la ville de
Chasluz, l'avons prince (?) admie (?) et receue en pouvre mallade
lépreux audict prieuré et malladerie de ladicte Maison Dieu ledict
Francoys Nadaud, filz dudict feu et de ladicte Marguerite La Fou, lequel
nous a promis et juré sur les Sainctz Evangilles Nostre Seigneur, touché
le livre, de vivre et converser chastement et honestement audict prieuré
avecq les aultres pouvres mallades y demeurents, o (1) la charge de
nous porter obeyssance ensemble a noz officiers et serviteurs, avecq
honeur, proffit de nostre dicte abbeye procurer icelluy proffit et esviter
le dommaige de tout son pouvoir et supporter pouvretté patiemmant, au
mieulx que luy sera poyssible; balher et délivrer a la bource commune
des aultres pouvres de ladicte malladerie tout ce que luy sera ausmoné
et balhé dans les croix dudict Lymoges, et en randre bon et loyal
compte; garder et observer les coustumes accoustumées, estre obser-
vées audict prieuré : lequel Francoys Nadaud, en ladicte qualité et con-
diction, avons mis en possession de pouvre mallade et mandiant dudict
prieuré, pour jouyr doresenavant comme Tung des aultres de partie
d'icelluy prieuré par le bailh des présentes. Dont et desdictes choses
et réception d'icelles luy concédons acte; et en foy et tesmoinnage de
vérité, avons ccsdictes présentes signées et faict signer par notre gref-
fier et secrétaire de ladicte abbeye soubz signé. Faict dans icellc abbeye
le vingt huictiesme de novembre mil six cens dix sept, en présence de
M. Jehan Laurans, prebstre, et Marcial Gentien (?) vigneron, habitans
de ladicte cyté tesmoingtz a ce appelles, l^e s*" Gentien n a seu signer.
Virgille du Pont Jarno, abbesse de La Reigle,
Martinald, notaire royal (2).
(1) Dans le sens û'&vec.
(2} On trouve dans VHisloire de Saint-Martial^ t. II, p. 241, 343, d'autres
lettres, en date du 19 janvier 1622, admettant Philippe Fermy <« en povre
religieux du prioré et maladerie de la Maison-Dieu, o la charge de vivre
chastement et converser honestement avec les autres povres religieux
d'iccluy ».
T. LV U
134 SOCIÉTÉ ARCHUOLOCIQUB ET UISTOIUQUE DU LIMOUSIN
Virgile du Pont Jarno, abbesse* du monastère et abbeye de Notre
Dame de la Règle de la Citté de Limoges et prieuresse du prieuré de la
Maison Dieu près et hors ladite Citté, membre deppendant de ladite
abbaye. A tous ceulx qui ces présentes, verront, scavoir faisons que ce
jourdhuy sous escript, a la prière, supplicacion et requeste de Phillipe
Bouliego, femme de Léonard Surnin, de ladite mallederye de la Maison
Dieu, native de la malederye d'Aixe, présente et aceptant, nous l'avons
prinse, admise et receue pouvre et religieuze dudit prieuré et male-
derye de ladite Maison Dieu; laquelle nous a promis et juré sur les
Sainctz Evangilles Notre Seigneur, touché le livre, de vivre et converser
chastement et honnestement audit prieuré avec les autres pouvres et
religieuses d'icelluy, nous prester et porter obeyssance ensemble à nos
officiers et serviteurs et aveq honneur, proffict, utillité, et de notre
abbaye procurer, garder et esvictcr notre deshonneur et dommage a
leur pouvoir et supporter pouvretté patiemment, au mieulx que luy
sera possible, ensemble bailher et délivrer à la bource commune des
pouvres de ladite malederye tout ce que par elle sera acquis et luy sera
bailhé dans les croix (1) dudit Limoges, et en rendre bon et loyal
compte, et prester le reliqua ; et n'allienner, vendre ne transporter aulcu-
nement les biens qu'elle requera a Tadvenir, sous les croix de Limoges,
ne d'iceulx dispozer a la vye ni a la mort : en sorte que ce soit sans
notre congé et permission ou de noz successeresses, que seront pour
Tadvenir, réservé pour leurs nécessités tant seullement. Et oultre ce,
gardera et observera les coustumes dudit prieuré; laquelle Phillipe
avons mis en la possession des pouvres et religieulx dudit prieuré
comme ung des nés d'icelluy, par le bailh et tradition de ces pré-
sentes, a elle par nous bailhées, sauf en tout et partout notre droict et
de ladite abbaye. Dont et desquelles choses en foy et tesmognagc
d'icelles, luy avons faict bailher et signer parle notaire royal heredictere
soubzsigné ces pactes (?). Donné et faict en ladite abbaye Notre Dame
en (sic) La Règle de laditte Citté, ez présences de Jehan Nailhas et
Estienne Buisson, demeurantz serviteurs en ladite abbave, tesmoints
cognus et appelles. Lesdicts Boulego et Nailhas ont déclaré ne scavoir
signer. Le dernier jour du moys de janvier mil six centz dix huict. Signé
à l'original des présentes : Virgille du Pont Jarno, abbesse de La Règle.
Par commandement de madite dame : Dupravsseys, not, royal hercdiclairc,
[Arch, de Vllôpital, III, F. 1).
X
Lièce de la Maison-Dieu (XV^ siècle).
Rue de Maneignhe,
Titre par lequel il est dheu au prieur de la Maison Dieu, sur une
mayson size en la rue de Maneigne, confrontant (?) a la maison de Jean
(1) C'est-à-dire dans la banlieue de Limoges. Les croix étaient placées à
rextrémitë des faubourgs.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSEniES DE LIMOGES l.'il»
Bastier et la maison qu'a esté de Estieune Coral, la somme de vingt et
cinq sols de rante et six deniers d'achept, 1242. Cotté D 62.
Recognoissance de x sols de cens sur une maison et four au Vcrduricr
de Maneignc, entre la maison de Marie Massugi (?) et la maison de
Guilhaumo Marthoni, 1285. Cotté D 409. En marge : Clément.
Lettre de \* sur une maison a Mancigne de cens et fondalité, icclle
confrontant a la maison de Jean Donvigc (?) et a la maison de Pierre
Penentier (?), 1332. Cotté D 61.
Recognoissance de 3(>> de cens sur une maison de Jean Drappier,
sise au Marché Neuf, au prieur de la Maison Dieu. Cottée 1) 75.
Recognoissance de Pierre Beaussagier, de six deniers et six sols
d'accaptement et cinquante sols de rante, sur ung clos qu'a esté deux
Alsandres, sis près les fauxbourgtz de Maneignc, entre le chemin qu'on va
de la porte de la Cyté appellée de Trabozeu aux arbres des fauxbourgtz
de Mancigne, et entre ung autre chemin par lequel on va de ladicte
porte à la porte de La Maison des Frères Prœdicateurs de Lymoges du
costé de l'esglise de St-Michel de Pistorie, et s'en va environ la closture
de ladite maison des Jacobins a l'autre chemin cy dessus nommé, lequel
clos est mouvant de La Règle, 1275. Cotté D 63.
Lettre de xxx* de cens et six deniers d'achet sur la maison de Jean
Drappier, size a Maneignie, 1291. Cotté D 37.
Autre lettre de 30" et 18 d" d'achept sur une maison a Maneigne
dudict Drappier, en l'an 1202. Cotté D 119.
Change faict entre Madame de La Règle et Pierre Benoit, de certayne
rante dhue a ladicte dame sur le Mas Boriane, avec 25" de rante sur
une maison qu'a esté des Marteaux, size a Maneignc, aprcsent de Jean
Lafosse, et autres rentes y désignées^ pour eschange. Cotté D 34, 1514.
Baignoly.
Recognoissance de 40* de cens sur une maison qui fust de Pierre
Leymarie l'ayné, dict Tardarive, size en la grand rue de La Haute
Maneigne, joignant la maison de chez Bertrand dict Patissou, et la
maison de[s] Maison[s] Neufves, et la dicte rue d'autre. Cotté D 17.
{De Pinu^ 1448). En marge : Rougicr.
Autre titre pour mesme rante. Cotté au dessus D.CC. (1 't86. Signé :
Amici).
tiue (lu Clocher, en la Ferrerie (sic)
Pault chercher la cotte D 155 pour montrer que le prieur de la Maison
Dieu est fontier d'une maison en la Ferrerie.
Acte judiciere de l'an 1397, cotté CC au sac des Dames, pour six solz
de rante sur la maison de feu Jehan Bonhaud et celle de Guillaume Le
Tondeu, rue du Cloche, deubz a la communaulté.
Recognoissance de vingt solz de rante fontiere sur la maison de Jean
Chirac, rue du Clocher, avec la procédure a cause de ladite rante,
contre Jacques Dupelit et Bartazaixl Boubiat, tenentiers de ladite mai-
son, De l'an 1579 (?). Cotté. En marge : Rom, et Plessis,
1 36 SOCIÉTÉ AUCIIÉOLOGIQUE ET IIISTOIUQUE DU LIMOUSIN
Recognoissance de Pierre de Geneti à (?) Catharine de La Vergnie, sa
femme, de certaine maison qui a esté de Gerbau (?), en la rue de la
Ferrerie confrontant a la maison des héritiers de Mathieu Courtin, du
costô de l'église Sainct-Michel, et la maison de Pierre Le Chasseur,
acfjuise de Martial Rougier dict Guilhabrote, qui a esté de Pierre de
La Vergnie dict Gerbau (?), et La Mouthe par derrière, au debvoyr de
dix solz de cens, de Tan 1523. Baignolli, fol. 102. En marge : Le Moine,
libreire.
Recognoissance de Martiau Rougier, d'une maison en la rue de La
Ferrerie, qui a esté de Denis Vilatc dict Monfayon, entre la maison de
MorigotV^igier dict Courtin par le hault, et la maysonde Pierre Genosti,
qui a esté de Gerbeau d'autre, et ladite rue de La Ferrerie, d'autre, au
debvoyr de unze solz de cens. En marge : Deflotes.
Recognoissance de six solz de cens et fondalité sur la maison de
(luilhaunie deu Bourg, coustelier de la ville de "Limoges, sur certaine
maison qui a esté la Gouvernade en la rue du Clocher, entre la maison
de Jehan Moutard, barbier, d'une part, et la maison des héritiers de
Noël Prounieyrat, qui faict le coing par le hault, d'autre part, et la rue
du Clocher, d'autre, avec tous droicts de fondalité. BaignolU, fol. 18,
1518. En marge : Maison en hault de la rue du Clocher, — Chez Baratter.
Recognoissance de Pierre Lobre, marchant de Limoges, de certaine
maison en la rue de La Ferrerie, et ses appartenants, entre la maison
des héritiers Mathieu Vigenaud par le bas, d'ung costé, et la maison
des héritiers Ileliot Fourissou par le haut et la Mothe par derrière, au
debvoyr de seize deniers de cens, Huguenaudy, fol. 23. En marge :
Benoisty apoticaire; a presant chez René.
Recognoissance d'Estienne de La Vergnie, courdonnier, d'une maison
en la rue de La Ferrerie, acquise de Jehan Mathieu, orfeuvre, entre la
maison de Jehan Villate, pelletier, d'une part, et la maison de Pierre
Garrige, barbier, d'autre, et la rue de La Ferrerie par le devant, de la
Mothe par le derrière, au debvoyr de 10* de cens. De l'an 1460, Dupin,
fol. 279. En marge : Le Moine,
Recognoissance de Guilhaume Villate, pelletier, douze solz de cens
pour cause de deux tierces parties de certaine maison qui a esté de
Jehan Mathieu, située en la rue de la Ferrerie, entre la maison de Jehan
Courtaud, marchant, d'une part, et la maison ou partie de ladite maison
d'Fstienne de La Vergnie, cordonnier, d'autre part, et La Mothe par
derrière, et la rue par le devant, de Fan 1458. Dupin^ fol. 276. En marge :
Deflotes,
Martial Fayolle, dict Legaye, coustelier, a recogneu diz solz de cens
sur sa maison sitluée en la rue du Clocher, entre la maison de M' Ja-
quet Montoudon, d'une part, et la maison de Jacques de Bonbon, cous-
telier. Fan 1502. En marge : Rom,
Rocognoisiftince de Guilhaume Villate, pelletier, d'unz solz de cens
sur une maison de la rue de La Ferrerie, sittuée entre la maison de
Jehan Courtaud, marchant^ d'une part, et la maison de Estienne de La
Verguie, d'autre, et La Mothe par derière d'autre, de l'an 1466. Ilugue-
naudi, folio 100. En marge : Deflotes,
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 137
Recognoissance d'Estienne de La Verguic, d'une maison en la rue
de La Ferrerie, qui a esté de Jehan Mathieu, entre la maison de Pierre
Jarrige, d^une part, et la maison de Guilhaume Villatte, d'autre, et la
Mothepar derrière. Huguen&udi, folio 97. En marge : LeMoyne.
Recognoissance de Jehan des Moulins, marchant, en la rue publique
de La Ferrerie (ou Fornerie), sittuée entre la maison de Martial Bonne-
fon, apoticaire, d'autre part, et la maison des Soudoueyrauds, d'autre,
au devoyr de dix solz de cens. En marge : Jouvie.
Recognoissance de Jehan Chirac, hospte, d'une maison de la rue du
Clocher, entre la maison des héritiers de Jehan le Roy, peintre, d'une
part, et la maison des héritiers d'Estienne Masauld, d'autre, au devoyr de
vingt solz de cens, a cause des anniversaires. Hugenaudy^ fol. 49. En
marge : Rom et Plesis.
Recognoissance de M. Mathieu Delage, d'une maison en la rue de La
Ferarie, acquise de Pierre de La Vergnie, entre la maison de Pierre
Vigenaud, d'une part, et la maison des héritiers d'Estienne Le Picart,
d'autre, et ladite rue, d'autre, et a (sic) la Mothe, autre, au devoyr de
dix solz de cens, avec l'investiture, l'an 1488. Lavandier^ fol. 53. En
marge : Le Moyne,
Rue de Mayrebuou et Boucherie
Recognoissance de douze deniers de cens et fondalité, et six deniers
d'achept, sur une maison en la rue de Mayrebœuf. Cottée D 80.
Recognoissance de Jean Chapdereys de 1* 5^ et 18^ d'achept, sur une
maison en la Poyssonnerie, qu'a esté de Jean Reynaud, et sentence
arbitralle pour la manutention de la dicte rente. Cottée D 77.
Bailhette perpétuelle d'une mayson, plassage, soubstarrot (sic) et
eysside sis en la rue de Mayrebuou, a présent convertie en jardin, fai-
sant le coing vis à vis de la porte S' Nicolas de S' Pierre, sortant
d'icelle pour aller a la mette de Vielhas Claux, devant la mayson et
jardin ches Eyssenaud, pour 40» cens, et !• d'achept. 130J. Signé :
P. Zeorge, Cotté D 40.
Sentence de maintenue de 2* de censdheus sur une maison subhastée,
size près le petit cemiliére de S' Pierre. Cottée D lii.
Sentance avec une recognoissance de x^ de fondalité, sur une maison
size en la Basse Boucherie. Cottée D 10.
Lettre de cinq sols de rante sur une maison en La rue de Meyrebeuf.
Cottée D ce.
Lettre faysant mention de 17" ^à de rente sur une maison d'ung
nommé Jean Faure et sur celle de Reynaud, size devant les degrés du
Queyroir, de laquelle le segneur de Trenchalion en est seigneur on
partye. Cotté D. j.
Tiltre faisant mention de certaynes maisons sizes en la rue de Mayre-
buou, avec les rantes dheues sur icelles, le tout en fondalité. Cotté D 18.
Recognoissance de 21* 6<1 de cens et 18 deniers d'achet plus 2 deiiiei*s
de reassance et 18 deniers d'achept sur une maison size devant les degrés
138 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
du Queyroir, ou Ton vend les pains, entre la maison de Pierre Aleyme
et la maison de Laurans Sudour, 1288. Cotlée D 7.
Mayrcbouou (sic) et Boucherie
i^ettre par laquelle il est dheu au Prieur de La Maison-Dieu la somme
dissept (sic) sols et six deniers sur une mayson size au queyroy du
Gras de la dicte ville, soubs la cotte D 47.
Permutation faicte avec le prieur de La Maison-Dieu, d^une rante
qu^il avait sur une maison en la rue d^Eygoulene, avec 4" de cens sur
une mayson size en la rue de Mayrebuou, devant le portai de St-Nicolas
de St-Pierre, confrontant a la maison dudit Prieur par le devant, et par
le derrière, et entre les maisons neufves dudict prieur, ung chemin
entre deux, 1312. Cottee D 6.
Recognoissance de dix sols de rante sur une mayson qu*a esté de
La Sarrette, sise devant le cemitiere de St-Pierre, entre la maison de
Jean Boulhon et la maison appellée de la vicayrie de la Messe matuti-
nale et ladicte esglise, soubz la cotte D 54.
Recognoissance de vingt et sept sols et six deniers de cens et fonda-
lité, sur une mayson qu'a esté de Textor, size devant les degrés du
queyroyr de St-Pierre ou Ton vent le pain, avec ses appartenances de
devant et derrière, soubz la cotte de D 2.
Donation faicte au prieur de La Maison-Dieu par ung nommé Relies
Robert, de vingt sols et troys deniers de cens sur une maison joignant
le chafTaut (sic) de Boucherie. Cottée D 90.
Recognoissance faicte par Guilhaume Bartholomie, peintre, d'une
maison size en la rue de Mayrebuou, pour 20" de cens et fondalité.
Cottée D 8. En marge : 20» c.
Lettre de deux sols de rante dheubz au Prieur de la Maison Dieu sur
une mayson d'Estienne Faure, size devant le cemitiere de St Pierre.
Cottée 1) 107. En marge : 2* c.
Lettre portant recognoissance faicte au Prieur de La Maison Dieu de
vingt et sept sols et six deniers de fondalité et neuf deniers d'achept
sur une maison sise près le carrefour ou gras de Lymoges. Cottée D 59.
En marge : 7» 6^ c.
Enqueste faicte par Madame de La Règle pour 50 sols de cens sur
une maison size près l'esglise de St Pierre en la rue appelée de Mayre-
buou entre la rue publique qu'on va de ladicte esglise a Vieilhas Claus,
et le jardin de Jean Julhen et la rue publique de Mayrebuou, d'autre,
près le baptizadour (1). Cottée D 53. En marge : 50* cens.
Recognoissance de 8* de cens et fondalité sur une maison en la rue
de Mayrebuou, entre la maison qu'a esté de Guilhaume deus Faux,
et celle d'ung nommé Doumenge et après luy de Guilhaume Balaro,
(1) Serait-ce le vieux baptistère de Saint-Jean, dépendant de Saint-Martial i
et mentionné aux actes du Concile de 1031.
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LES LÉPREUX ET LES LÉPROSERIES DE LIMOGES 139
plus dix sols de rante perpétuelle sur ladicte mayson. Cottée D 106.
En marge : 8" cens; 10" rante annuelle.
Tiltre par lequel appert estre dheu sur une maison au descendant de
Maneigne la somme de 40* de cens et fondalité. En marge : Rogier.
Plus sur ung autre (aie) qu'a deux grandes arcades de pierre, size
audictlieu, ung obole de cens cum uno sterli, de la valeur de quatre
deniers d'achept, en Tan 1380. Signé : Balbiac, Cotté (1). En marge :
Boulhai,
Rue d*Eygoulene
Recognoissance de 3" de cens dheubs sur une mayon qu'esté de Mes-
sire Jacques Deschamps, prebtre et curé de Soubrevas, confrontant a
la maison de Pierre Lafourie et la maison de Martial Guilhotaud, en
Tan 1465. Signée : Hugonaudi, avec ung exploit. Le tout cotté D 28.
Recognoissance de troys maysons sizes sur Testang de la font d'Ey-
goulene, qu'ont este d'Aymar Descartz, entre la mayson de Lageneste
et la maison de Laurens Salarier avec leurs appartenances, sur l'une
desquelles, qu'est la plus grande, est dheu six sols de cens et ix deniers
d'achept, et sur les autres deux petites est dheub 3» vid de cens et
quatre deniers d'achept, en l'an 1298. Cottée D 122.
Recognoissance de Guilhaume Throl, boulanger, de 20* de cens et
fondalité, laquelle a appartenu a une nommée La Geneste, size sur la
font d'Eygoulene, devant la maison de Jean La Roche, lo paralier
d'une part, et la maison de Jean Corrieras, lou plassidier, et la mayson
de Pierre Joudri, et le surplus de 9* et neuf deniers de cens fusl changé
par ledict Prieur avec 4» que ledict Trolh avoit sur une maison a Vicilhe
Monnoye, entre la maison de Pierre Deuves d'une part, et la maison
de Guilhaume Les Payes, et plus sur une autre mayson size en la rue
de Mayrebuou, devant la porte St Nicolas de St Pierre, entre les
maisons de Pierre Deuveys par le devant et derrière, et les maisons
neufves dudict Prieur, une petite rue entre deux, en 1312. Cottée D 73.
Nota qu'au pacquet d'Eygoulene, y a ung tiltre dans lequel il n'est
parlé du Prieur de La Maison Dieu, ne de La Règle, par lequel est
dheub X" de rante a quelqu'un qui n'est specificié, sur la maison de
Rivet, et y a au dessus dudict tiltre : Cotté que Madame (2) pretand
estre foncière de ladicte maison.
Recognoissance en pappier, 1587, de Coulaud et Pierre Barny dictz
Vergnauds, d'une maison a Eygoulene, confrontant a la maison de
Nicolas Toulhon, sergent, a celle des hoyrs de Joseph Chastain et le
dernier de la maison de Joseph Defflottcs et la rue par devant, pour 9".
Cotté RRR.
Recognoissance de quarante solz de rante et fondalité sur une maison
seize en la rue d'Eygoulene, ladicte rante réservée a ung nommé Martial
(1) Cotte restée en blanc.
(2} L'abbcsse de La Règle.
liO SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Bardin, de Limoges, de laquelle Madame est fontiere. Les confronta-
tions ne se peuvent voyr, a cause que la lettre est effacée. Cottée D 20.
Hecognoissance de troys solz de fondalité deubz a Madame sur une
maison seize en la rue d'Eygoulcne de Limoges, confrontée entre la
maison Pierre La Foiio, d'une part, et la maison Martial Guillottaud,
d'autre. Cottée D 28.
Hecognoissance de sept solz tournois de rante deubz a Madame sur
une maison de Pierre de Brenager, seize a Limoges, en la rue du
Chevalet, confrontée entre la maison de Anna, d'une part, et la maison
des Bermonds, d'autre. Cottée D 44.
Contract de recognoissance de trante solz Iroys deniers en fondalité
sur une maison seize au dessus la Fontaine d'Eygoulene, entre la maison
de Jehan Carrier, d^une part, et la maison de Pierre Jandie, d'autre.
Cottée D 73.
Lettre de six solz six deniers de rante, donnés aux pauvres de La
Maison-Dieu sur une maison sittuée en la rue appelée de Bellier, entre
la maison de Francoys Sillice, d'une part, et la maison Elie Hogio (sic)^
d'autre. Cottée D 82.
Recognoissance de la mesme année de quatre solz de rante, deubz au
Prieur de La Maison Dieu sur deux maisons contigues, sittuées en la
rue des Combes; entre la maison de Gérai Fossillet, d'une part, et la
maison qui estoit a Pierre de Cromens (?), d'autre. Cottée D 116.
Hecoignoissance faicte par Pierre Jaudry de Limoges et Pierre Jaudry,
au Prieur de La Maison Dieu, sur une maison sittuée prosche la fontaine
d'Eygoulene de Limoges, confrontée entre la maison de La Geneste,
d'une part, et la maison Laurans Salacie, d'autre, au de voyr de six solz
de cens et fondalité. Cottée D 122.
Recognossance faicte sur une maison sittuée a Limoges, près la fon-
taine Sesmonts (1), entre la maison Jacques Mansa, d'une part, et la
maison de Pierre de Corlie, d'autre, au devoyr de deux solz de cens et
fondalité et six deniers d'acaptement. Cottée D 129.
Ratification d'assance faicte de Madame de La Réigle et André des
Temps de Limoges, sur ung solar sittué a Limoges, en la rue d'Eygou-
lene, confronté entre la maison Mathieu Benedit, d'une part, et la
maison de Laurans Vinlieiiaud, d'autre, au devoyr de neuf solz de cens
et fondalité dheubz a Madame de La Reigle. Folio 84.
Recognoissance faicte par Martial de Leyssene, de Limoges, a Madame
de La Reigle sur une maison sittuée a Limoges, en la rue des Boulan-
gers, entre la maison de Jehan de Lascuras, d'une part, et ladite rue
de Bolangiers, d'autre, au devoyr de deux solz de cens. Fol. 87.
Recognoissance faicte, en l'année 1464, a la dame de La Reigle, par
Jehan de Magentat, manouvrier de Limoges, de certaine maison seize
jouignant le ruisseau des baris de Magninie, confrontée entre la maison
de Jehan Bayle, d'une part, et la maison de Jehan Jossier, d'autre, au
devoyr de cinq solz de cens. Fol. 28. En marge : Ilugenaudy»-
(I) Inconnue. Peut-être mauvaise lecture, pour Servièrc.
LES LÉPREUX ET LES LÉPROSEIUES DE LIMOGES 141
Recognoissance de Barthélémy Pol, manouvrier de Limoges, de cer-
taine maison sittuée a une mette des Combes, entre la maison de
Jacques La Brugiere, d'une part, et la maison dudit Barthélémy, d'autre,
au devoyr de cinq solz de rante. Folio 30.
Recognoissance faicte par Catherine Savie, veufve de feu Jehan Savi,
de Limoges, sur une maison sittuée en la rue par ou Ton va du ruisseau
a la porte de Montmalier, d'une part, et la maison de Laurent Murât,
d'autre, au devoyr de cinq solz de cens. Folio 60.
Recognoissance faicte par Gérai de Laton,dela parroissede St Michel,
sur une maison sittuée en la rue de La Charreterye, que souloit estre a
Jehan Chevallier, confrontée entre la maison Jehan Bonne, d'une part,
et la maison Pierre La Soury, d'autre, au devoyr de troys solz de cens.
Folio 71.
Recognoissance de la mesme année, faicte par Mathieu Voudra, de la
parroisse St Michel, sur une maison sittuée auprès de la fon d'Eygoulene,
entre la maison des héritiers Chambarest, d'une part, et la rue publique
qui va de la porte (1) Eygoulene (sic) à la porte de La René, d'autre.
Folio 73.
Recognoissance faicte par Bernard Beyssinet de Limoges, sur une
maison seize près l'arbre d'Eygoulene, le chemin qui va a la porte
de La René, d'une part, et la maison Mathieu Boudres, d'autre, au
devoyr de neuf solz de cens. Fol. 78.
Recognoissance faicte par Laurans Vinhcnaud, de Limoges, sur une
maison seize au canton de Bottin, en la rue publique par ou l'on va, de
l'Arbre d'Eygoulene a La Porte de La René, d'une part, et la maison
Bernard Beyssines, d'autre, pour neuf solz de cens. Fol. 74.
Recognoissance de la mesme année, faicte par Pierre La Sourrie, do
Limoges, sur une maison seize a Limoges, au canton de Bottin; con-
fronte entre la rue qui va de l'arbre d'Eygoulene aux murailhes de la
ville, d'une part, et la maison qui souloit estre a Jacques de Campis,
curé de Soubrevas, d'autre, au devoyr de troys solz de cens. Folio 75.
Baillotte faicte par la dicte dame a Jehan Damet, parroisse de Sou-
brevas, d'une maison seize au Cloistre de Limoges, entre la maison de
Mathieu et Jammet Benedic, d'une part, et la maison de Pierre La Fourie,
d'autre, au devoyr de troys solz de cens. Fol. 132.
Recognoissance de neuf solz de rante sur une maison de Pierre Vigie r,
manouvrier de Limoges, seize en la rue d'Eygoulene, qui a esté de
Mathieu Boudy, entre la maison Léonard Barny, d'une part, et la maison
de André des Campis, d'autre. Folio 9. En marge : Bagnolly,
Aultre recognoissance de neuf solz de cens sur la maison de André
des Campis, qu'a esté de Bernard Bossinau, de Limoges, sittuée près
la fontaine d'Eygoulene ; confronte entre la maison Pierre Vigier, d'une
part, et la maison Pierre Vigenaud, d'autre. Folio 70.
Aultre recognoissance de neuf solz de cens sur la maison de Jehan
(1) Il n*y a jamais eu de porte d'Eygoulene. Il faut lire probablement « la
font w ou « l'arbre », au lieu de « la porte ».
142 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Forneau, pelicier, et Pierre Vigenaud, de Limoges, siie au dessus la
fontaine d'Eygoulene, entre la maison Anne Beneyehet, femme a Martial
Noailher, d'une part, et la maison André de Campis, d'autre. Fol. 10.
Recognoissance d'une maison size en la rue de Biscolle, entre la
maison Guidoulet Laixhadre, d'une part, et la maison des Parnantiers (?)
de Masbalent, d'autre, au devoyr de cinq solz de cens en fondalité.
Fol. 64.
Archives de VHôpUal, III, B 3.
XI
Constitution de renies à la léproserie de la Maison-Dieu
par Barthélémy de Drouilhes et autres (i252)
Universis présentes litteras inspecturis Ofiîcialis curie Lemovicensis
salutem in Domino. Noverint univers! quod Bartholomeus de Drulhis,
burgensis Castri Lemovicensis, helemosinarius Mathei de Drulhis
quondam fratris sui defuncti, comparens personaliter pro se et procu-
ra tor pro Audierio Yterii et Johanne de Peirato, de la Claustra, cohe-
lemosinariis suis, in nostra presencia constitutis, asserens ûde data se
ab aliis cohelemosinariis suis récépissé mandatum super hoc spéciale,
— recognovit in jure coram nobis se vendidisse et perpetuo conces-
sisse, pro se et aliis et liberis ipsius defuncti, confratrie Sancti Spiritus
que est Domus Dei Leprosorum Castri Lemovicensis duos solidos
Lemovicensis monete rcnduales, cum duobus denariis de acaptamento,
cum dominio in domo Pétri de Manso, sita inter domum B. de Manso
et domum Bernardi Raya, et duos solidos et dimidium rendualem in
domo Johannis Fornerii cum tribus denariis de acaptamento, et cum
dominio sita juxta domum Chalardi, et undecimo denarios renduales in
domo Aymerici Tessaur, cum quodam obolo de acaptamento et domi-
nio, in domibus Pétri Laustrue et Aymerici de Sollempniaco ; et duo-
decim denarios renduales in domo Aymerici Tessaur, cum quodam
obolo de acaptamento et dominio : que domus site sunt in rua per quam
itur a civorio Sancti Geraldi ad portam de Pichavacha juxta fossatum,
pretio sex librarum Lemovicensis monete, de quibus idem Bartholo-
meus recognovit gratum suum plenarie habuisse pro se et aliis in pec-
cunia numerata, renuncians pro se et aliis exceplioni noç numerate
peccunie, et eciam non recepte, et omni auxilio et beneficio juris cano-
nici et civiiis, si quid posset eidem competere et dicte confratrie nominc
in hoc facto. Promisit etiam quod vendicionem concessionem hujus-
modi concedi faceret a dictis liberis quam cito pervenerint ad etatem.
Recognovit eciam quod dicti denarii renduales movebant de dominio
dictorum liberorum dicti defuncti et quod erant in berzezatge, videlicet
sex denarii de qualibet libra si vendi oporteret. Et promisit «mplius se
soluturum expensas lilterarum presencium si aliqua appareret. Si quis
vellet retinere (?). Et devestiens se idem Bartholomeus pro se «tomni-
LES LÉPnEUX ET LES LÉPROSEBIES DE LIMOGES 143
bus aliis predictis, de premissis omnibus, investi vit de premissis Pascha-
lem Christiani, presbiterum baylivum pro tempore dicte confratrie,
pro confratria predicta, promittens, prestito juramento, se contra pre-
mîssa per se vel per alium de cetero non venturum et se gariturum et
defensurum premissa ab omni homine prout erit de jure. In cujus rei
testimonium, sigillum curie Lemovicensis presentibus duximus appo-
nendum, sine juris prejudicio alieni. Datum XIII** kalendas januarii
anno Domini M^CC** quinquagesimo secundo.
Arch, de VHôpital, III, C 3.
XII
Arrêt du Parlement de Bordeaux condamnant Vabbaye de La Règle
à payer 12 seliers de froment et 6 setiers de seigle à la léproserie de
la Maison-Dieu, 1498,
Entre le sindic des pouvres ladres de la ladraric de Maison Dieu de
Limoges, demandeur et requérant Tenterinemént de certaine requeste,
comparant par maitre Domenge Deschamps, son procureur, d'une part,
— et Jehan du Peyrat, esleu pour le Roy au hault pays de Limosin,
Mathieu Benoit, Pauli Degenteaulx et Penot Thoniaud, bourgeois et
marchans de la ville et Cité de Limoges, au nom et comme commis-
saires par autorité de la Court de Parlement, a Bourdeaulx, commis-
saires et depputez à lever les fruitz de Tabbeye de Notre Dame de la
Règle en ladicte cité de Limoges deffendeurs, comparens par maistre
Jehan Turinet, substitut de maistre Mandon La Vergne, leur procureur,
d'aultre.
Veu par nous, Bertrand de La Cassaignc et Aymar de Maleville,
conseillers du roy nostre sire en sa dicte court de parlement, et commis-
saires par icelle depputtez en ceste partie, ladicte resqueste, ensemble
les pièces et producions desdites parties, mises et produites par devant
nous, et considérée la matière dont est question, qu'est favorable et du
consentement desdites parties, entérinant ladite requeste dudict deman-
deur, avons condempnés et condampnons lesdicts défendeurs commis-
saires susdicts à payer dedans quinze jours prochainement venans
douze septiers de froment et six septiers de seigle deuz ausdictz deman-
deurs, de Tannée Mil CCCC IIII^^ et quinze, et des quelx en ladicte
requeste est plus a plain faicte mention, et baillant par ledit deman-
deur ausdictz deffendeurs bonnes et souffissantes caucions jusques a la
valeur dudict blé, et, en payant ledict ble audict demandeur par les-
dicts deffendeurs, il leur sera alloué en leurs mises et fais despens du
présent jugement et pour cause. Et au surplus, viendront lesdites par-
ties procéder par devant nous sur le principal de ladicte matière ainsi
qu'il appartiendra par raison au moys. Si donnons en mandement, paf
144 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ces mesmes présentes, au premier huissier, etc. Donné et faict en la
salle du palays royal de TOmbriere, yssue de ladicte court, le XIII« jour
de jung, Tan Mil lïll» quatrevingt dix huit.
Arch. de VHôpUal, III, B 13.
XIII
Sentence de Martial Bermondet, sténéchal du Limousin, condamnant
l'abbesse de La Règle à payer diverses rentes à la léproserie de la
Maison-Dieu (1^6),
Martialis Bermoiulot, domimis Saiicti SYiiiphoriani, consiliariusdomini
nostri Hegis, locumtcneusquc gcneralis nobilis et polentis domini,
domini gubernatoris et sennescalli Lemovieensis. Notum facimus uni-
versis quod, evocata hodie causa in presenti curia mota inter pauperes
leprosos Domus Dei Lemovieensis, actores, per magistrum Johannem
Robini, cum honorabîli viro magistro Johanne Lapini, in legibus licen-
ciato, eorum advocato et procuratore, ex una parte, et dominam abba-
tissam de Régula, civitatis Lemovieensis, deffensore, per magistrum
Johannem de Ulmo, coraparente, ex alia parte : cum jamdicti actores
paterent et requirerent et in super hoc quod ipsi actores pecierunt,
prout alias pecierant, ipsera actricem condempnari et condempnatam
cogi et compelli viribus pretoris (?) ad dimidium solvendum et traden-
dum eisdem actoribus in qualibet ebdomade unam quartam partom
mutonis boni et competentis et eciam sex marpheas, duas parvas
turrendas et unam quartam vini, necnon arregragia dicti redditus
expost primam dominicam mensis septembris ultimo preteriti usque
ad quartam dominicam dicti mensis et de dicta die quarta dominica
usque ad diem subscriptam, retinuit dictas res ? turrendas et omne
vinum. Quapropter tenetur dicta rea, ex rea dicti redditus, in quatuor
quarteriis mutonis, triginta panibus albis et vigînti sex turrendas et
trcdecim quartas vini; et eciam iLter cetera fuit dicta rea condempnala
ad solvendum et tradendum dictis actoribus trcdecim pintas vini boni,
Iredecim marpheas, et unum mutonem : quarterium in quolibet festo
Béate Marie sicuti in festis Conceptionis, Nativitatis, Incaruacionis,
Assumptionis Beale Marie et totidem in quolibet festo omnium Sancto-
rum ; et de premissis et ultra premissa, restât eisdem actoribus duos
quarterlos mutonis, viginti sex pintas vini et sexdecim malpheas : iiec
non ad tenendum dictam Domum Dei occlesiam et domos pauperum
Lcprosorum ejusdem domus edifficatas et copertas in bono et compé-
tent! esta tu, cum ordinaciones ex parte (1)
gendorum ; et ipsi actores peterent, ut alias petierunt predictum (2
(1) ËfTacé.
(2) Effacé.
LES LÉPHEUX ET LES LEPHOSEIUES DE LIMOGES 1 Vô
diciam aclricem impetitis ac condempnari jam-
dicta actrix dixit nullas hactcnus causas inqutrendas quotiens ipsa con-
dempnetur in premissis. Quo circa, Nos locumtenens, predictam abba-
tissam in premissis de suo consensu condempnavimus et presencium
tenore condempnavimus ad solvcndum, dandum et tradondum eisdem
actoribus predictas sommas vini, panis, malphearum, tortarum et
mulonum et ad continuandum a cetero dictum redditum nec non ad res-
taurandum, edifficandum et reparandum dictam domum et ecclesiam
dictorum actorum ad ordinacionem dictorum proborum expertoiHim
suis expensis. Et hoc quathinus tangit dicta victualia et alimenta judi-
cialiter et sine mora et quathinus concornit dictam reparationem, infi-a
mensem absque usu et consuetudine aliquibus. Dantes preterca in man-
datis primo servienti regio super hoc requirendo dictam ream ad pre-
missa faciendum, cogendum et compeliendum per captionem sue tempo-
ralitatis et per ([uecumquc alia juris remédia donec provideatur remédia ,
donec cum effectu compellendo usque ad solucionem totam (?) liberetur
per quecumque juris actum judicialiter in curia domîni Senescalii
Lemovicensis stanta, die vicesima mensis decembris, anno Domini
millesimo quingentesimo sexto. — Judicis, locumtenens senescalii.
[Source non indiquée par M, L. Guiherf\
XIV
Lellrea patentes pour Vunion à l'hôpitat de Limoges d'une rente de
150 livre» payée précédemment par Vahbeasc de La Règle h l'ordre de
de Saint-Lazare (f69o),
(Extrait des registres du Conseil privé du Hoy)
Veu par le Roy en son conseil les avis du sieur evesque de Limoges
et du sieur de Bernage de Saint-Maurice, conseiller de Sa Majesté en
ses conseils, maître des requestes ordinaire de son hôtel, intendent et
commissaire departy en la généralité de Limoges, sur Temploy a faire
au proffit des pauvres des biens et revenus des hospitaux et maladeries
mentionnez du dioceze de Limoges, en exécution de Tedit et des décla-
rations des mois de mars, avril et aoust mil six cens quatre ving treize,
OuY le rapport du s' de Ribeyre, conseiller d'Estat, et suivant l'advis
des sieurs commissaires deputtez par Sa Majesté pour Texecution
desdits edits et déclarations et tout considéré, le Roy en son conseil,
en exécution desdits edit et déclarations, a uny et unit a Thopital de la
ville de Limoges, cent cinquante livres de redevance annuelle dont est
chargée la dame abbesse de Tabbaye de La Reigle au lieu des pantions
et rentes qui se payoient anciennement aux lépreux parla dame abbesse
de ladite abbaye, suivant Tarrest du Conseil du vingt-deux avril der-
nier, pour estre lesdites cent cinquante livres de redevance employées
146 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IIISTOIIIQUE DU LIMOUSIN
a la nouriture et entretien des pauvres dudit hôpital. Et pour Texecu-
tlon du présent arrest seront toutes lettres nécessaires expédiées. Fait
au Conseil privé du Roy, tenu a Paris, le deuxiesme jour de septembre
mil six cens quatre vingt quinze. Collationné. Signé : Desvieux.
Collationé par Nous, Conseiller Secrétaire du Roy, maison, couronne
de France et de ses finances. — Roulhac (1).
Arch. de CHôpilal, reg. B. 496, p. 383.
(1) A la suite, on trouve la copie de lettres patentes données au mois de
novembre 1696 pour l'exécution de cet arrêt.
UN HUMANISTE LIMOUSIN DU XVI' SIÈCLE
Marc -Antoine de MURET
(1)
Si les biographes sont d*accord pour fixer au 12 avril 1526 la
naissance de Marc-Anloine de iMurel, ils ne s'entendent pas sur le
lieu qui I*a vu naitre. Le jésuite italien Benci, qui avait été Télëve
de Muret à Rome pendant sept ans et qui resta son ami intime
jusqu*à sa mort, le fait naître au village de Muret, voisin de Limo-
ges ; il le dit issu d'une famille « très antique et noble » qui possé-
dait depuis longtemps le village dont elle portait le nom ; il ajoute
que celte famille avait produit Saint-Etienne dit de Muret, le fon-
dateur de Tabbaye de Grandmont. Mais on doit d'abord faire
(1) La biographie que nous donnons ici n'a d'autre mérite que d'être
tirée en grande partie d'un excellent ouvrage de M. Dejob : Marc-
Antoine Muret, Un professeur français en Italie dans la seconde moitié
du XVI* siècle (1881). En dehors de toutes les ressources qu'il trouvait
en France, M. Dejob a compulsé d'importants documents dans diverses
archives et bibliothèques d'Italie (notamment Venise, Padoue, la Vati-
cane). Avant le solide ouvrage de M. Dejob, on n'avait sur Muret que
des renseignements fort incomplets, souvent incertains et même contra-
dictoires, des biographies dépourvues de critique, où la vraie physio-
nomie et la valeur réelle du personnage n'étaient pas suffisamment
dégagées. Il faut joindre à la thèse de M. Dejob un appendice de son
ouvrage sur L'Influence du Concile de Trente sur la littérature (1884), et
des publications de M. Pierre de Nolhac que l'on trouvera indiquées à
l'app. IL Nous avons opéré, en outre, des recherches personnelles et
avons utilisé les testaments de Muret et de son neveu, qui ont été
publiés, grâce à MM. A. Bertoletti et Champeval, par le Bulletin de la
Soc. arch, du Lim, (t. XXXVI) ; nous avons aussi consulté les Registres
consulaires de la ville de Limoges. Nous faisons suivre cette biographie
de deux appendices; s'ils ne sont pas absolument complets, ils le sont
du moins autant que l'ont permis les ressources dont nous disposions.
148 SOCIÉTÉ AHCilÉOLOGJ(ir£ LT lllSTOUlQUK DU LIMOUSIN
observer que le solitaire qui vint s'installer à Muret vers 1084
était nis du comte do Tliiers en Auvergne.
D*aulre part, deux érudits limousins, Bonavcnlure de Saint-
Amable (1), et après lui Vitrac (2), ont revendiqué pour Limoges
Fhonneur de la nais<iance de Muret. L'unique argument de Vitrac,
c'est la présence de la famille de Muret à Limoges pendant le
xvi^ siècle. Ce nom revient en effet à plusieurs reprises dans les
Registres consulaires de cette époque (3). Nous signalerons en par-
ticulier un Muret qui, à la date de 1528 (deux ans après la nais-
sance de Marc-Antoine), assiste un plaideur injustice en qualiié
de i( conseil ». Or, notre humaniste donne à comprendre dans un
passage do ses œuvres, — et tous ses biographes le déclarent éga-
lement, — que son père était un jurisconsulte estimé. Il ne serait
pas impossible que le « conseil » que nous venons de noter à la
date de 1528 fût le père du futur orateur des papes. En admettant
que la famille de Muret fût originaire du village de ce nom, on peut
soutenir qu'elle était fixée à Limoges depuis les premières années
du XVI* siècle; mais le lieu de naissance de celui qui Ta illustrée
reste encore incertain. Marc-Antoine avait un frère sur lequel on
n'a nul renseignement ; ce frère eut deux filles et un fils que nous
retrouverons plus loin. On remarquera que les Muret mentionnés
par les Registres consulaires portent la particule nobiliaire; notre
humaniste l'a toujours prise et ses contemporains la lui donnaient
couramment (4). Ajoutons qu'il était parent de son célèbre com-
patriote Dorât (5).
(1) BoNAV., t. JII, p. 799 : <« Marc-Antoine Muret de Limoges ». Ce
texte ne prouve rien, à vrai dire.
(2) Vitrac, Eloge de M, -A. Muret, p. 7.
(3) Reg. cons., I, 171 {de Muret), 3 H (M' Michel de Muret, consul
pour le quartier Lansecot, en 13'tO), 360 [de Muret, consul, fait une
harangue en latin au gouverneur de Montréal, 1343), 369 {Pierre de
Muret, répartisseur des tailles pour le quartier des Combes, 1544), etc.
Il semble qu'il y avait deux l)ranches habitant Tune le quartier Lanse-
cot, Tautre les Combes.
(4) Dans le Recueil d'armoiries limousines de Phil. Poncet {Bull, de la
. Soc, arch. du Lim., t. LIV), nous relevons le n® 233 (Léonard Demuret,
. marchand : d''azur à la muraille d^argcnt, maçonnée de sable) et le n° 544
(Muret, des faulxbourgs de Montmalhor ; mêmes armes). Le recueil de
Poncet datant du xvii' siècle, nous ne savons si la famille Muret avait
déjà son blason au xvi« siècle.
(5) Juvenilia, Ode 1 (à Dorai) : sini licct et fidc
Pridem tibi et communitaic
Sanguinis et pairifc alligatus.
cf. Dorât, Eglogues, 1. Il, p. 61.
0 n^'i^ ^.^. ^ç^y c^n^ p/ui^u i
- ■'- - /
F„c-si.aile d-une IclUe do >Iarc-A«loiuo do Murol
«laprè!. W ms. Il 272 .1.' In Hibli..llièqii.- .iiiivcisil..iiv .!.• Monlp.ili.M-.
MARC-ANTOINE DE MURET 149
Quoi qQ*)l en soit de sod origine, on sait que son père lai ins-
pira l'amour de l'étude ; dès Fenfaoce, le futur humaulste fut cap-
tivé par la rhétorique et la philosophie. Ses parents l'envoyèrent
à Poitiers; mais il y fut, de son propre aveu, un écolier fort indé-
pendant, incapable de supporter un professeur pendant trois jours;
dès rage de douze ans, il dirigeait lui-même ses études (1). Cepen-
dant il apprit à admirer et à pratiquer les maîtres qui attiraient
par leur science la jeunesse du temps; c'est ainsi qu'il alla trois
fois voir à Agen le fameux Jules-César Scaliger, lui soumettant ses
premières poésies latines et lui prodiguant le nom de « père » (3).
Bientôt le jeune humaniste, se détournant avec une sorte d'aver-
sion des études juridiques où on voulait le pousser, se lança dans
la carrière de professeur qu'il devait brillamment poursuivre jus-
qu'à sa mort.
En i54S, âgé de dix-neuf ans, il monta en chaire dans le collège
installé à Auch par les soins de Tarchevéque. Il n'y séjourna
que quelques mois (3), et se rendit à Villeneuve-d'Agen, où il
cumula les fonctions de précepteur privé dans la famille du riche
marchand Brévant et de professeur public. Son humeur changeante
remporta bientôt à Poitiers (4). Là, tout en régentant ses élèves
au collège Sainte-Marthe, il reprit ses études de droit et entra en
relations avec quelques personnages marquants de la région, les
poètes Joachim du Bellay et Jean de la Péruze, l'imitateur de Séné-
que P. Fauveau, le chanoine limousin de Loménie, le médecin
Gronzel (5). N'oublions pas de mentionner les aventures amou-
(1) Ainsi s'explique son anagramme : Marc'Antoine de Muret = nature
droict m'a mené.
(2) On connaît la date des deux premiers voyages, 1544 et 1546. -* On
ne saurait dire exactement à quelle époque Muret quitta son pays natal
pour commercer ses pérégrinations; y reparut-il dans les années qui
précèdent son départ pour Tltalie ? il ne Ta jamais dit. 11 aimait peu sa
petite patrie, terre trop barbare à son goût, froide et montueuse, pres-
que comparable à la Scythie. (Commentaire sur le sonnet 86 du liv. I
des Amours de Ronsard).
(3) C'est sans doute pour ce collège qu'il composa la tragédie latine
Julius Caesar,
(4) M. Dejob ne croit pas que Muret ait débuté à Limoges; il n'admet
pas non plus qu'il ait professé à Agen ni résidé à Paris vers cette même
époque. Nous nous demandons vainement ce qui a permis à Sainte-
Beuve de mettre Muret au nombre des élèves du collège de Coqueret
que dirigeait Dorât.
(o) Une joute poétique mit aux prises Muret, Fauveau et du Bellay
ils choisirent pour arbitre Simon Macrin (de Loudun), qui donna la
palme à Fauveau.
T. LV IQ
150 SOCIÉTÉ ARCHéOLOGIQUB BT HtSTORIQUB DU LIMOUSIÏ4
reuses que Muret eut à Poitiers, la plus sérieuse avec une Marga-
ris, à qui d'ailleurs il fui peu fidèle.
En 1547, on le trouve à Bordeaux, chargé d'une chaire au col-
lège de Guyenne. Si Ton ignore quelle classe lui était confiée, on
sait du moins que son succès fut fort vif. Les écoliers jouèrent
(mais ce fut peut-être avant son arrivée à Bordeaux), sa tragédie
latine de Jules César, dont un des rôles fut tenu par le futur auteur
des Essais. Ce dernier, sorti du collège à treize ans, reçut des
leçons particulières de Tillustre humaniste, qu'assistaient dans cette
lâche de « précepteur domestique » Bucbanan et Guérentc (1).
Lié avec tout ce que Bordeaux comptait de lettrés et de poètes,
Muret parait avoir goûté aussi les plaisirs que cette ville offrait
aux caractères peu austères. Ses élégies amoureuses (2), en effet,
dénotent un tempérament sensuel; le langage en est souvent fort
libre. Tibulle et Properce étaient alors ses poètes préférés ; dans
les dernières années de sa vie, il regrettera de les avoir pris pour
modèles.
En i5â1. Muret quitte Bordeaux pour Paris. Là, il professe au
collège du cardinal Lemoine, et — peut-être — au Collège Royal (3).
Il aurait aussi enseigné dans plusieurs autres collèges de TUniver-
silé et à l'Académie de Boncourt. Partout où il prenait la parole,
son éloquence excitait Tenlhousiasme ; Henri H et Catherine de
Medicis furent, dit-on, plusieurs fois au nombre de ses auditeurs.
Il s'acquit à jamais la reconnaissance, presque la vénération de ses
élèves; Jacques Grévin avoue qu'il lui doit ce qu il a de meilleur,
et Vauquelin de la Fresnaye se proclame hautement son disci-
ple (4). Excellent dans la langue latine, dont il maniait la prosodie
(1) Selon toute vraisemblance, Montaigne était étudiant de philosophie
à la Faculté des Arts, qui était installée dans les locaux du collège de
Guyenne. « C'est sans doute ainsi que Tétudiant suivit les cours du
jeune maître, qu'il eut pour « précepteur domestique », c'est-à-dire
chargé de suivre de plus près ses progrès ou, comme nous dirions
aujourd'hui, répétiteur » (Bonnefon, Montaigne, p. 54).
(2) Dans le volume de Juvcnilia^ publié en. 1553. On remarque qu*un
de ses meilleures amis à Bordeaux est le poète Moncaud, dont la vie est
peu estimable.
(3) Il eut pour collègues au collège du cardinal Lemoine Turnèbe,
Buchanan et Passerai; il y aurait régenté la troisième. Quant au collège
de France, nous remarquons que le nom de Muret ne se trouve nulle
part dans l'excellent ouvrage que M. Abel Lefranc a consacré à l'his-
toire de cet illustre institut.
(4) Parmi ses élèves, on connaît aussi Jean de la Taille et Scévole de
Sainte-Marthe.
MAnC-ANTOINB DE MCUËT loi
avec une rare souplesse, versé également dans la grecque, se lan-
çant parfois avec aisance dans la poésie française pour prouver
qu'il n'était pas seulement un pédagogue, admirateur des grands
poètes italiens qu'il citait volontiers, on le vit tenir dignement sa
place dans le chœur delà Pléiade, à côté de son compatriote Dorât,
à côté de Ronsard, de du Bellay, de Baïf, de Jodelle, camarades
d'étude et de plaisir qu'il aimais et célébrait avec chaleur (i).
Cependant, on voit, vers la fin de 1553, Muret obligé de quitter
Paris; sans croire à Taccusalion de meurtre relevée contre lui par
divers auteurs du \v\^ et du \\i\^ siècles, il faut avouer que son
départ de Paris fut une fuite dont la cause est restée mystérieuse (2).
Ce fut à Toulouse qu'il chercha un établissement ; il y enseigna le
droit, mais avec peu de succès, et, l'année suivante (1554), fut
obligé de prendre la fuite une seconde fois. Il fut en effet con-
damné, par sentence des capitouls, en compagnie d'un certain
Frémyot, comme huguenot et comme coupable de mœurs inavoua-
bles. De ces deux accusations, la première paraît très invraisem-
blable. Quant à la seconde, elle semble, — malheureusement pour
la mémoire de l'orateur des Papes, — assez sérieusement fondée ;
selon certains autres auteurs, la liberté singulière de ses mœurs
l'avait déjà mis à deux doigts de sa perte, pendant son séjour à
Paris. Muret s'est défendu en incriminant la jalousie de ses rivaux,
mais sans en nommer jamais aucun ; et môme il n'a jamais tenté
l'apologie développée, vigoureuse et probante qu'on attendrait
de l'innocence persécutée ; parmi ses nombreux amis de la Pléiade,
aucun n'a élevé publiquement la voix en sa faveur; ajoutons que
cette accusation infamante se renouvellera à Venise et à Padoue(3).
(1) Il figure dans la cérémonie bachique où un bouc fut immolé pour
fêter les succès tragiques de Jodelle. — M. Dejob hésite à croire que
Muret se soit ligué, comme on Ten a accusé, avec les ennemis du nova-
teur Ramus; cependant, il est fort possible que cet espi*it prudent et
avisé, en même temps que hardi, n'ait pas voulu se compromettre en
soutenant un collègue en mauvaise posture.
(2) Guill. GoUetet relate cette accusation d'homicide qui est fort peu
admissible. Il ajoute que Muret fut tiré de prison par quelques amis
qui « moyennèrent sa liberté ».
(3) Plusieurs biographes ont nié le bien-fondé de cette accusation ;
notamment Bullart et Michaud. Quant à l'accusation d'iiérésie, il ne
serait pas surprenant que les catholiques de Toulouse eussent pris pour
hétérodoxie ce qui était simplement indépendance d'esprit ou commen-
cement de scepticisme. Dans une lettre adressée à Passerat (cette lettre,
non datée, doit être placée vers 1565), Ronsard parle d'une autre accu-
sation toute différente : « J'ay veu [en votre lettre] comme les bons
15â SOClérÉ ARCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Muret, averti à temps, put se sauver, et, pendant qu'on brûlait
son effigie en place publique, il gagnait péoiblement l'Italie. Un
moment fort malade dans une ville de Lombardie, il s'échappait
des mains de médecins dangereux (1] et se dirigeait sur Venise,
exilé, pauvre, mal guéri, mais cachant sous « un visage grossier et
couperosé presque partout » (2) un talent qui devait peu à peu lui
gagner tous les suffrages.
En choisissant Venise pour séjour. Muret était fort avisé : nulle
ville ne montrait plus de tolérance en matière de religion et en
matière de mœurs. Cependant il arrivait sans lettres de créance, et
sa qualité d'étranger indisposait contre lui les patriciens Vénitiens
qui tenaient à honneur d'enseigner eux-mêmes. Le nouveau venu
ne tarda pas à se ménager l'appui d'un des trois Réformateurs des
études, Girolamo Ferri. Admis à postuler une chaire, il sortit vic-
torieux de Texamen public que la République imposait aux candi-
dats. Ce fut au mois d'octobre 1554 que Muret affronta ses juges
en prononçant un discours latin sur ce sujet, d'ailleurs fort banal :
(c Les lettres sont pour un Etat bien policé non seulement une pa-
rure, mais un appui ». On connaît aussi le discours de remerciement
qu'il adressa au Sénat après sa nomination ; protestant contre ceux
qui auraient voulu .l'écarter comme étranger, il y rappelait que la
France n'avait jamais été un pays barbare et qu'elle pouvait se glo-
huguenots de Bourges (car autres ne peuvent estre qu'eux) ont semé
par la ville que le sieur Lambin avait dit en chaire publicquement que
le monde estoit délivré de trois athées, scavoir Muret, Ronsard et
Louveau [? lecture douteuse] ». Ronsard se contente de repousser le
racontar avec mépris.
(1) Pendant sa maladie, il entendit un médecin dire à son sujet :
u Faciamus periculum in anima vili, » Il eut Tesprit de répondre :
« Vilem animam appellas, pro qua Christus non dedignalus est mori ? » ;
là dessus, — dit-on, — il prit la fuite.
(2) Expressions de Colletet. — Les portraits de Muret sont assez
nombreux ; M. Fray-Fournier en a signalé quatorze, après recherches
faites à la Biblioth. nation. D'une manière générale, ces portraits
peuvent se ramener à deux types principaux : i^ tête découverte, mous-
tache, barbe courte sur les joues, menton rasé, costume fourré ; 2® tête
coiffée d'un bonnet carré, moustache, barbe taillée en pointe, costume
sans fourrure apparente ; une petite verrue sous l'œil droit, une autre
près du coin de la bouche, à gauche. L'expression du visage est en gé-
néral grave, même mélancolique ; la face est large, les traits assez
fatigués, le cou empâté ; le buste paraît corpulent. — Le portrait mis en
tête de V Eloge de Af.-A, Muret, par l'abbé Vitrac, représente en réalité
Pierre Muret, né à Cannes en 1630, mort en 1690. (Bull, de la Soc.
arc/i., XXXVI, p. 301.)
MARC- ANTOINE DE MURET 153
rifler d*avoir donné au monde le poète Âusone. Quant à la chaire
qu'il occupa, ce Tut une chaire d'humanilés fondée en 1551 dans
le couvent de Saint-François de la Vigne.
Installé dans ces fonctions, Muret ne tarda pas à gagner l'amitié
du célèbre et savant imprimeur Paul Manuce. Fort de cette pro-
tection, il entreprit l'application d'une méthode d'enseignement qui
ruinait la scolastique. Non content de choisir comme textes à
expliquer et à commenter des poètes et des orateurs de Tancienne
Rome, il ne craignait pas d'aborder les œuvres philosophiques.
Non seulement il faisait alterner ces divers ouvrages dans le cours
des « lectures », mais encore il rendait l'étude des uns solidaire de
l'étude des autres, éclaircissant les ouvrages par leur rapproche-
ment, rendant son enseignement substantiel et fécond par Tunion
de l'éloquence et de la philosophie. A côté d'érudits tels que
Vittore, Sigone, Paleari, pour qui le professorat n'était qu'une
gène, Muret se signalait par le zèle qu'il mettait à se former une
nouvelle méthode d'enseignement, à la défendre et à la pratiquer.
FiU même temps il confiait aux presses de son ami Manuce diverses
éditions avec commentaires; fier de ses sévères travaux de philo-
logie, il allait jusqu'à les préférer aux discours dit « cicéroniens »
et aux vers latins de style affecté qui faisaient en ce temps-là la
gloire des lettrés. Son talent, son zèle et son aménité lui valurent
l'estime et l'affection de nombreux praticiens, parmi lesquels on
cite des Loredani, des Gonlarini et des Bembi.
Parmi tant de succès, il n'oubliait point sa patrie; il était en
correspondance avec divers écrivains, mais — la remarque a son
prix — avec des écrivains d'un ordre inférieur, tels que Le Duchat
ou Jacques Gohorry. Pour se créer un protecteur français, il dédiait
un de ses ouvrages à Jacques d'Avançon, ambassadeur de France
à Rome (1555), auprès de qui vivait un de ses amis, le doux poète
Olivier de Magny. Il s'assurait aussi l'amitié du savant portugais
Achille Estaço, secrétaire de plusieurs papes, et nouait des rela-
tions très amicales avec Tilluslre Lambin, qui ne cessait de le
recommander à son puissant protecteur, le cardinal de Tournon
(1556).
A celte époque, le cardinal de Ferrare, Hippolyte II d'Esté, cher-
chait à attirera sa cour des savants français et italiens. Muret fut
au nombre de ceux auxquels pensa l'agent du cardinal, Pierre Mo-
rin (juin 1557). Après s'être fait prier, Muret accepta l'invitation;
cependant, en plus de certaines craintes (1), l'amour de sa liberté
(1) Muret pose comme condition, que, si le cardinal va en France, il
ne sera pas obligé de le suivre.
lo4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
le rendait hésitant. Au moment où raffaire paraissait conclue, Hip-
polyte fut mis en défiance par des bruits peu honorables pour
Muret, bruits que le cardinal deTournon avait malheureusement
confirmés (1).
Sur ces entrefaites (janvier 15o8), Muret quitte brusquement
Venise, et va s'inslaller à Padoue. Un certain abbé Nichetle, dépê-
ché par Hippolyle pour interroger Muret, s'en retourne convaincu
de l'innocence du suspect. Grâce aux instances répétées de lambin
(que les dénégations de son ami avaient convaincu), le cardinal de
Tournon revenait de ses préventions et soutenait Muret. Bientôt
même, Hippolyle, rassuré sur le compte de son futur protégé, pre-
nait avec lui un engagement ferme (20 février 1558).
Pendant ces négociations, Muret avait ouvert des cours dans sa
maison de Padoue, « marson vaste et bien exposée », dit-il, où les
jeunes gens pouvaient après leurs travaux se reposiir « dans Thon-
note récréation du saut, de la lutte, de la paume ». Il est probable
que, suivant un usage assez fréquent au xvi* siècle, il recevait chez
lui des élèves étrangers à la ville (2). 11 avait conservé l'amitié de
Manuce, qui lui demandait en hâte divers ouvrages pour ses
presses (3) et il reprenait avec succès le cours de sa carrière.
Tout à coup (août 1558), les mêmes accusations scandaleuses se
réveillèrent; plusieurs élèves quittèrent une maison qui avait un
mauvais renom (4) ; Muret fit à Venise un voyage rapide d'où il
revint fort découragé et même presque désespéré, pensant à quitter
rilalie pour la Grèce. Il tomba malade, mais put bientôt se rendre
(1) C'est le même genre d'accusations qu'en 1554. Morin paraît croire
à la culpabilité de Muret, tout en persistant à désirer sa présence à
Fcrrare. Peut-être, l'accusation de 1558 n'est-elle pourtant qu'un con-
tre-coup lointain de la condamnation de 1554. Mais c'est douteux.
(2) Parmi ses élèves on trouve des fils de familles nobles de Venise.
(.3) On possède leur correspondance; Manuce n'y fait jamais allusion
aux crimes reprochés à Muret, il parait les avoir ignorés.
(4) « .Edibus in quibus laxissime habitabat ». (Expressions de Lambin
qui rapporte les propos d'un théologien de Padoue). M. Dejob déclare
qu'il est « impossible de justifier ou de ruiner les allégations contre
les(|uelles Muret se débat ». Il ajoute : « Questions difficiles à trancher,
mais qui reviennent trop souvent dans sa biographie » (p. 130-131). 11
est au moins certain que Muret a aimé les plaisirs ; il a avoué, sur la fin
de sa vie, que ses désordres avaient duré plus longtemps que sa
jeunesse; il parle des années où il a vécu dans la fange du vice, « in
vitiorum sordibus » ; il regrette ses désordres : « Quid puer, quid dein
juvenis, quid autem Temporis jam vir maie collocarim, Dulcibus dum
me furiat venenis Dira voluptas ». Etc.
I
MARC- ANTOINE DE MURET 155
à Ferrare, auprès du cardinal qui n'avait pas eu connaissance de
cette fâcheuse affaire (fin 18S8).
Hippolyte II avait le mérite de ne pas être un maître tyrannique :
il savait que, pour être un Mécène, il Taut respecter la dignité des
lettrés que Ton protège. De ce côté, Muret ne parait avoir eu qu'à
se féliciter. Ce fut en des termes pleins d'une affectueuse recon-
naissance qu'il dédia au cardinal son premier grand ouvrage, les
Variae Lectiones (1S59). En revanche il ne retrouva pas à Ferrare
ce cercle d'érudits de haut rang parmi lesquels il avait vécu à Ve-
nise. Un peu isolé, n'ayant pas de rival, mais aussi pas d'émulé,
il faillit en outre perdre l'ami qui l'avait tiré d un pas fort périlleux.
Lambin crut pouvoir l'accuser, en termes sévères, de s'être appro-
prié certaines remarques philologiques qu'il se proposait lui-même
d'uliliser pour une édition d'Horace. Il finii par reconnaître qu'il
n'y avait pas là matière à rupture, et le nuage se dissipa (1).
C'est à cette époque que Muret, sortant des études où il s'était
jusqu'alors confiné, fut appelé à jouer un rôle politique où son ha-
bileté de langage ne pouvait que briller. A la mort du pape Paul IV
(août 1859), Hippolyte II se rendit à Rome, le cœur plein de secrètes
ambitions; mais la tiare échut à un autre. Muret avait failli être le
favori d'un pape : il eut, comme consolation, la mission de compli-
menter Pie IV au nom de la maison d'Esté. Peu après (2 mai 1560),
ce fut au nom de François II et de Catherine de Médicis qu'il féli-
cita le nouveau Pontife, en exprimant l'espoir de voir bientôt la
ruine de l'hérésie. Dès lors. Muret fut l'orateur attitré de la France
auprès des papes; mission délicate, qui faisait du latiniste un
agent diplomatique, dont les discours, loin d'être un tissu de bana-
lités officielles, avaient une portée politique très précise (2).
Dès lors Muret n'eut plus peur de rentrer dans sa patrie; aussi
le trouvons-nous dans la suite d'Hippolyte II qui vint en France,
avec le titre de légat, à l'occasion du colloque de Poissy. Son
séjour dura presque deux ans (août 1561-avril 1563). Il est pro-
(1) A son tour Muret accusera Juste Lipse de plagiat à propos d'une
édition de Tacite (1574).
(2) Un discours prononcé pour François II (1560); deux pour Charles IX
(1566 et 1572) ; un pour Henri III (1570); un pour le roi de Navarre (1560).
La publication de ces harangues était soumise à Tagrément du roi et du
pape. Elles sont toutes en latin; Muret traduisit lui-même en français
celles du roi de Navarre, de Charles IX et de Henri III. Après la mort
de Muret, la v commission d^orateur de France • fut donnée à Bressieu,
ancien profcusseur au collège Royal {Mémoire sur le Collège Royal, par
Goujet, II, p. 38).
156 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
bable qu'en diverses circonstances il servit de secrétaire ou d'agent
au cardinal (1); mais ce côté de sa carrière est fort mal connu ; sa
correspondance donne à croire que, tout en étant bon catholique et
adversaire de la liberté de conscience, il ne prenait qu'un intérêt
médiocre aux événements violents qui secouaient alors son pays.
Assez de loisirs lui restaient pour Tétude et pour l'amitié. II faisait
chez les libraires de Paris, des acquisitions pour sa bibliothèque,
lançait une édition des Philippiquesde Gicéron qu'il avait collationnées
avec amour sur un manuscrit de Rome, et entamait l'élude de la
théologie. En môme temps il renouait ses anciennes amitiés ; Dorât
cl Turnèbe en particulier lui faisaient un cordial accueil. Mais aussi
il eut à subir une avanie aussi humiliante qu'imprévue. Lambin,
dont il n'avait eu qu'à se louer et à qu'il avait rendu maints services,
fit imprimer à Lyon, en 1561, la correspondance confidentielle
qu'ils avaient échangée en Italie : là, le public trouvait le récit des
démarches faites par Muret pour entrer dans la maison d'Esté,
l'écho des accusations infamantes portées contre ses mœurs,
l'expression d un découragement et d'un désespoir où la malignité
pouvait lire des semblants d'aveux. Le coup était rude. Se sentant
impuissant, Murei dévora sa honte et sa rage; il continua de faire
bon visage à Lambin, mais il lui voua une haine qui éclata après
la mort de son perGde ami et que ni vieillesse ni piété n'apaisèrent
jamais (2).
Ce fut après la conclusion du traité d'Amboise (mars 1«%3] que
le cardinal d'Esté quitla la France pour rentrer à Rome. Muret Ty
suivit avec plaisir et fut aussitôt nommé par le pape Pie IV profes-
seur de philosophie morale avec un traitement de cent écus d*or.
Le nouveau maître brilla à Rome d'un éclat d'autant plus vif que
nul, parmi ses collègues, ne possédait une très haute valeur. Par
la fonction qui lui était confiée, il se trouvait amené à appliquer
(1) Il fut envoyé en mission à Beauvais (décembre 1561). Il séjourna
en diverses localités, à Saint-Germain, à Monceaux, à Paris, et princi-
palement à l'abbaye de Charly (près de Château-Thierry).
(2) On suppose que Lambin céda alors à la rancune que lui avaient
laissée les plagiats (réels ou imaginaires) de 1559. Peut-être aussi Lam-
bin, ne croyant plus à la pureté des mœurs de Muret, voulait-il le punir
de lui en avoir jadis imposé. Dans une lettre du 12 août 1558, il lui
avait laissé entendre qu'il craignait de ne pas avoir assez écouté le
conseil d'Iloracc : » Qualem commendes, etiam atque etiam aspice^ ne
mox inculiat ». Sept ans après la mort de Lambin, Muret soutint que
les lettres publiées étaient apocryphes. Mais leur authenticité n'est pas
douteuse.
MARC-ANTOINE DE MURET 157
sa méthode favorite, Tunion de l'éloquence et de la philosophie.
Les cours qu*il consacra pendant quatre années (de novembre 1563
à 1567} à expliquer la Morale à Nicomaque d'Aristote furent très
goûtés de ses nombreux auditeurs : il devint rapidement popu-
laire. Ces nouveaux succès reçurent comme une sanction ofBcielle,
lorsqu'il fut chargé de prononcer en l'honneur du nouveau pape
Pie V, des harangues élogieuses au nom d'Alphonse II d'Ëste, de
Charles IX (t566) et de Sigismond de Pologne (1567).
Parmi ces diverses lâches, Muret s'était remis, depuis son arrivée
à Rome, à l'étude de la jurisprudence. Il avait osé jadis (1) s'aven-
turer sur ce domaine, à un âge où, par sa connaissance de la rhéto-
rique, il avait cru pouvoir suppléer à l'ignorance de la philosophie
et de l'antiquité. En pleine maturité, l'esprit meublé de notions
approfondies sur la vie des anciens Romains, il reprenait ses études
juridiques et montrait dans cet enseignement une remarquable
originalité. Sans doute, il n'eut pas l'idée — qui eât pu être si
féconde — de faire la critique du droit romain au nom de l'esprit
moderne. Mais aussi il ne voulut pas, selon la méthode courante,
répéter les anciens commentaires et subtiliser sur les lois. Il préféra
consacrer son cours à l'explication précise et littérale du texte des
Pandectes ; il poursuivit celle explication avec l'érudition vaste
et sagace que lui avait procurée le commerce des écrivains et des
philosophes les plus éminenls de l'antiquité. Sans avoir porté dans
cette étude le génie de son contemporain Gujas, Muret a eu le
mérite de suivre une méthode assez analogue à celle de l'illustre
maître de Bourges. Les admirateurs de Muret se plaisaient à l'égaler
à Cujas : mais Muret avait le bon goût de reconnaître la supériorité
du rénovateur des études juridiques (2). Malgré cette modestie, son
succès fut si vif que les Italiens oublièrent leur Alcialet appelèrent
la nouvelle méthode pratiquée par Muret la « méthode française ».
En même temps qu'il se faisait, par l'universalité de son talent,
une place à part dans l'Université de Rome, Muret continuait à
remplir les fonctions de secrétaire près du cardinal d'Esté (3). Outre
les harangues officielles, Hippolyle II lui confiait parfois des mis-
(1) A Toulouse, en 1553.
(2) En 1579, il engagea des étudiants italiens à aller réapprendre le
grec et la philosophie à Paris ; quant au droit civil, leur dit-il, Cujas
est le seul maître auprès de qui on puisse rapprendre. Ailleurs, il
l'appelle Voracle, 11 n'acheva de prendre ses grades qu'après 1576, dans
la ville d'Ascoli.
(3) Muret vivait dans la maison du cardinal ; il avait plusieurs dômes-
ti(]|ues.
158 SOGléré ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
sions délicates ; il se servait aussi de lui dans des affaires
d'administration ecclésiastiques. Par exemple, c'était Haret qui
rédigeait, au nom du cardinal, une note destinée à être mise sous
les yeux du pape en faveur d'un candidat à Tépiscopat. C'était lui
encore qui, par ordre du pape, démontrait à l'empereur Ferdi-
nand H l'impossibilité d'abolir le célibat des prêtres. Parfois aussi
il était chargé par son protecteur d'écrire des lettres d'un caractère
moins ofliciel et plus intime, à de hauts personnages, tels que
Ferdinand P' et Marie Stuart. 11 devenait ainsi, pour le cardinal,
non pas un simple secrétaire, mais un ami véritable ; durant les
mois de vacances qu'il passait avec le prélat à Tivoli, ils avaient de
longues conversations où le protégé devenait le confident.
Malgré cette enviable situation. Muret, professeur et secrétaire,
ne trouvait plus le temps de composer de grands ouvrages. D'autre
part, il était mécontent des honoraires médiocres que lui allouait
la commission des cardinaux (1) (100 écus) et qu'on refusait
d'augmenter, bien que le coadjuteur du recteur et l'archibedeau,
chargés de noter les professeurs, fussent aussi prodigues d'éloges
pour lui qu'ils en étaient avares pour les autres professeurs. Déjà
à la fin de Tannée scolaire 1S66-67, Muret n'avait pas craint
d'annoncer publiquement sa retraite volontaire s'il ne recevait pas
un traitement plus convenable. A la rentrée de novembre 1368, il
ne reprit pas ses fonctions ; les cardinaux le laissèrent partir; mais
fort embarrassés pour le remplacer dignement, ils durent le rap-
peler au bout de quelques mois en élevant ses appointements à
150 écus. En février 1S69, Muret remonta donc en chaire en pro-
nonçant, pour l'ouverture de son cours de droit, une harangue où
les cardinaux purent sentir, mêlée à beaucoup de respect, une
ironie assez malicieuse. Pareille attitude était permise à un homme
dont la réputation, sortant de l'Italie, était en passe de devenir
européenne.
Dans l'enceinte de l'Université, il faisait entendre le langage de
la science. Mais sa réputation d*orateur en souffrait si peu qu'il
était choisi par le Sénat romain pour célébrer solennellement la
victoire de Lépante et le retour de Marc-Ântoine Colonna (13 dé-
cembre 1571) (2). Son panégyrique lui valut, avec l'enthousiasme
de l'auditoire, le titre si envié de « citoyen romain » (3). Quelques
(1) Commission chargée de surveiller les professeurs et les étudiants
de rUniversité de Rome.
(2) 11 prononça sa harangue dans l'église Ara Coeli (Sainte-Marie du
Ca pi tôle).
(3) Rappelons que Montaigne reçut le môme honneur en 1581. On sait
que le maître et son ancien élève se revirent avec plaisir.
• «V»
MARC- ANTOINE DE MURET 159
mois après (IS mai 1872) il prononçait l*oraison funèbre de Pie V;
accentuant les idées intolérantes qu*il avait déjà exprimées en 1560
(au nom de François II) et en 1566 (au nom de Charles IX), il
vantait la « haine implacable » que le ponlife avait montrée contre
les hérétiques. La même année (23 décembre 1572), haranguant
Grégoire XIII au nom de Tambassadeur Nicolas de Rambouillet, il
prenait pour thème Téloge de la Sainl-Barthélémy ; il glorifiait
cette triste journée en des termes qui respirent une poésie sau-
vage : « Pendant cette nuit, disait-il, j*imagine que les étoiles
mêmes brillèrent d'un plus vif éclat et que la Seine roula des
ondes plus abondantes pour emporter et vomir plus vite dans la
mer ces cadavres d'hommes impurs ». Un pareil langage ne peut
s'expliquer, dans la bouche de Muret, que par la peur. Esprit libre
et curieux, Muret n'était point fanatique de caractère. Mais, tout
autour de lui, parmi les lettrés et les savants, il avait vu se mul-
tiplier les condamnations prononcées par l'Inquisition (i);il ne
voulait pas être couché sur la liste des suspects. Parmi l'anxiété et
Thumiliation de tant d'autres savants. Muret se mettait à l'abri de
toute suspicion en remplissant la tâche — pénible pour sa mémoire
— de maudire officiellement les victimes de la Saint-Barthélémy.
D'ailleurs, il veillait avec soin sur sa plume, se gardait de tout mot
élogieux pour les érudits frappés par l'Inquisition et s'inquiétait
fort de la religion à laquelle appartenaient ses correspondants
étrangers (2). Dans le courant de l'année 1574, appelé à prononcer
l'oraison funèbre de Charles IX, il louera la sagesse du feu roi et
les persécutions de son règne.
Le succès qu'il avait obtenu par son cours de droit, la nouveauté
de sa méthode et les railleries qu'il lançait aux professeurs routi-
niers lui avaient attiré des inimitiés parmi ses collègues. Leurs
intrigues finirent par déterminer les cardinaux à l'éloigner de la
jurisprudence pour le ramener à l'enseignement littéraire. Après
(1) C'est ainsi que furent brûlés, sous le pontificat de Pie V (1566-
1572), Zanetti, Paleari, Carnesecchi ; André Maës fut blâmé pour avoir
cité des Talmudistes dans sa grammaire syrienne, etc., etc. On interdit
à Muret de lire un ouvrage du sophiste païen Zosirae. Aussi Muret
écrit-il à son ami Claude Dupuy, en juin 1572 (Pie V était mort en
mai) : « Quant à nous, débarrassés d'une très lourde tyrannie qui a duré
près de sept ans, nous allons subir, selon toute vraisemblance, une
servitude qui ne sera pas beaucoup plus légère ».
(2) « Je crains d'adresser par mégarde mes lettres à quelque homme
infecté d'hérésie », dit-il. Imitant beaucoup d'autres écrivains catho-
liques, il efface, sur les ouvrages imprimés, les noms des auteurs
entachés d'hérésie, tels que Erasme, Mélanchton, Capierarius, etc., etc.
160 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
avoir résisté, Muret céda, décidé par ToiTre d*un traitement de
400 écus d'or (1573). Il avait quaraate-sii ans, peu de fortune, et
se trouvait exposé à perdre sa brillante situation le jour où son
protecteur mourrait. Ces préoccupations furent justifiées presque
immédiatement : Hippolyte II mourut le 2 décembre 1572. Muret
fut naturellement choisi pour composer son oraison funèbre : il
s'acquitta de sa mission en des termes émus ou il mil son cœur,
toute sa gratitude et toute son affection pour un maître qui avait
su être un ami. L'héritier d*HippoIyte, le cardinal Louis d'EsIe,
garda Muret dans sa maicon, mais sans lui accorder dans son
amitié une place de choix. Si Muret souffrit de cette sorte de dimi-
nution, sa fortune ne fut pas atteinte; grâce aux libéralités de la
maison d'Ëste et grâce à la prévoyance avec laquelle il gérait ses
intérêts, il se constitua peu à peu un pécule fort honorable (1).
On avait voulu confiner Muret dans la rhétorique : il s'en évada
sans retard et choisit pour textes d*explications des ouvrages
philosophiques de Cicéron. Il lit mieux : il joignit à cette étude
l'explication de la République de Platon. C'était la première fois
que le grand philosophe athénien était commenté dans TUniversité
romaine. C'était aussi la première fois qu'on invitait les élèves à
confronter les doctrines d'un auteur grec et d'un auteur latin. Cet
essai original ne dura qu'un an : Muret reçut l'ordre de cesser
l'explication de Platon. On ne se déOait pourtant pas de l'ortho-
doxie du professeur. Mais sa méthode était capable d'éveiller dans
l'auditoire Tesprit de libre examen et de critique : elle mettait en
péril la méthode d'autorité si chère à l'Eglise. Peut-être aussi le
blàmail-on de citer trop délibérément, dans son commentaire de
Platon, rEcriluro et les Pères : car il abordait ainsi, sans posséder
aucun titre thëologique, tous les problèmes délicats de la théologie.
Obéissant à l'ordre des cardinaux. Muret se cantonna dans la litté-
rature latine ; toujours plein d'initiative, il entreprit l'explication
de divers ouvrages de Senèque et de Juvénal, que les latinistes
puristes prétendaient proscrire des éludes (1675).
Sa leçon d'ouverture pour l'étude du De Providentia, de Senèque,
et les poésies qu'il consacrait à la même époque à célébrer des
(1) En 1572, il achète, pour 1.120 ducats, la charge de chevalier de
Saint-Paul, qui lui rapporte 171 ducats par an ; en 1574, il la vend
1.295 ducats et achète une charge à la Daterie (bureau des concessions
de bénéfices) qui lui coûte 2.100 écus ; il la vend, en 1582, 2.240 ducats
et, avec cette somme, achète une maison dans le quartier du Quirinal.
MA ne- ANTOINE DE MUnSt 16i
saints ou des fêtes de TEglise (1) laissent voir des préoccupations
religieuses, un souci de glorifier la foi chrétienne, qui indiquent
chez Muret une transformation morale fort sensible. Les épreuves
de sa vie, les leçons de Tâge, les conseils et les exemples de son
ancien protecteur Hippolyte, le contact des prélats instruits et
probes qu*il fréquentait, Tinfluence d*un de ses élèves, Benci, une
maladie enfin qui faillit l'emporter, Tacheminaient vers une grave
détermination qu'il prit en 1576 : il entra dans les ordres. Quoique
son àme restât profane par certains endroits, en particulier par le
goût de la raillerie et même des observations un peu grivoises, sa
piété fut très certainement sincère (2). Il aimait, selon son bio-
graphe Benci, à célébrer la messe, et cela si religieusement qu'il
ne pouvait retenir ses larmes. Plus tard, il prononcera le panégy-
rique de Saint-Jean (158â) et expliquera le mystère de la Circon-
cision (1S84) dans la chapelle pontificale.
Après son ordination. Muret ne cessa pas de professer. Regret-
tant d'avoir été contraint de renoncer à l'enseignement du grec, il
fut assez habile pour faire naître chez ses auditeurs le désir de le
voir abandonner Texplication des discours de Cicéron. Cédant à
cette agréable violence, il se fil autoriser par ses chefs à expliquer
la Rhétorique d'Arislote : il déféra ainsi aux vœux de ses élèves,
en satisfaisant son propre goût (i576).
Sa célébrité arrivait alors à son apogée. Protégé par la maison
d'Esté, soutenu aussi par la maison de Gonzague, considéré des
papes, gardant ses fonctions d'orateur ofTiciel de la France (3), il
renouait d'honorables relations avec Venise. En France, sa répu-
tation était aussi solidement établie. Son compatriote, Joachim
Blanchon, énumërant les grands esprits qui décoraient le Limousin,
citait Daurat, Dubois :
(1) Dans les Poemata varia (1575), publiés à rinstigation de Guill. de
Gonzague, duc de Mantoue et de Montferrat. Le Bulletin de la Soc, arch.
du Lim. a publié en 1888 (t. XXXVI, p. 191-199) huit lettres inédites
de Muret adressées au duc Gonzague et ayant trait à la composition de
ces hymnes.
(2) M. Dejob n'accepte pas les doutes exprimés à ce sujet par Joseph
Scaliger et par Jac. Bernays. A noter que, déjà en 1552, Muret avait
prononcé un discours sur la dignité et Vexcellence de Vétude de la théo-
logie,
(3) Il harangua Grégoire XIII (19 juin 1576) au nom de Henri III. Il
expliqua que le roi, voyant que la guerre ne supprimait pas Thérésic,
avait résolu de la supporter provisoirement.
162 SOCIÉTÉ AUCUÉOLOGIQUE J^T lIISTOlUQUE DU LIMOUSIN
Et son Muret qu'une Rome
Dessus tout autre renomme
Pom* son éloquent savoir.
Sa correspondance le meUail en rapport avec bien des Français
célèbres ; parmi eux, Jacques Gillot, un des futurs auteurs de la
Satire Ménippée, le théologien Génébrard, les sâvanls légistes
Cujas et Barnabe Brisson, les parlementaires de Pincé et Claude
Dupuy, le lexicographe Jean Nicot, avec Jacques- Auguste de Thou,
Claude Binet, Nicolas Le Fôvre, Timprimeur Frédéric Morel, etc.
En même temps que son affection restait (idèle à Dorât, à J. Sa-
liger, à Ronsard, il profilait de toutes les occasions pour s*assurer
Testime de tout ce qui comptait en France dans les lettres
(H. Estienne, Pilhou, Amyot, Passerai, etc.). A Rome, il avait soin
de se lier avec tous les Français qui venaient séjourner dans lâ
ville papale, surtout avec les ambassadeurs et les grands person-
nages (Arnaud d'Ossal, Nicolas de Pellevé, Arnaud de Ferrier,
Louis de Chasteigner de la Rochepozay (1), etc.). Quand de Thou
vint passer six mois à Rome, en 1574, il fut Thôle assidu de la
maison de Muret. Le jeune avocat limousin, Jean de Beaubreuil,
trouva aussi chez son Illustre compatriote le plus aimable accueil (2).
La joie qu'éprouvait Muret au milieu de sa célébrité élait pourtant
gâtée par une sorte d'amertume. Il voyait la jeunesse romaine se
détourner avec 'indifférence des éludes littéraires pour se diriger
vers la médecine et le droil; Topinion publique, jadis enthousiaste
de la science pure, s'était refroidie; la décadence était sensible
dans les études. De plus la surveillance des cardinaux, en s*ctcn-
dantdes classes aux manuscrits et aux impressions, gênait à la fois
le professeur et l'écrivain . Sur ces entrefaites (juin 1577), le roi de
Pologne, Etienne Batory, qui fondait alors TUniversilé de Wilna et
TAcadémie de Cracovie, proposa à Muret de venir professer en
(1) En 1577, Muret fit étudier Aristote à La Rochepozay, qui écrivit h
des amis de France combien il était content de son maître.
(2) J, de Beaubreuil, ancien élève de Dorât, fit imprimer une tragédie,
Régulus, en 1582 (chez Hugues Barbou, Limoges). Dans Tépître dédi-
catoire il dit : « Oublierais-je les propos afTables qui m'accueillirent
dans la maison de Muret ? Je suis bien aise, me disait Muret à Rome,
de voir aujourd'hui le fils de ce Beaubreuil qui m'encouragea des pre-
miers à Tamour des belles-lettres ». 11 exprime aussi sa joie de « voir
notre Muret en chaire, faisant sortir de sa bouche un tonnerre si agréa-
ble »... « Et pouvez croire que ce ne fut point sans admirer la fortune
de riiomme, le voyant passer par les rues de Rome dans un coche
magnifique. »
MARC-ANTOINE DE MUIIBT 163
Pologne, avec un traitement de 1,500 écusd'or. Muret était disposé
à accepter et même prêt à partir. Mais, à cette nouvelle, les magis-
trats municipaux de Rome allèrent prier le pape d'intervenir pour
retenir Muret. A la demande du pontife, Muret consentit à rester;
il vit aussitôt son traitement porté à 700 écus d*or et complété par
un bénéfice donnant 300 écus de revenu annuel. Il garda de flat-
teuses relations avec la cour de Pologne (1). Il résista de même à
unedemande venue de Padoue : la nation allemande de TUniversité
de cette ville aurait voulu étudier les Pandectes sous sa direction (2);
mais ce désir, mal secondé par Venise, se heurta au refus de
Grégoire XIII (1578).
Muret resta donc à Rome, Il reprit ses travaux professionnels
avec une ardeur juvénile, mais non avec une entière liberté ; car,
sous prétexte de ménager la médiocrité des élèves, on l'obligea à
ne pas achever l'explication de la Politique d^Ariosie, et on l'invita
à interpréter Sallustc. Ce ne fut qu'après de longues instances
qu'on l'autorisa, deux ans plus tard (1580), à expliquer Tacite dont
le génie si original avait de nombreux détracteurs. Ardent à lutter
contre rindiiïérence croissante de la jeunesse romaine à l'égard des
lettres,il s'eiïorçaitde varier les éludes qu'il dirigeait et d'en rehaus-
série prestige. Voyant surgir de nombreuses objections contre l'étude
des langues mortes, il s'efTorçait de les réfuter, sans en nier la force,
et démontrait de son mieux l'utilité d'une forte culture littéraire
comme préparation aux études plus spéciales du droit, de la méde-
cine ou de la théologie.
Pendant trente-cinq années d'enseignement, la santé de Muret
s'était sensiblement délabrée. Fatigué par ces nombreux importuns
et solliciteurs qui s'empressent toujours autour des hommes en
faveur, il avait en outre à lutter contre la turbulence et l'insolence
des étudiants (3). Les mœurs scolaires des jeunes Romains à cette
époque étaient vraiment étranges, et l'on plaint les savants qui
(1) En 1584 il reçut de Pologne deux médailles d'or, Tune à Tcffigie du
roi, Tautre à celle de Jean Zamoyski.
(2) Déjà en 1570 on avait vainement offert à Muret une chaire d'huma-
nités dans cette Université.
(3) Il était servi dans cette lutte par une verve railleuse dont les traits
étaient fort piquants. Comme un étudiant agitait, pendant le cours, une
clochette de bélier, Muret s'écria, dit-on : « Pour tant de betcs, il faut
bien un conducteur ». Ses ouvrages d'érudition contiennent maintes
plaisanteries malicieuses. La mystification qu'il infligea à Joseph Sca-
liger est célèbre : il lui fit prendre des vers latins de sa composition
pour des fragments des anciens comiques Trabéas et Atlius.
16i SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET lIlSTORlQtJE DU LiMOUSiK
prodiguaien leur zèle à un auditoire bien indigne. Enfin lassé et
dégoûté, Muret implora du pape sa mise à la retraite; elle lui fut
accordée le 1'' novembre 1584, avec une pension annuelle de
300 écus d'or. De plus on lui laissa ses bénéûces ecclésiastiques.
Il avait en outre une fortune personnelle qui s'élevait à environ
10,000 écus d'or (i).
La retraite n'avait nullement diminué le crédit de l'homme que
Grégoire Xlli appelait le flambeau et la colonne {lumen et columen)
de l'école Romaine (3). Nonseulement il était appelé à prononcer
l'oraison funèbre de Paul de Foix, archevêque de Toulouse et
ambassadeur de France auprès du Saint-Siège; mais c'était lui que
l'on choisissait pour adresser une grave exhortation aux cardinaux
prêts à entrer en conclave pour élire le successeur de Grégoire XIII
(1585).Ses loisirs trouvaient leur emploi dans de nouveaux travaux
littéraires, dont il se délassait par les joies de l'amitié. Il s'était lié
en particulier d'une solide atTection avec de nombreux membres
de la Société de Jésus ; c'est là ce qui a permis parfois de supposer
quil avait appartenu à cette société; mais cette hypothèse n'a
aucun fondement. Outre l'amitié, il goûtait les joies d'une quasi-
paternité; il avait fait venir auprès de lui le ûls d'un frère mort,
et s'était chargé de l'éducation de l'orphelin; il ne se borna pas à
lui donner un précepteur; il travailla lui-même à faire de son
neveu un homme instruit, pieux et sage. Pour former son àme, il
composa nue Institutio Ptim/is (1578) et une collection de Sentences
grecques (1580), où il condensa tous les conseils que lui suggérait
son expérience et sa piété.
Les derniers mois de sa vie furent marqués par un redoublement
de dévotion, auquel se mêlait le remords de ses erreurs passées.
En prévoyance de la mort qu'il sentait voisine (3), il fil son testa-
ment le 19 mai 1585. Il constitua son neveu légataire universel, en
(1) Il en consacra 5,000 à acheter (15B2) une fort belle maison au pied
du Quirinal. Ses idées de retraite remontent à Tannée 1581, où il priait
un ami de lui indiquer un placement sûr qui, en lui donnant un revenu
de 800 écus, assurerait le repos de sa vieillesse.
(2) Remarquons que, malgré Testime des papes, Muret ne reçut pas
la pourpre, suprême honneur qui avait couronné la carrière de plusieurs
savants du xvi^ siècle.
(3) Il se plaignait de douleurs vives depuis 1582; il a décrit ses souf-
frances dans une lettre datée du mois d'août 1584- adressée à J. Gillot
(publiée par M. de Nolhac, Mélanges Graux, p. 402). Un de ses contem-
porains, Orazio Cardaneto, déclare qu'il est mort d'hydropisie (Vaticanc',
ms. 5317, H, p. 493).
k ARC- ANTOINE DE MCRËt iCo
lai recommandant parlicnlièrement de n'aliéner aucun livre de sa
bibliothèque, sous peine de payer aux Frères Mineurs cent écus
d*or pour chaque livre. Il fixa le lieu de sa sépuKure : la première
nef (celle de gauche) de Téglise de la Sainte-Trinité du Monte-
Pincio, ou église des Frères Mineurs de Saint-François-Je-Paule.
On trouve aussi dans son testament, son épitaphe, composée par
lui-même : elle ne respire que la piété et la modestie ; rien n'y
rappelle les succès de Thumaniste. Les deux exécuteurs testamentai-
res désignés par Muret étaient Nicolas de Pellevé, cardinal de Sens,
et Charles de Lorraine-Vaudemont, cardinal de Saint-Etienne au
Honte Geiio. Quant au notaire, c'était un Limousin : Jean Junien,
clerc public du diocèse de Limoges, notaire de la Chambre aposto-
lique et des causes du Sacré Palais apostolique.
Muret mourut quelques jours après (4 juin 1588). Le lendemain,
en présence des deux exécuteurs testamentaires, son élève et ami
fienci prononça son oraison funèbre (1).
(1) Le neveu, quiavait le même prénom que son oncle, mourut le 6 octo-
bre 1586, n'ayant survécu que seize mois à son second père. Le Bulletin
a publié (XXXVI, 202) un extrait (en italien) de son testament; le texte
complet de cet acte, en latin, daté du 29 septembre 1586, est confirmé par
un codicile du 2 octobre 1586 (XXXVI, 447). Il demande à être enseveli
près de son oncle ; il lèg^e à sa mère Anna et à ses deux sœurs, demeu-
rant à Limoges, une somme de 1,500 écus à partager également par
tiers; au Collège Romain (Jésuites), tous les livres de son oncle; pour
doter vingt orphelines pauvres, 1,000 écus; etc., etc. En dehors de ces
legs, il nomme héritiers universels ses « fidèles et illustres amis »
Ludovicus Rivaldus (Louis lUvaud, archidiacre de Venise, Limousin) et
Marc-Antoine Lanfranco (de Vérone). Le testament fut reçu par le
notaire Jean Junien, de Limoges, Son épitaphe (Bulletin, XXXVI, 204)
indique quUl n'avait vécu que seize ans et cinq mois. Au dire de Benci,
il promettait d'égaler son oncle (Vitrac a cru à tort que le neveu était
mort- le premier). — La bibliothèque de Muret, conservée longtemps au
Collège Romain des Jésuites, a subi de fortes mutilations & Tépoque de
la sécularisation des biens des ordres religieux. Une partie se trouve
aujourd'hui dans la Bibliothèque Victor-Emmanuel à Rome ; cette Biblio-
thèque possède 143 ouvrages portant des notes ou inscriptions de la
main de Muret; parmi ces 143 volumes, sont compris 4 mss. grecs
(n^ 6, Scholia Min. in Iliadem; n^ 8, Iliadis lib. /, cum notis latinis; n°17,
Guarini Erotemata ; n^ 18, Porphyrii Isagoge), Le directeur de cette
Bibliothèque, qui a eu l'obligeance de me fournir ces indications, ajoute :
« Non è escluso perè che in biblioiheca ci sieno altri libri provenienti
dal Murelo, che i gesuiti avevano confuso nella loro biblioteca. Nou si
haniio qui notizie di allro biblioloche che conservino libri appartenenti
al Muroto. »
T. I,V 1 l
166 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
*
La renommée de Murel se mainlint, après sa mort, aussi bril-
lante que de son vivant. Plusieurs de ses ouvrages eurent de nom-
breuses éditions au xvn* et au xvni» siècles. Mais après cette uni-
verselle admiration, la critique du xix« — en particulier la critique
allemande — n'a souvent vu en lui qu*un philologue superficiel et
qu'un beau parleur. Tout en reconnaissant que Muret n'a pas été un
profond jurisconsulte, qu'il n'a pas porté dans la philologie des
vues géniales ni possédé une science de l'antiquité ausssi étendue
que Juste Lipse ou Sigone, il Taut dire que sans lui l'espace serait
vide enirc Erasme et les grands savants Joseph Scaliger ei Casau-
bon. On doit dire aussi, à son éloge, que nul mieux que lui n*élait
capable de faire aimer l'érudition. Peu de professeurs furent plus
dévoués à leur métier, plus soucieux de rendre renseignement
intelligent, clair et vivant (1). Orateur disert, mais non grand
orateur, capable de sentir la banalité des lieux communs et de s'en
garder, il était surtout un latiniste d'une rare pureté. Cette dernière
qualité fit de Muret un « classique » à une époque relativement
récente. L'essayiste anglais Mark Pattison note que, au début du
XIX* siècle, les œuvres, ou du moins des extraits de Muret étaient
aussi familiers aux élèves de rhétorique que Térence ou Ovide ; et
vers la fin du même siècle on voit encore les Œuvres choisies de
Muret imprimées par une des principales maisons d'éditions clas-
siques de l'Allemagne. On chercherait vainement en France de
telles marques de faveur : et pourtant on trouve dans ses œuvres
uu agrément, une aisance, un bon sens, un don de plaisanterie, où
Ion devine tout de suite un esprit français, souvent môme un esprit
gaulois. Assez libre et assez original pour ne pas s'enfermer dans
un pédantisme aride, il donne l'impression non d'un docteur pesant,
mais d*un homme alerte et avisé. Peut-être son caractère valut-il
moins que son esprit. Cependant, en dehors des égarements de sa
vie privée durant sa jeunesse, il savait aimer et se faire aimer;
(1) Ces qualités expliquent sans doute le succès qu'eurent ses éditions
de Térence et d'Horace ; les presses des Manuces n'ont pas imprimé
moins de dix fois son Térence de 155:3 à 1594, et son Horace moins de
six fois de 1555 à 1570, sans compter les éditions d'Anvers, de Lyon, de
Paris, etc. Il est fort probable que ces ouvrages, pourvus d'annotations,
étaient ce que nous appelons des livres de classe. — 11 n'est pas à notre
connaissance qu'aucun imprimeur limousin ait réédité d'ouvrages de
Muret. Toutefois les lettrés Limousins lisaient les œuvres de leur com-
patriote. La librairie de Jacques Barbou contenait (d'après l'inventaire
de 1005; BulL de la Soc. arch. du Liin,, t. XLVII) : 3 Orationes, 3 Ora-
tionum in Catil, expUcatio, 12 InslUutio puerilis, et 3 Juvenilia,
MAHC-ANTOINE DB MURET 1C7
tout en étant, à roccasion, malicieux, mordant et même capable de
haine, il eut des affeclions qui Thonorent. En définilive, sans
justifier le titre hyperbolique de nouveau Démosihèneou nouveau
Cicéron que lui prodiguèrent trop iiite ses contemporains et en
particulier ses compatriotes. Muret valait mieux que l'oubli dédai-
gneux où est tombé son nom.
Franck Delage.
168 sociéré ARCiiéoLOGiQUE et historique t>Ù LlMOCâlM
APPENDICE I
(Chronologie des œuvres de Muret et des diverses éditions. — Les œuvres
françaises sont marquées d'un astérisque * ).
1545? Julius Caesar, tragédie latine.
— Eglogues en Thonneur du cardinal d'Armagnac. (Œuvre perdue.)
1551 Epigramme latine en tête du de Collegio AuscUano, de Bernard
du Pouy. — Toulouse.
— Annota tiones in Andriam et Eunuchum Terentii. (Dédicace à
Jean Costecandus.) — Paris, Vascosan.
1552 Oratio de dignitate et praestantia studii theologici. (Dédicace à
Et. Potier.) — Paris, Vascosan.
' — Ode, en tête de : Premier livre de la Chronique de Dont Florès
de Grèce, mise en français par le seigneur des Essarts.
— Paris, Etienne Grolleau.
*1553 Commentaires sur les Amours de Ronsard. (Déd. à Adam
Fumée.) — Paris, V« M. de La Porte; avec portrait.
— Juvenilia, contenant: Julius Caesar, 10 Elegiac, 2 Satirae, 108
Epigrammata, 3 Epistolac, 6 Odae. (Déd. à Jean Brinon.) —
Paris, V* M, de La Porte ; avec portrait.
• — Sonnet, en tête des Amours d'Ol. de Magny. — Paris, Groul-
leau.
— Commentarii in Ethica Aristotelis. — Paris.
* — Sonnet en tête du Prince de Machiavel, traduit par Gaspard
d'Auvergne. — Poitiers, de Marnef.
1554 Edition de Catulle, avec commentaire. (Déd. à Bernardo Lore-
dano.) — Venise, Paul Manuce.
— Edition de TibuUe, avec commentaires. — Venise, P. Manuce.
— Traduction latine du livre VII des Topiques d'Aristote^ avec le
commentaire d'Alexandre d'Aphrodisia. (Déd. à Memmius
Frémyot.) — Venise, P. Manuce.
1555 Orationes très de studiis litterarum. (Déd. à Girolamo Ferri.)
— Venise, P. Manuce.
— Edition d'Horace, avec notes de Muret et de Manuce. (Déd, à
Jean d'Avançon.) — Venise, P. Manuce.
HAHC-ANTOINE DE MURET 169
* iH
•
1555 Chansons spirituelles, mises en musique par Cl. Goudimel. —
Paris, Nie. Duchemin.
— Epigrammata, dans Flores Epigrammatum, de Léger-Duchesne.
— Paris, Pierre Béguin.— Réimpression en 1560 (G. de Mamef).
— Edition de Térence, avec notes et arguments. (Déd. à Giacomo
Soriano). — Venise, P. Manuce.
1556 Sonnet en tête des Poésies de Jean de la Péruse. — Poitiers,
Mamef et Bouchet. — Cf. Tédition de Benoist Rigaud, Lyon,
1577.
— Orationum Ciceronis in Catilinam explicatio. (Déd. à Leonardo
Mocenigo.) — Venise, P. Manuce.
1557 Idem, — Venise, J. Gryphius.
— Ode en tête de la traduct. du 1. X à*AmadU^ par Jacques Giohory.
— Paris. — Cf. Tédition de Benoist Rigaud, Lyon, 1575.
1558 Catulle, Tibulle et Properce, avec notes. (Déd. à B. Lore-
dano, à Torquato Bembo et à Fr. de Gonzague.) — Venise,
P. Manuce.
— Préface pour la traduct. de YEthique d'Aristote, par Lambin.
— Térence (2« édition aldine.) — Venise, P. M.
1559 Variae lectiones (8 livres; — déd. à Hippolyte II d'Esté.) —
Venise, Jiordano Zilletti.
— Horace (2« édit. aldine). — Venise, P. M.
— Commentarii in Catullum, Tibullum et Propertium. — Lyon,
Guill. Roville.
1560 Térence (3« édit. aldine). — Venise, P. M.
— Oratio ad Pium IV, Francisco II régis Galliae nomine. —
Rome, Ant. Blade.
1561 Oratio ad Pium IV, Antonii Borbonii Navarrorum régis et
Joannae Albretiae reginae nomine. — Lyon, Michel Jove.
— Oraison pour Antoine et Jane, roy et royne de Navarre. (Tra-
duction franc.) — Lyon, Michel Jove.
— Idem, — Rouen, Martin le Mégissier.
Horace (3® édit. aldine). — Venise, P. M.
— Térence (4« édit, aldine). — Venise, P. M.
— Epistolae mutuae Mureti et Lambini. (Dans Epistolae clarorum
virorum, réunies par Michel Bruto.) — Lyon, héritiers de
Sébastien Gryphe.
1562 Catullus, Tibullus, Propertius (avec notes). — Venise, P. M.
— Ciceronis Philippicae (avec comment. ; déd. à Tumèbe). —
Paris, Gabriel Buon.
1563 Térence (5« édit. aldine). - Venise, P. M.
1564 Horace (4« édit. aldine, avec notes et préface de Michel Bruto).
Venise, P. M.
— Orationes très [dont les discours au nom de François II et du
roi de Navarre ; — déd. à Alexi Paganucci]. — Rome.
1565 Térence. — Anvers, Plan tin.
— Annota tiones M. A. Mureti et Fr. Fabricii Marcodurani in sex
Terentii comoedias. — Anvers, Plantin.
170 SOCIÉTÉ AliCUÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1565 Traduction latine du 1. V de VEthique d'Aristote. — Rome, Ant.
Blade.
1566 Horace (5« édit. aldine; cf. 1564). — Venise, P. M.
— Térence (6« édit. aldine). — Venise, P. M.
— Oratioad Pium IV, Alfonso II Ferrariae ducisnomine. — Rome,
Accoiti.
— Vers latins (M. A. Mureti carmen; liber Connani lectorem
aUoquitur) pour les CommenUrii Juriscivilis de F. Connan. —
Lyon, héritiers de Jacques Giunta.
1567 Traduction latine du 1. Il de la Rhétorique d'Aristote. (Déd. à
Georgio Gozzi.) — Rome.
1570 Horace (6« édit. aldine; cf. 1564). — Venise, P. M.
— Horace (7« édit. aldine). — Venise, P. M.
— Térence (7« édit. aldine). — Venise, P. M.
— Térence. — Paris, Turrisan.
1571 Commentarii in libros V Ethicorum Arist. — Venise, Marco
Amadori.
— Orazione recita ta per ordine del popolo Romano dopo i ritorno
in Roma de Tillustrissimo e excellentissimo Sig. Marc-Anto-
nio Colonna. — Rome.
— La même, en latin. — Rome.
— Orationes (vol I ; — déd. à Scipion de Gonzague). — Rome.
— Idem, — Venise, Marco Amadori.
1572 Carmen votivum ad Beatiss. Virginem quae colitur in Aede
Lauretana. — Rome, héritiers d'Ant. Blade.
— Idem, — Paris, J. Dalberius.
— Oratio in funere Pii V. — Padoue, Robert. Mejeti.
— Idem, — Venise.
* -— Oraison prononcée devant le pape Grégoire XIII touchant
rheureux et admirable succès de Charles IX en la punition
des chefs des hérétiques, — Lyon, Benoit Rigaud. — (La
traduction est de Muret, selon du Verdier.) — Rééditée par
le même en 1573.
1573 Oratio pro Carolo IX, Gregorio XIII debitam obedientiam
praestante. — Rome, héritiers d'Ant. Blade.
— Idem, — Paris, Michel de Roigny.
— Idem, — Lyon, Benoit Rigaud.
— Variae lectiones (8 livres). — Paris, Mich. Clopéiau.
1574 Térence. — Anvers, Plantin. (Cf. 1565).
— Oratio habita Romae in funere Caroli IX. — Rome, héritiers de
Blade.
— Idem, — Florence, Junta.
— Idem, — Venise, Aide Manuce.
— Idem. — Paris, Frédéric Morel.
— Oraison funèbre faite à Rome aux obsèques de Charles IX, tra-
duite en français et mise à côté du latin, par M, Jean Le
Frère de Laval. — Paris, Nie. Chesneau.
— Idem, — Lyon, Benoit Rigaud.
MARC* ANTOINE DE MURET 171
1574 Pièce de vers dans le Tumulus de Jacques Charpentier. —
Paris.
1575 Discours pour François II et le roi de Navarre (en latin). —
Venise, Aide Manuce.
— Senecae de Providentia liber, (Déd. à Hieron. Ottoboni. —
Rome, Joseph de Ângelis.
— Térence (8« édit. aldine). — Venise, Aide Manuce.
— Térence, d'après Tédition de Muret. — Cologne, Birkman.
— Orationes XXIII ; interpretatio quinti libri Ethicorum; Ilymni
sacri et alla Poematia. — Venise, Aide ; avec portrait.
1576 Orationes XXIII. — Venise, Aide.
— - Oraison pour Henri III prononcée devant Grégoire XIII. (Tra-
duction française de fturet, selon du Verdier). — Paris,
Fréd. Morel.
— Térence. — Anvers, Plantin (3« édit. Plantine).
— Hymnorum sacrorum liber; alia Poematia. — Paris, Mamert
Pâtisson, au logis de Robert Estienne.
1 577 Horace, édité par Pulmann, avec des notes de Muret, Manuce
et Hartung. — Anvers, Plantin.
— Horace, avec notes de Turnèbe, Muret et Aide Manuce. —
Paris, Mart. Lejeune.
-r- Commentaire (latin) sur les Catilinaires. — Venise, J. Gryphius.
— Orationes XXV; interpretatio quinti libri Ethicorum. — Paris,
Marc Laqueneulx.
— Aristotelis de Arte Dicendi liber secundus. (Traduct. lat. ; —
déd. à Georgio Gozzi.) — Rome, héritiers de Blade.
1 578 Variae lectiones (8 livres). — Paris.
— Institutio puerilis (Déd. à son neveu Marc-Antoine). — Rome.
1579 Proefationes ac Epistolae Mureti, Lambini et Regii. ~ Paris,
Jean de Heuqueville.
1580 Sententiae graecae (Déd. à son neveu âgé de neuf ans). —
Rome.
— Variae lectiones (15 livres ; déd. à Hippolyte d'Esté). — Anvers,
Plantin.
— Epistolae. — Cologne.
— Idem, (Déd. à Jean Nicot.) — Paris, Coulombel et Clopéian.
— Térence (4« édit. Plantine). — Anvers, Plantin.
— De origine et progressu juris romani ; de Legibus, senatus
consultis, responsis prudentum et constitutionibus principum;
in titulos de jurisdictione et de officio ejus cui mandata est
jurisdictio. (Déd. à Paulo Sacrato.) — Rome.
— In Horatium Commentarii. — Bàle.
— Tacili Annalium liber primus (avec notes). — Rome, héritiers
de Blade.
1581 Hymmorum sacrorum liber; alia Poematia. — Rome, Georgio
Ferrari.
— Taciti Annalium liber secundus. — Rome, Vincenti Accolti.
472 sociéré archéologique et historique du limousin
I08I Commentaire (latin) sur les Catilinaires. — Paris, Coulombel
et Clopeian.
— Lettres de Muret dans : PauU Sacrati Epistolarum libri sex. —
Lyon, héritiers de Mathieu Fouchier.
1582 Edition de Catulle, TibuUe et Properce, par Joseph Scaliger,
avec les notes de Muret, — Anvers, apud iEgidium Radœum.
1583 Les six comédies de Térence, corrigées par M. A. de Muret
(avec trad, franc.). — Paris, François Gueffier.
— Idem. — Paris, Courbon.
— Monodia in obitum Christophori Thuani. (Dans le Chr, Thuani
Tumulus.) — Paris, Mamert Pâtisson.
— Orationes XXV; interpretatio quinti libri Ethicorum Aristo-
telis. — Lyon, Barthélémy Honorât.
1584 Idem (avec annotations). — Rome, Accolti.
— Hymnorum sacrorum liber ; alla poematia, aucta. (Suivis des
poésies latines de Sannazar.) — Ingolstad, David Sartor.
— Oratio in funere Pauli Foxii archiepiscopi Tolosani. — Rome,
Francisco Zanetto.
— Idem, — Paris.
— Oraison funèbre prononcée aux funérailles de... Paul de Foix.
(Traduct. franc.de André Duval.) — Paris, Coulombel. (Cette
oraison fun. a été réimprimée au-devant des Lettres de Paul
de Foix; Paris, 1628).
• — Commentaires sur le !«' livre des Amours de Ronsard. (Cf. 1553.)
— Paris, Gabriel Buon. — Cf. edit. Galland, Paris, 1622.
— Pièce de vers latins en tête des Commenlarii de rébus gestis
PU secundi. — Rome.
— Institutio puerilis (avec annotations). — Rome, V. Accolti.
— Epistolae. — Ingolstad, Adam Sartor.
— Orationes Mureti (avec les discours de Sigone et de Perpiniani).
— Ingolstad, Adam Sartor.
1585 Institutio puerilis (avec annotations) et Monodia in obitum
Thuani. — Paris, Richer.
— Aristotelis Rhetoricorum libri duo. (Traduct. latine ; déd. à
Benci.) — Rome, Bartholomo Grassi.
— Oratio ad Cardinales, cum subrogandi Pontificis causa conclave
ingressuri essent. — Rome, Fr. Zanetto.
— Idem. — Padoue, Mejetti.
— Notes (lat.) sur Sénèque. (Déd. à Benci.). — Rome.
— Notes de Muret et de Fabricius sur Térence. — Anvers, Plantin.
— Orationes quatuor antehac nunquam in Germania excussae. —
Ingolstadt.
1586 Oratio de Ci rcumcisione ; Hymni aliquot. — Paris, Fréd, Morel.
— Variae Lectiones (15 livres). — Anvers, Plantin. (Cf. 1580.)
— Idem. — Paris, Thomas Brumann.
— Orationes; interpretatio quinti 1. Ethicorum Aristotelis (avec
les discours de Sigone). — Lyon, Symphorien Béraud et
Etienne Michel*
MARC-ANTOINE DE MURET 173
1587 Senecae opéra, Mureti emendata noiisque illustrata. — Paris,
Nie. Nivelle.
1588 Térence. (9« édit. Aldine.) — Venise, Aide M.
— Orationes; interpréta tio quinti libri Ethicorum. (Avec les
discours de Sigone.) — Paris, Et. Valletie.
1589 Deuxième volume des Orationes. (Edité par Benci.) — Rome.
1590 Orationes ; interpréta tio quinti libri Ethicor. (Avec les discours
de Sigone.) — Lyon, Ant. Gryphe.
— Juvenilia. — Barth en Poméranie. (Ex offlcina Principis.)
1591 Mureti Opéra. — Ingolstad, David Sartor.
1592 Orationes, Epistolae, Hymni. (Avec préface de J. Craeselius.)
— Ingolstad, Adam Sartor.
1593 Térence. (5* édit. Plantine.) — Anvers, Plantin.
159't Térence. — Venise, Dom. de Farris.
— Variae lectiones (15 livres ; 3« édit. Plant.). — Anvers, Plantin.
— Idem. — Leyde, Basson.
— Idem. — Lyon, héritiers de G. Roville.
1595-96 Orationes, Epistolae, Hymni sacri. — Ingolstad, Ad. Sartor.
1599 Idem. — Ibidem.
1600 Orationes auctaeduobus orationibus nunquam editis. -~ Anvers,
Martin Nutz.
— Idem. — Ingolstad, G. Willer.
— Epistolae, Hymni et Poemata. — Cologne, Ant. Hierat.
— Variae lectiones (livres 16 à 19) et Observationes juris. —
Augsbourg, Velser,
1601 Orationes (2 vol.). — Cologne, A. Hiérat.
1601 Commentarii in IV Titulos libri I Digestorum de origine juris,
etc. — Francfort.
1602 Justiniani Institutiones (avec notes). — Lyon, Ant. Robert.
— Commentarii in Arisiotelis X libros Ethicorum et in (JEcono-
mica ; Arisi. Topîc. libri VII interpréta tio ; Comment, in I
et II libros Platonis de Republica ; Notae in Cyropoediam et
Anabasin Xenophontis ; Versio et Comm. in I et II libros
Rhetoric. ArUtotelis; Notae in I 1. Quaest. Tusculan. Cice-
ronis, in très libros de Officiis, in quinque de Finibus et in
oratione pro Dejotaro; Comm. in Catilinarias (2 vol.). —
Ingolstad, Ad. Sartor.
1604 Commentarii in V libros Annalium Taciti ; notae in Sallustium*
— Ingolstadt, Ad. Sartor.
— Epistolae, hymni et poemata. — Lyon.
— Variae lectiones (19 livres). — Francfort.
— Notes de Muret sur Catulle, Tibulle et Properce, réimprimées
dans Tédition Variorum. — Paris, Claude Morel.
— Senecae ad Lucilium Epistolae (avec notes de Muret, d'Erasme,
de Gruter, etc.). — Heidelberg, Comelin.
1606 Variae Lectiones (livres 16 à 19). — Augsbourg, Andréas
Schott.
— Idem. (15 livres). — Paris.
174 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1606 Orationes (avec les discours de Sigone). — Lyon, Ant. de Harsy.
— Epistolae, Hymni, Poemata omnia. — Idem, ibidem.
1607 In utrumque Seneeam commentarii. — Paris.
1608 In Tacitum commentarii. — Paris.
— Commentarii in Titulos ad materiam jurisdictionis pertinentes.
— Strasbourg.
1609 Orationum volumina duo. — Cologne, Ant. Hiérat.
— Idem, — Anvers, Verdussen.
— Traduction latine du sermon de saint Jean Chrysostome sur
saint Jean-le-Théologien. (Dans Fédition de Saint Jean Chr.,
par le P. Fronton du Duc.) — Paris.
1610 Horace (d'après TAldine.) — Lyon, héritiers de G. Roville.
— Annotatianes in Petronii Satyricon. — Francfort.
1611 Juvenilia. — Spire, Kembach.
1613 Orationes. — Lyon.
— Réimpression des Discours prononcés au nom d'Ant. de Bour-
bon et de François II, dans Orationes Gralulatoriae, —
Hanovre, Wechel.
1615 Orationes. — Mayence.
1619 Notes sur Térence (avec les notes d^Erasme et autres.) —
Francfort, Ch. Winckel.
— Scholia ad Terentii comoedias. — Naples.
1621 Commentaires sur les Catilinaires, réimprimés dans Commen-
taria selecta doctissimorum virorum. — Cologne.
— Hymni in Beatam Virginem, cum paraphrasi Attica et parodia
Fred. Morelli, Gr. Lat. — Paris.
1622 Epistolae, Hymni sacri et poemata. — Strasbourg.
1629 Orationes, Epistolae. — Leipzig.
1661 Idem, — Cologne.
1664 Variae lectiones, réimprimées dans le tome II de la Lampas
Critica de J. Gruter. — Francfort.
1672 Orationes. Epistolae, Poemata. — Leipzig, J. Thomasius; avec
portrait.
1680 Notes de Muret sur Catulle, TibuUe et Properce, réimprimées
dans rédition J. G. Graevius. — Utrecht.
1690 Réimpression améliorée de l'édition de 1672. — Leipzig.
1714 Orationes, Epistolae, Poemata (avec préface par J. Thomasius,
biographie par Andréas Schott, et portrait.) — Leipzig, hé-
ritiers de J. Grossius.
1715 Orationes, etc. — Cologne.
1727-30 Mureti Opéra (4 vol., avec portrait.) — Vérone, J.-Alberl Tu-
mermann.
1740-41 Opéra Selecta. — Padoue, J. Checoti.
1757 Amoenitates poeticae, sive Theod. Bezae, Mureti et J. Secundi
Juvenilia (avec portrait par Ficquet.) — Paris, Barbou.
— Juvenilia de Muret et Th. de Bèze. — Leyde.
1771 Comentarii inTitulosad materiam jurisdict. pertinentes. — Halle.
MAltC- ANTOINE DE MURET 175
1779 Amoenitates poeticae (Cf. éd. de 1757; en plus, les Juvenilia de
J. du Bellay.) — Paris, Barbou.
1789 Opéra Omnia (4 vol. ; avec portrait gravé par Jonzis.) — Leyde,
Rubnken.
1791 Variarum lectionum libri XVIII, cum Observa tionum juris libro.
— (2 vol.; édition F.-A. Wolf.) - Halle.
1809 Opéra Selecta, édités par Keyser (avec une lettre-préface de
Fred. Creuzer.) — Heidelberg.
1819 Paraphrasis in Rhetoricam Aristotelis, par Ant. Riccoboni,
avec les traductions de Muret, Maioraggi, Sigone et Vettori. —
Oxford.
1822 Cf. 1819. — Londres, Bothe.
1824-26 Orationes et Epistolae, éditées par Kappe, Rubnken et Kirchbof
(2 vol.) — Hanovre, Helwing.
1824-41 Variae lectiones (19 livres) et Observa tiones Juris (éditées par
F.-A. Wolf et J.-H. Faesbius; 3 vol.). — Haie, Ilemmerde.
1826 Selectae Epistolae, praefationes et orationes. — Nordhausen.
1834-41 Orationes, Epistolae, Carmina, Variae Lect., Observât. Juris
(4 vol.). — Leipzig, Frotscher.
1838-39 Térence, édition Pasewalcia, contenant les commentaires de
Muret.
1871-72 Scripta Selecta (Edition classique, par Frey ; 2 vol.) — Leipzig,
Teubner.
* 1883 Lettres inédites de Muret, publiées par P. de Nolbac. — Mé-
langes Graux, Paris.
1887 Eclogae latinae Mureti, Ernesti, Runkeni aliorumque operibus
a Zumptio descriptae (4* édit. par H. Wolf).
— Cf. 1871. — Leipzig, Teubner. '
1888 Lettres inédites, adressées au duc de Mantoue (Bulletin de la
Soc. arcb. du Limousin, t. XXXVI, p. 191-199).
Nota. — Nous publierons un paquet de lettres inédites de Muret dans
le tome LVI du Bulletin de la Société.
176 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
APPENDICE II
(Hommages, éloi^es, jug^ements, ranseignemenis divers sur la vie et les
œuvres de Muret. — Les noms des auteurs qui ont adressé à Miuret des
hommages poétiques sont en italiques).
Bernard du Pouy : De collegio Auscitano carmen ad posteritatem (Tou-
louse, 1552).
Baîf : Vers grecs et vers latins en tête des Juvenilia de Muret (1553).
— Amours (f« 9, Paris, 1572; f» 29, Paris, 1577).
Dorai : Vers latins en tête des Juvenilia de M. (1553).
— Eglogues (p. 61, Epitre en vers latins; Paris, 1586).
Nicolas Denisot (Cornes AÎsinous) : vers latins en tête des Juvenilia.
Buchanan : Vers latins et vers grecs ; id,
Jodelle : Vers latins ; id,
Jean Vermelian d*UsseI ; id,
Ronsard : Elégie (dédiée à M.; Amours, 1. I; 1553).
— Les Iles Fortunées {Poèmes, 1. II; 1560).
— Dithyrambe récité à la pompe du bouc de Jodelle (1553).
— Epigramme traduite de Posidippe (1553) (édition Galland,
t. II, p. 1325).
— Epigrammes sur la génisse de Myron (1553) {id., II, p. 1323).
— Lettre à Passerat (œuvres de Ronsard ; Blanchemain, 1867,
t. VIII, p. 168).
F, Le Duchat : Praeludiorum libri (f* 30; Paris, 1554).
Jean de la Péruse : Médée et autres diverses poésies (Poitiers, 1555).
Jacques Grévin : Discours du théâtre en tête de Jules César (Paris,
1562).
Lambin : Commentaires sur Lucrèce (dédicace du 1. IV; Paris, 1564).
G. Ganter : Novae lectiones (t. III, c. 7; Anvers, 1571).
Olivier de Magny : Amours (1553) (p. 85; Paris, 1572).
Marc Monier : Epigrammata {n^* 20, 21, 216; Bordeaux, 1573).
Conrad Gesner : Bibliotheca (revue par SimIer, Zurich, 1574).
Aide Manuce : Epitre dédicatoire du De Epistolis commentarius (Venise,
1575).
Christ, de Cheffontaines : Fidei majorum nostrorum defensio (p. 165;
Plantin, 1575).
itARC- ANTOINE DE MURET 177
Pierre le Loyer : Erotopegnia (p. 22; Paris, 1576).
L. Carrio : Lectiones antiquœ (I. I, c. 17; II, 9 et 29; Anvers, 1576).
Scévole de Sainte-Marthe : Carmina (f® 29; Paris, 1577).
— — Gallorum doctrina illusirium Elogia (articles
Muret et Fauveau; Poitiers, 1598).
Guy le Fèvre de la Boderie : Galliade (Paris, 1578).
Claude Binet : Petronii Arbitri Epigrammata (Poitiers, 1579).
Montaigne : Essais (I, 25; Bordeaux, 1580).
— Voyages (p. 694 de Tédîtion Desrez ; Paris, 1837).
Th. de Bèze : Histoire Ecclcs. (1. IV, p. 55 't ; Anvers, 1580).
Et, Pasquier : Epigrammes latines (1. V, n° 106; 1582).
Joachim Blanchon : Premières œuvres poétiques (f** 280 et 301 ; Paris,
1583).
— Sixain sur la carte du Limousin de Fayen (Tours, 1 594).
Du Monin : Le Triple Amour (Paris, 1584).
La Croix du Maine : Bibliothèque (p. 305-307; Paris, 1584).
Du Vcrdier de Vauprivas : Prosopographie (1. VIII ; Lyon, 1573).
— — Bibliothèque (p. 839-840; Lyon, 1585).
F. Benci : Oratio in funere Mureti (Rome, 1585 ; Paris, Coulombel, 1585;
Lyon, Benoist Rigaud, s.d; id.^ 1587; Ingolstad, 1587;
réimprimé en tête de nombreuses éditions des œuvres de
Muret).
— Epicedion (vers latins); Rome, 1585).
Philippus Poelarius : Epicedion (vers latins; en tète des principales
éditions de Muret, 1585).
Pantaléon Thevenin : Vers latins sur la mort de Muret (1585).
Guillaume Blanc d'Alby : id.
Juste Lipse : Centuria prima Epistolarum (Ep. 22, p. 25) ; — Variœ
lectiones (I, 2; II, 2, 4) ; — de recta pronuntiatione linguœ latin.'p
(I, p. 392); etc. (Anvers et Leyde, 1586).
G. de Lurbe : Chronique Bourdeloise (V. année 1547; Bordeaux, 1594).
Riccoboni : De gymnasio Patavino (Padoue, 1598).
J.-A.deThou : Histoire (1. L, p. 258; LXXXII, p. 352 et 410; édition de
Londres, 1734).
— Mémoires (année 1574^p. 579-580; année 1588, p. 632;
édition Desrez, Paris, 1836).
Torquaio Tasso : Sonnet sur la mort de M. A. Muret. (Dans les Rime,
t. IV, p. 277, de l'édition Solerti, Bologne, 1902).
Joseph Scaliger : PoemsLia (Plantin, 1615; dédicaces datées de 1562,
1565).
— Fabulse Burdonianse confutatio (Leyde, 1608).
— Scaligerana (Amsterdam, 1695).
— Lettres inédites (publiées par Tamizey de la Roque ;
Agen, 1881).
Guill. Colletât : Biographie manuscrite (Biblioth. du Louvre).
— Vie de Pierre de Ronsard (publiée par Blanchemain,
dans Œuvres inédites de i?., Paris, 1855),
178 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN
M. A. BoQciarius : Prœfatio in Epistolas (p. 19; Pérouse, 1603).
Vauquelin de la Fresnaye : Satires Françaises (Caen, 1605).
Gasp. Schopp : Scaliger Ilypobolimaeus (Mayence, 1607).
— Rhetoricae exercitationes (p. 17; Milan, 1628).
— De stilo historico (p. 64, id).
Béroalde de Verville : Palais des curieux (p. 502; Paris, 1612).
Andréas Schottus : Libri IV Tull. Quaest. (c. I, p. 269),
— Vita Mureti (Anvers, 1615).
Ant. Mornacius : Feriœ Foreuses et Elogia (Paris, 1619).
Draud : Bibliotheca classica (Francfort, 1625).
André Ducbesne : Histoire de la maison de Chasteigner (p. 380, 382-3;
Paris, 1634).
Joannes Imperialis : Musœum Historicum (Venise, 1640).
J. Nicias Ërythraeus (J.-V. Rossi) : Pinacotheca (I, passim; Cologne,
1643).
G. Vossius : Poeticse institutiones (1. II, c. 14; Amsterdam, 1647).
Ghilini : Teatro d'huomini litterati (p. 165; Venise, 1647).
J.-J. Boissard : Bibliotheca chalcographica; continuatio tertia iconum
virorum illustrium (portrait gravé par Ammonius; Francfort-a-M.,
1652).
Huet : De clara interpretatione (1. II, p. 159; Paris, 1661).
Rapin : Réflexions sur la poétique (n» 30 ; Paris, 1674).
Baillet : Jugements des savants (édition revue par La Monnoye, Paris,
1722; I, p. 177; II, p. 325; III, p. 77-78; IV, p. 453-454.
Ménage : Anti-Baillet (I, article 83; H, p. 234; Paris, 1668).
— Menagiana (I, p. 302; IV, 322-326; Paris, 1715).
La Monnoye : Observations sur VAnti-Baillet (p. 182).
Jacob Thomasius : Vita Mureti (Leipzig, 1672).
M. Konig : Bibliotheca (t. V et n. p. 561 ; Amsterdam, 1678).
P. Moret : Poésies de Muret, mises en vers français (Paris, Chr.Journel,
1682).
Isaac Bullart : Académie des sciences et des arts (t. II, 1. 3., p. 190-
192, avec portrait signé de Larmessin; Paris- Bruxelles, 1682; réim-
pression par Dujardin, Paris, 1903).
Ant. Teissier : Eloges des savants, tirés de Thistoire de M. de Thou,
avec des additions (t. II, p. 1(^13 et p. 418-419; Genève, 1683).
La Faille : Annales de Toulouse (Toulouse, 1687).
Th. Pope-Blount : Censura celebriorum authorum (Londres, 1690).
Naudaeana et Patiniana (Paris, 1701; N. p. 34-35; P. p. 117).
Everard Otto : Thésaurus juris romani (t. IV, praef, p. 4; Leyde, 1725).
J. Voigt : Apologia pro Mureto criminis sodomiœ postulato (dans
VApparaius societalia Collig. de Leyser, I, p. 93; Wittemberg, 1717;
réimpression dans les Aménilés littéraires y 1729).
Nicéron : Mémoires pour servir à Thistoire des hommes illustres (vol.
27, p. 143-175; Paris, 1727).
Tumermann : Vita Mureti (dans Tédition de Vérone, 1727).
Titon duTillet : Le Parnasse français (p. Ii3-144; Paris, 1732).
MAIlC-ANTOlSlC 1>K MCllEt 170
Jos. Carafa : De gymnasio romano (t. II, c. 2; Rome, 1751).
Lazcri : Diatriba de vita et scriptis Mureti (dans les Miscellanea ex mss.
libris bibliothecae collegii romani Soc. Jesu; 1754-58; — réimprimée
dans rédition Frotscher, Leipzig-, 1834).
Goiijet : Mémoire historique et littéraire sur le Collège Royal (t. II,
p. 38; Paris, 1758).
J. Lelong : Bibliothèque historique (Edition de 1768-78).
Moreri : Dictionnaire historique (t. VII; Paris, 1769).
Vitrac : Eloge de Muret (Limoges, Martial Barbou, 1774).
Mura ni : Lettera nella quale s' illustra il ruolo de professori del Archi-
ginnasio Romano (Rome, 1797).
François de Neufchàteau : Conseils d'un père à son (ils (Imitation de
ÏInsUtutio puerilis de Muret; Paris, 1798; Parme, 1801; Paris, 1811,
1824, 1827).
Renazzi : Storia del univcrsita degli studi in Roma (t. II, Rome, 1803).
A. Asseliu : Les distiques de Muret, traduits en vers français (Vire, 1809).
J.-B. Idt : Traduction en vers des distiques de M... (Lyon, 18??).
Th. Haubold : Institutiones juris romani (Leipzig, 1809).
Lundblad : de Mureti ejusque scriptis (Lund, 1819).
Lemairc : Edition de Tacite (t. IV; Paris, 1820).
Michaud : Biographie universelle (t. 18; Paris, 1821).
Sainte Beuve : Tableau de la poésie au xvi* siècle (Paris, 1832; t. Il,
p. 58, 82, 83, 148).
Lemaire : Edition de Tibulle (Pr., p. XXIIl, XLII-III, LXXIII-IV; Paris,
1828).
Marées : de Mureti in rem scholasticam meritis (Berlin, 1829).
Aug. Renouard : Annales de l'imprimerie des Aides (Paris, 3«édit., 1834).
llallam : Hist. de la littéral, de l'Europe (t. H, p. 7-9, 29-31 ; Paris, 1839).
Valéry : Curiosités et anecdotes italiennes (Paris, 1842).
M. Albert : Galerie de portraits des personnages célèbres du Limousin
(Notice sur Muret, par Martial Audouin, avocat; Limoges, Ardillier,
1847; avec portrait signé Albert, impr. Lemercier).
J. Bernays : Etude sur J.-J. Scaliger (Berlin, 1855).
Lenient : De bello Ciceroniano apud recentiores (Paris, 1855).
Bernhardy : Tableau de la littér. latine (p. 107; Brunswick^ 1865).
Didot : Nouvelle Biographie générale (Paris, 1865).
Bulletin de la Soc. arch*. du Limousin (t. XVI, p. 38, Limoges, 1866^
t. XXXVI, p. 200-203, 301, 447-451, Limoges, 1888).
Registres consulaires de la ville de i^imoges (t. I, p. 171, 344, 360, 369,
Limoges, 1867; t. II, p. 22, 140, 352, Limoges, 1869; t. III, p. 157, 253,
258, 259, App. 81, Limoges, 1884).
GauUieur : Hist. du collège de Guyenne (Paris, 1874).
Rivier : Introduction histor. au droit Romain (Bruxelles).
L. Degeorge : La maison Plantin à Anvers (Bruxelles, 1878).
Morsolin : Il Seicento (Milan, 1880).
Dejob : Marc- Antoine Muret (Paris, 1881).
— De l'influence du concile de Trente sur la littérature (Paris, 1884).
180 SOGIÉTÉ ARCUÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
P. de Nolhac : Revue critique d'histoire et de littérature (n® du 19 juin
1882).
— La Bibliothèque d'un humaniste au xvi" siècle (Mélanges
de TEcole Française de Rome, mars 1883).
G. Boissier : La réforme des études au xvi« siècle (Revue des D, A/. ;
1" décembre 1882).
A. Desjardins : M. -A. Muret; renseignement et la correspondance des
savants au xvi* siècle {Correspondant, 25 avril 1882).
Philologische Wochenschrift (1882, t. II, p. 594, 1247-1220).
Mark Pattison : Muretus ( 7ime« du 23 août 1882; article réimprimé dans
Essays by the la te M. Pattison, sometime rector of Lincoln Collège,
coUectcd by II. Nellleship, Oxford, Clarendon Press, 1889, t. I^
p. 124-131).
Crouslé : Revue internat, de Tenscign. (15 janv. 1882, p. 108-110).
Nuova Antologia (1" sept. 1882).
Faguet : La tragédie française au xvi« siècle (c. 2, g 11 ; c. 4. g 2; Paris,
1883).
Fr. Plessis : Etudes critiques sur Properce (p. 51-53; Paris, 1884).
E. Jacob : Œuvres de Tacite (t. I, Introd. p. XLIII-IV; Paris, 1885).
Fray-Fournier : Catal. de portraits limousins et marchois (14 portraits
de Muret; Limoges, 1895).
G. Lanson : Etudes sur les origines de la tragédie classique en France
(Revue d'hist, litiér, de la France, 1903, p. 183-184).
P. Bonnefon : Montaigne (p. 37, 44, 51-52, 54-56; Bordeaux-Paris, 1903).
Baudrier : Bibliographie lyonnaise (six séries; Lyon, 1895-1904).
La Commanderie et les Commandeurs
de Paulhac
1)
Paulhac, que Ton prononce Pauliac, est un joli pelit bourg de
Tancienne province du Limousin, coquellement assis sur un pla-
teau fertile et verdoyant, légèrement incliné vers le riant bassin de
FArdour.
Sur tous les vieux actes notariés ou autres parchemins, sur les
vieux livres faisant mention de celte localité, ce nom est écrit
Pauliac ou Pauliat. Joullietlon, dans son Histoire de la Marche
publiée en 18i6, écrit ainsi le nom de ce bourg : Polliac,
Dans le langage patois, la prononciation générale est Pauliat.
Ce n*est que depuis la confection du cadastre communal, sous le
règne de Charles X, qu'on a pris l'habitude d'écrire Paulhac;
mais l'ancienne et véritable prononciation {Pauliac) n'en a pas été
altérée pour cela.
Autrefois, Paulhac était un chef-lieu communal. Depuis seule-
ment 18i!4, il est civilement réuni à la commune de SaintEtienne-
de-Fursac (Creuse), et en forme la principale dépendance ; il en est
distant de trois kilomètres et demi.
De môme que Sainl-Etienne-de-Fursac, Paulhac a eu un atelier
monétaire à l'époque mérovingienne ainsi qu'en font foi les diffé-
rentes pièces qui en proviennent, décrites par M. Deloche (2).
La vieille et remarquable église de Paulhac est un monument du
milieu du xiii° siècle; son haut et large clocher ressemble à un
donjon carré.
Sur le flanc méridional de Téglise se trouve une chapelle dédiée
â saint Fiacre; c'est un élégant édifice du xv« siècle, dont les murs,
profofldéflient lézardés, sont recouverts de mousse et de festons
(1) Aujourd'hui en la commune de Saint-Etienne-de-Fursac (Creuse i.
(2) Diction, arck. et hist de la Creuse, par Tabbé A. Lecler, p. 609.
T. LV 12
182 SOCIÉTÉ AnCHKOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de lierre. La porte d'enlrée en accolade a les moulures et les orne-
ments multiples de cette époque, parmi lesquels on remarque un
cerf et un lion (figure allégorique représentant la timidité, le cerf,
unie à la force, le lion).
Les nervures de la voûte s*appuient sur des consoles fo/mées par
des anges tenant des écussons.
Un texte de Nadaud nous apprend que la vicairie de Saint-
Fiacre a été fondée par le Père Antoine de Nogerie, comme le
prouve rinscription suivante, ëcrile en lettres gothiques, qu*on
voit encore sur la façade: F.A.D. NOGICH, ou mwM.r NOGERI
(1449) (1). Cette inscription fut relevée par Tabbé Nadaud vers
1770.
Le curé de Paulhac était chapelain de la chapelle de Sainl-^Piacre
et percevait les revenus qui y étaient attachés. Ainsi, par acte du
25 février 1762 (2), « messire Charles Garaud, prêtre curé de Pau-
lhac et chapelain de la chapelle de Saint-Fiacre, son annexe »,
affermait pour huit années consécutives, à M* Français Lecugy,
notaire royal et procureur d'office de la justice de Bessines, tous
les cens et rentes nobles, féodales, foncières, directes, solidaires et
les c< dixmes d'aigniaux » que le dit curé avait droit de prendre et
percevoir sor le village et tènement de Beaubiat, paroisse de Ber-
sac, à lui dus à cause de s!^ cure de Paulhac et de la chapelle de
Saint-Fiacre.
Il affermait également la moitié des droits de lods et ventes qui
pouvaient lui être dus sur le même village de Beaubiat. Il se réser-
vait expressément Tautre moitié.
Ce bail était consenti moyennant la somme de 85 livres par cha-
que année et « un bâton de tabac de Hollande de pôt de vin ».
Avant d'«ntrer dans les faits historiques concernant la comman-
derie de Paulhac, nous croyons qu'il est convenable de dire quel-
ques mots sur Tordre de Saint-Jean de-Jérusalem, dont les membres
ont porté successivement les noms de chevaliers de Rhodes et de
Malte.
Au moyen âge, surtout dans le cours des croisades, on vit se
former plusieurs ordres religieux qui se consacrèrent à combattre,
par les armes, les ennemis du nom chrétien : on les appelle com-
munément Ordres militaires et Ordres de chevaleriey parce que
les membres se recrutaient presque exclusivement dans les classes
nobles.
(1) Recueil des inscriptions du Limousin, par Tabbé Texier, p. 258.
(2) Minutes de Vélude de notaire de Saint-Etienne-de-Fursac.
LA COMMANDKRIE ET LES COMMANDEUnS DE PAULHAC 183
Plusieurs de ces corporalions étaient en même temps hospita-
lièresy c'est-à-dire chargées du service d'établissements destinés
aux malades.
Ces ordres ont tous eu le même sort ; tous ont disparu après
avoir rempli avec plus ou moins de succès l'objet de leur fondation.
L'Ordre de Malte, auquel appartenait la commanderie de Pau-
Ihac, se composait primitivement de trois classes de membres : les
Chevaliers, pour le service militaire ; les Prétreit et Chapelains, pour
le service divin et l'administration de Thôpital; et les Servants, les
uns attachés au service militaire (servants d*armcs), les autres au
service de Thôpital (servants d'office). Ces trois classes formaient
ce qu'on appelait le triumvirat, et concouraient seules à l'éleclion
du grand maître et aux assemblées de rOrdre ; mais leur organisa-
tion reçut par la suite d*assez nombreuses modidcations.
Ainsi, au xvni* siècle, on distinguait plusieurs espèces de cheva-
liers. Les Chevaliers de justice devaient faire preuve de huit quar-
tiers de noblesse, quatre du côté paternel et autant du côté mater-
nel ; on les appelait ainsi par opposition aux Chevaliers de grâce ou
Chevaliers honoraires, dont le mérite personnel avait fait passer
sur l'insuffisance ou même l'absence totale de titres généalogiques.
Les chevaliers étaient reçus de majorité, c'est-à-dire à seize ans
accomplis, ou de minorité, c'est-à-dire au-dessous de cet âge, mais,
dans ce cas, avec une dispense du pape. A dix-huit ans, ils pou-
vaient, s'ils le désiraient, faire profession, en d'autres termes,
s'engager définitivement dans l'Ordre au point de vue religieux, en
faisant les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance;
mais le nombre des profès était toujours beaucoup moins considé-
rable que celui des reçus.
C'était parmi les chevaliers de justice ayant fait au moins quatre
caravanes, c'est-à-dire quatre expéditions contre les Turcs ou
contre les corsaires, que se recrutaient les grands dignitaires de
l'Ordre.
Ces expéditions étaient ainsi nommées, parce que les galères de
rOrdre s'étaient plus d'une fois emparées de la caravane qui se
rendait tous les ans de Constantinople à Alexandrie pour gagner
ensuite la roule de la Mecque.
L'Ordre était administré par un grand maître et par une commis-
sion permanente qu'on appelait le Sacré conseil. Le grand maître
était électif, avait le rang de prince souverain, recevait les litres
A* Altesse et AEminence, et pouvait déléguer une partie de ses
attributions à un adjoint appelé lieutenant de magistère. Son pou-
voir était rigoureusement limité par les statuts, et ceux-ci ne pou-
vaient être modifiés que par le conseil.
' 18i sociérè archéologique bt historique du limousin
Pour la facililé de leur administration, les possessions de TOrdre
étaient divisées en huit circonscriptions appelées Langues : c'étaient
les langues de Provence, d'Auvergne, de France, d'Italie, d'Ara-
gon, de Castille, d'Allemagne et d'Angleterre.
CcUe dernière ayant disparu en 1537, à l'époque de la réforme
de Henri VIII, fut remplacée, en 1782, par une nouvelle langue qui
reçut le nom de bavaroise ou anglo-bavaroise.
Chaque langue était divisée en Grands prieurés, ceux-ci eu Bail-
liages et ces derniers en Commanderies.
La commanderie, dit M. Yayssiëre (1), élail une circonscription
purement administrative. Elle comprenait un cbeMieu et des mem-
bres plus ou moins nombreux. Presque tous ces membres avaient
eu à l'origine une existence à part. C'est dans le but de faciliter
l'adminislration des biens qui en dépendaient et de former des
bénéHces d'une certaine importance qu'on les avait placés à un
moment donné sous la dépendance d'autres établissements. D'ail-
leurs, le nombre des membres d'une commanderie pouvait aug-
menter ou diminuer; il arrivait que des échanges avaient lieu entre
les commandeurs, que deux commanderies parfois n'en formaient
plus qu'une, ou que deux ou trois membres voisins se trouvaient
réunis sous un même nom.
Dans chaque grand prieuré, il y avait une commanderie magis-
trale, parce qu'elle était annexée à la grande maîtrise. En outre,
chaque commanderie était tenue de payer au trésor de l'Ordre un
tribut annuel.
On comptait, en France, 240 commanderies. Chaque langue
possédait à Malte un hôtel particulier nommé Auberge^ où les che-
valiers qui lui appartenaient se réunissaient et prenaient leurs
repas. Elle avait à sra léte un grand dignitaire qui portait le litre de
Pilier et de Bailli conventuel. Les piliers résidaient à Malte, et,
depuis 1646, certaines grandes charges de l'Ordre étaient attachées
à leur titre. Ainsi, le pilier de la langue de Provence était Grand
commandeur; celui de la langue d'Auvergne, Grand maréchal;
celui de la langue de France, Grand hospitalier ; celui de la langue
d'Italie, Grand amiral; celui de la langue d'Aragon, Grand conser-
vateur on Drapier; celui de la langue de Castille, Grand chancelier;
celui de la langue d'Allemagne, Grand bailli; celui de la langue
bavaroise, Turcopolier ou commandant de la cavalerie.
(1) VOrdre de Saint-Jean^de-Jérusalem ou de Malte dans le diocèse de
Limoges,- par M. Vayssière. V. le BulL des sciences, lettres et arts de la
Corrèze, (Tulle, 1882, p. 491.)
LA COMHANDERIE KT LES COMMANDEURS DE PAULHAC 185
Le cri de TOrdre était : Saint Jean ! Saint Jean I et sa bannière :
une croix d'argent sur champ de gueules. A la guerre, les cheva-
liers revêtaient, par dessus leur habit, une sonbrevesle rouge, en
forme de dalmatique, chargée devant et derrière d'une grande croix
blanche. En temps de paix, ils portaient un long manteau sur
lequel était à gauche une croix blanche à huit pointes, et dont les
quatre branches d'égale longueur allaient en s'élargissant du cen-
tre aux bords. Ils portaient aussi sur le milieu de la poitrine une
croix d'or de même forme et émaillée de blanc, attachée à un
roban noir.
Dans leurs armoiries, les chevaliers portaient en chef les armes
de rOrdre, c'est-à-dire : de gueules à la croix (Targent. Les com-
mandeurs et grands-croix mettaient, en outre, derrière l'écu de
leurs armes, la croix de l'Ordre avec un chapelet autour. Enfin, le
grand maître portait : écartelé, aux /'' et 4* de gueules à la croix
d'argent, qui est de l'Ordre de Malte ; aux ^^ et S* des armes de sa
maison ; de plus, il timbrait son écu d'une couronne de duc et
enveloppait ses armoiries d'un manteau ducal.
Il faut croire, dit un auteur, qu'ils répondaient à un bien public,
car ils couvrirent dans un temps fort court le monde catholique de
leurs établissements. Le diocèse de Limoges, qui comprenait alors,
à peu de chose près, les départements de la Corrèze, de la Creuse
et de la Haute-Vienne, dut leur offrir des conditions particulière-
ment avantageuses, car ils s'y développèrent d'une façon vraiment
incroyable. Il ne leur fallut pas deux siècles, en effet, pour y fon-
der plus de cent maisons.
En continuant à marcher de ce pas, ils auraient fini par absorber
toutes les fortunes privées; on pouvait du moins le craindre, rt
c'est peut-être cette crainte qui a motivé pour une large part la
suppression des Templiers.
Pendant la célébration de la Sainte-Messe, au moment solennel
de l'élévation de l'Hostie et du Calice, le chevalier qui y assistait
quittait la place où il se tenait en prières et se dirigeait vers le
milieu du chœur, au bas des marches de l'autel. Là, après s*être
humblement prosterné, il tirait son épée qu'il portait au côté et, la
tenant élevée vers la voûte, il se tournait successivement vers les
quatre points cardinaux en prononçant à demi-voix certaines paro-
les qui, selon toute probabilité, faisaient partie du cérémonial
prescrit par l'Ordre.
Sur les quarante-huit commanderies relevant du grand prieuré
d'Auvergne, dont le chef-lieu était Lyon, dix appartenaient à la
Creuse : Blaudeix, Chamberaud, Charrière (commune de Saint-
Moreil], Féniers, Lavaud-Franche, Maisonnisses, Morterolles (can-
186 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ton de Royëre), Paulhac, la Croix-au-Bost (commune de Saint-
Domel) et Viviers (commune de Tercillal) ; les huit premières com-
posées de chevaliers nobles de quatre races ; les deux dernières
occupées par des frères servants.
On ne saurait assigner une date précise à la fondation de la
commandcrie de Paulhac ; mais comme la plupart des auteurs font
remonter Torigine de cette sorte d'établissements à l'année 1260,
il est permis de croire qu'elle dut être créée à celte époque, ou
peu de temps après, puisque l'église, bâtie par les soins de l'Ordre,
présente tous les caractères d'un monument du milieu du xui*" siècle.
En 1281, le chapitre de la cathédrale de Limoges permit aux
chevaliers du Temple d'édifier une chapelle à la Croix-de-Mazey-
rac, près le Grand-Bourg de Salagnac. Or, comme cette chapelle
appartenait à la commanderie de Paulhac dès l'année 1315, on a
déjà la preuve que la création de cette dernière remonte à une
époque fort reculée (1).
D'un autre côté, nous trouvons qu'en 1282 Jean de Saint-Hllaire
était précepteur de la milice du Temple à Paulhac. C'est en celte
qualité qu'il signa l'accord conclu entre l'évéque de Limoges et
rOrdre des Templiers touchant les églises que cet Ordre possédait
dans le diocèse.
A la commanderie de Paulhac étaient rattachés les deux mem-
bres importants de Lascroux (paroisse de Fleurât), et de Sauvagnac
(paroisse de Saint-Léger-la-Montagne). Le droit de nomination des
titulaires des chapelles de ces membres était exercé par le com-
mandeur de Paulhac.
Le seigneur commandeur de Paulhac avait aussi droit de haute,
moyenne et basse justice.
Les chevaliers de justice de l'Ordre de Sain t-Jeande- Jérusalem,
seigneurs commandeurs de Paulhac, dont les noms nous sont
connus, sont messires :
L — Pierre Dubois, en 1315;
IL — Jehan Coltet (2), en 1416 ;
Le commandeur Jean Cottet fit augmenter de deux chapelles, en
1446, le monument existant déjà à Sauvagnac. I^ porte d'une de
ces chapelles qui existent encore, est surmontée d'un écusson entre
deux branches de laurier, aux armes du commandeur Cottet qui
sont trois lions rampants, avec le chef de Malte (3).
(1) Diction, strch, et hist, de la Creuse, par A. Lecler, p. 315.
(2) Arch, départ, de la Haute-Vienne, A. 3597.
(3) Notice historique sur Sauvagnac, par Tabbé A. Lecler.
LA COMMANDERIE ET LES COMMANDEURS DE PAULHAC 187
Après avoir été commandeur de Paulbac, Jean CoUet fût grand
prieur d'Auvergne (1470H473).
Les GoUet, famille noble du Limousin, ont possédé les seignea-
ries de Laron (paroisse de Saint-Julien-le-Pe(il) et des Biars
(paroisse de Saint- Yrieix) (1).
III. — Jean de Coulx, en 1488;
IV. — Antoine Coralli, en U98 ;
V. — N... de Vallieux, en 1567 ;
VI. — N... de Raymond de Thys, en 1867 ;
VII. — Pierre de Razès, en 1573 ;
VIII. — N... de la Goullie, en 1881 ;
IX. — Pierre de Saconneys, en 1582;
X. — César de Saint-Yrieix, 1588-1616.
Ce commandeur recouvra, vers 1616, par arrêt de la Cour du
parlement de Bordeaux, une des deux clociies placées dans la
grosse tour carrée de Téglise de Paulhac, laquelle cloche avait été
dérobée (2).
C'est sous Tadministralion du même commandeur qu'on fit le
règlement suivant pour la chapelle de Notre-Dame de Sauvagnac
qui relevait de Paulhac ; nous le reproduisons m extenso :
» L'an mil six centz seize et le douzième jour du mois d'octobre,
nous commandeurs commissaires visitteurs généraux de toutes les
commanderies du grand prieuré d'Auvergne, en visitlant le membre
et seigneurie de Sauvagnal, en Limosin, dépendant de la comman-
derie de Pauliac, les prebtres chapeilaios et babitans du village de
Sauvagnat nous auraient formé complainte à rencontre de plusieurs
prebtres estrangers qui accourent de divers lieux à la dite chappelle
les jours des festes et sollempnités de la dite chappelle Nostre-
Dame de Sauvagnat, fagniants aux pèlerins d'estre habilans du
dit village et societtaires de la dite chappelle, et soubs ce prétexte
prennent les aulmosnes, bienfaitz et dévotion du peuple pour célé-
brer grand nombre de messes en la dicte chappelle; et les festes
sollempnelles passées, lesdictz prebtres estrangers s'en vont et
plus ne comparaissent en la dite chappelle, contre rintenlion des
pèlerins et personnes dévotes et au très grand préjudice de sept ou
huict prebtres natifs et habitanlz du dict lieu de Sauvagnat ou de
la paroisse de Saint-Ligier, lesquelz servent assiduellement la dite
chappelle sans avoir aulcuns revenus ou aultres émoluments;
(i) Nadaud, Nobiliaire du Limousin, tome I, p. 728.
(2) V. le Bull, des sciences, lettres et arts de la Corrf^ze. (Tulle, iSSi,
p. 1,30.)
188 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
» A ces causes, nous, en qualité que dessus, avons ordonné par
ces présentes que aulcuns preblres estrangers ne pourront célébrer
la messe dans la dite chappelle de Noslre-Dame de Sauvagnat que
seullement pour leur dévotion et comme pèlerins, sans qu'ils
puissent recevoir aulcunes aulmosnes, oblations ne aultres biens
faictz des dilz pellerins et personnes dévotes pour la cellébration
de leurs dites messes, sous peine d'excommunication latœ sententiœ.
» La nomination des chappelains et societtaires sera à l'eslection
et collation des sieurs commandeurs de Pauliac présents et advenir;
enjoignions au dit moderne commandeur de Pauliac, à ses oftlciers
et aux auUres preblres et habitans du dict lieu de Sauvagnat, faire
observer et garder perpétuellement et inviolablement la présente
ordonnance. En foy de quoy Tavons signée de nos seings manuels
ensemble avec le dict sieur commandeur ».
Signé : « F. Cezar de Saint-Uirié; F. -À. deNaberat, commandeur
du temple d'Ayen, vicaire et visiteur général; le commandeur de
la Chcze (il ».
XI. — François de Maleysset, en 1637 ;
XII. — Jean-Michel de Burin, en 1643;
XIII. — François de Maleysset de Châtelus, 1645-1691.
Il appartenait à la noble famille des de Maleysset, seigneurs de
Châtelus-Malvaleix, dont les armes sont : d'argent, au lion de
gueules, au chef d'azur, chargé de trois étoiles d'or.
Le Nobiliaire du Limousin de Nadaud {% dit que cette famille a
produit un cardinal, Guy de Maleysset, mort le 12 mai 1412.
Joullietton, dans son Histoire de la Marche, déclare qu'il fut, en
1368, un des trois commissaires que le pape Clément VII chargea
d'examiner l'opinion où étaient les Dominicains que la Vierge
Marie avait été conçue dans le péché.
En 1348, un autre membre de cette famille, Guillaume de Ma-
leysset, acheta de Jeanne, reine de Naples, la ville d'Avignon au
nom de l'église romaine.
XIV. — Marie Grattet de Dolomieu, en 1696;
XV. — Jean de Félines de la Renaudie, en 1725, mort en 1753.
La Renaudie, dont étaient seigneurs les de Félines, est une
terre située paroisse d'Ussac, canton et arrondissement de Brive
(Corrèze).
Leurs armes sont : d'azur à un soleil d'or.
(i) Arch. Départ, du Rhône, fonda de Malle, H. 2152, f* 322.
(2) Tome III, p. 146.
LA COMMANDERIE ET LES COMMANDEURS DE PAULHAC 189
XVI. — Geopges-EUenne-Joachim de Buson de Champdivers, en
1756 et 1760.
C/esl sous ce commandeur, le 16 mars 1756, que prit possession
de la cure de Paulhac, laquelle relevait de la commanderie et était
dédiée, ainsi que l'église, à Saint-Jean-Baptiste, m'« Charles Garaud,
qui resta curé de Paulhac jusqu*au 18 septembre 1809, date de sa
mort. Ce prêtre eut la faiblesse de donner son serment à la Cons-
titution civile du clergé pendant la Révolution.
Charles Garaud remplaçait, comme curé de Paulhac, messire
François de la Fleur de Thauveyrat, démissionnaire, et avait été
pourvu de ce bénéfice par haut et puissant seigneur m'« Joseph-
Louis Chauvet de Montharin de la Villatte, au nom et comme fondé
de pouvoir spécial par un décret du Vénérable conseil de Malte. A
cette époque, NgTilluslrissime et révérendissime Jean-Gilles du
Coëtlosquel était évéque de Limoges.
XVIL — Amable de Saint-Julien de la Rochelte, en 1776.
Ce commandeur fit établir, en 1778, le renouvellement du terrier
de la commanderie de Paulhac et des membres de Lascroux et de
Sauvagoac, en conformité des anciens renouvellements déjà faits
en 1662 sous François de Maleysset, et en 17^ et 1750 sous Jean
de Félines de la Renaudie (1).
H appartenait à la vieille famille des barons de Saint-Julien, de
la Rochette, de Beauregard, elc. (2).
Cette maison, très célèbre et très ancienne, remonte à Amélius,
fils puîné d*Amélius II, prince de Combraille, vers 1066.
Amélius II était seigneur de Chambon Sainte- Valérie ; il descen-
dait des anciens sires de Bourbon et prit pour femme Alix, fille du
baron de Saint- Julien.
Son fils puiné susdit fut le fondateur de Tabbaye de Bonlieu, de
Tordre de Citeaux, située en la haute justice de la baronnie de
Saint-Julien, proche de la rivière de Tardes, dans le ténement de
MazeroUe, paroisse de Peyrat-la-Nonière.
Les armes des barons de Saint-Julien sont : de sable au lion (ToVy
armé et lampassé de gueules, billeté d*or, ayant pour cimier un
pégase et pour support un ours bridé , tenant des bannières de mêmes
armes, autour desquelles est écrit, pour cri de guerre : Saint- Julien t
Le 19 mai 1776, messire le chevalier de Sainte-Colombe de
FAubépin, receveur général de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
au grand prieuré i'kuyergner faisant aux lieu et place du commun-
(1) Arch, Départ, de la Haute-Vienne, — Extrait du terrier, ii°342/>w.
(2) Nobiliaire du Limousin de Nadaud, tome II, p. 602.
190 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
detir Amable de Saint-Julien de la Rochelle, donnait quittance
d'une rente noble et féodale due à la commanderie dQ Pauihac (1).
XVIII. —Jean-Pierre de Gain de Linars, nommé en 1783, émi-
gré en 1793, présumé mort à l'étranger.
Il appartenait à Tillustre famille des de Gain, barons, puis mar-
quis de Linars, marquis de Montaignac, seigneurs de Lissai,
d'Auval, etc. (2).
Cftle grande maison, que son ancienneté et son illustration
placent au nombre des plus considérables du Limousin, a pris son
nom d*un fief situé à peu de distance de Limoges (3). Ce Oef appar-
tenait, à Fépoque de la Révolution, à m'« Martial Baillot d'Estivaux,
chevalier, coseigneur de Veyrac, conseiller du Roi et président
trésorier général de France à Limoges.
Les de Gain portent pour armes : d'azur à trois bandes d^or.
Sur la vieille et précieuse tapisserie de Taulel de Téglise de
Pauihac, donnée par le chevalier commandeur Jean-Pierre de Gain
de Linars, on trouve : d'azur à troU bandes d^or, qui est de Gain,
au chef cousu de gueules, à la croix d'argent, qui est de Malte.
Le château de la commanderie de Pauihac était relié à l'église,
qui en faisait partie, par divers b&timents de service et une cour
intérieure dans laquelle s'ouvrait une porte privée à l'usage parti-
culier du commandeur, pour pénétrer dans Téglise.
Près du château se trouvait une très belle terrasse qui existe
encore, plantée de vieux ormeaux aux puissantes racines, et d'où
l'œil découvre un superbe panorama sur la vallée de TArdour, la
forêt de Lauriëre et les monts du Limousin.
En 1616, le château de la commanderie consistait en « ung grand
corps de logis faict en façon et forme carrée, une basse-cour au
milieu, et une autre grande basse-cour ». On y entrait « en passant
par ung ravelin de murailles et par ung grand portail en forme
ronde ». Il était flanqué, à l'intérieur, de grosses tours carrées qui
avaient été partiellement démantelées par les protestants en 1576,
année de la formation de la Ligue (4).
Le 31 août 1783, le seigneur commandeur de Gain de Linars
confiait à Jean Auchat, couvreur à La Souterraine, le soin de faire
« de grandes et sérieuses réparations au château de la comman-
derie de Pauihac », consistant principalement à « crépir, à chaux
(1) Papiers de la Commanderie de Pauihac (Etude de Fursac).
(2) Nobiliaire du Limousin de Nadaud, tome II, p. 251.
(3) Gain, commune d'Isle, près Limoges.
(4) V. Bull, des sciencen^ lettres et arts de la Corrèze (Tulle, 1884, p. 430).
LA GOMMANDERIE ET LES COMMANDEURS DE PAULUAC 191
et à sable de rivière, tout l'extérieur de i*église de Paulbac et du
clocher, le château et la cheminée de la comoiaDderie, le tout à
pierre vue », moyennaDt la somme de 350 livres. Il lui donnait
aussi à « recouvrir, en bardeaux neufs, la toiture du vieux château,
celle du cabinet du seigneur commandeur, celle du grand comble
et celle de l'escalier de la tour et du chœur de l'église », moyennant
le prix de 288 livres (1).
Le 13 novembre 1787, le même commandeur chargeait Léonard
Galiard, meunier au moulin de La Brousse, paroisse de Marsac, de
faire quelques réparations au dit moulin de La Brousse et de nom-
breuses au moulin du Temple de Paulhac, ce dernier situé sur la
Gartempe, notamment de refaire sa charpente brûlée par l'incendie
du H du mois de novembre précité, moyennant la somme de
530 livres q le le chevalier commandeur de Gain de Linars s'enga-
geait à donner au dit Galiard (2).
Les rentes de la commanderie de Paulhac étaient considérables.
Elles se percevaient d'abord sur le territoire du bourg de Paulhac
proprement dit, puis sur de nombreuses paroisses environnantes.
D'après le terrier de la commanderie de Paulhac dressé en 1778
sous le commandeur de Saint-Julien de la Rochette, le territoire
entier du bourg de Paulhac avec quelques autres dépendances,
était réparti en douze tenues différentes et indépendantes les unes
des autres, sur chacune desquelles étaient imposées séparément
des rentes féodales.
Ces tenues s'appelaient : 1^ de Beauvais; 2^ des Rossignols;
3"" des Domets; 4"" des Venassier; 5" des Richards; 6"* des Nadaud ;
7* de La Prade; 8* de Châtenet; 9^ de La Roberterie; 10* de Mar-
liannes; W de la Cbeyrade; IS^desMeydes.
Le nombre de ces tenues pouvait être modifié, réduit ou aug-
menté, par « le seul bon plaisir du seigneur commandeur ».
D'après le même terrier, les paroisses qui devaient des rentes
nobles, féodales, foncières, directes, solidaires, annuelles et per-
pétuelles à la commanderie et dépendant du lieu même de Paulhac,
étaient :
Sainl-Etienne-de-Fursac, Saint-Pierre-de-Fursac, Saint-Goussaud,
Cbâtelus-le-Marcheix, Saint-Dizier, Folles, Marsac, Chamboranf,
Arrènes, Mourioux et Saint-Michel Laurière.
Les paroisses suivantes dépendaient du membre de Lascroux :
(1) Minutes de Vétude de notaire de Saint-Etienne de Fursac,
(2) Même nource»
192 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET lIISTOniQUE DU LIMOUSIN
Salagnac, Saint-Priesl-la-Feuille, Sainl-Priest-la-Plaine, Lizières,
Fleurai, Sainl-Vaury, Naillat et Saint-Sulpice-le-Dunois.
KDfin, celles ci-après relevaient du membre de Sauvaignac :
Saint-Léger-la-MoDlagne, SalDl-Pierre-Ia-Montagne, Saiul-Sulpice-
Lauriëre, Bcrsac, Jabreilles, Bessines, Sain (-Sylvestre, Gomprei-
gnac, Razès, Saint-Pardoux, les Eglises, Ambazac, Sainl-Sympbo-
rien et la ville de Chateaupoosac.
Nous croyons, au sujet des rentes dues à la commanderie de
Paulbac, devoir donner ici la désignation des suivantes, à cause de
Toriginalilé de certaines redevances :
28 décembre 1743 (1) {trois jours après la fête de Noël) — quit-
tance à Pierre Peyrot, laboureur au village de Longvert, paroisse
de Saint-Etienne-de-Fursac, de la rente noble et féodale de : « seigle
trois quartes, froment deux coupes, argent quatre sols, une geline
(du latin : gallina, poule) et le quart de la souche de Noël » due à
la commanderie de Paulbac.
Un titre daté du 23 avril 1744 (2) mentionne que « les habitants
de Ghfttenet, paroisse de Saint-Etienne-dc-Fursac, pour le communal
appelé la lande de Pauliac, confrontant aux terres de laChaize, etc..
sont tenus de payer au seigneur commandeur de Paulbac la valeur
de six quartes de bled seigle pour la lampe de la commanderie ».
Une quittance des rentes dues à la commanderie pour Tannée
1761 (3) sur les tenues du Triât, de Las Roudaud et de Grëpial,
conlient : « Reçu : 1* pour la tenue du Triât et de Las Roudaud,
seigle neuf quartes, geline une, argent vingt-buit sols..., pour le
guet, 3 sols; i^ pour celle de Crépiat, seigle sept coupes, etc.. »
D*un autre titre du 11 mai 1777 (4), il résulte que « la tenue des
Bosdeaux, située aux appartenances du bourg de Fursac et les
villages de Las Goux Giraud, Ghàtenet et Gauliëres doivent à
messire Àmable de Saint-Julien, seigneur commandeur de la com-
manderie de Pauliac, la rente noble et féodale de : argent dix sols,
quatre jambons et la nouvelle échinée d'un cochon, plus deux sep-
tiers seigle, mesure de Fursac ».
La tradition locale rapporte qu'après le départ pour Texil, une
nuit d'avril 1793, du dernier commandeur de Paulbac, le chevalier
Jean-Pierre de Gain de Linars, le chflteau de la commanderie fut
envahi et saccagé par des bandes armées de farouches malfaiteurs
(1) Papiers de U Commanderie de Paulhac (Elude de Fursac).
(2) Papiers de la commanderie de Paulhac [Etude de Fursac),
(3) Même source,
(4) Minutes de l'étude de notaire de Saint-Etienne de Fursac,
lA COHMAÏ^DEnlE ET LEà CO»kMA>iDECRS b£ PACLHAC 193
el d'avenluriers vivant au jour le jour, rebuts de la société, qui
parcouraient les paisibles campagnes de la Marche et du Limousin
en semant partout la terreur et la désolation. Ces bandes de révo-
lutionnaires pillards, aux tristes souvenirs, attaquaient et souvent
même incendiaient les demeures des riches et les châteaux des
nobles, de préférence ceux des émigrés ou qui ne pouvaient opposer
à leurs coups qu'une médiocre résistance.
Par suite du départ du chevalier de Gain de Linars, le château
et les terres de la commanderie furent mis sous séquestre et vendus
nationalement comme biens d'émigrés.
Paulhac était aussi la résidence d'une branche de l'ancienne
famille de Venassier qui a pris son nom, selon toute apparence,
du lieu de Venassier (I), qu'elle a possédé il y a plusieurs siècles.
L'autre principale branche résidait à Beauvais, autrefois de la
commune de Paulhac, aujourd'hui de celle de Saint-Etienne-de-
Fursac.
Nous dirons quelques mots, pour terminer, sur la famille de
Venassier, car la branche qui était (ixée à Paulhac a eu, ainsi que
le montrent les différents documents que nous avons consultés sur
la commanderie, des rapports fréquents avec les chevaliers de
justice, seigneurs commandeurs de Paulhac. Cette famille a d'ail-
leurs occupé autrefois une certaine situation dans le bourg de
Paulhac.
Dès l'année 1660, les de Venassier sont qualifiés d'écuyers, sei-
gneurs de Beauvais; ils possédaient aussi, à la même époque, les
seigneuries de l'Age-au-Seigneur (paroisse de Salagnac), de Mar-
chanteix (paroisse deSainl-Priest-la-Plaine), et de La Cour (paroisse
de Saint-Etienne-de-Fursac).
Ils sont alliés aux familles de Louche, de Vaucourbeix, de Savi-
gnac, de Jabreillac, de Monneron des Mazets, Baret des Cheises,
d'Alesme de Ch&telus de Salvanet, Baillot d'Estivaux, de Gentil de
Bruline, de Roffignac-Grimodie, Daniel de Taubrégeas, Lajoumard
deBellabre, Malevergne de Fressiniat, de Verthamon, etc.
Une des principales alliances de la branche fixée à Paulhac est
celle qui résulte de l'union de Léonard de Venassier, fils de Pierre
de Venassier, notaire royal et procureur à Paulhac, et de Thérèse
du Coudier. Léonard de Venassier qui devint capitaine au 23* régi-
ment d'infanterie légère sous Napoléon I«', épousa au château
(1) Venassier, pays de chasse (du latin venaiio, chasse), situe à 400 mè-
tres du bourg de Paulhac, est un village de la commune de Folles, can-
ton de Bessines, arrondissement de Bellac (Haute- Vienne).
194 SOCIÉTK AHCIIÉOLOGIQUE ET IIISTOniQUE DU LIMOUSIN
d*£sUvaux, commune de Vcyrac (Haute-Vienne), le 13 octobre 1807,
Marie-Tbérëse-Josépliine d'Alesme de Chftlelus, damoiselle de
Salvanet, flile de Jean-Marie d'AIesme, ci-devant chevalier, baron
de Châtelus-le-Marchcix, seigneur de Salvanet, le Pic, le Gouret,
Beynac et autres places, et de dame Anne-Françoise de Pichard de
TEgiiseau-Bois.
Les armes des d*Alesme de Ghàlelus-Salvanet sont : d'azur, an
chevron d^or, accompagné en pointe d'un croissant de même, au chef
cotisa de gueules, chargé de trois étoiles d'or.
Les de Pichard de TËglise-au-Bois portent : d^azur, à trois bour-
dons d'or, deux en chef et un en pointe, celui-ci surmonté d^une
étoile d'argent.
Une autre demoiselle Marfe-Tbérèse-Josépliine d'Alesme de
Châtelus de Salvanet, sœur aînée de M"** de Venassier, avait épousé,
le 6 février 1787, messire Martial Baillot d*EstiVaux, écuyer, frère de
Marie Baillot d*Esti vaux qui étailmariée, depuis le 12 novembre i 782,
avec Pierre-Léonard Bogues de Fursac, seigneur de la cbàtellenie
de Sainl-Elienne-de-Fursac, du fief de Nouhâtre et autres lieux,
secrétaire-greRier du Point d^Honneur en la sénéchaussée de Mont-
morilfon.
On voit encore au|<Hird*hui à Paulhac le petit caste! des Venas-
sier, iïanqué d*une tourelle en cul de lampe. Cette ancienne
demeure a été vendue avec ses dépendances, eu 1866^ par les hé-
ritiers de Venassier à un cultivateur du bourg de Paulhac.
JoSfph BOULAUD.
Auguste BOSVIEUX
22 Janvier 1831 — 31 mai 1811
• Je tieps infiniment plu» à ce qu'on
parle de mon payi que de moi. »
(Lettre de Dt*$vifux).
Il y a de cela dix-sepl ans, te très érudil libraire Claudin livrait
au veDl des enchères la bibliolhèque dWuguste Bosvieux, ancien
élève de TEcole des Charles, ancien archiviste de la Creuse el du
Lot-et-Garonne, enfin ancien magistrat.
Bosvieux était-il un bibliophile dans toute Tacception du mot ?
Nous n'hésitons pas à répondre négativement. Qu'est en eiïct
Tamateur de livres, qualifié aujourd'hui du titre devenu banal de
bibliophile. Le plus souvent, les trois-quarts du temps, un amou-
reux du livre, non pas du contenu, mais du contenant. Il attache
plus d'importance aux questions du dehors qu'à celles du dedans.
Pour un livre ancien une belle reliure contemporaine, voilà son
desideratum, et même contiendrait-il de grosses fautes typogra-
phiques, l'exemplaire atteindra un prix exorbitant. Le célèbre
Jérôme Pichon, lui-même, surnommé à bon droit le prince des
bibliophiles, ne savait plus s'arrêter. La possession du livre désiré
devient de la folie et les grands précurseurs, les de Thou, les
Grollier, seraient eux-mêmes surpris de voir les progrès de la
maladie de leurs successeurs. Nous ne connaissons que deux
exceptions à cette règle, le célèbre historien Auguste de Thou et
le duc d'Aumale.
106 SOCIETE AlICUEOLOGliiL'E ET lllSTOlUQUE t>U LlMOL*i)lN
Bosvieux peut-il éire compté comme un bibliophile de ce genre?
Nous ne le pensons pas. Modeste de goût et de fortune, il comprit
bien vile qu'il ne pouvait réussir qu'en se concentrant sur les œuvres
émanées d'auteurs de sa province natale. Aussi sa bibliothèque
pouvait servir de modèle à tout amateur ne voulant pas s'étendre
indéfiniment. Elle contenait douze cent seize numéros seulement,
résumant d'une façon parfaite l'histoire du Limousin, dans ses
grands hommes, dans ses monuments, dans ses productions artis-
tiques si multiples, dans ses institutions religieuses, etc.
Au moment de l'impression du catalogue, il eut été désirable de
le faire précéder du portrait de Bosvieux ; malheureusement on
n'avait rien qui pût remplir ce désir. Depuis cette époque, un
membre do la famille nous a communiqué une bonne photographie
faite à Strasbourg, hélas!... alors qu1l était dans toute la force de
l'âge et allait prendre en Alsace possession de son poste de juge à
Wissembourg. Bosvieux avait à ce moment de trente-sept à trente-
huit ans. Sur ce cliché,. très ressemblant, un élève de l'Ecole des
beaux-arts, Emile Vaucanu, a gravé la belle eau-forte qui accom-
pagne cette étude.
En voyant cette charmante physionomie, ce visage franc et
ouvert, on ne peut s'empêcher d'éprouver de la sympathie et, quand
on a étudié l'homme, elle augmente encore davantage en consta-
tant l'harmonie du moral avec le physique.
Quand on songe à la vie si courte de Bosvieux, mort à peine âgé
de quarante ans, à tout ce qu'il a fait, surtout ce qu'il a laissé de
documents manuscrits sur son cher Limousin, sur sa ville natale,
Saint-Yrieix, on ne peut que profondément regretter une fin si
prématurée.
Certes, s'il eut vécu, Bosvieux eut été pour le Limousin ce que
fut Dom Vaisselle pour le Languedoc, Marca pour le Béarn, Lebœuf
pour l'Ile-de-France, BourJigné pour l'Anjou, Dom Lobineau pour
la Bretagne, etc. Les quelques trop rares œuvres imprimées de lui
sont tracées avec une telle critique, une telle modération, un style
si correct, si pondéré et si juste, que l'on ne peut éprouver qu'un
sentiment de regret et de tristesse en présence d'une vie si courte.
M. Leroux, archiviste de la Haute-Vienne, a déjà donné la nomen-
clature complète des œuvres de Bosvieux (1); nous ne reviendrons
qu'en peu de mots sur quelques-unes; il ne nous reste plus qu*à
glaner des épaves de sa vie intime ; nous allons essayer de le faire.
(1) Bulletin, XXXVI, p. 186 et 276.
Auguste BOSVIEUX
AUGUSTE BOSVIBUX l97
Auguste Bosvieux était né à SaiDt-YrieiK, le 2i janvier 1831 (i),
il est décédé dans la même ville le 31 mai 1871. Il était le hui-
tième enfant d'un magistrat modeste, entouré de l'estime de tous,
juge de paix pendant de longues années dans celte petite ville
toute monacale, qui s'est toujours ressentie de son origine religieuse.
Elevé à l'ombre des murs sombres et sévères du vieux Moustier,
fondé par Arédius au vi« siècle, c'est-à-dire le plus ancien monas-
tère du Limousin, après Saint-Augustin de Limoges, Bosvieux à
rage de quatorze ans alla terminer ses études classiques au lycée
de Limoges. Ses débuts y furent des plus heureux. Dès la première
année, il remporta* tous les prix de sa classe (2).
Circonstance à noter, seule l'histoire fit exception et n'obtint
aucune récompense. Ce ne fut qu'à sa quatrième année que nous
le voyons figurer au Palmarès avec un simple accessit d'histoire.
Ainsi ce passionné amateur d'histoire ne trouve son chemin de
(1) Son acte de baptême dressé le lendemain, 23 janvier, porte la
signature : Bigoric, nom en quelque sorte fatidique qui devait l^accom-
pagner de son berceau jusqu^à la tombe.
(2) Nominations obtenues par Auguste Bosvieux, élève au lycée de
Limoges, de 18i5 à 1849.
Année 1845. Classe de quatrième» — 2« prix de version de latine; 2« prix
de vers latins; 2* prix d^excellence (Pâques) ; 1«' prix d^allemand (3^ di-
vision); l*'' accessit de thème latin; i^' accessit de version grecque.
Année 1846. Classe de troisième. — 2* prix d'excellence (!•' semestre);
2* prix de version latine; 2* prix de thème latin; 1*' prix de vers latins;
!*"■ prix d'arithmétique; 1*' prix d'allemand; 2« accessit de version
grecque; 1*' accessit de. thème grec.
Année 1847. Classe de seconde. — l*' prix d'instruction religieuse ;
!•» prix d^excellence ; 1«' prix de version latine ; 1" prix de thème
latin; 1«^ prix de vers latins; 1*' prix de version grecque; 1*' prix de
thème grec; 1*' prix d'allemand.
Année 1848. Classe de rhétorique, — Prix d'honneur de discours
latin; 1«' prix d'excellence; 1*' prix de discours latin; 2« prix de dis-
cours français; 1*' prix de version latine; 1*' prix de version grecque ;
l''<'prix d'allemand; 1^' accessit d'instruction religieuse; 2® accessit de
vers latins; /" accessit d'histoire; 4* accessit de cosmographie.
Année 1849. Classe de philosophie, — Prix d'honneur de dissertation
française; l*' prix d'instruction religieuse; 1" prix de dissertation
française; l^'prix de disseilation latine; 2* prix de physique; 1*' prix
de chimie; l*' prix d'histoire naturelle.
Extrait des palmarès du lycée de Limoges, annexés à une lettre de
M. Port, proviseur dudit lycée, datée du 7 mars 1902 (M. Port est le fils
de Célestin Port, camarade de Bosvieux à l'Ecole des Chartes).
T. LV 13
i9B SOCIETE ARCHèoLOOiQÙE ET UlàTORkQÛB DU LkBfOÙâlr^
Damas qu*à Tàge de dix-sept ans, alors que toutes les branches de
Tinslruclion n'avaient plus de secrets pour lui.
. Après des études aussi fortes, on comprend que le baccalauréat
ne fût quune barrière bien facile à franchir. Bosvieux à dix-huit
ans partit pour Paris, afin d'y étudier le droit.
Pour une nature aussi honnête, quel devait être le sentiment
dominant? Le dernier enfant d'une famille nombreuse et peu
fortunée cherchait surtout à alléger les sacriGces imposés à ses
parents. Non content de suivre 4es cours de l'Ecole de droit, il
s'astreignait encore à les compléter en se rendant à l'Ecole des
Chartes, et sous la direction de ses savants professeurs à s'initier
à toutes les difficultés de la paléographie.
Il se trouva là en compagnie de Céleslin Port, de La Borderie,
Passy, Mabille, et dans celte assemblée d'élite, le jeune élève de
Limoges, à p^ine &gé de dix-neuf ans, obtenait dans les examens
de fin d'année le sixième rang.
Ainsi se passèrent deux années à Paris, deux des plus belles
assurément, 1850-1851, partagées entre l'Ecole de Droit et l'Ecole
des Charles.
A ce foyer d*intense lumière, Bosvieux acheva de former son
goût, de s'initier à ces profondes sources, seules véritables bases
de nos études actuelles. Désormais, ce fut l'unique but de toute sa
vie.
« N'oublions pas que de l'Ecole des Chartes sont sortis Léopold
Delisle, le savant administrateur de la Bibliothèque nationale;
Siméon Luce, l'auteur de la Jacquerie^ le commentateur de Frois-
sart et tant d'autres. »
Vers la fin de l'année 1851, les Archives départementales de la
Creuse, étaient devenues vacantes. La famille de Bosvieux connais-
sant ses goûts, ne crut mieux faire que de demander pour lui celte
place, quoi qu'il n'eut pas encore passé sa thèse à l'École de droit
ni fini ses examens à l'Ecole de Chartes. Il n'en fût pas moins, âgé
de vingt ans à peine, nommé archiviste. ,
Ah ! que souvent Bosvieux dut regretter ses deux bonnes années
de séjour à Paris, pour aller s'enterrer dans le petit bourg préfec-
toral de Guéret, alors sans communications par voies ferrées
avec les provinces voisines. Mais c'était peu éloigné de son cher
Limousin, de ses parents, et Bosvieux, malgré ses regrets, fit no-
blement ce sacrifice.
L'ancienne province de la Marche, par sa configuration, était
déjà, avant 1789, des plus morcelée. Le département actuel de la
AUGUSTE B0SVlEÛ3t 199
Creuse, qui en renferme la plus graude parlie, se trouve composé
d'enclaves du Berry, du Bourbonnais el de rAuvcrgne (1). De là
une lâche diflicile à surmonter pour les débuis d*un jeune archî-
yistc. Il faul ajouler que Tétat dans lequel il trouva les archives
était détestable (<2).
Bosvieux se mit bravement à l'œuvre el pendant près de quatorze
ans (1851-1864), il concentra tous ses efforts à coordonner des
documents poudreux et disparates Dans deux rapporls très lon;^s
et très documentés, présentés au Conseil général en 1863 cl 1863,
il releva en grandes lignes les institutions administratives cl judi-
ciaires de la province, leur étendue, leur importance, leur diversité.
Pour se reposer de ce travail aride, il établit, comme en se
jouant, Thisloirc de la vieille demeure d'un bourgeois de Guéret,
(lualifiéc pompeusement du nom d'hôtel des Comtes de la Marche.
Bosvieux, pièces en mains, eut bientôt fait de démolir cette légende.
L'antique palais des comtes devient tout simplement la demeure
de riches habitants de Guéret, seigneurs du petit fief des Monney-
roux, situé à peu de distance de la ville.
Il fut plus heureux encore, dans la publication de la vie de saint
Geoffroy, fondateur du Châlard, vieux monastère placé aux envi,
rons de Saint-Yrieix, où reposent les cendres de GouOier de Las-
lour, le héros de la première croisade.
Dans un commentaire, sobrement écrit, Bosvieux se révèle tout
entier. On ne peut exprimer le charme qu'on ressent à la lecture
des quarante et quelques pages, résumant la vie du pieux cénobite
et les débuts de la première Croisade, préchée en 1098 à Limoges,
par le pape Urbain II en personne. Sur ces temps reculés, on n'a
rien ou presque rien. Saint Geoffroy était présent et l'hagiographe
racontant sa vie, nous transmel in extenso les propres termes du
discours du pape. Satis honeste, articule-t-il, et Bosvieux traduit
ces deux mots par l'épithète de peu éloquent. Nous croyons ce
détail absolument inédit, quoi qu'il en soit, éloquent ou peu élo-
quent^ le discours du chef de la chrétienté enQamma les cœurs et
tous les auditeurs se croisèrent immédiatement.
Ce n'est pas seulement sur ce premier épisode de la future
croisade que Bosvieux s*élend. Il nous initie encore à la vie d'un
(1) Afin de s'en faire une idée, croirait-on que la paroisse de Chàtenet-
en-Dognon, située à quelques kilomètres au N.-E. de Limoges, faisait
partie de la Marche.
(2) Ce SDnt les propres termes de la lettre du successeur de Bosvieux,
à Guéret.
200 sociBTè AncuèoLOGiQUB fer histoaiquk dv limousin
riche ciloyen de Limoges qui avait été le premier protecteur du
saint; il se nommait Pierre Lebrun et faisait un grand commerce
d'échange et d*importa(ion. On voit, dès le xi« siècle, cette puis-
sante bourgeoisie de Limoges en relation d'affaires avec le monde
entier. En mourant, Pierre Lebrun n'aspire qu'à un honneur :
reposer dans le lieu même où les changeurs tenaient leurs
étaui (1).
Nous ne parlerons que pour mémoire de la troisième œuvre
imprimée à Guéret; c'est la réimpression d'une plaquette unique
intitulée :
Brief discours sur la deff aide des Huguenots advenue le 10 juin
1588 a% pays et comté de la Marche, in-S"", 12 pages, tiré à seize
exemplaires seulement. Celte plaquette est devenue aujourd'hui
aussi rare que son original .
Mais cette vie si calme, si paisible, si consacrée au travail devait
subir un dur réveil, Bosvieux ne s'occupait pas de politique ; ses
fonctions l'obligeaient à de fréquentes tournées d'inspection des
archives communales, paroissiales et hospitalières de son départe-
ment. Vu la difficulté des communications, il se voyait souvent obligé
de recourir à l'obligeance d'amis, de fonctionnaires également en
tournée. Les luttes électorales dans la Creuse ont toujours été assez
vives ; elles l'étaient sous le second empire, et cela n'a fait qu'aug-
menter.
En 1864, deux candidats, tous deux conservateurs et également
agréables au pouvoir, se disputaient les suffrages, l'un était le
comte de Beaufranchet, le second se nommait Delamarre. Le
ministre Rouher soutenait l'un; Fialin de Persigny l'autre.
Afin de faire à moins de frais ses tournées d'archiviste, Bosvieux
eut la malencontreuse pensée d'accepter une place dans la voiture
de M. de Beaufranchet qui de son côté faisait ses visites électorales.
Après une lutte fort vive entre les concurrents, M. Delamarre
obtint la majorité et devint député de la Creuse. Malgré ce succès
déGnitif, il n'en fut pas moins froissé de l'attitude du malheureux
fonctionnaire, qui paraissait avoir donné à son adversaire une
apparence de candidature officielle. Il exigea le changement de
résidence de Bosvieux et l'obtinL
(i) M. Charles de La Tour, ancien procureur impérial de Saint- Yrieix,
président honoraire du même tribunal, a donné en 1879, une traduction
de la Vie de Saint Geoffroy. — Sceaux, in-8*.
AUGUSTE BOSVIBUX 201
Le gouveroeineDt que Ton avait alors n'élait peut-élre pas aus^
despotique que certains écrivains ont tenté de le faire dire à l'his-
toire. Nous en connaissons qui, dans de semblables circonstances,
auraient brutalement cassé aux gages, autrement dit révoqué Tinfar-
tuné archiviste. 11 n'en fut rien, Bosvieux eut même de Tavance-
ment; de l'obscur bourg préfectoral de la Marche il fut envoyé à
Agen, ancienne capitale d'une des plus riches provinces, chef-lieu
d'une cour royale ou impériale, etc., etc.
Là Bosvieux devait rester moins longtemps, trois ans à peine,
mais combien occupée fut sa vie. Certes il n'avait plus la proximité
de Limoges, de Saint- Yrieix, de ses parents; comme il était heu«»
eux de s'en occuper encore et quand, dans les titres ou les
registres, il rencontrait des noms du Limousin, Pierre-Buffière,
Chamberet, Bonneval, du Përigord Bourdeille, du Bordelais
Pontac, il s'empressait de consigner sur un registre spécial tous
ces noms pour y avoir recours un jour.
C'est ainsi que nous trouvons à la date du 11 octobre 1632 ce
1res curieux contrat de mariage passé au chAteau de Bourdeille en
Périgord de la fille de l'illustre historien de Thou, premier prési-
dent du parlement de Paris avec un Pontac, fils du premier prési-
dent du parlement de Bordeaux; contrat auquel assistaient les
plus grands seigneurs du royaume et le frère de la mariée, l'infor-
tune de Thou, la future victime de Richelieu.
A Agen, Bosvieux comme partout avait su se créer de solides
amitiés, qui le suivirent plus tard en Alsace et lui survécurent
même après sa mort. Nous avons nommé M. Magen, qui lui a
consacré des pages émues auxquelles nous emprunterons plus
loin des passages intéressants.
Hais une véritable fatalité s'attachait aux moindres détails de sa
vie. N'eut-il pas une affaire avec la cour des comptes en personne
et voici comment.
Bosvieux travaillait très tard, la nuit elle-même ne pouvait
Farracher à ses chères archives. Naturellement il fallait des flam-
beaux pour éclairer ce travail nocturne et il en acheta. Cette
dépense fut jugée excessive et dangereuse pour la sécurité des
archives et l'archiviste incorrect fut bl&mé par la haute cour de
justice financière I
C'en était trop I Depuis longtemps son proche parent, M. Bigorie
de Laschamps, premier président de la cour de Golmar le sollicitait
202 SOCléTÉ ARCRéOLOGiQUE ET HISTORM^UE DU LIMOUSIN
d'entrer dans la magistrature; il lui vantait l'indépendance, Tina-
movibilité, assurées à ses membres, et lui promettait un avance-
cement rapide. Le dernier déboire qu'il venait d'éprouver le décida
et il accepta de débuter dans le modeste poste de juge à Wissem-
bourg, et peu de temps après fut nommé en avancement juge à
Schlestadt.
Là encore il rendit service à ses amis. Une inscription tombale
dans réglise de Sainte-Foy consacrée à un Monluc, de la grande
famille du maréchal de ce nom, faisait le désespoir des savants.
Bosvieux essaya de la traduire et eut à cette époque une corres-
pondance suivie avec son ami M. Magen.
Mais de terribles événements se préparaient. Dans sa corres-
pondance, il avait pressenti les préparatifs de nos ennemis. La
ville de Scblesta(H fut une des premières investie après la déclara-
tion de guerre de 1870. Pendant deux longs mois la ville eut à
subir un terrible bombardement. L'on s'imagine aisément quelles
angoisses dut subir le malheureux Bosvieux. Voir son pays accablé
de revers comme il n'en avait jamais éprouvé ; ses chers trésors
bibliographiques exposés à être incendiés par le feu de l'ennemi,
il ne put y résister. Cette nature profondément bonne, ouverte à
routes les impressions devait recevoir un coup fatal. Une maladie
de cœur dont il avait les germes fit pendant le siège des progrès
considérables. Aussitôt la ville rendue, octobre 1870, Bosvieux
comme l'oiseau blessé regagna son cher Limousin et vint mourir
à Saint-Yrieix le 31 mai 1871.
L'on peut diviser l'œuvre laissée par Bosvieux en deux parties
bien distinctes : l"" l'œuvre imprimée comprenant les trois commu-
nications faites par lui à notre société : registres dits Consulaires
de la ville de Saint-Yrieix; des extraits du Journal historique de
Pierre et Pardoux de Jarrige; les bains romains d'Evaux.
A Guéret, pendant qu'il était archiviste départemental : Le pré-
tendu Hôtel des comtes de la Marche; la vie de saint Geoffroy, fon-
dateur et premier abbé duChalard; enfin deux rapports adressés
au Conseil général de la Creuse en 1862-1863, l'œuvre assurément
la plus parfaite de Bosvieux et qui offrait le plus de difficullés.
Nous passons sous silence une plaquette de la Bibliothèque
Mazarine dont il fut simplement l'éditeur e( non l'auteur. Nous
omettons également quelques appréciations publiées dans le jour-
nal local de Saint-Yrieix que Bosvieux regrettait bien d'avoir faites,
car elles ne reposaient que sur des légendes peu dignes de foi.
AUGUSTE BOSVIEUX 203
2® Les maDuscrits légués aax Archives départementales de la
Haate-Vienne sont bien autrement importants. Là, sont réunis des
travaux considérables sur l'histoire de la Marche, du Limousin et
de sa chère ville natale, Saint-Yrieix.
Ils ont été déjà^onsullés avec fruit par M. l'abbé Lecler. De même
dans la Géographie du testament de Saint-Yrieix, qui paraîtra sous
peu dans Tinlroduction au Cartulaire deVigeois^ on pourra se ren-
dre compte par la lecture de ce document à quel point Bosvieux
savait creuser une question et ramener à bonne tin. Douze noms
de lieux mérovingiens du vi* siècle y sont savamment identifiés, alors
que des érudits de la capitale avaient souvent erré, et que ceux de
province avaient ignoré. Bosvieux d'une plume magistrale met tout
au point et éclaircil tout.
Dans ses trois communications insérées à notre Bulletin en
1880 (1), 1882 et 1884, Bosvieux ne se révélait pas seulement,
malgré ses vingt ans à peine comme un chercheur heureux; il faisait
pressentir surtout dans la troisième, les bains romains d'Evaux, ce
qu'il devait devenir plus tard. En eiTet vers 1884 on venait de
mettre de nouveau à jour, à Evaux (Creuse), d'antiques thermes
romains abandonnés depuis des siècles. Bosvieux, placé à ce mo-
ment à peu de distance, put suivre avec un vif intérêt les recherches
faites à ce sujet.
En lisant son travail, condensé dans six pages de notre Bul-
letin (année 1884, page 99S à 231), on ne peut regretter qu'une
chose, qu'il soit resté si peu de tout ce qui avait été mis au jour
par les nouvelles fouilles.
En effet, sauf le musée de Guéret qui en a recueilli quelques
débris, il reste peu de traces à Evaux des thermes antiques décrits
avec soin par le jeune archiviste.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déjà dit de la
légende si accréditée à Guéret du prétendu château des comtes de
la Marche, à laquelle Bosvieux a mis fin une fois pour toutes. La
vie de saint GeolTroy, avec sa préface, est une véritable révé-
lation d'un épisode de la première Croisade. Tout le discours
du pape Urbain II est rapporté par un témoin oculaire; la vie de
Pierre Lebrun, riche négociant de Limoges, si fier de son état qu'il
(1) Nous disons année 1850-1851 au plus tard et non 1848, comme le
le porte par erreur le t. III du Bulletin, En effet cet article est signé
fièrement par Bosvieux, élève de TEcole des chartes. Or, il ne Tétait
pas en 1848. Il ne le fut que deux ans après, 1850-1851.
204 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
veut être enterré sous les bancs des changeurs (rue des Taules?),
confirme ce que nous savions déjà sur celte bourgeoisie de Limoges,
si laborieuse, si riche au moyen âge, qui avait porté dans le monde
entier la renommée du nom Limousin.
Mais rœuvre la plus remarquable de Bosvieux«consiste évidem*
ment dans les deux rapports faits au Conseil général de la Creuse
pendant les années 1862 et 1863, qui résument dix ans d'un travail
obstiné.
Le premier, celui de 1862, est consacré à l'élude au point de vue
historique de la composition du territoire du département de la
Creuse. .
Après avoir donné un plan à suivre pour écrire une histoire de
cette division territoriale il examine successivement les parties qui
ont appartenu aux provinces de la Marche, de la Combraille,
du Poitou, du Limousin, du Franc-Alleu, du Bourbonnais, du Berry
et aussi de l'Auvergne.
Il s'occupe ensuite du gouvernement civil, dans lequel il fait
entrer les Justices, le Présidial et la Sénéchaussée de la Haute-
Marche, les Chàtellenies et les Justices royales et subalternes.
Dans la môme division, il aborde les juridictions de police, à
savoir la maréchaussée, puis les juridictions consulaires et enfin la
juridiction financière, maîtrise des eaux et forêts, puis les élections.
Son rapport se termine par des articles consacrés au gouver-
nement militaire, au gouvernement ecclésiastique, à l'organisation
féodale et en dernier lieu aux communes.
A ce premier rapport sont annexés deux très importants tableaux
intitulés le premier :
« Tableau indicatif des anciennes divisions ecclésiastiques, judi-
ciaires et administratives auxquelles appartiennent les différentes
communes du déparlement de la Creuse ».
Le second :
« Distribution par communes des établissements religieux qui ont
existé sur le territoire du département de la Creuse ».
Ce premier rapport a vingt-six pages in-folio.
Le premier tableau a quatre pages in-folio.
Le deuxième tableau a seize pages in-quarto.
Le second rapport (1863) a trente-cinq pages; il traite dans une
première partie des principaux ouvrages imprimés qui doivent
être consultés pour Thisloire de la Marche.
Dans la seconde partie il envisage les sources pour traiter les
différents sujets suivants :
Agriculture, industrie, langage, coutumes, événements généraux,
AUGU8TB BOSVIBUX âOo
comtes de la iMarche, seigneurie de Combraille, communautés
municipales, fiefs et familles, archéologie, hagiographie et bio*
graphie.
Correspondanoe de Bos vieux
Le style c'estThomme a-t-on dit souvent. On peut le dire surtout
du style épislolaire. Les lettres qui vont suivre font bien connaître
Auguste Bosvieux. Il nous apparait dans sa simplicité, son amour
pour sa petite patrie, sa terre natale. Sa première lettre est de 1886,
alors qu*il venait de finir son droit et de passer sa thèse de
licencié (1).
Voici à quelle occasion nous entrâmes en relations avec lui.
Je savais par Maurice Ardant, alors archiviste de la Haute-
Vienne, qu'un ancien élève de l'Ecole des Chartes, actuellement
archiviste de la Creuse, cherchait à se procurer tous les documents
relatifs à Thistoire da Limousin en général, de sa ville natale
Saint-Yrieix en particulier.
J'avais découvert dans les archives du marquis de Permangle»
Chouly de son nom patronymique (Fune des plus anciennes famil-
les de Saint- Yrieix), une pièce très curieuse. C'était le procès-verbal
complet de l'élection faite en 1865 par les habitants de Saint-
Yrieix d'un maire et de quatre échevins. Cette élection ne s'était
pas accomplie sans soulever de graves difficultés.
La ville de Saint- Yrieix, en effet, était placée sous le pouvoir
temporel et spirituel du chapitre de cette ville. Evidemment, le
doyen et les chanoines n'avaient pas l'autorité suffisante pour
maintenir Tordre dans ces temps si troublés. Dès 1862, Yrieix de
Gentils, appartenant à l'ancienne famille des seigneurs de ce nom»
autrefois chanoine du chapitre, s'était fait ministre de la nouvelle
religion.
Le journal de Pierre de Jarrige, publié en 1868, donne à ce sujet
les détails les plus intéressants (2). Il y avait donc urgence à mettre
(1) Bosvieux passa sa thèse de licencié en droit au mois d'avril 1856.
Nous avons sa thèse imprimée sous les yeux.
(2) Nota, que le douze d'aoust 1562, ceulx de la Religion nouvelle
firent la Cène, en la dite ville, en la maison auparavant faicte et fut
administrée par M*' Yrieix Gentils, ministre de la dite religion; lequel
>ivait été curé et chanoine de Saint-Sulpice. (Journal de Pierre et Par^
doux de Jarrige. — Angoulême, 1868, pp. 4 et 6.)
206 sociéré archéologique et historique du limousin
fln à un semblable état de choses constaté par les lettres da
roi Charles IX» en date du 10 octobre 1568. Certes, les registres
dits consulaires cités par Bosvieux sont fort intéressants, mais ils
sontloin de Tétre autant et surtout aussi complets que le papier
journal de Pardoux Roch, greffier de la cour royale du commun
pariage de Saint- Yrieix, qui rend compte de la façon la plus dé-
taillée de tous les incidents survenus avant cette élection, énon-
çant les noms, prénoms, professions et qualités de plus de deux
cents familles ayant pris part à ces événements.
Je pris la copie textuelle de ce long procès-verbal, offrant tontes
les marques de l'authenticité la plus absolue. (Elle est revêtue d*ua
vidimus du notaire Thouron, faite à la requête de Chouly Perman-
gle, en date du 1" juin 1665.) Je m*empressai de l'offrir à H. Bos-
vieux, dont je connaissais la compétence pour ces sortes de docu-
ments.
Ce fut à cet offre qu'il répondit par la lettre longue et détaillée
qui va suivre. Je n'y ajouterai aucun commentaire. Ce qu'il y a de
certain, c'est que la même pièce très écourtée, qui se voit encore
dans les archives de la Haute-Vienne, ne porte pas la longue énn-
Biération de tous les habitants notables de Saint- Yrieix. Notre copie
était donc d'un tout autre intérêt et méritait bien d'être in extenso
publiée au Bulletin :
f Guérei, 20 septembre 1856.
» Monsieur,
» J'accepte avec empressement les offres de collaboration que
vous voulez bien me faire et si je ne vous ai pas écrit plus têt pour
vous remercier, c'est que les nombreuses occupations que j'ai trou-
vées ici, après une longue absence, ne m'ont laissé jusqu'à présent
aucun instant.
» Que n'avez-vous pas eu plus têt. Monsieur, la bonne pensée de
m'écrire, j'aurais eu le plaisir de faire votre connaissance, car deux
jours avant l'arrivée de votre lettre, j'étais encore à Saint-Yrieix et
il m'eût été facile alors de me trouver au rendez-vous que vous
m'auriez indiqué, tandis que maintenant, il m'est tout à fait impos-
sible de m'absenler.
» J'espère, du reste, que ce ne sera que plaisir remis et à bien-
têt s'il ne dépend que de moi.
» Puisque vous habitez Paris, ayez la bonté de me donner votre
adresse quoique je n^aie plus la perspective d'y faire des voyages
aussi fréquents que par le passé, car je n'ai plus la raison de mon
droit que j'ai terminé le mois dernier. Je compte bien cependant
AUGUSTE BOSVIEUX 207
obtenir de temps ea temps quelques permissions de mon préfet
pour aller chercher les renseignements qu'on ne trouve que là et
soyez assuré, Monsieur, que ma première visite sera pour vous.
» Gomme tous Ta dit H. Ardant, je m'occupe beaucoup de l'his-
toire de Saint- Yrieix, mais ce n'est ni par passe-temps ni par
vanité de me faire imprimer, c'est par un fanatisme de clocher
poussé aux dernières limites. Aussi, suis-je prêt à partager mon
travail avec quiconque voudra apporter sa part de recherches et
de matériaux, et ne me déciderais à le publier que lorsque je
n'espérerais plus rien découvrir qui puisse le compléter encore.
C'est vous dire que je ne sais nullement quand mon histoire verra
te jour. Il y a quelques années, j'avais commencé à publier dans le
petit journal de Saint-Yrieix quelques chapitres composés sur les
notes que j'avais recueillies jusque-là. Mais j ai reconnu depuis que
les documents sur lesquels j'avais travaillé étaient trop incomplets
et je m'en suis tenu à ce premier essai ; quoique J'aie déjà rassem-
blé un grand nombre de renseignements, ils sont loin d'être suffi*
sants. Les archives du Chapitre ayant été brûlées lors des guerres
de Religion, peu de documents ont été conservés, et ceux-ci je les
ai en partie. La préfecture de Limoges ne possède presque aucun
titre relatif à Saint-Yrieix.
» II ne me reste de chance d'en trouver qu'à Tours (parce que
le Chapitre de Saint-Yrieix dépendait de Saint-Martin) ou à Pau,
parmi les papiers du royaume de Navarre. Dans ce dernier dépôt,
les titres relatifs au Limousin, particulièrement à Saint-Yrieix et à
Nontron, sont nombreux, mais Tordre n'y ayant pas encore été éta-
bli, il est difficile d'en avoir communication. Du reste, j'ai formé le
projet d'aller me renseigner en personne et dès que le classement
sera terminé, j'irai y recueillir une abondante moisson de notes.
» Je ne vous parle pas des collections de Paris, des Archives et
de la Bibliothèque impériales, ce sont là les mines les plus riches,
mais aussi les plus difficiles à fouiller. Combien je vous aurais
d'obligation, si vous voulez avoir le courage de .vous hasarder
daDS ce dédale inextricable.
» Les manuscrits concernant l'histoire du Limousin ne sont pas
rares, mais ils ne contiennent presque aucun renseignement sur
Saint-Yrieix. Dom Estiennot, dans ses antiquités de l'ordre de
Saint-Benoit, consacre un article au Chapitre de Saint-Yrieix, mais
ces notes peu substantielles d'ailleurs, ont été reproduites dans le
Gallia Christiana. Il en est de même de la transactiou de 1305
entre le roi Philippe-le-Bel et le Chapitre au sujet de la justice.
Elle a été éditée dans le Recueil des ordonnances des rois de
France.
208 sociirÉ archéologique et hibtohiqub du limousin
» Ce document est un des plus intéressants sans contredit pour
rhistoire de noire ville.
» Cest aussi le seul rapporté par Doro Col qui concerne Saint-
Yrieix. Je connais à fond cette collection et je n'en ai pas rencontré
d'autres.
» En revanche elle contient des documents sur le reste du Li-
mousin du plus haut intérêt.
» Le procès-verbal de Malvergne, du 16 octobre 1665, que vous
m'offrez est très curieux, mais je vous en remercie. Je possède
l'original qui se trouve sur le registre de l'ancienne mairie de
Saint-Yrieix, après les lettres royales de création que j'ai publiées
dans le tome III du Bulletin de la Société archéologique du Limousin,
» Il n'en est pas de même de la prise de possession du 9 mars
1589, que je vous serais très reconnaissant de me communiquer.
» Quant à la publication des Mémoires de Pierre et de Pardoux
de Jamge, sur laquelle vous me demandez mon avis, je vous
dirai que j'avais songé à en enrichir le Bulletin de la Société archéo-
logique, mais deux raisons m'en ont empêché; la première c'est
que ma copie avait été prise sur une autre copie et que n'ayant pu
la collationner sur l'original, je craignais qu'elle ne fut pas assez
exacte. La seconde c'est que je réservais ces mémoires pour les
pièces justificatives de mon histoire de Saint-Yrieix. Puisque
M. de La Borderie vous a confié le manuscrit original, conservez-le,
je vous en prie, le plus longtemps possible et lorsque j'aurai le
plaisir de vous voir je m'en servirai pour rectifier ma copie.
» Je crois d'ailleurs avoir publié dans le Bulletin toute la partie
qui est d'un intérêt général pour l'histoire de la province ; le reste
serait mieux à sa place à la fin d'un ouvrage sur Saint-Yrieix. Ce
serait l'occasion de deux articles biographiques intéressants s*ils
étaient suivis de ces notes et plus curieux s'ils étaient réunis en un
seul.
» Quelle bonne fortune aussi pour notre histoire de pouvoir y
joindre le manuscrit de Pardoux Roch. Jusqu'ici je n'en connaissais
pas l'existence. Je crois qu'où il y a le plus de découvertes à faire
c'est dans les papiers des familles de Saint- Yrieix, du moins des
familles importantes, (elles que celles des Ghouly, des Jarrige, des
Gentils, des Du Carreau, qui doivent se trouver au cabinet des
titres à la Bibliothèque impériale. Je n'ai pas encore consulté ces
collections, mais je me promettais bien de les étudier à mon pro-
chain voyage. Du reste puisque vous les avez eues sous les yeux,
vous savez bien mieux que moi à quoi vous en tenir à cet égard et
je vous serais très obligé si vous vouliez me faire part de vos ren«
seignements.
ACGCâtÊ BOSVIECX â09
» Qaels quils soient, Us me seront utiles; car mon plan est le
plus étendu possible. Il comprend Tbistoire proprement dite de
Saint-Yrieix, celle de ses monuments, de ses personnages célèbres
et de ses familles importantes; subsidiairement, j'y ajouterai Tbis-
toire des autres localités de Tarrondissement, toujours sur le même
plan. Il y aura donc place pour toutes les notes.
» Une autre fois, je vous donnerai un aperçu des renseignements
que je possède déjà et je n'en serai bien sâr que si vous vouliez me
permettre de vous considérer déjà comme associé à mon travail.
S'il en était ainsi je vous prierais de m'indiquer quelles sont les
notes que vous avez entre les mains afin que je ne dirige pas mes
rechercbes de ce côté. Mais je dois vous prévenir d'avance que je
vous donnerai peut-être un troisième collaborateur, si toutefois il
ne veut pas garder pour lui seul l'honneur de son entreprise. C'est
un avocat de Saint-Yrieix, M. F.-R. du Garreau qui a devers lui des
documents très curieux et que je ne pourrai probablement me
procurer qu'à cette condition.
» Voyez, Monsieur, si ma proposition vous convient, pour moi je
le désire sincèrement.
» Avant de terminer ma lettre, permettez-moi une rectification
qui vous intéresse puisque vous appartenez par votre mère à la
famille des Jarrige. Les armes de votre cachet ne sont pas je crois
très exactes, il y manque deux palmes d'argent à chaque côté du
chevron. Ces palmes se retrouvent au château de Montluc qui
appartenait aux Jarrige et sur un plan de la ville de Limoges
dressé par Jouvin de Rochefort et dédié aux présidents trésoriers
de France, généraux des finances, grands-voyers de la généralité
de Limoges, dont Paul de Jarrige était au commencement dii
XVIII* siècle, je crois. Je ne pense pas que la branche des Biards
ait rien changé aux armoiries de la famille. Les La Morelie les
portaient telles que je vous les ai décrites. Paul de Jarrige lui-
même était seigneur de La Morelie (1).
(1) Bosvieux ignorait des détails particuliers à cette famille. Les
Jarrige de Lamorelie ont formé plusieurs branches : Tainée fondue dans
la maison de Lasteyrie du Saillant ; la seconde, seigneurs de Puyredon;
la troisième, seigneurs des Biards, qui a subsisté jusqu'en 1850. Les
derniers représentants de celte branche ont été : le chevalier de Lamo-
relie des Biards, lieutenant de vaisseau de la marine royale, échappé de
Quiberon, grièvement blessé, et son neveu, le marquis de Lamorelie,
ancien préfet dWlcnçon et de Moulins sous la Restauration. La bran-
che des seigneurs des Biards (paroisse de Glandon, près Saint- Yrieix)
pour se distinguer des autres branches, avait supprimé les palmes.
On voit encore au château des Biards, sur la porte des écuries, un
vieux blason supporté par deux anges. Les palmes n'y figurent pas.
âiO SOClèrè ARCHEOLOOIQÛE ET HtàTORiQUB Dl) LlBlOOSlN
» Pardonne/.n^i, Moasiear, moa verbiage, on sW expose
lorsque Ton me fa)l parler de Saiol'-Yrieix.
» Recevez, Monsieur, rassunrnce de mes sentiments les plus
dévoués ».
A. BosviEux.
Quelques- dnnées plus tard, en 1868, nous lui fîmes part de noire
jolenlion de publier le journal de Pierre et Pardoux de Jarrigo,
vtguters de la ville de Sainl-Yrielx (1560-1590).
Tout autre que Bosvieux eut certainement éprouvé quelque
désappointement de voir un profane se permettre de marcher sur
ses brisées et lui enlever Tespoir qu*il avaH toujours nourri de
pubirerh»H»éme ce doewneirt curieux aux pièces jusliHcatives de
rhisloire de sa ville natale (1).
Il n^en fut rien, au contraire, Bosvieux m*encouragea dans ce
travail et me donna ses sages conseils.
Il terminait une de ses lettres par ce fost scriptum :
« Il va sans dire que je n*ai pas la prétention de figurer comme
éditeur ni môme comme annotateur, dans la publication du journal
d'Antoine de Jarrige, au cas où vous joindriez cette petite chroni-
que à celle dont elle est le complément (3). Je suis encore plus
Limousin qu'archéologue et je tiens infiniment plus à ce quon
parle de mon pays que de moi. »
Tout Bosvieux est la ! quelle leçon pour certains auteurs, ^ont la
réclame à outrance est le principal, Tunique mérite.
Quelque temps avant de recevoir cette lettre, j'avais proposé à
Bosvieux de publier en son nom personnel le journal d'Antoine de
Jarrige, neveu ou fils de Pierre et Pardoux.
(lomme on le voit, il se désintéressait complètement et nç vou-
lait même pas figurer comme annotateur. Du reste, longtemps
après (en 1880], j'ai eu en main la communication de c0ie pièce
qui était loin d'ofTrir le même intérêt que celle de ses; prédéces-
seurs et je dus renoncer à en faire la suite du jourMi historique
des viguiers de Saint-Yrieix.
Nous allons maintenant donner quelques extraits des lettres de
Bosvieux à son ami Magen. Il avait visité l'Espagne et successive-
ment parcouru les villes de Burgos, Avila, Tolède, Simancas, Val-
ladolid :
(1) Et cela eut été d^autant plus naturel qu^il avait le premier signalé,
dans notre Bulletin, le manuscrit original.
(2) C'est-à-dire faisant la suite du journal de Pierre et Pardoux.
AUGUSTE DÔàVtBClt âl)
« À Burgos, j'élais gelé et j'aurais maudit, de tout mon cœur, le
printemps éternel de TEspagoe si j'avais eu le temps de songer aux
Séguidilles d'Alfred de Musset et G^^ Mais j'avais la cathédrale à
visiter, et au milieu de ce trésor, j'oubliais complètement le froid
el la pluie. J'ai passé Irois jours entiers et une soirée à Burgos :
il m*aurait fallu deux mois pour tout voir. Mais que de richesses
j'ai entrevues ! Soixante tombeaux au moins dans la cathédrale;
un calvaire en lave, en marbre dllalie, en bronze, en cuivre
repoussé et émaillé {optis Lemovicense ttî). Des inscriptions à tous
les pas; des tableaux de maîtres dans tous les coins : allemands,
flamands, italiens, espagnols ; des merveilles de serrurerie, des
forêts de bois sculpté.
y> On se perd dans tons ces détails qui sont charmants et on
n'éprouve nullement le besoin de reconstituer l'ensemble et l'unilé
de i'édi&ce qui disparaît sous le fouillis des rélables, des grilles,
des tentures et des boiseries. J'ai rempli un carnet de notes et j'ai
à peine étudié une rangée de stalles. La table qui se relève, la
partie sur laquelle on s'asseoit est décorée de marqueteries incroya-
bles. On dirait une ciselure sur cuivre, avec nielles et hachures.
C'est dans ces sujets que l'artiste a déployé toute sa verve. Il y a
des caricatures qu'on dirait d'aujourdhui ; il est vrai que tout cela
date du xv!"" siècle. »
A Avila, c'est une autre gamme I nous sommes dans la patrie de
sainte Thérèse. Bosvieux s'attendait à trouver une sainte extatique,
diaphane, toute en Dieu ; aussi quel n'est pas son étonnement en
voyant son portrait « qui vous désillusionne agréablement du reste
On s'attend à rencontrer un corps maigre, une face anémique ; la
sculpture et la peinture vous montrent, au contraire, un visage
grassouillet, à peine pâle, avec quelques traces de bistre nulle-
ment effrayantes » (1). Les accessoires des tableaux sont chargés de
vous révéler les étranges exaltations de la sainte que ses portraits
ne font pas soupçonner. Là, c'est Jésus-Christ qui lui souffle dans
la bouche l'esprit divin au moyen d'une longue sarbacane ; ailleurs,
des anges qui .lui écartent les bras pendant qu'un amour ailé vient
lui percer le cœur d'une flèche, etc., etc. ».
(1) Il a été publié dans le Correspondant, il y a quelques années, une
étude sur sainte Thérèse, qui confirme pleinement le jugement de Bos-
vieux. Cette étude du comte de Meaux fait connaître la grande sainte
sous un nouvel aspect. Héglant les questions les plus pratiques pour
rétablissement de ses nombreux couvents ; s'occupant du mariage de
sa sœur; donnant de sages conseils au roi Philippe H, qui ne craignait
pas de la consulter et de suivre ses avis.
ti'Z SOCIETE ARCtIKOLOGiQCE ET HISTORIQUE DV LIMOUSIN
Mais Tolède, ranlique capitale de la vieille Gastille, a loiiles les
préférences de Bosvieax ; qu'on en juge :
« Lorsqu'on ne peut pas visiter loute l'Espagne, c'est Tolède
qu'il faut voir, parce qu'on trouve réuni là tout ce qui est dissé-
miné dans les différentes régions du royaume : le site le plus pitto-
resque, l'aspect le mieux conservé des vieilles villes espagnoles et
les souvenirs de toutes les civilisations qui se sont succédé dans
ce beau pays. Ruines romaines, vrisigothiques, synagogues, mos-
quées, cathédrales chrétiennes, palais de la Renaissance, rien n'y
manque. Â côté de l'Alcazar, qui est bien le monument le plus
imposant qu'ait produit le xvi« siècle, on a à admirer encore l'im-
mense cathédrale, avec ses sept cent cinquante fenêtres, toutes
garnies de leurs vitraux, son peuple de statues, sa forêt de bois
sculptés, ses trésors dont une snule pièce, le manteau de la Vierge
de Sagrario, renferme pour plus de quatorze millions de diamants,
de rubis, de saphirs, de perles et autres joyaux. L'église de San-
Juan-de-Los-Reges, avec son cloître, le bijou le plus fouillé du
gothique fleuri, autour duquel se déroulent les chaînes de fer des
captifs chrétiens enlevées par les rois catholiques, Ferdinand et
Isabelle, à l'émir de Grenade Boabdil, etc., etc
» A Tolède, j'ai éprouvé la plus vive émotion archéologique que
j'ai ressentie dans tout mon voyage. Quelle ville unique au monde:
il est impossible de faire un pais sans se heurter à quelques mer-
veilles; toutes les portes sont des chefs-d'œuvres de serrurerie.
Quels clous, quelles serrures, quels marteaux I chacun est un objet
d'art. Des clous, gros comme des têtes d'enfants, forgés en forme
de casque, bordés de bandes de fer sculpté en roses, en étoiles.
Il y aurait de quoi faire un splendide musée rien qu'avec celte
ferraille. J'aurais bien voulu en rapporter une collection ; mais
impossible I Les Tolédins, qui vendraient bien leur porte, n'en
veulent pas arracher un seul clou ».
Nous voici maintenant à TEscarial, ce sombre tombeau des rois
d'Espagne. « J'arrivais, prévenu par la description qu'en donne
Th. Gautier et je l'avoue d'avance, je regrettais la journée que
j'allais dépenser à visiter cet immense sépulcre. Le temps était
froid, pluvieux, je m'étais levé matin, je grelottais, j'étais fort mal
à Taise : tout cela me disposait fort peu à l'admiration et un pre-
mier coup d'œil jeté sur l'espèce de caserne, nue, sans ornement,
aux mille fenêtres basses et étroites, placée au fond d'un enton-
noir, qu'une ceinture de montagnes arides entoure de tout côtés,
ce premier coup d'oeil, dis-je, me séduisit très médiocrement.
Mais lorsque j'eus erré pendant cinq ou six heures dans ce laby-
rinthe de couloirs, d'escaliers, de cellules, dans celle demeure de
ÀUiQUST£ BOSVkËOX 2f3
moines, à laquelle vient se sonder, comme un appendice insigni-
Qanl, un palais qui, isolé et loin de ce colosse d'architecture, se
présenterait avec des proportions très imposantes ; lorsque j'eus
compris enfin TEscurial, je m'expliquai Tadmiration des Espagnols
qui en font la huitième merveille du monde.
» Tout cela est triste, froid, sans vie ; mais Témolion qu'on en
rapporte n'en est pas moins très vive et très empoignante. Celte
visite à TEscurial m'a mieux fait connaître Philippe II, que tout ce
que j'en avais lu dans l'histoire. Ce monument est le rêve réalisé
d'un moine fanatique, misanthrope et tout puissant : c'est avant
tout un tombeau, mais un tombeau royal qui devait concentrer
autour de lui une armée de prêtres et prouver en même temps par
quelque hors-d'œuvres somptueux qu'il aurait pu être un palais...
» Le palais est tendu de magnifiques tapisseries des Flandres et
d'Espagne, ces dernières d'après des dessins de Goya, charmants
comme tout ce qu'a fait ce maître. Il y a bien quelques tapisseries
des Gobelins, mais peu remarquables. Elles représentent, dit le
guide, des scènes des Aventures de Télémagm, d'après des dessins
de Rubens. Il est vrai que le même guide montre aux visiteurs une
médiocre copie du beau portrait A'Hortense Mancini, qu'il y a dans
le salon de la préfecture d'Agen, comme un portrait de M""* de
Pompadour I »
Hais le plus piquant du voyage de Bosvieux fut certainement sa
visite aux célèbres archives de Simancas. Alors que la monarchie
espagnole dominait le monde entier, ce dépôt renfermait les plus
riches documents. L'accès en a été toujours très diflScile, aussi
Bosvieux s'était-il muni d'une autorisation ministérielle, mais il ne
se doutait pas, il ne pouvait se douter à quel personnage il allait
avoir à faire. Certes le pays de Cervantes et de Don Quichotte nous
a souvent causé bien des surprises, mais qui pouvait s'attendre au
spectacle, auquel nous fait assister Bosvieux. « Simancas est à
dix Icilomètres de Valladolid, par une fort belle route, qui traverse
ta campagne la plus peuplée et la mieux cultivée que j'aie vue en
Espagne. Quand j'arrivai, vers neuf heures du malin, le senor
Goozalès, archiviste général de l'Espagne, n'était pas encore à son
bureau où travaiiiaieol une dizaine d'employés. L'huissier me
mena à la recherche de mon illustre collègue. Comme nous appro-
chions de sa maison, je vis passer un monsieur à cheval, en bottes
fortes, drapé jusqu'au nez dans son manteau (le 30 mai), sous lequel
il me semblait entrevoir le bout d'une rapière démesurée. Dans un
bois, je me serais signé à cette rencontre. Quelle ne fut donc pas
ma surprise, quand mon guide me présenta à ce personnage de
mauvaise mine.
T. LV 14
214 SOCléré ARGHéOLOGIQUB fiT HISTOIUOCB DÛ LIMOUSIN
« C'était le seigneur Gonzalës qui se rendait dans cet accoutre-
ment de voyageur russe, partant pour la foire de Nijni-Novogorod,
à ses archives situées à deux cents pas tout au plus de sa maison.
Il est vrai qu*tl *«st beaucoup vieux à ce qu'il me dit, ce que je
n'aurais pas deviné, à sa manière leste de sauter de cheval et de
parcourir, toujours dans sesl)Oties de sept lieues, les quarante-six
petites salles qui forment son domaine ».
Le terrible archiviste ne fut pas d'ailleurs très généreux pour
son collègue limousin. Il ne lui permit qu'un examen très super-
ficiel, prétendant qu'il fallait Orden Real, ordre du Roi, pour con-
sulter les manuscrits confiés à sa garde.
Heureusement, il devait trouver quelques compensations aux
Archives départementales des Basses-Pyrénées. Elles se trouvaient
sur son chemin en revenant d'Espagne en France et il ne manqua
pas de s'y arrêter, sachant quelles richesses elles offraient pour
l'histoire du Limousin. Là, pendant plus d'un mois, Bosvieux put
glaner à foison des documents inédits sur sa chère province.
Malheureusement, l'inventaire terminé plus tard par le savant
archiviste de Pau, M. Raymond, était à peine commencé et ce ne
fut qu'avec de grandes difficultés qu'il butina à pleines mains dans
cet immense capharnaum, concernant toutes les provinces ayant
autrefois appartenu aux maisons de Navarre, de Foix et d'Albret.
La moisson fut abondante cependant, tant Bosvieux savait tirer
parti des moindres détails, des plus petites circonstances pour
augmenter son bagage historique.
Bosvieux rentra donc à Âgen chargé de documents précieux
qu'il s'empressa de consigner dans des notes manuscrites, qui sont
aujourd'hui aux Archives de la Haute- Vienne.
Mais revenons à Bosvieux et à sa nomination comme juge à
Wissembourg, au fond de l'Alsace, à la fin du mois de décembre
de l'année 1866.
A peine installé dans ses nouvelles fonctions, il apprenait la mort
de Maurice Ardant, archiviste de Limoges !
Quels ne furent pas ses regrets I car^ on peut l'affirmer sans
crainte, le désir d'occuper ce poàte avait été l'unique ambition de
toute sa vie I
Son protecteur, il est vrai, ne tarda pas à lui donner une com-
pensation. Il fut nommé en avancement juge à Schlestadt, place
fortifiée sur la frontière d'Allemagne.
Mais même là devaient l'attendre de nouveaux déboires.
La guerre de 1870 survenait terrible et Schlestadt placé au
premier rang ne tarda pas à être investi, assiégé, bombardé.
AUGUSTE BOSVIBUX 2lB
L*on devine quelles durent être les angoisses de notre ioforluné
compalriote. Il voyait, dans l'avenir, la perle de ce qu*il avait de
plus cher, sa patrie meurtrie et démembrée, sa position perdue,
ses cbers livres, ses manuscrits, résultats de vingt ans d'études et
de recherches, exposés à tous les dangers de Tincendie et au pillage
derenneroi!
C'en était trop pour cette nature profondément sensible. Sa santé
s'altéra gravement.
Nous allons emprunter à son amiMagen le récit de leur dernière
entrevue :
« Nos cordiales préoccupations allaient vers lui dans ces heures
sombres où tout semblait s'effondrer. Les scènes dont il était le
témoin dans une ville tombée aux mains de l'ennemi devaient lui
mettre la mort dans Tâmc. Il avait, dans le cours ordinaire de la
vie, une sorte de tranquillité philosophique et de dédain qui le
rendait fort contre les petits chagrins ; mais un séjour de trois ans
sur la frontière l'avait attaché plus étroitement encore à sa natio-
nalité et son cœur saignait de toutes les blessures faites à la patrie.
Il nous arriva un soir d'octobre, paie, l'œil éteint, la voix atone,
affectueuse comme toujours, mais triste à navrer. Il s'était échappé
de Schlestadt, en trompant les sentinelles badoises, et n'emportait
nul bagage avec lui. Ses livres, empilés sans soin dans des caisses
plus ou moins solides, étaient restés làbas à Tabandoo. Les
reverrait-il ? qui le savait? Au reste que lui importait la possi-
bilité d uue satisfaction égoïste, quand la ruine et le deuil étaient
partout. Il ne songeait plus qu'à sa famille où il serait reçu les
bras ouverts, au Limousin, dont son désir était toujours de pré-
parer l'histoire. »
En quittant son ami, Bosvieux rentra dans sa famille à Saint-
Yrieix, où il fut entouré par son frère des soins les plus affectueux
et les plus éclairés (1).
La maladie de cœur qui avait débuté à Schlestadt et depuis fait
des progrès effrayants, ne lui donna plus que quelques mois d'exis-
tence. Il s'éteignit doucement et chrétiennement, le 31 mai 1871,
entouré des siens et consolé par cette religion qu'au début de la
vie il avait si bien étudiée et appréciée. Et cependant une suprême
amertume, étendu sur son lit de douleur, lui était encore réservée :
dans les premiers mois de l'année 1871, les archives de Limoges
étaient devenues vacantes. Bosvieux n'aurait eu qu'à dire un mot
(1) M. le docteur Bosvieux,
216 SOGlènl ARCHEOLOGIQUE ET HfSTOtUQUB DI) LiMOÙStN
poor les obtenir; et ce mot, il n'eut même pas la force de le pro-
noncer (1).
Toutes ces infortunes accumulées n'ayaient pas aigri son carac-
tère, il se montra bienveillant et doux jusqu'à la fin. Par son testa-
ment, il donnait le droit à plusieurs de ses amis de choisir dans sa
bibliothèque un livre à leur convenance.
De plus, il léguait par le même acte tous ses manuscrits aux
archives de la Haute- Vienne.
Espérons que ces pages lues par un des jeunes -compatriotes de
Bosvieux lui inspireront la pensée de les publier.
Ge serait rendre un véritable service à Thisloire du Limousin, en
même temps qu'un suprême hommage à la mémoire de cet homme
de bien (2).
H. DE M.
(1) Il est à notre connaissance personnelle que M. Faure, chef de
division à la préfecture de la Haute- Vienne, fit les plus vives insistances
près d*un de nos amis, ancien magistrat (révoqué en 1870 comme pro>
cureur impérial et engagé volontaire, 1870), pour lui faire accepter les
fonctions d'archiviste, à ce moment vacantes.
(2) M. Paul Ducourtieux, dans le Bull, de la Soc. arch. du Limousin
(XXXVI, 303) a publié une excellente notice sur la bibliothèque
d*Auguste Bosvieux, vendue en 1887 ; sur les noms des acquéreurs, les
prix de vente, etc., etc. Il a été fait un tirage à part de ce travail (1889,
16 p. in-8<^). En le lisant, on comprend mieux encore que par les pages
qui précèdent, quelle somme de travail, persévérant, obstiné, il
a fallu pour former ce que Ton peut appeler un fonds de bibliothèque
limousine et marchoise.
LA MALADIE DES ESPAGNOLS
A LIMOGES EN 1809
Les premiers jours de Tannée 1809 furent marqués à Limoges
par des événements qui ont laissé dans la mémoire des habitants
un bien lugubre souvenir. En moins de deux mois, trente et quel-
ques personnes de cette ville moururent victimes de leur charité
pour les prisonniers espagnols qu'elles avaient soignés. Beaucoup
d*aulres contractèrent aussi cette maladie, mais échappèrent
i la mort ; pendant que parmi les Espagnols il y eut plusieurs
centaines de décès en peu de jours. Aussi n*est-il pas surprenant
qu'une panique se soit alors répandue à Limoges et dans tous les
environs, et que les relations avec cette ville aient été interrom-
pues par crainte de la contagion.
Il y aura bientôt un siècle que cette Peste des Espagnols ou VEspa-
gnolette, comme on l'appelait alors, a exercé chez nous ses ravages
et a plongé dans le deuil plusieurs familles des plus honorables
de la ville. De nos jours, on raconte encore comment les choses se
passèrent, mais en y mêlant un peu de légende. Il est bon que
rhistoire en conserve un souvenir exact et fasse connaître le
dévouement de ceux qui sont morts en portant secours aux mal-
heureux. J*ai recherché leurs noms pour les inscrire dans ce
mémoire qui fera aussi connaître la cause, les effets et la nature de
cette maladie des Espagnols.
Les armées françaises pendant la guerre d'Espagne avaient fait
un grand nombre de prisonniers que le gouvernement fit interner
en France. Comme on tenait à les éloigner des frontières de leur
pays, beaucoup de ces malheureux furent amenés à Limoges. Du
29 décembre au 31 janvier 1809, c'est-à-dire dans l'espace d'un
mois, il en arriva dans notre ville 1.480. A la fin de janvier, 254 y
étaient morts. On put alors en faire partir 926 par les routes de
Moulins et de Ghàteauroux, mais il en restait encore 300 hors d'état
de voyager. Et les décès continuèrent le mois suivant.
Quelle est la cause de cette maladie ? Le Journal du département
de la liaute-Yienne l'indique ainsi : « Parmi les prisonniers Espa-
218 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
gDols, il Taut disliDguer ceux qui Taisaient partie des corps armés
de ceux appelés insurgés. Ces derniers ont été enlevés presque au
dépourvu et de vêtements et de secours. Evacués sur la France, ils
ont traversé les Pyrénées, alors couvertes de neiges et de glaçons,
el y ont éprouvé des froids auxquels la plupart d'entre eux n'étaient
pas accoutumés. Fatigués par la marche et en proie au chagrin
que leur causait leur position, plusieurs d'entre eux n'ont pas pu
résister à la fatigue et ont été conduits sur des chariots découverts
où le froid, en unissant de s'en emparer, les a fait tomber gelés
dans plusieurs de leurs membres.
D £n arrivant sur les différents points de leur route, ils ont été
enfermés, ou dans des prisons, ou dans des granges, ainsi que la
sûreté l'exigeait.
» A Limoges, quoique placés dans les salles de l'ancien sémi*
naire, très vastes et très aérées, ils n'y ont pas moins formé par
leur entassement el leur état maladif un foyer de corruption, mal-
gré les soins de l'administration à faire changer la paille à chaque
convoi, à faire rafraîchir l'air par sa circulation, et même à faire
désinfecter par les procédés de Guyton de Morveaux.
» Mais comment pouvoir dissiper le méphilisme qui natt de
l'encombrement presque journalier d'hommes en partie gangrenés
par le froid, ou tous humides de sueur et de la pluie abondante et
continuelle qu'ils ont éprouvée à la suite des froids ? Ce méphitisme
s'attachait à chaque instant à toutes les parties de leur logement,
devenait de plus en plus délétère et répandait sa contagion dans
toute l'atmosphère environnante » (1).
La charité des habitants de Limoges ne fut pas en retard pour
procurer à ces pauvres prisonniers les vêtements, la nourriture et
les soins dont ils avaient un si grand besoin. Mgr du Bourg publia
la lettre suivante pour exciter cette charité, mais aussi pour la
réglementer, afin d'éviter le désordre qui aurait été la suite de dis-
tributions d'aumônes faites d'une manière inopportune. Elle est
adressée à M. Montégut, curé de Saint-Michel-des-Lions :
Q Limoges, le 10 janvier 1809.
» Au milieu des motifs de profonde tristesse que j'éprouve à la
vue des malheureux que je suis allé visiter, mon cher curé, je dois
vous faire part de la satisfaction que j'ai éprouvée au sujet des
aumônes abondantes que Ion ne cesse de faire de toutes parts. J'ai
la douce conliance que le Seigneur aura égard à la disposition
(1) Journal du département de la Haute-Vienne, 3 février 1809,
LA MALADIE DBS ESPAGNOLS A LIMOGES 219
charitable de cette ville, et qu'il dira à ceux qui font ces bonnes
œuvres : « Venez à moi, les bénis de mon Père, vous mettre en
» possession du royaume qui vous a été préparé depuis la création
» du monde, car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai
» eu soif, et vous m'avez donné à boire... J'étais nu, et vous m*avez
» vêtu; j'étais infirme, et vous m'avez visité; j'étais prisonnier, et
» vous êtes venus à moi. » (Saint Mathieu, XXV, 34.)
» Celte pensée remplit mon &me de consolation, et je ne doute
pas que des &mes ouvertes à Thumanité ne finissent par s'ouvrir à
la piété. Les aumônes du centenier Corneille priaient pour lui, et
elles obtinrent sa conversion. (Act. X, 31.)
» J'ai vu les estimables ecclésiastiques qui se sont rendus dans
les asiles du malheur. Je les ai vu porter des consolations à des
gens qui n'avaient plus à en attendre aucune de la terre. Je les ai
vu réussir à calmer Tamerlume la plus profonde, et à faire bénir
le Seigneur par ceux que sa main avait frappés. J'ai vu les reli-
gieuses distribuer avec le plus grand empressement les secours
qu'on leur apportait et se privant elles-mêmes de leurs vêtements,
en couvrir les pauvres. J'ai vu les âmes pieuses envier le bonheur
des épouses de Jésus-Christ, aller leur demander, comme une
grâce, la faculté de les soulager dans leurs peines et leurs travaux ;
non, non, non, cher curé, le Seigneur ne consentira pas à effacer
la France du livre de vie; il ; a du mal sans doute, mais il y a du
bien ; il y a des vertus ; les anges les voient avec complaisance, et
la religion reprendra ses droits, j'en ai la confiance.
» Je désire, mon cher curé, que vous fassiez part de ma lettre à
votre paroisse; je voudrais bien que mes estimables collaborateurs
pussent être soulagés, car je sais qu'ils en ont besoin ; et il en est
qui se rendent à leur travail malgré la fièvre et d'autres infirmités
réelles; mais je n'ai pu employer que ceux qui savaient la langue
des infortunés prisonniers. J'aurais regardé comme un honneur de
m'unir à leurs travaux si je l'avais mieux possédée ; je ne puis que
m'affiiger de voir que je ne suis pas en état de partager leurs fati-
gues : ils les supportent et le Seigneur sera leur récompense. Mais
je désirerais que les autres personnes pieuses de votre paroisse
qui le peuvent ne craignissent pas d'aller offrir leurs services à la
respectable supérieure de l'hôpital, afin qu'elle leur assignât le
genre de soins qu'on peut en attendre, et l'heure où l'on en aurait
besoin. Par là, elles acquerraient un grand degré de gloire aux
yeux du Seigneur, et elles conserveraient à la religion et à leur
emploi les estimables sœurs qui se sont consacrées au service des
pauvres. Quant à la distribution des aumônes, je désire que,
renonçant à toute satisfaction humaine, on se prive de la consola-
220 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET BISTOBIQUE DU LIMOUSIN
tion de les distribuer par soi-même, pour éviter le malheur dont
parle saint Paul : alitis autem exurit^ alius autem ebrius est.
(Cor. XI, 21.)
» Il est si coDsolant de voir HM. les magistrats de la ville, s'bo-
Dorant de cet acte de charité, se revêtir de leur habit de cérémonie
pour aller faire la quête et puis la remettre aux mains de ces mères
des malheureux, que Ton ne saurait mieux faire que d'imiter leur
exemple! Je vous prie, mon cher curé, de dire que pour chacune
des œuvres de charité, j'accorde quarante jours d'indulgence et je
donne ma bénédiction à votre paroisse.
» Je suis, mon cher curé, votre très humble et très obéissant
serviteur.
» f J. Ph., év. de Lim. »
Mgr du Bourg ne se contenta pas d'écrire, mais il paya large-
ment de sa personne, comme on le voit par les lignes suivantes
extraites d'une notice historique imprimée après sa mort :
« L'hôpital de Limoges ne suffisant pas pour recevoir tous les
prisonniers espagnols atteints de la maladie contagieuse, on en
plaça les uns aux Jacobins, les autres aux Pénitents-Blancs. On eut
de la peine à trouver des prêtres qui pussent confesser ces infor-
tunés dans la langue de leur pays, et ils étaient exposés à mourir
sans sacrements. Dès qu'il en fut informé, Mgr du Bourg se trans-
porta à l'église des Jacobins (1), où les prisonniers, couchés sur de la
paille et couverts de plaies infectées par la gangrène, étaient prêts
de rendre le dernier soupir. Pour les confesser, le nouveau Charles-
Borromée s'assied sur la paille, approche son visage de leur bou-
che mourante, et continue ce dangereux ministère jusqu'au soir.
De là, il passe aux Pénitents-Blancs, où il confesse beaucoup de
prisonniers, mais dans une position moins gênante. Il apprend
qu'à rhôpilal les aumôniers sont tombés malades; aussitôt il y
court et voulut même y passer la nuit. On lui dressa un lit, il resta
quatre jours à l'hospice parmi les morts et Tes mourants. La provi-
dence veilla sur ses jours et nous conserva un pasteur qui sacrifiait
sa vie pour le salut de son peuple. Personne ne fut plus exposé
que lui aux funestes effets de la contagion. Lorsqu'il revenait de
confesser ces malades, on était obligé de le faire changer de sou-
tane, à cause des vers et de la pourriture dont elle était couverte.
(1) A quelqu'ua qui voulait Tempêcher d'y aller en lui représentant
le danger auquel il s'exposait, il répondit gaiment : « Soyez tranquille,
je suis ami de saint Charles et parent de saint Roch, et puis je dpis doa-
ner Texcmple à mon clergé. »
LA MALADIE DBS ESPAGNOLS A LIMOGES 22i
Il M parfailement secondé par les préires de la ville, dont plu-
sieurs périrent yictimes de leur zèle, ainsi que huit religieuses
hospilalières de Saint -Alexis. Il enviait leur sort et aspirait au
bonheur de mourir martyr de la charité. Il donna des soins tout
particuliers à HM. Buliat et Cruzedière qui furent à toute extré-
mité et qui, échappés au danger, s'y exposèrent de nouveau, par
les soins qu'ils donnèrent encore aux malheureux Espagnols. »
Pendant le mois de janvier le nombre des morts parmi les Espa-
gnols s'éleva à 384. A partir du 23 de ce mois les décès se succé-
dèrent aussi parmi nos concitoyens qui s'étaient dévoués pour les
secourir. J'en parlerai plus loin. Le Journal de la Haute-Vienne
nous donne sur cette première période les renseignements suivants :
<i Les personnes charitables n'écoutant que leur compassion, et
sans prendre aucune des mesures qu'indique la prudence, bravant
môme les remontrances de l'administration, se sont empressées de
parcourir les salles de l'ancien séminaire ainsi que celles de l'hos-
pice et d'y rester des heures entières pour y distribuer des aliments
et des habillements.
c( Elles ont humé par tous les pores l'infection qui y régnait, au
point que plusieurs de ces [personnes, en rentrant chez elles,
usaient de tous les moyens possibles pour chasser l'odeur cadavé-
reuse qui semblait les poursuivre sans pouvoir s'en débarrasser.
Un ou deux jours après elles ont été atteintes d'une fièvre catharale,
ataxique, intermittente, ainsi considérée à cause des grands maux
de tête, de la sécheresse de la langue, des maux de gorge, de la
difficulté de respirer, d'une flèvre marquée par des irrégularités
nerveuses, par la malignité de son action, qui excitait des mouve-
ments presque convulsifs ou des affaissements extraordinaires, des
tâches livides ou des pustules virnlanls sur différentes parties du
corps.
« Quelques-unes de ces personnes ont été victimes de leur
dévouement, et d'autres sont encore détenues au lit; néanmoins la
mort n'a frappé que les personnes qui avaient fait ou plusieurs ou
de trop longues visites, ou qui ont trop longtemps négligé de
recourir aux secours de l'art, ou même qui n'ont pas eu les faci-
lités de se procurer un air sain, de changer de linge et d'habits, de
jouir des avantages d^une grande propreté et de se procurer des
boissons cordiales, généreuses et des aliments de facile digestion.
« Le nombre des victimes n'est cependant pas à beaucoup près
aussi considérable que la frayeur l'exaltait, il y a cinq ou six jours;
et Ton a vu reparaître comme Ton sait positivement, quelques-uns
de ceux qu'on avait dit morts ou mourants, et qui se promènent, vont
beaucoup mieux, et donnent les plus grandes espérances. Et ce
222 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
qu'il y a de très consolant, dans cet événement malheureux, c'est
que personne encore de ceux qui ont soigné les parliculiers dans
leurs maisons, et aucun des parents qui les entourent, n*ont pris la
maladie. On peut donc assurer qu'elle a été seulement contagieuse
pour les personnes qui sont allées sans précaution, respirer l'air
empeslé des salles du séminaire et de Thospice, et ont voulu
porter des secours trop particuliers.
« La maladie ne peut point aussi être considérée comme épidé-
mique puisqu'elle n*a point atteint ceux qui ont évité de s'approcher
de son foyer. G*est une vraie 6èvre d'hôpital et de prison qui
sortent rarement de leur enceinte.
« Parmi les personnes moissonnées par cette maladie, non obstant
tous les soins qui leur ont été prodigués, les regrets du public se
portent particulièrement sur M*"* veuve Noualhier, née Pétiniaud,
mère de notre respectable maire. Cette dame était citée, depuis
son bas &ge, pour un modèle de son sexe. L'on ne saurait trop
publier ses vertus, et comme mère de famille et comme citoyenne.
Entraînée par celte bienfaisance que son cœur lui dictait pour les
malheureux et que sa fortune lui permettait de répandre, elle se
transporta dans les salles du séminaire et de l'hospice, y distribua
vingt douzaines de bonnets, etc., etc. Le lendemain en se levant,
elle disait : « Je sens une puanteur insupportable »; et elle a répété
cette inquiétude jusqu'au moment de sa mort arrivée le vendredi
matin 27 : cette dame âgée d'environ soixante-six ans était à la
tête d'un grand négoce, depuis plus de trente ans, qu'elle avait
perdu un mari digne de ses regrets. On cite aussi la Hlle cadette
de M. Talendier, magistral de sûreté; l'aînée des filles de M. Plai-
nemaison, avoué à la Cour d'appel; deux jeunes personnes de
dix-huit à vingt ans, dont la société avait droit d'attendre des
agréments, soit par la qualité de leur cœur, soit par l'éducation
qui les distinguait.
« Quelques religieuses de Saint-Alexis, toujours autour des lits
des prisonniers malades ou mourants, ont ressenti les atteintes de
leur maladie, et les sœurs Marie Constantin, âgée de quarante-neuf
ans, et Marguerite-Elie Pinot, encore novice, Agée de trente-six ans,
ont succombé. Les dames Françoise Monlel-de-Laurière, ex-reli-
gieuse de la Visitation, âgée de cinquante-sept ans; Marie Laurenl-
de-Saint-Cernin, religieuse de Sainte-Claire de Toulouse, &gée de
quarante-quatre ans, ont aussi payé le tribut, pour avoir porté des
secours trop actifs aux malades. Parmi les prêtres appelés pour
administrer ces prisonniers, la mort a ravi MM. Francisquet, ex-
religieux,«carme deschaux, &gé de soixante-neuf ans; Elie Vilrac,
ancien curé de la Bregére, Agé de soixante-trois ans, et Jean-Bap-
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LIMOGES 223
tisle Bardy, ancien curé de Verneuil, un des aumôniers de Thospice,
dans sa cinquante-sixième année, pleins de zèle pour remplir digne-
ment leur état. Les deux ecclésiastiques MM. Martin et Bouiaud
dont nous avons parlé dans le dernier numéro ne sont pas morts
de cette maladie (1).
« Nous ne parlons point de quelques artisans et ouvriers que la
mort a aussi moissonnés, parce que nous ne savons pas leurs
noms; mais nous le répétons, le nonibre n'excède pas de beaucoup
celui des morts d'une semblable époque des années précédentes;
et cette année le public n'aurait point surtout été affecté, si la ter-
reur n'avait pas vu les malades et les morts au travers du micros-
cope de la crainte, pour nous servir d'expressions qui peignent
d'un seul trait la kirièle des on dit^ que les échos officieux de la
rumeur publique s'empressaient d'aller psalmodier aux fontaines,
et les oisifs de place en place et de café en café, durant la première
décade de janvier; mais kyrièle qui doit être soigneusement exa-
minée et pesée avec scrupule par l'homme sage qui veut la répan-
dre, pour ne pas s'exposer à gémir d'avoir même avec les inten-
tions les plus religieuses donné inconsidérément l'alarme.
« Espérons néanmoins avec confiance de voir bientôt rasseoir la
tranquillité puisque le foyer de la contagion perd chaque jour de
son inteosité ; puisque Texpérience prouve qu'on ne prend point
la maladie quand on use de précautions en se rendant à l'hospice ;
puisque la contagion ne s'étend poiot du tout, des malades parti-
culiers à ceux qui les soignent. Nous en avons la garantie dans les
soins de nos administrateurs à continuer de purifier l'air des salles
du séminaire et de l'hospice ; à faire verser de la chaux sur les
cadavres des prisonniers, et surtout dans le dévouement généreux
de nos officiers de santé, qui, après des conférences réitérées,
prescrivent des moyens préservatifs et curalifs ».
Tels sont les événements qui couvrirent de deuil la ville de Li-
moges pendant le mois de janvier 1809. Le journaliste qui les
décrit, en diminue autant que possible la gravité afin de ne pas
augmenter la crainte du danger que beaucoup exagéraient.
Le mois de février n'apporta pas d'amélioration à cet état. Les
Espagnols mouraient toujours en grand nombre et vingt autres de
nos compatriotes payèrent encore de leur vie leur charitable
dévouement envers ces malheureux. On trouvera plus loin leurs
noms et la date de leur mort.
(1) Malgré cette assertion du journaliste, il est certain que MM. Mar-
tin et Bouiaud sont morts de cette maladie, ainsi que l'indique le Né-
crologe ecclésiastique du diocèse.
> <m r
224 sociéré archéologique et historique du limousin
Pour calmer la terreur panique qui se répandit de plus en plus,
non seulement dans la ville, mais encore dans tout le département,
le préfet de la Haute-Vienne, publia vers le milieu du mois Tavis
suivant :
(( L. Texier-Olivier, préfet du département de la Haute-Vienne,
membre de la Légion d'honneur.
c( Instruit que la maladie régnante à Limoges depuis environ un
mois, a répandu Talarme dans les villes et communes rurales de ce
département, s'empresse de prévenir ses administrés que d'après
Texpérience et les avis de plusieurs médecins éclairés, cette maladie
n'est ni épidémique ni contagieuse; que les miasmes qui Tout
répandue n'existent et n'ont eu d'influence que dans les salles où
se trouvaient entassés les prisonniers espagnols; qu'aucun des
citoyens de la ville qui en a été atteint, ne l'a communiquée ; et
qu'enfln depuis plusieurs jours, on ne compte aucun nouveau ma-
lade. Le nombre des morts est dans la proportion ordinaire et
tous les convalescents sont dans la situation la plus rassurante.
« Il invite en conséquence MM. les maires à publier ou faire
publier cet avis à leurs administrés, et à les inviter à renouer leurs
communications habituelles avec la ville de Limoges, communica-
tions qu'ils n'auraient jamais interrompues si la crainte n'eut pas
grossi et dénaturé la maladie qui les a éloignés.
« Limoges, le 14 février 1809,
« Le Préfet : L. Texier-Olivier ».
Le Journal du département de la Haute-Vienne va encore nous
faire connaitre l'état des esprits à Limoges pendant cette première
quinzaine de février; il nous dira aussi le nom de quelques-uns
des habitants morts de cette maladie pendant le même temps :
« Nous l'avons dit et nous le répétons, la pusillanimité et la
crainte ont causé plus de mal que la maladie. On a dit et répété,
Vespagnolette est épidémique et contagieuse. Chacun en racontant
a ajouté et des faits controuvés et des raisonnements; en sorte que,
comme le dit Montaigne, qui connaissait parfaitement l'esprit hu-
main, sur les on dit « le plus éloigné témoin en est mieux instruit
que le plus voisin ; et le dernier informé, mieux persuadé que le
premier. C'est un progrès naturel ». Des personnages jaloux d'être
crus sur parole, aussi imprudents que peureux, sont partis, et ont
répandu sur leur route « l'épidémie est à Limoges ». A l'appui de
leur assertion, une piété mal entendue qui se persuade qu'il ne
faut que prier pour se garder de tous les maux a aussi sollicité des
prières pour les citoyens de Limoges qui mourraient comme mou-
La 3lâALADl£ DES ESPAGNOLS A LtMOGEà 225
ckes^ car c'est Texpression dont on s'est servi en nous priant de
nous expliquer sur Tévénement. Est-il vrai, se demandait-on dans
les canapagnes, dans les villes voisines qu*d Limoges il y a une
espèce de peste? Oh ! ce n*est que trop réel, disait un campagnard,
peu accoutumé aux usages des grandes villes, j'ai vu le drapeau
noir, tendu à une des principales églises de Limoges. A ces mots
« j'ai vu » on n'osait pas révoquer le fait en doute. Mais qu'avait
vu le campagnard? Une tenture pour un enterrement de premier
ordre. Hais une tenture n'est pas un drapeau. Le drapeau noir
dans les temps de calamité ne s'attache pas à la porte d'une église;
on le suspend au haut du clocher le plus élevé. Et ce n'est pas au
clocher, mais à la porte de l'église que la tenture a été vue.
« Des jeunes gens du lycée et des écoles secondaires, toujours
ardents pour les illusions et toujours aux aguets des circonstances
qui peuvent augmenter ou prolonger leurs congés, ont écrit à leurs
parents : « Le passage des prisonniers espagnols a porté une ma-
ladie épidémique à Limoges ». L'un d'eux a poussé l'exagération
jusqu'à mander à ses parents : « Dans le moment ou je vous écris,
il y a S.234 malades à Limoges ».
« Des parents trop faciles à s'alarmer ont de suite envoyé cher-
cher les élèves, avec ordre exprès aux conducteurs d'arriver dans
la matinée et d'emmener leurs enfants sans les laisser coucher à
Limoges. Ils ne calculaient pas que cinq mille malades formaient
au moins le cinquième de la population de la ville, et que leurs
enfants faisaient aller leur plume sous le microscope de l'espérance
d'aller passer leur carnaval dans leur famille, où ils savent que les
plaisirs seraient plus vifs et plus bruyants que dans leurs pensions.
Ils ne faisaient pas réflexion que quinze jours ou un mois de retard
dans les cours de leurs enfants, les reculeraient au moins de six
mois. Eh bien, s'ils avaient coQsullé des gens sages, pris la peine
de venir examiner eux-mêmes ce qui en était, ils se seraient con-
vaincus que cette maladie n'avait aucunement pénétré dans le
lycée et les pensionnats; qu'il n'y a pas eu d'autres malades que
ceux sujets à quelques petites indispositions; que dans la ville
aucun de ceux qui ne sont pas allés trop fréquenter les Espagnols,
ou dans les salles du séminaire, ou dans celles de l'hospice, n'a
ressenti la moindre atteinte de la maladie. Ils se seraient égale-
ment convaincus que les maîtres ne s'étaient point prêtés au désir
de leurs élèves, d'aller visiter les prisonniers, et que tous étudiaient
ou jouaient suivant leur usage; que la plus grande propreté,
Tordre le plus sage régnait dans ces maisons d'éducation, et que
toutes les précautions y étaient prises pour y entretenir la salubrité
de l'air et la bonne santé des élèves.
2^6 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET NlSTORIQlTE DÛ LIMOUSIIf
» Mais, dtra-l-oD, pouvez-vous soutenir qu'il d'; a pas eu une
maladie dangereuse portée par les prisonnîers espagnols. Bien
loin de le contredire, je ro*empresse de répéter que celte maladie a
existé. Mais elle n'existe plus, parce que son foyer est détruit.
El cette maladie n'a pour ainsi dire existé que dans son foyer.
C'était une fièvre d'hôpital ou de prison, ou comme rappelle
M. Oullié, médecin distingué à Caliors^ où cette maladie a éië
connue avant de paraître à Limoges, une fièvre catarrale malimoris,
jouant le rôle de fièvre d'hôpital et de prison.
» Pour achever de détruire la terreur panique qui a causé tant
de rumeur inconsidérée, nous rendrons compte des décès qui ont
fixé plus particulièrement rallention, soit par les circonstances où
se sont trouvés les malades, soit par leur âge. On verra qu'ils ne
sont pas aussi considérables qu'on a bien voulu le publier, et nos
lecteurs apprendront sûrement avec plaisir, que plusieurs personnes
qu'on avait dit mortes ec enterrées sont encore vivantes et rétablies.
» Au nombre des victimes sont :
» MM. Ârdant de TEstrade et Arnaud d'Encombe, deux jeunes
gardes d'honneur de l'âge, de dix-neuf à vingt ans; la dame Des-
roches, née Ruaud, jeune femme d'environ vingt ans ; la dame
Marie Brousseaud, novice au couvent de Saint-Alexis, dans sa
vingt-cinquième année, qui, à trente-six heures d'intervalle, suivit
sa sœur, Madame Catherine Brousseaud, ex-religieuse de la Provi-
dence, âgée d'environ quarante ans. Cette dernière prit la maladie
en allant donner des secours à sa sœur dans la distribution des
aliments aux prisonniers espagnols. M. Cibot, prêtre, vicaire de la
succursale de Saînl-Ëlienne. Cet ecclésiastique qui, pendant sa vie,
fut un digne modèle pour les personnes de son état, a été un des
premiers atteints par celte maladie, et sa mort peut être considérée
comme une des dernières victimes qu'elle a immolée. Car on ne
doit pas comprendre d'autres citoyens qui ont payé le tribut pour
d'autres causes, comme MM. Léon Chameau, négociant, dans sa
soixante-troisième année, décédé par suite d'attaques d'apoplexie
qui le tenaient en chambre depuis environ un an ; Nicot, contrôleur
des contributions, qui est mort par suite d'une chAte de cheval,
dans l'exercice de ses fonctions, et d'autres pères de famille, non
moins recommandables par leurs qualités civiques; attendu qu'il
est démontré qu'il meurt chaque année à Limoges environ sept
personnes dans deux jours, ce qui donne par mois cent trente à
cent quarante personnes.
» Revenons à M. Cibot. Il a laissé un monument poursa mémoire,
bien digne de sa vie, entièrement consacrée à la charité. Nous
croyons devoir en consigner ici quelques détails. Les traits de
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LiMOGEÔ ^27
bienfaisance ne saaraienl trop être cités. Dans sa déporlation le
hasard plaça H. Gibet auprès d*un curé espagnol, dont il partagea
les travaux. Ce pasteur fut pénétré de son zèle apostolique et de
son dévouement à soulager les pauvres et les iniirroes. Quelques
années après, il décéda. On onvre son testament et M. Gibot y est
nommé héritier. Il appelle les frères de son bienfaiteur, et leur dit :
« Cette succession vous appartient, je croirais, en la retenant,
y> manquer à Tamitiè qui me Tavait confiée. Hais voilà une vieille
» servante à qui l'Age impose des besoins, M. votre frère n'avait pas
» senti la nécessité de me la recommander. Je demande pour elle la
» valeur du mobilier, afin de lui faire un sort ; parce que d'un
» moment à l'autre j'espère rentrer dans ma patrie et je ne serais
» plus à portée de la secourir ».
« Par des dispositions particulières, M. Gibot a remis à un de ses
collègues dans le service de l'église de Saint-Etienne une somme
pour être placée au protit des pauvres de la paroisse.
» Nous ne ferons aucune réflexion sur ces deux actes de bien-
faisance et de charité ; ce serait en affaiblir le mérite (1) ».
G'esl dans la seconde quinzaine de février que la ville de Limoges
vil la fin de cette maladie. Il y eut encore quelques décès parmi
les Espagnols, et les habitants eurent aussi à déplorer la mort de
six autres personnes, entre autres celles de M. François Brigueil,
adjoint au maire de Limoges, et de sœur Saint-Laurent, supérieure
des religieuses de Saint-Alexis.
J'ai recherché dans Tétat-civil de la commune l'acte mortuaire
de ces victimes de leur charité. Ges recherches ne m'ont pas fait
connaître tous les décès que j'aurais voulu signaler. J'y ai trouvé
seulement six religieuses hospitalières de Saint-Alexis, pendant
que la Notice historique sur Mgr du Bourg, cilée plus haut,
déclare que « huit religieuses hospitalières de Saint-Alexis péri-
ment victimes de leur zèle ». Les registres de cette communauté
attestent encore que parmi les religieuses « qui contractèrent la
maladie, onze moururent victimes de leur charité ». Le rédacteur
des actes de l'élat-civil a probablement négligé d'indiquer pour
quelques-unes leur qualité de religieuses, ce qui ne m'a pas permis
de les reconnaître sous leur simple nom de famille.
Il m'était aussi impossible de trouver l'acte de décès de ceux
que le Journal de la Haute-Vienne désigne en ces termes : « Nous
ne parlons point de quelques artisans et ouvriers que la mort a
aussi moissonnés, parce que nous ne savons pas leurs noms ».
(1) Journal du déparlemenl de la Haute* Vienne, 17 février 1809,
228 SOCIETE AIlCUlè0L0GIQU6 ET HISTORIQUE DU LIM0USII4
Malgré ces lacunes, le Nécrologe de cette époque contient les
trente-et-un noms suivants :
Pierre MARTIN, chanoine de la cathédrale
« Leâ3 janvier 1809, Pierre Martin, prêtre, chanoine de la cathé-
drale de Ûmoges, âgé d'environ soixante-sept ans, né à Limoges,
y demeurant près l'évéché, fils de Simon Martin, négociant, et de
dame Thérèse Ronlhac, est décédé ce matin à une heure » (Regis-
Ire de Félal-civil de la commune de Limoges).
Pierre Martin était né à Limoges, sur la paroisse de Saint-Pierre-
du-Queyroix, le 19 novembre 1742. Il fut chanoine de la cathédrale
en 1763 et principal du collège royal de Limoges le 4 novem-
bre 1782. En 1791, il refusa, ainsi que tous les professeurs, le
serment schismalique de la Constiiution civile du clergé et pour
cela il fut remplacé par des constitutionnels et ensuite condamné
à la déportation. (Vest probablement en Espagne qu'il passa les
dix ans d'exil. Après le Concordat, il fut nommé curé-doyen de
Saint-Germain-les-Belles, puis en 1806, chanoine titulaire de la
cathédrale.
Martial BOULAUD, chanoine honoraire
« Le 24 janvier 1809. Les sieurs Mathieu Nadaud, propriétaire,
&gé de soixante-trois ans, cousin du décédé, et Pierre Henry, né-
gociant, âgé de cinquante-neuf ans, cousin au décédé, tous deux
demeurant rue Bas-Lansecot, ont déclaré que Martial Boulaud,
prêtre, chanoine honoraire de la cathédrale de Limoges, âgé de
cinquante ans, né à Limoges, demeurant rue Sainte-Affre, fils de
feu François Boulaud, et de dame Marie Mensat, est décédé ce
matin » (Registre de Télat-civil de la commune de Limoges).
Martial Boulaud fut en 1784 curé de Pierrebutfière, cure que lui
résigna son oncle, Piei re Mensat. Déporté en Espagne pour refus
de serment, il rentra à l'époque du Concordat et fut curé de Pa-
nazol. Mais peu après, il laissa celte paroisse et fut employé à
prêcher des missions dans le diocèse. Mgr du Bourg, qui lui donna
cet emploi, le nomma en même temps chanoine honoraire de sa
cathédrale.
Jean FOUREAU-FRANCISQUET, vicaire à Sainte-Marie
« Le 26 janvier 1809. Jean Foureau, dit Francisque, prêtre, ex-
religieux des Carmes déchaussés de Limoges, y demeurant, rue
Haute-Cité, âgé de soixante-six ans et un mois, né à Limoges, fils
de Jean Foureau, chirurgien, et de feue Jeanne [alias Marie] Cba-
LA 3IALADIB DES ESPAGNOLS A LIMOGES 229
belard, est décédé ce matin à cinq heures » (Regisire de l*é(at-civil
de la commune de Limoges).
Jean Foureau est né à Limoges le 9 décembre i742, dans la
maison où naquit aussi le maréchal Jourdan, dont il était roqcle.
Son père, Jean-Baptiste Foureau dit Francisquet, qui était origi-
naire de la paroisse des Salles, avait épousé à Limoges, le 5 févrior
1741, Marie Ghabelard. Parmi leurs enfants, on trouve : 1"* Jean,
dont il est ici question ; 2^ Jeanne, qui épousa Roch Jourdan et fut
mère du maréchal.
Avant la Révolution, Jean Foureau était religieux Carme dé-
chaussé. Après le Concordat, il fut vicaire à Sainte-Marie, paroisse
de Limoges, sur laquelle étaient presque tous les prisonniers espa-
gnols. C'est en leur portant secours qu'il prit leur mal, ainsi que
Tabbé Bullat, curé de la paroisse. Ce dernier se remit, mais son
vicaire succomba.
Marie CONSTANTIN, sœur Saint-Martial, religieuse de Saint-Alexis
« Le 26 janvier 1809. Marie Constantin, dite sœur Saint-Martial,
religieuse de la communauté de Saint-Alexis de Limoges, y demeu-
rant, Agé de quarante-neuf ans, native de Limoges, fille de sieur
Jérémie Constantin, propriétaire, et de Marguerite Vauzelle, est
décédée aujourd'hui à cinq heures » (Registre de Tétat-civil de la
commune de Limoges).
Marie-Geneviève PÉTINIAUD
Cl Le 27 janvier 1809. MM. Pierre Pétiniaud, négociant, âgé de
cinquante ans, demeurant rue Manigne, frère à la décédée, et
Pierre-Augustin Dépéret-Muret, négociant, âgé de soixante ans,
demeurant rue Ferrerie, beau-frère à la décédée, ont déclaré que
Marie-Geneviève Pétiniaud, âgée de soixante-trois ans, née à Li-
moges, y demeurant, place des Bancs, veuve de Joseph-Louis
Nonalhier, fille de feu Joseph Pétiniaud, et de fcae Marguerite
Ardant, est décédée ce matin à deux heures » (Regisire de Tétat-
civil de la commune de Limoges).
Voir ce qui est rapporté plus haut sur M"* Noualhier.
Françoise MONTET DE LAURIÈRE, religieuse de la Visitation
« F^e 27 janvier 1809. Françoise Monlet de Lanrière, ex-religieuse
de la Visitation de Limoges, âgée de cinquante-sept ans huit mois,
née dans la commune de Jumilhac, déparlement de la Dordogne,
demeurant à Limoges, au susdit enclos des Carmélites, fille de feu
Pierre Montel de Laurière et de feue Louise Jarry, est décédée ce
T. LV 15
â30 SOCléTè ARGHèOLOCiQUE tST HISTORIQUE DU LIMOUSIN
malîQ à sepl heures » (Registre de Télat-civil de la commune de
Limoges).
A cette époque, les religieuses de la Vîsilation, dispersées par
la Révolution, trayaillaul à rétablir leur communauté, s'étaient
fixées dans l'ancien enclos des Carmélites, qui se trouve entre le
séminaire et Téglise des Jacobins, où étaient enfermés les prison-
niers espagnols. Là, à proximité du foyer de contagion, quatre
d'entre elles contractèrent la maladie et succombèrent.
Elie VITRAC, curé de la Bregère
« Le 29 janvier i809 sont comparus HM. Hyacinthe Dalesme,
imprimeur, âgé de trente-neuf ans, demeurant rue Fourie, neveu
du décédé, et Jean-Baptisle-Paulin Bouriaud, professeur à Técoie
de Feyliat, &gé de trente-six ans, demeurant rue Monlant-Manigne,
neveu du décédé, ont déclaré qu'Elie Vitrac, prêtre, âgé de soi-
xante-trois ans et deux mois, né à Limoges, y demeurant, susdite
rue Montant-Manigne, fils de feu Léonard Vitrac et de feu Catherine
Penot, est décédé hier à neuf heures » (Registre de i'élal-civil de
la commune de Limoges).
Elie Vitrac est né à Limoges le 30 novembre 1748. Il fut, en
1770, régent de sixième au collège royal de Limoges, puis de
quatrième en 1776. Nommé curé de la Bregère, près Limoges, en
1787, il y était au moment de la Révolution. 11 repoussa la Consti-
tution civile du clergé et écrivit sur son registre de paroisse ces
mots qu'on y voit encore : Mori potiiÂS quam fœdari. « Plutôt la
mort que le parjure ». Condamné à la déportation hors du terri-
toire français, il se réfugia en Espagne, ainsi que ses trois frères,
aussi prêtres. Rentré à Limoges après le Concordat, il porta
toujours le litre de curé de la Bregère, quoique cette paroisse ait
été réunie à celle de Saint-Pierre.
Léonarde-Marie PLAINEHAISON
ce Le 29 janvier 1809. Jean Baptiste Plainemaison, cultivateur,
âgé de cinquante-cinq ans, demeurant faubourg des Arènes, oncle
à la décédée, et Louis Plainemaison, marchand, âgé de quarante-
sept ans, demeurant rue Haut-Lansecot, oncle à la décédée, ont
déclaré que Léonarde-Marie Plainemaison, Glle aînée, âgée de
vingt ans, née à Limoges, demeurant avec ses père et mère, susdite
rue Haut-Lansecot, fille de M« Pierre Plainemaison, et de dame
Marie Cornuau-Lacroisille, son épouse, est décédée ce jourd'hui à
onze heures du matin » (Registre de l'état-civil de la commune de
Limoges).
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LIMOGES 231
Marie-jQsline TÂLENDIER
« Le 29 janvier 1809, Jean-Baplisle Bardinet, (ils aîné, marchand,
âgù de Irente ans, demeurant rue des Arènes, beau-frère à la décé-
dée, el Nicolas Boysse, secrétaire de celle mairie, âgé de quarante-
trois ans, demeurant rue Boucherie, ont déclaré que Marie-Justine
Taiendier, âgée de vingt et un ans, née à Limoges, y demeurant
avec ses père et mère, faubourg des Arènes, lille de M. Jean-Fran-
çois Taiendier, substitut de M* le procureur général impérial à la
cour de justice criminelle de ce département, magistral de sûreté
de cette ville, et de dame Marie de Gros de Puyseguy, son épouse,
est décédée à dix heures du soir. » (Registre de Tétat civil de la
commune de Limoges.)
Marie-Toinctte LAURENT, religieuse de Sainte- Claire
« Le 29 janvier 1809, Marie-Toinette Laurent, dite Saint-Sernin,
ex-religieuse de Sainte Glaire de la ville de Toulouse, âgée d'envi-
ron quarante-quatre ans, demeurant à Limoges, rue Fontaine de la
Gave, fille de feu François-Hyacinthe Laurent el de feue Jeanne
Henry, est décédée aujourd'hui à dix heures du soir. » (Registre
de rétat civil de la commune de Limoges.)
Marguerite-Emilie PINOT, religieuse de Saint-Alexis
« Le 30 janvier 1809. Marguerite-Emilie Pinot, religieuse de
Saint-Alexis de Limoges, y demeurant, âgée de trente-quatre ans,
native de Limoges, fille de M. Paul Pinot de Moirat el de feue Mar-
guerite Estienne, est décédée aujourd'hui à l'heure de midi. »
(Registre de l'état civil de la commune de Limoges.)
Jean-Baptiste BARDY, aumônier de l'hospice
« Le 1" février 1809, ont comparu Joseph Bardy, notaire, âgé de
trente-quatre ans, demeurant à Limoges, place Saint-Michel, el
Malhien Bardy, receveur d'enregistrement à Gompreignac, y
demeurant, âgé de trente-trois ans, cousins au décédé, lesquels
ont déclaré que Jean-Baptiste Bardy, prêtre, ancien curé de Ver-
neuil, près Limoges, âgé de cinquante-cinq ans et six mois, né à
Limoges et y demeurant place Saint-Michel, fils de feu Paul Bardy,
notaire, el de feue Marie Guiberl, est décédé le jour d'hier, à
six heures du soir. » (Registre de l'étal civil de la commune de
Limoges.)
Jean-Baptiste Bardy est né à Limoges le 27 juillet 1753. Il entra
au séminaire des Ordinands en 1775 el était vicaire de Verneuil-
232 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQOE ET HlSTOKlQUE DU LIMOUSIN
sur-Vieane au moment de la Révotalion. Ainsi que son curé,
M. Demassias, il refusa le serment schismatique de la Constitution
civile du clergé, mais plus tard, il revint sur sa détermination et
fut pendant quelque temps curé constitutionnel de cette paroisse.
Après le Concordat, Mgr du Bourg le nomma curé de Saint-Sym-
phorien, mais il préféra rester à Limoges en qualité d'aumônier
à rhospice ; et c'est en remplissant les devoirs de sont état qu'il est
mort.
Marie-Madeleine CHATENET, sœur Sainl-Priesl,
religieuse de Saint-Alexis
« Le 3 février 1809. Marie-Madeleine Chatenet, sœur Saint-
Priest, religieuse de la communauté de Saint-Alexis de Limoges, y
demeurant, âgée de cinquanle-qualre ans et quatre mois, née dans
la commune d'Aixe, près Limoges, fille de feu Louis Chatenet et de
feue Catherine Gérald, est décédée dans la dite communauté
cejourd'hui, à sept heures du soir. » (Registre de Tétat civil de la
commune de Limoges.)
François ARDANT-MARZAT
« Le 3 février 1809, ont comparu MM. Joseph Audouin, négo-
ciant, âgé de trente-deux ans, demeurant rue de la Promenade,
oncle au décédé, et Jean-Baptiste Ardant-Marzat, négociant, &gé de
vingt-six ans, demeurant faubourg Boucherie, cousin au décédé,
lesquels ont déclaré que François Ardant de Marzat, propriétaire.
Age de vingt-six ans, né à Limoges, y demeurant susdite rue de la
Promenade, (ils de feu Jean-Baptiste Ardant de Marzat et de Jeanne
Audouin, est décédé ce matin à six heures. » (Registre de l'état
civil de la commune de Limoges.)
Joseph CIBOT, vicaire à Saint-Etienne
« Le 4 février 1809. Joseph Cibot, prêtre, vicaire de l'église
succursale de Saint-Etienne de Limoges, âgé de quarante-six ans,
né à Limoges, y demeurant susdite rue des Tanneries, fils de feu
Pierre Cibot, marchand boucher, el^ de feue Yves Plainemaison,
est décédé cejourd'hui, à huit heures au matin. » (Registre de l'état
civil de la commune de Limoges.)
Joseph Cibot était né sur la paroisse de Sainl-Pierre-du-Queyroix
le 2 décembre 1764. Après avoir étudié au collège des Jacobins de
sa ville natale, il entra au séminaire des Ordinands en 1787.
Vicaire à Saint-Sylvestre au moment de la Révolution, il fut, ainsi
que son curé Jean-Baptiste Vitrac, condamné à la déportation à
LA MALADIE DBS ESPAGNOLS A LIMOGES 233
rétranger poar refus de serment. Après dix ans d*exil en Espagne,
il revint à Limoges et fut vicaire à la cathédrale. Il s*occupa beau-
coup des confréries des Pénitents qui se reconstituèrent alors, fut
le directeur de M'" du Bourg, la fondatrice de Tordre des sœurs du
Sauveur, et mourut en laissant aux pauvres de la paroisse de Saint-
Etienne l'argent qu*il possédait.
Voir ce qui est rapporté plus haut sur M. Gibot.
Catherine BROUSSAUD, religieuse de la Providence
« Le 4 février 1809, ont comparu Joseph Demartial, négociant,
âgé de quarante et un ans, demeurant place des Bancs, et Félix
Broussaud, commis-marchand, âgé de trente ans, demeurant près
la Maison de Force, le premier beau-frère, et le second frère de la
décédée, lesquels ont déclaré que Catherine Broussaud, ex-reli-
giense de la Providence de Limoges, âgé de quarante-quatre ans,
née à Limoges et y demeurant places des Arbres, fille de feu
Halhurin Broussaud et de feue Anne Dutreix, est décédée le jour
d*hier, à cinq heures du soir. » (Registre de Tétat civil de la com-
mune de Limoges.)
On a vu plus haut que c'est en venant aider sa sœur, Marie
Broussaud, religieuse de Saint- Alexis, qu'elle a contracté le mal
dont elles sont mortes toutes deux.
Marie BROUSSAUD, religieuse de Saint-Alexis
« Le 8 février 1809, ont comparu Félix Broussaud, commis-mar-
chand, âgé de trente ans, demeurant près la Maison de Force,
frère à la décédée, et Joseph Demartial, négociant, âgé de qua-
rante et un ans, demeurant place des Bancs, beau-frère à la décé-
dée, lesquels ont déclaré que Marie Broussaud, novice à la com-
munauté de Saint-Alexis de Limoges, âgée de vingt-sept ans, née à
Limoges, y demeurant, près la dile Maison de Force, fille de feu
Malhurin Broussaud et de Catherine Guineau-Dupré, son épouse,
est décédée ce matin à neuf heures. » (Registre de Tétat civil de la
commune de Limoges.)
Marguerite PAGNON DE LA BORIE, religieuse de Allois
« Le 6 février 1809, ont comparu les sieurs Antoine Du Mas,
négociant, âgé de trente-sept ans, demeurant place Boucherie, et
André-Frédéric Pagnon de La Borie, employé chez le payeur géné-
ral, âgé de vingt-cinq ans, demeurant place de la Mothe, cousins à
la décédée, lesquels ont déclaré que Marguerite Pagnon de La
234 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Borie, ex-religieuse des Allois de Limoges, âgée de cinquante-trois
ans, native de la ville de Saint-Yrieix, dans ce département, fille
de feu Jean Pagnon de La Borie et de Marie-Anne Gay de Vernon,
est décédée cejourd'hui, à neuf heures du soir. » (Registre deTétat
civil de la commune de Limoges.)
Georges ARNAUD
« Le 6 février 1809, ont comparu MM. Léonard Pouyat aine,
négociant, âgé de cinquante-deux ans, demeurant rue RaQUoux,
oncle maternel au décédé, et Joseph Montégut, négociant, âgé de
quarante-cinq ans, demeurant rue des Arènes, lesquels nous ont
déclaré que Georges Arnaud, négociant, âgé de vingt-quatre ans,
né à Limoges, y demeurant susdite rue des Arènes, flls de H. Benoit
Arnaud, négociant, et de dame Marguerite Pouyat, son épouse, est
décédé cejourd*hui à cinq heures du soir. » (Registre de Tétat civil
de la commune de Limoges.)
Marie-Louise-Véronique RUAUD
« Le 6 février 1809, ont comparu Jean-Baptiste Ruaud aîné,
propriétaire, âgé de soixante-sept ans, demeurant rue Ferrerie,
oncle à la décédée, et Joseph-Guillaume Déroche, négociant, âgé
de quarante et un ans, demeurant place des Bancs, beau-frère à la
décédée, lesquels ont déclaré que Marie-Louise-Véronique Ruaud,
âgée de vingt-quatre ans, née à Limoges, y demeurant rue du
Clocher, épouse du sieur Jean-Baptiste-Ignace Déroche, négociant,
fille de feu Pierre Ruaud jeune, et de Thérèse Tuillier, est décédée
cejourd*hui, à trois heures. » (Registre de Tétat civil de la com-
mune de Limoges.)
Marie CHABROL, sœur Sainte-Agathe, religieuse de Saint-Alexis
« Le 7 février 1809, Marie Chabrol, dite sœur Sainte-Agathe,
religieuse de Saint-Alexis, âgée de cinquante-deux ans sept mois, née
à Limoges, y demeurant dans la dite communauté, fille de feu
Louis Chabrol du Cluzeau et de Madeleine Moulinier, est morte
cejourd*hui, à une heure du matin. » (Registre de Tétai civil de la
commune de Limoges.)
Anne-Julie PEYROCHE, religieuse de la Visitation
« Le 7 février 1809, Anne-Julie Peyroche, ex-religieuse de la
Visitation de Limoges, âgée de soixante-huit ans deux mois, née à
Limoges, y demeurant audit enclos des Garùiélites, fille de feu
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LIMOGES 235
Léonard Pey roche du Puyguichard et de fea Marie Duqaeyroix,
est décédée ce matin, à quatre heures. » (Registre de Tétat civil de
la commune de Limoges.)
Joseph BROUSSE, vicaire à Aixe
Le 10 février 1809, est décédé Joseph Brousse, né à Aixe le
23 février 1758, fils de François Brousse et de Marie Chàtenet. Le
Journal de la Haute-Vienne annonce sa mort en ces termes :
« Joseph Brousse, prêtre, natif d'Aixe, âgé de cinquante et un ans,
gradué de l'université de Poitiers, est décédé le 10 février 180i),
après avoir desservi sa paroisse en qualité de vicaire, pendant
Tespace de vingt-huit ans, excepté néanmoins les années de sa
déportation en Espagne. Au passage des prisonniers espagnols,
Mgr révéque de Limoges écrivit à M. Bramaud, curé d'Aixe, que
lui ou son vicaire se rendissent à Limoges, afin de donner aux pri-
sonniers malades les secours spirituels dont ils avaient besoin.
M. Brousse s'y rendit aussitôt et leur prodigua pendant plusieurs
jours, non seulement les secours de son ministère, mais encore
tous les secours pécuniaires qui élaient en son pouvoir. Peu de
jours après son retour à Aixe, Mgr Tévéque écrivit encore une
seconde lettre pour le même objet; et M. Brousse, malgré les vives
instances et les représentations de sa famille éplorée, n'écoutant
que son zèle et l'obéissance qu'il devait à son supérieur, s'y rendit
une seconde fois, administra plusieurs malades et ne les aban-
donna que lorsqu'il sentit qu'il était lui-même atteint de l'épidémie.
Il retourna alors à Aixe, où il mourut au dixième jour, emportant
les regrets de tous ses concitoyens. »
Pierre BERNARD, religieux cordelier
« Le 13 février 1809, Pierre Bernard, prêtre, âgé de cinquante-
deux ans trois mois dix jours, né à Limoges, y demeurant Croix-
de-l'Echalier, fils de feu Léonard Bernard et de feue Paule- Marie
Roudet, est décédé le jour d'hier, à dix heures du soir. » (Registre
de l'état civil de la commune de Limoges.)
Pierre Bernard était né, le 23 novembre 1756, dans la paroisse
de Saint-Maurice; il fit ses études au collège de Limoges el entra
au séminaire des Ordinands en 1778. Il embrassa ensuite la vie
religieuse dans l'ordre des frères mineurs de Saint-François, et
fut, en cette qualité, ordonné prêtre à Limoges le 19 décembre
1789. Après la Révolution, il résidait à Limoges ; il est toujours dit
religieux cordelier et semble n'avoir occupé aucun poste.
236 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGIQUB ET HISTOniQUE DU LIMOUSIN
Anne BOUTINAUD, religieuse de la Croix
<' Le 16 février 1809. Anne Boulinaud, ex-religieuse de la Croix
de Limoges, Agée de soixante-quatorze ans, née à Limoges, fille de
feu François Boulinaud et de feu Anoe Dournaud, est décédée
susdite place de la Cilé, ce malin à quatre heures. » (Registre de
rétat-civil de la commune de Limoges.)
François BRIGUEIL, adjoint au maire de Limoges
« Le 17 février 1809, François Brigueil, propriétaire, adjoint,
ex-officier public de la commune de Limoges, né à Limoges,
demeurant rue Haute-Cité, âgé de soixante-quatre ans huit mois,
époux de dame Marie-Rose Vignes, fils de feu Alexis Brigueil et
de feue Catherine Cosse, est décédé ce matin à dix heures. » (Re-
gistre de rétat-civil de la commune de Limoges.)
H. Brigueil, adjoint au maire de Limoges, tout comme M. Serre,
maire de Brive, s'occupa des soins à donner aux malheureux
espagnols, Tun et l'autre contraclèrent leur mal et succombèrent.
Léonard CRAHAILLE, ancien curé d'Ambazac
« Le 18 février 1809, ont comparu MM. Léonard Cramaille atné,
négociant, âgé de quarante-sept ans, demeurant faubourg Bou-
cherie, et Pierre Lagorce, propriétaire, âgé de soixante-deux ans,
demeurant faubourg Saint-Martin de la Porte de Tourny, tous deux
neveux au décédé, lesquels ont déclaré que Léonard Cramaille,
ex-curé d'Ambazac en ce département, âgé d'environ soixante-
douze ans, né à Limoges, et y demeurant près Tévéché, Gis de feu
Guillaume Cramaille et de feue Marie Reix, est décédé ce malin à
quatre heures. » (Registre de Tétat-civil de la commune de Limoges.)
Léonard Cramaille, qui était né dans la paroisse de Saint-Maurice
de la Cité, fut ordonné prêtre en 1762 et nommé curé d'Ambazac
en 1763. Pendant la Révolution, il fit partit du clergé constitu-
tionnel et n'occupa pas d'autre poste après le Concordat.
Marie LAURENT DES COMBES, religieuse Clairette
(( Le 20 février 1809. Marie Descombes, ex-religieuse des Clai-
rettes, âgée de soixante-douze ans, native de la commune du
Dorât, en ce département, demeurant faubourg des Arènes, fille
de feu Etienne Laurent des Combes et de feue Marie Lajaunière,
est décédée ce malin à huit heures. » (Registre de Tétat-clvil de
la commune de Limoges.)
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LIMOGES 237
Marcelle TANCHON, sœur SaiDl-Laurent, supérieure de Saint-Alexis
« Le 1i mars 1809, ont comparu Bernard-Grégoire Péconnet,
docteur en médecine, âgé de trente-huit ans, demeurant rue des
Combes, el Malburin Labrune, Tun des secrétaires de Thospice de
celte commune, âgé de quarante ans, demeurant place de la Mairie,
lesquels ont déclaré que Marcelle Tanchcm, dite sœur Saint-Lau-
rent, religieuse et supérieure de la communauté de Saint-Alexis de
Limoges, y demeurant, âgée de cinquante-sept ans et dix mois,
fille de feu Jean-Baptiste Tanchon et de feue Marie-Elisabeth
Gamouret, est décédée ce matin à trois heures. » (Registre de
rétat-civil de la commune de Limoges.)
On lit, à son sujet, dans les papiers des sœurs de Saint-Alexis :
(c La peste fut apportée en France par les Espagnols. L'hôpital de
Limoges en reçut un grand nombre. I^es lits manquaient; on
couchait les malades à terre sur des matelas. Il fallait se mettre à
genoux dans la vermine et dans les crachats pour leur donner des
soins. Les sœ.urs s'y adonnèrent avec un grand dévouement; plu-
sieurs contractèrent la maladie, onze moururent victimes de leur
charité. Hère Saint-Laurent, navrée de douleur, s'offrit en victime
pour la cessation du fléau et la conservation de ses Tilles. Elle fut
atteinte de la maladie et mourut le 11 mars 1809. Mais son vœu
était exaucé : il n'y eut pas d'autre victime. Cette mère avait été
internée à Solignac pendant la Révolution et avait souffert, avec
les autres prisonniers, le froid, la faim, le manque de linge, etc. »
Catherine-Cécile LAMY DE LA CHAPELLE, supérieure
de la Visitation
cr Le 17 mars 1809. Catherine-Cécile Lamy de La Chapelle,
religieuse supérieure delà communauté de la Visitation de Limoges,
âgée de soixante-huit ans, née à Limoges, y demeurant, susdit
enclos des ci-devant Carmélites^ fille de feu Jean-Baptiste Lamy de
La Chapelle el de feue Marie Pétiniaud, est décédée le jour d'hier
à trois heures. » (Registre de l'état-civil de la commune de Li-
moges.)
Atteinte par la maladie qui avait fait trois victimes dans sa
communauté, elle se remit un peu, mais succomba, ainsi que la
précédente, peu de temps après.
Ce n'est pas seulement à Limoges que la maladie des prisonniers
espagnols fit des victimes parmi les personnes charitables qui les
soignaient, la même chose eut lieu dans la plupart des villes
238 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
OÙ ils furent internés ; (outerois, il y eut moins de cas mortels que
chez nous, comme par exemple à Cahors, à Périgueux, etc. Deux
autres villes de notre province eurent aussi à déplorer la mort de
citoyens qui s'étaient dévoués au soulagement de ces prisonniers.
Ce sont Brive et Bourganeuf.
Henri SERRE, maire de Brive
A Brive, « M. Henri Serre était maire de la ville et président de
Tadminislration de Thospice, lorsque la contagion pestiférée des
prisonniers espagnols, auxquels il prodiguait lui-même ses soins,
le conduisit au tombeau en janvier Î809, ainsi que plusieurs autres
personnes charitables des deux sexes. » {Histoire de Brive par
quatre citoyens de cette ville, p. 234.)
Jean-Etienne SAPIENTIS, chanoine de Brive
En janvier 1809, mourait aussi de la contagion, à Brive, Jean-
Etienne Sapientis, ancien chanoine de Brive, qui s'était voué au
soulagement des prisonniers malades. H était né à Brive le \" sep-
tembre 1748 et était chanoine du chapitre de celte ville au com-
mencement de la Révolution. Déporté pour refus de serment, il
passa en Espagne les dix ans d'exil. De retour dans sa patrie, après
le Concordai, il n'occupa aucun poste, mais vivait dans sa famille à
répoque de cette maladie.
Guillaume AUBUSSON-DUPIAT, curé de Soubrebost
A Bourganeuf, le 8 février 1809, mourut de la peste des Espa-
gnols, Guillaume Aubusson-Dupiat, curé de Soubrebost, qui avait
porté les secours spirituels aux prisonniers internés dans cette
ville, n était né le 24 octobre 1742 et avait été nommé curé de
Soubrebost en 1780. Condamné à la déportation pour refus de
serment, c'est vraisemblablement en Espagne qu'il avait passé les
les dix ans d'exil. Après le Concordat, il fut de nouveau curé do
Soubrebost près Bourganeuf, jusqu'au moment de sa mort.
Après avoir rapporté ce qui arriva à Limoges pendant le mois
de janvier et février 1809 et fait connaître les personnes qui mou-
rurent victimes de leur charité pour les prisonniers espagnols, il
me reste encore à dire ce qu'était cette maladie appelée chez nous
la Peste espagnole ou V Espagnolette , ou au moins ce que les méde-
cins en pensaient.
LA MALADIE DES ESPAGNOLS A LIMOGES 239
M. BarailoD, ancien médecin en chef de la généralité de Moulins,
consulté à ce sujet, répondit : « La maladie régnante à Limoges est
une catharrale compliquée et d'un mauvais caractère. Le quinquina
à cinq ou six gros dans vingt-quatre heures, avec un cinquième ou
sixième de cannelle, le tout en poudre et administré en substance
à quatre doses à six heures d'intervalle, une tisane tonique légère-
ment acidulée, les sinapismes, les vésicatoires, quelques autres
secours auxiliaires en constituent le traitement.
« Il est surtout essentiel de supprimer le cours de ventre chaque
fois qu'il veut paraître. De tous les symptômes, c'est celui-ci qui
précipite le plus promptement les milades et aggrave le plus les
accidents »., Il termine par ces mots : a Ajouter la confiance et le
courage ».
Après la publication de l'extrait ci-dessus, M. Paye, docteur en
médecine, adressa au rédacteur du Journal de la Haute-Vienne la
lettre suivante :
« Monsieur, j'ai lu dans le numéro du 3 février l'extrait d'une
lettre de M. Baraiton, sur la maladie régnante à Limoges. Comme
ce médecin n'a pas observé personnellement et sur les lieux cette
maladie et qu*il n'a pu en avoir connaissance que par une des-
cription inexacte, je m'empresse de relever une méprise importante
qui, quoique ne devant pas être attribuée à ce médecin célèbre,
ferait beaucoup de mal, appuyée de son nom. Il a cru à une fièvre
catharrale compliquée et d'un mauvais caractère, et il a indiqué le
mode de traitement le plus convenable à celte affection pernicieuse.
» La maladie qui sévit en ce moment sur mes concitoyens est
une véritable fièvre des prisons, ayant une marche continue remit-
tente, recevant des modiHcations de l'âge, de la constitution des
individus atteints, et étant compliquée le plus souvent dans le
principe d'un écat gastrique et quelques fois de symptômes de
catharre.
» Cette maladie n'a frappé jusqu'à présent que ceux qui sont
allés plus ou moins souvent au séminaire ou à l'hôpital. Il n'y a pas
d'observation positive de la communication en ville par ces malades
à ceux qui les soignent ou les approchent.
» Les meilleurs préservatifs sont la plus grande propreté, un
air pur, souvent renouveler les fumigations guytoniennes, un
régime fortifiant, du courage et l'éloignement des malades si l'on a
Tesp rit craintif...
» Je suis avec considération, Monsieur, votre serviteur. — Paye,
doc. méd. »
240 SOCIÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Cette maladie n*é(ait autre que le typhus des prisons. Il est bon
de remarquer que ce n'est pas seulement à Limoges qa*elle fit tant
de victimes, mais pendant les guerres du premier Empire, elle
éclata presque partout, en France et en Europe, là où il y eut de
grands rassemblements de troupes ou de prisonniers dans de
mauvaises conditions hygiéniques.
A. Legler.
MONOGRAPHIE
DU CANTON DE
SAINT-SULPIGE-LES-FEUILLES
(HAUTE-VIENNE)
(Suite)
SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES
La com. (1) de Saint-Suipice-les-Feuilles occupe l'extrémilé
orientale du canton ; elle est bornée au Nord par les communes des
Ghézeaux et d'Âzerables ; à TE., par celle de Vareilles ; au S.,
par le territoire â*Arnac ; à TO., par Hailiiac el Saint-Georges.
Son altitude varie de 269" à 3S9". L'extrémité N.-E. de
la commune est arrosée par le ruisseau de la Chaume qui,
après un cours de 2.400", entre dans l'étang du Bardon,
situé sur le territoire de Saint-Sulpice, puis fait mouvoir les mou-
lins du Bardon et du Refour. Il forme ensuite Tétang de Jançay el
prend, à partir de la bonde jusqu'à son confluent avec la Benaize,
le nom de ruisseau de Lavaupot ; le moulin de Peupilon est situé
sur ce ruisseau qui est appelé en 1547 la rivière de Planchoyrant ;
à cette époque, le chemin de Mailhac le franchissait sur un pont
qui n'existait plus en 1640. Sa traversée dans la commune est de
10 500"". Il reçoit sur sa rive droite le ruisseau de Ghaulivet.
La Benaise arrose toute la partie sud de la commune sur une
étendue de 7.800". Elle sert de moteur au moulin de Piégul ;
(1) Pour simplifier, nous adoptons les abréviations usuelles : ch',
chevalier; com., commune; d., denier; éc'jécuyer; h., habitant; 1., livre;
m., maison; p*®, paroisse; s., sou; set., sétérée, setier; 8% sieur, sei-
gneur; s"*, seigneurie; vill., village.
De même, pour ne pas cribler notre texte de trop nombreuses notes,
nous indiquerons à la fin de chaque paragraphe les sources où nous
avons puisé, par les abréviations suivantes : A. B., archives de Beaujeu;
£. C, registres d^état civil ; L., chartrier de Lussac; G. B., papiers de
la famille de la Goutte- Bernard ; G. M., papiers de la famille Guillemin
de Montplanet; P. M., papiers de la famille de Montbel; M. N., mi-
nutes de notaire. Les nombres, sans autres indications, désignent les
cotes de la série E des archives de la Haute- Vienne.
Pour éviter des répétitions, nous ne reviendrons pas dans les notices
particulières à chaque com., sur les faits et les chiffres que nous avons
donnés dans les généralités*
â42 SOCIETE ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LtltOUSIN
autrefois, elle aclionnait le moulin de la Peurusse et formait
rélang de Bantard à Tissue duquel se trouvait un autre moulin.
C*est pour ce molif qu*on la trouve appelée rivière de Bantard.
Elle a pour affluents dans la com. le ruisseau de I^avaupol et
celui de la Garde ; ce dernier prend naissance près Peutrémoulu
et vient se jeter dans la Benaisc au-dessous des Rebras.
Celle com. est de grande étendue; sa forme est un ovale
assez régulier ; elle présente 8 kilomètres de long de l'E. à TO. et
8.400" de largeur moyenne ; sa circonférence est d^environ 3S.250".
Le territoire de la com. coïncide avec celui de lancicnnc
p'^»; une délibération du 18 février 1749 constate que le pré
du Pont qui joint la rivière près le gué de Plancheron, à gauche
en remontant au gué des Borderies, division des p'" de Saint-
Georges et de Mailhac, est compris dans la p»« de Saint-Sulpice et
non dans celle de Mailhac.
Vers 1762, la p" comprenait 960 communiants; le Pouillé
de Nadaud, presque contemporain, lui en attribue 1.880 ; ce dernier
chiffre nous paraît inexact. Les divers recensements que nous avons
trouvés nous donnent les renseignements suivants : / 793 : 1.250 h. ;
i806: 1.316; /«^/:1.«W; /«55H.783; ï 836 :AMi; f 846 :
1.881;/ «5/ : 1.947 ;/55^: 1.929; /5tf/: 1.793; i866: 1.888;
/57^: 1.992; /59/:2.143; f896 :iM8; 1901 : 1997.
Le personnage qui lui a donné son nom est Sulpice dit le Pieux,
presque un compatriote, car il était né à Vatan, en Berri; d'abord
aumônier de Clotairell, il devint, vers Tan 624, évéque de Bourges.
11 mourut le 18 janvier 644; l'église de Saint-Sulpice possède
quelques-unes de ses reliques.
Les Saint-Sulpice étant nombreux dans la région, on dut accoler
au notre, pour le distinguer, quelque qualiflcation particulière :
sa situation dans la Terre-aux-Feuille« et dans un pays boisé servit
à le désigner. C'est ainsi que nous le trouvons nommé Saint-Sul-
pizaeti 1254; Saint'Sulpice'TerraFoliorum.HfH; Sanctus Sulpi-
dus, 1408; Sainl-SoiUpize'en'la'Terre-auX'Fueilhcs, 1466; Saint-
Soulpice-le-Feuillois, 1481 ; Saint-Sulpice-Terre-aux-Feuilles, 1482;
Saint-Sulpice'le'FeuillioiXy 1498, 1514; Saint-Sulpice-aux-Feuilhes,
1500; Saint-Sulpice le-FealeySy 1517; Saint-Sulpice-le-Feuillays,
1523. Nous rencontrons pour la première fois la forme Saint-
Sulpice-les-FeuilleSy en 1547; jusqu'au milieu du xvn« siècle, elle
est employée concurremment avec la forme Saint-Sulpice-Terre-
aux-Feuilles, mais au siècle suivant, cette dernière était tout à fait
tombée en désuétude.
Saint-Sulpice, petit village sous Tancien régime, est maintenant
un des bourgs les plus coquets du département; placé à Textré-
mité d'un plateau, au croisement de plusieurs routes, il prend
MONOGRAPaiB DU CANTON DB SAlNT-SCLPlC£-LBS-FEOlLLBS ^43
chaque année de Texlension que le percement de nouvelles voies
qui, en quelque sorte, le ceintureront d*un boulevard, ne peut
qu'accroître.
L'augmentation de sa population a été rapide : en i79Sy il ne
comptait, en effet, que 138 h.; 200 en / 5 2/; 217 en / «46; 286 en
1Sôi;in en /«56;296en /5<î/;350en /5<î<î;402en iS72;
476 en i 896; 498 en 190i , Ainsi donc en un siècle sa popula-
tion a triplé ; on a vu plus Imut que la population de la com. n*a
pas suivi pareille progression : dans le même laps de temps, elle
a augmenté de moitié. On peut voir dans ce fait une vérification
de la loi qui fait accroître les bourgs aux dépens des campagnes.
Le bourg est donc de formation moderne : le cadastre dressé en
1835 nous montre qu'à cette époque il ne comprenait que les
maisons groupées autour de la place; celle-ci, qui n'était qu'un
ancien cimetière, était plutôt exiguë ; au milieu se trouvait un vieil
ormeau. En 1892 la démolition de divers immeubles qui l'encom-
braient lui ont donné les dimensions qu'elle possède actuellement.
La rue de la Poste, aujourd'hui construite en entier, ne -com-
prenait en 183o que quelques maisons dans sa partie inférieure.
La rue qui relie la place à la gendarmerie n'existait pas ; elle a
été créée en 1848 et, à cette époque, on a abandonné aux rive-
rains le chemin, qui presque parallèle, mais plus au N., conduisait
à La Souterraine ; cette rue est du côté N.-Ë. totalement bordée de
maisons; sur le côté S.-O. on a amorcé, en 1900, une nouvelle voie
qui rejoindra une avenue projetée sous le nom davenue Bernut-
Desgouges.
A peu près sur l'emplacement de la gendarmerie se trouvait un
hameau dit du Bournazeau qui ne comptait pas dans Saint-Sulpice ;
de même la Pérelle, qui forme maintenant un quartier important
du bourg, n'avait qu'une maison désignée Chez-Alamargot.
Le boulevard, qu'on appelle communément la Voie-la-Reine (on
trouve les terres environnantes désignées sous le nom de Goutte à
la Reine dès 1482), a été classé en 1868 ; il se continue par le
chemin qui réunit la route des Chézeaux au village de Chez-Bou-
chaud.
Entin vers 1845 la route du Dorât a été rectifiée à sa sortie du
bourg et forme une longue ligne droite de plus de 2 kilomètres.
Il va sans dire qu'en 1835 toutes les maisons qui, sur cette route
et sur celle de La Souterraine, donnent à Saint-Sulpice de si riants
abords, n'existaient pas.
En définitive, il faut reconnaître que toutes les municipalités qui,
depuis une cinquantaine d'années, se sont succédé à Saint-Sulpice,
ont fait subir au bourg une transformation radicale : des tracés
244 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
reclilignes ont élc subslilucs aux détours capricieux, aux recoins
sombres et sales, qu'affectionnaieut nos pères.
En 1846, Sainl-Sulpice comprenait seulement 43 maisons; en
1901, on en comptait 101 et depuis une dizaine ont été construites
ou sont en cours d^cdification. Malgré ces nouvelles constructions,
les loyers sont toujours élevés ; du reste, la vie matérielle y est
fort chère et les prix de denrées y sont toujours plus élevés que
ceux pratiqués à Arnac et à Lussac. Le commerce est prospère :
environ 60 commerçants ou ouvriers tenant atelier habitent Sainl-
Sulpice.
Dans le bourg, les prix des terrains ont subi une progression
constante et actuellement ils sont hors de proportion avec l'im-
portance de la localité : nous avons vu des emplacements vendus
à raison de 8 fr. le mètre.
Sous Tancien régime, une grande partie du bourg relevait de
Lavaupot, notamment les maisons sises dans le fief de la Barde,
qui englobait l'espace compris entre le chemin de l'église aux
Chézeaux et le chemin du grand cimetière à Masgrimaud ; dans ce
circuit se trouvaient les maisons du Four, du Pont et de la Go-
lympe Alexilhe, situées devant Téglise. D'autres maisons relevaient
de Rurasson et de Mondon. La grande dîme du bourg appartenait
à la Salle de Jançai.
Deux documents, l'un de 1530, l'autre de 1593, mentionnent des
immeubles tenant à la place et vigean de Saint-Sulpice ; nous ren-
controns encore ce mot sous la forme vegen dans un terrier de
1543, indiquant une maison tenant au vegen et place publique de
Lussac. Un acte de 1601 est passé au bourg de Chaillac, au vigean
dud. lieu (G. M.). Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires de
l'ancien langage; le Glossaire du Centre de la France contient seu-
lement le mot vijon, réunion où l'on s'amuse, où l'on danse. L'ana-
logie que présente ce nom avec le mot vigie pourrait faire supposer
qu'il s'agit d'une tour de guet ou de vigie ; d'autant plus que l'exis-
tence d'une construction défensive sur la place est probable : en
creusant les caves du presbytère on a rencontré, à une assez grande
profondeur, des terres remuées qui semblaient avoir été rapportées
pour combler des fossés taillés dans le roc. Un conduit construit
avec des tuiles à rebord y a aussi été découvert. Il est plus probable
que ce mot est synonyme de place.
Sainl-Sulpice, en raison de son peu d'importance, est resté ignoré
des chroniqueurs et son nom ne ligure pas dans les annales du
pays ; son histoire se réduit donc à celle de ses institutions.
Saint-Sulpice possède tous les fonctionnaires et officiers minis
tériels que l'on rencontre d'ordinaire dans les chefs-lieux de canton.
MONOGRAPHIE Dl) CANTOK DE SAlNT-âULPlOE-LEâ-KECJLLES 24^
Le bureau de poste a été créé en 1842; en 1870« on y adjoignit
un bureau télégraphique et en 1904 un poste téléphonique. Le
bureau de Tenregislrement a été transféré dans le bourg en 1843.
La gendarmerie ioslallée à la Révolution à Boismandé fut trans-
portée h Sainl-Sulpice en 1857 : d'abord à loyer, le département fit
l'acquisition de la caserne actuelle en 1865, moyennant 15.300 fr.
Jusqu*en 1892 le Conseil municipal ne possédait pas de local
pirticulier pour se réunir. En 1861, on acheta, moyennant 450 fr.,
un emplacement de 15 a. pour édifier la maison commune, le pré-
toire et les écoles. Et les études commencèrent... Elles durèrent
31 ans, car ce n*est qu'en 1890 que ces bâtiments furent mis en
adjudication. Le tout revint à 64.721 fr., y compris le groupe
scolaire de Boismandé.
Nous avons montré précédemment que Tinstruclion a toujours
été fort développée à Saint-Snlpice : en 1832-1851, il y avait 3 ins-
tituteurs libres; en 1868, on comptait 2 écoles libres de filles;
récole communale fut créée par décision de 1869.
En 1857, on décide la création d'un bureau de bienfaisance qu'on
dote de 200 fr. par an ; il existe encore. Une société de secours
mutuels fondée en 1862 par des ouvriers n'eut pas semblable
succès.
Nous n'avons rien trouvé sur la Révolution à Saint-Sulpice : les
registres de la municipalité et de l'administration du canton
n'existent plus.
Le premier maire fut Etienne Bernut de la Chaume. En 1790,
Saint-Sulpice élevé, sans doute à cause de sa position centrale, à
la dignité de chef-lieu de canton, reçut dans son ressort Arnac,
Cromac, les Chézeaux, Mailhac et Saint-Georges ; plus tard, on lui
réunit trois communes du canton de Lussac.
Un procès-verbal des 23 et 24 nivôse an II de la société populaire
du Dorât, qui avait envoyé ses commissaires à Sulpice-les-Feuilles
pour y prêcher les principes de la raison, constate qu'ils ont été
menacés d*étre lapidés ou massacrés par des femmes fanatisées par
rhypocrile Dumont, leur curé (L 547).
Les élections municipales ont toujours été fort suivies ; voici
quelques chiffres à ce sujet : le 30 juil. 1848, sur 491 électeurs,
2v)l se présentent aux urnes; le 15 juil. 1865, 185 sur 488, c'est le
minimum rencontré : 37 Vo* Le 7 août 1870, nous trouvons 310 vo-
Imts sur 535 inscrits ; le 30 avril 1871, 415 sur 555, soit 82 Vo,
c'est le maximum ; depuis 1881 jusqu'à nos jours, la moyenne des
volants est d'environ 70 Vo-
Les différents plébiscites ont donné les résultats suivants :
T. LV 16
246 sociiETé archéologique et uistorjqcb du limodsis
SO déc. 1851 : 437 oui, 13 non ; 21 nov. 1852 : 350 oui, 3 non ;
8 mai 1870 : 341 oui, 39 non, 2 blancs.
Sainl-Sulpice, avant la Révolulion, n'avait ni foires, ni marchés ;
à cette époque, on créa une foire par mois et un marché le mer-
credi.
• Ces créations n'eurent sans doute pas de succès, car une pan-
carte imprimée de Tan II, portant Avis aux citoyens^ annonce que
les foires se tiendront les 4 des mois de vendémiaire, frimaire,
pluviôse, germinal, prairial et ihermidor et le marché le quartidi.
En 1823, une délibération porte que les trois nouvelles foires des
21 mars, 21 juil. el2i nov., créées par ordonnance du 22 juiI.18i 8,
ayant très bien pris, on demandera à Tadminislration Taulorisa-
tion d'en tenir trois autres les 21 janv., 21 mai et 21 sept. En 1831
et 1832, le nombre des foires fut porté à 12.
Le 8 nov. 1853, les habitants s*élant plaints d'être encombrés
les jours de foire par les forains, on décida de leur faire payer un
droit de placage et la place de l'église leur fut exclusivement
assignée. Ce placage affermé 81 fr. en 1854, a été adjugé 670 fr.
par an en 1904.
La fête patronale de Saint-Sulpice se célèbre le 17 janv. ; elle
n'est plus l'occasion d'une assemblée. Il n'en était pas ainsi sous
l'ancien régime, car nous voyons dans le tarif de Brosses que les
jours de Saint-Sulpice et Saint-Biaise, chaque cabarelier du bourg
doit au vicomte 5 s. et un pot de vin.
Deux assemblées se tiennent les premiers dimanches de fév. et
de juil.; elles sont à peu près tombées ; il n en est pas de même du
comice agricole qui a lieu en sept, et qui attire toujours beaucoup
de visiteurs. La première fêle de ce genre eut lieu en sept. 1868.
L'ancienne église de Saint-Sulpice étart de style roman (xi'-xii* siè-
cle). Une partie avait sans doute était restaurée en 1636, car un
claveau provenant d'une des portes montre encore cette date. Elle
était précédée d'un « chaputiau », sorte de porche sous lequel
avaient lieu les délibérations d'habitants.
Après la restauration du culte, des travaux importants y furent
effectués en 1809; en 1848, comme elle menaçait ruine, on la démolit.
Dans ses fondations, on trouva les blocs de pierre dont nous par-
lons plus haut, et qui paraissent avoir appartenu à une construc-
tion romaine en grand appareil.
Reconstruite, à peu près sur le même emplacement, dans le style
ogival à lancette du xur siècle par M. Victor Gay, elle fut consacrée
le 20 août 1851; elle coûta 55,000 fr. dont 14,000 fr. fournis par
des dons particuliers et 6,000 fr. par l'Etat; trois ans après, on
s'aperçut que les voûtes fléchissaient et on dut y faire des travaux
MONOGnAPllIE DO CANTON DE SAINT-SULPIGE-LES-PECILLES 247
de consolidation. Enfin de 1res importantes modifications y furent
apportées en 1883 par i*adjonction de deux bas-côtés et la réfection
de la nef.
En résumé son plan actuel est une croix latine avec chevet
polygonal, nef et deux bas-côtés; le clocher est octogonal à base
carré et abrite un porche à trois côtés ouverts.
Elle était sous l'ancien régime à la nomination du prévôt deSaint-
Benoit-du-Sault; le vicomte de Brosse, dans son aveu de 185S,
en revendique la présentation ; ce droit lui étaii contesté parle
s' de Piégul. Cet acie ajoute qu'elle vaut 50 I. de rente.
D'après un aveu de Lavaupot, les droits de prééminence dans
celle église appartenaient aux s" de Piégut et de Lavaupot; ceux
de Piégut passaient les premiers dans les cérémonies et étaient
enterrés dans le chœur. Les s*^ de Lavaupot avaient deux bancs,
l'un derrière l'autel N.-D., Taulre derrière le chœur avec droit
d'enterrement dessous.
Les registres d'état-civil renferment le procès-verbal suivant :
L*an 1743, le H^ mai, 3* semaine après Pasques, Mgr riilustrissime et
révérend issime Jean-Gilles de Coellosquet a fait la visite de notre
église et y a donné la confirmation à près de 1,000 personnes; il y a
presché Tespace de 5/4 d'heures sur la sanctification du dimanche
d'une manière très vive et très pathétique et pour donner des mar-
ques de la bonté qu'il a eue pour cette p'*^ il y a officié et y a chanté la
messe pontificale. Mgr d'Espagnac, son grand viCaire, lui servait de
diacre, M. Vctelay, curé de Saint-Hilaire, de sous-diacre; la messe fut
chantée par 3 petits enfants qui faisaient un chœur et près de 10 ecclé-
siastiques et 4 séculiers qui sca voient le plain-chant; 20 ecclésiastiques,
prestres ou curés voisins assistèrent à cette cérémonie; toute la p"* était
extrêmement édifiée de la douceur et de TafTabilité de cet illustre
prélat; il avoit près de 70 ans qu'on n'avait veu d^évesque dans cette
p^, depuis M. Louis Durset, d'heureuse mémoire, qui est mort en odeur
de sainteté.
On sera peut-être bien aise de scavoir le contenu de l'ordonnance ;
elle ordonne que le banc de Piégut sera rétréci de 2 pieds et allongé
jusques à la première marche du sanctuaire, qu'on feroit une grande
croisée entre la chaire et la tribune et qu'on fermeroit la petite porte;
que les droits de la fabrique pour les sépultures dans l'église seroient
de 10 1. II a retranché la feste de la translation de saint Suipicc qui
tomboit le 27 août et la feste de saint Biaise dont il permet la dévotion
le dimanche suivant et permet l'exposition du Saint-Sacrement et prier
saint Suipicc pendant la matinée jusques après la grand'messe et à
vespres ».
Ijecuré, ne possédantpas toutes les dîmes de la p"% était à portion
congrue; chaque année il devait au s' de la Salle de Jançay 18 d.
248 SOClèTE AnCllèoLOÔIQUE ET lIlSTOniQUE DU LlNlOUSlN
et 40 pieds de chandelle à cause du presbylère. Celui-ci, aliéné à
la Révolution, a été racheté en 1823 par la corn. Il a été réédifié
en 1900 sur le même emplacement.
L'église de Saint-Sulpice possède deux reliquaires célèbres qui
ont figuré à diverses expositions et ont été maintes fois repro-
duits. Tous deux proviennent de Grandmont.
Le plus ancien est formé d'une urne en cristal supportée par un
ange debout. Le tout a une hauteur de O'^^S. L'ange, dans une
attitude hiératique, tient de la main gauche Tévangile et élève, au
devant de sa poitrine, la droite dans un geste de bénédiction. Sa
ligure, aux yeux énormes formés par deux globules d*émail noir,
est encadrée par une chevelure nattée dont chaque natte se termine
par une boucle. Il est vêtu d'une robe à longues manches; ses pieds
nus reposent sur une sorte de lapis. Ses ailes sont garnies d'émaux
aux tons vifs. Pour imiter les plumes, elles portent des sortes
d'imbrications émaillées au champlevé en gros bleu, bleu turquoise,
gris, blanc et rouge. Une bande bleue ornée de points rouges
traverse ces ailes; le cloisonnage a été utilisé pour ces points.
Ce procédé a été fort peu employé en Limousin (1).
M. Palustre et Mg' Barbier de Montault concluaient à l'origine
allemande de cet objet. M. Guibert déduisait du style très caracté-
risé de l'ange une provenance byzantine ou nord-italienne.
L'autre reliquaire nous présente des émaux peints; M. Darcel,
dans sa notice sur les émaux du Louvre, dit que ce sont, avec
l'Adoration des Mages, conservée à ce musée, les plus anciens émaux
peints à date certaine.
Ils garnissent les côtés d'un soubassement à base hexagonale
qui supporte une statuette en argent de saint Sébastien. Le tout a
une hauteur de O'^IS.
Un des grands côtés est muni d'un verre permettant de voir la
relique; à l'oppose un émail représente une Piela; sur chacun des
deux pans voisins, plus étroits, un saint Antoine et son compagnon.
Sur les deux autres faces, recouvertes d'un fond violet feuille
d'or, se détache un écusson écartelé aux i et 4 de gueules semé
de fleurs de lis à une barre de sinople; aux 2 et 3 d'azur au chef de
(1) Bibliographie : Ce reliquaire a été reproduit par Dldron : Annaleê
archéologiques^ t. XV, p. 235 ; Texier, ibid,, t. XIX, p. 41; Palustre et
Barbier de Montault, Orfèvrerie et émaillerie limousine^ pi. XVII; Rupin,
UŒuvre de Limoges^ fig. 527, p. 478. Voir aussi abbé Texier, Diction-
naire d*orfèvrerie, col. 868; L. Guibert, Vorfèvrerie limousine à Vexpo-
sition de Limoges, p. 195; Catalogue de VExposition de Limoges, Orfè-
vrerie, p. 6.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES 249
sinople au lion rampani de gueules couronné dCor. Sur un des écus-
soDs le troisième quartier est fascé d'azur et de gueules de six pièces.
L'authentique, qui accompagne ce reliquaire, fait connaître qu'il
a été donné par Antoine Lallemand, évéque de Gahors et abbé
général de Grandmont de i471 à 1495, mort le 22 déc. 149â; ces
émaux sont donc antérieurs à cette dernière date.
Saint-Sébastien est représenté, selon la tradition, nu, debout,
attaché an poteau et percé de flèches. Les cheveux et le caleçon
sont dorés (1).
Ce reliqnaire renferme un os du pouce de Saint-Sébastien.
Par arrêté ministériel du 20 juin 1891 ces deux objets ont été
classés monuments historiques.
Le procès-verbal suivant constate la fonte de trois cloches qui
n'existent plus :
K Le vingtiesme jour du mois de juillet 1664 ont esté bénistes
trois cloches : la première pour Téglise, qui est appelée la cloche du
Saiot-Sacrement, sous le nom de saint Blaize et de sainte Mathurine,
qui sont Blèze Demaillasson et Mathurine Jammot ; la segonde qui est
pour Saint-Michel a esté parrin M* Roux de Maillasson et demoiselle
Eslenne Pot; la plus petite pour sonner aux processions a esté parin
Léonard de Maillasson et Marguerite Chambon. Signé : Demaillasson,
Hellène Pot, B. de Maillasson, Perrot. »
Une délibération du district du 25 floréal an II constate l'envoi
à Morterol de deux cloches de Saint-Sulpice pesant ensemble
1,500 1.; elles devaient ensuite être transportées à Limoges.
En 1879 Tunique cloche a été refondue et a été remplacée par
deux autres dont voici les inscriptions :
« Septembre 1879. Léon XIII, pape. Alfred Duquesnay, évêque de
Limoges. Mathurin Bandel, curé de lap". J.-B.-F. Aufort, vice-président
du conseil général, maire de Saint-Sulpice, parrain. M"* Marie-Alber-
tine de Pot, marraine.
Ad gloriam sacratUsimi cordis Jesu.
Afin de satisfaire à tous, on me fit une soeur jumelle, Ton m'amoindrit
un peu pour elle sans rompre l'accord entre nous. »
Elle pèse 572 k. et donne le sol dièze.
I^ petite ne pèse que 320 k. et sonne la dièze :
M Septembre 1879, Léon XIII, pape, Alfred Duquesnay, évêque de
Limoges, Mathurin Bandel, curé, Jean-Ba^^'-Ferdinand Aufort, maire.
(1) Bibliographie : Darcel : Notice sur les émaux du Louvre, p. 89;
L. Guibert, VOrfèvrerie limousine à V Exposition de Limoges, p. 217;
Vart rétrospectif k VExposition de Limoges^ p. 75, pi. LVIII; L. Bour-
dery, Les émaux peints à VExposition de Limoges, p. 289.
?50 SOClÉTé ABCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Marie-Charles de PuifTérat, ancien préfet du Puy-de-Dôme, parrain,
Madame Marie-Thérèse-Emilie-Louise Dubrac, veuve Gauthier, mar-
raine.
Ad laudem Beatissimœ Virginis Immaculatœ,
De même que Foiseau chanteur lui dit sa complainte, à la Vierge
sainte je dis les soupirs de mon cœur. »
Toutes deux sont signées : BoUée, d'Orléans.
Il y avait autrefois deux ciroctiëres, Tun autour de l'église,
Taulre à Tendroil où il se trouve acluellement; celui-ci était alors
à une certaine distance de Saint-Sulpice qui ne s'étendait pas de
ce côté. Il est mentionné dès i511.
On y trouve parfois d'anciennes sépultures qui contiennent des
vases à eau bénite globuleux, à goulot court et étroit; ils ont
environ OHi de haut et 0'°08 de diamètre; leur terre est jaune.
Encore aujourd'hui chaque village a, dans le cimetière, sa place
particulière.
Une chapelle dédiée à Saint-Michel, pour laquelle on fait fondre
une cloche en 1664, existait dès 1563. C'est probablement la même
qui est mentionnée par Nadaud comme se trouvant dans le cime-
tière ; elle était alors ruinée.
Il existait à Saint-Sulpice une confrérie du Saint-Sacrement; le
24 oct. 1780 nous trouvons mentionné le décès de Sllvain Besge,
charpentier et tisserand, « lequel a été baile de la confrérie du
Saint-Sacrement pendant quarante ans et Ta gouvernée en parfait
honnête homme et au grand profit de l'église ». (E. C).
Les confrères devaient accompagner les processions un cierge à
la main et assister aux services des membres décédés. Le baile
avait la garde des cierges et les distribuait aux confrères; il ordon-
nait les services. La confrérie comprenait deux catégories de mem-
bres : ceux qui portaient des cierges en cire blanche, ils payaient
22 s. par an, et ceux qui se contentaient de cire jaune; pour ceux-là
la cotisation était de 17 s.
Interrompue pendant la Révolution, elle fut reprise en 1 SOS; il y
avait alors 14 membres dans la première classe et 15 dans la
seconde.
Aux xvii^ et xvui* siècles, on ne trouve pas à Saint-Sulpice d'im-
portantes familles bourgeoises comme il en existait à Arnac et à
Lussac. La noblesse n'y était représentée que par les seuls s'* de
Piégut; les autres fiefs n'étaient pas, la plupart du temps, habités
par leurs possesseurs.
Nous citerons parrois les quelques familles notables, les Alabois-
setle : Mathurin, curé de Lussac en 1790, qui fut déporté à la Révo-
lution et devint ensuite archiprétre de Bourganeuf ; René-Pierre,
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES 251
prêtre aussi déporté, et Benoit, chirargien de marine, émigré,
étaient frères (1) et fils de Jean Alaboissette, incarcéré à Limoges,
le 7 mai 1793; au cours d*une perquisition on trouva chez lui le
brouillon d'un ouvrage intitulé Différence des deux religions (L. 846).
Les Bernul : Pierre, s' de la Chaume, mort le 17 sept. 1756,
avait épousé Gabrielle Depuiferrat; leur fils, Etienne, aussi qualifié
s' de la Chaume, épousa, le 22 oct. 1754 Marie-Magdeleine Peu-
chaud; leur descendance prit le titre de s' des Gouges et elle s'est
éteinte dans la personne de Jean-Adolpbe Bernut-Desgouges,
décédé en 1891. J.-B. Bernut-Desgouges était en 1792-1793 prési-
dent du district du Dorât et membre du Comité de salut public.
La famille Bonnet est plus ancienne : le 12 nov. 1543, Jean
Bonnet, notaire en cour laye et hôte vendant vin, cède, avec
Pierre Bonnet, son fils, un verger sis au village du Brac. Jean
Bonnet, procureur, épousa le 6 fév. 1733 Anne Aubar, d'où de
nombreux enfants. Son frère Georges épousa, quatre jours après,
Louise Aubar, sœur de Anne. Leur fils, Georges-René, se maria le
25 janv. 1764 à Françoise Bernul de la Chaume. Siivain Delagarde,
notaire, à Saint-Sulpice, et Léonard, s' de la Perdrix, étaient
frères. Le premier laissa Etienne, s' de la Peurusse, marié à Anne
Peuchaud, d'où Siivain, s' de la Peurusse, marié le 13 sept. 1747 à
Louise Ramigeon, fille du sénéchal de la baronniede Fromental;
il mourut le 16 avril 1775. Le second eut une nombreuse descendance.
Les Demaillasson ont fourni à Montmorillon un Keutenant géné-
ral de la sénéchaussée : Jean vivant en 1577 ; c'est sans doute le
même qui, qualifié d'avocat en Parlement, habitait Lavaupot en
1566. Un de ses descendants, aussi lieutenant de la même séné-
chaussée, a laissé un curieux livre de raison dont la publication est
annoncée.
Des Niot, que l'on trouve dès 1449 au vill. des Rebras, une bran-
che s'était fixée aux Gouges vers 1750. L'un d'eux, Etienne, qui
était, en 1773, syndic de Saint-Sulpice, a signé le 23 mai de celle
année, une curieuse affiche enjoignant aux miliciens faisant partie
du régiment de Châleauroux de se rendre dans cette dernière
ville; il était payé à ces soldats 2 s. par lieue; ceux de Saint-
Sulpice touchaient ainsi 3 1.
Les Peuchaud étaient une des plus anciennes familles du bourg :
Jean, s' de la Fayolle, et Léonard, s' de Boismandé, étaient frères.
Le premier eut de son mariage avec Magdeleine Roques : 1* Jean,
s' de Boismandé, marié le 15 nov. 1740 à Anne Valleau, d'où
(1) Cf. M. rabbé Lecler, op. cit.
252 SOCIÉTÉ AflCHÉOLOGIQUB BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Sylvain qui épousa le l*'sept. 1767 Marie Choppy de la doulare;
2* Benoit, marié le 8 fév. 1742 à Magdeleine Moreau de la Jarrige;
3* François, s' de la Fayolle» m* de poste à Boismandé, allié en
1733 à Marguerite Mitraud, père de Claude-Valenliii Peuchaud de
Boismandé, m* de poste, et J.-B., curé d'Ardenles.
On rencontre à Saint-Sulpice en 1496-1828 un notaire du nom
de Denis de Puyferrat ; nous ne savons si la famille du même nom
existant à Lavaupol à la fin du xvn* s. en descend : Jean Puiferrat
ou Depuiferrat, époux d'Anne Silvain, esl père de Mathurin marié
à Jeanne Aupelit; il testa devant Poujaud, notaire, le 26 nov. 1727;
celui-ci laissa Jean marié le 8 fév. 1723 avec Marguerite Peuchaud
de la Fayolle; de ce mariage vinrent : Marie-Anne qui épousa, le
16 mai 1747, Pierre des Rosiers, s' de Chassincourt ; Pierre, le
grand vicaire de Sens; Jacques et d'autres.
Jacques de Puiferrat, notaire, membre du Directoire du district
en 1792-1793, époux de Françoise Choppy, laissa entre autres
Joseph-Louis-Simon, marié à Marie Génébrias de Gouttepagnon
d'où Jacques-Christian, avocat, père de Louis-Hubert-Christian,
lieutenant d'infanterie, tué en 1871, et de Charles-Marie, préfet du
Puy-de-Dôme, mort en 1880.
Lieux habités
L'AGEBOUILLERAND. — Ce village est nommé iMge Boulley-
Iherant en 1488, Laige Boulherant en 1828, L'Age Boulhant en
1883. Il avait 14 h. en 1821 ; 6 m. et 26 h. en 1846; le dernier
recensement a donné le même nombre de maisons avec 31 h. La
dlme était levée par le s' de Puyiaurent.
L'AGE DE MAILLASSON est cité en 1660. 1 m., 1 h. en 1901.
BANTARD. — Lieu détruit qui a laissé son nom à la planche de
Banlard. Il y avait là un moulin dépendant deMondon au xv« siècle.
En 1826, ce moulin appartenait au duc de Savoie ; à cette époque
celui-ci était en procès avec le s' du Noyer, qui était propriétaire
du moulin de la Pérusse ; ce dernier prétendait que le duc avait
fait exhausser la chaussée de Tétang de Banlard et inondait ainsi
son moulin de la Pérusse ; en mai 1824, accompagné d'une troupe
d'hommes en armes, le s' du Noyer s'était permis de la démolir.
Une enquête faite le 14 mars 1847 à la requête de Mathurin Pot,
capitaine de Mondon, constate que ses prédécesseurs ont toujours
joui, en qualité de gouverneurs de Mondon, de l'emplacement de
rétang de Bantard ; à ce moment on le dit desséché depuis
longtemps (9380).
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SATNT-SULPICE-LES-FBUILLES 253
Vers 1620, il y eut un procès entre le s' de Mondon et celui de
Puylaurenl, au sujet de la possession de cet emplacement; on
voyait alors au gué de Bantard un reste de chaussée long de
33 toises et haut de 9 pieds ; on prétendait que cet étang s'étendait
jusqu'au gué de Moolrenaud.
LEBARDON. — 1846:2m.,l«h.; 1901 :4 m., H h. Par lettres
de James Mamye, curé de la Châlre-au-Vicomtc et garde du scel
de Brosse, du 11 fév. 1397, Raymond du Sehuc, damoiseau ,^ vend
à Louis Gbilon, damoiseau, une rente de 3 s. seigle sur le moulin
Bardon moyennant 9 1. Il y avait autrefois en cet endroit 3 moulins :
Tun, détruit au xvni* siècle, se trouvait au-dessous de la chaussée
de rétang et dépendait du s" de Lavaupot qui était propriétaire de
rétang : dans le partage de Piégut, en 1449, il est attribué à Chris-
tophe Pot, rétang et moulin Bardon, « tant à bleds que à draps
avec les molins et drapans » ; l'autre qui existe encore appartenait
à Rhodes.
BELLE VUE. — 1 m., 6 h., fonderie de fonte, désigné au cadaslre
sous le nom de Marsaud.
BERLANDE. — 2 m., 11 h., en 1846 ; 2 m., 13 h. en 1901. Ce
hameau devait une rente de 10 b. seigle à la s'^* de Mondon ; il est
appelé Broulande en 1490; Brollande, 156S; Brelande, 1583 et 1783 ;
la forme Berlande est récente ; les dîmes au s' de la Goutte-
Bernard ; Dolmen détruit mentionné par M. de Beaufort.
BOISMANDÉ. — Village important sur la roale nationale ; la
gendarmerie y a résidé de la Révolution à 1856; un groupe sco-
laire y a été édifié en 1889. 78 h. en 1821 ; 19 m., 90 h., en 1846 ;
25 m., 111 h., en 1901.
Suivant un arpentement dressé en 1610 par Just, arpenteur aux
Chézeaux, ce village devait des rentes, une vinade et un bian aux
s" de Rhodes, Honljohan, Saint-Germain et la Goulte-Bcrnard
(9389).
Le 8 juil. 1443, Hélion Chilon, éC, s' du Couret, vend à Vincent
Dupuy un set. d'avoine, mesure de la Terreaux-Feuilles, sur le lieu
et lènement de Petus à Bost Mandiet,
Le 21 oct. 1466, Gui Pot, s' de Rhodes, baille à rente à Macé de
la Chissarde l'héritage Bellot, à Bostmandiers, p*" de Sainl-Soulpize-
en-la-Terre-aux Feuilles, à charge d'y édifier sous deux ans « une
maison à deux aguilhes », moyennant 10 s. par an (9370j.
Les registres d'état-civil mentionnent divers décès de voyageurs
survenus à Boismandé, en cours de route, notamment celui d'un
marquis de Mun ; voici son acte de décès :
254 SOClÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
L'an de grâce 1743 et le 4« jour du mois de février, M'« Alexandre de
Mun, seigneur marquis de Sarlabousse, chevalier de Saint-Louys, ca-
pitaine de cavalerie du régiment royal Pologne, seigneur de Bise et
autres places, mari de dame Marie-Michelle de Cailleret, paroisse de
Bise, diocèse de Comminges, venant de Paris et ayant esté arrêté d'une
maladie à Thotelerie de la maison royale de Boismandé, située sur le
grand chemin dans ma paroisse, y est décédé en la communion de la
Sainte-Eglise, âgé d'environ 50 ans ; duquel le corps a esté inhumé
dans notre église paroissiale de Saint-Sulpice-les- Feuilles le lende-
main de sa mort, le 15 février, après avoir été confessé le jour de sa
mort par moy, curé de ladite paroisse; ce que M. Bruno Butaud, curé
des Chézeaux, Jean Meru, surnommé Petitjean, homme de chambre de
mondit sieur le marquis de Melun (sic), qui ont assisté au convoy, ont
signé avec moy; fait Tan et jour que dessus.
Siffné : B. Butaud, prêtre, curé des Chézeaux; Petitjean, J. Danjan,
curé de Saint-Sulpice-les-Feuilles.
LE BOURNAZKAU. — Hameau incorporé à Saint-Sulpice ; la
gendarmerie se trouve sur son emplacement.
Celait un flef relevant de Puylaurent. Le 17 sept. 1545, M'' Jehan
Reignaud, Pierre de Vouldy et son fils vendent la métairie du mas
du Bourgnazeau à Mathieu de Mailhasson qui, Tannée suivante, la
céda à Mathurin Pot. Le 29 déc. 1571, celui-ci rend aveu pour la
s'^* du Bournazean contenant 30 s. de terre ; il dit que la maison
joint le chemin de Saint-Sulpice à Piégut et le chemin de la croix
Sain le- Valérie à Arnac (9325). Par son testament du 8 Janv. 1575,
Mathurin donnant tous ses biens à son neveu Christophe Pot, lui
impose la charge de ne jamais aliéner celte s'*" « pour Tamour de
luy » (A. B). Son désir a été respecté jusqu'au xvm' siècle, le Bour-
nazean étant resté jusqu'à cette époque entre les mains des s" de
Lavaupot, descendants de Chrislophe ; le 15 juil. 1749, le comte
de Bouthilier la vendit à Silvain Delagarde, s' de la Pérusse (9325).
LA BOUTINOTIÉRE. — 5 m., 20 h. en 1846 ; 7 m., 22 h. en
1901. La Botinotière, 1449, doit son nom à une famille Boulinot qui
y existait encore en 1490. Les habitants étaient astreignabies au
moulin de Bantard. La dîme appartenait au s^ de la Goutte-Bernard.
Par abréviation on trouve ce nom écrit : La Butinotière, 1665,
et La Penotière, 1735-1774.
LES BRAS. — 49 h. en 1821 ; 11 m., 51 h. en 1846 ; 9 m., 48 h.
en 1901. Vill. dont Timporlance a bien diminué : en 1595, le
s' des Chézeaux, qui le possède, dit que c'est « un beau village
contenant 25 fermes de logis » (9398). Il est appelé le Brac en 1449
et 1750; le Bract en 1595 et 1661. La forme plurielle ne se ren-
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 255
contre qa^en 17S6 : les Bracs. Dolmen en partie renveisë, dessiné
par M. de Beaufort.
CHÉNIANT. — 7 m., 26 h. en 1846 ; H m., 40 h. en 1901. Sans
doute une contraction de Chez-Niant; on écrit aussi Chaignant.
Dans le pacage dit de Lacou, M. de Beauforl a retrouvé une table
de dolmen (p. 78).
CHEUGET. — 14 m., 53 h., 1846; 13 m., 48 h. en 1901. Village
qu'on trouve mentionné dès 1284 dans le curieux acte que nous
publions ci-dessous, le plus ancien que nous ayons rencontré en
français,
Sachain luyt présens et venir que ge Hélion de la Porta, seignor du
chasteau de Joancès, dommeyseau, connoys et confesse moy havoir
donné perpétuellement, cessé et quitté à touz temps toutz Téritage et
tenus laquella fuyt ho poot appartenir, on temps jadis ho qui passez est,
hau Roy de Joancès, mon homa, loquiès héritage et tenua est assis et
pouzé on village de Sougier en la parossia de Saint-Sulpiza, lequiès ge
ay trové vacans et sans nuls héritiers, au Johan, fîlh Johan de Sougier,
mon homa, et ha ses héritiers présens et venir en payant et rendant
chescun an touz les devers, tailhes, rantes au dit lieux et héritage
appartenant, ensembleament am una piessa de terra appellea la piessa
à la Dompnea pouzea ond. village, delaquiella piessa de terra peara lo
dit Johan, fils Johan de Sougiers, chiescun an de cens à moy Hélion ho
à mes héritiers troys boisseaux de segle a la mesura de la Terra-au-
Foylhes, am lesquîelles chouses dessus dites payant et rendant, ge
avandy Hélion de la Porta, segnor dessusdit, bailhe les avandites
chouses à Tavandy Johan et Tenvist et saizi et le li permetta guarantir
et deffendre en tella forma et maniera que led. Johan, fils Johan de
Sougier, bastira ho fara bastir hou dit Roy una mayson on village de
Sougier laquiella mayson tenra led. Roy tant que vivra et emprès la
mort dudit Roy de Joancès, la dita mayson tornara au dit Johan, fils
Johan de Sougier, ho à ses héritiers, présens ho venir, promettant ge
Hélion de la Pourta en bonna foy les chouses dessus dites tenir et
guerder pour moy et pour les miens, en contre non venir deyssi en avant,
en contre non venir pour moy ne pour autre et en tesmoinh de vérité
ge, avandy Hélyon ay pouzé mon scel en cetes présentes lettres, donné
présens tesmoinh Johan Giraudet de Joancès et Pieure Byougon et
Jehan Pelisson de Souzet le lundi enprès la festa de Pasques Tan de
grâce mill CC"® cinquanta et quatre.
(Parchemin, E. 9 390. Le sceau manque).
En dehors de cette forme Sougier, nous avons encore relevé
Seugier, 1825, 1872; CheuxGeay, 1669; Cheujay, 1763.
La dîme était perçue par le s' de la Goutte-Bernard.
Des ruines romaines y ont été rencontrées en 1881 par Tabbé
Joyen.\ qui fouilla 10 ou 12 compartiments ; quelques-uns avaient
356 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
leurs murs en stuc recouverts de peinture; des conduits, des mar-
bres, des poteries, 2 étuis, une lance y furent trouvés.
Souterain-refuge indiqué par M. de Beaufort.
CHEZ-BARDIN. — « m., 21 h.; 4 m., 16 h. en 1901. Appelé
tout simplement les Bardins en 1873 et 1677.
CHEZ-BOUCHAULT. — Hameau compris dans Saint-Sulpice; il
dépendait autrefois de Lavaupot; chaque feu devait au s' une
corvée par semaine avec bœufs et charrelle, plus une vinade par
an pour aller quérir une pipe de vin au Blanc ou à Saint-Marceau.
Les habitants étaient encore tenus de faire le guet au château et de
moudre au moulin banal. Cheux Bouschault, 1538.
CHEZ-COLAS. — Métairie située dans Saint-Sulpice; un plan de
1779 montre qu'elle se trouvait sur remplacement de la métairie
actuelle de M. Mondelet. Elle était dans le Gef de Lavaupot.
CHEZ-DANDIN. — Il n'y a plus qu'une maison inhabitée, mais
autrefois il y avait une agglomération, dont les habitants devaient
le guet à Puyiaurent ou 3 sols par feu. Cheulx Pierre Dandin, 1832.
CHEZ-GROSJEAN. - 7 m., 33 h., 1846; 3 m., 13 h. en 1901.
S'appelait en 1880 le guay des Mazeaulx, sur le chemin de Lavaupot
aux Bussières; en 1898 on lui donne encore ce nom concurrem-
ment avec celui de Chez -Gros- Jean ; 1658, Chez-les-Gros-Gens.
CHEZ-RENARD. — 6 m., 23 h. en 1846; 11 m., 29 h. en 1901.
Ce vill. a porté différents noms : métairie des Gorces-Cheux-Renard
appartenant à Mathurin Renard, 1556; 1561, le village des Gorces
où habitent Etienne et Mathurin Regnard ; 1868, les Gorces ] 1898,
les Gorces Renard; 1613, id. Dépendait de la s'*« des Chézeaux (9398).
LA CHIRADE. — 4 m., 22 h. 1846; 2 m., 14 h. en 1901. Citée
en 1487 ; on y voit une vieille maison présentant au-dessus de la
porte une hotte défensive, sorte de mâchicoulis.
Un souterrain-refuge y a été découvert il y â quelques années.
LA FONT DE PIÉGUT. — Lieu où était construite une métairie
dépendant de Piégut, démolie au milieu du xix^ s.; Silvain Pot, est
dit s' de ce lieu en 1689.
LA GARDE. — 8 m., 26 h. en 1846; 9 m., 34 h. en 1901. En
partie sur la route nationale. Dépendait de Piégut; un logis y fut
édifié au xvu« s. pour un cadet de la maison de Pot. Jacques Pot,
époux d'Anne de Grailly, y décéda le 28 pluviôse an IV. Le lieu
noble de la Garde lui avait été attribué dan^ la succession de son
père, Louis, en 1742.
MONOGIIAPUIB DC CANTON' DE SAi:*T-SltLl>ICE-LES-FEUlLLES 257
LES GOUGES. — En 1402, Jean de Moiihet possède des rentes
sur les Gouges : le 9 mars 1544, Jeanne de Verine, fille de Jean el
d*Anne de Mouhet, aliène ces rentes qui comportaient une journée
d*homme à faucher et une vinade. Ce vill. devait en outre des
redevances à Gençay età Lavaupot ; les Gouyges, 1537. J.-B. Bernut,
greffier de Rhodes, prend, en 1783-1788, le litre de s' des Gouges.
LES GRANGES. - 49 h. en 1821; 14 m., 68 h. en 1846; 7 m.,
3{ b . en 1 901 . LesGranges de Bantm\ 1619; les Granges Bantard, 1736.
JANÇAY. — 1 m , 5 h. en 1846 ; 2 m., 3 h. en 1901. Il y avait là
un moulin dépendant de la s''<» de Jançay dont nous parlerons plus
loin. Il a été détruit au xix* s.
LA LANDE DE VIREVALAIS. — 1 m., 3 h. en 1901 ; construc-
tion récente.
LAVAUPOT. — Fief relevant de Brosse d'abord appelé Lavau,
puis possédé par la famille Pot qui lui a laissé son nom; il valait
80 I. de rente en 1552. 61 h. en 1821 ; 13 m., 51 h. en 1846 ; mêmes
chiffres en 1901.
Lavaupot appartenait avant 1401 à Sybille Lafeuille ou Laseille,
mariée à Guillaume Herbert (1) ; celui-ci, au nom de ses enfants,
Guyon et Marie, avait affermé la s''% « sauf le lieu et place du
chastel fondu, Testang contigu et le vergier » ; en 1449 elle était
advenue à Gui de Chauvigny, baron de Châteauroux, vicomte de
Brosse, s' suzerain, qui la céda à titre d'échange le 28 juin 1457 à
Christophe Pot, fils de Raoul, s' de Piégut (2).
C'est bien probablement ce dernier qui figure dans les lettres de
rémission accordées à ceux qui avaient fait partie de la fameuse
bande de routiers commandée par Gui de la Rochefoucauld, séné-
chal d'Angouléme.
Dans ces lettres données en juin 1446 on retrouve énoncés leurs
états de services et leurs méfaits : « ils nous ont longuement servi.
(1) D'après M. de Beaufort, Henor Pot porta Lavaupot à son mari
Hélion de Chamborand vivant eu 1402; leur fils Guillaume en jouit
ensuite. On trouve après un Hugues de Chamborand, s*" de Lavault,
qui, en novembre 1462, reçut du roi des lettres de rémission pour de
nombreux crimes commis dans la région; cf. M. Valadeau, Notice hislor.
sur la ville de La Souterraine, p. 95. Nous ne pensons pas (pi'il s'agisse
de notre localité.
(2) E. 9386. — La généalogie de la branche des Pot de Lavaupot
n avait pas encore été faite. Le registre E. 9402 et les archives de Beaujeu
nous ont permis de rétablir.
258 SOCléTK AUCIIEOLOGIQUB £T IIISTOIUQUE DU LIMOUSIN
dit le roi, ou fait de noz guerres à l'enconlrc de nos anciens enne-
mis les Anglois et à celte occasion ils avoicnt longuement vescu sur
les champs en nos pays dePoiclou, Xaintonge, Lymosin, Angomois,
Berry et autres pays. Pendant lequel temps ils ont fait et commis
et perpélré plusieurs courses, destrousses, rençonnements, pille-
ries, roberies, meurdres, forcé femme, boulé feux et fait et commis
plusieurs autres maulx et crimes ». Le roi les avait bannis et ils
s'élaient réfugiés dans la ville d*AngouIéme d'où ils pillaient le
pays; ils avaient même commis une deslrousse sur des gens du
roi commandés par le bâtard de Culnnt. Ils avaient obtenu pour ces
faits des premières lettres de rémission le 24 sept. 1440.
Depuis, ils avaienl servi le roi au siège de Galardon en 1442, à
la prise de Chef-Boulonne, en 1444-1445 dans la campagne contre
les Suisses et enfin en Guyenne et en Bordelais. Dans ces dernières
guerres, ils avaienl « tenu les champs, pillé et rançonne toutes
manières de gens, assally églises et forteresses, prins femmes par
force », si bien que le roi dut leur accorder de nouvelles lettres de
pardon (1).
Christophe qui avait épousé Annette de Rocheforl figure dans
des actes de 1484 et 1463. Sa veuve stipule au nom de ses enfants
dans un contrat de 1478. Il avait eu Guillaume, qui suit; Gui, s' du
Noyer; Marie, femme de H. de Vassé, capitaine de Monty en 1S19.
Guillaume Pot, s' de Lavaupot, est dit en 1486 habiter dans a son
chastel et place forte nouvellement baslie où ^stoit lechastel fondu ».
Il partageait avec son frère le 29 janv. 149^. Par contrat du 16 fév.
1480, il épousa Louise de Viersac, fille dç Hugues, s' dud. lieu.
Le 31 août 1511 Ysabeau de Viersac, /emme de Lionet Jabaull,
ecS s' de TAge-au-Brit, lui donne pouvoir pour poursuivre Godefert
de Malleret, s' de Lussat, qui avait tué Gelibert de Viersac, son
frère (A. B.).
Il laissa de son mariage : Antoine, qui suit; Souveraine mariée
par contrat du 3 fév. 1500 à Jean du Peyrat, éc, s' de Seilhes;
Jeanne qui épousa le 15 juin 1521 Antoine de la Chapelle, et Ma-
thurin, d'abord co-s' de Lavaupot, puis s'' de la Maison Rouge (A. B.).
Ce dernier eut une existence agitée. Une enquête nous dit
cependant qu'il est doux et paisible et non noisif (3) et querelleur;
qu'il a toujours fréquenté bons gentilshommes; dès son jeune âge,
il a servi le roi ; il est bien estimé et expert au fait de la guerre et
y a fait son devoir (9385).
(1) Arch. hisL du Poitou, t. XXIX, p. 364.
(2) Un Géraud la Feuille est ea 115i prévôt de Saint-Benoît-du-Sault.
(3) De noise.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 2S>d
Ajoutons que celle enquête fut faite pour entériner des lettres
de grâce qu'il avait reçues à Toccasion d'un homicide.
Nous le trouvons en i&H valet de chambre de son parent Phi-
lippe Pot, président au Parlement.
En 1536, il avait servi en Piémont et au camp d'Avignon, où il
était resté dix mois comme porte-enseigne dn capitaine des Forges,
et en noY. de cette année il revint à Lavaupot.
Comme il était capitaine des s'''* de Flex cl Mondon appartenant
au connétable de Montmorency, il manda par devers lui les gardes
des bois et forêts de Mondon, pour savoir si, pendant son absence,
on avait commis des dégâts. Ceux-ci lui ayant signalé que le s' des
Grands Pas, Malhurin Vergnault, s'était permis de prendre du
bois, il lui écrivit d'avoir à réparer le forfait commis.
Cinq ou six jours après son retour, il sortit en pourpoint avec
trois levrettes pour chasser et prendre son déduit à une lande
nommé Lorreau où il chassa jusqu'à midi;*cnsuite il alla dîner à
Mondon. Là, les gardes lui dirent qu ils avaient vendu un chêne
chut par orage de vent à un nommé Bobusson des Sicardières et
qu'au moment où celui-ci emportait cet arbre, Vergnault était
survenu et s'était opposé à son enlèvement prétendant qu'il était à
lui et le (11 payer dix s.
Aussitôt mis au courant de ces faits. Pot partit pour les Grands
Fas, où il ne trouva que la femme de Vergnault qui le fit entrer au
logis, tandis qu'elle envoyait une chambrière avertir son mari. II
vit alors que celle-ci se dirigeait vers le bois appelé de Lavaupot
distant de quatre ou cinq portées d'arbalète; il la suivit et surprit
Vergnault qui, avec un valet, chargeait de bois une charrette à
bœufs. Furieux il l'apostropha : « Ah I méchant ! ne m'as-lu pas
assez fait d'autres méchants tours sans prendre mon bois » ; il
tira son épée et lui bailla trois ou quatre coups par colère. A
raison de ces blessures, Vergnault alla de vie à trépas.
Pot, craignant d'être poursuivi, jugea prudent de quitter le pays.
Il prit mal ses précautions, car en janv. 1S39 (v. s.) il se trouvait
dans les prisons de Saint-Denis-lez-Paris.
A cette époque l'empereur Charles-Quint, réconcilié pour un
temps avec François I", traversait la France pour aller châtier les
Gantois révoltés. La magnificence des réceptions qu'on lui fit sur
son passage coula, dit-on, quatre millions à la France. François I""
le combla d'attentions et lui donna même le pouvoir de délivrer et
mettre hors de prison tous ceux qui y étaient détenus, pour, selon
l'exigence des cas, leur faire grâce, pardon et rémission.
Charles-Quint étant justement venu à Saint-Denis, Mathurin Pot
â60 SOCIETE AUCIIKOLOGIQUE ET IllSTOItlQUE DO LlMOOSlN
lui fll présenter uoe supplique el oblinl sa liberlé avec des lellres
de rémission où nous avons puisé les faits que nous venons d*ex poser.
Nous les publions ci après, après avoir exprimé toute notre pro-
fonde gratitude à noire érudit confrère, M. G. de Boismarmin, qui a
bien voulu nous abandonner la copie qu'il avait faite de cette
curieuse pièce.
Malliurin reprit ensuite du service et nous le retrouvons en 1543,
enseigne de Gallays d*Âclié, guerroyant contre ce même Charles-
Quint.
Le roi ayant chargé ce capitaine de conduire 400 arquebusiers à
cheval aux environ d'À^miens, celui-ci se décltargea de ce soin sur
son enseigne par la commission suivante :
« Nous Gallays d'Aché, s' dud. lieu et de Larrey, cappitainc de
400 haquebuziers à cheval, certifiions à tous qu^il appartiendra, avoir
donné povoir, puissance et auctorité à Mathurin Pot, s' de Lavaupot,
notre enseigne, d'admener les souldars qui sont de nostre compagnie en
diliç^ence, de sorte qu'ilz soient au lieu d'Amyens le 15« jour de juing
prochainement venant et ce en vertu de commission à nous donnée par
le roy nostre sire, cy sus escripte.
Donné aud. lieu d'Aché soubz nostre seing le 15* jour de may Tan 1543.
Gallays d'Aché ». (A. B.)
Mathurin céda en 1560 ses droits sur Lavaupot; nous dirons ce
quMl devint à la notice sur la Maison-Rouge.
Antoine Pot, son frère, eut une vie plus calme ; du reste, il
mourut jeune. De sa femme, Catherine Eslourneau, il eut Jacques,
qui continua la descendance ; Gillone, mariée le ii avr. 1558 à
Guillaume de Montbel, s' de Champeron et de la Tâche; Anne,
femme de Marc Beaux, s' de Bonneuil en partie (A. B.).
Jacques Pot, s' de Lavaupot, rendait le 5 mars 1539 une déclara-
tion au sénéchal du Poitou pour son fief de la Vault Pot tenu de
Brosse ; il a droit de justice moyenne et basse divisément et droit
de haute justice en comparsonnerie avec les autres seigneurs
paniers de la Terre-aux-Feuilles ; ce fief comprend le château, ses
préclotures, étangs, 90 septérées de terre, hommes roturiers et
dîmes, le tout valant 80 1. de rente (9 399).
La succession de son grand père, Guillaume Pot, étant restée indi-
vise avec Mathurin Pot, son oncle, il obtint du sénéchal de Mont-
morillon, le 12 mars 1560 (v. s.), un jugement lui attribuant Thôtel
principal de Lavaupot avec les préclotures et les deux tiers du
surplus de la succession en qualité d'ainé (A. B.).
Jacques épousa Gabrielle Faulcon qui, veuve, se remaria à Gui
de FAge, s' de la Palisse.
MONOGltAPIUE Dr CANTON DE SAINT-SrLPICE-LKS-FECiLLES 2C1
Il est père de : 1"* Christophe ; ^ Gillone, mariée par contrat du
10 août 1S87 à Christophe de CarboDnières, s' de Chambery,
B"" Françoise, épouse le 16 mars i593 de Jacques de Sauzé, s' dud.
Iteu, 4"" Jeanne, mariée à François Chardebœuf, s^ de la Vareilie, le
14 mai 1590.
Jacques étant mort laissant ses enfants mineurs, leur tutelle fut
confiée à François Faulcon, baron de Saint-Pardoux, qui dilapida
leurs biens. En 1599, Jeanne plaidait au parlement de Bordeaux
contre ses parents qui le lui avaient imposé : les s" de Rhodes, de
la Feuiliade, des Bastides (A. B).
Christophe Pot, s** de Lavaupot, est le dernier de cette branche.
Le 24 juil. 1589, il vend une chaîne d'or et de la vaisselle d'argent
provenant de la succession de Mathurin, son oncle, pour accomplir
le voyage qu'il avait envie de faire en armes. Le 6 mai 1593, étant
logé à Orléans, hôtellerie du Grand Barillet, il reconnaît devoir à
François deRilhac, 200 écus pour vente d'un cheval courtaud sous
poil bay et autres choses, en présence de Jacques Savary, s' d'Al-
lest, et de Jean de Laleuf, s' de la Perrière (9 402).
Il fut tué peu de temps après dans des circonstances que nous ne
connaissons pas.
Le 4 août 1594, sa sœur Jeanne faisait procéder à un inventaire
au château de Lavaupot, en présence de ses beaux-frères. A cet
inventaire comparurent tout d'abord les créanciers de Christophe :
Jean Martin, s' de la Goutte- Bernard, pour 150 écus; Laurent
Sallet, Pierre Bonnet, marchands de La Souterraine; Martial
Bonnet réclama ses gages, 20 écus et 3 écus pour une paire de
chausses d'estamet et des iricousses ; Simon Lemoyne, 8 écus pour
ses gages, « comprins un escu qu'il auroit employé pour avoyr des
linceulx pour mettre le dict dcffunct ayant esté tué » ; Thomas
Moreau, 28 1. 5 s. pour ses gages de soldat.
On représente rinventaire qui fut dressé le 18 déc. 1581, après
décès de Jacques Pot et on procède à un récolement :
En la salle basse deux chaslictz de menuiserie, Tun à coulonues
guarny de surciel et de rideaulx de cadit rouge et Taultre sans que-
nouilhes et sans surciel; lesd. chaslictz ayant chascun un lict guarny
de couhettes, coussin et de deux couvertes, l'une de cathelongue rouge,
Taultre de gris de Bellat, mentionné au premier article dud. inventaire,
10 escus, une table de chesne garnie de traicteaulx et ung dressouer,
2 escus... Plus en la chambre haulte estant sur lad. salle deux chaslictz
de menuiserie à qucnouilhes sur lesquelz il y a deux lictz guarnis de
couhette, coussins et de deux couvertures, Tune rouge et l'aultre de
drap gris de Bellat et de chascun un tour de lict de cadit rouge, 10 escus;
ung buffet guarny d'armoyrcs, 20 s. ; deux coffres de bois de menuiserie
T. LV 17
262 SOCIÉTÉ archéologiqok rt histoiuque du limousin
fermantz à clef, contenant chascun à mectre deux charges de blé,
2 escus ; deux landiers de fer de petite valeur, 2 testons. Plus en la
chambre haulte estant dessus la chambre précédente, deux chaslictz de
boys de chesne de grosse menuiserie, l'un guarny de quenouilhes, de
surciel et de courtines de cadit rouge, y ayant sur chascun d'icculx
ung lict guarny de couhette, coussin et couverte de drap blanc, 20 1.,
plus une chaise, 2 ecus 1/3.
Plus en la cuisine deux chaslictz, Tun guarny de quenouilhes, surciel
et courtines de cadit jaulne et Taultre sans quenouilhes guarny d'ung
pavillon de cadit rouge, 8 écus ; deux arquebuses à mèches, 40 s. ;
Du contenu au 30® article de l'inventaire ne s'est trouvé que deux basions,
l'ung espieu, l'aultre une langue de bœuf (1), l'aultre s'est perdu, 10 s. ;
une hallebarde, 20 s.
Plus sommes montés en une tour dud. chasteau, au bout d'une grande
salle non planchonnéc, la dite tour estant du costé du septentrion ;
la dicte tour ayant ung cabinet dans lequel avons trouvé les habille-
mens dud. feu Christophe Pot, scavoir ung manteau de pou de soie (2)
verte doublé de velours verd guarny de trois tresses d'argent tout
autour; ung pourpoinct de satin verd guarny de ung gallon de soye,
5 écus ; des grègues (3) de satin incarnadé (4) mouchetté, 4 escus ; une
aultre paire de grègues usées, 100 s. ; une ceinture et pendant (5) faict
en broderie d'argent, 3 escus; deux chappeaulx de castor, l'ung verd et
l'aultre vioUet, guarny chascun d'ung cordon de tresse d'argent, ung
escu ; 5 chemises de lin fort usées, 50 s. ; une cuyrasse noire, 6 escuz ;
une arquebuse à mèche et une escoupette guarpy d'ung rouhet (6),
3 escus.
(1) « Les maçons appellent langue de bœuf un instrument fait d'une
plaque de fer en forme de cœur et dentelé tout autour avec une tranche
qui va s'insérer dans un manche en bois » (Dict, de Trévoux), Il s'agit
plutôt ici d'une arme.
(2) « Pout ou pou de soie, grosse étoffe toute de soie toute Unie et
sans lustre qui a un grain pareil au gros de Naples et un peu.tnoini
serré que le gros de Tours, mais qui jette un gros grain. Il y a appa-
rence que ce mot est corrompu de tout de soie » {Id.).
(3) « Haut-de-chausses qui serre les fesses et les cuisses que tous les
hommes portaient au siècle passé » (/</.).
(4) Beau rouge qui représente la chair vive et fraîchement coupée.
(5) Ouverture où passe l'épée.
(6) 11 y a plusieurs espèces d'arquebuses et principalement l'arque-
buse à mèche et l'arquebuse à rouet. L'arquebuse à mèche partait au
moyen d'une mèche qu'un ressort abaissait sur le bassinet. Au xvi* siè-
cle, on ne mit plus le feu avec une mèche, mais avec un silex qui par
la détente d'un rouet portait contre la platine et faisait jaillir des étin-
celles.
L'escopette était une petite carabine qui se portait à l'arçon de la
selle.
V
MONOGHAPHIE DU CANTON DE SAÏNT-SULPICE-LKS-FKITILLKS 263
Lavaupot dans. les partages fut aliribué à la dame Chardebœuf.
Le 4 nov. 1S96, son mari rendait hommage dads la haute salle
de Brosse à Henri de Bourbon, en qualité de vicomte de Brosse, et
il lui fournit son dénombrement le 8 avril suivant.
Il déclare posséder la prérogative et prééminence dans l'église
de Saint-Sulpice-les-Feuilles, après le s' de Piégut; droit de banc
et droit d'enterrement; la justice moyenne et basse et la haute
justice en commun avec les autres s" de la Terre-aux-Feuilles ;
droit de donner mesures ; droit de pèche dans la rivière de Benèze,
Testang de... depuis le lieu de Planchouerand jusques au moulin
de la Goutte-Bernard et de Tcscluze dud. moulin, jusques au grand
chomin public tcndaf^t du bourg des Chézeaux au moulin du Refour;
plus rélang de la Grand-Fa ; plus un bel élang appelé Tétang
Bardon avec le moulin au-dessous avec roue et meule pour faire
moudre grains de froment et de seigle, avec droit d'y avoir moulin
à drap et à huile.
François Chardebœuf mourut à Lavaupot le 25 oct. 1611, laissant
pour seul hérilier son fils : Melchior Chardebœuf, né le 13 nov. 1594,
éc, s' de Lavaupot, gentilhomme ordinaire de Gaston d'Orléans,
faisait partie de la suite de Puyiaurent; le 3 mai 1634, à Bruxelles,
il reçut le coup de fusil destiné à ce dernier. Il avait épousé Jeanne
de Lescoux.
Gomme plusieurs des s^' de Lavaupot, il avait un cadavre sur la
conscience : une sentence du 6 mars 1619 du t)révôtdes maréchaux
de Monlmorillon le condamna à mort par contumace pour avoir
tué François Estourneau, s' de Tersannes. Il reçut dans la suite
des lettres d'abolition, mais pour obtenir mainlevée de Topposition
des enfants d'Estourneau, ses héritiers leur payèrent le 3 août 1640
une indemnité de 3.700 1.
Il avait sans doute embrassé là religion protestante, car Nadaud
nous apprend que le 25 oct. 1651, M"*' de la Vaupot épousa au
château de la Vaupot, suivant les cérémonies de la R. P. R. le
comte de Carlus. Il s'agit de Marie Chardebœuf, fille de Melchior,
mariée à Jean de Boursolle de Caumont, comte de Carlus ; celui-ci
est qualifié de s^ de Lavaupot en 1668-1677. Jean de Boursolles,
comte de Carlus, époux de Jeanne de Goustin, porte ce titre en
1690-1698.
Possédé au commencement du xviii^' s. par les Bouthillier, La-
vaupot passa ensuite aux Boucher, puis aux Rochechouard.
M. de Beaufort a donné dans ses deux ouvrages, si complets au
point de vue archéologique, le plan du château de Lavaupot dont
il ne subsiste plus que des ruines informes et le plan d'un souter-
rain-refuge, le plus intéressant de la région, qui se trouve dans le
vill.
^6i SOCIETE AHCHEOLOÛIQCE et HtSTOmQCE DU LlMOCSlK
Sénéchaux : Pierre Boutaud, bachelier, tient ses assises le 28 oct. 152rv
dans une grange des Chézeaux ; Pierre Guilhot, licencié, 1561-1594;
François Bétolaud, licencié, lient ses assises à Piégut; Jean Guyneau,
1685; Jean-Joseph Butaud, s'^du Poux, 1767; Antoine Alabonno de l'En-
clave, 1774-1779.
Procureurs : Jean de Maillasson, 1633; Jean Guillemet, 1776-1782.
Greffiers : Françoys, 1538; Hognaud, 1561 ; Gauchier, 1594; Jean Mi-
chelon, agent des affaires du s"", 1625-1648; Delafont, 1573; Dubrai-,
1776-1778.
Receveurs : Doublet, 1525; Michelon, 1639; Martial Bonnet, 1598.
CHARLES, par la divine clémence Empereur des Romains tousjours
auguste, Roy de Germanie, de Castille, de Léon, de Grenade, d'Arrugon,
de Navarre, de Naples, de Cécille, de Maillorgue, de Sardaigne, des
Ysles Yndres, de Terre ferme, de la mer occéane, archeduc d'Autriche,
duc de Bourgongne, de Lautrec, de Braban, de Luxembourg, de Lim-
bourg, de Gueldres, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgongne,
palatin de Henault, de Hollande et de Zélande, de Ferretle, de Hacque-
nault, de Namur, de Zulphan, prince d'Enault, marquis du Saint-Empire,
seigneur de Frize et dominateur en Asye et en Afrique, SCAVOIR fai-
sons à tous présens et advenir que en ensuivant le pouvoir à nous donné
par nostre très cher et très amé beau-frère le Roy Très Chrétien, à
nostre venue et entrée en son royaume, de délivrer et mectre hors de
prisons tous et chascuns les personnes qui y sont lorz trouvez délenuz,
pour selon Texigence des cas, leur faire grÀce, pardon et rémission.
Et soit ainsi que en passant par la ville de Saint-Denis-en-France-lez-
Paris, ay esté trouvés es prisons du dict lieu ung nommé Mathurin Pot,
escuier, seigneur de Lavaupot, cappitaine des seigneuries de Fiez et
Mondon, les dictes seigneuries appartenant au dict conneslable de
France (sic)j aagé de trente ans environ, demeurant au dit lieu de
Lavaupot près le dict lieu de Mondon, ressort de Montmorillon en
Poictou; disant que dès le nioys de novembre cinq cent trente-six,
il seroit retourné du voyage de Pyinont et camp d'Avignon où le dict
suppliant a voit demeuré par l'espace de dix raoys au service de nostre
très cher et très amé beau-frère, porte-enseigne sous le cappitaine des
Forges au dict camp d'Avignon et luy arrivé de retour en sa maison, au
dict lieu de Lavaupot, auroit envoyé quérir les forestiers et gardes bois
et forestz de la dicte seigneurie de Mondon, de laquelle seigneurie le
dict Pot a voit la charge, comme il a à présent, du dict connestable,
pour scavoir d'eulx si durant le dict temps qu'il avoit esté au service de
nostre très cher et très amé beau-frère, aucuns avoient poinct prins des
boys es dictes forestz ; à quoy luy fut respondu par les dicts gardes de
boys que ung nommé Anthoine Vergnault, seigneur des Grands Fa,
demourant près les dictz boys et forestz en avoit prins; au moyen de
quoy icelluy suppliant luy avoit escript une lectre par la quelle il luy
avoit mandé qu'il avoit esté adverty par les dicts gardes des boys et
autres qu'il avoit prins des boys es dictes forestz de Mondon dont, comme
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LE8-FEUILLES 265
dict est, il avoit la charge pour le dict connestable et quHl réparast le
forfaict ou autrement qu'il le luy feroit réparer; et cinq ou six jours
après son retour des dicts voyages, se partlst le dict suppliant de sa
maison à pied avecques trois levrettes pour chasser et prendre son
déduict à une lande nomme Lorreau où il fut en chassant jusqu'à l'heure
de midy qu'il se retira au dict Mondon où il demeura et disna, et en
disnant enquist de rechef auxs dictz forestiers et gardes des dictes
forestz, si depuis qu'il avoit parlé à eulx, comme dict est dessus, il n'y
avoit rien de nouveau advenu es dictes forestz ; à quoy les dictz fores-
tiers luy feirent réponse qu'ilz avoient vendu ung chesne cheut par
orage de vent à ung nommé Bobusson des Sicardières et que le dict
Anthoine Vergnault avoit trouvé le dict Bobusson qui enmenoit le dict
chesgne ; auquel il avoict dict qu'auroict le dict chesne ou ses bœufz,
combien que icelluy Vergnault n'eust aucun droit, charge ne commission
es dictz boys; auquel le dict Bobusson luy avoit faict responce que les
forestiers du dict connestable luy avoient vendu le dict chesne dix solz
tournois ; nonobstant lequel propos le dict Vergnault dict de rechef au
dict Bobusson qu'il auroict les bœufz ou l'argent; à quoy de rechef luy
fut faict responce par le dict Bobusson qu'il n'avoit encore paie les dix
solz aus dictz forestiers et qu'il aymoit myeulx luy bailler les dictz dix
solz qu'il print ses bœufz, mais que le dict Pot suppliant, cappitaine
du dict lieu, n'en seroit content ; et de faict luy bailla les dictz dix
solz.
De quoy adverty, le dict suppliant après son disner faict, se seroit
party du dict Mondon, avecques ses trois levrettes, en pourpoinct,
garny de son espée seulement, qu'il a accoustumé porter, print son che-
min vers la maison du dict Vergnault, qui est distant du dict Mondon
d'un quart de lieues ou environ, pour luy remonstrer les choses dessus
dictes; où luy arrivé ne trouva le dict Vergnault, mais seulement sa
femme et luy demanda où estoit son dict mary; laquelle luy fcist res-
ponce qu'il n'y estoit pas et qu'il estoit illec près du dict lieu; à quoy
le dict $up[5liant luy pria de le faire appeler et envoyer quérir; ce que
feist la dicte femme et y envoya une scienne servante ou chambrière; le
dict suppliant estant dedans la salle du dict Vergnault veist la dicte
chambrière qui prenoit droict son chemin vers le bois de Lavaupot,
appartenant au dict suppliant, distant de la maison du dict Vergnault de
({uatre ou cinq portées d'arbalestes ou environ, seroit party d'illec et
suivy après la dicte chambrière, laquelle il auroit rataincte environ le
meilleu du dict chemin ; à laquelle il dict qu'elle s'en retournast et qu'il
trouveroit bien son dict maistre sans elle; et marcha le dict suppliant
jusques à son dict boys, dedans lequel il trouva le dict Vergnault avec
un scien valet qui chargeoit une charrette de bœufz en bois du dict
suppliant; auquel il dict de prime face : « AI meschant, ne m'as-tu pas
assez faict d'autres meschants tours, sans prendre mon bois », tira son
espée et en bailla trois ou quatre coups par collère et estant marry
de veoir prendre son bien; à raison desquelz coups, par faute de bon
appareil ou autrement, le dict Vergnault alla le dict jour de vie à
*'s.
266 SOCIÉTÉ AIICIIÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Irespas. Pour occasion duquel cas, le dict suppliant craignant rigueur
de justice, se seroit absenté du pays, au quel ne ailleurs, il ne seroit(sic)
bonnement ne seurement fréquenter ne demeurer, si noz grâces et par-
. dons ne luy estoienl sur'ce imparties, nous humblement requérans que,
attendu ce que dict est, et que en tous autre cas il est bien famé et
renommé, sans jamais avoir esté actainct d'autre villain cas, blasmc ou
reproche, il nous plaise en faveur de nostre dicte entrée, sur ce luy
impartir noz grâces, pardons et miséricorde.
Pour quoy, nous, ces choses considérées, voulans miséricorde estre
préférée à rigueur de justice, au dict suppliant, inclinant à sa dicte
supplication et requeste, en vertu de nostre pouvoir, avons quicté,
remis et pardonné et par ces présentes remectons, quictons et pardon-
nons le faict et cas dessus déclairé, avecques toutes peines, amende et
offence corporelle, criminelle et civille, en quoy, pour raison du dict
cas, il pourroit estre encouru envers nostre dict très cher et amé beau-
frère le roi et justice; en mectonsau néant tous appeaulx, bans, bannis-
semens, adjournemens, sentences, delîaulx, condampnacions d'amendes,
procès et procédures quelzconques et tout ce généralement que pour
raison du dict cas s'en pourroit estre ensuivy. Et Tavons remis et res-
litué, remectons et restituons à sa bonne famé et renommée au pays et à
ses biens non confisquez, satisfaction faicte à partie civillement tant
seullement, si faicte n'est et elle y eschet. Et sur ce imposons silence
perpétuel en vertu du dict povoir au procureur général de nostre dict
très cher et très amé beau-frère le roy, présent et advenir, et à tous
autres; sy donnons en mandement en vertu d'icelluy povoir au senéschal
de Poictou ou son lieutenant au siège de Montmorillon, en la juridiction
duquel le dict cas est advenu, et à tous les autres justiciers et officiers
de nostre dict très cher et très amé beau- frère le roy, ou à leurs lieue-
tenants présens et advenir, et à chascun d'eulx, si comme à luy apar-
tiendra, que de nos présens, grâce, rémission et pardon et de tout le
faict contenu et déclairé en ces dictes présentes, ilz lacent, souffrent et
laissent le dict suppliant joyr et user plainement et paisiblement, sans
pour occasion des dictz cas, lui faire mectre et donner, ne souffrir luy
estre faict, mis ou donné ores ni pour le temps advenir aucun arrest,
destourbies ou empeschement, ains si son corps ou aucuns de ses dictz
biens sont ou estoient pour ce prins, saisiz, arrèstéz, emprisonnez ou
autrement empeschéz, ils les mectent ou facent mectre incontinant et
sans délay à plaine et entière délivrance et au premier estât et deu; et
affin que soit chose ferme et estable à tousjours nous avons fait mectre
nostre seel à ces dictes présentes, sauf en autres choses le droict de
nostre dict très cher et très amé beau-frère le roy et d'aultrui en
toutes.
Donné au dict lieu de Sainct-Denys en France le septièsme jour de
janvier Tan de grâce 1539 et de nos règnes assavoir : du Saint-Empire
le dix-neufiesme ; des Espaignes, des Deux-Cécilles et autres le vingt
quatriesme.
Signé sur le replis : Par VEmpereur et Roy,
J. Obbrnburger.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICF-LBS-FEUILLES 267
Volumineux parchemin avec débris de scel en cire ronge coté au
dos : « pour Hathurin Pot, esc", sgr de Lavaupot, cap* de Mondon
pour M. le Gonnestable »; et plus basd*une écriture plus moderne :
« Lettres de grâce et d'abolition, accordées à Mathurin Pot par le
roy et empereur Charles-Quint »
MAILLASSON. — 4 m. 24 h. 1846; 6 m., 28 h. 1901.
En 1596 « le village de Maillasson contenant en basty et en
masures 15 fermes de logis », dépendait de Jançay (9392)
LA MAISON-ROUGE. — 3 m. 20 h.; 2 m. 9 h. 1901.
Ancienne maison fortiDée relevant de Mondon.
Le 15 juin 1517, Jacques de Montbel, s' de la Maison-Rouge,
reconnaît tenir à foi et hommage- lige, au devoir d'une paire de
gants blancs, à mutation de seigneur et d'homme, de Charles, duc
de Savoie, prince et vicaire perpétuel du Saint-Empire, marquis en
Italie, prince de Piémont, s^ de Mondon, et de son frère, comte des
Genevois, « Thoslel, maison forte et hébergement de la Maison-
Rouge, avec ses préclostures et basse-court et les jardrins renfermés
de murailles et palitz vallant 25 s. de rente ».
Cette s''*" avait été acquise par son père. François de Montbel;
en mars 1517 (v. s.), il était en procès avec sa mère, Françoise
Vergnaud, qui réclamait ses droits.
Le 30 juil. 15il cette maison forte est vendue par Mathurin
Lamberlhie, éc\ et Anne de Venues, sa femme, à Mathurin Pot,
s' de Lavaupot (2400 et arch. de Turin).
Mathurin Pol, dont nous avons déjà parlé, était, nous dit une
enquête de 1590, « un homme riche et oppullanl ayant plusyeurs
deniers complans jusques à la somme de 20.000 1. et plus qu'il
prestoit. » Il possédait encore les s'**' de Martinet et du Bour-
nazeau.
Il Gt son testament le 8 janv. 1575 et élut sa sépulture dans
l'église de Saint-Sulpice ; il donna 200 1. aux pauvres et légua tous
ses biens à son neveu Christophe Pol à charge de divei*s legs.
Etant tombé en démence, un conseil de famille eut lieu à la
Maison Rouge le 30 mai 1584 où furent présents ses parents :
Guillaume Pot, prévôt de deux ordres du roi, premier écuyer tran-
chant, maître des cérémonies de France, s' de Rodes, » (ant comme
haut justicier de Mondon que comme parent ». François d'Aubus-
son, s' de la Feuillade; François Faulcon, ch' de Tordre du roi,
baron de Sainl-Pardoux; Christophe de Carbonnières, gouverneur
de Rocroy, Jacques Estourneau, s' de la Mothe de Tersannes;
René de BersoUes, s' des Bastides; Jacques de Vériue, s' de la
Roche de Mouhet; Marc Deaux, s' de la Gonilière; Gui de TAge,
268 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
S' de la Palisse, et Jean Pot, s' de Piégut. On lui donna pour cura-
leurs Faulcon el de TAige.
Melchiop Chardebœuf est s' en 1631-1633.
Le 6 juil. 1736 la Maison-Rouge esl vendue par le duc de I^val
à Léonard Dalagarde, marchand, aux Granges-Bantard. On voit
à la Maison-Rouge une porte ancienne surmontée d'une accolade;
au-dessous de celle-ci esl sculpté un écusson portant une fasce avec
un croissant en chef, pièces qui se retrouvent dans les armes des
Chardebœuf.
LA MARDELLE. - 40 h. en 1821; 15 m., 70 h., 1846; 7 m.,
23 h., 1901. La Marselle, 1481 ; La Mardelle, 1559.
On appelle Mardelles, en Berry, des excavations régulières pré-
sentant la forme d'un cône renversé à base elliptique de 30 sur
40'*' de diamètre, au fond desquelles on trouve des débris de Tindus-
trie humaine et des ossements ; leur origine a donné lieu à de
nombreuses controverses ; on les attribue communément à Taction
des eaux. Elles ont été souvent utilisées comme silos. 11 n'y a pas
trace d'une semblable excavation dans ce village.
Charles Baull, éc', s' du Vergier et de La Mardelle, épousa par
contrat du 31 mai 1629, Jacquetle Martin du Puyvinaud, d'où
Léonarde, femme d'Henri Dalesme (Nadaud).
LE MAZIER. — 7 m., 38 h., 1846; 8 m., 28 h., 1901. Us Ma
zoiers (1449).
Le vill. du Mazuiers devait une vinade à quatre bœufs et
charrette pour aller quérir une pipe de vin au pays d'Argenton ;
ce droit esl vendu le 30 mai 1545 par Jeanne de Vérines, veuve
de Malhurin Lamberthie, s^ de LafTaict, à Mathurin Pot, s' de
Lavaupot (9 387).
1537, Le Mazurier, Claude Gaucher esl dit s' du Mazier en 1688-
1707 ; sa fille, Gabrielle, femme de Jacques Bastide, conseiller du
roi, à Monlmorillon, posséda ensuite.
Le village était dans la mouvance de Piégut.
Le 4 mai 1772, Jean Gaucher, marchand à La Villaubrun, vend
le lieu du Mazier à René et Jean Apierre, moyennant 10.000 1.
LE MONTEIL. — 43 h. en 1821 ; 11 m., 52 h., 1846; 10 m.,
45 h., 1801. Le dimanche Jubilato 1363, en la garde du scel établi
à Monlmorillon pour le roi d'Angleterre, Jean de Monteys, damoi-
seau, et Huguelle de I^ Selle, sa femme, accensentà Jean Arnalhon,
une tenue vacante par la mort de Fradet... de Monteys, à charge
de deux bians, l'un pour conduire du vin d'Argenlon à Monteys el
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FBUILLES 269
raatre pour la moissoa oa le foin ; quand il sera employé à ces
corvées, il sera défrayé de pain (9 370). Le Montais, 1449.
Par sentence du 13 août 1544, il est reconnu que les babilanls
de Montet sont astreignables au moulin de Piégut ; ce droit était
réclamé par le s' de Puylaurenl, à qui ils devaient la dîme et le
guet(Gén. Pot).
MOBLIN DELAVAUPOT. — LeSl nov. 1406, Guillaume Herbert,
veuf de Sybille Laseille, dame de Lavau, au nom de ses enfants,
Guion et Marguerite, baille à rente à Jean Gaullier, de Derable,
diocèse de Bourges, « la méson et moullins de Lavau, Tun à drap,
l'autre à blé, avec cours de eaue, motaige, plassaige », moyen-
nant 41. 5 s.
Le 8 janv. 1449, Gui de Chauvigny renouvelle ce bail à Denis
Gautier, messire James Gaulier et autpes : il leur cède une place
contenant une boisselée sise « en nostre terre de la Vaulx, auprès
de nostre grand estangà Tendroit de Testât ancien d*icelluy, jouxte
certaines vergnées et sauzées et jouxte Testât qui a esté nouvel-
lement aud. eslang et tenant à la chaussée », avec faculté de cons-
truire un moulin, tant à blé qu'à drap.
En 1490, le s' de Lavau fit édifier un nouveau moulin au-dessous
de Técluse de Tétang. Il est affermé 30 set. seigle en 1493 ; 48 set.
seigle et 2 set. froment en 1546 ; 58 set. seigle, i set. froment,
4 1. et 2 gftteaux de roi en 1571.
Le 8 janv. 1532, Macé et François Gaulier vendent au même leurs
droits dans le moulin neuf au-dessous de la chaussée de Tétang et
dans les moulins vieux sis au-dessous du village (9 386). Ces der-
niers paraissent disparus.
LE MOULIN PLET. — 2 m., 16 h., 1901.
MONTRENAULT. — 44 h., 1821 ; 8 m., 29 h., 1846 ; 10 m., 32 h.,
1901. Dépendait de la s'*' de Jançay : le 7 mai 1404 des terres à
Mont Regnaud sont données à bail par le s^ de ce lieu à Jean de
Mont Regnaud. En 1449, le bois de Montreignand appartenait à
Christophe Pot.
LE NOYER. — Fief relevant de Brosse, il vaut 50 1. de rente
en 1552. 67 h., 1821 ; 21 m., 75 h.-, 1846 ; 24 m., 98 h., 1901.
Cette s''* appartenait, au commencement du xv" s., à Raoul Pot,
s' de Piégut, qui laissa, entre autres enfant, Christophe, s' de la
Vau et Ysabeau, épouse de Régnier de Présigny, ch'.
Christophe vendit en 1459, « le lieu et houstel iixNougier, cens,
rentes, garennes et dîmes », avec des héritages à Montreignault, à
Etienne le Joincteur, moyennant huit vingts livres. Ysabeau, usant
370 sociéré archéologique et historique du limousin
de son droit de relrail lignager, somma le Joinclenr de lai dé-
laisser celte s'*' et en même temps lui ût Toffre accoutamée.
Le Joincteur produisit deux témoins qui prétendaient que cette
offre n'avait pas été faite dans le délai légal : Marsault du Nougier
e( Pierre Dubrac. À quoi la demanderesse répliquait que Marsault
du Nougier éiait de serve condition et serf du défendeur, à cause
de son village du Nougier, et qu*il lui avait promis que s*il gagnait
il Taffranchirait de loute servitude ; qu*il avait été condamné à
Brosse pour faux-lémoignage et qu'il s'était parjuré en jugement ;
il était tenu et réputé larron ; Pierre Dubrac, lui, avait été cou-
vaincu d'avoir emblé 50 écus à mess. James de la Vau, prêtre. Une
sentence du sénéchal de Montmorillon, donnée es grands assises
royaux, le 2& mars 1465, adjugea le Noyer à Ysabeau en validant
ses offres de retrait (9,386).
Ysabeau dut, dans la suite, abandonner ce fief à son neveu Gui
Pot, que nous trouvons portant le titre de s' du Nougier en 1493.
Il avait épousé Françoise de la Marche. Ses enfants furent :
!•* François, prieur de Pronel, en 1541 ; 2" Jacques Pot, qui n'eut
qu'une tille, Marie, mariée à Jacques de Sandelesse, s' de Champ-
giron ; S"" Claude, qui eut Nicolas Pot, mort sans enfant; 4'' Gabrielle,
mariée par contrat du 20 avril 1545 à Gilbert de Biencourt, s' de
Lesclauze ; et 5"" Jeanne.
Par un partage fait après la mort de Gui, François avait pris pour
son droit d'ainesse les deux tiers du Oef du Nougier en Poitou, le
manoir de Boisgenest avec les préclotures; le surplus avait été
attribué à ses frères et sœurs ; mais à la suite des décès de divers
de ces derniers, un nouveau partage fut fait le 9 fév. 1555 entre la
dame de Sandelesse, Gabrielle et Jeanne; la première eut la mé-
tairie, le moulin et l étang de Boisgenest et les deux autres tous les
biens sis en Poitou.
Le 18 déc. 1556, Gabrielle et Jeanne reconnaissent, en présence
de Gabriel du Peyroulx, prieur d'Aubusson, que de Biencourt a
dépensé plus de 3.000 I. dans ses améliorations de Boisgenest et
du Noyer.
Jeanne étant décédée sans enfant, la d"" de Sandelesse, qui avait
épousée en secondes noces Guy de la Court, éc, s' du Peschier,
renonça à tous ses droits sur sa succession.
Jacques de Biencourt, s' de Boisgenest et du Noyer, Gis de
Jacques, épousa, par contrat du 30 avril 1567, Jeanne Meuron, fille
de feu Guillaume, lieutenant général de la Marche. Leur (ils,
Charles, s' des mêmes lieux, se maria le 3 février 1592 à Françoise
de l'Etang. C'est lui sans doute qui vendit le Noyer à René de
MONOGBAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 271
TAge, conseiller du roi en ses conseils d*Elal et privé, s^ de Puy-
laureot. Il en est dil seigneur en 1619-1623 (A. B.).
Le fameux duc de Puylaurent le posséda ensuite et en 1660 il
appartenait à Marie Philippe, veuve d'Etienne de Ghanoborand.
Une sentence du 23 mars 1533 déclare que les habitants sont
tenus d'aller moudre au moulin bannier de Lavaupot, tant que le
moulin du Noyer ne sera pas reconstruit (9 387).
Le 20 juillet 1820, 4 maisons y furent incendiées criminellement;
à cette occasion, la duchesse d'Angouléme envoya un secours de
300 fr.
LA PËRELLE. — Lieu-dit au N. de Saint-Sulpice où des maisons
se sont construites depuis une cinquantaine d'années. Le mas de
La Peyrelle, 1511. Ce hameau est désigné au cadastre sous le nom
de CheZ'Alamargot; 1 m., 5 h., 1846; 8 m., 52 h., 1901.
LA PERDSSE. — 34 h., 1821; 8 m., 37 h., 1846; 10 m., 61 h.,
1901. Fief et moulin relevant dePuvIaurenl. On écril aussi Peurusse,
Nous avons relaté plus haut les difllcuUés qui, en 1524-1526.,
surgirent entre le duc de Savoie et François Pot, s' du Noyer et de
la Parusse, au sujet de la digue du moulin de Bantard que le duc
avait fait élever, inondant ainsi le moulin de la Pérusse. Dans les
pièces de ce procès, il est dit que ce fief appartenait naguère à
Gabriel de Oretay, qui l'avait vendu à Hugues Audoulcet, de Saint-
Benoit; il était ensuite advenu à Gui, père de François, par défaut
d'hommage; Gui le possédait en 1503 (9 380). La dime qui appar-
tenait à Puylaurent valait 17 set. seigle en 1637; les habitants
devaient le guet à cette seigneurie; au xvn* siècle ce droit avait
été converti en une somme annuelle de 3 s. par feu.
C'est au-dessus de ce village, entre la route d'Arnac et le vieux
chemin, dans le champ des Maudières, qu'ont été trouvées, vers
1883, les urnes dont nous parions plus haut.
Etienne Delagarde, s' de la Pérusse, 1747; Silvain Delagarde,
S' dud., 1747-1774.
PEUCHAUD. — 57 h., 1821 ; 17 m., 68 h., 1846; 10 m., 40 h.,
1901. La forme de ce nom est récente ; nous trouvons, en effet :
Puychault, 1499; Puyschault, 1526; PuychauU, 1532; Puischaud,
1659.
La dime appartenait à Puylaurent ; elle était affermée en 1637
avec celle de l'Agebouillant, 13 set. seigle et un set. froment.
M. de Beaufort signale à Peuchaud un dolmen dont la table a été
brisée (p.. 76).
272 sociérÉ archéologique et historique du limousin
LE PEU GUILLEBAUD. — Vill. disparu qui se trouvait an-dessous
de Puiferrat en descendant vers Piégut ; des terres portent encore ce
nom. Ce vill., qui dépendait du Noyer, existait encore en 1660(9 400).
On le trouve nommé Puyguilbaud, 1449; le Puy Guilhebaud, 1573.
Des ruines gallo-romaines y ont été signalées par M. de Beaufort
et non loin, dans la terre des Grandes Pièces, un souterrain-refuge.
PEUPITON. — 14 m., 72 ii., 1846; 15 m., 69 h., 1901.
Le plus joli site de la com. : dans le bas, un vieux moulin,
tout moussu, fort pittoresque; dans le haut, une route en corniche
et les premières maisons du vill. ; un souterrain-refuge y a été
trouvé en 1899. Vers la même époque, on y a découvert des mon-
naies d'argent de Louis XV.
Nous le trouvons désigné : Puypiton, 1449 ; Puypithon, 1496 ;
Puypicton, ibiS; Peupictony 1606. Une famille Pilhon, qui lui a
donné son nom, habitait encore ce vill. en 1667.
Le s^ de Lavaupot percevait sur Peupiton un droit appelé le
retour des bœufs, qui était dd par ceux qui allaient labourer en
certains lieux. La dîme appartenait à Puyiaurent ; elle était affermée
7 set. seigle en 1637. Le moulin ^e Peupiton était le moulin banal
de la s''* de la Goutte-Bernard. Dans une transaction Ju 14 mai
1522, entre le s' de Jançay et celui de la Goutte-Bernard, le vill. du
Puys reste à ce dernier avec les droits de justice et de moulange.
LES PEUX. — Vill. cité en 1518 comme étant près de la Roche.
C'est sans doute le même qui est appelé Podium en 1466 ; le Peust,
1525 ; le Peux, 1587 ; la dlme du Peu de la Roche, 1572, dépendait
de la Chaume-Baptetaud. Il y a aux environs de la Roche plusieurs
lieux-dits qui portent le nom de Peu. M. Leroux a publié dans ses
Chartes, chroniques, etc., une charte du 25 août 992, portant dona-
tion à Saint-Martial de Limoges d'un alleu sis in villa quœ dicitur
Alpoi, in parrochia S. Sulpicii. C'est peut-être un de nos Peux.
PIÈGUT. — 8 m., 42 h. en 1846; 3 m., 25 h. en 1901.
Très ancien fief relevant de Brosse, qui, depuis plus de six siècles,
appartient toujours à la même famille (1); évalué 100 I. de rente en
1552.
(1) M. Duplès-Agier, annotant la chronique de Bernard Itier qui men-
tionne en 1199 la prise du château de Poi-Agut par le vicomte de Li-
moges, identifie celte localité avec notre Piégut. (Cf. Chronique de
Saint-Martial de Limoges, édit. de la Soc. de THist. de France, p. 66 et
405.)
Il s'agit plutôt de Piégut dans la Dordogne, car le texte énumère
ensuite comme châteaux pris dans la même campagne Nunlrun (Non-
tron, Chaluz-Chabrol (Châlus), S, Magrit (Saint-Maigrin, Charente).
mo:ïograpAie du cai^ton de saint-sùlpice-lés-fecilles 273
Le mercredi jour de rÂnnonciation 1298 Guillaume de la Failbe-
RenanU ch' s' de Puyagu, époux de Limousine du Breuil, passe un
accord avec son gendre Raoul Pot qui avait épousé Radegonde de
ia Failhe.
Raoul Pot était fils de Guillaume Pot, s^ de Ghamproy; c'est le
premier connu de cette maison; il avait épousé vers 1250 Catherine
du Verdier.
Raoul eut pour (ils Guillaume qui épousa en premières noces
Blanche de la Trémoille et en secondes Marguerite de Magoac.
Celui-ci eut du premier mariage : Régnier, auteur de la branche
de Bourgogne^ et Hénor, femme d'Hélion de Chamborand. Du
second, Raoul, qui suit, et Louis. Raoul Pot, s' de Puyagu, fut
gouverneur et bailli d*Orléansen 1384. Sa femme, Jeanne de Céris,
était fille de Gui de Céris, sénéchal de Rouergue, s' des Croix-de-
Rhodes.
De ce mariage vinrent Raoul, qui suit; Louis qui a fait la bran-
che de Rhodes; Gui et Hugnette, femme Guillaume de TÂigues,
chambellan du roi et du duc de Bourgogne.
Raoul Pot, s' de Puyagu, transigeait avec ses frères le 11 mars
1401 ; le 20 déc. 1416 il recevait un aveu pour le fief de la Bure.
Sa femme, Jeanne de la Roche, lui donna : Antoine, suit; Christo-
phe, d'où viennent les s" de Lavaupot; Jeanne, femme Jacques de
Bemeuil, s' de Chineau ; Huguette et Marguerite.
Antoine partageait le 20 mars 1449 avec ses frères. Il fut époux
de Françoise de Brisey, d'où le suivant :
Raoul Pot, s' de Puyagu, époux de Catherine Egron. Par son
testament du 22 juin 1504, celle-ci demande à être enterrée à Vie
et veut qu a ses obsèques des pauvres portent des torches avec
écussoDS à ses armes.
Gui Pot, son fils, épousa par contrat du 25 janv. 1505 Claude de
Cezard. En 1544 il était en procès avec le s' de Puylaurent au sujet
de ses droits sur le Honteil. Il eut Jean qui suit.
Jean Pot, s' de Piëgut ; son contrat avec Isabeau de Rance est du
19 mars 1558. Il laissa Jean et Pierre (1).
Jean, s' de Piégul, reçut le 28 mai 1585, du roi Henri III, une
commission pour lever et conduire à la guerre 200 hommes de
pied. Il s'engagea dans le parti de la ligue et Henri IV dut dans
(1) JouUietton, dans son Histoire de la Marche, p. 333, dit qu^en 1587, à
une affaire en Auvergne où étaient des gentilshommes de la Marche et
du Berri, le sieur de Piégut fut tué. Il pourrait s'agir de Pierre Pot, fils
d'fsabeau de Rance, qui en 1570 est dit mineur de 7 ans. Les auteurs
des généalogies disent qu'il n'en est plus fait mention dans la suite.
274 SOClèTÉ AHCiIKOLOGtQCE Et IfISTOniQeB DC LIMOCSlN
la suite interposer sod autorité pour faire cesser les poursuites
crimiaelles que les s". Goussaull et Ghéne, du Dorât, avalent
iotenlées contre lui, à cause de plusieurs excès commis dans celte
celle ville par les troupes qu'il commandait.
Sa femme, Jeanne de la Ghaslre, était fille de Jean, s' de Paray,
commissaire d'arlillerie, échanson et pannetier du roi.
Mathurin Pot, s^ de Piégut, qui lui succéda épousa par contrat
du 13 fév. 1640 Anne de Bridiers.
Raoul Pot, son fils, reçut le. 13 nov. 1635, au camp de Bioncourt
en Lorraine, un cerlificat de Jacques deBeauveau, lieutenant géné-
ral en Poitou, constatant qu'il avait bien et lidèlement servi le roi
en son armée de Lorraine commandée par le duc d*Angouléme et
le maréchal de la Force. Jeanne des Marquels, sa femme, lui donna :
Roland, suit; Daniel, s' de Puyferral, époux d'Anne Martin (1), et
Catherine.
Roland Pot (3), s' de Piégut, époux le 10 sept. 1683 de Marie
de RoflQgnac (3), ne laissa que Louis et Marie décédée à la Garde
le 24 février 1773 à 77 ans.
Louis Pot, S' de Piégut, marié à Françoise deGhamborand (4),
fut maintenu noble le 30 mars 1715 par l'intendant de Bourges.
Le 33 fév. 1731 il fut inhumé dans le chœur de l'église aux tom-
beaux de ses prédécesseurs, 43 ans (5).
Il laissa : Louis-Jacques, suit; François-Placide, ne le 5 août 1716,
retiré du service en 1771 comme capitaine au régiment de Poitou
et ch' de Saint-Louis décédé à Saint-Sulpice le 27 sept. 1782;
Jacques né le 21 janv. 1721 prit le titre de ch' de Rhodes; lieu-
tenant au même régiment, il eut le poignet droit brisé par une
balle à l'attaque de Vintimille, décédé le 20 sept. 1782; Sylvie.
Louis-Jacques Pot, s' de Piégut, né à Saint-Sulpice en 1714, fut
lieutenant au régiment de Limoges et épousa Marie-Thérèse Reveau
(1) Dans les rcf^istres de Saint-Martin on trouve à la date du 26 fé-
vrier 1726 le mariage de Pierre Pot, s' de la Gasnerie, veuf d'Anne
Martin, avec Louise de Bridiers.
(2) Un rapport de l'intendant de Bourges de la fin du ivii* siècle porte:
« le s^ de Piégut possède 3.000 1. de rente et passe pour violent » (Bibl.
Nat. F. Colbert, 270, p. 127).
(3) Inhumée à Saint-Sulpice devant Tautel de la Vierge le 28 septem-
bre 1736; 80 ans.
(4) Inhumée dans l'église de Saint-Sulpice le 6 avril 1741,
(5) 11 eut peut-être aussi Madeleine Pot de Piégut, nommée le 12 avril
1740 supérieure de l'hôpital de Bourganeuf et décédée en avril 1743
(Cf. Arch, de la Creuse, II. 655).
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SCLPICË-LBS-FEUILLES 275 *
"I
de SaiDt-Vareût (1) leSI fév. 1743. 11 eut de nombreux enrants, ]
dont Louis, suil; Marie née le 24 fév. 1748, chanoinesse de N.-D.
de Meaux ; Marie-Ànne-Thérèse, née le 13 juil. 1758, mariée en 1791
à Jean-Bapliste Maréchal, bourgeois. Il mourut le 23 mai 1790.
Louis Pot, s' de Piégut, se maria le 3 déc. 1777 à Adélaïde d'He-
mery; il n'émigra pas à la Révolution; deux de ses fils firent les
campagnes du premier Empire comme officiers de cavalerie ; l'un
d'eux fut tué à Tennemi; Mathurin, né à Saint-Sulpice le 4 sept.
1792, continua la postérité.
Piégut appartient encore à sa pelite-fille M"* de Verneuil, née de
Pot.
Piégut, contraction de Puy aigu^ était un des fiefs de la Terre-
aux-Feuilles. Il est mentionné en 1447 comme forteresse (2). On
voit encore des restes des murs de son enceinte; ces murs ont 2°'20
d'épaisseur. Cette enceinte avait la forme d'un polygone irrégulier;
elle était entourée par des douves sèches; du côté de la rivière
l'escarpement naturel du coteau défendait cette partie.
Les bâtiments habités se trouvaient du côté opposé. Ils ont été
reconstruits au xviii^ s. ; une tour et le portail d'entrée de la cour
intérieure ont été démolis il y a une quarantaine d'années pour
allonger le corps de logis.
L'écusson de la porte d'entrée présente encore la fasce des Pot.
Dans les jardins on voit une curieuse pierre qui a servi de base
à une croix : elle mesure 0"*,92 de long sur 0'",88 de large et 0",50
de haut. Elle est décorée sur les deux plus grandes faces par deux S
placés horizontalement et réunis par des barres; au-dessus, trois
croissants. Le sommet des S est en saillie et forme, en se prolon-
geant, une cannelure sur chaque côté.
De Piégut relevaient les fiefs de Puyroger et de la Bure et le
ténemenl de la Lande.
Le s' avait droit de guet et d'astreinte à son moulin sur les vill.
de Batenon, les Rebras, le Monteil et la Villeaubrun.
Il possédait moyenne et basse justice divisément et la haute jus-
tice en commun avec les autres s" de la Terreaux-Feuilles. Il avait
droit de prééminence dans l'église de Saint-Sulpice et de tombeau
dans le chœur.
Juges : Guillot, 1S33; Hyacinthe Choppy, s' des Genests, 1728,
tient ses audiences à Ratenon.
Procureur : Jean de Maillasson, 1633.
(1) Décédée le 17 octobre 1784.
(2) Une tradition dit qu'anciennement Piégut était construit à droite
de la route de la Souterraine.
276 BOCIKTÉ AnClléOLOûlurE KT iIISTOAIQUK du UlÂOLTSl.V
Greffiers : Francoys, 1833; Perrot, 1642; Trébilhon, 1757; A.
Gravier, 1720-1727.
Il existait à Piégut une chapelle dont les fondements étaient
reconnaissables il y a quelques années. Elle avait de 7 à 8"* de
long sur 6 à 7'" de large; elle était située en dehors de Tenceiote
et à côté se trouvait un cimetière.
C'étail une vicairie en Thonneur de Sainlc-Croix. Suivant pré-
sentation du 14 janv. 1564, Jean Migier, chapelain, devait trois
messes par semaine et des prières.
La cloche qui en provient est conservée à Piégut; elle a 0",36
de diamètre et 0",32de haut. Sur le cerveau, elle porte Tinscriplion
suivante en gothique fleurie du xvi* s. :
SNNCT SEBASTI ANI
Entre les deux noms une crucifixion ; après ani. Vierge à TEnfanl.
A noler iV à la place de i4.
Une vierge en bois couronnée et portant un enfant et un raisin
existe aussi à Piégut. Gomme la pierre que nous avons signalée
plus haut, elle doit provenir de cette chapelle.
PUIFERRAT. - 19 m., 117 h., 1846; 25 m., 107 h., 1901. P«v-
Ferat, 1449.
Les habitants de ce vill. étaient tenus chaque année d*aller cher-
cher à Lavaupot, dont ils dépendaient, « un fuz de pipe pour le
conduire à Argenton, Saint-Marsaud, Saint-Gautier ou le Menou »>
et le ramener plein (Gén. Pot).
Daniel Pot, s' de Puiferat, 1683-1716, épousa Anne Martin, d'où
un fils mort au service.
La dîme appartenait à Puyiaurent : en 1637 elle était affermée
14 s. et 4 boiss. seigle.
RATENON. - 19 m., 87 h., 1846; 20 m., 63 h., 1901. Le 6 fé-
vrier 1447 les habitants reconnaissent devoir diverses rentes à
Piégut. Us sont tenus de faire chacun leur tour, chaque jour de
la semaine, guet et garde à la forteresse et chastel de Piégut et d'être
ses justiciables de serve condition (Gén. Pot).
LES REBRAS. — 19 m., 84 h., 1846; 23 m., 75 h., 1901 . Comme
pour les Bras, la forme plurielle employée actuellement est récente :
le Rebrac, 1449, 1659 ; le Rebrat, 1519, 1541 ; le Rubrac, 1738-1750.
Ce vill. dépendait de Piégut à qui les habitants devaient une corvée
par semaine et la dîme.
MONOGlUPIIlft DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-I^EUILLES 27"/
LA ROCHE. — 41 h., 1821; 10 m., 88 h., 1846; 13 m., 53 h.,
1901, mcûUonnée en 1449. Le 25 mars 1554 Malhiirin Pol, s' de
Lavaupol, el Jacques, son frère, afTranchissent les liabilanLs de
ce lieu tJ*une corvée qu'ils leur devaient chaque semaine, à charge
de payer une renie de 2 1. 9 s. Ils se réservenl le droit de vinade (9389).
François Pcuchaud, s' de la Roche, 1758-1786.
LÀ TUILERIE DE MAILLÂSSON, figure au cadastre.
LE ROCHILLON. — 1 m., 7 h., 1901.
LA VALETTE. — 8 m., 38 h., 1846 ; 10 m., 43 h., 1901 .
Le S7 mai 1395, devant Gilles Auboulet, notaire juré, Perrotin
de Parnac et Agnès Aillou, sa femme, arrentent à Jean Pénètre
des immeubles à la Vallette : « une terre joxte la plasse de la
Valele; uog ort(l) appelé le Ghiron; une lèze d'ort assise joxle le
chappau de la maison au Masson ; une pledure (2) de maison joxle
la maison Autorl. » (Lettres de Perrot Souhe, garde du scel pour
le duc de Berry à Monlmorillon) (9388j.
Sieurs : 1644, Pierre Petitpied, lieutenant du comte d*Harcourt ;
1649-1659, Gharles Petitpied, avocat en Parlement; Louis Petit-
pied, 1672-1700; Vincent Petitpied, 1710.
LA VILLAUGÉ. — 9 m., 42 h., 1846 ; 8 m., 33 h., 1901. ta Vil-
leaujay, 1449. Le s' de Lavaupol y avait droit de censive el per-
cevait une poule par feu suivant reconnaissance du 25 fév. 1547. Le
commandeur de Horterolles prenait diverses rentes sur la Ville ou
Jay en 1555 (H. 462). La Villaugey, 1660.
VIREVALAIS. — 13 m., 88 h., 1901 ; 17 m., 60 h., 1901.
Villa ValeU, 1361 ; Ville Valloic, 1493; Villevaloix, 1507-1520 ;
Yiltevaley, 1513; Virvalleys, 1549. La dîme dépendait de la s'<« de
la Chaume Baletaud aux Chézeaux.
M. de Beaufort indique au N. du vill. un dolmen renversé (p. 77).
Au-dessus de Virvalais, dans un champ appelé le Dpgnon appar-
tenant à M. Pierre Dupuis, on trouve des ruines gallo-romaines
qus nous avons fouillées en compagnie du propriétaire.
Conseillers généraux. — F.-S. Dubrac, juge de paix, 1833-1844;
J.*Ph. Brac, avocat, 1844-1848; P.-Mathias-Pompée Auforl, notaire,
18i8>1868; Ferd. Aufort, noUire, 1868-1892; CamiUe Gabiat, docteur
en droit, 1892-i#«S.
Présidents de Vadministmiion municipale du canton, — Georg. Aufort,
an VI -an VII; J.-Placide Degobcrticre, an VIII.
(1) Jardin.
(2) Terrain vague propre à bÀlir.
T. i*v 18
278 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HITTORIQCE DU LIMOUSIN*
Maires, — Et. Bernut de la Chaume, 1790; P. Perrot, 1792; VicL
Puiferrat, an XI- 1816 ; Benoit Alaboissette, 1817-1821 ; Jacq. de Pui-
ferrat, 1822; J. Peuchaud-Boismandé, 1822-1832; Denis Joyeux, 1832-
1853; Bern. MaflFré, 1853-1865; F. Aufort, 1865-1870 et 1871-1892;
Théod. Gabiat, 1870-1871 ; Cam. Gabiat, 1892-1905.
Adjoints, — P. Perrot, an V; V. Puiferrat, an VI -VU; J.-B. Bernut-
Desgouges, an VII -1816; Ch. Aubar, 1821 ; J.-B. Peuchaud-Boismandé,
1822; Denis Joyeux, 1822-1832; Ilip. Guillerot, 1832-183i; J.-B. Dubrac,
1836; Ad. Bernut-Desgouges, 18^3-1816 ; J.-V. Asselinc, 1810-18^7;
doct. Alaboissette, 18'*8-18t9; S.-F. Dubrac, 1852 f 1853; Alh. Pâmas
de Villeron, 1853; Théoph.-Gust. Menu, 1854-1859; J.-B. -Al. Marsaud,
1859-1888: L. Roussclet, 1888-1892; P.-E. Marzet, 1892-1893 et 189C-
1900; J. Biabaud, 1893 f 1890; Raymond Marsaud, 1900-1905.
Juges de paix. — S. -Mathieu Dcmaillasson, 1793; J.-B. Bernut,
an III -an IV'; Jacq. Depuiforrat, an V; Cl.-Pasc. Degobertière, an Vl-
an X ; Fr. Resnier, an X-1821; Fr.-S. Dubrac, 1822tl«^4; P.-Alex.
Lasnier, 18iV-1867 ; L.-J. -Adolphe Léger, 1867-1873; L. do Lafond,
1873-1876; F.-Jacq.-And. Gravelat, 1876-1879; L.-P. Bornet, 1879-1883;
Jul.-llip.-Jér. Roblin, 1 883-1 88i ; Emman. Poujaud, 1884 f 1886; P.
Raballet, 1886-1905.
Greffiers. — P. Coulaud-Desvergnes, 1793 -an X; L.-lIub.-J. Puifer-
rat-Lavergne, anX-1840; D.-Fred. Bonnet, 1840 f 1882; J.-Ars.-Cam.
Dubrac, 1882-1892; Raym. Marsaud, 1892-1905.
Curés. — M. Massard, 1611-1631; Mathieu Duparc, 1631-1665;
J. Duparc, 1665 f 1681; Castille, 1682-1686; Jacq. Danjean, 1719-1755,
étail, en 1759, direct, gén. de la mission de Limoges; J. Delacoux,
1755-1789; Dumont, vicaire régent, 1790-1793; S. Niot, 1803-1843:
Malh. Bandcl, 1843-1885 ; Ph. Pascaud, 1885-1887 ; J. Pergay, 1887-1893;
Nazaire Galland, 1893-1905.
Vicaires. — J, Gaucher, 1531; L. Dupuy, 1565; P. Demaillasson,
1575; Demaravaud, 1711; J. Danjean, 1714; Laroque, 1723; Nie.
Nicault, 172^-1730; J. Gravier, 1735-1736; Picot, 1736-1738; P. Savard,
1740-1744; J. Delacoux, 1745-1754; J. Martial, 1754-1755; Jacq.-£t.
Delagarde, 1756-1758; en 1763, il était curé de la Chàtre-Langlin et
prieur de Crozant; And. Dccressac, 1760-1764; Faugère, 176t-1765;
J. Pcuchaud, 1766; Dupuis, 1767-1770; Jac. Besges, 1770-1782; Malh.
Alaboisssette, 1782-1788; Descombes, 1788; Dumont, 1788.
Maîtres d'école. — Etienne Dupuy, f 1724; Et. Dupuy, écrivain, 1729 ;
J. Dumas, 1735; J. Pcnnetier, 1748-1765; Benoit Boulin, 1773 f 1789.
Notaires. - D. de Puiferrat, 1498-152 ; F. Gauchier, 1520; Charpen-
tier, 1532; Aucamus, 1562-1566; J. Bonnet, hôte vendant vin, 1543-
1578; And. Thomasson, à la Chirade, 1597; G. Jammot, 1615-1627;
J. Demaillasson, 1593-1628; J. Michelon, à Lavaupot, 1639-1648 ; Nie.
Perrot, à Lavaupot, 1660-1665; P. Aumasson, 1660-1671 ; Demaillasson,
1688-1706; S. Delagarde, 1706-1713; S. Peuchaud, 1719 f 1738 ; Claude
MONOGRAPHIE DU CAPtrON DE SAlST-SULPICE-LfiS-PEUILLES 279
Dubrac, à Cheuger, 1762-1792; Jacq. Depuiferrat, 1767-1790; J. Dubrac,
1778 f 1790; Et. Dubrac, àChéniant. 1781 + 1806; Demaillasson, 1792-
an VIII; Vict. Puiferrat, 1790-1830; P.-M.-P. Aufort, 1830-i8G2; F. Au-
fort, 1862-1891 ; H. Colleville, 1891-1905.
Sergents. — Cl. Pithon, à Peupiton, 1606-1610; Jacq. Jammot, 1642-
1668; L. Aumasson, 1033-1651; J. Demaillasson, aux Bros, 165:^-1661;
Math. Gaulier, exempt à l.avaupot; J. Dcmaillassoîi, à (Ihcz-Dan lin,
1676; S. Pithon, 1667; P. Demaillasson, 173^; And. Dufour, à la Villai-
ger, 1761-1783; J. Chanteclcrc, à'Lavaupot, 1713-1714; And. Dubrac,
1773-1776; S. -Math. Demaillasson, 1781 ; P. Perrot, huissier î\ verge,
1785-1793.
Hcceveurs de Venrcgistremenl, — G. Saintaraille, 18i3-18i4; Pinot,
184i-18i7 ; Peyrot, 1847-1848; Bernion.l, 18i8-l849; Haym. Bouard de
Gard, 184'J-185i ; L. du Puy de Goyne, 1851-1854; Delaunay, 1854-1856;
Ch. Harasse de la Vicardière, 1856-1861 ; J. Perancy, 1861-1864; Lave:-
gne, 1864-1865; G. Marchadier, 1865-1866; Sauvt', 1866-1867; Mazel-
reix, 1867-1808; L. Prufrùro, 1808-1869, Panescorse, 1809-1872; Viallc,
1872; Léon Petitcollot, 1872-1874; Luzy, 1874-1876; Saletle, 1876-1881 ;
Lanseigne, 1881-1883; E. Hicard, 1883-1884; M. Moulinier, 1884-1888;
Anat. Bonhomme, 1888-1893; Ant. Villa, 1893-1894; Alph. Cazcaux,
1894-1896; Boger Drouault, 1897-1905.
Maîtres de poste à Boismandé, — François Peuchaud, s' de La
Fayolle, 1748-1757; Claude- Valentin Peuchaud, s' de Prémartin, 1776-
1785; L. Merseret, 1787 -an III.
Chirurgiens, — L. Delagebeaudeuf, 1677; J.-B. Juge, s' de la
Visière, 1738; P. Crozat, 1758-1816; S. Mitraud, à Bc^ismandé, 1739;
S. ViUauger, 1776-1791.
Greffier des tailles, — Mathurin Demaillasson, 1595.
L'impôt du sang, — Baoul Pot, s' de Piégut, tué à Montpellier en
1390; Fr.-Plac. Pot de PiéguI, né le 5 août 1716, retraité comme capi-
taine au régiment de Poitou, avait reçu plusieurs blessures qui lui
valurent en 1758 une pension de 400 1. ; Jacques Pot, son frère, dit le
ch' de Bhodes, né le 21 janv. 1721, eut le poignet brisé par un coup de
feu à Tattaque de Vintimille, étant lient* au rég' de Poitou ; Paul Pot
de Piégut, officier au 24*^ chasseurs, fut tué pendant les guerres du pre-
mier Empire; J.-B. Saussier, soldat au 13« bat. du train, mort h Milan
le 22 vent, an IX des suites de ses blessures; Jean Mouhard, lient* de
grenadiers au 58** de ligne, ch' de la Légion d'honneur, tué de plusieurs
coups de bayonnette à Taflaire d'Ober-IIollabrun le 25 brum. an XIV;
.Math. Lamargot, voltigeur au 21** d'infant, légère, tué d'un coup de feu
le 14 octob. 1806, à 4 h. du soir, à la bataille d'iéna ; Bené Dupuy, chas-
seur au 16*" léger, décédé le 19 mars 1807 à Thôpital de Thorn en
Pologne, des blessures reçues à Eylau ; P. Pithon, chasseur au même
régiment, mort le 24 sept. 1807, à Thôpital des Piaristes de Varsovie,
des suites de ses blessures; Christ, de Puiferrat, lient* d'infant, tué à
Paris, faub. du Temple, le 26 mai 1871, d'un coup de feu à la gorge.
('A smvrej Roger Drouault.
LA DISETTE A LIMOGES
au XVr siècle
Quand on détourne les yeux du monde brillant des évéques
aristocrates, xje la fouie active de ces marchands et de ces bour-
geois enrichis dont les (ils accaparaient peu à peu toutes les charges
de justice et de finances et commençaient à constituer une nou-
velle noblesse, on s'aperçoit que celte prospérité des hautes classes
dissimulait à Tobservateur bien des misères. Sans doute le luxe et
les modes du temps s'introduisaient à Limoges et s'étalaient dans
les fêtes et dans les réceptions solennelles. Sans doute l'humanisme,
la poésie et l'art avaient leurs adeptes, parfois estimables. Mais
pour la majorité des habitants, pour les artisans de la ville comme
pour les laboureurs des campagnes, la vie était souvent bien dure.
Comment en eiïet, au milieu du bouleversement général qui secoua
la France au xvi« siècle, le Limousin aurait-il pu échapper aux
communes soutTrances? Il a donc connu — on le sait — les bandes
rapaces et brutales des soudards catholiques et protestants; il a
gémi sous le poids, sans cesse accru, des impôts et des subsides.
Et pourtant, même sans les guerres ruineuses, le mal eût déjà été
trop grand : la peste et la famine se succédaient à intervalles rappro-
chés, ou même s'unissaient pour accabler la malheureuse popu-
lation.
La famine, en particulier, s'est renouvelée avec une fréquence
qui épouvante encore, malgré Téloignement, celui qui entend sortir
des vieux livres Técho des cris de détresse. Que de plaintes tou-
chantes dans ces Registres Consulaires où revit le Limoges du
seizième siècle ! Peut-être ces plaintes sont-elles parfois un peu
forcées, lorsque les habitants désirent obtenir du roi la faveur
d'être déchargés en totalité ou en partie d'un impôt nouveau.
Cependant elles se répètent en termes si ressemblants et l'accent
en paraît si sincère qu'on ne saurait douter de l'étendue de la
misère.
LA DISETTE A LIMOGES 281
On peut, à l*aide des Registres Consulaires et de quelques chro-
niques, établir la statistique très approchée des années de stérilité
et de disette : on n'en trouve pas moins de 22, dont la liste s'étend
de iS15 à 1595, 22 années sur 80 (1). Ces années sont rarement
isolées; elles se groupent le plus souvent en périodes, et Ton voit
des séries de 3, 4 et même 5 ans pendant lesquels la glèbe refuse
à des milliers d'élres une nourriture suffisante (2j. Assurément la
disette n'était pas toujours aussi profonde qu'elle fut en 1531-32,
en 1557, en 1563, en 1566, en 1572-73, en 1580, en 1586 et en
1595. Mais les années stériles et les périodes de cherté étaient si
rapprochées que, en se mu1tipliant,elles aboutissaient à d'affreuses
famines. Ces calamités ont été relativement rares dans la première
moitié du siècle (7 sur 22) ; il semble qu'elles aient eu pour cause
uniquement des intempéries prolongées. Mais, dans la suite, il faut
se représenter les campagnes parcourues par les bandes dans tous
les sens, les maisons pillées, les cuftares ravagées, le travail agri-
cole souvent suspendu, sans compter les meurtres et violences de
toute sorte.
C'est, d'abord, l'infertilité et la maigreur du sol qui, d'après les
habitanis eux-mêmes, causent la disette. Avec un sous-sol peu
profond, reposant sur la roche granitique, l'agriculture était con-
damnée, ménfie dans les années favorables, à donner de modestes
résultats. Sans doute les prairies nourrissaient des bestiaux; mais,
sans parler des épidémies qui n'étaient pas rares, la difficulté des
communications et l'insécurité des routes, rendaient les transactions
fort difficiles. En dehors de la rave et de la châtaigne, c'étaient le
blé et le vin qui étaient les plus sûrs revenus de la culture limou-
sine. Les vignobles se trouvaient surtout aux abords de Limoges;
mais, sous un climat trop tempéré, ils ne pouvaient être une source
de gros revenus; l'absence de rivières navigables empêchait
l'exportation, et le vin, d'ailleurs, était « si petit » qu'il se gâtait
(1) Voir la liste à la fin de cette élude, avec indication des sources.
(2) Ces calamités, loin d'être particulières au Limousin, frappaient
parfois la France entière ; une période de stérilité, causée par l'absence
de froid, de la fin de 1528 au début de 1534, est relatée par Mézeray et
par Delamare (Traité de la police, t. II, p. 355). Dclamare signale encore
en 1547 la stérilité de la terre, la consommation des blés par les armées,
la cessation de tout commerce avec les états voisins (II, 356) ; en 1572,
la médiocrité de la récolte et trois armées à nourrir (II, 360); en 1573,
une égale pénurie; en 1587, la consommation des ressources existantes
par les armées et l'abandon presque total de la culture des terres
(II, 363).
282 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
aisément pendant le transport (1). Quant aux céréales, seigle et
froment, la culture n'en était point ausssi répandue, ni d'ailleurs
aussi facile qu'il eût été nécessaire. Cependant Ton avait, sinon
Taisance, au moins le nécessaire, quand le temps était favo-
rable (2).
Mais que d'intempéries survenaient au printemps, quand on
commençait à compter sur les futures récoltes 1 Ce ne sont que
pluies torrentielles ou gelées tardives, qui ruinent toutes les espé-
rances. Sur les coteaux où la terre est légère et « de varenne »,
selon l'expression du temps, les pluies déracinent les céréales; dans
les plaines où l'eau ne peut courir, tout est noyé. L'année 1531, «n
particulier, fit époque : on crut, dit le scribe du Consulat, on crut
(c dissolues les cataractes du ciel et de la terre »; des inondations
générales ravagèrent toutes les vallées. Si la pluie a épargné les
cultures, ce sont des vents froids et des gelées qui surviennent en
mars ou en avril.
Alors le vigneron reste épuisé par les premiers frais, sans récolle
et sans argent. Le paysan se demande comment il vivra avec
quelques seliers qui lui restent de la précédente moisson, et com-
ment il pourra faire de nouvelles semailles, — heureux encore si les
gens de guerre ne le dépouillent pas en passant du peu qu*il a pu
épargner. On ménage le pain, on se rationne (3); mais la provision
bientôt à sa fin. Certains marchands, de gros fermiers, des sei-
gneurs, de riches abbés de la contrée ont bien une réserve de
grains; mais le prix monte de jour en jour et devient inaccessible
à la foule. Les variations des cours nous sont indiquées, d'année
en année, par les forléaux ; le cours le plus bas se trouve en 1511 :
le seller (4) de froment se vend alors 9 sons; le cours le plus haut
(1) Reg. cons., H, 320.
(2) Delam A RE ( Trat/^ de la Police, II, 446) écrit au début du xviii' siè-
cle au sujet du Limousin : « Tout ce pays est couvert par quantité de
châtaigniers, dont le fruit fait la principale nourriture des habitants.
Les terres labourables sont très peu propres à porter du froment, mais
il y croit d'assez beau seigle. Elles rapportent aussi beaucoup de blé
noir ou sarrazin, et c'est de ce blé noir avec des châtaignes et une
espèce de grosses raves qui croissent dans le païs, dont les paysans
font leur nourriture ordinaire ; en sorte que, quand la moisson du fro-
ment et celle du seigle seroient abondantes, les paysans ne laissent pas
de souffrir de très grandes disettes, si ces trois autres espèces de fruits
leur manquent, et principalement les châtaignes. »
(3) En 1562, sur dix familles, à Limoges, « Tune ne mange pain, ne
boit vin une fois la sepmaine ». (Reg, cons.j II, 230).
(4) Le setier de Limoges valait 51 litres.
LA DISETTE A LIMOGES 283
est alteinl en 1574 et 1397. La même quantité de blé vaut alors
3 livres 13 sols. Mêmes écarts pour le seigle : le setier, qui coûte
5 sols 6 deniers en 1811, coûte 2 livres 18 sols en 1595. Mais les
prix indiqués par les forléaux sont des prix moyens établis pour
Tannée; en réalité les cours subissaient des mouvements beaucoup
plus violents, que nous connaissons pour Limoges, par les jR^^t5-
tres Consulaires : le setier de froment est à 5 livres 15 sous en 1572,
el à 10 livres en 1574; le setier de seigle à 7 et 8 livres en 1574.
Les châtaignes, dernière ressource du pauvre, passent parfois de
2 sous à 10 sous, soit au quintuple (1).
Dans les moments d'extrême cherté, les plus misérables n'ont
qu'a mourir de faim ; leurs cadavres jonchent les routes sur le
passage des marchands qui arrivent de Paris, de Bordeaux ou
d'Auvergne et trouvent presque déserts des villages jadis floris-
sants (2j. Parmi les misérables, certains laissent là maison et héri-
tage, et passent en Périgord, en Angoumois ou en Poitou, avec
Tespérance de pouvoir manger et vivre. D'autres restent encore
quelque temps dans leur chaumière, se nourrissant de raves, de
châtaignes, ou d'une bouillie faite de son et d'avoine, ou encore
d'un pain pétri avec de l'avoine et du mil, parfois même réduits à
se contenter d'herbes el de racines (3). Des centaines, sinon des
milliers, à bout de courage, prennent la besace, el errent sur les
routes, de village en village; il en est qui vont mourir bien loin, en
Auvergne, épuisés de fatigue et de privations; la plupart accourent
à LimogeSi où ils savent qu'une bourgeoisie industrieuse et riche
fait volontiers l'aumône, que des hôpitaux reçoivent les malades et
que le blé ne manque pas.
Mais Limoges a déjà ses pauvres, souvent nombreux. Si Ton en
croit le scribe — qui exagère peut-être — ils sont 1,400 en 1531,
sans compter les étrangers ou « forains » ; en 1541 on en voit 500
aux obsèques de l'évêque. Parmi les treize ou quatorze mille habi-
tants que devait posséder alors Limoges, il existait une population
ouvrière, « gens d'arts », « gens mécaniques », selon l'expression
du temps, « ne vivant qu'au jour la journée », et qui devaient
constituer une sorte de mendicité flottante, tantôt se suffisant par
(1) Nous laissons de côté les variations du vin et du sel.
(2) Année 1529 [Limousin historique, pp. 115-118); cf. années 1572-73
(Anonyme de Saint-Léonard, p. 263, et Journal de Jarrige, p. 75).
(3) Beg, cons., I, 210; II, 230; II, 383. De même, Jarrige nous montre
les paysans de Saint-Yrieix faisant de la bouillie et du pain avec du blé
non mûr, avec des racines de fougères et des graines de chanvçe
(année 1573).
284 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UI STOBIQUE DU LIMOUSIN
le travail, tantôt réduite à l'aumône. Les Aumônes Sainte-Croix (1),
les revenus de diverses aumôneries, les hôpitaux, les quêtes faites
dans les paroisses pour les pauvres honteux et pour les malades
nécessiteux (2), les contributions des confréries qui allaient jusqu'à
sacrifier leur « reppues » ou banquets, réussissaient à soulager la
misère en temps ordinaire. Mais que la disette se fasse sentir;
aussitôt toutes les denrées enchérissent, le commerce se ralentit
et le travail devient rare. La misère des campagnes a forcément
une action sur la capitale du pays. Pendant que les ruraux ruinés,
jadis clients de la ville, vendent leurs métairies, la plupart des
artisans citadins se voient réduits à vendre leurs meubles, même
leurs habits et, dit Bonaventure, jusqu'à leur chemise. Les terres
et les maisons ne trouventachcleurqu'au cinquième de leur valeur,
et un courtier garde plus de cent vignes qu'il ne peut parvenir à
vendre. Personne ne veut acheter, personne ne veut prêter, pas
même sur des joyaux d'argent et d'or (3). C'est alors que, pour
compliquer les choses, la campagne se rue vers la ville.
C'est une foule de paysans qui accourent avec leurs familles, du
Haut, du Bas-Limousin et même, comme dit le scribe, du pays de
France. lis se précipitent dans les murs et emplissent de leurs
lamentations les rues étroites. On les voit « malades, crians, vagans
et mourants » (4), errer jour et nuit par les carrefours. En 1531,
leur nombre est évalué à 2.000 ; dans une année exceptionnelle,
en 1580, ce fut ^sauf exagération), 10.000 paysans que Limoges
dut nourrir pendant l'espace de six à sept semaines. Ces malheu-
reux vont de porte en porte, le cou chargé d'enfants, menant après
eux « grandes séquelles de filles », implorant l'aumône pour
l'amour de Dieu. Les citadins, devant cette marée de misère,
n'osent parfois « sortir des maisons ni se tenir par les ouvroirs »,
lanl sont vives leur émotion et leur pitié (5). On se hâte pourtant
de secourir les malheureux, on leur offre des alimenls; mais
certains sont tellement épuisés par de longues privations qu'ils
meurent sur place, victimes de la nourriture qu'ils ont avidement
absorbée (6).
(1) Elles distribuent 3512 pains en un jour, la veille de Noël, en J532
(Reg, cons,, I, 212).
(2) Voir notamment Reg, cons., II, 18, 22, 161.
(3) Années 1529-1530 {Limousin histor,, I, p. 118; BonavenlurCy lïl,
762).
(4) Reg. cons,, I, 192; cf. pour Saint-Yrieix, le Journal de Jarrige,
p. /o.
(5) Reg. cons., I, 200.
(6) Bonav., III, 761,
LA DISETTE A LIMOGES 285
GependaDt le nombre des mendiants augmente tons les jours.
Cette foule qui, le jour, vague par les rues et, là nuit, campe péle-
méle dans les étabies et sur les places, devient si importune que
les consuls s'inquiëlent. Avec cet entassement d'indigents trop
souvent malpropres et débilités par une nourriture peu saine (1),
la peste est toujours à craindre. Elle éclate plus d*une fois et Ton
voit le chiffre de la mortalité s'élever avec une vitesse effrayante.
C'est ainsi qu'en 1529, dans la paroisse de Saint-Michel, du Carême
prenant à la fin du mois d*aodt (soit en deux cents jours}, il meurt
cinq cent personnes [2). Outre ce terrible danger, on peut en pré-
voir un autre : dans un mouvement de désespoir les misérables
pourraient se révolter et prendre par la force ce qu'ils ont com-
mencé par implorer (3) ; on n'ignore pas à Limoges que d'autres
villes, Lyon notamment, ont vu des émeutes causées par la faim
et qu'il a fallu une répression sévère. Aussi importe-t-il d'organiser
sans retard l'assistance : c'est un devoir de prudence politique
aussi bien que de charité chrétienne (4).
Pour connaître l'étendue du mal, on commence par faire un
recensement : les pauvres sont notés par écrit et répartis par can-
tons (années 1529, 1530). Il arrive que des imposteurs, des gens
capables de gagner leur vie, se glissent dans la masse ; mais alors
des consuls et des administrateurs élus par la commune font une
enquête sur la situation de l'indigent, sur le nombre de ses enfants
et sur ses moyens d'existence (1572). Le recensement eut lieu, à
plusieurs reprises, dans le préau de Saint-Martial ou dans la place
dite Sous les Arbres (1572, 1595); en 1595, on compta ainsi de
1.200 à 1.500 pauvres ; généralement on faisait, à cette occasion,
une aumône générale (5).
Comme les finances de la ville ne pouvaient supporter les frais
de l'assistance, on faisait appel au dévouement des particuliers.
Pour stimuler leur zèle et attendrir leur cœur, le clergé organisait
des processions où figuraient les pauvres, disposés en rangs, les
femmes séparées des hommes. Sous la conduite des séculiers et
(1) Bonavenlure nous les montre mangeant « des troncs de choux,
herbes et autres choses semblables » aux abords du pont Saint-Martial
en 1586 (III, 800).
(2) Pour cette année 1529, Michel de Leyssennc signale une « fièvre
chaude » faisant de nombreuses victimes.
(3) Beg. cons., I, 210; II, 102, 129, 255, 384, 386.
(4) Nous n'étudions ici que Limoges-Château; la Cité connaissait les
mêmes épreuves.
(5) En 1572, chaque pauvre présent reçoit 1 liard.
286 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
des réguliers, avec des torches, des cierges el des flambeaux (car
ces processions se' faisaient aussi bien de nuit que de jour), ils
parcouraient la ville en portant au milieu de leur triste bande
1 image du Rédempteur « à la figure d'un Ecce Homo » (1S30).
Parfois, sans attendre la disette, dès que les intempéries devenaient
effrayantes, c*était la ville presque entière qui, groupée autour de
ses prêtres et de ses moines, portant les cbftsses de ses saints,
escortant ses pauvres, allait d'église en église, de Saint-Martial
jusqu'à Montjauvy, implorer Tinlervenlion divine pour sauver les
fruits de la terre. On se levait au plus fort de la nuit, si nous en
croyons le récit peut être hyperbolique du scribe ; bravant la gelée,
on marchait en chemise, tête nue et pieds nus, criant miséricorde
et pleurant. « Jeunes et vieux, femmes et filles y accouroient par
si grande affluence qu'il ne demeuroit quasi personne es maisons
pour icelles garder. Les pelitz innocents crioyent à Dieu si piteuse-
ment miséricorde qu'il n'est si dur cueur qui les oyst qui de pitié
se feust peu abstenir de larmoyer » (1531). Ces processions im-
pressionnantes étaient suivies de quêtes, sans doute fructueuses,
mais encore insuffisantes ; ce n'étaient que des palliatifs passa-
gers (i).
Pour assurer la subsistance des indigents el aussi pour préserver
la population d'un contact dangereux, les consuls retiraient les
malades dans les hôpitaux et logeaient les valides dans des mai-
sons particulières, avec défense d'aller mendier par les rues (2).
Puis chaque habitant était mis dans Tobligation d'entretenir un
certain nombre de pauvres, selon ses moyens : il devait leur donner,
par exemple, 6 deniers ou un pain de même valeur chaque jour
(1581). Le nombre des pauvres à nourrir semble avoir été laissé au
bon vouloir de chacun ; en 1595, certains habitants se chargèrent
ainsi de dix, douze et quinze pauvres. On usait encore d'un autre
procédé : tous les habilanls étaient obligés de verser une contri-
(1) Pour les processions, voir surtout années 1530, 4531, 1532, 1533 et
1594. — Delamare a sur ce sujet un chapitre curieux : « Des prières
établies par TEglise pour demander à Dieu la disposition du temps,
nécessaire à la conservation, la maturité et Tabondance des biens de la
terre, et de celles où Ton doit avoir recours dans les temps de disette »
(t. II, titre 14, chapitre 5).
(2) En 1531, on utilise des maisons près de Saint-Pierre et des Vieilles-
Claux. En 1587, les pauvres sont logés au-delà du pont Saint-Martial,
au village de Lascoux et à la métairie de Vaury ; Tcntrée dn pont est
gardée par des soldats. — Cf. en 1530 : on emploie u certaines maisons
à l'escart ».
LA DISETTE A LIMOGES 287
billion, soil en espèces, soit en blé, pain, vin ou autres aliments ;
toutes ces aumônes étaient réunies dans une maison où les pau-
vres se présentaient : là, des secours leur étaient délivrés sur le vu
d*une sorte de jeton, dit méreau. Les méreaux étaient distribués
aux indigents de chaque canton par des notables désignés pour celte
mission. Ce secours fut fixé, en 1532, à 3 deniers tournois par jour.
Les cotisations volontaires étaient souvent abondantes ; c'est ainsi
qu*cn 156JS, dans Tespace de six à sept mois, on donna environ
25.000 livres; en 1572, du 15 janvier à l'entrée de Tété, on re-
cueillit cha'jue mois une somme de 1.400 livres. Cependant le zèle
n*étail pas toujours aussi vif; il y avait parfois de la résistance.
Mais le consulat recourait à la justice pour contraindre les habi-
tants aisés qui refusaient de collaborer à l'œuvre de charité (1531 ,
1595).
Nous avons encore à noter un autre mode d'assislance qu'on ne
s'attendrait pasà trouver à cette époque : l'assistance parle travail.
On occupait les pauvres valides à réparer et à nettoyer les fossés
de la ville (1530) ou à travailler aux fortifications (1580). En échange
de leur travail, ils recevaient des vivres; en 1580, par exemple, ils
touchaient par jour deux pains de 3 livres et 2 sols en deniers pour
acheter de la viande et du vin (1).
Ces libéralités sauvaient les indigents, mais ne remédiaient pas
à la disette; et môme elles épuisaient promptement les ressources
propres de la ville. Aussi la partie la plus délicate et la plus
urgente de la Iftche des consuls était de veiller à l'approvisionne-
ment en blé, de manière à amener une baisse du prix ou, tout au
moins, à enrayer la hausse.
On s'assurait d'abord de la quantité de blé conservée dans la
ville. Pour cela, les consuls se faisaient ouvrir les greniers des
particuliers et dressaient un inventaire par écrit (2). Il était défendu
aux possesseurs, et sous peine d'amende (3), de vendre le blé
inventorié chez eux : ils ne pouvaient le céder que sur le vu d'un
« brevet » délivré par les consuls, et à un prix modéré que fixaient
(1) A vrai dire, cette forme d'assistance ne devait point procéder de
principes philosophiques ou moraux bien définis; en 1580, les consuls
craignant une attaque des Huguenots et voulant réparer les remparts,
songèrent naturellement à employer les bras des indigents sans travail.
(2) Années 1531, 1557, 1572, 1580, 1595. — A partir de 1544, en vertu
d'un arrêt du parlement de Paris, les officiers du vicomte de Limoges
sont associés aux consuls pour les opérations de ce genre. {Beg, cons.,
I, 384.)
(3) Amende fixée à 1.000 livres en 1557,
288 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
également les consuls. Dans les besoins pressants, le blé trouvé
dans les greniers était vendu ou distribué immédiatement par les
officiers de la ville. Ces mesures peuvent paraîlre un peu vives :
mais c'était la loi du salut public.
Quand la ville était bien pourvue, les consuls n'empêchaient pas
les forains d'emporter du blé acheté à Limoges (1531). Mais quand
ils voyaient que de tous côtés, même de fort loin, on venait acheter
des grains à Limoges, que le prix augmentait el que la provision
diminuait trop vile, ils arrêtaient la sortie par des ordonnances
formelles. Un jour, par exemple, courait dans le peuple une rumeur
affolante : des marchands prenaient des charges de blé à Limoges,
les embâlaient sous la forme de ballots de marchandises et les
e;Lpédiaient à Lyon. Aussitôt les consuls obtenaient du lieutenant
général des lettres de confiscation contre tous ceux qui seraient
trouvés transporter du blé hors de la ville (1544); les garde-portes
ne laissaient plus sortir les charges sans les visiter et sans exiger
un brevet en bonne forme. De même le blé qui franchissait les
portes du château pour aller au moulin ne passait qu'avec un
brevet, et ce brevet était rapporté au retour avec la farine (1595).
Les consuls allaient jusqu'à faire surveiller les routes pour qu'on
n'achetât pas le grain avant son arrivée à Limoges (1566). Pour
rendre", les voUuriers plus enclins à porter dans la ville les grains
des régions voisines et à les céder à un prix raisonnable, on leur
faisait remise de l'octroi et des péages (1531, 1557).
Par ces mesures, on conservait le blé de la ville et on favorisait
l'importation. Par d'autres, on veillait sur les conditions de la
vente. Car la spéculation, pratiquée au détriment de la masse du
public, n'était pas chose inconnue des marchands du xvi* siècle,
pas plus que l'accaparement (1). On sait qu'il existait, à Limoges,
un marché spécial pour le blé, appelé cloitre ou clautre. Or des
voituriers, amenant du blé à vendre, cachaient leurs sacs dans des
maisons voisines du cloitre, et, en les portant au marché peu à peu,
ils faisaient la hausse à leur gré. Une ordonnance défendit d'ache-
ter tout blé qui ne serait pas mené tout d'abord au marché public
(1532) (2). Les meuniers, de leur côté, cherchanl aussi leur profil,
se rendaient coupables de fraudes et de tromperies qui conlri-
(1) Diverses ordonnances royales (notamment en 1531, 1539, 1567,
1573, etc.), interdisent les « monopoles », « contrats », « conventicu-
les » des marchands de grains.
(2) Plusieurs ordonnances des rois interdisent de vendre le blé ail-
leurs qu'au marché ou sur les places publiques (28 oct. 1531, 6 nov. 1544,
4 fév. 1567, 27 nov. 1577, etc.).
LA DISETTE A LIMOGES 289
huaient à ia hausse des prix : il leur fui ordonué de se tenir,
durant le marché, devant certaines maisons, aGn de laisser le
cloître libre ({532). Enfin, le clottre était déclaré « franc et libé-
ral » : tout le blé apporté par les voiluriers y était vendu libre de
droits (1531, 1532, 1572). Pour favoriser les Iransactions et assurer
leur sincérité, la ville flt fabriquer dix mesures légales, dites émy-
naux ({), qui furent mises gratuitement à la disposition du public
dans le cloître, sous la surveillance d*un mesureur aux gages de la
ville (1532). Aux quatre portes et dans huit carrefours furent pla-
cées douze bascules dites romaines (1532). Les consuls, payant tou-
jours de leur personne, se rendaient eux-mêmes au marché pour
veiller aux abus qu'auraient pu commettre les meuniers, les mar-
chands et les boulangers (1566). Ces iicrniers, en cffd, étaient
aussi surveillés. Ils étaient (en scra-t-on surpris?) enclins à faire
petit poids. Aussi les consuls procédèrent-ils à une expérience en
divers fours et sur trois fournées : ils constatèrent qu'un boulan-
ger pouvait honnêtement faire douze « tourtes » au setier, et dès
lors fixèrent le poids de la tourte à 8 livres et demie (1532) (2).
Toutes ces mesures de détail dénotent assurément de la part des
consuls une grande prévoyance. Cependant, si nous nous en tenions
là, nous ignorerions celles de leurs décisions qui étaient les plus
propres à remédier à la disette.
Le blé saisi et inventorié, ainsi que celui qu'importaient les
marchands, ne sufflsait pas toujours. À certaines époques, le blé
manquait au marché, et le peuple, sentant la famine imminente,
essayait de surprendre quelque riche maison (1572). Il fallait donc
trouver du blé, en trouver sans retard et en grande quantité. Les
consuls créaient alors un fonds spécial, en empruntant aux bour-
geois aisés une somme plus ou moins forte, par exemple 10.000
livres en 1563 (3). Ils. procédaient aussitôt à d'importants achats de
blé. En 1563, quatre marchands furent chargés par eux d'aller
chercher, chaque mois, en Auvergne et en d'autres régions fer-
tiles, une quantité de grains qui variait entre 2.600 et 3.000
setiers (4). En 1572, c'est à Lavauguyon, à Magnac, au château du
(1) Valeur de Vémynal : un demi-setier.
(2) Delamare indique des « essais » faits officiellement à Paris, à
diverses époques (notamment en 1549), afin de procéder à la réglemen-
tation du poids et du prix des diverses sortes de pain. Voir en particu-
lier Tordonnance royale de 1567 à ce sujet.
(3) En valeur moderne, 45.000 francs, si Ton évalue la livre à 4 fr. 50,
— Cf. en 1566.
(4) Soit 1.326 et 1.530 hectolitres.
290 SOCIÉTÉ AROilÉOLOGlQUE ET IIISTODIqCE DU LlMOU&lK
Fraixe, à Châlellerauit qu'on va acheter du blé pour une somme
de 25.000 livres (1). En 189S, ce sont les greniers de Tabbé de
Solignac et le château du Cbalard (2) qui sont la principale source
des approvisionnements.
Le blé ainsi acheté était déposé dans des greniers appartenant à
la ville. Parfois il était en partie distribué aux manans et aux pau-
vres, en partie porté au marché et vendu à un prix modéré quand
il y avait peu de blé ou quand les vendeurs ne voulaient pas baisser
leur prix ; la ville vendait alors au-dessous du prix d'achat (1866).
Dans d*autres cas, les boulangers se fournissaient aux greniers de
la ville : ils payaient le grain au-dessous du cours et vendaient leur
pain aux gens du commun et aux pauvres à un prix particulier fixé
par les consuls (i57i)(3). Enfin, la fabrication et la vente du pain
étaient parfois soumises à une réglementation encore plus minu-
tieuse. Un certain nombre de boulangers (dix en 1^7, douze en 1563)
recevaient chaque jour du grenier municipal un nombre fixe de
setiers de blé, que Ton notait sur un registre (4). Après la cuisson,
les « gros pains bruns » ou tourtes étaient portés à la maison du
consulat. Une partie était vendue, toujours à un prix inférieur au
prix de revient; en 1563, la tourte coûtant 9 sols est ain^^i cédée à
7 sols (5). Le reste était distribué de la façon suivante, sous Tœil
des consuls : deux administrateurs remettaient des bons ou « bre-
vets » à tous ceux qui n'avaient pas le moyen d'acheter du blé ;
deux autres pesaient le pain, et enfin deux le remettaient aux por-
teurs de « brevets ». Pour éviter toute confusion et toute fraude,
on tenait registre des personnes secourues et de la quantité de pain
délivrée.
Telles sont les mesures diverses auxquelles eurent recours les
édiles du xvi<> siècle. Il ne faudrait pas croire qu'elles ont été toutes
appliquées à la fois. En réalité, si les consuls n'avaient toujours
qu'un même but, faire baisser le prix des denrées et secourir les
indigents, ils ne procédaient pas toujours par les mêmes moyens;
l'organisation de Tassistanse publique était variable. Cependant
{\) En valeur moderne, 112.500 francs.
(2) I/éditeur du Reg, cons. donne « le chemin du Chalard » ; mais le
Icxle manuscrit porte, sans doute possible, « le chasteau du Chalard ».
(3) En 1572, le consulat délivre aux boulangers 130 setiers (= 66*»130)
par jour en moyenne, de mars à juillet.
(4) En 1557, 100 setiers (= 51^) par jour, pendant plus d'un mois.
(5) On distribue chaque jour environ 900 tourtes (durant 5 mois) ; la
perte étant de 2 sols par tourte, la ville penlsil ^SUrrespar jii«r(i
400 francs enviroB).
LA DISETTE A LIMOGES ^91
elle prësenle une fixité relative dans la seconde mollit} du siècle, a
partirde 1557; dès lors ce qui domine, c*estun système comportant
Tachai de blés par Tadministration, le fonctionnement de boulan-
geries en quelque sorte officielles, la réglementation rigoureuse
de la vente et de la distribution du blé et du pain.
Il est assez intéressant de voir que les mesures adoptées par
Turgot lors de la disette de 1770 offrent de nombreuses ressem-
blances avec les décisions des consuls du wi** siècle. Turgot, lui
aussi, se préoccupe de secourir les pauvres honteux. Il fait repartir
les indigents entre les habitants aisés des paroisses. Il contraint
par voie de justice ceux qui se refusent à nourrir les pauvres qui
leur ont été assignés. Il fait opérer des achats de blé à l'étranger
par rinlermédiaire de quelques notables. A ceux qui peuvent tra-
vailler, il procure un salaire en créant des ateliers de charité. Il
fait soigner les pauvres étrangers à l'hôpital. En tout cela, il reprend
les idées des anciens consuls. Mais il y a un point où s'accuse une
différence très nette : Turgot est le champion de la libre circula-
lion des grains; aussi le voit-on casser un arrêté des échevins de
Turenne qui interdisait la sortie des grains et faire rapporter une
ordonnance du Parlement de Bordeaux qui défendait aux marchands
et propriétaires de vendre le blé librement dans leurs greniers. On
se rappelle que, tout au contraire, et sauf une exception (en 1531 },
les consuls du xvi<^ siècle mettaient de forts obstacles à la sortie et
à la circulation des grains. C'est que Turgot est intendant de toute
une province et non consul d'une petite ville : il ne veut pas qu'une
localité se sauve en condamnant les voisines à la disette.
Quoi qu'il en soit sur ce point particulier, on peut dire que les
hommes du xvi** siècle avaient d'avance mis en pratique cette
maxime de Turgot : « Le soulagement des hommes qui souffrent
est le devoir de tous et l'affaire de tous » (1). Ces bourgeois, ces
marchands, ces hommes de loi que la ville mettait à sa tête ont, en
effet, déployé une activité et une habileté qui méritaient d'être
louées. Dans les circonstances les plus difficiles, ils surent assurer,
à la satisfaction générale, la subsistance de Limoges. En appro-
visionnant la ville d'une quantité de blé suffisante, en réglant la
sortie, l'entrée et la vente du blé, de la farine et du pain, en sur-
veillant voituriers, marchands, meuniers et boulangers, en enrayant
la spéculation et l'accaparement, bref, en tirant du minimum de
ressources le maximum de résultats utiles, ils réussirent non seu-
(1) Sur cette question, voir Œuvres de Turgot, t. H; cf. Easai sur
V administration de Turgot, par M. G. d'Hugues, chapitre X.
292 SOCIÉTÉ ADClléoLOGIQL'E ET HISTORIQUE DC LIMOUSIN
iemenl à secourir leurs conciloyens, mais à sauver des milliers
d'étrangers dont la mort, sans eux, était à peu près certaine.
N'oublions pas que les consuls étaient secondés par nne foule
d*hommes de bonne volonté, qui donnaient librement leur temps et
leur peine (sans parler de Targent) pour veiller à l'exécution des
règlements en remplissant les fonctions d'enquêteurs, d'acheteurs,
de comptables ou de distributeurs.
Dans ce dévouement à la chose publique, les femmes rivalisaient
avec les hommes. C'était des dames de la ville, choisies par les
consuls, qui faisaient dans les paroisses les quêtes hebdomadaires
et en répartissaient le produit entre les indigents (1553 et 1554,
par exemple). C'étaient des bourgeoises qui, avec leurs cham-
brières et leurs serviteurs, se chargeaient de distribuer aux mal-
heureux la nourriture quotidienne et Je soigner leurs misères (1532).
On vit même des dames, « femmes d'honneur et d'estat », comme
dit le scribe, vendre leurs bagues et leurs joyaux pour grossir la
collecte (1572).
Une pareille unanimité de toute la ville dans le bien nous a paru
mériter d*élre relevée et mise en lumière. Bien que nous ne soyons
plus exposés à voir la disette jeter dans nos rues des bandes d'in-
digents affamés et que nous n'ayons plus à lutter contre de sem-
blables calamités, nous n'en devons pas moins apprécier le dévoue-
ment et le désintéressement dont faisaient preuve les hommes
d'autrefois dans l'accomplissement de leurs devoirs sociaux.
La DiSfiTTE A LtMOÛES 293
LISTE CHRONOLOGIQUE
AVEC INDICATION DES SOURCES
[Nota. " — Ne figurent pas ci-dessous les années où il y a eu forte
cherté, mais non disette; par exemple, années 1522 (Bonaventuro, III,
75i), 1538 (Fouchier, dans Documents historiques, II, p. 57; Bonav.,
m, 768), 1544 (Reg. cons., I, 389, 396-7), 1555 {Reg. cons., II, 129),
1588 (Anonyme de Saint-Léonard, dans Chartes, chroniques et mémo-
riaux, p. 269; Journal de Jarrige, p. 96); 1589-90 {id.), 1594 (Anon. de
Saint-L., p. 273; Annales de 1638, p. 375; Bonav., III, 808). — Les
chiiTres gras indiquent les années où la disette a été accompagnée de
peste ou maladies contagieuses].
1515 Bonaventure, Annales du Limousin, III, p. 750 (sans indication
de source).
1525 Bonav., III, p. 759 {id.),
1528 Annales manuscrites de Limoges, de 1638, p. 320; — Bonav., III,
p. 761.
1529 Reg. cons,, I, p. 177; — Limousin historique, I, p. 115-118; —
Registre de Michel de Leyssenne {Archives histor., t. X).
1530 Reg, cons., I, p. 192-193; — Bonav., III, p. 762; — Registre
de Michel de Leyssenne {Arch. histor., t. X).
1531 Reg. cons., I, p. 198-202.
1532 Reg. cons., I, p. 210-212, 214-216 ; — Fouchier, p. 52.
1556 Reg. cons., II, p. 103 ; — Bonav., III, p. 778.
1557 Reg. cons., II, p. 129-131.
1561 Reg, cons,, II, p. 230; — Ann. de 1638, p. 341; — Bonav.,
lïl, p. 781-2.
4562 Reg. cons.. Il, p. 241 ; — Chron. de la confr. du Saint-Sacr., dans
Archives historiques, I, p. 329-330; — Journal de Jarrige, p. 5.
1563 Reg, cons., II, p. 255-6; — Confr. du corps de Dieu {id.); —
Bonav., III, p. 783-4; -- extraits de dom PradiIkon, dans
Arch. histor., IV, p. 263; — Journal de Jarrige, p. 9.
1566 Reg. cons., II, p. 297-8.
1571 Bonav., III, p. 790.
1572 Rég, cons., II, 383-386; — Bonav., lïI, 790-1; — Journal de
Jarrige, p. 63.
1573 Anon. de Sainl-L., p. 263 ; — Ann. de 1638, p. 357 ; — Bonav.,
III, p. 792 ; — Journal de Jarrige, p. 75-76.
1574 Reg, cons., II, p. 396.
T. LV 19
294 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LiMOÙSII>l
1580 Reg. cons,, II, p. 458, 454, 483-4 ; — Reg. capitul. de Saint-
Etienne, dans Arch. kistor., III, p. 47; — Bonav., III, p. 797.
1585 Anon. de Saint-L.,p. 265, 269 ; — Bonav., III, p. 799 ; — Journal
de Jarrige, p. 91 .
1586 Ann. de 1638, p. 362 ; — Beg. capitul. de Saint-Etienne, dans
Arch. hUtor,, III, p. 47 ; — Bonav., III, p. 800; — Journal de
Jarrige, p. 93.
1587 Ann. de 1638, p. 362 ; — Bonav., III, p. 800 ; — Journal de
Jarrige, p. 9^».
1695 Reg. cons., III, p. 2t-:i; - Ann. de 1(538, p. 376; — Bonav., III,
p. 808.
Franck Delage.
SAINT-VITTE
MONOGRAPHIE D'UNE COMMUNE '^
Sainl-Ville, dont on a écril le nom : Sainl-Vil, Sainl-Vite, Sainl-
Vict, Sainl-Vic, el enfin Saint- Yicq, est un chef-lieu de commune
dans le canion de Saint-Germain-les-Belles-Fiiles (2). Sa superficie
est de 2,065 hectares; son aililude au-dessus du niveau de la mer
va jusqu^à 404 mètres sur la hauteur qui domine Bréjat.
La commune est traversée par la Grande Briance, qui coule du
S.-E. au N.-O., et aussi par Ton de ses afiluenls, le ruisseau
d*Auzier, qui s'y jette près du village de Curzac.
Lors du recensement de 1901, on comptait dans la commune de
Saint- Yitte 1.046 habitants formant 184 ménages. Le nombre de
ses feux était de 183, soit 7 de plus qu'en 1747 (3).
Avant la Révolution, la majeure partie du territoire de la paroisse
relevait soit de la justice seigneuriale de Saint- Yitte, soit de celle
de Curzac; le reste dépendait soit de la justice du marquisat de
Ghàteauneuf, soit de celle de la seigneurie de Champvert, soit
enfin de celle du chapitre de Saint-Germain. La paroisse faisait
partie des élection, sénéchaussée et généralité de Limoges (4).
(1) M. le chanoine Lecler, aumônier de Naugeat a bien voulu nous
fournir plusieurs renseignements et nous lui adressons ici tous nos
remerciments.
(2) Saint-Germain-les-Putins, comme on disait encore vers la fin du
XVIII* siècle, le mot « putin » ne servant pas alors comme aujourd'hui à
désigner, en terme non reçu par l'académie il est vrai, une cat'égorie de
personnes avilies.
(3) Archives de la mairie de Saint- Vitte : Cadastre dressé et clos en
1747.
(4) La carte de la généralité de Limoges, divisée en cinq élections,
dressée en 1719 par B. Jaillot, géographe du roi, porte Saint-Vittc
comme faisant partie de la généralité de Moulins; c'est incontestable-
ment une erreur d'impression.
èd6 SOClÉTlè ARGHèoLOGIQUE fiT IIiSTORIQOE DÛ LtMOÛSlK
SaiDt-Vilte élail une cure (1) de l'ancien archiprétré de la Por-
cherie, ou Ton comptait à la fin du xyhi* siècle 1.280 communiants
(sa population était alors de 1.707 habitants). Elle était taxée aux
décimes : 102 livres. Son patron a toujours été saint Vite, ou Guy,
martyr, dont la fête se célèbre le 15 juin.
L'évéque de Limoges possédait le droit de nomination à celle
cure, et on trouve les nominalions faites par lui en 1480, 1643,
1646, 1721, 1744 et dans la suite, depuis la sécularisation du mo-
nastère dTzerche. On trouve cependant que Tabbé et lechambrier
dUzerche y nommèrent un titulaire en 1722, et le chambrier seul,
en 1744.
En 1405, Guillot de Maulmont était curé de Saint-Vitte; il était
lils de Bertrand de Maulmont (11° du nom), chevalier, seigneur de
Saint- Vitte, et do Hélis de Bonneval, son épouse.
Au 5 août 1546, Hugues de Meillars, licencié-ès-lois, archidiacre
de Lectoure, ancien curé de Varaigne, était curé de Saint-Vitte (2) ;
il teste le 10 mars 1549, par Grosserinot, notaire. Il était iils de
noble mcssire Julien de Meillars, chevalier, seigneur de Meillars et
Gurzac, et de dame Anllioinette de Lachassaigne.
Jean-Baptiste-Ghaussade, curé de Saint-Ville, fut inhumé en
léglise du dit lieu, le 14 octobre 1744, en présence de M. David,
archiprétre-curé de La Porcherie, et de M' Arnaud Juge, curé de
La Croisille (3).
N Voliat, succède à Jean-Baptiste Ghaussade à la cure de
Sainl-Ville ; il signe les registres de la paroisse du 25 novembre 1744
au 22 décembre 1775 inclusivement. Il mourut : « ancien curé de
Sainl- Ville, chanoine de Saint-Germain », en avril 1777.
Jean-Baptiste Aubusson, de Gorceix (4), né le 20 janvier 1744
(1) D'après le cadastre de 1747, articles n«" 3154, 3155 et 3156, les
dîmes qui se levaient en la paroisse de Saint-Vitte, à la onzième gerbe,
valaient 250 seticrs de blé-seigle, ou environ. Elles appartenaient :
pour les 2/5*^ au curé de la paroisse, et pour les 3/5® au seigneur de
Saint-Vitte. Or, à cette époque, le setier valant 30 sols, la part du
curé, soit 100 setiers, représentait une valeur de 150 livres, et celle du
seigneur de Saint-Vitte, soit 150 setiers, une valeur de 225 livres. Les
menues et vertes dîmes appartenaient aux curé et au seigneur de Saint-
Vitte; elles étaient estimées 120 livres.
(2) Archives du château de Curzac : B i4, pages 37 cl 38-B 8.
(3) Registre des décès de la paroisse de Saint-Vitte. On le dit âgé de
60 ans.
(4) Il existe dans la commune de Saint-Germain-les-Belles un lieu
dénommé : Las Gorceix. C'est sans doute de ce lieu qu'était originaire
Tabbé J.-B. Aubusson.
SAINT-VITTE 297
fut uoromé curé de Saint-Vitte au mois de décembre 1775, puis de
nouveau en 4803. 11 esl itiort en 4811. Il prêta serment à la consti-
tution civile du clergé.
N Laurent était curé en 1822; il y est resté jusqu'en 4828.
N Celle, fut curé de 4828 à 4834; Jean Delfour, de 4831 à
4845; Antoine Bonnaud fut nommé en 4845; François Bertrand en
4813; Antoine Moreau en 4886; Jean-Baptiste Mambret en 4891.
L'église actuelle, de style gothique, fut construite en 4873, et
payée, en grande partie, au moyen des fonds souscrits par les per-
sonnes pieuses et charitables du pays. Les deux cloches provien-
nent de la refonte de deux des cloches de l'ancienne église (4).
Celle-ci en avait trois; lorsque la nouvelle église eut été construite,
le conseil de fabrique, à l'unanimité de ses membres, fit don de
cette troisième cloche à la maison d'école que tinrent à Saint- Vitte
les religieuses de l'ordre du Sauveur (2). Cette cloche, d'un dia-
mètre de 0",30 est assez belle ; voici les inscriptions qu'elle porte :
IHS MA P DE MEILLARS
4653 I DE SALAGNAC
puis, en trois groupement distincts, sur une même ligne : un corps
de Christ les bras en croix, accosté de deux têtes d'ange, et d'une
télé d'ange en pointe ; une N.-Dame de France, accostée de deux
têtes d'ange; une croix dont l'intérieur est fleurdelysé, tréflé et
pointillé comme l'ornement qui figure à la seconde ligne d'ins-
cription.
Nous traduisons l'inscription : Jésus, Maria, Philippe de Meil-
lars 4653. Julie de Salagnac (cette dernière était femme de Philippe,
marquis de Meillars).
A l'intérieur de l'église, au-dessus du bénitier, on voit une petite
plaque armoriée, en cuivre repoussé, qui fut trouvée en 4901 dans
(1) La plus grosse porte les indications suivantes :
1856. M. B.-A. Brugère, maire, et L.-A. Bonneau, curé.
Puis dans un encadrement formé d'une guirlande de roses feuillées
on lit : Parrain, M. M.-J. Sensaud, doct.-médecin; marraine, dame Ma-
ria Bessoule.
L'autre porte Tinscription suivante :
1856. M' B.-A. Brugère, maire et L.-A. Bonneau, curé.
Puis dans un encadrement formé d'une guirlande de feuilles d'olivier
fruité on lit :
Parrain, M. N* Barbe, miss. Apost. ; marraine, dame Herm. Duverger.
Ces deux cloches furent fondues par Martin, frères, fondeurs.
(2) Registre des délibérations du conseil de fabrique de Saint- Yitte*
298 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
les combles du presbytère. Les armoiries sont accolées et les écos-
soDs de forme ovale (i). Le premier de ces écassons porte : d'azur ,
à trois étoiles d'argent; au chef d'or (2). Le second écusson porte :
d'azur j à la fasce murée d'argent, maçonnée de sable ; au chef de
gueules^ à deux roses d'argent, tigées, feuillées et posées en sautoir (3).
Une couronne de marquis surmonte ce double écusson.
A l'extérieur de Téglise, près Tangle nord, on voit une sorte de
calvaire en granit, lequel a pour base un massif maçonné, constitué
de pierres taillées que recouvre une ancienne table d'autel. Sur ce
massif, un socle en forme de pyramide tronquée à pans coupés,
servant lui-même de base à une sorte d'obélisque de deui mètres
environ de hauteur, surmonté d*une croix patlée, chargée en abime
d'une croix de Malte, laquelle est entourée d'une couronne, guir-
lande, ou bourrelet disque. Cet obélisque, ou plus exactement la
CToii^ pattée porte la date de 1748; elle aurait surmonté le pignon
occidental de l'ancienne église.
Parmi les pierres de granit du massif de base du calvaire, deux
sont armoriées. L'une porte : d'azur, au sautoir d'or, cantonné de
quatre tours d'argent, maçonnées de sable (qui est de Maulmont);
l'autre, aux mêmes armes, partis d'or^ à la croix ancrée de gueules
(qui est d'Âubusson). Ces deux pierres proviendraient de la vieille
église où elles se trouvaient sur un tombeau (4) dont les débris se
voient dans le mur de la porte charretière du presbytère.
L'ancienne maison curiaie, telle qu'elle est décrite au cadastre
de 1747, avec ses dépendances et son jardin, furent vendus nalio-
nalement le 16 fructidor an lY (2 septembre 1796) et achetés par
la commune de Saint-Vitte, 3,467 francs ; c'est le presbytère actuel
avec ses dépendances et son jardin.
Un document publié par l'abbé de Harolles, nous apprend qu'en
1103, Léger, archevêque de Bourges, donna l'église de Saint-Vitte à
Uzerche. En 1140, Etienne d'Arnac (ou d'Ornhac peut-être) donnait
à ce monastère la moitié du revenu de l'église de Saint-Vitte.
Dans l'ancien cimetière se trouvait une chapelle, dite des Gous-
lin. Âgnet Coustin, écuyer, seigneur du Ghassaing et de Toyron, et
Marguerite des Monstiers, son épouse, firent le 8 octobre 1549 un
(1) La forme ovale fut usitée surtout dans le xviii* siècle.
(2) Pourrait être d'Arfeuille, en Limousin, nous ne saurions cepen-
dant Taffirmer.
(3) Nous ne saurions dire quelle famille portait ces armoiries.
(4) Le tombeau, très probablement, de Alexandre de Maulmont, che-
valier seigneur de Saint-Vitte, et de Philippie d'Aubusson, sa femme,
lesquels vivaient dans la première moitié du xV siècle,
SAINT-VITTE ^99
testament mutuel par lequel ils yeulenl être inhumés dans la cha-
pelle des Coustin, au cimetière de Sainl-Vitte, et qu'il soit appelé
cent prêtres à leur sépulture.
En 1483 et 1631, il existait une fondation de messes ou vicairie,
dans la chapelle des Civori, au grand cimetière.
Saint- Vitte avait un hôpital en 1390.
La seigneurie de S^-Vilte a été possédée par différentes familles :
Vers 1070, noble Ramnulphe de Saint-Vitte et son frère Pontius,
donnèrent au monastère d'Uzerche, Tëtang et les moulins de Saint-
Vitte. Les filles de Ramnulphe épousèrent Jean de Jaunhac, et
Gaucelin de Vouspillac (1). Aussi on trouve en 1266 Pierre et Hu-
gues de Jaunhac, chevaliers de S^-Vilte. Ce dernier est dit en 1270,
être seigneur en partie du bourg de Saint-Vitte.
D*après une reconnaissance signée : Pierre Suduiraud, datée
« du dimanche que Ton chante Jérusalem 1360 » (2), Pierre de
Joumiac, ëcuyer, seigneur de Saint-Vict, reconnaît devoir une
rente annuelle de huit setiers de blé-seigle, mesuré avec une
rasoire, à la mesure censuelle de Saint-Vict, à noble Hélie Galen-
gaud, chevalier, seigneur de Martageix (3), à raison et cause des
villages appelés de La Peyrousse et de la Boirie, situés en la susdite
paroisse de Saint- Vicl (4).
La seigneurie de Saint-Vitte, passa ensuite dans la maison de
Haulmont qui Fa possédée de père en fils, pendant quatre siècles
environ.
Le premier membre de cette illustre maison que nous trouvions
qualifié seigneur de Saint-Vitte, est Jean de Maulmonl (5), sei-
gneur en partie de Maulmont et de Gimel, titré chevalier, qui fut
capitaine du château de limoges. Celui-ci épousa le 6 juin 1345
Marie de Faure-d'Egletons, fille de Pierre, damoiseau. Après lui,
vinrent : Bertrand de Maulmont, damoiseau de Saint-Vitte, qui
épousa le 4 novembre 1377 Hélis de Bonneval. — Alexandre de
(i) Vouspillac ? Ne serait-ce pas plutôt Volpillac! Autrefois, il exis-
tait en la paroisse de Saint-Vitte, un village (un lieu seulement peut être)
dénommé Volpillac (Arch. du château de Gui*zac, B 45, page 5.
(2) Ce dimanche est le quatrième du Carême 1360.
(3) Martageix, fief et hameau, situés en la paroisse de Saint-Méard,
canton de Ch&teauneuf-la-Forêt.
(4) Arch. du château de Curzac, B 45, page 5.
(5) La Chesnaye-Desbois : Dictionnaire de la noblesse : Généalogie de
la maison de Maulmont. Ce Jean de Maulmont y est donné comme étant
fils de Pierre de Maulmont, seigneur en partie de Maulmont, de Gimel,
de CbAteaupeuf, Tournoël, et d'Aune d'Aubusson, sa femme.
âOO SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
MaulmoDt, cbevalier, seigneur de Saiat-Vitte, Guersat, Curzac, la
Groisille, lequel rendit hommage en 1441 à Jean de Bretagne, vi-
comte de Limoges, pour les seigneuries ci-dessus ; il eut pour
femme Philippie d'Aubusson. — Gilles de Maulmont, chevalier,
seigneur de Saint- Vitte, Curzac 6t la Croisille, qui servit en qualité
d*homme d'armes dans la G'* du comte de Sancerre en 1470, puis
dans celle du sire d*Estouteville en 1475, et fut tué à la prise du
château de Giron, en Franche-Gomlé, en 1480; il eût pour femme
Marguerite Bras-de-Fer. — Louis de Maulmont, seigneur de Saint-
Vilte, Beauvais (1), la Croisille, du Poummaud (2), né en 1471,
servit en 1492 sous les ordres de M' d'Albret, puis sous ceux de
M. de Guise en 1495; il épousa le 14 février 1492, Françoise de
Noailles, fille de Jean de Noailles (I^ du nom). Louis de Maulmont
ne vivait plus au 24 août 1530. — Charles de Maulmont, chevalier,
seigneur de Saint- Ville, la Croisille, Beauvais, épousa par contrat
du 25 janvier 1538, Marguerite de Gomborn, fille de François de
Comborn, seigneur d'Orval, el de Françoise de Séguin; Charles
n'existait plus en 1571. —Jacques de Maulmont, chevalier, seigneur
de Saint- Ville, la Croisille, Beauvais, quatrième fils du précédent,
assembla des troupes lors des guerres contre les Buguenots en 1574,
s'empara du château de Chalusset, en répara les ruines causées
jadis par les Anglais, s*y fortifia, puis se déclara pour la religion
prétendue réformée. Il fut surpris à Chalusset par le seigneur de
Pompadour, qui Ten délogea en 1590. Jacques de Maulmont avait
épousé le 30 janvier 1589 Paule de Ravenel, fille de Florent de
Ravenel, seigneur de la Rivière et de Peyronnelle de Loubbes; il
testa le 28 juin 1635. — Florent de Maulmont, chevalier, seigneur
el baron de Saint- Ville, seigneur de Sënie et du Châtenet, vendit
au nom de Jacques de Maulmont, son père, une maison au village
de Coussac, le 16 mai 1621 ; il avait épousé le 19 mai 1619, Louise
Plaisant, fille de François {alias Jacques) Plaisant, écuyer, seigneur
de Bouschial, Puymalier, La Roque, Benayes, et d*Anne de Sala-
gnac; il testa le 28 mai 16i0. — Melchior de Maulmont, baron de
Saint-Ville, seigneur de Sénie, du Chassaing, etc., lieutenant-co-
lonel du régiment Aubusson-La Feuillade, rendit hommage au roi,
le 3 avril 1684, pour la baronnie de Saint-Ville, la Croisille, le
Chassaing, le Châtenet, Lavaud, Coussac et Sussac; il eut pour
femme Marie Jouhaud, fille de Louis Jouhaud, notaire, seigneur de
Veyssière, et de Catherine Allouveau. — Joseph de Maulmont,
(1) Beauvais, paroisse de Sussac, croyons-nous.
(2) Le Poummaud ; commune de la Croisille,
SAINT-VITTE 301
baron de Saint-Ville, seigneur du Ghassaing, du Châlenet, La-
vaud, elc..., rendît hommage au roi de la baronnie de Saint-Ville,
le 13 juillet 1719; il épousa le 9 juillet 1697 Charlotte de Maulmonl,
sa cousine germaine, laquelle était fille de Charles de Maulmont,
seigneur du Mas, de Maraffy et en partie de Saint- Ville, et de Mar-
guerite de Pindray de Maraffy. — Marie de Maulmont, baronne de
Saint-Ville, dame du Chassaing, du Mas, de Maraffy, etc., fille et
unique héritière des précédents, porta la baronnie de Saint- Ville, la
Croisille, Sussac, Coussac, avec haute et moyenne et basse justice,
banalilé de four et moulin, et autres terres, à son mari : Français-
Aimé de Joussincau (1), marquis de Tourdonnet, fils de Charles de
Joussineau, marquis de Tourdonnet et de Louise de Chastagnet;
ils eurent quatre fils.
D'après une note que très aimablement nous fait tenir M. Géné-
brias, le propriétaire actuel du château de Saint- Ville, à la fin du
xvni** siècle, sur licitalion et par jugemenl du tribunal du 2** arron-
diss^emenl de Paris, la terre de Sainl- Ville, qui se composait alors
du château et des domaines de la Basse cour, de Lavaud, de Ghas-
saing, du Ghalenet et de la Vergue, fut adjugée le 26 novem-
bre 1791 à M. de Glédat qui la revendit, le 2 thermidor an IX, au
général Souham par acte passé devant M* Pérignon, notaire à Paris.
Le général agrandit cette propriété du domaine de Ponlfeuille,
qu'il acheta, le 6 mars 1807, par acte passé devant M' Fournier,
notaire à Limoges.
La terre de Saint- Vilte ainsi constituée fut acheté au général
comte de Souham par MM. Jean Barbe et Jean-Pierre Barbe, frères,
par acte passé devant M* Lacombe, notaire à Tulle, le 1" décem-
bre 1823.
Le 4 juillet 1840; M. Jean Barbe en devint seul propriétaire. Il
mourut le 23 septembre 1849, laissant cinq enfants. La terre de
Saint-Ville, après avoir reçu quelques modifications, fut alors
divisée en deux lots ; Tun fut attribué à M. Augustin Barbe, sous la
désignation de terre de Ponlfeuille ; elle comprenait les domaines
de Ponlfeuille, du Châlenet et du bourg ; Tautre, qui garda le nom
de terre de Sainl- Ville avec les domaines d'en bas, de Lavaud et
du Ghassaing, devint la propriété de M. Jean Barbe, procureur
général à Ponldichéry et chevalier de la Légion d'honneur.
La terre de Ponlfeuille passa, au décès de M. Augustin Barbe,
entre les mains de sa fille unique, épouse de M. Casimir Duverger.
Mme Duverger étant décédée sans enfants donna cette terrre en
(1) La famille de Joussineau portait : de gueules, au ohef d'or.
302 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
nue propriété par testament du 8 août 1901 à M"** Daase, née
Barbe, sa cousine.
La lerre de Saint-Vitte fut donnée parle magistrat, à son décès,
à Tun de ses frères M* Jean Barbe, notaire à GhàteauneuMa-Forét.
Elle appartient aujourd'hui à sa plus jeune fille mariée à H. Gené-
brias, directeur des contributions directes à La Rochelle et cheva-
lier de la Légion d'honneur.
En 1580, le château de Saint- Vitte fut pillé et dévasté dans les
conditions suivantes : des troupes armées, parties du château de
Turenne, rendez-vous des réformés et le quartier général des
rebelles pour le centre de la France, pillèrent Treignac, Masserel,
Salon, Obasine, etc.. Gomme elles se maintenaient dans le château
de Saint- Yitte (1), M. d'Hautefort, pour lors lieutenant général en
Limousin, alla les en déloger. Les registres consulaires de Limoges
le rapportent en ces termes : « Estant party le dit sieur gouver-
neur de cette ville, alla assiéger le château de Saint- Vie, dans
lequel faisaient leur retraite une partie des voUeurs qui écumaient
le pais et rançonnaient les gens et levaient des tailles. Devant
lequel, ayant demeuré quelques jours et tiré quelques coups de
canon, fut rendu et depuys a été démoly. »
De ce qui fut l'ancien château de Saint- Vitte, siège de la sei-
gneurie de haute et moyenne et basse justice (2), il ne restait
plus au commencement du xix* siècle que deux tours à peu près
ruinées. Elles furent démolies lorsque fut créé le chemin de grande
communication n"" 31, dénommé : de Ghamberet à la gare de
Nexon, lequel chemin traverse le bourg de Saint- Vitte.
Le château actuel, construction du milieu du xvm« siècle, est la
propriété de M. Génébrias, petit gendre, et héritier pour une part,
de M. Jean-Barbe.
Un document de 1658 (3) nous fait connaître à combien s'élevè-
rent les grandes dîmes qui se perçurent, cette année là, en la
paroisse de Saint- Vitte, en même temps que la répartition qui en
fut faite aux ayants-droits. Nous reproduisons ces chiffres pour que
ceux qui les voudraient comparer avec le montant des impositions
actuelle voient qu à l'époque dont il s'agit, le pauvre monde était
moins durement traité qu'il ne Test aujourd'hui. En l'année 1658, les
(1) Jacques de Maulmont, seigneur de Saint- Vitte les y avait appelés.
Lui-même se déclara pour la Réforme.
(2) Etaient de cette justice : les habitants et dépendances du bourg
de Saint- Vitte, du Mas, du Chassaing, du Chàtenet, de Lavaud, et en
partie seulement ceux et celles de Coussac, Les Ages, Pontfeuille, etc.
(3) Arch. du château de Curzac^ E 69»
SAINT-VITTE 303
grandes dimes produisirent : 80 setiers de froment, 496 setiers
de seigle, 120 setiers d'avoine. Le chambrier d'Uzercbe, pour sa
part, eût droit à 4 setiers froment et 30 setiers de seigle ; le gref-
fier ou sergent eût droit à 5 setiers seigle ; le seigneur de Fours-
sac [sic), à 7 setiers eymine {sic) de froment, 45 setiers de seigle,
a setiers d'avoine (1) ; le seigneur de Gurzac eût droit à 3 ses-
tiers 1/4 de froment, 20 setiers de seigle et 5 setiers d'avoine ; le
seigneur de la juridiction de Saint-Vltte eut droit à 63 setiers
eymine de froment, 383 setiers de seigle et 103 setiers d*avoine.
Les registres de baptêmes, mariages et décès de la paroisse de
Saint- Vitte ne remontent pas au delà de Tannée 1743.
En Tun de ces registres, nous avons trouvé mentionné que le
mois de janvier 1774 fut très préjudiciable aux habitants parce
que la peste {sic) se mit sur le bétail et en fit périr un très grand
nombre (2).
Ceux des habitants dont le nom se trouve le plus fréquemment
répété en ces registres de la paroisse sont : Bonardeau, Boussely,
Briansoulet, Brondeau, Chadelaud, Ghardet, Combelte, Debette,
Derayneix, Dezéraud, Dupuylarousse, Ducher, Faye, Filhoulaud,
Goumondie, Gavinet, Gayot, Guilhen, Gille, Habeillon, Lafon,
Lebraud, Hadore, Harlinot, Maud, Hazeau, Mousnier, Peyronnet,
Penaud, Pichon, Planchaud, Reyneix, Roux et Rous, Rivet, Sage,
Texier, Virolle, etc.
Parmi les maires de Saint- Vitte, nous relevons les noms sui-
vants : Jean Guérëne qui était maire en 1794; Jean Filhoulaud, de
1838 à 1843 ; Félix Barbe, de 1843 à 1855 ; Bernard -Auguste Bru-
gère, de 1855 à 1861 ; Casimir Duverger, de 1861 à 1871 ; Jean
Barbe, de 1871 à 1874; Siméon Baillot d'Etivaux, de 1874 à 1889 ;
Casimir Duverger, de 1889 à 1901 ; Pierre Sautour qui fut nommé
en 1901.
Parmi los instituteurs, nous relevons les noms suivants : N...
Ribièrequi enseigna de 1830 à 1836; N... Bonneau, de 1836à 1862;
Léonard Faure, de 1862 à 1874 ; Guillaume Basset, de 1874 à 1890 ;
Léonard Vinour, de 1890 à 1899; Pierre Yalade, nommé instituteur
de Saint- Vitte le 7 nombre 1899.
Les religieuses de Tordre du Sauveur, sous Texcellente direction
(1) Nous ignorons quand et comment le seigneur de Fourssac acquit
des droits en la dime qui se levait en la paroisse de Saint-Vitte.
(2) La peste dont il est parlé est vraisemblablement la maladie con-
nue de nos jours sous le nom de cocotte ou fièvre aphteuse, laquelle
s^est de nouveau déclarée e^ 1901 et a fait subir quelques pertes à nos
cultivateurs^
304 sociéré archéologique et historique du limousin
de sœur Saiol-Gabriel, appelées en 1876Jpar M. et M"* Duverger,
donnèreDt renseignement aux jeunes filles de la commune, à Tuna-
nime satisfaction des parents. Au mois de juillet 1902, époque où
fut supprimée de fait la liberté de renseignement, ces maîtresses
sympathiques et dévouées durent quitter Saint- Viite, et renseigne-
ment chrétien qu*elles donnaient fut remplacé par renseignement
athée. Toutefois, comme la maison qu'occupaient les sœurs était
propriété privée, la municipalité dût faire construire une école pour
les filles de la commune, aux lieu et place des chemins publics que
les conseillers avaient promis à leurs électeurs.
Les villages et les lieux habités qui font partie de la commune
de Saint- Vitte, sont : Âulliat, Auzier, Bréjat, Bretagne, Chassa-
gnas, Coussac, Curzac, LaBauberie, La Valade, Lavaud, Lavergne,
La Peyrousse, La Tronche, Le Bourg, Le Chassaing, Le Chatenet,
Le Lit, Le Mas, Le Mazaud, Le Moulin-Brûlé, Le Peychaud, Les
Ages, Les Plas, Nouaillas, Nora, Ponlfeuille, Tratrade.
Aulliat (Le Liât d'après la carte) s'est écrit Aulhat. — Hameau
situé non loin du chemin de grande communication n°7 de Saint-
Germain-les-Belles à Guéret, à 465 mètres environ au-dessus du
niveau de la mer.
En 1747, époque à laquelle fut dressé le cadastre qui a précédé
le cadastre actuel, Aulliat comprenait huit maisons habitées. Au
recensement de 1901, on n'en comptait plus que sept, pour une
population de ^S habitants.
Avant la Révolution, le village d' Aulliat relevait de la justice
seigneuriale de Curzac.
Auzier et Ozier. — Ce village est formé des anciens lieux de :
Auzier, La Bernauderie, Contantinerie et Chez-Marty, dont il est
fait mention dans les vieux actes.
En 1747, Auzier ne comprenait que cinq maisons habitées, tan-
dis que La Bernauderie, ou Auzier du bas, en comprenait sept.
Au recensement de 1901, on comptait à Auzier 79 habitants et
14 feux.
Avant la Révolution, le village d'Auzier ainsi que celui de la
Bernauderie relevaient de la justice de Curzac.
Brégeat. — Le sommet de la croupe sur laquelle est construit
Brégeat est à 494 mètres au-dessus du niveau de la mer.
En 1747, on ne comptait qu'une maison à Brégeat ; c'était une
métairie appartenant à M. Sanson de Royère, écuyer, seigneur de
Champvert.
SAINT-VlTTÉ 30S
Au recensement de 1901, Brégeat comprenait S3 habitants et
7 maisons.
Bretagne, ancien fief. — Depuis plusieurs siècles, Bretagne fait
partie de la terre de Gurzac.
Avant la Révolution, Bretagne relevait de la justice seigneuriale
du chapitre de Saint-Germain.
Au recensement de 1901, on ne comptait à Bretagne qu'une
seule maison, et 8 habitants.
Chassagnas, hameau situé sur le chemin de Saint- Yilte à La Por-
cherie.
En 1747, on comptait 19 maisons à Ghassagnas ; lors du recen-
sement de 1901, il ne s*en trouvait plus que 16, pour une popula-
tion de 78 habitants.
Avant la Révolution, une partie du village de Ghassagnas était
de la fondalilé de la seigneurie de Ghampvert, située en la paroisse
de La Porcherie.
Il existe près de Ghassagnas plusieurs carrières d*un granit fort
dur, à grain gros. C*est de l'une d'elles que sont sortis les maté-
riaux qui servirent à construire le beau viaduc situé près la gare de
Saint-Germain, ainsi que plusieurs des ponts élevés sur la voie
ferrée de Limoges à Brive, par Uzerche.
Conssac, fief et hameau. — Goussac est sur le chemin de Saint-
Vitte à Saint-Germain.
Avant la Révolution, Goussac dépendait de la justice seigneu-
riale de Saint-Vitle , celle de Gurzac y possédait quelques droits,
notamment sur les tenues dites de Gurzac et I^a Rousselie.
Voici quelques noies ou actes se rapportant soit à Goussac, soit
à ses anciens seigneurs.
Noble Noël Roux, sieur de Goussat, paroisse de Saint-Vitte,
épousa, le 30 juin 1888, Hélène de La Place, fille de N... de La Place,
sieur des Brousses, et de Antoinette des Pousses, sa femme.
Florent de Maulmonl, seigneur, baron de Saint- Vitte, etc., pour
et au nom de Jacques de Maulmont, seigneur de Saint- Vitte, Gous-
sac, etc., vend une maison à Goussac le 16 mai 1621 (1). Le même
Jacques de Maulmonl, maître François Bréjat, notaire, et autres
habitants de Saint-Germain, par actes du 18 mars 1623, reconnais-
sent tenir du seigneur de Gurzac, à rente foncière, certaines dépen-
dances du village de Goussac.
Melchior de Maulmont, baron de Saint-Vitte, etc., fils de Florent
(1) La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse: Généalogie de
la maison de Maulmont,
306 SOr.IKT^ ARCHEOLOGIQUE Et HISTORIQUE DÛ LIllOÙSlK
de Maulmont, rend hommage au roi, le 3 avril 1684, pour la baron-
nie de Saint-ViUe, La Croisille, LeCbassaing, Le Châtenet, Lavaad,
Goussac et Sussac.
En 1747, le hameau de Coussac comprenait 14 maisons; au
recensement de 1901, il n'y en avait plus que 9 pour 43 habitants.
Curzac s'est écrit aussi Cursac. — Hameau et seigneurie : Gnrzac
est situé sur la rive droite de la Briance, à l.SOO mètres du boarg
de Saint-Vittei son chef-lieu de commune, et à 420 mètres environ
au-dessus du niveau de la mer. Ce hameau est traversé par le che-
min de grande communication n'^ 31, dénommé de Chamberet à la
gare de Nexon; au point de vue du réseau ferré, il est desservi
par la gare de Saint-Germain-les-Belles, dont il est à 6 kilomètres
environ. Son bureau de poste est celui de Saint-Germain.
Au IX* siècle, le village de Gurzac était le chef-lieu d'une vicairie,
vicaria Cursiacensis, circonscription territoriale sur laquelle s'exer-
çait la juridiction d'un officier inférieur au comte (1).
Le nombre des maisons de Gurzac nous parait avoir été, dès le
xvi« siècle, à peu de chose près ce qu'il était en 1747.
En 1747, on comptait il maisons à Gurzac ; au recensement de
1901, la population était de 83 habitants et le nombre des maisons
de 12.
Le château, construction du début du xv* siècle, est édifié à très
petite dislance de Textrémité du promontoire qui sépare la vallée
d'Âuzier de celle de la Briance. A l'instar de beaucoup de châteaux
du XV' siècle, celui de Gurzac comprenait un corps de logis à trois
étages, flanqué de quatre tours d'inégale grosseur; il n'en subsiste
que deux, celles de la façade S.-O., ou façade de la Briance. Vers
le milieu du xvp siècle, la tour du nord fut démolie, et l'escalier
en vis qu'elle contenait, remplacé par l'escalier actuel, qui est à
deux volées droites par étage. Quant à la tour de l'est, la plus
haute et la plus grosse des quatre (2), elle contenait la prison à
laquelle on n'accédait que par le premier étage du corps de logis.
Gette tour fut démolie en 1718, parce qu'elle était devenue une
cause d'insécurité.
Dans l'une des salles du premier étage du corps de logis, on voit
des poutrelles à caissons dont le dispositif serait semblable à celui
qui nous est signalé au presbytère de Gahors.
A onze mètres au nord et parallèlement au château se trouvait là
(i) Renseignement fourni par M. le chanoine Lecler, aumônier de
Naugeat.
(2) Archives du château de Curzac, Ail.
SAINt-VÏtTE 30*1
chapelle (1). Gelle-ci ayait été construite, vers 1S36, par ordre de
Jean de Meillars, cheyalier, seigneur et justicier de Meillars, de
Gurzac, et de Flomont, après qu'il en eût obtenu l'autorisation de
révéque de Limoges. Cette chapelle fut désaffectée vers 1732 et
aménagée en maison d'habitation pour le personnel d'exploitation
d'une réserve créée près le château (2) ; elle fut démolie en 1890.
Au nord-ouest du château et à quarante-cinq mètres environ de
lui, on voit une construction du xvi* siècle. Dans les actes de ta (in
du XVI* siècle, nous la trouvons mentionnée sous le nom de « La
Maison-Neuve » ; depuis la fin du xvii* siècle, elle fut toujours
désignée sous celui de « le petit château ». Cette Maison-Neuve ou
petit château fut édifié vers le même temps que la chapelle, quelques
années auparavant probablement. Un escalier en vis permettait
d'accéder aux combles; on aperçoit encore la trace de cet escalier
sur la façade est (3).
A l'intérieur du petit château, certaines parties des murs portent
encore trace de fresques assez grossières, dont les motifs rap-
pellent l'époque Louis XII. A droite et à gauche d'une ancienne
cheminée, on distingue encore deux portraits en buste, à moitié
effacés, l'un d'homme et l'autre de femme, présentés de trois
quarts; les personnages sont vêtus de costumes qui rappellent
répoque François P'. Ces portraits sont évidemment ceux de Jean
de Meillars, et de Marguerite du Saillant, sa femme, qui firent cons-
truire celle maison neuve, la chapelle, ainsi que l'escalier acluel du
grand château.
Le petit château sert présentement de grenier pour les grains des
propriétaires.
Lors de la Révolution, Curzac faisait partie des élection, séné-
chaussée et généralité de Limoges. Le château était le siège d'une
seigneurie de haute et moyenne et basse justice, circonstance qui
conférait au seigneur du lieu, le titre de haut justicier dont le qua-
lifiaient les actes dressés dans le ressort de sa justice.
D'après certains terriers, se trouvaient être de la justice de
Curzac : 1*" dans la paroisse de Saint- Ville : le village de Curzac
avec toutes ses dépendances ; les tenues de Pontfeuille, de Thé-
nèze el de Puyguillaume, de Précoste, de Peychaud, Budelarie et
(1) Arch. du château de Curzac, A. 11
(2) Depuis 1674, le cliàleau n'étail plus habité et les propriétaires ne
paraissaient devoir Thabiter de longtemps.
(3) Lors du pillasse de Curzac par le chevalier de Meillars et ses amis,
le 30 octobre 1681, c'est le petit château qu'habitait le receveur de la
seigneurie, 0. 6.
30Ô SOGléré ARCnéoLOGIQtJfi et HISTOHIQUE DD LlMOUStK
Pré-Paradis ; les tenues de Gurzac et de Ronsselie, sises dans les
dépendances de Coussac ; les villages d'Auzier et de La Bemau-
derie avec leurs dépendances, ainsi que les tennes de Gonstanti-
nerie, Foulenour et Bosnègre ; le village de La Tronche avec ses
dépendances; le village d'AuIliat avec ses dépendances, y compris
la tenue de Ghaveribiëre ; 3* dans la paroisse Saint-Méard : le vil-
lage de La Valade avec toutes ses dépendances, les villages du
Masmousset, de La Yialle, de Viers avec toutes leurs dépendances;
la tenne du Theil, située dans les dépendances du Rouvereau ;
3"* dans la paroisse de Saint-Germain : les tenues du Maschatain,
des Bettes, de La Plagne ; 4"* dans la paroisse de Glanges : les
villages de Glangettes et de La Rigondie avec leurs dépendances.
Le corps judiciaire de Gurzac élait composé, à Tinstar de celui
de toutes les juridictions seigneuriales, de : un juge, lieutenant de
juge, un procureur d'office ou procureur fiscal, un greffier.
Le baron L de Gorbier, dans : Montaigut-le-Blanc, son château^
sa chdtellenie, .ses possesseurs (i), pages 13 et suivantes, définit
ainsi le rôle des différents membres du corps judiciaire. « Le lieu-
tenant du juge élait chargé de remplacer le juge; souvent même il
en faisait fonctions. Venait ensuite le procureur d'office, person-
nage important, actif, chargé de faire appliquer la loi, poursui-
vant les délinquants. Il était le représentant du seigneur justicier,
prenait ses intérêts, faisait exécuter ses ordres; il remplissait
1 office de nos procureurs près les tribunaux.
j) Ges diverses fonctions étaient à la nomination du seigneur,
mais les personnes nommées devaient ensuite se faire agréer par
les magistrats de la sénéchaussée, afin de justifier de leurs capa-
cités.
» l^e greffe était souvent loué ou donné à un titulaire qui en
devenait possesseur.
» Auprès de la juridiction seigneuriale, il se trouvait des prati-
ciens, c'est-à-dire des hommes de loi, plus ou moins teintés de
connaissances juridiques, sorte d'avoués qui étaient chargés d'ins-
truire les procès, conseiller les parties et les représenter devant la
justice; ces fonctions élaient libres, jointes parfois à une autre
charge, comme celle de notaire ».
Les archives du châtean de Gurzac ne contiennent que fort peu
de documents relatifs à la justice, parceque ceux-ci, lors de la
suppression des justices seigneuriales, furent versés au greffe de
Limoges.
(1) Montaigui-Le Blanc, son château^ sa châlellenie, ses possesseurs,
par le baron L. de Corbicr. Paris, Alph. Picard et fils, 1902, in-8.
SAiNT-ViTTfi 300
Le droit pour la seigneurie de Curzac à la justice haute et
moyenne et basse fut acquis par Jean de Meillai-'s, du roi de Na-
varre, par contrat du 7 février 1541. Très peu de temps après, le
même Jcan de Meillars acquérait les droits de fondalité, directité,
justice hante, moyenne et basse, les cens, rentes et tous droits
seigneuriaux sur le village de La Tronche, puis successivement
ceux des droits qu*il n'avait pas sur les villages qui constituèrent la
justice dite de Curzac.
Parmi ceux qui furent de la justice de Curzac, nous relevons les
noms suivants :
Maître Gabriel Desmaisons, était juge, aux 11 mai 1621 et 27 sep-
tembre 1627 ;
M<^ N... Chassagnas, était lieutenant de la cour ordinaire do
Curzac, au 25 septembre 16^8 ;
M*N... de la Rigondie, succéda au précédent dans l'office de
lieutenant ;
M* N... Doudinot, était juge de Curzac au 1*' novembre 1681 ;
M'N... Gorse, était juge au 22 juin 1685, et N... Deloménie, se
trouvait procureur d'office ;
M' Joseph Âllouveau, s*" de Montréal, avocat en parlement, était
juge de la juridiction de Curzac aux 2 et 30 août 1706, et Louis
Defaye, y était procureur d'office ;
M' Pierre Guiihen, ancien postulant de la juridiction ordinaire,
était juge de cette juridiction au 27 août 1717 ; à celle même date,
M® Pierre Michel était l'un des postulants à la môme juridiction, et
M* Louis Defaye, procureur d'office ;
A la date du 19 novembre 1726, N... Doudinot, juge de Curzac,
condamna le nommé Pierre Guér..., laboureur du village de La
Vialle (paroisse de Saint-Méard), pour crime d'assassinat, « à faire
amende honorable devant la chapelle du château de Curzac, puis
à élre pendu-étranglé à une potence, devant le château, jusqu'à ce
que mort s'ensuive ; de plus, ses biens soumis à une amende de...
envers les enfants de sa victime ».
Sieur Joseph Doudinot de La Gourganderie, était juge au 20 sep-
tembre 1757. A la même date, le sieur Léonard Rougier, du Pont,
qui était procureur postulant et procureur d'office, cessa d'être
procureur d'office; le sieur François Michel est nommé à sa place.
Lors de la Révolution, le juge de Curzac était M* N... Leysenne
qui, en même temps, était notaire à Saint-Germain.
La seigneurie de Curzac relevait à fo^ et hommage lige du vi-
comte de Limoges. D'après les ccrtiQcats délivrés par le bureau
des finances de la généralité de Limoges, les plus récents aveux
T. LV 20
310 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
reDdas au roi, en sa qualité de vicomte de Limoges, par les sei-
gneurs de Gurzac, furent :
En 1667, par Julie de Salagnac, dame de Heillars, veuve de Teu
messire Philippe, marquis de Meillars, baron de La Croisille, sei-
gneur de Gurzac, Brive, etc., maréchal de camp dans les armées
du roi, chevalier de Tordre de Sainl-iMichel.
Au 28 mai 1685, par François-Pierre de Marlin, chevalier, soi-
gneur de Terrerort, Tcriitume^ de la maison noble de Martin en
Meilhan, etc., conseiller en la graad*chambre du Parlement de
Guyenne, pour une moitié de la terre et seigneurie de justice de
Gurzac, et par Pierre de Marlin, chevalier, seigneur, baron de
Lanbardemont, Saint-Denis de Piles, Saint-Georges de Guitres,
maire et gouverneur de Libourne, capitaine au régiment de Pi-
cardie, frère du précédent, pourTaulre moitié de la dite terre et
seigneurie.
Au 14 août 1716, par Antoine-Joseph de Marlin de la Baslide,
chevalier, seigneur de la Bastide, Uzurat, etc., président honoraire
des trésoriers de France au bureau de la généralité de Limoges,
pour une moitié de la terre et seigneurie de Gurzac, et par Bernard
de Marlin, seigneur du Tyrac, etc,, pourTaulre moitié.
Au 12 juin 1769, puis au 20 décembre 1776, par Martial-Léonard
de Marlin-Labastide, chevalier, seigneur de Verlhamon et justicier
de Gurzac.
Les plus anciens seigneurs de Gurzac dont fassent mention nos
archives appartiennent à la maison noble de Meillars. Gelle-ci
portait pour armoiries : d'or^ à trois pals de gueules ^chargés chacun
de trois étoiles d'argent.
Nous ne savons au jusle à quelleépoque ni comment la seigneurie
de Gurzac entra dans la maison de Meillars. Nous pensons qu^elle
lui fut portée par le mariage de Hugues Bamnulphe de Meillars,
seigneur de Meillars, avec Gatherine de Maulmont, fille de Bertrand
de Maulmont, seigneur de Sainl-Vilte, et de Hélis de Bonneval.
La seigneurie serait venue à Gatherine de Maulmont et à Alexan-
dre de Maulmont, seigneur de Sainl-Viiie, son frère, non par
héritage direct, puisque le seigneur de Saint-Vitte, leur père, ne
fut point qualifié seigneur de Gurzac, mais en ligne collatérale, ce
qui ne nous éclaire pas sur les anciens possesseurs. Get héritage
dût être recueilli peu de temps après 4402, époque du mariage de
ladite Gatherine. Hugues Ramnulphe de Meillars et Alexandre de
Maulmont, son beau-frèrje, puis à sa suile Gilles de Maulmont, fils
du dit Alexandre, sont qualifiés seigneurs de Gurzac, simultané-
ment dans des actes différents (1).
(1) Arch. du château de Gurzac, B 44, p. 84.
SAiNT-VtTTE 3ll
Voici quelques acles des archives du châleau qui nous ont paru
offrir un certain intérêt général, en tant qu'ils fournissent quelques
renseignements sur les seigneurs de Gurzac ou les mœurs de
répoque.
Copie en français, d'une monition générale {$ic) datée du
11 avril 1390, publiée au prône de l'église paroissiale de Saint-
Méard, par laquelle le seigneur évéque de Limoges enjoint, sous
peine d'excommunication, à tous ceux qni cachent des terriers,
d'avoir à les exhiber à la requête de noble Hagnet (sic) de La Por-
cherie (1), veuve et héritière universelle de feu noble Hélie Galen-
gaud (2), chevalier, seigneur du Repaire, noble de Martageix (pa-
roisse Sainl-Méard), et pour lors, consorte de noble Bernard (sicj
Ranoulphe (3).
Sous la date du 8 février 1405, un contrat d'acquisition aux ap-
partenances de Marlageix, en faveur de noble « Bardino Ramnul-
phi », seigneur de Meillars, d'un pré dénommé Pcyrat (4).
Hugues Ramnulphe, seigneur de Meillars (8), épousa en 1402
Catherine de Maulmont, tille de Bertrand (II) de Maulmont (6),
chevalier, seigneur de Saint- Vilte, et en partie de Gimel, et de
Hélis de Bonneval, sa femme.
À la date du 27 octobre 1444, par contrat de Doudinot, notaire,
nobles Hugues et Bardin (Bardino) Ramnulphe, damoiseau, père
et fils, seigneurs de Meillars et de Curzac, consentent un bail à
rente foncière et directe, sur le mas de Martageix-le-Soutre, le lieu
du Rouveix, le lieu de Bonnemie, et le mas de Yiers (situés
paroisse Saint-Méard) ;
À la date du 5 juin 1445, Hugues Ranoulphe de Meillars et Louis
(1) Arch. du château de Curzac, B 45, p. 7. Dame Hagnet de La Por-
cherie est dite avoir pour mère demoiselle Pétronille Malougilhe.
(2) Même source, B 45, p. 7. Noble Hélie Galengaud vivait en sep-
tembre 1347; en juillet 1371, il fonde en Téglise de Saint-Méard une
vicairie perpétuelle, à laquelle il attache des cens et rentes. Le contrat
de dotation de cette vicairie fut passé par Maître Pierre Grenouillère,
prêtre et notaire, « le ^eudi après la feste de la Sainte-Magdeleine,
1371 ». Mêmes arch., B 45, p. 4 et 2.
(3) Le nom de Bernard est la façon dont le traducteur de la Monition
a traduit le nom « Bardino Ramnulphi », que nous voyons dans Tacte en
latin, qui suit, nom qui très exactement se rapporte à la même personne.
(4) Arch. du château de Curzac, B 45, p. 40.
(5) Fils de Bardin Ramnulphe de Meillars et de Hagnet de La Por-
cherie.
(6) La. Chb3na.yb-Desbois, Dictionnaire de la, noblesse : Généalogie de
la maison de Maulmont.
312 sociéré archéologique Ist utsTORiQUtt du liHoùsiN
de Pierrebofflëre, seigneur de Ghàteauneuf, font échange des
?illages de la Gorse el de Yiers ;
A la date du 13 janvier 14Si, Hugues Ranoulphe de Meillars
échange divers héritages situés en la paroisse de Saint-Vitte ;
Hugues Ramnoulphe de Meillars, chevalier, seigneur de Meillars
et Gurzac, testa en 14S1 ; dans son testament, il nomme Alexandre,
son beau-frère, pour son exécuteur testamentaire et lui demande
de vouloir bien le faire enterrer à Saint-Vitte ;
A la date du 23 février 1481, Bardin Ramnulphe, seigneur de
Meillars et Gurzac, fils de Hugues Ramnulphe, obtient des lettres
de chancellerie lui confirmant les dîmes de la paroisse de Saint-
Méard ; à la date du 19 juillet 1482, noble Bardin Ramnulphe de
Meillars, seigneur de Meillars et de Gurzac, damoiseau de la pa-
roisse de Saint-Vitte, haut dimier de la paroisse de Saint-Méard,
consent à Maître Jean Gilet, prêtre, curé ou chapelain de Téglise
paroissiale de Saint-Méard, pour lui et ses successeurs, à titre de
supplément aux soixante setiers de blé qu'il touche déjà, vingt-
cinq autres setiers de blé, ainsi que le huitième de la dtme que
le dit seigneur a droit de lever et percevoir en la dite paroisse de
Saint-Méard, avec le doyen du chapitre de Saint-Germain, le prieur
de Saint-Léonard et le seigneur d'Eschizadour, lequel huitième
ledit Bardin Ramnulphe a acquis précédemment de noble Pierre
Rudelle.
Les seigneurs de Gurzac qui suivirent sont :
Julien de Meillars, chevalier, seigneur de Meillars et de Gurzac,
fils du précédent ; il eût pour femme Anthoinette de Lachassai-
gne (1) ; au 9 février 1516, les tenanciers de Martageix, Le Rouveix,
Viers, etc., le reconnaissent pour leur seigneur foncier et direct.
Il testa le 12 avril 1525, par Suduiraud, notaire.
Jean de Meillars, chevalier, seigneur et justicier, de Meillars, de
Gurzac elde Flomont {alias Flaumonl) (sis près de Meyssac, en Bas-
Limousin), Gis des précédents, eût pour femme Marguerite du
Saillant de Flomont (2), qu'il épousa par contrat sans filiation, du
9 juillet 1536. Jean de Meillars acquit, par contrat du 30 décem-
bre 1532, la dtme des fiefs de la paroisse de Saint-Vitte; puis, par
contrat du 7 février 1541, le droit pour les seigneuries de Meillars
et de Gurzac, à la haute, moyenne et basse justice; enfin, peu de
(1) Lachassaigne portait : D'azur à deux étoiles d'or en chef, el un
croissant d'argent en pointe (Nadaud, Nobil. du Limousin),
(2) Du Saillant portait : De sable à une aigle éployée d'or, écartelé
d'argent, au lambel de trois pendants de gueules, en fasce (Nadaud,
Nobil. du Limousin).
SAINT-VITTE 313
temps après, les droits de fondalité, direclité, justice haute,
mojenne et basse, les cens, rentes et généralement tous les droits
et de?oirs seigneuriaux sur le village de La Tronche, puis ceux des
droits qu*ils n'avaient pas encore sur ceux des villages qui furent
de sa justice.
En 1565, Charles de Haulmonl, seigneur de Saint- Vitte, La Croi-
sille, Beauvais, fait une constitution de rente à Marguerite du
Saillant et à Jean de Meillars, son mari. Ce dernier testa et codi-
cila au château de Curzac les 22 avril 1551 et 3 juin 1556. Quant à
Marguerite du Saillant, elle survécut à son mari. Elle acquit au
village de Curzac, le 8 décembre 1570, au nom du seigneur de
Curzac, son fils ; elle testa le 5 avril 1572.
François de Meillars, seigneur justicier de Meillars, de Curzac,
seigneur de Flomont, Saint-Rabier (canton de Terrasson, en Péri-
gord), Brie, en Limousin, paroisse de Tarn, près Aixe, Brie en
Poitou (commune de Cbampagnac), chevalier de Tordre du Saint-
Esprit, fils des précédents, épousa, par contrat du 4 juin 1564,
Catherine de Brie (1), laquelle était fille de Jehan de Brie, seigneur
desdits lieux de Brie en Poitou, de Brie en Limousin, et de Noyéras
près Aixe. François de Meillars testa au château de Curzac le
22 juillet 1570; il fut tué en 1578. Quant à Catherine de Brie, elle
testa le 17 octobre 1580 en faveur de Jean, son fils.
Jean de Meillars, chevalier, seigneur de Curzac, de Flomont, de
Brie en Limousin, et de Brie en Poitou, de Saint-Rabier en Péri-
gord, Le Mas en Marche, Laurière, I^nault, Bonneuil en Berry, fut
rhëritier universel de Catherine de Brie, sa mère ; il épousa, en
Véglise Sainte-Marie de Châteauneuf, en exécution du- contrat du
5 juillet 1592, passé par Montintin et Nicolas Desgéraulds, notaires,
dame Jeanne de Pierrebuffière de Châteauneuf (2), laquelle était
fille de haut et puissant François de Pierrebuffière, vicomte de
Combom, baron de Châteauneuf et de Peyrat, et de dame Jeanne
de Chabol, son épouse. Jean de Meillars testa au château de Meil-
lars le 2 septembre 1621, mais il ne mourut que vers le mois
d*aoât 1622.
Philippe de Meillars, chevalier, seigneur et marquis de Meillars,
baron de La Croisille, conseiller d'Etat, seigneur de Curzac et de
Brie, etc., maréchal de camp dans les armées du roi, chevalier
de Tordre du Saint-Esprit, fils des précédents, était calviniste mais
(1) De Brie portait : cf'or à trois lions rampants de gueules, armés,
lampassés et contournés de sinople, 2et 1 (Nadaud, Nobil. du Limousin)*
(2) Pierrebuffière portait : de sable, au lion d'or.
314 SOCIÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
mourut catholique. II épousa, par contrat du H mai 1621, Julie de
Salagnac (1), fille de feu Isaac de Salagoac, seigneur de Rocbefort
(paroisse de Séreillac), baron des Etangs, vicomte de Rochemeaux,
et de dame Olympe Green de Saint-Marsault. Philippe de Meillars
testa le 22 décembre 1653 en faveur de sa femme et mourut le
lendemain dans son château de Meillars. Quant à Julie de Salagnac
qui, elle aussi é(ait calviniste, elle se fit instruire, à Limoges, par
le père Leau, de la Compagnie de Jésus, et se fit catholique (2).
Elle testa à Limoges le 27 septembre 1691 (3).
Pierre de Martin, seigneur de Terrefort, Tertifume, etc., con-
seiller en la cour do Parlement de Bordeaux, et Jean de Martin de
Laubardemoni, conseiller d*Etat, son frère, tous deux héritiers de
feu Jean de Marlin leur père, succédèrent à Messieurs de Meillars
dans la possession de Gurzac, en vertu d'an arrêt contradictoire
de la chambre de TEdit de Castres, rendu le 24 novembre 1640,
qui leur adjugeait cette terre en paiement d'une somme capitale
de 31,333 livres que leur devait Monsieur de Meillars, et pour la
garantie de laquelle dette, Jean de Martin leur père, dès le
2 octobre 1613, avait été amené à faire saisir tous les biens de
Jean de Meillars, seigneur de Meillars, Curzac, Brie, etc..
Toutefois, de l'arrêt rendu à son exécution, il ; avait loin. Lors-
que MM. de Martin voulurent prendre possession ils ne purent
faire exécuter le décret par suite des traverses ^utenues de voies
de faits que M. de Meillars et les siens mirent en usage, de sorte
qu'ils durent obtenir un second arrêt (19 mai 1655), qui demeura
de même, sans effet, puis un troisième (14 août 1657) qui ordonnait
Texéculioivde celui de 1640 et commettait le premier officier royal
des lieux pour mettre MM. de Martin « en possession réelle, actuelle
et corporelle de la terre de Curzac », avec défense d'y apporter
aucun empêchement à peine de 4,000 livres d'amende, et injonc-
tion à tous magistrats, consuls, prévêts et autres sujets du roy de
prêter main forte.
Mais la résistance de M. de Meillars (Henry-Annet, marquis de
(1) Salagnac portait : bandé d'or et de sinople de six pièces, (Nadaud,
Nobiliaire du Limousin).
(2) Nadaud, Nobiliaire du Limousin.
(3) Les fils de Philippe de Meillars et de Julie de Salagnac furent :
1° Henry-Annet, qui vivait au 19 mai 1660 mais parait être mort très
peu après; 2° Jean-Marie, marquis de Meillars, vivait au 30 octobre 1681;
il était mort au 4 octobre 1719 sans s'être marié; 3« Jacques de Meillars,
• comte de Meillars, dit le chevalier de Meillars ; il testa à Limoges, où il
était malade, le 1" août 1086.
SAINT-VITTE 315
Meillar8) et de ses frères (1) 80ulenus par une troupe de soldats
rendit une seconde fois les arrêts inutiles, ce qui élant venu à la
connaissance du roy, Sa Majesté par une lettre de cachet expédiée
par M. Letellier, lors secrétaire d*£tat, donna ordre au gouverneur
et au lieutenant du roy de la province de tenir la main à l'exécution
des arrêts.
Le marquis de Meillars n'osant s'opposer à un ordre si précis,
laissa pénétrer dans le château le grand prévôt du Limousin,
chargé de ces ordres. Messieurs de Martin n'en furent pas plus
avancés pour cela, car Messieurs de Meillars mirent une sorte de
siège devant le château ce qui obligea Messieurs de Martin à y
entretenir pendant dix mois une garnison de vingt-cinq hommes;
on en venait tous les jours aux mains, c'était une guerre ouverte
qui causait des frais considérables sans aucun profit, parceque
M. de Meillars s'était emparé des dix métairies. Enfin le roy informé
de cette rébellion trouva à propos d'envoyer sur les lieux M. de
Givry, l'un des exempts de ses gardes du corps. Celui-ci dressa
procès-verbal de l'état des choses, le 17 juillet 1661, mit Messieurs
de Martin en possession de la terre de Gurzac et de toutes ses dépen-
dances, et demeura trois mois au château, à leurs frais, pour leur
en assurer la paisible jouissance en même temps que pacifier le
pays.
M. de Meillars voyant que les voies de fait lui étaient interdites,
eût recours à la ruse. Il proposa un accommodement que Messieurs
de Martin voulurent bien accepter, préférant perdre une partie de
leur dû pour s*assurer le reste, que de se conserver la propriété
d'une terre qui, selon toutes les apparences, serait pour eux et
leur postérité une perpétuelle occasion d'inquiétude.
Dans cette vue ils passèrent une transaction le 21 août 1662, par
laquelle ils réduisirent leur créance qui montait pour lors à plus
50,000 livres, à la somme de 28,000 livres que M. de Meillars
promit de leur payer dans un délai de quatre années. Ce dernier
consentait que « faute par luy de satisfaire aux conventions et
payements promis, Messieurs de Martin pourraient en conséquence
du décret du 24 novembre 1640, et sans forme ni figure de procès,
se remettre dans ladite terre de Curzac, lui Meillars promettant de
n'y apporter aucun trouble n'y empêchement ».
Une fois remis en possession de Curzac, le marquis de Meillars
(Jean-Marie de Meillars) se garda bien de remplir les engagements
qu'il avait pris. Le délai expiré Messieurs de Martin eurent
(1) Lesquels étaient fils de feu Philippe de Meillars, marquis de Meil-
lars, et de Julie de Salagnac.
316 SOCléTÉ ARCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
néanmoins la patience d*attendre durant trois années encore les
effets de ses promesses, après quoi voyant qu'on n*avait pensé
qu'à les amuser de belles paroles, abusant ainsi de leur bonne foi,
ils se remirent en possession de la terre — (en vertu d'une ordon-
nance du lieutenant général de Limoges datée du 23 février 1668,
laquelle ordonnait qu'ils y seraient remis en exécution du décret
de 1640 et conformément aux clauses de la transaction) — après
néanmoins avoir averti M. de Meillars de leur intention, par un
acte du 9 janvier précédent.
Julie de Salagnac, marquise douairière de Meillars, mère du
marquis, voulut s'y opposer et à cette fin présenta un requête à
M. Daguesseau, lors intendant à Limoges, alléguant que son fils
lui avait abandonné Curzac pour le remplacement de ses droits,
mais sur le seul exposé de sa requête M. Daguesseau rendit une
ordonnance, le 28 juin, 1668, portant que le décret de l'édit de
Castres serait exécuté.
M""* de Meillars n'insista plus, en sorte que Messieurs de Martin
demeurèrent possesseurs paisibles, et firent tous actes de proprié-
taires comme ils faisaient avant la transaction. Cette tranquillité
dura jusqu'en 1674, époque à laquelle le marquis de Meillars et le
chevalier son frère, sous prétexte qu'ils étaient commandés pour
Tarrière-ban, surprirent chacun une ordonnance du sénéchal de
Limoges qui leur accordait une provision de 3,000 livres pour eux
deux, sur les fruits de leurs biens saisis.
Munis de ces deux ordonnances Messieurs de Meillars se mirent
en devoir de les exécuter sur la terre de Curzac et comme début,
ils furent à main armée chasser les fermiei*s de Messieurs de Mar-
tin qui habitaient le petit château, y prirent et enlevèrent tout ce
qu'ils purent trouver à emporter. Dès qu'ils eurent connaissance
de ces faits. Messieurs de Martin portèrent plainte, et en même
temps appelèrent des deux ordonnances au parlementde Bordeaux.
Celui-ci par un premier arrêt daté du 19 octobre 1674 ordonna que
Messieurs de Martin seraient ainsi que leurs fermiers, rétablis et
réintégrés dans la terre et château, ce qui fut exécuté le 6 novembre
suivant, puis, par un autre arrêt rendu le 6 septembre 1675 —
(après que l'affaire lui eût été renvoyée par le Conseil privé devant
qui M. de Meillars l'avait à tort portée) — il ordonna la restitution
des effets dont Messieurs de Meillars s'étaient emparés lors de leur
invasion, ainsi que des fruits qu'il avaient perçus.
Cet arrêt fut signifié à M. de Meillars; il y forma opposition,
mais après la huitaine, et comme il prévoyait qu'il en serait
débouté, il se servit de ce prétexte pour former une instance au
conseil en évotion. Elle fut jugée le 22 août 1679, et les parties
SAINT- VITTE 317
furent renvoyées devant le Parlement de Paris. Mais H. de Meillars
jugeant lui même son opposition insoutenable, n'osa en poursuivre '
le jugement. Ainsi Messieurs de Martin demeurèrent propriétaires
de la terre de Gurzac en vertu du décret de 1640.
En 1680, les créanciers de M. de Meillars poursuivaient, devant
le sénéchal de Limoges le décret de ses biens. Le chevalier de
Meillars son frère, voulut faire comprendre la terre de Gurzac dans
les baux judiciaires, mais il n'y réussit pas, et par une sentence
contradictoire du mois d'octobre 1681, le sénéchal confirma
Messieurs de Martin en la possession et jouissance de leur terre.
Nonobstant celte sentence, le chevalier de Meillars, dans la nuit
du 30 octobre 1681, se rendit au château de Gurzac avec une troupe
de gens armés qui enfoncèrent les portes, bâillonnèrent les servi-
teurs, enlevèrent argent, meubles, bestiaux, grains et généralement
tout ce qu'ils purent trouver à emporter, tant dans les châteaux
que dans les domaines à la main du maître (1).
Lorsque la nouvelle leur en vînt MM. de Martin déposèrent une
plainte contre le chevalier de Meillars, puis replacèrent à Gurzac
une garnison de huit hommes qui y demeura trois mois. Quant au
chevalier de Meillars, il fut recherché, puis enfin arrêté et incar-
céré à la prison de Limoges le 7 février 1682, mais il en fut enlevé
deux jours après, par une troupe de ses amis, Tépée au poing (2).
(1) Le receveur de la terre logeait avec sa famille au petit château.
Le procès-criminel qui fut intenté au chevalier de Meillars à la suite de
son agression nocturne à main armée, nous apprend que ce receveur était
couché et dormait lorsque le chevalier de Meillars se présenta en compa-
gnie de parents, d^amis et de gens armés, au nombre de quarante environ.
Parmis les personnes qui Ty acompagnaient, nous relevons les noms
suivants : de Maulmont; deVeyssière frères; Melchior de Maulmont,
seigneur de Saint- Vitte, dit Monsieur de Saint-Vitte; le marquis de la
Tour; Joseph de Maulmont, dit le sieur de Saint- Vitte, fils aîné de
Monsieur de Saint- Vitte; Louis de Maulmont, dit le sieur de Lavaud,
frère de Joseph ; le chevalier de la Tour ; les sieurs de Bort (sic) frères,
lesquels étaient les neveux du seigneur de Saint- Vitte ; Leboucher, de
Bréjat; Lapeyre, de La Croisille; Labranchille, des Ages; Amboyras,
hôtelier et apothicaire à La Croisille ; Tapprenti de Tapothicaire Am-
boyras; Céladon, valet de chambre du marquis de la Tour (arch. du
château de Curzac, O, 6).
(2) Arch. du château de Curzac, O 6. Ceux des parents ou des amis
du chevalier de Meillars qui Tenlevèrent de prison Tépée au poing,
furent : N du Mas, chevalier de Peyzat, et N du Mas, sieur de
Lasserre son frère; le sieur de la Tour et le sieur de Combas son frère,
tous deux fils du feu sieur Prévôt, général de Limoges ; le chevalier dç
Narbonneys Taîné, et le chevalier son frère.
31S SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Avant, pendant et après ces événements, ta chicane toujours si
* féconde en expédients, usa de tous les procédés, fut devant toutes
les juridictions pour faire annuler 1 arrêt du 24 novembre 4640, ou
tout au moins en retarder le plus longtemps possible Teiécution,
mais MM. de Meillars après soixante-et-onze ans de lutte, durent
s'incliner enfin, et Curzac resta définitivement à MM. de Martin
(1684).
Durant le procès les deux Martin étaient morts : Laubardemont
vers 1655, et son frère en 1663 (1). M. de Laubardemont, sans hé-
ritier direct mftle, laissa tous ses biens à Pierre de Martin, écuyer,
capitaine au régiment de Picardie, Tun des fils de son frère; quand
au seigneur de Terrefort, ce fut son fils atné, François-Pierre de
Martin, conseiller en la GrandXhambre du Parlement de Guyenne,
qui hérita de sa moitié des dites terre et seigneurie de Curzac. Ces
dispositions firent que Curzac resta dans l'indivision, et celle-ci se
prolongea jusqu'au 12 juin 1730.
Pierre de Martin, capitaine au régiment de Picardie, seigneur et
baron de Laubardemont (sénéchaussée de Castelmoron), Saint-
Denis-de-Piles, Saint-Georges-de-Guitres (près Libourne), maire et
gouverneur de Libourne, co-seigneur justicier de Curzac du fait
des dispositions testamentaires de son oncle Laubardemont, fil do-
nation de ses droits sur la moitié de la terre et seigneurie de
Curzac, par contrat du 5 mai 1690, à Jean-François de Martin,
chevalier, seigneur de La Bastide, La Bregère, Uzural, etc., pré-
sident des trésoriers de France au bureau de la généralité de Li-
moges, moyennant une rente viagère de 800 livres. Quant à
François-Pierre de Martin de Terrefort, son frère, co -seigneur
pour Vautre moitié de Curzac, il décéda, sans enfant, à Paris le
11 mai 1699.
La succession de Pierre de Martin de Terrefort, conseiller en la
Cour du Parlement de Bordeaux, avait été la cause d'un procès
entre François-Pierre, son fils aîné, et l'un des cadets dudit Fran-
çois-Pierre, et l'issue du procès ne fut connu qu'après la mort du
premier. Le jugement rendu ayant été défavorable à François-
Pierre, Denis-Hyacinthe de Martin de Marcellus son frère et aussi
son héritier, fut condamné par décision arbitrale du 14octobre 1702
à restituer la moitié de Curzac à Jean-François-Ârthur de Martin
du Tyrac et Louis Martin de Bellassisse, tous deux frères, ses
cousins.
Mais, M. de Bellassisse n'ayant pas d'enfant màle, à sa mort, la
(1) Son testament est tout au tnoins daté du 18 juillet 1662.
SAINT-VITTE 319
substitation qu'avait autrefois ordonnée Pierre de Martin de Ter-
refort (testament du 18 juillet 1663) pour le cas ou Tun quelconque
de ses héritiers viendrait à décéder sans enfant mftie, recul encore
une application et cette nouvelle substitution eât pour résultat de
faire passer sur une seule tête, celle de Jean-François-Arthur de
Martin du Tyrac, la partie de Curzac qui était échue à M. de Bel-
lassisse. M. du Tyrac, par contrat du 30 septembre 1695, avait
épousé M"» Marie-Anne Poitevin ; il mourut entre le 20 juin 1716
et le 14 juillet 1717 laissant plusieurs enfants, dont Bernard, Tainé,
qui, devenu co-seigneur de Curzac, vendit le 12 juin 1730, alors
qu'il était devenu majeur, sa part (moitié) dans la dite seigneurie,
à Antoine- Joseph de Martin, chevalier, seigneur de la Bastide, la
Bregère, Uzurat, Tranchillon, etc., président honoraire des tré-
soriers de France au bureau de Limoges, déjà propriétaire de
l'autre moitié, comme lui étant échue dans la succession du feu
seigneur de la Bastide, son père.
Martial-Léonard de Martin-Labastide, chevalier, seigneur de
Verthamon, aine des enfants d'Antoine-Joseph, hérita de la sei-
gneurie de Justice de Curzac, mais comme il n'eut pas d'enfant
mâle, après sa mort survenue le 10 novembre 1791, Curzac revint
à Jean-Baptiste Martin de la Bastide, son neveu.
A la mort de Jean-Baptiste Martin de la Bastide, baron de la
Bastide (181S), la terre de Curzac fut à son iils unique, Pierre-Hip-
polyte, dont les héritiers sont aujourd'hui les propriétaires.
Jusqu'en 1880 la terre du Curzac comprenait dix domaines et
deux moulins; depuis, elle comprend un onzième domaine obtenu
par le dédoublement du domaine de Toulon. Des deux moulins,
l'un est situé sur la Briance, l'autre sur le ruisseau d'Auzier.
L'ancienne seigneurie de La Croisille, était chargée envers celle
de Curzac des droits d'usage, de chauffage et des bois à bâtir; il
est vraisemblable que ces droits avaient été concédés par les sei-
gneurs de La Croisille à ceux de Curzac, en dédommagement de
prétentions ou de droits qu'ils pouvaient avoir en la dite terre. En
1719, lors de la vente de la terre de La Croisille saisie sur les
Meillars(l), les créanciers de ces derniers, rachetèrent aux co-sei-
gneurs de Curzac, les droits d'usage, de chauffage et de bois à
bâtir, qu'ils avaient dans la forêt de La Croisille.
(1) Philippe de Meillars, marquis de Meillars, baron de la Croisille,
seigneur de Curzac, était devenu propriétaire de la terre et seigneurie
de La Croisille, par Tadjudication qui lui en fut faite, le 2 avril 1643,
dans le partage de la fortune de la marquise de Pierrebuffière-CbÀteau-
neuf, sa parente.
320 SOCIÉTÉ ARCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Les seigneurs de Curzac avaient des droits aux dtmes inféodées
qui se percevaient dans les paroisses de Saint-Vitle et de Saint-
Méard.
Dans les grandes dîmes qui se perçurent en 1658 dans la pa-
roisse de Saint-Vitte; au prorata de leurs droits il leur fut octroyé
trois seliers un quart de froment; vingt setlers seigle; cinq
setiers d'avoine; on voit par là que leurs droits étaient peu im-
portants, en la paroisse de Saint-Vitte.
Dans la paroisse de Saint-Méard, les seigneurs de Curzac avaient
des droits beaucoup plus considérables. G*était d'abord le droit à
la moitié des grandes dimes qui s'y percevaient, puis au quart de
Tautre moitié (1); en6n, seuls ils avaient droit aux dimes qui se
percevaient au village de Toulon, dans le canton dénommé : la
franchise de Curzac.
La Baubene, hameau situé à 460 mètres ou environ, au-dessus
du niveau de la mer.
En 4747 on comptait à la Bauberie six maisons ; au recensement
de 1901 on n'en comptait plus que cinq, et 29 habitants.
Avant la Révolution, la Bauberie relevait de la justice du cha-
pitre de Saint-Germain.
La Boirie, ancien village qui n'existe plus aujourd'hui.
A la date « du dimanche que l'on chante Jérusalem 1360 »
(4* dimanche de Carême 1360), par contrat de Suduiraud, notaire,
Pierre de Journial, écuyer, seigneur de Saint- Vict, reconnaît devoir
une renie annuelle de huit setiers de blé-seigle, mesuré avec une
rasoire, à la mesure censuelle de Saint-Vicl, à noble Hélie Galen-
gaud, chevalier, seigneur de Marlageix, à raison et cause des vil-
lages appelés de la Peyrousse et de la Boirie, situés en la susdite
paroisse de Saint- Vict (2).
Le cadastre de 1747 ne fait pas mention de La Boirie.
Lavalade, fief et hameau.
Le fief de Lavalade appartenait à noble Hugues d'Eschizadour,
sieur de Lavalade. Celui-ci étant mort sans enfant, laissa son fief
de Lavalade, à sa femme Suzanne de Maulmont, fille de Charles de
Maulmont, seigneur de Pontfeuille, et de Catherine de La Tour.
Suzanne de Maulmont ayant convolé en secondes noces, le 2 mai 1613,
porta Lavalade à Gabriel Jousselin, seigneur de l'Horte, fils de
Jean Jousselin et de Marguerite d'Eschizadour, son mari.
(i) Ils n'avaient plus toutefois la jouissance de ce i/8*, en ayant fait
donation perpétuelle, comme nous Tavons vu dans le cours de cette
étude, par contrat du 19 juillet 1482, au curé de Saint-Méard,
(2) Arch. du château de Curzac, B 45, page 5.
ÔAlNT-VlTTÉ 321
Les descendants de Gabriel Jousselin et de Suzanne de Maul-
mont possédaient encore ce Hef en 1747. A cette époque, le hameau
de Lavalade comprenait cinq maisons.
Au recensement de 1901, Lavalade ne comptait plus que quatre
maisons et 24 habitants.
Lavaudf ancien fief.
Ce fief appartint à : Melchior de Hauimont, baron de Saint-Ville,
qui en rendil hommage au roi le 3 avril 1684; ensuite à Joseph de
Maulmont, aussi baron de Sainl-Vitte, fils du précédent, qui en
rendit hommage au roi le 13 juillet 1719.
Au recensement de 1901 Tunique maison de Lavaud comprenait
8 habitants.
Lavergne, ancien fief et hameau.
Au moment de la Révolution, Lavergne se trouvait de la fonda-
lité d'un M. de la Planche, habitant de la ville d'Eymoutiers.
En 1747 le village de Lavergne comprenait 6 maisons; au recen-
sement de 1901 on n*en comptait plus que trois, pour 17 habitants.
La Peyromse, hameau.
En 1747 le village de La Peyrousse comprenait S maisons; au
recensement de 1901 on en comptait le même nombre, et 35 ha-
bitants.
La Tronche^ hameau situé à 450 mètres ou environ au-dessus
du niveau de la mer.
Au moment de la Révolution, le village de la Tronche relevait
de la justice de Curzac. En 1747, il comprenait sept maisons; lors
du recensement de 1901, on en comptait huit, et 36 habitants.
IjC bourg de Saint Vitte se trouve situé sur la rive droite de la
Briance, à 440 mètres, ou environ, au-dessus du niveau de la mer,
à cinq kilomètres de Saint-Germain-les-Belles.
Le bourg de Saint-Vitte est traversé par le chemin de grande
communication n"" 31 dénommé de Chamberet à la gare de Nexon.
Il est desservi malin et soir par le courrier de La Croisille.
En 1747 le bourg de Saint-Vitte comprenait 17 maisons; lors du
recensement de 1901 on n'en comptait plus que 14; le nombre des
habitants y était de 74.
Le Chassaing, ancien fief.
Le fief du Chassain appartint :
A noble Jean Couslin, damoiseau, seigneur du Ghassaing, qui
transige le pénultième jour de mars 1424, avec Adémar Rudier,
marchand; ce Jean Goustin acquiert le 10 avril 1434, de noble
Jean de la Gorse {aliàs de la Saigne-de-Ghâteauneuf) damoiseau ;
il est témoin, le 17 décembre 1438 dans un acte signé : G. Doudi-
32â SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IIIâTORlQUE DU LIMOUSIN
noii, presbyter. Ce Jean de Coustin avait un frère, Etienne Coaslin
qui était prévôt d^Arnac en 1448 ;
À Gilles Coustin, seigneur da Cbassaing : Charles de Maulmont,
seigneur d'Âragen et de Saint-Vilte en partie, lui consent une obli-
gation ;
A Agnel Coustin, seigneur du Cbassaing, que Charles de Maul-
monl, seigneur d'Âragen et de Sainl-Yllle en partie, nomme dans
son testament du 11 octobre 1331 pour son exécuteur testamentaire.
Il eut pour femme Marguerite des Monstiers. Les deux époux firent
le 8 octobre 1549 un testament mutuel dans lequel ils expriment
b volonté d'être inhumés en la chapelle des Coustin,
A noble Germain Coustin, écuyer, seigneur du Cbassaing, fils
des précédents. Par contrat en date du 18 décembre 1570 de Des-
gérauldx, notaire à La Porcherie, « noble Germain Coustin, écuyer,
seigneur du Cbassaing, habitant ledit château, vend à noble Mar-
guerite du Saillant, dame de Meillars et de Cursac, etc.. (1) ».
A noble Annet Coustin, écuyer, seigneur du Cbassaing, qui épousa
par contrat du 2 mars 1598 Isabeau de Montaignac.
A noble Gabriel Coustin, écuyer, seigneur du Cbassaing, qui
épousa Gabrieile de Montéruc, dame de Puymartin.
Le Cbassaing fut porté dans la maison de Maulmont par la dona-
tion qu*en fil Jeanne de Coustin, femme de Jean de Maulmont,
seigneur de Pontfeuille, par son testament du 24 juin 1624, à son
neveu Jean de Maulmont, fils d'autre Jean de Maulmont, sieur de
La forêt, et de Isabeau de Royère.
Melchior de Maulmont, baron de Sainl-Vilte, rend hommage au
roi, le 3 avril 1684, pour Le Cbassaing.
Joseph de Maulmont, baron de Saint-Vitte, fils du précédent,
rend hommage au roi, le 13 juillet 1719, pour Le Cbassaing.
Marie de Maulmont, baronne de Sainl-Vitle, dame du Cbassaing,
du Mas et de MaratTy, fille et unique héritière du précédent, et de
Charlotte de Maulmont, porta le fief du Cbassaing à François-Aimé
de Joussineau, marquis de Tourdonnet, qu'elle épousa le 12 février
1719. Leurs descendants possédaient encore Le Cbassaing à l'épo-
que delà Révolution.
De nos jours, on ne voit plus trace du château du Cbassaing,
dont il est parlé dans le contrat du 18 décembre 1570 (2). Il n'y
existe plus qu'un domaine et celui-ci se trouve aujourd'hui com-
pris dans les limites du bourg de Saint-Vitte.
(1) Arch. du château de Gurzac, G 8.
(2) Arch. du château de Gurzac, G 8.
SAINT-VITTE 323
Le Chdtenet, (ief et hameau.
Le Châlenet, aux xv* el xvi* siècle, est qualifié repaire, ou
maison uoble.
En 1631, Florent de Maulmont, baron de Saint-Vltte, seigneur
de Sénie, est qualifié seigneur du Ghâtenet.
Melchior de Maulmont, son fils, aussi baron de Sainl-Vitle et
seigneur de Sénie et du Ghassalng, lieutenant-colonel du régiment
d'Âubusson-La Feuillade, rend hommage au roi, le 3 avril 1684,
pour le fief du Ghfttenet.
Joseph de Maulmont, aussi baron de Saint- Ville, fils du précé-
deni, rend hommage au roi, pour le même fief, le 13 juillet 1719.
Marie de Maulmont, fille unique du précédent, porta le fief du
Châlenet dans la maison des marquis de Tourdonnet, par son
mariage avec François-Aimé de Joussineau, marquis de Tourdon-
net, qui eut lieu le 12 février 1719. Leurs descendants possédaient
encore Le Ghâtenet à Tépoque de la Révolution.
En 1747, Le Ghâtenet comprenait 4 maisons, dont 3 se trouvaient
appartenir au marquis de Tourdonnet, du chef de sa femme, et la
quatrième à M. du Bost, écuyer, descendant de Paule de Maulmont,
fille de Florent de Maulmont, baron de Saint- Vitte et de Louise
Plaisant.
Lors du recensement de 1901, Le Ghâtenet comprenait 3 mai-
sons et 38 habitants.
Le LU. — Au recensement de 1901, Le Lit comprenait 1 maison
et 7 habitants.
Le MaSf fief et hameau.
Le Mas est situé à 450 mèlres ou environ au-dessus du niveau de
la mer, sur le chemin de grande communication n*" 31 .
Le fief du Mas appartint à Gharles de Maulmont, seigneur du
Mas, de Maraffy el de Saint-Vitte en partie, lequel était le troisième
enfant de Florent de Maulmont, baron de Saint-Vitte et de Louise
Plaisant. Gharles de Maulmont épousa, le 28 juillet 1661, Margue-
rite de Pindray de Maraffy, laquelle testa le 13 juillet 1679.
Ensuite à Gharlotte de Maulmont, dame du Mas, de Maraffy, fille
du précédent, laquelle épousa Joseph de Maulmont, baron de Saint-
Vitte, par contrat du 9 juillet 1697. Enfin, à Marie de Maulmont
leur fille, qui porta Le Mas dans la maison du marquis de Tour-
donnet par le fait de son mariage avec François-Aimé de Joussi-
neau, marquis de Tourdonnet. Ge dernier rendit hommage au roi
pour son fief du Mas en 1719, année même de son mariage.
En 1747, le village du Mas comprenait 19 maisons. Lors du
recensement de 1901, on en comptait 37 et 143 habitants.
324 sociéré ARCHéoLOGiQùB et historique du LIMoûsl^}
Avant la Révolution, Le Mas relevait de la justice seigneuriale de
Saint-Vitte.
Le Mazeau. — Lors du recensement de 1901, on ne conaptait au
Mazeau qu'une seule maison et 3 habitants.
Le Moulin-Brûlé. — Lors du recensement de 1901, on ne comp-
tait au Moulin-Brûlé qu'une maison et 5 habitants.
Le Peychaud. - Lors du recensement de 1901, on ne comptait
au Peychaud que 3 maisons et 21 habitants.
Avant la Révolution, Le Peychaud relevait de la justice de
Gurzac.
Les Ages, hameau.
En 1747, le hameau des Ages comprenait 7 maisons ; lors du
recensement de 1901, il en comptait le même nombre et 41 habi-
tants.
Avant la Révolution, Les Âges relevait de la justice seigneu-
riale du château de Champvert, sis en la paroisse de La Porcherie.
I^es Plats, ou les Pias, hameau.
En 1747, le village des Plats comprenait 11 maisons; lors du
recensement de 1901, on comptait 1$ maisons et 63 habitants.
Nouaillas, et aussi Noaillas. — Hameau situé sur le chemin de
grande communication n° 16 dénommé de Saint-Yrieix à Bourga-
neuf; à 450 mètres ou environ au-dessus du niveau de la mer.
En 1747, le village de Nouaillas comprenait 13 maisons ; à Tépo-
que du recensement de 1901, on n'en comptait plus que 10 et
49 habitants.
Avant la Révolution, ce village relevait de la justice du chapitre
de Saint-Germain.
Nora. — Lors du recensement de 1901, on n'y comptait qu'une
maison et S habitants.
Pontfeuille, fief.
Il s'y trouvait autrefois un château ; le cadastre de 1747 en fait
encore mention.
Pontfeuille est située à 475 mètres ou environ au-dessus du
niveau de la mer, sur le versant sud-ouest, d'une hauteur cotée
498 mètres.
Charles de Maulmont, chevalier, seigneur de Saint-Vitte, La
Croisille, Beauvais, etc., et Marguerite de Gomborn, sa femme, par
contrat du 5 mai 1553, de Roux, notaire à La Groisille, vendent le
lieu de Pontfeuille, à autre Charles de Maulmont (leur cousin ger-
main), lequel était second fils de Charles de Maulmont, seigneur
d'Aragen et de Sainl-Ville en partie, et de Jeanne de la Croix.
Celui-ci avait épousé un mois auparavant (contrat du 13 avril 1553),
Catherine de La Tour, fille de Fiacre de La Tour, seigneur de Neu-
SAINT-VITTÉ 32!»
villars; il prit le nom de Pontfeuille, sous lequel sa descendoiice
est connue.
Pontreiiille fui ensuite possédé par : Jean de Maulmont, seigneur
de La Forêt et de Ponlfeuille, guidon d*une compagnie de cent
liommes d*armcs des ordonnances du roi en 1S91, Ois des précé-
dents; il eut pour femme Isabeau de Koyère, (ille de Jean de
Royère, seigneur de Manin, et d*Ànloinelte de Larmondie.
Jean de Maulmont, seigneur de Pontfeuille, de Briansolle et du
Ghalard, fils des précédents, acquit, le 15 novembre 16:25, le droit
de chauffage dans la forêt de La Croisille, de Marguerite de Pierre-
kufBère, veuve de Charles, marquis de Pierrebufflëre-Château-
neuf; il eut pour femme Suzanne Hugon, fille de Philippe Hugon,
seigneur de La Gardelle.
Charles.de Maulmont (III* du noiû), seigneur de Pontfeuille, de
Bourdelas, baron du Chalard, fils des précédents, épousa par con-
trat du 16 octobre i6i6, Jeanne-Josôphe de la Régondie, fille de
Guy de la Régondie, seigneur du Chalard, et d*Anne de La
Brousse ; par contrat du 10 avril 1666, il yend la seigneurie de
Pontfeuille à Charles Chauvcau, baron de Rochefort, époux de
Judith de Maulmont, sa sœur*
Judith Ghauveau de Rochefort, fille de Charles Chauveau, baron
de Rochefort, et de Judith de Maulmont, en épousant par contrat
de 1679, Charles de Bony, écuyer, seigneur de Vauzelas.
Marie Bony de La Vergne, dame de Vauzelas et de Pontfeuille,
fille unique des précédents, épousa, en 1701, Léonard des Pousses,
écuyer, seigneur de Rougieras. Etant veuve, et sans enfant croyons-
nous, elle vendit par contrat du 4 mai 1740 de Bardy, notaire à
Limoges, à maître Pierre Avril Tatné, prêtre, docteur en théologie;
curé de la paroisse de Puy-d'Arnac, au diocèse de Limoges, le châ-
teau de Pontfeuille, ainsi que les domaines el biens roturiers à elle
appartenants « dont une partie sont en fondalité du fief de Pont-
feuille, et une autre partie située dans les tènemcnls de Pont-
feuille, de Puyguillaume et de Théncsc sont en toute fondalité de
de la seigneurie et justice de Curzac ».
Pierre Avril Taîné, en mourant, laissa la terre et seigneurie de
Pontfeuille à mailre Pierre Avril, son frère, chanoine de Saint-
Etienne de Limoges et curé de Saint-Martin.
Lors de la Révolution, Pontfeuille relevait pour la majeure par-
tie de la justice de Saint-Vilte, et pour Taulre partie de la justice
de Curzac.
I^ lieu de Ponlfeuille faisait partie de la terre de Saint-Vilte lors-
que celle-ci fut achetée par M. Jean Barbe, après la mort du géné-
ral (le Souham.
T. LV 21
326 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE Et tligTORIQÛE DÛ LlMOtJSlS
Non loia de rhabilalionacluelle de Pontfeuilie, M. et M"*" Duver-
ger (celle-ci née fiarbe), héritiers pour une moitié, de M. Jean
Barbe, leur aïeul, firent construire une chapelle domestique,
laquelle fut bénite solennellement, le 27 avril 1889, par Monsei-
gneur Renouard, évoque de Limoges.
Lors du recensement de 1901, on comptait à Pontfeuilie 2 mai-
sons et 18 habitants.
Traîrade, hameau.
En 1747, le village de Tratrade comprenait 7 maisons ; lors du
recensement de 1901, on en comptait 9 et 46 habitants.
Avant la Révolution, le hameau de Tratrade relevait de la jus-
tice seigneuriale du château de Ghampvert, sis en la paroisse de
La Porcherie.
Volpillac, ancien hameau n'existant plus aujourd'hui.
« Lejeudy, fêle de Saint Luc, évangéliste (18 octobre) 1352, il
appert que Pierre Fabié, écuycr, le vieux, sieur de Benigier, et autre
Pierre Fabié, son neveu, de Peychaul, lesquels de leur plein gré,
tout dol et fraude cessant, ont vendu purement et simplement à
A^ble^élie Galengaud, chevalier, et à ses successeurs qui de luy
auront droit et cause pour le temps advenir, pour en faire à leur
plaisir et volonté, tant en la vie qu'en la mort, savoir est, en leur
village appelé : de Volpillac, ensemble une bourderie appelée de
La Gasne (ou de La Gagne) joignant au dit village de Volpillac, le
tout situé en la paroisse de Saint- Vict, et soit en iceulx lieu et
village, maisons, granges, écures et terres cultes et incultes, prés,
peschers, boys, rentes, propriétés et touts autres droits et debvoirs
en dépendant sans y faire aucune réservation par le dit ven-
deur, etc. (1). Signé : Pierre Soucaudy, notaire. »
Le cadastre de 1747 ne fait pas mention de Volpillac qui, évidem-
ment, n'existait plus.
René de Sazilly.
Château de Curzac, 2i novembre 4903.
(1) Archives du château de Curzac, B 45, page 5.
GÉNÉALOGIE
DE U
MAISON DE PAYE ou DE LA PAYE
CHAPITRE 1"
Ija famille de Paye ou de la Paye est origiDaire de Peyrat-le-
Château.
Meiry ou Marien de Paye, escuyer, seigneur de Malars, épousa
Yzabeau du Breilhe, Olle de défunts Jehan du Breilhe, seigneur du
Breilhe(l), et Marguerite de Guyonnie, et sœur de Jourdain du
Breilhe, escuyer, seigneur du Breilhe. Par leurs articles de ntariage
faits au château de Ghâteauneuf le 10 octobre 1856 (2), Yzabeau,
pour tous SCS droits, fut dotée de huit cents livres tournois par son
frère, sur lesquels six cents livres devaient être payés par messire
François de Pierrebuflière et de Gomborn, chevalier, vicomte de
Gomborn, baron de Ghâteauneuf, Peyrat et Treignac.
On suit la filiation à partir du suivant :
1. — Honorable homme Léonard de Paye, notaire et consul de la
ville de Peyrat, figure en qualité de consul dans la charte diî
16 juin 1495, octroyée par Loys de PierrebuRière, seigneur de
Ghâteauneuf et de Peyrat, aux consuls, manants et habitants de la
ville de Peyrat (3).
(1) Le château du Breilh fut détruit pendant la Révolution en vertu
d'un arrêté du Directoire pris contre la famille de Chouly de Permangle
(Pierre Cousseyroux, Inventaire des registres paroissiaux de Peyrat-le^
Château),
(2) Voyez à Tappendice, n* I.
(3) Archives historiques du Limousin, IV, 283.
328 SOCléTÉ ARCHEOLOGIQUE Et HtSTOIUQÙE Dli LIMOÙSI?!
•
Par acle du 8 mai 1497 (1) passé devant M* Jacques Âlenal, prô-
tre, notaire jnr^, garde du scel authentique dans le château et la
baronnie de Peyrat, il fit, moyennant soixante-huit livres tournois,
l'acquisition du mas et village d*Ârlodeys, paroisse de Royère, et
de la moitié de la directe et fondâlité, de la rente féodale et de la
dime dudit mas et village de Jehan de Comborn, seigneur d'Enval,
damoiseau.
Léonard de Faye était procureur de la baronnie de Peyrat en
1514 et 1516. Il plaidait à celte époque avec noble et vénérable
personne M* Jehan de Saint-Georges et Marguerite de Morthcmar,
veuve de Gabriel de Saint-Georges, frère dudit Jehan, tuteurs et
administrateurs des enfants mineurs dudit défunt et de cette der-
nière, par devant André de Vivonne, chevalier, seigneur de la
Gbaslaigneraie, « conseiller et chambellan du Roy noslre sire et son
séneschal en Poylou ». Il avait épousé Anne de Mescleieu, de la
noble maison d*Eycliisadour, qui, étant veuve, céda, le 22 novem-
bre 1520, devant P. dii Leyris et M. de Ghasteauneuf, notaires
royaux à Peyrat, ses droits sur ses meubles et acquêts à Anthoine
de Faye, son fils (2). Il jaissa pour fils unique Anthoine de Faye,
qui suit.
IL — Noble homme Anthoine de Faye, escuyer, seigneur de
Villechenyne (Villa canina), de la Gour, de la Grillière, de Fayfrey
et du repaire noble de Freussengau, comme fils unique et prin-
cipal héritier des biens de maistre Léonard de Faye, déclara, par
acte du 3 juin 1523 du Leyris et Lhuillier, no'*' roy., tenir et
avouer tenir à hommage lige franc, sans nul devoir, de haut et
puissant seigneur messire Loys de Pierrebufllère, chevalier, sei-
gneur de Peyrat et de Ghàteauneuf, et ce à cause de sa baronnie
de Peyrat, son lieu et village de Fesfreis, avec toutes ses appar-
tenances et dépendances, tels que bois, terres, prés, landes et
pacages, outre une rente féodale de soixante-deux sols six deniers
due par les tenanciers dudit lieu à chaque fête de TÂssomption
Notre-Dame, vingt-deux setiers seigle, un setier froment, huit
setiers avoine, mesure de Peyrat, six géiines, cent œufs, une paire
de bœufs de vinade, lesdits tenanciers taillables quand le cas y
advient, sujets à guet, arbans selon la coutume du pays, duquel
lieu il avait toute la fondalité et directe seigneurie (3).
(i) Titre latin déposé aux Archives de la Creuse. Voy. à Tappen-
dice, n« IX.
(2) Voy. à rappendice, n*» II.
(3) Papiers de la famille Dechampeaux communiqués par M. Lenoble.
— Le setier de Peyrat pesait quatre-vingts livres, était composé de
quatre quartes de vingt livres chacune et valait cinquante-cinq litres.
GÉNÉALOGIE DE .LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 320
Le 12 septembre 1S30, comme seigneur propriélaire de trois
quartes portions el de la moitié de l'autre quarte du village de la
Gathe, il consentit la baillette dudit village de la Gathe. Le
26 novembre 1S32, il consentit la baillette du village de la Cour (1).
Ânthoine de Paye était mort en 1852. Il laissait une fortune de
dix mille écus. De lui étaient nés, probablement de Louise de Beau*
mont, sa femme, épousée vers la lin de 1520 :
l*" Gabriel, qui suit, chef de la branche aînée ;
2* Léonard, sieur de Villéchenyne et de Fayfrey, chef de la
branche cadette.
§ 1". — Branche aînée
III. — Noble homme Gabriel de Paye, escuyer, seigneur de la
Paye (2), de la Cour et de la Grillière, consentit, le 23 décembre
1552, la baillette du lieu de la Cour (3). Le 6 novembre 1553, il
fit dresser le terrier de ses diverses seigneuries. Ce terrier com-
mence ainsi : « Table et répertoire des cens, rentes, dixmes, droictz
et debvoirs deuz et appartenanz a noble Gabriel Defaie, escu\er,
seigneur dud. lieu et de la Court. »
» Lan de grâce mil cinq cens cinquante trois et le sixiesme jour
du mois de novembre, au lieu et bourcg de Saint-Martin a Chasteaulx
près la ville de Peyrac, de la baronnie dud. Peyrac dioce^^e de
Limoges ressort de Monlmorillon et autres lieux de lad. baronnie
de Peyrac. Par devant nous Pierre de Champeaulx, notaire royal,
Ânthoine duLeyris et Anthoine Marcial, notaires en ladicte baron-
nie de Peyrac et tesmoingz cy après nommes sest comparu en sa
personne noble homme Gabriel de Paye escuyer seigneur de la
Paye près Peyrac, de la Grillière, parroisse de Sainct Junyen et de
la Court dudict Chasteaulx, Lequel, etc. » (4).
L'aveu et dénombrement que rendit à cette épo(|ue Gabriel de
Paye à haut et puissant seigneur messire Prançois de Pierrebuf-
iière, chevalier, vicomte de Comborn, baron de Chàteauneuf, Poy-
rat, Treignac, seigneur de Saint-Yrieix et de Soubrebosl, nous
(1) Minutes de M* Lucien Berger, notaire à Bourganeuf.
(2) Le château de la Faye, situé près les Condamines, au-dessus de
de Télang de Peyrat, a été, ainsi que sa chapelle, démoli sous l'adminis-
tration de M. Fantoulier, maire de Peyrat. (Pierre Cousseyroux, Inven-
taire des registres paroissiaux de Peyrat-le-Château .)
(3) Minutes de M^ Lucien Berger, notaire à Bourganeuf.
(4) M* Lucien Berger, notaire à Bourganeuf, est détenteur de la minute
de ce terrier.
330 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
révèle les nombreux Gefs qu'il possédait : l"* dans la paroisse de
Peyrat, le lieu de la Paye sous Sainlrant, le lieu et village du
Boslbey, le Rouzier, Chastesy, les Graudauds, Bost-Rigaud, le tëne-
ment du Masplanchard du Petit-Grandmont, le Grand-Grandmonl^
le lieu de la Seuve près Peyrat; ^ dans la paroisse de Beaulieu,
1 3 lieu de la Ghaize, le lieu de Lavaud ; 3° dans la paroisse de Saint-
Martin Château, le lieu noble de la Gour, la Vergne, le lieu et vil-
lage de Favareillas, le lènement de Trassaigne do Favareillas, le
lieu de Brudieux, le lieu noble du Masfaure, le lieu du Chassai-
gnoux, le lieu du Massoubrot (pour moitié), le lieu de la Gathe et
tènement de Freissengeas, le lieu et village de Lansade, le lieu et
village de la Seauve, le lieu du Mas de Château, le lieu de Pont et
tènement du Mont (pour un tiers), le lieu noble de Neufvialle, le
tènement de Chanlegrieu de Prasinat, le lieu de TAge et tènement
de Ghaumeilh, le lieu de la Clavelle ; 4*" dans la paroisse de Saint-
Junien-le-Château (aujourd'hui SaintJunien-la-Bregère), le lieu
noble et repaire de Saint-Junien-le-Ghâteau, la maison noble de
Saint-Junien, le tènement de Laudrinelte de Clédat, le lieu de Las
Ghenauds-Soubtranas, le lieu du Ghaslenet-de-ljabassat, le lieu et
village des Nouhauds, le lieu et village de Lestrade et tènement du
Bois-Soleil, le lènement de Beyrttt ou Leyret de Lestrade, le tène-
ment du Maésoubrot de la Ghassagne, le lieu de Leymerige ou
Semmerye-de-la-Ghassagne, le lieu de la Faye-Basse, le lieu noble
de la Grillière; 5'' dans la paroisse de Sainl-Pardoux-Lavaud, le
lieu et village du Massadour, le lieu de la Vaupeline, le tènement
de Guyonnel de SaintPardoux ; G"" dans la paroisse de Royère,
Vaux, Àrpeix, le village d*Arlodeys (pour un tiers), et le village de
Ghassagnas ; le tout en tout droit de fondalilé et directe seigneurie.
Il était en outre propriétaire : l"* dans la paroisse de Saint-Martin-
Château, du village de la Cour, du village de Favareillas, de la
métairie de Trassaigne de Favareillas, d'une métairie à Brudieux,
du village de la Vergne, du village de Masfaure, du village de la
Gathe, de la métairie de la Ghassagne ; ^ dans la paroisse de
Saint-Junien, du bois et forél du Bois-Soleil, d'une métairie à la
Faye-Basse(i).
Par acle du 16 janvier 1557 Ghappellon et de Truffy, no'*» roy.,
Gabriel de Faye céda la rente féodale et la dime sur Ghassagnas à
Antoine du Leyris, sieur de Vaux, notaire royal et lieutenant de la
baronnie de Peyrat. Par autre acte du 2 avril 1559 Ghappellon et
Laborne, notaires de la baronnie de Peyrat et Laron, il vendit,
(1) Voy. à Tappendice, n<» III,
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 331
moyennanl deux cents livres tournois au même Antoine du Leyris
la rente féodale el la dlme sur le lieu et village d'Arlodeys.
Le 15 février 1559, Gabriel de Paye rendit hommage el dénom-
brement au baron de Peyrat pour les terres et fiefs qu'il tenait
dans sa mouvance.
Gabriel de Paye épousa Marguerite de La Voye. Lors du traité de
ce mariage, Léonard de Paye, son frère cadet, promit de céder ses
droits paternels à Marguerite de La Voye, sa belle-sœur, et reçut
en échange de Taïeul maternel de ladite Marguerite de La Voye
et de Tabbé de Souillac, son oncle, le prieuré de Saint Denis de
Peyrat, valant sept à huit cents livres de rente. Il jouit de ce
prieuré pendant dix-huit à vingt ans, jusqu*au jour où il le résigna
et contracta mariage. Gomme il n'avait pas fait la cession promise,
quoiqu'il eut reçu en partage le fief noble de Villechenyne et
d'autres biens, tels que le fief de Payfreix et les deux tiers de celui
d'Arlodeys, Grbriel de Paye el Marguerite de La Voye obtinrent du
roi Charles IX, en décembre 157i, des lettres royaux pour l'obliger
à consentir cette cession. Des énoncialions qui précèdent, il résulte
que le mariage de Gabriel de Paye el Marguerite de La Voye était
antérieur au 20 novembre 1553.
En 1581, Gabriel de Paye était mort, et Marguerite de La Voye,
sa veuve, habitait avec Prançois et Gilberle, ses enfants, le repaire
de la Paye, près, paroisse et justice de Peyrat.
Du mariage de Gabriel de Paye et Marguerite de La Voye naqui-
rent :
i"" Prançois, qui suit;
2"* Jeanne de Paye ou de la Paye, mariée, par contrat du 3 novem-
bre 1572, à Loys Esmoiogt, escuyer, sieur de La Vaullblanche, fils
de Jehan Esmoin, escuyer, sieur de La Vault-Blanche, et de Pran-
çoise de Cézar; veuve en 1607 (1) ;
3^ Jehan, dit TAiné, dont nous nous occuperons plus loin ;
4'' Guillaume de Paye, écuyer, sieur de la Vergne, qui était mort
sans enfants avant le sieur de la Grillière, son frère ci-après ;
5° Jehan de Paye ou de la Paye, écuyer, sieur de la Grillière,
qui vivait encore en 1625 et était mort en 1631, sans laisser de
postérité ;
6'' Gilberte de Paye ou de la Paye, mariée : l'' par contrat du
4 février 1581, à Prançois Barlon de Montbas, écuyer, sieur de
Payolles, près, paroisse et justice de Guéret, fils de Bernard Bar-
ton, vicomte de Montbas, seigneur de Lubignac, Naillat, Pleurac,
(1) Voy. ce contrat de mariage à l'appendice, u? X. — Archives delà
Creuse, E, 265.
332 sociéré archéologique et historique du umousin
.FayoIIes, etc., garde el chancelier de la Marche, et de Marie de
Seuly, dont elle n'eut pas d'enfants; 2® à N... Seiglière, éciiyer,
sieur de Johet; par son contrat de mariage avec François Barlon
de Montbas, passé au château de la Paye devant P. Demaleret, no'%
el L. Laborne, no'» roy., Marguerite de La Voye, sa mère, el Fran-
çois de Faye, son frère aîné, lui constituèrent en dot dix-sepl cent
trente-trois écus un liers pour tous droits successifs paternels,
maternels, fraternels el collatéraux, auxquelles successions ladite
Gilberte renonçait; sur laquelle dot deux cent trente-trois écus un
tiers devaient être employés en habillements de la damoiselle Gil-
berte. Malgré cette renonciation aux successions collatérales, les
descendants de Gilberte de Faye réclamèrent lei^rs droits dans la
succession de François de Faye, seigneur de la Faye et de la Vil-
latte, ainsi que nous le verrons plus loin ;
7*» Charlotte de la Faye, mariée : 1" par contrat du 4 janvier 1589
L. Sallon cl Beneyton, no^**, à Pierre de Monceaux, seigneur de
Vernines, de Brousse et d*Hauleroche, (ils de Hugues de Mon-
ceaux, seigneur de Brousse, de Vernines etd'Haulcroche, et d'An-
toinette de la Veissière, dont elle n*cul pas d*cnfant, el qui, par
acte du M janvier 1589, lui fil donation de cinq cents écus d'or ;
2« par contrat du 8 février 1592, à Joseph de La Roche, écuycr,
seigneur du Ronzel, co>seigneur de Giat, fils de Jean de La Roche,
ccuyer, seigneur du Ronzel, co-seigneur de Giat, et d'Antoinette
de Mural, qui testa et mourut le 11 juillet 1605 el fut enterré dans
la chapelle de Giat; 3"" le 15 février 1608, à Gaspard de Laage du
Brudieu, écuyer, seigneur de Feydel, baron en partie de Giat, (ils
de Léonet de Laage du Brudieu, seigneur de Feydel, baron en
partie de Giat, et de Louise de La Mothe du Maslaurent ou de
Madeleine Esmoin de Lavaublache ; 4^ à Gilbert de Chasius, baron
de Cordés el d'Orcival, seigneur de Mauriat; le 14 janvier 1610,
comme tutrice des enfants mineurs issus de son mariage avec
Joseph de La Roche, Charlotte de la Faye donna nommée et
dénombrement du château, terre cl seigneur du Ronzct au roi, à
cause de son duché d'A'ivergne; en 1614, elle était tutrice, avec
Gaspard de Laage, des quatre enfants issus de son mariage avec
Josepli de La Roche ; elle eut deux filles de son mariage avec Gas-
pard de Laage, et et une fille de son quatrième mari, Gilbert de
Chasius, dont elle était séparée de biens au moment où, par acte
du 5 janvier 1631, elle traita, moyennant cinq mille livres, pour le
reliquat de sa dot et ses droits successifs, avec François de Faye,
son frère aîné, et Joseph Pichard, époux de Marguerite de Faye,
sa nièce (1) ; par acte du 29 mars 1629 Lesclauze, no^' à Giat, elle
(i) Voy. à Tappendice, n® IV,
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 333
contribua à rclablisscmcnl du Rosaire en Téglisc de Gial par une
renie de dix-huit sous ; elle testa le 24 mai 4638, fondant une
rente de douze livres seize sols dans Tëglise de Giat pour des mes-
ses, et une autre rente de vingt sols à Téglise d'Orcival pour une
messe haute à perpétuité ; elle dut mourrir en 4640, car celte
année il fut fait inventaire de ses biens (i) ; le partage de sa suc-
cession amena entre ses enfants et petits-enfants de longs procès,
qui se terminèrent par une transaction du 30 octobre 1674.
S^ Jehan de la Paye, sieur de Lestrade et de Fayfrey, dont il sera
parlé plus loin.
IV. — Noble François de Paye ou de la Paye, écuyer, seigneur
de la Paye et de la Vilialte, seigneur du Monteil-au-Vicomle, gentil-
homme ordinaire de la chambre du roi, prit du service à la cour du
roi. Le 20 septembre 1572, François, duc d'Alençon, fils et frère de
roi, le prit comme gentilhomme ordinaire de sa maison (2).
En 1583, il partagea avec ses frères la succession de Gabriel
(te Paye, son père. Il eut dans son lot : la terre et seigneurie de la
Paye, celle de la Grillière; Ife vHlage de la Vergne, en fondalité et
propriété, les renies dues par les tenanciers de Neufvialle, de Lan-
sade, du Masfaure, le village de la Gathe, en toute propriété et
seigneurie, ht métairie de la Chassaigne, paroisse de Saint-Martin-
Château; les rentes du Grand-Grandmoni et du Mas-la-Ganne, pa-
roisse de Peyrat; celles du Bourdeleix, de Viilard, même paroisse;
do la Villalelle et Châtenet de Labassat, de h Paye, des Chenauds,
des Nouhauds, de Lestrade> du Bois-Soleil, de Saint Junien, la mé-
tairie de Labassat, la forêt du Bois-Soleil, paroisse de Saint-Junien.
Par acte du 24 février 1589B1. Chappellon, no'* roy., A. Beneyton,
no'*, François de Paye et Marguerite de La Voyc, sa mère, vendi-
rent, sous faculté de rachat, à M<^ Pierre Doumy, sieur de Mansal,
et à M* Jehan Chastenel, sieur de Quinsat, président en l'élection
de Bourganeuf, divers cens, rentes et dîmes assis sur les villages
de la Paye Basse, la Grillière, Oche, la Chieze, TÂge, Neufvialle.
Mais, par acles des 19 octobre 1599 Borde et Poucaud, no"* roy.,
et 9 juin 1609 Delachassaigne, no" roy., et P. Doumy, n'*, Fran-
çois de Paye, demeurant à cette dernière date, au chAteau du Mon-
teilau- Vicomte, effectua le rachat desdits cens, rentes et dimes et
rentra ainsi en possession de ces fiefs.
François de Paye était gentilhomme ordinaire de la chambre
(i) A. Tardiei:, Histoire généalogique de la maison de La Roche d^
Ronzel.
(2) Voy. à l'appendice, n» V.
* » •
334 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
du roi cl qualifié écuyer, seigneur de la Paye et de la firilliërc,
faisant alors sa résidence au château de la Paye, près et paroisse
de Peyrat, lorsque, par contrat du 6 mars 1601 Babosty, no" roy.,
passé au château de Sévérac, en Rouergue, en présence du sei-
gneur d'Àrpajon, de Françoise et de Vincent de Monlal, de L. Es-
moing et de honorable homme François Trompodon, lieutenant en
rélection de Bourganeuf, il épousa haute et puissante dame Cathe-
rine de Montai, fille de Dorde ou Dieudonné de Montai, chevalier,
seigneur de la Roquebrou, de Carbonnières el de Viescamp, et de
Catherine de Castelnau, dame de Clermont de Lodève. La future
se constitua en dot la somme de sept mille écus, à raison de trois
livres pièce, dont cinq mille écus lui étaient dus pas Françoise de
Montai, dame d'Arpajon et de Sévérac, et hypothéqués sur la terre
et seigneurie de Beaucaire et baronnie de Peyrac ; les futurs renon-
cèrent à toute espèce de communauté; il fut stipulé que la future
aurait pour douaire le tiers du revenu de tous les biens du futur (1).
Quelque temps après leur mariage François de Faye et Catherine
de Montai firent, vraisemblablement de la maison de Pierrebuffière,
Tacquisition de la seigneurie du Monteil-au- Vicomte. Par devant
Léonard Chappellon le jeune et Pierre Sallon, no'" de la baronnie
de Peyrat, au lieu et repaire noble de la Faye, paroisse et justice
de Peyrat, le 16 août 1609, François de Faye, tant en son nom
propre que comme loyal administrateur des droits et actions de
haute et puissante dame Catherine de Montai, son épouse, afferma
pour quatre années à Jehan de Faye, son frère, écuyer, sieur de la
Grillière, demeurant avec le sieur du Monleil, tous les revenus,
fruits, profits, émoluments, qui « sont dus et dépendant de lad.
jurisdiction du Monteil-au-Vicomle, pays de la Marche, savoir, les
rentes, dixmcs, étangs, château, garennes, près, jardins, fourrest,
droits de mortaille et autres droits et devoirs quelconques », sans
en rien réserver, à la charge par ledit sieur de la Grillière d'être
tenu de la garde dudit château, mais sans être tenu de faire aucune
réparation. Cette afferme (ut faite pour le prix et somme de sept
mille deux cents livres tournois, à compte de laquelle le sieur de
la Grillière paya comptant au sieur de Faye la somme de quatre
mille livres tournois en cent écus au soleil, deux cents doubles pis-
toiles, cinq cents quarts d*écus, deux cents testons et « autre mon-
noye blanche », montant et faisant les quatre mille livres tournois.
Quant aux trois mille deux cents livres de reliquat, ledit sieur de
Faye reconaut les avoir reçues du sieur de la Grillière avant ladite
ferme pour avances faites par le sieur de la Grillière pour la nour-
(i) Voyez à rappendice, n® XI,
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 3dS
riture el reclreliea de la maison du sieur du Monteil. Le sieur de
la Grilliëre s^obligea de rendre, à fin de bail, les étangs empois*
sonnés convenablement de nourrin de poisson. Jehan de Paye,
gieur de la Grillière, pendant que son frère François résidait hors
du pays, géra et administra les revenus dudit François, l^nl dé-
pendant de la seigneurie du Monteil-au-Vicomte que de celle de la
Faye et de leurs dépendances, savoir, pour la seigneurie du Mon-
teil jusqu'à la Saint- Jean -Baptiste de 1620, et pour la seigneurie
de la Faye jusqu'à la Saint-Jean-Baplistc de 1621. Le 9 janvier 1621
devant J. Delagrange, no'* roy. à Ëymouliers, en la maison de vé-
nérable M. M* Pierre Brenac, chanoine de Téglise séculière et col-
légiale de ladite ville, et en présence de François de Chasteauneuf,
cscuyer, seigneur du Chaslard, gentilhomme, François de Faye,
alors qualifié seigneur de la Faye, de la Vcrgne et du Masmier,
demeurant au château de la Faye, el Jehan de Faye, sieur de la
Grillière, demeurant aussi au chflleau de la Faye, firent le règle-
ment de toutes les affaires qu'ils avaient faites l'un pour l'autre, de
tous les revenus que le sieur de la Grillière avait touchés pour le
compte du seigneur de la Faye et de toutes les fournitures que le
sieur de la Grillière pouvait avoir faites, soit au seigneur de la
Faye, soit à Madame sa femme, et des dépenses que le seigneur de
la Faye avait faites lorsqu'il était venu ou avait envoyé au pays,
soit au Monteil, soit à la Faye. Ils se regardèrent comme quittes,
sous la condition que le sieur de la Grillière paierait, en l'acquit
du seigneur de la Faye, à Joseph Romanet, sieur de Farsat, la
somme de trois mille livres et baillerait au seigneur de la Faye
en son grenier, au château de la Faye, mille setiers blé seigle,
mesure de Peyrat, el en son grenier, au château du Monteil, mille
setiers seigle, mesure du Monteil (1) bon blé et marchand. Le sieur
de la Grillière conservait les acquisitions qu'il pouvait avoir faites
dans lesdites terres el seigneuries, à l'exception de la métairie de
Ghaleix, dans H terre du Monteil, et de la métairie de Labassat,
située dans la justice de Peyrat, qui demeuraient la propriété du
seigneur de la Faye (2)
Par contrat du 29 juillet 1620 de Champeaulx, n'* roy., el Chap-
pelon, n", François de Faye, et ses frères Jehan de Faye, sieur de
la Voye et de la Cour, et Jehan de Faye, sieur de la Grillière,
vendirent à M'' Martial Masfaure, « esleu pour le roy en l'éleclion
de Bourganeuf », la enter féodale et foncière que leur père pos-
(1) Le scticr du Monteil était le même que celui de la Borne, com-
posé de huit boisseaux de seize livres chacun,
(2) Voyez à Tappendice, n« VI.
§36 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET lIISTOnKlUE DU LIMOUSIN
sédait sur le village du Chassaignoiu, paroisse de SaioUMarlin-
Château, moyenDant la somme de mille livres. Le droit de lods et
ventes fut payé, à raison de cette acquisition, le 15 février 1627,
à Peyrat, à Jehan-Charles de Chasteauneuf etde Comborn, marquis
de Chasteauneuf, vicomte de Comborn, baron de Peyrat, la Crol-
zille, Masléon et autres places, à cause de sa baron nie de Peyrat.
Vers la fln de 1620 ou au commencement de 1621, François do
Faye revendit la terre et seigneurie du Monleil-au-Vicomtc à André
d'Aubusson, sieur de la Villatte. Vers la même époque, François
de Faye fit Tacquisition de la terre et seigneurie de la Viilalte,
paroisse de Saint-Junien-le-Ch&teau.
En 1629, François de Faye, seigneur de la Faye et de la Villatte
possédait, outre les biens dont nous avons parlé, le moulin do
Saint-Junien, des rentes à Oche, aux Granges, à la Villalle, à Peyrat,
au Grand-Grandmont, à Villars, à la Gasne, au Mas Maligieure, au
Bourdeleix, à Trasygon, à Ijongechaud, à Lansade, au Puy, à la
Faye, à la Villalelle, aux Chenauds, aux Nouhauds, au Châtenet de
Labassat, au Mas Soubrot de la Chassagnc, à Leslrade, au Bois-
Soleil, à Saint-Junien, les métairies de la Faye, paroisse de Saint-
Junien, des rentes à la Gathe, au Masroure, à la Vergne, au Mas-
laure. Malgré cette forlune considérable, les dépenses que faisait
François de Faye le placèrent dans une situation obérée. Son
château et domaine de la Faye et d*au(res biens furent vendus par
décret rendu en la cour du parlement de Paris le 26 juillet 1629 et
adjugés à Pierre Esmoing, prieur-curé de Saint-Martin-Château. Ce
dernier, qui était le neveu de François de Faye, fut aussi sou
homme d'affaires : il géra et administra les biens de son oncle,
notamment la terre de la Villatte. Le 20 décembre 1630, ils vinrent
en compte devant de la Chassaigne et Delavergne,no'" roy. : Fran-
çois de Faye se reconnut débiteur envers Pierre Esmoing, son
neveu, de la somme de vingt six mille sept cent quatre-vingt-deux
livres quinze sols, qu'il promit de lui payer. Il fut reconnu en
outre que Pierre Esmoing avait fait à la Villatte des réparations et
augmentations évaluées à trois mille livres et il fut stipulé que Pierre
Esmoing ne pourrait répéter cette somme de trois mille livres ni
en retirer revenu tant qu'il demeurerait à la Villatte en la demeure
et compagnie de son oncle, et que ce dernier ni la dame, son
épouse, ne pourraient expulser Pierre Esmoing sans lui payer ces
trois mille livres (1).
Par acte du 11 mai 1631 Delavergne et Delachassaigne, no"* roy.,
François de Faye vendit à son neveu Pierre Esmoing, prieur de
(1) Voyez à Tappendice, n^ VIL
G^NliALOOlB DE La HaISÔN ÛÊ FAVfi OU DÉ tA FAVE 337
SaiDt-Martin-Gbâtcau : i*" sa mélairie de la Grilliëre, paroisse de
Saint-Junien, au labourage de quatre bœufs, avec tout droit de fon-
dante et de justice haute, moyenne et basse lui appartenant audit
lieu de laGrilliëre; 2^ sa métairie de Labassat, même paroisse,
justice de Peyrat, fondalité partie du seigneur de Charrières,
partie de l'acquéreur, au labourage de deux paires de bœufs;
3"* une rente foncière et féodale de deux sols, deux poules et deux
arbans due annuellement par les tenanciers du village de Monta-
yaud, paroisse de Saint-Juni?n, justice de Peyrat;4'' le bois de
haute futaie, appelé le Bois-Soleil, contenant environ deux cents
selerées (1), situé dans la môme paroisse de Saint-Junien, avec tout
droit de justice; 5*" le village du Masmiel, paroisse et justice de
Peyrat, fondalité du sieur de Farsal et du Mas, consistant en trois
métairies, chacune au labourage de deux paires de bœufs, dont
l'une était plus spécialement appelée du Masrouyer. Cette vente
fut consentie moyennant quinze mille livres, qui restèrent com-
pensées jusqu*à due concurrence avec les créances de Pierre
Esmoing (2). Les métairies* du Masmier et Masrouyer avaient été
vendues, sous faculté de rachat, par François de Faye à Guyon du
Laux, escuyer, sieur de Vergnas, mais le prieur de Château en
avait fait le rachat pour le compte du seigneur de la Faye.
François de Faye, vivant au même pot et feu que Pierre Esmoing
de Lavaublanche, prieur de Château, voulut le faire son héritier,
au préjudice de ses autres- neveux et nièces. Par acte du
20 février 1634 Dechampeauz et de la Vye, no"*, il lui fit donation
« par provision de corps » des autres biens immeubles qu*il possé-
dait encore.
François de Faye mourut, sans laisser de postérité, le jour de la
fêle de Saint-Michel (29 septembre) i63i. II signait tantôt « de
Faye », tantôt ce Lafaye ».
En vertu d*une commission du sénéchal de Montmorillon, le
lieutenant de la justice ordinaire de Saint-Martin-Châleau procéda
à rinventaire des biens de celte succession. Joseph Pichard, écuyer,
sieur de TEglise au Bois, en qualité de père et légitime adminis-
trateur des biens de ses enfants issus de son mariage avec feue
Marguerite de la Faye, et Jeanne de la Faye, veuve de Gaspard de
Trigonnant, sieur de la Roche, les dites Marguerite et Jeanne,
nièces dndit feu François de Faye ou de la Faye, prirent la qualité
d'héritiers bénéficiaires de leur dit oncle et appréhendèrent son
(i) Dans la paroisse de Saint-Junien, on comptait par setérée de
cinquante perches carrées, valant vingt-cinq ares 5359.
(2) Voyez à l'appendice, n® VIII.
338 sbcïtrà archéologique et historique bv limocsIN
hérédité. lis voulaient procéder à la difision des immeables
demeurés à rhoirie du seigneur de la Faye, mais ils Irouvèrent
Pierre Esmoing, prieur de Château, en possession desdils biens.
Ce dernier s*opposa au partage et revendiqua comme loi apparte-
nant, savoir, le lieu et repaire noble de la Faye, les cens et rentes
foncières dues sur ce viltage et sur les villages et tenances de la
Viilatellc, Ch&tenet de Labassat, la Faye, tes^ Chenauds, le» Nra-
hauds, Lestrade, le Bois-Soleil, les Cardaux de Saint-Jnnien, Lan-
sade et le Masfaure pour les avoir acquis par décret du 96 juil-
let 1629, et quant au surplus des biens de ladite hoirie, en vertu de
de la donation par provision de corps du 20 février 1634. Hais le
sieur de TEglise au Bois et la danooiselle de la Roche soutenaient
que le décret d*adjudication n'avait passé que d'accord avec le sei-
gneur de la Faye, avec qui il demeurait à même pot et feu, qa1l
avait été fait à vil prix et que la donation avait été extorquée. Pour
évHer un long procès, les parties, savoir, Joseph Pichard, sieur de
TEglise au Bois, demeurant alors au château de la Fenillade, et
Jeanne de la Faye, veuve de Gaspard de Trigounant, sieur de la
Roche, demeurant au repaire noble de la Cour, d'i^ie part, et noble
Pierre Esmoing de Lavaublanche, écnyer, prieur-curé de Saint-
Marlin-Château, habitant au repaire noble de la Yillatte, d'autre
part, transigèrent de la manière suivante le 5 janvier 1636, à
Eymouliers, en la maison de M. M» Jean de la Grange, juge des
juridictions de la ville d'Eymoutiers, devant Rubeq, no'® roy., et
en présence dudil Jean de la Grange et de Martial Masfaure, eslu,
habitant au repaire du Monteil, paroisse de Ghdlteau : Pierre
Esmoing demeura définitivement propriétaire 1° d^ la seigneurie
de la Faye, avec les cens, rentes, droits et devoirs seigneuriaux,
à l'exception des rentes dues sur les villages de Lansade et du
Masfaure ; 2« de la terre et seigneurie de la Grillière ; 3<» de la forêt
du Bois-Soleil et autres biens des paroisses de Saint-Junien et
Peyral; 4<' et des premiers honneurs, droits i'église et monuments
appartenant à la maison de la Faye dan& t*église Saint-Martin de
Peyrat; à Joseph Pichard, ès-noms, ei& la damoiselle de la Roche
furent attribués tous les autres bieD« dépendant de ladite succession,
notamment le village du Masmiel, composé de trois métairies, le
village de la Vergne, composé aussi de trois métairies, le village
de la Galhe et tènement de Freissengeas, composé de quatre mé-
tairies, en toute propriété et fondalité, les rentes dues sur les vil-
lages de Lansade, le Masfaure, le tènement des Aveix possédé par
les habitants de Neufvialle, la métairie de la Ghassaigne, paroisse
de Château, et les autres tombeaux et seconds honneurs dans
l'église Saint-Martin de Peyrat, sons la charge de ne pouvoir les
OÉNÉALOÔIE De La MAtSOS DE t^AVB OU DE LA FaVB 33$
aliéner et d'en jouir eux el leurs descendants par ordre de droit et
de primogéniture. Joseph Pichard se réserva, en cas de parlage
avec la dame de la Roche, le droit d'ainesse appartenant à sa
défunte femme. Et comme Catherine de Montai, veuve de François
de Paye, avait une créance de six mille livres sur les biens partagés,
Pierre Esmoing s'obligea à payer sur cette somme aux héritiers de
ladite Catherine de Montai quatre mille cent livres, et Joseph Pl«
chard, ès-noms, et la dame do la Roche dix-neuf cents livres. Les
parties se réservèrent tous leurs droits sur la seigneurie de la
Villatle et biens en dépendant.
Catherine de Montai testa au château de La Villatte par acte
sous seing privé le 5 juillet 1631, el par ce testament elle légua deux
mille écns à Pierre Esmoing de Lavaublanche, prieur de Château^
el « à cause des agréables services et des grandes obligations qu'elle
avait du soin que led. Pierre Esmoing avait porté aux affaires et
nourriture de M. de la Paye, son oncle, et des siennes, à quoi il
avait employé son bien paternel », elle lui donna « de bon cœur
de toutes les profondeurs de son Âme, sa demeure perpétuelle
dans leur maison de La Villatte, avec les presclotures à sa volonté,
tant durant sa vie qu'après la mort de son dit sieur oncle ».
Le 1*' mai 1638, Catherine de Monlal, alors veuve de François
de Faye, fit un second testament devant Laborne, no'® roy., el de
Champeaulx, no'*, par lequel elle légua la somme de six mille
livres, dont elle était créancière de la succession de son mari, à
Catherine de la Faye, sa filleule, fille de Jean de la Faye, sieur de
Leslrade et de Fayfreix, et femme de Gabriel de Champeaux, sieur
de Lavaud. Elle mourut dans le courant dud. mois de mai.
IV. — Noble Jehan de Faye ou de la Faye, dit l'Aîné, écuyer,
seigneur de la Voye et de la Cour, par articles de mariage arrêtés
au château de Saint-Jeban-Ligoure, en Limousin, le % avril 1594,
en présence de Pierre du Leyris, seigneur de Chassagnas, et devant
Sénémaud et P. de Launes, no'" roy., épousa Gabrielte de Vars de
Saint-Jehan-Ligoure, fille de feu Milles de Vars, escuyer, seigneur
de Saint-Jehan-Ligoure, et de Jehanne de Coingnac, dame de
Château-Chervix. Par ce contrat de mariage Jehanne de Coingnac
donna et légua à Gabrielle de Vars, sa fille : 1* la seigneurie et
châtellenie de Châleau-Chervix, sous réserve de l'usufruit de la
justice, des émoluments et honneurs d'icelle avec puissance d'établir
officiers; 2" les terres et seigneuries de Château-Chervix ; 3" l'hom-
mage qui lui appartenail sur Tourdonnet cl sur la justice de La Vau
Bousquer. Moyennant cette donation, Gabrielte de Vars renonça
à tous les droits qui lui appartenaient sur la seigneurie de Saint-
340 SOCIÉTÉ AnCUÉOLOGIQUE ET UISTORIQOe DU LlSÏOÙSlH
Jehan-Ligoure et sur la terre et seigneurie de Jumithac, soit à cause
de la succession de feu Milles de Vars, son père, soit pour tous
autres biens paternels, maternels, fraternels et collatéraux. Jehan
de Paye légua la moitié de tous ses biens présents et à venir au
premier enfant mâle ou autre choisi par les futurs époux, et à
défaut d'hoir mâle & une fille nommée et choisie par les futurs
époux, à défaut de nomination à Tainé fils ou fllle ; il fit à la future
un gain de survie, en cas d'existence d'enfants de huit cents écus,
et en cas de non existence d^enfant de la moitié de tous ses biens
meubles et immeubles et de la maison de la Cour. Gabrielle de
Vars légua au même titre à son futur époux, en cas de non-exis-
tence d*enfant, la somme de quatre cents écus.
Jehan de Paye, demeurant alors au lieu noble de la Paye, près,
paroisse et justice de Peyral, par acte passé à la Paye le 25 fé-
vrier 1598 L. Chappellon le jeune, Loys Dechampeaulx et Benjamin
Laborne, no'" de la baroonie de Peyral, vendit, sous faculté de
rachat, à Biaise Chappellon, notaire royal, habitant de Peyral,
quatre setiers seigle, mesure de Peyrat, vingt sols en deniers et une
géline de rente foncière à lui due par les acheteurs et hoirs de feu
noble Léonard de Paye, escuyer, sieur de Villechenyne et du Leyris,
c^ cause des terres et champs appelés de Delay Layguo, silués dans
la franchise des consuls et habitants de Peyrat, confrontant « au
chemin tendant du pont la Maude, au village du Bost-Lacombe,
aux champs communaux de la dite franchise de Peyrat et aux prés
dudit Chappellon, appelés Dclay Layguo », moyennant cinquante
et un escus d*or sol, qui furent payés comptant en « franlz, demy
frantz, quartz d'escuz, testons et aultre monnoye ».
Jehan de Paye vivait encore en 16âi, mais était mort en 1631.
Il signait : « Lafaye ». Gabrielle de Vars vivait encore en i634. De
leur mariage, ils laissèrent deux filles : Marguerite et Jehanne, qui
suivent :
1*» Marguerite de Paye ou de la Paye. Elle épousa, en 16i5,
Joseph Pichard, écuyer, sieur de la Genesle, depuis seigneur de
l'Eglise-au-Bôis, fils d'Antoine Pichard, écuyer, seigneur de
FEglise-au-Bois, maréchal-des-logis de la maison de M. le Prince,
et de Marie Romanet. Ils habitaient le château du Permigier, pa-
roisse de TEglise-au-Bois. Quoique Tainéedes deux filles, ce ne fut
pas Marguerite qui fut avantagée par son père, mais dans les par-
tages subséquents qui eurent lieu avec sa sœur, les enfants de
Marguerite profitèrent de son droit d'aînesse. Marguerite de Paye
mourut en 1634. Elle signait : « Delafaye ». Par son testament fait
au château du Permigier, le 15 juillet 1634, elle institue son mari
pour son héritier universel ; clic demande à être ensevelie dans le
GÉNÉALOGIfi DE LA MÀISOK f>E FAVE OU DÉ LA PAYË 341
tombeau du feu seigneur de FEglise-au-Bois, en l'église paroissiale
de TEglise-au-Bois; elle lègue cent livres une fois payée à Gabrielle
de Sainl'Jean, sa mère, Irois cents livres, outre sa constitution
dotale, à Marie de Pichard, femme de Jean de Bourdicaud, sa fille,
trois cents livres à chacun de ses autres enfants.
Du vivant de Marguerite de Paye et surtout après sa mort, Joseph
Pichard traita en son nom ou au nom de ses enfants, dont il avait
la garde-noble, avec Pierre Esmoing de Lavaublanche, pricur-curë
de Saint-Marlin-Château, et avec les époux Gaspari} de Trigon-
nant, sieur de la Roche, et Jehanne de la Paye, au sujet des succes-
sions de Jehan de Paye, sieur de la Grillière, de François de Paye,
seigneur de la Paye et de la Villattc, et de Jehan de Paye, sieur de
la Voye et de la Cour. En 1636, 1637, il était fermier de la terre et
seigneurie de la Peuillade et habitait le château de la Peuillade,
paroisse de Faux, en la Marche. Par contrat du i4 décembre 1650
Gambellôn, no"* roy., passé à Felletin, en la maison d'Antoine de
la Grifoulière, et en présence de Pierre Couderl, advocat en parle-
ment, et de Jean Borde, tapissier, tous deux de Felletin, Joseph
Pichard céda, à titre d*échange, à Balthazard de la Paye de la
Porte, escuyer, seigneur du Breilh et de Mansat, demeurant au
château de Mansat, le village du Masmiel, composé de trois mé-
tairies, en la baronnie de Peyral, le village de la Gathe et le tène-
ment de Fressinjas, composés de quatre métairies, tenus noblement
et un fief, paroisse et justice de Saint-Martin-Châleau, la rente
féodale sur le village de Lansade, même paroisse, la rente féodale
et la redixme sur le village du Grand-Grandmont, qui lui étaient
obvenues par échange du même jour avec sa belle-sœur, Jehanne
de la Paye, la rente féodale sur le village de Mezirat, paroisse de
Sainl-Âmand-le-Petit, et sur le village de Malleret, même pa-
roisse. En contr'échange, il reçut des propriétés territoriales et
des rentes dans la paroisse de la Celle, en Bas-Limousin (i). Joseph
Pichard mourut ab intestat le 12 octobre i670, à Tâge de quatre-
vingts ans, et fut inhumé dans la chapelle de TEglise-au-Bols.
2^ Jehanne de Paye ou de la Paye, dame de la Cour. Elle était
donataire par précipul de la moitié des biens de Jehan de Paye,
sieur de la Voye et de la Cour, son père, en vertu de la désigna-
tion que ce dernier avait faite de ladite Jehanne, en conformité de
son contrat de mariage, mais cette donation avait été faite sous la
condition de payer sept mille livres à Marguerite, sa sœur aînée.
(1) Voy. à Tappendice, n» XII,
T. LV , 22
342 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LlMOUSl^t
Elle épousa Gaspard du Puy de Trigounant, escuyer, sieur de la
Roche ; ils étaient mariés en 1621.
Tar acte sous seing privé du 17 avril 1628 fait en présence de
MM. de la Pommélye, prévôt d'Eymoutiers, de la Regondie, Mas-
faure et Dechampeaux, Joseph Pichard, sieur de la Geneste, faisant
pour Marguerite de Paye, sa femme, ayec Tautorisation d'Antoine
richard, escuyer, seigneur de TEgUse-au-Bois, son père, fil remise
aux sieurs et dame de La Roche de la somme de sept mille livres,
que Jehan de Paye, sieur de la Voye et de la Cour, avait chargé
Jehanne, sa fille cadette atanlagée, de payera Marguerite, sa fille
aînée. En conséquence de cette remise, Gaspard de Trigounant
s'obligea de payer aux sieur et dame de la Genesie la somme de
six mille livres et leur abandonna jusqu^au paiement et jusqu'à
concurrence de quatre cents livres le revenu des domaines cl du
lieu de la Cour, M. et M"' de la Roche devant percevoir le sur-
plus. Moyennant cette somme de six mille livres, Joseph Pichard
céda tous les droits de sa femme sur la succession de Jehan de
Paye, sieur de la Voye et de la Cour.
Gaspard de Trigonnant était mort en 1631. Par suite du partage
qui eut lieu plus lard entre la dame de la Roche et Joseph Pichard,
és-noms, relativement à la succession de Prançois de Paye, sei-
gneur de la Paye et de la Villatte, Jehanne de Paye eut dans sou
lot, entr'autres terres et seigneuries, le village de la Vergue et les
rentes dues sur le village du Masfaure,
Le paiement de la créance de Catherine de Montai, que cette
dernière avait léguée à Catherine de la Paye, épouse de Gabriel de
Champeaux, sieur de Lavaud, sa filleule, n'ayant pas été effectué,
Gabriel de Champeaux poursuivit le prieur de Lavaublanche. Ce
dernier, par exploit du 9 mai 1643, fit signifier au lieu et repaire
de la Cour, domicile de la dame de la Roche, cette poursuite à ladite
dame de la Roche et à Joseph Pichard, et leur fit bailler assignsi-
lion à comparoir pardevanl le sénéchal de Monlmorillon pour
a illeq » se voir condamner à lacquiller envers Catherine de la
Paye de la somme de dix neuf cents livres, qu'ils étaient tenus de
payer aux termes de la transaction du 5 janvier 1636 (i).
Pierre Esmoing, prieur de Lavaublanche, était en contestation
avec la demoiselle de la Roche au sujet de la directe du lieu des
Condamines, proche la ville de Peyrat. Ils soumirent leur diiîérend
à des arbitres, et, par décision du 5 décembre 1646, rendue par
■
(1) Papiers de la famille Dechampeaux, de Fafreix, communiqués par
M. Lenoble.
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE l^AYE OV DE LA PAYE 3'»3
MH. de la Tour, de La Faax et du Boslgiraud, arbitres, proches
parents et amis des parties, et passée devant A. de Champeauix et
Chassaignoux, no^'* de la baronnie de Peyrat, ii fut reconnu, entre
te prieur de Lavaubianche, la damoiselie de la Roche et M. de
Bussière, son gendre, que le lieu des Condamines dépendait du
fief de la Paye, appartenant au prieur de Lavaublanche.
Jehanne de la Paye, dame de la Roche et de la Cour, vivait
encore à la Cour en 1655.
Par sentence de la sénéchaussée de Montmorillon du 18 décem-
bre 1655, entre Elienne Seiglière, écuyer, sieur de Johel, vice-
sénéchal de la Haute-Marche, tant de son chef que comme héritier
de feu Prançois Seiglière, conseiller clerc au siège présidial de
Guérel, héritiers de feu Gilberle de Paye, leur mère, sœur de
Prançois de Paye, seigneur de la Paye et de la Villatte, demandeur
en partage, d*une part, et Joseph Pichard, écuyer, seigneur de
l'Ëglise-au-Bois, ayant la garde noble de ses enfants et de feue
Marguerite de Paye, sa femme, et damoiselie Jehanne de Paye,
veuve de Gaspard de Trigounant, écuyer, sieur de la Roche,
défendeurs, d'autre part, il avait é(é ordonné que partage des
biens dépendant de la succession de François de Paye serait fait
en deux lots, pour Tun élre délaissé au demandeur, Tautre aux
défendeurs, mais appel ayant été interjeté par ces derniers, un arrêt
du parlement du 2^ avril 1673 déclara Tappel péri. En conséquence,
Antoine Seiglière du Plantadis, écuyer, sieur de Johet, vice-séné-
chal de la province, et Prançois Seiglière, écuyer, sieur de Cla-
vicre, héritiers universels d'Etienne Seiglière, leur père, firent
assigner, en 1674, pardevant le sénéchal de Montmorillon, François
de Pichard, écuyer, sieur de la Chassagne, héritier de défunts
Joseph Pichard et Marguerite de Paye, ses père et mère, et Pran-
çois de Beaufort, sieur de la Cour, héritier de Jehanne de Paye,
son aïeule, pour procéder au partage, mais par acte du 5 juil-
let 1677 Jean et autre Jean de Pichard, écuyers, sieurs de la
Genesle et de la Noaille, frères de Prançois, appelèrent de la sen-
tence du 18 décembre 1655. Enfin, par transaction du 30 mai 1681
Sudre, no'» roy. à Guéret, passée en présence de M» Auslrille
Meillet, sieur de Rizac, advocat en parlement, demeurant à Guéret,
et de Jacques de Vimlllac, escuyer, sieur de Chaban, demeurant à
la Cour, paroisse de Château, François de Pichard, écuyer, sieur
de la Chassagne, demeurant au château de Villemonleys, tant pour
lui que pour ses frères, et Prançois de Beaufort, écuyer, sieur de
la Cour, y demeurant, tant pour lui que pour Catherine de Tri-
gounant, sa tante, héritière universelle de feue Jehanne de Paye,
sa mère, promirent payer à Antoine Seiglière du Planiadis, vice-
.Vti SOCII^Té AnClléoLOGIQÛE ET HtSTORIQUB DU LIMOUSIN
sénéchal, tant en son nom qu'en celui de Marguerite Fayolle, veu^e
(le François Seiglière, escuyer, sieur de Clavière, tutrice de ses
enfants, pour tous leurs droits dans la succession de François de
Paye, seigneur de la Villatte, la somme de deux mille quatre cents
livres, qui fut hypothéquée sur la terre el seigneurie de la Cour et
sur les biens de la succession de François de Faye, jouis depuis
1636 par Joseph Pichard et Jeanne de Faye, dame de la Cour, en
conséquence de la transaction intervenue le 5 janvier 1636,
enlr'eux et feu le prieur de Château, créancier de ladite succes-
sion. Celte transaction fut ratifiée par Marguerite Fayolle suivant
acte du 18 juillet 1682 Sudre, no" roy.
§ 2. — Rameau de Fafreix
IV. — Noble Jehan de la Faye, écuyer, sieur de Leslrade, liabi-
taiten 16291a paroisse de Saint-Marlin-Chàteau. Par acte passé à
Bourganeuf le 23 mai 1631 Antoine Delachassaigne et de la Vergue,
no*"" roy., Barlazard de Bressoles de Vareynes, écuyer, sieur
d'Arthon, de Boussay et autres lieux, demeurant au lieu et chaslel
de Boussay, paroisse de Château-Mcillant, en Berry, tant en son
nom que comme ayant charge et procuration expresse de damoi-
selle Françoise de la Faye, son épouse, vendit audit Jehan de la
Faye, alors demeurant à la Villatte, paroisse de Saint-Junien, jus-
tice de la Villatte, sénéchaussée de Montmorillon, en Poitou, le
village de Fayfreis, paroisse et justice de Peyrat-le-Châleau, au
labourage de trois paires de bœufs, sans aucune réserve, le tout
ainsi que ledit village était joui à métairie perpétuelle par Jehan
et Léonard Favareilhas, y compris le « bestail boin, gros et menu »,
le tout moyennant le prix et somme de trois mille huit cents livres
tournois, laquelle somme fut payée comptant au vendeur « en pis-
toiles d'Espègne d'or et autre monnoye blanche ». Cette vente fut
ratifiée par damoiselle Françoise de la Faye, suivant acte de Denis,
no'«, passé au Heu et chaslel de Boussay le 17 octobre 1631 (1).
I^a fondante et directe seigneurie dudil village de Fafreix avait été
vendue peu de temps auparavant à noble Pierre Esmoing de Lavau-
blanche, écuyer, prieur-curé de Saint-Martin-Château, mais elle ne
larda pas à passer sur la (été de Jehan de la Faye, sieur de r-»es-
Irade.
Le bieur de Leslrade et de Fayfrey habitait le château de la Vil-
laite, appartenant à François de la Faye, seigneur de la Faye el de
. [i) Archives de la Creuse.
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 345 •
la Villalle, son frère aine. Après la mort de ce dernier, il continua
d'y résider avec le prieur de Sainl-Marlin-Château, qui en avait la
garde et qui en devint propriétaire en 1638 après la mort de
Catherine de Montai, veuve de François de Paye. C^est là que
moururent Jehan de la Paye et Marguerite Bourssat, sa Temme,
vers la fin de i641 ou au commencement de 1642. De leur union
naquirent :
1^ Catherine de la Paye, dont nous nous occuperons plus loin ;
2*» François de la Paye, qui suit;
3* Françoise de la Paye ;
4** Charlotte de la Paye ; ces deux dernières mortes de la picole
en 1643.
V. -— François de la Paye, écuyer, sieur de Lestrade et de Peis-
freix, était, ainsi que ses sœurs Françoise et Charlotte, encore
mineur lors du décès de ses père et mère. Le conseil de famille,
présidé par Léonard Masfaure, Juge sénéchal de Peyrat et de la
Vitlatte, et composé de Louis Rougier, sieur du Mas, de Louis de
Champeaulx, prêtre, d'Antoine de Champeaulx, prêtre, de Pierre
du Leyris, curé de Peyrat, de L. Chappellon, de Fr. Chappellon et
de vénérable mcssire Pierre Esmoing de Lavaublanche, escnyer,
curé de Saint-Martin-Châleau, nomma le 9 avril 1642 pour tuteur
et curateur aux mineurs François, Françoise et Charlotte de la
Paye, la personne de Gabriel de Champeaulx, époux de Catherine
de la Paye, leur sœur aînée, et frères des prêtres Louis et Antoine
de Champeaulx. Le 25 mai 1642, inventaire des meubles dépendant
des successions de Jehan de la Paye et Marguerite Bourssat, fut
dressé au château de la Villatle par Léonard Masfaure, sieur de
Pont, juge sénéchal de Peyrat et de hv Villatte, accompagné de
Pierre Sallon, substitut de Âlartial Masfaure, procureur d'olTice de
ladite juridiction, sur la représentation qui en fut faite par véné-
rable Pierre Esmoing, qui avait eu la charge des mineurs et de
leur mobilier depuis le décès de leurs père et mère. Le 7 juin même
année, au lieu du Monteil, domicile du juge, il fut procédé à Tin-
venlaire des objets contenus dans une boite confiée par feu Jehan
de la Paye à Jeanne Chaussade, mère de Léonard Masfaure. Le
20 juin suivant, il fut procédé par le même Léonard Masfaure,
juge, au village de Faifreix, à l'inventaire des bestiaux apparte-
nant aux enfants de la Paye. Enfin, le 26 juin suivant, Catherine
de la Paye, fille ainée, fit inventorier au château de la Villatte, en
présence de Pierre Esmoing, les meubles qui lui appartenaient, en
vertu du testament de Catherine de Montai du 1"' mai 16*^8.
Gabriel de Champeaulx, tuteur, paya pour les frais de la tutelle et
3ir6 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de riiivenlaire« à lilre de salaires et vacalioos, savoir : au juge
sénéchal, au procureur d'office et au greffier, quatre-vingts livres,
aux appréciateurs six livres, aux sergents trois livres.
Quoique placés sous la tutelle de Gabriel de Champeaulx, leur
heau-frëre, les trois plus jeunes enfants de Jehan de la Paye
demeurùrenl en la garde et compagnie de vénérable raessire Pierre
Esmoingde Lavaublanche, prieur-curé de Château, qui habitait le
château de la Yill^l^^. François de la Faye y resta deux années.
Par suite des décès de Françoise de la Faye et de Charlotte de
la Faye, leur deux jeunes sœurs, survenus en 1643, le fief de
Fafreix et le domaine utile de cette terre appartinrent par moitié
àFrançois de la Faye et à Catherine de la Faye, sa sœur aînée.
Le 20 octobre 1679, ils payèrent pour droit de franc-flef (jouissance
depuis Tannée 1652) du lieu noble de Fafreix lu somme de cent
cinquante livres.
En 1646, le tuteur Gabriel de Champeaulx fit renfermer le jardin
de Fafreix par des murailles de quarante-sept brasses de longueur,
et paya pour la main-d'œuvre seulement quarante-sept livres aux
maçons ; en 1648, il fit bâtir à Fafreix une grange, dont la main-
d'œuvre fut donnée à prix fait et coûta quatre-vingt-dix livres
argent, dix-sept setiers émine seigle, dix livres de lard et une
quarte de sel.
François de la Faye et les époux de Champeaulx durent procéder
à un partage, car nous avons des pièces constatant que François de
la Faye prit en 1651 Tadministration de ses biens. Il afferma sa
métairie en 1655, 1675; dans ces baux, il se réservait la rente
féodale.
En 1655, François de la Faye intenta à Gabriel de Champeaulx,
son tuteur, une action ea reddition de son compte de tutelle. Ce
compte de tutelle fut rendu le 23 juillet 1658; les comptes furent
vus et arrêtés par Louys de Champeaulx et Jean Laborne, arbitres.
Le compte de tutelle fut clos par le juge sénéchal de Peyrat,
Léonard Masfaure, sieur de TÂge, licencié èz droits, en présence
des parties et du procureur d'office, B. Chappellon. On reconnut
(|ue le tuteur avait payé cinquante-une livres aux médecins et
apothicaires qui avaient soigné Françoise de la Faye et Charlotte
de la Faye, mortes de la picote en 1643. Il fut alloué annuellement
quatre-vingt-une livres au tuteur pour la nourriture et Tentretien
lie François de la Faye. Les frais du compte de tutelle furent taxés
par le juge sénéchal, savoir, ses vacations trois livres, celles du
procureur d'office les deux tiers, soit quarante-cinq sols, celles des
procureurs du rendant et de Toyanl, à chacun vingt sols, la crosse
du greffier trois livres,
GÉxéALOOIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 347
Le 26 novembre i661, François de la Paye étail léraoin au châ-
teau d'Aubepeyre du lestamenl de Jacques de la Paye de la Porte,
baron du Leyris.
En i664, François de la Paye « demeurait gentilhomme » avec
messire Claude de Blanchier de Pierrebufllère, chevalier, seigneur
marquis des terres et seigneuries de Lostanges, Nedde, La Ville-
neuve-au-Com(e, seigneur de Bouchx et autres places, habitant an
château de Nedde, en Poitou. Le 30 juin dite année, devant Labron,
no" roy., au château de Bouchx, paroisse de Terrasson, en Péri-
gord, ce seigneur lui donna procuration pour gérer et administrer
toutes ses affaires dans la seigneurie de Bouchx.
En 1669 et i6T4, François de la Paye habitait Pafreix. Le 11 juil-
let 1677, alors au service de Sa Majesté, il afferma devant J. Conte,
no", et Chenaud, no" roy. héréd. réservé en Poitou, Limousin et
Marche, à Nedde, la portion lui appartenant dans la terre de
Pafreix. En janvier 1690, il demeurait au village de la Bedouche,
paroisse de Brigueil-le-Chantre, près Montmorillon. Il mourut âgé
de soixante-neuf ans, et fut inhumé dans Téglise de Brigueil-le-
Chantre le 13 août 1693 (1). Après son décès, il fut fait à la Bedou-
che un inventaire à la date du 28 août 1692; le 4 septembre sui-
vant, on procéda à Pafreix à la même opération.
Il avait épousé Marie Naude, de laquelle il ne laissa pas d^enfant,
et qui renonça à la communauté ayant existé entr*elle et son mari.
Catherine de la Paye, sa sœur, alors veuve de Gabriel de Cham-
peaulx, fut donc son héritière, mais elle n'accepta la succession que
sous bénéfice d'inventaire. Le 4 juillet 1693, devant Leras et Babert,
no"* roy. à Montmorillon, Pierre Malledent, bourgeois du bourg de
Gentioux, comme mandataire de Catherine de la Paye, et Léonard
de Champeaulx, sieur de Lavaud, fils aine de Catherine de la
Paye, tous deux logés à Montmorillon, « au logis où pend pour
enseigne la Croix-Blanche », traitèrent, au sujet de la succession
de François de la Paye, avec Marie Naude, sa veuve, demeurant à
la Bedouche, paroisse de Brigueil-le-Chantre.
V. — Catherine de la Paye, dame de Pafreix, épousa Gabriel de
Champeaulx, sieur de Lavaud (2), fils de Loys Je Champeaulx,
notaire à Peyrat, et d*Anne Chappellon.
Nous avons vu plus haut que Gabriel de Champeaulx, pour obte-
nir le paiement du legs de six mille livres fait par Catherine de
(1) Beauchet-Filleau, Dictionnaire généalogique des familles du Poi-
tou, m, 376.
(2) Lavaud, village aujourd'hui disparu de la paroisse de Beaulieu,
aujourd'hui réunie à celle de Peyrat-le-Chàteau,
< ,
348 sociéré archéologique et historique du limousin
Monlal à Catherine de la Paye, sa femme, avait poursuivi Pierre
Esmoing, prieur de SaintlMartin-l^hâleau, détenteur des biens sur
lesquels était hypothéquée cette créance. De son côté, le prieur
avait appelé en cause Joseph Pichard, sieur de TEglise-au-Bois, et
Jehanne de Paye, dame de la Roche et de la Cour, pour les con-
traindre à payer dix-neuf cents livres à leur charge sur celle
créance. I/affaire se termina par transaction : suivant contrat du
5 avril 1662Laurens etLadrat, no'" roy., messire Pierre Esmoing,
chevalier, seigneur vicomte de Villemonteix, Lavaublanche, etc.,
héritier du prieur de Saint-Martin-Château, son grand-oncle, pour
se libérer de la somme due à Catherine de la Paye, épouse de
Champeaulx, lui vendit une métairie, sise au bourg de Maignat,
paroisse dudit lieu, justice de la Chaulme, fondalilc du prieur de
Maignat (1). En 4667, les époux de Champeaulx eurent un procès,
au sujet des communaux de Maignat, avec Marie Mauple, veuve
Aubusson de Gorceix, et Jean Aubusson, son fils, conseiller du roi,
élu en réleclion de Bourganeuf.
Gabriel de Champeaulx élait de son chef propriétaire d'une
métairie, sise au GrandGrandmont, paroisse et justice de Peyral,
provenant de la succession de Loys de Champeaulx, son père; elle
avait été engagée à Menot, d'Eymoutiers, mais Gabriel de Cham-
peaulx la retira. En 4642, il était greffier de la baronnie de Peyrat.
En 4674, il habitait Pafreix.
Par acte du 5 septembre 4677 Panel et Rounat, no'^» roy.,
Gabriel de Champeaulx, Catherine de la Paye, sa femme, Léonard,
Louis, Jean et Catherine de Champeaulx, ses enfants, et Prançois
de la Paye, sieur de Leslrade, son beau-frère, traitèrent au sujet du
procès civil et criminel qu'ils avaient avec Prançois de Château-
neuf, sieur de Lachaud, demeurant à Beaulieu, et Emmanuel de
Châteauneuf, sieur du Chasiard, frères, écuyers.
En 4692, Gabriel de Champeaulx était mort avant Prançois de la
l*aye, son beau-frère. Par le décès de ce dernier, sans enfant,
Catherine de la Paye devint seule propriétaire du fief et de la
terre de Pafreix. Elle testa le 17 septembre 4693 devant Jean du
Roussel, prêtre, abbé du Puy-de-Cussac, vicaire de la paroisse de
Peyrat.
§ 3. — Branche cadette (2)
IIL — Noble Léonard de Paye, escuyer, sieur de Villechenyne
{Villa canina), de Payfrey, du Leyris el d'Arlodeys, baron de la
(1) Voy. à l'appendice, n° XlII.
(2) Dans notre notice : « La baronniç du Leyris », nous avons comipi«
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OÙ DE LA FAYE 349
baronnie du Leyris, ôlail déjà propriélaire de la plus grande parlie
du village de Villecros, paroisse de Royère, lorsque par acte du
S9 décembre 1869, les autres propriétaires et tenanciers dudil vil-
lage lui cédèrent ce qui leur appartenait. Par acte du 2i février
1870 Pierre de Champeaulx, no'* roy., et Léonard Chappellon,
no'', il consentit aux dits tenanciers le bail à métairie perpétuelle
de tout le susdit village de Villecros. Il fil, vers 1S74, l'acquisition
de la baronnie du Leyris de Henri de Noailles, chevalier, seigneur
de Noailles et d'Àyen, baron de Chambres, Montclar, Carbonnières
et Malemort, seigneur de Brive en partie.
Il fut d*abord, ainsi que nous Tavons mentionné plus haut, prieur
de Saint-Denis de Peyrat jusqu'au jour où il résigna ce prieuré et
contracta mariage.
Suivant acte du 26 juin 1583 B. Chappellon, no'« roy., A. Chap-
pellon et du Leyris, no'*»», il acquit de Léonard Bouget une parlie
du village du Feix, paroisse de Royère.
Il mourut entre 1S83 et 1587. Il avait épousé Jehanne d'Eychisa-
dour, dite Jehanne d*Aubepeyre, fille de noble et puissant seigneur
Léonel d'Eychisadour, escuyer, seigneur d'Aubepeyre, Rasteau,
Puy-Seguin, La Fourcst-Belleville, Lachaud, et de Gilberte d*Ai-
gurande, dame du Chiez, et sœur de Jacques de Chisadour, escuyer,
seigneur d'Aubepeyre, Rasteau, Lafourest, Saint-Yrieix et autres
places, dernier seigneur d'Aubepeyre de la maison de Chisadour.
Suivant actes du 22 mai 1587 B. Chappellon, no'° roy., et A. Chap-
pellon, no'% et du 26 juillet 1591 A. du Leyris et A. Chappellon,
no"», Jehanne d'Aubepeyre fit Tacquisilion du surplus du village
du Feix.
Jehanne d'Eychisadour se remaria à Claude de Bressolles, sieur
de Boussay, qui était mort en octobre 1598. Après la mort de
Léonard de Faye, elle avait vendu une métairie, formant les deux
huitièmes du village d'Arlodeys, à Pierre du Leyris, sieur de Pey-
ramont, qui la revendit peu après à Martial Phaly de Masgrangcs.
Par acte du 13 mars 1598, Chappellon, no'<», elle vendit, moyen-
nant deux cent vingt écus d*or, le surplus dudit village d'Arlo-
deys et un tiers de la dîme dudit village à M* Antoine du Leyris,
notaire royal et lieutenant de la baronnie de Peyrat.
Du mariage de Léonard de Faye et Jehanne d'Eychisadour naqui-
rent :
1"^ Léonard, qui suit:
2*' François, dont il sera parlé plus loin ;
quel({ues erreurs relatives à la généalogie de cette branche de la maison
de la Fave. Nous les rectifions ici,
350 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
3° Françoise de Paye ou de la Paye, dame de Fayrreis, mariée à
Bartazard de Bressolles de Vareynes, escuyer, sieur d'Ârthon, de
Boussay et autres lieux, (ils de Claude de Bressolles, sieur de
Boussay, demeurant au lieu el chastel de Boussay, paroisse de
Château-fifeillanl en Berry, à qui, par son testament du 5 octobre
i598 Jacques de la Bourderye, no''<' roy., Jacques de Chisadour,
seigneur d'Àubepeyre, son oncle, légua cent cinquante écus, res-
tant de deux cents écus que feu noble Claude de Bressolles, son
beau-père, devait au testateur, « à cause de la vendition des restes
d'un cheval ». Par suite d'un partage, qui eut lieu entre les sieur
et dame de Bressolles et les autres enfants de Léonard de Faye, le
mas, village et métairie, appelé de Fayfreis, situé en la paroisse
de Pevrat, échut à Françoise de la Fave. Cette dernière conserva
longtemps des droits dans la baronnie du Leyris, ainsi qu'il résulte
du contrat de mariage de Pierre de Bressolles, son fils cadet,
escuyer, sieur de Boussay, avec Marguerite Esmoing, veuve de
Louis ou Léonet Esmoing, escuyer, sieur de Lavaultblanche, passé
au chasiel et maison noble de Lavaultblanche, paroisse de Saint-
Ëloy, le lundi 3 mai 1638 devant Michon, no'*" roy. héréd. Aux
termes de ce contrat de mariage, Françoise de la Faye, mère du
futur, alors veuve, représentée par Jean d'Assy, escuyer, sieur de
la Coste et de Moulay, pays de Berry, son gendre et mandataire,
institua le futur pour son héritier universel, sous réserve de la
jouissance de la terre et seigneurie d*Arthon, dont elle et son
défunt mari avaient fait donation à Léonard de Bressolles, leur (ils
aine, par son contrat de mariage avec Marguerite de Moussy du
6 juilly 1636, et sous la réserve encore de la jouissance des biens
situés en Poitou, consistant en la baronnie du Leyris à elle appar-
tenant à cause du décès de Léonard de la Faye, escuyer, sieur de
Villechenyne et baron du Leyris (1). Avant celte époque, el proba-
blement au commencement de i63i, Françoise de la Faye avait
vendu la seigneurie directe du village de Fatreix à noble Pierre
Esmoing, escuyer, prieur-curé de Saint-Martin-Château, et par
acte du S3 mai 1631, elle avait vendu le domaine utile dudlt lieu
de Fafreix à noble Jehan de la Faye, escuyer, sieur de Lestrade,
ainsi que nous l'avons expliqué plus haut.
IV. — Noble Léonard de Faye, écuyer, sieur de Villechenyne et
de Fayfrey, baron de la baronnie du Leyris, était, en 1590, ainsi
que ses frères et sœurs, sous la tutelle de Jehanne d'Aubepeyre,
leur mère, et de Claude de Bressolles, sieur de Boussay, son second
(1) Archivçs de la Creuse,
ÛÉNéALOGIE DE LA MAISON DR FAYE OU DE LA FAYE 351
mari. Par contrai du 11 juillet 1590 Biaise Chappellon, no" rov.,
et Antoine de Champeaulx, no'% Claude de BressoUes et Jehanne
d'Aabepejre, comme tuteurs des enfants de feu noble Léonard de
Faye, donnèrent le lieu de Fafreix à métairie perpétuelle à Grand
Jean de Favareilhas. Ce bail à métairie perpétuelle Tut ratifié le
H juillet 1640, à Peyrat, maison de honorable M"" Antoine du
Lcyris, juge sénéchal de Peyrat, devant Maareil de Champeaulx,
no'« roy., et Antoine Chappellon Talné, no'<», par noble Léonard
de Faye, demeurant au lieu noble de Villcchcnync, cl par Grand
Jean de Favareilhas et ses curants (1).
Par son testament plus haut mentionné du 5 octobre 1508, Jac-
ques de Chisadour, seigneur d'Aubepeyre, oncle de Léonard de
Faye, en cas que Françoise d'Aubepeyre, sa fille unique légitime,
viendrait à décéder sans hoirs légitimes ou descendants d'elle en
loyal mariage ou que la dame Françoise de Carbonnières, son
épouse, ne se trouvât enceinte de fils ou fille, avait substitué
Léonard de Faye et l'avait nommé son héritier universel, à la
charge par son fils aine de porter le nom et les armoiries de la
maison d'Aubepeyre. Mais cette institution d'héritier devint cadu-
que : Françoise de Chisadour, dame d'Aubepeyre, épousa Louis
de Gonrdon de Genouiliac, comte de Vaillac, et en eut postérité.
Le 31 août 1600, Léonard de Faye rendit hommage et aveu au
roi, à cause de son comté de Poitou et Tour-de-Maubcrgeon, pour
la baronnle du Leyris (2).
En 1605, les tenanciers de Fafreix firent à Léonard de Faye une
nouvelle reconnaissance de la rente féodale qui lui était due. Elle
ne frappait pas sur tout le territoire dudit village, car la renie
féodale du tënement du Feys appartenait au prieur de Saint- Denis
de Peyrat, qui avait en outre toute la dîme de Fafreix.
Le 7 août 1605, à Peyrat, auprès du cimetière Saint-Martin,
devant P. Sallon, no", cl B. Chappellon, no'' roy., Léonard de
Faye afferma à ses métayers de Fafreix la moitié des grains lui
revenant dans ledit mas et métairie (3).
Suivant contrai du 5 septembre 1615 Laborne, no'« roy., et de
Champeaulx, no'*, Léonard de Faye acquit, moyennant le prix de
deux mille cent livres tournois, de haut et puissant seigneur Charles
de Pierrebufflëre, vicomte de Comborn, baron de Châteauneuf et
de Peyrat, conseiller du roi en ses conseils d'Etal et privé, le droit
(1) Papiers de la famille Dechampeaux.
(2' Beai'chf.t-FilleaI', Dictionnaire généalor/ique dcst familles du Pot-
fou, 111, 379.
3) Papiers de la famille Dechampeaux,
3o? SOClÉTé ARCHÉOLOGIQLiE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de justice haute, moyenne et basse sur le lieu et village de la
Conche et les deux tenues et lènements, appelés de la Salesse-
Rapt et de la Salesse de Teillet, leur tenues et appartenances,
situés es paroisses de Saint-Junien, Saint-Pardoux et Saint-Martin-
Ciiâteau, ensemble les cens, rentes directes, féodales et foncières
sur la tenue de la Salesse-Rapt, possédée parles tenanciers de la
Conche, métayers de Léonard de Paye, et par les tenanciers du
Ghassin, et sur la tenue de la Salesse de Teillet, possédée par les
tenanciers de la Conche, de Teillet et de Tourtouloux (1).
Le i8 septembre i615, au lieu de la Conche et par devant
M* Antoine du Leyris, licencié ez 'droits, sénéchal juge ordinaire
de la baronnie du Leyris, eut lieu le ban général de la baronnie.
Comparurent Léonard de Paye, escuyer, sieur de Villechenyne et
baron de la baronnie du Leyris, assisté de M« Pierre Rieublanc,
substitut du procureur de ladite juridiction, elles tenanciers des
villages et tènements de la Couché, la Sallesse-Rapt, la Salesse de
Teillet, paroisses de Saint-Pardoux et Saint-Martin-Château, Lan-
gladure, Ouzou, le Leyris, Arlodeix, Andaleix, le Peix, Soumelx,
paroisse de Royëre, Villemoujane, paroisse de Beaumont. Tous
cîs tenanciers reconnurent Léonard de Paye pour leur seigneur
justicier et confessèrent les renies dont ils étaient redevables (2).
En 1619, Léonard de Paye était possesseur d'un mas au village
de Roudaressas, paroisse de Royère, sur lequel il devait dix-huit
livres de rente au baron de la Villeneuve-au-Comte (3).
Par actes des 22 août et 3 octobre 1621 Laborne, no" roy., et
de Paye, no'', Léonard de Paye acquit de haut et puissant seigneur
messire Louis de Gourdon de Genouillac, comte de Vaillac, et de
haute et puissante dame Prançoise de Chisadour, dame des sei-
gneuries d'Aubepeyre, Sainl-Yrieix, son épouse, la rente directe,
féodale et foncière due à la seigneurie d'Aubepeyre sur les tène-
ments de Tras-Ouzoux et de Plazanet, tenant et aboutissant Tun à
Taulre, tenus et possédés par les tenanciers du village de Langla-
dure, ainsi que la dîme qui apparlenait à la même seigneurie sur
le tènement de Plazanet. Pour leur leur notifier son contrat d'ac-
quisition, il fit appeler les tenanciers de Langladure devant Antoine
du Leyris, sénéchal juge ordinaire de la baronnie du Leyris (4).
Léonard de Paye était mort en 1631. Il signait : « De Paye ».
»
(1) Papiers de la famille de Paye, communiqués par M. Maurice
Delcaire.
(2) Papiers des familles De Paye et Faure.
(3) Bulletin de la Société archéologique du Limousin, XXXVIII, 398,
(4) Papiers de la famille Coqtisson,
CéNÉALOÛIE DE La MAtS0r4 DE PAVE OU DE LA FAVË 3Î)3
Il avail épousé Marie de GrandmoQt, qui, du vivanl de son mari,
ralifla une vente de six setiers seigle à prendre sur le lieu de Lin-
tignat, paroisse de Peyral. Il ne laissa poinl d'enfanL
IV. — Noble François de Faye ou de la Faye, escuyer, chevalier,
sieur de Villechenyne et de Villegouleix, et par sa femme seigneur
de la Porle, est mentionné dans le testament de Jacques de Chisa-
dour, seigneur d*Aubepcyre, son oncle, du 5 octobre 1598.
Le 1'^ octobre i6i9, il acquit de Jean et Denis de Guains la terre
du Coudert et le Petit Poncharal, contigus, près Treignac (I).
Il était mort en 1631. Il avait épousé Marie de la Porte, fille
d'Annet de la Porte, escuyer, seigneur de la Porte, et de Jehanne
d'Eychisadour d*Aubepeyre. Elle fut, vers 1609, Thérilière uni-
verselle de son père, dont le fief de la Porte était situé dans la côte
du Saillant, paroisse de Voutezac, en Bas-Limousin. Annet de la
Porte y mit pour condition que les enfants de François de Faye et
de Marie de la Porte joindraient le nom de La Porte à leur nom
patronymique. Etant veuf de Marie de la Porle, il testa à Poitiers,
le 6 juillet 1619 (au Petit-Maure), en faveur de ses enfants (2).
De ce mariage naquirent :
1"^ Jacques, qui suit ;
^ Balthazar, dont nous parlerons ensuite;
S*» Noble frère Jean de la Faye de la Porle, qui, le 14 juillet 1612,
étant prieur de Magontière, fonda dans Téglise de Saint-Martin de
Treignac, à Tautel de sainte Catherine, une vicairie, dite de saint
Jean (3); en 1619, il fut reçu chevalier de Tordre de Saint-Jean de
Jérusalem et devint commandeur de Laumussc. Il portait : d'argent,
à un quintefeuille de gueules (4) ; et vivait encore en 166i .
4'' Claude ou Claudie de la Faye de la Porte, qui, après le décès
de ses père et mère, fut mariée par Jacques et Balthazar, ses
frères, à messire François de Cbasteauneuf, escuyer, sieur du
Chasiard (5), paroisse de Peyrat, fils de François de Cbasteauneuf
(1) Champeval, Le Bas-Limousin seigneurial.
(2) Beauchet-Filleau, Dictionnaire généalogique des familles du Poi^
tou, III, 380.
(3) Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze, XIV, 4i 9.
(4) Communication de M. Ambroise Tardieu.
(5) Le château du Chàlard, situé sur la Maulde, a vu ses bâtiments
transformés après la période révolutionnaire. Sa chapelle fut détruite
en 1793 par les jacobins d'Eymoutiers. Seuls ont subsisté : une vieille
tour ronde, servant autrefois de pigeonnier et le vieux donjon avec ses
seize mâchicoulis et sa façade armorié (Pierre Cousseyroux, Inventaire
des registres paroissiaux de Peyrat-le-Château),
'S^'k SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQllB ET IliSTORtQÙE DÛ LÎMOUS)?)
el de Marie Doumy : slux termes de leur contrat de mariage, en
date du 28 avril iQ3i Laborne et Dechampeaulx, no^', elle fut
dotée et apanée par sesdits frères de la somme de dix mille livres,
en déduction de laquelle il lui fut, par le même acte, laissé le vil-
lage de Villegouleix el ses appartenances, avec d^autres rentes el
dîmes, pour la somme de cinq mille livres. Elle était morte avant
son frère Jacques.
5** Noble François de la Paye de la Porte, écuyer, sieur de Ville-
chenyne et de Saint-Denis, qui épousa, par contrat du 26 octo*
bre 1645, Jeanne Doumy de Mansat, fille cadette d'Esmonnet
Doumy, écuyer, seigneur de Mansat, et de feue Gabriellc de
Bridiers (i), laquelle, étant veuve, .se remaria, par contrat du
26 avril 1651, à Louis de Chaussecourte, chevalier, sieur de
Souliers, plus lard comte de Lépinas, Gartcmpe, la Chassaigne et
Fontanet, auquel elle survécut. Jeanne Doumy fui inhumée le
29 aoAt 1685, dans réglise de Gartempe (2). Du mariage de
François de la Faye avec Jeanne Doumy naquirent deux filles :
A. Jeanne de la Faye de la Porte, dame de la baronnie du I^yris en
partie, qui épousa Silvain de Rochcdragon, écuyer, seigneur de la
Villatte et de la Vaureille, ancien page de la grande écurie, capi-
taine do clievau-légers au régiment de Ligondès, demeurant au
château de la Vaureille, paroisse de Peyrat-l'Asuonier, en Com-
braille ; après la mort de Jacques de la Faye de la Porte, baron du
Leyris, son oncle, elle eul en partage la plus grande partie de la
baronnie du Leyris, composée des villages du Leyris, Langladure,
Orladeix, Andaleix et Auzoux et de la métairie d'Andaleix ; entre
1685 et 1689, cette dame et son mari venijirent le tout à Joseph
de Fricon, chevalier, seigneur de Parsac, baron de Gouzon ;
B. Jeanne de la Faye de la Porte, mariée ^ Joseph de Thiangcs,
chevalier, seigneur de Lussat, Malleville, Baland, Lande et autres
places, demeurant au château de Lussat, paroisse de ce nom ; après
la mort de Jacques de la Faye, elle eut en partage le château du
Breilh, près Peyrat, avec le domaine el préclôlure en dépendant.
Du mariage de Louis de Chaus.secourle avec Jeanne Doumy naquit
un fils, Godefroy de Chaussecourte, chevalier, seigneur comte de
Lépinas, Gartempe, etc., demeurant ordinairement en son château
de Gartempe, en Poitou, qui, par contrat de mariage du 13 fé-
vrier 1695, épousa Geneviève du Tronchay, fille de Louis du
Tronchay, chevalier, seigneur, marquis de Vayres, et de Renée
Luant, el mourut en 1709, sans laisser de postérité ; sa veuve se
(1) Archives de la Creuse, B 35.
(2) Xobiliaire du Limousin , î, 690.
GÉNéALOGlE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE Bo^
remaria, par coniral du 9 septembre ITli, à Philippe Tournyol,
seigneur de Bournazeau, conseiller du rui, premier présidenl en
l'élection de la Marche. Jeanne de la Paye de la Porte, épouse de
Joseph de Thianges, sœur utérine de Godefroy de Chaussecourle,
hérita de ce dernier, dont elle n'accepta d'abord la succession que
sous bénéfice d'inventaire ; mais, par acte du 6 juillet ilM JabriN
lac, no'* roy., Joseph de Thianges et Jeanne de la Paye traitèrent
avec Philippe Tournyol et Geneviève du Tronchay, au sujet de la
succession de Godefroy de Chaus^ecourte {i).
6" Léonard de la Paye de la Porte, tonsuré en 1608, propriétaire
en 1619 et 1625 de la terre du Couderc, près Treignac (2). C'était
peut-être l'aîné des enfants.
7°, 8* et 9® Gabrielle, Marguerite et Françoise de la Paye de la
Porte, mentionnées dans le testament de leur père du 6 juil-
leH6i9(3).
V. — Noble messire Jacques de la Paye de la Porte, chevalier,
seigneur baron du Leyris, seigneur de la Porte, le Breilh, Ville-
chenyne et autres places, vendit le 17 juillet 163i, moyennant
treize mille cinquante-quatre livres, à Chaverebière, bourgeois, élu,
le Couderc et le petit Poncharal contigus, près Treignac (4). En
1642, il nomma à la vicairie fondée par Jean de la Paye de la
Porte, son frère, dans l'église de Saint-Martin de Treignac. En
1646, il habitait le château noble d'Aubepeyre, paroisse de Saint-
Yrieix, en la Marche, où il était le représentant du seigneur
d'Aubepeyre, son parent. Le 19 juin i6S0, il afferma une métairie
qui lui appartenait à la Rocherolle, paroisse de Saint-Yrieix, et
qu'il avait acquise des Garraud de Saint-Yrieix. Il signait :
<c Laporte ».
Jacques de la Pave de la Porte, baron du I^yris, testa au château
d'Aubepeyre le 26 novembre 1661 Clouzaud, no" roy. Par son
testament, il demande à être enseveli aux tombeaux de ses prédé-
cesseurs, dans sa chapelle de l'église de la ville de Peyrat ; il lègue
aux Révérends Pères Récollets de Saint-Léonard trois cents livres
pour dire des messes à perpétuité ; il reconnaît devoir sept cents
livres, pour le prix d'une maison par lui achetée au bourg du
Compeix, et cinq cents livres, pour le reliquat du prix de la mé-
tairie de Jean Lagaie du Peix ; il lègue à Jean de la Paye de la
(1) Archives de la Creuse.
(2) CiiAUPEVAL, Le Bas-Limousin seigneurial,
(3) Beauchet-Filleau, Dictionnaire généalogique des familles du
Poitou, III, 380.
(4) CiiAMPEVAL, Le Bas-Limousin seigneurial.
356 SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET lllStOlUQllE Dlj LIMOU&lN
Porte, son frère, chevalier de iordre de Saint-Jean de Jérusalem,
commandeur de Laumusse, tous ses chevaux, juments et équipages
de chasse, à l'exception de deux juments qu'il lègue à Pierre
Tixier, son domestique, à cause de ses bons services ; il lègue en
outre audit Pierre Tixier une tenture de Bragance avec deux
clialils garnis de quatre matelas et plusieurs couvertures de Cata-
logne ; il lègue à Jean de la Paye, prieur de Saint-Denis de Peyrat,
et à sa sœur Claudie, ses enfants naturels, tout le surplus de ses
autres meubles, soit lits, châlits, tapisseries, linge, vaisselle, pots
de fer qu1I a dans ladite maison (probablement celle du Compeix ?)
et audit Jean de la Paye, en jouissance pendant sa vie, ses renies
établies sur les villages de Langladure et d*Auzoux, plus à Claudie
de la Paye, les terres et seigneuries du Breilh, ensemble les inaisons
et préclôtures en dépendant, et les domaines à trois paires de
bœufs, jouis par Larfouillaud et Jean Blanc, et le village de Pey-
ragoux, consistant dans deux domaines à deux paires de bœufs,
voulant, dans le cas où ladite Claudie n'aurait pas d'enfants, que
lesdits biens revinssent à Jeanne de la Paye, sa nièce, fille de feu
Prançois de la Paye, son frère, ou à ses descendants ; il déclare
en outre devoir à cette même nièce treize mille livres, pour la
légitime dudit feu Prançois de la Paye, et Tinstituer pour seule
héritière, à la charge de payer divers legs à ses. valets et servantes
et de payer à Claudie de la Paye, femme de Prançois de Chasleau-
neuf et sœur du testateur, la somme de sept mille cinq cents livres
ou de lui laisser la rente acquise du sieur de Yerdalle et le village
du Petit-Grandmont, composé de trois métairies, hypothéqués à
cet effet; il charge ses héritiers de payer quatorze cents livres à
Léonard Darfeuilhe pour l'acquisition du domaine d'Andaleix, qu'il
avait revendu à Jean Pichon, écuyer, seigneur de la Nouaille ; il
nomme comme ses exécuteurs testamentaires le commandeur de
Laumusse, son frère, les sieurs de Peizac, de Lavaud-Saint-Maixenl
et de TEglise-au-Bois (1).
Jacques de la Paye de la Porte ne laissa pas d'enfant légitime
d'Anne Rougier, sa femme, qu'il avait épousée avant 1642, mais il
laissa deux enfants bâtards :
1** Jean de la Paye, escuyer, curé de Peyrat de 1637 à 1668,
prieur de Saint-Denis de Peyrat en 1661 et 1687, qui, en 1675,
habitait le château du Breilh ; plus tard, il habita successivement
avec son beau-frère, Léonard du Masfaure, le château de Neuf-
vialle, celui de Villechenyme et en 1684 celui de la Cour. Ce prieur
eut une fille naturelle, Thérèse, née le 5 mars 1684, ainsi qu'il
(1) Archives du Monteil-Chftteau. — Voy. à l'appendice, n^ XIV.
G^NéALOGlE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 35^7
résulte de Tacle de baptême suivant, que nous avons copié sur le
registre paroissial de fiourganeuf : « Le sixième iour du mois de
mars de Tan susdit (1684) a esté baptizée par moy vicaire soussigné
Thérèse, fille de lean de La Paye dit La Porte, prieur de Peyral,
commandataire simple clerc tonzuré, et de Gabrielle Bechemore,
ses parents naturels, ainsi que la dite Bechemore, a déclaré que
ledit lean de La Faye, prieur commandataire, en estoit le véritable
père naturel, née le cinquième mars, a trois heures du soir. A esté
parrein loseph Ducher, praticien, et marreipe damoiselle leanne
Borde, Ils ont signé avec moy, ils sont tous de Bourganeuf. (Signé :)
J. Bechamore père, J. Duchier, J, Borde, et P. Polier, vicaire ».
2<* Ciaudie de la Faye, mariée, par contrat du 2 février 1672
Du I^yris, no'«, à Léonard du Masraure, sieur de Neufvialle, né le
45 juillet 1646, fils de Jacques Masraure, sieur de Neufvialle, et
d'Anne Noalhier; ses droits successifs en valeurs mobilières furent
réglés à trois mille livres, ainsi qu*il est établi dans les lettres de
rescision de la Chancellerie du 24 septembre 1681 ; elle mourut
le 29 décembre 1686, âgée de quarante ans, et fut ensevelie dans
l'église de Saint-Marlin-Ch&leau ; Léonard du Masfaure, qui avait
épousé en deuxièmes noces Marie du Masfaure, demoiselle du
Bosl-Rigaud^ et en troisièmes noces Jeanne Cellière, mourut en
1707 à Youtezac, eu Bas-Limousin.
Y. — Noble Ballhazar de la Faye de la Porte, escuyer, sieur du
Breilh, habitait le lieu noble de la Grola vergue, près, paroisse et
justice de Peyrat, lorsque, par acte du 13 mai 1631 Léonard
l^borne, no" roy., et P. Laborne, no'% il vendit à Emery, fils de
feu Jehan d'Ouzou, laboureur, divers héritages situés aux dépen-
dances du village d'Ouzou, justice de la baronnie du Leyris(l).
Par contrat du 18 août 1641, il épousa Jeanne Doumy de Mansat,
fille aînée d'Esmonnet Doumy, écuyer, seigneur de Mansat, et de
feue Gabrielle de Bridiers, et par son mariage devint seigneur de
Mansat. Jusqu'en 1644, les nouveaux époux habitèrent le château
de Mansat, mais à cette époque, ils firent bâtir une maison au
Châtain pour s'y retirer (2).
Par acte passé au château d'Aubepeyre, en la Marche, le 29 dé-
cembre 16S0 Clouzaud, no'^ roy. héréd., en présence de Jehan
Grelet, maître chirurgien de la ville d'Aubusson, et M' Léonard
Jallabaud, de la ville de Peyral, Balthazar de la Faye de la
Porte, seigneur du Breilh et de Mansat, demeurant au château de
(1) Papiers de la famille Dechampeaux.
(2) Archives de la Creuse, B 31,
T. LV 23
3jB SOClÉré AHCIIÉOLOOIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIM
Mansal, paroisse et justice dudit lieu, en la Marclie, veodil à Léo-
nard Masfaure, escuyer, sieur de Pont, demeurant en son lieu
noble du Monteil, paroisse de Saint-Marlin-Chftteau, en Poitou :
1» le village de la Gathe, en son entier, avec le tènemenl de
Fressenjas, composé de quatre métairies et tenu noblement en llef;
iy les cens et rente féodale à lui due sur le village de Lansade,
consistant en trois setiers froment, dix-sept setiers seigle, deux
setiers avoine, mesure de Peyrat^ trois livres quinze sols en deniers
et deux poules; le tout moyennant le prix de cinq mille cent cin-
quante livres tournois, qui fut payé comptant en quatre cents pis-
tôles, cent sous d'or au soleil et le restant en écus de vingt sols,
testons et autre bonne monnaie (1).
Balthazar de la Paye testa le 9 mai 1857 au château de Mansat.
Par son testament il lègue mille livres à Léonard, son fils naturel,
lègue par préciput quatre mille huit cents livres à Jean de la Paye,
son fils légitime, lègue ses chevaux et équipages à sa femme et le
surplus à Jean et Jeanne, ses enfants, reconnaît que tous les meu-
bles du château de Mansat appartiennent à sa femme. Il était mort
avant Jacques de la Faye, son frère. Jeanne Doumy, sa veuve, se
remaria par contrat du 19 janvier 1660 Ghampeaulx, no'* roy.,
avec messire Marien de Monrougnon ou Montrognon, chevalier,
seigneur de la Groslière, la Gombe, etc., demeurant au château de
la Gembe, paroisse de Sermur, en Gombraille. Par ce contrat de
mariage, passé a« lieu et maison noble de Mansat, en la Marche,
en présence de messire François de la Roche, chevalier, seigneur
de Giac, et d*honorable M* Ghristophe Borde, sieur de la Brugière,
conseiller du roy, juge sénéchal de la justice de Bourganeuf et élu
tu Télection dudit lieu, Jeanne Doumy de Mansat, assistée et con-
seillée de messire Louis de Ghaussecourte, escuyer, chevalier,
seigneur de Lespinas, Soulier et autres ses places, son beau-frère,
se constitua le tiers et tierce partie de la terre, fief et seigneurie
de Mansac, le tiers des autres biens qu'elle possédait dans l'étendue
de sa dite terre et justice, ensemble ses deux mas et {métairies
situés au bourg de Saint-Pardoux, paroisse et justice dudit lieu, le
village de Plancoulène, paroisse et justice de Soubrebost, en
Poitou, plus tous les biens meubles, équipages, ustensiles, gages,
devoirs ou autres qu*elle avait de présent dans sa dite maison, et
le tiers de la valeur des cheptels se trouvant dans les métairies
situées dans le détroit de ladite justice de Mansac, et en outre le
tiers et tierce partie des droits à elle appartenant sur la terre, sei-
(1) Voyez à Tappendice, n® XV.
GENEALOGIE DE LA MAISON DÉ I^AVE OC DR LA PAYE 3o9
neurie et maison de tiarlempe. Quanl aux deux liers de la terre et
seigneurie de Mansat et dépendances et deâ métairies dépendant
d*icelle, situées tant audit lieu de Mansat qu*au\ villages de Clii-
gnac et la Courriëre, elles deux tiers des cheptels de ces métairies,
la dame de Mansat en fit donation entre-vifs à Jean de la Faye, son
tils et dudil feu seigneur du Breilh, sous condition que les droits
lui revenant dans la- duccession de son père seraient confondus
dans celle donation et qu*il n*aurait rien à prétendre sur les biens
que la dame de Mansat se réservait par son contrat de mariage et
à charge de bailler et payer à damoiselle Jeanne de la Faye, sa
sœur, la somme de douze mille livres une fois payée quand elle
trouverait parti sortable et selon sa condition au gré et su de la
dame de Mansat, laquelle somme lui était constituée pour tous ses
droits dans les successions de ses père et mère. Elle donna en
outre à ladite Jeanne de la Faye le tiers des droits qni lui apparte-
naient sur la maison de Gartcmpe; Tautre tiers des mêmes droits
fut donné à Jean de la Faye. Dans le cas où la dame de
Mansat viendrait à décéder sans avoir marié la damoiselle Jeanne,
sa tille, Jean de la Faye devait payer la somme constituée à sa
sœur dans les termes qui seraient trouvés à propos par ses plus
proches. La dame de Mansat se réserva l'usufruit et jouissance sa
vie durant des deux tiers donnés à son (ils. « Et au cas que lesd.
Jehan et Jehane de la Faie vinssent à decedder sans hoirs procréés
de leur chair ou Inn d'eux le bien de l*un accroistra a lautre, et
estant les deux reviendra le tout et susd. donaon en son entier a
lad. dame ou ezsciens de son estoq et ligne et délie prenant droict,
comme le tout réversible par droict de lignage ». Il fut expliqué
que les droils de la dame de Mansat sur la terre de Gartempe lai
provenant de la dame Gabrielle de Bridiers, sa mère, étaient en
litige et procès pendant pardevant « nos seigneurs de la cour du
parlementa Paris ».
Par acte du «H juillet 1667, passé en la maison noble de Ville-
chenine, en Poitou, en présence de honorable Christophe Borde,
sieur de la Brugière, advocat en parlement, lieutenant-général en
l'élection de Bourganeuf, et Mathieu de Faye, advocat, conseils et
amis des parties, Jeanne Doumy, dame de Mansat, veuve de Bal-
thazar de la Faye de la Porte et épouse de Marien de Montrognon,
traita avec François de Ghasteauneuf, escuyer, sieur du Ghftlard,
et ses enfants, représentants de feue Glaudie de la Faye, leur mère,
demeurant tous au lieu et maison noble du Châlard, en Limousin,
justice et paroisse de Peyrat, au sujet du reliquat de la dot de
ladite Glaudie de la Faye, resté dû par feu Jacques de la Faye de
la Porte. Jeanne Doumy leur abandonna en paiement les trois mas
360 SOCIÉTÉ ARCHéOLOeiQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
el métairies situés dans le village du Pelit-Grammonl et tënemeat
du Mas Planchât, en la paroisse de Peyrat, sous réserve de la rente
féodale, le village de Prasinas, en propre justice et fondalité, et la
rente due sur le village de NeuMalie, le tout dépendant de la suc-
cession de Jacques de la Paye de la Porte (1).
Du mariage de Balthazar de la Paye de la Porte avec Jeanne
Doumy de Mansat naquirent deux enfants : Jeanne, qui suit, et
Jean, dont nous parlerons ensuite. Balthazar de la Paye laissa en
outre un fils naturel, Léonard de la Paye.
Le mariage de Marien de Montrognon avec Jeanne Doumy donna
le jour à un fils, Jean de Montrognon, seigneur de Mansat.
Jeanne de la Paye de la Porte, dame de la baronnie du Leyris en
partie, eut pour sa part, dans le partage de la baronnie du Leyris,
les villages du Peix et de Villemoujane. Elle épousa : l"" par contrat
passé à Paris le 14 juillet 1663, Jean de la Gastine, écuyer, sieur
dudit lieu et de Lizières, paroisse de Salagnat, en Limousin, mort
le 26 mai 1664, avec les héritiers duquel elle transigea par acte
du 15 septembre 1670 {i);^ par contrat du 27 août 1672 Ladrat,
no'** roy., passé en présence de Marien de Montrogon, seigneur de
la Combe et de la Groslière, et de Diane de Pumel, veuve de Pierre
Esmoing, seigneur de Yillemonteys, Lavaublanche, Joseph de
Pricon, chevalier, seigneur de Parsac, baron de Gouzon, fils de
Jean de Pricon, escuyer, seigneur de Parsac, baron de Gouzon, et
d'Isabeau de Pouzolle, demeurant en son château de Parsac. Par
son premier contrat de mariage, Jeanne Doumy, sa mère, lui avait
constitué en dot dix-sept mille livres que Jean de Montrognon,
seigneur de Mansat, frère utérin de ladite Jeanne de la Paye, prit
dans la suite l'engagement de payer à ses héritiers aux termes
d'une transaction du l^'août 1702 Philippon, no" roy. En 1674-
1675, Jean de Pricon, beau-père de Jeanne de la Paye, faisant tant
pour lui que pour celle dernière, consentit à Vallière et à Saint-
Yrieix plusieurs affermes des métairies lui appartenant à la Roche-
rolle, paroisse de Saint-Yrieix. Jeanne de la Paye était morte en
1685. Joseph de Pricon, après racquisition4)arlui faite de Sylvain
de Rochedragon et de Jeanne de la Paye, sa femme, de la plus
grande partie de la baronnie du Leyris, prit le titre de baron du
Leyris. Il épousa en deuxièmes noces le 17 décembre 1685 noble
dame Jeanne Mourin d'Arfeuille, veuve de Jean de la Paye de la
Porte, sieur de Villechenyne et seigneur de Mansat. Le 26 février 1698
il rendit hommage au roi pour la baronnie du Leyris, et mourut le
le 19 juin 1702.
(1) Voyez à Tappendice, n» XVI.
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYB OU DE LA FAYB 361
VI. — Jean de la Faye de la Porte, écuyer, sieur du Breilh el de
Villechenyne, seigneur de la baronnie du Leyris en partie, seigneur
de Mansat, obtint, dans le partage de la baronnie du Leyris, les
villages de Soumeix, paroisse de Royëre, et de la Conche, paroisse
de Saint-Pardoux-Lavaud. La seigneurie de Villechenyne, la sei-
gneurie et le château du Breilh, près Peyrat, lui échurent en outre.
Le 20 avril 1660, pardevantSilvain de Madol, seigneur du Musroy,
conseiller du roi, lieutenant civil en la sénéchaussée de la Marche,
il accepta la donation en sa faveur stipulée au contrat de mariage
de Jeanne Doumy, sa mère, avec Marien de Montrognon. En 1670,
il était, ainsi que Jeanne, sa sœur, sous la curatelle de François
de La Roche, seigneur de Giat, beau frère de Jeanne.
Quoiqu'il ne fut propriétaire que des deux tiers de la seigneurie
de Mansal, Jean de la Faye en fut le seul seigneur après la mort
de Jeanne Doumy, Jean de Montrognon, son frère utérin, étant
encore eh bas-âge.
Suivant acte du 26 août 1672, Jean de la Faye, qui demeurait
alors au château de Yillechenine, partagea avec Jeanne de la Faye
de la Porte, sa sœur, alors veuve de Jean de la Gasline et demeu«
rant au château de Mansat, les biens dépendant de la succession
de Jacques de la Faye de la Porte, leur oncle. Il eut dans son lot
le fief de la Porte, sis dans la côte du Saillant, paroisse de Vou-
tezac, en Bas Limousin.
Le 24 janvier 1670, Jean de la Faye et Jeanne, sa sœur, avaient
fait condamner devant le sénéchal de JMontmorillôn les héritiers de
Chasleauneuf au paiement de la rente féodale due par le village
du Petit-Grammont et tènement de Mas Planchât et consistant
annuellement en trente setiers deux quartes seigle, huit setiers
avoine, mesure de Peyrat, trois livres dix sols argent et cinq
gélines. Par acte du 3 avril 1681 Laurens et Ladrat, no'^' roy.,
Joseph de Fricon et Jeanne de la Faye transigèrent sur les arré-
rages dus et vendirent les deux cinquièmes leur appartenant sur
ladite rente à Pierre de Vernias, écuyer, seigneur de Saint-Géry, et
à Gabrielle de Chasleauneuf, sa femme, demeurant au château de
Saint-Géry, paroisse de Nantiat.
Jean de la Faye signait : « Delafaye Mansac ». En 1673 il avait
pour fermier à Yillechenine le sieur de La BetouUe, Léonard Jalâ-
baud, avec lequel il plaidait devant le juge sénéchal de la baronnie
de Peyrat.
Jean de la Faye de la Porte, le 24 décembre 1674, ratifia les
(1) Notes recueillies par feu M. Etienne Berger.
362 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UM0U5IN
partages en compagnie de Jean de Fricon, beau-père de sa sœur.
Il mourut à YiUechenine, ftgé de trente ans, le 18 octobre 1678 et
fut enseveli dans l'église de Peyrat, chapelle de Saint-Joseph. Il
avait épousé, par contrat reçu Ranon, no'* roy. à Ahun, le 22 jan-
vier 1672, Jeanne Mourin d*Arfeuilie. Le 28 novembre 1678, en la
maison noble de YiUechenine, au requis de Jeanne d'Arfeuille,
alors veuve, il fut procédé à Tinventaire des meubles délaissés par
son mari, en présence de Godefroy de Gbaussecourte, escuyer,
seigneur de Lépinas, Soulier et Gartempe, de Marien de Montro-
gnon, chevalier, seigneur de la Groslière et la Gombe, d'Emmanuel
de Ghftteauneuf, chevalier, seigneur du Ghalard, et de Léonard
Esmoingt, chevalier, seigneur du Ghezeau et de la Paye, demeurant
à la Grillière. Jeanne d*Arfeuille se remaria le 17 décembre 1685,
dans la chapelle domestique du chftteau de Massenon, paroisse
d'Ahun, à Joseph de Fricoo, chevalier, seigneur de Parsac, baron
de Gouzon et du Leyris, veuf de Jeanne de la Faye de la Porte.
Veuve de nouveau en 1702, elle fil sa résidence au château de Vil-
lechenine, où elle eut pour fermier Léonard du Hasfaure, sieur de
Neufvialle. En 1709, elle signait : « La Mansac y>.
Du mariage de Jean de la Faye de la Porte avec Jeanne Mourin
d'ArfeuilIe naquirent :
l*" Philibert, qui suit ;
2^ Marie, qui vient ensuite;
S'' et 4^ deux enfants morts en bas-âge après leur père.
VII. — Noble Philibert de la Faye de la Porte, seigneur de
Mansat et de Villechenine, mourut à Villechenine le 19 mai 168S,
à l'âge de treize ans, et fut enseveli dans l'église de Peyrat.
VII. — Noble Marie de la Faye de la Porte, demoiselle de Man-
sat et de Villechenine, dame de la baronnie du Leyris en partie,
dame de Villechenine, la Gombe, Mansat, fut baptisée à Peyrat le
10 septembre 1678 (parrain Philibert de la Faye, son frère; mar-
raine Jehanne de la Faye, sa tante). Elle était née au château
noble de Villechenine. Elle fut mise, après la mort de son père,
sous la tutelle de Jeanne d'ArfeuilIe, sa mère, plus tard épouse de
Joseph de Fricon, seigneur de Parsac.
- Par transaction du 1«' août 1702 Philippon, no^« roy,, passée
entre Jean de Monlrognon, écuyer, seigneur de Mansat et de la
Gombe, et Jeanne d'ArfeuilIe, veuve en premières noces de Jean
de la Faye de la Porte et en secondes noces de Joseph de Fricon,
agissant au nom de Marie de la Faye de la Porte, sa fille du pre-
mier lit, et ladite Marie de la Faye, assistée de Glande de Montai-
gnac de Larfeuillèr^i chevalier de Tordre de Saint-Jean de J^ru^-
OÉxéALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 363
lem, commandeur de Laarière» « son bon curateur », il fui délaissé
à Marie de la Faye le lieu et village du Ghezeau-Raymon, en
Poitou, paroisse de Thauron, pour le prix de cinq mille Iivre$, à
compte de la somme de vingt mille livres, à laquelle avaient été
réglés les droits de Marie de la Paye, tant sur les biens dudit Jean
de Montrognon, comme fils et héritier de Marien de Montrognon,
seigneur de la Groslière, que sur la succession de Jeanne Doumy,
mère de Jean de Montrognon et aïeule de Marie de la Paye, qui
était son héritière en partie, par représentation de feu Jean de la
Paye, son père, fils aîné de Jeanne Doumy. Ce traité terminait
rinstance enlr'elle et Jean de Montrognon pendante au parlement
de Paris, sur l'appel interjeté par Jean de Montrognon d*une sen-
tence de la sénéchaussée de la Marche du 1^ juin 1694. Par autre
transaction du 8 janvier 170S Bouchon et Champeauh, no'** roy.,
passée entre Jean de Montrognon et Marie de la Paye de la Porte,
demoiselle, demeurant aussi au chftteau de Mansat, cette dernière
ratifia la transaction du 1*' aoât 1702, mais ne voulut pas accepter
la terre de Chezaud-Raymond, parce qu'elle était trop éloignée de
ses biens et était d'ailleurs un bien roturier. Elle reçut en échange
de Jean de Montrognon la terre et seigneurie de la Combe, paroisse
de Sermur, en Combraille, provenant de la succession de Marien
de Montrognon et consistant en un ch&teau, chambres, greniers,
écuries, jardin, chenevières, prés et autres préclôtures, bois de
haute futaie et taillis, moulin, étang, cinq domaines et métairies,
dont deux situées au village de Chauvepeyre, les deux autres au
Puy-Bargeron et les Mazures (peut-être Mazeaux?) et l'autre à la
Groslière, lesdils domaines sans bestiaux, avec les cens et renies
dépendant de ladite seigneurie dues par les villages du Hasgniel
(peut-être le Mavier?), d'Ànzac, (Le Zat), du Mouléar, des Mazeaux
et de Chauvepeyre, « icelles terres relevant de Mgr le duc d'Or-
léans, à cause de sa duché de Montpensier ». Cette terre de la
Combe ayant été estimée par les arbitres vingt-sept mille livres,
pour se libérer des sept mille livres, dont elle se trouvait redevable
envers Jean de Montrognon, Marie de la Paye lui céda son Uef,
lieu, mas et métairies de la Couche, consistant en trois petits do-
maines garnis de bestiaux, ensemble les cens, rentes, droits de
justice haute, moyenne et basse qui lui appartenaient sur ledit vil-
lage, ses appartenances et dépendances, le tout situé dans la
paroisse de Saint-Pardoux-Lavaud, en Poitou; ce délaissement fut
consenti moyennant six mille livres, prix réglé par les arbitres, les
mille livres de surplus se compensèrent avec les intérêts des vingt
mille livres dues par Jean de Montrognon. Par contre-lettre du
même jour, 8 janvier 1708 Ronchon et Champeaulx, no'«* roy. ».
364 SOClÉTé ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Marie de la Fa;e reconnut que le prix réel de la terre et seigneurie
de la Combe était de trente-six mille livres, el constitua au profit
de Jean de Monlrognon une renie annuelle de quatre cent cinquante
livres, en paiement des neuf mille livres de surplus (1).
Le 21 octobre 1710, Marie de la Faye de la Porte épousa haut
et puissant seigneur messire Gaspard de Thianges, chevalier,
seigneur marquis de Lussat, Malleville, Beaulieu et autres places,
demeurant au château de Lussat, paroisse de ce noïn, fils de mes-
sire Joseph de Thianges, chevalier, seigneur de Lussat, Malleville,
Boland, Lande, et de Jeanne de la Faye de la Porte.
Par acte du 15 juillet 1720, passé à Evaoux, Gaspard de Thian-
ges et Marie de la Faye de la Porte, son épouse, héritière de Jeanne
d*Arreuille, sa mère, demeurant alors en la ville d 'Evaoux, recon-
nurent avoir reçu de messire Jean Berthin, chevalier, seigneur de
Saint-Géran, la Chezotte et autres lieux, conseiller au parlement
de Bourdeaux, acquéreur de la terre de la Chezotte, provenant de
la succession de Gilbert Barton, chevalier, seigneur de Massenon,
à lui vendue, le 12 janvier 1720, par Léonard Barton, chevalier,
seigneur de Montbas, époux de N... de Chauvigny et fils du sei-
gneur de Massenon : l"" quatre mille livres dues à Marie de la Faye'
par ledit seigneur de Massenon, en vertu du contrat de mariage de
Jeanne d'Àrfeuille avec Jean de la Faye de la Porte ; 2^ quatorze
mille livres, principal de la rente, constituée en vertu d'acte du
10 mai 1704, au profit de Jeanne d'Arfeuille par ledit seigneur de
Massenon et Léonard Barton, chevalier, seigneur de la Chezotte,
son frère ; 3<» et quatre mille cent vingt-deux livres, pour intérêts
comptés depuis le 19 Juin 1702, jour du décès du seigneur de
Parsac, second mari de Jeanne d'Arfeuille, jusqu'au 21 octobre
1710, jour du mariage de Marie de la Faye avec Gaspard de
Thianges (2).
Suivant contrat passé au château de Lussat devant Seguy, no'*
roy., le 4 mars 1728, Gaspard de Thianges et Marie de la Faye
vendirent à M* André Villatte, marchand, demeurant alors en la
ville d'Ahun, i< tous les cens, rentes, droits et devoirs et justice
auxdits seigneur et dame appartenant sur le village, mas et tène-
ment de Soumeix, paroisse de Boyère, en Poitou, diocèse de Limo-
ges », ensemble les trois quarts des dîmes inféodés dudit village et
tènement de Soumeix de tous grains et agneaux, ainsi que le tout
était établi au terrier dressé le 18 seplçmbre 1615 devant le juge
(1) Archives de la Creuse E, 1041,
(2) aVrchives de la Creuse,
ijÉNÉAtOGIÉ Î)E £Â mAiBON" tfÊ FAYB DU DE.XÀ FAYE SfÇa
sénéchal de la tarorinie du^Leyris. Celte venté fut consenliie moyen-
nant le prix et somme de deux mille sept cents livres et ceni livres
de pot de vin ou épingles pour la dame venderesse (1). .
Jean de Montrognon, seigneur deMansat, étant mort en 1711,-
sans laisser de postérité, Marie de la Paye de la Porte, sa nièce,
était son héritière. Mais elle ne prit pas sans difficultés possession
de cet héritage. Jean de Rosiers, écuyer, sieur de Plagne, cousin
germain de Jean de Montrognon par sa mère, qui était sœur dé
Marien de Montrognon, père de Jean, se prétendant le plus proche
parent dudit Jean de Montrognon, s'empara, après^ la mort de ce
dernier, de la seigneurie de Mansat et des autres flefs dépendant'
de la succession de Jean de Montrognon, que Marie de la Ifaye
n'avait acceptée que sous bénéfice d'inventaire. Mais Marie de la
Faye, mieux éclairée sur cette hérédité, voulut ensuite l'accepter
purement et simplement. Elle ne put obtenir l'autorisation de Gas-^
pard de Thianges, son mari, pour ester en justice. Mais elle Tut
autorisée par justice, et le 14 avril 1731 elle intenta à Jean de
Rosiers, devant le sénéchal de la Marche, une action en délaisse-
ment des biens de la succession de Jean de Montrognon. Au cours
de cette instance intervint Françoise-Elisabelh-Sylvie de Fricon,
femme de Jacques Le Bel, chevalier, comte de Lesnen, petite-fille
de Jeanne de la Paye de la Porte, épouse de Joseph de Fricon, qui
en sa qualité de petite-nièce de feu Jean de Montrognon, réclama
également la succession de ce dernier. Par sentence de la séné-
chaussée de la Marche du 6 septembre 1734, Marie de la Faye de
la Porte fut déclarée héritière de feu Jean de Montrognon, son
oncle ; tous les biens dépendant de la succession de ce dernier lui
furent adjugés : Jean de Rosiers fut condamné à lui remettre tous
les titres de propriété, et Françoise-Elisabelh-Silvie de Fricon fut
déboutée de son intervention. Jean de Rosiers fit appel de celte
sentence. De son côté, pour assurer l'exécution de la sentence
frappée d'appel, Marie de la Faye présenta et fil agréer le 8 février
1738 pour caution messire Léonard Barton de Montbas, chevalier,
seigneur de la Roche-Massenon, Villejuge et autres places (2).
Marie de la Faye finit par avoir gain de cause.
En 1740, Gaspard de Thianges et Marie de la Faye, son épouse,
demeurant au château de Lussat, en Bourbonnais, étaient proprié-
taires d'une métairie au village de Balandeix, paroisse de Peyrat-
le-Château.
(1) Papiers de la famille Coutisson.
(2) Archiver de la Crçuse,
166 SOCIÉTÉ ÀRCHÉOLOOIOUE ET HliTOlUQUE DU UMOCtlK
Suivant contrat du 1*' août 1744 Barret et Revardeau, no'** roy.,
passé au cb&tean de Lussal, en présence de M^ Jacques Ramer,
afocat en parlement, demeurant au cbftteau de Virassas, et de
H* François Boery, sieur de la Borde, conseiller, procureur du roy
en la chàtellenie de Ghénérailles, y demeurant, Gaspard de tbian-
ges et Marie de la Paye de la Porte, ladite dame agissant tant en
son nom propre et prifé que comme seule héritière de Jean de
Montrognon, son oncle, vendirent à M. M* Joseph Felder, bour-
geois et fermier de la commanderie de Blaudeix, y demearant,
tous les biens échus à ladite Marie de la Paye par le décès de Jean
de Montrognon, consistant notamment dans la terre et seigneurie
de Mansat et dans le village de la Gonche-Balasse, paroisse de
Saint-Pardoux-Lavaud, moyennant le prix et somme de neuf mille
huit cent quatre-vingts livres de prix principal et celle de cinq cent
quatre-vingt-quinze livres d*épingles ou pot de vin pour la dame
venderesse (1).
(A suivre,) Zenon Touvieux.
(1) Cette rente se trouve à la suite de la notice sur la baronnie du
Leyris.
UNE PLAQUE DE CHEMINEE
du XVI' siècle
Non loiD de Limoges, sur la roule de Peyrilhac, a été trouvée,
dans une vieille maison, une plaque de cheminée présentant Ions
les caractères d'une œuvre du xvi» siècle qui m'a paru digne de
: Cootemptaitlan du lerpent d'aii
votre attention. La voici en origiaal et la voici réduite en pliologra*
pbie d'après uq cliché qui a bien rendu tous ses détails.
368 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
La plaque est en ToDle, sensiblement carrée, de 62 centimètres
de côté, prolongée à une de ses extrémités par une bande de mé-
tal brut de 10 centimètres de largeur, destinée évidemment à un
encastrement dans un des montants de la cheminée.
La face antérieure ou face ornée présente dans ses trois quarts
supérieurs un tableau, dans son quart inférieur, un motif de déco-
ration fait de volutes de feuillage et, entre les deux, une inscrip-
tion en caractères gothiques allemands dont les derniers mots seu-
lement sont lisibles par suite de la fusion ou de Tabrasion de plii-
sieurs lettres : Schlange numri 21 .
La scène figurée reproduit, entre deux arbres formant les deux
limites du cadre, un T de la branche duquel pend un serpent. A
gauche, au premier plan, un personnage, drapé à Tantique, tenant
d*une main une baguette et de Tautre montrant le serpent; à un
plan un peu plus reculé, un homme et une femme agenouillés dans
Tattitude de la prière. A droite, debout, un guerrier caractérisé
par son casque et son sabre et, à genoux, un peu plus en arrière
un personnage priant. Les yeux de ces cinq personnages sont tour-
nés vers le T central qui est ainsi le sujet dominant de la scène.
Par terre, deux hommes gisants, morts ou malades, et çà et là des
serpents errants ou dressés sur leur queue, une feuille mullilobëe
dans leur bouche.
Dans le fond, des tentes dressées devant un château en ruines
dont les épaves jonchent le sol, comme pour évoquer le souvenir
des désastres de la guerre.
Cette scène dont Tinterprétation ramène aux récits bibliques
trouve son explication et son commentaire dans les données que
fournissent des documents numismatiques connus sous le nom de
Pestthalers de Wittenberg ou de Joachimsthal (Bohême). Ces docu-
ments dont j'ai la bonne fortune de vous présenter quelques spé-
cimens ont dû leur origine aux calamités publiques qui ont désolé
TËurope et tout particulièrement l'Allemagne pendant la première
moitié du xvi* siècle : peste bubonique, typhus, syphilis, variole,
rougeole, dysenterie, maladies infectieuses nées de la misère des
peuples (famine) et entretenues par les horreurs de guerres sans
cesée renouvelées. Leur but a été d'offrir aux commerçants, terrifiés
par les sévices des maladies populaires, une consolation et un
encouragement dans leur trafic, en leur rappelant la protection que
le ciel avait accordée aux Hébreux dans des circonstances sembla-
bles par la vertu du serpent d'airain. Leur livrée a été celle du
thaler, pour n'avoir rien à emprunter à la forme de la médaille de
dévotion en usage chez les catholiques parce que leurs inspirateurs
étaient des^ protestants.
L>NE PLAQUE de' CHEMINÉE AL' XVI* SIECLE 36d
Je recommande tout particulièrement à votre attention le pest-
Ihaler en argent doré et le pestthaler en argent (dont les avers sont
Qgurés ici) qui oITrent, le premier (n° 1 ) un Moïse montrant le ser-
pent aux fidèles agenouillés, le second (n" 2) un serpent d'airan
dressé dans un camp, au miliea de gens de guerre, parce que de la
comparaison de ces deux Ggurations se dégagent racilemeat la
composition et la signification de notre tableau.
Quant aux légendes de ces tlialers elles expliquent si bien te
sens des scènes représentées que leur iranscriplion peut suffire au
commentaire de la légende biblique :
N" 1. — Av. Contemplation du serpent d'airain; en liuit lignes :
DER, HER. SPRACH. ZV. MOSSE || MACHE DÎR. AIN. ERNE.
SLAIINGE. VN. RICHT. SI. ZVM. ZA |) ICHEN. AVF. WERGE-
BISSE IIIST. VND, SICHT. SI. AN || DER. SOL. LEBEN l| NVMERl.
ZI|M.D. X. X. X. I.
Rev. (non figuré). Adoration du Clirist eu croit par les fidèles
agenouillés à droite et à gauche; en sept lignes : WIE. DI.
SLANG : SO. MOSSE. ER li HÛHET : SO. MUS, DES. MENUSCHEN.
SON. ERHOHET. WE || RDEN. AVF. DAS. ALL. DI || AN. IN.
OLAVBEN. HAB | DAS. EWIG. LEBEN || lOHA. 3. {i).
(I) Av. « Le seigneur dit à Moïse : Fais-toi un serpent li 'a ira In et ins-
cris ceci au-dessus : Celui qui est frappé et qui regarde le serpent vivra h.
Nombres : 21-1!>31.
Rev. >t Comme le serpent a été élevé par MoTse, ainsi le fils de
l'homme doit être élevé et pour que tous ceux qui croient en lui aient la
vie éternelle ». Saint-Jean, chap. lit.
'SfO société AncHéoLOûiQÙe et historique du liKousiS
' N" 2. — Av. Conlemplatlon du serpent d*airam dans un canap ;
en légende au pourlour : FAC. SPENTE. EREV. &. PONE. P. SIC.
Q. PCVSSVS. EV. ASPEXERIT. VIVET. El dans le champ dans les
bras delà croix : NV. ZI (représentant SI).
Rev. (non figuré). Le Christ en croix au milieu de ses bourreaux.
Daos le lointain, le Christ portant sa croix. En périgraphe : ET
EGO. SI. EXALTAVS. FVERO. A. TERRA. OMNIA. TRAHAM.
AD. ME. 10. IZ.
C'est donc une restitution des pestthalers de Wittenberg qu*a
voulu réaliser notre plaque et cela sans doute dans un même but
de consolation biblique en des circonstances troublées par des
calamités graves. Les personnages, le paysage et les inscriptions
étant les mêmes, ainsi que l'atteste le fragment de phrase précité :
Schanlge numri ^/, il est rationel d'admettre le même âge pour ces
documaots, spécialement datés par les thalers de 1531-i538-18S7
et de faire par suite remoiUer notre fonte au milieu du xvi' siècle.
Reste à expliquerFoccurrence de cette trouvaille dans le Limon-
siir, dans un pays relativement très éloigné de ta Bohême.
Les maladies populaires qui ont désolé l'Allemagne au xvi* siècle
n'ont pas été des fléaux régionaux; elles n'ont été que l'expression
locale d'une vaste pandémie qui a affligé toute l'Europe cl qui a
eu par suite son écho dans le Limousin. Le manuscrit de 1638, pour
ne mentionner qu'une source (1), signale des pestes en 15i7-1549-
1363-1884 et 15S6, et, en les signalant, rappelte les entreprises des
hugenots, cause et victimes des calamités de tout ordre nées des
guerres de religion. Il n'est pas téméraire de penser que les pra-
tiques des protestants d'Allemagne ont tenté les protestants de
France et que les mêmes détresses ont fait appel aux mêmes con-
solations et aux mêmes remèdes. Les monnaies se trouvant arrê-
tées aux frontières, les plaques de cheminée ont répandu à
l'étranger les idées religieuses que vulgarisaient en Allemagne les
tbalers allemands et elles les ont répandues sous la forme qui
pouvait le mieux les recommander au milieu familial, sous la
forme d'un accessoire de foyer à la fois ornemental et durable.
La religiosité des Limousins a dû d'ailleurs être particulièrement
encouragée dans ses tendances de ce côté par l'activité du Iraflc
d'exportation du commerce de ferronnerie allemand. Nombreux
sont, en effet, les accessoires métalliques de foyer que de tout
temps les Allemands ont cherché à introduire en France. La
(i) Annales manuscrites de Limoges dites manusctit de 4638 publiées
pâftË. PiAJi^^^i^^ F. Ackard et P. Ducourtieux. Limoges, 1873, passim.
UNB FLAQUE DB CHBMINâs AU XVI* SlÈCLB 371
récenle démolilion de vieilles maisoDs de Toulouse, sacrifiées pour
le percement de la grande rue de Metz, a été, à ce point de vue, fort
instructive. Sur vingt plaques de foyer — pour ne pas sortir du
sujet de cette présentation — neuf, les plus belles, étaient de fabri-
cation allemande.
Au delà de ces considérations, il me paraît opportun de vous
signaler la valeur artistique de cette fonte. t*œuvre, d*un charme
naïf, du charme particulier aux compositions du xw siècle, a un
réel mérite d'exécution et se ressent évidemment des aspirations
artistiques des activités intellectuelles qui, comme des Beurs de vie
et d'espérance, ont émergé des misères qui, à cette époque, ont
failli faire de l'Europe un immense cercueil (1).
D' Fournie.
(1) A consulter pour les pesllhalers : D' L. Pfeiffer et C. Ruland,
Pestilentia in nummU. «— Tubingen, 1882, p. 75 et suiv.
LA FÊTE DU COUVENT DE BLESSAC
A répoque gallo-romaine, la contrée qui a formé, en 1790, le
territoire du déparlement de la Creuse faisait partie du pays des
Lemovikcs et confinait à celui des Ârvernes. La limite séparali?e
des deux peuplades se trouve assez exactement représentée, de nos
jours, par le tracé du chemin de fer d*Evaux à Eygurande (1). En
jetant les yeux sur une carte, on remarque, à la hauleur de Crocq,
entre les sources du Cher et celles du Chavanon, une brèche dans
la frontière naturelle de notre province. L'Auvergne a empiété sur
le Limousin à une époque qu'il est difficile de déterminer. La chà-
tellenie d'Herment, en Auvergne, devenue baronnie en 1270, a
étendu son ressort sur le Combraille jusqu'à Crocq, et jusque vers
Ussel sur le Limousin. C'est par cette brèche, traversée d'abord
par une voie romaine, puis par la grande route de Bordeaux-
Limoges à Lyon, que la ville d'Aubusson transportait les produits
de son industrie tapissière à Lyon et à Genève, d'où ses marchands
devaient rapporter, au wv^ siècle, la doctrine de Calvin (2).
Robert !•', dauphin d'Auvergne, était, à l'occasion, poète trou-
badour, comme la plupart de ses plus illustres contemporains.
Dans une Sirvente qu'il adressait, en 1198, à Richard Cœur-de-
Lion, son infidèle allié, il disait : « Pourtant, grâce à Dieu, entre
(1) M. Julien Havet énumère un certain nombre de bourgs de diverses
provinces de France, qui portent les noms d'Eyg'urande, Aigurandc,
Ingrande, Ivrandes,ou autres analogues. Il montre que presque toujours
les localités qui portent ces noms se trouvent à la limite de deux dio-
cèses épiscopaux de l'ancien régime, c'est-à-dire à la frontière de deux
cités de la Gaule romaine, et, avant la conquête de César, de deux
nations gauloises. Il en conclut qu'il a dû exister en gaulois un mot
Igoranda ou Icoranda, dont la signification était « frontière ».
(2) M.Alfred Leiioux, Géographie historique du Limousin, — Limoges,
1890. Passim,
LA FETE DU COCVfiKT DE BLES5AC 373
le Puy el Aubusson, je pourrai tenir ferme avec les miens (1). »
Ce voisinage immédiat entre les puissants comtes d^Auvergne et
les seigneurs vicomtes d'Aubusson, peut expliquer, dans une cer-
taine mesure, les rapports d'origine assez obscure qui existaient
entre eux. Ainsi, GeoRroi du Vigeois rapporte que Rainaud III,
vicomte d'Aubusson, restitua le monastère de Rauseille aux cha-
noines de Saint-Yrieix, vers Tan 4069, poussé à cet acte de répa-
ration (/at^et^t^) par Guillaume, comte d'Auvergne. Au siècle suivant,
en 1150, un autre comte d'Auvergne, Guillaume VU, Tait donation
au prieuré de TArlige des binns qu'il possédait à la Yille-du-Bois,
localité voisine d'Aubusson et du monastère de Blessac (2).
Il est difficile de préciser la date de la fondation du monastère
de Blessac. D'après le P.Bonaventure,en Tannée 1049, Ramnulphe,
vicomte d'Aubusson, donna ce lieu à sa iille, qui était supérieure
d'une maison de Tordre de Saint-Benoit. Au commencement du
xu* siècle, Rainaud IV, d'Aubusson, remplaça les religieuses de
Blessac par des moines de Saint-Augustin. Mais sa mère, Agnès,
prieure de Tusson (Charente), Tétant venue voir, obtint de lui et
du prieur Etienne de Jean, que la communauté de Blessac acceptât
les modiGcations apportées par Robert d'Arbrissel à la règle de
Saint-Augustin et se donnât à Fontevraud. Cette agrégation eut
lieu en Tannée H20 (3), au moment où le vicomte Rainaud IV prit
l'habit de Fontevrault à Blessac et (it au prieuré d'importantes
donations, dont on trouve Ténumération dans le cartulaire de la
fin du \w siècle (4). Cet acte solennel s'accomplit par le conseil de
la vicomtesse, en présence de Rainaud, fils aîné du nouveau reli-
gieux, de ses autres fils, Guillaume, Gui et Ramnulfe, de ses filles
et de ses gendres, P. Hebrard et Guillaume de Saint-Marc à Fron-
gier et des chevaliers, vassaux et clients de la maison d'Aubusson.
On ignore l'époque à laquelle la communauté d'hommes du
prieuré de Blessac fut supprimée. Ce fut au moins antérieurement
(1) Pero Dieus m'a fag tan bon
Qu'enlr^el Puey et Albusson
Piiesse remener entr'cis miens.
(A. Thierry, Hisl, de la conquête de V Angleterre,
(2) M. de Sennevjlle, Cartulaire de VArtige,
(3) L'ordre de Fontevraud comprenait des monastères d'hommes et
des monastères de femmes, mais la direction générale appartenait à la
supérieure des religieuses.
(4) Ce précieux document est aux archives départementales de la
Creuse, série II. Texte latin avec quelques mots en langue vulgaire.
Original perdu, copie de 1601.
T. LV 2t
374 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGIQUË ET HISTORIQUE DI) LIMOCSlK
à 1582, puisqu'alors les religieuses recevaient les secours spirituels
(i*un religieux de leur ordre, chargé eu même temps de desservir
la paroisse (1). Â Tépoque de sa splendeur, Blessac compta, dit-oo,
jusqu'à neuf cent religieuses (2).
La fête annuelle du prieuré était jadis très populaire.
« Au mois de mai 1261, le chevalier Âmblard de Montespedon
choisi pour arbitre entre Hérec de Beaujeu, seigneur d'Herment,
et deux de ses vassaux, Arbert et Guillaume de Tinières, seigneurs
de Fernocl, prononce une sentence dont le texte nous est parvenu...
En même temps, l'arbitre fixe les cas où les hommes d'Herment
n'auront pas à payer le péage en traversant les seigneuries de
Fernoël et de Giat : ils no paieront rien, notamment, quand ils
iront aux foires et marchés de Crocq, et quand ils se rendront, une
fois par an, à la fête du couvent de Blessac (3) ». M. Thomas
ajoute : La réserve en laveur de Crocq s'explique tout naturelle-
ment puisque Hérec était seigneur de cette ville en même temps
que d'Herinent; la mention de Blessac, qui est situé à plus de
40 kilomètres à vol d'oiseau d'Herment, tient évidemment aux liens
qui venaient de s'établir entre Hérec de Beaujeu et les vicomtes
d'Aubusson, fondateurs et protecteurs héréditaires du couvent de
Blessac (4).
Assalide d'Aubusson, fille du vicomte Rainaud VI, était prieure
de Blessac en 1260, au moment même où Hérec de Beaujeu, l'époux
de sa nièce Alengard, encourageait ses tenanciers d'Herment à
fréquenter la frairie du couvent (5). Du reste, on ne possède aucun
■
(1) Abbé RôY-PiERREFFiTTE, Lcs monastères du Limousin et de la
Marche, art. Blessac.
(2) Robert d'AneRissEL, Poème en 12 chants, note sur le douzième chant,
— Paris, 1779, p. 403.
(3) M. Antoine Thomas, Hérec de Beaujeu, maréchal de France et les
derniers vicomtes d'Aubusson {Bulletin de correspondance de la Société
des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, n° 5, juin 1902). —
L'étude de M. A. Thomas éclaire d'un jour nouveau une période jusqu'ici
très obscure de l'histoire de la vicomte d'Aubusson.
(4) Hérec de Beaujeu, seigneur d'Herment, du Monteil-Dégelat et de
Crocq, avait épousé Alengard, dame du Puy-Malsignat, fille de Gui II,
le dernier vicomte d'Aubusson. Elle était sœur de Rainaud, prévôt
d'Ëymoutiers et de Moutier-Roseille et curé de Saint-Silvain-de-Belle-
garde. En 1273, Alengard, veuve d'Hérec, était remariée à Guillaume
de Rochedagoux, en possession de la seigneurie de Felletin, partie
intégrante de la vicomte d'Aubusson, qui fut réunie après sa mort au
comté de la Marche (A. Thomas).
(5) Voir à l'Appendice une liste des prieures de Blessac plus complète
que celles qui ont été déjà publiées»
LA FÊTE DU COUVENT DE BLESSaC 3
détail au sujet de celte fête : nous essaierons plus loin de préciser
la date à laquelle on la célébrait.
Au moyen âge, alors que notre pays était divisé en nombreux
petits territoires, les fêtes locales abondaient. L'église qui les avait
créées, les avait espacées dans Tannée : chacune d'elles était pour
le populaire un jour d'affranchissement. Le jour de la fête reli-
gieuse était celui d'une kermesse bruyante, et, en même temps,
celui de la foire la plus importante de ta localité. Il est vraisem-
blable que cet usage s'était établi à Blessac, comme il existait
partout ailleurs.
On a signalé une particularité qui parait se rapporter au sujet
qui nous occupe : « Des relations importantes qui répondaient à
des besoins réciproques, étaient celles qui s'échangeaient entre le
massif central et les plaines qui le bordent au sud et à l'ouest.
L'Auvergne élève des races de bœufs ; le Languedoc et le Poitou
ont besoin de bœufs pour leurs labourages. Régulièrement, ainsi,
vers le mois d'octobre, arrivaient des pâturages de Salers sur les
bords de la Charente, les bestiaux que réclamait sans pouvoir les
produire sur ses secs plateaux calcaires l'agriculture poitevine.
Des foires étaient organisées pour correspondre à ces passages
d'Auvergnats. Il y a là, sans doute, pour les personnes que touche
l'étude des divers phénomènes de groupement humain, un sujet
de curiosité et de recherches.
» Il semble qu'on retrouve dans ces fréquentations intermittentes
quelque chose d'analogue à certains pardons de la Bretagne ou
panégyries de la Grèce (1) ».
Ce n'était pas toujours une ville ou un village qui servait de lieu
de rendez-vous. Un carrefour de routes, quelque endroit désigné
et fixé par la tradition réunissait aussi, au jour dit, vendeurs et
acheteurs. De même, les foires qui s'ouvraient à l'occasion des
fêtes paroissiales, et, généralement le lendemain de la fête du
patron de l'endroit, se tenaient souvent dans de simples villages ou
dans des lieux inhabités. Telle est la foire de Ghambérat qui s'ouvre
le 20 août sur la limite de la Greuse et de l'Allier. A signaler aussi
la Sainte-Magdeleine, fête patronale du village de Rochis, dans la
paroisse de Saint-Vaulry. Dès la veille du 22 juillet arrivent sur le
yersant d'une colline voisine des centaines de chariots chargés de
marchandises. Robert du Dorât écrivait en i650 : « A Faux, petit
bourg dans la Montagne, il y a une foire k la Saint-Luc (18 octobre)
qui dure trois jours, à savoir : la veille de Saint-Luc, foire de
(1) M. Vidal de la Blache, Discours prononcé, le 5 avril 1902, à la
séance générale du Congrès des sociétés savantes»
376 SOClÛrà ARCUÉOLOGtQlJfi ET HISTORIQUE DU LIMOCSI>f
moulons OÙ s*en trouve bien souvent leçenl et six vingt mille tôles ;
le jour de Saint-Luc, Toire de gros bétail; et le lendemain foire de
toutes bêtes ». Les transactions étaient tellement importantes,
qu'en 1767, le ministre Ber'tin demanda à ses agents des éclair-
cissemenls sur les moutons que Ton conduisait au marché de
Faux (1).
L'existence bien constatée, au xiu* siècle, d'une fêle très
renommée auprès du monastère de Blessac, nous parait devoir
autoriser un rapprochement, De temps immémorial, le premier
lundi du mois d'octobre est un jour de chômage pour les ouvriers
de la manufacture de tapisseries d'Âubusson et de toutes les indus-
tries qui s'y rattachent : ce jour férié se nomme le jour du couvent,
et les veillées d'hiver commencent le lendemain. Cette fête, toujours
en grand honneur à Aubusson, se termine, le soir, par un repas
de famille, mais son origine est complètement oubliée. On dit
seulement : « le couvent est le jour des chandelles », sans doule
par allusion au commencement des veillées.
Le peintre-littérateur Gault de Saint-Germain, qui habita Guéret
en 1809 et 1810, écrit dans une notice humoristique sur la pro*
vince de la Marche : « La manie des Aquitains est de vouloir
toujours découvrir les origines. » Ce fut peut-être sous une influence
atavique, qu'un écolier, vers 1840, demanda à un docte vieillard
aubussonnais la signification de l'expression assez insolite, « la
fête du couvent ». Autrefois, lui fut-il répondu, les tapissiers
d'Aubusson avaient l'habitude de se rendre, à pareil jour à Blessac,
où se tenait un marché dans le voisinage du couvent, et où ils
s'approvisionnaient d'objets de toute sorte et particulièrement pour
servir à l'éclairage pendant la saison d'hiver.
Il est difTicile de ne pas voir dans cette tradition un souvenir
de la fête du couvent de Blessac mentionnée dans la sentence dn
mois de mai 1361. Depuis la suppression de la fête et du marché
du couvent, un bourg voisin semble avoir hérité de quelques-uns
de ses privilèges. Jusqu'à ces derniers temps, les ouvriers d'Au-
busson avaient l'habitude de se rendre à Vallière, le 12 novembre,
à la foire de Saint-Martin, pour faire emplette de bas, gilets, chaus-
sons et autres objets en laine du pays, ouvrés par les femmes de
la campagne environnante.
L'acte de mai 1261 n'indique pas la date de la fête du couvent.
Nous croyons pouvoir la placer aux premiers jours du mois d'oclo-
(1) M. Z. ToLMiEux,Lc Comté de la Eeuillade, — Guéret, imp. Amîault,
1903, p. 19.
LÀ FÊTE DU COUVENT DE BLESSAC 377
bre, à Tépoque du passage du bétail que les paysans de l'Auvergne
conduisaient dans les provinces de l'Ouest. Cette fête n'était pas
celle du prieuré proprement dit, mais celle de la paroisse de
Blessac, et Ton disait la fête du couvent, par extension, à cause de
la grande notoriété du monastère.
La fête du prieuré était celle de TAssoraption, le 15 août, et la
fête principale de la paroisse, celle de saint Martial, le 30 juin.
Il existait aussi une autre fête de saint Martial, celle de la
Translation de ses reliques, que la liturgie du diocèse de Limoges
place au 10 octobre de Tannée. Du reste, les frairies n'ont jamais
eu une fixité absolue; souvent, lorsque une fêle se trouve au temps
de la moisson, elle est renvoyée à une autre date, à la saison
hivernale.
Les translations de reliques se faient au moyen âge avec un
grand concours de fidèles et l'imagination populaire en était vive-
ment frappée. Au neuvième siècle, les reliques de Sainte-Valérie
furent transportées de Limoges à Charabon et Ton en retrouve un
vague souvenir dans les traditions du pays de Combraille. En 885,
les religieux du monastère de Saint-Martial de Limoges transpor-
tèrent au château de Turenne les reliques de leur saint patron pour
les soustraire à la fureur des Normands. Quelques moines, entre
autres Aldebert, prédicateur célèbre, restèrent, afin de les garder
près de la chapelle où elles furent déposées avec grand honneur.
Les reliques de Fapôtre de l'Aquitaine furent transférées à Limoges
vers l'année 895 (1). Cette translation eut lieu le 10 octobre, date
de l'une des fêtes de Blessac et que nous croyons être celle que
fréquentaient les gens de la Haute et Basse-Auvergne et les habi-
tants de la ville d'Aubusson.
Cyprien Pérathon.
(1) Abbé RoY-PlERREFlTTE, loC. cU, .
378 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
APPENDICE
PRIEURES DE BLE88AC
N... d'Aubusson, fille du yicomte Ramnulfe III, 1049. — Agnès des
Bordes, vers 1120. — Dame Arcendis, 1140. — Agoès des Tours, après
1140. — Aina, vers 1179. — Lucie, après 1179. — Almoïs, fin du
XII* siècle. — Agnès la lobeta? fin du xii« siècle. — Florencia, fin du
XII* siècle. — Alpaïs de Saint- Julien, 1229. — Assalide d'Aubusson,
fille du vicomte Raina ud VI, 1260. — Agnès d^Aubusson, 1281. —
Catherine de la Feulye, 1314. — Marquise d*Aubusson, 1320. — An-
toinette de Saint-Julien, 1411. — Marie d*Aubusson, 1429, 1456, 1461.
Antoinette d'Aubusson, 1507, 1512. — Rose de Saint-Julien, 1516. —
Françoise d*Aubusson de Villac, 1520, 1526. — Dominique Chenuy ou
Chennyn, 1541. — PauledeVeausse, 1542, 1560. — - Barbe de Prédevault,
1546, 1556. — Catherine LhuilUer, 1565, 1576, 1581. — Michelle de
Montoignac, 1570, 1575. — Loïse Hébert, alias Hébret, 1582, 1584,
1587. — Anthonie d'Aubusson, 1586. — Jacquette de la Chassaigne,
1593. — Diane de MonUignac, 1594, 1604, 1608. — Catherine de Mon-
taignac, 1597, 1613, 1620. — Antoinette de Carolus, 1601, 1608. —
Antoinette de Saint-Julien, II* du nom, 1611. — Jeanne de Montaignac,
1620, 1624, 1635. — Claude du Baile, 1631. — Françoise de Villejus,
1635. — Louise de Lyon, 1638, 1641. — Françoise de Malesset de
Chastelus, 1642, 1644. ~ Renée du Prat, 1646, 1650. — Anne de Chaslus,
1651, 1653, 1674, 1702. — Marguerite de Ligondès, 1654. — Eléonore
de Montaignac, 1656, 1659. — Rose de Saint Julien, II* du nom, de
1659 à 1665, moins Tannée 1662. — Marguerite de La Porte, 1665, 1668.
— Marie de Douhet de Saint-Pardoux, 1668, 1671. — Anne de Chaste-
net du Liège, 1671, 1674. — Olympe du Pouget de Nadaillac de la
Villeneuve, 1675, 1677, 1685, — Jeanne de Chaussecourte de Lépinas,
1677, 1679. — Gabrielle de Malesset de Chastelus, 1681. — Marie
Rougier de la Valette, 1683, 1689, 1690. — Honorée ou Honorine de
Saint-Julien, 1687, 1690, 1693, 1695. — Rose de Saint-Julien de la
Terrade, 1686, 1688, 1690, 1695. — Sœur de la Villatte, 1689. — Antoi-
nette de La Rocheaymon, 1690, 1701. — Marie-Constance de Saint-
Julien- Saint-Marc, 1691. — Silvie de la Tourette, 1692. — Sœur de
Mérignac-las-Tours, 1692. — Hyacinthe de Chastenet de Mérignac,
1693. — Antoinette de Saint-Julien, 1694. — Françoise de Chausse-
couile du Soulier [allas) du Soulhac, 1699, 1701, 1702, 1703. — Marie
de Tonzierde Mérignt'îc, 1701. — Marie- Antoinette de Larocheaymon du
LA FÊTE DU COUVENT DE BLESSAC 379
Chier de Barmont, 1705. — Françoise de Soullier de Mérignac, 1700,
1701, 1702. — Marie-Eléonore de Chabanne, 1708. — Marie-Gabrielle
de Saint-Julien de la Terrade, 1712. — Olympe d'Arfeuille, 1713. —
Adèle de Larocheaymon du Chier, 1713. — Antoinette de La Roche-
aymon du Chier, II« du nom, 1717, 1721. -:- Magdeleine de Chabanne,
1730, 1734. — Marie de La Rocheaymon de Barmont, 1733. — Antoinette
Roudeaux du Clos, 1738. — Gabrielle de Saint-Julien, !!• du nom, 1744. —
Angélique de La Rochebriant, 1745, 1764. — Marie-Rose de Pampelune
de Livry, 1753, 1762, 1763 (1). — Marguerite de La Chaise- Dusseaux,
1755, 1759. — Marie de Sarrebrune, 1757. — Magdeleine de Chausse-
courte de Montfloux, 1757, 1768,1782. — Angélique de La Rocheaymon,
1761. — Marie-Blanche de La Rocheaymon, 1766, 1767. — De Vernon,
1767. — Adèle de La Rocheaymon du Chier de Barmont, !!• du nom,
1773. — Anne de Romanet de Beaune, 1774, 1776. — Marguerite de
Courtilhe de Saint- A vit, 1790.
PRIEURS (2)
S, S. Stephanus?, prieur, 1120 (Donation d'Aldcbert V, comte delà
Marche). Stephanus Johannis (Etienne de Jean), vers 1140 (Cartulaire
de Bîessac). — Guillaume de Saint-Gall (de Sancto Gallo), 1179 (Cartu-
laire). — Gérald de Saint-Gall, fin du xii* siècle (Cartulaire). — Frère
Claude Aramit, 1293. — Guillaume de Breuilh, 1312, 1314. — Jacques
d'Aubusson, fils de Jean l^^^ seigneur de la Borne, 1423, 1454, 1468 (3).
— Guyot d'Aubusson, fils de Jean III de la Borne, prieur commenda-
taire, 1509. — Jehan Moureau, 1510. —Jean d'Aubusson, fils de Jacques
d'Aubusson de la Borne, prieur commenda taire, 1533, 1540. — Maurice
Vosgien, frère et confesseur du couvent, 1586 (4). — René Binet^ 1609. —
Frère Clovis Ouvrard, religieux profès de Fontevraud, 1662. — Claude
Durand, religieux profès de Fontevrault, 1666. — Révérend père Jean-
Baptiste Pecquet, religieux de Fontevraud, confesseur et curé de Blés-
sac, 1683, 1686; 1688. — Jean Meynard, 1688, 1691. — Jean Rousseau,
1694. — Renard, 1700. — François de la Haye, prieur et curé de
Blessac, 1701. — François Allègre, prieur des dames, 1705. — Frère
Claude de la Huproye, 1708, 1716. — Dom Pierre Suart, prieur et curé,
1557, 1761 f 1765. — Dom Jean-Baptiste Laire, prieur et curé de Blessac
dès 1765, émigré en 1793. — Fourniaud, mentionné en 1793, devait
être prêtre constitutionnel.
(1) Elle était veuve de Gilbert-Amable de La Rochebriant, marquis de
Clairavaux. On la trouve qualifiée « Supérieure de la Société des Dames de
charité d'Aubusson et des Dames religieuses de Blessac n. (Archives départ,
de la Creuse, supplément à la série H, archives de Thospice d*Aubusson,
p. 3, col. I. — 3).
(2) Il n'y a pas lieu de distinguer les prieurs des curés de Blessac.
(3) Jacques d*Aubusson est qualifié a Prieur de Blessac pour les hommes »,
ce qui indique que la communauté d'hommes existait encore à Blessac, à
côté de la communauté de femmes, au milieu du xv* siècle.
(4) La communauté d'homme» n'existait plus à ce moment.
PRÉSENTATION DE MÉDAILLES
J'ai 1 honneur de vous présenter trois souvenirs mélatliques qui
par leurs allaches limousines me paraissent avoir pour vous quel-
que intérêt. Il s'agit d'un bouton gravé, d'un mcreau en- plomb et
d'une médaille à portrait.
I. — Bouton grai'é
Ce boulon est d'un bronze grisâtre à reflets d'acier, de forme
octogonale, à bords légèrement évidé?, présentant sur sa fate anté-
rieure, sensiblement bombée, la gravure qui fait l'objet de celte
communication et, à sa face postérieure, brute, la racine d'une
tige fortement abrasée. Son diamètre, d'un angle à un angle opposé,
est de 34 millimètres.
La face convexe ou gravée, anépigraphe, marquée seulement de
deux lettres [^ CQ) et d'un attribut qui n'est autre qu'une entrave
de prisonnier, présente, se détachant sur un sol uni, accidenté seu-
lement rie quelques fleurettes, deux personnages, l'un debout,
PRÉSENTATION DE 3IÉD AILLES 381
Tautre agenouillé. Lé premier est un saint à la léte nimbée, revélu
de vêtements sacerdotaux, tenant la main gauche appuyée sur un
rituel ouvert €l la main droite tendue en avant, dans un geste de
bénédiction, vers le personnage agenouillé à ses pieds. Ce dernier
est une femme, la léte ceinte d*une couronne nobiliaire, les mains
jointes dans Tatlitude du recueillement. Dans l'espace séparant les
deux personnages, un monstre hirsute, espèce de dragon à quatre
pattes, fuyant irrité.
Cette représentation est gravée au trait dans un style un peu
archaïque, mais avec une correction et une délicatesse qui attes-
tent une main relativement exercée. La facture et la forme des vête-
ments et du Ç£i font penser à une œuvre du xvu« siècle.
Ainsi figurée, cette gravure reproduit évidemment une scène
d'exorcisme, Texorciseur étant un saint, évéque ou prêtre, et l'exor-
cisée une dame de qualité. A quelle origine, à quel fait rattacher
cette évocation ?
Si on se laisse guider par les deux lettres précédemment signa-
lées S. H. gravées suivant un type très connu dans les écrits et
dessins armoriés du Limousin, on est conduit à l'histoire de saint
Martial et tout particulièrement au récit des miracles de ce saint.
L'orientation est d'autant mieux indiquée de ce côté que le saint
limousin, d'après l'auteur du Bref sommaire de F histoire de Saint
Martial et de son decedz « illumina les aveugles et prostrés des
» idolles d'Ahu, (ist marcher les impotents et contrefaits, parler
» les muets, sauter les paralictiques, chasser les diables des corps,
» les contraignans, par vertu de Dieu, apparoir en monstres visi-
» blés aux hommes, déclarans leurs astuces et malices. » (1).
En fait, la vie de saint Martial attribuée à saint Aurélien, repro-
duite par le cardinal Bourret, rappelle un épisode du plus haut
intérêt : « Ingressus (il s'agit du saint), ilaque Lemovicinum, venit
ad Tullum castellum et ibi receptus est in hospitium divite et
mansit ibi duobus mensibus... Prsefatus aulem dives Arnulphus
habebat unicam (lliam quae a dœmonio quotidie vexabatur. At ubi
ingressus est beatus Marcialis domum exdamavit dœmon dicens :
Scio me egressurum de ista puella quia angeli qui tecum sunt me
graviter torquent. Sed adjuro te per Crucifixum quem prœdicas me
non in abyssum miltas. Tune beatus Marcialis dixil : Per istum
Crucifixum te adjuro ut exeas de corpore islius puellae et amplius
non intres in eam, sed vade in locum desertum ubi neque avis
(i) Annales manuscrites de Limoges dites Manuscrit de 1638 y publiées
par E. Ruben, F. Açhard et P, Ducourtieux, — Limogées, 1873, p. 43,
382 SOCIÉTÉ ÀRCHÉOLOGIQCB ET HISTORIQUE PU LIMOUSIN
volât neque liabilalio hominum es(. Ad hanc Tocem evomuit
puella spiritam immundum et quasi mortua facta est. Tune bealus
Marcialis tenens manum ejus erexit eam el reddidit patri incola-
inetn. » (1).
Ce fait, qui est rappelé sous le nom de miracle de Toulx-Sainfe-
Croix ou de la Tille d'Aroalphe, par le Père BoDavenlure de Saint-
Âmable (S), l'abbé Duléry (;-t) et l'abbâ \rbeIIot(4), cadre si bien
avec la composition du boulon qu'il ne peut que paraître avoir
inspiré eflectivement l'auteur de la gravure.
Celte assertion sérail indiscutable si d'autres saints n'avaient
partagé avec saint Martial le privilège de la domination des malins
esprits ; mais les actes de saint Maurice et de saint Mathurin (pour
ne pas sortir du cadre des noms à l'initiale M] sont tels qu'il n'est
que juste de les supposer possibles dans l'explication clierchée. Si
nous laissons de cÂlé saint Maurice, dont le costume tradilioûnel
de légionnaire exclu! la figuration précitée d'habils sacerdotaux,
nous trouvons en saint Mathurin un Ihaumaturge pouvant réclamer
pour son histoire la scène représentée : c'est, en eiïel, l'exorcisme
de la princesse Théodora, fille de l'empereur Maximien, par saint
Mathurin, de Larchant, qu'ont reproduit pendant de longues
années, avec saint Fiacre ou la tête du roi au revers, les jetons de
la corporation des potiers d'étain et des toiliers de Rouen, ainsi
que rallcslent les reproductions ci-dessous de pièces du Musée Car-
navalet.
1 d<s poUBra d'éliio (Forgeiisl-
(1) DocumenU *ar les origintê chrétiennes du Boaergue. — Bodei,
1887-1902, p. 16.
(2) HUloire de Saint Marlùil, t. III, p. 49-50.
(3) Histoire de Saint Martial, U III, p. 69-70.
(4) Hitloire de Sùnl Martial, t. III, p. 18.
PBËS£NTATION E
L'aUribntiOD de la gravure à saint Martial me parait décidée par
la figuration de l'entrave signalée ù calé du M désignaol le saint.
Les traités d'hagiographie ne mentionnent pas, en effet, le pouvoir
libérateur vis-à-vis des prisonniers de saint Mathurin, tandis qu'ils
répètent avec insistance celui de saint Martial, en l'assimilant à
celui de saint Léonard (I).
(I) vil. — Adhuc recens virtutuni clarescit insigne miraculum.
Contigit ul quidam publicec mancîparelur custodicc et adslnctus cale-
nai'iim nexibus tcneretur oppressis somno custodiis, nocte evasil cus-
todia et basilicam Sanctî Marcialîs adhuc vinculatus eipetiit; qui taclis
liroinibus, sed tamen seratia januis, ita vincula sunt comminuta ut
Blalim absolveretur adslructus : quce etiam catena teste populo sdpeusa
ccrnitur pariter et contracta.
Vlll. — Simili causa aller dum ei ligno colla fuissent consti'icta et
ad custodiam carceris duceretur, invocans sanclum Dei servum ilîco
lignum de cervicibuB manJbusque ejus evulsum est, ut liber videretur
a vinculo qui fuerat ferlasse deputatus mortis eventu. (.\bbé Arbellot,
Ehide hMorùjue fur l'ancienne vie de lainl MitrlUl, p. 31-35.)
384 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
i
La scène figurée parait donc bien se rapporter à saint Martial :
mais à quelle idée a pu répondre la création de ce bouton ? S'agit-il {
d*un hommage de pure dévotion à saint Martial, comparable à celui
que réalise vis-à-vis de ce saint et d'autres la médaille à bélière en
usage de nos jours, ou bien s*agit-il d'une illustration exception-
nelle par le burin d'un ornement de toilette à destination spéciale?
Cette dernière hypothèse paraît la plus probable : une médaille
de dévotion, pour être accessible à un grand nombre de fidèles,
aurait évité sûrement une forme aussi incommode et aussi coû-
teuse, tandis que la livrée de cérémonie par le luxe qu'elle réclame
et qu'elle comporte peut justifier le modèle tourmenté et le travail
relativement artistique de l'accessoire qui nous intéresse. J'admet-
trai donc que par sa forme anguleuse, peu compatible avec le jeu
commode et économique d'une boutonnière, aussi bien que par
son décor justiciable du burin, — d'un burin expérimenté, — le
bouton présenté doit être considéré comme un ornement d'un habit
de cérémonie de maître ou de domestique.
Quant à l'illustration de ce bouton, qui a voulu être sûrement un
bouton noble et distingué, elle n'a pas dû être prise au hasard ;
elle a dû être empruntée de parti-pris au sujet qui, à l'époque,
passionnait le plus l'opinion religieuse, à la possession démoniaque
et cela pour valbir à cet ornement de luxe l'intérêt que les
peintures et sculptures des xni% xiv«, xv« et xvi* siècles avaient
tiré des évocations diaboliques.
Il serait excessif de rappeler à l'occasion de cette simple présen-
tation tous les monuments qui dans l'art se sont inspirés du ménae
sujet, surtout après ce qu'a écrit sous le titre : Les Démoniaquesy
le D' Paul Richer, dans son curieux livre sur V Art et la méd€cine({) :
il me suffira d'avoir constaté avec vous que la médaille a tenté
d'avoir sa part de la renommée qu'avait acquise aux peintres et
aux sculpteurs la représentation de la puissance démonifuge [des
saints, en particulier du saint Limousin, saint Martial.
II . — Méreau de plomb
Ce méreau se présente sous la forme d'une pièce de plomb,
ronde, [de 30 millimètres de diamètre, portant un avers et un
revers :
Av. — Un saint droit, de face, la tête nimbée, revêtu de vête-
ments sacerdotaux, notamment d'une dalmatique, tenant de la
(1) L*Arl et la médecine, Paris, Gauthier, Maquier et C'«, p. 10-165.
maiD gaache une clialae eachaînanl deux personoages ageaouillés,
UD à droile, l'aulre à gauche, e( de la main droite ua objet mal
déterminé, peut-être un livre, Daos le champ, de chaque côté du
personnage cealral, les deux lettres S. L. et au-dessous de cette
demJÈre, une branche à trois feuilles chargée d'un fruit, peut-être
d'une orange.
Rev. — Un personnage agenouillé ou accroupi ou enfoitcé dans
l'eau, s'appuyant des deux mainR sur un bALoo tige et portant sur
ses épaules l'Enfant-Dieu, ligure par une main bénissante et un
globe crucigère. K sa droite, un personnage agenouillé présentant
une lanleme ; à sa gauche, une cruche ù anse. Daas le champ,
séparées par le personnage central, les deux lettres S. L.
Cette pièce, d'une facture assez grossière, rapprochée des plombs
historiés trouvés dans la Seine, décrits par Forgeais, reproduit
un spécimen du méreau, du xvi* siècle, des fruitiers-regratliers et
plus spécialement de la variété ilgurée à la p. 106 de la Numisma-
tique des corjiorations parisiennes de cet auteur (1).
S) ou compare la composition de ce méreau à celles des autres
méreaux de la corporation des fruitiers, dessinés daos ce môme
ouvrage, et ù celle du jeton de la communauté des marchands
fruitiers orangers de 1S78, reproduits ci-après d'après les publi-
cations de Forgeais et de de Lespinasse (2), on arrive facilement à
la caraclérisation de cette pièce.
(1) Nam'umatique des eorporalioiiÈ pariiiennn, inélien, etc., il'aprè»
tei plomb» hitlorii» trouvés dana U Seine, Paris, 1%'i, p. 100-liâ.
(2) Jtlofti et armoiries des métier» de Paris, Nevera, Vallière, 1897,
litre XV.
386 SOCIÉTÉ ARCnéOLOGIQUÊ Et HlTTORIQÙE DÛ LiMOL'SlM
L'avers figure saint Léonard brisant les chaînes des prisonniers,
en rappelant par un attribut la corporation auteur du jeton, et le
revers, saint Christophe passant un torrent avec le Christ enfant
sur ses épaules.
Il serait intéressant de savoir petir quels motifs la corporation
de» fpuHters a choisi pour patrons saint Christophe et saint Léonard.
Pour saint Christophe, te patronage se trouve vraisemblable-
ment expliqiiè par la légende qui veut que le bAton dont se servait
le saint pour traverser te torrent quand il portait TEttARtf-Dieu, se
soit — planté en terre — transformé en arbre chargé de feuilles et
de fruits.
La mise en cause de saint Léonard est moins évidente. Il semble
néanmoins que tes fruitiers ont voulu établir par leur recours à ce
saint Tutililé matérielle et peut-être aussi morale ou religieuse du
long ou fréqueat usage des fruits, car la tradition enseigne que
\ Termite de Noblac a vécu pendant de longues années^ dans la
I forêt de Pauvin, d'herbes et de fruits.
I Quoiqu'il en soit de cette explication, saint Léonard ayant été
! choisi patron des fruitiers^ il convenait que ce saint fut représenté
dans les médailles et méreaux sous son aspect le plus caractéris-
tique : c'est pour ce motif qu'en dehors de l'attribut spécial de la
I corporation figurée par un rameau d'oranger, nous voyons le saint
limousin représenté entre deux prisonniers enchaînés, comme le
libérateur traditionnel des détenus dévoués à son culte. On sait
en effet que la docilité des chaînes et des serrures de prison à la
voix du saint a, suivant la tradition, partout marqué la puissance
de ce thaumaturge.
La figuration de saint Léonard sur les méreaux et jetons de la
communauté des fruitiers-orangers a subi les fluctuations de l'art
du XIV* siècle à la Révolution. On peut suivre les étapes des progrès
dans l'ouvrage de Forgeais qui reproduit un plomb du xiv« siècle
et quatre du xvi* siècle et dans les reproductions des œuvres artis-
tiques du xvni* siècle, dont le dessin ci-joint donne un élément.
Il est à remarquer qu'avec le temps saint Christophe a disparu
pour laisser sa place à la tête du roi, et consacrer ainsi par cette
disparition l'entier abandon à saint Léonard du patronage de la
corporation des fruitiers.
Quand à cette corporation, auteur du jeton présenté, elle était
faite de tous les fruitiers, regrattiers et coquetiers, soit des petits
marchands de fruits, volaille, beurre et œufs, errant dans les rues,
et des plus gros marchands des mêmes denrées trafiquant dans
des domiciles fixes. Par suite des différends survenus dans une
association si complexe et si hétérogène, vers le. commencement
du ivii* siècle, les regraltiers de fruiu réclamèreni leur indépen-
dance et coaslituërent, à la suil« de leUres patentes de juin 1608,
une commuoautË de « rrui(iers-orang«r3, maislres de la marchan-
J«Mn dei frnltiïrt onngtti d* ITEM (CirDittlel)
dise de fruits, es^nios et savoureux ». C'est vraisemblablement à
cette communauté qu'appartient le beau jeton de ilSS, spécifiant
dans son exergue : « La communauté des marchands fruitiers-
orangers de Paris ».
38S SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UISTORIQVB VU LIMOUSIN
Les slaluls de celle communaulé ne menlionnenl pas la confrérie,
mais celle-ci Élail établie à Sainl-Euslaciie et, comme il a élé dit,
sous le vocable de sainl Léonard. La m^lrise cofltaii 850 livres.
III. — MédaiUe à portrait
Un ile nos coUèpes, éminent conférencier, M.Laguérenne, nous
a tenus l'an ilernicrsous le charme de sa parole par une étude des
plus aUrayantes sur Jean Dorât, poète limousin du w\' siècle,
maître de Ronsard. C'est la silliouelte métallique de celte gloire
limousine que doit vous oiïrir ma troisième communicalion.
Iiillon de JtiiD DontT, pir l>ctf
Cette médaille est une médaille Tondue, anirace, de 63 milli-
mètres de diamètre, portant, dans le champ circonscrit par un
grénetis, le portrait en buste du poète.
Ce dernier est représenté de profil, regardant à gauche, la léte
nue, couverte de cheveux courts, la barbe taillée en pointe, le corps
vêtu d'un pourpoint recouvert d'un manteau ouvert sur le devant.
Au pourtour la légende ;
JOANNES AVRATVS JT.T. SVE AHN. LXXVH.
PRÉSENTATION DE MEDAILLES 389
Sous le premier mol de cette légende : ia. prima, abréviatir du
nom du médailleur, Jacques Primavera.
Le personnage, d*une figure relativement maigre, osseuse, k
reliefs bien accusés, d'un regard pénétrant, a une physionomie
Qneet ouverte, la physionomie d'un intellectuel. La tenue est sobre,
mais de bon goût et bien ajustée, dénotant un homme de qualité.
L'exécution, soignée, trahit une grande aisance de procédés.
L'harmonie des proportions, la pureté des lignes, la sobriété des
reliefs, la correction des détails et Vexpression de la physionomie,
démontrent la maîtrise de l'auteur, une maîtrise de bon aloi qui
aurait sûrement des admirateurs à notre époque.
Il serait curieux de savoir à quelle occasion et pour quelle fin a
été fondue cette médaille dont les caractères et la signature révèlent
une œuvre de la seconde moitié du xvi« siècle. La documentation
de ce côté se réduit à des hypothèses. La mode n'ayant pas été, de
1600 à 1700, de reconnaître plus qu'avant les écrits des savants et
des artistes par l'offre publique de médailles, offre si répandue de
nos jours, le portrait doit être considéré comme le résultat d'une
initiative personnelle de notre poète ou de son entourage. Ainsi
procédaient, motu proprio, les grands personnages de l'époque
quand, mus par le souci de leur gloire personnelle, ils entrepre-
naient de prolester contre l'indifférence populaire ou l'égoïsme
officiel, seulement attentionné pour le roi et la cour.
Par un même sentiment ont dû agir les contemporains, Jean-An-
toine de Baïf, Philippe Desportes et Pierre Ronsard, lorsqu'ils ont
confié au médailleur le soin de nous conscjf ver les traits des poètes
que devaient nous révéler leurs écrits.
La légende portant jet. sue. ann. lxxvu, c'est vers 1585, c'est-à-
dire trois ans environ avant sa mort, que notre poète a dû se faire
modeler.
L'auteur du portrait est, comme l'indique la signature précitée,
le médailleur Jacques Primavera. Ce nom qui devrait être une
source de lumière n'est pas fait pour éclairer les questions d'ori-
gine et de date de notre médaillon, car si les œuvres de Primavera
sont connues pour la conception artistique et la facture qui les dis-
tinguent, l'histoire de l'artiste reste enveloppée dune ombre que
les recherches des critiques contemporains n'ont pu dissiper. On
ignore encore en effet la nationalité et les dates extrêmes de la
naissance et de la mort du médailleur. Le nom indique bien, à vrai
dire, une origine italienne, mais les œuvres sont si françaises par
les personnages qu'elles représentent et le goût qu'elles accusent
que E. Piot, en reproduisant la médaille de Philippe Desporles,
signée Primavera, n'hésite pas à considérer Tartiste comme un
T. LV 25
59Ô SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HlSTôniQL'E DC LIMOCSIN
médailleur français (1). M. Chaboaillet, qui a fait des recherches et
écrit avec la plus grande dislinclion sur Primavera, est moins affir-
matif : il pencherait plutôt, avec Bolsenthal qu*il cite, pour une
origine italienne, mais avec cette restriction que Tartiste aurait
surtout vécu en France, où ses œuvres se seraient poursuivies de
1574 à 1885 (2).
Dans cette incertitude, tout ce qui peut-être dit c*est que le
poète, en homme de goût, a fait judicieusement le choix du mo-
deleur appelé à perpétuer son souvenir. Contemporain de Phi-
lippe I Danfrie, de Jean Moulceaux, de François Briot et d'autres
artistes renommés, il a su apprécier Primavera et témoigner ainsi
de la sûreté artistique de son jugement. Nombreux sont, en effet, et
pour cause, les grands personnages du xvu* siècle qui ont honoré le
même médailleur de leur préférence ; sur la vingtaine de médailles
fondues (toutes unifaces moins deux et presque toutes du même
diamètre, de 60 à 65 centimètres) qui constituent Tœuvre connue
de Primavera, on trouve les portraits de Marie Stuart, de Catherine
de Médicis, d*Elizabelh d'Angleterre, de Charles de Balsac d'En-
tragues, de César de Bellegarde, de Charles de Lorraine, duc de
Mayence, du cardinal Jacques Davy Duperron, du premier pré-
sident Christophe de Thou, de Pic de la Mirandole, des poètes
Jean-Antoine de Baïf, Philippe Desportes et Pierre Ronsard —
sans compter le portrait de l'artiste modelé par lui-môme — c'est-
à dire le gros appoint des éminences de tout ordre de l'époque.
Quant à la valeur artistique de l'œuvre, reconnue par Armand (3),
Bolsenthal, Chabouillet*et d'autres, elle est conQrmée par les
reproductions du Trésor de Numismatique y qui donne les médailles
de Jean de Baïf, de César de Bellegarde, de Charles de Lorraine,
de Christophe de Thou et de notre poète lui-même (avec une
petite incorrection de la lége.nde), reproductions que vous pourrez
apprécier vous-mêmes, si vous le désirez, dans notre bibliothèque
communale.
De ce qui précède il résulte que la présentation qui vous est
faite ne s'est pas donnée pour but de vous montrer une pièce iné-
dite, mais seulement de vous fournir l'occasion de voir, en une mé-
(1) Les médailles, les médaillons et les plaquettes de la Renaissance.
Gazette des Beaux-Arts, 1878; t. XVIII, p. 1062-1063.
(2) Note sur une médaille inédite de Ronsard, par Jacques Primavera,
suivie de recherches sur la vie et les œuvres de cet artiste, in Mémoires
de la Soc. arch. et hist. de VOrléanais, t. XV, 1876, p. 197 à 258.
^3) Les médailleurs italiens des XV^ et XVI^ siècles, Paris, 1883-1887,
2« édition.
PRESENTATION DE MEDAILLES 391
daille relalivement peu répandue, ie porirail d'une gloire limousine
sans doute bien interprélé par un artiste contemporain de grand
renom.
L'épreuve que vous avez sous les yeux est d'une fonte fine,
dune belle venue, d'une patine matée par le temps et d'un dia-
mètre qui dénolent une fonte ancienne, sans doute originale, de
l'époque. Telle elle a du être sans doute jugée par ceux qui ont eu
à l'apprécier avant vous, car elle vient du Musée de Francfort d'où
elle n'est sortie que par suite de l'occurrence d'un deuxième
exemplaire.
D' Fournie,
NOTES
pour servir à l'histoire de la musique à Limoges
au XlXn^® siècle
L'histoire de la musique, envisagée au point de vue de l'art, et
surtout de Tart moderne, ne parait pas, de prime abord, comporter
une élude particulière pour une simple province ou une ville de
celte province d'importance encore secondaire ; si l'on considère
que la région où elle est située, assez distante des grands centres
intellectuels et artistiques, ne pouvait guère posséder un mouve-
ment propre et original, distinct de celui rayonnant de ces centres,
notamment de Paris, et dont il ne serait pas une émanation, ou un
écho plus ou moins fîdèle.
Mais la musique n'est pas seulement un art d*agrément, soumis
aux lois du progrès et régi par les règles de Testhétique, dont la
connaissance est devenue, avec le cours du temps, une véritable
science. Elle est tout d'abord, et à un point de vue général, une
des expressions les plus ordinaires et les plus vivantes de Tintel-
ligence humaine. Le chant, a-t-on pu dire justement, est aus<i
naturel à l'homme que la parole. Il est donc par cela même à peu
près aussi ancien que l'humanité. On trouve, en effet, le chant non
seulement sous la forme vocale, mais encore sous la forme instru-
mentale, qui est l'imitation de la première, à l'aurore de toute
civilisation, imparfaite à la vérité, très fruste et souvent même
barbare comme celle-ci, mais avec ses caractères, ses accents et
son influence manifestes, f/est ainsi que la musique reflète et
traduit assez exactement les aspirations, les sentiments, les mœurs
d'un peuple, d'une génération ou d'une époque.
La musique a donc un rôle social indéniable et considérable ;
par son caractère de spontanéité, sa mise à la portée de tous et son
action facile sur la masse, elle est un des éléments les plus naturels
NOTES POUR SERTIR A L^HISTOIRB DE LA MUSIQUE A LIMOGES 393
et les plus populaires de toute vulgarisation et de toute socialisa
tion. C'est pour cette raison qu'elle a toujours é(é mêlée assez
intimement aux manifestations de la vie humaine, à ses expansions
et à ses actes, à ses épreuves et à ses douleurs, comme à ses joies;
et c'est pour cela qu'elle se rattache étroitement à la connaissance
même des idées et de la civilisation d'un pays, pris dans son
ensemble ou même dans une de ses fractions. À ce titre n'est-il
pas rationnel et juste de reconnaître et d'assurer à la musique,
dans l'histoire de tous les temps, la place qu'elle y doit occuper?
Telle est la pensée qui nous a conduit à rechercher quels ont été
la nature, les modes et l'imporlance du mouvement musical à
Limoges pendant le siècle antérieur à celui où nous vivons.
Mais celte étude ne saurait être une histoire même de la musique,
qui n'est ni de notre ressort ni de notre compétence ; elle ne peut
avoir qu'un caractère documentaire; c'est un recueil de notes
réunies avec le plus de soin possible, et qui, semble-t-il, tout en
permettant d'avoir une vue d'ensemble sur les faits, les choses et
les hommes de générations déjà passées, pourraient faciliter, sinon
une histoire de la musique, qui n'est peut-être pas indispensables,
du moins les recherches nouvelles et plus complètes que l'oA
voudrait faire à ce sujet (i).
Nous avons jugé, d'autre part, devoir limiter ces investigations
à l'étude du xix<* siècle, en prenant ce siècle à son point de départ,
période assez vaste, du reste, et assez remplie de faits pour retenir
et absorber de très modestes efforts. Remonter au-delà eéi né-
cessité un labeur d'érudition, d'un intérêt très réel et plus saisis-
sant sans doute au point de vue archéologique, mais de nature à
faire reculer de plus experts et de mieux documentés que nous.
De ce passé plus lointain, il paraissait cependant utile de donner
quelques indications sommaires, ne fût-ce que pour établir la
chaîne, le trait d'union qui le rattache aux temps présents ; nous
les résumons ici, dans une sorte de préface, en quelques traits
rapides et nécessairement un peu vagues, en rappelant d'ailleurs
que plusieurs érudits Limousins ont déjà publié sur ce passé de la
(1) Il convient de noter que dans une séance de la Société archéolo-
gique et historique du Limousin, un musicien éminent de Limoges,
M. Paul Charreire avait donné lecture d'un essai sur Thisloire de la
musique en Limousin, où il faisait ressortir avec beaucoup de force
rintéret et l'utilité que cette histoire pouvait présenter.
M. Paul Cha(rreire avait assurément la science et Térudition néces-
saires pour traiter un tel sujet (V. Bulletin de la Société, t. VII, procès-
verbal de la séance du 26 avril 1856).
394 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
t ■ •
musique dans noire pays des notions ou des restitutions intéres-
santes.
Avant le haut moyen âge, les manifestations d*un art évidem-
ment rudimentaire sont trop incertaines pour ne pas échapper à
toute description et à toute analyse ; mais lorsque le Plain-Chant,
institué par le pape Grégoire, se fut répandu dans le monde
chrétien, il a sa place en Limousin et s*y développe non seulement
sous ses formes purement religieuses, mais encore avec ses moda-
lités et ses adaptations diverses. Les témoignages du fait, sans être
très abondants et toujours très expressifs, ne font toutefois pas
défaut. Pays peuplé d*abbayes et de monastères qui étaient alors
les seuls milieux littéraires et artistiques, le Limousin qui fit preuve
jusqu'au xiv) siècle d'une vitalité et d'une expansion civilisatrice
aujourd'hui reconnues, par ses chroniqueurs et ses lettrés, par ses
artistes, ses poètes ou ses troubadours, dont la langue parait bien
avoir été, dans Tordre des temps, le premier dialecte un peu parfait
de la langue du midi, ce pays ne dut pas être en retard sur les
autres provinces au point de vue musical, si même il ne fut pas m
avance sur quelques-unes d'enlr'elles (1).
Les moines furent certainement les premiers musiciens du Li-
mousin ; leur savoir, leur liturgie étaient connus ; mais ils ne
bornèrent pas leurs efforts et leurs essais aux seuls motifs religieux.
Par TefTet d'une sorte de déviation de l'idée et de Tinspiration
premières, assez compréhensible en un temps où TEglise était
l'initiatrice de toutes les productions de l'esprit, ils traitèrent aussi
des sujets d'ordre profane. On sait que l'abbaye de Saint-Martial,
réputée à divers titres, fut une source très importante de ces pro-
ductions, notées en Neumes, système de notation que les érudits et
les techniciens ont été longs à déchiffrer, mais dont les Chartreux
et les Bénédictins de Solesmes ont cependant trouvé la clé. Or, ces
(1) Cons. Les musiciens du Limousin, par M. Joannès Plantadis. —
Brive, imp. Roche, 1897.
L'auteur estime que la province du Limousin a été une de celles où
pendant le moyen âge le culte de la musique a été le plus marqué.
Selon lui, Tépithète proverbiale de limousine était alors donnée à la
musique ; il en cite, comme preuve, un passage de la geste de Renaud
de Montauban (éd. Michelant, p. 175).
M. Plantadis cite aussi comme exemples de la production limousine,
dans le genre profane, la Marche de Turenne et la Marche de V Hôpital,
d'origines indigènes, et dont se sont inspirés des compositeurs contem-
porains,
NQTES POUR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 395
compositions n*0Dt souvent du caractère religieux que la forme; un
certain nombre sont des chants d*une autre nature, composés par
les moines, ou transformés par eux diaprés des airs plus anciens.
Beaucoup de nos vieux airs populaires n'ont pas d'autres origines
que celles-là. Et plus tard, les troubadours, qui n'étaient pas seule-
ment des compositeurs et des poètes, mais aussi des musiciens,
s'inspirèrent à leur tour de ces chants, les utilisèrent, en les variant
ou en les transformant à leur gré. Ils les chantaient souvent eux-
mêmes, en s'accompagnant avec le luth, la viole ou la citole (1).
Les chants devinrent ainsi en Limousin l'expression populaire
de la musique profane ; cette province, a écrit M. Charreire, est
une de celles où les airs anciens sont les plus nombreux, où l'on
trouve le plus de documents ou d'instruments musicaux de toutes
sortes {i). Avec le cours des siècles, les chants populaires ten-
dirent de plus en plus à se dégager de l'empreinte religieuse, à se
rajeunir et à revêtir des formes nouvelles ; certains auteurs les
rattachent encore de nos jours ^à quatre tonalités principales, la
tonalité celtique qui apparaît encore sensible dans quelques-unes,
la tonalité ecclésiastique très fréquente, celle du moyen âge et la
tonalité moderne; cette classiticalion est peut-être incomplète et un
peu arbitraire; quoiqu'il en soit, beaucoup de nos chansons, bal-
lades, beurrées, conservent encore une grâce naïve et un tour
original. Il importe d'ajouter que d'autres érudits limousins ont
publié, depuis quelques années, dans des revues ou des monogra-
phies un très grand nombre de chants et de vieux airs limousins,
avec commentaires, collations ou restitutions de la musique (3).
On ne saurait passer sous silence les Drames liturgiques ou les
Mystères, origine première- quoique bien lointaine du drame mo-
(1) La musique instrumentale était déjà fort en usage aux xii* et
XIII* siècles; on est même assez étonné de la multiplicité des instru-
ments qui étaient employés au moyen âge (Cons. A. Lavignac, La mu-
sique et les musiciens, — Paris, Delagrave, nouv. édit., p. 460,
(2) Paul Charreire, Poésies en patois limousin, avec traduction de
Pierre Laforest et musique collationnéc par l'auteur. — Limoc^es,
Ducourtieux, 1890.
(3) Indépendamment des notices de MM. Paul Charreire et Joanncs
Plantadis, déjà citées, il convient de signaler ou de rappeler l'impor-
tante publication de M. François Celor-Pirkin, parue dans le Bulletin
de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze (t. 21,
22, 23 et 24).
Le même Bulletin a donné dans le tome 20 une longue étude de
M Ernest Rupin sur les Noéls latins et patois du Bas-Limousin, avec
notations musicales de M. Frédéric Noulet et de M"« Genès.
396 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
derne, et qui prirent également naissance dans les cloîtres et dans
les églises, pettt-élre même avant la formation de la chanson.
I/exécotion de ces œuvres comportait aussi le concours de Tart
musical dans une mesure, il est vrai, assez difficile à déterminer,
en l'absence de documents qui ont disparu du moins dans notre
province. Selon quelques auteurs les Mystères étaient toujours
accompagnés ou suivis de chants religieux, sortes de Te Deum ;
daprès d'autres, le rôle de la musique y était tellement important
qu'il serait permis de considérer ces compositions comme des
œuvres lyriques (1).
La musique de certains drames liturgiques et en particulier de
celui des Vierges folles et des vierges sages, tiré d'un manuscrit bien
connu de l'abbaye de Saint-Martial, qui remonte à la fin du xi* siècle
ou au commencement du xu* siècle, a été attribuée au chantre du
Dorât, saint Israël ; mais cette provenance limousine n'est pas
certaine; elle a même été contestée, par ce motif que le dialecte
roman, qui est l'un des dialectes employés dans Tœuvre, n'appar-
tiendrait pas à la langue d'oc (2).
Ce qui parait certain, c'est que le plus ancien témoignage connu
de représentations dramatiques du genre s'applique à une œuvre
limousine. En 1390 et en 1303, on joua à Limoges les Miracles de
saint Martial. Ces représentations trouvèrent, sans doute dans la
suite des imitateurs, mais la pénurie des chroniques de ces temps
ne permet pas d'en retrouver les traces, et l'histoire locale présente
une longue lacune jusqu'aux années 1521 et 1533, où furent donnés
le Mystère de la Passion et celui de Sainte-Barbe et de Théophile (3).
La musqué sacrée n'en resta pas moins pendant des siècles le
témoignage principal et le plus éminent de 1 art musical ; sous les
(1) Telle est notamment Fopinion de M. Louis La voix {Histoire de la
musique),
(2) Camille Chabaneau, La langue et la littérature du Limousin,
notice, avec appendices de M. A. Leroux, p. 22 (Montpellier et Paris,
Maisonneuve, 1892). Il est à remarquer cependant que certaines parties
relèvent bien de cette langue.
(3) C. Chabaneau, loco citato. — Registres consulaires de Limoges,
p. 1, 108 et 226.
Dans la même période furent joués à Saint-Junien le Mystère de la
Sa inte- Hostie f et le Mystère de l'Assomption (Chron. de Maleu).
La tragédie de saint Jacques, composée par l'avocat et vénérable
Bardon de Brun, qui fut jouée à Limoges dans le cours du même siècle,
S'inspirait des mêmes traditions que les Mystères et, comme eux, elle
comprenait dçs morceaux etdes strophes qui étaient cbantés.
NOTES POUR SERTIR A l'hISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 397
Toutes des sanctuaires, dans les monastères et dans les chapitres,
le chant grégorien s*élevait toujours majestueux, dans son austère
simplicité, au milieu des foules croyantes et fidèles. Les abbayes
limousHies et les grands établissements ecclésiastiques possédaient
des maîtrises qui étaient de véritables écoles de chant ; les maîtrises
existaient encore au commencement du xvi* siècle, auprès des
chapitres tout au rnoins, et c'est même d'une maîtrise de Limoges
que serait sorti un musicien de grand mérite, François-Léonard
Barré, qui s'acquit une certaine célébrité, d'abord en Belgique,
puis en Italie (1).
Mais déjà la musique religieuse, subissant les influences profanes
et des immixtions fâcheuses, s'était gravement altérée par l'addition
daccessoires et d'ornements de mauvais goût qui lui avaient fait
perdre sa simplicité et sa noblesse premières. Cette décadence de
l'art religieux qui semble coïncider avee celle de l'institution mo-
nastique elle-même, ne fut pas un fait momentané en France, car
malgré les progrès constants de la polyphonie au xvi* siècle et la
grande rénovation de la musique religieuse à laquelle Palestrina a
attaché son nom, en dépit des prescriptions du Concile de Trente,
on constate encore au siècle suivant cette fausse conception et ces
mauvais errements de la musique sacrée, contre lesquels réagissent
avec vigueur les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, en
préconisant le retour aux véritables et saines traditions. Il est
intéressant pour nous de noter que parmi les membres de la célèbre
congrégation se trouvait un Limousin, dom Jumilhac, auteur d'un
traité De la science et de la pratique du plain-chant, qui jouit encore
d'une grande autorité en la matière (2).
(1) Suivant M. Joannès Plantadls (loco citatOy p. 13 et suiv.), qui
reproduit au surplus des indications de Fétis, François-Léonard Barré
ou Barret naquit en Limousin et probablement à Limoges vers la fin
du XY* siècle ou au début du xvi^ siècle. Il aurait fait ses études de
chant dans cette ville et y aurait peut-être même reçu les ordres sacrés.
En Belgique où il se rendit, il fit partie de TËcole franco-belge qui eut
une part d^action ou d'influence dans la grande réforme musicale du
XVI* siècle ; il partit ensuite pour l'Italie ; à Venise, il fut l'élève du
célèbre Cyprien Willaert, puis se fixa à Rome où il fut attaché à la
chapelle du pape Marcel II et mourut dans cette ville où il laissa la
réputation d'un musicien de talent et d^un compositeur distingué.
V. aussi F.-J. Fetis : Biographie universelle des musiciens, 2^ édii., t. I*'.
(2) Pierre-Benoit Chapelle de Jumilhac, né en 1611, au chÀteau de
Saint-Jean-Ligoure (Haute- Vienne), mort à Paris en 1682, appartenait à
une branche cadette de la grande lamille de ce nom.
398 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET UISTOXUQUE DU LLMOUSIN
Au surplus, la Renaissance catholique qui se produisit pendant
le grand siècle et fut marquée en Limousin, spécialement à Li-
moges, par un grand nombre de fondations pieuses et d*œuvrcs
charitables, ne paraît pas avoir exercé une action sensible et bien
efQcace sur les manifestations et les formes du culte extérieur, tout
au moins au point de vue qui nous occupe. Les mœurs, de nos
ancêtres étaient alors assez sévères, la vie sociale retirée et géné-
ralement concentrée dans la famille. Pour cette même raison, la
musique profane devait être encore moins recherchée et cultivée;
elle avait encore apparemment son rôle plus ou moins actif, plus
ou moins saillant, dans les fêles et les cérémonies publiques, de
même qu'elle avait toujours son influence sur les chants populaires
dont un certain nombre, comme il convient de le remarquer, pa-
raissent dater de ce siècle ; mais la société polie de la province n*y
prenait sans doute qu'une faible part.
Le théâtre, sous sa forme moderne, était d'origine encore récente
et n'était guère connu du Limousin que par les rares passages de
troupes nomades, comme celle de Molière qui dut passer à Li-
moges en 1649. El l'opéra était un genre de spectacle encore plus
nouveau, puisque le premier privilège concédé à Camberl, à l'abbé
Perrin, puis à Lulli, pour l'ouverture d'une scène lyrique à Paris,
date seulement de l'année 1669 (1). La pénétration de la musique
d'opéra, encore fort imparfaite et dont les grands progrès ne se
placent qu'au siècle suivant, devait être très lente dans un pays
comme le nôtre, très éloigné de la capitale, de ressources modestes
et fort peu mêlé, du reste, à la vie sociale et politique de ce temps.
Il faut arriver à la Régem^e et à la première période du siècle
de Louis XV pour constater un changement assez notable dans les
mœurs et les coutumes des habitants de Limoges. L'initiation fatale,
quoique tardive aux idées et aux goûts nouveaux, les exemples
partis de loin mais de haut, et plus tard l'influence delà littérature
et des philosophes amènent dans les esprits, dans ceux des classes
UQ peu élevées tout d'abord, une conception moins grave et moins
austère de l'existence et le sentiment de besoins plus nombreux et
plus raffinés. Le cadre des distractions et des plaisirs s'aggrandit
alors ; la vie extérieure devient plus expansive, plus gaie et fait
appel à toutes les ressources qu*une civilisation progressive com-
porte, notamment à l'auxiliaire de la musique et des autres arts
d'agrément. Les réunions de famille, d'amis, d'invités deviennent
(1) A. Lavicnac, loco citatOy p. 471,
NOTES POUR SERVIR A l'hISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 399
ainsi plus fréqueDtes, plas animées, non seulement dans les milieux
aristocratiques, mais aussi dans les cercles de la bourgeoisie
aisée (1).
Ce n'est toutefois que vers le milieu du xvui^ siècle que le goût
des distractions mondaines et artistiques se traduit à Limoges par
des manifestations publiques ou du moins collectives. Pour la
première fois, en effet, en Tannée 1743, on voit se former dans la
ville une société qui donne des fêtes, des concerts et aussi des
représentations théâtrales, d'abord dans une salle fort incommode
improvisée près de la porte Montmailler, puis dans un local
distrait de celui qu'occupaient les syndics du commerce à THôtel*
de-Ville.
Un de nos concitoyens les plus érudils a déjà, dans une élude
traitée avec la grande compétence et tout Tintérél qu'il sait apporter
dans ses œuvres, tracé l'histoire du théâtre à Limoges pendant
cette période jusqu'à la fin du xvm"" siècle et même jusqu'à l'année
1815. Il a fourni des indications précieuses auxquelles on ne saurait
mieux faire que de se référer (2).
La Société des concerts, après quelques vicissitudes, venait de
se dissoudre, lorsqu'en 1775 une nouvelle salle de spectacle installée
dans l'immeuble Besse, rue fianc-Léger, fut inaugurée par une
troupe d'artistes que dirigeait un sieur Laurent et qui donna avec
un certain succès des représentations d'œuvres dramatiques et
lyriques.
Le goût de la musique allait, du reste, en progressant. Les audi-
tions de ce genre, non moins que la comédie, étaient très recher-
chées et même relativement fréquentes, grâce aux acteurs séden-
taires et aux passages d'artistes qui, même à cette époque, n'étaient
point rares. On peut admettre que la société limousine fut alors
initiée à la connaissance de la plupart des productions du réper-
toire en vogue.
Le théâtre ordinaire ne suffisait même point à satisfaire le public,
puisqu'en Tannée 1780 un certain nombre d'amateurs fondèrent un
théâtre de société où pendant cinq ans ils offrirent des spectacles
(1) C'est à ces changements dans Tctat des esiprits et des mœurs que
fait allusion M. Juge Saint-Martin, dans son livre bien connu, qui a
pour titre : Changements survenus dans les mœurs des habilants de
Limoges,
(2) A. FnAY-FouRNiEB, Le théâtre à Limoges avant, pendant et après
la Révolution, — Limoges, Ussel frères, 1900,
400 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUE DU LIMOUSIN
forl courus et qui alternaient avec les représentations des profes-
sionnels, sans leur faire, parait-il, une concurrence nuisible (1).
Les années qui précédèrent immédiatement la Révolution ne
pouvaient guère être propices au théâtre. Celui-ci fonctionnait
toutefois encore en 1790, lorsque le grand incendie, qui détruisit
tout un quartier de la ville, fil disparaître la salle Besse.
Limoges demeura privé de spectacles proprement dits jusqu'au
10 décembre 1793, date à laquelle fut ouverte, dans l'ancienne
église des Récollets Saint-François (place de Tancienne Comédie),
une nouvelle salle exploitée par une réunion d'amateurs, sous les
auspices de la société populaire et le contrôle d'un comité local.
Ce fut le (( Théâtre national de la commune de Limoges » qui donna
surtout des pièces populaires, patriotiques ou dramatiques dans le
goût et l'esprit du temps.
On y jouait cependant aussi des opéras et des compositions
relevant du genre lyrique (2).
La mise en scène, dit M. Fray-Fournier, était faite avec beaucoup
d'apparat et empruntait une grande partie de son éclat aux grandes
misses chorales et instrumentales qui figuraient à chaque repré-
sentation (3).
Les manifestations de celte sorte étaient, du reste, alors tout à
fait à la mode, comme en font foi de nombreux témoignages ; le
sentiment des citoyens répondait en cela au désir des gouvernants
et des directeurs de l'opinion. Dans les solennités si multiples de
cette époque, patriotiques, révolutionnaires ou nationales, dans
toutes les fêtes et cérémonies civiques, la musique sous ses deux
formes accoutumées, concourt toujours et dans une large mesure
(1) Fray-Fournier, Le théâtre,.,, p. 21.
(2) Par exemple : Annette et Lubin^ le Jugement de Midas (opéra en
trois actes), le Retour, le Tonnelier, le Barbier de Séville, V Epreuve villa-
geoise, comédie en deux actes mêlée d'ariettes, dont la musique était
de Grétry et les paroles, fort médiocres, du citoyen Desforges.
Après une carrière assez brillante et parfois lucrative, cette associa-
tion d'amateurs à laquelle se joignirent de temps à autre des artistes
d'un certain mérite, ût place à une troupe de professionnels qui ne fit
guère ses frais ; les mœurs et l'engouement public étaient déjà changés.
Pendant cette période de cinq années, au dire d'une chronique de la
Revue du Centre, qui paraissait à Limoges en 1837, le théâtre de Li-
moges ne joua pas moins de cent-vingt pièces, comédies, tragédies,
pièces diverses, opéras-comiques et même grands opéras (V. Revue du
Centre, p. 521, o6i et suiv.).
(3) Fray-Fournier, Le ihéâtre..,, p. 29,
NOTtS POCR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 401
à rehausser la pompe et le prestige de ces manifeslalions. Les
programmes et les compte-rendus en font constamment mention,
et c'est à juste titre que Fauteur déjà cité fait ressortir le rôle
considérable que remplissent alors à Limoges, en toutes circons-
tances de la vie sociale et publique, Torchestre et les chœurs (1).
Ainsi donc, dans cette ville, à la fin du xvui<^ siècle et au point
de départ de celui qui devait suivre, les ressources et les éléments
ne manquaient pas, à ce qu'il semble, au point de vue du culte et
de la mise en œuvre de Tart musical.
I
De 1802 à 1815
Le théâtre. -— Concerts publics et de sociétés. — Fêtes et cérémonies.
— Solennités religieuses, — La musique dans les écoles. — Ama-
teurs, artistes et professeurs. — La musique de la garde d* honneur.
Au commencement du xix* siècle, le pays remis de ses terreurs
et de ses épreuves, senlant la sécurité et la confiance renaître sous
régide d'un pouvoir fort et régulateur, reprenait une vie normale.
La société mondaine, qui pendant les dernières années du Direc-
toire s'était jetée dans les plaisirs et les divertissements de tout
genre avec une sorte de fièvre assez naturelle de la part de gens
qui en avaient été longtemps privés, ressentait le besoin de dis-
tractions plus intellectuelles et de récréations artistiques, insépa-
rables d'une civilisation un peu policée.
Les populations limousines, et en particulier celle de Limoges,
où Ton a pu constater dès avant la Révolution une certaine cul-
ture musicale, ne pouvaient demeurer étrangères à cette tendance
générale des esprits.
Aussi put-on voir alors le goût de cet art se manifester dans
cette ville d'une manière assez sensible et sous des aspects mul-
tiples et divers.
Ce ne fut pas seulement au théâtre, qui en est une des formes
les plus populaires, mais encore dans les réunions publiques et
(1) A, Fra Y-Fou RNiER, Lcs fêtcs nationales et les cérémonies civiques
dans ta Haute-Vienne pendant la Révolution (p. 151). — Limoges, imp.
du Petit Centre, 1902.
402 sociÉré archéologique ct historique du limousin
privées, dans les cérémonies officielles, civiqaes oa religieuses,
dans les fêtes de sociéié et des écoles, que la musique prit une
place importante et significative.
Du théâtre, dont M. Fray-Fournier a tracé un historique fort
remarquable depuis ses origines à Limoges jusqu'à Tannée 1815,
qu'il serait à la fois inutile et de mauvais goût de vouloir refaire
après lui, nous nous bornerons à rappeler ou à indiquer les sou-
venirs et les traits les plus saillants, ceux-là seuls qui peuvent
paraître nécessaires à notre sujet (1).
Le Journal de la Haute-Vienne, l'unique feuille périodique qui
parut alors à Limoges, annonçait dans son numéro du 25 frimaire
an XI (16 décembre 1802) qu'une réunion dramatique venait de se
former à Limoges ; cette réunion ou cette troupe, dirigée par un
sieur Hébert, doonaU ses représentations dans Tancien couvent
des Récollets Saint-François, transformé en salle de spectacle sous
la Révolution ; elle joua d'abord des comédies, des drames, des
vaudevilles, mais on ne tarda guère à y joindre des pièces du réper-
toire lyrique et tout au moins Topera comique. Il ne paraît pas
douteux que ce dernier genre ne fut le plus en faveur auprès du
public qui fréquentait le théâtre, car le journal observait que la
bonne comédie n'ayant pu faire fortune dans notre ville, on avait
pensé que Topera comique obtiendrait plus de succès; et de fait
une nouvelle troupe où se trouvaient des artistes lyriques ayant
fait ses débuts, le public se montra satisfait (2).
Ce goût pour Topera ne fut pas une mode passagère : on le voit
persister et même s'accentuer dans la suite, au regret même de
quelques intéressés qui déplorent que le répertoire dramatique ne
soit pas mieux apprécié par les habitants, alors même qu'on leur
présente de bonnes comédies et les nouveautés du temps. Ce fut
une nécessité pour les entrepreneurs de spectacles d*avoir une
troupe mixte, à la fois dramatique et musicale, et même plus tard
uue troupe lyrique alternant avec une troupe de drame et de
comédie.
A la direction Hébert avait succédé celle du citoyen Nortier
Duberneuil ; mais celui-ci dut se retirer à la fin de Tannée 1805,
contraint apparemment par le mauvais état de ses affaires auquel
les exigences du public n'étaient pas étrangères. Les représenta-
tions ne furent cependant pas interrompues.
L'association des artistes continua Tenireprise sous la gestion de
(1) A. Fray-Fournieh, Le théâtre à Limoges avant, pendant et après
la Révolution, — - Limoges, Ussel frères, 190(X
(?) Journal de la Haute-Vienne, n^ du 22 floréal an XI.
NOTES POL'R SERVIR A lSiISTOIRE DE LA MrSIQL*E A LIMOGES 403
deux d'enlr'eux, M'^"" Zclmer et M. Beauval qai élaienl des acleurs
d'uD certain mérite. Celui-ci devint bientôt le seul directeur du
théâtre et conserva ces fondions jusqu*à sa mort, en 1827. Celle
longue carrière écoulée dans notre ville ne paraît pas avoir été
sans profil pour elle. Beauval, ainsi que le remarque M. Fray-
Fournicr, n'était pas le premier venu. Il avait quelques lettres,
composait des vers à l'occasion et récitait des couplets dont la
feuille locale nous a transmis des échantillons. Lorsque le gouver-
nement impérial réglementa, par le décret du 8 juin 4806, l'orgaui-
sation et le fonctionnement des ihéàlres, en réduisant leur nombre
à deux pour les grandes villes et à un seul pour les villes de second
ordre, et créa des circonscriptions théâtrales, M. Beauval fut
nommé directeur du neuvième arrondissement qui comprenait la
Vienne, la Charente, la Dordogne, la Corrèze et la Haute- Vienne.
Homme de ressources, il s'ingénia de son mieux à faire vivre la
scène limousine, il varia ses spectacles, ayant même à la fois plu-
sieurs troupes, qui alternaient de ville à ville, sans réussir toujours
à satisfaire un public parfois trop difficile et souvent aussi indif-
férent.
En dépit de ces difficultés que nous connaissons encore de nos
jours, les représentalions avaient un caractère assez continu et
périodique ; on y jouait d'ordinaire Topera aux mois d'avril, mai,
août, septembre et octobre, et la comédie pendant Thiver jusqu'à la
clôture de Pâques ; le théâtre ouvrait habituellement ses portes trois
fois par semaine et même à certains moments, il les ouvrit quatre
fois. A l'époque des grandes foires de la Saint-Loup, la saison
battait son plein. Il est permis de constater que depuis lors et
même assez près de nous, la ville n'a pas toujours été aussi bien
favorisée.
Le personnel des troupes était assurément plus stable que de
notre temps, les acteurs moins nomades, à raison même de la diffi-
culté des déplacements ; dans le nombre, certains aimés du public,
firent à Limoges d'assez longs séjours. Quelle était la valeur de ces
artistes ? Dans une ville de second rang, qui ne comptait guère
plus de vingt mille âmes, on ne pouvait demander la perfection. A
côté d'acteurs de quelque talent, il s'en trouvait d'autres plus ou
moins médiocres et même de tout à fait insurflsants. L'exécution
péchait par l'ensemble et l'orchestre n'était sans doute pas tou-
jours à la hauteur de sa tâche. Ne sont ce pas d'ailleurs les mêmes
reproches que nous entendons faire encore aujourd'hui à la plu-
part des théâtres de province ? (4).
(1) La feuille locale donnait de temps en temps la composition du
404 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HlàTORIQCE DU LtMOÙStN
La critique d'alors, surtout au début, n'hésitait pas à formuler le
blâme à côté des éloges qu'elle décernait. Mais son indépendance
assez judicieuse n'était pas du goût de tout le monde; elle provo-
quait des ripostes, des polémiques de la part des intéressés qui
trouvaient ses traits trop piquants. Ces criliques témoignaient au
moins d'une certaine préoccupation esthétique qu'il est bon de
signaler (1).
La chronique ne ménageait pas plus le publis qui délaissait
volontiers la comédie de caractère et de genre pour se porter de
préférence aux spectacles du dimanche où Ton jouait des drames,
des pièces de gros sel ou des farces vulgaires. Mais l'engouement
des spectateurs pour l'opéra comique était toujours aussi marqué.
Le théâtre avait du reste de temps à autre la visite d'artistes
étrangers qui venaient en représentation. Ces passages d'artistes,
dont la période antérieure à la Révolution montre des exemples,
étaient assez fréquents. Plusieurs d'entr'eux avaient un réel talent,
telle que M"' Clairville qui, au mois de messidor an XII, joua dans
notre ville Arianne et la Colonie ; un bouquet lui fut offert et le
directeur lui adressa un compliment en vers. Elle revint à Limo*
ges au mois d'avril 1813 et y trouva le même succès très chaleu-
reux et bien justifié, avec Didon, le Comte Albert, la Caravane,
Œdipe à Colonne, le Tableau parlant.
Avant celte dernière date, en juillet 1810, M. et M°« Fay avaient
été fort appréciés dans Euphrosyne et une Heure de mariage, piè-
ces qui furent montées spécialement pour la circonstance et non
sans peine, car il n'y avait pas à ce moment de saison d'opéra.
En octobre 1811, M. Jausserand se fit également applaudir
dans le Calife de Bagdad, Françoise de Foix, V Amant jaloux,
Annette et Lubin, la Rencontre en voyage.
Le répertoire lyrique était assez étendu, il comprenait à peu
près toutes les pièces à succès du temps et ne semble pas avoir été
trop en relard pour les nouveautés (2;. Sans tenir pour vérité l'as-
personnel et les noms des principaux artistes. (V. not. n^'du 4 mai 1810
et 24 avril 1812.) Il publiait aussi parfois les programmes des spectacles
et les prix des abonnements qui étaient peu élevés.
(1) Fray-Fournier, Histoire du théâtre,,., page 43.
(2) Indépendamment des ouvrages cités au texte, voici la liste, sans
doute incomplète, des compositions musicales jouées à Limoges de 1803
à 1815 : le Déserteur, le Tonnelier, la Matinée du maréchal Catinat
(poème de Marsollier, musique de Dalairac), le Prisonnier, M, Muzard,
le Tyran domestique, les Prétendus, Ma Tante Aurore, la Jeune mère,
Gulnare ou l'Esclave persanne, Deux mots ou une Nuit dans la forêt,
NOTES POUR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MfSIQCE A LIMOGES 40λ
sertion d'un article de chronique, d'après lequel Limoges élait
alors doté d'une des meilleures scènes de théâtre de son ordre, il
est permis de supposer que cette scène n'était pas inférieure à la
moyenne de celles des autres villes de même importance.
Pendant la plus grande partie de la période dont il s*agit, la
saison Ihé&tre ne subit guère d'interruptions, si ce n'est au cours
de l'année 1814, par suite des revers des armées et de Tinvasion
étrangère qui amenèrent l'abdication de l'empereur. Nous lisons
qu'au mois de décembre 1814, le théâtre, fermé depuis six mois,
rouvrit ses portes. Mais les agitations et les sollicitudes politiques
étaient trop vives pour que la population pût se complaire aux
distractions habituelles. En l'année 1815, dit la feuille locale, le
théâtre était peu fréquenté, malgré le mérite des acteurs. 11 con-
vient toutefois de noter, à la date du 34 janvier de cette année,
une représentation de Topera des Sabots, de Sedaine, interprété
d'après la nouvelle musique d'un jeune amateur de la ville, M. Léon
deB... (1),
Le 16 mars suivant fut jouée la Partie de chasse d'Henri IV, à la
suite de laquelle on chanta des couplets composés par M' A'* T
(de) Limoges (2).
Quelques jours après le pays qui avait fêté, sans regret manifeste,
la rentrée des Bourbons, acclamait de nouveau Napoléon, au
retour de l'Ile d'Elbe; les circonslances et les graves événements
qui se succédèrent si rapidement furent encore moins propices aux
spectacles; puis arrive la seconde Restauration, et le 3 décembre 1815
fut joué le Roi et la Ligue, ou la Ville assiégée, opéra assez mé-
diocre; une actrice, M*'*" Lalande, à la demande de l'assistance où
se trouvaient beaucoup de militaires, chanta une cantate à la gloire
du Roi et des Français, et fut acclamée aux cris de : Vive le Roi ! (3).
le Jaloux malade. Deux prisonniers à la Bastille (ou Voltaire et Riche-
lieu), Joseph, la Fausse magie, Barbe Bleue, Zéliaj Maison à vendre, la
Belle au Bois dormant (opéra-vaudeville de Bouilly et Dumersan), Pyg-
malien (scène lyrique), le Barbier de Séville, VEpreuve villageoise (de
Grétry), Adolphe et Clara (de Dalairac), Aline, Reine de Golconde, Un
jour à Paris, Alexis ou TErreur d'un bon père, Fanchon la Vielleuse,
Jean de Paris, l'Auberge de Bagnères, /a Vallée de Barcelonnette, Pierre
le Grand, la Soirée orageuse, Richard Cœur-de-Lion, Edouard en Ecosse,
Cendrillon (opéra-féerie), Joconde, les Sabots (de Sedaine), etc.
(1) Annales de la Haute-Vienne (n** du 24 janvier 1815).
(2) Annales de la Haute-Vienne (n« du 17 mars 1815, supplément).
(3) Annales de la Haute-Vienne (n® du 3 décembre 1815).
T. LV 26
406 SOCIÉTÉ ARCuéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
•
Ce n'élail pas seulement au théâtre que le goût de la musique
trouvait à se manifester ; celle-ci tenait aussi une place Importanle
dans les réunions de famille et d*amis, dans les concerts publics,
privés ou de société.
Les concerts publics avaient lieu parfois au tbéâlre, mais le plus
souvent dans diverses salles de la ville.
Le 93 germinal an XII, le journal annonçait que le citoyen Hus-
Desforges, chef d'orchestre « jaloux, disait-il, de mériter les suf-
frages du public donnerait, avant son départ, un concert au
théâtre (1) ».
Le 6 frimaire an XIV, les amateurs, dirigés par M. Crémon,
organisèrent dans la salle de apectacles un concert public où « on
applaudit vivement aux heureux succès de ses élèves et à des
talents jusqu'ici inconnus fsicj » (2).
Mais les réunions et les concerts de société offrent un plus grand
intérêt. La société mondaine du temps avait plusieurs lieux de
rendez-vous, notamment les salles Deschamps et Landry; on y
dansait, on y jouait même beaucoup à certains moments, mais on
y faisait aussi de la musique.
Notons ainsi, à la date du 38 août 1810, dans la salle Landry, un
concert donné par M. Crémon, secondé par des amateurs; on y
admira surtout, paratt-il, le talent de M"** Charpentier, femme du
nouveau directeur des Contributions, les mérites de M"'* de Maul-
mont et de Russy et les progrès comme chanteur de M. Dubos; les
élèves du lycée assistèrent à ce concert (3).
Ce fut encore dans cette salle Landry qu*eut lieu le 8 juin 4814
une grande fêle ûfferte au commissaire royal, M. Otto, comte de
Hosloy ; Torchestre au grand complet salua son entrée par Tair de :
Vive Henri IV (4).
Il est curieux d*observer que ces salles et le théâtre lui-même
paraissaient déjà à nos devanciers des locaux insuffisants et peu
dignes de leur destination. Aussi un fervent de Tart et du plaisir
proposait-il, dans une lettre du 16 messidor an XII, de construire
à Limoges une grande salle plus convenable pour les concerts et
les fêtes. L'année suivante un autre plus ambitieux dans ses cou-
(1) Journal de la Haute- Vienne (n« du 22 germinal an XII).
(2) Journal de la Haute-Vienne (n^ du 7 frimaire an XIV).
(3) Annales de la Haute-Vienne (n^ du 31 août 1810).
(4) Annales de la Haute^Vienne {n^ du 10 juin 1814).
NOTES POUR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 40
/
ceplioDs, ne demaDdait rien moins que de créer dans la ville un
grand édifice, quelque chose à l'instar du Palais-Royal de Paris,
aOn d'y concentrer les réunions, les distractions et les divertisse-
ments de toutes sortes. Au mois d'août i808, à là suite d'une fêle
très réussie qui avait eu lieu dans les terrains de Hontjovis, on
voit surgir le projet de former une société par actions pour édifier
une grande salle des fêtes dans ce quartier où il serait facile, disait-
on, d'installer « un véritable Tivoli ». .
Tous ces beaux projets demeurèrent sur le papier. Nos pères,
plus prompls à concevoir qu'à exécuter, fort économes du reste, —
nous leur ressemblons, parait-il, sur le premier point — durent se
contenter de ce qu'ils avaient et du moins surent-ils en tirer un
certain parti.
La salle de la Société littéraire et philarmonique, dont le journal
fait mention dès le 11 pluviôse an XIII, devint bientôt le lieu de
réunion le plus à la mode; elle avait donné asile aux danses et aux
jeux, mais la musique ne larda pas à y avoir ses grandes entrées;
pendant l'hiver de 1811-1812 notamment, on y donna des concerts
permanents qui avaient lieu tous les vendredis. Chacun de ces
concerts, au dire de la chronique, était attendu avec impatience
par les dames de la Société. Le succès le plus brillant fut celui du
dimanche de Quasimodo, qui fut marqué par un concert spirituel
devant une salle comble, quoique très vaste; divers chants furent
exécutés, par exemple un Veni Creator, un fragment de Te Deum
et un Oratorio avec accompagneolent de chœurs et de l'orchestre (1 ).
Il y avait en outre des réunions de famille^ d'amis ou d'invités
d'un certain éclat; on trouve à la date du 19 août 1810 le récit cir-
constancié d'une fêle de ce genre donnée dans le jardin Brisset qui
était situé entre Beaupeyrat et la roule de Bordeaux ; l'assistance
était fort nombreuse; les danses et les divertissements alternèrent
avec la musique faite par des amateurs et des artistes distingués;
on y chanta une chanson en idiome Limousin et une œuvre de
H. Crémon, interprêtée par M. Péliniaud Dubos et accompagnée à
grand orchestre (2).
Ces manifestations témoignaient de la part de nos p'^res du
début du siècle passé, d'une certaine initiative et d'un engouement
{{) Annales de la, Haute-Vienne (n° du 10 avril 1812).
M. Fray-Fournier remarque à ce propos que les concerts faisaient
une concurrence sérieuse au théâtre et que le directeur de ce dernier
se vit contraint de donner alternativement de Topera et de la comédie
(Le théâtre à Limoges,,, page 47),
(2) Annales de la Haute-Vienne (n» du 24 août 1812).
408 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DÛ LIMOUSI?*
musical qui n'approchail sans doule pas du grand art, mais qu*il
serait injuste de méconnaître. Les amateurs du reste à cette
époque ne fuyaient pas les exhibitions publiques; et des témoi-
gnages précités il convient ici de rapprocher cet autre fait, que
plusieurs de ces amateurs encore adolescents à la vérité, avaient
repris Tidée d'organiser un théâtre de Société, sur le modèle de
celui qui avait fort bien réussi à Limoges en 4780 et les années
d'après; sur un théâtre installé dans Torangerie de M. B. des Cour-
rières, ces jeunes gens représenlèrent les Etourdis, Crispin rival de
son maître, la Mégalanthropogênésie, etc. ; il n'était pas question
d'œuvres lyriques, mais il y avait un orchestre dirigé par « un
fervent du violon » (1).
Limoges avait aussi sa Société littéraire du Caveau, fondée à
rimitation de celle de la capitale et qui avait son siège à l'hôtel du
Périgord ; on n'y faisait pas de musique à ce qu'il semble, mais on
y composait des vers, des chansons et des couplets auxquels le
journal du crû prétait volontiers l'hospitalité de ses colonnes.
A signaler enfin, dans un autre ordre d'idées, la fête donnée le
17 juin iSlO par les ouvriers de la manufacture de porcelaine de
M. Baignol, à l'occasion de l'anniversaire de saint Antoine, leur
patron ; les artistes de la manufacture, réunis aux amateurs et à
des musiciens de la garde d'honneur, donnèrent un concert et exé-
cutèrent divers morceaux avec beaucoup d'expression (2).
«
Si la musique avait un rôle aussi actif dans les réunions particu-
culières ou collectives dont elle était tantôt l'objectif principal, ou
tantôt l'auxiliaire habituel, il est naturel de supposer qu'elle ne
pouvait être oubliée dans les fêtes ofTicielles, dans les cérémonies
publiques où son concours devait contribuer à en rehausser l'éclat.
Ces cérémonies et ces fêtes, sans être aussi périodiques et nom-
breuses qu'elles Tavaient été pendant la période Révolutionnaire,
étaient encore assez fréquentes. Elles avaient lieu pour célébrer
de grands anniversaires ou pour solenniser des événements im-
portants, surtout les victoires des armes françaises et les triom-
phes de Napoléon dont le prestige allait toujours grandissant. On
déployait pour ces fêles le plus de pompe possible, toutes les
ressources que pouvait offrir une ville de condition moyenne
comme Limoges, au point de vue de l'apparat, du décor et des
(1) Journal de la Haute-Vienne (n° du 29 décembre 1809).
(2) Annales de la Haute-Vienne {n? du 26 juiu 1810).
NOTES POUR SERVIR A l'hISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 409
accessoires; et, comme on le verra plus loin, il était rare que ces
fêtes ne fussent pas accompagnées de cérémonies religieuses.
En 1803, la fêle du XIV juillet est encore célébrée à Limoges avec
une certaine solennité, aux termes de Tarrété des consuls du 21 mes-
sidor (1). On y constate l'exécution de morceaux de musique par des
artistes lyriques et des amateurs.
Plus lard, c'est la fête de Napoléon qui revient périodiquement
les 15 et 16 août de chaque année et, coïncidant avec celle de
TAssomption, donne lieu à de grandes manifestations civiques et
religieuses.
Les années 1813 et 1814, malgré les revers, nous font assister
encore à des solennités du même genre ou du moins à des démons-
trations patriotiques et ofiicielles, où la musique a toujours sa
place.
Il en est ainsi même en février 1814 pour la prestation de ser-
ment de la cohorte urbaine, dans les rangs de laquelle le préfet de
la Haute-Vienne s'incorpore très solennellement.
Lorsque la fortune tourne une première fois contre le régime
impérial, une grande cérémonie a lieu le 13 avril 1814 pour célé-
brer Tarrivée du roi Louis XVIII et la publication de la charte
constitutionnelle, « avec accompagnement des tambours et des
musiciens de la cohorte urbaine ».
Le 22 mars 1815 se place le premier passage à Limoges du duc
et de la duchesse d'AngouIéme, dont la feuille locale n'a même
pas le temps ni sans doute la permission de faire paraître le compte
rendu, car le destin vient de nouveau de changer de face, et peu
de jours après, le 27 mars, le rétablissement de l'Empire est pro-
clamé, fêté, nous apprend la Chronique, « au milieu d'une joie
folle et aux sons d'une musique guerrière » (2).
Avec la seconde Restauration, les hommages et les témoignages
publics de toute nature reviennent une fois de plus à ceux que le
jeu des événements ramène au pouvoir.
Le 25 avril 1815, la fête de Saint-Louis est célébrée en grande
pompe dans diverses paroisses de la ville, notamment à Saint-
Pierre-du-Queyroix, où la musique de la garde nationale exécute
divers morceaux (3).
A la date des 8 et 9 septembre 1815, le duc et la duchesse
d'Angoulême visitent de nouveau la ville ; de grandes fêtes leur
(1) Journal de la Haute-Vienne (n<» du 2 thermidor an XI).
(2) Annales delà Haute-Vienne, n® du 28 mars 1815.
(3) Ibidem, n® du l*' septembre 1815. La musique de la garde natio-
nale est mentionnée pour la première fois dans la Chronique.
410 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
sont offertes, nolararaent à Thôtel de la Préfecture où l'orcbeslre,
placé dans les jardins, joue les airs connus : Où peut-on être mieux^
etc. y et Vive Henri IV (1).
A côté de ces solennités publiques, il y avait d'autres fêtes d*un
caractère moins général, semi-officiel, mais plus intéressantes an
point de vue qui nous intéresse. Le centre de ces réunions était
rhôtel de la Préfecture, dont le titulaire, M. Texier-Olivier, devenu
baron de TEmpire, remplit ses fonctions, comme on sait, jusqu'à
la première Restauration, et les reprit même pendant les Cent
jours. Dans la société du temps, les fondions publiques avaient
été organisées, hiérarchisées à dessein par le maitre de la France
pour diriger les affaires et les esprits, et remplir le rôle de l'an-
cienne aristocratie disparue. La position d'un préfet avait donc une
importance et un relief dont il est difficile aujourd'hui de se faire
une idée ; le préfet de la Haute- Vienne n'était pas seulement le
représentant direct du pouvoir central, le premier magistrat du
département, il était aussi le directeur de l'opinion, le guide indis-
pensable sans lequel rien ne se décide et rien ne se fait ; tel avait
été d'ailleurs, dans les derniers temps de l'ancien régime, en parti-
culier à Limoges, le rôle des intendants de province.
L'usage s'était établi, dès le début, dans les villes de célébrer,
tous les ans, vers la fin d'août ou au commencement de septembre,
la fête de M. Texier-Olivier; les employés de la préfecture, les
fonctionnaires, un grand nombre de citoyens venaient lui présenter
leurs compliments et leurs souhaits, en lui offrant un bouquet ; et
chaque fois il y avait réjouissances, divertissements et concerts.
On lit ainsi qu'au mois de septembre 1804, à l'occasion de cette
fête et d'une bénédiction de cloches « un grand concert fut donné
par des amateurs et des artistes à la Préfecture, dont le jardin était
transformé en un « Tivoli en raccourci » (2).
Au mois d'août 1805, fête semblable à laquelle participaient les
membres de la loge maçonnique ; le concert fut aussi exécuté par
les amateurs et les artistes; M"* Texier-Olivier joua du piano;
M"' Guineau chanta un morceau et M. Baptiste, de l'Opéra, débila
des couplets (3).
En 1813, aussi On août, l'orchestre était dirigé par M. Crémon,
avec concours d'amateurs et déjeunes filles ; la chronique signale
en même temps l'assistance des officiers de la garde d'honneur, du
11* dragons et des F.*, de la Loge.
(1) Annales, n°* des 8 et 15 septembre 1815.
(2) J. de la H,'V., n^ du 19 fructidor an XII.
(3) y. de la //.-K^ n^ du 11 fructidor aa XUI.
NOTES POUR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 411
La coopération de ces derniers n'avait rien d'insolite ; M. Texier-
Olivier était vénérable de la L.-. de Saint-Jean, connae sous le
titrç distinctif de YAmitié à FO.'. de Limoges. Celle-ci s'associait
avec un grand empressement à toutes les manifestations de Tépoque,
qu'elles fussent politiques ou patriotiques, civiles ou même reli-
gieuses, de même qu'aux démonstrations musicales. Elle-même
donnait des concerts en l'honneur des succès des armées françaises
et des triomphes de Napoléon. En avril 1806, elle avait inauguré
un nouveau temple édifié dans les jardins de la Pépinière (ancienne
Visitation) et célébré avec éclat la fête de son patron, saint Jean-
Baptiste (1).
*
La musique religieuse tenait aussi alors une place importante.
En parlant de musique religieuse, nous n'employons peut-être pas
le terme exact : Le rétablissement du culte catholique était en effet
trop récent et les ressources dont il disposait encore trop restreintes
sans doute pour qu'il put y avoir dans les églises des maîtrises, des
corps d'ensemble de musique sacrée vraiment dignes de ce nom.
Ce qui permet do le supposer, c'est que les solennités religieuses,
alors très nombreuses, plus nombreuses même, semble-t-il, que
les cérémonies civiques, ont toujours lieu dans les premiers temps
avec le concours d'artistes et d'amateurs, ou celui des musiques de
la ville ou de la garnison.
La première de ces solennités ou du moins Tune des premières
signalées par la presse locale, est celle qui fut célébrée à la cathé-
drale de Saint-Etienne, le 4 floréal an XI, pour la prestation de
serment des ministres du culte, en présence du préfet, des autorités
et des corps constitués. Les musiciens de la 83^ demi-brigade et
des amateurs y exécutèrent diverses symphonies (3).
Puis sont mentionnés dans la même métropole et par ordre de
dates, de nombreux Te Deum destinés à fêter ou solenniser les
anniversaires, comme celui de ta naissance de Napoléon Bonaparte,
celui du Sacre, les grands événements ou les grandes victoires, par
exemple la paix d'Amiens, la victoire de Friedland, etc.
Au Te Deum des 15 et 46 août 1807, l'orchestre est dirigé par
M. Crémon ; des chants sont exécutés par MM. Recorquillé, ancien
militaire, Pétiniaud-Dubos, négociant, et Chabot, maître de mu-
sique.
(1) Voir not. les n« des 7 frimaire an XIV et 2 juillet 1807.
(2) J, de la H,-V., n'* du 8 floréal an XI (supplément).
412 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
A noter aussi h la date du 16 février 1808, une grande céré-
monie à la fois religieuse et civile à Toccasion du baptême du fils
du général Souham, que M. Texier-Olivier tint sur les fonds bap
tismaux au nom de l'Empereur.
Le 3 décembre 1809, pour l'anniversaire du Sacre, Torchestre,
toujours composé des mêmes éléments, interprète un Te Deum
composé par un indigène, M. Trompillon.
Le 12 mars 1811, au Te Deum qui eut lieu pour la naissance du
roi de Rome, une hymne est exécutée par la musique de la garde
d'honneur.
Au mois de juillet de cette même année, rinstallation du tribunal
civil de 1" instance de Limoges est accompagnée d'une messe du
Saint-Esprit à l'église Sainl-Michel-des-Lions. Au rapport du chro-
niqueur, « une jeune et intéressante organiste exécuta avec
beaucoup de talent plusieurs morceaux de musique délicats » (1).
En 1813, solennités multiples au sujet de la victoire de Lutzen
(23 mai), de celle deWurtchen, en Lusace, qui Coïncide avec les
Oslensions, de la victoire de Dresde (2 octobre), de l'anniversaire
d'Auslerlilz et du Couronnement (5 décembre).
j Le 22 juillet, même année, service solennel à la cathédrale pour
e repos de l'âme d'un concitoyen, le général en retraite Arbonneau.
Le 21 octobre autre service, assez significatif, célébré en l'église
Saint- Pierre-du-Queyroix en l'honneur de Grétry qui venait de
mourir. La chronique nous apprend que les dames étaient en tenue
de deuil et que « la musique fut si louchante qu'elle fil verser des
pleurs à la foule accourue pour participer à la cérémonie » (2).
(1) Annales de la Haute- Vienne, n*» du 19 juillet 1811. Les Annales,
dans le numéro suivant, rendent compte d'une cérémonie semblable
célébrée à Saint- Yrieix pour l'installation du tribunal de cette ville, et
à laquelle, disent-elles, prirent part les amateurs de la ville qui jouèrent
avec un rare talent d'excellents morceaux du musique pendant la messe
du Saint-Esprit.
L'installation de la Cour d'appel de Limoges avait eu lieu le premier
de ce même mois de juillet ; elle fut faite par M. le comte Depère, sé-
nateur, commissaire du gouvernement,qui se rendit au Palais de Justice,
escorté par la compagnie de réserve, que précédait la musique de la
garde d'honneur. Le procès-verbal de cette installation a été publié par
M. Alfred Leroux dans le tome V des archives modernes de la Société
des archives de la Haute- Vienne, p. 154 {Choix de documents relatifs
au département de la Haute- Vienne).
(2) Dans la soirée du même jour les artistes jouèrent plusieurs pièces
du célèbre compositeur, Richard Cœur-de-Lion, le Tableau parlant, etc.;
au milieu des applaudissements du public,
NOTES POUR SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 413
Puis on note» après le relour des Bourbons, à la date du 31 mai
1814, une cérémonie religieuse en souvenir du roi Louis XVI et
des membres de la famille royale. La messe fut chantée par le
clergé et la musique de la cathédrale, soutenue par celles de la
cohorte et du 24* régiment. L'organe local rend compte en termes
assez dithyrambiqnes de l'impression causée sur les auditeurs par
celte interprétation musicale (1).
Il importe du moins d'observer que la présence d'une « musique
de la Cathédrale », c'est-à-Jire apparemment de chœurs et d*un
accompagnement attachés à l'église, est signalée pour la première
fois par les comptes rendus (2).
Le 10 juillet suivant une autre grande solennité fut célébrée en
conformité d'un mandement de Tévéque, et à titre d'action de grâce
pour le rétablissement de la paix ; l'afiluence était grande et la
cohorte urbaine y assistait avec sa musique (3).
*
Il convient, pour être complet, de ne pas oublier le rôle qu*avait
l'art musical dans les écoles.
A.U début du xix* sièle, Limoges possédait, indépendamment de
son école centrale, quatre institutions d'enseignement secondaire
pour les jeunes gens; c'étaient les pensions Fayliat (Tarnaud),
Sauger-Préneuf, Isecq et Bouriaud, qui paraissent avoir joui d'une
certaine prospérité (4).
L'enseignement des jeunes filles était représenté par six établis-
(1) Annales de la Haute-Vienne, iJ* du 3 juin 1814.
(2) Cependant il y avait tout au moins depuis Tannée 1809 une orga-
nisation régulière 'de cetle nature à Téglise cathédrale; le Calendrier de
la sénaiorerie de Limoges, pour cette année, donne en effet la composi-
tion du bas-chœur qui était ainsi constitué : un maître de psalette, un
serpent, un sous-maître, des enfants de chœurs, deux choristes, deux
thuriféraires et quatre enfants de chœur; il n'est pas fait mention d'or-
ganiste.
(3) Annales de la Haute-Vienne {p9 du 15 juillet 1814).
(4) Ces établissements se trouvaient un peu plus tard réduits à trois,
mais il est ensuite parlé de la pension Beaure ; il y avait du reste dans
la ville d'autres instituteurs qui tenaient aussi pension et s'occupaient
de l'instruction secondaire (V. Annuaire de Bargeas de 1806 à 1815).
Le Calendrier de la Sénaiorerie de 1809 donne les noms de quelques-uns
de ces professeurs, ceux dç MM. Lemoine, Drapeyron, Foucaud, etc.
414 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
sements dirigés par d'anciennes religieuses et par H"** de Brettes
et de LorsoTi(l).
Dans la plupart de ces établissements Tétude de divers arts libé-
raux et particulièrement de Tart musical était certainement en
honneur.
Aux distributions annuelles des prix et à Toccasion de fêtes
auxquelles on cherchait à donner le plus d'éclat possible, les élèves
jouaient des pièces de théfttre, disaient des poésies ou exécutaient
des morceaux de musique avec le concours d'amateurs et de pro-
fessionnels.
La feuille officielle oubliait rarement d'en faire mention.
Dans la maison d'éducation de M"* de Brettes qui avait une
grande réputation, la fête de sainte Anne, patronne de la directrice,
était célébrée d'une manière très brillante; on y voyait figurer non
seulement les amateurs, mais encore les maîtres de musique et la
musique de la garde d'honneur; les invités assistaient aux talents
naissants de quelques élèves. Au mois d'août 1808, l'ouverture de
la Bataille d'Itry y fut exécutée à grand orchestre (2).
La chronique parle un peu plus tard d'une fête donnée dans le
pensionnat de M""' de Lorson, où, dit-elle, « Thalie, Therpsicore et
Euterpe se sont partagé la gloire de la journée » (3).
Le 16 octobre 1804 marque la date de l'inauguration du Lycée de
Limoges qui remplaçait les Écoles centrales et pour l'installation
duquel une souscription publique ouverte dans la ville avait produit
des résultats assez fructueux. A la messe du Saint-Esprit qui eut
lieu en l'église Saint-Pierre-du-Queyroix, un Veni Creator fut
chanté par M. Mortier Duberneuil, directeur de la réunion drama-
tique; secondé par « la musique gracieuse et brillante » de nos
meilleurs artistes et amateurs (41.
Les distributions de prix se font au Lycée avec beaucoup de
solennité et toujours avec la musique pour auxiliaire. Il y a égale-
ment des fêtes de temps en temps; le 23 juin 1807, à Tune de ces
fêles, on joue une marche militaire; la musique est composée de
jeunes élèves, d*amateurs et de l'orchestre (celui du théâtre sans
(1) V. Annuaire de Bargeas (années 1806 et suivantes). Chaque
année Tannuaire publiait une sorte de note réclame en faveur de ces
établissements.
En 1814 il est question d'une autre institution, celle de M"^^ de Mon-
teson, située rue du Temple.
(2) V. not. /. de la H,-V, (n^» des 21 thermidor an XII et 7 avril 1806).
(3) /. de la IL-V. (n« du 28 juillet 1809).
(4) J, de la IL-V. (a« du 11 octobre 1804, 19 vendémiaire an XIII).
NOTES POUR SERVIR A l'hISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 415
doute). MM. Beaulieu et Richard chantent quelques morceaux, avec
accompagnement d'instrumentistes (1).
La même année (13 août 1807) pour la distribution des prix,
l'orchestre, qui est en nombre, se compose presque en entier
d'élèves du lycée et joue plusieurs symphonies; on remarque un
duo de flûte par deux des élèves.
Le 7 juin 1810, l'Académie de Limoges, dont le recteur est
M. Tabbè d'Humières, organise au Lycée une grande cérémonie en
l'honneur du mariage de l'empereur et de l'archiduchesse Marie-
Louise; d'après le compte rendu, des éloges furent adressés aux
lycéens pour leur bonne tenue, leur attention et leurs progrès dans
la musique (2).
Notons encore, à la date du 24 août 1814, un concert donné par
les élèves et le 11 septembre 1815 distribution des prix avec le
concours de la fanfare et d'un orchestre composé d'amateurs,
d'élèves et de leurs maîtres (3).
Une école de dessin avait été aussi instituée à Limoges, âous les
auspices de la Société d'agriculture, sciences et arts. Les récom-
penses furent décernées pour la première fois, à ce qu'il semble,
le 27 décembre 1812, dans la salle des collèges électoraux (an-
cienne maison de la Visitation] ; les amateurs et les artistes exécu-
tèrent des ouvertures d'opéras et même un Oratorio à Sainte Cécile,
de la composition de M. Trompillon (4).
*
De tous les faits qui précèdent et des documents ainsi analysés,
il est permis de conclure que le goût de la musique était assez
répandu à Limoges et formait un des éléments très appréciables
de sa vie sociale pendant les premières années du xix* siècle. Elle
figure en effet toujours comme auxiliaire habituel et souvent même
comme but principal, dans les réunions, dans les cérémonies et les
{i)J.dela jy.-V. (juin 1807).
(2) Annales de la Haute^Vienne (n^ du !«' septembre 1810).
(3) Annales delà Haute-Vienne (n®*du !«' septembre 1814 et du lo sep-
tembre 18.15).
(4) Annales de la Haute-Vienne (n® du 1*' janvier 1813.
A signaler aussi un banquet en l'honneur de la paix, du 7 juillet 1814,
où se réunirent les professeurs de rAcadémie alors Royale et du Lycée
et où Ton chanta des couplets de M. Herbault, professeur de seconde,
couplets reproduits par le journal (n® du 13 juillet 1814).
416 SOCIÉTÉ AHCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
fêtes, dans toutes les manifestations privées ou publiques, civiques
ou religieuses de cette période (1).
Le personnel artistique est, d'autre part, assez facile à déter-
miner, du moins dans son ensemble ; on sait déjà qu'il comprenait
les amateurs, les artistes ou les professionnels.
Les amateurs dont la mention revient si souvent dans la chro-
nique, étaient apparemment assez nombreux ; ils avaient aussi un
certain culte de leur art, de Tardeur et du zèle ; sans eux il eut été
peu commode, sinon même impossible, de constituer des groupes
d'harmonie suiRsants, d'organiser des concerts ou des fêtes avec
quelque succès. Peut-être même est-il juste Je reconnaître que
leur esprit d'initiative et leur influence furent alors plus importants
qu'ils ne l'ont été plus tard. Nous avons cité, en passant, les noms
de queiflues-uns de ces amateurs; il est inutile de les rappeler;
mais il est bon de noter que certains d'entr'eux avaient de la faci-
lité ou quelque talent pour la composition, par exemple, M. Trom-
pillon et surtout M. Léon de H qui fil jouer, le 24 janvier 1815,
l'opéra des Sabots dont il avait écrit la musique. L'auditoire fut des
plus sympathiques, et cependant, ainsi que le remarque M. Fray-
Fournier, l'auteur n'obtint qu'un succès d'estime (2). On fut d'avis
que sa musique témoignait de beaucoup de connaissance de l'art,*
de travail et de science, et que son œuvre faisait pressentir pour
le pays un compositeur distingué; ce qui voulait dire sans doute
que sa science musicale n'était pas à la portée de tous.
L'existence d'amateurs comporte nécessairement celle d'artistes
et de professionnels; et ces derniers, que la chronique n'a pas
omis de signaler, ne faisaient point défaut.
Le plus connu de tous est assurément M. Crémon, dont toute la
carrière s*écoula à Limoges et lui a valu un certain renom a beau-
coup d'égards mérité. Elève de Viotli, il possédait un talent dis-
tingué, dans le genre gracieux, un jeu expressif et sympathique; il
tenait à l'orchestre du théâtre le pupitre de premier violon, mais
il devint le personnage indispensable dans toutes les renions mu-
sicales.
Le Journal de la Haute-Vienne peirle, au mois d'octobre 1803,
du grand succès que venait d'obtenir M. Crémon dans des auditions
au grand théâtre de Bordeaux et à divers concerts de cette ville.
(1) Un témoignage bien caractéristique de Tengouement musical à
Limoges est Thommage solennel rendu à la mémoire de Grélry au
mois d'octobre 1813, que nous avons relaté plus haut.
. (2) A. Fray-Fournier, le Théâtre à Limoges, page 48, V. aussi Annales
de la, Haule-Vienne (n° du 27 janvier 1815).
NOTES POL'B SEnVlR A L^HISTOIBE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 4l7
OÙ il s*étail révélé, d'après les relations même de la presse borde-
laise, comme un excellent maître, d'un talent vraiment rare, de
ceux que Ton comptait bien revoir (1).
Peu après sa visite dans la capitale du Sud-Ouest, Crémon joua
au théâtre de Limoges, avec son fils âgé de huit ans, une sympho-
nie concertante; le concert fut aussi marqué par un divertissement
auquel prirent part de jeunes enfants de la ville et qui avait été
dédié au citoyen Jourdan, président du collège électoral et candi-
dat au Sénat (2).
Depuis lors le nom de l'artiste est intimement mêlé à toutes les
manifestations musicales de la ville. Ce fut lui, comme on Ta déjà
vu, qui en 1811 et 1812, organisa ou du moins dirigea les concerts
hebdomadaires, institués dans la salle de la Société littéraire et
philarmonique.
Crémon était également un compositeur très fécond ; en plus
d'oratorios, d'hymnes et d'autres œuvres déjà indiquées, il avait
composé un chant national, La Limousine, dont les paroles étaient
de M. Beauval et qui fut exécuté plusieurs fois au théâtre avec
succès; chant, assure le journal, qui était digne de figurera côté
de la Lyonnaise ou de la Ronennaise, mais dont toutefois la musique
trop savante manquait de la simplicité qui eut été nécessaire pour
en faire une œuvre populaire (3).
La Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Vienne, qui
ouvrait alors des concours périodiques et distribuait des prix, lui
conféra, le 2 août 1807, une médaille en récompense de ses services
et de ses œuvres.
À celé du nom de M. Crémon, nous relevons ceux de quelques
autres artistes et professeurs : MM. Hus-Desforges, Henry Moria,
chefs d'orchestre; de M. Cherprenet, aussi attaché à l'orchestre du
théâtre, donnant des leçons de cor, de trompe, etc.; de M. Lardi
de Montazon, professeur de musique, de piano et organiste, qui
avait professé à Paris et tenu l'orgue à Poitiers pendant plusieurs
années, scion les annonces-réclames publiées dans le journal; de
M. Chabot, qualifié maître de musique.
Un peu plus tard on trouve les noms de M. de La Yarinière,
artiste du théâtre, professeur de piano, harpe et violon, enseignant
aussi la musique vocale ; et de M. Bernard, premier violon, élève
de Rode et de Kreutzer, qui apprenait le violon et la musique
{i)J, de la H,'V., n« du 4 brumaire an XII (27 octobre 1803).
(2)7</., n» du 18 brumaire an XII (10 novembre 1803).
(3) Annales de la Haute-Vienne^ n^ du 12 mai 1805, Le journal relate
les paroles de ce chant.
41 8 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
vocale» el faisait savoir a qu'il donnait des leçons de goûl d'après
ces deax grands maîtres de Técole moderne » (1).
Ces professionnels n*élaienl apparemment pas les seuls. Le Lycée
de Limoges eut comme professeurs alitrés, de 1806 à 1818, pour la
musique vocale el instrumentale, MM. Sennemer, Desjardins,
Lapiaud, Charton, Oiierprenet et Beatrix. La danse y était aussi
régulièrement enseignée (2).
L'instruction musicale était aussi donnée dans plusieurs établis-
sements privés, comme elle Tétait dans les familles. Les avis pour
cet enseignement reviennent assez fréquemment dans la feuille
locale de même que ceux de mise en vente et de réparation d'ins-
truments. On se saurait peut-être affirmer qu'il y eut à ce moment
des cours d'ensemble, de véritables écoles de solfège et de chant,
sur le modèle de ceux qui ont été formés depuis ; Texistence d'asso-
ciations populaires de chant, dans le sens actuel de ce mot, ne se
révèle aussi par aucun témoignage. Mais on a pu constater dans
les concerts la formation de choeurs d'ensemble.
La musique instrumentale comportait l'étude du piano qui était
déjà fort à la mode, celle du violon, de la flûte et d'autres instru-
ments à corde ou à vent; on jouait aussi de l'orgue, de la harpe,
de la guitare ; ces souvenirs de nos mères ou de nos grand'mères
nous ont transmis plus d'une indication à ce sujet.
En dehors de l'orchestre du théâtre, il ne pouvait y avoir appa-
remment dans une ville de vingt et un mille habitants au plus, de
groupements musicaux Hxes et très déterminés; les choses se
passaient sans doute comme de nos jours, où lorsque l'occasion se
présente, il est nécessaire de recourir à des éléments divers pour
constituer l'orchestre ou les ensembles nécessaires.
On ne saurait toutefois omettre une institution qui eût à l'époque
une certaine importance et beaucoup de relief dans la cité.
Au mois d'août 1808, une garde d'honneur fut organisée à Limo-
ges; elle était formée de citoyens possédant quelque aisance, car
ses membres étaient obligés de s'habiller et de s'équiper à leurs
frais, et le costume et les accessoires étaient assez décoratifs. Cette
garde comprenait deux compagnies, l'une à pied, composée de
soixante hommes et commandée par le général en retraite Arbon-
neau, l'autre à cheval qui comptait quarante hommes et avait pour
(i) Annales de la Haute- Vienne, n<> du 11 septembre 1 810.
Ce M. Bernard annonçait en outre qu'il acceptait des élèves au prix
de 15 francs par mois à son domicile, et de i 8 francs en ville.
(2) V. Anuuaire de Bargeas (de 1806 à 1815).
NOTES POim SERVIR A L^HISTOIRE DE LA MUSIQUE A LIMOGES 419
capilaiae M. Fournier, receveur-général des finaDces (1). La garde
d'honneur avait une musique dont le chef était M. Dlsnemalin-
Dessales,cadel, etle sous-chef M. Dépéret-Muret,fils; ce sont deux
noms essentiellement limousins.
Cette musique de la garde d'honneur parait avoir dans la ville
une grande vogue ; elle figura dans la plupart des concerts, des
cérémonies et fêtes civiques ou religieuses, et prêta son concours
aux réunions de la préfecture, parfois même aux solennités des
prix du Lycée et de quelques écoles (1).
Il est permis de la considérer à un certain point de vue comme
une musique municipale, dont l'organisation a été tentée depuis à
diverses reprises, mais sans beaucoup de succès.
 partir de l'année 1814 la chronique ne fait plus mention de la
garde d'honneur ni de sa musique ; en revanche elle signale l'exis-
tence d'une cohorte urbaine et la présence de la musique de cette
cohorte à diverses cérémonies (2).
Il y a des raisons de supposer que la musique de la garde
d'honneur s'était fondue dans celte de la cohorte.
fA siiivrej Camille Jouuanmeaud.
(1) L'effectif de cette garde fut élevé dans la suite à 80 hommes pour
la compagnie à pied et à 50 pour Tescadron. Le Calendrier de la Séna-
iorerie de Limoges et V Annuaire de Bargeas en font mention et donnent
la composition de Tétai-Major jusqu'à Tannée 1814; à cette époque fut
constituée la cobprte urbaine, réorganisée en 1811;.
(2) Par exemple au mois d'août 1809, à la grande solennité donnée
dans l'église cathédrale pour les fêtes de l'Assomption, et à laquelle
étaient présents trois évêques, la musique de la garde d'honneur donna
son assistance avec les tambours de la garde nationale et les trom-
pettes du régiment de Westphalie.
LA POPULATION DE LA COMMUNE DE PANAZOL
EN 1793
Parmi les registres tenus par la municipalilé, durant la période
révolutionnaire, et que nous avons découverts à la Mairie de Pa-
nazol, celui de Tannée 1793 contient VEtat des habitants de la
Commune, dressé à la date du 1«' mai 1793.
C*est le recensement complet de la population avec tous les déve-
loppements que comportent les dénombrements actuels. Il donne,
en effet, par village et par ménage, les noms, prénoms, âge, pro-
fessions, les liens de parenté qui unissent les différents membres
de chaque ménage.
Le total des habitants était de 668, formant un ensemble de
118 ménages, et se répartissant amsi qu'il suit :
Garçons • 164
Filles 177
Hommes mariés 146
Femmes mariées 133
Veufs 19
Veuves 29
668
Chaque ménage comprenait, en moyenne, six personnes; un
certain nombre dix et douze et quelques-uns davantage.
En général, les jeunes gens, après leur mariage, continuaient à
habiter avec les grands parents, et ceux-ci conservaient la direction
delà maison.
Lorsque le père ou la mère étaient décédés, le Gis aine, s'il était
marié, devenait le chef du ménage. Ses frères et sœurs — môme
mariés — reslaient avec Taîné, qui élait appelé « le maître ».
Pour donner une idée aussi exacte que possible de la composi-
tion des familles, nous croyons devoir citer quelques ménages, en
LA POPULATION DE PANA20L 4^1
relevant textuellement les indications de YEtat des habitants que
nous analysons.
Au Masjude, le ménage Gtiarles comprenait :
Le citoyen Léonard Cliarles, cultivateur, âgé de. 33 ans ;
Marguerite Merle, sa femme, âgée de 33 —
Pierre Charles, cultivateur, son frère, ûgé de. • 27 —
Anne Charveix, sa femme, âgée de 28 —
Léonard Charles, son frère, âgé de 23 —
Marie Charles, sa mère, âgée de 50
Françoise Charles, la fille du maître, âgée de. . 10 —
Léonard Charles, son fils, âgé de 2 -—
Léon ou Elie Delage, son domestique, âgé de. . 19 —
A Courbiat :
Pierre Bonnetaud, cultivateur, âgé de « H ans ;
Jeanne Faure, sa femme, âgée de 42 —
Martial Bonnetaud, son fils, âgé de 18 —
Anne Bonnetaud, sa fille, âgée de 11 —
Léonard Bonnetaud, son fils, âgé de 7 —
Martial Bonnetaud , son fils, âgé de 3 —
Martial Faure, son beau-frère, cultivât., âgé de. 37 —
Catherine Noualhaguet, sa femme, âgée de. . . . 25 —
Jean Faure, son fils, âgé de 5 —
Catherine Faure, sa fille, âgée de 3 —
Marie Faure, sa fille, âgée de 14 mois ;
Anne Faure, belle-sœur du maiire, âgée de. . . . 39 ans.
A Coubras :
Barthélémy Villeneuve, cultivateur, âgé de 48 ans ;
Marie Beaunié, sa femme, âgée de 43 —
Calheriiie Villeneuve, sa fille, âgée de 18 —
Pierre Crosse, son gendre, époux de Catherine,
âgé de 28 —
Anne Villeneuve, sa cadette, âgée de 8 —
Catherine Villeneuve, sa 3* fille, âgée de 5 —
Marie Villeneuve, sa 4» fille, âgée de 3 —
François Villeneuve, son frère âgé de 40 —
Catherine Bonnefond, femme dudit François,
âgée de 33 —
Marie Villeneuve, sa fille, âgée de 9 —
T. LV 27
42^ ftOCliTÉ ARCHioLOGIQCE ET itlSTORIQOE DÛ LIMOUSiS
Jeanne Villeneuve, sa cadette, âgée de 7 ans ;
Jacques Villeneuve, son fils, âgé de 5 —
Léonard Morange, son beau-frère, âgé de 50 —
Marguerite Jeany, servante, âgée de 2i —
Ce dernier ménage était t^omposé de quatorze personnes : les
deux frères, le gendre de Tainé, leur beau-frère ; quatre enfants,
dont une fille mariée, appartenant au frère atné, et trois enfants
au frère cadet.
Il est à remarquer que, seules, les familles des cultivateurs sont
nombreuses ; au contraire, celles des quelques ouvriers du bâtiment,
maçons et charpentiers, sa réduisent, le plus souvent, au père, à
la mère, à une flile ou à un jeune garçon :
Nous trouvons, par exemple, à Fargeas, le ménage :
François Rougerie, maçon, âgé de 80 ans ;
Guillaume Rougerie, son fils, âgé de 30 —
Léonarde Verger, sa femme, âgé de 30 —
Barbe Rougerie, flIle de Guillaume, âgée de. . . 3 — -
Pierre Rougerie, au même, âgé de 1 —
On doit supposer que le tils, âgé de 30 ans, qui vit auprès du
père âgé de 80 ans, n*est pas Tunique enfant de celui-ci. Hais ces
ouvriers ne pouvant, comme les cultivateurs ou journaliers, s'oc-
cuper dans la commune, devaient émigrer à Limoges, où le travail
leur était plus assuré. En sorte qu'au moment du recensement, les
familles des cultivateurs étaient au complet, tandis que celles des
artisans se trouvaient réduites par le départ forcé de la plus grande
partie de leurs membres.
Il a été établi que, de tout temps, la plupart des propriétaires
fonciers de la commune de Panazol ont eu leur domicile à Limoges,
et même certains, aujourd'hui, à Paris.
Aussi, VÊtat des habitants de 1795 constate seulement la pré-
sence de trois familles de propriétaires, savoir :
Le Maire, Maisonneuve, à Fargeas;
Le Procureur de la commune, Léonard Soudanas, du village
de Soudanas ;
La citoyenne Magdeleine Grouchaud, à La Grêle.
Le ménage Maisonneuve comprenait neuf personnes : le mari,
40 ans ; sa femme, 28 ans ; sa belle-mère, 64 ans ; une sœur, 28 ans;
un domestique, 86 ans ; la femme de celui-ci, 28 ans ; deux autres
domestiques âgés de 31 ans et de 13 ans, et une servante de 17 ans.
Le ménage Soudanas était composé de huit personnes : le chef,
sa femme, trois enfants, deux domestiques et une servante.
Le ménage Grouchaud était formé des deux sœurs âgées, Tune
LA POPULATION DE PANAZOL 423
de 65 ans, l*aulre de 46 ans ; deux servantes âgées de 48 ans et
31 ans, et d'un domestique âgé de 16 ans.
Toutes les grandes propriétés, le Buisson, les Prades, Proxi-
mart, etc., étaient eiclusivement liabitées par des familles entières
de domestiques. C'est ainsi que nous voyons à Forêt :
Martial Brillot, âgé de 27 ans ;
Marguerite Bourdelas, sa femme, âgée de 32 —
Martial Brillot» son fils, âgé de 6 —
Antoine Bouchellas, âgé de 34 —
Mathieu Thevenin, âgé de 37 —
Jean Lionet, âgé de 32 —
Magdeleine Brillot, sa femme, âgée de 45 —
Jean Barrière, âgé de 15 —
Françoise Barbit, âgée de 60 —
Peu d'habitants parvenaient à un âge très avancé. C'était une
femme du bourg, Jeanne Tabard, âgée de 90 ans, qui détenait le
record de la vieillesse.
Après elle, venait un maçon de Fargeas, âgé de 80 ans ; puis une
servante des Pradelles âgée de 75 ans. On relève ensuite, une
femme et un homme de 72 ans, et quatre hommes âgés de 70 ans.
Le bourg de Panazol contenait dix-neuf ménages. A part le curé
assermenté, Dumas-Faure, et un maçon, tous les habitants hommes
sont qualifiés de laboureurs ou Ae journaliers.
Les villages désignés aujourd'hui, la Croix Finor et la Croix de
la Lieue portaient la même dénomination : Les Croix de Saint-
Léonard,
L'agglomération la plus importante était le village de Fargeas.
On a vu que le Maire l'habitait, cinq maçons et un charpentier y
demeuraient aussi. La proximité de Limoges leur permettait d'y
aller travailler chaque jour.
Les autres professions manuelles se réduisaient à :
Un tisserand, à la Grêle;
Un fontainier, aux Vignes ;
Un charpentier, aux Mas Chambard ;
Un autre charpentier, à Manderesse ;
Un maréchal, à ChezTharaud;
Deux moulins à blé fonctionnnaient, l'un à Gâlisse, l'autre
à Cordelas.
L'industriectaituniquement représentée par une tuilerie exploitée
par Simon Leyzat, à Cordelas.
Enfin, aucune auberge n'existait dans la commune.
Octave d'Abzac.
L'ASSISTANCE PUBLIQUE
ET LES SUBSISTANCES
DANS LA COMMUNE DE PANAZOL DE 1790 A 1795
La question de Tassislance publique et des subsistances, pendant
la Révolution, n'a pas encore été traitée, croyons-nous, en ce qui
concerne les communes rurales de la Haute- Vienne. Notre travail
apportera donc une modeste contribution à Thistoire de cette
époque.
Plutôt que de les analyser, nous préférons citer teituellementles
délibérations sur lesquelles nous nous appuyons : elles constituent
des documents originaux et inédits dont Tinlérét dépasse les limi-
tes de la commune. En effet, les événements qui se sont succédé
à Panazol ont dû se produire dans la plupart des autres localités.
Notre étude suppléera de la sorte, dans une certaine mesure, aux
renseignements qui font défaut pour le plus grand nombre des
communes du déparlement.
Constituée le 7 mars 1790, la municipalité de Panazol n'eut pas
à intervenir, durant les deux premières années de son existence,
dans l'aide qui fut accordée aux nécessiteux. Le registre des délibé-
rations est muet relativement au concours qui put être demandé à
la commune. Mais, à partir de 1792, les municipalités des environs
de Limoges se trouvèrent souvent dans de graves embarras au
sujet de l'assistance publique et des subsistances. Elles étaient obli-
gées, à la fois, de secourir, en blé, les pauvres et de répondre aux
réquisitions du département pour l'approvisionnement du marché
de Limoges.
À une époque où les mauvaises récoltes occasionnaient presque
la disette, cette situation n'était pas sans créer de nombreux ennuis
l'assistance a panazol 425
aux adminislraleurs, la plupart improvisés, qui avaient été mis à la
télc des communes.
A Panazol, la municipalité ne possédait aucune ressource pour
venir en aide aux malheureux. La population, composée presque
exclusivement de cultivateurs et de journaliers (1), vivait au jour le
jour et assiégeait pour ainsi dire la salle des réunion, afin d'obtenir
une assistance à laquelle il était difficile de donner satisfaction.
Cependant, au début de Thiver 4792, la municipalité, <c voulant
faciliter les différents particuliers et les pauvres de la paroisse »,
arrêta, le 15 octobre 1792, qu'il serait mis en circulation, sous sa
responsabilité, une émission d'assignats ou billets de conOance,
pour la somme de 1.500 livres, dont la moitié en assignats de 5 sols
et Tautre moitié en assignats de 10 sous. Cette décision fut approu-
vée par le Directoire du district, et les assignats de 10 sous com-
mandés, d'abord, au citoyen Famé, imprimeur à Limoges.
Malgré les instances de la municipalité, le citoyen Farne ne
livrait pas les assignats; les besoins des indigents devenaient pres-
sants. La délibération suivante nous renseigne sur les causes du
retard apporté à la mise en circulation des bons de confiance créés
par la municipalité :
« Aujourd'hui 20 novembre 1792, les citoyens municipaux de la
commune de Panazol, extraordinairement assemblés pour délibérer
sur notre demande et réponse que le citoyen Farne, imprimeur de
cette ville [Limoges], a faite au maire le jour d'hier et pourquoy le
citoyen Farne n'avait pas accéléré l'impression pour la somme de
750 livres d'assignats de 10 sous, sur papier jaune, suivant l'ordre
qu1l en avait reçu de la municipalité en date du 4 novembre 1792.
Le citoyen Farne nous a répondu avec véhémence qu'il les avait
remis, le 7 ou le 8, à un individu qui s'était présenté de la part de
la municipalité de Panazol ; qu'il lui avait remis un ordre signé du
maire. L'ayant sommé, plusieurs de nous, de le représenter, ce qui
luy était impossible, il a fini par ne montrer que Tinvitation que
la municipalité luy avait faite d'en accélérer l'impression.
» Sur ce, oui le procureur de la commune, avons délibéré et
ordonné de suite, tant pour le bien public que pour les signataires,
qu'il serait de suite affiché sur même papier que les assignats volés
un avis au public et à la diligence du citoyen Farne, lui demandant
la rentrée des assignats vrais de Panazol et de refuser ceux de
10 sols sur papier jaune comme faux, ayant été volés chez l'impri-
(1) Voir notre précédente communication : La population de Panazol
en 1793,
426 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
meur, ce dernier demeurera responsable et garant de tous les évé-
nements comme ayant remis les billets sans ordre ni écrit.
» A Panazol, les jour, mois, et an que dessus.
» Signés : Faulte, maire ; Nanot, offlcier muni-
cipal ; SOUDANAS, BOIICHAUD. »
Dans rintervalle, il était survenu un heureux événement qui
allait momentanément applanir les difiicultés.
Une demoiselle Périer avait, par testament du 9 février 179i ,
reçu Fournier jeune, légué aux pauvres et nécessiteux de la com-
mune la somme de 1 .000 livres.
A la suite du versement de cette somme effectué par M. Raby
du Sirier, héritier de la demoiselle Périer, la municipalité prit, à la
date du 2t octobre 1792, la délibération ci-après (1) :
« Aujourd'hui, 21 octobre 1793, à Tissue de la messe paroissiale
de Panazol, la majeure partie des habitants de la commune assem-
blés et convoqués huit jours auparavant pour aviser la manière de
distribuer la somme de mille livres reçue du legs Périer.
» Les oiQciers municipaux, de Tavis de la majeure partie des
habitants,
» Arrêtent qu'il serait acheté et payé la quantité de blé seigle,
à raison du prix du marché de Limoges pour la somme de mille
livres ; que ledit seigle sera déposé dans le grenier de la cure et de
suite délivré aux pauvres, en nature et par mandat d'un officier
municipal à chaque pauvre porté dans la liste par appel nominal
faite et arrêtée pour cet objet. La municipalité invite les particu-
liers de la paroisse à livrer et faire conduire au lieu du dépôt de
ce blé, la quantité qui lui sera demandée et dont il peut facile-
ment se passer ; il lui sera payé à raison de 9 livres par septier et
un sol pour le mesurage et la conduite.
» De tout ce que dessus avons dressé procès-verbal et arrêté
qu'il sera envoyé par la municipalité une invitation aux fermiers
du sieur Guibert pour 17 sepliers ; au citoyen Garât, 17 septiers ;
au citoyen Jérémie Martin, 20 septiers; au citoyen Grellet des
Prades, 20 sepliers ; au citoyen Annet Samie, IS septiers ; au
citoyen Faure, 10 septiers ; au citoyen Naurissart, 20 septiers ; au
citoyen Granger, S septiers.
» Fait à Panazol, au lieu accoutumé de nos séances, jour, mois
et an que dessus et ont signé, les autres ont déclaré ne savoir.
» Signé : Faulte Dubuisson, maire ; Suudanas, procureur de la
commune, Nanot, Boughaud et Léonard Soudanas. »
(1) Registre des délibérations, 1792, page 5,
l'assistance a panazol 427
Des récriminations durent s'élever ou les propriétaires désignés
ne purent fournir les quantités de grain qui leur étaient assignées,
car la municipalité se trouva dans Timpossibililé de ramener à
exécution sa délibération du 34 octobre 1792, et elle se vit obligée
de faire une première distribution en numéraire, ainsi que le
constate la délibération qui suit (1) :
« Aujourd'hui, 28 octobre 1792, à Tissue de la messe paroissiale
de Panazol, nous, ofTiciers municipaux de celte commune, sur les
demandes réitérées des pauvres nécessiteux de Panazol ou les ma-
lades qui nous ont instamment priés de commencer à leur faire
part de Targent destiné aux pauvres nécessiteux de Panazol ;
voulant favoriser Thumanité souffrante, nous, citoyens, composant
la municipalité de Panazol, et premiers dépositaires de mille livres
que nous avons remises au citoyen Bouchaud.
» Autorisons le citoyen Bouchaud à donner, en son âme et cons-
cience, aux plus pauvres et malades nécessiteux de cette somme,
que nous luy passerons à compte et que nous nous en rapportons à
sa bonne foi, jusqu'à ce que nous ayons pris des mesures pour nous
procurer des grains pour le restant de la somme qui restera dans
les mains dudit Bouchaud.
» Signé : Faulte DubuissoiN, maire ; Nanot, officier
municipal; Soudanas ».
Nous ignorons le montant des secours qui furent allouées en .
espèces aux nécessiteux; mais il fut aussi acheté des grains,
parce que nous lisons dans une délibération du 20 janvier 1793,
relative à la reddition des comptes de la municipalité, « que les
maires et officiers municipaux ont été déchargés de tous comptes,
excepté les cent pistoles destinées aux pauvres dont les comptes
ne sont pas apurés et qu'il reste à payer certaines petites sommes
à plusieurs propriétaires. »
Le legs Périer était épuisé. La municipalité ne possédait pas de
nouvelles ressources ; aussi elle s*empressa de mettre à exécution
Tarrété du département du 22 décembre 1792, et elle plaça les
pauvres en pension chez les riches.
Voici la délibération qui mentionne cette décision (2) :
« Aujourd'hui 26 février 1793, Tan second de la République
française, la municipalité, ainsi que le Conseil général de la com-
mune, réunis et assemblés en la chambre ordinaire de nos séances,
désirant subvenir aux besoins des malheureux et les secourir autant
(1) Registre des délibérations, 1792, page 6.
(2) Registre de 1792-93, p. 12.
<i28 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
qu'il sera en noire pouvoir; voulant d*ailleurs toujours obéir aux
lois, avons, conformément à Tarrété du département du 22 dé-
cembre dernier, placé les pauvres de noire commune chez les
différents propriétaires pour qu'ils eussent, à compter de demain,
une livre et demie de pain par jour ou l'équivalent, à la volonté du
donateur, et les avons disposés en notre âme et conscience selon
les facullés d'un chacun.
» Signé : Maisonneuve» maire ; Bouchaud; Nanot. »
Nous n'avons pu découvrir le nombre des pauvres et les noms
des propriétaires qui les hébergèrent. Rien, non plus, ne constate
la durée de cette mesure.
La récolle de 1792 avait été peu abondante; elle ne permettait
pas de subvenir aux besoins des habitants de la commune, si Ton
en juge par la délibération suivante (1) :
« Aujourd'huy 2 nivôse de Tan second de la République française
une et indivisible, nous, maire et officiers municipaux et Ck)nseil
général de la commune, réunis et assemblés au lieu ordinaire de
nos séances, vu le peu de grains qu'il y a dans notre commune, et
qu'une infinité d'ouvriers de notre commune nous demande jour-
nellement des billets pour aller se faire donner du grain au prix
du maximum, avons délibéré que le séquestre qui est à Forest
livrerait provisoirement dix setiers de seigle aux dits ouvriers en
leur donnant des billets de requis, que ledit citoyen nous rapport
tera dans le délai de trois jours.
» Signé : Maisonnecjve, maire; Nanot; Bougoaud »•
La crise des subsistances s'accentuait. Le Directoire du district
de Limoges avait, par arrêté du iS nivOse an II, ordonné aux mu-
nicipalités de procéder, « pour des motifs impérieux />, à un recen-
sement des subsistances « de telles natures qu'elles soient ».
Mais ces prescriptions ne furent pas exécutées. Le Directoire
constate « que la plupart des municipalités sont demeurées à cet
égard dans un assoupissement vraiment répréhen&ible et que
d'autres pleines de volonté, manquaient des moyens nécessaires à
son exécution, et le Directoire ajoute :
» Considérant qu'il nous est parvenu que le recensement des
grains qui, pour le bien général, devait être opéré avec l'exactitude
la plus scrupuleuse, avait été fait avec une telle insouciance que
les officiers municipaux se contentaient de mettre sur tous les
tableaux la quantité de grains que chaque citoyen voulait déclarer,
(1) Registre de 1793, p. 22.
L^ASSISTANGE A PANAZOL 4^9
sans songer qae la malveillance a intérêt de dissimuler et de cacher
les subsistances, et que la fausse crainte de manquer, sans être
animée des mêmes motifs, se rend coupable de la même faute en
ne découvrant que la moitié de ses ressources, et qu'un nouveau
recensement est le seul moyen de repousser victorieusement le
soupçon injuricnx d'égoïsme dont on nous soupçonne au milieu du
dénûment ou nous sommes ».
Pour toutes ces raisons, le Directoire prit à la date du 2 germinal
an II, un arrêté, dont nous extrayons quelques articles (1) :
A Article 1*'. — Il sera fait dans toutes les communes du district
un recensement révolutionnaire de toutes les ressources en toutes
espèces de subsistances qui poussent sur terre, dans les vingt-
quatre heures de l'arrivée des commissaires dont il sera parlé
ci-après.
» Art. 2. — A cet effet, il sera fait choix de deux commissaires
pour chaque commune ; ce nombre sera augmenté dans celles dont
rétendue est plus considérable.
» Art. 3. — Chaque municipalité sera tenue, sous sa responsa-
bilité, de faire accompagner les dits commissaires dans toute
l'étendue de son arrondissement par un ou deux officiers muni-
cipaux.
» Art. 4. — Supposé que les commissaires omissent de recenser
les subsistances d'un ou plusieurs citoyens, alors chacun de ceux
chez lesquels les commissaires auront oublié de se présenter serait
tenu de faire dans les vingt-quatre heures la déclaration à la muni-
cipalité de son domicile des subsistances qu'il peut avoir, sous
peine de confiscation, et le prix en être réversible au dénonciateur.
» Les municipalités où des déclarations auront été faites seront
également tenues d'en donner copie au district dans les vingt-
quatre heures.
» Art. 5. — Tous les commissaires arriveront le même jour dans
chaque commune du district.
» Art. 6. — Les commissaires par nous nommés demeurent
autorisés à lever les scellés sous lesquels peuvent se trouver des
grains et comestibles pour la quantité en être constatée en pré-
sence des deux officiers municipaux qui reposent à l'instant même
les scellés.
» Art. 9. — Pour exécuter les mesures dans la commune de
Panazol, l'administration nomme les citoyens Bonnaud aine, Bàlier
et Senèque, ci-devant curé de Saint-Just, dont elle attend la fermeté
et l'exactitude qui caractérisent le vrai républicain.
» Pour expédition : Auvray, vice-président ».
(1) Registre de 1792-93, p. 27,
430 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Les commissaires de la commune de Panazol accomplirenl leur
mission avec beaucoup de zèle.
La municipalité, par une décision qui n'est pas consignée au
registre des délibérations, avait organisé, probablement après le
premier recensement, un grenier public où elle avait fait conduire
les grains requis chez divers particuliers de la commune.
Les commissaires constatèrent rétablissement de ce grenier,
auquel ils refusèrent de reconnaître une existence légale, et ils en
emportèrent la clé.
La municipalité protesta contre cet acte d'autorité et demanda
la restitution de la clé avec la libre disposition des grains que le
grenier contenait.
Après examen de TafTaire et sur le rapport des commissaires, le
Directoire prit l'arrêté suivant à la date du 9 floréal an II (1) :
(( Le directoire du district de Limoges, considérant que la muni-
cipalité de Panazol ne pouvait, sous aucun prétexte, établir un
grenier public aux dépens des habitants de sa commune, ni les
obliger à y déposer leurs grains ; qu'elle avait seulement droit de
faire des réquisitions pour Vapprovisionnement des manouvriers
et cultivateurs, conformément à l'article 3 de la section 2 du décret
du 11 septembre dernier (vieux style) ; que cet établissement con-
trariait la loi et l'intérêt des particuliers requis,
» Arrête :
l"* Que les mêmes commissaires nommés par l'arrêté du H ger-
minal se transporteront en la commune de Panazol pour, sur l'in-
dication des officiers municipaux, faire la distribution aux citoyens
qui auront le plus de besoins, des grains rassemblés dans ledit
grenier au prix du maximum ;
^ Que le prix provenant desdits grains livrés sera remis à la
municipalité, laquelle demeure chargée d'en payer aussitôt le mon-
tant à ceux qui l'ont fourni ;
» S"" Que tous les frais d'établissement, de garde et autres qu'a
pu occasionner la formation dudit grenier, demeurent à la charge
personnelle des maire et officiers municipaux, qui ont consenti
l'établissement du grenier, et seront par eux acquittés de suite ;
0 4"* Enfin, que le présent sera transcrit par le secrétaire sur le
registre des délibérations de ladite municipalité, qui se trouve
déposé au secrétariat du district, pour qu'elle ait à s'y conformer ;
» Pour expédition, signé : Auvray, président; Méat, secrétaire. »
Les prescriptions du directoire reçurent aussitôt leur exécution :
(1) Registre 1792-93, page 28.
L^ASSISTANCE A PANAZOL 431
le blé que contenait le grenier public Tut distribué et, durant un
mois, il suffit à alimenter les nécessiteux ; mais, à partir du 15 prai-
rial, la si tuai ion devint menaçante pour l'ordre public. C'est ce que
fait ressortir la délibération prise par la municipalité à la date du
27prairîalan 11(1) :
« Un membre dit qu*il était urgent de s'adresser à l'administra-
tion du district pour demander, vu l'entière livraison du grain qui
se trouvait dans le grenier de la commune, un secours en blé pour
la décade prochaine, de 30 septiers blé seigle, pour pareille con-
• sommation qu'il se fait pendant la durée d'une décade, attendu
que tout relard ou toute négligence serait impardonnable et com<
promettrait tout à la fois l'ordre et la tranquillité publiques. La
motion mise en délibération et oui l'agent national, le conseil a
unanimement délibéré que la présente sera, par extrait, commu-
niquée au directoire du district; à cet effet, nomme les citoyens
Soudanas et Bouchaud, commissaires, pour employer tous les
moyens de sollicitude, aux Ans d'obtenir les 30 septiers nécessai-
res pour la nourriture de nos concitoyens pendant une décade.
» Fait et délibéré les jour, mois et an que dessus, et ont signé :
» Maisonneuve, maire ; Soudanas, agent ; Nanot. »
Le district ne put accorder le grain demandé ; nous ne trouvons,
en effet, nulle trace de l'allocation. Mais les troubles redoutés ne
se produisirent pas : les ouvriers s'occupèrent, à ce moment, aux
travaux de la saison et ils eurent leur existence assurée pour quel-
que temps.
Afin d'obliger en quelque sorte les manœuvres à s'employer, la
municipalité, dans la séance du 26 prairial an II (2), avait décidé
« que tous les journaliers qui s'occupent du travail de la campagne
dans notre commune sont et resteront de cejourd'hui en réquisi-
tion pour les opérations relatives à la présente récolte et qu'en
conséquence ils seront invités d'y travailler ou de se rendre dans
les communes où ils sont habitués de se rendre pour aider à lever
la récolte.
» Les journées des journaliers, manœuvres et voiluriers seront
fixées à la moitié en sus du prix de 1790, et comme il résulte que
les journées des faucheurs étaient, en 1790, de 26 sols, elles seront
portées et fixées pour la présente année à 39 sols et les non fau-
cheurs de 18 sols à 1 livre et 7 sols. Pour les femmes, de 12 sols à
18 sols. Pour le labourage et voiture, de 3 livres à 4 livres 10 sols,
(1) Registre 1792-93, page 38.
(2) Registre de 1792-93, page 38.
439 SOCléré ARCRéOLOGIQU)! BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
et qu6 flnalemenl les bons citoyens resteront invités à concourir au
travail de la récolte. »
Un mois plus tard, le district alloua un secours de 93 livres, et la
municipalité procéda, à la séance du 20 thermidor an II (1), à la
distribution entre les familles- les plus nécessiteuses de la com-
mune.
Dans la même séance, la municipalité désigna trois commissai-
res chargés de recevoir Tioscription des parents des défenseurs de
la Patrie, dont la situation nécessitait des secours du district. Ces
commissaires furent : Jean Nanot, le plus ancien officier municipal ;
Joseph Faure et Jean Barrière, pères de défenseurs de la patrie.
Puis, sur la demande du district, la municipalité adressa une
invitation à ses coacitoyens pour les engager à faire sécher des
prunes « pour leurs frères blessés i]ui se trouvent dans les hôpi-
taux ; d'apporter ce don civique la décade prochaine, aux fins de
radresser à l'administration du district d.
Le procès-verbal de cette même séance du 20 thermidor se ter-
mine ainsi :
« Le conseil donne encore lecture de l'adresse de l'administra-
tion du district, relative aux déclarations à faire par les proprié-
taires et tous autres citoyens du produit total des difiérentes récol-
tes qu'ils ont perçues dans le courant de cette année, dont le délai
est Hxé pour faire ladite déclaration du 20 courant au 8 vendé-
miaire prochain. Le conseil invile tous ses concitoyens à se confor-
mer et à fournir leur déclaration la plus précise, aHn d'éviter les
rigueurs des lois à ce relatif.
n Le conseil nomme ensuite un commissaire pour délivrer les
réquisitions qui sont à faire par la municipalité aux citoyens
manœuvres et autres de notre commune qui n'ont point de grains
et dont la subsistance doit être prise chez les citoyens qui en ont
récolté, en apportant la plus juste proportion. L'unanimité ayant
été pour le citoyen Haisonneuve, le conseil lui a remis son plein et
entier droit pour la délivrance desdites réquisitions.
» Enfin, le Conseil annonce à ses concitoyens que la loi du 1 1 sep-
tembre 1793 sera formellement exécutée à l'égard de ceux qui se
refuseront de fournir aux réquisitions de subsistances qui leur
seront adressées ».
Notons, à la même date, une réquisition de porcs ordonnée par
le directoire du district dans la commune de Panazol. Le recense-
ment effectué par les commissaires nommés par la municipalité,
(1) Registre de 1792-93, page 42.
lVssistascë a panazôL 433
accasa un lolal de 77 porcs mâles, dont an huitième fut mis à la
disposition du district.
A la séance publique du iO fructidor an II (i), la municipalité
procéda au paiement des secours alloués sur les fonds du district
aux parents des défenseurs de la patrie qui s'étaient fait inscrire à
la suite de la séance du 30 thermidor.
Une somme de 700 livres fut répartie entre les intéressés dont
les noms suivent :
Joseph Faure et son épouse;
Marguerite Raby, veuve Fraissinel ;
Jean Bouchemousse et sa femme ;
François Ruaud et son épouse ;
Jean Thabard ;
Marguerite Barny;
Léonard Boudaud ;
Léonarde Ribière ;
Ghazaud, veuve Bertrand ;
Martial Bonnetaud ;
Léonard Bournazeau;
Antoine Malabre e t sa femme ;
Léonard Bernard ;
Léonard Bonneteau;
Marie Moury ;
Marguerite Thévenin et sa fille ;
Jeanne Desmaisons;
Marie Fourcher;
Jean Barrière et Jeanne Rougier, son épouse.
^On remarque, sur les registres de la municipalité, la délivrance
très fréquente et non interrompue durant les années 4792 et 1793
d'acquits à caution délivrés à des citoyens de Panazol pour la con-
duite à Limoges des grains et provisions de toute nature. Cesl le
blé seigle et le blé noir qui dominent ; le froment est plus rare, et
quelques fois les acquits concernent des haricots.
Ces envois périodiques au marché de Limoges devinrent cepen-
dant insufQsants, et le directoire demanda à la commune de Pa-
nazol, au commencement de fructidor an II, un envoi supplémen-
taire de 100 septiers.
La municipalité se réunit en séance publique extraordinaire, le
i 7 fructidor, pour donner satisfaction à Tinvitation du district.
Voici la délibération qui intervint à ce sujet (2) :
« Assemblés pour délibérer sur les moyens à employer pour pro-
curer des secours à nos frères de Limoges ;
(1) Registre 1792-93, page 43.
(2) Registre 1792-93, page 43.
434 âOClÉTé ARCnéOLOGlQDE £T historique dû LIMÔÛStN
» D'après Furgence qu'ils nous ont témoignée dans la circulaire
du district, la municipalité toujours prête à donner des preuves
non équivoques de fraternité, a unanimement délibéré qu1l serait
de suite adressé des réquisitions, d*après une répartition juste, sur
les différents propriétaires de la commune pour qu'ils aient à faire
transporter, sous le plus bref délai, une quantité de iOO septiers
blé-seigle, savoir :
Pour la côte-part du citoyen Faulte Dubuisson.. . . 6 septiers;
Pour celle du citoyen Grellel des Prades 10 —
— — Roulbac de Fargeas 6 —
— — Jean Reix 6 quartes ;
— — Maisonneuve 10 septiers ;
'— — Faurie 6 quartes ;
— — Grellet de Fleurel, Marpiénas 10 septiers ;
— — Baptiste Nanot.. 8 —
-— — Arnaud, de Marliaguet 6 —
— — Tharaud, à Proximart 8 —
— — Baptiste Faure, à Lavaud.. . 6 —
— — Daniel, de Courbiat 10 —
— de la citoyenne Boulaud, à Soudanas. . 3 —
— du citoyen Jérémie Martin, au MasCham-
beau 3 —
— — Soudanas 2 —
— de la citoyenne Raby 3 —
— du citoyen Baptiste Granet 3 —
— de la citoyenne Poumot 3 —
Dix jours plus tard, le district de Limoges adressait à la muni-
cipalité de Panazol une nouvelle réquisition de 100 quintaux de
grains. La répartition en fut effectuée entre divers propriétaires,
qui n'étaient pas les mêmes que ceux qui avaient fourni la pre-
mière réquisition. Mais à la séance du 30 fructidor, il fut reconnu
que la répartition des 100 quintaux entraînerait trop de longueur
dans son exécution, et qu'il conviendrait de requérir cette quantité
sur la propriété de Forest, qui était sous séquestre. Le citoyen
I^abesse, fermier de Forest, consulté, consentit à exécuter la réqui-
sition pendant la décade. Nous verrons plus loin qu'il ne livra
qu'une partie du blé à la municipalité de Limoges, après avoir,
toutefois, prélevé 20 quintaux pour la commune de Saint-Maurice-
les-Brousses, ainsi que l'explique la note ci-après transcrite au
registre des délibérations (1) :
(1) Registre 1792-93, page 46.
l\s5ISTANCE a t»AHAZOL 435
c< Ce jourd^hui 3 vendémiaire, troisième année républicaine» se
sont présentés les citoyens Jean GuitarJ, maire et Mathurin Berger,
de la commune de Mauricc-les-Brousses, porteurs d*un exirait des
délibérations du district du premier jour des sans culolides, ladite
délibération portant réquisition de 20 quintaux de blé pour les
semences de ladite commune et nous ont requis qu'il soit de suite
délibéré sur le contenu de leur mission et ont signé.
» Donné la réquisition des 20 quintaux ci-dessus sur le citoyen
Labesse, à Forest, en déduction des 100 quintaux requis pour
Limoges ».
Malgré la bonne volonté qwi ta municipalité de Panazol parait
apporter dans l'exécution des diverses réquisitions qui lui sont
adressées, cette commune se trouve comprise parmi celles dont le
district de Umoges blâme la négligence et même Tégoïsme dans
l'arrêté ci-après (1) :
« Liberté, égalité, fraternité ou la mort;
« Extrait des registres de l'administration révolutionnaire du
district de Limoges ;
« Séance publique du 18 vendémiaire, Tan III de la République
française, une et indivisible ;
(c L'administration, pénétrée de douleur à la vue de la pénurie
effrayante du grain où se trouve la commune de Limoges ; recon-
naissant que les moyens de douceur et de persuasion employés
jusqu'ici n'ont pas produit leur eifet par la négligence des officiers
municipaux de plusieurs communes, l'insouciance et Tégoïsme
d'un grand nombre d'individus qui, ne pensant qu'à eux-mêmes, à
un vil intérêt, se refusent au plus léger sacrifice plutôt que de sou-
lager l'affreuse misère de leurs frères ;
« Voulant rappeler les uns et les autres à leur devoir, à l'accom-
plissement des obligations que leur impose le nom sacré de l'égalité
qui réunit tous les républicains;
« Voulant enGn procurer par tous les moyens qui sont en elle
l'exécution des lois si cruellement oubliées ».
Arrête, oui sur ce l'agent national :
1"* Il sera nommé des commissaires pour se transporter dans les
communes deNieul, Peyrilhac, Gonore, Jouvent, Gence, Boisseuil,
Feytiat et Panazol, à l'effet de faire transporter sur le champ, à
Limoges, le grain qui eut du y être conduit d'après les réquisitions
arrêtées le 28 fructidor dernier ;
2* I^es commissaires nommés, à leur arrivée dans chacune des
(1) Registre 1792-93, page 46.
436 SOClÉré AACHÉOLOÛIQIJE et HISTORIQIJE du LtMOUâl!^
communes désignées, se transporteront au secrétariat de la munici-
* alité; ils y feront (ranscrire sur les registres le présent arrêté pour
qu'il soit exécuté dans les vingt-quatre heures de sa transcription ;
S"" Les officiers municipaux demeurent personnellement respon-
sables de Texécution de Tarrélé, sauf à eux à employer les moyens
que la loi a mis en leur pouvoir et à montrer Ténergie que les
vrais républicains doivent manifester lorsquUl s'agit de remplir un
devoir aussi sacré qu*est celui de soulager ses frères souffrants ;
» 4'' Les commissaires nommés ne cesseront leurs fonctions que
lorsque les réquisitions seront entièrement remplies ; ils feront
connaître à Tadministration du district toutes les entraves qu*on
pourrait mettre à Taccomplissemenl de leur mission.
» 5"" Le citoyen Declareuil jeune est nommé commissaire pour les
communes de Nieul,Peyrilhac, Gonore>Jouvent et Gence.Le citoyen
Meyze aine est nommé commissaire pour celles de Boisseuil,
Feytiat etPanazol.
» 6"" Les commissaires recevront une indemnité qui sera fixée
par l'administration et payée par les officiers municipaux person-
nellement qui ont mérité les mesures de cet arrêté, en ne satis-
faisant pas à la réquisition du 28 fructidor. L'Administration se
réservant de prendre ultérieurement telle autre mesure que de
droit, après le rapport des dits commissaires.
» Signé : Romanet, David fils, Estier, Auvray et
Lamarghe, secrétaire ».
I^e commissaire Meyze atné se rendit à la séance de la munici-
palité du 20 vendémiaire et exigea la livraison immédiate du reli-
quat des iOO quintaux demandés le 28 fructidor.
La municipalité délivra aussitôt la réquisition sur divers proprié-
taires, avec invitation de conduire le blé, dès le lendemain, au
marché de Limoges.
Le commissaire Meyze avait à peine quitté la salle des séances
de la municipalité qu'un autre délégué du district, le commissaire
Bordas, se présentait et signifiait l'arrêté ci-après, réclamant un
nouvel envoi de 60 quintaux :
» Liberté, égalité, fraternité ou la mort,
» L'Administration révolutionnaire du district de Limoges,
» En exécution de son arrêté de ce jour, requiert, au nom de la
loi, la municipalité de la commune de Panazol de faire conduire
au marché de la commune de Limoges, la quantité de 60 quintaux
de grains qu'elle requerra sur tous les citoyens ayant des grains
(indistinctement), en raison de leurs ressources, dans le délai et
sous la responsabilité portée audit arrêté, en suivant les autres
L^SSISTAJtCE A PANAZOL 437
dispositions, sans que néanmoias le contingent sus requis puisse
porter atteinte aux autres réquisitions déjà exercées, qui doivent
être entièrement remplies et effectuées dans les délais qui ont été
prescrits.
» Fait en séance publique le 17 vendémaire Tan III de la Répu-
blique une et indivisible.
)) Signé : David fils, Romanet, Auvray, Estier, Lamar-
GHE, greffier ».
La municipalité procéda immédiatement à la répartition des
60 quintaux et accorda deux jours aux intéressés pour transporter
le grain au marché de Limoges.
Ces réquisitions successives avaient fortement atteint Tapprovi-
sionnement de blé que possédait la commune. Les propriétaires
commencèrent à se plaindre, tel le citoyen Grellet qui présenta, le
18 brumaire, k la municipalité une pétition et le tableau du blé
qu'il avait livré, et il prouvait qu'il ne lui restait que 18 septiers et
2 quartes qui étaient indispensables pour la nourriture de sa maison
et de ses domestiques.
De même, le citoyen Jérémie Martin * proteste, le 10 nivôse
an III (1), contre les réquisitions dont il est Tobjet. Deux commis-
saires sont désignés séance tenante pour vérifier ses allégations,
et, de leur rapport, il résulte que le grain qui reste au citoyen
Martin et à son métayer est nécessaire pour la consommation de
la maison et la prochaine semence. Néanmoins, les recensements
des grains se succédaient à des intervalles très rapprochées.
Le 5 frimaire an III, le Directoire nomme le citoyen Faulte
Buisson en qualité de commissaire pour opérer un recensement de
de tous les grains dans la commune de Panazol ; il s'acquitte, le
10 frimaire, de sa mission. Le 19 du même mois, le citoyen Anli-
gnac, nommé commissaire par arrêté du district du 13 frimaire,
pour assister le citoyen Renouf, agent de la commission du com-
merce et approvisionnement de la République, se présenta, à son
tour, à la municipalité de Panazol, à Teffet de recevoir les déclara-
tions des subsistances que peuvent posséder les propriétaires. Les
oiïiciers municipaux firent remarquer au délégué qu'un recense-
ment identique venait d'éire effectué par le citoyen Faulte.
Le citoyen Antignac n'insista pas pour accomplir sa mission et
se retira.
Malgré les réclamations individuelles et les avis conformes de la
(1) Registre de 1791-93, p. 51.
T. LV 28
■
436 SOClèré AnCHÉOLOGtQCE et ittSTÔRlQUÉ DU LIMOUSII^
municipalité, le districl continua à exiger des subsistances de la
commune de Panazol.
En effet, nous lisons dans le procès-verbal de la séance du
20 nivôse an m (4).
« Avons fait lecture d^nne Icllre du 18 nivôse par laquelle le
district invile tous les citoyens de notre commune à faire conduire
du grain ou subsistances 4£ telle nature que ce soit, au ci-devant
collège de Limoges, ce que de suite avons fait. Malgré la bonne
volonté, ce qui arrête tous nos concitoyens, ce qui les empêche,
c'est que les réquisitions ont été trop fréquentes dans notre com-
mune, ainsi que le grand nombre de manouvriers qui sont dans
notre commune et qui ne récoltent rien. C^s ouvriers sont dans ce
moment à notre séance pour nous demander des subsistances.
Nous ne savons qu^I parti prendre pour les en approvisionner ».
Quelques jours plus tard, dans sa séance du 7 pluviôse (2), la
municipalité prit la détermination d^ouvrir un registre destiné à
recueillir les dons volontaires pour fournir des subsistances aux
indigents.
Nous ne connaissons pas le résultat qu'obtint cette mesure ; il y
a lieu cependant de croire que des souscriptions se produisirent et
permirent de secourir les indigents. L'hiver dut se terminer sans
créer trop de soucis à la municipalité, car nous arrivons au
45 prairial sans trouver aux registres mention de demandes et de
distributions de subsides, ni de réquisitions pour Limoges.
La séance de la municipalité du 45 prairial fut consacrée à
prendre les dispositions nécessaires pour donner satisfaction à un
recensement général tant des farines que des grains battus ou à
battre, ordonné dans toute retendue de la République par Tarti-
cle 3 de la loi du 2 prairial an III, pour assurer jusqu'à la récolte,
par un prélèvement, Tapprovisionnemenl des armées de la Répu-
blique et de la commune de Paris.
Le district de Limoges avait nommé deux commissaires pour
procéder à ce recensement dans la commune de Panazol : les
citoyens Laforest fils, domicilié place des Bancs, et Nadaud, gendre
Bruniér, négociant à Limoges. La municipalité, de son côté, désigna
le citoyen Soudanas, procureur syndic, pour assister les commis-
saires. Les opérations s'effectuèrent sans soulever aucun incident.
(1) Registre de i /91-93, p. 51.
(2) Registre de 1792-93-94, p. 51.
L*ASSISTANCE À PASAZOL 43Ô
La belle saison étail revenu, les manœuvres el journaliers devaient,
par le travail, pourvoir à leurs besoins.
I.a municipalité avait cependant encore à s'occuper des infirmes
indigents et hors d'étal de gagner leur vie.
Sur ses démarches, et en vertu de la loi du 21 pluviôse, arti-
cle 5, un secours de 175 livres fut alloué à la commune et réparti
au cours de la séance du 3 messidor an III.
Quatre vieillards se trouvèrent dans le cas d'être secourus et se
partagèrent la somme de 175 livres.
Nous terminerons en signalant une dernière réquisition de
60 quintaux de grains demandée à la commune de Panazol par le
district de Limoges, à la date du 30 vendémiaire an IV.
La répartition en fut opérée entre vingt-six propriétaires de la
commune, auxquels il fut accordé un mois pour conduire le blé au
marché de Limoges, « établi au ci-devanl collège qui sera ouvert
tous les tridi, nonidi de chaque décade, passé lequel délai les
citoyens requis seront poursuivis avec les rigueurs de la loi ».
Nous devons arrêter ici la période particulière à la commune de
Panazol. En effet, à partir du 29 vendémiaire an IV, une munici-
palité cantonale, avec Panazol pour cheMieu, fut créée. Le nouveau
canton extra-muros de Limoges comprenait les communes de
Panazol, Condal, Bosmie, Sainl-Just, Isle, Couzeix et Le Palais.
Durant cette organisation, qui prit fin le 29 floréal an VIII, les
faits et les événements, les décisions intervenues forment un
ensemble qui intéresse le canton tout entier.
Nous nous proposons de l'étudier dans ses diverses parties.
Octave d'ÂBZAC.
BIBLIOTHÈQUE
DE LA
_/ 0_
SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE
DU LIMOUSIN
(suite) (1)
22. — De sancio Marliali Lemovicensium episcopo necDon
lolius AquitaaiaB apostolo quaedam notiones et dispulationes ms.
(P. 9 et ss.) : Exercitatio de epistolis saDcIi Martialis Aquitanorum
apostoli ad Burdigalenses et Tolosanos scriptis.
Cahier pet. in-f^ 22 p. pap., mesurant 0'"29 sur 0"21.
Ce cahier est enfermé dans une double couverture : la première, en
papier grisâtre, porte dans un cartouche rectangulaire très simple ces
mots : Ex Bibliotheca F. Mureti de Poe j — la seconde est un placard
imprimé, provenant de la Chambre angélique de Nostre-Dame de Mon-
serrat; ce placard présente deux gravures au trait et diverses prières
en français. Le tout parait appartenir au commencement du xvii' siècle
et venir d^Espagne.
Don de M. Emile Hervj', notaire honoraire (1896).
23. — Cathaiogus sanctorum quorum corpora requiescunt in
dyocesi Lemovicensi. — Ce titre est répété en marge, en vermillon.
Il y a en plus un titre courant : Sancti qui | in dyocesi Ijemovicensi
jacent. — Cà et là des notes liturgiques, des extraits du Martyrologe
d'Usuard et des chroniques locales. F« 6 r®, bulle du pape Jean à
révéque de Limoges sur Tapostolat de saint Martial.
Cahier de 6 feuillets parchemin, mesurant 0™29 sur 0"»22. Ecriture
gothique du xiii* siècle. Incipit : Amplectimur itaque prius ac principius,,,
Desinit : At puer clara voce respondit : Iste episcopus est pater meus.
Quod audiens rex Francie,
(1) Voy. le Balletin, XXXVI, 215, 335; XXXIX, 630.
BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ 441
24. — Coutume du châleau de Limoges et chartes du Prince
Noir, des rois Charles V, François I", Henri IV.
Copie du texte latin de la coutume et traduction française par Maurice
Ardant, vers 1855. .
Cahier in-f» de 16 feuillets, pap.
25. — ROle du ban et arrière-ban des nobles du Haut-Limousin,
19 février 1,W«.
Cahier original in-4° de 22 ff., pap.
Publié par M. l'abbé A. Lecler, dans le Bull, de la Soc. arch. du Li-
mousin, XLI, p. 543-580.
Don de M. Jules Godet de Boysse (1889).
26. — Procédures, testaments, contrats de mariage, actes
d^acquisitions, etc., concernant diverses familles de Lastours,
1496-1810.
14 pièces, pap. 1 parch. (orig.).
Don de M. Tabbé A. Lecler (1904).
27. — Recueil d'armoiries limousines de Philippe Poucet, pein-
tre et émailleur.
Registre in-S», 114 ff. pap. mesurant 0'»229 sur 0» 166.
Publ. par MM. A. Lecler et L. Guibert dans le Bull, de la Soc. arch.
du Limousin, LU, p. 425-484 et LIV, p. 337-426.
Don de M. L. Mouret (1904).
28. — Diclionnajre biographique des personnages notables du
Limousin, commencé par les deux bouts.
XVIII* siècle. Ecriture de TabbéVitrac (?). Cahier pet. in-f» 27 fF. pap.
Don de M. E. Hervy, notaire honoraire (1895).
29. — Notaires de Limoges anciens et .modernes, par ordre
alphabétique, avec les noms des particuliers délenteurs de leurs
minutes.
N.-B. — On y a joint les noms de quelques notaires des environs
de Limoges, mais du ressort de la sénéchaussée de cette ville.
Cahier pet. in-f®, papier, paginé de 523 à 564, Ecriture de labbé
Legi'os, t iSll.
Don de M. Jules Codet de Boysse (1898).
il
442 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
30. — Catalogue manuscrit des émaux de la section du moyen
âge à FErmitage impérial de Saint-Pétersbourg, 19/31 mars 1892.
S. nom d'auteur.
2 cahiers, pet. in-f<» 25 + 27 ff. pap.
31.— Quittance d'un setier froment de rente due à Casiellouse
de Nouviale {Casteloza de Nouviela) par Berge de Nouviale sur le
lieu de Condat. Le dit acte passé devant la cour du commun
pariage de Saint- Yrieix, 1374.
Orig. parch., se. de cire verte pendant sur double queue de par-
chemin.
Don de M"® de Froidefond.
32. — Mandement du dauphin du Viennois annonçant que
noble Jean Delaporte est établi écuyer en Técurie du Roi. Monlils-
lez-Tours, 22 sept. 1445,
Orig. parch. publ. par A. Leroux dans le Bull, de la Soc, arch. du
Limousin, LIV, p. 507.
Don de M. P. Cousseyroux (1904).
33. — Transaction en vertu de laquelle Guillaume de Bretagne,
comte de Penthièvro, comte du Périgord et vicomte du Limousin,
accorde à Bernard Dumas, prêtre, curé de la paroisse de Pageas
en Limousin, le droit de dîme sur la dite paroisse. Gourbefy,
16 mars 1450 (n. st. 1451).
Traduction en mauvais français de Toriginal latin. Pap., écriture
du XVII* siècle.
34. — Avis* au public de Tostension du chef de saint Mar-
tial, 1533.
Orig. parch. mesurant 0™91 sur 0™63, avec trois enluminures sur une
hauteur de O^iO. — Ecriture gothique des manuscrits, mesurant 4 mill.
de hauteur.
Publié par A. Leroux dans les Archives histor, du Limousin, I, p. 296.
35. — Ordonnance de la cour ordinaire de Limoges pour la
réforme des abus qui se commettent dans la dite ville sur les mesu-
res fabriquées par les pinliers et potiers d'étain, 1603.
Orig. parch. Se. perdu. Publ. dans le Bull, de la Soc, arch, du Limou-
sin, LIV, p. 509.
Don de M. Léopold Mouret (1903).
BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ 443
36. — Mandement royal portant nomination de Jean Lymosin
comme Tun des peintres et émailleurs du roi. Paris, 17 juillet i617.
Orig. parch. Se. de cire plaqué.
Don de M. E. Hervy, notaire honoraire (1896).
37. -— Attestation délivrée par le lieutenant des juridictions de
la ville d'Eymoutiers à M» Pierre Bourdicaud, greffier de Tarnac (?),
portant que celui-ci est de mauvaise santé, âgé de soixante-treize
ans, et par conséquent en droit d'être déchargé de Tadministration
des biens de révoque en la châtellenie d*£ymoutiers, 1630.
Orig. pap.
38. — Lettres dimissoires adressées par révoque de Tulle aux
ëvéques de Périgueux et Sarlat, en faveur de M<> Jean Calmine
Laporle, sous-diacre du diocèse de Tulle, 1670. •
Orig. pap. Cachet de cire rouge plaqué.
39. — Contrat de la vente faite par M° Jean Donnel aîné, sieur
de Laborderie, demeurant au Dorât, à M^ Jean Donnet le jeune,
sieur de Lavillatte, son frère, demeurant aussi au Dorât, d'une
maison sise en la grande rue de la dite ville pour le prix de
950 11. 23 fév. 1682.
Orig. parch. Sceau de cire verte plaqué.
40. — Procès-verbal de l'hommage lige rendu devant le bureau
des finances de Limoges par Gaucher de Lavergne, écuyer, sieur
du Marginier, pour les fiefs qu'il tient du roi en la paroisse de
Janaillac. 11 juillet 168S.
Orig. parch. Publ. dans le Bull, de la Soc. arch. du Limousin, LIV,
p. 514.
Don de M. Léopold Mouret (1902).
41. — Requête de Jean Malardeau, bedeau de l'église collégiale
de Sainl-Yrieix et baile de la confrérie de Sainte-Anne, à l'évéque
de Limoges, pour obtenir « l'érection » en la dite église de la dite
confrérie. Avec autorisation conforme de l'évéque. 23 déc. 1686.
Orig. pap.
42. — Inventaire des biens de feu Martial Dunoyer, marchand
tanneur el corroyeur, à la requête de Jeanne Vergnaud, sa veuve.
Janvier 1680.
Cahier in-4o, orig., 5 feuillets, pap.
444 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
43. — Vente par autorilé de justice des meubles « morts et
virs » du château de La Chëze, à la requête de dame Marguerite-
Marie de Reymond, dame du lieu, veuve de messire Charles de
Saint-Mathieu, chevalier, seigneur du Pavillon et autres lieux.
Août 1699.
Orig. pap.
Don de Mgr Barbier de Montault.
44. — Procès-verbal d'estimation des fruits du fief de la Male-
lie (?) par M* Jean Lalande, notaire royal, 1741.
Cahier pet. in-f°, 9 flf. pap.
45. — Quatre pièces relatives aux taxes pour les miliciens en
la paroisse deSaint-Martin-Château, 1743.
Quatre p. pap. Publiées dans le BulL de la Soc. arch, du Limousin^
LIV, p. 521.
Don de M. P. Cousseyroux (1904).
46. — « Mémoire au sujet de la nomination des sieurs margui-
tiers de la paroisse de Saint-Pierre [du Queyroix à Limoges], du
23« janvier 175S. »
Cf. le Bull, de la Soc. arch. du Limousin, LIV, p. 702.
Don de M. Maurat-Ballange, avocat (1904).
47. — Lettre de Turgot, intendant de la généralité de Limoges,
à M"*" de Puymarets, à Brive. Datée de Limoges, 23 mai 1765.
48. — Deux lettres du duc de Fitz-James, gouverneur du haut
etbas Limousin, aux consuls de Limoges.
L\ine est datée de Fontainebleau, 10 nov. 1765; Tautrc des Cars,
17 fév. 1766.
49. — Lettre de labbé Expilly aux consuls de Limoges. Datée
d'Avignon, 31 déc. 1765.
Publ. dans le Bull, de la Soc. arch. du Limousin, V, 71.
50. — Lettres de vœux des consuls de Limoges au duc de Fitz-
James, gouverneur général du haut et bas Limousin, et à son lieu-
tenant le comte des Cars. 1" déc. 1765.
Minutes écrites sur Içs deux paçes du feuillet.
BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ 445
51. — Letlre du comte des Gars, lieutenant du roi en Limousin,
aux consuls de Limoges, pour les remercier de leurs vœux. Datée
des Cars, 7 janv. i766.
52. —Letlre du comte des Cars, lieutenant du roi en Limousin,
aux consuls de Limoges, à Toccasion des prières demandées pour
le repos de l'âme du Dauphin. Datée des Cars, 7 janvier 1766.
53. — Délibération des habitants de Bersac pour prolester
contre la suppression de l'abbaye de Grandmont. Nov. 1773.
Publ. par M. i abbé A. Lecler dans le Bull, de la Soc. arch, du Li-
mousin, LIV, p. 531.
Don de M. Boulaud (1904).
54. — Arrentement du moulin de la Rechignerie (paroisse de
Pageas), fait par les religieux de l'abbaye de Saint-Âugustin-lez-
Limoges à Martial Desmaisons de La Coste et à d""" Marguerite
Deliron sa femme, moyennant la redevance annuelle de quatre
seliers seigle, mesure de Châius, et le paiement des droits de
lods et ventes, prélation et investiture. Janvier 1778.
Orig. parch.
Don de Mgr. Barbier de Montault.
55. — Extrait du registre des délibération du Directoire du
district de Limoges concernant les déclarations à faire par les
ecclésiastiques. 21 nov. 1790. Signé : Soulignac, syndic. Avec la
lettre d'envoi (25 nov.) signée du même.
56. — Letlrede famille, datée de « Berlin... février», sanssigna-
ture, adressée « à Monsieur Gay-Lussac, médecin à Saint-Léonard,
dép' de la H*'-Vienne, France ».
On y peut relever cette phrase : « Je suis entièrement plongé
dans la minéralogie, l'allemand et le magnétisme ».
1 pièce pap., premier quart du xix« siècle.
57. — Lettre du sieur Albert (1) au baron de Roulhac, vice
président de la Société d'agriculture, sciences et arts de Limoges,
pour lui adresser ses Vx^es pittoresques et monuments anciens du
Limousin,
S. date [1818].
(1) Sur cet artisie vqIv le Bulletin^ XXXVI^ 174_et '^04,
446 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
58. — Lellre du dit baron de Roiilhac (1) au secrétaire de la dite
Sociélé pour le prier de présenter l'ouvrage d'Albert à la prochaine
séance.
Limoges, 11 août 1818.
59. — Lettre de M. C.-N. Allou (2), sans adresse, annonçant
renvoi à la Société d'agriculture du rapport de M. Alex, de Laborde
sur la Description des monuments de la Haute-Vienne.
Limoges, 3 janvier 1821 .
1 p. pap.
60. — Lettre du sieur Duroux (3), maire de la commune de
Saint-Pardoux, à MM. les rédacteurs du Bulletin de la Société
royale d'agriculture, sciences et arts de Limoges, sur des matières
de numismatique limousine.
Saint-Pardoux, 8 avril 1823, avec cette seconde adresse au revers
de la lettre : « Monsieur Ardant, secrétaire général de la prérec-
ture de la Haute-Vienne (4), à Limoges ».
1 pièce pap.
61. — Lettre de M. Guernon de Banville, procureur général près
la cour de Limoges (S), sans adresse, pour remercier de renvoi
d'un livre (6) et demander quelques explications sur la langue
limousine.
Limoges, 28 mars 1826.
62. — Note sans date et sans adresse, signée Périgord, fai-
sant part de la découverte d'un vase antique dans une tombe
du cimetière de Chassenon.
La lettre se termine par ces mois : « J*ai Thonneur de saluer
M. Alluaud ».
1 pièce pap., première moitié du xix* siècle.
(1) Sur ce personnage voir le Bulletin de la Soc, d'agriculture, 1824.
(2) Sur cet auteur voir le Bulletin, XXXVII, 306.
(3) Sur cet historien voir le Bulletin, XXXVIl, 300.
(4) De 1821 à 1832.
(5) De 1823 à 1826.
(6) Probablement le Dictionnaire des locutions vicieuses usitées... dans
la ci-devant province du Limousin, par Sauger-Préneuf, qui parut à
Limoges chez Ardiller en 1325,
BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ 447
63. — Pièces diverses, Urées des papiers de feu J.B. Navières,
sgr de Rieux-Peyroux el de La Boissière, conseiller du roi, grefflier
en chef de la cour sénéchale de Limoges. 1642-18d5.
Procédures, extraits des registres paroissiaux, quittances, contrats,
arpentement d'un village de la paroisse de Vicq (1762), testament de
Simon Mouret (1773), adjudication des biens de l'émigré Benoit d'Etivaux
(an II), etc.
3 p. parch.; 25 p. pap.
Don de M. Léopold Mouret (1903).
64. — Rôles des tailles pour diverses paroisses de Télection de
Limoges, datés du i" juillet 1770 et signés Turgot.
42 pièces volantes imprimées, dont les blancs sont remplis à la main,
in-f^
65. — Procédures, actes d'acquisition et de vente, comptes el
contrats divers concernant les localités de Baroneau, Compreignac,
Château-Gaillard, Lafont.
xvi«-xix« siècles. 4 p. parch. ; 117 p. pap.
Don de M. Marc Barbou des Courières (1904).
66. — Recueil général sur Torigine el les progrès de la typo-
graphie ou Tari de Timprimerie, avec Tanalyse des premiers
auteurs de la découverte et les noms des arlistes qui ont porté à
Limoges cet arl devenu tout à fait nécessaire et qui d*année en
année acquiert de la perfection.
Cahier pet., in-4o, 59 pages chiffrées. Ecriture du xix" siècle.
Don de M. Nivet-Fontaubert.
67. -— [Dom Col.] Histoire d'Auvergne. Registre contenant les
morceaux suivants :
— Mémoire pour le seigneur du Chambon à raison de la haute
justice. Ecriture du xvui* s.
— Concordat entre Mgr de Langeac, vicomte de la Monte et
messire Guillaume du Guiberleix, chevalier, louchant la justice du
Chambon, 4484.
— Mémoire pour répondre à la consultation du sieur Vialle du
Chambon. Ecriture du xvu* s.
— Hommage rendu à messire de Langeac par Guillaume de
Guiberleix pour les terres qu'il tient de lui. Apud castrum de Pe-
russe, févrter 1274 . Copie du xvi' siècle.
448 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
— Considérations sur les causes de la dépopulation en Auvergne.
Ecrilure du xvnr s.
— Mémoire pour frère Elie de La Brousse de Boffrand, prélre,
chanoine régulier de la congrégation de France, prieur-curé de
Vieille-Brioude, contre Antoine Braull, vigneron, habitant du lieu
de Denlilhac, paroisse de Vieille-Brioude, en présence des sieur et
dame Redond. Impr. 1759.
— Pancharta seu descriptio beneficiorum quorum collalio, pro-
visio, guarnia et alia omnimoda dispositio reverendo domino
abbati secularis et collegiatas ecclesiae beati Geraldi oppidi Aure-
liaci, sanctaB sedi apostolicae in spirilualibus immédiate subjectae in
diœcesi Sli-Flori, nuper monasterii ordinis sancti Benedicli^perti-
nere dignoscuntur, prout ex indnllo aposlolico secularisationis
ejusdem ecclesiae ordinata; obtineri exliterunt. Sans date. Ecriture
du xvHi" siècle.
— Coppie de transaction passée entre MM. du chapitre de
Brioude et habitans de lad. ville pour raison des laydes, 4491. Co-
pie du xvii« siècle. Suit un acte en latin, y relatif, daté d'une ma-
nière incorrecte : Âclum est hoc Brivati», anno ab incarnationem
{sic) Domini milesimo decenlesimo {sic) vigesimo secundo, unde-
cimo kalendas februarii, régnante Philippo rege Francorum (4).
— Inventaire des lectres, arrestz, liltres et autres enseignemens
produictz et mis en court par devers vous nosseigneurs tenans le
parlement du Roy nostre sire en son palais à Paris par mess, de
chappilre de Tesglise de Brioude, deffendeurs à Tinterinement de
certaines lettres réaulx et requerans provision, d'une part, contre
les manans et habitans de lad. ville de Brioude, demandeurs et
requérant rinlérinement desd. lettres réaulx, d'autre part. Sans
date. Ecriture du xvi« siècle.
i — De la taille à merci et volonté. Ecrilure du xvui" sièele.
— Mémoire sur la prévôté de Langeac. Ecriture du xvui' siècle.
— Vente faite par Jean de Moncet, écuyer, et d"* Jeanne, sa
femme, à noble homme Miles sgr de Noiers, et à Mad. Jeanne, sa
femme, de la nommée Mcline, femme de feu Jerbaul Délavai, et de
la moitié de ses enfants, pour le prix de 1011. tournois. 1316. Tra-
duction française. Ecrilure du xvni* siècle.
— Copie d'actes latins, annotés en maige, concernant les fiefs
de Langeac, Peirusse, Chambon, Chanleuge, Varennes et (sur deux
(1) 11 faut peut-être corriger decentesimo par trecentesimo, ce qui
diminuerait la difficulté sans la résoudre complètement puisque Phi-
lippe V le Long mourut le 3 janvier 1322.
BIBLIOTHÈQUE DE LA SOCIÉTÉ 449
cahiers intercalés plus loin sous les n"^ 35, 38, 43) Tapon et la jus-
tice de Langeac.
-— Acte portant dotation de la chapelle de Gaudissart, par Tabbé
de Pibrac. S. date, copie nioderne.
— Généalogie de la maison de Langeac. S. date, écriture du
XV" siècle.
— Instructions et memoyres à M' Jehan de Langhac, conseiller
du roy et maistre des requesles ordinaire de son hostel, envoyé de
par luy pour recovrer la flihe du feu seigneur de Myson, que le
sr. de Santal tient contre la volonté du roy et de justice et contre
le gré de lad. fllhe. S. date, écriture du xvr siècle.
— Memoyre pour la commission que le roy a donnée à maistre
Jehan de Langhac, son conseiller et maistre des requestes ordi-
naire de son hostel, pour soy transporter delà les montz, au lieu
de Demont, auquel lieu le s' de Santal se tient. S. date, écriture du
XVI* siècle.
— « Déclaration » au Conseil étroit des dépenses faites par le
sieur de Haulmont et M« Jean de Langeac, conseiller du roi, « con-
cernant le fait de nostre commission pour recouvrer tous et chacuns
les biens estant dans ung navire nommé La barbe (1) de Pempol,
prins... au port et havre de Rosco {sic), qui est port de basse Bre-
taigne, près la ville et cité de Saint-Pol-de-Léon, d'une lieue ».
Nantes, février 1621.
— Rapport touchant l'exécution de la mission donnée par le roi
à M. de Langeac contre le sieur de Génial {sic), 1523.
— Requête adressée au sénéchal d*Âuvergne ou au lieutenant
général criminel par Louis-Melchior Marie, avocat demeurant à
Langeac, contre M* Benoit Redon, juge prévotal de la dile ville,
pour raison des sévices subis. S. d., impr. à Riom, chez J.-B. Vial-
îanes[xvHr s.).
— Mémoire signifié pour Messire Jean-Gabriel d'Âurelle, cheva-
lier, comte de Lodan, seigneur de La Blanchisse, de Domesc, de
La Batonie et autres lieux, défendeur et demandeur en garantie,
contre dame Marie Legendre de Collandre, veuve de Messire
Gabriel-Armand de Montmorin, comte de S. Herem, dame de
Belime, demanderesse, et contre Messire Cimetière de la Basolle,
écuyer, seigneur de Beaupoirier, trésorier de France en la géné-
ralité de Moulins, défendeur en garantie.
S. date, impr. après 1765 à Riom, chez René Gandeze. (Le litige
portait sur la justice du lieu de La Batonie.)
(1) Peut-être faudrait-il corriger Sainte-Barbe.
456 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
— Ordonnance de J.-L. de JMonlagu, yicomle de Beaune, lieule-
nanl général des armées du roi et son lieutenant général comman-
dant dans la province d'Auvergne et le pays de Combraille, faisant
défense de porter des armes offensives ou défensives sous quelque
prélexle que ce soit, sans sa permission, et de chasser dans retendue
de son commandement.
Clermont, 8 juillet 1722. Irop. chez P. Boutaudon.
— Mémoire pour M. Delaval-Delacresse, subdélégué deTinten-
dance à Riom, sur les taxes des anoblis. S. date, écriture du
xvni® siècle.
— Ordonnance du sénéchal d'Auvergne pour le duc de Bour-
bonnais et d'Auvergne (en 44 articles). S. dale, écriture du
xvnr siècle.
— Mémoire pour faire dupplicques pour le s' de Langhac contre
le s' de Nantoilhe. S. date, écriture du xvi* siècle.
— Lettres patentes du roi portant érection d'un consulat en la
ville de Langeac. Paris, janv. 1487. Avec l'arrêt du Parlement
portant enregislremenl des dites lettres (déc. 1513), et une tran-
saction intervenue entre les seigneurs et les habitants de la dite
ville (oct. Iël4) et autres actes y relatifs(1514-1769). 51 pages impr.
à Paris, chez P. -S. Simon, 1774.
— Consultation juridique relative aux droits prétendus sur le
bois de Pourcharesse par Messire Louis de La Rochefoucault,
marquis de Langeac, et les habitants du village de Chantengeol.
« Délibéré à Paris, le quatriesme juillet 1647. Didier, Jabert, Cha-
brol, Uger ».
— Requête adressée au Roi et à nosseigneurs de son Conseil
par Joseph Randon de Ch&teauneuf, comte d'Apchier, contre le
sieur Félix de Bessuejols, marquis de Roquelaure et baron de
Lanta, pour obtenir une évocation du procès pendant. 1769. Impr.
à Paris, chez Knaper et Delaguette.
— Deux autres requêtes du même aux mêmes contre le sieur de
Crossal, duc d'Uzès, premier pair de France, intervenant dans
raffaire ci-dessus, 1769.
Impr. comme dessus.
— Mémoire touchant la commanderie de Rousson et de Pastoral,
son annexe, sise près de Brioude. Sans date, écriture du xvn» siècle.
— Inventaire de pièces concernant la susdite commanderie, de
1452 à 1706. Ecriture du xvui* siècle.
•^ Inventaire des tiltres de la terre et châtellenie de Saint-Ilpise,
de 1228 à 1766. Ecriture du xvni* siècle.
^IBLfOTHf.QCE DE LA SOCléré 451
— Elirait des livres imprimés et manuscrits du Cabiael de
l*ordredu Saint-Esprit sur les noms deLangeac, LanghacetLanjac.
Sans date, écriture du xvm' siècle.
Don de M. E. Hervy, notaire honoraire (1899).
68 à 83. — Papiers Codet de Boisse, concernant principale-
ment la ville de St-Junien et ses environs.
Don de M. Surin (du Chatelard), d903.
46 cartons inventoriés ci-après.
Alfred Leroux.
RÉPERTOffiE
DU FONDS CODET DE BOISSE
Dans la séance de la Société archéologique du 29 juillet 1902, M. A.
Leroux, archiviste, au nom de M. R. Fage, président, annonçait que
M. Léon Surin (1), attaché à la direction du Crédit lyonnais à Angou-
lême, allait faire don à la Société d'un lot de papiers et de parchemins
recueillis dans la succession de M. Jules Codet de Boisse, ancien ma-
gistrat (2). Ces documents, qui avaient été sommairement classés par le
père de ce dernier, M. Codet de Boisse, avocat à Rochechouart, ont
rapport à différentes localités du Limousin, mais surtout à la ville de
Saint-Junien et aux chàtellenies des environs. On y trouve des délibé-
rations de communes, des décisions judicaires, des actes de notaires,
des terriers, etc., qui se rapportent au chapitre de Suin^-Junien, à la
justice,- à l'administration épiscopale, aux familles du pays.
Aujourd'hui tous ces papiers reposent aux archives de la Société
archéologique du Limousin, répartis sommairement dans seize grands
cartons.
Ils sont accompagnés de nombreuses notes manuscrites de M. Codet
de Boisse, auteur de la collection, où il commente avec une compé-
(1) M. Léon Surin, le généreux donateur de la collection, appartient à
une très ancienne famille de Saint-Junien, dont il est souvent question
dans ces papiers. Il est fils d'Hubert et de Zoé Masson et petits-fîls de
François-Amand Surin et de dame Dubreuilh llélion de La Guéronnière.
Son arrière grand-père, qui avait épousé une demoiselle d'Hugonneau,
était procureur au parlement de Bordeaux. 11 habite la propriété du
Chatelard, près Saint-Junien, et a épousé récemment M"* Rouvray de
Limoges.
(2) Augustin-Jules Codet de Boisse, Gis de Léonard-Jules et de dame
Aimée Surin, naquit à Saint-Junien en 1812 et épousa à la fm de 1846
Caroline Surin, fille de François Noël et de dame Adélaïde La Bouli-
néPEKTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSE '403
'tence et une sagacité indiscutables, les faits divers mentionnés dans
CCS vieilles paperasses et cherche à rétablir les anciennes divisions
administratives. La tâche est ardue, car le champ des recherches est
situé au point de contact de trois anciennes provinces, le Limousin, le
Poitou et TAngoumois. Néanmoins, il lève le voile sur cet échiquier
administratif formé peu à peu par nos rois, et fait apprécier davantage
la simplicité de nos départements modernes.
•G. TOUYÉRAS.
Carton n** 1
1686. — Pièces de procédures enlre Jean Pouliot, procureur du
roi de la maison de ville de Saint-Junien, en Limousin, contre les
consuls el échevins de la dite ville. — (Orig.).
168S. — Marie du Rousseau avait épousé, le 25 octobre 1685,
Joseph Pouliot, sieur de La Molle, de la ville de Sainl-Junien. —
(Orig.).
1686 et suivantes. — Nombreuses lellres de M. de Rocquart à
M. Surin, à Sainl-Junien. — (Orig.).
14 septembre 1687. — Lettre de Madame Lacour de Rocquart,
datée du Pelil-Pressat, pour réclamer un fût enlevé par M. Surin,
de Sainl-Junien. — (Orig.).
1575. — Yrieix Prestaseigle, sieur de Lavaud, est propriétaire de
domaines à la petite Aubinerie. — (Notes Codet-Boisse).
1612. — Notes sur la vicairie de Saint-Charles, en Téglise collégiale
de Saiut-Junien. Le titulaire était en 16<2 messire Christophe Chiranton,
chanoine. En 1737, le titulaire était Léonard Simon, oncle maternel de
Symon Peyrissat. — (N. C. B.).
1646. — M« François Allegraud est notaire à Saint-Junien. — (N.
C. B.).
1677. — M* Antoine Bernard est procureur fiscal de la baronnie de
Château-Morand (1). — (N. C. B.).
nière. Avoué à Rochechouart vers 1838, il vendit son office à la mort
de son père pour habiter à Saint-Junien avec sa mère. C'est lui qui a
fait la belle collection des vieux papiers donnés à la Société archéolo-
gique. C'était un homme instruit et un sage, vivant dans la plus grande
retraite. 11 fut membre du Conseil municipal de Saint-Junien el de la
Fabriqne et suppléant du juge de paix. 11 mourut le 2 novembre 1881.
Par suite d'une rectification d'état-civil, le nom de famille est bien
réellement Codct de Boisse, du nom d'une propriété située au village
de Boisse, commune de Saint-Junien.
(1) Château-Morand sur la Glane, en face du Châtelard, était le siège
d'une justice seigneuriale qui s'étendait jusqu'à Cognac.
T. LV 29
4S4 SOCIÉTÉ ARCnèOLOGlQÛE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
19 juillet 1695. — Jean Laborie, semi-prébenilier du chapitre de
Saint-JuQîen, et Philippe Laborie, procureur en Tordinaire du dit
Saint-Junien, frères, intentent une action à Jean Laborie, leur
frère. — (Orig.).
23, 25 février n03. — Pièces de procédure concernant Junien
Poulhlot, maître chirurgien de la ville de Saint-Junien, époux de
Jeanne Hugon, Vaury Poulhiot, maître chirurgien, Catherine, autre
Catherine et Marie Poulhiot, ses filles.' — (Orig.).
id avril 1733. — Ven^e par Jean Rocher à Charles Barbarin,
écuyer, seigneur de Vérat, demeurant au logis noble de La Bor-
derie, paroisse de Saint-Maurice, de terres situées dans la mou-
vance du dit seigneur. — (Orig.).
1733. — Charles Barbarin, écuyer, seigneur de Vérat, demeu-
rant au lieu noble de la Borderie, paroisse de Saint-Maurice-des-
Lions, achète d*Annet de Limaigne, sieur de La Roche, une métairie
sise au village de Flayat, paroisse de Chirac, juridiction de Confo-
lens en Angoumois. — (Orig.).
7 juin 1734. — Quittance par Louis Lévôque et autres, demeu
rant au village de La Chai, paroisse de Saint-Maurice, en faveur de
M* Charles Barbarin, écuyer, sieur de Vérac, tuteur et curateur des
enfants mineurs de feu le seigneur des Brosses, demeurant au lieu
noble de la Borderie, paroisse de Saint-Maurice, pour réparations
au moulin de Cailloux, paroisse de Sainl-Maurice.
6 août 1720. — - Pièce de procédure où figure Léonard Bour-
goin, boulanger, habitant à Saint-Junien, rue Pailiouse, paroisse
4679. — François AUegraud est sergent à Saint-Junien, rue Simians
— (N. C. B.).
17d3-d720. — Le greffier en chef de la baronnie de Château-Morand
est M. Mathieu Vigier. — (N. C. B.).
4720. — Laurent Marchadier est régent du collège. — (N. C. B.).
41 août 4720. — Charles Barbarin, écuyer, seigneur de Vérat, demeu-
rant au lieu noble de La Borderie, paroisse de Saint-Maurice-des-Lions,
épouse Catherine de Bousiers, fille de François dé Bousiers, chevalier,
seigneur de Lésignac et du Bu, et d'Anne de La Breuilhe de Chantrezat.
— Biographie de Bousiers. — (N. C. B.).
4722. — Etienne Barbarin, sieur de Flayat, a du naître vers 4722. Avant
4700, il habitait au château de Brigueil où il était fermier de la seigneurie
et vicomte du lieu (1). — (N. C. B.).
473i. — Le juge du Bepaire est Jean Vigier et le procureur d'office
Pierre AUegraud, sieur de Montménard. — (N. C. B.).
(4) Le Bepaire, village de la commune d'Oradour, sur la Glane, était
le siège d'une juridiction.
RÉPERTOIRE DU PONDS CODET DE BOISSE 455
de Saint-Pierre, ayant pour procureur Etienne Massias, procu-
reur fiscal de la ville de Saint-Junien, y demeurant, raubourg de la
voie du pont, paroisse de Saint-Pierre. — (Orig.).
4 seplenobrc 1758. — Comparution en justice de messire Melchior
de Carbonnières, chevalier, seigneur, comte de Sainl-Brice, com-
parant par Léonard Godet (1), son procureur, d*uoe part : contre
Victurnien Merlin, sieur de Lisie, défendeur, en suite de quoi il a
été ordonné que le boisseau, le quart-boisseau, mesure de Saint-
Junien, déposé entre les mains de M« Joseph Rouhet, notaire royal
à Saint-Junien, serait apporté au minage pour être appatronné avec
la mesure de^Saint-Junien, qui est la même que celle de Saint-
Brice. — (Orig.).
1736. — M* Léonard Symon, prêtre, chanoine théologal, est fils et
garde-scel de feu Léonard Simon, notaire réservé. — (N. C. B.).
En 1747, Pierre de Salignac, écuyer, seigneur des Brosses et de
Bourdicaud, avait affermé ses terres à Jean Praneuf. Cette ferme fut
renouvelée en 1754. — (N. C. B.).
1748. — Cieux, siège d'une juridiction était en Limousin. — (N. C. B.).
Etienne Barbarin eut une nombreuse postérité. Entre autres Barbarin
des Brosses, Barbarin de La Martinie, dont Barbarin d'Ecossas et Bar-
barin du Rivaud. Le prieur Barbarin, qui émigra en Suisse pendant la
tourmente révolutionnaire, rentra en France au premier moment de
calme et fut persécuté en Vendée par le gouvernement de Bonaparte.
Marie Barbarin, religieuse des filles de Notre-Dame de Saint-Junien,
mourut en 1839. M™* Touyéras Latroubadie se maria vers 1780.
M"*« Gouzon La Chaumette était une autre fille. Paul Barbarin du Ri-
vaud épousa Catherine Gouzon, fille de feu Jean-Baptiste Gouzon de
Bellefond, notaire royal à Limoges, d'où sont nés Barbarin du Rivaud
et Barbarin Bellefonds.
Outre Marie Barbarin, qui épousa Jean-Louis Ilugonneau de Boyat et
les quatre fils dénommés et qualiûés autre part, Etienne Barbarin de
Flayat, fermier de la vicomte de Brigueil, laissa :
Marie Barbarin, dite M™« de Flayat, religieuse des filles de Notre-
Dame, entrée à Tâge de quatorze ans au couvent de Sainl-Junien,
expulsée par la Révolution et retirée dans sa famille depuis 1792, morte
à Saint-Junien vers 1840, à Tàge de quatre-vingt-dix ans.
Madame Touvéras La Troubadie,
Madame Gouzon La Chaumette,
Peut-être aussi M"® du Limbert. Peut-être était-ce des Pougeard du
Limbert et enfin, sans affirmer, une Jollivet. — (N. C. B.).
(1) Une famille Codet a donné plusieurs députés à Tarrondissement
de Rochechouard, mais elle est entièrement distincte de celle des Codet
de Boisse.
456 âOCléTE AHCHéoLOGIQUË ET HISTORIQUE DIJ LIMOUSIN
24 mars d76i — Dossier d'une procédure inlroduile devant le
juge de Saînl-Junien par Etienne Praneur, marchand au village des
Brossses, paroisse d'Elagnac, contre le sieur Etienne Barbarin,
sieur de Fiayat, bourgeois de la ville de Brigueil, à raison de
menaces et voies de fait exercées par ce dernier conire le dit
Praneuf, au sujet d'un passage sur un terrain que le sieur de
Flayal avait achelé en 1759 de M. de Salignac, seigneur des
Brosses. Le village des Brosses était en Limousin, bien qu'il existât
dans les environs d'autres terres situées en Angoumois. — (Orig.).
28 juin 1764. — Vente où comparaît Léonard Codet, bourgeois
de Sainl-Junien. — (Orig.). ^
30 juillet i766. — Pièces de procédure entre dame Françoise-
Josephe de Salignac, veuve de M. de La Laurencie, et demoiselle
Anne Moulinier, veuve de Martial Pécadaud, au sujet de sommes
que la dame de La Laurencie réclamait au sieur Picot, métayer de
«"•Pécadaud. —(Orig.).
29 mars 1782. — Aveu consenti par Léonard Godet, bourgeois
de la ville de Saint-Junien, en faveur de noble Olivier Isaac Perry
de Saint-Auvent, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem,
pour des prés et terres appelés du Masvicomteau, provenant de
M. Monjon de Ribarbit, situés sur le chemin de Saint-Junien à
Saint-Brice. — (Orig.).
23 septembre 1785. — Partage de diverses terres entre Joseph-
Pierre Godet de Boisse, avocat en parlement, et Junien Videau de
Pleau. — (Orig,).
7 février 1786. — Un sieur Surin, praticien à Bordeaux, fait
assigner Jean Ganton, demeurant à Bordeaux, en payement d'une
somme de deux cent quatre-vingts-huit livres. — (Orig.).
3 novembre 1787. — Un Léonard Godet est procureur à Sainl-
Junien. — (Orig.).
1753. — Junien Montjon de La Valette était propriétaire des domaines
de la Bretagne et du Bourdieu, comme héritier de Jean Montjon de La
Valette, son frère, d'Antoine Montjon de Château-Gaillard et de Junien
Montjon de Boismorand, ses oncles. Ce dernier était propriétaire d'un
domaine au Puy de Valette. — (N. C. B.).
22 juillet 1750. — Le village du Mas, paroisse de Saint-Pierre de la
ville de Saint-Junien, était en Limousin. — (N. C. B.).
En 17r>9 ou 170'», Etienne Barbarin, sieur de Flayal, achète de Pierre
de Salignac les fiefs et terres des Brosses et de Bourdicaud. Il était,
suivant toute apparence, fils de Charles Barbarin qui précède. Vers
175!) ou 1700, Marie Barbarin, fille d'Etienne, épouse Jean-Louis Hugou-
neau de Bovat. - iN. C. B.l.
RÉPEHTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSE 457
1793. — Volumineux dossier d'un procès eiilre Pierre Godet
Boisse, homme de loi, et Louis Monjon du Bourdieu, au sujet d'un
ruisseau. — (Orig.).
En 1791, un Léonard Codel est percepteur à Saint-Junien. —
(Orig.).
An III de la République. -- Joseph-Pierre Codel Boisse est adrai-
nislraleur du dislricl de Sainl-Junien. •— (Orig.).
7 septembre 1758. — Assignation donnée par M. de Carbon-
nières, chevalier, seigneur de Sainl-Brice, à Viclurnien Merlin,
sieur de Lislc, pour dcgals causés à une propriété dont ce dernier
était régisseur. — (Orig.).
28 mars 1788. — Léonard Codel de Boysse était curateur réel
de Jean-Baptiste Thamoineau de Puymory. — (Orig.).
Vers adressés le 1" janvier 1814 par Auguste Surin, écolier, à
Confolens, à ses parents :
O VOUS qui dès ma tendre enfance.
Sans cesse me comblez de vos soins bienfaisants,
Pour vous offrir les sentiments
De ma tendre reconnaissance
Ai-je besoin, chers auteurs de mes jours,
Qu'un nouvel an recommence son cours ?
En vain le temps fuit et s'efface,
 chaque jour, à chaque instant,
8 juin 1761. — Projet de transaction entre Melchior de Carbonnières,
seigneur de Saint-Brice, Jean de Carbonnières, chevalier, marquis de
Boussac, seigneur de La Vigne, d'une part : et Viclurnien Merlin, sieur
de Lisle, au sujet de la ferme du château de La Vigne. — (N. C. B.).
1762. — La vicairie de Saint-Charles donnait droit à certaines rentes
assises sur le village des Brosses d^Etagnac et sur le village de Cicio-
reix. Elle appartenait en 1762 à Jacques Périgord. — (N. C. B.).
1759. — Charles Barbarin se qualiGe dans ses actes écuyer, tandis
que Etienne Barbarin ne prend que la qualification de bourgeois. Cela
tient sans doute à la profession roturière exercée par ce dernier comme
fermier de la vicomte de Brigueil. — (N. G. B.).
Cette famille devait être originaire de Confolens, où il existait et
existe encore plusieurs branches de Barbarin. Fia va t est le nom d'un
village près de Mannot, paroisse de Chirac. Les Barbarin de Flayat
avaient pour armes les trois barbeaux que portent d'autres familles de
Barbarins. Voir le Nobiliaire, — (N. C. B.).
Le village de Roche, paroisse de Saint-Junien, était partie en Limousin
et partie en Angoumois. Il était situé sur la route de Limoges à Angou-
lême, près de la Vienne, et à environ un kilomètre de la limite actuelle
de la commune d'Etagnac. — (N. C. B.).
Saint-Brice était en Limousin. — (N. C. B.).
458 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Tout enfin à mon cœur retrace
Combien vous m'aimez tendrement.
De Tamitié, non de Tusage,
Daignez donc agréer Thommage,
Et si le ciel est sensible à mes vœux,
Vous jouirez longtemps du sort le plus heureux. (Orig.).
1824. — Dossier de IcUres écrites par M. Sauger-Préneuf à
M°' Sœur des Anges. — (Orig.).
Dossier établissant l'origine de la famille Babaud de la Fordie
qui fut anoblie par la charge de secrétaire du roi. — (Orig.).
Carton n^' 2
21 mai 1635. — Junien Durousseau est consul de la ville de
Saint-Junien. — (Orig.).
15 mai 1635. -— Jean Vidaud, bourgeois est svndic de l'hôpilal. —
(Orig.).
1649. — Jean Mandinaud, marchand et consul. — (Orig.).
5 juillet 1705. — Plusieurs lellres humoristiques signées Ri-
chard, prélre, adressées à M"" Chauvin, religieuse, chez M"* Go-
naud, à Rochechouart.
26 avril 1710. — Junien Pouliol est consul de Saint-Junien. —
(Orig.).
30 mai 1713. - Amand Surin est consul de la ville de Sainl-Ju-
nien. — (Orig.).
Extrait de Henri Martin. « Eudes, roi des Français, en 887, passe en
Aquitaine en 889, reçoit Thommage de Guilhem-le-Pieux, comte d'Au-
vergne, soumet Ramnulfe, comte de Poitiers, qui s'était fait proclamer
roi d'Aquitaine en 892. Ramnulfe meurt empoisonné. Eudes donne ses
comtés à Robert, son frère. Adhémar chasse de Poitiers le frère du
roi et le premier frère de Ramnulphe, et le duc d'Aquilaine rcvcndi-
diquant Poitiers au nom du fils de Ramnulphe. Guillaume défait et tue
Hugues, comte de Bourges, partisan d'Eudes. En 893, Eble I est tué à
Brillac. »
898. — Eudes meurt laissant le trône à Charles-le-Simple. Le comte
Robert, frère d'Eudes, lui rend hommage moyennant la concession des
fiefs de son frère. Guilhem-le-Pieux, un des chefs du parti de Charles,
tient l'Aquitaine sous sa domination. Mort en 917. Guilhem II lui succède.
— (N. G. B.).
922. — L'archevêque de Sens sacre roi Robert, comte de Paris,
d'Orléans, du Gâtinais, de Chartres, du Perche, du Mans, d'Angers, de
Tours, de Blois,.. Charles-le-Simple est détrôné. — (N. C. B.).
RÉPERTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSE 459
14 juiiiel 1713. — Sentence prononcée par Devillebois, Juge de
Saint-Junien, condamnant Simon Teillel le jeune, boucher défail-
lant, à payer quinze livres deux sous aux héritiers Couvidai, sur la
demande d'Amand Surin, bourgeois et marchand, demandeur en
qualité de consul. Godet est sergent royal. — (Orig.).
7 avril 1720. — Lettre adressée de Limoges par M. de Breteuil à
M. Hugon Demondaire, subdélégué de Tintendant à Saint-Junien,
pour l'informer que le régiment de cavalerie de Noailles passerait
à Sainl-Junien le 29 du mois pour y coucher une nuit. — (Orig).
30 octobre 1728. — Hu^çon et Tardif, consuls, nomment fabri-
queurs de Téglise collégiale de Saint-Junien, Philippe de La Bo.rie
et Barthélémy Bastier. — (Orig.).
1721. — Contrainte contre le sieur Simon, propriétaire du fief
des Croyers, situé en la paroisse de Saint-Junien, estimé 300 livres
de revenu, à lui échu de la succession de son père décédé en 1685.
-(Orig.).
923. — Le roi Robert est tué. Son beau-frère Raoul, duc de Bour-
gogne, se fait sacrer roi. (Les chroniqueurs considèrent le roi Robert
comme le dernier comte de Limoges), — (N. C. B.).
924. — Raoul obtint Thommage de Guilhem II, comte d'Auvergne et
duc d'Aquitaine, en lui cédant le comté de Rourges, 926, 927. Guil-
laume II rompt avec Raoul qui marche contre lui-même en 927.
930. — Raoul écrase les Normands dans le Limousin et soumet les
Aquitains. Meurt en 936.
935. — Mort d'Eble Mauzer, compétiteur d'Adhémar au comté de
Poitiers et son successeur en qualité de fils naturel de Ramnulphe IL
Il laisse deux fils : 1° Guillaume-Tête-d'Étoupes qui prit possession
immédiatement du comté de Poitiers; et 2° Eble qui, en 946, fut promu
à Tévêché de Limoges. — (N. C. B.).
Après la mort du roi de France, Louis VIII, dans la première année
de la minorité de Saint-Louis, les bourgeois de Saint-Junien, hommes-
liges de l'évèque, leur baron, prêtent serment de fidélité au jeune roi et
à sa mère la reine Blanche, l**" février 1227. Voir Arbellot, Maleu,
^ OD.
En 1254, ces mêmes bourgeois obtiennent par compromis de leur
baron Aymeric de La Serre, évêque de Limoges, une charte consacrant
leurs franchises communales. En 1255, cette transaction est approuvée
par le roi Saint-Louis en son Conseil, sauf le droit de fidélité que le roi
avait sur les habitants, et sauf encore le droit d'ost et de chevauchée,
qu'il avait comme roi sur la ville de Saint-Junien. — (Arbellot, N. C. B.).
27 février 1722. — Jean Petit était consul de Saint-Junien. — (N.C.B.)
17 septembre 1736. — Beynaud, Thamoineau et Rouet sont consuls.
— (N. C. B.).
460 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIK
30 mai 1753. — Arrêt de la coor du parlement qui supprime les
Endrounes (1) entre les maisons de la ville et faux bourgs et fait
un règlement sur la mitoyenneté. — (Orig.)-
93 juin 1770. — Lettre adressée par un Radenne à M. Jules
fioisse à Saint-Junien. — (Orig.).
Affiche portant vente de biens nationaux, savoir :
I* Municipalité de Saint-Auvent, canton de Saint-Laurent, un
domaine au labourage de deux bœufs et quatre vaches, situé au
village de Rouyer, joui ci-devant par les Jacobins de Rochechouarl,
estimé de revenu à 603 livres 10 sols.
2* le prieuré de Notre-Dame de Reauvais, paroisse de Saint-
Laurent-sur-Gorre, comprenant une chapelle, maison, écurie pour
un meunier, petit moulin, clang, terres douze sétérées de pays,
cens et rentes, loué par bail authentique 600 livres.
Le domaine de Royer était estimé 14,477 livres et celui de
Reauvais 11,500 livres. — (Orig.).
Il y avait deux sortes d'hommages : 1® le lig-e (celui qui lie), engage-
ment absolu dont le serment est prêté à genoux, sans épée ni éperons,
les mains dans celles du seigneur. Voir hommage rendu le 3 mars 1736
à Tévèque de Limoges, baron de Saint-Junien, Benjamin de Liste du
Gast, par M* L. Godet, juge sénéchal de Chàteau-Morand, au nom et
comme mandataire de Pierre- Sylvain Jouberi de La Bastide, seigneur
do Chàteau-Morand.
2° Le simple dont le serment se prêtait debout, 1 epée au côté, les
mains libres. Par ce serment, le vassal devait au seigneur la siance, la
justice et le service, c'est-à-dire qu'il devait l'assister de ses conseils,
siéger à son tribunal, monter à cheval pour le suivre à la guerre.
L*hommage simple dominait anciennement dans les coutumes fran-
çaises, mais plus tard les formules de Thommage lige s'appliquèrent aux
obligations bien moins strictes de Thommage simple. — (Henri Martin,
HUtoire de France).
Amand Surin, consul, habitait paroisse de Nolre-Damc-du-Mouticr?.
En 1736, les' consuls sont Beynaud, Tliamoyneau et J. Rouhct. Ils
nomment Philippe Laborie et Léonard Grateyrolles, fabriqueurs de la
grande église. — (N. G. B.).
Le calendrier de 1786 fait figurer Saint-Junien dans le département
de la Basse-Marche. Voici les localités comprises dans ce département :
Bellac, Bénévenl, Bessines, Bussière-Boffy, Ghabanais, Ghâteau-Ponsac,
Gieux, Corapreignac, Gonfolens, Gatebourg, La Souterraine, Laurière,
Le Dorât, Le Dognon, Magnac, Rançon, Saint-Junien, Saint- Vaulry,
Salagnac ou le Grand-Bourg. — (N. G. B.).
(1) Endronne^ espace entrç deux maisons, venelle.
REPERTOIRE DU FONQik GODET DE BOISSE 461
Autre affiche indiquant les prix d*adjuclication, savoir :
Le domaine de Rouver 17,600 livres;
Deux domaines de Boubon, maison, bâtiments, etc. 36,300 —
Cure de Saint-Jean de Vayres 11,000 -—
Le pré de la cure de Saint-Auvent 1,452 —
(Orig.).
Affiche portant vente au district de Saint-Junien de biens natio-
naux le 1''' avril 1791. Les mises à prix sont :
Bâtiments, église, jardin, enclos des Jacobins et Cordeliers (Ja-
cobins, 18,377 1. ; — Cordeliers, 17,950 1.).
Les cimetières, masures et chapelle du Mas Buisson, paroisse de
Gorre élaient évalués en capilal à 132 livres. — (Orig.).
2 janvier 1791. — Copie sans signature de la délimitation des
communes de Saint-Laurent cl de Gorre, — (Orig.).
21 prairial an IL — Délibération du conseil général du district
de Saint-Junien pour mettre en sûreté les biens du sieur Gay de
Nexon, situés à Cognac et mis par l'Etat sous séquestre. — (Orig.).
20 fructidor an IL — Pétition présentée par les votants du can-
ton de Saint-Laurent-sur-Gorre au comité de législation (Orig.).
i.5 septembre 1797. — Naissance de Tabbé Mitraiid Antoine-Théobald,
à Magnac-Laval. Il entra au séminaire de Limoges en 1817, fut ordonné
prêtre en 1820 et envoyé comme professeur de philosophie au petit
séminaire de Servières, Corrèze. En 1822, il fut nommé desservant de
Biennac et, en 1829, il remplaça son oncle comme curé de Roche-
chouart. En 1841, il fut appelé à Aubusson, où il eut des difficultés et
fut nommé directeur du collège de Billom, où il résida jusqu'en 1854.
Revenu à Paris, il se lia avec M. Emile de Gii-ardin et dirigea la cons-
cience de madame de Girardin, la fameuse Delphine Gay. Nommé en
1858 dans une petite cure dos environs de Bordeaux, il y mourut le
17 novembre de la même année. — (N. C. B.).
17 septembre 1833. — Mort de l'abbé Goumot, curé de Saint-Junien.
Voir sa biographie dans le carton n* 2. — (N. C. B.).
Saint-Junien. — Oppidum Sancti Juniani. — Ville dans la Mavche,
diocèse de Limoges, parlement de Bordeaux, intendance et élection de
Limoges, 3.000 habitants. Cette ville est située dans la basse Marche.
L'évêque de Limoges en est le seigneur. Son principal commerce est
la fabrique des gants. Il y a un chapitre composé d'un prévôt, de dix-
sept chanoines et dix titulaires. 11 y a un bureau des traites foraines
établi depuis peu à La Barre, sur le chemin de cette ville à Limoges,
dans une langue de terre du Poitou qui se trouve enclavée dans le
Limousin. — [Dict. universel de la France, tome III, 1726).
Brigueil l'aîné, bourg dans le Poitou, diocèse de Limoges, parlement
de Paris, intendance de Poitiers, élection de Confolens, 2.814 habi-
tants, (Dict, universel). Saint-Auvent avait 1.589 habitants. — (N. C. B.),
462 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE. ;ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Adresse aux administrateurs du district de Sainl-Junien, deman-
dant du blé pour la municipalité de Saint-Laurent, signée Gour-
saud. — (Orig.j.
26 frimaire an VI. — Joseph-Pierre Godet Boisse est notaire à
Sainl-Junien.
1828 et 1832. — Notes et lettres de Tabbé Bullat. — (Orig.).
9 février 1818. — Arrêté de comptes du bureau de bienfaisance
de Saint-Junien, signé par MM. Simon Tcillet, Surin et Gonmot,
curé. — (Orig.}.
9 juillet 1828. — lettre de M. le curé Vénassier à M"« Emilie
Puyboyer à Saint-Junien pour lui dire qu'il ne voyait aucun incon-
vénient à ce que ses élèves prennent des leçons de danse les di-
manches.
1812. -— Pétition adressée par les paroissiens et bourgeois de
Saint-Junien tendant à maintenir à Saint-Junien, comme prêtre de
cette ville, Tabbé Lamy d'une santé fort délicate, qui avait été
nommé curé à Saint-Junien. — (Orig.).
24 juin 1867. — M. Godet Boisse Jules est membre du conseil
municipal de Saint-Junien et M. G. Dupeyrat, maire. — (Orig.)
Pièces concernant l'hôpital de Saint-Junien. — (Orig.).
Carton n"" 3
11 avril J597. — Teslamenl de Marie Lemaux, veuve de feu Jean
Surin, en son vivant procureur pour le roi en l'élection de Bour-
Quoiqu'il nVxistàt plus de comtes de Limoges, les comtes de Poitiers,
ducs d'Aquitaine en tenaient lieu. Cette suzeraineté a eu pour consé-
quence de placer Rochechouart dans la province de Poitou, sans que
pour cela il cessât d'appartenir à Tévêché de Limoges, dont le diocèse
était le véritable Pagus Lemovicensis.
Aixe, Les Cars, Châlus, Chalusset étaient baronnics.
Cbâteau-Chervix et Courbefv étaient chàtellenies.
Pierre-Buffière était baronnie. — (N. C. B.).
L*abbé Ribière fit comme Tabbé Foucaud et labbé Richard des chan-
sons patoises qui n'ont pas eu le même succès. 11 était curé de Saint-
Junien en 1833 et 1836, et fut nommé vers i846 curé de Rochechouart
après le départ de l'abbé Mitraud. Il mourut chanoine titulaire à Limo-
ges le 2 janvier 1877. — (Notes et orig.).
Le droit de franc fief était dû par les roturiers et non-nobles pour les
biens nobles qu'ils ont acquis, qui leur sont échus ou qu'ils possèdent
à quelque filre que ce soit, et ceux dont l'affranchissement est expiré
à compter du jour de l'expiration du dit affranchissement. — (N. C, B),
BÊPERTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSE 463
ganeuf, ressort de Montmorillon. Elle demande à élre enterrée
dans les tombeaux des prédécesseurs du dit feu Surin, en 1 église
Saint-Jean de Bourganeuf. — (Copie).
1655. — Etienne Surin sieur de Lafond est témoin dans un acte
où il est question de la rue appelée de chez Limiau. — (Orig.).
Nombreux registres des audiences dont l'un est de 1694. —
(Orig.).
24 mai 1720. — Situation flnancière du couvent des filles de
N.-Dame de Saint-Junien à celle époque.
La communauté se composait de vingt religieuses professes
dames de chœur, trois sœurs compaignes et trois novices dont une
a pris le voile blanc depuis le 8 mai.
La fondation de la communauté avait été faite par dame Claude
Dreux, épouse de messire Gédéon de Breltes, seigneur du Cros et
autres places par son testament du 10 octobre 1654, suivant lequel
elle donnait une somme de six mille livres. M. de Montjon donna
mille livres. Les habitants de Saint-Junien acceptèrent avec em-
pressement rétablissement d'une communauté et le bref du Saint
Père s'appliquait à trois communautés qui sont : les filles de Notre-
Dame de Limoges, celles de Saint-Léonard et celles de Saint-
Junien.
M. de La Faucherie devait à la communauté trois mille livres
pour la dot de Madame de La Laurencie» sa tante.
D'autres personnes devaient des sommes importantes. — (Orig.).
En 1430, Joannes Motgeonis Junior est commissaire au scel authen-
tique.
En 1607, Jean Motgeon est syndic et scribe du chapitre ;
En 1615, Cibard Motgeon est greffier;
En 1586, Jean Surin est chantre du chapitre ;
En 1618, Jean Surin, marchand, est propriétaire à Lafond. — (N.C. B.).
Vers 1620, est né Léonard Dupuy de Saint-Brice qui avait épousé
Isabeau Surin.
Diverses notes sur la famille de Villebois. — (N. C. B.).
2t avril 1720. — Un Léonard Godet est grcfGer de la ville de Saint-
Junien pour Tévêque de Limoges.
1720. — Marie de Montjon, épouse de Jacques de Grandsaigne
d'Essenat, était fille de Jean de Montjon, sieur de La Valette, licencié
es lois. — (N. C. B.).
8 avril 1809. — M. Surin Augustin est syndic fabricien. — (N. C. B.).
La baronnie de Saint-Junien comprenait le village des Brosses,
paroisse d'Etagnac et la paroisse actuelle qui en formait deux, celle de
Saint-Pierre et celle de Notre-Dame-du-Moutier. Il y avait aussi deux
juridictions, celle de Saint-Junien et çellç de Châtçaq-Morand.— (N.C. B.),
464 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Juillet 1727. — Léonard Codel, procureur, esl nommé mandataire
des religieuses de la ville de Saint-Junien. — (Orig.).
1739. — Compte des dépenses faites du 5 juillet 1739 au 14 mai
1749 par Léonard Godet, syndic fabricien de la paroisse de Saint-
Pierre en Sainl-Junien. Les recettes sont de 355 livres et les dépen-
ses de 382. — (Orig.).
26 novembre 1749. — Léonard Codet est juge de la baronnie de
Château-Morand. — (Orig.).
14 février 1754. — Saisie arrêt faite à la requête de Jacques
Martin en qualité de syndic des religieuses de Notre-Dame de Sainl-
Junien, entre les mains de Louise de La Bastide de Château-Morand,
demeurant à Saint-Junien, rue Salers,-de toute somme appartenant
à Messire Simon Dreux et la dame Romagùre. — (Orig.).
3 novembre 1755. — Assemblée des filles de Notre-Dame de la
ville de Saint-Junien, pour entendre Jacques Martin, procureur
syndic de la communauté qui se plaignait d*étre trop absorbé p<ar
les affaires de la communauté et demandait la nomination d'un
autre syndic. — (Orig.).
Il est des noms de localités que Ton trouve relaies dans d'anciennes
chartes et qui permettent de penser qu'ils désignent des agglomérations
déjà existantes au temps des Romains. La plupart de ces localités
étaient les chefs-lieux de vicairies dont on trouve les noms dans des
chartes des ix« et x« siècles. — (Deloche).
Le Bulletin de la Société archéologique, tome XI, l""^ livraison, cite :
Axiay Aixe; Compriniacum, Comprcignac; Flavinhacum, Flavignac;
Solemniacum, Solignac ; Padriliacum, Peyrilhac ; liellacum, Bellac ;
Compiniacum, Cognac-lo-Froid ; Javerdacum, Javcrdat ; Brigolium, Bri-
gueil (Brig Montagne) ; ^alliacum, Saillac ; (Iharempnacum, Chéronnac;
Niolum, Nieul. — (N. C. B.).
Notes sans signatures, d'où il résulte que l'ancien comté de Limoges
fut démembré, surtout dans la partie qui avoisinait Saint-Junien et
qui était soumise à la coutume du Poitou, quoique faisant partie du
diocèse de Limoges. Cela tenait à ce fait que le duc d'Aquitaine, Guil-
laume Tête-d'Eloupcs ou un de ses prédécesseurs, ne pouvant, par
suite de la création par Eudes, des vicomtes du Limousin et de l'atteinte
portée par ce roi à l'existence du comté de Limoges, reconstituer féo-
daloment le comté, fut obligé d'incorporer au comlé de Poitiers les
parties sur lesquelles il avait pu asseoir son pouvoir direct, par exem-
ple, la vicomte de Rochechouart, Saint-Laurent, Oradour-sur-Vayres,
Saint-Mathieu, Saint-Victurnien, Oradour-sur-Glane, la vicomte de
Brigueil, les vicomtes de Brosse et de Bridiers.
La majeure partie de Chaillac suivait le droit écrit et faisait partie de
Ja baronnie de Saint-Junien. — (N. C. B.),
rIpBRTOIHE dû F0?^DS CODEt DE ROiSSË 465
22 janvier 1762. — Nomination par Mgr d'Argenlré, évéquc de
Limoges, de Léonard Code(i habitant de Saint-Junien, comme pro-
cureur en la juridiction et baronnie de Saint-Junien. — (Orig.).
1788. — Dans le rôle des 20™" de 1788 on trouve les inscrits
suivants :
Simon de Périssal 24' 15"
Jimet Demonljon 27.40
Les héritiers de Martial Basiier 23.19
Léon Godet 20.18
Amand Thamoineau 27.10
Michel Vidaud, veuve 19.16
Léonard Codel, Meunier 17.08
Périgord, avocat 8.16
François Petit 11 .11
Le vicomte de Rochechouarl 18.03
En avril 1790 Tabbaye royale de l'ordre de Graodmonl, située
en Marche, paroisse de Saint-Sylvestre, diocèse de Limoges, géné-
ralité de Moulins, possédait dans la banlieue de Saint-Junien en
Limousin :
Note de M. Godet de Boisse : « Je tiens de M. Muret aîné, archéolo-
gue, le renseignement suivant qu'il avait extrait des archives du château
de Saint-Auvent :
« Sous la juridiction d'Aymeric Gendraud de Glane, il se présenta un
)) cas qui donna lieu à une revendication de justiciables par voie de fait
» à main armée, de la part du seigneur de Saint-AuVent. Ce seigneur,
» à la tête de trente chevaliers armés, traversa la ville de Saint-Junien,
)> et rendu sur la place publique, fit enfoncer les portes de la prison de
» la baronnie, où étaient détenus certains prisonniers qui prétendaient
» être ses justiciables à cause de certains méfaits commis de l'autre
)) côté du pont, dans les terres de sa juridiction, et emmena les dits
» prisonniers à son château de Saint-Auvent. Le sénéchal Gendraud de
» Glane dressa procès-verbal de cette voie de fait. J'ignore quelles
» furent les suites de cette affaire. »
A la suite de cette note, il y a une citation d'une notice de M. Louis
Guibert sur les pénitents de Limoges Insérée dans VAlmanach limousin
de 1879.
Autre note sans signature sur Jean Vidaud, premier du nom, juge
sénéchal de la baronnie de Saint-Junien. — (N. G. B.).
Note sur la famille Gendraud. — (N. G. B.).
François Aillaud, avocat au parlement de Paris, juge de Saint-
Junien, était fils de M<^ Junien Aillaud, notaire, et de Léonardc Godet.
- (N. G. B.).
Le chapitre de Saint-Junien avait des rentes considérables en nature
sur le village du Bouchet. — ^Orig.).
466 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Sur le moulin do Grand moDl, sur la Vienne, donné par bail
emphiléolique, savoir : 63 livres.
Sur les greniers de MM. du chapitre de Sainl-
Junien en blé seigle, deux setiers eslimés 8 »
!2 barils de vin dus sur les pressoirs du chapitre. 6 »
Dû par deux diiïérenls particuliers, 3 boisseaux
froment 3 »
Sur trois ou quatre maisons, argent ou gélines. . S » 5 s.
8S livres S s.
(Orig.).
9 juilFel 1790. — Inventaire de tous les ornements existants dans
l'église de Sainl-Junien, fait à la requête des officiers municipaux
de la ville de Satnt-Junicn, signé : Maret, Dussoubs le jeune, Mas-
sial, Reynaud, Roulet et Surin, Hugon, maire. — (Orig.).
François Aillaud, avocat en parlement est nommé juge sénéchal
par Mgr Charpin de Genétines, évéque de Limoges. — (Orig.).
Lettres adressées à Monsieur et Madame Jules Boisse. — (Orig.).
Carton n"" 4
iS février 128S. — Décision du roi de France en latin, concer-
nant Saint-Junien. — (Copie).
15 mars 1285. — Décision du roi de France en latin, concernant
des contestations au sujet de certains droits que Tévéque de Limo-
ges possédait à Saint-Junien. — (Copie).
1506. — Vente par les frères Sarrazin, seigneurs du Mazet, à
Jean Montjon, marchand, d'un fief situé dans la paroisse de Saint-
Pierre. — (Orig.).
1284. — Notice sur Laure de Chabanais extraite de Justel, historien
de la maison.
Après la mort d'Agathe de Pons, Raymond VI, vicomte de Turenne,
se remaria, en 1284, à Laure de Chabanais, fille de Jourdain 111, sei-
gneur de Chabanais et de Confolens, et d'Alix de Montfort, lequel était
fils do Simon, comte de Montfort, qui fit la guerre aux Albigeois. Laure
était veuve et avait une fille nommée Létice qui, en même temps
qu'elle, se maria avec Haymond VII, fils du premier lit de Raymond VI
et d'Agathe de Pons. Laure était sœur d'Echivat II, seigneur de Cbatxa-
nais, qui devint comte de Bigorre par la mort de Péronnelle, comtesse
de Bigorre, son aïeule, qui l'avait institué son héritier.
Laure épousa Simon, vicomte de Rochechouart.
RÉPERTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSE 467
1307. —Règlement de police concernanl les haies el arbres élant
aux hérilages de la ville de Sainl-Junien. — (Orig.).
9 septembre 1583. — Claude de Rouziers, écuyer, seigneur de
Charampnac (Chéronnac), Châteauneuf et Cagoussal, vend à Chris-
tophe de Carbonnières, chevalier de l'ordre du roi, gouverneur de
Rocroi, elc, la seigneurie et lief, apparlcnanccs et di^pendances du
Puy-de-MalIcl, situés dans les paroisses de Sainl-Viclurnien, Saint-
Brice, Oradour-sur-Glane el Saint-Junien. — (Orig).
26 avril 168S. — Adresse à Sa Majeslé signée par François
Deglane, juge sénéchal de Château-Morand, François de Glane»
Jean Lamy, Jean Battier, Jérôme du Bouchcl, Pierre Codel, Léo-
nard Teillet et Jean Pouliot, de la ville de Saint-Junien, demandant
la création d*une élection générale à Saint-Junien, à Toccasion de
la môme création faite pour Montmorillon, en observant qu'on y
joindrait dilTérentcs paroisses et notamment le baillagc de Roche-
chouart qui est éloigné de plus de vingt lieues de Montmorillon.
- (Orig.).
1662. — Vente par dame Marie Estuarl, dame comtesse de Bron-
teil et autres places, demeurant à Paris, paroisse de Saint-Sulpice,
faisant tant pour elle que pour messire Jacques Estuart, chevalier
de Tordre du Roi, comte de Lavauguyon, marquis deSaint-Mégrin,
baron de Tonnein, Vilton, Grateloup, seigneur do Varagne et
autres places, demeurant au lieu noble de Puy, paroisse de Maison-
nais, de diverses rentes assises sur des terre appartenant au sieur
de Fontlebon. — (Orig.).
i" avril 1636. — Comparution de Pierre de Villebois, docteur
en théologie prévôt de Téglise séculière et collégiale de la ville de
Sainl-Junien. — (Orig.).
i294. — La majeure partie de la paroisse de Javerdat dépendait de la
généralité du Poitou, élection de Confolens. Une enclave assez considé-
rable faisait, pour les impôts, partie du Limousin et ressortissait de
Télection de Limoges.
Fiefs de la baronnie de Saint-Junien en 1294 : Bosvieux, Boisse,
Le Bois-Itier, Monlvallier, Le Raton, Saliac, le repaire de Veyrac.
— (N. C. B.).
Verlhiac et Montpoutiec de Cognac étalent en Poitou. — (N. C. B.),
Il existe dans le tome XI, 3* livraison, du Bulletin de la Société
archéologique, une nomenclature des Oefs de la baronnie de Saint-
Junien en 1294. — (N. G. B.).
1571. — Le village de Pruniéras, paroisse de Chaillac, était de la
juridiction de Saint-Auvent et de la sénéchaussée de Montmorillon.
lîi*2. — Le Bouchet, paroisse de Saint-Junien, était de la vicomte
de Rochechouart, sénéchaussée de Montmorillon. — (N. C. B.).
468 SOCléré ARCHéOLOGiQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSI>i
20 novembre 1677. — Transaction enlre Jean Barbarin, écuver,
seigneur du Monleil, prêtre curé de Blon, y demeurant, Pierre
Barbarin, écuyer, seigneur de Nombreuil (?), demeurant au lieu
noble de Puy-Franioux, paroisse de Brigueil d'une part, et François
Décubes, sieur du Ferrant et de Puydaud, docteur en médecine, el
demoiselle Valérie Barbarin, son épouse, demeurant à Limoges,
au sujet d'une somme de Irois cents livres en discussion. — (Orig.).
4 mars 1688. — Comparution de Françoise de Chauveron de
Magnac, iille de Joacbim, chevalier, seigneur du Ghatelard, le
Clos el aulres places, et de dame Catherine de Rocquard, son
épouse, demeurant au Chalelard, paroisse deNotre-Darae. —{Orig).
i" février 1689. — Procédure contre Jean de Monljon, sieur de
la Vergne, bourgeois de la ville de Bourdeaux, héritier de feu
maître Jean de Monljon, vivant conseiller du roi en la cour du par-
lement de Guyenne. — (Orig.).
2 juin 1699. — Comparution d'Antoine de Montjon, sieur de
Chîileau-Gaillard, conseiller du roi au parlement de Bordeaux, en
qualité de tuteur des enfants mineurs de feu Jean de Monljon, sieur
de La Vergne. (Orig.).
Verliac, paroisse de Cognac, était dans la vicomte de Rochechouart
et la sénéchaussée de Moutmorillon, bien que dans la seigneurie de
Cognac. Acte de Bonneysseix, 1574. D*oû la conséquence que la sei-
gneurie de Cognac était distincte de Ghâteau-Morand.
Montpostier ou Montpoutier, paroisse de Cognac, vicomte de Roche-
chouart, était de la sénéchaussée de Montmorillon. — (Acte de Bon
neysseix, 1574).
Ces notaires étaient-ils de la nomination des seigneurs de Cognac ou
des vicomtes de Hochechouart?
1577. — Chanliac, paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, était de la
vicomte de Rochechouart. — (N. C. B.).
1647. — François de Glane, juge sénéchal de la baronnie de Château-
Morand, transporte les assises de sa justice à Beaulieu qui faisait partie
de la dite juridiction, attendu que sa vie n'était pas en sûreté par les
menaces que lui faisait par lui-même ou par ses valets, messire Charles
de La Bastide, soigneur, baron de Chàteau-Morand, à Toccasion d'un
proc(*s (jui existait entre eux et sur lequel était intervenu un arrêt du
parlement de Paris en faveur du dit juge. Le transfert de la justice eut
lieu à Beaulieu. — (N. C. B.).
En 1647, Antoine de Montjon, conseiller du roi, seigneur de ïiois-
jourdaud, habitait Poitiers dont il était échevin. — (N. C. B.).
En 1681 Clément Hugon, apothicaire, pour s'exempter de la curatelle
des enfants mineurs de feu autre Clément Ilugon, fils de Gabriel, excipa
de sa qualité de préposé à la caisse des dépôts et consignations près
la juridiction de Chàteau-Morand. Le juge de Saint-Juuien admit son
lii^PBUTOIltE bu FONDS CODKï DE UOIBSE 469
18 juin t68â. •— Assignation à la requéle de Junien Pouilhot,
chirurgien de la ville de Saint-Junien, contre dame Marie de
Rochechouart, dame de Bussière-BoiTy, femme séparée de biens
de messire Jacques Dupin, écuyer, seigneur de Bussière, demeu-
rant à Saint-Junien, pour se voir condamner à puyer à Jeanne
Hugot, sa femme, une somme de mille livres à elle constituée par
le contrat de mariage du dit Junien Pouilhot avec la dite Jeanne
Hugot. — (Orig.).
22 septembre 1704. — Etat et arpentement des rentes et dîmes
dues par le tènement du village du Bouchet au chapitre de Saint-
Junien. (Orig.).
Subdélégation de Rochechouart. Par acte du 13 décembre 1710,
Martial et Etienne de Montjon ont aiïermé à Jean Rouchet leur
métairie du Puy-de- Valette moyennant 99 1. 10 s. par an. -— (Orig.).
Par contrat du 17 juillet 1713, M. et M')' de Lambertye ont
vendu à sieur Jean Barbou, bourgeois de Limoges, la métairie des
Combes, paroisse de Saint-Auvent, avec le droit de percevoir
annuellement sur les colons les cens et rentes y dues, conformé-
ment au double passé entre les vendeurs, à François de Plumant,
écuyer, sieur de Fonlpeyrine, moyennant 2.600 livres et celle de
20 livres de pension annuelle à la demoiselle Léger Barbou. -—
(Orig.).
exception. Appel par le conseil de famille de la sentence du juge devant
le sénéchal de Limoges. Il fut soutenu par les mineurs que : 1° cet
office dont excipait Clément Ilugon ne lui avait pas été régulièrement
conféré ; 2° il venait d'être supprimé attendu que la juridiction de Châ-
leau-Mor^nd près laquelle il avait été créé, ne possédait ni bourg, ni
foires, ni marchés. Le sénéchal de Limoges adoptant ces motifs, cassa
la sentence du juge de Saint-Junien et maintint Clément Hugon dans
la curatelle des pubères, Martiale et Pierre Ilugon. — (N. C. B.).
En i692, Jacques Duqueyroix, avocat, fils d'Etienne, était juge de
Saint-Junien. Etienne, le père, était juge de Chàteau-Morand et époux
de Léonarde Revs. — (N. C. B.).
Les audiences de la juridiction de Château-Morand se tenaient :
En 160ri, au village de Chabans, paroisse de Cognac;
En 1702, au village de La Garde, paroisse de Notre-Dame du
Mouliers;
En 1717, au même village;
En 1697, au village de Ciciaureix, paroisse de Notre-Dame du
Mouliers;
En 1700, au village de La Garde, devant M. Alluaud, avocat ;
En 1G08, au village de Baronneau.
Glane était en Limousin.
T. LV 30
470 sociéré archéologique et iïistoriqOe du limousin
Par acle du S8 janvier 1714, Martial el Etienne de Monljon, père
et fils, délaissèrent à Magdeteine de Monljon, fille du dit Martial, et
sœur du dit Etienne, certains fonds aux appartenances de Saint-
Junien et leur fier appelé de Chabanas et de Baîgnac, pour le paye-
ment du legs à elle fait par la demoiselle Uuqueyroix, sa mère.
Etienne de Monljon fut déclaré prodigue. Magdeleine de Monljon
avait épousé un Martial Singareau (1). Jean Singareau, prêtre,
était tuteur d*autr« Jean Singareau, fils de Martial et de Magde-
leine Monljon. — (Orig.).
29 octobre 1716. — Acle de procédure à la requête de Marie
Despousses, demoiselle de Vignerie, contre Pierre-Joseph Mouli-
nicr, avocat défendeur. Elle était fille de messire François Des-
pousses, écuyer, seigneur de Feuillade. — (Orig.).
6 juin 1719. — Ferme où comparaissent comme bailleurs Cathe-
rine de Monljon, veuve de Charles-François Dusolier, sieur de
Lécuras, avocat, juge de Saint-Laurent-sur-Gorre, y demeurant, et
Suzanne de Monljon, sa sœur, veuve de Pierre Jude, sieur de la
Judie, habitant au lieu de Farnières, paroisse de Champagnac,
Magdeleine de Montyon, leur sœur, veuve de Pierre de Grandsai-
gne, sieur d'Essenat, habitant la présente ville, et Françoise Bar-
barin, veuve de Pierre Barbarin, écuyer, seigneur de Nombrail (?),
habitant le lieu de Palaines, paroisse de Lézignac, comme aïeule
et curatrice des enfants pubères de Léonard Barbarin, seigneur du
26 juin 1704. — Les dames religieuses de la Trinité de Poitiers, ordre
de Saint-Benoît, possédaient le fief et seigneurie de Sémanne (?). —
(N. C. B.).
d730. — Pierre de Salignac, écuyer, seigneur des Brosses et de Bour-
dicaud, vendit ses fiefs et terres à Etienne Barbarin de Flayat. —
(N. C. B.).
1" juillet i748. — Léonard Godet est procureur. — (N. C. B).
Les villaf^os de Houssis et de Montpoutier et leurs dépendances, sis
dans la paroisse de Cognac, étaient en partie compris dans la juridiction
de Châleau-Morand, et en ]>artie dans la chàtellenie de Cognac qui
n'avait qu'un droit de basse justice. La haute et moyenne appartenant
au vicomte de Hochechouart, étaient exercées en 1754 pour Cognac par
Simon de La Barde, juge, lieutenant du vicomte.
La paroisse de Sainte-Marie-de-Vaux était parlie en Poitou, partie en
Limousin. La maison curiale et la maison des Dupin-Chaillac étaient de
la juridiction de la baronnie de Saint-V^icturnien. — (N. C. B.).
(1) 11 oxiste toujours à Saint-Junien une dame Singareau.
nèpERTornE du fonds codet de boisse 47l
Monlcil, son fils, et de défunle dame Isabeau de Monljon. Il s*agis-
sait de deux métairies situées aux lieux de Raybarbary et Grand-
Péravieux, paroisse de Notre-Dame. — (Orig.).
1734. — Acte où comparaissent Philippe Bernard, sieur de La
Villolle, bourgeois du dit lieu, paroisse de Cognac, et messire
Etienne de Salignac, écuyer, seigneur des Brosses, et de Bourdi-
caud, héritier sous bénéfice d*inventaire de feu messire Pierre de
Salignac, écuyer, seigneur des Brosses, son père, demeurant au
lieu des Brosses, paroisse d'Etagnac. — (Orig.).
n février 1728. — Cerlifioat délivré par M* François Noël Surin,
maire de Saint-Brice, constatant que le bois appelé de la Gaudine,
paroisse de Saint-Brice, appartenant à M. Gravellat de Saint-
Auvent, était impropre à la marine. — (Orig.).
12 novembre 1730. — Bail d'un domaine au Puy-de-Mallet de
Saint-Viclurnien par Armand Surin, bourgeois de Saint-Junien, à
Léonard Bézinier et Jean Darnat, laboureurs au Puy-de-Mallet. —
(Orig.).
Champsac était en Limousin et Champagnac en Poitou. Bessilhac et
Florensac, bien que dans la paroisse de Saint-Brice et dans les appar-
tenances des Carbonnières, étaient en Poitou et dépendaient de la
juridiction de la baronnie de Saint- Victurnien.
Rochefort, près Séreilhac en Limousin, était le siège d'une juridiction
dont en 1786 était juge Martial Sudraud Desisles, aussi juge civil, cri-
minel et de police de la ville et juridiction d'Aixe. — (N. C B.).
Puyjudaud, village de Cognac, était en Limousin et relevait de la
justice de Chàteau-Morand. — (N. C. B.).
Le village du Buis, paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, relevait de la
justice de Chàteau-Morand.
Le village de Bctoulles, paroisse du Moutiers de Saint-Junien, rele-
vait aussi de la justice de Chôteau-Morand. — (N. C. B.).
2Ii février 1769. — Il y avait à cette époque deux Léonard Codet, Tun
bourgeois, l'autre procureur. — (N. C. B.).
La propriété de Fontférias (1) fut vendue sur décret en 1770, au pré-
judice de Junicn Vidaud de Plaud et de feu Elisabeth Lépnarde de
Dreux et héritier, sous bénéfice d'inventaire, de feu Simon François et
(i) Village de la paroisc de Saint-Auveni.
Jean-Baptiste de Dreux, ses oncles, en vertu de sentence du juge de
Saint-Auvent, confirmée sur Tappel par le sénéchal de Montmorillon.
— (N. C. B.).
13 novembre 1786. — Comparution de M. Codet Boisse. — (N.C. B.).
Béchemoure, dans la paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, payait des
rentes au doyen du chapitre de la cathédrale de Limoges. Ce village
était en Poitou et dépendait de la juridiction de Saint-Auvent. —
tN. C. B.).
472 SOCIETE AnCHÈOLOGlQUE ET AlSTÛRIQUE Ï>U LIMOUSIN
i73S. — Mémoire imprimé des chanoines du chapitre de Sainl-
Junien contre les syndics, manans et habitans de la paroisse de
Sainl-Auvani, intimés et encore contre la demoiselle de Roche-
chouart, comtesse des Bâtiments, dame en partie de la terre de
Rochechouart ;
Le sieur Bussière, archiprélre de Nonlron et curé d'Oradoor-sur-
Vayres, Jean-Joseph Mandon de la Gasne, prieur-curé dOradour-
sur-Glane et prieur de la Nouzille ;
Et autres co-décimaleurs du chapitre de Saint-Junien, en la
paroisse de Saint-Auvanl, tous appelés en assistance de cause,
défendeurs.
Le chapitre de Saint-Junien est gros décimateur en partie de la
paroisse de Saint-Auvanl ; le curé de Saint-Auvanl, Tarchiprétre
de Nontron, curé d'Oradour et autres recueillent le surplus des
dîmes.
En 1731, il y eut des réparations à faire à Téglise de Saint*
Auvant. Le 12 juillet, M. l'intendant de Poitiers ordonna que Ton
nommerait des experts et il fut déclaré que le clocher n'était point
sur le chœur, mais qu'il faisait partie de la nef, et l'intendant de
Poitiers jugea que les réparations à faire au clocher devaient être
à la charge des habitants. Ils exécutèrent cette ordonnance.
An mois de juin 1734, le tonnerre tomba sur l'église de Saint-
Auvent. Le chapitre de Saint-Junien fit réparer aussitôt le chœur et
le sanctuaire. Il en donna les preuves.
Chanliac relevait de Tabbesse de La Règle et du seigneur de La Lau-
rencie. -^ (N. C. B.).
Le village de La Guérillerie, dans la paroisse de Chaillac, était de la
mouvance de la commanderie du Temple, nommée commanderie de
Puybonieux et du temple de Saint-Junien, dont le siège était au château
de Puybonieux. — (N. G. B.).
Le bourg de Sainle-Marie-de-Vaux était en Limousin. La paroisse
renfermait trois villages qui sont Le Dognon, La Borderie et Chanzat.
Elle dépendait en partie de la baronnie de Saint- Victurnien en Poitou.
— (N. C. B.).
La Garde haute et basse était de la juridiction de Ghâteau-Morand,
ainsi que Chabant, paroisse de Cognac, Peyrissac, Fontchabrier, le
moulin de Vienne sur la rive gauche en face de Boussignac, La Villotte,
paroisse de Cognac, le bas Dieulidou, les Essarts de Saint-Junien, les
Séguincs de Saint-Junien, Puyjudaud, Puygerbin, Houssis de Cognac,
Montargis et les cassines de Javerdat, Peyravaux, La Clautre, Les
Grattes, Le Carteron, le Buis, La Garde de Saint-Junien, Croyet, La
Chauvie en partie, etc..
La paroisse de Sainl-Viclurnien dépendait pour les tailles de l'élec-
tion de Confolcns. — (N. C. B.).
RÉPEnTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSE 473
A. regard du clocher, il avait éléjugé conlradictoirement, en
i731, qu'il élait situé sur la ner et que le chapitre n'était pas (enu
de le réparer. Un devis de 1.660 livres fut rédigé et les réparations
furent adjugées aux nommés Mallet et Ratinaud. Elles pouvaient
à peine coûter cinq cents livres.
Les habitants se pourvurent en conseil d'Etat et y surprirent
Tarrét du i5 février 1735, qui mettait les travaux à la charge du
chapitre décimateur.
Le chapitre se pourvut contre cette décision, mais le subdélégué
de Confolens autorisa une saisie-arrét de toutes les dîmes du cha-
pitre. Une main levée fut rendue quelque temps après, mais la
saisie resta pour les dîmes de Saint-Martin-de-Jussac. Le 12 octo-
bre 1739, M. l'intendant rendit une ordonnance prescrivant l'exé-
cution de l'arrêt du conseil d'Etat du 15 février 1735, ordonnait que
les dîmes du chapitre sur la paroisse de Saint-Martin-de-Jussac
seraient vendues en déduction des réparations et des dépens, don-
nait défaut contre les co-décimateurs et prescrivait qu'ils rembour-
seraient leur quote part au chapitre, ainsi que les frais.
Appel du chapitre de cette ordonnance et de celle prétendue du
29 juillet 1732.
D'après la législation, les décimateurs étaient tenus des répara-
tions du chœur, et les habitants étaient tenus des réparations de la
nef. — (Orig.).
29 janvier 1735. —Léonard Godet, ancien praticien, nommé
juge sénéchal de la baronnie de Château-Morand, est installé en la
La Viguerie, — L'évêque, baron de Saint-Junien, exerçait sur ses
censitaires son droit de haute et moyenne justice par son juge ordinaire
sénéchal ou prévôt, prepositus (Maleu). Il exerçait aussi le droit de
basse justice, justice municipale et de police, par un ou deux magis-
trats inférieurs qui prenaient le nom de Viguiers, Vicarii, L'origine de
la Viguerie à Saint-Junien remonte au moins avant le douzième siècle.
Un texte de Maleu, pages 46 et 47 établit Texistence des Viguiers
avant 1140. La Viguerie, à son origine, comprenait le droit de police
administrative et executive de perception des leydes.
En 1581, ferme des trois quarts de Toffice de huche et trompette appar-
tenant aux Lamy, l'autre quart appartenait aux Vignon. Ce droit de
huche reconnu aux susdits par arrêt du parlement de Bordeaux du
17 septembre 1672 et le dit arrêt en fixa le tarif savoir : aux baptêmes
12 deniers, pour la garde des morts 5 sols et une chandelle.
La Viguerie, qui avait sa raison d'être avant que Saint-Junien fut
constitué en commune, dut perdre de son importance par ce grand fait
de notre histoire locale. — (N. C. B.).
474 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUE DU LIMOUSIN
dite qualité au village de Cicioreix par Philippe Laborie, procureur
le plus ancien. — (Orig.).
43 avril 1737. — Règlement du parlement de Bordeaux pour
l'administration de l'hôpital de Sainl-Junien. — (Orig.).
24 mai 1740. — Avis du conseil de Bordeaux qui a vu le contrat
de vente du 5 juillet 1739 passé entre les mains des religieuses de
N.-D. de la ville de Saint-Junicn et sieur Paul Vidaud, sieur de
Veyvialle, lant en son nom propre et privé que comme fondé de
procuration de demoiselle Marie Bislerolt et comme mari de
demoiselle Marie Lamy, son épouse :
Est d'avis qu'il n'y a pas de doute que le vassal peut se jouer de
son fier jusqu'à démission de foy, en retenant néanmoins quelque
droit seigneurial et domanial à la charge néanmoins que l'aliéna-
tion ne pourra pas excéder les deux tiers du fief, et il n'a pas
besoin de consentement du seigneur pour faire une pareille alié-
nation.
23 mai 1744. — Vente par Jean Barbarin, écuyer, seigneur du
Monteix, cl Marie de Salignac, son épouse, demeurant au Montcix,
en faveur de Léonard Simon, sieur de Raquiaud, procureur d'office
à Saint-Junien et avocat. — (Orig.).
1745. — Jean et Junien de Monljon, sieurs de la Valette, frères,
sont héritiers institués de Junien de Montjon, sieur de Boismorand,
leur oncle. — (Orig.).
La charte de 125i qui consacre les franchises municipales de Saint-
Junien fit passer dans les mains des consuls les attributions actives et
réelles des Viguiers. Un décret du 11 août 1789 supprima les Vigueries.
Nombreuses notes sur le fief de Montvallier dépendant de la baronnie
de Saint-Junien.
Les bayles du chapitre de Saint-Junien étaient viguiers vis-à-vis des
censitaires du chapitre.
Les droits de vigucrie s'appliquaient principalement à la police des
rues et marchés et surveillance des poids et mesures.
Au xvi^ siècle, La Viguerie et ses dépendances se trouvaient dans les
mains des Sarrazin, famille noble sortie de Saint-Junien pour aller
habiter Ambazac. Elle avait hérité des biens d'une autre famille notable
les Vigiers. C'est à ces derniers qu'avait été donnée la Viguerie par
révoque de Limoges.
La prévôté était chargée de rendre la justice au nom du baron, mais
elle n'était pas héréditaire comme la viguerie qui était une aliénation
de la souveraineté.
La Guérillerie et les environs étaient de la mouvance du commandeur
du Temple de Saint-Junien. — (N. C. B.).
RÉPERTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSE 475
24 février 1749. -- Quittance de M. Périgord, contrôleur, en
faveur de Léonard Godet, bourgeois de Saint-Junien, de la somme
de 170 livres, montant du droit de franc fief sur Tacquisilion d'un
domaine acheté de M. de Villebois, au village de Boisse. — lOrig.).
13 novembre 1761. — Comparution d'Elienne Barbarin de
Flayat, bourgeois de Brigueil, et de Pierre de Salignac, écuyer,
seigneur des Brosses. — (Orig.).
10 octobre 1762. — Tableau des consuls de la ville dressé par
Jean Perrier de La Garde, conseiller du roi en Téleclion de Limoges,
assisté de Rouhet, noiaire, Barthélémy Mignon, Pierre Gratlerolle,
JunienBastier, Etienne Mérieux, tous quatre consuls en charge de
la présente année. Suivent un grand nombre de noms, sur qualre
colonnes avec les en-lêtes, première, deuxième, etc. — (Orig.).
4 novembre 1775, — Pièce de procédure où comparaissent
comme requérants Junien Montjon, seigneur de Bagnac et bour-
geois, fils d*EtienneMonljon, qui rétait de Martial, Joseph Montjon,
chanoine, clerc du chapitre de cette ville de Sainl-Junien, faisant
tant pour lui que pour MM. Antoine Montjon, prêtre semi-prébcn-
dier du chapitre de cette ville, et pour autre Junien Montjon, aussi
bourgeois, ses frùres, fils de feu Léonard Montjon, qui l'élait du
dit feu sieur Etienne Montjon, qui était fils du dit Martial, demeu-
rant les dits requérants en la ville de Saint-Junien, contre Jean
Singaraud, sieur du Précoin, bourgeois, demeurant rue du Pont-
Levis, tendant à obtenir de lui communication, comme héritier de
Madeleine Montjon, sa mère, tille de feu Martial Montjon, d'un
inventaire des meubles délaissés par le dit feu Martial Montjon.
- (Orig.).
28 janvier 1791. -— Loi imprimée pour la perception des droits
de la régie des domaines et contrôle, et à la distribution du papier
timbré. — (Orig.).
An III, 6 pluviôse. — Quittance par Martial Godet, tuteur de
Tenfant mineur de feu Marie Dubanl et Anne Godet pour la pension
de Tenfant, qui finira le 17 juillet 1795. — (Orig.).
An VIII, Il fructidor. — Reçu du citoyen Auguste Surin la
somme de douze francs sur les impôts de Hugon Marcillac. —
(Orig.).
Léonarde de Saint-Aulaire, fille de feu François de Saint-Aulaire,
chevalier, et de haute et puissante dame Françoise de Ruffec, était dame
d'honneur de la reine mère et dame de La Grainerie en Limousin et
autres places. — (N. C. B.).
Aymeric de Rochechouart, prince de Chabanais, seigneur de Confolens,
épousa Alix de Châteauneuf. Il en eut Echivat et Laure. — (N. C. B.).
476 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
13 avril 1814. — Comparution de M. Auguslin Surin. — (Orig.)-
Nomination par Messire Jean-Etienne de Roulhac, écuyer, sei-
gneur de Trachaussade, Le Chatelard, Rocbebrune et autres lieux,
actuellement au Chatelard, de Messire Jean Guillemaud, prêtre,
chanoine du chapitre de Saint-André de la ville de Saint-Junien, à
la vicairie de Saint-Eutrope, Tondée dans Téglise du chapitre de
Saint-Junien à Tautel de saint Paul. — (Orig.).
Novembre 1858. -— M. Dupeyrat était maire de Saint-Junien et
M. Jules Boisse, conseiller municipal. — (Orig.).
. Projet de quittance par M. de Font-Réaulx, ancien trésorier de
la fabrique, en faveur de M"' Adélina Codet-Boisse, d'une somme
de cinq cents francs qu'elle avait promise le 6 janvier 1870 pour
les réparations à faire en l'église de Notre-Dame du Pont. —
(Orig.).
Carton np 5
20 février 1718. — Enterrement dans l'église collégiale de Saint-
Junien de dame Françoise La Breuilhe, épouse de Messire Melchior
de Carbonnières, écuyer, seigneur de Saint-Brice. — (Orig.).
10 février 1753. — Mémoire imprimé où Martial de Verdilhac du
Loubier, garde de l'hôtel du roi, expose qu'il porta plainte au lieu-
tenant criminel de Monlmorillon pour avoir été arrélé le 8 du
même mois, jour de foire d'Oradour-sur-Glane, et avoir reçu un
coup de pistolel de la part de Jean Raymond, garde du roi. Lequel
coup de pislolel contenait deux balles. — (Orig.).
17 novembre 1790. — Affiche imprimée relative à la liquidation
de la dette publique. — (Orig.).
8 mars 1791. — Lettre de M. de Nantiat, chevalier de Saint-
Louis, maire de Nantiat, à M. de Lépaud, député de la Hante-
Vienne, sur la répartition delà contribution foncière. — (Orig.).
25 aoiU 1792, an IV de la liberté. — Loi relative aux droits
féodaux. — (Imprime).
17 juillet 1793. — Décret de la convention nationale supprimant
les redevances seigneuriales et droits féodaux. — (Imprimé).
23 janvier an II. — Extrait imprimé des registres des procès-
verbaux de la Société des amis de la constitution établie à Limoges.
- (Orig.).
4 mai 1726. — M. Boucher d'Orsay était intendant de Limoges. —
(Notes).
31 janvier 1731. — Aubert de Tourny était intendant de Limoges. •— .
(Notes).
RÉPERTOIRE OU FONDS GODET DE BOISSE 477
8 octobre 1804.— Procès-verbal de Touverlure du lycée de
Limoges. — (Imprimé).
18 janvier i8<)9. — Eloge de Joseph de Gaston, proviseur du
lycée, décédé récemment, prononcé à la Société d'agriculture. —
(Imprimé).
1824. — Liste des électeurs de Saint-Junien. On trouve parmi
eux :
Chabodie du Peyrat (François), avocat.
Chauvignier (Jean-Baptiste), adjoint.
Godet Boisse (Jules).
Godet Boisse (Mathieu-Joseph).
Godet (Julien-Augustin), médecin.
De Grandsaigne (Jean).
Maublanc (Martial), officier.
Périssat (Simond-Léonard).
Petit (Junien-Gharles-Ignace).
Pouliot (Jean-Baptiste-Simon), médecin.
Pouliot (Jean-Baptiste-Junien).
Surin Hugon (François), avocat.
Surin (Augustin), propriétaire.
Tamoineau (Jean-Baptiste).
Vidaud (François), àSainl-Marlin-de-Jussac.
Vouzelaud (Jacques), percepteur cà Ghaillac.
1824. — Electeurs du canton de Saint-Laurent :
De Brie (Elienne-Gédéon), à Saint-Laurent.
De Brie ( Jean-Marie-Gamille), à Gorre.
De Marsange de Vaulry (Henri), à Gorre).
De Ribeyreix (François), à Saint-Laurent.
Doscubes du Ghatenet (Jacques-Léon), à Saint-Laurent.
Descubes des Guérennes (Pierre), à Saint-Laurent.
Fornei de La Laurencie, maire, à Saint-Auvent.
Perry de Saint-Auvent (Hubert Benjamin), comte de Saint-Auvent.
Vignaud d*Essenac (Xavier-Marie), à Saint-Gyr.
1848. — Profession de foi imprimée de M. Louis Godet, député
de Saint-Junien.
xvm* s. —- Mémoire imprimé du marquis de Garbonnières, che-
valier, comte de Saint-Brice, contre Simon Verdilhac, seigneur du
Loubier, conseiller au présidialde Limoges, appelant.
Carton n"" 6
En 1600, un Jean Godet est chanoine de Téglise collégiale et
Jean Surin, syndic du chapitre. — (Orig.],
478 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGlQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1686. — Liasse de papiers coroportanl une ordonnance élablis-
sant la noblesse de François Pasquel de Boisgourdon, écuyer, sieur
du Meyny. — (Orig.).
19 novembre 1690. — Vente de terres par Françoise Bouyer,
veuve de Pierre Frugier, demeurante LaTinerie, paroisse de Gorre,
en faveur de Simon Dusolier, sieur du Buisson, demeurant au
bourg de Saint-Laurenl-sur-Gorre. — (Orig.).
1715, 9 novembre. — « Reçu de Jean Pouilhot, mon frère, la
somme de vingt livres pour cinquante messes que je promels de
dire incessamment à sa décharge pour le repos de Tâme de feu
Junien Pouilbol, aussi mon frère. Saint-Junien le 9 novembre 1715.
Signé : Poulhiot, prêtre semi-prébendier ». - (Orig).
1720. — Aymeric Hugon de Glane, sieur de Mondary, avocat en
parlement, était délégué de Tintendant de la généralité de Limoges.
- (Orig.).
Août 1729. — Arpentcmenl des terrains du tènemenl de la Pas-
caliere sur lesquels M. Dusolier, sieur des Lèzes, avait des cens et
rentes. — (Orig.).
14 mars 1749. — Reçu d'une rente en nature, signé : Gullle-
maud, curé, en faveur de M. Surin, bourgeois de Saint-Junien,
porlant sur le tènemcnt du Mas-Ferrat, paroisse d'Oradour-sur-
Glane. — (Orig.)
6 mars 1750. — Autre quittance du même et pour lé même
motif en faveur de M. Arnaud-Hubert Surin, bourgeois de Saint-
Junien, et concernant le chapitre. — (Orig.).
1754. — Gros cahier recouvert de parchemin, d'une écriture
moderne, renfermant des documents extraits en 1754 par l'abbé
Nadaud, des titres et manuscrits de Téglise collégiale de Saint-
Junien. — (Orig.).
1755. — Pièces de procédure relatives à une instance devant le
juge sénéchal des Bâtiments. — (Orig.).
1762. — Mémoire de procédure entre Etienne Barbarin deFlayat,
bourgeois de la ville de Brigueil, pour un droit de passage contesté
avec Pierre Derousseau, Pierre Touyéras et Jean Filloux. —
(Orig.).
16 juin 1767. — Mémoire imprimé pour Julien-Pierre AUaire,
conseiller du roi, receveur général des domames et bois de la gé-
néralité de Limoges, intimé, contre dame Elisabeth de Lostange,
marquise de Sainl-Alvaire, à l'occasion d'une sentence du bureau
du domaine de la généralilé de Limoges. — (Orig.).
1713. — Une Marie Maiiblanc avait épousé un Beynaud. — (N. C. B.).
1790, — M. Godet de Boisse est collecteur de Dieulidou. — (N.C. B.).
RÉPERTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSE 479
27 juillet 1774. — Dossier concernant Messire Pierre de La Val-
lade, écnyer, seigneur de La Robcrlie, demeurant au château de
Boisgourdon, paroisse de Sainl-Victurnicn en Poitou. — (Orig.).
14 novembre 1781. — Arpentement du village des Sous, paroisse
de Gorre. — (Orig.).
1784. — Pièces de procédure où figurent les de Verdilliac, les
Chaban de Saint- Viclurnien. Il existe un brouillon de lettre d'un
officier de marine, fils de Jean de La Vallade du Repaire, sieur de
Truffîn, contre lequel une saisie avait été pratiquée.
Lettre relative à la même affaire, datée dn 21 juin 1810, à La
Laurencie, signée de Trufïin de La Tour et adressée à son oncle,
M. Chaban, notaire à Saint-Junien.
Nombreuses notes sur la famille de La Vallade de Truffjn, qui
était originaire du Périgord. — (Orig.).
23 septembre 1790. — Procuration donnée à Bordeaux par
Martial de La Vallade de Truffin à Jean de Fornel, son beau-frère.
Arbre généalogique, — (Orig.).
3 germinal an II (24 mars 1794). — Adjudication des biens fonds
de Louis-Suzanne Dussoulier, en faveur de Léonard Rebeyrol,
demeurant à Gorre, pour la somme de cinq cent cinquante livres,
d'une contenance de quatre sctérées. — (Orig.).
5 messidor an II (23 juin 1794). — Adjudication en faveur de
François Frugier des biens de Louis-Suzanne Dussoulier, moyen-
nant quatre cent cinq livres. — (Orig.).
24 mars 1808. — Quittance de droit de pêche de la somme de
quinze francs. — (Orig.).
1818. — Mémoire de Tapothicaire Raynaud des médicaments
fournis à la gouvernante de M. Hugon Surin, avocat, s'élevant à
soixante-quinze francs. — (Orig.).
Dossier sans date, concernant les seigneurs de Saint-Mathieu,
Champagnac, Brie, Chéronnac, Champniers, Piégul. — (Orig.).
Dossier concernant les familles de Bermondet, de Gouslin, du
Boucheron, d'Oradour-sur-Vayres et Dumas de Paysac. — (Orig.).
Diverses dates. — Lettres des Carbonnièrcs, seigneurs de Saint-
Brice. — (Orig.).
Documents sur le marquis de Sain t-Abre, comte de Rochefort,
vicomte de Rochemaux, baron d'Aixe et de La Bergerie. — (Orig.).
Carton n^ 7
24 septembre 1886. — Testament de Jacques Beynaud de Sainl-
Junien. — (Orig.).
480 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
2 mars 1646. — Pièce de procédure où comparait Melchior
Lamy, chanoine de Sainl-Junien. — (Orig.).
Liasse 3-5 mai 1658. — Acte portant reconnaissance de rente
en faveur du chapitre de Saint-Junien, sur des terres dépendant
du village du BoucheL 11 est question de la chapelle du Bouchet.
1666. — Remontrance adressée par les habitants de la paroisse
de Saint-Marlin de Jussac, à M. le Président, lieutenant élu de
rélection du Poitou à Poitiers, tendant à obtenir un dégrèvement
d*impôt base sur la situation de la paroisse en plein nord et Tim-
possibilité de faire venir des récoltes. — (Orig.).
SI juillet 1673. — Venle par Gilibert Champaluux, laboureur, au
village de Lacour, paroisse d*Essc, à Charles Dupin, écuyer, sieur
de La Rivière et damoiselle Marguerite Dupin, sa femme, demeu-
rant au lieu de La Sotterie, paroisse de Lesterps. — (Orig.).
19 novembre 1691 . — Contrat de mariage de Jean Dupin, écuyer,
fils de Charles et de défunte Suzanne Regnaud, avec Anne Dupin,
fille légitime de défunt Jacques Dupin écuyer, sieur de La Souche-
rolle et de Marguerite Hugonneau. — (Orig.).
25 janvier 1699. — Partage entre divers personnages d'une
famille Dupin, liabitant le lieu noble des Cossières, paroisse de
Saugon. — (Orig.).
7 septembre 1700. — Note signée Coindaud, d'où il résulte que
Amand Surin était (ils et héiitier universel de feu Aymeric Surin,
bourgeois, marchand à Sainl-Junien. — (Orig.).
22 septembre 1704. — Arpenlement et licitation du village du
Bouchet, mouvant du chapitre de Saint-Junien et occupé entre
autres tenanciers, par MM. Jérôme du Bouchet, Jean Périgord de
iMassé, Amand Surin, bourgeois, Pierre Fourgeaud de Pruniéras,
les héritiers de feu Jacques Godet, etc.. — (Orig.).
1542. — La tour de Bar, paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, et ses
dépendances appartenaient en 1435, à la maison de Peyrusse des Cars.
Elle passa, en 1535, par acquisition, à François de Peyrusse des Cars,
seigneur de La Vauguyon. — (N. C. B.).
Le village de Pruniéras relevait de Montmorillon. — (N. C. B.).
En 1667, Jacques Dupin, écuyer, sieur de Bussière-Boffy, était marié
avec Marie de Rochechouart, dame de Sailhac, fille de Jean de Roche-
chouart, baron de Saint-Cyr et des Bâtiments. Elle se fit séparer de
son mari et demeurait en 1681 à Saint-Junien. Elle dota Jeanne Hugon,
fille de Junien Hugon, et femme de Junien Pouliot, chirurgien. —
(N. C. B.).
Le village du Puy-de- Valette, paroisse de Saint-Junien, était en
Poitou. — (N. C. B.).
UEPEntOinit DIT FONDS CODET DE BOISSE 481
4 janvier 1720. — Requête au juge de Sainl-Juaien, par Jean
Jouy, huissief à Saint-Junien el Marie André, son épouse, pour
avoir été frappé et malmené par le nommé Deschamps, à cause
d'une exécution faite par Jouy au préjudice du sieur Deschamps, à
la requête du seigneur de Saint-Auvent. — (Orig.).
24 mai i742. — Pièces de procédure contre Messire Pierre de
Dreux de Monlerollet, fils, hérilier el biens-tenant d'autre Messire
Gautier de Dreux de Monterollet, son père. — (Orig.).
4 juillet 1742.-— Pièce de procédure où comparaît Messire Pierre
de Dreux de Monterollet, fils héritier biens-tenant d'autre Messire
Gautier de Dreux de Monterollet, son père. — (Orig.).
1746. — Six pièces de procédure où comparaît la famille Mer-
lin, deSaint-Victurnien. — (Orig.).
Dossier d'une procédure entre Pierre de Dreux el la veuve
Augereau de Saint-Junien. Y figure une lettre d'un Touyéras
adressée à M. de Dreux de Fontférias. — (Orig.).
6 septembre 1752. — Pièces de procédure émanant de Gaultier,
juge de Saint-Auvent, délivrées à dame Françoise de Salignac,
veuve de feu François de Fornel, écuyer, seigneur de La Laurencie,
pour Fautoriser à poursuivre le sieur Durousseau, son ancien
métayer. — (Orig.).
Août 1786. — Vente par messire Jean-Baptiste de Carbon-
nières, comte de Saint-Brice, Champlevie, La Vigoe, Le Repaire,
baron de Boussac et autres lieux, demeurant en son château de la
ville de Boussac, paroisse de Sainte-Anne, el étant actuellement
dans son château de Saint-Brice, d'un pâturage el terre faisant
partie de son domaine de Dieulidoux, directe du chapitre de Saint-
Junien, en faveur de Jean de Villechaise dit Vanton, marchand, au
bourg de La Bretagne. — (Orig.).
Procédures et pièces diverses concernant la famille Dupin. —
(Orig.).
Carton n"" 8
1481-1719. — Gros terrier où Ton relève à la date de mai 1481, le
nom de Gabriel de Bonneval, seigneur de Roche-Brune el celui de
Jean Montyon, notaire à Saint-Junien ; une note sur la vie de saint
Junien signée Deglane, chanoine; — 22 novembre 14S6, compa-
rution de Jean Singaraud, marchand de la ville de Saint-Junien;
— ISavril 1719, comparution d'Anne Surin, veuvedeJean I^borie.
— Reconnaissance pour le fief de Rochebrune, lerritoiredelaville
de Saint-Junien, consentie au profit de dame Françoise de Magnac
482 socièrè archeologiqCe et Historique bû limocsiK
du Chatelard, épouse de noble Chrislophe de Carbonnières, sei-
gneur de La Forêl, reçue par Vidaud, notaire. — (Orig.).
2 juillet 1S00. — Invesliture faite par Ambroise de Magnac,
seigneur du Chatelard, chanoine, en faveur de Pierre et Etienne
Godet, frères, d*un pré acquis de Jean Tamoineaii.
Gros volume coniprenant rénumcration des rentes et devoirs
dus au chapitre de Saini-Junien et à quelques particuliers. —
(Orig.).
Rôle de la taille de 1596, appelée la subvention, iniposée par le
roi. Le principal est de 853 livres. — (Orig.).
16 mars 1648. — Mention de François Lamy, sieur de Mazières
et de Montvallier, à cause de son (lef noble de Monlvallier, habi-
tant la ville de Sainl-Junien. — (Orig.).
Les Villebois avaient été prévôts de père en fils. En 1717 un Jean
de Villebois était juge de Saint-Junien. En 1721 un Léonard Godet
est procureur. — (Orig.).
1748. — Livre de recette de M. Guillemaud, chanoine du cha-
pitre de Saint-Jnnien, divisé en quatorze chapitres correspondants
aux rentes de chaque paroisse, aux aumônes, procès, voyages, etc..
Etat des cens et rentes de Messieurs du chapitre de Saint-Junien.
- (Orig.).
11 septembre 1783. — Acte où comparaissent Martial Godet,
bourgeois, Marc Dubant, son beau-frère, marchand gantier, et
Anne Godet, son épouse. — (Orig.).
Dossier concernant le fief du Mazet. — (Orig.).
Nombreuses pièces de procédure relatives à noble Pierre Sarrazy,
seigneur du Mazet. — (Orig.).
L*enclave de La Barre entre Limoges et Sainl-Junien dépendait
de la généralité de Poitiers. — (Orig.).
Nombreuses pièces de procédure de lecture difficile. — (Orig.).
Note sur les Carbonnières comprise dans un terrier. — (Orig.).
11 juin 1754. ~ Quittance où comparaissent Léonard Pouillot
de Bar, bourgeois, demeurant au Bois-au-Bœuf, paroisse de Saint-
Pierre, Léonard Simon aussi bourgeois, époux de Marie Quichaud,
icelle héritière de Jean Gharles de Villebois, en son vivant prêtre,
prévôt, pasteur du chapitre de la ville de Saint-Junien. — (Orig.).
D'après Tétat des renies, Gaspard Desoudanes, Jean Delaylavoix
et Jacques de La Gouchie, fermier des dîmes de Saint-Auvent,
payaient :
Froment : 24 seliers, 1 boisseau et 3 coupes;
Pour le Ghartreau en entier, 14 seliers et un boisseau seigle;
Diverses noies sans signature sur les enclaves du Poitou. — (N. C. B.).
RèpERTOinc dc posds codét de boissé 483
Pour les villages de Peyral cl de Morlegoutle, 28 setiers seigle ;
Le village de Lâge, 22 seliers ;
Royer et Boreille, 3 seliers el 3 boisseaux de fromenl;
Claude Elias, chapelier, à Saint-Auvent, sous-fermier, payait
pour Royer, Boisvieux et La Bellemenie, 21 setiers de seigle à rai-
son de cinq livres dix sols, soit 115 livres dix sols;
La Berlhe, Fonférias et Soumagnas payaient 50 seliers seigle ;
Les Combes, Foucaudie et la Laurcncie, 12 seliers seigle, soit
en argent 69 livres, douze sols;
Trcnsolas el Royer, 8 seliers à 33 sous le boisseau soit 8 livres ;
Morlegoulle, 5 boisseaux de seigle à 38 sous le boisseau ;
Royer et la Bellemenie, 6 boisseaux et 2 coupes de seigle :
Petite dîmerie de Saint-Auvent, 12 setiers, seigle ;
Le Peyrat et Mortegoulte, 6 setiers.
Las Puas et La Troubadie, 8 seliers, 3 boisseaux, \ coupe seigle.
- (Orig.).
Carton n*" 9
24 juillet 1631. — Obligation consentie par Isaac Defuas Taîné,
maître apothicaire habitant Saint Junien, en Taveur de Simon
Pouliot, marchand de ladite ville. — (Orig.).
5 mai 1730. -— Vente par Anne Gauteron, veuve de Pierre Béli-
nier, demeurant à Jussac, en faveur de Marie Dagoury, veuve de
Pierre Teillet, habitant Boussignac, paroisse de Saint-Brice. —
(Orig.).
9 janvier 1642. — - Contrat de mariage de Jeanne Graleyrolle
avec Etienne Duqueyroix, de la ville de Saint-Junien. — (Orig.).
Octobre 1653. — Pièce de procédure où comparait Anne Reynaud
veuve, héritière de feu Eslienne de Magnac, écuyer, seigneur du
Chalelard, Rochebrune, Baignai et autres places. — (Orig.).
14 février 1672. — Procuration consentie par Jean Eymery en
faveur de Jacques Eymery, son frère. Mention des Carbonnières. —
(Orig.).
4 avril 1691. — Papiers d'affaires concernant M. Poulhot, maître
chirurgien à Saint-Junien. — (Orig.).
26 décembre 1692. — Quittance par Hélie Phélipe, bourgeois de
Champniers et Jean Chollet, maître de forge, d'une somme de
mille livres due et payée par Pierre Descubes, sieur des Vignes,
habitant le lieu noble de la Laurencie, mais fournie par François
Descubes, sieur de Lascoux, le sieur Pierre Descubes étant retenu
dans la prison de Champniers. — (Orig.).
484 SOCIETE AHCuéOLOGiQUE ET MlàTOhiQCË bl) LI»tOUSKS
11 mai 1717. — Vente par devant Etienne Massias, procureur
d'ofîice h Sainl-Junien, des biens et fruits de la métairie de Ricax
Barby dépendant de Thérédité de feu Martial Reys, saisis sar la
léle de demoiselle Marie Devoyon, veuve du feu Reys, à la requête
de Jean Pouillol, chirurgien, suivant saisie du 21 avril dernier. -
(Orig.).
1718. — Bail de la métairie de Condal appartenant à Jean Vi-
daud. — (Orig.).
1734. — Ferme du château de La Vigne, consentie par MM. de
Saint-Brice et de Carbonnières, au sieur Raymond et dame de
Brettes, son épouse. — (Orig ).
1734. — Pièces de procédure où figurent Melchior et Jean de
Carbonnières, seigneurs de Saint-Brice, contre plusieurs proprié-
taires du Mas de Glane. — (Orig.).
20 mai 1734. — Cilalion en payement de rente, à la requête de
Melchior et Jean de Carbonnières, père et fils, chevaliers, seigneurs
de Saint-Brice, ayant pour procureur Léonard Codet de la juridic-
tion de Sainl-Brice contre Léonard Brandy du village de la Bor-
derie, paroisse de Saint-Brice, pour payement de renies en nature.
-- (Orig.).
28 juin 1746. — Lettres de relief d'appel pour demoiselle Mar-
guerite Simon, épouse du sieur Raymond de Saint-Victurnien,
conire Léonard Simon, sieur de Peyrissac, et Ktienne Simon, pro-
cureur et curateur du dit s' de Peyrissac. — (Orig.).
Notes sur Tabbaye de Beuil, ordre de Citéaux, sur Mortemart, Ché-
i*onnac, Cramaux.
En 1606, dans Taveu de Jean de Rochechouart, Saint- Auvent porte le
litre de châtellenie. — (N. G. B.).
Le village de Rieux-Barby, paroisse de N.-D. du Moutiers, était dans
la juridiction de la baronnie de Saint-Junien et se composait de deui
tènements, l'un de Rieux-Barby, et l'autre de Beaujeu. — (N. C. B.).
En 1755 étaient chanoines du chapitre de Saint-Junien : François
Hugonneau, chanoine plus ancien, Jean Devoyon, Léonard Simon,
théologal, Etienne Vignon, Joseph Reyx, Etienne Massias» François
Tardieu, François Déserce, Jean Pouliot, Charles Desmaisons et Pierre
Pouliot, semi-prébendier, Jacques Périgord, François Marchadier el
Mathieu Vigier. — (N. C. B.).
16 novembre 1762. — Jacques Martin est procureur en la juridiction
ordinaire de Chôteau-Morand et demeurait à Saint-Junien, et Pierre
Lemasson, sergent, en la baronnie de Saint-Junien. — (N. C. B.).
Par accord entre l'évêque et le chapitre, le greffe appartenait au cha-
pitre qui l'aftermait. En 1762, il était affermé 85 livres par an à Léonard
Codet, fils du juge de Château-Morand. — (N. C. B.).
IIÉPEUTOIHE DU FONDS CODET DE BOISSE 48*)
22 février 1783. — Mademoiselle Marie de Verdilhac, épouse de
VicUirnien Merlin de Lisle, demeurant au château de la Vigne,
paroisse de Sainl-Brice, accompagnée Ju sieur Picron et de la
femme Compère, se rendait vers les sept heures du soir au village
du Loubier pour voir son père, le sieur de Verdilhac, qui avait
reçu un coup de pistolet du sieur Jean Raymond de La Saigne, ci-
devant garde du roi et dont on annonçait la mort. Elle apportait
avec elle une somme de deux mille livres pour les besoins de la
circonstance. Arrivée au ruisseau de Champac elle rencontra le
sieur Raymond, qui, après Tavoir apostrophée très grossièrement,
lui tira un coup de pistolet, et, Tayant maxiquée, descendit de
cheval, la prit par les cheveux et la traîna jusqu'au ruisseau des
Monneries, où lui ayant pris son argent il la monta sur son cheval
et la conduisit à la prison de Saint-Viclurnien. Jean Merlin sieur
Dumas était en compagnie de Raymond mais était assez loin quand
ce dernier rencontra Mademoiselle Delisle. Déposée à la prison de
Saint-Victurnien après les mauvais traitements qu'elle avait reçus
de Raymond et dans un élat de grossesse avancée, M"° de Ver-
dilhac fit appeler des le lendemain M. Pierre Dupuy, juge civil et
criminel qui reçut sa déposition. Les parties n'élaient pas d'accord
sur les faits. Raymond prétendah que c'était Mad'" de Verdilhac
qui lui avait tiré deux coups de pistolet et qu'elle était déguisée,
tandis qu'elle soutenait le contraire. Le lendemain elle fut trans-
férée par la maréchaussée dans la prison de Limoges.
La première affaire, c'est-ù-dire l'attaque du sieur Raymond
contre le père de M"! de Verdilhac, fut réglée par jugement du
7 septembre i767. — Liste des membres du Parlement de Bordeaux.
— (N. C. B.).
y octobre 1879. — Notice sur la famille Mallebay de La Mothe, insérée
par M. Tabbé Arbellot, dans la semaine religieuse du diocèse. —
(N. C. B.).
Notes sans signature sur la famille Faucon de Thouron, près Nantiat.
Bussière-Poilevine, Darnac, Sainl-Barbant et Châtain étaient du dio-^
cèse de Limoges. — (N. C. B.).
La Basse-Marche limousine faisait partie de Télection de Limoges,
mais la Poitevine faisait partie de l'élection de Gonfolens. Bellac, Le
Dorât, Magnac-Laval et Château-Ponsat étaient le siècle d'une sub-
délégation de l'élection de Limoges. — (N. C. B.).
Notes de M. Oodet Boisse sur les enclaves poitevines.
Extrait du tome XX VU, 2^ liv., du Bulletin de la Société archéolo-
gique, relatif à la ville de Bellac. — (N. C. B.).
Nombreuses notes sur la baronnie de Saint-Germain-sur- Vienne,
Brilhac et Saint-Quentin en Basse-Marche. — (N. C. B.).
T. LV 31
1
486 SOCIETE ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LtMOCSlS
39 mars 1754 condamnant Jean-Bapliste Raymond au bannisse-
ment à perpétuité des généralités de Limoges et de Poitiers, à
trois livres d'amende et trois mille livres de réparations civiles et
aux dépens liquidés à mille treize livres, dix-neuf sols, envers le
père de la suppliante. La seconde fut terminée quatre jours après
par un jugement par défaut du 2 avril 1754, condamnant Marie de
Verdilhac au bannissement des généralités de Limoges et de Poi-
tiers pour neuf ans, à trois livres d'amende, deux cents livres de
dommages intérêts envers le sieur Raymond et aux dépens, déchue
de sa demande faute de preuves juridiques, et relâchée après
quatre mois de prison et obligée de se retirer en Périgord, à plus
de vingt lieues de son domicile. Les choses en étaient là quand
parut le 17 mai 1757 un rappel de ban sur parchemin, signé par le
roi, levant le bannissement, et amnistiant complètement Mademoi-
selle de Verdilhac. — (Orig.).
1754. — Avis de Tinlendant de la généralité de Limoges, Jac-
ques-Louis de Chaumont de la MiUière, fixant à.12,837 livres le
montant des tailles à percevoir dans la paroisse de Saint-Junien
pour 1754. — (Orig.).
S3 juin 1755. — Réunion des chanoines dans la salle capitulaire
pour affermer le droit de dîmes d& au chapitre par le village de La
Bretagne, évalué à S39 setiers de seigle, mesure de Saint-Junien. —
(Orig.).
29 mars 1756. — Requête du sieur Viclurnien Merlin sieur de
Lisle, bourgeois, contre M' Joubert de La Bastide, marquis de Châ-
teau Morand, à propos de lods et rentes situés en la paroisse de
Saint-Brice. — (Orig.).
10 novembre 1761. — Information faite par François Beynaud,
docteur en médecine, bachelier en droit, juge civil et criminel de
la baronnie de Saint-Junien, à la requête de Pierre Reynaud,
laboureur-marchand, contre Antoine Reynaud, métayer du sieur
La paroisse de Cieux était partie en Poitou et partie en Limousin. —
(Original).
Suivant Tabbé Texier, dans son article sur les monastères et abbayes
du diocèse, les prieurés avaient commencé par être des maisons monas-
tiques et plus tard étaient devenues des cures. Saint-Martin de Jussac
était un prieure dépendant de la congrégation de Sainte-Geneviève.
A la porte extérieure de la maison curiale, on remarque un écusson où
figurent trois hures de sanglier et un cœur traversé d'une iîèche. Quelle
en est la signification ?
Bosgourdon en Poitou était une juridiction de Saint-Victurnien avec
manoir et domaine, relevant des ducs de Mortemart, marquis de Saint-
Yicturnicn. — ^N. C. B.).
lléPERTOlRE DU ?ONDS CODEt DE BOISSE 487
Surin au village de Fayolas, et Etienne Gouteron, bordier, au vil-
lage du Dognon, défendeurs. — (Orig.).
42 juillet 1762. — Comparution de Léonard Godet, ancien gref-
lier et procureur de la juridiction, comme plaignant, contre Ca-
therine Bonhomme, veuve Bonhomme, à raison de rétablissement
d'une forge près d'un mur contigu. — (Orig.).
26 septembre 4762. — Lettre d'affaire adressée de Bordeaux à
M. Godet, procureur, rue Saint-Pierre à Saint-Junien, par Fostin-
Baslier. — (Orig.).
5 mars 1763. — Longue pièce de procédure où figure comme
partie Messire Jean Barbarin, licencié es lois. — (Orig.j.
13 août 1766. — Déclaration du rot qui accorde des encourage-
ments à ceux qui défricheront des landes. — (Orig.).
13 février 1768. — Déclaration du roi touchant les deniers des
communes. — (Imprimé).
7 janvier 1770. — Contrat de mariage de Pierre Teiliet, fils de
Léonard et de feu Catherine Saleix, demeurant à Fiorensac, pa-
roisse de Saint- Viclurnien en Poitou, d'une part; et Jeanne Bouby,
fille de Joseph et de Marie Chabaud, demeurant au village des
Vignes à Dieu, paroisse de Saint-Victurnien, en Poitou. — (Orig.).
7 juillet 1771. — Acte notarié reçu par Rouhel, notaire, où
figure Barthélémy Vignon, notaire en la juridiction de Saint-Ju-
nien. — (Orig.).
23 février 1772. — Règlement de compte sur parchemin, entre
Barthélémy Vignon, bourgeois, et Denis Debenne, journalier,
demeurant au village du Maine du BosI, paroisse de Sainl-Pierrc. —
(Orig.).
1774, 1775, 4776, 4777, 4778, 4779, 4780. — Reçus sur la môme
feuille délivrés par le curé de Sainl-Viclurnien pour rélribution de
<^
Peyrilhac, Pedriliacum, )^lait à l'époque gallo-romaine et mérovin-
gienne une vicairie ou viguerie.
Craniaud-le-Vieil, parcjisse de Chaillac, était de la province du Poitou,
faisait partie de la vicomte de Rochechouart et dépendait de la juridic-
tion de la haronnie, plus tard comté de Saint-Auvent.
La paroisse de Chaillac était pour la plus grande partie en Limousin
et pour quelques villages situés à Test, elle dépendait du Poitou.
La partie limousine composait le fief de Saillac (jui emportait droit de
juridiction, dcAit les assises se tenaient au bourg de Chaillac, compris
dans la dite juridiction. Cette justice relevait de la suzeraineté de
révoque, baron de Saint-Junien, et suivait le droit écrit.
La partie poitevine de Chaillac relevait de la suzeraineté du comte
de Poitiers, comme membre de la vicomte de Rochechouart, — (N
C. B.).
488 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGiQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIS
services fondés à perpéluilé par défunle demoiselle Elisabelh de
Saint-Fraud,.raère de M. Merlin de Lislc. — (Orig.).
11 août 4781. — Cerlificatsur parchemin constatant que la com-
mission de marguillier pour faire la quête pour les captifs dans la
paroisse de Saint-Fiacre de La Bretagne, diocèse de Limoges,
accordée par M. Navièrcsdu Rieupeyroux, procureur de Tordre de
la rédemption des captifs, le 3 du présent mois, en faveur de Matliicu
Surin, bourgeois de Saint-Junien, a été enregistrée au greffe de la
cour à Bordeaux, les dits an et jour. — (Orig.).
10 juin 1783. — Arrêt du conseil d'état au sujet des terres
acquises et réunies à un franc fief (Question de droit féodal). —
(Orig.).
décembre 1783. — Arrêté pris par Marie de Pérusse des Cars,
lieutenant général du roi en Limousin, tendant à rétablissement
d'une patrouille et corps de garde pour maintenir la sécurité et
Tordre dans les rues de Saint-Junien. Joseph Godet de Boisse fut
nommé capitaine du canton de la voie du pont, Mathieu Surin, ca-
pitaine du canton du cimetière, Montjon du Bourdieu, capitaine
du canton du Pont-levis, Jacques-Amand Beynaud, capitaine du
canton de Salers. Cette mesure avait été provoquée par de nom-
breux désordres dans les rues. — (Orig.).
11 juin 1784. — Supplique à Tintendanl de Poitiers par demoi-
selles Françoise, Anne et Jeanne de Fornel, à (în de réduction
d'impôt. -— (Orig.).
29 octobre 1785. — Pièce de procédure à la requête de Léonard
Durataud, écuyer, seigneur de Vaux, garde de la marche du roi,
capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, demeurant à la
papeterie d'Oradour-sur-Glane, contre les habitants de Tenclave du
Limousin de la paroisse d'Oradour-sur-Glane. — (Orig.).
14 février 1790. — Assemblée des notables pour Téleclion de
nouveaux olïiciers municipaux. — (Orig.).
1791. ~ DossJLM- (le procédure concernant M. Merlin Chabanl,
homme de lois et a<lminislraleur du déparlement de la Haute-
Vienne, à Mortemart. — (Orig.).
Laurièro <^Hait baronnie ainsi que Nieul. Monlbrun et Lavauguyon
étaient en Poitou, sénéchaussée de Montmorillon. — (N. C. B.).
Su|)pli(|i;e adressée au juge de Saint-Junien par Jeanne Pagnoux,
femme de Pierre (^odet. — (N. C. B.).
()radour-sur-(ilane faisait partie de la subdélégation de (^onfolens et
de la généralité de Poitiers, sauf les enclaves de Dieulidon, du Mas du
Puy et de Laplau(l,((ui étaient comprises dans Télection de Limoges. —
;n.* c. h.).
nÉPEItTOinE DU FONDS CODET DE BOISSE 489
1792. — Lisle des jurés : Rayet, Pouliot et Périgoni, adminislra-
teur du district, Simon Beaujcu, Godet de Boisse, Chabaudie du
Peyrat, Simon Durivaud, Fleurât Lapoumêrouiic, maire à Cognac,
Descubes Chalenel, à Saint-Laurent, Descubes de Lascaux, à Sainl-
Cyr, de Brie aine, à Soumagnas, Puyboyer, maire à Gorre, Gros-
Tramer, à Saint-Mathieu, Fleurât Lavayssière, à Dournazac. —
(Orig.).
19 messidor an XI (9 juillet 1802). — Préfet Texier-Olivier. Etat
des cent plus imposés de la commune de Saint-Junien. Y figurent :
Alluaud (Joseph) et Georges Barbarin, Beynaud (Jacques), avocaf,
Beynaud (Cibar), Beynaud (Lavergne), Chauvignier (Léonard),
Godet Boisse(Jean-Bapliste-Pierre),Godet(Léonard;, Godet (Pierre),
Grandsaigne (Jean), Labracherie (Michel), Maublanc (François;,
Maublanc (Jean-Baptiste), Montjon (Jean-Louis), Montjon (An-
toine), Périssat (Armand-Simon), Petit (Léonard) (ils, Petit (Fran-
çois), Petit (Gabriel), Pouillol (Jean), Pouillot (Jean), fils aîné,
Pouillot (Jean), ex-commissionnaire, Simon (Jean-Baptiste-Beaujcu),
Simon (Marlial), Simon Rieubarby (Jean-Baptiste), Simon (Martial),
Surin (Hugon-François), Surin (Auguste), Tamoineau (Jean-Baptiste),
Vidaud (Junien), Vidaud (Marc-Antoine), Vignaud (Jean). — (Orip.).
7 vcnlôse an VIII (26 février 1800). — Plusieurs extraits df-s
registres paroissiaux de Saint- Victurnien, notamment la publication
du mariage de Léonard Godet aîné d'une part, et de Marie-Anne
Faure, demeurant canton de la voie (\\\ Ponl. — (Orig.).
Louise-Elisabeth de Galignon de Vicq et Louise-Antoinette de
Galignon de Vicq, épouse Joseph Ghérade de Monlbron, étaient
créancières hypothécaires de Victorine Boucher, veuve du vicomte
de Rochcchouart,qui élait créancière de son mari pour des reprises
s*élevant à plus d'un million. — (Extrait d'un acte reçu Beaudequin
à Rochechouart).
Dossier renfermant de nombreuses noies sur la baronnie du
Riz Ghauveron et sur la famille d'Esluerl. — (Orig.).
Dossier concernant la baronnie de Magnac-Laval, la juridiction
de Monlrochcr ou Masrochcr, les familles de Brettes et dEsluerl
et de Brettes du Gros. — (Orig.).
Le village de Légignac était en Poitou, paroisse de Chaillac. —
(N. C. B.).
Sentence rendue par le Parlement de Bordeaux, où figurent Jacques
Thamoyneau, Laurent Simon, notaire, Léonard et Simon Pouliot. —
(N. C. b.).
Le village du Buis, paroisse de Saint-Martin de Jussac, était en Li-
mousin, juridiction de Château-Morand. — (N. C. B.).
490 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Liasse comprenant soixante actes notariés où nous notons
comme notaires, Àllegraud, Simon, Faure, presque tous du dix-
septième siècle. — (Orig.).
Dossier de procédure entre Hartial-Junien-Merlin Chabant, no-
taire public, et Jean Rivaud, de Saint- Viclurnien. — (Orig.).
Autre dossier de diverses pièces concernant le village de Gros,
paroisse d'Oradour-sur-Glane. — (Orig.).
Carton n"" 10
1579. -—Supplique par Guillaume Roux, marchand, fermier de
l'abbaye de Rournet. — (Orig.).
10 juillet 1627.— Quittance des pères Cordeliers de Rochechouart
faisant llnal payement de la somme de 980 livres, due par Messire
René de Rochechouart, chevalier, seigneur, baron de Saint-Auvent,
Monlmoreau et autres lieux. — (Orig.).
24 août 1629. — Rail à ferme par Jean Soury, en faveur du prieur
de Saint-Sauveur de Rochechouart, passé par devant Laurent
Demarcilhat, procureur fiscal de la baronnie de Saint-Auvent. —
(Orig.).
1662. — Dossier d*une procédure au sujet de la prise de posses-
sion de Tabbaye de Rournet par M. de Monlmoreau, comprenant
la quittance des décimes de l'abbaye, les pièces adressées au grand
conseil..., etc.
Dcciaralion du temporel du prieuré de Saint-Sauveur de Roche-
chouart. - (Orig.).
1262. — Noies sur la viguerie ou basse police. Le droit de juger était
attribué aux hayles du chapitre, institués en 1662 et investis par le
chapitre du droit de juger en basse, moyenne et haute justice à l'occasion
des cens et rentes qu'ils étaient charo^és de percevoir.
Ces baylcs étaient des chanoines pris dans le sein du chapitre.
Notes sur la viguerie.
Autres notes disant que la baronnie de Saint-Junien comprenait une
chàtellenie ayant droit de justice moyenne et basse, et deux seigneuries
ayant justice plus ou moins étendue : 1° Chàteau-Morand ; 2*» la sei-
gneurie du chapitre.
Nombreuses noies sur la prévôté et la visite du roi Louis XI. —
(N.C. B.).
1289. — Notes sur la viguerie, selon le compromis de 1289.
Cahier rose renfermant des détails sur l'église de Notre-Dame-du-
Pont de Saint-Junien et sur l'église collégiale, tirés de l'abbé Texier.
La communauté du Verbe-Incarné fut établie à Saint-Junien par ordon-
uance royale du 21 octobre 1835, — (N. C. B.).
RÉPERTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSB 491
21 janvier 1663. — Renie conslituéc par le sieur Machaumont
aux pères du Chalenet, de Rochechouarl. — (Orig.).
1665. — Diverses pièces de procédure concernant Jacques de
Rochechouarl, chevalier, seigneur, baron de Monlmoreau, abbé
commendalaire de l'abbaye de Noire-Dame d'Aubournie (?) et prieur
de Saint-Sauveur de Rochechouarl. — (Orig.).
21 juillet 1682. — Procuration en blanc donnée à Paris par
Jacques de Rochechouarl, clerc tonsuré du diocèse de Limoges,
nommé par le roi à Tabbaye de Hanlieu, ordre de Saint-Benoit,
diocèse de Clermont, demeurant à Paris, rue Sainle-Ânne, paroisse
de Saint-Roch, à l'effet de recevoir les lettres de provision, bulles
et entérinements et opérer toutes formalités nécessaires en cour de
Rome. — (Orig.).
16 janvier 1690. — Appoinlement sur parchemin entre Jean
Emery et Junien Alliaud, au sujet d*une procédure dépendant du
parlement de Bordeaux. — (Orig.).
Noie de M. Godet Boisse sur la mense capitulaire de l'église de Saint-
Junien avec mentions suivantes.
1458. — Ordonnance de Tévêque de Limoges, Barton de Montbas,
prescrivant de rebâtir les églises de Chaillac et de Sainl-Cyr-sur-Gorre,
1480. — Ordonnaece épiscopale enjoignant de rebâtir l'église de
Sainte-Marie de Vaux.
1509. — Construction dans la paroisse de Saint-Victumien de la cha-
pelle de N.-D.-du-Queyroix, laquelle fut interdite en 1741. ■ — (N. G. B.).
Dossier enfermant de nombreuses notes manuscrites sur les séné-
chaussées de Limoges et de Bellac, prises dans divers recueils et énu-
mération des seigneuries du Limousin. Frédaigne, village de la com-
mune de Nantial, était en 1495 le siège d'une châtellenie. Le roi
Gharles VIII en fît don à Jean Ghauvet, seigneur du lieu. Elle appar-
tient aujourd'hui à la famille Martin. En 1695, Jean-François Martin de
La Bastide, trésorier de France au bureau de Limoges, épouse Gharlotte
Ghauvet, dame deNanliat et de Frédaigues.
La sénéchaussée de Limoges s'étendait sur quelques paroisses qui
font aujourd'hui partie de la Dordogne, telles que Genis, Saint-Trie ou
Trojan, Dalon, Loms, Saini-Jory. Le bourg de Lesterps dans la Cha-
rente et une partie de la commune dépendaient de la sénéchaussée du
Haut-Limousin.
Enumération des localités de la Basse-Marche dépendant de la séné-
chaussée du Dorât.
Sainl-Yrieix-sous-Aixe et Verneuil étaient partie en Poitou, partie en
Limousin. -— (N. G. B.).
16 octobre 1509. — Extrait du procès-verbal de réformation de la
coutume du Poitou. — (N. G. B.).
En 1643, après la victoire de Rocroi, de nombreux prisonniers espa-
gnols furent internés à Saint-Junien et entretenus par la paroisse, —
(N. G. B.).
492 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
4 novembre 4702. -Abandon par Geoffroi de La Roche, com-
mandant des gardiens du parc de Versailles, comme hérilier en
partie de feu Guillaume de La Roche, vivant abbé commendataire
de N.-D. de Bournel, son père, qu'au nom de père et tuteur de
Pierre Delaroche, légataire universel du dit sieur abbé de La Roche,
son oncle, en faveur de Jacques Poisson, abbé de la dile abbaye,
de tout ce qui peut être dû par M" Jean de Rochechouart, marquis
de Monmorin, des réparations de Tabbàye de Bournet, et autres
choses dont il peut être tenu comme héritier de Jean de Roche-
chouart, chevalier, comte de Saint-Auvent, son père ou frère (?),
vivant aussi abbé de Bournel, et prédécesseur de M. Guillaume de
La Roche, elc. — (Orig.).
Autre cahier décousu de M. Godet de Boisse portant des notes sur
Feuillade, la famille de Saint-Laurent, le petit quartier Saint-Pierre de
Saint-Junien, qui était en Poitou depuis le partage de 1602 et de la
juridiction de Saint-Auvent, ainsi que la plus grande partie de Saint-
Martin. Le moulin d'au-delà du pont de Notre-Dame, compris dans le
lot de Jean de Rochechouart, baron des Bâtiments, et fils du second lit
de Louis II, vicomte de Rochechouart. 1672, Louis de Rochechouart,
comte des Bâtiments, seigneur de Saint-Cyr, Chaillac et autres places,
fait compte pour sa quote-part avec le meunier du moulin susdit, sans
préjudice à la quote-part revenant à M™* Marie de Rochechouart, tante
du dit Louis de Rochechouart, et à celle revenant à M. Jean Dupin.
En 1670, Saint-Auvent est qualifié comté. Notes sur Chaillac, Saint-
Victurnien, Gorre, Saint-Laurent-sur-Gorre, Saint-Cyr, Puydaud.
En 1430, hommage au chapitre de Saint-Junien par le seigneur de
La Laurcncie. 1G21, Léonard Dcscuhes, licencié es lois, achète de
François de Saint-Fief, son beau-père, le fief de La Laurencie. Léonard
Descubes, seigneur de La Laurencie, et Anne de Chauveron eurent de
leur mariage : 1° une fille Anne qui, en 1671, épousa à Pluviers Pierre
Fornel, écuyer, seigneur de La Faucherie; 2° un fils Jean qui, en 1678,
épousa aux Bâtiments, paroisse de Biénac, Jeanne de Vautière, fille de
Jean, écuyer du bourg des Cars, et d'Anne de Bolinaud. — (Nobiliaire
limousin).
Notes sur la tour de Bar, paroisse de Saint-Martin de Jussac, cl le
château de Montbrun. — (N. G. B.).
169*). — Nombreuses notes sans signature sur la famille de noble
Etienne de Maugnac, seigneur de Mazerolles et de Boisse, sur celles
des Chauveron et des de Rocquart. Catherine de Rocquart, femme de
Joachim de (Chauveron, était fille de François de Rocquart, seigneur de
Saint-Laurent c\e Céris et de Marie Laurent. Après la mort de
Joachim de Chauveron, elle convola en secondes noces avec François
de Rouzier, seigneur de Roth, par contrat passé à Saulgon le 7 septem-
bre 169:'). Le mariage fut célébré à Etagnac le 22 septembre 1695
(Arbellot, Biographie de Uouziers, p. 82). — (N. G. B.).
RÉPEUTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSE 493
6 septembre 1740. — Commission sur parchemin signée de
Louis XIV, nommant grefïier des consuls de Limoges, Jean Boisse.
-(Orig.).
17 janvier 17i8. — Papier de procédure entre Jean Goudy,
laboureur, et Martial et Antoine Monjon, frères, défendeurs, pour
règlement de compte. — (Orig).
En 1698, l'industrie de la ganterie était importante à Saint-Junien. —
(N. C. B.).
1708. — Le rôle des tailles de 1708 s'élevait h 17.702 livres 15 sols,
dont 11.603 livres 5 sols 6 deniers de principal et le surplus provenant
de Tustensile, des droits de visite des ports et des offices de consul.
Il y avait un rôle particulier pour la partie de la paroisse qui se trouve
de l'autre côté de la Vienne, laquelle était enclavée dans Télection de
Confolens. Il y avait aussi un rôle particulier pour la petite paroisse de
La Bretagne, et de plus, le village du Monteil et une partie du Mas,
enclavés aussi dans l'élection de Confolens (1), étaient compris dans
le rôle de Brigueil l'aîné. — (N. C. B.').
(1) L'élection de Confolens fut créée en 1714 aux dépens des élections
de Niort, d'Angoulême et de Poitiers. Voir l'édit, tome XXXVIII, p. 421,
du Bulletin, 1891.
10 août noV. — Pièce de procédure portant signification et assigna-
tion aux habitants du village de Verteuil, paroisse de Javerdat, pour
reconnaître devant le sénéchal de Limoges et accomplir leurs devoirs
envers révôcfue de Limoges en vertu d'un titre en latin dont il est fait
signification.
Autres notes sur le village de La Bretagne. — (N. C. B.).
1764. — Cahier en papier fort, petit format, portant sur les bords une
lisière dorée. — Notes importantes sur l'église de Saint-Junien ; extraits
d'AUou sur l'échevinage et les consuls. Autres notes sur un procès
intervenu entre un Chabodie, avocat, fils de Jean et de Catherine Sin-
garaud d'un côté et M. Périgord, au sujet d'un arbre planté sur le ter-
rain de Chabodie. Note de 178i- portant plainte au roi contre l'intendant
d'Ablois au sujet de l'administration de la paroisse. — (N. C. B.).
Avant 1789. — Dossier intitulé : Recherches sur l'étendue de la puis-
sance féodale de l'évêque de Limoges avant 1789. — (N. C. B.).
vr siècle. — Cahier jaune renfermant de nombreuses notes sur l'his-
toire de France au vi« siècle et suivants. — (N. C. B.).
Notes sur les familles de La Rivière Puytalier, Barton de Montbas, de
Beaupoil de Saint-Aulaire, de Duratos, de Montalembert, de Tryon,
Joubert de La Bastide, Maugnac de Boisse, sur la seigneurie de Chà-
teau-Morand, qualifiée baronnie et appartenant aux Joubert de La Bas-
tide, et enfin sur les Maugnac, seigneur du Ghatelard. — (N. C. B.)
Nombreux extraits de journaux contenant des notices historiques sur
les abbayes du pays. Mention du tableau chronologique des abbés de
Saint-Martial et notes diverses sur les abbés. — (N. C. B.),
494 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSTTV
1719 environ. — Plusieurs pièces de procédure entre frère Phi-
lippe David, religieux de Tabbaye de L'beler, prieur-curé de Plai-
sance d'une part, et Jean Lasrue, adjudicataire des moulins royaux
de Mon(n)orillon, et les religieux Àugustins de Montmorillon inli-
més d'autre part, au sujet de la ferme de plusieurs moulins de
Montmorillon. — (Orig.).
Cahier manuscrit de nombreuses notes historiques et généalogiques
sur Confolens, Chabanais et Tarrondissement, La Rochefoucaud, Ru(Tec,
Pons, La Valette*Villebois, La Roche-Beaucourt, les maisons de Galard
de Béarn, de Montchenu, Simon de Rochechouart, Laure de Chabanais,
de Montluc et en général les personnages illustres de l'Angoumois. —
(N. C. B.).
Cahier vert renfermant de nombreuses notes sur le haut moyen âge.
— (N. C. B.).
Autre cahier manuscrit sur les hommes remarquables du Limousin.
On y trouve les noms suivants : Aigue-Perse, Arfeuille Aubert, Aubus-
son, Auzannet, Bagnac, Baluze, de Barry de Barthe, Bruneau des Loges,
Chamborant de Lestrange, Foucaud, Nadaud, Tauteur du Nobiliaire,
Audoin ; collection de noms tudesques. — (N. C. B.).
Liste dés monastères et abbayes du haut et du bas Limousin. —
(N. C. B.).
Choix de textes et documents historiques contenus dans les Bulletins
de la Société archéologique du Limousin. — (N. C. B.).
Cahier vert contenant de nombreuses notes sur les premiers rois de
France, et des feuilles volantes sur Thistoire de Saint-Junien, Como-
doliac. — (N. C. B.).
Autre cahier vert foncé renfermant des notes sur la baronnic de
Peyrat-le-Chàteau, les maisons de Pierre-Buffière et de Montbrun. —
(N. C. B.).
Comme baron de Sainl-Junien, Tévêque avait sur tous les habitants,
sans exception, de la ville de Saint-Junien et de ses dépendances :
1° Droit de haute justice et de connaissance de toutes causes par voie
d'appel ;
Droit de régler les poids et mesures et de juger les contraventions y
relatives ;
Droit exclusif de connaître des délits d'injures et voies de fait commis
dans les foires et marchés ;
2° Les habitants de la ville de Saint-Junien et dépendances étaient
ou censitaires et justiciables de Tévêque et de sa chàtellenie et baron-
nie, ou censitaires et justiciables de l'église collégiale de Saint-Junien,
chàtellenie et justice du chapitre sous la mouvance de Tévêque baron ;
3^ L'évèque avait sur ses censitaires droit plein et entier de justice,
savoir : basse, moyenne et haute, mais le chapitre n'avait sur les siens
qu un droit de justice basse et moyenne, la haute justice sur eux appar-
tenant à révoque baron ;
DÉPERTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSE 495
10 septembre i738. — Par contrat reçu Lagasne, notaire à
Cognac, Jean Dupin et sa femme actiètent du sieur Annet Gouzon,
sieur de Bellefonds, et Madeleine Quinque, sa seconde femme,
agissant solidairement, demeurant à Cognac, la métairie de La
Gazonnie et ses dépendances, par exemple Télang de Vendiogre,
paroisse de Saulgon, la dile métairie appartenant aux enfants
mineurs du premier lit d'Annet Gouzon et de feu Jeanne Dupin,
sa première femme. — (Orig.).
4® L'exercice de la justice dans tous ses degrés pouvait avoir un pré-
vôt ou juge châtelain et un sénéchal et le chapitre ne pouvait avoir
qu'un juge ;
5*' Dans les causes des habitants de Saint-Junien portées sur appel
devant Tévêque, Tinstruction et le jugement devaient avoir lieu à Saint-
Junicn même, soit par Tévêque en personne, soit par un juge commis
par lui et non suspect, mais tout autre que son prévôt ou juge ordinaire.
— (N. C. B.).
Note sans signature du personnel ecclésiastique de la paroisse du
Moutier, Saint-Pierre en Saint-Junien et La Bretagne. — (N. C. B.).
Note sur Jean-Charles de Villebois, prévôt de Saint-Junien. —
(N. C. B.).
Liasse de feuilles volantes sans signatures, relatives aux évêques de
Limoges, à Tabbé de Saint-Martial, au chapitre de la cathédrale et à
l'abbé de Saint- Augustin. — (N. C. B.).
Textes et documents concernant le blason de plusieurs familles et
notes diverses. — (N. C. B,).
Autre dossier intitulé : Les prévôtés dépendant de l'abbaye de Saint-
Martial de Limoges. — (N. C. B.).
Cahier portant pour titre : Etude sur les prévôtés ecclésiastiques
ayant droit de juridiction, et prévôtés dépendant de l'abbaye de Saint-
Martial et de celle de Saint-Augustin. — (N. C. B.).
Liasse de la même main sur les comtes de Saint-Auvent. — (N. C. B.).
Diverses notes sur le canton de Juîllac et le chapitre de Limoges. —
(N. C. B.).
Cahier de forme allongée contenant des notes historiques sur Chan-
trezac, Montagrier en Basse-Marche, le pariage de la cité de Limoges,
Chalusset, Compreignac, Bridiers, Brette, Bret près Coussac, Nieul et
Montrocher, Laumonnerie, paroisse d'Aixe, Saint-Mathieu, Chassenon,
Saint-Victurnien, Loubert,Nontron, Laurière, Gorre, Saint-Jean-Ligoure,
Chàteau-Chervix, Neuvic, Le Moulin-Paute, Blond, Rochefort, Les
Etangs, Brillac en Basse-Marche, Le Lindois en Angoumois^ Vaulry,
Bagnac, Montmoreau, Cieux, Marthon, Montbron, Millaguet, Saint-
Vict, Puymaud, Puydenus, Veyrinas, Bessou, Le Défend, Nantiat, Le
Chambon, Grenne, paroisse de Biennat, Traslàge, La Nadalie, Masmar-
vent, paroisse de Saint- Yrieix-sous-Aixe, Pennevayres, Suris, Fres-
sinet, Fayat, Tourdonnet, Bonnat (seigneurs de Sombreuil), Les Bâti-
ments, Champsac, Champagnac. — (N. C. B.),
496 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1749. — Extrait des mémoires historiques pour les annales de
la province de la Marche, manuscrit de 1749, comprenant le détail
des paroisses composant la sénéchaussée de la Basse-Marche, qui
comprenait les quatre chefs-lieux du Dorai, Charroux, Calais
aujourd'hui Tlsle-Jourdain et Saint-Germain-sur-Vienne. — (Copie
manuscrite par M. Godet de Boisse.)
Volumineux dossier portant en léle, sur une feuille de journal,
le litre : couvents et abbayes comprenant une réclamation au lieu-
tenant général de là sénéchaussée de Limoges par le syndic de
l'abbaye de Saint-Martin, sur un droit de présence des religieux
à certains offices dans l'église de Saint-Etienne. — (Orig.).
Etal du revenu de l'abbaye de Saint-Symphorien-les-Brameaux.
- (Orig.).
Manuscrit san.> signature contenant la réception d'un franc-
maçoftà la loge de l'Amitié de Périgueux. — (Orig.).
Carton n** 11
Liasse 2. — Nombreuses pièces originales en partie notariées
concernant les francs fiefs de Saint-Junien. — (Orig.).
Liasse 3. — Noies d'écriture moderne sans signatures, concer-
nant Oradour-sur-Glane, l'abbaye de Solignac, Coussac-Bonneval,
Bussière-Boffy, Soumagnas, Sainl-Junien, Monirollet, Sainl-Viclur-
nien, Cognac, Videix, Ghabrac, les Brosses, paroisse d'Elagnac.
Peyrat-le-Château était en Poitou. La juridiction de Saint-Auvent
s'exerçait sur le quartier Saint-Pierre de Saint-Junien, au delà du
pont. — (Orig. et notes).
Volumineux cahier de notes sur les familles de Julien, Chantois, les
seigneuries de Chàlus, Chaillac, Pensol, notes du Nobiliaire, justice
de Chàleau-Morand, les seigneurs de Saint-Brice, Saint-Germain-sur-
Vicnne, de Carbonnières, La Fauvette, Mortemart. Le village des Bros-
ses appartenait partie à la juridiction de Saint-Junien, partie à celle de
Chabanais. Autres notes sur Guillaume de Bretagne, Guy de Chauvigny,
Prinsaud, etc. — (N. G. B.).
Notice historique sur Tabbaye de Solignac, la cour des appeaux de
Périgord, la cour des appeaux de Ségur.
Cahier de notes sur les présidiaux, les tribunaux et cours d'appeaux.
Autre cahier renfermant des notes sur le château de Veyrac, la séna-
torerie de Limoges, les vicomtes de Limoges et la guerre entre Pierre-
BufOère et Chalusset, Masléon et Ambazac. — (N. G. B.).
Autres cahiers de notes sur l'ancien Limousin et le comté de Limo-
ges, la famille Ilugon de Marcillac, la cour d'appeaux de Ségur, le pré-
sidial de Limoges et le tribunal révolutionnaire, — (N. G. B.).
R^.PEnTOlnE DC FONDS COOET DE BOISSE 497
Liasse 4. — Epoque de la Reslauralion. — Documenls munici-
paux sur les élections de Sainl-Junien, les finances et les réquisi-
tions à la suite de Toccupation étrangère. (Orig.).
Liasse 5. — 16 septembre 1773. —Contrat d'acquisition authen-
li(|uc sur parchemin passé au village de Chansac en Limousin,
paroisse de Sainte-Marie-de-Vaux, entre Annet Boussaud cl Vie-
turnicn Merlin, sieur de Lisle, bourgeois de Sainl-Victurnien. —
(Orig.).
Liasse 6. — Décret de TAssemblée nationale du 21 juin 1791
prescrivant Texécution de toutes ses décisions sans qu*il soit besoin
de l'acceptation du roi.
Cinq pièces originales relatives à l'exercice des fonctions de
capitaine, de commandant et de colonel de la milice bourgeoise.
172i. — Pièce de procédure au sujet de biens saisis par Jacques
Duqucyroix au préjudice de Marguerite Chavaud.
5 novembre 1790. — lx)i sur l'abolition des droits de traites dans
rintérieur du royaume. — (Orig.).
Liasse intitulée : Vicomte de Hochechouart comprenant cinq chemi-
ses portant les titres suivants :
Chéronnac, Oradour-sur-Vayres, Saint-Mathieu et son canton, Dour-
nazac et Montbrun, Maisonnais, Marval, La Chapelle-Montbrandeix,
Pensol et Millaguet, Montrollet, Saint-Laurent-sur-Gorrc.
Dournazac était partie en Poitou et partie en Limousin.
En 1594, les paysans de la paroisse de Dournazac faisaient en grande
partie les bandes de croquants qui ravageaient le pays et furent détrui-
tes par le vicomte de Chamberet. — (N. G. B.).
4 novembre 1662. — Contrat de mariage de Jean Demassaloux, sieur
de Savergnac et de Marie Dusolier. — (N. C. B.).
Notes de M. Godet Boisse. — Louis II, vicomte de Hochechouart,
mort en 1604, avait fait le partage de ses seigneuries entre ses nom-
breux enfants issus do deux lits. Ge partage avait dû se faire ainsi :
Jean, fils de la première femme, Louise de Glérembault, eut pour lot
la vicomte de Rochechouart.
Les enfants de la seconde femme, Madeleine de Bouille, furent ainsi
lotis :
Un autre Jean eut en partage la seigneurie des Bâtiments, celle de
Saint-Gyr et celles de Ghaillac et Saillat ;
JoachJm et Anne embrassèrent l'état ecclésiastique ;
Isabelle reçut la seigneurie de Pensol qu'elle porta en mariage, le
3 février 1605, à Gabriel de Lambertie.
La liasse de Montrollet contient des notes sur les Dreux de Font-
férias et les de Salignac des Brosses.
La liasse de Saint-Laurent-sur-Gorre contient plusieurs actes notariés
conceî'nant la paroisse de Gorre. — (N. G. B.).
498 SOCIÉTÉ ARCnéOLOÛIQCÊ et HISTORIqOE t>l) LIMOUSIN
ri90. — Tableaux de la populalion active du départecnenient et
des noms des clecleurs. — (Orig.).
D^lail imprimé des journées des 26, 27, 28 et 29 juillet ig30.
Ciiansons patriotiques imprimées, pamphlets politiques — (Orig.)-
Liasse 7. — Sainl-Victurnien. — Bail du 16 avril 1733, concer-
nant les biens de Pierre Armât, mineur, situés au lieu de Chandiat,
requis par Pierre Mallet, sieur de I^a Vigerie, en qualité de tuteur.
- (Orig.).
2 nivôse an III. — Adjudication en forme à Saint- Victurnicn
des biens de Jean de Rocbechouart Mortemart, émigré, en faveur
de Pierre Barouiaud, du moulin de Boussignac. — (Orig.).
Liasse 8. — Cinq pièces de procédure non signées, constatant
des échanges entre Jean de Bretagne, comte de Penthièvre et le
duc des Cars, dans la paroisse de Garre. — (Orig.).
1732. — Trois pièces de procédure en forme touchant la prise
de possession d'une chapelle et d*un ban^ dans Téglise d'Etagnac
par Fitienne de Salignac, écuyer, seig^aeur du Yignaud et des
Liasse 9. - Notes de M. Godet de Boisée sur Brigueil, MonteroUet et
Saint-Christophe.
Anne Dreux, épouse d'Etienne de Salignac, jâcuyer, seigneur du
Yignaud, des Brosses et de Bourdicaud, demeurait au lieu noble de
Losille, paroisse de Mouterollet. Elle vivait séparée de son mari qui
demeurait en son logis des Brosses.
1578. — Etagnac avait appartenu à la famille de Bousiers; Javerdat
appartenait aux Dreux.
1717. — Lacotte, paroisse de Saint-Martin-de-Jussac, appartenait à
dame Marie-Anne des Moutiers, veuve de Jacques de Jullien, plus tard
épouse de Jean de Marsange, écuyer, seigneur de la Cour et de Vaulry.
La paroisse de Saint-Christophe était partie en Angoumois et partie
en Poitou.
Notes sur les Dreux :
En 1758, un Paul Pinot, sieur de Laulerie, avocat en parlement, était
juge de la juridiction de Brigueil.
12 avril 1758. — Pièce de procédure de la justice de Brigueil, signée
Barbariu, greffier.
Le bourg de Saint-Christophe et une partie de la paroisse étaient en
Angoumois et relevaient de la juridiction de Confolens, entr'autres Pers
et le Masrousseau. L'autre partie était en Poitou et dépendait de la
juridiction du duché pairie de Mortemart, entr'autres Exubras, Bras, la
Fourgeaudie. — (N. C. B.).
Notice sans signature sur la généalogie des de Salignac, du Vignaud
et des Brosses. En 1750, Pierre de Salignac vend à Etienne Barbarin
de Flayat les fiefs et terres des Brosses et de Bourdicaud. Plusieurs
pièces de procédure. — (N. C. B.).
népEnToiuE dd fonds codet de boisse 40d
Brosses, laquelle prise de possession élail conteslée par dame
Françoise Laurent, veuve de Jean de Plument, seigneur de Baillac.
- (Orig.).
Liasse 10. — Noies et pièces originales sur la famille de Brie de
Soumagnas. — (Orig.).
Filasse li. — Quelques pièces de procédure concernant les Léo-
nard, seigneurs de Sainl-Cyr et leurs tenanciers. —-(Orig.).
Liasse 12. — Pièces de procédure faites à la requête de Suzanne
Merlin, épouse de Joseph Rochon, sieur duChiron. — (Orig.).
Liasse 13. — Pièces de procédure concernant un Jean Hugon,
1668. - (Orig.).
11 avril 1520. — Acte sur parcliemin par lequel le garde du scel
aux contrats de la principauté de Chabanais, agissant au nom du
prince, son maître, authentique une vente faite par Pierre Foucaud
el sa femme à messire Guillaume Bozange, alias Tatevin, prêtre,
des terres sises en la paroisse de Saugon, pour le prix de trente-
trois livres. Acte passé à Chabanais. — (Orig.).
Carton n'' 12
Liasse 1. — 3 septembre 1617. — Testament sur parchemin fait
en la ville de Rochechouarl par François Southonny, laboureur, au
village de Chaumié, paroisse de Chaillac. — (Orig.).
Liasse 2. — Dossier intéressant de nombreuses causes portées
devant la justice de Saint-Junien. — (Orig.).
Liasse 3. — Diverses pièces de procédure et notes sur les Leclerc
de Montbazet el de la Jarodie. — (Orig.).
Liasse 4. — Diverses pièces. — Le village du Dognon, paroisse
de SainUMartIn, juridiction de Saint-Auvent, était en partie de la
mouvance de madame Tahbesse de la Règle. (Orig.).
Liasse 5. — Nombreux actes de procédure concernant les familles
Laborie, Pouliot et autres.
Notes sur la juridiction de Saint-Auvent. Le village du Maine>du-
Bost, paroisse de Saint-Junien, était en Poitou et faisait partie de
la juridiction de Saint-Auvent.
Compte concernant la commanderie du Puy-Bonnieux. Pièces
concernant la commanderie du Temple de Saint-Junien, les sei-
gneurs du Chatelard, les de Magnac, les Roulhac, le Puy-de-Bos
en Limousin. Le village de la Chauviç était en Poitou, Montargis,
en Limousin. — (Orig. el notes).
Liasse 6. — Pièces de procédure entre Jean Sire, seigneur du
Mazet, docteur médecin, demeuranl à Saint-Junien, paroisse de
500 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Noire-Dame du Mouliers, d'une pari, et Aymeric Surin d'aulre
pari. — (Orig.).
Rôle de la capilallon de 1731 s'élevant à 184 livres 15 sols. —
(Orig.).
Papiers d'aiïaires cnlre Guillaume de la Garde, d'une part, el
Martial el Pierre Durousseau d'autre part. — (Orig.).
Aulre pièce de procédure tendant à rintroduclion en appel d'une
procédure entre dame Françoise de Chauveron, épouse de Fran-
çois Rcgnauld, écuyer, seigneur de La Soudière, d'une part, et
Dom. Alexis Dalmas, prêtre syndic de l'abbaye de Grandmonl.
23 juillet 1692. — Autres pièces de même nature concernant
damoiselle Marguerite Chenaud, femme de Jean Lamy, procureur,
et Jacques Duqueyroix, juge de Saint-Junicn.
Plusieurs pièces de procédure. — (Orig.).
Liasse 7. — Diverses pièces et arpenlemenl du lènement de
Rieubarby. — (Orig.).
Liasse 8. — Papiers d'affaires divers, dont l'un du 16 septem-
bre 1758, relatif à la justice de La Bretagne. — (Orig.).
Liasse 9. — 1771. — Pièce de procédure incomplète. — (Orig.).
Liasse 10. — Nombreuses feuilles de procédure où l'on trouve
les noms de MM. Hugon de Glane, avocat, Maublanc l'aîné, Jean
Aillaud, François et Josepb Aillaud, (ils du premier, Poulhol.
prêtre semi-prébendier, Jacques Duqueyroix, Etienne Duqueyroix,
juge de Château-Morand. Un Godet est sergent. Lettre de politesse
datée de février 1738, adressée par M. Mathieu Surin à M"'' Surin
la cadette, à Saint-Junien. (Orig.).
Liasse 11. — 26 avril 1829. — Projet de délibération non signé
des membres de la fabrique de Saint-Junien. M. Surin remplissait
provisoirement les fonctions de président. Ont été élus : président
dédnilif, M. Surin Augustin, et conseiller, M. Defuas. Vote de
300 francs pour réparer le pavé de l'église.
Diverses noies sur les paroisses dePressignac, Saint-Brice, Nouic
MonteroUet, Cieux, Monlrol-Sénard. —(Orig.).
Liasse 12. — Juillet 1773. — Quatre pièces de procédure rela-
tives à une réclamation faite par les sieurs Le Boutel de Fou-
caudie (1) el Dumur, du village de Rouyer (2), à M. Junien Videau,
bourgeois et héritier sous bénétice d'inventaire, de feu MM. Simon
Gaultier de Dreux, François de Dreux le chevalier et Jean-Baplisle
de Dreux ses oncles, demeurant en la ville de Saint-Junien, rue
Salers, paroisse de N.-D. du Moutiers, au 'sujet d'une sentence
(1, '2) Villages de la paroisse de Saint- Auvent.
R^PËRTOinF. DU PONDS CODET DE BOISSE 50l
rendue par la justice de Saint-Auvent au profit de François de ta
Garde Thonisserie, comme seigneur foncier et direet du village,
mas et lènemenl de Fonférias..., etc.. — (Orig.).
Liasse 43. — 38 mai i765. — Lettre de H. Maisondieu à M. de
Flayat, datée des Brosses. Nomination d'experts pour un procès
entre H. de Carbonniëres et M. Merlin de Liste de Saint-Victurnien.
- (Orig.).
Liasse 14. — 22 janvier 1791. — Vente reçue à Saint-Junien par
J.-B. Rouhet, notaire à Saint-Junien, disant que le Mas Vicomtcau,
aux dépendances de Saint-Junien, était de la directe de M. de
Saint-Auvent. Pièces de procédure, contrai de ferme. — (Orig.).
16 septembre 1691. — Quittance délivrée aux sieurs Louis et
Jean Bernard, laboureurs au village de Glane, paroisse de Sainl-
Junien, d*une somme de six livres pour le droit de pèche pendant
un an appartenant au prince de Chabanais. — (Orig.).
Carton n<> 18
14 février 1723. — Intimation d'exploit an sujet de rentes fon-
cières concernant Tabbaye de la Règle, représentée par M""* Jeanne
de Verlhamon, supérieure, le Révérend père Plaidevaux, syndic de
Tabbaye de Saint-Augustin-lès-Limoges et Pierre de La Rapidie
sieur de Sainte-Marie de Vaux, y demeurant. — (Orig.).
Compte rendu d'un procès entre Martial Baslier, docteur en mé-
decine, et Léonard Pouliot, 1849. — (Orig.).
Extrait du Figaro du 29 août 1875. — Sur les litres de noblesse, les
seuls litres anciens élaienl ceux de duc et de comte. A partir de Charle-
magne, les frontières dénommées marches furent surveillées par des
chefs militaires nommés margraves, c'est-à-dire comtes des Marches.
De )à le titre de marquis qui ne fut régulièrement créé que par
Louis XII, vers 1509, en faveur d'un seigneur de Trans. Ce ne fut que
sous Louis-le- Débonnaire que le titre de Mark-Graff fet employé la pre-
mière fois. Sous Louis XIV, le titre de marquis fut vendu. — (N.C.B.).
Notes sur du Bellay, Guy de Lusignan, Sébrand Chabot, de Brémont
d'Ars, le royaume de Chypre, Sébastien Zamet, favori de Henri IV,
Françoise d'Amboise, les comtes de Chàteauroux et de Sancerre, les
comtes de Laval, la baronnie de Montmorency, les seigneuries d'En-
ghien et de Mauzé. — (N. C. B.).
Armoiries des Pierrc-Buffîère, Pompadour, Turenne, Venladour, La
Tour d'Auvergne, Chauvigny, Maulmont, La Hochefoucaud, Lévis Mire-
poix, Hogcr de Beaufort, Hautefort, La Cropte-Lenquais, Comborn,
Limoges ancien, Angoulême ancien, Malemort, Chabanais, Gimel. —
(N. C. B...
T, LV 32
boâ
SOClérà ARCHEOLOGIQUE Et blStOBIQÙË bÙ LlMOUStN
Deux comptes originaux sans signatures des impôts payés de
\HS à 17S7 par un anonyme.
Pièces de procédure originales entre Âmand Surin, bourgeois et
marchand, consul de la ville de SaintJunien, contre Marie Sensaud,
veuve de Jean Demansoux sieur de Las Coux et Joseph Tardy, son
gendre^ — (Orig.).
Nombreuses letlres adressées d'Eslaignac à M. Surin à Sainl-Ju-
nien par une dame C. de Rocquart. — (Orig.).
Autres notes sur la famille Dusoulier de Saint- Laurent.
Articles de journaux sur les châteaux de Pompadour et de Chalusset.
Notes sur François de Coignac, seigneur de Chàteau-Chervix, prove-
nant de Henri Etienne. Citation de M. Arbellot, Revue archéologique et
historique, page 217. Notes sur les Pardaillan, les Rochechouart, les
Pérusse, les gouverneurs de Limoges, les Cardaillac, etc.
Notes sur les Ventadour, les Chabanais, les Comborn, les Lévis.
Cahier de notes renfermant quatre-vingt-dix-huit pages de renseigne-
ments sur les familles ci-après (N. C. B.) :
Alvère 53
Ancre 69
Archiac 87
Ayen 39
Brézé 38
Clavière (La) 52
Chamborant 49
Chateaubriaut 79
Chàteau-Morand 62
Chàteauroux 29
Chassaigne (La) 83
Civrav 77
Craon 67
Crov 92
Couhé-Vevrac 13
Desmiers 87
Douze (La) 9
Droux 51
Excideuil 5
Feuillade (La) 47
Fors 14
Fronsac 45
Fumel 74
Giversac 75
Gencay 77
Grignol 55
Uautefort 6
Rarcourt , 64
Jal (Saint-) 89
Jumilhac 93
Laval 23
Lauzun 42
Laxion 12
Lezay 19
Louvois 84
Magnac 15
Maintenon 41
Marmier 85
Maixent (Saint-) 71'
Montauzier. 32
Montbron 77
Montmorency 65
Mirabeau 36
Neuckèze 82
Noirmoutiers 28
Ozillac 33
Pleumartin 36
Randan 60
Rastignac 10
Rochemaud 71
Autres feuilles volantes.
Ribérac 42
Royan 4
Ruffec 3
RÉPEItTOIRE DU FONDS CODET DE BOISSB 503
Pièces relalant une procédure entre Madame Josephe de Sali-
gnac, dame de La Laurentie, et Jean-Baptiste Chauvigny, marchand
à Saint-Junien. — (Orig.).
3 révricr i603. — Obligation sur parchemin où figure un Jean
Labarie. — (Orig.).
168EJ. — LiifPe de comptes delà métairie du ChatelarJ. — (Orig.).
1713. — Etat du rôle des tailles de la paroisse de La Bretagne.
-(Orig.).
Note sur la seigneurie de Saint-Auvent. Dans Thommage du 30 mars
1606 rendu par Jean, vicomte de Rochechouart, est compris le château
et chàtellenie de Saint-Auvent, mais il est ajouté ces mots : pour moi
et mes parageux, lesquels mots il n'a pas ajouté à Thommage qu'il a
fait plus haut de la vicomte de Rochechouart et de la chàtellenie de
Cognac.
C'est qu'en fait la seigneurie de Saint- Auvent faisait partie, avec les
Bâtiments, Chaillac et Saint-Cyr, du lot d'un autre Jean, son frère du
second lit.
Ce Jean, premier baron des Bâtiments, eut pour fils Jean II, baron
des Bâtiments, qui fut père de René, tige de la branche de Saint-
Auvent, qui, mort sans postérité, transmit le comté de Saint-Auvent à
sa sœur Anne, mariée à Isaac de Perry.
Le fils du premier lit (Jean, 3" du nom) eût pour sa part la vicomte de
Rochechouart et la chàtellenie de Cognac.
Le 30 mars 1606, il fit hommage au roi à cause de son comté de
Poitiers et tour de Maubergeon :
1* De sa vicomte, ville, chàtel et chàtellenie de Rochechouart, avec
tous droits de justice haute, moyenne et basse, etc.
2o De son fief et chàtellenie de Cognac, avec mêmes droits de justice
haute, moyenne et basse. — (Duléry, Hisl. de Rochech., p. 343).
Louis, vicomte de Rochechouart, avait épousé en premières noces
Louise de Clérembault, et en secondes, Madeleine de Bouille. 11 mourut
en 1604, après avoir fait, le 22 septembre 1603, entre ses enfants de
l'un et l'autre lit, le partage de ses biens et seigneuries.
La paroisse de Saintc-Marie-de-Vaux, composée du bourg et de trois
villages, Chauzat, la Borderie et le Dognon, était située partie en Li-
mousin et partie en Poitou. Le bourg lui-même était divisé entre les
deux provinces.
La portion de la paroisse comprise dans le Limousin, par exemple Je
village de Chauzat dépendait de la juridiction de la baronnie d'Aixe,
mais au point de vue féodal elle relevait de l'abbesse de la Règle de
Limoges et en partie de l'abbaye de Saint-Auguslin-lès-Limoges, ordre
de Sainl-Benoîl. Cette dernière passa* plus tard dans la féodalité de
Saint-Martial de Limoges.
La portion de la paroisse comprise dans le Poitou dépendait de la
juridiction de la baronnie de Saint- Victurnien. — (N. C. B.).
504 SOCIÉTÉ ABCUéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
15 juin 1784. — Pièce de procédure où comparait Léonard Codet
en qualilé de procureur, contre Madame Singaraud, veuve Cbabodie,
tutrice de Robert Chabodie. (Orig.).
Quatre liasses d^acles notariés et parmi elles une ferme où com-
paraissent Françoise Laurent, veuve de Jean de Plument, vivant
chevalier, seigneur de Baillac, et François de Plument, sieur de La
Cour, son fils, demeurant au château noble de Baillac, en pré^eDce
de Martial de Plument, seigneur de Fontpérine. — (Orig.).
Fragments d'histoire féodale du canton de Nantiat ;
Etude sur les sénéchaussées de la basse Marche, Le Dorât et Bellac.
Fragments d'histoire féodale concernant le canton d'Aixe-sur- Vienne;
Autres fragments concernant les cantons de Nieul, Chatcauponsat.
Bellac, Ambazac, Dessines, Saint-Germain, Mézières, Laurière, Eyni«u
tiers, les baronnies de Chabannes, la sénéchaussée de Guéretet la sti-
gneurie du Dognon;
Diverses notes sans signatures concernant l'administra tion de la ville
de Saint-Junien. — (N. G. B.).
En 1719 la place de maire perpétuel de Saint-Junien était supprimée,
en 1695, 1696, 1716, Joseph Hugon était maire perpétuel.
Note manuscrite récente sur trois anciennes maisons nobles au^
tourelles : 1° la maison ayant appartenu aux Lamy de Monlvallier e-^t
vendue aux filles de Notre-Dame. La tourelle porte pour suscripti"n
sur la pierre (jui surmonte la porte d'entrée la date de 1531 ;
2" La maison do Hochebrune habitée en 1575 par noble Jehan <ieh
Boyxière, seigneur des Planches, et en 1655 par 'Vidaud;
3** La maison habitée en 1655 par Martial Montjon du Boùrdieu. -
(N. C. B.).
Amand Surin consul en 1720, l'est encore en 1721.
Le sieur Surin est préposé pour le dixième de la ville de Saint-Juniec
en 1736. — (N. C. B.).
En 1573 Charles IX érige la généralité de Limoges comprenant lAn-
goumois, la haute et basse Marche, le haut et bas Limousin, avec un
bureau des trésoriers et officiers de France. Note sur la cour d appcaui
de Ségur et sur le passage de saint Bernard en Limousin et en .Knîr»a-
mois, les Châteaubriant, la châtellenie de Tersannes, le prieuré d'Alta-
vaux, la seigneurie de Chàlus.
Notes sur la domination gasconne en Aquitaine.
Notes sur Thisloire féodale du haut Limousin au xi« siècle.
Notes sur Lesterps, le château de Servières, Bourganeuf, lebour^'Jc'?
Salles, Champagnac en Poitou, la Combraille, Malemort, Magnac-Boua'
le bas Limousin, la famille Chauvçron. — (N. C. B.).
néPERTOIRG DU FONDS GODET DE BOISSE 505
Carton n*" 14
16S5. — Acte concerDanl les habitants du village de Babodu,
paroisse de Vayres. — (Orig ).
1686. — Pièces originales concernant la juridiction du marquisat,
baronnie et chatellenie de Saint- Viclurnien. — (Orig.).
17H. — Liasse H. — Nombreuses quittances de renies déli-
vrées à M. Pierre Laborie. Pièces de procédure entre François
Reynaud, chevalier, seigneur de la Soudière et autres lieux, et
Messire Melchior de Carboniliëres, chevalier, seigneur de Saint-
Brice d'une part, et Martial Gorse, laboureur et principal tenancier
du lieu de Dcugnat, constatant le défaut de Martial Gorce. Chapus,
grefiier de la justice de Saint-Âuvent et Jean Delagarde, sieur de
La Besse, juge de Saint-Âuvent. Autre pièce de procédure non
signée, du 16 janvier 1666, où figure Aymeric Surin. — (Orig.).
1741. — Pièces de procédure relevant de la justice de la princi-
pauté de Ghabanais. — (Orig.).
1751-1758. —Neuf pièces de procédure originales concernant
un procès entre les Quichaud, Beynaud et Feyti d'une part et les
Depeyrissac d'autre part. — (Orig.).
1761. — Ginq pièces de procédure au sujet d'un retrait féodal
entre Jean Guilhauroaud, bachelier en théologie, chanoine de
Sainl-Junien, et Martial Hier, tisserand au même lieu. — (Orig.).
Diverses factures non signées,
Plusieurs chansons poitevines.
1752. — Liasse de procédure entre Benjamin Leteneux (?), che-
valier, seigneur de Goumiers, conseiller du roi, représenté par
Godet, son procureur d'une part, et dame Glaude Elisabeth Pasquet,
épouse de Messire Jean-Baptiste Demeurin, séparée de lui quant
aux biens et veuve en premières noces de M. de Yerdilhac, au
sujet d'une dette. — (Orig.).
Liasse 3. — 1789. — Volumineux dossier d'affaires entre M. Mel-
chior de Garbonnières, comte Je Saint-Brice d'une part, et M. Vic-
turnien Merlin de Liste, bourgeois, défendeur. — (Orig)..
1761. — Papiers d'affaires concernant la justice de La Bretagne.
- (Orig.).
Liasse o. — Cahier de uoles extraites des registres consulaires de la
ville de Limoges. — (N. G. B.).
Liasse 6. — Notes historiques de la période mérovingienne et du
haut moyen âge. Liste des souverains du Limousin à partir de l'invasion
des Wisigoths jusqu'à Pépin le Bref. — (X. C. B.).
506 SOCIÉTÉ ARC H-ÉO LOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1762. — Quatre pièces de procédure où comparait Joseph
Defuas fils, juge de police de la ville de Saint-Junien. — (Orig.).
Liasse n^ 10. — Documents divers. Justices seigneuriales, notes
de M. Godet Boisse, sur le fief de Monastier, la viguerie de Saint-
Junien, la Haute Marche, Ahun, Yidaud de Bosvigier, le canton de
Châleauneuf, les Barbarin de Puyfranioux. En 4769 il existait trois
fabriques de papier pour récriture à Saint-Junien. — Epitaphe à
réglise Saint-Louis à Rome de François de Rochechouart-Morte-
mart, mort en 1592 à Tàge de vingt-deux ans, rais au tombeau par
sa mère, Jeanne de Saulx-Tavannes. — (Orig.).
1782. — Dossier d'une affaire enlre Léonard Godet de Boisse,
bourgeois, demandeur en qualité de tuteur des enfants mineurs de
feu Amand-Hubert Tamoyneau, contre Viclurnien Godet, marchand.
- (Orig.).
13 novembre 1815. — Un numéro de la Gazette de France.
Liasse n* 1. — Lettres d'affaires non datées j)orla»l te& signa-
tures Boismorand et Lagraviàre. •— (Orig.).
Requête sans date ni signature présentée à l'intendant de Li-
moges par Léonard Godet, syndic des religieuses ite N.-Dame, sur
une question de procédure. — - (Orig.).
Diverses pièces originales de procédure. — (Orig.).
Liasse 4. — Diverses pièces accompagnées de notes de M. Godet
Boisse, d'où il résulterait que les villages ci-:tprès situés dans la
paroisse de (^haillac faisaient partie du Poitou et relevaient de la
juridiction du comté des Bâtiments, savoir :
Gramaud-le-Vieil, Pruniéras, La Guérillerie, le pont de Gorre»
Ghez-Sadry, Légignac, Valette en partie (la ligne séparalive des
deux provinces traversant les airages de La Valette), LeBelhomme.
La justice de Ghaillac était distincte de celle des B&timents. —
(Orig.).
Liasse 8. — Notes de M. Codet sur retendue géographique de la ba-
ronnie de Saint-Junien qui embrassait la presque totalité de la paroisse
de N.-D. du Moutier, une grande partie de celle de Saint-PieiTC, plus
de la moitié de celle de Ghaillac, une petite partie de Saint-Martin, une
partie considérable de Cognac, la paroisse presque entière de Sainl-
Brice, quelques morceaux d'Oradour-sur-Glane et de Jave'rdat et une
minime partie de la paroisse d'Etagnac.
Enumération des seigneurie subalternes de la baronnie. ^ (N. G. B.).
Autre note du même disant que les chambellans de Napoléon I®*" avaient
ctù les comtes d'Aubusson, les de La Feuillade, Galard de Béarn, de
Turenne, de Noailles, de Saint-Aulairc, Trion de Montalcmbcrt, dames
du palais : la comtesse Victor de Mortemar, la comtesse de Turenne.
Papiers divers. — (N. G. B,).
RéPERTOlRÉ DC FONbS CODÊt Dfe BOISSÉ bO*
I/iasse 7. — Papiers d'affaires où sonl mentionnés Pierre de La
Vallade, écuyer, sieur de La Roberlie, habitant à Boisgourdon,
paroisse de Saint- Victurnien en Poitou, d'une part, Guillaume de
La Garousse, François de La Vallade, sieur deTruRin, paroisse
d'Angoisse en Périgord. Réclamation par Jean de Fornel, écuyer,
sgr de La Laurencie, comme mari de dame Jeanne de La Vallade, au
sujet d'un droit de franc fief réclamé par le receveur d*Excideuilsur
lederdeTruffln.
Juridiction de Chateau-Morand. — (Orig).
Liasse n° 9. — Pièces concernant le procès des chanoines de
Saint-Junien avec les habitants de Saint-Auvent pour les répara-
lions de régliïie de Saint-Auvent. — (Imprimé).
Liasse 12. — Pièces originales sur le comté de Monlbron en
Angoumois.
Diverses pièces de procédure où comparaissent Jacques de La
Sudrie, écuyer, sieur de Gaumoury, el Maniai de ta Sudrie, sei-
gneur de Puy-Richard, demeurant à Gonfolens, et les seigneurs
de Pressacprès Cliabanais, paroisse de Chassenon. — (Orig.).
Liassel3. — Livre de délibération des habitants de Saint-Auvent,
relatif au procès intenté conlre les chanoines de Saint-Junien à
Toccasion de la construction du clocher de Téglise. Nombreuses
lettres d'avocats et de Tintendanl de Poitiers à M'"'' de Saint-
Auvent. — (Orig.).
Carton n'' 15
5 février 1676. — Cession sur parchemin par dame Penelle
Simon, veuve Aillaud, où comparaissent Marguerite Charaux,
veuve de Jean Reix et autres. — (Orig.).
1705. — Procès entre avocats et chirurgiens. — (Orig.).
1720. —Procédure pour Jean Guillon contre Pierre Rivaud et
Pierre Lachaud. — (Orig ).
14 juillet 1733. — Pièce de procédure où comparaît comme
requérant Charles Barbarin, sieur de Yérat. — (Orig.).
Baronnie de Loubert, châtellenie de Mannot, prieuré de Chanlrezac,
Genouillac.
Les marquis deNesmond, barons des Etangs, Sauvagnac, Massignac,
les d'Abzac, marquis de Pressac, Savignac, Le Portai, etc. Principauté
de Chabanais, Etagnac, paroisses et clergé. — (N. C. B.).
Nombreuses notes de M. Godet de Boisse sur les Némond, baron des
Etangs, les Regnault, les de Goulard, les Brassard, la sénéchaussée
d'Angoulême, le canton de ChabanaiS) Lesterps, Saulgon, la barounie
de Loubert, Lézignat, Confolens, etc.. — (X. C. B.).
B08 SOCIÉTÉ AnCHÈOLOÛIQOE ET HÏSTOk)IQl)E t)U LÎMÔUStN
il juillet 1735. — Prise de possession de la chapelle de Saint-
Jean d*Âuzal| diocèse de Poitiers, par le curé Marlin de La Croix,
du diocèse de I.inîoges. — (Orig.).
9 février 1737. —Transaction entre les collecteurs de la paroisse
de Saint-Mauricc-des-Lions. — (Orig.).
8 juillet 1754. — Requête préscnlc^e au lieutenant général de
Limoges par Yicturnien Merlin de Lisle, bourgeois, tendant à la
révision d,un procès où se trouvaient impliqués Marguerite Duval,
veuve de Jean Raymond, chirurgien, et autres. — Rejetée. —
(Orig.).
5 août 1755. — Documents concernant la juridiclion de Brillac,
en basse Marche, celle de Châlus, du comlé des Bâtiments, de la
vicomte de Rochechouart, la seigneurie et juridiction de Tabbé de
Leslerps. — Conclusions du procureur du roi du sénéchal de Li-
moges dans le procès de Yicturnien Merlin de Lisle et le sieur
Raymond. — (Orig.).
13 juin 1760. — inventaire des meubles de Martial Pasquet, sieur
de Boigourdon, paroisse de Saint- Yicturnien. — (Orig.).
6 avril 1768. — Copie d'une transaction passée entre Amand-
Hubert Thamoynaud du Yignaud et Anne Thamoynaud, veuve
Godet. — (Copie informe).
8 janvier 1770. — Yenle par devant Rouchet, notaire, d'une
maison située rue du Pontlevis, par Simon Jean-Baptiste Maison-
dieu, en faveur de Junien Périgord, maître chirurgien. — (Orig.).
11 novembre 1771. — Arrangement par devant notaire entre
Simon de Yerdilhac, seigneur de Puyjudaud, conseiller au présidial
do Limoges, demeurant paroisse de Saint-Michel, et Léonard
Blancheton, demeurant au Yignaud, paroisse de Saint- Yicturnien,
pour la jouissance paisible de leurs héritages. — (Orig.).
25 juin 1774. — Copie d'une assignation de la part du chapitre
de Sainl-Junien à Amand Thamoineau pour assister à un procès-
verbal au moulin Grollicr. — (Orig.).
6 avril 1783. — Pièce de procédure pour Antoine Pouch contre
Etienne Grenaille, sénéchaussée de Sarlal. — (Orig.).
François Surin Ilugon, habitant de Saint- Junien, avait fait donation
entre vifs, pure et simple de ses biens à François Surin Hugon, son
neveu et filleul, fils mineur de Jean-Baptiste Surin, habitant de Saint-
Junien, le dit François, absent, mais Jean-Baptiste Surin, son père,
acceptant en son lieu et place. — (Note de l'époque sans signature).
Diverses pièces sur les églises de SaintiJunien et les dons faits par
divers personnages en faveur de la chapelle. — (N. C. B.).
néPERTOlKE DU PONDS GODET DE BOISSB 509
1" juillet 1783. — Partage eolre Jeanne, Fraaçois, Augustin,
Jean-Baptiste et Marie Surin, frères et sœurs, héritiers de feu
demoiselle Suzanne Hugon, leur mère, héritière testamentairoi de
feu sieur Araand-Hubert Surin, leur père. — (Orig.).
1788-1789. — Dossier émanant de la justice de Mortemart. —
(Orig.).
8 floréal an IV. •— Signification faite à la requête de la citoyenne
Marie Surin, (ille majeure, demeurant à Saint-Junien, rue du
Pont-levis, par Jean-Baptiste Dupuy, huissier public, au citoyen
Guillaume Quichaud, aubergiste à Sainl-Junien, du contrat de
vente consenti à la requérante, d*un domaine et cheptel situé à La
Bretagne, par Jean-Baptiste Surin. — (Orig.).
7 nifôse an YHI. — Pétition pour la réouverture de la chapelle
de Notre-Dame.
An X. ^ Papiers d*afTaires, partages, estimations des biens de
la famille Surin, où figure un Thamoineau comme héritier. —
- (Orig.).
8 brumaire an XII. r- Jugement prononcé par le juge de paix de
Saint-Junien à la requête de Jean-Baptiste Surin contre François
et Pierre Glavaud dit VaMe, du village de La Bretagne. — (Orig.).
30 mars 1806. — Acquisition d'une grange située à Saiot-Jumea
par M"* Barbe Taulier, veuve de René De&vergnes Lafond, de
Jean-Baptiste Surin, propriétaire à Saint-Junien, moyennant la
somme de 2.120 francs. £tat des inscriptions hypothécaires. —-
(Orig.).
iA septembre 1806. — Autre acquisition par devant notaire par
lean-Baptiste Surin, de Jean Dupuy de Saint-Junien, d*un b&timeni
situé au Puy-de-Mallet, commune de Saint-Brice, moyennant
SOO francs.
Copie d*une pièce de procédure où flgure Jean-Baptiste Surin,
6 mars 1806.
Plusieurs pièces de procédure intéressant M. Amand-Hubert
Surin. Citation de la rue Joumardière à Saint-Junien. Vente par
François Surin Hugon à Jean-Baptiste Surin, son frère, de ses
droits dans la succession de feu Mathieu Surin, leur oncle. 10 ther-
midor an VIII. — (Orig.).
Mémoires sur la famille Mirabeau. Réclamations de crcaociers, nolam-
ment de Junien Périgord, maître-chirurgien à Saint-Junien, époux de
dame Anne Carrière. — (N. C. B.).
Notes historiques modernes concernant la famille Surin et nombreux
aotes notariés.
Le village du Dognon, paroisse de Saint-Martin de Jussac, était en
Poitou. — (N. C. B.).
T. LV 33
510 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Papiers intéressant la famille Surin. — (Orig.).
28 mars 4807. — Echange d'immeubles entre Junien-Charles-
Ignace Petit, fils aine, d'une part, et Jean Broussaudier, marchand.
- (Orig.).
12 avril 1807. — Vente par Junien-Charles-Ignace Petit, fils aine,
demeurant à Saint-Junien, à Jean-Baptiste Surin jeune, d'une terre
labourable située au lieu de Gbaussade, paroisse de Saint-Junien.
- (Orig.).
!«' mai 1809. — Pièces de procédure entre Jean-Baptiste Surin,
propriétaire à Saint-Junien et François Surin Hugon, son frère,
d'une part, et le sieur Simon, notaire à Saint-Junien. — (Orig.).
Copie sans signature et sur papier libre d'un jugement rendu
entre Martial Simon, notaire impérial, demandeur, et Jean-Baptiste
Surin, propriétaire à Saint-Junien, défendeur au sujet de sources
d'eau situées au village de La Bretagne. Pièces y relatives, 1809.
Procédure où comparaissent Guillaume Quichaud , Jacques Beynaud ,
sieur de Savcrgdac, et la demoiselle Grateyrolle. — (Orig.).
Quatorze pièces de procédure où comparait Victor Claude
Riquetti, vicomte de Mirabeau, colonel de cavalerie, demeurant à
Vannes, comme héritier sous bénéfice d'inventaire ^e dame Marie-
Geneviève Vassant, marquise de Mirabeau, son aïeule paternelle,
par représentation de Victor-Boniface Riquetti, vicomte de Mira-
beau, son père, comme ayant provoqué la vente opérée au tribunal
de Rochechouart le 3 décembre 1818, du domaine de Vénepayre,
situé commune de la Chapelle-Montbrandeix, en faveur de Jean
Hébrard de Verneuilh (?}, chevalier de Saint-Louis et de la Légion
d'honneur, demeurant à la Quintaine, commune de Panazol. Purge
des hypothèques. — (Orig.).
Vente du 12 septembre 1831, sur papier libre et sans signature
par François'Noêl Surin, maire de SaintBrice, à Jean-Baptiste
Font-Réaux de Saint-Junien, d'une chaume dite du Paissillon, sise
au village de La Bretagne. ^ (Orig.).
Acte sous seing privé entre Noël Surin, maire de Saint-Brice, et
Louis Simon, négociant aux Batignoles, rue des Dames, 11, Paris.
- (Orig.).
Copie informe et sans date du testament d'Àmand Thamoigneaud,
bourgeois, demeurant canton du cimetière. Il avait épousé Anne
Grateyrolle. — (Orig.).
Actes notariés concernant la fzmille Surin. — (Orig.).
Divers actes de la juridiction du Repaire de Glane, paroisse
d'Oradour-sur-Glane, en Poitou, relevant du marquisat de Saint-
Victurnien. — (Orig.).
RÉPERTOIRE DU FONDS GODET DE BOISSK 511
Jugements de diverses juridictions, notamment de celle de Mor-
temarl. — (Orig.).
Nombreux papiers de famille, lettres, procédures,*intéressant les
familles Surin et de la Soudière. — (Orig.).
Fragment d*une pièce de procédure, sans date, et sur parchemin^
intéressant le chapitre de Sainl-Junien. — (Orig.).
Pièces provenant de la juridiction de la prévôté de Verneuil, ei>
Limousin. — (Orig.).
Pièces originales sur la juridiction de la châtellenie de Puy-
Gaillard. — (Orig.).
Papiers de procédure à plaider au tribunal du district de Saint-
Léonard par Parelon, avoué. — (Orig.).
Pièces concernant les juridictions d'Aixe et de Rochefort. —
(Orig.).
Carton n^' 16
xv«-xviir siècles. — Pièces diverses sur la vicomte de BrigueiU
la seigneurie de Pers en Angoumois, — la cour d'appeaux de
Ségur pour le comté de Périgord et la vicomte de Limoges, — la
paroisse N.-D. du Moutier à Saint-Junien, etc., etc. — (Orig.).
GOUFIER DE LERMITE
CAPITAINE DE GHALUCET AU XV* SIÈCLE
Dans son livre intitulé : Chdlucet {Limoges y 1887), Loais Gaibert
a parlé avec quelques détails d*un capitaine de cette célèbre forte-
resse qui entra en fonctions lorsque les excès de la garnison,
signalés au roi de France à son passage à Limoges (mai 1442),
eurent obligé Charles d'Albret à révoquer Tandonet de Fumel au
mois de juillet 1443 : il rappelle « Gouffler de Laron », et il s^attache
à démontrer qu'il a raison contre ceux qui ont lu de Lermite le nom
qu'il lit lui-même de Lerunte et qu'il identifie à celui de la famille
« de Laron », famille bien connue par le rôle qu'elle a joué en
Limousin au moyen ftge et que Louis Guibert a contribué plus
que personne à faire connaître (1).
Je crois que Louis Guibert s'est trompé : ce n'est pas à la famille
(( de Laron », c'est à la famille marchoise « de Lermite », illustrée
au xvip siècle par le poète et romancier Tristan L'Hermite, un des
premiers membres de l'Académie française, qu'appartient incontes-
tablement le capitaine de Chalucet (2). Je laisse à mon confrère
et ami Alfred Leroux le soin d'examiner à la loupe le très curieux
mémoire du chapitre de Limoges que Louis Guibert a publié
en appendice d'après la liasse 3025 des Archives départementales
delà Haute- Vienne (p. 176-182) (3) : il n'est pas possible que, là où
L. Guibert a lu soit Lerunta, soit Lerunte^ il ne faille pas lire soit
(1) Châlucei, p. 106, note 2, et 179, note 1. Sur la famille de Laron,
voir un autre travail de L. Guibert, Laron, topographie, archéologie,
histoire (Limoges, 1893); on y trouve la mention de « GoufBer de Laron,
capitaine de Chalucet pour le sire d'Albret en 1443 et 1452 », sans allu-
sion au doute que peut causer sa véritable personnalité (p. 38).
(2) J'écris Chalucet sans accent circonflexe sur Ta, par amour de la
simplicité orthographique.
(3) [La vérification ne nous a pas été possible. Le classement provi-
soire auquel se réfère la cote indiquée par L. Guibert a été bouleversé
il y a peu de temps en vue d*un classement définitif du fonds du cha-
pitre cathédral. La pièce en question ne se retrouvera qu^au cours de
rinventaire. — A, Lbrouz].
T. LV 34
ÎSl4 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
LermiiOf soit Lermite. L. Guibert cite, en oalre, deux liasses des
archives départementales des Basses-Pyrénées, E 714 et E 716.
Llnvenlaire sommaire rédigé par P. Raymond ne mentionne rien
qui se rapporte à notre homme dans la liasse 714, mais dans
Tanalyse de la liasse 716, P. Raymond a inséré cette cote : «Lettres
de Charles VII concernant la restitution de la seigneurie de Château-
Ghervix, engagée pour 1.200 liv. t. à Gaufier de Lermitey capitaine
de Ghftlusset » (1).
Dans la généalogie de la famille de Lermite (2), telle que M. Ber-
nardin, auteur d'un bon livre sur Tristan L*Hermite, s'est efforcé
delà dégager des légendes vaniteuses qui Tout ridiculement altérée,
nous voyons figurer, au milieu du xv« siècle, un GauBsier, fils aine
de Jean, mentionné dans le testament de son père (10 octobre 1448),
concurremment avec son frère Jaques (3; : ce Gaussier est Tancétre
direct de Tacadémicien ; sa descendance est éteinte, tandis que
Jaques a formé la branche des seigneurs de la Rivière qui existe
encore aujourd'hui et qui possède toujours le manoir de la Rivière,
près d'Eymoutiers.
Rendant compte du livre de M. Bernardin, peu après son appari-
tion, j'ai conjecturé que Gaussier était une simple faute de lecture
pour Goufier (4). Depuis, dans un article publié dans YEcho de la
Creuse du 10 novembre 1900, sous le titre : « Un ancêtre authen-
tique du poète Tristan L'Hermite », j'ai cité un extrait du sixième
compte de Jean de Xaincoins, receveur général des finances (1443-
1444), dans lequel on trouve mentionné « Gouffier Lermite, escuier,
serviteur d'Arnaud (8) Amanieu d'Albret, seigneur d'Orval », qui
fut chargé d'une mission de la Cour auprès de son maître, capitaine
de gens d'armes, qui était alors « sur les marches d'Allemagne en
la compagnie de Monseigneur le Dauphin » (6). Ma conjecture sur
(1) Inv, somm, des arch, dép.. Basses- Pyrénées, t. IV (1867), p. 196.
(2) Telle est la forme des documents les plus sÛrs pour la période
ancienne qui seule nous intéresse ; mais on trouve plus d^une fois
Lermite sans la particule. Il est indifférent de mettre ou de ne pas
mettre d*apostrophe ; je n'en mets pas, parce que c'est plus simple
ainsi.
(3) Un précurseur de Racine : Tristan VHermite (Paris, Picard, 1895),
p. 19.
(4) Annales du Midi, VII, 460.
(5) L'Echo de la Creuse porte Armand^ mais c'est une coquille typo-
graphique.
(6) Bibl. nat., franc. 32511, f« 83 (copie de Caille du Fourny, d'après
l'original de la Chambre des Comptes, aujourd'hui détruit).
GOUFIEn DE LERMITE Ol5
i*ûpportuDilé de corriger Gaussief* en Gouffier se irouve doûc
justifiée par cela même, et Texistence de Goufier de Lermite ne fait
pas qneslion. D'ailleurs, j'aurais pu relever sa présence dans la
revue des nobles de la Haute-Marche et des châtellenies de Mon-
taigut-en-Combraille et du Dorât passée à Guéret le 17 décem-
bre 1470 par Mathurin Brachet, seigneur de Montaigut-le-Blanc :
(( Gouffier Lermite^ escuier, seigneur de Souliers, monlé et armé
de brigandine, avecques ung homme armé pareillement de brigan-
dine » (1).
C'est bien Goufier de Lermite qui fut capitaine de Chalncel pour
Charles, puis pour Arnaud Amanieu d'Albret, à partir de juillet 1443;
c'est bien lui qui acquit de la maison de Bretagne, le 1*' octo-
bre 1452,1a seigneurie de Château-Chervix, moyennant douze cents
livres « qui ne provenaient vraisemblablement pas de son patri-
moine », comme le remarque malicieusement Louis Guibert, et qui
fit les plus grandes difficultés pour laisser accomplir la clause de
réméré stipulée par les vendeurs, au point qu'il fallut l'inter-
vention de lettres royaux du 7 mai 1458 pour vaincre sa résis-
tance. Les mémoires du chapitre de Limoges, publiés par
L. Guibert montrent que les pilleries et les violences des gens de
guerre autour de Chaiucet n'avaient pas cessé parce qu'un de
Lermite avait succédé à un de Fumel dans les fonctions de capi-
taine de la redoutable forteresse : tous les capitaines du temps
étaient plus ou moins des écorcheurs.
M. Bernardin sait peu de chose de son Gausner : il nous apprend
pourtant qu'il lit son testament en 1473, mais il ajoute prudem-
ment : « si nous en croyons la généalogie suspecte de d'Oultre-
man ». Sa défiance est légitime : cette généalogie est en réalité
l'œuvre de Jean-Baptiste de L'Hermite (2), frère de l'académicien,
faussaire éhonlé, dont M. Bernardin connaît mieux que personne
les turpitudes morales (3), et dont les allégations historiques ne
peuvent être acceptées sans contrôle, surtout quand sa vanité est
(1) Le texte de cette revue a été publié deux fois, d*abord par Tabbé
Pataux, dans la Généalogie de la maison de Brachet (Limoges, 1885j,
puis par M. Clément-Simon, Bull, de la Soc. scientif., hisl. et archéoL
de la Corrèze, t. XI (Brive, 1889), p. 285.
(2) Elle a été insérée par J.-B.de L'Hermite dans la deuxième édition,
cuisinée par lui et publiée en 1C45, de la Vie du vénérable Pierre
VHermite, du Père d'Oultreman.
(3) Voyez la piquante étude intitulée : Un mari d'actrice, dans le livre
que M. Bernardin a publié en 1900 : Hommes et mœurs au dix-septième
siècle.
t>16 SOCIÉTÉ AHCHEOLOClQUfi ET HlâTOftlQUE DU LlMOUSlN
enjeu. Or, dans ce teslainent Gaussier mentionnerhil le nom de sa
femme, Philippe de Vignolles, la propre sœur du célèbre La Hire...
Sans élre trop affirmalif, je suis enclin à croire que Jean-Baptisle
de L'Hermite a dit par hasard la vérilé : les relations bien établies
de Goufler de Lermite avec la maison d'Albret montrent qu'un
mariage avec la sœur de La Hire n'a rien d'invraisemblable, sartoat
si Ton songe que le don fait à La Hire par Charles YII de la sei-
gneurie de Monlmorillon lui donnait un pied sur les frontières du
Limousin.
Antoine Thomas.
CHATEAU - GHERVIX
ARCHÉOLOGIE — HISTOIRE — DOCUMENTS
A côté du bourg de Cbftteau-Chervix, canton de Saint-Germain-
les-Belles, sur une hauteur dominant les environs, à une altitude
de 411 mètres au-dessus du niveau de la mer, existe un magnifique
donjon carré du xw siècle, seul reste du chftteau qui a donné son
nom à la localité. De son sommet, la vue s'étend sur toute la con-
trée, et découvre, plus au sud, un seul point plus élevé, le Puy-de-
Bar, couronné par une chapelle et son clocher moderne à une
altitude de 533 mètres.
L*étude de ce donjon peut offrir quelque intérêt, soit qu'on l'exa-
mine comme un spécimen de Tarchltecture militaire en Limousin à
une époque reculée, soit que Ton recherche le souvenir des événe-
ments dont il a été le témoin. C'est à ce double point de vue que
se rapportent les pages que je lui consacre ici :
I
Cette belle tour de Chàteau-Chervix, ainsi que plusieurs autres
que je signalerai plus loin, est de forme carrée. D'un côté, elle a
12 mètres 51 centimètres, et de l'antre 9 mètres 15 centimètres. Ses
contreforts plats régnent depuis la base jusqu'au sommet ; au der-
nier étage, ils se recourbent en formant deux arcades. Sur les deux
côtés, les plus larges de la tour, il existe un troisième contrefort
central, partant du sol et allant jusqu'à la réunion de ces arcades,
pendant que les côtés les plus étroits n'en possèdent qu'un près de
chaque angle.
Comme dans les autres donjons du xii* siècle, la porte de celui-ci
est au premier étage, au-dessus d'un cordon saillant qui règne sur
les quatre faces. Elle est en plein-cintre et regarde le Sud-Est. C'est
ce côté que donne notre gravure.
Au-dessus se trouve un grand espace, sans aucun ornement ; il
forme deux étages. De puissantes tiges de lierre le couvrent en par-
tie. Plus haut, au quatrième étage, on remarque des ouvertures
rectangulaires qui servaient de portes pour sortir sur une galerie en
SIS SDCltrÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE D
bois, d'où l'oD défendait le pied de la iQur et sa porte d'entrée. Les
trous que l'on observe dans la maçoanerie à la hauteur de ces
ouvertures autorisent cette eiplication, car ils étaient destinés à
recevoir les poutres portant ce cliemin de ronde. Du cùlà du Nord-
Ouest, où il n'y a pas de porte à défeadre, il n'existe pas d'ouver-
tures semblables, mais entre chaque contrerort on trouve une
renéire en plein cintre à deux baies géminées que sépare une
légère colonnelte.
il) Voy. Alnmnarh Umautin, année 1883,
CHATIAU-GHXRVIZ 1S19
Au cinquième étage, au-dessns d'un cordon qui existe sur les
quatre faces, on remarque les arcades formée^ par le sommet
recourbé des contreforts. Enfin, au*dessus quelques pierres faisant
saillie sont peut-être les supports de mâchicoulis qui n'existent
plus.
La hauteur totale de ce beau donjon est d'environ 30 mètres.
L'intérieur est absolument yide, et les murailles qui ont an bas
un peu plus de 2 mètres d'épaisseur, sont complètement nues de
la base au sommet, on y reconnaît seulement la place des plan-
chers qui séparaient autrefois chaque étage.
Quant au cbfttean que dominait ce donjon, il n'en reste rien ; on
trouve seulement quelques morceaux de murs retenant au-dessus
des terres labourées, la terrasse sur laquelle il se dresse.
Cette tourne Ghâteau-Ghervix peut être donnée comme type de
celles que les xi* et xu* siècles ont élevées en Limousin. Jusqu'à la
fin du xir siècle les chftteaux-forts nous montrent tous un doi^on
ou tour centrale occupée par le commandant de la place, qui affecte
la forme carrée. G*est au xm* siècle, en même temps que l'ogive
vient à dominer, que les donjons prennent la forme cylindrique.
Tons ces monuments militaires n'offrent guère que des masses de
maçonnerie sans ornements et sans sculpture, aussi y trouve4-on
peu d'éléments pour l'étude de l'école d'architecture limousine du
xu* siècle. C'est dans nos églises de cette même époque qu'il faut
aller les chercher comme l'a fait M. Anthyme Saint-Paul (1), et non
parmi les moyens de défense employés alors dans nos châteaux,
et le dernier refuge de leur garnison assiégée.
Dans la partie méridionale du département de la Haute-Vienne,
entre Limoges et la frontière du Périgord, je peux citer onze don-
jons similaires, pendant qu'il n'en existe pas plus au nord. Ce sont
ceux de Château-Chervix, Montbrun, Lastours, Chalucet-Bas, Cha-
lucet-Haut, Echizadour, la Tour du Plot à Sainl-Yrieix, celui de
Tranchelioo, Magnac-Bourg, le Chalard et Aixe. Quelques indica-
tions sur chacun d'eux montreront leur ressemblance avec celui
que je viens de décrire.
La tour qui ressemble le plus à celle de Chflteau-Chervix est
celle du château de Montbrun, commune de Dournazac (2). Ce
château a été bâti au lieu de Trados par Àymeric Brun, ainsi que
le disent les plus anciens titres. Ce doit être Aymeric Brun qui, en
1106, contribuait à la fondation du monastère de Bonbon, à moins
(1) Almanach limousin, année 1885, page 91.
(2) Montbrun, commune de Dournazac, canton de Saint-Mathieu. —
Voy. Almanach limousin, 1876.
520 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
que ce soit Aymeric Brun qui, en 1179, fondait le monastère de
Tayaux. C'est dqnc une œuvre du xh« siècle. Ce cb&teau ayant été
pris et fort endommagé par les Anglais, Pierre de Montbrun, évé-
que de Limoges, le répara au milieu du xv* siècle, et conserva
dans la nouvelle conslruclion la tour carrée ou donjon qui nous
intéressé. Je Tai vue presque intacte dans son état ancien, avant la
nouvelle restauration faite par HM. de Labonne en 1880; elle
avait 30 et quelques mètres d'élévation. L'épaisseur de ses murail-
les est de 1 mètre 33 centimètres, et cbacun de ses côtés mesure
6 mètres 25 centimètres. A l'extérieur, deux contreforts plats l'ap-
puient sur chaque face et se relient au sommet où ils forment deux
arcades plein-cintre. Une fenêtre géminée avec une légère colon-
nette au milieu s'ouvre au Midi. A l'intérieur, huit étages la divi-
sent de la base au sommet ; les quatre inférieurs formaient des
appartements séparés par des planches en bois, comme dans la
construction du xV siècle, mais les étages supérieurs conservaient
encore deux voûtes en pierre. Sur sa plate-forme, où des arbustes
couvraient de leurs rameaux Taire des oiseaux de proie, existaient
encore quelques mâchicoulis en encorbellement qui sont les plus
anciens connus de leur espèce, s'ils datent réellement de la première
construction. Toutefois, il est bon de remarquer qu'on trouve au
sommet des donjons de Chftteau-Chervix, de Lastours et de Cha-
lucet, des consoles en pierre de taille qui semblent avoir porté de
semblables mâchicoulis.
Le donjon de Lastours (1) était au centre du château bâti par
Goufler de Lastours ; il a aussi été conservé dans le château rebâti au
xv« siècle. C'est une magnifique tour carrée, toute en pierres de
taille, qui a 9 mètres de côté. Elle appuie chacune de ses quatre
faces sur deux lourds contreforts plats qui se continuent depuis la
base jusqu'au sommet. Sa porte est élevée de 7 à 8 mètres au-des-
sus du niveau actuel de la cour, elle est en plein cintre. A lïntcrieur,
on distingue quatre étages qui communiquent entre eux par un
escalier à vis pratiqué dans l'épaisseur de la muraille. Le rez-dc-
chaussé seul a conservé sa voiUe. Ici encore on trouve à son sommet
des consoles qui ont porté des mâchicoulis en encorbellement.
Chalucet (2) possède deux châteaux du xu* siècle. Le château du
Bas-Chalucet est complètement détruit, son donjon seul existe
encore au milieu des ruines qui s'élèvent peu au-dessus du niveau
(1) Lastours, commune de Rilhac-Lastours, canton de Nexon. -» Voy.
Almanach limousin, 1885.
(2) Chalucet, commune de Saint-Jean-Ligoure, canton de Pierre-
buffièro.
CHATEAU-CIIEIWIX . o21
du sol. Oo peut Toir la gravure qui le représente au lome XXXIII,
page 113 du Bulletin. C'est une grande tour carrée de 8 mètres
environ de côté, construite en pierres plates de moyennes dimen-
sions, avec un large contrefort plat sur chaque face. Elle présente
à trois mètres et demi environ du sol une ouverture à plein-cintre
qui servait de porte d'entrée. Le couronnement de cette tour est
tombé.
Le château du Haut-Cbalucet, construit aussi au xii* siècle, a été
rebâti et fort agrandi dans la seconde moitié du xui*. Son donjon
carré, appartenant à la première construction, domine toujours ses
remparts et ses tours en ruine. On peut voir la gravure qui le
représente au tome XXXIII, page 176 du Bulletin, Sur une de ses
faces extérieures, on remarque un contrefort en angle très saillant
que Ton compare avec raison à un éperon de navire ; les trois
autres côtés s'appuient sur un large contrefort plat. La porte d'en-
trée en plein>cintre est au premier étage. Au sommet, on voit
encore quelques beaux mâchicoulis d'assez grandes dimensions. A
l'intérieur, un mur de refend de 2 mètres d'épaisseur le partage
du haut en bas. On y trouve les vestiges d'un escalier à deux cour-
ses qui régnait seulement dans la partie inférieure, et on accédait
aux étages supérieurs par un escalier à vis pratiqué dans Tépais-
seur du mur de refend. Tous les planchers sont tombés. Une voûte
qui tient bon encore couvre le compartiment Nord de ce donjon et
supporte une partie de sa plate-forme, mais il a perdu son couron-
nement.
La tour d'Echizadour, commune de Saint-Méard (i), est tout ce
qui reste de l'ancien château qui fut le berceau de la famille de ce
nom. Elle est carrée et ses épaisses murailles sont soutenues sur
chaque côté par deux contreforts plats. On y remarque comme aux
autres donjons du xii* siècle, une élégante fenêtre à baies géminées
avec une légère colonnette pour meneau central.
La tour du Plot, à Saint- Yrieix, est aussi une tour carrée de la
même époque. Alain d'Albret, vicomte de Limoges, la cédait en
1483 au chapitre de Saint-Yrieix, représenté par messires Pons de
Salignac, son doyen, et le chanoine Bertrand de Royère. Dans
l'acte de vente publié dans le Bulletin de la Société archéologi-
que (2), il est dit qu'il lui « cède, quicte et transporte a toujours et
perpétuellement la terre et seigneurie de la prévosté de Saint-
Yriey, ensemble la forteresse diruite assise en ladite ville dudit
Saint-Yriey ».
(1) Echizadour, commune de Saint-Méard, canton de Châteauneuf.
(2) Bulletin de lu Société archéologique, tome XL, page 622,
522 SOCIÉTÉ AI^HÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Le château de Tranchelioo (1), appelé aussi Bas-Château de
PierrebuflBère, avait un doDJou carré du jlm^ siècle, que nous fait
conoaitre un dessin exécuté par Beaumenil au xvm" siècle et repro-
duit par Tripon {i). Il avait deux contreforts plats sur chacune de
ses faces, et si le dessin en question est exact, ce dont on peut
douter, ces contreforts n'allaient pas jusqu'au sommet de la tour.
Il existait encore en 1821, puisque à cette date, Allou écrivait:
(v Sur la droite de la route, au delà du pont de PierrebuflBère, on
aperçoit une tour carrée, environnée de quelques habitations; c'est
tout ce qui reste de l'ancien château de Tranchelion (3). » On y
remarque aussi une fenêtre à baies géminées, séparées par une
légère colonnette, semblable à celles déjà sigoalées.
Magnac-Bourg(4), voisin de Ghâteau-Ghervix, avait aussi un don-
jon carré dont il ne reste presque rien. « On y observe encore,
écrivait Allou en 1821, une tour carrée, assez haute, mais dont la
partie supérieure a été démolie et qui, à ce que prétendent les
habitants, avait autrefois près de 140 pieds (5). »
Le Chalard (6), à l'extrémité des bâtiments qui font suite à son
église du xi* siècle, conserve encore, au moins en partie, une tour
de l'époque qui nous occupe. Son propriétaire, M. Tenant de
Latour, m'a écrit que son père avait été obligé d'en faire démolir
la partie supérieure à cause de son étal de vétusté, mais il en pos-
sède un dessîD parfaitement exact qui a été fait à la chambre noire
par un homme de talent. Cette tour « offrait à l'extérieur la même
structure que le donjon de Château-Ghervix. On y voyait et on y
voit encore aujourdhui au Midi une de ces fenêtres à colonnette
formant meneau et divisant en deux l'ouverture que l'on remarque
dans les autres donjons du xii*" siècle, et aussi sur trois de ses faça-
des les contreforts plats se replianl en arceaux au sommet (7). »
Enfin le château d'Aixe, qui a joué un si grand rôle pendant les
guerres de la vicomte de Limoges, avait son donjon carré du
xii* siècle. Entièrement ruiné depuis la Révolution, on n'en voit
plus que l'étage inférieur sur le rocher qui domine le confluent de
la Vienne et de l'Aixelte.
(1) Tranchelion, commune de Picrrebuffière.
(2) Historique monumental de Fancienne province du Limousin, p. 159.
(3) Dencription des monuments de la Haule^Vienne, p. 294.
(4) Magnac-Bourg, cAnton de Saint-Germain-les-Belles.
(5) Description des monuments de la Haute-Vienne, p. 3^3.
(6) Le Chalard, canton de Saint-Yrieix.
{1) Lettre du 26 janvier 1883.
CHÀTBÀU-CUERVIX 523
II
Chervix et Château-Chervix out formé jusqu'à la Révolution deux
paroisses distinctes. La première, Ghervix, dépendait de Tabbaye
de Saint-Augustin de Limoges, et son abbé ou son chapitre y ont
toujours nommé les curés. Etienne, abbé de Saint-Âuguslin, mort
en 1137 y avait bâti un monastère qui était qualifié prévôté. La
seconde, Cb&teau-Ghervix, appelée jadis Saint-Silvain^du-Chftteau,
dépendait de Tabbaye de Saint-Martial de Limoges en 1097; et
Tabbë ou le chapitre y ont aussi toujours nommé les curés. Ces
deux localités qui ne sont qu'à quelques centaines de mètres Tune
de Tautre, ne forment aujourd'hui qu'une seule commune, dans le
canton de Saint-Germain-Ies-Belles. Gomme indice de ce qu'elles
ont été dans le passé, on peut noter les faits suivants :
Une monnaie gauloise, trouvée à Gbàteau-Chervix, a été donnée
au Musée de Limoges en 1873.
On connaît une monnaie mérovingienne frappée en ce lieu. C'est
un tiers de sou d'or, du poids de 1 gramme IS centigrammes, da-
tant du deuxième quart du vu* siècle. D'un côté on lit : isB CARO-
VIGVS F. Tête à droite ceinte d'un bandeau perlé, le col et le buste
orné de perles ; le tout dans un grénelis. Au revers : * TEODO-
LENO. M. Croix égale, pattée.
Chervix était au x"" siècle le chef-lieu d'une vicairie assez étendue,
qui s'appelait Vicaria Carvùcensis ou de Chervix. On trouve, vers
l'an 980, Gaucelin I de Pierrebuffière, surnommé Barbe ou Barbu,
qui fait une donation des biens qu'il possédait dans la viguerie de
Chervix. La vicairie ou viguerie était dans le principe une circons-
cription territoriale où s'exerçait la juridiction d'un officier inférieur
au comte, et plus tard au vicomte. L'organisation du pays en vi-
cairies est attribuée à Charlemagne, ou aux maires du palais, mais
elle parait remonter plus haut. La vicairie de Chervix s'étendait
depuis la rive gauche de la Briance à Solignac et au Vigen, jusqu'au
sud de Glandon, comprenant dans sa circonscription le territoire
actuel des communes de Saint-Jean-Ligoure, Saint-Priest-Ligoure,
Pierrebuffière, Château-Chervix, La Roche l'Abeille, Saint-Yrieix
et Glandon.
Geoffroy de Vigeois, écrivant au xu« siècle, nous^ ditjque [la
grande tour de ChÂteau-Chervix mouvait de l'abbé de Saint-Martial
de Limoges, et que le vicomte lui rendait hommage] pour elle au
même titre que pour les châteaux de Limoges et de^Pierrebuffière.
En effet Adémar V, vicomte de Limoges, fit hommage pour Chà-
leau-Chervix, Limoges et Chambon-Sainte-Valérie à Isembert élu
î)24 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IIISTOHIQUE DU LIMOUSIN
abbé de Saint-Martial en 1174. Il renouvela cet liommage pour
Gbftteau-Ghervix et tous ses fiefs en 1179. On trouve plus tard Jean
de Bretagne, vicomte de Limoges qui fait cet hommage en 1307,
Jean d'Albret en 1487, etc.
Quant à ce qui se rapporte plus particulièrement à Château-
Chervix et aux événements dont son antique donjon a été le témoin,
je vais rapporter ici quelques indications glanées dans différents
documents pour servir de jalons à son histoire.
En 1202, Guy, vicomte de Limoges, après avoir pris cette viUe
par surprise, en envoya les principaux habitants prisonniers dans
ses châteaux d'Àixe, Châteaux-Chervix, Nontron et Exideuil.
En 13S6 les Anglais s'emparèrent de ChâteauGhervix. Ils y
tenaient encore garnison en 1380, époque à laquelle ils se retirè-
rent moyennant une somme d'argent.
Jean de Bretagne, vicomte de Limoges, vendit le 1«' octobre 1452,
le château et la châtellenie de Ghâteau-Ghervix pour la somme de
1.200 livres. L'acquéreur, d'après le Nobiliaire du Limousin, se
nommait GoufiSer de L'Hermite et était capitaine de Chalucet. La
généalogie de cette famille donne en effet un de L'Hermite, l'auteur
de la branche du Souliers, qui vivait à cetie époque et était gouver-
neur de Gourbefy et capitaine de Chalucet. M. Guibert avait lu ce
nom de Lerunte, mais il faut le lire de Lertnite{l) et ne pas en faire
comme lui un membre de la famille de Laron. Le contrat qu'il avait
passé avec Jean de Bretagne était plutôt un engagement qu'une
vente. Peu après la famille de Bretagne voulut profiter de la faculté
de rachat qu'elle avait stipulée Gouffier de L'Hermite s'y refusa; et
réclama la délivrance du fort et de la justice dont il n'avait encore
perçu que les revenus. Il fallut pour le décider à se dessaisir une
ordonnance de Charles VII, du 7 mai 1455.
Quelque temps après, Jean d'Albret, vicomte de Limoges et roi
de Navarre, ayant besoin d'argent « pour passifier son royaume et
comté de Foy, et frayer à plusieurs autres charges », vendit à
Christophe de Bony, seigneur de La Vergne, pour la somme de
3.000 livres tournois, Château-Chervix et toutes ses dépendances,
mais avec faculté de rachat pendant six ans. Par un nouvel acte du
20 novembre 1487, Château-Chervix fut cédé à Jean et Antoine de
Coignac, seigneurs de Saint-Jean-Ligoure, pour 1.900 livres tour-
nois et Christophe de Bony conserva seulement les droits seigneu-
riaux du bourg et de la paroisse de Saint-Priest-Ligoure et enclave
de Janailhac pour la somme de 1.100 livres tournois. Cet acte de
vente, de 1487, nous fournit d'intéressants renseignements sur les
(1) Voy. ci-dessus p. 513, l'art, de M. A. Thomas.
CHAtKAU-CMÊUVDi î)2;
u
)Z,y
châteaux du voisinage, et les familles qui les habitaient alors, mais
principalement sur les familles de Bony et de Coignac; on en trouvera
le texte plus loin.
La famille de Bony de La Vergne est originaire du Limousin et
de la paroisse de Saint-Priest-Ligoure, où elle existait vers Tan 1000.
C'est en ce même lieu, au chftteau de La Yergne que réside encore
le représentant de la branche aînée. La preuve de son existence en
ce lieu et à cette date nous est fournie par le Gartulaire d'Uzerche. On
y lit : « Aimericus de Pierabufeira dédit cum uxore, redditusin manso
Boni sancH Prejecti de Ligora; testis Guida Chenet. Hoc etiam
perhibuit Auduinas filius e^us^ apud Lemovicas, in manu Fulcherii
monachi (1) ».
Une théorie, inspirée par la vanité nobiliaire, et fort à la mode
sous Louis XIV, consistait à aller chercher à Télranger le berceau
des familles nobles de France. Nul n'est prophète dans son pays,
dit le proverbe, aussi être d'origine française était peu apprécié,
mais venir d'Irlande ou d'Espagne était très considéré. L'Italie
surtout était très recherchée et les familles dont le nom se termi-
nait par 0, I, ou Y, prétendaient toutes venir d'Italie. Aussi les
généalogistes n'ont pas manqué de donner à la famille de Bony une
origine italienne; ils la font arriver chez nous au xnt* siècle, pen*
dant que nous l'y voyons deux siècles avant cette date (2).
 partir de Raymond de Bony, chevalier, qui vivait en 1218, on
peut suivre par les pièces authentiques, sa filiation jusqu'à nos
jours. Christophe de Bony, seigneur de La Vergne, qui acheta de'
Jean d'Albret la terre et la ch&lellenie de Château-Chervix, avait
épousé par contrat du 5 septembre 1445, Anne de Cottet; il était
fils de Jean et de Jeanne Brun, fille du seigneur de Montbrun. Leur
fils, Pierre de Bony, épousa Marguerite de Trenchelion, et le fils
de ces derniers, Albert de Bony, épousait en 1542, Louise de Las-
tours. Toutes ces familles seigneuriales avaient leur château dans
le voisinage, et Montbrun, Tranchelion, Las Tours avaient comme
Chftteau-Ghervix, un donjon carré du xu* siècle, dont j'ai parlé plus
haut.
(1) C&rtulaire d'Uzerehe, n^ 624. * Publié par M. Champeval dans le
Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de Tulle, t. XVI, p. 132.
(2) On pourrait citer bien d^autres familles du Limousin étant dans la
même erreur au sujet de leur origine : les Léobardy, qui se croient
venus d'Irlande en 1570, étaient à Limoges avant cette date {Registres
consulaires de Limoges, t. II, p. 300); ils ont pris leur nom du lieu de
Léobardi, commune de Nantiat. Les Maleden qui se disent originaires
de la Grande-Bretagne le sont plus probablement du lieu de Maleden,
commune de Chaptelat, etc., etc.
")2C sociÉTé ARcii^:oLOGrQi;E et histobiql'e dit limousin
DaDS l'acte de procaralion de Christophe de Boay en i487, nous
voyons qu'un des procureurs nommés par lui est « Maître Richard
de Bony, établi recteur et curé de l'église paroissiale de Saint-
Gosme etSaint-Damien de Pierrebufflère ». Aucun autre document
ne parle de lui et il est resté inconnu des généalogistes. La famille
de Bony porte pour armes de gueules à trois besants d'argent.
Les de Coignac, seigneurs de Saint-Jean-Ligoure et de Château-
Ghervix sont moins connus que les de Bony. Ils sont peut-être dif-
férents des Goignac, seigneurs de Goignac (canton de Saint-Laurent-
sur-Gorre), et semblent s'être éteints après les trois degrés que
nous fait connaître Tacte de vente de Gbàteau-Ghervix :
Noble et puissant homme Jean de Goignac, autrefois seigneur
du Bouchaud, seigneur de Saint-Jean-Ligoure, de Vlllefavard, de
Berlande et de Jumilhac, avait entre autres enfants : 1* Gaultier ;
i^ Mathurin; 3* Antoine, qui suit.
Antoine de Goignac, chevalier, seigneur de Saint-Jean-Ligoure,
conseiller du roi de Navarre et son chambellan, épousa Marie du
Merle, dame dudit lieu, de La Boisse et de Ghampniel. G*est lui qui
acheta, avec Jean son père, de Jean d'Albret, vicomte de Limoges
et foi de Navarre, le château et la chfttellenie de Ghftteau-Chervix
par acte du 20 novembre 1487. Parmi ses enfants on trouve Anne
de Goignac, qui épousa le iS aoAt 1510, Phillipe Gouraud, écuyer,
seigneur de la Rochechevreux.
Noble et puissant seigneur François de Goignac, chevalier, sei-
gneur de Saint-Jean-Ligoure, achetait le 8 août 1K39, la métairie
de La Judie, paroisse de GhâleauGhervix des frères Gaston et
Pierre de La Pomélie. Le S8 décembre 154i, il fait foy et hommage
au vicomte de Limoges pour les terre, fief, justice et juridiction de
Ghftleau-Ghervix lui appartenant en vertu d'un traité entre Jehan et
Antoine de Goignac ses perayeul et ayeul et le vicomte de Limoges,
roi de Navarre. Le Nobiliaire du Limousin (tome II, page 473),
nomme encore noble homme François de Goignac, comme seigneur
de Saint-Jean-Ligoure le 12 décembre 1554, et cela d'après les
registres du présidial de Limoges.
L'hommage fait au vicomte de Limoges par Antoine de Goignac
en 1498, et par François de Goignac en 1541, va nous faire connaî-
tre leurs possessions à ces deux dates :
Hommage du Seigneur de Saint-Jean-Ligoure pour différents fiefs,
notamment pour la chatellenie de ChâteaU'Cherf>ix, i498
Alain, sire d'Albret, comte de Dreux, de Gastres, de Gaure, de
Penthiëvre et de Perregort, vicomte de Tartas et de Uinoges, sieur
CIIATBAU-CHBRVIX ^)27
d'Âveene sçavoir faisons que nostre aimé et féal conseiller et
chambellan, messire Antboyne de Coignac, chevalier, seigneur de
Saint-Jehan-Llgoure, nous a aujourd'hui faictiesfoy, hommage lige
et serement de féaulté qu'il nous est, et penlt estre tenu faire à cause
et pour raison de son hostel assiz au bourg de Saint-Jehan -Ligoure,
avecque les justice haute, moyenne et basse, maire mixte et imparc
dudit bourg et paroisse avecque toutes ses apartenances et dep-
pendances quelconques ; et de ses hostels nobles de Deymarie et
de Lur, assiz audit bourg de Saint-Jehan ; de son hostel de la Dou-
lassie, assis au bourg de Nexon; et de Tbommage du village
d'Eyssette que les héritiers de Puy-Faulcon tiennent dudit de Coi-
gnac; de son hostel de la Vallade assis dedans la ville de Saint-
Yrieix; item de son hostel et repaire de Crozet, assis en la pré-
vôté de Tivier; de Thostel et repaire de La Jautadis; de lamoytié
parindevizdu repaire de la Roche-Saint-Martin, en la chastellenye
d'Exiduelh; de Thostel du Brueilh-Rocheilhon, en ladite chastel-
lenie; de son hostel assis dedans nostre chastel d*ExidueIh, qui fut
à Guy Poichevin; du repaire de La Salle, assis en la paroisse
d'Eyzerac; de Thommaige de Thostel de Montmadin en la paroisse
de Gompnhac ; et Thommage de La Vaslie, paroisse de Sarrazac,
avecque tous les cens, rentes, hommaiges, dismes, droilz, et géné-
ralement nous a faict foy et hommaige de tout ce qu'il tient et
peolt tenir mouvant de nous en toute nostre vicomte de Limoges.
Auxquels foy et hommage et serment de féauté Tavons reçu, sauf
nostre droict et l'aullruy Donné en nostre chasteau de Mon-
tignac, soubz nostre scel, le 20* jour de septembre l'an 1498.
Sur le reply est escript : Par Monseigneur, les s'* des Cars, de
Lissac, de Tursac, le juge d'appeaux en la vicomte, et signé :
L. Guyot.
A la suite de cet hommage se trouve une déclaration de François
de Coignac, écuyer, qui certifie ne posséder des Aefs portés au pré-
cédent hommage, que : le chastel et la ch&telleoie de Saint-Jehan-
Ligoure, avec la justice du bourg et paroisse de Saint-Jehan, et
avec les dépendances des hôtels nobles de Deymarie et de Lur,
assis audit bourg de Saint-Jehan ; l'hommage du village d'Eyssete,
que les héritiers de Puy-Faulcon tiennent en Qef de lui ; et les hom-
mages de l'AUabastie, paroisse de Sarrazac, et de Montmadie, pa-
roisse de Corgnac. Et de plus les terre, fief, justice et juridiction
de Château-Ghervix, pour lesquels il offre faire hommage au vi-
comte; lesdites terre et seigneurie à lui appartenant, en vertu d'un
traité fait entre feu haut et puissant prince Jehan, par la gr&ce de
!)!28 SOCIÉTÉ ARCIlÉOLOÛtQUË £T HISTÛRIQUK DU LIMOUSIN
Dieu roi de Navarre et vicomte de Limoges, et feuz messires Jehan
et AnthoiDe de Goignac, perayeul et ayeul da déclarant.
Limoges, 20 octobre 1841 (1).
Les renseignements fournis par ces hommages peuvent nous don-
ner la solution d'un petit problème de géographie féodale, jusqu'a-
lors fort obscur : où est situé Lur, lieu d'origine de la famille de ce
nom?
On sait que cette famille, aussi distinguée par Téclat de ses
alliances que par les nombreux services rendus à TElat et les
dignilés dont plusieurs de ses membres ont été revêtus, existait en
Limousin dès le commencement du xi* siècle. De là elle s'est
répandue dans le Périgord, l'Auvergne et le Bordelais. Depuis
Talliance qu'elle contracta, en 1586, avec rbériiière du marquisat
de Saluces, en Piémont, elle a ajouté au nom de Lur celui de Til-
lustre maison de Saluces, autrefois souveraine et Tune des plus
puissantes d'Italie. Aujourd'hui elle porte pour armes : écartelé
aux 1*' et 4^ de gueules à trois croissants d'argent, qui est de Lur;
aux 2* et 3^ d'or au chef d'azur, qui est de Saluces.
Selon Laine, dans son Nobiliaire du Limousin^ « il existait dans
la paroisse de Masseret à trois lieues d'Uzerche, un château fort
dont une seule tour en ruine, appelée la tour de Lur se voyait
encore en IHIQ. Ce château était le patrimoine de la maison de Lur
dès le commencement du w siècle ».
Un autre généalogiste nous dit : « Cette maison originaire du
Limousin, parait avoir pris son nom d'un château situé près de
Masseret, à peu de distance de la route de Limoges à Tulle, entre
PierrebufBèreetUzerche, et dont il reste à peine quelques vestiges».
J'ai reçu il y a quelque temps la visite d'un membre de la famille
de Lur-Saluces, qui, muni de ces renseignements, était allé recher-
cher à Masseret et dans les environs, le lieu où avait existé le châ-
teau de Lur. Toutes les recherches et toutes les démarches qu'il
avait faites à ce sujet ne lui avaient absolument rien appris. De
mon côté je ne pouvais pas mieux le renseigner, n'ayant aucun do-
cument ancien faisant connaître la position de ce château, mais je
croyais qu'il devait être plus à l'ouest de la route de PierrebuflBère
à Masseret, dans la direction de Ghâteau-Ghervix et de Fressinet,
commune de Saint-Priest-Ligoure.
Quelque temps après, notre infatigable et heureux chercheur,
M. Champeval, publiait l'indication suivante dans le Bulletin de la
{[) Copie sur papier du xvi« siècle. — Archives des B&sses-Py rénées,
E. 850.
• «.
CHATEAU-CHfinVIt t)29
Société de Tulle (tome XI» p. 414) : « Le chàleau de Lui* élait en
4544 daDs la paroisse de La Porcherie, et non entre celles de Mas*
seret et de Salon, comme le voudraient les nobiliaires ». Il y avait
en effet une branche de cette famille qui habitait la paroisse de La
Porcherie. On connaît Arnaud de Lur, clerc, de lia Porcherie, en
1336; noble Pierre de Lur, de La Porcherie, en 1346, etc.. Mais
on trouve aussi des membres de cette famille dans plusieurs autres
paroisses; tels sont : Gui de Lur, damoiseau, seigneur de Gham-
bouraud, paroisse de Saint-Mathieu ;'Gaucelin de Lur, seigneur du
même lieu en 4337. G'esl surtout dans la paroisse de Fressinet,
aujourd'hui réunie à celle de Saint-Priest-Ligpure, que cette famille
semble avoir eu plus d'importance : Géraud de Lur, chevalier, était
seigneur de Fressinet en 4364. Gu; de Lur, de la maison noble de
Fressinet, était abbé de Saint-Serge, d'Angers, en 1426. Noble
Bertrand de Lur, seigneur de Fressinet, en 4435, est témoin au
contrat de mariage d'Isabeau de I^a Tour d'Auvergne en 4456; il
marie sa fille Isabelle de Lur à Mathelin de Goignac. Mais dans
aucune de ces paroisses on ne trouve le château de Lur. Aussi, à
moins d'autres renseignements, on ne peut pas dire que le chftteau
de Lur était dans la paroisse de La Porcherie, parce que des mem-
bres de cette famille y avaient leur habitation, ou un château quel-
conque.
M. Philippe de Bosredon, en publiant les sceaux de Géraud de
Lur, chevalier, fils de Boson, seigneur dudit lieu et de Jourdaine
de Joussineau-Fressinet, 1354; de Jean de Lur, seigneur de Fres-
sinet, sénéchal d'Albrel, 1473, etc., nous dit : « D*après les recher-
ches de M. Ghampeval le chftteau de Lur était situé entre La Por-
cherie et Château-Chervix » {Bull. Soc. arch. Lim., XXXVIII, 114).
Getle dernière indication nous ramène à Ghâteau-Chervix, et ce
sont maintenant les seigneurs de Ghâteau-Ghervix et de Saint-Jean-
Ligoure qui vont nous apprendre eux-mêmes où se trouve le châ-
teau de Lur.
Dans rhommage qu'ils rendent au vicomte de Limoges pour tout
ce qu'ils possèdent, Antoine de Goignac en 4498 et François de
Goignal en 1541 nomment « leurs hostels de Deymarie et de Lur,
assiz audit bourg de Saint-Jehan ». Le château de Lur était donc
au bourg de Saint-Jean-Ligoure, aujourd'hui canton de Pierrebuf-
Hère. On trouve aussi dans cette même paroisse un petit fief qui
avait quelque rapport avec le château de Lur, puisqu'il porte le
nom de Luret ou Pelit-Lur. Depuis le xvi« siècle il appartient à la
famille Lamy.
En 1553 Ghâteau-Ghervix fut le théâtre d'un de ces drames de la
folie dont le souvenir se conserve longtemps parmi les habitants
T. LV 35
530 soGiéré archéologique et Historique dC LlMOitsirt
du pays. Le seigneur du lien, « transporté de désespoir et de furie »,
fit mettre à mort tous les membres de sa famille et incendier son
château où ils étaient. De nos jours on voit encore trop souvent de
semblables drames de la folie ; les journaux de notre époque pas-
sent rarement plusieurs années sans donner le récit de faits sem-
blables. Depuis quinze ans que j*habite un asile d'aliénés, j*y ai
connu personnellement deux malheureux qui avaient mis le feu a
leur maison après avoir tué ceux qui Thabitaient.
Plusieurs de nos historiens* ont ignoré ou passé sous silence ce
tragique événement ; d'autres Tout transformé en Tattribuant au
seigneur de Ghalucet, ennemi de celui de Ghâtean-Gbervix (1).
Pour en donner une connaissance plus exacte, je vais mettre sous
les yeux du lecteur le récit qu'en ont fait deux contemporains :
Mathieu Bandel, littérateur italien, qui a vu exécuter à Limoges les
coupables, et Pierre de Teysseulh, chanoine de la cathédrale de
Limoges.
Mathieu Bandel (Hatheo Bandello) était né en i480, dans le Mi-
lanais ; Il était neveu de Vincent Bandello, dominicain et général
de son ordre en IKOl. Il entra lui aussi dans Tordre de Saint-Do-
minique. Sa famille était dévouée à la France ; après la bataille de
Pavie et Toccupation du Milanais en 1525, il s'expatria et vint en
France, où il fut nommé évoque d'Agen en 1550. Il fut aussi
ambassadeur de François P' en Turquie. Il était à Limoges, ainsi
qu'il l'a écrit lui-même, le 31 mars 1554, jour de Texéculion des
coupables. Il a écrit, en italien, des Nouvelles qui furent imprimées
à Lucques en 1554, en trois volumes in-4*, puis à Lyon en 1572.
Dans cet ouvrage il attaque les abus et les vices de son temps avec
autant de franchise que de crudité dans le langage.
L*œuvre de Mathieu Bandel a été traduite en français par Fran-
çois de Belleforest et Pierre Boisteau, qui l'ont publiée sous le titre
de Histoires tragiques extraites par Boisteau et Belleforest des
Nouvelles de Bandel^ Lyon, 1580. Ces auteurs nous avertissent dans
leur préface que, au lieu de s'astreindre au texte de Bandel, ils ont
pris l'histoire rapportée par lui et l'ont racontée à leur manière.
Une autre des éditions qui ont suivi celle de Lyon a été donnée à
Rouen, en 1604, par Loiselet.
Voici le litre de la Nouvelle qui nous intéresse :
(1) F. Marvaud, dans Vllistoire des vicomtes de Limoges, t. II, p. ICI.
CHATEAU-CHERVIX 53 1
Acte cruel du sieur Saint- Jean-Ligoure, gentilhomme Limousin,
faisant oecir fsicj sa femme et toute sa famille et brûlant son
ckâteau, transporté de désespoir et furie, et quelle fut sa fin,
L'hisloire est fort longae, elle commence à la page 374 du
VI* volume des Histoires tragiques; elle est toute farcie de conver-
sations et de considérations morales et autres. Voici le résumé que
M. L. Guibert a bien voulu me faire, au mois de mars 1883, sur le
volume de la Bibliothèque nationale :
« Un sieur de Saint-Jean-Ligoure se livre à la recherche de Tor,
et sa famille aussi. Son beau-père Qst accusé de « falsifier la mon-
naie du roi », et conduit « au chatelet d*Angouléme ». Saint-Jean-
Ligoure s'adresse pour sauver son beau-père « au maréchal de
Saint-André ». Celui-ci lui promet tout simplement que bonne jus-
tice sera faite. Ce n'est pas ce que demandait le a galant », lequel,
a au contraire, grand peur qu'on fasse bonne justice, sachant qu'il
lui en cuirait. Il redoute les révélations de sa femme et des gens
d6 sa maison. Il a pour confident un prêtre, que l'auteur ne nomme
pas « aultant détestable comme sa vie fist depuis aparoir ». Celui^ri
proposa de tuer tous ses parents et domestiques pour empêcher
qu'on puisse établir le crime. « Ne vaut-il pas mieux, dit-il, que
votre femme, enfants et chambrières meurent innocents, que si, en
vous accusant, ils ont l'ftme souillée de trahison ». Saint-Jean-Li-
goure perd la tête, accepte les services de son confident, lequel se
rend au chftteau avec un affidé, pendant que le seigneur se tient
sur une hauteur voisine. Les deux complices arrivent au moment
où un enfant vient, par une espèce de prophétie, d'annoncer à sa
mère le danger qui les menace tous. La mère, les enfants, les pa-
rents, les domestiques, tout est massacré, sauf un petit laquais qui
s'e9l réfugié dans une cave. Puis les misérables mettent le feu au
château. Le gentilhomme regarde son château brûler, puis aban-
donnant ses complices, se réfugie en Suisse. Cependant le feu
n'ayant pas anéanti toutes les traces du crime, et les corps de plu>
sieurs des victimes ayant été retrouvés, le petit laquais d'ailleurs
ayant parlé, le prêtre et son complice sont arrêtés et on fait leur
procès. « Les registres du greffe de Limoges en donnent assurance,
où les meurtriers furent dépéchés et furent ces gaians mis sur
la roue, ce que je puis dire, comme vray tesmoin qui estois à Li-
moges lorsque fust faite cette exécution ». Saint-Jean-Ligoure s'éiait
enfui en Suisse. La police française le découvrit et on demanda
son extradition. Les magistrats du canton de Berne, qu'il habitait,
ne voulurent pas y consentir, mais ils envoyèrent en Limousin « un
]
532 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HtSTOniQrE Di: LIMOUSIN
Bernois, homme sage el de bonne conscience, que j'ay \eu en
Lymousin » et qui Ql une enquête sur cette affaire. La vérité ap-
prise, les magistrats suisses ne rendirent pas leur tiôte au roi de
France, mais ils le firent passer en jugement, et il fut condamné à
avoir la tête tranchée ; ce qui fut exécuté toujours à Berne » (1).
Le second contemporain qui nous a laissé le récit de ce tragique
événement est le chanoine Pierre de Teysseulh, de Téglise cathé-
drale de Saint-Etienne de Limoges. Il a écrit un journal historique
allant de 4533 à 1868, dont le manuscrit original est perdu ; mais
M. A. Leroux, archiviste du déparlement, Ta publié, par extraits»
dans ses Chartes et Chroniques, d*après une copie du xvii* siècle,
qui se trouve dans la collection de Gaignères à la Bibliothèque
nationale. D'ailleurs, le P. BonaVenture de Saint-Âmable a donné
presque textuellement (2) le récit du chanoine de Teysseulh pour ce
qui se rapporte à Chàteau-Chervix, et les quelques auteurs qui en
ont parlé après lui n'en ont pas connu d'autre.
(c Mémoire que, le 6 décembre 1553, le château appelé de Ghàteau-
Chervix fut bruslé et auparavant tués dedans la femme du sieur, sa
mère, leurs enfants et filles dudit sieur, servantes et chambrières,
saïf^ excepter aucun qui fut dedans, et, après les avoir tués, mirent
le feu audit château et firent brûler les corps; et la dame qui était
enceinte ne se put brûler qu'une partie du corps, et en l'autre
partie on trouva les coups des épées et dagues qu'on leur avait
baillés : par quoy fut cogneu qu'il y avait du meurtre, qui fut la
cause que la justice en fit grosse diligence, el le sieur gaigna au
pied. Et fut pris un prêtre nommé Barmondieras, paroisse de Gha-
lucet, qui confessa le cas, et que ledit sieur l'avait fait faire, et le
tout confessa sans torture et qu'auparavant mettre le feu, qu'il les
avait tués, et que, ce fait, les mirent au milieu d'une chambre, et
sur eux la paille des lits et autres choses, et puis mirent le feu, le
tout par commandement du sieur qui les voulait tuer, comme
disaient, s'ils ne Teussent fait. Et le dernier mars, an susdit [1553,
nouveau style, 1554], ledit Barmondieras, prêtre, fut mené sur un
tombereau par la ville de Limoges, en chemise, la lête nue et pieds
n js, et avec lui la figure dudit sieur, et furent tenaillés lui el ladite
figure par les carrefours de la ville ; el après êlre arrivé à l'espiu-
loir de la dite ville, le dit Barmondieras fut mis tout vif à quatre
(1) Histoires tragiques extraites par Boisteau et Belleforest des A'oii-
velles de Fiandel, édition en sept volumes. Le VI* volume où cette Sou-
velle se trouve à la page 371 est imprimé en 1604, à Rouen, par Loiselet.
{2j Tome III, page 775.
CHàTEAU-CHERVIX 533
quartiers, et pais tranché la tête, et après lesdits quartiers et la
iigure dudit seigneur qui avait été condamné à estre brûlé tout vif,
furent brûlés et mis en cendre » (1).
On remarquera que le chanoine de Teysseulh nomme le château
de GbàteaU'Gheryix,où ce drame eut lieu, ce que ne fait pas Bandel
qui donne seulement le nom du seigneur de ce château, le sieur
Sainl-Jean-Ligoure. C'est ainsi qu'était alors désigné François de
Goignac, sieur de Saint-Jean-Ligoure et de Cihâteau-GherTix. Le
nom de son complice Bernardiéras nous est aussi révélé par le cha-
noine Teysseulh, pendant que Bandel ne le nomme pas. Mais le
texte ci-dessus, où on lit Barmondiéras, semble être une erreur de
copiste, car le P. Bonaventure de Saint-Amable, comme tous cent
qui en ont parlé, le nomment Bernardiéras, et ce dernier nom
existait alors et existe encore dans le pays, pendant que Barmon-
diéras y est complètement inconnu.
Il faut aussi remarquer que plusieurs auteurs modernes sont dan»
Terreur en disant que ce Bernardiéras était de Ghalucet. Le
texte contemporain rapporté ci-dessus dit : de la paroisse de
ChatUcet. Celte dernière, aujourd'hui dans le département de la
Dordogne, fait partie de celle de Jumilhac, dont les de Goignac
étaient coseigneurs et où ils avaient une habitation. Ce Bernar-
diéras semble être un de leurs familiers, et il doit être considéré
comme étranger au château de Ghalucet qui est dans la paroisse
de Saint-Jean-Ligoure, au confluent de la Briance et de la Ligoure,
dans le département de la Haute- Vienne.
Le chanoine de Teysseulh atteste encore dans son récit que tous
les habitants du château furent tués « sans excepter aucun qui fut
dedans ». Dans le récit de Bandel, il est dit que a tous furent mas-
sacrés, sauf un petit laquais qui s'était réfugié dans une cave ». Je
suis porté -à croire que les traducteurs de Bandel ont ajouté à son
récit ce petit laquais, ainsi que « Tenfant qui, par une espèce de
prophétie, vint annoncer à sa mère le danger qui les menaçait
tous ». Je regrette de ne pas avoir le texte italien pour vérifier
Texaclitude de ma conjecture.
Cette affaire de Château-Chervix est une des premières dont se
soit occupé le présidial de Limoges. Un édit royal du mois de jan*
vier 1551 avait en effet créé des sièges présidiaux, et dans Tam*
pliation du mois de mars suivant, la ville de Limoges avait élé
désignée pour être le siège de celui du Haut-Limousin. La cour
présldiale y fut solennellement installée le lundi 11 septembre 1553,
(1) Journal de Pierre de Teysseulh, publiés par M. A. Leroux, dans les
Chartes el Chroniques, p. 255.
534 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSm
par Massiot, conseiller au parlement de Bordeaux, et cette caaae
lui était soumise moins de trois mois après. Si les premiers régie-
très de ce présidial nous avaient été conservés, on pourrait connaî-
tre les raisons qui déterminèrent son jugement que plusieurs
auteurs trouvent juste mais très sévère. Toutefois, rien ne nous fait
supposer qu'il ait tenu compte de Tëtat d'aliénation mentale du
principal auteur.
Quant à la famille de ce dernier, on ne la retrouve plus dans le
pays après cet événement, et les châteaux de Saint-Jean-Ligôure et
de Cbftteau-Gbervix passèrent à d'autres.
Jeanne de Goignac, qui est dite dame de SaintJean-Ligoure et
Ch&teau'-Ghervix, avait épousé, le 21 décembre 18M, noble Miles
de Vars. Elle en eut une fille nommée Marguerite de Vars de Saiot>
Jean, qui épousa Antoine de La Chapelle, veuf de Galherine Baillot.
C'est à cette fllle que Jeanne de Goignac donna la terre de Saint-
Jean-Ligoure, par acte du 3i janvier 1601. À sa mort, elle passa à
son fils Jacques La Chapelle- Jumilhac, seigneur de Saint-Jean-
Ligoure et de Jamilhac. Ses descendants possédaient encore ces
(erres au moment de la Révolution. De Vars porte d'axur àtroU
cœurs d'argent, et La Chapelle-Jumilhac de sinople à une chapelle
d'or.
Pour Château-Chervix, nous trouvons un peu plus tard Jeanne
de La Vergue qui est dite dame de Tourdonnet et de ChAteau-
Ghervix ; elle épousa en premières noces Gaston de La Marthonie,
chevalier, seigneur de Combas et de Tranchelion, et en secondes
noces, par contrat du SI juillet 1633 Jean-François Gain de Unards .
Elle donna Château-Chervix à sa fille, en la mariant avec Philibert
de Joussineau. Les armes de la famille de Joussineau sont de gueu-
les au chef d'or.
À. Leclbr.
Contrat de vente de : /** ChdtèathChervijby Ê^ Saint-Jean^Ligàure,
JànailhaCy consentie en faveur de 1"" Jean et Antoine de Coignat;
^* Christophe et Pierre Bonny par Sa Majesté le rdi de Navarte.
— ZO novembre 1487.
PROCURATION DU ROI DE NAVARRE
Nous garde du scel autentique royal étably et ordonné par le roy
nôtre sire aux contrats au baillage de Limoges, à tous ceux qui ces
présentes lettres veront et ouïront. Salut. Savoir faisons que par-
devant nos féaux commissaires et jurés ci-dessous escrits et les
témoins ci-dessous nommés ont été présents et personnellement
GHATBAU-CHERVIX 53S
éUblU en droit. Très haut et très puissant seigneur Monseigneur
Jean Alain, seigneur d*Albret, comte de Périgord et vicomte de
Limoges, tant en son nom propre et privé, et tant qnil lui touche,
que comme procureur et légitime administrateur de très haut et
très excellent prince le roy de Navarre, son aymé fils, ainsi qu^il a
allégué, montré et enseigné des lettres de sa procuration desquelles
la teneur cy-après s'ensuit par ces paroles :
Jean, par la grftce de Dieu Roy de Navarre à tous ceux que les
présentes lettres veront et ouiront. Salut. Savoir faisons que,
comme pour passifier notre dit royaume et notre comté de Foy, et
suppléer et frayer à plusieurs autres charges qu'il nous faut porter
de jour à autre, et pour entretenir notre état royal, nous convienne
et fait besoin de vendre et aliéner aucunes de nos terres et sei-
gneuries, ou plusieurs, étant en notre comté de Périgord et vicomte
de Limoges, à cette cause, pour la paternelle confiance que nous
avons et devons avoir en notre très cher seigneur et père, Monsei-
gneur Halin, sire d'Albret, nous iceluy avons fait, constitué et
ordonné, faisons, constituons et ordonnons notre procureur, gêné-
rai négociateur et messager spécial en tous nos affaires et négoces
de par delà en nos pays de Périgord et Limousin, et par exprès, et
en spécial, avons donné et octroyé, donnons et octroyons à notre
dit seigneur et père procureur susdit, mendement, plein pouvoir et
puissance de vendre, échanger ou aliéner par lettre de vendition,
ou par mutation, à perpétuité et à jamais, céder, transporter et
aliéner le droit et action que nous avons de racheter et reavoir de
Christophe Bony, sieur de Lavergne, en la paroisse de Saint-Priest-
Ligoure, en Umousin, notre château et chàtellenie, juridiction et
justice de Gh&teau*Ghervix, assis et situé au diocèse et vicomte de
Limoges, avec la situation forteresse dudit château et toute la jus-
tice et juridiction, d'institution d'officiers, honneurs, hommages,
bourg, paroisse, forets et antres dépens, et lieux vacants, rivières,
forteresse, guets, garde, droits de vigerie, péage, traverse, plassa-
ges, laydes et étangs, moulins, hommes mounants, pescheries,
garennes, colombiers, achat, fondantes, pensions de dixmes, fours,
chenages, mas, villages, bois, pasturaux, vignes, terres, cens, ren-
tes et revenus de bled et de vin, argent, gelines, chapons et autres
choses, et tout autre droit et devoir appartenant et dépendant dudit
château et chàtellenie de Ghâteau-Gbervix ; ainsy et pour la forme
et manière que nous et notre dit seigneur et père, et nos prédéces-
seurs les vicomtes de Limoges l'avons accoutumé tenir, user,
exploiter par cy-devant et par nous et par notre dit seigneur et
père autrefois, audit de la Vergue ceddé et transporté, et aussy de
vendre ou échanger ledit château et chàtellenie et choses dessus
536 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
spécifiées, sans aucune chose à nous revenir audit château et ch&-
tellenie, ses fins, limites, appartenances et dépendances d'icelle, et
ce à Jean de Goignac, chevalier, seigneur de Sainl-Jean-Li^oure, et
à Antoine de Goignac, son fils, et audit Ghristophe Bony, et à cha-
cun d*eux, pour eux et leurs hoirs, successeurs, et ayant cause et
droit d'eux pour telles parties et portions qull lui plaira. G'est à
savoir auxdits de Goignac lesdits châteaux et chàteilenie, avec tous
et chacun des droits et devoirs dessus dits et déclarés, et audit
Bony, en confirmant la vente par nous, ou noire dit seigneur et
père en notre nom à lui faite, c'est à savoir la juridiction et justice
de tous droits de château et chàteilenie avec tous les cens, fentes,
moulins et autres droits et devoirs des bourg et paroisse de Saint-
Priest-Ligoure, et enclave de Janailhac, lesquels par la teneur de
ces présentes voulons audit Bony être expressément réservés,
comme étant des appartenances de ladite chàteilenie, et par tel
prix et somme qu'il lui plaira, et iceux prix et somme recevoir, et
en quitter et absoudre yceux de Goignac et Bony achepteurs, et
leur en donner pléniëre quittance, pour et au nom de nous, et nous
devestir desdites choses ainsi vendues et aliénées, et investir lesdits
achepteurs et leur en bailler et délivrer la réelle, actuelle, vaquée
et libérale possession pour faire dés lors leur agréable et franche
volonté, et donner congé et licence aux hommes et tenanciers et
nos emphiteostes de reconnaître lesdits achepteurs et tenir d'eux
comme seigneurs fonliers et directs desdites choses, et leur payer
les cens, renies, et devoirs dont pour raison des dites choses sus-
dites nous pouvons être tenus, et de céder et laisser pour et au nom
de nous auxdits achepteurs toutes actions, possessiop, exploits pour
raison des choses susdites à nous appartenant, en tels pactes et
promesses que bon luy semblera, néanmoins, et par exprès de per-
multer ou échanger avec lesdits de Goignac père et fils, et chacun
d'eux notre enclave et tout ce que avons et tenons, en la paroisse
de Saint-Jean-Ligoure, à cause dudit château et chàteilenie dudit
Gbâleau-Ghervix, et avec tous et chacun des lieux, terres, mas,
villages et autres cens et rentes desdits de Goignac père et fils, et
de promettre et obliger pour nous et en notre nom auxdits achep-
teurs que nous déchargerons desdiles choses vendues et échangées
et aliénées de toutes et chacunes obligations, hypothèques, et obli-
ger par exprès de demoiselle Jeanne de Bretagne, veuve de feu le
seigneur de Valon, et de toutes autres sœurs de ladite demoiselle
et de tous autres, et que de tout se prendront la charge et garantie
en jugement et dehors quand requis en seront, et de promettre et
obliger pour nous et en notre nom de payer, décharger et tenir
quittais lesdits achepteurs du Révérend Père l'abbé de S' Martial
CHATEAU-CHEHVIX 537
auquel appartient rhommage dudit château et chfttcllenie et à pré-
server et garder indemnes lesdits achepleurs de toutes les choses
dessus dites, sans jamais venir au contraire et csmander toute
éviction universelle et particulière, et de jamais ne venir au con-
traire comme dessus est dit par quelque moyen que ce soit, et d'en
octroyer et passer lettres et instruments en bonne forme et valable
par foy et serment en notre ame, et aussy avons donné et octroyé
à notre dil procureur libérale puissance de, et sûr ce que dit est,
faire et besoigner tout ainsy que nous ferions et pourrions faire si
étions présent, et néanmoins en tant que besoin et métier serait
nous, par vertu et authorité de ces présentes, vendons et transpor-
tons auxdits de Coignal père et fils, et audit de Bony, par titre de
pure et irrévocable venditioo, par tel contrat que par mon dit sei-
gneur et père sera besoigné et contracté avec euT[, par tel prix et
somme qu'avec eux par luy seroit accordé, et avons renoncé et
renonçons par la teneur de ces présentes à tout moindre et âge
et minorité et à toute restitution pour laquelle pourrions ou nous
serait permis ne loisible venir au contraire directement ou indirec-
tement, par quelque moyen ny remède que ce soit, aussy à excep-
tion, allégation ou négative de nom avoir reçu ny eue la somme ou
sommes pour laquelle ou quelles part notre dit seigneur et père, et
notre dit procureur sera appointé et accordé avec ledit de Goignat
et Bony, et chacun d'eux pour les choses ainsy vendues et échan-
gées et aliénées, et pareillement à toute lésion et déception de
juste prix, et promettons auxdits de Goignat et Bony, et chacun
d'eux, sous la foy et serment de notre corps, de porter et prendre
à tout temps et à jamais de bonne et ferme garantie desdites
choses aux dessus dits de Goignat et Bony et à leurs hoirs et suc-
cesseurs, et ce sous Tobligation de tous mes biens, dominations,'
terres et seigneuries, et tout autrement avoir agréable, ferme et
stable à tenir, observer et accomplir toutes et chacunes les choses
esquelles par mondit seigneur et père, comme mondil procureur,
sera et aura été besoigné et accordé en quelque manière que ce
soit au nom de nous, et d*abondanl et pour plus grande sûreté des
choses dessus dites, en tant que mestier est et pourroit estre le
temps à venir, promettons en bonne foy, et sous obligation que
dessus, de ratifier, approuver et omologuer tout ce que par notre
dit seigneur et père sera besoigné, passé, traité, accordé et appointé
arec lesdits de Goignat et Bony, toutefois que par eux, ou d'eux,
ou aucuns d'yceux en sera sommé et requis, et de leur en bailler,
passer et expédier toutes telles lettres et instruments qu'ils vou-
dront et verront être à eux nécessaires. En témoignage desquelles
chosestiious avons signé ces présentes de notre main et fait sceller
536 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
du sceau de nos armes. Donné à Bonrepos, en Bigorre le ?ingt
deuiième jonr de septembre Tan mil quatre cent quatre vingt sept.
Ainsy signé en marge : Jean. Par le Ro; et Seigneur : De Gomboc,
M. Nicolle TauUica et autres présents. N. Gaillet pour luy et autres
nos seigneurs ses enfants, auxquels et chacun d'eux mondit sei-
gneur d*Albret, comme père et légitime administrateur de nos dits
seigneurs ses enfants, a promis de fair louer, approuver et ratifier
le contenu en ces présentes lettres, toutes et quante fois qu'il en
en sera nommé et requis parles parlies cy-dessous nommées, pour
luy et nos dits seigneurs ses enfants, leurs hoirs et successeurs et
qui de luy auront droit et cause en temps advenir d'une part, et
noble homme Pierre Bony, écuyer, fils naturel et légitime et aussy
procureur de npble homme Christophe Bony, écuyer, sieur de
Lavergne, paroisse de Saint-Priest-Ligoure, diocèse de Limoges,
ainsy qu'il a été allégué, enseigné et montré de sa dite procuration
de laquelle la teneur s'ent suit par ces paroles :
PROCURATION DB CflRfSTOPHE BONY
Nous, seigneur de PierrebuflBère et Saint- Paul-d'Aigueperse,
faisons savoir à tous en général et en particulier, que pardevant
le féodelle commissaire et dit no'* soussigné, par nous pour ce
spécialement député et pardevant les témoins bas nommés, a été
présent et s'est constitué pour lui noble homme Christophe Bony,
damoiseau, seigneur de La Vergue, près Saint-Priest*Ligoure,
lequel de son bon gré et sciemment dans toutes et chacune des
causes, procès et affaires, mues et à esmouvoir, tant pour agir que
pour défendre pardevant toute sorte de juges, tant ecclésiastiques
que séculiers, nomme et ordonne ses procureurs généraux et
messagers spéciaux, sans que néanmoins la généralité déroge l'es-
pécialité, ny vienne au contraire, à scavoir noble homme Pierre
Bony, damoiseau, fils du constituant susdit, et vénérable hemme
Monsieur et maître Richard Bony, établi recteur et curé de Téglise
paroissiale de Saint-Gosme et Saint-Damien de Pierrebuffière, et
un chacun d'eux à scavoir pour ces présentes comparaître devant
un chacun desdits juges au nom d'iceluy constituant par luy expres-
sément et spécialement pour vendre, céder, acquitter et autrement
transporter, en bonne et valable forme, aux mains de noble prince
vicomte de Limoges, ou dans les mains de noble homme Jean de
Coignat, chevalier, seigneur de Saint-Jean-Ligoure, tout le droit,
part et portion que iceluy noble de La Vergue, a et peut avoir de
quelque façon que ce soit sur le château et chatellenie de Ch&teau-
Ghervix, avec toutes ses appartenances et dépendances, sous
CHATXAU*CHERVIX 539
promesse d'en donner lettres sous la meilleure forme que se peut,
en quittant les dites choses, et pouvoir généralement de faire, pro-
curer et exécuter toutes autres choses qui seraient nécessaires pour
les susdites choses, et que iceluy constituant ferait et pourrait
faire s'il était présent, promettant tenir pour agréable tout ce que
par les susdits procureurs et chacun d'eux sera fait* sons Tobliga-
tion expresse de tous et chacun ses biens, quels qu'ils soient, qu'il
a obligé et bipothéqué pour cela avec le n'* soussigné, stipulant
pour tous ceux qu'il touche, ou i qui il peut toucher, emporter i
l'advenir. En foi de quoy et pour témoignage de toutes lesquelles
choses nons avons scellé lesdites lettres de notre sceau, dont nous
nous servons dans toute notre terre et juridiction. Donné et fait en
présence de noble homme Pierre de La Garde, seigneur de Tran-
chelion et de La Garde, et discret homme maître Jean de Nicolas,
clerc bachellier es lois, témoins connus à ce appelés, le quatrième
jour du mois d'octobre de l'an de Notre Seigneur mil quatre cent
quatre vingt sept. Ainsi signé en marge : Nicolas, et auquel Chris-
tophe de Bony son père, quand besoin et requis en sera, a promis
faire ratifier, approuver le contenu en ces présentes lettres pour
luy et ses hoirs et successeurs, et qui de luy auront droit et cause
en temps à venir.
PROGCHATION DE iSAlV PB C0IGI«AT
D'autre part et messire Jean de Goignat, chevalier, seigneur de
Saint-Jean-Ligoure et Antoine Goignat, seigneur du Merle, son fils,
tant en leurs noms propres et privés, que comme procureur et au
nom de nobles hommes Gaultier et Mathurin de Goignat, fils natu-
rels et légitimes dudit messire Jean de Goignat, et aussi comme
procureurs aux noms de dame Gaspare du Merle, dame dudit sieur
du Merle» femme et épouse dudit Antoine de Goignat, et de chacun
d'eux, ainsy qu'ils ont illect aussy montré et enseigné par lettres
de leur procuration cy-après insérées chacune en son ordre, des-
quelles la teneur s'ensuit :
Nons, juges de la cour et terre et de toute la juridiction et chft-
tellenie de Jumilhac, pour nobles et puissants hommes coseigneurs
dudit lieu, faisons savoir à tous que ces présentes lettres verront,
liront et ouïront que pardevant fidèle commissaire et nostre féal
juré sous écrit pour et semblables choses par nous spécialement
député, et pardevant les témoins bas nommés personnellement
constitués, noble et puissant homme Jean de Goignat, autrefois
chevalier du Bouchard, seigneur de Saint-Jean-Ligoure et de Vil-
lefavard, et coseigneur dudit lieu de Jumilhac, et nobles Gautier,
540 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Antoine et Mathurin de Coignat, damoiseaux, frères» fils légiti-
mes et naturels dudit sieur chevalier, mais à présent lesdits
nobles Gautier et Malburin Coignat, damoiseaux, et un cbacun d'eux
pour leur regard, tant conjointement que séparément, de leur bon
gré, comme ils ont de la licence et volonté et consentement dudit
seigneur chevalier leur père, pour eux et un cbacun d*eux pour
toutes les choses susdites, ont fait, ordonné, élably pouvoir en un
chacun d'eux tant conjointement que séparément, leurs procureurs
généraux et acteurs et messagers spéciaux de tous uns cbacuns les
affaires et choses sous écrites, sans que Tespécialité déroge à la
généralité, ny la généralité à la spécialité, savoir lesdits nobles
hommes sieur Jean de Coignat, leur père, et Antoine de Coignat,
damoiseau, leur frère, ici présents, et Tun d-eux faisant pour l'au-
tre, sans que pourtant le présent fasse rien au préjudice de
Tabsent, mais ce qui sera fait par Tue d'eux, soit approuvé
par l'autre. Et pour la validité des présentes ont donné, cédé,
comme donnent et cèdent à leurs dits procureurs lesdits consti-
tuants pour eux et un chacun d'eux, tant séparément que conjoin-
tement tout ainsy qu'il leur touche, leur spécial commandement
de vendre, céder, quitter, délaisser à jamais avec pacte de rachapt,
ou sans pacte de rachapt, d'affermer et assencer pour le t^mps
queiceux leurs procureurs, ou l'un d'eux trouvera bon, tous leurs
biens et villages, cens, revenus, fondalités, droits, deniers, que
lesdits constituants out ou peuvent avoir dans tout le diocèse de
Limoges, et d'affermer pour un temps et mettre les dits acheteurs
pour jamais en lieu et place desdits constituants, de leur constituer
leur droits et hypothèques des susdits biens et les y subroger, et
de recevoir le prix et somme qui en proviendra, et d'en donner
quittance, et de donner telles lettres de vendition, cession perpé-
tuelles et affennes temporelles desdiis lieux qu'ils verront être
nécessaire, en passer valable ferme pardevant no'^ et témoins avec
jurement et renonciation, et obligation de leurs biens et autres
clauses à ce nécessaires, leur donnant pouvoir de faire, agir, pro-
curer, négocier telles autres choses que des bons, véritables et
légitimes procureurs légitimement constitués, font, peuvent et
doivent faire, et que yceux constituant feraient et pourraient faire,
s'ils étaient présents. Que si lesdites choses sont telles qu'elles
requièrent un mandement plus spécial lesdits constituants promet-
tent de tenir et avoir pour agréable et confirmer ce que par lesdits
procureurs ou un chacun d'eux il sera fait et agis dans lesdites
choses, promettant de les relever indemmes de tout et de les
décharger à leur jugement, et s'il est besoin stipulant et acceptant
tout ce qui aura été fait, sous obligation et hypothèque de tous et
ClIATEAr-niIERVtX tJVl
un chacun de leurs biens, lesquels ils onl obligé expressément
pour cela, notre commissaire et juré sous écrit stipulant pour tous
ceux qu'il importe ou peut importer à Favenir, et lesdils consti-
tuants ont signifié, et ont voulu que ce fut signifié à tous ceux
qn*ii touche ou peut loucher a Tayenir par ces présentes lettres,
lesquelles nous, juge susdit à la fidèle relation de commissaire, et
notre juré soussigné, avons voulu être cachetée du sceau de notre
dite cour^ pour foy et témoignage des susdites choses. Fait et
(loniré dans le châleau du chevalier de Jumilhac, diocèse de Péri-
gueux, le vingt sixième jour du mois d'octobre, Tan de Notre
Seigneur mille quatre cent quatre vingt sept, en présence du cher
notre seigneur messire Jean Fabry, prêtre, et messire Jean Burre,
lesdits témoins connus à ce appelés. Ainsy signé en ùiarge :
De Rupibus, retulit.
PROCURATION DE DAME GASPARE DU MERLE, FEMME D'aNTOINE DE COIGNAT
Nous, juge de la cour, terre et de toute la juridiction de Jumi-
lhac, pour et au nom de nobles et puissants hommes et seigneurs
dudit lieu, savoir faisons à tous en général et pardevant fidèle
commissaire notre juré sous écrit, et témoins bas nommés, pour
ce et semblables choses par nous députés, ont été personnellement
constitués noble homme Antoine de Coignat, chevalier, fils légi-
time et naturel de noble et puissaul homme mons' Jean de Coignat,
seigneur de Saint-Jean-Ligoure, de Villefavard et BerlanJe et de .
Jumilhac, et Gaspare du Merle, dame dudit lieu du Merle, de
La Boisse et de Ghampniel, femme dudit noble Antoine de Coi-
gnac, chevalier, la susdite noble Gaspare du Merle, dame susdite,
de gré et volonté authorisée et licenciée dudit noble Antoine de
Coignat, son mary, ainsy qu'elle dit lui avoir donné et permis
pour faire valoir et concéder toutes les choses sous écrites, a fait,
constitué et étably, et solennellement ordonné ses procureurs
généraux et messagers spéciaux pour agir les choses souscrites,
sans que pourtant la généralité déroge à Tespécialité, ni Tespécia-
lité à la généralité, ledit noble et puissant homme Monsieur Jean
de Coignat, chevalier, seigneur susdit, absent comme présent, et
ledit Antoine Coignat, fils dudit chevalier, et mary de ladite
Gaspare du Merle, constituante ici présente, et un chacun d'eux
pour le mieux sans que néanmoins le présent puisse plus que
Fabsent, ni l'absent plus que le présent, mais que ce qui aura été fait
par Tun soit valide et approuvé par l'autre, et ladite constituante a
donné à ses dits procureurs mandement spécial de vendre et de
transporter à noble Christophe de Bony, damoiseau, seigneur de
542 SOCléTÊ ARCHéOLOGIQI^E ET HISTORIQUE OL' LIMOUSIN*
Lavergoe, diocèse de Limoges, tous les lieux et villages, cens,
rereuus, droits et deniers situés dans la Jaridletion de Saint-Jean-
Ligoure, de Pierrebuffiëre et de Nexon, diocèse du susdit Limoges,
et de mettre et de subroger en son lieu et place iceluy noble Gliris-
tophe Bony, damoiseau, seigneur susdit, jusqu*à la somme de
mille cinq cent livres monnaie courante, on à moindre prix, mais
non à plus grand, tout aussi et comme il sera advisé par sesdiis
procureurs, ou Tun d'eux, et de prendre et percevoir la somme qui
en proviendra, et d'en donner quittance, et pour la vente et ces-
sion desdites choses donner bonnes et suflBsantes lettres de vente
et cession à ce nécessaires, pardevant no'** et témoins, avec ser-
ment et renonciation et obligation de tous et on chacun ses biens,
et autres clauses à ce nécessaires, et leur donnant pouvoir de
faire généralement tout ce que de bons et de véritables et légitimes
procureurs font, peuvent et doivent faire, promettant icelle cons-
tituante de tenir pour agréable tout ce que par les susdits procu-
reurs sera fait et géré, et promettant de les relever endemnes de
tout, sous les obligations expresses et hypothèque de tous et cha-
cun ses biens, lesquels elle a obligés pour cela an commissaire
no** Juré soussigné, pour tous ceux à qui il touche ou peut toucher
par ces présentes lettres, lesquelles nous, juge susdit, pour le
fidèle rapport de notre commissaire et juré soussigné avons voulu
être scellées du sceau de notre dite cour, pour la foy et témoignage
des susdites choses. Fait et donné au susdit lieu de Jnmilhac, dio-
cèse de Périgueux, le vingt-huit novembre Tan de Notre Seigneur
mil quatre cent quatre vingt sept, ici présents et assistants m* Jean
Fabry, prêtre, et Martial Sapientis, témoins connus à ce appelé.
Ainsy signé en marge : De Rupibus, recepit. auxquels et à
chacun d'eux lesdits messires Jean de Goignat, chevalier, sieur de
Saint-Jean-Ligoure, et A^ntoine de Goignat, son fils, a promis faire
louer, ratifier le contenu en ces présentes quand besoin et requis
en serait pour eux et chacun d'eux, leurs hoirs, successeurs et qui
d'fttx auront auf $i droit et cause en temps advenir d'autre part.
VEMTB
Gomme soit ainsy que mondit s' Dalbret, au nom que dessus,
devant no** et témoins pour certains grands aCTaires que mondit
s' lors avait, pour te bien et avancement de nosdits s" ses enfants,
et autres causes justes et raisonnables lors mouvant son courage
aye vendu, cédé et transporté à perpétuité et à jamais audit Ghris-
tophe Bony, sieur de La vergue, le ch&teau, ch&tellenie, terre et
seigneurie de Ghâteau-Chervix, avec toute la juridiction haute.
CHATËAU-CHERVfX 543
moyenne, basse, mère, mixle, empaire, cens, rentes, dixoies,
profits, droits, devoirs, revenus, émoluments, ressort, fiefs, arrière-
llefs, hommages, bois, forets, gaerennes, colombiers, étangs, mou-
lins, pétitions et demandes que mondit s' Dalbret ou nosdits sieurs
ses enfants lors auront ou pourront avoir audit chftteau et chfttellenie
tant seigneurie de Ghâteau-Ghervix, et ce en faculté et puissance
ou mondit s' Dalbret qu'il pourrait racheter et ravoir lesdites choses
vendues et transportées dedans le temps de six ans lors en suivant,
et lequel terme dure et pend encore, avec certains pactes, quali-
fications et promesses entre eux lors accordées et déclarées et ce
pour prix et somme de trois mille livres tournois, monnaye cou-
rante, laquelle somme de trois mille livres monnaye courante
susdite fut lors payée réellement et d'effet par ledit Christophe
Bony, ainsy que plus emplement appert et peut apparoir par les
lettres par nous sur ce faites et passées entre lesdites parties,
auxquelles lettres, quand à ce, les dites parties se rapportent. Ainsy
est-il qu'aujourd'hui cy-dessus écrit, ledit Pierre Bony, au nom
susdit, non séduit, contraint, ni préforcé par aucun, mais de son
bon gré, franche et pure volonté, ainsi qu'a dit ledit de Goignat,
allégué et confessé de vouloir consentement et commandement
exprès de mondit s' Dalbret aux noms susdits, lequel vouloir et
cotkseotement par mondit seigneur Dalbret, illec baille et octroy
audit Bony, iceluy Bony, au nom que dessus, a cédé, quitté et
transporté, cède, quitte et transporte à perpétuité et à jamais,
auxdils messires Jean et Antoine de Goignat, père et fils, tout le
droit, nom, propriété, action et possession qu'il avait ou pouvait
avoir de luy compote et appartient audit ch&teau, chfttellenie, terre
et seigneurie à cause et pour raison de l'acquisition par luy faite de
mondit seigneur Dalbret et par la forme et manière qu'il l'avait
avant acquis de mondit seigneur et pour le prix et somme de
mille neuf cents livres tournois, sauf et réserve audit Bony excepté,
du vouloir et consentement de mondit seigneur Dalbret, le bourg et
paroisse de Saint^Priest-Ligoure et enclave de Janailhac comme
étant des appartenances et dépendances dudit chftteau et chfttel-
lenie de Chervix, avec tous et chacun des droits et devoirs et juri-
diction, et justice haute, basse, moyenne, mère et mixte, impere,
guet et garde, fiefs, arrière-fiefs, hommage, bois guerennes,
colombiers, étangs, moulins, hommes mouvants, cens, rentes et
tous autres droits et devoirs seigneuriaux d'iceux bourg et paroisse
de Saint-Priest-Ligoure et enclave de Janailhac, lequel bourg avec
toutes et chacune les appartenances, droits, prérogatives et préémi-
nences étant dans les fins et limites d'icelles, dudit vouloir et con-
sentement de mondit seigneur Dalbret, audit nom susdit, s'est
î»44 ftOr.lÉTK ARCII^IOLOGIQUi; fiT IirâTOniQUE DU LIMOUSIN
releou et réservé, relient et réserve expressément pour luy et les
siens, ses hoirs et successeurs, pour le prix et somme de onze
cents livres et monnaye susdite desdites trois mille livres tournois',
toutefois et sans que ledit Bony par cette présente cession et
transport soit désisté et départy de son premier litre et acquisiiion,
tant qui louche lesdits Bony et paroisse de Salnt-Priest, enclave de
Janailhac, ains par celte présente cession entend confirmer la
vente aulrefois comme dit est à luy faite, et ycelle corroborer par
lés présentes lettres desquelles cession et transport fai... par
les... susdits, mondit seigneur Dalbret et en a quitté et quitte
ledit Bony cl les siens en pacte et promesse expresse de jamais
ne luy en rien demander, ny luy en faire action, pétition, requeste,
n y demander, lesquels cession et transport et réservation , ainsy
que dit est, faites par ledit Bony au nom susdit, messire Jean et
Antoine de Goignat, père et fils, mondit seigneur Dalbret, au nom
que dessus illec présent a eu pour agréable, ferme et stable, en
louant, vérifiant et approuvant icelles cession, transport et réser-
valions, et lesquelles mondit seigneur Dalbret a illec loué, i*atifié
et approuvé en tant que besoin est, a vendu, cédé, quitté et trans-
porté à perpétuité et à jamais audit de Goignat père et fils, yliec
présents et acceplant lesdits château, châtellenie, terre et sei-
gneurie de Châleau-Chervix, juridiction et justice haute, moyenne
et basse, mère et mixte, impere, exercice d'ycelle, institution et
destitution d'offices, d'officiers, honneurs, hommages, bourg,
paroisse, forêts, bois et autres dépôts et lieux vacants, repaires,
forteresses, tours, salles, cours, maisons, tournelles, crénaux,
prisonnières, barbacandes, murailles, porches, bassecourts, guets,
gardes, droit de vigerie, péage, iramide, plassages, laydes, étangs,
moulins, hommes mananls, droits de moûnage, pêcheries, eaux,
ruisseaux, guérennes, colombiers, achat, fondante, pention et
dixmes, feux, maisons, puits, vergers, mazures, vignes, terres,
prés, bois, pasturaux, chenayes, chenancheurs, mas, lieux et
villages, cens, renies, charoirs, revenus de blé et d'orge, poulallles,
chapons et autres biens, choses et tous droits et devoirs, appar-
tenances et dépendances quelconques d'iceluy ch&teau et châtel-
lenie, terre et seigneurie de Ghâteau-Ghervix, et ce pour la somme
de mille neuf cents livres, pour lequel payement et solluclion
desdites mille neuf cents livres tournois, lesdits Pierre Bony et au
nom susdit et yceux de Goignat se sont convenus et accordés en la
forme et manière contenues et déclarées aux articles cy-aprés
incérés, signés et marqués des s* manuels desdits Pierre Bony,
messire Jean de Goignat, chevalier, et Antoine de Goignat, son fils,
et aussi des no*^ cy-dessous écrits, lesquels articles la teneur s'en
suit par ces paroles :
CItÀTliAU-CfIBflVit &4S
Ce sont les articles faits et accordés entre nobles homflies leaa
de Goignat, cbe?a1ier, seigneur de Saint-Jean-Ufonre, tant en aen
nom propre et privé qoe ooinnie procareur de Gaultier, Mathurin
de Coignat» ses fils, et comme administrateur d*yceux et aussi
ooflime procureur de noble dame Gasparre, dame du Merle, «a
note, ainsy qu'il a fait prompte foy de ladite procuration et Antoine
de Goignat, fils de mondit sieur de Saint-Jean, sieur du Herte^
d*une part, et noble bomme Pierre Bony, écuyer, fils de noMe
tiomme Christophe Bony, sieur de Lavergne, et comme procureur
de sondit père, ainsy qu'il a été fait prompte foy, et auxquels
absents lesdites parties de côté et autre ont promis faire ratifier et
approuver le contenu en ces présents articles, toutes et quanles
fois qu'une partie en requerra Tautre d'autre part, en la fbrme qui
s*en suit : E( premièrement est proposé que icy mondit sieur de
Lavei^oe acquit de très haut et très puissant prince monseigneur
Dalbret, le cbftteau et ch&tellenie de Ghàteau-Ghervix avec toutes
ses appartenances et droits de ch&iellenie et seigneurie pour le
prix et somme de trois mille livres tournois, lesquels paya le dil
sieur de Lavergne i monsieur réellement et d'effet, avec ce donnant
ledit sieur de Lavergne faculté à mondit seigneur de ravoir et
racheter ladite chfttellenie dans le terme de six ans que durena
encore en lui payant et rendant ladite somme. Item, a été dit et
accordé entre lesdites parties, aux noms que dessus, que ledit sieur
de Lavergne sera tenu de recevoir mondit sieur audit rachat do
ladite chfttellenie, et en la recevant et par un même contrat, ledit
de Lavergne, du vouloir, consentement et commandement de
mondit sieur cédera et transportera audit de Goignal tous les droits
et actions que luy peut compéter et appartenir en ladite ctrAtel-
Mnie, excepté et réservé expressément audit de Lavergne la justice
totale et autres droits et devoirs de chfttellenie qui compétent et
a|>partiennent à ladite chfttellenie, bourg et paroisse de Saint-
PMest-Ugoure et enclave de Janailhac cy-dessus plus amplement
dAclarés, et ce pour le prix et somme de dix-neuf cents livres
tournois, lesquels dix-neuf cents livres tournois ledit de Coignat
répondra et sera tenu payer et bien assurer ledit Bony et s'en
obligera comme de son propre depte ainsi que dessus sera plus
amplement spécifié et déclaré. /<e»n, et pour les autres onze cent
litres tournois restants desdils trois mille livres tournois comme dit
est, ledit sieur de Lavergne se réservant expressément et luy
demeurera ladite justice mère, mixte, empere,cens, rentes et autres
droits de seigneurie qui compettent à ladite chfttellenie et paroisse
et enclave de lanailhac à perpétuité, item, et faite ladite réception
dttdit rachat à mondit seigneur de la dite chatellenie et transport
T. LV 36
546 sociâré archéologique et historique du limousin
dlcelle audit de Goignat, mondit sieur sera tenu, tant en son nom
que comme légitime administrateur et procureur du roy de Navarre,
son fils et autres m'* ses enfants, de bailler lettres en bonne et
valable forme, tant desdites vendition et transport faits audit de
Goignat que de la réservation faite par le dit de Lavergne que
aussi pour le guériment au nécessaire. Item, et pour parfinir ledit
payement des dix neuf cents livres tournois et pour la somme de
quatre cents livres tournois en déduction des dix neuf cents livres,
ledit de Goignat, au nom que dessus, vendra, cédera et transportera,
et dès maintenant vend, cède et transporte audit de Lavergne
c'est à savoir tout premièrement sur le lieu de la Ribière, assis
en ladite paroisse de Saint-Priest-Ligoure les cens et rentes qui
s'en suivent. V°^^^^ soixante quinze sols on deniers, cinq setiers
froment, vingt deux septiers seigle, quarantedeux éminaux d'avoyne,
dix sols en taille aux quatre cas et six gelines en cens ou en rentes,
avec Tachapt accoutumé, et en outre cent livres tournois une fois
payées qu'il dit luy être dues par les tenanciers dudit lieu de la
Ribière et depte que luy sont tenus. Itenij sur Pierre Grapd de
Laslebreix en ladite paroisse, deux septiers froment, six deniers
d'achapt, à cause d'une terre appelée de Mouraud. Item,, sur une
terre qu'y tient de présent Bonnaud de La Planche de ladite pa-
roisse, une émioe de froment, une geline de rente et six deniers
d'achapt. Item, sur une terre appelée des Poulys que tient à per-
pétuité le Texier de la Ribière de ladite paroisse deux septiers de
froment et six deniers d'achapt. Item, sur le village appelé las
Planchas, paroisse de Meuzat, à cause du Has de TAge, vingt cinq
sols en deniers, deux septiers de froment, deux septiers de seigle,
deux septiers avoine, cinq sols d'achapt, dix sols en taille aux qua-
tres cas et deux gelines. Item, sur le village de las Chastoylias, en
ladite paroisse, six septiers de froment, six septiers seigle, quatre
septiers avoine, quatre gelines de renie et cinq sols d'achapt. Item.,
sur la terre des Gombeaux assise au lieu de la Vigne, contenant la
moitié dudit lieu que tiennent Thomas et Janot de Ghampagnat,
paroisse de Ghervix, dix sols en deniers, deux septiers froment,
deux septiers seigle, deux septiers avoine, une geline, six deniers
d'achapt et cinq sols de rent^. Item, plus est, et sur le lieu delà
Veyssière que tient Pierre de la Regnaudie, trois émines seigle, un
septier avoine, dix huit sols en deniers de rente, et six deniers
d'achapt avec la taille aux quatre cas et toute fondalité droits et
devoirs qu'il a et peut avoir en sur lesdites terres et villages, leurs
personnes dessus déclarées et spécifiées, et aussy tout autre droite
devoir que luy peut compeler, appartenir au bourg et paroisse
dudit Saint-Priest, et baillé ledit de Goignat le village de la Ri-
GHATEAU-CRERTIZ S47
bierre arec lesdits cens et rentes fondalilé et devoirs daes à cause
d'iceluy de neuf vingt neuf livres tournois, en déduction de quatre
cent livres, et tout le résidue pour deux cent vingt livres en déduc-
tion des dix neuf cent livres tournois, de toute laquelle rente et
antres choses susdites jouira incontinant ledit Bony. Item., et
demeurera et sera à perpétuité audit de Lavergne ledit lieu de la
Ribière avec tous les susdits cens, rentes et autres devoirs quel-
conque dues à cause d'iceluy avec la fondalité, sans que ledit de
Goignat ny les siens, ny autres puissent avoir ny rachepter en façon
que ce soit, et si pour retour de bourse ou autrement par quelque
las de temps ledit de Goignat recouvrait ledit village de la Ribière,
ledit de Lavergne Taura et le prendra toujours pour le prix susdit
de neuf ving neuf livres, aussy ne pourra, ne sera permis audit de
Goignat de ravoir ni rachepter les autres cens, rentes ci-dessus dé-
clarés, si non de mondit seigneur rachepla par entier ladite cbfttel-
lenie de Ghàleau-Ghervix, auquel cas sera permis audit de Goignat
de ravoir et rachepter lesdits cens et rentes dans demy an après,
après ledit rachapt pour se faire par mondit seigneur de laditte
cbatellenie excepté ledit lieu de la Ribière, lequel nullement ledit
de Goignat ny les siens ne pourront rachepter ains demeurera per-
pétuellement audit Bony et aux siens. Item, et sera tenu ledit de
Goignat de bailler audit de Lavergne les dernières reconnaissances
ou double d'icelles signées des no''% faire obïiger et reconnaître
les hommes audit de Lavergne, et ce avant que ledit de Goignat
jouisse de ladite chàtellenie et émoluments d'icelle, et en la forine
cy-dessous déclarée. Item, et pour parachever ledit payement de
dix neuf cent livres, c'est à savoir pour la somme de quatre cent
livres que reste, ledit de Goignat, au nom que dessus, vendra, cédera
et transportera et de présent vend, cède et transporte audit de
Lavergne et aux siens et successeurs en bonne et seure rente avec
toute fondalité sur les villages à lui appartenante, paroisses de
Sainl-Jean-Ligoure, de Janailhac et de Nexon, la somme de
soixante quinze livres tournois, chacun an de perpétuelle rente au
prix du roy, selon la coutume et assiette faite d'ancienneté en la
vicomte de Limoges. G'est à savoir les deux parties blé et le tiers
argent. Et est dit que s'il y a plus de cent sols, fournira ledit de
Goignat en blé ce que restera, ainsy que dit est, pour faire ladite
assiette de deux parties blé, et ce pour ladite somme de quinze
cent livres. Item, a été dit et accordé que ledit de Lavergne ne
jouira de ladite rente de soixante quinze livres d'icy à deux ans et
demy prochainement venant, et à compter la date d'aujourd'hui blé
deux ans et demy passés jouira ledit de Lavergne tant seulement
chacun an de dix livres de rente jusqu'à la fin de payement. Item^
Ui' SOCléré ARCHéOLOQIQIS «r HISTOMQUE du LIMOUftlN
yorra leéil àe Goignat rachepter riiacui a» après lesditcs deax
aiuéts la somoie d^ dix livres de rente à dédoetion desdites
soixaftie quieze livres taumois de reste Faii après le pa]renieat 4e
dix livres de reale sera échu poor le prix et socnme de de«x cent
livres chaciuie féis pour la décharge desdites dix livres de reiHe en
dèduetioA des soixante quinze livres de rente. El si ledit de Goignal
ne racbette lesdites dix livres de renie après ledit an qne le paje*
ment sera écchu demeureront perpetnellenient audit de Bony et
aux siens, sans qne ledit de Coignat les paisse plus achepter;
ctecun an après le terme passé tes dites dix livres de rente, les
soixante quinze livres de rente ou partie d'iceltes non racheptées
demeureront à perpétuité audit Bony et aux siens, l'un payement
ne cessait pour l'autre, et sans faire aucune commutation desdils
payement. Item, et si ledit de Goîgnat fait aucun racbapt desdiles
soixante quinze livres de renie ou partie d'icelles, en la forme q«e
dessus est dit, ledit racliapt^e fera et sera fait au choix dudit Bony
et non pas dudit Coignat. Item, et pareillement sera tenu ledit de
Goipuit bailler audit de Lavergne les copies des dernières recon-
naissances qu'il a délaissé que sera tenu de faire d^sdites soixante
quinze livres tournois en bonne et valable forme, en telle que ledit
Bony Ten paisse ayder et exécuter et contraindre les hommes
empres que les payements seront échas et fait reconnaître et obli-
ger les hommes par lesquels se fera laditç assiette dedans la ray
carême prochain, et ne jouira ledit de Coignat de ladite châtellenie,
qurique acquisition qu'il s'en fasse, jusqu'à ce qu'il ait fait ladite
assiette et obligation des hommes audit Bony, et s'il ne le fait
dedans le terme jouira incontinant et ledit de Lavergne ne sera
tenu d'aucun guerniment, si non de son fait et de sa competant
seulement.
GARARTIB DU SEIGPIBUR DE COIGNAT EN FAVEUR DU SEIGNEUR DE LAVERGNE
Item^ et sera tenu ledit sieur de Coignat de garentir et défendre
audit de Bony tous et chacun lesdits cens et rentes et autres choses
par loy baillées en payement audit Bony, tant pour le payement
des dit quinze cent livres que des autres quatre cent livres, et loy
faire bonne ladite assiette des dits cens et rentes par luy baillées
sons l'obligation de tous et chacun des biens meubles et immeubles
dudit Coignat, et expressément de garentir et défendre de toutes
les obligations, charges et hypothèques qu'y pourraient avoir et
prétendre messieurs les enfants, ou madame du Merle sa mère.
Hem, a été dit et accordé que tous et un chacun les enfants tant
maies que femelles dudil de Coignat, aussi madame dame du Merle
S6 coDlèriMreQl à Isdite assiieUe desdils cms e4 renies et eulrea^
chose» par ledit deC^Bai baillées en ebligaHonel hspo4liè%iie&4e
goériiM&l d'toeiu, el renonçaEl à toutes et chacunes les oUiga-
tioQS et hypothèques 4«e lesdits enfants et ladite dame da Merle
pourraient avoir ea auciiae manière sur lesdits cens et rentes et
autres choses baillées en paiement. Itemy a été dit et accordé entre
lesdiies parties expressément que ledit de Bouy jouira de ladite
chàlellenie et émoluments d'icelle nonobstant quelque cession ou
traasport qu'il en fasse jusqu'à ce que ledit de Goignat aura fait et
parlait ladite assiette desdits soixaote quinze livres de rente bien et
compétaroent a ladite coutume dudit vicomte de Limoges et comme
dessus est dit en Tarticle qui parle de faire obliger les hommes
pour la rente de quatre cent livres, et que ledit Bony soit content
d'icelle, en outre fait et accompli toutes et chacune les aulres
choses contenues, promises, spécifiées et déclarées en ces présents
articles. A«m, et en événement que mondit sieur ou ses enfants ou
autres rachepteront ladite chàtellenie par entier, et que ledit de
Goignat reçut ladite somme ou la valeur d'icelle» en ce cas ledit de
Goignat sera tenu de bailler et payer audit Bonj ladite somme de
quinze cent livres incontinent fait le racbapi, et au cas que ne
payerait pas entier ladite somme, en ce cas ledit de Lavergne jouira
par entier de ladite somme de soixante quinze livres de rente par
entier, et aussi a été accordé que lesdiies paroisse et enelave de
Janailbac, demeureraient audit Bony à perpétuité avec tous les
cens, rentes, moulins, et aussy avec tous el chacun les mouoans
étant dans lesdiies fins et limites desdites paroisse de Saint-Priest
et enclave de Janailbac qui aussy dès lors c*est à savoir les mounans
qui sont tenus au moulin des dites paroisse et enclave, avec tous
et chacuns autres droits et devoirs qui pourraient élre dus à cause
de ladite chitellenie de Ghâteau-Gbervix. Item, et pareillement
demeureront audit Bony, comme dit esl, bourg et paroisse de Saint-
Priesl et enclave de Janailbac à perpétuité et à jamais, avec tous
et chacuns lesaulres droits, devoirs, justice haute et basse, moyenne,
mère, mixte, imper, guet et garde et tous autres droits de château
et ch&tellenie, c'est à savoir tels et semblables que mondit. sieur et
messieurs ses enfants y avaient et pouvaient y avoir ea ladite chà-
lellenie auparavant l'acquisilion dudit Bony, sans que les habitants
desdites paroisse el enclave ne soient contribuables ni ses biens à
ladite justice et chàlellenie de Gbàteau-Ghervix, mais seront audit
Bony et aux siens, en fera et jouira ledit Bony comme du sien
propre. /I#m, ressortiront les appeaux de la vicomte de Limoges et
non pardevani le juge de Ghervix, concernant les habitants desdites
chàlellenie et enclave seront renvoyé en Testai en quoy ils soient
550 SOGIAtÉ ARCHiOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
pardevani ledit Bony, où son juge que par luy sera commis esdits
paroisse et enclave. Item, de tous les émolaroenls des choses à
présent jugées de la dite chàlellenie, en quelque cause que ce soit,
seront et demeureront au profit dudit Lavergne, et pareillement
tous les arrérages. Item, et ne sera ledit Bony, ny les siens, de
faire hommage à cause desdites paroisse et enclave, sinon à mondit
sieur, où à ses enfants à cause de ladite vicomte de Limoges, et
non autre, coinme aussy ledit de Goignat sera tenu de le faire à
cause de ladite châtellenie de Ghervix. Item, a été dit et accordé
que ledit Bony aura et recevra réellement el d'effet par les mains
du receveur de Ghervix, la somme de vingt cinq livres tournofs
comptant que ledit de Goignat lui donne pour aucune cause sur les
cens et rentes qui seront dus et écheront à la feste de Noël pro-
chain venant^ et sera ledit Lavergne le premier payé de ladite
somme, et ledit de Coignàl, accomply qu'il aye par entier le contenu
de ces présents articles comme dessus est dit, jouira par entier du
surplus de ladite châtellenie en la forme cy-dessus déclarée et non
autrement; et pour tenir, garder et accomplir les choses dessus
dites et chacune d*icelles a été dit et accordé que, lesdites choses
et contenu en ces présnts articles seront faites et passées lettre en
la meilleure forme pardevant notaires et témoins, et pour la
plus grande assurance desdites parties et chacune d'icelles que
dessus, ont signé ces présentes articles de leurs seings manuels y
rois le huitième novembre Tan 1487. Ainsy signé en marge : J. de
Goignat, A. de Goignat, Pierre Bony, J. Farnelly, P. Gharlonie. De
laquelle somme de mille neuf cent livres ledit Pierre Bony au nom
susdit a quitté et quitte par ces présentes lettres, et a promis tenir
et faire quitter mondit seigneur Dalbret lesdits château et châtellenie,
terre et seigneurie de Ghâteau-Ghervix audit Ghristophe Bony son
père, et à tel autre qu'il appartiendra et dont sera requis.
Et avec ce aussy, mondit seigneur Dalbret audit nom a vendu, cédé,
quitté et transporté et délaissé auxdits de Goignat, père et flis, tout le
droit de rachapt qu'il avait dudit Ghristophe Bomy, sieur de Laver-
gne, et de son consentement audit château et châtellenie, terre et
seigneurie de Ghâteau-Ghervix, sauf et réservé, comme dit est,
audit Bony, lesdits bourg et paroisse de Saint-Priest et enclave de
Janailhac, en la forme que dessus est dit et déclaré, et tout autre
droit, action, nom, propriété et possession que monJit seigneur
Dalbret au nom susdit, avait ou pouvait avoir et lui competait et
appartenait auxdits château et châtellenie et seigneurie de Ghâ-
teau-Ghervix, et iceux et chacun d'eux, vend, cède, quitte et trans-
porte à perpétuité et à jamais audit messire Jean de Goignat,
chevalier, et à Antoine de Goignat, son fils, illec présent et accep-
CRATSAU-CHERVIS 551
tanl pour le prix el somme de deux mille livres lournois, monnaye
susdite, de laquelle somme de deux mille livres mondil seigneur
Dalbreta illec pris et réellement reçu en la personne des no'*' et
témoins cy-dessous nommés et écrits, savoir est en six cdot cin-
quante huit reals ou écus d*or au soleil, deux cent soixante neuf écus
d'or de monnaie vicomte, et deux cents cinquante réals d'or, six
écus vieux, trois reals ou demy noble à nef, deux louis d'or, et le
demeurant en monnaye, le tout estimé à ladite somme de deux
mille livras, eticelle de deux mille livres mondit seigneur Daibret
en a quitte et quitte ledit de Coignat père et fils en pacte et pro-
messe expresse de jamais ne leur en rien demander, et sy faisait
au contraire a voulu non être ouy en jugement ny dehors, et
d*iceux chftteau el chàtellenie, terre et seigneurie de Ghftteaa-
Ghervix, et de tous autres droits et devoirs dessus dits et déclarés,
monditseigneurDalbret au nom susdit en est desaisy et devestu,
et en a saisy et investu lesdits de Coignat père et fils en prenant
dès maintenant comme pour lors, comme bon leur semblera, la
possession actuelle, corporelle et réelle, icelle prise, qu'ils en
jouissent et en usent comme de leurs choses propres, et en ce
mpnditsieur Daibret a fait et constitué lesdits de Coignat père et
fils seigneurs, utiles propriétaires et possesseurs desdits château et
châlr*llenie, terre et seigneurie de Château-Chervix, et a donné et
donne mondit seigneur Daibret audit nom par ces mêmes . pré-
sentes lettres et mandement à tous et à chacun les hommes tenan-
ciers sujets et emphiteotes desdits château et chàtellenie, terre et
seigneurie de Châtean-Chervix qu'ils baillent, livrent et payent,
audit messire Jean de Coignat, chevalier, et Antoine de Coignat,
son fils, tous et chacun les cens, rentes, droits et devoirs qu'ils,
doivent et sont dus à cause et pour raison desdits château et chà-
tellenie, terre et seigneurie de Chftteau-Chervix, et qu*ils enten-
dent et obéissent auxdits de Coignat, seigneurs desdits château et
chàtellenie de Ghâteau-Ghervix, tant et pour ainsy et en la forme
et manière qu'ils faisaient et ont accoutumé de faire à mondit sei-
gneur Daibret et autres seigneurs ses prédécesseurs, à excepter
et reserver lesdits bourg et paroisse de Saiot-Priest-Ligopre et
enclave de Janailhac, comme dessus est dit et déclaré, et avec ce
mondit seigneur Daibret au nom susdit, a promis et promet audit
messire Jean de Coignat, chevalier, et Antoine de Coignat, son fils,
de les tenir quittes et aussy lesdits château et chàtellenie de Châ-
teaux-Chervix de toutes ventes, losts et honneurs qui sont ou
pourront être dus à savoir à Monsieur l'abbé de Saint-Martial de
Limoges, ordre de Saint-Benoit, seigneur féodal desdits château et
chàtellenie de Château-Chervix, et se retient et réserve mondit
iKâ ^OClirà ARGHéoLOOTQins 2T HtSTÔlUQUE DU LlHOUSIN
•eigneer Dalbrel rtiomniage eC rcssdrd 4e ladite cbfttellenie de
Ghtteau-Gherfix pardevant son juge d*appeaux de sa vkofnté de
Limoges, lesqtels hommages Iny seront tenus de faire lesdits de
Goignat père et fils et leurs hoirs et successeurs, et mondti sei-
gsevr Dalbnet le fera audit abbé de Saint-Martial, seigneur féodal
d'iceluy chftteau et cbfttellenie, terre et seigneurie de Ghâteau-
Ghervix. Et aussy s*est retenu et réservé mondit seigneur Dalbret,
au non que dessus, les ressorts de Pierrebuffière, Ghftteau-Cher-
▼ix et Saint-Jean-Ligoure à perpétuité et à jamais, et les foy et
hommage des seigneurs de Tranchillon, dudit Christophe Bony,
steor de Lavergne, et de Monsieur Freyssinel, et néanmoins a
fromy et promet mondit seigneur Dalbret au nom susdit audit
BMSsire lean de Goignat, chevalier, et Antoine son iils, et aussi
audit Bony à cause de la dite réservation, et à chacun d*eux, de
leur garentir et défendre envers tous et contre tons en jugement et
dtbors, toutes et chacune les choses ainsy que dit est, vendues,
transportées et alliénées de toutes obligations, évictions, et hipo-
liièques de tout homme, seigueur, seigneurie, sacque (?), et de
teut autre empêchement quelconque et spécialement et par exprès
de toute obligation et hypothèque envers Mademoiselle Jeanne de
Bretagne, veuve de feu Monsieur de Baslon, et envers tous et
oMtre tous autres quelconque de toutes autres obligations et hypo-
thèques et autre éviction universelle ou particulière, et si en temps
aivenir procès par débat ou cause au moyen de choses susdites
était mue et suscité, d*en prendre le guériment et défense pour et
M nom desdits de Goignat père et fils, et iceux procès poursuivre
et eMduire à ses c6tés et dépens jusqu'à fin de cause, et ledit Bony
au nom que dessus a promis audit de Goignat père et fils leur
garentir et défendre lesdits droits et actions que luy competait et
appartenait audit Ghervix et par luy acquis du consentement et
commandement de mondit seigneur cédés, transportés de son fait
et de sa ooulpe, tant seulement ainsy que plus amplement est
contenu et couché auxdits articles, et avec ce lesdites parties et
chacune d'elles aux noms susdits respectivement tant que leur
touche et les peut toucher, ont promis l'une et l'autre de éman-
der, refondre et réserver tous damnes, dommages, intérêts,
couBte et dépens que l'une partie par faute de l'autre, de non
avoir fait tenir, garentir et observer les choses et promesses
susdites et chacune d'icelles, ferait et souffrirait et soutiendrait
au simple serment de la partie endommagée ou intéressée,
sans autre preuve ou modération de juge nonobstant le droit
qoi dit nul ne devoir être juge, témoin ou arbitre en son
propre fait et cause, auquel droit les dites parties et chacune
CHATEAC-CttERVll S53
d'elles ont renoncé et renoncent par exprès, el aussy ont renoncé
icelles parties et chacune d'elles à toute exception de dol, de mal,
de fraude, de lésion du barat et convention, à la condition de non
dû et sans cause, à tout usage, statut el coutume, et à l'exception
du feaulx de plus fait et dit que écrit et au contraire à tout bénéfice
d'ordre de droit canon ou civil, écrit ou non écrit, fait ou à faire, et
au droit par lequel ceux qui sont déçus et circonduit outre et par
dessus la moitié du juste prix sont relevés et secourus, et à toutes
autres exceptions, raisons et défenses de droit et de fait que pour-
raient être dites, objectées et proposées à rencontre du contenu en
les présentes lettres en tout ou en partie pour .lesquelles le contenu
des dites présentes lettres pourrait être détruit au temps avenir, et
à la loi disant renonciation générale, non valoir si non que expres-
sément soit déclaré, et outre ont promis icelles parties, et chacune
d'elles, l'une à l'autre respectivement par les foy et serment de
leurs corps, les mains touchés le livre sur le saint Evangile notre
Seigneur, de non faire, dire, proposer, obvier, ne venir à rencon-
tre des choses dessus dites et chacune d'icelles en quelque manière
que ce soit, par elles ni par autres, directement ou autrement, ne
donner aucun autre conseil, voys ny matière de le faire tenir,
accomplir et observer les choses dessus dites, icelles parties et
chacune d'icelles ont comme dessus obligé, affecté et hipothéqué
tous et chacun leurs biens meubles, immeubles, présents, advenir,
en quelque endroit qu'ils soient, et pour icelles mêmes choses
ainsy que dit est dessus faire et entretenir, garder et accomplir et
observer de point en point, lesdites parties et chacune d'elle respec-
tivement ont voulu etconsenty, veullent et consentent être compel-
lées et contraintes par nous garde du scel et nos huissiers, et se
sont icelles parties soumises et suposées à la rigueur, contribution,
compulsion dudit scel et du nom et d'autres alliés serviteur du roy
notre sire, et par prinse, vente, saisie, rente, discussion, aliéna-
tion et exploits de leurs biens meubles et immeubles, présents et
advenir, et aussy par droit ecclésiastique, par un chacun d'eux tel
que soit, ou plusieurs, et par toute autres voyes el manières d'huës
el raisonnables. Tune cessant pour l'autre, et ont été icelles parties
et chacune d'elles au nom que dessus respectivement condamnées
de leur volonté el consentement à ce donnés expressément pour
tenir, complir et observer le contenu de ces présentes lettres par
Jean Tineau, prêtre, el Pierre de Charlonia, cler, no's el nos féaux
juges commissaires cy-dessous écrits. Par devant lesquels toutes et
chacunes les choses dessus dites ont été faites, dites, compiles el
déclarées, el par eux ainsy que dit est en notre lieu reçu, ainsi que
nous ont dit el rapporté par ces mêmes lettres de la relation el rap-
T. tv 37
b^4 SOCI^Té ARCIlèoLOÛIQÛE ET ttlStÛRtQÙE Dl) LlMOÙSt?<f
porl desquels nous garde susdit avons rais, administré, mettons et
administrons pleniëre et entière foy, et icelles tenons et approu-
vons et avouons pardevant notaire le contenu en ces présentes; et
le lemoing de toutes les choses dessus dites avons mis et apposé à
ces présentes lettres ledit scel authentique royal élably aux contrais
audit baillage de Limoges, et aussi le contre scel des armes de
mondit seigneur Oalbret, eu approuvant les obmissions cy-dessus
faites ez seings que s'ensuivent ou autrement. — haute, impere,
droit de monaye, et science, ledit Merle et ledit Bony, de toute
châtellenie, de Sainl-Priest. — Aussy les reserves dessus faites et
dictions que s'en suivent : Nobilis, par mondit seigneur Dalbret,
comme dit est, et de son fait.
Donné ce dit au château de Montignac en PérigorJ, présents et
ouys vénérables scientifiques personnes nos seigneurs M'* Paul
Gay, licencié en droit et bachelier en loys, juge général de la
vicomte de Limoges, el François Faure licencié en loys, juge géné-
ral du Périgord, par mondit seigneur d'Albret, témoins à ce requis
et appelés, le vingtième jour du mois de novembre de Tan mil
quatre cent quatrevingt sept. Signé Tinaud avec ledit Pierre de Las
Charlonias, clerc et no'% signé aussy sur le reply J. Tinaud avec
ledit M" Pierre de Charlonia, clerc et no^*, et de Gbarlonia avec
ledit M'* J. Tinaud, prêtre, no" (1).
(1) D'après une copie du xvi' siècle.
Confrérie de Notre-Dame la Joyeuse
ou des Pastoureaux
L'ancienne confrérie de Noire-Dame la Joyeuse, ou des Pastou-
reaux, esl représenléc, aux Archives de la Haute-Vienne, principa-
lement par deux registres de haute importance.
Le premier (Archives hospitalières, Vi, B. 1) contient d*abord
les statuts de la confrérie, datés du 6 janvier 1490 (ancien slylej ;
ils ont été publiés par H. Leroux dans la Bévue des Langues ro-
manes (1891, p. 417 sqq). Ils sont suivis de plusieurs articles
nouveaux, datés de 15il, 1519, 1521, 1530, 1531 et 1555, et dont
TefTet esl de compléter ou rectifier les anciens ; nous en donnons
la transcription intégrale. Les remaniements qu'ils attestent prou-
vent assez que la vie de la confrérie n'allait pas toujours sans diffi-
culté; certains articles des statuts (nécessité de se déguiser en
pastoureaux, — payement des amendes, — frais de banquets)
paraissaient maintes fois une gène à des confrères peu convaincus
de la nécessité de remplir toutes leurs obligations. On trouve
encore dans le môme registre trois listes de confrères (i5â0?,
1539, 1550), qui ont été analysées par M. Leroux dans son Inven-
taire des Archives (série H suppl.).
Le deuxième registre (cote VI, E. 1) $*ouvre par une copie des
statuts. Mais son véritable objet — et son véritable intérêt — c'est
d'être le livre des comptes de la confrérie : année par année les
bailes y inscrivent receltes et dépenses. Nous pénétrons ainsi dans
la confrérie, et, en rapprochant ces indications des articles statu-
taires, nous pouvons nous représenter assez bien ce qu'était sa vie,
et, en particulier, comment elle célébrait ses fêtes. La série des
comptes est malheureusement incomplète. De 1518 à 1568, elle se
poursuit sans interruption; mais là s'ouvre une brusque lacune
dont la cause esl hypothétique : peut-être doit-on la voir dans les
(roubles religieux que traversa Limoges et qui durent gêner le
fonctionnement des associations de dévotion. La série reprend en
1578, mais pour subir une nouvelle interruption de deux ans.
ï>56 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUfi ET îtlâTORlQUE DU LIMOUStt>^
reprendre en 1581, puis 8*arréler pour un an. De 1583 à 1587, la
suite est régulière; mais elle ne persiste pas, et dès lors le registre
devient assez confus. Les comptes du xvn* siècle, — quand ils figu-
rent à leur place, — sont extrêmement sommaires jusqu'en 1633.
De 1633 à 1637, lacune; de 1637 à 1644 (dernière date) la régula-
rité et le souci de l'exactitude reparaissent. Peut-être pourrait-on
voir, dans ce désordre du registre, une image des vicissitudes de
la confrérie elle-même. Parmi tous ces comptes, nous avons pris
'pour type les premiers, ceux de Tannée 1518-1519 (1) et les avons
transcrits presque en entier. Daus les années suivantes, nous
avons relevé des détails de diverses sortes, dont la connaissance
nous a paru utile pour éclaircir ou compléter les indications du
premier budget. Parmi ces détails, plusieurs intéressent Thistoire
générale de Limoges (pestes, — imprimeries, — affaires de finances,
— collège, — salaires des métiers, — prix d'objets divers).
Ce registre contient encore de nombreuses mentions relalivesà
la réception de nouveaux confrères, et cinq listes de noms (1583?,
1593, 1612, 1634, 1646). Ces listes ont été signalées et les noms
intéressants ont été relevés dans VInventaire des Archives. Nous
n'avons donc pas à y revenir. Mais nous devons faire remarquer
ici que ces listes permettent de connaître le nombre des membres
de cette- confrérie depuis le début du xv!*" siècle jusqu'au milieu du
xvii' siècle et les régions sociales dans lesquelles elle se recrutait.
Les confrères sont 101 aux environs de 1520, 108 en 1539, 72 en
1550, 58 en 1580, 49 en 1592, 13 en 1612, 14 en 1634, 13 en 1646.
C'est, on le voit, une progression descendante, et comme un
scliéma figurant la décadence de l'esprit qui avait fondé et animé
d'abord les associations de ce genre; la chule décisive du nombre
des confrères se produit au début du xvn" siècle, à l'époque de la
création des Pénitents, comme on Ta souvent remarqué. D'autre
part, en lisant les noms sur les listes, il semble que l'on fait une
revue de presque toutes les familles qui ont marqué dans la société
limousine en ces temps-là. Ce sont des Dubois et des Benoist, des
Romanet et des Guibert, des Rougier et des Ardent, des Veyrier et
des Disnemalin, des Dauvergnc, des de Jnllien, des Malledent, des
Grégoire, des Dupeyral, des Coulomb, des Decordes, etc., etc. De
(i) L'année commençant en Limousin le 25 mars, chaque année de
bailic porte sur deux années nouveau style, soit du 25 mars 15i8 au
24 mars 1519. La réforme grégorienne fut appliquée en Limousin le
1'** janvier 1566; la bailie continue à empiéter sur deux années, sans
doute à cause de la proximité très grande des deux fêtes de Noël et des
Rois qu'il valait mieux faire organiser par les mêmes bailes.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 557
pure en fils on peut suivre plusieurs générations, les voir se suc-
céder fidèlement dans la confrérie. Laïques et prêtres, curés et
fonctionnaires des finances, magistrats et apothicaires, procureurs
et orfèvres : toutes les classes de la société et toutes les professions
ont ici leurs représentants.
La confrérie était administrée par un roi et trois bailes. Chacun
était roi à son tour, suivant le rang qu'il occupait sur le rôle des
membres. Les bailes, élus pour un an, comptaient deux laïques et
un prêtre. Parmi leurs fonctions, nous croyons devoir rappeler ici
le rôle de justiciers et de pacificateurs qui leur était dévolu (arti-
cles Si et S3 des statuts). En effet, avant de s'adresser à la justice,
un confrère maltraité ou injurié doit demander aide aux bailes;
ceux-ci, de concert avec le roi, s'efforcent d'arranger l'affaire, et,
quand ils ont rendu leur sentence arbitrale, le confrère qui refuse
de l'accepter est frappé d'une amende de 10 sous tournois.
C'était dans l'église Saint-Pierre-du-Queyroix que les confrères
célébraient leurs cérémonies. Si nous en croyons M. Ardanl (1), ils
n'étaient pas possesseurs d'une chapelle réservée uniquement à leur
culte. « Notre-Dame la Joyeuse touchait à la porte de la sacristie,
du côté de Vépllre [donc du côté droit], au-dessous du beau vitrail
consacré h la mort et à l'apothéose de la Sainte-Vierge. C'était la
chapelle de la communauté des prêtres On l'appelle aujourdbui
N.-D. de Lorette » (2). Au reste, une sculpture que l'on voit encore
aujourd'hui sur la façade de l'église Saint-Pierre atteste la présence
et l'importance de cette confrérie. La fenêtre de la chapelle qui
est à la droite de la porte du clocher est en effet encadrée entre
deux bas-reliefs ; celui de droite représente un Saint-Sacrement
avec scène de crucifixion : c'est l'insigne de la confrérie du corps
de Dieu ; Mgr Barbier de Montault y voyait même la représentation
exacte du joyau de cette associalion (t3). Pouvons-nous alTirmer que
l'autre bas-relief est l'image fidèle du joyau des Pastoureaux ? Ce
joyau, ou reliquaire, pièce d'argent qui pesait 8 marcs, 2 onces et
18 deniers, comprenait plusieurs figures ; trois pâtres, une bergère
et sept brebis sont indiqués par le registre, qui mentionne aussi
(1) M. Ardant, Saint-Pierre-du-Queyroix. — Limoges, 1851, p. 26-27.
— Nous nous permettrons d'ajouter que ni Ardant ni Tripon, qui par-
lent de la Confrérie du Saint-Sacrement, ne mentionnent celle de Notre-
Dame la Joyeuse ; Ardant parle seulement de la chapelle (V. p. 33, 34,
39, 42, 44).
(2) Cette chapelle porte actuellement le nom de chapelle de la Sainte-
Vierge.
(3) Bull, de la Soc, arch, du Limousiriy XXXV, p. 174.
558 sociéré archéologique et iiistobiquc du limousin
un ange; il est probable qu'il faut y ajouter les trois rois mages et
tous les personnages nécessaires pour la scène de TAdoration (1).
Mais il reste difficile d'affirmer que le bas-relief de l'église Saint-
Pierre reproduit exactement le joyau des Pastoureaux ; en tout cas,
et sans aucun doute, il est Temblëme de la confrérie que nous élu-
dions ici (2). Pour remercier l'église de l'hospitalité qu'elle lui
donnait, la confrérie contribua aux frais nécessités par des répara-
tions et agrandissements ; en 1541, « le roi de la frérie » versa une
somme de 100 livres tournois entre les mains des « fabricqueurs ».
Le souvenir de cette libéralité fut consacré par une marque durable :
les : (( armes et enseignes » de la confrérie furent gravées sur la
clef de voûte (3).
Cette confrérie n'avait pas pour but particulier l'exercice de la
charité. Jusqu'au jour où Thôpilal Saint-Martial persuada aux Pas-
toureaux de lui consentir une rente annuelle de 2 livres (1556,
nouveau style), ils se contentaient de donner aux pauvres, une fois
par an, quelques sous « en menuz deniers ». L'article 31 des
statuts porle que le roi et les bailes visiteront tout confrère malade
(à moins de danger) et que chaque confrère sera tenu de lui donner,
s'il est dans le besoin, un secours de 2 sols 6 deniers. Nous n'avons
trouvé dans le registre aucune mention relative à cet usage. En
dehors de ces minces libéralités et des messes funèbres dites aux
frais de la caisse commune pour l'âme des confrères morts, c'était
la dévotion, le culte de Notre-Dame, qui était l'objet de cette
sociélé.
Une mise en scène assez pittoresque donnait à la piété des Pas-
toureaux un caractère assez gracieux. Le soir de Noël et le jour des
Rois, ils paraient l'autel de feuillage, de houx, de buis et de divers
emblèmes pieux (4). Près de l'autel, une « cabane » ou « tonne »,
(1) Voir plus loin années 1518, 1522, 1524, 1526, 1535, 1549, 1552, 15G7,
1568.
(2) A quelle époque fut mis en place ce bas-relief? Nous Tignorons.
Ce fut en 1587 que la confrérie du Saint-Sacrement chargea le maître
maçon François Gullct de « graver les armoiries de la confrérie à l'entrée
dudit bastiment. » (M. Ardant, Bull, des Coni. Histor. ArchéoL, 1850,
t. II, p. 45). Le registre dos Pastoureaux ne nous a fourni aucune indi-
cation sur ce point. En 1888, M. Judicis a présenté h la Société archéolo-
gique les moulages de ces deux bas-reliefs (Bulletin, XXXVII, p. 436);
on peut voir le moulage de TAdoration au Musée de Limoges, à qui
M. Judicis en a fait don.
(3) Voir le contrat que nous publions plus loin, d'après le Registre
déjà cité (VI. E. 1.)
(4) Pour les détails, voir notamment années 1522, 1524, 1526, 1527,
1535, 1536, 1539, etc.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 559
faile de bois léger et de branchages, s'élevait, rappelant que c'était
dans une étable que Tenfant Jésus avait d*abord été adoré. Là
prenaient place le <c sernioniadonr » ainsi que les pastoureaux (1).
Un certain nombre des confrères avaient en effet révolu leur robe
de bergers, ornée de lierre pour la circonstance. Assis sur des
bancs dans la cabane, ils entonnaient en l'honneur de la Vierge une
« chanson » ou cantique, qui parait avoir été composée, sinon
chaque année, au moins plusieurs fois, par un confrère (2V Nous
serions assez disposés à voir des fragments on des ébauches de
i< chansons » dans quelques strophes gauchement versifiées que
contient le registre (3). Chaque année, à partir de 1543, les bailes
faisaient imprimer le nombre d'exemplaires nécessaire (4), et de
plus transcrivaient la chanson sur un « papier reliât ». Toute cette
pieuse poésie est perdue; donnons lui un court regret; sans avoir
de valeur littéraire, elle serait au moins un document témoignant
du degré de culture des confrères. Il semble que, avec les progrès
du temps, les Pastoureaux se soient fatigués de chanter eux-mêmes
leur cantique. A partir de 15S2, il est souvent question de « chan-
tres », avec indication de salaire; on trouve même (5) les expres-
sions « marché faict )> et (c faire marché ». Plus tard* nous voyons
aussi figurer dans les dépenses les enfants de chœur de Saint-
Etienne, comme s'ils avaient pris part au chant du cantique. Au
XVII' siècle, les comptes mentionnent plusieurs fois le paiement
d'une petite somme d'argent au maître de la psalelle, aux cho-
ristes et enfants de chœur de Saint-Martial. Si les confrères ne
voulaient plus chanter, en revanche le goût leur venait de dan-
ser (6), et la caisse de la société devait payer aux danseurs non
seulement la musique, mais encore un festin. Les expressions du
livre de comptes donnent même à croire que ces danses devinrent
vite une partie en quelque sorte réglementaire de la fêle.
Chanson et danse ;ne pouvaient se passer de musique Aussi,
sans parler des orgues, la confrérie avait recours à divers musi-
ciens; à l'origine, ce sont des tambourins, chabretaircs, huchels,
rebecs et hautbois; plus tard, on voir paraître des trompettes, des
clairons, une cornemuse, une viole. Le nombre dé ces inslrumen-
^I) Voir année 1518; cf. article des statuts n° 15.
(2) Voir années 1564, 1565.
(3J Années 1527, i536, i587.
(4) Sur celte question, voir notre article dans le Bibliophile limousin
(1905, n° 3).
(5) Voir années 1552, 1561, 1564.
(6) Voir années 1558, 1561, 1578, 1581, 1587, 1624.
360 SOCléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
tisles, qui sont souvent désignés par U nom colleclif ménestriers^
est variable; on en compte 12 en 1546, par exemple : 2 clairons,
i trompette, S buchels, 2 tambours, 3 hautbois, 1 cornemuse et
1 rebec. Limoges n'était sans doute pas très riche en musiciens de
profession au xvi« siècle ; car il est dit très souvent qu'il faut aug-
menter le salaire des artistes, payer leur logement et la nourriture
de leurs chevaux pour les faire rester; les localités d'où ils viennent
sont même plusieurs fois indiquées : Eyjeaux (1558), Verneuil (1568),
Grandmont (1585).
Nous nous demandons si Tair sur lequel on chantait le cantique
était toujours le même, ou bien si parfois il n'était pas composé spé-
cialement pour ta circonstance, comme les paroles. Certains termes
du registre des bailes permettent de pencher vers la seconde hypo-
thèse. En 1578, on donne un présent au maitre des enfants de
chœur de Saint-Elienne « pour retirer le champ {sic) des deux
chansons de Noël et des Roys ». En 1584, on va à Beauvais « qué-
rir les chans de la chanson ». En i587, on paye le « maître » de
Saint-Etienne « pour avoir le chant ». Si de ces expressions il est
permis de conclure que notre supposition n'est pas invraisembla-
ble, la confrérie des Pastoureaux nous apparaîtra douée d'un goût
artistique qui lui donnera une physionomie originale parmi toutes
les associations similaires.
Toutes ces fêtes (1) étaient naturellement l'occasion de nombreux
banquets offerts à l'ensemble ou à une partie des confrères, notam-
ment à ceux qui s'habillaient en pâtres et aux chantres, soit aux frais
du roi, soit aux frais de la caisse commune.
Les festins, les chansons, la musique, l'entretien de l'autel et
divers autres frais finissaient par constituer un budget de dépenses
assez élevé. Aussi arrivait-il plus d'une fois que les recettes étaient
non seulement absorbées, mais dépassées ; le déficit retombait sur
les bailes, à moins que les confrères ne consentissent à verser une
contribution supplémentaire, ou que l'on n'aliénât une parcelle des
biens sociaux, par exemple des anneaux d'or attachés au joyau.
Les ressources venaient de la ferme de deux prés appartenant à la
confrérie, situé» l'un au Mas Blanquet et l'autre vers la Croix-
Buchilien, de deux setiers de seigle de fondalité sur une petit
domaine sis à la Brugère (2), du produit des amendes ou péchés,
des cotisations payées par les confrères et confréresses de la chan-
delle, et de quelques autres recettes peu importantes, telles que
les petites sommes offertes par l'évêque, par le chapitre de Saint-
(1) Veille de Noël, Noël, jour des Rois, dimanche et lundi suivants.
(2) Aujourd'hui la Bregère. Voir année 1533.
CONFHJÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 561
Etienne et par Tabbesse de la Règle (1). Le total était peu considé-
rable. A vrai dire, le prix d'affermé des prés augmenta dans le
cours du xvi* et du xvu* siècles : de 10 livres, en 1518, le grand
pré de la Croix-Buchilien, appelé souvent pré des Pastoureaux ou
des Pâtres, passe à 14 1. en 1850, à 23 en 1560, à 25 en 1568, à 40
en 1583; il est à 63 en 1633, à 52 en 1685, à 60 en 1705 (2). Mais
les dépenses croissaient encore plus vite que les recettes; les Trais
des messes et services funèbres, les salaires des ouvriers et des
musiciens, le coût des banquets, des impressions et de tous les
objets achetés s'élevaient avec une progression qui apparaît assez
nettement quand on feuillette le livre de comptes des bailes qui est
ainsi un document intéressant pour l'histoire économique. Bref, les
revenus de la confrérie tendaient peu à peu à s'épuiser. En 1660,
un document officiel constate qu'ils consistent en : l'afferme du pré
des Pastoureaux, 2 setiers de seigle sur la Brugère, o livres de
rente sur une maison de la rue Gruchedor ; les autres renies, ajoute
le document, sont prescrites (3j.
A la même époque, la situation morale de la confrérie ne parait
pas avoir été plus brillante que sa situation financière. La délibé-
ration de la municipalité, en date du 15 mai 1659, qui demande au
roi la permission de créer un hôpital général et d'y employer u les
biens et revenus de quelque confrairie dont l'aplication ne se fait
pas dans des œuvres de piété » vise en particulier les Pastoureaux.
En parlant « des revenus des confrairies qui ont déchu de leur
encienne institution et piélé », la municipalité ajoute « et spéciale-
ment de celle des pasteurs dont Temploy s'est rendu abusif ». Plus
loin, la môme délibération accuse les confrères de convertir leurs
revenus à de mauvais usages (4). A la fin de l'année 1660, le roi
délivra des lettres patentes qui donnaient toute satisfaction à la
municipalité et déclaraient les revenus de diverses confréries, dont
celle des Pastoureaux, unis aux fonds des hôpitaux de Limoges.
Mais dans l'intervalle, les confrères avaient pris leurs précautions.
Sentant la confiscation imminente, ils avaient trouvé un détour
pour sauver leurs biens : ils les avaient « remis et délaissé » au
profit de la communauté des prêtres de Saint-Pierre-du-Queyroix.
Les administrateurs de l'hôpital ne voulurent pas l&cher prise,
tandis que, de leur côté, les prêtres de Saint-Pierre s'efforçaient
de jouir des revenus cédés par la confrérie. En 1661, les deux par-
(1) Voir années 1550 et 1556.
(2) Les chiffres de 1685 et 1705 sont donnés par les Archives hospita-
lières de la Haute-Vienne, B 268. ^ La contenance du grand pré était
de 6 journaux (Arch, hospit., B 244).
(3) Archives hospital., D. I., 157.
(4) Archives hospital., B 495, f<» 4 v», 5 r», 9 r».
562 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ties firenl saisir les sommes en litige, et an procès s'engagea. Les
préires faisaient valoir que la donation était antérieure aux lettres
patentes. Mais les administrateurs de l'hôpital répondaient « que
la ditle donation n'avait pu estre faille par les dits confraires, les-
quels n'avaient aucune disposition du fonds et capital de la ditte
frairie, mais seulement la jouissance et uzufruil pour l'employer à
faire faire des services divins... La donation n'avoit esté faille par
les dils confraires qu'en haine du dit acte [la délibération du corps
de ville]... » Pour montrer leur esprit de modération, les adminis-
trateurs offraienl en même temps de payer sur les revenus unis à
l'hôpital les frais du culte de la confrérie moribonde. Les disposi-
tions conciliantes et la crainte d'un long procès aboutirent à une
transaction qui fut conclue le 28 février 166%. Aux termes de cet
acte, les prêtres de Saint-Pierre renoncent à la donation du « fonds
et capilal » de la confrérie, qui demeurent unis à perpétuité à
l'hôpital général. D'autre part, les administrateurs de l'hôpital
payeront annuellement, le jour des Rois, une somme de 20 livres
aux prêtres de Saint-Pierre. Moyennant cette rente, les prêtres
seront « tenus de faire le service accoutumé estre fait en la ditte
frairie, consistant aux vespres, de la vigile du premier dimanche
d'après les Rois d'une chaqu'une année, la grand messe du jour
de dimanche, la procession accouslumée estre faille ledit jour, avec
les vêpres du soir et le service pour les morts au lendemain ». Une
dernière disposition oblige les prêtres à faire avertir un des admi-
nistrateurs, afin qu'il puisse assister, si bon lui semble, aux céré-
monies énnmérées ci-dessus (1).
Ainsi s'acheva, bon gré mal gré, la vie de la confrérie de Notre-
Dame la Joyeuse. Elle disparut par un acte d'autorité municipale et
royale, victime sans doute de la décadence de son esprit et surtout
de son absence de charité. Tout en maintenant les services reli-
gieux qui restèrent comme la survivance de la confrérie, la ville et
l'Etat n'hésitèrent pas à supprimer cette association. Jadis floris-
sante, elle était devenue incapable de remplir le devoir social qui
paraissait le plus urgent à tous ceux qui, vers 1660, voulurent
remédier à la misère publique en concentrant les ressources épar-
ses des hôpitaux et des confréries, en les enlevant à la direction de
particuliers trop souvent peu consciencieux, pour les soumettre à
la gestion d'administrateurs responsables vis-à-vis de leurs conci-
toyens (2).
Franck Delage.
(1) Archives hospital., B 495, f° 9 v».
(2) Sur cette période de l'histoire limousine, voir Leroux, Inven-
taire des Archives départementales, série II suppl. {Archives hospita-
lières), pp. xviu-xxvi.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 563
DOCUMENTS
Articles complétant ou rectifiant les statuts
Lou dissabde de la fesla, Tan mil V et XI, avan soupar, en la
roeigou de guaign (1), per (uch lous couffrairs feurey courregitz III
arlicleys deus slalutz de lad. confreyrie en la Tourma et manieyra
que s'enset; preinyeyrament : Que lous assensadours de las péchas
dors en avant deoiandaran la pécha aus confrair que aura deffalit
dins quinze jours, auUramen no sira pas tengul de pagar lad.
pécha.
Kern l'autre article eys que lou pair ou parent ou aultre que vou-
daran lours enfans à lad. confrérie, et serant ressoubulz, et no
scrant en eagc de servir et garnir en pastoureu lou ccir de Nadau
et de la BrefTanie, que aqueu pair ou aultre que se obligara per
loud. enfant sera tengut de se garnir per l'enfant quant cera son
lorn et rent, et fara tout servici que se deu far.
Item l'autre article eys que lou confrair que eys commandât à
garnir quant vet en torn et failhan de se garnir, eran quicteys de
payar X s. per la pécha; et amavan meys pagar lous X s. que se
garnir aucuns que y avye, et la confreirie y perdie beucot, et lous
bayleys eran contrainclz de lougar d'aultreys per lous far garnir;
et per se feut avyzat per lous lous confrairs que dores en avant
aquel que falire cens aveyz eyssonie razonnable pagara vingt soulz
aus aullreys confrairs que se garnirant, que sira per lou disnar
conmenl eys de couslume.
Lou dilus de la fesla, VIII« jour de jevier, l'am mil V<= et XIXi
durant lou disnar en Gaign (2), fut ordenat per messieurs lous con-
frairs se que si après s*ensel, et premieyramenl : Per ce que aul-
cuns avian trenchat lours nomps et de aulcuns confrairs deu libre
deus stalutz per mectre lousd. nomps lous uns mais en ad van l et
lous aultreys mais en arreir ; Et aussi yavye deus confrairs que nou
voulian payar lours intrageys quant eran en qscrich, mesdizian que
ne lous poudian pas gictar de lad. confreirie, veut que avian fach
(1) Un acte notarié "de 1H53 (Archiv. hospitalières, B 114) signale une
maison « vulgairement appelée de Gaing », sise rue du Mûrier. Cet
immeuble avait sans doute appartenu ou appartenait à la famille de
Gaing. Le l'*'" Registre consulaire mentionne, p. IQi, une transaction
entre les consuls et Louise de Gaing, dite de Linards, dame de Neuf-
ville. Nous rappellerons que la Revue des Soc. sav. des départ. (1869,
t. X) a publié une note de M. A. Darcel relative à des documents com-
muniqués par M. Beauchet-Filleau au sujet de la famille de Gaing.
(2) C'est-à-dire : dans la maison dite de Gaing.
564 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
iou segrament et que eran escrich au libre deus statulz de lad.
confreirie ; El d'aullreys reffuzavan à payar las péchas et per def-
fensas dizian que jamays nou avian fach de segrament à lad.
coDfreirie; Per que feut ordeuat que, quant ung pressonage sirie
intrat et ressoubul per lous comfrairs à inlrar en lad. confreirie,
lous bayleys Iou presenlarie au scindic, et aqui ly farian far Iou
segrament en prezence de tesmoinglz ; Et loud. sindic Iou mectra
en escrich au papier deus compteys de lad. confreirie; Et aussi
lous tesmoigns et lous nomps deus bayteysque iou prézenten, et la
date deu jour et am que sira ; Et lousd. bayleys Iou prëzenlaran
quant siran payalz deus inlrageys, et aullrament non, à la pena de
lous recoubrar suz lousd. bayleys.
Item plus feut ordenat, aclendut la grande quanlilat deus com-
frairs que son en lad. festa (que Dieu per sa gracie vueilha mante-
neir). et que, quant vet au repas, Iou nombre eys beucop plus
granl; car chacun comfrair ou la plus part an acoustumat menar
ung enfan ; per que Iou reys que deu teneir lad. festa se trobe sou-
vent enpachat de troubar lougis per tenir lad. festa, et aussi de
Iroubar tant de viandas sey grande coste per far sous servicis au
repas de lad. festa à servir de treys en treys confrairs conment eys
de coustume ; Lou tout comsiderat, eys estât. ordenat que dores en
avant nou menaray plus neguns enfans; Et que lou servici que se
soulie farde treys en treys se fara doresnavant de quatre en quatre ;
de lascaulz chauzas susd. lous bayleys en demanderen acte et me-
raourial à meistre Loys deu Py, sindic et percuraire de lad. confrei-
rie loud. jour et en Toure, en la présence de Mathieu Maladent et
Pierre Mousnier, marchans de Limogeys, tesmoignlz à ce appelatz
loud. jour etam susd.
Ilem le lundy XIIP jour de janvier, Tan mil cinq cenlz vingt ung,
tenant la festa et estant roy vénérable messire Albert Romanet,
chanoyne de Tesglise cathédrale de Lymoges, a esté advisé par les
confrayres que la somme à laquelle estoient cothizés les confrayres
quy estoient tenus se garnir et abilher en pastoureaulx le seoir de
Noël à matines et le jour de TEpiphanie à la messe, esloit trop
petite ; et plusieurs différoient de se garnir et abiller, en aymant
rayeulx poyer la lauxe ; que pourroit eslre à temps advenir en dimi-
nution de lad. confrayrie. A ceste cause, d^ung commun accord, a
esté ordonné que ceulx qui deffailiront à se garnir et habiller en
pastoureaulx le seoir de Noël à Matines, poyeront cinquante sous
tournois ; Et aussy ceulx qui deffailiront le jour de TEpiphanie à la
messe poyeront semblable somme de cinquante solz tournois; les-
quelles sommes desd. deffaillans seront employées pour le disner
de ceulx qui se seront garnis et habilhés en pastoureaulx led. jour
CONPR^niË DE NOTRK-DAME LA JOYEUSE 56!>
de TEpiphanie; Et s*ii y a reste, sera mise à la boette ; Et ne seront
tenus les bayles faire aucune composition avec ied. defTaillans desd.
sommes, ains les contraindront totaiiement, aultrement le sup-
ployeront de leur propre bourse. El ainsi [a] esté juré estre observé
par tous lesd. confraires.
M. Boyol, chanoine de Lymoges. P. Âury.
J. Ardent, procureur du roy. J. Suduyraud.
J. de Jayac, notaire juré, soubs le scel de messieur Tof-
ficial de Limoges, par le commandement
de la greigneur partie desd. confrères.
Item, et le dimanche buictiesme jour de jenvier. Tan mil cinq
cens trente, estant roy et tenant la feste sire Jehan Duboys, des
Taules, bourgois et marchant de Lymoges, part la délibération et
commun avys des confrères de la dicte freirie ou plus grant part
d'iceulz, a esté avizé et conclut que, actendu la grant multitude et
effréné nonbre des confrères de la dicte freirie (1), part quoy le roy
de la dicte feste a [à] soustenir gran charges et fere gros frais et
mises, que dor en avant chascun desditz confrères sera tenu poyer
et balher à celuy la qui sera roy pour chascun an et au jour que
Ton a acoustumé à pourter Targent, assavoyr est la somme de quinze
soulz tournois (2), pour manger à ladicte feste.
M. Boyol, chanoyne de Lymoges.
J. Suduyraud. J. Ardent. P. Foucher.
Laurens Dupin. r.
Item le lundy neutiesme jour de Janvier, Tan mil cinq cens trente
ung, tenant la feste Léonard Sanlys, marchant de Lymoges, A esté
advisé par les confrères et d'ung commun accord a esté ordonné
que ceulx qui defTailleront à se garnir et habiller en pastoureaulx
le seoir de Noël à matines poyeronl cinquante solz tournois; Et
aussi ceuU qui deffailiront le jour de TEpiphanie à la prossession
et à la messe poyeronl la somme de cent solz tournois ; lesquelles
sommes desd. deffailhans seront employées pour le disner de cculx
qui seront garnilz et habillés en pastoureaulx le jour de TEpipha-
nie ; et si il y a reste, sera mise à la boeste ; et ne seront tenus les
bayles à faire aucune composition avec lesd. deffailhans desd. som-
mes, ains les contraindront lolallemenl, et autrement le supploye-
(1) Une lissle do confrères antérieure à 1539 donne 101 noms enre-
gistrés en une seule fois. {Arch, hospil., VI, B. I.)
(2j Les anciens statuts (article 2) prescrivaient à chaque confrère de
remettre au roi 10 s. ts. le dimanche avant Noël.
666 SOClèrè AnCHèoLOÛIQÙË et HtStORIQCË Dû LIltOCStK
ronl de leur propre bourse. Et aussi a esté juré estre observé par
tous lesd. confrères ; desquelles choses ont requis acte au notaire
et scindic dessoubz escript, que leur a esté concédé pour leur ser-
vir ce que de raison. Faict ez présence de sire Jehan Hardit et Jehan
Goudin, marchans de Lymoges, (esmoinglz ad ce appelles et requis,
les jour et an susd.
Laurens Dupin, r.
L*an mil cinq cens cinquante cinq fusl aresté pour les dis confrè<
res de la confrérie de N'* Dame des Pastoureaux de Saincl Pierre du
Querrouy, que, au lieu que les roys de la dicte frérie bailloient
ung banquet au chantres qui chaatoient la chanson ou ung escasl,
A esté àreslé pour le comung avis de messieurs les confrères que le
roy de la frérie ne fera le dyct banquet acoustumé ausd. chantres,
mes donra aux bailes ung escusl soulel, duquel on baillera qua-
rante soubz aux povres de Topital pour le diner du lundi de la
feste(l).
(Signatures de Louis Romanet; Jean Romanet; Dupeyrat;
J. Martin; P. Dupin, sindlc de lafreyrie.)
Reddition de comptes des bailes à la fin de tannée 4518
(F' 10). Premieyrament vous redden la grande arche (2) fermant
en douas claus dins la calle a douas caissas ou cofTreys ent sont
las leclras deus beys de lad. confreyrie.
Item en une aullre arche (3) jugnent à la susdite, fermant en une
clau, que vous bailhen, dans la calle et dins lad. grande arche eys
la luminarie blanche et rouge de lad. confrérie, que aven pezat
devant vous et que vous bailhen per redde, pezan lasd. chandelas
la somme de VI" 11. p. nect.
Lous deus bordons et aquilz eytachatz lous dous panenceus, et
en chascun bourdon son grant cournel de fert blanc.
La prose notade ; las douas ballas (4) et cent petiz cournetz de
fert blanc per las chandelas deus confrairs, et las douas chappas
(i) Voir plus loin les extraits de Tannée 1555.
(2) Ce coffre était devant Tautel de Notre-Dame; les deux clefs étaient
confiées aux deux bailes laïques ; le baile ecclésiastique avait la clef de
la « boite )>*contenant l'argent de la confrérie (article 23 des statuts).
(3) Ce second coflre était près de Tautel de Saint-Jérôme.
(4) Cf. f<> 30 v° : u dous balUs que mestent las chandellas ».
1
Confrérie dk t^otre-dame la joVeùsë 567
deus dous pasloureus fazent chandaliers au puai (1), et iou tout
dins lad. arche.
I/eychale manuau par aveir Iou Juyeu et per meclre las chandelas
au puarl.
Lou Juyeu (3) en sa chappe de céda et son eslouy, ung aneu
d*aur estachataud. joyeu, et son bouquet, lou tous dins l'armari
deu pilier fermant en treys ciaus.
Lous treys panenceus de céda (3) que lous roeneslriers porlen
per la festa et aussy lour eslouy.
(F° 12). La (ouailha de céda per Tauctar, une aullre louailhe
de ly per loud. auctar, et une longieyra (4) per lou sermoniadour ;
et la sarge verda que meclen davan Tauctar durant lou careyme.
Lou granl lampier de couyre garnyt de lampeirous, el Testola
queys dessoubre; e( Taulre petit lanpier de couyre por la grande
lampe.
La claus de Tarmary de Toly ; las douas grandas bugas, el lous
pichiers à leneyr Toly.
Lou libre vieilhdeus compteys de lad. confrérie, et quatre
papiers ont sont escrich lous confrairs et confreyressas de ladite
confrérie ».
(Les recettes de Tannée comprennent : le reliquat de l'année
précédente; les droits d'enlrée ou a intrageys » des nouveaux
confrères; le prix des chandelles; des legs, rentes et revenus
divers. Tolal : 98 livres 17 sols 4 deniers. — Nous relevons quel-
ques articles de ce chapitre :)
(F"" 13). Item [ressoubul] de las péchas per sce que durant
lad. annade era brut de peste, et per sce feut dich que Tassenssa
nou tendrie poinct, mes que chascun payeria en concienssa;
lascauls leveran au mieilh far, et amassen en tout la somme de
XXV s.
{[) Puarl ou puât : probablement un râteau muni de pointes pour
tenir les cierges. Voir année 1566.
(2) Voir plus loin les années 1322, 1524, 1526, 1535, 1549, 1552, 1567,
1568. — D'après Tarticle 23 des statuts, les deux bailes et le roi ont
chacun une clef du joyau.
(3) Cf. f<* 30 \^ : « treys panenceus de cède que lous aulxboys portent
en lous charamellas lou jour de la festa ». En 1527 on les fait u habi-
Ihar » parce que la soie en était toute déchirée (f<> 74 v«). — Voir année
1534.
(4) Cf. f° 30 v^ : u une serviette de ly houbréde per lou sermonyadour ».
Cf. fo 62 V» : « une serviete à mètre en Tévangélistari ».
568 SOCléTÉ ARCnèoLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Ilem aven ressoubul de las chandellas deus confrairs LXI s.
VIII d^
Item aven ressoubul de las chandellas blanchas XI 1. X d.
Plus de V I. que avian assensal lou prat deu Mas Blanqnel (1) à
Barlholomieu Juge ; rebatut XVIII s. VI d. que avie meys à far
levar cerlanas berches de murailhe que eran tornbadas, comme
luy era eslal promeys; et per sce avons ressoubul IIII 1. I s. VI d.
Deu s' Jehan Michalou per lou lougier deu gran prat (2) de lad.
confrérie per lad. annade, la somme de diel lieuras.
(Le chapitre des dépenses, ou « mize », mentionne d'abord les
messes générales de la confrérie, et les services funèbres des
confrères morts dans l'année. Les messes générales sont au nombre
de cinq : Notre-Dame de mars, le dimanche après Notre-Dame
d'août, le dimanche après Noire-Dame de septembre, le dimanche
après Notre-Dame de Conception, le dimanche après la Purification
de N.-Dame. — Extraits des aulres dépenses :]
(F* 14). Lou jour de mars Tamd. mil V« XVIII assenseren à
Thomieu Juge pour se et pour son frair lou pras deu Mas Blanquet
de lad. confrérie per IX ans, perveut que messers lous confrairs
vouguessas loud. terme de IX ans (aultrament Tassons, que per
ung) per V livres chascun an; et feiren passar la lectre à meislre
Loys deu Py, noslre comfrair, au quau baylheren per l'enrregistrar
Xd.
Item per sce que lou lenc de la corde deu gram lampier lous
ratz decendian heure Toly, feut avizat que, au lec de ung plat que
Ton ha acostumat mectre en la corde soubre lous lampiers, nous
farian far une grande estelle de boys cuberle de feuille d*aur,
lacau gardarie que lousd. ratz nou deicendrian plus au lonc de la
corde; et lad. estelle pararie lou lampier et servirie per mayar (3)
loud. lampier à las festas; et y mectrian lous pendens : car quant
eran bas, lous enfans lous preignan et empourtaran tuch durant
que lou aluchavan. Et per sce la feiren fer à Vileta, qui per la
feissou et per la coubir et penheir ac en tout VII s. VI d.
(1) Dans la région actuollo des Casseaux (Cf. Arch. Hospil, D. 6, f» 233).
(2) Ce pré dit des Pastoureaux était sis « au territoire de la Croix Bu-
chelin, en la paroisse de Sainl-Michel-des-Lions » {Arch, HospU, B. 497).
Il est dit parfois « près la Boric >» (id. VI, E. 1, f° 249), qui est la même
région.
(3) Mayar, verbe paraissant signiticr d'abord garnir de feuillage
(Maye) au mois de mai, el employé souvent au sens large de parer,
arranger, embellir.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE î(69
Item feiren fer à Marsau Queyrau, gendre de Baslourrel, la ciau
de la petite bouylie que meltea l'argent; et levar las Ireys platas,
abilhar las gâchas, et far las clans nouas de Tarmari ont tenen Toly
de lad. comfrérie; et en claveus, per mectreet tournar lasd. platas
en lour lec; et aussy far ung crampon de fer en crouchet per teneir
las ireys cordas que fan empachier à monlar et dcicendre quérir
lou juyeu dins Tarmary deu pilier; ac en tout loud. sarrurier, et
per 1 I. plomb per mectre lod. crampon, V s. X d.
(FH5). Item per VII cibotz, VU quilhons et VII baudiffas (I),
lou tout croys, aflit que fus plus légier, per mayar lou lampier,
coastet deu penytavy, III s. VI d.
It. per treys fueilbas de papier doublas et une autre daurade, et
las treys de couleurs per far estelas et aultras chauzas per mayar
lou lampier et Tauctar, XII d.
II. en aur clican, et vous an redden, tout III s.
It. en boys per far fert fondre la cera, et per lou ceyr de Nadau
quant lous confrairs se amasseren per anar à mandinas, et lou
ceyr de la Breffanie aussi per lou ceir de mandinas quant se
abilhavan : en tout XII s.
It. quant fonderen la cera de lad. comfrie, que voulian far la
luminarie; ac Faucte per son beure, X d.
It. per abilhar une barre de léthou deus panenceus de céda que
porten lous haultboys quand van per ville lou jour de la fesla,
lacau era roupude, ac Roucet (?), X d.
It. en lieu et agulhas per mayar de lieyra lous pastoureus lous
ceirs de Nadau et Breffanie, VI d.
II. à la moulher Je Chabroulel per lavar la lampe et lampeirons
per Nadau, XII d.
It. per ung fays agrefueilhs (2), ung fays de bouy, per parar lous
lampiers et auctar per Nadau ; et ung fays de lieyra per mayar lous
pastoureus que se abilhavan lou ceyr de Nadau, II s. VI d.
It. à Chabroulet per anar sonnar aus pastoureus que se devian
abilhar lou ceyr de Nadau, X d.
It. per une charge pailhe, per far las torchas aus pastoureus lou
ceir de Nadau, et per mectre au sermoniadour, comment eys de
coustume, coustet XX d.
(i) Cf. (c per quilhions et goubelet et boudiffar, en nombre de douas
dougenas, per mectre aud. lampier » (1539 ; f° 129 v®).
(2) Acrifolium, houx.
T. LV 38
u70 sociérè AncnéoLOGiQUB et historique du Li&tousiN
It. per lou salary deu chabretayre, de Tuschet (1), deu tabouri et
rebel lou ceyr de Nadau; à chascun II s. ; somme VIII s.
It. per la messa deus pastoureus à las laudas, ioa ceir deu Reys,
conment eys de coustume, II s. VI d.
It. per lou disnar deus pastoureus loud. jour de la Breffauye
aven preys de la bouytie comment eys de coustume, XX s.
It. per une lieura arcanela (3) per far las chandeias rougas; nous
coustet la somme de II s.
It. per une charge et ung fay bouy per far la chabane (3) deu
sermoniadour; coustet II s. VI d. /
It. per la feisson de lad. chabane et lou disnar d'aque que la fey,
m s. IV d.
II. per dous fays de pailhe per far las torchas aus pastoureus
loud. ceir de BrcfTanie à Handinas, XII d.
It. per une charge bouy et une charge pailhe per balhar au reys
per mayar Teigleige, comment eys de coustume, III s. VI d.
It. per lou souppar deu tabouri, rebel, chabrelaire et luschet,
lou digeous vueilha de Breffanye, XI s. III d.
(F** 16). II. per lou souppar deu divendreys au soir et disnar lou
dissande mandi de Tuscbet, chabretayre et laboury; car nou s*en
aneren pas per sce que la festa conmenssave loud. dissande, X s.
II. quan lous haull boys vengueren, loud. dissande à miey jour,
per servir lad. festa, agueren per lour heure, II s.
II. per la despeasa que feiren lou jour que pourlavan las chan-
dellas per ville, per leu mandi IV s. et lou ceir XI s. ; somme XV s.
Ilem pour lou journau de Chabroulet que pourtave lasd. chande-
ias per ville, XII d.
II. per lardadoyras (4), per lou jour que pourlavan lasd. chan-
deias et per lou jour de la festa, per bailhar aquelz que payavan
lasd. chandeias, VIII s.
II. per boy, charbon et aultre despensa, et salari de far IIII"
(1) Huchet, sorte de cor, servant notamment à appeler les chiens à la
chasse.
(2) Arcanète, cire rouge faite de vermillon.
(3) Cf. f» 74 (1527) : « Fazem far la c/iabbane sur lou sermoniadour ».
Cf. f<» 196 (1556) : « Pour la thonne faicte au prosne, tant en boys, buy
que pour le salaire des vignerons et nouriture d'iceulx » Voir aussi
année 1541.
(4) Cf. (^ 74 v^ (1527) : « en lardadoyras per pourtar quant et las chan-
dellas per la ville, VIII s. ».
Cf. fo 145 (1543) : « pour cinq cent lardadairas pour bailher las chan.
dellas que Ton pourtoit pour ville ».
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 571
XV llp. [de chandelas] per Ions confrairs de demye lieura la pessa ;
quatre cirys de i Ip. la pessa, per mectre aus pasloureus que fan
chandaliers au puarl, et per mectre aus chandaliers d'argent per
loujourde la festa, et après lous mectre aud. pastoureus deu puart
quan lous aullreys sirian achabalz per servir tout Tan. II. X chan-
delas rougas toutas petitas de 1 Ip. qrt., toutas per lous chanda-
liers deu corps de Dieu. It. L chandelas rougas de VI à la livre, per
mectre au puart et devant Tauctar lou jour de la festa. It. per
XVIII'^'^ XVI chandelas blanchas per lous confrairs et confreiressas
de la chandela, et VII chandelas rougas de i Ip. 3« (1), per mectre
à Tautar durant mandinas lo ceyrs deNadau et deu Reys; ac Faucte
en tout, XX s.
It. à la confrérie deu corps de Dieu per parar Tauctar lou jour
de la festa, II s. VI d.
It. au segreyta per las chappas et parar l'auctar loud. jour de la
feste, II s. VI d.
It. au segreyta de las chappas negras, X d.
It. per lou salary de sonnar lous orgueys per la festa. Il s. VI d.
It. per aqueu que lous buffant, ac VI d.
It. cousteren las distribucleus de la vespras lou dissande, veilha
de la festa, à chascun prebstre, V d. ; somme XXXIV s. III d.
It. las distribucleus de matinas lou jour de la festa, XXXII s. VI d.
It. las distribucleus de la messa loud. jour, XXXVI s. VI d.
It. las distribucleus de las vespras loud. jour, XXXVI s. VI d.
It. de la messa deus mortz et absolucieu généralle lendema de la
festa, XXXVIII s.
It. en deniers menutz per lous paubreys à Toumosne, lendema de
la festa après lad. absolucieu générale fâche, VIII s.
It. per quinze pinctas holy que seys darramat (2) durant noslre
annade au grant lampier et en la lampe; tout constat, monte la
somme de XXXII s. X d.
(F" 17). It. per lou salary deus hault boys per la vueilha, lou
jour et lendema de la festa, XV s.
It. per lou salary deu chabretayre, luschet, taboury, rebet, per
lou jour de Breffanye et per lou jour de la festa, an agut per tout :
lou chabretaire X s.; luschet X s.; lou tabouri VII s. VI d.; lou
rebet VII s. VI d.
(1) C'est-à-dire : une livre pesant et un tiers.
(2) Cf. fo 25 v<» : « oly que se darramet » ; cf. f« 113 v» : « en chande-
les que se daramet )). Ëtymologie : dirimere.
o72 SOCIKTÉ AncnéoLOGIQUS ET HlSTORiQÙE Dû LIMOUSIN*
It. per une peu de pergamy per meclre lous slalulz nouveulx au
libre oui son lous aultreys statulz (i), III s.
It. per aquest présent papier, que aven fach far néou, et per
X mas papier que y aven meys ; cosle en tout, X s.
It. per sce que monssieur Marsau de Fursat, presbslre, notre
compaignon bayle, dévie XX s. et douas lieuras cera de cera de
resta de reste {sic) de sous inlrageys, au jour duey XXII» jour de
mars l*amd. mil V<^ XIX a pagat la despensa deu disnar que aven
facli aus bayleys nouveulx per leur rendre ions compteys de lad.
comfrérie comment eys de coustume ; et per la despensa que avie
fach, Taven quistat de sce dessus dich que dévie de reste de sousd.
inlrageys ; et per sce : Rè.
Somme la meza quarante 11. XVI s. VIII d.
Monte la recepte IIII" XVIII 11. XVII s. IIII d.
El per sce restara que vous bailhen contant LVIII II. VIII d.
Enset se sce queys dégut à lad. confrérie.
(Parmi les débiteurs, nous relevons les noms suivants) :
Mons^ la Gardedeu ceu Jehan Lamyt ; — lou prébost raons. Peir
Parlier (2); — mons. lou percuraire deu reys meystre Jehan
Ardent ; — mons. meistre Pierre Aury, licencié en leys ; — meistre
Jehan Lamyt, advoucat en parlament à Bourdeus.
Année 1522
(F« 30 V**). Deuls aneux d'aulr, estachat au bout deud. juyeu en
UDg (ieu de léton.
(F« 32 V"). Item Tavant veilhe de Nadau fassem ansenblaz lous
confreyrs per se que, lou dieumen avant, nous estant en Gaym,
pourtant l'argent de nostre feste au reys corne eys de bonne cos>
tume, messieurs les officiers députât de par le Reys, alla requeste
du procureur du Roy, et ausy mossr le lieutenant etTavocat du Roy
ajoync avesques Grandchault, prévost de par le Roy, avaient fat
far une inybissiom à sont de tronpe que home ne fut cy ardit de fere
congrégacion en fréries ne aultrement alla peyne de cinq cent lyvres
appliquant au Reys notre Syre. Et per ce qu'en y avie deu confrayrs
que se devian garnir, que aviam doste et cranyaro ley inybicion et
se volhiam pas garnir, fut faiche Tasemblade deu dis confrays à
Toure des vespres, que coutet X d.
(1) Ce sont très probablement les folios 15 et 16 du Registre coté
VI, Bi.
(2) « Peyr Parlier, prestre, prébost de Teigleige et preboustat de
Peyrabuffieyra » (fo 10).
CONPRéniE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 573
II. aqueu jour, nous eslant dareys l'aulars de S' Peyr, lous fui
remonlrat que deviam fas cy iou seis de Nadau s'abilhariant hou
non. Lous ungdissiam que nous nous deportessant per aqueus ans,
veu que iou Reys nous avie autal ia justice, et ausy que nous nous
erant que restornat à Lymoges, et que enqueire la ville n'ere pas
be sano (1). Lous autreys dissiam que la ville erie be sano, et que
au temps passât s'erant be abilhas que il avie beucopt may de dan-
giers que n'avie au temps pressera ; et quis erram d*avis que fasse-
sam une sindiquat etqu'entregitassam une appel.
It. Quam lous autreys, de numéro de VI ou VIII, ovigrem parllas
d'appel, s'en vant anas en nous dissem que il n'y consentant pas, et
la au quas que nous vouguessam rellevas l'appel, corne comfrays il
s*apousavant et n'y consenliant poync.
(F<> 33V It. lous autreys dissiam que nous nous retiressam de
vers la gens deu Reys, veyre cy poudiaut aveys lissence amyabla-
ment.
It. la velhie de Nadau, nous furcm parllas en mossr. Iou procu-
reur deu Reys à S* Marly per plusieurs viageys, et nous renveys à
mossr. Grandchault ; et Grandchault et nous anerent chas mossr.
Iou lostenent per plusieurs viageys, et ne feyrent autre chose den
peux dicl houras de maty jusque au ceys anas de Tune à Tauctre ;
etjamays mossr. Iou lostenent nous vougel-donnarlissense.
It. Iou ceys be tard trameyrent couvidas tuch aquisque ce deviam
abilhas, en dissem : messieurs, nous ne poudem pas aveys de lis-
sence, vias qu'eys de fas; et lous remonlrem qu'à S* Micheu (2)
s'abilhavant be et que, cy se voulhiant abilhas, nous, balleys, nous
abilhariam lous premyers; et que lous estrumens errant aribat tuch
presteys, et ausy la provysion de boys, pallie, heyre cre tuche
preste. Lous ung se voulliant abilhas ; lous autreys, et la majoure
partide, nou, synom que lous balleys lours promesesant gardar de
dommaige et de payar au despens de la confrérie las eymendas;
auctramen nou s'abilhiariant pas.
It. nous lours feyrent response que nous nous troubavant pas per
conseilh, et que nous nou fariant pas. Et per ce dégut nou s'abilhat
Iou seys de Nadau, ce que ne fut fait jamays à Sent Peys.
It. quam malhinas se dissiam, nous ouvigrent la chabrete de
(1) Le 7 juillet 1522, séquestre des deniers communs et de la justice
de la ville fut opéré parles commissaires royaux de La Roche-Beaucourt
et Bertrand de Brassât, parce que les consuls de 1 520-2 i n'avaient pas
déféré à leurs ordres et comparu devant eux (Reg. cons,, I, 120). —
L'épidémie notée ici n'est pas mentionnée dans le Registre consulaire.
(2) Voir année 1536.
r)74 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
S* Michea anas per ville ; inconlinent fe;renl pourtas davant la
meygou deu peslre, là hou nous soulbaot essayer las chansons,
boys, paille, chandellas et lous eslrumens tuch presteys per anas
per ville. Mas nous troubërent là porte fermade, et nous vougerent
pas hubrir, ny nou troubërent pas ung pestre (1) de la confrérie ny
autre pestre que nous vouguès prestar lous meigous, non pas per
saras iou boys ni la pallie; mas furent contraync an fas restornar
corne gens infessis (2). Et nou souberent que fas cynon payars leu
troys menestriers qu'eranl vengut de deforc corne Iou chabrelayre,
luschet et Iou tabouri, et lous douneren congiet.
(F'* 34). Item Iou darie jour de Tarn agrem congiet de moss. Iou
lostenent chas Tavocat Betume (?), au balesme (3) et on feyrent
raportau confrays; et lous confrays furent d'avis que ly donessam
ung pressem; et luy pourtent doas pcrdris et ung connys que coû-
tèrent XII s.
1524
(F"* 52). Plus aven balyat ac Jeham Roy (4) per acbylias Iou
dous pastoureu que heran gasta, et fas la bergerye deu constat de
la Trenytat, et netezyr Tauctar, et repenyer las lymandas neuas,
XXXV s.
Avem ballyat à Jehan Roy per cismentas Iou bras deu pety
nostre Senyer et ung bras de ung deu troy Rey qu*ere toumbat,
II s. VI d.
1526
(F° 65 v*). Mize per la reparacion de Toutar :
Primo per ung Sen Josep, compreys Iou boys, LVIII s.
Per deux pastoureux, XX s.
Per la menusarie de Toutar, et à acoustrar Iou tout que fazie
besoing, et per V s. que nostreys prédécessours avian promeys à
cause de payar Iou sermonyadour per chanctar (?) Iou seir de
Nadaud, aguet Iou charpentier per Iou tout, VIII I.
Per ung honme que pourtet la menusarie, VI d.
Per doux masons que leveren lou[s] retaule(ys] de peyre qu'eran
bassas, X s.
(1) Pestre : boulanger (piston) ? ou prêtre (pastor) ?
(2) Infestés, pestiférés.
(3) Le nom de Bétume n'est pas autrement connu. Peut-ôtre s agit-il
de l'avocat Beaune (pièce datée de 1541 ; Arch. Hospital, B 91), mais la
lecture ne peut donner Beaune,
(4) On trouve un Jean Reverdy, dit Roy, peintre, à la date de 1537
[Arch. Hospital, B. 63),
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 575
Item à Bastourret per segar doux crampous que lollian de montar
lous retauleys de peyre, V s.
IL per dourar ia menusarie de Touctar, et penney de blan lous
ymagieys, lou visadgeys incarnais, à Jehan Roy, IV 1. XII s. VI d.
(F« 66). II. en une charge de boys conduche chas Marolaud per
essayar las chansons, VI s. IX d.
(F* 70 yo). Fut preys dea juyeu Ireys aneux d'or, que furen
vendus per Tavis deux congfays {sic) conme apert par quilanse.
1527
(V° 74). Item fezen far une prégieire pour moss. Peyr Gibot,
prebtre et nostre confrayr, pour lors fort malade, coustet III s.
IV d.
It. VI piessas doublas (1), où a en chascune II petitz Jésus
eslevalz, et III historias deux Ireis Rois, per parar loud. auUar et
lampier, à moss. Jehan Saleys (2), XX s.
Aux trompetayreis (3), VI s.
(A la fin de la reddition de comptes, se lit la prière suivante) :
Regina celi, sias curiousanient
Vers vostre iilz per nous bonne advocade;
Tant en la vite que à 1 cxpirament,
Mémento nostri, doulce Vierge sacrado.
1530
(F* 84). Item per XVIII Jhésus (4) que feysen far per guarnyr
l'outar et lanpier, XVIII d.
1S32
(po 90 yo) jjgnj [^yQ„g redden] lous deus manteus d'eslame
bigarrât que Ton met en caresme aus deus pastoureus, et la cour-
tine de sarge verte davanl lous imageis de 1 autar Notre-Dame en
caresme.
1533
(F"" 98 v*"). Fazen sazirt per Joham Londeys une vingie (5) am lous
(1) Est-ce une sorte de diptyque?
(2) On connaît à cette date un Jean Saleys, prêtre (Arch. Hospitaly
VIII, D. i.)
(3) Aux instruments déjà cités, s'ajoutent en 1530 un clarin, en 1546
une cornemuse.
(4) Jésus, sorte d'écusson portant le monogramme I. II. S., et que l'on
attachait aux objets appartenant à la confrérie.
(5) Vigne.
576 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
fruizt pendens, asize à la Graulhe (i),| estant de noslre fondalilat
par VI d., et III setiers de arreyratge et intérest; bailhem auds.
Londeys II s. VI d.
Item à Pauly deu Bost, que fazit vendenyare la vingie nonobstaot
que fus sasyde, et luy anvoyenl intimar la saisyne per Besse; et
luy fut bailhat XX d.
Avant achaplat une lampe et XVIII laropeyrous, III s. I d.
(F*" 99). Per luchet que ère de loing, luy fust bailhat lU s. IX d.
Per fart escripre las chansons tant per Nadau que per la Epipha-
nye, que erant XXIIII chansons escriptas, bailhren à moss.
Guilhaume de Vaux (2) VI s.
A Tautre uchet Boysons per demourart esta ville jusques au
dyeument de la fesle, II s.
Item per la de.spence dcus aux boys per la feste, per leurs
chavaux de tuch treys, XXX s.
Mémoire que nous vous reden ung manteau de velour cramoisy,
semmé de estoiles d'or, que a donné à la dite confreyrie la dompne
Barbe Ronmanel, femme de s' Syméon Boyol.
(F* 100 V*»). El vous redden lous présents compteys en protestant,
que, si y troubas aulcune faulle, erreur ou mesconte, louquaul nou
prétenden aveir faite, em presteys de repararl; pregan Jhs et la
glorieuse Vierge Marie et vous que nous veilhas perdounart ; quart
nou vourriam fart aulcune chause contre nostre sagrament de la
dite confreyrie, louquaulx aventpromeys et jurât; en pregant Dieu
el sa glorieuse mair, nostre advocade, que nous voilh perdounarl,
et vous veilha consoulart et adjurard en tentas nécessitas et espé-
ciallament au servici de sa jouyouse confreyrie deus pastoureuxs.
1534
(F« 102). Item per lous II panenceus de las torchas que feyren
far à Gaquet, XX s.
(F° 103). Per far demourar l'uchet II jours esla ville, car ne
voulve relournar, VI s. VI d.
It. per far demourar Tune de las trompelas, car eys de loyn,
Ils. VI d.
(1) Anciennement, hameau situé dans la commune et canton nord de
Limoges, à la suite du village de la Brégère (Dictionnaire topographique
de la Haate-Menne, manuscrit Grignard). — Un document authentique
donne Findication suivante ; « Une terre de la contenance de cinq
esminécs située dans le bourg de la Brugère joignant le cymetière »
[Arch. hospital, D 522, f. 311).
(2) Prêtre ; figure sur la liçte de 1539,
CONFRÉRIB DE NOTUF.-DAME LA JOYEUSE 577
II. per lous gileys de Tuchet, lous intruments, à chas Guillyen la
mère, XII s.
(F"" 104). It. lou deu paneaceus mi hor qae avant fat far per las
torchas (i).
1535
(FM06v*) (Recettes). II. per doux aneux d'aur queeran au joyeu
apesaul treze deniers que furent vendut .'per lou coumandement
deux confrays, tant per payar lous beyieys de Tannade passade de
la somme que leur ère dégude, que per employar la reste à la répa-
ration de Taultar, IX 1. X s.
It. aven recoubut deux confrayrs de la confrayrie, per far peneyr
rislorye de la Nalivitat et ireys Reys, far ung deux pasloureux
nuouf, ensemble far tas claravoyas neuvas, et far la courtine et
frangas, aussy far rebeyssar lou lableu que ocupant la vislc de las
susd. historias, la somme de X 1. XV s. XI d.
(F° 109 v*») (Dépenses). It. à Peyr Jaire (?) per peyneyr las histo-
rias de la Nalivitat et deux treysReys, ensemble le pastoureau que
fevrenl far, XVIII 1.
It. à Thève Jacquet per far ung pastoureau nuouf, far las clara-
voyas et abiliard Taullar, XX s.
It. per far la verge de la corline (2) et deux crampons per teneyr
lou bras d'ung Reys que ère tunbat, X s.
It. per une claud que fust mese au lampier à Saint-Peyr per ce
que prcniant Toly, XII s.
1536
(F. 113). Item feyrent ung paramenl en Toutar, la veilhe de
Nadau, hom fut fach ung gram chapiteu renplit de fueilhas doura-
das, ung petit Dieu dins ung chapeu de triomphe, douas Sibillas et
ung ange à la pointe deud. chapiteu, douas dougenas pastoureux,
une dougène chérubins, et douas dougenas Jésus; fut bailhat au
Goujat per far lou dessus, pour son salari, XXX s.
(F' 113 V**}. En treys chargas de bouys per parar, et per far la
chabane hom se dit la chanson, fut bailhat V s. VII d.
It. per far far lad. chabane au prêtre Vachier, IV s.
(F° 114). It. lou jour de la Rrefanye, qu'eir la veilhe de nostre
feste, lous confrairs se abilhëren en pasloureux et aneren dire la
chanson dins reyglieygie de Sen-Micheu, hom aquels de Sen-
(1) Cf. année 1539.
(2) Cf. f° H6 (1536) : la courtine de tafetas de davan i'outar de Nostrç«
Pâme.
HT
78 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Micheu lour bailheren coulacieu chas lour baylie be honorablement.
It. Tendemi, qu*eir lou jour de la feste, vengueren aquelz de Sen
Micheu abilhas en pastoureux et plusours autreys lour confrairs;
hom lour fut bailhal coulacieu chaz moss. Marsau de Fursat, hom
avye tariras d*alemandas et autras chauzas ; el coustet la dyte cou-
lacieu XX s.
VI fueilhas d'aur per far las torchas, V s. VI d.
(F. 115 V**). It. per ung papier reliai que aven fach far, hom sont
eycrichas las chansons de nostre annade (1), X s.
(F* 117 V*»). (Prière à la fin de la reddition de comptes).
Vierge sey doubtance
Mayr deu vray créatour,
Chascun en vous se fie.
Car en bonne espérance
N'aven autre recour
Sinon en vous, Marye.
Très noble comfreyrie,
Fazent à vostre honnour
Maintenes l'alianse ;
Qu'en rhaultre geralchie (2)
Hom eys lou vray pasteur,
Sye nostre demourance.
1539
(F*^ 129). Item à mons. Jehan Lacipetre {sic), per far VI instoryas,
en ung chapeux de triomphe à Tenlour, rondas; an cousla XXV s.
It. per far lou parament et tonne de soubre Tautar, enssemble
XIII pastreys que ferenl far à lourdit per meilre davant, tant en
maye qu'en bouys et cyre et fuste, tout conpreys la dey pence.
(F** 131 ). It. las douas torchas, ensemble lous panenseulx d*eymaus.
1540
(F*'.133). It. per far lou paramen de Toutar, compris las ystorias
que feist;moss. Jehan Tarciprebstre, boy, cyre, fuste et journault
demieys ; couste tout II 1. X s.
1541
(F** 437). Per far la tonne deu sermoniadour, siercleys et maye,
VI s. VI d.
(1) Ce recueil n'a pas été conservé.
(2) Hiérarchie (provençal Gerarchia ; Gérarchie dans la Vie de Saint-
Denis du British Muséum,)
CONFRÉI1IË DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 579
1542(4)
(F*> 440 V*). Plus pour enprimer les chansons de Noël, V s. (2).
Plus pour enprimer ceux là de la Brefaigne, V s.
1545
(F" 154 v**). Per douas chargas de boys de Navex, XV s.
(F° 155). Plus à Glaudo Garnier (3) per enprymar las chansons
dous vet, X s.
1546
(F* 158). Pour faire imprimer les chansons tant de Noël que des
Roys, X s.
1549
(F* 164). Pour balher au pourlier le soyr de Nohel et le jour des
Roys pour fère entrer sr. Joseph Ruaud (4), XX d.
Pour porter Notre Dame à la procession, XX d.
(F*» 165). (Vous rendons) le joyaulx de lad. confrérie couvert de
mantheaulx de taphetas, en ung bouton d'argent, ensemble Testuy.
1550
(F*> 166). Plus avons reçeu de moss. de Lyjnoges par les mains
de moss. Marsuppin ung esceu pd. (?) vallant XLVI s.
Plus de mess, du chappitre de Sainct Estienne, XX s.
Plus de madame Fabbesse de la Reigle ung teslon vallant XI s.
m d. (5).
(F** 167 V*). Item pour faire imprimer les chansons du ceir de
Noël, bailhé à Glande Granier XV s. VII d.
(1) Premier emploi de la langue française dans les comptes de cette
confrérie.
(2) Première mention de ce fait. A partir de 1545, cette impression a
lieu tous les ans, sauf de rares exceptions.
(3) Avant que cette indication fût connue, on n'avait aucune trace de
Texistence de cet imprimeur entre 1533 et 1550. Voir notre étude dans
le Bibliophile limousin, 1905, n^ 3.
(4) Peut-être s'agit-il d'un cérémonial suivi pour l'introduction d'un
nouveau confrère.
(5) Voir années 1560 et 1581. — Ces libéralités, inaugurées en 1550,
se renouvellent constamment de 1554 à 1568. Elles deviennent ensuite
moins régulières. — Voir année 1556,
580 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Item pour imprimer les chansons de la Bréfanye, bailhé au filz
de Pol Barllîon (i) la somme de VIII s.
(F^* 168). Item pour le disner des pastoureaulx habillés le jour
de la Brefanye, où nous fismes quatre platz, sans les ménestriers,
monte X 1.
ISol
Item pour le salaire de Jehan de Brigueil qui joua du rebect led.
jour de la feste, VII s. VI d.
1532
(F'' 174). Et davantage fault noter que, parce qu'il a pieu au
Roy nostre sire, pour subvenir à ses affaires au faicl de la guerre,
mectre sur chascun clocher de parroisse par tout le diocèse, le for
portan le foible, la somme de vingt livres tournois ; et que, parce-
que les fabriqueurs de Téglise dud. S^ Pierre nous ont conlrainct
bailler par déclaration les rentes et aultres choses apartenant à
lad. frérie, en obéissant à ce, comme les bailles des aultres frérics
faisoyent, avons balhé la déclaration de cens et rentes de lad.
frérie ; veu laquelle déclaration le grand vicaire de moss. de Lvmo-
ges nous auroit balhé ung chartreau contenant comment lad. frérie
avoit esté taxée à la somme de dix huict livres ts ; laquelle somme
de XVIII 1. a esté promeis payer aud. sr. grand vicaire, comme en
apert par la quitance attachée au présent livre, signée Sommière,
en date du VIII de juilliet mil V^ cinq'* deux; touteffoys lesd.
XVIII 1., les avons heues de Joseph Ruaud sur sa ferme du grand
pré que luy avons affermé pour troys années advenir par advis
desd. confraires à prix et somme de vingt livres ts pour an, comme
de ce apert par leur surlé (3) receue par M* Jehan Ronchon,
laquelle est parelhiemen attachée au présent regestre; laquelle
quitance de XVIII l., ensemble lad. lettre signée Ronchon nous
avons laissés.
(F*^ 175). It. pour les chansons, marché faict, a esté paie aux
chantres, oullre un escu que le roy, le sire Martial Dauvergne, a
balhé, IX It.
Oultre, une collacion que fismes ches Mayau, que cosla XIII s.
VIII d.
It. pour le disner des paslres habillés le jour des Roys et pour
les chantres qu'estoyent en nombre vingt, à cinq sous tourn. pour
(1) Pour les Barton comme pour les Garnier, voir Bibliophile Limou-
sin, 1905, n« 3.
(2) Sûreté, garantie donnée par devant notaire.
CONFRÉRIE DE NOtRË-DAME LA JOYEUSE t>81
homme, oullre les ménesiriers et coarrieu (1) susdit, a esté poyé V 1.
(F* 178). Et premieyremenl le joyau d'argent, poysant huict
marcz deux onces XVIII d., couvert d'ung manteau de taffetas, et
ung gros bouton d'argent dauré, et son estui de coyr; auquel relie-
guère y a une bergère am pie, ont y a Iroys pastres et sept brebis
d'argent.
1553
{F^ 180 V*»). Item pour les chansons, XV l.
1554
(F* 184 V*). Plus avons receu de deux personnes de ceste ville
qui avoyent veux et debvotion à lad. confrayrie, desquels avons
receu la somme de 45 1. 17 s. 0 d. (3).
(F'' 186). Plus à Léonard de Combrouze, tabourin ; à Just; au
chabretaire ; à Fougeyron et au fllz de Léonard de Gombruze ; à
chascun pour leurs sallaires 10 s. ; monte 4 1. 10 s.
Plus a esté bailhé à Mourier le rebet pour ses sallaires, 3 1. 5 s.
1555
(F*» 190 v*). Plus avons mys pour fère fère et garnir le devant de
Tautel de Nostre Dame, tant à Femynas (3) que à Petaviyeus,
painctres, que à Denys le vigneron pour fère la tonne du sermo-
niadour.
(F** 191). Plus avons donné à Mr Denys Barthon, imprimeur,
pour avoir imprimé les deux chansons, comme est aussi de cous-
tume, XXV s.
(F^* 193). Plus fut donné le lendemain de la frayrie pour le
disner de tous les pouvres de Thospital de S* Martial dudit Lymo-
ges (4), XL s.
(i) Courrier, messager chargé de convoquer les confrères.
(2) Premier emploi des chiffres arabes. Dans les comptes du xvi* siè-
cle, les bayles de celte confrérie ne s'en servent qu'en 1554, 1568,
1578, 1583-84-85-86.
(3) Laurent Dubreuilh dit Fémynas. (Cf. année 1561).
(4) Hepas annuel fixé au « lendemain qu'on mange la fête (des Hoys),
que sera le lundy malin, à disner, à tous les pauvres qui seront et se
trouveront dans ledit Hôtel Dieu ledit jour ». (Acte notarié du 20 jan-
vier 1555, ancien style, Archives hospii.y I. B., 7.) La rente de 40 sols,
annuelle et perpétuelle, est garantie par Tensemble des biens de la
confrérie et spécialement par le grand pré. — Voir le dernier des arti-
cles complémentaires des statuts.
d82 société AKCliéoLOGKjUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1556
(F** 195 v*»). Plus ay receu de Jehan Blanchon, messagier de
Lymoges, en argent, XX s.
Receu du roy, à cauze du bancquel qu*il devoit faire aux chan*
très et [qui] ne se Ht pas, la somme de quarante soulz que furent
balhés aux bayles de l'opilal.
(F* 196 V'). Pour le présanl(l) que fust donné à monsieur TEves-
que et à chapitre et à Tabesse de la Règle, le tout compté XIV s.
1557
(F° 199 v«>). Premyèrement, pourcequMl faict besoin gran frais, et
que nous bailles n'estions pas pour despandre du notre à cause que
sommes povres, et que ni avoil pas d'autres confrères qui ne fussen
estes bailles, les confrères nous (iren accepter la bailie, moyennant
que ne despandisen du notre, et pour ce avons laissé à dire plu-
sieurs messes; quar n'avion le de quoy (2).
1568
(F** 202). Premièrement, le dimanche d'apprès les Roys, eusmcs
pour fère danser les confrères en paslres XII torches, desquelles
en perdismes sept, XXVI s.
Item le lundy entseguent, pour ce que les confrères vollurenl
dancer (3), poyasmes les ménestriers, qui coustarent, comprins leur
soupper, XX s.
It. avons bailhé pour fère reigler le livre des stalulz à neufz,
parcequ'estoit for rompu ; ensembles pour y adjoucler une pau de
parchemyn pour escripre les noms des confraires au nect, et pour
le faire rabilher le dessus, en tout VII s. VI d.
(F* 203). Plus avons bailhé à Berthon pour imprimer les chan-
sons, XX s.
1559
(F* 207). k Barton, imprimeur, XX s.
(1) Voir années loCl, 1502, ir>67 que nous relevons à titre d'exemples.
— Voir année 1550.
(2) Etaient bayles : Laurent Dubreuil (peintre), Etienne Borye (?),
Robert de la Place (prêtre).
(3) Voir années 1578, 1581. — Ces danses sont aussi mentionnées en
1587 et 1624.
CONFRÉRIE DE NOTRÛ-DAME LA JOYEUSE d83
1560
[po 211 v^). Avons receu de mess, les chanoiDes du chappitre de
Sainct Elienne, le jour des Roys, comme ont de coustume, et parce
que on a chanté la chanson, la somme de XX s.
Plus avons receu du grand vicayre de mons. de Lymoges, comme
a de bonne couslume, après avoir chanté la chanson au logis de
TEvesque, L s.
Receu de madame Tabesse de la Reigle, après avoir chanté la
chanson en son abbaye, XII s.
(F"" S12). À Barton, imprimeur, pour imprimer la chanson de
Noël, Xn s.
Plus à ceux de la Couronne (1) pour imprimer celle du jour des
Rovs, XV s.
1S61
(po 217), Le XVI* novembre, pour la collation après disner et
souper des chantres pour (ère marché de fère chanter les chansons,
XL s.
Item le dernier jour de novembre an susd. promismes à Laurens
Dubreuilh dict Femynas et Etienne Bosrie pour fère chanter, et,
pour ce, fournir de chantres les chansons de Noël et des Roys
comme est de coustume; pressentz sire Marcial De Cordes le Jeune,
roy de lad. feste, et Pierre Chambon ; X s., que leur avons payé et
en avons quictance.
It. le dict jour pour la collation que payâmes en faisant led.
marché, VI s. VI d.
It. pour fère mectre au net la chanson de l'Epiphanie chez Claude
Grenier, X s., et XX d. pour le vin des compaignons; que sont
XI s. VIII d.
It. fut payé à Colin Noalhier, pasticier, pour la collation baillée
aux ménestriers quand ilz arrivarent la vigile des Roys, VI s.
II. pour ung connil VI s., une palonme III s. IV d., et pour deux
oranges VIII d., pour bailler à mons. TEvesque de Lymoges, mess,
du chapitre de Lymoges et madame Tabbesse de la Règle; monte
X s.
15«4
(F" "220). Avons payé pour fère imprimer les chansons à Jhérosme
Garnier, XXIV s.
(1) Atelier des Garnier.
S84 SOCIÉTÉ ARCIléoLOGIQCË iîT HISTORIQUE DU LtMOUSiS
(F" 221). Avons payé pour ung connil et une perdridz qui furent
donnés au grand vicaire et au trésorier de Saint-Ëslienne, XII s.
1563
(F° 222). Mémoire que, pour ce que la présente année la peste
esloii en la dite ville de Lymoges, el ne purent fëre led. service le
dimanche d'après les Roys comme on avoit de bonne coustume,
mais fut faict led. service le tiers dimanche de caresme, cinquiesme
jour de mars an susdict (1).
(po 3<24 V"). Item avons donné à messieurs les confrères par
ordonnance de monss. le lieutenant général, pour la nourriture
des pouvres pestifférés, la somme de V 1. XV s.
1564
(F° 225 v**). Pour fère fère la verbe de la chaussons du soyr de
Noël, que fustbalhé ung présent à sr. Jacques Grégoyre (2), XXIX s.
Plus a esté halhé aux chanlres par comendement de mon cooi-
paignon mestre Pierre Dupin, pour accorder la chaussons de Nohel
aux chantres, qu*est iroys soupers et ung disner, VI I. XIII s. VI d.
1565
(F® 227 v*). Plus de Marcial de Beaubrueil, dict Mouston, à cause
des rantes d'une escure qui est au dernier de sa maison, IV 1. XV s.
Item pour fere faire la verbe de la chausson alams jusques au
Masbouriane (3) parler avec frères Psaulmet Grégoyre (4) et Pierre
Benoist, pour nous fère une verbe de chanson, et lour fust bailhé
ung présant : une bégasse et une perdris, XV s.
(F» 228). Plus, le soyr, soupasmes ensemble et despandismes,
XXX s.
Plus quatre jours après, retournâmes aud. Masbouriane pour
recouvrer la verbe; fust porté deux cartes vin, à II sols pincte :
VIII s.
1566
(F"" 231). Plus en la sepmaine saincte, pour fère ung puai de fer
à la syme du grand lampier pour meclre dix lamperons, costé
VI s. I d.
(1) Aucune mention relative à la chanson en celte année de peste.
(2) Contrôleur en la recette générale.
(3) Actuellement hameau situé dans la commune de Couzeix, près de
la route de Limoges à Poitiers, à 4.500 mètres environ de Limoges.
(4) Apothicaire {Arch. hospit. 11, B 8). — Pierre Benoist, prieur de
Saint-Gérald et archidiacre.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 585
Plus ay fourny pour poursuyvre le procès contre les délégués
du colliège (1), qui demandoyeut le revenu de lad. frérie; fismes
assanbler les confrerz pour fère ung sommaire de la myze et
recepte, et communicquer à moss. de Beaubreilh pour leur fère
response; le tout cousta XV s. et II d.
Plus bailhé pour ung disner que fust faict à chas sire Anthoine
Rouchaud, XXI sols, le dymanche après Toussainctz, pour fère la
chanson de Noël.
Plus pour ung disner que fust faict aux champtres le dymanche
vigille de S^-Estienne pour leur charopler la chanson, XXXVI s.
Plus pour un autre repas, présent le greffier Ronmanet, le
dimanche amprës, que fîstz mess. André Deschamps ausd. chanp-
tres, que cousta LU s. IX d.
(F<» 232). Plus pour ung disner le dimanche avant Noël faict aux
champtres, présent le greffier Roumanet, sieur Pierre Benoist,
Marcial Mouriquet, messire Barlholomé Moneyron et aultres con-
frairz, à chas messire Anlhoyne Rouchaud; cousta III l. X s. VI d.
Plus payé à l'organiste pour fère le son de lad. chanson de Noël,
XXXVI s.
Plus pour fère imprimer lad. chanson à ches Michel Granier,
conprins le vin des serviteurs ; cousta XXVI s. VI d.
Plus au muet de ches Salot pour fère les ystoyres de la tonne, de
devant l'ymaige de Nostre Dame la Joyeuse ; costa XXVII s.
Plus pour ystoires et Jésus, pour mectre aus lampiers et à lad.
lampe, XX s.
Plus en or quyquant, pour atacher lesd. hystoyres et Jhésus,
IV s. X d.
Plus en feilhes de carto pour fère lesd. histoires, lesquelles je
fournjs aud. muet, VI s.
Plus à Mages, pour fère le son de la chanson des Roys, XII s.
Plus pour la fère imprimer à ches led. Michel Granier, et pour le
vin aux serviteurs, XXXVII s. VI d.
1867
(po 236). Plus pour fère chanter la chanson, le premier jour de
décembre, fourny pour ung disner en pistance, en vin et pain,
XXIV s.
(i) Par mandement de Charles IX, il avait été ordonné en 1562 : » les
deniers, biens et revenus des confréries de la ville de Limoges, le ser-
vice divin préalablement fait, seront pris, maniez et distribuez par celluy
ou ceulx que les consuls commecteront. » {Arch, Haute- Vienne, série D.7.)
(Cf. Reg. consul. II, 233).
T. LV 39
b86 sociérè ARcnéoLOûlQUE Et historique du limousi?^
Aux enffens du cueur de S^-Eslienne (i), XIX s. VI d.
Plus pour une collation chez Bernard de Leymarie, IV s. IV d.
Pour ung pot de sucre, XXXVIII s.
Aux enffens chez le mesme, VII s. VI d.
Plus pour les escripteaux, au muet chez Salot, IV s.
Pour avoir des chapeaux (2) le seoir de Noël, VI s.
[fo 237). Plus la vigile des Roys, en quatre connilz pour fère les
présents, XXXVI s.
En une bécasse el une perdrix, XIII s.
Pour une douzaine cçufs, III s.
A Coly le pastissier, pour le disner des contraires, VU I. X s.
(po 238). Plus rendons le reliquaire et joyeu d'argent, pesant
huict marcz deux onces et dix huit deniers, hormis Taisle d'ung
ange et d'ung mouston (sic) comme en sont à dire comme estoient
lorsque nous furent balhéz.
1S68
(F"" 239). Plus pour la despense des confrers qui allaren quérir
les ménestriers à Eyjaulx, 4 1.
(F"" 240) Plus en allan quérir les ménestriers pour les Roys à
Verneilh...
{fo 241 yo^ Rendons aux bayles la boyle vuyde, dont sonsmes
bien maris que n'ayons de quoy rendre ung surplus.
Plus rendons le reliquaire entier; car Jehan Vérier Tayné,
confrère, a faict Taisle, pasteur et brebis qu'estoy perdus, port son
entrée en lad. confrérie.
(po 242). Plus un lampier d'araing, et un petit lampier d'araing,
avec la lampe et clefz desd. lampiers.
1678
(po 243 v^). Avons mis le dimanche d'anpprès les Roix qu'eusmes
pour fére danser les pastres VI torches dont en perdisroes V.
Plus avons baillé à mons. le maistre de S'-Etienne pour retirer
le champ des deux chanssons de Noël et des Roix ung présent
jusques à 1 1.
Plus avons frayé pour ung desjuner que fîsmes aux pastres pour
les fére danser la vigille de Noël, 20 s.
(1) Voir années 1587. — Mention analogue en 1568.
(2) Chapeaux garnis de fleurs que les confrères portaient le jour de la
fête (Voir Tarticle 11 des statuts). Cet usage n^était pas spécial à la
frérie des Pastoureaux.
CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME LA JOYEUSE 587
1580
(F^ 247).. Et la susdite promesse (1) a esté faicte pour
obvier à ce qu'on a veu durant deulx ans derniers aulcuns deulx
confrères ayant esté receuz soy absantés et retirés des aultres
confrères, après y avoir assisté quelques années, à Tescandale
deuls et de la frérie. A esté aussy aresté que les balles à Tadvenir
ne recepyron aulcuns confrères sans Tadviz de dix ou vingt des
anciens confrères, et leur feront signer les statutz et la présente
convention à peyne dé payer en leur nom propre lad. somme de
vingt escuz ; et a esté convenu et accordé que les confrères qui
n'on esté baillés le seront conjoinctement au ranc qu'ilz ont esté
receuz sans soy pouvoir excuser, et, le ranc expiré et passé, sera
reveneu aux anciens par le mesme ordre. Et néanlmoingtz demeu-
rent les présédants status en leur force en ce que conserne l'assis-
tance de service dyvin. Testât et ranc des confrères qui se doibvent
abilber annuellement, et autres articles, serments par nous jurez,
lesquels promettons et les susdits thenir moyennant serment et
considéré tous; présent Pierre Buisson, filz de Léonard
Buisson, dit le Gontaud, charpentier de Lymoges, et Jehan Besse,
roestre du Jeu de Paulme, témoings ad ce appelés le dit jour.
[= 10 janvier].
1581
(F"" 249). N'avons daigné aler fère dire la chanson à la Reigle,
causant qu'on n'y bailhiè qu'ungteston, et les présents que eussions
bailhié eussent valeu led. teston et plus.
A l'imprimeur qui imprima les deulx chansons, fut payé V I.
(F"" 250). Pour faire assembler les confrères après Noël deulx ou
troys jours, aux fins de scavoir ceulx qui debvoient danser et
s'abilhier, fut payé au courrier X s.
1583
(F« 251). Ce sont les comptes tant de la recepte que de la myze
faict par moy Jehan Veyrier l'alné, m» orpheuvre de Lymoges,
et suys esté bayle seulz part ce que Guyihyaume de Cordes ne
voulut assester la beylye, et ay faict tous les frais à mes despans en
Tannée susdite.
(po 2gj yoj ^ Joysept Guyber, sonneur de vyolie, 25 s.
(1) Promesse de garder le rang assigné à chaque confrère par la liste,
sous peine de payer 20 écus au soleil d'amende. Chaque confrère était
bayle à son tour, selon le rang qu'occupait son nom.
588 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUÈ DU LDIOUSIN
1584
(P 253). Estant ballies François Clément el Harcial Garac ; dont
led. Marcyal Garac mourut de peste en Tannée.
Pour aler à Beavoys (i) qaéryr les chans de la chanson avec (des)
troys des chantres quy estoint avec moy, avons despandeu pour
chasque foys 20 s. ; monte 38 1.
(F** 254). Ay envoyé à mons. le raeyslre des anfans deulx perdris
et une bout^llye de ving de Slmillyon ; coûte le tout 40 s.
1585
(F** 255 y^). Pour les ménestriers qui ont assemblé les confraires
à l'Eglize, et pour avoir envoyé à Grammont et aileurs chercher
davantage de ménestriers, 2 1. 15 s.
1587
(po 257' Ysiki par moy, Jacques Rougier, recepveur de mess,
les Présidiaulx; et suis esté seul, parceque M* Pierre Dupin, qui
estoit nommé comme moy bayle, ne voulut assister la dicte baylie ;
et ay faict tous les frays à mes despens (2).
Plus ay bailhé à monsieur le meslre des enfans de S^ Etiene
pour avoir le chan ung levrau et deulx perdris qui coutarent
XXX s.
Pour leur faire chanter la chanson, 6 1.
Plus ay payé à sire Heugue (3) pour imprimer la chanson, III I.
Plus ay payé pour ung repas pour les confrères qui dansarent le
jour des Roys et pour les chantres ; payé à Léonard Jay, 13 1.
(F* 260). (Fragment inachevé de chanson) :
Veycy lou bon nieynajçe
Que n'an bre de soucit,
Qu'en lour courage
Deu f^ay beurage
Ne sont ennemis.
L'argent ny la richesse
Jamay nés lour meytresso
(1) Probablement le village situé O.-N.-O. de Limoges, et où se trou-
vait un chÀteau servant de maison de plaisance à Tabbé de Saint Martial.
(2) Recette : 45 livres 15 sols 8 deniers. Dépense : 84 livres 6 sols
8 deniers.
(3) Hugues Barbou, Timprimeur bien connu, fixé à Limoges depuis
1566,
CONFR^RIB DE NOTRS-DAME UL. tOXEVSE 589
1614
(F"" 266 y^). Le doaze de janvier mit six cents quatorze, de Tadvis
de mess, les confrères, et pour avoir manque par M* Claude de la
Jouroard à son devoir et autres considérations, a esté aresté que
led. de la Joumard ne sera plus receu en lad. compagnie (4).
i623
(F® 2691. Réception dans la confrérie de) Pierre Blanchon, advo-
ral et lieuteuant de la jurisdiciion des Combes (2).
1634
(F* 271 v«). Le jour de lanoée par avant escripl, les confraires
eslanz assamblés au logis des Trois Pilliers, ayant esté mis en déli-
bération qu'il y avoit beaucoupt de personnes qui avoient devoc-
(ion à la frérie, néanmoins qu'ils craignoient les fraiz extraordi-
naires qui se font tant à la prinse de la frérie que au disner de
celluy qui se faict le jour de la fesle. A esté arresté par lesd. com-
fraires que celluy* qui viendra au rang pour prandre la feste comme
roy, au lieu des dix livres qu'il baylhoit du lundy (?), il en sera
quicte moyennant six livres ; et pour le disner du jour de la feste,
sera au choix de celluy qui la tiendra de bailler à sa discrétion le
disner et à sa discrétion sans user de superfluité. De plus, afBn que
lesd. comfraires ayent moyen d*ouïr les comptes des bayles qui
seront en charge, que ceux qui entreront seront tenus d'advanccr
la somme de quatre livres. Et attandu le peult de nombre, qu'il n'y
aura que ung bayile pour faire les frais, et le sieur Urbain (3) pour
baylle d'esglize. El pour Tannée prochaine avons nommé Jehan
Midy, l'un desdits confraires; et ensuite de l'un à Taulre. Ce que
ont promis et sygné
(Fo274j. Le susdit jour, attendu que Mr Simon Fornier(4) n'a
voulu payer les deux escus qu'il debvoit en qualitté de daulphin (5),
il a convenu à s' Albert Midy de les payer et prandre la plassc
(i) Claude de la Joumard, « praticien », avait été reçu confrère
en 1604 (f** 265). Il fut fermier des aumônes de Sainte-Croix en 1630.
(2) Pierre Blanchon devint contrôleur général du taillon de Limoges
«t auditeur des comptes. (Archives hospitalières, B. 82.)
(3) Jean Urbain, « maitre de la sellette (sic) de Saint- Martial » (f^ 268).
(4) Simon Fornier ou Fournier, prêtre de Téglise Saint-Pierre (Beg.
cons., III, p. 272] ; il se distingua lors de la peste de 1631.
(îî) C'est la première mention de ce titre que nous trouvions dans ce
registre.
• .«I •. .»
590 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU UMOUSIN
dudit Fornier, et tiendra la feste l'année prochaine. Et léd. Fornier
demeurera exclus d*entrer â Tadvenir en la compaignie.
(jpo 275). Aux coristes et enffanz de cueur de Sainct Martial pour
fëre chanter le quantique du jour de Noël, 3 1.
1640
(F** 280 v°). Pour avoir payé à M° Debroa, patriarche, pour deux
sesliers froment, quatre livres iO sols.
(F*> 281). Receu des sieurs bayles de la confrairie de Notre Dame
de la Joyeuse, alias de Notre Dame des Pastres de Tesglise de
Sainct Pierre du Queyroir de Limoges, la quantitté de deux sestiers
frommant à moy dbeubz de sens et fondalitté un chascun an sur le
pré appelé des Pastres, à cause de ma vicairie dicte du patriarche
Lamy fondée dans Tesglise de Limoges, desservie à Thautel sainct
Thomas. A raison de quoy tiens quittes lesd. sieurs pour la pré-
sente année et jusques au préf^eot jour. En foy de quoy ay signé le
dixiesme décembre à Limoges de Tannée mil six cent quarante.
Debroa, vicaire.
1647
(po ^7 yo). (Réception de) Jehan Barry, cappitaine de la maison
Commune.
Contrat {iUl)
Faict en la sacristanie, estant au dernier le grand aultier de
l'esglise parrochielle de Sainct Pierre du Queyroy de Limoges, le
dix neuviesme jour de décembre, Tan mil cinq centz quarante ung.
Sont esté présens et personnellement eslablys et constituez en
droict, honnourables bonmes maistre Pierre Aury, licencié ez
droictz, conseiller pour le Roy nostre sire en la senneschaulciée de
Limosin, sires Syméon Boyol et Simon du Peyrat, bourgeoys et
marchans dud. Limoges, fabricqueurs et au nom de fabricqueurs
de Tedifflce et bastiment de lad. esglise, faisans aud. nom en ceste
partie tant pour euU que pour sire Françoys Dauvergne, aukre
fabricqueur, leur compaignon, absant, d'une part; Et honnourable
homme Âudoin Dauvergne, bourgeoys marchant dud. Limoges,
au3si pour luy et les siens d'aullre pari ; Et maistre Jehan Londeys,
prebtre, sires Joseph Rogier et Jehan Romanet, bourgeoys et aussi
marchans dudict Limoges, comme bayles et au nom de bayles de la
dévote et notable freyrie appellée de Nostre Dame la Joyeuse, alias
des Pastoureaulx, célébrée chescun an à son honneur en lad.
esglise, pour leurs compaignons bayles et confrères qui à Tadvenir
CONPRERIE DE NÛTBE-DAltE LA JOYEUSE ^9i
seront de lad. freyrie, faisant en ceste partie et stipulens d*auUre ;
Comme par mond. seignear le conseillier Aury, Vang desd. fabric-
queurs dessus nommés et confrère de lad. frayrie, aist esté pro-
posé, dict et remonstré en présence desd. bayles dessus nommés
et de la plas grand et saine partie desd. confrères de lad. freyrie
aussi présens, illecques présens et assemblés et traitans dez afTeres
et négoces de ladicte freyrie : Que, comme a veue d'ueil soit tout
notoire, lad. esglise aist grand besoingt et soit nécessaire de la
clore et parachever TedifSce piecça par les fabriqueurs précédens
acconmensé; Laquelle chose ne se puisse faire, conduire, parfaire ni
parachever, veu la sumptuosilé de l'édifflce piecça, comme dict est,
accommensé et grand coustaige d*icelluy, sans Tayde et secours de
beaucoup de notables personnaiges de lad. parroisse; Et pour
laquelle chose parachever les susdits sieurs fabriqueurs ayent ser-
ché tous les moyens qu'il leur a esté poussible de trouver pour
leur ayder à parfaire leur dict édifflce ; Et ayent communiqué dud.
afTère et négoce avec mesd. sieurs les bayles et confrères de lad.
freyrie de leur ayder à parfëre le bastiment et édifBce jà acconmen-
ses ; Et soit esté advisé et iceulx fabricqueurs ayent tenu propos et
requis lesd. bayles et confrères de adce ayder ; et, comme led. sire
Âudoin Dauvergne doibve tenir la présente année lad. feste de
notre dame la Joieuse alias des Pastoureaulx, en laquelle, com-
prins le jour de porte-argent, se faict cinq repas, de en oster et
extaindre les quatre pour la présent année seulement, veue la
nécessité, et sans lirer à conséquence, et, de ce que cousteroit aud.
Dauvergne les quatre repas, de le bailler pour l'honneur de Dieu
et de la Vierge Marie au bastiment et édifice de lad. esglise.
À quoy led. Dauvergne, voyant la nécessité de lad. esglise, a
tousjours volu entendre et offert de fere et obéyr au vouloir desd.
bayles et confrères, et se soit tousjours remys à leur vouloir et
discrétion, et promis de faire tout ce que par eulx luy seroit dict et
ordonné ; Et estoit tout prest, comme il a illecques dict et affirmé,
de tenir lad. feste etfère bonne chiëre ausd. confrères et les traic-
ter en gens de bien, se soubzmectant tousjours à leur bon adviz et
délibération. Etamprès plusieurs assemblées en traitant dud. affère
faictes, soit esté dict, conclud et arestë par et entre lesd. bayles et
confrères que led. Dauvergne bailleroit et poyeroit ausd. fabric-
queurs pour ayder à parfaire led. bastiment et édiffice la sonme de
cent livres tourn. par luy une foys poyées et ung disner ausd.
confrères le jour de leur feste, et avec ce seroit et demeureroit
quicte des aultres quatre repas accoustumés de fere; de quoy led.
Dauvergne libéralement aist consenti et promis de fère.
Par quoy est il aiusin que aujourd'huy, en accomplissant lad.
B9â sociÉré archéologique et uistoriqle du UMousrs
promesse, led. Dauvergne a payé et baillé illecques réaulment et
de faict ausd. fabricqaeurs ladicte somme de cent livres ts. ea mon-
noie blanche de douzains illecques nombres el couplés, et par led.
Boyol el ang desd. fabricqaeurs lieue, prinse et receue en présence
des notaire el lesmoins soubznommés, donticeals fabricqueurs s*eQ
sont tenuz pour bien contons et en ont quicté led. sire Audoin
Dauvergne et les siens. Et a été dici et accordé el promis par et
entre lesd. fabricqueurs, bayles et confrères dessusdits que, afBn
que de ce soit perpétuelle mémoire, iceulx fabriqueurs feront fera
la clef de voulte et édifice que se font à présent tout à neuf; en
laquelle clef mectront les armes et enseignes de lad. freyrie en
pierre de taille ou bien en fonde de cuyvre, que seront eslevés
en bosse; et y mectront et expouseront jusques à la somme de six
escuz d'or au souleil ; laquelle dite somme de six escuz d'or au
souleil lesd. fabricqueurs ont promis meclre et employer pour rai-
son de ce fère, affln que de ce soit, comme dict est, perpétuelle
mémoire. Et ainsin Tonl promis et juré de faire lesditz fabric-
queurs aux sainclz Dieu évangilles nostre Seigneur, louché le livre.
Dont et desquelles choses susd. lesd. bayles et confrères, Dau-
vergne et fabricqueurs ont demandé et requitz à moy notère royal
soubz escript acte et lectre leur estre faictes el baillées ; ce que a
esté faict soubz les scelz du Roy el de monsr. TofBcial dud. Limo-
hes en la meilleure forme pour leur servir et valoir en temps et
lieu comme de raison, ez présences de maistre Pierre Victrat, pbre
sacristain de lad. esglise, et de Georges Grand, clerc, natif de la
paroisse de Linardz, à présent habitant dud. Limoges, tesmoingz
cogneuz, adce requitz et appelles, les jour et an susd.
Ainsin a esté faict par devant moy notère royal soubz escript, ad
ce fère requitz et appelle par lesd. parties.
M. Des Champs.
PORTAIL FORTIFIÉ ET ÉOLISE D'A1
MONOGRAPHIE
DU CANTON DE
SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES
(HAUTE-VIENNE)
(Suite)
ARNAC-LA-POSTE
Ceiie commune est située au S.-E. du canton entre les com. de
Mailhac et Saint-Sulpice au N., Vareilles et la Souterraine à TE.,
Saint-Maurice au S. — ces trois dernières de la Creuse — et à
ro. Saint-Hilaire-la-Treille.
C'est par son territoire que la Benaise, sortant de la Creuse,
entre dans le département; elle coule dans la com. dans une direc-
tion E.-O. pendant 4.500".
Le ruisseau de la Planche Arnaise, qui sort aussi de la Creuse,
arrose la partie N. de la com. sur une longueur de 7.800" et passe
près des villages du Monteil et de la Salesse.
Le Glévert, qui porte sur certaines caries le nom de Benaise,
prend naissance au-dessous du Drelet et coule dans la partie 0. de
la commune pendant 7.000".
Enfin Textrémité S. est coupée par la Brame qui a dans la com.
un cours de 4.000".
Cette com. est la plus étendue du canton : 4.651 hectares; elle
est plus longue que large et sa forme est très irrégulière; elle me-
sure 8.300" dans sa plus grande longueur et sa largeur moyenne
est de 6.900". Son périmètre peut être évalué à 66.050".
C'est dans cette com. que se trouve le point culminant du canton;
altitudes comprises entre 260 et 359.
Sous Tancien régime, le territoire de la p**« était à peu de chose
près celui de la com. actuelle; seul Champlong était contesté.
Nous avons dit plus haut qu*elle était coupée en deux par la
ligne de séparation des intendances. du Berry et du Limousin, ou
du Poitou et de la Basse-Marche : la partie au N. relevait adminis-
trativement de Bourges et judiciairement de Monlmorillon; la
pariie au S. de Limoges et du Dorât.
L'étal des p"* en 4680-1686 donne, à Arnac, 270 feux. D'après
le terrier de 1745, la partie marchoise contenait 270 maisons,
8 moulins et 10 étangs.
T. LV 40
b94 sociéré archéologique et historique du limousiK
Le recensemenlde 190< accuse pour loale la com. 468 m. et
2,066 b.; le cadastre, rédigé en 1835, ne porle que 444 m.
Les recensements précédents ont donné: i793 : 1,868 h.; i 806 :
1,333; i836: 1,792; i837 : 2,001 ; i 846 :%OiS; /«55: 1,957;
i876 : 1,963.
Un tableau de collecte de 1769 pour la partie marcboise nous Tait
connaître qu'elle était babilée par 9 bourgeois, 4 marcbands, 1 armu-
rier, 2 voituriers, 2 marécbaux, 1 cbarron, 3 tailleurs, 3 tisserands,
2 sabotiers, 1 cordonnier, 5 meuniers, 3 charpentiers, 14 maçons,
8 paveurs, 1 fontainier, 52 laboureurs, 15 métayers et 9 journa-
liers (M. N.).
Le Pouillé de Nadaud donne à la p'<» 2,100 communiants et les
notes de Mgr d'Argentré 1,300; le premier chiffre, si on le rappro-
che du résultat du recensement de 1793, est certainement inexact.
Arnac, dont la terminaison dénote une origine celtique, contient
le radical ar « qui signifie, dans toutes les langues, ce qui couvre,
contient, enferme, protège : un enclos, maison agricole, petite
habitation : arcs, arx ». Ar veut dire aussi rocher, endroit élevé (1 ).
Dans le département et aux environs plusieurs bourgs portent ce
nom d'Arnac. Cette communauté a provoqué de fâcheuses confusions
et rendu difficile (2) la recherche des documents concernant notre
com. jusqu'au xvin* s., où, pour distinguer noire Arnac des autres
localités, on lui adjoignit le nom de la Vaste à cause du relai de
poste qui s*y trouvait. C'est en 1700 que, dans tes registres d'état-
civil, nous rencontrons, pour la première fois, le mot composé
Amac-la-Poste.
Vers 1760, des familiers de la maison de Laval-Hontmorency,
qui possédait la baronnie d'Arnac, lancèrent le nom i* Arnac-lMval-
Montmorency; cette tentative n'eut point le succès de Magnac-
Laval. En 1764 on trouve encore Arnac-la-Poste-de-Laval ; cet
essai fut général, car à la même époque on rencontre Saint-Léger-
Laval, Saint' Amand- Laval; mais après, il n'en est plus question.
Diverses trouvailles faites à Arnac établissent l'origine antique
de ce bourg.
En 1868, en établissant la roule le long du champ de foire, on
rencontra un souterrain- refuge de 1"'50 de haut sur 0°'80 de large,
donnant accès à une salle carrée de 2'"50 sur chaque côté.
(1) Abbé Beroier, Etudes historiques et philologiques sur Vorigine, le
développement et la dénomination des localités^ 1884.
(2) Ainsi M. de Beaufort dit, p. 143, d'après un écrit du vicaire de la
maison de Rochechouart, que les tours de Bridiers, du Dorât et d' Ar-
nac furent renversées en 1200 par un tremblement de terre. Est-ce
notre Arnac ?
MONOGRAPHIE DU CANTON DÉ SAINT-SULPIGE-LÉS-FEUILLÉS 595
A 500 m. (lu bourg on découvrit, à la même époque, une urne
cylindrique en granit munie d'un couvercle de même et renfermant
un vase de verre à long col pourvu de deux anses. Il contenait des
ossements humains calcinés, un anneau de bronze et un fragment
de poignée d'épée. (M. Masfrand).
Enfin, vers 1861, en réparant Téglise, on trouva Vautel gallo-
romaine que nous avons reproduit précédemment. C'est un cippe à
quatre faces mesurant 1>"10 de haut avec têtes et fronton en relief.
(M. rabbé Lecler).
Ajoutons que dans le territoire de la commune on rencontre un
camp gallo-romain à Martinet, des vestiges de constructions de
cette époque au Buis et à Oreix, un souterrain-refuge aux Brosses-
Pcrrot et que des dolmens existaient au Bost et à L'Héritière.
M. Grignard, dans son dictionnaire topograpbique manuscrit,
très exact en maliëre géographique, mais sujet à caution en ma-
tière histqrique, conte ainsi, sans indiquer ses sources, l'origine
d'Arnac; nous lui en laissons la responsabilité :
u L'église primitive d*Arnac-la-Poste érigée en prieuré de Saint-
Martial fut bâtie au commencement du ix' siècle sous Tin vocation de
Saint-Pardoux. La translation des reliques de ce saint eut lieu en 1018
par les soins de Gui de Lastour, surnommé le Noir, qui les fît trans-
porter du monastère de Sarlat. La dédicace de cette église date de 1028;
elle fut consacrée par Jourdain, évêque de Limoges, à son départ pour
la Terre Sainte, en présence de Guy de Lastour et de plusieurs cheva-
liers et barons.
« Le bourg actuel d'Arnac doit son origine à la maison de Lastours.
u Séguin de Lastour, fils du célèbre Gouffîer de Lastour, de retour
de Jérusalem, où il s'était couvert de gloire à la bataille d'Ascalon, fit
jeter, en 1190 les fondations d'une église à peu de distance de Tancien
prieuré de Saint-Martial et lui donna le nom d'Arnac, en mémoire
d'Arnac-Pompadour, fondé par son ayeul Guy de Lastour. Il fit égale-
ment construire une commanderie de Tordre des Templiers qui fut
jointe à Téglise. Ces deux édifices furent crénelés, entourés de fossés
et de remparts. Peu à peu les habitants de l'ancien bourg et prieuré de
Saint-Martial abandonnèrent cette localité et formèrent une colonie
autour du bourg d'Arnac »,
Il n*est pas besoin d*être grand clerc en histoire du Limousin
pour décider que le premier paragraphe est manifestement faux :
l'église construite auix*s. est celle d'Arnac-Pompadour ; les événe-
ments de 1018 et 1028 s'appliquent aussi à cette localité.
Quand au second paragraphe, on ne rencontre mention de la
fondation de 1190 ni dans les généalogies de la maison de Lastour,
ni dans les divers cartulaires limousins, ni dans les chroniques de
la région.
b9d âocièrè ARCHèoLOOiQùÊ jir ilisToRtQùB dû limousin'
La tradition d*UQ établissement de Templiers est encore fort
répandue à Arnac : on montre près de Téglise un vieux logis qu'on
appelle la maison des Templiers, mais qui, par malheur, est tout
au plus du XV' siècle.
De ce que cet établissement n*esl cité ni dans le texte du fameux
procès, ni dans les cartulaircs des diverses commanderies de Tordre
du Temple qui ont été publiés, ni dans les divers ouvrages concer-
nant cet ordre, ni surtout dans l'accord intervenu le 23 juin 1282
entre Tévéque de Limoges et le précepteur des Templiers, relati-
vement aux églises et chapelles qu'ils possédaient en Limousin (1),
nous concluons qu'il n'a jamais exislé. Ajoutons qu*on ne trouve
pas Arnac parmi les possessions des chevaliers de Saint-Jean de
Jérusalem, qui furent les héritiers de cet ordre.
Nous soupçonnons fort le curé Védrine, dont nous avons déjà
signalé Timagination ardenle, d'être pour quelque chose dans
réclosion de ces légendes.
Une autre légende, assez courante dans la commune, attribue à
Saint-Martial la fondation d'Arnac : ce saint se trouvait au camp
de César à Martinet et pour indiquer à ses disciples le point où ils
devraient construire une église, il lança son marteau qui vint tom-
ber sur l'emplacement ou s'élève actuellement le bourg d'Arnac.
Nous n'avons rien rencontré sur les origines de la s'^* d'Arnac;
il est à croire qu'elle fut de tout temps une dépendance de la châ-
tellenie de Magnac ; tout au moins depuis le xv« s. que celle-ci
passa aux mains des Bracbet qui possédaient déjà dans la p«« les
iiofs du Monteil et d'Orcix.
Elle pourrait élre aussi une dépendance du Monteil, car une
pièce du xvui» s. désigne la baronnie d'Arnac sous le nom de baron-
nie du Monteil; ajoutons que la famille Brachet était originaire du
Monteil.
Magnac et Arnac, possédés successivement par Gilles Brachet,
qui rendait aveu en 1492, Jean Brachet et Claude Brachet furent
saisis sur ce dernier et adjugés, le 1'' mai 1545, à Antoine de Neu-
ville, ch' de l'ordre du roi, conseiller d'état.
Antoine laissa pour héritière sa pelite-fllle, Marie de Bonneval,
qui, dans son contrat du 12 mars 1599, se qualifie de dame de
Magnac, Neuville et Arnac. Elle épousa François de Salignac, baron
de la Mothe-Fénelon.
Le 3 sept. 1612, avec sa tante Marie de Neuville, femme de Jacques
d'Urfé, elle rend hommage au roi pour sa baronnie de Magnac et
{{) BulL de la Soc, arch., t. LIV, p. 493.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FKUII.LES 597
châlellenie d'Arnac (Arch. nal., P. 8622-2704). Dès 1528 on Irouve
celle qualiticalion de châlellenie appliquée à la s"* d'Arnac.
Marie fit don de Magnac el d*Arnacà son fils aîné Pons de Sali-
gnac quand il épousa, le 20 février 1629, Isabelle de Lussans. Celte
donation Tut sans doute résolue par la suite, car c*est Antoine de
Salignao, son frère cadet, qui obtint, en avril 1683, des lettres du
roi portant Téreclion de Magnac en marquisat et d'Arnac en
baronnie (1). Ces lettres sont fort curieuses par les délails qu'elles
renferment sur les services de ces s" (Arch. nat. X^» 8698, f 177).
Antoine ne laissa qu*une fille, Marie, qui épousa en 1681 Pierre
de Laval-Montmorency. Celui-ci rendit au roi, le 26 juil. 1684, un
dénombrement pour ces terres qui ëtaienl tenues au devoir d'une
paire d'éperons d'or :
« Plus nous tenons en arrière-fief de S. M. à cause de notre dit mar-
quisat, nos baronnies et ch&teaux d'Arnac et du Soulier qui, estant dis-
tinctes, ont droit particulier de haute, moyenne et basse justice avec
rappel devant notre sénéchal du marquisat de Magnac.
H Plus joignant nostre dite enclave de Saint-Maurice et suivant loJ.
contour de nostre territoire circonscrit, nous appartient le bourg et
paroisse d'Arnac avec droits de fort et fossez et choses en dépendant
dons ledit bourg; laquelle paroisse dWrnac nous appartient à la réserve
des villages de la Salesse, Lage du Lac, Margot, Ruffet, Rufasson, Dei-
champs, L'Héritière, Puyroger et la Villaubrun, lesquels villages sont
de l'élection du Blanc, généralité de Bourges, et sénéchaussée de Mont-
morillon. Tout le reste de 4a dite paroisse, qui nous appartient, estant
de même sénéchaussé, destroit et généralité que tout le reste de nostre
dit territoire circonscrit et la dite paroisse est bornée et limitée du costé
d'orient par la (paroisse de la ville de la Souterraine, (|ui, comme dit
est, despend de la province de Limousin et du parlement de Guyenne,
et p^r la paroisse de Versillac, et du côté de septentrion par les bourgs
et paroisses de Mailhac et Saint-Sulpice qui sont de la susdite élection
du Blanc et généralité de Bourges, sénéchaussée de Montmorillon.
(Arch. nat. P. 5733-3972) >..
Pierre de Laval élant décédé en 1687, Marie de Salignac épousa
en secondes noces son cousin germain, Henri-Joseph de Salignac-
Fénelon, frère du fameux archevêque.
Les s'* d*Arnac furent ensuite Gui- André de Laval (1686-1745),
et Gui-André-Pierre, fils du précédent (1723-1794), maréchal de
camp, lieutenant-général puis maréchal de France. En 1780, il
(1) Le Dict. des Fiefs de M. Gourdon de Genouillac attribue cette
érection k un Arnac sis en Languedoc; le Dirl. d'Expilly hésite entre
les V p*»*** qui portent ce nom.
598 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
obtint du roi Térection en duché, sous le nom de Laval, du mar-
quisat de Magnac et de la baronnie d*Arnac.
Le bourg d'Arnac, vu des éminences voisines, est fort pittores-
que : il émerge des frondaisons des chênes, ramassé autour de son
église, sur un petit monticule qui parait occuper le centre d'une
plaine fortement vallonnée.
De près, l'impression est différente : les abords en sont difficiles,
les rues malpropres, escarpées, tortueuses, la place bosselée, iné-
gale, seule un peu curieuse à cause du portail fortifié, la plupart des
maisons vieilles, décrépites et bâties sans souci de Talignement.
Enserré de toutes parts par de grands domaines, le bourg ne
s'accroîtra que difficilement. Il possédait 55 m. en 1745(1); le
recensement de 1901 donne 108. Sa population était de 266 h
en 1793, 364 en 1846, 349 en 1856, 415 en 1901.
Les registres de La Souterraine nous apprennent qu'un grand
incendie, qui dura du 12 au 13 septembre 1615, consuma dans le
bourg 12 à 13 maisons (Note de M. Bellet).
Certaines maisons portaient des noms particuliers dus sans
doute aux enseignes ou sculptures qui les décoraient. C'est ainsi
que nous pouvons citer La Croix Blanche (1705); la maison du
Châtaignier (1734); la maison de La Lancette, à trois étages,
appartenant de 1729 à 1775 aux chirurgiens Mondelet. La maison
de Quarante Ans (1745), joignant au chemin qui va au Seux, à
droite; la maison de r£cu(1771).
L'appellation de rue d'Enfer donnée à une des rues d'Arnac, à la
pente raide, parait toute moderne.
La situation d'Arnac sur une grande route royale lui valut cer-
taines visites : quelques-unes purent être agréables, d'autres pas !
En avril 1440, Charles VII allant du Dorât à Guéret, au moment
de la guerre de la Praguerie, y séjourna.
Au commencement de sept. 1544, c( une grande bande de
Gascons, gens sans adveu », qui était au nombre de 4.000 hommes
de pied et de 500 chevau-légers, après s'être abattue sur la Touraine,
le Poitou et le Berry, où elle avait « faict des maux infinis et détruit
plusieurs gros bourgs et villes closes », se donna Arnac, « le droict
chemin de Paris », comme point de ralliement, avant d'envahir le
Limousin, sous le commandement du baron de Bèze. A celle occa-
(1) D'après le terrier maintes fois cité qiii nous indique qu'à la même
époque on trouvait dans le bourg : 21 chevaux dont 7 chevaux de poste
chez Ytier, 3 mules, 10 boeufs, 30 vaches, 226 brebis, 19 chèvres,
32 cochons et 9 ruches.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 599
sion, il n'esl pas douteux qujs notre bourg fut rois à feu et à sang.
(Reg. cons,, 1. 1, p. 387 ; Bonaventure, p. 771).
Après le procès de Montmorency, Louis XIII, revenant de Tou-
louse à Paris, pa3sa par Limoges, où il coucha le 9 nov. 1632;
le 10, il était à Morterolles (1) ; le lendemain, Pierre Robert, lieu-
tenant général de la Basse-Marche, dont il devait traverser la
circonscription, se rendit à Arnac pour le recevoir, comme il le
raconte dans ses mémoires :
Je lui fis une harangue en pleine campagne, près du bourg de Dar-
nac {sic); j'étois accompagné de plusieurs officiers et habitans du Dorât.
Nous le trouvâmes dans un petit carosse qui avoit le fouet à la main et
le menoit tout seul et n'y avoit que lui dans led. carosse et quand il fut
près d'Arnac, il monta h cheval et avoit un manteau d'écarlate.
Je fus tellement transi que je ne pus jamais me ressouvenir du pre-
mier, mot, si bien que je lui en fis sur Dicure mesme un autre de cette
sorte : plusieurs grands personnages sont demeurés courts en parlant.
Mon harangue finie, il eut grand peine à nous dire : ienés-moi cela et
je vous teroi bon roi, car il ne pouvoit parler qu'avec une grande peine,
mais il avoit un fort bon jugement et étoit adroit à toutes sortes d'exer-
cice que* Ton lui put montrer. Madame la princesse de Condé arriva
aussi en ces quartiers et logea à Magnac, qui suivoit le roi. (D. Fonte-
neau, t. 31, p. 577, et t. 45, p. 167.)
Les registres révolutionnaires d*Arnac paraissent perdus, aussi
ne possédons-nous rien sur le grand mouvement populaire dans
le bourg.
La tradition rapporte que pendant les trois journées de la Peur,
les femmes et les enfants se réfugièrent sur les voûtes de Téglise
où on avait entassé des pierres pour servir de projectiles.
Une société populaire existait en 1793, et à la même époque, un
notaire du bourg, Barret, était administrateur du district et membre
du comité de salut public du département.
Le 27 janv. 1814, le pape Pie VII, rentrant de captivité sous la
conduite du capitaine Lagorce, traversa la commune d'Arnac et
s'arrêta pour déjeuner à la Villeaubrun.
Enlin, au dernier siècle, Arnac fut le théâtre d'une curieuse
émeute qui eut pour motif la suppression du bureau de Tenregis-
irement.
En 1843, les démarches réitérées des habitants de Saint-Sulpice
pour obtenir au cheMieu du canton le transfert du bureau de Ten-
registrement furent couronnées do succès, et on leur donna salis-
(1) Le 11, il coucha à Saint-Benoit. Cf. Pièces fugitives pour servir k
Vhistoire de France, 1759, p. 125.
600 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
faction par arrêté du 13 juin 1843. Les habitants d'Ârnac, qui
avaient mis tout en œuvre pour assurer sa conservation, furent
vivement affectés de cet insuccès, et, les têtes se montant, jurèrent
Ide le conserver par la force. Le 28 juil, prévoyant des difficultés,
Fadminislration envoya un vérificateur, M. Coudert de la Vilatte,
pour assister à l'opération du transfert. Le receveur, M. Sainta-
raille, le mit au courant de la situation, et il put se rendre compte
que les esprits étaient fort montés et quil était bon de prendre
quelques mesures de précaution. Le maire n'était pas de cet avis
et jugeait que tout se passerait sans incident, à tel point qu*il ne
crut point devoir différer un voyage projeté.
Le vérificateur, qui avait essuyé maintes menaces et injures, ne
partageait pas cet optimisme. Il fit prévenir le brigadier de gendar-
merie de Boismandé et pria le curé de conserver chez lui les clés
du clocher pour éviter qu'on ne sonnât les cloches.
Le 1*' août, jour fixé pour le déménagement du bureau, des char-
rettes vinrent à 5 h. du matin pour enlever les registres. Déjà on
remarquait dans le bourg un mouvement inusité et quand les voi-
tures se montrèrent, il se forma des groupes discutant avec anima-
tion sur le parti à prendre. Tout à coup le tocsin sonne et la foule
envahit la place. La brigade de gendarmerie qui s'était tenue
cachée survient au trot et couvre les papiers administratifs. Il y eut
un moment de stupeur bientôt passée et la foule, rendue furieuse
par cette intervention, vocifère de plus belle, réunissant dans une
même haine agents et gendarmes. En vain le vénérable adjoint,
vieillard octogénaire et fort aimé, s'emploie-t-il pour calmer ses
administrés, en vain les agents représentent-ils qu'ils ne font
qu'exécuter un ordre de l'autorité supérieure, les habitants s'exas-
pèrent de plus en plus. A une sommation des gendarmes d'em-
ployer la force, une centaine d'individus, armés de faux et de
fourches, excités par les vociférations d'une multitude surtout
composée de femmes ivres de colère, se précipitent pour enlever
les voitures qu'on a grand peine à protéger.
Le tocsin sonnant toujours, la foule s'accroissant de la popula-
tion des villages voisins et parlant d'incendier les voitures, le véri-
ficateur, d'accord avec le brigadier et l'adjoint, reconnut qu'il était
impossible de faire plus longue résistance et donna l'ordre de
décharger les charrettes ; de suite l'émeute s'apaisa.
Sur-le-champ, on envoya à Limoges un exprès pour mettre au
courant les autorités. Le soir même, le maire, qu'on était allé pré-
venir, partit aussi pour Limoges, accompagné d'un délégué.
L'administration ne pouvait revenir sur le parti qu'elle avait arrêté,
et le 2 août, le directeur prévenait le vérificateur que le transfert
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SCLPICE-LES-FEUILLES 601
aurait lieu sous la prateclion de la force armée qui, se roetlaot en
marche le soir même, arriverait le lendemain.
L*émeute couvait toujours, et quand le vérificateur voulut repren-
dre le chargement de ses registres, il ne put trouver personne
qui consentit à lui louer une charrette; les marchands refusè-
rent même de vendre les cordes nécessaires à remballage des
archives.
Le 3 août, de très grand matin, la brigade de Boismandé s ins-
talla à Arnac; trois autres brigades, sous le commandement d'un
lieutenanl, vinrent bientôt la rejoindre; elles étaient accompagnées
du procureur du roi et du juge d'instruction de Beliac.
A l'arrivée de cette force armée, le tocsin sonne à nouveau et
les gens du bourg, bientôt renforcés de ceux de la campagne,
armés de faux, de fourches et de bfttons, se précipitent au bureau
de l'enregistrement et en prennent possession, en refusant Taccès
aux agents et aux magistrats : tous les pourparlers sont inutiles ;
le juge dlnstruction, qui veut entrer dans Téglise, est menacé d'un
coup de fusil, et bientôt une lutte corps à corps s'engage avec les
gendarmes qui, finalement, ont le dessous et sont mis en fuite à
coups de pied et à coups de poing : vingt gendarmes contre quatre
cents individus afTolés.
Les habitants des communes voisines, intéressés au maintien
du bureau, viennent grossir la foule menaçante; les magistrats
prennent alors le parti de se retirer dans une maison voisine et d'y
commencer une instruction judiciaire. Mais après avoir reçu les
dépositions du vérificateur et du receveur, ils sont obligés de clore
sous les yeux moqueurs de la foule, faute de témoins ou de préve-
nus à interroger.
Tout à coup, on entend un bref commandement, un cliquetis de
sabres, un piaffement de chevaux : c'est un escadron de chasseurs
qui, au trot, charge la multitude ébahie de cette intervention sou-
daine et, malgré ses cris et ses huées, la rejette des abords du
bureau. Le préfet, le commandant de la gendarmerie de la Haute-
Vienne et le procureur général dirigeaient eux-mêmes cette opéra-
tion exécutée sans effusion de sang.
Craignant un retour offensif, on réquisitionna une charrette et
de suite les archives y furent placées. Immédiatement sous la pro-
tection de huit gendarmes et de chasseurs, le convoi se mit en
marche et arriva sans encombre à Saint-Sulpice.
Les magistrats, à l'abri de la force armée, purent reprendre leur
enquête à la suite de laquelle les habitants les plus compromis
lurent traduits en cour d'assise et gratifiés de quelques mois de
prison.
602 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
L^église d'Arnac, dont la flèche se voit de fort loin^ est on
monument du xu* s., remanié aux xiii* et xiv* s. Elle a la forme
d'un rectangle avec chevet droit et est orientée selon les rites; les
murs N. et S. sont soutenus par de puissants contreforts diminués
vers leur milieu par un retrait et moins élevés que le toit ; d'au-
tres contreforts buttent le chevet et le clocher.
La grande porle est percée dans la muraille S., la petite, dans
la muraille 0. La première est décorée de chaque côté par trois
colonnettes à chapiteaux ornés de crochets rappelant le mode corin-
thien ; de ces chapiteaux partent des archivoltes formant Togive.
Au-dessus, deux corbeaux de pierre indiquent qu'un auvent pré-
cédait cette porte.
Tout autour de Téglise règne une couronne de modillons, les
uns frustres, les autres à figures humaines.
Lintérieur de Téglise est divisé en cinq travées par des colonnes
appliquées sur les murs et réunies par des arcs doubleaux; qua-
tre travées sont voûtées par des croisées d'ogive. La retombée des
arceaux et des arcs doubleaux repose sur les chapiteaux des
colonnes qui sont flanquées de chaque côté de figures grotesques.
Le mur N. est aveugle; celui du S. est percé de trois fenêtres en
plein ceintre plus étroites vers l'extérieur et fort élevées au-dessus
du sol. Au chevet se trouve une ouverture ogivale.
Sur la première travée, à TO., s*élève un massif clocher carré
supporté à rintéricur par deux arcs en ogives perpendiculaires à
Taxe de l'église; celui du S. présente cette particularité d'avoir ses
deux branches inégales, peut-être par suite d'un tassement. Ce
clocher est contrebutté par de puissants contreforts ; il est percé
de quatre fenêtres ogivales et surmonté d'une flèche aigiie cou-
verte d'ardoise.
Bien probablement pendant les guerres anglaises, on mit cette
église ec état de défense : on l'entoura de murailles sur lesquelles
s'appuyèrent plus tard des maisons et, de chaque côté, sur les
contreforts du milieu, on construisit des échauguettes cylindriques,
crénelées et percées d'archères.
Une sorte de tour carrée à base légèrement pyramidale, qui
existe encore, permettait d'entrer dans cette enceinte ; elle est per-
cée de deux portes : une petite, carrée, de 0"50 de large; une
grande, ronde, de 1"40 de large. L'étal de la construction démon-
tre qu'il n'y avait ni pont-levis ni herse. Les gonds sont encore
visibles à l'intérieur et derrière la grande porte se trouvent des
encoches destinées à recevoir une barre de sûreté.
Ces deux portes donnent accès à un porche voûté en berceau, à
droite et à gauche duquel se trouvent pratiquées dans l'épaisseur
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 603
(lu mur, et à 1"" do sol, deux niches disposées avec banquettes de
chaque côté comme le sont les fenêtres des châteaux du moyen
âge. Elles mesurent i^AO de haut sur l^^OS de large; chacune
pouvait abriter deux hommes assis.
Ce portail est couronné de créneaux et de mâchicoulis restaurés
il y a une trentaine d*années.
Cet ensemble est désigné dans les documents sous le nom de
fort{\).
Celle église ëlait placée autrefois sous Tinvocalion de Saint-Julien-
de-Brioude; acluellemenl elle est sous le patronage de Saint-Mar-
tial. Elle était à la présentation du prévôt de Sainl-Benoit-du-Sault.
Le curé, ne possédant pas les grosses dîmes de la paroisse, était
à portion congrue que lui payaient les décimateurs; le prieur no-
tamment devait lui fournir le pain, le vin et le luminaire nécessaire
au service, ainsi que l'huile pour la lampe. (B., 268).
En 4771, rapporte le curé Plaignaud, eut lieu dans cette église
une fameuse mission qui attira un concours immense de population ;
le dimanche avant la Toussaint plus de 5.000 personnes y assis-
tèrent. Elle fut prôchée par MM. Peitavi, de la Gasnerie, supérieur,
de Chabans, de Cabanis, Goursaud, Senemaud, tous de la mission
de Limoges. (Ë. G.).
Dix ans plus tard, durant la semaine de Noël une grande retraite
y fut préchée par dix prêtres : MM. Lacoux, Ducoux, Boussi, Queiroi,
Barret, Maurat, Hébré, Décressac, Démousseau, Dardant, le vicaire,
et le curé. Une foule considérable s*y rendit; on y vit 3.000 com-
muniants : nobles, croix de Saint-Louis, bourgeois; « les gens de
malloute, employés, contrôleurs, vérificateurs s'y présentèrent et
quelques-uns communièrent ». Durant toute une semaine Téglise
ne désemplit pas; « qui le croiroit, des nobles délicates demeu-
roient pliées dans leurs pelisses depuis 6 h. du matin jusqu'à 6 h.
du soir, ravies en extase » (E. C).
Les curés Plaignaud, les organisateurs de ces grands mouve-
ments, jouèrent un rôle considérable dans la vie d'Àrnac à cette
époque; Tun d'eux fut même en 1785 adjoint à l'administration
provinciale du Berry ; ils méritent une courte notice.
Jean-Bapliste Plaignaud, le premier curé de ce nom, était né à
Ozillac, près Chaleauponsac en 1718 ; ordonné prêire en 1742 il fut
pendant 30 mois vicaire à Saint-Pardoux, et vint professer les
(1) Un document du xv« s., que nous signalons plus loin, dit que ce
que Ton appelle fort à Lussac n'est autre que Téglise fortifiée au temps
des guerres anglaises.
604 SOGIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
basses classes au séminaire de Magnac; il resta 4 ans dans ce
poste, puis son aptitude à renseignement, sa parole facile et ornée,
lui firent confier la chaire de rhétorique : il y resta dix ans. « Pour
des raisons aussi légitimes qu'on les a crues frivoles », il demanda
à aller comme vicaire à BrigueiUle-Ghantre. La cure d'Arnac étant
devenue vacante, M. Girard, supérieur du séminaire de Limoges
et grand vicaire, posa sa candidature à son insu et la fit réussir le
6fév. 1759. (E.C.).
« Très bon prêtre, grand travailleur, a du talent pour Tédacation
de la jeunesse », ainsi le note Tévéque de Limoges qui ajoute,
comme correctif, qu'il embrasse trop de choses à la fois.
A Arnac, en elTet M. Plaignaud organisa un véritable pensionnat
qui jouissait, grâce à son directeur, d'une légitime renommée, à
tel point qu'on y venait de fort loin ; les élèves étaient poussés
jusqu'en rhétorique.
Surmené par toutes ses occupations, il fut frappé le 6 mai 1769
d*une attaque de paralysie; on le conduisit plusieurs années de
suite aux eaux de Néris, mais il ne retrouva jamais complètement
la mémoire et le langage. Chose curieuse, il conserva cependant
Tusage du grec et de l'hébreu, surtout de cette dernière langue
qu'il écrivait encore couramment. Une nouvelle attaque l'emporta
le 10 juil. 1770 ; il fut inhumé dans sa paroisse natale.
S'inléressant également aux recherches historiques, il déchiffrait
tous les parchemins, et se proposait de composer une histoire de
la cure et communauté des prêtres d'Arnac. Tous ses papiers pa-
raissent perdus. (E. C.)«
Son frère, aussi prénommé Jean-Baptiste, qui l'aidait déjà comme
vicaire et comme professeur, lui succéda : « on peut lui appliquer
les mêmes notes qu'au précédent », dit l'évêque de Limoges. Il a
laissé dans les registres d'état>civil des notes intéressantes.
Dans la région, de nombreuses églises avaient des communautés
de prêtres qui devaient aider le curé dans ses fonctions : celui-ci
en était généralement le chef ou syndic. Nous en trouvons à la
Souterraine en 1216, à Saint-Maurice, à Bellac, à Lussac. Arnac
aussi en possédait une sur laquelle nous n'avons que de rares ren-
seignements; nous n'avons pu retrouver ses statuts.
Elle est mentionnée dès 1519. Au xvui* s. elle ne se composait
que de deux ou trois prêtres; le curé portait le titre de syndic. A
cette époque, les admissions sont constatées par acte notarié :
devant la communauté assemblée, le récipiendaire demande à être
admis comme communaliste, « il offre à faire le service accou-
tumé et à satisfaire à toutes les charges et fournir à tous
frais qui y pourroient arriver pour la conservation de lad. commu-
Monographie du cantoW de SAiNT-sULPtcE-LEs-PEùiLLES 60b
nauté en obéissant aux ordres el statuts de lad. église et commu-
nauté de Saint-Julien d'Arnac ». Il constitue ensuite une renie per-
pétuelle de 24 s. Après son admission, il prèle serment. (H. N.).
Cette communauté possédait des renies sur Sainl-Somin, la Sal-
lesse, etc. Elle percevait indivisément avec le curé de Saint-Amand-
Magnazeix le quart des dîmes de cette p'*.
Arnac avait aussi un prieuré, qui, sous le même patron que la
cure, était comme elle, à la présentation du prévôt de Saint-Benoit
du-Saull.
I^ majeure partie des dîmes de la p'* lui appartenait : d'après le
terrier de 1745 les dîmes de grains et gros fruits qui se levaient à
la onzième gerbe, produisaient 480 set., de grains au prieur, 60 au
s' du Martinet et 30 au prieur de Vitrac; elles étaient estimées en
totalité 2.055 I. Les menues dîmes, qui consistaient en agneaux et
chanvres, appartenaient au curé.
Au xvu' s. le service de prieuré se faisait dans Téglise d'Arnac.
Le mobilier de Téglise n'était pas très riche : un inventaire
dressé le 17 août 1758 mentionne deux calices, l'un de vermeil,
Taulre d*argenl, avec leurs patennes, deux mauvaises pâlies, deux
Porte-Dieu assez en état, une boite de Saintes huiles en étain com-
mun el un encensoir sans navette assez bon. (M. N.)
En 1771 lors de la destruction de l'abbaye de Grandmond on
accorda à l'église d'Arnac un reliquaire précieux.
Ce reliquaire plusieurs fois reproduit par la gravure parait être
du milieu du xm* s. Il a figuré à diverses expositions.
Il consiste en un plateau de cuivre doré et gravé à six lobes por-
tant six flacons de cristal de forrhes diverses avec montures et cou-
vercles en cuivre; au milieu se trouve une burette plus haute
placée sur une sorte de piédestal el surmontée d'un couvercle de
cristal terminé par une croix. Des agrafes qui subsistent à ce pla-
teau indiquent qu'il devait être orné de pendeloques. Il est supporté
par un pied à six lobes orné de filigranes d'une délicatesse infinie,
de cabochons, de pierreries et d'intaiiles; Tune de ces dernières
représente un personnage barbu avec les lettres G. I.
Avant d'atteindre le plateau le pied se renfle en forme de pomme
couverte de la même décoration.
La hauteur de ce reliquaire est de 0.292, son diamètre de 0.15.
On a fait ressortir l'analogie qu'il présentait avec le fameux
ciboire d'Alpais conservé au Musée du Louvre (1).
(1) Bibliographie : Kl'pin, VCEuvre de Limoges, pi. XLIIl; Palustre
et Barbier de Montault, Orfèvrerie et émaillerie limousines, pi. XXI;
606 SOClérÉ AncilÈ0L0(ÎIQLrU Et lltâTOlUQCE DU LtMOUStN
Elle en possédait un autre qui avait été envoyé de Rome au curé
par révêque de Porphyre le 22 janvier 1776 ; d'après un procès-
verbal du 1'' mars 1777, il avait la forme d'un ostensoir en bois
doré en plein, d'environ un pied de haut, ayant par devant une
ouverture en oval de la longueur de 4 pouces, fermée d'un verre ;
à rintérieur, se trouvait un ossement ayant une tille de papier avec
ces mots : S. Exuperantii. (Arch. dép., Evéché).
Le clocher renferme trois cloches : la plus petite et aussi la plus
ancienne du canton porte :
S. M. MAGDALENA ORA PRO NOBIS. Te Deum Laudamus.
L'invocation est en capitales gothiques ornées ; les mots Te Deum
Laudamus en minuscules gothiques.
Celte inscription est accompagnée par deux médaillons carrés :
^^ sous un dais renaissance, Ecce Homo avec le coq et les instru-
ments de la Passion ; 2^^ sous un dais identique, Vierge, le poing sur
la hanche, tenant TEnfant qui étend le bras vers un hibou placé à
sa gauche; à droite de la Vierge, oiseau semblable. Deux autres
oiseaux, sans doute des cigognes, accostent la Vierge à droite et à
gauche en tendant leurs longs becs vers elle.
Ces deux médaillons paraissent absolument identiques à ceux
dessinés par M. Lecler sur la cloche de Saint-Aignant-de-Versillac
datée de 1490; c'est sans doute l'œuvre du même fondeur.
Sur les cinq cloches possédées à la Révolution par Arnac, quatre
ayant été détruites à cette époque et la cinquième étant décrite ci-
dessous, cette petite cloche est étrangère à notre église. Le voisi-
nage du prieuré de Mas-Rimoulet (aujourd'hui Marmoulé, com. de
Saint-Hilaire-la-Treille), qui était Justement sous l'invocation de
Marie-Madeleine, nous porte à croire qu'elle en provient.
Sur la grosse, on lit :
^ IHS MARIA s ... LIANE S MARCIALI ORA PRO NOBlS MESIR JEHAN GAIOT
CURE D ARNAG M'^E lEHAN PERREAV P VICAIRE DV PRIEVR D ^ PIERRE DE
'^ BLON ESGV SEIEVR DE LA SALLE PARRAIN 0AME CHARLOTTE RESNAVD
FEMME DE M*^E F MOREAV SIEVR DES ROSIERS MARINE 1623
S SEBASTIEN S D ARNAC M lEHAN MARCOVL N R A FAVR P P
Au-dessous, une couronne de fleurs de lis et plus bas la marque
du fondeur : une cloche avec en exergue : Pierre ,..not\ le com-
mencement du nom n'est pas venu à la fonte ; à côté et à droite du
médaillon les initiales /. G.
GuiBERT elTixiER, L*Art rétrospectif, pi. XXXVIII ; Mieusbmbnt, Album,
pi. X; Catalogue de f Exposition de Limoges, n. 26, Orfèvrerie; Texjbr,
Dict. d'Orfèvrerie, col. 853.
MOKOGIIAPIIIE DU CANTON DE SAtNT-SULPlCE-LES-FEUILLKS 607
En général, les lettres sont assez mal venues; à la première ligne
on peut restituer : Jvliane; orale; messire; prêtre; à la deuxième :
escHier; seigneur; François; à la dernière : pcul-élre Sébastien^
syndic d'Arnac; Jean Marconi^ notaire royal; A, Faure, procureurs
(de fabrique)?
On ne retrouve pas dans les listes de fondeurs de M. Berlhelé et
de M. Lecler de noms pouvant s'appliquer à notre Pieire ...nol;
les letlres /. G. sont sans doute les initiales du compagnon
fondeur.
La troisième, moyenne cloche, porte :
K L'an 1862, j'at été bénite et nommée Amélie-Marie. J'ai eu pour
parrain M' Mathieu Guillemain, mon donnateur, né à Peuroger, de la
commune d'Arnac, époux de feue M"« Catherine-Frédérik-Civile Hél-
lefTre, et pour marraine M^^^ Marie-Pauline Asseline, épouse de
M. Hippolyte-Benjamin Asseline, maire. M. Jean-Marie Védrine étant
curé de la paroisse d'Arnac. Christus vincit, Chrislus régnât, Christus
imperat. Christus nos &b omni malo defendat.
» Fondue par M. F. Dutot et O* à Paris, fondeur de son ém. Mgr le
cardinal archevêque de Paris. »
Sur la gorge se trouve l'impression d'une fine dentelle fleurde-
lisée; sur la robe, la crucifixion, saint Jean-Baptiste, la Vierge et un
écusson surmonté d'un chapeau de cardinal et portant d'azur à
la croix engrêlée cantonnée de 4 étoiles.
Les registres nous font connaître d'autres cloches aujourd'hui
défuntes. Le 18 juin 1761, le curé procède à la bénédiction de la
deuxième cloche qui avait été refondue le 16, derrière la maison
du s' Guillemet, entrepreneur ; elle coûta 178 l., y compris 20 I. de
métal d'augmentation. Elle ne dura pas longtemps, car le procès-
verbal ci-après montre qu'elle fut refaite en 1775 :
u Le 10 du mois de juin 1775 a été sollennellement bénie la seconde
cloche du bourg et paroisse d'Arnac, du poids de 770 qui a été fondue
aux dépens des habitans de la paroisse qui ont donné des marques de
leur générosité en fournissant de vieux métaîl de toute espèce. Lad.
cloche a été fondue par le s' Jean- Baptiste Martin (1), en présence de
M. François le Cugy, curé de Morterolles, parrain, de Madame Anne
Gaucheraud, épouse de M. Jacques Poujaud, notaire royal du Doignon,
paroisse de St-Maurice, de Pierre Poujaud, praticien, second parrain,
dud. St-Maurice, de Léonard Gaucheraud, syndic fabricien de lad.
paroisse d'Arnac et de plusieurs autres soussignés. Le s' le Cugy a
donné des marques de sa générosité dont tous les habitants ont été
contens.
(1) Ce fondeur, originaire de Breuvanne (Haute-Marne), a travaillé
en Limousin de 1760 à 1788. (M. Lecler).
608 âOCléTè AUCIlèoLOGlQIÎE Et HrSTORIQl)E DU LiMOUSiK
» Lecugi, curé de Morlerol, pariii de la cloche ; A. Gaucheraud, mareine î
A. de Lavaud ; Ytier de Beaujour; Gaucharaud; J.-B. Martin, fondeur;
Poujaud du Villar; Barret; Plaignaud de Beauséjour ; L. Gaucheraud,
syndic fabricien; Ducoux, curé de St Hilaire, visiteur de l^église d'Ar-
nac. J. B. Plaignaud, curé d'Amac-la-Poste, duché de Laval-Montmo-
rency en Basse Marche, diocèse de Limoges.
» La cloche est bénite sous Tinvocation de la Mère de Dieu par
M. Ducoux, préposé par Mgr Tévêque, visiteur de Téglise d'Arnac-la-
Posle. »
Le 25 brumaire 1793, un citoyen d'Arnac signalait à la Société
des Amis de la Liberté et de TEgalité que la municipalité n'avait
pas obéi à la loi sur la descente des cloches ; elles étaient encore
dans le clocher au nombre de 5. Le i*' frimaire suivant, la Société
populaire d*Arnac faisait part de la descente de 4 cloches.
L'installation d'une horloge dans le clocher date au moins de
1770; le i^' fév. de cette année le syndic paye à Jean Baige, char-
pentier, 63 I. 10 s. pour réparations au clocher « et avoir fait une
espèce d'armoire aux reloges qui sont dedans le clocher ». (M. N.).
Arnac a possédé jadis une fondation charitable sur laquelle les
renseignements circonstanciés font défaut. Le 16 mai 1670, Faure,
prêtre de ce bourg, confirmant son testament du 26 août 1653,
donne une rente de 10 1. 10 s. « aux dames de la charité establyes
dans led. bourg d'Arnac et ce pour estre employées dans lad. cha-
rité fondée par led. s' Faure moyennant qu'icelles dames de la dite
Charité seront tenues de bailler et fournir les aulmosnes et charilez
qu'icellui dict s' Faure a ordonné par sond. testament qui est à
chascuns pauvres qui assisteront à Tenterrement dud. s' Faure
chacun trois deniers et à trente pauvres femmes chascune un bois-
seau de blé ou dix sols et quand au parsus de lad. rente icelluy
s' Faure leur en a faict don pour charité et aumosnes hospital-
liëres ». Il déclare ne pouvoir signer à cause d'une c( défluction
cathéreuse qui lui est tombée sur son corps ». L'acte ne porte pas son
prénom, mais il est fort probable qu'il s'agit de « vénérable Antoine
Faure », prêtre, inhumé dans l'église d'Arnac le 28 janv. 1672.
Le 11 av. 1692, nous notons dans l'état-civil le décès d'une pau-
vre femme survenu « entre les mains des dames de la Charité de
celte paroisse ».
Par son testament du 25 sept. 1728, le curé de Haravaud lègue
une rente de 15 I. et une somme de 300 1. à l'hôpital des pauvres ;
le 26 av. 1735, ses héritiers s'engagent à verser ces sommes aux
mains des administrateurs.
Dans la suite, cet hôpital fut transformé en simple bureau de
bienfaisance chargé de secourir les pauvres. A la fin d'un
MONOGRAPHIE DU CANTOS DE SAINT-SULPICB-LES-FEUILLES 609
compte de fabrique de 1749, se trouve le compte du revenu
des pauvres. Il comprend une rente de 4 1. 10 s. due par la S^ Jac>
ques, rente de 10 1. 10 s. par les héritiers de Jacques Harcoul, s' des
Brosses, rente de 15 1. due par les héritiers du curé de Maravaud
et une rente de 15 i. due par Jean Faure, s' de Beauvais.
En 1761-1782, le syndic fabricien prend toujours le tkre d'admi-
nistrateur du revenu des pauvres.
En 1745-1749, il existait dans Téglise d'Arnac une confrérie du
Saint^crement ; de 29 confrères en 1745, elle atteignait 36 en
1749 ; elle comprenait, en outre, 4 porteurs de dais ; la cotisation
était de 6 s. pour les membres et de 30 s. pour les porteurs. Elle
avait à sa tête un baile.
Une chapelle de Saint-Martial, sise* proche du village de Saint-
Martial, est mentionnée en 1549. C'est sans doute la même que la
chapelle du cimetière où est inhumé, en 1686, M* Pierre Philippe.
Il y avait deux cimetières à Arnac, Tun autour de l'église, rauH*e
qui existe encore. Dans Tarpentement de 1745, celui-ci est dit tenir,
sétérée deux perches.
On y voit encore deux anciennes tombes : Tune porte uae épée à
la garde recourbée et une sorte de masse d*armes à trois pointes.
Sur l'autre, se trouve une croix de Malthe évidée et placée à l'ex-
trémité d'une longue tige ; dans chaque palmette de la croix est
sculptée une fleur de lis, le tout d'un travail fini. A droite de cette
hampe et en bas, on voit un cavalier d'une facture moins soignée.
L'interprétation de celle croix de Malthe pourrait bien avoir
donné lieu à la légende des templiers.
Le presbytère a été acquis 5.000 fr. le 5 nov. 1866.
La p'* étant comprise dans deux généralités possédait une double
administration pour la perception de l'impôt : des collecteurs pour
l'enclave du Poitou qui versaient au Blanc ; d'autres pour le bourg
et le surplus de la p'* qui versaient à Limoges.
Ijes premiers étaient au xvni* s. au nombre de deux, plus un
syndic ; ils levaient aussi la taille au Dognon. En 1602, les parleurs
du bourg sont au nombre de 4; en 1733, ils étaient 6, plus un
syndic ou porte-bourse.
En 1706, le montant total des impositions de la partie marchoise
est de 5.903 1.
Le percepteur qui, à la Révolution, succéda aux collecteurs, a
été supprimé vers 1845.
Le bureau de contrôle des actes qu'on trouve à Arnac au com-
mencement du xvia* s. a été transporté à Vitrât en 1730; il a été
rétabli en 1790 sous le nom d'enregistrement; sa suppression
en 1843 a été contée plus haut.
T. LV 41
610 SOCléré ARCHéOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Sous rancien régime el vers la On, Araac possédait encore des
gens de maltoute] l'iroportance de la route royale avail aufsi Tait
créer au Magnaud un conducteur des grands chemins.
Le bureau de la poste aux lettres qui succéda, comme nous
Tavons dit, à la poste aux chevaux, a été complété en 1871 par un
bureau télégraphique et en 1904 par un poste téléphonique.
En Tan VIII des barrières furent établies à LaVilleaubrun pour
le payement d'une taxe spéciale destinée à l'çntreUen des routes;
un receveur y était attaché.
Arnac ne possède plus qu*un notaire depuis Tan VIII; antérieu-
rement, ils étaient plus nombreux ; la Révolution supprima aussi
les huissiers ou sergents qu'on y trouvait.
Les écoles d'Arnac ont été plusieurs fois l'objet d'importants
travaux, notamment en 1880, où on construisit l'école de filles qui
coûta 15.600 fr.
Arnac possédait autrefois des foires qui, au moment de la Révo-
lution, étaient tombées en désuétude. I^s droits sur les foires et
marchés appartenaient au s' de Grassevaud.
Le 0 mars 1766, François Bléreau, s' de Grassevaud, afferme
son droit de vigerie sur le bourg et p" d'Arnac, sur Vitrac-le-
Dognon, p** de Saint-Maurice, et sur toute la p*'' de Saint-Hilaire ;
« Savoir les droits qui sont dus par chacun an : sur chaque cabaretier,
un pot de vin; sur chaque boulanger, un pain de telle façon qu'il se
trouve de poids ; sur chaque marchand de quelque espèce qu'il soit qui
mèneront, étaleront de la marchandise tant aud. bourgs et p'^' d'Arnac,
Vitrac le Dognon et led. bourg et paroisse de St Hilaire, cinq deniers,
scavoir pour ceux qui sont domiciliés dans led. bourg et p**' d'Arnac,
St Hilaire, Vitrac le Dognon, par chacun an, et pour les étrangers, cha-
que fois qu'ils mèneront de la marchandise; pour les marchands de
cerise, une livre de cerise par chaque panier; pour chaque tisserand
qui. sont domiciliés dans lesd. bourgs et p**'* et Vitrac le Dognon, un
sol de cens par an. « Les pots de vins dus par les cabaretiers et vendants
vins en bouteille sont payables à la fête St Martial ainsi que les
1^ deniers de cens dus par les tisserands. Le preneur, au nom du sei-
gneur devra » faire tenir les mesures desd. cabaretiers et vendant vin
en bouteille égales à celle du seigneur, faire tenir toutes sortes de poids
à toutes espèces de marchands qui s'en servent domiciliés dans lesd.
bourgs et paroisses et villages et même les étrangers, faire mesurer les
aunes desd. tisserands. » Ce bail conclu pour six ans moyennant i8 1.
par an. (M. N.)
A la Révolution, ou créa des foires les 7 nivôse, ventôse, fructidor
et messidor el marché le septidi.
En aoât 1793, une maladie épidémique décima les bestiaux de la
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SUI.PICE-LES-FEriLLRS 61 1
com. ; elle sévit aussi à Saiat-Sulpice, Saint-Hilaire, Sainl-Benoit,
Chaniac. (L., 546.)
Le coromerce d*Arnac se réduit au commerce de détail; les
foires ont, depuis une yingtaine d'années, beaucoup perdu de leur
importance et les droits de place n'ont pas suivi une progression
semblable à celle de Saint*Sulpice; ferme en 1861 : 162 fr.;
en 1901 : 355 fr. Le commerce des boissons est, comme partout
ailleurs, très florissant : dans le bourg, 15 marchands ou débitants
se chargent de désaltérer leurs concitoyens, soit 1 pour 37 habi-
tants, femmes et enfants compris!!
VEtat des paroisses de la généralité de Limoges pour 1 680- 1 6H6y
publié par M. Leroux, constate qu'Ârnac est un pays de landes»
qu'il y a peu de prairies, qu'on y ramasse du seigle et des châ-
taignes et qu*il s'y élève des bestiaux. Il y a alors dans la partie
marchoise 85 bœufs et 38 vaches. En 1745, on trouve dans la
même 180 bœufs et 306 vaches.
L'évaluation donnée dans le terrier de 1745 aux dîmes de la
paroisse levée au 11«, 3.055 1., permet d'établir que la récolte
totale de la paroisse en grains atteignait alors 33.600 I., soit envir
ron 37.534 fr. de notre monnaie. A ce produit il y a lieu d'ajouter
le croit du bétail, dont partie seulement se trouve indiquée plus
haut.
Actuellement les terres s'afferment de 45 à 60 fr. l'hectare. La
culture est fort avancée dans la commune, où plusieurs domaines
ont obtenu la prime d'honneur.
C'est à Arnac que nous avons trouvé les premiers paveurs. Au
moment de l'organisation à Limoges de l'industrie de la porcelaine,
qui devait prendre depuis l'extension que Ton sait, un marchand
d'Arnac y contribua par ses fournitures de meules. Le 27 août 1784,
Benoiton-Destouches, marchand et chirurgien, s'engage à fournir
à Alluaud, directeur de la manufacture royale de porcelaine,
13 meules pour la porcelaine, et à les conduire incessamment.
Au 14 juil. suivant, il n'en avait encore livré que 6, et à une récla-
mation d'Alluaud, il objectait, le 18 de ce même mois, qu'à cause
de l'augmentation du prix des fourages, il attendrait pour lui
adresser le surplus; à quoi Alluaud répondait qu'il ne pouvait
entrer dans ces considérations.
Celle fourniture fut sans doute au gré d'AUuaud qui, le
le 33 mai 1787, lui faisait une nouvelle demande, lui recomman-
dant toutefois de ne pas envoyer de meules fêlées. Benoiton ayant
réclamé 300 l. pour 13 meules, avec payement d'avance, Alluaud
lui répondait le 38 en lui offrant un louis par meule et lui faisant
6l2 SOCIÂTÂ ARCHÉOLOGIQUE fiT filSTORlQOE DU LIMOUSIN
connaître que, celle commande étant pour le compte du roi, le mode
de payement demandé ne pouvait être accepté. (Arch. dép.).
II s'agit sans doute de meules à broyer le kaolin; le beau granit
que Ton trouve du côlé du Bost, dans celle com., devait être fort
propre à faire des meules.
Arnac était un bourg de bourgeois : aux xyu"* et xviii* s., on y
trouve un grand nombre de vieilles familles dont les membres,
pour se distinguer et aussi pour singer la noblesse, se titraient de
noms de propriété, voire, tout comme Gros Pierre, du nom d*un
morceau de terre.
Nous citerons parmi les plus notables : les Benoiton, qui se qua-
lifiaient de s' des Touches; ils étaient chirurgiens; les Copprie
étaient notaires avant 1625.
Les Delavaud, aujourd'hui disparus, étaient légion : Pierre et
Antoine, tous deux qualifiés d'opérateurs, avaient épousé le pre-
mier Anne d'Armigny, le second Françoise de la Gelie. Charles
Delavaud, s' du Bost (1646-1727), est fils de Pierre; il laissa
!"> François (1682-1764), d'abord gendarme du roi, puis notaire,
s' du Queroi, père d'autre François, gendarme du roi (1716-1783);
*» Pierre, s» du Bost; 3« Jean, s'* de Fondranne (1681-1722). Tous
laissèrent postérité.
Antoine Faure, le fondateur de la Charité d'Arnac, appartenait
à une vieille famille : René, s' de RuiTec (1644-1707;, est père de
Jean, s' de Beauvais (1685-1750), et d'Henri, s^ de Ruffec. Pen-
dant près de deux siècles ils monopolisèrent la poste aux lettres
d' Arnac et la messagerie.
Les Gaucher étaient notaires : Léonard (1638-1688); Claude,
s' du Mazier (1648-1728), eutdeGabrielle de Lerpinière : Gabrielle,
femme de Jacques Bastide, s' du Pescher, conseiller du roi et son
procureur à Monlmorillon; Marie-Anne, mariée en 1716 à André
Guillemin de Monlplauet, et Jeanne-Bonavenlure, mariée la
même année à Jean Guillemin du Gousset.
Les Gaucheraud étaient, comme on dit, dau rapportas (des rap-
portés), ils liraient en effet leur origine de Folles; nous trouvons
successivement : Jean, s' du Bouchet; Léonard (1710-1778), s'^ de
Mazeirat, père de Pierre Gaucheraud de Mazeirat, s' du Branle,
gendarme du roi, époux de Catherine Pertard de la Cosle.
Les Mondelet se trouvent à Commergnac dès 1555 : André,
notaire à Arnac en 1655-1681, eut de Marie Moreau : Pierre,
(1656-1719), aussi notaire et contrôleur des actes, marié le
28 fév. 1683 à Anne Delajoux, d'où Maxiroin (1705-1752), s' de
Bonnaud, huissier royal et général d'armes, qui épousa le
24 juil. 17^4 Gabrielle Tricbard. Celui-ci est père de Jean-Louis,
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT- SULPICE-LES-FEUILLES 613
époux de Marie Ygonin de Monlorand et de François-Simon, chi-
rurgien, époux d*Anne Ygonin de Montorand. Du premier vint
Léonard, marié à Marguerite Benoilon-Destouches, aïeul de notre
vieil et excellent ami le docteur Frédéric Mondelet, chevalier du
Mérite agricole; du second, François-Gosme-Damien, chirurgien
— aux prénoms prédestinés — d'où descend M. Hondelet, ingé-
nieur en chef des ponts et chaussées, en retraite à Guéret.
Un mariage avec une Ylier, fllle du m* de pofile, amena à Arnac
les Mondot de Beaujour, originaires de Bellac : J.-B., né à Arnac le
l*'sept. 17S6, fut chanoine du Dorât, aumônier d*une compagnie
de mousquetaires, chanoine et doyen au diapitre de Meaux; il
mourut en i824; son portrait lithographie a été signalé par H. Fray-
Fonrnier. Son frère François-Philippe, mort à Arnac en 1824,
laissa André Mondot de Beaujour, inspecteur de la navigation de
la Seine, et André-Joseph-Jules Mondot de Lagorce, ingénieur en
chef à Lyon.
La famille Moreau est une des plus vieilles et importantes
familles d'Arnac : Vincent Moreau, notaire à Arnac en 1584-16i8,
est sans doute père d'honorable homme Vincent Moreau, s' des
Rosiers, puis du lieu noble de La Jarrige, conseiller du roi, élu et
contrôleur en Télection de Bellac. Il eut Pierre, s'^dela Jarrige.
Ge dernier, qui épousa Marthe Ygonin, est père de François Moreau
de la Jarrige, notaire royal, marié à Anne Duhail-Desouches.
Gette famille est actuellement représenté.e par M. Moreau-Lajar-
rige, propriétaire du château de Dompierre.
La nomination du curé Plaignaud à Arnac y fixa sa famille, qui
sortait de Chàteauponsac. Ges curés avaient sept frères et sœurs.
Léonard Plaignaud de Beauséjour, régent latiniste, un de leurs
neveux, épousa à Arnac, le i4 juil. i777, Louise-Anne-Elisabeth
Pennetier; il était en i793 administrateur du district. MM. Eugène,
Louis et Piene Plaignaud sont les représentants actuels de cette
famille.
Les Poujaud, établis à Arnac au xvrn* s., étaient originaires de
Saint-Maurice. Le plus ancien connu est Joseph, s' de Puyrollet,
avocat en Parlement, juge sénéchal de MorteroUes en 1560. Pierre
Poujaud du Villard, notaire et contrôleur des actes à Arnac,
épousa en 1790 Anne Marcoul des Brosses. Il publia en 1823 une
généalogie de sa famille. Son fils, Jean-Baptiste-Félix, laissa deux
enfants : Emmanuel, juge de paix et maire d'Arnac, et Léonline,
mariée à Gharlcs Pénicaud, descendant des fameux émailleurs,
notre grand'mère par alliance.
Jean Thomas dit la Sonde était en 4704 chirurgien-major à Thô-
pital de Grémone; il servit ensuite dans Tarmée du duc de Yen-
614 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
dôme, régimeot de Piémoot, et en 1709 rentra à Arnac. Jean-Louîs
Thomas, s' des Rivières (1712-1760), soq fils, lieatenaDl du premier
chirurgien du roi pour la Basse*Marche, épousa Gabrielle
des Noyers, d'une famille de gentilshommes verriers.
Les Ylier étaient m" de poste : Philippe (167K-1731), eut de
Marguerite de la Gorsse, fille d'un m* de poste d'Ârnac, Fran-
çois, curé de Gromac, et Mathieu Ylier, s' de la Gorsse, père de
Marie, mariée en 1747 à J.-B. Mondol de Beaujour, qui succéda à
son beau'-père.
Lieux habités
1;aGE. — 1 m., 4 h. (1). Dépendait de la s'»« de La Salle d'Ar-
nac. UAgehraud^ 1658; VAage Beraut, i616 ] Lage Breau, ilSS.
François Guillemet, que nous trouvons successivement qualifié de
paveur, m" paveur, conducteur des ponts et chaussées du roi, est
dit, en 1766, s' de Lagebrault. 1 m. en 1745.
Le moulin, qui était au bas de Tétang de La Salle, portait aussi le
nom de moulin de VAgebraud.
L'AGE BANNE. — 1 m., 1 h.
L'AGE DU LAC. — 3 m., 16 h. Les habitants de ce vill., qui
était en Poitou, étaient astreignables au moulin de La Salesse.
En 1439, le lieu de Lage den Lac, avec toutes ses appartenances,
prés, landes, terres, champs, vergers, bois, dîmes et les hommes
taillables et corvéables appartient au s' de Tache. LAige du Lac,
1598; en 1759, François Delavaud, notaire et chirurgien, se dit
s' de Laage du Lat.
LA BEDOUCHE. -- 1 m., 11 h., était comprise dans le Poitou :
1466, le mas de La Bedouche. Claude Gauchier, s' de la Bedouche,
1710-1725; Léonard Gaucher, s' do la Bedouche, 1731-1734.
BELAIR. — 1 m., 6 h. S'est transporté sur la route de La Sou-
terraine; les maisons de Tancien Belair, qui se trouvaient à TO. de
la rouie, sont à présent inhabitées. En 1745, il n'y a qu'une métairie
à 2 vaches.
LA BETOULE ou LES FOSSES. — Ne paraît plus habitée.
Nommée La Betoule dans le terrier de 1745; il y avait alors 10 mai-
sons, dont 6 inhabitées. A côté se trouvent mentionnées des terres
appelées Les Fosses ; 1771, Les Fosses,
(1) Chiffres du recensement de 1901.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 6t5
LE BOBY. — Vill. disparu; devait se trouver près du pont qui
porte encore ce Dom. Il est mentionué en 1540*1669.
LE BOIS DE SÉCHAULT. - Vill. cité en 1714-1734.
LES BORDES. — 1 m, 10 h. Moulin mentionné en 1669.
Diaprés le terrier de 1745, ce moulin esta une meule à seigle
avec instrument à huile; il est affermé 150 I. par an. L'étang des
Bordes, qui avait 40 s., a été desséché au iix* $. Gabriel Prévost,
s' des Bordes, 1598; Jacques Marcoul, s' des Bordes, 1746.
LE BOST. — 3 m. 1745. 12 m., 35 h. Construit sur un mamelon;
de Tautre côté de la route se trouve une éminence cotée 288 m. qui
est parsemée de blocs erratiques de granit à gros grains très appré-
ciés par les tailleurs de pierres qui les exploitent.
Cette éminence était autrefois couronnée par un dolmen appelé
la Pierre Virdouaire ou Vironaiie qui se voyait de fort loin. Un peu
plus à rO., sur le penchant, existait un autre dolmen plus petit
et connu sous le nom de Four des Fées. Tous deux avaient été
classés monuments historiques il y a une cinquantaine d^années,
ce qui ne les a pas mis àTabri du vandalisme : vers 1865, des tail-
leurs de pierres les débitèrent et les fragments servirent à cons-
truire le couvent d*Arnac.
Le piédestal de la Pierre Virdouaire existe encore. La table de
ce dolmen était de forme ronde ; elle avait environ 2<',40 de dia-
mètre. La table du Four des Fées était soutenue par deux pierres.
On montre encore sur cette éminence deux autres pierres : Tune,
qui est plutôt un amoncellement de rochers, est appelée le Château;
Tautre, qui est fourchue, est connue sous le nom de Pierre Four-
chue ou Pierre du Bonheur^ car les fliles qui passent au travers se
marient dans Tannée.
Le Bost Amazois dépendait de Mondon. On trouve Charles Dela-
vaud, s' du Bost, 1679-1727; François Delavaud, notaire, s' du
Bost, 1725; Pierre Delavaud. s' du Bost, 1733.
LE BRANLE. — 4 m. en 1745; 4 m, 31 h. Vill. situé sur le
chemin de la Poste, appartenait au xvu* s. à la famille Marconi :
Antoine Marconi, s' du Branle, 1673-1687; J.-B. Marconi, 1743;
Hyacinthe Harcoul, 1744 ; Pierre Gaucheraud, gendarme dans la
!'• compagnie de Berry, 1758-1779.
La dîme du Branle dépendait de la s'** de Martinet.
LES BROSSES CHANTAUD. - 2 m. en 1745; 2 m., 21 h.
Le 17 mai 1554, Jean Anfaure reconnaît tenir de R. P. en Dieu
Guillaume Barthon, évoque de Lectoure et prévôt de La Souter-
61,6 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
raine, à cause de ce dernier bénéfice, le lieu et vill. des Brosses
Chantaudy au devoir de 3 quartes de seigle (H^ 5412).
La dime était levée par le s' de Martinet.
On trouve les formes suivantes : las Broussas Chantaud, i5S5 ;
les Brosses Aufaure, 1626-4713; les Brosses de MorUmagner^ 1702.
Dans le partage de la succession de Julien Marcoul, les Brosses
furent attribués à ses petits enfants, fils d'Antoine Marcoul. Jean
Marcoul, s' des Brosses, syndic perpétuel de la p'* d'Arnac, vivait
en 16871708.
Jacques Marcoul (1713-1746) épousa Anne Busson de TAge et
Anne Gaucheraud, d*où Joseph-Israël Marcoul des Brosses (1742 f
1780), marié en 1768 à Magdeleine Delavaud ; leur fille, Anne
Marcoul des Brosses, épousa, en 1790, Pierre Poujaud du Villard,
notaire, qui en 1806 propagea dans la contrée le mouton mérinos ;
il fut aussi un des introducteurs de la pomme de terre. Les Brosses,
une des plus riantes propriétés du pays par ses frais ombrages et
ses eaux abondantes, sont actuellement possédées par M"* Emile
Gravier, née Poujaud, arrière-petite fille du précédent.
Il existe aux Brosses une grande plaque de cheminée portant
au centre un écusson oval soutenu par des palmes et meublé des
armes des Montmorency-Laval, barons d*Arnac. Au-dessus, dans un
demi-cercle, est figuré un soleil; plus haut, se trouve une couronne
de marquis,
LES BROSSES PERROT. —16 maisons dont 6 masures en 1745 ;
^im.,^Oh. Lss Brosses Perraud, 1S54; Les Brousses de Bouhy,
1855; Les Brosses ParreaUf 1669 ; Pierre Delavaud, s' des Brosses-
Perraud, 1762. La dime du lieu appartenait à Martinet.
M. de Beaufort a donné, pi. V, fig. S, le plan d'un souterrain-
refuge important découvert dans ce village vers 1815.
Au-dessous des Brosses-Perrol, le terrier signale un étang de
20 perches et un moulin en ruines près le chemin de la Poste.
LA CARRIÈRE. — 8 m., 31 h. Vill. sur la route nationale appelé
aussi Montmagner.
GHABRANNE. — 3 m. en 1745; 6 m., 27 h. Le 8 mai 1693, les
habitants reconnaissent qu'ils sont entièrement dans la mouvance
du commandeur de MorteroUes et que tous ceux qui y tiennent
feu vif sont banniers à son moulin qui était sur la p^* de Vareilles
(H. 452).
1640, Pierre Pignet, s' de Chabranne, teinturier; 1641f 1703,
François Pigné, s' dç Chabranne; 1707-1711, Léonard Pigné, chi-
rurgien. En 1744, au comte de Laval.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SI'LPICE-LES-FEUILLES 617
CHAMPBLANC. - 3 m. en 1748 ; 6 m., 33 h.
GHAMPLONG. — 11 m. en 1745 ; 19 ro., 63 h. Le commandeur
de MorteroUes y possédait des droits en 1555 (H. 462). En 1790, le
curé d'Arnac constate que ce vill. est, solvant les uns de la Souter-
raine, suivant les autres d*Arnac; 1675-1703, Léonard Sallelon,
s' de Champlong.
CHAMPOTANT. — 1 m. en 1745; 2 m. 13 b. Le 25 juil. 1495t
Jean Pot, s' de Martinet, baille à rente à Etienne Glémenson, l'héri-
tage de Champ Potant avec permission d*y bâtir. C'est sans doute
Toriginc de ce hameau.
S" : Louis Delavaud, notaire, 1763; Joseph Delavaud de Gham-
potant, bourgeois du Dorât, 1759-1772.
LES CHAMPS. — 2 m., 9 b. Se trouvait en Poitou, mentionné
en 1449'.
Le vin. des Champs devait à Mondon deux ratz d*avoine valant
4 bx. 1687, Léonard de la Gorsse, s' des Champs.
CHANTEMERLE. — 6 m. en 1745 ; 2 m., 14 h. L^ Petit Chante-
merle mentionné en 1669.
LE CHATELAT doit son nom à une motte féodale aujourd'hu
détruite. Elle était haute de 5" avec 90" de circonférence.
Il n*y avait en 1745 que deux maisons couvertes en paille ; même
nombre en 1901 avec 15 h.
Suivant déclaration du 14 nov. 1555, le vill. du Chastellardz est
dans la censive du commandeur de MorteroUes (H. 462). Le Chas-
tellart est habité en 1495.
S" : sire Léonard Nicaud, 1644; André Nicaud, 1677f 1707 ; Jean
Nicaud, 1711fl750.
CHEZ NICAUD était compris dans la sénéchaussée de Montmo-
rillon ; 9 m., 41 h. Chez Nicaud, 1670.
CHEZ FOUGÈRE. - 5 m., 21 h. ; Chez Faugère, 1745, 6 m.
CHEZ LAPOINTE. - 3 m, 17 h. Ne figure pas dans le terrier.
LE CHIRON. — 19 m. en 1745 ; 27 m. 108 h. On y trouve une
tuilerie en 1696-1699 La s'^"" appartenait au xvu* s. à Suzanne du
Vignaud, veuve Guillaume Sornin, s' de Milliacq ; sa fille, Julie
Sornin, mariée en 1675 à Léonard Laurent, cons' du roi à Montmo-
rillon, donne à bail en 1705 le lien du Chiroux, qui en 1759 appar-
tenait encore aux Laurent de la Besge ; Le Chirromr, 1693,
618 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
COMMERGNAC. — 15 m., 72 h.; en 174S 22 m. toutes couvertes
eu paille ; à cette époque petit étang.
Coulxmaignac, 1555; Coulxmargnaty 1645. Le mot conlx indique
un terrain en friche.
Le 13 mai 1645, les habitants de Commergnac et de Puymornet
reconnaissent qu1ls sont « hommes couchants et levants rosturiè-
rement du s' de Lubignac, sujets à aller mouldre leurs grains à son
^moulin banal, comme s' direct, féodal et foncier dud. village ». Ils
lui doivent un bian pour aller chercher du vin avec 4 bœufs et
charrette en Berri, un bian à faucher, un bian à bescher et un bian
à charroyer toutes les semaines (M. N.)-
S" : Mathurin Mondelet, diacre, 1725 ; Joachim Vallet, 1778.
LA CROIX DE CHABRANNE se trouvait à l'angle du grand
chemin de Lussac à La Souterraine et du chemin d*Arnac à Gha-
branne; habitée en 1700; en 1745, Tunique maison est dite inhabi-
tée et le jardin en friche. Lieu disparu.
LE DRELET. — 1 m., 12 h. Lieu de création moderne (xix* s.).
Des champs portant ce nom figurent dans le terrier comme dépen-
dances du lieu de Loule.
L'ECLUSE. — ik) m., 68 h. Faisait partie de la Terre-aux-Feuil-
les. Le 4 août 1605, François Chardebœuf et Jeanne Pot, sa femme,
vendent à Jean Busson, s' de Laige, m^ de La Souterraine, le fief
de Lêscluze relevant de Lavaupot, moyennant 150 1. Us conservent
le droit de guet sur ce vill. (9400).
I;ÉTANG-CARTER0N aussi nommé le BoisCarteron ou Chez-
Faisant. — 2 m., 12 h. Origine récente, doit son nom à Jacques-
Noël Carteron. subdélégué de l'intendant à La Souterraine en 1777
qui possédait Rufasson.
FLAYOUX. — Moulin détruit depuis longtemps; en 1745, il était
abandonné ainsi que la maison sise à côlé; ce moulin, qui fonction-
nait encore en 1729, joignait aux communaux du Bost et du Ghiron.
Au xvm* s., il appartenait aux Bléreau de Grassevaud ; Moulin de
Flaioulx, 1653.
FONTPCIS. — 1 m. en 1745 ; 2 m., 10 h. Claude Delacoste, s' de
Fontpuis, 1696-1702.
FRESSANGES. — 1 m., 13 h. Mentionné en 1449, était dans la
censive de Piégut et faisait partie du Poitou ; appartenait, en 1734,
au comte de Laval.
MONOGRAPIIIB DC CANTON DE SA1NT-SULPICE-LE*-PEUILLES 619
LE GAUTIER. — 4 m. en 1745; i m., 10 h. 1648, 1$ Gaulthier.
LA GORGE. - 4 m., en 1745; 3 m., 26 h. La Gorsse, 1508.
Malhiea Ytier, s' de la Gorsse, 1744.
LA GRANDE-PIËGE. - 2 m, 5 h.
L HËRITIËRE. — 4 m., 19 h. Etait comprise dans la Terre-aux-
Feuilles. iM. de Beaufort y a signalé un dolmen renversé, p. 85.
LA JâRISSADE. — Lieu disparu/près de Puychenin ; la légende
y fait naître Sixte-Quint (1).
LA LANDE. — 2 m. en 1745 ; 5 m., 24 h.
LA LEYDATARIE ou LEYDATAIRE. — Lieu disparu. Parmi les
dépendances de la Tâche relevant de Hondon en 1439, nous voyons
locum de Leydatarie^ dans la p"« d'Arnac, avec les vergers, jardins,
prés, pacages, champs, landes, bois et autres dépendances, plus la
dime de tous blés, prémices des agneaux, porcs, vaches, veaux, le
droit féodal et les hommes taillables et exploitables dud. lieu. Le
village de la Laidetière dépendait encore de la Tâche en 1597. Il
se trouvait dans la partie poitevine de la com. C'est, croyons-nous,
THéritière.
LOUTË. — 1 m. en 1745. Lien détruit, les bâtiments ont été
reconstruits un peu plus loin et portent le nom du Drelet, sur le
(1) Depuis la publication du chapitre où nous avons exposé Tétat de
cette question, M. de Lépinay a donné dans le Bull, de la Soc. arch. de
la Corrèze (1905) une notice intitulée : Le pape Sixte-Quint êeraU-il
d'origine limouêine?
Il a simplement reproduit la première édition de Tabbé Védrine
et Ta fait suivre de quelques commentaires.
Voici les nouveaux arguments introduits par M. de Lépinay :
1° Le nom de Peretti n'est pas un nom d origine dalmale ;
2° Le pape a pris, suivant la coutume française, des armes par-
lantes, 3 poires; or, en patois d'Arnac, poire se dit père et poirier père<;
en Dalmalie on dit krouchka;
^^ Le caractère de Sixte-Quint permet de supposer qu'il n'hésita pas
à modifier les actes de baptême et à prendre le nom de Montalte.
On peut objecter que la Dalmatie a été un pays tour à tour occupé
par les Romains, les Grecs, les Croates et les Vénitiens ; qu'en italien
poire se traduit par péra et poirier par péro ; qu'actuellement on dit en
patois péri à Arnac et pérail à Saint-Sulpice ; que dans certains
ordres religieux il était d'usage de prendre comme nom de religion le
nom de sa province.
620 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
chemin d*Arnac à Vilrat. Apparleoait, au xvir s., à la famille
Marcoul.
Ce nom s'est écrit : Louthe, 1668; FHouthe, 4700; VHoute, 1738-
1745; Loute, 1745. La dlme était levée par le prieur de Vitrât.
LUBIGNAG. — Ghâlean composé d'un corps de logis avec une
grande tour, chapelle et grand bâtiment, le tout menaçant ruines;
3 m. et un moulin en 1745; 7 m. 22. h.
Pendant plus de trois siècles cette s'*% qui relevait de Magnac, a
été possédée par la famille Barthon de Montbas, une des plus illus-
tres de notre pays, encore représentée de nos jours.
Son origine n'a point encore été débrouillée d'une façon cer-
taine : un inventaire du xvuP s. mentionne le contrat de mariage
passé le 5 juin 1380, en la cour de Moulins, de Jean Barthon, ch',
s' de Lubignac, chancelier du Dauphiné et de la Marche, flls aine
de Roland, vicomte de Montbas, et de Louise de Salaignac, avec
Berthe de Bonal. Puis les généalogistes chargent ce Jean des
dignités suivantes : chancelier du Dauphiné, 1439, chancelier du
grand sénéchal de Lanes, secrétaire de Jacques, roi de Hongrie,
lieutenant général de la Basse-Marche, 1437, garde des sceaux de
la baillie de Limoges, 1446-1449; chancelier du comté de la Mar-
che, 1453, et du Limousin, conseiller du roi et premier président
au parlement de Bordeaux. Or, un acte authentique de 1455 le dit
septuagénaire; 'par suite, ou le contrat de 1380 ne le concerne pas
ou la date est fausse. On peut aussi supposer que toutes ces charges
n'ont pas reposées sur la même tête et qu'il y a deux Jean Barton,
le père et le fils; les titres nous manquent poumons prononcer.
Le documentée plus ancien que possède encore M. le comte de
Montbas est un partage du 3 déc. 1455. On remarquera que dans
cet acte, dont nous transcrivons le préambule fort curieux, Jean
Barton ne porte que le titre de s' de Lubignac.
Jean Barton, ch% s' de Lubignac, conseiller du roi, chambellan
du Dauphiné et de la Marche, expose par devant Jacques de Mar-
cillac, notaire juré,
< Que comme il soit ainsi que Dieu nostre créateur et largiteur de
tous bien luy eust donné dez grâces plus largement que ne pourroyt, ny
ne scauroit déffinir, tant en biens de nature de fortune, que de grÀce,
et bien recognoissant tous lesd. biens luy estre venus par don de Dieu
et ayant recours à sa benoicte miséricorde, luy requérant vray pardon de
ses faultes et très humblement le merciant des biens et des grâces à luy
données, dits et proufféra en effet les paroles qui s^ensuyvent : que par
ce que dès longtemps voyant son aage estre jà septuagénaire, pensant
que il fauloit payer le devoir de nature et que de sa plus loingue durée,
il n'çst pas gratit espérance et voulant pourvoir à sa puisance, que
MONOGnAPiftB Dr CANTON DE SAINT-SULPrCE-LES-FBUrLLBS 621
morust comme vray catholicque en bonne recognoissance de Dieu et de
ses biens faitz et pour vouloir laisser paix et union entre ses enfants et
héritiers et afûn que par ses biens délaissés entre eulx ne puissent
sortir question ne débat et dont inconvéniant, que Dieu ne veulhe,
s^en peust ensuyr. Et affin que paix et amour puisse estre guardée et
entretenue entre ses enfants, leur en avons bailhé la doctrine et pour
estre mieulx moriginés, à grands fraiz et despenses, des biens que Dieu
de sa grâce luy avoit donnés, les avoint entretenuz aux escolles et
estudes jusques à perfection, tous licenciés, et despuys, ainsi que par
eulx avoit esté advisé, les aucunz avoient mis et dédiés au service de
Dieu et de Téglise et les autres ordonnés estre au siècle et leur succéder
es bien temporelz que Dieu, de sa grâce, leur avoit donnés ».
On voit par cet acte que ces enfants sont : Jean Barton, doyen de
Limoges, abbé du Dorât, archidiacre de Constantin, conseiller du
roi au parlement de Paris, président aux enquêtes; frère Etienne
Barton, prieur de Cluys et prévôt de Tulle; Pierre Bartou, s' du
DeflTens, conseiller du roi; Jacques, archidiacre de Bruyères et
chantre du Dorai; Malhurin, général conseiller du roi en la cham-
bre des aides, s' de Bouablon; Philippe, archidiacre de Thouars et
archiprétre d*Ânzesme, tous licenciés ès-lois ou en décret. It avait
eu deux fliles : Catherine, mariée à Malhelin Bonnichaud, s' de
Grasse Vaut, et Antoinette, épouse de Guillaume de Vie, s' de Toz
et de Colombes, conseiller au Parlement; la première était décédée
avant lui laissant Marguerite mariée à Antoine Allart, secrétaire
du comte de la Marche, et Berthe alliée à Jean de Perpenolle, fils
du s' de Aulte Paye.
Jean, Jacques et Philippe reçoivent chacun 300 i. de rente; Ma-
thurin prend Thôtel sis à Paris et les meubles qui s*y trouvent
ainsi que Bouablon. Pierre conservera le surplus « tant pour son
partage que pour son esnéage que aussi les services faitz à sesd.
père et mère et frères ». (P. M.)
Pierre Barton, chancelier de la Marche en 1467-1481, mourut le
26 mars 1491 ; sa femme, Perrette Lefevre, fut inhumée en 1499
dans la chapelle du prieuré de Vitrât.
Son fils, Bernard Barton, v*' de Monlbas, s' de Lubignac, épousa
en premières noces Françoise Trousseau, petite-fille de Jacques
Cœur, et en secondes Marie de Seuilly. Celle-ci fut enterrée dans
la chapelle de Lubignac qu'elle avait probablement fondée. En
1528, elle avait établie la vicairie du château de Montbas.
Le 10 nov. 1509 Bernard abandonna toutes ses terres à son fils, à
Toccasion du mariage de celui-ci avec Isabeau de Levis.
, Pierre Barton fut d'abord connu sous le nom de Lubignac ; il se
trouva au voyage du roi contre les Vénitiens en 1509, et à celui de
622 SOCIÉTÉ ARCHéOLOGiQlTE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Picardie en 1518. Son château de Montbas fut iucendié et pillé en
1544, sans doute par un détachement de la bande de gascons dont
nous avons signalé plus haut le passage à Arnac.
Il eut pour enfants : Guillaume, évéque de Lectoure, député des
Etals de France au concile de Trente ; François, prieur de Vitrac
en 1546; Gilberle, abbesse de Cusset, et Pierre qui suit.
Pierre Barton, étant tombé malade à Saint-Germain-les-Prés, dicta
son testament le 30 juil. 1556 :
Il veut être inhumé dans la chapelle Saint-Jean de Guéret, u tout razibus
de sa femme et qu'à cette place il soit faict un monument de la hauteur de
celuy de Fay ou deux doigts plus haut et soit faict une tombe de cuivre,
en laquelle tumbe ieelluy testateur et la dicte feue dame de Levis, sa
femme, seront inscultés (sic) avecq chascun leurs armoiries soubz leurs
pieds et une escripture portant ces mots : Cy-gisl noble et puissant sei-
gneur messire Pierre Barlhon^ chevallier, jadiz seigneur vicomte de
Montbas, seigneur du Deffens, de Lubignac, de Fayolles et de Fay près
NémouXy qui trespassa le.,. Cy-gist aussy noble dame Ysabeau de Levys
dicte de Chasteaumorant, femme du dict messire Pierre Barthon, qui
trespassa le vingt troisismejour de mars Van mil cinq cens quarante sept ».
Il veut aussi que « au chevet de la pierre ou à quelques costé des
douelles qui soustiendront lad. tumbe de cuivre soit mys ung petit
escripteau de cuyvre faisant mention de la mort de messire Jehan Bar-
thon et ung aultre de messire Pierre Barthon et ung aultre de messire
Bernard Barthon, tous chevalliers, qui tenoient lesd. terres et seigneu-
ries dont cy-des6us est faicte mention et soyenl mys les jours et ans de
leurs trespas ». On prendra le coût du monument sur les 1.500 1. qu^il
s'est réservé sur les terres de Fa'yolles et de Lubignac en les donnant à
son fils.
» Item, et pour ce que de tout temps led. testateur a eu singulière
dévotion à la Vierge Marie, à madame Sainte-Catherine, à M. Saint-Jean-
Baptiste, et à m.<idame Sainte-Marguerite, dont les images sont dans sa
chapelle de Lubignac et aussi pour ce que feue dame Marie de Sully,
mère d'icelluy testateur, qui y est enterrée, à laquelle ieelluy testateur
dict estre grandement tenu, tant pour la terre du DefTens que aussi qu'il
a craincte de n'avoir pas bien faict tout ce qu'il éstoit tenu de faire pour
elle, veult et ordonne que sur les 1.500 1. il soit fondé en la dicte cha-
pelle quatre messes toutes les semaines, sçavoir est le jour de sabmedi
de nostre Dame, le lundi de sainte Catherine, et veult que messire
Antoine Bonnet, son presbtre, die lesd. deux messes et que il en soit
vicaire, et le mercredi une messe de Saint-Jean laquelle est ordonnée
estre dicte par messire Julien Laurenson, filz de Bernard Laurenson,
qui a esté son mestayer de Lubignac l'espace de six vingtz ans (sic) et
Taultre messe de Sainte-Marguerite le jeudi; veult quelle soit dicte par
messire Jehan fils de Thony Biret et veult que en la fin desd. messes
soit dicte l'absolution avec de profundis et les collectes Deus in cujus
miserationiê inclina et fide^^"^ **-
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FELILLES 623
11 assigna ïe& deux premières sur les moulius, la troisième sur la métai-
rie du château de Lubignac et la dernière sur la métairie de Masbon-
neau ; les revenus de chacune d'elles seront de 4 s. seigle el 50 sous.
Ces vicairies seront ensuite à la présenlaiion de Tévèque de Limoges.
Les deux premières messes pourront à l'avenir ne faire qu'une seule
vicairie.
11 veut que son cœur soit apporté dans la chapelle de Lubignac où est
déjà celui de sa femme et qu'il y soit mis un escriteau de cuivre faisant
mention de ce. Enfin ses enfants devront envoyer un prêtre ou homme
de religion à Saint-Jacques en Galice pour accomplir un vœu fait par lui
et sa femme. (P. M.).
Nous trouvons ensuite comme seigneurs de Lubignac :
Pierre Barlon, lieutenant général, enterré au Dorât en 4898.
François, gentilhomme de la chambre du roi ; sa femme, Diane
de Bonnevat, habitait Lubignac en 1S93.
Pierre Barton, capitaine de 100 chevau-légers, grand maître
des eaux et forêts de Normandie ; Jean dit le comte de Monlbas, à
qui nous avons consacré un article biographique, était son flis,
comme le suivant.
François Barton, page du cardinal Richelieu, maréchal de camp,
lieutenant général, reçut de nombreuses blessures à Lens et à
Rocroy ; « il mourut illustré par toutes ses vertus, mais surtout par
sa charité envers les pauvres ».
Pierre Barton, comte de Monlbas, mousquetaire de la première
compagnie, qui, en 1732, vendit Lubignac au comte de Laval.
Celte seigneurie était encore aux mains des descendants de ce
dernier lors de la Révolulion. Le domaine de Lubignac possédé
ensuite par le duc de Monlmorency-Laval, pair de France, lieutenant
général, décédé en 1817, puis par son fils, ambassadeur à Madrid,
a été aliéné par les héritiers de ce dernier.
Le 5 mai 1727 le s' de Lubignac donne à bail à André Beynot,
teinturier et foulon, la maillerie et moulin à drap de Lubignac ;
Beynot pourra reprendre ses presses el ses landes qui servent à
presser et à faire sécher. En 1734 il y avaU à la fois moulin à blé,
à huile el à drap.
La tour de Lubignac, qui existe encore, est un des rares vestiges
de Tarchitecture militaire de noire pays. Elle profile sa masse dans
un site assez sauvage, aa fond d'une vallée, sur les bords de la
Brame, qui autrefois s'étalait en un vaste étang au pied du châ-
teau.
Ce château, d'après un plan dressé par M. Grignard, avait la
forme d*un carré parfait, flanqué aux angles N., 0. et S. de tours
rondes; la dernière, la plus importante, est celle qui subsiste;
dans Tangle Ë. se trouvait la chapelle mentionnée en 1477.
624 fiociéré archéologique bt historique du limousin*
Celle leur, à base légèrement conique, servait de donjon ; on y
entrait par un pont-levis qui, abaissé, venait reposer sur un massif
en maçonnerie aujourd'hui détruit auquel sans doute on accédait
par un escalier, comme à Bridiers. Ce pont-levis s'appuyait pour
rouler sur deux corbeaux en saillie sur les deux jambages de la
porte et creusés de gouttières pour recevoir les axes. Relevé, il
s'encastrait dans la muraille et servait de porte; une seconde
porte le doublait en arrière; elle était consolidée par une barre de
bois glissant dans une rainure.
Ces deux portes franchies, on trouve à droite un escalier en spi-
rale qui copduit aux étages supérieurs et à gauche des degrés qui
descendent aux caves voûtées. Au fond, une porte donne accès à
une grande salle carrée munie de nombreuses cachettes. A Tinté-
rieur tous les plafonds, toutes les voûtes sont tombées.
On voit ainsi que cette tour était divisée en trois étages dont le
dernier seul était voûté. Celui-ci était divisé en deux travées cou-
vertes par des voûtes à nervures; aux retombées des arcs, se trouvent
figurés des personnages à mi-corps soutenant des deux mains les
chapiteaux d'où partaient ces arcs.
Des cheminées monumentales, dont les manteaux manquent,
réchauiïaient chaque étage. Ceux-ci étaient éclairés par des fenê-
tres munies de banquettes et allant en diminuant de l'intérieur à
l'extérieur; au dehors, elles se présentent sous la forme rectan-
gulaire, coupées par un meneau horizontal, et sont ornées à la
partie supérieure de simples baguettes ; au second étage, l'une
d'elles est surmontée d'une accolade dans laquelle sont inscrits le chef
ëchiqueté et le cerf des Barlhon ; cet écusson se voit encore, avec
la variante losangée, sur une clef de voûte employée dans la cons-
truction d'un bâtiment moderne.
A chaque étage, du côté de la cour, «e trouve un cabinet rec-
tangulaire voûté en anse de panier et éclairé par une fenêtre
étroite.
Toutes les portes intérieures sont à anse de panier, d'où l'on
peut conclure que cette construction date de la fin du xv* s. ou du
commencement du suivant.
La tour est munie en partie de sa couronne de mâchicoulis.
Encore assez bien conservée au commencement du dernier siècle,
un vandalisme pratique l'a vouée à une destruction prochaine, un de
ses derniers propriétaires ayant vendu les bois et les matériaux à
prendre au choix ; ainsi toutes les poutres, toutes les pierres de
grand appareil : marches d'escaliers, manteaux de cheminées, lin-
teaux de portes et de fenêtres, ont été arrachés! • .
CHATEAU DE MOHTUAGSER
IWNJON DE LUBI
MO^JOGRAPHIE DU CASTOS DE SAIST-SL'LPICE-LES-FECILI.ES C25
LE MAGNAUD. — 7 m. en 174S ; 44 m., 48 h. La dîme de
grains appartenait au prieuré de Vitrac; elle était affermée 17 s.
en 1668. Une brigade de gendarmerie y casernail en 1806-1834.
MARGOT, sis dans l'enclave poitevine. — 10 m., 45 h.
En 1439, les hommes de Mago doivent au' s' de la Tache 13 s.
4 d. de rente annuelle pour raison du lieu de Mago et ses apparte-
nances. Margo, 1S08.
Le fief relevait de Mondon : le 8 juill. 1570, le s' de ce lieu
opère le retrait féodal, entre les mains de Malhurin Davaille, de
divers fonds dépendant du fief de Margot qui avaient été vendus
par Julien le Brelon, s' de Lésigné, et Hiiguellc de Felletin (9400).
1580, Jean Agenet, s' du Courry et Marguol
Diaprés Taveu rendu à Mondon, le 31 mars 1598, par Marc de
Monard, s' de Villemarlin et Margot^ ce fief était tenu à foi et
hommage lige; il comprenait « un beau village, sénéchaussée de
Montmorillon, estant basty et eddifîé de plusieurs maisons, compre-
nant vingt fermes de logis ou environ, avec le labourage de 8 pai-
res de bœufs ». Il fut vendu le 9 déc. 1602 par Jean de Monard à
Jean Busson, s' de Laige, moyennant 1.236 I. ; Jacques Busson.
s' de Margot, à Saint-Etienne de Fursac, {1637 ; le 23 juin 1780, le
s' Cujas de Ribbe le cède à M"' de Rochechouard (9400).
Le 24 déc. 1703, dans un accident de cheval, le m" de poste,
Simon de la Gorsse, et un jeune homme y sont tués.
MARTINET. — 15 m. en 1745; 20 m., 88 h. Ancien fief rele-
vant de Magnac, qui se trouvait, vers 1470, aux mains des Pot de
Rhodes. En 1483, d'après les comptes de Guillaume de Rnffel,
receveur, fes tailles de la s''* qui se levaient en août, à Noël et en
mars, ont produit 47 1. et les grains de JUartinoys montent à treize
vingts dix sept septiers de seigle. Le même constate qu'il a mis en 1485
dans le grand étang du moulin 600 de norin de carpe d'ung pié et
LX brasmes et dans le petit étang de I^^scoux de Martinet XIX
vingtz de norin de carpe d'ung demy pié. Le môme registre de
compte renferme un curieux acte de reconnaissance de servage
pour recevoir une nouvelle investiture de propriété :
Le 25 février 1486 (v. s.) Malhurin Cathely, demeurant à Martinoys,
« c*est fet homme sert de n. h. Jehan Pot, escr., s' dud. lieu, à scavoir
est que led. Mathurin a promis servir led. et de bian toutes les semai-
nes, de queste es quatre cas privilégiés, de taille trois fois Tan, Tavoine
et la geline par chacun an, par ainsi que led. écuyer a consenti et con-
sent que led. Cathely joysse de cinq parts les deux de tous et chacuns
les héritages (jue tient à présent Petit Jehan Auboutet, lequel éritage
est baillé aud. Cately à cause et pour raison de Martine, sa femme, fille
T. LV 42
626 soci^é AhCHéoLOGiQufa et kiiâTottroue t>u LrstoOSif^
de feu Philippe Auboutei, et ses cousins et cousines, enifans de feu
Jehan Auboutet le jeune ; lesquels enffans en faveur de mariage oui
cédé leurs d. droits à lad. Martine ; comme ainsi que led. Mathurin a
promis à payer aud. ecuyer de cinq parts les deux, les rentes deues à
cause et pour raison desd. héritages. » (9401).
Cet acte et celui que dous avons cité à propos du Noyer mon-
trent que le servage existait encore dans notre pays à la fin du
XV" siècle.
Possédé ensuite par Jean ;Busson, qui est convoqué en 1577 à
l'arriëre-ban du Poitou à raison de ce fief, Martinet fut vendu, le
16 mars 4880, moyennant 800 écus, à Mathurin Pot, dont nous
avons parlé à la notice sur la Maison Rouge.
Le 9 sept. 1617, Zacharie de Saint-Hor, s' de TOradour et de
Lavault, cède ce fief à Jacques Sornin qui rend aveu à Hagnac te
8 juin 1619 : la s''* comprend les deux tiers d*un logis dans le fort
d'Arnac, la dime générale du Martinet et Lascoux avec cbarnage et
agneaux ; la dîme dite de Rhodes sur les Brosses Chantaud ; la
dime de Villemort sur Saint-Martial et le bourg d'Arnac ; le fief de
TEscIuze.
Marie-Louise Sornin, fille de Jacques, s' de la Roche, en se
mariant, le 18 fév. 1678, à Guillaume-Alexandre de Saint-Martin lui
apporta cette s'^'qui resta dans cette famille jusqu*à la Révolution.
D*elle relevait le fief de Chégurat à hommage lige (1).
En 1S03, le moulin de Martinet, sis au-dessous de la chaussée
du grand étang de Lascoux, était à blé et à drap.
Receveurs : Guillaume de Reullet, 1485-1493 ; Jean de Fres-
sanges, 1494-1502, son neveu.
Le plan du camp romain de Martinet a été relevé par M. de Beau-
fort, pL VL
MASMEAU. — 1 m. en 1745 ; 1 m., 9 h. Ancien fief relevant de
Magnac. Les bâlhnents ont été complètement rasés il y a une
quinzaine d'années; un puits en indique seul remplacement. La
métairie a été construite quelques centaines de mètres plus haut.
Seigneurs : Hélion Marbœuf, 1421 ; Etienne Marbœuf, son fils,
1450; Julien Marbœuf qui rend hommage pour Masmeau an s' de
Magnac le 15 fév. 1552 ; François Marbœuf, 1555 ; Charles de Mar-
bœuf, 1564. Jacques de Marbœuf, s' de Masmeau, marié suivant
contrat du 28 janv. 1598 à Claude de Savignac, fit ses preuves de
noblesse la même année. Il eut Jean de Marbœuf, s' de Masmeau,
(1) Cf. M. Champeval de Vyers, Notice historique sur la maison de
Saint-Martin de Bagnac, — Limoges, Ducourtieux, 1897.
MOSOGRAPllkE DU CANTON DE SAtMT-SOLPIC^-LES-FEUtLLES 627
marié à Bonavenlure de Monlbel, et sans doule, Silvie enterrée
devant la porte de l'église d'Arnac le i^^ mars 1669.
Jean qui, en 1667, habitait Lignicres en Berri, laissa Robert,
s^ de Masmeau, marié, le 28 fév. 1677, à Marie Moreau; celui-ci
mourut le 27 janv. 1679, et sa femme le 15 janv. 1680 ; ils avaient
eu Bonaventure (28 déc. 1677) et Anne, mariée à Vincent Moreau,
s' de la Jarrige. (E. C).
En 1712, est s' de Masmeau Léonard Chadenier, avocat à Magnac,
qui avait épousé, le 3 août 1700, Bonaventure Moreau, fille du pré^
cèdent, à qui sans doute ce lief fut attribué à Textinclion des de
Marbœuf.
Claude Pascal Degobertière, avocat à Magnac, est dit s' de Mas-
maux en 1778; il vendit cette propriété, le 17 floréal an XII, h
Pierre Poujaud, notaire aux Brosses.
LE MONTEIL. — 13 m. 56 li. ; 8 m. en 1745, plus le château
composé d'un corps de logis flanqué de deux tours et un moulin à
une roue à seigle. Ancien fief relevant de Magnac.
Aimery ditMérigot Brachet, s' du Monteil, vivait en 1387 ; de sa
femme Marguerite de la Porte, veuve Hugues de la Celle, s' de
Jançay, il eut Jean Brachet, qui épousa, vers 1400, Marie de Ven-
dôme, de la famille des comtes de ce nom ; de ce dernier mariage
vint Jacques Brachet, qui continua la postérité et dont le fils fut
baron de Magnac, et Catherine, mariée, le 3 nov. 1436, au fameux
Jean Pothon de Xainlrailles. (Nadaud).
A partir de cette époque, le château du Monteil a été constam-
ment possédé par les s^' de Magnac.
Dans plusieurs actes, on trouve indiquée la baronnie du Monteil,
au lieu de baronnie d'Arnac.
MONTMAGNER. — 5 m. en 1745 ; 3 m., 23 h. Vers 1012-1020,
Gilbert, chanoine de Limoges, donne au chapitre caihédral de
cette ville deux mas au lieu de Monlmainier, avec les forêts,
prés, vignes, etc. (1). Montmanyer, 1500.
Vieux corps de logis flanqué d'une lour couverte de
planchettes de châtaignier. Ancienne maison noble possédée de
temps immémorial par la famille Marcoul : une vieille généalo-
gie que nous avons eue entre les mains porte : « Lajmaison
du fief ou maison noble de Montmagner en Basse-Marche a été
bâlie en 1360 par J. Marcoul. Cette date élait gravée sur la pierre
au-dessus de l'huisserie de la porte d'une lour. » Elle commence la
(1) inv. publié par M. A. Leroux, Bull, Soc, arch., t. LIV, p. 437,
628 sociàré a^h^ologiquë et kiisTORtQUE di) libIousiN
suite des s** de ce lieu par Guillaume Marcoul, fils de Jean, né au
commencement de. 1510. Celui-ci est père de Jean, qui suit, et de
Julien, prélre, tonsuré le 16 août 1560 dans Tëglise de la Souter-
raine par Julien de rA.ubespine, évéque de Limoges.
Jean, s' de Montmagner, est père de Julien qui eut Jean, marié
le S6 sep. 1593 à Marie-Madeleine Pallisson de Barnëges. De ce
mariage vint Julien, marié à Françoise de Vauzelle ; ces deux der-
niers furent inhumés dans Téglise d'Arnac : le mari le 31 déc. 1666,
la femme le 18 juin 1689; ils laissèrent plusieurs enfants, dont
Joseph, qui suit;^Jean, s' de la Brosse (1642-1708), qui ne laissa
qu'une fille, Magdeleine, mariée à Jean du Chalard, lieutenant par-
ticulier au siège de la Basse-Marche; Claude (1641-1676), mariée,
le 4 fév. 1671, à Jacques de Florel, s' d'Oreix; Antoine (1651-
1693), s' du Branle, oflicier au régiment de Champagne, qui eut
plusieurs enfants de Charlotte Moreau de la Tibarderie.
Joseph, s' de Montmagner, né le 24 nov. 1643, épousa le 11 juill.
1671 Marguerile-Renée Jevardat; il mourut au Dorât le 5 Juill.
1701, laissant entre autres : J.-B. -Bruno, éc, s' de Montmagner, la
Prévoslière et THoulhe, mousquetaire du roi, puis l'un des cent
chevau-légers de la garde ordinaire de S. M. Dans une transaction
du 12 avril 1712, il reçoit pour son droit d'aînesse la maison noble
de Montmagner. Né en 1674, il fut inhumé, le 26 nov. 1745, dans
réglise d'Arnac, laissant de Marguerite de la Coste : Joseph-Israël,
qui suit; Marie, mariée à J.-B. Lafleur de Lascoux; Marie-Anne-
Geneviève, épouse de Philippe Silvain des Gorces; Antoine-Théo-
hald, s* de THoute, marié à Marguerite de Génicourt, d'où Antoine
Marcoul des Prugnes.
Joseph-Israël Marcoul de la Prévostière, s' de Montmagner
(1713 -f 1791), gendarme de la garde du roi, premier maire d'Arnac,
épousa : 1» le 24 août 1740, Marie Silvain de Brimord ; 2» le 22 fév.
1748, Anne-Geneviève Frichon de la Lane. Il eut entre autres
enfants : le suivant; Louis-Protais et Jean-Léonard- Victor, ces
deux derniers, prêtres, dont la biographie a été donnée par
M. Lecler.
Joseph-Israël Marcoul, s' de THoute, né le 6 janv. 1762, s'allia le
29 sept. 1789 à Jeanne-Thérèse Poujaud de la Roche ; il mourut le
25 nov. 1835, ayant eu : Louis-Joseph-Alexandre (1790), président
à la cour d appel de Limoges, époux de Clémence de Verdilhac-
Lalande, d'où Elodie-Lucie-Jeanne, mariée au général Arbellot, et
Joséphine-Lucic-Jeanne, qui possèdent encore Montmagner ; Jean-
Baptiste (1793 1850), père du suivant.
Paul-Edouard Marcoul de Montmagner de Loute, né au Puiche-
nin le 14 mai 1840, administrateur de la G^' foncière de France et
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT'-SULPICE-LES-FEUILLES 629
président du Conseil d'administration de la C** de la Bourse de
commerce de Paris, marié le 10 oct. 1877 à Eléonore-Agnès Hogg,
des lords Hogg, pairs d'Angleterre, d*où Henri-Marie-Douglas
(1878), et J.-B.-Paal-Bruno-Waller (1879).
En 1748, il y a à Montmagner une maison louée au maître de
poste d'Arnac pour y loger les postillons. Un arrêté du district de
germinal an II met en régie le relai de Montmagner; une autre
délibération du 17 thermidor an II constate que les chevaux de ce
relai sont morts faute d'avoine. (L. 846).
En vendémiaire an III, on rapporte au district que par suite de
la suppression de la poste intermédiaire de Montmagner, les che-
vaux de Boismandé et Morterolles sont fourbus et qu'on est obligé
de faire tirer les malles et les diligences par des bœufs réquisition-
nés dans les communes voisines.
Le 37 frimaire suivant, le district mentionne qu'à leur tour les
bœufs sont sur la litière et qu'il y a deux diligences et sept malles-
postes, chargées de fonds et d'ordre pour l'armée du Midi, en souf-
france à Boismandé.
A la suite de nombreuses plaintes du district et des communes,
le département réorganisa la poste, au mois de pluviôse suivant,
en envoyant trente-quatre chevaux tant à Montmagner qu'à Bois-
mandé (L. 848).
MOULIN DES COTES. - 1 m., 7 h.
MOULIN DE CROCHET mentionné en 1628-1669.
MOULIN DE LASCOUX. — i m., 11 h., une meule à seigle en
1748. Moulin banal dépendant de la s''* de Martinet; tous les habi-
tants de la banlieue y étaient astreignables ; la mouture s'y faisait
au seizième.
Le 18 fév. 1800 (v. s.) Jean Pot, s' de Rhodes, afferme à Pierre
Cathelin, le moulin de Lascoux au-dessous du grand étang. Cet
étang a 7 seterées en 1748.
MOULIN LOCHON. — 1 m, 18 h.
MOULIN DE LA VILLEAUBRUN. — 1 m., 3 h.
NEUVILLE. - 1 m., 18 h. Nuvilhe, 1490; Neville, 1800. Sieurs :
Jacques de Marbœuf, s' de Neufville, 1688 ; François Moreau de la
Jarrige, 1748; Joseph Moreau de Neuville, 1772-1779.
OREIX. — 8 m., 42 h. ; 7 m. et corps de logis à 3 étages flanqué
de 2 tours en 1748. Oureys, 1881; on dit actuellement Le Rets.
Ancien fief possédé par les Brachet. Jean Brachet, s' i'Orey,
630 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
vivant en 1460, eut de Leone Combarel, Malhelin, chambellan du
roi. Le 5 sept. 1519, François Brachet, s' i'Auraix, et Dauphine
du Barry, sa femme, donnent aux prieur, curé et prêtres de la com-
munauté d'Ârnac toutes les dîmes dépendant de leur s'*« d'Auraix,
tant vertes que menues et charnages, à charge de célébrer par an
4 anniversaires à hautes voix et 4 messes.
Pierre Brachet, s' (ÏOreys en 1540. M. de la Porle cite, en 1577,
Jean et Mesmin Probes? s" de ce lieu. André de Montbel, s' de la
Tâche, est aussi qualifié, s' d'Orais en 1657-1669.
Les Fioret, d'une vieille famille de la Souterraine, en sont ensuite
propriétaires : Jacques, s' d'Oreys, épouse à Arnac le 4 fév. 1671,
Claude Marconi; Jacques Fioret, s' d'Oreys, se maria à Marie Sal-
leton en 1689.
Sa fille, Marie-Anne Fioret, épousa Pierre Chapelet, s' de Font-
vieille, et lui porta Oreix. Pierre y mourut le 10 oct. 1720 et fut
inhumé dans Téglise d*Arnac le 11. [Is eurent Pierre-Martial Cha-
pelet, né et décédé à Oreix (1709-1775), juge de la Souterraine; le
11 nov. il fut inhumé dans Téglise Saint-André de cette ville et
tous les gens de justice en costume accompagnèrent son convoi.
Il avait épousé Françoise le Gras; saillie^ Marie-Anne-Brigitte,
fut femme de Paul Delaneau, s' d'Oreix, 1783-1790.
Une partie du corps de logis subsiste encore avec les deux (ours
découronnées. Non loin m. moderne construite en 1885 par M. Le-
blanc et désignée sous le nom à'Oreix-Montaudon.
LE NOUHAUD. — Vill. disparu avant 1745; 1571, le Nouhaud;
1701 , le Nouaux,
PAVÉ DE BUFASSON. — 4 m., 17 h., partie du vill. de Buf-
fasson construite sur la grand'route.
LA PLANCHE- ABNAISE. — Maison citée en 16Î5; disparue.
PONTJAUGE. — 1 m., 7 h. Etang de 7 s. en 1745; le ruisseau
qui arrive à la queue de cet étang séparait la p»V d'avec l'enclave
de Vitrac. Ancienne carderie disparue vers 1870.
PUICHENIN. — 1 m., 7 h. Les maisons de Puichenin devaient
des rentes à Mondon. S" : Pierre Moreau, 1700; Jean-Louis Mar-
coni, 1745. M. de Longuemar, dans son travail sur les voies ro-
maines et gauloises dans Touest, émet l'opinion que le mot Pui-
chenin désigne un lieu où, dans des souterrains les hommes se
livraient à la débauche. Il est à remarquer que notre Puichenin se
trouvait au croisement de 2 grandes routes : Poitiers-Guéret et
Pari s -Limoges. 6 m. en 1745.
MONOGRAPHIE DU CANTON DB SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 631
PUYMORNET. — 1 m. en 1748 sise sar le chemin de Commergnac
au communal disparue depuis; devait des corvées à Lubignae.
PUYROGER. ~ 11 m., 51 h. Ancien fief de la Terre-aux-Feuilles
relevant de Piégut à foi et hommage lige, possédé en 1 573-4 S99
par Christophe du Genest, écuyer ordinaire de la grande écurie du
roi ; sa veuve, Jacquelle des MonsliBrs, rend aveu le 20 mai 1626;
Jean Coprie, 1706; Jean Coprie, 1727-1761 ; Peurogier, 1669.
LE RAGOT. — 2 m., 3 h. François Gauchier, s' de Ragots, 1710.
LES ROSIERS. — Métairie disparue sise en face du couvent,
qualifiée de lieu noble; a appartenu aux Moreau de 1623 à 1731.
RUFASSON. — 9 m., 53 h. C'était une s'»* qui relevait de Brosse
et qu'on trouve nommée Roefasson, 1449; Reufasson, 1558; /iby-
f assort, i^Sd; ReufaçoUy 1777 ; on rencontre également Ronnfassùn,
Rieufasson, Roy façon.
En 1520, ce fief est à Pierre de Chazerat, s' du Ris et la Jarrtge,
puis à Louis de Chazerat, s' de Bélabre, qui, le 8 août 1558, vend
celte s"* et celle de la Jarrige à Pierre Soroin, marchand à Morte-
rolles. Ce dernier, époux de Marguerite Daubroche, eut Simon
Sornin, licencié ës-lois, qui en 1560 faisait une transaction pour
Rufasson. (9400).
Jean Sornin est ensuite s' en 1596-1602; Malhurin Moreau en
16831707.
En août 1777 J.-B. Bulaud de Beauvais, vend ce fief à Jacques-
Noël Carleron, snbdélégué de Tintendant et receveur à l'entrepôt
des labacs de la Souterraine, (9400).
Il possédait droit de basse justice et des maisons dans le bourg
de Saint-Sulpice ; en 1552 il vaut 20 1. de rente.
A la fin du xvni* s. il y avait un courrier spécial de Rufasson au
Dorât pour porter dans celte ville les lettres venant de Paris
(L. 516).
RUFFEC. — 2 m., 10 h., faisait aussi partie du Poilon. 1 m. en
1745 joignant au grand chemin royal et au chomin de Liissac à la
Souterraine. Reuffet, 1670; Raffé, 1707; Reapct, 1720-1726.
Reuffet, 1745. Les Faure sont s'» de ce lieu, 1707-1745;
SAINT-MARTIAL. - 4 m. en 1745, 15 m., 59 h ; faubourg
d'Arnac où Ton trouve une chapelle en 1549 et où existe encore le
cimetière. (9394).
D'après la légende, saint Martial passant dans ce pays y ren-
contra une peuplade sauvage qu'il évangélisa; il y construisit
ensuite une chapelle.
632 SOCIÉTÉ AHCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
S'* : Joseph Philippe, greffier de Magnac, 1630; Joseph Philippe,
lieutenant criminel de la Basse-Marche, 1681 ; Pierre Philippe, 1685;
Jacques Jarry, 17101716; François Delavaud, notaire, 1743.
LA SALESSE. — 13 ra., 44 h., anciennement du Poitou. En
1439 le lieu de la Salessa avec les près, terres, vergers, et bois et
les hommes taillables dépenif de Mondon; le moulin étail de
Mailhac.
LA SALLE D'ARNAC. — Ancienne s'*^ qui comprenait un logis
dans le bourg d'Arnac et un moulin, tous deux appelés de la Salle ;
rétang au-dessus du moulin subsiste et porte. encore ce nom.
S" : Jean Coigne, témoin à un mariage le 9 janv. 1486 (v. s.);
Jean de Blom, 15S5; le 29 juill. 1577 il fait défaut au banc de la
noblesse delà Basse-Marche; Mondot de Blom, 1592; Pierre de
Blom, 1616-1635 ; Jean de Blom, 1644 ; Françoise de Blom, mariée à
Antoine de Roaffignac, d'où Mondot de Roufflgnac, s' de la Salle,
époux de Gabrielle de Leffe; sans doute leur fille, Marie, épousa
Pierre de la Faire qui est s' en 1705-1746 : le 20 mai 1746 il donne
à bail moyennant 680 Ule lieu et fief de la Salle, comprenant logis,
moulin, étang, terres, des rentes nobles, une métairie à TAgebraux
et une autre à Saint-Martial.
LouiS'Gharles-Alexandre de Rouflignac, s' de la Salle, fils de
J.-B., s' de Sannat, et de Marie Coustin, habitait en 1778-1790 son
logis noble de la Salle à Arnac. Il avait épousé Jeanne-Françoise
de Puiguion ; il émigra à la Révolution.
LE SËUX. — 1 m., 12 h. ; corps de logis composé d'un pavillon
et d'une maison à 2 espaces en 1745.
Ancien fief. Le 3 août 1398 Raymond de Sahmco^ écuyer, s' dud.
lieu, qui avait vendu ci-devant une rente assise sur son héberge-
ment de Sahusco, déclare la transférer sur le ténement de TEffe,
p** desChézeaux.On le trouve encore nommé Raymond de Sehw: en
1397-1400; Martial deu Seuc, 1439. (9358).
Jacques Prévost, s' du Seuc, 1543.
Le 13 avril 1563 Guillaume de Montbel, s' de la Tache, cède à
Gabrielle Bouichault, veuve de Jacques Prévost, s' du Set^Cy une
dîme sur des terres joignant le chemin de Vieilhecourt à la cha-
pelle du Seuc avec tous les droits féodaux, fors le droit de mosnaige
réservé tant que lad. dame n'aura pas de moulin dans ses terres (P. M.)
N. Prévost, s' du Seu, époux de Jacquelte de Sauzet, laissa Gui
et Philippe, femme du s' de Puyvinault, vivant en 1599.
Charles Prévost, s' du Seux, demeurant à Orsanne en Berri, est
maintenu noble le 21 juin 1669.
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 633
Joseph -Martial de la Cosle, époux de Marie de l^Bassiëre, est
dit s' du Seux ou du Scetix en 17141718 ; Antoine de la Goste en
1776. D'après un plan donné par M. Grignard, le Seux comprenait
des bâtiments placés dans un carré entouré de douves pleines d'eau;
un pont situé à TE. faisait communiquer avec Textérieur.
VIEILLEGOURT. — Lieu disparu, doit être englobé dans Chez-
Nicaud. Le terrier de 174S ne fait qu'un article pour ces deux vil-
lages qui avaient 3 m. toutes couvertes à paille et un moulin ;
Vieilhecourt, 1563, ce village est encore appelé ChezPreussaudy
ilSId \ CheZ'Perussau, \16i', Chez-Purussaud, illl.
Le moulin mentionné en 1670, dépendait de Martinet ; en 1761
il avait une meule et un sotUre à seigle.
Le terrier mentionne aussi le Petit Vieillecourt où il y a une
maison.
LA VIGNE. — 13 m. en 1745; 10 m., 44 h. Fief relevant de Lu-
bignac. Le 30 janv. 1599 François Barlon, vicomle de Montbas, s'
de Lubignac, cède à Charles d'Armeny, écuyer, seigneur de la Ga-
lanchère, p" de Bussière-Poitevine, le lieu et mélairie de la Vigne,
acquis de François Belle, et reçoit en échange la tief noble de la
Galanchère et le moulin Quenard sur la Gardampe. (M. N.).
François d'Armagny, s' de la Vigne, 1620.
Sans doute, sa Hlle, Anne d'Armigny, épousa Annet de la Bus-
sière, écuyer, s' de la Vigne, inhumé dans le cimetière d'Arnac le
10 oct. 1669.
LA VILLEAUBRDN. - 23 m., 92 h. Gros vill. de la com. bien
déchu depuis la suppression du trafic de la route nationale. II. se
trouvait autrefois en Poitou.
Dépendait de Piégut en 1449; le 28 août 1528 les habitants se
reconnaissent serfs, justiciables et guelables de celte seigneurie.
(Gén. Pot.).
Maison du Plat d'élain, 1772-1786; nous avons déjà signalé le
passage du pape Pie VII le 27 janv. 1814.
Le relai de poste y fut établi à la fin du xvni'' s. ; il y avait
15 chevaux en 1816.
Maires d^Arnac. — Joseph-Israel Marcoul de la Prévostière, 1790; Fr.
Conor, 1792; Léonard Plaignaud, 1793-1794; Joseph Barret, an III; Jean
Faurefils, anIU; J.-B. Pertat-Lacôte, an X-1807; Fr. Moreau-Lajarrige,
1807-1836, i8U-I8i3 et 1846-1852; Aug. Poujaud, notaire, 1836-1841; doc-
teur P.-E. Plaignaud, 1843-18'*"); Maurice Rebeyrol, off.de santé,1852-l 860;
B. Asseline, notaire, 1860-1870 et 1871-1877; P.-Fr.-Emmanuel Poujaud,
1870-1871 et 1878-1884; Ph.-Ch.-R. Dubranle-Richefort, notaire, 1877-
634 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
1878; docteur. L. Bognaud, 1884-1886; E. Valladon, 1886-1887: N. Lé-
tang, 1888-1904; E. Leblois, 1904-1905; docteur J. Bontenl, 1905.
Curés d'ArriHc. — Mathurin d'Aubusson, 1488; Gui Domeron, 1500;
Martial Ozanet, 1528 ; André Maillasson; Jean Guillemet; Pierre Pichon,
1608-1612; Mathurin Picbon; Jean Gayot, 1623-1646; Antoine Gayot,
1651-1662; Léonard Adhenet, 1667-1686; Léonard Dcmaravaud, 1687-1706;
Jean Demaravaud, 1706-1712; Joachim de Maravaud, 1712 f 1*28; Jo-
seph Larocque, 1728 f 1758; François Ytier, f 1758; J.-B. Plaignaud,
1759 t 1770; J.-B. Plaignaud, 1770-1790.
Ficaire». — Jean Copprie, 1661-1689; Boin, 1686; J. Maravaud, 1697;
G. Delescluze, 1700-1701; Beaure, 1702-1703; François Yvernat, 1703-1704;
J. Dujardin, 1706; de Maravaud, 1708-1710; Charles Massard, 1727;
François Ytier, 1730-1730; Brun 1739-1741 ; Coulaud, 1743; Jean Delalé-
gerie, 17^3-1757; Peuchaud de Boismandé, 1757-1758 ; Massard, 1758;
François Decressac, 1758-1759; J.-B. Plaignaud, 1766-1770; François
Delalégerie, 1769; Joseph Baret, 1771-1775; J.-B. Plaignaud, 1781-1790.
Prieurs. — Biaise d'Estropiat, 1610; René Delouche, 1644-1666;
Jean Delouche, 1698; Silvain Delouche, s' de Boisraymond, 1701-1703;
Joseph Delouche, 1713; Gabriel Decressac, 1716-1729; Gabriel Delou-
che, f 1752; Zacharie de Burguevieux, 1752, directeur du séminaire des
missions étrangères à Paris; Jean-Pierre Burguevieux, 1779; Germain
Gallard, 1779-1789, vicaire général de Senlis.
Conimunalisles. — André Nicaud, 1610; Antoine Faure, 1645 f 1672;
Berthonnet, 1653-1655; Antoine-Gayot, 1669-1688; François Marcoul,
1675; Simon Delagorsse, f 1704; Jean Thomas, 1707 f 1746; Mathieu
Mondelet, 1726; Charles Massard, 1726-1727; Pierre Delalégerie, 1728;
Joseph Delaroque, 1729-1731; François Ytier, 1729-1733; François
Delalégerie, 1758-1767; Joseph Barret, 1768-1776; Jean Delalégerie,
1743-1749; Joseph Moreau de la Jarrige, 1782-1788; Louis-Protais Mar-
coul delà Prévostière, 1783; Augustin Petit, 1789.
Régent latiniste, — Léonard Plaignaud de Beauséjour, 1783-1788.
Syndics ou préposés perpétuels. — Jean Marcoul des Brosses, 1702 f 1 708;
Léonard Chadenier, 1708-1712; Antoine Butaud, s' de MaisonseuUe, 1760.
Greffiers des rôles de la paroisse. — Jean Marcoul des Brosses, 1707;
Jean du Chalard, s' de la Palière, 1707.
Contrôleurs et receveurs de V enregistrement. — Pierre Mondelet,
1701-1718; Poujaud, 1727-1730; Pierre Poujaud, 1790-1793; Magloire
Poujaud, 1793-an II! ; Chabrol, an Ill-an IV; Gerbault, an Vll-an VIII ;
Lavaud, an VIII; L.-B. Maffré, 1816-1833; P.-M.-B. Maffré, 1833-1840;
Danglas, 1840-1843; G.-E.-A. Saintaraille, 1843.
Maîtres de poste. — Jean Valleau, 1670-1678; Simon Delagorsse,
1683 t 1703; Philippe Ytier, 1704 f 1731; Mathieu Ytier, 1732 f 1?^*;
sa veuve, 1744-1747; Jean Mondot de Beaujour, 1747-1770.
Directeurs du bureau des lettres. — René Faure, 1707 ; Louise Ni-
caud, veuve Henri Faure, 1741; Jean Faure, s' de Beauvais, 1742; Henry
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 635
Faure, 1759-1763; Charles Faure, 1766-1786; Jean-Israel Faure, 1790.
Directeur de la messagerie. — Michel Gauche de Chambord, 1776.
Buraliste. — Charles Faure, 1764-1779.
Employé dans les gabelles. — Claude Marlio, s' de la Pointe, 1702-1721.
Conducteurs des ponts et chaussées du roi. — Martial Laforest, au Ma-
gnaud, 1767; Simon Faure, commis sur les travaux du roi, à Chez Ni-
caud, 1785 ; Fr. Guillemet, conducteur des ouvrages du roi, 1762-1767;
Mathurin Adnet, au Magnaud, 1767.
Notaires. — Vincent Moreau, 1584-1618; Julien Marcoul, 1599-1602;
Léonard Coprie, 1625 f 1672; Secrétin, 1626-1662; Jean Marcoul,
1623-1631; François Moreau, 1638-1645; Julien Marcoul, 1645-1671;
André Mondelet, 1655 f 1681 ; Claude Gaucher, à la Villeaubrun,
1659-1669; Léonard Gauchier, 1660 f 1688; René Faure, s' de Ruffec,
1653 f 1707 ; Mathurin Gaillard, au Monteil, 1672; Léonard Coprie, 1679;
Simon Delagorsse, à la Gorce, 1675-1694; Pierre Mondelet, 1681 f 1719,*
Léonard Adhenet, s' des Roseaux, au Magnaud, 1694-1729; Mathurin
Nicaud, 1698-1724; Jean Poujaud, à Montmagner, 1700-1706; François
Vaslet, à Commergnac, 1705 f 1768; François Delavaud, s' du Queroix,
1719-1750; Pierre Mondelet, arpenteur, 1720-1756; Jean Valleau,
1727 f 1762; Louis Delavaud, chirurgien, 1747 f 1767; Pierre Delavaud,
arpenteur, 1752-1763; Joseph Barret, 1753 tl763; Joachim Vaslet,
s' de Commergnac, 1765-1787; Joseph Vaslet, 1764-1784; Martin Mor-
lan, 8' de la Fitte, archiviste, 1769; Léonard-François Moreau de la
Jarrige, 1771 f 1782; Pierre-Joseph Barret, à Martinet, 1781 fan Vlll;
J.-B. de Labussière, praticien bailliste au Martinet, 1782; Degobertière,
à Masmaud,an IV-an V; Claude-Pascal Degobertière, à Magnac, trans-
porta son étude à Masmaud, en brumaire an VI; Vaslet, 1789-an VIII;
Pierre Poujaud, an VIII-1843 ; B. Asseline, 1843-1^72; Dubranle-Riche-
fort, 1872-1878; Ernest Guillerot, 1878-1906.
Sergents et huissiers. — Antoine Faure, 1631 f 1673; Jean Gaucher,
1645-1646; Julien Gorsat, 1646; François Seignat, 1646-1673; Léonard
Demacloux, 1672 f 1689; Silvain Chaput, archer, 1675-1689; Antoine
Faure, f 1673; Léonard Paillardin, 1678-1681; Antoine Secrétin,
1688 t i692; André Bonnet, f 1696; Simon Malhé, sergent subalterne,
1700 i 1712; François Vaslet, à Commergnac, 1729 f 1768; Jean Val-
leau, 1731 f 1762 ; Maximin Mondelet, huissier royal et général d'armes,
1738 f 1752; Joseph Baret, 1753-1765; Mathieu Valleau, huissier royal,
héros d'armes reçu à la table de marbre de la grande connétablie de
France exploitant par tout le royaume, 1765 f 1782; Mathieu Guillemet,
1771-1790; Joachim Vaslet, 1765-1768; J.-B. Trébilhon, f 1780; Joseph
Vaslet, 1781-1790.
Chirurgiens. — Pierre Delavaud, opérateur, 1 64 i- 1688 ; Charles
Gayot, 1646-1655; Antoine Delavaud, opérateur à la Vigne, 1646-1709;
Jean Gayot, 1669-1690; Léonard Delagorsse, 1675; Salomon Dclage-
boaudeuf,à la Villeaubrun, 1683-1691 ; Léonard Delalégerie, 1688 f 1690;
Léonard Despeyrelles, 1690-1702; Pierre Gayot, 1691 f 1713; François
636 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Lezaud, 1691-1707; François Gayot, 1701; Charles Delavaud, à la
Vigne, 1701 f i722; Antoine Gayot, à la Vigne, 1703; Jean-Pierre Val-
leau, 1704 f 1723 ; Léonard Pinet, à Chabranne, 1707-1711; Jean Thomas,
1707-1730; Jean-Louis Thomas, s' des Rivières, lieutenant des chirur-
giens de la Basse-Marche, 1728 f 1760; Claude Gaucher, f 1731 ; Louis
Delavaud, notaire, premier chirurgien sur les vaisseaux, prévôt des
chirurgiens de la Basse-Marche, aubergiste, 1740 f 1767 ; Yves-Joseph
Poujaud, s' de la Combe, doyen des chirurgiens de la Basse-Marche,
1750 f 1767; François-Simon Mondelet, 1764-1782; Philippe Benoiton-
Destouches, 1768 f an X; Joseph Maurat, 1771-1773; Philippe Berton,
1776 1 1784; Mathieu Guillemet, 1776-1790; Julien Lecomte, à Puyroger,
1778-1788; J.-B, Plaignaud, 1793;
Apothicaires. — Etienne Gayot, 1646-1655 ; Pierre Gayot Faîne,
1652 t 1670; Pierre Gayot le jeune, 1656-1683.
Accoucheuse. — Catherine Nicard, dite Léobon, 1784.
V impôt du sang. — Joseph Gauche-Chambord, tirailleur de la garde
impériale, m. le li février 1810, à Fhôpital de Passau (Bavière), des
suites d'une blessure à la jambe; J.-B. Tabaraud, fusilier au 69", m. à
Burgos, le 11 oct. 1812, des suites de ses blessures ; Mathieu-Silvain
Vaslet, m. le 17 sept. 1863 aux Invalides.
MûKOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SL'LPICE-LES-FEUILLÉS 63'
CROMAC
La corn, de Cromac occupe Textrémilé septentrionale du canton ;
elle est bornée au N. par les com. de Beanlieu, Chaillac et la
ChatreLanglin, toutes de Tlndre; à TE. par Saint-Georges ; au S.
par Mailhac ; à l'O. par Jouac.
Toute la partie N. est arrosée par le ruisseau des Riaudes et
celui du Portefeuille. Le premier, placé le plus au N., coule dans
la direction de TE. à TO. sur une étendue de S.OOO*". Le second a
une traversée de 2.800"*, il a pour afSuent le ruisseau du Peude-
roont qui coupe la com. sur OSO"*. L'extrémité S. est arrosée par la
Benaise pendant 5.300"*. Cette rivière n'a d'affluent dans la com.
que le petit ruisseau du Bouchel qui a sa source près du hameau
de ce nom; après un cours de l.SOO", il vient se jeter dans la
Benaise, en face de Reculais.
La com. de Cromac esi assez étendue ; sa plus grande longueur
est de 11.200", sa largeur moyenne de 2.300". Son périmètre peut
être évalué à 35.S00°*. Sa superQcie est de 2.413 h. 28 a.
Sa population, d'après le recensement de 1901, est de 941 hab.
En 1793, elle était de 812; i806, de 857; i836, 1.036;
1837, 1.056; 1846,iMi; 1891, 989; 1896,9ifi\ 1901, 941.
Les procès-verbaux de visite épiscopale, en 1762, donne 550 com-
muniants ; le Pouillé de Nadaud, 6b0.
Cromac semble venir de cro, qui est la même syllabe que cra,
cret, craig, monticule, éminence, plateau rocailleux, qu'on retrouve
dans Gros, Crozant, Craon, Crail, etc. Sa désinence ac indique
bien une origine celtique.
Le bourg est, en effet, placé sur un plateau rocheux complète-
ment isolé, la Benaise et Tétang de Lascroux Tensèrent presque de
toutes parts.
H a dû jouir jadis d'une certaine importance, car les docu-
ments des XV* et xvi* s. le qualiflent toujours de v ville de Cro-
mas » (9378).
En 1793, sa population était de 68 h. ; de 80 en 1836. En 1901,
elle était tombée à 70 avec 19 maisons.
Les jours d'assemblée, le vicomte de Brosse percevait 4 d. sur
chaque marchand y étalant, 5 s. et un pot de vin sur chaque hôte
vendant vin.
L'étude de notaire de Cromac a été supprimée en l'an X. Il y
avait un huissier avant la Révolution.
La poste et le téléphone ont été récemment établis.
La construction de la maison d'école a été adjugée le 24 nov.
1864 moyennant 9,820 francs.
6â8 socièré ARcuéoLOGiQrE et kiisToifiiQuÉ hv LtMOL'siK
Sur la façade de celle école, se Irouve une pelile cloche qui porle
sur le cerveau : Fonderie de St-Loup, i 86i , G. Bollée; sur la robe
on a gravé d*un côlé A. J. L.; de Taulre R. D. H. C, ioiliales de
rinsliluieur, du parrain el de la marraine.
L'église de slylc roman du xu" s. paratl être une des plus ancien-
nes du pays; sa forme esl rectangulaire.
Un portail en plein cinlre orné de trois (ores retombant sur des
colonnes munies de chapiteaux à crochels y donne accès. A rinté-
rieur, de chaque côté de la porte, deux enfeux en plein ceintre ; les
fenêtres, fort étroites à Textérieur, sont franchement romanes ; le
chœur, voûté par une croisée d'ogive, est terminé par un chevet
droit. L'arc doubleau qui le sépare de la nef est ogival et la voûte
récente, qui couvre la nef, a épousé sa forme, ce qui ne laisse pas
d'être bizarre. Le portail est en grès ferrugineux de Ghaillac; le
surplus en granit.
Un clocher massif, sorte de donjon carré, sans doute du temps
des guerres anglaises, soutenu à chaque angle par deux contre-
forts, flanque Téglise au N. Le rez-de-chaussée, qui communique
avec réglise par un arc gothique, forme une petite chapelle.
A une certaine époque, un mur avait été construit pour la
séparer ; il a été démoli en 1900, lors d'importantes réparations.
Celles-ci ont fait disparaître deux écussons qui étaient peints sur
les murs de cette chapelle et que nous avions relevés auparavant;
Tun était d'or à une bande componée d'or et de,., qui appartenait
aux de Montbel ; l'autre portait de gueules à la croix d'argent char-
gée en abîme de,,. Ils indiquent que cette chapelle appartenait aux
s'» deLascroux.
Dans un coin de l'église, on voyait un vieil autel en bois sculpté,
orné de quatre statues, dont un saint Laurent appuyé sur son gril,
et de deux écussons timbrés d'une couronne de comte : sur l'un
flgurait un sautoir accompagné d'un croissant en pointe^ a^vmes des
Laurent de FontbufTaud ; l'autre portail une fasce accompagnée de
2 étoiles en chef et d'un croissant en pointe.
L'église de Cromac était sous le patronage de saint Silvain
d'Ahun et à la nomination du prieur-curé de Beaulieu. L'aveu de
Brosse de 1585 revendique la présentation et dit qu'elle vaut
40 I. de rente.
Le curé, ayant abandonné ce qui lui appartenait de dîmes aux
Augustins de Montmorillon, par acte du 4 juillet 1686, était à por-
tion congrue. (Arch. de la Vienne, M. D., 298).
Le 17 août 1663, le curé déclare devant notaire qu'ayant voulu
faire dîmer un champ en novaille, par un de ses neveux, sous-
diacre, trois des enfants de Gaspard du Rieux, s' de Fontbuffeaux,
assistés de sept ou huit personnes, armé» de b&tons ferrés, épées
MONOGRAPHIE Dl) GASTON DE SAlNT-ÔOLPlCÉ-LES-PEÛILLES 639
Cl autres armes, lui auraient ôlé la gerbo qu'il avait prise, « en
jurant et blasphémant le nom de Dieu qu^il ne léveroil pas la dîme
ni qu'il n'emporteroit aucune gerbe et que s'il ne se reliroit, ils lui
couperoient les oreilles ». (Arch. de l'Indre, E., 643).
Le 26 mai 1644, ce curé fait procéder à l'inventaire des linges de
l'église assez peu nombreux. La cire du patron de l'église a été
vendue l'année précédente pour acheter un calice et autres orne-
ments. On voit par cet acte qu'il existait dans cette église une con-
frérie de Saint-Sacrement. (W.).
Les habitants de Cromac, réunis en assemblée générale le H oci.
1770, nomment un marguillier et sacristain qui devra balayer et
nettoyer Téglise, sonner les cloches, passer le pain bénit et suivre
le'curé; les métayers lui donneront 1 b. de seigle; ceux qui labou-
rent à 3 vaches ou 2 bœufs, demi-boisseau; les particuliers paye-
ront ce qu'ils ont coutume (M. N.).
Les registres d'état civil de Cromac, peu riches en renseigne-
ments, nous indiquent au 30 mai 1716 la bénédiction des figures de
saint Sylvain, patron de l'église, et de sainte Kadégonde et, au
3 août de la même année, celle d'une petite cloche pesant 40 1. au
nom de la Vierge et Sainte-Barbe ; le parrain fut Louis Dumont,
garde du corps; la marraine, Marie Decressac, nièce du curé. Le
tout) ajoute celui-ci, fait sutnptibus 77ieis.
En 1730, la grosse cloche, qui était fêlée, fut refondue et aug-
mentée de 300 1. ; elle fut bénite le 17 juillet 1730 ; son poids était
de 400 1. Elle fut tenue, sous les noms de la Vierge el saint Sylvain,
par Léonard Laurent, s' de Lacroux, et par Thérèse Decressac,
femme de Louis de Lafont, s^* de Saint-Georges, à défaut de Marie-
Françoise Deaux, femme de Jean-Louis Desmarais, s' de Soulignac,
dont le nom se trouvait sur la cloche et qui était décédée entre la
fonte et la cérémonie. Les trois cloches, qui se trouvent actuellement
dans le clocher, sont récentes et signées G. Bollée et Hoitzer.
La plus grosse, qui pèse 401 kilos (diamètre 0*^901) et donne
sol dièzBy porte :
Bénite en 1863 par M' le chanoine Chevastelon, doyen du chapitre;
nommée : Françoise. Parrain : M*" Alexandre Appay ; marraine :
M"" J.-M.-J. M. Bourduge, curé. Plainemaison, Thomas, Hervy, prêtres,
amis du curé. Bienfaiteurs : Maire. Aumasson, trésorier. Lemoine, ins-
tituteur. P. Clément. L. Clément. Courroux, ingénieur. Montaud, Drai-
gnaux. Bienfaitrices : Paumier. Marg^« Appay. Bourduge. Colombet.
D. Thibaut, R. Demay. Vauzelade. Bardon. M. Appay. M^ame» Thibaut et
de la Lande. — G. Bollée, fonderie de S'-Loup, Orléans.
La seconde : la dièze, 284 kilos, 0»798 de diamètre :
Bénite en 1863 par M' le chanoine Chevastelon, doyen du chapitre;
nommée : Anne-Marie. Parrain : J.-B'*. J.-M.-J. Marraine : Anne-Marie
640 SOClèrÉ ARCHEOLOGrOCÊ ET HtSTORIQUÉ I)U LlMOlïSiPi
Bourduge, née des Rochers. Curé, Bourduge. M' Thomas, prêtre.
Suriot, adjoint. Couroux, ingénieur. Bouchaud. F. Aubrun. — G. Bollée,
fonderie de S*- Loup, Orléans.
Ces deux cloches sodI cd bronze; la suivante est en acier; dia-
mètre : O^TOS; elle donne mi :
Fond' : Jacob lloltzer et C'«, 1869. J.-M.-J. Nom : Jeanne-Radégonde.
Parrain : M"" J.-B. Thibaut, maire. Marraine : M^ame J.-M. Lemoine.
Douai" : M""* C. Appay, IP"* Thibaut. A. Hjurroux. P.-L. Bourduge,
curé.
(Copie de M. Tabbé Bouchel, curé de Cromac).
Ces registres, les moins anciens du canton, donnent d'assez
nombreux noms d'ouvriers de la forge deMondon, qui, en général,
habitaient sur la p. de Cromac.
On y trouve peu de familles notables : les Âppay, qui se titrent
s" de Commergnac, sont fermiers de Lacroux et Soulignac.
Aux XVII' et xviii^' s., nous rencontrons à Cromac une branche de
la famille Delacoux des Roseaux, originaire de Brigueil.
BANNE. — 9 m., 34 h. M. de Beaufort y signale un souterrain-
refuge avec salle annulaire et non loin, le dolmen des Redondes,
dit Pierre-à-îa-Marte, détruit (p. 75 et 171). — LA BETOULE. —
3 m., 32 h.
BOUBRAUD. — 6 m., 31 h. Bouquebraud, 1611 ; Pierre Silvain,
s' de BouquebrauU, 1660. Le 7 août 1764, François Pillaud, mar-
chand à Lussac, vend le lieu et métairie de Boucqueberot mouvant
de la s'** de la Couliniëre, à Silvain Valleau, fermier de Soulignac,
moyennant 2.600 I. (M. N.).
BOUCHAIS. — 1 m., 6 h. En 1572, la forêt de Bouschays, le
grand étang et la métairie dépendent de Lascroux; la dime AeBou-
chest est levée en 1636 par le curé de Cromac. En 1905 on y a trouvé
une bague en or portant une intaille gallo-romaine.
LA BURE. - H m., 36 h. Fief relevant de Piégul à foi et hom-
mage lige au devoir d'une maille d*or à mutation de seigneur et
d*homme, tenu en 1416 par Guy de Chazerat ; en 1433, parN. Lou-
bes, dame du Riz, veuve de Guyot de Chazerat ; en 1523-1573, par
Louis de Chazerat ; en 1587, par Adam Bordes, s' du Poyron. Char-
les Bordes, s' du même lieu du Poyron, le posséda ensuite et à son
décès, ses héritières Tabandonnèrenl à sa veuve, Anne Deanix,
par transaction du 15 janv. 1598 ; celle-ci se remaria à Jacques de
Montbel. A celte époque, la mouvance de ce fief fut contestée par
le duc de Monlpensier qui fut dèkouté par jugement du sénéchal de
Montmorillon du 20 déc. 1602. Le duc ayant fait appel et saisir
le fief de la Bure, le roi, sur la plainte de Jacques de Montbel,
décida que, provisoirement, Thommage de la Bure serait reçu par
Monographie du canton de SAiNT-sûLpiCE-LES-FÉutLLiîs 64 1
MM. du Parlement « comme par main spuveraine », et ordonna
mainlevée de la saisie par lettres du 24 janv. 1604. Ce procès
durait encore en 1606 (P. M.)- L'issue en tut défavorable pour le
duc, car Philippe Silvain, prieur de Beaulieu, rendait aveu, le 6 juin
1761, au s' de Piégut.
LA CH\UVETERIE, métairie citée en 1734. La Chauffeterie, 1741,
près Solignac.
CHANTOUANT. - 16 m., 69 h.
Une école mixte y a été construite en 1893 moyennant 20,480 fr.
LE CHASTAIGNIER.— Métairie et fief auxdeMontbel,1632-1 748.
LA COULINIÈRE. — 1 m., 13 h. Curieux exemple de Iransposi-
tion de lettres dans un nom de lieu, cette localité s*étant appelée
jusqu'au xvui'' s. la Counilière, de connil, vieux nom du lapin.
An^en fief relevant de Brosses comprenant « plusieurs logis,
tours et bâtiments clos de murailles avec fossés et pont-levis ; trois
métairies, les droits de moyenne et basse justice, droits sur les vil-
lages de Soulignac, Jagon, les Rivailles, Pré-Long, Grand-Peu et le
Soulier; les métairies de la Porte, de la Giraudrie, de Cherchamets,
des Plaignes et du Châtaignier; le grand bois des Dames ».
En 1860, il ne restait plus rien du château qui se trouvait au bas
dun pré, derrière la métairie, sur le bord du coteau. (M. de Beau-
fort, p. 236).
Antoine d'Eaux, s' delà Counilière, comparaît en 1859 à la réfor-
mation de la coutume du Poitou.
Antoine d'Eaux, s' de la Counillière et de Soulleignac, laissa de
Paule Agenet Marc et Balthazar, qui habitaient tous deux la Couni-
lière : Marc épousa, par contrat du 4 fév. 1572, Bonavenlure Pizon.
Balthazar, gentilhomme servant du duc d*Anjou par brevet du
5 mai 1570, s' en partie de la Conilhière, s'allia le 15 nov. 1578 à
Jeanne du Vignand, dame de Chambon (P. M.).
Marc eut : Charles; Françoise, mariée à Jacques Sornin, s' de
la Jarrige, et Anne, femme de Charles Bordes, puis de Jacques de
Montbel.
Claude Sornin, fils de Jacques, portait en 1623 le titre de s' de
la Counillière, et demeurait dans le château ; il avait pour frère
Pierre Sornin, s' de Martinet,
A la Révolution, la Counilière appartenait à la famille de
Montbel.
LA DENT. — 1 m., 8 h. Souterrain-refuge, mentionné par M. de
Beaufort, p. 175. — LA FOLIE. - 2 m., 5 h. — LE GAT. — 8 m.,
23 h. Le Gas, 1660. Une partie est sur Saint-Georges.
LE GAULIER. — 11 m , 57 h. Les Gaulliers, 1711.
T. LV 43
C4â SOCIÉTÉ ARÔHéOLOGIQÙE ET BlàTÔRtQiJE bV LtMOl)St>t
LA 61RAUDIE. — Mélairie mentioDBée en 1707, sise près Son-
ligDac.
LES GOUTTES. —4 m, 16 h.
LES GRANDS-BOIS. ~ 3 m., 18 b, Oasis au milieu des brandes
et des bois : maison de maître récente appartenant à M"* Daroujet
et entourée de fort beaux jardins.
LA GRAND'CROUX. — Nom ancien du village de Lascroux.
Le 15 juillet 1S95, Léonard de SauEet rend une déclaration à
Brosses pour son fief et mélairie de la Grand Croux (9378); le village
de la Grand'Crous, 1679.
LE GRAND HâZOU. - 4 m., 14 h.
LES GRANDS-PEUX. -> Mentionnés en 1643-1648 comme dépen-
dant de Soulignac.
LASCROUX. — 13 m., 56 h. Le village actuel s'appelait autre-
fois la Grand*croux. Le cbftteau féodal s'élevait plus à TO. surplom-
bant la rivière.
Il était possédé au xV s. par Nérigné ou Nigon de la Barde, s' de
la Barde (Journet), qui avait épousé Antoinette du Plessis, fille de
Jean, échanson du roi Charles VI, et de Catherine Frétard. Sa
veuve passait une transaction au nom de ses enfants mineurs avec
Jean Boltinot le 7 janv. 1459 (v. s.) au sujet d'un grand mas de
terre sis entre Mondon et Lascroux et joignant le grand chemin de
Lascroux, le Pont de Bot et la Benoise (9378).
Son flls, Guillaume de la Barde, était en procès, en 1495, avec
son beau-père, Jean de Moussy (Beauchet-Filleau).
Ce fief passa ensuite aux de Sauzet : François de Sauzet est s'
en 1530 ; le 15 janv. 1540 (v. s.), Marc de Sauzet, époux deleanne
de Naillac, rend hommage à Brosses pour « le fief de Lascroux
avecques le chastçau, place forte et hébergement dicelui, jardrins,
foussés, guaranne, meslairle », le fief des Plaignes, droit de justice
moyenne et basse et la haute justice avec les autres s" de la Terre-
aux-Feuilles ; « plus le droit de péage que j'ay trois fois Tan pour
le passage de Teslang et chaussée de Lascroux, qui est sur chacun
passant menant bestes en foyres, pour icelles vendre, 4 deniers
chacun » (9406).
L'aveu rendu le 15 janv. iSli par Léonard de Sauzf^l, époux de
Marie de Marsenges, sans doute fils du précédent, est plus expli-
cite : il mentionne comme précédemment le château et place forte,
avec colombier, éeurles et jardins, le tout renfermé dans une
grande basse-cour, et ajoute le moulin, le droit de rivière depuis
les Ponts qui bouilhent jusqu à Téciuse de Jouac. La moitié de la
grande dîme de Cromac qui s'étend depuis le pont de Bot qui est
sur la rivière descendant de Mondon, tirant le long du grand che-
MONOGRAPHIE DU CANTON DP. SAINT-SrLPlCE-LES-FEt'ILLBS 6^3
min de Saint-Benoist jusqu^au chemin de la Grand'Croux à Gromae
el [e long de ce dernier jusqu'à une gasne ou ruisseau qui descend
des prés de Rouelly ; montant le long du grand chemin de Mailhac
àSouleignac josqu*au grand chemin de Mondon à Saint-Benoit;
joignant à Tétang du s' de Bréviande, au chemin de Saint-Benoit
à Beaulieu el à la Bétoule, à la rivière descendant de Tétang de
Souleignac, montant à la Bétoule ; au grand étang de Fouzier, au
bois de Souleigoac, aux maisons de la Manescbanderie, au gué de
la Boytière sur la Benaise et revenant au moulin de Lascroux. Plus
sur cette étendue, la diroe de laine et une poule par chaque feu
pour la dlme de rabbe ; dlme de menus fruits et de tous charnages,
fors des agneaux. Il tient également la forêt de Bouchays, avec
Tétang et la métairie; le bois de la Ligne de Mondon ; moitié de la
dlme de Montlambert ; la grande dlme de Jouac appelée de TAge
jusqu*au moulin Rodier; la dime de Monternon. Les habitants de
Reculais et Monllambert sont astreignables à son moulin (9400).
Ce fut sans doute à cette époque, au cours des guerres civiles
qui, vers 1578-1593, dévastèrent notre contrée que le château de
Lascroux fui démoli; le dénombrement rendu à Brosses le H no-
vembre 1597 ne men lionne plus, en effet, que « la place où ancien-
nement estoit basty le vieux chastel de la Croux avec le droit et
puissance de bastir et eJiflier fuye el guerenne ». Pierre de Sauzet
était s' de Lascroux en 1610; miis quelques années après ce
fief est aux mains de Paul Thomas, sénéchal de Hontmorillon,
époux de Françoise Mangin. Son fils, LéonanJ Thomas, s' de Las-
croux, trésorier der France à Poitiers, épousa en 1622 Marthe le
Prévost. (D. Fonleneau, t. 45, p. 599).
Vers 1664 Lascroux fut vendu sur criées à M. de Fontbuffeau.
Léonard-Innocent Laurent, s' de Fontbuflleau, procureur du roi
de la Basse-Marche, le possédait en 1730; il mourut en 1768 lais-
sant Jcanne-Silvine Laurent de Fontbuffeau qui avait épousé par
contrat p^ssé à Lascroux le 27 janvier 1751 François de Montbel,
garde de la Manche de S. M. François-Esprit-Marie de Montbel de
Lacroux, leur fils, fut le dernier seigneur. Au moment de la Révo-
lution, étant officier au régiment de la Sarre, il émigra et ne rentra
qu'à la Restauration : le 29 mai 1816 il recevait des lettres de
chevalier de Saint-Louis. (P. M.).
Possédé pendant de longues années par la famille Appay, le
domaine de Lascroux a été acquis en 1893 par M. Albert Paintendre,
avocat à Paris, qui a fait construire en style moderne, sur les plans
de M. Martin, architecte à Paris, un château de belle allure, au milieu
d'un parc conquis sur la lande elles rochers qui, de place en place,
montrent encore leurs léles brunes perçant les gazons. Les ruines
de la vieille forteresse, dont les pieds plongeant dans Tablme,
644 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
s'agrippent au roc pour maintenir leur équilibre, s*élèveDt à quel-
ques mètres, ensevelies sous les lierres : un grand pan de murailles
construites en pierres de petite dimension flanquées de deux tours
rondes percées de meurtrières.
Le cadastre donne le plan du Tancien château, un rectangle
d'environ 28 m. sur 10 m. On y reconnaît la façade ac^^ompapée
de ses deux tours donnant sur la rivière; à droite se trouvait uoe
tour carrée ou pavillon ; à gauche, le mur avait la forme d'un arc
de cercle.
De la terrasse, le long des ruines, le coup d*œil est enchanteur :
au loin à droite, les frondaisons vertes qui tapissent les cirques se
succédant dans la vallée; en face, Tamoncellement de rochers qui,
du lit de la rivière, semble monter à Tassant du vieux château
gallo-romain du Ghatelas; au bas, la rivière toujours semée de
rochers, mais qui, un instant s'étale, retenue par un barrage coo-
duisanl l'eau à un moulin, tout primitif, avec ses vieillesvconstruc-
tions envahies par les mousses et les lichens.
LÀ MANESGHANDERIE. — Maisons mentionnées en 1S72.
MÉRIGOT. — 19 m., 65 h. Cheulx-Mérigot, 1613.
MONTLAMBERT. — 23 m., 89 h. Dépendait de la commanderie
d'Hérnt suivant déclaration rendue le 1*' avril 1459 par les habi-
tants à Jean du Sol, commandeur. Gette commanderie fut dans la
suite réunie à la Maison-Dieu de Montmorilloji. (Arch. Vienne,
M. D.,391).
Le 12 sept. 1649 les habitants passaient un compromis avec les
religieux delà Maison -Dieu à qui ils devaient chaque année 8 s.
froment, 18 s. seigle, 11 s. d'avoine, 14 s., 10 poules, 5 vinadesel
15 bians, outre les poules dues par chaque feu, la dime et le ter-
rage. La tenue de Montlambert, y dit-on, contient 300 seterées.
Elle joint au Ghéne à la Reyne près le grand chemin de Saint-Léger
à Jouac à droite; le bois de la Sicardière; le grand chemin de
Lussac à la Souterraine jusqu'au carrefour de la Groix de Villoux
où en rencontre le chemin de Mondon au Dorât; le ruisseau qui
sort des bois de Mondon ; la Benaise où il y a une forge à fer,
suivant lad. rivière jusqu'à l'Ecluse Noire on descend le ruisseau
de Ghaignay.
Les religieux jouissaient du droit d'agrier ou de terrage sur les
terres emblavées à raison de 12 gerbes, une; il est convenu que
dans les champs froids et communaux, cette redevance ne sera que
de 25 gerbes, une.
D'autre part, il y avait autrefois à Montlambert deux moulins qui
étaient chargés de rentes envers la Maison-Dieu et dont il ne sub-
sistait plus que les masures ; l'un était à pied, l'autre à saull. Les
MONOGRAPHIE DU CANTON DE SAINT-SULPICE-LES-FEUILLES 645
propriétaires renoncent à les faire reconstruire pour être déchar-
gées des renies, mais les religieux pourront en édifier à Honilam-
bert ou à Hérul où les habitants seront astreignables. (/d., M. D.,
299).
L'un des moulins est mentionné en 14S9 sous le nom de moulin
de Montlambert ; Tauire devait être le moulin du GadischauU.
Le 9 février 1778 les religieux donnaient à bail remplacement de
Tancien moulin de Montlambert sis sur la rive gauche avec faculté
de le faire reconstruire. {Id., M. D., 300).
Nous avons décrit plus haut le ch&teau gallo-romain du Chatelas
qui se trouve non loin de Montlambert; environ 600 m. en aval, on
rencontre une sorte de grotte connue dans le pays sous le nom de
Maiêon-auX'Martes, (M. de Beaufort, p. 195).
Au siècle dernier un curé de Cromac avait fait édifier, sur le
coteau qui borde la rivière, une petite chapelle dont les ruines
existent encore; on s*y rendait en pèlerinage le jour St-Silvain.
(M. Le Gendre).
Le 3 juin 1619, les brandes sises entre Montlambert et la route
de Poitiers à Guéret furent témoins d'une revue passée par le
fameux Henri de Schomberg, alors gouverneur de la Haute et
Basse-Marche, depuis maréchal de France. « II y avoit, dit Robert
du Dorât, deux enseignes el dix cornettes de cavalerie et une
compagnie de carabiniers conduite par le s' de Francourt, au
nombre de mille hommes de pied et de mille chevaux en tout».
à cette monstre assistèrent de nombreux personnages de distinction
notamment : Charles de Schomberg, marquis d'Espinay, fils du
gouverneur, depuis pair et maréchal de France; Louis-Philibert,
vicomte de Pompadour, plus tard maréchal de camp et lieute-
nant général en Limousin ; son frère Jean de Pompadonr, baron
de Laurière ; Jean-Charles de Carbonnières, s' de la Capelle Biron,
leur beau-frère; Léonor de Rabutin, comte de Bussi, lieutenant
général en Nivernais, père de Tauteur de VHistoire amoureuse des
des Gaules; M. de Saint-Angel, une noiabiiité protestante; M. de
la Vergne, lieutenant du gouverneur, etc. (M. Leroux, Chron.
protest,, p. 292).
MONDON. — 6 m., 18 h.; une partie de ce village dont nous
parlerons longuement dans notre notice sur Mailhac, se trouve sur
le territoire de Cromac. Les habitations des ouvriers de la forge
s'y trouvaient.
LES NORDIÈRES. — Lieu diî^paru : le 12 sept. 1446 Jean de
Brosses, s' de Sainlc-Sévère el de Mondon, donne à son bien aymé
serviteur, Perroton Deoulx, écuyer, pour le récompenser de ses
services, Ihéritage appelé Las Nordières^ sis en la terre de Mondon,
646 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
comprenaDl maison, murailles, ors, prés, terres et pâturais à
charge des devoirs accoutumés.
LA PALISSE. —4m., H h.
LE PEU. — 11 m., 30 h. Les grands Peux, cités plus haut, en
étaient une partie. ^
LES PLAIGNES. — 20 m., 69 h. Suivant déclaration du 8 janv.
1458 les habitants devaient au commandeur d*Héru diverses rentes,
2 vinades et 6 bians. En 1533 le village était divisé en deux parties
ou tenues : les Pleignes de Rallet et les Pleignes de Bemabé; les
Pleignes Barnabe, 156». (9379).
Dans Paveu de Jançai du 25 sept, i486 le s' déclare posséder
24 bians « et le saisir et le veslir » sur le village do las Plains.
LE PLAY. - 1 m ,8 h.
LE PRÉ-BARRAT. — Dépendait de Mondon suivant déclaralion
du 18 oct. 1596; un arpenteur y demeurait en 1648. Les bâlimcnls
qui composaient la métairie du Prébarrat, ont été démolis vers 1900
et reconstruits au Pré-Long. Pra Barrât, 1601. (9379).
LE PRÉ-LONG. — 1 m., 12 h., mélairie dépendant autrefois de
la Counilière ; abandonné pendant longtemps, le Pré-Long a vu
construire récemment une ferme-modèle par M. BilhaudDurouyel.
RECULAIS. -- 13 m., 58 h. Reculays, 1458. Suivant déclaration
du 1" août 1551 chaque feu du village devait au s' de Lascroux une
poule de rente et une autre poule pour la franchise de la dime de
rabbes.
Le moulin de Reculais où il y a 10 habitants est fort ancien.
Il relevait de Mondon. En 1546 Gervais Chavignac, qui en était
propriétaire, était en procès avec le procureur de cour de Mondon
qui lui demandait de quel droit il tenait un mouUn à Reculais;
comme il ne le possédait pas à titre de bail à rente, il voulait Tim-
poser suivant la coutume du Poitou. A quoi Chavignac répliquait
que ces ancêtres le possédaient depuis 80 ans et qu'il payait une
rente de 20 s. à Mondon. .Le procureur exigeait des titres de pro-
priété et soutenait que ce moulin valant plus de 20 L de rente
devait être quand même taxé par gens connaissant sa valeur, mais
un jugement du sénéchal de Mondon du 11 sept. 1516 le débouta
de ses prétentions.
Le 3 nov. 1584, Guichard, Mery et Jean Chavignac baillaient
déclaration à Mondon « pour ung mouhn onquel y a deux roues de
molanges à bled^ ung moulin à scier le boys et la place d*ung
moulin à drap, appelé le moulin de Reculés » qu'ils possèdent de
temps immémorial. (9379).
En 1784 François-Sébastien de Montbel, lieutenant au régiment
d'Auvergne, acquiert les moulins de Reculais, Tun à froment,
MONOCnAPtlIE t>r CANTON DÉ SAÎNT-SrLPiCE-LES-PEUÎLLÉS 64*
Taulre à seigle, « le (aul sous le môinc faix » avec lous les sujets
et eslraignables, moyeQDant 3.382 I.
• iMichel Guili^rol, s' de Reculais, 4669-4700.
LA RIVAILLE. — 3in.,13h.
LES RIVAILLES. — 6 m., 30 h. Léonard Guy, s' des Ryvailhes,
1S44.
SOULIGNAC. —3 m., 18 h. C'était autrefois un fief relevant de
Brosse. L*aveu de la vicomte de 1S5S sigoale un second tief,
sans doute tenu en parage du premier, sous le nom de tief des
Demoiselles de SouUgnac ; tous deux réunis à la GoDilière sont
déclarés d'un revenu de 400 I.
Ce QOfli de SouHgnac a subi, nous allons le voir, de nombreux
avatars.
Le logis, détruit depuis longtemps, était enfermé dans une cour
dMt le mur de devant était flanqué à ses angles de 2 tours rondes
qui se sont écroulées vers 4830 ; à Tiatérieur se trouvait une petite
chapelle avec flèche, indiquée dès 1572, qui existe encore ensevelie
sous les lierres.
Les deux fiefs de Soulignac mentionnés par Taveu de 4KS5
étaieitt séparés dès le xv« s.
Nous trouvons pour le premier Antoine de Ricoux, s' de SoUmp-
ntdc, le 8 juil. 1487; Antoine de Ricoux, s' de Soubzleignac, 1475,
SouleignaCy 1497, un des cent gentilshommes de la maison du roi;
il épousa le 6 mai 1466 la veuve du s^ de Lascroux.
Il eut pour enfants : Gabriel et Catherine mariée le 3 nov. 1506
à Gilbert Chardebœuf. Dans ce contrat, Gabriel est titré de s' de
Solùignac ou Soloignat; il vivait encore en 1543 ayant épousé Fran-
çoise Couraud.
Ballhazar de Ricoux, s' de SouUgnac, comparaît en 1559 à la
réformation des coutumes du Poitou.
Georges de Vérines, époux de Gabrielle de Ricoux est dit s' en
1582-1585. Le 30 nov. 1601 Honoré de Vérines, s' de Soubsleignac,
Marie, femme de Guillaume Planchas, et Jacques, enfants du pré-
cédent, donnent à bail à Claude Boyer la maison de Razinier, p*« de
Chaillac, dépendant de lad. s'** et actuellement en ruines. (P. G.).
Le second resta pendant de longues années aux mains de la
famille d'Eaux ou Deaux.
En mars 1458, Fronton d'Eaux est s' de Soulaignac; le 4 déc.
1459, Guillaume Deaux vend à son fils Perrolin l'hôtel ou repaire
de Solomniac.
Pierre d'Eaux, époux de Françoise de la Touche, est, en 1482,
s' en partie de Sêloinguac.
Antoine Deaux, s"" de Soulleignac, en 1559. Nous avons vu à.
648 socièré archéologique i^t HtâroRtQDâ du limousin
l'arlicle de la Counilière qu'Antoine avait eu deux enfants; Tua
d'eux eut pour descendant Pierre d'Eaux, s' du Ghambon et de
Soulignac, mort à Bersac le 14 avril 1735 à 70 ans. Sa fille unique,
Marie -Françoise, avait épousé Louis-Jean des Marais, geniilbomaie
de la chambre du roi et capitaine des gardes de S. A. R. le duc de
Lorraine, et lui porta Soulignac.
Ils eurent une nombreuse descendance parmi lesquels nous cite-
rons : Joseph, abbé de Bonlieu, grand vicaire de Poitiers, qui pos-
sédait une bibliothèque et un cabinet d'histoire naturelle reDom-
mes ; François-Louis, s' de Solignac, mousquetaire du roi, époux
de Jeanne-Marie de Sauzet, un littérateur fort estimé en son temps.
De ce dernier vint Joseph-Louis des Marais de Ghambon, mous-
quetaire du roi, qui épousa, le 19 déc. 1773, Silvie Lignaud de Lus-
sac. (Nadaud). Ge fut le dernier s'.
De 1708 à 1719 nous trouvons le lieu noble de Soleignat ou Sollei-
gnac habité par les Dumont : Jacques, écuycr, s' de TAge, y décède
le 25 déc. 1719 à Tâge de 82 ans, époux de Marie-Anne de Mou-
reau, après y avoir marié, le 30 janv. 1708, son fils Louis à Fran-
çoise Gamet, fille de Jérôme, s' de Saint-Gérard. (E. G.).
En 1735, Antoine Butaud, s' du Peux, est juge de Soulignac.
Une maison de maître et un domaine importants y ont été édifiés
récemment par M. Aubrun, entrepreneur à Paris.
LA VERGNADE. — 1 m., 8 h., dont les terres touchaient le
chemin de Saint-Benoît à Mondon, dépendait de Mondon suivant
déclaration du 8 mai 1597. (9400).
Maires de Cromac, — André Aubrun, 1790-1811; Maffré, an XII;
Silv. Appay, 1813-1832; J. Martinon, 1832-1833; Silv. Peurot, 1833-
1835; Tliéoci. Blanchard, 1835-1846; P. Thibault, 1846; S.-J.-B.-Alexandre
Appay, 1846-1848; Laurent Couronnet, 1848-1857; L.-P. Couronnet, 1857-
1859; J.-B. Thibault, 1859-1871; J.-App. Bardon, 1871-1876; P. Penot,
1876-1894; Aug. Filloux, 1894-1896; Alexandre Appay, 1896-1897; Silv.
Laguide, 1897-1900; Raoul Bilhaud-Durouyet, membre du Conseil de
Tordre des avocats de Paris, 1900-1906.
Curés. — Jacques Pichon, 1625-1644; Léonard Rabby, 1663-1684;
J.-B. Bachelier, 1686tl707; Joseph Decressac, 1707tlf39; François
Ythier, 1739-1758; René Gaillaud, 1758-1762; Jean Maurat, 1762tl790
Bastide, 1790-1792.
Vicaires. — Chanaud, 1740-1741; Descombes, 1778; Maurat, 1779
Jean Hebré, 1781-1785; Jean-Lucien Roffignac, 1786-1790.
Notaires. — Delarouture, 1625; Gilbert Bardet à Montlambert, 1662
Mathurin de Maillasson, arpenteur à Prébarat; S. Appay, 1771; Jean-
Placide Degobertière, an Vll-an X.
Sergents. — Philippe Lyzonfl732; Silvain Appay, 1763-1773; Geor-
ges Vauzelle, 1770-1779; Silvain Gaulier, 1786-1789; Etienne Gou-
donfl788.
Chirurgiens. — Jean Prévost, 1707tl713; Gabriel Montaudon, 1770-
1772.
CATALOGUE DES MANUSCRITS
DE LA
BIBLIOTHÈQUE COMMUNALE
DE LIMOQES
(NOUVEAU SUPPLÉMENT)
AVERTISSEMENT
« Les manascrits de la Bibiiolbëquc de Limoges viennent on peu
de partout : aucun fonds n*a formé le noyau de cette petite collec-
tion... » dit Louis Guibert (1) ; et d'ailleurs, sur 39 manuscrits qu'il
catalogue, il n'indique la provenance que d'une demi-douzaine.
S'il n'a pas été plus précis, contre son habitude, c'est qu'il n'était pas
possible de l'être, toutes références manquant (2). M. G. Leymarie
parait avoir été plus heureux (3). Il a catalogué 10 manuscrits, et
il donne leur provenance à tous. Mais, il convient de le dire, pour
huit d'entre eux, il n'avait eu qu'à les recevoir des mains de M. Paul
Ducourtieux — qui, mandaté par notre adminislratiom municipale,
les avait acquis en 1897, à la vente Tandeau de Marsac (4) — et
pour un autre, pour le n** 48, il commet une erreur déconcertante.
(1) Catal. gén. des manuscrits des biblioih, publiques de France, t. IX,
p. 446.
(2) Il est pour le moins étrange que Ton n ait pas en temps et lieu
communiqué à Louis Guibert le « Catalogue des mss de la BibL de
Limoges dressé et envoyé (par E. Ruben) à M, le Maire pour être transmis
à S. Exe, M, le Ministre^le 24 juin 1870», Louis Guibert y eût trouvé les
renseignements qui lui ont manqué. (Ce catalogue est mentionné plus loin).
(3) Catal. gén. des manuscrits, supplément, t. XLI, pp. 637-641.
(4) Le n« 44, « Mémoire; inventaire... d'Evrard Jabach », fut acheté
par M. Leymarie à la vente Tandeau de Marsac, faite à Limoges avant
ceUe de Paris, et dont il n'y a pas eu de catalogue.
44
650 SOCléré ARCHÉOLOGIQUE ST HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Moins heureux que noire prédécesseur pour déterminer l*origine
des manuscrits dont nous donnons ici l'inventaire, nous ne serons
guère plus précis que Louis Guibert. Les références manquent
encore, manquent toujours, sous forme de catalogues et aussi de
registres d'entrées-inventaires, tenus comme il convient. Aussi bien
notre tâche est-elle de remédier à ce défaut.
La bibliothèque de TEcole centrale de la Haute-Vienne, formée
pendant la Bévolution d'éléments provenant des communautés
religieuses supprimées ou réformées et des cabinets des émigrés
non rentrés, « fut, en 4804, cédée par le gouvernement à la com-
mune de Limoges, grâce aux démarches de son maire, M. François-
Joseph Noualhier (1 ) ». Des qualorzes pièces manuscrites qu'elle pos-
sédait, la Bibliothèque communale n'en possède plus aujourd'hui que
sept que signale la Notice des ouvrages manuscrUs de la bibliothèque de
l'Ecole centrale, rédigée le « 24 thermidor, an 9* de la République
française », par A. Guillen-Biron (2). Ces sept pièces ont donc
au moins cette origine comme certaine. Gomment toutes les autres
sont-elles entrées à la Bibliothèque de Limoges? On le sait pour
quelques-unes qui y sont arrivées par achat ou par dons des auteurs
ou de tiers. Pour le plus grand nombre, on ne saurait même dire
(1) E. RuBEN. — Càtal. de la Bibl, de Limoges. Histoire, p. VIT.
(2} Voir plus loin le Supplément, — Voici le texte de cette notice des
manuscrits : u 1. La Cité de Dieu de Saint- Augustin, sur vélin. — 2. Va-
lerius Maximus, sur vélin. — 3. L'Institution de chose publique (sic) de
François Patrice, sur vélin. — 4. Une Bible sur vélin, en très mauvais
état. ^ Sur papier ordinaire : 5. Traité des propriétés de la nature,
translaté du latin en français. — 6. — Astronomiœ tracta tus. — 7. Les
Annales de Limoges. — 8. Mémoire de la généralité de Limoges. —
Cartes topographiques : 9. De la ville d^Evaux et de ses environs. —
10. De la ville d'Aubusson et de ses environs, — ii. De la ville du Dorât
et de ses environs, — 12. Idem. — Toutes ces cartes sont collées sur
toile. — Tableaux : 13-14. Deux tableaux des victoires des Français, Le
premier, depuis le 8 septembre 4793, répondant au 22 fructidor de Van
premier de la République française, jusqu* au 45 pluviôse an troia; le
second, du 15 pluviôse an trois jusqu'au /•' ventôse an 5«. — Fait double
et conforme à Toriginal. Limoges, 24 thermidor an 9* de la R. Fr.
Biron, Biblioth. ». — Nous avons ajouté les numéros et mis en italique
ce que la Bibliothèque n*a pas hérité de TEcole Centrale. La Bible ma-
nuscrite est très probablement celle que signale Ruben dans Bulletin de
la Soc. arch. et histor. du Lim., t. VI, p. 184, en note. Qu*est-elle
devenue ?
CATALOGUE DES MANCSGIUTS 0^1
aUément quand les catalogues les signalent pour la première fois;
on ne pourrait pareillement établir d'une façon complète quels
manuscrits la Bibliothèque a possédés, que Ton y chercherait vai-
nement aujourd'hui, — que nous y avons vainement cherchés
nous-môme. En effet tous les catalogues, inventaires ou récole-
ments qui précédèrent les trois beaux volumes imprimés d'Emile
Ruben, ne comportent pas une division spéciale pour les manuscrits.
Il en est ainsi pour le trop sommaire travail que fit Biron, Tan XIII;
pour Tinveataire du comte G. de Villelume, commissaire délégué;
etc. Un catalogue, qui est peut-être de Sanson de Royëre, signale
dix-sept manuscrits {\) en dix-huit volumes, mais de façon si sèche,
si hâtive, qu'il n'est pas toigours facile de les reconnaître sous des
titres par trop sommaires, fantaisistes même. Dans un rapport,
encore manuscril, qu'il adressait, vers 1835 ou 1837 au Ministre de
l'Instruction publique, Michelet était encore moins précis. Il signa-
lait dix-sept manuscrits lui aussi (2). Et il semble qu'ils durent fort
(1) Voici cette liste :
« 1. La Chronique d'Eusèbe traduite par Saint Jérôme suivie de celle
de saint Prosper qui finit à l'an 455 et celle de saint Izidor de Séville
qui commence à la créatton du monde et finit à Tan de J.-C. 626. 1 in-4(>,
vélin. — 2. Valère Maxime. Commentaire. 1 in-foL, vélin. — 3. La Cité
de Dieu de saint Augustin, trad. de Raoul de Prèle. 1 in-foL, vélin. —
4. Commentaires sur Tancien et le nouveau testament, par S. Jérôme.
2 in-fol. vélin fermant avec une chaîne. — 5. Quelques livres de Tan-
cien testament en latin, i in-fol., vélin. — 6. Breviarium noté. 1 in-8°,
vélin. — 7. Livre de prières. 1 in-4», vélin. — 8. De Tinslitut du
Prince ou de la chose publique. Traduct. française de Patris François
de Senes, de 1520. 1 in-fol., vélin. — 9. Antiphonaire noté. 1 in-4o,
vélin. — 10. Liber secundœ partis B. Thomse de Aquino. 1 in-4<*, moitié
vélin, moitié papier. — 11. Mémoire en forme d'histoire contenant
l'origine et l'antiquité de la ville de Limoges ; ms qui finit à 1638.
1 in-fol., papier. — 12. Mémoire de la généralité de Limoges; ms de
1698. 1 in>4°, papier. — 13. Traité des propriétés de la nature, trad. du
latin en franc. 1 in-fol., papier. — 14. Astronomie. 1 in-4°, papier. —
15. Le Clavicul de Salomon. 1 in-4°, papier. — 16. Institution à la pra-
tique française. 1 in-4°, papier. — 17. Chambre de justice de 1661.
1 in-fol., papier. — Total des manuscrits : 18 ». Nous avons, pour plus
de clarté, ajouté les numéros. Nous ne pouvons vraiment reconnaître à
leurs titres étranges ou par trop insuffisants les n®* 5, 6, 1, 15, qui
d'ailleurs ont disparu.
(2) Voici la note de Michelet : « 17 manuscrits. Eusèbe, xii* siècle. —
Commentaires sur Valère Maxime, xv* siècle. — Saint Augustin; Saint
Jérôme, xiii* siècle. — Un bréviaire de 1587, gr. in-4** avec musique et
miniatures (précieux), sans titre. — Mélanges politiques et historiques
du xv« siècle ».
652 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUS ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
peu rintéresser, tant il prit peu le souci d*étre exact en les dési-
gnant.
Il Faut arriver à Emile Ruben, l'organisateur véritable, le seul
jusqu'à présent, de notre Bibliothèque communale, pour trouver
de nos manuscrits une mention sérieuse, suffisante pour les recon-
naître (1), et savoir que ceux-ci au moins nous sont restés, tandis
que quatre de ceux que de Royère indiquait si brièvement n'étaient
plus sur nos rayons quand Ruben fit son inventaire. Certes, et il
est aisé de s'y reporter (1), de même que de Royère, Ruben donne
dix-sept numéros, — qui font d'ailleurs vingt-et-une pièces; —
mais c'est qu1I signale quatre éléments nouveaux : le Bréviaire de
Saint-Martial, les quatre volumes de plain-cbant, les manuscrits
arabes, l'Estat des paroisses de l'élection de Limoges; ~ tandis
que quatre pièces signalées par de Royère ne sont plus à la Biblio-
thèque en 1855,— quelques livres de l'ancien testament en latin, un
Breviarium noté, un Livre de prières, le Clavicul de Salomon (2).
Pour ces ouvrages comme pour bien d'autres, nous regrettons
leur disparition, sans pouvoir l'expliquer. Nous devrons nous
contenter de dire que le « Livre de prières », n^" 7 de Sanson de
Royère et perdu avant Ruben, doit être celui dont parle Aliou dans
sa Description des monumens des di/férens' âges observés dans le
département de la Haute-Vienne (3), page 249 : « Un livre de
prières, de format in-12, appartenait d'après une inscription placée
au bas de la première page, à noble fema Catherine de la Jugie^
molher du sieur Johan de Julie^ bourgeois de Limoges; laquelle
mourut, suivant une date placée plus loin, en 1496. L'écriture, très
belle et très nette, doit être du treizième siècle. Ce livre semble
provenir de la bibliothèque de Grandmont ».
Dans les catalogues, inventaires et récolements, il serait intéres*
sanl de rechercher quelles autres pièces hospitalisèrent nos rayons,
car nous savons que d'autres ont été perdues. Mais il faudra lire
avec soin ceux de ces peu souriants in-folio où ne se trouve point
une rubrique spéciale pour les manuscrits. Nous nous réservons
cette tâche. Certes les résultats en seront tout platoniques; mais y
gagneront peut-être la bibliographie et l'histoire de la bibliothèque
de Limoges.
(1) Inventaire de lu Bibliothèque de Limoges du // février 4855,
pages 251-252.
(2) Ces quatre manuscrits ne .devaient plus être à la bibliothèque sous
Léon Duboys. Celui-ci, dans son très sommaire inventaire,]sans le moin,
dre commentaire il est vrai, ne relève que 14 mss.
(3) Lim(fgeSy Chapoulaud, 1821, 1 vol. in-4°.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 653
Il entrait dans les projets d'Emile Ruben de faire un catalogue
spécial de nos manuscrits. Il ne put achever cette œuvre, pas plus
qu'il ne put mettre la dernière main aux cataloguas du fonds reli-
gieux et du fonds limousin, qui depuis... attendent. Au courant de
ses trois beaux volumes imprimés, là où Tordre méthodique le
veut, il signale en passant les manuscrits et en souligne la mention
d'un renvoi à leur division propre. On ne les relève pas tous,
mais en revanche on constate que des traductions latibes de ser-
mons de Tabbé J.-B. Vitrac aîné (1), faites par fauteur lui-même,
ont disparu, de même que le « Procès-verbal de r Assemblée prélimi
naire des députés du tiers Etat des villes, bourgs, paroisses et com-
munautés du ressort de la sénéchamsée de Limoges des 9^ fO, i 3 et
14 mars 1789^, et le « Procès-verbal de l'Assemblée générale
des 3 ordres réunis des sénéchaussées de Limoges et de Saint Yrieix,
du 16 mars 1789 ».
Cependant, TElat avait repris, en 1886, la publication du
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de
France, Ulysse Robert, inspecteur général des archives et
des bibliothèques, avait déjà xonsacré à la Bibliothèque
de Limoges les pages 356 et 357 de son Inventaire sommaire.
En homme averti, c*est Louis Guibert qu'il chargea officiel-
lement (i) de rédiger Tinventaire de notre fonds de manuscrits,
en 1888, pour le tome IX du Catalogue général. Il est hors
de doute que Louis Guibert a catalogué, et avec une rare auto-
rité, tout ce qu'il a vu. S'il n'a pas tout mentionné, c'est qu'il n'a
pas tout vu, qu'on ne lui a pas tout fait voir. Des pièces signalées
déjà par Ruben, comme les sermons des abbés Vitrac, par exem-
ple, ne figurent pas dans les 39 numéros de Guibert. Nous avons
retrouvé ces sermons ; ils portent deux ou trois précieuses annota-
tions au crayon de la main de Ruben. Guibert les a ignorés. Il n'est
pas le seul. Dans le tome XXXVI du Bulletin de la Société archéo-
logigue et historique du Limousin, l'abbé Arbellot écrivait : « Quaut
aux sermons de fabbé Vitrac, qui, d'après une note de M. Emile
Ruben (3), avaient été déposés à la Bibliothèque communale, on ne
(1) Catalogue de la Bibliothèque de Limoges, Histoire, p. 223.
(2) Bulletin de la Soc, arch. et hist, du Lim,, i. XXXIX, p. 457, note 1.
(3) L'abbé Arbellot fait allusion à la note du Catal, de la BibL de
Limoges, Histoire, p. 223. Ce catal. est de 18.*>8. Dans le Catalogue des
mmss de la Bibl,,, du 24 juin 1870, il n'est mentionné qu'un ms de
654
SOCIÉTÉ ARCBÉOLOGIQUE ET uiSTORIQUE DU LIMOUSIN
les y trouve plus aujourd'hui » (1888). M. le chanoine Lecler dit
la même chose dans le lorae II {i) de ses Martyrs et Confesseurs
de la foij à la page 694. Les sermons ne figurent pas davantage, et
combien d'autres pièces avec eux, au tome XLI (2) du Catalogue
général, où M. Camille Leymarie, bibliothécaire» donna un sup-
plément de dix 'numéros, 40 à 49. Voilà qui excuse suffisamment
Louis Guibert et les biographes des abbés Vilrac.
En revanche, M. Leymarie a donné le n"" 48 à un manuscrit,
auquel Louis Guibert avait déjà affecté le n*» 38. Au reste, voici,
vis-à-vis, les deux fiches :
Par Louis Guibert.
88. « Livre d'arithmétique,
à Brive, chez le sieur Dédé,
1768. »
Traité d'arithmétique élé-
mentaire, avec tableaux et li-
gures de calligraphie, frontis-
pice et dessins à la plume,
relevés à la sépia ou coloriés.
Signatures à la première page :
« Nignat, 1768.— Broussaud. m^
XVIII* siècle. Papier, lOo
feuillets, 224 sur 163 millim.
Bel. veau, avec ornements
dorés : rosaces et fleurs de
lys.
Par M. G. Leymarie.
48. « Livre d'arithmétique.
A Brive, chez le sieur Dédé.
1768. n
XVIII* siècle. Papier. 406
feuillets. 12 feuillets sont
restés blancs (avant la table).
Au commencement, 3 feuil-
lets de garde, 2 à la fin. Quel-
ques dessins à la plume par-
fois rehaussés d*aquarelle.
Bel. veau vert, fers dorés. —
(Acquis, en 1898, de M. Fray-
Fournier^ à Limoges.)
Or, la Bibliothèque ne possède qu*un exemplaire de ce manus-
crit. Par sa fiche, Guibert le décrit parfaitement, sauf en ce qui
concerne la teinte verte fort passée du cuir de la reliure, dont il n'a
peut-être pas jugé bon de tenir compte ou que sa vue très basse n'a
pas discernée. Sur ce point, M. Leymarie ne se sépare pas de Guibert,
il le complète. Il est vrai qu'il ajoute : « Acquis, en 1898, de M. Fray-
Fournier, à Limoges ». Mais M. Fray-Fournier n'a jamais vendu de
Vitrac : les Iléroïdes, Où étaient à ce moment les sermons .' Ils étalent
à la bibliothèque en 1858; ils y sont en 1906; nous les y avions vus
nous-même en 1899 ou 1900. Maintenant il est vrai que le Catalogue,.,
de 4870 que possède la Bibliothèque, n'est qu'une minute établie sur
fiches, et quelques fiches ont bien pu s'égarer. Il n'y a pas d'autre
hypothèse vraisemblable.
(1) Ce tome II est paru en 1900.
(2) 1903.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 655
manuscrit à la Bibliothèque de Limoges, pas même en 1898 : son
témoignage et les registres de THôtel de ville en font foi. Il
convient donc d*annuler le n* 48» comme reproduisant le n"^ 38.
*
* «
G*est tout ce que nous savons pour le moment sur l'histoire des
manuscrits de la Bibliothèque communs^e de Limoges ; le reste de
leur histoire, c'est leur énumëration complète et consciencieuse
qui récrit. Certes, ce que nous présentons au public n'a pas la
valeur des manuscrits que Guibert, le premier, décrivit avec science
et talent. Certaines pièces sont néanmoins fort intéressantes ; nous
avons pris à les rechercher par toute la bibliothèque le plus
grand plaisir, malgré les diiBcuUés et l'absence de tout renseigne-
ment ; nous avons apporté à les classer tous nos soins ; à les cata-
loguer une patiente conscience; et nous sommes au moins certain
de rendre au public studieux le service qui depuis longtemps lui
était dit .
Barthélémy Mayéras.
650 SOCléTi ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
«
50. Une liasse conlenaDt 37 pièces diverses (a à mm) :
a. — Vente de meubles, faite devant le garde du scel royal à
Montmorillon, par Jean Merechiers de las Merechieras, à litre de
tuteur et curateur, pour le prix de 10 II. 1317.
1 page; parchemin.
b. — Lettres données a\y[ assises de Montmorillon, desquelles il
appert que Pierre Vidalon, pour cause de maladie, n'avait pas rendu
en temps et lieu ses foi et hommage à Hëlion de Salignac ; mais qu*à
la suite d'ajournement, Guillaume de Beauvès, « sergent en la cour
de céans », avait payé ses arrérages. 19 mars 1410.
1 page; parchemin.
c. — Vente faite par noble Pierre Bidon, écuyer, seigneur de
Leyssard (paroisse de Beaune), à sire Martial Dubouscheix, mar-
chand de Limoges, de certaines terres sises au bourg de Beaune,
pour le prix de 1300 11. Décembre 1569.
4 feuillets chiffrés; papier.
d. — Cahier contenant : Fol. 8 r^ : Testament de noble Pierre
Bidon, au château de Leyssard. 8 août 1574. — Fol. 9 r*. Attribu-
tion de la tutelle de Georges de Leyssard à d"« Antoinette de Jour*
net, sa mère, veuve de Pierre Bidon. Juillet 1575. — Fol. 11 r> :
Arrêt du parlement de Bordeaux touchant une contestation pour
partage de biens entre Depéret et Jacques de Bidon. 5 septem-
bre 1626.
18 feuillets chiffrés; papier.
e. — ' Exploit d*buissier à la requête du sieur Depéret contre Jac-
ques de Bidon de Leyssard. Octobre 1625.
4 feuillets chiffrés; papier.
f. — Mise aux enchères des biens de noble Jacques de Bidon,
écuyer, sieur de Leyssard, situés en la paroisse de Beaune, près
Limoges, et saisis à la requête de M. Jean Depéret, prêtre et consort,
créancier d'une somme de 3.983 11. 1636.
8 feuillets chiffrés ; papier.
g. — Arrêt du parlement de Bordeaux dans Taffaire pendante
entre le sieur Depéret el le sieur de Leyssard. 1627.
4 feuillets chiffrés; papier.
h, — Quittance d'une somme de 8.150 11. donnée par Emery
Depéret. Février 1628.
4 feuillets chiffrés; papier.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 657
t. — Accord enlre l'abbé de Sainl-Marlin-des-Feuillanls-Iez-
Limoges et Joseph Rogier, conseiller du roi au siège présidial,
touchant le fief de Leyssard. Juillet 1658.
2 feuillets chiffrés, 2 pages ;, papier.
;. — Cession faite par Tabbé de Sainl-Martin-des-Feuillants-lez-
Limoges à M. Joseph Rogier, conseiller du roi au présidial de cette
ville, des droits de prélalion sur la première vente à faire du fief
de Leyssard. 1658.
2 feuillets chiffrés, 2 pages: papier.
k. — Vente faite au village de Grandmont, en Haute-Marche, par
Guillaume Pounel, laboureur, à Vincent Gainant, notaire et procu-
reur audit lieu, du pâturai des Pelites-Rebières et terres voisines,
pour le prix de 78 11. 1585.
1 page; parchemin.
(. — Vente d'une terre sise au mas de la Lande, au village de
Goupillon, paroisse de Beanne, faite à dame Catherine Peyroche,
par Etienne Bracquet, laboureur, pour le prix de 16 écus sol. 1593.
2 feuillets; papier.
ni, — Àrr^l de la cour présidialc de Limoges dans une instance
pendante entre Emory Depéret, notaire royal, et noble Antoine
Duclerc, sieur de Maisonneuve. 1624.
2 feuillets ; papier.
n. ~ Reconnaissance d'une dette de fê 11. faite par François
Depéret au sieur de Maisonneuve. 1631.
2 feuillets; papier.
0. — Notification d'un arrêt du parlement de Bordeaux faite à
la requête du syndic des PP. Feuillants de Limoges, à d"' Suzanne
de Bonneval et consorts. 1656.
i page; papier.
p. — Aveu et dénombrement de terres fait par noble Léonard
d'Eschizadour, écuyer, sieur du lieu, habitant au château d'Eschiza-
' dour, paroisse de Saint-Méard, à messire André Landin, seigneur
du marquisat de Châteauneuf, conseiller du roi au présidial de
Limoges. Février 1668.
1 feuillet; papier.
q. — Quittance délivrée à Jacques Parry, laboureur, demeurant
au bourg de Beaune, par Pierre Parry, aussi laboureur, des arré-
rages de pension dus par les héritiers de feu sieur Guy Dentrey-
geas. 1669.
2 feuillets ; papier.
658 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
r. — Noroinalion de tuteur et curateur faite par la cour de la
châteilenie du Dorât, en faveur des enfants de feu Gabriel Ro-
main. 1680.
1 feuillet ; papier.
S. — Copie faite au XVIIP siècle d*actes du bureau de la recette
des tailles concernant le comte du Doignon. Ces actes sont des
17 août 1717, — 17 août 1717, — 3 novembre 1688, — 3 jan-
vier 1731.
2 feuillets ; papier.
t. — Copie d'un acte émanant de Daguesseau et concernant
Texercice du droit de pécbe à Beaulieu et dans le Limousin en
général. 18 août 1729.
1 feuillet; papier.
tt. — Lettres de grâce accordées par Nicolas-Joseph de Paris,
évéque d'Orléans, à Alexandre Duport de la Cosle, originaire de la
ville de Servières, diocèse de Tulle, pour un crime commis sur la
personne d'Antoine Vialors, laboureur, dans le bourg de Darazac,
le 21 septembre 1733. 2 mars 1734; signé : f Nicolaus Josepbus
Episcopus Aurelianorum ; avec le cachet épiscopal.
1 page ; parchemin grand format.
V. — Signiflcation des dites lettres de grâce faite à Servières par
Puyrejmon, huissier dans cette ville. Mars 1734.
1 page; papier..
X. — Certificat de vie délivré par Fr. Jarrige du Bournazel, lieu-
tenant particulier de la sénéchaussée de Tulle, à Madeleine Monsal,
veuve de Rabanide. 20 juin 1735. — Cachet de la sénéchaussée
de Tulle.
i page; papier.
y. — Reçu du gardien des Récollets de Guéret au vicomte de
Thiange. Juillet 1749.
1 page ; papier.
z, — Plainte portée par Jean Crouzaud, sieur de la Touche,
avocat en la cour et principal au gouvernement des provinces de
Haute et Basse-Marche, à M. le lieutenant général de police de la
ville et banlieue de Bellac, contre les cabaretiers de Berneuil qui
donnent à boire avec excès pendant le temps des offices religieux, et
contre les ivrognes qui ont causé du scandale à la sortie d'un office.
— Signé : Crouzaud. — Acte pris de la plainte, signé: Bonnet.
22 septembre 1768.
3 pages chifi&'ées; papier.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 659
aa. —Citation à comparaître pour témoigner devant le lieute-
nant général de police de Bellac, faite à six témoins de Taffaire
ci-dessus. 24 septembre 1768.
i feuillet; papier.
bb. — Dépositions des témoins Bidaud, Marsat, Beuiy, Rasleau,
Compain, Boijoux, Romanet, dans Taffaire ci-dessus. 28 septem-
bre 1768.
4 feuillets chiffrés ; papier.
ce. — Quatre pièces concernant un différent survenu entre les
Pénitents bleus et blancs d'Eymoutiers. Août 1732, 2 feuillets chif-
frés; — 19 septembre 1732. 1 page; — décembre 1782, 2 feuillets
chiffrés; signature de L.-C. Duplessis d'Argeutré; — 31 décem-
bre 1783; 2 feuillets; cachet des Pénitents blancs. Papier.
dd. — « Répertoire II Etat d'ancienes procédures et pièces qui
sont dans la chambre du conseil. »
8 feuillets chiffrés, dont 4 blancs. XVIII* siècle ; papier.
ee. — « Affaires en médiation ». Répertoire.
7 feuillets chiffrés, dont feuillets dà 6 blancs. XVIII* siècle; papier.
ff. — «f J.-B. Meyvières || Dartois, propriétaire, demeurant au lieu
de II Lhortolary, Commune de Montgibaud, demandeur || Comparant
par M* Jouhaud, son avoué, Il En réponse à récrit à lui signiffié
le II dix-sept messidor dernier à la requête de W^ Jeane II Charlote
Laloue veuve Descubes Duchatenet, demeurant 11 au chef lieu de la
commune de S* Laurent sur || Gorre, deffenderesse comparant par
M* Guitard || son avoué.
Fin du XVIII* siècle. Une pièce incomplète du procès; ni
signature ni date. 16 feuillets chiffrés; papier.
gg. •* Copie d'un acte établissant une redevance du sieur Des-
champs au prieur d^Aureil et la propriété au « Collège » (?) d*un
pré à Saint-Paul-d*Eyjeaux. Juillet-août 1788.
1 feuillet; papier.
hh. — Quatre pièces concernant une requête présentée par les
garçons perruquiers de Limoges à M. de BouiQers : 1^ Certificat
délivré par la municipalité de Limoges; cachet de la municipalité.
28 octobre 1790. 1 page. — 2^ Certificat délivré par Tétat-major
de la garde nationale de Limoges; cachet de la garde. 29 octo-
bre 1790. 1 page. — 3*^et 4' Deux requêtes des garçons perruquiers.
22 novembre 1790 et 8 octobre 1790. Chacune 2 feuillets chiffrés;
papier.
660 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
tï. — Compte rendu de la fête de la présentation de la Bastille à
Limoges et à Périgueux. Décembre .... ? — Signé : Renié.
2 feuillets chiffrés; papier.
jj. — Sept pièces relatives aux événements du IS juillet 1792 à
Limoges.
Copies faites au XIX*' siècle; papier.
kk. — Hospice civil et militaire de Limoges. — Reçu d'arrérages
de renies dûs par Béchade aux prêtres de Saint-Pierre et de Saint-
Michel. Limoges, 28 ventôse an XIIL
1 page; papier.
II. — Note sur le passage du pape Pie VII à Limoges, le 21 jan-
vier 1814.
Anonyme. 1 feuillet; papier.
mm, — Deux lettres du maire de la commune de Saint-Paul,
Fougeras-Lavergnolle, au préfet de la Haute-Vienne. 29 août et
7 septembre 1830.
2 feuillets chiffrés ; papier.
51. « Couvents et abbayes du Limousin et de la Marche par
frère Claude Chalemel ? Ms. du XVII* siècle [vers 1662] », dit une
note ms. de la couverlure en papier mise au ms. suivant :
Fol. 1 r* : « Catalogus Sacrarum Reliquiarum II quae Àsservanlur
in Cœnobio S. Martialis. an. 1644. »; v*" et foL 1 bis blancs. —
Fol. 2 r* : « Ortus Cœnobii B. Virginis Maria de Régula || Monialium
Benedictinarum ». — Fol. 4 r* : « Ortus ÀbbatiaB Antiquae S.
Juniani || nunc Praepositurœ Saecularis || et Collegiatae ». —
Fol. 11 r*» : « Ortus Abbatiae Boni Loci, in || Marchia ordinis Cis-
terc. Colonia3 Dalonarum. Et séries Abbatum || qui eidem Cœnobio
prœfuerunt ». — Fol. 13 v* : « Ortus AbbatiaB de Columba Cister-
ciensi || Apud Marchianos, Colonia Pontiacensium... Il Et séries
Abbatum qui eidem Cœnobio prœfuerunt ». — Fol. 16 r* : « Ortus
Abbaliae Voziensis vulgo Vigeos Benedictinorum ». — Fol. 16 r*> :
« Ortus Abbaliae Siirpcnsis. || Canonicorum Rogularium S. Augus-
tin! vulgo Leyter ». — Fol. 17 r° : <r Ortus Prioralus Artigiani et
Séries Priorum qui eidem cœnobio PraBfuerunt ». — Fol. 18 r* :
« Ortus Prioratus S. Andrese II civitatensis Lem ». — Fol. 20 r* :
« Ortus ChartusiaB Glanderiensis II ex ipsis Chartusiae tabulis». —
Fol. 22 r° : « Ortus Prioralus B. Mariae Virginis || ad Arenas ». —
Fol. 23 r® : « Ortus Prioralus Aureliensis Auguslinensium II ex
Veteri M. S. Grandimontensi ». — Fol. 24 r<> : « Orlus Cœnobio-
rum,Chartusiani,||Augustiniani,EtCarmelilani,||deMortuoMari ».
CATALOGliE DES MANCSCRITS 661
— Fol. 28 à 30, liste de bénéRces épiscopaux el autres, — de la
môme écriture que les quelques notes que Ton trouve dans le
ms. attribué à frère Claude Chalemel.
Papier. 305 sur 200 millim. pour les feuillets 1 à 27. 262 sur
180 millim. pour les feuillets 28 à 31. I/écriture, du XVII* siècle,
couvre un espace irrégulier. 31 feuillets chiffrés. Reliure demi-bas.
fauve, coins du même.
Papier en mauvais état
Publié en partie par A. Leroux dans le Bulletin de la Société
des lettres de Tulle, 4893, p. 291-297.
52. <c Quarta pars || philosopbiae. {| Melhaphisica. 1 1731 ».
Notes prises au cours de philosophie du professeur Demarthon
par Guillaume Lachëze, clerc tonsuré.
Page 83. « Epitre du fils au père », signée page 85, r® de la cou-
verture : Lacbèze cler. tons.
Papier. 165 sur 135 millim. 1731. Couverture en parchemin.
(Donné à la Bibliothèque de Limoges par M. Fray-Fournier, chef
de division à la Préfecture de la Haute- Vienne, le l"*" janvier 1906).
53. « Processionale | Ecclesiœ || Lemouicensis ».
Page 99. PropriumSanctorum. Page 135. Go[m]mune sanclorum.
Quand il y a lieu, notation musicale au-dessus du texte.
Papier. 192 sur 131 millim. XVIII* siècle. Marges de 1 à 2 cent,
Paginé de 1 à 150 pages. 2 feuillets blancs avant la première page
écrite ; pages 98 et 134 blanches ; 3 feuillets blancs à la Gn. Reliure
veau plein.
54. Panégyrique de saint François Régis par le P. Barbou,
jésuite. 1739.
Fol. 1 r", titre, date et nom de l'auteur de deux mains différentes
et étrangères à Tauteur; son nom semble de la main de Tabbé
Vilrac. — Fol. 2 r", première ligne : Sp[irit]us d[omni]ni sup[erj
me... »; ligne 3 : « L'esprit du s[ei]g[neu]r est sur moi, c*cst pour
cola que j*ai reçu Tonction de lui... ». — Fol. 12 r* : plan d'un
nouveau sermon sur le même sujet; ligne 1 : « Bcatus vir qui... »;
ligne 3 : « Bienheureux Tbomme qui a répandu abondamment ses
biens... » — Fol. 12 v" : blanc. — Fol. 13 r® : « Passons ici donc
sous silence... ». — Fol. 13 v<> : 7 lignes seulement; suite au fol. 14 :
« Ce serait ici le lieu... »; v* blanc. — Fol. 15, fin, 7 lignes ; v® blanc.
— Fol. 16 blanc.
Papier. 270 sur 190 millim., sauf les feuillets 14 et 15 ; 210 sur
160 millim. XVIIl' siècle. Ecriture compacte; nombreuses ratures
et surcharges; notes marginales; IG feuillets chiffrés. Reliure
bradel demi-toile rouge.
662 soci^rré ARcnèoLoGiQûË Et ttiâTOftiQûÉ dû limousin
55. « Teslamenl de Msgr Tévéque De Seaez, mis en vers || par
H. L*abbë Théophile ».
Poème satirique dirigé contre Jean Soanen, évéque de Senez de
4696 à 1727, janséniste.
Papier. 302 sur 195 millim. XVIII* siècle. 34 vers par page. La
page 11, étant en partie déchirée, ne laisse lire qu'une partie des
6 derniers vers. 11 pages chiffrées. Reliure bradel rouge.
56. Recueil factice de 41 pièces d*un procès onire le marquis de
Ghoul; de Permangle et les religieuses de Boubon.
Papier, sauf les pièces 27, 33 et 39. XV1I1« siècle, 1730-1739.
Les pièces sont de dimensions très diverses ; rangées dans Tordre
chronologique, elles sont numérotées à Tencre rouge de 1 à 41.
Reliure demi-basane fauve; coins du même.
57. « La Lémovicade, ou Le | Mariage de l'Amour et de la Pau-
vreté, Il Poème. Il A Messeigneurs du Parlement de | Guyenne; Il Par
M. de la Grange-Chancel || 1747. | Copiée par M. Pontois, rhéto-
ricien ».
Ce manuscrit contient les pièces de la polémique en vers engagée
eotre Lagrange-Chancel et M. de Nisor, son fils, à propos d'un
procès qu'ils soutenaient Tun contre l'autre devant le Parlement de
Guyenne.
Le folio du titre n'est pas chiffré. Fol. 1 r^ : « La Lémovicade »
(poème satirique en iv ctiants). — Fol. 15 v^ : « Lettre de H. La-
grange-Chancel à un de ses amis » (datée de Périgueux, 3 fév. 1747,
où il explique pourquoi il a écrit La Lémovicade). — Fol, 16 r<> :
<c A Monsieur Bouquier, célèbre avocat en la cour du Parlement de
Guïenne. Stances » (par Lagrange-Chancel père;. — Fol. 18 r' :
« A Messeigneurs du Parlement de Guïenne. Stances » (par le
même). — Fol. 20 r** : « A Messeigneurs du Parlement de Guyenne.
Stances » (par « LagrangeChauchet fils (sic), H. de Nisor). — Au
bas du fol. 43 : « Finis coronat opus anno 1769. P. J. P. ».
Papier. 190 sur 160 millim. XV11I« siècle. Marges de 1 à 2 cenl.
20 à 24 lignes à la page. 23 feuillets chiffrés. Couverture en car-
tonnage souple, de couleur violette ; sur sa première page, une
étiquette blanche porte : La Lémovicade.
58. Pouillé historique du diocèse de Limoges, par l'abbé Nadand,
avec additions de l'abbé Legros pour ce qui postérieur à 1775.
Copie partielle du Pout//^ray^ de la bibliothèque du Grand-Sémi-
naire de Limoges (n*l); M. l'abbé Texier la fit faire, en 1858, par un
détenu de la Maison Centrale de Limoges, pour servir à son Diction-
naire de géographie. Dans cette copie, les paroisses du diocèse sont
rangées dans Tordre alphabétique.
nAtALOÛÛE t>ES MANDdcmtS 663
D'après une tradilion orale venant d'Emile Ruben, cette copie
aurait été faite aux frais de la ville, ce qui explique sa présence à
la Bibliothèque.
Cf. : « .,.Pouillédu diocèse de Limoges, par TabbéNadaud, ...édité
avec de nombreuses additions sous forme de dictionnaire géogra-
phique de la Marche et du Limousin, par M. l'abbé Texier... Limo-
ges, 18S9, in-4de 42 pages et 7 feuillets blancs », et dans le Bull,
de la Société archéologique et historique du Limousin, t. LUI,
la publication intégrale dudit Pouillë par le chanoine A. Lecler,
notamment V « Avant-propos ». Voir aussi, même Bulletin^ t. VIII,
p. 182, et t. IX, p. 178, 177, 187, 188, 194.
Pas de titre. Fol. 1 : « Eglise cathédrale sous Tinvocation de
Saint Estienne ». — Fol. 9 in fine : « ...mais on n'a plus fait de
démarches depuis ». 8 feuillets blancs chiffrés 10 à 18.— Fol. chif-
fré H : « 2- Cahier ». — Fol. 281 in fine : « Fin de Tulle ». —
Fol. 282 à 308 y : « Table ». — 3 cahiers chiffrés 11 à 40, dont
feuillets 38 à 40 blancs, qui ont l'air d'être une première ou une
autre rédaction des cahiers correspondants dans l'ouvrage.
Papier. 480 sur 316 millim. XVIII» siècle. Ecrit généralement
pleine page et sur le recto des feuillets seulement. Folioté 1 à 15,
lia 305^ 11 à 40. Demi-reliure veau fauve, coins du même.
59. Recueil factice de 17 cahiers contenant 17 sermons ou pro-
jets de sermons des deux abbés Vitrac.
a. Fol. 1 : « Sermon sur le jeu, 1769 ». — Fol. 2, écrit en tra-
vers : « Non sedi in consilio... ». — Fol. 3, idem. — Fol. 13 v* et
fol. 14 blancs. — b. Fol. 18 : (« Enfant Prodigue. Surgam et ibo ad
patrem... » (1769); fol. 24 v et 28 et 26 blancs. — c. Fol. 27 : « La
Mort » (1777); fol. 33 et 34 blancs. — d. Fol. 38 : « Sur l'Envie.
1778, vers la fin ; fol. 42 blanc. — e. Fol. 43 : « Pentecôte, 1779 » ;
fol. 20 v* et 81 à 84 blancs. — f. Fol. 88 : « Amour de Dieu, par
M. Vitrac, 1783 »; fol. 62 blanc. — g. Fol. 63 : a Panégyrique de
Saint François de Sales, 1786 » ; fol. 79 v"" et 80 blancs. — h.
Fol. 81 : c< Jubilé, 1804 »; fol. 90 blanc. — t. Fol. 91 : « Sur le
salut »; s. d.; fol. 97 v* et 98, 99 blancs. — ;, Fol. 101 : « Sermon
sur le pardon des ennemis »; 5. d. ; fol. 113 v^ et 114 blancs. —
k. Fol. 118 : « La persévérance »; s. d.; fol. 118 v» et 119 à 126
blancs. — /. Fol. 127 : « Sur l'aumône »; s. d.; fol. 138 f" blanc. —
m. Fol. 139 : « La Retraite »; au crayon, de récriture d'E. Ruben :
« L'abbé Vitrac, curé de Saint-Sylvestre »; s. d.; fol. 180 blanc. —
n. Fol. 181 : « Le péché »; s, d.; fol. 162 blanc. — 0. Fol. 163 :
« Sur la passion de notre divin Sauveur »; au crayon, de l'écriture
d'E. Ruben : « M' Vitrac, curé de La Bregère »; s. d. ; fol. 181 et
664 SOClÊTè ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DC LIMOUSIN
182 blancs. — p. Fol. 183 : « Dévolion à la Saint- Vierge », s. d. ;
fol. 198 blanc. — q. Fol. 199 blanc; fol. 200 : « Le Saint-Sacrifice
de la Messe »; s, i.\ fol. 214 blanc.
Sont de J.-B. Vitrac aîné les sermons : a, g^ h, p, q.
Sont de J.-B. Vitrac cadet les sermons: ft, c, d, e,f, t,;, t, /, m, ».
Est d'Elie Vitrac le sermon : o.
Papier. 22 à 25 centim. sur lo à 19. XVIII* siècle et commence-
ment du XIX«. Espace couvert par récrilure : irrégulier. 214 feuil-
lets chiffrés. Demi-reliure basane fauve, coins du même.
Le papier est souvent détérioré, fumé ou taché.
60. Recueil factice de 19 cahiers contenant 19 sermons ou pro-
jets de sermons des deux abbés Vitrac.
a. Fol. 1 : « Sermon sur la Nativité de J.-(] », 25 décembre
1768...; fol. 13 v et 14 blancs. — b. Fol. 15 : « L'Enfer..., «769 »;
fol. 26 v^ 27 et 28 blancs. — c. Fol. 29 : « (A) Saint Pierre.
Enfer ». Date douteuse; peut-être 1779. Fol. 33 v» et 34 à 36
blancs. — d. Fol. 37 : « Panégyrique de Saint Thomas d'Aquin,
1771 ». Fol. 46 blanc. - e. Fol. 47 : « Oratio pro. ..?... 1771 ».
Fol. 48 : « Dereliquerunt me propinqui mei... », et ligne 5 : « C'est
un juste affligé qui, victime pour un temps de la divine justice... »
Fol. 59 à 61 blancs. — /". Fol. 62 : « Sermon pour une profession.
A notre dame, le 16 mai 1773. A la Règle, octobre 1774... ».
Fol. 70 V" et 71 blancs. — g. Fol. 72 : « Prière. Dimanche des
Rogations, 1774... ». Fol. 78 v* et 79 à 82 r* blancs. Le fol. 82 v« est
écrit en sens inverse; V^ ligne : « S'il arrive, disait le seigneur à
Salomon, que je ferme le ciel... ». Fol. 83 blanc. — /i. Fol. 84 :
« Dévotion à Marie. A Saint-Etienne, 1774... ». Fol. 90 v« cl 91
blancs. — t. Fol. 92 : « Saint-Pierre, 1775, 1789 ». Et ces deux
notes mss. : « J'ai payé la nourriture du cheval du père » ; « Bou-
riaud pourra venir après diner chercher son serin ». Fol. 99 v* et
100-101 blanc. — ;. Fol. 102, en marge : « La foi, T' prône 1775... ».
Fol. 106-107 blancs. — k. Fol. 108 : « Brièveté du temps... ». En
marge : « 1776 ». Fol. 112 v et 113 blancs. — /. Fol. 114, en
marge : « Le 4"»« Dimanche de Carême, 1775... ». Fol. 117 v** et
118, 119 blancs. — m. Fol. 120: « 1776... Sur le jeûne ». Fol. 124V
blanc. — n. Fol. 125 : « Délais de la Conversion, 1776... ». Fol.
130 à 132 blancs. — o. Fol. 133 : « Pâques, 1777... ». Fol. 140
blanc. — p. Fol. 141 : « Sur la grâce. Saint Pierre, 1778... ». Fol.
154 blanc. — q. Fol. 155 : « Sur le luxe, 1783, 1*' février... ».
Fol. 156 blanc. Fol. 157 : « Où trouver une femme forte, s'écrie
Salomon... ». Fol. 161 v" et 162 blancs. — r. Fol. 163 : « Ascen-
sion de Notre-Seigneur. Le bonheur du Ciel. Ce sermon peut servir
CATALOGUE DES MANUSCRITS -665
encore pour la fêle de tous les saints. I/exorde est à la dernière
page ». Fol. 176 \^ et 177 blancs, (le sermon est entièrement reco-
pié de la main de Boariaud, neveu de Tauleur. — s. Fol. 178 :
« La Sainteté, pour le jour de la Toussaint ». S. d.
Sont de labbé J.-B. Vitrac aîné les sermons : d els.
Sont de Tabbé J.-B. Vitrac cadet les sermons : a, b,c, eh g.
Douteux, r, qui a été recopié peut-être par Bouriaud, neveu de
Taulenr.
Papier. 24 à 26 centim. sur 17 à 20. XVIII« siècle. Espace cou-
vert par récriture : irrégulier. 187 feuillets chiffrés. Demi-reliure
basane fauve, coins du même.
Le papier est souvent détérioré, fumé ou taché.
61. — Recueil factice de 17 cahiers contenant 19 sermons ou
projets de sermons des deux abbés Vitrac.
a. Fol. 1, en marge : « Passion de J. Ch. ». S. d. Fol. 10 blanc.
— 6. Fol. 11 : « Homélie du mauvais riche ». S, d. Fol. 16 blanc. —
c. Fol. 17 : « Telle sera la fin des évolutions éternelles... ». Fol. 20 r*
à 22 v*> écrits en sens inverse; fol. 22 v* : « Obligé par état de vous
instruire du chemin par lequel il vous faut marcher... ». S. d. —
d. Fol. 23, une signature : « Bouriaud », el plus bas : « Panégi-
rique de Saint-Benoist ». Fol. 32 blanc. S. d, ~ e. Fol. 33, au
crayon, de l'écriture d'E. Ruben : « L'abbé Vitrac [aîné], curé de
Saint-Michel ». Fol. 34 : « Je suis le seigneur votre Dieu... » Fol. 37 v®
el 38 blancs. S. d. — /". Foi. 39, en marge : « Panégyrique de
Sainte-Valérie ». Fol. 46 blanc. S. d. — g. Fol. 47 : « Impénitence
finale ». S. d. Fol. 86 blanc. — A. Fol. 57 : « Mort du Juste ?.
Fol. 64 à 66 blancs. S. d. — i. Fol. 67 : « Vocation religieuse ».
Fol. 68 : « Etat religieux ». Fol. 75 et 76 blancs. S. d. —j. Fol. 77 :
« Rem difficilem postulavisli... ». S. d. -- A:. Fol. 88 : (( Les modes ».
Fol. 91 V* et 92 blancs. S. d, — /. Fol. 93, en marge : « Epiphanie ».
S. d. — m. Fol. 97 : « Sur la mort ». S. d. — n. Fol. 103 : « L'as-
cension ». Fol. HO v° à 114 blancs. S. d. — o. Fol. 115 : « Sermon
de la Pentecôte. 1769 ». Fol. 123 v et 124 blancs. — p. Fol. 125
(( Mort du pécheur... 1775 ». Fol. 131 à 134 blancs. — q. Fol. 135
« Panégirique de Saint-Alexis, 1785 ». Fol. 144 blanc. — r. Fol. 145
« Panégirique de Saint-Charles Borromée, 1776 ». Fol. 154 .blanc.
Sont de Tabbé J.-B. Vilrac aîné les sermons : d, e, /", g, A, t, ;, t,
fw, 0, }, r.
Sont de Tabbé J.-B. Vitrac cadet les sermons : a, c, p.
Sont de Tabbé Elie Vitrac les sermons : b, /, n.
T. LV 45
-. «^ ' *
660 sociét6 archéologiqde et historique du limousin
Papier. 25 à 18 centim. sur 28 à 20. XVIII» siècle. Espace cou-
vert par récriture irrégulier. 154 feuillets chiffrées. Demi-reliure
basane fauve, coins du même.
Le papier est souvent détérioré, fumé ou taché.
62. -— Recueil factice de 19 cahiers contenant une élude et
20 sermons ou projets de sermons des deux abbés Vltrac.
a. Fol. 1 : u Le clergé de France a-lil pu licitement s'expatrier.
Dissertalion lliéoiogico-historique, adressée à M. Joseph Péra, de
Tordre de Monlesa, curé de Benicarlo ». — b. Fol. 13 : « Homélie
pour la rentrée d un curé exilé de sa paroisse, 1795 ». Fol. 19 et 20,
noies sur le même sujet. — c. Fol. 21, sermon sans titre et S. d. :
« Cum dilexisset eos qui erant in mundo... ». — d. Fol. 29 : Décol-
lation de Sainl-Jean-Baptisle ». S. d, — e. Fol. 37 : « Panégirique
d'une Vierge... ». S. d, — f. Fol. 44 : « La Foy ». S. d. Fol. oO,
ligne 9 : u L*amour des ennemis ». S. d. — g. Fol. 57 : « Saint
Martin de Tours ». S. d. — h. Fol. 63 : « Panégirique de Sainte
Thérèse de Jésus ». S. d. — t. Fol. 83 : (Ignace de liOyola). S. d, —
j. Fol. 96 : « Devoirs envers Marie ». S. d. — k. Fol. 104 : « La
Conscience du pécheur ». S. d. — /. Fol. 110 : « Sur la médisance ».
Fol. 116 blanc. Fol. 117 : « Gompendio de la vida de la Santa Madré
Teresa de Jésus ». S. d. — m. Fol. 119 : « La Grâce ». S. d. —
n. Fol. 127 : « Sermon préliminaire pour une mission ». S, d, —
0. Fol. 134 : « Saint Bernard ». S. d. — p. Fol. 144 : « L'adversité ».
Fol. 153 r" et y écrit en sens inverse, les deux pages barrées.
S. d. - q. Fol. 154 : (Notes en latin. Hymnes). Fol. 155 : « Sainte
Marie Madelalne ». Fol. 161 r*» au bas, 161 y«, 162 à 167 r> écrits
en sens inverse, noies diverses, surcharges, etc., fol. 167 v* et 168
(hymnes latins). S. d. — r. Fol. 169 : « Luxe dans les habits. Mo-
des ». S. d. — s. Fol. 179 : « Sur les Modes ». S. d. Fol. 186 blanc.
Le sermon t sur Ignace de Loyola est peut-être d'Elie Vilrac;
tout le reste est de J.-B. Vitrac aine.
Papier. 30 sur 20 centim. XVIII* et peut-être commencement
du XIX« siècles. Espace couvert par l'écriture irrégulier.
186 feuillets chiffrés. Demi-reliure basane fauve; coins du même.
Le papier est souvent détérioré, fumé ou taché.
63. -> Recueil contenant trois pièces imprimées dont 2 sermons,
et 15 sermons manuscrils de l'abbé J.-B. Vilrac aîné.
a. Imprimé : « Elogio del B.Juan de Ribera, patriarca de Aniio*
quia,arzobispoy virey de Valencia, parD. Manuel Tur presbitero »
(par l'abbé Vitrac). — Cf, note au crayon de la main d'E. Ruben au-
dessous de ce titre; et du même, Catal. de la Bibl, de Limoges,
Belles Lettres, page 195 où Ruben dit que l'abbé J.-B. Vilrac vécut
CATALOGUE DES MANUSCRITS 067
ôn exil « du proJuil des sermons en lanj^'ue espagnole qu'il com-
posait pour les moines espagnols eux-mêmes »;et : AbbéA.Lecler,
Martyrs et confesseurs de la foi, t. II, p. 693, au bas de la page) :
« En Valencia, por los hermanos de Orga, a[n]no M DCC X CVII » ;
in-4° de 66 p., portrait de Juan de Ribcra. L*abbé Arbellot dans sa
Notice biographique et bibliographique sur Vabbé Vitrac (Bulletin
de la Soc, arch. et hist. du Limousin, t. XXXVI, p. 20, 1888) dit
appartenir à M. Emile du Boys, à Rocheforl-sur-Mer, un manuscrit
de J.-B. Vitrac, intitulé : Eloge du bienheureux Jean de Ribera,,,
Est-ce le lexle espagnol ou une version française? — Manuscrits :
b. Fol. 1 r** : « Sermon dogmatico y Moral sobre el Misterio de la
S. S. Trinidad ». — c. Fol. 13 r"': « Novena a Jésus Crucificado,
i" sermon ». — d. Fol. 25 r* : idem., 2* sermon. — e. Fol. 37 r* :
id,, 3° sermon. — f. Fol. 49 r"* : id., 4« sermon. — g. Fol. 61 r° :
irf., 5* sermon. — A. Fol. 73 r* : td., 6* sermon. — t. Fol. 85
1-" : û/., 7* sermon. — j. Fol. 97 r* : td., 8* sermon. — A:. Fol.
109 r** : td., 9' sermon. — /. Fol. 121 v^ : « Elogio funèbre de
Luis 16, Rey de Francia y de Navarra >• (1). — m, imprimé, inter-
calé enire les feuillets 136 et 137 : « f , Paris, 25 de Enero. Tes-
tamento de Luis XVI »; Reimpreso en Valencia, por Joseph Este-
van y Cervera, a[n]no, 1793. — Manuscrits : n. Fol. 137 r" :
« Alocucion de N. S. P. Pio VI en el consistorio del Lunes 17 de
Junio de 1793, sobre el Regicidio de Luis XVI, Rty di Francia ».
— 0. Fol. 151 r« : « Oracion funèbre de Maria Antonia de Lorena,
Archiduquela de Austria, y Reyna de Francia y Navarra » (1).
— p. Fol. 167 r"* : « Elogio funèbre de Madama Isabel Felipa
Maria Helena de Francia, Hermana del Rey Luis 16 » (1). — q.
Fol. 181 r** : « Discur^o sobre la muerte de Luis-Carlos, Dellin de
Francia » (1). — r. Fol. 192 r» : « Roberspiere en los infiernos.
Poema Heroï-Diabolico, traducido del Tartaro» (1); fol. 206 v" :
(1) L'abbé Arbellot, loc. cU,, signalant réditiou faite par les soins
de Bouriaud cadet, neveu de Tauteur, en 1814 (in-8« de 295 p.), chez
J.'Bargean, à Limoges, et intitulée : « Oraisons funèbres fie Louis XVI,
roi de France et de Navarre; de Marie-Antoinette,.,, de Madame Elisabeth-
Philippinc-Marie-Uélène de France,., et de Louis-Charles, dauphin de
France.,., prononcées en 1793, 1794 et 1795, dans plusieurs églises du
royaume d'Espagne..., par M, Vabbé Vitrac, suivies de Robespierre aux
Enfers, poème héroï-comique, du même auteur », Tabbé Arbellot dit :
« M. Emile Du Boys, à Rochefort-sur-Mer, possède le manuscrit de ces
oraisons funèbres et de Robespierre aux Enfers, qui est intitulé dans
l'original : Poème héroï-diabolique, traduit du Tarlare » ; et plus loin,
il signale comme appartenant au même : « Ludovici XVI, Galliarum
Xavarripque régis, Elogium funèbre, habiturn in urbe Castellionensi
668 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQCB ET HISTORIQUE DO LlMOÛSTN
« Notas n. — 8, Fol.2i3r:« Sermon de oracias por la restauracion
del Gatolicismo en Francia ». — f. Fol. 224 r : « Immaculada
Concepcion de Maria Santisima ». — u. Fol. 236 r® : a Panegirico
de S»»® Antonio de Padiia ». — t?. Fol. 261 r» : Lettre adressée à
Tabbé Yitrac, 12 février 1799, signée « vicario de Man[uel] de S.
Thomas »; fol. 252 rf : autre lettre datée d' « Almazorad, 28 de
Febrero de 1799 », signée « Mariano. ;.?... ». — x. Imprimé :
« Elogio de la seraûca doctora Santa Teresa de Jésus, por Fr. Ma-
nuel de Santo Tomas, Garmelita Descalzo, Prior del Convento de
Valencia, y Escritor de su Orden; En Valencia, por Francisco Bur-
guete, a[nlno M DCC X CIX. in-4» de 87 p. Cf. ci-dessus n" 62,
folios 63 et 117. Cet éloge peut être attribué à J.-B. Vitrac aine
aussi bien que celui de Jean de Riberaet pourdes raisons pareilles.
Papier. 210 sur 147 millim. XVII I« siècle. 249 feuillets mss
chiffrés. Demi-reliure basane fauve, coins du même.
64. — Recueil factice de sept cahiers contenant vingt sermons
de rabbé J.-B. Vitrac aîné.
a. Un carême en 18 sermons, du fol. 1 r* au fol. 75 y*. — b.
Fol. 76 r* : « Miercoles de Cenizas. Pensamiento de la Muerte. —
c. Fol. 80 r** : « Viernes despues de Cenizas ». — d. Fol. 84 : « Do-
mingo de la Pasion ». — e. Fol. 88. r"" : 1«' Domingo de la qua-
resma. Grianza de los ninos ». — f. Fol. 92 r^ : « Miercoles de la
l'* semana Juicio universal ». — g. Fol. 96 r*" : Lettre « al eminen-
tissimo Gardenal Arzobistro de Toledo »; octobre 1794; noies de
la main de Tabbé J.-B. Vitrac au bas des feuillets 96 r® et V" et 97.
Papier. 310 sur 230 millim. XVIII* siècle, peut-être aussi
XIX* siècle. 97 feuillets chiffrés. Demi-reliure basane fauve, coins
du même.
65. — « Calendrier romain ».
Au dessous de ces deux mots, au crayon, de récriture d'E. Ruben :
« M. Vitrac, curé de Saint-Michel ». Ce cahier est bien en efTel de
rabbé Vitrac aîné.
Fol. 1 blanc.
de la Plana f die 21 februariianno 1793 » et a Mariœ-AntonisB Austriacx,
Gallorum, Navarneque Reginse, Oratio funebris ». L'abbé Vitrac écrivit
donc ces oraisons funèbres en trois langues. Ruben, dans son CataL de
la Bibl. de Lim., Histoire, p. 223, signale précisément, en 1858, des
versions latines, mais c'est une copie de ces versions que possédait
feu Emile Du Boys, et l'abbé Arbellot a omis de le spécifier. Il y aurait
donc eu en 1888, aux mains de M. Duboys, une version latine et une
française.
CATALOGUÉ DES MANUSCRITS 669
Papier. 210 sur i75 miHim. XVIII« siècle. Marges de 7 centim.
aux feuillets 2, 3 et 4 seulement. 16 feuillets chiffrés. Reliure
bradel rouge. Mouillures au papier.
N. B. — Les manuscrits des abbés Vitrac ont été donnés à la
Bibliothèque communale de Limoges par leur neveu, Bouriaud
cadet.
66. « Livre journal || concernant l'enclos des II Gy-devant Grands-
Carmes ».
Avec, à la On, collé sur le plat intérieur de la couverture, copie
sur papier timbré d*un acte d'huissier concernant le même enclos,
faite pour « M. Juge Saint-Martin », commençant ainsi : « L*an
mil huit cent douze et le vingt-un septembre à la requette de
M. Pierre Segue... », et finissant ainsi, v^ : «... a pris la présente
copie par nous dont le coul est de quatre francs. Declareuil ». —
\ folio de même dimension que le registre.
Fin du XVIII* siècle et commencement du XIX* siècle. Papier.
250 sur 190 millim. 38 pages chiffrées. Ecrit à pleines pages, sauf
page 22, 2 lignes, page 34, 16 lignes, page 36, 19 lignes, page 37,
2 lignes. Pages blanches : 23 à 31, 35 et 3d. Cartonnage souple.
Le mot « Carmes » sur la couverture.
Les pages 36 et 37 sont écrites en sens inverse. La page 37 est
signée : Juge (Juge Saint-Martin).
67. — Recueil factice de 49 pièces concernant Tacquisilion des
domaines du nommé Desmarais du Gbambon, émigré.
Papier. Copies d'actes et actes rangés dans Tordre chronolo-
gique, numérotés de a à n. Ecritures des XV1II« et X1X« siècles.
Demi-reliure basane fauve, coins de même.
68. — « Société de la charité maternelle. 1 Souscriptions. || Le
présent Registre contenant quarante huit Feuillets a élé coté II et
parafé par nous Présidente de la Société, conformément à l'art. 15 1|
du règlement pour servir à TEnregistrement des souscriptions
faites par | les dames composant la dite société. \\ A Limoges le
douze février 1817. | Ghambonas de Barrin •.
XIX« siècle (1817-1831). Papier. 317 sur 210 millim. Ecrit à
pleines pages, sauf au folio 12 r^, 8 lignes. A partir de cet endroit,
pages blanches. Couvert en cartonnage bleu, dos parchemin. Sur
la couverture : « Registre || des || souscriptions »
Collé : au commencement, sur le plat intérieur de la couver-
ture : « Note pour le trésorier », et sur la page du titre, une autre
note.
69. — « Registre de recelte >i et dépense à Tusage | de Madame
Boudet, née Alluaud ».
670 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Papier. 195 sur 150 millim. 92 feuillets chiffrés. XIX^ siècle.
Cahier cartonné jaune, dos et coins parchemin.
70. BouRiAUD I. — Les Bucoliques de Virgile; texte et traduction.
Recueil factice de 6 cahiers contenaal :
a. — « Les Bucoliques g de Virgile, || traduites lilléralenienl || en
vers français, || accompagnées de remarques neuves sur le texte. |
Saint Junien, {j Dernier avril, 1838. || Bouriand Aîné. Il Du root pour
mot jamais ne vous rendez esclaves, || et gardez-vous surtout des
honteuses entraves, || d'où rien ne permettrait de retirer le pié. '|
Horace, Art poétique, \\ 1835. || » (Les mois suivants sont de Bour-
goin-Mélice, neveu de Fauteur et donateur des manuscrits de son
oncle à la Bibliothèque communale de Limoges) : « quarante-quatre
pages manuscrit, ouvrage de feu Monsieur Jean-Baptiste Bouriaud
cné; offert à la Biblotëque (sic) par Monsieur Bourgoin Hélice de
Sainl-Junien, mambre de la Société archéologiijue et historique du
Limousin, en 1857, mars 8. Signé : Bourgoin Mélice a. Entre le
litre précité el le folio 1 a été intercalé un folio pour V « Avant-pro-
pos », écrit r° el v*^. — Page 53, in-fine : « il croîtra : vous aussi
vous croîtrez mes amours ».
2 feuillets non chiffrés et 55 pages chiffrées. 390 sur 260 millim.
b. -— a Les Bucoliques de Virgile, Il Traduites littéralement || en
Vers Français, |) avec le Texte en regard, || et des Etudes î|| sur le
Texte latin, {et sur TArl de Traduire. (Ouvrages du même ». || {etc).
Page 3 : « Avant-propos ». — Manquent les pages 5 el 6. —
Page 7 : «... une licence assez fréquente chez nos grands poètes... ».
— Page 19, tilre de départ : « Bucoliques de Virgile ». — Page 30 :
« Egloga I ». — Page 83 in-fine : « vous, auprès de Gallus, en com-
blerez le prix ». — 7 feuillets blancs.
81 pages chiffrées cl 7 feuillets chiffrés blancs. 340 sur 230 millim.
c. — « 2* cahier. 1" el 2* Ëglogues ».
(Le 1" cahier manque).
Page 1 : « Egloga I... ». — Toute la page 2 a été rapportée sur
une page déjà écrite et collée avec des pains à cacheter. — Page 14
in-fine : « n'en trouveras-tu pas un aulre qui réponde ». 1 folio
blanc. — R® de la page 16 : « 3" cahier. 3' el 4* Ëglogues ». —
Page 15 : « Egloga III ». — Page 30 in fine : « Pan le dirait jugé
même par TArcadie ! ». — Page 45 : « Egloga VU. — Page 60 in
fine : « ou bien tous les amanis se forgent-ils des songes? ». —
1 folio blanc. — R<* de la page 61 : « 6" et dernier cahier. 9* et 10*
Ëglogues ». -— Page 61 : « Egloga IX ». — Page 74 in fine : « comme
une chose impossible en Français ». — 2 feuillets blancs.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 671
60 pages chiffrés et 6 feuillels blancs non chiffrés. 262 sur
195 millim. Le cahier 2 a été rongé par les rats à l'extrémité des
pages.
Papier. XIX* siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
Bibl. ^ Les Bucoliques de Virgile, traduites du latin en Fran-
çais. — A Limoge», chez L. Barbou, impr., 1789, in-12 de 63 p.
71. BouRiAUD II. — Fables de Phèdre; texte et traduction.
Recueil factice de 2 cahiers contenant :
a. — « Fables de Phèdre || traduites en vers français. B. A. Il Aver-
tissement. Il J'ai suivi l'édition donnée à Rouen | en 1756 ; c'est une
des meilleures que je II connaisse. La plus mauvaise est celle dont
on se sert dans nos écoles. On ne trouvera pas ici Canum ] Legati
adjovem ; j'ai cru devoir jj supprimer celte fable, ainsi que quelques
autres »>. — Fol.l v» : «Tra'luclion de la Vie de Phèdre ». — Toi. 2 r° :
« Fables de Phèdre || traduites en vers français || Par J. B. F. Bou-
riaud Aîné. || Limoges, 1816. jj — FoL 2 v" : « Epigraphe... ». —
Page 1 : « Fables deThèdre. Livre premier... »>. — Page 67 :
« Tables des Livres ». 6 feuillets blancs.
2 feuillets chiffrés, 67 pages, 6 feuillets chiffrés blancs. 343 sur
226 millim.
ft. — Fables de Phèdre || Livre sixième | Dix feuillets, ne varie-
tur. ijBouriaud Aîné ».
Fol. 2 ro : « Observations... ». — Fol. 2 v*» : « Fables de Phè-
dre Il traduites | en vers français. || ». — Fol. 11 v* : « Table des
matières... ». —• Fol. 12 r" : <' Aladin, renfermé dans les murailles,
où labondance régnait,... ». — Fol. 20 r**, in fine : « ... et les
échos de l'enfer on {sic) prolongé ses accents dans les ténèbres [8] ».
20 feuillets chiffrés. 255 sur 197 millim.
Papier. XIX^ siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
72. BouRiAt'D III.— Traduction d'épigrammes de Martial, et des
épigrammes latines de M. Grancher, recteur de l'Université de
Limoges.
Recueil factice composé de 6 cahiers contenant :
a. — « Premier et second | Supplément | à ma || Traduction des
Epigrammes || choisies De Martial, || avec le texte en Regard. ||
19 septembre 1833; || 1" supplément, || 5J Pages. || 1'' et 2* supplé-
mens || 89 Pages. Bouriaud Aîné. || N. B. J'en ai pris quelques unes
parmi celles l| des plus heureux imitateurs de Martial, en les 1 rap-
prochant toutefois un peu plus du texte ». Page S7 : « Second sup-
672 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
plément ». — Page 89 in fine : « [Voyez aux pages 5 el6 delà
saite de ces supplémeos] ».
89 pages chiffrées. 188 sur 124 millim.
b. — (t Suite de mon 1*' et 2* | supplémens | à ma Traduction
d*épigrammes || clioisies de Martial. | 31 Pages. Bouriaud Aine ».
Page 120 in fine : « est forcé de donner tous les fruits de l'au-
tomne ».
La pagination de ce cahier suit celle du cahier a : 90 à 120.
196 sur 154 millim.
c. — « Suite du 'È" supplément || à mon choix d'Epigrammes | de
Martial. 1 64 Pages. Bouriaud Àtné ». — Pages 186 et 189, table
des cahiers a, b, c.
La pagination de ce cahier suit celle du cahier Z> ; 121 à 189.
11 feuillets chiffrés blancs. 220 sur 166 millim.
d. ~ Sans litre. Epigramroes de Martial. Texte et tradactioo. —
Fol. 1 ¥*> : « Ollus a construit la cellule d'un pauvre... ». — Fol. 9
in fine : « Gemmatum Scythicis ut luceat ignibus aurum | aspicc!
quot digitos exuit iste calix ». — Fol. 10 à 21 blancs.
24 feuillets chiffrés. 228 sur 165 millim.
e. — <c2*cahier. | Supplément à ma traduction des || Epigrammes
choisies de Martial. Il Retouché à SWunien || [H^'-VienneJI 10 sep-
tembre 1821. Bouriaud Aine ».
Au verso du fol. de couverture : « Nombre des epigrammes ». —
Page 1 : « Ex libro de spectaculis ». — Page 56 in fine : date et
signature.
56 pages chiffrées et feuillets chiffrés blancs. 252 sur 194 millim.
f. — « Traduction, en vers Français, || Des Epigrammes || Lati-
nes I De Monsieur Grancher, \\ Recteur de TAcadéroie de Limo-
ges; Il hommage à Monsieur Le Recteur, |l Par Bouriaud Aloé,
X*»'* 1828. Il Le vers seul peut du vers nous rendre la Magie. |
2« copie ». — Page 27 in fine : « Apprends-leur son voyage... el,
toi, Philippe, viens. || B. A. ».
27 pages chiffrés et 2 feuillets chiffrés blancs. 240 sur 180 miUim.
Papier. XIX* siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
78. BouRUUD IV. — Théâtre, I.
Recueil factice de 4 cahiers contenant :
a, —Fol. 1 r° : « Cornélie ». — Fol. 2 r« : « Une demi-journée
de II Cornélie. || Comédie en deux actes | et en Prose, p 1803. || Bou-
riaud Aîné »,
CATALOGUE DES MANUSCRITS 673
2 feuillets chiffrés, 53 pages chiffrées, 2 feuillets chiffrés blancs.
230 sur 185 millim.
b. — Fol. 1 r : « La fête de la Rose II Rétablie à Salency l| Petite
Pièce II De Société et Allégorique, en 2 Actes, | et en Prose Mêlée il
D*Àriettes ». — Fol. 18 v* in fine : « Couplets et Ballet jj si possible ».
18 feuillets chiffrés. 260 sur 181 millim.
c. — Fol. 1 I* : — « Maintenon d. — Fol. 2 r* : « Le Premier
anniversaire de n La fondation de S^-Gyr. || Comédie en trois Actes
et en prose mêlée de vers ». — Fol. 20 v** in fine : « ... c'est que
nous ne voudrions nous acquitter jamais ! ». — Fol. 21-22 blancs.
22 feuillets chiffrés. 240 sur 189 millim.
d. — Pièce dont le titre et le commencement manquent.
Fol. 1 r* : « Le voici qui entre... ». — Fol. 13 r* m fine : « Fin ».
— Fol. 13 v"^, en marge : « Ariette. Elisabeth. Ariette d'une amante
infortunée ». — Fol. 14 r"" : « Vers chantés par l'auteur après la
fête ». — Fol. 14 V* ; « Exhortation pleine d'intérêt »; la 2* moitié
de cette page contient une note qui commence ainsi : « Octavius
ayant fait alliance avec Antonius, ... ».
H feuillets chiffrés. 244 sur 190 millim.
Papier. X1X« siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
74. BouRiAOD V. — Théâtre, IL
Recueil factice de 2 cahiers contenant :
a. — « Adam, Eve et leurs || enfants. | Fête de famille ». Com-
mence page 1. — Page 28 in fine : « Fin ». — Page 29, 1" vers :
« Soyez tous, dira-t-il, à jamais confondus » ; dernier vers : ^ Qu*on
voudrait égaler à votre bienfaisance ».
29 pages chiffrées. 325 sur 210 millim.
b. Sans titre : Drame ou tragédie historique, plan et commence-
ment d'exécution. —Fol. 2 r* : « 10 février 1810 (date du manus-
crit). « 1«' Acte. Il La comtesse de Flandre tâchera de réveiller les||
prétentions de Philippe Comte de Boulogne à la | couronne de
France. ». — Fol. 4 blanc. — Fol. 5 r* : « Acte 1". Scène 1" ». —
Fol. 14 r"" in fine : « il ne veut désormais que Paris pour asyle ».
14 feuillets chiffrés. 325 sur 214 millim.
Papier. XIX* siècle. Ecrit ] généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
75. BouRiAUD VL — Discours.
Recueil factice de 7 cahiers contenant :
a. — Pages 1 et 2 manquent. — Page 3 : « 1" Partie. || Embellir
Tesprit des plus belles fleurs dç la litté | rature, ... ». — Page 23 ;
674 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
« S'-Junien. 22 août 1813. Il Pères de familles, Il Chargés d^oD dépôt
sacré, ... ». — Page 26 : « encore tout effrayé des horreurs qui
avaient si longtemps ensanglanté || la patrie... ». — Page 30 in /{a« :
« ... c'est le seul 11 moyen d'en jouir ».
30 pages chiffrées. 248 sur 185 millim.
b. — Fol 1 : « Discours avant la distribution || Des Prix. S*-Janien
août i818 II Dans Tentlionsiasme dont me remplit une cérémonie |
aussi auguste... ». — Page 10 in fine : « Vive le Roi î ».
10 feuillets chiffrés. 240 sur 184 millim.
c. — 2 feuillets blancs. — Page 1 : « Institution de S* Juoien
[H** Vienne). || Discours pour la Distribution des || Prix. 21 août
1819. Bouriaud Aîné ». — Page 12 in fine : « Vive le Roi! Boa-
riaud Aîné! » — Pages 13 et 14 blanches. — Pages 15 : « Les
solennités qui, tous les ans et à pareille || époque, nous réunissent
en ces lieux... ». — Page 19 in fine : « Vive le Roi ! ». — Pages 20
à 30 blanches. — Pages 31 à 35 écrites en sens inverse ; — page 35:
u 1837. — 1 François Albécola de la Rovëre, fils d'un sioaple
pécheur... »; — page 31 in fine : « Vive le Roi ! ».
36 pages chiffrées. 255 sur 190 millim.
d. — Fol. 1 ro ; (c S* Junien | 22 août 1821 ». (Cf. cahier c, p. lo).
— Fol. 6 r<> : « S* Junien, | 23 août 1822 ». - Fol. 8 r», note com-
mençant ainsi : « un esprit supérieur est essentiellement cosmopo-
lite... )), et finissant : « ... ajouter à sa prospérité en ajoutant à sa
gloire ». — Fol. 9 r* : « S^ Junien 22 août | 1822 ». — Fol. 13, le
discours finit : « ... tout pour l'honneur! Vive le Roi ! ».
13 feuillets chiffrés. 250 sur 187 millim.
e. ~ Fol. 1 v*» : « Sainl-Junien, 21 août 1824 ». — Fol. 4 r% fin :
« ... à la télé des nations civilisées. || Vive le Roi ! ».
4 feuillets chiffrés. 205 sur 165 millim.
/. — Fol. 1 r*» : « S*-Junien, | 22 août, 1826 » ; pas d'autre men-
tion; le reste du fol. et le fol. 2 blancs. — Fol. 4 écrit en sens
inverse; v*» : « Rappelons-nous, je vous en conjure, la manière
cruelle... »; r*, in fine: ce ...accents horribles d'une fureur expi-
rante ». — Fol 4 blanc. — Fol. 5 r» : « SWunien, 22 août 1826. || Les
beaux jours, tels que celui qui || vient de réunir... ». — Fol. 7 r*
in fine : « ... en s'élcvanl avec force contre les utopies de certains!
esprits chagrins » ; v* : note de 6 lignes. — Fol. 8 r® : « Jeunes élè-
ves, nousallons nous séparer... »; fin au v*-. — Fol. 9, 10, 11 blanc*.
— Fol. 12 à 19 écrits en sens inverse. — Fol. 19 v* : « Les cérémo-
nies augustes, telles que celle qui... », -^Fol. 13 r» in fine : « ...et
CATALOGUE DES MANUSCRITS 675
répèle sans cesse II Vive le Roi! ». — Fol. 12 v** : « Voudrail-on
révoquer en doule les richesse | des Sémiramis... »; r"* in fine :
« Quand TEurope eût reçu Timpulsion | vigoureuse du 16' siècle
el... ».— Fol. 20 blanc.
20 feuillets chiffrés. 250 sur 193 millim.
g. — Fol. 1 r« : « 1832 1| Félix qui poluil... ». — Fol. 2 r« : « Dis-
cours pour la distribution des Prix. Sainl-Junien, 1832 ». — Fol. 3 r** :
« Discours : Tandis que, charmé des Progrès de son Siècle... ». —
Fol. 8 y« in fine : « S^ Junien, Il 1832 ». — Fol. 9 à 12 blancs.
12 feuillets chiffrés. 258 sur 196 millim.
76. BoimrAUD VII. — « Poétique || et Versification françaises. ||
Bouriaud aîné ».
Au v<> du titre, noie de 13 lignes, commençant ainsi : « ttom»
signifie je fais... », et finissant : « ... voilà où j*ai trouvé mon
poème ». — Page 1 : « Poétique française ». — Page 65 in fine :
« la fiebvre le quitta si tosl qu'il eut à boire ». — 1 folio blanc. —
1 folio de litre : « Traité de Versification | française. || Bouriaud
aine ». — 1 autre folio non chilTré au verso duquel : « Vers Hexa-
mètres el Penlamètres il Par Nicolas Rapin ». — Page 1 : « Versi-
ficalion française ». — Page 28 t» fine : «... employons les et ne
les multiplions point trop ».
Papier. 65 pages, chiffrées. 3 feuillets chiffrés, 28 pages chiffrées.
210 sur 172 millim. XIX« siècle. Ecrit généralement pleine page.
Demi-reliure basane fauve, coins du même.
77. BouRi.AUD VIII. — (c Cours élémentaire de logique et de ||
rhétorique. || Multa Paucis. | Saint-Junien, 1831. Bouriaud Aîné. »
Au v° du titre, note de 6 lignes. — Page 1 : « Cours de rhéto-
rique ». — P. m in fine : « Fin de la Rhétorique ». — Page 113 :
note de H lignes sur Vergnaud, extraites de Thiers. — Page 115 :
« Programme || de | Rhétorique ». — Page 121 in fine . « Fin || du
Programme de Rhétorique ». —Pages 121 à 130 blanches.
Papier. 130 pages chiffrées. 333 sur 205 à 215 millim. XIX« siè-
cle. Ecrit généralement pleine page. Demi-reliure basane fauve,
coins du même.
78. Bouriaud. — IX. « Le Sphynx vaincu II ou || Explications || de
la plupart des Allégories Mythologiques; | ouvrage nécessaire |J à
L'intelligence des Auteurs anciens, | par.M. Bouriaud Aîné, | ancien
Professeur aux Ecoles centrales, aux Lycées, au (sic Collèges H
Royaux, Bachelier ès-leltres. Licencié ès-sciences, ofiQcier || De l'Uni-
versité, Il Principal du collège de Sajnt-Juniçn. | Que d'absurdes
iV; }
676 SOCIÉTÉ ÀRCHiOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
récits ne faut-il pas admettre, |] Si dans Vanliquité Tod prend tout
à la lettre ? H [Neuf-CbAteau, poème des tropes, 1817.] Il 4830 ».
Au V® du titre : « Travaux d*Hercule [toyez cet article], (en ters,
une page). — Fol. 2 r* : « Préface » ; v* blanc. — Page 1 : « A. |
Académie... ». — Page 76 in fine : « Plus il voit, chaque jour,
aggraver sa misère. \\ Traduction de Bouriaud aine ».
Papier. 2 feuillets chiffrés. 76 pages chiffrées. 380 sur 257 milUm.
XIX* siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-reliure basane
fauve, coins du même.
79. Bouriaud IX. — Mathématiques. Recueil factice de 3 cahiers
contenant :
a. — Fol. 1 r* : (c Des logarithmes ». — 9 v* : une pièce de vers
commençant ainsi : « Un jeune oiseau perdit Gelas i n, et finissant
par ce vers : « vous Peindre ma reconnaissance »; quatre lignes
d'une équation algébrique.
9 feuillets chiffrés. 208 sur 165 millim.
b. — Fol. 1 V* : « Mémoire Présenté au juri d* Il instruction à
Tulle pour le concours du !•' germinal jl an X. — Page 1 : « hoc
opus; hic Labor est : Pauci quos œquus amavit | Jupiter... Oneid...
Lib. VI. Il Mon but ne doit pas être... ». — Page 13 in fine : signé :
« Bouriaud aîné, || Professeur de Math<i««" à Limoges ».
I feuillet chiflré. 13 pages chiffrées. 259 sur 208 millim.
c. — Le même que le précédent, retouché. Fol. 1 r* : « hoc opus,
hic Labor... Oneidor, Lib. VI. Je ne cherciierai point dans la nuit
des II tems... ». — Fol. H r* in fine : signé : « Bouriaud, P*«»' de
Mat*!"" Il à l'Ecole centrale de la Corrèze ».
II feuillets chiffrés. 255 sur 190 millim.
Papier. XIX* siècle. Ecrit généralement pleine page. Demi-
reliure basane fauve, coins du même.
80. Bouriaud XI. — Ses notes de professeur. Vol. L
Recueil factice contenant textes de versions latines, thèmes
latins, discours français, corrigés des uns et des autres, traductions
de fragments latins ou grecs, etc., etc., et 3 cahiers de géographie,
le tout dans le plus grand désordre, écrit dans un sens ou dans
Tautre, entremêlé de feuillets blancs, etc.
1 cahier. Papier. 32 feuillets chiffrés. 380 sur 260 millim.
X1X« siècle. Ecriture généralement pleine page. Demi-reliure ba-
sane fauve, coins du même.
81. Bouriaud XIL — Ses notes de professeur. Vol. IL
Hecueil factice contepant 8 cacbiers, a ki ;
250
- 231
2S2
— 187
230
- 176
200
— 188
190
— 135
240
- 180
250
— 190
250
— 170
CATALOGUE DES «ANUSCniTS 67T
a. — 13 feuillets chiffrés. 2S0 sur 338 millim.
ft. — 8 -
c. — i6 —
d. — 14 —
^. — 27 —
/•. — 49 —
ff. — 4 —
ft. — 6
i. - 6 —
L'exlrémilé des pages a été rongée par les rais.
Mêmes observations que pour le précédent.
82. BouRiAUD XIII. — « Les Plaideurs, | Comédie | de Racine, ||
Arrangée Pour les collégiens || sans la moindre altération || Dans
rinlrigue ni dans le dénouement. || l""' avril, 1832. |Bouriaud aine ».
Papier. 180 sur 110 millim. XIX« siècle. Ecrit à pleines pages.
46 pages chiffrées écrites et pages 47 à 65 chiffrées blanches.
Dans une reliure parchemin forme portefeuille.
N.-B. — Tous les manuscrits de Bouriaud portent la signature
de Bourgoin Mélice, son neveu, qui en fut propriétaire avant de
les donner à la Bibliothèque communale de Limoges.
Le papier de ces manuscrits est généralement en médiocre état.
83. — Recueil d'Elie Joseph Lefebvre.
a, « Notice peu intéressante, faite par un homme 1res obscur ».
(Autobiographie d'Elie-Joseph Lefebvre, secrélaire général de la
Haute-Vienne, de 1752 à 1748).
Incomplet du dernier feuillet. A été publié par M. A. Leroux
dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ,
tome XLI, p. 313, où ce qui manque a été remplacé grâce au pro-
cès-verbal des délibérations du Conseil général.
Papier, bleuté sauf les pages 31 à 34. 244 sur 185 millim.
XIX" siècle. 24 lignes à la page. Espace couvert par l'écriture :
225 sur 145 millim. 34 pages chiffrées. Reliure bradel rouge.
b : « Traduction en Français d'une conversation en patois limou-
sin, entre un Bourgeois et un bon Païsan. Février 1831 ».
L'écriture permet d'atlribuer ce manuscrit à Elie-Joseph Lefebvre.
Papier, blanc pour les feuillets ^ et 2, bleuté pour les autres.
247 sur 210 millim. 20 lignes ou vers à la page. Marge à gauche
de 4 à 5 centim. 5 feuillets chiffrés.
84. « Létro sur las modas|é surtout lo Grinolino. |) A M' E.
Ruben. || De la part de 1 auteur »>. (H. E. Ruben a ajouté : « Pour la
Bibliothèque communale. L'abbé Ribière »«
678 SOCIÉTÉ AHCHÉOLOGIQUË ET HISTORlQt'E DU LlMOUSt>l
Papier. âlO sur 145 millim. XIX* siècle. Ecrit à pleines pag-c».
13 pages chiffrées. Reliure bradel rouge.
85. « Légendes el | Nouvelles || !'• partie ». — (Anonyme).
Fol. 3 r"" : « Les Montagnes, (j La Sorcière | ou | La fiancée de
l'autre monde | Légende ». — Page 1^^« : « La sorcière || l'« Lé-
gende » ; Jinit page 15, — Page 17 : « Le Vicomte || Archamband \\.
LégendeB imitée d'une vieille chanson ». — Page 19 : « Le Vicomic
Archambaud. Il Légende S""" || »; inachevée; page 21 in fine :
«... dites- 1 moi, Seigneur troubadour, où va| la jeune mariée ? *>
— Le reste du cahier est blanc.
Papier. X1X« siècle. 195 sur 154 milliui. 2 feuillets chiffrés.
21 pages chiffrées. 12 feuillets non chiffrés blancs. Reliure bradel
rouge.
86. Poésies et pensées d'Emile Ruben.
An fol. 97 r : « Emile Ruben i| Avocat|| Cours d'Albrel, 99(1 Bor-
deaux ». — E. Ruben fut par la suite conservateur de la Bibliothè-
que communale de Limoges. — Cahier de notes, de projets, d'ébau-
ches littéraires.
Papier. XIX* «iècle. 216 sur 170 millim. 97 feuillets chiffrés;
feuillets 81 à 92 t^ blancs ; quelques notes sur papier collées sur
les pages ; les feuillets 92 v° à 97 écrits en sens inverse. Cartonné
vert.
87. « Guide || du sapeur-pompier || de la Ville jj de jj Limoges. ||
Contenant I) Thistorique de la Compagnie depuis sa fondation jus-
qu'à Il nos jours, la Chronologie des principaux incen<)ies qui ont J
ravagé noire ville, || la Théorie pratique de la manœuvres j| des
pompes, elc, d'après M' Plazanet, le Règlement || général de la
Compagnie, el les Instruclions p' les Incendies. | Avec planches. ||
Par Auguste Debord, S' P'.|| Officier Instructeur. |j Limoges, 1874».
Première partie.
Fol. 1 r* : « A Monsieur le Maire de la Ville de | Limoges, Che-
valier de la Légion d'honneur. | ... », lettre-dédicace à la Munici-
palilé de Limoges, signée : « Aug'" Debord, Lieutenant Instructeur
en Retraite. Limoges, le 2 juillel 1876 », fol. 3 r«. — Fol. 4r*:
dédicace. — Fol. 5 r° : au milieu d'un motif décoratif au lavis, titre
sommaire. — Fol. 6 r* : titre complet, voir ci-dessus. — Fol. 7 r* :
« Première partie ». — Fol. '8 r* : « Parmi l'Institution les plus
dignes de || sympathie... ». — Fol. 9 r<^ : « Tableau Chronolo-
gique Il des I Commandants des Sapeurs-Pompiers de Limoges,
Il De 1793 à 1874 »; v« blanc. — Fol. 10 : « Tableau général
I des 1 Décorations Décernées j| aux II Sapeurs-Pompiers l| par
le Gouvernement el la Ville de | Limoges | à compter de l'année
CATALOGUE DES MAXLSCRITS 670
ixU à celle de 18S6 ». —Fol 11 v° blanc. — Page 1 : « Nolice||
historique de la Compagnie || de 1794 à 1872 | Rétablissement d'un
service public... ». — Page 343 in fine : a Vu et approuvé : H Le
Maire 1| Signé Othon Péconnet ». — a. Plan de L'ancien hôtel
des II Monnaies approprié au Casernement || d*une Fraction des
hommes de la Compagnie t| des sapeurs-Pompiers destinés à Por-
ter Il les premiers secours en cas d'Incendie. | Extrait d*aprës le
nouveau Plan de la Ville de 185o. || Fait et dressé par le Soussi-
gné Il Pour être joint au Guide du Sapeur-Pompier. || Limoges,
20 Août 1874, ||Aug*« Debord... ». -— b. Plan du Rez-de-Chaussée
et des Dépôts de la |l Caserne dos Snpciirs-Pompiers de la ville de
Limoges. | Ancien Bâtiment de la Monnaie. || Fait par le soussigné...
Debord... ».
Papier. 279 sur 184 millim.; plan a : âG5 sur 360 millim. ;
plan b: 255 sur 343 millim. XIX* siècle; 21 lignes par page;
espace couvert par récriture : 170 sur 115 millim., encadré par
2 traits à l'encre. Hubricpies à l'encre rou^^e ou bleue. Lettres
ornées et peintes or et couleurs. Bessin au lavis hors texte entre
les pages 272 et 273. 11 feuillets chiffrés. 344 pages chiffrées.
2 plans a et b. Reliure pleine, maroquin rouge, fers ornés et
dorés.
Tome II du précédent. — Fol. 1 v**, dessin au lavis : « Pendant
rincendie ». — Fol. 2 r* : titre complet comme ci-dessus. —
Fol. 3 r° : « Deuxième partie «. — Entre les pages 216 et 217, des-
sin hors lexle au lavis. — Entre les pages 276 et 277, idem ; 278 et
279, idem. — Page 288 in fine : « ... un orifice de 15 millimètres ».
— a. « Plan du Terrible et Epouvantable Incendie qui Détruisit
une II Parlie de la Ville de Limoges, le 6 septembre 1790. || Extrait
d'après le Plan de la Ville de Limoges, 1775... (par)... Debord ».
— ft. « Plan Général du Terrible Incendie du Quartier des Arènes
Il du 15 Août 1864. | Extrait diaprés le Plan de la Ville de Limoges,
de 1856... » (par le même]. — c. « Plan de l'Incendie du Quartier
de la rue Sainte-Marthe, le 7 juin 1870... Extrait du Plan de la
Ville de Limoges de l'Année 1856... » (par le même). — d. «f Plan
de la Célèbre Basilique Apostolique de Saint Martial, Bâtie au
l\^ siècle sous Louis-le-Pieux.. Extrait du Plan de la Ville de
1775... » (par le môme).
Papier. 279 sur 184 millim. ; plan a : 600 sur 900 millim. ;
plan b : 586 sur 890 millim. ; plan c : 508 sur 630 millim. ; plan c/ :
423 sur 525 millim. ; le dessin entre les pages 276 et 277 : 338 sur
276 millim. ; celui entre les pages 278 et 279 : 348 sur 268 millim.
XIX'' siècle. 21 liçnes par page; espace couvert par l'écriture :
170 sur 115 millim., encadré par 2 traits à Tencre. Rubriques à
1
680 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET IIISTOniQUÈ DU LlMOCSI!^
l'encre rouge ou I)leue. Lettres ornées et peintes or et couleurs.
3 feuillets chifTrés. 288 pages chiffrés. 4 plans : a, b, c, d. Reliure
pleine maroquin rouge, fers ornés et dorés.
88. Neuf cahiers des chansons d*Aifred Durin.
88*. — /•' cahier : Lettre de Tautear par laquelle il envoie ses
cahiers à Amable Boudel. 1 pa^e. 17 février 1877. — Folio de
garde : « Cahier n* 1 ». — Page 1 : « I^ Complainte des Ruraux ».
— Page 54, lignes 8 et 9 : « Arrélée à la chuie du président Thiers
[soit à peu près au 24 mai] ». — Page 55 à 88 blanches. — Pages
89 à HO écrites en sens inverse. Page HO : « Cahier n» 1 «. —
Page 108 : « Le Croquemilaine ». ^ Pagr. 89, au bas : « Dans
le même cahier la complainte des Ruraux. De Tautre côté de ce
livre ».
110 pages chiffrées.
88^. — 2^ cahier : Folio de garde : « Cahier n* 4. Par Alfred
Durin ». — Page 1 : « La Re^lauralion ». — Page i09 : « Table ».
110 pages chiffrées.
88«. — 3* cahier : Folio de garde : « Cahier n»3. Chansons d'Al-
fred Durin ». — Page 1 : « Le shah de Perse ». — Page 134 : « La
Voiture cellulaire »; il n*y a qoo le titre de cette chanson. —
Pages 135 et 136 blanches. — Page 137 : « Une nuit à Mazas »; il
n'y a que le titre. — Pages 138 et 139 blanches. — Page 140 :
« L'arrivée à Belle-Isle »; il n'y a que le titre. — Page 141 : « Le
Chant de la France ». — Pages 146 et 147 : « Table ».
147 pages chiffrées.
88<*. — 4« cahier : Folio de garde : « Cahier n* 4 ». — Page 1 :
« Le Chant du Tocsin ». — Pages 33 à 41 blanches, sauf les mois :
page 36 : « Mon Transfèremenl [à faire] », et page 39 : « Ha
condamnation [à faire] ». — Page 42 : « 1852 ». — Pages 126 et
127 : « Table ».
127 pages chiffrées.
88*. — ô* cahier : Folio de garde : a Chants et Chansons d'Al-
fred Durin. Cahier n*" S ». — Page 1 : « La Prévention d*un Limou-
sin ». — Pages 131 el 132 : « Table ».
132 pages chiffrées.
88^ — 6* cahier : Page I : a Chansons d'Alfred Durin. Cahier
n"" 6 ». Les pages 9 à 44 et 72 à 118 ont été enlevées. — Pages 12â
et 123 : « Table ».
18 pages chiffrées.
CATALOGUE DBS MANUSCRITS 68 i
888. — 7" cahier : Folio de garde : « Cliansons inédiles, par
Alfred Durin. Cahier n* 7. Romances et Poésies Diverses ». —
Page 1 : « Nei^-Ralapolis ». — Page 70, ligne 6 : « A» nouvel
empereur, à son gouvernement »; et ligne .8 : « Paris, 20 février
1857 ». — Suivent des pages arrachées, 14 feuillets blancs non
chiiïrés. Un 15*" folio r"" contient la « Table ».
70 pages chiffrées et 15 feuillets non chiffrés.
88*^. — 8* cahier : Première page : « Chansons inédites. Par
Alfred Durin ». — Page 1 : « Le Croquemilaine ». — Page 25, tw
fine : « Proclamez roi ce beau dindon. — Paris 1872. A. D. ». —
Les 11 dernières pages du cahier sont blanclies.
25 pages chiffrées et H pages blanches.
88^ — 9* cahier : Première page : « Chanls et chansons d'Alfred
Durin. Faire publier dans Tordre suivant ».
8 pages écrites et 30 feuillets blancs.
Papier. XIX« siècle. Pour les premiers cahiers, 20 lignes à la
page pleine. 186 sur 150 millim. Cartonnage rouge. 8* et 9« cahiers
19 lignes à la page pleine. 150 sur 110 millim. 8« cahier : carton-
nage souple, bleu; 9* cahier, idem, vert olive.
Donné à la Bibliothèque communale de Limoges par M. Amable
Boudet, le 24 janvier 1877.
89. — « Limoges, || Lemovices, Augustoritum. Lemovicum, ||
Capitale du Limousin | aujourd'hui cheMieu du dép^ de la Haute-
Vienne. 1 1879 ».
Essai de compilation historique, sans valeur. A la fin, signé :
« Goberville, 3 mars 1879 ».
Papier. XIX'^ siècle. 190 sur 120 millim. Hauteur couverte par
récriture : 15 centim.; à gauche de chaque page, marge de 2 à
3 centim. ; 25 ou 30 lignes à la page. 24 feuillets chiffrés. Reliure
bradel demi-toile rouge.
90. Baylac — Spiritisme. L
« 1" volume. Commencé le 10 mai 1860, fini le 7 octobre môme
année ; 5 mois. | Voir la table à la fin du 9' volume. || Spiristisme. |
1860. 1 Ce volume doit être lu le dernier, || car en majeure partie,
il a été ainsi que | les 2* et 3« écrit pour former, le II médium ». —
Sur le folio suivant est collée une note signée : « Baylac » (fils) par
laquelle le signataire légua les manuscrits de son père à la Biblio-
thèque de Limoges.
Paginé ainsi : I à X — 1 à 1102 — 303 à 798; plus 15 feuillets
non chiffrés blancs.
T. LV 40
Ô82 SOGléTé ARGRéOLOÛIQUE BT urdTORIQUB DU LIMOUSIN
91. Batlag. — Spiritisme IL
l*' titre : « Spiritisme 1 || 1860. | ^ volume. || Commencé le
[ ] octobre 1860, fini le 18 février 1861. 4 mois et demi ». — ^Utre
ou folio suivant : « 2^ cahier. | Spiritisme || Baylac écrivit crache-
ment I ceci du 3 juin au 13 inclus. || 1860 ». — Page 1627 :
« Tome 3* {sic} Table alphabétique. 2* volume V" »; cette table n'a
pas été faite.
1627 pages chiffrées. 19 feuillets non chiffrés blancs.
92. Baylac. — Spiritisme. III.
Collé sur le plat intérieur : « Table du 3* vol. y Omis ». — Tilro :
« 3*" vol. Commencé le 15 février 186i, fini le 31 mai 1862. 15 mois
et demi. || Voir la table à la fin du 9^ volume ». Page 1618 in fine :
«... pour que ces derniers voulussent en tolérer la libre émission ».
1618 pages chiffrées. 2ï feuillets non chiffrés blancs.
93. Bayuc. — Spiritisme. IV.
« Spiritisme. IV' volume. Baylac Médium ». — Page 1601 :
« Table analytique des matières »; finit page 1686.
1686 pages chiffrées. 8 feuillets non chiffrés blancs.
94. Baylac. — Spiritisme. V.
Page 1 : « Commencé le 30 mai; repris le 8 juillet 1864 1| et fini
le 22 août même année — écrit en 48 jours. ||8« volume ». — Page
1601 : Table analytique; finit page 1711.
1711 pages chiffrées. 3 feuillets non chiffrés blancs.
95. Baylac. — Spiritisme. VI.
« Spiritisme ». — Page 1 : « Commencé le 29 janvier 1867, fini
le 23 mars, écrit en 83 jours ». — Page 1604 in fine : «... Pour
prouver a priori qu*un être humain existe ». — Fol. 1 : c Table
analytique »; finit folio 86 v^".
160i pages chiffrées. 50 feuillets chiffrés.
96. Baylac. -— Spiritisme. VII.
« Spiritisme. Il Cahier d'Etudes || d'un II médium. | Matériaux |
d*un essai de spiritisme rationnel. || 7* volume. || Janvier 1870-
Févrierl878. OS. J. Baylac».
Au verso du titre, fragment de table. — Fol. 1 : « Table »; finit
folio 7 v^ — Fol. 8 à 10 blancs. — Page 1 : « Commencé le 9 jan-
vier 1870... ». — Page 1604 in fine : « ... C'est loutce qu'ils peuvent
faire lorsqu'ils sont élevés ».
10 feuillets chiffrés. 1604 pages chiffrées.
97. Baylac — Spiritisme. VIII.
« Spiritisme. || Cahier d'études || d'un Médium. || Malériaux 1| d'un
CATALOGUE DES MANUSCRITS GB3
essai de Spiritisme Rationoel.l 8* volume. || Février 1878-Mars 1886. |
Baylac. Joseph Siroéon ».
Fol. 1 : « Table » ; finit folio 10 V. — Fol. H et 12 blancs. —
Collé entre folio 12 et page 1 fragment de papier bleu sur lequel
fragment de table. — Idem enlre pages 100 et 10t. — Page 1 :
« Commencé le 17 février 1878; fini le 12 juin même année; écrit
en 3 mois et 23 jours ». — Page 1600 in fine: <« Ce 8' volume .. etc. ».
12 feuillets chiflrés. 1600 pages chiffrées.
08. Batlag. — Spiritisme. IX. (Recueil).
« Spiritisme. | Cahiers d*éludes || D*un | Médium. | Matériaux ||
D'un essai de Spiritisme Rationel {sic) | 9" volume. || mars 1886-
1892 1 Baylac Joseph-Siméon ».
Sur un carré de papier collé au dos du volume : « Lire ce volume
lel*'».
Fol. 1 blanc. — Fol. 2 : « Bordeaux le 26 août 1891. Il Avant-
propos».— Fol.4 :« Préface».— (Fol. 3 à 13 écrit r* seulement).—
Fol. 17 V' in fine : «... pourrait donner de bons résultats ». —
Page 1 : «... Spiritisme. Neuvième volume ». — Page 855 : « Ces
cahiers ont été clos par la maladie | le 20 avril 1892 ». ~ 5 feuillets
chiffrés blancs. — Page 1 : « Présidence spirituelle de Samuel
Hahnemann... » (50 pages). — Fol 1 r* : « Questions »; fin folio 187 v®.
— Fol. 188 à 210 blancs. — Fol. 2H r« : « Table du 1^' volume. —
Fol. 227 r : « Table du 2* volume » — Fol. 235 ro à 246 r« : réfé-
rences diverses sous forme de tables. — Fol. 246 v* ; « Table du
3* volume ». — Fol. 259 à 268 : Références diverses sur des
morceaux de papier collés eux-mêmes sur des feuillets déjà écrits. —
Fol. 269 à 286 : « Table du 9* volume ». Fol. 287 v« : v Ordre de
classement des cahiers du 9* volume ».
17 feuillets chiffrés, 855 pages chiffrées, 5 feuillets chiffrés,
50 pages chiffrées, 287 feuillets chiffrés. Ont des dimensions par-
ticulières : 50 pages : 24 sur 21 centim. ; les feuillets 269 à 287 :
225 sur i50millim.
99. Bayug. — Spiritisme. X (Recueil).
(c Spiritisme || rationnel, | Matériaux d'un essai || sur || l'homme. ||
10* volume g 1891-1893 II Baylac. Médium ».
Page 1 r*: « Spirilisme. 10« volume |) Lorsque Vesprit se trouve
dans la zone flui || dique... ». — Page 620 in fine : « C*est imbécile
et méchant et Iflche | au moral ». — 11 feuillets blancs. — 6 feuillets
d*un cahier de devoirs d'écolier sur lesquels sont collés des réfé-
rences en forme de table. — Page chiffrée 29 : « Différer d'un
individu au physique... »; jusqu'à page 350 notes diverses : spiri-
tisme, sociologie, minutes de lettres, etc.. — Page chiffrée 1 :
684 SOCléré ARCHiOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
« Cruchonneries »; série finissant page 138. — 69 feuillets chiffrés
de consultations d'esprits.
620 pages chiffrées, 11 feuillets chiffrés blancs, 6 feuillets chif-
frés. Pages 29 à 350. Pages 1 à 138. 69 feuillets chiffrés.
100. Baylac. — Spiritisme. XI (Recueil).
Sur 89 pages d'un livre de comptes ont été collés des fragments
de papier blanc, bleu, bulle, de paille, etc.. sur lesquels sont des
notes diverses, généralement relatives au spiritisme.
Dimensions du registre de comptes : 340 sur 215 millim. Relié
pleine toile noire.
Pour les X premiers volumes. Papier. 28 sur 22 centim. environ.
Ecrit généralement pleine page. XIX*^ siècle. Reliure dos et coins
parchemin.
101. — « Catalogue ||de la Bibliothèque Limousine de M. Auguste
Bosvieux. || Auteurs Limousins || et Marchois ».
« Fin )) page ^28. — Pages 228 à 236 blanches.
Papier. XIX* siècle. 31 sur 20 centim. 34 lignes à la page.
236 pages chiffrées. Demi-reliure basane fauve, coins du même.
Cf. le Catalogue de la dite bibliothèque, imprimé pour Claudin.
Paris, i887.
102. Catalogue de la bibliothèque des Pères Oblals de Limoges.
Sur la feuille de garde, cachet des P Oblats de Limoges, à Tencre
bleue.
Sur le fol. 1 : « Ce catalogue de la Bibliothèque des Pères Oblats
de Limoges a été trouvé dans la hotte à vieux papiers de M. Dubois,
commissionnaire et bouquiniste, place d*Âine, à Limoges, en février
4904, par M. Mayéras, sous conservateur de la Bibliothèque com-
munale de Limoges ». {Signé} : B. Mayéras.
Papier. 211 sur 164 millim. Fin du XIX* siècle ou début du XX*.
22 lignes par page pleine. 135 feuillets chiffrés. Cahier d'écolier
cartonné, disposé en façon de répertoire. Beaucoup de feuillets
blancs.
103. « Cathédrale II de || Limoges. | Projet de restauration i84S.|
Projet d'achèvement 1881. || P. Chabrol, architecte ».
Plans en couleurs au lavis.
Papier. Les feuillets sont de dimensions diverses, et quelques
uns de forme polygonale. Dimension générale : 1™,09 sur 65
centim. 1 fol. titre non chiffré; entre feuillets VII et VIII, titre
de départ non chiffré : « Projet de charpente 1| en bois » ; idem
entre feuillets 11 et 12 : « Projet de charpente en fer » ; XV feuil-
lets de planches chiffrés. Reliure carton vert, dos et coins par-
chemin vert.
CATALOGUB DES MANUSCRITS 685
104. « Limoges, y Incendie da qaarlier des Arènes. | Nuit du
15 au 16 août 1864. | Offert à la Bibliothèque communale ». Signé :
Maquart.
Album de 10 dessins originaux, 2 plans imprimés, 1 plan manus-
crit. — 1" plan : « Ville de Limoges. Plan du quartier des Arènes,
détruit dans la nuit du 15 au 16 août 1864, comprenant les nou-
veaux projets de rues, l'agrandissement de la place de la Molbe,
avec Talignement des rues de la Boucherie, le changement et
Taugmenialion du marché couvert,., dressé par Tagent-voyer Lan-
sade, 1864. — 2* plan : « Nouveau quartier des Arènes. Plan
d'alignement proposé par la Société Immobilière pour le rétablis-
sement de ce quartier... par Fayette et Ruben; — fl. Dncourtieux,
éditeur, S. d. — Le 3* plan est manuscrit : « Plan de l'incendie du
15 août 1864. | D'après le plan Général de Limoges, dressé en 1851
par M' Em. Grignart ». Lavis en plusieurs teintes.
Papier. 46 centim. de hauteur sur 62 de largeur. XIX* siècle.
Titre or, rouge et noir. Dessins sur papier bulle, aux crayons
noir et blanc, collés sur carton blanc; celui du fol. H : « Dessin
à la plombagine, Procédé particulier à l'Auteur ». 1 fol. blanc,
14 feuillets chiffrés, 1 fol. blanc. Demi-reliure basane bleue, fers
ornés et dorés.
105. Liasse de 77 lettres concernant d'une façon générale le
Musée céramique et l'Ecole des Beaux-Arts appliqués à Tindustrie
de Limoges, la Société des Amis des Ans du Limousin, etc.
A. Dubouché à Burty (?;, 9 aoîlt 1864; — A. Dubonché à Burly,
18 juin 1866; — M** E. Tunis, avoué, à la Société des Amis des Arts,
27 février 1867; — A. Dubouché à Burty, 13 juillet 1868; — Idem,
S. d.\ - Idem, 2 juin 1868; — Idem, 5 juin 1868; — Idem. 2 juil-
let 1868; — Idem, 18 août 1868; — A. Dubouché à..., 13 novembre
1868; — A. Dubouché à Burty, 31 décembre 1868; — Idem, 5 jan-
vier 1869; — A. Dubouché à..., 10 janvier 1869; — Idem, 22 jan-
vier 1869; — A Dubouché à Burly, 23 février 1869; — Idem (avec
note de Burly à Solon), !•' avril 1869; — Idem, 10 mars 1869; —
Idem, 22 juillet 1869 ; — A. Dubouché à Burty, 17 mai 1869; —
Idem, 7 juin 1869 ; — Idem, 26 juillet 1869; — Idem, 21 juillet
1869; — Idem, 16 août 1869 ; — A. Dubouché à Burty (?), 31 août
1869; —Idem, 1«' septembre 1869;— E. Ruben à Burty, 10 octobre
1869; — Idem, 16 novembre 1869; — Idem, 25 novembre 1869;
— Idem, 1" décembre 1869; — Dubouché à Burly, 18 décembre
1869; — Idem, 24 décembre 1869; — E. Ruben à Burty, 7 janvier
1870; — Dubouché à Burty, 8 janvier 1870; — A. Guillemot à
Burly, 15 février 1870; — H. Ardant à Burty, 18 février 1870; —
686 sociéré archéologique et historique du limousin
MassoD à Barly, 23 février 4870; — Dubouché à..., 18 avril 1870;
— Dabouché à Burty, 6 mars 1870; — Dubouché à..., 3 mai 4870;
— Idem, 4 maii870; — Idem, H mail870; — H. Ardant à Burty(?),
18 mai 1870; — Idem, 30 mai 1870; — A. Guillemot à BÙrly.
30 mai 1870; — MassoQ à Burly, 28 juin 1870; — Idem, 6 juillet
1870; — Dubouché à..., 10 juillet 1870; - Idem, 14 juillet 1870;
— H. Ardant à Burty, 26 juillet 1870; — Dubouché à Burty, 26
juillet 1870; - Dubouché à Burty, 30 juillet; — Idem, 2 août 1872;
— Idem, 9 septembre 1872; — M* E. Tunis à..., 11 octobre 1872;
— Dubouché à Burty, 15 octobre 1872 ; — Idem, 4 janvier 1873;
— M« E. Tunis à Dubouché, 9 janvier 1873 ; — Idem, 13 février
1873; — Dubouchéà..., 16 février 1873; — M«E. Tunis à..., 7 mars
1873; — Idem, 12 avril 1873 ; — Baylac à M. de Lajolais, 10 juillet
1892; -— Lettres non datées, J. Michelin à Burty; — A. Guillemot
à Burty, 2 lettres; — Dubouché à Burty, 6 lettres; — Dubouché à
de Lajolais, 2 lettres; — H. Ardant à Burty, 2 Ictlres; — Maurice
Laportcà G. Leymarie (?), 14 janvier 1882; — L. de Lajolais au
môme (?), 15 novembre 1896. Papier.
106. Etudes de géométrie pure, ou appliquée, surtout à Tari da
biltiment. Figures.
Ce vol. de planches est signalé dans l'inventaire de G. de Ville-
lume, p. 355, au bas, ainsi : « Figures de géométrie manuscrites,
1 in-fol. », sans autre renseignement.
Papier. XIX* siècle. Planches de dimensions diverses ; dimen-
sion générale : 45 sur 30 centim. 103 feuillets chiffrés. Ni date,
ni nom d'auteur. Reliure plats bleus, dos toile noire.
107-118. J.-S. Baylac; modeleur de Limoges. Collection de ses
épures, dessins, esquisses, projets, etc. (de vers 1849 à vers 1891),
T. I (107) : Etudes de géométrie et épures appliquées à la céra-
mique.
T. II (108) : Quelques études comme dans le précédent, puis,
surtout, soupières, théières, cafetières, crémiers, quelques caba-
rets, etc.
T. III (109) : Services, buires, aiguières, seaux.
T. IV (110) : Idem.
T. V(H1) : Services à toilette.
T. VI (112) : Services, cabarets, tasses.
T. VII (113) : Nouveautés, grands vases, etc.
T.VIII(114): Idem.
T. IX (115) -.Cabarets.
T. X (116): Idem.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 687
T. XI (117) el XII (H8) : Matériaux surromcmcntalioD; éludes
diverses ; au t. XII surtout, dessins et projets relatifs à Fiadustrie
des bronzes d*art.
Baylac avait collé ses dessins sur 20 volumes de la Gazette des
Tribunaux el de la Loi. Avec ces 20 volumes, on a formé 10 albums
de 65 sur 80 cenlim. Pour les tomes XI et XII, on les a laissés
comme ils étaient, les dessins collés sur les pages de registres de
comptes.
Il y a environ 2.500 dessins.
Tous les manuscrits de Baylac ont été achetés par la Bibliothè-
que en juillet 1892. Voir n"" 109, fol. 1 « Etat des pièces vendues
par Baylac à la Bibliothèque communale de Limoges ». A ce qui est
énumérë sur cet état, Baylac joignit ses autres manuscrits concer-
nant le spiritisme (voy. ci-dessous, n'** 90 à 100), et environ
80 planches photographiques (voir Catalogue du fonds limousin).
Sauf les registres n<* 118 et 119, les n®" 108 à 117, demi-reliure
basane fauve.
AUTOGRAPHES
1. Adelon (Docteur). — Lettre à...?, au sujet de sa collaboration
à la Biographie universelle Michaud. — 31 juillet 1812. — 2 (T.,
3 pp. 1/2.
2. Adelon (docleur). — Lettre à M. Bourée, docteur en méde-
cine à Châtillon-sur-Seine. — Lettre d'affaires. — 22 juillet 1830.
— 2ff.,2pp.
S. Aine (d'). — Lettre à Guineau-Dupré, avocat à Limoges,
approuvant que celui-ci prenne la direction de la Feuille hebdoma-
daire de la Généralité de Limoges. — 7 janvier 1781. — 1 p. (La
signature seule doit être de d*Aine).
Angiviller (Charles-Claude 1^ lahaull de la Billardrie, comte d').
— Voir Louis XVI.
4. Baret-Deschénes. — Lettre à...? — Renseignements politi-
ques sur Guéret. — Guéret, samedi 11 septembre 1824. — 2 ff., 3 pp.
Bordas. — (Voir Guineau). *
Breteuil (Baron de). — Voir Louis XVI.
5. Bugeaud, duc d'Isly, à..., 1845. — Conseils à un fonctionnaire
sur la façon d'administrer. — 2 ff., 4 pp.
6. Catinat (Maréchal de). — Lettre à M. de Locmaria, — sur les
mouvements de ses troupes, etc. — Strasbourg, le 18 octobre 1702.
— 2ff.,4pp.
688 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUS|;«
7. Daguesseau. — Lettre à un imprimeur de Londres pour lui
demander renvoi d*une publication. — 4 décembre 1724. — 2 pp.
Large écriture.
8. Dagues.<?eau. — Lettre adressée à « S' Conlest de la Chalai-
gneraye » (Sainl-Conleslde la Barberie II, intendant du Limousin),
au sujet du Présidial de Limoges. La signature est de la main du
chancelier. — 4 juin 1745. — XVIIP siècle. 32 sur 21 centim.
4 ffc. dont 1 blanc.
9. Deloche (Maximin). — Lettre à E. Ruben. — k propos de son
livre : « Les Lémovices de TArmorique ». — Paris, 6 décembre 1836.
— 2ff.,3pp.
10. Deloche (Maximin). — Lettre au même. A propos de la
Bibliothèque communale de Limoges. — Paris, 21 décembre 18S6.
— 2ff., 3 pp.
11. Deloche (Maximin). — Lettre au même. A propos de son
dernier ouvrage. — Paris, 26 août 1857. — 2 ff. 3 pp.
12. Deloche (Maximin). ^ Lettre au même. A propos de la
Bibliothèque communale de Limoges. — Paris, 17 septembre 1857.
— 2 ff., 3 pp.
18. Dupuytren. —Lettre à un confrère. 12 juin? — Invitation.
— 2ff.,3pp.
14. Fromental (Vilar de) à M"' de Segonzal (sic), •< A Limogei^,
ce 22* sept. 1711 ». (Avec : une lettre de change tirée par le même
sur la même, à Tordre de M. de Silhouette). — 19 et 22 septembre
1711. — 5 ff., 2 pp. Cachet brisé.
Gay-Vernon. — (Voir Guineau).
15. Guéronnière (A. de la). — Billet à...? — Conçu en termes
énigmatiques. — Thouron, 30 octobre 1857.
16. Guibert (Louis). — Lettre du 5 févriers 1879, au maire de
Limoges, lui donnant les renseignements qu'il avait demandés sur
Tancien Palais de justice de Limoges. — 2 ff., 3 pp.
17. Guineau, Bordas, Gay-Vernon, Plazanet. — Signature au bas
d'une adresse au Ministre de la guerre en faveur de Bourdeaud, com-
missaire des guerres dans la Haute- Vienne. La pétition est rédigée
de la main de Guineau. — Paris, 27 frimaire an 5 — 1 f., 2 pp.
18. Juge-Saint-Martin. — Lettre à E. Ruben? — Envoi d'ouvra-
ges de son père, Tagronomc limousin. — Boubeau, 13 avril 1857.
— 2ff.,2pp. 1/2.
CATALOGUE DES MANUSCRITS 689
19. Lasleyrie (C. de). — Leltre à un ami qui lui demandait de le
recommander à Paris; prolestalions contre le gouvernement de
Juillet. — Paris, 29 décembre 1836. — 2 (T., 2 pp. 1/2.
20. Lasleyrie (C. de). — Lettre à un libraire au sujet de son
Essai sur les voyages. — 26 février 1838. — 2 ff., 1 p.
21. La Touche de Tréville. — Signature sur un ordre d'embar-
quement au s' Dubournazeau, lient* de frégate. — Rochefort,
25 mai 1784.
22. Louis XV. — V Brevet d'historiographe de France pour le
S' de Marmonlel ». — Signé : Louis; et plus bas : Philippeaux
(Conseiller secrétaire d'Etal). — 27 mars 1772. — 1 p., parchemin.
23. Louis XVL — « Brevet d'historiographe des bâtiments du
Roi pour le sieur Marmontel ». — Signé : Louis; et plus bas : Le
B«" de Breteûil. 31 octobre 1785. — Et au-dessous, visa signé :
D'Angiviller (Charles-Claude de Flahault de la Billardrie, comte...,
Conseiller du Roi) ; 10 novembre 1786. — 1 p., parchemin.
24. Monlégut (Emile). — Leltre au bibliothécaire de la ville de
Limoges ; — envoi de ses ouvrages. — Thias, 10 février 1889. —
2ff.,2p.
25. Montégut (Emile). — Lettre au [même; — envoi d'un de ses
ouvrages et d'autres volumes. — Thias, 7 mai 1890. — 2 ff., 1 p.
26. Mortemart (R. de). — Lettre à M. Tarbé des Sablons, vice-
président du Comité électoral de la Seine; adhésion à 1' « Union
électorale ». — Paris, 4 février 1850. — 2 ff., 1 p.
27. Mortemart (R. de). — Ancien député, membre de l'Assem-
blée constituante. — Lettre par laquelle il retire sa candidature
dans le département de la Seine. — Paris, 20 février 1850. — 2 ff.,
Ip.
28. Mourier (Baron), (maréchal de camp, commandant le dépar-
tement de la Creuse). — Demande de la décoration de la Légion
d'honneur en faveur de M. Terni, ancien lieutenant au 103* régi-
ment de ligne. -— Guérel, 1*' avril 1815. — 1 p.
29. Mourier (Baron). — Signature au bas de l'état de ses services
et blessures. — Limoges, 13 septembre 1814. — 1 p.
30. Mourier (Baron). — Leltre d'avis d'envoi de pièces person-
nelles au Grand-Chancelier de la Légion d'honneur. ^ Limoges,
14 septembre 1816. — 1 ff., 2 p.
SI. Noualhier (Armand). — Lettre à E. Ruben. — A propos dQ
la Bibliothèque. — 8 novembre 1856. — Billet de 19 lignes,
690 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
32. Noualhier (Armand). — Leltre au même. — A propos de la
Bibliothèque et des relations qui existaient aux XV' et XVI'' siècles
entre Venise et Limoges. — Paris, 20 janvier 1857. — 2 ff., 2 pp.
83. Orves (Thomas d'). — Signature sur un ordre d'embarque-
ment à M. de Bournajo. — A bord de l'Orient, 14 septembre 1780.
Philippeau, conseiller d'Etat. — (Voir Louis XV).
Plazanet. — (Voir Guineau).
34. Roumanille (J.). — 2 fables en provençal, adressées « à son
ami E. Ruben ». — Avignon, 22 mars 1861. — 2 ff., 3 pp.
35. Souham (GoroteV — Signature au bas d'une pièce du Bureau
de la Police militaire, 20* division militaire ; Périgueux, 11 aoAliSlS.
— 1 fol., 2 pp.
36. Souillac (Comte de). — Signature sur 2 ordres d'embarque-
ment au s' Bournazo. — Port-Louis, 21 mai et 30 août 1780.
37. Anonyme. — Lettre à... ? signée D. — Quelques renseigne-
ments sur la situation politique de Guéret. -— 11 octobre 1824. —
2 ff. ; 3 pp. 1/2 ; écriture large.
SUPPLÉMENT
La Bibliothèque possède en outre, manuscrits :
« Bibliothèque d'un lycée » (Lycée de Limoges?) Catalogue.
1 cahier broché. S d.
« Catalogue des livres qui se trouvent dans la Bibliothèque de
l'Ecole centrale de la Haute- Vienne... contenant en outre la notice
des manuscrits.. , par Biron, bibliothécaire an IX ». — 1 registre
grand format relié parchemin.
« Premier catalogue de la Bibliothèque publique de Limoges »,
par le même. — S. d. — 3 cahiers br., numérotés. Le 1*' 88 ppc,
le 2* 97 ppc, le 3» 96 ppc. (Brouillon du suivant).
Catalogue de la Bibliothèque communale de Limoges, par Biron,
bibliothécaire. An XIIL — Registre relié parchemin, 838 ffc, léga-
lisé parL. Texier-Olivier, préfet de la Haute- Vienne (2 exemplaires).
« Catalogue des ouvrages qui forment l'effectif de la Bibliothèque
communale de la ville de Limoges... », 1816. Inventaire par G. de
Villelume, commissaire délégué à cet effet. 1 registre gr. format,
cartonné. 362 ppc.
« Catalogue par ordre de matières de la Bibliothèque de Limoges,
21 mai 1820. Pour la Mairie de Limoges ». Par Siméon-Sanson de
Royère, bibliothécaire. — 1 registre gr. format, cartonné. 166 ppc.
« Catalogue des livres de la Bibliothèque communale de Lime-
CATALOGUB DES MANUSCRITS 691
ges », par Sanson de Royëre. Divisé en 8 tableaux. — 5 catiiers
br., gr. format. S. d.
a Catalogue par noms d*auleurs et par ordre de matières » des
livres de la Bibliothèque communale de Limoges, par Sanson de
Royère. Un registre cartonné, gr. format. 120 ppc. S. d.
« Bibliothèque. 15 août 1837. Remise de la bibliothèque h
M. Judde de la Judie, par Monsieur Godefroy de Royères », fils de
Sanson de Royère. — Inventaire, suivi de Tinvenlaire et des notes
d'entrées de Léon Duboys, bibliothécaire. Registre gr. format,
cartonné.
« Catalogue par'ordre alphabétique des livres de la Bibliothèque
de Limoges ». Par Judde delà Judie, bibliothécaire. S. d. 1 registre
gr. format, relié veau pi.
<c Catalogue de la Bibliothèque par ordre alphabétique, dressé
par M. Judde-de-la-Judie, 1829 ». — Â la moitié : « Catalogue des
livres de la Bibliothèque par ordre de matières ». — 1 registre
gr. format, relié peau de truie.
« Catalogue par ordre de matières des livres de la Bibliothèque
communale de Limoges », par Boisse, bibliothécaire, 4 cah. gr.
format, br. S. d.
Catalogue raisonné, avec sommaires ou commentaires, des livres
de la Bibliothèque communale de Limoges, par Boisse. S. d. —
12 cahiers gr. format; br.
« Inventaire de la Bibliothèque de Limoges, du il février 1855 »,
par E. Ruben, bibliothécaire. Registre d*entrées de la p. 263 à la
p. 273. — Registre grand format, cartonné.
Catalogue du fonds religieux de la Bibliothèque communale de
Limoges, par E. Ruben. — Cahiers grand format, demi-reliure
basane fauve. (N'a pas été imprimé).
Catalogue des ouvrages sur le Limousin et la Marche que possède
la Bibliothèque communale de Limoges, par E. Ruben. — 468 ppc.
Cahiers format moyen, demi-reliure basane fauve. (Avec quelques
additions de M. C. Leymarie, conservateur de la bibliothèque. (N'a
pas été imprimé) (1).
Minute de : « Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de
Limoges, dressé et envoyé à M. le Maire pour être Iransmis à
S. Exe. M. le Ministre, le 24 juin 1870. (Par Emile Ruben). —
27 feuillets.
(1) A disparu : le Recollement d'E. Ruben, du 10 nov. 1856, signalé
par Fauteur dans la Notice sur la Biblioth, comm. de Lim,
692 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
ERRATA ET ADDENDA
AUX NOTICES DE LOUIS GUIBERT ET DE M. G. LEYMARIE
N"" 2. — « ÀDliphonaire ». — De E. Ruben, dans son Catalogue
des mss. de la Bibliothèque de Limoges...- du 24 juin iS70 : « Ce
ms. doit être à la Bibliothèque depuis sa fondation ».
N* 5. — « Missel limousin ». — De E. Rubcn, op, cil, : « Ce vol.
provient de la bibl. de M. Juge de Saint-Martin et a été ofTerl par
ses héritiers, le 15 juin 1859 ».
N* 6. — « Registre d'Aimeric et Gérald Tarneau... ». — De E.
Ruben, op. cit. : « J'ai obtenu ce manuscrit, en échange, de
M. Buisson de Mavernicr, ancien rédacteur du Courrier du Centrcy
ancien directeur du Musée. Je ne sais de qui il le tenait. Je crois
qu'il Tavail acheté à quelque bouquiniste ».
N** 10. — « Registre et statuts de la confrérie de la Conception
de Notre-Dame... ». — De E. Ruben, op. cit. : « Provient de la
bibliothèque de M. Juge de Saint-Martin et offert par ses héritiers
le 15 juin 1859».
N" 11. — - « Vie de saint Léonard ». — De E. Ruben, op. cit. :
« Ce ms se trouvait à la Bibliothèque de Limoges lorsque j'ai été
nommé conservateur. J'ignore sa provenance ».
N" 12. — « Obituaire... ». — De E. Ruben, op. cit. : « Ce ma-
nuscrit... faisait partie de la bibliothèque de M. Juge de Saint-
Martin et a été offert par ses héritiers le 15 juin 1859 ».
N** 18. — « Manuscrit dit de Jean de Lavaud ou de Pierre Mes-
nagier ». — Louis Guiberl n'en indique pas la provenance. —
De E. Ruben, op. cit. : « Il est entré à la Biblioliièque le 15 juin
1859. Il provient de celle de M. Juge de Saint-Martin et a été offert
par ses héritiers ».
N** 19. — « Journal d'Olivier Lefèvre d'Ormesson ». — De E.
Ruben, op. cit. : « Ce ms me semble être à la Bibliothèque depuis
l'origine ».
N° 20. — « Estât des paroisses de l'élection de Limoges... ». —
De E. Ruben, op. cit. : « Pour ce qui est de la provenance, il n'y a
CATALOGUE DBS MANUSCRITS 693
qu'à lire la note manuscrite qui se trouve au 1*' feuillet liminaire
blanc : « Ce manuscrit, trouvé par moi, J^-B^ Boileau, sur les quais
à Paris, a été acheté 1 fr. SO et donné à la ville de Limoges, i*' août
4842. [Signé] : Boileau ».
N"* 23. — « Ex manuscriptis et compositis Francisci de Malle-
vaud ». — De E. Ruben, op. cit. : « Ce ms est entré à la bibliothè-
que le 16 août 1839. Je le tiens de M. Buisson-Mavernier ».
N» 80. — « Mémoire sur un palais des rois de France de la
seconde race, dans le Limousin »• — De E. Ruben, op. cit. : « Ce
manuscrit acheté à M. Porquet, libraire à Paris, est entré à la
bibliothèque le 26 janvier 1866 ».
N** 88. — u Les Héroïdes d'Ovide... ». — De E. Ruben, op. cit, :
« Ce ms a été offert à la Bibl. de Limoges par M. Aug. Du Boys,
pharmacien, le 7 février 1836 ».
Ko 87. — Il faut ajouter : 1* Manquent les pages 11 à 14, — 63
à 78, — 98 à 105, — 154 à 157, — 176 â 183.
S"" Par suite d'une erreur de pagination, la p. 81 n*est pas
signalée.
S^" Après la table, le bas de la page 252, les pp. 253 et 254 sont
d'une écriture grossière, différente de celle du volume.
N'*48.. — Supprimer ce n** (voir à Tavant-propos le motif de
cette suppression).
•et.
LA CHAPELLE DE L'HOPITAL DE LIMOGES ^*>
(avec coupe et plan Cl-ANNEXÉS)
I. — Notice descriptive
La grande chapelle À, do XVIP siècle, au fond de laquelle se
trouve le rétable, a pour accès direct, à l'avenue Baudin, un por-
tail en fer B, placé dans l'épaisseur du mur de clôture qui longe
celle avenue. Au droit de ce portail il y a un perron de huit mar-
ches, h droite et à gauche duquel se.trouvent deux terrassons G et D.
Une allée avec sentier en carreaux de ciment relie ce perron à
la porte principale de la grande chapelle. À droite et à gauche de
cette allée il existe deux jardinets. De celte porte principale on
accède à la dite chapelle au moyen de neuf marches descendantes
qui étaient comprises dans le tambour E que formait tout récem-
ment encore la partie du milieu du dessous de la tribune. La partie
de gauche de ce dessous servait de dépôt de chaises, et celle de
droite donnait accès à la tribune au moyen de l'escalier F. L'esca-
lier G situé sur la tribune même et aboutissant à la porte H du
premier étage de l'hôpital permettait aux militaires de venir direc-
tement de leurs salles assister aux offices. Deux immenses bancs-
d'œuvre, surélevés d'une marche, se remarquent en K et en L, et
à Tune des extrémités du banc-d'œuvre de droite, en M, se trouve
la chaire. En se dirigeant vers le maître-autel, on arrive à une
marche cintrée en plan. Cette marche, avec la balustrade fixée à |
son bord, délimite le chœur N. Aux extrémités de la dite marche
se trouvent à droite et à gauche les stalles du chœur, au nombre
de douze. De ce dernier on accède à l'autel au moyen de quatre
marches. Cette chapelle, qui a 36",07 de longueur sur H",09 de
largeur et 11"',38 de hauteur, est éclairée par huit grandes baies
à plein-cintre et est garnie d'un plafond droit en mortier se raccor-
dant aux parois verticales des murs au moyen de voussures égale-
(1) Voir plus loin le procès- verbal de la séance du 26 décembre 1905.
LA CHAPELLE DE L^HOPITAL DE LIMOGES 69^
ment en mortier. Les arcs des dites baies foDt pénétration dans ce
dernier.
Entre la tribune et les premières baies de droite et de gaache, il
y a de cbaqae côté ane baie simulée par le pinceau. II n'y a ni mou-
luration ni sculpture aux parois et au plafond de la chapelle; toute
leur ornementation consiste dans une décoration peinte et médiocre,
simulant aux entre-axes des baies, à partir du dessus du lambris, des
pilastres en relief qui supportent un entablement au-dessus duquel
se trouvent rangés, également en relief, des caissons sur le plafond '
et les voussures. Au milieu du plafond de la première travée, au-
dessus du cbœur, se trouve peinte la Trinité ; au milieu du plafond
de la travée à la suite est peint le monogramme du Christ, et le
milieu de la troisième travée comporte des anges. Il y avait encore
un autre motif-milieu à la quatrième travée, qui a disparu par
suite de la brèche qui s'est faite il y a quelques mois à la toiture,
une partie de la charpente et du plafond au-dessous s'étant
effondrée.
Les huit baies qui éclairent la chapelle sont garnies de vitraux
modernes de bonne facture. Le premier vitrail de gauche à partir
du maître-autel représente la Mère de Dieu. Le vitrail à la suite
représente le bicnheui*eux Joseph Labre. Un cartouche figure sur
le troisième vitrail avec l'inscription : Beati pauperes spiritu, Matth.y
V, 7. Le quatrième vitrail de gauche porte un cartouche dans
lequel se trouve Tinscription : Malien de Savignac fundator hoep,
gen. Lemov, 1659.
A droite, à partir du mallre-autel, figure sur la première
verrière saint Joseph, sur la deuxième se trouve sainte Germaine
Cousin, sur la troisième dans un cartouche il y a Tinscription :
Beati miséricordes, Matth. V. 7, et enfin la quatrième verrière de
droite comporte également un cartouche avec Tinscriplion : Maria
de Petiot, fundatrix Congreg. S^-Alexis, 1659,
Sur la paroi du mur de gauche, entre la première et la deuxième
baie, à partir du maître autel, se trouve appendu un tableau peint
représentant saint Alexis.
£n face, entre la première et la deuxième baie de droite, se trouve
un autre tableau qui met en scène saint Charles Borromée.
Enfin, en plein milieu du rétable, au-dessus du maitre-autel, se
montre une toile peinte qui a pour sujet la Descente du Saint-
Esprit.
Ces trois toiles sont des peintures de valeur.
Tout le fond de cette grande chapelle, tant en largeur qu'en hau-
teur, est pris par le rétable qui se divise en trois parties. A la partie
du milieu est accolé Tautel, et les deux parties extrêmes compren-
696 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
neDt cliacuDc une immeose niche au-dessous de laquelle se trouTC
pratiquée une porte qui donne accès h la sacrislie E'.
Dans la niche de gauche est placé le Chrisl, et dans celle de
droite se trouve la Vierge.
Ces deux statues sopt plus grandes que nature.
Les trois parties du retable sont accentuées par quatre puissantes
colonnes torses sur les spires desquelles s'allie la faune à la flore,
la première étant représentée par des animaux divers, et la seconde
par du pampre.
Le tout est doré en plein, sauf la plupart des figurines qui sont
peintes.
Cette œuvre, de grande valeur, complètement en bois, est due
au ciseau de Martin Bellet, sculpteur limousin.
Elle date de la dernière moitié du X VII^ siècle, et rappelle l'archi-
tecture de la Renaissance italienne que Varliste a dû visiter avant
de commencer son œuvre.
Les reproductions photographiques ci-annexëes indiquent mieux
que nous ne saurions le faire, ce qu'il y a de beau et d'original
dans cette conception, pour la réalisation de laquelle il a été
dépensé beaucoup de talent et probablement beaucoup d'argent.
Une observation doit cependant être faite au sujet du morceau
de sculpture qui renferme deux anges placés au-dessus et à droite
et à gauche du tabernacle. Cette partie de sculpture nous parait ne
pas avoir la même valeur que le reste du retable et est certaine-
ment sortie d'autres mains que de celles de maître Bellet.
Ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, il s'est produit il y a
quelques mois une brèche à la toiture et au plafond.
Cette brèche qui laisse la chapelle à ciel ouvert sur toute la sur-
face marquée en plan par les lettres OPRQ n'est pas un mal irrépa-
rable, et nous sommes vraiment étonné que l'on n'ait pas encore
songé à y porter remède en adoptant une des deux solutions sui-
vantes, nécessitées l'une ou Tautre par le projet de l'extension que
l'administration désire donner à l'hôpital militaire.
La première solution qui consiste à construire un bâtiment à
retour d'équerre du bâtiment actuel, sur le rectangle STVU du
plan, permettrait à l'administration de satisfaire à toutes les con-
ditions d'hygiène, pour ce nouveau bâtiment, tout en maintenant
la grande chapelle actuelle dans son intégralité; et pour l'y main-
tenir on pourrait d'urgence faire réparer sa charpente de toiture,
remettre en état son plafond au droit de la brèche OPRQ, et faire
disparaître les fuites de couverture qui se sont produites au-dessus
de la tribune et de l'orgue qui s'y trouvait.
II nous paraît regrettable que celte tribune et cet orgue aient
M. Chiire: N, <
I lUapUal millUire ; t>\ Chap
La chapelle de l^iiopital de limooes 697
élë déposés, attendu qae, celte solution du bûlimcnl à retour
d'équerre nous semblant absolument pratique, la somme que hm
a déjà dépensée pour la dépose de la tribune et de Torgue, ajoutée
à celle que Ton dépensera encore pour lear repose, forment une
dépense considérable que Ton aurait pu éviter en couvrant provi-
soirement l'orgue pour le protéger des eaux pluviales pendant la
réparation de la toiture an-dessus.
En admettant que cette solution ne puisse convenir, il s'en pré-
sente une seconde qui consiste à allonger le bfttiment actuel en
plaçant la nouvelle construction sur le trapèze TWXZ du plan. On
isolerait cette rallonge au moyen d'un espace libre de six mètres
de largeur qu'on laisserait entre sa façade WX et le nouveau
pignon A'B' de la grande chapelle et de celles à côté. La longueur
de la grande chapelle qui est de 36"07 serait ainsi réduite à 49 mè-
tres. Nous disons que la première solution nous parait préférable à
la seconde parce que : i"* la partie à retour d'équerre serait mieux
aérée, mieux ventilée; 2^ la grande chapelle et ses annexes pour-
raient être intégralement maintenues.
Nous dira-t-on que les murs dont les parties au droit de la brèche
sont exposées de tous côtés à la pluie, depuis quelques mois déjà,
pour des motifs ignorés par nous, sont hors d'état de continuer à
supporter la charpente de toiture et le plafond ? Nous ne le pensons
pas. Sans doute, il y a au point H' de la tête du mur de la façade
principale de la chapelle une. crevasse verticale; sans doute il y a
une partie du mur latéral de droite qui, à partir du dit point H',
est hors d'aplomb; mais cela ne prouve pas que les murs qui ont
0'"90 d'épaisseur menacent ruine, et cela ne prouve pas qu'ils sont
mauvais dans leur ensemble. A notre avis, ils nous paraissent
encore parfaitement propres à supporter le plafond et la charpente
actuels ainsi que le plafond eX la charpente que va nécessiter la
fermeture de la brèche; mais il ne faudrait pas les faire péricliter
en laissant les eaux pluviales continuer à s'y infiltrer par leur
dessus, et miner tout leur intérieur.
Les mesures préventives ne manquent pas à cet effet.
Quant aux bois de charpente, nous estimons que les pièces qui
sont mauvaises sont faciles à remplacer.
Dans quel but défendons-nous aujourd'hui le maintien de la
grande chapelle, soit entière, soit rognée? Dans l'unique but de
conserver au rétable qui est une œuvre d'art dans toute l'acception
du mot, une œuvre faite par un artiste limousin, ce qui lui sert
d'abri, c'est-à-dire la grande chapelle dont toute la largeur et
presque toute la hauteur sont prises par le retable.
Nous nous demandons quel pourrait être à Limoges l'édifice
T. LV 47
69d SOGléri ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
assez grand et assez convenable pour I« recevoir, dans le cas où
Tadminislration tiendrait absolument à se débarrasser de cette cha-
pelle et de ses annexes.
Nous ajoutons de ses annexes^ parce que celles-ci ne pourraient
pas conlinuer à subsister isolément, la chapelle une fois démolie.
Nous objeciera-t-on que l'argent fait défaut pour remettre sur
pied celle dernière d*une façon ou d'une aulre, afin de pouvoir
laisser le retable en place ? Dans ce cas, nous répondrions que les
escarcelles des fervents de Tart, qui sont nombreux à Limoges,
s'ouvriraient bien un peu pour venir en aide à la réaiisalion de nos
désirs que partageront certainement tous les membres de la Société
archéologique du Limousin.
Il est du reste à noter et à prendre en considération que la dépose
et la repose du rétable à un aulre lieu pourrait bien coûter près de
sept mille francs, sans compter le coût des raccords d'épaufrures
et de dorure qu'entraînerait ce travail de dépose et de repose.
Ceci dit, n'omettons pas, avant de clore la présente notice, de
dire que, comme annexes, il y a lieu de compter :
1** La sacristie qui est superbe et qui est située derrière le retable.
Elle mesure H"'09 sur B^OO de largeur et 4"4o de hauteur;
3"* Une chapelle à gauche de la grande, mesurant 17"65 de lon-
gueur el e^ST de largeur;
3** Une chapelle à droite de la grande, qui mesure 14"37 sur 6*46.
Elles communiquent toutes deux avec la chapelle principale au
moyen de deux grandes arcades de 5"13 d'ouverture, et sont pla-
fonnées el voussurées de la môme manière que celle dernière,
mais en bois. Leur hauteur est de S^'TS;
4** Une pièce en avant de la chapelle de droite, qui sert actuelle-
ment de dépôt des ornements cultuels. Au-dessus de cette pièce il
y en a une autre qui sert au même usage;
S"" Quelques dépendances de l'hôpital, situées à gauche de la
grande sacristie et coupées presque à leur milieu par un passage
d'accès à celle-ci ;
6^ Une courette de service en arrière de la petite chapelle de
droite, comprenant un appentis qui sert de remise.
Il nous parait aussi utile de mentionner comme toile peinte de
valeur le tableau appendu dans la sacristie et qui représente le
Christ en croix, et d'énumérer les toiles que nous avons vues dépo-
sées dans la grande chapelle et qui se trouvaient, avant l'accident
dont il vient d'être parlé, accrochées tant dans celle-ci que dans la
petite chapelle de droite à côté, savoir :
i. Saint Rocb;
3. La Présentation de la Vierge;
LA- CHAPELLE DE l'hOPITAL DE LIMOGES 699
3. La Toussaint;
4. Le Purgatoire ;
5. La Samaritaine;
6. Les Rois Mages ;
7. Adam et Eve chassés du Paradis terrestre;
8. Le Christ au jardin des Oliviers ;
9. La Cène;
iO. Sainte Madeleine;
U. Saint Dominique;
42. Saint Jean-Baptiste.
Les numéros S et 9 entre autres sont de très bonnes peintures.
Quant aux numéros 3 et 4 qui ont été déchirés lors de l^accident par
la chute des matériaux, ils sont peut-être réparables.
Le numéro 7 est le seul qui soit complètement délabré et irré-
parable.
Enfin, ne laissons pas dans Toubli la pénible impression que
nous avons ressentie quand nous avons vu dernièrement les sœurs
de rhospice mettre des seaux dans les deux petites chapelles pour
recueillir une partie des eaux qui venaient les envahir. Nous
sommes convaincu que si, aujourd'hui encore, les inondations de
ces deux chapelles continuent à se produire, c'est de la faute
des sœurs, assez négligentes pour ne pas oser porter leurs
doléances auprès de Tadministration qui, certainement, se ferait
un devoir de leur donner satisfaction en faisant exécuter les répa-
rations nécessaires.
Limoges^ le if décembre 1906,
E. WoTTLiNG, Architecte.
IL — Notice historique
La chapelle de Saint-Alexis fut entreprise au commencement
du règne de Louis XIV. La construction en était achevée au milieu
(]e Tannée 4664 et le service divin y fut inauguré au mois de juillet
de la même année (1).
Les frais de cet édifice avaient été couverts par les libéralités de
Messire de Maledent de Savignac, à qui Limoges doit un ensemble
(1) Diaprés les Mémoires mss» de Pierre Mercier, cités par P. Laforest,
Limoges au XVII* siècle, p. 428.
700 SOCléTÉ ARCHéOLOGlQUB BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
d*ëtablisseinents élevés surle clos Sainte- Valérie : THôpital général»
le séminaire de la Mission el le séminaire des Ordinands (1).
Dans la pensée de M. de Maledent, cette chapelle était destinée
uniquement aux exercices religieux des Missionnaires. Cest donc à
eux qu'il en fit don par un acte en règle qu'homologua Tévéque du
diocèse en 1665, et que lui-même confirma dans son testament de
4666 (2). Il étendit en même temps au séminaire des Ordioands la
jouissance de Tédifice (3).
Comme les PP. de la Mission étaient en même temps chargés de
rassistance spirituelle des pauvres et des malades de rhôpKal,
il parut tout indiqué d'étendre à ceux-ci le bénéfice de la donation (4).
Il fut donc stipulé qu'ils y seraient admis chaque dimanche pour
la célébration des offices et qu'ils occuperaient le collatéral de
droite, comme étant le plus rapproché de l'hôpital. Quant aux
administrateurs de l'hôpital, ils avaient un banc réservé dans le
chœur môme (5).
Ce régime a duré jusqu'à la Révolution (6), à ce détail près que
(1) Voy. les Actes testamentaires de Maledent de Savignac^ publiés
dans le t. II, p. 133, de nos Doc, hist. sur la Marche et le Limousin^
Cf. la Relation de ce qui s'est passé à la fondation de VHôpital, de la,
Mission et du Séminaire, publiée par M. Tabbé Lecler dans ses Chron.
ecclés, du Limousin, p. 7 et ss.
(2) Publié par A. Leroux, Doc. hist., II, p. 140, et par M. l'abbé Lecler,
Chron. ecclés. , p. 112.
(3) « Item, je conûrme et réitère et donne de nouveau et par un
d'abondant Téglise de Saint-Alexis, avec les sacristies, proche THos-
pilal général au séminaire de la Mission et des Ordinands...» (Doc.
hist., II, 137).
(4) «... A la charge que le contrat fait avec les sœurs de Saint- Alexis
sera ponctuellement exécuté et que les chapelle et chœur que j'ay fait
bastir pour les pauvres enfermés, seront entretenus aux frais communs
du séminaire de Tune et Tautre maison » [Ibid.).
(5) Voy. l'acte d'homologation par l'évêque de Limoges, déjà cité. —
Le premier registre des délibérations du Bureau de l'hôpital (1661-1726)
fournirait sans doute bien des détails intéressants à cet égard, si on
pouvait le consulter. Ce registre était en 1862 aux mains des religieuses
de Saint-Alexis d'après M. P. Laforest {Limoges au XVII^ siècle, 2« édit.,
p. 496).
(6) « Les Missionnaires font le service de l'église de Saint-Alexis,
qui est commune à THopital et à la maison... » (Gilles Le Duc, Etal du
clergé de Limoges, 1702, publ. par M. Lecler, Bull. Soc. arch. du Li-
mousin, XLVI, p. 389). Cf. l'abbé Bullat, Tableau ecclés., publ. par
M. l'abbé Lecler, Arch. hist. du Limousin, II, 430.
LA CHAPELLE DE l'hOPITAL DE LIMOGES 70i
le séminaire des Ordinands eut, à partir de 4674 environ (1), une
chapelle en propre sous le vocable de sainte Marie (2).
Le départ des PP. de la Mission au commencement de la Révolu-
tion, et la conflscation de leurs biens eurent pour effet de faire
entrer leur chapelle dans le domaine de TEtat (3). Elle fut concédée
à THôpilal général, en même temps que les bâtiments, cours et
jardins des Missionnaires, par une décision des pouvoirs publics
(15 nivôse an XII =r 6 janvier 1804), en remplacement de certains
biens dont ce même établissement avait été dépouillé (4). Depuis
lors, elle a été désignée couramment sous le nom de chapelle de
rHôpital (5).
Les dimensions de la chapelle de Saint-Alexis sont indiquées
dans l'acte d'homologation dont nous avons parlé. Elle mesurait
134 pieds de longueur sur 40 pieds de largeur. De chaque côté de
sa nef oblongue, à fond plat, il y avait deux collatéraux plus bas,
(1) Voy. Tacte de séparation de biens faite entre le séminaire de la
Mission et celui des Ordinands, 1674, publ. par M. Lecler, Chron, eccL,
p. 115 : art. 13, « A Tégard de l'église qui jusqu'à présent a esté com-
mune à toutes les deux maisons, il a esté expressément convenu et
accordé qu'elle demeurera propre et particulière à la dite maison de la
Mission, nonobstant la donation faite par feu M. de Savignac... A la-
quelle donation... le séminaire des Ordinands a renoncé... »
(2) Cette chapelle, démolie depuis près d'un siècle, figure sur le Plan
de Limoges de l'abbé Legros, conservé à la Bibliothèque communale de
notre ville. Elle fut église paroissiale de 1802 à 1822 environ. Son voca-
ble fut alors transféré à l'anciejQne église Saint-Thomas-d'Aquin des
PP. Jacobins. Voy. Allou, Description des monuments de la Haute-
Vienne, p. 197 et 221.
(3) En 1796, le Bureau de l'hôpital adressait à l'administration du
département une pétition pour obtenir la mise en vente de la maison,
jardin et ci-devant église de la Mission. (Voy. notre Invent, des arch.
hospit,, reg. E., 2, f» 273 v»).
(4) Renseignements que nous devons à Tobligeance de M. Morel,
secrétaire en chef de l'hôpital général.
(5) Le second registre des délibérations de la Commission adminis-
trative de l'hôpital fait mention [î^ 104), d'une lettre de cette commis-
sion au préfet du département (19 janv. 1808)) relativement « à la suc-
cursale de Sainte-Marie [des Ordinands] que l'évêque désirerait de
porter dans l'église de la Mission ». D\ine pièce conservée aux Archives
départementales (Q, 320), il résulte qu'en l'an Xî (1803) l'église de la
Mission desservait les quartiers de Sainte-Claire, Saint>Gérald et Saint-
Cessateur.
702 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
plus élroils, plus courts, auxquels on accédait par deux larges
baies percées à l'entrée du chœur. Sur chaque côté, la nef était
éclairée par quatre grandes fenêtres, le collatéral de droite par
quatre autres plus petites, le collatéral de gauche par deux seule*
ment (1).
Derrière le chevet, on avait ménagé deux sacristies par le moyen
desquelles on communiquait de plain*pied avec THôpilal et avec la
Mission.
La façade était en forme de pignon ajouré d'une rosace et percé
d'un portail bas, à cadre rectangulaire, qui s'ouvrait dans l'axe de
la nef. Gomme ce portail se trouvait en contre-bas du sol, on y
accédait par un escalier de neuf marches. Celte disposition ne con-
tribuait pas peu à diminuer, en apparence, la hauteur de la façade.
Sur la porte d'entrée, on a sculpté, dans un cartel exigu, la
légende de saint Alexis sons son escalier.
 l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur, la chapelle de Saint-
Alexis était d'une simplicité extrême, voulue par le fondateur et
conforme à l'esprit et à la règle des PP. de la Mission.
Les deux autels qui s'élèvent à l'extrémité des collatéraux témoi-
gnent eux aussi de ce parti-pris d'éviter la recherche artistique et
TeiTet décoratif. Ils étaient dans le style classique le plus sobre (2).
Il en était vraisemblablement de même de Tautel central que
nous ne connaissons pas. Il fut, en effet, remplacé, tout à la lin
du XVII** siècle, à une date dont on n'a point conservé le
souvenir par un superbe et giganles(|uc retable de bois dA à l'ha-
bile ciseau du sculplcur Martin BcUct (3). Ce morceau remarqua-
(1) La droite d'un édifice est naturellement la gauche du spectateur.
(2) A en juger par celui qui subsiste dans le collatéral de gauche.
Dans le collatéral de droite, le rétable de Tautel principal est récent
(vers 1880) ; Tautel qui lui fait face est plus ancien, mais ne remonte pas
bien haut.
(3) C'est du moins ce que dit la tradition courante à Limoges. De
preuve à Tappui nous n'en avons pas trouvé. — Martin Bellet (a/. Bellay),
est signalé plusieurs fois comme maître sculpteur dans VInverU, des
arch, comm, de Limoges^ par M. Ant. Thomas : en 1696 (GG. 115), en
1702 (GG. 190), en 1710 (GG. 186), et en 1723 (GG. 62). — Par Tart.
GG, 186, nous apprenons qu'il construisit le rétable de l'église de Saint-
Christophe. C'est sans doute peu après cette date de 1710 qu'on lui
commanda le rétable de Saint-Alexis. — L'abbé Legros (cité par M. Ar-
bellot, JReo. archéoL, p. 35), prétend que Bellet vint s'établir à Limoges au
commencement duXVlII* siècle. L'art. GG. 115 prouve qu'il s'y trouvait
déjà en 1696. Legros ajoute qu'il mourut après 1740. Et, en effet, nous
LA CHAPELLE DE L*IIOPITAL DE LIMOGES 703
ble atteint le plafond de la chapelle et ne mesure pas moins de
10 mètres de haut sur 11 mètres de large. Les colonnes torses qui
en soutiennent le couronnement, les statuettes qui le décorent, les
niches et les cartouches qu'on y a multipliés, les dorures qu'on y a
prodiguées forment un ensemble chargé, dans le goût espagnol ou,
si Ton préfère, dans le goût des autels construits par les Jésuites (1).
Comme tous les sanctuaires de ce genre, celui de Saint-Alexis, au
double titre de chapelle des Missionnaires et de chapelle de THôpi-
tal, a vu venir à lui de bonne heure les fondations pieuses. Nous
avons donné ailleurs le relevé des principales, d'après les regis-
tres conservés dans les archives de rétablissement (2). Nous nous
bornerons ici à dire qu'elles furent au nombre de 2301 pour la
période de 126 années qui s'étend de 1664 à 1790. Actuellement,
Faumônerie de l'hôpital célèbre, chaque année, environ 400 messes
ou services fondés par des familles de Limoges. Le total des fonda-
tions antérieures depuis 1802 (la plupart sont périmées) n'a pu être
fait. Mais on peut l'évaluer à plusieurs milliers (3).
La chapelle de Saint-Alexis ne servait pas seulement à la célé-
bration du service funèbre des indigents qui mouraient à l'Hôpital :
nous voyons par les registres qui ont été conservés, de 1669 à
1792 (4), que les PP. de la Mission y baptisaient aussi les enfants
nés accidentellement dans l'établissement et y faisaient abjurer
tous les étrangers et soldats protestants qui y décédaient. Parmi
les personnages de marque qui y furent enterrés, nous ne connais-
sons que l'évéque François de Lafayetle qui, par son testament daté
de 1670, demandait à être enterré « dans la chapelle du séminaire
des Ordinands » (5). Son désir fut exaucé en 1676, alors que,
savons qu*en 1745, il était chargé par les religieuses dominicaines de
Magnac-Laval de construire le tabernacle de leur chapelle (Invent, des
arc h, hospil, de Magnac-Laval, E 22).
(1) Le pavillon qui surmonte le tabernacle est un morceau rapporté
après coup et qui s'ajuste mal au reste du rétable.
(2) Invent, des arch. hosp. de Limoges, art. C. 1.
(3) Renseignements fournis comme précédemment par M. Morel.
(4) Invent, des arch. comm. de Limoges^ par M. A. Thomas, art.
GG. 158 à 170. Dans VInvent. des arch. hospit. de Limoges, par A. Leroux,
les art. C, 2 à 17, qui concernent les inhumations, regardent en général
les droits perçus par THôpital sur les inhumations faites au dehors.
(5) Voy. son testament analysé dans notre Inveni. des arch. hospit.,
B, 4, et publ. par M. Laforest, Limoges au XVII^ siècle, p. 642. A Tappui
de ces deux textes, on peut citer le témoignage de Bonaventure de
Saint-Amable (Annales, 867), qui est contemporain du fait. Cf. Gilles
704 SOCIÉTÉ ARCHéOLOGlQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
comme on la dit plus haut, la chapelle de Saint-Âleiis n^apparle-
nail plus aux Ordinands (4).
François de I^fayelt« avait légué aux PP. de la Mission uneertaiu
nombre d'objets culluels (2J Aucun cependant ne parait se retrouver
dans le trésor de la chapelle, composé de sept pièces, qui a été
déposé en 1902 au Musée Adrien Dubouché (3).
Eu i84S, grâce à la générosité tle quelques personnes de notre
ville, la chapelle de Saint-Alexis subit d'importantes réparations et
fit quelques acquisitions de prix. Les dépenses montèrent à 40.000 fr.
Réparations et acquisitions furent reprises en 1864-65 (dépenses
12.112 francs); en 1868 69 (dépenses 10.200 francs), et en 1877
(dépenses 5 225 francs). En voici Texposé détaillé (4) :
1845
MM. les administrateurs donnèrent d'une bourse noire
pour le plafond 2.000 (4j
Sœur Saint-André de Nauclas 4.000 »
Une dame dont on n'a pas le nom 2.000 »
Les employées de rétablissement vendirent leurs che-
veux pour faire dorer les deux grandes statues.
Mère Saint-Martin Rullier donna 8.000 »
Plusieurs autres sœurs y coniribuèrent, quelques em-
ployés et enfin les quêtes.
La chaire coûta 1 .201 »
L*appui de communion 400 »
L'orgue 6.000 »
Le Duc, Etat du Clergé (Bulletin de la Soc. ardu, XLVI, p. 389) et
Bullat, Tableau de Limoges {Arch, histor., II, 402), publ. tous deux par
M. l'abbé Lecler.
(1) On interpréta son désir dans le sens qu'il lui avait sans doute
donné lui-même après la séparation de 1674.
(2] Voir le testament déjà cité (dans notre Invent, des Arch, hospil.^
B. 4.)
(3) Il se compose de un calice du XVI* s., un brûle-parfums du
XVII* s., deux bénitiers, deux tableautins et un plat en étain.
Le calice, daté de 1555, a été décrit par M. L. Guibert et
représenté par M, J. Tixier dans VArt rétrospectif à l'Exposition de
Limoges (1886), p. 68 et pi. LUI. Cf. le Catalogue de cette même expo-
sition, n» 87 de la section Orfèvrerie.
(4) Nous devons ce relevé à une obligeante communication de M. le
Secrétaire en chef.
LA CHAPELLE DE l'hOPITAL DE LIMOGES 705
186468
Chapelle de la Sainle-Vierge (Bény, à Poiliers) 8.000 »
Fondations, pose 2.080 »
Peinlures et autres frais i . 200 *>
Chandeliers et croix 822 »
Gnlles des deux chapelles 1 .000 »
Chapelle de Saint-Joseph et diverses autres dépenses,
environ i .600 »
Bancs de la grande chapelle 710 »
C*est de ce temps, croyons-nous, que datent les peintures à la
détrempe qui couvrent les murs intérieurs. Elles sont attribuées à
un peintre espagnol dont nous n'avons pu malheureusement
retrouver le nom (1).
1868-1869
Toiture en zinc de la chapelle de la Sainte- Vierge
(M. Martin, aumônier fournit 1.200 francs; Sœurs de
Saint-Alexis 3.000) 4.200 »
Les vitraux de la grande chapelle (sœur Saint-Prosper,
née Beaure d'Augère) 6.000 »
1877
Réparations de la sacristie (M. Martin, aumônier) :
Menuiserie — — .... 2.726 »
Mémoires Gaston et Lavioletle — .... 112 »
— Gardelle et Chamaral -- ^ .... 441 »
— Réa — ^ 197 »
Pendules 130 »
(1) C'est à ces travaux de 186i que semble faire allusion, d'une ma-
nière d'ailleurs incomplète, le passage suivant de Limoges et le Limousin,
guide de Vélranger (1865, 2« partie, p. 179) :
« Il y a quelques années à peine que cette église [de rhôpilal] vient
d'être richement décorée et embellie, grâce au legs d'une des supérieures
qui avait laissé après sa mort une somme à cette intention »>.
'•s
706 sociérà archéologique et uistorique du limousin
Echelles à coulisse (M. Martin, aumdDier) 137 »
Bibliothèque (menuiserie} — 650 »
Harmonium — 600 »
Quatre bras pour le gaz — 240 »
Ces embellissements répétés donnèrent à la chapelle Taspecl
dernier sous lequel nous Tayons connue et que nos descendants ne
verront point. Il était donc convenable d'en fixer ici le souvenir.
Alfred Leroux.
NOTAIRES ARTISTES
Ou est agréablement surpris, en feuilletant des registres prove-
nant du notaire Bordas (de Saint-Léonard), et du nolaire Lafaye
(des Cars), de voir certaines pages ornées de dessins à la plume.
Ces registres, déposés aux Archives du département de la Haute-
Vienne, ne contiennent que des actes rédigés au XV* siècle. Mais
le Bordas notaire aux environs de 1450 eut pour successeurs
d'autres Bordas ; et c'est à un de ces successeurs vivant au XVI' siè-
cle qu'il faut allribuer les dessins dont nous donnons des fac-similés.
Il est probable que le contemporain des Valois, parcourant les
registres de son prédécesseur pour le besoin de son office, s'amu-
sait à en illustrer les pages blanches dans un instant de loisir.
Quant aux lettres ornées, elles appartiennent toutes ou presque
toutes au XV« siècle. Les letlres de la planche II, sauf celle que nous
cotons G', sont les initiales d'acles authentiques portant leur date.
Ces letlres dénotent une certaine imagination, le goût de la compo-
sition et de l'arrangement des lignes. Un art tout différent se révèle
dans les dessins de personnages ; les traits de la physionomie sont
tracés avec un certain sens d'expression et de vie ; les yeux mêmes
ne sont pas loin d'avoir une certaine beauté.
Nous n'aurons pas le ridicule d'exagérer la qualité artistique et
esthétique de ces rapides esquisses. Mais lancées par la main d'un
homme de la province, à une époque où l'art du dessin n'était point
vulgarisé par l'enseignement, elles ont une valeur appréciable. Tout
au moins dénotent-elles chez le tabellion qui se plut à les tracer
un penchant pour les choses artistiques, qui est à son honneur.
Le même nolaire, notre dessinateur, était aussi poète à ses
moments perdus ou du moins s'efforçait de l'être; il a semé dans
ses registres quelques pièces de vers qui seront prochainement
publiées par notre confrère M. Alfred Leroux.
Planche /, A, A'. — Lettres ornées, de style gothique fleuri
(XV« siècle), relevant non de l'art du dessin, mais de l'art de la cal-
ligraphie cultivé avec amour par les scribes du moyen-âge. Ces
deux majuscules, qui sont jetées sur une feuille de garde, dénotent
708 SOCléTÉ ARClléOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
une décadence de goût assez sensible; Timaginalion se donne
carrière et, malgré l'habilelé du scribe, la grâce s'alourdit et la
sobriété devient surcharge. Ces lettres sont extraites d'un registre
du notaire Fagia (ou Lafaye), notaire de la seigneurie des Gars
dans la seconde moitié du XV* siècle. En dehors des initiales cou-
vrant la page de garde, ce registre ne contient qu'un dessin (Voir
planche III, G).
Planche Ilk. — La lettre II A relève du même art gothique que
les précédentes, mais n'est pas delà même main (registre Bordas) ;
le scribe, renonçant aux rinceaux du calligraphe, fait appel à une
flore et à un feuillage conventionnels.
Planche II, B, G, G'. —Il semble qu'il y ait une sorte de
filiation entre les trois D que nous reproduisons et -qu'on doit
ranger dans la catégorie des lettres dites lettres à cadre. Pour le
premier, qui commence une formule de date (Di^ prima, etc.) en
Tannée 444S, le calligraphe ne s'est servi que des ressources de
son art, ornant l'intérieur de la panse de lignes ondulées et d'un
quadrillé. La forme générale de celte lettre parait avoir inspiré à
un scribe postérieur l'idée d'une transformation curieuse (II G); le
contour se modifie pour permettre l'inscription d'une figure
d'homme; la hasle devient un panache de plume; les mots qui
suivent celte initiale sont d'une écriture qu'il convient d'attribuer
au XVI" siècle. Entin une troisième main plus habile et moins
asservie à Timitation a repris le sujet d'une manière moins gros-
sière (II G). Ges deux têtes dessinées de face, sont des sortes de
grotesques à nez écrasés et fleuris; chez l'une le nez surmonte une
bouche très grande et irrégulière, ornée d'une moustache et d'une
barbiche baroque; dans l'autre ligure, la fente buccale est cachée
par un dessin ressemblant à une feuille polylobée. Seuls les yeux
présentent un certain caractère artistique; ces yeux largement
ouverts, les paupières supérieures de forme anguleuse, surmontées
de l'arcade sourciliëre ayant la même forme, donnent à ces têtes
l'expression de l'attention. Les deux lettres sont couronnées d'une
longue plume formant panache, et entourées d'une torsade rappel-
lant les écharpes qui tombent des chaperons de la Gn du XV' siècle.
Sur la figure II G, le cou est enveloppé dans une sorte de gor-
gerin couvrant les épaules.
Planche IIL — Les deux initiales ornées (III A, III B) commen-
cent des actes datés de 1445 [Personaliter constituto honesto viro
Pretoto deu Molar mercatore — In Dei nomine). Elles portent
nettement la marque golhique. comme les lettres de la planche I;
NOTAIRES ARTISTES ^^09
c*est la même recherche, le même luxe de coups de plume, sauf
uu peu plus de sobriété peut-êlre. Mais de plus la panse du P
enferme une figure naïvement indiquée, dans rallitude de Tinvo-
calion, altitude précisée par le geste des deux mains. L'initiale I
présente, en dehors du corps de la lettre, un protil particulièrement
grotesque et grimaçant; c*est une déformation bizarre de la gothique.
Planche III, G. — Au-dessus d*une maxime latine dont Técrilure
parait être du XV® siècle, un animal fantastique, rappelant assez ces
monstres dont les artistes du moyen-àge ornaient leur vélin. Cet
animal, en qui Ton peut voir un chien accroupi sur son train de
derrière, tient entre ses pattes antérieures une cornemuse, dont sa
bouche ouverte saisit l'embouchure et joue. Le contour des formes
rappelle les dessins des scribes du moyen-àge; carie trait, lancé
d'une main sûre avec une plume habile, semble plutôt être de la
calligraphie que du dessin. La devise, assez ironique pour Thu-
manité, omnis homo est animal, est conforme au symbolisme des
bestiaires qui furent en honneur en France jusqu'au début du
XVI- siècle.
Planche IV. — Christ assis dans les nuages, la poitrine nue,
répaule gauche ainsi que la partie inférieure du corps drapées dans
une sorte de toge. Dans le bras droit plié, il tient la croix, instru-
ment de son supplice. À la partie supérieure de cette croix se
trouve un phylactère où sont écrites en capitales romaines les lettres
INRI; cette inscription n'étant pas en lettres gothiques, on pour-
rait supposer que le dessin est du XVP siècle. Derrière la tête un
nimbe circulaire, dans lequel se irouve inscrite une croix grecque
curviligne. La léle est expressive et d'un assez joli caractère : belle
chevelure, abondante et ondulée; front élevé; arcades sourciliè-
res d'une belle fermeté ; yeux grand ouverts et bien dessinés ; nez
arqué, donnant bienà cette tête le caractère sémitique; bouche assez
grande; lèvre inférieure épaisse, autre caractère de la race sémite ;
moustache peu fournie, mais barbe abondante et ondulée. Torse
décharné, dont la maigreur semble accusée par des traits en forme
de virgule qui représentent les saillies des clavicules et de la cage
thoracique; bras musculeux ; avant-bras fusiformes, au bout des-
quels de grosses mains, avec de longs doigts gauchement dessinés,
portent les traces des stigmates; le bras gauche est allongé pour
montrer ces traces. Les draperies, d'un dessin un peu mou, enfin
les pieds, présentés en géométral et portant également les stigma-
tes, sont d'un dessin plus qu'enfantin et rappellent les productions
artistiques antérieures à la Renaissance.
710 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HtSTORIQUÊ DU LIMOUSIN
En ce qui concerne ce dessin, sans pouvoir en préciser la dale,
nous sonames portés à Tatlnbuer à une main du XVI* siècle, à
cause des ressemblances que la facture de la léte présente avec les
planches suivantes ; les yeux, les paupières et la bouche sont de la
même main. La page portant ce Christ est placée entre des actes
de 14S7 ; mais Tensemble de cette composition paraît appartenir au
XVI* siècle. II ne serait pas impossible que ce fût la copie d'une
gravure sur bois ou d'un émail limousin.
Planché V. — Un cavalier, coiffé d'un chapeau à bords rabattus
avec une sorte de bourJalou, qui parait être du XVP siècle; la
tête assez forte et engagée dans les épaules, assez bien dessinées
d'ailleurs, fait paraître le torse du cavalier trop court. Gomme dans
les précédentes têtes, Tarcade sourcilière fermement indiquée,
ainsi que les yeux grandement ouverts et bien dessinés. Le nez est
représenté de proHI dans une tête vue de trois quarts; la bouche
et la lèvre inférieure sont figurées par une simple ligne brisée; le
maxillaire inférieur et le menton sont largement développés.
Comme costume, une sorte de hoqueton, vêlement droit, ample et
court, avec manches larges, qui doit être un surtout de voyage;
au cou une petite collerette plate et rabattue sur le vêtement. La
jambe semble être habillée du maillot collant et ne pas avoir de
trousses. ^ La selle par son pommeau a tout le caractère de la
selle française du XVI* siècle. La main gauche tient les rênes qui
sont on ne peut plus floltanles; elles sortent de la bouche de rani-
mai saus se rattacher au licol, et se croisent sur le haut de Ten-
colure.
Le cheval est d'un fort mauvais dessin, grêle, et semble en bois ;
la tête, vue de profil, possède les deux oreilles de face, ainsi qu'un
œil dessiné à la façon des Egyptiens. L'encolure est ornée, à l'aide
de larges traits de plumes, d'une crinière abondante et double. La
jambe antérieure a la même forme que la jambe postérieure, le
jarret y tient la place du genou.
Planche Fi, A. — Tête d'homme coiffée d'une haute toque à
bords bien rabattus avec cordelière; cheveux longs, tombant sur le
col ; les yeux fermement dessinés, le nez de même ; la bouche repré-
sentée par une ligne brisée; l'ovale de la tête, de même que le
maxillaire inférieur, d'un dessin hésitant. La collerette du vêlement
de dessous est -rabattue sur le grand col saillant de la casaque. Le
corps du personnage est enveloppé dans un manteau jeté sur
l'épaule gauche à la mode espagnole. L'ensemble fait penser à
l'époque de Charles IX.
NOTAIRES ARTISTRS 711
Planche r/,B. — Jeune homme coiffé d'un chapeau haut, à bords
rabattus, qui fait penser à ceux dont le peintre Leloir aime à coiffer
ses jeunes seigneurs du milieu du XVI* siècle; ce dessin vient
prouver une fois de plus que le couvre-chef cylindrique appelé
haut-de-forme a bien plus d'un siècle d'existence. La tête, vue de
face, est d'un dessin assez nerveux, sauf le nez dont le contour est
indécis. Vêtement légèrement indiqué ; une casaque avec collerette
plate et rabattue ; manches droites et amples.
Planche YIU A. — Tête de femme, d*un dessin ferme, les yeux
étant la partie la mieux traitée ; le front haut ; les cheveux très
remontés donnent assise à une coiffure dite attifet, formant une
sorte de dôme qui laisse tomber un voile sur les épaules. Colle-
rette en forme de fraise. Le corsage, entre les deux barbes de la
coiffure, est représenté par des lignes ondulées qui laissent deviner
un plissé. L'aspect général de ce personnage fait penser aux cos-
tumes de l'époque de Marie Stuart.
Planche VII, B. — Tête d'homme couverte d'une toque assez
haute et bordée par une cordelière qui fait songer aux coiffures
que portent maints personnages de Tépoque des Valois. On peut
voir une toque pareille dans le portrait de Marie Touchet (collec-
tion Racinel) et sur la lête d*un bourgeois au temps de Charles IX
dans la collection Gaignières. La lête de trois quarts; les yeux assez
fermement desssinés; le nez se présentant de profll; la bouche
assez ferme, notamment la lèvre inférieure ; la lèvre supérieure
ornée d'une moustache fine et longue ; la barbe taillée en pointe
rappelle celle que portent les genlilhommes au temps de la Ligue ;
le tout est d'un bon dessin. Col en forme de fraise ; manches assez
renflées, ornées de festons à l'épaule et serrées au poignet. De la
manche sort une main trop petite, d'un dessin ridicule, qui tient et
serre sur la poitrine une paire de gants, geste que l'on voit sur
maints portraits de la seconde moitié du XVP siècle; une rangée
de boutons sur le devant du pourpoint.
Références
PI. I A', A. — Registre 9733, feuille de garde (notaire Lafaye).
PI. II A — Registre 2220, P 30 V (notaire Bordas).
PI. II B. — idem idem
PI. II C. — idem idem
PI. II C. — Registre 2220, P H idem
PL III A. — Registre 2220, ^ 26 v* idem
PL m B. — Registre 2220, f» 28 v idem
71^ SOCléTlÈ ARCHKOLOGIQtJfe ET ItlStORIQÙE Dl) LiMOCstS
PL m C. — Registre 9733, feuille de garde V CLafaye).
PI. IV — Registre D 699*m, P» 48frw v» (Bordasj.
PI. V — Regisire E iSil bu, f« 77 V idem
PI. VI A. — Regisire E 1817»û, t'iObis idem
PI. VI B. — idem f»29^^rV idem
PI. VII A. — idem ^ 29 t^r idem
PI. VII B. — idem f83 idem
Le tout aax Archives de la Haale-Vienne, série E.
Paul-Laareot Gourtot.
Dessins fac-similés d'après les originaux, par Paul-Laurent Coitrtot
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Planche VI
LES VOIES ROMAINES
EN LIMOUSIN
PREMIÈRE PARTIE
Sommaire. — Un mot de préface. — Où s'apprend la géographie de la
Gaule. — Les livres de Desjardins : sa description de Tltinéraire
d'Antonin, de la Table de Peutinger, de la Cosmographie du Raven-
nate ; la Commission de la topographie des Gaules ; sa carte, le rap-
port de M. Alexandre Bertrand. — Les travaux locaux sur les voies
romaines. — Géographie du Limousin à Tépoque romaine. — Limites
du Limousin, diaprés M. Deloche. — Le Fines du côté des Pétro-
cores. — Le Fines du côté des Arvernes. — Les agglomérations à
Tépoque gallo-romaine, dissémination de la population sur le terri-
toire des Lémovices d'après les découvertes de cimetières, tumuli,
villas, inscriptions, monnaies, poteries et autres objets.
Nous avons essayé, dans ce travail, d'ajouter à la géographie
physique de notre province, la géographie politique à Tépoque
gallo-romaine, en indiquant les localités connues à celle époque
et les voies qui les mettaient en communication.
On sail que les voies romaines étaient jalonnées par des relais,
mutationes et des lieux de repos, mansiones, dont quelques-uns
sont encore incertains, et que parmi les relais, ceux placés à la
limite des cités porlaient le nom de Fines, limites.
Les voies romaines conduisent donc à rechercher les limites
d'une cité déterminée et à identifier les localités désignées comme
stations.
Parmi ces voies, il en est qui sont mentionnées dans les Itiné-
raires romains, d'autres non citées, sont attestés par les portions
encore subsistantes, par la découverte de milliaires, enfin il en est
d'autres dont il subsiste peu de choses mais qui peuvent être consi-
dérées comme probables. De là les divisions de ce travail.
Il convient peut-être tout d*abord de dire ce que Ton entend
par voie romaine : ce sont les grandes voies construites aux frais
T. LV 48
^14 sociéré archÊoloûique Et ittâTORiQùB dû LtBtOCàlN
de rélât qui reliaient les capitales des différentes cités et qni per-
mettaient d'exercer une surveillance étroite sur le pays. Ces voies
correspondaient à ce que furent plus tard les routes royales, qui
concouraient au même but le rattachement des villes principales
entre elles et avec la capitale (1).
En même temps que les voies construites, il existait, comme de
nos jours, des voies de moindre importance {semita, trames), met-
tant en communication les petites agglomérations ou les rattachant
à la grande voie la plus voisine. Nous ne nous en occuperons pas,
parce que n^étant pas construites, elles n*ont pas laissé de traces
apparentes.
Notre travail embrasse le territoire de la Cité des Lemovices, tel
qu'il existait à Tépoque de la conquête.
Nous avons' adopté comme mesures de longueur celles qu'indique
M. Ernest Desjardins (2) : le mille romain (mtl/ta passuum) de 75 au
degré, de 1 k. 481 m. 80; — la lieue gauloise, de 50 au degré,
de 2 k. 322 m. ou 4 mille 4/2 romain.
Nous ne chercherons pas, au sujet des voies des Itinéraires, à
modifier le^ distances données pour appuyer les identifications,
sauf cependant lorsque la distance réelle bien établie s'en écarte.
De même nous ne chercherons pas à faire dire aux noms des lieux
dits traversés, autre chose que ce qu'ils disent, et à tirer quand
même de leur étymologie la preuve du passage d'une voie.
Aux indications qui, d'après Desjardins, peuvent aider à fixer le
passage d'une voie, nous ajouterons les établissements des cheva-
liers de rOrdre du Temple ou de Saint-Jean de Jérusalem qui
furent placés plus tard sur le bord d'anciennes voies encore utili-
sées au moyen âge.
(1) Les voies romaines se divisaient en deux grandes catégorie, les
routes impériales, dites aussi consulaires, prétoriennes, stratégiques
{vise consulares, prœtoriœ, militares) établies et 'entretenues aux frais
de TEtal, et les voies communales et vicinales entretenues aux frais des
villes.
Les grandes voies militaires (vise militares), commencées par les cen-
seurs en Italie, poursuivies dans les provinces par les gouverneurs,
furent systématiquement dirigées sous Auguste et ses successeurs, de
Rome vers les principales frontières de l'Empire. Le service des postes
{cursus publicus) ne fut pas établi sur toutes les voies publiques [vise
publicae). A plus forte raison, les routes qui ne conduisaient pas d'une
cité à une autre, les voies latérales et celles qui touchaient les fron-
tières étaient dépourvues de cursus publicus. (Darembeiig et Saglio,
Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.)
1^2) E. Desjardins, Géographie de la Gaule romaine, IV, 23.
LB5 VOlKS ROMAINES EN LIMOUSIN 7l$
Nous pensons que les ingénieurs romains n'ont pas tracé leurs
voies sans avoir étudié soigneusement la conGguration du sol et
que c'est à bon escient qu'ils ont adopté telle ou telle direction.
Les voies suivent les plateaux, afin de mieux surveiller le pays et
aussi afin d'assurer leur solidité et leur conservation. C'est bien
volontairement que certains cours d'eau sont évités ou qu'ils sont
traversés dans des endroits facilement guéables.
Bien des erreurs auraient été évitées par les auteurs, s'ils avaient
mieux étudié la direction des voies, s'ils s'étaient mieux rendu
compte de l'idée qui a présidé à leur construction, idée basée sur
le relief du sol.
La géographie de la Gaule a fait Tobjet d'un grand nombre
d'ouvrages écrits par de hautes personnalités du monde savant.
Nous avons cherché parmi ces ouvrages ceux qui les résument tous
et nous nous sommes appuyés sur ceux d'Ernest Desjardins (1); la
Table de Peutinger et la Géographie de la Gaule romaine. La moil
de son auteur (1886) a interrompu la publication de ce dernier
ouvrage. Elle a été reprise par H. Longnon qui a publié le tome IV.
Celui-ci, qui traite du réseau des voies romaines et de la topogra-
phie détaillée a été forcément écourlé, bien que Desjardins ait
recueilli de nombreux matériaux. M. Longnon se propose de mettre
en œuvre ces matériaux et de les publier par la suite.
Tel qu'il est, le tome IV servira de base à tous les travaux que
l'on voudra entreprendre sur la géographie de la Gaule romaine. Il
est surtout consacré aux sources de la topographie comparée, et il
contient des renseignements précieux sur trois documents de pre-
mier ordre : l'Itinéraire d'Antonin, la Table de PetiHnger et la Cos-
mographie du Ravennate,
Vltinéraire d'Antonin, d'après Desjardins, peut remonter au
II* siècle, mais il a été complètement remanié au IV*. Il ne com-
prend qu'un certain nombre de voies romaines, et parmi celles
qu*il cite, une seule intéresse le Limousin. Elle a pour titre :
De Aquitania in Gallias. De Burdigala (Bordeaux) à Argantomagus
(Argenton). Nous en reproduisons le tableau (2).
(1) Ernest Dbsjardins, La Table de Peutinger diaprés Toriginal con-
serve à Vienne. (Paris, Hachette, 1869, in-fol.). — Géographie historique
et administrative de la Gaule Romaine. (Paris, Hachette, 1876-1893,
4 vol. in-8«).
(2) E. Desjaroins, Géographie de la Gaule romaine, IV, 68.
716
SOCléré ARCHEOLOGIQUE. ET HISTORIQUE DU- LIMOUSIN
De Aquitania in Gallias
De Burdigala (Bordeaux) à Argantomagus (Argenton) par Agixmum
(Agen), Vesunna (Périgueux) et Augustoritum (Limoges) (1)
.NOMS
Sirione
Ussubium ..,...,
Fines
Agiiinum
Ëxcisum
Trajectus
Vesunna
Fines
Augustoritum . .
Arganlomago . . .
VARIANTES
Sirlone
Uassubium, Usubium
Ëxusum . .
Travectus
Uaesunna, Vesunam,
AguatorituaifAgustoricuin
Aigntori«iii, AifilUrrUa.
irMbiMac*, âifialo na^o
ME8URB8
AKCIBNNBS
KILOMETRES
IDENTIFICATIONS
MODERNES
XV milliaj33k.333m.
XX m.
XXIIII m .
XV m. (3)
XllI m. (4)
XXi m.
XVIIl m.
XXI m.
44k 445 m.
53k. 334 m
33 k. 333 m.
28k. 889 m.
46k. 667 m.
40 k. 000 111.
46k. 667 m.
XXVlIIm. 62k. 323 m.
XXI m. |46k.667m.
Gérons.
Au nord-est de M ont-
pouillon.
Au Doux.
Agen.
Ëysses.
Le passage de U Dordogne
à 1.500 m. de Couze.
Périgueux.
[Au nord de Thiviers]
Limoges.
Argenton.
Oq remarquera que la voie indiquée par VlUnéraire ne va pas
directement de Bordeaux à Périgueux. Elle descend à Aginnutn
(Agen) pour remonter ensuite de celte ville, du sud.au nord, en
passant par Excisum (Eysses) el Trajectus (passage de la Dordogne
près Couze).
La voie de Bordeaux à Bourges, que l'on verra plus loin à la
Table de Peulinger, va directement de Périgueux à Bordeaux, en
passant par Varatedum (Saint-Vincent-de-Paul), Corterate {Couir^^)
et Canao (passage du Salembre).
La Table de Peutinger, du nom de Conrad Peulinger, savant
d'Augsbourg, vivant au XVI' siècle, est une carte manuscrite et
coloriée, sur onze feuilles de parchemin, exécutée par un anonyme
connu sous la désignation u le moine de Colmar », qui vivait en
1Î165. Elle esl conservée actuellement à la Bibliothèque de Vienne
(Autriche).
M. Desjardins a fait une savante dissertation sur la date du docu-
ment et sur sa composilion. Il a établi qu'il « ne pouvait avoir été
fait, dressé et rédigé en une seule fois, et il a recherché l'empreinte
(1) Desjardins, Gaule romaine^ IV, 68.
\t) Les distances sont exprimées eu lieues gauloises.
' () Xri dans UD manuscrit.
^-ij XVI dans de nombreux manuscrits, XI II, leçoQ isolée.
LES VOIES DOMAINES EN LIMOUSIN 717
des diverses époques de sa rédaclion, depuis le règne d'Auguste
jusqu'à celle de Théodose II et de Justinien ».
Parmi les nombreuses remarques de M. Desjardins, nous relevons
la suivante qui s'applique à notre région. La présence du nom des
Cambiovicenses (1) sur la Table de Peutinger lui fait dire :
« Peut-être pourrait-on tout au plus tirer quelques conséquences
favorables à l'ancienneté des noms de peuples de la présence des
Cambiovicenses qui ne correspondent certainement pas au territoire
d'une cité et ne se trouvent mentionnés nulle part ailleurs ».
« Le document primitif dont le moine de Colmar nous a laissé la
copie, dit M. Desjardins, est certainement de l'époque romaine. Il
suffit d'y jeter un regard pour s'en convaincre, et Mammert a pensé
avec raison que la forme bizarre qu'y prend VOrbis romanus^
lequel est comme passé au laminoir et tellement disproportionné
dans ses dimensions de hauteur et de largeur (G'^SS sur 0°'34 seule-
ment) ne saurait s'expliquer que par l'intention de reproduire le
dessin de ce fameux Orbis pictus d'Agrippa, qui se voyait sous le
portique achevé par Paulla, sa sœur, et qui devint le prototype de
toutes les cartes géographiques de l'Empire. On conçoit en effet
que, voulant représenter, sous un long portique, le « dessin gra-
phique » du monde, on ait dû lui donner une figure convention-
nelle singulièrement élargie dans le sens de Testa l'ouest, et consi-
dérablement resserrée du nord au sud : il est impossible d'attribuer
une autre cause à la singulière construction de la carte qu'a copiée
le moine de Colmar » (2).
Nous reproduisons ici l'extrait du segment 1, de la Table de Peu-
tinger qui embrasse le territoire des Lëmovices.
Dans les vignettes locales, les deux tours reliées ensemble dési-
gnent des chefs-lieux de cités dans le plus grand nombre des cas,
les mansiones (3). C'est ainsi que nous voyons autour de Limoges :
Pèr\gueu%(Ve8unna), kgen{Aginnum), Cahors(Dtt7ona), Saintes(Jf^-
diolanum-Santonum)^ Poitiers {Limonum), Clermont [Augusto Ne-
metum).
(1) Habitants du pays de Chambon.
Le mot Cambiovicenses, comme le nom de plusieurs peuplades, est
placé au hasard sur la Table de Peutinger : il est écrit entre les trois
établissements balnéaires Aquœ Segestae, Aquœ Nisincii et Aquœ
Bormonis, Le mot Cadurci, Cadurques, est écrit au-dessus de Poitiers,
au lieu de Tètre au-dessus de Cahors, etc.
M. Deloche (Géographie de la Gaule, p. 168 et suiv.), fait du pagus
Cantbiooicensium Tun des dix-buit pagi des Lémovices antérieurs au
Xll* siècle.
(2) E. Desjabdins, Géographie de la Gaule romaine^ IV, 73.
(3) E. Desjardins, op, cit., IV, 107.
T. LV 48 a
:il^OI.0GI(lim ET IIISTORIQUe E
Elirait du I" segment de la Table de Peul.rfr
Redressement de l'exlniit ci-<Ie«sus
LES VOIES HOMAINES EN LIMOUSIN
719
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LtïWJtnr.ctv ♦ ^y\n\t' ,• "
Ô er>^KiO«'*'
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•Vtf II
BjARDiNS, Géographie de la Gaule romaine, IV, 72).
Pour rintelligence de Textrait ci-dessus de la Table de Peutinger (l*** segm. original
de Vienne), nous donnons la carte des voies avec la position réelle des villes en ce
oui touche le territoire des Lémovices. Nous avons numérotés les voies de 1 à 6.
Il suffira pour les suivre de se laisser guider par les noms des stations.
1. De Ljron à Saintes. - ... Augustonomelum (Clermont), Ubium (Olby), Fines
(Monteil-Guillaume), Aciiodunum (Ahun), Praelorium (Puy-de- Jouer), Augustoritum
I Limoges), Cassinomaqus (Chassenon), Sermanicomagus (Charmé), Aunedonnacum
(Aulnay), Mediolanum Sanionum (Saintes) (1).
2. I>e Bourges à Bordeaux. — Avaricum (Bourges), Alerta (Ardentes), Argen-
iomagus (Argenton), Prœtorium (Puy-de-Jouer), Augustoritum (Limoges), Ifines
Thiviers, Vesunna (Périgueux), Canao (Passage du Salembre), Corterate (Coutras),
Varatedo (Saint- Vincent-de-Paul), Burdigala (Bordeaux).
3. De Clermont à Poitiers. — Augustonemetum (Clermont), Caniilia (Chantelle),
Aquœ Neri (Néris), Mediolanum (Chàteau-Maillant), Argeniomagus (Argenton), Fines
Ingrandea, Limonum (Poitiers).
4. De Poitiers à Bordeaux. ~ Limonum (Poitiers), Rauranum (Rom),
Brigiosum{Bnoux) y Aunedonnacum (Axkïndiy), Mediolanum Sa/i/o/ium ^Saintes), Tarn-
num (2 kilomètres de Mérignac), Blavia (Biaye), Burdigala (Bordeaux).
5. DeLjfron à Bordeaux par Rodez. — ... Divona (Cahors), /)e'o/in</(im (Belvès),
Excisum (Eysses), Aginnum (Asen), Fines (Au Doux), r/ssu/>{(im (Montpouillant), Sirio
(Cerons), Burdigala (Bordeaux).
Nous avons indiqué aussi le tronçon qui joint Périgueux à Agen par Trajectus
(passage de la Dordogne à 1.500 m. de Couze) d'après ritinéraire d Antonin.
6. De Saintes à Pèri^eux. — Mediolanum Santonum (Saintes), Condate (à 2 k.
d'Ars), Sarrum (à 500 m. du Plessac), Vesunna (Périgueux).
Nous n'avons pas à parler des voies dont on remarque les amorces, puisqu'elles
sortent du territoire qui nous intéresse.
(1) Pour cette première voie, nous indiquons le trace primitif d'Ahun au Puy-KJe- Jouer
(Baint-Goussaud) et de Chassenon A Aunapr par Charmé, contrairement à MM. Dcjtjardins
et Longnon, qui indiquent un til^acé postérieur d*Ahun k Limoges par Bourganeufet Sauviat,
et de Chassenon à Saintes directement, sans passer par Aunay On verra plus loin pour
quelles raisons. De plus, nous plaçons Prœtoriom à Puy-de-Jouer (Saint-Goussaud), non
à Sauviat, et Sermanicomagus à Charmé, non à Sainte-Sèvère.
' 72)
SOClÉrÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Nous donnons les deux tableaux qui concernent noire province,
M. Desjardins a scindé en deux la voie de Lyon à Sainles, par
Limoges, Cliassenon el Aunay. Nous n*en avons fait qu'une seule
pour plus de clarté.
De Lugdunum (Lyon) à Mediolanum Santonum (Saintes) par Aug^storitum
(Limoges) et Aunedonnacum (Aunay)
NOMS DE LA. TABLE
Lugduno
Fore Segustauarv.
M^diolano
Roidomna
Ariolica
Voroglo
Aquis CalLdis. . . .
Aus. Nemeto . . . .
Ubi..um
Fines
Acllodonum
Pretorio .,
Ausrito
Cassinomago . . . .
Ser..ianicomago .
Auedonnaco
Mcdiolano Sanco-
rum
N» DU
SEGMKNT
tt diftaitll
lUlsBrtt
(lieues)
KILOM.
>
I,G,2
1,C,2
XVI
35,556
I,C,2
VIÎII
20,000
I,C,l-2
XXII
48,889
I,C,l-2
XII
26,667
I,C,l-2
XV nu
42,222
I,BC,l-2
VIII
17,778
LB,2
I,B,2
VIIII
20,000
I,B,2
X
22,222
I,B,l-2
XX
44,445
I>B,l
XVIII
40,000
1,B,1
XIIII
31,111
I,AB,1
xvu
37,778
I,A,1
XVll (?)
37,778
I,A,1
I,A,1
XVI
35,556
INDBNTIFICA.T10N8
MODERNES
NOMS REDRESSES
Lyon . .
Feurs . .
Miolan
Roanne
Entre Satnt-Martin-d*Cs-
tréaux ei La Pacaudière.
Vouroux
Vichy
Clermont-Ferrand ...
Passage de la Sioule (1 )
La Basse -Chaise ^2). .
^vnun ..••..••■■••.••
Au passage de la Vigie
com. de Sauviat (3).
Limoges
Chassenon
Sainte-Sévère (4) . . . ,
Aunay
Saintes
Lugdunum.
Forum Segusiavoruni
Mediolanum.
Roidomna.
Ariolica.
Vorocium.
Aquœ Calidœ.
Auguslonemetum.
Ub...um.
Fines.
Agctodunum .
Pnctorium.
Augustoritum.
Cassinomagus.
Germanicomagus.
Aunedonnacum.
Mediolaaum Santonam.
De Burdigala (Bordeaux) à Avaricum (Bourges) par Vesunna (Périgueus)
et Augustoritum (Limoges)
Bordeaux
Burdigalo
Varatedo
Corlerate.
Ca...nao . ,
Vesonna .
Fines . • . .
Ausrito
Argantomago . . . .
Alerta
Avaricum
I,A,1
I,A,1
I,A,1
I,A,1
I,A,1
I,A,1
I,B,1
I,B,1
I,B,1
I,B,1
III
6,666
XVIII
40,000
XIX
42,222
X
22,222
XIIII
31,111
XIIII
31,111
XX un
53,334
xnn
31,111
XXVII 1
62,223
St-Vincent-de-Paul .
Coutras
Passage du Salembre
Périgucux
A la limite den passage» de
Saiot-Angel et de Saiat-
Mariial de Valette (5).
Limoges
Argenton
Ardentes
Bourges
Burdi};ala.
Varatedum.
Corterate.
Vesunna.
Fines.
Augustoritum.
Argentomagus.
Alerta.
Avaricum (6).
(1) Olby, qui se trouve dam la direction de la voie, point d'embranchement de la voie de Clermont
à Péri^ueux par Ussel, Tintignac et Brive.
(2) Moot«>il-Guillaame (Creuse), à XV lieues gauloises (33 k. 333) d'Ubittm (voyez plus loin).
(3) Puy-de-Jouer, commune de Saint-Gouasaud (Creuse). Le passage de la Vige est sur une voie aecon.
daire don; il sera parlé plus l<>in.
(4) Charmé (Charente), à XXIV lieues gsuloises (53 k. 32S) de Chassenon. Sainte-Sévère est aur ane
vo.e secondaire dont il sera parlé plus loin.
*5) Thiviers, comme l'a victorieusen
victorieusement démontré M. Deloche (voyez plas loin^ Une station partageant
la ( (îistance de Périgueux à Limoges en trois tronçons de 31 k. 111 a été oubliée, c'est celle de Lm,
située prés de Is gare actuelle de Bussiëre-Galant. Périgueux est à 100 k. de Limoges et non à 63 k. 2^.
(0) Desjahdins, Gaule romaine, IV, 146 et 147.
LES VOIEâ ROMAINES EN LIMOUSIN 721
La Cosmographie du Ravennate. « Cette Cosmographie, dit
M. Desjardins, rédigée par tin Ravennate anonyme et publiée potir
la première fois en 1688 à Paris, par Dom Porcheron, d'après un
manuscrit de la Bibliothèque du Roi, n'appartient pas à Tëpoque
romaine : elle date seulement de Tépoque franque et n'est pas
antérieure au temps de Charlemagne, mais rédigée à Taide de
monuments géographiques plus anciens, elle mérite toutefois de
fixer l'attention des érudits qu'intéresse la géographie de l'Empire
romain ».
M. Desjardins considère l'œuvre du Ravennate comme un texte
dérivé en partie de la Table de Peutinger. Il passe ensuite en
revue les sept régions entre lesquelles le Ravenuate partage la
Gaule. Notre Limousin fait partie de la sixième : la Gnasconia olim
Aquitania, qui s'étend, au nord, jusqu'à la Loire « qui la sépare
des Gaules. On ne peut indiquer plus clairement le Duché de
Gascogne ou d'Aquitaine que gouvernèrent au VII^ siècle Eudon,
Hunald et Waïfre, les adversaires de Charles-Martel et de Pépin le
Bref».
Il décrit les montagnes et les cours d'eau et désigne comme
appartenant à la Gasgogne les onze rivières suivantes : La Loire,
Ligeris, qui sépare les Gaules de la Gascogne ou Aquitaine; le
Cher, Cares; l'Anglin, Angxilis; l'Allier, Alere; l'Indre? Icara; la
Creuse, Crosa*, la Vienne, Vicenna; la Vézère, Bicera; la Dordogne,
Drononn; le Lot, UUaj et la Garonne, Gamma,
Dans la liste des vingt villes de la Gascogne, le Ravennate ne
donne que deux noms qui nous intéressent :
LimodicaSt Limoges et Luci. Il dit au sujet de ce dernier nom :
<«... L'ordre qui y est suivi est, jusqu'à un certain point géogra-
phique, et a dû être emprunté à une carte, la carte routière de
l*empire romain — qui a fourni les noms des stations itinéraires
d'Argenton, de Blaye et de Chantelle, peut-être celui de Luci qui
rappelle une ancienne population et un castrum du pays limousin.
Les Leuci et le castrum Leucus sont mentionnés au VIP siècle dans
la YitaS. Vedasti » {{).
Au sujet de la viabilité en Gaule avant les Romains, « on ne peut
contester, dit M. Desjardins que les Gaulois eurent des chemins,
comme tous les peuples du monde qui ont joui d'une civilisation
relative, on peut ajouter, xomme tous les groupes de société qui
ont éprouvé le besoin do communiquer entre eux, même avant les
âges historiques... Personne ne peut songer h nier l'existence de
(1) Nous re viendrons plas loin sur ce Luci.
722 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOMQUB DU LIM0U8IK
chemins gaulois et de communications régulières, actives, suivant
même des directions fixes, entre les différents centres de peuples ou
de « cités » pour employer le terme dont s*esl servi César; mais
nous afl9rmons que c^s routes, qui n*étaient pas <v construites »,
n'ont pu laisser, en conséquence, aucun vestige appréciable, ni
même distinct, quant à leur origine et quant à leur époque, rien en
un mot qui puisse donner une date approximative à ces « chemins
creux » dans lesquels on a pu reconnaître des chemins gaulois... »
Il conclut ainsi : « il n*y a jamais eu de viabilité générale solide,
durable, bien établie, en un mot, que par les Romains et par les
ingénieurs des temps modernes (1) ».
Passant à la viabilité romaine M. Desjardins pense que la grande
viabilité en Gaule commence avec Auguste, et indique la part qu'y
prit Agrippa. Parmi les onze voies qui existaient en Gaule vers le
commencement du règne d'Auguste, il cite la voie qui, de Lyon
gagnait le pays des Santons par le Forez et l'Auvergne et celle qui
partant du Midi sur Bordeaux, suivait la vallée de la Garonne.
Parlant ensuite des bornes milliaires du I*' siècle, il constate que
l'on trouve des milliaires de Claude en Auvergne (route d'Agrip-
pa), de Lyon chez les Santons. D'après l'ouvrage de Tudot, ùs
voies romaines dans le département de t Allier, . de nombreuses
bornes de Claude se trouvent dans les départements de la Loire et
du Puy-de-Dôme. On sait que la borne trouvée à Ahun est posté-
rieure; elle est de Gordien III (238-244), (Espérandieu, p. 43 et
suiv.); celles de Saint-Sulpice-le-Donzeil et de Limoges paraissent
être du même empereur. Parmi les bornes de Sévère Alexandre
à Théodose (222 à 395) il cite une borne de Tetricus sur la roule
de Poitiers à Saintes dont Tinscription esta peu près la même que
celle de Saint-Léger-Magnazeix décrite par M. Espérandieu (2).
(i) M. Winkler, auteur d'un travail sur les Voies romaines en Limousin
a bien voulu nous le communiquer. Nous lui en exprimons tous nos
remerciements. Dans ce travail, il donne le tracé de trois voies gauloises
traversant la Cilé des Lémovices, dont il croit avoir trouvé des restes.
« La première voie gauloise traversait la Gaule du Nord-Est au Sud^
Ouest et du Centre arvernique se dirigeait vers le Centre ibérique. Dans
la Novempopulante ce chemin est appelé la Téranèse (Voir notre notice
sur la. Téranèse dans les Voies antiques de la Notempopulanie (1898) et
sur les Voies antiques de l'Espagne (1899) ».
« La deuxième allait de Clermont à Limoges, en passant par Felletin,
Peyrat-le-Chàteau, Saint-Léonard et Feytiat.
'( Enfin, la troisième allait de Clermont à Breth, par Ahun et Le Puy-
de-Gaudy ».
(2) Espérandieu, Inscriptions de Ul Cité des Lémovices, p. 45 et ss.
LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 723
M. Espérandieu (1) a décrit ud miiliaire trouvé à Ambernac, sur
la voie de Bourges à Bordeaux, par Argenton, Gonfolens, Aunay et
Saintes. Il est au nom des divers empereurs de la tétrarchie (292).
*
La Commission de la topographie des Gaules a publié une carte
intitulée : « Carte itinéraire de la Gaule au commencement du
cinquième siècle (travail préparatoire) » et une brochure ayant
pour tilre : Les voies romaines en Gaule. Voies des Itinéraires.
Résumé du travail de la Commission de la topographie des Gaules^
par M. Alexandre Bertrand (2).
Sur la carte, les voies romaines qui traversent la Cité des Lémo-
vices sont calquées par erreur sur les routes de poste à la fin du
XVIII» siède.
Dans le travail de M. Bertrand, la Commission prévient le public
que c'est un premier essai et qu'elle appelle au sujet des voies le
lumières que peuvent fournir de nouvelles recherches sur le ter-
rain. Elle avertit le lecteur qu'elle a préféré s'en tenir à Topinion
de d'Anville toutes les fois que les opinions proposées à rencontre
de ce géographe n'ont présenté qu'un caractère conjectural.
Le travail de la Commission n'est pas disposé de la même façon
que celui de M. besjardins. Il débute ainsi :
ce Strabon nous apprend qu'Agrippa fit de Lyon le centre des
voies de la Gaule. De ce point central partaient quatre grandes
voies qui, avec leurs embranchements, atteignaient tous les points
importants du pays.
» L'une allait de Lyon aux côtes de la Manches (réseau nord-
ouest) A.
» Une autre de Lyon à l'Océan, dans la direction de Saintes
(réseau central) B.
i> Une troisième de Lyon aux Pyrénées (réseau du Midi) C.
n Une quatrième enfin de Lyon aux embouchures du Rhin
(réseau de l'Est) D ».
Les voies des Lémovices appartenaient au deuxième réseau.
Avant d'en donner le tableau, la Commission le fait précéder des
observations suivantes : « La proportion des déterminations incer-
taines est plus grande dans le second réseau que dans le premier.
Le chiffre des stations marquées d'un point d'interrogation monte
à trente et une sur soixante-quatorze. De plus, sur ces trente et une
(1) EspÉRANDiEU, Epigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge
(Paris, Thorin, 1889).
(2) Paris, Didier, 1864, in-8*'. (Extrait de la Revue archéologique).
724
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUB ET BISTORIQUS DU LIMOUSIN
statioDs, les stations 1res douteuses dominent. Gela tient, surtont, i
ce que les localités connues en dehors des Itinéraires étant fort
rares sur le parcours des voies du centre, les points de repère
manquent, et que d*un autre côté peu de tronçons de voies ont été
reconnus jusqu*ici sur le terrain... Le seul moyen d'arriver à la
connaissance complète des voies du second réseau est d*en pour-
suivre la recherche non pas le compas à la main sur des caries,
mais sur le terrain à Vaide de la pioche et de la bêche... La carte de
Peutinger, le seul document qui nous donne ces voies avec quelque
ensemble paraissant particulièrement altérée dans toute celte ré-
gion, et plusieurs chiffres et peut-être plusieurs stations y ayant été
omises, il faut savoir attendre de nouveaux renseignements que
les fouilles seules peuvent donner avant de se prononcer d'une
manière définitive. C'est donc sous toute réserve que la Commis-
sion donne le tableau suivant :
Deuxième réseau (réseau central). B. — > De Lyon à Bordeaux par Saintes
(Les distances sont marquées en lieues gauloises)
STATIONS
1. Lugdunum
2. Station anonyme
3. Mediolanum, Forum Segu-
siavorum
4. Rodumna ....
5. Ariolica
6. Vorogium
7. Aquœ Calida?
8. Augustoncmetum
9. Ub...num
10. Fines
1 1 . Acitodunum
12. Prœtorium
13. Augustoritum
14» Cassinomagus
15. Sermanicomagus
Chiffrea
des
Distance
réeUe
XVI
16
XIIII
14
XXII
22
XII
12
XVIIII
20
VIII
9
Deest .
• m •
VIÏII
11
X
11
XX
20
XVIII
18
XIIII
14
XVII
18
XII
12
DBSlONATiOK
det
DOCUMENTS
Table Peut.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
IDENTIFICATIONS
Lyon.
Duerne?
Feurs.
Roanne.
AvrUly-sur-Loirc
Varennes ?
Vichy.
Clermont.
Bromont-Lamothe ?
Merlange p. Saint-Avit?
Ahun.
Sauviat?
Limoges.
Chassenon.
Chasseneuil?
9. Idenliûcations difTérentes : Olby, d'Anvillc; Poni-Armarier, Pasumot; Poii<-
Gibaud, Walkenaer. Le chiffre VIIII est exact si 1 on tient compte d un embranche-
ment que la Commission croit reconnaître à Orcines, près Clermont. Voir ce que
nous avons dit des embranchements dans nos observations sur le premier réseau
(Sixième exemple d'embranchement).
10. Identifications différentes : Voingt (Puv-de-Déme), Pasumot.
Arènes, d'Anville; Moni-de-Joner, près Sainl-
12. Identifications différentes
Goussaud (Creuse), Lapie.
15. Identifications différentes
dé Ciriéy Walkenaer.
Charmé (Charente), d*AnvilIe; Saini-Laurtni
LES TOnSS ROMAINES EN LIMOUSIN
785
8TAT10KB
16. Aunedonnacum
17. Mediolanum Sanlonum
18. Novioreg^m
19. Tamnum
20. Blavia .
21. Burdigala
Chiffres
des
DoCWHBli
1 Distance
1 réelle
des
Dsrwwelf
Deest .
T. P.
XVI
18
T. P.
XV
15
It. 459
xn
12
It. 459
XXVI
21
U. 458
vu II
19
U. 458
IPXNTIPICATlOTfS
Aunay.
Saintes (It. 459, XVI».
Royan?
Morlagne?
Blaye.
Bordeaux.
Voies secondaires complétant le réseau,
a. De Limoges à Bordeaux par Périgueux.
1. Augustoritum
2. Fines
3. Vesunna
4. Cunnaco
5. Corteratc
6. Varatedo ....
7. Burdigala . . . .
XXYHl
xnn
X
xvini
xvin
V
28
14
15
19
18
5
U. 462
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
T. P.
Limoges.
Thivicrs ?
Périgueux .
Saint-Loui'i.
Coutras .
Fargues ?
Bordeaux.
1. Argantomagus.
2 Augustoritum .
VII. D'Argenlon à Limoges
Argenton.
Limoges.
XXI
41
It. 462
17. La Commission croit qu'il devait y avoir un embranchement non
encore reconnu sur le terrain à Font-Couvert, point de rencontre de la route
de Poitiers avec celle de Saint-Jean-d'Angely. Le chiffre serait alors exact.
(Septième exemple d'embranchement.
a. 2. Identifications différentes : Firbeix, Lapie. Firbcix s'accorde mieux
avec les limites de la civi^aj; mais il faudrait changer les chiffres en XVIII
et XXIUI au lieu de XXVIII et XIIII.
3. It. 462, XXI.
4. Identifications différentes : SAint-Vincent de Conozac, d'Anville; Neuvie,
Lapie. La distance se réduit à XIII en partant de l'embranchement des
routes de Saintes et de Bordeaux (aox Reynat9). (Huitième exemple d em-
branchement).
6. Identifications différentes : Vayres, d'Anville.
VII. 2. XXI probablement pour XH. Nous verrons tout à l'heure une
autre altération analogue. XVlfl pour XLIII.
La Commission accompagne ses tableaux des voies de sages
réflexions suivantes :
«... Tous ceux qui ont étudié des manuscrits anciens contenant
des colonnes de chiffres savent que rien n*est plus fréquent que le
changement du V en X et réciproquement. Que V s*altère égale-
ment souvent en II et II en V par un léger rapprochement ou écarte-
ment des jambages du chiffre. L^omission on l'addition d*un X est
aussi chose fréquente dans la transcription des nombres qui com-
mencen t par ce signe ...
726 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HI8T01UQUE DU LIMOUSIN
» La Commission a recueilli avec soin tous les cas d*embran-
chemenls que présentenl les voies romaines de la Gaule. Elle a
constaté que presque toujours, comme elle l'avait soupçonné en
s*occupant de la voie de Soissons à Senlis, quand deux voies se
rencontraient avant une station, la dernière distance n'était, sur
Tune de ces voies, comptée que jusqu'à Tembranchement, le tron-
çon commun étant considéré comme n'appartenant qu'à une seule
des deux directions. C'est là un fait d'expérience qui deviendra de
plus en plus sensible à mesure que nous avancerons, mais qui
trouve déjà son application dans les limites seules du premier
réseau... »
Certes, ces réflexions sont bien faites pour guider les travailleurs,
mais pourquoi la Commission ne tient elle aucun compte de leurs
recherches, surtout lorsqu'elle sont faites sur le terrain à taide de
la pioche et de la bêche.
Dans une question de cette nature, ce sont les auteurs qui ont
vu les voies qui doivent l'emporter sur ceux qui les ont tracées
avec le compas, dans le silence du cabinet.
Les chercheurs locaux, obligés de se renfermer dans l'étude de
leur province, peuvent beaucoup mieux, que les savants étrangers,
se livrer à des observations sur le terrain, et rectifier les erreurs
qui se glissent dans les ouvrages généraux. C'est sur leurs travaux
que nous nous appuierons.
Le premier de ces auteurs qui ait étudié les voies romaines en
Limousin est l'abbé Nadaud qui, dans le Fouillé du diocèse {i), et
dans une Notice sur les voies romaines^ publiée par les soins de
l'abbé Legros (2), s'est efforcé de réunir ce qu'il savait sur ces
voies. Il s'est appuyé sur la carte publiée, en 1*783, par l'ingénieur
Cornuau (3).
Duroux {Essai historique sur la sénatorerie de Limoges) (1811) et
Allou {Description des monuments) (1821) n'ont fait que reproduire
Nadaud.
Depuis 1848, date de la fondation de notre Société, le Bulletin a
publié un certain nombre de travaux sur les voies romaines du
(1) Publié par M. labbé Lecler dans le Bull, de la Soc. arch. du
Lim., t. LUI.
(2) Indicateur du diocèse de Limoges. — Limoges, Barbou, 1788.
(3) Un exemplaire de la carte des voies romaines par Corquau était
en la po9$e9sipn de M. Nive^-Fontaubert.
LV8 YOIKS BOMAINKS EN LIMOUSIN 727
Limousin dus à MM. Maurice Ardant, Bonnat, Buisson de Masver-
gnier, de Gessac, Mgr Rougerie, l*abbé Lecler.
Lies Mémoires de la Société iês sciences naturelles et arckéologi-
ftitf^d^faCr^ii^^conliennenldes travaux de MM Grellet-Dumazeau,
Maurice Ardant, Bonnafous, Fillioux, de Cessac, Thuot, Dercier.
Nous reviendrons sur leurs travaux en faisant la description des
voies.
M. Maxiroin Deloche, dans sa Géographie de la Gaule et en par-
ticulier du LimotAsin, a parlé des voies qui traversaient le Bas-
Limousin.
M. Espérandieu, dans ses Inscriptions de la Cité des Lémovices,
a consacré un chapitre aux voies romaines. On doit lui savoir gré
d^avoir tenu compte des travaux publiés dans les Bulletins de nos
Sociétés archéologiques et historiques,
Enfin, M. le capitaine Winkler a présenté, il y a deux ans, une
excellente étude que nous aurons souvent l'occasion de citer.
Avant de décrire les voies romaines qui sillonnaient le territoire
qui nous occupe, il convient tout d'abord de parler du pays lui-même
au moment où ces voies furent construites.
Les Lémovices formaient, sous la domination romaine, la
Civitas Lemovicum. Ils figuraient au nombre des peuples impor-
tants de la Gaule celtique au sud de la Loire et leur territoire
correspondait assez exactement à Tancien diocèse de Limoges.
Ce peuple, on le sait, prit une grande part aux guerres de Tin-
dépendance contre Gésar, qui prononce plusieurs fois son nom
dans ses Commentaires au sujet de la septième campagne {De Bello
Gallico, VII, 4, 75, 88 ; VIII, 46).
Les Lémovices figuraient parmi les soixante peuples de la Gaule
chevelue quiformèrent les soixante cités des trois provinces d'Auguste
(Ibéro-Aquitaine, Geltique et Belgique), cités dont les noms étaient
gravés sur l'autel d'Auguste à Lyon (l'an 12 avant notre ère).
Lors de la réorganisation de la Gaule par Auguste Tan 27 avant
notre ère, les Lémovices furent compris parmi les quatorze peuples
gaulois qui, ajoutés aux cinq peuples Ibéro-Aquitains, formèrent
l'Aquitaine politique gouvernée par un légat.
Dans le tableau de l'organisation administrative des cités vers le
second siècle, donné par M. Desjardins (i), la Gaule est divisée en
trois provinces et les Lémovices figurent parmi les douze peuples
(1) Dbmardinb, Géogr, de U Gaule romaine, II, 436.
728 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOaiQUE ET HISTORIQUE OU LIMOUSIN
de rAquitaine politique. Relalivemenl à Limoges, on relève ce qui
sait :
« Auguêtoritum Lemovicum, Limoges. •» Pas de renseignements
autres que le monument des Très provinciœ en Thonneur d*oii
Lémovice (1) ».
C'est vers Tan 297 que, d'après Hommsen, l'Empiré romain
aurait été divisé et que la Gaule elle-même aurait été subdivisée à
nouveau (3).
A la fin du IV* siècle, d'après la Notice des provinces et des cités
de la Gaule et la Notice des dignités, qui sont à peu près de la
même époque, c'est-à-dire du règne d'Honorius, la cité des Lémo-
vicesest comprise parmi les huit cités qui forment l'Aquitaine pre-
mière, soumise à la métropole de Bourges. Elle resta dans cet état
jusqu'au moment des invasions barbares (3).
D'après M. Ueloche (4), « la Civitas ou grand Pagus^ dont souvent
l'origine remonte à rétablissement des peuples sur le sol où la
conquête les a trouvés, c'est-à-dire à des temps que l'historien
ne peut indiquer que d'une manière coi^ecturale, respectée géné-
ralement par l'organisation administrative des Romains, adoptée
au IV* siècle comme type de l'institution des diocèses ecclésiasti-
ques, laquelle, à son tour, nous en a transmis l'empreinte fidèle,
cette division traverse les orages et lès désastres des invasions des
barbares, tout le chaos du moyen Age, et arrive jusqu'à nous,
modifiée quelquefois sur certains points de ses limites, mais par
exception seulement, et conservée dans sa base par l'institution
religieuse, à laquelle elle avait servi de modèle.
« ... Cette unité du diocèse, qui, jusqu'aux Carlovingiens, cor-
. respondit exactement au territoire de la cité romaine, et, suivant
toutes les vraisemblances» à la configuration de la cité gauloise,
telle que l'avait trouvée la conquête, fut modifiée par un empiéte-
ment du diocèse de Périgueux, sans toutefois que l'ensemble de la
configuration fut très sensiblement atteint. » (S).
« Les Lémovices constituaient donc une cité, un peuple indé-
pendant. Ils occupaient une de ces contrées déterminées que César
(1) Ce monument est reproduit dans Espéra ndieu, Inscriptions de la,
Cité des^ Lémovices y p, 219 et ss.
(2) Desjarimns, op. et/., Il, 46f.
(3) Ihid,, II, 500.
(4) Etudes sur la géographie historique de la Gaule, et en particulier
sur les divisions territoriales du Limousin au moyen âge, p. 8, 49.
(5) Dbloche, op, cil,, p. 55,
LES VOtSS ROMAINES EN LIMOUSIN 729
appelle le plus souvent fines ou ager, quelquefois, mais moins fré-
quemment, regio, et aussi rarement civitas (1).
«... Les deux diocèses de Limoges et de Tulle réunis représen-
tent Tancien diocèse de Limoges avant que celui de Tulle en eût
été disirait (4317) et leurs pouillés, ainsi que le journal de la tour-
née que Tarchevéque Simon y (it en 4288 et 1290, nons donnent
bien la forme générale du pays limousin ; d'après eux, ce pays
aurait compris : les départements de la Haute- Vienne, de la Gor-
rèze et de la Creuse en leur entier; dans le département de la
Dordogne, Nontron et son territoire; dans le département de la
Charente, Gonfolens avec certaines parties attenantes. Mais tout eu
adoptant le cadre formé par cette circonscription diocésaine, nons
devons signaler les points sur lesquels d*autres documents obligent
de s*en écarter et reporter les véritables frontières de Tancien
Limousin au-delà des limites qu'elle nous a tracées. » (2).
La carte ci-jointe indique les limites du territoire des Lémovices,
ainsi que les noms des villes révélés par les itinéraires, les ins-
criptions et les plus anciens documents connus.
Nous renvoyons à l'ouvrage de M. Deloche au sujet des empiéte-
ments de l'Auvergne et du Quercy sur le diocèse de Limoges, qui
eurent lien au X* siècle. Mous revenons plus loin sur 6éux du Péri-
gord, qui eurent lieu deux siècles auparavant.
D'après M. Espérandieu (3), le pagus était une fraction de la
cwitas dont le chef était investi d'un pouvoir judiciaire. Le vict»
était de même une subdivision du pagus. Indépendamment de ses
pagi et de ses vici, chaque cité avait enfin ses oppida. César, qui
cite 85 oppida par leurs noms, n'en indique point chez les Lemomces,
non pas assurément parce que celte cité n'en comptait pas, —
puisqu'on lui connaît au moins celui du Puy-de-Gaudy, près de
Guéret, et peut-être aussi celui de Toulx-Sainte-Croix, — mais
bien sans doute parce que les efforts des légions romaines n'eurent
pas à se porter beaucoup sous les murs de ceux qu'elle avait...»
Desjardins nous dit (4) « que les Lémovices avaient probable-
ment pour capitale une bourgade dont le nom avait comme second
terme Ritu ou Mo, que M. d'Arbois de Jubainville rapproche du
gallois rit, « gué », qui est devenu Augusto-Ritam, « le gué d'Au-
guste », après l'organisation de la Gaule en Tan 27. Les mots gau-
lois nemetum^ bona^ dunum, magus et ritum (ces deux derniers ne
(1) Deloche^ op. cit., p. 57.
(2) Deloche, op. cit., p. 66.
(3) Inêcript. de la Cité des Lémovices, p. 285 et ss.
(4) Desjardins, op. cit., II, 424.
730 sociéTé AHCHioLO(fiQUM ET Historique oc limousin
pouvaol avoir élé employés seuls) soot devenus : Augusto-Neme-
tum, « la ville sacrée d'Auguste »; Augusto^Dunum^ v le fort
d*Attgus(e »; Augu$to-Ritum, « le gué d'Auguste »; Augusto-Magus,
n le champ d'Auguste », et Augusto-Bona, « la ville d'Auguste ».
Cependant, la leçon de la Table de Peutinger est Aus-Ritum (I).
« On trouve aussi dans le périmètre de leur domaine des localités
dont les noms sont purement celtiques, telles que Aeitodunum (2),
Xhun, Cassinomagus (3), Chassenon, et Briva-Curetia^ « pont sur la
Corrèze » (Brive-la-Gaillarde) » (4).
Vers le III* siècle, la plupart des chefs-lieux de cités abandoa-
nent leur ancien nom pour prendre celui de la Cité, c'est-à-dire le
nom ethnique. Augustoritum devient Lemovices. Il portait ce nom
en 243, sous le principal de Gordien III, comme le montre le mil-
liaire du Moutier-d'Ahun (5).
Les autres localités du pays des Lémovices dont l'Itinéraire et la
Table de Peutinger donnent les noms sont Prœtorium^ Puyde-Jouer,
près Saint-Goussaud (Creuse); Cassinomagus, Cbassenon; Cam-
biovicus? Chambon {Cambiovicenses dans la Table de Peutinger).
Les voies stratégiques, sur lesquelles l'Itinéraire d'Antonin et la
Table de Peutinger fournissent quelques iodications sont au nom-
bre de deux : l"" celle construite par Aigrippa, de Lyon à Saintes par
Clermont, Limoges, Ghassenon et Aunay; 2^ celle de Bordeaux
à Bourges par Périgueux, Limoges et Argenlon.
« On sait que les confins des cités, dans la période romaine,
étaient fixés par des pierres ou des colonnes milliaires qui por-
taient de chaque côté le mot FIN {fines) et le nom de la cité vers
(1) Segm. I, B. 1. Ce mot est ainsi écrit : Aus-Rito. II faut remar-
quer qu^en général on trouve dans ce document des noms hybrides
romanO'Celtiques dans la composition desquels entre le nom Augusta,
et, avec les abréviations Aug. Nemeto, Aug. Bona, Aug. Magiis, etc.
Nous ferons observer que pour le nom Aus-Rito, la forme de Ts donne
à croire que cette lettre n^esl pas le résultât d^une méprise du G en S.
Auêrity et non pas simplement Rit, ne serait-il pas le nom gaulois de
Limoges? On comprendrait comment on eût, par la suite, évité de dire
Augusta- Ausritum, et qu*on eût supprimé le premier terme ou le pré-
fixe de Tancien nom gaulois.
(2) Table de Peutinger, segm. I, B. 1-2.
(3) Ibid., segm. I, AB i.
(4) Voy. la Géographie de Grégoire de TourSy par M. Longnoa.
(I) Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de
la Creuse, V, 132.
LUS VOlKB ROlfAINkS EN LlHOUSlN 731
laquelle ce côté était tourné ; d*où il résulte que chacune de ces
colonnes présentait au moins la marque de deux frontières. De là,
sans doule, le nom qu*elles communiquèrent aux lieux où nous en
trouvons des traces dans la géographie moderne. Dans l'Itiné-
raire d*Antonin et dans la Table de Pentinger, lorsqu'une station ou
mansion tombe sur l'un de ces conGns, et qu'il n'existe pas déjà en
ce point de localité possédant un vocable particulier, elle prend,
sur ces deux monuments géographiques, le nom de Finei^ et comme
les mesures de dislances sont marquées en de çà et de au delà du
même point, nous y trouvons l'indication la plus certaine des limi-
tes respectives des peuples à l'époque où la Table et l'Itinéraire
ont été dressés, c'est-à-dire au III* et au IV* siècle de l'ère mo-
derne (1).
» Quand les pouillés des diocèses sont d*accord avec ces indica-
lions, on possède la preuve la plus complète que les limites de ces
arrondissements ecclésiastiques correspondent bien à celles des
anciennes nations gauloises sous l'occupation romaine. Mais s'il y
a contradiction entre les pouillés et les itinéraires romains, ces der-
niers donnant avec une exactitude mathématique les bornes des
peuples, il en résulte que les diocèses, à l'époque où furent rédigés
les pouillés, ne représentaient plus leur territoire. Dans ce cas, on
doit, ce nous semble, préférer le titre dont la date est la plus recu-
lée, l'Itinéraire, parce qu'il conduit plus sûrement à leur but le
géographe et l'historien qui cherchent à reconstituer le pays de
l'ancienne peuplade, d (2).
Les deux voies qui traversaient le Limousin avaient chacune une
station désignée sous le nom de Fines, indiquant la frontière des
peuplades traversées (3).
Connaissant la direction des voies ainsi que la distance qui sépa-
rent les stations des Fines de celle qui les précèdent ou qui les
suivent, il semble que l'on pouvait déterminer approximativement
leur position. Cependant, les auteurs n'ont pu se mettre d'accord
sur ce point, soit qu'ils ne soient pas fixés sur la direction des
voies, soit que les limites des peuplades aient varié, soit enfin
que les distances données par les Itinéraires ne soient pas exactes.
(i) Dblochb, op. cil,, p. 55.
u Dans les provinces, les milles étaient comptés sur les routes com-
munales^ depuis la cité qui en avait fait les frais jusqu*à Textrémité de
son territoire; sur les routes impériales à partir de la capitale de la
province. » (Darbmbbrg et Saolio, Dict, des antiquités).
(2) Delochb, op. cit., p. 64.
(3) Voyez la carte insérée ci-dessus par la position de ces Fines,
732 SOCléri ARCHéOLOOIQUB BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Pour le Fines de la voie de Bordeaux à Bourges, voici Topinion
de M. Deloche :
« L'Itinéraire d'Antooin el la Table de Peutinger marquent entre
Yesunna (Périgueux)et Ausritum^ forme corrompue A' Augustoritum
(Limoges) un point appelé Fines^ c'est-à-dire la limite connue des
Lemovices et des Petrocorii.
» Les manuscrits de Tltinéraire offrent des dissidences quant aux
dislances indiquées entre Yesunna et Fines d'une part. L'un d'eux
porte entre Yesunna el Fines XXI lieues gauloises ou XXXI milles
romains et la même distance de Fines à AugustorUum, ce qui pla-
cerait Fines, suivant l'abbé Belley à Firbeix, aux confins des deux
diocèses, sur la route de Limoges à Périgueux, et d'après Walcke-
naer, entre Vaux el Chante, sur la même route. Mais les autres
manuscrits, et ils sont nombreux, marquent XIV lieues gantoises
ou XXI milles romains entre Yesunna et Fines et XXVIII lieues
gauloises ou XLII milles romains entre Fines et AugustorUum.
Aussi cette dernière leçon a-t»elle été adoptée sans hésitation par
les éditeurs de l'Itinéraire^ Wesseling, Parthey et Pinder, et en
dernier lieu par le savant H. Léon Renier. Elle doit d'ailleurs être
d'autant mieux considérée comme exacte que la Table de Peutinger
indique également, Yesunna à Fines, XIV lieues gauloises.
» Or, le mesurage de cette dislance en ligne droite place Fines
près et un peu au nord de Thiviers, Tiverium, petite ville de l'arron-
dissement de Nontron (Dordogne), la seule localité qui ait de l'im-
portance sur la route de Limoges à Périgueux.
» Une autre raison, tirée de trions mérovingiens du Limousie,
dont les légendes s'appliquent à certains lieux compris entre Thi*
viers et la frontière du diocèse de Limoges, vient encore à Tappui
de l'Itinéraire pour nous déterminer à penser que cette partie du
Périgord moderne appartenait aux Lemovices sons les Romains et
sous les rois de la première race...
» Nous possédons enlin une dernière preuve, et celle-là paraîtra
péremptoire, dans une lettre écrite entre l'an 480 et l'an 800 de
notre ère par saint Rurice I", évéque de Limoges, à Gronope»
évéque de Périgueux. Celui-ci ou plutôt ses prêtres commettaient
des empiétements sur le territoire du diocèse de Limoges, où était
située l'église baptismale de Jumilhac, diœcesis Gemiliacensis ; saint
Rurice adjure son frère, son collègue, de faire cesser les abus exer-
cés au préjudice de son église.
» Les termes de celte missive attestent que des tentatives d'em-
piétement avaient eu lieu, à une époque antérieure, de la part des
prêtres périgourdins ; et que, malgré les réclamations que le prélat
de Limoges annonce avoir précédemment élevées pour la même
./.£S Vûi&s Kçmaiiie^ ei) Itmcu
.'z par Faut DVCOUKTIEUX
LES VOItS ROMAlAÎBà É!4 LtMOUSlT^ ^33
cause, et qa*ii reproduit, ces tentatives, qui devaient aboutir plus
tard à l'agrandissement du diocèse de Périgueux, se renouvelaient
fréquemment.
i> Si Ton admet ce point comme établi, les limites de l'ancien
pagus Lemovimus allaient de Dalon vers Thiviers qui était près et
un peu au sud de la frontière, et de Thiviers à Saint-Angel Castrum
Sancti Angeli^ qui d'après le testament du comte Roger, de 785, et
une bulle du pape Urbain II (1103-1108), appartenait positivement,
comme Nontron, Castrum Non$ronum, au pays limousin et à Tévé-
ché de Limoges, quoiqu'il ne s'y trouve plus compris au XVII* et au
XVIII* siècle. *
On remarque, en effet, que le département de la Dordogne pénè-
tre beaucoup dans ceux de la Haute- Vienne et de la Gorrèze. Celte
emprise a la forme d'un fer à cheval dont le sommet serait à Saint-
Nicolas-Courbefy, Tun des côtés à Pensol (Haute-Vienne), et l'autre
à Saint-Robert (Gorrèze).
En face de preuves aussi sérieuses, on n'hésitera plus à l'avenir
pour fixer à Thiviers le Fines de la voie de Bordeaux à Limoges
par Périgueux.
Presque tous les auteurs ont placé à Courbefy le Fines de cette
voie, sans se demander si le territoire du Limousin ne se prolon^
geait pas au delà, à Tépoque gallo-romaine. Nous pensons, avec
M. Deloche, que c'est à Thiviers et non à Courbefy qu'il convient
de placer le Fines de la voie de Limoges à Périgueux.
Sur la voie de Lyon à Saintes, après la station d'Ubium (Olby),
la Table de Peutinger indique un Fines, point frontière entre
les Lémovices et les Arvernes, « à XXX milles romains ou XX
lieues gauloises i'Acitodunum (Ahun), et à XV milles romains ou
X lieues gauloises i'Ubium » (Walkenaer, Géogr. des Gaules, 111, 98).
Voici l'opinion de H. Deloche : « Suivant Pasumol, la position de
ce Fines tombe à Voingt [Dissertations sur plusieurs sujets d'anti-
quité, mises en ordre et publiées par Grivaud, 18{0i813). M. Grel-
let-Dumazeau [Mém, de la Soc. des sciences nat. de la Creuse, II,
387), considérant le nom de la mutation d'Ubi,.,um comme étant
dans son entier, en a fixé la position à Olby (Puy*de-Dôme), et
celle de Fines au lieu dit La Pause, qui serait à la distance de
X milles romains, ou bien dans le voisinage de Voingt, dont le nom
indiquerait la présence de la 20* pierre milliaire. Mais cet anti-
quaire a été conduit à placer à Aubusson {ibid,, p. 393) la station
d'Acitodunum, qui est cependant bien VAgidunum du moyen âge,
l'Ahun moderne; d'ailleurs, le nom d'Aubusson au IX* et au
X* siècle, Albucium, Albuco et Albuzzo, et le mesurage des dis-
T. LV 49
734 âOCléré ARGHéOLOiBIQtJB fiT HiBtORtQUB DU LIMOUSIK
tances, s'opposent à ces diverses attributions. Il faut donc, pour se
rapprocher de la vérité dans cette question, mesurer la section
comprise entre UbL..um (Pontgibaud) et Fines, dans la direction
d*Ahun. Suivant labbè Belley (Mém. de VAcad. des Inscript., t. XIX,
p. 716), Fines serait au-delà de Crocq, auprès de Faydets, sur le
territoire d*Auvergne et près des limites des diocèses de Clermont
et de Limoges. D*Anville (Notice de Fancienne Gaule, p. 387) s'est
contenté de dire que le mesurage des distances marquées sur les
itinéraires faisait tomber la frontière à l'entrée du pays d'Auver-
gne, mais il ne désigne nommément aucune position. Walckenaer
a constaté que le mesurage des distances la plaçait à la hauteur de
Groisacoigne, sur le ruisseau de Mérinchal, près de Montel-de-
Gélat. Or, c'est précisément entre ces deux endroits que passent
les limites du diocèse que nous venons de tracer et dont plusieurs
autres indices viennent attester la conformité avec l'ancienne cité ».
H. Deloche commet une erreur, parce que pour bien déterminer
la position de ce Fines il importait d'être (ixé sur deux points : la
direction de la voie; et, étant donné cette direction, la distance
qui sépare réellement la frontière du Limousin de Clermont.
En ce qui concerne la direction à partir d'Ahun, nous n'avons
qu'à puiser dans les nombreux travaux qui ont paru dans les Bul-
letins de nos Sociétés archéologiques de la Haute- Vienne et de la
Creuse. Nos autorités n'appartiennent pas à la Commission de la
topographie des Gaules, ce sont simplement les personnes qui ont
observé le passage de la voie.
En quittant Ahun, la voie descendait au Moutierd'Ahun,oà elle
traversait la Creuse, puis, tournant au S.-E., elle gagnait le pla-
teau qui domine la vallée de la Creuse, traversant les paroisses
actuelles de Lavaveix-les-Mines, Issoudun, Saint-Médard, La Chaus-
sade, Saiut-Alpinien; là, elle domine les vallées de la Rauzeille à
rO. et celle de la Tarde à TE., passe près de Néoux, Saint-Mau-
rice, au S. de Crocq, au Honteil-Guillaume. Elle entre ensuite en
Auvergne, passe près de Fernoël, Giat, Voingl, Celles, Olby, où
elle rencontrait la voie venant de Périgueux à Clermont par Brive,
Tintignac etUssel (1). Ses traces se retrouvent sur plusieurs points.
Voyons maintenant si les distances données par la Table de
PeuUnger correspondent avec celle qui sépare Clermont des limi-
tes de l'Auvergne dans celte direction, et, d'autre part, la distance
d'Ahunà cette frontière. De Clermont à Olby, VIII lieues gauloises
(Ij Voy. la bibliographie des travaux sur les voies romaines traver-
sa :it le Limousin et notamment Mathieu, Colonies et voies en Auvergne,
cité par M. Desjardins.
LBfl VOltâ ROMAINES KN LIMOUSIN 735
OU 20 kil., !a dislance est exacte; d*01by à Fines, X lieues gauloi-
ses ou 22 kil. 222, la distance est trop faible; il y a plus de 34 kil.
à vol d'oiseau d'Olby à la frontière de l'Auvergne, il faudrait donc
lire XV lieues gauloises, 33 kil. 333, pour être dans le vrai.
La distance àeFines à Ahnn, XX lieues gauloises, 44 kil. 444, est
exacte.
Que Ton ne pense pas que nous modifions un chiffre pour le
besoin de notre thèse ; c'est à toutes les pages de son Etude swr ta
Table de Peutinger que M. Desjardins relève des erreurs de dis-
tance semblables.
En ce qui concerne la limite du diocèse du côté de TAuvergne,
on sait que Grocq, comme Saint-Oradoux et Basville, appartenaient
depuis 1249 à Tarchiprétré d'Herment; mais tout porte à croire
qu'avant cette date, cette paroisse relevait du diocèse de Limoges,
comme les paroisses avoisinanles au sud et à Touest, celles de
Saint-Aignan près Grocq, de Saint-Georges-Nigremont, de Saint-
Maurice.
M. Deloche décrit en ces termes les limites sur ce point (1) :
«... Elles passaient à Test de Gharron (Limousin), à Touest de
Vergheas (Auvergne), descendaient jusqu'à un petit hameau appelé
Vallette, de là remontaient vers le Cher, qu*elles franchissaient en
face d'Auzance (Limousin) et suivaient sa rive gauche en passant
tout près et à Test de la Marche, dont le nom significatif indique
bien une frontière. Entre Montel-de-Gélat (Auvergne) et les étangs
de Mérinchal (Limousin), elles Traversaient le ruisseau de même
nom et passaient au nord, puis à l'ouest de La Gelle-d'Auvergne, à
l'est de Grocq (Limousin), de Monteil-Guillaume, Salesse et Saint-
Merd-la-Breuille... »
L'identification de Fm«f, limitant la cité des Lémovices du côté
des Arvernes, n'a cessé de préoccuper les archéologues de la
région.
Dans le Bulletin monumental (2), nous trouvons à la chronique
(p. 280) une note de M. Antoine Tardieu dont nous extrayons les
passages suivants :
«... Beauclair (commune de Voingt) est la station de Fines de
la carte de Peutinger, sur la voie romaine de Glermont-Ferrand à
Limoges. Tout vient, en effet, confirmer cette assertion : les décou-
vertes récentes, les distances, les traces de voies antiques et les
explorations, dont la première remonte à celle de l'antiquaire
(i) Dblocub, op, cit,, p. 77.
(2) &• série, tome 10«, 48« de la collection, n« 2 et 3 (Paris, Cham-
pion, 1862).
736 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET ItlSTOIUQCE DU LlIfOCSm
Pasucnot et de François Grangier, seigneur de Vediëres et de
Goruès, en 1767.
» ... J'ai constaté, à Beauclair, les traces d*un amphithéâtre
placé en dehors et à Torient de la ville, sur le bord de la voie
romaine. Geile-ci, que les paysans appellent Chemin de César, a
servi de route principale, de Glermont-Ferrand à Limoges, jusqu'au
siècle dernier; elle forme une chaussée bombée qui court à travers
la bruyère. Gette voie conservée est un argument de plus en faveur
de ce problème résolu : que Beauclair était la ville gallo-romaine
de Fines; que là était la station marquée sur la Table de Peutinger,
entre Clermont-Ferrand et Limoges, sur la grande voie romaine
qui traversait la Gaule, de l'Est à l'Océan, en passant par Lyon,
Glermont, [Limoges] et Saintes, magnifique itinéraire ouvert par
les ordres d'Agrippa, gendre d'Auguste, et restauré par les empe-
reurs Claude et Tétricus, ainsi que l'indiquent les milliaires ».
Nous ne partageons pas l'avis de H. Tardieu au sujet de l'iden-
tification de Fines à Beauclair pour les deux raisons suivantes :
1<> Fines ne pouvait indiquer la limite de l'Auvergne à Voingl
parce que cette limite passe plus loin. Les paroisses au-delà de
Voingt, Giat et Fernoêl, ont toujours appartenu au territoire des
Arveroes.
2^ Identifiant Voingt avec Fines, la dislance de celte localité avec
Glermont s'accorde avec celle donnée par les itinéraires, XIX lieues
gauloises, 40 kilomètres; mais elle ne s'accorde plus avec celle
séparant Ahun de Fines, XX lieues gauloises, 44 kil. 444.
Nous avons dit plus haut que la distance à vol d'oiseau qui sépare
Glermont de la frontière des Lémovices est de 54 kil.; que de
Voingt à cette frontière il y a 14 kil.; que, par conséquent, les iti-
néraires donnent une distance trop faible de 44 kil., et qu'au lieu
de X lieues gauloises entre Ubium et Fines, il faudrait lire XV lieues
gauloises, 33 kil. 333, pour arriver à peu près au 54 kilomètres.
Quel serait maintenant la localité correspondant aujourd'hui à la
position de Fines. On a vu par ce qui précède que les auteurs qui
ont traité cette question, ont proposé des noms différents, suivant
la direction qu'ils donnaient à la voie (1) :
Quatre se sont prononcés pour Saint-Avit d'Auvergne, trois pour
Montel-le-Gélat, trois pour Voingt, un pour Miremont, un pour
Feix. Toutes ces localités du canton de Pontaumur, sauf Voingt,
sont au nord de la voie.
Geux qui ont indiqué Saint-Avit d'Auvergne n'ont tenu aucun
compte de la direction de la voie, Saint-Avit est le point de jonction
(1) DfiSJARoiNS, La Table de Peutinger, p. 40.
LE5 VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN 737
de deux routes du moyen âge, Tune venant d'Aubusson, Tautre de
de Felletin, pour continuer sur Glermont par Pontaumur et Pont-
gibaud.
Trois de ces auteurs, comprenant la direction vraie de la voie,
ont placé Fines k\omgi pour deux raisons : la première c*est qu'ils
ignoraient où passaient les limites de TAuvergoe; la seconde
parce qu'ils ont pris à la lettre les distances données par la Table
de Peutinger. Nous avons montré plus haut que la distance donnée
entre Ubium et Fines (limite de TAuvergne) était insuffisante.
Le seul des auteurs limousins qui nous paraisse dans le vrai est
Tabbé Nadaud; il s'était tout d'abord trompé, mais il a corrigé son
erreur.
VIndicaieur du diocèse et de la généralité de Limoges, publié par
l'abbé Legros en 4788, contient (p. 138-152) les Observations sur les
anciennes voies romaines du Limousin^ tirées des Mémoires manus-
crits de feu M. J. Nadaud, curé de Teyjac. Cet auteur identifie Fines
avec Montel-le-Gélat (p. 140).
On lit d'autre part dans son Fouillé du diocèse (publié par
M. l'abbé Lecler, en 1903) que Nadaud identifie Fines avec
Monteil-Guillaume. Mais comme le Fouillé était encore inédit,
les auteurs limousins n'ont connu que VIndicateur du diocèse, im-
primé en 1788, ils ont tous reproduit la fausse attribution de Mon-
teMe-Gélat(l).
Honteil-Guillaume, commune de Crocq, était jadis un chef-lieu
de commune qui a été réunie à celle de Grocq en 1836, et compre-
nait les villages de Courades, Côtes-Bertrand, Naberon d'en-bas et
Naberon d'en-haut (2).
C'était, comme Salesse et Naberon où résidait le commandeur (3),
un membre de la commanderie de Sainte-Anne. L'ordre de Malte,
(i) Pouillé, p. 443. « M. Danville n*a pu désigner quelque position qui
y ait rapport et véritablement le non de Fines ne se retrouve plus dans
aucun lieu de ce canton. C'est Monteil-Guiilaume, où par les sinuosités
et rirrégularité du terrain par Issoudun, la Chaussade, Néoux se trou-
vent exactement les X lieues de France, et est à Textrémité du diocèse
de Limoges et limitrophe de celui de Clermont. On peut remarquer que
toutes ces mansions des romains étaient placées sur des endroits fort
élevés. »
(2) A. Lecler, Didionnaire topographique, archéologique et historique
de la Creuse, p. 4i9. Limoges, V* Ducourtieux, 1902, in-i8.
(3) Le Moulin du Commandeur, qui dépendait du chAteaude Naberon,
figure sur les cartes modernes.
738 soGiéré archéologique et historique du limousin
nous dit M. Yayssière (1), y possédait une église paroissiale ayant
dix cannes de long sur quatre de large et placée sous le vocable de
saint Jean-Baptiste.
La présence de trois établissements de l'Ordre de Malte, si rap-
prochés les uns des autres vient attester que Tancienne voie
romaine de Limoges à Glermont était suivie au XIV* siècle comme
elle rétait encore au XVIII«.
M. Espérandieu (2) a commis une erreur en disant que « la sta-
tion de Fines se trouvait vraisemblablement à Montel-le-Gélat, « la
voie devant s*y rendre en passant près du village de Grocq ». Il n*y
avait aucune raison, pour que la voie, passant au sud de Grocq, à
Monteil-Guillaume, remontftl à 90 kilomètres au nord pour redes-
cendre ensuite.
Nous appuyant sur la direction de la voie, sur la distance d*Ahun
à Fines, sur les limites du diocèse de Limoges, nous pensons que
Ton doit avec Nadaud, identifier le Fines de la voie romaine de
Limoges à Glermont, avec Monteil-Guillaume, aujourd'hui hameau
de la commune de Grocq, autrefois paroisse du Limousin touchant
à la limite du diocèse.
On a vu précédemment que Ton ne connaît les noms que de très
peu de villes à l'époque gallo-romaine. Aux noms des stations des
itinéraires, il convient d'ajouter Cambiovicus, Ghambon» parce que
la Table de Peutinger mentionne les Cambiovicenses; Andecamulum^
Rançon et Jtit^atnim^ Evaux, qui sont révélés par des inscriptions;
Qtiintiniacum, Tintiniac et Breilh, où l'on a trouvé des traces d'une
agglomération assez importante; Tullum. (Toulx-Sainte-Groix) ,
mentionné dans l'ancienne vie de Saint-Martial ; Luct (Gourbefy ) (3),
indiqué par la Gosmograpbie du Ravennate et mentionné dans la
Vita Sancti Vedasti du VIP siècle. Les noms de ces localités à
l'époque gallo-romaine ne sont pas venus jusqu'à nous.
Il ne faudrait pas en conclure qu'il n'y avait que ces localités.
Il existait des subdivisions dont les chefs-lieux tout au moins
avaient une certaine importance, mais comme ils n'apparaissent
(1) A. Vayssièrb, Histoire des chevtiliers de Vordre de Saint-Jetin de
Jérusalem ou de Malte.
(2) Inscriptions de la Cité des Lémovices, p. 316.
(3) M. Deloche [Géographie de la Gaule, p. 457) place à lort Luci chez
les Lémovices de i^Armorique, à Grand-Luc (Vendée). M. Desjardins
au contraire place Luci à Gourbefy, au bord de la voie romaine de Bor-
deaux à Bourges, et nous pensons qu'il est dans le vrai.
LES VOIES ROMAINES EN LIMOUSIN
739
que dans les documents du VP siècle, ou ne sait au juste quel
était leur nom pendant la période gallo-romaine (1).
Le territoire des Lémovices, à Tépoque gallo-romaine, était plus
peuplé qu'on ne le suppose. En dehors de quelques villes propre-
ment dites, la population était disséminés sur tout le territoire
comme l'attestent les nombreuses découvertes archéologiques.
Le dépouillement des Bulletin des Sociétés archéologiques de la
région nous a permis de grouper les découvertes gallo-romaines
faites depuis soixante ans. Ces observations portent sur 300 com-
munes, dont 100 de la Haute-Vienne, 113 de la Creuse, 59 de la
Corrèze, 19 de Farrondissement de Gonfolens (Charente) et 9 de
l'arrondissement de Nonlron (Dordogne). Ce nombre est très infé-
rieur à la réalité parce que chaque jour amène de nouvelles dé-
couvertes.
Nous avons souligné d'un trait rouge sur la carte ci-jointe toutes
les communes où Ton a fait des découvertes, afin de montrer
leur répartition sur le territoire de Tancienne Cité des Lémovices.
Par ordre d'importance, les découvertes se répartissent ainsi :
Sépultures, 114; Tumuli, 102; Camps ou enceintes, 71; Mon-
naies, 51; Villas, constructions, 49; Inscriptions, 30; Poteries,
objets divers, 26; E^tploitations minières, 20; Oppida, 6; soit au
total 469 observations. Il va sans dire que dans une même localité
on a trouvé à la fois des inscriptions, des monnaies, des poteries, etc.
Nous en donnons le résumé dans le tableau ci-dessus :
DEPARTEMENTS
S
Exploitation
minières
i
î
■M
as
H
1
o
ce
ta
•m
ce
î
H
0.
iO
•^
j
&
X
e
VILLAS
tubstructioas
<
Haute -Vienne
100
24
4
8
14
2
7
24
36
26
145
Creuse
113
23
16
19
32
4
12
66
25
13
210
Corrèze
59
9
3
4
5
22
29
6
78
Charente
arr. de Confolena
19
13
1
2
1
5
2
23
Dordogne
arr. de Nontron
9
3
•
1
7
2
13
Totaux
300
71
20
30
51
6
26
lli
102
49
469
Quant aux localités où Ton a fait les découvertes, nous en don-
nons la liste, avec les noms des hameaux et les sources où nous
avons puisé.
(1) Au sujet de Tadministration provinciale et municipale, on doit
consulter le savant ouvrage de Desjardins (t. III). Nous pensons avec
M. Espéra ndieu, que les listes de gouverneur de T Aquitaine données
par les Chroniques limousines sont absolument fantaisistes.
740
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQCE ET RISTORIQUE DU LIMOUSIN
Les découvertes sont désignées psr les initiales suivantes :
C camps, enceintes; E exploitations minières; 1 inscriptions; M monnaies;
0 oppida; P poteries, tuiles, statues, etc., S sépultures, cimetières; T tumuli;
V villas, constructions, autels.
Les Bulletins des Sociétés archéologiques de Limoges, Rochechouart, Guéret,
Tulle, Brive, Angouléme et Périgueux sont désignés par le nom de la ville.
Haute- Vienne
COMMUNBS
Ambazac
Amac-la-Poste
Azalrle-Ris
Beaune ...
Bellac
Bemeuil.. .
Bersac ....
Biénac ....
Bessines . .
HAMEAUX
Billan^es (Les)
Blond
Blanzac
• • . • •
Bonnac
Buis (Le...).
Cars (Les)...
Chalard (Le).,
Ghàlus
Champagnac
Champsac
Champnétery
Chaptelat
ChAteau-Chervix . . . .
ChAteauneuf-ia-Forêt.
ChAteauponsac
Les Gars, Fosses-de-
Marcilhac.
Le Buis, Martineix;
Oreix.
Razès.
Comeloube.
Gourriol.
Mas-Barbu.
Chantegros.
Lupë.
Puymartin, La Glan-
douille.
Leychoisier.
Pisseau.
Les Carillons.
La Bethoule.
Le Nouhaud.]
Le Theillol.
Fayac, Luchat.
Chégurai, Puy-Mar-
ron, Les Vernnes.
liNcatini
4tli
NeMiftrto
Compreignac
Condat
CoussaC'Bonneval . . .
Couzeix
Cromac
Cussac
Dompierre .
Dorât (Le)..
Le Buis, Mas-de-
Lage, Mas-Genest,
Puy- Rénier, Texon-
niéras.
Les Chatelas.
Montlambert.
Les Combes, Le Courret.
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V
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SOURCBS DBS INDICATIOKS
T
S
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Limoges, ii, ni, vu.
Limoges, vin, 113; xi; lix, 449;
Soc. des ant. de TOuest, 1851-
54, XIX, 55; Rochech., vni, 43.
Limoges, xxxix, 723, 728.
Limoges, vn, 109. 207; Lvn, 486.
Roy-Pierrefitte, Hist. de Bel., 103
Limoges, xlvi, 441.
Limoges, xxvi, 368, 396, 398, 405.
Limoges, ix, 55.
Limoges, xxxi, 80; xxxn, 333,
335, 338; xxxiii, 332.
Limoges, li, 401.
Limoges, xxx, 323; liv, 680, 687.
Gazette du Centre, déc. 1903.
Limoges, xxx.
Espér., Inscr, cité des Lém., 73.
Limoges ,xxiv, 376; xxvni,306, 309
Limoges, vu.
Limoges, xli, 661.
Limoges, xxxviu, 434.
Masfrand, Lim, préhist., 108.
Limoges, xlv. 531.
Duroux, 99; Allou, 379; Grignard,
Dict. nis.
Limoges, vu, 186: xxx.
Limoges, xxu.
Limoges, xxxvni, 399; xxxix,
738; XLiv, 208; Ëspérandieu, 14,
159, 194.
Limoges, vn, 133, 192; vni, 96;
xxxn, 345.
Limoges, xxn, 153, 279.
Carte topog. des Gaules; Arbel-
lot. Revue archéol.
Limoges, vn; Allou.
Soc. des ant. de TOuest, 1851;
Limoges, liv, 449.
Limoges, xli, 606; xlii, 610.
Espérandieu, 102; JouUietton,
Uist, de U Marche, ii, 279.
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Oradour-sur - Vay res .
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Pensol
Peyrat-le-Château . . .
Pierrebufflère
Rançon
Razès
Rilhac-Lastours
Rochechouart
Roussac
Saint-Basile
Saint-Bonnet-Briance.
S*-Bonnet-la-Marche .
Saint-Brice
Saint-Cyr
HAMEAUX
DéetuTcrto
Les Rudelles, La Rue.
Le Masneuf.
Peyrade.
Texon.
Monjourde.
Puynde-Diane.
La Font-Claire.
Lascaux, LeCourtieux
Lartimache.
PuY^Joubert.
LeCouretf Les Bassières.
Puy-Négrier
ChAteauvieux.
GiauXf L*Imperadour.
Lavaud, Boismandé.
Peu-Marchoux.
IP
Mondou.
S
Le Chalard.
C
Chavagnac.
T
Caillou-Blanc.
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M
Le Repaire, Orbagnac.
CV
Le Chalard.
CTV
Mazeaubrun, Petite-
Vessièrc.
Eaux-Joignantes.
Anlone.
Mont-Rû.
Santrot.
Lastours, Petit- Arbre
Lamothe.
Le Monteil.
Neuvillard.
Pont-Saint-Marlin.
Lascaux.
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IV
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P
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s
MS
V
T
SOURCES DES INDICATIONS
Limoges, xiii, 85.
Limoges, m, 102, note ; xxx.
Limoges, xxix, 405; xxxviii, 449.
Limoges, iv, 63, 174; ix, 55, 183;
XXVI, 408; XXXIX, 717.
Limoges, xxix, 413,418; xxxii, 1 17.
Limoges, ix, 55; xxxviii, 449, 482.
Soc. des An t. de TOuest, xix, 52;
Limoges, liv, 449.
Limog. , XLi V, 293, 295, 299; xlv, 65
Rochechouart,ii,88;iii,199;xiii,55
Limoges, x, 258; xxix, 399.
Limoges, xlii, 589.
Limoges, xix, 37; xxxii, 117,
xxxiv, 283; xu, 637.
Masfrand, 127.
Limoges, m, 73, deVerneilh-Puy-
raseau, HUt a*AqnU., i, 259.
Limoges, xxxii, 117.
Espérandieu, 42, 50, 55, 77, 81, 85,
87,108,106,116,128,137,157,162,
178, 180, 182, 185, 195, 198, 201,
202, 203; Limoges, x, xi, xiv,
xxx II, XXXIII, xxxiv, xxxvi, XXXIX,
XL, XLI, XLV, XLVIII.
Soc. des Ant. de TOuest, xix,
47; Limoges, liv, 450.
Limoges, XL,883; Espérandieu,203
Limoges, liv, 450.
Limoges, xi, xiii, 85.
Masfrand, 127.
Masfrand, 127.
Limoges, xxx, 304.
Limoges, xxxviii, 491; XL,839, 879.
Limoges, xxxviii, 428, 462;xxxix,
686; XL, 841; Rochechouart, ii,
100, 219.
Simon, Culte des morts , 306.
Limoges, viii, 85.
Limoges, xliv, 282.
Limoges, xii, 292, 316; xiii, 256,
260; XIV, 189, 192, xv; 45.
Limoges, m, 131; xxxvii, 447;
Espérandieu, 27, 36.
Limoges, xlii, 590.
Limoges, vu, 184; xiii, 85; Ver-
neilh-Puyraseau, i, 116; Mas-
frand; 126.
Rochechouart, ii, 124; Verneilh-
Puyrascau, I, 117.
Limoges, lu, 554.
Limoges, xxxvi, 527.
Gazette du Centre, 6 sept. 1887.
Limoges, i, 48.
Limoges, xxvii, 354.
Lim., xxxvii, 472; Roch., ii, 166,
M .'.
742
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Saint-Denis-des-Murs.
Saint-Gence
Saint-Georges
S^-Germaint-l. -Belles.
S'-Gilles-les- Forêts..
S^-Hilaire-las-Toiirs .
S^-Laurent>l. -Eglises .
S*-Laurent-sur-Gorre.
S*-Léger-la-Montagne
S^-Léger-Magnazeix. .
Saint-Léonard
S*-Martin-de-Jussac .
S'-Martin-le-Mault...
Sain t-Martin-le- Vieux
S*-Martin-Terre8sus. .
Saint-Mathieu
Saint-Nicolas
Saint-Paul-d'Eyjeaux.
Saint Priest-Ligoure .
Saint-Priest-Taurion
Saint-Somin-Leulac .
S*-Sulpice-Laurière ..
S^-Sulpice-les-FeuilIes
Saint-Yrieix .........
Sëreilhac
Solignac
Sussac
Vayres
Verneuil-Moûtiers . . .
Verneuil-Bur- Vienne .
Vicq
Vigen (Le)
Ahun
Ajain
Villejoubert.
La Châtre, Le Rabaud,
Senon.
Les Fontenets.
Mont-Gargan.
Les Places.
Ausiac.
Le Grand-Fa, La Séjotte.
La Basse, Les Rongëres.
Bard.
La Mazère.
Le Breuil.
Courbefy.
Beaumont.
Puymie.
Les Martines.
Les Chassaignes.
Puy-Chatelard.
Chuyet, Virvalais,
Lavaupot, Peu-GuiU
lebrau, Peuchaud.
La Faye.
La Baisse.
Champs.
Le Fan.
Viallebost.
Le Buis.
Fougeras.
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CMV
MTS
M
SOURCES DBS I!CDICATI05S
Limoges, xi.
Limoges, xxx.
Limoges, liv, 450.
Limoges, ii; Grignard, DicL m«.
Limoges, XXIII, 325, 345; xxiv,37e.
382; XXV, 410, 413, 415; xxxi,396;
XXXVIII, 492; xxxix, 691.
Masfrand, 126.
Limoges, xii, 625, 628, 638; xlii,
599; XLV, 309.
Limoges, xxviii, 305; Roche-
chouart, i, 139;. ii, 164.
Allou, 204.
Limoges, xxx; Soc. des Ant. de
rOuest, XIX, 100, 1854; Ardouin-
Dumazet, Limoaêin^ p 17:
Espérandieu, 45.
Limoges, xxvii, 475; xxix. 422;
xxxviii, 449.
Rochechouart, m, 309.
Limoges, xlvi, 467; xlvii, 475, 4SI.
482, 486; Liv, 450; Gaseite da
Centre, 13 juillet 1888
Limog.,xxvii,353; xLv,538:Liv,T0h
Limoges, xxx.
De Vemeilh-Puyraseaii, i, 116.
Limoges, xiii, 83, 241: xxiii, 3i6.
Limoges, m, 64, 98; xxx.
Limoges, xlvi, 472.
Limoges, xxx; xliv, 281, Alm,
limoasin, 1899.
Gazette du Centre, 27 fév. 41(84.
Limoges, xxvi, 404; AsMÎses
scient, de Limoges, 1867.
Limoges, xxx, 319, 928, lit, 449.
Limoges, xxxvii, 467.
Rochechouart, ▼, 42.
Espérandieu, 110.
Limoges, XIII, 259; xxvi, 402.
Limoges, xzviii,303;xxix,40&; xxx
Limoges, xl, 840.
Limoges, ix, 55; xxx, 325; xxst,
260; LIT, 698.
Limoges, vu, 183; xjmt, 381,
xxxvi, 534; lui, 865.
Limoges, xxxii, 316; xli, 630.
Creuse
CIMP
Limoges, iii,139, 238, 344, 462,483;
xix,39;Guéret,i,30,42,71,114,222.
111,194, 343, 462,483; IV, 231 ;v, 142;
Espérandieu, 67, 134, 161, 192.
Gueret, iv,225; Assises scient, de
Limoges, 43.
LVS TOIBS ROMAINES BN LIMOUSIN
743
COMMUNES
Arfeuille
Airènes
Are
Aubusson
Aulon
Azërables
Bazelat
Bénévent
Blaudeix
Bonnat
Bord-Saint- Georges .
Bourganeuf
Bourç-d'Hem
Boussac-Bourg
Budelière
Ceyroux
Chambon •
Chamborant . . «
Champagnat.
Chansanglard
Chauchet (Le)
Chënérailles
Colondaraes
Crocq
Domérot
Dun
Evauz
Faux-Ia-Motitagne . . .
Fclletin
Fleurât
Fresselines
Gartempe
Glénic
Gouzon
Gouzougnat
Grand-Bourg ' Le). . , .
Gucret
Issoudun
Janaillat
Jarnages
Jouillac
La Brionne
La Chapelie-S^-Martial
HAMBAUX
Faye-aux-Arey?, Forgeas,
Les Giraudes, Fradelles,
Puy-Faacher, Saieirat.
Colomba t, Conchat.
ChAtres, Cube (La).
L'Age-du-Mont.
Le Grand-Mural.
Pouyoux.
Cluptat,Creusot8 ;les),
Forgeas.
Petite-J''aye.
Chez-Mafran.
Chambon, Les Fougères.
Breuil.
Villetelle.
Bois - de - Roche , Le
Roi]goux.
Truffy,
Trois-et-Demie.
Ghassignoles , M a s -
Brenier, La Chassarae.
Les Ecures, Vilielot,
Vaumoins.
Celles , Huviers , La
Barde, Salagnac.
FayoUe.
Le Dognon , La Vacheresse
li4kaliow
«•la
DécMMrto
Lescuras, La Vedrenne,
Pouyant.
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CISTV
SOURCES DBS INDICATIONS
Guéret, i, 330.
Lioiog., xvi,44; xxxn,117, xLi,64d,
xLiv, 304; XLV, 385, 561; Guéret,
iv,323,230; v, 17, 135; Espér.,136,
Guéret, i, 46, 113.
Guéret, m, 343; iv, 237; vu, 260.
Guéret, II, 39; iv, 224.
Guéret, ii, 39; iv, 228.
Soc. des ant. de TOuest, xix, 49.
Guéret, ii, 39; m,. 343, 461, 483,
488; IV, 228, 236, 291; ix, 457.
Guéret, iv, 224.
Guéret, i, 198, 220; iv, 244; v,
148; Espérandieu, 69.
Guéret, iv, 238.
Guéret, i, 116, 117.
Guéret, ii, 301; m, 38.
Guéret, m, 329.
Guéret, ii, 42; iv, 216; v, 141;
Espérandieu, 11.
Limoges, xxxii, 117.
Guéret, m, 454.
Limoges, xxxii, 117.
Guéret, m, 459.
Guéret, i, 122.
Guéret. i, 239.
Guéret, i, 113; m, 33, 327; iv, 229,
238; Vf, 396.
Guéret, iv, 208.
Guéret, i, 112; 2* livr., 89.
Limoges, m, 133.
Guéret, m, 344.
Limoges,v, 255; Guéret, i, 81 , 151,
227; m, 29, 33,343; iv, 193, 239, v,
137; VI, 54; Espérandieu, 16, 40.
Rochechouart, iv, 19.
Guéret^ i, 113.
Guéret, ii, 122; m, 333; iv, 227.
Guéret, m, 343.
Guéret, i, 121, 122.
Guéret, i, 123, 204, 210; ii, 294;
m, 343; iv, 222, 224.
Guéret, ii, 39.
Guéret, v, 140; Espérandieu, 25.
Guéret, m, 191, 222, 325,329,343,
481; IV, 242; V, 149, Espérandieu,
158, 204.
Guéret, i, 46; m, 194, 343; v, 417.
Guéret, ii, 37; vi, 392
Guéret, i, 46, 115; ii, 37, m, 337, iv,
224, 240.
Guéret, ii, 39; m, 328.
Guéret, i, 126; ii, 38; iv, 224.
Guéret, ii, 38; m, 343.
Guéret, i, 111, 112, 114, 115; v, 147;
Espérandieu, 73.-
•4«."*
. h
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7U
SOGltTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
COMMU?{BS
La Courtine
Lafat
La Souterraine
Lépinas
Lourdoueix-S*-Pierre .
Mansac
Marsac
Méasnes
Mérinchal
Mourioux
Moutier-d*Ahun
Moutier-Rozeilie ....
Nailhat
Nëoux
Nouziers
Parsac
Peyrat-la-Noniérc. . . .
Pionnat
Pontarion
Puy-Malsignat
Roches
Rouenat
Rovères
S*-Aignan-près-Crocq.
S^-Amand -Jartoudeix
Saint-Chabrais
Saint-Christophe ....
Saint-Dizier
S*-Dizier-Ia-Tour
Saint-EIoi
S*-Ëtienne-de-Fursac .
Sainte-Feyre
Saint-Fiel
S*-George8-Nigremonl . .
Saint-Goussaud
S'-Hilaire-Chàtcau . . .
Saint- Loup.
S*-Marc-à-Frongier . .
3aint-MartiaMc-Nfont
HAMEAUX
Breith, Crosmont, Ma-
louze, Peu-la-Pierrc.
Lignaud.
La Courrière.
Mon t-à-Ia-Forgeas .
Létrade.
LaGaudineri«, LesGroppas,
La Ribière, La Vedrenne.
Le Coure t.
Les Rebières.
La Gondeix.
Château vieux.
La CoffretU, Les Razès.
Les Chapelles.
Pey roux-Château .
Mas-Foreau (pierres du
Marmot et de Monisne).
Pommier.
Tour-Saint-Austrille.
DroailleSf La Fête, Mont-
Pijeau, La Chaize ,LaVit
Montgibaud.
Les âains (Puy-de-
Gaudy), Villepetou.
Champ-Géf Muraut.
Puy-de-Jouer, Millemi-
langes, Redondesagne.
Villescot, Chameyroux.
Chautcan, Conchezotte.
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DfenTirle
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co
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S
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IMS
SOURCES DBS IICDICATIOXS
Guéret, m, 336.
Lecler, Dict de la Crease, p. 353
Limoges, x i, 319; xix, 49; xxxti.
332; XXXIII. 335; XL. 405, 412, 871;
Guéret, i, 62, 84,208,211,232; ii,
296; iij, 31, 201, 336, 463; iv,224,
241; Espërandieu, 39, 93, 115.
Echo de la Creuse, 9 avril, 1898.
Guéret, v, 69, 71.
Guéret, iv, 222.
Limoges, xi, 200; xxxir, 117.
Guéret, iv, 224.
Guéret, iv, 224.
Guëret,iii,323;Linioges,xxxii,117
Guéret, i, 44, 110, 114; v, 141, 149,
155; Espérandieu, 27, 43, 65. 87,
89, 108, 109, 186.
Guéret, 1891,
Guéret, m, 326, 341.
Guéret, i, 113; vu, 261.
Guéret, i, 213.
Gjuéret, m, 328; v, 150; Espé-
randieu, 91, 130.
Guéret, IV, 224.
Guéret, v, 351; AsêUes êcienl. de
Limoges, 1867.
Guéret, i. 116.
Guéret, vu, 261.
Guéret, i, 202; iv, 219; vi, 395.
Guéret, iv, 323.
Toumieux, Royére, 14.
Guéret, iv, 224.
Guéret v, 361.
Guéret, m, 327; iv, 218, 238, 239.
Guéret,!, 46, 114.
Guéret, i, 116; m, 327.
Guéret, i, 114.
Guéret, i, 46, 114, 217; v, 72, 352;
Assises scient, de Limoges^ 1867.
Limoges, xu, 632.
Guéret, i, 26, 86, 115, 177; v; Espé-
randieu, 150.
Guéret, i, 134, 126.
Guéret, m, 456; v, 355; Assisea
scient, de Limoges, 1867.
Guéret, 1,1 16; vin; ix,193; xiii, 450;
XIV, 193; XV, 371; Limoges, xiii,
98, 219; u, 451; Lit, 554.
Guéret, iv, 224.
Guéret, II, 39.
Guéret, 1891; Pérathon, Hisi.
d*Anbusson, 6.
Guéret, i, 44; m, 463; iv, 219;
220, 233, 244; v, !Î3, 150; Kspé-
randiçu, 98, 134, 135,
LE& VOIES ROatAtNfid £n LlMOCSlS
740
COMMUNES
Saint-Maurice
Saint-Médard
S*-Merd-la-Breuille .
Saint-Moreil
S*-Oradour-de-Chirouze .
S*-Pardoux-Lavaud ..
S^-Pardouz-les-Cards.
S»-Priest-la-Feuille . .
S'-Priest-U-Plaine . . .
Saint-Quentin
Saint-Sébastien
Saint-Silvain-d*Ahun.
S*-Silvain-Montégut..
S*-Sulpice-le-Guérétois .
S^-Sulpice-lc-Dunois .
Saint-Vaury
S^-Yrieix-Ia-Montagne
Saint- Yrieix-les-Bois
Sardent
Savennes ,
Sermur
Soubrebost ,
Soumans
Sous-Parsac ,
Thauron
Toulx-Sainle-Croix . .
Villars
Aix ,
Ambrugeat ,
Angles ^Les) ,
Argentat
Amac-Pompadour. . .
Bort
Brive
Ghamberet ... ;
Chameyrat
HAMEAUX
U Ville-«ax-Boi8, MafTé.
DfCMvertt
Les Moites.
Besses, LaRebière-Bayard
ParchimbauK.
La BusBière, La Villalte,
Montlevade, La Ribière.
Bernagc.
Ghiroux-les-Bois, Vil-
lerÀniier.
Les Chantrelles, Mas-
Baulet, Le Seilloux.
HeiUac.
Linard.
La Drouille, Montebras.
Ponl-de-l'Enfer
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CMS
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CO
CO
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SOURCES DBS INDICATIONS
Limoges, xliv, 297 ; xlvi, 461; Soc.
des Ant. de TOuest, xix, 185.
Guëret, v, 151: Ëspérandieu, 189.
Simon, Culte des morts, 308.
Guéret, m, 461; iv, 224.
Guëret, v, 173, 317.
Guérel, iv, 224; £spérandieu,154.
Guéret, m, 327; iv, 225, 231.
Soc. des Ant. de TOuest, xix, 61.
Guéret, m, 325.
Guéret, i, 113.
Limoges, xxxi, 402.
Guéi*et, IV, 220.
Guérel, vi, 395.
Guéret, 1,118, 204, 11,38; 111,343, IV,
223, 226, 227; Ëspérandieu, 131.
Commission delà top. des Gaules
Guéret, i, 116; m, 343; Assises
scient, de Limoges, 1867.
Limoges, xlii, 584; Echo de la
Creuse, 14 janv. 1893; Guéret,
IX, 457, 468; Èul, de corresp,, n* 3
Guéret, IV, 217, 237; v, 152; Ëspé-
randieu, 75, 156.
Guéret, i, 115, 230; n, 295; m, 192.
Guéret, ii, 297; m, 29, iv, 218, 246;
Espérand., 131,132,133, 135,151.
Limoges, xxxii, 336, 344; xxxii,
345; xxxiv, 111, 345; Brive, xii.
Gazette du Centre, 15 oct. 1891.
Guéret,i,127,210,217;iv,228;v,323
Limoges, m, 138; Guéret, i, 114.
Guéret, v, 355; Assises scient.
de Limoges, 1867.
Guéret, i, 179; tu, 32K, 451; iv,
779; Assises scient. Limoges Ati^l
Guéret, i, 221.
Corrèse
Moulin-du-Peuch.
Le Chambon.
MS
S
T
Croisy,Longour,LePeuch V S
Pompadour. T
MP
Ghanoux, Chastellou, S
Griffoiet, Palènes,
Le Rey
Mont-Cé. MTV
La Combotte.
Ëspérandieu, p. 206 et suiv.
Ph. Lalande, Sépult., 11.
Carte top. des Gaules; Ph. La*
lande ; de Bergues - Lagarde ;
Courrier du Cen(re,16 sep. 1872.
Tulle, 1897, 58; Ph. Lalande, 20.
Carte top. des Gaules.
Brive, iv, 679.
Ph. Lalande, 24.
Limoges, xxiii, 325, 846; xxiv, 370,
382; XXV, 410, 413, 415; xxxi, 396;
XXX VIII, 492; xxxix, 691; Ph
Lalande.
Brive, iv, 683.
•746
SOClèré ARCHèoLOGiQUÈ ET HlâTOtilQUË bV LIMOUSIS
COMMVinSS
Chasieau
CoDdat
Damels
Donzenac
Espa^nac
Eyourie
Eygurande
GouUes
Lapleau
Laroche-près-Feyt . . .
Lubersac
Malemort
Masseret
Ménoire
Mestes
Meymac
Miftevaches
Monceaux
Naves
Nespouls
Neuvic
Neuville
Perpewic-le-Noir
Rilhac-Treig^nac
S*-Bonnet-le-Pauvre. .
S^-Cernin-la'-Mar ce .
Saint-Hilaire-Foissac.
S*-Julien-le-Pèlcrin . .
S*-Julien-Maumont . .
S**-Mapie-la-Panou8e .
Saint-Martin-Seperl..
S'-Pardoux-Corbier. .
S»-Priest-de-Gimel ..
Saint-Rémi
Saint-Yrieix-le-Déjalat .
Saint- Ybard
Salon-Ia-Tour
Seilhac
Sérandon
Servières
Soudaine-Ia-Vinadiëre .
Toy-Viam
Treirnac
Trocne
TuUc
Turenne , . . .
Ussac
Ussel
Uzerclic
Voutezac
Yssandon
HAMEAUX
Puy-dc-Crochet.
Les Saulières.
Randeix, Pont-Charroux
La Motte, Le Gué-de-
Monviile.
Puymareix, Roomegoux.
Cbfttellus, Roc-de>Vic.
Le Jassoneix, Le Monteil.
Fontgrande.
Puy-du-Tour,
Tinti^nac.
Puy-du-Tour.
Laroche,Piiy-de-Cha9-
sagne, Puy-de-Paleu,
Roc-Blanc.
Brach.
La Yernouille, Montfumat
La Motte, La Ver-
nouille, Le Repaire.
PUteau-des-Ages.
Rilhac.
Rebeyrie.
SaintrPriest.
Nazareth.
Lanel.
Chazueix, Sauvezit.
Puy-du-Ghalard.
DéCNVtru
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MT
S
GM
SOURCES DES INDICATIONS
Ph. Lalande, Sipult., 35.
Ph. Lalande, 15.
Ph. Lalande, 35.
Carte top. Gaules, Ph. Lalande.
Ph. Lalande, 10; D' Longy, Mon.
d'Eygurande.
Garte top. des Gaules
Brive, vi, 573.
Limoges, xxii; Ph, Lalande, 31.
Ph. Lalande, 27.
Ardoin-Dumazet, Limottsitif 221.
Brive, xii.
Garte top. des Gaules.
Ph. Lalande, 11.
Ardoin-Dumazet, Limousin, 202.
Brive, xii.
Brive, vil, 631 à 713; ix; Espéran-
dieu, 111, 130.
Ph. Lalande, Monumentê pré-
historique» de là Corréxe.
Garte top Gaules; Ph. Lalande
Brive, xit.
Espërandieu, 113.
Ph. Lalande, Monuments pré-
hist. de U Ùorréze.
Ph. Lalande, Sép., 35.
Ph. Lalande, 20.
Ph. Lalande, 35.
Garte top. Gaules; Ph. Lalande.
Ph. Lalande, 19.
Ph. Lalande, 15.
Brive,xii,287,289;Limoges,xii,260
Limoges, xxi, 304; xl. 845; TuUe,
1891, 107.
Ph. Lalande, 17.
Ph. Lalande.
Marvaud, Hisl, du Aas-Limoa-
siR, I, 7; Ph. Lalande.
Ph. Lalande, 15.
Rochechouart, v, 112.
Garte top. Gaules; Ph. Lalande.
Ph. Lalande, 30.
Ph. Lalande, 26.
Brive, xix, 129; Ph. Lalande, 9;
Espërandieu, 97, 190.
Limoges, xxu; xxiv, 376.
Ph. Lalande, 35.
Brive. xii; Ph Lalande, Monu^
mênis préhist de U Corrète.
LS5 VOIES ROBIAINKS EN LIMOUStN
i4/
Charente
Arrondissement de Confolens
COMMUNBS
HAMBAUX
Uakatlê»
DkÊtntU
SOURCES DBS INDICATIONS
Alloue
Anglard-la-Forét.
Ambournet.
Chez-Fou quet, Les
Peines.
Chez-Godard
L'Age-la-Forét.
Petit-Mas-Dieu.
Les Mottes.
Les Assieux, Puy-
Mérigoux, Roubadeau.
Trallebost.
ChMeau - de -Boonetè ve,
LaGuierche, LeBannet
L'Age.
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Limoges, xxx.
Ambernac
Espërand , Ep, Poitou et Saint.
Ansac
Carte top. des Gaules.
Benest
Angouléme, 1862; Michon, Stat,
Brigueil
mon , 149.
Angouléme, 1R62; Michon, 148.
Champagne-Mouton. .
Chasseneuil
Angouléme, 1862; Michon, 150.
Michon, 151.
Chassenon.
Limoges, x, 252; xx, 253, xxi,
310; XXXV ,641 ,645;Rochechouart
I, 18, 38, 60, 123, 223; ii, 86.
Angouléme, 1862; Michon, 150.
Rochechouart, m, 238.
Chassieca
Etaffnac
Grand-Mas-Dieu
Lindois (Le)
MazeroUes
Angouléme, 1862; Michon, 150.
Michon, 149.
Carte top. des Gaules.
Montembœuf
Montrollet
Carte top. des Gaules.
Angouléme, 1862; Michon, 148.
Angouléme, 1862; Michon, 149.
Limoges, xxx (25 oc t. 1881);
Michon, 149.
Limoges, iv, 118; v, 196.
Rochechouart, ii, 234, 255, 283.
Angouléme, 1862; Michon, 149.
Pleuville
Pressiffnac
S^-Maurice- le vLions
Saint-Quentin
Saulirond ..*..
Dordogne
Arrondissement de Nontron
Bussière-Badil
Jumilhac-le-Grand.. .
La Nouaille
Milhac-de-Nontron . .
Champ-Romain
Sainl-Barthélemy.. . .
S*-Priest-les-Fougèrc8
Varaignes
Villars
Petit-Bois.
F6ret-Jeune, La Mon-
tre, Le Tindeix, Li-
viers, Villezanal.
Landes-de-Coaderféry.
Verlaine.
Châteaumanque, («enest,
Villechabanne.
La Bregère, Le Bûcheron
La Chabestie , Las
Monthas, LasVergne,
Le Brandeau.
V
CT
T
T
T
CT
CST
V
T
Limoges, xxxix, 399.
Périgueux, vu; Limoges, xxviii,
299, 316; xxix, 125.
Périgueux, vu.
Périgueux, vu.
Périgueux, vu.
Périgueux, vu; Limoges, xiii.
Limoges, xxiv; xxix, 125; xluc,
640; Périgueux, vu.
Limoges, xlv, 538.
Périgueux, vu.
Nous avons craint d'allonger ce tableau en citant, pour un grand nombre de
localités, les ouvrages de M. l'abbé A. Lecler, ses monographies de cantons de la
Haute- Vienne et ses Dictionnaires géographiques, historiques et archéologiques de
la Creuse et de la Haute^Vienne (ce dernier en cours de publication). Nous y ren-
voyons le lecteur.
746 SOCI&Tè ARCHÉOLOâlQCB tt AlSTORlQÛB DC LlMOCSRt
Il résulte de ce Irafail : 1* que les découfertes ont été plus nom-
breuses sur le parcours des anciennes Toies que partout ailleurs ;
que toutes les localités où Ton a troufé des inscriptions se trouvent
sur le passage d*une voie romaine on à proximité.
Si on ajoute les tnmuli aux sépultures, on atteint le chiffre de
deux cent seize découvertes. Beaucoup de ces sépultures n'étaient
pas isolées, et elles semblaient constituer un véritable cimetière,
sans que cependant on ait pu découvrir encore de constructions
aux alentours. Ces sépultures consistent dans des vases de diverses
natures renfermant des cendres. Elles sont donc antérieures au
V* siècle. Il est à croire que plusieurs tumuli appartiennent à la
période préhistorique.
Les sépultures gallo-romaines de k Creuse et de la Gorrèze ont
fait Tobjet d'études spéciales par MM. de Gessac et Philibert
Lalande auxquels nous avons renvoyé (1).
Les camps ne sont peut-être pas tous de l'époque gallo-romaine
et, dans tons les cas, ils nont été occupés que temporairement.
Presque tous sont placés à proximité des voies. Ils ont été étudiés
par M. Imbert (S).
Dans la catégorie des villas, sont rangées toutes les substructions
mises à jour. On sait qu'une vilk se composait de l'habitation du
propriétaire et de vastes dépendances. Celles qui ont fait l'objet
d'une description assez complète sont, dans la Haute- Vienne, An-
tone près PierrebuflBère, Les Carillons près des Cars, Auziac près
Saint-Laurent-les-£glises.
Dans la Creuse : Fayolle près Guéret, La Bussière près Saint-
Sulpice-le-Guérétois, La Cube près Aubusson.
Dans la Gorrèze : Longour près Argentat.
Pour être plus nombreuses, les découvertes de monnaies et de
poteries sont moins des signes probants d*un séjour que les mo-
numents. Mais on doit tenir compte que le sol a subi bien des
modifications depuis l'époque gallo-romaine et que dans les endroits
où ces objets ont été trouvés seuls, sans trace de constructions,
ces dernières se découvriront probablement par la suite.
Les monnaies qui se trouvent le plus communément dans notre
province appartiennent au haut empire et principalement aux
Antonins. Les monnaies d'Antonin le Pieux et de Faustine sont les
(1) Db CKSdAG, Sépulture gallo-romaine d*une jeune enfant, — Phili«
bert Lalandb, Sépulturei gallo-romaines de la Corrèze (Brive, 1881).
(2) Imbbrt, Monographie de$ anciennes enceintes du Limousin et des
régions voisines (Rochechouart, Dupanier, 1894, in-8).
LES V0K8 ROMAINBd SS LIBtOUStS 74d
plus communes. Cette époque doit correspondre à un moment de
prospérité. On trouve aussi quelques monnaies de Tétricus qui a
régné sur la Gaule de S68 à 378 de notre ère.
En ce qui concerne les inscriptions, nous nous sommes appuyés
sur Texcellenl ouvrage de M. Espérandieu, Inscriptions de la Cité
des Lémovices^ qui résume tous les ouvrages parus précédemment.
Les oppida sont peu nombreux : on croit en avoir constaté deux
sur le territoire de la Haule-Vienne : Gourbefy et le Puy-Chatelard,
et quatre dans la Creuse : Puy-de-Gaudy près Guéret, Toulx-Sainle-
Croix, Le Monl-Pijeau près Saint-Eloi et Ch&teauvieux près de-
Pionnat. Ils ont tous fait l'objet d'études particulières.
Les traces d'exploitations minières sont assez nombreuses sur
notre territoire. Les recherches ont porté sur le fer (limites des
Pétrocores, des Pictons et des Bituriges) ; sur le cuivre (Montebras,
Creuse), l'étain (Vaulry, Haute- Vienne). Les filons de quartz auri-
fères du Limousin, ceux de Vaulry, par exemple, ont sans doute
été exploités du temps des Gaulois (1). Ces exploitations ont fait
l'objet d'une étude de M. Mayaud (2).
Nous aurions voulu y ajouter les piles et les tours à signaux dont
on a retrouvé les traces sur quelques points de la France ; mais on
n'en a pas signalé chez les Lémovices.
Les piles étaient des massifs de maçonnerie ronds ou carrés que
l'on plaçait sur le bord des voies pour les orner. Sur ces piles, se
trouvaient quelquefois des niches destinées à recevoir une statue.
« Parmi les monuments de ce genre, les plus importants, dit de
Caumont, sont les pyramides de Pirelongue et d'Ebuon en Sain*
tonge. »
Au sujet des signaux, H. l'abbé Arbellot et M. Winkler ont émis
l'idée qu'ils pouvaient être placés sur les points culminants de
quelques voies comme le Puyde-Jouer, Gourbefy, etc., mais sans
en donner la preuve.
Il est certain cependant que les Gaulois et Romains faisaient
usages de signaux à feu placés sur les lieux élevés : la fumée pen-
dant le jour, le feu pendant la nuit. César, dans ses Commentaires,
dit que les GauMs allumaient des feux sur les montagnes qui aver-
tissaient les provinces des mouvements de son armée.
(1) £. Desjardins, Géographie de la Gaule romaine, I, 412.
(2) S.-P. Mayaud, Recherches sur les exploitations minières par les
Celtes et par les Romains dans les environs de Bénévent (Creuse), Limo-
ges, Ducourtieux, 1885, in-8.
T. LV 50
750 socièré archêolooiqcb et historique du limousin
Nous aurons plusieurs fois roccasioo de revenir sur les milliaires
et les camps lors de la description des yoies.
La liste des découvertes que Ton a vu plus haut est loin d*étre
complète; mais nous avons pensé que, si imparfaite qu'elle soit,
elle pouvait présenter un certain intérêt.
{A suivre.) P. Docourtiedx.
GÉNÉALOGIE
DE LA
MAISON DE FAYE ou DE LA PAYE
(suitb)
CHAPITRE II
De oertains flefs possédés par la maison de Fajre
ou de la Faye
§ !•'. — Fafreix
Le fief de Fafreix (anciennement Fayfrey, Feisfreix ou Fayfreis),
paroisse de Peyral-le-Ghftteau, élait mouTant de la baronnie de
Peyrat.
Il eut successivement pour possesseurs :
I. — Honorable homme Léonard de Faye (1495-1516).
II. — Anthoine de Faye, escuyer, sieur de Villechenyne, de
Fayfrey et d'Arlodeys (1520-1552).
III. — Noble Léonard de Faye, escuyer, sieur de Villechenyne,
de Fayfrey, du Leyris et d'Arlodeys, baron de la baronnie du Leyris
(1552*1583).
IV. — Noble I^onard de Faye, escuyer, sieur de Villechenyne
et de Fayfrey, baron de la baronnie du Leyris (1590-1630).
(1) Cette vente se trouve à la suite de la notice sur la baronnie du
Leyris.
7o2 socièré archéologique iît RtstoRïQCfi dc limousin
V. — FpançoisedeFayeoudelaFaye, dame de Fayfreis, épouse
de Bartazard de Bressolles de Vareynes, escuyer, sieur d'ArthoD,
de Boussay et autres lieux (1630-1631).
VI. — Vénérable messire Pierre Esmoing de Lavaublanche,
écuyer, prieur-curé de Saint-Marlin-Chftteau(1631).
VII. — Noble Jehan de la Faye, sieur de Lestrade et de Fayfreis
(16311641).
VIII. — François de la Faye, sieur de Lestrade et de Feisfreix
(164M692).
IX. — Catherine de la Faye, dame de Fafreix, veuve de Gabriel
de Ghampeaulx, sieur de Lavaud. Voyez page 16. Gabriel de
Champeaulx était Gis de Loys de Champeaulx, notaire à Peyrat, et
d*Anne Chappellon. Loys de Champeaulx était lui-même fils de
Pierre de Champeaulx, notaire royal à Peyrat en 1870, et avait
pour frère Pierre de Champeaulx, sieur du Mazet, greffier de la
baronnie de Peyrat en 1612 et 1631. Ce dernier Pierre mourut en
1651 ; Gabrielle du Leyris, sa femme, vivait encore en 1667. Ils
avaient eu pour fils Antoine de Champeaulx, sieur du Mazet, habi-
tant de Peyrat en 1634 et 1664, et pour tille Catherine de Cham-
peaulx, habitante de Peyrat en 1654. De leur famille étaient Pierre
de Champeaulx, prêtre de Peyrat en 1641, et Antoine de Gliam-
peaulx, procureur d'office de la baronnie de Peyrat en 1648 et 1651.
En 1605, Loys de Champeaulx possédait une métairie au Grand-
mont, justice de Peyrat. Par contrat du 26 novembre 1613,
Laborne, no"roy. elLaborne, no", noble Léonard de Faye, escuyer,
sieur de Villechenyne et baron de la baronnie du Leyris, demeurant
alors au lieu noble de Villechenyne, paroisse et justice de Peyrat,
en Poitou, vendit audit M^Loys de Champeaulx, notaire, moyennant
trois cents livres, Tofflce de greffier des terre, seigneurie et baron-
nie du Leyris.
Anne Chappellon était veuve, lorsqu'elle mourut le 3 août 1654.
Du mariage de Loys de Champeaulx et Anne Chappellon étaient
issus : i^ Gabriel de Champeaulx, sieur de Lavaud, époux de Cathe-
rine de la Faye ; S"" Antoine de Champeaulx, prêtre, vivant en 1642 ;
S"* Antoine de Champeaulx, dit Saint- Jacques, greffier de la baron-
nie du Leyris en 1623, notaire en 1633, lieutenant de la Justice de
Peyrat en 1641 et 1645, greffier et receveur de la baronnie de
Peyrat en 1655, qui avait épousé Jeanne Deneufville, dont il eut :
A) Loys de Champeaulx, sieur du Teil et d'Auphelle, époux en 1653
et 1657 de Gabrielle Menot, dont il eut Marie de Champeaulx, bap-
tisée à Peyrat le 25 octobre 1655, laquelle épousa François Paignon,
sieur de la Chabane; en 1684 Louys de Champeaulx, sieur du Teil,
habitait la ville d'Eymoutiers, et François Paignon, son gendre, celle
GÉNÉALOGIE DE LA iftAISON DE FAYE OU DE LA PAYE 753
de Saint^GermaiD, en Limousin ; B) Jehan de Ghampeaulx, vivant
en 4648; C) Jehanne de Ghampeaulx, vivante en 1652 et 1686, qui
avait épousé Pierre Rieublanc, sieur de Villard, maître chirurgien à
Peyrat en 168S et 1656; D) Ysabeaa de Ghampeaulx, baptisée à
Peyrat le 3 septembre 1641, mariée à Jean Béthoulaud, praticien,
avec lequel elle demeurait à Nedde en 1686; encore vivante en 1694.
A^ Loys ou Louys de Ghampeaulx, prêtre ; il habitait Peyrat, lorsque
le 22 juin 1632, au château de la Villatle, en Poitou, devant Laurens
et De Larye, no'*" roy., noble et vénérable personne François
Esmoingt, prieur du prieuré séculier de Nalhat, en la Marche, lui
donna procuration d*affermer au plus offrant et dernier enchérisseur
les dîmes de la paroisse de Nalhat lui appartenant; le 7 mai 1662,
il demeurait à Ghambon, pays de Gombraille, quand Révérend
père en Dieu messire François de Montaignac de Larfeuillère, abbé
et prévôt de Tabbaye et prévôté de Sainte-Valérie de Ghambon, lui
donna, pardevant Mas, no'* roy. à Poncharaud, paroisse de Saint-
Georges-Nègremont, et en présence de M* Antoine Ruyneau, gref-
fier de la châtellenie de Poncharaud, procuration pour plaider avec
les redevables de la prévôté de Ghambon au bailliage de Monl-
pensier; il était religieux de Tabbaye de Ghambon, lorsque le
21 juin 1664 devant Pouchol, no'* roy., Tabbé de Montaignac lui
donna procuration de toucher et recevoir les revenus de cette
abbaye; le 10 juin 1665, l'abbé de Montaignac lui donna décharge
de « tout le maniement qu'il pouvait avoir fait » pour lui tant à
Poncharaud qu'à Ghambon, comme son mandataire; il était vicaire
de Poncharaud et demeurait au lieu de Treiffonts, lorsque par acte
du 27 avril 1667 Aucousturier, no'« roy., le même abbé de Montai-
gnac lui assença tous les cens, rentes, droits, devoirs, bois, étangs,
prés et dîmes de la seigneurie et balifve de Treiffonts dépendant
de l'abbaye de Ghambon; en 1673 il habitait Peyrat ; S"" Gilberle
de Ghampeaulx, qui épousa Jehan Barry, de Bujaleuf; ils habi-
taient Beaulieu en 1655; &* Philippe de Ghampeaulx, fille vivante
en 1655.
Gatherine de la Paye, qui avait succédé en 1692 à François de la
Paye, son frère, dans la possession du fief de Pafreix, mourut vers
la fin de 1693. De son mariage avec Gabriel de Ghampeaulx étaient
issus treize enfants :
1"" Léonarde de Ghampeaux, née le 26 novembre 1643, baptisée
le 17 décembre suivant par Pierre du Leyris, curé de Peyrat (par-
rain noble Pierre Esmoingt, écuyer, sieur de la Paye, prieur de
Lavaublanche); elle vivait encore en 1648;
2"* Jehanne de Ghampeaux, née le 22 mars 1645, baptisée le
27 avril suivant (parrain Antoine de Ghampeaulx, dit Saint-Jacques,
754 sociAté archéologique et historique du limousin
son oncle paternel ; marraine Jehanne de la Faye, veuve de Gas-
pard de Trigounant, sieur de La Roche) ; elle vivait encore en 4663 ;
S"" Léonard, dont nous parlerons plus loin;
4<* Catherine de Ghampeaux, née le 2 décembre 1648 (parrain
messire Louys de Ghampeaulx, son oncle paternel); en 1695, elle
demeurait au château de Laslours, paroisse de Lastours, en Limou-
sin; elle épousa plus tard N... Bourdicaud, et était morte en t720;
Sf" Catherine de Champeaux, née le 24 août 1650, baptisée le
5 février 1651 par Pierre Beneyton, vicuire de Peyrat (parrain
Jehan Barry, son oncle, de Bujaleuf; marraine Catherine de Tri-
gounant, damoiselle de Bussière) ;
6'' Louis de Champeaux, né le 17 mai 1653, baptisé le 27 juillet
suivant (parrain Louis de Champeaulx, fils de Saint-Jacques ; mar*
raine Philippe Chappellon, fille de feu M*^ Gaspard Ghappellon); il
vivait encore en 1677 ;
7<' Jean de Champeaux, né le 21 juillet 1655, baptisé le 15 dé-
cembre suivant (parrain Jean de Beaufort, sieur de Bussière; mar-
* raine Gilberte de Champeaulx, sa tante, femme de Jehan Barry,
habitant du bourg de Beaulieu) ;
S^ Léonard de Champeaux, né le 10 juillet 1657, baptisé le
7 août suivant par Pierre Rieublanc, vicaire de Peyrat (parrain
Léonard Chappellon, sieur de Lintignat; marraine Gabrielle Henot,
femme de Louys de Champeaulx, son cousin germain) ;
9^ Antoinette de Champeaux, née le 21 septembre 1659, baptisée
par Louys de la Villemestlange, curé de Peyrat (parrain Pierre
Rieublanc, sieur de Villard; marraine Antoinette Brunet, femme
de Pierre Barry, de Bujaleuf); elle épousa (contrat du 25 septem-
bre 1685 Rounat, no'« roy. et Gay, no'*) François Petitaud, dit
Rieuxpeyraud , marchand à la Ribière au Gay, paroisse de Saint-
Moreil, justice d'Auriat, en Poitou; elle fut apanée de neuf cents
livres ; messire Claude de Malleret, chevalier de Lussat, signa au
contrat de mariage ; elle testa le 15 novembre 1686 au lieu de
la Ribière au Gay devant Laurens et Sallon, no*** roy.
10° Jehan de Champeaux, né le 28 juin 1663 (parrain Jehan
Neymon, prieur de Saint-Martln-Ch&teau); mort à Igny, au comté
de Bourgogne, le 1" août 1717;
11<* N... de Champeaux, née le 6 mai 1665(baptisée par Mathurin
Laureilhon, vicaire de Peyrat, parrain Jehan Betoulaud, son cousin
germain, deNedde);
12'' Joseph de Champeaux, sieur de Grandmont, né le 27 dé-
cembre 1667 (baptisé par Rogier, vicaire de Peyrat; marraine
Gabrielle du Leyris, veuve de Pierre de Champeaulx, sieur du
Mazet); prit du service dans les arnlées du roi. Étant lieutenant
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 755
des grenadiers du régiment de Toulouse, il céda à Léonard de
Gbampeaux, sieur de Lavaud et de Fafreix, son neveu, le iO mars
17i8 devant Dubayle et Limousin, no'«' roy. à Bourganenf, moyen-
nant onze cents livres, les droits qui lui appartenaient sur la
métairie, dite de Chez Saboullias, située au bourg de Maignat, soit
de son chef soit de celui de feu Jean de Champeaux, son frère, dont
il était héritier pour un quart. H eut deux fils : il) N... de Cham-
peaux, capitaine aux gardes, chevalier de Saint-Louis, épousa une
femme fort riche; la Révolution le ruina; devenu veuf, il mourut
aux Invalides, laissant une fille qui vivait encore en 4840, très
ftgée; B) N... de Champeaux de Grandmont épousa une demoiselle
originaire de la Champagne; ils moururent tous deux à Saint-Ger-
main, près Paris, où ils habitaient depuis longtemps; ils laissèrent
de leur union deux filles, M""' Cordon et H"*" de Chalhen, qui
toutes deux veuves habitaient Paris en 1840; M""* Cordon était
alors veuve depuis trente-six ans, n'ayant qu'une jfille, veuve sans
enfants; elle entretint à celte époque avec H. Jean-Baptiste de
Champeaux et M. Lenoble, S09 gendre, une correspondance qui
dura plusieurs années;
IS"" Isabeau ou Elisabeth de Champeaux, née le 12 septembre 1672
(parrain Jehan de la Paye, escuyer, prieur du prieuré Saint-Denis
de Peyrat; marraine Isabeau Chappellon« veuve de Gabriel Lauton,
mestre apothicaire de Peyrat); le 24 juin 1695, devant Gabriel
Laborne, juge sénéchal de Peyrat, le procureur fiscal, au nom de
ladite Isabeau, fil appeler Léonard et Joseph de Champeaux, frères,
demeurant à Fafreix, Léonard Beneyton, maître apothicaire, demeu-
rant au lieu des Condamines, Jean Neufville, praticien, Pierre
Chassine, marchand, et Melquiol, Tixier, bourgeois, habitants de
Peyrat, proches parents de ladite Isabeau de Champeaux, qui,
réunis en conseil de famille, lui nommèrent pour curateur Ijéonard
de Champeaux, son frère aîné; le 6 octobre 169^ elle épousa à
Saint-Martin-Chàteau Léonard Larlhe, veuf de Jeanne Farailhas,
marchand à Pont, paroisse de Saint-Martin-Chftteau ; leur mariage
fut célébré par Etienne Larthe, vicaire de Royère, frère du marié.
X. — Léonard de Champeaux, sieur de Lavaud et de Fafreix,
naquit le 10 novembre 1646. Par contrat de mariage du 23 novem-
bre 1688 de Truffy, no'"* roy., il épousa Catherine Malledent, fille de
Pierre Malledent et d'Anne Malledent, bourgeois, habitants du
village de la Glizioux, paroisse de Gentioux. Il lui fut constitué un
préciput de deux mille cinq cents livres; la future fut apanée de
quinze cents livres.
Le 18 juillet 1693 Léonard de Champeaux donna procuration à
Pierre Malledent, son beau-père, de déclarer au directeur et rece-
756 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE CT HISTORIQUE DU LlliOU»t?l
veur des droits de francs-flefs eo la généralité de Limoges « uo
petit fief et domayne, appelle de Fafreix, sic et situé en la paroisse
de Peyrat, lequel consiste en un sestier froment, seigle vingt-deux
sestiers, advoyne huit sestiers, meinre dud. Peyrat, argent trois
livres, gélines six, œufs cent, vinade une à un paire de bœufs »,
et en une métairie au labourage de deux paires de bœufs, relevant
du seigneur baron de Peyrat, seigneur suzerain et justicier.
En 16M, comme héritier de Catherine de la Paye, sa mère, seule
héritière de François de la Faye, siear de Lestrade, Léonard de
Ghampeaux intenta un procès à ses métayers perpétuels de Fafreix
pour leur faire payer la moitié de la rente féodale établie sur ledit
village. Le juge sénéchal de Peyrat lui donna gain de cause, mais
les métayers en appelèrent devant la sénéchaussée de Montmorillon.
Nous ignorons quelle fut la solution.
Le 3 juillet 169B, Léonard de Ghampeaux partagea avec Jean de
Ghampeaux, Joseph de Ghampeaux, Gatherioe de Ghampeaux et
Isabeau de Ghampeaux, ses frères et sœurs, demeurant tous à
Fafreix, sauf de Catherine, qui habitait le château de Lastours,
tous les biens dépendant des successions de Gabriel de Ghampeaux
et Catherine de la Faye, lesquels étaient situés à Fafreix, au Grand-
Grandmont et à Maignat. Ce partage eut lieu eo deux lots : le pre-
mier pour Léonard de Ghampeaux et Isabeau de Ghampeaux com-
prenait Fafreix, propriété et seigneurie, et la métairie du Grand-
Grandmont; le second pour Jean, Joseph et Catherine de Gham-
peaux comprenait la métairie de Maignat et une soulte de deux
cents livres, que devait leur payer Léonard de Ghampeaux. Dans le
lot attribué à Léonard et à Isabeau, la part de cette dernière consis-
tait en la moitié de la métairie du Grand-Grandmont et en une
soulte de deux cents livres, que devait lui payer Léonard. Isabeau
de Ghampeaux, encore mineure, avait contracté sous Tautorisation
de Léonard de Ghampeaux, son curateur. Joseph de Ghampeaux
seul savait signer.
Isabeau de Ghampeaux obtint le 4 mai 1697 des lettres royaux de
bénéfice d'âge, afin de faire annuler ce partage qu'elle prétendait
lui être défavorable. Mais, suivant transaction passée à Peyrat,
maison du curé, le 29 mai 1699 devant Gay, no**, et Bénassy, no'*
roy., et en présence de messire Philippe de La Saigne, sieur d'Oliac,
bachelier, curé de Peyrat, de Léonard Ghassagniaux, curé de Saint*
Martin-Château, de M* Gabriel Labome, advocat, jage sénéchal de
Peyrat, Isabeau de Ghampeaux se départit de ses lettres de rescision
et reçut de Léonard de Ghampeaux l'autre moitié de la métairie du
Grand-Grandmont.
Le 17 octobre 1709, en la maison de Pierre Malledent, sise au
(^ÉNi^ALOGIB DE LA MAISON DE FAYE OlA>E LA FAYE 757
bourg de Gentioax, en la Haute-Marche, Léonard de Ghampeaux,
sieur de Lavaud et de Fafreix, testa en faveur de Catherine Malle-
dent, sa femme, et fit procéder à son inyentaire devant Duhayle,
n" roy., et Guerre, no". Il mourut le 10 juillet 1710. Catherine
Malledent, sa veuve, mourut le 12 septembre 1714.
Du mariage de Léonard de Ghampeaux et Catherine Malledent
naquirent :
1<» Léonard, qui suit;
9^ Léonarde de Ghampeaux, mariée à SaintMartin*Ghftteau le
8 février 1722, et suivant contrat du même jour Landon, no** roj.,
à Joseph Ducouret, marchand, demeurant au bourg de Mourioux,
en Poitou ; son frère Léonard lui constitua en dot neuf cents livres
de principal; elle était veuve en 1753, et morte en janvier 1788;
3^ Catherine de Ghampeaux, qui en 1712 épousa Antoine Sallan-
drouze, sieur du Teil, demeurant à la Seauve, paroisse de Vallière,
fliK de feu Jean Sallandrouze et de Marguerite Bandon, bourgeois
de la ville de Fellelin. Leur contrat de mariage fut passé à Genlioux,
maison des hoirs de Pierre Malledent, le 14 novembre 1712 devant
Vareilhe, no** roy. héréd. ; le futur était assisté d*Antoine Bandon,
sieui de la Seauve, son grand-père maternel, de François Bandon,
sieur du Mazeau, son oncle maternel, de Jean Sallandrouze, sieur
des Gestes, bourgeois de Felletin, son oncle paternel, et de M* Jac-
ques Mirebeau, son cousin germain ; la future était assistée de sa
mère, de Léonard Malledent, sieur de Mouliéras, demeurant au
bourg de Gentioux, son oncle maternel, d'Anne Malledent, veuve
de Pierre Malledent, sa grand*mère maternelle. Jean Sallandrouze,
sieur des Gestes, institua le futur pour son héritier universel ; la
mère de la future lui constitua en dot la somme de quinze cent
cinquante livres, pour tous les droits qu'elle avait à prétendre à
Fafreix ; Anne Malledent, veuve Malledent, institua la future pour
rhéritière des deux tiers de tous ses biens, et Léonard Malledent,
sieur de Mouliéras, Tinstilua pour son héritière universelle. Cathe-
rine de Ghampeaux était veuve en 1742 et vivait encore à la Seauve
en 1784;
A^ Arnaud de Ghampeaux, baptisé le 21 juillet 1699 (parrain
Arnaud Malledent; marraine Luce de Bieublanc), vivant en 1728;
8* Louis, dit Léonard de Ghampeaux, baptisé le 13 octobre 1697
(parrain Louis de Malledent, de Gentioux), marié à « honneste
femme d Léonarde Gluzeau, veuve d'Etienne Leblanc, de Pimpé-
rigeas, qui, par son contrat de mariage du 1«' mars 1734 Gasne,
no'« roy. héréd. , céda tous ses droits successifs à Léonarde Bénassys,
veuve de Léonard de Ghampeaux, sa belle-sœur ;
6^ Gilles de Ghampeaux, baptisé le 24 août 4720;
758 sociéré AncftéoLOGiQUE et historique du limousin
V Pierre de Champeaax, baptisé le 31 août 1704.
Tous les enfants qui survivaient lors de la mort de leur père
étaient mineurs et furent placés sous la tutelle de Catherine Malle-
dent, leur mère, qui était encore leur tutrice le 15 janvier 1714.
XI. — Léonard de Ghampeaux, sieur de Lavaud et de Fafreix,
naquit le 10 janvier 1694. Il eut pour préciput, à titre d*alné, le fief
de Fafreix, bien noble.
En 1720, il paya pour le droit de franc-fief du bien noble de
Fafreix, à raison de vingt années de jouissance, cent quarante<leux
livres deux sols six deniers.
En 1717, à la requête de Léonard GouUsson, sieur d'Àuphelle,
notaire, d*Antoine et Léonard Beneytou, marchands, propriétaires
dudil village d*Àuphelle, il fut procédé, conlradicloircment avec
Léonard de Champeaux, propriétaire de Fafreix, par Laborne, juge
sénéchal de Peyrat, au bornage de la montagne, dite Puy de Lenty,
et bois en dépendant, située entre le village d'Auphelle, celui des
Bordes, le tënement de Villouteix, dépendant du village du Mas-
soubrot, et le territoire de Fafreix.
Léonard de Champeaux, sieur de Lavaud et de Fafreix, mourut
en 1727. Il avait épousé (contrat du 21 août 1724 Jabouille, no'""
roy.) le 22 août 1724 I^onarde Bénassys de La Pleoux, née le
9 avril 1694, fille de feu Martial Bénassys, sieur de La Pleoux,
notaire royal et procureur près la justice de la Villeneuve au Comte,
et de Marguerite Jagot, bourgeois de Laschaux-Couraud, paroisse
de Gentioux. Elle lui survécut longtemps, fut tutrice de leurs
enfants et mourut le 1*' mai 1766; elle fut inhumée dans l'église de
Peyrat.
De leur union naquirent :
1^ Arnaud, qui suit;
2'' Marguerite Dechampeaux, mariée le 20 novembre 1759 à
Michel Legier ou Léger, sieur de Ghaix, bourgeois, fils de fea
Pierre Legier et d'Anne Lestard, demeurant à Lachaud, paroisse
de Champagnial. Aux termes de son contrat de mariage du 18 no-
vembre 1789 Coutisson, Coutisson et Tramonteil, no'*' roy., elle
céda ses droits paternels à Arnaud Dechampeaux, son frère,
moyennant quinze cents livres; Léonarde Bénassys, sa mère, lui
constitua de son chef la somme de cinq cents livres et un mobilier ;
plus tard, son mari était marchand à Sardent; ils vivaient encore
en 1786.
S^" Antoine Dechampeaux, baptisé le P' juillet 1725 (parrain
Arnaud- Antoine Bénassy);
4'' Emmanuel-Jean Dechampeaux, baptisé k Peyrat le 4 octo-
bre 1729 (parrain Emmanuel-Jean LabQnie; marraine Marie
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYE 759
Rebière de Lapleoux), que sa mère mit, à l'âge de dix ans, en
apprentissage chez François Tramonteil, mallre chirurgien à Peyrat;
ce dernier devail d'abord lui apprendre à lire et lui enseigner les
préceptes de la religion catholique, apostolique et romaine.
XII. — Arnaud Dechampeaux, sieur de Lavaud, seigneur de
Fafreix, bourgeois et praticien du lieu de Fafreix fut pourvu des
charges et offices de greffier, notaire et procureur des justices de
la Grillière, Neufvialie et Prasinas et membres en dépendant par
lettres du 25 mars 1760 signées à la Grillière par messire Pierre
Esrooingt, écuyer, seigneur de la Grillière, Neufvialie, Prasinas et
Tourlouloux, résidant au lieu de la Grillière. Le 1" mai 1761, il
fut pourvu des charges et offices de notaire et procureur dans les
justices de Sainl-Martin-Cbâteau, Saint-Pardoux et membres en
dépendant par lettres signées au Monteil-Chftteau de Marguerite
Guyol, épouse et mandataire de Guillaume de Loméoie, seigneur
baron de Saint-Martin-Ghftteau et Saint-Pardoux-Lavaud, alors au
service de Sa Majesté. Par lettres du S février 1763 signées par
Jean-Jacques Larlhe deLangladure, en qualité de seigneur justicier
du village de la Seauve, il fut pourvu de la charge de greffier de la
justice de la Seauve. Le 25 novembre 1764 il fut pourvu de Toffice
de procureur dans la justice et baronnie de Peyrat par lettres
signées au château de Peyrat de dame Marguerite-Thérèse Faulte,
veuve de messire Guillaume-Anoet des Maisons, écuyer, seigneur
du Pallant, capitaine de dragons au régiment de Vitry, dame de la
ville et baronnie de Peyrat.
On le trouve en outre : en 1759, greffier de la justice du Ghassa-
gnoux, greffier de la justice du Masfaure; en 1766, greffier de la
justice de Sainl-Martin-Châleau; en 1770, procureur près la justice
du Masfaure; en 1774, greffier de la justice du Bost-Boussac ; en
1778, greffier de la justice de Saint-Pardoux ; en 1781, greffier de
justice de la Gonche.
Par lettres données au château de Longechaux le 1 " décembre 1785,
Jean du Authier, chevalier, comte du Authier, mestre-de-camp en
second du régiment de Penthièvre infanterie, chevalier de Tordre
militaire de Saint-Louis, seigneur baron de son chef et de celui de
dame Marie-Léonarde de Rieublanc du Bost, son épouse, de la
baronnie de Sainl-Junien-la-Bregère, institua Arnaud Dechampeaux,
greffier de sa justice de ladite baronnie de Saint-Junien, Gharrières,
Saint-Moreil, Bost-Boussac, Masfaure, Buze, le Mazeau et dépen-
dances (Le sceau porte deux écus accolés).
Arnaud Dechampeaux cumulait toutes ces places.
Arnaud Dechampeaux testa à Fafreix le 16 février 1772, en pré-
sence de messire Joseph Teillet, prêtre, curé du bourg et paroisse
7êO SOCIÉTÉ ABCBÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
de Saint-Martin-Cb&teau, et de Louis Gaéret, bourgeois, du village
de la Cour; il léguait à Anne Demalleret, sa femme, tout ce que la
coutume du Poitou lui permettait de disposer en sa faveur. Il mou*
rut subitement le 17 mai 1788.
Il avait épousé, le 21 novembre 1783 (témoins du mariage : Pierre
du Masfaure, sieur de Saintrand ; Josepb Dubayle, bourgeois d*Au-
phelle, de Malleret de Villard, Darfeuille de Rubeyne et Trasmon-
teil atné) (contrat du 90 novembre 1763, Goutisson et Domasfaure,
no"*), Anne Demalleret, de Peyrat, née le 8 décembre 1742, iîlle
de feu Léonard Demalleret, notaire, et de Magdeleine I^borae
et sœur d*Emmanuel-Jean Demalleret, sieur de Villard. De leur
union étaient nés :
1( Emmanuel-Jean de Ghampeaux, baptisé le 26 septembre 1764;
2* Léonard-Arnaud de Cbampeaux, baptisé le 29 juin 1765;
3* Luce, dite Lnce-Hélène Dechampeaux, baptisée le 26 avril
1766, mariée à François Vanginol ou Vanginaud qui, en 181 <, était
marcband à la Vétizon, commune de Neuvic ; ils habitaient Peyrat
en 1840;
iP Emmanuel-Jean de Cbampeaux, baptisé le 11 mai 1767 ;
8* Marie de Ghampeaux, baptisée le 16 octobre 1768;
6® Jean de Ghampeaux, né jumeau avec le suivant, baptisé le
29 décembre 1770 (parrain et marraine le baron et la baronne de
Peyrat); il partit comme soldat et Ton n*en eut plus de nouvelles ;
7^ Jacques de Ghampeaux, né jumeau avec le précédent, baptisé
le 29 décembre 1770 (parrain et marraine le baron et la baronne de
Peyrat) ;
S"" Gatberine de Ghampeaux, baptisée le 5 avril 1772;
9^ Germain de Ghampeaux, baptisé le 25 avril 1774 (parrain
Germain de Pichard, seigneur de Villemonteix); il partit comme
soldat et Ton n*en eut plus de noavelles ;
lO*' Jean-Baptiste, qui suit ;
H* Pierre de Ghampeaux, baptisé le 26 février 1777 (parrain,
Pierre du Masfaure, sieur de Saintrand et de Neufvialle) ;
12^ Jean-Baptiste de Ghampeaux, baptisé le 26 septembre 1778;
13'' Jean de Ghampeaux, baptisé le 26 novembre 1783 (parrain
messire Jean-Baptiste, comte du Authier, colonel au régiment de
Penthièvre infanterie, baron deSainl-Junien-la-Bregère; marraine,
Luce de Malleret).
Gomme les enfants d'Arnaud Dechampeaux étaient mineurs lors
de la mort de leur père, par devant Louis Dulac, avocat en parle-
ment, juge sénéchal de la justice et baronnie de Peyrat, et à la
requête d*Anne Demalleret, leur mère, fut réuni, le 10 juillet 1788,
)e cçnseil d^ famille des dits niineurs, composé de Jean-BaptistQ
OÂNéALOGlK DE LA MaISOX DE I^AYE OC Dt LA PAYE ÎOl
Savy, curé de Beaulieu, Jean-Baplisle Farge, bourgeois de ia VëU-
zon, paroisse de Neuvic; Marc-Aotoine-Tristan de Lhermile, de
Bourganeuf; Jean-Baplisle-François Savy, conseiller en l'éleclion
de Bourganeuf; EmmanueUJean Demalleret de Villard, ancien
gradué, juge des baronnies d*Aarial, Laron-Saint-Julien; Léonard
Tramonteil, notaire royal; Jean Emmanuel Goulisson-Dessaigne ,
chirurgien; ces trois derniers demeurant à Peyrat. La mère fut
conservée comme tutrice, et Jean-Baptiste Savy, curé de Beaulieu,
fut nommé curateur desdits mineurs.
Anne Demalleret mourut le 26 décembre 18i7. Elle avait testé le
7 avril 1773 : son testament ne porte pas la signature du notaire,
mais on y lit la sienne et celles de Joseph Teillet, curé de Saint-
Martin-Ghftleau, et de Louis Guéret, bourgeois de la Goor.
XIIL — JeanBaptisie Dechampeaux, sieur de Lavaud, seigneur
de Fafreix, naquit à Fafreix le 20 février 1776 (parrain messire
Jean-Baptiste Tramonteil, curé de Saint-Pardoux ; marraine Marie
Savy). Par acte sous seings privés du 15 fructidor an XI, il devint
cessionnaire des droits de l^uce-Hélène Dechampeaux, sa sœur,
dans la succession d'Arnaud Dechampeaux, leur père (1).
Il ne laissa que des Qlles. L'ainée avait épousé M. Auguste Leno-
ble, originaire de la Seauve, commune de Vallière, qui, survivant
à sa femme, est mort celte année (1903) à Fafreix, âgé de quatre-
vingt-dix ans.
Fafreix appartient aujourd'hui à M""* Gilerne, de Bourganeuf,
flUe cadette de M. Lenoble.
§ 2. — La Cour
Le fief de la Cour, paroisse de Saint-Martin-Ghftteau, en Poitou,
comprenait les villages de la Gour, la Vergne, Favareillas et Bru-
dieux. Il relevait de la baronnie de Peyrat (2). Au commencement
du XVI* siècle, le village et moulin de Brudieux, et ses tènements
du Mas-au-Blanc, du Has-la-Vergne et de Villatelle avaient pour
seigneur direct et foncier Antoine du Gloupt, sieur de la Gouhe (3),
châtelain de Peyrat. Son fils et principal héritier Nicolas du pioupt,
sieur de la Gouhe, en rendit aveu et dénombrement, le 22 juin 1522,
(i) Papiers de la famille Dechampeaux communiqués par M. Lenoble.
(2) Papiers existant à la Cour communiqués par M. Bayle.
(3) Le château de la Couhe avait été détruit de fond en comble lors
de la prise de Peyrat le 7 février 1184. Il ne fut jamais rebâti. Le plan
de Peyrat de 1769 mentionne les ruines de ce ch&teau ; aujourd'hui, les
ruines n'existent plus. (Pierre Cousseyroux, Inventaire des registres
paroissiaux de Peyrat-le-Château.)
76:2 sociéré ahchêologiqub et bistobique du limousin
à Loys de Pierrebufflëre, baron de Ghàteauneuf et de Peyrat (1). A
la Révolation, ces villages étaient encore dans la justice da baron
de Peyrat.
Aux termes de Tavea et dénombrement rendu par Gabriel de
Paye, seigneur de la Cour, mentionné plus haut, le lieu noble de la
Cour, en tout droit de fondalité et directe seigneurie payait annuel-
lement une rente féodale ainsi composée : argent trente-trois sols
neuf deniers pour le présent, dix-huit sols de rente, seigle sept
setiers ; avoine un setier deux éminaux ; guet cinq sols, taille aux
quatre cas et arbans servis; le lieu de la Vergne, aussi en tout droit
Je fondalité et directe seigneurie, payait chaque année de rente
féodale : argent quatre livres, seigle vingt-cinq setiers; avoine
cinq setiers et une paire de bœufs de vinade ; le lieu et village de
Favareillas, aussi en tout droit de fondalité et directe seigneurie,
payait de rente féodale annuelle : argent soixante sols tournois,
seigle dix-huit setiers, avoine huit setiers deux éminaux, gélines
quatre, vinade deux, guet et arbans ; le tènement Je Tressaigne,
joui par les habitants de Favareillas, aussi en tout droit de fonda-
lité et directe seigneurie, payait annuellement de rente féodale :
argent soixante sols tournois, présent deux sols, seigle vingt-
trois setiers, froment un setier, avoine sept setiers, gélines,
vinade une, œufs cinquante, guet et arbans serves; le lieu de
Brudieux, aussi en tout droit de fondalité et directe seigneurie,
payait de rente féodale annuelle : argent sept livres dix sols, pré-
sent deux sols, seigle trente-six setiers, froment un setier,
avoine dix-sept setiers, gélines six, une paire de bœufs de vinade,
guet et arbans serves.
A ce fief furent annexés successivement d'autres flefs : le Mas-
faure, le Massoubrot, Yillouteys, la Gathe, Lansade, la Seauve, le
Mas-de-Château, Pont, Neufvialle, l'Age, la Clavelle, Yillegouleix,
le Chassaignoux. Au moment de la Révolution, presque toutes ces
acquisilions s'en étaient détachées; le fief primitif avait lui-même
été démembré.
* Seigneurs de la Cour
I. —Noble homme Antoine de Paye, escuyer, seigneur de Ville-
chenyne, de la Cour, de la Grilliëre et de Fayfrey (1520, 18S2).
Voyez page 4. C'est lui qui réunit Brudieux au fief de la Cour.
IL — Noble homme Gabriel de Faye, escuyer, seigneur de là
Faye, de la Cour et de la Grillière (15S2, 1881). Voyez page ff .
(1) Voy. à l'appendice n» XVII.
G^NÉALOCIÉ Dfi LA MaTSOS DE KAYH UL* DE LA PAYE 763
m. — Noble Jehan de Paye ou de la Paye, dit TAlné, écuyer,
seigneur de la Voye et de la Coup (1581, 1631).
IV. — Jehanne de Paye ou de la Paye, dame de la Cour (1631,
1658). Voyez page 17. Elle avail épousé Gaspard du Puy de Trîgou-
nanl, escuyer, sieur de La Roche, qui élait mort en 1631. De leur
mariage naquirent deux filles :
1*" Catherine, qui suit ;
2^ N... du Puy de Trigounanl mariée à N... de Beaufort, sieur
de la Porte. De ce mariage naquit Prançois de Beaufort, seigneur
de la Cour et d'Enval que nous retrouverons plus loin.
V. — Catherine du Puy de Trigounant, dame de la Cour, fut
l*héritiëre universelle de sa mère. En 1638,' elle était mariée et
habitait la Cour avec son mari, Jean de Beaufort, écuyer, sieur de
Bussière. Les deux filles de Jehanne de la Paye avaient épousé les
deux frères. Jean de Beaufort, sieur de Bussière, qui habitait encore
la Cour en 16S5, était mort en 1656. Il avait institué pour héritier
Prançoià de Beaufort, son neveu.
En 1658, le fermier de la terre de la Cour était Gabriel de Neuf-
ville, époux d'Anne Laborne, habitant de la ville de Peyrat. En
1661 et 1663, on trouve Rouillac ou Roulhac, fermier du lieu noble
de la Cour.
M"* de Bussière vivait encore à la Cour en 1681. Elle avait ins-
titué pour son héritier universel Prançois de Beaufort, son neveu,
qui était déjà Théritier de son mari.
VI. — Noble messire Prançois de Beaufort, écuyer chevalier,
seigneur de la Porte,* de li Cour et du Monleil et, par sa femme
d'Enval, demeurait, en 1681, dans son château d'Enval, en Bas-
Limousin. Quoique H""* de Bussière, sa tante, dame de la Cour, fut
encore vivante et habitât la Cour, il prenait le titre de seigneur de
la Cour dès 1656. Comme héritier de Jean de Beaufort, sieur de
Bussière, son oncle, il donna, le 21 décembre 1668, quittance à
Antoine de La Roche-Aymon de la somme de deux mille cinq
livres, faisant le paiement final de trente-six mille trois cent
soixante-quinze livres, prix de la vente de la seigneurie de Lavaud-
Gratton.
En 1681, Léonard Hasfaure, sieur de Neufvialle« bourgeois de la
ville de Peyrat, était fermier du lieu et maison noble de la Cour et
y faisait sa résidence habituelle. En 1699, on l'y trouve encore fer-
mier.
Prançois de Beaufort épousa Catherine de Comborn, dame d*En-
val, en Bas-Limousin, la dernière de l'illustre maison de Comborn.
*
V
764 SOCléTè ARCHèoLOGiQCB £T HidTOtUQUE DC UMÛUSIK
Tous deux vivaient encore en 1689; François de Beaufort était
mort en 1692, sans laisser de postérité (1).
François de Pichard, écuyer, seigneur de TEglise-au-Bois, obtint
des lettres royaux en date du 12 mars 1692 l'autorisant à se porter
héritier bénéficiaire des biens maternels de François de Beaufort.
Comme la terre et seigneurie de la Cour faisait partie de ces biens
maternels, il en devint possesseur.
VII. — François de Pichard, écuyer, sieur de la Chassagne et
de la Geneste, seigneur de l'Eglise-au-Bois et do la Cour, et par sa
femme, comte de Villemonteix, seigneur de Hontsergue, Lavau-
blanche, Ghâtelus en partie, la Villatte, était le fils aîné de Joseph
Pichard, seigneur de FEglise-au-Bois, et de Marguerite de Paye (2).
Il avait épousé, par contrat du 16 août 16S1 Dufoar, no'* roy.,
passé à Eymoutiers, Catherine Esmoiog, fille ainée de François
Esmoing, chevalier, comte de Villemonteix, seigneur de Hontser-
gue, Chfttelus en partie, Nailiac, lieutenant-colonel du régiment
d'infanterie du cardinal Mazarin, et de Marguerite Esmoing de
Lavaublanche. Par la mort sans enfant de son frère unique Pierre
Esmoing, chevalier, vicomte de Villemonteix, seigneur de Mont-
sergue, Lavaublanche, la Villatte, la Grillière, Catherine Esmoing
avait hérité des dites terres et seigneuries. Depuis leur mariage,
François de Pichard et Catherine Esmoing habitaient le repaire
noble du Fermigier, paroisse de l'Eglise-au-Bois, demeure de la
famille Pichard: après la mort de Pierre Esmoing, seigneur de
Villemonteix, ils continuèrent d'y résider jusqu'en 1671, époque
où ils transportèrent leur résidence au cb&teau de Villemonteix.
Le 6 février 1700, devant Ligoure, no'* roy., François de Pichard
afferma la terre et seigneurie de la Cour à Jacques Fillioux, bour-
geois de Bourganeuf. Le 18 février suivant, devant L. Borde, no**,
et J. Limousin, no" roy., Jacques Filloux,qui avait déjà transporté
sa résidence au château de la Cour, s'associa à moitié pour cette
ferme Marie Foucaud, veuve de Pierre Defaye, conseiller du roy et
lieutenant en l'élection de Bourganeuf, sous réserve pour lui de la
maison et préclôtures de la Cour, mais cette association ne dura
guère» car elle fut résiliée le 19 mars suivant, et Jacques Fillioux
resta seul fermier de la Cour.
François de Pichard avait déjà le grade de capitaine (on le nom-
mait le capitaine Lëglise au Bois), lorsque le roi lui donna une
commission de capitaine d'une compagnie de cent hommes dans le
(4) Archives de la Creuse.
(2) Pour plus de détails sur les seigneurs de la Cour de la maison de
Pichard, voyez la notice intitulée « Villemonteix et Montsergue ».
g£nêalogib de la maison db paye ou de la paye 765
régiment d'infanterie de Toulouse le 30 février 1684. Il vivait
encore en 1693, mais était mort en 1697. Catherine Esmoing mou-
rut au commencement de 1719. De leur mariage étaient Issus neuf
enfants, six garçons et trois filles :
l^' Germain de Pichard de TEglise au Bois, chevalier, seigneur
du Fermigier, puis de TEglise-au-Bois, qui épousa, par contrat
passé au chàleau du Solier le 27 novembre 16iK Naudin, no",
Marie de Bridiers de Saint-Julien, fille de Paul de Bridiers, cheva-
lier, baron de Saint-Julien, et d'Elisabeth de Ghamborant. Aux
termes de ce contrat de mariage et d'une transaction du 2 octobre
1692 Roby, no** roy., François de Pichard et Galherine Esmoing
firent donation entre-vifs à Germain de Pichard des maisons et
terres seigneuriales du Fermigier et de l'Eglise-au^Bois, à la charge
de payer trente mille livres aux créanciers de là lerre du Fermi-
gier. Germain de Pichard était mort en 1754, époque où Marie de
Bridiers, sa veuve, habitait le château de Saint-Julien, en Com-
braille; de leur union sont sortis les de Pichard, barons de Saint-
Julien ;
9" Jean, que nous trouverons plus loin;
3"" Joseph de Pichard, écuyer, chevalier de l'Eglise au Bois, né à
l'Eglisc-au-Bois, baptisé à Faux le 25 juillet 1654 (parrain Joseph
Pichard, son grand-père; marraine damoiselle Catherine de Tri-
gounant, femme du sieur de Bussière; présents messires de Los-
tanges, de Marsillac, d'Auriat et de la Cour, Antoine Chappellon,
sieur de la Védrenne, La Fermerie, Dubayle, procureur fiscal de la
Fcuillade), lieutenant de la lieutenance coronelle du régiment de la
Reine, mort à Laval, ou il tenait garnison, après avoir fait son
testament le 12 décembre 1675;
4'' François, qui suil;
5** Julien de Pichard de Vitlemonteix, écuyer, seigneur de Châte-
lus en partie, capitaine dans le régiment de Sainle-Aulaire, puis
dans celui de Chàteauneuf, qui était mort en 1740; il signait « Châ-
telns » ;
6<» Germain de Pichard, chevalier de Villemonleix, né le 2 novem-
bre 1674, d'abord page du Grand-Maître de l'ordre de Malte, sous-
lieutenant en la compagnie de Moran dans le régiment d'infanterie
de Toulouse par brevet du 14 octobre 1692, lieutenant de la compa-
gnie de FEglise au Bois dans le même régiment par brevet du
12 février 1696, capitaine de la même compagnie par commission
du 7 décembre 1702, enfin premier capitaine au régiment de Tou-
louse,, chevalier de Saint-Louis; en 1741, il résidait au château de
Yillemonteix, titulaire d*une pension du Trésor; il lesta le 9 février
1749 et mourut le même jour à Chérignac;
T. LV SI
756 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE BT HtftTORIQUB DU LIMOUSIN
T"" Marie de Pichard, demoiselle de Villemonteix, mariée, par
contrai da 8 aoûl 1686, de Lachëze, no'« roy., à Charles de David,
chevalier, seigneur marquis de Lastours, fils de François de David,
chevalier, seigneur baron de Venloux, et de Charlotte d'Abzac, qui
commanda, en 1697, le ban et Tarrière-ban de la province du Haut
et Bas-Limousin (1); elle survécut à son mari ;
8" Jeanne de Pïchard de Villemonteix, mariée, par contrat du
7 avril 1693, à Philibert de David, chevalier, seigneur de Chamvert ;
9^ Marie de Pichard de Villemonteix, mariée, par contrat du
29 mars 1700 Ligoure, no~ roy., à Philippe Bourdicaud, écuyer,
seigneur de Saint-Priest, fils de François Bourdicaud, écuyer, sei-
gneur de Peyrigeas, et de feue Catherine d'Aubusson, demeurant à
Soudanas, paroisse de Saint-Priest, en Poitou; on lui constitua
en dot douze mille livres; elle (esta le 22 décembre 1707 et mourut
peu de jours après, laissant pour héritiers son mari et son fils uni-
que, François Bourdicaud, qui mourut lui-même en 1733, sans
hoirs, ab intestat et en majorité.
VIII. — François de Pichard, écuyer, chevalier de TEglise-au-
Bois, seigneur de la Cour, fut nommé enseigne en la compagnie de
la Frelonnière, dans le régiment d'Angoumois, le 7 juillet 1686,
lieutenant en la compagnie de Jean de l'Eglise au Bois, son frère,
dans le régiment d'infanterie de Toulouse le 18 décembre 1686. Il
était capitaine d'une compagnie d'infanterie dans le régiment du
comte de Toulouse, lorsque son père, François de Pichard, «t consi-
dérant les bons et agréables services dudit François de Pichard, et
à cause du service de Sa Majesté et pour soutenir el subvenir aux
dépenses dud. service et soustënement de lad. compagnie »,lui fit le
7 octobre 1691 donation entre-vifs pure, simple et irrévocable, avec
dessaisissement actuel, du lieu, fief et domaine de la Cour à lui
obvenu par le décès de messire François de Beaufort, chevalier,
seigneur de la Cour, le Monteil, etc., suivant la coutume du Poitou,
où les biens et fiefs étaient situés et dans la paroisse de Saint-
Martin-Château, consistant en château, préclôtures, garennes, mou-
lins, prés, métairies, cens, rentes, dîmes, droits et devoirs seigneu-
riaux. Cette donation fut passée devant Ligoure, no'* roy., en
présence de Gaston Barrât, prêtre, curé de Védrénas, et de Char-
les de Lavernelle. Elle fut confirmée par François de Pichard père
le 27 janvier 1692 Ligoure, no" roy., au château noble de Ville-
monteix, en présence de H* Philippe Marsalaud, avocat en parle-
ment. La terre de la Cour était estimée trente mille livres.
Joseph Pichard, seigneur de TEglise au Bois, aïeul du seigneur
(1) Nobiliaire du Limousin, II, 43.
•1.1
qui Dons occupe, avait été compris au rAle des gentilhomi
bililés ou conÂrmës dans leur noblesse pour une somme
mille trois cents livres. Cette somme devait élre payée pai
fils qui se partagèrent sa succession. Comme les gens cli
recouvrement de celle somme avaient fait saisir entre les
Léonard du Masraure, sieur de Neufvialle, Termier de la
revenus de cette terre et seigneurie, François, Jean et G(
Picbard, Sis d« François, tous trois capitaines dans le
de Toulouse, présentèrent requête en 1698 et 1699 à Tint
Limoges pour obtenir que sur cette somme le tiers seul
misa la charge de la succession de François de Picbard, I
et que la moitié de ce tiers fut supportée par Germain de
seigneur du Ferraigier et de l'Eglise-au-Bois, leur frère i
tagé parle père commun.
En 1700, Jacques.Fillioux, de Bourganeuf, succéda à Lt
Masfaure comme fermier de la lerre et seigneurie de la
1704, il babilait le cb&teau de la Villatte.
Par suite de la promotion de son frère Jean à la cbarg
tenanl-colonel du régiment d'inranlerie de Toulouse, Fr
Picbard obtint le commandement de la compagnie de g
que commandait son frère : sa commission est du 16 décen
François de Picbard céda, au commeacement de 1704,
nus de sa terre et seigneurie de la Cour à Pbilippe Bo
seigneur de Saint-Priest, demeurant en sa maison de Sou
dernier, par acte du 13 juillet 1704, afferma à Jacques 1
fief noble de la Cour.
Le cbevalier de l'Eglise au Bois, seigneur de la Goa
vera la fin de 1704, après avoir fait un testament mililain
lel 1704, élanl blessé dangereusemenl : par ce lestameot
la (erre de la cour à Jean de l'Eglise au Bois, son frère, li
colonel du régiment de Toulouse, et les droits sur la ter
lemonleix à lui provenus du cbef de H" de Saint-Priési.
à Germain de Villemonleix, son aulre frère, capitaine au
d'infanlerie de Toulouse.
IX. — Jean de Picbard de l'Eglise au Bois, chevalier
de Villemonleix, Montsergue, Chfttelus, la Cour, chf
l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, lieutenant-coloni
ment de Toulouse infanterie, entra au service comme si
ses frères. Il avait déjà le grade de capitaine (c'était \<
Léglise au Bois), lorsqu'il obtint le 28 juillet 1631 une i
de capitaine d'eue compagnie dans le rëgvmeiaV d,'\T
Toulouse; en 1702, il fui promu capitaine d'une c>on\^
nediers dans le même régiment. Il était prQ^-.r ca-v
768 sociérÉ ARcnéoLOGiQUE et historiqCe du limoUsiM
nadiers de ce régiment, lorsque le roi lui donna le 16 décembre 1703
la charge de lieutenant-colonel de son régiment. Enfin le 22 octo*
bre 1705 il fut nommé chevalier de Saint-Louis.
Jean de Richard épousa, par contrat du 12 mars 1706 Thouron,
no" roy. à Sainl-Yrieix-la-Perche, Catherine de Lasteyric du Sail-
lant, fille de feu Antoine de Lasteyrie du Saillant, marquis du Sail-
lant, vicomte de Gomborn, baron d*Ussac et du Vergis, co-seigneur
de la ville et pariage d'Allassac, grand sénéchal du Limousin, el de
feue Marie-Marguerite de la Morellie, demeurant ordinairement au
château du Saillant, paroisse de Voutezac, en Bas Limonsin.
Jacques Fillioux n'était plus fermier de la Cour en 1708 : il n'y
avait pas de fermier. Cette terre avait été délaissée en jouissance à
Philippe de Bourdicaud, écuyer, seigneur de Saint-Priest, baron
d'Auriat, la Baconnaille, habitant en son ch&leau de la Baconnaille,
paroisse d'Auriat, en Poitou, comme tuteur dç François de Bour-
dicaud, son fils, issu de son mariage avec feue Marie de Pichard de
TEglise au Bois, pour le paiement de la dot de sa femme, et M. de
Saint-Priest touchait lui-même les revenus, rentes, etc. Mais en 1712
cette dot fut payée, et la maison de Villemonteix rentra en jouis-
sance de la terre de la Cour.
Jean de Pichard de TEglise au Bois, seigneur de Villemonteix et
de la Cour, mourut en 1713. Catherine du Saillant, sa veuve,
accepta la garde noble de ses enfants et prit en mains Tadminis-
tration de leurs biens.
Par acte au 19 mai 1714 L. Bouchon et J. Limousin, no'** roy.,
passé au village de Garnaud, paroisse de Châtelus, en Poitou, en
présence de M. M* Joseph de La Font, conseiller du roy au prési-
dial et assesseur de la sénéchaussée de la Marche à Guéret, y
demeurant, et de Jean Forest, maître chirurgien de Bourganeuf,
Gilbert-Timoléon Seigliëre, écuyer, seigneur de Johet, conseiller
du roy, vice-sénéchal de la Marche et Combraille, demeurant au
château de Johet, près Guéret, et Pierre Seigliëre, écuyer, seigneur
de Clavières, demeurant en sa maison de Clavières, paroisse de
Saint-Sulpice-le-Guérétois, faisant tant pour eux que pour Antoi-
nette de Saint-Julien, veuve d*Etienne de Seigliëre, écuyer, sieur
des Salles, tutrice de leurs enfants, reconnurent avoir reçu de
Catherine Esmoing, veuve de François de Pichard, et de Catherine
du Saillant, veuve de Jean de Pichard, la créance due, en vertu
de la transaction du 30 mai 1681 Sudre, no'* roy., à défunts Antoine
Seigliëre et Marguerite Fayolle, veuve Seigliëre, par François de
Pichard et François de Beaufort, seigneur de la Cour.
Le 30 avril 1717 devant L. Bouchon et J. Limousin, no"* roy.,
Catherine du Saillant afferma pour sept ans, à partir du 1" mai 1717,
>iU
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 769
moyennant huit cents livres par an, à Jean Dubayle, bourgeois de
fiourganeuf, et à Léonard Dumasfaure, sieur de Prasinas, son
gendre, demeurant à Neurvialle, tous les revenus, cens, rentes,
mélairies, château et préclôtures de la terre et seigneurie de la
Cour, y compris les bestiaux des métairies, les droits de lots et
ventes, sans que les preneurs fussent tenus de faire aucune répa-
ration au château et bâtiments de la Cour et des mélairies. Cette
ferme devait prendre fin en 1724. A celle époque la dame de Vil-
lemonteix rentra en jouissance de la Cour, qu'elle afferma de nou-
veau au sieur de Prasinas en 1725.
Du mariage de Jean de Pichard et Catherine du Saillant, naquirent :
1*> Charles, qui suit;
2'' Julien, qui viendra ensuite;
S^ Jeanne, dont l'article suivra celui de Julien;
4*' Marie de Pichard de l'Eglise au Bois de Yillemonleix, reli-
gieuse à l'abbaye de Saint-Bernard de Tulle, prieure de la même
abbaye en 1760 ; Catherine du Saillant, sa mère, alors veuve, et
Germain de Pichard, chevalier de Villemonteix, son oncle, lui
constituèrent comme aumône dotale trois mille cinq cents livres, et
s'obligèrent à lui payer une pension viagère de cinquante livres;
S"" Marie de Pichard de TEglise au Bois, demoiselle de Monlser-
gue, qui épousa Etienne Dubois de Mcyrignac, fils de Léonard
Dubois, sieur de la Planche, conseiller du roy, ancien receveur des
tailles à Bourganeuf, et de feue Marie de Silhouetle ; par son contrat
de mariage du 18 novembre 1738 Mian, no'** roy., il lui fut cons-
titué en dot : 1^ neuf mille six cents livres pour sa part et portion
dans la succession de son père et dans celles de ses frères et sœurs
morts ou qui s'étaient faits religieux depuis la mort de leur père;
2® et mille livres pour tous les droits qu'elle avait à prétendre dans
la succession de Catherine du Saillant, sa mère. Six cents livres
furent payées pour les habits nuptiaux, et, pour se libérer des dix
mille livres de surplus, Catherine du Saillant et Charles de Pichard
délaissèrent à Marie de Pichard deux métairies à quatre bœufs et
une métairie à deux bœufs, garnies de bestiaux, situées à Favareil-
las, dans la fondalité de la Cour, ne se réservant pour tous droits
seigneuriaux que cinq sols de rente, payables à chaque fêle de
Notre-Dame d'août. Ces métairies de Favareillas furent vendues
par les Dubois de Meyrignac, père et fils et Paule Bouchière,
deuxième épouse du père, tous demeurant au château de Meyrignal
à Louis Yiau de la Roche, conseiller du roy. receveur des tailles en
l'élection de Bourganeuf, demeurant à «Bourganeuf, rue dii Puy,
moyennant neuf mille deux cents livres, par acte du 16 février 1740
Dubayle et Mian, no"' roy. Le surplus dudit village, formé d'un
770 SOCIÉTÉ ABCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
petit domaine, appelé de Ghez-François-Bannette, au labourage de
deux bœufs, également dans la fondalité de la Cour, avait été
vendu, suivant acte passé à Yillemonteix le 26 août 1734 Mian,
no'* roy., eu présence de Pau! Audousset, praticien, par Catherine
du Saillant et Charles de Pichard à Léonard Guerras, du Chassai-
gnoux, moyennant la somme de neuf cents quatre-ving-dix-neuf
livres, sous réserve de la directe fondalilé et d'une rente féodale de
une coupe seigle, une coupe avoine, mesure de Peyrat, trois sols
argent et une poule, le tout payable et portable au château de la
Cour. Marie de Pichard était morte en 1743.
G"" Paul de Pichard, chevalier de TEglise au Bois, sieur de Ghft-
telus, enseigne, puis nommé le^ décembre 1729 lieutenant de la
compagnie de Valbonnette dans le régiment d'infanterie de Tou-
louse; mort de maladie à l'hôpilal militaire de Spire le 19 octo-
bre 1735, inhumé sur sa prière dans Téglise des Révérends Pères
Gordeliers de Spire ; il fut dépensé à cette occasion soixante-sept
livres dix sols par Jean Chillaf, de Guéret, employé à son service.
X. — • Charles de Pichard de l'Eglise au Bois, chevalier, seigneur
de Yillemonteix, Vedrénas, Boissioux, Ghfttelus en partie, la Cour,
et par sa femme, du Bost-Bé} (1), du Chassagnoux et de Villouteix,
naquit le 5 septembre 1707 et fut baptisé le 14 janvier 1709 (par-
rain Charles marquis du Saillant; marraine Catherine Esmoing,
dame de Yillemonteix, sa grand'mère paternelle). Il fut place
comme page chez le comte de Toulouse.
Léonard du Masfaure, sieur de Prasinas, était toujours fermier
de la terre de la Cour. Par suite de renouvellements, son bail ne
devait prendre fin qu'en 1743. Il avait eu à soutenir plusieurs procès
contre ses fermiers du moulin, contre ses métayers de Favareillas,
qui volaient la nuit les gerbes dans les champs et les cachaient dans
les villages voisins.
Catherine du Saillant, dame de Yillemonteix, avait de nombreux
créanciers. Pous s'en débarrasser, elle leur donnait des délégations
sur son fermier de la Cour. Ce dernier en accepta pour des sommes
supérieures à ce qu'il devait, et, lorsqu'il refusa de payer les
créanciers, il fut emprisonné à leur requête et resta trois mois dans
les prisons de Limoges. Lorsque Léonard du Masfaure voulut se faire
rembourser Catherine du Saillant soutint qu'il était encore son
redevable, à cause des dégradations qu'il avait commises. Inde irœ.
(1) Le château du Bostbéy, situé sur une éminence dans un pacage
sur les bords de la Maulde, a été complètement détruit pendant la
période révolutionnaire. (Pierre Cousseyroux, Inventaire des registres
paroissiaux de Peyrat-le-Château).
J
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE PAYE OU DE LA PAYE 771
Elle prétendait notamment qu'il avait ruiné le château de la Cour.
Un appointement fut rendu au profit du fermier par la justice de
Peyrat le 19 octobre 1737. Catherine du Saillant en fit appel; dans
sa supplique comme intimé Dumasfaure se prétend créancier de
plus de douze mille livres. Il finit par obtenir justice (1).
A cette date 1737 la Cour possédait deux moulins à blé et un
à chanvre.
L'administration de Catherine du Saillant fut désastreuse pour la
maison de Villemonteix. Ses enfants majeurs, Charles de Pichard,
seigneur de Villemonteix; Julien de Pichard, seigneur de Mont*
sergue, et Jeanne de Pichard, demoiselle deChàtelus, voyant leurs
intérêts compromis, intentèrent en 1739 à leur mère une action en
reddition de compte devant le lieutenant-général de la sénéchaussée
de la iMarche à Guérei. Ce procès ne fut jamais terminé, car Charles
de Pichard et Catherine du Saillant moururent avant qu'il n'y eut
une solution. A Toccasion de ce procès, il fut constaté que la terre
de la Cour était composée d'un château et de ses préclôtures et de
six domaines, le tout affermé mille livres.
Par contrat du 20 avril 1739 Ligoure, no'» roy., passé au château
de Villemonteix, en présence de Paul Audousset, receveur audit
château, et de Pierre Lavaud, bourgois de Bourganeuf, Charles de
Pichard traita avec Julien de Pichard, seigneur de Monlsergue, et
Jeanne de Pichard, demoiselle de Châtelus, ses frère et sœur; ces
derniers cédèrent à Charles de Pichard tous leurs droits dans la
succession de Jean de Pichard, leur père commun, et reçurent en
partage, par moitié enlr*eux, la terre et seigneurie de la Cour, en
quoi qu'elle put consister, sous la seule réserve du village de Fava-
reillas, qui avait été aliéné, et sur lequel en 1789 le baron de
Peyrat percevait une rente de deux coupes seigle, deux coupes
avoine, onze sols argent et deux gélines.
Charles de Pichard mourut en 1748. Il avait épousé, étant encore
mineur (contrat du 21 août 1730), Catherine de Châteauneuf, dame
du Bostbéy, fille et héritière d'Emmanuel de Châteauneuf, seigneur
de Saint-Pardoux, du Bostbey, du Chassagnoux et de Villouleix.
Elle mourut au château de Villemonteix le 24 août 1743, à l'âge de
trente-trois ans. Ce mariage avait enrichi la maison de Villemon-
teix des terres et seigneuries du Bostbey, du Chassagnoux et de
Villouleix. Les deux dernières furent incorporées à la terre et sei-
gneurie de la Cour.
En secondes noces Charles de Pichard avait épousé, par contrat
du 23 juillet 1744 Durieux, no'* roy., Louise Green ou Grain de
(1) Archives du Monteil-Chàteau.
772 sociéré archéologique et historique du limousin
Saint-Marsaut, demoiselle d'Eyburie, fille de feu Jean-Jacques
Green de Saint-Marsaut, vicomte du Verdier, et d'Anne Duprert,
habitant au château du Verdier, paroisse d'Eyburie, en Limousin.
Du premier mariage Charles de Pichard laissait huit enfants
vivants, six filles et deux garçons, savoir :
1® Germain, qui viendra plus loin;
2^ Marie de Pichard de TEglise au Bois, née en 1734, qui épousa :
!• le 23 janvier 1753, Gabriel de Rieublanc, chevalier, seigneur
du Bost, Boussac, Sainl-Junien4a-Bregère, fils de Jean de Rieu-
blanc, sieur du Bost, procureur fiscal de la baronnie de Peyrat, et
de Catherine Daniel de Monfayon, encore vivant en 1743; 2* le
28 novembre 1755 Joseph Tristan de Lhermite, chevalier, seigneur
de la Rivière, veuf de Catherine de Brugière de Farsat et fils de
Joseph de Lhermite, ëcuyer, seigneur de la Rivière, et de Gabrielle
du Garreau (1); Marie de Pichard et son second mari vivaient
encore en 1787 ;
3"" Rose de Pichard de l'Eglise au Bois, née en 1735; morte céli-
bataire en 1767 ;
4"" Jeanne de Pichard de TEglise au Bois, née le 23 octobre 1736,
qui en 1753 était encore au couvent d*Eymoutiers; morte célibataire
avant l'année 1767;
5** Marie de Pichard de l'Eglise au Bois, née le 31 décembre 1737,
qui en 1753 était encore au couvent d'Eymoutiers; en 1787, reli-
gieuse du chœur du monastère de Sainte-Ursule d'Eymoutiers sous
le nom de sœur Saint-Charles;
6^ Julien de Pichard de l'Eglise au Bois, chevalier de Yillemon-
teix, baptisé le 4 octobre 1739, qui était encore vivant le 28 novem-
bre 1755, mais dut mourir peu après;
7*" Anne-Françoise de Pichard de TEglise au Bois, née le 17 jan-
vier 1741, mariée le 7 novembre 1766 à Jean-Marie d'Alesme de
Salvanet, chevalier, seigneur baron de Châtelus, Salvanet, Cour-
beyrac, etc., fils d'Yrieix d^Alesme, sieur de Salvanet, baron de
Châtelus, trésorier de France à Poitiers ; encore vivante en Tan XII ;
8* Catherine de Pichard de TEglise au Bois, née en 1743, mariée
le 3 frimaire an V à Léonard-Joseph Dubois de Meyrignac, fils
d'Etienne Dubois, sieur de Meyrignac, et de Marie de Pichard de
TEglise au Bois.
Du second mariage était issu un fils unique, Germain de Pichard
de l'Eglise au Bois, qui survécut à son père, mais était mort avant
le 7 octobre 1749.
Pierre d'Oyron, chevalier, seigneur de Chérignac, demeurant au
(1) Nobiliaire du Limousin, II, 524,
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FAYB 773
bourg de Ghérignac, fol nommé tuteur, et François de David, che-
valier, seigneur de la Cour de Rozet, demeurant aux larges,
paroisse de Gbamproi, en Poitou, curateur des enfants de Charles
de Pichard et de Catherine de Ghâteauneuf, qui étaient tous mi-
neurs. L'inventaire fut dressé à la Cour et au Boslbey par M* de
Saint- Vaury, no'« roy., au mois de novembre 1748.
XI. — Julien de Pichard de l'Eglise au Bois, seigneur de Mont-
sergue et de la Cour, fut alloti par Charlos de Pichard, son frère
aine, de la terre et seigneurie de la Cour, par moitié avec Jeanne
de Pichard, demoiselle de Ghfttelus, sa sœur. Il était mort en 1742.
Par suite de son décès, Jeanne dePichard devint seule propriétaire
de la terre de la Cour.
XI bts. — Jeanne de Pichard de TEglise au Bois, demoiselle de
Châtelus, dame de la Cour, posséda la terre et seigneurie de la
Cour, d*abord en commun avec Julien de Pichard, son frère, et
ensuite seule après la mort dudit Julien. En 1743, elle était encore
célibataire et habitait le château de Villemonteix. En 1754, elle
était la femme de Pierre d'Oyron, chevalier, seigneur de Chérignac.
Au moment de son mariage, elle dut rétrocéder la terre et seigneu-
rie de la Cour à Charles de Pichard, son frère, car, lors de Tinven-
taire qui fat dressé après le décès de ce dernier, le notaire et les
experts se transportèrent à la Cour aussi bien qu'à Villemonteix et
au Bostbey. Les experts firent Testimation des bestiaux garnissant
les domaines; ils trouvèrent, savoir : dans une des métairies de la
Cour, deux cent quatre-vingt-dix livres de bestiaux ; dans Tautre
métairie, deux cent cinq livres de bestiaux; dans Tune des métairies
de la Vergoe, trois cent soixante-douze livres quinze sols de bes-
tiaux ; dans Tautre métairie, deux cent vingt-huit livres de bes-
tiaux; dans la métairie du Chassagnoux, quatre cent quatre-vingt-
douze livres de bestiaux ; dans la métairie de Villegouleix, huit
cent soixante livres de bestiaux ; dans les quatre métairies de la
Galbe, cinq cent soixante-dix-sept livres de bestiaux. En 1749, les
terres de la Cour et du Bostbey produisirent ensemble dix-sept cent
vingt-une livres. •
XII. — Germain de Pichard de l'Eglise au Bois, chevalier, sei-
gneur de Villemonteix, de la Cour, du Bostbey, du Chassagnoux,
de Villouteix et de la Gathe, était ftgé de seize ans lors de la mort
de son père en 1748 ; il était donc né vers 1732.
Par contrat du 20 juin 1760 Tramonteil, no'« roy., il vendit à
François iMoreau, bourgeois et marchand, le fief de la Cour, com-
posé du château, des préclôtures (bien noble), des deux domaines
de la Cour (bien roturier) et d*un moulin, « avec les astreignables
à y celui », Celte veate fqt coj^sentie moyennant huit mille livres,
771* SOCIÉTB ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
dont quatre mille livres pour les biens nobles et quatre mille livres
pour les biens roturiers. Le prix de cette vente devait être employé
à payer les dettes de la maison de Villemonteix et notamment au
paiement de « Taumône dotale » de la dame Marie de Picbard,
prieure de Tabbaye de Saint-Bernard de la ville de Tulle, tante du
vendeur. Il n'était pas question de la justice qui appartenait toujours
au baron de Peyrat. Le vendeur ne cédait que la partie du fief qui
s'appliquait au village de la Cour (1).
Les trois domaines de Brudieux, appartenant à la maison de
Pichard, avaient été déjà cédés par contrat de mariage à une iille
de cette maison. En 1789, un de ces domaines, à quatre bœufs,
joui en fief, appartenait à Tramonteil jeune, le surplus du village,
aussi joui en fief appartenait aux frères Bouchet, de Peyrat. Ville-
gouleix avait été le lot de Marie de Pichard, épouse en premières
noces de Gabriel de Rieublanc du Bost et en secondes noces de
Joseph-Tristan de Lhermile, seigneur de la Rivière.
Du fief de la Cour et de ses annexes, il restait à la maison de
Villemonteix au moment de la ^Révolution : 1<> tout le village de la
Gathe, en fief et propriété ; 2^ tout le village du Chassagnoux, en
fief et propriété ; 3"* tout le village de la Vergue, en fief et propriété,
sauf d'une rente de six setiers seigle due sur un tènement à M. des
Maisons du Palant, baron de Peyrat; 4^ une rente féodale de qua-
torze setiers seigle, vingt-quatre ëmioaux combles avoine, argent
cinq livres, y compris les poules, sur le tènement de Villouteix,
dépendance du village du Massoubrot.
Observons que le seul village de la Vergue dépendait du fief ori-
ginaire de la Cour. La Gathe, le Chassagnoux et Villouteix étaient
des fiefs distincts, qui ne dépendaient pas de la justice du baron de
Peyrat.
Par acte du 21 nivôse an XII, J. Berger et son collègue, no'** à
Bourganeuf, les époux Léonard-Joseph Dubois de Meyrignac el
Catherine de Pichard et les époux Joseph Dubois de Meyrignac et
Catherine de Lhermite, demeurant tous à Villemonteix et repré-
sentant slifcs la maison de Villemonteix, vendirent, moyennant
16.560 francs à François Paslins, de la Cour, le lieu de la Vergne,
composé de deux domaines à quatre bœufs, garnis de bestiaux.
Germain de Pichard mourut en Tan X.
XIII. — François Moreau, sieur de la Cour, bourgeois, était fils
unique de feu François Moreau et de Françoise Ârdouin. Françoise
Ardouin avait épousé en secondes noces Jean-Pierre Guéret, dont
(1} Papiers communiqués par M. Ba^le.
GÉNÉALOGIE DE LA MAISON DE FAYE OU DE LA FATE "/^S
elle était veuve eo 1760, et duquel elle avait eu un fils unique,
Louis Guéret.
François Moreau avait épousé (contrat du U janvier 1784 Tra-
montell et Goutiasou, no'»*) Marie Reix, fiile de Giraud Reii et
d*Antoinetle Sauzelle de Lestards, et sœur de Jean-Baptiste-Noêl
Reix, docteur en théologie, curé de Beanmont, chez qui elle demeu-
rait. François Moreau mourut à la Gour le 23 décembre 1766, à
l'âge de quarante-cinq ans, et fut enterré dans l'église de Saint-
Marlin-Ghftteau, en présence de Pierre Dumasfaure, juge de Saint-
Martin-Ghâteau. Il n'avait point eu d^enfant de Marie Reix, et par
son testament du 20 décembre 1766 Tramonleil, no'^ il institua
Françoise Ârdouin, sa mère, et Louis Guéret, son frère utérin, pour
ses héritiers, notamment de la terre de la Gour. Françoise Ardouin
mourut à la Gour, âgée de quatre-vingts ans, le 24 août 1781.
Marie Reix, sa bru, demeurait, en 1T78, à Ghez-Bricaille, près et
proche le bourg de Saint-Marlin-Ghâteau.
XIV. — Louis Guéret, bourgeois, sieur de la Gour, devint seul
propriétaire et seigneur du fief de la Gour par le décès de Fran-
çoise Ardouin, sa mère. Il avait épousé Gatherine Bardet. Elle fut
injuriée et maltraitée par Guillaume de Loménie, seigneur baron
de Saint-Martin-Gbâteau, et Louis de I^oménie, son (ils. A raison
de ces mauvais traitements, Louis Guéret porta plainte contre
Guillaume et Louis de Loménie devant le lieutenant-criminel de
MontmorilloD ; mais l'affaire se termina par une transaction passée
le 24 avril 1777 devant Seygaud et son confrère, notaires à Bourga-
neuf, aux termes de laquelle Louis de Loménie déclara être fâché
de ce qu'il avait fait, reconnut Gatherine Bardet pour « femme
honneste «t vertueuse » et paya les frais du procès montant à
soixante-sept livres seize sols six deniers (1).
Louis Guéret avait chez lui une jeune fille, âgée de vingt-cinq
ans, Françoise Taure, que Ton disait sa nièce, fille de feu Joseph
Taure, marchand, et de Marguerite Bardet, de la ville d'Auzances.
D'aucuns prétendaient que c'était la fille naturelle de Louis Guéret.
Il la maria le 1*' mars 1791 à François Paslins, demeurant au Meit,
paroisse de la Souterraine, né le 18 févrie.r 1762, fils d'Antoine
Paslins, notaire royal et châtelain de Drouilles, et de feue Marie
Marchandon, du bourg de la Ghapelle-Taillefer. Parleur contrat
de mariage du 28 février 1791 Seygaud et son confrère, no'*^,
Louis Guéret fit donation à Françoise Taure de tous ses biens,
notamment de la terre de la Gour. Le mariage fut célébré par
(1) Papiers communiqués par M. Bayle.
776 SOCIÉTÉ Archéologique et historique du limousin
Joseph MarchandoQ, priear-curé de Marsac, oncle de François Pas-
lins, en présence de Léonard Meyrignac, chirurgien-juré de la ville
de Peyrat, représentant Marguerite Bardel absente, de Suzanne
Marchandon et de Marchandon de Goûtant. Par le contrat de ma-
riage susdaté, Joseph Marchandon avait fait donation à François
Pasiins de la somme de trois mille francs, payable après son décès.
Silvain Marchandon de la Faye, héritier de feu Joseph, refusant de
payer cette somme, y fut condamné par jugement du tribunal de
Bourganeuf du H thermidor an VIII et par arrêt de la cour de
Limoges du 4 germinal an IX.
En 1791, Louis Guéret était maire de la commune de Saint-
Marlin-Ghàteau. Lors de Télection qui eut lieu à Royère le 21 juin
1791, il fut choisi comme électeur des députés de la première légis-
lature. Les fonctions de maire lui étant devenues à charge, il fil
signifier sa démission au procureur-syndic de Bourganeuf par
exploit du 11 août 1791 (1).
XV. — François Pasiins, par son mariage avec Françoise Taure,
devint propriétaire de la terre de la Gour, où il fit sa demeure. La
loi du 19 vendémiaire an IV ayant supprimé les administrations
communales et organisé par canton une administration municipale,
François Pasiins fut nommé président de Tadministration munici-
pale du canton de Royère. G'était un homme fort intelligent, ainsi
qu'il résulte d'un rapport adressé au Directoire du district de Bour-
ganeuf par l'abbé Goutisson de Lascoux, commissaire du Directoire
exécutif près cette administration cantonale.
Du mariage de François Pasiins avec Françoise Taure naquirent
trois enfants :
1*" Sylvain-Léonard, qui suit;
S"" Gatherine Pasiins, née le 21 mai 1792, mariée à François
Reix, de Saint-Martin -Ghâteau;
S^ Gatherine-Julie Pasiins, mariée à Louis Dubois, de Bujaleuf.
XVI. — Sylvain-Léonard Pasiins fut maire de la commune de
Saint-Marlin-Gh&teau, suppléant du juge de paix du canton de
Royère, membre du conseil d'arrondissement de Bourganeuf.
Après lui, la Gour fut possédée par Gharles Pasiins, son second
fils, et ensuite par Auguste Pasiins, son petit-fils. Elle appartient
aujourd'hui (1903) à M. Barny, ancien pharmacien à Bourganeuf.
{A suivre.) Zenon Toumîeux.
(1) Papiers communiqués par M. Lucien Bayle,
EXCURSION A GROZAN
(1905)
Suivaot UD aacien et iradilionnel usage, la Sociélê archet
el historique du Limousiu a Tail, le 12 juin 190S, lundi de h
cote, son excursion annuelle aux ruines de Grozant.
Le choix d'un jour férié paraissait loul indiqué aux orgao
pour Taciliter les tourisles et décider les volontés hésilante
ment mieux employer des heures légitimement dérobées a
des aiTaires el les moments de répit accordés à ceux qui s
quotidiennement à la précision des mouvements mODOl
la grande machine administra Live gne le monde a la c(
de nous envier! Rien de plus tentant qu'une promenad*
muros, et nous fûmes même presque surpris de consts
la troupe des voyageurs format une si petite armée. Cela
avec surabondance qu'il faut une loi pour organiser le recru
Quoiqu'il en soit les intrépides fuient solides au poste. Ils
rent avec le soleil et certainement avec une meilleure hum
lui. Ce jour-là l'astre^roi avait le front rembruni — caprice
narque va-t-on me dire — dans tous les cas fantaisie un peu
tante pour l'agrémenl probable de notre pèlerinage aux
du passé.
Au départ de Limoges nous formions uo groupe décidi
filer, raéme avec la discourtoise absence du ciel bleu, de
instants de la journée. C'est dans ces heureuses disposili
nous traversâmes les sites pittoresques qui avoisinent la i
bourgade, — pardon j'oubliais que c'est une ville - qui
chef-lieu au canton d'Ambazac. Les monts qui commande
de ravissantes vallées avaient des crêpes épais à leur
c'était, nous devons le dire, un quelque peu funèbre el ^w
rement inquiétant.
La gaieté des voyageurs corrigeait be^xito»V ^^^ **
Qatare; nous avions décidé qu'à tout évè». goV ïi^iV
ses crêpes à la campagne sans nous a^^ ^1^ '^ %>o
778 sociéré archéologique et uistoiuqce du lîmousik
bonne humeur triompha et parvint sans doute à égayer les champs
d'alentour, car le capricieux soleil nous fit la concession de se
mettre de la partie alors que la vapeur nous entraînait aux bords
majestueusement abrupts de la Gartempe. L'astre du jour, pour
parler comme les poètes, ce qui s'impose pour narrer une telle
journée, avait sans doute appris notre qualité d'archéologues, et
comme il est un bien vieux monument, il voulut sourire à des amis,
ce qu'il ne cessa de faire jusqu'au soir.
Le train s'arrête: Saint-Sébastien chante l'employé... Sommes-
nous en Espagne?... Non, c'est bien mieux, nous avons tonché la
Creuse. Pauvre département, disent les économistes, splendide
contrée, ajoutent les touristes, et nous allons bientôt en admirer les
sites. t
Un de nos sociétaires à qui nous devons un hommage tout par-
ticulier, M. Berger, dont le talent d'organisateur n'en est plus à
faire ses preuves, s'est acquitté avec minutie des délicates fonctions
de fourrier. Nous savons tous l'importance de l'avant-garde. Notre
dévoué sociétaire nous montre une fois de plus quelle bonne chose
est la prévoyance. Grâce à lui nous n'auront qu'à nous laisser vivre ;
il a déjà vu les lieux et les gens ; tout est prévu pour le moment
précis et opportun; il est dit que cette journée nous déchargera de
tous soucis.
Cinq voilures nous attendent eu gare de Saint-Sébastien ; on se
divise en escouades dont chacune fait promptement l'assaut d'un
véhicule. Les automobiles sont trop modernes pour les antiquaires;
le modeste char-à-bancs est mieux dans la note. Les coursiers —
nous devons ce nom à leur allure rapide — nous entraînent sur la
route de Crozant et, à un tournant du chemin, un photographe
amateur perpétue le peu banal ensemble de notre caravane.
Bientôt nous arrivons au château des Places,— c'est la première
station officielle de notre voyage,— qui fut au XV* siècle le fief du
seigneur Jean Goudeville et qui fut habité sous Louis XIII par la
famille des Foucault.
Nous trouvons dans l'avenue qui conduit à l'antique demeure
seigneuriale M. le curé de Crozant qui, avec une grâce parfaite et
une érudition consommée qu'il met à notre service, nous fait les
honneurs du lieu. Il nous conduit à la chapelle où se font, chaque
année, des pèlerinages très suivis.
Ce sanctuaire fut édifié par Gabriel Foucault et l'on raconte an
sujet de sa fondation une légende souvent répétée dans la campagne
creusoise pendant les longues veillées d'hiver. Nous en trouvons les
détails dans Touvrage de M. l'abbé Rouzier, notre aimable guide.
Jadis existait, non loin du château des Places, à une époque que
l'auteur croU pouvoir placer vers le XV* siècle, ud saoclua
sacré à Noire-Dame de Pitié. H fut déiruil en 1373, peni
guerres de religion. La slaliie de la Vierge fui enlevée et s
sèment cachée dans le chAtean des Places.
Le 17 août 1664 elle fui rpirouvée sans avoir subi aucui
lation. On la replaça dans la chapelle et de nombreux pèlt
enigèrenl la présence d'un chapelain assisté de deim autres
L'édi&ce primitif ne suffisait plus aux besoins du culte
construisit la chapelle que nous avons visitée.
C'est ici que se place la lùgende :
Une jeune paysanne, duo tiameau de la paroisse et que li
des habitanls désignent encore sous le nom de Blanche
rendue au sanctuaire revêtue de ses plus beaux atours. L
lain la rencontra au retour d'une partie de chasse tandis
revenait à son village. Quelle belle créature, s'écria-t-il
soldats devinant sa pensée se mirent à ta poursuite de la jeu
Comprenant le péril qui la menace, Blanche ne pense qu'à
son honneur et, arrivée près d'un précipice, elle se jette
torrent.
On rapporte son cadavre au comte, qui pris de repent
remords, fait construire comme temple expiatoire la chap
Places.
Voilà dans toute sa naïveté la légende qui nous fut r
J'ajoute que chaque année, au dire des paysans de la
jusqu'à la Révolution de 1793, on voyait errer dans la a
la nuit de la Nativité, l'ombre de Blanche.
Ce récit a produit sou ciïet sur les touristes et nous en
quelques-uns regarder mystérieusement derrière les rid
verdure du chemin s'ils ne voient pas flotter la blanchi
TOile. Nous visitons dans ses détails la vieille chapelle. Les
n'y apportent pas des trésors ; elle est pauvre et délabrée-
Ce n'est pas à dire cependant qu'elle ne renferme rien d'ar
des colonnes torses linement sculptées attirent notre atlenl
le chœur, et au-dessus de l'autel nous trouvons la statue mir
qui ornait le premier oratoire.
Il est temps de reprendre notre marche vers Croia
reprenons nos équipages et en quelques minutes nous ai
Pont-Charraud, uû nous saluons la Se délie, qui va bVeuV.(
à la Creuse, sous les ruines de la forteresse.
l-ie site nous paraît tellement enchanteur ntt'Vïi^*^^^^
véhicules s'arrêtent, étalons vient spontaiv^J^g^v ^a. tt
suivre la Sédelle jusqu'à Crozant, en part^, «V îil v^
bâton des touristes, les sinuosités de la r».^f* aA»^
graDdfl Creuse. ^"^^V^
T80 SOClàTÉ ARCHèoLOGlQDB £T HiSTORtQCE DU LiMOUSIS
Nous sommes récompensés de ce courage relatif et nous pouvons
admirer à loisir la succession ininterrompue de ces tableaux qui
tentent chaque année le pinceau des plus célèbres artistes. Les
fldèles apôtres de l'esthétique s'abandonnent à tous les ravisse-
ments que cette grande nature leur inspire. A chaque nouveau
méandre du ruban argenté que forment les cascades de la Sédelle,
le décor change comme par enchantement, c'est la belle et surtout
c*est la grande nature que nous offre cette délicieuse promenade.
Quelques fidèles chevaliers de la ligne, sans mettre pour cela la
sourdine à leur admiration, interrogent les flots d'un regard de
connaisseurs. Nous en voyons qui sont satisfaits de leur examen et
qui semblent dire avec conviction à dame Sédelle : Nous nous
reverrons un jour.
Enfin, nous touchons le but; comme on a vile atteint la terre
promise lorsque le chemin qui y conduit a tant d*altraits. A un
détour, nous nous trouvons en face des restes imposants de la
vieille forteresse de Grozant, que Ton a appelée une des plus majes-
tueuses ruines féodales de France.
Nous éprouvons peut-être alors l'impression du poète qai,
s'adressant à ces vieilles ruines, s'écrie :
On croirait voir sous Tastre aux rayons tremblotants
Comme un spectre arrêté sur les confins du temps.
Ce spectre nous attire sans nous effrayer et nous allons nous
mettre en mesure d'en détailler les beautés sévères.
Mais disons d'abord ce que les pierres ne nous ont pas dit.
Sachons, avant de pénétrer dans l'enceinte qui commande encore
à ses deux tributaires la Creuse et la Sédelle, quels furent jadis les
habitants et les destinées de ces lieux.
Dans la bourgade et aux environs de Crozant, on a trouvé à
diverses époques plusieurs monnaies romaines, des débris d'am-
phores et des urnes cinéraires.
M. Tahbé Rouzier nous fait connaître qu*au temps d'Alaric, Cro-
xant était une forteresse importante qui protégeait les frontières
septentrionales des Visigoths dans les Gaules.
Il fait remarquer qu'il se trouve dans la commune un village du
nom de Champgothin, ce qui doit donner comme élymologie assez
vraisemblable : Campus Gothorum.
Une tradition du pays veut que les premières tours de la forte-
resse aient été construites par les Sarrasins.
L'auteur auquel nous empruntons cette indication, toujours
M. Rouzier, fait remarquer qu'il y a dans la commune un village
appelé Mont-Sarrazin {3lons Sarracenus)^ et il ajoute, constatation
à demi-flatteuse pour ses oiiailles, qu'on trouve ça et là le
très marqué de la race arabe, rtioname fourbe, rusé, volem
pour la servitude et prêt à la révolte.
Rappelons-nous que les archéologues attribuent ces tours s
ment au KIII* siècle.
G'élaii, dit l'auteur déjit cité, une des quatre résidences pri
res du royaume, où le monarque venait passer chaque anné
quartier d'hiver.
Après le démembrement de l'Aquitaine, Crozant passa
comtes de la Marche, et en l'an ii9d, Hugues IX de Lusignan r
sur sa tête le gouvernement de toute la Marche, dont Crozant
la principale Torteresse. Son successeur Hugues X s'unit au^
gneurs qui, pendant la minorité de Louis IX, avaient pris ie^ a
contre la régente. Ayant refusé l'hommage à son suzerain it
dial, le comte Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, il s'uii
roi d'Angleterre. Saint Louis s'empara du château de Crozant
la fiorne. La forteresse passa de la famille de Lusignan aux
(le France, et Charles-le-Bel, ayant échangé avec Louis de I
bon le comté de la Marche contre le comté de Clermoat en E
Taisis, Crozanl appartint jusqu'en 14^ au\ membres de la fa
de Bourbon et revint aux rois de France.
Pierre I" de Bourbon nomma Guillaume Foucault, fils dt
Foucault, gouverneur de Saint-Germain-Beaupré, capitaine go
neur du chAteao de Crozant.
Après la bataille de Poitiers, le Prince Noir attaqua Cro
mais après une vive résistance, il fut obligé d'en lever le siège
Pendant les guerres de religion, la Marche et plus particu
ment le chflteau de Grozant eut sa part d'épreuves et fut le th
d'une lutte terHble contre les huguenots.
Eo vertu d'une ordonnance de Louis XIII les terre, seignen
chftteau de Crozant, dépendant de son comté de la Marche, f
vendus le 16 mai 1640, sous faculté de rachat, au profit d'I
Foucault, chevalier, seigneur de Saint-Germain.
En 1768, à la mort de Anne-Françoise Foucault, ses héi
vendaient le ch&teau de Crozant au marquis Nicolas Doubi
Persan.
Ce gentilhomme n'en fut pas longtemps propriétaire, car
fut faite de ses biens pour une dette de 3.000 \ivre% %m^'
François Pidansat de Mairobert, ècnyer du rot.
En 1786, les comtes de la Marche se rei^f^i^euV %.c^>\i
restes de la forteresse.
De tous les biens vendus à Crozant par \^ „ç\q\t«i
T. LV Vj\*
782 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE KT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
au comte de la Marche que le domaine des Places el la forteresse de
Crozant.
Le comte AUale de La Marche, propriétaire actuel, fut mis en
possession par un jugement authentique du tribunal civil de Guëret
en 1868, à la suite d'un procès avec les habitants du bourg qui
s'étaient emparés des ruines.
C'est dans Tenceinle de l'antique forteresse que nous allons
pénétrer, mais préalablement il faut nous soumettre au droit de
péage, c'est le seul revenu que donne le castel au fermier des
ruines.
La caravane franchit l'espace où s'abaissait jadis le poct-levis et
grimpe allègrement jusqu'au sommet de la colline.
L'imagination a besoin de se faire architecte pour nous donner
ridée de la disposition du château fort, car les pans de murailles et
les tours qui subsistent sont relativement éloignés les uns des
autres, les ruines s'étendant sur une longueur de 500 mètres.
Dix tours protégaient, dit-on, les murailles. Nous pouvons consta-
ter que le temps est un grand destructeur.
On peut cependant, d'après la disposition des diverses enceintes
que les siècles ont respectée, reconnaître que le ch&teau renfermait
trois cours.
Dans celle du milieu s'élève encore le donjon, tour carrée très
endommagée, qui a encore cependant une hauteur de douze mètres.
Dans la troisième cour, on voit les ruines de la grosse tour cons-
truite par Isabelle d'Angouléme, épouse d'Hugues X de Lusignan ;
il n'en reste que quelques matériaux amoncelés.
Nous nous réunissons auprès de la tour du Renard, une des par-
ties les mieux conservées. Un escalier tournant donne accès à uo
étage supérieur ; nous hésitons à nous y engager, mais les dames
excursionnistes, plus courageuses que nous, montent vivement à
l'assaut et nous les voyons bientôt paraître à une fenêtre élevée.
Leur exemple est suivi de quelques-uns seulement.
C'est au pied de la tour du Renard qu'un de nos excellents
confrères nous photographie en groupe.
Nous avançons jusqu'à la tour Colin qui, extérieurement, res-
semble à la tour du Renard, et de là nous poussons la promenade
jusqu'au confluent de la Sédelle et de la Creuse.
Le spectacle est ravissant, nous sommes servis à souhait par les
effets de lumière, les teintes du paysage sont telles que peuvent les
souhaiter les amateurs du beau.
La fraîcheur du lieu, et il faut bien l'avouer aussi, un peu de
lassitude nous engagent à faire une halte près de la réunion des
deux cours d'eau, et nous nous reposons en face de la gigantesque
roche des Pileuses qui surplombe la grande Creuse.
Hais les heares se soDt écoulées, le soleil va marqaer biei
milien du jour et nos appétits de toufisies en excarsioa (
le matin avacceot métoe sur l'horloge.
Nous nous mettons en marche vers le bourg de Crozanl.
une localité coquette, dont les blanclies (açades tapissées de
et de clématites font le plus gracieux accueil à l'étranger.
la solennité un taolinet austère des vieilles ruines, l'hospilali
moderaes ei rustiques babilalions du village produit une hei
diversion.
Noua atteignons la principale hdiellerie de léans et nous i
cions l'indiscutable suggestion d'une table bien garnie, di
dans une salle bien fraîche où le soleil pénètre discrèlemenl.
Point n'est besoin d'insister sur les détails d'un menu dont
fourrier fut l'auteur responsable, et qui contribue à lui ilonni
grande part dans les honneurs de la journée.
M. le curé de Crozant occupe la place à la droite de
sympathique président, et nous raconte avec sa belle hom
sa gatlé commanicative plusieurs épisodes se rattachant k la
forteresse.
La conversation se fait vive et animée, les traits spiriti
succèdent et ces substantielles agapes sont en même tem
délicieux échange de pensées et d'impressions.
Pendant que nos automédons préparent le transport, no
sons one visite à l'église de Crozant, et nous remarquons sur
route une très ancienne sculpture qui a la prétention de t
une symbolique image de la fécondité.
Un regard d'adieu aux vieilles pierres, et nous voici en
pour Fresseliaes.
Le chemin est accidenté, nous admirons des échappées d<
superbes sur le Berry et nous évoquons naturellement le soi
de George Saod, qui place dans ce cadre digne de tenter le r
cier comme le poète l'action d'une de ses délicieuses paslors
Nous gagnons rapidement le moulin de Vervix et le pont
Creuse. La route est des plus accidentées et chaque coin
caractère original.
Nous approchons de Freaselines. K droite de la rouli
apercevons une maisonnette de roman, toute petite el lot
pretle, disparaissant sous les roses grimpantes. C'est l'erin'
poète Bolliiiat, du bon H. Maurice comme disalenX.\«%
L'auteur des Névroses a passé vingt ans dans cbVV^ ^ ^
mandant ses inspiratiaos au vaste livre de lan{^Vo.te ^'^i
sont si belles à Fresseliaes.
La bourgade en elle-même n'oflre d'am^ _ hçfc^ *Vû
784 sociéré ARcuéoLOOiQUB bt historique du limousin
élégaDce dans sa simplicité, les rues sont bien entretenues, les
jardins sont dessinés avec goût et la toute petite église des KIY*" et
XV* siècles, récemment restaurée, contient des boiseries avec des
peintures d'une certaine valeur.
Nous avançons en caravane sur la route d*Aigurande jusqu'au
pied du vieux château de Puy-Guillon qui domine la petite Creuse.
Les intrépides descendent jusqu'à la rivière et jouissent du
spectacle de ses bords escarpés et à pic, plantés de vastes bois aux
arbres séculaires.
Nul ne veut connaître la fatigue» il nous reste à peine quelques
quarts d'heure, nous allons nous diriger vers le confluent des deux
Creuse qui ont choisi pour cadre de cette durable union le plus
beau site de la contrée.
La journée s'avance, il faut songer au départ et sonnerie boute-
selle; il y a quelques retardataires, mais bab I ils auront vite rejoint
le gros de l'armée, et nous sommes de nouveau en route vers
Saint-Sébastien. A notre arrivée, une voiture manque à l'appel...
Un moment d'inquiétude va assombrir la journée... Mais non, le
char apparaît bientôt, il arrive le dernier et voilà tout ; en somme
vous allez voir qu'il n'y a là rien que de très logique, il conduit
notre président et il est de classique protocole que dans un cortège
le plus digne ferme toujours la marche.
Un repas bien servi nous attend dans la salle du buffet de la gare,
dont l'espace restreint ne peut tous nous recevoir. On dresse des
tables sur les quais.
La galté, fond du programme, règne au milieu de nous.
La journée a été si bien employée que jusqu'à ce moment on a
négligé les toasts.
Au dessert, M. le docteur Fournie se lève et, dans une char-
mante allocution, où il a de délicates flatteries pour la Société, il
lève son verre à sa prospérité. Voici le texte de son improvisation :
Messieurs,
L'ûrchéologie a du bon. Nous ne nous en sommes jamais mieux
aperçus qu'en venant cueillir les souvenirs du passé dans ce cadre
merveilleux que la nature limousine a si largement paré de sa grâce et
de sa grandeur. Epris du beau comme nos ancêtres, nous avons compris
pourquoi de gi*ands monuments avaient jalonné Tadmiration humaine
devant les grands spectacles qui ont ébloui nos yeux, et nous avons
constaté une fois de plus que la belle nature éternellement vraie et
captivante avait, à tous les âges, suscité les mêmes enthousiasmes et
inspiré le même culte.
Nos joies se sont accrues du charme de la confraternité afGrmée par
un imposant cortège de visiteurs, et du profit de l'échange des impres-
EXCURSION A CROZANT 785
sions. Ce jour vaut pour notre société d*être marqué d*une pierre blan-
che, nous le garderons sûrement dans notre souvenir.
En attendant, pour ne pas faillir à la justice, je vous propose de
témoigner notre reconnaissance à ceux qui nous l'ont valu. D'abord à
notre très compétent et très complaisant guide M. Tabbé Rouzier, si
bien préparé par ses études à nous faire entendre la voix du passé, et
à nos commissaires, en particulier à M. Aubert Berger, dont la vaillance
est inlassable quand il s'agit d'obliger et dont le talent d'organisation
a depuis longtemps atteint la maîtrise.
Je vous propose aussi d'exprimer notre gratitude aux dames qui ont
bien voulu encourager notre excursion de leur présence, pour nous
montrer qu'aucune étude n'était aride auprès d'elles et que l'archéologie
s'accomodait à merveille de leur collaboration.
Messieurs, à la bonne fortune de notre rencontre sous le ciel rayon-
nant, et à tous les concoui*s gracieux et utiles qui nous ont préparé les
charmes de ce jour.
Après lui, le secrélaire, caractère assez mal fait pour taquiner
une faible muse qui n*a pas su se défendre, nous recite le toast
rimé que nous avons rindiscrélion de reproduire :
Quelque Sédeloise amphiirite
A dû se dire, ce matin :
Quel est ce cortège insolite
Qui vient ici faire un festin ?
Pour se renseigner, me dit-on,
Elle a commandé de service
Le très vénérable Triton
Qu'elle a pour préfet de police.
Le redoutable assermenté
A grimpé jusqu'à Crozant- Ville
Et voici ce qu'a rapporté
Ce messager toujours docile.
Nous ne courons pas de dangers,
C'est un groupe d'archéolog[ues.
Ce sont de nobles étrangers,
Numismates ou lithologues.
Ils sont il est vrai Limogeaux ;
On pourrait craindre quelque grève,
Mais dès qu'ils sont sur ces coteaux
A la politique ils font trêve.
J'ai téléphoné prudemment
Au Parquet de la République
Qui m'a répondu promptement :
Ce sont des chercheurs d'esthétique.
786 SOGliTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Pour me fixer, c'est mon devoir,
J'ai suivi leurs pas sur la rive :
Contre TEtat ou le Pouvoir
Ils n'ont point émis d'invective.
Dans le cénacle Lépinat,
Je les ai vus avec aisance
* Mariant en grand apparat
L'appétit avec la science.
Et le Triton très satisfait,
Ornant son rapport d'un paraphe,
A rapporté, ser^ot parfait.
Ce beau travail de biographe.
Pour compléter courtoisement
D'un post-scriptum son beau libelle,
Portons cérémonieusement
Un toast aux nymphes de Sédelle.
Mais le train va partir, un sillon de vapeur, un coup de siflet, et
nous avons quitté la Creuse.
Le retour s^effectue avec un peu moins d*entrain, on s'avoue
confidentiellement un rien de fatigue; et puis rapproche de la ville
maussade et des affaires plus maussades encore entretient un
recueillement qui pour beaucoup se termine dans le sommeil. Plus
d*un croit être au sommet du grand donjon en y continuant la
partie dans un rêve... Tout à coup, il fait une chute et tombe... en
gare de Limoges... Messieurs, par ici la sortie... Et chacun gagne
ses pénales, non sans avoir encore répété : A Tannée prochaine !
René Laguérknne.
COMMUNICATIONS DIVERSES
Souterrain-refuge du Monteil (1 )
M. Camille Jouhanneaud signale la découverte d'un souterrain-
refuge Taile au mois d'août dernier, au village du Monteil, commune
de Saint-Léonard ; des indications fournies avec beaucoup d'obli-
geance par le propriétaire actuel des lieux, M. Ducros, il ressort
que des ouvriers, en creusant une cave, sous une maison d'habita-
tion, ont trouvé, à cinq mètres au-dessous du sol environ, un sou-
terrain long de dix mètres et aboutissant à denx galeries. Tune
ayant cinq mètres de longueur sur trois de largeur et deux mètres
de haut, l'autre de dimensions plus restreintes ; une sorte de grotte
juxtaposée à l'une des galeries devait servir à placer des objets,
des outils, peut-être des aliments. Chacune des galeries présente
des traces de sorties qui ont été obstruées il y a sans doute long-
temps, car on n'avait conservé, paraît-il, dans le village du Monteil
qui est très ancien, aucun souvenir de l'existence de ce souterrain;
on n'a retrouvé évidemment qu'une partie de l'ouvrage, comme
rindiquent les ouvertures comblées qui devaient communiquer
sans doute avec d'autres souterrains ou passages et par eux avec
l'extérieur. Les souterrains-refuges avaient d'ordinaire plusieurs
accès et présentaient parfois des dispositions assez ingénieuses
pour la sûreté et la défense.
Celui-ci est creusé dans le tuf dur, comme tous les similaires que
l'on rencontre en Limousin. Son nom est à ajoutera la liste dressée
par M. l'abbé I^ecler et à laquelle il a été déjà fait de nombreuses
additions soit par celui-ci, soit par MM. Bourdery, Ducourtieux et
d'autres membres ou correspondants de la Société.
M. C. Jouhanneaud renvoie du reste à l'étude bien documentée
et intéressante de M. Lecler, publiée dans le tomeXLI du Bulletin.
Les souterrains-refuges sont très nombreux dans nos régions, mais
beaucoup sont ignorés et n'ont pu être étudiés par suite de l'indif-
férence des cultivateurs qui les découvrent.
Dans l'arrondissement de Limoges, beaucoup moins riche à cet
égard que les autres arrondissements de la Haute- Vienne, celui de
(1) Voir le procès-verbal de la séance du 31 janvier 1905.
788 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOIUQUB DU LIMOUSIN
Rochechouart notamment, on ne connaît encore qa'un petit nombre
de ces souterrains; toutefois la commune de Saint-Léonard et les
environs en comptent actuellement quatre. Il en existe apparem-
ment dans ce canton, comme ailleurs, un bien plus grand nombre.
Ne serait-il pas à souhaiter que Ton pût, en sollicitant des rensei-
gnements, continuer le travail et la statistique de M. Tabbé Lecler
et imiter Texemple de nos voisins de la Gorrèze qui ont publié Tan
dernier (1) une étude descriptive de plus de quarante de ces souter-
rains avec plans et dessins pour une partie de Tarrondissement de
Tulle seulement ?
L'église des Salles-Lavauguyon
Dans le Bulletin archéologique de 1896, il a été donné par M. le
baron de Vemeilb un charmant dessin représentant en perspective
réglisedes Salles-Lavauguyon, et accompagné de quelques Ipages
de texte.
Ce petit travail constitue un aperçu très intéressant quoique des
plus concis, et si aujourd'hui nous venons entretenir de cette église,
après M. de Verneilh, les lecteurs du Bulletin, ce n*est que pour
développer une partie de ce qui a été dit en 1896.
Cet édifice est bien de l'architecture de transition de la fin du
XII* siècle, et sa façade se ressent bien de Tart de TAngoumois.
Le plein cintre et l'ogive s'y allient d'une façon très heureuse ; sa
décoration est très raisonnée et accuse nettement sa disposition inté-
rieure. Les pilastres, situés à droite et à gauche du portail principal
et reliés l'un à Tautre au moyen de trois arcatures ogivales, délimitent
la nef; quant aux bas-côtés, ils sont indiqués par les dits pilastres et
les pilastres extrêmes qui sont également reliés par des arcatures.
La nef est en outre indiquée en façade principale par la surélé-
vation d'une partie du pignon. Sur les faces latérales la nef et les
bas-côtés sont distincts par leurs toitures qui s'étagent.
Le fond du chœur est percé de quatre fenêtres à plein-cintre;
les bas-côtés sont formés de travées voûtées en berceaux à ogives,
retombant sur les contre-forts allégés par des baies ogivales.
Ces baies permettent d'accéder à toutes les travées sans repasser
par la nef. L'on y remarque aussi que cette dernière est voûtée en
berceau à ogive et la façon dont elle est reliée aux bas-cotés.
(1) Voir le BulL de la Soc, des lettres de Tulle, 1904, p. 73-103, art.
de M. E. Bombai.
c
L'ÉGLIBEC DES SALLES-LA VA UG1;Y0N
COMMUNICATIONS DIVERSES 789
La coupe longitadinale indique la hauteur de la nef et celle du
chœur, ainsi que la face des quatre travées ogivales des bas-côtés
de gauche avec leurs fenêtres à plein-cintre. Â la suite de la qua-
trième travée se trouve celle qui renferme la sacristie, et les deux
dernières travées de droite représentent une chapelle dont les
doubleaux supportent des voûtes d*aréte. En face de cette chapelle,
à la droite du chœur, se trouve une autre chapelle semblable,
composée de deux travées également, mais dont l'une supporte le
clocher, ainsi que l'indique le plan sur lequel on remarque aussi
que quatre baies des contreforts des bas-côtés sont bouchées. Dans
la deuxième travée de cette dernière chapelle il existe une porte
murée qui devait autrefois faire communiquer l'église avec le
prieuré duquel elle dépendait.
Ce prieuré a fait place à des dépendances du presbytère, qui
aujourd'hui sont dans un état complet de ruine.
Du seuil du portail on accède à la première marche du maître-
autel au moyen de quatre marches qui se trouvent chacune dans
Taxe d'un pilier; d'une marche à lautre il y a une rampe très
accentuée. Cette particularité tient au terrain qui est en très grande
pente, et l'architecte de cet édifice a su joindre à son tempérament
d'artiste le sens pratique en évitant le plus possible, au moyen de
ces marches, de construire ses murs longitudinaux à contre-terrain,
afin d'en éloigner l'humidité du sol. De la sorte, sans le chercher,
l'architecte a imprimé au chœur, par la grande élévation du maître-
autel, un aspect très religieux, et fait donner aux offices par l'offi-
ciant d'une part et les fidèles de l'autre un caractère des plus
édifiants.
N'oublions pas de dire que les bois de charpente des toitures ne
sont pas soutenus par des fermes en bois, c'est-à-dire que les che-
vrons de la nef sont soutenus par des pannes qui, elles, sont sup-
portées par les arcs doubleaux surélevés de la nef.
Quant aux pannes qui soutiennent les chevrons de toiture des
bas-côtés, elles sont supportées par la partie supérieure de chaque
contrefort.
La perspective de M. de Verneilh, qui date de 1894, représente,
au pied de la partie antérieure du clocher, de vieilles masures qui
devaient vraisemblablement servir autrefois de sacristie et de pres-
bytère avec ses dépendances. Ces masures ont disparu.
La sacristie à laquelle on arrivait du dehors au moyen d'une
dizaine de marches, devait communiquer avec le chœur par deux
portes dont celle au droit de la travée du clocher est actuellement
bouchée.
La partie inférieure du clocher est sur plan carré; la partie
790 SOCIÉTi ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
supérieure sur plan octogonal se greffe à la parlie basse au moyen
de quatre plans inclinés. Chaque face de Toclogone esl percée
d'une grande baie. Le clocher est d*une architecture très calme qui
date de la même époque que le reste de Tédifice.
Le travail de restauration de cette église, duquel nous sommes
chargé, nous permet de donner ces détails avec toute la précision que
comporte le relevé exact du plan, des coupes et des faces extérieures.
Contrairement à ce qu*a assuré le Guide Joanne, et à ce qu'a cru
M. de Verneilh, ce monument n'est pas classé. Nous ne saunons
trop engager les lecteurs du Bulletin à se reporter à son sujet à la
notice qui a été publiée par le savant archéologue dans le tome XLV
de Tannée 1896.
Comme complément de cette restauration, Ton nous demande un
projet de construction d'une nouvelle sacristie devant remplacer
la sacristie actuelle qui est mal située et beaucoup trop petite.
La démolition des dépendances du presbytère qui s'impose d'ur-
gence va nécessiter un nouvel escalier d'accès au clocher, que l'on
reliera à une partie de l'ancien qui se trouve dans le clocher même.
Nous avons cru devoir accoler ce nouvel escalier à une parlie de la
sacristie en le couvrant et en le clôturant.
Limoges, le 12 novembre 1905.
E. WOTTLING.
Communications archéologiques (i )
M. Roger. Drouault communique l'empreinte d'une in taille trou-
vée récemment près du village de Bouchais, commune <le Gromac,
le long de la voie romaine. Elle orne le chaton d'une bague en or
de forme assez massive et paraissant creuse.
Cette pierre porte gravé un personnage coiffé d'un casque et
assis sur un siège formé de deux demirsphères superposées. La
main gauche s'appuie sur une sorte de haste terminée en haut par
un carré, sans doute une enseigne militaire, vexillum, labarum.
Dans la main gauche, il tient un objet indéterminé, long et étroit.
Le travail du graveur laisse à désirer au point de vue de la net-
teté des traits.
Cette pierre, d'un gris bleu, est de forme ovale et mesiilre 12""
de grand axe et 10"" de petit.
La bague a 35°"" de diamètre extérieur et 18"" de diamètre inté-
rieur, pris parallèlement à la pierre.
(1) Voir le procès- verbal de la séance du ^7 octobre i90S.
COMMUNICATIONS DIVERSES 791
Son aspect massif et son manqae d'élégance font rejeter une
attribution féminine, malgré Teiiguité du diamètre intérieur. Il
semble qu'elle a dû appartenir à un homme de petite taille à la
main fine. -
Rich dit que Tanneau à cachet, signum, se portait au quatrième
doigt de la main gauche. (V. Annulus.)
Cette bague est en la possession de M. Surun, maire de Jouac,
qui a eu Tobligeance de la communiquer.
M. Roger Drouault signale la trouvaille dans une terre, à La
Ghardonnerie, commune d'Azerables (Creuse), de huit pièces d*or
des rois Louis XII et François h'. Des fragments de ferrures ren-
contrés à côté donneraient à croire qu'elles étaient renfermées dans
une sorte de bourse.
Ce petit trésor, qui est en«la possession de M. Coulaud, filateur
aux Grands-Ghézeaux, est intéressant, car il nous montre sur des
pièces à peu près de la même époque, des caractères gothiques et
des caractères romains, des points secrets et des lettres monétaires.
LOUIS XII : 3 écus au soleil portant : LVDO VIGVS : DEI : GR\ :
FRANCORVM : REX. Au centre un écusson à 3 fleurs de lis, sur-
monté d*une couronne avec, au-dessus, un soleil. Au revers la
légende XPS, etc , entourant une croix à la Charles VIII avec
rosace au centre. Deux des pièces portent des points secrets sous
la 21* lettre, indication de Tatelier d*Amiens.
Ecu d'or du Dauphiné de même dimension, portant an centre un
écusson écartelé de France et de Dauphiné soutenu par deux ports-
épics, avec la légende :
^ LVDOVICVS : DEI : GRA : FRANCORVM : REX : A.
A remarquer les deux D qui sont en caractères cursifs ; cette cou-
tume était propre aux ateliers de Normandie et du Lyonnais. Au
revers, une croix fleuronnëe cantonnée de deux L et 2 dauphins et
la formule :
XPS : VINCIT : XPS : REGNAT : XPS : IMPE.
L'attribution à Louis XII n'est pas douteuse par suite de la pré-
sence des porcs-épics : les premières pièces portant cet animal ont
été frappées en 1S13.
Cette pièce, qui n'est pas décrite par M. Berri, parait fort rare.
FRANÇOIS I«' : 3 écus au soleil : l'un frappé à Lyon (point
secret sous la 12* lettre), porte au revers la croix à la Charles VIII,
cantonnée de deux F couronnés ; un autre frappé au même atelier
présente la même croix cantonnée de deux F et 2 fleurs de lis cou-
ronnés ; le 3* a été frappé à Paris.
Toutes ces pièces portent la légende :
792 50GIÉTé ARCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
FRANCISCVS : DEI : GRA : FRANCORVM : REX, et au revers :
XPS, etc.
La dernière pièce non décrite par H. Berri est aassi un écu au
soleil, mais Técusson est accompagné à senestre d*une hermeline
couronnée et à dextre d*un F aussi couronné. La légende est :
FR... FRANCOR : REX : BRITANIE : DVX (hermeline).
Au revers, la croix à la Charles VIIl cantonnée de deux F et 2 her-
melines issant du centre, et autour la devise bretonne :
DEVS : IN : ADIVTO... MEVM : INTENDE : K (hermeline).
Pièce sans doute frappée à Bordeaux pour la Bretagne.
Toutes ces monnaies sont neuves et n*ont que peu circulé;
elles pourraient avoir été enfouies en 1544, lors du passage dans
le pays de la fameuse bande de Gascons qui, venant du Poitou el
du Berri, dévasta toute la contrée et finalement se porta sous les
murs de Limoges.
Un arrêt du Présidial de Limoges au XV W siècle (i)
J'ai trouvé dans un ancien recueil de jurisprudence de Claude
Henris, conseiller du roi, avocat au baillage de Forez (4 volumes
édités à Paris, chez Rollin, en 1738), le compte-rendu d'un intéres-
sant procès qui se déroula devant la cour présidiale de Limoges en
1659. Sans entrer à fond dans Torganisation judiciaire du Limou-
sin au XVIP siècle, on peut se rendre compte par ce récit du pro-
grès que l'institution des présidiaux, tous composés d'hommes de
loi et magistrats professionnels, fit faire à la justice. Son résultat le
plus remarquable fut de permettre aux juges locaux de frapper
rapidement et sévèrement les coupables sans distinction d'origine
et de porter ainsi remède aux excès et pillages qui désolaient notre
province à celte époque. Aussi, dirons-nous, avec le commenta-
teur de l'arrêt que, dans cette affaire, « Messieurs du présidlal de
Limoges témoignèrent toute la vigueur qu'on peut désirer et que,
malgré la licence causée par une longue guerre, ils firent triompher
les lois et la justice ».
Jacques Bouchaud, écuyer, baron des Etangs, était en même
temps sieur haut justicier de cette seigneurie. La baronnie des
Etangs est aujourd'hui bien déchue de son importance d'antao.
C'est un simple domaine dont je suis ai]jourd'hui le propriétaire (et
je m'excuse de la digression). Il est situé arrondissement de Saint-
(1) Voir le procès-yerbal de la séance du 30 mai 1905.
COMMUNICATIONS DIVERSES 793
Yrieix, commune de Ladignac, à 28 kilomètres de Limoges, à
proximité des communes de Saini-Hilairela-riaine et Rilhac-
Lastours. Le pay^ est encore très boisé et devait être à cette époque
couvert de forêts. Quant aux moyens de communication, ils
étaient, malgré la proximité de Limoges, des plus difficiles. Or, il
advint que, dans les premiers jours de février 16S9, Guillaume
Bouthet, juge de la dite seigneurie des Etangs, déposa entre les
mains de lieutenant criminel au siège de Limoges, messire Jacques
de Douhet, une plainte des plus graves contre son propre seigneur.
Le malheureux juge se plaignait d'avoir été volé et pillé par une
bande à main armée, à la tête de laquelle se trouvait le baron des
Etangs. Il ajoutait que ses meubles et bestiaux avaient été dérobés
et qu^enfin, il avait été violemment frappé par le dit baron à coups
d'étrivières.
Sur quoi la cour présidiale rend le premier jugement suivant :
« La cour présidiale faisant droit sur le réquisitoire du procureur
du roi ; attendu qu'il s*agit de graves excès, vols et violences com-
mis par Taccusé et ses domestiques, I^ Garde et Jean, avec armes
à feu, dans la maison, sur les bestiaux et meubles du dit Bouthet,
juge en la dite juridiction, au mépris et rébellion à justice, en haine
des ordonnances données par la dite cour, a déclaré et déclare la
présente cause être de celles dont la connaissance est attribuée aux
prévôts, vice-baillis et vice-sénéchaux, par prévention, aux juges
présidiaux : ordonne que le procès sera fait au dit accusé et com-
plices, et jugé souverainement en dernier ressort à la dite cour. »
La cour présidiale, qui avait déjà décrété de prise corps le baron
des Etangs par procès-verbal en date des 11 et 20 du mois, ordonne
que les valets, ses complices, détenus es prisons de Lastours, soient
conduits à la geôle du présidial pour y être interrogés; enfin elle
cite une longue liste de témoins qui devront être assignés à com-
paraître dans les trois jours pour être ouïs sur les charges qui
seront établies par le procureur du roi.
Ce premier jugement, que nous appellerions aujourd'hui un inter-
locutoire, est fait à Limoges, en la chambre du conseil, le 22 février
1659. Il est signé par : « Perière, président, De Petiot, assesseur,
Martin, Descoutures, Desmaisons, Paignon, DemalleJent et Rou-
gier. » En marge est écrit : « Epices : dix écus, signifié le dit jour la
dite sentence dans la conciergerie au dit Bouchaud, S' des Etangs,
parlant à lui qui n'a fait de réponse. Signé : Charles, commis du
grefiBer. »
Si le S' Bouchaud ne répond rien, comme le constate le greffier,
c'est qu'il se sent en mauvaise posture et qu'il n'a probablement
pas la conscience tranquille. En effet, la justice ne chôme pas.
794 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT UISTORlQUB I>U LIMOUSIN
L*eQquéte a lieu. Le chirurgien Charles Paultre du bourg de Las-
tours; les médeclDs de. Limoges, Martial Maynard de Favelon et
Guillaume Dumas, ont déjà déposé le li février leurs rapports
constatant les blessures reçues par le plaignant. Les témoins Berny,
Bertrand Chausse, Antoinette de Prageas, Âymeric de Boysse sont
entendus, les confrontations sont faites. Les réponses du baron
« sur la sellette » sont enregistrées. Le 38 février, le procureur du
roi prend ses conclusions et, le 29, l'arrêt que je rapporte in extenso
est rendu.
<( La cour présidiale faisant droit sur le réquisitoire du procu-
reur du roi a déclaré et déclare le dit Jacques Bouchaud, sieur des
Etangs, dûment atteint et suffisamment convaincu des crimes de
vol, enlèvement de meubles et bestiaux, excès réels et violences à
coup d'étrivières commises et exercées en la persoune du dit Bou-
thet, juge en la dite juridiction des Etangs, dans son château,
mépris et rébellion aux ordonnances et décrets de la justice ; pour
réparation de quoi Ta déchu et déclaré indigne de toute noblesse,
lut et sa postérité roturière; la justice de la dite seigneurie des
Etangs, acquise et réunie à la justice du roi; Ta condamné en outre
à faire amende honorable, les plaids tenans, en l'audience de la
dite cour, la hart au col, nud en chemise, ayant une torche de cire
du poids de deux livres en maiq, et dire et déclarer que témérai-
rement et malicieusement il a commis les dits excès et Tiolences
dont il se repent et demande pardon à Dieu, au roi, à la justice et
au dit Boutbet qui pourra y assister si bon lui semble ; Ta een-
damné à servir le roi en ses galères par force pendant dix ans et à
la somme de quatre mille livres d'amende envers le roi; moitié
applicable à la construction »t réparation du palais, l'autre moitié
pour la construction et réparation de l'hôpital général de la pré-
sente ville ; condamne le dit Bouchaud envers le dit Boutbet en la
somme de deux mille livres d'amende; semblable somme pour les
réparations civiles et dommages-intérêts; sur lesquelles amendes
sera prise la somme de quatre cents livres pour faire conduire et
mener le dit Bouchaud à la chaîne; ordonne la dite cour que pour
marque de la dite violence, les fortifications de la maison du dit
Bouchaud, au lieu des Etangs, seront' démolies et rasées en pré-
sence et de l'autorité des commissaires de la dite cour qui à ces fins
se porteront sur les lieux avec inhibition de les réédifter et bfttir à
l'avenir. Condamne le dit Bouchaud aux dépens des procédures, la
taxe à la dite cour réservée.
» Signé : Perière, président; de Douhet, lieutenant-général cri-
minel, rapporteur; de Romanet, lieutenant particulier; de Petiot,
assesseur; Martin, Descoutures, Desmaison^ Biays, Martin, Des-
COMMUNICATIONS DIVERSES 79^
cordes, Des Flottes, Paignon de Reculés, de La Biche, de Malledent,
de Favart, Rougier et Rougier. En marge est écrit : Epices, cent
écus. Délibéré le dernier février 1659 la dite sentence en la cham-
bre du conseil; et le lendemain 1«' mars la dite sentence a été pro-
noncée au dit Bouchaud, dans la chambre du conseil, par M. de
Douhet, lieutenant criminel, assisté de M* Joseph Descoulures en
présence de M« François Paignon, procureur du roi, et ensuite a été
mis et conduit par l'exécuteur de la haute justice en Tandience de la
dite cour; lecture faite de la dite sentence, a été exécutée par le
sieur Bouchaud, et icelui remis en prison. Fait à Limoges, le i*' mars
1659, en Taudience de la cour présidiale, y présidant M* Perière,
président. »
L'affaire n'était pas cependant terminée et c'est maintenant que
nous allons entrer dans ce que Ton appellerait aujourd'hui le
maquis de la procédure. Les deux domestiques du baron, ses
complices, La Garde et Jean, « personnes de néant, sans aveu et
mal famées», s'étaient échappés pendant qu'on les conduisait de la
prisons de Lastours à celle de Limoges. Contre eux fut entamée une
procédure de contumace dont nous ne connaissons pas le résultat.
Quant au baron, il ne voulut pas, et cela s'explique, accepter sa
dure condamnation sans avoir usé de tous les rouages judiciaires.
En même temps qu'il sollicitait des lettres de grâce, il s'efforçait
de porter son affaire en appel devant le parlement de Bordeaux,
cour souveraine créée en 1462 et à laquelle ressortissaient les
affaires judiciaires de la Guyenne, de la Gascogne, des Landes et
du Limousin.
Un instant il put espérer triompher. En effet le procureur général
de la cour de Bordeaux faisait rendre au commencement du mois
de mars un arrêt portant que la procédure serait apportée au
greffe de la Cour et que le prisonnier serait transféré à Bordeaux
sous bonne garde, « pour être procédé au jugement de l'appel par
lui interjeté ». En même temps le baron des Etangs d'accusé
devenait accusateur; il obtenait l'autorisation d'assigner le lieute-
nant criminel et le procureur du roi de Limoges, « pour ces derniers
se voir bien pris à partie, ce faisant voir casser et annuler le
jugement de compétence par eux rendu, en conséquence ren-
voyer le défendeur par devant tel lieutenant criminel qu'il plaira
et par appel devant le parlement de Bordeaux ».
Une grave question de compétence surgissait donc. Avant d'indi-
quer dans quel sens elle fut déGnitivement tranchée, j'ouvre une
parenthèse pour dire un mot sur l'institution des présidiaux et sur
le présidial de Limoges en particulier.
Le principal objet de la création des présidiaux nous dit le si
796 SOCIÂTÂ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
*
regretté Louis Guiberl dans une de ses publications, La Cour royale
de Limoges, fut « d'apporter un peu d'ordre dans le chaos des juri-
dictions inférieures et de décharger les parlements du plus grand
nombre des appels qui encombraient leurs audiences ». En prin-
cipe les présidiaux n'étaient pas des juridictions à compétence
étendue. Ils jugeaient au civil et au criminel, mais au civil jusqu'à
280 livres seulement. Au criminel, leur compétence au moment
du procès n'était pas encore définiiivcment établie. C'est par
ordonnance de 1670, c'est-à-dire dix ans plus tard, qu'il fut décidé
par l'article 15 « que les présidiaux connaîtraient en dernier ressort
de tous crimes commis par vagabonds, gens sans aveu, des oppres-
sions, excès et autres crimes commis par gens de guerre, des vols
faits sur les grands chemins, avec effraction, port d'armes et vio-
lences publiques, des assassinats prémédités, séditions et fausse
monnaie ». La Cour présidiale de Limoges, instituée sous Henri II par
un édit de 1582, avait pour ressort le Haut Limousin et la Basse
Marche. La nouvelle juridiction fut ajoutée à l'ancienne séné-
chaussée et fut installée, le 11 septembre 1583, par Massiot, con-
seiller au parlement de Bordeaux. Le présidial siégeait trois fois
par semaine di^ns les bâtiments voisins de Saint-Michel, dont
M. Guibert nous a donné l'histoire. Voici d'après M. Laforest,
Limoges au XVIP siècle, quelle était la composition de cette com-
pagnie judiciaire... Le lieutenant général criminel, le lieutenant
particulier, un assesseur, douze conseillers, deux avocats du roi,
un greffier de présentation des droits réservés, un commissaire
certificateur et un receveur des consignations. La chancellerie du
Présidial était représentée par un garde des sceaux, un greffier^
un receveur et deux huissiers.
L'institution dura plus d'un siècle et ne disparut qu'en 1791
avec la Révolution.
Revenons au procès : La sentence définitive avait un intérêt réel.
Ils'agissaitde trancher le différend entre le parlement de Bordeaux
et le Présidial de Limoges. Ce dernier, qui ne restait pas inactif,
comprit que, pour ne pas éterniser les débats, il fallait porter
l'affaire devant une juridiction suprême. Aussi un nouvel arrêt
intervint-il, portant que les parties « seraient assignées au grand
Conseil pour être réglées de juges ». Toute la procédure fut donc
envoyée à Paris, les pièces examinées par le s' Balthazar, conseiller
du roi en ses conseils, maître des requêtes ordinaire de son hôtel,
commis à cet effet. Après avoir ouï son rapport, l'arrêt suivant fut
prononcé :
« Le Roi en son Conseil, faisant droit sur le tout, sans s'arrêter
à la requête verbale et lettre du dit Bouchaud, a déclaré et déclare
COMMUNICATIONS DIVERSES 797
les dits De DouhetetPaigoon, foHemenl assignés et pris à partie; au
surplus a renvoyé et renvoie les parties par devant les dits Prési-
diauK de Limoges pour y être procédé en dernier ressort, ponr tout
ce qui reste à exécuter des condamnations corporelles et civiles
portées par leur jugement du dernier février, même pour les saisies
réelles, criées et décrets, dont Sa Majesté leur attribue la connais-
sance, nonobstant les arrêts du parlement de Bordeaux des 4 et
7 mars, que Sa Majesté a cassés et annulés avec tout ce qui 8*en est
ensuivi. Condamne le dit Bouchaud aux dommages et intérêts
envers de Douhet et Paignon et aux dépens de l'instance envers
toutes les parties. Fait au Conseil privé du Roi, tenu à Paris, le
27 septembre 1659. Collationnné. Signé Laguillaumie ».
Le Présidial de Limoges triomphait ainsi sur tonte la ligne.
L'affaire avait duré six mois.
Le baron des Etangs voyait ainsi disparaître ses dernières espé-
rances, car le Conseil privé ou grand Conseil, sous Louis XIV, était
à la fois conseil de gouvernement et cour de cassation ; il jugeait
donc sans appel. Aussi, à partir de ce moment, ignorons nous ce
qu'il advint du condamné. Arraché aux prisons du présidial qui,
d'après ce que nous voyons encore aujourd'hui rue des Prisons et
rue Adrien Dubouché, présentaient un aspect peu eogageant,alla4il
ramer sur les galères royales ? Nous ne le saurons probablement
jamais. Peut-être des recherches plus complètes aux Archives
départementales, ou aux mairies de certaines communes de l'ar-
rondissement de Saint-Yrieix nous procureraient-elles quelques
renseignements complémentaires.
Nous terminerons là notre récit, en rapportant les dernières
paroles du commentateur de l'arrêt qui, non sans une pointe de
malice, en tire lui-même la conclusion : « Cet arrêt, dit-il, servira
encore à faire connaître aux grands et aux seigneurs que, comme
ils doivent recourir à la justice pour se maintenir en leurs droits,
ils la doivent aussi appréhender s'ils s'emportent aux violences ».
Un dernier mol en ce qui concerne le château. Il est probable
que Tarrêt fut exécuté et qu'il fut rasé ou tout au moins ses forti-
fications démolies, car lors de l'acquisition du domaine par ma
famille en 1884, il n'y avait à la place de l'ancien manoir qu'une
grande et très vieille maison ne présentant aucune trace féodale.
Cette maison elle-même a été détruite il y a dix ans par un incendie
et il ne fut sauvé, des décombres, que quelques antiques plaques
de cheminées d'un slyle Louis XIII assez remarquable que le feu
ne put consumer.
Les titres de propriété que j'ai entre mains, ne remontent pas
T. LV 53
798 SOGlÉTé AUCHéOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
au-delà du commencemeat du siècle. .\ ce moment (1810) la lerre
appartenait à la famille Fleurât. C'est par les héritiers de celte
famille qu'elle a été vendue. J'ajoute que je possède une lettre
datée de Versailles en 1784 et adressée par le chevalier de Ghalus
à M. des Etangs. Cette lettre contient quelques lignes au sujet d'un
procès, mais sans détails précis. Il semblerait donc que sous
Louis XV l'ancienne famille continuait à habiter et à jouir de son
domaine.
A. Maurat-Ballangb.
Un procès à La Souterraine en f 728
En 17S8 il y avait sans doute des juges à Berlin, mais on n'en
trouvait aucun à La Souterraine comme le montrera le fait suivant :
Le 3i juin de la dite année 1728, Etienne Dupré, pro^^ureur,
huissier près la juridiction consulaire de Limoges, demeurant en
cette ville place du Palais, paroisse de Saint-Michel-des-Lions, à
la requête de demoiselle Barbe Sénamaud, veuve en premières
noces de M* André Montaudoo, vivant procureur à Limoges, et
son héritière en usufruit,, épouse de sieur Simon de La Fosse,
bourgeois, ce dernier autorisé de Jean de La Fosse, sieur du
Caillaud, son père, demeurant rue du Temple, paroisse de Saint-
Michel-des-Lions, où elle fait élection de domicile, faisant aussi
élection de domicile à La Souterraine, en la maison du s' de
Népoux, hôtelier, pour 24 heures seulement, sans attribution de
juridiction, ayant pour procureur M* François Tanchon, qui,
demeurait rue Fontaine-des-Barres; — Etienne Dupré, dis-je, se pré-
senta devant la maison de M* Pierre Ranjon, prélre, demeurant à
La Souterraine, accompagné de témoins amenés de Limoges, vou-
lant parler audit Ranjon et le sommer de payer à la demoiselle
Sénamaud une rente annuelle de 50 livres et les arrérages à elle
dus comme héritière de son premier mari.
L'huissier étant resté devant le logis du s' Ranjon pendc^nt
plus d'une heure, ayant heurté plusieurs fois à la porte sans obte-
nir de réponse et averti par les voisins qu'on ne voulait pas lui
répondre, dressa procès-verbal de protestation et se retira, se
réservant de demander aux juges compétents la permission de bris
et rupture de portes, à l'effet de remplir sa mission et pour que
force restât au roi et à la loi.
•Le lendemain Etienne Dupré se rendit en la demeure du s' de
Gartempe de la Cour, juge de La Souterraine, et le somma de loi
accorder l'autorisation de bris et rupture de portes, à quoi le juge se
COMMUNICATIONS DIVERSES 799
refusa, ainsi que de sîgoer son refus, alléguant que Pierre Ranjon
était son beau-frère.
Uhuissier s'adressa ensuite au s' Floret de Poumeroux, lieu-
tenant de la justice de La Souterraine; au s' Sallet de Peumalliat,
plus ancien postulant de ladite justice; au s' Savit de Barnëge,
procureur en la même justice; au s' Delaville, procureur; à
autre Savit, procureur; au s' Ranjon, procureur; au s' Roche-
rolles, aussi procureur, tous demeurant à La Souterraine, lesquels,
sommés de donner permission de bris et rupture, répondirent qu'ils
étaient parents du s' Ranjon et ne voulaient donner la permission
demandée ni signer leur refus.
Dupré alla aussi au logis du sieur Montaudon de la Plante, pro-
cureur, où il ne trouva que la belle-mère du dit Montaudon, qui
déclara que son gendre était absent.
En présence de tous ces refus, Thuissier se retira avec ses témoins
en dressant procès-verbal de protestation afin de se pourvoir devant
les juges supérieurs.
J'ignore quelle suite fut donnée à sa protestation.
(Archives domestiques).
La Souterraine, le 21 juin 4902. •
J. Bellet.
La terre de Chdteau-Chervix
GhÂteau de Saint-Jean-Ligoure, par Pieppebuffîère (Haute- Vienne),
ce 1" novembre 1905.
A M. Fournie, médecin principal de /'• classe, directeur du service
de santé du i2* corps d'armée, président de la Sociéié archéolo-
gique et historique du Limousin.
Monsieur le Président,
Le Courrier du Centre dans son numéro du vendredi 27 octo-
bre 1905 a donné un compte-rendu de la séance du 25 juillet 1905
de la Société archéologique et historique du Limousin que vous pré-
sidez; et cité un travail de M. le chanoine Lecler que M. Aubert
Berger a lu en séance, sur Thistorique du donjon de Châleau-Chervix.
Je suis propriétaire en indivis avec ma sœur, Mademoiselle de
Vanteaux, de la terre et du châlean de Saint-Jean-Ligoure (com-
mune limitrophe de celle de Château-Chervix), qui constituent notre
héritage familial, et sont, depuis le X1V« siècle, et nonobstant
BÛO SOCltré ARCHÉOLOGIQUE £T UlftTOBlQCB DC LlMOUS):<
lOQles les vîcissiludea des lemps, toujours passés aux litTiUers les
plus proches de chaque génération.
, Les archives du château de Saint-Jean ont donc conservé depuis
le XIV* siècle des documents intéressants et parfois curieux.
Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous adresser, ci après,
la copie d*un passage d'un mémoire écrit vers 1685 sur les origines
des familles de Gognhac et de Jnmilhac, passage ayant trait à Ghâ-
teau*Ghervix, qui pourra, peut-être, s'ajouter au travail de M. le
chanoine Lecler.
(Si je copie exactement le texte, je ne transcris pas Torthographe
qui est cependant curieuse).
« Comment la terre de Châleau-Chervix était venue dans la
maison de Saint-Jean-Ligoure :
(c Pour faire voir comme quoi la terre de Château-Chervix était
venue dans la maison de Saint-Jean et comment elle en fut tirée,
il faut savoir que Antoine de Coignac, que j'ai dit ci-dessus avoir été
marié avec Gasparde de Marie en fit l'apquisition par contrat du
28* janvier 1488 de Jean d'Albret, par lequel il est dit que noble
homme Antoine de Goignac, gentilhomme, seigneur de Marie, fils
de noble et puissant seigneur, Messire Jean de Coignac, gentilhomme,
seigneur de Sainl-Jean-Ligoure,Viliefavars et de Jumilhac, acquiert
la terre de Château-Chervix, etc., de bénin, illustre et excellent
prince. Monseigneur Jean d*Albrel; comte de Dreux, de Gaure de
Penthièvre et de Périgord, vicomte de Limoges, de Tartas, captai
de Buch et seigneur d'Avenues, etc.
« Ce fut donc par celte acquisition que la susdite terre de Châ-
teau-Chervix vint en la maison de Saint-Jean. Mais cette maison de
Saint-Jean n'en eut pas longtemps la possession, car Jean de Coi-
gnac, frère de François i^' dit le Prodigue et petit fils du dit Antoine,
ayant été condamné à mort en l'an 1554, que j'estime être celui
allégué dans l'histoire de Belleforest, étant mort dans les poursuites
de la contumace de son crime, ses biens furent confisqués au roi.
— <( Il est à remarquer que François 2** dit le Prodigue, son
frère, avait traité quelque temps auparavant avec lui et lui avait
donné pour son droit de légitime, qu'ils avaient entre eux réglé à
la somme de 3,000 IL, la terre de Château-Chervix en hypothèque,
pour la dite somme par transaction entre eux passée en 1541.
« Comme elle çn sortit :
a Et par ainsi, comme le dit Jean fut condamné à mort en la
susdite année 1554, la dite terre de Château-Chervix fut confisquée
sur lui, et la confiscation en fut donnée par Charles 9"** au seigneur
de Lanzat qui en jouit pendant quelque temps, et qui ensuite céda
son droit au comte des Gars, avec qui la susdite Jeanne de Coignac
COH>1.-tCIC ATtON •
eul de grands procès tant an Parlement de Bordeaux gu'
conseil, prétendant Taire voir qu'il n'y avait eu de lieu
conllscalion de ta dite terre, d'aulaal qu'elle n'apparten:
susdit Jean de Coignac, son dit Teu frère, et qu'elle ne lui
donnée par le Gusdil François son frère aine que parengaj
liypollicque, pour la somme de 3,000 11. qu'elle offrait
au roi.
" Si bien qu'en Tan ISOt elle obtint un arrêt du Parli
Bordeaux contre le procureur général, par lequel elle h
cl mainlenne dans la dite terre de Châtcau-Chervix. Ce fu
séquence du don et main levée qu'en avait fait le roi He
Hector de V,irs, fils de la dite dame.
« Néanmoins, nonobstant cet arrêt, Jacques comte de
laissa pas de se maintenir par violence ou autrement dans
sion de la dite terre, car en l'année 1600 la dite Jeanne di
plaidait toujours à Castres pour le désistât d'icelle cou
seigneur des Cars qui s'était pourvu par requête civi
l'arrêt ci-:lessus allégué, donné en faveur de la dile Jeann
qu'il faut qu'en l'année 1601 elle fut débontôc de ses pr
et de la demande de désistât, puisque la dite terre se Irou^
en l'an 1602 par le dit comte des Curs qui ta vendit à V<
JoussJnean, écuyer, seigneur de Fayat pour la somme de 3,0
à pacte de rachat perpétuel par contrat de l'année 1603.
« M. du Payai est aujourd'hui, 1685. le seigneur incof
de la terre et seigneurie de Châlcau-Chervix.
« Et voilà comment la dite terre de Chateau-Chervix i
de la dite maison de Saint-Jean ».
Iji crime pour lequel Jean de Coignac fut condamné l
ISM et exproprié a fait le sujet d'un article du Bulletin de
archfoiogxqne et hùtortgue du Limousin, tome X\XII1, 2*
pages 219 et suiv. (1886); mais c'est à tort qu'il est
l'horrible forfait, dont il est question, fut perpétré à S
Ligoure. C'est à Chflteau-Chervix qu'il eut lieu, et là s
qu'il pouvait avoir lieu. L'histoire de Saint-Jean est faite <
faits ainsi que la généalogie des familles de Coignac, de
Jumilhac qui ont été maîtresses du dit lien, sont éta
pièces et documents à l'appui. Les archives de la ville de
ferment beaucoup d'actes concernant les droits féodau:
lignage, d'hommage, etc., des sires d'Albrei alori i\'&
snierains de la vicomte du Limousin.
Veuillez agréer. Monsieur leDirecleuret fi^^aVà^nV.
de mes sentiments très distingués et dévou^b
Général J- " - o«.
802 SOGIÉTé ARCnéOLOOIQUB ET HISTORIQUB DU LIMOUSIN
Une famille de comédiens
U. Clouzot, dans son Bisioire du théâtre en Poitou^ parle de
Nicolas Le Roy, sieur de La Marre, el dit qu'il avait épousé Simonne
de La Chappe, morte à Fonlenay-le-Gomte le 4 octobre 1666, à
rage de S2 ans, laquelle paraît être née à La Souterraine d'upe
famille de comédiens dont le chef était Michel de La Chappe.
Ce dernier aurait en plusieurs filles, outre la femme de Le Roy :
Jeanne, qui épousa Zacharie Jacob, dit Monfleury, un des plus
célèbres comédiens de Thôlel de Rourgogne, le môme que Molière
a si fort malmené dansTimpromptu de Versailles; — Anne, mariée à
Lyon en 1645, à Jean-Jacques Hautefeuille, comédien ; — Victoire,
femme de Charles de la Haye, sieur de Romainville.
Toujours d'après M. Clouzot, Simonne de La Chappe ne montait
plus sur les planches quand elle mourut.
J'ai cherché dans les registres paroissiaux de La Souterraine
l'acte de naissance de cette femme, en remontant de 52 ans à partir
de 1666 et j'ai trouvé l'acte suivant que je transcris littéralement :
<f Le 11 mars 1613 est née Symonne Chappe, fîlle de Michel
Chappe de Saulmur et de Françoise Channeau ; parrain M** Jehan
Regnault, notaire, et marraine Symonne du Puy de Cros ».
Suivent les signatures.
Ce document pourrait bien concerner la comédienne, épouse
Nicolas Le Roy, mais il m'a été impossible de découvrir les actes
de naissance des autres filles de Michel de La Chappe.
La famille Chappe ou de La Chappe n'était sans doute pas de La
Souterraine et c'est probablement lors de son passage en cette
ville, dans une tournée en province, que Symonne Chappe y est née.
Je n'ai pas lu le livre de M. Clouzot. Les renseignements qui pré-
cèdent m'ont été communiqués par un ami.
La Souterraine, le 5 mai 1903,
J. Rellet.
Billet d'admission dans la confrérie de Saint- Rustique
établie dans l'église de Saint-Pierre-du-Queyroix deLimoges, i 680
(Sur un petit papier de 10 cent, sur 17 cent.)
« Nous avons nommé, avec Messieurs les confrères de Saint-Rus-
tique, Monsieur Péconnet pour remplir une place dans la confrérie
de ce saint, il est prié de se trouver demain matin, à neuf heures,
chez Monsieur Renoist, avocat du roy à l'ordinaire, qui en est le
premier frère cette année, ce 23 aoust 1680.
» Signé : Juge, curé de Saint-Pierre. »
COMMU:fICATIONS DIVERSES 803
Au bas du billet se trouveot les menlions suivantes :
« La feste de Saint-Rustique, martyr, se faict le 24 aousl. ==
Solvit 30 sols pour réception et qui se payent annuellenrent. =
Tiendra la frerie M. Maynard, 1681. »
Cette confrérie s'était formée autour des reliques de saint Rusti-
que, martyr, son patron. Le corps de ce saint avait été porté de
Rome au mois de juillet 1664 et avait été déposé dans Téglise de
Saint-Pierre-du-Queyroix ; le corps, dans une chftsse de cuivre
surdoré et le chef dans une coupe d*argent.
Les deux confrères dont nous voyons les noms sur le billet d'ad-
mission étaient membres de deux familles des plus notables de la
ville.
Le mardi de Pâques, les confrères portaient leur châsse à la pro-
cession des reliques qui se faisait dans l'église de Tabbaye de Saint-
Martial, et aux années d'ostensions, le chapitre de Tabbaye de
Saint-Martial, en visitant processionnellement les églises, faisait sa
première station à Saint-Pierre, où, après avoir célébré ses offices
au grand autel, il allait vénérer le chef de saint Rustique en chan-
tant trois fois Sancte Rustice, etc.
Dans la Généalogie des Péconnet de Limoges, publiée en 1894,
Joseph Péconnet de Ghastenet, avocat, dit (page 22) : « Le
24aoust susdit an (1630), j'ay eu Thonneurd'estre repceu au nom-
bre des confrères de Saint-Rustique, en notre paroisse de Saint-
Pierre. »
[Communication de M. E. Hervy.)
Mtre du marquis de Sainte- Aulaire. 1 723
La lettre que nous publions ci-après faisait partie de la collection
d'autographes du comte de Larmandie, membre de la Société his-
torique et archéologique du Périgord, décédé à Périgueux le 18 dé-
cembre 1879.
Elle fut écrite par un homme de mérite, auquel le Limousin
s'honore d'avoir donné le jour, François-Joseph Beaupoil, marquis
de Sainte-Aulaire, baron de La Grénerie, lieutenant-général pour
le roi au gouvernement du haut et du bas Limousin (1). Amoureux
(1) Il naquit le 6 septembre 1Ô48 au château du Barry en Limousin.
Il mourut à Paris le 17 décembre 1742.
1
S04 SOCIÉTÉ ARCRÉOLOOIQUE BT HISTOBIQUB DU LIMOUSIN
de la belle littérature, il savait en faire usage. Ce ne fut guère
qu*à soixante ans qu*il se mit à cultiver la poésie. L'Académie
française l'admit dans son sein le 23 septembre 1706.
On le recherchait dans tes sociétés d*élite de Paris, à cause de
son esprit aisé, naturel et plein de délicatesse. La cour littéraire
de la duchesse du Haine brigua Thonneur de le posséder. Il en fit
partie pendant une quarantaine d^années environ. Cette princesse
trouvait toujours un nouveau plaisir dans sa conversation. Ce fut
à Sceaux qu'il improvisa ses meilleures poésies, dont fort peu ont
été imprimées. Les plus jolis vers que Ton ait de lui ont été
faits, dit on, à quatre-vingt-dix ans passés. Ses saillies piquantes
égayaient les hôtes de la duchesse, qui l'appelait ordinairement
son berger. Tout le monde connaît ce madrigal qu'il improvisa
lorsque celle-ci s'avisa un jour de lui demander son secret.
Il était encore sous l'impression du plaisir que lui avait causé le
succès de ce fameux madrigal, quand il écrivit à la vicomtesse
d'Aydie, sa sœur, la lettre suivante :
« A Madame la vicomtesse d'Eydie, àSaint-Pardoux-la-Rivière,
route de Bordeaux.
» Je suis bien aise d'apprendre que vous êtes en bonne santé,
ma chaire sœur (1), et que le bally (2) n'est pas excédé de la
goutte. Madame de Lambert (3) est toujours infirme; Madame de
(1) Marie Beaupoil de Sainte-Aulaire, née en 1661, mariée à Armand
vicomte d'Aydie, seigneur de Saint-Martial-de- Valette. Un de leurs
neuf enfants fut le célèbre chevalier d*Aydie.
(2) François-Foucauld, né en 1653, chevalier de Malte, frère de Tauteur.
Il avait donné des preuves de sa bravoure sur TOcéan et la Méditerranée
comme capitaine de vaisseau du roi. Secrétaire des commandements du
grand-maître de Malte pour les affaires de France, son grand écuyer et
gouverneur de Malte, il avait été fait, en 1710, grand'croix et grand
maréchal de Tordre, puis, en 1717, grand bailli de Lyon.
(3) Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles, veuve, en 1686,
d'Henri, marquis de Lambert, avait établi, à Paris, une maison qui était
devenue le rendez-vous des gens du monde et de lettres les plus distin-
gués. L'on considérait comme un honneur d'y être admis. Elle a laissé
des ouvrages estimés, remarquables par la pureté du style et de la
morale.
COMMUNICATIONS DIVEttSES 805
S* Aulaire (1) se délitre mojenant le quinquinal de la fièvre qui la
tourmeDtoit; la petite-nUe (2) est avec elle à Clamart par crainte
que nous avons eue de la petite verolle, qui est dans son couvent et
dans plusieur maison de Paris. Pour moy je suis quasi toujours à
Sceaux où on joue et on versifie beaucoup. Madame Dreuillet (3),
présidente de Toulouse, qui fait de jolis vers, a renouvelle ce goul là
ehes Madame la duchesse du Maine. Je pourois vous en dire qui
vous amuseroit, si Ton navoit exigé sur cela un grand secret. Je
vous dirais seulement ce qui a couru de moy parce qu'il étoit aisé
à retenir.
» L'on s'envoyés des chansons d'une table à Tautre; et je fus
agacé, et je répondit sur Tair qui couroit que je beudois à ma Muse,
Madame Du Maine voulut que je déclarasse qui étoit celte Muse,
et donnant à ma discreption le nom de coquetterie, elle me mandat
que, puisque je ne la vouloit pas pour ma Muse, elle me désavoué
pour son Apollon. Voyez y ma réponse :
La divinité qui s'amuse
A s'informer de mon secret,
Si j'étoit Apollon, ne seroit pas ma Muse,
Elle seroit Thétis et le jour finiroit.
» Ces quatre vers ont fait fortune; mais, comme la petite gloire
qui en revient coûte assez cher à un paresseux qui ne rencontre
(i) L'académicien avait épousé, en 1676, Marie de Fumel, fille de
Louis comte de Fumel en Agenois, et de Marguerite de Lévis-Mirepois.
(2) Son fils Louis, maréchal des camps et armées du roi, lieutenant-
colonel du régiment d'Enghien-lnfanterie, tué le 26 août 1709 au com-
bat de Rumersheim, dans la Haute-Alsace, avait été marié, en 1703,
avec Marie-Thérèse de Lambert, fille d'Henri, marquis de Saint-Bris-en-
Auxerrois, lieutenant-général des armées du roi et gouverneur du
Luxembourg, et de la marquise déjà nommée. Il avait laissé une fille
unique Thérèse- Eulalie, qui devait épouser, le 7 février 1725, Anne-
Pierre d'Harcourt, marquis de Beuvron, maréchal de France, lieutenant-
général au gouvernement de Normandie, et mourut en 1739.
(3) Elisabeth de Montlaur, mariée à Dreuillet, président aux enquêtes
au parlement de Toulouse, où sa maison avait été, pendant la vie de son
mari, le rendez- vous des gens du premier mérite de sa ville, au milieu
desquels elle brillait par Tagrément de sa conversation. Elle avait eu
presque la même réputation à Paris, lorsqu'elle y était venue après la
mort de son mari. Campistron Tavait produite chez quantité de person-
nes d'esprit. Elle était associée aux divertissements de Sceaux, où elle
mourut au mois de juillet 1730, âgée de soixante-quatorze ans. Titon de
Tillet a donné place dans son Parnasse français à M"« Dreuillet, qui a
composé quantité de poésies françaises, dont peu d'imprimées,
806 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
que par liazard, Yoici ce que je dit en allant diner chez Madame de
Jjaoïbert a?ec sa compagnie :
Je suis las de Tesprît, il me met en courouz.
Il me fait tourner la cervelle.
Lambert, je viens chercher un azille chez vous
Entre Lamothe et Fontenelle.
» Pendant que je m'amuse a ces lanternes, mes affaires vont mal
en Limousin, et je suis assès fâché de n*y être pas ailé; il est trop
tard à présent, et il faut attandre le printant. J*espère trouver
encore le bally, que j*embrasse, et la chère nièce (1). Failes bien
des amitiés pour moy à Ligneux (2). Adieu. Le chevalier (3) part
bientôt et vous dira les nouvelles.
» A Sceaux, le i" aoust 4743. »
Le marquis de Sainte-Aulaire n*avait point cru devoir signer cette
lettre destinée à sa sœur et à des intimes. Il en avait tiré trois ou
quatre copies que la vicomtesse d^Aydie se chargea de distribuer.
Une de ces copies s'était trouvée parmi les papiers que la com-
tesse de Larmaudie tenait de sa grand*mère M"* Philip de Saint-
Viauce, nièce et légataire universelle du dernier des d*Aydie, sei-
gneur de Vaugouberl en Périgord.
A. Dujarric-Descoiibes.
(1) Marie d'Aydie, mariée au marquis d'Abzac, fort connue en Péri-
gord sous le nom de marquise de Mayac.
(2) L'abbaye de Ligneux, située en Périgord, semblait destinée à la
famille Beaupoil de Sainte-Aulaire. Elle avait été augmentée pour le
spirituel et le temporel par Suzanne de Sainte-Aulaire, une des grand'-
tantes de Tauteur de la lettre. Trois de ses sœurs y étaient religieuses.
Sa fille Julie en devint abbesse en 1730.
(3) Un des frères puînés de Tacadémicien. L'un d'eux avait été vicaire
général de Périgueux, puis évoque de Tulle.
DOCUMENTS
Deux chartes limousines concernant Vahhaye de Saint- Martial,
publiées par M. Charles de Lasteyrie
I
Sentence rendue par le sénéchal du roi d'Angleterre en Limousin, au sujet
de la perception du droit de commende à La Souterraine, 23 mars i 195
La pièce en question est relative à un conflit survenu entre Tabbé
de Saint-Martial de Limoges et les bourgeois de La Souterraine.
Les bourgeois prétendaient exercer à rencontre des étrangers cer-
tains droits de commende, c'est-à-dire de protection et de sauve-
garde, que leur disputait Tabbé de Saint-Martial en sa qualité de
seigneur de la ville. L'affaire fut portée devant le sénéchal du roi
d'Angleterre en Limousin. Nous avons retrouvé à la Bibliothèque
Nationale (i) une copie du texte de la sentence rendue à cette occa-
sion. Sans parler de l'intérêt qu'elle présente au point de vue
purement local, cette pièce offre un aperçu curieux des relations
sociales au moyen-âge et donne des détails précis sur la condition
des aubains. Pour bien en comprendre la portée, il est nécessaire
de rappeler brièvement l'histoire de La Souterraine à la fin du
XII» siècle.
En l'année 1171, les habitants de la ville s'étaient révoltés contre
l'abbé de Saint-Martial et son représentant le prévôt de Monianègre.
Ils refusèrent de payer la taille et, s'étant donné une organisation
communale (2), cherchèrent à faire triompher leurs prétentions les
(1) Ce texte a été copié par les Bénédictins, et se trouve dans le
manuscrit n» 12746 (p. 118 à 125) du fonds latin.
(2) Geoffroy de Vigeois, t. Il, p. 318. Comme nous Tavons indiqué
dans notre Histoire de Vabbaye de Saint-Martial, p. 375, aucun texte ne
parle expressément de la Commune. insurrectionnelle qui aurait été éta-
blie par les bourgeois; mais son existence ressort indirectement du
texte de G. de Vigeois et de la pièce que nous analysons ci-dessous.
808 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE £T HIStORIQUE DU LIMOUSIN
armes à la main. L'intervention des troupes du roi de France brisa
leurs résistances; mais ils ne tardèrent pas à s'agiter à nouveau,
soutenus sous main par les comtes de la Marche (I). Au cours des
guerres qui désolèrent le Limousin au temps des fils d'Henri le
Vieux, ils parvinrent à usurper certains des droits seigneuriaux
qui appartenaient à Tabbé de Saint-Martial. C'est ainsi qu'ils s em-
parèrent du droit de commande.
On sait combien les coutumes du moyen-âge étaient rigoureuses
pour les étrangers. Ils n'avaient aucune place dans la hiérarchie
féodale et, à l'instar des Juifs ou des Lombards, vivaient presque
en dehors de la société. Ils ne pouvaient circuler librement. Pour
s'établir dans une localité, ils devaient obtenir l'autorisation du
seigneur suzerain et lui payer une redevance plus ou moins élevée,
appelée la commende. Dans certains pays, tout forain qui demeu-
rait plus d*un an et un jour sans avoir fait « aveu de bourgeoisie »
était réputé serf et perdait sa liberté (2). Ces règles si dures ne
s'appliquaient pas seulement à des personnes appartenant à une
nationalité étrangère. Des hommes d'une province voisine, parfois
même d'une seigneurie ou d'une paroisse peu éloignée, étaient
considérés comme forains et traités comme tels.
A côté de la commende féodale, il existait une commende con-
tractuelle. Celle-ci formait une sorte d'assurance par laquelle un
voyageur se plaçait sous la protection de tel ou tel seigneur et
— moyennant une certaine rétribution — se couvrait contre les
risques éventuels de la route.
Au mépris des privilèges de l'abbé de Saint-Martial, les bourgeois
de La Souterraine, ou au moins quelques-uns d'entre eux, avaient
accordé leur sauvegarde à des forains, originaires pour la plupart
de la seigneurie voisine de Bridiers. Ils les avaient autorisés à s*éla-
blir en ville et, en échange de la protection qu'ils leur accordaient,
réclamaient d'eux certains» services » et le paiement d'un cens. Ces
individus se trouvaient de la sorte soustraits à la commende de
labbé de Saint-Martial. L'abbé prolesta. Il cita les bourgeois
devant le sénéchal du roi d'Angleterre (3), à Limoges, et après dif-
férents incidents, obtint, en l'année 1195, gain de cause sur la plu-
part des points.
(1) Voir notre Histoire de l'abbaye de Saint- Martial, p. 375.
(2) Voir, pour plus de détails sur la commende, le Ghêtaire de Du
Gange au mot commenda, et le Glossaire du droit français de- Bagnean
aux mots aubain et aubenage,
(3) Pierre Audier.
Le sénéchal décida qu'en priacipe toul Torain ou et
tanl La goulerraine relevait de l'abbé d» Saint-Mari
prévAl. Aussi les bourgeois ne devraient-ils plus accepi
aucune commeode. Quant aux commendes eiistanles,
le droit de les percevoir à son profil, mais devrait déi
propriétaire dépossédé en lui assignanl en dehors de
rente équivalente. Ces disposilions ne s'appliquaieni [
que des forains pouvaient devoir â des habitants de La
pour l'occupation d'une terre ou d'une maison. Les
d'ordre privé. lis n'avaient aucun caractère seigneurii
valent être revendiiiutis par l'abbé (t).
Le sénéchal édicla des mesures spéciales pour les I;
vani de la seigneurie de Bridiers (â). En vertu île couli
ils se trouvaient dans des conditions particulières. Ceu:
qui s'établissuienl a La Souterraine restaient sous l'aul
suzerain. S'ils venaient à s'y marier, les seigneurs de I
valent donner leurs droits de patronnage aux hourge
individus avaient épousé les filles ou les nièces. Mais,
avaient été acquis pour toute autre cause, par suite d'i
comme caution d'une obligation par exemple, l'abbé i
tial pouvait les rsclieter moyennant une juste in<lemnii
Après avoir ainsi tranché en faveur de l'abbé de Sai
droit d'exiger et de percevoir la • commende » sel
sénéchal du roi d'Angleterre Oxa dans une seconde |
arrêt les conditions dans lesquelles pouvait être admi
mende » contractuelle. A la veille de partir en voyag
lants de La Sonlerraine réclamaient fréquemment la p
seigneurs de Bridiers, Ils leur payaient une certaine
l'efTet d'oblenir leur appui. Or, les seigneurs de Briij
vent à court d'argent — revendaient cette commende
geois de I^ Souterraine ou la leur donnaient en gage.
admet la régularité de celte pratique. Il précisa seulen
galions des bourgeois et décida que ceux-ci devrairn
(1) Voir dans Viollel, Précis de Vkisloire du droit frança
l'exposé de la théorie sur les baux à cens ou à rente, et s
tère seigneurial ou privé. Les cens ont en général une or
mais, romme le cunsinte M. Viollet, el tel est le cas da
mot n'était pas toujours pris dans une acception rigourei
cens relevaient du clroit privé.
(2) Voir sur Bridiers la courte notice que le regretlc M
lui a consacrée dans le BuUelin de la Société archéQiogi<i
t. XL, p. 398. En tl", Henri II, roi d'Angleterre s'éUiv
dierfi et l'avait donné aux vicomtes de la Bi
rosse _
810 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
équitablement toute personne qui aurait dans ces conditions éprouvé
quelque dommage. En cas de contestation, l'affaire serait portée
devant l*abbé de Saint-Martial ou son prévôt, en leur qualité de
seigneurs justiciers de la ville.
Telle est Tanalyse sommaire de l'arrêt rendu par le sénéchal du
roi d'Angleterre. La commende féodale n'était plus, à la (in dn
moyen-âge, qu'une légère redevance payée au seigneur suzerain.
Elle a disparu peu à peu, a mesure que s'adoucissait la législation
sur les aobains.
Quant à la <c commende » contractuelle, elle a subi de profondes
transformations. Elle existe encore dans certains pays barbares où
les étrangers ne peuvent se livrer au commerce qu'en prenant
pour caution une personne du pays. Partout ailleurs, le rôle qui
lui était naguère dévolu se trouve rempli aujourd'hui par les assu-
rances, et a pris une extension considérable.
Rlcardus, Dei gratia rex Angliae, dux Normanniae, Aquitaniae»
comes Andegavensis, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comi-
libus, vicecomitibus, baronibus, justiciariis, senescallis, prepositis,
ballivis, et omnibus minislris et fidelibus suis, et omnibus litteras
istas inspecturis in perpetuum.
Notificamus vobis quod judicium et mandatumquod P. Audierus,
lune seneschallus a nobis in Marchia conslitutus, super contro-
versia et lite quae inter Isimberlum,abbalem Sancli Martialis Lemo-
vicensîs, et P. Ardaeilo, preposilum de Sublerranea, et ex altéra
parte inter burgenses de Sublerranea vertebalur, authoritate et
mandato nostro fecit, nos omnino ratum habentes, firmum et
stabile, sicut in hac présent! carta adnolatum continelur, confirma-
mus et prœcipimus inviolabililer observari.
Hoc est, cum prsBdictus abbas et prsBpositus de Sublerranea,
nobis et eidem P. Audiero seneschallo sa^pius conquererentur de
Jacme Barbo, Willelmo Barbo, Aenrico Barbo, G. Baisa domna,
P. Barbo, Ai. Barbo, Audiero Barbo,Willelmo Barbo, patruoeorum,
et P. Mauseinal, et G. Mauseinat, et Ai. Mauseinat, et Willelmo
Mauseinal, et de pluribus aliis qui homines advenas venientes ad
commandendum in villam de Sublerranea, suo dominio et servicio
subdere prsBsumebant, et eosdem homines contra praedictum abba-
tem et preposilum injuriose tuebantur; ila quod ah eisdem homi-
nibus idem abbas et prasposilus nullum debitum servitium
poterant habere. Hoc autem idem abbas et prœpositus nobis et
illis qui in loco nostri erant conquerentes, a prsBdictis burgensibus
de Sublerranea injuriose fieri monstrarent, cum tola villa de Sub-
lerranea praediclo abbali et praeposilo in omni jure dominii et
honoris penitus subjaceaf, et praedicti burgenses dominium taie
super eos in villa de Sublerranea non debeanl habere.
DOCIMENTS 811
Super ergo cum idem abbas et prœposilus prsediclos burgenses
ut a tali injuria et praBsumptione desislerent, diligenter ssepius
commonerent, ipsi burgenses nihil borum facere voluerunl; ideo-
que jamdiclo P. Àudiero seneschallo praBcepimus, ut loco noslri
praediclam litem et controvcrsiam coram se ordine judiciario difli-
niret. Unde prsBdiclus P. de prudenli virorum consilio utramqiie
partem ante se convocavit. Qui cum in unum convenirent, idem
burgenses, fide praestila datisque Gdejussorum securitatibus, eidem
P. Âudiero seneschallo et abbali et prsBposilo concesserunt super
îlla causa et controversia ejusdem P. Âudierii judicio et mandate,
sine omni contradictione parère. Simililer prasdictus abbas jam-
dicto P. id ipsum se prosequuturum in verbo veritatis promisit.
Cum autem burgenses judicio et mandate ejusdem P. seneschalli,
sicut praedicto modo promiserant parère, noluissent, ipse P. senes-
challus partem utramque ad nostram praesenliam convocavit.
Nos autem, audientes causam, jam saepe dicto seneschallo eam
judicio terminare praecepimus. Ipse vero P. Âudierus juxta manda-
tum nostrum et consilium prudentum virorum qui alTuerant utram-
que partem apud Sanctum Valericum convocavit coram se, prseci-
piens abbati et praeposito et burgensibus ex parte nostra et sua,
ut judicium et mandatum ex parle nostra fecimus, sicut subscrip-
tum est, tam ipsi quam posteri sui super bac causa ratum in per-
peluum conservarent.
Prseffatus vero P. seneschallus causam illam tali judicio diffinivit
et formam ejusdem judicii ex parte nostra et sua, eidem abbati et
prseposito et burgensibus taliter perpétue observandum mandavit,
ut homines de Bridaires, qui vénérant ad commandendum apud
Subterraneam qui fuerant homines militum de Bridaires, quos
dederant burgensibus de Sublerranea cum marilagio filiarum
vel neptum suarum, praedictorum burgensium dominio, salvo jure
abbatis et praepositi, subjaceant.
Si autem burgenses a praedictis militibus homines emerant vel
pignore acceperant, vel alio modo sibi acquisierant, abbas et prae-
posilus eos recuperarent, reddita burgensibus illa pecunia, quae
burgenses, praestilo sacras religionis juramenlo, pro eisdem homi-
nibiis se dédissent, firmarenl. Haec burgenses, deinceps homines
miiilum apud Subterraneam manentes, ab eisdem militibus loco
pignoris, vel vendicionis, vel quolibet alio modo accipiant.
Gonsuetudo etiam est quod si homines militum de Bridaires
venerintad commandendum apud Subterraneam, eorumdem militum
de Bridaires dominio, in eadem villa de Subterranea dum manse-
rint, salvo jure et dominio abbatis et praeposili, subjacebunt.
Conclusit etiam sub eodem judicio sappedictusP. ut omnes homi-
812 socièrè archéologique et historique du limousin
nés advenae manentes in villa de Subterranea et Imredes eorum,
absque coDlradiclione in omni jure et dominio abbatis Sancti
Martialis Lemovicensis et praeposilo de Subterranea, prorsus
subdili (eneanlur. Quod si bomines advena^ pro redditu vel censu
domus aut terras suae aut alicui burgensi (enentur, eumdem censom
eidem burgensi reddant. Idem si praBdictî advenaa alicui burgensi
pro commenda duo vel très denarios, vel amplius persotvunt,
praedictus abbas et praepositus illos denarios vel aliam rem corn-
mendsB, elsdem burgensibus extra viiiam de Subterranea in diclo
loco reddant et assignent. Quod sicut praBdicti advenue et hsBredes
eorum ecclesiae Bealœ Marias de Subterranea et abbati Sancli Mar-
tialis et prasposilo de Subterranea in oroni jure et doipinio et
servilio semper lenebuntur subjecti. Quod numquam amplius
praedicti burgenses ab aliquo homine in saepe dicta villa homagiam
accipiant vel commendam. Si vero aliquis hominum abbatis et
pra&positi de Sublerranea alicui militum, ut securius eat et redeat
ad fora et ad alia negotia sua quandiu sibi placuerit, commendam
solverit, et miles illam commendam alicui burgensi de Subterranea
dederit, vel vendideril, vel pignori obligaverit, in voluntate ait
hominis illius illam non reddere, vel reddere. Si autem bomines
praedicti militibus commendam jure baBredilario debebant, et mili-
tes eamdem commendam burgensibus dederant, vel vendiderant,
vel pignori obligavcrant, quamdiu burgenses eos deffensaverint,
illam commendam habeant.
Quod si bomines in custodia burgensium damnum incurrerint,
burgenses illud damnum prasdiclis hominibus restituent. Et post
damni reslitutionem, sit in volunlate burgensium, si ipsi commen-
dam voluerint accipere, sibi tali pacto, ut quicquid bomines sub
custodia illorum admillent, ipsi burgenses eis restituant. Et ne
super bis, lis aut contentio aliqua in posterum emergeret, ipse
P. Audierus senescliallus ex parle noslra et sua saepe dictum abba-
tem et praspositum de bis omnibus prasdictis inveslivit, et semper
investiios esse praecepil, loco nostri et auctoritale nostra et sua
flrmiler burgensibus prascipiens, ut ipsi et haeredes eorum hanc
prasseripti judicii formam in omnibus et per omnia illassam et incon-
cussam perpetuo servarent, bis praesentibus et subscriplis testibus :
Rad. de Morlamar, Willelmo de Mastac, Eschivat de Ghabaneis,
Guiddone de Narlac, Willelmo Galvo, Iterio de Magnac, Auberto
seneschallo, Ai. Bru, P. de Gaslro Novo, Rampn. de Salainac, Ym-
berto Guidone, B. de Floirac, Audierio Sarrazi, Helia de Axia,
B. de Boisoil, Willelmo de Sancto Ylario et pluribus aliis, quorum
omnium consilio et assensu omne quod pronuaciatum est, factum
fuit et judicio diffinitum.
bOCUMENTâ 81d
Actum anno Incarnai! Verbi M» C* XC« V*. Cujus quidem lenor
prœscripti jadicii, ut firmus, stabilis et inviolabilis perseveret, nos
eum sigilli nostri auctorilate et appositione communiri fecimus et
consignari. T. Willelmo de SanciaB Mari» ecclesia in Norwi., archi-
diacono, Roberto et Basd. et Johello cappellanis nosiris, Willelmo
de Stagno et plaribus aliis. Data per roanum magistri Eustachii,
Sar. decani tune agentls vicem cancellarii, XXV die martii apud
insulam Andeliatam. Anno VII^ regni nostri.
II
Concession par Vabbé de Saint-Martial du domaine d*Aigueper$e
à des moines de l'abbaye. Avril 1223 (1)
Au commencement du XIII* siècle, les communautés religieuMs
du Limousin — et notamment la plus célèbre d*entre elles, Tabbaye
de Saint-Martial — se trouvaient posséder un patrimoine considé-
rable. Enrichies par la muniticeuce des princes ou des seigneurs,
par la piété des Qdèies, elles étaient devenues propriétaires de
nombreux domaines sitnés souvent dans des diocèses fort éloignés.
Il serait intéressant de connaître la façon dont ces immeubles
étaient mis en valeur. Les textes sont malheureusement fort incom^
plets à cet égard. Autant que nous pouvons en juger, il semble que,
Jusqu'au XII* siècle, le chapitre de la plupart des abbayes sur-
veillât directement l'exploitation des biens relevant de la mensé
conyentuelle (2). Celte manière de procéder n'était pas sans pré-^
senter de nombreux inconvénients. Le chapitre ne pouvait se trans^
porter sur les lieux; il était obligé de régler à dislance les queslIOM
les plus importantes. Or, la culture s'accommode mal d'une direction
impersonnelle et lointaine. Aussi toyons-nous, vers la fin du
XI* siècle, ces chapitres renoncer à ces anciens errements dans la
plupart des cas et répartir entre leurs différents membres le soin
de s'occuper spécialement de tel ou tel des domaines appartenait
au monastère. Dans les endroits éloignés, ils envoyèrent à demeure
(1) L'original de cette pièce est conservé aux Arch. départ, de la
Haute-Vienne, n* prov. 7828.
(2) Jusqu'au XII« siècle, on voit dans tous les actes figurer 1 abbé et
le couvent de Saint-Martial ; c'est seulement à partir de cette époque
q«e Ton trouve trace de Tinterveation personnelle de tel ou tel moine,
soit pour la gestion d'un domaine -^ comme dans la pièce que nous
paW«Mw — soit, quelque ciaquante ans plus tard, pour la direction d'un
des offices principaux de l'abbaye, comme la pitaaceitc .ou la cellérerie.
T. LV 54
814 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
quelques-uns de leurs religieux el fondèrenl des prieurés. Dans les
localités plus rapprochées, les moines purent surveiller leurs terres
sans être obligés d*habiter sur place et continuèrent à résider dans
Tabbaye. La pièce que nous publions ci-dessous donne à cet égard
des détails fort précis. Elle est datée de 1223 et relative à la mise
en valeur du domaine d'Aigueperse, aux environs de Limoges.
L'abbé de Saint-Martial — tout en s*en réservant le dominium —
en fait donation au chapitre qui le rétrocède à quatre de ses mem-
bres (1). Ceux-ci le posséderont leur vie durant; à la mort de Tun
d'eux, la pari du défunt accroîtra celle des survivants. Le domaine
se compose d'un étang, de deux moulins, de deux prés et de terres
attenantes. Les religieux en dirigeront rexploilalion à leur gré. Ils
pourront dessécher l'étang s'ils le jugent à propos et le livrer à la
culture (2). De môme, ils pourront faire valoir les terres directe-
ment ou les donner à cens à des cultivateurs. En ce cas, Tabbé et
le chapitre devront accorder leur investiture aux colons ainsi dési-
gnés. Comme contre-partie à la concession qu'ils reçoivent, les
religieux s'engagent à servir au couvent une rente annuelle de
10 livres, payable en quatre termes. S'ils parviennent à retirer de
leur exploitation des bénéGces supérieurs, ils auront la faculté de
les affecter à des services anniversaires que le couvent se chargera
d'assurer pour le repos de leur âme. Après la mort du dernier sur-
vivant, le domaine fera retour au couvent. Celui-ci, suivant les cir-
constances, en aura la jouissance directe et immédiate, ou conti-
nuera seulement à percevoir les cens au cas où les terres auraient
été affermées, k partir de ce moment, l'abbé rentrera eu possession
des droits de lods et ventes et d'accapte, auxquels il renonce
momentanément. I^ pièce que nous venons d'analyser est à rap-
procher d'un document analogue publié par M. Louis Guiberl (3)
et concernant la mis^ en valeur du domaine de la Déliade. Ce
domaine appartenait également a Tabbaye de Saint-Martial et fut
concédé à la môme époque — en 1224 — - à un des religieux du
monastère. La concession en fut faite à des conditions presque
(1) Ces quatre religieux sont : Hugues de Charrières, cellérier du vin,
mentionné à deux reprises dans les Chroniques de Saint-Martial, édition
Duplès-Agier, p. 258 et 273; Hélie Confolent, prévôt de Rosier (arr. de
Brive, Corrèze) ; Jacques Chaucha, prévôt des Combes à Limoges, et
P. de Pratmi, prieur de Mansac (arr. de Brive, Corrèze).
(2) L'étang d*Aigueperse a été desséché en cette même année 1223*
Chroniques de Saint-Martial, éd. Duplès-Agier, p. 115, 146 et 117.
(3) Louis Guibert. BulL hist, du Comité des trav, hist, et phUologi-
ques, année 1891, p. 10 et ss.
DOCUMENTS 81 5
semblables. Ces deux docaments moQlrenl de quelle manière le
monaslëre organisait, au XIIP siècle, Texploilalion de ses biens.
On voil qu'à la direction collective du chapitre il avait senti la
nécessité de substituer Tinitiative individuelle de tel ou tel de ses
membres.
*
♦ »
Âd presencium et futurorum noliciam volumus pervenire quod
nos Willelmus abbas S. Harcialis libère et absolute contulimus
convontui monachorum nostrorum S. Martialis stagium Àque
Sparse cum piscibus, et duo* prala et duo molendina et terram cuU
tam et incultam, prout P. Sudraus et P. Durans habere solebant et
possidere. Conventus auteni cum aucloritate et assensu noslro
omnia supra dicta dedlt et concessit Hugoni de Charrieiras lune
temporis cellerario vini; Helie Cofolent tune prcposito de Rosier;
Jacobo Chauchagrua preposito de Cumbis; P. de Pratmi, priori de
Mansac, fratibus nostris, quamdiu vixerint paciflce habendo et pos-
sidendo, [et quod] sivoluerint stagium nominatum possint redigere
ad culturam, vel in eodem statu in quo est delinere. Decimam vero
dicti loci eisdem contulimus quamdiu prefalus Jacobus vixerit,
postmodo ad nos revertetur. Hoc tamen adjunctum fuit, quod si
Yoluerint per se retinere sive aliis quibuslibet tradere ad culturam
ascensare perpetuo vel alio modo prout voluerint, [hoc faciendi]
habeant potestatem. Verum si de uno ex illis, quatuor vel de duo-
bus, vel etiam de tribus humanitus contigerit, pênes superstites
vel superstitem sub premissa forma heedem remaneant posses-
siones et jure; addilum etiam fuit quod si per istos quatuor vel per
pautiores, si (]e aliis humanitus eveniret, memorate possessiones vel
pars earum darentur perpetuo ad censam, nos tanquam dominus
tenemur concedere et eos quos ipsi voluerint investire ; nec propter
concessionem hujusmodi debemus aliquid percipere, quoniam
dicti IIII*"' vel quilibet eorumdem, quando de aliis humanitus con-
tigerit, debent habere vendiciones et acaplamenta; et postdeces«
sum dictorum IIIP' ad nos dominium, vendiciones et acaplamenta
devolvenlur. Idem etiam (iet per omnia si illi qui possessiones
predictas vel partem earum ad censam rcceperint, eas aliis volue-
rint ascensare, quatuor prcdictis sublatis de medio, prefate pos-
sessiones seu redilus earumdem prout ipsi voluerint disponere,
redibunt ad conventum a dominio; vendicionibus et dccima nobis
in inlegrum reservatis. Nos autem a conventus relinuimus super
nominatis possessionibus X Ubras annualim redduales; et si ali-
quid de redditu, exceptis X libris, residuum fuerit, nominati IIH'*'
ad profectum conventus possunt assignare ad anniversarium
saam, vel ad festum [ad hoc] celebrandum, prout ipsi maluerint,
nec possunt alio modo alienare. Si vero nominati P. Durans et
816 SOGléTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
P. Sudraus vcl quisquam alius movcril aliquam quesUonem fel
querelam, pro hisdem (sic), possessionibns contra convenlom fel
IIII*" supradictos vel illos qui babercot causam ab eis, dos tenemur
in propriis expeosis deffendere et garentire, decem autem libre
solvende sunt lalibus terininis, videlicet LX solidi in reocla-
bis Pasche et alie LX die quo anniversarium Hysimberli qocodam
abbatis noslri celebratur, XL in feslo B. Micbaelis et XL io nati-
vitate Dotnini sequenti. Acturo anno gracie MH^C^'XX*!!!* mense
aprilis. Quod ad majorem firmitalem dos et coDTentus Hueras
patentes dedimus sigillorum nostrorom munimine roboratas.
Inscription d'une plaque de cuivre, mesurant 0^f9 sur O'^SS,
encastrée jadis dans un mur du Naveix pour indiquer les amen-
sions Ugales de fabal de bois (1594.)
DE PAR LE ROY
ET MESSIEURS LES JUGES DE LA POLICE
DE U VILLE DE LIMOGES
IL EST INHIBÉ ET DÉPENDU AUX PREVDSTZ
DU NAVEIX DE PRENDRE PLUS HAUT DE DEtIX
BUSCHES CHASCUN POUR ABAUT DE BOTS
ET LES MERCQUEURS CHASCUN UNE BUSCHB
QUI EST DEUS POUR ABAUT
ET CEULX QUI VANDRONT LE DICT BOTS
FERONT LES ABAUt[s] BONS ET MARCHANOZ
ET DES MESURES ET GRANDEURS ANCIENNES,
AUX PEYNES PORTÉES PAR LES ORDONNANCES
ET REGLEMENTZ ANCIENS. FAICT LE
15^ JOUR DE FEBVRIER 1594
Communication de j/. A, Leroux d'après r original consené iant
le cabinet deiiJe Secrétaire en chef de l'Hôpital général de Limoges J
Nomination d'un collecteur à Saint-Auvent { 1 744 J
Aujonrdbuy dimanche sixième décembre mil sept cents quarante
qtiatre, à Fissne de la messe paroissiale du bourg et paroisse de
Saint-Auvent qui a été célébrée en Téglise de Saint-Gyr à canse de
Tinterdit de celle de Saint-Auvent, en la place publique, an Bon de la
cloche à la manière ordinaire, devant nous no'*' royaux de la sénés-
chaussée de Hontmorillion soussignés, ont comparu en teors per*
sonnes François Musnier du village de la Benfae et Martial Gorce
du village du Peyrat, le tout paroisse de Saint-Anvent, (ousdeai
sindis dlcelle ditte paroisse, tesqueb tn parlant onixi. baMtaas
DOCUMENTS 817
leur ont remontré que Pierre Javerliat du village de LAge, p»^<^ pa-
roisse de Saint-Auvent, qui était sur le tableau de la coUonne des
collecteurs pour Tannée prochaine mil sept cents quarante cinq, et
quUI leur a fait signifier une senlance par luy obtenue par deffaud
à l'élection de Gomfolens, portant sa descharge de collecteur comme
étant septuagénaire, par acte de Laurent, sergent royal, du vingt
six novembre dernier, duement controUée. Ainsi par conséquant
led. Javarliac n^est plus en état de passer par la collecte, ce que
lesd. habitans ne peuvent pas ignorer puisque cella se justifle par
la sentence par luy obtenue en lad. élection, le deux novembre
dernier, duement en forme, lesquels sindicts demendent et requiè-
rent que lesd. habitans convoqués et assemblés ayenl a nommer un
collecteur au lieu et place du d^ Javerliat, telle personne qu*iU
adviseront et ont déclaré ne scavoir signer. A quoi se sont pré-
sentés : s' François Guaspard de Soudanes, m' chirurgien, M* Fran-
çois Demarcilliat, no'*, Jean Glanisson, m^, François Allegraud,
Léonard Devillard, Léonard Glanisson, Sibard Lemasson, Junien
Hellias, Etienne Fanet, faure, Jean Vareille, aussi faure, Léonard
Javellaud, laboureur, Martial Boissaud, Augustin Monnerie, Eslienne
de la Brunie, Martial Fanet, Pierre Joubert, Léonard Gravellat, s'
de la Gasne, Anlhoine et Jean Nénert, taillieurs d*abits, François
Frugiers et plusieurs autres habitans dud. {bourg et paroisse de
Saint-Auvent, faisant la plus grande et majeures partie des princi*
paux habitans, lesquels après avoir examiné la remontrance desd.
sindicts, unanimement et d*une mesme voye ont dit et déclaré qu'il
est vray que led. Javerliat est septuagénaire, et mesme qu*il en est
déchargé suivant la d* sentence ci dessus dattée, et qull convient
d'en nommer un à son lieu et place pour être collecteur pour
l'année prochaine 1745; lesquels d. sindicts nomment pour collec-
teur pour la d' année prochaine la personne de Pierre Delagarde,
demeurant au village des Besses, paroisse dud. SaiolAuvent, qu'ils
ont testé et certifié être bon et capable et sufisant pour la d* charge.
Lecture faille ont persisté; dont et du tout a été par nous no'*' sous-
signés fait et concédé acte pour servir et valloir en temps et lieu; et
ont les soussignés signés; les autres ont déclaré ne sçavoir, de ce
interpellés.
GuNissoif, Dbmargilhat , Dbsodbsdane , F. Allegrado,
Léonard Dbvilurd, Lagasnb, no'* royal, Léonard Javbi*^
uuo, TouTÉRAs, nof* royal.
GonlroUé à Saint-Auvant (1) ce trois descembre i744, resu donze
sols. Dbsoubsoanb, commis.
{Communication de M. G. Touyéras,)
(1) Gh.-l. de canton de Tarrond. de Rochechouart.
818 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Copie d'actes relevés sur les registres de la commune de Bonnac,
relatifs à la famille de SombreuiL — XVIW siècle
Mariage de Charles Viraud de Sombreuil avec Marie-Madeleine des Flottes
[41 décembre 4166)
L*an mil sept cent soixante six et le onze décembre, après la
publication faite en Tëglise de Saint-Micbel-des-Lions d'un seul ban
de mariage entre messire Charles Viraud, chevalier, seigneur de
Sombreuil, brigadier des armées du roi et colonel commandant du
régiment de Bercheny-hil^sards, fils majeur de défunt messire
Noël Viraud, chevalier, seigneur de Sombreuil, et défunte dame
Marianne Rochin de la ville d'Buningen en Alsace, d*une part, et
demoiselle Marie-Madeleine des Flottes, (ilie de messire Joseph
Clément des Flottes, écuyer, seigneur de rEychoisier et de Bonnat,
et de dame Marie-Anne-Françoise des Marais, ses père et mère, tous
habitants de la paroisse de Saint-Michel-des-Lions. Vu le congé de
M' le curé de Saint-Michel, signé de Frcssanges, ensemble la dis-
pense des deux autres bans et du tems^ les ai fiancés suivant la per-
mission de Monseigneur l'évéque de Limoges, solennellement conjoints
en mariage et donné la bénédiction nuptiale en présence de messire
Joseph Clément des Flottes, père de réponse, de messire Jean-
François Renaudin, chevalier, seigneur de Puynège, de Joseph
Ducirier, laquais deM^ de l'Echoisier, et de Nicolas Houpert, laquais
de M' de Sombreuil, qui ont signé avec mol, excepté le sieur Duci-
rier qui a déclaré ne savoir signer, de ce enquis.
Teulier, curé de Bonnat.
Des Flottes de Leychoisier.
Regnaudin. Nicolas Houpert
Viraud de Sombreuil.
Marie Magdeleine Deflotte de rEychoisier.
Naissance et baptême de AT** de Sombreuil^ 22 mai 4767 et 44 février 4768
L'an mil sept cent soixante huit et le quatorze février, a été bap-
Usée demoiselle Jeanne-Jacques-Marianne-Françoise Viraud, fille
de messire Charles-François Viraud, chevalier, seigneur de Som-
breuil, brigadier des armées du roi, colonel commandant le régi-
ment des hussards de Bercheny et de dame Marie-Madeleine des
Flottes de rEychoisier, sa femme, née au château de rEychoisier,
le vingt-deux mai de la présente année, et a été portée sur les fonds
DOCUMENTS 819
de baptême par messire Charles-François-Louis de Villelume, che-
valier, seigneur de Châmborél, lieutenant dans le réginient des
grenadiers de France, au nom et en la place de messire Jean-
Jacques Maarille Michaud, chevalier, seigneur de Montaran, con-
seiller du roi en son grand conseil et intendance du commerce à
Paris, en vertu de Tacle de sa procuration en date du 29 décembre
mil sept cent soixante sept, et par dame Marie-ÂnneFrançoise
Desmarais de TSychoisier, grand mère de l'enfant, qui ont signé
avec moi, Teulier, curé de Bonnat.
Des Marais de TÂychoisier. Villelume.
Naissance et baptême de François-Antoine Ladislas de Sombreuil,
23 septembre et 31 décembre 1768, Guillotiné le 17 juin 1794
L'an mil sept cent soixante huit et le trente et un décembre, a été
baptisé François-Antoine Ladislas Viraud, fils naturel et légitime (1)
de messire Charles-François Viraud, chevalier, seigneur de Som-
breuil, brigadier des armées du roi, colonel commandant le régiment
de Bercheny, et de dame Marie-Madeleine des Flottes de rEychoisier,
né au château de rEychoisier le vingt trois septembre de la présente
année; et a été porté sur les fonds de baptême par sieur Nicolas Hou-
pert et Marie Barde, laquais et nilë de chambre de M' le m. de Som-
brenil, au nom et en la place de messire François-Antoine Ladislas
comte de Bercheny, mestre de camp d'un régiment de cavalerie
hongroise, gouverneur des ville et château de Gommercy et capi-
taine des chasses, chevalier non profès de l'ordre de Saint*Jean
de Jérusalem, cy devant premier gentilhomme de la chambre du
feu roi de Pologne, duc de Lorraine, et grand écuyer en survivance
et bavois (?), et de dame Aniesse- Victoire de Rage, comtesse de Ber-
cheny, dame de Mesdames; en vertu de leur procuration et consen-
tement les parrain et marraine délégués ont signé avec moi, Teulier,
curé de Bonnat, approuvant Vinterligne.
Marie Barde. Nicolas Houpert.
Naissance et baptême de Charles de Sombreuil (11 juillet /770), général
au débarquement de Quiberon, fusillé au champ des Martyrs
L'an mil sept cent soixante dix et le onze juillet, a été baptisé
Charles-Eugëne-Gabriel, fils de messire Charles-François Viraud,
(1) Le mot légitime a été ajouté en marge.
890 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HiaTORIQUE DU LIMOUSIN
chevalier, selgueor de Sombreuil, maréchal des camps et armées
du roi, et de dame Marie-Magdeleine des Flottes de rEychoisier, ses
père et mère, né le même jour au ch&leau de rEychoisier. A été
tenu sur les fonds baptismaux par messire Joseph Clément des
Flottes, écuyer^ seigneur de rEychoisier et de Bonnat, son grand-
père, au nom et place de haut et puissant seigneur messire Charles-
Eugène-Gabriel de la Croix, marquis de Castries, chevalier des
ordres du roi, lieutenant-général de ses armées, maître de camp de
la cavalerie de France, général de la gendarmerie, gouverneur dQ
Montpelier ei lieutenant du roi du Lionnais et Forest, et par demoi-
selle Marie-Anne des Flottes de rEychoisier, sa tante, qui ont signé
avec moi, Teulier, curé de Bonnat.
Marie Desflottes. Des Flottes de L'Eychoisier.
{Communication de ilf. ...?.. ).
Mémoire pour le chapitre de Saint- Martial de Limoges,
29 août i 7 86
Les abbé, chanoines et chapitre de l'église royale, collégialle et
séculiè^e de Saint-Martial de la ville de Limoges, exposent que
cette église, la plus ancienne du royaume, bâtie sur le tombeau
de saint Martial, apôtre de l'Aquitaine, a toujours été, comme elle
Test encore, sous la protection spéciale de nos rois.
Pépin, roi d'Aquitaine, Tempereur Louis-le-Débonnaire, qui la
rebâtit, Charlesle-Chauve, Philippe de Valois et Louis XI, tous
à rexemple de leur prédécesseur, comme ils le disent dans leurs
chartes, lonl mise en termes exprès sous leur sauve-garde et celle
des rois, leurs successeurs, et lui ont promis de la protéger toujours
a l'avenir d'une manière particulière.
François I*' s'interressa à sa sécularisation en termes infiniment
flatteurs pour cette église, a qui il renouvelle formellement la pro-
tection de son thrône et la déclare de fondation royale.
Agitée dans différents temps par plusieurs querelles étrangères,
nos rois sont venus succesMvemenl à son secours et presque tous lui
ont accordé quelque faveur.
Henry quatre, dont la mémoire sera à jamais chère à la nation,
est venu en personne rendre son hommage à St-Martial, et nos
registres, moins encore que nos cœurs, conservent précieusement
le souvenir de ses bienfaits.
Ce court appercu des bontés précédentes de nos souverains
DOCUMENTS 821
pour réglise de St-Marlial et la certitade bien consolante qu*elle
n'eD est pas moins digne aujourd'hui, suffiroit sans doute pour
attester sa célébrité et la garantir de tout projet destructeur.
Mais nous exposons encore que celte église est et a toujours été
dépositaire du chef de saint Martial, Tune des plus authentiques
reliques de ce royaume; que cette relique précieuse est Tobjet
constant de la profonde vénération de la ville de Limoges, de la
province et des provinces voisines, et qu'elle attire habituellement,
et plus encore a certaines époques, un concours prodigieux a
cette église où elle est soigneusement gardée sous huit clefs diffc-
rentes, partagées entre le corps municipal et le chapitre.
Ce culte et ce concours ont rassemblé naturellement autour de
cette église toutes les maisons des commerçants qui forment prin-
cipalement, comme on le sait, la ville de Limoges, dont la popu-
lation est réputée de vingt-deux milles âmes. Il n'y a dans le centre
de cette ville d'autre église capitulaire que celle de St-Marlial ;
c'est véritablement l'église de la ville; le corps municipal y a des
droits incontestables, la juridiction consulaire y fait célébrer toutes
ses fêtes, et tous les ordres des citoyens y trouvent au besoin et
en abondance toute espèce de secours spirituels, confesseurs, ser-
mons pendan il' Avant et le Carême, messes et entre autres une messe
matutinale pour les voyageurs, ouvriers et domestiques, établie
dans celte église par ^rretdu parlement de Bordeaux.
Ainsi placée au centre de Limoges, et au milieu de ses habilans,
l'église de St-Martial, pour se servir de l'expression de François!*',
décore utilement la ville de Limoges; elle est sans contredit de
toutes les églises la plus fréquentée, aucune autre ne peut dans
l'état actuel des choses et ne pourra jamais sans un bouleversement
étranger, la remplacer sous aucuns rapports ; l'église cathédrale
elle même ne le peut et ne le pourra moins encore qu'aucune autre,
séparée de la ville par un faubourg très long et située dans un
quartier peu ou point fréquenté jusque la, que ni la réputation des
Monseigneur Téveque de Limoges ayant demandé hier par sa
lettre a M. le prévôt deux députes pour conférer d'une affaire
importante, lecture faite de celle lettre, le chapitre ayant député
M" Cibot et Nicolas, ces Messieurs ayant rendu compte de la con-
férence qu'ils ont eue avec Monseigneur et remis sur le bureau un
projet de requête de l'église cathédrale à Mgr l'évéque de Limoges,
aux fins d'union ou incorporation du chapitre de St-Martial a
celui de St-Etienne, lecture faite du susdit projet remis par le dit
seigneur eveque aux susdit sieurs Cibot et Nicolas pour nous être
communiqué, après mure délibération il a été unanimement conclu
822 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
et arrêté que le chapitre de St-Marlial s'opposeroit formellement
aux prétentions du chapitre de Sl-Elienne, qu'en cas de contesta-
tion il prendroit tous les moyens de droit pour soutenir fortement
son opposition et que M'* Cibot et Nicolas rendroient demain a
rheure indiquée cette réponse au dit sgr e\reque et lui demande-
roient instamment la continuation de sa protection et de ses bons
offices.
Signé au registre : L. de Maussac, abbé de St-Martial; L. Faulte,
prevol de St-Martial; Puiferat, grande chantre de St-Martîal; Thuil-
ler, chanoine; Lostende, chanoine; Tanchon, chanoine; Cibot,
chanoine; Montbriat, chanoine; Fauger, chanoine; La Biche, cha-
noine; Nicolas, chanoine; Dalbiac Dalesme, chanoine; de Comprei-
gnac, chanoine adhérant a la susdite conclusion, quoi qu*absent.
Copie de la lettre de Mgr Tevêque de Limoges au chapitre de
de St-Marlial, écrite de Paris le 29 août 1786.
J'ai reçu, Messieurs, la lettre que vous avez chargé M' le prevot
de me remettre; il a du vous rendre compte des sentiments dans
lesquels il m'a trouvé pour votre église et pour tous les membres
qui la composent; non seulement je ne concourrai Jamais a aucune
opération qui peut vous être désagréable, mais au contraire je
saisirai avec empressement toutes les occasions de vous donner
des preuves des sentiments inviolables d'estime et d'attachement
avec lesquels j'ai l'honneur d'être. Messieurs, votre très humble et
très obéissant serviteur.
(Communication de iW... ?.../
Opposition de 129 habitants de Bussière-Poitevine au rattachement
de leur paroisse au district de Bellac {Si octobre 1 790)
Pardevant nous Jean-CharIesPenlecouteau,run des notaires royaux
établis au bourg de Lussac-les-Eglises, l'autre présent, et garde-
notes du roi notre sire, juré des sénéchaussées de Montmorillon et
du Dorât, ce jourd'hui premier novembre 1790, au bourg et
paroisse de Bussière-Poitevine, en la maison de Louis Dupont,
sacristain et notable de la dite paroisse, où, à sa réquisition et des
ci-bas dénommés, nous nous sommes transportés à l'effet des pré-
sentes, sont comparus par devant nous duemenl établis et soumis
en droit, ce jourd'hui Ironle-et-un octobre 1790, huit heures du
malin, François Bonvallet, marchand boucher; René Bardais, jour-
nalier ; Germain Bastien, maître menuisier; Jean Huguet, marchand
cabarelier; Louis Gaillard, marchand cabaretier; Pierre Barassac,
DOCUMENTS
823
maçon; René Guionet, tisserand et charron; Silvain Rainaud, fen-
deur, et Françoise Mosserion, veuve de Jean Trouvé, mère tutrice
de ses enfants, tous demeurant au bourg de Bussière-Poitevine;
François Pallié, marchand voiturier; Joseph Dupond, laboureur;
Jean du Bouchaux, marchand voiturier; Pierre Dupond, marchand
voiturier; Louis Gabilleau, maître charpentier; Pierre Dupond,
voiturier; Denis Dupond, voiturier; Maurice de Scieux et autre
Louis Dupond, tous propriétaires et habitants du village de la
Maisonrouge, paroisse de Bussière-Poitevine.
Maurice Lefort, laboureur, demeurant au village de Chez-Gillel-
Desgranges (1), susdite paroisse de Bussière; Maurice Dutroux et
Pierre Dulroux, voiluriers, demeurant au village de Paulmarais(2),
en lad. paroisse; Laurent Souchaud, laboureur, demeurant au village
du Fouilloux (3), susd. paroisse; François Robichon, laboureur ; autre
François Robichon, son fils; Etienne Delavau et Jean Pallié,
maçons, tons propriétaires et demeurant au village de Chez-
Létus (4), en lad. paroisse; Pierre Laubaleistre, et François
Rocher, fermier et propriétaire au village de Chez-la-Casline (5),
en lad. paroisse; Marc Perrin, laboureur, et Charles du Dognon,
propriétaire du village du Repaire, en lad. paroisse; Pierre Tuil-
laud, laboureur, et Hilaire Roger; Etienne et Maurice Roget; aussi
laboureurs, tous demeurant au village du Defant (6), en lad.
paroisse; Pierre Baudout, maître maçon; Jean Ofort, maître ton-
nelier; Denis Dupond, laboureur; Jean Desruelles, maçon; Pierre
Delabrousse; tisserand, et Denis Dupond, laboureur, tous habitants
et propriétaires du village de Virallais (7), susd. paroisse; Jean
Pailhé, sabotier; Simon Dumas, tisserand; Silvain Dumas; sabo-
tier; Jeanne Dubouchaud, veuve Pierre Dumas, sabotier, et Denis
Dupond, maître charpentier, tous manants e) propriétaires du vil-
lage de Chez-Drouset, en lad. paroisse.
Denis Barlot, laboureur; Jeanne Dumas; veuve Jean Dubou-
chais; François Dubouchage, Jean Perrin, laboureurs; Louis Per-
rin, maçon; Maurice Labrousse, laboureur, et Pierre Dutroux,
marchand, tous propriétaires et résidant au village de Villeneuve,
en lad. paroisse; Gilles Texier, propriétaire du village de Chez-
(i) Les Granges de Chez-Gilet.
(2) Le Poumaret.
(3) Le Fouillaud.
(4) Latu.
(5) La Câline.
(6) Le Défend.
(7) Virales.
,1'
•j
894 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
GoUy (1), en lad. paroisse; Jean Gallon, laboureur; Denis Galloo,
aussi laboureur, propriétaires et résidant au village de Mar*
change (2), en lad. paroisse; Pierre Dumas et Barthélémy Mour-
gaud, aussi laboureurs, propriétaires et résidant au village de
Launai, susd. paroisse ; Léonard Ducros, marchand, Gounaude,
veuve Pierre Rémondière; Jean Ducros dit Fillioux, et Pierre
Ducros, tous habitants et propriétaires du village du Massengon (3),
enclave de Bussière-Poitevine; Pierre Nicaud, laboureur, et Jean
Nicaud, aussi laboureur, demeurant au village de Chez^Perot, en
lad. paroisse; François Chassât, maître maçon, demeurant au viU
lage de Chez Nadaud, en lad. paroisse; Jean Desnoelles, sabotier;
Jean Guillon, sabotier; Berthommé Souchaud, fermier; Pierre
Dupré, aussi fermier; René Guillon, maçon; François Rémondière,
voituricr; Maurice Guillon, maçon, et Pierre Desnoelles, labou-
reur, tous habilanls el propriétaires du village de La Bergue-
rie, susd. paroisse; Jean Parpain, sabotier; Philippe Dubaussage,
maçon, propriétaires et habitants du village de Ghez-Boissonnet (4),
en lad. paroisse; Jean Audebert, maçon; Marie Ruineaux, veuve
de Jean Audebert, et Pierre Gaulliard, laboureurs, propriétaires et
résidant au village de La Palinière, susd. paroisse; Etienne
Chassât, laboureur; Maurice Dumas, laboureur; Gabriel Plat,
mailre lailleur, et Maurice Dumas, laboureur, propriétaires et
demeurant au village de Chez-Goursaud, en lad. paroisse; Jean
Jamet, laboureur; Louis Jamet, laboureur; Maurice Percheron;
Denis Duverger, maréchal; Jean Chambre, fermier, et Louis Gour-
saud, propriétaires et résidant au village de Mazereau, en lad.
paroisse; Etienne Dumas, laboureur; Etienne Michelel, laboureur,
el René Michelet, aussi laboureur, demeurant au village des
Bouis (5), en lad. paroisse; Pierre Duvillard, meunier; Maurice
Petit, aus.M meunier; Marc Rémondière, meunier, propriétaire et
fermier du moulin Gainaul (6), et y demeurant dile paroisse; René
Cheverut, maçon; Calherine Simon, veuve Audebert; Jean Lapaire,
laboureur; Pierre Naudon, laboureur; Maurice Desnoelles, labou«
reur; François Villars, voilurier; Pierre Michelet, cardeur, tous
propriétaires du village de Boussage (7), en lad. paroisse; Jacques
(1) Coly.
(2) Marsange.
(3) Masvignon (?).
(4) Boisonnet.
(5) Les Buis.
(6) Moulin Guènant.
(7) Bouchage.
DOCUMENTS BSS
Lagoeau, marchand et propriélaire du village de Péricaud, en lad.
paroisse; Louis Delachaume, marchand et propriélaire, résidant
au village de Chez-Paulet, en lad. paroisse ; Jean Galieton» labou-
reur; François Chambre, laboureur, demeurant au village de
lia Marlière (1), en lad. paroisse; Pierre Pasquet, laboureur; Jean
Pasquel, laboureur, résidant au village du Gluseau, en lad. paroisse;
Pierre Dupond, voiturier; Denis Dupond, aussi voilurier; Jacques
Dupond; Jacques Goursaud, voilurier; Anne Desbrousses, veuve
Goursaud, tous habitants et propriétaires du village de La Ghaume,
en lad. paroisse; René Larbalesle, laboureur, et Jacques Salvan-
don, laboureur, demeurant au village de Ghez-Ghamplault, en lad.
paroisse; Louis Ebrac, propriélaire, seul et résidant au village de
Maspeuchaud (3); Jean Ebrac, fermier et laboureur, du village de
Ghez-Grétoux ; Maurice Dupont, marchand voiturier, et Silvain
Dubaussage, sabolier, propriétaire et résidant au village de Ghez-
Nadeau, en lad. paroisse; Jacques Dupond, maître tailleur d'habits,
propriétaire et résidant au village de La Faytellière, en lad.
paroisse; Pierre Bernard, maître maçon, demeurant au village
des Broux, en lad. paroisse; Jean Gabillaux, meunier; autre
Jean Gabillaux, aussi meunier; François Gabillaux, batelier, tous
propriétaires et demeurant au village et moulin du Quéroux, en
lad. paroisse; Jean Barban, laboureur, propriétaire, habitant du
village de Ghez*Jallaud, en lad. paroisse; François Barban, labou-
reur; Robert Labrousse, aussi laboureur, propriétaires et résidant
aa village de La Rochepelite, en lad. paroisse; François Rudeau,
laboureur et propriétaire au village de Ghez-Guinard, en lad.
paroisse; René Godard, laboureur et propriétaire, demeurant au
village de La Roderie, en lad. paroisse, et finalement Louis Dupont],
sacristain et notable de la municipalité, demeurant aud. bourg et
paroisse de Bussiëre-Poitevine.
Tous lesquels susnommés nous ont dit qu'ayant connoissance
d'une délibération qui a été prise dans l'assemblée tenue au bourg
de BuBsière-Poilevine, le 4 juillet dernier, par laquelle on a feit
option pour le district de Bellac au préjudice de celui du Dorât,
ils déclarent par ces présentes protester et réclamer contre cette
délibération comme étant illégalement faite^ eu égard à ce que la
majeure partie des votants n'ont pas été libres dans leurs suffrages
et que ne sachant point écrire lorsqu'ils se présentèrent pour faire
faire leur scrutin, les scrutateurs, qui étaient à la «dévotion de
Messieurs de Bellac, sollicitèrent les votants pour consentir à ce
(1) La Morlière.
(2) Mas-Pechaud.
826 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
qu'on établisse sur les dits scrutins que leurs vœux étaieDtpour
Bellac; qu'en conséquence, ils déclarent tous par ces préseoles
vouloir demeurer irrévocablement unis au district du Dorât el
retirer les suffrages qu'ils auraient été forcés de donner poor
Bellac, soit par les promesses, les menaces ou surprises de solli-
citants et scrutateurs, soit enfin par les violences de Joseph Du-
pond, sentinelle postée à la porte d'entrée de Téglise paroissiale
de Bussière où se tenoil la dite assemblée, qui, lorsqu'on déclaroil
qu'on vouloit voter pour le Dorât, refusait opiniâtrement l'entrée
de l'église, ce qui occasionna plusieurs disputes, notamment enlre
Pierre Dumas, laboureur, du village de Launai, Jean Dudroildit
Fillioux et autres qui ne purent entrer dans l'église pour donner
leurs suffrages; ce que voyant le sieur Mondot, maître de la garde
nationale, s'en plaignit au dit Bourgadier dit Dupond et dit que ce
n'étoit pas ainsi qu'on devoit agir et qu'il en communiqua au pré-
sident de l'assemblée qui lui dit : « Chut ! chuti ne dites rien », et
que par cette manière plusieurs d'entre eux votants furent privés
de donner leurs suffrages; les autres furent captés et suggérés,
soit par les promesses, menaces el le vin qu'on leur prodigua sous
les halles par ordre de Messieurs Latouche, Arbellot, Fusibai, et
autres procureurs de la ville de Bellac, soit enfin par les craintes
qu'on leur... {i) que s'ils votaient pour le Dorât, ils s'en repenti-
raient et ne seraient pas libres de disposer de leurs biens à leur
gré. Les susnommés de la justice et l'équité de l'Assemblée
nationale qu'elle écoutera favorablement leurs plaintes et réclama-
tions et qu'elle déclarera, si besoin est, que la paroisse de Bussière
demeurera irrévocablement unie au district du Dorât, el pour
faire parvenir leurs dites plaintes et réclamations à rAssemblée
nationale ou au département, les susnommés établis ont spéciale-
ment chargé Louis Dupond, notable, Tun d'eux, de faire expédier
copie des présentes et de la transmettre au procureur général du
département.
De toutes lesquelles déclarations, protestations, demandes el
délégation les susnommés établis nous ont requis acte que nous
leur avons octroyé pour leur valoir et servir ce que de raison.
Fait et passé au bourg de Bussiëre-Poitevine, lesd. jour, mois et
an que dessus. Lecture faite des présentes, toutes parties y ont
persisté et déclaré ne savoir signer, fors led. Dupont qui a accepté
la commission à lui donnée el s'est avec nous soussigné. Louis
Dupont, Brac, nolaire; Pentecouteau, notaire royal.
{Communication de M. Roger Drouault),
(1) Déchirure.
DOCUMENTS 827
Procès-verbal de la translation du chef de saint Etienne de Muret
et autres reliques de Grandmont à Saint-Sylvestre (1791 ,)
L'ao mil sept cent quatre- vingt onze et le quinzième aoûL jour
de TAssomplion de la bienheureuse et très Sainle Vierge Marie,
nous Jean-Baptiste Boisson, prêtre, curé de la paroisse de Saint-
Sylvestre, district de Bellac, déparlement de la Haute- Vienne ; vu la
permission à nous accordée par Mgr Tévéque de ce déparlement,
de transporter la relique de Saint-Etienne de Muret et autres dépo-
sées dans la chapelle ci-devant sacristie du monastère de Grand-
mont détruit : laquelle permission à nous présentée par MM. les
officiers municipaux de notre commune, écrite au bas d'une pétition
faite par eux pour cet effet ; permission datée de Limoges le vingt-
un juillet présente année, signée Gay de Vernon évoque du dépar-
tement de la Haute-Vienne; vu aussi le consentement de Tautorité
civile, par extrait des délibérations du directoire du même dépar-
tement, séance du six août, an que dessus, signée Pétiniaud, pré-
sident, Jouhaud, greffier.
Nous, curé de Saint-Sylvestre, nous sommes rendu à notre église
paroissiale, à sept heures du matin, avec MM. les officiers muni-
cipaux, garde nationale et te peuple. Là revêtu d^habits sacerdo-
taux, après avoir adoré le très Saint-Sacrement, entonné le Veni
Creator^ que le chœur a répondu, nous sommes partis immédiate-
ment et processionnellement pour nous rendre au dit lieu de
Grandmont, village de notre paroisse, pour faire Tenlèvement des
susdites reliques. Y étant arrivé, M. le maire a ouvert la chapelle,
nous y sommes entré et après avoir adoré la croix, on nous a pré-
senté la clef d une armoire basse située au côté gauche de Tautel ;
nous Tavons prise et avons ouvert la dite armoire ; nous y avons
trouvé un buste d'argent contenant le chef (caput) de saint Etienne
de Muret, instituteur de Tordre des Bonshommes dits Grandmon-
tins, lequel buste de la hauteur de deux pieds est travaillé en
forme d'une dalmalique diaconale dont les orfrois sont dorés; il
est terminé au bas par une demi-couronne de cuivre dont les
rayons sont dorés, et tout autour de la bande sont peintes en émail
différentes figures exprimant la vie du Saint. La léle du reliquaire,
servant de coupe où est renfermée la relique, est ouverte dans la
partie qui représente le crâne en forme de tonsure du diamètre de
sept pouces et quatre lignes, dont la calotte est retenue par deux
petites charnières de fer; celle du haut est à demeure, celle du bas
sert pour ouvrir et fermer. Nous avons ouvert le dit reliquaire et
avons trouvé la relique du saint enveloppée dans un petit sac
828 SOClèré ARCHéOLOGIQCE fiT HISTORIQUE DO LIMÔCSIM
d'étoffe en soie verie, brochée et recouverte d'une calotte d'étoffe
aussi brochée et en or; au haut de la calotte, servant à ouvrir la
relique, est encore une petite ouverture en rond, du diamètre de
deux pouces, dont le couvercle est d'argent doré et à grille, lequel
nous avons trouvé détaché, la charnière qui est de fer, feroaant
avec une aiguille de même matière, étant détruite par la rouille.
Cet examen fait, nous avons refermé le reliquaire et avons déposé
le buste sur l'autel.
On a descendu ensuite deux châsses qui étaient placées à chaque
côté de l'autel et élevées de huit pieds; nous les avons examinées
et avons vu qu'elles ne fermaient qu'avec des pointes de fer. Nous
en avons fait l'ouverture et n'avons trouvé aucune relique dans
celle qui était à droite de Tautel. Dans celle qui était à gauche en
entrant, nous y avons trouvé des ossements plies dans un sac de
taffetas rouge de la longueur de dix-neuf pouces et de la circonfé-
rence de vingt, avec une inscription latine sur velin contenant deux
lignes et un mot en lettres gothiques dont voici l'interprétation :
« Ici est le corps d'une vierge et martyre qu'un nommé Hevenan,
doyen de l'église apostolique, avait reçu d'un célérier de l'abbaye
de Citeaux et le donna à l'église de Grandmont. »
Les deux châsses ci-mentionnées sont de cuivre jaune ëmaillë,
ornées tout autour de figures debout en gravures, dont les têtes
seules sont saillantes, et par le haiit sont aux extrémités de chaque
châsse deux petites boules de cuivre aux extrémités ; au milieu une
petite pierre plate de cristal et de quatre œils intermédiaires de
même matière; le tout enchâssé sur une bande de cuivre terminant
la hauteur des chasses, dont une de ces bandes est à jour et c'est
celle de la châsse où nous n'avons pas trouvé de reliques ; et l'autre
bande est unie, c'est celle où nous avons trouvé le corps de la
Sainte dont nous avons parlé plus haut. Ces deux châsses d'ailleurs
ne diffèrent en rien, étant de même grandeur dans tous les sens,
savoir de la longueur de vingt-trois pouces, de la- hauteur de dix-
huit et de la largeur de neuf et demi. Après avoir refermé tes dites
châsses, nous avons mis sur l'autel celle qui contenait les reliques.
Ayant ensuite chanté une antienne à l'honneur du saint, donné la
bénédiction, tenant en main la relique de saint Etienne, nous avons
repris l'ordre de la procession pour faire la translation des dites
reliques à l'église paroissiale dans l'ordre qui suit :
La Garde nationale a ouvert la marche, deux pénitents ont pris
ensuite sur un brancard de bois la châsse contenant les reliques;
immédiatement a suivi M. le curé, tenant en main le buste de saint
Etienne, que deux pénitents lui ont aidé à soutenir avec un petit
brancard.
boctfMSNts 829
MM. les officiers municipaux, revêtus de leurs écharpes, sont
venus après el le peuple a terminé la procession. Une partie de la
Garde nationale a accompagné collatéralement les reliques jusqu'à
MM. les officiers municipaux inclusivement. Dans cet ordre nous
sommes arrivés à neuf heures à Téglise paroissiale, où après avoir
déposé les reliques, nous avons célébré la Sainte Messe; laquelle
finie, nous nous sommes retirés laissant les reliques exposées jus-
qu'à Vêpres.
Advenant la deuxième heure après-midi, nous avons fait sonner
l'office des Vêpres que nous avons chanté; lequel fini nous avons
chanté une antienne à l'honneur du très saint Sacrement, ensuite
une à l'honneur des Saints, et avons donné la bénédiction tenant en
mains la relique de saint Etienne que nous avons donnée à véné-
rer au peuple. Ce qui étant fait, nous avons mis cette dernière
relique avec le buste qui la contient et ce provisoirement dans une
armoire située au haut des stalles du côté droit. Nous avons placé
la châsse, dont la bande du haut est unie et qui contient le corps
d'une sainte Vierge dont nous n'avons pas le nom, sur la porte de
la sacristie, à main droite de l'autel; la châsse dont la bande est à
jour et qui n'a pas de reliques, nous l'avons placée sur la porte au
côté gauche de l'autel pour servir seulement d'ornement, jusqu'à ce
que nous ayons permission d'y placer des reliques que l'église de
Saint-Sylvestre possède depuis longtemps et dont les reliquaires de
bois tombent en pourriture.
De tout quoi nous avons dressé présent procès- verbal, que nous
avons signé avec Messieurs les officiers municipaux pour servir
d'authentique aux dites reliques, et nous avons requis que le dit
procès-verbal resterait dans les archives de la municipalité el que
copie en serait étendue au long à la Gn du registre des baptêmes
et qui resterait à la cure.
Fait et conclu dans l'église paroissiale de Saint-Sylvestre ce quinze
août mil sept cent quatre-vingt-onze, à trois heures après-midi.
Signé Boissou, curé de Saint-Sylvestre, Cuchet, maire; Delacour,
officier municipal, Dessagne, officier municipal, Desihèves, substi-
tut du procureur de la commune.
Pour copie, Boissou, curé de Saint-Sylvestre.
Extrait des registres des baptêmes, mariages et sépultures de la
paroisse de Saint-Sylvestre, année 1791, 15 août.
{Communication de M. l'abbé Larue, curé de Saint-Sylvestre.)
T. LV 55
830 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Etablissement d'une verrerie à Azat. 1798
9 frim. an VIL — Acte de sociélé, entre Margaerite Fournier,
femme de Luc Deguercy, ppre à Azat, canton de Lussac, J.-B. De-
guercy, ppre et Marie-Madeleine Declielette, sa femme; Joseph
Deguercy, cl Madeleine Marcoul, sa femme, à Montquedioux, Lus-
sac, pour établir une verrerie ou manufacture de verre blanc au
chef lieu de la com. d'Azat.
Société établie par 1/3 pour 18 ans; l'un d*eux voyagera et lou-
chera 40 s. par déjeuner et 3 fr. 10 s. par souper et nuitée.
Les immeubles sont apportés par lad. Fournier.
9 frim. an VIIL — Pouvoir par J.-B. Deguercy, chef de bataillon,
commandant la force armée du dépt. de la Hte Vienne, à lad. Dé-
chelette, sa femme, pour le représenter dans la société.
Il frim. an VIIL — Même pouvoir par Joseph Deguercy, capi-
taine de la huitième compagnie du bataillon auxiliaire du dépL de
la Hte-Vienoe, à lad. Marcoul.
24 floréal an VIIL — Retrait dud. J.-B. Deguercy, chef de batail-
lon réformé; il laisse ses droits à lad. Fournier, il lui est remboursé
2,S76 fr., qu'il avait mis en société.
14 prairial an VIIL — Reirait dud. Joseph Deguercy, capitaine.
Tous deux invoquent les exigences de leur métier militaire, qui ne
leur permet plus de s'occuper de la verrerie. Il avait versé l,500fr.
au fonds social. S'il n'est pas remboursé dans trois ans, il pourra
rentrer dans la société.
Suit l'inventaire du matériel : un four qui a servi une campagne ;
les barres et les crochets du four en bon étal; deux places garnies,
13 cannes; 2 cordelines, et deux ferréts; deux popoirs et 2 mar-
bres, 3 pelles à reufourner, 3 râbles, une éburge de fer pesant
150 1.; 2 fers à faire les bouteilles; une douzaine de moules; 1 pin-
cette, 2 malettes, 2 bigornes, 2 marteaux à écailler, 3 baquet?,
2 bancs d'ouvriers, 1 marchepied, une espalule, 2 barres à tenir
les tisonniers, 2 carquaises (1) qui ont fait la campagne dernière;
l'usage de 3 chaudières et d un four à salin et d'un four à cuire les
terres et chauffer les pots; 12 fonceaux à mettre les pots, une mai
à marcher la terre; une comporte à porter les compositions
en mauvais état; 2 auges à piler dont une ferrée, six pillons,
2 tamis à tamiser la terre, une barre croche, une pince, une tami-
(1) « CarquessCj c'est un four séparé du four de la verrerie dans
lequel on fait cuire les pots avant que de les mettre dans le four de la
verrerie ». (Trévoux).
bOCUMBMTâ 831
série planchée ; 30 cordes de bois de billettes, 10 charretées de
chadre, 104 charretées de sable, 6 quartes de ceddre, 1 rifflard,
S scies à scier les briques et 13 soliveaux propres à faire une roue
à sécher le bois.
9 brumaire an IX. — Nouvel acte de société entre lad. Fournier,
femme Luc Deguercy ; Silvain Deguercy, capitaine de cavalerie en
non activité et J.-B.-Henry Deguercy, et Julie de La Paye, sa
femme. La verrerie ne donne pas de résultats faute de fonds ; ils
apportent 2,400 Tr. par 1/2. Société établie pour K ans. Chaque
associé prélèvera ÏOO fr. par mois.
An IX (3 et 4 pluviôse). -— Procès-verbal à la requête de lad.
Fournier étant aux droits de ses neveux, J.-BL et Joseph Deguercy,
« pour constater les tords qu'elle a éprouvé par les différents mar-
geages et interruption de la verrerie occasionnés à défaut par le
s' René Labrousse d'avoir fait couper et livrer 2,i00 cordes de
bois » de 8 pieds de couche, 4 pieds de haut.
(c II est constant d'après les déclarations uniformes des citoyens
Biaise Schmidt, Hermann Faleur et Balthasard Schmidt, ouvriers
en bouteilles; Jean Renard et François Pajot, fondeurs; Joseph
Mazalerat et Léonard Sarrazin, tisseurs; Silvain Rougier, René
Maître, Didier Fruchon, Jean Peraud, Baptiste Gevaud, anciens et
nouveaux carcassiers, qu'avec du bois coupé neuf ou dix mois à
l'avance, deux carcassiers avec les anciennes carcaizes existantes
h la verrerie ont tenu et alimenté cet établissement en activité
pendant la campagne dernière; qu'aujourd'hui avec le bois vert
fourni par Labrousse, 4 carcassiers ne peuvent faire sécher le bois
nécessaire à Fentrelient de la verrerie; qu'au lieu de 24 heures qui
suflisaient pour sécher les billettes de bois sec, il en faut aujour-
d'hui 60 pour sécher dans les carcaises celles du bois vert que
fournit Labrousse, ce qui occasionne des pertes journalières. Que
les margeages qui ont eu lieu du 14 fructidor dernier au !<"' ven-
démiaire ont été occasionnés par le défaut de bois; que ce même
défaut est la cause de l'extinction totale du four de la verrerie
qui a eu lieu du 1*' vendémiaire au 4 nivôse dernier; que les
margeages antérieurs au 1*' vendémiaire an IX ont fait éprouver
des pertes considérables; que du i*' vend, au 4 nivôse, il en a
coûté pour salaires d'ouvriers, à raison de 2 fr. pour chaque jour-
née des trois ouvriers en bouteilles, d'un franc par chacune de
celle des 3 guénins, de 1 f r. 25 par chacune de celle des deux fon-
deurs, même prix pour chaque journée des 4 sécheurs de bois, du
porteur d'eau, du tourneur de matière, de l'emballeur, de chacun
832 SOCléré ARCHéoLOOlQÙÊ ET HlâTORlQtTk DU LIMOUSIN
des s liseurs, de chacun des 2 tamiseurs, et 40 centimes pour le
maréchal à raison de 120 fr. par an. Par jour 25 65
Elle a manqué de faire 600 bouteilles par jour qui se
fabriquaient ordinairement, qui, à raison de 25 fr. du
cent, auraient procuré un bénéfice brut de 150 fr., déduc-
tion faite de 42 fr. par six cordes de bois nécessaires à la
fabrication, de 21 fr. pour façon à raison de 3 fr. 50 du
cent aux ouvriers en bouteilles; de 8 fr. pour 2 liseurs
et 2 fondeurs à 2 fr. par jour; 6 fr. pour le porteur
d'eau, le tourneur de malière et les 2 tamiseurs; 1 fr. 25
pour Temballeur et 12 fr. 50 pour composition; en
tout 90 fr. 25.
Il reste net de profit 59 75
Total dès pertes par jour 85 40»
Soit une perte totale de 7,942 fr. 20 éprouvée pour les 93 jour-
nées qui se sont écoulées du 1*' vend, au 4 nivdve an IX.
Pour faire sécher le bois vert on a du faire construire deux nou-
velles carquaises qui touchent à leur fin et qui coûteront au moins
1 ,000 fr. « Il n'a été possible de travailler que du 4 au 27 nivôse ;
que Ton a été obligé de tirer le verre à Teau le 27, par défaut de
bois sec propre à le rafiner; que le four est en margeage depuis ;
qu'il y a des ouvriers qui doivent être payés comme en temps de
travail ».
Donné lecture aux ouvriers qui déclarent ne savoir signer, sauf
Biaise Schmidt et Hermann Faleur.
Minutes de Brac, notaire à Lussac-les-Eglises.
[Communication de M. Roger Drouault).
-^m
PROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES
SËANGE DU 31 JANVIER 190S
Rréttldence de M» le D' Fourniét ppénldent
Sont présents : MM. d'Àbzac, Anbert Berger, Blancher, Boulaud,
Gourtot, Paul Ducouriieux, Dayoisin-Mazorie, C. Jouhanneaud,
Joly de Saiily, Lagnérenne, Alfred Leroux, Malevergne de Lafaye,
S. Hazeaud, Mayéras, D' E. Raymondaud, Royer, Touyéras.
Le procès-verbal de la séance préeédente est lu et adopté après
quelques rectifications.
Le Président, en son nom et au nom du Bureau, remercie la
Société du témoignage de confiance qu*elle a donné aux nouveaux
élus.
MM. Lecler et Page, nommés présidents honoraires, remercient
également par lettres.
M. Fray-Fournier adresse par lettre sa démission de bibliothé-
caire adjoint. Dont acle.
MM. Ducourtieux et d'Abzac présentent la candidature de M. R.
Fusade, sur laquelle il sera prononcé à la prochaine séance.
Le Secrétaire général rend compte des publications nouvelles :
V Annuaire de la Corrèze pour 1905, édité par M. P. Ducourtieux
et contenant une bibliographie corrézienne par M. R. Page, et la
nécrologie de diverses personnes mortes au cours de Tannée 1904.
V Annuaire de la Haute-Vienne pour 1908, édité par M. Dumont
et donnant pour la plupart des institutions locales des notices his-
toriques et des listes de fonctionnaires.
Le Bulletin de la Société des lettres de Tulle (1904, 4« livr.}, où se
trouve la suite de divers articles commencés par M. R. Page, sur
Les Pénitents blancs de Tulle; par M. Forot, sur La Seigneurie de
Chaunac en Bas-Limousin; par M. Bourneix, sur Trois prieurés
limousins. Le même fascicule nous apporte une notice de M. le
lieutenant Bastide sur L^ 6^»^a{ Treich-Desfarges, et une autre de
M. deNussac, sur La Seigneurie de Pompadour au dix-septième siècle.
834 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Les Annales du Midi (janvier 1905), où Ton peut relever les arti-
cles suivants : Une prétendue histoire de Vabbays de Beaulieu au
douzième siècle^ par M. A. Thomas, dont il a été déjà question; un
exposé du contenu de la brochure de M. A. Leroux sur Les archi-
ves provinciales; un compte rendu, par M. F. Pasquier, de VHistoire
de la porcelaine de Limoges, par MM. Savodin,Leymarie et Leroux,
compte rendu où on lit avec surprise que les notices de ces trois
auteurs « ne concernent pas directement l'histoire de la porce-
laine ».
L'Inventaire des archives départementales de la Haute-Vienne
(série G., fonds de Tancien évéché, feuilles 1 à 16, in-4*'), sur
lequel l'auteur donne quelques indications. Les 457 articles analy-
sés concernent le temporel de Tévéché, c'est-à-dire les nombreuses
seigneuries dont l'évéque de Limoges était suzerain : la Cité, les
cbàtellenies d'isie, Saint-Léonard, Eymoutiers, Saint Junien, Atlas-
sac, etc. ; puis les matières proprement ecclésiastiques depuis la fin
du quinzième siècle; enfin, les registres des collations de bénéfices,
qui commencent en 1514. Il reste à inventorier, pour compléter le
volume, 200 registres d'insinuations ecclésiastiques et environ
150 dossiers relatifs à l'administration du diocèse.
Le Secrétaire général signale comme parliculièrement important
l'ouvrage de M. Ë. Bombai, La Haute-Dordogne et ses gabariers, où
Fauteur a montré qu'il connaissait à fond les institutions actuelles,
les besoins, les mœurs de la région qu'il habite; — et le recueil de
Documents sur le Limousin, publié par M. Clément-Simon, pour la
Société des archives historiques du Limousin (t. IX). On y rencontre
des textes de grande valeur pour l'histoire politique du Limousin,
les Etats provinciaux des quinzième et seizième siècles, l'état des
personnes et des biens au moyen âge, etc.
La parole est ensuite donnée à M. Charles de Sailly, présenté par
M. Joly de Sailiy, pour raconter l'excursion qu'il vient de faire aux
ruines romaines de Tebessa et Timgad, dans le déparlement de
Gonslantine. La première de ces deux villes fut construite par
les Romains et entourée de murailles par les Byzantins. La seconde,
qui couvre une superficie d'environs 60 hectares, fut construite
sous Trajan par la 3^ légion. Elle est abandonnée et disparaît peu
à peu sous les sables, à partir du septième siècle, et n'a été retrou-
vée qu'en 1882. Par l'intérêt et l'importance de ses ruines, elle
paraît l'emporter sur Pompeï. Les photographies que fait circuler
M. Ch. de Sailly, et qui représentent l'arc de Trajan, le forum, les
thermes, le théâtre, le capitole, les propylées, des basiliques chré-
tiennes, le cardo maximus, etc., ne démentent point cette opinion.
M. Ducourtieux communique, de la part de M. Sauvageot, direc-
teur de l'Ecole normale primaire, une sorte de médaille en pierre
PROCèS-VERBAUX DES SÉANCES 835
gravée, trouvée près de Grochat et figurant uue tête de femme dans
le style l^ouis XVI. Il y a apparence que c*est une œuvre du temps
de Louis-Philippe ; — de la part de H. Roger Drouault, la descrip-
tion de huit pièces d*or du temps de Louis XII et François I*%
trouvées à Âzerables (Creuse). Cette description sera publiée dans
le Bulletin de la Société (1).
M. Touyéras, trésorier de la Société, rend compte delà situation
financière qui, au 31 décembre 1904, s'établit comme suit :
Recettes
146 cotisations des membres titulaires 2.110 »
15 droits d'entrée de membres nouveaux ISO »
54 cotisations de membres correspondants 540 »
Subvention du département 500 »
Produit des 50 centimes ajoutés aux cotisations recou-
vrées par la poste 26 90
Don de la famille Guibert 200 »
Vente de volumes de la Société 40 »
Acompte de la faillite Magne, Ranson et C^' 180 33
Souscriplions pour le monument Guibert 3.855 » .
Intérêt des fonds déposés au Crédit Lyonnais 31 80
Total des receltes 7.633 03
Dépenses
Impression du Bulletin 2.512 90
Abonnements à divers recueils {Art chrétien^ Borna-
nia. Bulletin monumental) 57 30
Salaire de l'encaisseur 100 »
A remployé chargé de la salle des séances 20 »
Affranchissements, ports, frais de recouvrements,
timbres 48 56
Achats de carions 45 50
Couronne funéraire pour M. Guibert 55 »
Affranchissement des invitations à souscrire au monu-
ment. 10 25
Médaille offerte à M. le directeur de TEcole des
beaux arts 33 40
Achat des dernières œuvres de Mgr Barbier de
Monlault 25 »
Total des dépenses 2.907 90
(1) Voy. ci-dessus, p. 791.
835 sociéré archéolooique bt ristobiqub su Lncousni
Récapitulation
Les recettes de Tannée 1904 s*élëyent à 7 .633 03
Les dépenses à 2.907 90
D*oà résulte un excédent de recettes de 4.725 13
L'excédent des recettes des années antérieures étant de 3 . 238 95
Il en résulte un excédent de recettes de 7.964 08
qui se décomposent ainsi : —— ^
Fonds de la souscription an monument Guibert 3.855 »
Fonds généraux sans affectation 4. 109 08
Sur les 7.964 fr. 08 de l'excédent de receltes, il y a 7.873 fr. 40
déposés au Crédit Lyonnais et 90 fr. 68 en caisse pour les besoins
journaliers.
Toutes les cotisations son recouvrées.
L'ordre du jour appelle la lecture de différents mémoires.
M. 0. d'Abzac donne les résultats d'un recensement de la com-
mune de Panazol établi en 1793. Cette commune, qui compte
aujourd'hui 1.692 habitants, n'en possédait alors que 668, repré-
' sentant 115 ménages.
M. C. Jouhanneaud communique une longue note de M. Ducros
(de Saint-Léonard) sur un souterrain-refuge découvert au Monteil,
en la dite commune. Ce souterrain mesure 1 mètre 50 à son entrée.
Il a une longueur de 5 mètres sur une largeur de 3 mètres, et a été
creusé en plein tuf, à 5 mètres au-dessous du sol. On n'y a point
trouvé le moindre objet, et la question se pose à nouveau de savoir
si ces sortes de souterrains servaient de refuge aux populations ou
de dépôt de vivres dans les temps de calamités (1). En tout cas le
souterrain du Monteil s'ajoute à la liste déjà longue de ceux que
M. l'abbé Lecler a signalés au tome XLI de notre Bulletin.
En vertu d'un traité passé en 1654, un fermier général, Isaac
Blandin (de Paris), émit au nom delà royauté, pendant les années
1655-58, des pièces de cuivre sous le nom de « liards de France ».
M. Royer, qui a eu quatre de ces monnaies en main, en donne la
description et fournit quelques explications subsidiaires.
Il lit ensuite l'étude consacrée par M. Bordeaux (dans la Revue
numismatique de i90i,i^ trimestre) à diverses monnaies de la (in du
XV* siècle qui ont été trouvées à Montmorillon. Ces monnaies sont
en la possession de M. Royer, dont elles complètent la riche collec-
tion.
M. Courtol, qui désire reproduire les fresques de la crypte de la
(1) Voy. ci-dessus, p. 787,
PROCiS-VERBAUX DB8 SÉANCBS S37
cathédrale, demande que la Société veuille bien solliciter en son
nom Tautorisation du Ministère des beaux arts. II est décidé qu*une
lettre en ce sens sera adressée à M. le Ministre.
La séance est levée à diii heures.
Le secrétaire général^
Alfred Leroux.
•^F*
SÉANCE DU Î8 FÉVRIER 190S
Présldenoe de M* le D' Fovmlét pré»ldenC
Présents : MM. d'Abzac, Aubert Berger, Boulaud, Gourtot, F.
Delage, G. Joubanneaud, Duvoisin-Mazorie, Gérard, Laguéreone, A.
Leroux, Malevergne de Lafaye, S. Mazeaud, Tabbé Pénicaut, Royer.
Le Président propose d^envoyer un témoignage de sympathie
à M. Léopold Delisle nommé administrateur honoraire de la Biblio*
thèque nationale à l'occasion de sa mise à la retraite, et remplacé
dans les fonctions actives par M. Henri Marcel.
La Sociélé compte M. Delisle au nombre de ses membres
d'honneur et a pu profiter, en plusieurs occasious, de ses conseils
et de sa précieuse collaboration.
La proposition du président est acceptée à Tunanimité.
M. Louis-Joseph de Bar, demeurant à Argentat (Gorrèze), est
présenté par MM. René Fage et Alfred Leroux, comme membre de
la Société.
Il sera procédé, à la prochaine séance, au vote sur son admission.
Il est passé au vote sur la candidature de M. Fusade, professeur
de langues à Limoges, présenté à la dernière séance. Il est élu
sociétaire.
GoMMurticATioifs. — M. Gh. de Lasteyrie. — Documentsdu treizième
siècle sur Saint-Martial (1 ).
H. Touyéras. •— Inventaire des cartons de M. Codet de Baisse
(16 cartons classés provisoirement) (2).
H. Leroux. — Catalogue des manuscrits de la Société archéologique
(suite) (3).
(1) Voy. ci-dessus, p. 807 et ss.
(2) Voy. ci-dessus, p. 452 et ss.
(3) Voy, çi-dessus, p. 440 et ss^
838 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
M. Franck Delage. — Document de 1597 sur la confrérie de
Saint- Jacques {i).
Publications. — Deuxième fascicule du Bulletin de la Sociélé,
tome LIV, conteDanl les matières ci-après :
Suile de Tbisloire de la porcelaine ; — Recueil d*armoiries limou-
sines; — Les plus anciens titres du chapitre de la cathédrale de
Limoges; — Monographie du canton de Sainl-Sulpice-les-Feuilles;
— L'œuvre de Louis Bourdery; — une série d'articles biographi-
ques sur Louis Guibert.
René Fage, deux monographies des Pénitents bleus et des Péni-
tents blancs de Tulle.
L*abbé Lecler, Notice sur Notre-Dame de Sauvagnac.
Bulletin de la Société des amis des sciences et arts de Roche-
chouart, contenant, entre autres articles : Les lutles intestines
à Rochechouart, par le docteur Marquet; Le droit de haute,
moyenne et basse justice sur le bourg d'Oradour-sur-Vayres, par P.
Gaumy.
Lemouzi, numéro de janvier-février 1905 : Psychologie du Limou-
sin, par le docteur F. Lagrange et J. Glaretie.
Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, tome XIII,
contenant une description détaillée des tapisseries des hospices
d'Orléans, au nombre desquelles on remarque douze fauteuils et
un certain nombre de scènes avec personnages, sortant des ateliers
d'Aubusson.
M. Leroux signale dans la correspondance de Voltaire une lettre
adressée à M. Tabbé Vitrac, sous-principal du collège de Limo-
ges, en date, à Ferney, 23 décembre 1778, le remerciant de
renvoi de deux de ses ouvrages sur les hommes célèbres du
Limousin.
M. Courtot, l'artiste peintre limousin bien connu, présente une
toile reproduisant un contrefort de la cathédrale, architecture du
X1Y« siècle, où l'on reconnaît les épisodes du martyre de saint
Etienne.
M. d'Abzac présente, de la part de M. Hersant, un tétradrachme
d'Alexandre le Grand, roi de Macédoine. Gette monnaie d'argent
valait quatre drachmes et était en usage dans beaucoup de pays
grecs. Elle est dans un parfait état de conservation et pèse 3 gr. 80
d'argent.
M. Franck Delage donne lecture d'une intéressante étude sur
l'humaniste Marc-Antoine de Muret, d'origine limousine.
(1) Non encore publié.
PROCis-VBRBAUZ DBS SEANCES 839
Marc-Antoine de Muret est né en 1526; tous les auteurs ne sont
pas d'accord sur le lieu de sa naissance ; l'abbé Vitrac le revendique
pour Limoges.
Cette opinion prend consistance, si Ton considère que le nom de
Muret fut très répandu à Limoges. Un légiste de cette famille occu-
pait dans cette ville la situation de conseil, position offrant une
certaine analogie avec celle des avocats actuels, et Muret a écrit
dans ses œuvres que son père fut jurisconsulte.
Il commence ses études à Poitiers, avec beaucoup d'indépen-
dance, et se détourne du droit pour se consacrer plus particulière-
ment à la littérature.
En 1548, il obtient une chaire à Auch, puis à Villeneuve-d'Agen.
Il se lie avec du Bellay; ses aventures amoureuses font déjà quel-
que bruit. En 1547, on le trouve professeur au collège de Guyenne,
à Bordeaux, où on remarque la liberté de son langage. En 1551, il
professe à Paris, au Collège du cardinal Lemoine, et peut-être au
Collège Royal.
Il se distingue comme poète, à la fois français, latin et grec; il
se lie avec Ronsard.
Vers la fin de l'année 1553, il est obligé de quitter Paris ; les
causes de cette fuite sont restées mystérieuses. Il professe quelque
temps, sans succès du reste, le droit à Toulouse. En 1554, il est
condamné comme huguenot et sodomiste. Il est à remarquer qu'au-
cun de ses amis n'élève la voii en sa faveur.
Il gagne l'Italie, est malade en route, va à Venise et sort victo-
rieux d'un examen qui lui fait obtenir une chaire d'humanités.
En 1557, nouvelle accusation de sodomie. En 1558, il quitte Venise
et ouvre des cours à Padoue. Nouvelle accusation de vices contre
nature.
Quelle est la vérité? Question difficile à résoudre^ mais qui
revient trop souvent dans sa biographie.
Il entre dans la maison du cardinal d'Esté, Hippolyte II, avec
lequel il entretient les meilleurs rapports. Il devient Torateur atti-
tré de la France auprès des papes. Ses harangues sont en latin.
Hippolyte II le mène en France à sa suite, quand il y vient comme
légal, et Muret renoue ses anciennes amitiés.
Le cardinal d'Esté renire à Rome, Muret l'accompagne ; il ensei-
gne avec un vif éclat, unissant l'éloquence à la philosophie; pen-
dant quatre ans, il jouit d'une véritable popularité. Il étudie de
nouveau la jurisprudence et fait des cours de droit. Il suit une
méthode analogue à celle de Cujas, auquel il est du reste inférieur.
' Il est chargé de missions délicates et le Sénat romain le choisit
comme orateur en quelques circonstances. Il obtient le titre de
4
J^f
840 SOCIÉTÉ ARCHEOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
citoyeD romain. Il prononce Téloge funèbre de Pie V, glorifie la
Saint-Barthélémy, et loue la sagesse de Charles IX.
Sa façon sceptique de professer le droit lui attire des ennemis;
un traitement supérieur l'engage à abandonner les études de droit
pour la littérature.
Louis d*Este, héritier d'Hippolyte II, lui consenre ses fareurs.
En 1876, il entre dans les ordres, se fait remarquer par sa piété
sincère et continue de professer après son ordination.
On lui demande de professer en Pologne; à la sollicitation du
pape, il reste à Rome. Lassé par les élèves, il demande sa mise à
la retraite. Cette retraite ne diminue pas son crédit. Il se lie avec
les jésuites, ce qui a fait dire à tort qu'il le fut. Il redoubla de dévo-
tion à la fin de sa vie et mourut le 4 juin 1888. Benci, son élère et
ami, prononça son oraison funèbre.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire adjoint^
René Laguérenne.
SÉANCE DU 28 MARS 1908
Présidence de M* G* «iouhttnneandt vlce-présldeiit
Sont présents : MM. d'Abzac, A. Berger, Boulaud, Charles-La-
vauzelle fils, Courlot, F. Delage, Duvoisin-Mazorie, Fusade, Gérard,
C. Jouhanneaud, Hersant, Laguérenne, A. Leroux, Mariaux, Mau-
rat-Ballange, B. Mayéras, S. Mazeaud, abbé Pénicaud, docteur E.
Raymondaud, Royer, Vandières de Vitrac.
M. le D' Fournie, président, s'est fait excuser.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après
quelques rectifications.
Le Président annonce que M. Elie Lemas, ancien professeur de
rhétorique au lycée de Limoges, né à Brive, est décédé en mars
courant, à Tâge de 66 ans, et il adresse à la famille les condoléances
de la Société. Il rappelle que raclivilé du défunt s'était renfermée
presque toute entière dans le cercle de ses occupations universi-
taires, mais que cependant il avait été pendant plusieurs années
un auditeur assidu de nos séances et à trois reprises un collabora-
teur de notre Bulletin.
Il lit ensuite la lettre que M. Léopold Delisle vient d'adresser i
notre Société pour la remercier des sentiments de sympathie qu'elle
PROCÂS-VBRBAUX DBS s£aNCB6 641
lai a témoignés à Foccasion de son départ de la Bibliothèque na-
tionale.
Il donne ensuite communication d'un récent arrêté ministériel
par lequel M. Alfred Leroux est nommé membre non résidant du
Comité des travaux bistoriques et scientifiques près le ministère de
rinstruction publique, et il y ajoute ses félicitations.
Le Président fait savoir que MM. R. Fage« Â. Leroux et A. Ber-
ger ont été délégués au Congrès des sociétés savantes qui se tiendra
à Alger le 24 avril prochain, et annonce que le prochain congrès de
la Société française d'archéologie aura liea, cette année, à Beauvais
du 20 au 28 juin.
Il est ensuite procédé à la présentation par MM. Leroux et
Mayêras, de M. Gabriel liajudie, élève en pharmacie à Limoges,
comme membre titulaire, et au vote sur l'admission de M. de Bar
^d*Argentat), comme membre correspondant présenté par MM. Fage
et Leroux. M. de Bar est élu.
Le Secrétaire général ënumère les principales publications adres-
sées à la Société depuis la précédente séance :
Le Bulletin de la Société archéologique de Brive (4* livr. de 1904)
contenant un essai sur le prieuré de Carlûs par M. de Vallon; une
étude sur la famille de Certain*Ganrobert par M. de Saint-Germain;
et le curieux récit d'un voyage hippiatrique à Pompadour et Auril-
lac, en 1809, par M. de Murât;
Le Bulletin de la Société archéologique d'Angouléme (t. IV), dans
lequel M. Blanchet publie de nombreuses lettres d'intérêt politique
adressées à Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, entre 1553 et
1562;
Le Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux (t. XXIV,
2* fasc), dans lequel M. Fernand Thomas rappelle (ce que nous
savions d'ailleurs) que le prétendu vitrail de Jeanne d'Albret a
appartenu quelque itemps à Jacques -Christophe Ruffln, ancien
avocat au Parlement de Bordeaux.
A propos du roman de Goulfier de Lastours que notre confrère,
M. Antoine Thomas, vient de publier dans la Romania (1*' fasc. de
1905), après en avoir donné la primeur à notre Société (séance de
novembre dernier), le Secrétaire général appelle Tattention sur le
Memoriale pro reverendo pâtre qui facturus est sermonem, donné en
appendice. C'est l'exposé des gloires de la famille de Lastours et
du haut rang qu'elle a toujours occupé en Limousin. Ce document
du X V« siècle est, en ce genre, le plus ancien que nous possédions.
Il signale encore le discours prononcé par notre confrère M. F. de
Labrouhe de Laborderie sur le Barreau de Bordeaux sous la Terreur^
et, dans les derniers numéros de Limoges Illustré^ un article de
N "-ik
842 SOCIETE ARCnéOLOGlQUE fit HtSTORtQUE DÛ LtMOUSlN
M. Fusade sur La Sonlerraine ; one étade de M. GharboDoier sur
le D' Pierre Mazard (de Saint- Yrieix), mort en i858; et une autre
de M. G. Thuillier sur le D' Vallon (de Limoges).
A roccasion du Catalogue général des mamucriU des déparie-
ments, la Société exprime le regret qu*un grand nombre de documents
et registres importants de notre Bibliothèque communale, appelés à
figurer dans le complément donné au tome XLI qui vient de paraître,
aient été oubliés par le bibliothécaire.
M. Mariaux communique un curieux registre des baptêmes et
mariages célébrés à Limoges ou dans le ressort du diocèse, entre
1795 et 1802, par un délégué, non connu, de Tévéque exilé. Ce
document, le seul de son espèce que l'on connaisse à Limoges, est
d^une écriture très lisible et provient de la succession de M. le cha-
noine Ardant, récemment décédé.
M. Vandières de Vitrac fait connaître une généalogie des de
Lasteyrie du Saillant, dressée en 1668 et différente en plusd*un
point de celle qui a été publiée dans le Nobiliaire limousin. Go y
a inséré quelques notes historiques et autres documents, dont il
est fait lecture.
Dans une étude sur Etienne Baluze, publiée par le Bulletin de
Tulle en 1898, M. Emile Fage, reproduisant une erreur qui remonte
à Tabbé Gouget, avait fixé à Tannée 1670 la date à laquelle le
célèbre érudit limousin fut nommé professeur de droit canon aa
Collège de France. S'appuyant sur VHistoire du Collège de France^
de M. Abel Lefranc, parue en 1893, M. Franck Delage démontre
que celte date est erronée. La lettre royale portant création d'une
seconde chaire de droit ecclésiastique en faveur de Baluze, aux
appointements de 600 11. (appendice H de Touvrage précité), porte
la date du 30 décembre 1689. Il résulte encore du même ouvrage
(appendice B) que notre compatriote fut syndic et inspecteur du
Collège de France, de 1707 à 1710, fait qui semble avoir été ignoré
des biographes de Baluze. — M. Delage fait remarquer avec raison
que la date de 1670 se justifiait beaucoup moins que celle de 1689,
si Ton tient compte des publications de notre érudit limousin.
Aux lien et place de M. Malevergne de Lafaye absent, le Secré-
taire général présente divers documents envoyés par notre confrère.
En premier lieu, un superbe évangéliaire du X« siècle, sur parche-
min, mesurant 0"24 sur 0"17, avec reliure moderne. L'écriture est
la minuscule romane, de date un peu indécise si les deux minia-
tures qui figurent dans ce volume n'appartenaient clairement à la
période des derniers Carolingiens. — En second lieu, Toriginal sur
parchemin de la bulle de suppression de Tabbaye de Grandmont,
1772, bulle publiée d'ailleurs depuis longtemps, par M. Guibert. —
PROcès-VEHBAUX DES SÉANCEâ 84S
Enfin, seize pièces de monnaie que M. Royer veut bien idenlilier.
Ce sont des blancs de Charles VII, des lestons d'Henri II, des don-
zains de Louis XIV et des centimes de la première République.
Un denier du XIP siècle, présenté par M. Gourtot, est également
identifié par H. Royer qui y reconnaît la monnaie de Robert,
comte de Ne vers.
L'ordre du jour appelle la lecture d'une étude de M. d*Abzac sur
Tassislance publique et les subsistances dans la commune de Pa-
nazol, de 1790 à 1795.
La population de cette commune étant composée en presque
totalité de journaliers et de cultivateurs pauvres, la municipalité
dut, toutes les fois que les mauvaises récoltes ou Tabus des réqui-
sitions publiques faisaient sentir trop vivement leurs effets, s'ingé-
nier à créer des ressources Emission d'assignats, souscriptions,
distribution d'un legs de 1.000 H., organisation d'un grenier public
alimenté par les propriétaires, autant de mesures qui furent tour à
tour appliquée.s. La municipalité fit plus encore : elle plaça les
pauvres en subsistance chez les riches et distribua à domicile des
secours aux vieillards, aux infirmes, aux parents des dérenseurs de
la patrie. Enfin, elle osa protester contre les exigences du directoire
du district, qui réquisitionnait sans cesse des grains et même des
porcs pour l'approvisionnement du marché de Limoges.
L'étude de M. d'Âbzac, Taite sur les registres de la municipalité,
s'arrête au 29 vendémiaire an IV en ce qui concerne la commune
proprement dite. A cette date, une municipalité cantonale, avec
Panazol pour cheMieu, fut créée^qui devait durer jusqu'au 29 flo-
réal an VIII. Elle comprenait les communes de Panazol, Coudât,
Rosmie, Saint-Just, Isie, Couzeix et Le Palais, et fera l'objet d'une
communication ultérieure.
La parole est donnée à M. C. Jouhanneaud pour la lecture du
mémoire de M. C. Pérathon (d'Aubusson) sur la fêle du couvent de
Rlessac.
De temps immémorial, le premier lundi du mois d'octobre est un
jour de chômage pour les ouvriers de la manufacture de tapisseries
d'Aubusson. Ce jour férié se nomme le jour du couvent, et les
veillées d'hiver commencent le lendemain. M. Pérathon croit pou-
voir rattacher cette dénomination à certaine fête du couvent de
Rlessac, que Ton trouve mentionnée dans une sentence de mai 1261.
Les Aubussonnais conservèrent, en effet, pendant des siècles,
l'habitude de s'y rendre, parce qu'ils s'approvisionnaient facilement
de toutes sortes de denrées et d'objets au marché qui se tenait
près du couvent. Cette explication, qui a déjà été proposée par
Gault de Saint-Germain, est vraisemblable, mais elle aurait besoin
844 sociéré archéologique bt HtsrôRtQUK du limousin
d*6tre appuyée de fails précis que M. Pérathon ne donne malheu-
reusement pas (1).
L'ordre du jour étant épuisé, le Président rappelle qu'en raison
de la date tardive à laquelle tombent les Pâques, la prochaine
réunion de la Société est remise au mardi 2 mai. Il espère que la
seconde livraison du Bulletiny dont la distribution est retardée
par le manque d*une planche, pourra paraître d'ici là.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire général,
ÀUred Leroux.
SÉANCE DU 2 MAI i90ff
Présidence de M. C* «ioahanncaud» vlce-préaldeiit
Présents : MM. Aubert Berger, Gourtot, F. Delage, Fusade, Lagué-
renne et A. Leroux.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance qui est adopté sans obsen'alions.
Il est procédé au vote sur l'admission de M. Gabriel Lajudie,
élève en pharmacie à Limoges, dont la candidature avait élé pré-
sentée à la dernière séance. Il est élu comme sociétaire.
Le Secrétaire général donne le détail des publications reçues
depuis la dernière réunion, en faisant ressortir les documents de
nature à intéresser la région.
Notes paroissiales de géographie historique pour la Haute-Vienne,
par J.-B. Champeval. Gette première partie se rapporte au canton
et à la commune de Limoges.
Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de
la Creuse^ 2* série, tome neuvième, contenant une étude de Louis
Guibert, ayant pour titre : Histoires de sorciers; des notes sur les
Sociétés populaires dans la Creuse pendant la Révolution^ par
M. Louis Lacrocq ; Aigurande depuis l'époque gauloise jusqu^à nos
jours, par M. Gabriel Martin.
Lemouzi littéraire, livraison d'avril 1905. — Ce numéro est con-
sacré à la mémoire du chanoine Joseph Roux, décédé à Tulle le
4 février dernier. On y trouve, avec une élude sommaire de ses
œuvres, une esquisse de son existence longue et fructueuse. Il est
l'auteur de Pensées ^ de la Chansou Lemouzina, de diverses poésies
(1) Voy. ci-dessus, p. 372 et ss.
l^ROcàs-VBRBAÙX DBS SEANCES
doot deax yolumes de poésies limousiaes, et de la Lengua i'or,
diclionnaire de la langue limousine.
Le Bibliaphik limouHn^ publié par M. Paul Ducourtieux, n* de
janvier 1905, contenanl la suite des études de M. Ducourtieux,
Cantribuêion à Fhist^e des périodiques limousins ; — Un petit-fils de
Pourceaugnac, étude de M. Camille Jouhanneaud sur un ouvrage
en Tonne de roman, publié en 1809, sans autre indication d^auteur
que cette mention Par l'auteur des Jeannot et Jocrisse (d'Orbigny).
Bulletin de la Société des amis des sciences et arts de Roche-
ehouartj t. XIV, n* 3, avec une notice du D' Marquet sur les répa-
rations de réglise de Biénac en 1761 ; un article de M. d'Àbzac
sur les Puits romaifis de Chassenon ; Les Tumulus, par M. Masfrand,
et la suite de l'étude de M. Gaumy, sur le Droit de haute, de
moyenne et de basse justice sur le bourg d^Oradour-sur-Vayres,
Congrès archéologique de France. — Compte rendu des séances
générales tenues à Poitiers en i 90 3 par la Société française d'archéo-
logie. Ce volume contient un article descriptif de Téglise collégiale
du Dorât des XI* et XII* siècles, saur le clocher principal qui date
du XIII*. Une notice de M. le chanoine Colon, sur la Crosse de la
cathédrale de Poitiers, à propos de laquelle l'auteur mentionne le
retard architectonique de lorfèvrerie limousine.
Le Mémorial de la Creuse^ portant la date du 20 avril 1905, rela-
tant le compte rendu du banquet offert, à Saint^Yrieix-la-Monta-
gne, à M. Antoine Thomas, membre de riastitut, originaire de
cette commune, et le texte des toast et discours prononcés à cette
occasion.
Le Secrétaire général signale le fascicule d'avril de la Revue des
questions historiques (page 420), qui nous apporte des détails nou-
veaux sur la nomination de Pierre de Montbrun à Tévéché de Li-
moges en 1426.
Parmi les prisons ecclésiastiques du diocèse de Limoges, on
connaît celle des Cordeliers de Bois-Ferru, canton de Bonnat et
commune de Linard (Creuse), M. Leroux prouve qu'il en existait
une autre à Brouzeau, commune de Saint-Léger-Magoazeix (Haute-
Vienne), qui était celle des Grandmontains (G. 478 du fonds de
révéché).
11 est présenté un plan des anciens bancs charniers situés entre
la porte Boucherie et la porte Manigne» occupant l'emplacement
actuellement compris entre la rue du Canard et celle du Verdurier.
Ce plan a été dressé en ^^H9.fArch. hospital. de Limoges, B, 2d/
M. A. Leroux donne lecture d'une étude de M. Louis Guibert sur
les lépreux et les léproseries en Limousin.
L'existence de la lèpre en Occident et en particulier dans diverses
T. LV 56
846 SOCIÉTÉ AnCHÉOLOGiQUÈ ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
régions de la France est atleslée dès ie moyen âge. Elle pril au
commencement du Xll* siècle un développement énorme et devint
commune dans certaines provinces; mais elle sévissait depuis
longtemps, et Taulorité, dès le VIII* siècle, avait cherché à séparer
les lépreux du reste de la population, comme cela existait dans
l'antiquité. D'après une disposition des capitulaires, la femme d*un
lépreux pouvait, avec le consentement de son mari, rompre le lien
conjugal et prendre un autre époux. Placés sous la protection des
évéques, les lépreux furent Tobjet de leur intérêt et les premières
maisons où ils furent recueillis sont de fondation épiscopale. On
distinguait les personnes affligées de la lèpre dite lèpre blanche,
et celles plus cruellement atteintes qu'on désignait sous le nom de
ladres rouges.
Après les Croisades, l'extension que prit la maladie fil créer de
nombreux établissements pour isoler les lépreux. Sons Louis VII,
il en existait deux mille en France, et au XIIP siècle il se serait
créé dix-neuf mille établissements nouveaux, si Ton en devait croire
le Dictionnaire de Larousse.
Les maladreries étaient placées autant que possible près d'une
source ou d*un cours d'eau dans la campagne.
Dans certains pays, les lépreux étaient considérés comme civile-
ment morts et déchus de toute capacité et de tous droits. La no-
blesse échappa à cette restriction de liberté. Beaucoup de grands
seigneurs croisés, affligés de la lèpre, vécurent dans leurs chftleaux
et n'abandonnèrent pas leur famille. Dans les monastères, on se
borna à donner aux frères atteints du mal une cellule à part dans
les dépendances du cloître.
On ne pouvait avoir partout des léproseries distinctes pour les
hommes et pour les femmes; mais dans celles qui n'étaient pas
séparées, il y avait des locaux affectés à chaque sexe. Les lépreux
constituaient une communauté ayant un caractère religieux et où
l'on faisait des vœux analogues à ceux des ordres monastiques. Il
semble qu'en tout temps les malades pouvaient se marier entre eux,
et il y avait dans les léproseries des maisonnettes réservées à ces
ménages.
La lèpre, rare en Limousin jusqu'au début du XII* siècle, y
apparaît plus commune à partir de cette époque et il se fonda
beaucoup de léproseries dans notre pays. On peut citer la comman-
derie du Saint-Esprit, à Gonfolens ; la maladrerie de Saint-Jacques,
àAixe; celles de Saint-Junien et de Saint-Léonard, l'hôpital de
Magnac et la maladrerie de Chftlus ; à Limoges, la léproserie de la
\laisonDieu et celles de Notre-Dame des Arènes et de Monljauvy.
Il est donné lecture d'un travail de M. Drouault sur la commune
PROCès-VEBBACX DSS SÉANCES 84*7
de Sainl-Sulpice-Ies-Feuilles, formant une monographie très com-
plète.
L'auteur décrit la situation de la commune et en détermine les
limites et l*étendue. Il fait rénumération des cours d*eau qui larro-
scnt et dont le plus important est la rivière de la Benaize.
La population s*est rapident accrue; en 1793 il y avait seulement
1,250 communiants, et le recensement de 1896 accuse 2,008 habi-
tants.
Le nom de Saint-Snipice vfent de Sulpice>Ie-Pieux, né à Vatan,
dans le Berry, aumônier de Glotaire II et évéque de Bourges. La
situation du chef-lieu dans un pays boisé lui a fait donner le nom
de Saint-Sulpice-Terreaux-Feuillei, et en 1547, de Saint-Sulpice-les-
Feuilles.
C'est un bourg coquet, au croisement de plusieurs routes. La
localité est de formation moderne, le commerce y est prospère, on
y a compté jusqu'à soixante négociants. Un bureau des postes a été
créé en 1842, le télégraphe y a été établi en 1870. La recette de l'en-
registrement date de 1843 et la gendarmerie de 1857. II existe un
comice agricole depuis 1868, qui se tient chaque année au cheMieu
du canton, au mois de septembre. L'ancienne église paroissiale
a été démolie en 1848, elle a été reconstruite sous la direction de
M. Victor Gay, architecte, et consacrée en 1851. Elle contient deux
reliquaires très remarquables qui viennent de l'abbaye de Grand-
mont : l'un représente un ange portant un globe, l'autre est enrichi
d'émaux peints très anciens.
Dans son élude, l'auteur relate des lettres de rémission accordées
par Charles-Quint à Mathurin Pot, retenu dans les prisons de Saint-
Denis-les-Pariz, pour avoir trop vertement châtié un individu qui
lui avait volé du bois.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire adjoint ^
René LAGOÉRBniifi.
SÉANCE DU 30 MAI 1905
Présidence de M* C* Jlonhanneaud, vlcse^préaldent
Sont présents : MM. d'Abzac, Ânbert Berger, Boulaud, Blancher,
Courtot, F'ranck Delage, Ducourtieux, Fusade, C. Jouhanneaud,
Laguérenne, A. Leroux, Maurat-Ballange, Mayéras, Moufle, D' E.
Raymondaud, Royer, Touyéras.
f
l^fi prjocèç-yerbjil de la séaQjce pri&cédephP P^t lu !^f a^ioplé ^pnès
quelques rectifications.
ILe S^pf^t^vfi général ^gqalp, fia,m 1^9 oayragps rppeaififeat
pjiruç, )iss articles et docaments qn\ ^ptéressei)t nptre provin.cè :
Dans le fiecueilfte pAcadéffiiede9je^xfiorff^xde fo^lous0 (19DS),
le? Visions grecqufs^ troi« j&légjfmts spnuets de M"» Suzanne Ver-
gplaud (4e Li^ioges), qui ^, obtenu en récompieiis^ une primevère*
Dans le Journal des Débats du 3 mai 4905, un court article dans
lequel M. AnL Thoqa^s pi^pliq^e ^^¥pression « Poules et Coqs
Limoges n, qui se r.ei^pontre daqs qpplqyps textes de \^ France du
Nprdau wpyenige.
Les galUnac^9 aipsi désignés ne sppt autres que les faisans, dont
la livrée éclatante a été instinctivement comparée aux prqduils
{qulticolores de Témaillerie (irpousinp.
Paqs (a Bibliotl^qu^ de V^cole des çfiartes (t. LXVI), U meniion
(jl'un registre de comptes de la Gn du XV* siècle qpuv^lleqiient entré
à )4 Bibliqi()èque natiopale (nouv. acq. U(. 1884). H^. Leroux fait
qbsçirver que, contrairerpei)^ au dife dp rédacteur du catalogue
(p. 7), ce pegi$tr^ de coipptes provient dei Bripude {Brivatutn) et
ppp d^ Brive {Briva),
Le Ifemouzi de mai 190tf, où se Irppye pne nqt|ce de U. V. Foro(
sur la cppimi^ne 4e f^guenne, — et pu article anonyme sur Bf . le
I)T Y^ljon (de Paris), Tun de nos plus distinguas compatriotps.
Le$ Ç\^iio$Ués de /(i Bibliqfirqpbie Hmous^ney par un Bibliophile
corrézien (M. Clément-Simon). C'est le recueil d'pne longue série
d/^lud^s, p^rne^ ()*&bQpd ((an^ le ÇipJiçgfhih limousin, sur une foule
dp ppiq(9 ftbscpn de flfltre histoire lilférftife. Lenteur y a f^it
prpuYp d*pnp érudiMflP 4Hs$i at^qnd^nte qup prépjse.
M. Haurat-Ballange fait circuler le dessin de deux plaqqes de che-
minée (style Louis XIII} provepaqf f|e sa prqpnétp des Etangs,
commune de Lsi^igq^c.
Dp U part de M. Henri de Lavillatte, M. Tabbé A. Lecler soumet
la reoroduction d'une superbe plaque de cheminée du château de
Lavillatte (Creuse), aux armes de la famille Dissandes de Bogenet
de Lavillatte de Monl^vade. L^o^uyre paralf cfu XV* siècle. A ce pro-
pos, la Société demande que M. Tabbé Lecler, qui possède les copies
de bon nombre de plaques de ce genre, veuille bien en faire profi-
ter le ^t/tHetin.
M. le D' Fournie envoie une figurine en bronze trouvée dans
rapcl^n château d'Aixp. Gçitp fignrine, qui rpprésç^fe un s^pAlre,
peu(-^tre sfiiqt P^ul, q^esure enyifon QT^i^ ^e hc|uteur e| est pour-
vue d/iin certain nombje de ${|pli|irs. G'çst un^ pièce d'applique qui
peut remonter au XIV* siècle, sinon au XIIP.
pàoùiS'xiRtxvx des siLiNCKS H^
Bl. Ûuéottrtieut pré'se&le anë ntionnaie en or trouvée à Ô^jat
(Côfrèze), au type de Terâperèàr cTAIléiïii^e Sigrsmoiid, mort en
1438. Cette moi^naîé a ^è ùidàHlè, répais^eàf ei ié poid^ des ][ilëces
françaises de là même époqae. A Tavers nn globe surmonté dPàne
croix, avec la légende « Sigismv'dvs » ; au revers Téibpereur éëhbiii
et de face tient un sceptre ffeur(^èfii^ ; là légende est èiffa^céè.
Dans rttisiôire de Charles Ylil oubliée par fiodéfrô:^ en' <Mfl,
M. A. Leroux a relevé un acte de 1^ par lecjfué^ Cha^teé dé Ci^fj,
prince de Chinlay, TieutenanC et capitaine général' ou coMVé <ïè ti^f-
naut, s'engage envers le roi de France S observer la ^i\i de Senïïs.
Ce de Groy de Chiraay est dit vicomte d^e Limoges, ce quî est Hk
toute impossibilité, pttis(}ue la vicomte Hé Limoges' était aTôVs aù^
mains d^Alaîn d'ÀIbrèt. II y à eu dans fa famille tfes dé Gi^oy dé
Chimay une branche, les Liiiiosin d'Alheini, que menl!ionne VÀrikù'
fiai générai ùe^ d'riozi'ér (Vl, page 3). On peut se rfenVânder s'îï nW
aurait pas eu, d'é la part de Gôdefroy, une côn/ûsibn résoltailt de
cette qûasi-homonymie.
M. Leroux signale encore, dans le cabinet de M. le seci^é(^a?i^e éii
chef de ThApital de Limoges, une inscription sur cuïvre eu ofuàtorze
lignes, i]ui porte la date du 4*5 février 1594. C'est on' arrêté des jti^s
de police de Limoges relatif à la mesure des bois du Naveix. ^
La Société s'entendra avec If. le secrétaire de Thôpital pttur raire
photographier cette curieuse inscription (1).
Rappelant la relation que le voyageur /ouvin de Rochefort' nous
a laissée de son passage à Linioges, M. Leroux ibohtre que cette
relation date, non point de 1671 comme on l'a cfu jusqu'ici, mais
de mars 1660, puisque Jouvin dil'éxpressénient qu'il assista à l'en-
trée de M. de Turenne, gouverneur de la province (Gf. lé Bulletin,
XXX, 313 et XXXII, 138).
M. le Président demandé que la Société ratifie le choix qû\ a été
fait par le Bureau, de Grozant pour but de l'excursion projetée au
lundi de Pentecôte prochain. M3f. Laguérenne, Ducoui'tieuj^ et
A. Berger sont chargés de préparer cette excursion.
La jiàrole est donnée à M. d'Abzac pour là lecture de la biogra-
phie de Marc-Antoine de Muret, que Isaa'c Brulàrt à insérée dans le
tome II de VAcadémiô des sàiences et arts (Bruxelles, 1682).
G'est une apologie qu*il faut connaître, mais qui n'ajouté rien' à
ce que nous apprennent les contemporains du célèbre lîutiiànlst'e.
Par contre, M. d'Abzac signale à la Bibliothèque nationale Texis-
tence de dix-huit portraits de Muret, qu'a fait relever M. teisserènb
de Sort. M. Fray-Fournier en avait déjà mentionné quatorze dans
son Catalogue des portraits limousins.
(1) Voy. ci-dessus, p. 816»
B50 SOCIÉTÉ ABCHÉOLOGIQUB ET HISTORIQUE DU LIMOUSni
L*ordre du jour appelle la lecture de M. Maurat-Ballange sur on
arrêt du présidial de Limoges de 1659. Cet arrêt, qui figure dans le
Recueil du célèbre juriste forésien Claude Henrys, témoigne du
grand progrès que riosliluUon des présidiaux avait fait accomplir
à l'administration de la justice (1).
Il s'agissait en l'espèce de Jacques Bouchaud, baron des Etangs,
propriétaire de la seigneurie de ce nom, en la commune de Ladi-
gnac, qui avait frappé un juge du nom de Guillaume Bouibet, et
pillé ses biens. La cour présidiale décréta le coupable et ses com-
plices de prise de corps. Comme ils faisaient défaut, elle insliloa
une enquête et, sans s'occuper davantage des comparses, déclara
le baron suffisamment convaincu du crime de vol et violence» et
comme tel déchu de sa noblesse. Elle le condamna ensuite à faire
amende honorable dans les formes accoutumées et à expier ses
torts par dix années de galères et une amende de 4.000 livres.
Mais le coupable en appela au parlement de Bordeaux et réussit à
créer un conflit de compétence. L'affaire fut alors portée an grand
Conseil du roi qui, après examen, affirma la compétence dn pré-
sidial. Mais nous ne savons rien de plus, ni dans quelle mesure fut
exécutée la sentence prononcée par cette cour contre le baron des
Etangs.
M. Camille Jouhanneaud donne lecture des notes par lui recueil-
lies dans les documents du temps pour servir à l'histoire de la
musique à Limoges entre 1800 et 1818. Il résulte de ses recherches
que, dès ce temps, le goût de la musique, qui remonte bien au delà
de la Révolution, était assez prononcé dans notre ville. Sans insis-
ter sur le théâtre, où cet art trouvait sa principale manifestation,
comme l'a montré M. Fray-Fournier dans une notice à laquelle il
convient de renvoyer (2), M. Jouhanneaud étudie la place impor-
tante que tenait la musique dans les réunions du premier Empire,
nou seulement dans les concerts publics ou privés, qui étaient alors
fréquents, mais encore dans toutes les fêtes et solennités civiques
ou ecclésiastiques.
L'étude de l'art musical était fort en honneur dans les familles,
dans les écoles, et notamment au Lycée institué en 1806. A cété des
amateurs, qui étaient nombreux et pleins d'initiative, il y avait des
professionnels, des artistes, dont le plus connu était M. Crémoo.
M. Jouhanneaud en cite quelques autres et parle, en terminant, de
la musique de la Garde d'honneur, très en vogue, et qui avait poor
chef et sous-chef deux notables habitants de Limoges.
(1) Voy. ci-dessus, p. 792 et ss.
(2) Voy, Limoges Illustré, juillet-octobre iOOO; tirage à part.
PROCiS-VBiiaAUX DBS SÉANCES %M
Nécessairement rapide et succincte, l'étude de notre confrère
touche maintes fois aux événements de l'époque et aux faits sail-
lants qui avaient leur répercussion dans la vie sociale. Par là encore
elle éveillera auprès des lecteurs le vif intérêt qu'elle a provoqué
chez ses auditeurs.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire géfUral,
Alfred Leroux.
SÉANCE DU 27 JUIN 1905
Présidence de M« le IK Fournie» président
Sont présents : MM. d*Abzac, Aubert Berger, Franck Delage,
Roger Drouault, Ducourtieux, Georges Guibert, C. Jouhanneaud,
Alfred Leroux, P. Mariaux, Barthélémy Mayéras, S. Mazeaud,
Touyéras.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Au sujet de l'expression « Poules et Coqs Limoges », que M. A.
Thomas a si bien interprétée en montrant qu'il s'agissait de fai-
sans, M. Ducourtieux propose d'y voir une allusion aux anciennes
étoffes de couleur éclatante, connues sous le nom de limotgiatures.
Sur la demande du président et l'avis conforme des membres
présents, il est décide que les séances mensuelles de la Société ne
commenceront désormais qu'à huit heures et demie.
M. G. Jouhanneaud fait circuler deux photographies prises lors
de la récente excursion de la Société aux ruines de Grozant, excur*
sion dont M. Laguércnne rendra un compte détaillé (1).
Le Président expose en quelques mots où en est le projet du
monument Guibert. La Société et la famille se sont prononcées
pour l'une des deux maquettes proposées. Il ne reste plus qu'à
régler administralivement l'acquisition de l'emplacement au cime-
tière.
A propos de la publication de la notice sur VŒuvre historique de
Louis Guibert, par M. Alfred Leroux {Bulletin, LIV, 390), M. Ph. de
Bosredon écrit pour faire observer que, dans la préface de sa Sigil-
lographie de la Haute Vienne^ il a rappelé le nom de M. Guibert
par les mots suivants : « Il veut que le recueil auquel il a si utile-
(1) Voy. ci-dessus, p. 777 et ss.
9!^% sociéré AncBéoLC^GiQOB bt bistomovs bu limousin
m^t collaboré soit signé de moi sm); je cède, rea» û m est Mitant
que malmène TaBleor ».
Ea ce fai touche M. Alt>ert Gérardhi, M. de Bosredae ajoute
cfttll est le preoiier à regreller êe n'arolr point été nis au eoarMi
de sa collaboration. Le nom de M. Gérardin ne lui a pas été feuni,
par suite d'une omission inyolontaire dans la liste dea cMpéraleirs
locaux de son o&UYre.
M. le Seerétûre général rend compte des ouvrages reçus depuis
la dernière séance :
Le Bulletin de la Société des lettres de Tulle (déc. 1904), dans
lequel il faut signaler la notice de VL Berlin sur le général Malerre,
et celle de M. René Page sur les fêles publiques à Tulle pendant
la Révolulion ;
Le Bulletin de la Société archéologique de Brive (mars 1908),
dans lequel M. Foroi s'occupe du Royal-NaYarre-^^erie, caserne
dans la Gorrèze en 1790, — et M. de Lépinay examine la question
de saroir si le pape Sixte-Qoini sérail d'origine limousine ;
Le Bibliophile limousm (avril 1965), dans lequel M. Ducourtieui
continue ses recherches sur la presse locale au temps de la Révo^
lulion ;
La Revue des idées (juin 190S), où l'on trouve un article de M. Paul
Yerdier sur la corporation des bouchers de Limoges au XtX* siècle,
articte judicieux, mais qui n'apporte rien de nouveau;
Les Procès-verbaux du conseil municipal de Limoges pour 1904.
M. René Page oflTre la notice biographique qu'il a consacrée à
la mémoire de Louis Guibert; M. Louis Page, une étude sur la
forme épitoque de Nereis fucata Sav;
M. Alfred Richard, archiviste de la Vienne, deux brochures qu il
a publiées en réponse aux critiques de M. Lot, sur ïHistoire des
comtes du Poitou.
M. Leroux signale comme un ouvrage de mérite la thèse
que M. l'abbé Aulagne vient de composer sous ce titre : Un siècle
de vie ecclésiastique en province : la réforme ecclésiastique dans le
diocèse de Limoges au XYIP siècle. Les renseignements y sonlextré-
moment abondants, le plan en est clair, Tesprit assez indépendant, le
style simple et approprié au sujet. C'est la plus forte contribution
qui ait été apportée jusqu'ici à l'histoire du XYII* siècle limousin.
U est donné lecture d'une lettre de M. Baliot, fabricant de por-
celaine à Limoges. L'auteur proteste contre une assertion de H. G.
Leymarie qui, dans son étude sur l'art dans la porcelaine {BulhUn,
LIV, p. 319), a écrit que la fidbricalion du biscuit est abandonnée à
Limoges depuis la disparition de la maison Laporte.
Cette assertion, vraie au moment où- elle fut écrite, ne Test plus
ftujoord'bw, grice à H. Batiet, qm a pris te svile de M. Rayoïdnd
Laporleet reteTé so» genre.
M« R. Drouanll fait circuler «ne KChograpbîe cenflerrèe chez
M. Haurensanae, so» beau^përet à Vemeailr el reprèBentamlr peut-
être d'après une peîatare petène^ MV Bfag; é'AodaleiXy veove
d'un trésorier de ce nom, qnî faisati partie du bvreaa des ftoances
de Limoges avanC la Révotniien.
M. Anteiae Tbomas ew<m an extrait des Procli-frrtatiar dm
conseil de régeme de Charles F///, où it est dit (foe le greffe de la
sénéchansiée de Lknoges, la prévôté de Hasléon et de Lar on se
baillent à fènne et sont du domaine royal (p. 10ft).
M. le I^' Fournie présente une statuette en pierre, dite de Pot^
tiers, mesurant environ e",40 de bauteor, tronvée dans les raines
d^Mie cbapeHe sise k trois kilomètres de Limoges. Cette statnett^,
qui semble de hi Sn in Xll^ siècle, représente probablement saime
Agnès. Elle porte une couronne, tient de la main droite une épée,
et un livre de la main gauche. Malgré le manque de proportions^
elle offre an certain- caractère artistique qui la recommande à
Tattention de l'archéologue.
La démolition, qui se poursuit actuellement de Tancienne église
de Sainte-Félieité, au bas du faubourg du Pont-Saint*Martial, four-
nit à M. Ducourtieux Toccasion de nous parler de cet édifice. Ce
Alt, jusqu'à la Révolution, Tune des seize paroisses de Limoges,
malgré ses dimensions restireintes : six mètres sur dix-huit mètres.
Elevée sur les ruines d'une chapelle beaucoup plus ancienne, elle
datait, sous sa forme dernière, du XIII* siècle. La première image
que nous en ayons, fut f^ite par un moine de Tabbaye de Saint*
Martin en 1S98. Jouvin de Rochefort en 1680, Trésaguet vers 1777,
I^ont fait figurer sur leurs plans de Limoges, et Tantiquaire Beau»-
mesnil s'est plu à la représenter sons des formes embellies qui ne
peuvent tromper l'archéologue. M. Gourtot a tait une reproduction
du monument. Près dfa maître-autel, M. Ducourtieux a constaté
Texistence d'un caveau servant de sépulture et orné de peintures à
ft*esque, de dhte indécise.
En examinant te contenu d'un terrier de Tancien chapitre de
Saint-Léonard, H. Leroux a trouvé une proclamation des consuls
dis cette ville, datée de 144S, et qui a trait au don fait par le roi
GharlesYn d'un reliquaire d'argent à Téglise de JSainl^Léonard (1).
Il y est dit que ce reliquaire a la forme de la Bastille de Paris, ce
qui confirme dé tout point un passage de VHiHàirê de Saiid^
Léonard, publiéepar Orouspen 1760.
(1) Bublié dan&le £u//e(i/i archéologique du MinUtère, 1905.
854 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
La parole est donnée à H. Franck Delage pour enlretenir la
Société de neuf lellres inédites de Marc-Ântoine de Muret, communi*
quées par H. de Noalhac, conservateur du musée de Versailies. Ces
lettres proviennent des bibliothèques de Rome, de Sienne et d* An-
vers. Les unes sont écrites par Muret, en qualité de secrétaire de
hauts personnages, à Marie Stuart, à Fempereur Ferdinand I" et
au pape Grégoire XIII (1870). Les autres sont des lettres person-
nelles de Muret adressées à Paul Manuce, Fulvio Orsini, Christophe
Plantin et autres lettrés dn temps (entre 1561 et 1884).
Conformément à Tordre du jour, M. Camille Jouhanneaud donne
lecture d'un historique très bref de la musique en Limousin, anté-
rieurement au XIX* siècle^ pour servir de préface au travail qu il a
lu, lors de la dernière séance, sur le mouvement musical à Limoges
pendant le cours de ce siècle. Il a voulu, par cet exposé rapide,
qui ne peut avoir un caractère documentaire, rappeler sommaire-
ment les origines de son sujet et le lien qui unit le passé au
présent.
On ne saurait, dit-il, pour déterminer ces origines, remonter au-
delà du haut moyen &ge. Hais, à partir de Vinstitution du plaio-
chant, le culte de la musique se manifeste dans notre pays tout
d'abord par les chants religieux des églises et des monastères, par
les représentations thé&trales, par les compositions profanes des
troubadours et les chants populaires de toute sorte. L'auteur note les
influences et les modifications successives qui se sont produites en
Limousin dans la musique sacrée ou profane, avec la marche des
temps et les progrès de l'art, en observant qu'au XVII* siècle, les
manifestations de cet art paraissent moins fréquentes dans notre
ville qu'aux âges précédents, et qu'il faut arriver au XVIII* siècle
pour constater à Limoges, du moins dans les rangs de la population
aisée, le goût des réunions, des fêtes mondaines, des concerts de
société et du thé&tre.
De son abondante monographie du canton de SaintSulpice-
les-Feuilles, M. R. Drouaull lit quelques passages relatifs à la com-
mune d'Arnac-la-Poste, appelée de ce nom depuis 1700 seulement.
Le nom de Arnac-Laval, Ârnac-Montmorency, qu'on essaya de lui
imposer, ne put prévaloir. L'auteur signale le passage de quelques
grands personnages, montre la confusion que les historiens ont
faite à maintes reprises entre Arnac-la-Poste, Àrnac-Pompadour et
Darnac, et expose les péripéties d'une singulière émeute, qui eut
lieu en 1843, pour empêcher le transfert à Saint-Sulpice-les-Feuilles
du bureau d'enregistrement fixé, jusque-là, à Amac.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire général,
Alfred Leroux.
PIIO€i5-VBnBAUX DBS SEANCES 855
SÉANCE DU 28 JUILLET 1908
Pré«ldeo€se de M« le D' Fournie* président
Présents : MM. Aubert Berger, Gourtot, Ducourtieux, Fusade,
Camille JouhaDoeaud, Laguérenne, A. Leroax, Mayéras, S. Mazeaud,
Royer.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance pré-
cédente, qui est adopté.
M. Camille Joubanneaud, vice-président, offre à M. le D' Four-
nie, président de la Société, les sincères félicitations de tous les
membres à l'occasion de sa promotion à la dignité d'officier de la
Légion d'bonneur.
M. Fournie remercie le vice-président et les sociétaires de cette
marque de sympathie, qui lui fournit l'occasion d*affirmer une fois
de plus son allacbement à la Société archéologique.
M. Alfred Leroux présente les ouvrages reçus pendant le mois,
en signalant d'une mention particulière les articles qui se rappor-
tent au Limousin.
Revue scientifique du Ltmousm, numéro du 18 juillet 1908, conte-
nant, entre autres travaux pouvant intéresser la région, une étude
de M. Ducourtieux sur la voie romaine de Tintignac à Limoges.
Bulletin de la Société archéologique et historique du Périgord,
livraison de mai-juin 1908. Dans ce fascicule, M. R. Villepelet
insère des notes et documents sur la navigabilité de la Vézère
en «606.
La Grange-ChanceU poète périgourdin, par M. A. Dujarric-Des-
combes (imprimerie Joucla, Périgueux, 1908). L'auteur de cette
courte notice s'attache à faire connaître la physionomie très origi-
nale de ce poète, qui mourut en 1788.
Communications. — M. Antoine Thomas envoie une courte com-
munication sur Jean de Lermile, capitaine de Chalucet au XV* siè-
cle, en montrant que ce nom est le seul admissible, en dépit des
doutes que peut présenter la lecture de manuscrits. Par consé-
quent, il faut renoncer à la leçon Larunte, qu'avait adoptée
M. Louis Guibert.
M. F. Delage a trouvé, dans un registre factice de la Bibliothèque
nationale (collection Dupuy), deux lettres autographes et inédites de
Marc-Antoine de Muret. Ces deux lettres, adressées de Rome à
t^ SOCIÉTé ARCR^OLÔÛIQUE ET flflSTÔÀIQUÉ DU LIMOUSIN
Claude Dupuy, avocat aa parlement, à Paris, contribuent à faire
connaître Tactivité intellectuelle de Muret et le souci qu'il prenait
d'entretenir des relations suivies avec les lettrés et les érudits de
France (1572 et 1573).
M. Delage a trouvé, dans un autre volume de la môme collection,
une lettre autographe de Martial Mosnier, originaire de Limoges,
poète fatin asse^ distingué et avocat à Bordeaux. Cette lettre (1582),
adressée à Loysel, avocat général du roi à la cour de justice d'Agen,
a pour objet de recommander à ce personnage influent d'accélérer
la marche d'un procès auquel Mosnier s^intéressait vivement'. Les
documents relatifs à Martial Mosnier sont extrêmement rares.
Lectures. ^ M. René Laguérenne fait un compte rendu. délaîHé
de rexcorsion-de la Société dans la Creuse, qui a eu lieu te 12juin(l).
Le temps menaçant au départ s'est rapidement modifié et le soleil
a favorisé la partie. Les touristes ont visité le chftteau des Places
et son antique chapelle.
Ce cb&teau fut, au XV* siècle, le fief du seigneur Jean Goudeville
et fut habité, sous Louis XIII, pir la famille des Foucault.
La deuxième étape du voyage est la célèbre forteresse de Crozant,
que l'on a appelée une des ruines les plus majestueuses de France.
C'était un point de défense important, élevé au confluent de la
Creuse et de la Sédelle, qui protégeait la frontière septentrionale
des Wisigoths.
Après le démembrement de l'Aquitaine, Crozant passa aux
comtes de la Marche, et en l'an 1199 Hugues XI de Lusignan réunit
sur sa tête le gouvernement de toute la Marche, dont Crozant était
la principale forteresse. Saint Louis s'en empara et la forteresse
passa de la famille de Lusignan aux rois de France.
En 1327, Charles-le-Bel échangea le comté de la Marche avec
Louis de Bourbon contre le comté de Clermont en Beauvaisis, et,
depuis celte époque jusqu'en 1435, il appartint aux membres de la
famille de Bourbon.
Pierre I*' de Bourbon nomma Guillaume Foucaud, seigneur de
Saint-Germain-Beaupré, gouverneur de Crozant.
Après la bataille de Poitiers, le prince Noir attaqua Crozant et fut
obligé d'en lever le siège.
Pendant les guerres de religion, Crozant fut le théâtre d'une lutte
terrible contre les huguenots.
Sous Louis XIII, le château fut vendu avec faculté de rachat à
Henri I^oucaud, seigneur de Saint-Germain. En 1768, les héritiers
(1) Voy. ci-dessus, p. 777 et ss.
^ROcÀs-VEiiBAûx Des séANCEd iil
d'Anae-FraQçoise Fpacaud yendirient CrozanI 4u marqujs Nicolas
Doublet de Persan, aa préjudice duquel il fut saisi par François
Pidapsas de Haueberl, écuyer du foi, pour une dette de 3.000 livres.
En 1786, les comtes de la Marche se rendirent acquéreurs des
restes de la forteresse. Le propriétaire actuel est le comte Attale de
la Marche.
Après une promenade aussi agréable qu'instructive dans les rui-
nes, les excursionnistes trouvèrent à Thôtel Lépinat, une table bien
servie et durant le repas la plus franche gailé n^ cessa de régner.
La Société avait pour guide M. Tabbé Rouzier, cpré de Crozant,
auteur de T histoire de la vieille forteresse, qui mit gracieusement
le résultat de ses études, augmenté du charme d(9 son atnabilité, au
service de la Société.
Après Grozan^les excursionnistes visitèrent Fresselines, dont les
paysages accidentés attirent chaque année de nombreux artistes. On
remarque, à quelques centaines de mètres de la localité, la rustique
et coquette demeure de roman qu habita le poète ftollinat. Les sites
les plus remarquables qui avoisinent la localité furent explorés et
Ton put admirer le vieux ch&leau du PuyguilloQ et le confluent des
deux Creuses.
Un repas au b|i(Tet de la gare de Saint-Sébastien termina la jpur-
née et des toasts furent portés par le président, notre aimable çicét
rone, M. le curé de Crozant et le secrétaire.
M. Ducourtieux lit ensuite une étude sur l'imprimeur Antoine
Blanchard qui était, en 1S14, Tassocié ou peut-être sirnplemeqt le
correcteur de Richard de la Nouaille, imprimeur et libraire & Limo-
ges. M. Ducourtieux se range à celte dernière opinion. Hlaochard
alla plus tard fonder une imprimerie à Lyon. Nous possédons les
titres des ouvrages imprimés par lui de 18i29 k 1K32 et, dans pres-
que tous, il fait suivre son nom de celui de sa ville natale : Lemovi-
censis. M. Ducourtieux remarque que R. de la Nouaille avait com-
mencé par être libraire et que, lorsqu'il devint imprimeur, il eut
besoin de s'attacher un professionnel pour suppléer à son inexpé-
rience. C'est une nuance qui peut être juste et, dans ce cas, Antoine
Blanchard ne devrfti( pas flgqrer parmi les imprimeurs de Limoges.
Cependant, il est certain qu'il habita cette ville.
Il est fait mention d'Antoine Blanchard dans la Bibliographie
lyonnaise^ que publie en ce moment M. Baudrier.
M. Aitbçrt Perger lit un travail de^ M. le chai^QiQe L^Qter 9ur le
donjon de Ch&teau-Chervix, qui s'élève près du bourg du même
nom, cantop de Saint-Germain-les-Pelles, à ui^e altitude de 41 i mè-
tres ^u-dessus du niveau de la mer. Cette tOMf» qui est d^XII'' siè*
cle, est le seul reste de l'ancien ch&teau de Ch&teau-Chervix. Ji\\e
mesure environ 30 mètres de hauteur.
8o8 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQOE DU LIMOUSIN
L'auleur Texamine au double point de vue de l'inlérét archilec-
tural et historique.
Cette tour peut être donnée comme type de celles que les XI« et
XII* siècles ont élevées en Limousin.
L'auteur cite, dans la partie méridionale du département de la
Haute-Vienne, onze donjons similaires. Celui qui ressemble le plus
à la tour de Château-Chervix est la tour du ch&teau de Montbrun,
commune de Doumazac, canton de Saint-Hathieu.
Cliâteau-Chervix et Chervix ont formé, jnsqu*à la Révolution,
deux paroisses distinctes; elles ne forment aujourd'hui qu*une seule
commune. On connaît une monnaie mérovingienne frappée en ce
lieu. Chervix était, au X* siècle, le chef-lieu d*une vicairie assez
étendue, comprenant dans sa circonscription le territoire actuel
des communes de Saint-Jean-Ligoure, Pierrebuffière, Saint-Priest-
Ligoure, Ch&teau-Chervix, La Rochc-rAbeille, Saint-Yrieix et
Glandon.
En 1356, les Anglais s*emparèrenl de Château-Chervix et y tin-
rent garnison jusqu'en 1380, époque à laquelle ils se retirèrent
moyennant une somme d'argent.
Jean de Bretagne, vicomte de Limoges, vendit, eu 14S2, le châ-
teau, moyennant 1.200 livres, à GoufBer de THermlte, capitaine de
Chalucet. La vente avait été faite avec faculté de rachat. Gouffler,
se refusant à observer cette clause, fut dessaisi par une ordonnance
de Charles VII.
Plus tard, Jean d'Albret, vicomte de Limoges et roi de Navarre,
vendit Ch&teau-Chervix à Christophe de Bony, seigneur de la Ver-
gue, qui le céda, en 1487, à Jean et Antoine de Coignac, seigneurs
de Saint-Jean-Ligoure.
La séance est levée à dix heures.
Le secrétaire adjoint^
René Laguérerne.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1905
t^réttldeoce de M« G* Joahanneaud^ vlcc'pi*é«ldent
Présents : MM. Blancher, Boulaud, Courtot, Franck Delage,
C. Jouhanneaud, René .Laguérenne, Alfred Leroux, Royer et
Touyéras.
PROCÈS-VERBAUX DBS SÉANCES 859
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après
quelques rectiOcations.
Sont présentés comme candidats :
M. Ernest Lyon, licencié en droit, présenté par MM. C. Jouhan-
neaud et A. Leroux.
M. Paul-Louis Grenier, licencié en droit, présenté par MM. A.
Leroux et Franck Delage.
M. V.-L. Vandermarcq, licencié en droit, présenté par MM. A.
Leroux et G. Touyéras.
H. de Ressling, chef d'escadron au 21* chasseurs, présenté par
MM. le D' Fournie et Royer.
M. Courlot expose aux yeux de ses confrères la suite de sa gale-
rie limousine. Cette fois, c'est Tancien couvent des Clairettes, rue
de la Cathédrale, qui, fort à propos, a sollicité le pinceau de Tar-
tiste. Le sujet se présente avec le relief et le coloris appropriés.
Le Président annonce que le prochain congrès des Sociétés
savantes se tiendra à Paris, les 17 avril 1906 et jours suivants, et il
distribue le programme des questions historiques et scientifiques
dressé par le Ministère de Tinstruction publique.
Il donne ensuite communication d'une lettre de l'Académie
royale d'archéologie de Belgique, en date du 13 octobre, remerciant
notre Société des félicitations que celle-ci a adressées à sa grande
sœur à l'occasion de son 75* anniversaire.
Il rappelle enfin que notre confrère M. Bonnaud a obtenu, à la
récente exposition de Liège, un grand prix pour ses émaux limou-
sins. Il lui adresse, à cette occasion, les félicitations de la Société.
Le Secrétaire général informe la Société que la chapelle de l'hô-
pital général, construite au XVIP siècle, semble destinée à dispa-
raître, par suite de l'effondrement de la toiture, survenu dernière-
ment. Il demande s'il ne conviendrait pas de charger un de nos
confrères d'en faire auparavant une description exacte et minutieuse,
qui prendrait place dans le Bulletin.
Il rappelle encore qu'il existe, dans Tune des salles de l'ancien
présidial, de très curieuses boiseries style Louis XIII, qui méritent
d'être sauvées de la ruine dont elles sont menacées.
La Société décide qu'elle charge MM. Wottling et Gourtot de
s'occuper de ces deux questions le plus promptement possible, et
convie en même temps ses membres à une visite de la chapelle de
l'hôpital, visite fixée au dimanche 12 novembre, deux heures du
soir.
M. A. Leroux a recueilli quelques faits qu'il croit utile de com^
muniquer à la Société :
Au mois de juillet dernier, a eu lieu à Chambon (Creuse) la
MO éocii^TÀ archAoloûiqùé it HtgfotdQùc b\) LtMôcfiiM
▼enle aprèg décès d'une pariie delà collection d'objets d'art, énaoi,
livres, tableaux, réunie jadis par H. Germeau, ancien préfet de la
Haute-Vienne, et augmentée par ses descendants. Cette vente,
jointe à celle qui a eu lieu à Paris, a produit an tolal environ
500,000 francs. Il ne reste plus à la maison de Ghambon que les
archives de Tancien prieuré du lieu.
Dans un registre d'assises du cliapilre catbédral de Limoges
(Àrch. dép., n^" prov. G. 15482, p. 50), on relève, sous la date de
juillel 1405, la mention suivante : Actum in ossifia... tenta infra
ecclesiam Saneti Stéphanie in loco nbi tenetur calx dicte eeclesie.
Celte mention vient à Tappui d'un passage de Thistoire de la cathé-
drale de Limoges, où H. Arbellot dit (p. 35) que Ton reprit les
travaux en 1399. (Cf. le Bulletin archéologique du Ministère, 1900,
p. 63).
A Saint-Marcel, déparlemenl de Tlndre, un arrêté ministériel
du VI janvier 1897 a classé comme monument historique une cb&ssc
en émail de Limoges, du commencement du XIU* siècle, dont on
trouve la reproduction dans le nouveau fascicule du Bas-Berry^
que vient de publier M. Eugène Hubert, archiviste de llndre. Celte
reproduction est accompagnée d'une courte description (p. 318) :
« Est en forme de maison avec crête ajourée, ornée de cristaux de
roche et de pinacles émaillés. Elle est recouverte de plaques en
cuivre doré, assujetties par des bandes émaillées de rosettes. Sur
chaque compartiment est rapportée une plaque à quaire lobes
aigus portant les figures du Christ, de la Vierge» des anges et
des apôtres, en relief ou en réserve, sur fond bleu décoré de rin-
ceaux ; des pierres cabochons dans de larges sertissures accompa-
gnent les plaques. «>
M. A. Thomas, de l'Institut, annonce par lettre qu'il a découvert
aox Archives nationales, dans les registres du Paritsmeat, X^ a,
racle de confiscation du consulat de Limogea par Charles VII en
1443, confiscation qui n'a pas duré moins de sept ans et demi. Il
n'y en a que deux traces fugitives dans le recueil de M. Guibert.
M. lUger Drooault communique, au nom de M. Samn, maire de
Jouac, Tempreiote d'une inlaille trouvée récemoieot près du village
de BoQctiais, commune de Cromac (Hante-Vienae)« le long 'de la
voie romaine. Elle porte gravé un personnage qui est ceiffé d'un
ea^que et asisis sur un siège formé de deux demi-sphères, super-
posées. La main gauche s'appuie sur une sorte de hasie termûiée
en haut par un carré, sans doute une enseigne militaire; la main
droite tient, un objet indéterminé, long et étroit (1)^
(1) Voir ei-<i9a$as p. 790.
PROG&S-VÀRBAUX DBS séANCBS 861
M. Royer signale qa'un reliquaire de Téglise de Razès, prô?e-
nant de Tabbaye de Grandmont, Tient d'être vendu à un antiquaire
de Paris, pour une somme relativement élevée.
Invité à faire connaître les publications parues depuis la dernière
séance, le Secrétaire général les énumère dans l'ordre suivant :
Le Bulletin de la Société archéologique et historique du lAmouHn
(t. LV, 4'* livr.), qui a été distribué au mois de septembre dernier,
il ne compte pas moins de 811 pages.
Le Bulletin de la Société des lettres^ sciences et arts de Tulle
(1905, 1'* livr.), où Ton remarque la suite deTétude de M. R. ^age
sur les fêles et cérémonies publiques pendant la Révolution, — et
les recbercbes de M. A. Petit sur les origines du collège de Tulle
au XV* siècle.
Le Bulletin de la Société archéologique de Brive (1908, 2* livr.),
oii Tabbé Âlbe poursuit la publication des documents qu'il a em-
pruntés à la VaUcane pour Tbistoire du Limousin et du Quercy au
XIV* siècle. La même livraison contient une intéressante biogra-
phie de J.-B.-H. Serre, maire de Brive de 1804 à 1809, par M. Mar-
cel Roche.
L*ilr^ (oct. 1908), qui consacre à M. Emile Page (de Tulle), un
article spécial, avec portrait, et publie un article de M. A. Leroux
sur un portraitiste hongrois du XVIII* siècle, Jean Kupetzky ;
Le Bulletin archéologique du Ministère (1904, 3« livr.), dans lequel
M. Blanchet décrit, au nom de M. Plancouart, un souterrain décou-
vert à Neudialle, commune de Saint-Léonard, {corr. Neuvialle,
commune de Ghampnétery). Ce refuge, situé dans la propriété de
H. Joseph Peyrusson, composé de dix pièces creusées dans le tuf,
a. d'ailleurs été signalé déjà par M. Ducourtieux (Bu/fo^in, XLVIII,
p. 849);
Le Bulletin de la Société des amis des sciences de Rochechauart
(1908), dans lequel figurent deux importants travaux : l'un, de
M. le D' Marque!, est un recueil de documents tirés pour la plupart
des Archives départementales (jiérie G), et relatifs à la ville de Ro-
chechouart au XVIII* siècle; l'autre, de M. Pierre Gaumy, a pour
titre : Le droit de justice sur le bourg d'Oradour-sur-Vayres au moyen
Age, Ces deux auteurs ont fait don à la Société de tirages à part;
La Retnie scientifique du Limousin (18 août 1908), dans laquelle
M. Tabbé Lecler émet cette opinion contestable que certains cours
d'eau de notre région ont emprunté leurs noms à des localités rive-
raines.
Les Notes d'art et d'archéologie (sept.-oct. 1908), qui, par la
plume de M. Berthelé, présentent quelques rectifications au Die-
tionnaire des fondeurs de cloches, publié par M. l'abbé Lecler ;
T. LV 57
ÔÔâ SOCléTÉ ARGHéoLOGlQllll BT HIBTORIQUK DU LIMOUfllN
L*étude de M. A. Leroux sur le Manuel des missionnaires de l*abbé
Gosle ;
Le Rapport de M, VInspecteur d'académie sur la situation de ren-
seignement primaire dans la Haute-Vienne en 1904;
Une curieuse Correspondance d*affaires de la maison de Pompa-
dour, éditée par MM. Dntbeillet de Lamothe et Gbampeval;
Et, enfin, une brochure intitulée : Louis Guibert^ sa vie, ses
écrits, ses obsèques (1840-1904). C*est le tirage à part des articles
que notre Bulletin (t. LIV) a consacrés, par les soins de MM. R.
FagQ, A. Leroux, G. Jouhanneaud et P. Ducourtieux, à notre très
regretté secrétaire général.
La parole est donnée à M. Franck Delage pour rendre compte du
Gongrès préhistorique qui s*est tenu à Périgueux du 26 septembre
au 1*' octobre dernier. Une centaine de savants, français et étran-
gers, assistaient à ces importantes assises. Parmi les nombreuses
communications qui ont été présentées, il y a lieu de distinguer
particulièrement celle de M. Viré, qui a décourert une intéressante
station paléolithique au village de Lacave (Lot), et exploré en même
temps de magnifiques galeries souterraines, ancien lit d*une rivière
depuis longtemps disparue; celle de M. l'abbé Breuil, qui s'est
efforcé avec succès de suivre l'évolution des procédés employés
pour la gravure et la peinture par l'homme de l'&ge du renne; celle
de MM. Hue et Baudoin, sur les menhirs et les dolmens, etc., etc.
De nombreuses excursions ont permis aux congressistes à la fois
d'admirer les sites si pittoresques qu'offrent les vallées de l'Isle, de
la Dronne, de la Vézère, et de constater la variété et la richesse,
eu quelque sorte inépuisable, des stations préhistoriques du Péri-
gord. Ghancelade, Brantôme, Bourdeilles,LesEyziesetLeMoustier,
pour ne citer que quelques-uns des noms les plus célèbres, ont
reçu la visite du congrès.
Le clou de ces excursions a été la visite des grottes de LaMouthe,
des Gombaralles et de Font-de-Gaume, longs boyaux, tantôt fort
étroits, tantôt s'élargissant pour former des salles dont les parois
sont couvertes de gravures et de peintures. Ges figures représentent
des animaux de la fin de l'époque quaternaire, des mammouths,
des bisons, des rennes, etc., traités avec une variété d'attitudes et
un sentiment de la vie admirables.
Au cours de ses explications, M. Delage a fait passer sous les
yeux de ses confrères de nombreuses vues photographiques de ces
sites périgourdins, si célèbres dans la préhistoire. Le Président le
remercie de cet instructif compte rendu.
La séance est levée à dix heures et demie.
Le secrétaire général,
Alfred Leroux.
PROC&S- VERBAUX DBS SIUnCBS 863
SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 190S
Présidence de M. G. aoubenneaadf ▼lce*préAldeiit
Présents : MM. d'Âbzac, Aubert Berger, Boulaud, Gourlot, Dubois,
Ducourtieux, Laguérenne, A. Leroux, Maurat-Baliauge, S. Mazeaud,
abbé Pénicaud, Royer, Wotlling.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la séance pré-
cédente, qui est adopté.
Il est procédé au vote sur l'admission des nouveaux sociétaires
présentés à la dernière séance. Sont élus :
M. Ernest Lyon, licencié en droit, présenté par MM. Jouhan-
neaud et Leroux.
M. Paul-Louis Grenier, licencié en droit, présenté par MM. Le-
roux et Delage.
M. V.-L. Vandermarcq, licencié en droit, présenté par MM. Le-
roux et Touyéras.
M. de Kessling, chef d*escadron au SI* chasseurs, présenté par
MM. Fournie et Royer.
Communications. — Le Secrétaire général donne communication
d une note de M. Gaumy, de la Société des amis des sciences et arts
de Rochechouart, qu'on peut résumer ainsi :
Dans le Dictionnaire administratif et historié des rues et monu-
ments de Paris, par Félix Lazare (IStfS, 2* édition), l'auteur, par-
lant de l'administration municipale de la ville, expose qu'il fallait
être Parisien pour être magistrat de la ville. Il établit à ce sujet un
parallèle entre les habitants de la capitale et ceux de la province et
cite, à titre d'exemple de ces derniers, les Limousins, en la compa-
gnie, fort bonne du reste, des Champenois et des Auvergnats.
M. Alfred Leroux fait part à la Société d'un document intéressant
notre histoire locale. On savait, dit-il, que l'un des principaux
secrétaires de Charles Y, Jean Tabari, était Limousin. On en trouve
une nouvelle preuve dans un mandement du roi, délivré à Melun le
16 septembre 1378, et portant paiement de SOO francs d'or au dit
Tabari, pour l'aider à supporter les frais qu'il a dû faire à l'occasion
du mariage de deux de ses nièces « au pays de Lymosin » (L. Delisle,
Mandements de Charles Y, n"" 1.452).
Publications offertes à la Société depuis la dernière réunion :
864 sociéré ARCHéoLOOiQUfi Ct histokioub l>u limoitsik
Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de
Brive (juillel-septembre 1908), contenant des Titres et documents
concernant le Limousin et le Quercy au temps des Papes d'Avignon,
d'après les archives du Vatican, par M. le chanoine Albe.
Article de M. René Lafarge sur la Société d'agriculture de BriTe,
ses origines et ses débats. En 1789, une Société d'agriculture avait
été fondée à Limoges, par Tintendant Pajot de Marcheval; elle fut
divisée en trois bureaux : un à Limoges, Tautre à Brive et le troi-
sième à Angouléme.
Le bureau de Limoges a fait Tobjet de plusieurs travaux subs-
tantiels de M. Alfred Leroux (Voy. Inventaire des archives du dépar-
tement, série C. Choix de documents historiques, t. III, pages 1S3 et
suivantes. Bulletin de la Société archéologique du Limousin, t. U).
Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèxe,
contenant un article de M. René Page, sur les fêtes, cérémonies et
manifestations publiques à Tulle pendant la période révolutionnaire ;
<— les juridictions consulaires de la ville de Tulle (1710-1789), par
le D' Paul Morely.
Annales du Midi (octobre 1908, n<> 68). — Etude de M. Antoine
Thomas sur Isarn de Fontiës, archiprétre de Garcassonne, arche-
vêque de Riga, de Luna et de Salerne (1310). M. Leroux avait groupé
sur ce personnage des documents authentiques dans une notice
publiée en 1879, intitulée Un légat de Boniface VIII, prieur de
Bénévent'C Abbaye et archiprétre de Carcassonne (1S98-1310). L*êtude
de M. Thomas se borne à montrer que Ton a confondu jusqu'ici
deux personnages différents portant le nom dlsarn.
Bulletin historique et philologique du ministère de Finstruction
publique et des beaux-arts (année 1904, liv. 3« et 4*), contenant :
Notes inédites sur Jean-Baptiste de La Fontaine, seigneur de
Fontenay et de Savoie. Communication de M. Roger Drouault,
membre de la Société archéologique et historique du Limousin.
Celte étude apporte des rensdgnements tout à fait nouveaux
sur les Mémoires de Jean-Baptiste de la Fontaine (1699), considérés
à tort jusqu*ici comme un roman ; tout le fond est de Thistolre vraie.
Procès-verbaux des séances de la Société française de numisma -
tique. — Séance du 3 décembre 1904. — M. Royer, numismatiste à
Limoges, présente Tempreinte d'un écu d'or au soleil de Charles VIII,
ayant dans le premier canton de la croix du revers l'initiale L.
Cette pièce démontre par plusieurs caractères que sous Charles VIII
certains hôtels des monnaies du centre de la France ont différencié
leurs produits par l'apposition de leurs initiales dans un canton de
la croix. On connaissait cette particularité pour Bordeaux et Poi-
tiers. U faut désormais y ajouter Limoges.
PROCèflhVBRBAUZ DBS sâANCBS 865
A propos de Roc-Amadour. Mon portrait par M. Tabbé Gbartrusse.
Brochure de M. Ernest Rapin, de Brive^ au sujet d'une polémique
de presse se rapportant à l'ouvrage de M. Rupin sur Roc-Amadour.
Annuaire de la Creuse^ publié par M. Ducourtieux pour Tannée
1906, contenant dans sa partie historique : Le musée de Guéret,
par M. Louis Lacrocq ; Peintres pour tapisseries, par M. Gyprien
Pérathon ; Les députés du comté de la Marche aux Etats généraux
de 1484, par M. Antoine Thomas ; la porcherie dans la Creuse, par
M. Jules Tixier.
Lectures. — M. Ducourtieux signale la fête organisée à Aixe-
sur- Vienne, le 13 août dernier à l'occasion de l'inauguration d'une
plaque commémorative en l'honneur du poète académicien Beau-
poil de Sainte-Aulaire, qui fut marquis et général, et derint poète à
soixante ans. V Aubépine limousine et la direction du Limoges Illustré^
qui en est l'organe, avaient invité à cette fête le bureau de la Société
archéologique. Quelques-uns des membres ont pu répondre à cette
invitation. La manifestation organisée en l'honneur de l'académi-
cien s'est accomplie avec beaucoup de simplicité et de modestie.
Le numéro du 18 août 190S du Limoges Illustré a publié d'intéres-
sants articles à son sujet, dûs à plusieurs membres de la Société,
MM. Fusade, Ducourtieux et d'Abzac.
M. Ducourtieux fait connaître à la Société que M. Vauzelles,
instituteur à Thonron, lui a raconté que des laboureurs ont
découvert, en travaillant, au village de Touradis, une sépulture
gallo-romaine dont voici la description :
A un mètre de profondeur, on a rencontré un bloc de granit de
l"* do longueur environ sur 0*80 de largeur et 0*30 d'épaisseur.
Cette pierre reposait sur une autre formant un cube ayant 80 cen-
timètres de cAtés. La pierre servant de couvercle était creuse à son
centre, de façon à recouvrir l'urne en pierre dont le rebord était en
saillie ; cette dernière contenait un vase en verre antique, ayant un
col évasé sans anses; il renfermait des os calcinés et des cendres.
Les sépultures découvertes jusqu'à ce jour n'étaient pas recou-
vertes de la même manière, les couvercles étaient tantôt des pierres
plates, tantôt des cipes de forme arrondie ou triangulaire.
M. d'Abzac, en dépouillant les registres paroissiaux de la com-
mune de Feytiat, a constaté pour Tannée 1710 une mortalité extra-
ordinaire. La population était, à celte époque, de 600 habitants et
la moyenne des décès était de 17. En 1710, leur nombre s'éleva à 88.
Aucune indication ne figure aux registres paroissiaux, qui permette
de fixer la cause de cette mortalité anormale. Elle parait avoir
frappé surtout la population agricole, dont les maisons étaient
dans les conditions d'hygiène les plus défavorables.
866 SOCléTÉ ARGHÉOLOGIQUK ET HISTOBIQUE DU LIMOUSIN
M. Couriot présente un tableau de l'ancienne église Sainte-
Félicité, et Tartiste se corpplétant de Thistorien, il veut bien nous
donner quelques détails sur ce monument.
L'église Sainte-Félicité, dite autrefois du pont Saint-Martial, avait
été fondée, d'après la tradition, par saint Martial, au lieu même où
il aurait prêché en sortant de la maison de sainte Suzanne, mère
de sainte Valérie. Il la dédia à la sainte Trinité. Brûlée en IIOS,
dans la guerre entre la cité et le château, elle fut reconstruite et
placée sous Tinvocation de sainte Félicité. Détruite en 1182, elle fut
de nouveau réédifiée, probablement au XIII* siècle, d'après son
style. En 1565, on y adjoignit la cure de Saint-Lazare, située de
l'autre côté de la Vienne, fondée en 1164, par Gérald, abbé de
Saint-Augustin.
M. Royer a acquis un certain nombre de pièces de monnaies
provenant de la découverte faite à Battut, près Chartrier (Corrèze).
La découverte a échappé comme toiyours à un examen sérieux.
M. Royer fait la description des monnaies qu*il a recueillies et qui
sont du règne de Charles IV et de Philippe VI. Il est regrettable
que les pièces de monnaies provenant de cette trouvaille aient été
dispersées entre plusieurs mains.
M. Maurat-Ballange donne lecture d*une note du général du
cadre 4® réserve Faulte de Vanteaux, propriétaire par indivis du
château de Sàint-Jean-Ligoure, relatant un passage d'un mémoire
écrit vers 1685, ayant trait à Ghâleau-Ghervix et qui pourra s'ajou-
ter au travail de M. le chanoine Lecler (1).
Communication de M. le comte Fontaine de Resbecq, ancien
officier de cavalerie demeurant à Cussac (Haute- Vienne), sur Louis-
Jean-Ange Poisson de la Chabeaussière, gouverneur de Mirabeau
(1753-1763), directeur des mines de Glanges (Haute- Vienne) (1763-
1781) et président du tribunal de conciliation de la baronnie de
Pierrebuffière, créé par le marquis de Mirabeau.
M. Wottling, architecte, a été chargé de la restauration de
l'église de la commune des Salles-Lavauguyon. Il présente les
plans de son projet et donne d'intéressants détails sur le monu-
ment. L'église offre les caractères de l'architecture de transition
de la fin du XII* siècle. Les décorations sont raisonnées. La nef et
les bas-côtés sont distincts non seulement en façade, mais encore
par les toitures qui s'étagent sur les côtés. La partie inférieure du
clocher est sur un plan carré, la partie supérieure octogonale.
Le Bulletin de la Société, tomes XLIV et XLV, contient des études
de M. Jules de Verneilh sur celte église des Salles-Lavauguyon.
(1) Voy. ci-dessus p. 799 et ss.
PRO€ÈS* VERBAUX DBS SÉANCES 867
GontrairemeDt à une opinion assez répandue, elle n'est pas classée
parmi les monuments historiques.
M. Camille Jonhanneaud rappelle le vœu très expressif émis par
la Société archéologique et historique du Limousin, dans sa séance
du 28 juillet 1903, pour le maintien du pont Saint-Etienne, à Limo-
ges, que la municipalité de cette ville projette de démolir, pour le
remplacer par un nouveau pont. Malgré ce vœu, malgré les pro-
testations très vives des archéologues, de tous les amis de Fart» du
pittoresque et des souvenirs matériels du passé, et celles de toutes
les collectivités qui, soit à Paris, soit en province, veillent à la
conservation de nos vieux monuments, Tadministration locale parait
vouloir persister dans ce projet dont Texécution serait à tous égards
fâcheuse et regrettable. Tout a déjà été dit et bien dit sous les
rapports archéologique et artistique, et même au point de vue de
Tulilité pratique, ainsi qu*en témoignent les notices de HM. Louis
Guibert et Judicis publiées dans le Bulletin, ou les études et arti-
cles parus dans les journaux de Limoges et d'ailleurs. A tous
égards, la conservation de noire vieux pont s*impose.
Indépendamment des raisons majeures déjà indiquées, M. Jouhan-
neaud s'attache à démontrer que la démolition du pont et sa
reconstruction seraient des mesures coûteuses, inutiles, et, de plus,
contraires à l'intérêt de la ville. Après avoir jeté un coup d'œil en
arrière sur la situation topographique de celle-ci, ses anciens ponts,
les circonstances dans lesquelles furent construits le pont Neuf et,
en dernier lieu, le pont National, il établit que la question est la
même pour le pont Saint-Etienne que pour le pont Saint-Martial,
qui, ajuste titre, a été conservé, sans nuire à aucun intérêt.
La démolition du pont Saint-Etienne et sa reconstruction à la
même place n'amélioreraient en rien les voies d'accès au centre de
la ville et la circulation; l'accroissement continuel de Limoges fait
naître, du reste, des besoins nouveaux. Si la construction d'un
nouveau pont est nécessaire, ce n'est pas à cette place, mais en
amont, à la hauteur de la partie haute du faubourg des Gasseaux
et de l'avenue du Sablard, que sa situation est indiquée, reconnue,
de l'avis des hommes les plus compétents.
A la suite de cette lecture, la Société, s'associant aux conclusions
de son auteur, déclare renouveler le vœu formel qu'elle a déjà
émis en juillet 1903 pour la conservation du pont SaintrEtienne.
I^ séance est levée à dix heures.
Le secrétaire adjoint,
René Laguérbnre.
MS SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HI6T01UQUX DU LIMOUSIN
SÉANCE DU S6 DËCEMBRE 1905
Présidence de M* le IM Ponmléy président
Sont présents : MM. Boulaud, A, Berger, Gourtot, Franek Delage,
G. Jouhanneaud, A. Leroux, R. Lagaérenne, S. Mazeaud, Malever-
gne de Lafaye, Royer, Rachaad et Woltling.
Le procès-verbal de la séance précédente est la et adopté après
quelques rectifications.
A la veille de prendre sa retraite, M. Joiy de Sailly, inspecteur
des eaux et forêts, exprime par lettre à ses confrères le regret
qu*il éprouve de se séparer d'eux. — La Société déclare partager
ce regret.
L*Université d*Aix-Marseille propose l'échange de ses Annales
des facultés de droit et des lettres avec le Bulletin de notre Société.
— Adopté.
L*Ecole des sciences politiques envoie le programme des confé-
rences qu*elle se propose de faire en province pendant Thiver
190S-06. ~ La Société réserve sa décision jusqu'à plus ample
informé.
M. Courtot rappelle que le Limousin vient de faire une grande
perte en la personne du statuaire Thabard. Le Président charge
M. Courtot de rédiger sur cet artiste une notice biographique, qui
sera insérée dans le Bulletin.
La Société prend acte de divers faits récents qui intéressent Tar-
chéologie locale : les vols d'objets d'art qui viennent d'être commis
dans les églises de Laurière et de Solignac; l'entrée au musée dé
Cluny de deux pyxides émaillées de Limoges, attribuées au XIII* siè-
cle et provenant de la collection Dru ; le signalement qui a été donné
de l'existence de la châsse de saint Calmine dans la collection Dobrée
au musée de Nantes. Cette châsse, que Ton croyait depuis long-
temps perdue, provient de Téglise de Laguenne et est tenue pour
l'un des chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie limousine.
Le Président donne communication d'une lettre par laquelle
M. le baron de La Bastide fait don à notre Société de trois grandes
caisses de documents anciens (XlIP-X VIII* siècles). Ces documents,
qui proviennent du château de La Bastide, ont été classés sommai-
rement (en attendant mieux), par le bibliothécaire de la Société
qui les a répartis en 33 cartons, rangés sous différents chefs :
PROGAb-VBRBAUX DBS SEANCES S69
Registres de Tbôtel des Monnaies de Limoges (XVIIP siècle).
Recettes da siège présidial de Limoges (XVII* siècle).
Comptes de Télection du Hant-Limousin (XVII* siècle).
Titres relatifs à la baronnie de Rrie.
Titres relatifs à la seigneurie de Trancbillon.
Titres relatifs au marquisat de Ghftteauneuf, 1715.
Titres relatifs à la terre de Verthamont.
Titres relatifs à la terre de Texonniéras.
Titres relatifs à divers petits domaines.
Titres relatifs à diverses familles du Limousin.
Livres de comptes. — Procédures diverses.
La Société exprime sa gratitude à M. de La Bastide et décide
qu'an extrait de son procès-verbal sera adressé au donateur, qui a
déjà reçu les remerciements personnels du Président.
Pour donner satisfaction à une demande qui s*6st produite, et
après avoir entendu M. Leroux qui expose que notre bibliotbèque
est une bibliothèque de prêts et non de lecture sur place, il a été
décidé que les membres de la Société qui voudront la consulter
dans l'un ou Tautre des deux locaux qu'elle occupe, s'adresseront
soit au bibliothécaire en chef, soit à l'un des sous-bibliotbécaires,
en se soumettant aux formalités usitées jusqu'ici.
Le Président expose qu'il a vu récemment à Paris M. Goutheillas
et lui a demandé où en était le monument Guibert. Après en avoir
délibéré récemment, le Bureau a décidé de charger M. Guibert fils,
qui doit se rendre à Paris, de voir auparavant M. J. Tixier et d'ob-
tenir de lui les renseignements et les instructions qui manquent
encore à M. Goutheillas. On espère qu'ainsi le monument pourra
être inauguré en mai 1906.
M. le D' Dunoyer (du Dorât) écrit à la Société pour signaler la
découverte qui vient d'être faite dans le domaine de H. Laguset, au
village de La Berginerie, commune de Dinsac, d'un souterrain-
refuge où l'on a retrouvé des poteries et des ossements d'animaux.
Ge souterrain ne diffère pas dans ses dispositions générales de celui
de La Jante, qu'a décrit M. l'abbé Lecler {Bulletin, XLI, 229).
H. Aubert Berger présente une thèse de philosophie, du collège
de Poitiers, dédiée à Mgr Uuplessis d'Argentré, évêque de Limoges,
par Joseph Desbordes. Gette thèse est imprimée sur soie. On con-
naît déjà plus d'un spécimen de ce genre. Gelui-ci a été étudié lon-
guement par M. Tabbé Lecler, qui en a fait l'objet d'un article que
publiera notre Bulletin.
H. Malevergne de Lafaye signale l'existence dans l'immeuble
habité par M. Tarneaud, place du Ghamp-de-Foire, d'une cheminée
monumentale provenant de l'abbaye de Grandmont, et d'un portail
870 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQVE DU LIMOUSIN
proveDant de Tancien hôtel de rinteDdance. Oo s'eipliqoe la pré<
sence de la cheminée de Grandroont par le fait que la maison en
question était habitée, à la fin du XVIII* siècle, par Broussaud,
rarchitecle de Tévéché, qui fut chargé de la démolition de Grand-
mont.
Le Président expose qu'il est entré en relations avec la commis-
sion envoyée à Limoges par le Ministère des beaux arts pour exa-
miner la question du pont Saint-Etienne. Cette commission, qui
est favorable au classement de ce pont, ne Test pas moins à celui
des églises Saint-Pierre et Saint-Michel, de la croix de Saint-Auré-
lien, de la Vierge de Saint-Pierre et du rétable de Thôpital. Elle
appelle l'attention de notre Société sur la nécessité qui s'impose de
compléter l'inventaire de nos richesses d'art, si nous voulons éviter
de voir notre Limousin s*appauvrir de tant d'objets précieux qui
sollicitent la convoitise des brocanteurs et des étrangers.
En conséquence, il est décidé, sur la proposition de M. le D'
Fournie, qu'une commission de quatre membres, composée de
MM. Wottlingy Courlot, Ducourtieux et Berger, sera chargée de
développer, en ce qai regarde plus spécialement la ville de limo-
ges, le catalogue publié en 1887 par M. L. Guibert.
La série des communications étant épuisée, M. le Secrétaire géné-
ral est prié de rendre compte des publications reçues depuis la der-
nière séance, en tant qu'elles intéressent l'histoire du Limousin. Il
les énumère dans l'ordre suivant :
Bibliographie des travaux historiques et archéohgiques publiés
par les Sociétés savantes de France : t. IV, 4* livraison, contenant
le département de la Haute- Vienne.
Dans ce minutieux dépouillement, dû au zèle de MM. R. deLastey-
rie et A. Vidier, on constate quelques lacunes. Ainsi, l'histoire des
Associations savantes de la Haute- Vienne a donné lien, dans FAI-
manach limousin de 1892, à une notice exacte qu'il eût été bon de
rappeler. La Société d'agriculture de Limoges a fait elle aussi l'objet
de deux notices qui ne sont pas mentionnées. Enfin, mainte publi-
cation de notre Société archéologique, indiquée comme anonyme,
porte une signature que M. Vidier eut pu facilement retrouver.
Bulletin de la Société des lettres de Tulle, 190S, 3^ livraison, conte-
nant des lettres inédites adressées à Baluze, publiées par M. Nouail-
lac; — une notice de M. Bertin sur le général Materre, — et les
suites des articles des précédentes livraisons.
Almanach'Annuaire de la Corrèze pour 1906, contenant un
article de M. Forot sur la cure de Bar, quelques pages de M. de
Nussac sur le musée de Brive, et une notice de M. Ducourtieux sur
le monument Lovy.
PROC&S'VBRBAUX DBS SÉANCES 871
Notes d'art et d'archéologie (novembre ld05)t où M. Berlhelé
continue ses éludes critiques sur les inscriptions campanaires
publiées par M. Tabbé Lecler.
La question du pont Saint-Etienne à Limoges^ par H. Camille
Jouhauneaud. Cet article (tiré à part de VAlmanach limousin pour
1906) est un plaidoyer très pondéré, très informé et en somme fort
juste, en faveur du maintien de notre vieux pont. 11 restera Tune
des pièces essentielles au dossier du procès qui s'instruit actuelle-
ment.
M. A. Leroux signale encore la publication par M. Bruel, dans
V Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France pour 1904,
d'un ensemble de titres généalogiques de la maison de La Tour
d'Auvergne, — et renvoi par M. Roger Drouault de ses Notes iné-
dites sur J.-B. de Lafontaine, seigneur de Fontenai^ parues dans le
Bulletin historique du Ministère (1904).
La parole est donnée à H. Wottling pour la lecture dune notice
descriptive de la chapelle de Thôpital général. L'auteur indique
quelles sont les dimensions de Tédifice, son mode de construction,
la disposition de son plan, son ornementation intérieure, et conclut
à la possibilité de sa conservation par des travaux appropriés. Sa
description, très technique, est rendue intelligible pour tous par la
présentation d'un plan à grande échelle qui permet de suivre les
indications données.
A son tour, M. Leroux lit une notice purement historique, où il
rappelle, en s'appuyant sur des documents probants, comment la
chapelle des PP. de la Mission, achevée en 1664, fut affectée au
service des pauvres de l'hôpital et devint, en 1801, la propriété de
l'établissement. Il fixe la date du rétable, qui est de la fin du
XVII* siècle, et celle des peintures à la détrempe qui furent exécu-
tées vers 1850. Il caractérise en outre le style général de l'édifice,
de ses collatéraux et de sa décoration.
Après avoir entendu la lecture de ces deux mémoires, la Société
archéologique, considérant :
1* Que le chœur de la chapelle de l'hôpital offre, au moins par
ses boiseries, un intérêt artistique indéniable;
i^ Qu'il contient un rétable de grande valeur dû au ciseau d'un
artiste limousin du XVII* siècle, Martin Bellet;
3<> Que le déplacement de ce rétable (10 mètres de haut sur
11 mètres de large), à supposer qu'il pût trouver asile ailleurs, pré-
senterait pour l'œuvre elle-même les plus grands inconvénients;
Emet, à l'unanimité des membres présents, le vœu.que l'adminis-
tration de l'hôpital et les pouvoirs appelés à délibérer sur cette
question, veuillent bien s'inspirer de ces mêmes considérations
872 soci^A argrAologiqub bt historique i>a limousin
pour conseryer à la ville de Limoges deux moDameots iusëpan-
blés : le rétable de Martin Bellet et au moins la partie de la chapelle
qui l'abrite.
II est décidé, en outre, que ce vœu sera transmis à la commission
de rhôpita! et à la préfecture, et que les mémoires de HM. Wotl-
ling et Leroux seront reproduits dans le.'prochain Bulletin (1), pour
l'instruction des intéressés.
La séance est levée à dix heures trois quarts.
Le secrétaire général,
Alfred Leroux.
(1) Voy. ci-dessus p. 694 et ss.
TABLE MÉTHODIQUE
Société archéologique et historique
du LimouBin
Procès-verbaux des séances, par MM.
A. Leroux et R. LaguéreDQe,853.
Situation financière de la Société au
31 décembre 1904, par M. G. Ton-
yéras, p. -t. 835.
Félicitations adressées à M. Fournie
à Toccasion de sa promotion à la
dignité d'officier de la Légion
d'honneur, p.-v. 855.
Lettre de M. Batiot, fabricant de
porcelaine, rectifiant une assertion
de M. G. Leymarie dans son travail
sur la porcelaine, p.-y. 852.
Lettre de M. Philippe de Bosredon,
rectifiant un passage de la notice
de M. I^roux sur VŒuvre histori-
que d$ Louis Guibert^ p.-v. 851.
Bibliothèque de la Société, forma-
lités pour la consulter, p.-y. 860.
Bibliothèque de la Société, catalogue
des manuscrits (suite), par M. A.
Leroux, 440; p.-v. 837.
Répertoire du fonds Godet de Boisse,
offert à la Société, par M. G. Tou-
yéras,452; p.-v. 837.
Documents offerts par M. le baron de
La Bastide, p.-v. 868.
Monument Guibert, p.-v. 851, 869.
Excursion à Grozant en 1905, p.-v.
849.
Visite de la chapelle de Thôpital,
p.-v. 859.
Sciences auxUiairee de Phlttoire
Bibliographie : Un siècle de vie ecclé-
siastique en province; la réforme
ecclésiastique dans le diocèse de
Limoges au XVII* siècle, par M.
Tabbé Aulagne^ p.-v. 852.
Bibliothèque communale de Limoges:
Gatalogue des manuscrits (nouveau
supplément), par M. B. Mayéras,
649.
Evangéliaire du X* siècle, par M. Ma-
levergne de Lafaye, p.-v. 842.
Médailles (présentation de), par M.
le D' Fournie, 380.
Monnaies (description de), par M.
Royer, p.-v. 836.
Monnaie d'Alexandre le Grand, par
M. Hersant, p.-v. 838.
Monnaies de Gharles VII et Henri II,
par M. Royer, p.-v. 843.
Monnaie d*or de Gharles VIII, à l'ini-
tiale L, par M. Royer, p.-v. 864.
Monnaie en or de Sigismond, empe-
reur d'Allemagne, trouvée àObjat,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 849.
Monnaies trouvées à Baltut, près
Ghartrier (Gorrèze), par M. Royer,
p.-v. 866.
Monnaies trouvées à La Ghardonne-
rie, commune d'Azerables, par
M. Roger Drouault, 791; p.-v. 835.
874
SOCléré ARCHéOLOGIQUB ET BISTORtQUB DU LIMOUSIN
Hiftoire proprement dite
Voies romaines (Les) en Limousin
fl" partie), par M. P. Ducourtieux,
•743.
Sainl-Sulpice-les-Feuilles (Monogra-
phie du canton de) (suite), par
M. Roger Drouault, 241,593; p.-v.
846,854.
Arnac-la-Posle. (Voy. Saint-Sulpice-
les-Feuilles (Monographie du can-
ton de), 593.
Busssière-Poitevine (Opposition des
babilanls de), au rattachement de
leur paroisse au district de Bellac,
1790. Doc. comm. par M. Roger
Drouault, 822.
GhftleaU'Chervix, archéologie, his-
toire, documents, par M. A. Lecier,
517; p.-v. 857.
Ghàleau-Chervix (Contrat de venle
de) !• Château-Chervix; 2« de
Saint-Jean-Ligoure,Janailhac con-
senti en faveur de 1*» Jean et An-
toine de Goignat, 2^^ de Christophe
et Pierre de Bony, par Sa Majesté
le roi de Navarre, 1487. (Voy.
Ghâleau-Chervix, doc, 534.
Château-Chervix (La terre de), par
Faulte de Vanleaux, 799, p.-v. 866.
Cromac. (Voyez Saint-Sulpice-les-
Feuilles (Monographie du canton
de), 637.
Crozant (Excursion à), 1905, par M.
René Laguérenne, 777; p.-v. 856.
Feytiat, mortalité en 1710, par M. 0.
d'Abzac, p.-v. 865.
Limoges. Baptêmes et mariages
(registre des), de 1795 à 1802, par
M. Mariaux, p.-v. 842.
Limoges. Confiscation du Consulat
du Château par Charles VII, en
1443, par M. A. Thomas, p.-v. 860.
Limoges. Disette au XVI* siècle,
par M. Franck Delage, 280.
Panazol (L'assistance publique et les
subsistances dans la commune de)
de 1790 à 1795, par M. 0. d'Abzac,
424; p.-v. 843.
Panazol (La population de la com-
mune de) en 1793, par M. d'Abzac,
420; p.-v. 836.
Saint-Auvent. Nomination d'an col-
lecteur, 1744. Doc. comm. par M.
G. Touyéras, 816.
Saint-Vitte, monographie d'une com-
mune, par M. René de Sazilly, 295.
Histoire eoclésiastique
Prisons ecclésiastiques, par M» A. Le-
roux, p.-v. 845.
Abbaye de Saint-Martial. Senfeoce
rendue par le sénéchal du roi
d'Angleterre en Limousin au sujet
de la perception du droit de com-
mande à La Souterraine, 1195.
Doc. comm. par M. Gh. de Lasley-
rie, 807; p.-v. 837.
Abbaye de Saint-Martial. Concession
par Tabbé de Saint-Martial du do-
maine d'Aigueperse à des moines
deTabbaye, 1223. Doc. comm. par
M. Gh. de Lasteyrie, 813; p.-v.
837.
Chapitre de Saint-Martial (Mémoire
pour le), 1786. Doc, 820.
Abbaye de Grandmont (Bulle de sup-
pression de r), 1772, par M. Maie-
vergue de Lafaye, p.-v. 842.
Confrérie de Nolre-Dame-la-Joyeuse
ou des Pastoureaux, par M. Franck
Delage, 555.
Confrérie de Notre-Dame-la-Joyeuse.
Articles complétant ou rectifiant les
statuts (1511-1555). Doc, 563.
TABLE MÊTHODIQUB
875
Confrérie de Nolre-Dame-Ia-Joyeuse.
Reddition de coofiptes des bailes,
4618-1647. Doc, 866.
Confrérie de Sainl-Jacques, doc. de
1897, par M. F. Delage, p.-v. 838.
Confrérie de Saint-Kustique (billet
d'admission), 1680. Doc. comm.
parM.E. Hervy, 802.
Commanderie (La) et les comman-
deurs de Paalbac, par M. Joseph
Boulaud, 181.
Limoges. Chapelle de l'hôpital :
notice bistoriqae, par M. A. Le-
roux, 699; p.-v. 871.
Saint Etienne de Muret (Procès-
verbal de la translation du chef de)
et autres reliques de Grandmpnt à
Saint-Sylvestre, 1791. Doc. comm.
par M. Larue, 827.
Histoire jadiciaire
Sénéchaussée de Limoges, prévôté
de Hasiéon et de Laron, par
M. A. Thomas, p.-v. 883.
Présidial de Limoges au XVII* siècle
(Un arrêt du), 1689, par M. A.
Maural-Ballange, 792; p.-v. 880.
Procès à La Souterraine en 1728, par
M. J. Bellet. 798.
Instruction
Thèse de philosophie du collège de
Poitiers, imprimé sur soie, par
M. A. Lecler, p.-v. 869.
Etablitiements charitables
Abbesse de la Règle condamnée à
payer une redevance à la léprose-
rie de la Maison-Dieu, 1498. (Voy.
Lépreux (Les). Doc), 143.
Abbesse de la Règle condamnée à
payer diverses rentes à la léprose-
rie de la Maison-Dieu, 1806. (Voy.
' Lépreux (Les). Doc), 144.
Hôpitaux et maladreries du diocèse
dépendant de Tordre de Saint-
Lazare (Décimes relatives aux),
1818-28. (Voy. Lépreux (Les). Doc),
124.
Hôpital de Limoges, union d'une
rente de 180 livres payée par
Tabbesse de la Règle à l'ordre de
Saint-Lazare, 1698. (Voy. Lépreux
(Les). Doc), 148.
Lépreux (Les) et les léproseries de
Limoges, par M. Louis Guibert, 8;
p.-v. 848.
Maison-Dieu. Recteurs, précepteurs,
prieurs et prieures, chapelains et
curés, curés de Saint-Jacques et de
Saint-Christophe. (Voy. Lépreux
(Les). Doc), 118, 119, 120.
Maison-Dieu (Déclaration d'Etienne,
prieur), 1240. (Voy. Lépreux (Les).
Doc), 121.
Maison-Dieu, constitution de rentes
par Barthélémy de Drouiihes et
autres, 1282 (Voy. Lépreux (Les).
Doc), 142.
Maison-Dieu. Lépreux autorisé à quit-
ler la léproserie, 1477. (Voy. Lé-
preux (Les). Doc), 131.
Maison-Dieu . Les lépreux constituent
un receveur comptable, 1482. (Voy.
Lépreux (Les). Doc), 123.
Maison-Dieu (Liève du XV' siècle).
(Voy. Lépreux (I^s). Doc), 134.
Maison-Dieu de Limoges, ordonnance
pour les réparations,1861-62.(Voy.
Lépreux (Les). Doc), 126.
Maison-Dieu (Lettres d'admission à
la léproserie de la) 1372-1618.
(Voy. Lépreux (Les). Doc), 132.
Soienoes naturelles, Médeoine
Poules et Coqs de Limoges, par
M. A. Thomas, p.-v. 848, 881.
876
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE BT HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Maladie (La) des Espagnols à Limo-
ges en 1809, par M. A. Lecler, 217.
Industrie, Conuneroe
Abal de bois (Plaqae de cuivre indi-
quant les dimensions à Limoges
en 1594. Doc. comm. par M. A.
Leroux, 816; p.-v. 849.
Verrerie (Etablissement d'une), à
Azat, com. de Lussac-les-Eglises,
1798. Doc. comm. par M. Roger
Drouault, 830.
Mœon, usages
Blessac (La fêle du couvent), par M.
CyprienPéralhon,374; p.-v. 843.
Archéologie et Beaux-Arts
Archéologie préhistorique et gallo-romaine
Congrès préhistorique tenu à Péri*
gueux, par M. F.Delage, p.-v. 862.
Souterrain-refuge à La Berginerie,
com. de Dinsac, p.-v. 869.
Souterrain-refuge du Monteil, com.
de Saint-Léonard, par M. Camille
Jonhanneaud, 787, p.-v. 836.
Urne funéraire gallo-romaine trou-
vée à Touradis, com. de Thouron,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 865.
Intaille trouvée au Bouchais, com. de
Gromac, par M. Roger Drouault,
790; p.-v. 860.
Camée en pierre trouvé à Crochat,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 834.
Tebessa et Timgad (Ruines romaines
de), par H. Joly de Sailly, p.-v. 834.
Architecture
Classement de plusieurs monuments
historiques de Limoges (commis-
sion peur le), p.-v. 870.
Limoges.Calhédrale,continualiODdes
travaux de construction en 1405,
par M. A. Leroux, p.-v. 860.
— Chapelle de l'hôpital, effondre-
ment de la toiture. Visite de la
chapelle, p.-v. 859.
— Chapelle de Fhôpital : notice des-
criptive, par M. E. Wottling, 694,
p.-v. 871.
— Cheminée de Grand mont et Por-
tail de l'Intendance dans une mai-
son de la place duGhamp-de-Foire,
par M. Malevergne de Lafaye, p.-v.
869.
— Eglise de Sainte-Félicité, par H.
P. Ducourtieux, p.-v. 853.
— Pont Saint-Etienne, conservation,
vœu, classement, par M. Camille
Jouhanneaud, p.-v. 867, 870.
Sailes-Lavauguyon (L'église des), par
M. E. Wottling, 790; p.-v. 866.
Peinture, aeiilptiire, graTure
Limoges. Contrefort delà cathédrale,
peinture, par M. Cx)urlot, p.-v. 838.
— Le couvent des Clairettes, pein-
ture, par M. Courtot, p.-v. 859.
— Eglise de Sainte-Félicité,peinturc,
par M. Courtot, p.-v. 866.
Statuette en pierre du XIIP siècle,
par M. le D' Fournie, p.v. 853.
Notaires artistes, par M. Courtot, 707.
Portrait de M"* Magy d'Aodaleix,
veuve d'un trésorier de France,
par M. R. Drouault, p.-v. 853.
OrfèTrerie, métaux, éaudOlerie
Figurine en bronze provenant du
Château d'Aixe, par H. Fournie,
p.-v. 848.
Saint-Léonard. Reliquaire d'argent
donné par Charles VII, par H. A.
Leroux, p.-v. 858.
TABLfi mAtHODIQUÉ
877
Plaqae de cheminée (Une) du XVI*
siècle, par M. Fournie, 367.
Plaque de cheminée, par H. A. Le*
cler, p.-v. 848.
Emaux, objets d*ar(s, Hvres, tableaux
de la collection Germeau (Vente),
par M. A. Leroux, p.-v. 889.
Gh&sse en émail de Limoges à Saint-
Marcel (Indre), par H. A. Leroux,
p.-Y. 860.
Musique
Musique à Limoges (Notes pour ser-
vir à l'histoire de la) au XIX» siè-
cle, par H. G. Jouhanneaud, 392;
p.-v. 880, 884.
Biographies
Une famille de comédiens, par M.
J. Bellet, 802.
Paye ou de La Paye (Généalogie de
la maison de), par M. Zenon Tou-
mieux, 327, 780.
Lasteyrie du Saillant (Généalogie de
la famille de), par H. de Vandières
de Vitrac, p.-v. 842.
Sombreuil (Actes relatifs à la famille
de). Doc, 818.
Baluze (Etienne), professeur de droit
canon au Gollège de Prance en
1689, par M. P. Delage, p.-v. 842.
Beaupoil de Sainte-Aulaire (De).
Inauguration d'une plaque commé-
morative à Aixe-sur-Vienne, par
M. P. Duconrtieux, p.-v. 868.
Beaupoil de Sainte-Aulaire (Pran-
çois-Joseph), lettre inédile, 1723,
par M. A. Dujarric-Descombes,803.
Blanchard (Antoine) de Limoges,
imprimeur à Lyon, par M. P. Du-
conrtieux, p.-v. 887.
Bos vieux (Auguste), parM. H. de M.,
198.
Groy de Ghimay (Gharles de), dit
vicomte de Limoges, par M. A.
Leroux, p.-v. 849.
Jouvin de Rochefort, son passage à
Limoges en 1660, par M. A. Leroux,
p.-v. 849.
Ijemas (Elle), nécrologie, p.-v. 840.
Lermite (Goufier de), capitaine de
Ghalucet au XV* siècle, par M. A.
Thomas, 818; p.-v. 888.
Mosnier (Martial), de Limoges» poêle
et avocat à Bordeaux (Une lettre
de), par M. F. Delage, p.-v. 886.
Muret (Marc^Antoine de). Un huma-
niste limousin du XVP siècle, par
M. P. Delage, 147 ; p.-v. 838.
Muret (Marc-Antoine de), lettres
inédites, par M. P. Delage, p.-v.
884,888.
Muret (Marc-Antoine de) d'après la
biographie d*Isaac Brulart, par
M. 0. d'Abzac, p.-v. 849.
Poisson de la Ghabeaussière (Jean-
Ange), par M.PontainedeResbecq,
p.-v. 866.
Tabari (Jean), Limousin, secrétaire
de Gharles V, par M. A. Leroux,
p.-v. 863.
Thabard, statuaire, nécrologie, par
M. Gourtot, p.-v. 868.
T. LV
l>8
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES
Abal de bois (Plaque de cuivre indi-
quanl les dimensions à Limoges
en 4S94. Doc. comro. par M. A.
Leroux, 846; p.-y. 840.
Abbaye de Grandmont (Bulle de sup-
pression de r), 1772, par M. Male-
vergne de Lafaye, p.-v. 842
Abbaye de Saint-Martial. Concession
par Tabbé de Saint-Martial du do-
maine d'Aigueperse à des moines
de Tabbaye, 1223. Doc. comm. par
M. Ch. de Lasleyrie, 813; p.-v.
837.
Abbaye de Saint-Marlial. Sentence
rendue par le sénéchal du roi
d'Angleterre en Limousin au sujet
de la perception du droit de com-
mande à La Souterraine, 1195.
Doc. comm. par M. Gh. de Lasley-
rie, 807; p.-v. 837.
Abbesse de la Règle condamnée à
payer une redevance à la léprose-
rie de la Maison-Dieu, 1498. (Voy.
Lépreux (Les). Doc), 143.
Abbesse de la Règle condamnée à
payer diverses rentes à la lépro-
serie de la Maison-Dieu, 1806.
(Voy. Lépreux (Les). Doc), 144.
Arnac-la-Poste. (Voy. Saint-Sulpice-
les-Feuilles (Monographie du can-
ton de), S93.
Baluze (Etienne), professeur de droit
canon au Collège de France, par
par M. F. Delage, p.-v. 842.
Beaupoil de Sainte-Aulaire (De).
Inauguration d'une plaque commë-
morative à Aixe-sur-Vienne, par
M. P. Ducourlieux, p.-v. 868.
Beaupoil de Sainte-Aulaire (Fran
çois-Joseph), lettre inédile, 1723,
par M. A. Dujarric-Descombes,803.
Bibliographie. Un siècle de vie ecclé-
siastique en province ; la réforme
ecclésiastique dans le diocèse de
Limoges au XVII« siècle, par M.
l'abbé Aulagne, p.-v. 882.
Bibliothèque communale de Limoges.
Catalogue des manuscrits (nouveau
supplément), par M. B. Mayéras,
649.
Blanchard (Antoine), de Limoges,
imprimeur à Lyon, par M* P. Du-
courlieux, p.-v. 887.
Blessac (La fête du couvent), par
M. Cyprien Pérathon, 372; p.-v.
843.
Bosvieux (Auguste), par M. H. de M.,
198.
Bussière-Poitevine (Opposition des
habitants de) au rattachement de
leur paroisse au district de Bellac,
1790. Doc. comm. par M. Roger
Dronault, 822.
Camée en pierre trouvé à Crochat,
par M. P. Ducourtieux, p.-v. 834.
Chapitre de Saint-Martial (Mémoire
pour le), 1786. Doc 820.
8B0
SOGlÉTé ARCHÉOLOGIQUe ET HtSTORIQUB DU LIMOUSIN
Gh&sse en émail de Limoges à Saint-
Marcel (Indre), par M. A. Leroux,
p.-v. 860.
Chftteau-Chervix, archéologie, his-
toire, documents, par M. A. Le-
cler, 817; p.-v. 887.
Château-Chervix (Contrat de vente
de) l"" Gh&teau-Ghervix ; S» de
Saint-Jean-Ligoure, Janailhac con-
senti en faveur de l"" Jean et An-
toine de Goignat, 2<> de Christophe
et Pierre de Booy, par Sa Majesté
le roi de Navarre, 1487. (Voyez
Chftteau-Chervix. Doc, 834.
Chàteau-Chervix (La terre de), par
Faulle de Vanteaux, 799, p.-v. 866.
Classement de plusieurs monuments
de Limoges, commission, p.-v. 870.
Commanderie (La) et les comman-
deurs de Paulhac, par M. Joseph
Boulaud, 181.
Confrérie de Notre-Dame-la-Joyeuse
ou des Pastoureaux, par M. Franck
Delage, 888.
Confrérie de Notre-Dame-ia-Joyeuse.
Articles complétant ou recliiiant
les statuts (1811-1888). Doc, 863.
Confrérie de Notre-Dame-la-Joyeuse.
Reddition de comptes des bailes,
1818-1647, 866.
Confrérie de Saint-Jacques. Doc. de
1897, par M. F. Delage, p.-v. 838.
Confrérie de Saint-Rustique (Billet
d'admission), 1680, par M. Ë.
fiervy, 80Î.
Congrès préhistorique tenu à Péri-
gueux, parM. F. Delage, p.-v. 862.
Cromac. (Voyez Saint-Sulpice-les-
Feuilles (Monographie du canton
de), 637.
Croy de Chimay (Charles de), dit
vicomte de Limoges, par M. A.
Leroux, p.-v. 849.
Crozant (Excursion à), en 1908), par
M. René Laguérenne, 777; p.-v.
886.
Emaux, objets d*arts, livres, tableaux
de la collection Germeau (Vente),
par A. Leroux, p.-v. 889.
Evangéliaire du X* siècle, par M.
Malevergue de Lafaye. p.-v. 842.
Famille de Comédiens (Une), par M.
J. Bellet, 802.
Faye ou de La Faye (Généalogie de
la maison de), par H. Zenon Tou-
mieux, 327, 760.
Feytiat, mortalité en 1710, par M.
0. d'Abzac, p.-v. 868.
Figurine en bronze provenant du
Château d'Aixe, par M. Fournie,
p.-v. 848.
Hôpital de Limoges, union d'une
rente de 180 livres payée par
Tabbesse de la Règle à l'ordre de
Saint-Lazare, 1668. (Voy. Lépreux
(Les). Doc), 148.
Hôpitaux et maladrerie du diocèse
dépendant de l'ordre de Saint-
Lazare (Décimes relatives aux),
1818-28. (Voyez Lépreux (Lesj.
Doc), 124.
Intaille trouvée au Bouchais, corn.
de Cromac, parM. Roger Drouauli,
790; p.-v. 860.
Jouvin de Rochefort, son passage à
Limoges en 1660, parM. A. Leroux,
p.-v. 849.
Lasteyrie du Saillant (Généalogie de
la famille de, par M. Vandières de
Vilrac, p.-v. 842.
Lemas (Elle), nécrologie, p.-v. 840.
Lépreux (Les) et les léproseries de
Limoges, par M. Louis Guibet, S;
p.-v. 848.
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES
881
Lépreux de la Maison-Dieu consti-
tuant un receveur comptable, 1482.
(Voy. Lépreux (Les). Doc), 123.
Lépreux autorisé à quitter la lépro-
serie, 1477. Voy. Lépreux (Les).
Doc), 131.
Lerroite (Goufier de), capitaine de
Chalucet au XV* siècle, par M.
Antoine Thomas, 315; p.-v. 8S5.
Limoges. Baptêmes et mariages
(Registre des) de 1798 à 1802, par
M. Mariaux, p.-v. 842.
— Cathédrale, continuation des tra-
vaux de construction en 1405, par
M. A. Leroux, p.-v. 860.
— Chapelle de Thôpital, effondre-
ment de la toiture, visite de la
chapelle, p.-v. 859.
— Chapelle de Thôpital, notice des-
criptive, par M. E. Wottling, 694;
p.-v. 871.
— Chapelle de Fhôpital, notice his-
torique, par M. A. Leroux, 699;
p.-v. 871.
— Cheminée de Grandmont et Por-
tail de rin tendance dans une
maison place du Ghamp-de-Foire,
par M. Malevergne de Lafaye^ p.-v.
869.
— Confiscation du Consulat du
Ch&teau par Charles VII, par M.
A. Thomas, p.-v. 86U.
— Contrefort de la cathédrale, pein-
ture, par M. Gourtot, p.-v. 838.
— Couvent des Clairettes (Le), pein-
ture, par M. Courtot, p.-v. 859.
— Disette à Limoges au XVP siècle,
parM. F. Delage, 280.
— Eglise de Sainte-Félicité, par M.
P. Ducourtieux, p.-v. 853.
— Eglise de Sainte-Félicité,peinlure,
par M. Courtot, p.-v. 866.
— Pont Saint-Etienne, conservation,
vœu, classement, par M. Camille
Jouhanneaud, p.-v. 867, 870.
Maison-Dieu, constitution de rentes
par Barthélémy de Drouilhes et
autres, 1252. (Voy. Lépreux (Les).
Doc), 142.
Maison-Dieu (Déclaration d'Etienne,
prieur), 1240 (Voy. Lépreux (Les).
Doc), 121.
Maison-Dieu (Lettres d'admission à
la léproserie de la), 1572-1618.
(Voy. Lépreux (Les). Doc), 132.
Maison-Dieu (Liève du XV» siècle).
(Voy. Lépreux (Les). Doc), 134.
Maison-Dieu de Limoges, ordonnance
pour les réparations, 1&61-62. (Voy.
Lépreux (Les). Doc), 126.
Maison-Dieu. Recteurs, précepteurs,
prieurs et prieures, chapelains et
curés, curés de Saint-Jacques et
de Saint-Christophe. (Vo;. Lépreux
(Les). Doc), 118, 119, 120.
Maladie (La) des Espagnols à Limo-
en 1809, par M. A. Lecler, 217.
Médailles (Présentation de), par M.
le D' Fournie, 380.
Monnaies (Description de), par M.
Royer, p.-v. 836.
Monnaie d'Alexandre le Grand, par
M. Hersant, p.-v. 838.
Monnais de Charles VII et Henri II,
par M. Royer, p.-v. 843.
Monnaie d*or de Charles VIII, à l'ini-
tiale L, par M. Royer, p.-v. 864.
Monnaie en or de Sigismond, empe-
reur d'Allemagne, trouvée à Objat,
par M. P. Ducourlieux, p.-v. 849.
Monnaies trouvées à Battu t, près
Chartrier (Corrèze), par M. Royer,
p.-v. 866.
882
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIN
Monnaie trouvées à La Chardoone-
rie, corn. d*Azerab1es, par M. R.
DrouauU, 791 ; p.-v. 838.
Mosnier (Martial), de Limoges, poète
et avocat à Bordeaux (Une lettre
de), p.-v. 886.
Muret (Marc-Antoine de). Un huma-
niste du XVP siècle, par M. F.
Delage, 147; p.-v. 838.
Muret (Marc-Antoine), lettres inédi-
tes, par M. F. Delage, p.-v. 884,
888.
Muret (Marc-Antoine de), d'après la
biographie dlsaac Brulart, par M.
0. d'Abzac, p.-v. 849.
Musique à Limoges (Notes pour ser-
vir à rhistoire de la) au XIX' siè-
cle, par M. G. Jouhanneaud, 392;
p.-v. 880, 884.
Notaires artistes, par M. Courtot, 707.
Panazol (L'assistance publique et les
subsistances dans la commune de)
de 1790 à 1798, par M. 0. d'Abzac,
424, p.-v. 843.
Panazol (La population de la com-
mune de) en 1793, par M. 0.
d'Abzac, 420, p.-v. 836.
Plaques de cheminées, par M. A. Le-
cler, p.-v. 848.
Plaque de cheminée (Une) du XVI»
siècle, par M. le D' Fournie, 367.
Poisson de Chabeaussière (Jean-
Ange), par M. Fontaine de Resbecq,
p.-v. 866.
Portrait de M- Magy d'Andaleix,
veuve d'un trésorier de France,
par M. Roger DrouauU, p.-v. 883.
Poules et Coqs de Limoges, par M.
A. Thomas, p.-v. 848, 881.
Présidial de Limoges au XVII» siècle
(Un arrêt du), 1689, par M. A.
Maurat-Ballange, 792; p.-v. 880.
Prisons ecclésiastiques, par M. A.
Leroux, p.-v. 848.
Procès à là Souterraine en 1728,
par M. J. Bellet, 798.
Saint-Auvent. Nomination d*un col-
lecteur, 1744. Doc. comm. par M.
G. Touyéras, 816.
Saint Etienne de Muret (Procès-
verbal) de la translation du chef
de) et autres reUques de Grand-
mont à Saint-Sylvestre, 1791. Doc.
comm. par M. Tabbé Larue, 827.
Saint-Léonard. Reliquaire d'argent
donné par Charles VII, par M. A.
Leroux, p.-v. 883.
Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monogra-
phie du canton de) (suite), par M.
R. DrouauU, 241, 893; p.-v. 846,
884.
Saint- Vitte, monographie d'une com-
mune, par M. René de Sazilly, 298.
Salles-Lavauguyon (L'église des),
par M. E. Wottling, 790; p.-v. 866.
Sénéchaussée de Limoges, prévôté
de Masiéon et de Laron, par M. A.
Thomas, p.-v. 883.
Sombreuil (Actes relatifs à la famille
de). Doc, 818.
Souterrain-refuge à la Berginerie,
com. de Dinsac, p.-v. 869.
Souterrain-refuge du Monteil, com.
de Saint-Léonard, par M. Camille
Jouhanneaud, 787, p.-v. 836.
Statuette en pierre du XIIP siècle,
par M. Fournie, p.-v. 883.
Tabari (Jean), Limousin, secrétaire
de Charles V, par M. A. Leroux,
p.-v. 863.
Tebessa et Tingad (Ruines romaines
de), par M. Joly de Sailly, p.-v.
834.
Thabard, statuaire, nécrologie, par
M. Courtot, p.-v. 868
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DE MATIÈRES
883
Thèse de philosophie du collège de
Poitiers, imprimée sur soie, par
M. A.. Lecler, p.-v. 869.
Urne fanéraire gallo-romaine trouvée
à Touradis, corn, de ThouroOf par
H. P. Duconrtieux, p.-v. 866.
Verrerie (Etablissement d*une) à
Azat, com. de Lussac-les-Eglises,
1798. Doc. comm. par M. Roger
DronauU, 830.
Voies romaines (Les) en Limousin
(l** partie;, par H. P. Ducourtieux,
718.
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS
Abzac (Octave d').
Feytial, morlalilé en 1710, p.-v. 865.
Muret (Marc-Antoine de), d'après la
biographie dlsaac Brulart, p.-v.
849.
Panazol (L'assistance publique et les
subsistance dans la commune de]
de 1790 à 1795, 424; p.-v. 843.
Panazol (La population de la com-
mune de) en 1793, 420; p.-v. 836.
Bellet (J.).
Famille de Comédiens (Une), 802.
Procès à La Souterraine en 1728,798.
Boulaud (Joseph).
Gommanderie (La) et les comman-
deurs de Paulhac, 181.
Gourtot (Paul-Laurent).
Limoges. Contrefort de la cathédrale,
peinture, p.-v. 838.
— Le couvent des Clairettes, pein-
ture, p.-v. 859.
^ Eglise de Sainte-Félicité, pein-
ture, p.-v. 866.
Notaires artistes, 707.
Thabard, statuaire, nécrologie, p.-v.
868.
Oelagé (Franck).
Baluze (Etienne), professeur de droit
canon au Collège de France en
1689, p.-v. 842.
Congrès préhistorique tenu à Péri-
gueux, p.-v. 862.
Confrérie de Nolre-Dame-la-Joyeuse
ou des Pastoureaux, 555.
Confrérie de Saint-Jacques. Doc. de
1597, p.-v. 838.
Disette à Limoges au XVI* siècle,280.
Mosnier (Martial), de Limoges, poète
et avocat à Bordeaux (Une lettre
de), p.-v. 856.
Muret (Marc-Antoine de). Un huma-
niste limousin du XVI* siècle, 147;
. p.-v. 838.
Muret (Marc-Antoine de), lettres iné-
dites, p.-v. 854, 855.
Orouaolt (Roger).
Bussière-Poitevine (Opposition des
habitants de) au rattachement de
leur paroisse au district de Bellac,
1790. Doc. Gomm., 822.
In taille trouvé au Bouchais, com. de
Cromac, 790; p.-v. 860.
Monnaies trouvées à La Chardon
nerie, com. d'Azerables, 791; p.-v
835.
Portrait de M"* Magy d'Andaleix
veuve d'un trésorier de France
p.-v. 853.
Saint-Sulpice-les-Feuilles (Monogra
phie du canton de) (suite), 241
593; p.-v. 846, 854.
Verrerie (Etablissement d*une) à
Azat, com. de Lussac-les-Eglises,
1798. Doc. comm.,830.
886
SOCléré ARCHÉOLOGIQUE ET HISTOniQUE DU LIMOUSIN
Ouooortieax (Paul).
Beaupoil de Sainte-Aulaire (De).
Inauguration d'une plaque coin-
mémoralive à Aixe-sur-Vienne,
p.-f . 865.
Blanchard (Antoine), de Limoges,
imprimeur à Lyon, p.-v. 8S7.
<2amée en pierre trouvé à Grochat,
p. -T. 834.
Limoges. Eglise de Sainte-Félicité,
p.-v. 883.
Monnaie en or de Sigismond, empe-
reur d'Allemagne, trouvée à Objat,
p.-v. 849.
Urne funéraire gallo-romaine trouvée
à Touradis, com. de Thouron, p.-v.
868.
Voies romaines (Les) en Limousin
H^ partie). 713.
OaJfl'i*>*io*Oe»coiiibes (A.).
Beaupoil de Sainte-Aulaire (Fran-
çois-Joseph), lettre inédite, 1723,
803.
Faulte d0 Manteaux*
Gbftteau-Chervix (La terre de), 799;
p.-v. 866.
Fontaine de Reebecq«
Poisson de la Ghabeaussière (Jean-
Ange, p.-v. 866.
Fournie (D').
Figurine en bronze provenant du
Ghâteau d*Aixe, p.-v. 848.
Médailles (Présentation de), 380.
Plaque de cheminée (Une) du XVI«
siècle, 367.
Statuette en pierre du XIII* siècle,
p.-v. 883.
Gnibert (Louis).
Lépreux (Les) et les léproseries de
Limoges, 8; p.-v, 848.
int (E.).
Monnaie d*AIexandre le Grand, p.-v.
838.
fliei*vy (Emile).
Gonfrérie de Saint-Rusiiqoe (Billet
d'admission), 1680, SOS.
Jlely €le «aUly»
Tebessa et Tingad (Ruines ronaines
de), p.-v. 834.
Jloubanneand (Gamille).
Limoges. Pont-Saint-Etienne, con-
servation, vœu, classement, p.-v.
867, 870.
Musique à Limoges (Notes pour
servir à l'histoire de la) au KIX*
siècle, 392; p.-v. 880, 884.
Souterrain-refuge du Monteil, com.
de Sain-Léonard, 787; p.-v. 836.
le (René).
Grozant (Excursion à) en 1908, 777;
p.-v. 886.
LAPae (L'abbé).
Saint Etienne de Muret (Procès-verbal
de la translation du chef de) et
antres reliques de Grandmont i
Saint-Sylvestre, 1791. Doc. comm.,
827.
latesri*!^ (Gh. de).
Abbaye de Saint-Martial. Sentence
rendue par le sénéchal du roi
d*Angleterre en Limousin au sujet
de la perception du droit de com-
mende à la Souterraine, 1196. Doc.
comm., 807; p.-v. 837.
Abbaye de Saint-Martial. Goncession
par l'abbé de Saint-Martial du
domaine d'Aigueperse à des moi-
nes de rabbaye,1223. Doc. comm.,
813; p.-v. 837.
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE O* AUTEURS
l^ecler (L'abbé A.).
Château-Ghervix, archéologie, his-
887
tôire, documents, 817; p.-v. 857.
Maladie (La) des Espagnols à Limo-
ges en 1809, 217.
Plaques de cheminée, p.-v. 848.
Thèse de philosophie du collège de
Poiliers, imprimé sur soie, p.-v.
869.
Leroux (Alfred).
Abal de bois (Plaque de cuivre indi-
quant les dimensions à Limoges de)
1594. Doc. comm., 816; p.-v. 849.
Bibliothèque de la Société, catalogue
des manuscrits (suite), 440, p.-v.
837.
Châsse en émail de Limoges à Saint-
Marcel (Indre), p.-v. 860.
Groy de Chimay (Charles de), dit
vicomte de Limoges, p.-v. 849.
Emaux, objets d*arts, livres, tableaux
de la collection Germeau (Vente),
p.-v. 859,
Jouvin de Rochefort, son passage à
Limoges en 1660, p.-v. 849.
Limoges. Gathédrale,conlinuation des
travaux de construction en 1405,
p.-v. 860.
Limoges. Chapelle de Phôpital, notice
historique, 699; p.-v. 871 .
Prisons ecclésiastiques, p.-v. 845.
Saint-Léonard. Reliquaire d'argent
donné par Charles VII, p.-v. 853.
Tabari (Jean), Limousin, secrétaire
de Charles V, p.-v. 863.
0. «le M.
Bosvieux (Auguste), 195.
Maie ver yne de LAfteye*
Abbaye de Grandmont (Bulle de
suppression de T), 1772, p.-v. 842.
Limoges. Cheminée de GrandoMmt
et Portail de rintendance dans une
maison place du Ghamp-de-Fair€t
p.-v. 869.
Bibliographie. Evangéliaire du X*
siècle, p.-v. 842.
llarlaux*
Limoges. Baptêmes et mariages (Re-
gistre des) de 1795 à 1802, p.-v.
842.
Maurat-Ballanye (A.).
Présidial de Umoges au XVIP siècle
(Un arrêt du), 1659, 192, p.-v. 850.
Mayéraa (Barthélémy).
Bibliothèque communale de Limoges.
Catalogue des manuscrits (nou-
veau supplément), 649.
Pérathon (Cyprien).
Blessac (La fête du couvent), 372,
p.-v. 843.
Monnaies (Description de), p.-v. 836.
Monnaies de Charles VII et Henri II,
p.-v. 843.
Monnaie d'or de Charles VU, à l'ini-
tiale L, p.-v. 864.
Monnaies trouvées à Battut, près
Chartrier (Corrèze), p.-v. 866.
Etily (René de).
Saint- Vitte, monographie d'une com-
mune, 295.
Xtiomaa (Antoine).
Lermile (GouGer de), capitaine de
Chalucet au XV« siècle, 515; p.-v.
855.
* Limoges, confiscation du Consulat du
Château par Charles VU, en 1443,
p.-v. 860.
88S
SOClélIfc 'ARCfilOLbGIQUS ET BISTOIUQUE DU LIMOUSIN
Poules et Coqs de Limoges, p.-T. 848,
881.
Sénéchaussée de Liâooges, prévdté
de HasIéoD et de Laron, p.-v. 883.
Toumleox (Zenon).
Paye ou de La Faye (Généalogie de
la maison de) (suite), 327, 780.
Toayératt (G.).
Fonds Godet-Boisse (Répertoire du),
482, p.-v. 837.
Saint-Auvent (Nomination d*un col-
lecteur, 1744. Doc, 816.
Vandiéres de ^Itrae (de).
Lasleyrie du Saillant (Généalogie de
la fitmille de), p.-v. 842.
l^oUlln^ (E.).
Salles-Lavauguyon (L'église des),
790; p.-v. 866.
Limoges. Chapelle de Thôpital, no-
tice descriptive, 694; p.-v. 871.
LISTE
/ t
DES MEMBRES DE LÀ SOCIETE
PENDANT L*ANNÉE 1908
BUREAU
PréMent-né. — M. le Prépkt de la Haule-Vienne (1).
PrésidenU honoraire». — UM. Faob (René) et Tabbé A. Usclke.
Président. — H. le D' Foubnib (U.} 1. P. tf, 0 «.
Viae-préaidenia, MM. Hbrvt (Emile) et Jouhannbaud (Camille).
Secrétaire général. — H. Leroux (Alfred), I. P. ^.
Secrétaire-adjoint. — M. Laouêrenns (René).
Tréaorier. — M. Toutèras (Gabriel).
Bibliothécairea-adjointa. — MM. Moufle (Léonard) et Dubois (Joseph).
CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. LES Membres du Bureau.
M. TixiBR (Jules), A. ^, i.
M. Garrioou-Lagrangb (Paul), A ^.
M. Malevergne de Lafayb^E.).
COMITÉ DE PUBLICATION
MM. LES Membres du Bureau.
M. DucouRTiEUX (Paul), T. P. ||.
M. Mariaux (Paul).
M. Laverqnolle (Gaston).
M. COURTOT, A. ^.
M. Dblaob (Franck).
M. Maubat-Ballanoe (Albert).
M. rabbé Pénicaut (G.).
(1) La Société a été fondée le 26 décembre iS45: elle a'ett conatltuée à la aaite de la nomi-
natioD, le 3 do même moia, par If. MoridOt, préfet de la Haute- Vienne, d'une commission
pourta recherche, l'étude et la conservation des monumenti historiques.
SOO SOCtirÉ ARCBftOLOOlQUt BT BlSTORtQUK DU LlliOUSiN
MEMBRES HONORAIRES (i)
1859-1876
MM.
RouGBRiB (Mgr)» évAqne de Pamiera.
1874-1888
CL4IIBT1B (Jules), 0 4^, de l'Académie fraoçaise» administratenr de la
Comédie Française, 155, boutevard Haussmann, Paris.
1875-1888
LàSTBTRiB (comie Robert db), ^, membre de i*Académie des Inscriptions,
professeur d'archéologie à i*Kcole des Charles, 40 bis, rue dn Pré-auz-
Clercs, Paris.
1870
Dblislb (Léopold), G 0 ^, membre de l'Académie des inscriptions, ancien
administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris.
1890
LouvRisa DE LuoLàis, {flf , directeur des Ecoles nationales d'arts décoratifs
de Paris, Limoges et Aubusson, 19, quai Bourbon, Paris.
1870-19O1
Thomas (Antoine-André) 4f, membre de TAcadémie des Inscriptions, pro-
fesseur à rUnlversité de Paris, 76, me de Madame, Paris.
1881-1001
MoLiNiBB (Emile), 0 ^, conservateur honoraire des Musées Nationaux do
Louvre, 29, rue de La Rochefoucauld, Paris.
1006
Cbabanbau (Camille), correspondant de Tlnstitut, ancien professeur k la
Faculté des Lettres de Montpellier, à Nontron (Dordogne).
MEMBRES TITULAIRES
1851
MM.
GsAVK (le marquis db), propriétaire, à Vernenil-sur-Vienne.
1858
RoGUBs DB PuasAC (Victor), notaire, k Aixe*8ur-Vlenne.
1850
Lbclbb (l'abbé A.), chanoine honoraire, rue des Charseix, 13.
1862
HsavT (Emile), notaire honoraire, 33, boulevard Gambctta.
(1) Quand 11 y a deux dates, c*«tt la dernière qui indique i'année de la promotioD au titre
de membre honoraire.
LISTE DBS HBMftRtS 801
1865
Lk Sagb (Charles), 4^, A. y, iDgénleur civil, ancien maire de Limoges,
18, rue Pôliniaad«Beanpeyrat.
1870
DuGouETiBux (Paul), I. P. Q, imprimear-libraîre, membre correspoodant du
Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 7, nie des Arènes.
1872
AsDANT (Georges), imprimeur, 14, rue Pont*Hérisson.
JouBANNBAUD (Camille), avoué près ie tribunal civil, !K6, boul. Victor Hugo.
RoMàNBT DU (^AiLLàUD (Frédéric), ^, au château du Caillaud, près Isle.
1878
** CaKSSAG-BACBKLLBaiB (db), aucien percepteur, au Dorât.
Faob (René), I. P. ^, avocat, 88 bis, avenue Kléber, Paris (XVh).
VANDKaMARGQ (Eugène), ^, propriétaire, 7, rae du Général Gérez.
1874
BouoBT (Gabriel), I. P. ^f, docteur en médecine, I, rue du Général Cérez.
* Madame veuve Louis Boubobby, au chAteau d*Oche, par La Coqnille
(Dordogne).
Raymordaod (E.)» ik$ L P. Qt directeur honoraire de l'Ecole de médecine,
98, rue Delescluze.
1875
CoiiSTANTiii (Jérémie), avocat, it, avenue de Juillet.
LtoBON-LftTANG, ancicu notaire, à Saint-Jean-Ligoure (Haute-Vienne).
1876
6uAbin-L£zA (Guillaume dit William), ^, fabricant de porcelaine. II, rue
du Petit-Tour. •
** HoNSTiBRs-MAaiNviLLB (le marquis Jean dbs), au château du Fraisse, par
Mézières (Haute-Vienne).
VioiBB (Fabbé), eu ré-archi prêtre de Bellac.
1877
* Cbrclb db l'Uhion, â Limoges.
Dblob (Adrien), propriétaire, au château du Puy-Malhieu, par Solignac,
et à Limoges, boulevard Louis Blanc, SI.
Db Lubbt db Pbix, propriétaire au Pleinard, par Pierrebuffière.
Lapobtb (rabbé), curé-doyen à Evaux (Creuse).
PoMÈLiB (le baron Melchior db la), ^, propriétaire, au château du Mont-
joffre, par Saint-Denis-des-Murs.
89t SOCIAtR ARCBéOLOOlQUE IT HISTORIQUK ^DU LIMOUSIR
1878
Berger (Elie), ^, 1. P. ^, professeur au Lycée, 18, avenue Sainl-Eloi.
* DucHASTEAu (GeoFges), notaire à Dessines (Hante-VieDDe).
** Leroux (Alfred), L P. ^f, archiviste de la Haute-Vienne, membre non
résidant du Comité des travaux historiques près le ministère de l'ins-
truction publique, 48, rue de Paris.
NAifEPtANE (Paul Veyrier de), receveur des finances en retraite, à Saint-
Léonard.
1870
Bellabre (Jules de), propriétaire, au chAleau de Puyjoubert, commune de
La Geneytouse» par Saint-Léonard.
Lachbnaud (Emile), entrepreneur, 2, place du Poids-Public.
Lepinay ("Gaston de), maire de Lissac, au château de Moriolies, par Larche
(Corrèze).
Malevbrgnr de la Paye, ancien magistrat, 32, boulevard Victor Hugo.
1880
BouLLAt^D (Henri), A. ^f, docteur en médecine, 36, boulevard Victor Hugo,
1881
GiLEBET (Monseigneur), ancien évéque du Mans, évêque d'Arsinoé,
97, avenue Baudin.
Mariaux (Paul), avocat, 18, boulevard Victor Hugo.
Merlin-Lemas (Abel), avoué près la Cour d*appel, 99, boulevard Gambeita.
1882
Brissbt-Dbsislbs, ancien magistrat, directeur particulier de la compagnie
d'Assurances générales sur la Vie, 11, avenue de Juillet.
BouRDBAO DE La Judib (Audré), 9, rue Cruchedor, et au château de La Jndie,
par Aixe.
Gatheu (Théodore de), '^, propriétaire, au château de Juillac, près Limoges.
Nemert (André), 4, avenue GaribaMi.
Savodin (Jules), 50, avenue de Juillet.
TixiER (Jules) A Q, t) architecte des monuments historiques, 88, rue Péti-
niaud-Beaupeyrat.
1888
Degrord, (Gustave), ^, ancien préfet, 9, place Denis Dussoubs.
Fougbras-Lavbrgnollb (Gaston), avocat, 23, boulevard Garnot.
LouvBT (André), avoué près laGour, 8, cours Bugeaud.
Moufle (Léonard), directeur d'assurances, 16, rue.d*Agaesseau.
WoTTLiNG, A.^, architecte diocésain, ancien directeur des travaux de la villç ,
8, cours Gay-Lufisac.
LI8TI DIS Mumiiis 993
MM. 1884
BooiiDKAU-D*AifTORT, docteur en médecine, 35, avenue Garibaldi.
M"* BaiooBiL, 13f avenue du Midi.
CouBONNUL (marquis Bf), #« à MagnacLavai.
GÉftARDiN (Albert), avocat, 6, rue Ventcnat.
Maurat-Ballanok (Albert), avocat, 46, place du Champ-dc-Foire.
Maxaubrom (Antoine ou), avocat, 5, rue Adrien Dubouché.
MoTNAT (Pabbé), curé de Saint-Pierrc-du-Queyroix, 9, avenue Garibaldi.
Sazbkat (René), S, rue Dalesme.
1885
Garriooh-Laobaiiob (Paul), A. %f, secrétaire générai de la Société <ïay-
Lussac, à l'Observatoire météorologique, 23, avenue Poocaud.
Paradis (Léon), entrepreneur de serrurerie, 6, me des Gharseix.
1886
Frat-Foubnibb (Alfred), I. P. ^. ohef de division k la Préfecture de la
Haute-Vienne, chemin des Basses-Palisses, 17.
Lbymarir (r<amille), I y, correspondant honoraire du ministère de i'ios-
truction publique pour les travaux historiques, membre non résidant du
Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, 80, avenue Baudin.
1887
Dbmartul (André), directeur d'assurances, boulevard Louis-Bianc, tl.
Dubois (Joseph), avoué, 7, rue Arbonneau,
Hbrsant (Edouard), A^, directeur particulier de la compagnie d'assu-
rances la Providence^ 17, place Manigne«
JuBicis (Antoine), architecte, 3i, rue Elie-Berthet.
1888
Dbsbordbs (Qiarles), propriétaire, à Salesse, par Ambazac (Haute- Vienne).
** Ecole nationale d*Arts décoratifs de Limoges.
Gant, percepteur à La Chapelle d*Aogillon (Cher).
Tbxibr (Hubert), avocat, à Paris, rue Clapeyron, 16, et au Queyraud, par
Saint-Paul d*Eyjeaux.
1880
Chabbbybon (Pierre), avocat, docteur en droit, 4, rue des Feuillants.
TouTÉRAS (Gabriel), ancien percepteur, rue d'Aguesseau, 16.
1890
Grifpin (Walter), consul des Etals-Unis de l'Amérique du Nord, rue d*lsly, 5,
k Limoges.
1891
Guimbaud (fabbé), professeur à r£cole Montalemberi, Limoges.
Laumo.id (Jules), avocat, à Beanvais, commune de Saini-Amand-Jartoudeix,
prôs Bourganeuf (Creuse).
TsiiAirr DK Latour (Albert), k l'abbaye du Chalard, par Ladtgnac.
T. LV 59
B94 SOCtéti ARCBÉOLOGIQPV Et BISTORIQUK DU LlttOtJSIll
MM. 1802
<
ÂRDANT (l'abbé Georges), sous-directeur à l'École Nontatembert, 31, roule
d'Aixe.
Cbaptis (Henry dr Fatollis de Corus de), ^, chef d*escadrons de cavalerie
territoriale, au chAteau du Couret, commune de Saint-Laurent-les-
Eglises, près La Jonchère (Haute- Vienne).
Laporte (Maurice), ikt négociant, ancien sénateur, maire de Jarnac.
Maequet, 4^, I. P. 41, docteur en médecine, membre du Conseil général,
maire de Rochecbouart.
1898
FAis8AT(J.)<A^,con8trucleurd*appareil8photographiques,rneduClocher,19.
Gentil de Rosier (Alexandre de), propriétaire, au chAteau de Rosier, par
le ChAtenet-en-Dognon (Haute-Vienne).
HoumER (Fabbé), chanoine, rue Neuve-Saint -Etienne, 4.
1896
Billard (Georges), notaire, 7, rue Pétiniaud-Beanpeyrat.
Brousse (Gilbert), propriétaire, 35, chemin des Basaes-Palisses.
Frédy (de), propriétaire, membre du Conseil général de la Haute-Vienne,
au chAteau de Saint-Auvent, par Saiol-Anvent (Haute-Vienne).
Gaeiat (Camille), docteur en droit, ancien député, membre du Conseil
général, à St-Sulpice-les-Feuilles, et à Paris, 179, rue de Grenelle.
Lagaux (Charles), lÉi, négociant,vice-Kion8uld*E8pagne, 3t, cours Gay-Lussac.
Malinvadd-Beroer, négociant, 19, rue Lansecot.
Marie (Eugène), propriétaire, 9, me de TOhaervatôire.
MAETtR DB LA Bastide, Capitaine au SO* dragons, avenue Ernest Rubeu, 53.
AloREL (Etienne), directeur d'assurances, 16, boulevard Gamot.
VandiAres DE ViTRAC (Atttoine-Mttrc de), ijf(, ancien capitaine de cavalerie*
!i7, boulevard de la Corderie.
1896
PAnicaud (Gustave), caré à Cognac (Haute-Vienne).
Roche (Edouard), négociant, à Champagnat, près Nexon.
RucEAUD (Lucien)^ négociant, 17 bia^ rue Manigne.
1897
CouETOT, A. 41, professeur de dessin au Lycée Gay-Lussac, 14, avenue
de Toulouse.
LHeemite (vicomte de}, ^ , capitaine au Si* régiment de chasseurs à cheval,
place Boucherie, 3.
1898
Berger (Aubert), entrepreneur, 43, rue des Char3eix. •
JooE (Alex.)i négociant, 18, rue du Clocher.
Maeahdat (l'abbé J.), curé doyen de Saint- Yrieix.
Saillt, notaire, i, rue Léonard-Limosin.
TrAseguet (Albert), négociant, 45, rue des Taules,
Vkyretoh (Pabbé), curé de Ghaptelal (Haute-Vienne).
ZiBELiN, 0 4(s> ancien officier supérieur, 9, place Haute-Cité.
USTB DBS MEMBRES 895
MM. 1899
JouHANNBAU» (Charles), chimiste, licencié ès-sciences, rue Elie Berthet, 15.
Tbaraud (Armand), fabricant de pâtes, à A ixe*sur- Vienne.
1900
Arbsllot (Emile), négociant, 4, cours Jourdan.
Ardant (Maaricc), propriétairet rue du Collège, 3. ,
Bkaure d^AuGÈRES (Louis), i5, rae Gondinet.
Bronot (Joseph), A U, pharmacien, 21, place des Bancs.
DupuY (Firmfn), avocat-agréé, 8, rue Pont- Hérisson.
1901
Blakghrr (ErnesOi A^, peintre-émailleur, rue Péliniaud-Beaapeyrat, 53.
BoNNAUû (Paul), A y, peintre-émailleur, boulevard de Fleuras, 3.
Fournie (D^ H.), médecin-principal de Tarmée, 0 ^, 1 P ^, av. de Juillet, 3.
1902
Abzac (0. D*), A ^f, percepteur des contributions directes, rae Pétiniaud-
Beaupcyrat, 40.
Collet (Paul), directeur de l'agence du CrédU Lyonnais^ boul. du Collège.
Drquet (Paul), au château du Mas, par St-Yrieix, et 3i, rue de Ghaillot, Paris.
DROUAULT<.(Roger)» A y, receveur de Fenregistrement, à Saint-Sulpice-
les-Feuilles.
Hbrvy (Pierre), docteur en médecine, 33» boulevard Gambetta.
JouBAUD dbVbrdibr (Etienne), architecte, 39, avenue de Juillet.
Lagu6rbnnk (René), avocat, avenue Foucand, \%,
1903
Bouillon (Marc), ingénieur civil, boulevard Louis Blanc, 17.
Cbarles-Lavauzellr (Henri), 0 |}if, I^, éditeur militaire, avenue Baudin.
Guillemot (René), rédacteur en chef du Courrier da Centre, raeTurgol, 18.
Nazbaud (S.), juge au tribunal eivil de première instance de Limoges, avenue
du Midi, 30.
Naviêrbs du Treuil (Adolphe), au Graud-Treuil, Limoges.
RoTBR ( Frédéric- Lo^is), pharmacien, rue Honlmailler, 49.
Vergnon (Marcel), professeur de philosophie à TËcole Montalembert, Limoges.
1904
Boulaud (Joseph), clerc de notaire, 3, boulevard Louis-Blanc.
Cbabrol (Paul), avocat, 99, avenue du Midi.
Charles- Lavauzbllb (Alfred), 62, avenue Baudin.
Delagb (Franck), professeur au Lycée, 5, avenue du Ghamp-de-Juiflet.
DuvoufiM-MAZOBiB, Bvocat, 434, avenue Ernest Ruben.
FooGBRAs (Auguste), manufacturier, X9, avenue Baudio.
Gârard (Raymond), avocat, 3^ boulevard Montmailler.
GuiBEHT (Georges), directeur d'assurances, 5, rue de rObservatoirc.
Mayéras (Barthélémy), conservateur de la Bibliothèque communale de
Limoges.
PuYRAUO (Ludovic), avocat, 12, place du Champ -de-Foire.
696 SOClfirÉ AHCttèOLOGlQUK rr HISTORIOUB du LltOUSl!l
MM. 1905
FusÂDB (Emile), rue Gondinct, 3.
Kbssliiig (de), chef d'escadron au 3f* chasseurs, avenoe de Poitiers, 31
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM. 1857
CLtMKNT-SiHoify 4f,aDcicn procureur général» chftteau de Bach, par Naves,
(Corrèza). .
1865
CousTiif ou Mâsnadaod (la marquise oi), au chftteau de Saieyrnt, par
Marsac (Creuse).
Debout (Gabriel), propriétaire, an château de Montaiguet (Allier).
1871-1876
AoBiPiN, ancien archiviste du département du (^ntal, au Dorât.
1870
Dbcoci-Laoouttb,A |f , aocien magistrat, ruodtBonnieîlles, It, àPérigiienz.
** PouLBRiÉRK (Pabbé), Supérieur du Petit-Séminaire de Servières (Gorrèze).
1874-1885
DmÂRTUL (Henri), 4?, cooteiller à la Cava de Cassation, 18, rue d*A8aaa,
& Paris.
1875
Masbaubt do Bâstt (Edouard), conservateur des hypothèques, à Niort
(Deux-Sèvres).
1876-1884
BoHBOiivE DE MoNTÉGUT (Henri), ancien magistrat, aux Ombrais, près La
Rochefoucauld (Charente).
BosviEux (Paul), conservati'.ur des hypothèques, cité Vaudoit, M, à Cler-
mont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
1877
AcuDSsoN DE SouBRLBOsT (Edouard), 98, rue de Varennes, Paris.
MoNTCBEUiL (Paul DE), chftteau de ttontcheiiil, près Nontron (Dordogne).
MoNTVAiLLBa (Paul de), avocat, Confolens (Charente).
1878
Dojâebic-Dbscombes, I. P. ^, licencié en droit, ancien notaire, vice-prési-
dent de la Société historique du Périgord, 9, rue de Paris, à Périgneui.
1879
CiALis (Pabbé), curé de La Souterraine (Creuse).
Rarcoonb (de), chez M. Verdeau, rue des Bezines, à Angoutéme (Cbaren te).
LISTE DBS MiMMSS 89?
MM. 1882
Bmtbomibr (Georges), avocat, aa chftteau de St-GermaiD -Beaupré (Creuse),
el à Neuiliy-sur-Seioe, 38, avenue du Roule.
Sknnivilli (db), conseiller référendaire à la Cour des Comples, 8t, rue de
Grenelle, à Paris.
1883
BaucBAiD (lean on), avocat, villa Saint-Germain, par Brive (Gorrèze).
1884
RuBBN (Emile), imprimeur- libraire, Charleville (Ardennes).
1886
TooMiEux (Zenon), ancien notaire, & Masgrangeas, par Royère (Creuse).
1885-1894
GutORRBT (Paul-André), Aiie -sur-Vienne (Haute-Vienne).
1886
** Cbampbvâl db Vtbbs (Jean-Baplisie), avocat, à Bourganenf (Creuse).
1888
Bbllet, instituteur es retraite, à La Souterraine (Creuse).
** Fâgb (Emile),vicc-pré8idenl honoraire du Conseil de préfecture de la Gorrèze,
président honoraire de la Sociéié des Lettres, Sciences et Arts de Tulle,
à Tulle.
Mazbt (Albert), A ^f, architecte, boulevard des Batignollcs, t6, ik Paris.
** Ruriif (Ernest) i)f}, I P. ^f, président honoraire de la Société scientifique,
historique et archéologique de la Corrèze, à Brive.
Tkbmbs (Emile dbs), inspecteur général de la Compagnie d'Assurances
générales, à Bordeaux, 16, me Ducau, et à Bellac, rue du Coq.
Tbohas-Duris (D' René)« à Bogeat (Gorrèze).
1889
GoHDiNBT (Hichel) •!(, avocat, docteur en droit, II, rue Matignon, Paris.
DuLAU et €?•, libraires, 37, Soho-Square, à Londres (1).
1890
** AlbxbIbfp (Son Excellence le comte Georges d*), G. G. lii, maître de la
Tour de S. M. l^mpereur de Russie, tuteur honoraire, rue Serguievskaya,
40*11, Saint-Pétersbourg.
CÂBs(le duc DBs), 80, rue de Lille, Paris.
** Pébathon (Cyprien), membre correspondant du comité des Sociétés des
Beaux*Arts des départements, à Aubnsson.
1891
Bbauchbsnb (marquis db), vice-président de la Société historique et archéo-
logique du Haine, maire de Souvigné, au chftteau de la RocheTalbot,
par Sablé (Sarlhe), et 8, avenue Marceau, Paris.
BaouÂBD (Arsène), frère des Ecoles chrétiennes, me Porte-Panct, iO,
898 SOCléTà AftOHftOLOGIQUB R H18T0IIIQUB DU LIMOrSIIV
MM. 1893
AsBBR et C*% libraires, 13, Uoler den Linden» Berlin.
Lenobmano (Louis), archilecte, %, impasse de Conli» Paris.
1896
Albbrt (D' Prosper), médecin principal de l*armée en retraite, 37, chemin
du Vivier, à Chublac, par Amplepuîs, près Lyon.
Lbspinas (Edmond), avocat, ancien magistral, 13, rue de Bonrdeilles, à
Périgueux.
1898
Abbbllot (Alberi), recevenr dés Finances, à Saint-Nazaire.
Arbbllot du Rb^aibb (Emile), receveur des Finances, à Marennes (Charente-
Inférieure).
FouGAUD (François), comte DU Daugnob, chftteau d*Offanengo (Lombardiej.
Maumt (Fr.), avocat, 76, rue N.-D. des Champs, Paris.
1899
Stbgbbrt, libraire, 76, rue de Rennes, à Paris.
1900
Lofez Pelabz (D. Antolin), évéque de Jacca (Espagne).
1901
Langladb (A.), rue de la Mairie, 39, Boulogne-snr-Seine.
Mbynieux (P.), licencié ès-leltres. Palais de Justice, à Saini-Etienoe.
1902
Valadbau (P.), instituteur, à Saint-Priest-la-Feuille (Grouse).
1903
Pagb (André), architecte, avenue Kléber, 71, Paris.
Labrouhb db la BoRDBRiB (Femaud db), avocat à la Cour d'appel, f 9 bU, rue
Solférino, Bordeaux.
PouQOBT, docteur en médecine, 8, rae du Pré-anx-Clercs, Paris.
1904
Db Sazillt (René), au château de Gurzac, par Saint-Germain-les-BclIes,
(Haute-Vienne).
1905
Bar (Joseph db), propriétaire )i Argentat (Gorrèze).
Grbnibr (Paul-Louis), avocat, rue Notre- Dame-des-Champs, 56, Paris.
Lajudib (Gabriel), ù La Rochelle.
Lton (Ernest), avocat, square Maubeuge, 3, Paris.
Yandbrmarcq (Y.-L.), avocat, rue Radziwill, Paris.
Etabliaaements auxquels la Société enooie ses pubUcaiions :
Ministère de riostruclion publique, à Paris.
Bibliothèque de FEcole des Chartes, à Paris.
Bibliothèque communale de Limoges.
Archives déparlemenlales de la Haute-Vienne.
Grand-Séminaire de Limoges.
Ecole normale d*instituteurs« à Bellevue, près Limoges.
LISTK DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES
Aime :
Société Historique et Archéologique, à Château-Thierry.
Société Archéologique, Historique et Scientifique, à Soissons.
Algérie :
Société Historique algérienne, à Alger.
Société Archéologique, à Côostantinc.
Académie d'Hippone, à B6ne.
Allier:
Société d'Emulation de PAllier, à Moulins.
, * *
Aube :
Société Académique de l'Aube, à Troyes.
ATeyioii :
Société des Lettres, Sciences et Ans de l'Aveyron, à Rodez.
Boncdiefl-da-Bhône :
Académie des Sciences de Marseille.
Société de Statistique de Marseille.
Académie des-Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, à Aix-ea-Provcnce.
Bibliothèque de TUniversiié, à Aix -en-Provence.
CalTados :
Société française d'Archéologie pour la conservation jet la description des
monuments, (siège à Caen).
Cbareate :
Société Archéologique et Historique de la Charente, à Angouléme.
CharenU-Inférieiire :
Société des Archives historiques de la Saintonge et de PAunis, à Saintes.
Cher:
Société des Antiquaires du Centre, A Bourges.
Corrèse : -
Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, ^ Tulle.
Société Scientifique, Historique et Archéologique de, la Corrèze, à Brive.
C6te-d*0r :
Académie des Sciences, Arts et Belles^Lettres, à Dijon.
CreoM :
Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, k Guéret.
Dordogne :
Société Historique et Archéologique du Périgord, à Périgueux.
900 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOOIQUI BT IISTOlilCIII DU LiaOUSIV
DoallS :
Société d*£inulalioo du Dcobs, à' Besançon.
B«M-«i-Lolr :
Sodété DuBoiae, k Ghiteaodan.
Société Académique, l Brest.
Gard:
Académie du Gard» à Nîmes.
Oaioam (Btnto-) :
Académie des Jeux Floraux, k Toulouse.
Société Archéologique du Midi de la France, à Toulouse.
fllrQiid6 :
Société Archéologique de Bordeaux.
Hémlt
Académie des Sciences et Lettres» à Montpellier.
Revue des langues Romanes, à Montpellier.
Société archéologique, à Montpellier.
nie-ei-YflaliM :
Société Archéologique, à Rennes.
Indra :
La Reouê du Centre^ à Ghftteauroux.
Société Académique du Centre, à Chftteauroux.
Iiidr«-«t-U>tre :
Société Archéologique de Touraine, à Tours.
Académie Delphinale, à Grenoble.
Société de Borda, à Dax.
Société Archéologique, Scientifique et Littéraire du Vendômois, *à Vendôme.
Loire :
Société d'Agriculture, Industrie^ Sciences, Arts et Belles-Lettres, à St*Etlenne.
IiOlrt (Haute-)-
Société Agricole et Scientifique de la Haute->i^ire, au Puy.
Loiie-Inftiieiire :
Société Archéologique, à Nantes.
Lolrel:
Société Archéologique de l'Orléanais, à Orléans.
Lot:
Société des Etudes Littéraires, Scientifiques et Artistiques du Lot, à Cahors.
Lot-et-Saroime :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Ag«n.
SOCIÉTÉS CORiBSrOHDANTBS. 901
IUIlM-tt-L«irt :
Sociéié d*Agricalture, Sciences ei Ans de Maine-et*Loire, à Angers.
MariM :
Société Archéologique, à Ghàlons-^ur-Maroe,
Académie des Lettres, Sciences et Arts, à Reims.
Académie de Stanislas, à Nancy.
HQcMtaan :
Société Polymalhiqae do Morbihan, à Vannes.
Nord :
Société des Sciences, de rAgricaltare et des Arts, à Lille.
Société Académique d*Archéologie, Sciences et ArCs, à Beanvais.
Comité Archéologique, à Senlis.
Orm :
Société Archéologique et Historique, à Alençon.
Académie des Sciences, Lettres et Arts, A Arras.
Société Académique, à Boùlogne-sur-Mer.
Société des Antiquaires de la Morioie, à Saint-Omer.
Fnj-dt-MoM :
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts (à la Bibliothèque de Cler-
mont^Ferrand).
Société des Amis de TUniversité d'Auvergne, à Clermont -Ferrand.
Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Lyon.
Bulletin historique du diocèse de Lyon.
8«tee-«t-L«irt :
Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres, à MAcon.
Société Bdnenne, à Autun.
Stftht:
Société Historique et Archéologique du Maine, au Mans.
SftToie :
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie, à Chambéry.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie, à Chambéry.
ËÊCfùU (Baiito-)
Société Florimontane, à Annecy.
Société des Antiquaires de France, à Paris.
Société Française de Numismatique et d'Archéologie, à Paris.
Société Indo-Chinoise, à Paris.
Lemottj(,revue franco-limousine,organe des associations limousines de Paris.
8«lM-at-IIarM :
Société Historique et Archéologique du Gâtinais, à Fontainebleau.
8«lBt-«t-0lM :
Société Archéologique, à Rambouillet*
dos SOCléTB ARCaifcOLOGIQUÈ BT B19T0RIQUB DU LII0U8IM
Sdne-Infèrieiiro :
Académie des Sciences, Belles-Leitres et Arts, à Roaen.
Sèrros (Deoz-) :
Société de Statistique, Science» et Ans des Deux-Sèvres, à Niort.
Revue épigraphique (direction à Saint-Maixent).
Somme :
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts et Agriculture, à Amiens.
Société d'Emulation, ^ Abbeville.
Tarn-at-Oaroi^M :
Société Archéologique de Tarn-et-Garonno, à Montauba'n.
▼ar :
Société d*Etudes Scientifiques et Archéologiques, à Draguignan.
Académie des Arts du département du Var, à Toulon.
Ylemia :
Société des Antiquaires de TOuest, à Poitiers.
Vienne (Hante-) :
Société d'Agriculture, Sciences et Arts, à Limoges.
Société Gay-Lussac, à Linioges.
Société botanique et Revue scientifique, à Limoges.
Société des Amis des Sciences et des Arts, à Rochechouart.
Tonne :
Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne, à Auierre.
Société Archéologique, à Sens.
AUemagne :
Société historique d'Ajx-la-^hapelle (Acuihener GeêcMchisoerein).
Neue Heidelberger Jahrbuecher (Bibliothèque de rOniversité« Heidclberg).
Belgique :
Académie royale des Sciences, des LeUrea et ,des Beaux-Arts de Belgique,
à Bruxelles.
Académie royale d'Archéologie, à Anvers.
Société des Bollandistes,.^, rue des Ursulines, Bruxelles.
Les RR. PP. Bénédictins, à Maredsous.
Cercle Archéologique de Moos.
Bniflie :
Commission impériale d'Archéologie de Saint-Pélersboprg.
Académie impériale de Saint-Pétersbourg.
Snède :
Académie royale des Belles-Lettres, d'Hi9U>ire et des Antiquités, et Musée
.National (Kon,gl. vUterheU^ HUtoriê och rAn^iquUeês Akademien) de
Stockholm.
Snlsee :
Société neut'chftteloise de géographie, à Neufchâtel.
Société historique et archéologique de BÂlc (HUtorieche und antiqua-
rische Gesellschaft)»
Etats-Unis de rAmtilqoo &a Hord :
Société Smithsonienne, à Washington.
TABLE DES MATIÈRES
TRAVAUX
Pag«i
Les lépreux et les léproseries de Limoges, par M. Louis Guibert. 5
Un humaniste limousin au XVI<^ siècle : Marc-Antoine de Muret,
par M. Franck Delage 147
La Commanderie et les Commandeurs de Paulhac, par M. Joseph
Boulaud 181
Auguste Bosvièux, par H. de M 195
La maladie des Espagnols à Limoges en 1809, par M. Tabbé
A. Lecler 217
Monographie du canton de Saint-Sulpice-les- Feuilles (suite), par
M. Roger Drouault 241 et 593
La disette à Limoges au XV1« siècle, par M. Franck Delage 280
Saint- Vitte, monographie d*une commune, par M. René de Sazilly. 295
Généalogie de la Maison de F«ye ou de La Faye, par M. Zenon
Toumieux 327 et 750
Une plaque de cheminée au XVI« siècle, par M. le D' Fournie. . . 367
La fête du couvent de Blessac, par M. Cyprien Pérathon. 372
Présentation de médailles, par M. le D' Fournie. . • 380
Notes pour servir à l'histoire de la musique à Limoges au
XIX' siècle, par M. Camille Jouhanneaud , 392
La population de la commune de Panazol en 1793,par M.O. d'Abzac. 420
L'assistance publique et les subsistances dans la commune de
Panazol de 1790 à 1795, par M. Octave d'Abzac 424
Bibliothèque de la Société archéologique et historique du Limou-
sin : catalogue des manuscrits (guité), par M. Alfred Leroux. . . 440
Répertoire du fonds Godet de Boisse, par M. G. Touyéras 452
Gouûer de Lermite, capitaine de Chalucet au XV* siècle, par
M. Antoine Thomas 513
Châteaux -Cher vix : archéologie, histoire, documents, par M. Tabbé
A. Lecler 517
Confrérie de N.-D. la Joyeuse ou des Pastoureaux (suivie de
documents), par M. Franck Delage 555
Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque communale de
Limoges : nouveau supplément, par M. Barthélémy Mayéras.. 649
904 SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DU LIMOUSIK
La chapelle de Thôpital de Limoges :
Notice descriptive, par M. E. Wottling 69*
Notice historique, par M. A. Leroux 699
Notaires artistes, par M. P.-L. Courtot TOT
Les voies romaines en Limonsîn, par M. P. Ducourtieux 713
Excursion de la Société à Crozant (1905), par M. IL Laguéreiuie« 777
COMMUNICATIONS DIVERSES
Souterrain-refuge du Monteil, par M. C. Jouhanneaud 787
L'église des Salles-Lavauguyoa, pax M. E. Wottling 788
Communications archéologiques, par M. R. Drouault 790
Un arrêt du Présidial de Limoges au XVII* siècle, par M. A. Mau-
rat-Ballange 792
Un procès à La Souterraine en i 728, par M. J. Bellet 798
La terre de Chàteaux-Chervix, par le général Faulte de Vanteaux. 801
Une famille de comédiens, par M. J. Bellet 802
Billet d'admission dans la confrérie de Saint-Rustique, par
M. E. Hervy 802
Lettre du marquis de Sainte- Aulaire, par M. Dujarric-Descombes. 803
DOCUMENTS
Deux chartes limousines concernant Tabbaye de Saint-Martial
(1195 et 1223), par M. Ch. de Lasteyrie 807
Inscription du Naveix (1594), par M. A. Leroux 816
Nomination d*un collecteur à Saint-Auvent(1744), par M. Touyéras. 816
Actes relatifs à la famille de Sombreuil (1768-70), par M. X 818
Mémoire pour le chapitre de Saint-Martial de Limoges (1786),
par M. X 820
Opposition des habitants de Bussière-Poitevine au rattachement
de leur paroisse au district de Bellac(1790),parM. R. Drouault. 822
Procès-verbal de la translation du chef de saint Etienne de
Muret à Saint-Sylvestre (1791), par M. Tabbé Lame 827
Etablissement d^une verrerie à Azat(1798), par M. R. Drouault.. 830
GRAVURES
Fac-similé d'une lettre de Marc- Antoine de Muret 149
Auguste Bosvieux 197
Plaque de cheminée : contemplation du serpent d'airain 367
Avers de deux pestthalers en argent du XVI« siècle 369
Bouton gravé du XVII« siècle 380
Jeton de la corporation des potiers d'étain (Forgeais). ..... 382, 383
TABLE DBS MATIÈRES 905
Jeton de la corporation des toiliers de Rouen (coUect. F.) 383
Méreau de plomb (fruitiers) au type de saint Léonard 385
Méreaux des fruitiers orangers (Forgeais) 387
Jeton des fruitiers orangers de 1758 (Carnavalet) 387
Médaillon de Jean Dorât, par Jacques Prima vera 388
Donjon de Chàteau-Chervix 518
Porte fortifiée et église d'Arnac-la- Poste 593
Château de Montmagner 625
Donjon de Lubignac 625
Château de Lascroux 645
Plan de la chapelle de Thôpital général de Limoges 697
Retable de la chapelle de Thôpital général de Limoges 705
Fac-similés de dessins des XV*, XVI* siècles, par P.-L. Courtot. 713
Fac-similé d*un extrait du 1*' segment de la Table de Peutinger
et redressement de cet extrait 718, 719
Cité des Lémovices, ses limites, stations des itinéraires 733
Carte des découvertes de Tépoque gallo-romaine en Limousin. . 741
Plan de Téglise des Salles- La vauguyon 789
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
Séance du 31 janvier 1905 833
— du 28 février — 837
— du 28 mars — 840
— du 2 mai — 844
— du 30 mai — 847
— du 27 juin — 851
— du 25 juillet — 855
— du 27 octobre — 858
— du 28 novembre — 863
— du 26 décembre — 868
TABLES
Table méthodique, par M. P. Ducourtieux . , 873
— par ordre alphabétique de matières, par M. P. Ducourtieux. 879
— par ordre alphabétique d'auteurs, par M. P. Ducourtieux. . 885
Liste des membres de la Société 889
Liste des sociétés correspondantes 899
CORRECTIONS
Page 11, ligne 28. — Au lieu de poison^ lire priion.
Limogei, imprimerie-tibrtirie Dacoorticiuc «t Goût, 7, rue dtf Arènes.