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Full text of "Bulletin de la Société de Géographie"

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BULLETIN 


DE    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


Deuxi^me  S^rie. 

TOME    PREMIER. 


La  prcuiiere  sei  ic  dii  bullktin  sc  compose  dc  viiigt  vo- 
lumes, et  comprend  douze  annees  de  1821  a  i833  ,  inclus,  fi- 
nissant  an  11°  128. 

Lcs  volumes  I,  11,  iii  dii  Rf.cueh,  de  Voyages  et  de  Me- 
sioiRES  ont  pani ;  les  tomes  iv  et  v  soiit  sous  presse. 


BUREAU   DE    LA   SOCIETE. 

[Election  die  29  mars  i833.) 


rresideiit,  M.  Ic  duo  Dfcazes,  pair  Ae  France. 

,-.  ,   ..  \     M.  JoMARD  ,  membrc  dc  rinstitiit. 

'  (     M.  Warden,  coirespond.Mit  iIc  1  liistitiit. 

Si-cn'lairt'.  M.  de  Larenaudi^re. 

„       .    .  \    M.  Beautemps  BEAi'PRi  ,  membi-e  dc  I'instiliJt. 

I     M.  llUERNE    DE    irOMMEUSE. 

LISTE  DES  PR^SIDENS  DE  LA  SOCIETE  , 

depuis  son   niii^iiw,  daiia  i'vrdr:-  de  teiir  noiumalion. 

MM    Ic  marquis  DE  I.aplace-  MM.  IcroniteCnABiiiiLDECRousuL. 

le  niai  c|uis  DE  Pastoret.  le  baron  (^uvjeh. 

le  viconite  de  Chateau-  le  baron  Hyde  de  Neuville. 

BlilAKD  le  due  DE    DoUDEAUVlLLE. 

leconiteCHABiioL  de  Voi.vic.  J.-B    Eyries. 

Becquky.  Ip  comte  de  RrcNY. 

Jcbar'n   Alexandre  de  Hum-  Dumont  d'Urville. 

BOLDT. 

CORRESPONDANS    ETRANGERS, 
dans  I'ordre  de  leiir  nojuinalion. 

MM.  ledoctenr  Mease,  iPbila-  MM.  F.-Ant  T.okzalez,  a  Madrid. 

delphie.  leD'.   REl^GANUM,  .i  Berlin. 

Tanner  ,  a  Pbiladelpbin.  le  cap.  Franklin  ,  a  Londres. 

W.   WooDBRiDGE ,  a  Boston.  le  D'.  HiciiARnsoN,   .aid. 

lecapitaine  Edward  Sabine,  le  prof.  Rafn,  a  Copeuhagne. 

a  Londres.  _  Ic  cap.  GRAAH,a    Copenba- 

le  col.  Poinsett,  aux  Flats-  gue. 

Unis.  AlNswORril  ,  a  Edimbourg. 

le  col.  d'Abrahamson  ,  a  Co-  Adr.ien  Balbi  ,  a  Vcnise. 

pe'niiague.  Graberg   de    Hemso  ,    a  Li- 
le  professeur  Schumacher  ,  a  vouinc. 

Altona.  Ic  in.ijor  Long,   aux   Etals- 
de  Navarette,  a  Madrid  Unis. 


M.  CuAPELLiER,  notairc  lionoraire  ,  tr<<sorier  de  la  sotit'te,  rue  dc 
Seine  ,  n"  6. 

M.  NoiROT  ,  agent  gt'nA'al  et  bibliolliecaire  de  la  soci(?td,  rue  de  I'U- 
iiiTersite ,  n"  23. 


BULLETIN 


DE  LA  S0CI£T]6 


DE  GEOGRAPHIE. 


Deuxidme  Serie. 

%omc  jpifmirr. 


^-f  < '-^  •'  ■'  V,o     1 

PARIS, 


^  5  I---' 


CHEZ  ARTHUS-BERTRAND, 

LIBRAIRE   DE   LA   SOCIETY    DE    GEOGRAPHIE, 

RUE    HAUTEFEUILLF  ,    n"    23. 

1834. 


COMMISSION    CENTRALE. 


t:OMPOSITION    DH    BUREAU. 
{  Election  dti   27   decembre  i833.  ) 


f  resident.  M.  Jomard,  membrc  de  I'lnstitut. 

!M.  Daussy,  ing^nieur  hydrogiaphe   en   chef 
de  la  Marme. 
M.  le  haron  Koger  ,   ancien  commandant  du 
S<?iiegal. 
Secretaire-ginirol.        M.  D'Avezac 


SECTIOK    DE    COBKESFOVDAMCE. 

MM.  Bajot.  MM.  Jaubeit. 

Gulll   Barbid  du  Bocage.  Jouannin. 

Alex.  Barbie  du  Bocage.  C^sar  Moreaii. 

Bottin.  Ambv.  Tardieu. 

Cadet  de  Metz.  Baron  Walckeiiaer. 

Coulier.  Warden. 
Isambert. 

SECTION  DE     PUBLICATION. 

MM.   Albert  Monteraoiit.  MM.   [luerne  de  Pommcuse. 

Ansart.  baron   de  Ladoiicettc. 

Bianchi.  de  Larenaudiire. 

Coraboeuf.  Poulain. 

Baron  Coitai.  Roux  de  Roclielle. 

dUrville.  ....... 

Eyries. 

SECTION  DE    COMrTABILITE. 

MM    Boucher.  MM.  Chanut. 

g^ndral  Haxo.  Rt'aunie. 

Peyticr.  ■     .     .      ,      . 
Tresurier. —  M.  Chapellier,  notaire  honoraire. 


COMITE  CHARGE   DE   L\  PUBLICATION    DU   BULLETIN. 

MM.  Albert-Montemont.  MM     d'Urville. 

Ansait.  Isambert. 

Guill.  Barbit-  du  Bocage.  de  Lannaudi^re. 

Alex.  Barbit?  du  Bocage.  Poulain. 

Daussy-  Roux  de  Roclielle. 

d'Avczac.  Warden. 


BULLETIN 


WE    LA 


SOCfETE  DE  GEOGRAPHIE. 


JANVIER    l834. 


PREMIERE  SECTION. 


M^MOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


Voyages  aiitour  dti  monde,  avec  des  extraits  choisis  de 
voyages  dans  les  mers  da  Srid  et  les  Oceans  Pacijique , 
Septentrional  et  Meridional,  en  Chine,  etc;  entrepris 
sous  les  ordres  de  rauteur,  on  sous  sa  direction,  et 
des  renseignemens  siir  d' importantes  decouvertes  faites 
deVannee  1792  a  Vanme  x^Zi ,  etc.;  par  Edmund 
Fanxing.  (i) 

Lu  a  la  seance  du  8  novembre  i833,  par  M  Warden. 

Le  voyage  autour  du  monde  j  entrepris  par  M.  Fan- 
ning en  1798-99,  a  hord  du  navire  the  Betsey,  fut  le 

(r)  Voyages  round  the  world;  with  selected  sketches  of  Voyage 
to  the  South-Seas,  North  and  South-Pacific  Oceans,  China,  etc., 
performed  under  the  command  and  agency  of  the  author.  Also ,  in- 


(6) 
premier  de  ce  genre  tente  par  un  navire  americain, 
sorti  du  port  de  New- York.  Dans  cette  longue  naviga- 
tion ,  il  visita  la  cote  de  Patagonie  et  les  lies  Falkland, 
passa  a  travers  I'Ocean  Pacifique  aux  lies  Marquises  et  a 
celles  de  Washington  et  decoiivrildeux  iles,  dontl'une 
elevee  au-dessus  de  la  mer  et  d'une  grande  etendue,  I'au- 
tre  basse  et  moins  considerable;  la  premiere  fut  appelee 
lie  de  New- York  ^  la  seconde  He  Nexsen^  en  I'honneur 
du  proprietairedu  navire  qui  portait  cenom.  Par  latitude 
sud  8°  i3',  et  longitude  ouestde  Greenwich  i4i°3i'  (i), 
le  milieu  de  I'ile  de  New- York etait  en  vue,k  8  lieuesde 
distance;  la  fumee  qu'on  en  voyait  sortir  dans  differen- 
tes  directions  prouvait  qu'elle  etait  habitee. 

Le  1 1  juin  (1798)  on  decouvrit  les  lies  de  Fanning^ 
par  3°  5i'  3o"  de  latitude  sud,  et  iSg"  12'  3o''  de  longi- 
tude ouest.  Celles  au  nord  et  au  midi  avaient  chacune  9 
milles  de  long,  la  troisieme  n'avait  que  6  milles.  Elles 
occupaient  un  plan  triangulaire  et  formaient  ime  baie 
spacieuse  avec  de  bons  ancrages.  L'abondance  de  bois, 
d'eau  potable,  de  fruits  des  tropiques,  de  tortues  et  de 
poisson  excellent  qu'on  y  trouve ,  rendent  ce  groupe  tres 
favorable  comme  point  de  relache.  On  n'y  apercut 
alors  aucune  trace  d'habitation ;  cependant  lorsque  quel- 
ques  annees  apres,  le  capitaine  Donald  Mackay  toucha 
aux  iles  Fanning,  il  trouva  queiques  amas  de  pierres 
disposes  dune  maniere  reguliere  et  converts  dune  es- 
pece  de  mousse.  En  ayant  fait  deplacer  plusieurs  et 
fouiller  au-dessous,  on  rencontra  a  deux  pieds  en  con- 
formation relating  to  important  late  discoveries ;  between  the  years 
1792  and  i832,  etc.;  hy  Edmund Fannlni-.  i  vol  in-8°,  pages  ^gg. 
New-York,  i833. 

(i)Toutes  les  longitudes  suivantes  sont  ^galement  rapportees  au 
meridien  de  Greenwicli. 


{  7  ) 
trebas  ilii  sol,  iiii    tonibeau  en  pieire,  reiiterniant  des 
ossemens  ainsi  que  des  javelots  et  pointes  de  fleches  en 
OS  ou  en  pierre  et  des  coquillages, 

Le  lendeniain  12,  a  27  lieues  nord-ouestpar  ouestde 
ces  lies,  on  en  apercut  line  autre  sous  le  4"  4^'  de  la- 
titude; et  le  160°  8'  de  longitude  ouest,  qui  fut  appelee 
Washington^  en  Ihonneur  du  premier  president  des 
Etats-Unis,  n'offrant  aucun  vestige  de  poputalioii. 

Le  i4  juin,  M.  Fanning  decouvrit  par  6'  i5  de  lati- 
tude et  162"  18' de  longitude,  lecueil  situe  pres  de  1  ile 
indiquee  quelques  aniiees  apres  par  le  nieme  capitaine 
Mackay,  commandant  la  goelette  hs  Freres,  sous  le  noni 
de  Palmyre.  Cette  ile,  d'environ  3  lieues  d'etendue,  est 
situee  sous  5"  49'  de  latitude  et  162°  23'  de  longitude. 
Du  cote  de  I'ouest,  les  roches  de  corail  s'avancent  jus- 
qu'a  3  lieues  de  hi  cote  ;  au  nord-ouest  il  y  a  un  ancrage 
a  trois  quarts  de  mille  du  recif,  qui  tournit  18  brasses. 
11  s'y  trouve  aussi  deux,  lagunes,  dont  la  plus  occiden- 
tale  offre  20  brasses  d'eau  suf  un  fond  de  sable  et  de 
corail. 

Le  4  juillet,  on  toucha  al'iledeTinian  ,  ou  sejournait 
depnis  i3  moisl'equipage  dun  batiment  anglais,  appar- 
tenant  a  la  Compagnie  des  Indes,  et  qui  avait  charge  a 
Canton  pour  Sidney  dans  la  nouvelle  Galles;  ce  navire, 
en  assez  mauvais  etat,  ayant  voulu  s'arreter  dans  cette 
Me,  avait  eehoue  sur  ses  recifs.  L'equipage  consistaiten 
24  individus,  dont  21  Iiommes  et  3  femmes,  savoir  :  la 
veuve  du  capitaine,  son  enfant  et  sa  domestique,  6  ma- 
telots  anglais,  9  Lascars  el  1 1  Malais.  Le  capitaine  etait 
mort  de  la  fievre.  M.  Fanning  prit  h  son  bord  les  fem- 
mes et  les  Anglais,  laissant  los  Mal.iis  pour  veiller  a  la 
siirete  de  la  cargaison  ,  que  Swaui  de  Nantucket,   pre-- 


(?) 

mier  lieutenant  du  batiment  naufrage,  vinl  rechereher 
einq  mois  apres. 

En  quittnnt  I'lle  de  Tinian  ,  Fanning  navigua  dans  la 
JHcrde  Chine,  jusqua  Macao,  ou  il  jetal'ancre  le  i3aout 
1798.  Le  3o  octobre  suivant,  il  remit  a  la  voile  etarriva 
a  New- York  le  26  avril  1799 ,  apres  une  longue  traversee 
de  178  jours;  retard  quil  attribue  a  ce  que  le  brick 
qu'il  montait  n'etait  point  double  en  cuivre.  Le  profit 
de  I'armateur,  dans  cette  course,  fut  de  52,3oo  iloUars. 

En  1800,  le  capitaine  Fanning  entreprit  de  nouveau 
le  voyage autour  du  globe,  a  bord  de  \ Aspasie ^  navire 
construiten  forme  de  corvette  et  frete  a  Nevir-\ork,par 
une  compagnie,  pour  faire  des  decouvertes  et  chercher 
des  phoques  dansles  mers  du  Sud.  Dans  cette  traversee, 
il  toucha  a  Fernambouc  sur  la  cote  du  Bresi! ,  et  se  di- 
rigeant  ensuite  au  sud ,  il  ne  trouva  point  I'ile  de  Saoccm- 
burg  a  I'endroit  ou  elie  est  sur  les  cartes  et  la  chercha 
vainement  pendant  trois jours,  preuvede  sa  non-existen- 
ce. II  fit  voile  ensuite  pour  Hie  de  la  Georgienicridionale 
et  jeLa  I'ancre  dans  la  baie  de  Sparrow,  on  un  bailment 
appele  le  Regnlateur  et  appartenant  au  proprietaire  de 
VJspasie  avail  fait  naufrage  depuis  quelques  mois.  En 
debarquant,  le  capitaine  irouva  les  buttes  descries  et 
il  apprit  pen  apres  que  1  equipage  avail  passe  a  bord 
d'un  navire  anglais,  qui  leur  avail  achete  la  cargaison 
consislanl  en  i  4,ooo  peaux  de  phoques  et  en  ce  qu'on 
avail  pu  sauver  de  1  equipement  et  du  greemenl  du  ba- 
timent  naufrage. 

De  la  baie  de  Sparrow,  Fanning  passa  a  celledes  lies 
et  entra  dans  le  bavre  de  Woodward,  ou  il  rencontra 
un  brick  anglais,  qui  a\'ait  a  son  bord  un  des  matclots 
du  Regulateur.  La  au  moycn   des  debris  de  ce  dernier 


(9  ) 
navire  qu'il  avait  pu  recueillir  et  dii  bois  de  consti  uetion 
dont  il  s'etait  pourvu,iI  construisit,  en  cinquante jours, 
un  bateau  de  la  contenance  de  5o  tonneaux,  a  I'aide  du- 
quel  et  aussi  de  I'activite  de  son  equipage,  il  parvint  a 
ramasser  57,000  peaux  de  phoques  ,  c'est-a-dire  plus  de 
la  moitie  de  la  cargaison  reunie  de  17  batiniens  venus 
dans  ces  parages  ,  pendant  le  meme  temps  et  pour  le  me- 
nie  objet.  Cette  chaloupe,  excellente  voiliere,  fut  aclietee 
pour  120  guinees,  par  un  capitaine  anglais,  qui  remar- 
qua  a  ce  sujet ,  que  rien  n'egalait  i'esprit  d^ent reprise  et 
de  perseverance  du  Yankee.  Faisant  voile  de  la  Georgie 
meridionale ,  le  8  fe'vrier  1801,  r^.9pfl^/e  doubla  le  cap 
Horn,  toucha  aValparaiso  pour  se  refaire,  traversa  I'ocean 
Pacifique,  entra  dans  la  rade  de  Macao,  le  2  septembre 
suivant,  et  rentra  a  New-York,  le  4  niars  1802, a vec  une 
riche  cargaison. 

Le  brick  Union  ,  capitaine  Pendleton ,  fut  equipe  a 
New-York,  sous  la  direction  de  M.  Fanning,  pour  faire 
un  nouveau  voyage  de  commerce  et  de  decouvertes  dans 
les  mers  du  Sud,  passer  dans  laNouvelle-HoUande ,  en 
doublant  le  capde  Bonne-Esperance  et  particulierement 
examiner  avec  soin  les  iles  Crozett. 

Arrive  au  point  fixe  sur  les  cartes  pour  la  situation 
de  ces  iles,  le  capitaine  Pendleton  n'en  trouvant  au- 
cune  trace  ,  se  dirlgea  vers  les  cotes  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande  et  trouva  un  bavre  commode,  avec  du  bois  et  de 
I'eau  ,  dans  I'entree  du  roi  Georges  III.  De  la,  il  savaiica 
jusqu'a  I'lle  des  phoques  de  Vancouver,  ou  les  veaux 
marins  etaient  devenus  si  rares,  qu  il  n'en  put  recueillir 
plus  de  trente.  En  longeant  la  cote  a  lest,  le  navire  fut 
pris  par  une  tempete,  qui  le  repoussa  au  large  de  quel- 
que  degresdans  une  direction  S.  S.  E.,  eten  se  dirigeant 
ensuite  vers  le  N.E.  il  se  trouva  en  vue  de  I'lle  de  Border 


(  'o  ) 
{Borders hland)  par  35°  47'  delatS.  et  i36'4i'  cVe  lotf- 
gitude  E.  de  Paris.  Cetre  ile  a  deux  havres  :  celui  au  N. 
E.  sous  35"  40'  de  latitude,  bien  boise  et  bien  npprovi- 
sionne  d'eau  douce,  de  gibier,  de  polsson  et  d'huitres. 
La,  il  construisit  avec  les  materiaux  dont  il  s'etait  muni 
a  boi  d,  une  petite  goelette  du  port  de  40  tonneauxavec 
laquelle  il  se  rendit  dans  la  baie  du  roi  Georges  III,  pour 
s'assurer  si  les  phoques  etaient  arrives.  N'en  ayant  pas 
rencontre,  le  capitaine  Pendleton  resolut  de  faire  voile 
pour  port  Jackson  ,  d;ins  laNouvelle-Galles  nieridionale, 
afin  d'aller  a  la  rechercbe  des  lies  qu'on  dit  avoir  ete  de- 
couvertes  par  Tasman  et  d'autres  anciens  navigateurs, 
en  attendant  la  saison  favorable  a  la  peche. 

Quittant  riledeBorder,r6';//(3«  entra  parl'entbonchure 
occidentale  du  detroit  de  Bass ,  quelle  traversa  sans 
carte,  ni  indication  et  arriva  h  Sytlney.  Elleexplora  en- 
suite  la  cote  niv'ridionale  de  la  terre  de  Van  Dieinen  et 
decouvrit  dans  ce  trajet  Tile  des  antipodes  du  Sud,  011 
se  trouvaient  beaucoup  de  phoques.  On  y  laissa  un  offi- 
cier  et  11  bommes  ,  pour  faire  la  pecbe,  et  faute  dun 
ancrage  siu\  VVnion  revint  a  Sydney.  Le  capitaine  con- 
clut,  dans  cet  endroit,  un  niarche  avec  un  negociant 
nomnie  Lord  ^  d'apres  lequel  il  devait  consigner  a  ce 
dernier  ,  la  cargaison  de  peaux  qui  se  trouvait  a  bord  el 
se  rendre  aux  lies  Fejee  pour  y  prendre  un  cbarge- 
ment  de  bois  de  sandal  destine  au  niarcbe  de  Canton. 

En  execution  de  cet  enirairenicnt  V Union  mit.i  la  voile 
de  Sydney  etse  rendit  a  lile  de!a  Nouvelle-Auislerdani, 
ou  de  Tongataboo  ,  afin  de  se  procurer  un  de  ces  insu- 
lajres,  pailant  la  langue  Fejee  et  qui  put  servir  d'inter- 
prete.  Le  capitaine descendit  a  terre  a  cet  effet,  avec  un 
agent  de  Lord  et  I'equipage  de  la  cbaioupe;  inais  ils 
furent  enloures  et  massacres  (le  1"^  ocl.  i8o4)  par -les 


( '• ) 

naturels,  qui  s'avancerent  en  grand  uombre,  clans  leurs 
canots,  pour  attaquer  le  navire.  Pendant  le  combat  une 
femmedecouleurqul  se  trouvaitdansuncanot,  fut  re^ue 
a  herd  de  \  Union.  Cette  femme  nommee  Eliza  Mozey 
raconta  qu'elle  etait  arrivee  dans  cette  ile  sur  lebatiment 
\eDuc  de  Portland^  capitaine  L.  Mellruon,  dont  I'equi- 
page  avail  ete  mis  a  mort  paries  insulaires ,  excepte  elle  , 
un  vieillard,  et  4  jeunes  garcons.  Les  naturels  avaient  ete 
pousses  a  cet  acte  de  barbarie  par  un  blanc  nomme 
Doyle  et  un  Malais,  laisses  quelque  temps  an  milieu 
d'eux.  Mais  tandis  qu'on  croyait  le  vieillard  et  les  enfans 
epargnes  occupesa  decharger  la  rargaison,  ceux-ci  reus- 
sirent  a  se  debarrasser  de  Doyle  ,  firent  sauter  pardes- 
sus  le  pont  les  naturels  qui  se  trouvaient  sur  levaisseau, 
couperent  les  cables  et  gagnerent  la  pleine  mer,  sans 
quedepuison  en  aitentenduparler.  Le  capilaineWiight 
qui  prit  le  commandement  de  V Union,  revint  a  Sydney, 
pour  remplacer  I'equipage  detruit  et  remit  encore  a  la 
voile  pour  les  lies  Fejee,  ou  il  vint  se  briser  contre  un 
rocber.  Tout  ce  qui  etait  a  bord  fut  noye,  ou  massacre 
par  les  cannibales. 

En  apprenant  ces  Iristes  nouvelles,  M.  Loi'd  loua  un 
batiment  et  se  rendit  a  I'lle  des  Antipodes,  ou  I'ofticier 
et  les  marins  laisses  par  le  capitaine  Pendleton  avaient 
ramasse  60,000  peaux  de  veaux  marins.  II  se  les  fit  i-e- 
mettre,  se  rendit  a  Canton,  ou  il  e'changea  ces  peaux 
contre  des  marchandises  chinoises,  qui!  rever.dit  aux 
Etats-Unis,  el  dont  ii  eraporta  le  prodiiit  en  Europe, 
sans  faire  aucune  part  de  ses  benefices  aux  propiietaires 
de  r Union.  La  partie  de  I'equipage  qui  etait  restee  a  1  ile 
des  Antipodes  fut  egalemenl  perdue;  car  apres  la  re- 
mise des  peaux  entre  les  mains  de  M.  Lord,  ces  marins 
s'embarquerent  dans  la  petite  goelette  pour  Sydney,  ot 
depuis  en  n'en  eut  plus  aucune  nouvelie. 


(  12  ) 

Voyage  (lit  navire  la  Catherine  dans  les  mers  da  Slid 
et  (t  la  Chine,  par  le  capital ne  Henri  Fanning ,  frere  de 
Vniileiir. 

Ce  capitaine  fit  voile  de  New- York  I'annee  suivantc, 
muni  d'instructions  pour  trouver  les  lies  Croiett.  Par- 
venu a  I'entree  du  roi  Georges  III,  il  se  rendit  dans  les 
parages  supposes  de  ces  iles,  mais  sans  les  decouvrir, 
quoique  Vapparition  de  photjues  et  de  divers  oiseaux, 
ainsi  que  dautres  indices  aiinoncassent  le  voisinage  de 
la  torre.  Ayant  iaisse  quelques  homines  sous  la  coiiduite 
d'un  officier ,  pour  faire  la  chasse  du  phoque  dans  I'ile 
du  Prince  Edouard,  le  capitaine  continua  ses  recher- 
ches ,  raais  toujours  aussi  infructiieusement;  ce  qui  le 
decida  a  se  rendreau  cap  de  Bonne-Esperance,  pour  y 
passer  quelques  semaines  de  Ihiver.  Apres  ce  temps  de 
repos,  il  reprit  la  route  de  I'lle  du  Prince  Edouard  ,  afin 
de  tenter  une  derniere  fois  d'acconiplir  I'objet  de  sa  mis- 
sion ;  et  an  bout  de  plusieurs  semaines  d'une  exploration 
penible,  il  parvinta  reconnaitre  les  lies  Crozett,  a  plus 
de  cent  niilles  au  sud  de  la  latitude  ou  elles  sont 
indiquees  sur  les  anciennes  carles.  Le  capitaine  donna 
a  la  plus  meridionale  le  nom  de  New-York;  celle  a 
I'ouest,  lie  basse  et  e'tendue  en  longueur,  fut  appelee 
Fanning;  et  la  plus  orientale,  elevee  et  montagneuse , 
recut  le  nom  He  Grand  Crozett.  Ce  groupe  presente  un 
Havre  traverse ,  a  son  entree  ,  par  un  banc  qui  pent  etre 
facilement  franchi  par  les  balimens  ne  tirant  pas  plus 
de  dix  pieds  d'eau.  Sur  le  bord  dune  baie  ,  on  trouve 
des  phoques  par  milliers ;  le  capitaine  Fanning  en  prit 
une  cargaison ,  et  apres  avoir  descendu  a  terre  pour 
faire  se'clier  et  pr«^parer  les  peaux,  il  appareilla  pour 
Canton. 


(  i3  ) 

L'auteur  fit,  en  i8i5,  un  autre  voyage  dans  les  mers 
du  Sud.  Parti  de  New-York,  le  5  juin,  sur  le  navire  le 
Volontaire ^  il  toucha  a  Port-Louis  des  Jles  Falkland  ,  ou 
il  construisit  una  chaloupe  du  port  de  trente  lonneaux, 
qu'il  laissasous  la  garde  dun  officier  et  de  huit  hommes, 
charges  de  prendre  les  phoques  dans  ces  parages,  pen- 
dant que  le  batiment  irait  faire  un  chargement  de  bois 
de  sandal  dans  quelque  He  de  I'ocean  Pacifique.  Pendant 
I'espace  de  trois  mois,  la  partie  de  I'equipage  laissee  aux 
lies  Falkland,  se  procura,  en  outre  des  veaux  niarins, 
292  cochons  sauvages,  98^  oies  aussi  sauvages,  y3  ba- 
rils  d'oeufs  de  pingouins  ou  d'albatros,  et  5  barils  de 
poisson  millet. 

Apres  avoir  nian(jue  de  faire  naufrage  non  loin  de 
I'endroit  ou  s'est  perdue  la  corvette  francaise  VUranie, 
le  Volontaire  entra  dans  I'ocean  Pacifique,  en  tournant 
le  cap  Horn  ]  il  toucha  a  I'ile  de  Masafuero  5  de  la ,  a 
Valparaiso  pour  se  ravitailler,  et  fut  oblige  de  rester 
quelque  temps  a  Coquinibo,  par  I'ordre  des  autorites 
du  pays.  Des  qu'il  lui  i*jt  perniis  de  lever  I'ancre ,  le 
capitaine  Fanning  continua  sa  route  vers  le  nord,  visita 
les  lies  Lobos,  et  ensuite  celles  des  Gallapagos.  Dans  ces 
dernieres,  on  lui  fournit  10,000  peaux  de  veaux  inarins 
et  une  grande  quantite  de  tortues.  Le  navire  appareilla 
de  ces  iles,  et,  retournant  vers  le  sud,  toucha  a  I'lle  de 
Sainte  -  Marie ,  sur  la  cote  du  Chili,  ou  il  jeta  I'ancre, 
et  prit  a  bord  plus  de  i4,ooo  peaux.  Enfin ,  apres  etre 
repasse  par  les  lies  Falkland,  il  I'entra  dans  le  port  de 
New -York,  le  i3  avril  1817,  apres  une  absence  de  vingt- 
deux  mois.  La  detention  que  subit  le  capitaine  Fanning 
a  Coquimbo  lui  fit  sentir  I'opportunite  dune  force  na- 
vale  dans  I'ocean  Pacifique ,  et  ses  vues ,  a  ce  sujet , 
furent  adoptees  par  le  gouvernenient  des  Etats-Unis. 


( a) 

Voyage  du  brick  Horsilie  dans  les  mcrs  du  Sud ,  sous 
le  comniandemeiit  de  James  P.  Slieffield  ^  dans  le  ineme 
but  ([lie  les  prece dens. 

L'autour  de  Touvrage  que  nous  analysons  posse'dait 
une  copie  exacte  du  journal  du  voyage  la  corvette  espa- 
gnole  AlrevUlas ;  il  connaissalt  la  position  des  lies  de 
I'Aurore,  ainsl  que  le  manuscrit  du  capitaine  Dirck 
Ghe?retz^  qui ,  commandant  le  navire  holiandais  Bonnes 
Noiwelles .)  decouvrit,  en  1599,  la  terre  au  sud  du  cap 
Horn  ;  enfin  M.  Fanning  se  rappelait  aussi  que,  lors  de 
son  expedition  dans  la  Georgie  meridionale,  les  glares 
que  Ion  avait  brisees  s'etaient  ecoulees  vers  Test;  d'ou 
il  etait  convaincu  de  I'existence  de  quelque  terra  situee 
entre  les  60"  et  65°  de  latitude  S.  et  50"  et  60"  de  lonsi- 
tude  ouest. 

Le  capitaine  et  le  subrecargue  de  \Hersdie  etaient 
charges  de  faire  des  observations  nautiques  :  ils  devaient 
d'abord  toucher  aux  lies  Falkland  pour  refaire  I'equipage, 
ensuite  aller  a  la  recherche  des  iles  de  I'Aurore ,  et  es' 
sayer  d'y  faire  une  cargaison  de  peaux  de  veaux  marins  ; 
si  ce  dernier  dessein  ne  rcussissait  pas,  ils  devaient  re- 
trograder  a  I'ouest  jusqu'a  I'lle  de  Staten  (Staten  Island):, 
ensuite  se  dlriger  au  sud,  aussi  pres  que  possible  de  la 
latitude  du  cap  Horn  ,  jusqu'au  63°;  de  la  gagner  a  lest 
pour  decouvrir  quelque  terre;  el  enfin  ,  s'ils  echouaient, 
entrer  dans  I'ocean  Pacifique,  ouretourner  aux  iles  Fal- 
kland ou  autres ,  aux  environs  du  cap  Horn. 

En  conforniite  de  ces  instructions,  le  brick  VHersilie 
aborda  aux  lies  Falkland  ,  alia  ensuite  a  la  decouverte 
de  celles  de  I'Aurore ,  qu'on  reconnut  etre  au  nombre 
de  liois,  elevees  en  forme  de  pain  de  Sucre,  niais  n'of- 


( ^5) 

frant  aucun  point  de  debarquement,  iii  meme  accessible 
a  des  animaux  aniphibies.  Des  pigeons  blancs  et  quel- 
qiies  aiitres  oiseaux  furent  les  seuls  etres  aninies  qu'on 
y  apercut.  Le  brick  navigiia  autoiir  et  au  milieu  de  ces 
lies,  sans  lencontrer  de  recif,  exceple  un  senl,  a  un 
petit  millede  lilela  plus  occidentale;  celle  du  milieu  est 
situee  sous  le  Sa"  58'  de  latitude  S.  et  le  47°  5i'  de  lon- 
gitude O. 

Laissant  ce  groupe,  VHersilie  fit  voile  pour  1  ile  de 
Staten  ,  afin  de  laire  du  bois  et  de  I'eau,  et,  apres  s  etre 
approvisionnee  ,  se  dirigea  au  sud  jusqu'au  60"  de  latit. 
S. ;  de  la,  cinglant  a  Test,  on  decouvrit  une  lie  de  forme 
circulaire  et  ties  elevee ,  couverte  de  neige  en  fevrier, 
le  dernier  mois  d'ete  de  cette  region.  Cette  slngularite 
lui  fit  donner  le  noin  de  Bloimt  Pisgah  Island  (lie  du 
mont  Pisgab).  Plus  loin,  on  se  trouva  en  vue  d'un  autre 
groupe,  qui  fut  appele  lies  Fanning ;  &n  naviguant  entre 
les  deux  premieres,  le  navire  entra  dans  un  bavre ,  ou  il 
jeta  I'ancre,  et  la  crique,  dont  il  formait  Temboucbure, 
fut  uommee  Crique  Hersilie.  Place  sur  une  position  ele- 
vee, on  apercevait  une  grande  etendue  de  terre  a  Test, 
mais  la  sason  etait  tiop  avancee  pour  en  permettre 
I'exploration.  Le  brick  prit  a  bord  une  cargaison  de 
peaux  de  pboques  de  grande  valeur,  et  gagna  le  port  de 
Stoninglon  ,  aux  Etats-Unis. 

I!  paralt  que  ces  lies  ont  ete  vues  par  le  capitaine 
Smith  du  brick  anglais  Guillaume ,  quinze  mois  avant 
I'expedition  de  VHersilie^  et  appelees  par  lui  les  Shetlands 
meridionales ;  le  capitaine  americain  proposa  le  nom  de 
Ghervilz  New-Island ,  en  I'bonneur  du  premier  auteuv 
de  la  decouverte  J  mais  la  denomination  anglaise  a  pre- 
valu  sur  les  cartes. 

Tout  ce  groupe  consiste  en  une  cinquantaine  d'lleset 


(  '6  ) 
ilots,  sVtendant  (In  S.O.  an  N.-R.,  cnlre  les  6i  6163*^  1/2 
(k>  l:ttitucle  S.  et  les  54  el  63°  de  longitude  O.  La  naviga- 
tion y  est  difficile,  la  terre  rare  et  n'offrant  que  de  la 
mousse  pour  toute  vegetation.  Le  climat  ressemble  a  ce- 
lui  de  la  Georgie  meriilionale.  Lile  de  Deception,  la  plus 
au  sud,  est  evidemment  d'origine  volcanique.  Au  N.-E., 
dans  I'iHterieur  de  la  bale,  est  le  havre  appele  Port 
Yankee,  pres  lequel  est  une  source  d'eau  chaude;  et  le 
sable,  a  quelques  verges  de  distance,  est  si  brulant, 
qu'on  ne  pourrait  y  laissei'  quelque  temps  la  main.  Dans 
la  cavite  d'une  montagne  peu  eloignee ,  on  decouvrit 
des  monceaux  de  ghice  de  plusieurs  centaines  de  pieds 
de  hauteur. 

L'annee  qui  siTn  ii  le  retour  de  VHersilie ,  une  escadre 
de  cinq  vaisseaux  iut  rassemblee  a  Stonington,  sous  les 
ordres  du  capit:iine  Pendleton ,  de  I'etat  de  Connecticut, 
pour  un  voyage  a*x  Shetlands  meridionales.  La  flotte 
arriva  en  vue  de  I'lle  de  Deception ,  et  jeta  I'ancre  dans 
le  havre  Yankee  (1821).  D'une  position  elevee  de  cette 
lie,  et  par  un  temps  serein, on  apercut  directement,  au 
sud,  une  montagne  (  presentant  I'aspect  d'uu  volcan  en 
travail),  et  qui,  ayant  ete  examinee  par  le  capitaine 
Palmer,  monlant  le  sloop  Hero,  de  4o  tonneaux,  fut  re- 
connue  etre  une  region  montagneuse  tres  etendue  ,  et 
encore  plus  convene  de  neige  et  de  glace  que  les  Shet- 
lands meridionales.  En  revenant  au  port  Yankee ,  le 
Hero  se  trouva  enveloppe  dans  un  epais  brouillard,  entre 
ces  dernieres  lies  et  laTerre-Ferme  ;  et  quand  la  brume 
se  fut  dissipee,  il  e  ait  au  milieu  d'une  fregate  et  d'un 
sloop  de  guerre  riisse  ,  faisant  un  voyage  de  decouvertes 
autour  du  monde.  Le  capitaine  Palmer  iiiforma  Ic  com- 
modore de  I'existence  dun  grand  continent  au  sud  de 


(  ^7) 
Ja  latitude  ou  ils  se  trouvaient.  Ce  dernier  officier  Im 
donna  le  nom  de  Terre  tie  Palmer,  (i) 

Dans  la  s  iison  nautique  suivante  (1821  —  22),  le  capi- 
taine  Pendleton  etant  retourne  au  havre  Yankee,  deta- 
cha  M.  Palmer  sur  le  sloop  James  Monroe^  de  80  ton- 
neaux,  afin  d'examiner  la  nouvelie  terre.  En  naviguant  au 
sud,  cet  officier  trouva  I'acces  des  cotes  defendu  par  les 
glaces;  il  prit  alors  a  lest,  el  approcha  dans  quelques 
endroits  jusqu'a  un  miile,  tandis  que  dans  d'autres,  il 
fut  oblige  de  se  tenir  a  plusieurs  milles  de  distance.  Pen- 
dant les  mois  de  decembre  et  Janvier,  qui  forment  le 
plein  ete  dans  cet  hemisphere,  le  capitaine  Palmer  par- 
courut  1 5  degres  de  cotes,  depuis  le  64°  jusqu'au  49"  de 
de  long.  O. — par  61"  ^i'  de  latitude  S.  II  decouvrit  un 
tletroit,  qu'il  appela  Detroit  de  Washington^  et  dans 
lequel  il  penetra.  Apres  uiie  lieue  de  navigation,  il  arriva 
A  une  baie  magnifique,  qu'il  nomma  Baie  Monroe^  et  au 
bout  de  laquelle  etait  un  havre  commode ,  qui  recut  le 
nom  de  Havre  de  Palmer.  Le  capitaine  y  jeta  I'ancre,  et 
s'aventura  a  terre  avec  une  partie  de  son  equipage;  mais, 
apres  avoir  visite  la  cote,  et  meme  Tinterieur  du  pays  a 
quelque  distance,  on  n'apercut  aucune  trace  de  vegeta- 
tion, si  ce  n'est  de  la  mousse;  toutes  les  montagnes 
etaient  couvertes  de  neige,  a  I'exception  de  quelques 
pics  noiratres. 

Voyage  de  la  goeiette  Pacifique  dans  les  mers  du  Sud , 
sous   le  commandement  du  capitaine  James  Brown. 

Parti  de  Portsmouth  (New  Hampshire)  le  i*^"^  octobre 
1829,  il  relacha  ,  le  i4  novembre,  aux  iles  du  cap  Vert 

(l)  Dans  le  Voyage  du  capitaine  Jf/orel/  {pa^e  Cy ) ,  il  est  dit  par 
erreur  que  cette  terre  fut  nominee  Noiiveau  Groenland miridional  par 
le  cipitiiine  Tolmson. 


(   i8  ) 

pour  prendre  tlos  provisions,  rl  fit  voile  pour  la  Geor- 
gic  ineridionale ,  ou  il  arriva  le  29  decenihre  suivaiit. 
Lc  Pacifique  quilta  cette  ile  le  5  mars  (i83o)  charyo  de 
256  lourrures  de  loutre  de  mer  et  de  1800  "alloiis 
d'huile.  Se  trouvant,  le  Sdecenibre  suivant,  par  latitude 
S.  56  lb',  et  longit.  O.  28"  35',  on  decouvrit  une  ile 
non  nu'ntionnee  sur  aiicuiic  carte  ,  de  deux  luillcs  de 
eircouference ,  tort  eievee  an  dessus  du  niveau  de  la 
mer,  et  qui,  par  un  temps  clair,  peut  etre  vue  a  trente 
niillcs  de  distance.  Le  capitaine  Brown  la  nonima  lie  dc 
Potter.  Qua tre  jours  apres  (le  12  decembre)  une  autre 
ile  tut  apercue,du  centre  de  laquclle  il  s'elevait  conti- 
nuellenieut  une  colonne  de  fumee  a  une  hauteur  de 
huit  cents  pieds  environ.  Elle  etait  couverte  de  neigc  et 
de  glace.  Les  parties  interieures  presentaient  une  couche 
profonde  de  lave  ,  dont  plusieurs  masses  epaisses  se  de- 
tachaieiit  et  flotlaient  aux  environs.  Cette  ile,  qui  fut 
appelee  lie  des  Princes ,  offre  deux  points  de  debarque- 
nient  abordablcs;  elle  a  cinq  milles  de  long  du  N.  O. 
an  S.  E.,  et  est  situee  sous  le  5^°  55'  de  lat.  S.  et  le 
27"  53'  do  long.  O. 

Le  22  decendjre,  on  se  trouva  encore  en  vue  dune 
nouveile  i!e,  sous  le  57°  49  t'e  lat.  S.  et  27°  38'  de  long. 
O;,  ayant  six  milles  en  longueur  du  N.  O.  au  S.  K. ,  et 
presentant  le  meme  aspect  que  la  precedente,  mais  n'of- 
frant  aui  un  ancragc.  On  peut  I'apereevoir  a  cinquante 
milles  au  large  par  un  ciel  serein;  elle  recut  le  nom  de 
lie  de  II  illey.  Etilin  une  qiiatrieme  He  fut  decouverte 
le  jour  de  Noel  i83o;  d'ou  elle  fut  appelee  lie  de  Noel 
(Christmas  Island);  elle  est  a  egale  distance  des  iles  de 
la  Chaiideleur  et  de  Montague,  mais  plus  a  louest  que 
I'nne  et  lautrt-.  Au  reste ,  toulcs  ces  lies  n'oiliMieiit  pas 
la  moindre  espece  de  vegetaux.  i*-' 


(  '9  ) 
Les  plus  grandes  inontagnes  de  glace  apercues  pai 
le  Pacijiqiie  furent  sous  le  58°  18'  de  lat.  S.  Quelques- 
unes  avaient  trois  a  qiiatre  milles  de  long,  deux  milles 
de  large,  et  deux  a  trois  cents  pieds  de  haut,  aplatles 
au  sonimet.  I/equipage  qui  se  trouvait  dans  la  chaloupe 
avait  souvent  a  so  defendre  centre  les  tigres  de  nier 
(probablenient  une  espece  de  walrus);  on  tua  un  de  ces 
animaux,  qui  avait  dix  huit  pieds  de  long. 

Tableau  de  di verses  iles  recemment  decoiivertes ,  et  qui  ne 
so/It  pns  generalement  indi'quees  sur  les  cartes. 

lie  de  Pike  (^Pilce's  island).  Lat  S. ,  26''  19' ;  long.  O. 
(de  Greenwich),  10 5°  16'.  Decouverte  en  iSog. 

lie  de  Ducie  (  Ducie's  island).  Lat.  S. ,  24''  26' ;  long. 
0.,  i24»  37'. 

Groupe  de  Mitchill  lyMitchilVs  group).  Lat.  S.  ,9°  18' ; 
long.  E. ,  179"  45'.  Decouvert  par  le  capitaine  Barrett, 
commandant  le  navire  V Indcpendance ,  de  Nantucket. 
Ce  groupe  est  habite. 

lie  Rocheuse  (  Rocky  island).  Lat.  S.,  10°  4^';  long.  E., 
179°  28'.  Decouverte  par  le  meme. 

•  He  de  Swain  [Swain's  island).  Lat.  S. ,  59°  3o';  long. 
O.,  100"  (par  approximation).  Decouverte  par  le  capi- 
taine Swain,  de  Nantucket,  en  1800 j  frequentee  par 
une  grande  quantite  de  veaux  marins. 

lie  de  Tuck  [Tuck's  is/and).  Lat.  N. ,  17°;  long.  E. , 
iSS".  Tres  basse  et  peuplee. 

lies  de  fVorth  [Worth's  islands).  Lat.  N. ,  8"  45';  long. 
E. ,  i5i"  3o'.  Au  nombre  de  cinq. 

Recifs  de  Tuck  vi  bancs  de  rochers,  au  nombre  de 
neuf,  par  6"  20'  de  lat.  S.  et  139''  3o'  de  lon^f.  E. 

Recifs  de  Rand'lei  [Pmiid)ler's  reefs).     1"  par  lat.  N., 

2. 


(   '-^o   ) 

2 1" 45';  long.  E. ,  lyS^  12' 2"  par  lat.  N. ,  23°  29',  et 

long.  E.,  178°  i3'.—  3°  par  lat.  N  ,  23"  3o',  et  long.  E., 
i38"3i'.  Ces  ecueils  ont  ele  signales  par  le  capitaine 
William  Worth,  second  du  Rambler,  deNanlucket,dans 
I'annee  1829. 

lie  fie  Jcjferson  [Jefferson  s  island).  Lat.  N. ,  18"  27'; 
long.  O. ,  1 1 5°  3o'.  Decouverte  par  un  batinient  parti  de 
Salem,  le  8  avi'il  1826. 

lie  de  Gardner  {^Gardner's  island).  Lat.  S. ,  4°  3o ; 
long.  O. ,  1^4°  22'. 

He  dcCnJJin  {Coffin  s  island).L,at.  S.,  3^1°  i3  ;  long.  O., 
178'' 54'. 

Grande  lie  de  Gange  {^Great-Gange's  island).  Lat.  S.  , 
ID"  25' ;  long.  O. ,  160°  45'.  He  habitee. 

Petite  lie  de  Gange  {^Little  Ganges  island)  Lat.  S.jio"; 
long.  O. ,  i6i".  Egalement  peuplee  et  a])on(lant  en  co- 
cotiers. 

Ces  quatre  dernieres  iles  ont  ele  decouvertes  par  le 
capitaine  J.  Coffin,  du  navire /e  Gange,  sortit  de  Nan- 
tucket. Les  habitans  se  montrerent  bienveillans  et  em- 
presses a  fournir  des  noix  de  cocos,  etc. 

I/e Inconnne  [Unknown  island).  Lat.  S, ,  5° ;  long.  O. , 
i55°  10'  ;  d'euviron  10  niilles  en  longueur  sur  2  de  lar- 
geur.  Cote  herissee  de  rochers. 

lie  Reaper  [Reaper's  island).  Lat.  S. ,  9"  55';  long.  O., 
152°  4o.  He  basse,  boisee  et  peuplee  ;  decouverte  par  le 
capitaine  Coffin,  en  1828. 

Groupe  d' Iles  [Group  islands).  Lat.  S.,  3i°25';  long. 
O. ,  entre  129°  27'  et  i3o°  i5'.  Decouverte  par  le  capi- 
taine J.  JVlitchel,  en  i823. 

Recifde  Lancaster  [Lancaster's  reej).  Lat.  S.,  27"  2'; 
long.  O. ,   146"  27'.   Sf'teridant  I'espace  de  6  milles  du 


(   a.    ) 

N.-E.  au  S.-O. ;  signale  par  le  capitaine  Weeks,  de  New- 
Beclt'ord,  en  i83o. 

J/e  Oeno  (Oeno  island).  Lat.  S.,  23"  5y' ;  long.  O. , 
1 31°  5'.  A  environ  8o  milles  N.-O.  par  N.  tie  celle  de 
Pitcairn.  Un  brisan  dangereux  saillit  de  son  extremite 
nieridionale.  Decouverte  par  le  capitaine  G.-B.  Worth, 
du  navire  I'Oeno,  de  Nantucket. 

Ecueil  inconnu  (^Unknown  reef).  Lat.  N. ,  2-7°  /\(i' \ 
long.  O. ,  174"  56'.  Rochers  a  lleur  d'eau  et  bancs  de 
sable,  ou  firent  naufrage,  le  26  avril  1822,  le  vaisseau 
la  Perle ,  capitaine  Clarke,  et  r Hermes,  capitaine  Phil- 
lips. Les  equipages  se  sauverent  et  resterent  deux  mois 
sur  ce  recif,  en  attendant  qu'on  vint  les  rechercher. 

Smitt-Face-lsland.  Lat.  S.,  6"  16'  ;  long.  E. ,  177°  19'. 

lie  Parker.  Lat.  S. ,  1°  19' ;  long.  O. ,  174"  3o'. 

lie  de  Brown  {Brown  s  island).  Lat.  S.,  18°  1 1';  long.  E., 
175°  48'-  Ces  trois  dernieres  decouvertes  appartiennent 
au  capitaine  Flasket,  montant  VIndependance,  de  Nan- 
tucket, qui  les  fit  en  1828. 

Ilede  Chase  {Chase's  island).  Lat.  S.,  2°  28' j  long.  E., 
176". 

He  de  Lincoln  {^Lincoln's  island).  Lat.  S.,  i"  5o' j  long. 
E.,  175". 

lie  de  Brind  {^Brind's  island).  Lat.  N. ,  o"  20'  ;  long,  E.. 
174°. 

lie  Dundas  {Dundas  island).  Lat.  N.,  o"  10';  long.  E., 

174°  12'. 

Les  quatre  lies  qui  precedent  ont  ete  decouvertes  par 
le  capitaine  Chase,  du  vaisseau  Japan^  de  Nantucket, 
en  1827  et 1828. 

Rocherde  Nixon  [Nixon  s  rock ).  Lat.  S.,  40" ,  long.  O. , 
57°  36'.  Selevant  a  6  pieds  au-dessus  de  i'eau,  ets'eten- 


( '^2 ) 

daiit  au  N.-E.  de  la  loiij^ut;iir  dun  cable.  Signale  par  le 
capitaine  Dixon,  de  V Ariel. 

lie  de  In  Nonvelle-Deconverte  {New-Disco{>eTy  island). 
Lat.  S.,  15"  3i  ;  long.  E. ,  1  j6  ii'.  Habitee,  et  decou- 
verte  par  le  capitaine  Hunter,  du  navire  le  Carmelite. 

He  Falelte  {^Faletta  island).  Lat.  S. ,  2i"  2' ;  lonjr.  E. , 
long.  E.,  1 33'  1 3'.  Det'ouverte  par  le  capitaine  Philips, 
le  10  juillet  1825. 

Rocher  de  la  Baleine  (Whale  rock).  Lat.  S. ,  5i°  5i'. 
long.  O.,  64"  3  2'.  Juste  a  fleur  d'eau,  el  couvert  dune 
grande  quantite  de  sel  niarin. 

Rocher  de  I  He  de  Gardner  (  Gardner  s  island  rock  ). 
Lat.  N. ,  25°  3';  long.  0.,  167^40'.  D'environ  un  mil!<;  de 
eirconterence  et  i5o  pieds  de  haut. 

ReciJdAllen{Allens  reef).  Lat.  N.,  25°  28' ;  long.  O., 

O  I 

170   20. 

Ces  divers  ecuei's  turent  decouverts  par  le  capitaine 
J.  Allen,  sur  le  navire  Mara,  de  Nantucket,  en  1821. 

Groupe  de  Stcirhiick  (  Siarhuck's  group).  Lat. ,  sous  Te- 
quateur;  long.  E. ,  173"  3o'. 

lie  de  Loper  (^Lopers island).  Lat.  S. ,  6°  7'  ;  long.  E., 
177°  40'. 

Brisan  dangereux  [^Dangerous  reej).  Lat.  S. ,  5°  3o'; 
long.  O. ,  175°. 

lie  de  Tracy  ( Tracy's  island ).  Liit.  S. ,  7°  3o' ;  long.  E. 
178°  45'. 

Noiiveau-Nantiicket  [Neiv-Nantucket).  Lat.  N.,  o"i  i' ; 
long.  O. ,  176°  20'. 

He  de  Granger  {^Granger's  island).  Lat.  N.,  18"  58'  ; 
long.  E.,  146"  14'. 

^     Ces  six  dernieres  iles  ont  ete  decouvertes  par  des  ba- 
tiniens  baleiniers  de  Nantucket,  de  1820  a  1826. 

He  et  Groupe  de  Fisher.  Lai.  N. ,  26"  3o';  long.  E. , 


(  ^3  ) 
141°  i'-  Decoiiverl  p;ir  le  navin;  anglais  le  Transit ,  ca- 
pitaine  J.-J.  Coffin,  ie  12  septenibre  1824.  Le  capitaine 
Coffin  a  donne  des  details  siir  ces  lies,  ({nil  (lit  etre  au 
nombre  de  six,  outre  un  grand  nonibre  de  bancs  et  de 
recifs.  Entre  file  Fisher,  la  plus  grande  de  ce  groupe 
(ayant  4  lieues  de  long  du  S,  S.  E.  au  N.  N.  O.  et  lile 
de  Kidd,  qui  en  est  la  plus  occidentale,  il  y  a  une  baie 
vaste  et  linipide  de  2  milles  en  largeur  sur  5  niilles  on 
longueur.  En  y  naviguant,on  decouvrit  une  autre  pe;itc 
anse  commode  et  a  I'abri  de  tons  les  vents,  excepte  de 
10.  S.  O. ,  et  ou  le  navire  jeta  I'ancre  sur  i5  brasses 
d'eau.  EUe  recut  le  nom  de  Havre, de  Coffin.  Cette  baie 
fournit  de  lean  en  abondance  et  de  la  meilleur  qualile , 
ainsi  que  du  poisson  excellent.  Les  tortues  et  les  pigeons 
y  sont  en  quantite  innombrable.Ces  lies  sont  couvertes 
d'arbres  niagnifiques,  sur  lesquels  on  ne  decouvrit  au- 
cune  marque  ou  entaille  qui  put  faire  croire  a  la  pre- 
sence de  riiomme  sur  ces  rivages;  enfin  on  n'y  apercut 
ni  quadrupede,  ni  reptile,  ni  insecte -d'aucune  espece. 
Ce  groupe  offre  un  point  de  relache  tres  favorable  pour 
les  baleiniers,  ainsi  que  pour  les  navires  allant  de  Canton 
a  Port-Jackson  ou  sur  la  cote  N.  O. 

Groupe  de  Covell,  compose  de  i4  iles,  et  situe  sous 
4"  3o'  de  lat.  N.  et  168"  4^'  d«  ''^"g-  E.  Decouvert  par  le 
capitaine  H.  Covell,  montant  la  barque  I' Alliance ,  le 
7  mai  i83i.  Ce  groupe  est  peuple. 

W. 


(  24  ) 


Memoires  sur  Cancienne  Geographic  historiijue  des pays 
voisins  de  la  Meditet  ranee. 

Lu»  .i  la  Societe  de  Gtiographie,  dans  ses  S('ances  du  4. 
du  i8  octobre  et  du  8  novembre  i833. 

PAR    M.    ROUX    DE    ROCtlELLE. 


Jtalie. 

L'ltalie  ,  ou  se  renferma  long-temps  la  republique  ro- 
niaiiie,  est  separee  du  reste  de  I'Europepar  les  cimes  des 
Alpes,  qui  embrassent  les  provinces  du  nord  cornine  une 
large  ceinlure.  Une  autre  cliaine  de  montagnes  nioins 
elevees  parcourt  cettePeninsuledans  toute  sa  longueur: 
ce  sont  les  Apennins.  La  longue  plaine  qui  las' separe 
des  Alpes  et  ou  viennent  s'ouvrir  les  nombreuses  vallees 
du  nord  de  1  Italic,  est  baignee  par  les  eaux  de  I'Eridau 
qui  recoil  le  Tesiu  ,  I' Adda,  le  Mincio,  le  Tanaro  et  la 
Trebie,  illustree  par  la  victoire  d  Annibal  :  I'Adige 
situee  au  nord  de  I'Eridan  ,  se  jette  conime  lui  dans 
I'Adriatique.  Ce  sont  les  plus  grands  fleuves  de  Tltalie  ; 
inais  le  Tibre  en  est  le  plus  fameux  ;  et  Ion  est  lente  en 
etudiant  la  geograpbie  d'un  grand  peuple,  de  fixer  les 
rangs  des  lieux  par  leur  celebrite. 

Les  vallees  et  les  plaines  qui  s'etendent  au  pied  des 
Apennins,  soit  vers  la  Mediterranee,  soit  vers  I'Adria- 
tique,  ii'ont  pas  assez  d'etendue  pour  que  cette  partie 
de  l'ltalie  puisse  avoir  de  grands  lleuves.  L'Arno,  le  Ga- 
rigliano,  le  Vulturne  sont,  apres  le  Tibre,  les  principa- 
les  rivieres  qui  se  rendent  dans  la  Mediterranee  :  L'A- 


(  25  ) 
tlriatiquen'en  recoit  aucune  d'aussi  considerable  j  le  Me- 
taure,  le  Tiferne  ,  TAufule  ne  doivent  leur  celebritequ'i 
I'histoire;  et  le  Rubicon  neserait  rien  ,  si  Jules  Cesar  ne 
I'avait  pas  franchi  pour  changer  le  sort  de  Rome  et  de 
la  terre. 

Considerons  sous  d'autres  rapports  les  differentes  par- 
ties de  cette  contree,  et  voyons  ce  quelle  tut  a  diverses 
epoques,  afin  d'y  suivre  avec  plus  de  fruit  la  niarche  des 
peuples  et  le  cours  des  evenemens. 

On  peut  partager  I'ltalie  ancienne  en  trois  grandes 
divisions  :  au  midi  est  la  Grande-Gr^ce ,  ainsr  noaimee 
des  colonies  grecques  qui  vinrent  s'y  fixer;  au  centre 
sont  les  regions  dont  se  composa  d'abord  la  republlque 
Roniaine;  nous  trouvons  au  nord  les  nations  Aborige- 
nes  et  les  etablissemens  des  Gaulois  Cisalpins. 

Quelques  geographes  ne  coniprennent  sous  le  noin 
de  Grande-Grece  que  la  Lucanie  et  le  Brutiuni,  mais  on 
peut  y  joindre  la  Campanie  et  I'Apulie. 

Les  principaux  peuples  du  Brutium  elaient  les  Ld- 
criens  et  les  Crotoniates  ;  ceux  de  la  Lucanie  etaientles 
Sybarites  :  Grotone  leur  fit  la  guerre;  et  Sybaris  etait 
deja  detruite,  long-temps  avant  la  conquete  d.i  Brutium 
par  les  Romains.  Ceux-ci  fonderent  plusieurs  colonies 
dans  cette  contree ;  la  plus  reniarquable  etait  celle  de 
Regium,  situee  sur  le  detroit  de  Messine,  et  destine'e 
a  maintenir  les  cominunic;itions  de  I'ltalie  avec  la  Sicile. 

Naples,  Capoue,  Salerne,  etaient  les  premieres  villes 
de  la  Campanie.  Cette  region.  Tune  des  plus  tertiles  de 
I'ltalie,  fut  aussi  I'une  des  plus  peuplees  :  on  I'habite 
jusqu'au  pied  du  Vesuve ,  et  sur  la  cendre  meme  des 
villes  qu'il  a  detruites  :  Virgile  y  a  place  ses  enfers  et 
ses  champs  Elysiens. 

L'Apulie  etait  occupee  par  les  Dauniens,  les  Pence- 


( 26 ) 

tiens,  les  Calabiais,  Itjs  Mossapiciis ,  les  Saleiitiiis  et  les 
petip'es  df  Tarciite.  Ces  clerniers  fiirent  les  plus  puissans, 
les  plus  ri(;hes,  les  plus  leniarquaLtles  pai'  leur  resistance 
aux  Roniaius.  Cetait  au  port  tie  Brutulusiuni,siiue  vers 
renlree  de  1  Adriatique,  qu'on  s'embarquait  ordinaire- 
nient  pour  la  Grece  :  Jules  Cesar  en  partit  pour  aller 
vaincre  a  Pliarsale;  Vlrgile  y  debarqua  a  son  retour 
d'Atlienes,  pour  aller  niourir  a  Naples. 

Les  champs  de  Dioniede,  situes  pres  de  I'AuIide,  rap- 
pellent  que  Ion  faisait  remontercetle  colonie jusqu'aux 
temps  de  la  prise  de  Troie  :  la  bataille  de  Cannes  se 
livra  dans  les  memes  plaines,  et  1  on  trouve,en  s'elevant 
vers  les  montagnes,  le  territoire  de  Venusinm,  ou  se  tor- 
mina la  guerre  contre  Spartacus. 

L'ltalie  cenlrale  comprend  ces  pcuples  nombreux, 
contre  lesquels  Rome  eut  a  lulter  pendant  plusieurs 
siecles.  Si  Ion  se  borne  a  les  classer  par  regions,  on 
Irouve  le  Latium,  le  pays  des  Samnites,  i'Etrurie  ,  I'Om- 
brie  et  le  Picenum  :  chacun  de  ces  teriiloiresreiifermait 
plusieurs  peuples  que  I'histoire  des  premiers  siecles  de 
Rome  a  rendus  celebres. 

Dans  le  Latium,  les  Rutules  s'etaient  opposes  les 
premiers  a  I'etablissementd'Albe,  d'oii  les  fondateurs  de 
Rome  devaient  sortir ;  et  les  Latins,  les  Herniques,  les 
Volsques,  lui  firent  long-temps  la  guerre. 

Les.Sabins,  lesy^ques,  les  Marses,  voisins  des  Sam- 
nites, avaient  avec  eux  une  commune  origine ,  et  ils 
occupaient  ensemble  la  chaine  des  Apennins;  nations 
tortes  et  belliqueuses,  qui,apres  avoir  resiste  a  Rome 
avec  energie,  devinreut  les  premiers  appuis  desa  gran- 
deur. Les  Vestins,  lesPelignes,  les  Marucins,  les  Fren- 
taniens,  etablis  entre  les  Apennins  et  I'Adriatitjue,  des- 
eendaient  egalement  des  Samnites. 


(  ^7  ) 

L'Etruiie  forrtiait,  vers  les  premiers  temps  de  la  re- 
publique  roniaiiie,  une  confederadon  de  douzt;  cites  ^ 
dont  chacune  avait  des  magistrats  ou  des  rois.  Les  cites 
les  plus  remarquables  etaicnt  celles  de  Florence,  d'Are- 
tium,  de  Ciusium,  de  Yidsinii,  de  Tarqiiinii ,  de  Falis- 
que  et  de  Yeies.  La  desunion  de  cette  ligue  rendil  1  E- 
Irurie  plus  facile  a  vai'icre;  niais  les  moyens  de  siege 
etaient  alors  si  foibles,  que,  pour  s'emparer  de  Veies , 
il  fallut  dix  annees, 

L'Ombrie,  le  P.cenuin  ,  ne  renfermaient  aiicune  cite 
remSrquable ;  les  colonies  de  Spolete  et  d'AiKone  y  ki- 
rent  etablies  depuis. 

Les  plus  importantes  nations  du  nord  de  I'ltalie  etaient 
les  Liguriens,  les  Insxibriens,  les  Veneles  etles  Gaidois. 
Les  Liguriens,  places  entre  les  Alpes  Cottiennes,  le  i^o 
et  la  Mediterranee,  se  partageaient  en  plusieurs  Iribus. 
Les  plus  nombreuses  occupaient,  sous  le  nom  gene- 
rique  deVagienni,  la  Ligurie  occidentale  :  elles  etaient 
separees  par  le  cours  de  la  Macia  des  Liguriens  Apuani 
qui  s'etendaient  entre  I'Arno  et  la  chaine  des  Apennins. 
Genes,  Albenga,  Portus  Veneris  etaient  les  principaux 
lieux  de  la  Ligurie. 

LesSegusiens  ,  les  Tauriniens  ^  les  Lisubriens  avaient 
pour  limitesTEridan,  le  lac  Majeur  et  les  Alpes  :  Turin  , 
Milan  ,  Pavie ,  destines  a  acquerir  un  jour  plus  desplen- 
deur  etaient  au  noinbre  de  leurs  cites. 

Entre  le  lac  Majeur,  le  P6,  les  Alnes  et  I'Adiiatique 
s'etendait  !a  Venetie.  Les  Euganeens ,  les  Cenonianes  , 
les  Carniens,  leslstriens  faisaient  partie  de  cette  nation. 
Altinuui,  Aquilee,  Padoue,  exislaient  :  Venise  ne  s'ele- 
vait  pas  encore  du  milieu  des  eaux. 

Differens  peuples,  dont  les  iionis  rappellent  leur  ori- 
gine  gauloise,  etaient  repandus  entre  le  P6  ,  les  Apen 


liins  el  Ic*  lionlieri'.s  de  lOiubrie  el  du  Piceniiiii  :  cV- 
taient  les  Lingones  ,  les  Boiens  ,  les  Senonais,  veiius  des 
regions  de  Langres,  de  Botirges  et  de  Sens.  Leurs  tribus 
formaienl  les  postes  avances  de  la  Gaule  Cisalpine,  i[u'i 
fut  long-temps  pour  les  llomains  une  ennemie  d'aiitant 
plus  redoutable,  qu'elle  pouvait  aisenient  recevoir  des 
secours  de  la  Gaule  Celtique. 

Tous  ces  peuples  d  Italia  perdirent  successivement 
leur  independarice;  c't,a  mesure  qu'ils  f'urent  eriges  en 
provinces  roniaines,  leur  existence  changea  :  ils  recurent 
la  langue  et  les  lois  du  conquerant,  et  leurs  anciens 
nonis  s'effacerent. 

Cherchons  a  recueillir  encore  ces  antiques  souvenirs, 
et  en  parcourant  les  annales  de  cette  contnie,  dont 
tous  les  anciens  niaitres  ne  disparurent  que  pour  faire 
place  a  leur  vainqueur,  rappelons  d'abord  la  lutte  qui 
s'engage  entre  Rome  naissante  et  les  pays  qui  I'environ- 
nent.  L'ltalie  etait  alors  morcelee  en  un  grand  nombre 
d'etats;  mais  chacun  deux  etait  une  puissance  redou- 
table pour  une  vilie  qui  s'elevait  a  peine.  Rome  a  re- 
cours  a  la  violence  pour  se  peupler ,  aux  arnies  pour 
conserver  les  feinmes  qu'elle  a  ravies,  et  sa  premiere 
alliance  est  conclue  avec  les  Sabins  qu'elle  avail  outra- 
ges. 

Des  nations  belliqueuses  ,  mais  souvent  divisees,  lui 
font  la  guerre  pendant  trois  cents  ans  :  elle  attaque  on 
resiste  sans  relache ,  montre  une  male  Constance  dans 
les  revers,et  attend  toujours  la  victoire  pour  conclnre 
la  paix.  Sa  politique  liabituelle  est  de  ne  pas  avoir 
plusieurs  ennemis  a-!a-f'ois:  elle  combat  tour-a  tour  les 
yEques,  les  Herniques,  les  Veiens  ,  les  Volsques,  les 
Samnites;  chaque  guerre  lui  vaut  des  conquetes  ,  et 
lout  le  centre  de  l'ltalie  est  soumis  a  ses  armes.  Sa  pru- 


(  ^9  ) 
dence  lui  conseillait  de  ne  point  trailer  en  siijets  les 
peuples  vaincus  :  ils  deviennenf.  menibres  de  la  cite  : 
les  droits  des  nouveaux  Romainssont  les  niemes;et  ces 
nombreuses  acquisitions  de  citoyens  donnent  a  lEtat 
iinaccroissenient  de  forces,  a  I'aide  duquel  il  tentera  de 
noiivel'es  entreprises. 

Au  nord  des  possessions  romaines  etaient  les  Etrus- 
ques,  et  au-dela  de  TEtrurie,  les  Gaulois ,  dont  les 
armes  avaient  conquis  les  belles  regions  qui  forment  le 
bassin  de  I'Eridan  :  ces  deux  ennemis  etaient  les  plus 
redoutables.  Porsenna  vint  porter  la  guerre  jusqu'aux 
rives  du  Tibre,  et  Brennus  s'enipara  de  Rome  long-temps 
apres  :  mais  les  desastres  niemes  de  ce  peuple  lui  inspi- 
raient  d'heroiques  vertus.  Le  courage  de  Codes,  la 
Constance  de  Scevola  contre  la  douleur,  decident  le  roi 
d'Etrurie  a  conclure  la  paix  :  Maniius  et  Camille  ,  deja 
vainqueur  de  Veies ,  deviennent  les  defenseurs  de 
Rome  contre  les  Gaulois  :  les  Romains,  humilies  aux 
fourches  Caudines  par  les  Samnites,  sont  releves  par 
Quintus  Fabius  :  bientot  ils  attaquent  les  peuples  de 
Campanie,  d'Apulie,  de  Tarente  :  Curius  Dentatus  ar- 
rache  an  roi  d'Epire  le  fruit  dedeux  victoires,  et  le  force 
a  regagner  ses  etats  :  toute  I'ltalie  inferieure  est  sou- 
mise,  et  la  premiere  guerre  punique  est  engage'e. 

Ici ,  le  tbeatre  des  bostilites  va  s'etendre ,  et  Rome 
porte  ses  forces  hors  de  I'ltalie.  Duillius  se  signale  par 
une  premiere  victoire  navale  :  Regulus,  vaincu  pres  de 
Carthage,  devient  plus  grand  dans  les  fers  :  Lutatius 
dicte  enfin  la  paix  a  ses  ennemis,  et  les  Romains  s'eta- 
blissent  en  Sicile.  Bientot  ils  sont  maitres  de  la  Sardai- 
gne  et  de  la  Haule-Italie ;  mais  la  seconde  guerre  pu- 
nique doit  changer  le  sort  des  armes  ,  et  la  gloire  de 
Rome  palit  devant  Anni])al. 


.     (  3o  ) 

La  posterite  a  retenu  les  nonis  clu  Tesin,  de  la  Tre- 
ble ,  de  Tiasiinene,  ou  Annibal  Cut  vainqueur,  el  celiii 
de  Cannes,  d'oii  !»;consulTerentius  Varron  nes'echappa 
qu'avec  queltpies  debris  de  larmec  roniaine;  inais  elle 
garde  aussi  la  niemoire  de  Fabius,  qui  sauva  la  patrie 
en  teniporisant,  et  de  Marcellus,  qui,  apres  la  jouinee 
de  Cannes,  arreta  devant  jNola  l<^s  vainqueurs,  les  af- 
faiblit  en  llalie,  en  Sicile,  et  leur  enleva  Syracuse:  elle 
a  surtout  consacre  la  gloire  dii  premier  Scipion  1  Afri- 
cain.  Ce  heros  forca  les  Carthaginois  a  rappeler  x^nnibal 
aleur  secoftrs,  el  tennina  la  soconde  guerre  punique 
par  la  victoire  de  Zama. 

Des  ce  moment,  les  iorces  de  Home  deviennent  for- 
midables  a  toutes  les  nations  etrangeres.  Philippe,  de 
Macedoine  est  vaincu  par  Flaminius  :  un  autre  Scipion 
abaisse  et  detruit  la  puissance  d'Antioclnis,  roi  de 
Syrie  :  lEtolie,  I'Epire,  la  Macedoine ,  dont  le  dernier 
joi  e.et  enchaine  au  char  triomphal  de  Paul  Emile, 
deviennent  des  provinces  romaines  :  Carthage  va  toiu- 
ber  sous  les  coups  dun  troisieme  Scipion;  et,  le  jour 
meme  de  sa  ruine,  Mummius  detruit  Corinthe  ,  dernier 
boulevard  du  Peloponese. 

La  guerre  parcourait  tons  les  rivages  de  la  Mediler- 
ranee,  et  Rome  etaitpartout  victorieuse.  Elle  ramenait 
sous  sa  domination  la  Lusitanie ,  on  yiriate  s'etait 
soutenu  pendant  cincf  ans  contie  les  legions,  et  ou  il 
peril  assassine  ;  Scipion  Emilien  semparait  de  Nu- 
mance ,  depeuplee  par  la  guerre,  par  la  iamiiie,  et  sur- 
tout par  le  desespoir  des  habitans,  dont  la  plupart  s'e^ 
taientdpnne  la  mort;  \es  Romains  penetraient  dans  la 
Gaule,  comme  allies  des  Marseillais  conlre  les  Salyens, 
ou  des  Eduens,  contre  les  Arvernes  et  .1,^  Allobroges; 
ilss'etablissaient  en  Provence  ,  remo;ntaient  les  rives  du 


Rhone,  et  penetraiciit  clans  la  Gaule  NarJjonnaisej  Ma- 
rius  attaquait  en  Afriquo  Jugurtlia  ,  avant  tie  venir  coni- 
battre  vers  les  Alpes  les  Teutons  el  les  Cinibres ;  et  la 
guerre  oii  coninienca  la  fortune  cle  Sylla  eclatait  contre 
Mithridate. 

Que  n'est-il  possible  d'etemlre  iin  voile  sur  les  san- 
elanles  annales  decesiecle!  Les  chefs  des  armees  roiiiai- 
nes  ne  cherchent  plus  leurs  erinemis  vers  les  froiilieres 
de  la  republique  :  la  guerre  civile  est  allumee;  les  pro- 
scriptions commencent,  et  les  plus  illustres  letes  toni- 
bent  sous  la  hache  des  licteurs  ou  des  assassins.  Bientot 
la  revoke  s'etend  :  Sertorius  prend  les  armes  en  Espa- 
gne  :  la  mer  est  infestee  par  des  pirates  :  Spartacus,  a  la 
tete  des  gladialeursetdesesclaves,  attaque  la  puissance 
romaine;  et  Ponipee,  qui  consomme  partout  la  ruine 
des  ennernis,  deja  vaincus  par  d'autres  generaux,  Pom- 
pee,  qui  termine  la  guerre  de  Milhrida'.e  ,  et  que  la  fa- 
veur  popnlaire  a  porte  aux  plus  grands  honneurs,  voit 
un  competiteur  plus  habile  heriter  de  son  credit  et  de  sa 
gloire. 

Arretons-nousa  cette  epoque.  La  republique  romaine 
est  expirante  et  va  s'aneantir  dans  les  plaines  de  Phar- 
sale.  Cesar  est  nomme  dictateurj  la  mort  I'arrete  quand 
il  a'lait  regner;  mais  Octave,  Antoine  et  Lepide  succe- 
dent  a  son  autorite  :  le  triunivirat ,  d'oii  Octave  est  sorti 
vainqueur,  fait  placea  renipire  d'Auguste;  ellerechre- 
tienne  qui  commence  sous  le  regne  de  ce  prince,  nous 
offre  un  nouveau  point  de  depart,  d'ou  nous  pourrons 
nous  avancer,  a  travers  les  siecles  de  la  grandeur  et  de 
la  decadence  de  I'empire ,  jusqu'a  I'epoque  de  son  de- 
membremenl.    . 


(  3a  ) 

lies  du  bassin  occidental  de  la  Meditcrranec. 

La  forme  triangulaire  de  la  Sioile,  dont  les  cotes  se 
terminent  aux  trois  proniontoires  de  Pelorum,  de  Pa- 
chynum  et  de  Lilybee,  lui  fit  donner  autrefois  le  nom 
de  Trinacria.  Cetle  lie  fut  peuplee  par  une  colonie  de 
Sicules,  qui  arrivalent  d'llalie  :  les  Grecs  y  fonderent 
Syracuse,  Messine  et  d'autres  villes;  lesCarihaginois  y 
fonderent  Lilybee. 

De  frequentesguerres  eclaterent  entre  les  Syracusains 
et  les  Carthaginois,  qui  partageaient  entre  eux  la  Sicile, 
Elles  comniencereiit  sous  Gelon,  prince  de  Syracuse, 
qui  lionora  ses  victoires  en  contraignant  Carthage  a  re- 
noncer  aux  sacrifices  humains  :  elles  attirerent  quelque- 
fois  dans  cette  ile  des  armees  alheniennes  qui  venaient 
y  soutenir  la  cause  des  colonies  alliees.  Denys-le-Tyran, 
eut  avec  Carthage  des  guerres  malheureuses  ;  mais  Ti- 
inolcon  affaiblit  par  ses  victoires  cette  puissance  rivale  : 
il  fit  jouir  sa  patrie  d'un  long  repos;  et  quand  la  guerre 
vint  a  se  ranimer,  Agathocles  en  porta  le  theatre  en 
Afrique  ,  et  dicta  aux  Carthaginois  les  conditions  de  la 
paix. 

L'ambition  qui  avait  conduit  en  Italic  Pyrrhus,  roi 
d'Epire,  lui  fit  tenter  une  invasion  en  Sicile  :  il  y  fut 
tour  a-tour  vainqueur  et  vaincu  ,  et  il  ne  laissa  aucunc 
trace  de  son  passage. 

Mais  la  revoke  d  uneannee  d'avenluriers  quis'etaient 
enipares  de  Messine,  et  que  I'histoire  a  designes  sous  le 
nom  de  Mamertins,  attira  bientot  en  Sicile  un  peuple 
plusredoutable.  Hieron,  roi  de  Syracuse,  s'etait  uni  aux 
Carthaginois  contre  les  Mamertins;  mais  ceuxci  avaient 
les  Romains  pour  alli«»s;  etAppi  us  Claudius,  venant  a  lour 


(  3;^  )     • 

secours,  l)altit  successivement  les  troupes  de  Syracuse 
et  de  Carthnge,  qui  les  assiegeaient  dans  Messine.  11  al- 
lait  attaquer  Syracuse,  lorsqiie  Hieron  ,  pour  sauver 
cette  ville,  rompit  subitenient  avec  les  Carthaginois : 
tous  les  efforts  de  la  guerre  purent  alors  etre  diriges 
contre  eux. 

Les  Romainss'emparerent  d'Agrigente,  premiere  place 
(1'armes  des  Carthaginois.  lis  prirent  Hippana,  Mittis- 
trate,  Caniarina,  Enna;  Asdrubal  fut  vaincu  pres  de 
Panornie  par  L.  Cecilius  Metellus;  et  C.  Lutatius  bat- 
tit  pres  de  Lilybee  une  flotte  carthaginoise  ,  cornmandee 
par  Hannon. 

La  guerre  durait  depuis  viiigl-deux  ans  :  elle  avaitetc 
melee  de  succes  et  de  revers  5  niais  cette  vicloire decisive 
la  termina.  Les  Cartliaginois  dont  les  ressources  etaient 
.  epuisees  demanderent  la  paix;  ils  abandonnerent  aux 
Romains  tmites  leurs  possessions  de  Sicile,  et  I'Archipel 
silue  entre  cette  i!e  et  I'ltalie. 

Les  dangers  dont  Syracuse  etait  alors  menacee  par  le 
voisinage  des  Romains  fujenl  detournes  par  Hieron  , 
qui  eut  la  sagesse  de  maintenir  la  paix;  niais  son  succes- 
seur  selant  declare  pour  Annibal  pendant  la  seconde 
guerre  punique,  Marcellus  debarqua  en  Sicile  avec  une 
armee  romaine ,  et  s'illustra  par  le  siege  et  la  prise  de 
Syracuse ,  ou  peril  Archimede.  La  conquete  de  cette 
place  entraina  celle  du  royaume  entier,  et  la  Sicile  de- 
yint  une  province  romaine. 

Les  principales  iles ,  situees  dans  le  vaste  bassin  qu'en- 
vironnent  la  Sicile  ,  I'ltalie,  la  Gaule,  I'Espagne  et  I'Ar 
frique  sont  la  Sardaigne,  la  Corse  et  les  lies  Baleares. 

La  Sardaigne  s'etail  d'abord  partagee  entre  trois  peu- 
plades,  lesCorsi,  les  Balari,  les  Valenlini.  Ces  noms  in- 
diquaient  une  communaute  d'origino  avec  les  habitans 

■5 


•      (34) 

de  la  Corse ,  et  avec  ceux  des  lies  Baleares ,  et  de  la 
cote  de  Valence;  la  navigation  et  la  guerre  avaient  niele 
quelqiietois  les  differens  peuples  dn  continent  et  des 
lies;  et  leurs  relations  nuitnelles  n'avaient  commence 
que  par  des  hostilites.  Olbia  j  Luquido,  Caralis  etaient 
les  principales  villes  He  la  Sardaigne  :  la  trace  des  deux 
premieres  nexiste  plus;  Cagliari  s'est  elevee  sur  les  rui- 
nes  de  la  troisieme. 

Les  Carthaginois ,  pen  de  temps  apres  la  perte  de  la 
Sicile,  durent  egalement  renoncer  a  la  Sardaigne.  lis 
avaient  termine  la  premiere  guerre  punique;  mais  la 
guerre  des  mercenairesavait  eclate  contre  eux;  elle  s'e- 
tait  pronagee  d  Afrique  en  Sardaigne,  oil  toutes  les  trou- 
pes a  la  solde  de  Carthage,  s'elaient  revollees;  et  lors- 
que  Amilcar  ,  pere  d  Annibal ,  cut  lieureusement  acheve 
en  Atiique  cetle  guerre  qui  avail  ete  si  desastrcuse,  le 
soulevement  des  troupes  ne  lut  point  apaise  en  Sardai- 
gne :  les  revokes  y  oblinrent  I'appui  des  Romains,  qui 
ne  leur  donnerent  des  secours  que  pour  les  asservir;  et 
Carthage,  trop  aifaiblie  pour  recommencer  la  guerre, 
aima  mieux  renoncer  a  celte  possession. 

Les  Romains,  devenus  maitres  de  l;i  Sardaigtie,  s'oc- 
cuperent  peu  de  sa  prosperile.  La  cidture  y  etait  negli- 
gee; des  niarais  nombreux  en  rendaient  le  sejour  insa- 
lubre  ;  on  fit  de  cetle  ile  un  lieu  d  exil  pour  les  condam- 
nes,  que  leur  litre  de  citoyens  romains  avait  sauves  de 
la  peine  de  mort. 

La  Corse,  situee  au  nord  de  la  Sardaigne,  dont  elle 
n'est  separee  que  par  un  detroit  de  quelques  lienes  ,  a 
successiveraent  recn  des  colonies  de  diverses  nations. 
Aleria  fnt  tondee  par  les  Phoceens  :  elle  fut  successive- 
ment  occupee,  comme  les  autres  parlies  de  celieile, 
paries  Elrusqnes,   les   Carthaginois,    les  Romains  ;   et 


(  35  ) 

Sylla  y  fit  passer  une  nouvelle  colonie  :  Mariana  fut  batie 
par  son  rival,  sur  les  debris  de  Nicea  ,  qui  remontait  an 
temps  des  Etrusques  :  Ptoleniee  a  fait  mention  dAlista, 
d  Urciniiim ,  de  Cannelata.  Une  route  militaire  traver- 
sait  I'lle,  du  nord  au  midi ,  depuis  Mariana  jusqu'a  Por- 
tus  Syracusanus  oil  s'estensuiteeleve  Bonifacio;  elcette 
voie  romaine  ,  dorit  une  station  militaire  occupait  le 
centre  ,  sous  le  nom  de  Prsesidium  ,  etait  deslinee  a  en- 
tretenir  les  communications  de  toutes  les  parties  de  la 
Corse  avec  la  Sardaigne. 

Les  Cartliaginois,  qui  avaient  occupe  la  Corse,  pen- 
dant deux  siecles  et  demi ,  en  furent  chasses  par  Lucius 
Cornelius  Scipion ;  mais  I'esprit  d'independance  des  ha- 
bitans  prolongea  leur  resistance  ;  I'ile  ne  fut  complete- 
men  t  soumise  que  sous  les  consulats  de  Marius  et  de 
Sylla. 

Apres  avoir  perdu  la  Sicile,  la  Sardaigne  et  la  Corse, 
Carthage  chercha  vers  I'occident  le  dedommagement  de 
ses  sacrifices.  Elle  etendit  ses  acquisitions  en  Espagne, 
ou  elle  avait  deja  plusieurs  colonies,  et  elle  forma  dans 
les  lies  Biilearesd'autres  etabiissemens;  mais  les  Romains 
devaient  bientot  en  heriter,  et  le  traite  de  paix  qui  ter- 
mina  la  seconde  guerre  punique  les  fit  succi'der  en  Es- 
pagne el  dans  les  lies  voisines  a  toutes  les  possessions 
des-  Ciirth'dginois. 

Majorque  et  Minorque  etaient  les  seules  iles  Baieares 
qui  fussent  habitees.  Le  nom  de  Portus  Magonis  y  rap- 
pelle  celui  de  son  fondateur  :  les  villes  de  Palma  et  Pol- 
len lia  y  furent  baties  par  les  Romains. 

D  autres  iles,  dispersees  le  long  des  cotes  de  laMediter- 
ranee  suivirent  egalement  le  sort  des  pays  voisins.  Les 
Stechades  avaient  dependu  de  laG.'iiile  ,  avant  de  passer 
comme    elle    sous   la  domination   des   Romains  :   Gor- 


(  36  } 

gone  ,  Capraria,  Igilium  ,  llva  ,  connue  par  ses  mines  de 
fer,  avaient.  appartenii  a  1  Elruiie  :  Pontia,  Pithecusa  , 
Capree  etaient  voisines  de  la  Cainpajiie ;  et  la  derniere 
lie  vit  terminer  le  triste  regne  de  Tihere  :  les  iles  Eo- 
liennes,  Lipara  ,  Vulcania  ,  Strongile  ,  et  quelques  autres 
craleres  qui  lancaieiil  leurs  teux  du  milieu  des  eaux  , 
elaient  disperses  au  nord  de  la  Sicile  :  an  midi  de  celte 
lie,  lerocherde  Ivlelita  s'elevaitsur  lamer.  II  etait  alors 
inhabite,  sterile  et  sans  illustration. 

Les  lies  Pithyuses,  celles  de  Dragonera,  de  Colul)ra- 
ria,  vers  les  coles  d'Espagne,  etaient  egalemenl  deser- 
les;  et  nous  pouvons  juger,- par  leurs  denominations 
memes  ,  quelles  etaient  infestees  par  des  reptiles. 

Nouscivons  vu  passer  quelques  autres  noms,  tels  que 
ceux  de  Gorgone ,  Capree,  Capraria,  qui  turent  origi- 
naiiement  imposes  a  des  lies  encore  sauvages;  el  nous 
pouvons  remarquer  ici  que  la  terre,  dans  son  etat  pri- 
mitif ,  nest  point  un  paisihle  domaine  pour  1  liomme. 
II  a  besoin  den  disputer  I  empire  a  celte  foule  d'etres 
animes  qu'enfante  autourde  lui  une  nature  inepuisable. 
Ici  il  entre  en  guerre  avec  les  animaux  feroces,  et  il  doit 
purger  la  terre  de  ses  reptiles  malf'alsans  :  ailleurs  des 
especes  plus  timides  et  plus  faibles  prennent  la  fuite 
devant  lu'i;  il  lesatteint,  lesdompte,  les  apprivoise.  La 
terre  elait  une  republique  immense;  Ihomme  en  a  fait 
une  nionarchie. 

Mais,  quand  ses  innombrables  ennemis  se  retirent  a 
son  approche,  il  lui  en  resle  un  pJus  redoulable  :  c'est 
lui  meme.  La  nature  est  soumise;  mais  la  guerre  entre 
les  peuple"-.  dure  encore. 


(  37  ) 


Espag, 


ne. 


L'Espagne ,  dont  les  Romains  commencerent  la  con- 
qiiete  pendant  la  seconde  guerre  puniqiie,  est  liee  aii 
reste  de  I'Europe  par  la  chaine  des  Pyrenees  :  les  eaux 
de  Ih  Meiliterranee  et  de  I'Ocean  en  endjrassent  toutes 
les  autres  f'rontieres  :  eile  est  separee.de  I'Afrique  par  le 
detroit  de  Cadiv,  on  la  table  a  snppose  qu'Hercule  ou- 
vrit  une  communication  enlre  les  deux  mers,  en  cou- 
paiit  par  une  prot'onde  vallee  les  barrieies  de  Galpe  et 
d'Abyla. 

De  hantes  hiontagnes,  dont  la  cbaine  s'etend  du  nord 
vers  le  niidi,  en  serpentant  eritre  les  sources  des  prin- 
cipaux  fleuveii ,  partagent  I'Espagne  en  deux  grands  bas- 
sins ,  qui  s'ii;clinent  vers  1  orient  et  vers  I'occident. 
L'Ebre  et  seS  affluens,  le  Xucar,  la  Segura  arrosent  le 
bassin  oriental,  celui  d'orcident  est  traverse  par  le 
Minho,  le  Duero,  leTage,  la  Guadiana,  le  Guadalquivir. 

Les  trois  grandes  divisions  de  I'Espagne  ancienne 
etaienl  la  Tarraconaise,  qui  en  occupait  au  nord  et  a 
I'orient  la  plus  grande  partie,  la  Lusitanie  a  I'occident 
et  la  Betique  au  inidi.  IJn  grand  nombre  de  peuples  se 
partageaient  enlre  eux  ces  territoires  ;  et  cette  circon- 
stance  facilita  les  succes  des  Romains.  Les  principales 
reunions  portaient  le  noin  dc  Conventus  :  on  en  con- 
naissait  huit  dans  la  Tarraconaise,  trois  en  Lusitanie, 
trois  dans  la  i?elique;  et  chaoune  de  ces  confederations 
renferniait  differentes  trii)us,dont  les  denominations 
et  les  places  geograpbiques  soiit  indiquees  dans  un  tar 
bleau  que  nous  donnerons  ensuite. 

On  reconnail  dans  cette  nomenclature  plusieurs  villes 
qui  subsistent  encore,  celles  de  Girone,  de  Barcelone, 


(  3S  ) 
((e  Tortose,  de  (jarthageno  clans  les  ^)rovinces  cle  la  Me- 
diterraneej  celles  de  Cadix  ,  de  Lisbonne  sur  TOcean  5 
de  Sarragosse  sur  les  rives  de  I'Ebre,  dont  le  nom  avail 
fait  donner  celui  d'Iberie  a  lEspagne  enliere;  de  To- 
lede  sur  leTage;  de  Cordoue  ou  naquirent  Seiieque  et 
Lucain.  D'autresnoms  se  sorit  denatures  :  Vergilia  a  fait 
place  a  Murcie,  Hispalis  a  Seville,  Carteja  a  Gibraltar; 
d'autres  enfin ,  cojiime  Numance,  nappartiennenl  phis 
(|u'a  des  ruines. 

II  est  utile,  lorsqu'on  etudie  la  geographie  ancienne, 
de  comparer,  quand  les  niemes  lieux  subsistent  encore, 
les  differens  nonis  qu'ils  ont  successivement  portes :  ce 
rapprochement  seul  eclaircit  les  fails,  et  permel  de  lier 
entreeiles  les  diversesepoques  derhisloire. Nous  voyons 
ainsi  que  le  Belis  a  pris  le  nom  de  Guadalquivir;  que  les 
monts  Carpetani  sont  aujourd  bni  la  Guadarama,  et  que 
la  chaine  de  lOrospeda  est  devenue  la  Sierra-Nevada. 
On  reconnait  davantage  le  niont  Marianus  des  anciens 
dans  la  designation  actuelle  de  Sierra-Morena,  et  les 
flpuves  Anas,  Durius,  Sucronis,  dans  les  noms  de  Gua- 
diana,  de  Duero,  de  Xucar  qu'ils  ont  recus  depuis. 

Les  peuples  qui  donnerent  prinitivement  leurs  noms 
a  toutes  ces  contrees  n'en  occuperent  ensuite  qu'une 
faible  partie.  Les  Iberes  etaient  etablis  au  nord-est ,  et  les 
Hispalenses  dans  les  ptaines  de  I'Andalousie  :  ailleurs  les 
noms  dun  grand  nombre  de  lieux  rappelient  une  origine 
etrangere  :  on  peut  ainsi  distinguer  les  colonies  qu'avait 
fondees  Carthage;  et  Ion  retrouve  dans  la  Celtiberie  et 
la  Galice  les  traces  d'anciens  etablissemens  celtiques  o\\ 
gaulois. 

Quand  les  Remains  penetrerent  dans  cette  conlreie , 
Carthage  en  possedait  les  provinces  orientales.  Annibal 
y  avait  puise  ses  priticipales  forces  pour   penetrer  en 


(  39) 
Iialie,  et  Rome  reconiiut  la  necessite  d'y  envoyer  une 
partie  tie  ses  legions  et  il'y  affaiblir  les  Carthaglnois. 

Sagonte,  qui  s'etait  declaree  pour  Rome ,  venait  de 
tomber  sous  les  coups  d'Annibal  :  les  ruines  en  etaient 
encore  fumaiites,  et  il  ne  restait  de  cette  ville  qu'un  noni 
imuiortel.  Le  vainqueur  poursuivait  sa  niarche;  et  telle 
etait  la  rapidite  de  ses  succes  qu'au  moment  ou  Rome 
envoyait  une  armee  pour  I'attaquer  en  Espagne,  Anni- 
bal  avail  deja  francbi  les  Pyrenees  et  la  Gaule  narbo- 
naise.  Les  troupes  romaines,  conimandees  par  Cneus 
Scipion  ,  debarquerent  en  Espagne,  et  s'emparerent  des 
provinces  situees  entre  I'Ebre  et  les  Pyrenees.  L'arrivee 
de  Publius,  son  frere  ,  qui  le  rejoignit  avec  vingl  vais- 
seaux,  permit  aux  Romains  d  etendre  leurs  conqnetes 
vers  le  midi  :  ils  passerent  I'Ebre  pour  la  premiere  fois; 
et  leurs  troupes  reup.ies  defirent  celles  de  Carthage  j 
mais  les  deux  freres  ayant  ensuite  divise  ieurs  forces  fu- 
rent  vaineus  et  tues  en  combattant.  Un  chevalier  ro- 
main,  le  jeune  Publius  Marcius,  sauva  les  debris  de 
I'armee,  qui  I'adopta  pour  son  general,  et  il  oblint  sur 
Asdrubal  quelques  avantages  (jui  ,  cependant,  atfaibli- 
rent  pen  les  Carthaginois.  Ceux-ci  pouvaient  aisement 
reparer  leurs  perles  dans  un  pays  si  tecond  et  si  peuple. 
La  guerre  devenait  ,  chaque  annee,  plus  difficile  pour 
les  Romains  :  les  troupes  que  Claudius  Neron  conduisit 
dans  la  Taraconaise,  avaient  peine  a  tenir  la  campague; 
et  les  provinces  espagnoles  qui  s'etaient  declarees  pour 
Rome,  abandonnaient  son  alliance. 

La  gloire  de  reunir  aux  possessions  romaines  cette 
belle  contree  ,  etait  reservee  a  Publius  Cornelius  Sci- 
pion, fils  decelui  qu'Annibal  avait  vaincu  pres  duTesin 
et  de  la  Trebie,  et  qui  avait  ensuite  peri  en  Espagne,  a 
la  tete  des  armees  romaines.  Publius,  anime  du  desir 


(  4o  ) 

(Je  veiiger  son  pere,  et  pleiii  de  cet  enthousiasnie  coni- 
niunicatil,  qui  entiaitie  toutes  les  volontes,  n'avait  que 
viugt-qualie  ans  ,  lorscpi  il  uffrit  -lux  Romniiis  de  con- 
duire  cetle  guerre  et  den  reparer  les  desastres.  On  lui 
donne  dixniillelioinnies  de  troupes  :  il  les  reunit  a  celles 
que  la  valeur  de  JMarcius  avail  sauvees  :  sa  premiere  ope- 
ration est  le  siege  de  Carlliagene,  que  lennenii  regar- 
dait  comuie  son  arsenal  le  plus  important,  et  oil  se  trou- 
vaient  reunis  les  otages  des  peuples  que  Carthage  clier- 
chait  a  retenir  dans  son  alliance.  Scipion  s'enipare  de 
celte  place;  les  otages  sont  delivres  et  renvoyes  a  leurs 
families;  et  la  generosite,  la  continence  du  jeune  heros 
lui  gagnent  lescceurs  des  Espagnols.  II  poursuit  lecours 
de  ses  conquetes;  et  la  fortune  lui  est  favorable  partout. 

Deux  Asdrubal ,  lun  His  de  Giscon,  I'autre  frere  d  An- 
nibal,  commandaient  lesprincipalesanneescarlhaginoi- 
ses  :  le  premier  fut  defait  par  Scipion  ,  I'nutre  qui  seren- 
dait  enlta!ie,a  la  tete  decinquante  niille  honmies,  pour 
y  secourir  son  frere,  fut  tailleen  pieces  pres  du  Metaure. 
Son  depart  avait  tellement  affaibli  en  Espagne  les  Car- 
thaginois  qu'ils  y  perdirent  successivemenl  leurs  posses- 
sions, et  chercherent  a  Cadix  un  dernier  refuge.  lis 
comptaient  encore  sur  lalliance  de  Mussinissa  et  de 
Syphax,  rois  de  Numidie;  mais  cette  ressouice  leurayant 
manque,  Cadix  ouvrit  ses  portes  aux  vainqneurs,  et  sa 
soumission  ent;  aina  celle  de  1  Espagne  enliere. 

Scipion  revint  alorsen  Italie,  et  il  y  fut  bientot  charge 
de  conduire  en  Afrique,  les  armees  romaines  :  la  gloire 
de  terminer  la  seconde  guerre  punique  lui  etait  reservee. 


(  4«  ) 


Afrique  septentriofidle. 

Les  contrees  seplentrionales  de  lAfrique,  bornees  ati 
nord  par  la  Mediterranee,  au  midi  par  la  chaine  du  nioiit 
Atlas  et  par  les  deserts  du  Saara,  son t  les  seulesqiiiaient 
eii  des  relations  avec  lEnrope  ancienne,  et  qui  aiont 
subi  la  tlomination  des  Remains.  Leurs  principales  divi- 
sions, sans  y  coniprendre  I'Egypte,  etaient  le  territoire 
de  Carthage  au  centre  de  ce  littoral  immense,  la  Nu- 
niidie  et  la  Mauritanie  a  loccident,  la  Lybie  el  la  Cyre- 
naique  a  I'orient. 

Carthage,  qui  fut  eonquise  la  premiere,  n'avait  ete, 
dans  lorigine,  qu'une  colonic  phenicienne,  jetee  sur  les 
rivages  d'Afrique,  et  long-temps  reduite  a  un  faible  ter- 
ritoire :  sa  situation  la  rendit  commercante,  et  le  com- 
merce  devint  la  source  de  sa  riches«e  et  de  sa  puissance. 

Vers  le  milieu  du  neuvieme  siecle  avant  I'ere  chre- 
lienne,  la  monarchie  y  fit  place  a  la  republique  :  Car- 
thage sortit  de  ses  anciennes  limites,  et  conquit  tout  le 
centre  des  rivages  dAfrique;  elle  y  joignil,  dans  la 
suite,  la  Numidie,  la  Mauritanie,  et  ses  possessions  s'e- 
teiidirent  d  Occident  en  orient  jusqu'aux  limites  de  la 
Cyrenaique.  On  voyait  sur  celte  ligiie  de  demarcation  les 
autels  des  Philenes,  places  comme  des  bornes  sacrees 
entre  les  deux  territoires. 

La  domination  de  Carlhase  s'etendit  aussi  sur  une 
grande  partie  de  1  Espagne,  de  la  Sicile,de  laSardaigne; 
niais  les  deux  oremieres  guerres  pnnic|uos  liii  avaient 
fait  perdre  ces  contiees;  et  la  Numidie,  la  Mauritanie  , 
avaient  recouvre  leur  indepeudance  ,  et  s'etaient  erigees 
en  monarchies.  Les  flottes  de  Carlhage  dominerent  seules 
sur  la  Mediterranee,  avant  que  lys  Remains  eussent  per- 


142  )         . 

lectiomie,  a  son  oxemple,  la  construction  de  lours  vais- 
seaux,  et  que  Diiillius  cut  reniporte  sur  cet  eiineini  utie 
victoire  navale. 

La  premiere  guerre  punique  e'puisa  tellenieiU  Gaf- 
thage,  quail  moment  de  licencier  les  troupes  que  cette 
republique  avait  prises  a  sa  solde,  elle  neiait  plus  en 
elat  de  les  payer.  Les  mercenaires  se  revolterentj  quel- 
ques  villes  d'Afrique  leur  donnerent  des  secours  :  ils 
tinrent  pendant  trois  aiis  la  canipagne,  et  oserent  memo 
assieger  la  capitale.  Amilcar  releva  enfin  lautorite  de  Car- 
thage, et  les  villes  qui  s'etaient  declarees  centre  elle 
renlrerent  dans  sa  dependance. 

Les  relations  des  Romains  avec  Massinissa,  roi  deNtr- 
niidie,  et  avec  Syphax,  roi  d  iine  partie  de  la  Maurita- 
nie,  comniencerent  pendant  la  seconde  guerre  punique. 
L'un  et  I'autre  monarque  devinrent  allies  des  Romains, 
et  Massinissa  leur  fut  toujours  fidele;  niais  Syphax  chan- 
gea  promp'.ement  de  parti,  et  lorsque  Scipion  porta  la 
guerre  en  Africjue,  ce  monarque  leva  contre  lui  luie  ar- 
mee  de  ciuquante  mille  Numides.  Ayant  ete  vaincu  et 
fait  prisontiiei' ,  il  fut  depouille  de  ses  etats,  et  Massi- 
nissa en  recut  la  plus  grande  parlie. 

Les  Romains  conserverent  leur  amitie  a  ce  dernier 
prince,  qu'ils  favoriserent  dans  toutes  ses  contestations 
avec  Cartilage.  Leur  intention  etait  d  alfaiblir  de  plus  en 
plus  cette  puissance  rivale ,  et  Massinissa,  soutenu  par 
leur  appui,  eleva  les  pretentions  les  plus  ambitieuses  : 
son  inimitie  contre  Carthage  etait  inveteree  :  a  1  age  de 
quatre-vingthuit  ans,  il  liii  declara  la  guerre;  Rome  fit 
elle-nieme  d'immenses  preparatifs  pour  ecraser  ses  en- 
nemis ;  et  la  troisieme  guerre  punique  finit  par  la  des- 
truction de  leur  capitale  et  de  leur  empire. 

L'amitie  que  les  Romains avaient  eue  pour  Massinissa, 


(  43  )    ■  ■ 

fut  CQiiservee  a  son  fils  Micipsa  ,  et  il  jouit  de  trente- 
cinq  aiinees  tie  paix  ;  niais,  apres  le  regne  de  ce  prince, 
les  discordes  de  sa  famille  firent  eclater  une  guerre  qui 
devait  entrainer  la  conquete  de  la  Nuniidie.  Micipsa, 
qui  avail  pour  fils  Adherhal  et  Hiempsal ,  crut  leur  don- 
ner  un  protecteur,  en  adoptant  Jugurtha,  fils  naturel 
de  spn  frere,  et  en  p;irtageant  son  heritage  entre  les 
trois  princes.  Jugurtha ,  moins  louche  de  ce  bienfail  que 
devore  d'ambilion,  fit  assassiner  Adljerbal ;  il  declara 
ensui  te  la  guerre  a  Hiempsal,  qui  iuiplora  ['assistance  des 
Romains,  et  I'ayant  fait  prisonnier,  il  le  fit  perir  dans 
les  supplices. 

Ce  fut  alors  que  les  Remains  atlaquerent  Jugurtha. 
Les  premiers  generaux  qu'ils  envoyerent  contre  lui  fu- 
rent  seduits  par  ses  largesses,  et  ce  prince,  niande  a 
Rome,  parvint  par  les  niemes  moyens  de  corruption  a 
&e  justifier.  Copendant  la  guerre  se  ralluma  ])ient6l  con- 
tre lui  :  vaincu  par  Metellus,  i!  chercha  enfin  un  asile 
pres  de  Bocchus,  son  beau-pere,  roi  de  Mauritanie ; 
mais  Bocchus  fut  a  son  tour  defait  par  Marias;  et  les 
sollicitations  de  Sylla  ,  qui  servait  dans  I'armee  romaine, 
determinerent  ce  prince  a  livrer  son  gendre.  Jugurtha 
fill  conduit  a  Rome;  on  le  fit  perir  de  faim  dans  un  ca- 
chot  :  la  Numidie  fut  conquise,  et  reduile  en  province 
romaine. 

Le  menie  sort  devint  commun  a  la  Mauritanie,  lors- 
que ,  apres  la  bataille  de  Pharsale  ,  1' Afrique  eut  recueilli 
les  derniers  soutiens  du  parti  de  Pompee.  La  defaite  de 
Scipion  a  Thapsus,  et  la  mort  volontaire  de  Caton  d  U- 
tique,  acheverent  la  ruine  de  la  cause  qu'ils  avaient  de- 
fendue  :  Juba ,  roi  de  Mauritanie,  etait  leur  auxiliaire; 
il  fut  vaincu  a  son  tour,  et  ce  prince  craignit  de  tomber 
vivant  entre  les  mains  de  Cesar  :  il  se  tua,  pour  ne  pas 


(  44  ^ 

etrc  reserve  au  lrioin[)lie  clii  vuinqiieiir  :  le^  Roinains 
occupeieul  ses  etats;  et  Salluste  tut  iiotniue  gouverneur 
(le  Mauritanie. 

A  cette  epoque  la  Cyrenaique  etait  deja  reunie  aux 
possessions  romaines.  Elle  avail  ancienneinent  fait  partie 
des  conquetes  d'Alexaiidre  :  souniise  ensuite  aux  rois 
d'Egypte,  elle  etait  parvcnue  a  recouvrer  son  indepen- 
dance;  et  ce  pays  formait  un  royaunie  separe  ,  lorsqiie 
les  Ixomains  sen  emparereiit. 

Toules  les  regions  eiitre  I'Egypte  et  I'Ocean  se  irou- 
verent  alors  parlagees  en  trois  gouverneniens,  la  Lybie, 
I'Afrique  et  la  Mauritanie.  La  Lybie  comprenait  la  re- 
gion des  Oasis,  la  Marniarique,  la  Cyrenaique  ou  les 
villes  de  la  Pentapole  s'elevaient  encore.  Les  provinces 
du  gouvernement  d'Afrique  etaientla  contreedu  meme 
noni,  ou  se  trouvaient  Carthage,  Utique,  Clypea ,  le 
promontoire  de  Mercure,  et  la  Numidie  ou  la  bataille 
de  Zama  s'etait  livree.  Ce  gouvernement  central  renfer- 
mait  aussi  la  Byzacene,  dont  Adrunietuni  etait  le  port 
principal,  I'Arziigitaine  et  la  Tripolitaine,  plus  barbare 
que  les  autres  provinces  :  c'etait  dans  cette  derniere  re- 
gion qu'liabitaient  les  Lotophages,  les  Troglodites,  les 
Nasaniones  ,  nations  a  demi  sauvages,  vivant  des  fruits 
de  la  terre  ,  y  creusant  leurs  habitations,  ou  errant  dans 
les  paturages  avec  leurs  troupeaux.  Le  lerritoire  de  la 
Mauritanie  se  parlageait  en  trois  provinces  :  la  Sitlfensis, 
plus  rapprochee  de  Carthage  ,  la  Cesariensis,  bornee  par 
les  contrees  sauvages  de  la  Getulie,  et  la  Tingitana,  voi- 
sine  des  colonnes  d'Hercule,  baignee  par  la  Mediterra- 
nee ,  par  I'Ocean,  et  touchant  le  moiit  Atlas. 

Les  vastes  deserts  situes  au  midi  des  possessions  ro- 
maines etendaient  une  longue  barriere  entre  elles  et  le 
centre  de  I'Afrique.  Des  regions  steriles  et  devorees  par 


(  45  ) 
le  soleil  ne  tentaient  plus  I'anibition  des  conquerans  j 
il  eut  fallii  traverser  une  immense  plaine  de  sables  mou- 
vans,  pour  retrouver  les  bassins  des  fleuves  et  les  traces 
de  la  vegetation;  et  aucune  armee  r'>maine  n'avait  en- 
core lente  cette  entreprise,  a  I'epoque  a  iaquellese  rap- 
portent  les  observations  de  cette  parlie  de  nos  Memoires. 


(  46  ) 

Note  sur  In  communication  mntiiel/e  de  la  Gambie  et  de 
la  Cazamnnse  , 

Lue  dans  I.1  seance  du  Ct  s<>ptembre  i833. 


Le  (lenu-volume  deMeinoires  puhlieen  juillet  dernier 
par  la  Societe  royale  geographique  de  Londres,  conlient 
des  observations  relatives  a  la  jonrtion  presumee  de  la 
Gambie  et  de  la  Cazanianse  par  linterniediaire  de  quel- 
ques  marigots  navigables. 

Les  etablissemens  que  nous  formions  en  Cazamanse 
avaient  attire  la  jalouse  attention  du  gouvernement  an- 
glais, el  le  commandant  Boteler,  qui  tut  envoye  sur  la 
cote  d'Afriqueavec  la  corvette  de  S.  M.  B.  I'Hecla,  recut 
la  mission  speciale  de  verifier  si  la  Cazamanse  ne  serait 
point  un  bras  de  la  Gambie. 

M.  Boteler  fit  un  relevementde  la  Cazamanse  jusqu'a 
Zinghinchor;  et  dans  la  Gambie,  il  reconnut  une  partie 
du  marigot  de  Bintam,  bifurqxie'  en  deux  branches  prin- 
cipales  portant  les  noms  de  Badgeconda  ei  de  Gyngy- 
nocotto;  mais  il  ne  poussa  pas  plus  loin  son  explor.ilion 
efteclive.  Les  renseignemens  qu'il  recueillit  de  la  boucbe 
des  traitans  indigenes,  lui  parurent  constaler  suffisam 
ment  qu'il  n'cxistait  ent're  les  deux  fleuves  aucune  com- 
munication navigable,  a  moins  que  pour  de  legers  ca- 
nots,  (jui,  dans  les  grandes  eaux,  pouvaient  peut-etre 
accomplir  la  traversee  de  Tun  a  I'autre  en  proiilant  des 
moindres  ruisselets.  Dans  tons  les  cas,  'a  question  lui 
paraissait  avoir  perdu  beaucoup  de  son  interet  ,  par  la 
circonstance  que  la  Cazamanse,  fiit-elle  un  bras  de  la 
Gambie ,  les  etablissemens  que  les  Portugais  y  posse- 
daient  de  temps  immemoriAl  coupaient  court  a  tons  les 


(  47  ) 
projets  queradmitiistration  britannique  avait  pu  former 
a  I'egard  de  cette  riviere. 

M.  Botelerenumere,comine  seals  argumens  en  faveur 
de  la  jonction  presumee,  les  cinq  cartes  suivantes  : 
1°  celle  de  la  cote  occidentale  d  Afrique,  qui  accom- 
pagne  I'histoire  d'At'riqne  d'Ogilhy,  imprimee  en  1670  : 
la  Cazamanse  n'y  est  point  fignree,  mais  une  communi- 
cation y  est  marquee  entre  la  Gamble  et  la  riviere  de 
Cacheo  ,  ce  qui  presente,  comme  on  voit,  un  argument 
a  fortiori ,  mais  que  I'hydrographe  anglais  a  raison  de 
trouver  trop  vague  pour  etre  pris  en  consideration; 
2"  la  carte  de  Belin  ,  pub!  ee  en  i^53  et  corrigee  en  1765, 
ou  Ion  remarque  une  communication  continue  par  I'in- 
termediaire  du  marigot  de  Bintam;  3o  celle  de  Buache, 
de  1756,  offrant  la  meme  comn;unication  ;  40  celle  de 
Jelferys,  de  11768,  laquelle ,  outre  la  jonction  par  la 
crique  de  Bintam,  fait  connaitre,  par  annotation,  qu'une 
autre  communication  est  indiquee,  sur  quelques  cartes, 
vis  a-vis  de  I'lle  aux  Elephans ;  5"  enfin  la  carte  deWood- 
ville,  de  \ African  Pilot,  edilee  en  1797,  et  marquant 
comme  egalement  certaines Tune  et  I'autre  communica- 
tions. 

Voi^a  tout  ce  que  I'erudition  cartographique  de  M.  Bo- 
teler  avait  pu  recueiilir  de  documens  pour  laffirmative. 

Pour  la  negative,  il  exposait  les  temoignages  des  in- 
digenes. M.  Joiner,  liomme  de  couleur,  I'un  des  princi- 
paux  traitans  de  Bathurst,  natif  du  pays  voisin  du  mari- 
got de  Domasensa  ,  dont  I'entree  est  vis-a-vis  de  1  ile  aux 
Elephans,  avait  remonte  en  goelette jusqu'a  Domasen- 
sa ,  seulement  a  7  milles  de  I'embouchure ,  puis  en  canot, 
a  i5  milles  plus  loin  ,  jusque  par  le  travers  d'Eropiria. 
Au-dela,  il  avait  trouve  le  lit  a  sec;  mais  il  dit  que  dans 
la  saison  pluvieuse  on  pouvait  remonter  un  grand  noiti- 


(-48  ) 

l)re  de  milles  {^iimiiy  tnilcs^j  autlessus,  jus(juon  un  lieu 
app«'le  Cahhou  ,  doiil  hi  position  \\\'sl  point  indiquee. 
Le  meme  traitant,  tort  dcsireux  de  irouver  un  passage 
interieur  pour  se  rendre  par  cau  a  Zingliinchor,  ainsi 
que  la  carte  deVVoodville  luien  dcnnait  respoir,  et  per- 
suade que  le  marigot  de  Domasensa  ne  pouvait  remplir 
son  but,  tenta,  en  1810,  de  remonter  celui  de  Bintam, 
mafgre  les  assurances  des  indigenes  qui  lui  predisaient 
ie  non-succes.  II  equipa  un  grand  canot  monte  de  qua- 
torye  hoinnies,  et  les  envoya  reoounaitre  le  rnnrigot  de 
Badgeconda,  I'une  des  branches  de  celui  de  Bintam; 
maisapres  exploration,  le  canot  revint  sans  avoir  trouve 
la  communication  cherchee,  et  dont  I  existence  etait 
niee  par  tous  les  iiaturels  qu'on  renconlra  en  cheniin  : 
d'ou  Ion  conclut  que  la  carte  deWoodville  etait  erronee. 

Au-dela  de  Jereja ,  le  marigot  de  Badgeconda  re- 
monte  jusqua  uneville  de  ce  nom,  situee  vis-a  vis  et  a 
quatre  heuresde  marcheseulementdeTenderbar.  A  cette 
hauteur,  elie  est  navigable;  les  canots  peuvent  meme 
aller  plus  loin,  jusqua  Sangahdou,  et  au-dela  encore 
jusqu  a  Pahcow^;  mais  le  courant  est  alors  si  peu  consi- 
derable, et  s'  tortueux;  que  les  indigenes  preferent  voya- 
ger par  terre. 

Cette  tendance  dii  marigot  de  Badgeconda  vers  Ten- 
derbar  ne  s'accorde  point,  suivant  M.  Botelor,  avec  les 
anciennes  cartes,  et  devient  des-lo^rs  pour  lui  im  irrefra- 
gable argument  contre  leur  exactitude. 

L'opinion  de  M.  Boteler  n'a  point  ete  partagee  par  le 
lieutenant-gouverneur  Rendall ,  qui  a  voulu  tenter  le  pas- 
sage de  la  (iambie  dans  la  Cazamanse  par  le  marigot  de 
Bintam,  et  s'est  en  consequence,  au  mois  de  juin  i33i, 
avanoe  en  personne  sur  cette  voie.  Apres  avoir  depasse 
Bintam ,  il  prit  par  le  marigot  do  Jataban  ,  qui  lui  parut 


( % ) 

•^tre  la  brAnclte  la  plus  considerable ,  et  deux  jours  apres 
il  arriva  a  Gifarang,a  une  distance  d'environ  4o  milles: 
il  remonta  20  milles  plus  loin  ,  jusqu'a  la  hauteur  de 
Badgeconda ,  et  meme  5  milles  de  plus  encore,  entre  des 
rives  qui  se  resserraient  graduellement,  mais  sans  que  le 
ehenal  cessat  d'etre  profond,  en  sorte  que  M.  Kendall, 
force  de  retourner  a  Bathurst  par  I'approche  des  tour- 
nades  et  des  pluies,  declarait  qu'il  etait  plus  que  jamais 
persuade  de  I'existence  de  la  communication  dont  il  s'agit, 

A  mon  tour,  je  dirai  quelques  mots  sur  la  question 
qui  fait  I'objet  des  documens  que  je  viens  d'analyser. 

Je  comraencerai  par  faire  remarquer  qu'aucune  des 
carles  citees  par  le  capitaine  Boleier  ne  peut  etre  consi" 
deree  comme  construite,  en  cette  partie ,  sur  d«s  elemens 
originaux.  Woodville  a  copie  Belin^  Jefferys  a  simple- 
ment  donne  une  edition  angbise  de  la  carte  de  d'Anville 
de  1761,  laquelle  avait  pareillement  servi  a  Belin  eta 
Buache.  M.  Boteler,  au  contraire,  ne  cite  ni  Delisle  ni 
d'Anville,  tandis  que  c'etaient  la  les  veritables  autorites 
a  consul ter. 

On  sail  combien  Guillaume  Delisle  nieUait  de  soin  a 
recueillir  des  lumieres  nouvelies  pour  la  redaction  deses 
cartes  geographiques.  Celle  du  Senegal ,  qu'il  avait  dres- 
see  sur  un  grand  noinbre  de  cartes  manuscrites  et  dUtine- 
raires ,  et  qui  fut  publiee  par  sa  veuve  en  avril  1726, 
montre  la  Gambie  et  la  Cazamanse  conimuniquant  en- 
semble au  moyen  de  deux  marigots  sortis  d'un  meme  lac 
et  coulant  a  I'ouest  :  celui  de  ces  marigots  qui  va  a  la 
Gambie  nest  autre  que  la  riviere  de  Gueregue ,  c'est-a- 
dire  la  Badgeconda-Creek  de  M.  Boteler ,  qui  n  eut  poiat 
affirme,  comme  il  I'a  fait,  que  la  tendance  de  son  cours 
versTenderbara  ete  me'connue  sur  lesanciennes  cartes, 
s'il  eut  vu  celle  de  Delisle.  Le  nom  de  Saint- Grigou  est 

4 


(  5o) 

inscrit  au  voisiuage  du  lac.  Sur  le  niarigot  qui  rejoint  la 
Cazamanse,  on  trouve  d'abord  Buhugne,  puis  Bintani : 
ce  dernier  point  est ,  comma  on  volt,  singulierement 
transpose,  Rien  n'indique  la  continuation  des  commu- 
nications par  eau  jusqu'a  Cacheo. 

Au  niois  de  Janvier  suivant  parut  une  carte  (fort  pcu 
connue  aujourd'hui,    puree  quelle  hit  supprimee  plus 
tard  par  I'auteur)  oftrant  la partie  occidental e  de  I'AJri- 
qiie ,  comprise  entre  Arguin  et  Serrelionne ,  et  dediee  a 
la  compagnie  des  Indes  de  France,  par  d'Anville.  Les 
communications  entre  la  Gainbieet  laCazamanse  ysont 
fort  nombreuses ;  elles  ont  lieu  ,  d'abord  pres  de  Tile  des 
Eiephans ,  puis,  par  un  marigot  voisin  de  Tenderbar, 
plus  baspar  celuide  Bintam,  ensiiitepar  un  autre  canal, 
qui  s'ouvre  dune  part  vis-a-vis  de  Jamesfort  et  d'autre 
part  tout  pres  de  Zinghinchor,  enfin  par  un  autre  en- 
core qui  s'embranche  a  la  Gambie  vers  son  embouchure, 
et  va  rejoindre  la  riviere  aux  fluitres.  Les  deux  bras  du 
marigot  de  Bintam,  qui  se  separent  au-dela  de  Gereges, 
sont  nomnies ,    Tun    simplement    Sangedcgou ,  I'autre 
Sangedegou  de  Riba  (c'est-a-dire  Sangedegou  d'en  haul)  , 
etcette  derniere  appellation  trahit  un  document  portu- 
gais.  Les  deux  marigots  de  Sangedegou  ,  anssi  bien  que 
celui  de  Tenderbar,  et  meme  celui  qui  vient  de  I'ile  aux 
Eiephans,  conduisent  tous  a  un  nieine  lac.  Sur  la  rive 
meridionale  du  Sangedegou  de  Riba  ,  est  place  Pascua^ 
ce  bras  communique  a  la  Cazanianse  par  trois  rameaux, 
aupres  de  Tun  desquels  est  inscrit  le  nom  de  James. 
Trois  autres  marigots  traversenl  de  la  Cazamanse  a  la 
riviere  de  Cacheo. 

Cette  carte  de  1727  fut  remplacee  en  1751  par  la 
grande  carte  en  deux  feuilles  qu'a  reproduite  Jefferys 
a  une  echelle  un  peu  moindre,  et  qui  a,  du  rcste ,  ete 


(  50 

suivie  presque  invariablement  dans  toutes  les  cartes  de 
la  Senegambie  qui  ont  paru  depuis ,  tant  en  France  qua 
I'etranger. 

La  redaction  de  la  nouvelle  carte  de  d'Anville  (et 
peut-etre  aussi  de  celle  de  1727)  eut  lieu  sous  I'in- 
fluence  des  renseignemens  que  le  pere  Labat  publia  en 
1728,  d'apres  les  memoires  de  Brue,  pour  lesquels  le 
celebre  geograplie  dressa  lui-meme  plusieurs  cartes  spe- 
ciales. 

Brue,  gouverneur  du  Senegal,  avail  fait  un  voyage 
d'Albreda  a  Cacheo,  par  I'interieur  des  terres  :  j'en  vais 
donner  ici  le  resume  jusqu'a  la  Gazamanse  seulement  , 
en  conservant  les  propres  termes  du  pere  Labat. 

«  M.  Brue  s'embarqua  dans  une  cbaloupe  qui  devait 

le  porter  a  Gereges ,  qui  est  situe  a  sept  lieues  au-dessus 

de  Bintam.  La  riviere  de  Bintam  se  nomme  quelquefois 

de  Saint-Grigou ;  ily  a  des  gens  qui  I'appellent  encore  la 

riviere  de  Gereges.  M.  Brue  partit  de  Gereges  le  sixieme 

jour  apres  y  etre  arrive  ;  il  avait  seize  personnes  avec 

lui,  tant  blancs  que  negres  ,  tous  bien  arraes,  cinq  che- 

vaux  charges  de  bagages  ,  avec  deux  chevaux  de  relais  , 

outre  ceux  qui  portaient  les  biancs  de  sa  conipagnie, 

car  pour  ses  negres  ils  etaient  tous  a  pied  :  ils  firent  dix 

lieues  ou  environ  ce  premier  jour,  et  arriverent  sur  le 

soir  a  Pasqua ,    gros  village  de  Bagnons,  situe   sur  le 

bord  d'une  petite  riviere,  que  Ton  nomme  Saint-Grigou, 

aussi  bien  que  celle  qui  passe  a  Gereges ;  et  la  raison 

qu'on  en  donna  a  M.  Brue,  iut  quesortant  toutes  deux 

d'un  memelac,  qui  est  a  quinze  ou  vingt  lieues  plus  haul 

vers  Test ,  elles  devaient  avoir  le  meme  noni.  M.  Brue 

passa  un  jour  entier  a  Pasqua,  et  y  coucha  deux  nuits; 

il  fut  prendre  Fair  sur  le  bord  de  la  riviere :  elle  n'est  pas 

large,  mais  en  echange  elle  est  tres  profonde.  On  trouva 

4. 


(5.  ) 

des  chevaux  pour  M.  Brue  et  sesblancs,  et  dewxeanots 
avec  des  negres  pour  conduire  les  bagages  et  les  mar> 
chandi  es;  mais  tout  cela  ne  fut  pret  que  le  troisienie 
JDur ,  encore  ne  put-on  se  mettre  en  marche  que  sur  les 
trois  heures  de  I'apres-niidi;  de  maniere  qu'on  n'alla  cou- 
cber  qu'a  une  bonne  lieue  de  Pasqua,  chez  un  Espagnol, 
dontlaniaison  Taste  et  commode  etait  aussi  sur  le  bord 
de  la  riviere.  M.  Brue  parlit  de  cet  agreable  endroit,  el 
marcha  pendant  deux  jours  dans  un  pays  qui  est  pres- 
que  tout  babite  par  des  Floupes;  il  ne  fit  que  treize  a  qua- 
torze  lieue^  pendant  ce  temps-la ,  parce  qu'il  ne  voulait 
pas  quitter  les  canots  qui   portaient   son  bagage  et  que 
le  retour  de  la  niaree  empechait  d'aller  plus  vite.  II  passa 
h  gue  deux  petites  rivieres  qui  sejettent  dans  celle  de 
Saint-Grigou  ,   et  coucha  deux  nuits  dans  des  cases  de 
nesres  Bagnons.   II  arriva  le  troisieme  jour  a  James  : 
M.  Brue  quilta  la  les  cbevaux  et  les  canots  qii'il  avail 
pris  a  Pascua ,  et  ne  pensa  qu'a  achever  son  voyage  par 
eau.  On  lui  prepara  des  canots  sur  un  petit  marigot , 
ruisseau,  ou  riviere,  qui  passaita  deux  cents  pas  de  I'en- 
droit  ou  il  avail  loge.  II  s'y  embarqua,  et  apres  avoir  fail 
une  lieue,  il  entra  dans  la  riviere  de  Casanianca,  envi- 
ron a  deux  lieues  au-dessus  d'un  fort  que  les  Portugais 
onl  a  la  droile  de  celte  riviere,  c'est  a-dire  en  la  remon- 
tant et  du  cote  du  sud.  La  riviere  de  Casamanca  ou  Ga- 
semanceest  unbras  de  celle  de  Gambie.  Acent  cinquante 
lieues  ou  environ,  en  la  remontant,  on  trouve  un  en- 
droit qui  fait   un   coude,  et   qui   donne  le  nom  a  un 
royaume  considerable  :   les  Portugais  I'ont   appele  le 
royaume  de  Caho  ou  de  Gap.  >< 

II  resulte  evidemment  de  ce  recit ,  que  depuis  Pascua  , 
la  route  par  eau  est  continue  jusqu'a  la  Gazamanse;  et 
d'aulre  part,  que  la  riviere  sur  laquelle  est  Pascua,  com- 


(  53) 
muniqiie  avec  celle  de  Gereges,  puisqu'elles  sortent 
toiites  deux  d'un  menie  lac;  niais  il  y  a  mieux  :  leSaint- 
Grigou  de  Labat ,  ou  le  Sangedegou  de  d'Anville ,  est 
evidemment  la  nieme  chose  que  le  Sangahdou  de  Bote- 
ler;  et  le  Pahcow  de  celui-ci  est  le  Pascua  de  ses  prede- 
cesseurs  :  or  luiinSme  a  consigne  dans  son  rapport  que 
le  marigot  de  Bintani  est  navigable  jusqu'a  Pahcow.  La 
communication  est  done  etablie  de  toutos  pieces. 

Autre  rapprochement :  d'apres  M.  Joiner,  le  marigot 
de  Domasensa  peut  etre  remonte  dans  les  hautes  eaux 
jusqu'a  Cabbou;  et  d'apres  Labat,  le  royaume  de  Cabo 
est  sur  laCazamanse  meme;  c'est  un  argument  en  faveur 
de  la  justesse  de  son  autre  assertion  ,  que  la  Cazamanse 
est  un  bras  de  la  Gamble ;  et  une  justification  de  I'opi- 
nion  d'apres  laquelle  d'Anville,  sur  sa  carte  de  1727,  et 
Woodville  soixante-dix  ans  apres,  ont  marque  la  reu- 
nion des  deux  fleuves  vis-a-vis  de  lile  aux  Elephans. 


(  54  ) 

Dbs  colonies  ag-ricoles,  par  M.  Hubrne  de  Pommeuse  , 
ancien  depute ,  membre  de  la  Societe  d' agriculture ,  etc. 
I  gros  vol.  in-8°j  i832. 

Lii  a  la  Societe  de  Geographic,  le  8  novembre  i833. 


La  Societe  a  desire  qu'il  lui  fut  rendu  compte  de  cet 
ouvrage,  qui  appartient  a  un  des  membres  de  sa  com- 
mission centrale.  Si  cette  qualite  nous  interdit  des  elo- 
ges,  elle  ne  nous  defend  pas  de  faire  connaitre  les  im- 
portans  documens  qu'il  renferme. 

L'ouvrage  est  divise  en  deux  parties;  la  premiere  se 
compose  d'un  memoire  lu  a  la  Societe  d'agriculture,  et 
contient  les  resultats  du  voyage  que  I'auteur  a  fait  en 
Hollande  et  en  Belgique,  en  1829. 

La  seconde  se  compose  de  recherches  statistiques  sur 
les  instituts  analogues  ,  principalement  dans  les  etablis- 
semens  Britanniques  et  aux  Etats-Unis. 

L'auteur,  ayant  pendant  dix  ans ,  siege  dans  la  cham- 
bre  des  deputes  de  France,  a  rempli  son  ouvrage  de 
considerations  detouteespece,  sous  les  rapports  tantde 
I'economie  politique,  que  de  Tamelioration  du  systeme 
repressif  ou  penal. 

Tout  le  monde  sait  que  le  principal  obstacle  a  la  re- 
fonte  de  nos  lois  penales  ,  consiste  dans  les  difficultes 
qu'on  rencontre  a  operer  la  rehabilitation  morale  des 
condamnes,  et  a  les  faire  rentrer  dans  la  societe,  dont 
ils  ont  viole  les  lois,  surtout  s'il  y  a  recidive. 

L'etat  de  choses  actuel  presente  d'immenses  incon- 
veniens;  deux  systemes  sent  en  presence  pour  y  reme- 


(  55  ) 

dier:  celui  de  l;i  reclusion  isolee,  ou  penitentiaire,  et 
celui  des  colonies agricoles  j  chacun  deux  u  ses partisans. 
L'ouvrage  de  M.  Huerne,  est  peutetiele  pius  important 
de  ceux  qui  out  ete  ecrits  a  I'appui  du  second  de  ces 
systemes,  et  sans  doute,  il  n'a  pa»  peu  conlribue  a  de- 
terminer le  gouvernement  a  former  une  commission 
chargee  de  lui  presenter  des  resultats  realisablcs  a  I'aide 
de  mesures  legi&latives. 

II  n'entre  pas  dans  les  travaux  de  la  Societe,  de  s'oc- 
euper  de  l'ouvrage  qui  lui  est  soumis  sous  ce  rapport ^ 
nous  devons  nous  bornera  I'analysedes  documens  qu'il 
nous  apporte  sur  les  elablissemens  que  I'auteiir  a  visites 
dans  les  pays  etrangers. 

Ges  pays  sont  la  Hollande  et  la  Belgique,  auparavant 
reunies  sous  le  litre  de  royaume  des  Pays-Bas. 

Hollande.  —  La  premiere  colonic  fondee  en  1818, 
est  celle  des  Champs  de  Frederic  (Fredericks-Oord) ;  elle 
est  situee  dans  les  landes  immenses  el  desertes  de  la 
province  de  Drenthe  ,  la  plus  pauvre  du  royaume,  dent 
la  population  n'est  evaluee  qua  5o,ooo  habitans  pour 
une  superficie  de  223,852  hectares.  Elle  se  composait , 
en  1829,  de  six  colonies,  sur  une  elendue  d  environ 
trois  lieues,  divisees  en  4  16  petites  fermes ,  et  nourris- 

sant 2,3oo  tetes. 

On  compte  encore  dans  ce  royaume 
La  colonic  entiere  d'Ommerschans  .  .    .    i,25o 
Les  trois  elablissemens  sis  a  Veenhuisen.  45ii5 
Et  I'inslitut  de  Wateren i5o 


Tolal  ....  7,81 5 
Elles  foimentce  qu'on  appelle  les  colonies  du  nord. 
Leur  situation  tiiianciere  est  florissante,  et  permet  d'a- 
morlir  le  capital  empruute  pour  seize  ans. 


(56) 

Les  colonies  dii  Sud  oil  de  la  Belgique,  datenl  de  i8a5. 
La  principale  a  ete  fondt'e  dans  la  Cainpine,  a  VVortel  , 
noil  loin  de  I'anrien  chateau  dHogstraet ,  ou  il  exisiait 
un  depot  de  niendicite  provincial ,  an  milieu  de  vastes 
landes.  Elle  est  dirigee  par  M.  Van  den  Bosch,  depuis 
sa  fondation.  LUe  a  ete  visitee  en  detail  par  M.  de 
Pommeuse;  a  ceite  epoque  (1829),  elle  comptait  laS 
habitations,  ou  petites  fermes,  ayantchacune  trois  hec- 
tares et  demi  de  terra  en  exploitation ;  elle  se  divise  en 
colonie  libre,  qui  n'est  pas  tres  prospere,  et  en  colonic 
forcee,  dont  la  prosperite  s'accroit  rapidement. 

Les  colonies  du  niidi  entretiennent  seulenient  i,55o 
individus,  qui  ont  defriche  environ  5oo  hectares. 

Notre  collegue  a  visite  egalement  un  etahlissement 
d  alienes  a  Gheel,  bourg  d'environ  6,5oo  habitans  a  cinq 
lieues  de  Turnhout.  Ces  alienes  sont  places  chez  les  cul- 
tivateurs  qui  les  emploient  a  des  travaux  chanipetres ,  et 
contribuent  ainsi  a  leur  prompte  guerisoii. 

M.  de  Pommeuse  a  joint  a  son  ouvrage  d'imnienses 
developpemens  et  des  calculscomparatils,  avec  I'etat  de 
la  France,  soit  quant  aux  terres  incultes  que  Ion  pour- 
rait  coloniser  de  la  meme  maniere,  soit  quant  a  la  des- 
truction successive  de  la  mendidte,  et  a  ranieiidement 
des  condamnes.  Comme  ces  recherches  ont  moins  de 
rapport  avec  les  sciences  geographiques  ,  nous  nous 
bornons  a  indiquer  le  contenu  du  reste  de  louvrage. 

II  donne  un  etat  de  la  population  des  prisons  et  mai- 
sons  de  detention  de  la  Hollande  et  de  la  Belgique,  en 
1827,  un  tableau  des  institutions  charitables  de  ce  pays , 
une  description  du  bagne  d  Anvers,  de  la  maison  de 
force  de  Gand ,  des  renseignemens  sur  les  mesures 
prises  a  Hambourg  et  a  Munich ,  pour  I'extinction  de  la 
mendicite;  un  grand  travail  sur  le  paupeiisnie  en  An- 


(  '57  ) 
gleteire,  et  sur  ses  colonies  penak'S  <le  rancieiine  Ame- 
rique  du  nord  el  des  lies  de  la  nier  du  Sud  ,  a  la  nouvelle 
Galles  eta  la  terre  de  Vandienien.  Nous  avons  distingue 
un  exanien  critique  des  etal)liss>emens  peniteniiers  de 
Glocester  et  de  Milbaiik.  II  presente  I'analyse  du  nou- 
veau  systeme  de  colonisation  par  emigration  volontairo 
dans  le  Canada  et  la  Nouvelle-Ecosse  ,  celle  des  penit.  n- 
tiers  des  Etats-Unis  d'Anierique  du  nord,  notamment 
de  celui  d'Auburn,  et  de  Sinsing,  de  la  niaison  de  Ge- 
neve, et  de  Lausanne,  et  de  Brauwilliers  en  Alleiuagne. 

Enfin,  il  a  extrait  des  meilleurs  documens,  un  ta- 
bleau des  colonies  niiiitaires  et  agricoles  de  la  Suede, 
de  la  Prusse,  de  la  Russie,  de  I'Espagne,  de  I'Aulriche, 
et  des  etats  d'Allemagne.  . 

Get  ouvrage,  rempli  de  fails  est  enricbi  de  tableaux, 
statistiques ;  il  est  digne  d'occuper  les  meditations  des 
hommes  d'etat,  et  par  son  universalile,  il  est  de  nature 
a  porter  un  grand  jour  sur  les  essais  de  colonisation 
tentes  dans  les  diverses  parties  du  monde  civilise. 

En  faisant  hommage  de  son  travail  a  la  Societe  de 
geographie,  I'auceur  a  senti  que  loutes  les  sciences  se 
touchent  el  s'eclairent  mutuellement ,  et  que  celle  qui 
fait  ici  I'objet  de  nos  etudes  ,  ne  pouvait  que  profiler  de 
tanl  de  recherches,  ajoutees  aux  renseignemens  qu'il  a 
recueillis  sur  les  lieux,  dans  des  pays  peu  connus  de 
nous,  quoique  voisins  de  nos  frontieres. 

IsAMBEHT. 


(  58  ) 


Rapport  sur  un  ouvrage  intitule :  De  la  Sendee  militnire. 


M.  Isambert  fait  un  rapport  verbal  sur  un  ouvrage 
qui  a  ete  adresse  a  la  Commission  centrale,et  qui  a  pour 
titre  :  De  la  Vendee  militaire,  comprenant  les  deparle- 
mens  de  la  Vendee,  des  Deux-Sevres,  et  una  partie  de 
Maine-et  Loire  et  de  la  Loire-lnferieure. 

L'ouvrage  est  divise  en  deux  livres  ,  I'un  statistique  et 
historique ,  et  I'autre  intitule:  Etat  politique. 

Dans  le  premier  livre,  il  a  signale  particulierement  le 
chapitre  v,  divise  en  5  paragraphes,  relatif  aux  diver* 
niarais  du  departenient  de  la  Vendee.  11  a  paru  au  rap- 
porteur qu'apres  la  statistique  de  M.  Cavoleau,  qui  tou- 
tefois  n'embrasse  que  le  tiers  de  la  con  tree  decrite  par 
I'auteur,  ce  dernier  a  compose  l'ouvrage  le  plus  com- 
plet  sur  cette  partie  du  territoire  francais,  et  meme  que 
ce  chapitre  renferme  beaucoup  de  dociimens  qu'on  cher- 
cherait  vainement  dans  cette  statistique;  il  est  d'ailleurs 
accompagne  de  plusieurs  planches  :  Tune  est  consacree 
aux  marais  du  nord-ouest,  qui  sont  coupes  par  un 
nombre  immense  de  canaux,  notamment  a  la  commune 
de  Saint-Jean-de-Mont :  ce  qui  explique  la  ditficulte  qu'on 
eprouve  a  pacifier  cette  partie  du  deparlement  encore 
troublee  par  des  bandes  armees. 

L'autre,  au  marais  desseche  du  midi,  ou  marais  de 
Lucon,avec  une  seconde  planchedes  profils  des  canaux. 
Cette  publication  est  d'autant  plus  iniportante,  que  le 
gouvernement  vient  de  publier  une  ordonnance  pour 
le  dessechement  des  marais  mouilles  de  la  Sevre  Nior- 
taise. 


(  59) 

Dans  le  livre  II,  I'auteur  a  don  tie  des  renseigneniens 
assez  precieux  sur  I'etat  moral  de  la  population  de  la 
Vendee.  C'est  une  etude  qui  a  ete  trop  negligee,  et  qui, 
tant  qu'elle  ne  sera  pas  plus  avancee,  laissera  subsisler 
beaucoup  de  projets  plus  ou  moins  divergens  pour  la 
pacification  de  cette  contree. 

Dans  le  Bocage,  c'est  I'isolement  des  habitans  et  hi 
difficulte  ou  I'absence  de  communications  avec  les  cen- 
tres de  civilisation,  par  la  multiplicite  des  baies,  des 
ravins,  et  le  defaut  de  chemins  praticables. 

Dans  le  marais  du  nord ,  qui  a  ete  la  patrie  de  Char- 
rette ,  on  est  plus  embarrasse  d'expliquer  les  motifs  qui 
rendent  une  population  en  communication  avec  la  mer 
et  avec  la  plaine,  en  hostilite  avec  les  institutions. 

Quant  aux  marais  de  la  SevreNiort.iise,  ils  sont  habi- 
tes  par  une  population  sauvage  et  malheuieusequi  vit 
presque  sans  lois. 

Du  reste,  I'ouvrage,  qui  parait  devoir  etre  complete 
par  un  troisieme  livre,  est  principalement  destine  aux 
etudes  militaires,  auxquelles  I'auteur  anonyme,  officier 
superieur,  se  livre  avec  beaucoup  de  succes. 


C  ^o  ) 


DEUXIEME  SECTION. 


UOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLKS 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


ExTHAiT  des  Annates  de  Bergfuius  (raai  i833,p.  224). 


ILES    RALIK. 


Le  capitaine  Chromtschenko,  commandant  le  trans- 
port russe  V  America,  ayant  ete  charge,  dune  expedition, 
partit  de  Kronstadt  le  27  aoi\l  i83i  avecun  chargement 
pour  Petropaulowskoi  et  la  Nouvelle-Archangel.  Pen- 
dant ce  voyage,  M.  Chromtschenko  chercha  a  determi- 
ner la  position  des  lies  situees  dans  le  Grand-Ocean  , 
entre  5  et  12  degres  de  latitude  N. ,  et  qui,  depuis  le 
premier  voyage  du  capitaine  Kolzebue  sur  le  Rurik,  sont 
connues  sous  le  nom  de  Chaine  de  Ralik.  II  executa  le 
plan  detaille  de  deux  groupes  de  cette  chaine,  nommes 
Namu  et  Ouadelen,  qui  n'avaient  encore  ete  decrits  par 
personne.  Voici  le  resultat  de  ces  recherches: 

i"  Les  groupes  Odia  et  Namu,  ainsi  nommes  par  les 
navigateurs  anglais  Lambert  et  Ross,  sont  beaucoup 
plus  eloignes  I'un  de  I'autre  qu'on  ne  le  trouve  marque 
sur  les  cartes ,  d'apres  la  notice  qui  a  ete  donnee  par  ces 
navigateurs,  et  ils  s'etendenl  environ  ao  milles  plus  au 
nord. 


(  6i  ) 
a"  Lc  groiipe  Nainii  setend  dans  une  direction  N. 
3o"  O.  et  S.  So"  E.  Sa  longueur  dans  cette  direction  est 
de  29  milles  1/2  geogr.,  et  sa  plus  grande  largeur,  qui 
est  dans  la  partie  S.  est  de  1 1  milles  1/2.  Cegroupe  con- 
tient'5  grandes  iles  et  20  petiles  qui  sont  toutes  unies 
entre  elles  par  un  recif  de  corail.  Dans  ce  groupe, 
Chromlschenko  determina  par  des  observations  astrono- 
miques  la  position  geographique  des  iles  suivantes: 

a.  La  pointe  orientaie  de  la  plus  grande  ile  du  S.  est 
par  7°  45'  de  lat.  N.  el  168°  23'  46'  de  long,  orientaie  de 
Greenwich  (166°  3'  22''  de  Paris). 

b.  La  latitude  du  milieu  de  I'lle  du  centre  est  de 
7°  59'  N.,  et  sa  longitude  168°  i3'  36"  E.  de  Green- 
wich (ib'S"  53'  12"  de  Paris). 

c.  La  latitude  de  la  grande  tie,  qui  est  la  plus  nord  de 
tout  le  groupe,  est  8°  9'  45",  et  sa  longitude  167"  Sp' 
de  Greenwich  (i65°  38'  36"  de  Paris). 

3°  Le  groupe  Ouadeleu  s'etend  dans  une  direction  N., 
61°  O.,  et  S.  61°  E.  II  a  dans  cette  direction  63  milles  3/4 
delongueur,etadanssa  plus  grande  largeur  10  milles  1/2. 
II  consiste  en  44'l6s  grandes  ou  petites,  qui  sont  toutes 
jointes  ensemble  par  un  recif  de  corail.  C'est  \\x\  des 
groupes  les  plus  dangereux  pour  la  navigation. 

M.  Chronischenko  a  determine  la  position  geogra- 
phique des  lies  suivantes : 

a.  lie  la  plus  sud  du  groupe.  Lat.,  8"  45'  i5''N. j 
long.,  167^45'  32"  E.  deGr.  (i65»25'8"  de  Paris). 

b.  Ile  centrale.  Lat.,  9"  6'  ^6"  N.  ,•  long.,  i67''i6'  4'  E. 
deGr.  (i64»55'4o"  de  P.). 

c.  Ile  du  N.O.  Lat.,  9"  19' 7";  long.,  166^  55' 56"  E. 
deGr.  (i64«  35' 32    de  P.). 


(  62  ) 

M.  Chromtschenko  ayant  surtout  a  coeur  le  succesde 
I'expedition  qui  lui  avait  ete  confiee,  ne  put  pasachever 
le  recherche  des  deux  autres  groupes  de  la  chaine  de 
Ralik,  princlpalement  parce  que  rarriere-saison  arrivait. 

Parmi  les  tiois  chronometres  qui  lui  avaieiit  ete"delL- 
vres  pour  cette  expedition  ,  il  y  en  avait  un  qui  a\ait  ete 
construit  parllauthjhorloger  a  Saint-Petersbourg,  dont 
il  fait  le  plus  grand  elo^e  ;  car,  dans  tout  le  voyage  de 
Kronsladt  au  Kamtschatka,  qui  dura  onze  mois  et  onze 
jours,  la  marche  de  ce  chronometre  ne  varia  que  de 
+  o"  ap  a  +  o"  7 1 . 

[Extrait  de  la  Gazette  de  Saint-Petersbourg.) 


Annales  de  Berghaus  (juillet  i833  ,  page  4»6). 


Reapparition  de  Vile  Ferdinandea  {ou  Julia)  dans  la 
Mediterranee. 

Le  volcan  qui  setait  eleve  dans  la  mer  il  y  a  deux  ans, 
qui  avait  produit  la  petite  ile  Ferdinandea,  et  avait  en- 
suite  disparu,  ne  laissant  au-dessus  du  niveau  de  la  mer 
aucune  trace, s'est  montre  de  nouveau  dernierementau 
meme  point.  Dans  la  soiree  du  22  inai  dernier,  on  aper- 
cut  dans  la  direction  du  banc  de  corail  un  nuage  de  fu- 
mee  ires  epais,  qui  selevait  du  meme  point  d'ou  etait 
sorti  le  volcan,  et  dans  la  nuit  du  23  ,  on  vit  de  plus  des 
etincelles  au  milieu  de  cctte  fumee. 

(  La  Cerere ,  gazette  de  Palerme. ) 


(63  ) 

Nonvelles  du  voyage  de  Lander. 

M.  Laird ,  associe  a  Lander  dans  son  expedition  au 
Niger,  et  qui  vient  d'arriver  en  Angleterresur/aCo/o/w- 
hine,  apporte  des  nouvelles  de  Lander,  qui  est  actuelle- 
ment  a  Alia.  Elles  vont  jusqu'au  21  juillet  dernier.  Son 
voyage  sur  la  riviere,  depuis  I'embouchure  du  Nun 
(dans  un  canot)  la  occupe  trente-deux jours.  II  a  ren- 
contre M.  Laird  et  le  lieutenant  Allen,  qui  le  croyait 
raort  ou  de  retour  en  Angleterre,  au  moment  ou  ces 
derniers  descendaient  le  fleuve  pour  regagner  la  cote 
sur  le  batiment  a  vapeur.  C'etait  le  21  juillet.  Lander 
convint  sur-le-champ  que  M.  Laird  retournerait  a  la  cote 
sur  la  Quorrah,  et  prendrait  avec  lui  une  partiedu  ohar- 
gement  de  la  Colombine,  tandis  que  lui  (Lander),  avec 
le  batiment  a  vapeur  en  fer,  pousserait  jusqu'a  Rabba  et 
a  Boussa.  II  semblait  avoir  pris  la  ferme  resolution  de  se 
distinguer  par  une  decouverte  et  par  Tetablissement  de 
relations  de  commerce  avec  It's  naturels,  ce  a  quoi  il  es- 
perait  beaucoup  reussir.  M.  Laird,  pendant  son  sejour 
en  Afrique  ,  a  beaucoup  souffert  de  la  fievre.  II  est  reste 
pendant  plusieurs  mois  dans  une  miserable  hutte  ou  il 
n'avait  plus  que  la  peau  sur  les  os. 

(Moniteur  du  24  Janvier.  —  Debats  du  28.) 


(  64  ) 
TROISII^ME  SECTION. 


ACTES    I)E    LA    SOCIETE. 


PRESENTATION     DE    I.A    SOCIETK    AU     ROI, 

A  I'occasion  da  nouvel an. 

La  Societe  de  Geographic  ayaiit  etc  ad;iiise  a  presen- 
ter au  roi  ses  honimagcs  a  I'occasion  du  noyvel  an,  iinc 
nombreuse  deputation  s'est  rendiie,  le  i"' Janvier  i834) 
»u  palais  des  Tuileries ,  ayant  a  sa  tete  M.  le  due  Decazes> 
president  de  la  Societe,  et  elle  a  ete  introduite,  a  une 
heure  et  demie  ,  a  I'midience  deS.  M.  Le  Roi  avait  a  ses 
rotes  le  Prince  Royal  et  les  autres  princes  ses  fils,  puis 
la  Reine,  les  jeunes  princesses,  et  niadame  Adelaide.  Une 
cour  brillante  environnait  leurs  niajesteset  leur  auguste 
famille. 

M.  le  due  Decazes  a  adresse  au  Roi  le  discours  sui- 
vant  ; 

n  Sire, 

«  La  Societe  de  Geographic  s'etait  placee  sous  votre 
«  protection  avant  que  la  France  vous  eiit  confie  ses 
<t  destinees. 

«  Fiere  du  patronage  du  due  d'Orleans  ,  elle  na  pas 
«  reclame  en  vain  les  hontes  du  Roi.  Que  Votre  Majeste 
«  daigrie  en  agreer  notre  profonde  reconnaissance. 

<>  Qu'ElIc  nous  permelte  aussi  de  reporter  jusqua 
n  Elle  nos  respeclueux  renierciniens  pour  les  encourage- 
«  mens  que  votre  noble  Fils  a  bien  voulu  accorder  a  nos 
«  travaux.  Heritier  de  voire  bienveillince  pour  nous, 
«  conime  de  votre  sollicitude  pour  la  prosperite  et  le 
«  l>onheur  de  la  France,   sa   munificence  provoque  et 


.      (  65  ) 
«  eclaire  le  zele  de  nos  voyageurs,  en  dirigeant  leurs 
«  efforts  vers  une  voie  nouvelle   d'utilite  pratique  que 
«  leur  genereuse  emulation  s'empressera  de  suivre. 

«  C'est  nous  acquitter  envers  lui,selonson  coeur,  que 
««  de  ne  pas  separer  notre  gratitude  pour  ses  bienfaits 
«  de  notre  devoument  a  votre  personne  et  k  votre 
n  auguste  famille,  et  de  lesconfondre  dans  nos  homma- 
«  gesavec  notre  respectueuse  confiance  dans  cette  haute 
«  sagesse  que  la  Providence  elle-nieme  seinble  s'appli- 
«  quer  chaque  jour  de  plus  en  plus  a  signaler  a  la  re- 
connaissance publique.  » 

Le  Roiadaigne  temoigner,  dans  sa  reponsc,  !oul  I'in- 
teret  qu'il  continue  d'accorder  a  la  Societe  de  Geogra- 
phic, dont  il  se  plait  a  conserverle  patronage;  ilvoitavec 
plaisir  que  son  fils  partage  ses  sentimens  envers  elle  et 
qu'il  lui  ait  confie  le  soin  de  decerner  les  encourage- 
mens  qu'il  destine  aux  voyageurs  dont  les  efforts  au- 
ront  procure  a  la  France  les  plus  utiles  resultats  ;  c'est 
en  s'attachant  a  diriger  les  recherches  de  la  science  vers 
un  but  profitable  a  I'humanite  et  aux  interets  de  la  pa- 
trie ,  qu'on  lui  donne  sa  plus  importante  et  sa  plus 
noble  destination.  Le  Roi  a  rappele  I'attrait  que  I'etude 
de  la  Geographic  a  eu  constamment  pour  lui :  il  aimera 
toujours  a  proteger  une  science  qu'il  a  cultivee  des  sa 
jeunesse  et  qu'il  a  professee  pendant  I'exil ;  il  eprouve 
une  sympathie  reelle  pour  les  travaux  de  la  Societe ,  elle 
peut  compter  sur  sa  constante  bienveillance. 

M.  le  due  Decazes  s'adressant  ensuite  a  la  Reine,  a  dit: 
«  Madame , 

«  Je  prie  Votre  Majeste  d'accueillir  avec  bonte  les  res- 
«  pects  et  le  devoument  de  la  Societe  de  Geographic, 
«  fiere  de  se  presenter  a  vous  sous  le  douiile  patronage 
«  de  son  roi  et  de  votre  auguste  fils. 


( ^ti) 

«  Voyageurs  sur  cette  terre,  nous  n'en  connnisson:» 
'>  pas  de  si  luintalnes  ou  les  peuples  ne  vous  benissent  et 
«  ne  vous  portent  en  vie.  II  nest  pas  de  haines  si  injustes 
«  et  si  onveniniees,  pas  de  passions  si  ennemies  qui  ne 
«  se  taisent  a  votre  nom,oii  plutot  qui  ne  repetent  avec 
«  nous  que  si  vous  etes  la  plus  heureuse  des  epouses  et 
«  des  meres,  vous  etes  aussi  la  plus  heureuse  des  reines  , 
«  car  jamais  reine  ne  fut  1  objet  de  plus  de  veneration  et 
«  de  plus  d'amour.  » 

La  Reine  a  bien  voulu  repondre  a  cat  hommage  par 
les  plus  gracieuses  paroles  de  bienveillance  et  d'interet. 

PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  dii   lo  jatwier  i834. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  le  professeur  Moll,  membre  de  la  Societe,  ecrit 
d  Utrecht  a  la  Commission  centrale  que  les  redacteurs 
de  I'Almanach  de  la  marine  hoUandaise  recevraient  avec 
plaisir  en  echange  de  ce  recueil  uii  oxemplairedu  Bulle- 
tin de  la  Societe.  M.  Moll  appelle  aussi  lattention  sur 
un  nouveau  journal  de  marine  public  en  HoUande, 
et  il  signale  les  articles  qui  interessent  plus  speciale- 
ment  la  geographic  j  il  espere  pouvoir  procurer  a  la 
Societe,  si  elle  le  desire  ,  un  exemplaire  de  ce  recueil. 
La  Commission  accepte  avecempressement  I'offre  de  M. 
le  professeur  Moll ,  ainsi  que  les  deux  cchanges  qu'il 
propose. 

Apres  la  lecture  de  la  correspondance ,  M.  Jomard 
annonce  qu'une  deputation  de  la  Societe,  presidee  par 
M.  le  due  Decazes ,  a  cu  Thonneur  de  presenter  au  roi 
ses  felicitations,  a  I'occasion  de  la  nouvelle  annee.  Sa 
Majeste  a  accueilli  avec  bienveillance  ia  deputation,  et 
lui  a  temoigne  tout  I'interet  quelle  porte  aux  travaux 
de  la  Societe  et  aux  progres  de  la  geographic. 


(  6-7  ) 

M,  Jumai'cl  depose  siirle  bureau  letliscours  proiioiice 
par  M.  le  due  Decazes  el  remet  en  ineme  temps  celui 
qu  il  avail  prepare  lui-menie  sur  I'avis  que  M.  Decades 
ne  pourrait  presenter  la  deputation. 

Le  meme  nieinhre  communique  a  la  Societe,  de  la 
part  de  M.  Henri  Ternaux,  la  relation  du  voyage  a  I'lle 
d'Amat(Taiti)et  aux  ties  adjacentes,  fait  en  17745  P'T'  '"^ 
capitaine  du  paquebot  le  Jupiter  de  conserve  avec  la  fre- 
gate  f  Jguila  {V A\g\c),  conimandee  par  le  capitaine  de  la 
marine  royale  espagnole  Don  Domingo  de  Bonechea. 
L'examen  de  ce  nianuscritesl  renvoye  a  la  section  de  pu- 
blication, el  M.d'Urville  veut  bien  se  charger  d'en  pre- 
senter I'analyse  a  la  prochaine  seance. 

M.  Warden  oftre  aussi ,  de  la  part  de  M.  Henri  Ter- 
naux, une  lettie  ecrite  par  le  cure  de  Santiago  de  Tepe- 
huacan  a  son  eveque ,  sur  les  moeurs  el  les  coutumes 
des  Indiens  soumis  a  ses  soins;  cette  lettre  a  ete  tra- 
duite  sur  lemanuscrit  original  par M.Ternaux.  Remerci- 
mens  el  renvoi  de  la  lettre  au  comite  du  Bulletin. 

Le  meme  membre  communique  suCcessivement  a 
I'assemblee  trois  notes:  I'une  sur  un  nouvel  etablisse- 
nient  pour  les  noirs  libres  des  Etals-Unis,  au  cap  des 
Palmes  sur  la  cote  d'Alrique  ;  une  autre  sur  le  traiie 
de  commerce  entre  les  Etals-Unis  et  Siam,  et  la  derniere 
sur  les  canaux  de  Chesapeake,  de  Delaware  et  d'Oliio. 

M.  Daussy  donne  lecture  de  deux  notes  relatives  a  la 
position  des  lies  Ralik  dans  le  Grand-Ocean  el  a  la  re- 
apparition  monientanee  de  Tile  Ferdinandea  (on  Julia) 
dans  la    Mediterranee.   Renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

Un  membre  communique  de  la  pari  de  M.  Desaugiers 
membre  de  la  Societe,  une  note  sur  la  population  de  la 
Crete  en  i832  ,  et  un  itineraire  de  la  Canee  a  Candie  en 
passant  par  Relhimo  et  de  Candie  a  la  Canee,  en  reve- 


(  68  } 
nant  par  Gorlyne,  les  monasteres  d'Assoinato»  et  d'Ar- 
cadie.  Renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

M.  d'Ave/ac  lit  quelques  fragmens  d'une  esquisse  ge- 
nerale  de  TAfrique  ,  sous  les  divers  rapports  de  geogra- 
phic naturelle ,  ethnologiqne  et  historique. 

La  Section  de  comptabilite  presenie  le  budget  des 
recettes  et  des  depenses  de  la  Societe  pendant  I'exercice 
1 833- 1 834  •  il  6st  depose  sur  le  bureau  pour  etre  dis- 
cute  a  la  prochaine  seance. 

La  Commission  centrale  procede  a  la  nomination  de 
deux  commissions  speciales  pour  juger  les  concours.  Lii 
premiere,  chargee  de  rechercher  quelle  a  ete  la  decou- 
verte  la  plus  importante  en  geographic,  faite  dans  le 
cours  de  I'annee  i83i ,  est  composee  de  MM.  d'Avezac, 
d'Urville,  Eyries,  Jomard  et  Roux  de  Rochelle.  La  se- 
conde, chargee  d'examinerun  memoire  destine  au  con- 
cours pour  le  prix  relatif  au  nivellement  des  rivieres  de 
France,  se  compose  de  MM.  Coraboeuf,  Daussy  et 
d'Urville. 

Cette  nomination  donne  lieu  a  une  discussion  dont 
le  but  est  de  savoir  si  les  membres  du  bureau  ont  voix 
deliberative  ou  seulement  consultative  dans  toutes  les 
commissions.  La  question,  presentee  sous  ce  point  de 
vue  general ,  sera  renvoyee  a  I'examen  dune  commis- 
sion speciale.  Quant  a  la  commission  de  cinq  membres 
chargee  de  decerner  le  prix  annuel,  il  est  decide,  sur 
la  proposition  de  M.  d'Urville,  que  les  membres  du  bu- 
reau qui  s'y  adjoindraient  a  ce  seul  titre  ,  n  y  auront  que 
voix  consultative. 


(  69  ) 
Seance  du  'i.\jan\>iei: 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  acJopte. 

M.  le  comte  de  Montalivet,  pair  de  France,  et  M. 
Hersant,  consul  de  France  a  Rotterdam  ,  qui  vi<»nnent 
d'etre  adniis  au  nombre  des  membres  de  la  Societe,  lui 
adressent  des  remercimens  et  promettent  de  ia  secon- 
der dans  ses  utiles  travaux. 

M.  Francis  Lavallee  ecrit  de  la  Trinidad  de  Cuba,  pour 
renouveier  ses  offres  de  service  a  la  Societe  et  lui  an- 
noncer  I'envoi  d'un  memoire  sur  I'histoire,  la  geogra- 
phic et  la  statistique  de  I'ile  de  Cuba. 

M.  Adam  deBauve,  dans  une  lettre  datee  deBelcm  de 
Gram  Para,  le  29  aoiit  i833,  adresse  denouveaux  de- 
tails sur  son  voyage  et  celui  de  M.  Leprieur  dans  la 
Guiane,  et  sur  les  obstacles  qu'ils  om  rencontres  dans 
I'execution  de  leur  entreprise.  Par  suite  du  naufrage  de 
ses  embarcations  sur  I'Amazone,  M.  Adam  de  Bauve 
aura  a  regretter  la  perte  de  ses  observations  et  de  ses 
collections  de  botanique  et  d'entomologie.  Quatre 
de  ses  compagnons  de  voyage  ont  peri  dans  le  fleuve. 
Ce  voyageur  se  propose  de  renionter  I'Amazone  jus- 
qu'au  Watuma,  et  si,  par  cette  riviere,  il  ne  pent  ga- 
gner  I'Essequebo,  il  se  rendra  sur  le  Rio  Branco,  ou  il 
croit  avoir  plus  de  chances  de  succes.  A  son  arrivee  a 
Demerary,  M.  Adam  de  Bauve  adrcssera  a  la  Societe 
une  relation  et  des  esquisses  sur  les  diverses  peuplades 
des  Guianes,  ainsi  que  des  vocabulaires  des  races  intlien- 
nes,  et  il  f'era  connaitre  la  suite  de  son  itineraire.  II  an  - 
nonce  que  depuis  le  4  avril,  quil  est  separe  de  M.  Le- 
prieur, il  na  recu  aucune  nouvelle  de  lui. 

M.  Alvarez  Guerra  ecrit  a  la  Societe  quil  arrive  d'Es- 
pagne  avec  une  invention  utile  a  Tagriculture,  et  quil  se 


(7'>) 
propose  de  concourir  au  prix  offert  par  S.  A.  R.  Ms""  le 
duo  d'Orleans. 

II  serarepondu  quecette  invention  ne  rentre  pas  dans 
les  attributions  de  !a  Societe. 

M.  le  colonel  Coraboeuf  lit  une  note  sur  les  travaux 
de  la  nouvelle  carte  de  Suisse  qui  se  poursuivent  avec 
activite  sous  la  direction  deM.  le  general  Dufour. 

M.  Daussy  communique  egalement  une  note  sur  les 
travaux  hydrographiques  que  le  capitaine  Vidal  vient 
d'executersur  les  cotes  occidentales  des  lies  Britanniques; 
il  donne  ensuite,  d'apres  M.  Laird,  quelques  renseigne- 
mens  sur  le  voyage  de  Richard  Lander  en  Afrique. 

M.  le  president  annonce  que  Ton  a  lieu  d'esperer 
I'impression  prochaine  a  liniprimerii^  royale,  de  la  grani- 
maire  et  du  vocahulaire  Berbers  de  Venture,  que  la 
Commission  cenlrale  avait  deja  manifeste  ledesir  devoir 
publier. 

M.  Jomard  depose  ensuite  sur  le  Bureau,  1°  Une  se- 
rie  de  nunieros  du  Moniteur  Egyptien,  dont  plusieurs 
renfernient  des  nouvelles  geographiques  ;  2"  de  la  part 
de  M.  de  La  Pilaye,  plusieurs  dessins  representant  des 
antiquites  celtiques  de  Reginea  en  Bretagne;  3°  une 
lettre  de  M.  le  baron  de  Hammer,  qui  en  transmettant 
un  ouvrage  de  M.  le  comte  Serristori,  intitule  Essai sta- 
tistique  delltalie^  temoigne  le  desir  qu'aurait  ce  savant 
d'etre  nomme  correspondant. 

M.  d'Avezac  lit  une  notice  sur  les  Berbers. 

Le  meme  membre  soumet  a  la  Commission  centrale 
la  proposition  douvrir  une  nouvelle  serie  de  nunieros 
pour  les  volumes  du  Bulletin  dont  la  publication  est 
arrivee  au  tome  xx.  Cette  proposition  est  renvoyee  a, 
I'exaincn  prealable  du  Comite  du  Bulletin. 


C  70 

OUVRAGUS    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  lo  jarwier  i834. 

Par  M.  Alhert-Moiitemont  :  Bibliotheque  universelle 
ties  voyages y  iS"  livr.  ,  in-S",  renfermant  la  suite  du 
voyage  de  Laperouse  et  les  voyages  de  Maurelle,  Ort- 
lock  et  Dixon  ,  Bligh,  Meares,  Wilson,  Edwards,  etc. 

Par  la  Societe  asiatique  :  Cahier  de  decemhre  de  son 
Journal. 

Par  la  Societe  de  geologic  :  Feuilles  i  a  5  du  tome  iv 
de  son  Bulletin. 

Par  M.  Bajot :  Annates  maritimes  et  coloniales,cai\neTS 
de  novembre  et  decenibre. 

Par  M.  le  directeiir  :  Bibliotheque  de  Geneve,  cahier 
d'octobre  i833. 

Par  MM.  les  auleurs  et  editeurs  :  Neuf  liuraisons  de 
la  France  pittoresque. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Cabiers  de  decembre  du 
Recueil  industrial ,  du  Memorial  encyclopedique  et  du 
journal  Vlnstitut. 

Seance  du  i^  Janvier. 

Par  le  bureau  des  Longitudes  :  Connaissance  des  temps 
jwur  iSi6.  —  Annuaire pour  i834. 

ParM.Daussy :  Ta^/e  desPositions gcographiques,  in-S". 

Par  MM.  Vander  Maelen  et  Meisser  :  Dictionnaire 
geographique  de  la  province  de  Hainant,  i  vol.  in-S". 

Par  M.  le  comte  do  Serristori :  Saggio  statislico  dell' 
Italia,  I  vol.  in-S*^.  Vienne,  i834. 

Par  la  Societe  royale  de  Londres  :  Adress  delivered  at 
the  anniversary  meeting.,  in -4°. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  i4*  et  i5''  livraisons 
du  Voyage  pittoresque  autoiir  du  monde. 

Par  la  Societe  d'Eniulation  du  departement  du  Jura  : 
Seance  publique  de  cette  Societe  pour  i832,  in-S". 


(    72    ) 

Bibliographie  g^ographique. 


OUVnAGES    CENKRAIIX. 

Journal  of  the  royal  Geographi- 
cal Socictr  of  London.  —  Jotirnnl 
de  la  Socicte  roy.ile  geoi;raplii- 
qiie  de  1  oiidres,  vol.  iti ,  i''  par- 
tie  .  in-S". 

FOBoPr.. 

Tour  through  Be/giam  to  Paris. — 
Tournee  dans  la  Belgique  et  jus- 
qu'a  Paris,  par T.  Barlow.  In-i8. 

Travelling  memoirs  {luring  a 
^  Tourthroiigh  Belgium, Uheniih  Prus- 
sia, Germany),  Switzei  land ,  and 
France.  —  IMetnoires  H  \ii:  voya- 
geur  pendant  iine  toni  iice  duns 
la  Belgique,  la  Pi  iism  IDiinane, 
TAIIemagne,  la  Suisse  i-t  l.i  Fran- 
ce, pendant  I'et^  et  rautonine  de 
i832,  Y  compris  une  excursion 
sur  leRliin  eii  le  remontant,  par 
T.  Djke  Junior.  i  vol.  in-8o. 

La  monarchie  prussienne,  cousi- 
deree  .sous  las  rapports  topogra- 
phique,  statistique,  administra- 
tifet  et'ononiitjne  ,  par  Leopold 
Krug.  Berlin,  1 833,  in-4°. 

Coup^'ccil  general  sur  les  divers 
arrondissemens  dans  lesquels 
Tempire  de  Russie  est  actuelle- 
ment  partage,  sous  le  rapport 
des  communications  par  terre  et 
par  eau,  avec  des  details  stir  le 
commerce  et  les  cchanges  qui 
ont  lieu  par  les  routes  d'eau  ,  uu 
avant  propos  hi.slorique  sur  cette 
branche  de  Tadministration  ,  et 
un  apjiendicecontejiant  une  des- 
cription dctailh'C  du  canal  de 
Windau.Riga,i833.  i  vol.  in  8'. 

Dictionnaire  geographique  et 
historique  de  I'empire  de  Russie, 
contenant  le  tableau  politique  et 
statistique  de  ce  vaste  pays;  les 
denominations  ,  les  divisions  an-  j 
ciennes  et  novivelles  des  contrees,   ' 


villes,  bourgs;  leur  position  geo- 
graphique, leur  bistoire,  leurs 
produclions  uaturelles  et  indus- 
trielies  ,  leur  commerce  ,  leur  cli- 
mat,  la  population,  les  mwurs, 
coutumes,  religions  iles  babitans 
de  cet  empire  ,.  par  N.-S.  Wsevo- 
lojsky  ;  troisieme  edition,  aiig- 
inentee  d'un  supplement  par 
Maurice  Allart.  Petersbourg , 
1833.  1  vol.  in-8°. 

J-EVAJIT. 

Excursions  in  the  Holj--land, 
Egypt,  JVuBia,  Syria.  —  Excur- 
sions dans  la  Terre  Sainte,  I'E- 
gypte  ,  la  Nubie ,  la  Syrie .  etc. , 
par  J.  Madox;  avec  beaucoupde 
gravures.  a  vol.  in-8°. 

AFBIQUE. 

Travels  and  researches  in  Caf- 
fraria,  describing  the  character, 
customs  ani  moral  condition  of  the 
tribes  inhabiting  that  portion  of  Sou- 
thern Africa.  —  Voyage  dans  la 
Cafrerie  et  recberches  concer- 
naut  ce  pays,  ou  Ton  decrit  le 
caractere  ,  les  coutumes,  la  con- 
dition morale  des  peuplades  qui 
babitent  cette  partie  de  I'Afrique 
meridionale,  avec  des  observa- 
tions bistoriqups  et  topograpbi- 
c|ues  sur  les  elablissemensbritau- 
niques  cjui  s'y  trouvent,  I'intro- 
duction  du  cbristianisme  et  les 
progr^s  de  la  civilisation;  par 
;>.  Kay,  In-i2. 

AMF.nlQUE. 

Tour  of  the  American  lakes,  and 
among  the  Indians  of  the  North 
West  territory,  etc. —  Voyage  sur 
les  lacs  Americaius  et  jiarmi  les 
Indieiis  du  rerritoire  du  N.-O., 
en  i83o,  avec  des  observations 
sur  le  caractere  et  la  condition 
future  de  ccite  wvce.  i  vol.  inii. 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 

FEVRIEIl    I  834. 

PREMIERE   SECTION. 


t 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


ExAMEN  et  rectification  des  positions  cleterminees  astro- 
nomiquenient  en  Afrique  par  Mungo-Park. 

Ce  memoire  a  ete  redige  a  la  fin  de  1829,  et  les  resultals 
quant  aux  longitudes ,  en  out  ete  mentionnes  explicitement  dans  uu 
autre  ecrit  (  Reponse  aux  objections  elevees  en  Anglelerre  conire  Fan- 
tftenlitile  dii  voyage  de  Caille  a  Ten-Boitoue  )  ,  public  en  avril  1  83o.  Un 
an  aprfes  (i3  Janvier  i83i),  M.  Oltmanns  a  lu  a  Tacademie  des 
Sciences  de  Berlin  un  travail  sur  le  meme  sujet,  imprime  en  18 32 
parmi  les  Memoires  de  ladite  academte ,  sous  ce  titre  :  De  la  nullite 
de  quelques  corrections  qui  ont  ^te  proposees  a  Vegard  des  dernieres  obser- 
vations de  latitude  faites  en  Afrique  par  Mungo-Park. 

Sans  contredit,  des  observations  astronomiques  bien 
faites  sont  le  meilleur  de  tons  les  docuniens  que  \»  geo- 
graphie  positive  puisse  recueillir  et  mettre  en  oeuvre. 
Mais  par  malheur  les  observations  de  cette  nature  ne 
sont  trop  souvent  connues  que  par  les  resultats  qui  en 
sont  public's;  et  le  geograplie,  inceriaiii  s'il  doit  admet- 
Ire  ou  rejeter  les  determinations  ainsi  oblenues  ,  se  fait 

6 


(  74  ) 

;t  l)Oii  droit  ceile  cJoubh;  queslioii :  \es  observations  sonl- 
elles  bonnes?  ont-elles  ete  ealcnlees  exacten)ent?  car  la 
reunion  de  ces  deux  conditions  est  indispensable  pouf 
meriter  nne  entiere  confiance. 

Or  il  arrive  trequeniment  que  les  observations  sont 
douteuses;  et  il  nest  guere  plus  rare  que  le  calcul  en 
soit  errone  par  negligence,  ou  entaclie  de  corrections 
arbitraires.  Lors  done  que  les  positions  goononiiques 
qui  en  resultent  ne  concordent  point  avec  celles  que 
procurent  les  documens  itineraires ,  il  y  aurait  grande 
imprudence  a  sacrifier  aveuglement  ceux-ri  a  la  trom- 
peuse  precision  des  premieres. 

Ces  considerations  sonl  en  grande  partie  applicables 
aux  latitudes  et  longitudes  consignees  dans  les  voyages 
de  MungoPark  en  Afrique.  Muni  d'instrumens  propres 
a  foire  des  observations,  ce  voyagcur  celebre  a  essaye 
de  determiner  astronomiquement  la  position  de  divers 
lieux  places  sur  les  routes  qu'il  a  parcourucs. 

Quant  a  son  premier  itineraire  ,  il  n'offre  que  les  liuit 

latitudes  que  voici  : 

Pisania    i3"35 

Kolor.  . ■  '  •  4'j 

Kourkouranyi i3.6.'J 

Jong.  . .,.'...,,..  ii'i .  i5 

Jonibo  . . .  i\ ^.^v:'i'V ;  J  t'-. . -iK  .  1 4  ■  3 4 

Kanji  . . 14.  to 

Fissora i  4  •    5 

J  ana i5.    5 

Comme  les  observations  d'ou  ces  latitudes  ont  ete 
conclues  ,  n'ont  jamais  ete  publiees,  il  est  impossible  de 
verifier  si  dies  sont  calculees  avec  justesse;  niais  il  y  a 
lieu  de  le  presumer,  si  Ton  reflechit  que  les  eleraens  du 
calcul  ont  dii  passer  sous  les  yeux  du  savant  Rennel  , 
qui  nous  cu  a  fait  connaitre  les  resultats. 


(75) 

Dans  son  beau  travail  hyfJrographique  sur  la  Gamble, 
le  lieutenant  Richard  Owen  a  fixe  la  position  absolue  de 
Pisania  par  i3°  33'  N.;  la  determination  de  Mungo-Park 
en  diftere  de  2'  seuleinent. 

Quant  aux  autres  latitudes,  nous  ne  possedons  point 
d'eleniens  de  verification. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  admettra  volontiers  que  les 
observations  astronomiques  du  voyageur,  faites  a  I'aide 
d'un  sextant  de  tres  petite  dimension  ,  ne  peuvent ,  il  est 
vrai ,  etre  acceptees  que  comme  des  eleniens  imparfaits , 
mais  qu'on  en  pent  du  moins  conclure  des  positions 
approximatives ,  toiijours  precieuses  dans  le  dennnient 
absolu   ou    la  geogniphie  de  ces  contrees  se  trouvait  a 


cet  egartl. 


Je  passe  au  second  itineraire  ,  jalonne  d'un  grand 
nombre  de  positions  observees,  et  qui  offrirait  par  con- 
sequent un  document  geograpbique  bien  precieux ,  si 
Ton  pouvait  avoir  confiance  aux  observations  consignees 
dans  le  journal  de  route  du  celebre  Ecossais.  Malheu- 
reusement  il  n'en  est  point  ainsi  :  le  plus  sin)ple  examen 
suffit  pour  faire  reconnaitre  la  necessite  d'apporter  une 
grande  defiance  dans  I'eniploi  des  observations  dont  il 
s'agitj  elles  ont  toutes  besoin  d'etre  soumises  a  une 
discussion  serieuse,  a  une  severe  e'pnration  ,  apres  la- 
quelle  il  restera  bien  peu  de  chose  de  I'apparente  ri- 
chesse  que  presente  au  premier  abord  une  masse  de 
vingt-cinq  latitudes  et  cinq  longitudes  determinees  as- 
tronomiquement. 

Surce  nombre,  le  journal  de  route  dePark  a  conserve 
vingt-deux  observations  origiiiales  pour  la  hititude  et 
quatre  pour  la  longitude;  elles  sont,  a  doux  latitudes 
et  une  longitude  pres,  accompagnees  du  calcul  employe 
par  le  voyageur  pour  obtenir  les  positions  resultantes; 

6. 


/ 


(76  ) 

son  jouriia)  coiiticnt  en  outre  trois  latitudes  et  une  lon- 
gitude observees,  sans  faire  connaltre  les  observations 
orii^inales  dou  elles  sent  deduites. 

Je  m'occuperai  d'abord  des  latitudes.  Voici  le  releve 
complet  des  observations  et  des  resultatsconsignes  dans 
le  journal  tin  voyageur. 

AFaraba,  le  i5  mai  i8o5,haut.mericl. ^  •.  I.at.  i4°38' 46"N, 

Nerico,         i8mai (?)   i68°35'       14.    4.5t 

Tambico,     21  niai 0   166. 5f)  i3.53 

Soutitabba,  25  mai 0   164.46  i3. 33.33 

Bee-Creek  ,  26  mai 0   164.31  1 3.  3a.  45 

Badou,         28  mai 0   163.17  i3.32 

Mambari,     3tni;ii 0    162.43  i3.22.Jo 

Julifunda,      2  juin , 0    162.  ri  i3.33 

Baniserile,     Gjuin 0   161.    8  i3.35 

c       J  •    •  ^©    'Go.    6 

batadou,        9  J"'h j^^ 

(%    116. 36 

Fankia,         i4juin.,... 0   139.39  i3.22.3o 

Fajemniia,   18  juin 0  159.49  i3.35 

Secoba,        24  juin ')p    115.28  13.27. 26 

Moiaharra ,    9  juillet 0  (incert.)  1 3 .  n 

Sabousira,   10 juillet ^         »  i3.5o 

Keminoun,  12  juillet 0   i63.24  14.   o 

Ba  Oulima  ,  20  juillet 0   166.    4  14.    i 

Bangassi,     26 juillet 0  168.26  14.    o 

Koulihori,      5  aout 0    172   45  i3.4i 

Koumikoumi ,  14  aout 0   177.    7  ia.57 

Marrabou,     2  septembre 0   169.54  12.48 

KoulikoiTo,i3  septerabre 0     80.45  ia.52 

Yamina,       i5septembre 0     79.36  i3.i5 

Sanii,  lyseptembre 0     78.47  13.17 


[  77  ) 

L'editeur  anglais  a  releve,  dans  le  calrul  de  la  latitude 
de  Kouniikoumi,  une  erreur  portant  siir  la  declinaison 
solaire  employee  :  le  voyageur,  en  effet,  a  fait  usage 
tie  celle  du  i5  aout,  au  lieu  de  celle  du  14,  jour  precis 
de  I'observation  ;  operant  la  correction,  l'editeur  a  re- 
tabli  la  latitude  de  ce  lieu  par  i3°  16'  39'. 

On  ne  remarquera  point  sans  surprise  que  les  dieiix 
observations  de  Saladou,  destinees  a  fixer  le  point  fort 
important  du  passage  de  la  Faleme,  et  qui  n'ont  point 
ete  calculees  par  le  voyageur,  ne  I'aient  ete  non  plus 
depuis  par  personne,  et  soient  reslees  comnie  absolu- 
ment  ignorees,  meme  par  Bowdich.,  qui  cependant  a 
fait  un  travail  special  sur  les  calculs  d'observation  de 
Mungo-Park  (i);  mais  ce  n'est  pas  la  seule  preuve  que 
je  pourrais  alleguer  de  I'inconcevable  legerete  avec  la- 
quelle  le  critique  anglais  a  execute  ses  corrections  :  j  ai 
reconnu  en  effet  qu'apres  avoir  note,  d'apres  l'editeur 
du  journal  de  Park,  I'emploi  fait,  le  i4  aout,  par  le 
voyageur,  de  la  declinaison  solaire  du  i5;  apres  avoir, 
de  son  cote,  decouvert  I'emploi  ,  au  28  mai,  de  la  de- 
clinaison du  29,  et  se  trouvanl  ainsi  dnmcnt  averti  de 
se  tenir  sur  ses  gardes,  le  pretcndu  correcteur  ne  s'est 
point  apercu  neannioins  que  Paik  avail  encore  em- 
ploye, le  3i  mai,  la  declinaison  du  3o  ,  et  le  6  juin  celle 
du  7.  Et  cependant  le  theme  special  du  critique  etait 
precisement  de  corriger  les  declinaisons.  (2) 

11  est,  je  crois,  a  propos  que  je  donne  ici,  avec 
quelque  developpement,  un  resume  du  sysleme  de  cor- 
rection imagine  par  Bowdich,  de  son  motif,  et  tie  ses  re- 
sultats. 

(i)  M.  Oltmanns  est  dans  le  meme  cas. 

(2)  Ces  inadvertaiices  de  I'observateur  ont  paieilleiueivt  euhappe 
a  M.  Oltmanns- 


(  78  ) 

On  trouve,  des  !e  coniinencement  du  journal  de  Park, 
deux  articles  consecutifs  donl  voici  la  version  litterale : 

«  3o  avril  :  la  goeiette  de  M.  Ainsley  est  arrivee ,  et 
«  nous  avons  aussilot  commence  a  decharcer  le  bagaae 
«  et  le  riz. 

n  ii  avril  :  donne  les  bats  a  renibourrer  de  mousse, 
«  etfait  peser  les  paquets.  Trouve,  lout  calcul  fait,  que 
«  nos  anes  ne  pourraient  porter  notre  bagage.  Achele 
«  cinq  anes  de  plus  avec  I'aide  de  M.  Ainsley.  » 

M.  Walckenaer ,  dans  ses  Recherc/ies  sur  VJfrique, 
a  fait  la-dessus  I'observation  suivante  :  «  Je  remarque 
«  dans  ce  journal  une  inadvertance  qui  a  ecbappe  a  I'au- 
«  teur  et  aux  editeurs  :  il  y  a  iin  recit  de  ce  que  Mungo- 
n  Park  a  fait  le  3i  avril  :  le  niois  d'avril  n'a  que  trente 
«  jours. 

Cela  est  vrai;  mais  je  pense  qu'au  lieu  du  3i  avril, 
I'auteur  a  du  ecrire  le  3o  (mal  lu  3i  par  le  copiste  ou 
Timprimeur),  et  que  les  deux  articles  se  rapportent  a  la 
menie  journee.  La  suite  de  la  relation  presente,  sous  les 
dates  des  i8  mai,  17  et  18  juin,  et  i3  aoiit,  d'autres 
exemplesde  la  separation  en  deux  articles  des  notes  ap- 
partenant  a  un  seul  et  nieme  jour.  Telle  est ,  selon  moi^ 
I'explication  naturelle  de  1  inadvertance  relevee  par 
M.  Walckenaer ,  et  cette  explication  est  d'autant  mieux 
fondee  que  les  phenomenes  arrivant  a  jour  fixe,  tels  que 
les  eclipses  des  satellites  de  Jupiter,  sont  exactem  nt 
rapportes  a  leur  veritable  date. 

Mais  Bowdich  a  juge  la  chose  beaucoup  plus  grave: 
il  a  cm  y  trouver  un  juste  motif  d'admettre  qua  partir 
du  i'''^  mai,  les  dates  du  journal  de  Park  sonttoutes  er- 
ronees  d'un  jour  en  moins;  et  qu'il  y  a  deslors  neces- 
site,  dans  chaque  calcul  de  latitude,  de  substituer  a  la 
declinaison  du  quanlieme  ecrit,  la  declinaison  du  jour 


(  79  ) 
suivant.  li  a  developpe  ce  systeme  dans  un  nieinoiie, 
publie  par  la  voie  i\e  la  lithographie,  assezrare,  et  dont 
je  dois   la  communication    a    1  aimable   obligeance  de 
M.  Walckenaer. 

Voici  le  releve  complet  des  latitudes  corrigees  par  le 
critique  anglais,  d'apres  le  tableau  recapitulalif  qu  il  ea 
a  lui-meme  dresse. 


Faraba 

Nerico  ...... 

Tambico  . . . . 

Soutitabba  .  . 
Bee-Creek  ,  . 

Badou  

Manibari..  'i '. , 
Julifonda.  .  . . 
Baiiiseiile.  .  . . 

Fankia 

Fajemmia   . . , 

Secoba 

Moiaharra.  .  . 
Kemiuoun .  .  . 
Ba  Oulima.  .  . 
Bangassi  .  .  . . 
Koulihori.  .  .  . 
Koumikoumi. 
Marrabou..  .  . 
Koulikorro  .  . 

Yamina 

Sami 


'  ?  f;  f  >^ '  ff  * 


I  r>   0", 


i3"'43 

46' 

14.18 

i3,()5 

13.44 

13.42 

i3.3. 

i3.3o 

i3.4i 

i3,4i 

3.> 

13.25. 

3o 

i3.36 

13.26. 

afi 

i3.3 

i3.5i 

i3.6  I . 

3o 

13.46 

3o 

13.25 

3o 

12.58 

12. a5. 

40 

II.  ag 

12 .52 

12.54. 

20 

.f,iiLin'i 


Sabousira,  que  Park  a  place  par  i3°  5o'  N.  ,  d  apres 
une  bauteur  meridienne  lunaire,  n'a  point  ete  souniis 
a  la  correction  systematique  de  Bowdich  :  cette  correc- 
tion eut  ete,  dans  I'espece,  tellement  forte  (elle  eiit  de- 
passe  2°),  que  le  critique  a  pense  sans  doute  que  Park 
avail  ici,  comme  a  Badou  et  a  Koumikoumi,  employe 


(  8o  ) 

par  meprise  la  declinaison  convenable  a  I'hypothese  da 
correcteur.  II  faut  noter,  d'autre  part,  qu'une  applica- 
tion plus  attentive  dii  sysleme  de  rectification  de  notre 
Anglais,  doit  produire,  sur  quelques  latitudes,  des 
resultats  differens  de  ceux  qu'il  a  adoptes;  ainsi  il  eut 
dA  conclure 

Manibari.  par i3'  Sg'  56" 

Baniserile 1 3 .  35 .    o 

A  mon  tour,  je  vais  placer  ici  le  releve  des  latitudes 
qui  resultent  des  observations  de  Park  d'apres  nies  pro- 
pres  calculs,  c"est-a-dire  en  operant  avec  inoins  de  ne- 
gligence, en  retablissant  quand  il  y  a  lieu,  a  la  place 
dune  declinaison  anticipee  ou  tardive  ,  celle  qui  con- 
▼ient  precisement  au  quuntieme  marque,  et  enfin  sans^ 
omeltre  les  observations  non  encore  calculees.  J'aid\\  na- 
turellement,  au  contraire,  laisser  de  cote  les  resultats 
dont  le  voyageur  ne  nous  a  point  transniis  les  elemens^ 

Nerico 14°    4' 44" 

Tambico i3.53.28 

Soutitabba i3.34.    8 

Bee-Creek i3.33.45 

Badou 1 3. 31.    o 

Mambari i3.3i.22 

Julifouda i3.3a.    o 

Baniserile 13.28.48 

^i3.i4.43 

batadou ' 

I  i3.3i.35 

Fankia 1 3 . 2 1 .  45 

Fajemmia 1 3. 35. 42 

Secoba 13.27.36 

Keminoun i3.  58.56 

Ba-Oulima i4-    2.23 

Bangassi t3.59.3i 

Koulihori i3.4<>44 

Koumikoumi 1 3. 16.39 


(8,  ) 

Marrabou i2.4;'.25 

Koulikorro i  a  .  5 1 .  55 

Yamina r3.i5.    7 

Sami 13.17.33 

Plusieurs  de  ces  latitudes  soiit  incontestablement 
mauvaises,  comme  il  est  facile  de  sen  convaincre  par 
quelques  verifications. 

Ainsi  le  passage  du  Nerico,  par  14°  4  44"  ^st  d'en- 
viron  tout  un  degre  plus  nord  que  Rennel  ne  I'avait 
etabli  d'apres  les  gisemens  releves  par  Mungo-Park  au 
retour  de  son  premier  voyage.  Park  se  serait-il  trompe 
alors  ail  point  de  supposer  vers  le  siid  cequi  serait  vers 
le  nord.f*  la  chose  est  pen  probable  :  et  lorsqu'il  a  note 
le  point  ou  il  a  traverse  le  Nerico,  vers  !e  S.  E.  de  Me- 
dina, en  passant  par  Koiissay,  il  n'y  a  certci  pas  lieu 
d'imaginer  qu'il  faille  y  substituer  le  N.  E. ;  on  trouve 
en  divers  endroits  ,  etnotaniment  dans  le  voyage de(iray 
et  Dochard ,  la  preuve  que  Koussay  est  bien  en  effet 
dans  le  S.  E.  de  Medina;  or  cette  derniere  ville,  com- 
prise dans  I'itineraire  de  Pisania  a  Joag,  tombant  vers 
13"  43'  de  latitude,  il  serait  absurde  d'adniettre  le  pas- 
sage du  Nerico  par  14°  4'>  ^t  moins  encore  par  i4"  18' 
comme  le  veut  Bowdich. 

Badou,  par  i3°  21',  est  de  pres  de  45'  au  N.  du  point 
qui  lui  correspond  dans  le  premier  voyage  construit  par 
Rennel;  or  il  resulle  des  renseignemens  recueillis  par 
Mungo-Park,  dans  son  second  voyage,  tant  a  Badou 
meme  qua  Beniserayl ,  que  la  distance  de  Badx)u  a  Laby 
dans  le  Fouta-Ghialon,  est  de  trois  fortes  journees  ou 
de  cinq  moyennes ,  ce  qui  ne  peut  eire  evalue,  au  maxi  ■ 
mum,  qu'a  t,o  milles  geographiques;  or  Laby  se  trou- 
vant,  d'apres  des  calouls  que  j'ai  exposes  ailleurs,  par 
11"  26'  N. ,  il  en  resulterait,  dans  les  conditions  les  plus 


(  8^  ) 
favorables,  une  distance  de  ii5  milles  geographinuos , 
ail  niininium,  eritre  ces  tieux  points  ;  ce  qui  est  ahsulu- 
inenl  inadmissible. 

II  en  faut  dire  autant  de  Beniserayl,  qui,  place  ega- 
leiuent  a  irois  lories  jouineesde  Laby,  ne  saurait  se 
trouver  par  ime  latitude  de  i3^  22  ,  d'ou  resulterait  une 
distance  de  116  milles  au  minimum. 

Mais  une  preuve,  plus  trappante  que  toules  ies  au- 
tres,  du  pen  de  conllance  que  I  on  doit  avoir  aux  obser- 
vations qui  nous  occupent,c'est  la  cboquante  difleience 
de  deux  latitudes  qui  devraieni  etre  identiques  :  je  veux 
pailer  de  celles  de  Satadou  sur  la  Falenie,  I'une  de  i3" 
i4'  43",  et  I'autre  de  12°  3x'  35".  Cette  derniere  s'ac- 
corde  tresbjenavec  la  construction  ,  faite  parRennel,  du 
premier  voyage  de  Park  ,  tandis  quelle  presente  une 
anomalie  remarquable  dans  la  serie  generale  des  autres 
latitudes.  La  premiere,  au  contraire,  est  en  parfaite  har- 
monic aveccelles-ci  ,  et,  commeelles,  se  mainlientii  une 
grandodistanceaunordde  la  iigne  construitepar  llennel. 

II  nest  point  douleux  que  la  latitude  donnee  par  la 
deuxieme  observation  ne  soit  preferable  a  la  premiere, 
qui  apparticnt  a  un  systeme  de  positions  ou  j'aiindique 
tout-a-l'heure  plnsieurs  points  evidemment  fautifs. 

Or  il  est  a  remarquer  que  la  seconde  observation  est 
que  hauteur  meridienne  de  Jupiter,  tandis  que  loutes 
Ies  precedentes  sont  des  hauteurs  solairesj  et  que  le  dou- 
ble angle  de  hauteur  incsure  en  dernier  lieu  a  Satadou 
n'excede  point  la  porlee  ordinaire  dun  sextant,  tandis 
que  tous  Ies  autres  depassent  de  beaucoup  cette  portee; 
et  cependant  Mungo  Park  a  du  employer  pour  tous  le 
meme  instrument  (un  petit  sextant  de  poche). 

Ne  serait-ce  point  dans  cette  distinction  ties  impor- 
tante  des  angles  au-dessous  et  des  angles  au-dessus  de 


(  83  ) 

I20°  que  gk  la  demarcation  generale  a  etablir  entre  les 
observations  adniissibles  et  celles  qui  ne  meritent  point 
de  confiance?  II  y  a  tout  lieu  de  le  penser.  Etd'abord, 
en  effet ,  on  doit  natuiellenient  regarder  sinon  coninie 
bonnes,  au  moins  connue  peu  susceptibles  d  eiieurs 
graves,  des  hauteurs  prises  directement,  soit  al  horizon 
artificiel ,  soit  a  !  horizon  visuel ,  avec  un  instrument 
specialement  destine  ad  hoc.  Les  cinq  observations  de 
Satadou  ,  Secoba,  Koulikorio,  Yamina  et  Sami  appar- 
tiennent  seules  a  cette  categorie. 

Dans  I'autre  classe  d'observations ,  au  contraire,  I'er- 
reur  a  dii  etre  d  autant  plus  facile,  que  i'angle  a  mesu- 
rer  n'a  pu  etre  obtenu  qu'au  nioyen  de  quelque  procede 
insolite,  et  sans  doule  coniplexe,  puisque  la  portee  de 
I'instrument  ne  s'etend  point  au-dela  de  120^. 

II  ne  sera  point  sans  interetde  rechercher  comment 
s'y  est  pris  notre  observateur  pour  mesurer  ces  doubles 
hauteurs  solaires  de  ibg"  a  177°. 

Voici  ce  qu'il  en  dit  lui-meme  dans  son  journal,  sous 
la  date  du  17  mai  :  «  J'ai  essaye  d'obtenir  la  hauteur 
«  meridienne  du  soieil  ,  au  moyen  de  1  observation 
«  par  derriere  [back  observation)  avec  mon  sextant  de 
«  poche  de  Troughton;  et  apres  avoir  soigneusement 
n  examine  la  niarche  de  I'astre  tant  en  montant  qu'eu 
n  descendant,  ainsi  que  les  intervalles  entre  chaque  ob- 
«  servation  ,  je  suis  demeure  convaincu  qu'on  peut  arri- 
«  ver  a  une  grande  precision ,  et  qu'il  ne  laut  pour  cela 
«  qu'une  main  ferme  et  une  attention  soutenue.  Cela  a 
«  ete  pour  moi  dun  grand  secours;  car,  apres  avoir 
«  guette  peniblement  la  passage  des  etoiles  fixes,  il  m'ar- 
n  rivait  souvent  d'etre  surpris  par  le  sommeil  au  nio- 
«  ment  ou  elles  etaient  au  meridien.  « 

Ce  n'est  point  tout  d'un  coup  qu'il  m'a  etepos,sible  de 


(84) 

coniprendre  ce  passage  ,  et  j'ai  vu  un  habile  astronoine 
que  je  consultais  a  ce  sujet,  rester  court  coninie  nioi  ; 
car  couimenl  concilier  lidee  dune  observation  por 
cletriere,  avec  celle  do  I'eniploi  d'un  horizon  artificiel , 
enipioi  constate  par  la  double  grandeur  de  Tangle?  un 
tel  concours  est  en  efiet  rigoureusement  impossible. 
Mais  une  meditation  attentive  ni'a  fait  trouver  la  solu- 
tion de  cette  enigme,  qui  ne  signifie  autre  chose  sinon 
que  I'observateur  a  fait  usage  du  petit  niiroir  de  sup- 
plement habituellement  consacrea  prendre  hauteur  par- 
derriere,  et  que  c'est  a  travers  la  partie  non  etamee  de 
ce  petit  miroir  qa'il  a  vise  par  devant  I'image  du  soleil 
reflechie  dans  I'horizon  artificiel,  pour  la  mettre  en  con- 
tact avec  I'image  semblable  refl^chie  par  le  grand  miroir 
sur  la  partie  etamee  du  petit. 

Pour  la  complete  intelligence  de  la  solution  que  je 
viens  d'indiquer,  et  des  consequences  qu'ilyalieu  d'en 
deduire,  quelqties  explications  succinctes  sont  ici  ne- 
eessaires. 

Tout  le  monde  sait  qu'en  visant  I'horizon  a  travers  la 
partie  non  etamee  du  second  miroir  dun  octant ,  et  ra- 
menant  sur  la  partie  etamee,  au  nioyen  dune  double 
reflexion  ,  I'image  de  I'astre  a  observer,  on  obtient  di- 
rectement  la  hauteur  de  cet  astre  au-desstrs  de  I'horizon, 
jusqu'a  un  maximum  de  90°.  Que  si,  faisant  usage  du 
troisieme  miroir  ordinairement  adapte  a  I'instrument, 
on  vise  le  cote  oppose  de  I'horizon,  toutes  circonstan- 
res  demeurant  d'ailleurs  les  memes,  on  mesure  alors  en 
realite  le  supplement  a  180°  de  Tangle  de  hauteur  donne 
par  Tobservation  directe,  bien  que  Tusage  soit  de  comp- 
ter,  non  ce  supplement  lui-meme,  mais  Tangle  de  hau- 
teur qu'il  y  a  lieu  d'en  conclure,  et  que  marque  en  eff'et 
la  numeration  unique  du  limbe.  II  est  bien  entendu  que 


(  85  ) 

si,  au  lieu  de  viser  rhorizon ,  on  vise  1 'image  tie  lastie 
rellecliie  dans  un  horizon  artificiel ,  Tangle  de  hauteur 
effective  ne  sera  que  la  moitie  de  Tangle  indique  par 
Tinstrunient. 

Tout  le  nionde  sait  egalement  que  la  position  nor- 
male  du  second  miroir  est  d'etre  exactement  parallele 
au  plan  tlu  miroir  principal  lorsque  Talidade  est  fixee 
sur  le  point  du  zero  du  limbe,  el  que  la  position  nor- 
male  du  troisieme  miroir  ou  petit  miroir  de  supplement 
est  d'etre  exactement  perpendiculaire  sur  le  plaTi  du 
miroir  principal,    Talidade  etant  pareillement  sur  zero. 

Les  sextans  sont,  le  plus  ordinairement,  depourvus 
du  troisien^e  miroir.  Dans  ceux  ou  le  miroir  supplemen- 
taire  existe,  sa  position  est  generalement  la  meme  que 
dans  Voctaiit,  en  sorte  que  Tobservalion  directe  don- 
nant  les  angles  de  hauteur  depuis  zero  jusqu'a  120°, 
Tobservalion  parderriere  donne,  en  faisant  retrograder 
Talidade,  les  angles  supplementaires  depuis  60°  jusqu'a 
180°. 

Mais  il  est  des  sextans  dune  construction  particu- 
liere,  ou  le  petit  miroir  de  supplement  affecte  une  po- 
sition telle,  que,  formant  angle  droit  avecle  grand  mi- 
roir, lorsque  Talidade  est  sur  60°  du  limbe ,  il  donne 
Tangle  de  I'io"  en  meme  temps  que  le  second  miroir,  et 
Tangle  de  240"  sur  le  point  zero  de  Tobservalion  directe. 
Une  seconde  numeration,  placee  sur  le  limbe  a  rebuurs 
de  la  premiere,  sert  a  compter  les  angles  ainsi  mesures. 
J'ai  trouve  dans  un  memoire  inedit  du  general  Badia  (le 
fameux  Aly  Bey)  la  description  dun  sextant  de  poche 
anglais  dune  semblable  construction  (1).  II  y  a  lout  lieu 

(i)  «  Je  fais  mes  observations  avec  un  sextant  de|)ocLe  de  vingt 
«  lignes  de  rayon  depuis  le  centre  de  I'alidade  jusqu'au  point  de  col- 


(86  ) 

(le  pciiser  que  1  instrument  de  MuiigoJ^ark  etait  pareil 
a  ceini  de  Badia. 

Or,  on  conrnittont  d'ahord  coml)ien,  dans  une  telle 
disposition  des  niiroirs,  il  doit  etre  epineux  de  verifier 
et  retablir  I'exacte  situation  norniale  du  petit  miroir 
de  siipplenient ,  comhien  par  consequent  I'erreur  est 
aisee  acomniettreet  difficile  a  relever.  Et  cette  reniarqiie 
acquiert  nne  nouvelle  force  si  Ion  considere  que  I'in- 
strunient  elait  de  diniensions  tellemerit  exi^^ues,  que  la 
longueur  de  I'alidade  offrait  probablenient  un  rayon 
inoindre  de  deux  pouces. 

i^'  Et  cependaiit  Mtingo  Park  reclame  pourles  oi)serva- 
tioiis  ainsi  obtenues,  la  meme  confiaiice  que  pour  les 
observations  directes  :  «  Dans  le  cas,  dit-il  a  la  fin  d«? 
«  son  journal,  dans  le  cas  ou  Ton  serait  porte  a  douter 
«  de  I'exactitude  des  latitudes  obtenues  au  moyin  de 
«  robservatioii  par  derriere  faite  avecle  sextant  de  poclie 
«  de  Trcjughton,  je  crois  oonvenable  de  declarer  qu'a 
"  Sansanding  j  al  allcrnalivement  employe  I'obscrvalion 
«  direcle  a  I'horizon  de  la  riviere,  et  I'observation  par 
«  derriere  soit  dans  I'eau ,  soit  a  I'hori/on  artificiol ;  et 
"  que  je  n'ai  jamais  trouve  plus  de  4'  ^*^  difference, 
«  mais  generalement  beaucoup  moins.  » 

Peutetre,  en  effet,  les  dernieres  observations  ainsi 

Hmation  du  nonius  on  vernier  avec  rochelle,  ct  un  horizon  en  verre 
"  colore  de  vingt-quatre  lignes  de  diainetre.  J'acliutai  ces  instrumens 
■  a  Londres  en  I'annee  i8o3. —  L'eclielle  du  sextant  arrive  a  lao  de- 
«  gres,  et  de  l<i  ,  par  une  seconde  numeration  retrograde ,  la  meme 
.  echelle  continue  a  niarquer  jusqu'a  220  degres.  II  est  cntendu  que 
•  pour  observer  ces  angles  superieurs  de  leclielle  retrograde  ,  il  faut 
.•  tourner  I'instrument  et  se  servir  du  troisi^me  miroir,  reunissant 
«  les  deux  images  ou  objets  ,  regardant  entre  deux  et  11011  directe- 
«  ment  aucun. » 


(  87  ) 
faites,et  pour  lesquelles,  au  surplus,  nous  n'avons  aucun 
element  de  verification ,  offrent-elles  le  tlegiv  de  preci- 
sion que  leur  attribue  le  voyageur  :  une  conniiissance 
plus  intinie  de  son  instrument,  plus  d  habilete  a  le  ma- 
nier,  plus  de  justesse  dans  le  coup-d'oeil ,  et  peut-etre 
aussi  le  hasard,  auront  contribue  a  lui  faire  obtenir  cles^ 
observations  nieilleures.  rp  gnofifi-'fiaclo 

Qiioi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  les  latitudes  obv 
tenues  par  des  observations  solaires  a  lest  de  Secoba  et 
a  I'ouest  de  Koulikorro ,  se  lient  sans  effort  a  ces  deux 
points;  mais  toules  celles  qui  precedent  I'observation  rie 
Secol)a  offrent  une  serie  de  latitudes  a  rejeter  en  masse 
de  la  geographie  africaiue. 

Ce  rojet  doit-il  etre  teliement  abtiolu  que  ies  obsei- 
vations  eliminees  ne  puissent  etre  en  aucune  maniere 
utilisees  an  moyen  d'un  systeme  de  corrections  soit 
constantes,  soitproportionnetles?  G'est  une  question  qui 
ne  pent  manquer  d  etre  soulevee,  mais  doiit  la  solution 
demeure  subordonnee  en  definitive  a  une  comparaison 
de  detail  entre  les  resnltats  que  produiraient  les  correc- 
tions et  ceux  qu'offrent  les  documens  itineraires  ;  toute- 
fois,  indepentlamuient  de  ce  recolienient ,  pierre  de 
toucbe  de  tout  systeme  de  correction  que  1  on  serait 
tente  d'adopter,  ii  n'estpas  sans  interet.de  seconvaincre 
que  nulle  bypothese  plausible  ne  poiirrait  servir  de  base 
a  un  tel  systeme.  f 

Et  d  abord  :  etablir,  pour  une  serie  d  observations  J 
une  loi  commune  de  rectifications,  c  est  admettre  lexis - 
tence  dune  cause  uniforme  derreur;  c'est  absoudre 
I'observateur ,  et  tout  rejeter  sur  un  vice  fondamental 
ou  accidentel  de  1  instrument. 

Orici  Ion  ne  pent  suppuser  aucun  vice  fondamental 
de  I'instrument,  tel  qu'une  fausse  graduation  d^  iimbe, 


(  88) 
Texcentricite  tlu  mouvement  de  I'alidade,  ou  le  defaut 
de  parallelisme  des  deux  surfaces  du  pelit  niiroir  de  sup- 
pleuteiu.  Les  veriGcations  faites  a  Sansanding  ne  lais- 
sent  a  cet  egard  aucun  doute  j  et  Ion  peut  surabondain- 
nient  remarquer  que  coninie  il  n'y  a  erreur  reconnue 
ou  presumee  que  dans  la  categorie  toute  speciale  des 
observations  que  j'appellerai  inverses  (hack  observations), 
el  nieme  dans  une  portion  seulementde  cette  categorie, 
il  ne  saurait  y  avoir  lieu  d  admettre  I'existence  d  une  de- 
fectuosite  radicale,  qui  aurait  vicie  soil  la  serie  entiere 
soil  au  moins  toutes  les  observations  inverses  sans  ex- 
ception. II  faut  done  renoncer  a  un  systeme  de  correc- 
tions proportionnelles. 

L'hypothesed'un  derangement  accidentel  de  I'instru- 
ment  obeirail  plus  aiseinent  aux  conditions  que  jc 
viens  de  rappeler  tout-a-l'henre  si  les  observations  de- 
fectueuses  se  presentaient  les  dernieres;  borne  au  petit 
miroir  de  supplement,  il  n'aurait  affecte  d  erreur  q  e 
des  observations  inverses,  et  celles-la  seulement  qui  au- 
raient  suivi  I'epoque  a  laquelle  il  serait  survenu.  Mais 
peut-on  supposer,  au  contraire,  que  defectueux  au  com- 
mencement du  voyage,  1  instrument  ait  spontanement 
recouvre  ensuite  la  justesse  qu'une  cause  quelronque 
aurait  alteree?  L'bypothese  nest  point  admissible,  et 
Tonne  saurait  raisonnablement  etablir  sur  pareillc  base 
un  systeme  de  corrections  constantes  concentrees  sur 
les  observations  inverses  anterieures  a  celles  de  Secoba. 

Les  verifications  ilineraires  viennent  confirmer  ces 
conclusions. 

Je  place  ailleurs  le  developpement  de  ces  verifications. 
Mon  unique  objet,  dans  le  present  memoire,  est  d'exa- 
miner  intrinsequement  les  observations  astronomiques 
et  les  calculs  de  Mungo-Park;  et  je  borne  aux  quelques 


(  89) 
pages  qui  precedent,  nies   investioations   sur  les  latitu- 
des. II  en  resulte  que  les  seules  qui  puissent  faire  auto- 
rite  parmi  celles  que   Park  a  observees   a   son  second 
voyage,  sont  les  cinq  suivantes  : 

Satadou 12"  3 1'  35"  N. 


Secoba  .  .  . 
Koulikorro. 
Yamina .  .  . 
Sanii.   .  .   . 


.   .   .  i3 .  •J7.  36 

.   .   .  12 . 01 .55 

.   .   .  i3. i5.    7 

.  .  .  i3. 17.33 


J'arriveaux  longitudes.  Elles  sont,  commejeTai  deja 
dit,  au  nonibre  de  cinq  pour  la  route  entiere;  elles  re- 
sukent  loutes  d'imniersions  ou  emersions  des  trois  pre- 
miers satellites  de  Jupiter. 

II  est  essentiel,  pour  la  discussion  a  laquelle  je  me 
propose  de  soumettre  ces  longitudes,  queje  transcrive 
en  enlier  ici  les  passages  du  journal  de  Park  ou  il  rend 
compte  de  ses  observations  et  de  ses  calculs. 

1°  A  Manjalli  Tabba  Cotta  ^  le  16  mai  i8o5. 

«  Dans  la  nuit  je  pris  mon  telescope  afin  d'observer 
1"  une  immersion  du  premier  satellite  de  Jupiter  ; 

-  Immersion  ,  a  la  montre 14''  lo""  B.l' 

'•  Temps   en    plus  depuis   Londres.     (  rate 

-|-  from  London  ) o .  .    5.48 

«  Retard,  d'aprfes  une  eclipse  a  Kayi o..    o..    5 

<•  Temps  moyen,  a  la  montre..  ..      14.  .16.  .28 
«  Temps,  d'apr^s  le  Nautical 

almanah  I4..i6..5i 

«  Equation  .  . .  , —     o . .    3  . .  58 

«  Temps  moyen  a  Greenwich  .    1 4 . .  1 2 . .  5  3 


i4>.i2..53 

«  Avance  de  la  montre o..    3.  .35 


( ff« ) 

n  Longitude  d'apres  trois  series  d'observations  fiiiles 
"  le  matin  suivanl  afin  de  trotiver  le  lempsvrai  dii  lieu, 
«  13"  Q  45"  O. 

«  II  est  difficile  de  se  rendre  conipte  dune  telle  diffe- 
'<  rence  dans  la  marche  de  la  montre  pendant  le  couis 
"  dun  mois;  niais  1  excessive  chaleur  et  le  mouvenient 
«  du  cheval  y  ont  peut-etre  contribiie;  car  je  regarde 
«  mon  observation  d'immersion  comnie  exacte. » 

a°  Pr'es  du  Marigot  des  Aheilles  {Bee-creek^  ^  le  26  niai. 

«  Pendant  la  nuit,  je  pris  le  telescope  pour  reglcr  \\\\\ 
"  montre  sur  le  temps  de  Greenwich,  au  nioyen  dune 
«  observation  d'eniersion  du  second  satellite  de  Jupiter. 
"  M.  Anderson  tint  la  montre,  et  je  restai  an  telescope 
«  une  demi-heure  dans  I'attente,  afin  de  ne  pas  man- 
«  quer  ['observation  : 

•■  Emersion  du  satellite,  a  la  montre 1 1  ''  49  "■  if!' 

<•  Emersion ,  d'ajiri^s  le  Nauti- 
cal almanak lT..49-*5l 

«  Equation —      o..    3.  .at 


Temps  moyen  a  Greenwich .    1 1 .  .  4f>  • .  3o 


1 1 . .46. . 3o 


■■  Avance  de  la  montre 


a.  .46 


«  Hauteurs  du  soleil,  a  1  horizon  artificiel  et  a  la  mon- 
«  tre  ,  prises  le  meme  soir  pour  determiner  le  temps 
«  vrai : 


<    5  h    5  7  <"  1  '>  • 

.  5. .58..   o 
..  5.  .58.  .4a 


3o" 

l!^ 

3o 

14 

29 

43 

6h  4'"  i5» 
6. .5..    o 
6.. 5.. 35 


27   II 

2'>.5l 

26.36 


fit.  fill  54»  [25'' 56' 
6. .7. .34  a5.38 
6. .8. .i3       25.20 


«  Longitude  43'"  56'  en  temps,  ou  10°  Sp'  ouest.  >> 

'S°  j4  Fajemnu'a ,  le  \'j  juin. 
n  Ob.serve  une  emersion  du  premier  satellite  de  Jupi 


«  ter; 


(9'   ) 
"Temps,  a  la  inontie,  i3''  6'"  iS". 
«  Le  i8  juin  ,  hauteur  a  Ihorizon   aitificiel,  pour  le 
«  temps  vrai  : 


..  6^  25  ">  35 s 
«  6. . 26. . i3 
«  6. . 26 . . 5 ( 


t9°36'  i'  6I1 27"'  4i« 
19.28  '  fi .28. .  19 
19.   5  ,    6.28. . 5o 


i8"43' 

6^  29™  39' 

17049' 

18.24 

6.30..23 

17.  3o 

18.  12 

6.30..48 

17.19 

«  Loiiojitude  non  encore  calculee.  » 


4°  -^  Konhomo  ,  Ic  "xG  juin. 

«  Presumant  que  nous  aurions  une  occasion  favorable 
«  d'observer  une  eclipse  du  premier  satellite  de  Jupiter, 
«  je  pris  les  hauteurs  suiyantes  pour  le  temps  vrai : 


.   S""   a5'"  55  • 
•  5 . . 26. . 53 
«  5 . .27, . 37 


45°  36'  1]   .'.'■3o«n    2« 
45.13 


43^47' 
43.28 
43. 10 


I     5h  36m  22* 

5.37..    3 


4o''55' 
40.35 


5.37. .44      140.17 


5. 3o. .42 
44.55  ij  5.3i..25 

"  Observe  I'emersion  du  premier  satellite  de  Jupiter: 

•■  A  la  montre g""   26  ■"  ao" 

•  Temps ,  d'apres  le  Nautical 

alinanak. g..24..53 

«  Equation -)-   c    2..i5 


Temps  moyen  a  Greenwich .        9..  27..  8 


9. .27. 


Retard  de  la  montre  . 


.48 


«  Longitude  Sa"  24"  ou  8°  6'  O.  « 

«  Le  27  juin  ,  la  nuit  etant  ciaire,  observe  I'emersion 

«  du  second  satellite deJupiter(sur  lariveest  du  Ba-Fing): 

«  Emersion  a  la  montre 1 1  'i   a5  "'  55  • 

«  Temps ,  d'apres  le  Nautical 

almanak  i i . . 24. . 4o 

-  Equation -f-  o.  .    i . .  53 


Temps  moyen  a  Greenwich .    1 1 . .  26 .  .  33 


II. .20. .33 


Retard  de  la  montre 


o.  .38 


(9^  ) 


5"  All  passage  (In  PalFoulimn ,  le  igjuillet. 

"  Observe  les  emersions  suivantes  des  satellites  de  Ju- 
'<  piter  : 

«  Emersion  dn  troisi^me  satellite,  a  la  montre. 


i8« 


«  Retard  de  la  montre.  . .      i"' b5' 
Emersion  du  premier  satellite  ,  a  la  montre. 
«  Retard  de  la  montre.  .  .      2.  .34 


9''  25 

g. .36. . 10 


«  Le  20  jiiillet,  hauteurs  pour  le  temps  vrai 

I  -  b  gm42' 
7« IO»26 

7-ii«  3 


•■  7h6"4.')» 

«  7.7«25 
..  -.8.  o 


21  21 
21 -40 
2i«55 


22"42' 

7l>l3mio' 

24"i8'| 

^hi6inj^» 

25»49' 

23«     2 

:-i3.4', 

24.33 

-.17.    0 

26.  3 

a3.i8 

7t4-i'i 

2  4- '.6 

7.17.30 

26.16 

n  Longitude  5°  o'  i3"0..> 

Avant  de  reprendre  un  a  un  ces  divers  points  pour 
les  soumetlre  a  un  examen  special,  il  convient  de  re- 
chercher,  dans  I'ensemble  desdonnees,  quelque  lumiere 
sur  la  marche  de  la  montre  du  vojageur. 

II  resulte  des  quantites  ecrites  dans  I'observation  de 
Manjalli  TabbaCotta  que  5"'  48'  exprimeraient  la  somme 
des  retards  diurnes  depuis  Londres,  c'est-a-dire  depuis 
les  derniers  jours  de  Janvier  jusqu'au  16  mai,  ce  qui 
peut  etre  evalue  de  no  a  1 15  jours,  et  suppose  des-lors 
un  retard  diurne  dVnviron  3'  d'apres  la  marche  ob- 
servee  a  Londres. 

A  Kayi ,  le  retard  total  avait  augmente  de  5';  et  a 
Manjalli  Tabba  Cotta  ,  I'heure  de  la  montre  ,  corrigee 
de  la  somme  des  retards  diurnes  depuis  Londres,  et  de 
Taccroissement  de  retard  reconnu  a  Kayi,  offrait  en- 
core, sur  I'heure  de  Greenwich  donnee  par  le  Nautical 
almanak ,  un  retard  de  23'  en  sus  pour  les  20  jours 
ecoules  depuis  Kayi;  en  sorle  que  le  retard  diurne  se 
trouvait  porte,  pour  ce  dernier  intervalle  ,  a  un  pen 
plus  de  4  . 


( p^n 

Une  telle  inarche  eut  sans  doute  ete  satisfaisante , 
si  elle  se  fut  reguliereinent  condnueej  mais  la  suite  Cut 
loin  de  repondre  a  ces  premiers  resultats. 

La  comparaison  du  temps  des  tables  pour  linstantde 
chaque  eclipse ,  avec  I'heure  que  marquait  la  montre 
au  moment  de  I'observation  du  nieme  phenomene,  four- 
nit  une  serie  de  differences  d'ou  se  peuvent  deduire  les 
re  ml  tats  successifs  de  la  niarche  de  la  montre  pendant 
le  temps  ecouie  dune  observation  a  I'autre.  En  voici  le 
tableau  resume. 


1 

DATES 

DlFPEfiEPCSS 

UURBE 

MARCHE 

de  la  Diontre 

TOT ALE 

MARCUB 

d-l 

5ur  ie  temps 

drs 

de   i.t  montre 
pourchuque 

OIUBSB. 

observalioiis. 

des  ublef. 

ialerTallea. 

interTalle. 

1 6  mai i8o5. 

+   6-"  i6' 

9  ir»2  2  '■ 

At:  &-°4i^ 

Av:  34S43 

16   id.     id. 

+    0..35 

i7Juin    id. 

2  2..      I 

Av  :  5.38 

Av:  i5,  33 

—   5 .  .    3 

8.  .20 

Rel:3.36 

Ret:  24,  44 

■id  id.     id. 

—    I. .27 

I  .  .      2 

Ret :  0. 12 

Ret:  11,08 

2  7    id.      id. 

—   i..i5 

rgjuil.    id.       j 

+   ...55 

-      -i  I  .  .11.         < 

Ret:  3.10 

Ret:     8,67 

+   I. .34 

i 

( 

Ret -.3. 49 

Ret:  10,  44 

On  voit  que  depuis  Manjalli  Tabba  Cotta,  la  marche 
de  la  montre  devint  tres  forte  et  tres  irreguliere,  et 
qu'en  rapportantau  moment  de  lobservation  de  chaque 
eclipse,  le  retard  ou  I'avance  deduite  des  angles  horaires 
du  matin  ou  du  soir,  il  est  indispensable  detenircompte 
de  la  inarche  pendant  I'intervalle,  qui  est  quelquefois 
assez  considerable,  puisqu'il  depasse  17  heures  dans 
I'observation  du  lyjuin,  el  29  heures  dans  celle  du  27. 

Je  vais  porter  successivement  mes  investigations  sur 
chacune  des  longitudes  observees. 


{  94  ) 
Munjalli-  Tahha-Cotta. 

Oil  voit  que  I'observaiion  de  longitude  faite  en  ce 
lieu  nest  consignee  qu'ea  partie  dans  le  journal  de 
Mungo-Paik,  et  qu'apres  avoir  note  I'heure  de  rimmer- 
sion  a  la.  montre,  le  voyagenr  n'a  point  ecrit  les  hau- 
teurs prises  pour  determiner  I'heure  du  lieu,  se  conten- 
tant  d'enoncer  son  resultat.  Ici  done  nul  nioyen  de  con- 
troler  directcment  ce  resultat  ,  ni  de  determiner  la 
rectification  precise  dont  le  calcul  de  I'observaleur  peut 
etre  susceptible;  mais  les  donnees  incompletes  qui  se 
trouvent  consignees  en  cet  endroit  de  sa  relation  suf- 
fisent  du  moins  pour  demonlrer  que  ce  calcul  est  enta- 
che  de  plus  d'une  erreur. 

II  est  en  effeta  observer,  en  premier  lieu,  que  les  i4  '' 
16"' 5i*  transcrites  du  Nautical  almanak  ^  sont  \e  temps 
inoyen  de  Greenwich,  et  non  le  temps  vrai,  comme 
se  Test,  par  megarde  ,  imagine  le  voyageur,  qui  y  a 
des-lors  applique  a  tort  )a  correction  soustractive  de 
Vequation  du  temps.  Si  cette  erreur  etait  la  seule  que 
Park  eut  conuiiise  dans  son  calcul,  il  suftirait,  pour  la 
rectifier,  de  fnire  subir  au  resultat  une  correction  addi- 
tive egaie  a  I'equation  du  temps  qui  a  ete  soustraite, 
c"est-a-dire  de  3"  58*  de  temps  ou  Sp'  3o"  de  degre;  ce 
qui  reporterait  la  longitude  de  Manjalli-Tabba-Cotta  , 
de  i3''9'  45  a  i4'  9'  i5  O.  de  Greenwich,  ou  16°  29' 
1 5"  O.  de  Paris.  Mais  il  est  evident  qu'un  tcl  resultat  est 
inadmissilile  ,  puisque  le  point  auquel  il  s'applique  ,  et 
que  les  dociunens  itineraires  doivent  faire  conclure  a  4o 
milles  environ  dans  le  S.  E,  de  Medynah  de  Oully,  che- 
vaucherait  dans  10.  de  cette  ville,  placee  elle-nieme 
avec  assez  de  precision  a  16"  19'  O.  de  Paris,  ainsi  que 
jel'ai  expose  ailleurs. 


(  95  ) 
L'erreur   relative  a   leqiialion  du   temps    n  est  done 
point    ici    la    seule;  il   en   existe   aussi   necessairement 
dans  la  determination  de  I'avance  de  la  montre  sur  le 
temps  du  lieu. 

Quelle  que  soil  cette  quantite,  dont  le  voyageur  n'a 
point  consigne  le  chiffre  dans  son  journal,  elle  a  ete  ob- 
tenue  en  coniparant  1  heure  que  marquaii  effectivement 
la  montre  a  I  instant  dune  observation  de  hauteur  so- 
laire,  avec  I'heure  conclue  de  cette  menie  hauteur  au 
nioyen  d  un  calcul  dangle  horaire  dans  lequel  intervien- 
nent  comme  elemens  la  deelinaison  soiaire  et  la  latitude 
du  lieu.  Je  suppose  volontiers  que  le  calcul  a  ete  fait 
avec  justesse.  que  la  hauteur  observee  (directenient) 
etait  bonne,  et  que  la  deelinaison  convenablea  ete  em- 
ployee; mais  quant  a  la  latitude  estiniee ,  elle  a  ete  na- 
turellement  deduite  de  la  latitude  observee  a  Faraba  , 
d'o'i  il  suit  qu'elles'est  trouvee  necessairement  entachee 
de  la  nieme  erreur  que  ceMe-ci,  c'est-a-dire  d'un  degre 
environ  en  exces  vers  le  nord. 

II  s'agit  maintenant  d'apprecier  I'influence  que  cette 
erreur  de  latitude  a  du  exercer  sur  Tangle  horaire;  et  ce 
probleme  est  d'autant  plus  difficile  a  resoudre  d'une 
nianiere  satisfaisante  ,  que  Tangle  horaire  est  absolum  nt 
inconnu;  mais  du  moins  ne  somnies-nous  pas  sans  au- 
cun  moyen  de  Testimer  approximalivement;  car  dun 
cote  le  lever  du  soleil ,  et  dun  autre  cote  le  depart  de 
Manjalli-Tabba-Cotta ,  posentles  limites  extremes  entre 
lesquelles  il  doit  se  trouver  :  or  le  soleil  ne  s'est  leve  en 
ce  lieu  ,  le  ly  mai,  qu'apres  cinq  heures  et  demie;  et 
d'autre  part  le  voyageur,  arrive  avant  niidi  a  Bray,  apres 
une  marche  faligante  de  12  milles,  avail  du  partir  de 
Manjalli-Tabba-Cotta  avant  sept  heures  du  matin.  Cest 
done,  selon  toute  apparence,  vers  six  heures  qu'il  prit 


(9^) 
hauteur.  Dans  ces  conditions  un  abaissement  de  latitude 
d  un  degre   doit  augmenter   d  environ  20'   iangle  ho- 
raire,  et  par  suite  diniinuer  de  pareille  quantile  1  avance 
de  la  montre,  ainsi  que  la  longitude. 

Cette  nouvelle  correction  placerait  Manjalli-Tabba- 
Cotta  vers  16°  9'  O.  de  Paris,  a  environ  2'->  niilles  dans 
le  S.  1/4  S.  E.  de  Medynah,  c'est-a-dire  foit  loin  encore 
de  la  position  que  lui  assignent  les  conditions  itinerai- 
res. 

II  en  laut  conclure  que,  outre  les  deux  erreurs  que 
j'ai  pu  signaler,  il  en  existe  encore  quelque  autre  dans 
les  calculs  de  I'observateur,  et  que  I'absence  des  donnees 


que  I 


dont  il  a  fait  emploi  oblige  de  renoncer  a  la  rectification 
du  resultat  par  lui  indique. 

Passage  du  Marigot  des  Aheilles  fBee-creek). 

lei  du  moins  le  journal  du  voyageur  a  heureusenienl 
conserve  toutes  les  donnees  essentiellespour  la  fixation 
de  la  longitude.  On  voit  reproduite  en  cet  endroit  I'er- 
reur  que  j'ai  deja  relevee  quant  a  Li  nature  du  temps  des 
tables  du  Nautical  Ahnanak.  Du  reste  Park  ne  donne 
point  son  calcul  dangle  horaire,  ni  meme  1  henre  du 
lieu  qu'il  en  a  deduilej  mais  il  est  aise  d'y  suppleer  au 
moyen  des  memes  elemens  qu'il  a  employes.  La  hauteur 
nioyenne  resnitante  des  trois  series  d'observations  etant 
de  i3°  4^'  17''  a  6''  '^"'  3o*  de  la  montre,  le  26  mai 
au  soir,  et  la  latitude  observee  etant  de  i3^  32*  45'  N. , 
MuMgo-Park  a  dn  en  conclure  un  demi-angle  horaire 
de  4o°  1',  ce  qui  lui  a  donne,  pour  I'heure  vraie  du 
lieu,  5''   20"  8'. 

Essayons  maintenant,  a  I'aidede  cette  determination 
et  des  autres  donnees  recueillies  par  le  voyageur,  de  re- 


(w ) 

construire  la  serie  d'operations  auxquelles  il  se  sera  llvre 
pour  arriver  a  la  longitude  de  43™  56'  de  temps  a  10. 
de  Greenwich,  que  porte  son  journal.  Voici  incontesta- 
bleoient  quelle  a  du  etre  sa  maniere  d'operer  : 

Heure  viaie  du  lieu  de  I'observation Si'ao"     8« 

Equation  du.  temps —  3 .  .  20 

Heure  moyenne  du  lieu 5.  .16.  .48 

Heure  de  'a  moiitre 6 . .   3 . .  3o 

Avance  de  la  montre  sur  le  temps  du  lieu.  .  .  4(j.  .42 

Avance  sur  le  temps  de  Greenwich 2 . .  46 

Longitude  a  I'ouest  de  Greenwich 43.  .5(i 

Sans  relever  en  detail  les  diff'erentes  rectifications 
dont  le  calcul  de  notre  voyageur  est  passible  dans  ses 
diverses  parties,  je  vais  simplenieiit  resunier  ici  mon 
propre  calcul. 

Les  nioyennes  des  trois  series  de  hauteurs  prises  le 
26  niai  au  soir,  par  une  latitude  que  j'eslinie  a  12"  48' 
N. ,  me  donnent,pourravance  dela  montresurle  temps 
nioyen  du  lieu , 

4711.  55  s 47 '"48' 47"'43» 

Ces  trois  quantites  sont  un  peu  divergentes  j  je  choisis 
la  seconde,  qui  est  a-peu-pres  moyenne  entre  les  deux 
autres  ;  il  y  a  lieu  de  lui  appliquer,  pour  .5  1^  45"'d'in- 
tervalle  jusqu'au  moment  de  I'eclipse,  une  correction 
additive  d'environ  4%  a  raison  d'une  avance  diurne  de 
i5'  1/3. 

Avance  de  la  montre  sur  le  temps  moyen  du  lieu,     o  •'  47  ■"  5a  • 

Heure  de  remersion  d'apres  la  montre i  f .  .  49.  .  16 

Heure  du  lieu  a  I'instant  de  I'emersion i  r .  .    i .  .  24 

Heure  de  Paris  d'apres  la  Connaissance  des  temps 

(temps  moyen) 11.  .59.  .  n 

Difference  des  meridiens,  en  temps 57.  .47 

Longitude  a  I'ouest  de  Paris 14°    26'    45' 


(  9«  ) 

Mungo-Park  a  trouve  la  longitude  tie  ce  point  par 
lo"  59'  O.  (le  Greenwich,  soit  iLI"  ly'O.  tie  Paris;  la 
rectification  dont  ce  resultat  est  passible  s'eleve  done, 
en  definitive,  a  plus  d'un  degie  vers  10. 

Dans  le  calcu!  qui  precede,  j'ai  employe  I'heure  de 
liniinersion  a  Paris,  telle  quelle  est  donnee  par  las  ta- 
bles de  la  Connaissance  rles  temps  ;  elle  offre  un  assez 
haul  degre  de  precision  pour  qu  il  soil  raisonnable  de 
s'en  contenter.  Desireux  toutefois  de  parvenir,  sil  etait 
possible,  a  une  exactitude  plus  rigoureuse,  je  n'ai  point 
neglige  la  recherche  des  observations  du  nieme  pht^no- 
mene  qui  auraient  ete  faites  dans  !es  grands  observatoi- 
res  connus;  mais  j'ai  consulte  sans  fruit  a  cet  egard  les 
additions  de  la  Connaissance  des  temps  ,  et  le  recueil  de 
Maskelyne;  les  Ephenierides  de  Coinibre  ni'ont  seules 
offert  une  observation  isolee,  f'aite  a  Lisbonne  par 
M.  Ciera,  directeurde  I'observatoire royal  de  la  marine, 
et  presentee  comine  douteuse  :  elle  donne  I  emersion  a 
1  ih  lym  24',  temps  vrai  de  Lisbonne,  soit  11''  59'"53*, 
temps  moyen  de  Paris,  ce  qui  porterait  la  longitude 
du  Marigot  des  Abeilles  a  i^'  3y'  i5"  O.  Incertain  sur 
le  degre  de  precision  de  1  observation  sur  laquelle  s  ap- 
puie  ce  resultat,  je  n'ose  le  preferera  celuique  procure 

(0 


I'heure  des  tables,  (i) 


(1)  Une  autre  obseryation  correspondante ,  faite  a  Prague  par 
I'astronoine  David  ,  et  rappor  ee  dans  le  Recueil  d'observations  as- 
tronomi(jues  de  Triesueker,  mais  qui  ne  in'a  ete  conuue  que  parle 
memoire  de  M.  (Jltmanus,  donue  rcmersion  a  ia''5i"'  2y'  temps 
vrai  de  Prague,  soit  1 1^  59°'  48'  temps  moyen  de  Paris,  ce  qui  re- 
porierait  la  longitude  de  Bee-Creek  a  f4°  3j   35"  O. 


(  99  ) 
Fajeininia. 

la  longitude  de  c;e  lieu  n'a  poinl  ete  calculee  par  I'ob- 
seivateur,  ni  par  personne  autre,  que  je  sache,  l)ien 
que  tous  les  elemens  necessaires  soient  consignes  dans 
le  journal.  Voici  le  resume  de  mon  operation. 

Les  nioyennes  des  Irois  series  de  hauteurs  prises  le 
i8  juin  au  soir,  par  une  latitude  que  jeslime  a  12°  48' 
N. ,  medonnent,  pour  lavancede  ia  montresur  ie  temps 
nioyen  de  Fajemmia,  ■■••^"■ 

47""  o^ 46"'  57" 4()U>  42". 

Laissant  de  cote  la  troisieme,  qui  s'eloigne  beaucoup  des 
deux  autres,  je  conclus  de  celles-ci  une  nioyenne  de 
46'"  58%  qu'il  y  a  lieu  d'augrnenter  de  i8^  pour  ij  '' 
22""  dintervalle  depuis  I'instant  de  leclipse,  a  raison 
dun  retard  diurne  de  24'  1/2. 

Avaiice  de  la  montre  sur  le  temps  moyen  du  lieu,     o''  47  "'  iii» 
Heure  de  reniersion  suivant  la  montre i3.  .    (i.  .  i5 

Heure  dc  Fajemmia  a  I'instant  de  I'emers'on ...    1 2  .  .  1 8 .  .  5g 
Heure  de  Paris  d'apr6s  la  Connaissance  des  Cemps .    1 3  .  .  i o .  .  3a 

Difference  des  meridiens ,  en  temps 5 1 .  .  3  ', 

Ijongitude  a  I'ouest  de  Paris 12"    53'     i5" 


Dans  le  but  de  substituer  a  I  heure  calculee  des  tables  , 
1  heure  donnee  par  des  observations  correspondantes, 
j  ai  releve  celles  que  j  ai  trouve  consignees  dans  les  re- 
cuoils  les  plus  accredites,  et  choisissant  celles  qui  m'ont 
paru  presenter  le  plus  de  garant  es  ,  je  me  suis  borne 
aux  trois  suivantes,  savoir  : 

1°  Vneexcellente  observation  faite  a  I'observatoire  de 
Viviers,  par  M.  Flaugergiies ,  correspondant  de  I'lnsti- 
tut,  et  donnant  I'heure  de  I'emersion  a  i3''    19"'   4^% 


('     lOO    ) 

temps  inoyeri  de  Viviers,  soil  i'5^  lo'"  19*  temps  moyen 
de  Paris; 

2"  Une  bonne  observalion  faite  a  Lisbonne  par 
M.  Ciera,  et  dormant  I'lieure  de  lemeisioii  a  12I1  23™46* 
temps  vrai  de  Lisbonne,  ce  qui  revient  a  iZ^  10°  16* 
temps  moyen  de  Paris; 

3"  Une  observation  faite  a  Coimbre  par  le  reli<^ieux 
Fray  Luiz  do  Coracao  de  Maria,  I'un  des  astronomes  at- 
taches a  I'observatoire  de  celte  universite  celebre  ,  et 
doniiant  I'heure  de  Temersion  a  12''  2^™  17'  temps 
rtioyen  de  Coimbre,  correspondant  a  i3''  10'"  16' temps 
moyen  de  Paris. 

De  ces  trois  observations  concordantes,  j'ai  conclu 
une  heure  moyenne  de  i3''  10'"  18'.  La  longitude  de 
Fajenmiia,  rectifiee  a  I'aide  de  cette  nouvelle  base,  est 
de  12"  49'45''0. 

Konkromo. 

Dans  ce  lieu,  Miin go-Park  a  observe  deux  emersions, 
I'une  du  premier,  I'autre  du  second  satellite  de  Jupiter, 
et  pour  cliacune  il  a  renouvele  I'erreur  que  j'ai  deja  ite- 
rativement  signalee  dans  ses  premiers  calculs,  sur  la  na- 
ture du  temps  donne  par  les  tables  du  Nautical  J Ima- 
nak.  Quant  aux  operations  par  lesquelles  ii  a  j)u  airiver 
a  une  longitude  de  8"  6'  O.  de  Greenwich  (10''  26'  O. 
de  Paris),  j'avoue  que  mon  intelligence  ne  pent  parve- 
nir  a  s'en  rendre  compte.  Au  surplus,  voici  mes  propres 
resul^ats: 

Emersion  du  premier  satellite,  le  afi  juiu,  ;>  la 

montre 9  ''  aO  "  ao  • 

Suivant  la  Connaissance  des  temps 9..34..13 


Retard  de  la  montre  sur  le  temps  moyen  de  Paris.  7  .  .  53 


(  loi  ) 
Cette  obsei'vation  ayant  ete  faite  3  h.  55  m.  apres  celle 
des  hauteurs  pour  Tangle  horaire,  se  trouve  entachee 
du  retard  proportionnel  afferent  a  cet  intervalle  dans  le 
retard  diurne  de  24*  1/2 ;  il  y  a  done  lieu  d'ajouter  4* 
a  Iheure  de  la  montre,  ce  qui  reduit  le  retard  de  celle- 
ci  sur  le  temps  de  Paris,  a  7""  49*- 

Emersion  du  deuxieme  satellite,  le  27  juin,  a  la 

montre ii'>  25™55» 

Suivant  la  Connaissance  des  temps 1 1  .  .  34 .  .    o 

Retard  de  la  montre  sur  le  temps  moyen  de  Paris.  8  .  .    5 

Cette  deuxieme  observation  ayant  eu  lieu  ^cj^  46"" 
apres  celle  des  hauteurs  pour  I'angie  horaire,  doit  etre 
corrigee  du  retard  proportionnel  afferent  a  cet  inter- 
valle, a  raison  dun  retard  diurne  de  ii^j  il  faut  done 
ajouter  i4'«^  Iheure  de  la  montre,  ce  qui  reduit  le  re- 
tard de  celleci  sur  le  temps  de  Paris,  ay"  5i'. 

Les  moyennej  des  trois  series  de  hauteurs  prises  le 
26  juin  au  soir,  par  une  latitude  de  i?>°  I'j'  26"  N. 
(observee  a  Secoba  sur  le  meme  parallele),  donnent 
pour  I'avance  de  la  montre  sur  le  temps  nioyen  deKon- 
kromo , 

4 am  ^« ^i  m  58  » ^2  "•  o». 


1  = 


Avance  moyenne o'"   42 

Retard  moyen  sur  le  temps  de  Paris 7  , .  5o 

Difference  totale  des  meridians 49""  5i  • 

Longitude  a  I'ouest  de  Paris 12°    27'    45" 

Je  n'ai  trouve  d'observations  correspondantes  que 
celles  notees  ci-apres,  savoir: 

Pour  I'emersion  du  premier  satellite  ,  le  26  juin,  une 
bonne  observation,  faite  a  Paris  par  M.Bouvard,  membre 
du  bureau  des  longitudes,  el  donnant  9^  33.11  3^*^  ^^ 


(    ^l^1 


une  observation  cle  M.  Cii'ia,  cle  Lisboniie,  donnant 
8''  4^"'  i^'  temp*  vrai  de  Lisbonne,  ce  qui  revient  a 
q''  33'"  3 1'  icinps  moyen  de  Paris;  dou  i'ai  coiicbi  I'bcure 
nioyeiine  de  y''  33"  33' ; 

Pour  lenjersion  du  deuxieiiie  satellite,  le  2.y  juin,  line 
excellente  observation  de  M.  Flaiigergues,  de  Viviers  , 
donnant  ii''42'"  54'  temps  moyen  de  Viviers,  soit 
III*  33"  3i'  temps  moyen  de  Paris. 

En  faisant  usage  de  ces  donnees  au  lieu  de  celles  que 
m'ont  fournies  les  tables  de  la  Connaissance  des  temps , 
la  longitude  reclifiee  de  Konkromo  se  trouvera  par 
12°  19'  I  5". 

La  correction  applicable  a  la  longitude  calculee  par 

Mungo-Park    s'eleve  done  ici  a  pres  de  2  degres  vers 

louest. 

Passage  du  Ba-WouUma. 

En  cet  endroit  encore,  deux  emersions  ont  ete  ob- 
servees,  et  cette  fois  du  moins  le  voyagetir  n'a  point 
commis  sa  meprise  ordinaire  sur  le  temps  du  Nautical 
almnnak.  Mais,du  reste,  ici  coinme  a  Konkromo ,  j'ai 
fait  des  efforts  superflus  pour  deviner  comment,  aver 
les  donnees  qu'il  enonce,  Mungo-Park  est  arrive  a  une 
longitude  de  5^  o'  x3"  O.  de  Greenwich  (7"  20'  i3"  O. 
de  Paris). 

Ainsi  que  je  I'ai  fait  pour  les  observations  precedentes, 
je  place  ici  le  resume  de  mon  propre  calcul : 

Emersion  du  troisifeme  satellite  do  » 

Jupiter,  .i  la  montre g^  ,5  m  ig  •    v       i  i  ■"  i5« 

Suivant  la  Connaissance  des  temps.  .      9.  .3fi.  .33      ) 

Emersion  du  premier  satellite,  a  la 

montre 9 .  .  36 .  .  i  o      )      it      5.i 

SuivSint  la  Connaissance  des  temps  .      9..4S..    4      ) 


Retard  mojen  de  la  montre  sur  le  temps  de  Paris,       11.  .34 


(    lo.)  ) 

Ces  deux  observalions  out  etc  failes  9''  47'"  t^t  9  '' 
36""  avant  celle  des  hauteurs  pour  I'angle  horaire ;  la 
inarche  de  la  montre  offrant  un  retard  diurne  uioyen 
de  9'  1/2,  c'est  a-peupres  4^  qui'  f^"t  retrancher  de 
I'heure  de  la  montre,  ou  ajouter  a  son  retard  moyen 
sur  le  temps  de  Paris,  ce  qui  porte  ce  retard  a  1 1™  38*. 

Les  moyen nes  des  quatre  series  de  hauteurs  prises  le 
20  juillet  au  matin,  par  une  latitude  observee  de  i4"  2' 
23"  N.,  donnent  pour  I'avance  de  la  montre  sur  le  temps 
moyen  du  lieu, 

35m  23,3. 35"  i3». -35™  i',7 34"'59». 

On  voit  que  la  seconde  de  ces  quantites  est  a  rejeter ;  les 
trois  autres  produisent  une  moyenne  de  35'"  i\ 

Avance  de  la  montre  sur  le  temps  rlu  lieu  ....      o  '>  35  "•  i' 
Retard  moyen  sur  le  temps  de  P.nris 1 1 .  38 

Difference  totale  des  meridiens 46n'39' 

Longitude  a  I'ouest  de  Paris 11°    39'45" 


Les  observations  correspondantes  a  celle  du  troi 
sieme  satellite,  que  m'ont  offertes  les  Ephcmerides  de 
Coimbre,  et  les  Additions  de  la  Connaissance  des  temps  ^ 
presentent  entre  elles  des  divergences  qui  vontjusqu'au- 
dela  d'une  minute;  les  unes  donnent  I  heure  de  I'emer- 
sion  moindre  que  celle  des  tables,  les  autres  la  donnent 
plus  forte;  aucune,  au  surplus,  nest  recommandee  a  la 
confiance  par  quelque  annotation  de  I'observateur :  je 
n'hesile  done  pas  a  maintenir  I'heure  des  tables  comme 
offrant  plus  de  chances  d'exactitude. 

Quant  a  Fetnersion  du  premier  satellite,  les  observa- 
tions correspondantes  que  j'ai  recueillies  aux  memes 
sources,  concordent  mutuellement  a  quelques  secondes 
pres,  et  donnent  sans  exception  I'heure  moindre  que 
ceile  des  tables  :  une  correction  en  ce  sens  sera  done 


(  »«>4  ) 

ici  pleinenient  justifiee.  Je  choisis ,  conime  offrant  la 
nioyenne  a-peu-pres  exacte  de  toutes  ces  observations, 
I'heure  de  9''  4"°  26'  ohtenue  a  I'observatoire  de  Paris 
par  M.  Arago. 

En  reprenant  nion  calcul  pour  y  taire  eniploi  de  cette 
nouvelle  donnee,  j'arrive  a  line  longitude  rectifiee  de 
11°  35'  i5"  O. ,  pour  le  passage  du  Ba-VVoulinia. 

Ici  la  correction  vers  I'ouest  a  taire  subir  a  la  deter- 
mination de  Mungo-Park,  est  enorme  :  on  voit  qu'elle 
atteint  qiintre  degres  et  nn  quart  I.... 

En  resume  les  corrections  que  j'ai  fait  subir  aux  lon- 
gitudes observees  par  Mungo-Park,  produisent  les  re- 
sultats  suivans  : 

Marigot  des  Abeilles 14°  26'  45"0.  de  Paris. 

Fajemniia 12.49-45 

Konkromo la.ig.iS 

Ba-Oulima ii.35.i5 

Ces  chiffres,  loin  d'etre  dementis  par  les  documens  iti- 
neraires,  s'accordent  au  contraire  sans  embarras  avec 
leur  construction  raisonnee  telle  que  je  I'ai  exposee 
dans  un  autre  travail. 

Je  m'arrete.  J  ai  accompli  la  tache  que  je  m'etais  pro- 
posee  dans  ce  memoire  particulier  :  j'y  ai  reforme  tous 
les  calculs  vicieux  qui  abondent  dans  la  portion  astro- 
riomique  du  dernier  voyage  de  Mungo-Park  en  Afrique; 
j'ai  opere  1  indispensable  triage  des  observations  admis- 
sibles  et  de  celles  qui  doivent  etre  reprouvees. 

J'ai  ainsi  restitue  a  la  science  un  document  precieux, 
qui  demeurait  perdu  pour  elle  sous  la  croute  d'erreurs 
dont  I'ignorance  et  la  routine  le  raaintenaient  enveloppe. 

*A 


(  io5  ) 


Voyage  dans  Vinteriew  de  la  Guyane ,  par  MM.  Adam 
DE  Bauve  et  P.  Ferre. 

Suite,   (i) 

Les  carbets  ou  cases  ne  manquent  pas  d'elegance  : 
ils  sont  eleves  de  i5  a  ?,o  pieds,  et  quelquefois  plus, 
au-dessus  du  sol.  Lacouverture  est  bombee,  et  presque 
toujours  en  feuilles  de  ouaille  ( espece  de  palmiste )  ; 
elle  est  reniarquable  par  sa  legerete.  D'autres  carbets 
peu  eleves  entourent  la  case  principale.  II  y  en  a  ordi- 
nairement  un  qui  sert  a  recevoir  les  etrangers ;  dautres 
a  grager  le  manioc,  a  loger  les  chiens,  etc.  Une  quan- 
tite  de  ravets  et  de  petites  mouches  desolent  la  plupart 
des  etablisseniens  :  elles  entrent  dans  les  yeux,  et  redou- 
blent  d'iinporlunite  a  I'heure  des  repa.s.  Les  Oyampis, 
quoique  frequemment  dans  I'eau ,  n'en  sont  pas  nioins 
en  proie  a  la  vermine.  Rien  nest  plus  degoutant  que  de 
les  voir  assis  par  rang  de  taille,  s'epluchant  mutuelle- 
ment.  Les  poules  sont  tres  nombreuses ;  nous  n'avons 
pu  savoir  d'ou  elles  proviennent.  Toujours  estil  que, 
dans  leurs  habitudes,  elles  different  essentiellement  des 
especes  domesliques,  n'ayant  qu'une  saison  pour  pon- 
dre.  II  est  rare  de  ne  point  trouver  chez  chaque  Indien 
beaucoup  d'animaux  prives,  tels  que  hocos,  agamis , 
marailles,  coullouirs  ,  perroquets  de  diverses  especes, 
haras  ,  etc.  On  y  voit  aussi  des  patiras  et  des  maij  pou- 
ris,  mais  plus  rarement. 

Outre  les  soins  du  menage,  I'entretien  des  abatis,  les 
femmes  font  aussi  les  hamacs,  les  calimbes  de  coton  de 

(i)  Voir  les  numeros  126  et  127  de  la  premiere  s^rie. 

8 


V  (  io(>  ) 
leurs  maris  :  elles  filent  le  cototi  avec  une  espece  de 
quenouille.  Elles  soiit  aiissi  chaigees  d'aller  chercher 
le  glbier  que  leur  mari  a  tue  ,  souvent  a  de  grandes  dis- 
tances. Lear  condition  est  un  esclavage  dont  rien  n'a- 
doucit  la  rigueur. 

Les  Oyampiscultivent  aussi  une  variete  de  ma'is  dont 
les  grains  sont  jtimeles  et  de  couleur  ^iolette. 

An  fond,  le  caractere  de  ces  Indiens  n'est  point  me- 
diant. Dans  I'ivresse,  ils  deviennent  lurieux  et  sont 
capahies  de  se  porter  aux  plus  grands  exces ;  mais,  ce 
moment  passe,  ils  sont  tres  doux.  Us  ne  sont  nullement 
enclins  au  vol.  Ils  n'ont  point  de  portes.  Leurs  cases 
sont  toujours  ouvertes.  Nous  avons  souvent  laisse  a  la 
disposition  deceux  chez  lesquels  nous  passions  des  ob- 
jets  a  leur  convenance,  jamais  rien  ne  nous  a  ete  derobe, 
nieme  apres  avoir  refuse  I'objet  qu'on  nous  demandait. 
Le  seul  individu  dont  I'importunite  serait  a  charge,  s'il 
avait  quelque  puissance  ,  est  ce  Wananicka,  dont  j'ai 
pirle.  Tier  d'avoir  ete  nomme  capitaine  par  le  baron 
Milius,  il  sut  pendant  quelque  temps  se  rendre  redou- 
lable  a  ses  voisins.  Ayant  recu  en  present  des  armes  et 
de  la  poudre,  il  s'etait  porte  a  des  exces  qui  eloignerent 
les  Indiens  de  lui.  La  crainte  qu'il  leur  avait  inspiree  fut 
telle,  qu'ils  prefererent  le  fuir,  n'osant  Ic  punir,  le 
croyant  appuye  par  les  blancs.  Ce  miserable  assassina, 
entreautres,  un  Portugais  blanc  ,  refugie  dans  linte- 
rieur,  ou  il  etait  marie  et  avait  des  enfans,  d'apres  des 
ordres  qu'il  avait,  disait-il ,  recus.  Peu  de  temps  avant 
notre  arrivee,  il  avait  chez  lui  deux  negres  qu'il  avait 
arretesj  il  s'en  faisait  servir.  Craignant  qu'on  n'cn  fiit 
informe  a  Oyapock,  il  leur  procura  le  moyen  dt^  se  reti- 
rer  dans  les  terres.  On  n'a  pu  me  dire  positivement  ce 
qu'ils  etaient  devenus^  peut-etre   font-ils   partie  d'une 


(   »07  ) 
bande  dont   nous  avons   eu   connaissance ,  et  dont  je 
parlerai  plus  tard. 

De  la  langue  Oyampis. 

Cette  langue  est  pauvre,  conime  toutes  celles  des 
peuples  qui  ont  peu  d'objets  a  exprimer.  Les  voyellesy 
sont  tres  frequentes.  Les  substantifs  et  les  adjectifs  y 
sont  indeclinables ,  sans  difference  de  sin^ulier  ou  de 
pluriel.  Les  verbes  sont  invariables  dans  tous  les  temps. 
La  prononciation  est  rude  et  gutturale. 

Les  noms  de  nombre  ne  s'elevent  pas  au-dessus  de 
cinq ,  qui  sont  : 


Pessou 

Un. 

Moncongue 

Deux. 

Mapour 

Trois. 

Moypente 

Quatre 

Jateute 

Cinq. 

Pour  exprimer  des  nombres  plus  forts  qui  cependant 
ne  passent  jamais  dix,  ils  montrent  leurs  doigts. 

Voici  un  vocabulaire  de  quelques-uns  des  principaux 
mots  de  cette  langue  qui  pourra  en  donner  une  idee  ; 


Teco 

Homme. 

Acantara 

Plumages,  tours 

Waimi ,   erare- 

de  t^te. 

couara , 

Femme. 

Massacara 

Poules. 

Massi,  erayeure 

Enfant. 

Paira 

Arc. 

Couarai 

Soleil. 

F.  Ourapara 

Flfeches. 

Jari 

Lune. 

Petemma 

Tabac. 

Caritata 

Etoile. 

Cassourous, 

Occa,capouia, 

Case,  carbet, 

moura , 

Collier  deverre. 

Caabe 

Bois. 

Wiwi 

Hache. 

Meiou 

Cassave. 

Maria 

Couteau. 

Mandioca 

Manioc. 

Pira 

Poisson. 

Anianiou 

Colon. 

Harara 

Hara. 

Enimopoii 

Coton  file. 

Coiire 

Perroquet. 

8. 

(  'o8) 


Periti 

Perrache. 

Erendonra 

Mentoh. 

Ivara 

Canot. 

Erendou 

Barhe. 

lawar 

Chien. 

Eratoup^ 

Joues. 

Ku 

Eau. 

P.  Epirere 

Peau. 

I'^poimiai-ievai 

Paieineiit. 

Eracope 

Ventre. 

Icatoii 

Bon. 

Epossi-a 

Poitrine. 

Nicatou 

Mi'chani. 

Tou^ 

Sang. 

Franclii 

Uu  blanc 

Erahvere 

Veines. 

Oussirao 

Liane. 

Taccourourou 

Os. 

laippe 

Haziers. 

Janeppo 

Main. 

E'iboura 

Grand  bois. 

Epp6  amp^ 

Pouce. 

Thor 

Oi.i. 

Eppo 

Doigts. 

Nani 

Non. 

Eioupaou.i 

Bras. 

Mol 

Serpent. 

Siribinna 

Coudes. 

Eoii 

Biche. 

Eoubacouan 

Jambes. 

Copei 

Bonjour. 

Diribinnii 

Genoux. 

Ocket 

Bonsoir. 

Eppo  cape 

Pieds. 

Hang 

Ceci ,  cela. 

Assoussous 

Seins. 

Coromoii 

Plustard,tant6t. 

Tappe 

Dos. 

Tilla 

Hamac 

Erdmo-eparassi 

Parties  naturel- 

Camisa 

Toute  espece  de 

les  de  rhomme 

vetement. 

et  de  la  femme. 

Caspar 

Sabre. 

Er^mii 

Manger. 

Toupan 

Tonnerre. 

riwoye 

Avoir  soif. 

Ai^gan 

Hyver,  grandes 

Occa6 

Boire. 

pluies. 

CAvi  .i  a 

Allerj 

Eacan 

T6te. 

16  javerao 

Chasser. 

OEreJi 

OEil. 

Opotare 

Vouloir. 

Erapopiraoua 

Paiipi^res. 

I carave 

Etre  malade. 

Eiapouacan 

Tempes. 

Erendou  a 

Cracher. 

Yanissi 

Nez. 

NaetJ 

Pecher. 

Eccouroii 

Bouche. 

lae  iapi  naeti 

A  Her  a  la  p^che. 

Eremb6 

Levres. 

Aye  toupi  e 

Comment  appe- 

Eraimbire 

Gencives. 

lez-Tous  cela  ? 

Erraim 

Dents, 

Mama  e  hang 

Quel  est  cet  hom- 

Nambi 

Oreilles. 

teco 

me  ? 

Eccou 

Langue. 

I  apotare  ayem^ 

Eracout^ 

MSchoire. 

hang 

Donne  ce  fruit. 

Euouroucaouar 

Gorge. 

Je  pense  qu'il  serait  inutile  de  donner  ici  des  exeni- 


(  »o9  ) 
pies  qui  ne  seiviraient  qua  prouver    riinniulabilite  des 
temps  des  verbes  ,  des  adjectifs  et  des  substantifs. 

Les  noms  propies  sont  toujours  des  noms  darbies 
ou  d  animaux. 

Suite  de  Vltineraire. 

Decembre.  Le  3o,  M.  Ferre  se  trouva  assez  bien  re- 
tabli  pour  que  nous  pussions  reprendre  notre  explora- 
tion. Jose  Antonio  ne  se  ressentait  plus  de  sa  nialadie. 
Notre  intention  etait  de  reconnaitre  d'abord  les  sources 
de  rOyapock.  Nous  fumes  obliges  d  abandonner  nos  ca- 
nots  un  pen  au-dessus  de  la  Crique-Acao. 

Nous  primes  notre  direction  ouest-quart-nord ,  et 
cotoyames  ainsi  la  riviere,  que  nous  longlons  a-peu- 
pres,  pendant  six  journees.  Le  chemin  est  afTreux,entie- 
coupe  de  marecages  profonds  et  de  hautes  montagnes  , 
que  nous  gravissions  avec  peine.  Nos  Indiens  porteurs, 
quoique  peu  charges  ,  fatiguaient  beaucoup. 

Janvier  i83i.  Le  ^,  nous  tombames  sur  un  etablisse- 
ment  assez  considerable  ,  vers  niidi.  Nous  nous  y  re- 
posames  le  restede  la  journee. 

8.  Nous  reniarquames  plusieurs  traces  d'etablisse- 
mens  abandonnes  depuis  quelques  annees.  On  ne  dis- 
tingue, en  traversant  ces  immenses  torets,  que  quelques 
especes  de  bois  qui  y  sont  rassembles  par  families;  ce 
sont  le  bois  bagot,  qui  est  tres  commun  et  un  des  plus 
beaux  bois  de  couleur  de  la  colonie,  les  wapas,  des  ce- 
dres,  quelques  mahots,  le  reste  bois  mous;  ce  qui  n'est 
pas  surprenant,  car  le  sol  ne  se  compose  que  de  gros 
graviers,  et  meme  en  des  endroits  sans  aucune  appa- 
rcnce  d'humus(les  marecages  exceptes),  surtout  au  som- 
met  des  montagnes,  la  le  bois  est  tres  clair  ,  et  meme 


(  »'o) 
rare.  A  la  base  des  montagiies  ,  avant  d'entrer  dans  les 
marecages,  on  rencontre  ca  etia  quelques  pieds  desalse- 
pareille(i),  niaisdeniauvaise  venue,  car  ellene  se  trouve 
en  abondance  que  dans  les  terres  noires  et  grasses; 
ceiles  que  nous  parcourions  etaient  graTeleuses  ou 
argileuses  et  tres  fortes.  Nous  finies  balte  a  4  heures. 

g.  Nous  partinies  a  six  heures  du  matin.  Memc  sol , 
meine  route,  de  tres  hautes  montagnes  escarpees  a  Test, 
pente  douce  a  I'ouest;  le  sol  s'eleve  prodigieusenient, 
I'escarpement  d'un  cole  a  Test,  et  la  pente  douce  de  I'au- 
tre  a  I'ouest  le  prouventsuffisamnient.Nous  entendions 
souvent  le  bruit  des  barreset  cascades  de  la  riviere,  qui 
n'etait  qu'a  une  petite  distance.  Nous  la  vimes  memo 
plusieurs  fois  roulant  dans  un  lit  resserre  avec  la  rapi- 
dite  et  le  fracas  dun  torrent. 

Nous  fimes  halte  a  trois  heures  et  demie  au  has  d'une 
montagne,  au  pied  de  laquelle  coiile  une  crique,appe- 
lee  par  les  Indiens  Tuatou,  ce  qui  signifie  courte.  Elle 
ne  parcourt,  en  effet,  qu'un  tres  petit  espace,  et  se  jette 
dans  rOyapock.  Nous  y  primes  quelques  carpes  et  quel- 
ques aymaras. 

lo.  Nous  traversames  des  marecages  profonds ,  et 
notre  route,  qui  n'avait  pas  depasse  I'ouest-quart-nord, 
changea  sur  les  onze  heures  et  tomba  jusqu'au  nord- 
ouest,  et  meme  nord-quart-ouest.  Dans  quelques  en- 


(i)  La  salsepareille  presente  une  ronce  triangulaire  qui  serpente 
au  loin  ou  quelquefois  grimpe  sur  les  arbres.  Ses  racines  ou  clieve- 
lues  s'etendent  lateralement  a  une  distance  de  sept  a  huit  pieds.  Ce 
sont  ellcs  qu'on  arraclie,  et  qui  sent  livrees  au  commerce.  Un  pied 
peut  donner  quatre  a  cinq  livres.  Cette  plante  a  en  outre  un  pivot 
qui  s'enfonce  a  une  grande  profondeur,  et  qui  sert  a  la  reproduction 
des  racines  laterales. 


( !«' ) 

droits  de  ces  marecages,  le  chemin  etait  plus  eleve  et 
ressemhiait  assez  a  uiie  digue.  Vers  deux  heures ,  nous 
nous  trouvames  sur  lesbords  de  la  riviere,  et  nous  vinies 
non  loin  de  la  un  saut  assez  considerable  dont  nous  eti- 
tendions  le  bruit  depuis  environ  une  lieure.  Nous  la 
cotoyames  sans  la  perdre  de  vue  pendant  une  heure  et 
demie,  et  remarquames  la  encore  I'elevation  du  sol  a  la 
grande  quantite  de  barres  et  de  roches  que  nous  recon- 
niimes  durant  cet  espace  de  temps.  Nous  rentrames 
dans  le  bois,  marchant  nord  ouest  et  meme  ouest-quart- 
nord.  Apres  deux  heures  de  raarche ,  nous  rencontra- 
mes  une  riviere  sur  les  bords  de  laquelle  les  Indiens 
entretiennentdes  carbets,car  ils  yviennent  souventeni- 
vrer  le  poisson.  Cette  riviere  s  appelle  Tacuande.  Elle 
est  assez  considerable,  et  a  son  embouchure  beaucoup 
plus  large  que  ne  lest  I'Oyapock  a  cet  endroit;  elle 
parcourt,  dit-on  un  assez  grand  espace.  La  nous  passa- 
mes  la  nuit. 

II.  Nous  explorames  la  riviere  Tacuande  jusqu'a  onze 
heures.  Elle  est  tres  encaissee.  Apres  un  dejeuner  ou 
du  poisson  sec  nous  tint  lieu  de  pain,  car  nous  ne  pou- 
vions  jamais  avoir  avec  nous  une  forte  provision  de 
cassave,  nous  reprimes  notre  route  ouest-quart-nord, 
et  sur  les  deux  heures  nous  traversAmes  a  gue  le  Ta- 
cuande, qui  fait  des  detours  considerables.  Nous  gra 
vimes  deux  des  plus  hautes  montagnes  que  nous  eus- 
sions  encore  rencontrees.  Du  sommet  de  la  plus  elevee, 
nous  apercumesau  sud  le  Tacuande  ,  qui  serpentait  au 
loin  et  paraissait  former  de  temps  en  temps  de  grands 
bassins  entoures  de  montagnes  que  nous  estimames  a 
environ  quatre  lieues  de  nous ,  et  qui  s'etendaient  en 
demi-circulaire,  depuis  le  sud-est  jusqu'a  I'ouest  de  no- 
tre position.  Nous  crumes  d'abord  que  le   Tacuande' 


(  "O 

prenait  sa  source  an  sud  ,  dans  ces  montagnes  ;  niais  i\ 
en  etait  autrement,  ce  dont  nous  nous  sonirnes  assures, 
car  cette  riviere  revient  un  peu  avant  ces  montagnes, 
jusqu'au  nord-ouest ,  a  une  journee  environ  du  lieu  ou 
nous  etions  ,  retourne  a  Test  et  prend  sa  source  sur  le 
revers  meme  de  ces  niontasnes.  Nous  aurons  occasion 
d'en  reparler.  Le  soir  meme,  nous  traversamcs  encore 
deux  fois  le  Tacuande,  et  nous  nous  arrelamos  a  cincj 
heures,  dans  un  endroit  ou  i!  y  avail  beaucoup  de  ca- 
caos. 

12.  Apres  une  matinee  penible,  nous  decouvrimes 
vers  onze  heures  un  etablissement.  Nous  avions  be- 
soin  de  nous  reposer  et  nos  Indiens  aussi.  Nos  botes 
n'avaient  jamais  vu  de  blancs  chez  eux;  ils  ne  pouvaient 
revenir  de  leur  etonnement  et  s'enquerraient  avec  in- 
quietude du  sujet  de  notre  voyage.  Eux-memes  coni- 
muniquaient  rarement  avec  les  Indiens  de  I'Oyapock  el 
etaient  fort  mal  pourvus  d  outils.  Aussi  parvinmes-nous 
a  les  apprivoiser  promptement,  en  leur  donnant  quel- 
ques  couleaux  et  quelques  siibres,  en  echange  desquels 
jls  nous  apporterent  de  la  cassave  et  du  poisson  bou- 
cane  dont  ils  avaient  une  assez  grande  quantite.  Leurs 
cases  etaient  aussi  garnies  d'immenses  jarres  remplies 
de  cachiri. 

1 3.  Nous  laissames  une  partie  de  nos  gens  sur  I'eta- 
blissement  oii  nous  devious  revenir  prendre  des  vivres, 
et  nous  partimi;s  a  sept  heures  du  matin  avec  deux  des 
Indiens  du  village,  pour  continuer  notre  exploration  de 
I'Oyapock.  Nous  marchames  exactement  nord.  An  bout 
de  trois  heures  de  marche,  nous  arrivanies  sur  les  bords 
de  la  riviere,  qui  en  eel  endroit  n'est  qu'un  ruis- 
seau.  Nous  la  lungeames  par  le  bois.  Les  bords  en  sont 
impraticables.  De  temps  en  temps ,  elle  forme  des  has- 


(  1^3  ) 
sins  assez consideiables  ,  mais  pen  profonds.  Les  banes 
et  cascades  sont  plus  eloignties,  mais  aussi  plus  elevees. 
Nous  traversames  1  Oyapock  deux  fois  sur  les  roches. 
Enfin  ,  a  quatre  heurcs,  nous  nous  arretames  el  assi- 
nies  nos  piquets  sur  un  Immense  plateau  forme  d  une 
seule  roche.  Le  matin,  nous  fiimes  surpris  de  voir  beau- 
coup  de  poissons  que  nos  Indiens  avaient  fleches  pen- 
dant la  nuit. 

i4-  Nous  remontames  encore  jusqu'a  huit  heures 
le  long  de  la  riviere;  la  nous  reconni^mes  qu'il  etait 
inutile  d  aller  plus  loin;  en  effet,  1  Oyapock  se  partage 
en  une  multitude  de  branches  ou  criques.  II  faudrait  le 
temps  des  grandes  eaux  pour  reconnaitre  son  cours 
principal.  La  fin  dejuin  ou  le  commencement  de  juillet 
serait  1  epoque  favorable  pour  cette  expedition  ,  on 
pourrait  menie  alors  se  servir  de  petites  embarcations. 
Nous  revinmes  sur  nos  pas  ,  et  le  i5  au  soir,  nous  ral- 
liames  I'etablissement  ou  nous  avions  laisse  nos  gens. 

i6.  Nous  sejournames  pour  prendre  nos  vivres  et 
des  guides  qui  nous  etaient  necessaires  pour  les  che- 
mins  que  nous  devions  parcourir,  qui  etaient,  nous  di- 
sait-on ,  diffioiles  et  meme  dangereux.  Une  plus  longue 
exploiation  des  bords  de  I'Oyapock  en  cette  saison  de- 
venant  inutile  ,  je  voulais  gagner  I'Ynipocko  ,  dont  j'a- 
vais  entendu  parler  lors  demon  excursion  a  Agamiware. 

17.  Nous  nous  mimes  en  route  a  huit  heures,  passa- 
mes  le  Tacuande  a  onze.  En  traversant  des  montagnes, 
Jose  Antonio  me  fit  remarquer  le  bois  Coumarou.  C'est 
un  arbre  fort  grand,  son  ecorce,  grisatre  et  ral)oteuse, 
a  le  gout  de  Famande  amere.  Les  Bresiliens  en  retirent 
une  essence  fort  estimee.  A  trois  heures  ,  nous  tomba- 
mes  sur  une  habitation  ou  il  yavait  environ  cinquante 
individiis.  La   nous  apprimes  qu'a  peu  de  distance    se 


(  "4  ) 

trouvait  urie  etablissement  de  iiiulalres  et  dc  negres 
niarons.  Les  Indietis  n'en  parlaient  qu'avec  terreur.  lis 
vivaient  de  rapines,  souvent  nieiiie  ils  enlevaieiil  des 
fenimes.  Nous  ne  primes  savoir  d'oii  ils  provenaient ,  ni 
eire  fixes  sur  'eur  nombre;  mais  d  apres  les  donnees 
que  nousa.vons  recueillies  ,  nous  presunions  qu'ilspeu- 
vent  elre  douze  a  quinze. 

iS.JNoiis  primes  a  six  heures  le  cliemin  des  monta- 
gnes,  niarchant  toujours  nord-ouest.  Jusqu'a  onze  heu- 
res, nous  ne  fimes  que  monter  et  descendre.  Dans  les 
marecages,  nous  avions  souvent  de  I'eau  jusqu'a  I'esto- 
mac  et  presque  toujours  aux  genoux.  Nous  nous  arre- 
tames  a  niidi  au  pied  d'une  monlagne  pour  prendre 
quelque  nourriture  et  nous  reposer ;  nos  gens  etaient 
excedes.  Les  Indiens  sont  bons  marclieurs  et  font  de 
longues  traites,  mais  pour  pen  qu'ils  soient  charges,  ils 
se  fatiguent  promptenient,  ce  qui  vient  du  defaut  d'ha- 
bitude.  Nous  nous  remimes  en  niarche  a  deux  heures, 
traversames  encore  une  montagne  ,  et  a  peu  de  dis- 
tance nous  passames  le  Tacuande  pour  la  derniere  fois. 
Nous  couchames  sur  ses  bords  sud-ouest-quart-ouest. 

19.  Nous  primes  notre  direction  au  sud-est  et  peu 
apres  a  Test.  Nos  guides  nous  firent  remarquer  une  cas- 
cade qui  sortait  des  flancs  de  la  montagne,  et  formait 
un  bassin  dont  les  eaux  s'ecoulaient  dans  un  lit  etroit 
borde  de  roches  elevees.  lis  nous  assurerent  que  c'etait 
le  Tacuande;  en  effet ,  nous  ne  le  vimes  plus.  Nous 
nous  arretanies  pour  dejeuner  a  dix  heures  ,  et  reprimes 
notre  route  sud-est  a  tiavers  des  niontagnes  tres  escar- 
pees.  La ,  nous  trouvames  des  cavernes  fonnees  d'enor- 
mes  blocs  de  roches  superposes  les  uns  sur  les  autrcs. 
Nous  vimes  frequemment  des  coqs  de  roches  qui  volti- 
geaient  dans  les  environs ;  mais  leur  vol  est  si  rapide 


(  ii5  ) 

qu'il  passe  toute  idee  qu'on  pourrait  s  en  faire.  Jamais 
ils  ne  se  poseiit  ,  et  nous  ne  pumes  en  tirer.  Dans  le 
temps  do  raccouplemcnt ,  ils  sont  moins  farouches  ;  ils 
cherchent  leurs  femelles  et  s'arretent  aupres  d'elles.  Les 
Indiens  nous  assiirerent  qua  cette  epoque  ,  ils  se  ras- 
semblent  a  Tentree  des  cavernes,  et  la,  apres  avoir 
nettoye  un  certain  espace ,  ils  combattent  quelquefois 
plusieurs  heures  en  presence  des  femelles,  qui  sont 
spectatrices  passives  de  ces  combats.  L'apres-midi  fut 
signalee  par  un  tres  gros  patira  que  Ion  nous  tua  pres 
dun  bassin  situe  sur  le  sonmietd  une  de  ces  montagnes. 
La,  nous  nous  etablimes  pour  passer  la  nuit. 

Nos  Indiens  prirent  dans  ce  bassin  quelques  poissons 
dont  ils  ignoraient  le  nom.  Ils  ressemblent  a  ces  pois- 
sons rouges  que  Ion  prend  en  France  dans  les  sources 
d'eaux  vives;  ils  sont  nuances  des  couleurs  les  plus 
brillantes.  Ge  sont  des  especes  de  carpes  tres  petites  , 
mais  dun  gout  exquis.  La  ntiit  que  nous  passiimes  sur 
les  bords  de  ce  bassin  ,  nous  entendimes  presque  conti- 
nuellement  de  fortes  detonnations,  qui  ne  cesserent  point 
menie  dans  le  jour,  jusqu'a  ce  que  nous  ayons  entiere- 
ment  traverse  ces  montagnes,  et  encore  a  une  distance 
assez  considerable. 

20.  Notre  route  fut  continuellement  sud-est  toujours 
a  travers  les  montagnes,  nous  nous  arretions  assez  sou- 
vent  pourexaminer  le  sol.  La  terre  s'amelioiait  a  mesure 
que  nous  nous  eloignions  d'Oyapock,  et  a  la  base, 
nous  rencontrions  de  la  salsepareille.  Elle  devenait  plus 
commune  a  mesure  que  nous  nous  enfoncions  dans  le 
sud-est.  Jose  Antonio  nous  fit  remarquer  un  arbre  qu'il 
appelle  sapucaia.  II  est  d'une  grande  elevation  ;  il  porta 
un  coco  spherique  qui  renferme  une  vingtaine  ou  plus 
d'amandes  qui  sont  fort  delicates.  Nous  trouvames  aussi 


(  "6) 
beaucoup  de  lianes  d'eau  ou  lianes  du  voyageur.  Effec- 
tivenient,  en  prenant  environ  deux  brasses  de  cette 
liane  et  lamarrant  bien  par  les  deux  bouts,  on  a  de 
I'eau  en  assez  grande  quantite,  et  qui  demeure  long- 
temps  fraiche. 

21.  Nos  guides  nous  previnrent  que  vers  midi  nous 
passerions  la  plus  haute  de  ces  nionlagnes,  du  sonimet 
de  iaquelle  nous  pourrions  voir  cellos  que  nous  avions 
traversees  le  4-  Nous  y  arrivames  en  effet  a  une  heure, 
niais  ce  fut  en  vain  que  nous  cherchames  a  reconnaitre 
le  point  d'ou  nous  avions  apercu  la  chaine  sur  Ia- 
quelle nousetionsj  seulement  nous  distinguames  deux 
chaines  qui  ne  sont ,  la  premiere  que  celle  sui'  Iaquelle 
nous  nous  etions  trouves  ,  I'autre  est  plus  loin  et  borde 
rOyapock. 

Nous  nous  arretames  a  trois  heures  sur  les  bords 
de  la  crique  t-u  plutot  bassin  Aganiiware.  Agamiware 
signifie  bassin  ou  lac  des  Agamis.  II  y  en  a  eftecti- 
vement  beaucoup;  car  des  le  soir,  nous  en  tuanies 
une  douzaine.  Nous  avions  depuis  la  base  des  monta- 
gnes  trouve  beaucoup  de  pieds  de  caoutchouc ,  et  ils 
devenaient  plus  nombreux  a  mesure  que  nous  mar- 
chions  sud-est. 

22.  Nous  commencames  a  visiter  le  cote  sud-ouest  du 
bassin.  Plusieurs  criques  sen  echappent.  Nos  guides 
nous  dirent  que  plusieurs  d'entie  elles  allaient  non  loin 
de  la  se  jeter  dans  les  rivieres,  une  entre  autres  qu'ils 
appelaient  Hieuwar  (grande  eau)  que  nous  pourrions 
voir  le  lendeuiain.  Le  terrain  surlequel  nous  etions  etail 
couvert  de  fougere  fort  haute  et  de  cacaos.  Get  endroit 
est  un  des  plus  giboyeux  que  nous  ayons  encore  vu,  car 
nous  etant  arretes  pour  dejeuner,  nos  Indiens  nous  ap- 
porterent  une  si  grande  quantite  de  gibier  et  de  poisson, 


(  i'7  ) 
que  nous  fumes  obliges  de  deineurer  la  pour  le  faire 
boucaner  dans  lecourant  de  la  journee.  Nos  provisions 
furent  encore  augmentees  d'un  cabiaille  et  d'un  patira. 
Aussi  nos  gens, qui depuis  quelque  temps  etaient  a-peu- 
pres  raiionnes,  se  jeterent-ils  sur  ces  victuailles  avec 
toute  la  gloutonnerie  qui  caracterise  llndien  qui  se 
trouve  dans  I'abondance,  sans  aucun  souoi  ni  pre- 
voyance  pour  Vavenir.  La,  Jose  Antonio  me  fit  voir  un 
arbre  qu'il  nomma  coucheri.  Ses  feuilles  ont  la  meme 
odeur  que  oelles  du  giroflier. 

(^La  suite  au  numero  prochain. ) 


( Il« ) 


DEUXIEME  SECTION. 


DOCUMENS,    COMMUINICATIONS,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


Sitr  la  situation  et  la  distance  des  'villes  c/'Almali<rh , 
Fischbalig,  Karakoroum,  Kantrheou  et  Peking,  ^/'«- 
pres  rhistoire  persane  de  Wassaf. 

II  y  a  dans  I'histoire  de  Wassaf,  lequel  raconte  en 
partie  comnie  tenioin  oculaire  les  eveneniens  des  regnes 
des  successeurs  de  Djengiskhan  ,  plusieurs  renseigne- 
mens  geographiques.  L'un  des  plus  interessans  est  tout 
au  conimencenieiit  le  passage  traduit  ci-apres  ,  qui 
donne  les  distances  entre  les  capitales  de  la  Chine 
{Pcking\^  du  Tangout  [KantclieoiC]^  du  Mogolistan  (Ka- 
rakoroum) et  d'Almaligh.  Si  ces  donnees  sont  justes, 
et  Ton  ne  saurait  presque  en  douter  ,  puisqu'elles  ont 
ete  prises  par  lVassaf\  dans  1  hisloire  deDjOssini,  rni- 
nistre  de  Holakoukhan  ,  les  deux  villes  de  Kantcheou 
et  Fichbaligh ,  et  par  consequent  aussi  celle  (X Alma- 
ligh  doivent  occuper  un  site  tout-atait  different  de  celui 
qui  leur  est  assigne  dans  la  petite  carte  publiee  par 
M.  Klaporth  dans  ses  memoires,  et  dans  sa  refutation 
alleinande  deM.  Schmidt,  (i) 

(i)  Bebuclitiing  iind  Wuderlegung  der  Torschiinpa  des  Berrn  Schmidt. 
Paris,  1824. 


(  119  ) 
Void  le  passage  en  question  : 

«  D'Almaligh  a  Fiscbbaligh  il  y  a  deux  semaines  de 
«  cheniin  :  de  Fichbaligh  a  Khanbaligh  (Peking).  Le 
«  cheniin  conduit  dans  la  direction  du  sud  par  le  desert 
«  que  les  Mongols  appellent  le  desert  des  Oighours.Q'eiii 
«  la  distance  de  quarante  journees.  De  cet  endroit  (  de 
«  Fichbaligh)  (i)  jusqu'a  Kantcheou^  qui  est  du  pays  de 
«  Tangout ,  est  la  frontiere  du  Khatai  (de  la  Chine  sep- 
«  tentrionale)  du  cote  de  I'orient,  et  ( de  Fichbalig  ) 
«  jusqu'a  Karakorouni.  II  y  a  dans  la  direction  du  nord 
»  egalement  quarante  journees  de  chemin,  et  derechef 
«  de  Kara  koroum  jusqu'a  Khanhaligli  ^  et  de  la  jusqu'a 
«  Kanlcheou  la  meme  distance  (de  quarante  journees). 

D'apres  la  carle  de  M.  K. ,  la  distance  de  Fichbaligh 
a  Peking  est  presque  la  double  de  celle  de  Fichbaligh 
a  Karakorouni,  tandis  que  ces  deux  distances  devraient 
etre  ei;ales  ;  Karikoroum,  Kantcheou  et  Peking  sont  ef- 
fectivement  places,  dans  la  carte  de  M.  K. ,  dans  un 
triangle  dont  deux  cotes  ( les  distances  de  Peking  a  Ka- 
rakorouni et  a  Kantcheou)  sont  egaux;  mais  il  s'en  faut 
beaucoup  que  le  troisieme  (la  distance  de  Kantcheou  a 
Karakoroum)  soit  aussi  la  meme  mesure.  La  distance 
donnee  par  la  carte  de  M.  K.  des  deux  villes  de  Fichba- 
ligh et  Ahnaligh  repond  a-peu-pres  a  I'eloignement  de 
quinze  jours  de  marche  de  caravane;  mais  elles  doivent 
etre  portees  toutes  les  deux  plus  vers  lest,  pour  re- 
pondre  aux  directions  et  aux  distances  de  I'historien 
persan ,  qui  s'appuie  de  I'autorite  du   savant   historien 

(i)  Ez  Andja  de  la  ne  saurait  se  rapporter  qu'a  Fichbaligh,  car 
si  Ton  voulait  la  rapporter  a  Khanbaligh ,  qui  est  .i  Test  du  Tangout, 
la  frontiere  dont  il  est  tantot  question  devrait  6tre  roccidentale  et 
non  pas  I'orientale . 


(     I20    ) 

Djoivaiiis  ;  car  d'apres  lui,  les  quatre  capitales  dii  Mo- 
golistdn,  du  Khatai,  du  Tar/gout  et  du  pays  des  Oi- 
ghours,  sont  situees  de  sorte ,  que  la  distance  delader- 
niere  (Fichbaligh)  aux  Irois  autivs  est  partout  de  qua- 
rantri  journees. 

Si,  dans  mon  dernier  travail,  je  n'ai  pas  eu  I'avantage 
deconsulter  un  manuscritaussi  correct  de  Rechid-eddin 
que  Test  celui  de  Paris,  j'ai  cette  tois-ci  devant  nioi  trois 
manuscrils  deWassaf  don  t  deux  tres  corrects,et  I'un  deces 
deux,  qui  a  ete  ecrit  pour  le  conquerant  de  Constanti- 
nopleen  866(1461),  est  en  menie  temps  un  chef-d'ceuvre 
de  calligraphie  et  d'elegance  ;  de  sorte  que ,  cette  fois- 
ci,  les  nianuscrits  que  j  ai  eus  a  ma  disposition  ne  sau- 
raient  etre  invalides  par  celui  de  JVassaf,  qui  se  trouve 
a  la  bibliotheque  royale  de  Paris,  ou  les  orientalistes 
pourront  comparer  le  texte  avec  ma  traduction.  Prive 
du  double  avantage  dun  manuscrit  aussi  correct  de 
Rechideddin  et  de  I'erudition  chinoise  de  M.  K.,  je  n'ai 
voulu  que  faire  preuve  a  la  Societe  de  mon  zele  en  lui 
signalant  la  riche  mine  de  renseigneniens  geographiques 
et  statistiques  qui  se  trouve  dans  Rechid-eddin,  et  qui 
pourra  etre  exploitee  dorenavant,  avec  plus  de  moyens 
et  plus  de  profit,  par  des  orientalistes  francais. 

J.  DE  Hammer. 


Travaux  du  capitaine  Vidal  stir  les  cotes  occidentales 
des  lies  Britanniques. 

Dans  I'ete  de  i83i ,  le  capitaine  Vidal  recut  le  com- 
mandement  temporaire  du  Pike,  et  fut  charge  de  de- 
terminer la  profondeur  d'eau  que  Ion  trouve  au  large 
des  cotes  occidentales  d'lrlande  ct  d'Ecosse.  Le  paral- 


lele  des  rochers  Skelligs  avail  ete  la  limite  septentrio- 
nale  du  travail  du  capitaine  White  dans  Je  Shamrock; 
au-dela  de  cette  limite,  la  sonde  ne  pouvait  plus  servir 
an  navigateur  pour  estimer  sa  distance  a  la  terre,  lors- 
qu'il  n'avait  pu  obtenir  d'observations  astronomiques 
pour  fixer  sa  position  :  et  peut-etre  dans  aucune  partie 
du  monde  ,  ce  genre  de  connaissance  n'etait  plus  neces- 
saire  que  sur  la  cote  dangereuse  de  I'ouest  de  I'lrlande. 
Heureusement  pour  les  navigateurs  ,  I'importance  de 
connaitre  les  approches  de  cette  cote  ful  sentie  par  I'hv- 
drographe  de  I'amiraute ,  M.  le  capitaine  Beaufort ,  et 
on  ne  pouvait  pas  mieux  faire  que  de  charger  le  capi- 
taine Vidal  de  ce  travail. 

Apres  avoir  prepare  son  hatiment  pour  ce  service  et 
obtenu  les  instrumens  necessaires  ,  le  capitaine  Vidal  se 
rendit  immediatement  au  Lough-Swilly,  en  determinant 
le  banc  de  sondes  qui  entoure  la  cote  ouest  dans  toute 
cette  partie  de  aa  route.  L'eglise  de  Buncrana,  formant 
une  des  stations  de  la  grande  triangulation  sur  laquelle 
s'appuie  la  levee  des  iles  britanniques ,  fut  adoptee  par 
le  capitaine  Vidal  pour  point  de  depart  des  mesures 
chronometriques  qu  il  aurait  a  faire.  Nous  nous  reser- 
vons  de  donner  plus  tard  les  resultats  de  ses  observa- 
tions. 

Apres  avoir  obtenu  des  observations  a  Buncrana,  le 
capitaine  Vidal  mit  en  mer  le  20  juin  ,  pour  reprendre 
I'examen  du  banc  de  sondes.  Le  mauvais  temps  mit 
beaucoup  d'obstacles  a  ce  travail ,  et  le  Pike  arrivn  a  la 
petite  lie  de  Saint-Kilda  ,  apres  avoir  obtenu  pliisieurs 
lignes  de  sondes  tres  importantes.  Ayant  quitte  File  le  29 
juin  ,  le  capitaine  Vidal  passa  a  Suliska  ei  a  Rona  ,  et  se 
dirigea  sur  Balta ,  ou  il  arriva  le  12  juillet.  C'etait  afin 
d'obtenirla  difference  des  meridiens  en tre  ci'  point  etles 

9 


(     '^2    ) 

lies  Feroe,  que  le  Pike  tnouilla  a  Balta-Sound ,  d'oi'i  i\ 
partit  le  i5  juillet.  Le  capitaine  Vitlal  remarque  que  le 
commerce  des  lies  Feroe  etaiu  iin  monopole  du  roi  de 
Danemark,  il  nest  permis  a  auciin  hatiment  etranger 
d'v  laire  le  commerce.  Un  petit  brick  est  expeclit'  par  le 
gouvernemeiit ,  et  fait  trois  voyages  de  Copenliague  a 
ces  lies  dans  la  saison  favorable  ;  ce  petit  batiment  suffit 
pour  le  commerce  tres  borne  de  ces  lies.  Les  voyageurs 
qui  veulent  les  visiter  n'ont  d'autre  moyen  que  de  pro- 
fiter  des  voyages  de  ce  brick,  ou  de  freter  un  batiment 
expres  pour  eux. 

Le  mouillage  a  Thorshavn  est  tres  expose  ,  et  le  Pike 
fiit  force  de  mettre  k  la  mer  pour  eviter  un  coup  de 
vent  le  20  juillet.  De  ce  point  il  fit  une  ligne  de  sondes 
vers  le  rocher  Monk,  au  large  de  la  pointe  sud  de  I'lle 
Suderoe. 

La  position  de  ce  rocher  fut  trouvee  differer  de  celle 
qui  lui  est  assignee  sur  la  carte  du  capitaine  Born.  Le 
temps  etant  mauvais,  on  iie  put  pas  descendre  sur  le 
rocher,  mais  le  Pike  passa  entre  le  rocher  et  1  iie  ou  il 
ne  trouva  que  i3  fathoms  (  i4  brasses  1/2)  d'eau.  Ce 
passage  nest  pas  recommande  par  le  capitaine  Vidal  et 
doit  etreevite  autant  que  possible.  Lorsque  le  Pike  tra- 
versa  ce  passage,  le  vent  etait  frais  de  I'ouest  portant 
contre  la  niaree  qui  courait  a  raison  de  plus  de  six  milles 
a  I'heure.  La  grosse  mer  que  produisait  cetle  opposition 
du  vent  et  du  courant  rendait  ires  difficile  de  gouverner 
le  batiment,  et  il  etait  necessaire  de  porter  beaucoup  de 
voiles  pour  ne  pas  etre  repousse. 

En  allant  de  Suderoe  a  Balta,  la  plus  grande  profon- 
deur  d'eau  que  Ion  trouva  sur  le  banc  de  sondes  fut  de 
683  fathoms  (jGH  brasses  francaist-s  ou  i,'?4,9  "o4).  Le  afi, 
le  capitaine  V  idal  arriva  a  Balta  ;  apres  avoir  fait  des  ob- 


(   123  ) 
servalions  dansce  point,  le  Pike  mit  a  la  voile  le  3o  juil- 
let  pour  Sulisca  et  Rona  ,  et  mouilla  le   i4  aout  sur  la 
cote  est  de  Rona. 

On  trouva  que  ces  iles  etaient  mal  placees  sur  les  car- 
tes, et  on  en  determina  la  position  avec  exactitude.  On 
trouva  aussi  au  iiord  deRona  un  plateau  de  roches  sur 
lequel  il  n'y  a  que  3o  fathoms  ou  33  brasses  1/2  d'eau 
(54"\8),  et  qui  n'est  pas  marque  sur  les  cartes. 

De  ces  lies ,  le  Pike  retourna  au  Lougli-Swilly  ,  et 
mouilla  devant  Buncrana  le  26  aout. 


NouvEAu    TRAiTE   de   Htnites  entre    les  Etats  -Unis  de 
VAtnerique  du  Nordet  le  Mexiqiie. 

Les  liuiites  entre  les  Etats-Unis  de  I'Amerique  sep- 
tentrionale  et  le  Mexique  ont  etc  fixees  par  uti  traite 
solenuel ,  signe  a  Washington  le  22  fevrier  18x9,  a  I'e- 
poque  oil  le  Mexique  faisait  partie  integrante  de  la  mo- 
narchie  espagnole;  niais  depuis  les  changemens  poli- 
tiques  survenus  dans  ce  dernier  pays,  il  a  ete  juge  in- 
dispensable de  confirmer  la  validite  dudit  traite,  qui 
reste  en  vigueur  dans  tout  son  contenu  entre  les  Etats- 
Unis  de  I'Amerique  duNord  et  les  Etats-Unis  mexicains. 

Dans  cette  vue,  les  plenipotentiaires  respectifs  des 
deuxgouvernemens  ont  arrete  les  dispositions  suivantes: 

Art.  i*'^.  La  delimitation  des  frontieres  des  deux  pays 
restanl  la  meme  que  celle  fixee  par  le  traite  de  Washings 
ton,  du  22  fevrier  1819,  les  deux  parties  contractantes 
decident  de  niettre  sans  delai  a  execution  les  3"  et  4* 
articles  dudit  traite,  ainsi  concus  : 

2.  La  ligne  de  demarcation  entre  les  deux  pays,  a 
Vouest  du  Mississipi,  commence  dans  le  goKe  du  Mcxi- 

9- 


(  i''4  ) 

que,  a  leniboiicliure  de  la  riviere  Sabine,  et  renionte 
vers  le  nord  ,  le  long  du  bord  occidental  de  celte  riviere, 
jusqu'au  32°  degre  de  latitude  ;  de  la,  prend  une  direc- 
tion tout-a-fait  septentrionale  jusqu'au  degre  de  lati- 
tude qui  se  rencontre  avec  le  Rio-Roxo  de  Natcbito- 
clies,  ou  Riviere-Rouge,  suit  le  Rio-Roxo  jusqu'au  loo* 
degre  de  longitude  O.  de  Londres,  ou  aS*  de  Washing- 
ton ;  puis,  traversant  ladite  Riviere-Rouge  etsedirigeant 
au  nord,  la  ligne  aboutira  a  la  riviere  Arkansas,  dont 
elle  longera  le  bord  meridional  jusqu'a  sa  source ,  sous 
le  42*  degre  de  latitude  nord,  et  enfin  suivra  ce  meme 
parallele  de  latitude  jusqu'a  la  mer  du  Sud;  le  tout 
conforniement  au  plan  tr.ice  sur  la  carte  des  Etats-Unis, 
de  Melish,  publiee  a  Philadelpbie  le  i^r  Janvier  i8i8. 
Cependant  si!  etait  reconnu  que  la  source  de  la  riviere 
Arkansas  se  trouve  soit  au  nord,  soit  au  sud  dudit  42" 
parallele  de  latitude,  la  limite  suivra,  a  partir  de  ladite 
source,  une  direction  septentrionale  ou  meridionale 
(selon  que  le  cas  se  presenterait)  jusqu'a  la  rencontre 
du  42*  degre  de  latitude,  qu'elle  prolongera  de  meme 
jusqu'a  la  nier  du  Sud.  Toutes  les  iles  situees  dans  la 
Sabine,  la  Riviere-Rouge  et  celle  d' Arkansas, appartien- 
nent  aux  Etats-Unis,  mais  la  navigation  sur  lesdites  ri- 
vieres est  commune  aux  deux  nations. 

Les  deux  parties  contractantes  renoncent  a  tons  droits, 
pretentions  et  reclamations  sur  les  territoires  renfermes 
dans  lesdites  limites,  c'est-adire,  les  Etats-Unis,  sur  ceux 
silues  a  I'ouest  et  au  sud  de  la  ligne  de  demarcation  ci- 
dessus  fixee,  et  S.  M.  catbolique,  sur  ceux  a  Test  et  au 
nord  aussi  de  la  meme  ligne. 

3.  Afin  de  lixer  avec  plus  de  precision,  et  de  Meter- 
miner  d  une  maniere  definitive  les  frontieres  des  deux 
j.ays,  cbacune  des  parties  contractantcs  nommera  un 


(     125     ) 

commissaire  et  uii  ingenieur  qui  procecleront  a  toutes 
les  operations  iiecessaires  pour  arriver  a  ce  resultat, 
entre  autres  a  celle  de  fixer  la  latitude  positive  de  la 
source  de  la  riviere  Arkansas,  ainsi  que  la  ligne  depuis 
le  42*  parallele  jusqu'a  la  mer  du  Sud. 

4.  Les  ratifications  des  presentes,  seront  echangees  a 
Washington  dans  le  delai  de  quatre  mois,  et  plus  tot, 
s'il  est  possible. 

Fait  a  Mexico,  le  12 Janvier  1828. 

Signe  :  Pour  les  Etats-Unis,  J.-R.  Poinsett. 
Pour  le  Mexique,        S.  Camacho. 

J.-Y.  ESTEVAIV. 

Ratifie  a  Washington ,  le  5  avril  i%?>i. 

w. 


Societe  americaine  des  missions. 

L'anniversaire  de  la  tondation  de  cette  Societe  a  ete 
celebre  avec  solennite  a  Philadelphie,  dans  le  courant 
de  septenibre  dernier.  Nous  donnons  ci-apres  un  court 
extraitdu  rapport,  dont  la  lecture,  faite  par  Irois  secre- 
taires ,  a  occupe  plusieurs  heures  ,  dans  deux  seances 
differentes. 

La  Societe  americaine  entreilent  en  ce  moment  vingt- 
deux  missions  ,  savoir  :  en  Grece  ,  a  Constantinople,  en 
Syrie ,  chez  les  Juifs;  a  Bombay,  Ceylan  ,  Siam,  a  la 
Chine;  dans  TArchipel  Indien  ,  les  lies  Sandwich;  laPa- 
tagonie;  parmi  les  Cherokees ,  a  I'ouest  du  Mississipi  , 
chez  les  Chactaws,  Creeks,  Osages,  Stockbridges  ,  Ma- 
ckinaws,  Ojybeways ,  Maumees  et  les  Indiens  de  I'etat 
de  New -York.  Ces  missions  comptent  60  etablisseniens, 
83  missionnaires  dans  les  ordres ,  6  medecins  non  gra- 


( '2f>- ) 

dues;  6  impriniedis,  26  inissiunnaires  assistans,  126 
feiniiies;  p!u?  4  piedicateurs  iiatifs  et  4^  assislans  aussi 
iiatifs.  Ce  qui  fait  247  personnes  travaillant  a  la  propa- 
gation de  la  vraie  foi ,  envoyees  par  la  Sociote  et  5o  pre- 
dicateiirs  el  assislans  nalifs,  en  lout  296  individus. 

De  ce  nonibre,  48  sont  partis  I'aniiee  derniere,  savoir: 
19  niissionnaircs  dans  les  ordrcs  ,  2  medecins,  2  inipri- 
nieurs  et  2  5aulres  assislans.  Les  eglises  lornieesetdes- 
servies  par  ces  niissfons  sont  an  nombre  de  3^,  et  comp- 
tenl  1704  calhccumenes  convertis.  Les  ecoles  qui  en 
dependent  sont  frequentees  par  environ  5u,ooo  iHeves. 
Les  presses  de  la  Sociele  onl  iniprime,  1  annee  derniere, 
pres  de  7,600,000  pages  traitant  de  matieres  religieuscs. 
On  calcule  que  depuis  retabiissement  de  ces  presses,  it 
en  est  sorti  68,000,000  de  pages,  ayant  toules  rapport 
aux  travaux  des  missions. 

La  Societe  est  sur  le  point  d'envoyer  de  nouveaux 
ogens  dans  I'Afrique  orientale  et  occidentale,  dans  les 
lies  de  Crete  el  de  Cliypre  ,  a  Broussa  ,  dans  I'Asie-Mi- 
neure  et  en  Perse.  Plusieurs  autressont  en  observation 
sur  le  continent  oriental  el  parmi  les  Indiens  de  I'Ame- 
rique  du  nord. 

Le  cliamp  explore  sous  la  direction  de  la  Societe 
s'agrandit  de  jour  en  joui-.  Ses  inessagers  ont  penetre 
chez  les  trihus  indiennes  qui  bordenl  la  frontiere  S.  O. 
des  Etais-Unis  ,  jusqu'au  pied  des  monlagnes  Roclieu- 
sesj  d'autres  ont  ete  envoyes  aux  grands  lacs  et  vers  le 
Haul-Mississipi.  Un  deux  a  parcouru  la  plus  grande 
partie  de  la  coleN.O.  tandis  qu  un  autre  visilait  leMexi- 
que  et  la  plupart  des  nouveaux  Etals  de  TAnierique 
duSud.  Des  missionnaires  ont  aborde  aux  lies  Washing- 
ton, plusieurs  se  sont  etablis  sur  la  frontiere  nieridio- 
nale  de  la  Chine,  et  a  Siani  dans  la  partie  septentrionale 


(     127    ) 

de  Ceylaii  et  dans  I'Incle  occidentale.  La  Societe  est  ega- 
lenienl  representee  dans  la  Syrie  et  dans  la  capitate  de 
Tempire  ottoman,  a  Athenes,  cet  ancien  flambeau  de  la 
Grece,  et  clans  1  ile  de  Make;  elle  a  porte  la  parole  di- 
vine a  travers  les  provinces  de  I'Asie-Mineure ,  dans  les 
plaines  du  Caucase  et  sur  les  confins  de  la  Perse;  une 
mission  s'avance  dans  rAfrique  occidentale ,  et  les  cotes 
orientales  de  cette  partie  du  monde  vont  etre  aussi  ex- 
ploreeSjdesqu'on  aura  trouve  les  interpretes  necessaires; 
dans  qnelques  niois,  une  station  sera  etablie  dans  I'an- 
cienne  Crete,  et  une  autre  dans  I'importante  ile  de 
Chypre.  Enfin,  on  attend  des  nouvelles  de  missionnaires 
qui  doivent  porter  la  lumiere  de  I'Evangile  au  pied  du 
mont  Olympe  et  jusque  par-dela  les  plaines  de  la  Meso- 
potamie  et  les  montagnes  du  Kurdistan. 

Les  recettes  de  la  Societe  pendant  I'annee  qui  vient 
de  secouler  ont  excede  celles  de  I'annee  antecedente 
de  1 5,270^011. 6'5,  et  se  sont  elevees  a  145,844  77,  ce 
qui,  ajoute  a  la  balance  en  caisse  au  commencement  de 
I'annee,  a  donne  un  fonds  de  i52,522  4r  a  la  disposi- 
tion du  comite.  Sur  cette  somme,il  a  ete  depense  celle 
de  i4g,Qo6  27. 

Reliquat  a  la  cloture  de  I'annee  financiere(au  i^aoiit 
dernier),  2,616  74. 

En   outre,  la  Societe  a  encore  recu  diverses  sommes 
pour  aider  a  la  propagation  des  sainlesEcritures,  savoir: 
De  la  Societe  Biblique  americaine : 

Pour  aider  la  mission  de  Bombay  a  traduire  I'Evangile 
en  langue  mahrate 5,ooo''"" 

Pour  la meme  traduction  en  laneue 


^  reporter.   .   .   .        5,ooo 


(  128  ) 

Report 5,000 'lo"- 

hawaihienne,    a  la  mission    des  iles 

Sandwich 5oo 

Pour  la  meme  traduction  en  laneue 
Cherokee 3oo 

De  la  Societe  Biblique  de  Philadel- 
phia : 

Pour  aider  a  traduire  les  Ecritures 
en  langue  hawaienne i,5oo 

De  la  Societe  americaine  des  Tra- 
ductions : 

Pour  le  meme  objet,  aux  missions 
de  Bombay,  Ceylan  ,  de  la  Chine ,  des 
lies  Sandwich  et  dans  la  Mediterranee.        6,000 

Enfin ,  de  diverses  autres  sources , 
pour  impressions  et  traductions  .  .  .        6,5 20 


Le  tout  montant  a 17,920 

A  quoi  joignant  le  montant  de  la 
depense  ci-dessus 149,906  27 


Les  depenses  de  la  Societe  des  Mis- 
sions se  sont  elevees ,  pour  I'annee 
i832-33  a  la  somme  de 167,826  27 


(     129    ) 

Population  du  Canada. —  Relei'e  dii  inouvement  des  tiais- 
sauces,  manages  et  deces  pendant  les  quatre  dernieres 
annees,  tel  que  Vont  ctahli  les  rapports  des protonotaires 
de  chaque  district  a  la  legislature. 


DISTRICTS. 

ANNEgS. 

NAISSANCES. 

MARIAGES. 

DECKS. 

Quebec < 

Montreal • 

Les  Trois-Rivi^res .  I 

Gaspe -^ 

Saint-Francis < 

1S29 

i83o 
i83i 
i832 

1829 
i83o 
i83i 
i832 

1829 
l83o 
i83i 
l832 

I8a9 

i83o 

i83i 

^    i832 

-    1829 
i83o 
i83i 
i83a 

7,211 

7,600 
8,i33 

8,591 

i,i5o 

1,432 
1,629 

1,67  + 

3,5oo 

4,843 
5,028 

6,946 

3i,535 

5,885 

20,1  12 

12,208 
i3,o43 
i4,2i7 
13,195 

2,012 
2,553 
2,592 
2,5o6 

5,36i 
5,767 

6,5 14 
13,718 

52,663 

9,663 

3i,36o 

2,409 
2,492 
2,738 

1,754 

419 
5io 
519 
548 

8o3 
1,292 
1,195 
i,3i9 

io,3o3 

1,996 

4,609 

0 

52 

0 
42 
62 

67 

0 

4 
a5 
28 

102 

»94 

i63 

aor 
3o6 
330 
189 

43 
42 
58 
5i 

45 

47 
48 

23 

926 

194 

i63 

L'accroissement   de  population   pendant   les    quatre 


(    'So  ) 
clernieres  annees ,  obteiiu  par  I'excedaiit  des  naissance:* 
sur  les  deces,  est  done  de  39,3 16  ,  savoir  : 

District  de  Quebec 11,421] 

Montreal 2i,3oaf 

Les  1  rois-nivieres  .  5,7041 

Saint-Francis.   .  .  .  763) 

En  coinparant  le  mouvenient  de  la  population  pen- 
dant I'annee  derniere,  on  verra  qne  dans  le  district  de 
Quebec,  les  naissances  ont  ej^cede  les  deces  de  i,645, 
et  que  dans  celui  de  Montreal  les  deces  ont  siirpasse  les 
naissances  de  623;  niais  it  faut  observer  que  le  grand 
nonibre  des  morts  a  frappe  sur  les  emigrans  nouveau- 
venus,  et  a  ete  cause  pai'  les  ravages  du  cholefra. 

En  prenant  en  consideration  la  grande  niortaiite  qui 
a  regne  en  i83i,  ainsi  que  I'accroissement  de  population 
qui  n  est  pas  connu  dans  diverses  parties  du  territoire, 
telies  que  le  comte  de  Gaspe  et  d'autres  etablissemens 
protestans,  on  peut  porter,  en  toute  assurance,  I'aug- 
mentation  de  la  population  du  Canada  pendant  les  quatre 
dernieres  annees,  a  40j00C)  individus,  ce  qui  donne 
10,000  par  annee  moyenne,  non  compris  les  accroisse- 
niens  resultant  du  fait  des  emigrations. 

(i)  On  remarquera  dans  ce  resultat,  comme  dans  le  tableau  qui 
precede ,  des  erreurs  de  chiffres  qu'on  ne  peut  rectifier  parce  qu'elles 
sont  egaiement  dans  le  texte,  mais  qui  ne  doivent  point  influer  sur 
le  chiffre  total. 


i3i   ) 


Population  de  la  Crete  en  i832. 


NOMS 

DES    CANTONS. 


Setia 

Yera-Peira   ou   Gira- 

Petra 

Mirabelle 

Lassiti 

Malevisi  . .  „ 

Temenos 

Arcadie  ou  Riso-Cas- 

tro 

Cliersonesp  ou  Pedia . 
Bonifacio    ou   Mono- 

facio 

Kenourio 

Piriotissa 

Milopotamos 

Amari 

Retliimo 

Aivassili  ou  Lambis.  . 
Apocorona  ouAmpri- 

corna  

La  Canee 

Saelino 

Kissamos 

Sphakia 


CONSEILS 

doni 
i!s  dopendeiitJ 


POPULATION. 


Candie. 

Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 

Id. 
Id. 

Id. 

Id. 

Id. 
Rliethimo. 

Id. 

Id. 
La  Canee. 

Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


3,000 
8,000 
2,5oo 
19,000 
2,000 

2,5oo 
6,000 


000 
5oo 
000 
000 
000 
000 
000 


5,000 
10,000 
3,000 
3,5oo 
4,000 


98,000 


OBSERVATIONS. 


D'oii   depend    Spina- 
longa. 

Le  chef-lieu  de  ce  can- 
ton esi  Candie. 


(Ces  tr 
formes 


3  trots  cantons  eonl 
p.nr  i'ancienne 
;  province  de  Messara,  oCi 
I  etait  siluee  Gorljne. 


Qui  comprend  I'Acro- 
lyrie,  oil  est  i'ancienne 
grotte  de  saint  Jean. 

D'oii  depend  Cara- 
Imse. 


(  i32  ) 

Note  sur  les  travaux  de  la  nouvelle  Carte  de  Suisse. 

Les  travaux  de  la  Carte  de  Suisse,  commences  depuis 
long-temps,  et  qui  etaient  nioUement  conduits  par  le 
general  Fiiixlcr,  ont  pris,  sous  la  direction  du  general 
Diifour,  une  grande  activite. 

En  i834  5  la  triangulation  sera,  sinon  terminee,  du 
moins  fort  avancee,  et  le  travail  topographique  sera 
presque  arrive  au  meme  point.  Les  minutes  se  font 
au  77777.  La  Carte  sera  gravee  a  Techelle  du  .„g'^„^,  et 
comprendra  aS  feuilles  de  la  meme  dimension  que  celles 
de  la  nouvelle  Carte  de  France,  savoir,  5  decimetres  sur 
8  decimetres. 

Geneve,  27  decembre  18 33. 


Voyage  de  MM.    Ad.vji    de  Bauve  et    Levrieur   datis 
rinterieur  de  la  Guyane. 

Belem  de  Gram  Para,  29  aout  i833. 

Monsieur, 

Dans  la  derniere  lettre  que  j'ai  eu  I'honneur  de  vous 
ecrire,  en  vous  adressant  la  relation  de  mon  excursion 
a  I'Amazone ,  je  vous  ai  donne  une  idee  de  ma  position, 
et  je  vous  ai  fait  part  du  plan  que  Leprieur  et  moi  nous 
nous  etions  trace.  N'ayant  pu  executer  notre  projet 
comnie  nous  Tavions  concu ,  nous  nous  determinames 
a  descendre  le  Jary,  comptant  de  trouver  cliez  les  Ta- 
niocomos  les  guides  necessaires  pour  me  rendre  aux 
sources  du  Rio  de  Gurupatouba,  a   I'embouchure  du- 


(  '33  ) 
quel  est  situe  Montealegre,  et  de  la  penetrer,  comme 
nous  nous  I'etions  propose.  Le  4  avril,  je  quittai  notre 
etablissement  de  Rouapira,  Leprieur  devait  me  suivre 
au  bout  de  irois  a  quatre  jours.  J'eus  ,  avant  d'arriver 
chez  le  chef  des  Tanioconios,  donr,  ainsi  que  vous  I'a- 
vez  vu  par  ma  relation ,  le  village  est  situe  a  i'embou- 
chure  de  Carapanatouba ,  a  lutter  contie  les  perils  du 
fleuve  et  contre  ceux  que  me  susciterent  des  individus 
du  dehors,  venuspour  tirer  de  la  salsepareille,  qui  enga- 
geaient  les  Indiens  a  me  faire  un  mauvais  parti.  Arrive  chez 
Joaquim  Manoel ,  je  trouvai  un  assez  grand  nombre  de 
colporteurs  qui,  ayant  anime  les  Tamocomos,  voulaient 
s'opposer  a  nion  debarquement.  Ce  ne  tut  cpi'a  force  de 
patience  et  de  ferniele,  que  je  parvins  a  faire  entendre 
raison  a  ces  individus,  qui  se  figuraient  toujours  que 
des  Francais  ne  pouvaient  se  presenter  en  ces  pai-ages 
que  pourse  frayer  un  cherain  pour  s'emparer  dela  pro- 
vince. Le  commandarit  de  Gouroupa,  que  j'avais  connu, 
avait  ete  change ,  me  disait-on ,  et  le  nouveau  avait 
donne  les  ordres  les  plus  severes  a  I'egard  des  Francais 
qui  pourraient  se  presenter  de  nouveau.  J  obtins  po\ir- 
tant  qu'un  petit  canot  lui  fut  expedie  avec  une  lettre 
dans  laquelle  je  I'informais  de  ma  presence,  en  le  priant 
de  vouloir  bien  donner  des  ordres  pour  qu'on  ne  nut 
aucun  obstacle  a  mon  expedition.  Le  capitaine  Joaquim 
Manoel, un  peu  revenu  desmauvaises  impressions  qu'on 
lui  avait  fait  prendre  contre  moi  ,  me  dotma  au  bout 
de  quelques  jours  des  guides  pour  me  conduire  sur  une 
riviere  peu  t^Ioignee  des  nionts  Sororoca,  qui ,  disait-il, 
se  jetait  dans  Gouroupatouba.  Des  lacs,  des  marecages 
pleins  d'eau  decouragerent  mes  gens,  qui  me  declare- 
rent  que ,  dans  cette  saison,  il  etait  impossible  de  gagner 
le  point  sur  lequel  je  voulais  me  rendre.  Un  naturaliste, 


(  i34  ; 
Ml  Brarhet ,  qui  iiravait  acconipagne,  ne  put  resister 
aux  fatigues  que  nous  enmes  a  essuyer,  et  tomhaiit 
inalacle  ,  niourut  a  notre  relour  chez  le  capitaine  Joa- 
quim  JManot'i.  31.  Brachet  etait  excellent  preparateur, 
avail  tJes  connaissances  en  entomologie  ,  et  me  tut  sou- 
vent  utile  par  sa  peiseveranie  et  son  courage;  je  le  re- 
grette  vivenient.  Une  derniere  tentative  pour  gagner 
Gouroupatouba  fut  encore  intructueuse.  Enfin  ,  je  recus 
le  aS  juin  une  reponse  de  Gouroupa  du  lieutenant-co- 
lonel Mougo,  qui  avail  reniplace  M.  Gaye.  II  donnait 
ordre  au  capilaine  Joaquini  Manoel  de  nie  donner  des 
guides  pour  me  rendre  oil  bon  me  seniblerait,  ayant 
recu  du  president  de  la  province  des  instructions  a  cet 
egard.  En  eltet,  I'annee  derniere,  j'avais  ecrit  au  vice- 
consul  fiancais  du  Para  qu'oblige  de  relourner  sur  nies 
pas ,  je  reviendrais  dans  un  bret  delai  a-peu-pres  daus 
les  memes  parages.  Le  vice-consul  fit  des  demarches 
aupres  du  president,  qui  expedia  aussitotdes  ordres  a 
Gouroupa  pour  qu'on  ne  suscilat  aucun  obstacle,  si  moi 
ou  quelqiies  Francais  se  presentaient  sur  un  afiluentde 
I'Atnazone.  IMalheureusement  ,  un  miserable  juge  de 
paix  de  Villa -JNova,  qui  paraissait  m'en  vonloir  particu- 
liereiuent ,  eut  assez  dinHuence  sur  Joaqiiim  Manoel, 
dont  il  etait  le  parrain,  pour  IVmpeclier  de  me  donner 
des  guides capables.Voyantquejene  pouvais  gagnerGou- 
roupatouba  avec  les  gens  que  j'avais  avec  moi,  j  enga- 
geai  quelques  Indiens  de  bonne  volonte,  mais  peu  ex' 
periraentes,  pour  me  conduire  a  Gouroupa.  Mon  inten- 
tion etait  deremonler  lAmazone  jusqu'au  RioVVatuma  , 
dont  les  sources  sont  voisines  de  la  Serra  do  Acavava, 
et  traversant  celte  chaine,  cliercher  un  affluent  de 
I'Essequebo.  Mais  mes  gens  ,  pen  accoutumes  aux  dan- 
gers de  la  riviere,  precipiterent  mes  emharcations  dans 


(  >35) 
line  cascade.  Je  perdis  quatre  personnes  qui  se  noyerent 
et  tout  ce  que  j'avais.  Moi  meriie,  saisi  par  une  jambe 
qu'avait  attr.'xpee  un  de  mes  neg^res ,  je  ne  dus  nion  sa- 
int qua  un  canot  qui  se  trouvait  au  bas  du  rapide.  Des 
objets  precieux  de  botanique  el  d'entomoiogie ,  mes 
observations,  tout  enfin  tut  englouti.  Quanta  Leprieur, 
depuis  le  4  avril,  je  n'ai  eu  aucune  nouvelle  de  lui,  et 
tout  me  porte  a  croire  que  ce  sera  une  nouvelle  victime 
de  ces  parages.  Son  intrepidite,  son  amour  de  la  science 
le  feront  regretter  des  honimes  inslruits  sur  les  traces 
desquels  il  niarchait  ,  et  dont  beaucoup  etaient  ses 
amis. 

Je  suis  enfin  arrive  le  22  juillet  a  Gouroupa.  J  y  tus 
accueilli  avec  I'hospitalite  la  plus  genereuse.  Prenant  de 
la  passage  dans  une  goelette,  je  debarquai  au  Para  le 
1 5  aout,  apres  dixsept  jours  de  traversee.  Je  ne  saurais 
trop  me  loner  des  bontes  du  president,  M.  Machado 
d'Oliveira,  que  je  ne  connaissais  cependant  que  dune 
maniere  indirecte,  ayant  ete  tres  lie  avec  un  de  ses  amis, 
president  de  la  province  de  Mara^non  en  1823.  M.  Ma- 
chado mit  a  ma  disposition  toutes  les  cartes  et  documens 
des  archives,  et  me  fit  I'oftre  des  instrumens  qui  pour- 
raient  nieconvenir;  mais  je  ne  trouvai  que  quelques 
sextants  et  cercles  en  mauvais  etat,  dont  la  pesanteur 
en  rend  le  transport  dans  le  bois  impossible.  Je  vais 
maintenant  remonter  I'Amazone  jusqu'au  Watuma,  et 
si  par  rette  riviere  je  ne  puis  gagner  I'Essequebo,  je 
me  rendrai  sur  le  Rio  Branco  ,  par  lequel  je  crois  que 
je  reussirai.  De  Demerary,  ou  j'espere  que  j'arriverai 
dans  six  niois,  j  aurai  I  honneur,  monsieur,  de  vous  en- 
voyer  une  relation  et  des  esquisses  zoologiques  sur  les 
diverses  peuplades  des  Guyanes  ,  ainsi  que  des  vocabu- 
laires.  Parlant  plusieurs  langues  des  nations  indiennes, 


(  i36) 
je  me  trouve  avoir  plus  de  facilite  que  n'en  ont  eues  d'au- 
tres  voyageurs,  pour  saisir  les  traits  et  lescoutumes  qui 
les  differencient.  De  Demerary,  men  intention  estde  re- 
nionter  lOrenoque,  si  je  suis  approuve  par  le  gfoiiver- 
nement  francais,  de  rentrer  par  le  canal  de  Cassiquiari 
dans  lAmazone,  d'ou  prenant  le  Rio-Ucayala ,  Apopo- 
Paro  ou  le  Rio  Beni,  que  je  remonterai  jusqu'a  ses 
sources,  je  trouve rai  une  grande  quantite  de  nations 
iiidiennes  tout-a-fait  inconnues,  et  je  visiterai  le  lac 
Titicaca  ,  sur  les  bords  duquel  on  trouve  des  antiquite's 
americaines.  De  Demerai'y ,  j'aurai  I'honneur  de  vous 
soumettre ,  en  vous  rendant  compte  de  mon  voyage,  un 
plan  circonstancie  de  mon  projet. 

J'ai  Thonneur  d'etre,  etc. 

E.  Adam  de  Bauve. 


Extrnit  dune  lettre  de  M.  J.    Graberg  de  Hemso  a  M. 
JoMARD ,  membre  de  Vlnstitut. 

Florence,  le  2  avril  i833. 

L'atlas  de  Zuccagni  Orlandini  est  termine  depuis  le 
mois  de  novenibre  ;  il  contlent  en  tout  vingt  tableaux 
ou  cartes,  dont  la  derniere  represente  I'arcbipcl  toscan. 
Mon  rapport  sur  cet  excellent  ouvrage  fut  lu  a  I'Aca- 
deniie  des  Georgopbiles  le  3  de  mars  ,  et  donna  lieu  a 
quelques  pourparlers  dans  le  sciti  de  I'academie,  et  a 
des  eclaircissemens  et  notes  supplementaires,  qui  seront 
lus  dans  la  seance  du  mois  courant.  Je  ne  sais  si  on  les 
imprimera,  car  1  oxcellente  execution  de  I'ouvrage,  sur- 
tout  dans  sa  parlie  descriptive  et  pour  la  nomenclature 
geographique ,    a  excite  quelque    jalousie.  Le   fait  est 


(  i37  ) 
pourtant  que  Zuccagni  a  reconnu  et  rectiiie  plus  de  trois 
cent  soixante-dix  erreurs  de  nonis  topographiques  dans 
les  cartes  de  ses  deux  predecesseurs  ,  dont  quarante-et- 
une  dans  hi  seule  lie  dElbe,  La  carle  du  pere  Inghirami 
excelle  par  la  precision  niathemalique,  et  celle  de  Se- 
gato  par  la  beaute  de  I'execution  caleographique;  niais 
pour  I'exactitude  de  la  nomenclature,  de  I'orthographe 
desnomsde  localite,  celle  de  Zuccagni  laisse  I'uneet  I'au- 
tre  bien  loin  en  arriere.C'est  qu'il  a  personnellenient  vi- 
site  et  examine  presque  tous  les  lieux  mentionnes  dans 
son  ouvrage;  et,  ou  il  n'a  pas  ete  en  personne,  conune 
dans  le  duche  de  Lucques  et  dans  la  Garlagana,  i!  a 
obtenu  des  autoiites  memes  et  des  notables  du  pays  les 
renseignemens  et  les  corrections  qui  lui  etaient  neces- 
saires.  Ses  tableaux  geo-ethnographiques  et  statistiques 
sont,  d'ailleurs,  ce  que  Ton  pent  voir  de  mieux  fait  dans 
ce  genre,  et  surtout  ce  qu'il  y  a  de  plus  exact  et  de  plus 
instructif  a  I'egard  de  la  geographic  et  de  la  statislique 
•de  la  Toscane. 


lO 


(  i38  ) 

TROISIEME  SEC/IION. 


ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  'j  fevrier  i834. 

Leproces-verbal  de  la  derniere  seance  est  hi  etadopte. 

M.  Felix  Let'el  ecrit  a  la  Societe  pour  iui  souinettre 
cjiielques  observations  relativement  a  la  publication  de 
son  Histoire  philosopliique  et  politique  de  I  Afrique  oc- 
cidentale,  flans  le  cas  on  la  decision  de  la  Commission 
speciale  Iui  serait  favorable. 

■  M.  Rafinesque  ecrit  de  Pbiladelpbie,  a  la  date  du  i5 
novembre  i833,  pour  envoyer  a  la  Societe  une  notice 
sur  les  monts  Cotocton  de  la  A'irginie  et  du  JMaryland, 
accompagnee  dune  petite  carte.  11  annoncequ'il  enverra 
incessatnnient  a  la  Societe  1  analyse  des  principaux  voya- 
ges, et  de  quclquesautres  travaux  publics  auxEtats-Unis. 
II  se  propose  de  joindie  a  cet  envoi  un  precis  de  ses 
voyages  en  Europe  et  en  Amerique  ,  et  une  histoire  des 
peuples  de  toutes  les  Ameriques.  La  Commission  cen- 
trale  remercie  M.  Rafinesque  de  ses  comiaunications , 
et  renvoie  sa  notice  sur  les  munts  Cotocton  au  comite 
du  Bulletin. 

M.  Guerra  ecrit  de  nouveau,  de  Bordeaux,  pour  an- 
Tioncer  qu'il  se  propose  de  concourir  au  prix  foride  par 
S.  A.  R.  le  due  d'Orleans ,  pour  etre  distribue  par  la 
Societe  de  Geographic  :  il  a  deja  ete  ecrit  a  IM.  Guerra 
que  I'irivention  agricole  dorit  i!  a  entrelenu  la  Societe  ne 
pouvait  renlrer  dans  le  programme  des  matieres  dont 
<;llc  s'occupe. 


(  '^9  ) 

M.  lebaron  d'Homhres  Fiiinas,  menibre  de  la  Sociele, 
adresse  un  niemoire  sur  iin  gyrometre  ou  roue  d'arpeti- 
tage,  et  sur  son  application  a  un  instrument  de  geodesie 
dont  un  long  usage  lui  aprouve  la  commodite  et  ['exac- 
titude. 

M.  le  redacteur  de  la  Revue  des  voyages  deinnnde  I'e- 
change  de  ce  nouveau  recueil  contre  le  Bulletin  de  la 
Societe.  La  Commission  centrale  accepte  cet  ecliange. 

II  est  rendu  compte  que  le  comite  du  Bulletin  s'est 
reuni  pour  s'occuper  de  la  proposition  faite  par  M.  d'A- 
vezac  d'ouvrir  uiie  nouvelle  serie  de  numeros  pour  le 
Bulletin,  et  que  la  majorite  du  comite  a  ete  d'avis  que 
cette  nouvelle  serie  fut  ouverte  a  partir  du  i*^''  Janvier. 
Cet  avis  a  ele  adopte  par  la  Commission  centrale. 

M.  le  commandant  d  Urville  fait  un  rapport  sur  la 
relation  espagnole  du  voyage  de  Bonechea  a  1  lie  d'Aniat 
(Tahiti^,  et  il  propose  que  cette  relation  soit  piibliee 
dans  les  memoires  de  la  Societe.  Cette  jiroposition  est 
prise  en  consideration  par  la  Commission  centrale,  et 
renvoyee  a  la  section  de  publication.  Le  rapport  de 
M.  d'Urville  sera  insere  au  Bulletin. 

M.  Warden  communique  I'extrait  du  journal  dun 
voyage  sur  la  cote  de  la  Chine,  depuis  la  province  de 
Canton  jusqu'a  la  Tartaric  Mantchoue  ,  en  i839.  et  i833> 
par  le  Rev.  Ch.  Gutxlalf.  Renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

M.  Coulier  depose  sur  le  bureau  une  note  par  laquelle 
il  fait  connaitre  lexistence  de  deux  feux  qui  ne  sont  pas 
portes  dans  la  notice  des  phares  des  cotes  de  France, 
publiee  par  ladminislratioii  des  pontj-et-cliaussees  ;  il 
demande  que  cette  note  soit  inseree  au  Bulletin  de  la 
Societe. 


(  '4o  ) 

Seance  da  1 1  fevrier. 

Le  pioces-verbal  de  la  derniere seance  est  lu  el  adopie. 

M.  Joiiannin  depose  sur  le  bureau,  pour  elre  lu  a 
la  prochaine  seance,  iin  niemoire  sur  le  choix  des 
diametres  des  globes  terrestres  artificiels,  et  sur  la  divi- 
sion des  carles  geographiques  et  des  menies  globes  quil 
conviendrail  d'adopter  dans  linteret  du  systeme  legal 
des  poids  et  niesures ,  de  I'instruction  publique  et  des 
sciences. 

M.  Benoit,  ingenieur  niecanicien  a  Troyes,  e'crit  a  la 
Societe  pour  lui  ofirir  un  globe  geographiquo  porlatif 
en  papier  pnrvhemin  ,ajA\\\.  onze  pieds  de  circonference, 
Ce  globe ,  qui  se  remplit  d'air  en  deux  minutes  environ, 
est  nionte  sur  un  support  renfermant  un  soufflet.  L'au- 
teur  soumet  ce  globe  a  I'approbalion  de  la  Societe  ,  et 
lemoigne  le  desir  quil  soil  fait  un  rapport  sur  son  in- 
vention. —  La  Commission  cenlrale  remercie  M.  Benoit 
de  son  hommage  ,  et  elle  renvoie  I'examen  du  globe  a 
une  commission  speciale,  coniposee  do  MM.  Corabocuf, 
Daussy,  Eyries   et  Reaume. 

M.  le  colonel  Jackson  ,  membre  de  la  Societe,  a  Saint- 
Petersbourg,  adresse  un  exemplaire  de  I'AideMemoire 
du  voyageur,  qu'il  vientdepublier,  el  il  acconipagne  cet 
envoi  de  quelques  details  sur  la  redaction  de  son  tra- 
vail. M.  le  colonel  Goraboeuf  est  prie  den  rendre 
compte. 

M.  Alexandre  Burnes  e'crit  de  Londres  pour  faire 
bonnuage  a  la  Societe  d'un  nouveau  niemoire  quil  a 
public  sur  le  cours  de  1  Indus,  et  qui  complete  son 
premier  travail  sur  la  description  de  ce  lleuve. 

M.  Townsend,  membre  de  la  Societe,  lui  ecrit  pour 
lui  faire  hommage  de  deux  grandes  cartes  americaines  , 


(  i4i  } 

I'une  des  Etats-Uiiis,  et  I'autre  de  I'Etat  de  New-York; 
et  il  entre  dans  quelques  details  sur  ces  deux  publica- 
tions. M.  Townsend  annonce  qu'il  vient  de  se  former, 
an  depot  de  la  marine,  a  New-York,  une  societe  sous 
le  noni  de  United  states  naval  Lyceum  ,  dont  les  travaux 
ont  pour  but  de  hater  la  marche  des  connaissances  geo- 
graphitjues.  II  tenioigne  le  desir  de  voir  des  relations 
s'ouvrir  entre  les  deux  societes,  et  il  se  feliciterait  de 
pouvoir  servir  d  intermediaire  dans  leurs  ra]>ports  scien- 
tifiques.  La  Commission  cenlrale  remercie  M.  Townsend 
de  ses  inleressantes  communications  ,  et  elle  accepte 
avec  empressement  la  proposition  qui  lui  est  faile  d  en- 
tretenir  des  relations  avec  la  nouvelle  societe  de  New- 
York.  La  Societe  fera  volon tiers  I  echange  de  son  re- 
cueil  periodiqiie  avec  les  publications  de  cet  etablisse- 
ment. 

M.  Arthus  Bertrand  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  t'aire 
homniage  du  voyage  en  Sr.ede  de  M.  Alexandre  Dau- 
mont,  qu'il  vient  de  pul)lier.  M.  Dubuc  veut  Lien  se 
charger  de  rendre  conipte  de  cet  ouvrage, 

M.  Grand-Pierre,  directeur  de  la  Societe  des  Missions 
evangeliques  de  Paris,  adresse les  deux  premieres  livrai- 
sons  deson  recueil  pour  i834,  et  appelle  I'attention  de 
la  Societe  de  Geographic  sur  le  voyage  de  MM.  Arbous- 
set  et  Casalis  dans  le  pays  encore  inexplore  des  Bas- 
soutos.  Dapres  son  desir,  le  Comite  du  Bulletin  est  in- 
vite a  presenter  une  analyse  de  cette  relation,  ainsi  que 
des  cartes  qui  I'accompagnent. 

M.  Adrien  Gochelet  rappelle  a  la  Societe  qu'il  a  eu 
I'honneur  de  rini'ormer,  par  une  Icttre  datee  de  Mexico, 
le  3o  juin  i83o,  qu'une  caravane,  composee  de  62 
individus,  etait  partie  le  7  novembre  1829  d'Albiquisi , 
dans  I'Etat  du  Nouveau-Mexique,  et  s'etaitdirigee  vers 


(  142  ) 

lu  haute  Californie,  a  travers  des  pays  qui  n'avaient  jjio- 
bablement  ele  parcounis  que  par  les  auciens  inission- 
naites  espagnols.  Cette  caravaue  etait  heuicusenicut 
arrivee  le  ii  Janvier  suivaiit  a  la  mission  de  Saint-Ga- 
briel, dans  la  Hiiute-Calilornie  ,  apres  avoir  rencontre 
quelques  tribus  sauvages  qui  ne  connnirent  a  son  egard 
»ucunes  hoslilites.  M.  Cocheliet  adresse  le  nuniero  du 
journal  officiel  mexicain  qui  fait  coniiaitre  avec  exacti- 
tude et  jour  par  jour  la  route  suivie  par  cette  caravaue, 
et  il  exprinie  le  desir  que  cet  itineraire  soit  insere  au 
liulletin.  —  Adopte. 

M.  Warden  aiinonce  que  la  societe  de  colonisation 
ameriraine  s'est  diHerniinee  a  former  un  nouvel  etablis- 
sement  qui  sera  appele  New-York,  au  cap  Mount,  ou 
sur  tout  autre  point  de  la  cote  d'Atrique  qui  sera  juge 
convenal)le.  Lacoloniedu  cap  Palinasva  prendre  le  noni 
de  Maryland.  II  est  aremarquer  qu'une  chained'etablis- 
semens  ainsi  places  le  long  de  la  cote  est  le  seul  moyen 
efficare  pour  arriver  a  I'entiere  abolition  de  la  traile. 

La  Commission  centrale  ,  a  laquelle  M.  le  professeur 
Rafinesque  s'est  adresse  pour  obtenir  la  remise  de  son 
niemoire  surles  races  negres  asiatiques  ,  dans  les  cas  ou 
il  ne  serait  pas  insere  dans  le  recueil  de  la  Societe,  de- 
cide ,  sur  I'avis  de  la  section  de  publication ,  que  ce  tra- 
vail ne  sera  pas  publie  ,  et  que  lauteur,  dapres  les  con- 
ditions du  concours  ,  sera  autorise  a  f'aire  lirer  une 
copie  de  son  manuscril. 

M.  le  president  informe  I'assemblee  que  M.  Leprieur, 
de  r  tour  depuis  quchjues  jours  d'un  voyage  dans  I'in- 
terienr  de  la  Guyane,  est  present  a  la  seance.  Sur  lin- 
vitation  de  M.  le  president,  il  annonce  qu'il  se  I'era  un 
plaisir  de  communiquer,  a  la  prochaiue  assemblee,  une 
notice  sur  ses  voyages. 

La  seance  generale  est  iixee  au  4  avril  prochain. 


(  '43  ) 

aCVRAGKS    OFFEKTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  dii  'j  feviier  i834. 

Par  M.  le  directeur  tin  Deput  de  la  guerre  :  Vlan 
iF Alger  et  des  environs,  drcsse  au  Depot  de  la  guerre 
sous  la  direction  de  M.  le  general  Pelet.  i832.    i  feuille. 

Par  M.  Albert-Monteinont  :  Bibliotlieque  universelle 
des  voyages,  14*"  livr.  ,   in-8°. 

Par  M.le  capita'ne  d'Ui-ville  :  16'',  i7''  et  18'  livraisons 
du  Voyage pittoresque  aiitour  du  monde. 

Par  M.  Jaubert:  Meiaoii  e sur  V ancien  cours  de  V Oxus. 
Droch.  in-8°. 

Par  M.  Ramon  de  la  Sagra  :  Tahlas  necrologicas  del 
colera  morbus  en  la  ciitdad  de  la  Habana  y  sits  arraba- 
les,  etc.  I  vol.  in  4°- 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annates  des  voyages,  cahier 
de  Janvier  i834. 

Par  MM.  les  redactenrs  •.Revue  des  voyages,  2' livr. 

Par  M.  de  Moleon  :  Bceiieil  de  la  Societe  Poly  tech- 
nique,  2^serie,n'^  i, Janvier. 

Par  M.  Virlet  :  Notes  geologiques  sur  les  ties  du  nord 
de  la  Grece  ,  in-8\ 

Par  M.***  :  Sur  T emplacement  de  robelisque  du  Louqsor. 

Par  la  Societe  d'agriculture  de  la  Charente  :  Jnnales  de 
cette  Societe ,  cahiersde  novembre  et  decembre. 

Par  M.  le  directeur  :  Plusieurs  numeros   du  journal 

TInstitul. 

Seance  du  2 1  fevrier. 

Par  M.  Townsend  :  Carte  des  Etats-Unis ,  par  Amos 
Lay.  New-York,  i83i.  —  Carte  de  Vetat  de  New-York , 
avec  une  partie  des  etats  de  Pensylvanie  et  de  New- 
Jersey.  2""  edit.,  1829. 

Par  M.  Benoit  :  Globe  terrestre,  dresse  par  A.  Des- 
madry] ,  geograplie,  et  public  par  M.  Benoit  (3™,575 


(  M4  ) 

c!e  circonfererice,  i"',i37,5  de  dianietre).  Imprirae  sur 
papier  parchemin.  Troyes,  i833. 

Par  M.  All)ert  Monteinoiu  :  Dibliotheque  universelle 
lies  voyages,  i  5*^  livr. 

Par  M.  le  tapitaine  d'Urville  :  Deux  livraisons  du 
Voyage  pittoiesque  aiitour  du  inonde. 

Par  M.  Arlhus  Bertrand  :  Voyage  en  Suede ,  contenant 
des  notions  elendues  sur  le  commerce,  I'industrie,  I'a- 
griculture,  les  mines,  les  sciences,  les  arts  et  la  littera- 
turedece  royaume,  etc. ,  par  Alexandre  Danniont.  avol. 
in-8'^  avec  un  atlas  in-4  '. 

Par  M.  le  colonel  Jackson  :  Aide-memoire  du  voya- 
geur,  I  vol.  in-i2  avec  atlas. 

Par  M.  Al.  Burnes  :  J  memoir  of  a  map  oj  the  eas- 
tern branch  of  the  Indus  ^  giving  an  account  of  the  alte- 
rations produced  in  it  bjthe  enrtliquake  of  i%ig  and  the 
bunsting  oJ  the  dums  in  1826,  etc.  1  vol.  in-4"  Htliogra- 
phie ,  avec  une  carte. 

Par  la  Societe  royale  Asiatique  de  Londres  :  Procee- 
dings of  the  Society,  diicembrc.  In-S". 

Par  M.  Bajot :  Annates  maritimeset  co/onia/es,  valners 
de  Janvier  et  fevrier  i834. 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliques  :  Carte  du 
sud-est  deVAfrique,  pour  lintelligence  des  travaux  des 
missionnaires  francais,  i834-  —  Carte  du  pays  des  Bas- 
sonios,  au  sud  de  C Afrique ,  dressee  par  le  missionnaire 
Casalis  ,  i834- — Cahiers  de  Janvier  et  fevrier  du  Journal 
ftes  Missions. 

Par  la  Societe  asiatique  :  Cahicr  de  Janvier  de  son 
Journal. 

ParM.  le  directeur:  Memorial cncrclopeditpie ,  caliier 
de  fevrier. 

Par  M.  le  directeur :  Plusieurs  n""  du  journal  Vlnstitut. 


BULLETIN 


UE    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


malRs  i834. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


JR  APPORT  sur  iin  manuscrit  espagnol presente  a  la  Societe 
de  Geographie  par  M.  H.  Ternatix. 

11  est  a-peii-pres  reconnu  auj6urd  hui  que  la  premiere 
deoouverte  de  Taiti  est  due  a  Quiros.  Apres  avoir  ren- 
contre piusieursiles  de  I'archipel  Pomotou,  dont  I'iden- 
tite  n'est  pas  encore  bien  constatee,  !e  9  fevrier  1608,  il 
apercut  de  loin  la  haute  ile  de  Ma'itia,  qu  il  nonima  De- 
zenn.  Le  10,  on  eutconnaissance  dune  grande  et  haute 
lerre  bien  peuplee,qu'on  nomma  Sagittaria.  Dans  cette 
journee  et  dans  les  deux  suivantes,  on  eat  des  commu- 
nications avec  ses  habitans.  Tous  les  renseignemens  que 
nous  a  laisses  Quiros  sur  leurs  traits  moi  aux  et  physiques, 
et  sur  la  nature  de  1  ile,  ne  permettent  pas  de  douter 
que  ce  ne  fiit  celle  de  Taiii.  Une  autre  raisoii,  plus  pe- 
remptoire  encore  pour  trancher  la  difficulte,  c'est  que, 
dans  toute  I'etendiie  de  1  Ocean  Pacifique,  il  n  existe  pas 

1 1 


(  i46) 
sur  !e  parallele  de  ij"  4o'  tie  lat.  S. ,  assigne  par  Quiros 
a  la  parlleN.  de  \n  Sagittan'a,  une  seule  terre  qui  puisse 
repondre  en  aiicune  maniere  aux  details  consignes  dans 
la  relation  de  Quiros. 

Touiefois,  coinme  loutes  celles  (jui  avaicnt  lieu  a  cette 
epoque,  cette  importanle  decouverteresta  pen  ronniie. 
11  taliut  que  I'Anglais  Wallis  fit,  pour  ainsi  dire,  une 
seconde  fois  la  decouverte  deTaiti.  II  y  sejourna  du  19 
juin  an  27  juillet  1767,  et  lui  imposa  le  nom  de  He  de 
Georges  III,  qui  ne  fut  pas  meme  adopte  par  les  Anglais. 

Notre  compatriote  Boug.\inville  suivit  depres  Wallis 
dans  cette  lie,  qu'ii  voulut  notnmer  Nom>eUe-Cythere , 
designation  qui  neut  pas  plus  de  succes  que  celle  de  ses 
predecesseurs.  Sa  relache  fut  courte,  puisqu'elle  ne  dura 
que  du  6  au  i5  avril  i  j68.  Cependant  le  spirituel  navi- 
gateur  nous  laissa  sur  cette  He  des  details  reniplis  de 
charnie  et  de  fraicheur. 

Enfin,  dans  ses  trois  voyages,  le  celebre  Cook,  de- 
puis  1769  jusqu'a  la  fin  de  1777,  visila  frequeniment 
Taiti  et  y  fit  souvent  de  longues  stations.  C'etait  son  He 
favorite,  cetait  ia  qu'il  venait  se  reposer  de  ses  longues 
explorations,  quil  venait  renouveler  son  eau,  son  bois 
et  sesvivres.  Sa  liberalite,jointea  son  inflexible severite, 
I'avait  rendu  aussi  cher  que  redoutable  aux  naturels,et 
its  Ihonoraient  a  legal  d  un  de  leurs  dieux.  Ses  descrip- 
tions,  et  surtout  celles  du  savant  Forster,  firent  con- 
nailre  a  I'Europe  entiere  cette  delicieuse  He  mieux  qu'au- 
cune  province  de  France  ou  d'Angleterre.  Cook  eut  le 
bon  sens  de  lui  conserver  le  nom  indigene,  niais  il  fut 
etrangement  defigure  en  celui  de  Otalieilc  ,  par  leffet 
de  rorlhograplie  anglaise. 

II  nenlre  pas  dans  notre  plan  de  parler  des  nonibreux 
navigateurs  qui  visilerent  Taiti  depuis  Cook  jusqu'a  nos 


(  i47  ) 
jours.  Ce  que  nous  avons  dit  menie  des  voyages  de  Wal- 
lis ,  Bougainville  et  Cook,  n'avait  d'autre  objet  que 
de  rappeler  que,  suivant  1  opinion  commune,  les  An- 
glais et  les  Francais  seuls  avaient  eu  part  aux  travaux 
qui  nous  firent  connaitre,  il  y  a  soixante  ans  environ  , 
Taiti  et  les  iles  voisines.  Cependant  les  Espagnols  aussi 
prirent  part  a  celte  impulsion.  Deux  expeditions,  parlies 
de  CuUao ,  eurent  lieu  de  1772  a  1775;  elles  se  dirige- 
rent  vers  Taiti ;  Jans  la  seconde  meme  ,  una  mission  fut 
etablie,  et  deux  pretres  furent  laisses  sur  cette  ile  ;  mais 
le  tristc  esprit  de  mystere  et  de  reticence  qui  presidait 
aux  operations  du  cabinet  de  Madrid,  jetaun  voile  epais 
sur  ces  expeditions,  et  la  geographic  resta  privee  des 
renseignemens  quelle  ex\\,  pu  en  retirer. 

Seulement  Cook,  dans  un  second  voyage  en  lyy'i, 
fait  mention  en  pen  de  mots  de  la  premiere  expedition 
espagnole,  disant  que  le  vaisseau,  qui  elait  de  la  gran- 
deur de  la  Resolution ,  avail  passe  trois  semaines  dans 
le  liavre  de  PFai-Ouroua  ,  et  qu'il  avait  emmene  quatre 
naturels  du  pays.  Lors  deson  troisieme  voyage  en  1777, 
il  parle  aussi  dune  maniere  tres  succincte  de  la  se- 
conde expedition  des  Espagnols,  de  I'etablissemeiit  des 
dteux  pretres,  et  de  leur  depart  sur  deux  navires  de  leur 
nation  apres  un  sejour  de  fiix  mois. 

II  parait  neanmoins  qu'une  relation  du  voyage  fait  par 
les  Espagnols  en  1774  est  parvenue  a  la  connaissance 
de  M.  de  Rrusenstern,  puisqu'ii  en  fait  mention  dansle 
premier  volume  de  ses  Memoires  hydrographiques  sur 
rOcean  Pacifique,  a  I'endroit  ou  il  parle  des  decouvertes 
du  capitaine  Boenechea;  cependant  il  designe  la  fregate 
sous  le  nom  de  Santa-MariaMagclalena,  tandis  quelle 
sappelait  Vjguila. 

Tel  etait  1  etatde  nos  connaissances  sur  les  expeditions 

11. 


(  i48  ) 

des  Espagiiols  a  Taiti  de  1772  a  iyy5,  lorsquun  ina- 
nuscrit  espagnol  presente  a  la  Societe  de  Geographic 
par  M.  H.Ternaux,  est  venu  jeter  une  vive  lumiere  sur 
ces  fails.  Ce  manuscrit,  compose  de  162  pages  dune  ecri- 
ture  tres  correcte  et  tres  piopre,  est  le  journal  nienre  du 
capitaine  du  navire  qui  servait  de  conserve  a  la  fregale, 
lors  du  second  voyage.  Par  un  singulier  hasard,  le  noni 
de  ce  capitaine,  qui  parait  avoir  ete  un  niarin  eclaire , 
judicieux  ,  et  surtout  Ires  exact  dans  ses  observations, 
nest  mentionnenullepart.il  nous  donnedans  lecoursde 
son  re'cit,  les  noms  desprincipaux  officiers  de  la  fregate, 
des  -pilotes  des  deux  batimens,  et  meme  d'autres  per- 
sonnes,et  le  sien  n'existe  en  aucun  endroit.  Cependant, 
comme  il  lui  arrive  de  parler  de  son  fils  sous  le  nom  de 
Josef  Gregono,  il  est  naturel  de  penser  qu'il  se  nommait 
aussi  Gregono.  A  tout  hasard,  pour  la  commodite  de 
notre  recit,  nous  empioierons  cette  designation,  per- 
suade que  I'erreur,  s'il  y  en  a,  ne  sera  pas  importante. 
Maintenant  nous  allons  donner  une  courte  analvse  du 
journal  en  question,  nous  bornant  aux  faits  qui  sont 
dun  interet  direct  pour  la  geographie. 

En  1772,  le  capitaine  de  fregate  don  Domingo  de  Bo- 
nechea  avai*,  decouvert  I'lle  de  Taiti ,  et  I'avait  nommee 
Amat,  en  honneur  du  vice-roi  gouverneur,  et  capitaine- 
geueral  des  royaumes  du  Perou  et  du  Chili.  Le  vice-roi 
don  Manuel  Amat,  en  1774?  "'it  la  fregate  rjguila  sous 
les  ordres  du  capitaine  Bonechea  ,  pour  conduire  a  Taiti 
les  deux  missionnaires  Fra  Geronimo  Clota  et  Fra  Nar- 
cisso  Gonzales,  qui  devaient  y  travailler  a  la  conversion 
(les  infideles.  Ces  ecclesiasliques  etaient  accompagnes 
dun  interprete  et  dedeux  nalurels  amenes  dans  le  voyage 
precedent,  et  qui  avaient  recu  le  bapteme  a  Lima.  Le 
paqiiebol  ht  Jupiter  int  frete  pour  servir  de  conserve  a 


i  ^49) 
la  fregate  et  transporter  l:i  niaison  de  bois  preparee  pour 
les  niissionnaires,  et  divers  animaux  domestiques  cju'on 
voulait  introduire  dans  1  ile.  L'auteur  de  cette  relation 
fut,  dit-il,  designe  pour  capitaine  et  premier  pilote  du 
paquebot. 

L'expedition  niit  a  la  voile  du  port  de  Callao ,  le  20 
septenibre  1774?  et  Gregorio  prit  son  point  de  depart 
de  la  pointe  de  I'lle  San-Lorenzo,  qu'il  place ,  d'apres  une 
carte  francaise  de  1756,  par  298°  aS'  de  longitude, 
comptes  du  meridien  de  Tenerif.  Cette  remarqueest  im- 
portante,  car  c'est  de  la  que  derivent  toutes  les  longi- 
tudes du  voyage. 

Des  le  5  octobre,  dans  une  nuit  obscure  ou  le  vent 
soufflait  avec  violence  et  soulevait  une  grosse  mer,  le 
Jupiter  perdit  de  vue  le  fanal  de  la  fregate.  Le  6,  au  jour, 
il  ne  put  la  rallier;  leur  separation  fut  consonimee,  et 
ils  ne  se  reunirent  que  devant  Taiti. 

Le  3o  octobre,  a  cinq  heures  et  demie  du  matin,  on 
apercut  une  ile  basse ,  au  sud  de  laquelle  on  avait  passe 
dans  la  nuit,  et  a  moins  de  4  on  5  milies  dans  le  sud. 
Gregorio  crut  d'abord  que  c'etait  I'ile  San-Simon  el  San- 
Judes  ,  decouverte  dans  le  voyage  precedent;  niaisil  re- 
connut  a  Amat  que  e'en  etait  une  autre,  et  la  fregate  , 
qui  en  avait  eu  aussi  connaissance,  I'avait  nommee  San- 
Narcisso.  Cette  lieresta  ensuite  inconnue  jusqu'en  1822, 
ou.elle  fut  revue  par  le  capitaine  Clarke;  en  1828,  elle 
fut  aussi  reconnue  par  M.  Duperrey,  qui  la  nomma  d'a- 
bord ile  Daugier,  la  croyant  nouvelle.  Gregorio  la  placa 
par  17020'  Lat.  S,  et  238"  58'. 

Le  i^'  novembre,  au  point  du  jour,  on  decouvrit  une 
lie  basse  dans  le  sud.  Ou  la  prit  d'abord  pour  lile  Sau- 
Quintin;  mais  a  midi  on  observa  la  latitude  a  5  milies 
environ    de   la    pointe    septentrionale,    qui    se    trouva 


(  »5o) 

placee  par  ly"  44'  ''»*•  '^^  ct  '2i6>  49'  '""g-  ^t^'**  <'c- 
niuntra  que  cette  ile  etait  differente  de  San-Quintin,  et 
on  lui  donna  le  noin  de  las  Animas,  parce  quelle  avail 
ete  apercue  la  veille  du  jour  des  niorts. 

Gette  lie  a  plus  de  'j  licues  de  lon<^  du  N.  E.  au  S.  O. 
Ses  rives  offrent  des  plages  d  un  sable  tres  blanc,  etl'on 
ne  put  (louter  qu  elle  ne  fut  liabitec,  attendu  qu'on  re- 
marqua  plusieurs  cases.  Le  milieu  de  sa  cote  septentrio- 
nale  etait  eloigne  del  ileSan-Narcisso  de  ^i  lieues  a  10. 
1 1°  S.  corrige  (  varia.  S"  3o'  N.  E.  ). 

Tons  ces  renseignemens  demontrent  jusqu'a  Tevi- 
dence  que  cette  lie  de  las  Animas  est  identique  avec 
rile  Moller,  reconnue  en  1820  par  le  capitaine  Bellings- 
hausen et  1  lie  Freycinet,  revue  en  iSaS  par  le  capitaine 
Duperrey.  Sur  notre  carte,  nous  lui  avons  assigne  le 
noni  de  Maiiou,  que  Beechey  donne  coinme  celui  des 
naturels  ;  niais  Gregorio  indique  dans  son  tableau  celui 
de  Noaroa.  Le  navigateur  qui  aura  des  communications 
sures  avec  ses  habitans,  decidera  lequel  de  ces  deux 
noms,  Manou  ou  Noaroa,  doit  rester. 

Une  troisieuie  ile  basse  fut  apercue  le  jour  suivant  a 
six  heuresdu  matin;  on  courutdessuspour  savoirsic'e- 
tait  celle  de  Todos-Santos  ^  mais  on  sut  plus  tard  que 
c'etait  rjle  San -Simon  et  Judes,  que  le  capitaine  Bone- 
chea  avail  decouverte  dans  le  voyage  precedent.  On 
s'approcha  jusqu'a  un  demi-mille  de  sa  bande  occiden- 
lale,  et  Ton  vit  une  troupe  nonibreuse  de  naturels  qui 
paraissaient  se  preparer  a  repousser  par  la  force  des 
amies  toute  espece  de  tentative  de  debarquement.  Le 
ciel,  convert,  ne  permit  point  d'observer  la  latitude  de 
cette  lie,  dont  le  milieu  fut  place,  d'apres  I'estime, 
a  17"  i5'  lat.  et  236''  2'  de  long.,  a  17  lieues  a  I'O.  N. 
(). ,  5°  3o'  N.  corrige,  de  lile  de  las  Animas.  Cette  ile  de 


(  i5i  ) 
Saii-Sinion  et  Jiides  esl  ceitainenieiit  la  nieine  que  celle 
de  la  Resolution,  reconniie  par  Cook  en  1773.  Si  Boiie- 
chea  la  viteii  1772,1a  decouverte  lui  en  appartient  sans 
con  tr  edit. 

Des  le  3  au  point  du  jour,  une  autre  ile  basse,  con- 
verte  d'arbres  et  entouree  de  plages  d  un  sable  bianc,  se 
montra  a  5  niilles  dans  le  nord ;  elle  recut  le  noni  Aelos 
Martires ,  et  sa  pointe  sud  tut  placee  par  17"  21'  lat,  et 
235"  2'  long. ,  a  18  lieues  et  demie  a  10.,  7°  S.  corrige 
du  milieu  de  San-Simon  et  Judes.  Nul  doute  que  cette 
lie  ne  soil  la  meme  que  1  ile  Douhtful,  decouverte  I'an- 
nee  precedente  par  Cook. 

Le  meme  jour,  a  trois  lieures  du  soir,  on  apercut  en- 
core une  ile  basse,  que  Ton  rangea  a  une  lieue  de  dis- 
tance a  quatre  heures  du  soir,  Elle  avait  de  2  et  demie 
a  3  lieues  de  longueur  de  lest  a  rouest,sur  un  mille  dans 
sa  plus  grande  largeur,  ce  qui  en  rend  I'approche  fort 
dangereuse.  Cette  ile,  qui  fut  reconnue  pour  etre  celie 
de  San-Quinlin,  decouverte  par  le  capitaine  Bonechea 
dans  le  voyage  precedent,  fut  placee  par  Gregorio  par 
17"  3o'  lat.  et  334"  45'  long.,  a  la  distance  de  17  lieues 
et  demie  de  la  pointe  S.  de  Los  Martires,  a  10.  i/4  S.O., 
2"  21'  O.  corrige.  La  latitude  de  cette  lie,  sa  distance  a 
I'lle  Todos-Santos  ou  Anaa,  et  a  la  piecedente,  nous 
portent  a  croire  quelle  n'avait  plus  ete  revue  jusqu'a 
Beechey  en  1826,  qui  I'a  nornxnce  Crokei:  En  conse- 
quence, MM.  Krusenstern  ,  Duperrey,  et  nous-meme 
sur  notre  carte  de  I'Oceanie  ,  avons  tons  place  1  ile  San- 
Quintin  trop  a  lest. 

Le  4  novembre,  a  trois  beures  et  demie  du  soir,  on 
apercut  Tile  basse  de  Todos-Santos,  reconnue  par  le 
capitaine  Bonechea  dans  le  voyage  precedent.  I!  etait  deja 
nuit  lorsqii'on  la  doubla  au  sud,  de  sorte  qu'on  ne  put 


(     l52    ) 

la  bien  reconnaitre  ni  conslater  son  etendiie.  On  sonp- 
conna  quelle  etait  peuplee,  d'apres  une  case  que  Ton 
apercut.  La  position  cle  sa  pointe  su(f  fut  etablie  par 
Gregorio  par  ly"  3i'  lat.  S.  et  232"  8'  long.,  a  32  lieues 
et  deinie  de  SanQuintin,  dans  10, ,  4^  io'  S.  coriige. 
Gitte  He  de  Todos-Santos  est  evidemment  Tile  Chain  on 
Anaa,  decouverle  par  Cook  en  17696!  revue  par  lui 
en   1772. 

On  apercui  dans  la  soiree  du  5,  a  I'ouest,  une  apparence 
de  terredans  les  nuages,  qui  ne  tarda  pas  a  se  cacher.  La 
nuit  lut  passee  a  la  cape.  Le  jour  suivantau  matin,  on 
revit  la  terre  de  la  veille  a  10.  S.  O. ,  et  ;i  huit  heures, 
une  autre  qui  semblait  plus  proche  au  N.  N.  O.  5"  O.  du 
Gompas.  On  gouverna  sur  relle-ci,  pour  s'assurer  si  ce 
n'etait  point  I'lle  de  Amat;  mais  a  midi,  la  latitude  ob- 
servee  etant  17"  a3'  ,  et  I'lle  en  vue  restant  encore  a  quel- 
ques  lioues  plus  au  nord,  il  lut  reconnu  quece  nepou- 
vait  etre  Amat  on  Taiti.  Gregorio  ajoiitequ'a  Taiti  Ion 
apprit,  par  I'un  des  piloles  les  plus  habiles  du  pays,  que 
celte  lie  etait  Matea ;  il  etablit  sa  position  environ  par 
16"  5o'  lat.  S.  et  23o'6'  long. ,  a  la  distance  de  4 1  Ueues 
fJe  Todos-  Santos,  et  a  10.  N,  O.  3"  O. ,  el  la  nomine  dans 
son  tableau  San-Diego. 

Ici  nous  devons  faire  une  remarque :  dapres  les  ob- 
servations de  Turnbull  en  i8o3  ,  et  surlout  de  Belling- 
hausen  en  1820,  lile  Matea  est  situee  par  i5o52'  lat.  S.j 
ainsi  ce  n'est  point  elle  dont  il  est  question  ci-dessus. 
Kxiste-l-il  une  lie  encore  inconnue  sur  nos  cartes  qui 
doive  se  rapporter  a  la  position  que  vient  d'assigner 
Gregorio,  c  est-a-dire  a  21  lieues  environ  au  N.  N.  E.  de 
Maitia?  Les  routes  de  Cook  et  de  Wilson,  iracees  sui 
la  carte  que  M.  Duperrey  adressee  des  lies  Pomolou  por- 
tent a  penser  le  contraire.  Cepcndant,  couime  I'une  et 


■  (  »53  ) 
I'autre  de  ces  routes  passent  encore  a  i8  ou  20  nnlles  de 
cette  position,  et  que  Gregorio  est  dune  grande  exac- 
titude sur  tous  \es  auties  points  qu'il  a  signales  ,  il  est 
possible  qu'une  nouvelle  ile  soit  a  retrouver  dans  ces  pa- 
rages. La  question  nierite  d'etre  resolue  par  le  premier 
capitaine  qui  sera  appele  a  les  visiter. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Gregorio  ,  quittant  sa  pretendue  \\e 
de  Matea ,  se  dirigea  desorniais  sur  la  haute  terre  qui! 
voyait  au  S.  O.  Contrarie  par  les  vents  faibles  et  va- 
riables, le  7  a  midi  il  n'en  etait  encore  qu'a  2  ou  3  lieues 
auN.  E. ;  niais  la  latitude  observee  lui  fit  reconnaitre 
que  c'etait  San-Christoval ,  ou  Maitia  des  naturels.  II  la 
place  par  17°  44'  lat.  S.  et  229°  34'  long. ,  a  49  lieues  i/3 
a  rO.,  5°  S.  corrige  de  Todos-Santos,  et  a  21  lieues  au 
S.  S.  O.,  7°  1 5'  O.  de  son  ile  San-Diego. 

Le  8  novembre ,  au  coucher  du  soleil ,  on  apercut  les 
sommets  de  I'lle  Amat  ou  Taiti,  et  le  9  au  matin  on  se 
trouva  sur  sa  cote,-  niais  il  se  passa  plusieurs  jours  sans 
qu'on  put  atteindre  le  mouillage.  Le  i5,  le  Jupiter  se 
reunit  a  la  Iregate.  Durant  dix  jours,  ils  furent  encore 
ballottes  par  les  grains,  les  rafales  et  les  courans  ,  et  le 
5.7,  les  deux  navires  affourcherent  dans  le  portdeFatou- 
Tira,  sur  la  presqu  ile  du  S.  E. ,  qu'ils  noinnierent  port 
de  la  Santissinia  Cruz.  Ce  port  de  Fatou-Tira  repond, 
sur  la  carte  des  voyages  de  Cook,  a  Owkatou-Tera , 
qu'on  doit  ecrire  regulierement  fFatou-Tera.  Gregorio 
place  ce  point  par  17° 45'  lat.  S.  et  228°  56'  long. 

Notre  navigateur  consacre  plus  de  soixante  pages  de 
sa  relation  a  donner  des  details  sur  les  productions  de 
Taiti,  sur  le  caractere,  les  nioeurs,  les  coutumeset  les 
occupations  de  ses  habitans.  Tous  ces  details  sont  pleins 
d  exactitude  ct  de  bonne  foi  ;  mais  coinnie ,  apres  tout, 
ils  n'apprenuent  rien  aujourd  hui  qui  nail  ete  raconle 


(  ,54  ) 
bien  ties  fois ,  nous  les  snpprimerons  dans  cette  analyse. 
Dans  les  noms  des  naturels  ciles  par  Gregorio ,  on  re- 
troiive  bientot  cen\  qui  Hgurent  aussi  dans  les  recits  de 
Cook,  en  tenant  compte  des  differences  notables  qui 
existent  entre  la  prononciation  anglaise  et  celle  des  Es- 
pagnols  pour  traduire  les  iioms  polynesiens  en  carac- 
teres  europeens. 

Cook,  dans  son  recit,  parle  d'une  maniere  assez  de- 
daigneuse  des  tentatives  des  Espagnols  pour  s'etablir  a 
Taiti.  Cenx-ci  avaient  connaissance  des  voyages  des  An- 
glais, et  on  sera  sans  doutecurieux  de  savoir  comment, 
a  leur  tour,  ils  s'exprimaient  sur  le  compte  de  leurs 
rivaux  : 

«  La  douceur  et  la  complaisance  que  nous  temoigna- 
mes  a  ces  peuples,  comparees  a  la  rigueur  et  a  la  bru- 
talite  avec  lesquelles  ils  furent  traites  par  les  Anglais  qui 
se  trouvaient  ici  I'annee  derniere,  leur  donnerent  lieu  de 
croire  que  ceux-ci  sonl  plus  courageux  que  les  Espa- 
gnols. Pour  ce  n>otif,  et  parce  que  les  Anglais  furent 
plus  gene'eux  envers  les  Taitiens,  malgre  leur  cruaute, 
ils  leur  inspirerent  a-la-fois  plus  de  respect  et  d'attache- 
ment.  Pour  preuve  ,  je  raconterai  le  trait  suivant.Un  de 
nies  mateiots,  nomme  Joseph  Navarro  ,  alia  a  lerre  pour 
laver  le  linge  des  offlciers.  Differens  Indiens  I'ayant  en- 
toure,  sous  pretexte  de  voir  comment  il  lavait,  luienle- 
verent  quelques  chemises.  Le  matelot  mit  en  siirete  le 
reste  de  son  linge,  et  poursuivit  I'lndien  qu'il  supposait 
etre  le  voleur;  mais  celui-ci,  au  milieu  de  sa  course,  ra- 
massa  une  pierre  avec  une  promptitude  inconcevable, 
et,  revenant  sur  Navarro,  la  lui  lanca  avec  tant  de  force 
et  d'adresse  ,  qu'elle  lui  fracassa  le  crane.  II  serait  infail- 
liblement  mort  de  cette  blessure,  si  I'excellent  cliirur- 


(  '55  ) 
gien-niajor  de  la  fregate  iie  lui  eut  fait  I'operation  ne- 
cessaire. 

'■  Les  Indiens  craignirent  que  nous  ne  vouiussions  les 
tuer  pour  nous  venger,  attendu  que,  pour  des  motifs 
bien  nioins  graves,  les  Anglais  en  tuerent  plusieurs  et 
en  blesserent  un  plus  grand  nonihre  :  aussi  les  deux 
eris  prirent  la  fuite,  et,  a  leur  exemple,  leurs  snjetS, 
emportant  avec  eux  tout  ce  qu'ils  possedaient.  Aussitot 
le  commandant  expedia  linterprete  pour  les  rassurer, 
et  leur  nffirmer  de  sa  part  qu'on  ne  les  poursuivrait  en 
aucune  maniere.  Cette  promesse  les  determina  a  revenir 
occuper  leurs  habitations.  Notre  conduite  leur  fit  com- 
prendre  que  les  Anglais  etaient  plus  portes  a  la  colere 
et  a  la  vengeance  que  les  Espagnols,  et  ils  contaient  a 
iios  gens  que  s'il  arrivait  quelque  navire  de  cette  nation, 
ces  honinies  nous  tueraient  tons. 

«  L'un  des  Indiens  que  je  conduisis  a  Raiatea,  nonime 
Oro-Metoua  m'informa  qu  apres  que  le  commandant 
Bonechea  eut  passe  a  Taiti  dans  son  premier  voyage,  il 
y  etait  arrive  un  grand  navire  qui  devait  etre  un  vaisseau 
de  ligne,  d'apres  les  gestes  qu'il  fit,  et  une  fregate  un 
peu  plus  grande  que  VAguila,  dont  le  commandant, 
disait-il,  se  nommait  Otoute,  et  etait  Bretane  de  nation. 
Comme  ces  Indiens  ne  peuvent  prononcer  exactement 
les  mots  des  langues  europeennes,  je  ne  fus  point  fixe 
sur  le  nom  du  commandant;  mais  je  ne  pus  douter  qu'il 
ne  flit  Anglais,  tant  a  cause  du  nom  de  Bretane  qu'O- 
ro-Meloua  donnait  a  sa  nation ,  que  parce  qu'il  iniitait 
avec  une  grande  perfection  une  chanson  et  une  contre- 
danse  anglaise,  non-seulement  avec  lair,  le  ton  et  la 
mesure,  mais  encore  avec  leur  maniere  de  la  fredonner 
avec  les  dents  serrees.  En  outre ,  je  vis  entre  les  mains 
des  naturels  differens   objets  que  les  Europeens  leur 


(  '56) 
avaient  donnes,  et  ils  m'assurerenl  que  !e  roi  Otou  pos- 
sedait  uii   pavilion  et  deux  enseignes  anglaises  qui  lui 
avaient  ete  donnees  par  le  conunandant  et  les  officiers 
de  ces  deux  navires. 

«  Oro-Metoua  me  dit  qu'ils  etaient  restes  iiiouilles  dans 
le  port  de  Fatou-Tira  deux  niois  ou  lunes,et  que  la  fre- 
gate  parlit  avant  le  vaisseau.  Gelui-ci  ayant  ensuile  mis 
a  la  voile,  alia  seul  a  Raiatea.  Apres  I'avoir  reconnu  et 
avoir  mouille  dans  un  de  ses  ports,  il  parlit,  emmenant 
avec  lui  trois  Indiens  de  cette  ile.  A.pres  une  navigation 
d'une  lune,  ils  trouverent  une  grande  terre  oil  il  faisait 
tres  froid,  et,  ayant  navigue  sui  sa  cote  une  autre  lune, 
ils  n'en  purent  trouver  I'extremile.  Les  habitansen  sont 
paisibles  et  genereux;  ils  ont  de  meilleurs  vetemens  et 
d'autres  ohjets  que  ceux  de  Taiti.  Enfin  le  vaisseau  re- 
vint  pour  laisser  dans  leur  patrie  deux  des  trois  Indiens 
qu'il  en  avait  tires,  emmenant  avec  lui  le  troisieme. 

«  Quant  au  nom  de  cette  terre ,  il  y  a  incertitude , 
puisque  les  uns  la  nomniaient  Gouytajo ,  et  I'lndien 
Oro-Metoua,  avec  d'autres,  Tonetapou. 

"  Parini  les  differentes  choses  que  ces  Indiens  appoi- 
terent  a  Raiatea,  et  qui  passerent  cnsuite  a  Taiti,  il 
m'arriva  par  hasard  de  voir  une  espece  de  coutelas  a 
deux  tranchans  den  teles  en  scie  dune  pierre  fine,  noire 
el  pesante,  orne  dune  sorte  de  ciselure  execuiee  laite 
avec  quelque  gout.  Comme  cette  arme  nest  usitee  par  les 
iiaturejs  d'aucune  des  iles  que  nous  avons  vues  dans  ce 
voyage,  son  apparition  donne  quelque  poids  a  la  rela- 
tion que  font  les  naturels  de  la  decouverte  operee  par 
les  Anglais. 

"  Je  suis  porle  a  croire  que  cette  terre  serait  une  par- 
tie  de  la  Nouvelle-Zelande,  parcc  que  les  naturels  dirent 
qu'il  y  faisait  fioid;  or,  Ij  parlie  la  plus  septentrionale 


(  iSy  ) 
de  ia  Nouvelle  Zelande  se  trouve  par  les  34°  environ 
dans  cet  heniisphe»e  meridional.  En  outre  ,  coninie  je  le 
vis  dans  les  journaux  des  officiers  du  navire  francais  le 
Saint-Jean-Baptiste,  sous  le  conimandement  de  M.  de 
Surville,  qui  vint  de  I'lnde  orientale  a  Callao  en  traver- 
Sant  la  mer  du  Sud ,  il  est  constant  qua  partir  de  son 
extremite  septentrionale  les  Francais  decouvrirent  une 
grande  parlie  de  la  cote  de  la  Nouvelle-Zelande ,  qui 
courait  au  S.  E.  et  a  I'E.  S.  E.  a-peu-pres,  partie  qui  n'a- 
vait  pas  encore  ete  decouverte  jusqu'alors.  Ainsi  il  n  y  a 
pas  de  doiite  que  la  distance  de  tlaiatea  jusqu'a  la  Nou- 
velle-Zelande n'a  pu  etre  le  cheniin  fait  par  le  navire 
anglais  durant  le  premier  mois ,  et  que  la  Nouvelle-Ze- 
lande ne  puisse  etre  un  continent  qui ,  apres  avoir  couru 
a  Test,  se  dirige  ensuiie  vers  le  pole  Sud,  en  formant 
un  canal  avec  le  cap  Horn. 

«  Revenant  a  la  fre'gate ,  je  demande  niaintenant  au 
lecteur  ou  elle  alia  seule,avant  que  le  commandant  quit- 
tat  Taiti  pour  Raiatea ,  et  cette  ile  pour  la  decouverte 
de  cette  derniere  terre?  Quels  motifs  I'obligerent  a  cette 
separation?  II  est  certain  que  s'il  devait  revenir  en  Eu- 
rope par  le  cap  de  Bonne-Esperance  ou  par  celui  de 
Horn,  il  n'auraitpas  permis  cette  separation  sans  encou- 
rir  de  graves  reproclies. 

«  Comment  put-il  embarquer  assez  de  vivres,  et  cl'assez 
bonne  qtialite  ,  pour  qu'ils  n'eussent  point  ete  exposes  a 
souffrir  la  corruption  dans  un  voyage  aussi  long  que 
celui  d'Angleterre  a  Taiti ,  dans  le  sejour  de  deux  mois 
(|u'il  fit  dans  cette  ile,  dans  le  temps  qu'il  consuma  a 
aller  reconnaitre  Raiatea,  enfin  dans  celui  qu'il  employa 
a  retourner  a  cette  ile  apres  la  reconnaissance  de  la 
grande  cote  qu  il  decouvrit?  S  il  expedia  la  fregatepour 
lAnglelerre  parce  quelle  n'avait    point  assez  de  vivres 


(  i58  ) 

pour  son  equipage,  pourqnoi  ne  lenonca-t-il  pas  aux 
tiecouvertes  qu'il  tit  ensuite,  ou  pourquoi  ue  la  pour- 
vut-il  pas  ties  vivres  qu'il  consiiniait  dans  le  temps  memo 
qui!  devait  consacrer  a  ces  travauxPLe  retour  du  com- 
mandant de  llaiatea  en  Angleterre  exigeait  un  voyage 
ties  long  :  comment  parcourut-il  un  si  grand  espace 
ilans  la  mer  du  sud,  sans  considerer  que  les  vivres  pou- 
vaient  lui  manquer,  ou  par  suite  de  corruption,  ou  par 
insuftisaiice?  Ou  allait-il  en  reprendre?  On  pourra  me 
dire  quec'est  au  Bresil  ou  aux  ties  Malouines;  maiscela 
ne  le  sauverait  pas  du  reproche  d'imperitie,  parce  quil 
ne  devait  point  congedier  la  fregate,  quand  il  projetait 
tant  de  decouvertes  dans  la  mer  du  sud  ;  au  risque  de 
faire  naufrage  sur  quelque  ecueil  inconnu,  sans  avoir 
de  navire  pour  saiiver  les  malheureux  naufrages.  Nean- 
moins,  je  ne  puis  croire  qu'il  y  eut  de  la  faute  du  com- 
mandant, attendu  que,  pour  desend)lables  expeditions, 
nous  Savons  que  les  Anglais  et  les  autres  nations  civi- 
lisees  envoient  des  hommes  habiles.  Qui  engagea  les 
Anglais  a  expedier  deux  navires  nommes  le  Dolfin  , 
vaisseau  de  ligne  ,  et  la  t'regate  Tatnes  (  erreur  pour  Ta- 
mar),  sous  les  ordres  du  commandant  Wiron  (Byron), 
pour  explorer  cette  mer  du  sud ,  expedition  qui  appa- 
reilla  du  port  de  Plymouth,  Ian  ry64?  H  n'y  a  pas  de 
doute  que  celui  ci  n  ait  ete  a  Taili ,  puisque  I'lndien 
Oro-Metoua  ,  quej'ai  dejucite,  ayant  entendu  uouuner 
Wiron,  dit  qu'il  le  connaissait  et  qu'il  y  avail  long- 
temps  qu'il  avait  passe  a  Taiti.  Lui  ayant  demande  quel- 
ques  indices,  pour  savoir  a  quoi  men  tenirsur  sa  ve- 
racite,  il  me  repondit  qu'il  y  avait  un  vaisseau  de  ligne  et 
une  fregate  dont  le  capitaine  se  nommait  Mount;  alors 
il  ne  me  resta  pas  de  doute,  puisque  cela  meme  est  con- 
state par  la  relation  dfce  voy;ige.  Quels  motifs  eut  alors 


('59) 
Wiron  pour  cacher  les  latitudes  el  les  longitudes  des 
lies  qu'il  decouvrit?  Le  temps  le  dim  61  publiera  ce  qui 
en  etait.  » 

II  est  assez  curieux  devoir  Gregorin  se  livrer  aux  con- 
jectures les  plus  bizarres  sur  la  mission  et  les  vues  du 
capitaine  Cook ,  et  cela  sur  les  renseignemens  vagues 
et  naturellement  inexacts  qu'il  avail  pu  rerevoir  des  na- 
turels  de  Taiti.  La  verile  est  que  Cook,  apres  unecourte 
station  a  Taiti,  en  1773,  quitta  cetle  He  avec  ses  deux 
navires  le  i"  septembre  de  cette  annee,  visita  succes- 
sivementWahine^Raiaiea,  Hervey,  les  lies  Tonga,  et  ar- 
riva  sur  les  cotes  de  la  Nouvelle-Zelande,  ou  il  se  separa 
de  sa  conserve  dans  un  coup  de  vent  suivenu  le  3  no- 
vembre.  Cook  se  rendit  ensuite  a  Isle  de  Paques,  aux 
ilesNouka-Hiva,  el  reparut  enfin,  apres  huit  mois  d'ab- 
sence,  aux  lies  Taiti  et  Raiatea,  oil  il  sejourna  cette  fois 
pres  d'un  mois  et  demi.  II  n'emmena  qu'un  seul  naturel 
de  Raiatea  ,  Didi ,  que  Cook  nonime  OEdidee,  et  qu'il 
deposa,  a  son  retour,  dans  son  ile.  Quant  ;i  Tone-Tapou, 
c'est  evidemment  Tonga-Tabou ,  et  Gaajte/oWai-Tahou, 
I'une  des  lies  Nouka  Hiva.  Ces  deux  noms  sont  pionon- 
ces  a  la  taitienne  et  ecrits  a  I'espagnole.  Quant  au  pre- 
tendu  sejour  de  Byron  a  Taiti,  il  est  evident  que  noire 
Espagnol  confond  ensemble  les  expeditions  de  Byron 
el  de  Waliis,  qui  conimandait  le  Dolphin,  et  qui  seul 
visita  Taiti. 

Enfin,  nous  ajoulerons  que  le  vceu  du  brave  Gre- 
gorio  s'esl  accompli ;  le  temps  parla,  les  travaux  immor- 
tels  de  Cook  furent  connus  de  i'univers  entier,  et  ceux 
(les  Espagnols,  grace  au  caraclere  oudjrageux  et  egoisle 
de  leur  gou\ernement,  t(uit  ostimables  qu'ils  etaient, 
furent  completement  ignores. 

Duranl  leur  sejour  a  Taili,  les  Espagnols sOccupeient 


(  '6o  ) 
a  ravitailler  leuis  navires  ,  et  surtoiit  a  inonter  la  mai- 
son  (le  hois  apportee  de  Lima  pour  les  niissionnaires 
et  a  I'entourer  do  palissades.  Get  ouvrage  dans  lequel 
ils  fiirent  aides  par  les  naturels  fut  termine  a  la  fin  de 
-  1774'  l^  I*'  Janvier  1775,  la  croix  apportee  de  Lima 
fut  debarquee  en  grande  pompe,  et  plantee  devant  la 
niaison  des  niissionnaires;  une  messe  soiennelle  et  des 
salves  de  niousqueterie  et  d  artillerie  celebrerent  cette 
imposante  cerenionie.  Le  tout,  ditGregorio,  en  temoi- 
gnage  de  la  possession  que  Ton  prenait  de  I'ile  an  nom 
de  notre  souverain  don  Carlos  IH.  II  ignorait,  le  brave 
Homme,  que  huit  ans  auparavant  I'Angl.iis  Wallis  avait 
fait  conceder  I'lle  entiere  asonroi  par  la  fameuse  reine 
Oberea. 

Ce  qui  etait  beaucoup  plus  honorable  de  leur  part , 
les  Espagnols  deposerent  sur  le  sol  de  Tile  des  bestiaux 
de  diverses  sortes,  tels  que  vaches,  anes,coclions,brel)is 
et  chevrespour  en  propager  I'espece.  Les  dernieres  seules 
prospererent;  mais  les  naturels  en  firent  peu  de  cas;  et 
tous  ceux  qui  ont  goiite  de  la  chair  savoureuse  de  leurs 
cofhons  en  concevront  facilement  le  motif. 

Cela  fait,  on  remit  a  la  voile  le  7  Janvier  pour  aller  a 
la  recherche  de  I'lle  Raiatea  dont  les  naturels  de  Taiti 
avaientannonce  I'existence  aux  Espagnols.  On  reconnut 
en  partant  I'lle  deMorea  ou  Santo  Domingo,  plus  con- 
nue  sous  le  nom  d'Eimeo ;  le  9  on  decouvrit  I'lle 
Wahine,  qui  fut  nomniee  lie  Herinosa,  et  placee  par 
16'"  45'  lat.  et  226"  .59'  long.  On  se  trouva  le  lo  pres 
de  I'lle  Raiatea,  que  Ton  nomma  la  Princesa ,  et  dont  la 
pointe  sud  fut  placee  par  16°  69'  lat.  S.,  et  226''  36'  long., 
a  45  lieues  au  N.  34°  3o'  O.,  corrige  du  port  de  Fatou- 
Tira. 

Le   conunandant   Bonechea   envoya    rcconnaitre  les 


(  i6i  ) 
mouillages  cle  llaiatea  ;  iiiais,  ne  les  ayant  pas  trouves  a 
son  gre ,  il  se  decida  a  retourner  a  Taiti  pour  voir 
coniment  se  troiiVaient  les  peres;  ce  qui  contraria 
beaiicoup  Gregorio,  qui  aurait  desire  explorer  avec 
plus  de  soin  toutes  ces  iles. 

Comme  on  se  trouvait  pres  de  Raiatea  on  vit  une  lie 
haute  et  petite  que  Gregorio  placa  par  16"  3o' lat.  et 
226"  1 5'  long.  Elle  fut  nomniee  San-Pedro  par  les  Es- 
pagnolsj  c'est  lile  de  Boabora. 

En  revenant  de  Raiatea  a  Taiti,. Gregorio  vit  de  loin 
deux  lies  petites  mais  hautes.  La  premiere  Toubouai- 
Manou,  qu'il  nomma  I'lle  Pelada  par  i^"3i'  lat.  S.  et 
ii'j°  i4'  long.,  et  la  seconde  nommee  Manou  par  les 
naturels  par  17°  53'  lal.  S.  et  226°  5p'  long.  La  premiere 
existe  bien  certainement,  mais  la  seconde  ne  fiufure 
point  sur  les  cartes,  et  il  est  difficile  d'admettre  qu'une 
lie  haute  soit  restee  inconnue  aussi  pres  de  Taiti. 
II  est  done  a  presumer  que  cette  fois  Gregorio  prit  un 
nuage  pour  une  ile,  ou  qu'il  y  eat  double  emploi  pour 
Toubouai-Manou. 

En  outre,  a  bord  de  la  fregate,  on  vit  de  loin  deux 
autres  iles,  Tune  nommee  Tauroua  par  les  indigenes, 
et  Tres  Hermaiios  par  les  Espagnols,  et  que  Gregorio 
place  par  17"  lat.  S.  et  228°  18'  long.;  I'autre  appelee 
Moroua  par  les  naturels  et  Santo-Antonio  par  les  Espa- 
gnols, situee  par  16°  3o'  lat.  S.  el  2260  3' long.  Ces  deux 
lies  sont  evidemment  Tetouroa  Gi  Maupiti  ou  Mauroua 
decouvertes  I'une  et  I'autre  par  Cook  en  1769. 

Le  20  Janvier  on  fut  de  retour  au  mouillage  de  Fatou- 
Tira  sur  Taiti.  Aucun  accident  facheux  n'etait  arrive 
aux  missionnaires ;  les  naturels  leur  avaienl  montre  les 
dispositions  les  plus  bienveillantes,  et  s'etaient  active- 


12 


i   irta  ) 

nienl  e^l[)l<)y«^s  a  lenniner  les  palissades  ot  l«'s  fravaux 
de  leiir  etablir.seinenl. 

Le  c'oinmaiidant  Bonecliea,  malade  depuis  qu»'lqiie 
temps,  succondja  a  ses  souffiances  le  26  jaiivim-,  et 
flit  eiiterre  le  jour  suivaiit  au  pied  de  la  croix  avec 
les  hoiineurs  diis  a  son  rariir. 

Don  ToniasGayangos  piit  le  comniandeinent  de  I'ex- 
pedition,et  remit  a  la  voile  des  le  28  jaiivier  pour  Lima. 
On  prit  la  bordee  du  sud  pour  alter  gagner  la  handedes 
vents generauxduS.D.Le  5  a  dixheures  etdemiedii  ma- 
tin on  apcrcut  une  ile  de  moyenne  hauteur,  et  le  6  un 
canot  de  la  hegate  envoyea  lacote,  conununiqua  avecles 
liabitans.  Ceux-ci  appartenaient  a  la  meme  race  que  les 
Taitiens,  et  comprenaient  quelques  mots  isoles  du  Ian- 
gage  de  ces  derniers;  niais  ils  ne  pouvaient  soutenir 
avec  eux  une  conversation  suivie.  Cette  ile  nommee 
par  les  naturelsOraibabae,  dit  Gregorio,  recut  des  Es- 
pagnols  le  nom  de  San  la  Rosa,  et  sa  position,  d'apres 
lui,  est  23°  48'  lat.  S.  ct  aS''  long.  II  est  evident  que 
cette  lie  est  celle  qui  porte  le  noni  de  Ravavai  ou  Vavi- 
tou  sur  les  carles  niodernes,  et  qui  f'ut  vue,  a  ce  que 
nous  croyons,  en  1791  par  Broughion.  Mais  il  est  con- 
stant que  la  premiere  decouverte  en  est  due  a  I'expedi- 
tion  espagnole. 

Apres  avoir  eprouve  diverses  conlrarietes,  el  entre 
autres  un  epais  brouillard,  ou  les  deux  navires  sesepa- 
rerent,  Gregorio  renconlra  enfin  les  vents  variables  par 
44°;  le  27  mars  il  eut  connaissance  de  I'lle  Mas-aFuero, 
et  le  i3  avril  il  niouilla  dans  le  port  de  Callao  ,  pres  de 
la  fregate,  qui  etait  arriveecinq  jours  auparavant. 

Dans  le  tableau  de  positions  geographiques  placees  a 
la  suite  de  son  recit,  outre  les  lies  dont  nous  avons 
parle,  Gregorio   mentionne    encore    trois    lies  basses, 


(  i63  ) 
apercues  par  V Aguila  avant  d'arriver  a  Taiti.  Ces  lies 
sont  :  I"  Eroiia  ou  San-Ju.tn,  par  ij''39'  S.  et  235°  21'; 
2°  Taboa  ou  San-Julian  ,  par  1^°  c)'  S,  et  233o  17'  long.; 
3''Houarava  ou  San-Blas,  par  16°  53'S- et  232°  5 1  long. 
11  suftit  de  Jeter  un  coup-dVeil  sur  les  dernieres  cartes 
pour  se  convainc.e  que  ces  trois  lies  se  rappor- 
tent,  savoir  :  San-Juan  a  lile  Melville  de  Beechey  en 
1826,  maisque  Bougainville  a  certainenient  vue  le  pre- 
mier en  1768  ;  San-Julian  a  i'lle  Adventure,  decouverte 
par  Cook  en  1773;  enfiii,  San-Bl.is  a  I'lleTchitsliagoff, 
fignalee  par  Bellinghauseii  en  i82o,ii;iis  dont  la  de- 
couverte doit  rester  a  Bouechea. 

Le  manuscrit  est  termine  par  un  tableau  des  decli- 
naisons  de  raiguille  aiuKiiitee,  ohservees  duraiit  tout 
le  cours  du  voyage,  assure  Giegorio,  avec  toute  I'at- 
tenlion  possible,  an  moyen   d  une  excellente  i)oussole 


marine  anglaise. 


Ainsi  que  vous  avezpu  en  juger,  niessieuiSjd'apres  I'a- 
nalyse  que  je  viens  de  vous  en  soumettre,  le  manuscrit 
olt'ert  a  la  societe  de  geographic  par  M.  H.  Ternaux  est 
dun  veritable  interet.  II  iixe  tous  nos  doutes  sur  I'expe- 
dition  espagnole  qui  tenta  le  premier  etablisseinent  sur 
liie  de  Taiti  ,  el  il  nous  donne  le  nioyen  du  restituer  a 
teux  quil'ontvraiment  operee  la  decouverte  deplusieurs 
lies  delArcliipel  dePomotou  et  notaninient  Raivavai. 

Enfin,  il  nous  donne  tout  lieu  de  croire  (ju'une  nou- 
velle  lie,  celle  de  San-Diego  existe  peu  loin  de  Taiti, 
sans  avoir  ete  signalee  sur  les  cartes.  Dapres  toutes 
ces  considerations,  je  serais  dispose  a  penser  que  le 
manuscrit  deGregorio  seraitun  de  ceux  dontla  traduc- 
tion inlegrale  pourrait  figurcr  convenablemenl  dans  les 
memoires  de  la  Soci«?te,  si  les  fonds  dont  on  pent  dis- 
poser le  permettaient  un  jour. 

12. 


(  .64  ) 

Nota.  II  est  reniarquable  qua  I'epoque  des  deux  ex- 
peditions en  1772  et  i774)  '^s  Espagnols  n'aient  point 
senti  ni  meme  soupconne  queTaiti  et  Maitia  pouvaient 
se  rapporter  aux  ties  Sagittaria  et  Dezena,  decouvertes 
au  commencement  du  xvir  siecle  par  leur  compatriote 
Quiros. 

38  Janvier   1834. 

J.  d'Urviixe. 


(  i65  ) 


Voyage  dans  Vinterieur  de  la  Guyane ,  par  MM.  Adam 
DE  Bauve  et  P.  Ferre. 

Suite. 

Janvier  I'i.  Nous  reprimes  notre  exploration,  et  vers 
neuf  heures  nous  rencontrames  uiie  grosse  crique  que 
nos  guides  nous  assurerent  etre  une  riviere  considera- 
ble qui  sejetait  dans  I'Amazone,  et  qui  etait  Hieuware, 
dont  ils  nous  avaient  parle  la  veille.  Nous  descendimes 
cette  riviere  environ  une  heure  et  nous  trouvames  une 
chute  considerable.  Ces  environs  sont  abondans  en  ca- 
caos,  et  sur  quelquesmornets  on  voit  des  copahus  et  des 
caoutchoucs.  La  salsepareille  aussi  est  tres  commune. 
Nous  revinmes  coucher  sur  les  bords  d'Agamiware ,  ou 
nous  mimes  des  hamecons. 

24.  Le  niatin  nous  trouvames  nos  hamecons  garnis 
d'aymaras  et  de  rouies,  excellent  poisson  nuance  de 
rouge  et  de  noir,  qui  pese  ordinairement  quinze  a  dix- 
huit  livres.  Ayant  marche  toute  la  matinee,  nous  ren- 
contrames a  midi  une  autre  riviere  sud  appelee  Mapari , 
qui  se  jette  aussi  dans  I'Amazone.  Elle  est  tres  large  et 
recoit  plusieurs  criques  assez  fortes.  Un  de  nos  Indiens 
tua  un  animal  qu'ils  nommaient  euyawar  poper,  chien 
ou  tigre  d'eau.  II  ressemble  assez  a  un  chien,  son  poil 
est  court,  dun  noir  lustre  et  dune  finesse  extraordi- 
naire. 11  a  aux  pattes  des  membranes  comme  le  cabiaille, 
demeure  tres  long-temps  sous  I'eau.  II  altaque  les  cai- 
mans et  meme  les  tigres,quand  ils  traverser  t  les  rivieres. 
Ils  se  nourrissent  de  poissons;  aussi  les  lieux  ou  ils  se 
trouvent  en  sont-ils  depeuples.  Les  Indiens  nous  assure- 
rent qu'il  etait  tres  rare. 


(  i66  ) 

Nous  contiiuirttDos  tie  desrendiv  le  Maparl,  et  a  six 
licuresiioiis  arrivaines  a  un  etablisseinent  que  nos  guides 
connaissalent.Les  Indians  die/  lesquelsnous  nous  irou- 
vions  n'etaient  plus  Oyaninis,  niais  Coussaris.  Nous  ne 
vimes  cette  soiree  aucun  des  Iiabitans  de  lAldee  qui  ne 
descendirenl  point  pour  nous  recevoir.  Nous  tendimes 
nos  hamacs  dans  un  rarbet  has,  situe  au  centre  de  I'e- 
t.iblissement,  et  apres  avoir  sonpe,  nous  nous  endormi- 
nies  tranquillenieijt ,  s;ms  redoufer  aucune  trahison  de 
la  part  d  iiidividus  chez  lesquels  nous  nous  trouvions 
ainsi  a  1  iniproviste. 

25.  Quand  nous  nous  lOTeiilanies,  nos  bamacs  etaient 
entoures  dune  quarantaine  d'Indiens.  C'etaient  tons  de 
beaux  hommes  plus  noiis  que  Ics  Oyanipis.  Leurs  che- 
veux  etaient  courts,  sans  i-ouoon  el  presque  crepus.  lis 
etiiient  assis  pres  de  nos  guides,  auxquels  ils  avaient 
apporie  des  coins  de  caobiri  ,  d'ignames  ,  et  senlreie- 
naient  aveccbaieur  avec  eiix  en  nous  examinant  et  nous 
designart  sonvcnt.  Nos  guides  nc  leur  repondaient  que 
par  monosyllabeset  ne  paraissaient  pas  tres  rassures;eux, 
aU  t»»ntraire,  ne  temoignaient  aucune  crainte.  lis  s'ap- 
procherent  de  nous  avec  des  demonstrations  d  ainitie , 
et  furent  bientot  familiers  justpi  a  toucber  les  niousta- 
cbes  et  la  barbe  de  Ferre  ;  nuiis  ce  qui  semblait  les 
surpiendre  beaucoup,  c'elait  le  poil  doiit  sa  poitiine 
est  garnie,  lar  il  nest  pas  rare  de  voir  cbez  les  Oyanipis 
des  bomines  qui  aient  de  la  barbe,  mais  je  n'en  ai  ja- 
mais vu  de  veins  siir  d  antres  parties  du  corps.  Sur  les 
clivtTS  efablisseniens  oil  nous  avions  passe,  les  Indiens 
.ivaient  temoigne  de  la  surprise,  mais  principalemeiit  de 
la  crainte  ,  eux  n'en  eprouvaient  pas;  ils  etaient  entiere- 
ment  nnis  par  I'etonnenient  et  la  curiosite  que  cause 
uii  objet  inconnu.  Jamais  ils  n'avaient  vu  de  i)lancs;  tout 


(  '«7  ) 
chez  nous  etait  notiveau  poui'  mix  :  apres  les  pi>'iiiiers 
elans  tie  curiosite,  iis  dfineurerent  long-teinps  en  si- 
lence en  examinant  tons  nos  niouveniens.  Quelques  tem- 
nies  vinrent  nous  apporter  du  rachiri  d'ignanies,  niais 
sans  lever  les  yeux  siir  nous  ,  et  elles  disparurent  aussi- 
tot.  lis  furent  enchantes  de  me  voir  boire  cette  li(jueur 
sans  aucune  defiance,  je  dis  nioi,  car  Fene  n'avait  ja- 
mais pu  se  resoudre  a  goutor  de  cacliiri ,  tant  sa  prepa- 
ration le  degoiitait ;  leurs  yeux  fixes  sur  nous  seniiilaient 
scruter  nos  pensees.  Nous  achevames  de  nous  niettre 
tout-a-fait  bien  avec  eux  en  leur  distribuant  quelques 
verroteries.  Unepartie  dentreeux  se  leverentet  furent  a 
lachasse,  voulant,  disaient-ils  que,  pnisque  les  blanrs 
etaient  venus  les  voir,  ils  ne  pussent  conserver  qii'un 
souvenir  agreable  de  leur  reception. 

Du  resteils  paraissaienl  croire  que  nous  venions  d'un 
pays  ou  les  vivres  manquaient,  et  la  maniere  de  s'ex- 
pliquer  de  nos  guides  ne  les  dissuaderent  pas.  Les  chas- 
seurs ne  tardrrent  pas  a  revenir  avec  une  biche  et  nn 
gacque  que  des  femmes  portaient.  De  meine  que  les 
hommes,  elles  ne  nousparurent  pas  faire  usage  de  ro- 
cou.  Leurs  cheveux  etaient  d'un  beau  noir  et  tresloriirs, 
leurs  corps  etaient  peints  dejenipa,  mais  avecbeaucoup 
plus  de  soins  et  de  regularite  que  ne  le  sont  les  Oyani- 
pis.  Ces  femmes  etaient  jolies  et  bien  faites,  mais  leurs 
traits  avaient  quelque  chose  de  dur  et  de  male.  II  parait 
qu'elles  sont  pen  sedentaires,  et  qu'elles  ont  I'habitude 
d'accompagner  leurs  maris  dans  leurs  excursions  qui 
sont  longues. 

Ces  Indiens,  en  effet,  paraissent  moins  mous  que  les 
Oyampis  ,  moins  craintifs  et  moins  dissimules;  leur  Ian- 
gage  est  apeu-pres  le  meme,  mais  plus  franc;  les  Oyam- 
pis ont  la   prononciation    un    pen    nazillarde.    Fls    sont 


( ^f''« ) 

niieux  armes;  outre  Tare  et  le  taumaho,  ils  onl  un  ja- 
velot  et  line  sorte  de  sarbacane  avec  laquelle  ils  lancenl 
de  petites  fleches  a  una  grande  distance,  lis  ont  de  plus 
una  espece  de  cuirasse  ou  plastron  tissu  an  pataoua,  at 
assez  epais  pour  garantir  la  poitrina  d'une  fleche.  Nous 
avons  vu  dans  leurs  cases  beaucoup  de  fruits  et  de  grai- 
nes  de  bois  qu'ils  mangent,  at  dont  las  Oyanipis  font  peu 
ou  point  d'usage  ,  car  nous  leur  avons  vu  refuser  caux 
qui  leur  etaient  offerts.  Je  citerai  entre  autres  le  bacoury, 
de  la  grosseur  d'une  orange,  d'une  couleur  rosee,  d'un 
goi'it  aigre  et  assez  agreable.  Le  crioary,  pour  la  gros- 
seur et  la  forme ,  absolument  semblable  a  la  cerise,  mais 
sans  aucune  saveur.  La  jussara ,  pareille  a  una  grappa 
de  raisin  ,  vient  sur  un  arbrisseau  peu  eleve  et  a  un  goi'it 
delicat.  Enfin  le  maracouja,  du  volume  dun  melon 
vient  sur  un  arbrisseau  peu  elave  et  est  loin  d'an  avoir 
la  saveur. 

Las  abatis  sont  vastes ,  plantes  de  manioc,  d'ignames 
et  de  patates.  Le  manioc  violet  est  la  seule  variete  qu'ils 
cultivent.  Le  gingembre,  dont  ils  ne  font  aucun  usage 
a  moins  que  ca  ne  soit  pour  quelque  remede  ,  s'y  irouve 
en  abondance.  Las  Coussaris  paraissent  avoir  plus  da 
connaissancas  et  de  soins  des  maladies  qua  las  Oyampis. 
Nous  vimes  una  femme  attaquee  de  fievre  depuis  plu- 
sieurs  moisj  ils  ne  paraissaient  point  la  redoutar  at  ne 
I'avaient  point  releguee  seule  dans  un  carbat,  comma 
I'eussent  fait  les  Oyampis;  aucontraire,  ils  s'empres- 
saient  aupres  d'elle  at  sur  la  demande  que  nous  leur  fi- 
mes,  ils  nous  assurerent  qu'ils  etaient  certains  da  la 
guerir.  Chez  les  Oyampis,  dans  letat  ou  etait  I'individu, 
il  cut  eteabandonne  depuis  long-temps. 

aS.  Le  aS,  nous  quittames  ces  Indiens  hospitaliers, 
et   ipres    une   forte  journec,   nous  vinmes  coucber  sur 


(  '69  ) 
les  bords  de  rAganiiware.  Nous  ne  f'imes  aucune  reinar- 
que  interessarite,   nous  vimes  seulement  beaucoup  de 
salsepareille  et  d'arbres  a  gomme. 

26.  Nous  nous  mimes  en  marche  a  la  pointe  du  jour ; 
nous  voulions  reconnaitre  I'lnipocko.  Nous  arrivames  a 
trois  heures  sur  ses  rives.  Cette  riviere  est  large.   Les 
Indiens  nous  assurerent  qu'elle   acquerait   une  dimen- 
sion considerable  a  pen  de  distance  de  I'endroit  011  nous 
nous  trouvions;  son  cours,  d'apres  les  renseignemens 
que  j'ai  recueillis,  est  nioins  prolongs ,  mais  aussi  moins 
embarrasse  que  1  Oyapock.  Elle  va  se  jeter  dans  I'Ama- 
zone,  et  a  son  embouchure  se  trouve  an  poste  bresilien 
nomme  Almeyrime.  Jose  Antonio  y  avail  ete  peu  d'an- 
nees  auparavant.  Ayant  appris  qu'il  y  avait  une  habita- 
tion peu  eloignee,  nous  longeames  la  rive  qui  est   peu 
obstruee,  et  qui  forme  menie  des  anses  de  sable  blanc 
tres  fin.  A  six  heures,  nous   apercumes  une  barre  for- 
mee  d'une   seule  nappe   d'eau,  qui  se  precipite  d'une 
hauteur  de  pres  de  soixante  pieds  sur  une  largeur  d'en- 
viron  quatre-vingts  toises.  A  huit  heures  et  demie  nous 
arrivames    a  I'habitation  que  nos  guides    nous  avaient 
designee.  C  etaient  des  Coussaris. 

27.  Ces  Coussaris  nous  parurent  melanges  avec  les 
Oyampis  qui  habitent  I'Arouari,  qui  est  a  peu  de  dis- 
tance d'Inipocko,  car  ils  sont  moins  noirs  que  ceux  qui 
habitent  les  bords  du  Mapari.  Comme  ils  avaient  des 
embarcations,  nous  resolumes  de  descendre  un  peu 
cette  riviere.  Le  terrain  est  eleve,  la  terre,  grasse  et 
noire,  est  melee  d'un  sable  blanc  tres  fin;  la  salsepa- 
reille, les  copahus  se  rencontrent  en  quantite.  Nous 
reconniimes  beaucoup  de  bons  bois,  des  cedres  de 
toute  espece,  des  ouapas,  balatas ,  acajous;  en  ge- 
neral, peu  d'especes  inferieures.  Nous  etant  arretes  a 


(  '7"  ) 
troisheures,  nos  guides  nous  assurerent  que,  de  I'eiiilroit 
ou  nous  etions,  il  n  y  avail  qu'uri  trajet  peu  consideraMe 
pour  gagner  I'Arouari  par  terre.  Nous  nous  decidames 
aussitot  a  faire  celle  route,  ne  pensant  pas  qu'il   nous 
tut  daucune  utilite  de  descendre  plus  has  rimpocko, 
qui  devait  nous  conduire  a  un  poste  bresillen,  n'etant 
point  munis  de  passeports  a  cet   effet ,    nianqiiant   des 
objets  de   premiere  necessite,  menie  de  vetemens  con- 
venahles,  n'ayant  que  ceux  qui  nous  etaient  absolunient 
necessaires  pour  un  voyage  dans  les  hois,  sans  argent , 
nous  n'eussionspu  quetre  Ires  mal  recus  des  Bresiliens, 
ne  pouvant  nous  reclamer  de  personne,  le  Para    oii  re- 
side le  consul  francais,  elaiit  encore  tres  eloigne  de  cet 
etablissenieiit. 

Nous  reyinmes  done  a  ['habitation  pour  y  prendre 
nos  bagages  et  ceux  de  nos  gens  qui  y  etaient  restes. 
Nous  ny  arrivames  que  le  28  a  trois  heures,  quoique 
nous  fussions  descendus  assez  lentement,  le  courant 
etait  cependant  ties  rude  a  retouler. 

29  Nous  descendimes  en  canot  jusqu'a  I'endroit  011 
nous  nous  etions  arretes  le  27,  et  nous  y  couchanies. 

3o.  Nous  nous  separames  des  Coussaris  apres  leur 
avoir  fait  quelques  presens ,  et  nous  primes  notre  route 
par  terre.  Le  terrain  que  nous  parcourumes  etait  convert 
de  cacaos,  ce  netait  qu'une  langue  de  terre  qui  nvait 
peu  de  largeur.  A  sept  heures,  nous  arrivames  a  una 
habitation  oyampie  peu  eloignee  de  I'Arouari.  La,  en 
remettant  le  pied  chez  les  Oyampis  ,  nous  retrouvames 
ce  caractere  de  timidile  qui  les  distingue.  Nous  en  fft- 
nies  cependant  bien  recus,  niais  ce  n'etait  plus  cette 
franchise  et  celle  cordialite  que  nous  avions  tnnivees 
chez  les  Coussaris.  Notre  intention  etait  de  descendre 
I'Arouari  jusqn  a  une  certaine  distance  pour  reprendre 


(  '7»  ) 
le  cheniin  que   j'avais  fait    en    octobre    et  novemhre. 

3i.  Nous  iiousembaiquanies  a  huit  heiires.  L'Arouari 
eil  cet  eiidroit  a  vitigt-ciiiq  a  trente  toises  cle  large,  el 
est  enibarrasse  de  roches.  Nous  descendimes  plusieurs 
fois  pour  visiter  les  environs.  Nous  vinies  beaucotip  de 
salsepareiUe ;  le  terrain  etait  entrecoupe  de  mornets 
et  dans  les  endroits  les  plus  bas  doniinaient  les  baches 
et  les  pinots.  Getie  riviere  conn  parallelenient  a  I'Oya- 
pock  pendant  un  assez  long  espace,  et  tourne  louta- 
coup  dans  I'est-sud-est,  ou  Ion  apercoit  des  montagnes 
elevees  dans  lesqnelles  on  nous  dit  qu'elle  prend  sa 
source.  Pour  sen  assurer,  il  faudrait  le  temps  des  gran- 
des  eaux. 

ler  /ei'rier.  Nous  continuames  a  descendre  la  riviere. 
Souvent  elle  est  barree  par  des  troncs  d'arbres  rasseni- 
bles  en  nionceau.  Les  deux  bords  sont  tres  peuples ,  ce 
qui  ne  parait  pas  avoir  diininue  le  poisson  dont  les  bas- 
sins  sont  remplis.  Nous  n'en  avons  pas  vu  autant  a 
beaucoup  pres  dnns  I'Oyapock ,  qui  est  moins  habite. 
Jose  Antonio  m'avait  assure  que  lesOyampisniangeaient 
des  crapeaux.  Nous  eiinies  occasion  de  nous  en  convain- 
cre,  car  nialgre  I'abondance  dans  laquelle  nous  etions. 
ayant  pris  plusieurs  de  ces  animaux  dune  grosseur  re- 
marquable,  nos  Indiens  les  firent  rotiret  se  delecterent 
de  ce  niets  degoiitant.  Nous  finies  halre  a  six  heures  sur 
une  habitation  ou  nous  devions  ahandonner  nos  em- 
barca  lions. 

ti.  Nous  \innies  ,  apres  une  journee  de  niarche  Ires 
faligante,  concher  sur  une  habitation.  La  pluie,  qui 
depuis  plusieurs  jours  tombait  f'requemment ,  rendait 
les  cheniins  encore  plus  impraticables. 

3.  La  journee  du  i  tut  encore  plus  penible.  La  pluie 
avail  f';)it  gonfler  les  criques ,  et  nous  etions  obliges  de 


(  *72  ) 
quitter  les  marecages  oii  nous  avions  continuelleinenl 
de  I'eau  jusqu  a  la  ceinture,  pour  prendre  a  travers  des 
montagnes  difficiles  a  gravir.  La  nuit  nienie  ne  fut  point 
un  temps  de  repos  pour  nous.  Mai  ahrites  par  un  niauvais 
ajoupa,  nous  fumes  obliges  de  nous  tenir  presquecon- 
tinuellenient  debout  pour  pouvoir  nous  garanlir  un  pen 
de  la  pluie  qui  tombait  par  torrens. 

4.  Le  4j  apres  une  journee  semblable  a  la  precedente, 
nous  arrivames,  excedes,  a  cinq  heures,  sur  I'etablisse- 
nient  ou  j'etais  demeure  malade  en  novembre,  aban- 
donne  de  nies  Indiens.  Les  individus  qui  s'y  trouvaient 
avaient  encore  diminue.  II  en  restait  a  peine  quarante, 
plus  de  fcmmes  que  d'hommes.  Mais  quoique  pales  et 
encore  abattus,  ils  paraissaient  cependant  nioins  souf- 
frans.  L'«jpidemie  avait  cesse  ses  ravages  :  depuis  pres 
dun  niois  personne  n'elait  niort,  et  ceux  qui  restaient 
reprenaient  coujage  et  semblaient  etre  rassures  sur  leur 
avenir.  y^ussi  nous  recurent-iis  mieux  qua  mon  pre- 
mier voyage.  lis  nous  engagerent  a  revenir  et  a  leur  ap- 
porterprincipalement  des  baches  dont  ils  avaient  le  plus 
grand  besoin  ,  nous  promettant  de  la  salsepareille  qui  , 
comme  je  I'ai  dit,  est  tres  commune  en  cet  endroit.  Ces 
Indiens  nous  regardaient  avec  adniiration.  Ils  m'avaient 
vu  tres  mal,  avaient  entendu  dire  que  Ferre  etait  mort, 
et  ils  ne  pensaienl  pas  que  Jose  Antonio  piit  en  rechap- 
per.lls  attribuerentsaguerison  ames  soins,  opinion  dans 
laquelle  il  les  confirma.  Nos  maladies  seules  qu'ils  re- 
doutaient  les  avaient  porles  a  s'interdire  toute  com- 
munication avec  nous,  craignant  que  nous  n'aggravas- 
sions  encore  leurs  maux. 

5.  Nous  rencontrames  plusieurs  etablisseniens ,  dans 
quelques -wns  desquels  les  Indiens  etaient  parfailement 
retablis.  Ils  nous   presserent  de  revenir  promptement , 


(  »73  ) 
s'offrant  de  nous  tlonner  de  la  salsepareille  et  dii  co- 
pah  u. 

6.  Nous  comptions  trouverla  crique  Acao,  mais  les 
marecages  qui  etaient  inondes  nous  contraignirent  a 
faire  notre  route  sud-est  pour  reprendre  les  montagnes. 
Nous  reconnunies  sur  la  pente  est  la  crique  Acao  qui 
y  prend  sa  source.  Nous  avions  jusque-la  pense  cju'elle 
s'echappail  du  bassin  Agamiware.  Nos  Indiens  fleche- 
rent  un  animal  qui  nous  etait  inconnu  ,  c'etait  une  es- 
pece  de  chien  dont  la  gueule  est  tres  allongee,  sa  robe 
etait  blanche  et  de  couleur  fauve.  Nos  Indiens  I'appe- 
laient  guarachini.  Pris  jeune,  il  s'apprivoise  facilement. 
On  sen  empare  dans  les  terriers  qu'il  se  creuse  et  ou  il 
porte  le  gibier  qu'il  prend  a  la  chasse.  Nos  guides  nous 
previnrent  que  la  journee  du  lendemain  serait  penible. 
La  nuit  que  nous  passames  n'etait  guere  propre  a  repa- 
rer  nos  forces. 

7.  Nous  marchanies  continuellemCnt  dans  les  mare- 
cages pour  gagner  une  habit^uion  situ^e  sur  la  crique 
Acao,  oil  Jose  Antonio  savait  qu'il  y  avait  des  canots 
dont  nous  pourrions  nous  servir,  vu  la  crue  des  eaux, 
ce  qui  devait  abreger  notre  route  de  pres  des  deux  tiers. 
Quand  ,  malgre  des  guetres  tres  serrees  ,  nos  souliers 
n'etaient  point  pleins  de  vase,  ils  I'etaient  de  sable.  Enfin 
nous  arrivames  tres  tarti  sur  I'etablissement  que  Jose 
Antonio  voulait  rallier.  Nous  reconnunies  avec  joie  que 
les  Indiens  avaient  des  canots ,  et  que  les  eaux  etaient 
assez  hautes  pour  nous  permettre  de  descendre  la  cri- 
que. L'etat  de  nos  pieds  iie  nous  eut  pas  permis  de  con- 
linuer  la  route  par  terre,  nous  eussions  ete  obliges  de 
(lenieurer  plusieurs  jours  avant  de  nous  remettre  en 
niarche. 

8.  Nous  nous  erabarquames  le  8  de  bonne  heure,  et 


(  174  ) 
favoiises  par  la  rapiclile  du  courant,  nous  arrivames  en 
quatre  jours  a  notre  etablissement.  Nous  fumes  acconi- 
pagnesti'une  pluie  presque  continuelle. 

Je  n'ai  point  cherche  ,  dans  celte  relation,  a  relever 
lous  les  desagreiifens  et  luenie  les  dangers  auxquels  nous 
avons  ete  exposes.  Une  perte  qui  fut  tres  sensible  pour 
nous,  fut  celle  dun  des  doinestiques  de  Ferre,  garcon 
eprouve  par  cinq  annees  de  service.  Je  perdis  aussi  mon 
chasseur,  qui  m'etait  tres  attache  et  de  la  plus  grande 
utiliie.  On  peut  se  faire  une  idee  de  ce  qu'on  a  a  soul- 
frir  dans  ces  vastes  solitudes,  ou  souvent  on  peut  etre 
abandonne  par  les  sauvages  qui  Thabitent.  Je  regrette 
beaucoup  que  la  sante  de  Ferre  ne  m'ait  pas  permis  de 
denieurer  le  tjemps  que  j'aurais  desire  .sur  les  bords  de 
rAgamiware.  J'aurais  aussi  voula  faire  un  sejour  plus 
prolonge  d.ms  les  montagnes;  ii  ni'eiit  sans  iioute  mis  a 
nieme  de  reconnailre  la  cause  des  detonations  souter- 
raines  que  nous  avons  entendues.  Sont-ce  les  derniers 
efforts  dun  volcan  eteint.!*  sont-ce  des  indices  de  mines? 
Je  serais  plutot  pour  cette  derniere  presomption.  Habi- 
tant quelque  temps  chez  les  Coussaris,  une  etude  plus 
approfondie  tie  leurs  nioeurs ,  de  leilrs  usages  aurait 
peut-etre  presente  un  contraste  piquant  avec  celles  des 
Oyampis,  au  lieu  que,  dans  un  passage  rapide,  je  n'ai 
pu  .saisir  que  quelques-uns  des  traits  geneniux  les  plus 
appareiis.  Fern; ,  quoique  assez  bien  retabli,  ne  pouvait 
se  pemiettre  de  passer  Ihiver  en  cet  endroit.  II  etait 
presse  de  revenir  a  Cayenne  pour  se  traiter.  Jose  Anto- 
nio meme  eprouvait  des  douleurs.  Nul  doute  que  mes 
recherches  ne  ni'eussent  conduit  a  la  de(;ouverte  du 
quinquina,  et  que  je  n  eusse  obtenu  les  resuhats  les 
plus    avantageux,   pendant    que   les    contrarietes    (jue 


(  '7^  ) 
wous  avons  eprouvees  ont  rendu  nutre  expedition    tres 
onerense  pour  nous. 

J'otf'rirai  e|i  forme  de  nomenclature  la  liste  des  diver- 
ses  productions  de  I'interieur.  En  indiquant  les  bois  ,  je 
me  bornerai  a  les  presenter  dans  I  ordre  ou  on  les  range 
ordinairement  dans  la  colonic,  d'apres  les  divers  usages 
auxquels  on   les  emploie. 

Je  neferaiaussi  que  donner  le  nom  des  animaux,  beau- 
coup  ayant  deja  ete  decrits.  Cependant  une  description 
detaillee  de  quelques  oiseaux  et  de  plusieurs  poissons 
presenterait  des  details  encore  neufs;  niais  ce  serai t  sor- 
tirdes  bornes  queje  me  suis  prescrites  dans  une  courte 
narration.  Ce  travail  serait  I'objet  dun  onvrage  consi- 
derable et  ires  interessant. 

Bois  de  coiileur  febenisterie  ). 


Satixe  (deux  especes).  Ruhane, 

rouge  et  jauiie. 
Moutouchi.  Violet  et  noir. 
Bagot.  Uii  ties  plus  eslimes  et  des 

plus  rares.  Se  troupe   pr^s  de 

la  crique  Acao,  par  families. 
Ferfolle.  Rouge  feu. 
Laittre.    Rouge    fonce    raye    de 

noir,  grain  tr^s  fin. 


Boco.  Noir. 

Panacoco  Noiret  jaune; /rf.  mou- 
chete. 

Courhari.  Rouge. 

Bagasse.  Jaune,seml)Ial)le  an  bois 
<le    Bresil. 

Gavac.  Propres  aiix  ronleties  et 
poulies. 


Construction  navale ,  poiiliage ,  charpente. 


Bois  de  premiere  qitalite. 

Ebene  vert.  Gris  tr^s  conimun. 

Ouacapou. 

R6se  male. 

Parcouri.  Deux  especes. 

Couratari. 

Canari. 

l]alata.  Deux  especes. 

Bois  —  r.anelle. 


Saint  Martin.  Rouge  et  blanc. 
Id.  Jaune. 
Taeub. 
Bois  (le  fer. 

Deuxieine  (jiuilite 

Coupi.  Rouge  et  bhinc. 
Coeur  de  kors. 
Angelique. 
Courille, 


(  '76 


Maiiil. 

Ouapas.  Trois  esp6ces. 

Pagelet. 

Maho.  Trois  especes. 

Bois  grage. 

Bois  amer. 

Encens. 

Panalio. 

Simarouba. 

Bois  agouti. 

Bois  macaque.  Rouge  et  noir. 

Bois  rouge. 

Carapa.  Rouge  et  blanc.  Sa  graine 
donne  de  fort  bonne  huile  i 
bruler,  et  qui  est  en  mdme 
temps  un  dessiccatif  tr^s 
prompt. 


Griguon. 


CiORES. 


Cfedre  noir,  premiere  qualite. 
Sassafra  montagne. 
Bois  cauelle. 
Rose  mile. 

Deuxiime  qiialili. 

Acajou. 

Grignon.  Rouge  et  blanc. 

Jaune. 

Gris. 
Cadres.     Rouge. 

Blanc. 

Bagasse. 
R6se  femelle. 


TJnequantited'autres  bois  qui  n'ont  pas  de  noms,sont 
ou  paraissent  bohs  a  la  construction,  et  une  plus  grande 
quantite  encore  ne  peuvent  etre  d'aucune  utilite.  On  re- 
marquera  dans  cette  liste  qu'il  manque  beaucoup  d'es- 
peces  connues  dans  la  colonic ;  c'est  que  nous  ne  les 
avons  pas  vues,  ou  que  nous  n'en  avons  trouve  que 
quelques  individus  dissemines.  Ceux  que  nous  presen- 
tons,au  contraire,  se  niontrent  par  families, etcouvrent 
de  grandes  etendues  de  terrain. 

Je  ne  parle  pas  ici  non  plus  de  plusieurs  arbres  dont 
il  est  fait  mention  dans  le  cours  du  voyage,  et  dont  les 
fruits  ou  les  gralnes  sont  employes  par  les  Indiens. 

Palmistes. 


Paripous.   Dont  le  fruit  est  fori 
bon  a  manger. 

Biches. 

Pataouas.  Sa  graine  fournit  une 

excellente  huile. 
Coumous. 
Faux  .lagou. 


Maricoupis. 

Bourlouri. 

Maripas. 

Mouroumourou. 

Aouaras. 

Moucayas. 

Counanas. 

Ouaille. 


'77  ) 


TJanes. 

La  connaissance  et  I'etude  des  lianes  seraienttres  ini- 
portantes.  EUes  ont  presque  toutes  leurs  usages  el  leur 
utilile  en  hygiene,  teinture,  vannerie,  etc.  Les  Indiens 
en  connaissent  beaucoup  qui  servent  a  enivrer  le  pois- 
son.  EUes  leur  servent  aussi  de  liens  et  de  cordes. 

Quadntpedes. 


Maipouri  ou  Tapir. 

Cabiaille. 

On  a. 

Tigre  rouge  de  Cayenne,  appele 
par  les  ladieus  Sussuarana. 

Pacque. 

Biche. 

Cariacou. 

Agoutis. 

Acouchi. 


Couachi. 

Porc-ej)ic. 

Fourmiliers.  Plusieurs  especes. 

Ecureuil. 

Chat  tigre. 

Chat  sauvage. 

Unau. 

Tatou  ou  Armadille. 

Patira. 

Ayra. 

Sarigue. 


Une  infinite  de  macaques  de  diverses  especes.  Les 
plus  communs  sont  les  couatas,  singes  rouges,  tinas. 

Beaucoup  de  tortues  de  terre.  La  meilleure  a  manger 
est  le  taouarou ,  qui  ne  vit  guere  que  dans  I'eau. 

Oiseaux, 


L'aigle  blanc. 
Hocos. 
Agamis. 
Marailles. 
Coullouvis. 
Haras. 

Perroquets.La  varieteen  est  con- 
siderable. 
Perruches. 
Toucans. 
Perdrix. 
Aigrettes. 


Corbeaux  et  vautours. 
Paons. 
Pelicans. 
Canards. 
Sarcelles. 
Flamands  noirs. 
Cotingas. 
Pacacas. 

Ouettes.  Deux  especes ,  la  com- 
mune et  la  huppee. 
Cordons  bleus. 
Coqs  de  roche. 

i3 


( •?« ) 

Tyran.  (,ardinn(i\. 

Camiclii.  Caciques. 

Charpeiiiiers.  Famieis. 

Griinj  eraiids.  Colibiis. 

Nous  avoiis  reconnu  ilix-liuit  especes  de  colibiis. 
line  etude  et  une  recherche specialeferaieut  decouvrir 
unc  iiiullitude  d'especes  qui  n'ont  pas  ete  decrites. 

Poissons. 

Avmaras.  Piracoucoii.  Rares. 

I'acous.  Carpes.  Soles. 

Coumarous.  Atipas.  Caweirous. 

Colimatas.  Macainbes.  Pirailles. 

Pucoussigne.  Mandubi. 

Pacoui.  Pitingas. 

Dans  les  pinotieres  on  trouve  des  anguilles  d'un  tres- 
bon  gout. 

Anguille  electrique,  torpiles,  dans  les  eaux  mortes. 
Une  niullitude  de  caimans;  beaucoup  de  loutres. 

Reptiles. 


Harasserine.  Les  Oyampis  ne 
connaissent  aucua  remede  a  la 
morsure  de  ce  serpent.  Elle 
prcduit  des  convulsions  qui 
enli'vent  I'individii  pique  en 
peu  d'instans. 


Souccouroujou.  Couleuvre  de 
plus  de  quarante  pieds  de  long 
sur  trois  de  cii  conference ; 
couverte  d'ecailles  roussdtres. 

Jaracara.     Cural. 

(Ces  deux  especes  sont  veni- 
raeuses). 

Je  ne  citerai  point  d'aulres  reptiles;  lenonibreen  est 

infmi. 

Celui  qui  s'occuperait  de  la  recherche  des  insectes 
serait  amplement  recompense  de  ses  peines  par  des  de- 
couvertes  nombreuses. 

Je  ne  parlerai  que  des  abeilles.  II  y  en  a  deux  especes  : 
Tune  appelee  Ilaumaa  noire,  et  dun  aspect  rebutanl; 
ravitre  Queroquo  ,  plus  degagee,  de  couleur  fauve,  et 
(lont  It'  mid,  tire  avec  soin ,  est  tres  bon. 


(  179  ) 

ExTRAiT  dujoicrnnl  dun  vojage  siir  la.  cote  de  la  Chine^ 
depuis  la  province  de  Canton  jusqiia  Lenou-Tu?ig , 
dans  la  Tartnrie-31antchou ,  en  1 832-33,  par  le  rev 
Charles  Gutzlaff.  (i) 

Le    i4  Janvier  iSSa,   nous  jeianies   I'ancre 

sous  une  ile  oii,  nioins  genes  que  nous  ne  I'avions  ete 
precedemnient  par  la  presence  des  mandarins,  nous 
pumes  comnuiniquer  davantage  avec  les  habitans.  Cette 
ile,  dun  aspect  trespittoresque,.  contient  un  temple  spa- 
cieux  ;  les  pretres  et  le  peuple  manifestaient  un  grand 
desir  d'avoir  des  livres  cliretiens.  Nous  remarquamcs  un 
edit  affiche  et  qui  defend  la  possession  d'aucnne  arme  , 
sous  peine  de  decapitation.  Dun  temple,  qn'a  sa  fleche 
doree  on  reconnaissait  pour  un  temple  imperial,  on 
decouvrait  tout  le  paysau  sud-ouest,  dont  la  vue  etait 
riante  et  variee. 

Le  17  Janvier,  nous  times  route  pour  Kin-Tang,  He 
que  nous  avions  visitee  deja  a  bord  du  Lord  Amherst. 
A  cette  date,  la  saison  etait  tres  rigoureuse  et  le  froid 
devint  si  intense,  que  plusieurs  liommes  de  I'equipage 
y  succomberent.  Pendant  Ihiver,  la  condition  des  pau- 
vres  dans  ces  pays  est  des  plus  deplorables;  leur  unique 
moyen  decliauffage  est  d'avoir  suspendu  a  leurs  mains 
un  pot  a  feu  oii  sont  quelques  charbons  allumes.  Pour 
se  preserver  du  froid,  its  portent  cinq  a  six  epaisses 
jaquettes  ouatees  avec  du  coton  j  mais  ia  chaleur  pro- 
duite  par  cet  cxces  de  vetemens  ct  la  malproprete  eu- 
gendrent  des  maladies  cutanees,  qui  deviennent  invete- 
rees.  L'ophthalmie  y  est  plus  commune  qu'en  aucune 

(i)  Till'  (\n  Rcpertniie  chinois  jiour  ^uhx  i833,  public  a  Canton,  et 
insere  dans  la  Gazette  nationale  de  Philmleli'liie  du  7  Janvier  i83l. 


(  i8o) 
nulie  parlie  <lu  inoiulc  ;  celte  circoiislancc  est  nttiihuec 
a  la  conformation  particulieredc  I'oeil ,  qui  est  genera- 
lement  tres  petit  et  souvent  enflamine  par  le  renverse- 
nient  des  paupieres.  Nous  parcourunies ,  clans  la  partie 
nieridionale  de  cette  Jle,  beaucoup  de  montagnes  et  de 
vallees  ,  et  partout  on  nous  fit  un  accueil  aniical. 

De  la  nous  cingliVmcs  vers  Ketow-Point,  partie  avan- 
cee  du  continent,  dont  les  plaines  apparaissaient  cou- 
vertes  de  plantations  de  the;  les  montagnes  abondaient 
en  paturages;  mais  les  Chinois  n  elevent  pas  plus  de 
betail  cju'il  n  en  taut  pour  les  besoins  de  I'agriculture. 

Apres  etre  restes  sept  jours  sur  cetle  cole  ,  nous  al- 
lamcs  visiter  diverses  autres  parties  du  groupe  de  Chu- 
san.  Le  temps  etail  alors  lourd  et  orageux.  Le  4  fevrier, 
on  toucha  a  I'lle  de  Poo-To  ,  latitude  3o°  3',  longitude 
iai°.  Un  temple  construit  surun  rochersaillant,  contre 
lequel  les  vagues  de  la  mer  venaient  se  briser,  nous 
donna  quelque  idee  du  genie  des  habitans.  Plusieurs 
pretres  de  Budlia  se  promenaient  sur  la  rive,  attires  par 
I'aspect ,  nouveau  pour  eux  ,  de  notre  vaisseau  ;  dautres, 
vetus  d'liabillemens  sates  et  communs,  se  hataient  de 
venir  a  notre  rencontre,  en  chantant  des  hymnes;  lous 
acceptaientavecempressement  les  livres  qui  leur  etaient 
offerts  ,  en  criant  :  «  Gloire  a  Budlia! »  Nous  montames 
a  un  temple  considerable,  environne  d'arbres  et  de 
bambous.  Un  elegant  portique  et  une  porte  magnifique 
donnaient  entree  tlans  une  vaste  cour  enlouree  de  bati- 
mens  ,  servant  a  la  demeure  des  pretres.  En  penetrant 
dans  cette  enceinte,  les  colossales  images  de  Budha  et 
de  ses  disciples,  les  representations  de  Kwanyin,  deesse 
de  misericorde,  el  autres  idoles  difformes ;  enfin  les  mu- 
railles  spacieuses  et  bien  ornees  offrent  un  spectacle 
curieux    et    imposant.   Les  pretres  lisaient  nos  livres 


(  i8i  ) 
aveo  avidite  :  le  traite  qui  leur  plaisait  le  plus  etait  un 
dialogue  entre   Chang  et    Yuen^   le  premier,  chretieii  , 
I'autre  paien. 

De  ce  lieu  nous  suivinies  une  route  pavee,  d'ou  nous 
apercevions  beaucoup  d'auires  edifices  sacres  ,  inais  plus 
petits,  el  qui  nous  conduisit  a  d'enorines  rochers  do 
granit,  sur  lesquels  etaient  des  inscriptions  en  gros  ca- 
racteres;  I'une  d'elles  signifiait  que  <•  la  Cliine  possede 
des  sages  ».  Les  excavations  de  ces  roches  etaient  reai- 
plies  de  petites  idoles  dorees  et  surchargees  d'inscrip- 
tions.  En  continuant  notre  marche,  nous  nous  trouva- 
mes  tout-a-coup  en  vuc  dun  temple  imperial,  avec  ses 
tuiles  jaunes,  le  plus  grand  qui  se  fut  encore  otfert  a 
nos  yeux.  Un  pout  jete  sur  un  etang  arlificie!  conduisait 
a  une  vaste  cour  pavee  en  dalles  carrees  ,  et  donl  les 
murailles  presentaient  de  nombreux  attribuls  de  I'art 
rhinois.  Les  images,  de  proportions  colossales,  etaient 
taites  en  terre  et  assez  bien  dorees.  Dans  le  temple,  on 
avait  place  des  clocbes  et  de  grands  tambours ,  qui  ser- 
vaient  a  accompagner  le  cbant  des  pretres;  le  son  d'une 
petite  clochette  servait  a  regulariser  la  mesure,  et  a  de 
certains  intervalles  ,  les  grosses  clocbes  et  les  tambours 
resonnaient  ensemble,  dans  la  vue  de  rendre  le  dieu 
Boudha  attentit  aux  prieres  qui  lui  etaient  adressees; 
les  memes  mots,  dans  ce  recitatif,  revenaient  souvent 
jusqu'a  cent  fois.  Le  temple  qu'on  vient  de  decrire  tut 
bati  sous  le  regne  de  la  dynastie  de  Leang,  environ  55o 
ans  avant  I'ere  chrelienne;  il  fut  erige  enl'honneur  dela 
deesse  de  misericorde,  qu'on  pretend  etre  descendue  en 
ce  lieu.  Quoique  I'lle  de  Poo-To  n'ait  pas  plus  de  12 
fiiilles  carres  de  surface,  on  j  compte  deux  grands  edi 
bees  consacres  au  culte,  et  soixante  petits  desservis  par 
2,000  pretres.  II  n'est  permis  a  aucune  femme  d'y  habi- 


(  »8a  ) 
ter,  ni  ineiiie  a  cles  litiqiies  ,  exceptti  les  g^'ns  cie  seivite. 
Pour  soutenir  ce  nomhreux  clerge  ,  on  a  atfecte  les 
terres  situees  vis-a  vis  I'llc,  et  qui  sont  affennees  j  mais  le 
produit  en  etant  encore  insuftisant,  on  y  supplee  par  des 
quetes  au  loin  et  qui  s'etendent  nienie  jusqu'a  Siain. 
Lile  etant  un  lieu  de  pelerina<][e,  est  Irequentee  par 
beaucoup  de  personnages  riches,  principalenient  par  des 
capitaines  dont  les  expeditions  ont  ete  iieureuses  ;  leurs 
dons  contribuent  egalenient  a  I'entretien  des  pretres. 
Poo-To  semble  au  premier  aspect  une  terra  de  feerie; 
on  est  f'rappe  d'admiration  par  ces  grandes  inscriptions 
gravees  dans  le  granit,  ces  temples  majestueux  et  ele- 
gans,  le  pittoresque  des  sites,  et  surtout  par  un  inau- 
solee  gigantesque,  qui  renfernie  les  ossemens  et  les 
cendres  de  plusieurs  milliers  de  pietres. 

Nous  visitarnes  ensuite  d  autres  lies  du  groupe  Cliu- 
san,qtii  etaient  lertiles  et  bien  peuplees;  la  propaga- 
tion de  la  loi  y  rencontre  moins  d'obstacles  que  dans 
la  plupart  des  lies  de  I'Ocean  Pacifique,  et  les  habitans 
comprennent  assez  facilement.  Ces  lies  ont  ete  visilees 
par  hasard  par  des  navires  anglais,  pendant  le  dernier 
siecle;  mais  eiles  n'ont  point  ete  explorees  avec  soin  par 
aucun  navigateur  europeen.  Nous  avons  tache  de  les 
reconnaitre  aussi  bien  que  les  circonstances  I'ont  per- 
mis  ;  nous  avons  apercu ,  dans  le  grand  Chusan  des 
monts  sourcilieux  et  des  vallees  fertiles,  dont  quelques- 
unes  sont  formees  dun  sol  d'alluvion.  Tout  le  groupe 
peut  reniermer  un  million  d  habitans. 

Apres  avoir  fait  quelque  sejour  sur  la  cote  deSeang- 
Shan  ,  qui  appartientau  continent,  nous  nous  rendimes 
a  Shih-Poo,  par  latitude  29"  2',  et  on  y  jeta  I'ancre  le 
icr  avril.  Ce  lieu  ,  situe  au  centre  dun  bassin ,  offre  le 
liavre  le  plus  sur  qu'il  y  ait  au    nionde.   Jusqu'alors   la 


(   i83  ) 

saisoii  avait  ete  froide  et  surchargee  d  epaisbroiiillards; 
oil  avalt  ete  des  seinaines  entieres  sans  voir  le  soleil  , 
meme  en  mars  ;  niais  a  cette  epoque,  le  printemps  appa- 
rut  dans  toute  sa  beaute;  les  champs  se  couvraient  de 
verdure  et  les  parfuins  dii  pecher  embaumaient  lair. 

Nous  arriv^mes  en  vue  de  la  cote  de  Fuhkeen,  dans 
un  moment  de  grande  disetle.  La  plupart  des  liabitans 
n'avaient  pour  toute  nourriture  que  des  palates  douces 
sechees.  La  revoke  qui  avait  lieu  a  Formose  avait  empe- 
che  le  depart  des  jonqiies  qui  exponent  ordinairement 
des  provisions  et  des  cereales  de  cette  lie;  on  se  nour- 
rissait  d'epis  de  ble  encore  verts ,  grilles  ou  bouillis 
comme  du  riz.  Les  hommes  de  Fuhkeen  ont  encore  , 
conirne  autrefois ,  le  monopole  du  commerce  de  toute 
cette  cote. 

Dans  le  cours  de  nos  excursions,  nous  reconnumes 
Kin-Mun  ,  grande  ile  au  nord  du  havre  d'Amoy,  ou 
d'immenses  rochers,  entasses  les  uns  sur  les  autres, 
semblent  avoir  ete  ainsi  disposes  par  la  main  des  hom- 
mes. Quoique  sterile ,  elle  renferme  5o,ooo  habilans  , 
qui  sont  de  hardis  navigateurs  et  marchands. 

Apres  un  voyage  de  six  mois  et  neuf  jours,  nous  tou- 
thames  a  Lintin,  pres  Macao,  le  ap  avril. 

w. 


(  i84  ) 


DEUXIEME  SECTION. 


DOCUMENS,    COMMUJ^ICATIONS,    NOUVELLES 


GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


Notice   sur  les   inoiits    Cutocton   de    la  Virginie  el  da 
Maryland,  par  C.  S.  Rafxnesque. 

Tout  ce  que  I'on  a  ecrit  sur  les  monls  Alleghany,  et 
les  cartes  qui  en  ont  ete  publiees,  sent  vagues  et  sans 
details  exacts,  nieme  dans  les  lieux  et  passages  les  plus 
connus  et  frequentes,  tels  que  celui-ci;  car  il  y  a  long- 
temps  que  Jefferson  a  rendu  fameux  le  passage  du  fleuve 
Potomak  dans  ces  montagnes.  Maintenant  il  y  a  des 
routes  tres  frequentees,  un  canal  longeant  le  fleuve,  et 
une  route  de  fer  dans  le  voisinage ;  cependant  toutes  les 
cartes  sont  fautives  a  I'egard  de  ce  passage  et  des  monts 
voisins. 

Le  nom  meme  de  ce  defile  de  montagnes  est  presque 
ignore,  hormis  dans  le  voisinage,  et  ne  se  trouve  pas 
porte  sur  les  cartes  :  ce  nom  est  Cotocton,  beau  nom 
aborigene  tres  sonore,  etque  je  vais  introduire  en  geo- 
grapliie.  Sa  largeur  est  de  i4  milles. 

Le  fleuve  Potomak  separe  les  monts  Alleghany  du 
nord  des  monts  Apalaches  du  sud.  Ce  passage  ou  defile 
se  nomme  Cotocton,  ainsi  que  les  coUines  qui  le  for- 
ment,  et  les  deux  rivieres  qui  y  affluent  du  nord  et  du 


(  ^85  ) 

sud.  11  en  est  de  menie  plus  au  noid,  ou  le  passage  du 
fleuve  Hudson  se  nomnie  Mattawan  conime  les  collines 
attenantes,  ce  passage  divisant  les  mnnts  Alleghany  des 
monts  Taconick. 

L'esquisse  ci-jointe,  quoique  tres  imparfaite,  donnera 
line  idee  de  la  structure  de  ces  monts  et  de  leur  defile. 
EUe  comprend  environ  48  milles  anglais  du  nord  au  sud, 
depuis  les  bornes  de  la  Pensylvanie  jusqu'au  Sp'  degre 
de  latitude  nord.  J'ai  passe  cinq  fois»ces  montagnes  en 
plusieurs  iieux,  en  1819,  iBaS,  i832  et  i833,  et  ce 
n'est  que  cette  annee  que  j'en  ai  pu  saisir  toute  la  confi- 
guration physique  ,  toutes  les  cartes  me  trompant  en  ne 
mettant  qu'une  rangee  etroite  de  montagnes  ou  il  y  en 
a  troisou  quatre,  etles  appelant  simplement  Blue-Ridge 
ou  Crete-Bleue. 

II  y  a  d'abord  la  montagne  isolee  deMonocasy,  formant 
un  avant-poste  en  Maryland,  sous  le  nom  de  SiigarloaJ' 
ou  Pain -de  Sucre,  quoiqu'elle  ne  soit  pas  conique;  mais 
sa  forme  est  Irilobe  ou  a  irois  eminences  arrondies.Elle 
a  i5  milles  de  tour  et  600  pieds  de  haul.  Sa  structure 
geoiogique  est  primitive;  c'est  en  quelquesorte  un  cris- 
tal  de  quarz  blanc.  Elle  est  deboisee,  le  bois  en  ayant 
ete  coupe  pour  les  forges ;  mais  les  arbres  poussent  de 
nouveau.  Elle  a  plusde  5o  sources  d'eau.  A  I'ouestsont 
les  montagnes,  qui,  vers  les  bornes  de  la  Pensylvanie  , 
ou  elles  forment  un  plateau  de  8  a  10  milles  de  large,  se 
divisent  en  trois  branches  de  longueurs  tres  inegales, 
et  qui  sont  toules  trois  coupees  par  !e  Potoniak.  La 
branche  ouest  est  la  seule  qui  soit  continue,  quoique 
coupee  par  une  foule  de  cols  et  s'appuyaiit  sur  un  pic 
nommemont  Misery,  justement  sous  la  borne  du  Mary- 
land et  Pensylvanie,  qui  a  plus  de  1,200  pieds  au-dessus 
de  la  vallee  qu'il  surmonte. 


(  i86  )       • 

La  deuxieme  branclif  clu  milieu  esi  la  plus  couite, 
n'.iyant  que  20  inillesde  long,  dout  la  moitie  dansthaque 
etat.  La  vallee  en  Maryland  se  nomme  Pleasant-Valley^ 
et  en  Virginie,  Hollers 4^^ alley  CVallees  agreahles  et 
crcuses).  Sa  largeur  est  de  a  milles  au  plus.  Elles  sont 
bien  airosees. 

Entre  cette  branclie  et  la  troisienie  ou  orientale,  git 
la  grande  vallee  dc  Cotocton  ,  ou  plutot  les  deux  vallees 
du  nord  et  du  sud ,  portant  toutes  deux  ce  noni ,  ainsi 
que  leurs  rivieres;  chacune  a  environ  20  milles  de  long 
et  4  ii  5  de  large.  A  lest,  gisent  les  monts  Cotocton  du 
nord  et  du  sud,  qui  deviennent  graduellement  des  col- 
lines  dans  la  Virginie,  par  felevation  du  terrain  qui  les 
porte,et  se  nomnient  Hicccr)-Hills  et  Bull-hills [coWine 
des  Noyers  et  des  Taureaux),  s'etcndant  a  plus  de  100 
milles. 

Les  monts  Cotocton  s'elevent  d'environ  1,000  pieds 
au-dessus  du  fleuve  et  1,200  au-dessus  de  la  mer.  lis 
sont  primitifsj  les  roches  sont  de  granit  et  quai-z  blanc 
et  colore  en  masses,  avec  d'autres  mineraux. Elles  sont 
boisees,  quoique  steriles  generalement;  les  vallees  entre 
les  branches  sont  fertiles  et  cultivees,  avec  des  schistes 
primitifs.  A  I'ouest,  vient  la  grande  vallee  calcaire,  qui 
les  separe  des  Alleghany  propres,  ayant  600  milles  de 
long  et  i5  de  large. 


Etablissement  d'une  nouvelle    colonic   pour   les  uoirs 
libres  ,   au  cap  Palnias. 

La  Societe  de    colonisation   de    lEtat  de   Maryland 
(auxiliaire  de  la  Socie»;«;  de  colonisation  ainericaine  des 


(  iB7  ) 
uoirs  libres  ),  forui^e  en  Janvier  i83i,  fit  partir  en  octo- 
bre  de  la  menie  anne'e,  le  navire  V Orion  pour  Monrovia, 
avec  Irente-et-un  emigrans  sous  la  direction  tlu  docteur 
James  Hall.  Dans  le  niois  de  decenibre  suivant,  la  legis- 
lature du  Maryland  accorda  une  somnie  de  200,000 
dollars,  pour  le  transport  et  la  colonisation  d'emigrans 
en  Afriqiie,  et  le  cap  Palmas  fut  clioisi  pour  y  former 
un  nouvel  etablissement. 

Le  docteur  Hall  decrit  ainsi  les  avantages  de  cette  po- 
sition. 

«  La  cote  d'Afrique,  lorsqu'on  a  suivi  ur.e  direction 
sud-est,  en  partant  du  Rio-Grande  et  passant  par  Sierra- 
Leone,  le  cap  Mount,  Monravia  ,  Grand-Bassa  et  la  ri- 
viere Cestos,  tourne  ici  (  au  cap  Palmas)  a  Vest-nord- 
est  vers  le  cap  Trois-Pointes  ,  lembouchure  du  Niger 
et  Fernando  Po ,  dans  la  baie  de  Biafra  {^(he  Bight  of 
BiaJ'ra).  Le  voyage  de  retonr  du  cap  Palmas  aux  Elats- 
Unis  ou  en  Europe  est  toujours  facile,  les  venis  alises 
du  nord-ouest  legnant  constamment;  tandis  que  plus 
a  Test,  vers  rembouchure  du  Niger,  on  se  trouve  hors 
de  1  influence  de  ces  vents,  au  milieu  de  calmes  et  de 
courans  qui  rendent  la  navigation  longue  et  penible.  La 
position  du  calme  Palmas  doit  en  faire  un  jour  un  point 
important,  comme  entrepot  commercial,  et  comme 
lieu  de  relaclie  pour  les  navii-es  americains  ou  euro- 
peens  destines  pour  le  Niger. 

«  La  temperature  de  ce  cap  est  a-peu-pres  la  meme 
que  celle  de  Monrovia,  quoique  cependant  elle  soil 
reconnue  plus  saine.  Un  Anglais,  le  capitaine  Spencei, 
quia  conduit  pendant  quatorze  ans  un  etablissement  a 
1  embouchure  de  la  riviere  Cestos,  entre  Bassa  et  le  cap 
Palmas,  a  souvent  employe  sur  la  cote  des  mailiesde 


(  i88  ) 

iiavires  et  leuis  etjuipages  peniiant  des  semaiiies  et 
meine  ties  mois  eiilieis,  sans  qii  ils  en  aient  lessenli 
aucun  inal ,  tandisque,  dans  les  etablissemens  actuals, 
un  etranger  ne  pent  passer  une  nuit  a  terre  sans  etre 
incommode.  Get  effel  est  attribue  aux  marecages  de 
mangiiers  (  Rldzophora)  formes  par  les  enormes  quanti- 
tes  de  depots  d'alluvion,  apportes  par  les  rivieres  Gam- 
bie ,  Domingo,  Rio-Grande,  Nunez,  Pongas,  Kabba , 
Sierra-Leone,  Karanianka  et  Piscou.  Au  contraire,  de- 
puis  la  riviere  Saint-Paul,  autour  du  cap  Palmas,  jusqu'a 
I'Assinee,  pres  le  cap  Trois-Pointes,  on  ne  rencontre 
point  de  grands  fleuves  qui  forment  de  semblables  cou- 
cbes  alluvionnaires. 

«  Un  autre  avantage  du  cap  Palmas  est  de  fournir  du 
riz,  dont  les  balimens  ont  toujours  besoin ,  pour  faire 
leiir  voyage  de  retour. 

•iLaville,  situee  a  la  pointe  meridionale,  ou  le  pro- 
montoire  se  lieau  continent,  regarde  la  rade  an  sud  ; 
de  ce  point,  le  cap  se  dirige  au  nord-ouest,  et  se  ler- 
minant  par  des  rochers  inaccessibles  et  presque  perpen- 
diculaires,  forme  entre  cette  extremite  et  la  terra  une 
baie  sure  et  commode.  Le  point  culminant  de  ce  pro- 
monloire  est  a  too  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mar, 
et  une  batlerie  de  quelques  pieces  qui  y  serait  placee 
suffirait  pour  commander  la  ville,  la  baie,  la  rade,  el  le 
pays  qui  se  trouvcrait  a  portee  de  canon.  » 

Le  docteur  Hall,  nomme  agent  de  la  Societe,  devail 
mettre  a  la  voile,  eel  automne,  pour  la  nouvelle  colonie, 
sur  un  baliment  capable  de  contenir  soixante-dix  aceiil 
emigrans,  dont  vingt-cinq  du  Maryland,  et  le  surplus 
pris  parmi  ceux  des  habitans  de  Liberia  ([ui  voiidraient 
quitter  ieur  residence. Ce  navire, outre  les  marchandises 
necessaires  pour  payer  la  territoire  ,  portera  des  arnies, 


(  '8.9  ) 
munitions  et  provisions  pour  six  niois,  Ics  charpentes 
du  magasin  general  et  de  la  niaison  d'agence,les  outils, 
instruniens  aratoires,  etc.  II  restera  en  vue  du  cap  Pal- 
mas,  jusqu'a  ce  qu'une  batterie  ait  ete  elevee  et  garnie 
de  canon  et  que  I'etablissement  soit  en  activite.  Les  ex- 
peditions se  succederont  ensuite,  et  on  etablira  toutes 
les  fortifications  necessaires  a  la  defense  de  la  colonic. 


Etat  (le  Venseignement  dans  la  colonie  de  Liberia 
[Afrique^  an  "iojuiii  i832. 

II  y  a  une  ecole  publique  de  garcons  et  une  de  filles 
dans  chacun  des  districts  de  la  colonie,  savoir  : 

1  a  Monrovia,   comptant.      36  garcons,  5^  filles. 

2  a  Caldwell 34  4^ 

2   h.  Millsburg 21  11 


91  no 

Cequidonne  pour  les  eleves  des  deux  sexes.  201 

Auxquels  ajoutant  le  nombre  des  adultes 
qui  suivent  une  classe  du  soir  ouverte  a  Cald- 
well       aS 


Le  nombre  des  individus  qui  recoivent  les 
bienfaits  de  I'instruction  s'eleve  a 226 

On  leur  enseigne  la  lecture,  I'ecriture,  le  calcul ,  la 
granimaire  et  la  geographie. 

Les  instituteurs  recoivent  cbacun  uu  salaire  annuel 
de  400  dollars,  et  les  maitresses ,  200  dollars. 


(   '9"  ) 

Traite  entre  les  Etals  Unis  ct  Sinm. 

"Vers  la  fin  de  fevrier  dernier,  le  sloop  do  guerre 
Peacock  aborda  a  Siam,  ayant  a  bord  M.  Edmund  Ro- 
berts, envoye  du  president  des  Etats-Lmis  a  la  cour  do 
Cochincbine  et  de  Siam,  pour  contracler  un  traite  com- 
mercial que  M.  Roberts  a  reussi  a  faire  signer.  D'apres 
les  renseignemens  qu'il  a  fournis  sur  I'otat  agricultural 
de  ce  royaume ,  il  parait  qu'en  Octobre  1 83 1 ,  unc  grande 
inondation  a  eu  lieu,  et  a  convert  generalement  la  sur- 
face du  pays  ,  pendant  trois  mois ,  a  une  profondeur  de 
trois  ou  quatre  pieds.  Les  plantations  ont  ete  detruites, 
ainsi  que  les  arbres  fruitiers;  un  grand  nombre  d'indi- 
vidus  ont  perdu  la  vie,  et  la  plupart  desbestiaux  ont 
peri.  II  n'y  avail  plus  de  niaree  sensible  dans  la  riviere 
Meinam,  et  le  flux  courait  a  raison  de  5  a  6  niilles  par 
beure.  Le  pays  commencait  a  se  reniplacer,  autant  que 
possible,  en  riz,  Sucre  et  cafe. 

Les  jonrnaux  de  Boston  annoncent  le  retour  de  Na- 
thaniel Jarrys  Wythe,  chef  de  la  compagnie  d'aventu- 
riers  qui  ont  fait  recemnient  le  voyage  jusqu'a  I'Ocean 
Paeifique  par  terre.  II  a  ramene  avec  lui  deux  jeunes  lu- 
diens  de  la  tribu  des  Tetes- Plates. 

Canal  de  Chesapeake  et  de  Dehnvare.  —  Durant  la  se- 
maine  qui  a  fini  le  i5  novembre  i833,  i65  batiniens 
ont  traverse  ce  canal,  dont  69  venant  de  la  Delaware  et 
26  de  la  Chesapeake  :  total  des  batiniens  pendant  la  sai- 
son,  5,340. 

Canal  de  Chesapeake  et  de  VOhio.  Ce  grand  ouvrage 
est  complelenient  acheve  depuis  le  district  de  Columbia 
jusqu'aux  premieres  chutes  a  Harper s- Ferry.  II  a  deja 
Iransporle  nne  grande  quantite  de  niarcbandiscs. 


(  '91  ) 

Lett  re  de  M.  Town  send  a  M.  le  president  de  la  Sociele 
de   Geographic. 

Paris,  leSjjinvier  i834. 
Monsieur, 

J'ai  rhonneur  d'offrira  la  Societe  de  Geographic  deux 
tartes  aniericaines,   I'une   represetitant  les  Etats-Unis , 
I'autre  I'etat  de  New-York.  La  premiere,  oeuvre   dun 
Mcosraphe  estime ,  apparlient  plutot  a  la  politique  qu'a 
!a  geogriiphie  :  elle  n'embrasse,  outre  les  vingt-quatre 
etats,  que  cette  partie  de  limmense  territoire  de  la  con- 
federation qui  envoie  des  deputes  au  congres  national. 
Cependant,  pour  la  position  et  la  grandeur  relatives  des 
etats,  pour  le  cours  des  fleuves  et  des  rivieres  les  plus 
considerables,  et  pour  les  traces  des  lignes  de  commu- 
nications entre  les  diverses  parties  du  pays,  soil  par  des 
canaux  ,  soil  par  de  grands  chemins,  cette  carte  est  aussi 
parfaite  qu'il   etait  possible  de  la  laire  avec  les  rensei- 
gnemens  qu'on  possedait  en  i83i.  II  est  pourtant  a  re- 
gretter  qu'on  ait  mis  si  pen  de  soin  a  representer  quel- 
ques  chaines  importantes  de  montagnes ,  dont  les  posi- 
tions et  les  hauteurs  ont  ete  assez  exactement  determi- 
nees,  et  qu'en  colorant  la  carte  on  en  ait  tant  sacrifie  la 
clarle  et  la  nettete  a  Teclat  et  a  I'etendue  des  couleurs. 
La  carte  de  I'etat  de  New-York  pourrait  etre  deja  cow- 
sideree  comme  ancienne;  mais,  par  cela  meme,  elle  pos- 
sede  quelques  avanlages  sur  celles  qui  ont  ete  publie'es 
plus  tard;   contenant  a   peine  I'indication  de  quelquef. 
villes  et  chefs-lieux  de  comtes,  il  n  en  est  que  plus  fa- 
cile d'y  distingucr  les  divisions  legislatives  et  judiciaires 
(counties)  et  administratives  {towns).,  et  snrtout  d'y  re- 
marquer  les  traces  des  grandes  acquisitions  de  territoire 
failes  ou  par  des  particuliers  ou  par  des  conipagnies. 
Celui  qui  voudrait  etndier  I'ordre  politique  et  admini- 


(  ip^^  ) 

slralit  (ie  cet  (-tat,  le  plus  important  de  I'Uiiion  Ameri- 
caine  par  sa  position,  sa  population,  ses  riclicsses,et  les 
avantages  naturels  du  pays,  ou  qui  desirerait  se  former 
line  ideenette  du  systeme  qui  a  prevalu  dans  le  partage 
de  son  territoire  en  proprietes  particulieres,  pourra  pur- 
ser dans  cette  carte  d'utiles  renseignemens. 

C'est  avec  un  veritable  plaisir,  monsieur,  que  je  vous 
annonce  la  formation  d'une  societe  dont  les  travaux 
serviront  bientot,  je  I'espere,  a  hater  la  marche  des 
connaissances  geographiques.  Je  parle  du  lycee  qui  vient 
d'etre  organise  au  depot  de  la  marine  a  New-York ,  sous 
le  nom  de  United-States  naval  Lyceum.  Les  resultats  les 
plus  importans  de  cette  nouvelle  association  seront  de 
reunir  les  efforts  des  officiers  de  la  marine  niarchande 
et  de  celle  de  I'etat ;  de  leur  donner  des  instructions  pour 
les  recherches  scientifiques  que  leurs  frequens  voyages 
pourront  les  mettre  a  meme  de  fairej  de  leur  fournir  un 
depot  pour  les  objets  interessans  ou  curieux  qu'ils  au- 
ront  rapportes,  et  enfin  de  leur  offrir  les  nioyens  de  pu- 
blier  les  observations  et  decouvertes  qu'ils  auront  faites. 

Je  me  plais  a  croire,  monsieur,  que  la  Societe  de  Geo- 
grapbie  se  felicitera  de  la  formation  de  ce  nouvel  auxi- 
liaire  dans  une  ville  dont  les  valsseaux,  soit  du  gouver- 
iicment,  soit  du  commerce,  penetrent  dans  toutes  les 
mers;  et  s'il  paraissait  utile  a  la  Societe  d'etablir  avec 
cette  association  deces  rapports  qui  naissent  del'identite 
du  but  et  de  la  communaute  des  travaux ,  je  m'estimerais 
beureux  den  devenir  I'intermediaire. 


Pilote  de  la  cote  des  Deux-Ameriques ,  donnant  les  in- 
dications des  principaux  havres,  anses  et  promontoires 
existant  sur  cette  cote,  les  directions  des  vents  ,  les  lati- 
tude et  longitude,  et  une  table  des  marees,par  ^e/wf/zir/ 


(  ^93  ) 
M.  Blunt;  ii"  edit.  (607  p.  gr,  in-8- ).  NcAv-Yorlc,  i833. 

Le  merite  de  cet  ouvrage,  auquel  lauteur  a  consacre 
quarante  annees  de  sa  vie ,  est  constate  par  le  fait  de  la 
vente  de  onze  editions  successives  qui  ont  epuise  37,000 
exemplaires. 

L'auteur  a  puise  aux  sources  les  plus  authentiques,  en 
s'appuyant  des  explorations  faites  par  ordre  du  gouver- 
nement  aniericain ,  de  renseignemens  certains  fournis 
par  les  pilotes-cotiers,  caboteurs  ,  et  des  travaux  et  com- 
munications des  navigateurs  les  plus  distingues  de  tons 
les  pays,  et  enfin  de  ses  propres  observations.  Dans  un 
travail  aussi  etendu,  puisqu'il  s'agit  de  donner  des  indi- 
cations sur  une  cote  de  plus  de  6,000  miiles  en  longueur, 
l'auteur  ne  se  flatte  pas  d'etre  a  I'abri  de  loute  erreur  j 
mais  il  a  la  conscience  d'avoir  apporte  a  cette  grande 
tache  un  zele  infatigable  et  scrupuleux  que  1  appat  du 
gain  n'a  point  stimule ,  puisque ,  nialgre  le  grand  nombre 
des  editions,  les  profits  de  cet  ouvrage  ont  ete  entiere- 
ment  absorbes  par  les  depenses  qu'il  a  exiges. 

M.  Blunt  fait  remarquer  que  depuis  la  premiere  edi- 
tion du  Pilote,  le  taux  ordinaire  de  I'assurance  a  dimi- 
nue  de  moitie  pour  les  biitiniens  cotiers,  et  des  quatre 
cinquiemespour  les  navires  allanta  la  Nouvelle-Orleans, 
et  qu'il  est  hors  de  doute  que  les  progres  de  la  science 
hydrographique  n'aient  contribue  a  cette  reduction. 

II  lermine  sa  preface  en  declarant  que  les  infirmites 
causees  par  I'age  et  les  fatigues  ne  lui  permeltent  pins 
de  continuer  a  piesider  a  cette  publication,  qui  sera 
confiee  a  son  fds,  M.  G.-W.  Blunt.  W. 


14 


(  '94) 


TROISIEME  SECTION. 


ACTES    DE    LA    SOCIETE. 


PROCES-VEnBAtlX    DES    SEANCES. 

Seance  du  j  mars  i834. 

Le  proces-verbal  tie  la  derniere  seance  est  lu  etadopte. 

La  Societe  royale  de  Londres  adresse  le  deuxienie 
volume  de  ses  Transactions  pour  lannro  i833. 

M.  Leprieur  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  adresser  une 
notice  succinctc  de  son  voyage  dans  la  Guyane  centrale. 
La  lecture  de  ce  document  est  reservee  pour  la  pro- 
chaine  asseniblee  gf^nerale. 

M.  Jouannin  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  offrir,  au  nom 
de  I'auteur,  un  exemplaire  de  I'ouvrageque  M.  de  Falbe 
vient  de  publier  sous  le  litre  de  Recherches  sur  Vempla- 
ceinent  de  Carthage.  M.  d'Avezac  est  invite  a  en  rendre 
compte. 

M.  Bianchi  depose  sur  le  bureau  plusieurs  numeros 
du  Journal  de  Smyrne  et  dos  Moniteurs  Ottoman  et 
Egrptien,  el  il  signale  divers  fragmens  geograpbicjues 
qu'il  lui  paraitrait  utile  d'extraire  pour  le  Bulletin. 

La  section  de  publication,  qui  avail  ete  cbargee  d'exa- 
miner  Ic  manuscrit  de  M.  Lefel  sur  I'bistoire  pbiloso- 
pbique  de  TAfrique  occidentale,  presente  son  rapport 
sur  ret  nuvrage.  D'apres  ses  roiuliisions  ,  la  Commissu)ii 


(  19^  ) 
centrale  decide  qui!  ii'y  a  pas  lieu  de  publier  ce  travail 
dans  le  recueil  des  Meiuoires  de  la  Societe. 

La  menie  section  avait  aussi  a  examiner  la  proposition 
de  M.  d'Urville  relative  a  la  publication  du  voyage  de 
Bonechea  a  I'lle  d'Amat  (Taiti).  Cette  relation  en  espa- 
gnol  lui  parait  interessante  pour  I'histoire  de  la  geogra- 
phic, et  elle  conclut  a  ce  qu'elle  soil  publiee  dans  le 
Recueil  de  la  Societe,  ainsi  que  la  traduction  francaise. 

Lacommissionspecialechargeed'examiner  leconcours 
reiatif  au  nivellement  des  rivieres  de  France,  presente 
son  rapport  par  I'organe  de  M.  le  colonel  Coraboeut, 
et  propose  qu'il  soit  decerne  une  des  niedailles  dor  de 
loo  francs  a  M.  Jodot,  auteur  dun  meinoire  sur  le  ni- 
vellement d'une  partie  du  coursdela  riviere  delaVesle. 
—  Adopte. 

M.  Jouannin  lit,  pour  son  frcre ,  un  memoire  qu'il  a 
communique  dans  la  derniere  seance,  sur  le  choix  de  la 
mesure  qu'il  conviendrait  d'adopter,  dune  part ,  pom-  Ic 
diametre  des  globes  terrestres  artificiels,  et  d'autre  part, 
pour  les  meridiens  descartes  geograpliiques  et  des  niemes 
globes.  Dapres  le  desir  de  I'auteur,  M.  le  president  de- 
signe  une  commission  composee  de  MM.  Coraboeuf , 
Qostaz  et  d'Urville  pour  faire  un  rapport  sur  ce  menioire. 

M.  le  commandant  d'Urville  lit  un  recit  dune  excur- 
sion qu'il  a  faite  a  I'lle  de  Celebes  dans  le  cours  de  son 
voyage  autour  du  monde. 

Seance  dti  21  mats. 

Le  proces-verbal  dela  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

MM.  Galindo  et  Lavallee  adressenl  de  Trugillo  et  de 
Trinidad  de  Cuba,  un  duplicata  des  lettres  qu'ils  onl 
ecrites  a  la  Societe  les  9  fevrieret  i^'  octobre  i83:5,el  qui 


(  ^96  ) 
se  trouvent  deja  iiientionnees  dans  les  proces-verbaux 
des  seances  du  21  septenibre  et  da  9,2  novenibre  i833. 

M.  I'amiral  de  Krusenslcrn  ecrit  a  la  Societe  pour  lui 
oftrir  lelome  11  des  inemoiies  hydrographiques  qui  ac- 
coinpagnent  son  Atlas  de  la  mer  du  Sud.  Un  exemplaire 
dace  volume,  adresse  precedeniQient  a  la  Societe,  ne  lui 
etait  point  parvenu. 

M.  Gross-Hoffinger  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  offrir 
plusieurs  ouvrages  qu'il  a  publics,  et  il  exprime  le  desir 
de  voir  des  relations  s'ouvrir  enlre  la  Societe  dont  il  est 
niemi)re  et  I'institut  geographique  qu'il  dirigc  a  Leipzig. 

MM.  le  baron  de  Ladoucetle  et  Fontanier  ecrivent  a 
la  Societe  pour  lui  faire  hommage,  le  premier,  de  son 
Histoire  des  Hautes-Alpes,  et  le  second,  de  son  Voyage 
en  Orient. 

M.Jomard  entrelientlassembleedu voyage deM.d'Or- 
l)igny,  execute  dans  I  Amerique  meridionale  pendant  les 
huit  derniercs  annees;  il  annonce  que  ce  voyageur  a 
rapporte  en  France  de  riches  collections  ethnographi- 
ques,  denombreux  vocabulaires  et  des  cartes  itineraires 
de  toutes  ses  excursions  dans  la  Patagonie,  dans  le  liaut 
Perou,  dans  les  Cordillieres,  et  dans  les  provinces  des 
Moxos,desChiquitos,etc.  II  regardece  voyage  comme  un 
des  plus  imporlans  qu'on  ait  f:iits  depuis  long-tenips 
dans  linterieur  des  terres. 

La  commission  speciale  chargee  de  juger  le  concours 
rolatif  an  prix  annuel  pour  la  decouverte  la  plus  inipor- 
tante  en  geographic  correspondant  a  I'annee  i83i,  de- 
clare quelle  est  d'avis  qu'il  soitdccerne  a  M.  le  capitaine 
Ross  la  grandemedaille  d'orde  5oo  francs,  pour  son  der- 
nier voyage  dont  le  principal  objet  etait  la  question  Avi. 
passage  nord-ouest  entre  les  deux  Oceans.  Une  mention 


(  ^97  ) 
tres  honorable  est  de'cernee  aM.  le  capitaine  Biscoe,[)our 
ses  decouvertes  dans  I  Ocean  antarctique.  Enfin  ,  la  com- 
mission a  decide  que  les  voyages  de  nos  compatrioles, 
MM.  Victor  Jacquemont  dans  I'lndoslan  et  d'Orbigny 
en  Amerique,  seraient  cites  avec  distinction. 

La  meme  commission  communique  le  programme  du 
prix  offert  par  S.  A.  R.  le  due  d'Orleans.  La  redaction 
en  est  adoptee. 

Apres  deliberation  ,  la  Commission  centrale  remet  au 
concours  deux  sujets  de  prix  echus  au  3i  decembre  i833, 
et  pour  lesquels  il  nest  point  arrive  de  memoires.  Le 
premier  de  ces  prix,  relatif  a  Xhistoire  matJiematique  et 
critique  des  mesures  de  degres ,  est  proroge  pour  etre 
decerne  a  la  seance  generate  de  mars  1 835,  et  le  second, 
relatif  aux  antii^uites  americaines,  est  proroge  pour  etre 
decerne  en  mars  i836. 

M.  Roux  de  Rochelle  lit  une  notice  sur  les  principales 
navigations  entreprisesle  long  des  cotes  occidentales  de 
I'Amerique  du  Nord. 

M.  Jomard  donne  des  explications  sur  une  grande 
carte  manuscrite  de  FAmerique  ,  de  i6o4,  citee  dans 
cette  notice ,  et  qui  est  depuis  peu  exposee  a  la  section 
geographique  de  la  Bibliotheque  royale. 

M.  d'Avezac  donne  lecture  de  la  suite  de  ses  Fdudes 
geographiques  et  ethnographiqnes  sur  Alger. 


(  '98  ) 


MCMBRE   AOMIS   DANS    LA    SOCIETE. 


M.  George  Robinson,  voyageur. 


OOVRAGES    OFFEKTS    A     I,A    SOCIETE. 


Seance  du  ^  mars  i834. 

Par  la  Sociele  royale  de  Londres :  Transactions  du 
cette  Societe,  2°  part.  i833.  i  vol.  in-4°. 

Par  M.  le  capitaine  Falbe  :  Recherches  sur  Veniplace- 
ment  de  Carthage,  suivies  de  renseignemens  sur  plusieurs 
inscriptions  pnniques  inedites ,  de  notices  historiques ,  geo- 
graphiques ,  etc.^  avec  le  plan  topograpliique  du  terrain 
et  des  ruines  de  la  ville  dans  leur  etat  actuel,  etc.  i  vol. 
in-8 '  et  atlas  in-folio. 

Par  la  Societe  de  geologic  :  Feuilles  6"  a  9  du  tome  iv 
de  son  Bulletin. 

Par  M.  le  Airecieiir  :  Revue  des  voyages ,  3=  livraison. 

Par  M.  de  Molcfon  :  Recucil  de  la  Societe  Polytech- 
nique ,  1"  serie,  n"  2,  cahier  de  fevrier. 

Par  M.  le  directeur:  Memorial  cncj  clopcdique ,  cahier 
de  fevrier. 

Par  MM.  les  dirccteurs  :  24  nunieros  da  Joiinidl  de 
Smjrne,  5  numeros  du  Moniteur  ottoman ,  et  i  numero 
du  Moniteur  cgypticn. 


(  «9P  ) 


Seance  dii  1 1  mars. 

Par  M.  I'amiral  de  Krusenstern  :  Recueil  de  meinoires 
hydrographiqiies,  2"  vol.,  in-4°.  Saint-Petersbourg,  1827. 

Par  M.  Albert-Mo titeniont  :  Bibtiotheque  nnwersellc 
des  voyages,  16"  livr.  ,  in-8". — Voyage  de  Vancouver. 

Par  M.  Fontanier  •   Voyages  en  Orient.,  entrepris  par 
ordre  dii  goiwernenientjrancais  (second  voyage  en  Ana- 
tolic ).   I  vol.  in-8. 

Par  M.  le  baron  de  Ladoucette :  Hisiolrc ,  topographic  , 
antiquites,  usages,  dialecles  des  Hantes-Alpes ,  avec  un 
atlas,  2*^  edition,  i  vol.  in-8\ 

Par  M.  le  baron  de  Chaudoir  :  Description  de  quelqiics 
medailles  grecques  du  musee  de  M.  le  baron  de  Chaudoir, 
par  Dominique  Sestini.  Florence,  i83i.  i  vol.  in-4"'. 

Par  M.  le  docteur  Gross-Hoffinger  :  Handbuch  fiir 
Reisende  durch  das  Erzherzogthum  Oesterreich,  Steier- 
mart,  Salzburg,  Krain,  Karnten,  Tirol,  Illy  Hen,  Dal- 
matien  und  das  Lombardisch-Fenetianische  Kwniereich^ 
etc.,  I  vol.  in-8''.  —  Oesterrich  wie  es  ist  Gemalde  von 
Normann.  2  vol.  in-8°. —  Der  Kahlenherg  und  Seine  Um- 
gebung,  oderdie  nordlichen  gehirgs-umgebungen  wiens, 
etc.,  I  vol.  in- 1 2.  Austria,-Zeitschi ift filr  Oesterreich  und 
Deutschland.    i*^"^  cahier,  in-8°. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  4  livraisons  du  Voyage 
pittoresque  autour  du  rnonde. 

Par  la  Societe  d'agriculture ,  des  sciences  et  des  arts 
de  Valenciennes  :  Memoires  de  cette  Societe,  i^r  vol.j 
in-8°,  :i\ec  planclios. 


(    200    ) 

Par  M.  Morin  :  Inst  ruction  snrla  mnnierc  de  faire  des 
ohservations  meteorologiques  ,  in-S".  Paris  ,  i834- 

Par  la  Societe  libre  d'agriculture  d'Evreux  :  Recueil  de 
cette  Societe^  n°  ij,  Janvier  i834. 

Par  la  Sotiele  polonaise  des  Etudes  :  Premier  compte 
rendu  de  cette  Societe,  in-8". 

ParM.  ledirecteur  :  Plusieurs  n°*  du  journal  VInstitut. 


BULLETIN 


1)E    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPJIIE. 


AVRIL   l834. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


Par  M.  Leprieur.   (i) 

Le  desir  de  voir  moi-nieme  ce  que  tant  de  Francais 
avaient  vu,  d'etudier  la  vegetation  et  les  autres  bran- 
ches de  I'histoire  naturelle,  si  riches  sous  les  tropiques, 
in'avait  de  bonne  heure  et  nialgre  ma  famille,  fait  tour- 
ner  mes  etudes  vers  les  parties  qui,  sous  tous  les  rap- 
ports, pouvaient  rendre  mes  voyages  profitables  a  la 
science,  si  j'etais  jamais  assez  heureux  pour  etre  mis  a 
menie  de  suivre  les  traces  de  mes  nonibreux  devanciersj 
j'etais  prepare,  mais  je  n'osais  plus   concevoir  d'espoir 

(i)  M.  Leprieur  a  reniis  a  la  Societe ,  a  I'appui  de  cette  relation  , 
quatre  feuilles  renfermant  les  elemens  d'une  carte  du  cours  de  I'Oya- 
pock  et  d'une  partie  de  celui  du  Jari ,  ainsi  qu'une  serie  d'observa- 
tions  astronoiniques  faites  pendant  le  cours  de  son  voyage. 


(     202    ) 

i'unde,  quand  j  eus  le  bonheui  inespere  d  etie  attache 
au  service  de  sarite  de  la  marine  et  eiivoye  an  Senegal 
dans  les  premiers  mois  de  1824.  MM.  le  baron  Hugon, 
baron  Roger ,  Gerhidon  ,  Jiibelin  ,  gouverneurs  de  cette 
colonie,  voulurent  bien  mettre  a  ma  disposition  tous 
les  moyens  necessaires  pour  me  mettre  a  meme  de  re- 
cueilllr  tous  les  materiaux  possibles  pmirfaire  connaitre 
ce  pays,  sur  lequel  jusqu'alors  on  n'avait  eu  que  fort  pen 
de  renseignemens;  dont  on  ignoraitl'entoniologie,  la  ve- 
getation ,  la  constitution  geologique,  et  surtout  la  topo- 
graphic. Je  rasseniblai  dans  les  nombreuses  courses  que 
je  fis  pendant  mon  long  sejour  tous  les  croquis  ne- 
cessaires, toutes  les  notes  et  observations  que  me  per- 
niettaient  mes  moyens  pour  pouvoir  taire  connaitre  ce 
pays,  et  fus  enfin  rappele  au  port  de  Brest  en  1829. 

Mes  courses  m'avaient  habitue  aux  fatigues,  et  ma 
sante  n'avait  que  fori  peu  soufJert  des  nombreuses  at- 
teintes  du  cliniat  dangereux  aux  influences  duquel 
je  venais  d'etre  soumis. 

Je  profitai  toutefois  a  Paris  dun  conge  qu'on  ve- 
nait  de  m'accorder,  quand  M.Jubelin  ,  qui,  du  Senegal, 
avail  ete  envoye  pour  gouverner  la  Guyane  franchise, 
voulut  bien  se  souvenir  de  moi,  et  me  mettre  a  meme 
de  rendre  quelques  services  a  la  geographic.  Un  prix 
venait  d'etre  propose  pour  la  reconnaissance  de  la 
Guyane-Centrale;  on  desirait  dechirer  enfin  le  voile 
qui  couvrail  encore  ces  contrees,  et  les  foire  connaitre 
a  I'Europe  savante. 

M.  Jubelin  jnappela  pres  de  lui  pour  me  charger  de 
cette  exploration,  ({ue  j'acceptai  avec  le  plus  vif  em- 
pressement,  et  pour  laquelle  je  fis  tous  les  preparatifs 
necessaires. 

Je  partis  de  Nantes  dans  les  premiers  jours  de  juillet 


(  ^o3  ) 
i83o  ,  parfaitemeiit  retabli,  et  ne  songeant  plus  aux  fa- 
tigues quejav;iis  tleja  oprouvees  sur  la  cote  d"A.frique; 
je  connaissais   la  vegetation   et  les  plantes  des  parties 
que  j'avaisparcourues;  niaisun  noiiveau  champ  s'ouvrait 
devani  moi.  Vierges  encore  des  pas  eiiropeens,  j'allais 
voir ,  j'allais  parcourir  ces  belles  forets  vieilles  coinme 
le  monde,  et  dans  lesquelles  n'avait  jamais  resonne  la 
cognee  du  bucheron.  L'entornologie ,    la    botaniqiie  et 
les  autres  parties    de  Ihistoire  naturelle  allaient    sue- 
cessivement  devenir  le  but  de  mes  recherches;  de  plus 
j'avais  a  m'occuper  dune  science  vaste,  a  laquelle  les 
travaux   des    savans  niodernes  a   fait   faire    des  pas  de 
geans.  Faible  eleve  encore  de  cette  belle  science,  a  la- 
quelle je  n  ai  pu  fournir  que  peu  de  materiaux,  j'etais 
charge  de  faire  connaitre  la  geographic  de  ce  pays  nou- 
veau ,  den    reconnaitre   les  rivieres  et    les    montagnes 
qui  leur  servent  de  berceau,  ainsi  que  d'en  tracer  la 
topographic;  c'est  avec  ces  douces  illusions  que  je  de- 
barquai  aCayeimedans  les  premiers  jours  de  septembre. 
Toutes  n'ontpasete  realisees  completement,  et  malgre 
mes  efforts ,  je  n'ai  pu  atteindre  le  but  du  voyage;  mais 
je  m'estimerai  encore  assez  heureux  si  les  observations 
que  j'ai  faites  et  que  je  soumets  a  voire  jugement  peu- 
vent  meriter  votre  approbation  et  vos  encouragemens. 
Apres  quelques  jours  consacres  au  repos,je  deman- 
dai   a  aller  visiter  ie  pays,  afin  d'en  etudier  la  nature 
et  de  connaitre  les  difficuUes  quejaurais  a  vaincre  par 
la  suite. 

-  Je  partis  done  dans  les  premiers  jours  de  novembre 
pour  rOyapok,  que  je  remoiitai  jusqu'a  sa  jonction 
avec  le  Camopi ;  ce  fut  dans  ce  vojage  que,  pour  la 
premiere  fois ,  j'eus  occasion  de  voir  les  Indiens 
peu    nombreux  qui  en   habitent  les  bords,  faiblcs  de- 

i5. 


(    204    ) 

bris  des  nations  plus  populeuses  qui  leshabitnient  autre- 
luis. 

Je  pus  dans  ce  voyage  nie  faire  une  idee  nelte  des 
obstacles  ,  sans  cesse  lenalssans,  qui  en  rendent  I'exe- 
cution  si  difficile;  et  les  rapides  noinbreux  qu'il  faut 
conliiiuellenient  renionter  n'en  sont  pas  le  moindre  : 
jusqu'a  rembouchure  du  Caniopi,  qui  nest  que  4^  ou 
5o  lieues  de  lendjoucbure  d  Oyapok ,  on  en  conipte 
pres  de  trentc,  dont  quelques-uns  do  plus  dune  lieue; 
le  seul  nioyen  a  employer  est  de  bisser  les  enibarcations 
dans  les  petites  passes  lalerales,  dont  lescourans  inoins 
rapides  sont  plus  faciles  a  vaincre. 

Je  fis  connaissance  dans  ce  premier  voyage  avec  les 
Pjrions,  que  leur  vieux  chef  Alexis  s'empressa  de  faire 
partir  pour  la  pecbe  et  la  cbasse,  afin  de  pouvoir  m'of- 
frir  quelques  pieces  de  gibier  ou  depoisson  frais;  ce  qui 
effectivement  ne  tarda  pas  a  arriver.  Je  visitai  aussi  les 
ruines  des  etablissemens  des  jesuites  a  Saint  Paul  et  a 
Sainte-Foi,  a  I'emboucliure  de  Camopi ;  le  poteau  en- 
core debout  des  habitations,  les  debris  dun  four,  sont 
au  milieu  dune  foret  de  citronniers  et  de  cacaoyers,  les 
seuls  vestiges  des  grandes  missions  que  ces  hommes 
I  remarquables  par  I'etendue  de  leurs  vues  )  avaient 
formees  pour  y  attirer  les  Indiens. 

De  retour  a  Cayenne  de  ce  premier  voyage,  pendant 
lequel  j'avaistrouve  une  enorme  quantite  de  materiaux 
nouveaux  pour  I'histoire  naturelle,  je  fis  les  preparatifs 
d'une  nouvelle  excursion;  et  cette  fois,  je  fus  visiter 
Ouessa  et  ses  deux  affiuens  Couripiel  Rokatya,  dont  les 
cours  lents,  a  travers  les  plaines  basses  qui  les  entourent, 
conlrastent  dune  maniere  bicn  etrange  avec  lOyapok, 
dont  le  cours  esf  si  rapide  :  c'est  sur  les  Hots  qui  exis- 
tent epars  au  nulieu  des  vasles  plaines  noyees  de  Ro- 


(    205    ) 

kawa  ,  que  quelques  Palicours ,  debris  de  la  nation  de 
cenoni,  ont  etabli  leur  demeure;  parmi  eux  aussijai 
trouve  deux  Toutanes,  les  seuls  individus  dune  peu- 
plade  autrefois  nombreuse  :  la  terre  est  fertile  et  leur 
fournit  en  abondance  les  diverses  sortes  de  racines  ali- 
menlaires  et  les  fruits  qui  font  la  base  de  leur  nourri- 
ture;  mais  leurs  deraeures  sont,  au  commencement  de 
la  belie  saison,  si  infestees  de  maringouins,  que  tous 
les  soirs,  pour  pouvoir  dormir,  ils  sont  forces  de  se  re- 
fugier  dans  leurs  canots ,  qui  des-lors  se  trouvent  trans- 
formes  en  rhambres  a  coucher  j  encore  faut-il ,  pour 
pouvoir  reposer,  quils  aillent  a  une  assez  grande  dis- 
tance des  terres  seches  pour  eviter  les  atteintes  des 
enneniis  de  leur  sommeil. 

Ce  fut  au  retour  de  ce  second  voyage  que  me  furent 
remis  les  derniers  instrumens  qui  avaient  ete  de- 
mandes  pour  1  expedition  jje  fisdes  lors  tous  les  prepa- 
ratifs,  et  rien  de  ce  qui  fut  juge  necessaire  ne  fut  oublie 
dans  cette  occasion;  malheureusement,  mefiantau  dire 
de  personnes  que  je  croyais  instruites,  je  partis  de 
fausses  donnees,  je  me  chargeai  de  divers  objets  totale- 
ment  inutiles,et  qui  m'embarrasserent  plus  quils  ne  me 
servirent. 

Des  les  premiers  jours  de  juin  1882  j'avais  quitte 
Cayenne  pour  me  rendre  sur  I'Oyapok;  sur  un  ordre 
dont  j'etais  porteur,  des  embarcations  me  furent  re- 
mises pour  I'expedition  dont  j'apportais  toutes  les 
marchandises;  il  ne  me  resta  plus  qua  former  les  equi- 
pages dont  j'avais  besoin  ,  et  quelque  peine  que  j'aie 
prise ,  il  me  fut  impossible  de  les  completer  sur  le  bas 
Oyapok;  ce  ne  fut  que  sur  la  Crique  Romontabo  que  le 
vieux  Alexis  me  les  completa  au  moyen  d'un  certain 
nombre  de  ses  Pyrions;  aussi  apres  une  journee  que  je 


(    206    ) 

leuraccordai  pour  taire  leiirs  preparatits,  on  se  remit  en 

route;  et,  nialgre  le  temps  que,   pour  nourrir  un  aussi 

grand  nombre  dindividus,  on  etait  force  de  consacrer 

a  la  chasseeta  la  peche,  nous  atteignimes  bientot  I'em- 

l)Ouchure  du  Camojn  et  pen  upres  les  premiers  et;iblis- 

semens    Oyampis ,   sur    lesquels  je    niarretai  quelques 

jours  pour  donner  a  mes  gens  le  temps  de  se  reposer, 

el  aussi  pour  reparer  lescanots  qui  deja  etaient  endom- 

niages  :  de  ce  point  jusqu'a  I'endroit  ou  VOyapok  cesse 

d'etre  navigable,  je  ne  fis  plus  que  de  petites  journees  , 

autant  a  cause  desdiflicultes  du  chemin  (le  lit  du  fleuve 

etant  presqueasec),  que  pour  examiner  a  mon  aise  les 

moeurs  de  ces  peuples  si  nouveaux  pour  moi;  et  je  n'ar- 

rivai  chez  Jose  Antonio  que  dans  les  premiers  jours  de 

septembre.  Parfaitement  recu  par  ce  chef,  il  mit  a  ma 

ilisposition  tout  ce  dont  je  pouvais  avoir  besoin ;  je  me 

preparais  deja  a  le  quitter  pour  visiter  le  forets  vierges 

quand  desobjets  que  j  attendais  de  Cayenne  ,  et  des  con- 

Irarietes  me  forcerent  de  rcvenir  subilement  sur  le  bas 

0)apok  ;  je  profuai  alors  de  ce  contre-tcmps  pour  reiever 

plusfacilementtoute  lapartiedu  coursde  cette  rivierequi 

est  au-dessus  du  Camopi  et  dontje  ne  connaissais  pas  de 

trace:  quoiquelcdncteur  Leblond  I'aitautrefois  parcou- 

rue,  y  ail  sejourne  plusieurs  mois,  et  I'ait  relevee,  toute 

cette  partie,  que  les  difficultes  du  trajet  a  f;ut  estimer  a  yo 

lieues  environ,  n'en   comporte  au  plus  que  5o;  cequi 

avec    les  5o  de  la  partie  inferieure  a  cet  affluent,  n'en 

porte  toiit  le  cours  navigable    qu'a  cent  lieues. 

Peu  de  jours  me  suffirent  pour  ce  voyage,  qui  me 
niit  a  nienie  de  uiieux  etudier  les  nombreux  rapidesque 
je  desceiidais;  mon  canot,  que  Jose  Antonio  (qui  m'ac- 
compagnait),  faisait  gouverner,  glissait  rapideau  milieu 
des    flots  bouillonnans  de  ces    raontagnes   russes    dun 


I  207  ;  - 

nouveau  genre;  combien  j'adniirais  I'adresse  de  ces 
homines  a  gouverner  un  canot  au  milieu  des  brisans  ! 
I'ojil  exerce  de  llndieri  apercevait  la  roche  sous  les  flots 
mobiles  ,  et  un  coup  de  pagaie  !a  lui  faisait  eviter ;  mais 
c'est  surtout  lorsqu'il  arrive  siir  le  bord  du  rapide  que 
brille  toute  son  adresse  :  dresse  sur  le  banc  on  le  bord 
du  canot,  il  trace  et  suit  a  travers  I'e'cume  et  les  rochers 
le  chemin  de  celui  qu'il  dirige,  explique  a  ses  compa- 
gnons  les  manoeuvres  a  faire  pour  eviter  les  dangers 
qu'il  leur  designe  de  la  main ;  il  n'y  a  point  la  moindre 
crainte  a  avoir,  quoique  pourtant  le  plus  petit  choc 
soil  capable  de  taire  briser,  sinon  couler  les  embarca- 
tions. 

Je  ne  sejournai  sur  le  has  Ojapok  que  le  temps  sti'ic- 
lement  necessairvi  pour  terminer  les  affaires  qui  m'y 
avaient  appele,  prendre  les  objets  qui  etaient  arrives  de 
Cayennepour  rexpedition,et  repartir  aussi  vite  avec  des 
vivres  en  assez  grande  quantite  pour  n  etre  pas  force  de 
chasser  ou  pecher;  en  remontant,  ma  marche  fut  si 
promptequejen'eusbesoin  que  de  i3jours  demarcheau 
lieu  deSoquel'on  metordinairemcnt  pourremonlercette 
riviere  jusqu'ou  ellecesse  d'etre  navigable;  la  j'eprouvai 
de  nouvelles  difficu'tes  :  le  chef  Jose  Antonio ,  a  \\\  suite 
des  fatigues  du  voyage,  etant  tombe  malade ,  et  hors 
d'etat  de  m'aider,  il  fallut  m  armer  de  patience;  je  ne 
pus  plus  que  fort  lentement  faire  les  preparatifs  du 
portage  ,  par  lequel  je  me  proposais  de  reconnaitre  les 
sources  delt^/fl/'oX;  jeperdis,non  sans  en  etre  tres  con- 
trarie,  plusieurs  jours  a  aitendreet  a  decider  des  Indiens 
a  me  servir  de  guide;  enfin,  le  8  novembre,  accompa- 
gne  de  14  individus,  je  parlis  pour  me  reudre  aux 
sources  de  I'Oyapok ;  avec  moi  se  trouvait  un  excellent 
Indien ,  dont  retablissemcnt  en  etait  voisin,et  chozle- 


(    208    ) 

quel  je  merendis;  tout  le  pays  est  extieniement  boise, 
et  quoiquesuivant  un  chemin  ties  fiequente  par  les  In- 
diens,  nous  eprouvions  beaucoup  de  difficultes,  tant 
a  cause  de  lactivite  de  la  vegetation ,  qui  repioduit 
presque  instantanenient  les  parties  relranches,  ou  I'en- 
trelacement  des  planles  grinipantes,  qua  cause  des 
nombreux  circuits  du  chemin  et  de  la  fugacite  des 
traces,  remarquables  seulemcnt  pour  Ihabitant  de  ces 
vastes  forets. 

Le  plus  petit  sentier  de  nos  forets  d'Europe  est  mieux 
marque  que  ces  grandes  routes  indiennes,  dontsouvent 
la  direction  n'est  indiquee  que  par  quelques  branches 
troissees  ou  au  plus  cassees  de  distance  en  distance. 

Noussuivionssousdesvoutesdeverdureimpenetrables 
aux  rayons  du  soleil,  une  route  extremement  variee,  mais 
dont  malheureusement  il  etait  impossible  de  voir  le  de- 
veloppement;  a  travers  I'epaisseur  des  bois,  nous  pas- 
sions alternativenient  dune  foret  marecageuse  de  pal- 
miers,  entrelaces  de  balisiers,  d'orchidees,  de  pteris  et 
dedicsonias,  sur  une  colllne  couverte  de  nieliacees  ou 
de  lecitis,  sous  Tombrage  desquels  des  poivres,  des  geo- 
noma,  des  psicliotria,  des  fougeres  et  autres  plantes 
vivaientabritees  des  rayons  perpendiculaires  du  soleil  de 
ces  contrees ;  la  boussole  et  quelques  rayons  du  soleil 
echappes  a  travers  le  feuillage  ,  indiquaient  seuls  la  di- 
rection de  la  route  que  nous  suivions,  et  qui  etait 
N.  E.,S.  O.J  souvent,  malgre  la  secheresse  ,  nous  trou- 
vions  un  joli  ruisseau  d'eau  limpide,  faible  tributaire 
de  rOyapok,  coulant  sur  uu  lit  de  sable  blanc ,  au  pied 
dune  colline ,  sur  le  cote  oppose  do  laquclle  on  ne  trou- 
vaitque  les  lits  desseches  d'une  autre  plus  t'aible encore; 
en  fin  ,  apres  quatic  jours  de  marche  sous  cette  vegeta- 
tion giganles(jue,  nous  arrivames  a  letablisscment  desi- 


(  2"9  ) 
gne   sous  le  noni  Coqs   de    Rochei,  ,  a   deux    lieues   au 
Nord  des  sources  de  I't^a/JoX,  apres  avoir,  pendant  ce 
portage  ,    traverse   quatre    fois    celte    riviere    ou    ses 
branches. 

Pres  decet  etablissementles  montagnes  sont  en  grand 
nonibre,  et  la  direction  des  lignes  qu'elles  forment  est 
presque  Est  ou  Quest,  peuelevees  en  general  (du  moins 
celles  que  j'ai  mesurees) ,  quoique  donnant  naissance 
a  {'Oyapok,  a  \ Arawari ,  a.  Mapaii  ou  /a/V,  et  autres 
rivieres, tributairesde  I'Amazone  ou  de  I'Ocean  ;  elles  ne 
doivent  etre  considerees  que  comme  la  partie  la  plus 
basse  des  contreforts  les  plus  Est  de  la  ligne  de  partage 
des  eaux  des  Guyanes  francaise  et  bresiliennej  les 
rochers  que  Ion  apercoit  sur  leurs  flancs,  sont  ou 
feldspathiques  ou  syeniiiques,  nieles  de  quelques  gra- 
nitSjUiais  en  petite  quantitej  toutes,  quelles  que  soient 
leurs  dimensions,  portent  des  marques  irrefragables 
de  Taction  du  feu  ,  soit  quelles  I'aient  eprouve,  au 
moment  de  leur  formation,  soit  poslerieurement  :  des 
fentesdans  quelques  endroits  ont  ete  remplies  par  une 
substance  racheuse  (basaltique  ou  de  feldspath  pur), 
qui  ne  ressenible  nullement  a  la  masse;  dans  d'autres 
cas  (sur  I'Oyapok  et  le  Jari),  des  fragmens  ou  nodules 
syeniiiques  ou  granitiques  a  cassure  concentrique  ont 
ete  empales  par  un  ciment  de  meme  nature,  ou  de 
nature  differente;  quant  aux  roclies  calcaires,  quelles 
qu'aient  ele  les  recherches  que  j'aie  faites ,  il  ma  ete 
impossible  d'en  trouver,  sans  doute  par  la  raison  toute 
simple  que  le  pays  que  j'ai  parcouru  avait  deja  pris 
son  relief,  toutfaible  qu'il  est,  avant  I'epoque  du  depot 
des  calcaires. 

Apres  quelques  jours  consacre's  au  repos  et  a  I'exa- 
men  de    ce    pays  que  je  parcourais  pour  la  premiere 


(  ^lo  ) 
fois,  je  fis  mes  dispositions  pour  aller  sur  iin  etablisse- 
iiient  que  j'avals  appris  exister  an  confluent  de  Coiii>e 
et  de  liouapira,  afHuens  superieurs  du  Jnrc,  afin  de 
recounaltre  par  moi  nienie  si  ce  point  etait  l'avor;d)le- 
ment  situe  pour  en  faire  un  point  central,  d'ou  il  fut 
facile  de  faire  des  reconnaissances  dans  les  pays  envi- 
ronnans;  la  loute,  apres  avoir  traverseN.  et  S.,  le  point 
culminant  des  niontagnes  reprend  la  direction  N.  E., 
S.  O,  qn'elle  avait  deja  suivie  pour  venir  aux  souices 
de  YOjapo/c;  le  terrain  est  entierement  seniblable: 
meme  succession  de  monticules,  de  marais  couverls 
de  [)almiers  on  de  ruisseauxj  mais  cette  fois,  longeant 
beaucoup  plus  le  cours  de  Rounpfra,  nous  fumes 
forces  de  traverser  cette  petite  riviere  six  ou  sept  fois 
avant  d'atteindre  I'etablissement  situe  pres  de  sa  jonc- 
tion  avec  Couve,  etablissement  sur  lequel  j'arrivai  le 
cinquienie  jour,  premier  decembre,  de  bonne  heure. 

La ,  comnie  sur  les  etablissemens  que  j'avais  visiles 
precedemment ,  je  ins  parfaiteitienl  recu ;  la  plus  tran- 
che bospitalite  me  fut  offerte,  aiiisi  quaux  honmies 
quej'avais  avec  moi;  du  macouraj,  de  la  craynve,  quel- 
ques  morceaux  de  poisson  et  de  la  cassave  nous  furent 
aussitot  apporles,el  le  chef  de  la  famille  nous  cngagea 
par  signes  a  nous  asseoir  et  a  suivre  rexemple  (ju'il 
nous  donna  de  manger;  le  repas  fini,  sur  son  ordre, 
ses  Hlles  apporlerent  des  grands  couis  pleins  de  cnchiri^ 
que  nous  faisions  circuler  a  la  ronde  apres  y  avoir  bu; 
car,  cliez  les  Indiens,  il  est  de  bon  ton  de  ne  jamais 
refuser  de  boiredans  la  coupedeson  voisin,  etceserait 
meme  luifaire  insulte  quede  lui  refuser  cette  preuye  de 
fraternile. 

J'eus  en  peu  de  temps  reconnu  les  lieux;  les  habilans 
de  cet  etablissement,  possesseurs  de  grandes  cultures  dc 


(    211     ) 

manioc,  ayanl  consenti  a  nie  vendr*?  une  partie  des  vi- 
vres  sur  pied,  et  m'ayant  aussi  cede  une  case  poury  de- 
nieurei',  je  nie  decidai  a  sejourner  sur  ce  point,  en 
atleiidaiit  que  le  cXmi  Jose  jintonio  ,  entieremeiil  reta- 
bli  de  la  maladie  qui!  avail  contractee  dans  le  voyage 
qu'il  avail  fait  avec  nioi ,  pal  me  donner  les  lenseigne- 
mens  el  les  guides  dont  j'avais  besoin  pour  parcourir 
surement  les  forels  vierges  qui  mentouraient.  Ce  point 
convenablemenl  silue  pres  du  confluent  de  Coui>e  el  de 
Rouapira,  me  donnail  la  facilite  de  reconnaitre  sans 
peine  les  cours  de  ces  affluens  du  hant  Jari^  je  fis  en 
consequence  (en  attendant  que  je  pusse  f'aire  construire 
une  embarcation  nouvelle),  reparer  la  moins  mau- 
vaise  de  celles  dont  je  pouvais  disposer;  des  le  lo 
decembre  je  nie  mettais  en  route  avec  buit  jours  de  vi- 
vres ,  deux  negres  et  un  Indieu ,  pour  nj'assurer  par  moi- 
nienie  des  ressources  en  poisson  et  gibicr  sur  lesquelles 
je  pouvais  compter  dans  ce  pays  que  j'aliais  babiter 
pendant  quelque  lenips;  au  moment  <lii  depart  j  etais 
epcore  indtfcissur  la  direction  que  je  suivraisdans  cetle 
eicursion  ;  mais  arrive  a  I'enibouchure  de  Coin>e ^  Xoule: 
incertltiule  disparur ;  la  largeur  de  cci  aKIutiit,  la  be.iule 
de  la  vegetalion  qui  en  couvrait  les  bords,  m'eurent 
bienlot  delermirie;  j'avais  provision  de  bons  liamecons; 
aussi,  apres  I'avoir  remonte  pendant  quelques  hcures, 
je  fis  mettre  pied  a  terre ,  et  pre|)arer  tout  pour  passer 
la  nuit;  aussi  beurenx  cbasseurs  que  pecbeurs,  nous 
nous  remettions  en  route  le  lendemain  avec  bonne  pro- 
vision de  poisson  et  de  gibier  ;  lapparence  de  la  rivier€^ 
etait  des  plus  favorables;  son  lit  etait  large  et  ses  eaux 
etendues  en  belie  nape,  y  coulaient  tranquilleuient  et 
sans  obstacles;  depuis  trois  jours  je  la  remontais  que 
rien  encore  ne  me  faisait  craindre  d'etre  arrete  dans  ma 


(     2  1?-     ) 

marche,  elle  clait  loujours  large  et  |)roroiKle;jecioyais 
avoir  de  la  peine  (avec  le  peu  de  vivres  que  j'avais  eni- 
porte)  a  la  remonter  jusqu'a  ses  derniercs  eaux  ,  et 
deja  je  songeais  a  revenir,  avec  des  vivres  en  plus  graiidc 
quantite  pour  n'etre  plus  arrete  dans  ma  course,  quand 
je  vis  tout-a-coup  s'evanouir  mes  illusions:  la  belle  ri- 
viere de  Coiivc  n'etait  plus  qu'un  fort  ruisseau  cnibar- 
rasse  par  des  arbres  tond)es  qui  en  barraient  le  passage. 
Elleavoit  subitement  disparu,  a  un  detour  que  je  n'avais 
pas  apercu,  en  se  divisant  en  trois  branches.  Le  sep- 
lienie  jour  au  soir  je  rentrais  a  letahlissenient  avec  des 
provisions  pour  un  temps  assez  long  et  la  certitude  de 
ne  jamais  manquer  de  gibier  ou  de  poisson  ,  dont  la 
riviere  fourmillait. 

Le  /a/Y,  qui  se  jette  dans  I'Amazone,  en  face  de  la  ville 
de  Gouroupa  ,  est  la  route  la  plus  frequentee  par  les 
Oyampis  des  deux  versans  snd  et  nord  de  cette  partie 
de  la  Guyane-Centrale,  qui  ont  des  relations  avec  cgvw 
des  leurs  qui  se  sont  joints  a  la  Iribu  des  Tamocornes , 
qui  est  etablie  sur  les  rivieres  de  Moucotiron  et  Cnrapa- 
natoube  ;  ceux  des  sources  el  des  divers  aftluens  de 
VOyfipok  sortis,  comme  leurs  consanguins,  depuis  fort 
peu  de  temps  des  monlagnes  dans  lesquelles  ces  rivieres 
prennent  leurs  sources,  sont  unis  a  ceux  du /flrr/ par 
des  liens  de  parente  que  I'eloignement  actuel  n'a  pas 
encore  relaches;  au  commencement  de  la  saison  des 
pluies,  lorsque  tousles travaux  deculture  sont  termines, 
ils  vont  voir  leurs  parens  ou  leurs  amis  d  outre  uionts. 
Par  suite  de  ces  relations  et  de  ces  habitudes  de  voyage, 
il  est  tres  facile  de  trouver  des  guides  pour  se  rendre 
de  XOyapoksuT  le  Jari^  elmeme  c'est  par  suite  de  cette 
facilite  de  communication  que  je  m'etais  determine  a 
reconnaitre  le  chemiu  qui  conduit  de  XOjnpok  sur  1  //- 


(.i3) 

-fnazone  par  cette  riviere,  esperant  que  plus  tarcl  il  me 
deviendrait  beaucoup  plus  facile  d  olttenir  de  hons 
renseigneineiispournie  diriger  siiremeiil  surle  Maroni, 
que  les  peuplades  du  centre  designent  sous  ie  nom  A'A- 
rawa. 

Le  20  Janvier,  au  moment  011  je  revenais  d'une  pre- 
miere course  sur  le  Jari ,  je  vis  arriver  deux  Indiens 
^xpedies  par  Jose  Antonio  avec  des  lettres  qui  avaient 
ete  envoyc'es  chez  lui,  ainsi  que  divers  objets  que  M.  le 
gouverneur  mefaisait  parvenir  :  Jose  Antonio  etait  par- 
faitement  retabli;  aussi  a  cette  nouvelle  me  decidai- 
je  aussitot  a  prendre  le  chemin  qui  me  separait  de  son 
elablissenient,  afin  de  pouvoir  m'entendre  avec  lui,  et 
den  tirer  et  guides  et  renseigneniens;  en  peu  de  jours  la 
distance  qui  me  separait  de  lui  fut  franchie;  et  je  fus  a 
menie  de  m'assurer  que  tout  ce  que  je  venais  de  recevoir 
de  Cayenne  etait  fort  convenable  j  je  regardai  deslors 
comnie  assuree  la  reussite  de  mon  voyage;  et  quoique 
par  suite  des  rapports  faits  a  cet  Indien  ,  il  ne  voulutpas 
me  donner  des  guides  pour  me  rendre  sur  le  Maroni, 
il  me  procura  autant  d'individus  qu'il  m'en  fallait  pour 
foire  transporter  a  I'etablissement  que  je  venais  de 
quitter  toutes  les  marchandises  d'echange  que  je  venais 
de  recevoir;  il  consentit  lui-memea  me  servir  de  guide 
et  d  interprete  pour  visiter  et  reconnaitre  tout  le  bassin 
du  Jari. 

Des  que  je  fus  de  retour  sur  I'etablissement ,  il  se 
chargea  de  faire  faire  un  canotsuffisant  pour  nous  con- 
tenir,  ainsi  que  toutes  les  marchandises  :  trois  negres 
travaillaient  avec  lui;  et,  un  mois  apres  notre  arrivee,  le 
cmotavait  ete  mis  a  I'eau.  Pendant  ce  temps  les  Indiens 
nos  voisins  ni'avaient  prepare  une  paftie  de  couac,  telle 
que  de  long- temps  je  n'avais  besoin  de  m'en   occuper. 


(  2i4  ) 

Dans  les  prciiiitMS  jours  d'aviil,  lows  les  preparatifs 
termines,  nous  nous  reniinies  en  route  pour  redescen- 
drele  /oriavecl'intention  de  reprendre  pourle  romonter 
Topipako ,  Tin  de  ses  afduens  ouest,  esp<'rant  que  par  la 
j'aUeindrais  par  un  portage  beauooup  plus  court  le 
Maroni  nu  un  de  ses  affluens,  et  que  de  cette  nianiere 
ilmeserait  possible,  en  remplissant  lesdesirsdela  Societe 
de  geograpliie,  d'y  ajouter  la  reconnaissance  du  Jari  et 
d'un  de  ses  principaux  Iributaires;  niais  je  fus  bien 
cruellenienl  decu  de  celte  esperance  que  je  croyais 
fondee  :  javais  fait  partir  devant  inoi  toutes,  ou  du 
moins  presque  toutes,  les  niarchandises  de  I'expedition, 
une  personne  qui  m'avait  ete  adjointe  avec  ordre  de 
m'attendre  sur  Tetablissement  du  nomme  Jose  Oiiroii^ 
situe  a  35  ou  /\o  lieues  de  nous  sur  le  Jari,  devant 
moi  meme  my  rendre  trois  jours  apresj  mais  lorsque 
j'arrivai  sur  cet  etabiissement,  an  lieu  de  trouver  les 
personnes  qne  j'avais  e\pediees  qnclcpies  jours  avant 
moi,  je  trouvai  une  leltre  par  laquelle  on  m'annoncait 
qu  avant  la  fin  du  niois,  on  mexpedierait  un  canot  et 
des  guides  pour  nie  conduire  sur  Carapanatoubey  ou  on 
allait  m'attendre. 

Je  n'avais  pas  besoin  de  lire  la  lettre,  car  des  que 
j'avais  vu  qu'on  ne  nfavait  pasattendu,  j'avais  ete  con- 
vaincu  que  j'etais  abandon  ne  et  que  mon  trop  de  con- 
fiance  m'avait  perdu,  que  des-lors  il  etait  impossible 
de  reniplir  le  butde  I'expedition.  J'attendistoutefois  sur 
cet  etabiissement  la  lettre  et  les  guides  qu'on  me  pro- 
mettait,  malgre  mon  i  time  conviction  que  cette  pro- 
messe  ne  se  realiserait  pas. 

Je  fis  tout  preparer  pour  retourner  sur  I'etablisse- 
ment  du  confluent  de  Coiive  et  Rouapira,  je  fis  pre- 
parer   des  vivres,  j'acbelai    trois    nouveaux  cbiens  de 


(  ^'5  ) 

chasse,  autanl  dansrcspcrance  qiiils  me  faciliteraienl  les 
nioyens  de  me  procurer  du  gibier,  dontlepays  abonde, 
que  comme  excellens  gardiens  pour  la  nuii;  decide  que 
j'etais  a  faire  une  tentative  pour  atteindre  avec  les  trois 
negres  qui  me  restaient  le  Maroni  ou  quelqu'un  de  ses 
affluens,  je  prenaistoiites  les  precautions  possibles  pour 
assurer  la  reussite  de  ma  tentative. 

Le  i^i  mai  de  grand  matin  je  quittai  i'etablissement 
de  Jose  Outou,  nun  sans  avoir  observe  des  hauteurs 
circum-meridiennes  du  soleil.  Le  6'  au  soir  je  revenais 
forcement  sur  un  etablissement  donl  je  con naissais  fort 
bien  les  environs  ,  et  que  je  ne  croyais  plus  revoir; 
apres  nous  etre  reposes  un  jour,  je  fis  faire  touslespre- 
paralifs  du  portage,  aiguiser  sabres  et  baches,  nettoyer 
les  fusils  ,  prendre  et  emballer  les  objets  dont  je  croyais 
avoir  besoin.  Le  8  au  soir  tout  etait  fini ,  rien  ne  man- 
quait  a  nos  preparatifs;  nos  hamacs  seuls  n'etaient  pas 
empaquetes  :  de  nouvelles  obseivations  circum-meri- 
diennes furent  aussi  faites  dans  la  journee  du  8. 

Enfin,  le  7  ati  matin  ,  charge  presqne  autant  que  les 
negres  qui  m'etaient  restes  fideles  ,  muni  de  tout  f  e  qui 
pouvait  assurer  la  reussite  de  mon  entreprise,  tant  en 
instrumens  et  amies  qu'en  outilsj  niais  charge  de  fort 
peu  de  vivres,  je  me  mis  en  marche  accompagne  en 
outre  par  les  trois  chiens  de  chasse  qui  me  restaient  (un 
d'eux  avait  ete  pris  par  un  jaguar  en  remontant  le 
Jari) ;  je  fis  continuellement  route  au  N.  O  de  la  bous- 
sole  ,  appuyant  autant  que  possible  la  route  au  Nord; 
j  etais  force,  pour  ne  pas  devier  de  la  direction  que  je 
voulais  suivre,  de  marcher  le  premier,  et,  dans  beau- 
coup  d'endroits  embarrasses  par  des  broussailles  ou 
des  plantes  valubiles ,  de  m  oiivrir  un  chemin  a  coups 
de  sabre;  souvent  meme  elle  devenait  si    difficile  que 


(  2i6  ) 
nous  n'avancions  qu'avec  peine  et  en  faisant  les  plus 
grands  efforts.  Quoique  la  marche  fut  conihinee  tie 
niaiiiere  a  nous  fatiguer  le  inoins  possible,  ce  n'etait 
pas  sans  un  hien  vif  plaisir  que  nous  voyions  arriver 
Theure  du  repos. 

Le  12  au  matin,  deja  au  milieu  de  la  quatrieme  mar- 
che ,  apres  avoir  traverse  un  bas-fond   dans  lequel  j'a- 
vais  remarque  beaucoup  de  pas  de  pecan's,  (f  agoutis  et 
de  chei>reuils ,  j'entends  lout  a   coup  mes  trois  cliiens 
donner  de  la  voix :   la  joie  et  I'esperance  me  font  tre- 
saillirj  Ueja  je  vois  en   perspective  la  nourriture  de  la 
jouruee  et  du  lendemain  largenient  assuree;  car  jo  savais 
etre  possesseur  de  bons  chiens,  et  je  comptais  sur  un 
pecari  au  moins  ;  je  fais  aussitot  mettre  les  paquets  u 
terre,  j'y  laisse  deux   negres  tandis  quaccompagne  du 
chasseur  Domingo^  et  armes  Tun  et  I'autre  d'excellens 
fusils  doubles,  je  meprecipite  a  travers  les  fourrees  pour 
arriver  le  plus  tot  possible  pres  de  mes  chiens  qui  don- 
naient  au  ferme.  J'arrive  et  Domingo  a  mes  cotes,  mais 
quel  n'est  pas  notre  desappointement.  Mes  chiens  avaient 
attaque  un  jaguar  a  qui  la  maladie  avait  ote  la  force  de 
fuir.  Sa  maigreur  etail  extreme  et  sa  taille  enornie;  il  s'e- 
tait  defendu  ,  et  le  plus  hardi ,  le  meilleur  de  mes  chiens, 
a  qui  dun  coup  de  dents  il  venait  de  briser  la  tete ,  se 
debattait  enlre  ses  griffes;  furieux  de  I'attaque  dont  il 
venait  d'etre  I'objet,  ses  yeux  roulaient  de  rage  dans 
leurs  orbites  et  il  etait  pret  de  s'elancer  sur   les   deux 
chiens  qui  le  harcelaient  encore  lorsque  je   I'apercus. 
Je  glisse  aussi  vite  dcs  balles  rlans  les  fusils,  je  change 
les  amorces  afin  d'etre  plus  siir  de  nion  coup,  j'ordonne 
a  Domin"o  de  faire  attention  et  de  no  lirer  sur  la  bete 
que  dans  le  cas  ou  je  laurais  manquee ;  mon  coup  de 
fusil  futdes  plus  justes,je  mis  deux  balles  a-la-fois  dans 


(    217    ) 

la  tete  du  jaguar  qui  tomba  raide  mort  sur  le  corps  de 
mon  chien.  De  ce  jour  jusqu'a  mon  retour  sur  I'Oyapok , 
il  ne  m'arriva  plus  rien  qui  meiite  d'etre  cite.  Je  nerencon- 
trai  plus  un  seal  animal  dangereux  ,  la  vie  errante  que 
nous  menions  etait  devenue  monotone  de  tranquillite, 
rien  ne  troublait  la  paix  des  solitudes  que  nous  traver- 
sions ;  a  peine  si  nous  en  effrayions  les  habitans,  igno- 
rans  du  danger  qu'il  y  avait  a  nous  approcher  de  trop 
pres. 

Le  i4,  il  y  avait  a  peine  aS  minutes  que  nous  avions 
repris  notre  route,  que  nous  atteignions  nne  belle 
riviere  coulant  a  pleins  bords  dans  «n  lit  large  et  pro- 
fond.  Sa  direction  generale  est  N.  E.,  S.  O. ;  et  la  trou- 
vant  pendant  long-temps  trop  large  pour  la  traverser, 
je  suis  force  de  la  remonter.  Enfin,  parvenu  a  un  en- 
droit  ou  sa  largeur  apparente  a  beaucoup  diminue,  je 
fais  abatlre  un  grand  arbre  au  moyen  duquel  je  par- 
viens  a  la  traverser  5  mais  au  lieu  d'arriver  sur  la  terre 
ferme,  je  n'arrive  que  dans  un  labyrinthe  de  criques  la- 
terales  que  je  suis  force  de  traverser,  dans  I'eau  jusqu'a 
la  poitrine  pendant  plus  dune  deinibeure,  apres  ia- 
quelle  nous  finissons  enfin  par  atteindre  unejolie  colline 
sechesur  laquelle  nous  prenons  un  peu  de  repos  j  presie 
d'atteindre  le  but  vers  lequel  tendaient  tous  mes  voeux , 
je  ne  m'aiTetai  pas  sur  le  bord  de  cette  belle  riviere 
(Jenipoko),  que  nous  venions  de  traverser,  nialgre  la 
certitude  dune  peclie  abondante.  Tout  le  reste  de  la 
journee,  tout  le  lendemain  et  une  partie  de  la  journe'e 
du  16,  nous  traversames  un  grand  nombre  de  niarais  et 
de  cours  d'eau.  Les  niontagnes  s'elevaient  de  plus  en 
plus  et  les  pentes  en  etaient  beaucoup  plus  raides; 
tous  les  ruisseaux  coulaient  paralleles  au  Jenipoko  au 
S.  O.,  ot  deja  je  me  bercais  de  I'espoir  de  reussir.  La 

16 


(  ^'8  ) 
iiiaiche,  quoique  peu  rapide  ,  etait  pourtaiit  leguliere  el 
lie  nous  eloignail  pas  <le  la  ligne  N.O.  de  la  boussole.  A 
itiidi,ie  i6,  nous  inontons  pendant  pres  dune  heuie  line 
montagne  rapide,  au  has  de  laquelle  un  immense  nia- 
rais  donl  les  abords  sont  impraticabies,  me  fait  craindre 
d'etre  oblige  de  faire  un  long  contour.  Toutefois,  a 
force  de  peine,  dans  I'eau  jusqu'au-dessus  de  la  ceinture, 
et  a  tout  moment  accroches  par  des  aiguillons,  des  ti- 
ges  de  plantes  volubiles,  on  piques  par  des  epines  des 
deux  palmiers  conana  et  mourou-mourou  qui  y  crois- 
sent,  nous  parvenons  en  fin  ,  avec  des  peiries  inlinies,  a 
nous  frayer  un  chemin  assez  direct.  Le  terrain,  moins 
embarrasse,  nous  laissait  un  passage  plus  libre;  mais 
une  nouvelle  riviere,  plus  grande  que  la  precedente, 
grossie  de  plus  par  les  pluies  des  derniers  jours  (  Topi- 
poko  ),  sur  les  bords  de  laquelle  nous  arrivions,  nous 
arrete  de  nnuveau  ;  en  meme  temps  ,  une  pluie  diluviale 
nous  mettant  dans  Timpossibiiite  d'abattre  un  arbrepour 
traverser  la  riviere,  nous  nous  trouvons  pendant  pres 
de  trois  heures  exposes,  sans  abri  ,  a  une  pluie  bat- 
tante  qui  fort  heurcusement  n'etait  pas  froide;  ce  nefut 
que  fort  tard  qu'il  nous  fut  possible  de  francliir  ce  nou- 
vel  obstacle,  de  I'autre  cote  duquel  je  trouve  les  restes 
d  anciens  etablissemens  indiens  :  des  cotonniers,  des  rou- 
couyers,  des  cacaoyers  et  quelques  autres  arbres  fruitiers 
mindiquaient  positivement  la  place  quavait  occupee  la 
case  des  habitans.  Je  passe  toutefois  rapidemont  sur  cet 
emplacement  autrefois  habite,  et  ne  m'arrete  que  sur 
le  bord  d  iin  joli  cours  d'eau  qui  arrosait  le  pied  dune 
belle  colline  siluce  a  peu  de  distance.  Pendant  notre  tra- 
jet,  un  de  mes  chiens  avait  decouvert  une  ties  grosse 
tortue  de  terre  qui  vint  fort  a  propos  pour  nous  aider 
a  faire  notre  lepas. 


(    219    ) 

Jusqu'au  24  ,  la  route  ni  le  terrain  ne  changent,  les 
montagnes  seulement  sont  plus  abruptes,  les  cours  d'eau 
suivent  toujours  a-peu-pres  la  meme  direction.  Ce  jour- 
la,  vers  midi,  nous  gravissons  une  monlagne  comme 
nous  n'en  avions  pas  encore  rencontre;  sa  bauteur  est 
beaucoup  plus  considerable  que  toutce  que  nous  avions 
vu  jusque-la;  nialheureusement  nion  dernier  baronietre 
avait  ete  casse,  et  il  m'est  impossible  de  la  niesurer.  Je 
fais  monter  un  negre  sur  un  des  arbres  les  plus  eleves 
du  sommet  afin  de  savoir  si  on  ne  pent  pas  apercevoir 
dans  le  lointain  quelques  cours  d'eau ;  mais  en  vain.  Je 
monte  nioi-meme,  et  de  toutes  parts  je  ne  vois  a  perte 
de  vne  que  les  ondulations  des  collines  couvertes  d'ar- 
bres,  dont  les  fleurs  nuancees  de  diverses  couleurs  pa- 
raissent  ca  et  la  au  milieu  de  ces  enormes  masses  de 
verdure. 

Le  aS  apres  avoir  marche  presque  toute  la  journee  dans 
un  pays  toujours  tres  coupe,  nous  atteignons  le  soir  un 
joli  cours  d'eau,  peuprofond,  qui  coule  au  nord,  et  a  pen 
de  distance  reprend  la  direction  S.  S.  O.  Je  le  considere 
comme  un  tributaire  de  W4mazone ,  et  me  repose  sur 
ses  bords.  Ici ,  ainsi  que  cela  nous  etait  deja  arrive ,  nous 
n'avions  ni  gibier  ni  poissons.  Nous  abattons  des  pal- 
miers  coumous  dont  les  fruits  echaudes  et  pelris  dans 
I'eau  nous  fournissent  une  emulsion  nourrissante  qui, 
accompagnee  de  quelques  choux  palmistes,  forment 
notre  frugal  repas. 

La  marche  se  ralentissait  beaucoup ,  mes  hommes 
commencaient  a  se  fatiguer,  deja  nous  etions  tons 
blesses,  la  nourriture  n'etait  plus  assezsuhstantielle,  et 
les  forces  dlminuaient  peu-a-peu.  Deja  j'avais  aussi  ete 
force  de  jeter  baches,  linge,  munitions  et  fusils  ,  pour 
diminuer  les  charges  et  rendre  la  marche  plus  rapide, 

1 6". 


(    220    ) 

rij«  voyais  avec  peine  que  hientot  il  fiiiulrait  recom- 
Hiencer  el  jeter  les  objets  divers  dont  je  pouvais  a  la 
rigueur  me  passer;  c'etait  en  vain  que  je  niVtais  jete 
dans  les  hois.  La  bonne  volonte  et  le  courage  des  trois 
negres  qui  m'avaient  accompagnes  ne  repondait  pas 
it  leurs  forces,  Tun  d'eux  tomba  gravement  malade 
}e  28,  et  le  second  le  i*^'  juin;  le  seul  chasseur  Domingo 
resista,  et  comme  moi ,  ne  fut  pas  malade.  II  n"y  avail 
plus  que  lui  et  moi  qui  puissions  faire  quelque  course 
et  aller  chercher  de  quoi  manger;  encore  n'elaitce  le 
plus  souvent  que  des  choux  palmiers,  qu'assaisonnait 
un  aganii;  car  dans  le  centre  des  iorets  on  ne  trouve 
ni  hacos  ni  aucune  des  especes  de  penelopes  qu'on 
trouve  sur  le  bord  des  rivieres.  Je  ne  pus  plus,  dans 
cette  penihle  position ,  songer  a  atteindre  le  Maroni  ou 
quelqu'un  de  ses  Iributaires,  il  ne  me  restait  qu'un 
seul  homme  qui  pouvait  metre  utile  et  c'etait  trop  peu : 
en  me  raidissant  davantage  il  etait  possible  que  nous 
perissions  tous  et  moi  le  dernier.  Cette  facheuse  per- 
spective me  determinaa  revenir  sur  mes  pas.  Pourtant, 
ne  voulantpas  avec  des  hommes  malades  ,  foire  un  trop 
long  trajet,  je  me  dirigeai  plus  a  Test,  sur  quejetais 
que  je  ne  pouvais  pas  manquer  de  retomber  dans  le  che- 
min  indien  qui  conduit  AeX Oyapok  sur  \e  Jari.  Des  que 
mes  deux  malades  furenten  etat  de  seremettre  en  route, 
nous  repartimesa  petites  journees,  ne  nous  arretant  sur 
le  bord  des  rivieres  que  pour  y  faire  des  provisions  de 
poisson  qui ,  seche ,  etait  dans  la  route  une  ires  grande 
ressource,  divers  fruits  d'rtrto//flr<'V,«arboresceines  furont 
aussi  plus  dune  fois  pour  nous  une  utile  trouvaille. 

Le  19  et  le  20,  revenant  toujours  sur  nos  pas,  nous 
traversons  heaucoup  de  montagnes  et  un  ires  grand 
iiomhre  de  cours  d'eau  qui  vonl  se  jeter  dans  Roimpira^ 


f  221 ) 

au-ilessus  ile  letablissenient  sur  leqiiel  nous  avioiis  se- 
journe  long-temps.  Enfin  le  21  vers  niidi,  nous  tombons 
dans  les  anciennes  cultures  que  traverse  le  cheniin  du 
Jarl,  el  peu  apres  nous  arrivons  sur  ce  cheniin  que 
nous  n'avions  pas  vu  depuis  six  niois.  II  n'y  avail  plus 
rien  a  craindre,  nous  etions  de  nouveau  pres  d'etablis- 
seniens  habites,  nous  etions  siirs  de  trouver  des  vivres 
et  una  franche  hospitable. 

Le  22  je  continual  a  marcher  avec  tout  mon  monde, 
mais  le  23  au  matin  je  les  quittai  dans  le  bon  cbemin. 
Prenant  le  devant,  j'eus  bientot  franchi  les  cinq  lieues 
que  j'avaisa  faire,el  fus  on  nepeut  pas  mieux  recu  paries 
bons  habitans  de  retablissement,  qui  s'empresserent  dt; 
m'apporler  tout  ce  dont  je  pouvais  avoir  besoin.  Connue 
j'avais  encore  suffisamment  de  quoi  reconnaitre  I'hos- 
pitalite  qui  ni'etait  otierte,  je  sejournai  sur  ce  point  jus- 
qu'a  ce  que  nres  deux  nialades  fussenl  bien  relablis,  et 
ne  me  reniis  en  marcbe  pour  regagner  I'etablissement 
de  Jose  Antonio  ,  qu'a  la  fin  de  juillet. 

Les  canots  que  j'y  avais  laisses  etaient  entierement 
pourris,  il  fallut  en  faire  un  neuf.  Enfin,  le  27  aout  je 
quittai  Jose ,  dont  je  n'avais  eu  qu'a  me  louer,  je  redes- 
cendis  rapidement  XOfapok^  sur  le  has  duquel  je  fus 
assez  heureux  pour  trouver  une  goelette  qui  partail  de 
suite  pour  Cayenne;  le  y  septenibre  i833  au  soir  je 
perdais  de  vue  cetle riviere,  et  le  lendemain  8je  debar- 
quais  apres  une  absence  de  i5  mois  et  8  jours. 

Tout  le  pays  que,  pendant  ce  temps,  j'ai  visite,  est 
assez  accidente,  mais  fort  peueleve;  les  suites  des  col- 
lines  que  Ion  y  rencontre,  ne  depassent  pas,  dans  la 
partie  que  j'ai  parcourue,  600  metres  d'elevation. 
Touies  les  roches  qui  les  constituent  dans  le  centre  de 
la  Guyane  sont  loules  a  nu  et  appartiennent  aux  difte- 


(     222    ) 

rentes  especes  de  roches  feldspatliiques;  les  tentestjue 
Ion  y  reinarque  en  grand  noinLn;  sont  toutes  contem- 
poraines  de  la  premiere  coulee  ou  du  premier  souieve- 
meiit  qui  a  donne  le  relief  au  pays,  et  out  ete  remplies 
posterieurenieiit  par  des  roulees  de  basalte  noir,  ou  de 
teldspatli  rose  ou  autres,  niais  toujours  de  nature  dit- 
terente  de  la  masse  dans  laquelle  elles  se  trouvent  ; 
dans  quelques  endroits  ces  fdons,  plus  niodernes  et 
seulenient  de  quelques  pouces,  ferment  un  veritable 
roseau  par  leur  croisement  j  dans  d'autres,  au  con- 
traire,  ils  ont  jusqua  deux  metres  de  largeur,  et  fer- 
ment des  lignes  continues  d'uneassez  grande  longueur, 
mais  sans  direction  fixe;  je  n'ai  pas  apercu,  nialgre 
toutes  les  recherches  que  j'ai  failes  a  cet  egard ,  la 
moindre  trace  de  depot  calcaire,  soit  ancien  ,  soit  mo- 
derne;  on  ne  rencontre  que  sur  la  cote  des  terrains  de 
depots  et  d'alluvions,  et  encore  sont-ils  modernes  :  les 
plus  anciens  sont  des  roches  ferrugineuses ,  connues 
dans  la  colonic  sous  le  nom  de  raches  a  ravets ,  qui  re- 
posent  sur  les  gneiss  ou  les  cyenites,  etc. 

Ne  pouvant,  nialgre  le  plus  vif  desiret  tous  mes  ef- 
forts, atteindre,  dans  ce  premier  voyage  ,  les  sources 
du  Maruni ,  je  me  suis  attache  a  faire  bien  connaitre  la 
partie  que  je  parcourais,  eta  faire  des  observations  et 
des  relevemensau  nioyen  desquels  il  fiit  possible  de  de- 
terminer les  latitudes,  les  longitudes,  etde  faire  un  bon 
trace  graphique  des  cours  du  Haut-Oyapok,  du  Haut- 
Jari,  ainsique  du  pays  intermediaire  entre  les  portions 
navigables  de  leui's  cours;  convaincu  que  quelques 
points  bien  determines  sont  plus  convenables  qu'un 
grand  nombre  qui  seraient  inexacts,  j'ai  profile  sur 
quatre  points  differensdes  courts  embellis  que  me  lais- 
sait  la  saison  des  pluies  pour  faire  des  observations  de 


(  ^33  ) 
hauteurs  du  soleil.  Toutes  ont  ete  prises   apres  iiiidi , 
car,  nialgre  le  cercle  dont  j'etais  muni,  les  hauteurs  du 
soleii  etaient  toujours  a  cette  heure   de  la  journee  trop 
grandes  pour  me  permettre  de  les  mesurer. 

Les  nations  indiennes  avec  lesquelles  j'ai  eu  des  re- 
lations pendant  mon  voyage,  sont  peu  nomhreuses  en 
individus,  et  presque  toutes,  les  debris  de  nations  au- 
trefois considerables;  leur  caractere  est  generalement 
doux;  leur  taille  moyenne  ne  depasse  pas  quatre  pieds 
huit  a  dix  pouces;  et  siparfois  j'ai  vu  quelques  individus 
dune  taille  dEuropeens,  ils  sont  fort  rares. 

Des  Pyrioas  ,  des  Marawanes  et  q\\e\(\uesylronatgnes, 
tous,  au  nonibre  de  quelques  centaines,  habitent  toute 
la  partie  de  r6^r«/.'0^'^inferieure  a  sa  jonclion  avec  le 
Camopi;  parrai  eux  existent  quelques  families  Noragues^ 
Roucoiiyemes ,  G alibis  el  Garipons ,  tandis  que  les  bas- 
sins  de  la  riviere  de  Oilessa  et.de  ses  deux  aflluens  Cou- 
ripi  et  Rokmva  sont  habites  par  les  restes  des  nations 
Palicours  et  Toutanes ;  tous  ces  Indiens  qui  avoisinent 
les  etablissemens  europeens,  ont  fail  ce  que  font  tou- 
jours les  peuplades  qui  viennent  effleurer  la  civilisation: 
ils  ont  pris  nos  vices,  sans  s'etre  appropries  une  seule 
de  nos  qualites,  et  ils  ont  perdu  une  partie  des  leurs: 
ils  ont  pris  Ihabitude  de  s'enivrer  et  de  mentir;  pour 
du  tafia  on  leur  fail  faire  ce  que  Ion  vent;  sans  cette 
liqueur  il  n'y  a  plus  de  parti  a  en  tirer;  ils  sont  tres 
paresseux,  et  n'ont  souvent  pas  assez  de  manioc  pour 
vivre ;  souvent,  par  suite  de  leur  paresse,  ils  sont  forces 
de  manger  celui  qui  nest  pas  encore  en  nialurite. 

La  partie  de  lOyapok  superieure  au  Camopi  est  en- 
tierement  habitee  par  des  Oyampis  ^  dont  I  apparition 
sur  ce  cours  d'eau  ne  date  que  de  1816  ou  18 17.  Ante- 
rieurement  a  cette  epoque  ils  en  habitaient  les  sources, 


(  "4  ) 

ainsique  celles  du/rt/v.  Les  Coiissaris  et  \es  Tamocoines, 
qui  lie  soiit  aiitres  quedestribusde  cette  nation  ,  dont  le 
langage,  a  quelques  locutions  pres,  est  le  nienie,  ha- 
bitenl  aujonrd'hui,  les  premiers, les  bassins  superieurs  de 
XArmvati  et  de  31apan';\es  seconds,  le  cours  de  Cava- 
panntouhe  et  de  l\loucourou,  aflluens  du  Jari;  et  ce 
n'est  qu'en  suivant  ce  dernier  cours  d'eau  qu'une  petite 
portion  des  Oyampis  s'est  reunie  aux  Tamoconies :  leur 
taille  est  aussi  petite  que  celle  des  tribus  indiennes  du 
bas  Oyapok  ,  leurs  niembres  sont  en  ge'neral  bien  failsj 
ils  sont  tres  robustes;  niais  leurs  feninies,  presque  con- 
stituees  comme  des  Laponnes  sans  formes  et  sans  tour- 
nure,  sont  de  veritables  preservatils  centre  le  peche  :  du 
reste,  actifs  et  laborieux,  on  les  voit  rarenient  a  ne  rien 
faire;  ils  possedent  toujours  beaucoup  plus  de  racines 
alimentaires  qu'il  ne  leur  en  faut  pour  leur  consomma- 
tion;  leurs  femmes  emploient  a  filer  du  coton  ou  a  tisser 
des  bamacs  fort  bien  ouvrages,  tous  les  momens  qui 
ne  sont  point  consacres  aux  soins  du  menage,  et  les 
bonimes,  assis  a  coted'elles,  fabriquent  des  bancs,  des 
arcs  et  des  fleches. 

Les  Emerillons  longs  et  fluets,  plus  arrieres  sous  le 
rapport  de  I'induslrie  sociale  que  les  an  tres  Indiens, 
babitent  les  rivages  du  Cainopi  et  de  ses  affluens;  a 
peine  s'ils  cultivent  les  racines  alimentaires,  dont  les 
Oyampis  ont  de  si  grandes  quantites,  ils  n'en  ont  pas 
suffisamnient  pour  vivre;  la  chasse  est  leur  seule  occu- 
pation; les  againis  ^  les  singes ,  les  jaguars,  les  tapirs  el 
les  pecaris  ^  etc.,  et  en  general  tous  les  oiseaux  et  tous 
les  mammiferes  servent  a  leur  nourriture,  tandis  qu'ils 
touchent  a  peine  au  poisson  dont  toutes  leurs  rivieres 
abondent ;  ils  n'ont  pour  se  coucber  que  des  bamacs 
grossiers  en  lanieres  depeau  d'arbre  ,  au  lieu  des  bamacs 


r  225  ) 

cliauds  des  Oyainpis;  les  traits  de  leur  figure,  nialgre 
leur  apparence  de  maigreur,  sont  assez  jolis,  et  leurs 
temnies  proportionnellement  plus  petites  qu'eux ,  sont 
mieux  faites  que  les  autres  Indiennes  du  bassin  de 
I'Oyapok. 

VOCABULAIRE. 

JVoms  Ojampis. 


T^te 

Eacang. 

Garcon  (petit, 

Front 

Erouwape. 

grand) 

Y6iiira,counou 

Nez 

Inci. 

mikirey. 

Joues 

Eroba,  erava. 

Frere 

Eroi. 

Bouche 

Ecourou,  eicou. 

Soeur 

Niania. 

Oreilles 

Nami,  inami. 

Fille 

Ninieni. 

Yeux 

Erea. 

Oncle 

Pai. 

Menton 

Erediba. 

Xante 

Pipi. 

Langue 

Cincou. 

Cousin 

Tairo. 

Dents 

Erai. 

Cousine 

Cacaene. 

Cheveux 

Apira. 

Arc 

Paira. 

Barbe 

Eacouara ,    ea- 

Fl^che 

Ourapara. 

couawa. 

Casse-tete 

Cawarapa. 

Sourcils 

Eropoukaraba. 

Jarre. 

Macoua, 

Col 

Couroukawa. 

Chapeau 

Caniererou,cha 

Epaule 

Eribapoui. 

pore. 

Bras 

Eriba. 

Pilon 

Eimoura. 

Main 

Epapoui. 

Canari 

Touroua    niis- 

Doigts 

Epouji. 

sig. 

Phalanges 

Epouakang. 

Assiette 

Parapi. 

Ongles 

Epampe. 

Fusil 

Mokawa. 

Poitrine 

B^pocia. 

Poudre 

Couroupara. 

Seins 

Assoussous. 

Plombdechasse 

Pirato  miri. 

Dos 

Eape. 

Balles 

Pirato  wassou. 

Ventre 

Eroue. 

Miroir 

Worawa ,    war 

Nombril 

Epouroua. 

wa. 

Cuisses  (dessus 

Couteau 

Kicet. 

dessous) 

Evakoua.erapo. 

Sabre. 

Sabre. 

Genoux 

Enepouissame, 

Hache 

You,  wiwi. 

^nen^pouang. 

Aiguille 

Cacoussa. 

Jambes 

Eretoumakang. 

Han'iac 

Tya,  tia. 

Mollets 

Eretouma. 

Calinibe 

Camisa. 

Cheville   (mal- 

Juppe 

Temoukourou. 

leole) 

Eperena. 

Chemise 

Tilou. 

Pied 

Epoucoupe. 

Culotte 

Siroa,  chiroUes 

Doigts  du  pied 

Epoijia. 

Oui 

Th6. 

Talon 

Epouita. 

Rassades 

Mohira. 

Homme 

Yo,  teco. 

Hamecons 

Pina. 

Femme 

Nim^ne. 

Bois 

Ewirapoko. 

Enfant 

Yawira. 

Feu 

Tata. 

(    226    ) 


Cliarbon 

£au 

Couiic 

Cass.ive 

Ignan'ies 

Patate 

Papaye 

Bananes 

Canne  a  sucre 

Manioc 

Pistaches 

Pimeiit 

Miel 

*  orde  d'arc. 

Pitre 

Abatis 

Case 

Chemia 

Arbre 

Canot 

Bois  a  bruler. 

Fou 

Sot 

Pa  gale 
Sable. 
Epiue 
Crique 

Soleil 
Luiie 
Etoiles 
Vieux 

Camarade. 

Citrouille 

Gros 

Cong 

Maigre 

Etroit 

Haut 

Bas 

Marais 

Montagne 

Roche 

Riviere 

Petit 

Mortier 

Banc 

Pagara  (petit  id) 


Tatarapoiug. 

t:ouleuvre(a  pas 

• 

lb. 

ser  le  manioc) 

Tapici. 

Houhi. 

Platine 

Yape-ein. 

Meyou 

Pluie 

Anianne. 

Cara. 

Vent 

Wetou. 

letig. 

Bon 

Icaton. 

?Jabon. 

Mauvais 

Nicaiou^e. 

Bacowe. 

Demain 

Coye,  covi. 

Acikarou. 

Hier 

Cou6. 

Manihoc. 

Plume 

Ipepo. 

Moiidowi. 

Aile 

Ipepokang. 

Ikeing. 

Bee 

Icic,  incic. 

Eira. 

Patte  de  cliien 

Yawarapo. 

Ourapama. 

Rasoir 

Nawaye. 

Courawa. 

Nid 

Wira". 

Ecco. 

Os,  id.  de  pois- 

Oka, 

son 

Canguara,    pira 

Pe. 

canguara. 

Iwira. 

Bambou 

Courtnouri. 

Igara. 

Taba 

Cawaitata,  para- 

Eiboura, 

teni. 

Yawette. 

Travail 

Mocico. 

Necacoje  ,    no- 

Bien 

Nay coye. 

cacoye. 

Fi^vre 

Carayeu,  cara- 

Epoucoita. 

you. 

Issing. 

B^toa 

Epouitou. 

Gniou. 

Pipe 

Peipo. 

Taca,  yarape, 

Tabac 

Petemnia,    nia- 

tacarerew. 

courey,  petem- 

Cay  are. 

niora. 

Yae. 

Courir 

Eniane. 

Yae-tata. 

Content 

Erourou. 

Tamou,  tairi, 

Colore 

Avniouroume. 

tamouchi. 

Tantot.plustard  Courmou. 

Semou,  iya,ate- 

N^gre 

Mecrou,necroii. 

wavra. 

Noir 

Epiou. 

Acikava. 

Vert 

Saheuk. 

Tourou 

Rouge 

Pirang. 

Ipokamoi. 

Blanc 

Sing. 

Ocining. 

Sale 

Okia. 

EkoL 

Dormir 

Okette. 

Ij)oko. 

J^eaucoup 

Yatliew. 

lapoua. 

Tuer 

Eyouka. 

Ipawa. 

Mourir 

Omanou. 

Iwitira. 

Paresseux 

Niavirari ,    ynia- 

Tacourou. 

wane. 

Euyee,  ibyee. 

Poltron 

Okiye. 

Missig. 

Hardi 

Nokiy^ye. 

Eiiiaca,  einoua. 

Habile 

Omouuian. 

Apoca. 

Ivrogne 

Wavvepore. 

Carourou    ( ya- 

Querelleur 

Nfrecassi. 

mateuk). 

Aimer 

Erareou. 

(     227    ) 


Hair 

Naorewi. 

Faini 

Amouaeni. 

Malade 

Ikaraw. 

Donner 

Heme  heng. 

Chasseur 

Oyouka,   ipo- 

Prendre 

Ekik ,  eiki. 

rang. 

Couper 

Acoussi. 

Pecheur 

Okouwa. 

Laver 

Ecoutoug. 

Sel 

Saoto,  Corey. 

Casser 

E6uka. 

Huile 

Yande,  yiandi. 

DeGer 

Name ,  niam^. 

Las 

Eraoupape. 

Parier 

Emonmeau. 

Livres 

Ireme. 

Pleuvoir 

Anianout,  okite 

Favoris 

Eratoubape-pi- 

Montrer 

Onpia  mou-em 

raba. 

Regarder 

Emaea. 

Moustaches 

Nemeraba. 

Ecorcher 

Epirok. 

Foil 

Haba,  hava. 

Pendre 

Moyassiko. 

Queue 

Waya. 

Accrocher 

Evonkouate. 

Inibecille 

Nokouw.iye. 

Murir 

Ipirang, 

Saligot 

Eponino. 

Apporter 

Eroule. 

Matin 

Oyeiwe. 

Devoir 

Naponme. 

Midi 

Avicateu. 

Cuire 

Oyippe, oyoup 

C.otoniiier 

Awamonianiw- 

pe. 

ira. 

Pagayer 

Epouicoui. 

Colon 

Amonian. 

Nager 

Eyayou. 

RocoyeF 

Roucourawa. 

Haler 

Emoting. 

Rocou 

Roucou. 

Tirer 

Eilik,  eilik. 

Soif 

E'iwate. 

Ramasser 

Eoupite. 

Manger 

Eyemiyon. 

Gronder 

Yawon. 

Fuiner 

Emououk. 

Allumer 

Amoini. 

Piquer 

Fossok. 

Mouclier 

Eoutim. 

FlechfT 

Ejewa  ,  ejiwon. 

Pouvoir 

Einoung. 

Raper 

Eapika,  ekilik. 

Filer 

Epowane. 

Bouiliir 

Emounioye. 

Coudre 

Emoupouponk. 

liotir 

Ennite. 

Fend  re 

Yeoka ,  eoka. 

Phuner 

Eawiit. 

Bache  (pahnier^ 

Mirici,  miriti. 

Noms  cT 

animaux. 

Haccos 

Mountou,  moui- 

Aimara 

Tarouerou,   ta 

tou. 

louerou. 

Marage 

Maraye 

Jaguar 

Yawara,  caicou 

Coujouvi 

Coujouvi,    cou- 

chi. 

youvi. 

Tapir 

Tapiira. 

Agami 

Akami,  iakami 

Pecari 

Taititou 

Tinamou  gros 

Inamon. 

Caricacou  (petit 

Tinamou  petit 

Soiii. 

chevreuil) 

Cariacou. 

Cotinga  ponceau  Erslouka. 

Biche 

Eoii ,  eassou , 

Cordon  bleu 

Wanamiwara. 

eoiiassou. 

onname. 

Paca 

Paca. 

Paca  paca 

Pacapacarou. 

Agouti 

Acouchi,  acouci 

Ouette 

Arawira. 

Acouclii 

Acouchi-waye. 

Coq  de  roche 

Peoung. 

Cabiais 

Capivoira. 

Cohbri 

Pereperewara. 

Coq  (poule) 

Massakara. 

Raniier 

PicaOu. 

Tortue 

Yaoussi,  yavyi. 

Poisson 

Pira. 

Chien 

Yawar. 

(  "8  ) 


Rat 

Anouyaou. 

(Uiique 

Tounne. 

Souris 

Anouya. 

Caurale 

Kerei. 

Papillon 

Panama. 

Tique 

Yatheoughe. 

t:asside  (petit  CO 

Crapaud 

Youwaye. 

leopt^re) 

Niabi. 

Grenouitle 

Couta. 

Bourdon 

ISlaiiana. 

Serpent  liane 

Mociniug. 

l^ochon 

Tayaouslng. 

Puce 

Touny. 

Serpent  (vrni- 

Mouches 

Merou. 

meux) 

Yararaga. 

Maringouins 

Nacioung ,  Na- 

Singe  rouge 

Akikeu,akikew. 

ciou. 

Coiata 

Coiaia. 

Pompiles 

Moutouk. 

Sapajon 

Cahi. 

Abeilles 

Eirarouwa. 

Cayman 

Yakavi-. 

Gu^pes 

Caba,  cava. 

Lezard  (monitor)  Ikirwarou. 

Elaters   lumi- 

Iguane 

Wayamaka. 

neux 

Monang. 

Harpie 

Wiraou. 

Fourmis 

Taracua. 

Vautour  brun 

Ourouwou-j)iwa. 

Taons 

Maganga. 

Perdrix 

Oulou. 

IVI  utiles 

Taoya. 

Boa 

Mohiou. 

Hirondelle 

Ourasinga. 

Chattigre 

Maracayapou- 

Perruclie 

Perici. 

cou. 

Perroquet 

Courey. 

Plongeon 

Tarara. 

Ara 

Arara. 

Unau ,  Alii 

Aliicaye,  ahi. 

Pou 

Kiwa. 

Canard 

Arapono. 

Autre  petit  tina- 

Sarcelle 

Cawiriri. 

mou 

Moucoucawa 

Beeuf 

Tapiroussou. 

Chauve-souris 

Amira. 

Taiou 

Capachi. 

Engoulevent 

Wakirawa. 

(«:uf 

Oupia . 

Loutre 

Yavvakakgha. 

Noms  de  quelques  etoiles  ou  groupes  d'etoiles  chez  les 

Palicours. 


Le  soleil  Tamoye. 

La  lune  Cairi. 

Les  trois  rois  Mahori. 

LacroixduSud  Tey6bon. 
a  et  b  du  cen- 

taure  Tekempen, 

La  grande  ourse  Tepessiri. 


U^pi 

La  poullni^re 
Aldebaram 
Antares 
Les  petites 
Etoiles 


Noms  et  phrases  Palicours. 


Ouroukama. 
Coussoupou. 
Awaori. 
Acourre. 

Orapyoubouye. 


Case 

Paitipin. 

Couac 

Couac. 

Homme 

Wairi. 

Cassave 

Onlate. 

Femme 

Tanan 

IJceuf 

Paca. 

Enfant 

Cabcandia. 

Maques 

Aneyou. 

Carbon 

Makibinani. 

Beaucoup 

Banekonek 

Canot 

Monho. 

Coq 

Takarak. 

Poissou 

Aima. 

Coui 

Tomaur. 

Pagaie 

Poulaite. 

Eau 

Oni. 

229    ) 


Je  crois 

Kata. 

J'ai  du  chagrin 

Bononka  dini. 

Qu'estce  que 

Manie. 

Je  veux  aller 

Que  pikelt'. 

Bonjour 

A'itene. 

Je  suis  content 

Bon 

Kebeinr. 

de  ma  femme 

Bambetkiou. 

Je  veux  aller  a 

ronkakia. 

ma  case 

Pinhouet  pin. 

Je  veux  te  don- 

Beaucoup   de 

ner  des  rassa- 

poisson 

Baneken  atma 

des 

Enepa   kar)>i- 

ki. 

tate. 

J'ai  beaucoup 

11  est  g&t6 

Babouse. 

de  tafia 

Baneke  polata- 

Je  ne  veux  pas 

wiu  nomone. 

manger 

Ana  eske. 

Tiens  ton  coui 

Aponi  tomanr. 

Je  ne   suis    pas 

Donne -moi    de 

content  de  ma 

I'eau 

Enonta  oni. 

femnie 

Kanbetek   non- 

J'ai  soif 

Arabouin. 

kaka  onaga. 

Mettez  la-haut 

Ikeue  nota. 

As-tudu  chagrin 

'Maba  pika  dini. 

NOTICE    SUR    LES    lESGUIS , 
Par  M.  FoKTANiER. 

Je  venals  de  stiivre  les  bords  de  la  mer  Caspienne 
depuis  Derbenl  jiisqu'a  Bakou,  et  je  devais  retourner  a 
Tiflis.  Deux  routes  pouvaient  uie  conduire  a  celte  ville; 
I'une  est  tracee  dans  la  vallee  baignee  par  la  Koura,  et 
I'autre,  laissaut  ce  fleuve  sur  la  gauche,  traverse  le 
pays  desLesguis  et  ensuite  la  province  deCakel.  La  pre- 
miere ne  presente  que  de  legers  accidens  de  terrain  : 
elle  conduit  sur  une  plaine  inculte,  dont  les  montagnes 
sont  assez  eloignees;  la  seconde,  au  contraire,  oblige 
les  voyageurs  a  parcourir  de>  contrees  aussi  belles  qu'au- 
cun  pays  de  TEurope.  Je  connaissaisdeja  le  cbeinin  qui 
suit  la  Koura,  ainsi  je  n'hesitai  pas  a  prendre  celui  qui 
conduit  chez  les  Lesguis. 

D'autres  voyageurs  ont  deja  decrit  le  pays  qui  separe 
Bakou  de  Schuniaki,  ancienne  capitale  du  Chirvan ; 
je  n  aurai    done  pas    a    m'en    ocruper.   Schuntaki   est 


(  23o  ) 

batie  sur  le  penchant  dune  colline,  au  sonimet  de  la- 
quelle  se  trouve  la  raaison  dii  commandant,  ancienne 
demeure  du  Khan  de  Chirvan,qui,  peu  d'annees  avant, 
s'etait  enfui  en  Perse.  Sur  une  belle  terrasse,  d'ou  Ton 
domine  tout  le  pays,  on  placait  encore  sa  tente,  qui, 
divisee  en  plusieurs  compartimens ,  couverte  de  tapis 
ct  de  coussins,  me  servit  de  domicile.  La  ville  est  peu 
considerable  et  n'est  guere  babilee  que  par  des  malio- 
metans;  elle  a  un  bazar  et  ne  differe  nullemen.t  des  cites 
persannes.  On  n'y  conipte  que  deux  cents  maisons.  Jen 
partis  pour  Nouka,  capitale  de  la  province  de  Cheki ; 
malheureusement  il  n  y  a  pas  de  postes  de  Cosaques 
organises  sur  cette  route,  de  telle  facon  qu'il  faut  re- 
courir  aux  Ketkodas,  ou  maires  des  villages,  qui  met- 
tent  des  chevauxen  requisition,  et  font  aiiisi  passer  les 
voyageurs  de  commune  en  commune.  Ce  transport  est 
opere  sur  I'ordre  du  commandant,  etpresente  un  a  van- 
tage qui  n'est  pas  toujours  a  dedaigner,  celui  d'etre 
gratuit.  II  est  impossible  de  faire  rien  accepter  a  ces 
montagnards,  soit  pour  le  loyer  des  chevaux ,  soit  pour 
la  nourriture  et  les  rafraicbissemens  qu'ils  s'empressent 
d'oftrir.  Dureste,  la  nature  les  pourvoit  abondamment 
de  toutes  sortes  de  productions;  partout  on  voit  des 
forets  de  miiriers  ,  des  fruits  de  toutes  especes  ,  parmi 
lesquels  les  melons  sefontremarquer  parleur  grosseur; 
si  Ion  traverse  des  bois,  on  est  etonne  de  la  vigueur 
de  la  vegetation.  Bien  que  les  rizieres  soient  nombreuses, 
que  la  maniere  de  cultiver  le  murier  que  Ion  plante  en 
petits  bosquets  souventarroses,  doivent  faire  supposer 
des  maladies  endemiques  ,  les  liabitans  paraissent  jouir 
d'une  sante  vigoureuse,  et  ne  semblent  pas  tourmentes 
par  les  fievres  qui  desolent  une  grande  partie  des  pro- 
vinces du  Caucase.  Leurs  habitations  sont  en  bois  ou  en 


(  -3i  ) 
osier,  niais  elevees  et  spacieuses  j  ordinairenient  on  les 
enloure  dan  verger;  elles  secomposent  le  plussouvent 
de  la  maison  des  homines,  du  harem  on  apparlement 
des  fenujies,  et  enfin  dune  autre  maison  destinee  a  I'e- 
ducation  des  vers  a  soie.  Pour  se  rendre  de  Schumaki 
a  Nouka,  on  n'a  a  traverser  qu'un  rameau  peu  eleve 
du  Caucase,  puis  on  se  trouve  au  pied  de  la  chaine  prin- 
cipale  quel'on  suit  en  remontant  une  large  vallee:  lors- 
qu'on  avance  vers  Nouka ,  la  vallee  se  resserre  et  se 
trouve  engagee  dans  les  montagnes ;  aussi  le  nombre  des 
villages,  la  richesse  dupaysdiminuent  progressivement. 
II  n'y  a  pas  dans  ce  trajet  de  cours  d'eau  digne  d'etre 
cite,  mais  des  torrens,  qui,  a  de  certaines  epoques,  se 
precipitent  des  sonirnets  neigeux  du  Caucase,  fertilisant 
et  ravageant  alternativement  les  campagnes.  La  civilisa- 
tion peu  avancee  de  ces  pays,  I'etat  continuel  de  guerre 
dans  lequel  vivent  les  habitans,  ne  permeltent  pas  la 
construction  de  ponts,  de  telle  maniere  qu'il  faut  tra- 
verser a  gue  les  cours  d'eau;  quelquefois  les  communi- 
cations sont  interrompues.  Souveiit  aussi  les  chevaux 
posant  un  pied  mal  assure  sur  d'enormes  rochers,  sont 
avec  leurs  cavaliers  entraines  par  les  torrens.  Quant 
aux  paysans  Lesguis,  ils  ne  marchent  qu'armes  dune 
longue  branche  d'arbre ;  taiitot  ils  I'eniploient  Dour 
sonder  le  terrain;  tantot  ils  s'appuient  dessus  pour  s  e- 
lancer  d  un  roc  sur  un  autre  :  ainsi  ils  traversent  les 
cours  d'eau  quelle  que  soit  leur  rapidite  ,  etdans  toutes 
les  saisons. 

Nouka  n  appartenait  pas  a  I'empire  persan  ,  mais  son 
chef  ou  khan  reconnaissait  le  schah  pour  son  suzerain; 
II  etait  d'ailleurs  a-peu-pres  independant  et  hereditaire. 
Les  Russes  s'etaient  empares  de  cette  ville  sans  raison 
fort  legitime;  mais  les  descendans  des  anciens  princes 


(    =^32    ) 

vivaient  dans  les  environs  et  etaient  assez  considered. 
Cette  ville  est  grande,  reniarquable  par  ses  jardins  et 
par  ses  nombreuses  Fontaines;  un  torrent  la  traverse 
et  sert  a  des  tanneries.  Le  palais  des  khans  est  in- 
con  testablement  le  plus  beau  monument,  et  pent-etre 
ie  seul  que  les  Russes  possedent  de  I'ancienne  archi- 
tecture persanne  :  c'est  une  forteresse  tout-a-t'ait  asia- 
lique,  dans  laqnelle  resident  le  colonel-gouverneur  et 
les  principaux  of'ficiers;  comme  d'usage,  elle  ^st  placee 
dans  la  partie  la  plus  eleveede  la  ville  elsur  un  plateau. 
On  y  entre  par  une  grande  porte,  et  Ton  se  trouve  dans 
la  cour ;  en  face  on  voit  le  divan  ,  c'est-a-dire  le  lieu  ou 
le  khan  recevait  et  rendait  la  justice  ;  a  droite  et  a  gau- 
che sont  line  foulo  de  constructions  destinees  aux 
ecuries  et  aux  domestiques;  sur  le  derriere  se  troiivent 
les  anciens  appartemens  du  harem ,  ou  Ton  me  logea. 
Les  chambres  que  j'occupais  etaient  fort  agreables;  de- 
vant  les  fenetres  se  trouvaient  des  jardins  converts  de 
rosiers  en  fleurs  et  de  reservoirs d'eau;  les  murs  etaient 
ornes  de  peintures  ,  incrustes  de  dorures  et  converts 
de  fragmens  de  glaces.  La  grande  salle  du  Divan  ren- 
fermait  des  tableaux  persans,  et  tout  autour  se  trou- 
vaient representes  les  hauts  faits  des  arniees  persannes 
dans  les  guerres  des  Nadir-Schah  contre  les  Turcs  et  les 
Russes.  Suivant  I'usage,  la  perspective  et  le  dessin  n'y 
etaient  guere  respectes;  mais  le  coloris  et  la  fidelite 
des  costumes  les  rendaient  fort  reniarquables.  II  n'est 
pas  une  peuplade  de  I'Asie  mahometane,  depuis  lln- 
dusjusquaux  montagnes  du  Causase,  depuis  Constan- 
tinople jusqu  a  la  mer  Rouge,  qui  ne  s'y  trouvat  re- 
presentee. 

L'administration  du  paysappartenait  auchef  militaire 
qui  etait  aide  par  un  maitre  de  police  niahonietan ;  comme 


(  233  ) 

1e  gouverneur  ne  savait  pas  iin  mot  dela  langue  tartare, 
et  que  le  maitre  de  police  n'etait  pas  plus  habile  que 
lui  en  russe,  on  ne  s'etonnait  pas  que  la  bonne  harmo- 
nie  regnat  enlre  eux.  J'avaisete  precede  dans  cette  ville 
par  une  recomniandation  du  general  Willeminoff,  gou- 
verneur militaire  du  Caucasejaussi  n'eus-je  quamelouer 
de  I'accueil  queje  recus.  Comnie  je  desirais  parcourir 
les  environs ,  le  colonel  chargea  le  maitre  de  police  de 
men  fournir  les  moyens;  ce  dernier  comprit  mal  et 
crut  qu'il  s'agissait  d'une  lutte  entre  un  Tartare  du 
pays  et  un  Mingrelien  ,  que  la  population  chretienne 
avail  fait  venir  a  grands  frais  pour  soutenir  un  pari. 
11  se  hata  de  faire  les  preparatifs  convenables ,  et,  au  lieu 
demontera  cheval,  nous  nous  rendimes  sur  la  terrasse 
du  chateau  ou  s'etaient  rassenibles  les  spectateurs.  On 
fit  d'abord  conibattre  deux  coqs,  puis  deux  beliers: 
mais  les  acteurs  principaux  ne  purent  s'entendre  sur 
les  formes  du  combat ;  le  Tartare  etait  revetu  de  son  cos- 
tume, c'est-a-dire  couvertd'un  calecon  depeau  serreala 
ceinture,  nu  et  les  membreshuiles  pour  que  son  anta- 
goniste  neput  le  saisir.Il  tenait  un«e  massuedans  chaque 
main  et  les  faisait  tourner  sur  sa  tete  pour  donner  de 
la  flexibilite  a  ses  muscles.  Le  Mingrelien  pretendait,au 
contraire,  combattrc  vetu  comme  d'habitude;  il  voulait , 
disait-il ,  pouvoir  librement  saisir  son  adversaire;  et,  pen 
salisfait  du  jeu  habituel  qui  consiste  a  le  placer  sur  le 
dos,  il  aspirait  a  le  frapper  et  meme  a  lui  ronipre  les  os, 
s'il  etait  possible.  Un  exercice  auquel  il  se  livrait  le 
maintenait  sans  doute  dans  ces  dispositions  hostiles. 
II  avalt  apporte  une  outre  de  vin  et  un  grand  verre ; 
pour  quelque  monnaie  il  remplissait  son  verre,  ouvrait 
unebouche  enorme  ,  etyjetait  la  liqueur,  qu'il  englou- 
tissait  d'un  coup  sans  en  repandre  une  goutte.  Pendant 

1? 


(    234    >) 

cju'on  neguci.  it  et  au  grand  scandale  des  Mahometans, 
ilvidasoii  outre,  qui  ne  conlenait  pasnioins  de  dix  bou- 
teilles ,  puis  il  se  retira  trioniphant  de  ce  qu'on  n'osait 
le  coniLattre,  et  ne  paraissaiii  niillfuieiit  incommode. 
Sa  place  fut  prise  par  d'auties  lutteurs,  qui,  sous  la  pre- 
sideiice  dun  mollah,  se  livreient  a  leurs  exercices.  Le 
motlah  prenait  les  antagonistes  par  la  main,  leur  faisait 
proniettre  de  lutter  d'apres  les  regies,  de  ne  point  se 
frnpper,  de  n'avoir  aucun  ressentiment  de  la  defaite; 
il  iuvoquait  le  nom  de  Dieii  et  du  propliete  pour  cha- 
cune  de  ces  promesses,  puis  il  les  laissait  libres  de  com- 
mencer.  II  est  impossible  de  voir  ces  jeux  de  la  lutte 
sans  reconnaitre  I'exactitude  des  descriptions  que  nous 
en  ont  laissees  les  auteurs  grecs  et  latins. 

Quand  celte  ceremonie  (ut  terminee,  le  gouverneur 
fit  en  fin  comprendre  an  chef  dr  police  qu'il  devait  me 
faire  parcourir  les  environs;  pour  se  rendre  plus  intel- 
ligible sans  (loute,  il  le  menaca  de  quelques  coups  de 
baton;  niais  ce  n'en  valait  guere  la  peine,  car  je  ne  vis 
que  quelques  jardins  et  les  collines  circonvoisines.il  n'y 
avait  qu'une  chose  remarquable  dans  le  pays,  le  serail 
dontj'ai  parle. 

La  province  deNouka  ne  paie  rien  en  argent  au  gou- 
Virnement  russe;  on  se  contente  de  preleveren  nature 
une  contribution  sur  la  soie ;  celte  soie  transportee  4 
Tiflis,  ainsi  que  celies  duChirvan,  est  ensuite  niiseaux 
encheres  et  vendue  pour  I'etat.  La  justice  estrendue  par 
le  commandant  aussi  bien  que  le  pent  un  juge  qui  nt; 
comprendpas  ce  qu'on  lui  dil.  Je  dois  rapporliM- cepen- 
dant  que  I'obligation  de  rendre  des  arrets  etait  fort 
penible  au  chef  que  je  rencontrai,  et  que,  plus  scrupu- 
leux  qued'usage,  il  sollicitait  un  changcnient  deresidence. 

On,  ne  peut  appeier  Schoumaki  et  Nouka  des  ville» 


(  235  ) 

tie  Lesguis,  bien  queles  pays  environnans  soient  habites 
par  des  Mahometans  qui  parleut  le  tartaie,  et  dont  plu- 
sieurs  professent  le  rile  des  Sunnis.  Ge  sont  plulot  des 
cites  persannes,  tandis  que  les  veritables  Lesguis  sont 
dans  les  nionlagnes  et  pius  au  nord;  j'allais  passer  sur 
leur  territoire  et  cliez  un  de  leu rs  chef's  noninie  Elinsky- 
Sultan.  Coinme  le  trajet  n  est  pas  facile  et  que  Ion 
court  risque  d'etre  attaque  par  des  montagnards, 
on  me  donna  une  forte  escorte  pour  la  route;  le  fils  du 
maitre  de  police  fut  meme  charge  de  m'accompagner. 
Nous  ne  traversames  pas,apres  etre  sortis  de  Nouka,un 
pays  aussi  riche  (jue  celui  quej  avals  d'abord  parcouru, 
cependant  levoisinage  des  montagnes  et  la  rapidite  des 
torrens  le  rendaient  fort  pittoresque;  apres  deux  jours 
de  marche  nousatteignimes  les  etats  du  prince  que  j  al- 
lais  visiter.  Comme  il  etait  prevenu  de  mon  arrivee,  mes 
compagnonsretournerent  sur  leurs  pas  tandis  qu'il  quitta 
son  chateau  et  s'approcha  jusqu'au  village  le  plus  voisin. 
llmeprenait  prohablement  pour  unillustre  personnage, 
et  fut  singulieremen t  desappointe  lorsqu'il  m'apercut  seul 
et  sans  suite,  arme  dun  marteau  ,  et  portant  tout  mon 
bagage  renferme  dans  une  mechante  valise.  A  peine  pou- 
vait-il  en  croire  ses  yeux,  et  il  attendit  quelque  temps  pour 
reconnaitre  si  mes  gens  n'arriveraient  pas.  Enfin,  comme 
j'approchais  pour  le  saluer ,  il  se  precipita  dans  mes  bras 
avec  tant deffusion que  nous faillimes tomber. Sa Majeste 
ri'avait  pas  cru  pouvoir  fairea  un  chretien  un  accueil  plus 
flatteur  que  de  se  griser  completement.  Lorsqu'elle  eut 
repris  lequilibre,  on  la  conduisit  dans  une  barraque  de 
bois,  oil  elle  se  livra  ausoinmeil  pendant  qu'on  me  traita 
par  ses  ordres.  Ensuite  nous  nous  mimes  en  route,  et, 
suivant  les  bords  dun  torrent  que  nous  traversames 
plusieurs  fois  ,  nous  gagiiames  sa  demeure  ordinaire.  La 

'7- 


(  236  ) 

rapitale  lie  ce  potentat  n'etait  qii»un  miserable  hanieau 
situe  dans  un  ravin  ,  d'ou  Ton  pouvait  egalement  fuir 
surlamontagnequand  les  Russesapprochaient,  ou  faire 
des  excursions  dans  la  plaine.  On  avail  de  distance  en 
distance  eleve  des  murailles  pour  couper  la  vallee  et  se 
defendre  dune  surprise.  Le  palais  imperial  ne  differait 
guere  des  maisons  des  particuliers;  il  se  distinguait  par 
uneeohelleen  bois  que  Ion  retirait  ex.icteinent  chaque 
nuit.  J'ignore  la  splendeur  du  harem  j  quant  a  la  salle  de 
ceremonie,  elle  etait  precedee  dune  anti-chambre  en- 
tierement  nue,et  on  n'y  remarquait  qu'un  trone  en  bois 
blanc  couvert  d'un  mauvais  tapis ;  un  feutre  regnait  tout 
autour  et  servail  de  siege  aux  grands  officiers  et  aux 
dignilaires  de  I'Etat.  Quand  les  fumees  du  vin  furent  dis- 
sipees  ,  je  reconnus  que  le  sultan  vivait  en  fort  bonne 
intelligence  avec  ses  sujets.  Les  plus  distingues  se  ren- 
daient  chez  lui  aux  heuresdes  repas  etvivaieiit  des  restes 
de  son  diner.  Comme  etranger  j  etais  alors  place  pres  de 
lui  sur  son  trone;  on  apportait  une  grande  quanlite  de 
mets  turcs,  et  quand  nous  avions  choisi  cc  qui  nous 
convenait,  il  envoyait  les  dilferens  plats  aux  assistans 
avec  autant  degravite  qu'exit  faitle  Grand-lMogol.  Ceux- 
la  ne  recevaienl  pas  une  si  grande  faveur  avec  moins 
de  reconnaissance  et  de  respect  que  les  habitues  des 
grandes  cours  asiatiques.  Elinsky-Sultan  avail  soixante 
ans  environ;  sa  famille  etait  iiombreuse  ,et  pres  de  lui 
vivaient  trois  de  ses  fils  ;  un  autre  etait  a  Tiflis  employe, 
ou  plutotgarde  comme  otage  par  le  gouvernement  local. 
Quant  a  I'aine,  (jui  portaitdans  I'armee  russe  le  titre  de 
capitaine ,  comme  son  pere  celui  de  colonel,  il  avait 
trouve  nioyen  de  rester  dans  son  pays.  On  ne  peut  bl4- 
merces  precautions,  si  Ton  considere  qucles  Lesgiiis  ont 
toujours  passe  pourde  haidis  brigands,  et  que  leur  re- 


(  ^'S?  ) 
Ggion  les  porte  a  faire  des  excursions  contre  les  tlire- 
tiens.  Bien  que  le  sultan  pretendit  etre  ties  devoue  a  la 
Russie,  je  doute  qu'il  n'eiit  cherche  dans  line  occasion 
favorable  a  se  soustiairea  sa  domination.  Du  moins,  il 
me  paiutque  I  education  de  sa  famille  n  etait  pas  dirigee 
dans  des  vues  de  tendresse  pour  les  Europeens.  Deux  de 
ses  jeunes  enfonsqui  ne  le  quittaient  pas  me  temoignaient 
uneaversion  qui  rejouissait  singulieiemenileur  pere,  et 
il  me  disait:  <ah!  si  vous  etiez  Russe,  ce  serait  bien  pis 
encore! »  Toutes  les  peines  que  je  pris  pour  plaire  a  ces 
petits  sauvages  furent  inutiles.  Un  jour  je  surpris  Tun 
deux, a  peineagede  septans,  qui  ne  pouvants'echapper, 
me  regarda  Cxement,  puis,  dedaignant  mes  demonstra' 
tions  amicales,  s'elanca  sur  moi  comme  un  jeune  chat 
et  me  saisit  a  la  gorge, decide  sans  doute  avendre  chere- 
ment  sa  vie. 

Je  fusretenu  pendant  deux  jours  chez  mon  bote,  qui, 
probablement  fache  du  peu  d  appareil  avec  lequel  je 
m'etais  presente,  me  fit  accompagner  par  son  fds  et  par 
de  nombreux  cavaliers  jusque  sur  les  bords  de  I'AIazane, 
limite  des  possessions  russes.  Cette  partie  du  trajet  est 
la  plus  dangereuse,  parce  qu'au  nord  des  etatsdu  sultan 
se  trouvent  deux  petites  republiques  de  Lesguis.  Ces 
deux  republiques  nommentchaque  annee  leurs  chefs  et 
sont  exposees  aux  troubles  et  aux  divisions  qui  distin- 
guent  ce  genre  de  gouvernement ;  apres  avoir  vecu 
en  paix  avec  leurs  voisins,  le  moindre  pretexteles  poite 
a  des  hostilites,  et,  dans  ce  cas,  les  citoyens  se  repan- 
dent  sur  les  routes  sans  qu'on  puisseprevoirl'epoquede 
leur  irruption.  Cependant  nouspassames  heureusement, 
et  apres  avoir  traverse  la  riviere,  jemetrouvai  en  quel- 
ques  heuresaCaragatch,  ou  etaitcampe  un  regiment  de 
diagons.  Ainsi  j'etais  rentre  en  chretiente. 


(  238  ) 

Telle  est,  messieurs,  I'excursion  dont  je  desirais  vous^ 
entretenlr;  elle  ne  pourrait  offrir  de  I'interet  que  parce 
qu'il  s'agit  d'un  pays  que  personne  encore  n'a  decrit,  et 
que  Ion  ne  saurait  traverser  qu'aide  d'une  puissante 
protection.  Cette  protection  je  I'ai  obtenue  du  general 
lermoloff,  et  Ion  ne  s'etonnerapas  si  devant  vous,  mes- 
sieurs, j'en  temoigne  ma  reconnaissance.  Cest  pour  les 
Toyageurs  un  devoir  que  d  exprinier  leur  gratitude  ,  soit 
qu'ils  nomment  les  person nes  qui,  dans  les  pays  etran- 
gers,  leur  ont  permis  de  visiter  des  provinces  mal  sou- 
mises,  et  dont  une  politique  peut-etre  prudente  defend 
lacces;  soit  que,  comme  ici,  ils  s'adresseni  a  un  presi- 
dent, qui,  ministre  dun  grand  royaume ,  a  donne  aux 
.sciences  une  noble  impulsion  ,  et  les  a  cboisis  sur  le  banc 
des  ecoles  pour  les  placer  dans  la  brillante  et  perilleuse 
carriere  des  voyages. 


MEMOIRE 

Sur  fancienne  geographic  historiqiie  dc  la  Grece , 
Par  M.  Roux  de  Rocheli.e, 

Lu  a  la  Societe  de  Geographic  dans  sa  s6ance  gen^rale 
du  4  avril  i834. 

Si  nous  parcourons  les  descriptions  geographiques 
d'un  pays  a  diverses  epoques,  nous  eprouvons,  en  pas- 
sant d'un  siecle  a  lautre,  le  meme  interet  de  curiosite 
qu'un  voyageur  qui  visitesuccessivement  plusieurs  con- 
trees.  Frappes  d'objets  nouveaux  et  inattendus,  nous 
reconnaissons  a  peine  les  lieux  qui  nous  avaient  occupes; 
les  memes  noms  s'y  retrouvent  par  intervalle;  mais  le 
spectacle  de  la  nature  et  des  hommes  a  change. 


(  ^39  ) 

Ces  mutations  s'expliquent  souvent  par  la  conquete  , 
sou  vent  par  la  seule  influence  desprogres  cle  la  societe; 
et  la  Grece  ancienne  oflre  particulierement  ce  dernier 
phenomene.  Letat  civil  des  nations  s'y  perfection ne  : 
dies  ont  leur  enfance,  leur  maturile  :  'es  hommes  ar- 
raches  a  la  vie  sauvage  ou  aux  occupations  des  simples 
pasteurs,  se  groupent  autour  de  ditferens  chefs  :  les 
cabanes  succedent  aux  tentes,  les  cites  auxhameaux, 
les  lois  ecrites  aux  usages  et  aux  traditions;  les  tribus 
deviennent  un  peuple,  et  leurs  territoires  reunis  for- 
nient  des  empires. 

Le  temps  ou  la  Grece  commence  a  se  peupler  de  co- 
lonies egyptiennes  et  pheniciennes  aniionce  a  lEurope 
I'aurore  de  la  civilisation  ;  mais  elle  ne  brille  encore  que 
sur  quelques  points.  Le  royaunie  d'Argosse  fonde;  ceux 
d'Arcadie,  de  Sicyone,  de  Corinthe,  d'Athenes,  de  La- 
cedenione  rasseniblent  les  peuples  de  la  Grece  en  dif- 
ferens  corps  de  nations.  Tantol  la  guerre  divise  leurs 
interets  et  dechire  ces  Contrees,  tantotelles  reunissent 
leurs  forces  pour  attaquer  Troie,  et  detruire  le  plus 
puissant  empire  de  lAsie.  On  voit  ,  plus  dun  siecle 
apres ,  s  clever  sur  les  ruines  de  ces  premieres  monar- 
chies les  nombreuses  republiques  de  la  Grece  :  toutes 
brillenl  par  leur  courage,  et  plusieurs  par  leurs  con- 
quetes  :  elles  penetrent  dans  des  regions  inconnues; 
elles  en  changent  les  moeurs  barbares,  et  y  fondent  des 
colonies,  qui  deviennent  a  leur  tour  d  autres  centres  de 
conquete  et  de  civilisation.  C  est  ainsi  que  s'etablissent 
Olynthe,  Amphipolis  sur  les  cotes  de  Macedoine  ,  Pe- 
rynthesur  les  rives  de  la  Propontide,  Byzance  sur  celles 
du  Bosphore.  La  guerre,  par  ses  desastres  ou  par  ses 
victoires,  conduit  d'autres  colonies  sur  les  rivages  de 
la   Sicile,  et  sur  ceux  de  I'ltalie   nicridionale  :  des  Pho- 


(  24o) 

ceens,  chasses  de  leur  patrie,vont  fonder  Marseille  dans 
les  Gaules;  conime  des  bannis  de  Phenicie  avaient  eta- 
bli  Carthage  sur  les  cotes  d'Afrique  :  les  plus  illustres 
origines  des  cites  du  mldi  se  lient  a  I'histoire  de  I'Orient 
et  surtoul  a  celle  de  la  Grece. 

Arretons-nous  an  temps  ou  a  fleuri  cette  grande  na- 
tion, pour  Jeter  les  yeux  sur  son  territoire.  11  nest  pas 
remarquable  par  son  etendue;  mais  chaque  nom  geogra- 
phique  y  est  devenu  celebre,  depuis  les  monts  Henius, 
antique barriere  de  la  Macedoine,  jusqu'a  I'extremite  du 
Taygete,  qui  couvrait  le  territoire  de  Lacedeinone. 

Nous  diviserons  en  trois  grandes  parlies  cette  memo- 
rable contree.  Au  nord  du  golfe  d'Ambracie  et  de  la 
chaine  du  mont  OEta  ,  nous  placons  VEpire  et  la  Thes- 
salie,  sans  faire  encore  mention  de  la  Macedoine  :  au 
midi  de  cette  ligne  de  liraites,  s'elendent  d  Occident  en 
Orient  I'Acarnanie,  I'Etolie,  la  Phocide,  la  Beolie  et 
I'Attique.  Ces  contrees  ne  touchent  que  par  I'isthme  de 
Corintheau  Peloponese;  et  nous  comprenons  dans  cette 
peninsule  TAchaie,  les  territoires  de  Sicyone  et  de  Co- 
rinlhe,  I'Elide,  I'Arcadie,  I'Argolide,  la  Messenie  et  la 
Laconic. 

A  I'epoque  ou  florissait  le  midi  de  la  Grece,  ses  re- 
gions septentrionalesn'obiinrenlpas  la  meme  celebrite. 
Elles  prirent  souvent  part  a  la  defense  commune;  elles 
eurent  leurs  guerriers;  mais  la  gloire  restaaux  pays  qui 
chercherent  a-la-fois  celle  deslettres  et  celle  des  armes, 
qui  surent  eriger  les  monumens  de  leurs  victoires,  et 
ou  les  hommes  donnerent  pendant  la  paix  un  nouvel 
eclat  a  la  patrie  qu'ils  avaient  sauvee. 

La  renommee  de  la  Thessalie  etait  anterieure  aux 
traditions  historiques  etremontait  aux  temps  fabuleux. 
Les  poetes  ont  peint  les  beautes  champetres  des  rives 


(24i  ) 

dii  Peuee  et  de  la  vallee  de  Tenipe  :  ils  ont  chante  I'O- 
lympe  ou  s'assemblaient  les  divinites  du  ciel,  le  Pinde 
consacre  aux  muses  et  au  dieu  de  la  lyre,  le  mont  OEta, 
fameux  par  lebucher  d'Hercule,  et  les  vallees  ou  il  avail 
vaincu  les  centaures;  mais  si  Ion  quitte  le  temps  des 
demi-dieux  pour  arriver  a  I'histoire  des  hommes,  la 
Thessalie  est  oubliee  ,  et  les  nations  y  sont  encore  dans 
renfance,quandies  peuples  du  midi  de  la  Grece  se  sont 
agrandis.  Les  noms  de  villes  qui  s'y  sont  le  mieux  con- 
serves sont  ceux  de  Larisse,  de  Pheres,  de  Magnesie,  et 
d'une  cite  de  Thebes,  moins  celebre  que  celle  deBeotie. 

L'Epire,rEtolie,  TAcarnanie  eurent,  comme  la  Thessa- 
lie ,  quelque  illustration  dans  les  temps  heroiques,  et  la 
mylhologie  ancienney  a  rendu  plusieurs  noms  fameux. 
L'Acheron ,  le  Oocyte  coulaient  en  Epire  :  le  chene  de 
Dodone  y  randait  ses  oracles  :  I'Achelous,  dompte  par 
Hercule,  avail  inonde  I'Acarnanie  :  Meleagre  delivra  I'E- 
tolie  des  ravages  d'un  sanglier  furieux.  La  plupart  des 
traditions  qui  s'appliquent  a  ces  contrees  se  nielenl  au 
plus  ancien  systeme  religieux  des  Grecs,  ou  represen- 
tent  les  hommescomme  echappant  a  I'etat  sauvage,  lut- 
tant  contre  tons  les  fleaux  quitiennenta  cette  situation, 
et  proteges  par  quelques  heros,  par  quelques  bienfai- 
teurs,  superieurs  a  leurs  siecles,  el  misensuitepar  la  re- 
connaissance au  nombre  des  dieux. 

Les  prodiges  de  la  fable  jellent  sur  la  Phocide  un  plus 
grand  eclat :  le  Parnasse  s'eleve  au  milieu  de  cette  con- 
tre'e;  la  Pythic  de  Delphes  y  rend  ses  oracles;  toute  cette 
terre  est  sacree,  et  I'entree  de  la  Phocide  est  gardee 
vers  le  nord  par  les  Thermopyles.  Elatee  ,  Crissa ,  Ara- 
physe,  Naupacte,  Delphes  surtout,  occupent  dans  les 
annales  historiques  ou  religieuses  de  cette  contree  un 
rang  remarquable. 


(  240 

Mais  dans  quelle  pariie  de  la  Grece  ne  retroiiverons- 
nous  pas  la  presence  et  Taction  de  ces  divinites  !  L'Heli- 
con,  le  bois  des  inuses, la  fontaine  d'Ascra,  les  eauxdu 
PermessCjdont  la  poetique  renonimee  se  niele  a  celle  de 
Pindare,  sontsitues  en  Beotie;ilsy  attestent  le  sejour 
des  dieux;  et  Tliebes ,  Leuctres,  Plalee,  Thespies  y  at- 
testent les  exploits  des  heros,  Thebes,  fameuse  par  ses 
deux  sieges  et  par  les  malheurs  de  la  famille  de  La'ius, 
Leuclres  par  les  guerres  de  Lacedemone,Platee  et  Thes- 
pies par  la  defaite  des  Perses  qui  avaient  envahi  la  Grece. 
Nous  ne  parlerons  pas  encore  de  Cheronee,  ou  son 
independance  expira. 

Entrons  enfin  dans  I'Attique,  dans  ce  pays  ou  sereu- 
nirent  tous  les  genres  de  gloire;  il  est  peu  etendu, 
peu  fertile;  mais  il  renterme  Athenes,  et  cetle  ville  a 
donne  an  nionde  des  modeles  de  tout  ce  qui  peut  le 
plus  honorer  la  nature  humaine.  Placee  entre  Marathon 
et  Salamine,  elle  est  viclorieuse  sur  les  deux  elemens; 
lesdieux  luidoiventdes  temples  dignes  d'eux;  ses  poetes 
chantent  sa  gloire,  ses  orateurs  defendent  ses  droits  : 
elle  est  la  Inniiere  de  la  Grece;  et  Timage  d'Athenes, 
enlouree  dune  aureole  eclataute,  resplendit  jusqu'a 
nous  a  travers  les  siecles. 

Le  Peloponesenousoffreun  autre  spectacle.  L'Achaie, 
qui  donnera  un  jour  son  noni  a  une  iigue  fameuse,  el 
qui  se  placera  a  la  tete  de  la  Grece  pour  def'endre  sa 
liberie  niourante,  n  a  pas  encore  de  celebrite  :  elle  oc- 
cupe  au  iiord  le  versant  des  niontagnes  qui  s'abaissent 
jusqu'au  golfe  de  Corinthe.  Corinlhe,  tenant  les  clefs 
de  listhme  et  dominant  sur  deux  mers  a-la-fois,  com- 
mence a  recevoir  d'Athenes  le  gout  des  arts  et  les  mo- 
numens  dont  Rome  doit  un  jour  scnrichir.  L'Elide,  fa- 
meuse par  ses  joux  olynipiques,  attire  a  ses  fetes  toute 


(  243  ) 
la  Grece  :  on  y  deceriie  des  couroiiries  au  eeniecomme 
au  courage :tous  les  dieiix  y  ont  leurs  temples,  tous  les 
grands  hommes  leurs  statues,  tous  les  arts  leur  illustra- 
tion. 

L'Arcadie,  contre'e  plus  champetre,  jouit  encore  de 
lobscinite  :  les  peuples  s'y  bornent  a  la  vie  pastorale, 
et  le  bonheur  de  leur  situation  est  long-temps  chante 
paries  poetes.  Les  foretsdu  mont  Menale,  les  rives  du 
Ladon  et  de  I'Alphee  sont  consacres  aux  choeurs  des 
nymphes;  mais  ce  pays  doit  briller  a  son  tour  sur  la 
scene  de  la  Grece.  Deux  hommes,  Epaminodas  et  Pelo- 
pidas  abaissent  la  fortune  de  Sparte;  et  la  victoire  de 
Mantinee,  qui  suitde  pres  celle  de  Leuctres,  re'pand  sur 
I  Arcadie  d'autant  plus  de  gloire  que  Lacedemone  avail 
passe  pour  invincible. 

L'Argolide  n'est  plus,  comme  au  temps  de  la  guerre 
de  Troie  ,  a  la  tete  des  affaires  de  la  Grece.  Argos  et 
Mycenes,  Trezene,  Hermione,  lieux  autrefois  fameux, 
ont  garde  leur  ancienne  renommee,  et  le  culte  d'Escu- 
lape  continue  d'attirer  les  peuples  a  Epidaure;  mais  la 
fortune  et  la  grandeur  ont  passe  a  d'autres  etats. 

La  Messenie,  deux  fois  vaincue  par  Sparte,  a  perdu 
sa  puissance  :  Pylos,  Messene,  Steniclaros,  Methone  se 
relevent  avec  peine  des  desastres  qui  ont  suivi  la  con- 
quete. 

L'aucienne  rivale  d'Athenes,  Lacedemone  dispose 
long-temps  des  forces  du  Peloponese;  mais  quelquefois 
sesausteres  vertus  sont  insociables,  etl'on  admire,  sans 
vouloir  limiter,  son  systeme  politique  et  sa  grandeur. 
Le  courage  des  Spariiates  est  le  seiil  rempart  de  leur 
cite  :  ils  ont  loutes  les  vertus  guerrieres;  mais  ne  cher- 
chez  sur  les  bords  de  I'Eurotas  ni  les  arts  ni  le  com- 
merce. Les  Lacedemoniens  aiment  la  pauvrete;  ils  fuient 


(  244  ) 

la  contagion  des  richesses  etrangeres,  et  la  guerre  seuTe 
leur  donne  des  relations  avec  les  autres  peuples.  Leur 
domination  tut  dure  dans  la  victoire,  leur  fermete  ine- 
branlable  dans  les  defailes  :  ils  garderent  pendant  liuit 
cents  ans  les  loisqu'ils  avaient  recuesde  Lycurgue;  et, 
dans  la  decadence  de  la  Grece,  ils  s'obstinerent  a  sa  de'- 
fense,  tant  qu'ils  virent  briller  pour  leur  pays  quelque 
lueur  d'espoir. 

La  eelebrite  des  lies  de  la  Grece  renionte,  comme 
celledu  Continent,  jusqu'aux  siecles  heroiques  :  lesiles 
les  plusremarquables  ont  ete  consacrees  par  la  naissance 
et  le  sejour  de  quelque  divinite ,  avant  de  tomber  en  par- 
tage  aux  enfansdes  hommes. 

Le  groupe  le  plus  cclebre  des  iles  de  I'Archipel  est 
celui  des  Cyclades,  ainsi  nomnie  de  sa  forme  circu- 
laire.  On  y  remarque  Delos,  ou  Apolion  et  Diane  recu- 
rent  lejour  ;Naxos,  ou  Ariane  fut  abandonnee  par  Bac- 
chus; Paros,  dont  le  marbre  statuaire  fut  anime  par 
Phidias  et  devint  le  plus  bel  ornement  des  temples,- 
Thera,  qui  s'eleva  comme  Delos,  du  fond  de  la 
mer. 

Au  nord  des  Cyclades,  vous  rencontrez  Tile  d'Eubee, 
ou  Chalcis  n'est  separee  du  continent  que  par  I'etroit 
canal  del'Euripe;  et  si  vous  remontez  vers  I'Hellespont, 
vous  voyez  1  ile  de  Lenmos  ,  autrefois  fameuse  par  le 
sejour  et  les  forges  de  Vulcain.Cette  tradition  vous  rap- 
pelle  que  Lemnos  fut  ravagee  par  les  feux  dun  volcan; 
I'aspect  de  I  ile  en  annonce  encore  I'ancienne  existence; 
et  la  fable  s'explique  ici,  comme  en  dautres  occasions, 
par  un  phenomene  de  la  nature. 

La  Saniothrace ,  renommee  par  le  culte  de  Cybele ,  est 
au  nord  de  Lemnos.  A  1  Orient  et  vers  la  cote  d'Asie, 
se  trouve  I'llede  Tenedos,  ouseretira  laflottedes  Grecs 


(  245  ) 

avant  de  revenir  surprentlre  et  detniire  Illion.  On  voit 
pres  du  meme  littoral,  et  en  descendant  vers  leniidi, 
Lesbos,  patiie  de  Sapho;  Chio,  dont  les  habitans  dispu 
tent  a  six  autres  villes  leberceau  d'Homere  ;  Samos,ou 
naquit  Pylhagore;  Cos  ,  egalement  illustree  par  la  nais- 
sance  dHippocrate,  ot  Rhodes,  dont  la  puissance  et 
les  lois  maritimes  ont  ete  celebres. 

En  suivant  vers  I'Orient  les  cotes  d'Asie ,  on  alteint 
rile  de  Chypre,  oil  s'elevent  les  villes  de  Paphosetd'A- 
mathonte. 

La  Crete,  au  midi  de  Varchipel,  vit  elever  I'enfance 
de  Jupiter,  qui  fut  confie  aux  nymphes  du  mont  Ida. 
Celte  lie  est  fameuse  par  son  labyrinthe;  elle  s'est  enri- 
chie  des  biens  du  commerce  ;  et  les  lois  quelle  recutde 
Minos assurerent  long-temps  le  bonheur  de  ses  habitans. 

A  I'extremite  de  la  Laconic,  et  pres  du  cap  Malee , 
les  rochers  et  le  temple  de  I'lie  de  Cythere  s'elevent  au- 
dessus  des  flots,  et  nous  parcourons,  en  suivant  les 
cotes  occidentales  de  la  Grece,  les  lies  de  Zacynthe  et 
de  Cephalenie,  celled'Ithaque,  qu'illustra  la  gloire  d'U- 
lysse,  Leucade,  ou  se  terininerent  les  malheurs  de  Sa- 
pho, et  Corcyre,  dont  les  pirates  furent  long-temps  le 
fleau  des  mers,  avant  qu'un  commerce  regulier  vint  les 
enrichir. 

La  condition  des  iles  de  la  Grece  a  ete  moins  va- 
riable que  celle  du  continent.  Le  besoin  de  parcourir  la 
iner  reglait  la  profession  de  la  plupart  de  leurs  habitans  : 
ils  se  livrerent  successivcment  a  la  course,  au  commerce ; 
leurs  flottes  contribuerent  aux  victoires  navales  d'A- 
thenes  ou  de  Lacedemone,  et  leur  position  les  mit  plus 
long-temps  a  I'abri  des  invasions  etrangeres. 

Mais  a  Tepoque  de  la  guerre  des  Perses,  cette  secu- 
rite  fut  perdue  :  les  nombreuses  flottes  de  Darius  et  de 


(  ^46  ) 

Xerces  nienacerent  tous  les  points  de  I'iirchipel,  et  les 
Perses  orcuperent  luoinentanenient  quelques  iles  qu'une 
defaite  leur  lit  bientot  abandonner.  Athenes,  iorccie  de 
deveiiir  puissance  mariliine  pour  assurer  son  salut  et 
celui  de  la  Grece,  fit  ensuite  servir  ses  forces  navales  a 
son  propre  aggrandissement  :  elle  conquit  la  plupart 
des  iles  de  la  nier  Egee ,  y  trouva  pour  sa  marine  de 
nouvelles  ressources,  et  se  niit  ainsi  en  etat  de  soutenir 
centre  Lacedenione  et  ses  allies  la  longue  guerre  du  Pe- 
loponese,  jusqu'a  la  f'atale  joiirneed'/Egos-Potamos,  qui 
lui  fit  perdre  I'empire  de  la  Grece. 

Ce  rapide  precis  de  la  situation  d  une  contree  si  ce- 
lebre  ne  dispense  pas  sans  doute  d'entier  dans  un  exa- 
nien  plus  approlondi;  niais  quelle  nation,  quelles  epo- 
ques  de  lanliquile  lurent  jamais  plus  dignes  d'occuper 
nos  pensees!  On  eprouve  quelque  charme  a  etudier  la 
geographic  des  lieux  tameux.  Les  noms  consacres  par 
une  victoire,  par  la  naissance  dun  grand  honime,  par 
les  monumens  des  arts,  on.  par  I'immortel  eclat  des  let- 
tres,  se  gravent  aisement  dans  la  memoire.  La  Grece  est 
la  terre  classique  :  elle  nous  olVre  le  modele  de  tout  ce 
qu'il  y  a  de  beau,  de  grand,  dberoique  a.  iniiter  ;  niais 
si  sa  gloire  est  iniperissable ,  sa  puissance  tut  passagere  : 
elle  ne  dura  que  quelques  siecles;  et  la  contree  qui  avail 
attache  sur  elle  les  regards  du  monde  ne  devjnt  plus 
qu'une  province  dun  immense  empire. 

Tout  a  change  dans  la  situation  de  la  Grece,  pendant 
le  cours  de  deux  mille  ans,  et  depuis  les  temps  de  son 
ancienne  spleiideur  jusqu'a  I'epoque  marquee  pour  sa 
renaissance.  Mais  les  destinees  qui  lui  sont  promises  au- 
iourd  hui  nous  reporlent  involontairement  a  I  etude  de 
ses  aiicienncs  annales.  Les  noms  de  lieu  les  plus  cele- 
bres  reprennent  leur  rang  sur  la  carle  de  la  Grece;  sa 


(  =^47  )         ' 
geographie  redevient  celle  du  temps  de  ses  heros;   les 
actions  niemes  de  ses  guerriers  niodernes  sont  souvent 
dignes  des  exploits  de  ses  ancetres. 

Telle  est  !  lieureiise  influence  qu'exercent  de  grandes 
renommees.  La  puissance  des  souvenirs  eleve  lame,  en- 
flamme  remulalion,  force  un  peuple  a  s'estimer,  a  se 
relever  s'il  tut  ahattu ,  et  a  montrer  au  monde  qu'on 
peut  etre  regenere  par  les  nobles  exemples  de  ses  peres^ 


NOTE 

Sur  ritineraire  de  M.  Dessahne  d'Orbigny  clans  V A- 
merlque  meridionale^ 

M,  dOrbigny  s'est  rendu  en  1826  a  Buenos- Ayres.  De 
la,  il  a  visite  la  province  de  Corrientes;  au  sud  ,  il  s'est 
porte  du  cote  des  Pampas.  II  a  visite  la  Patagonie  et  ob- 
serve cette  nation, ses  moeurs  et  ses  usages j  il  a  reconnu 
que  sa  taille  moyenne  ne  depassait  pas  5  pieds  4  pouces. 

Revenu  a  Buenos-Ayres,  il  est  parti  pour  la  mer  du 
Sud.  II  s'est  arrete  a  Valparaiso,  Potosi,  Arequipa  et 
Lima,  et  il  a  atteint  le  11^  degre  sud,  en  visitant  tou- 
jours  la  chaine  des  Cordilleres.  II  a  fait  une  longue  re- 
sidence sur  le  long  plateau  central,  et  sejourne  au  lac 
de  Tilicaca.  G'est  la  qu'il  a  observe  quantite  de  monu- 
niens  Peruviens,  dessine  les  temples,  les  mines,  avec 
les  sculptures  colossales  et  les  bas-reliefs.  Au  milieu  de 
ses  dessins  nombreux,  on  remarque  la  montagne  elevee 
sur  le  sommet  de  laquelle  elait  un  ancien  lavage  d'or, 
au  temps  des  Incas ,  et  les  travaux  taits  dans  la  montagne, 
des  excavations  pratiquees  sur  les  rochers.  M.  d'Orbi- 
gny  s'est  rendu  au  pays  peu  connu  de  los  Moxos,  qu  il 
a  parcouru  dans  tous  les  sens.  G'est  de  la  qui!  a  fait 


(  248  ) 

quatre  ou  cinq  ascensions  aux  Cordilleres.  Son  sejour 
sur  le  grand  plateau  siiperieur  I'a  mis  dans  le  cas  de  re- 
cueillir  une  ioule  de  documens  nouveaux.  II  a  dessine 
les  nionumens  a  I^paz,  visile  Cochabamba  ,  Santa-Cruz 
de  la  Sierra,  la  province  de  Moxos  et  celle  des  Cliiquitos, 
dont  la  taille  est  si  differente  de  celle  des  Pataorons. 
puisque  leur  stature  nioyenne  est  de  4  pieds  9  ponces; 
Mato-Grosso  et  la  riviere  du  Paraguay,  enfin  la  riviere 
de  Madera,  I'un  des  principaux  affluens  de  I'Amazone. 

Lesobjets  materiels  qu'il  arapportessont  nombreux  : 
ce  sont  des  armes,  des  etoffes,  des  outils,  des  instru- 
mens,  des  costumes,  etc.;  une  foule  de  documens,  ecrits 
historiques  et  statistiques,  recueillis  chez  les  cures,  dont 
quelques-uns  d  un  temps  posterieur  de  peu  a  la  con- 
quete.  On  remarque,  entre  autres,  des  documens  de 
1543 ;  le  testament  dun  des  conquerans,  date  de  i54i 
ou  1669,  renfermant  des  details  tout  a-fait  curieux. 

M.  d  Orbigny  a  aussi  rapporte  de  tres  anciens  livres 
espagnols,  imprimesen  Amerique,et  d'uneassezgrande 
rarete;  beaucwip  de  statistiques  originales;  enCn  des 
antiques,  des  vases,  des  poteries  et  des  momies  peru- 
viennes.  En  un  mot,  il  a  parcouru  les  parties  du  Haut 
Perou  ou  de  la  rcpublique  de  Bolivia  qui  etaient  incon- 
nues.  Plusieurs  des  monumens  decrits  dans  Garcilassose 
reconnaissent  dans  ses  dessins ;  mais  il  en  existe  aussi 
beaucoup  dont  on  ne  connaiss.iit  pas  I'existence. 

M.  d'Orbigny  a  vu  beaucoup  de  pierres  de  taille  de 
839  metres  de  longueur. 

Son  journal,  ecrit  avec  le  plus  grand  soin ,  et  dune 
etendue  considerable,  est  rempli  d'observations  geogra- 
phiques,  de  descriptions  de  moeurs  et  usages,  et  de 
nombreux  vocabulaires,  disposes  dans  un  ordre  com- 
mode pour  en  faire  la  comparaison.  Mais  ce  qui  ajoute 


(  -^^9) 
un  tres  grand  prix  a  cet  important  voyage,  c'est  une 
collection  de  cent  cinquante  a  deux  cents  feuilles  de  to- 
pographic, sur  iesquelles  sont  figures  ses  routes  et  iti- 
neraires,  toutes  avec  une  echelle ,  et  orientees.  propres 
a  la  composition  d  une  belle  carle  a  grands  points.  Les 
montagnes  y  sont  etudiees ,  ainsi  que  tous  les  cours 
d  eau  ,  avec  heaucoup  de  details.  II  faut  ajouter  que  ce 
voyageur  a  rapporte  une  immense  collection  d'histoire 
naturelle.  Ce  voyage ,  qui  embrasse  I'espace  compris 
entre  le  1 1'  degre  de  latitude  sud  et  le  43" ,  a  dure  huit 
ans ,  et  merite  a  M.  d  Orbigny  la  reconnaissance  du 
nionde  savant. 

JOMARD. 


A  Monsieur  le  secretaire  de  la  Societe  roy  ale 
de  Geographie  de  Paris. 

Societe  royale  geographique  de  Londres. 
Regent's  street  n"  2r,le  12  avril  i834. 

P/Ionsieur, 

J'ai  Vhonneur,  au  nom  de  notre  Societe  ,  de  vous  ac- 
cuser la  reception,  il  y  a  quelques  mois ,  dune  serie, 
en  trois  volumes  in-4'',  des  Memoires  publics  par  la  So- 
ciete royale  de  Geograpliie  de  Paris,  et  doffrir  a  cette 
savante  Compagnie  nos  plus  vifs  remercimens  pour 
cette  marque  d'obligeance  et  d'attention  envers  une 
plusjeune  association. 

Cette  reponse  eiit  ele  faite  plus  tot  si  les  livres  ne  fus- 
sent  arrives  sans  etre  accompagnes  d'aucune  lettre,  ce 
qui  nous  laissait  ignorer  a  qui  nous  etions  redevables 
de  re  precieux  envoi. 

Je  dois  a  mon  tour  prier  la  Societe  ;  ovale  de   Geo 

18 


(  a5o  ) 

graphic  ile  Paris  d'accepter  en  echaiige  une  collection 
de  notre  journal;  non  que  nous  le  considerions  comnie 
egal  en  merite,  maisparce  que  nous  desirous  saisir  tons 
les  moyens  en  notre  pouvoir  de  vous  exprimer  notre 
gratitude  pour  votre  obligeancc  et  votre  courtoisie.  Je 
suisegaleinent  charge  par  IeCons«il  de  notre  Societe  d'of- 
t'rir  a  votre  Coninagnie  un  exeniplaire  dune  carte  d'Ar- 
nienieque  nousavons  derniercment  publiee,  et  quiaete, 
comme  le  porte  son  litre,  en  partie  construite  sur  des 
reconnaissances  nouvelles  ,  et  en  partie  redigt-e  d'apres 
les  plus  recentesautorites,  par  son  auteur  le  colonel  W. 
Monteith,  du  corps  des  ingenieurs  de  la  compagnie  des 
Indes  Orientales,  et  qui  a  long-temps  reside  en  Perse. 

Notre  Conseil  sera  heureux  de  voir  se  continuer  uu 
systeme  de  niutuel  echange  de  publications  si  favora- 
blenient  commence  entre  les  deux  Societes ;  et  je  serai 
personnellement  fort  heureux  aussi  d'etre  I'interme- 
diaire  des  relations  ulterieures. 

J'ai  I'honneur  d'etre,  monsieur,  voire  tres  obeissant 
serviteur. 

A.  Maconochie  , 

Capitaiiie  de  vjiisseau  de  In  mnrine  royale 
•  britannique,  et  secretaire  de  la  Society 
royale  geograpliique  de  Londres. 


(    201     ) 

TROISIEME  SECTION. 


ACTES    DE    LA    SOCI^TE. 


RAPPORTS. 

Prix  destine  a  la  decouverte  la  plus  impoHante,  e«  i83i. 

La  commission  chargee  de  prendre  connaissance  des 
principaux  voyages  qui  peuvent  concourir  au  pcix  an- 
nuel destine  a  la  decouverte  la  plus  iniportante ,  a  d'a- 
bord  porte  son  attention  sur  les  deux  expeditions  ma- 
ritimes  les  plus  saillantes  parnii  celles  qui  se  rapportent 
a  I'annee  i83i.  Elle  s'est  occupee  ensuite  des  explora- 
tions principales  faites  pendant  ce  nienie  temps  dans  I'in- 
terieur  des  continens.  Apres  un  examen  attentifdes  do- 
cumens  parvenus  en  France  jusqu'a  ce  jour,  elle  a  dA 
placer  au  premier  rang  les  dernieres  decouvertes  du  ca- 
pitaine  J.  Ross  au  nord  de  I'Amerique.  Graces  a  I'expe- 
rience  consommee  de  cet  officier  intrepide,  et  a  la  con- 
stance  inebranlable  qui  la  fait  triompher  d'une  situation 
perilleuse,  sans  exemple  dans  les  annales  de  la  naviga- 
tion  (pour  emprunter  les  termes  de  I'illustre  secretaire 
de  I'amiraute  anglaise),  nous  coniiaissons  aujourd'hui 
line  nouvelle  partie  du  littoral  ame'ricain  a  I'ouest  du  de- 
troit  du  Prince-Regent,  jusqu'a  un  point  situe  sous  le 
70"  parallele,  et  qui  nest  distant  que  de  5o  lieuesdu  cap 
Turnagain  :  cette  portion  du  continent  a  recti  le  nom  de 
Boothia,  de  celui  de  Felix  Booth,  le  promoteur  gene- 

i8. 


(  =^5a  ) 
reux  de  rexpeclition  a  qui  Ion  iloit  rarmemenl  dii  na- 
vire  la  Victoire.  Nous  avons  aussi  connaissance  d'une 
grande  presqii'ile,  de  I  isihine  eleve  qui  la  ratiache  a  la 
terre-fernie ,  de  plusieurs  bons  ports,  et  de  nombre 
d'lles,  de  lacs  et  de  rivieres.  Enfin ,  nous  avons  la  certi- 
tude que  le  continent  americain  s'etend  de  ce  cote  jus- 
qu'au  y4'  de<^re  latitude  nord ,  an  nord-oiiest  de  I'entree 
<lu  Prince-Regent. 

Nous  devons  encore  a  ce  memorable  vova<re  une  riche 
collection  d'observations  sur  les  phenonienes  magne- 
tiques,  sur  la  composition  du  sol  ,  et  sur  les  productions 
vegetales  dos  con  trees  polaires. 

La  commission  centrale,  en  consideration  du  service 
que  celte  expedition  a  rendu  aux  sciences  geographi- 
ques,  et  regrettant  toutefois  de  n'avoir  pas  eu  a  sa  dis- 
position les  iiiateriaux  qui  en  auraient  pu  laire  appre- 
cier  toute  liniportance,  a  decide  quune  mepaille  d'or 
serait  decernee  en  seance  publique  au  capitaine  John 
Ross,  de  la  marine  royale  d'Angieterre.  Ses  braves  coni- 
pagnons  de  voyage,  et  notamuient  le  Commattfler  Ross 
son  neveu,  ont  pris  part  a  ses  fatigues,  a  ses  perils,  a 
ses  heroiques  soullrances.Ils  UK'ritentde  s'associer  a  sa 
gloire  et  de  partager  notre  reconnaissance. 

L'cxpedition  qui  nous  a  paru  nieriter  ensuite  d'etre 
citee  !e  plus  honorablement,  est  le  voyage  fait  dans 
I'ocean  antarctiqv.e  par  le  capitaine  Biscoe,  aussi  de  la 
marine  d'Angieterre.  Apres  les  decouvertes  du  capitaine 
C^ook  en  1772,  de  I'Anglais  G.  Smith  et  du  capitnine 
russe  Beiinghausen  en  1819,  du  capitaine  Weddell  en 
r822  et  du  capitaine  Forbes  en  1829,  il  n"y  avait  phu 
lieu  de  croire  a  1  existence  d  un  continent  austral;  ce- 
pendant ,  a  la  premiere  annonce  du  resullat  du   voyage 


(  2S3  ) 
du  capitaine  Biscoe  en  i8i3<)  et  i83i,  il  fiit  encoro 
question  des  grandes  terres  australes ,  ettacees  de[)uis 
long-temps  cie  la  carte  du  globe.  Toutetois,  en  redui- 
sant  a  leur  valeur  les  nouvelles  observations,  il  est  juste 
de  reconnaitre  que  le  capitaine  Biscoe  a  beaucoup 
ajoute  a  nos  connaissances  sur  la  mer  polaire  australe 
en  faisant  connaitre  I'existence  des  terres  de  Graham  et 
d'Enderby,  et  en  determinant  avec  exactitude  Icur  po- 
sition geographique;  decouvertes  qui  ont  deja  ete  ap- 
preciees  par  la  societe  geographique  de  Lonc'res,  ainsi 
que  par  un  de  nos  plus  savans  navigateurs  trancais. 
Aussi,  quoique  M.  Biscoe  ne  se  soit  pas  approche  du 
pole  autant  que  le  capitaine  Weddell  et  qu'il  n  ait  pas 
depasse  de  beaucoup  le  point  extreme  de  la  navigation 
du  capitaine  russe,  comme  il  a  determine  des  terres  qui 
leur  avaient  echappe,  la  conmiission  a  decerne  a  M.  le 
capitaine  John  Biscoe  une  mention  tres  honorable. 

Unedes  explorations  con  tinentales  qui  ont  Tixeensuite 
I'altention  de  la  commission  ,  est  celle  de  Victor  Ja(que- 
mont  en  Asie.  Nous  aurions  vivement  desire  de  posse- 
der  les  resullats  scientifiques  du  voyage  de  noire  infor« 
tune  compatriote,  en  iHSo  et  i8^i,  dans  le  ll.iut-Indos- 
tan,  le  Thibet,  le  Peridjab  et  le  royaume  de  Ivachemire. 
Mais  il  n'a  paru  encore  que  sa  correspondance,  et  nous 
ignorons  s'il  existe  des  observations  et  materiaux  geo- 
graphiques  suffisans  pour  fixer  la  position  des  points 
jusqu  ici  imparFaitement  connus.  II  nest  pas  douteux 
qu'avec  le  credit  dont  i!  jouissait  dans  le  Pendjab,  et 
les  Tares  qualites  qui  le  distinguaient ,  il  eut  reussi  a 
franchir  plusieurs  parlies  inconnues  du  llaut-Himalaya, 
et  nous  devons  deplorer  la  perte  d'un  voyageur  si  ha- 
bile, enleve  a  la  science  a  la  fleur  de  1  age.   En  conse- 


(  254  ) 

quence,  la  commission  a  decide  que  le  voyage  de  Victor 
Jacquemont  serait  cite  avec  distinction. 

Plus  heureux,  M.  Dessalines  dOrbigny  revientapres 
huit  ans  d  absence,  charge  dune  abondante  moisson  de 
decouvertes  et  de  docuniens  nouveaux,  recueillis  dans 
des  pays  qui  fixent  depuis  long-temps  les  regards  des 
geographes.  Personne  n'avait  encore  apporte  des  obser- 
vations aussi  precises  sur  la  Patagonie  et  la  race  remar- 
quable  qui  I'habite;  M.  d'Orbigny  la  explore  avec  fruit. 
Plus  tard,  il  en  a  faitautant  des  provinces  de  Chiquitos 
et  de  Moxos.  De  ce  dernier  pays,  il  a  gravi  et  franchi 
plusieurs  fois  la  pente  orienlale  des  oordillieres;  il  a  vi- 
sile, decrit  et  figure  le  grand  plateau  central;  explore 
lefameux  lac  deTiticaca;  dessine  les  temples  eleves  dans 
les  lies  ,  et  d'autres  monuniens  dune  antique  civilisation 
peruvienne,  a  peine  connus  des  historiens,  et  qui  n'a- 
vaient  pas  encore  ete  figures;  reuni  60  vocabulaires ; 
recueilli  des  manuscrits  espagnols  du  temps  de  la  con- 
quete,  de  nomhreux  objets  d'art  et  d'economie  domes- 
tique  des  natifs,  formant  une  veritable  collection  ethno- 
graphique  des  anciens  indigenes,  eclairee  par  les  usages 
subsistans  des  habitans  actuels  du  Haut  Perou;  note 
la  hauteur  des  lieux,  et  enfin  rapporte  une  longue  serie 
de  reconnaissances  ,  de  details  topographiques  et  d'iti- 
neraires  suivis,  qui,  appuyes  sur  les  points  de  la  cote 
connus  avec  exactitude,  ferontles  materiaux  dune  carte 
embrassant  27  provinceset  presque  entierement  neuve, 
surtout  poui'  les  pays  des  Moxos  et  des  Chiquitos.  Un 
resultat  geographique  assez  saillantserala  determination 
de  pres  de  80  rivieres,  h  rectification  totale  du  cours 
de  plusieurs  d'entre  elles  etie  redressement  de  plusieurs 
erreurs  graves  qui  deparent  nos  cartes  les  plus  recentes, 
La  surface  des  pays  que  M.  d'Orbigny  a  parcourus  et 


(  255  ) 
explores  avec  line  Constance  infatigable,  est  plus  que 
double  decellede  la  Fiance  et  leuretendue  en  longueur, 
de  plus  de  32  degres  de  latitude:  dans  ce  vaste  espace, 
il  est  peu  de  points  d  ou  il  n'ait  rapporle  quelque  fait 
nouveau  soil  en  geographic,  soit  en  liistoire  naturelle. 
Mais  conuue  c'est  en  i832  qu'il  a  fait  ses  principales 
decouvertes,  la  commission  reserve  tons  ses  droits 
pour  I'anne'e  prochaine.  En  attendant,  la  commission 
a  decide  que  le  voyage  de  M.  d'Orbigny  serait  cite  avec 
distinction. 

A  I'egard  du  dernier  voyage  fait  dans  I'interieur  de 
la  Guyane  par  M.  Leprieur,  aceompagne  de  M.  Adam 
de  Bauve,  avec  le  but  de  remonter  lOyapock,  et  de  sc 
porter  aux  sources  du  Maroni  ,  conune  c'est  apres  i83it 
que  M.  Leprieur  a  atteint  les  sources  de  lOyapock,  el 
en  a  determine  la  position  ,  la  commission  reserve  aussi 
ses  droits,  et  elle  le  felicite  ici  de  son  zele,  de  ses  loua- 
bles  efforts,  et  de  ses  premiers  succes.  On  lira  tout-a- 
riieure  un  exlrait  de  sa  relation. 
3i  mars  i8'?4. 

d'Avezac.  Roux. 

J.  d'Urville,  JoMABn,  rapporteur: 

J.-B.  Eyries. 

RAPPORT 

Sur  tin  Memoire  relntif  au  nivellement  dune  partie 
du  cours  de  la  riviere  de  la  f'esle. 

Messieurs , 

Vous  avez  nonmie  une  commission  ,   composee  de 

MM.   Dumont    d'Urville,  Daussy  et   moi  ,    pour  vous. 

rendrecompte  dun  Memoire  adresse  a  la  Societe  pour 

le  concours  ouvert  sur  le  nivellement  hydrographique 


(  256  ) 

tie  la  France ;  cette  commission  m'a  charge  de  vous  faire 
le  rapport  suivant.  Le  Memoire  soumis  a  notre  examen 
offre  le  nivellement  geometrique  de  la  partie  du  cours 
de  la  riviere  de  la  Vesle  comprise  en  Ire  Reims  et  son 
embouchure  dans  I'Aisne  ;  il  porte  pour  epigraphe  :  «  La 
«  Riviere  de  la  Vesle,  pour  etre  utile  a  la  prosperite  de 
•  ['Industrie  manut'acturiere  et  coinmerciale  de  la  ville 
■  de  Reims,  a  besoin  d  etre  canalisee.  » 

L'auteur  de  ce  Memoire  expose  que  le  projet  d  eta- 
hlir  la  navigation  dans  la  riviere  de  la  Vesle,  depuis 
Reims  jusqu'a  I'Aisne,  fut  concu  sous  Henri  III;  que, 
repris  sous  le  regne  de  Henri  IV,  il  recut  un  commen- 
cement d'execution  dont  il  existe  encore  de  nos  jours 
des  traces  pres  de  la  petite  ville  de  Braisne. 

A  diverses  epoques  du  siecle  dernier  cette  idee  fut 
reproduite  par  des  particuiiers,  mais  toujours  infruc- 
tueusement. 

En  i8o3,  la  jonction  navigable  de  Reims  a  I'Aisne 
tixa  de  nouveau  I'attention  du  gouvernement;  mais  sa 
bienveillance  pour  une  entreprise  aussi  utile  a  une  de 
nos  principales  villes  manufacturieres  ne  tut  que  pas- 


sagere. 


L'auteur  indique  ensuite  tous  les  avantages  qui  re- 
sulteraient  de  I'etablissement  de  ce  canal,  tant  sous  le 
rapport  de  1  industrie  manulacturiere  en  grande  activite 
sur  tout  le  cours  de  la  Vesle,  et  principalemeni  dans  la 
ville  de  Reims  et  ses  environs,  que  par  le  changement 
favorable  que  son  ouverture  produirait  dans  une  vallee 
mare'cageuse  en  quclques  points,  dont  il  assainirait  les 
terrains,  augmenterait  leur  valeur  et  en  transporterait 
les  riches  produits. 

Get  expose  succinct  niontre  sufBsamment  dans  quel 
but  ce  nivellement  a  ete  entrepris  :  son  execution  nous 


(  2^7  ) 
parait  avoir  rempli  completement,  sous  le  rapport  clir 
I'exactitude,  I'objet  quel'auteur  avail  en  vue.  L'instru- 
ment  dont  il  a  fait  usage  est  un  niveau  a  bulle  d'air  de 
Lenoir,  dont  la  bonne  conslruclion  a  perrnis  d'obtenir 
des  rayons  de  200  a  3oo  metres  de  longueur,  ce  qui 
donne  i  5o  metres  pour  le  coup  de  niveau  avant ,  et  pa- 
reille  distance  pour  le  coup  de  niveau  arriere.  II  parait 
neanmoins  que,  dans  certains  cas ,  ces  rayons  out  pu 
etre  prolonges  sans  inconvenient  avec  le  meme  instru- 
ment, puisque  dans  ce  nivellemcnt  nous  trouvons  de» 
piquets  qui  sont  espaces  de  35o  a  400  metres  ,  et  que 
les  deux  derniers  le  sont  meme  de  1,200  metres;  I'au- 
teur  ne  dit  pas  que,  dans  ces  cas  particuliers,  il  ait  fait 
usage  dun  autre  instrument. 

Le  cours  de  la  Vesle  offre  un  developpement  de 
5o,ooo  metres  depuis  Reims  jusqu'a  I'Aisne. 

Le  nombre  des  piquets  du  nivellement  est  de  162  : 
leurs  distances  reciproques  ont  ete  chainees  avec  soin 
et  presque  regulierement  fixees  a  3oo  metres.  Sur  ces 
162  reperes  de  cotes  de  nivellement,  on  en  compte  17 
qui  peuvent  servir,  soit  a  la  verification  de  cette  ope- 
ration si  cela  devenait  necessaire,  soit  a  faire  entrer  ce 
nivellement  isole  dans  le  systeme  general  du  nivelle- 
ment de  la  France.  Ces  reperes  sont  etablis  I'un  a  I'em- 
bouchure  de  la  Vesle,  un  autre  au  pont  de  Fisnies,  et 
les  quinze  autres  aux  moulins  qui  sont  places  sur  le 
cours  de  cette  riviere. 

L'ensemble  de  I'operation  est  presente  dans  trois  ta- 
bleaux : 

Le  premier  offre  la  pente  de  chaque  biez  des  mou- 
lins de  la  riviere  de  la  Vesle  ,  depuis  Reims  jusqu'a  son 
emboucbure  dans  I'Aisne  pres  de  Cond*^-;  la  pente  to- 
tale  des  biez  est  de  17  metres,  646. 


(  258  ) 

Le  deuxieme  doiine  le  deveioppenienl  de  cette  m^me 
portion  de  la  vallee  de  la  Vesle  (  developpement  que 
nous  avons  dit  etre  de  5o,ooo  metres  ),  avec  la  longueur 
des  biez  des  nioulins  et  la  hauteur  des  chutes  d'eau  :  la 
iiatiteur  totale  de  ces  chutes  est  de  i8  metres,o8i. 

Le  troisieme  tableau  renfernie  I'indication  des  or- 
donnees  de  chaque  piquet  du  nivellement  en  long  de 
la  riviere  de  la  Vesle,  sur  le  meme  developpement  de 
5o,ooo  metres. 

II  resulte  de  ce  nivellement  que  le  niveau  des  eaux 
de  la  Vesle,  pris  aux  ponts  de  Reims,  est  eleve,  au- 
dessus  de  rembouchure  de  cette  riviere,  de  35  met., 727, 

Ce  chiffre  represente  la  reunion  des  chutes  des  niou- 
lins avec  la  pente  totale  des  biez  dont  les  valeurs  sont 
inentionnees  ci-dessus.  On  trouve  egalement  que  la 
pente  moyenne  par  metre  des  eaux  de  la  Vesle,  depuis 
Reims  jusqu'a  I'Aisne,  est  de  o  met.,  00071. 

Enfin  ,  le  Memoireest  acconipagne  du  profil  graphi- 
qm;  du  terrain  et  de  la  riviere;  lequel  profil  est  dresse 
a  I'echelle  du  5oo,ooo  ""e  pour  les  longueurs,  et  a  celle 
du  5,000  "'*  pour  les  hauteurs. 

Ce  travail  reunit  loutes  les  conditions  demandees  dans 
le  concours  :  I'etendue  du  nivellement  depasse  la  limite 
du  minimum  que  Ion  a  cru  devoir  fixer  dans  le  pro- 
gramme; les  moyens  d'execution  sont  indiques  suffi- 
samment,  et  les  resultals  offrent  le  caractere  de  I'exac- 
titude  qu'impose  ce  genre  de  determination. 

D'apres  ces  considerations  ,  votre  commission  ,  mes- 
sieurs ,  a  I'honneiir  de  vous  proposer  de  decerner  a 
I'auteur  du  Memoire  une  medaille  d'or  de  la  valeur  de 

cent  francs. 

Lc  7  mars  i  834. 

P.  Daussy,    d'Urville. 
CoRABOEUF,  rapporteur ; 


PROGRAMME  DES  PRIX. 


I.  PRIX  ANNUEL 

POUR  LA  DECOUVERTE  I.A  PLUS  IMPORTANTE. 

Medaille  iTor  de  la  ualeur  dc  i, ooo  francs. 

La  So'ciete  de  Geographic  offre  une  medaille  d'or  de 
la  valeur  de  mille  francs  au  voyageur  qui  aura  fait,  en 
geographic,  pendani  le  cours  de  lannee  i832,  \i\decoii- 
verte  jugee  la  plus  importante  parmi  celles  dont  la  So- 
ciete  aura  eu  connaissance;  il  recevra ,  en  outre,  le  litre 
de  Correspondant  perpetuel ,  s'il  est  etranger,  ou  celui 
de  Membre,  s'il  est  Francais,  etil  jouira  de  tous  les  avan- 
tages  qui  sont  attaches  a  ces  litres. 

A  defaut  de  decouvertede  cctte  espece,  une  medaille 
d'or  du  prix  de  cinq  cenls  francs  sera  decernee  au 
voyageur  qui  aura  adresse  pendant  le  meme  temps  a  la 
Societe  les  notions  ou  les  communications  les  plus  neuves 
et  les  plus  utiles  aux  progres  de  la  science.  II  sera  porte 
de  droit,  s'il  est  etranger,  sur  la  liste  des  candidats  pour 
la  place  de  correspondant. 


II.   PRIX  FONDE 

PAR     S.    A.     R.     I.E    DUC    DORLEANS. 

Medaille  dor  de  la  valeur  de  2,000  francs. 

S.  A.  R.  le  due  d'Orleans  offre  un  prix  de  deux  mille 
francs  au  navigateur  ou  au   voyageur  dont   les  travaux 


(  26o  ) 

gcographiques  uuiont  procure,  dans  le  cours  de  i834 
ft  i835,  la  decouverte  la  plus  utile  a  I'agriculture ,  a 
I'industrie  ou  a  riuimanite.  S.  A.  ayant  bien  vouiu  char- 
ger la  Sociele  de  geographic  de  decerner  ce  prix,  la 
Societe  s'attachera  de  preference  aux  voyages  accom- 
pagnes  d  itiiieraires  exacts  ou  d'ohservations  geographi- 
ques. 


III.   PRIX  D'ENCOURAGEMENT 

POUR     I,F.S     DECODVERTES     E\     AFRIQUE. 

Vo)agc  aux  lieux  conniis  sous  le  noin  de  Marawi. 
Medaille  d'or  de  la  valeur  de  2,5oo/r.  (i) 

La  Societe  offre  une  soniine  de  deux  mille  francs,  et 
un  anonynie  celle  de  cinq  cents  francs  pour  scrvir  a 
fonder  un  prix  d'encouragement  en  faveur  du  premier 
voyageur  qui  sera  parvenu  jusqu'au  lieu  designe  sur  les 
cartes  d'Afrique  sous  le  noin  de  Marawi ^  et  qu'on  croit 
tiitue  vers  leSa"  degre  de  longitude  orienlale,  et  vers  le 
lo"  parallelc  sud.  II  s'elforcera  de  reconnaitre  quelque 
parlie  du  cours  du  fleuve  appele  LoJJih,  qui,  dit-on  , 
coule  vers  ce  parallele,  et  descend,  dans  la  direction 
S.-E. ,  du  revers  de  la  grande  chaine  transversale  d'ou 
sort  le  Nil  Blanc.  II  recherchera  s'il  existe  quelque 
communication  entre  le  Loffih  et  les  eaux  courantes 
ou  sta<rnanles  desijjnees  sur  les  cartes  sous  le  noni  de 
Marawi. 

On  desire  que  le  voyageur  fixe  d'unemaniere  certaine 
la  position    des   lieux  qu'il  aura  visiles,  el   qu'il  doniie 

i)  Voy.  page  a68. 


(  -^6 1  } 

une relation  de  son  voyjige,  et  les  niateriaux  d  uiie  carJe 
exacte  sur  laquelle  sera  trace  son  itineraire;  cju'il  decrive 
autant  que  possible  le  cliniat,  les  montagnes,  les  acci- 
dens  du  sol,  en  un  mot,  la  geographic  physique  des 
con  trees  qu'il  aura  parcourues  ,  et  qu  il  recueilie  des 
renseignemens  sur  les  montagnes  et  les  contrees  envi- 
ronnantes. 

11  observera  la  population  ,  les  nioeurs  et  les  usages 
des  hahitans ,  les  principales  especes  d'animaux  et  pro- 
ductions du  pays  ,•  enfin  i!  essaiera  de  former  des  voca- 
bulaires  des  differentes  nations. 


IV.     PRIX     UENCOURAGEMENT     POUR     UN    VOYAGE    DE    DK- 
COUVERTES    DANS    LINTERIEUR    DE     LA    GUYANE. 

MedatUe  dor  de  la  valeur  de  y ^noo Jr'ancs. 

Reconnaitre  les  parties  inconnues  de  la  Guyane  fran- 
caise,  determiner  la  position  des  sources  du  fleuve 
Maroni,  et  etendre  ces  lecherches  aussi  loin  qu'iI  sera 
possible,  a  I'ouest,  dans  la  direction  du  deuxien.e  paral- 
lele  de  latitude  nord  ,  et  en  suivant  la  ligne  de  partage 
des  eaux  entre  les  Guyanes  et  le  Bresil. 

Le  voyageur  fixera  les  positions  geographiques  et  le 
niveau  des  principaux  points,  d  apres  les  nieilleures  me- 
thodes ,  et  rapportera  les  elemens  d'une  carte  neuve  el 
exacte. 

La  Sociele  desire  qu'il  puisse  recueillir  des  vocabu- 
laires  chez  les  diverses  peuplades, 

Le  prix  sera  decerne  dans  la  premiere  asserablee  ge- 
nerate de  I'an  i835. 

La  relation  devra  etre  deposee  au  bureau  de  la  Com- 
mission centrale  au  plus  tard  le  3i  decembre   i834- 


(    262    ) 

V.    HISTOIRE    MATHBMATIQUE   ET    CHITIQUB  DES   MESURES 

U£    DEGRES. 

Medaille  (Tor  de  la  valeitr  de  600  francs. 

Tracer  I'histoire  mathematique  et  critique  de  toutes 
les  operations  qui  ont  ete  executees  depuis  la  renais- 
sance deslettres  en  Europe  pour  mesurer  des  degres  des 
meridiens  terrestres  et  des  degres  de  paralleles  a  I'e- 
quateur. 

Presenter  les  resultats  de  ces  operations  de  nianiere 
a  faire  connaitre  les  liniites  des  erreurs  ou  des  incerti- 
tudes dont  ils  pourraient  etre  affectes. 

Deduire  les  consequences  qui  derivent  de  ces  resul- 
tats, relativenient  a  la  determination  de  la  figure  du 
globe  terrestre,  et  a  la  valeur  precise  des  mesures  itine- 
raires  geographiques  les  plus  usitees  pour  la  construc- 
tion des  cartes. 

Ce  prix  sera  decerne  dans  la  premiere  assemblee  ge- 
nerale  de  i835. 

Les  memoires  devront  etre  deposes  au  bureau  de  la 
Commission  cenlrale  au  plus  tard  le  3i  decembre  i834- 


VI.     ANTIQUITES    AMERICAINES. 

Medaille  d'or  de  la  valeur  de  1  ^^00  francs. 

La  Societe  offre  une  medaille  d'or  de  la  valeur  de 
2,400  fr.  a  celui  qui  aura  le  mieux  rempli  les  conditions 
suivantes  : 

On  demande  une  description  ,  plus  complete  et  plus 
exacte  que  celles  qu'on  possede,  des  ruines  de  I'ancienne 
cite  de  Palenque,  situees  au  N.-O.  du  village  de  Santo- 


(   a63  ) 

Domingo  Palenque,  pres  la  riviere  du  Blicol ,  dans  I'Etat 
de  Chiapa  de  lancien  royaume  de  Guaiimala  et  desi- 
gnees sous  le  iioni  de  Casas  de  Piedras  dans  le  rapport 
du  capilaine  Antonio  del  Rio  ,  adresse  au  roi  d'Espagne 
en  178^  (i).  L'auteur  donnera  les  vues  pittoresques  des 
monuniens  avee  les  plans,  les  coupes  et  les  principaux 
details  des  sculptures.  (2) 

Les  rapports  qui  paraissent  exister  entre  ces  nionu- 
mens  et  plusieurs  autres  de  Guatinjala  et  du  Yucatan 
font  desirer  que  l'auteur  examine  ,  s'il  est  possible,  I'an- 
tique  Ulallan,  pres  de  Santa-Cruz  del  Quiche,  province 
de  Solola  (3),  Tancienne  t'orteresse  de  Mixco  et  plusieurs 
autres  semblables,  les  mines  de  Copin ,  dans  I'Etat 
d'Honduras  (4),  celles  de  I'llePeten,  dans  la  la  'una  de 
Itza  ,  sur  les  limites  de  Chiapa  ,  Yucatan  et  Verapaz;  les 
anciens  balimens  places  dans  le  Yucatan  et  a  vingtJieues 
au  sud  de  Merida  ,  entre  Mora-y-Ticul  et  la  ville  de  No- 
cacab  (5) ;  enfin ,  les  edifices  du  voisinage  de  la  ville  de 
Mani,  pres  de  la  riviere  Lagartos.  (6) 

(1)  Foy.  Description  of  the  ruins  of  nn  ancient  city  discovered 
near  Palenque,  in  the  kingdom  of  Guatemala,  in  Spanish  America; 
translated  from  the  original  manuscript  report  of  captain  don  Anto- 
nio del  Rio.  London  ,  1822  ,  in-4°. 

(2)  II  est  a  desirer  qu'il  soil  fait  des  fouilles  pour  connaitre  la  des- 
tination de  galeries  souterraines  pratiquees  sous  les  edifices,  et  pour 
constater  I'existence  des  aqueducs  soutei-rains. 

(3)  La  caverne  de  Tibulca ,  pr^s  de  Copan ,  est  soutenue  par  des 
colonnes. 

(4)  On  compare  les  restes  d'Utatlan,  pour  leur  masse  et  leur  gran- 
deur, a  tout  ce  que  le  plateau  de  Couzco  et  le  Mexique  offrent  de 
plus  grand,  et  Ton  preteud  que  le  palais  du  roi  a  728  pas  g^ome- 
triques  sur  SyC. 

(r>)  L'un  de  ces  bitimer.s  a  ,  dit-on  ,  600  pieds  de  face. 
(6)  Ces  derniers  etaient  encore  habites  par  un  prince  iudien  .i  I'e- 
poque  de  la  conqudte. 


(  264  ) 
On  recherchera  les  bas-reliefs  qui  represententrado- 
ration  d  une  croix  ,  tel  que  celui  qui  est  grave  dans  I'ou- 
vrage  fait  d'apres  del  Rio. 

11  importerait  de  reconnaitrel'analogiequiregne  entre 
ces  divers  edifices,  regardes  comme  les  ouvrages  d  un 
nienie  art  et  dun  meme  peuple. 

Sous  Ic  rapport  geographique ,  la  Societe  demande 
surtoul  :  i"  des  cartes  particulieres  des  cantons  ou  ces 
ruines  sont  situees,  accompagnees  de  plans  topographi- 
ques  :  ces  cartes  doivent  etre  construites  d'apres  des 
nietho(ies  exactes;  2°  la  hauteur  absolue  des  principaux 
points  au-dessus  de  la  mer;  3°  des  remarques  sur  I'etat 
physique  et  les  productions  du  pays. 

La  Societe  demande  aussi  des  recherches  sur  les  tia- 
ditions  relatives  a  I'ancien  peuple  auquel  est  attrihuee 
la  construction  de  ces  monumens  ,  avec  des  observa- 
tions sur  les  moeurs  et  les  coutumes  des  indigenes,  et 
des  vocabulaires  des  anciens  idiomes.  On  examinera  spe- 
cialement  ce  que  rapportent  les  traditions  du  pays  sur 
I'ase  de  ces  edifices ,  et  Ion  recherchera  s'il  est  bien 
prouve  que  les  figures  dessinees  avec  une  cerlaine  cor- 
rection sont  anlerieures  a  la  conquete. 

Enfin  I'auteur  recucillera  tout  ce  qu'oii  sait  sur  le 
Votan  ou  Wodan  des  Chiapanais,  personnage  compare 
a  Odin  et  a  Boudda. 

Ce  prix  sera  decerne  dans  la  premiere  assend^lee  gene- 
rale  de  1 836. 

Les  memoires,  cartes  etdessins  devront  etre  deposes 
au  bureau  de  la  Commission  centrale,  au  plus  tard  le 
3 1  decembre  i835. 


(  265  ) 


GEOGRAPHIE  DE  LA  FRANCE. 

PRIX  ANNVELS. 


VII,    VIII.     DESCRIPTION   niYSIQUE   d'oNE   PARTIE  QUEL- 
CONQUE    DU    TERRITOIRE    FRANCAIS. 

Medaille  cTor  de  la  valeur  de  ^oo  francs  et  une  autre  de 
la  valeur  de  ^oo  francs. 

La  Societe  met  au  concours  le  sujet  de  prix  suivant  : 

«  Description  physique  dune  partie  quelconque  du 
«  territoire  francais,  formant  une  region  naturelle.» 

La  Societe  indique  ,  comnie  exemples  ,  les  regions 
suivantes  :  les  Cevennes  proprenient  dites,  les  Vosges, 
les  Corbieres,  le  Morvan ,  les  bassins  de  I'Adour,  de  la 
Charente,  du  Cher,  du  Tarn,ie  Delta  du  Rhone,  la  cote- 
basse  entre  les  Sables-d'OIonne  et  Marennes,  la  Solo- 
gne,  enfin  toute  contree  de  la  France  distingue'e  par  iin 
caractere  physique  particulier. 

Les  rapports  physiques  et  moraux  de  Ihoinme  ,  lors- 
qu'ils  donnent  lieu  a  des  observations  nouvelles,  doi- 
vent  etre  rattaches  a  la  description  de  la  region. 

Les  memoires  doivent  etre  accompagnes  d'une  carte 
qui  indique  les  hauteurs  trigonometriques  ou  barome- 
triques  des  points  principaux  des  montagnes  ,  ainsi  que 
la  pente  et  la  vitesse  des  principales  rivieres  ,  et  les  li- 
mites  de  diverses  vesfetations. 

Les  memoires  devront  etre  remis  au  bureau  de  la 
Commission  centrale,  au  plus  tard  le  3r  decembre  i834. 

IX-XVIII.    NIVELLEMENT    DES    FLEUVES    ET    DES   RIVIERES 

DE    FRANCE. 

Dix  medailles  d^or  de  la  valeur  de  loo  francs  cJiacune. 

La  Societe  offre  une  medaille  d'or  d'encouragement  a 
celui  qui  aura  procure  le  nivellenicnt  geonietrique  dune 

'.9 


(  266  ) 

parlie  notable  du  cours  des  fleuves  etdes  principales  ri- 
vieres de  la  France. 

La  Societe  n'admettra  pas  au  concours  les  copies  des 
nivellemens  deja  deposes  dans  les  archives  des  ponts- 
et-chaussees  et  des  aulres  administrations  publiques. 

Dix  niedailles  seront  consacrees  chaque  annee  a  cette 
destination,  et  seront  decerneesdans  hi  premiere asseni- 
blee  generale.  Le  minimum  del'espace  a  niveler  est  fixe  a 
dix  lieues  devingt-cinq  au  degre. 

Chaque  medaille  sera  de  la  valeur  de  lOo  francs. 

Les  memoires  et  profils,accompagnes  des  cotes  et  des 
elemens  des  calculs  ,  devront  etre  deposes  au  bureau  de 
la  Commission  centrale,  au  plus  tard  le  3 1  decembre  1 834- 

XIX,    XX.    NIVELLEMENS    BAROMETRIQDES. 

Deux  niedailles  (Tor  de  la  valeur  de  i  oo  francs  chacune. 

Deux  medailles  d'encouragement  sont  offertes  aux 
auteurs  des  nivellemens  barometriques  les  plus  etendus 
et  les  plus  exacts,  faits  sur  les  lignes  de  partage  des 
eaux  des  grands  bassins  de  la  France. 

Ces  medailles,  de  la  valeur  de  loo  francs  chacune, 
seront  decernees  dans  la  premiere  asseniblee  generale 
annuelle  de  i835. 

Les  memoires  et  profils,accompagnes  des  cotes  etdes 
elemens  des  calculs,  devront  etre  deposes  au  bureau  de 
la  Commission  centrale,  au  plus  tard  le  3 1  decembre  i834. 

Les  fonds  de  ces  deux  niedailles  sont  faits  par  M.  Peb- 
ROT  ,  membrede  la  Societe. 


Total  ,  viNGT  PRIX  de  la  valeur  de  dix-sept  .mille 
NEUF  CENTS  FRANCS ,  indcpendammeut  des  souscriptions 
qui  sont  ouverles  au  bureau  de  la  Societe  ( rue  de  I'Uni- 
versite,  n"  ^3)  et  chez  le  tresorier  (rue  de  Seine,  n°  6), 
pour  les  decouveiies  en  Jfrique  {vuy.  page  4)» 


(  267  ) 

CONDITIONS  GENERALES  DES  CONCOURS. 

La  Societe  desire  que  les  memoires  soient  ecrits  en 
francais  ou  en  lalin  ^  cependant  elle  laisse  aux  concur- 
rens  la  facnlte  d'ecrire  leurs  ouvrages  en  anglais,  en 
ilalien  ,  en  espagnol  ou  en  portugais. 

Tons  les  memoires  envoyes  auconcours  doiventetre 
ecrits  dune  maniere  lisible. 

L'auteur  ne  doit  point  se  nommer,  ni  sur  le  litre,  ni 
dans  le  corps  de  I'ouvrage. 

Tous  ies  memoires  doivent  etre  accompagnes  d'une 
devise  et  dun  billet  cachete ,  sur  lequel  cette  devise  se 
irouvera  repete'e ,  et  qui  contiendra,  dans  linterieur,  le 
nom  de  l'auteur  et  son  adresse. 

Les  memoires  resteront  deposes  dans  les  archives  de  la 
Societe,  mais  il  sera  lihre  aux  auteurs  den  Jaire  tirer  des 
copies. 

Chaque  personne  qui  deposera  un  memoire  pour  le 
Goncours  est  invitee  a  retirer  un  recepisse. 

Tous  les  membres  de  la  Societe  peuvent  concourir, 
excepte  ceux  qui  sent  membres  de  la  Commission  cen- 
tral9. 

Tout  ce  qui  est  adresse  a  la  Societe  doit  etre  envoye 
franc  de  port ,  et  sous  le  convert  de  M.  le  president,  a 
Paris,  rue  de  lUniversite,  n"  2  3. 

Paris,  le  4  avril  i834. 


(  268  ) 


PROCES-VERBAUX  DES  SEANCES. 


Assemblee  generate  du  t\  avril  i834- 

La  Societe  de  Geographic  a  tenu  sa  premiere  assem- 
ble'e  generale  pour  I'annee  i834,  le  vendredi  4  «ivril , 
dans  una  des  salles  de  I'Hotel-de-Ville.  M.  Jomard  ,  I'uii 
des  vice-presidens,  ouvre  la  seance  en  I'absence  de 
M.  le  due  Decazes. 

M.  de  Larenaudiere  ,  secretaire  de  la  Societe  ,  donne 
lecture  du  proces-verbal  de  la  derniere  seance  generale; 
la  redaction  en  est  adoptee. 

M.  le  secretaire  communique  la  liste  des  divers  ou- 
vrages  deposes  sur  le  bureau  et  offerts  a  la  Societe. 
(Voir  p.  273.) 

M.  Jomard  communique  aussi  les  cartes  manuscrites 
du  voyage  de  M.  Leprieur,  dans  I'interieur  de  la  Guyana ;, 
una  nouvelle  carte  du  Groenland,  renfermant  les  de- 
couvertes  du  capitaine  Graah ,  avec  partie  de  I'lslande 
et  de  la  cote  orientale  d  Amerique,  et  le  dessin  dun 
bateau  Groenlandais  conduit  par  des  femmes;  il  presante 
I'introduction  du  voyage  du  capitaine  Graah,  et  ses  in- 
structions traduites  par  M.  de  La  Roquette ,  consul  a 
Elseneur  et  membra  de  la  Societe. 

L'assemblee  vote  des  remercimens  aux  auteurs ,  et  or- 
donne  le  depot  de  leurs  ouvrages  dans  la  bibliotheque 
de  la  Societe. 

M.  le  president  proclame  les  noms  des  candidats  pre- 
sentes  pour  etre  admis  dans  la  Societe.  (Voir  p.  273.) 
M.  le  colonel  Coraboeuf ,  au  nom  d'une  commission 


(  269) 
speciale,  composee  de  MM.  Coraboeuf,  Daussy  et  d'Ur- 
ville,  fait  un  rapport  sur  le  concours  relatif  a  I'hydro- 
wraphie  des  rivieres  de  la  France.  L'assemblee  adopte 
les  conclusions  de  ce  rapport,  et  decerni;  une  medaille 
d'or  de  la  valeur  de  cent  francs  a  M.  Maic  Jodot,  ar- 
cliilecie  -  ini^enieur,  pour  son  Memoire  sur  le  nivelle- 
ment  de  la  vallee  de  la  Vesle. 

M.  Jomard,  au  nom  d'un«  comniission  speciale  desi- 
gnee pour  s'occuper  du  concours  relatif  au  prix  annuel, 
el  composee  de  MM.  d'Avezac,  d'Urville,  Eyries,  Jo- 
mard el  Roux  de  Rochelle,  presente  un  rapport  sur  la 
decouverte  la  plus  iuiportante  faite  dans  I'annee  i83i. 
La  comniission  appelle  d'abord  lattontion  de  l'assem- 
blee sur  I'expedition  maritime  du  capitaine  John  Ross 
dans  les  mers  polaires,  et  sur  celle  du  capitaine  John 
Biscoe  dans  I'Ocean  anlarcliqne.  Le  rapporteur  pass';  en- 
suile  en  revue  les  expeditions  principales  faites  a  la 
meme  epoque  dans  linterieur  des  continens  ,  notam- 
ment  les  voyages  de  MM.  Victor  Jacqueinont  dans  le 
Haut-Indostan  ,  Dessalines  d'Orbigny  dans  lAmerique 
meridionale ,  et  Leprieur  dans  rinterieur  de  la  Guyane. 
Apres  un  examen  attentif  des  documens  parvenus  en 
France  jusqu'a  ce  jour,  la  commission  place  au  premier 
rang  les  dernieres  decouvertes  du  capitaine  Ross  au 
nord  de  I'Amerique;  et ,  en  consideration  des  services 
que  cette  expedition  a  rendus  anx  sciences  geographi- 
ques,  regrettant  toutefois  de  n'avoir  pas  a  sa  di'jposition 
tous  les  materiaux  qui  en  auraient  pu  fiire  apprecier 
encore  mieux  I'importance  ,  la  commission  dc'(  erne  une 
grande  medaille  d'or  au  capitaine  John  Ross,  de  la  ma- 
rine royale  d'Angleterre ;  elle  accordeune  mention  tre? 
honorable  au  capitaine  John  Biscoe,  aussi  de  la  marine 
royale  d'Angleterre  .   pour  son   voyage  de  decouvertes 


C  270  ) 

dans  rOceanantarclique.  Enfin ,  elle  decide  que  le  voyage 
de  Victor  Jacquemont  vl  celui  de  M.  Dessalincs  d'Orbi- 
gny  seront  cites  avec  distinction.  Les  droits  de  cc  der- 
uier  sunt  reserves  pour  leconcours  de  i832. 

M.  le  president  donne  lecture  du  programme  du  prix 
fonde  par  S.  A.  11.  le  ducd'Orleans  ,  pour  erre  decorne 
par  la  Societe  an  voyageur  ou  au  navigateur  dont  les 
iravaux  geographiques  auront  procure  la  decouverte  la 
plus  utile  a  I'agriculture,  a  liiidustrie  ou  a  rhunianite. 

M.  le  president  annonce  que  la  Societe  remet  au  con- 
cours  les  deux  sujets  de  prix  relaiifs  aux  nntiqultes  ainc- 
rieaines  et  a  Vhistoire  mathematiqnc  et  critique  dcs  me- 
sures  de  di^gre^  le  premier  pour  I'annee  i83(),  le  second 
pour  I'aiinee  i835  :  il  rappelle  ensuite  le  prix  annuel 
pour  la  decouverte  la  plus  imporiante;  les  prix  pour  les 
decouverles  en  Afrique  el  dans  Tinterieur  de  la  Guyane; 
el  enfin  les  diverses  medailles  offcrtes  pour  la  geogra- 
phie  de  la  France,  et  pour  le  nivellemenl  de  ses  (leuves 
et  rivieres. 

M.  de  Larenaudi^re  lit ,  pour  M.  Leprieur.  una  notice 
sur  son  voyage  dans  I'interieur  de  la  Guyane,  et  prin- 
cipalenieiit  aux  sources  de  1  Oyapock  et  du  Jary. 

M.  Fontanier  lit  une  notice  sur  une  excursion  quil 
a  faito  cliez  les  Lesgliis,  dans  le  cours  de  son  dernier 
voyage  en  Orient :  il  donne,  sur  I'aspect  du  pays  et  sur 
les  moeurs  et  usages  des  Iiabitans,  des  details  qui  fixent 
I'attention  de  rassemblee. 

L'assend)lc'e  ecoute  aussi  avec  interet  la  lecture  d'un 
Memoire  de  M.  lloux  de  Hochelle,  sur  I'ancicnne  geo- 
graphic liistorique  dc  la  Gruce. 

La  Societe,  aux  termes  de  son  reglemcnt,  procede  au 
i-enouvellcmcnt  des  membres  de  son  bureau  pour  I'an- 


(    271     ) 

nee  i834-i835  ,  et  a  la  nominuliun  de  deux  membres  de 
la  Comrnission  centrale. 

M.  le  president  proclame  ainsl  le  resultat  du  scrulin  : 

President,  M.  le  cotnte  de  Montalivet,  pair  de  France^ 

!M.   le  baron  Walkcnaer,  nienibre 
de  rinstitut. 
M.  de  Larenaudiere. 

C   M.  le  baron  de  Ladoiicette. 
Scriitateurs  .   .   .(    M.  Isambert,  niembre  de  la  cham- 


bre  des  Deputes. 

Secretaire,  M.  Denaix,  colonel  au  corps  royal  d  etat- 
major. 

M.  Micbaux ,  voyageur- naturaliste,  et  M.  Delcros, 
ebef  d'escadron  au  corps  royal  d'etat-major,  soiit  nonv- 
Mios  membres  de  la  commission  centrale. 

La  seance  est  levee  a  dix  beures  et  demie. 

Seance  du  i8  april  i834. 

Le  proces- verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

MM.  Walckenaer  et  Michaux,  nommes  le  preiiiior 
vice-president ,  et  le  second,  membre  de  la  Commission 
ceft^rale,  dans  la  derniere  assemblee  generate ,  adres- 
sent  leurs  remercimens  a  ia  Socieie. 

La  Societe  royale  Geograpbique  de  Londres  ,  remercie 
celle  de  Paris  de  I'envoi  quelle  lui  a  fait  de  la  collection 
de  ses  Memoires  et  elle  lui  adresse  ses  propres  publica- 
tions moins  conime  un  echange  que  comme  un  temoi- 
gnage  du  desir  de  voir  continuer  des  relations  si  heu- 
reusement  commenrees.  La  Societe  de  Londres  joint  aux 
trois  premiers  volumes  de  son  journal  une  carte  dune 


(  272  ) 

partie  tie  la  Georgie,  ile  rArinenie  et  de  plusieiirs  pro- 
vinces de  la  Peise,  par  le  colonel  W.  Monteith. 

M.  le  docteur  Guyetand,  secretaire  perpeiuel  de  la  So- 
ciete  d'l'-mulation  du  Jura  ,  adresse  le  conipte  lendu  cles 
travaux  de  cette  Societe  et  le'nioigne  le  desir  de  recevoir 
en  echange,  le  Bulletin  de  la  Societe  de  Geographic.  Ac- 
corde. 

M.  le  president  communique  de  la  part  de  I'auteur 
un  extrait  de  la  relation  manuscrite  du  voyage  de  M.  de 
La  Pylaie,  en  i83o,  i83i,  i832et  i833,  dan^  les  de- 
partemens  de  rouest  de  la  France.  Get  extrait .  qui  con- 
cerne  specialement  les  villes  de  Rochefort  (du  Morbi- 
han)  et  de  Vannes,  est  renvoye  an  comite  da  l.ullctin. 

M.  Warden  communique  de  nouveaux  renseigne- 
mens  sur  la  colonic  de  Liberia;  une  note  sur  la  prison 
d'Elat  dAuburn,  ainsi  qu'une  analyse  du  Pilolc  de  la 
cote  desdeux  Ameriquespar  Edmund  Blunt. — Renvoi  au 
comite  du  bulletin. 

M.  Roux  de  Rochellc  lit  un  menioiie  sur  la  reco  nais- 
sance  des  cotes  orientales  d'Ainerique. 

A  I'occasion  du  prix  annuel ,  un  niembre  propose  de 
caracteriser  desormais  les  distinctions  acrord('es  par  la 
Societe  en  decernant  desmedailles  de  trois  ordres,  toutes 
(lu  nieme  module,  et  differant  seu'.rnient  par  le  metal 
(or,  argent  ou  bronze).  Deux  ant  res  dogres  de  distinc- 
tion existeraient  encore  dans  la  mcniion  honorable  et  la 
citation.  Cette  proposition  est  renvoyee  a  une  commis- 
sion  composee  de  MM.  le  baron  Coslaz,  dAveza  ;  et 
dUrville. 


(  -73  ) 


MEMBRES   ADMIS   DANS    LA    SOCIETE. 


Seance  generate  du  4  avril  i834. 

S.  E.  Boghos-Bey,  ministre  du  commerce  et  des  af- 
faires etrangeres  en  Egypte. 

M.  Etem-Bey,  gouverneur  de  I'Ecole  Poly  technique 
egyptienne  au  Caire. 

M.  Artyn  Effendy,  sous-directeur  de  I'Ecole  Poly- 
technique  egyptienne  au  Caire. 

M.  AuDOT,  libraire. 
M.  le  baron  Pichon. 

Seance  clii  i8  avril. 

M,  le  docteur  Alfrkd  Reumont,  d'Aix-la-Chapelle. 
M.  le  docteur  Woerl  ,  de  Fi'ibourg. 


OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 


Seance  generale  du  4  airil. 

Par  M.  le  ministre  de  la  marine :  Voyage  de  la  cor- 
vette la  Coquille.  —  Botanique,  i4,  i5  et  \&^'  livraisons. 
—  Voyage  de  la  corvette  l' Astrolabe  :  Observations  de 
physique,  broch.  in-4°.  —  Zoologie,  27,  28  et  29"=  livr., 
et  le  4°  vol.  de  texte. —  Botanique,  9"=  livraison. 

Par  I'Academie  imperiale  des  sciences  de  Saint-Peters- 
bourg :  Memoires  de  cette  acadeniie,  tome  xi  de  la  5"  se- 


(  274  ) 
lie,  et  les  livraisuns  2  a  6  des  Sciences  raathematiques, 
physiques  et  naturelles ;  les  1"  et  3"  livraisons  des  Sciences 
poHliques,  Histoire  et  Philologie  ;  les  2=  a  5=  livraisons 
(les  Menioires  des  savans  etrangers,  et  le  recueil  des  actes 
tie  la  seance  publique  de  I'Academie ,  tenue  le  29  de- 
cembre  1829. 

Par  M.  Albert-Montemont  :  Bibliotheque  universelle 
ties  voyages ,  I'j"  livr. ,  in-S"  (  Voyages  de  Krusenstern 
et  de  Kotzebue). 

Par  M.  Arthus  Bertrand  :  Voyages  en  Arable  ,  conte- 
nant  la  description  des  parties  du  Hedjaz,  regardees 
comma  sacrees  par  les  Musulmans  ;  celle  des  villes  de  la 
Mecque  et  de  Medine,  etc.,  traduits  de  I'anglais  de 
J.-L.  Burchardt,  par  M.  J.-B.  Eyries.  Tome  i  ,  in-S".  — 
Excursion  en  Grece,  pendant  I'occupation  de  I'annee 
francaise  en  Moree  dans  les  annees  1882  et  i833,  par 
M.  J.-L.  Lacour.   I  vol.  in-S". 

Par  M.  Bottin  :  Statistique  annuelle  de  Vindustrie  (Al- 
inanachdii  commerce)  /jo«/-i834.  i  vol.  in  8°. 

Seance  du  18  avril  i834. 

Par  la  Societe  royale  Geographique  de  Londres  :  Les 
3  premiers  volumes  de  son  journal,  et  une  carte  d^une 
partie  de  la  Georgie,  de  VArmcnie  et  de  plusiews  pro- 
vinces dela  Verse,  par  le  colonel  W.  Monteitb.4feuilles. 

Par  M.  Ainswoith  :  An  account  of  the  caves  oj  Bally- 
hunian^  county  of  Kerry;  with  some  mineralogical  details. 
Dublin,  1834.  I  vol.  in-S". 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annates  des  voyages,  cahier 
de  mars. 

Par  la  Societe  asiatique  :  Cahier  de  mars  de  son 
Journal. 


(  275  ) 

Par  M.  Bajot :  ^nriales  maritimeset  coloniahs,cahiers 
de  mars  et  avril. 

Par  M.  de  Moleon  :  Becueil  de  la  Societe  Poljtech- 
nique ,  cahier  de  mars. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  2 5°  et  16^  livraisons  du 
Voyage  pittoresque  aiitour  du  monde. 

Par  la  Societe  d'asriculture  d'Ans[ouleme  :  Annates 
de  cette  Societe ,  cahiers  de  Janvier  et  fevrier. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Plusieurs  numeros  du  jour- 
nal rinstitut  et  le  premier  numero  de  I'Echo  du  monde 
savant. 


MORT 

DE     RICHARD     LANDER. 

Lander  remoiitait  !e  Niger  sur  une  clialoupe,  se  ren- 
dant  a  3oo  milles  de  distance  dans  une  petite  ile  qu'il 
avail  achetee  du  roi  de  Benin,  et  ou  il  avait  ctabli  un 
comptoir.  II  etait  deja  a  loo milles,  lorsqu'une  decharge 
presque  a  bout  porlant  liree  de  derriere  un  taillis,  tua 
trois  homnies  sur  la  chaloupe,  et  en  blessa  quatre  au- 
tres.  M.  Lander  fut  un  de  ceux  qui  recurent  les  plus 
graves  blessures.  Au  nieme  moment  la  chaloupe  tou- 
chait  terre;  il  descendit  pour  sechapper,  mais  cinq  ou 
six  canots  de  guerre  se  mettant  aussitot  a  sapoursuite, 
nourrirent  pendant  cinq  ou  six  heures  un  feu  tres  vif 
contre  les  siens,  et  ne  s'arreterent  que  lorsque  la  nuit 
les  leur  eut  fait  perdre  de  vue.  M.  Lander,  qui  avait  ete 
blesse  de  nouveau,  a  declare  avant  de  mourir  qu'il  avait 
reconnu  les  cunots  pour  etre  de  Bonny,  de  Brats  et  de 
Benin;  ainsi  Ion  peut  croire  que  des  negriers  oud'autres 


(  ^76) 
Europeens  se  sont  rendus  coupables  de  cet  odieux  as- 
sassinat.  Le  parlement  d'Angleterre  a  demande  une  se- 
vere enquete  a  ce  sujet.  Tout  annonce  que  des  negriers, 
craignant  de  perdre  Ics  avantages  que  leur  infame  com- 
merce leurfaisait  trouversur  cette  cote,  ont  tue  Lander, 
homme  simple  et  genereux,  et  qui  portait  la  civilisation 
jusqu'aux  sources  du  Niger. 


AVIS. 


.La  carte  du  cours  de  I'Oyapock  et  dune  partie  de 
celui  dn  Jary,  jointc  a  la  relation  de  M.  Leprieur,  pa- 
raitra  avec  le  prochain  numero. 


BULLETIN 


1)E    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


MAI  i834. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPlPORTS. 

RELATION 

D'un  voyage  dans  Pinterieiir  de  VAfrique  septentrionale, 

Par  Hhaggy  Ebn-el-Dyn  el-Eghouathy. 

M.  William  B.  Hodgson  ,  qui  etait  attache  nu  consulat  general 
des  6tatsUnis  a  Alger  pendant  la  mission  de  M.  William  Shaler,  et 
qui  succeda  en  1828  a  ce  dernier,  dans  ses  fonctions,  profita  de  sa 
position  pour  recueillir  des  lumieres  sur  les  dialectes  berbers  de 
cette  portion  de  I'Afrique,  et  sur  I'etendue  des  contrees  ou  domine 
ce  langage.  Le  HAggy  Ebn-el-Uyn  El-Eghouathy  fut  I'un  des  infor- 
niateurs  auxquels  il  eut  recours. 

Ebn-el-Dyn,  dont  le  nom  est  arabe  et  signiiie  le  fih  de  la  Foi  est 
natifou  originaiie  de  la  ville  d'El-Eghouath  ,  d'ou  lui  est  venu  le 
surnom  d'El-Egliouathy;  et  il  a  accompli  le  h/iagg  ou  saint  pelerir.age. 
qui  lui  a  valu  le  titre  respecle  de  Hhdfjgj   ou  pelerin. 

A  la  prieredu  consul  americain  .  le  hhaggy  ecrivit  une  relation  de 
ses  voyages  et  lui  en  fit  present     elle  formait  un  caliier  de  qnafnrze 

20 


(  =^78) 

pages  in  4°.  d'une  ^crituie  qui  n'etait  ni  belle  ni  correcte,  execute* 
dans  le  caract^re  maghrebj,  c'est-a-dire  occidental  ou  africain. 

M.  Hodgson  la  traduite  en  anglais,  et  sa  version  a  ete  imprimee  a 
Londres  par  les  soins  du  Comitd  des  Traductions  orientales,  en  un  fas- 
cicule de  3a  pages  in-8° ,  qui  comprend  aussi  une  liste  des  noins  de 
lieux  et  de  tribus  mentionues  dans  la  relation,  et  leur  transcription 
en  caracteres  arabes  d'apres  I'ortbographe  d'Ebu-el-Djn. 

Des  extraits  etendus  en  ont  ct^  donnes  dans  le  cabier  de  juillet 
l832  de  la  North-American  Keview  de  Philadelpliie,  et  fid^lement 
traduits  dans  le  cabier  de  novembre  suivant  des  NouveUes  Annales 
des  -voyages. 

A  mon  tour  j'ai  fait  une  version  francaise  d'apres  celle  de 
M.  Hodgson ,  en  retablissant  dans  le  texte  les  noms  propres  confor- 
mement  a  I'orthograpbe  arabe  de  I'auteur  original ,  bien  quelle  ne 
soil  point  toujours  d'une  exactitude  satisfaisante.  J'y  ai  joint  quelques 
annotations  et  remarques  geographiques. 

La  date  mise  a  la  fin  de  I'ecrit  est  de  la  seconde  lune  de  Reha'  de 
I'aunee  1242 ,  c'est-a-dire  du  mois  de  decembre  i8a6;  mais  d'un 
autre  c6te,  une  expedition  militaire  effectuee  deux  ans  auparavant, 
et  mentionnee  a  I'article  A'jn-Mddhy ,  est  rapportee  a  ranneei243, 
qui  a  commence  en  juillet  1827,  cequi  supposerail  la  relation  ecrite 
a  la  fin  de  1829  :  il  y  a  done  erreur  de  chiffre  k  I'un  ou  I'autre  de 
ces  millesimes,  peut-dtre  a  tons  deux. 

*A 


RELATION     DU    VOYAGE. 

Au  nom  d'AUah  le  compatissant,  le  misericordieux ! 

Les  benedictions  et  le  salutd'Allah  sur  notre  seigneur 
Mohhammed,  sa  famille  et  ses  compagnons ! 

Get  ecrit  contient  une  description  de  diverses  con- 
trees  et  villes,  par  le  Hh&gg  Ebn-el-Dyn  el-Eghouathy. 

El-Eghoudlh. 

El  Eghouath  est  une  grande  ville,  et  elle  estentoure'e 
dune  muraille  avec  des  fortifications.  Elle  a  quatre  por- 


(  279  ) 
tes,  et  qualre  niosquees.  Le  laiigage  des  habitans  est 
arabe,  et  ils  portent  des  veteniens  de  laine.  Les  femmes 
d'un  rang  eleve  ne  quittent  jamais  leurs  maisons;  mais 
les  autres  paraissent  dans  les  rues.  II  n'y  a  point  de 
bains  dans  cette  ville.  Le  pays  produit  des  fruits  en 
abondance,  tels  que  dattes,  figues,  raisins,  coings,  gre- 
nades et  poires. 

La  ville  d'El-Egbouath  est  divisee  en  deux  portions 
par  la  riviere  Emzy  qui  coule  au  travers.  Cette  riviere 
est  bien  connue  dans  toute  cette  region.  Les  habitans 
eux-menies  sont  divises  en  deux  partis,  appeles  el-Khe- 
laf  et  Aouled-el-Serghyn,  lesquels  sont  souvent  en 
ofuerre  Tun  avec  I'autre.  La  cause  d'hostilite  entre  eux 
est  generalement  le  refus  de  I'un  deux  de  se  soumettre 
au  Scheykh. 

A  Test  d'El-Eghouath  sont  les  mines  d'une  ville,  dont 
les  prirtces,  a  une  epoque  eloignee,  etaient  chretiens. 
II  y  a  aujourd'hui  beaucoup  d'inscriptions  que  Ton 
peut  voir  parnii  ces  mines.  sf-t 

La  ville  d'El-Eghouath  est  batie  principalement  d'ar- 
gile  ou  de  terre ;  il  y  a  cependant  quelques  maisons 
construites  de  mortier  et  de  pierres.  Les  mosquees  n'ont 
point  de  minarets  j  etil  n'y  a  ,  dans  la  ville,  ni  place  de 
marche  determinee,  ni  bain. 

La  monnaie  courante  est  celle  d'El-Gezayr  et  de  Fes. 
Le  commerce  y  est  florissant  et  la  culture  y  est  soignee. 
Les  scorpions  et  la  pesle  n'approchent  point  de  la  ville, 
parce  quelle  a  ete  fondee  sous  «n  favorable  horoscope. 
Cette  region  est  fort  raontueuse,  et  dans  le  nord  il  y  a 
uue  grande  montagne  rocheuse. 

Tegemout. 

A  la  distance  d  une  journee  de  route  au  nmd   d'El- 

^o. 


(  28o  ) 

I'lgliouath  est  situe  le  village  cle  Tegeniout.  Leshabitans 
(le  ce  village  sont  clivises  en  deux  partis  et  n'ont  point 
de  chef  ou  goiiverneur.  lis  se  battent  entre  eux  conime 
font  les  gens  d'El-Eghouath.  Les  maisons  sont  baties 
en  pierre  et  en  terre.  Au  nord  de  Tcgemout  est  une 
ties  liaute  montagne  appelee  Gebel-el- A'lnour,  11  y  a 
aussi  une  montagne  de  sel  aupres  du  GebeI-el-A'mour> 

^  j«  Mddhy. 

Cette  villa  est  situee  a  I'ouest  de  Tegemout.  Elle  est 
entouree  de  nmrailles  seniblables  a  celles  de  Thablos, 
et   a  deux  portes   inimense'nient  fortes.  Le  hhakeni  ou 
gouverneur,   dont  le  nom  est  Ould-Tagyn,  a  environ 
cent  esclaves,  et  un  tresor  rempli.  II  y  a  deuxans  (i243 
de  I'Hegire)   son    frere   assenibia    des  troupes  dans   le 
dessein  de  marcher  contre  Ouahran  et  de  s'emparer  de 
ses  tresors.  Tous  les  Arabes  de  la  contree  environnantc 
accoururent  sous  son  etendard;  et  ils  partirent  avec  des 
tambours  et  des  fifres;  et  ils  etaient  munis  de  chevaux 
et  de  tentes.  Omm-A'sskara  toniba  entre  leurs  mains, 
et  ils  s'avancerent  sur  Ouahran.  Le  bey  de  Ouahran, 
pour  defaire  cette  armee,  distribua  de  Targent  parnii  les 
Arabes  de  I'expedition,  ce  qui  les  detourna  de  soutenir 
Ould-Tagyn,    Icjuel  fut  ensuite  tuc  dans  une  attaque 
de  ses  troupes  par  le  bey. 

Son  frere  est  maintenant  hhakem  de  A'yn  Madhy.  11 
a  un  bain  au  milieu  de  la  ville;  et  entreautres  precieux 
objets,  il  possede  des  selles  et  des  harnais  brodes  en 
or.  II  a  de  plus  une  grande  quantite  de  livres. 

Les  femmes  de  A'yn-Madhy  paraissent  dans  les  mar- 
ches. 

La  distance  de  cette  ville  a  I'egard  d'El-Eghouath  est 
d'une  journee  de  route. 


(  ^8t  ) 

Gehel-el'A'  mour. 

Cest  une  tres  haute  montagne,  qui  contient  une  ceii- 
taine  de  sources  d'eau.  II  en  sort  une  grande  riviere^ 
que  Ton  appelle  El-Kliayr  et  qui  est  universellement 
connue.  La  terre  est  cuUivee  sur  cette  montagne,  et 
elle  fournit  toute  espece  de  hois  de  charpente.  Sa  lon- 
gueur et  sa  largeur  peuvent  ctre  estimees  chacune  a 
deux  journees  de  niarche.  Les  naJifs  elevent  des  cha- 
meauxj  et  quelques-uiis  soignent  du  betail  et  des  trou- 
peaux.  lis  sontbons  cavaliers;  leur  langage  est  Tarabe; 
et  ils  ne  sont  point  gouverues  par  un  soltlian. 

Le  nombredeshommes  amies  dans  leGebel-el-A'niour 
est  d'environ  six  mille.  A  yn-Madhy  en  a  environ  trois 
cents;  et  El-Eghouath ,  niille. 

Itinera  ire   d'El-Eghondt/i  a  Metslyli  dans  le  Ouddy 

Mozdb. 

D'El-Eghouath  a  Ras  el  Scha'b,  un  jour.  II  n'y  a  point 
d'eau  en  cet  endroit,  et  !e  pays  produit  le  terebinthe 
(el  botbm). 

De  Has  el  Scha'b  a  Safil  el  Fayadh  i!  y  a  une  journe'e 
de  route.  On  n'y  trouve  point  d'eau.  De  la  a  El-Khadem, 
oil  croit  le  terebinthe,  une  journee.  De  la  a  El  Lefhhat, 
qui  sont  deux  grandes  niontagnes  rocheuses.  De  El-Let- 
hhat  on  gagne  Metsiyli. 

MetslyU. 

Ce  nest  point  une  ville  ierniee,  et  il  n'y  a  d'eau   que 
celle  fournie  par  les    niouiins.  Le  sol  de  la  contree  n'est 
point  une  plaine  de  sable,  niais  il  est  niontueux  et  <  on 
vert  de  cailloux  aigus  qui  coupent  romnie  un  coutoau. 


(    282    ) 

II  y  croit  des  dattes ,  et    il  y  tonihe  queUjiiefois  de  la 
pluie.  Les  langages  des  habitans  sont  rarabeetleberbei 
Us  moment  des  chameaux  et  sont  amies  d'lin  fusil  e, 
d'une  epee.  A  Test  de  Metslyli  sont  les  hauteurs  dii 
Ouady  Mozab. 

Ouddy  Mozab. 

Dans  ce  ouady  il  y  a  six  villes  et  villages;  la  plus 
grande  est  Ghardeyah.  Cette  vllle  contient  deux  nii!le 
quatre  cents  maisons,  y  compris  les  mosquees.  L'cau 
est  entierement  fournie  par  des  puits.  EUe  est  enlourec 
d'une  iriuraille,  et  elle  a  una  g  ande  place  de  roarclie, 
deux  tours  et  deux  portes.  Elle  n'est  point  sous  le  gou- 
vernement  d'un  sol  than.  Les  habitans  pailent  la  langue 
bei'bere. 

En  matiere  de  foi,  les  Mozabys  ditTerenl  des  Arai)es. 
Us  se  refusent  a  reverer  les  compagrions  de  I'Envoye 
d' Allah  (sur  lequel  soient  la  benediction  et  le  salut). 
Us  sont  opposes  aux  Sunnites,  mais  ils  s'accordent  pour 
la  doctrine  avec  les  Ouahabys,  les  Persans,  et  les  habi- 
tans de  O'man  et  de  Maskat.  Tons  ces  gens  sont  ]\loa- 
tazelytcs  ou  dissidens.  Les  Mozabys  sont  fort  temperans; 
ils  ne  fument  du  tabac  ni  ne  boivent  du  vin.  Le  ouady 
produit  des  dattes. 

Les  indigenes  de  tout  ce  ssalihra  sont  familiers  avec 
I'ait  de  fabriquer  la  poudie  a  tirer.  Le  procede  est  ce- 
lui-ci  :  la  terre  ou  le  niorlier  des  villes  ruinees  est  re- 
cueilli;  cette  terre,  qui  est  naturellement  silee,  est  niise 
dans  un  grand  vase ,  et  Ion  verse  de  I'eau  dessus,  de  la 
nienie  facon  qu  on  traile  les  cendres  dans  la  fabrication 
du  savon.L'eau  ainsi  obtenue  est  mise  a  bouillir  jusqu'a 
ce  qu'elle  acquiere  de  la  consistance.  On  en  iiiele  alors 
urie  livre  avec  quatre  livres  de  soufre  et  quatre   livres 


(  283  ) 

de  charbon  de  bois  de  laurier-rose.  Ces  ingrediens  sont 
melanges  ensemble  pendant  I'espace  de  trois  heures,et 
alors  la  poudreest  faite. 

II  y  a  dans  le  Ssahhra  une  mine  conside'rable  de 
plomb,  d'ou  les  Arabes  en  tirent  des  quantites  pour 
vendre,  Cettemine  n'est  dans  le  domaine  d'aucune  tribu 
en  particulier.  Elle  est  situee  a  lest  des  Aoulad  Nayl ,  et 
est  appele  Gebel-el-Ressass. 

Itiiieraire  de  Metslyli  a  El-  Qalyah. 

De  Metslyli  vous  allez  a  ei-Tsemad  en  une  journee.  II 
s'y  trouve  beaucoup  de  puits ,  et  le  pays  produit  du  hhaljd 
(spartum?);  vous  arrivez  de  la  a  el-Scharef,  qui  a  iin 
puits  profond  de  vingt  edzra  (coudees).  Les  deux  autres 
stations  entre  el-Scharef  et  el-Qalya'h  sont  el-Sa'adeny 
et  Ouady  el-Scbaheb.  A  la  premiere  il  y  a  un  puits,  et 
le  hhalfd  y  croit.  A  la  seconde  il  n'y  a  point  d'eau. 

El-Qalyd  h. 

Ce  village  est  situeau  milieu  des  sables,  et  il  n'a  point 
d'eau  autre  que  celle  qui  est  tiree  des  puits.  Lesbabitans 
sont  appeles  Scha'anber,  et  ils  parlent  la  langue  arabe; 
ils  montent  des  cbameaux,  vu  qu'ils  n'ont  point  de 
cbevaux;  leurs  arnies  sont  des  epees,  des  mousquets  et 
des  lances:  leurs  vetemens  sont  de  laine.  Le  villaofe  n'a 
point  de  murailles;  les femmes sont  comme  les  Bedouins: 
ellesvont  aux  puits,  puisent  del'eau,  et  I'apportent  sur 
leur  dos,  dans  des  outres.  Le  pays  produit  des  dattes  et 
du  hhalfd. 

Ouerqelah. 

De  el-Qalya'b  a  Ouerqelah  il  ya  une  distance  deciri({ 
jours  de  marcbe.  Ouerqelah  est  une  tres  grande  ville, 
entouree  dune    mnraille  avec  de  nombreuses  portes. 


(    284    ) 

Elleest  gouvernee  par  un  solthan,  etestdivisec entre trois 
tiibusdont  lesnoinssont  Beny-Ouaqyn,  Beny-Ibrahyni, 
et  Beny-Sesyn.  Le  langage  des  babitans  est  le  berber. 
Le  pays  abonde  en  datliers. 

Ouerqelab  a  d'abondantes  sources  d'eau;  elles  soiit 
obtenues  de  la  maniere  suivante:  un  puits  est  creuse  a 
une  profondeur  de  cent  soixante  dix  edzra\  ce  qui  at- 
teint  I'eau  douce.  Le  puits  se  remplit  inimediatenu^nt 
d'eau,  et  devient  un  ruisseau. 

Les  babitans  sont  appeles  Erouagbab;  leur  couleur 
est  noire,  et  leurs  veleniens  sont  de  laiue  et  de  coton. 
Tout  le  pays  est  une  sebkhah  de  sel.  Dans  la  juridiction 
de  Ouerqelab  est  un  Ueu  appele  el-Scbatb  ;  et  dun  mi- 
naret dans  la  viDe,  I'oeil  peut  decouvrir  les  villages  sui- 
vans ,  Rouysat ,  A'gegeb  et  Meqousab.  Au  sud  de  Ouer- 
qelali,  le  pays  offre  une  etendue  de  sable  non  interroni- 
pue,  se  poursuivant  jusqu'au  Ber  el-A'byd  (pays  des 
esclaves). 

Itineraire  de  El-Qnlydh  a  El-Toudt. 

De  El-Qalya'ha  Aoulan  il  y  a  un  jour  de  route.  II  y  a 
des  puits  a  celle  station,  el  le  pays  produit  des  daltes. 
Le  village  est  dans  le  Ssabbra ,  et  est  bati  en  terre.  Le 
peuple  parlc  la  languearabe. 

De  Aoulan  a  El-Ahbmar.  II  y  a  la  un  puits  d'eau, 
d'environ  trente  edzrd  de  profondeur. 

De  el  Ahbmar  a  Byr  el-Nabl,  un  jour. 

De  Byr  el-Nabl  a  Byr  el  Lefa'ayab  ,  un  jour. 

De  Byr  el-Le(a  ayab  a  Byr  el  *Tarqy,  un  jour. 

De  Byr  el  Tarqy  a  Byr  el-Zerq  ,  un  jour. 

De  Byr  el  Zerq  a  Byr  Bedenian ,  un  jour. 

De  Byr  Bedeman  a  Temymoun  ,  un  jour. 


(  285  ) 

Temjmoiin. 

Temymoun  est  une  {jrande  ville;  niais  elle  n'a  point 
de  murailles  comme  celles  qu'on  eleve  pour  la  defense , 
parce  que  les  maisons  sont  loutes  attenantes.  Elle  a  une 
grande  place  de  marche.  II  y  a  des  dattes  ainsi  que  d'au- 
tres  fruits,  et  une  grande  abondance  d'eau.  II  y  a  ega- 
lement  une  couche  d'alun  rouge.  Le  dialecte  des  indi- 
genes est  le  herber.  Leurs  moutons,  comme  ceux  des 
Soudan  ,  sont  couverts  de  poils ,  semblables  a  ceux  des 
chevres,  et  d'une  couleur  noire;  et  ils  ont  de  longues 
queues.  Les  clievaux  sont  nombreux.  II  y  a  au  centre  de 
la  ville  de  I'eau  qui  y  est  amenee  par  des  conduits.  II  s'y 
tient  un  marche  ou  Ton  echange,  en  grandes  quantiles  , 
des  esclaves  et  de  la  poudre  dor  ;  ce  dernier  objet  est 
■vendu  au  poids  par  mitsqdl  et  oiiqyeh.  La  couleur  des 
habilans  est  diverse,  blanche,  rouge  et  noire;  etilss'ha- 
billent  de  vetemens  de  laine  et  de  coton,  et  d'un  say 
noir.  Les  maisons  de  Temymoun  sont  baties  d'argiie  ou 
de  terre;  et  il  y  a  quatre  mosquees.  Les  habitans  pos- 
sedent  de  grands  troupeaux,  et  les  Touareq  font  le  com- 
merce avec  eux.  Ge  sont  de  vrais  musulmans  :  ils  prient, 
font  des  aumones,  €t  lisent  le  qoran. 

Au  sud  de  Temymoun  est  un  village  appele  Aouqe- 
rout,  et  un  autre  nomme  Aoulef. 

Anulef. 

C'est  la  principale  ville  de  I'oasis  d'El-Touat ,  et  sa  ju- 
ridiclion  s'etend  sur  tout  le  pays.  Le  solthan  a  des  sol- 
dats,  et  les  tambours  battent  devant  lui.  II  a  le  pouvoir 
d'infliger  des  peines  et  d'emprisonner.  II  possede  des 
chtvaux  et  des  esclaves,  mais  il  n'a  point  de  tresor 
d'argent. 


(  286  ) 

Aoulefa  des  murailles  qui  rentourent,  lesquelles  sont 

construites  en  argile  et  en  briques.  Le  pays  abonde  eii 

eau  et  en   dattes ,  et  les  habitans  possedent  beaiicoup 

d'esclaves. 

Teyth. 

All  sud  de  Aoulef  est  un  village  appele  Teyth,  et  a. 
I'ouest  un  autre  nomme  Atouat-el-Hhenne.Cette  con  tree 
produit  du  hhenne  et  des  dattes  en  abondance.Les  murs 
des  maisons  sont  d'argile.  II  y  a  des  mosquees  a  Atoiiaf, 
et  les  habitans  jeunent ,  prient,  lisent  le  qoran  ,  et  font 
des  auniones.  Us  sont  sous  le  gfouvernement  du  solthan 
d'Aoulef.  Les  indigenes  parlentla  langue  berbere. 

En-Ssdlahh. 

Pres  de  Atouat  est  En-Ssalahh,  au  sud  5  alors  vienl 
le  pays  des  Soudan,  plus  au  sud,  lequel  est  frequenh- 
pour  la  traite  des  esclaves  et  de  la  poudre  d'or. 

QordraJi. 

Cette  oasis  est  a  environ  une  journee  de  route  de  Te- 
mymoun.  Elle  comprend  a-peu -pres  vingt  villages  ,  qui 
sont  tous  alimentes  d'eau  par  des  conduits.  Les  indi  • 
genes  s'habillent  dun  say  noir  et  de  vetemens  de  laine. 
Leiirlangage  est  le  berber,  et  leur  couleur  est  noiratre. 
La  nionnaie  courante  est  celle  de  Fes. 

A  I'ouest  de  Qorarah,  et  a  la  distance  de  vingt  joui - 
nees  de  route  ,  est  le  pays  appelti  El-Schenqylhah. 

El-Schetiqythah. 

Les  gens  de  ce  pays  elevent  des  chaineaux  ,  et  leur 
principale  nourriture  est  le  lait  et  la  chair  de  ces  ani- 
inaux.  Le  ble  et  I'orge  leur  sont  inconnus. 

Le  qoran  est  beaucoup  lu  par  les  liabitaiis  de  Sclieii- 


'  (  ^87  ) 
qytah  ;  les  fenimes  aussi  le  lisent.  On  y  peut  voir  tel 
homme  lisant  a  sa  mere  et  a  sa  femme  ;  et  Ion  y  est  pas- 
sionne  pour  les  rapports  sociaiix.  Schenqytah  n'a  point 
de  solthan.  Les  fruits  qu'on  y  recueille  sent  les  dattes, 
le  lotus  ,  et  quelque  peu  de  melons. 

Tenbokto  est  voisin  de  Schenqytah ,  vers  le  sud  et 
Test;  a  I'ouest  on  trouve  le  Bahhr-Malehh ,  ou  la  nier 
salee.  Quand  les  indigenes  de  Schenqyteh  partent  pour 
le  pelerinage  de  la  Mekke,  ou  ils  passent  a  travers  les 
Soudan,  ce  qui  est  le  plus  court,  ou  par  le  Ouady- 
Dera'h  dans  le  Maraksch. 

P^oyage  da  Beled-el-SoiuIdn  a  V oasis  d'El-  Toudt. 

Les  kafelahs  ou  caravanes  ne  partent  du  pays  des  Sou- 
dan qu'au  commencement  de  I'annee.  A  cette  epoque ,  les 
marchands  se  reunissent  en  grand  nombre,  dans  le  but 
de  voyager  ensemble  et  de  se  garantir  des  Touareq,  qui 
ne  dependent  d'aucun  gouvernement. 

Pour  former  la  ligne  de  marche,  les  chameaux  sont 
places  les  uns  a  la  suite  des  autres,  en  files  de  deux  cents 
de  prolondeur.  G'est  ainsi  qu'on  traverse  le  desert. 

Les  articles  de  commerce  exportes  du  pays  des  Sou- 
dan sont  des  esclaves  et  de  la  poudrc  d'or,  en  echange 
desquelsTouat  etQorarah  envoient  des  soieries  ,  du  fer, 
des  verroteries  et  autres  marchandises  analogues. 

Itineraire  de  Ouerqelah  a  Aqddines. 

De  Ouerqelah  a  Sydi-Akhuuylid  ,  il  y  a  unejournee. 
Ce  dernier  est  un  village  au  milieu  du  sable,  offrant  de 
lean  et  des  dattes.  Les  maisons  sont  baties  d'argile.  Les 
indigenes  parlent  la  langue  arabe.  Ils  se  servent  de  cha- 
njcj'.ux  pour  monture,  et  de  laine  pour  la  confection  de 
It'urs  vetemens. 


(  ^«8  ) 

De  Sydi-Akhouylid  vous  ailez  a  Hh^sy  el-Naqeli,  ou 
se  trouve  un  puits  au  milieu  d'une  sebkliali  de  sel  qui 
est  bien  connue  dans  ces  regions. 

De  la  a  A'yn  ,  ou  est  une  source  d'eau  a  la  surface  du 
sol.  Tout  ce  pays  est  une  etendue  de  sable ,  oii  Ton  ne 
voit  ni  pierre,  ni  montagne  autre  que  des  collines  de  sable. 

De  la  a  El-A'aqer,  qui  est  uue  colline  de  sable;  et  la 
station  voisine  de  El  A'aqer  est  El-Thybat. 

El-Thybat  est  un  village  au  milieu  du  sable,  et  sans 
murailles.  II  a  beaucoup  de  puits  d'eau  ,  et  la  campagne 
produit  des  dattes  et  d'autres  fruits. 

De  El-Thybat  vous  allez  a  El- Abter,  qui  est  un  ouady 
desseche  ;  de  la  a  un  grand  ouady  connu  sous  le  nom  de 
OuadySouf.  Dans  ce  ouady  il  y  a  de  nombreux  daskeras 
ou  villages  qui  peuvent  fournir  vingt  mille  homnies,  des 
chevaux  et  des  ineherrys.  Ces  jrens  vivent  de  dattes  et  de 
lait  de  cbameau.  Les  femmes  vont  aux  places  de  marche 
sans  se  voiler,  et  elles  se  montrent  dans  les  jardins.  II  se 
commet  parmi  elles  beaucoup  d'adulteres. 

Les  habitans  de  ce  district  ne  sont  point  soumis  a.  un 
gouverneur,  et  ils  sont  continuellement  occupes  a  lever 
des  troupes  et  a  voler  aux  Arabes  leurs  effets.  lis  pons- 
sent  leurs  ^i^a;j/eAJusqu'au  pays  de  Touareq.  Ils  parlent 
la  langue  arabe.  Ils  sont  entierement  independans  ,  et  ne 
se  sont  jamais  soumis  a  un  soltlian.  Leur  commerce  se 
fait  surtout  avec  Aqdames,  ou  ils  veiident  des  estlaves  ; 
et  quelques-uns  des  indigenes  font  metier  de  faire  le 
voyage  du  pays  des  Soudan  avec  des  niarchands  d'Aq- 
dames  ,  a  I'effet  de  chercher  des  esclaves. 

De  Ouady-Souf  a  Aa'mysch  il  y  a  une  journee  de 
marche.  C'est  un  village  sur  les  coniins  meridionaux  du 
ouady.  Les  maisons  sont  baties  en  terre  et  brique,  at- 
tendu  qu'on  ne  trouve  point  de  pierres  en  cet  endroit. 


(  289) 

De  Aa'mysch  a  Aqdames,  la  distance  est  de  huit  jours 
de  route.  Le  pays  intermediaire  est  un  seul  desert  in- 
interronipu.  II  n'est  point  frequente  par  les  Arabes  5  il 
ne  contient  point  de  villages  ,  ne  fournit  point  d'eau,  et 
nest  point  varie  par  des  collines  ou  des  pierres.  Partout 
I'oeil  rencontre  une  etendue  de  sable.  Le  chacal ,  le  tigre 
el  le  lion  ne  viennent  point  ici ,  a  cause  de  I'exireme 
chaleur  et  de  la  soif ;  Tautruche  et  le  beqr  el  ouahhasch 
sont  les  seuls  animaux  que  Ion  trouve  dans  ce  desert. 

La  maniere  de  chasser  I'autruche  est  la  suivante  :  le 
chasseur  monte  son  cheval,  pourvu  des  vivres  neces- 
saires ,  et  prend  avec  lui  de  lean.  II  chevauclie  douce- 
ment  jusqu'au  milieu  du  jour,  instant  ou  les  Autruclies 
se  rasseniblent  en  troupes  de  cent  ou  plus.  Aussitot 
qu'elles  apercoivent  un  homme  elles  s'enfuient.  On  con- 
tinue de  les  poursuivre  pendant  quatre  heures ,  ou 
Tiioins,  jusqua  ce  que,  accablee  par  la  soif  et  la  crainte, 
Tautruche  commence  a  se  lasser.  Le  chasseur  etant 
pourvu  d'eau  ,  boit  quand  il  a  soif,  et  finalement,  atteint 
I'oiseau  epuise,  dont  les  entrailles  sont  deja  consumees 
par  la  chaleur.  Le  chasseur  alors  le  frappe  sur  la  tete, 
ce  qui  I'abat  a  terre.  Descendant  de  son  cheval ,  le  chas- 
seur coupe  la  gorge  de  I'autruche. 

Le  chasseur  est  accompagne  par  un  homme  qui  porte 
ses  provisions  de  vivres  et  d'eau.  Get  homme  suit  les 
traces  faites  sur  le  sable,  jusqu'a  ce  qu  il  aitrejoint  son 
compagnon.  lis  placent  alors  I'autruche  sur  un  chameau, 
et  I'apportent  chez  eux.  Telle  est  la  description  d'une 
chasse  a  I'autruche. 


jiqdd 


mes. 


Aqdames  est  une  grande  ville ,  batie  d'argile  ou    de 
terre.  Le  pays  aVjonde  en  dattes.  Les  habitans   parlent 


(  290  ) 
l;i  langue  berbere  ,  et  leur  habillemeiit  est  de  laine  el 
de  colon.  Leur  teint  e*t  noir;  el  les  femnies  ne  se  nion- 
Irent  point.  11  y  a  dans  celte  villa  une  grande  quantite 
d'ulenias  et  de  thalebs.  On  y  tienl  un  grand  niarche , 
mais  il  n'y  a  ni  bains  ni  nioulins  a  manege.  Les  femmes 
broienl  le  ble  dans  les  maisons.  On  ne  veil  point  de 
bazars  dans  la  ville ,  et  il  n'y  a,  au  deliors,  aucune 
culture. 

Aqdames  a  un  grand  nombre  d'esclaves  dont  le  prix 
est  d'envii'on  3o  duros  (  p.  esp  22  ).  Une  mere  est  eva- 
luee  au  meme  prix.  La  ville  est  situee  au  milieu  du  sable, 
et  la  distance  entre  elle  et  El-Toual  est  de  vingt-quatre 
journees.  Le  pays  intermediaire  est  exclusivement  oc- 
cupe  par  des  Touareq  :  il  n'y  a  point  d'Arabes. 

Toudreq. 

C'est  un  peuple  puissant.  lis  ont'le  teint  fort  blanc; 
et  ils  se  servent  de  chameaux  pour  raonlure.  Leur  nour- 
riture  consiste  entierement  en  viande  et  en  lait ,  car  ils 
n'ont  aucuns  grains.  Ils  s'habillent  dun  sai  de  colon 
noir,  et  leurs  seroudl  ou  pantalons  sonl  pareils  a  ceux 
des  Chretiens.  Les  Touareq  prientdebout,el  secouvrent 
le  visage  d'un  voile  ou  dune  piece  de  colon.  Jamais  ils 
ne  boivent  ou  ne  mangent  devant  personne.  lis  font  des 
srliazies  dans  le  Soudan ,  et  en  rapportent  des  esclaves 
et  desdenrees.  Ceci  est  une  notice  complete  el  detaillee 
<]e  Touareq. 

Mathmathah  et  ses  etwiions. 

Mathmathah  est  un  village  sur  le  sommet  d'une  mon- 
tagne ,  011  Ion  descend  par  une  ouverture.  Celte  exca- 
vation a  ele  faite  en  creusant.  Les  maisons,  la-dedans, 
sont  comme  des  chambrej  et  sonl  enduiles  ou  crepies 


(    291    ) 

avec  de  I'argile.  Le  langage  des  habitans  est  le  qobihe; 
ce  nest  ni  du  berber,  ni  du  turk,  ni  de  I'arabe,  c'est 
du  qobthe. 

Qabes  est  un  village  au  bord  de  la  iner,  a  environ 
deux  journees  de  Mathmuthah.  Quand  un  natif  de  QA- 
bes  desire  se  marier,  il  s'echappe  avec  sa  pretendue  pour 
aller  a  Mathmathah,  et  c'est  la  qu'il  I'epouse.  lis  sejour- 
nent  en  cet  endroit  un  an  et  un  mois ;  alors  ils  retour- 
nent  chez  eux. 

Gerbeh  est  a  deux  journees  de  Matbmathah,  qui  est 
a  I'ouest. 

La  tribu  de  Naouayl  est  aussi  a  deux  journees  de 
Mathniathali;  et  apres  la  tribu  de  Naouayl  est  celle  de 
Mahhamyd,  peuple  puissant  qui  habite  une  grande 
chaine  de  inontagnes,  et  sur  lequel  le  pascha  de  Tha- 
blos  n'a  point  d'atitorite.  lis  ont  un  gouvernement  qui 
leur  est  propre,  et  possedent  un  grand  nombre  de 
troupes  et  de  chevaux.  Entre  eux  et  le  pascba  de  Tha- 
blos  il  y  aura  guerre  continuelle,  et  il  ne  pourra  jamais 
obtenir  deux  aucun  tribut. 

Le  langage  de  la  tribu  de  Naouayl  est  le  qobthe.  Les 
tribus  qui  occupent  les  montagnes  voisines,  de  Gharyan, 
Ben-Oualyd ,  Mesellatah  et  Ghayah ,  parlent  toutes  le 
nieme  dialecte.  Les  femnies  de  ces  tribus  sorlent  libre- 
ment  aux  places  de  marche,  et  ne  sont  point  voilees. 
La  principale  nourriture  de  ce  peuple  consiste  en  gibier 
et  en  dattes.  Leur  habillement  se  compose  du  khayq  et 
du  siriah  ou  chemise  ;  fort  peu  ont  des  bernos.  Ils  por- 
tent des  scheschias  assez  grands  pour  couvrir  les  yeux. 

Depuis  Mahhamyd  jusqu'a  Efzan  (Fezzan),  la  distance 
est  dun  mois  de  route. 

Nous  allons  relater  maintenant  les  autres  choses  que 
nous  avpns  vues  et  trouvees. 


(  293  ) 

Tcqort. 

Teqort  est  une  ville  de  richesses  et  d'abondance.  Le 
nays  produit  des  dattes,  des  figues ,  des  raisins,  des 
grenades,  des  ponunes,  des  ahricots,  des  peches  et  d'au- 
tres  fruits.  Le  marche  de  Teqort  est  tort  grand.  Cettft 
ville  est  la  capitale  de  ce  district,  et  a  juridiction  sur 
vingt-quatre  villages.  Elle  contient  environ  quatre  cents 
inaisons ,  et  elle  est  ceinte  de  murailles  avec  des  portes. 
Ces  murailles  sont  entourees  d'un  fosse  qui  peut  etre 
compare  a  un  fleuve.  II  communique  avec  des  sources 
d'eau  qui  toutes  s'y  dechargent.  Sur  ce  fosse  il  y  a  trois 
ponts.  Les  mosquees  ont  des  minarets  fort  eleves. 

II  y  a  a  Teqort  une  race  de  gens  appeles  El-Megeha- 
ryeh,  qui  occupent  un  quartier  separe  dans  la  ville.  lis 
etaient  juifs  autrefois  ;  mais  pour  echapper  a  la  mort 
dont  ils  etaient  menaces  par  les  indigenes, ils  firent  pro- 
fession de  I'Eslam,  et  maintenant  ils  sont  lecteurs  assidus 
du  qoran,  qu'ils  apprennent  par  coeur.  Ils  sont  encore 
distingues  par  le  teint  particulier  aux  juifs;  et  leurs  mai- 
sons  ,  comme  celles  de  cette  nation,  exhalent  une  odeur 
desagreable.  Ils  ne  se  marient  point  avec  les  Arabes  ,  et 
il  arrive  raremcnt  qu'un  Arabe  prenne  femnie  chez  les 
Megeharyeh. 

Le  gouverneur  de  Teqort  choisit  parnii  ces  gens-la  des 
scribes  et  des  teneurs  de  livres ;  mais  ils  ne  sont  jamais 
adniis  a  la  dignile  de  qadliy  ou  d  imam.  lis  ont  des  mos- 
quees dans  leur  quartier,  et  ils  prient  aux.  lieures  le- 
gates, hors  le  jour  de  gema,  qu'ils  n'observent  point 
comme  un  jour  de  repos.  Ils  possedent  de  grandes  ri- 
(  hessL-s.  Leurs  femmes  sorteut  voilees  dans  les  marcbes, 
ct  conversent  entreellesen  hebreu,  quand  ellcs  desirent 
n'etre  pas  compi  ises.  Le  gouverneur  de  Teqort  possede 


(  ^93  ) 
une  grande  quantite  de  chevaux  et  de  selles  avcc  leurs 
harnais  brodes  en  or.  On  bal  le  tambour  dcvant  lui.  II 
a  le   pouvoir  d'infiiger  la  peine  capitale,  de  l)ruler  les 
maisons  et  de  confisquer  les  biens  des  coupables. 

Dii  baiit  des  minarets  de  la  ville,  beaucoup  de  villages 
et  de  plantations  de  dattiers  peuvent  etre  apercusdans  le 
pays  environnant.  El-Nezlah,  Tebesbest ,  Temys,  El- 
Moqaryn,  El-Mogliayr,et  d'autres  villes,  jusqu'au  nom- 
bre  de  vingt-quatre,  se  voient  toiites  des  minarets  de 
Teqort.  On  ne  rencontre  point  ici  de  pierres  ;  niais  des 
sources  d'eau  y  existent  en  abondance.  Le  nombre  des 
troupes  qu'on  peut  lever  est  de  cinq  inille  honmies.  Le 
teirit  des  gens  de  Teqort  est  noir,et  on  les  appellc  Eroua- 


ghah. 


Une  liqueur  appelee  el-eqmy  est  en  usage  parmi  ce 
peuple;  elle  est  extraite  des  branches  du  dattier,  en  les 
coupant  et  les  pressant.  Elles  donr)ent  un  liquide  dune 
couleur  rougeatre  et  doux  comnie  du  sorbet.  On  le  vend 
a  la  mesure  dans  les  marches. 

Les  saisons  du  labour  dans  ce  pays  sont  octobre  et 
mai.  Aucun  Arabe  ne  vient  en  ce  lieu,  a  moins  que  ma- 
lade  de  la  fievre.  II  y  a  une  mine  de  sel  a  Teqort ,  et  en 
verite  tout  le  pays  est  une  sebkhah  de  sel. 

Ce  qui  precede  est  une  description  de  Teqort. 

Vile  de  Gerheh. 

Gerbeh  est  une  ile  au  milieu  de  la  mer,  d'environ  dix- 
huit  milles  de  tour.  Cette  ile  etendue  est  productive  de 
divers  fruits  :  olives,  raisins,  peches,  grenades,  figues  61 
amandes;  mais  il  n'y  vient  pas  de  dattes.  II  y  tombe  une 
grande  quantite  de  pluie.  L'ile  est  divisee  en  parties  se- 
parees,  et  chaque  maison  a  un  jardin  y  altenant.  Le 
marclie  est  grand   et   bien  approvisionnej  et  boauroup 

21 


(  294  ) 
tie  iiiarclmnds  ont  des  fondones  ou  iiiajrasins.  Gerbeh 
depend  dii  pascha  de  Tunis,  qui  nomine  le  gouverneur 
ou  Idiakeni. 

Les  femmes  de  Gerbeh  soitent  voilees.  Les  maisons 
sont  baties  dargile,  et  quelques-unes  en  biiques.  La 
population  est  composee  de  plusieurs  peuples  difterens. 
Le  district  de  I'ouest,  dont  le  port  est  vis-a-vis  de  Qiibes, 
esthabite  parun  peupleappele  Agym,donl  le  langage  est 
le  berber.  lis  lisent  le  qoran,  et  les  doctrines  de  leur  foi 
sonl  seniblables  a  celles  professees  par  les  Ouehabites 
et  les  Beny-Mozab.  Quelques-uns  d'entre  eux  rejettent 
A'ly  ben  Aby-Thaleb  (a  qui  Dieu  soit  propice).  Ces 
uOg!nes  sont  observes  par  ces  gens,  mais  ils  ne  les  pro- 
f'essent  pas  publiquement ,  et  les  caclient  plutot.  lis  ne 
prient  point  en  commun  avec  la  secte  de  Malek;  ils  ont 
des  mosquees  a  eux. 

Gerbeh  a  quatre  ports  :  Agyrn  a  I'ouest;  Gergys  a 
lest;  Mersat-el-Souq  au  nord ;  et  Mersatel-Qanlharah 
au  sud.  Les  habitans  fabriquenl  de  la  poierie,  et  ils  fa- 
briquent  de  la  chaux  ainsi  que  de  grandes  quantites 
d'huile  qu'ils  vendent  aux  Arabes. 

Tribu  arahe  de  Ouerqemah. 

Cette  tribu  est  adonnee  au  vol  de  grands  chemins; 
et  ils  sont  soumis  au  pascha  de  Tunis. 

Qcibes. 

De  oette  ville  h  Thablos  ,  par  terre ,  il  y  a  six  journees 
de  route. 

Derayeh. 

Nous  decrirons  ce  pays ,  celui  de  Negcd  et  les  A'rab 
elOuehab.  Dera'yeh  est  une  grande  ville  avec  des  mu- 


(  295  ) 
rallies,  et  detencliie  juiv  uii  nombro  considerable  de 
troupes  coniposees  d  Arab  e!-Oiiehab.  Cette  ville  a  des 
mosqueps  ;  niais  le  peuple  diffeve  ,  en  ses  articles  de  foi , 
des  habitans  de  la  Mekke,  et  ils  n'ont  point  de  respect 
pour  le  propbete  ni  pourses  compagnons.  lis  professent 
ne  reconuaitre  que  Dieu  seul ;  ils  ne  prient  point  le  pro- 
phete  et  ne  lisent  point  le  Delyl  el-Rhayrat.  S'ils  le  trou- 
vent  en  la  possession  de  quelqu'un,  i!s  battent  I'indi- 
vidu  ft  brulent  le  livre.  Le  tesbehb  ou  chapelet  nest 
point  tolere;  s'il  est  irouve  entre  les  mains  de  quelque 
personne  ,  celle-ci  est  punie,  iraitee  d'idolatre  ,  et  exhor- 
tee  a  retourner  a  Dieu,  Ces  Arabes  sont  une  puissante 
irlbu.  Aucun  deux  ne  parle  la  langue  berbere.  Leur  ha- 
))illenient  est  un  qaftban  de  laine  ,  attacbe  avec  une  cein- 
ture  de  courroies  de  cuir,  et  ils  nouent  autour  de  leur 
tete  des  nioucboirs  de  soie  teints  avec  du  safran.  Cette 
leinture  est  grandenient  estimee  parnii  eiix,  et  vaut  jus- 
qu'a  vingt-quatre  de  leurs  piastres  par  iivre.  Leur  nion- 
naie  consiste  en  piastres  et  sequins  qu'ils  appellent 
meschchds.hes  arnies  en  usage  parmi  euxsont  la  lance, 
et  le  genhiah  qui  se  met  a  celle-ci.  Le  genbiab  est  une 
lame  recourbee  d'environ  une  dzeraa'et  deuiie  de  louir. 
et  alfdee  a  couper  la  lete.  Les  Arabes  appellent.  ceir(! 
arme  asir. 

Le  prix  dun  cheval  au  marcbe  est  de  trente  cba- 
meaux.  Les  Arabes  appellent  leurs  clievaux  kahhnlyeh , 
comme  un  objet  precieux.  Ce  sont  de  beaux  animaux  , 
qui  sont  aussi  legers  que  le  vent.  Us  sont  niaintenant 
fort  rares,  et  ne  se  trouvent  que  dans  les  liaras  des 
princes  en  Egypte,  en  Syrie  eta  Fes. 

Le  solthan  actuel  de  Dera'yehestTerky-ould-Ssa'oud. 
Son  predecesseuretaitSsaoud.  La  ville  est  batieen  terre, 
cbaux  et  pierres.   Quand   une   expedition   guerrierc  est 

■J.  1. 


(  ^96  ) 
proposee  ,  cinquante  mille  Arabes,  ou  davantage,  se  ras- 
seinl)lent.  Dans  cettc  contree  sont  plusieuis  peuples 
difforens.  Quelques-uns  sont  adorateursdufeu;  d'autres 
adorent  le  soleil ,  et  quelques-uns  venerent  les  parties 
sexuelles  de  leurs  fenimes  et  de  leurs  botes.  Que  Dieu 
les  dclivre  de  cette  erreur! 

Ces  Arabes  ne  chevauchent  pas  toujours  avec  des 
sellesj  s'il  y  a  a  combattre  dans  les  montagnes,  ils  mon- 
tent  sans  selles;  niais  ils  sen  serventdans  les  plaines,  ou 
ils  vont  avec  leurs  sabres.  Qaelques  femmes  se  batten t 
ii  cote  de  leurs  maris.  Ils  sont  bien  pourvus  d'arnies. 

Le  teint  de  ces  gens  est  rougeatre. 

Ce  qui  precede  est  un  recit  de  ce  que  nous  avons  vu, 
ecrit  en  1  aunee  1242  ,  en  Rebya'  el-Tsany. 


EXTRAIT 

DU    JOUUNAL     DES    MISSIONS    EVANGELIQDES  , 
Premiere  et  deuxi^me  livraisons  de  i834. 


De  nouveaux  renseignemens  sur  les  peuplades  de 
I'Afrique  meridionale  se  trouvant  compris  dans  les  der- 
nieres  lettres  des  missionnaires  qui  explorent ces  contrees 
si  peu  connues;  nous  nous  eiiipressons ,  comme  nous 
I'avons  deja  fait,  d'en  extraire  tout  ce  qui  peut  concou- 
rir  aux  progres  de  la  geographic. 

Le  niissionnaire  Casalis  ecrit  de  Philippolis  le  3i  juil- 
let  i833  que  Moshesh  chef  des  Hassoutos  ayantentendu 
parler  des  stations  de  Philippolis  et  de  Kurunian  ,  com- 
prit  de  suite  combien  de  parcils  etablissemcns  fondes 


'  (  ^^97  ) 

dans  ses  domaines  pourraient  etie  avantageux  a  ses  sii- 
jets;  decide  a  employer  tous  les  moyens  possibles  pour 
attirer  chez  lui  les  niissionnaires  ,  il  remit  200  bceuf's  a 
quel(jues-uiis  de  ses  serviteurs  et  leur  commanda  d'aller 
trouver  le  grand-tnaitre  des  blancs,  afin  d'obtenir  de  liii 
en  echange  de  ce  troupeau,  des  /io?n??ies  capables  d'in- 
struire  les  noirs.  Ces  hommes  ayant  ete  pilles  par  les  Ko- 
rannas  revinrent  aupres  de  Moshesh,  qui,  plus  tard 
ayant  appris  qu'un  Griqua  venu  de  Philippolis  chassait 
sur  ses  terres,  le  fit  venir  et  apres  i'avoir  questionne 
sur  les  intentions  et  les  travaux  des  missionnaires,  le 
pria  de  I'aider  dans  laccomplissement  de  ses  desirs. 

Le  Griqua  aussitot  son  retour  ,  rapporta  ce  fait 
a  M.  Kolbe,  celui-ci  engagea  MM.  Casalis,  Arbousset  et 
Gosselin  a  entreprendre  cette  excursion  ,  ce  qu'ils  s'em- 
presserent  d'oxecuter. 

En  consequence,  le  5  juin  i833  iis  quitterent  Philip- 
polis avec  une  seule  de  leurs  voitures;  incertains  qii'ils 
etaient  de  se  fixer  pres  du  roidesBassoutos,  ils  laisserent 
la  plus  grande  partie  de  leurs  bagages  et  leur  seconde 
voiture  aux  soins  de  M.  Kolbe;  ils  avaienl  pour  guide 
un  Griqua  habile  nomme  Adam,  connaissant  tres  bien 
le  pays,  et  qui,  accompagne  de  quelques  chasseurs  a 
cheval  et  de  quelques  Bechuanas  monies  sur  des  boeufs, 
partaient  pour  la  chasse  de  I'antilope.  La  carte  jointe  a 
cet  extrait  montre  la  route  suivie  par  les  voyageurs  ,  la 
ligne  qui  I'indique,  passe  par  les  Kraals  de  Ramacau  et 
de  Kugnanane  et  s'etend  de  Pliilippolis  a  Bossiou  capi-* 
tale  des  etats  de  Moshesh ,  puis  de  Bossiou  a  Morija  ou 
ils  fonderent  une  station;  enfin,  pour  revenir  a  Philip- 
polis chercher  le  reste  de  leurs  bagages,  I'un  deux,  M. 
Casalis  suivit  la  route  qui,  passant  par  Popokuan,  va  re- 
joindre  la  ligne  du  nord  au  campement  Gnou,  et  redes- 


(  298  ; 

rend  ilc  la  a  (Liledoii  pour  remoiiler  t^nsuile  al'hilipjioli.'.. 
Les  detours  fails  par  les  voyageurs  onl  ete  necessiteis 
par  los  difiicultes  du  sol  ci  par  le  manqiic  d'eau.  Voici 
leur  itineraire  (i) : 

Le  5  Juin.  Apres  avoir  voyage  3  heures  moitie  E., 
nioitie  E.S.  E.  ils  camperent  pres  d  un  kraal  de  Griquas 
ou  Baastaanis,  i\ppe\e  Divart-rifcr. 

Le  6.  Obliges  dechercher  uue  parlie  de  la  journee  les 
chevaux  egares  pendant  la  nuit,  ils  ne  niarcherent  que 
pendant  3  lieures  1/2,  direction  S.  E.  et  E.  S.  E.  pour  ar- 
viver a  Rooie-Port-Fontein  petit  kraal  abandonne. 

Le  y.  Partis  a  9  heures  1/2  et  ayant  marche  E.  S.-E. 
jusqua  II  lieures,  ils  visiterenl  une  source  abondante 
appelee  Komitjos- Fontein.  Usy  trouverent  quelques  noirs 
qui  y  etaient  venus  ehercher  du  fourrage  pour  leurs 
bestiaux;  1  un  deux  portaienl  lenonitrancais  de  /  isage. 
Apres  20  minutes  de  lepos,  ils  niarcherent  E.  S.  E.  jus- 
qu'a  niidi.  lis  avaietit  alors  a  leur  gauche  dans  la  direc- 
tion N.  N.-E.  une  montagne  haute  et  ties  longue,  que 
leurs  gens  esliniaient  etrea  i4  lieues  deux,  non  loin 
de  la  riviere  Riet.  A  une  heure  ils  passerent  Kopjes- 
Kraal  qui  est  habite  par  quelques  Bushmen  ,  et  an  pied 
duquel  coule  une  ['etite  fontaine  dans  la  direction  N. 
a  I  h.  42  m.  ils  etaient  entre  trois  inonts,  dont  deux  en 
forme  de  dome  et  I'autre  en  forme  de  pain  de  sume, 
remarquables  par  leur  position  respective:  ils  leur  donne- 
rent  le  nom  de  Trois  moids.  A  ah.,  ayant  complelemeut 
change  de  direction  pour  ehercher  de  rean,ils  suivirent 

(i)  Les  missionnaires  ayant  appris  la  laiigiie  holliiiidaise ,  qui  est 
parlie  par  les  feiiniers  de  la  colonic  du  Cap  tt  par  les  tribus  voisines 
(le  Griquas,  de  Korannas,  etc.,  peuvent,  au  nioyen  de  laditc  langiie, 
se  faire  comprendre  des  iiidigt-nes,  soil  par  cux-mdmcs  ,  soil  par  des 
interprfetes. 


(  '^-gp  ) 

la  ligne  S.  E.  E  jusqu  a  2  h.  35  m. ,  et  trouverent  que  le 
pays  comiiiencait  a  nionter. 

Le  8.  De  9  h.  a  9  h.  aS  m.,  direction  S.  S.  E.  —  De  9  h. 
35  m.  a  II  li.  35  m.,  E.  —  De  1 1  h.  35  m.  a  12  h.  45  m. , 
E.  N.  E.  —  De  1 2  h.  45  ni.  a  2  h.  45  m.,  E.  —  De  2  h.  5o  in. 
a  3  h.  25  m.,  E. —  De  3  h.  25  ni.  a  3  h.  46  m.,  N.  Cette 
deviation  de  21  minutes  a  encore  ete  necessitee  par  le 
manque  d'eau. 

A  10  h.  7  in.,  ils  avaient  a  nne  demi-lieue  de  distance 
N.  una  chaine  de  coilines  qu'Adam,  leur  guide,  nomme 
Winter  s  Port  Berg,  ou  Port  d'Hiver.  En  ineme  temps 
on  apercevait  au  S.  E.  dans  un  eloignement  de  6  h. 
une  montagne  qui  se  terininait  en  pain  de  sucre,  appelee 
Hang-Lip.  A  11  h.  35  m.,ils  passerent  une  source  de  la 
riviere  Riet  coulant  N.  Une  demi-lieure  plus  lard  on 
distinguait  dans  le  lointain  du  cote  N.  E.  une  nouvelle 
chaine  de  montagnes  dont  I'une  fut  nommee  par  les 
chasseurs  Olijn-Fontein  Be7g,  et  qui  n'est  sans  doute 
que  le  prolongement  du  Hang-Lip.  A  1  h.  etdemie,  cette 
men»e  chaine  senihlait  s'etendre  IN.  et  N.  N.  O. ;  a  i  li. 
7  m.,  ils  passerent  une  seconde  source  dela  ii\iere  Riet 
cojilant  N.  E.;  et  a  3  h.  2j  ni.  ,ilsatteignirent  quelques 
coilines  assez  elevees,  quits  appelerent  les  Redout  es , 
a  cause  de  leur  forme.  J^e  pays  abonde  en  antilopes  et 
en  lievres. 

Le  9.  Jour  de  dimanche,  selon  leur  coutume,  les  mis- 
sionnaires  ne  voyagerent  point. 

Le  10.  De  8  h.  a  II  h.  12  m. ,  E.  —  De  11  h.  i5  m.  a 
12  h.  3o  m. ,  E.  N.  E.  —  De  I  h.  a  4  h.  i5  m.,  E.N.  E. 

A  1 1  h.  25  m.,  une  nouvelle  source  de  la  Riet  coulant 
W.  A  2  n.  25  m.  cinquieme  source  de  la  meme  riviere 
nieme  courant.  A  3  h.  6  m.,  rencontre  d'une  f'ontainede 
fort  belle  apparence,  mais  sans  eau,  qiion  appeLs  Drooz- 


(  3oo  ) 
Fonlein  on  loiUaine  s6i;li<;.  A  3  li.  20  in.  auUo  source 
tie  la  Riet.  Ces  sources  sontsi  peu  de  chose  qu'elles  ne 
merilent  point  qu'on  leur  tlonne  un  noni  quant  elles 
n  en  ont  pas.  A  4  li.  i5  m.  une  petite  chaine  de  collines 
de  fort  belle  apparence  sur  la  gauche,  s  etendant  N.  E., 
elle  a  ete  appelee  Sokoa  en  raisoii  de  sa  ressemblance 
avec  le  fort  de  re  nom.  Campement  pres  d'une  source 
de  la  Riet ,  la  plus  considerable  (ju'on  ait  rencontree; 
elle  a  le  menu;  courant  que  les  precedentes,  son  lit  est 
profond  et  argileux,  ses  rives  abondent  en  canards  et 
en  cailles.  On  lui  a  donne  le  nom  de  Moie-Spruit  (belle 
source);  quelques  monies  assez  semblables  a  celles 
qu'on  ramasse  au  bord  de  la  mer  y  ont  ete  recueillies. 
Le    pays   continue  a  nionter. 

Le  1 1.  De  2  h.  a  4  h.  4  ni.  E.  Campement  aupres  dune 
source  de  la  Riet  qu'on  a  nommee  Gnou  (i)  a  cau.se  de  la 
nndlitude  de  ces  animaux  que  Ton  trouve  dans  les  en- 
virons. Ce  jour  la  on  vit  des  montagnes  dans  toutes  les 
directions  N.  S.  E.  O.  A  5  h.  du  soir  il  y  eut  un  orage 
avec  eclat  de  !a  foudre. 

Le  12.  De  7  h.  4o  m.  a  10  h.,  N.  E.  —  De  1 1  h.  35  ni. 
a  3  h.  45  m.,  entre  I'E.  et  I'E.  N.  E. 

A  midi ,  passage  a  Shiet-port,  petite  source  de  la  Riet 
(donton  n'etait,  au  dire  d'Adam,qu'a  2  h.  de  marche  N.) 
Tout  pres  de  la  est  un  Kraal  de  Bushmen  ;  quelques  hom- 
mes  et  une  dizaine  de  fenunes  portant  leurs  enfans  lies 
derriere  leur  dos  vienneni  voir  les  voyageurs.  Leurs 
traits  sont  entierement  defaits  par  la  soutfiance.  Les 
Bushmen  viveiit  dans  unegrande  misereet  se  nourrissent 
presque  uniquement  de  sauterelles.  lis  sont  rahongris, 
laids  de  visage  et  ressemblenta  des  spectres :  et  comme  si 

(i)  Mainmifi're  de  re.<ipecc  des  aiuilopes.  ,  1  j 


(  3oi  ) 
ce  n  etait  pas  assez  de  maux,  ils  se  voii^nt  geiieralemeiit 
mepiises  par  les  autres  indigenes  du  sud  de  I'Afrique. 
Dieu,  disent  les  Bechuanas,  ayant  voulu  creer  riiomnie, 
fit  d'ahord  uii  singe,  puis  un  Bushmen^  ensuite  nous  et 
enfin  les  hlanes.  Ils  parlent  la  A'ieille  langue  hottentote 
ou  namaquoise,  langue  dure,  imparlaite,  et  dans  laquelle, 
dit-on,  chaque  mot  se  prononce  par  un  claquenient.  Les 
Bushmen  de  Shiet-Port  demanderent  de  la  graisse  pour 
se  frotter  le  corps  et  du  tabac  dont  ils  sont  fort  avides. 
En  echange  ils  donnerent  deux  fleches  empoisonnees, 
exoellentes,  dirent-ils,  et  qui  ont  ete  envoyes  au  musee 
missionnaire  de  Paris,  (i) 

A  I  h.  9  m.,  passage  dune  derniere  source  de  \a  Riet 
coulant  N.  Cetait  la  dixieme  vue,  elle  porte  le  nom  de 
Ifoensdag  ou  Mercredi.  A  2  h.  12  m.  ,  on  avait  sur  la 
gauche  un  beau  lac  d'eau  douce,  d'un  quart  de  lieue  de 
largeur  sur  une  demi-lieue  de  longueur.  Un  nombre 
considerable  d'oiseaux  se  leva  lors  de  I'approche  des 
voyageurs.  Dans  les  environs,  les  gnous  fourmillaient. 
11  faut  etre  a  cheval  pour  f'aire  la  chasse  a  ces  aniniaux  : 
comme  toutesles  especes  d 'antilopes,  ils  regardent  long- 
temps  le  chasseur,  le  laissent  approcher,  vont  menie 
a  sa  rencontre;  mais  a  une  certaine  distance,  ils  se  met- 
tent  a  batlre  leurs  llancs  de  leur  queue,  tournent  cinq 
a  six  lois  en  rond  au  nombre  de  10  ou  12,  puis  prennent 
la  fuite  a  la  fde  en  faisant  lever  sur  leurs  pas  un  nuage 
de  poussiere.  Au  bout  d'un  moment  ils  s'arretent,  vous 
regardent  de  nouveau  et  n'attendent  que  votre  appro- 
che  pour  recommencer  leur  manege. 

Le  1 3.  De  10  h.  20  m.  a  i  h.  So  m.,  E.  N.  E.  —  De  2  h. 


(i)  Ce  musee  se  compose  d'ohjets  d'histoire   nafurelle,   d'armes 
de  guerre,  d'nstensiles,  d'oiiiemens ,  etc. 


(    302    ) 

20  m.  a  3  li. ,  E.  Rencontre  dun  gnoii  ((iii  venait  d'etre 
terrasse  par  un  lion  :  I'animal  n  etait  qua  demi  devore, 
des  aigles ,  des  vautours  el  quelques  corbeaux  volti- 
geaient  non  loin,  prels  a  se  jeter  sur  ces  restes  si  les 
lioinnies  de  I'escorle  ne  s'en  f'ussent  enipares. 

Le  pays  abonde  en  gnous,  en  coucous(i)et  en  gazelles, 
il  est  a  reniarquer  que  ces  ditierentes  especes  se  suivent 
ordinairenient :  on  rencontre  aussi  beaucoup  de  pin- 
cadet(2).  La  vegetation  devient  plus  Ibrte  a  niesure  qu'on 
avance,  on  ne  trouve  cependant  encore  que  des  arbus- 
les,on  traverseun  espaced'une  iieuecarree  quiavaitete 
brule  par  les  natiuels  pour  prendre  dessauterelles ;  bien- 
t6tapres,a  ah.  iT)  ni.,  arrivee  au  premier  Kraal  des  I5as- 
soutos.  11  cotisisteen  une  trentaine  de  huttes  construiles 
au  pied  dun  coteau  en  forme  de  terrasse.  A  lapproche 
lies  voyag(!urs,  les  habitans  prennentla  fuite,  el  vunt  oc- 
euper  le  sommet  de  leur  petite  montagne,  sur  la  pointe 
de  laquelle  ils  s'accroupissent  a  la  maniere  des  singes. 
Trois  Becluianas  avaient  cependant  ete  envoyesen  avant 
pour  les  rassurerj  toutefois  deux  jeunes  gens  d'entre 
eux  arrnes  de  sagaies  vinrent  plus  tard  a  la  rencontre 
de  I'expedition,  apres  avoir  ete  accueillis  amicalement, 
ils  tnrent  renvoyes  aupres  des  leuis  ,  pour  raffer- 
mir  leur  courage.  Bietitot  les  sauvages  s  approclierent, 
recurent  quelques  presens  et  e«  rctour  ap|)orterent  du 
pain  et  de  la  biere  fails  avec  du  ble  cafre.  lis  se  fami- 
liariserent  si  bien  que  le  soir,  hommes ,  femmes  et  enfans, 
tout  le  village  enfin  ,  descc  ndil  au  lieu  du  canipenient  et 
semelaauxgens  de  Tescorte.  Leur  chef,  Rampese,  portait 
suspendue  a  son  cou  une  tabatiere  d'ivoire  joliu)eiit  tra- 

(1)  Sans  doute  le  Coudous  y^iililojie  itiepsiccros. 

(7.)   Ce  tcniie  doit  (*lre  une  erreur  de  copiste,  car  il  ne  s'applique 

n  iuiriin  olijct  iriii-.toire  natiirt'llc. 


(  3o3  ) 
vaillee,  un  de  ses  sujets  en  avail  uiie  pareillc  faite  dc 
peau  de  gnouj  la  riviere  prts  de  laqiielle  oi)  canipa,  est 
une  source  supposee  de  la  Modder. 

Le  14.  Marche  :  A  4  h.  3o  m. ,  direction  E.  N.  E.  Ge 
jour-la,  on  passa  trois  sources  reconriues  de  la  Modder, 
coulant  N.  E.  el  sortanl  de  quelques  coteaux  eleves  qui 
avaient  ele  vus  vers  6  h.  a  une  demi-lieue  dans  la  direc- 
tion de  S.  el  S.  E.  La  prenjiere,  Iraverseea  7  h.  4-^  m-  ' 
a  ele  appelee  Dendroide-Boem-SpnUt ,  a  cause  des  notn- 
breux  cytises  qui  croissent  sur  ses  bords  ;  la  seconde  , 
rencontree  a  8  h.  5  m.  ,  el  qui  est  rocailleuse,  a  ete 
nonimee  Steen- Spruit ;  et  la  iroisienie,  passee  a  9  Ii. 
10  ni.,  recut  le  nom  de  Grass  Spruit,  a  cause  de  Iherbe 
qui  y  croil  en  abondance.  A  10  b,  on  traversa  la  Modder 
meme,  dans  uuendroil  rocailleux  dun  gres  durelborde 
d'immenses  rocbers  disposes  en  anipbitbealre.  Seseaux, 
qui  se  precipitenl  d'abord  de  cascade  en  cascade,  cou- 
lent  ensuite  lenlenient  dans  les  fentes  du  terrain.  Sa 
source  primitive  n'estqu'a  2  beures  de  la,du  coteS.  E. 
Son  veritable  couraril  est  N.  O. 

A  2  b.  1 5  u).  ,  passage  dun  bas-f'ond  plante  de  ble 
cafre,  et  20  minutes  plus  tard  ,  arrivee  an  Kraal  Mou- 
tvutapouliino,  qui  appartient  au  chei Magori.  Get  boinine 
voyail  des  blancs  pour  la  premiere  fois  5  un  miroir  el 
unemonlre  ramuserenl  beaucoup  ainsi  que  son  peuple. 
Pour  leur  donner  une  idee  de  ce  petit  objet  blanc  qui 
les  etonnait  tanl  par  son  liiitin  lepele,  M.  Arbousset 
I'appela  litsatsi,  du  nom  du  soleil,  dans  leur  langue.  On 
delela  sur  la  rive  d'lme  nouvelie  source  de  /a  Modder 
(Busbmei)  Rivier)  ,  coulant  N.  O.  et  passant  au  [lied  de 
Mouroutapoulimo. 

Le  1 5.  De8li.37  '"•  '^'^  3  b.  5  m,,  voyage  entre  leN.  E. 
et  le  N.  N.  E. 


(  3o4  ) 

Dans  I'espacc  de  moins  d'une  heiire  on  passa  trois 
sources  de  la  Modder,  I'une  a  9  h.  45  n).  ,  laiitio  a  10  h. 
10  ni.,  la  deniiere  a  10  h.  3o  in.  Toutes  trois  coulent 
N.  O.  Qiielques  heures  apres  le  depart,  on  apercut  au 
N.  N.  O.,  au  N.  E.  et  a  IE.  N.  E. ,  les  montagnes  de 
Tabnnrsou  et  <.]e  Tamapatsoa,  deux  kraals  considerables 
de  Bassoutos.  Arrives  a  i  h.  10  ni.  en  vue  de  ces  monts, 
on  put  distinguer  tres  clairemenl  dans  le  lointain  une 
chaine  de  hautes  nionlagnes  s'elendant  du  S.  au  N. ,  et 
(jue  Ion  suppose  elre  la  continuation  du  Storm-Berg 
(Montague  de  la  Tempete).  Les  naturels  disent  qu'elle 
se  prolonge  jusque  dans  les  etats  de  Muselekatsi.  Parve- 
nu5  au  pied  de  Tabantsou,  les  voyageurs  envoyerent 
deux  hommes  pour  les  annoncer,  et  planterent  leurs 
tentes  pour  y  passer  le  sahbat  du  seigneur. 

Le  dimanche  16.  Plusieurs  sujets  de  Mossemi ,  chef 
de  Tahantsou,  vinrent  visiter  le  camp.  Leur  chef,  apres 
setre  long-temps  fait  altendre,  arriva  enfin  comme  on 
funssait  un  service  divin ,  fait  au  peuple  en  sichuan ,  par 
le  moyen  de  I'interprete  de  I'expedition.  lutroduit  dans 
la  tentedes  missionnaires,  il  accepta  un  couteau  et  deux 
onces  detabac;  niais  ni  les  presens,  ni  les  demonstra- 
tions amicales,  ne  purent  lui  inspirer  de  confiance  :  il 
ne  comprit  rien  de  ce  qui  lui  fut  dit  du  but  de  ce  voya- 
ge, etronsentit  avec  peine  a  accompagner  les  voyageurs 
pour  leur  faire  voir  su  ville.  On  n'eut  pas  plus  totatteint 
la  hutte  du  chef,  que  toute  sa  suite  parut  partager  ses 
craintes.  Kalala!  kalala!  «  loin,  loin,  les  messagers  de 
JVIakatchain  »  ,  crierent  les  sauvages,  dans  I'intention 
d'effrayer  les  missionnaires  ,  qu'ils  prenaient  probable- 
ment  pour  des  Korannas.W  taut  savoir que  les  Korannas 
portent  partout  la  devastation  et  I'epouvante  dans  ces 
rontrees.  Ikigaiuls  insatiables,  reunis  en  troupes  dehiiit 


(  3o5  ) 
a  vingt  cavaliers,  pourviis  d'armes  a  ten  ,  ils  dispersent 
des  peuplades  entieres  :  ce  sont  eiix  qui  ont  euleve  a 
Tabantsoii  ses  bestiaux.  Taniopatsoa  en  est  prive  aussi. 
Les  autres  villages  dont  il  a  ele  question  plus  haut  ont 
ete  egalement  depouilles  \  et  tout  cela  est  1  oeuvre  de  ces 
medians  hommes,  qui  refoulent  ainsi  loin  de  leurs  lerres 
les  tribus  paisibles.  Ceci  explique  pnurquoi  toutes  les 
peuplades  sont  perchees  sur  de  hautes  montagnes  :  elles 
esperent  s'y  defendre  plus  facilement  contra  ces  cruels 
ennemis.  Tahantsou  est  eleve  de  800  pieds  au  moins  au- 
dessus  de  sa  base.  Les  environs  sont  pen  fertiles,  et  I'eau 
y  manque.  Sans  ces  inconveniens  graves,  on  pourrait 
fonder  une  station  dans  cet  endroit,  car  les  habitans  de 
Tahantsou  et  ceux  de  Tatnapatsoa  reunis  formei'aient 
une  population  dun  millier  dames. 

Le  17.  Le  depart  ayant  tout-a-fait  rassure  Mossemi , 
des  qu'il  apercut  les  w^aggons  dans  la  plaine ,  il  vola 
vers  les  voyageurs,  dans  le  but  sans  doiite  de  leur  voir 
tirer  quelques  pieces  de  gibier. 

De  8  h.  3o  m.  a  12  h. ,  E.  —  Do  12  h.  a  2  h.  4o  ni. , 
N.  E.  etN, 

Le  pays  parcouru  est  presque  partout  briile,  et  offre 
un  aspect  desagreable  :  on  ne  voit  de  tous  cotes  que  de 
grandes  collines  noires,  fans  un  ruisseau,  A  2  heures  ce- 
pendant  on  rencontra  une  petite  source,  et  tout  pres 
d'elle  un  kraal  nonime  Lochoron,  habile  par  une  cen- 
taine  d'ames.  Le  chef'apporta  des  citrouilles  excellentes 
qu'on  lui  acheta.  Pres  du  village  on  vit  des  niilliers  de  cor- 
beaux.  Leur  nom  est  reste  a  la  fontaine.  Toutes  les  es- 
peces  dece  genre  d'oiseaux  vivent  en  grand  nombre  dans 
ce  pays  ,  principalement  les  corbeaux,  les  corneilles,  les 
pies,  et  les  casse-noix,  dont  la  voix  sonore  est  surpre- 
nante. 


(  3o6  ) 

Le  18.  Deyh.  35  in.  a  12  h.  7  ni.,  E.  N.  E.  —  Do  1  h. 
3o  n:.  a  a  li.  35  111.,  E.  N.  E. 

A  9  h.  3o  III. ,  on  avail  sur  la  droile  une  riviere  doiii 
les  eaux  paraissaientet  clisparaissaientalternativcment,ot 
formaient  en  serpen  tan  t  nne  foiile  de  petits  lacs  tie  toutes 
les  formes.  Elle  tut  appelee  la  Zebre ,  a  cause  de  la  quantite 
prodigieuse  de  cesanimaux  qui  frequentent  ses  bords. 

A  20 m.  de  la  s'eleve  sur  un  vaste  plateau,  du  cote  du 
S.  E. ,  un  kraal  de  Bassoutos,  appele  Umparane.  Son  chef 
se  nomine  Mossi.  On  campa  a  demi-fieure  de  ce  kraal; 
aussi  presque  tous  les  homines,  an  nombre  d'une  cen- 
taine ,  vinrent  aux  waggons.  Le  chef  ayant  recu  une  poi- 
gnee  de  sel,  la  porta  aussitot  a  sa  bouohe  et  romercia 
avee  reconnaissance. 

Le  19.  Toute  la  nuit  precedenteon  entendit  le  cri  des 
chakals  et  des  tigres,  et  en  effet,  on  sut  le  matin  qu'une 
hrebis  avail  ete  devoree. 

Le  terrain  est  tellement  crevasse,  qu'il  fut  impossible 
d'arriver  en  waggon  a  deux  kraals  de  Zoulas  ou  Metebe- 
les,  situes  N.  E.  II  fallut  aller  les  visiter  a  pied.  L'uii 
deux,  nomine  Kugnanane,  est  situe  au  sommet  de  la 
inontagne.  Son  chef  est  Moiissignanane.  L'autre,  qui  est 
situe  plus  bas  et  un  pen  sur  la  gauche,  s'appelle il/o^««/- 
lein.  Son  chef  est  Tapissa.  C'est  un  vieillard  rcmarquable 
nar  son  beau  mainlien,  sa  taille  haute  et  sa  tete  chauve. 
Non  loin  de  Mokuallein  est  un  autre  kraal  deMetebeles, 
nomme.Tabana/cugnanane. Ces  trois  endroits  reunis  peu- 
vent  renfermer  environ  3oo  hommes  qui  furent  chasses 
autrefois  de  leur  pays  par  le  cruel  Chaka  el  vinrent  s  e- 
lablir  dans  ces  contrees,  ou  ils  sont  detestes;  aussi  fei- 
gnent-ils  de  n'avoir  aucun  rapport  avec  le  peuple  des 
Zcjulas;  mais  tout  les  trahit,  leurs  moeurs,  leurs  traits, 
leur  langage,  (jui  sont  les  inemes  que  coux  de  ces  der- 


(  ^"7  ) 
niers.  llsci;ltiveiitlcblecaFre,leinais,  lescitrouilles,  'esme- 
joiis,  romrue  tous  les  Bechuanas  vus  par  les  niissionnaires. 

De  nieiiie  que  les  sujets  cle  Muselekatsi,  ils  portent 
pour  veteinent  une  simple  peau  sur  les  epaules,  et,  a 
I'exception  des  femmes,  qui  s'liabillent  un  peu  plus  deceni- 
inent,  ils  paraissent  avoir  bien  merite  le  nom  de  Kal- 
Cnfers  ou  Cafres  nus  que  leur  donnent  leurs  voisins. 

L'oeil  des  Cafres  nus  est  cruel  et  feroce;  leur  physio- 
nomie  a  quelque  chose  de  romanesque,  mais  de  tres 
desagreable.  Ils  different,  sous  tous  les  rapports,  des 
BassoutoS;  qui  sontdoux  et  affables  quant  au  caractere, 
et  dont  le  vetement  consiste  en  deux  grandes  peaux  dont 
Tune  couvre  leurs  epaules  et  I'autre  retombe  sur  le  de- 
vant  du  corps. 

Quant  a  la  difference  du  langage  des  deux  tribus  , 
voici  un  tableau  comparatif  de  quelques-uns  des  raots 
des  deux  langues  ,  recueiilis  avec  beaucoup  d'altention  : 

Xoulas  ou  Metdbeles. 

Onokope 

Nkabel 

Olekauk 

Omokhondo 

Kosi 

Operulu  et  Setuia 

La  plupart  des  mots  de  la  premiere  colonne  ont  ete 
donnes  par  Moiissignanane,  et  ils  ne  different  aucune- 
ment  de  ceux  rapportes  de  cbez  Miiselekatsi  par  le 
frere  Peliissier.  Deux  ou  Irois  sont  recoiinus  pour  etre 
entierement  cafres,  tels  que  ^»iang  et  Onokope  ^  ce  qui 
sert  a  confirnier  I'opinion  que  les  Zoulas  du  nord  sont 
sortis  de  ces  contrees-ci;  niais  on  ne  peut  decouvrir  ni 
dans  quel  temps  nl  dans  quelles  conjonctures. 

A  Moknatlein,  les  voyageurs  s'arreterent  pour  con- 


huatias  on 

nassoiitos. 

Francois. 

Hogobe 

Pain. 

Korao 

Bceuf. 

Letsatsi 

Soleil. 

Assagai 

Sagaie. 

Monina  et 

Kossi 

Chef. 

Morimo 

Dieu. 

(  3o8  ) 

siderer  la  belle  eiiaine  de  montagnes  apercue  le  i5  et 
qui  en  ce  moment  etait  tout-a-fait  en  face  d'eux  el  se 
niontrait  couveite  de  neige.  EUe  court  du  S.  au  N. ,  ce 
n'est  assurement  que  la  continuation  du  Storm-Berq. 
Les  chasseurs  de  1  expedition  I'appelaient  sous  ce  nouveau 
point  Uitle-Berg,  on  montagne  blanche.  U  etait  facile 
de  voir  a  la  simple  vue  quelle  est  plus  haute  que  le 
Sneuw-Berg,  qui  pourtant  esteleve  de  6,000  pieds  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer.  (1) 

«  Jusqu'ici ,  dit  M.  Arbousset,  nous  avons  marche  60 
«  heures  et  parcouru  environ  2  degres  (  5o  lieues  )  en 
«  ligne  directe;  d'apres  cela  il  est  tres  possible  que  le 
«  docteur  Philip  ait  place  cette  chaine,  qu'il  ne  fait  que 
«  supposer,  un  peu  trop  pres  de  la  mer,  sur  la  carte  qui 
«  accompagne  son  ouvrage  de  Recherches  sur  le  sud  de 
«  C Ajrique.  Mais  je  n'ai  ou  ni  le  temps  ni  les  instrumens 
«  n(;cessaires  pour  resoudre  cette  question  aussi  interes- 
«  sante  qu'utile,  et  qui  determnierait  dune  maniere  cer- 
«  taine  la  vraie  position  geographique  de  ces  montagnes 
«  encore  ignorees. » 

Le  lieu  ou  Ton  campa  semble  propre  a  retablissement 
d'une  station.  Le  sol  y  est  bon  on  y  troiive  de  I'eau  et 
du  bois. 

Le  20.  De  7  h.  4-3  m.  a 9  li.  35  m.,S.  O.  —  De  9  h.  35  m. 
a  10  h.  33  m. ,  S.  —  De  10  h.  33  m.  a  i  h.  3o  m. ,  S.  E. 
—  De  I  h.  3o  m.  a  3  h.  45  m.,  E.  S.  E. 

Au  moment  de  deteler  on  apprit  qu'a  une  demi-heure 
de  marche  sur  la  gauche  etait  un  kraal  considerable  de 

(i)  Les  monts  Witle-herg  sont  la  continuation  des  monts  Storm- 
berg  (monts  des  Temp^tes),  qui  sont  eux-m(?mes  une  suite  du  Sneuw- 
berg  (  montagne  de  Neige).  Les  natifs  font  continuer  la  chaine  jus- 
(in'au-dela  du  Molopo  dans  la  direction  N.  II  est  probable  qu'elle  va 
se  joindre  a  celle  qui  traverse  lesroyaumes  dc  Sofala  et  do  Sabia. 


(  3o9  ) 
Bassoutos  appele  Moutsanane,  il  fut  visite  le  lendeniain 
par  les  freres  Casalis  et  Gosselin,  ils  y  trouverent  200 
individus  environ;  le  chef  Gogola  leiir  a  fait  quelques 
objeclions  contra  la  religion,  auxquelles  les  freres  ont 
repondu  et  il  a  paru  satisfait. 

Mosheh  aynnt  appris  que  des  missionnaires  venaient 
chez  lui,  envoya  deux  niessagers  au  -  devant  deux 
pour  leur  enseigner  le  cheniin  et  leur  dire  qu'il  serait 
venu  en  personne  a  leur  rencontre,  s'il  n'eut  pas  craint 
une,  attaque  de  la  part  des  Korannas. 

On  niarcha  3  h.  E.  S.  E. ;  niais  en  faisant  miile  de- 
tours. Adam  ayant  appris  aux  missionnaires  que  des 
Mantoitis,  gouvernes  par  une  regente  nommee  Mokuatsi, 
habitaient  a  unejournee  de  clieval  do  la  ,  ils  crurent  im- 
politique  de  les  visiter  avant  d'avoir  vu  le  chef  des  Bas- 
soutos, qui  apres  les  avoir  vaincus  il  y  a  18  mois  dans 
une  bataille,  les  rendit  ses  Iributaires. 

Le  22.  On  marclia  de  10  h.  3o  m.  a  2  h.  45  m.  S.  E. 
—  De  3  h.  a  3  h,  10  m. ,  et  de  3  h.  i  j  m.  a  4  b.  S. 

A  2h.  10  m.,  on  renconlra  une  fontainc  aux  environs 
de  laquelle  le  sol  est  dune  fertilite  etonnante  et  qui 
fut  nommee  Freugt-bear-Fontein^  ou  source  fertile.  Un 
kraal  de  Bassoutos  nonune  Mnssite  s,e  trouve  a  ime  lieue 
de  la,  on  lacha  d'y  arriver  afin  de  pouvoir  evangeliser 
les  babitans  le  lendeniain  dinianche,  cc;  qui  fut  fait.  Ils 
babilent  au  pied  dun  mont,  du  flauc  duquel  s('chap- 
pent  qualre  fontaines  dont  deux  sont  fort  abondantes, 
il  fut  nomme  Water  bet g  ou  montagne  des  eaux;  Tune 
de  ces  fontaines  tombe  en  cascades,  ce  qui  nest  pas 
commun  en  Afrique.  Ce  bel  endroit,  jadis  h.d)ile  par 
des  Zoulas,  pourrait  deveuir  une  station  importance,  at- 
tendu  les  avantages  du  sol ;  on  y  trouva  qiiatre  ou  cinq 

22 


(   3io    ) 
kraals  deserts,  et  dans  les  champs,  etaient  epars  ck  et 
la  quelqiies  cranes  humains. 

Le  23.  Dimanchc. 

he  24-  De  9 1^'  20  ru.  a  9  h.  4^  m-,  marche  E.  S.  E.  —  De 
ph.  45  "'•  ^  10  h.  17  m.,  E.  N.  E. ,  —  De  10  h.  3o  m. 
a  4^.  17  in.,  E. 

Avant  loheures  du  matin,  on  apercut  clu  haul  dun 
plateau  la  riviere  Cnledon,  Tune  des  prinripales  sources 
du  fleuve  Orange.  M.  Arbusset  s'approcha  de  ses  herds 
€t  en  suivit  le  courant  pendant  une  petite  heure. 

Le  Caledon  prend  sa  source  dans  les  montagnes 
blanches  et  coule  lentement  du  S.  O.  an  N.  E.  dans  un 
lit  profondetsablonneux.  Lariv  ere  est  bordee  de  saules, 
qui  y  croissent  naturellement ,  et  siir  la  rive  droite  se 
trouvent  de  pclits  bosquets  que  frequentent  de  nom- 
breux  oiseaux  parnii  lesquels  on  reconnut  le  flammant 
et  I'hirondelle.  Le  passage  des  rivieres  d'Afrique  est  en 
general  penible  ct  difficile.  Pour  traverser  \ Orange  il 
avail  I'allu  se  jeter  a  la  nage  et  saisir  a  deux  la  litiere  des 
boeufs  afin  de  leur  aider  a  traverser  le  (leuve.  Ici  e<rale- 
inentil  fallut  prendre  I'un  un  pic,  lautre  une  pioche  et 
ouvrir  un  cliernin  a  travers  des  remparts  de  sable;  mal- 
gre  ces  precautions  le  waggon  des  missionnaires  resta 
au  milieu  de  I'eau  jusqu'a  ce  qu'un  attelage  frais  vint 
Ten  tirer.  Le  ilmon  de  la  voiturc  d  Adam  se  rompit  au 
fort  du  travail. 

Le  aS.  La  journee  fut  employee  a  reparer  les  dom- 
mages  soufferts  la  veille;  on  fit  aussi  des  maillets,  des 
manches  doutils  et  Ton  recueillit  dans  les  champs,  du 
quarz  de  toutes  les  especes.  Les  pierres  siliceuses  sont 
tres  communes  dans  ces  contrees  ,  un  hyalin,  une  ame- 
thyste,  une  fausse  topaze  et  quelques  fragmens  degres, 
dont  sp  component  presque  toutes  les  montagnes  visitees 


(3x1) 
et  quelques  autres  objets  de  geologic  plus  ou  moins  cu- 
rieux  furent  reunis   pour  etre   envoyes  au  musee  de 
Paris. 

Le  26.  On  traversa  deux  sources  de  laCaledon  :  Tune 
coulc  E. ,  la  seconde  E.  S.  E.  5  relle-ci  est  i-estee  sans 
nom  ;  la  premiere,  plus  considerable,  tut  appelee  Stenie, 
du  mot  hollandais  Steen,  pierre,  a  cause  des  enormes 
rochers  de  gres  sur  lesquels  elle  roule  ses  eaux. 

On  campa  a  gauche  d'un  kraal  considerable  de  Bas- 
soutos  nomme  Litsonein,  chef  Chatchane.  Les  habitans 
en  foule  vinrent  aux  voitures  feliciter  les  voyageurs  de 
leur  arrivee. 

Le  27.  On  decouvrit  de  loin  la  montagnede  Tluan  sur 
laquelle  Moshesh  habile  avec  son  peuple.  La  riviere  pres 
de  laquelle  on  campa  apres  avoir  marche  E.  S.  E.  toute 
la  journee  est  une  source  considerable  de  la  Caledon  et 
comme  cc-lie-ci  elle  estbordee  desaules,  c'est  pourquoi 
on  1  appela  \-ASaule.  Son  lit  estprofond  et  sablonneux,  et 
son  courant  est  N.  E. 

Le  fils  du  roi  des  Bassoutos,  envoye  le  24  en  embas- 
sade  pres  des  missionnaires,  se  retira  le  soir.  II  crai- 
gnait  son  pere,  qui  lui  avait  recommande  au  moment 
de  parlir,  d'amener  les  voyageurs  sains  et  saufs,  et  1 'avait 
rendu  responsable  du  nia!  qui  leur  arriverait;  voila , 
disait-il  avec  effroi  qu'une  des  voitures  est  cassee! 

Le  28.  Arrivee  a  Bossiou  ville  capitale  du  royaume. 

Les  Bassoutos  recurent  les  missiorinaires  comme  des 
bienfalteurs.  Moshesh  ne  negligea  rien  pour  leur  prou- 
ver  la  joie  quil  eprouvait  de  leur  arrivee.  M.  Casalis 
avait  devance  les  voitures  afin  de  sahier  Moshesh  au  nom 
de  ses  freres.  Lorsqu'il  fut  parvenu  a  vinquart  de  lieue 
delamontagne  sur  laquelle  la  ville  est  situee,  il  apercut 

23. 


(  3'-^  ) 
line  foule  iiiiiiiense  qui  cherchait  a  decouvrir  Vetrangcr 
dans  la  plaine.  De  fortes  tlecharges  de  fusils  se  succe- 
daient  sans  interruption  au  milieu  des  acclamations  de 
la  multitude.  Arrive  au  pied  du  coteau,  il  dtit  descendre 
de  cheval,  pour  gravir  les  rochers  qui  le  separaient  en- 
core du  roi  Bassouto.  Aussitot  qu'il  fut  pres  des  pre- 
mieres huttes,  un  profond  silence  s'elablit  et  quelques 
indigenes  s'avancerent  pour  le  conduire  pres  de  jMos- 
hesh.  II  le  trouva  assis  sur  une  natie,  au  milieu  de  ses 
conseillers;  le  roi  lui  tendit  la  main  dun  air  affectueux 
et  I'invita  a  j)rendre  place  a  son  cole;  un  serviteur  lui 
apporta  un  pot  de  biere  et  quelques  batons  de  eanne  a 
Sucre.  La  conversation  s'engagea,  et  le  roi  dit  au  mis- 
sionnaire :  «  Si  vous  conser.tez  a  demeurer  avec  moi , 
vous  m'apprendrez  a  connaitre  votre  Dieu  ;  mon  pays 
est  a  votre  disposition ;  l)alisse2,  cultivez  comme  vous 
le  jugerez  a  propos;  je  veux  lassenibler  tous  nies  sujets 
et  m'etabljr  aupres  de  vous.  Lorsque  vous  vous  serez 
un  peu  repose,  nous  partirons  ensemble  pour  aller 
chercher  un  emplacement  convenable. » 

Cela  dit,  Moshesh  se  leve,  place  M.  Casalis  a  sa  droite 
et  le  conduit  vers  sa  hutte;  le  peuple  suit  a  vingt  pas 
de  distance,  une  femme  recite  a  liaute  voix  les  louan<res 
dn  fils  de  Mogachane.  Arrive  pres  de  lademeure  royale, 
le  cbef  fait  appeler  tout  le  serail  et  presente  1  etranger 
a  chacune  de  ses  femmes;  elles  etaient  une  Irentaine 
outre  la  reine  legitime  qui  jouit  de  grands  pri\ileges  et 
demeure  a  part  dans  une  hutte  particuliere.  Gelte  cere- 
monie  termina  la  visite;  les  voitures  etaient  arrivees  au 
pied  de  la  montagne  et  le  voyngeur  demanda  au  roi  la 
permission  de  rejoindreses  amis. 

Le  29.  Lendemain  de  I'arrivee  a  Bossiou.  M.  Arbous- 
set    fut   visiter  la    vi!!e.    Elle   est  balio    sur  une  niontn- 


(3i3) 

gne  dtj  gr^s,  haute,  escarpee,  longue  de  6,000  loises 
fiur  5  a  600  cents  de  largeur  environ,  et  faisant  suite  a 
la  chaine  des  niontagnes  blanches.  i5o  hutles  au  centre, 
puis  de  nonibreux  Kraals  tout  autour,  voila  a-peu-pres 
de  quoi.  se  compose  cet  endroit.  A  droite  s'elcve  une 
pyraniide  nalurelle  de  deux  a  trois  heures  de  circonfe- 
renee,  ce  qui  donne  a  ce  lieu  un  aspect  fort  reniarqua- 
ble.  Le  nonibre  des  habitans  de  Bossiou  est  de  5oo  au 
moins ,  ce  qui  passe  au  sud  de  I'Afiique  pour  une  po- 
pulation considerable.  Dans  les  montagnes  environnan' 
tes,  on  compte  une  trontaine  de  villages  sans  y  com- 
prendre  ceux  deja  menlionnes  ci-dessus,  et  qui,  ainsi 
que  ces  derniers,  sont  tous  sous  la  puissance  de  Moshesh. 

Mosbesh  est  uu  hoinme  de  belle  taille;  il  a  une  figure 
a  la  roniaine,  le  visage  ovale,  le  nez  aquilin,  un  peu 
aplati,  le  menton  long  et  le  front  proeminent.  Son  ceil 
est  vif ,  sa  parole  animee  et  sa  voix  rauque.  II  est  gra- 
cieux  dans  toutes  ses  nianieres,  et  son  sourire  a  de  la 
bienveillance.  II  est  maintenant  dans  la  vigueur  de  I'age, 
et  parait  dispose  a  toute  espece  de  sacrifices  pour  I'amour 
de  la  civilisation,  dont  il  est  grand  admirateur. 

Les  Bassoutos,  en  general,  sonl  de  beaux  hominesj 
leurs  moeurs  sont  douces  et  paisibles  :  ils  ne  sont  pas, 
connne  les  Cafres,  disposes  a  la  violence,  mais  en  echange 
ils  sont  un  peu  paresseux.  Ils  cultivent,  coniine  on  I'a 
deja  vu,  le  ble  cafre,  les  courges,  les  melons,  la  canne 
a  Sucre,  le  ble  de  Turquie ,  presque  tous  le  dacha  (i), 
qu'ils  prennent  en  poudre,  et  quelques-uns  letabac  pro- 
prement  dit. 

Les  femmes  reduisent  le  ble  cafre  en  farine  par  la  presr 
sion  entre  deux  gres,  puis  elles  le  petrissent  grossiere- 

(i)  Espece  de  narcolique  assez  actif. 


(  3x4) 
ment  a  I'eau  froide  et  le  font  ensuite  bouillir  dans  una 
espece  de  poterie  de  faience  indigene;  ainsi  apprete,  il 
est  mange  sous  forme  de  pain. 

Le  nieme  grain  fermente,  cuit  dans  lean  et  tamise 
dans  un  sac  de  jonc,  produit  une  biere  forte  et  tres  ra- 
fraiuhissante. 

Les   huttes  des  Bassoutos  out  la  forme  des  ruches 

d'abeilles;  ils  les  consiruisent  aveo  des  roseaux  et  les 

recouvrent  de  nattes.  Comme  elles  se  trouvent  trop  pe- 

tites  pour  contenir  les  provisions  de  leurs  habitans,  les 

naturels  se  faconnent  des  paillassons  ou  ils  niettent  leurs 

recoltes.  Ce  peuple,  et  tons  les  Bechuanas  en  general, 

ne  connaissent  pas  I'art  de  tanner  tel  qu'il  est  pratique 

en  Europe;  mais  ils  ont,  pour  la  preparation  du  cuir, 

des  procedes  a  eux,  fort  simples,  et  qui  leur  reussissent 

tres  bien.  Sept  a  huit  individus  s'agenouiilent   a  terre 

autour  d'une  peau  qu  ils  ont  prealablement  laisse  trem- 

per  dans  I'eau  froide,  et  chacun  d'eux,  la  saisissant  for- 

tement  avec  les  mains,  la  tire,  la  presse,  la  refoule  en 

tous  sens,  en  poussant  des  oris  aigus  pour  s'animer  a 

I'ouvrage.  lis  parvicnnent  ainsi  peii-a-peu  a  I'amollir  et 

a  la  rendre  propre  a  etre  portee  sur  les  epaules  en  guise 

de  manteau  ,  ou  a  etre  faconnee  en  forme  de  sac. 

Les  Bassoutos  ijjnorent  leur  origine.  Moshcsh  disait 
un  jour  a  ce  sujet :  «  J'ignore  d'ou  nous  sommes  venus  ; 
ce  que  je  sais ,  c'est  que  Dieu  nous  a  mis  depuis  fort 
long-temps  dans  ce  pays  « ;  puis  il  ajoutait  :  «  Nous 
sommes  sorlis  des  roseaux  de  la  fontaine.  » 

Un  serieux  examen  de  Bossioii  et  de  ses  environs 
ayant  convaincu  les  voyageurs  que  cet  endroit  n'elait 
nu'lenient  propre  .a  la  fondation  dune  station  mission- 
naire,  ils  redescendirent  a  leurs  voitures  suivis  de  Mo- 
shesh,  avec  lequel  ils  avaient  eu  plusieurs  entretiens. 


(  3i5  ) 
Le  soir,  apres  avoir  fait  leur  cuisine  sous  ses  yeux,  ils 
lui  firent  signe  de  venir  souper  avec  eux,  ce  qui  le  com- 
bla  de  joie.  Adam  aussi  fut  invite.  La  cruclie  servait  de 
siege  a  lun  d'eux,  et  un  petit  tabouret  a  Taulre.  Quant 
aux  niissionnaires,  ils  avaient  chacun  une  chaise.  M.  Ar- 
bousset  servit  a  manger  au  roi  dans  une  cuvette,  et  a 
Adam  dans  le  couvercle  de  la  soiipieie,  n'ayanten  tout 
que  trois  assiettes.  Mieux  fournis  des  objets  necessaires 
a  la  vie,  ils  eussent  pu  passer  pour  des  richards  aux 
yeux  de  cos  bonnes  gens.   Le  prince  prend  sobrement 
son  repas,  se  fait  sorvir  le  sucre  dans  la  main,  et  boh 
son  the  non  sucre  afin  de  mieux  savonrer  le  doux  apres 
Tamer.  II  appelle  ensuite  son  fils  et  partage  avec  lui.  Le 
repas  se  termina  par  une  priere  ,  et  Moshesh  en  parut 
fort  content.  Deux  heures  apres,  pendant  qu'assis  au- 
tour  du  feu  les  missionnaires  faisaient   lire  et  chanter 
leurs  gens,  le  roi,  qui  trouvait  cela  fort  bean,  voulut  y 
prendre  part  :  on  lui  fit  repeter,  tant  bien  que  mal,  en 
battant  la  mesure,  un  cuntiquede  louanijes  auSeisneur, 
enhollandais  jpuis  les  voyageurs  seretirerent  dans  leurs 
waggons.  Les  domestiqiies ,  et  les  Bassoutos  qui  ont  le 
caractere  tres  genereux,  passerent  une  parlie  de  la  nuit 
a  faire  cuire  de  la  viande  et  a  la  mangrer  tous  ensemble. 
Les  indigenes  causent  gaiment,  et  avant  de  s'endormir, 
ils  chantent  en  choeur  la  chanson  guerriere  des  Zoulas  : 
Quelques  voix  : 

«  Je  veux  faire  la  guerre, 
»  Je  viendrai  conlre  toi.  » 

D'autres  repondent  : 

«  Non  ,  tu  n'oseras  pas  ! 
«  Approche ,  je  t'attends.  » 

Refrain  : 

•  Mais  tu  n'oseras  pas  !  • 


(   3i6  ) 

Le  lendemain  dimanche,  attendu  la  grande  quantite 
de  neige  qui  etait  tombee  la  nuit,  et  le  mauvais  temps 
qu'il  faisnit  encore,  les  missionnaires,  bien  qu'ils  eussent 
desire  que  le  peuple  de  Bossiou  descendit  dans  la  vallee, 
prirent  le  parti  de  nionter  a  la  viile,  ce  qui  plut  beau- 
coup  a  Moshesh ;  il  fit  appeler  beaucoup  de  nionde , 
Balas!  bassai'i!  liouimes  et  ienimes.  On  leur  annonca 
en  termes  clairs,  et  aussi  simples  que  possible,  la  venue 
du  fits  de  Dieu  au  monde.  Les  cinq  ou  six  cents 
auditeurs  de  ce  preche  parurent  etonnes  comme  si  un 
bruit  merveilleux  eut  frappe  leurs  oreilles,  mais  sans 
qu'on  put  croire  qu'ils  en  comprenaient  le  sens.  Nean- 
moins  le  roi ,  prenant  la  parole  avec  feu  apres  le 
predicaleur,  en  dit  beaucoup  plus  que  lui,  et  avertit 
ses  sujets  qu'il  etait  resolu  aaller  avec  les  missionnaires 
chercher  un  lieu  convenable  pour  leur  etablissement, 
et  qu'ensuite  il  s  y  transporterait  avec  tous  les  siens.  En 
menie  temps  il  fit  de  vioiens  reproches  a  son  Faiseurde 
pluie  dece  qu'il  n'avait  pasameneMogachaneson  pere; 
non  que  la  vieillesse  soit  fort  honoree  chez  ces  peuples, 
oar  ils  ont  une  telle  peur  de  la  mort,  qu'ils  eloignent 
d'eux  tout  ce  qui  la  rappelle,  et  cbez  eux  un  homme 
disparait  sans  qu'on  en  sache  rien  :  ses  proches  I'enter- 
rent  en  cachette ;  il  n'y  a  que  ceux  qui  meurenl  sur  le 
champ  de  bataille  dont  le  corps  reste  sans  sepulture. 
Mais  Moshesh  parait  sincere,  et,  dans  cette  circonstance, 
il  eixX.  sans  doute  desire  que  son  pere  nous  entendit. 

Ce  Rain-maker  (Faiseur  de  pluie)  est  le  premier  que 
les  voyageurs  aient  rencontre  sur  leur  route.  On  ne  croit 
guere  a  I'efficacite  de  son  art ;  mais  comme  Bossiou  est 
un  endi'oit  considerable,  il  y  remplit  les  fonctions  de 
herault  public  et  de  commissaire  de  police.  C'est  lui  qui 
est  charge  d'entretenir  la  proprete  dans  la  ville.  II  est 


(  3'7  ) 
affuble  de  7  a  8  colliers  graisses,  et  sur  la  tele  il  porte 
un  plumel  fait  avec  ties  vessies,  signe  preseivatif  de  tout 
mal.  Au  temps  que  la  furie  I'inspire,  il  ne  cesse  de  crier 
unipa!  uwpa  !  en  levant  en  lair  ses  deux  mains,  qu'il 
ouvre  et  ferme  alternatlvement. 

Les  Bassnutos  portent  tous  deces  colliers  deverroterie 
ou  de  cuir ;  les  plus  riches  sont  en  cuivre  avec  des  bra- 
celets de  meme  metal  ou  de  vessies,  autant  qu'ils  peu- 
vent  s'en  procurer.  Get  usage  n'est  pas  commun  aux 
temmes;  niais  en  revanche,  elles  se  tatouent  la  figure 
et  le.;  bras,  et  se  frotteht  le  corps  avec  de  la  craie  rouge  ^ 
celles  qui  ont  le  plus  d'embonpoint  sont  regardeescomme 
les  plus  belles. 

Le  viardl  ijuillet.  11  tomba  beaucoup  de  neigc, ce  qui 
empecha  le  de'part.  M.  Arbousset  ayant  nionte  a  la  ville, 
y  Irouva  dix  CatVes  proprement  dits,  venus  a  Boss'wa  de 
dix  journe'es  de  la,  dans  le  but  de  faire  des  echanges. 
lis  se  disaient  sujets  de  Tjkani(i)j  chef  tres  puissant 
residantdans  une  ville  qu'ilsappellent  !\i  all  ake  in  ou.  Mos- 
s/'giiasse,  c'est-a  dire,  selon  leur  propre  interpretation, 
Grande  nier  a  i4  soinineils  de  Tlitan,  E.  N.  E.  Ce  Tikani 
est  le  frere  deChaka,  et,  par  parenthese,  son  nieurtrier. 
Muselekatsi  n'est  quun  sujet  revoke,  qui,  apres  s'etre 
fait  un  grand  parti,  s'est  retire  vers  le  nord.  On  apprit 
encore  des  voyageurs  cafres  qu'a  3journees  demarche 
E.N.  E. ,  plus  loin  que  Mntlnkeiii,  on  aperco  t  la  mer, 
qui,  d'apres  ces  renseigneniens,  serait  encore  a  17  jour- 
ne'es de  marche  de  Bossiou. 

Le  "ijuillet.  Des,  le  bon  matin,  Moshesh ,  sollicite  de 
partir,  y  consentit.  De  2  h.  a  2  h.  53  m. ,  on  marcha  O. 

(i)  Probablement  le  meme  que  Dingan.  Voy.  t(*  ann^e,  p.  aug,    ,1 


(  3i8  ) 

—  De  3  h.  i  5  h.  3o  m.,  S.O.  A  2  h.,  on  avait  traverse  une 
source  de  la  Caledon,  coulant  S.  O. 

Le  4.  De  9  h.  3o  ni.  a  i  Ii. ,  S.  O.  —  De  i  h.  a  i  h.  ao 
m. ,  S.  et  S.  E. ,  —  de  2  li.  3o  in.  a  4  h.  3o  m.,S.-0. 

A  une  henre  on  avait  en  vue,au  S.  E. ,  un  bean  mont 
borde  dune  large  colline,  au  milieu  de  laquelle  serpente 
une  eau  assez  abondante,  mais  qui  plus  loin  se  perd 
dans  des  creux  qu'elle  rencontre  sur  son  passage.  Tout 
le  monde  jugea  que  ce  lieu  etait  un  fort  bel  emplacement, 
et  Ion  s'y  serait  pent  etre  arrete,  si  le  roi  n  en  eiit  pas 
eu  un  autre  en  vue.  Ce  dernier  endroit  pourtantne  reu- 
nissait  pas,  a  beaucoup  pres.  les  avantages  du  premier, 
et  Mosliesh  lui-nieiiie  en  convint,  une  fois  qu'il  lout 
niieiix  examine.  II  Cut  done  question,  apresquatre  lieures 
de  marche  au  N.  O. ,  de  revenir  au  mont  abandonne  la 
veille  a  regret.  Mais  pour  satisfaire  le  roi,  il  fallait  y  re- 
lourner  de  suite  et  ne  le  plus  quitter.  Comme  la  plus 
grande  partie  des  bagages  des  missionnaires  eiaita  Phl- 
lippolis,  ils  deciderent  que  deux  d'entre  eux  resteraient; 
njais  avant  de  prendre  cette  determination  extreme,  ils 
demanderent  au  chef  s'il  serait  dispose  a  leur  donner  une 
douzaine  d  hommes  pour  rester  avec  eux.  «Oui,  repon- 
ditil  aussilot,  mon  fils  alne  et  toutes  les  productions  du 
pays  sotit  a  votre  disposition.  —  Eh  bien !  reparlit 
M.  Arbousset,  a  cette  condition,  notre  resolution  est 
prise,  le  frere  Gosselin  et  moi  nous  restons  ».  Aussitot 
cet  homme ,  comme  inspire  du  ciel,  se  leve,  et,  avec  un 
sentiment  profond,  il  s  eerie  :  «  Maintenant  je  crois  qu'il 
y  a  un  Dieu,  car  une  trop  grande  benediction  tonibe 
sur  nioi;  je  ne  croyais  pas  que  ce  fiit  serieusement  que 
vous  voulussiez  rester. » 

On  se  remit  en  route,  et  Ion  revint  a  I'endroit  choisi 
pour  y  fonder  la  station.  La  montagne  se  prolonge  tres 


loin  au  S.  E.,  etdeson  flanc  s'echappentde quart  dheure 
en  quart  d'heure,  cinq  belles  fontalnes  qui  vont  arroser 
un  sol  recouvert  dun  pied  de  bonne  terre  au  nioins,au- 
dessous  delaquellese  trouvede  la  terre  glalse;  en  outre, 
le  bois  de  chautfage  et  celui  de  construction  s'y  trouvent 
en  abondance.  Mosbesh  ayant  quitte  les  voyageurs, 
leur  eiivoya  ,  conime  il  I'avait  promis  ,  son  fils,  quelques 
honimes  et  des  provisions.  IJn  de  ses  fieres,  chef  d'int 
grand  peuple  comnie  lui,  envoya  dix  hommes  pour  aider 
a  construire  une  petite  maison  en  roseaux,  et  quand  le 
temps  sera  devenu  plus  opportun,  ils  sont  rcsolus  tons 
deux  a  venir  se  fixer  pres  des  missionnaires.  Pour  le 
moment,  ils  en  sont  empecbes  par  les  Kovannas,  qui 
rodent  dans  les  environs.  Detniereinent,  ctuxci  allerent 
attaquer  les  Mantaetis,  mais  ils  perdirent  tous  leurs 
chevaux  dans  cette  expedition. 

Le  i8jiu7let.  La  petite  maison  que  MM.  Arbousset  et 
Gosselin  devaient  babiter  ayant  ete  terminee,  M.  Casalis 
quitta  Morij'a  (nom  donne  a  letablissement)  a  3  heures 
de  lapres-midi ,  pour  retourner  a  Philippolis  et  en  ra- 
mener  le  second  waggon  el  le  reste  des  bagages.  Apres 
trois  beures  de  marcbe  S.  O.,  il  fit  deleter  pres  dune 
source  dela  riviere  Caledon.  (i) 

Le  ug,marcke.De  1 1  h.  a  i2  b.  i5  m. ,  S.O.  —  De  12b. 
i5  m.  a  2  h.  5  m. ,  N.  O.  —  De  2  h.  5  m.  a  3  b. ,  O.  N.  O. 
—  De3b.  a  4h.  i5m.,0.  —  De  4  b.  i5ni.a5h.,  N.  O. 

A  2  b.  10  m.  ,  il  decouvrit  une  mine  de  cbarbon  de 
terre  qui  sera  une  grande  ricbesse  pour  relabllssement. 
Le  conducteur  des  boeufs  assure  que  les  Bassoulos  ex- 
ploitent  la  houille  et  s'en  servent  pour  preparer  leurs 

(i)  L'inspection  de  la  carte  fera  voir  que  les  missionnaires  se  ser- 
T«nt  constamment  du  mot  de  source  pour  celui  d'affluenl. 


(  3:zo  ) 
fers  de  lance.  Le  soir,  ayant  envoye  chercher  de  I'eau , 
tous  les  gens  s'ecriereiit  qu'iletait  impossible  den  boire, 
vu  que  la  source  avail  sans  doute  ete  corrompue  par  la 
caicasse  de  quelquc  animal.  M.  Casalis  supposa  d'abord 
qu'ils  avaient  puise  a  unc  source  sulfureusc:  la  d('gus- 
tation  Fen  convainquil  bienlot.Un  J3ass()uto,pkis  instniit 
que  les  autres,  piil  la  parole  pour  prouver  que  ceite 
eau  parfaitement  pure,  loin  de  nuire  a  la  sante,  avail  des 
proprieles  medicinales  Ires  marquees.  Observation  tout.- 
a-fait  inauendue  de  la  part  d'un  sauvage. 

Zeao.Onavaitcampe  la  veille  pres  de  Popokuan,  petit 
village  de  Bassoutos.  M.  Casalis  s'y  rendit  le  matin  avec 
son  interprete,  ot  fut  comble  de  caresses  par  le  chef 
Matcliouse.  On  niarcha  ensuite  N.  O.  pendant  5  heures, 
el  Ton  campa  sur  le  rivage  de  la  Caledon. 

A  I  h.  20  m.  on  avail  passe  pres  dun  lac  d  eau  douce 
assez  considenible. 

Le  21  ,  tnarche.  De  10  h.  10  m.  a  10  li.  i5  ni. ,  S.-O. 
—  De  I  oh.  1 5  m.  a  1 1  h.  i5  in.,  O.  N.O.  —  De  r  ih.  i5  m. 
a  1 1  h.  2om.,  O.  — De  1 1  h.  20  m. a  12  h.  ,N.  —  De  12  h.  a 
3  h.  i5  m.,0.  La  Caledon  n'etant  plus  gueable  vis  avis 
le  lieu  du  campement,  il  fallut  longer  la  cote  jusqu'a 
II  h.  i5  m. 

La  Caledon  nierite  de  compter  parnii  les  principales 
rivieres  du  sud  de  I  Afrique.  D  apres  le  rapport  des  Bas- 
soulos  ,  elle  prend  sa  source  dans  les  monts  W itte-herg 
pres  du  pays  des  Mantaetis ;  elle  coule  O.  el  O.  S.  O.,  el 
sejetle  dansle  fleuve  Orange,  a  2  ou  3  heuresde  la  station 
des  Bushmen  ,  c'est-a  dire  a  16  ou  18  lieues  S.  E.  diePlu- 
lijjpolis.TLWe  a  60  pieds  de  largeursur  4  de  profondeur 
a  I'endroit  ou  elle  futtraversee.  Son  lit  estrocailleux,  son 
cours  rapide,  el  des  dunes  de  sable  la  bordent  de  chaque 
cote.   Des   troupes  d'autruches  avant  attire  lattention 


(  3.t  ) 
lie  M.  Casalis  pendant  le  reste  tie  la  journee  ,  il  acquit 
de  nouvelles  prcuvos  qu'elles  convent  leursoeutscoinme 
les  autres  oiseaux.  Les  Bassoutos  garantissent  cefait,  et 
ils  ajoutent  cette  parlicularite  interessante,  que  la  fe- 
melle  couve  pendant  le  jour,  et  le  male  pendant  la  nuit. 

Le  11 ,  dimunche.  Repos. 

Le  23.  Les  betes  f'eroces  avaient  Inquiele  I'expedition 
toute  la  nuit.  Les  bords  du  Caledon  sent  infestes  par  de 
lerribles  lions  qui  devorerent  un  des  meilleurs  boeufs  de 
I'atlelage. 

Marche.  De  g  a  4  b. ,  O.  Vers  i  beuies  de  I'apres- 
midi ,  on  arriva  sur  le  bord  dun  profond  ravin  qui  bar- 
ratt  le  passage.  A.yant  vainement  cberche  une  issue,  il 
fallut  se  decider  a  Irancbir  ce  fosse  ,  ce  qui  ne  put  se  faire 
qu'a  grande  peine.  Au-dela  ,  un  danger  plus  imminent 
attendait  le  courageux  voyageur  :  lessauvages  ont  I'ha- 
bitude  de  mettre  le  feu  a  I'herbe  ,  afin  de  bonifier  le 
terrain  et  d'obtenir  ainsi  de  meilleurs  paiurages  ;  M.  Ca- 
salis se  vit  entoure  bientot  par  un  pareil  incendie.  Ne 
pouvant  reculcr  a  cause  du  ravin,  il  faliut  tiaverser  les 
flammes  en  les  eteignant  a  coups  de  baton,  dans  un  en- 
droit  ou  elles  etaient  moins  inlenses. 

Les  24  et  aS  ,  marche.  —  24  :  De  1 1  a  12  h.,  O.  —  De 
1 2  h.  a  I  b. ,  N.  O.  De  I  b.  a  3  h.  3o  m. ,  O.  De  3  h.  3o 
m.  a  4  b. ,  N.  N.  O.  —  25  :  De  11  h.  3o  m.  a  i  b.,  O.  S.  O. 
—  De  1  a  4  b. ,  O. 

Pendant  ces  deux  journees  ,  on  voyagea  presque  tou- 
jours  au  milieu  de  bandes  nombreuses  de  zebres  et 
d'antilopes.  II  est  dilficile  ,  pour  ne  pas  dire  impossible  , 
de  se  faire  une  idee  du  nombre  prodigieux  de  betes 
feroces  qui  vivent  dans  les  deserts  de  TAfrique,  lant 
qu'on  i/'on  a  pas  jng(^  par  ses  propres  yeux.  Trois  especcs 


(   3a.  ) 
dantilopes  sont  siirtout  remarquables,le  spring-bock  (i), 
le  riet-bock  (2)  et  le  hart-beest.  (3) 

Le  springbock  eniporte  le  prix  de  la  beaute  :  I'ele- 
pance  de  ses  formes,  la  rapidite  de  sa  course,  la  grace  de 
ses  nioindres  mouvetnens,  le  rcndent  rornement  du 
desert ;  ses  cornes,  longues  defiii  8  pouces,  varient  entre 
le  niarron  foiice  et  le  noirjila  ledos  faiiveet  les  parties 
inferieures  blanches;  une  longue  raie  brune  s'etend  le 
long  de  ses  flancs. 

Le  riet-bock  tire  son  nom  de  ce  qu'il  vit  communement 
dans  les  roseaux.  Son  poil  est  laineux  et  d'unecouleur 
cendree ;  ses  comes  se  recourbent  en  avant  en  forme  de 
croc. 

Le  hart-beest  se  distingue  par  une  longue  tete  et  des 
cornes  fortement  annelees  ,  penchant  en  arriere. 

Les  chasseurs  africains  font  un  grand  cas  de  ces  trois 
especes  ,  niais  ils  preferent  lanlilope  blanche  (leucoryx), 
dont  le  cuir  se  vend  assez  cher  en  raison  de  sa  (orce.Cet 
animal  est  remarquable  par  ses  dimensions,  qui  ne  le 
cedent  guere  a  celles  du  boeuf.  Ses  cornes  sont  longucs, 
parfaitemenl  droites ,  coniques ,  et  entourees  vers  la  base 
d'anneaux  en  spirale.  Son  poil  est  ras  et  presque  blanc. 
Sa  queue  ressembie  a  celle  de  la  girafe. 

Le  26',  marche. —  De  9  a  10  h.,0. —  De  12  a  7  h.,  S.  O. 

Les  27  et  28  ,  marche  S.  O.  Arrivee  a  la  station  des 
Bushmen;  de  la,  on  atteignit  Philippolis  en  17  heures. 

M.   Casalis  espere    reparlir  pour  Morijn  lorsque  ses 

boeufs  seront  assez  reposes,   c'est-a-dire  dans  deux  ou 

trois  semaines. 

Ambroise  Tardieu. 

(i)  Antilopea  bourse  ou  antilope  eucliore. 

{•I)  Lc  riet-rhee-bock  ou  nagor  des  roseaux, ou  antilope-eleotragus. 

(3)  Lecaama  ou  cerf  du  cap,  ou  antilope caama. 


(  3.^  ) 

APPENDICE. 

Dans  les  numeros  4  et  5  de  i834  du  Journal  des  mis- 
sions evangeUques^  on  tronve  quelques  nouveaux  ren> 
seigneniens  sur  les  etablisseniens  tlu  sutl  de  rAFrique  :  la 
reponse  suivante  d  un  Hottentot  indique  dune  raaniere 
vigou reuse  et  vraie,  les  heureux  resultats  des  missions 
parnii  ces  peuples. 

«  Quand  les  missionnaires  vinrent  au  milieu  de  nous, 

•  nous  n'avions  d'autres  vetemens  que  de  sales  peauxde 

•  mouton;  maintenant  nous  sommes  liabilles  du  produit 
«  des  manufactures  anglaises.  Nous  n'avions  point  de 
«  langue  ecritej  maintenant  nous  pouvons  lire  la  bible, 
«  ou  au  moins  nous  la  laire  lire.  Nous  elions  sans  religion; 

•  et  maintenant  nous  adorons  Dieu  dans  nos  families. 

•  Nous  ne  possedions  aucune  idee  de  morale,  tandis 
■  qu'aujourd'hui  chacun  de  nous  reste  fidele  asa  propre 
«  femme.  Nous  etions  adonnes  au  libertinage  et  a  I'i- 
«  vrognerie,  tandis  qu'aujourd'luii  I'industrie  et  la  so- 
H  briete  regnent  parmi  nous.  Nous  n'avions  rien  en  pro- 

•  prej  mais  les  Hottentots  de  Betlielsdorp  ont  mainte- 
«  nant  cinquanle  chariots  et  un  nombre  proportionne 
«  de  bestiaux.  Enfin  nous  etions  exposes  a  etre  massa- 
»  cres  comme  des  betes  feroces ;  mais  les  missionnaires 
«  se  sont  interposes  entre  nous  et  les  fusils  de  nos  en- 
«  nemis.  » 

Ces  importans  resultats  ont  entierement  change  la 
condition  de  ces  peuples  qui,  d'opprimes  qu'ils  etaient, 
sont  devenus  coumie  tons  les  autres  habitans  anglais 
ou  hoUandais  de  la  colonic,  libres  sous  la  protection 
des  lois. 

Les  Criquas ,  indigenes  de  la  station  de   Philippolisy 


(  324  ) 
possedenl  35,ooo  moutons,  3,ooo  tetes  de  gros  betail 
et  5oo  chevaux,  ce  peuple  sert  de  boulevard  a  lacolo- 
nieducoteN.  et  N.  E.  et  epargne  ainsi  au  gouvernement 
colonial  I'entretien  de  5oo  homnies  de  troupes,  qui,  se- 
raient  necessaires  pour  proteger  cette  parlie  de  la  fron- 
liere,  longue  de  3oo  inilles. 

Les  Griquas  ^7i\\  commencement  de  la  mission,  etaient 
aussi  ignorans  et  denues  de  ressources  que  les  Korannas^ 
les  Biischiiien  et  les  Bcchuanas  qui  les  entourent,  et  dont 
ils  sont  deveniis  les  protecteurs,  bien  que  cinq  fois 
inoins  nond)reux  qu'eux. 

La  station  de  Caledon  qui  avait  ete  abandonnee,  a  re- 
pris  par  les  soins  de  M.  Pelissier,  une  importance,  qui 
pourra  devenir  utile  au  progres  des  explorations  ulte- 
rieures,  il  est  parvenu  a  reuni'r  en  ce  lieu  1,200  Btchua- 
nas,  qu'il  s'occupe  a  civiliscr  et  a  instruire. 

Une  lettre  de  M.  Casalis  en  date  du  4  octobre  i833 
rend  compte  des  circonstances  de  son  voyage  de  relour 
a  Morija  ,  nous  en  extrayons  les  faits  suivans.  A  Pliilip- 
polis  un  grand  nonibre  de  Baastaards  (i)  voulurent  le 
suivre  pour  se  fixer  a  Morija,  afin  d'eviter  les  enlre- 
prises  devastatrices  des  Korannas  (2);  mais  il  s'y  opposa, 
ne  voulant  pas  donner  les  mains  a  un  projet  qui  eut  pii 
entrainer  la  mine  de  la   station  anglaise.  W  partit  vers 

(i)  Les  baastaards  sont  des  enfans  illegitimes  des  fermiers  liollan- 
dais  et  des  Hottentotes  profiremerit  dites;  les  griquas  sont  issus  des 
fermiers  et  des  namnquoises.  M.  Casalis  se  propose  d'indiqiicr  les 
differences  de  caraclere  de  ces  deux  races  inlxtes,  dans  uii  court 
apercu  sur  les  peiiplades  du  sud  de  TAfrique  qu'il  doit  envoyer  au 
comile  des  Missions. 

(1)  La  denomination  de  Koranna  designe  ( aux  environs  de  Phi- 
lippolis)  inoins  une  jieuplade  qu'une  association  de  brigands.  Il 
existe  beaucoup  de  Korannas  ainsi  nomnies  a  cause  de  leur  origine  , 
et  qui  virent  neanmoins  d'une  maniere  fort  lionn^fe. 


(  325  ) 

le  millieu  d'aoiit  et  s'arreta  qiielques  jours  a  (laledou 
pres  dii  frere  Pelissier,  ils  y  recurent  la  visite  dune 
bande  de  Korannas  qui  venait  de  piller  et  massacrer  les 
Cafres-Taniboukis.  Ayr.nt  quitte  Caledon  le  27  aout, 
M.  Casalis  prit  une  route  plus  directe  que  la  premiere, 
il  traversa  la  Caledon  a  une  journee  de  la  stition  de 
M.  Pelissier  et  se  dirif;;ea  toujours  vers  Test.  Cette  route 
a  cependant  un  grand  inconvenient,  cest  qu'elle  tra- 
verse uu  pays  uniquement  hahite  par  des  betes  feroces. 
Presque  chaque  soir  des  troupes  de  lions  rodaient  au- 
tour  de  la  voiture  et  deux  hommes  devaient  alternati- 
vement  faire  des  rondes  pour  protegerles  bestiaux.  Ce- 
pendant  le  danger  n'est  pas  aussi  grand  qu'on  pourrait 
le  supposer,  en  se  tenant  enfenne  dans  sa  voiture,  ou 
en  entretenant  un  grand  feu,  on  necourtaucun  risque. 
M.  Casalis  arriva  a  Morija  le  j  septembre,  il  s'etait  ar- 
rete  deux  jours  pour  reparer  sa  voiture,  il  mit  done 
neuf  jours  effectifs  a^se  rendre  de  Caledon  a  Morija,  II 
trouva  cette  station  tlorissante,  le  roi  Mosliesb  vint  ren- 
dre visite  aux  inissionnaires  aussitot  qu'il  eutappritle 
retour  de  M.  Casalis;  ils  lui  proposerent  alors  d'acbeter 
le  terrain  de  Morija^  cest  une  precaution  qu'ils  ne  ne- 
gligent jamais ;  la  possession  du  teriain  qu'ils  babitent 
leur  donnant  la  liberie  den  ecarter  les  individus  d'un 
caractere  dangereux ,  de  s'opposer  a  limportation  des 
liqueurs  fortes  el  de  realiser  tons  les  plans  qu'ils  jugent 
favorables  ^  I'avancement  de  leur  oeuvre.  Moshesb  apres 
les  avoir  sondes  adroitemenl  a  ce  sujet,  satisfiut  de  leurs 
reponses,  recul  en  paiement  un  babillement  europeen 
complet.  La  rassade  est  beureusement  a-peu-pres  in- 
connue  dans  ces  contrees  ou  les  marcbands  anglais  n'ont 
jamais  penetre;  les  missionnaires  pieferent  pour  objet 
d'ecbange,  les    uslensiles  utiles,  la  ou   la   rassade  nest 

u3 


(  3^6  ) 
pas  indispensable.  L*-  roi  ,  toujours  desireiix  de  venir  se 
fixer  a  Morija  puisque  deja  il  a  pris  les  veteniens  euro- 
peens  et  qu  il  s'esl  defait  de  beaucoup  de  bestiaux  pour 
acheterdequelques  chasseurs  ,des  ustensiles  de  menage, 
des  fusils,  de  la  poudie,  des  chevaux,  etc.,parait  vouloir 
se  voiiger  des  Koiaiinas  et  leur  donner  une  lecon  dont 
ils  se  souviennent.  Son  coeur  est,  dit-il ,  plus  gros  qu'une 
maison  et  plein  de  projets  grands  et  genereux,  il  va 
commencer  par  envoyer  pres  des  missionnaires  tons  ses 
«nfans  et  une  partie  des  habitans  de  Bossiou. 

Les  betes  feroces  iiiquietent  sans  cesse  les  troupeaux 
de  la  station ,  et  comnie  elles  avaient  devore  un  cheval, 
une  chasse  fut  resolue;  dix  cliasseurs  dont  MM.  Casa- 
lis  et  Gosselin  faisaient  parlie,  se  niirent  en  route  et  au 
bout  d  une  heure  de  reclierches,  la  trace  du  lion  fut 
retrouvee,  elle  conduisait  direclement  au  sotnmet  d'une 
montagne  dont  il  fallut  gravir  les  rochers.  Arrive'e  sur 
je  plateau  la  troupe  se  divisa  en  deux  bandes,  M.  Ca- 
salis,  suivi  de  trois  homines,  avait  a  peine  parcouru  un 
quart  de  lieue  qu'un  magnilique  lion  male  se  presenta 
devant  lui.  II  appartenaita  cette  variete  que  les  fermiers 
hollandais  designent  sous  le  nom  de  zwart-leemv  (lion 
noir)  a  cause  de  la  couleur  noiratre  de  sa  criniere,  et 
qui  se  distingue  de  I'espece  commune  par  son  extreme 
ferocite.  Get  animal ,  qui  n'avait  pas  nioins  de  sept  pieds 
depuis  le  nez  jusqu'a  I'insertion  de  ia  queue,  s'arrela  un 
instant  pour  regarder  les  chasseurs;  mais  ceux-ci  ayant 
lance  leurs  chevdux  au  galop,  il  courut  se  refugier  der- 
riere  un  roc;  parvenus  a  cinquante  pas  de  lui  et  ayant 
mis  pied  a  terre,  ils  firent  feu;  protege  par  le  rempart 
nalurel  qu'il  avait  choisi ,  aucune  balle  ne  parut  avoir 
atteint  le  lion;  mais  1  explosion  I'irrita  ,  il  commcnca  a 
brandir  sa  queue  et  a  pousser  iin  rugissement  sourd , 


(  :^-7  ) 

on  se  disposait  a  tirer  uMe  secoiide  fois  sur  lui  loisqu'il 
quitta  sa  letraite  sans  que  sa  fiiite  eut  rien  de  precipite, 
il  ninrchait  dun  air  furieux  en  retournant  souvent  la 
tete.  On  conlinua  a  le  poursuivre  jusqu'a  ce  qu  il  eut 
atteinl  un  buisson  ou  il  attendit  les  chasseurs;  il  parais- 
sait  resolu  a  ne  plus  bouger  de  ce  retranchenient,  et  sa 
posture  faisait  presumer  qu  il  se  disposait  a  sauter  sur 
I'und'eux;   la   position  devenait  tres  dangereuse,  tous 
les  cliiens  avaient  sulvi  I'autre  bancJe,  des  trois  hoin- 
nies  qui  accompagnaient  M.  Casalis  I'un  etait  sourd ,  il 
etait  prudent  d'aller  chercher  le  reste  de  la  troupe  et 
Ion  partit  au  galop.  En  arrivant  pres  de  leurs  compa- 
gnons  ils  les  trouverent   occupes  avec  une  lionne   qui 
faisait  beaucoup  de  resistance  :  apres  avoir  essaye  plu- 
sieurs  fois  de  s'elancer  sur  les   chasseurs,  elle  s'etait 
placee   dans  les  fentes  dun  rocher,  les  chiens  excites 
pour  la  debusquer  s'avancent  jusque  sous  ses  griffes, 
I'un  d'eux  ose  lui  mordre  la  queue,  mais  elle  se  precipite 
sur  lui,  le  saisit  dans  sa  gueule  et  le  laisse  pour  mort, 
aussilot  une  grele  de  balles  pleut  sur  elle,  et  elle  tonibe 
expirante.  Sa  peau  fut  adjugee  a  M.  Casalis  qui  se  pro- 
pose de  1  envoyer  au  musee  de  Paris.  Son  premier  soin 
fut  d'examiner  un  point  d'histoire  naturelle  fort  interes- 
sant.  Didyme  d'Alexandrie,  coninientateur  d'Homere, 
Hit  au  sujet  dun  passage   du   xx*"  livre  de   I'lliade,  que 
la  queue  du  Hon  est  armee  d'uneespece  d'aiguillon  ca- 
che dans  le  poil ,  qui  sert  a  irriter  la  bete,  lorsqu'elle 
en  frappe  ses  flancs.  Blumenbach  assure  avoir  vu  cet 
aiguillon  de  ses  propres  yeux,  tout  en  observant  que 
sa  petitesse  le  rend  impropre  a  I'usage  qu'on  lui  prete. 
M.  Casalis  a  vu  distinctement  dans  la  peau  une  ex- 
croissance  epineuse,  longue  de  deux  lignes  et  demie, 
et  supportee,  comnie  la  remarque  le  savant  naturaliste 

23. 


(  3a8  ) 
par  une  espece  de  f'ollicule  ( i  ).  Cette  lionne  avait  six 
pieds  de  longueur  sur  trois  de  hauteur ;  elle  etai  t  pleine. 
Dans  Tapres-midi  on   chercha  le  lion;  mais  on  ne  put 
le  retrouver. 

II  ne  faut  pas  croire  que  de  pareilles  battues  soient 
souvent  neressaires,  la  presence  de  I'liomme  en  grand 
nombre,  suffit  pour  faire  fuir  les  lions;  dans  les  con- 
trees  depuis  long-temps  explorec-s,  les  betes  ferocessont 
devenues  tres  timides ,  et  Ton  n'a  pas  plus  a  craindre 
sur  la  route  du  Cap  a  Lattakou,  que  dans  les  environs 
de  Paris.  Mad.  Moffat  a  fait,  en  avril  i833,  I'immense 
Irajet  de  Kuruman  a  Graham's  Town  avec  un  enfant  de 
rinq  ans  sans  renrontrer  un  seui  animal  dangereux. 

M.  Arbousset,  reste  a  Morija  pendant  que  M.  Casalis 
retournait  a  Philippolis  chercher  le  reste  des  bagages, 
fait  le  plus  grand  eloge  des  nioeurs  et  de  la  douceur  des 
Bassoutos;  jamais  de  querelles  entre  eux,  ils  ne  savent 
que  manger,  chanter,  rire  et  dormir  et  poussent  Thos- 
pitalite  au  plus  haut  point:  un  etranger  arrive-t-il,  con- 
nu  ou  non,  il  a  le  droit  de  mettre  la  main  au  pot  avec 
les  autres,  sans  deniander  permission;  il  n'y  a  que  chez 
le  roi  oil  il  faille  attendre  cette  autorisation. 

(i)  Depuis  long-temps  cette  observation  est  connue  de  toutes  les 
personnes  qui  s'occupent  d'histoire  naturelle  ,  et  I'existence  d'une 
espice  d'epine  ou  d'ergot  dans  le  pinceau  de  la  queue  du  lion  ne  fait 
phis  doute.  (  Note  du  rvdacleitr,  ) 


( 3^9. ) 


RAPPORT 

SUR     UN    OUVRAGE    DB    M.     LE    MAJOR     POUSSIN, 


INTITULE  : 


Travaujc  (T amelioration  interieure,  entrepris  ou  executes 
par  le  gouvernement  des  Etats-  Llnis, 

Lit »  la  Soci^te  de  G^ographie  dans  sa  seance  du  i6  mai  1 834- 
Par  M.  Roux  de  Rochhllk. 


Nous  ne  pouvons  nous  rendre  compte  des  travaux 
entrepris  par  les  Etats-Unis  d'Amerique,  pour  perfec- 
tionner  et  multiplier  leur  navigation  interieure,  qu'en 
examinant  d'abord  leur  situation  geographique,  et  les 
premieres  lignes  de  tommunication ,  dont  ils  ont  suivi 
la  trace  et  prolonge  le  developpement. 

Les  Etats  de  I'Atlantique  ont  eu  les  premiers  a  s'oc- 
cuper  de  ce  systeme  d'amelioration.  Leur  immense  lit- 
toral,  prolonge  du  nord-est  au  sud-ouest  entre  I'Ocean 
et  la  chaine  des  Alleghanys,  est  traverse  dans  toute  s;i 
longueur  par  un  grand  nombre  de  rivieres  navigables. 
Les  unes  coulent  du  nord  au  sud,  commele  fleuve  Hud- 
son et  le  Connecticut :  les  aulves  coulent  vers  le  sud- est, 
et  le  cours  de  toutes  ces  rivieres  est  d'autant  plus  long 
qu'elles  ne  se  rendent  pas  directement  des  Alleghanys 


(  yso  ) 

a  lamer  :  elles  suivent  dans  leuis  coiirbiires  ies  vaFItfe* 
etendues  et  echelonnees  entre  Ies  differeiis  plans  de  ces 
niontagnes  :  leur  longueur  augniente  ie  volume  de  leurs 
eaux  :  quelques-unes  des  bales  ou  elles  se  jettent  out 
une  grande  profondeur,  et  toutes  ces  dentelures  du  ri- 
vage,  depuis  la  baie  de  Passamacquodi  jusqu'au  cap 
Hatteras  facilitent  Ies  comtnunications  mutuelles  des 
Etats  maritlmesj  non-seulement  parce  qu'elles  pene- 
trant au  loin  dans  I'interieur  des  ter«'es,  niais  parce 
qu'il  a  ete  possible  d'etablir  entre  elles  de  nouvelles  li- 
gnes  de  navigation. 

Un  autre  systenie  bydrograpliique  regne  dans  Ies 
vastes  contrees  situees  a  I'occident  des  Alleghanys.  Celte 
chaine  de  montagnes  separe  d  une  inaniere  absolue  le 
Tersant  des  eaux;  et  tous  Ies  fleuves  de  ces  regions  oc- 
cidentales  sont  Ies  tributaires  du  Mississipi,  ou  s'ecou- 
lenl  directement  dans  Ie  golfe  du  Mexique. 

A  mesure  que  ces  nouvelles  acquisitions  de  territoire 
sont  entrees  dans  la  confederation  des  Etals-Unis,  Ies 
bommes  frappes  de  la  necessite  d'unir  enlie  elles  toutes 
Ies  parties  d'un  si  vaste  corps,  out  cherclie  Ies  nioyens 
den  assurer  Ies  conununications;  et  I'idee  primitive,  la 
plus  grande,  la  plus  feconde  de  toutes,  a  ete  d'etablir 
une  lonjrue  lijjne  de  navigation  entre  Ies  Etats  de  lest 
et  de  I'ouest,  entre  I'Atlantique  et  le  Golfe  du-Mexique. 

Washington ,  le  heros,  le  bienfaiteur  de  son  pays,  avait 
concu  cette  grande  pensee  :  il  regardait  de  faciles  com- 
munications avec  I'ouest  comme  le  seul  moyen  d  y  fa- 
Torisei"  la  civilisation;  et  cc  qui  avait  ete  projete  par  ce 
grand  homme,  dans  la  vue  d'ameliorer  dans  des  con 
trees  encore  sauvages  le  sort  de  la  race  humaine,  a  ete 
execute  apres  bii,  pour  favoriser  a-la-fois  Ies  interetsde 
la  socielf» ,  de  I  Industrie  el  du  commerce 


( ^^» ) 

Le  projet  de  Washington  etait  d'unir  la  Chesapeak  a 
lOhio  et  par  la  au  Mississipi ;  mais  un  autre  plan  celui 
d'unir  le  fleuve  Hudson  au  lacEiie,  est  le  premier  qui 
ait  recu  son  execution.  Ce  plan,  dont  la  legislature  de 
I'Etat  de  New-York  s'occupa  en  1808,  ditferait  d'abord 
de  celui  que  Ton  a  ensuite  adopte.  On  voulait,  a  I'aide 
du  fleuve  Hudson,  du  Mohawk  qui  en  est  le  principal 
tributaire,  du  lac  Oneida  et  de  la  riviere  Oswego,  eta- 
blir  une  communication  entre  New-York  et  le  Lac  On- 
tario, d'ou  Ton  serait  remonte  au  Lac  Erie,  en  creusant 
un  canal,  sur  la  rive  orientale  du  Niagara,  Mais  les  in- 
genieurs  charges  de  I'exploration  de  ces  contrees,  re- 
connurent  qu'il  valail  niieux  ne  pas  emprunter  la  na- 
vigation de  rOntario,  et  qu'il  serait  possible  de  tracer 
un  canal  direct  entre  I'Hudson  et  le  lac  Erie.  La  niaree 
remonte  dans  IHudson  jusqu'au-dela  d'Albany,  et  la 
Mohawk  sejette  dans  ce  fleuve  a  quelques  lieues  plusau 
nord.  Ce  confluent  tut  le  point  de  depart  :  on  fit  sur 
la  rive  du  Mohawk  le  trace  dun  canal  qui  devait  en  re- 
monter  le  cours  jusqu'a  Rome.  De  la  jusqu'aux  plaines 
ou  coule  le  Genesee,  on  eniprunta  les  eaux  des  rivieres 
et  des  differens  lacs  qui  s'ecoulent  vers  le  lac  Ontario;  et 
les  eaux  du  lac  Erie  et  de  ses  affluens  durent  alimenter 
toute  la  partie  occidentale  de  cette  ligne  de  navigation. 

Ces  operations  preparatoires  firent  icconnaitre  la 
possibilite  du  canal;  mais  la  guerre  de  1812  entre  les 
Etats-Unis  et  I'Angleterre,  vint  en  retarder  I'execuiion 
On  ne  reprit  ce  projet  qu'en  18 16;  et  apres  avoir  con- 
li'acte,  sous  la  garantie  de  I'Etat  de  New-York  les  pre- 
miers emprunts  necessaires  pourconimencer  les  Iravaux 
sur  le  terrain,  ils  furent  mis  en  adjudication  en  1817, 
el  ils  furent  repartis  entre  un  assez  grand  nombre  de 


( ^i-^ ) 

coiitiactans,  pour  etre  executes  a-la-lois  sur  uiie  ties 
vaste  etendue.  La  section  du  milieu  entre  la  villedUtica 
et  la  riviere  Seneca  fut  achevee  la  premiere,  dans  I'es- 
pace  de  deux  annees,  et  avec  un  developpement  i\e  g6 
niilles  anglais  :  les  sections  de  lest  et  de  I'ouest  furent 
ensuite  executees  simultanement  :  Tune  a  io3  millesde 
loncueur,  I'autre  en  a  i63:  et  cet  immense  ouvrajre 
dont  la  longueur  totale  est  de  362  milles  (environ  120 
lieues  de  France )  fut  completement  termine  en  iSaS, 
huit  ans  apres  le  comtnencenient  d'execution.  On  a 
donne  a  ce  canal  deux  embranchemens  :  celui  de  Sene- 
ca qui  a  20  niilles  de  longueui",  correspond  avecle  lac  de 
ce  liom ;  celui  dOswego  qui  a  38  milles  s'etend  jus- 
qu'au  ac  Ontario. 

Un  autre  canal,  destine  a  lier  le  lac  Champlain  ct  la 
riviere  d'Hudson  s'etait  execute  en  meme  temps:  on  en 
avail  commence  les  fouilles  en  1818,  et  le  canal  etait 
termine  en  i8i3.  Son  eleveloppenient  est  de  61  milles, 
et  son  embouchure  dans  I'Hudson  aboiitit  au  meme 
point  que  celle  du  canal  Erie.  L'on  a  ainsi  etabli  et  mis 
en  contact  Tunc  avec  I'autre  deux  grandes  lignes  de  na- 
vigation ,  Tune  diiigee  au  nord  vers  le  Canada  et  le 
fleuve  St.  Laurent,  I'autre  arrivant  a  I'ouest  jusqu'au 
lac  Erie. 

Cette  derniere  communication  a  immediatement  don- 
ne lieu  a  une  autre  entreprise,  qui  n'est  que  le  deve- 
loppement et  le  complement  du  meme  systeme.  Le 
gouvernement  de  I'Ohio  s'est  determine  a  ouvrir  un 
canal  entre  le  ileuve  de  ce  noni  et  le  lac  Erie  ;  et  ce  ca- 
nal, dont  le  developpement  est  de3io  milles  anglais  ,  a 
ete  commence  en  1825  et  termine  en  i832  :  il  debou- 
che  a  Cleveland  sur  le  lac  Erie,  passe  a  Newark,  a  Cliil- 
licote,  et  se  dirige  sur  Portsmouth,  ou  il  s'unit  a  lOhio. 


(  333  ) 

Vers  lepoque  ou  I'etat  de  lOhio  projetait  retablisse- 
ment  de  ce  canal,  le  gouvernenient  central  des  Etats- 
Unis  formait  un  autre  plan  de  communication  entre  les 
regions  de  I'est  et  de  I'ouest.  Si  la  ligne  de  navigation 
de  IHudson  et  du  canal  Erie  etait  particuliei-ement  utile 
aux  Etats  du  nord,  il  convenait  d'etablir  pour  les  Etats 
du  centre  que  baignent  la  Delaware  et  la  Chesapeak,  de 
semblables  relations  avec  I'ouest.  Un  comite  d'amelio- 
rations  interieures,  dont  le  general  Bernard  faisait  par- 
tie,  s'occupa  de  ce  beau  projet;  et  le  general  fut  charge 
en  1824,  de  faire  toutes  les  reconnaissances  necessaires 
entre  Washington  sur  le  Potomac  et  Pittsbourg  sur 
rOhio,  afin  de  juger  si  I'execution  dun  canal  entre  ces 
deux  villes  serait  praticable,  quelle  direction  on  aurait 
a  lui  donner,  conunent  on  pourrait  franchir  la  chalne 
des  Alieghanys,  quels  ouvrages  dart  on  aurait  a  con- 
struire,  et  quelles  seraient  les  depenses  de  lexecutioii. 

Le  major  Poussin ,  qui  rend  compte  de  ces  travaux 
dans  limportaiit  ouvrage  que  nous  avons  sous  les  yeux, 
etait  aide-de-camp  du  general  ;  il  le  suivit  dans  toute 
cette  reconnaissance;  et  deuxFrancaiseurent  I'honneur 
de  cooperer  a  des  travaux  qui  influeront  un  jour  de 
la  maniere  la  plus  remarquable  sur  la  prosperite  des 
Etats-Unis.  II  nous  est  doiix  de  retrouver  des  noms  fran- 
cais,  cite's  avec  eloge  dans  les  annales  de  leur  histoire , 
et  de  ne  pas  nous  regarder  comme  etrangers,  soil  a  leur 
glorieuse  independance,  soit  a  quelques-unes  des  causes 
les  plus  propres  a  alf'ermir  leur  union  et  a  developper 
leur  puissance. 

II  resulta  des  observations  et  des  traces  faits  par  les 
ingenieurs,  que  le  canal  etait  possible,  que  son  deve- 
loppement  serait  de  34i  milles  anglais,  que  pour  fran- 
chir  les   Alieghanys  dans  leur  cliaine  la  plus  elevee  on 


(  334  ) 
aiirait  a  ouvrir  uu  souterrain  de  5,ooo  metres ,  que  ce 
point  fornierait  le  bief  de  partage,  que  la  penle  du  cote 
du  Potomac  serait  de  546  metres,  qu'elle  serait  de  345 
du  cote  de  I'Ohio ,  et  qu'il  faudrait  240  ecluses  a  Test 
et  148  a  I'ouest,  pour  rachcter  I'une  etl'autre  penle.  La 
depense  totale  fut  evaUiee  a  121  millions  de  francs;  mais 
elle  ne  parut  pas  trop  elev«^  pour  un  si  important  pro- 
jet,  et  Tentreprise  des  travaux  fut  faite  par  une  compa- 
gnie  doni  les  priricipaux  actionnaires  etaient  le  gouver- 
nement  general,  interesse  a  faciliter  les  commiuiications 
de  lest  avec  I'ouest,  les  etats  de  Virginie,  de  Maryland , 
de  Pensvlvanie,  dont  ce  canal  devait  traverser  le  terri- 
loire,  et  les  villes  de  Washington ,  de  Georgetown  et 
d  Alexandrie,  siluees  sur  le  Potomac. 

Pour  graduer  I'execution  des  travaux,  on  a  partage 
celte  ligne  en  trois  divisions,  et  Ion  a  commence  par  la 
division  de  Test,  qui  aboulit  a  Georgetow^n.  Toute celte 
partie  du  canal  doit  etre  alimentee  par  les  eaux  du  Polo- 
mac ,  dont  elle  remonte  la  rive  gauche  :  on  s'est  deja 
eleve  au-dela  des  montagnes  Bleues,  jusqu'a  la  manufac- 
ture d'armes  de  Harpers-Ferry ;  el  cetle  ligne  ,  qui  a  64 
inilles  de  longueur,  et  dont  les  creusages  n'ont  ete  en- 
Irepris  qu'en  1828,  est  en  ce  moment  ouverle  a  la  na- 
vigation. La  section  de  lest,  dont  elle  fait  partie,  doit 
>,e  prolonger  jusqu'au  confluent  de  la  Savage  et  de  la 
branche  nord  du  Potomac:  elle  aura  186  milles  en  10- 
lalile,  et  toute  la  partie  ilu  Maryland  qu'elle  doit  traver- 
ser, depuis  Cumberland  jusqu'au  voisinage  de  George- 
town ,  jouira  la  premiere  des  avantages  de  cette  com- 
munication. 

La  division  du  centre  sera  alimentee  par  les  eaux  du 
Savage  a  lest  des  Alleghanys,  et  par  celles  de  Cassel- 
man  a  I'ouesl;  elle  le  sera  dans  la   partie  inleiniediaire 


(  335  } 

par  deux  bassins  artificiels  oil  I'on  reunira  loutes  les 
prises  d'eaii  des  liaules  nioritagnes.  Le  volume  et  Ja  con- 
soniniation  en  ont  ete  calcules. 

Qiumt  a  la  division  occidenVale  qni  doit  se  terminer 
a  Pittsbuurj^  suri'Ohio,  eile  sera  abondamment  pourvue 
par  les  eaux  du  Youghagany  et  du  Monongohela,  dont 
elle  suivra  la  rive  droile. 

L'utilite  dVlablir  des  communications  entre  iaChesa- 
peak  el  I'Ohio,  par  la  ligne  que  ce  canal  doil  suivre,  a 
excite    quelques    rivalites,     et    Ion    a    forme     I'entre- 
prise  d'un  chemin  de  fer  dont  une  compagniedu  Mary- 
land a  commence  I'execution.  Cette  route,  qui  part  de 
Baltimore,  et  qui  doit  aboutir  a  Wheeling  sur  lObio, 
aura  aSo  milles  de  longueur.  Les  travaux  ont  ete  con- 
duits JMsqua  Point-of-Ilocks  sur  le  Potomac,  et  le  quart 
de  la  distance  totale  est  parcouru  ;   mais  ici  Ion  entre 
en  concurrence  avcc  les  entrepreneurs  du  canal :  il  faut 
egalement  remonter  la  vallee  du  fleuve,  et  quelques-uns 
de  ses  defiles  soiit  si  etroils,  qu'ils  ne  laissent  pas  la 
place  necessaire  pour  continuer  parallelement  les  deux 
operations.   II  seraita  desirer  que  I'une  et  I'autre  com- 
pagnie  se  concertassent  pour  n'employer  que  I'un  des 
deux  moyens  de  communication  ,soit  dans  la  haute  val- 
lee du  Potomac,  ou  le  canal  continue  d'etre  construit, 
soit  dans  les  regions  encore  plus  elevees  ou  les  eaux  sont 
plus  rares ,  ou  il  faudra  s'ouvrir  un  passage  a  travers  la 
chaine  des  Alleghanys,  et  oil  Texecution  d'une  route  de 
fer  pourrait  etre  moins  dispendieuse. 

Get  emploi  alternatif  descanaux  de  navigation  et  des 
chemins  de  fer  a  ete  adopte  avec  succes  par  I'etat  de 
Pensylvanie,  lorsquil  a  fait  ouvrir  une  communication 
entre  I'Ohio  et  la  Delaware.  Deux  lignes  de  navigation 
out  ete  creusees  a  Test  et  a  Touest  des  montagnes  :  le 


(  336  ) 

caua!  de  lest  enipruiite  sucressivenient  les  eaux  do  la 
Juniata,  de  la  Susquehana,  du  Schuilkyll,  doiit  il  suit 
les  bords  jiisqu'a  Philadeiphie  :  le  canal  de  I'ouest  est 
alimente  par  les  eaux  du  grand  et  du  petit  Gonemangli 
et  de  la  riviere  Alleghanys,  jusqu'a  Pittsbourg,  ou  il  se 
termine;  et  pour  lier  entre  elles  les  deux  parties  de  ce 
canal  de  Pensylvanie,  dont  le  developpement  total  estde 
4i4  inilles  (environ  i4o  lieues),  on  a  etabli  entre  Johns- 
town sur  le  Coneinangh  et  Franckstown  sur  la  Juniata  , 
un  cheniin  de  ler  ds  Sj  milles  de  longueur.  Tous  les  tra- 
vaux  de  cette  grande  entreprise  sonl  entiereinent  ter- 
mines. 

Nous  avons  vu  qu'en  etablissant  entre  Test  et  I'ouesl 
de  si  importantes  communications,  on  a  cherche  a  les 
faire  aboutir  a  I'Ohio,  qui  offre  a  son  tour  un  develop- 
pement innnense  a  la  navigation,  et  qui  permet  de  la 
prolonger  jusqu'au  Mississipi  et  de  la  jusqu'au  golte  du 
Mexique.  II  a  f'allu,  pour  assurer  dune  maniere  com 
plete  ces  avantages,  s'occuper  egalement  du  cours  de 
rOhio  et  faciliter  sur  quelques  points  sa  navigation.  Les 
chutes  que  Ton  rencontre  pres  de  Louisville  abaissent 
subitemenl  de  quelques  metres  le  niveau  du  tleuve,  et 
Ton  ne  pent  les  f'ranchir  que  dans  la  saison  des  crues  , 
ou  les  eaux  superieures  et  inferieures  sent  niomentane- 
nient  remises  de  niveau.  Un  canal  que  Ton  a  creuse  sur 
la  rive  meridionale  de  TOliio,  dans  une  longueur  de 
2,376  metres,  assure  dans  tous  les  temps  la  navigation. 
II  a  ete  termine  en  i83i,  et  les  proportions  quon  lui  a 
donnees  permeltent  le  passage  des  plus  grands  bateaux 
a  vapeur  qui  font  le  commerce  entre  la  Nouvelle-Or- 
leans,  Louisville,  Cincinnati,  Wheeling  et  Pittsbourg. 

La  navigation  de  1  Ohio  offre  d'autres  obstacles,  dans 
les  bancs  de  sable  ou  de  giavier  qui  obstruent  quelques 


( ;^37 ) 

parties  de  son  lit,  et  qui  n'y  laisseiit  subsister  cjue  des 
passes  intermediaires  ou  il  est  difficile  de  se  niaintenir; 
mais  le  coinite  des  ameliorations  interieures  a  propose 
de  diminuer  ces  obstacles  par  des  digues  de  barrage 
qui  forceraient  lecourant  a  suivre  une  ligne  deterininee, 
et  a  creuser  le  lit  du  chenal  ou  il  passerait. 

Des  travaux  analogues  ont  ete  executes  d'apres  les 
plans  de  cette  commission,  pour  approtondir  i'entree 
du  port  de  Presqu'ile  sur  le  lac  Erie,  et  Ton  est  parvenu 
a  obtenirun  fond  de  quelques  metres  de  plus. 

Des  reconnaissances  et  des  operations  dune  autre 
nature  ont  long-temps  occupe  le  comite  d  ameliorations. 
L'intention  du  gouvernement  federal  etant  d'etablir  une 
route  militaire  et  commerciale  entre  Washington  et  la 
Nouvelle-Orleans  ,  il  tallait  examiner  les  differentes  di- 
rections qu'elle  pourrait  suivre  et  toutes  les  contrees 
intermediaires  qu'on  aurait  a  traverser.  La  plupart  de 
res  regions  etaient  couvertes  de  forets,  ou  herissees  de 
rocliers  et  de  montagnes,  ou  embarrassees  par  des  tor- 
rens ,  des  fleuves,  des  marecages,  ou  occupees  par  des 
tribus  indigenes;  le  trajet  de  ces  pays  nouveaux  et  sau- 
vages  etait  aussi  perilleux  que  difficile,  el  Ton  avait  a  se 
rondamner  a  toutes  les  fatigues,  a  toutes  les  privations. 
Cette  reconnaissance  fut  faite  par  le  general  Bernard, 
dont  le  major  Poussin  partageait  les  travaux  :  ils  par- 
courui'ent  et  releverent  ensemble  toutes  les  contrees 
qui  separent  ces  deux  villes,  reflrent  plusienrs  fois  ce 
long  trajet  dans  differentes  directions,  comparerent  entre 
eux  les  traces  de  quatre  routes  qui  pouvaientetre  etablies 
entre  I'un  et  I'autre  point,  les  examinerent  egalement 
sous  les  rapports  militaires  ,  poliliques,  economiques  et 
commerciaux,  et  rendirent  compte  de  leurs  travaux  au 
gouvernement  federal.  La  route  de  lest  offrait  I  avantage 


(  3:^8 ) 

(ie  mellre  en  coniiiiiiniration  les  unes  avec  les  aiitres 
toutes  les  rapitales  des  etats  dii  sud  :  son  developpemenl 
etait  de  i,i36  niilles.  La  route  du  milieu  se  rapprochait 
du  pied  des  Alleghanys ;  elle  avait  i,iofi  milles  de  lon- 
gueur: les  deux  routes  de  I'ouest  allaient  franchir  les 
nioDtagnes  par  les  cols  les  plus  accessibles;  elles  ga- 
gnaient  la  vallee  du  Tenessee ,  traversaient  successive- 
nient  la  Coosa  ,  le  Tumbeckbe  et  les  autres  affluens  du 
golfe  du  Mexique  :  Tune  de  ces  routes  occidentales  avait 
i,i4o  n)illes,  I'autre  en  avait  1,282.  Les  rapporteurs 
penserent  qu'une  seule  route  ne  snffirait  point  a  toutes 
les  coninmnications  ,  et  qti'il  serait  utile  d'en  etablir 
tieux,  I'une  a  lest ,  I'autre  a  I'ouest,  soit  pour  multiplier 
les  relations  avec  la  Nouvelle-Orleans,  soit  pour  favoriser 
les  interets  coinrnerciaux  et  la  defense  de  lous  les  etals 
intermediaires. 

Le  gouvernement  federal  s'occupa  bientot  d'unenou- 
velle  ligne  de  communication  entre  I'Atlantique  et  le 
golfe  du  Mexique.  Devenn  possesseur  des  Florides  en 
1 82 1,  il  chargea  le  general  Bernard  de  faire  dans  cette 
contree  toutes  les  reconnaissances  necessaires  pour  eta- 
blir un  canal  de  navigation  a  travers  la  partie  superieure 
de  la  prt'squ  lie,  den  tracer  la  direction,  et  de  determi- 
ner les  differentes  prises  deau  dont  on  pourrait  dis- 
poser pour  son  usage.  Dans  cette  reconnaissance  qui  fut 
commencee  en  1827,  le  general  ,  accompagne  de  son 
digne  collaborateur,  parcouri.t,  entre  I'Atlantique  et  le 
golfe,  tous  les  cours  deau,  toutes  les  hauteurs  ou  Ion 
pouvait  tracer  la  direction  d'un  canal.  II  s'a r re ta  a u  pre- 
set de  le  faire  deboucher  dans  I'Ocean  par  la  riviere 
Sain  te -Marie  ,  qui  separe  la  Georgie  et  la  Floride  ;  d'ou- 
vrir  une  communication  entre  cette  riviere  el  celle  de 
Saint-Jean,  dont  on  remonterait  le  cours  jusqu'au  Black- 


(339) 
Creek;  d'etoblir  entre  le  Black-Creek  et  la  riviere  de 
Santa-Fe  ,  uti  canal  ou  lo))  ferait  arriver  les  eaux  de 
plusieurs  etangs  intermediaires ,  et  particulierement  de 
celui  de  Sampson;  de  remonter  ensuite  le  cours  de  la 
Suwannee  depuis  le  confluent  de  la  Santa-Fe  jusqu'a 
Charles-Ferry,  et  de  diriger  la  continuation  du  canal  vers 
I  Occident,  fjusqu'a  la  riviere  Saint-Marc,  qui  se  jette 
dans  le  golf'e  du  Mexique. 

Les  ingenieurs,  charges  de  poursuivre  leurs  recon- 
naissances ,  penserent  qu'on  pourrait  prolonger  vers 
I'occident  cette  ligne  de  navigation  interieure,  en  ou- 
vrant  un  canal  entre  la  riviere  d  Ocklockhony  et  le  de- 
troit  de  Sain  I  George  ,  entre  le  lac  Wimico  et  la  haie  de 
Saint-Joseph,  entre  la  baie  de  Saint-Andre  et  celle  de 
Santa-Rosa ,  qui  communique  par  une  passe  du  meme 
nom  avec  la  baie  de  Pensacola.  On  pourrait  egalement 
ouvrir  un  canal  entre  le  Lagoon  et  la  baie  Perdido, 
entre  cette  baie  et  celle  de  la  Mobile.  De  ce  dernier 
point  on  peut  se  rendre  au  lac  Pontchartrain  par  les 
passes  du  littoral ,  en  creusant  davantage  celle  du  Heron; 
et  la  commission  a  trace  le  plan  d'un  canal  a  etablir  entre 
le  lac  Pontchartrain  et  le  Mississipi.  Si  tous  ces  travaux 
viennent  a  s'executer,  on  aura  une  ligne  de  navigation 
continue  entre  la  Nouvelle-Orleans  et  I'Atlantique,  sans 
etre  expose  aux  accidens  de  la  haute  mer  et  aux  chances 
d'une  guerre  maritime.  Ce  systeme  de  navigation  inte- 
rieure et  parallele  au  littoral,  qui  n'est  encore  qii'nn 
projet  pour  les  plages  du  golfe  du  Mexique  ,  a  deja  ete 
applique  sur  une  partie  des  cotes  de  I'Ocean,  et  Ton  y  u 
successivement  execute  plusieurs  (ranaux  destines  a  assai- 
nir  les  marais  voisins  du  rivage,  a  multiplier  les  commu- 
nications, a  faciliter  la  defense.  Nous  pouvons  citer  le 
canal  de  Savannah,  qui  doit  se  prolonger  vers  le  midL 


(  34-  ) 

jtjsqu'au  roiirs  de  lAlatamalwi ;  le  canal  du  Dismal- 
Swamp,  qui  traverse  de  longs  marecages,  et  qui  met 
en  communication  la  haie  d'Albemarle  et  celle  de  Nor- 
folk ;  le  canal  de  la  Cliesapeak  ii  la  Delaware,  qui  a  etabli 
une  navigation  directe  entre  Baltimore  et  Philadelphie, 
sans  qu'on  eut  a  parcourir  dans  toute  leur  longueur  les 
deux  grandes  baies  qu'il  reunit;  le  canal  de  la  Delaware 
au  Rariton,  qui  met  en  communication  directe  les  ports 
de  Philadelphie  et  de  New-York;  le  canal  projeteatra- 
vers  Tisthme  du  cap  Cod  ,  entre  les  baies  de  Buzzard  et 
de  Barnstable ,  pour  epargner  aux  batimens  coliers  le 
danger  de  doubler  ce  cap  ;  un  autre  canal  egalement  pro- 
jf'te  entre  la  baie  de  Boston  et  celle  de  Narraganset;  et 
ciifin  ,  plus  au  nord,  le  canal  de  3Iiddlesex  ,  qui  ouvre 
une  communication  entre  la  rade  de  Boston  et  le  cours 
du  Merrimack.  Ce  canal ,  qui  a  27  milles  de  longueur, 
est  le  plus  ancien  qui  ait  ete  creuse  aux  Etats-Unis  : 
Boston ,  cette  ville  si  distinguee  par  les  progres  des 
sciences  et  de  la  civilisation,  a  pris  souvent  I'initiative 
de  ce  qu'on  a  fait  d'utile  et  d  important,  et  c'est  dans 
cette  region  de  I'Amerique  du  Nord  qu'on  peut  placer 
I'origine  et  le  berceau  de  sa  grandeur. 

En  tracant ,  dans  cette  analyse,  le  systeme  des  prin- 
ci[)ales  comnumications,  destinees  a  lier  entre  elles  les 
differentes  parties  de  la  confederation  americaine,  nous 
iioiissommessuccessivementarretesa  cellesqui  devaienl 
!inir  lesetats  de  Test  a  I'ouest,  et  a  cellesqui  avaient  pour 
but  d'etablir  dans  toute  I'etendue  du  littoral  ame'ricain 
tnie  ligne  de  navigation  interieure.  D'autres  canaux, 
d'autres  routes  de  fer  ont  ete  entrepris  dans  des  vues 
agricoles,  industrielles,  ou  commerciales;  tels  que  le 
canal  Morris,  destine  a  I'exploitalion  particuliere  des 
Jx'llcs  mines  de  charhon  anthracite  de  la  Pensylvanie;  il 


(  34i  ) 
a  90  niilles  ile  longueur,  ci  il  se  terniine  a  la  Passaie 
qui  se  jette  dans  la  bale  de  New-York :  le  canal  du  Lehig, 
el  celui  de  la  Delaware  a  I'Hudson  ont  eu  pour  but  de 
tavoriser  les  niemes  exploitations  ;  I'un  a  46  milles  de 
longueur,  I'autre  en  a  65  milles.  Nous  indiquons  souvent 
la  mesure  de  ces  lignes  de  navigation,  afin  d'en  mieux 
faire  apprecier  I'importance. 

Parmi  ces  entreprises  qui,  sans  etre  necessaires  au 
Hen  de  la  confederation  entiere,  ont  un  grand  interet 
commercial,  pour  plusieurs  etats,  nous  citerons  le  pro- 
jet  d'ouvrir  un  canal  le  long  des  rives  du  Tennessee 
ou  sont  situes  les  rapides  du  Muscle-shoals :  cette  lon- 
gueur est  de  36  milles  :  les  plans  du  canal  ont  ete  tra- 
ces, et  ils  seront  sans  doute  executes  par  le  gouverne- 
ment  d'Alabama,  qui  a  deja  fait  entreprendre  d'autres 
travaux  dans  le  lit  meme  du  fleuve,  pour  en  faciliter  ia 
navigation  entre  Florence  et  Waterloo.  Toute  cetle 
partie  du  Tennessee  traverse  le  territoire  de  I'Alabama; 
el  ce  dernier  etat  est  particulierement  interesse  a  debar- 
rass€r  le  lit  du  fleuve  de  ses  derniers  obstacles. 

Nous  devons  mentionner  ici,  comme  entreprise  en- 
core plus  importante,  le  canal  de  Miami  qui  doit  ouvrir 
une  nouvelle  communication  entre  I'Ohio  et  le  lac  Erie. 
Ce  canal,  deja  ouvert  entre  Cincinnati  et  Dayton  ,  aura 
265  milles  de  longueur:  on  en  a  execute  plus  du  quart 
en  remontant  la  vallee  du  Miami ;  louvrage  se  continue, 
et  Ion  doit  le  conduire  jusqu'a  la  riviere  Maumee  qui 
aboutit  a  I'extremite  occidentale  du  lac  Erie. 

Un  autre  canal  projete  entre  Maumee  et  le  Wabash 
I'un  des  affluens  du  Mississipi;  et  un  troisienie  canal 
e'galement  projete  entre  le  lac  Michigan  et  rillinois, 
autre  affluent  du  Mississipi,  sont  destines  a  etablir  entre 
les   grands  lacs    du    nord    et  le  golfe   du  Mexiqne  les 

24 


(  342  ) 

iiieines  coniniunicatiuns  que  celles  que  nous  avons  vu 
tracer  entre  las  etats  de  Test  et  de  I'ouest,  entre  leurs 
principales  villes,  entre  les  differentes  parties  de  leur 
immense  littoral. 

Quelle  que  soit  I'etendue  du  territoire  federal ,  deux 
puissans  moyens,  dus  an  genie  inventif  de  I'homme, 
sont  venus  faciliter  les  communications  et  rapprocher 
pourainsi  dire  les  distances.  L'application  des  machines 
a  vapeur  a  la  navigation  rend  les  voyages  beaucoup 
plus  rapides  sur  loutes  les  rivieres,  sur  tous  les  canaux 
oil  ce  procede  est  pralicable;  et  I'etablissement  des 
routes  de  fer,  partout  ou  elles  peuvent  etre  construites, 
accelere  encore  davantage  les  communications. 

Aussi  I'emploi  de  I'un  et  de  I'autre  moyens  s'est  promp- 
tementmultiplieaux  Etats-Unis.  On  n'a  pas  mcme  craint 
den  faire  usage  simultanement,  entre  les  differens  lieux 
qui  par  leuriinportance  etleur  commerce  etaient  interes- 
sesa  multiplier  leurs  relations  mutuelles;  et  la  commis- 
sion des  ameliorations  interieures,  dont  les  travaux  ont 
pu  etre  d'autant  mieux  analyses  dans  I'ouvrage  deM.  le 
major  Poussin,  qu'il  y  avait  lui-meme  habituellement 
participe,  a  eu  a  s'occuper  du  trace  et  de  I'etablissement 
de  plusieurs  grandes  routes  de  fer.  Nous  ne  suivrons 
point  le  detail  de  ces  operations  nouvelles  :  ce  serait 
entreprendre  de  parcourir  les  differentes  lignes  dun 
reseau  complique,  qui  s'etend  de  proche  en  proche  sur 
de  nouveaux  territoires.  Bornons-nous  a  signaler  ici  un 
frappant  exemple  de  la  rapidite  des  communications 
que  Ion  espere  obtenir  par  I'emploi  combine  des  chemins 
de  fer,  et  de  la  navigation  a  la  vapeur.  Lorsqu'on  aura 
lermine  les  chemins  de  fer  commences  entre  Washing- 
ion  et  Baltimore,  ontre  Ballimore  et  Philadelpliie,  entre 
Philadelphie  et  New-lork,  on  croit  pouvoir  parcourir 


(  343  ) 
en  i5  heures  cette  distance  qui  est  de  210  milles  anglais 
(  environ  yS  lieues. )  On  a  le  projet  de  construire  egale- 
ment  une  route  de  fer  entre  Boston  et  I'entree  de  la 
baie  de  Narragansett,  et  d'etablir  entre  cette  baie  et 
New-York  un  service  de  bateaux  a  vapeur :  la  distance 
des  deux  villes  est  de  241  milles,  environ  88  lieues  :  on  es- 
pere  la  parcourir  en  12  beures.  Ainsi,  en  faisant  succe- 
der  immediatement  I'un  a  I'autre  tous  les  services  de 
cette  longue  ligne  de  communication,  Ion  se  rendrait 
en  moins  de  3o  heures  de  Boston  a  Washington,  qui, 
en  suivant  les  routes  actuelles,  en  est  eloigne  de 
166  lieues. 

Arretons-nous  un  instant  a  I'un  des  plus  importans 
travauxdont  lecomite  d'amelioralionait  eu  a  s'occuper, 
a  la  construction  d'un  port  artificiel,  pres  du  cap 
Henlopen  qui  s'avance  a  I'entree  de  la  Delaware.  L'em- 
bouchure  de  la  baie,  semee  de  has-fonds  qui  rendent 
difficile  la  navigation  de  son  chenal ,  avait  besoin  d'un 
port,  ou  Ion  ne  craignit  pas  les  coups  de  vent,  et  le 
choc  des  glaces  qui,  en  hiver,  s'accumulent  dans  la 
Delaware;  et  la  commission  s'est  determiueea  la  con- 
struction de  deux  grandes  digues  destinees  a  proteger 
ce  port  contre  les  vents,  les  coups  de  mer  et  les  glaces. 
fci'une  de  ces  digues,  ou  break-water  (brise-lames)  a 
un  developpement  de  1,100  metres;  I'autre  digue  ou 
brise-glaces  a  4^7  metres.  On  a  consulte  les  travaux  de 
meme  nature  qui  ont  ete  executes  a  Cherbourg  et  a 
Plymouth,  afin  de  bien  calculer  les  angles  des  talus  de 
chaque  digue,  et  de  mieux  se  rendre  compte  des  pro- 
portions et  du  poids  des  materiaux  a  employer  pour 
les  massifs  et  pour  les  reveteniens. 

On  a  adopte  4^  degres  pour  I'inclinaison  des  talus 
nterieurs  :  celle  des  talus  exterieurs  ,  plus  soumise  a 


(  344  ) 
I  action  des  vagues,  varie  a  differens  points  de  la  hau- 
teur; c'est  entre  les  niveaux  de  la  haute  et  de  la  basse 
iner  que  cette  inclinaison  est  la  plus  grande,  parce  que 
cette  partie  du  talus  doit  plus  habituellement  resister 
au  volume  et  au  mouvement  des  tlots. 

Nous  n'etendrons  pas  davantage  nos  observations  : 
elles  ont  pu  faire  apprecier  I'importanre  des  travaux 
publics  executes  aux  Etats-Unis,  et  le  merite  des  hom- 
mes  recommandables  qui  furent  appele's  a  y  prendre 
part.  L'ouvrage  oil  M.  le  major  Poussin  rend  compte 
d'une  grande  partie  de  ces  travaux  fera  mieux  juger 
encore  de  leur  utilite  et  de  I'influence  qu'ils  ont  deja 
sur  laprosperite  d'une  nation  si  promptement  agrandie. 
Les  hommes  de  I'art  y  etudieront  avec  fruit  les  procedes 
dont  on  a  fait  usage,  soit  pour  favoriser  sur  un  meme 
point  la  navigation  ascendante  et  descendante,  par  nn 
double  rang  d'ecluses  accolees,  comme  on  la  fail  a 
Lock-Port  sur  le  canal  Erie;  soit  pour  economiser  la 
depense  des  eaux,  en  remplacant  les  ecluses  par  des 
plans  inclines  et  des  sas  mobiles  comme  on  i'a  fait  sur 
quelques  points  du  canal  Morris,  soit  pour  la  construc- 
tion de  quelques  pouts  en  bois,  et  pour  celle  des  routes 
de  fer,  qui  varie  selon  les  niateriaux  et  les  terrains  dont 
on  pent  disposer;  soit  enfin  pour  toutes  les  operation;* 
de  calculet  d'application  qui  ont  besoiu  d'etre  eclairees 
par  I'experience.  Nous  nous  sommesbornes  a  analyser 
ces  grands  travaux  ;  c'etaitpeut-etre  la  mcilleur  maniere 
<le  les  louer. 

Heureux  sous  ce  rapport,  les  pays  oil  les  grandes 
speculations  sont  souvent  dirigees  vers  I'interet  public, 
et  oil  I'amour  de  la  patrie  devienl  I'ame  des  plus  gene- 
reuses  entreprises!  Ces  pays  peuvent  eprouver  d'autres 
orages;mais  la  terre  conserve  le  bien  quelle  a  recu  ,  el 


(  345  ) 
les  gernies  de  prosperite  qui  lui  sont  confies  :  les  canaux 
restent  ouverts  a  une  circulation  d'homines  et  de  ri- 
chesses  qui  se  croisent  dans  tous  les  sens;  et  depuis  le 
premier  bateau  a  vapeur  que  Fulton  a  lance  sur  un 
fleuve  des  Etats-Unis,  leur  nonibre  s'est  accru  de  plus 
de  onze  cents  dans  lecours  de  quelquesannees.  Lenieme 
systeme  de  mouvement  applique  aux  transports  qui  se 
font  par  les  routes  de  fer,  pent  recevoir  d'autant  plus 
de  developpeniens  que  les  Etats-Unis  abondent  en  com- 
bustibles. Les  firets  diminuent;  elles  ne  couvrent  plus 
les  pays  ou  la  culture  et  la  civilisation  se  sontavancees; 
mais  celles  qui  se  sont  ensevelies  et  carbonisees  dans  la 
terre  suffiront  pendant  plusieurs  siecles  a  la  consomma- 
tion  des  hommes. 


(  346  ) 


TROISIEME  SECTION. 


Actes  de  la  Soci^te. 


PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  2  mai  i834. 

Leproces- verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

La  Commission  centrale,  sur  la  proposition  d'un  de 
ses  membres ,  decide  que  son  Bulletin  sera  adresse  a 
la  Societe  royale  geograpbique  de  Londres,  et  elle  reii- 
voie  au  comite  du  Bulletin  la  lettre  de  M.  le  capitaine 
Maconochie,  son  secretaire,  relative  aux  relations  qui 
viennent  de  s'etablir  entre  les  deux  Societes. 

La  Societe  royale  des  Antiquaires  du  nord  adresse  les 
volumes  iv  et  v  du  recueil  qu'elle  publle  sous  le  titre 
de  Scripta  historica  Islandorum. 

M.  le  capitaine  Graah  fait  hommage  a  la  Societe 
d'un  exemplaire  de  son  voyage  a  la  cote  orientale  du 
Greenland  ,  qui  a  obtenu  en  1829  la  medaille  de  5oo 
francs  pour  le  prix  annuel.  M,  Eyries  est  prie  de  vou- 
loir  bien  rendre  coniple  de  cet  ouvrage  ecrit  en  langue 
danoise. 

M.  Caballero  ecrit  de  Madrid  pour  offrir  a  la  Societe 
un  exemplaire  de  I'ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous 
le  titre  de  Nomenclatura  geografica  de  Espaha.  L'au- 
teur  croit  avoir  ouvert  une  nouvelle  route  ,  en  redui- 
sant  cette  nomenclature  a  des  regies  et  a  des  principes 
fixes,  etd'une  maniere  qui  lui  senible  plus  pbilosopbi- 
que  et  plus  instructive  que  celle  qui  a  ete  usitee  jus- 
qu'a   present. 


(  347  ) 

M.  d'Avezac  est  prie  d'examiner  cet  ouvrage  et  d'en 
faireun  rapport  verbal. 

M.  Roux  de  Rochelle  offre  a  la  Societe ,  de  la  part 
de  M.  le  major  Poussin  ,  iin  exemplaire  de  I'ouvrage 
qu'il  vient  de  publier  sur  les  travaux  d'amelioration 
inlerieure  projetes  ou  execute's  aux  Etats-Unis.  M.  Roux 
est  prie  de  rendre  compte  de  cet  ouvrage. 

M.  Jomard  communique,  de  la  part  de  M.  le  baron  de 
Hammer,  une  notice  extraite  des  annales  de  litterature 
de  Vienne  ,  et  renfermant  plusieurs  eclaiicissemens 
geographiques  sur  la  mer  Noire  et  les  provinces  russes 
voisines.  M.  de  Hammer  adresse  aussi  a  la  Societe  le 
texte  persan  dun  article  curieux  sur  I'lnde  ,  tire  de 
Thistorien  Wassafj  et  il  annonce  I'envoi  prochain 
d'une  seconde  notice  sur  I'ouvrage  du  meme  historien. 
—  M.  Bianchi  est  prie  de  rendre  compte  de*s  differens 
fragmens  envoyes  par  M.  de  Hammer. 

MM.  Al.  Barbie  du  Bocage  et  Ansart  deposent  sur  le 
bureau,  le  premier  un  exemplaire  de  son  Dictionnaire 
geographique  de  la  Bible ,  et  le  second  une  nouvelle  li- 
vraison  de  sa  traduction  de  I'atlas  de  Kruse.  Des  remer- 
rimens  sont  adresses  aux  deux  auteurs  au  nom  de  la 
Commission  centrale. 

M.  Jomard  annonce  qu'il  se  propose  de  coramuniquer, 
dans  une  prochaine  seance,  I'itineraire  qua  redige  a  sa 
priere  M.  de  Bove ,  naturaliste  qui  a  reside  quelque 
temps  en  Egypte ,  en  Arabie  et  en  Syrie ,  et  qui  vient  de 
partir  pour  Alger.  L'un  de  ces  voyages  a  ete  execute 
dans  le  Yemen ,  I'autre  de  Suez  a  Gaza  et  de  Gaza  a  Je- 
rusalem, par  un  chemin  peu  trequente. 

M.  le  president  rend  compte  a  I'assemblee  de  la  visite 
que  les  membres  du  bureau  de  la  Societe  et  du  bureau 
de  la  Commission  centrale  ont  faite  a  M.  le  comte  de 


(  348  ) 
Montalivet,  president  de  laSotiete,  et  de  I'accueil  qu'ils 
en  ontrecu.  M.  le  comte  de  Montalivet  a  promis  des'oc- 
cuper  avec  un  vif  interet  des  divers  ohjets  sur  lesquels 
on  a  cru  devoir  appeler  son  attention. 

Seance  da  16  mai. 

Leproces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  etadopte. 

M,  Dessalines  d'Orbigny  ecrit  qu'il  se  trouve  tres 
honore  de  I'opinion  favorable  que  la  Societe  a  bien 
voulu  concevoir  de  son  voyage  dans  I'Amerique  me- 
ridionale,  et  qu'il  fera  tons  ses  efforts  pour  repon- 
dre  a  I'idee  quelle  parait  avoir  prise  de  ses  travaux 
geograpbiques. 

M.  le  president  infoime  la  Commission  centrale  de 
I'offre  que  lui  a  faite  M.  Clement-Mullet ,  membre  de 
la  Societe  ,  de  rediger  gratuitenient  une  table  generale 
analytique  pour  les  vingt  volumes  de  la  premiere  serie 
du  Bulletin.  Le  comite  du  Bulletin  est  cbarge  de  pre- 
senter un  avis  sur  I'offre  de  M.  Clement-Mullet. 

M.  Warden  depose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  la 
Societe  libre  d'Agriculture  ,  sciences  et  arts  de  I'Eure  , 
le  cahier  d'avril  du  recueil  de  cette  societe. 

MM.  Dubuc ,  Roux  de  Rochelle  et  d'Avezac  li- 
sent  successivement  trois  rapports,  le  premier  sur  le 
voyage  en  Suede  de  M.  Daumont;  le  second  sur  un  ou- 
vrat^e  de  M.  le  maj«)r  Poussin  ,  intitule  :  Travaux  d'a- 
meliorations  interieures  entrepris  ou  executes  aux  Etats- 
Unis  d'Amerique,  et  entin  le  troisieme  sur  I'ouvrage 
intitule  :  Recherches  sur  I' emplacement  de  Carthage  par 
M.  Falbe,  consul  general  de  Danemark  a  Tunis. 

Ces  trois  rapports  sont  renvoyes  au  comite  du  Bul- 
letin. 


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Jiiilli-tift    ifr-   til    .fniie'tf   t/r   tii-i«/nift/i, 


ff'AVrte  X! 


BULLETIN 


1)E    LA 


SOCiETE  DE  GEOGRAPIIIE. 


juiN    i834. 


PREMIERE   SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


RELATION 

D^iin  voyage  dans  rinteriear  de  V Afrique  septentrionalei 

Par  Hhaggy  Ebn-el-Dyn  el-Eghouathy. 

(  suite). 

annotations   et  remarques  geggraphiques. 

Ainsi  que  M.  Hodgson  en  a  fait  la  remarque,  lenom 
d'El-Eghoucit  se  rapporle  an  nieme  lieu  que  Shaw  ap- 
pelle  Loivaate:  le  voyageur  anglais  a  joint  Tarlicle  coninie 
partie  integrante  du  nom,  sous  forme  de  L  initiale,  ce 
([ui  arrive  assez  frequemment  aux  personnes  qui  necon- 
naisserit  point  gramniaticalement  la  langue  arabe;  de 
plus,  il  a  supprinie  I'articulation  gutturale  du  ghayn, 
et  sous   re  rapport,  il  s  acoorde  avee  la  prononciation 


(  35o  ) 

ties  Arabes  d'Alger  de  la  bouche  desquels  j'ai  en  tend  n 
ce  nom,  et  qui  font  sentir  seuleinent  larticulation  dti 
ayn  :  toute  la  dit'terence,  quant  a  lorlhographe  origi- 
nale ,  consiste  en  un  seul  point  diacritique,  dont  I'ab- 
sence  jnotiverait,  dans  la  transcription  einopeenne,  la 
substitution  de  El-^a'oiiath  a  El-Eghouath.  C'est  la  le- 
con  pour  laqueile  j'incline  d'autant  plus,  que  les  officiers 
francais  qui  ont  entendu  prononcer  le  nieine  nom  a 
Oran  ont  exprime  par  Lahoitat  1  emission  orale  dont 
leur  oreille  avail  ete  frappee. 

Shaw  n'a  point  su  I'existence  dune  grande  ville  d'El- 
Aa'ouatli ;  il  siguale  seulement  une  tribu  deZ,o«'rtfl/e(i), 
dont  les  diiskerahs ,  situes  a  neut  lieues  dans  I'ouest  de 
Demid,  forment,  avec  ce  dernier  lieu  et  relui  de  Ayn 
Madhy,  les  villages  les  plus  considerables  de  cette  partie 
du  Ssahhra.  Les  renseignemens  recueillis  a  Oran  doti- 
nent  aux  5e«/  Za^oart?  (c'est-a-dire  Beny-el-Aa'ouath) 
une  ville  entouree  de  murs  de  pise ,  situee  vers  la  source 
d'une  petite  riviere  a  deux  journees  dans  Test  de  A'yn- 
Madhy,  et  ayant  au  sud  une  grande  chaJne  de  montagnes 
dans  laqueile  se  trouve  une  ville  nommee  StiJilen. 

Dans  une  lettre  adressee  a  M.  Peter-Stephen  Dupon- 
ceau,  et  inseree  aux  Transactions  of  the  American 
philosophical  society  de  Philadelphie  (2),  M.  Hodgson  a 
donne,  sans  doute  d'apres  les  explications  verbales 
d'Ebn-el-Dyn,  un  plan  d  El  Aa'ouath,  figure  par  une 
ellipse  coupee,  suivant  son  plus  petit  diametre,  par  un 
innr  de  separation  qui  se  prolonge, au-dela  de  lenceinte 
elliptique  renfermant  la  ville  proprement  ditc  ,  jusqua 
une  seconde  enceinte  quadrangulaire  entourant  les  jar- 
dins  dependans  de  la  ville;    le  luur  de  separation  offre, 

(l)   yqyages  en  llarbarie,  edition  francaise  de  I.n  Haye,  page  107. 
(a)    Transactions ,  etc.,  tome  iv,  p^go  -iXf, 


(  35i  ) 
en  son  milieu  ,  une  seule  porte  de  communication ,  que 
Ton  terme  lorsqne  les  deux  tribus  sonten  hostilite  mu- 
tuelle;  chaque  tribu  a  ses  portes  particulieres  pour 
comminiiquer  soit  avec  les  jardins,  soit  avec  la  cam- 
pagne  exlerieure. 

Cette  division  d'El-Aa'oualh  en  deux  parties  parait  a 
M.  Hodgson  un  plienomene  d'autant  plus  digne  d'at- 
tention,  qu'il  se  reproduil  dans  les  villes  de  Ghadaines, 
Ouerqelah  et  Telenisen;  le  capitaine  Lyon  I'avait  deja 
signale  pour  Gliadames,  le  docteur  Sliaw  pour  Teleni- 
sen ,•  niais  il  croit  etie  le  premier  qui  Fait  indiqiie  pour 
Ouerqelah  et  El-Aa'oualli.  ftl.  Hodgson  a  oublie  de  citer 
la  plus  celebre  do  ces  villes  biparlites  ,  Fes,  dont  les  dis- 
sensions intestines  entreles  Qiiyrouyyn  et  les  Andalous 
sont  rappelees  par  Leon  et  Marmol  et  rr.contees  par 
I'auteur  du  Qarllias  (i).  L'Ediysy  avait  aussi  nientionne 
la  douljle  individualite  de  Telenisen  (2)  comme  celle  de 
Fes.  Tegeinont  est  encore  dans  le  meme  cas. 

La  riviere  Emzy,qui  traverse  El-Aa'ouath  ,n'est  point 
figuree  sur  le  plan  de  M.  Hodgson ;  elle  n'a  ete  men- 
tionnee,  que  jesache,  par  aucun  voyageur  ni  geographe 
connu  :  c'est  probableinent  un  des  af'fluens  superieurs 
du  Ouad-el-Gedy  ou  riviere  du  Chureau  decrite  par 
Shaw.  (3) 

Tegemont  n'est  point  mentionne  dans  le  texte  de 
Shaw,  niais  il  est  inscrit  sur  I'une  de?  cartes  qui  acconi- 
pagnent  son  livre,  sous  I'orthographe  Tejcinoute,k  12 
milles  au  nordest   d"El-Aa'ouatli.  Un  autre  Tegemout 

(I**  Leon,  dims  liamiisiot  troisicme  edition,  folio  34  vorso.  — 
Marmol ,  edition  francaise,  tome  n,  page  157.  —  El  -  Quarthasi 
premiere  partie. 

(■2)  Edrisi  de  Hartmann  ,  pages  171  et  191. 

(3)  Tome  I,  page  167. 

a5. 


(  332  ) 

est  indique  par  Abou-Obayd  el-Bekry,  de  Cordoue,  sur 
la  route  dc  Tahart  a  la  mer.  (i) 

A'yn-Mddhy  est  pareillement  indiqiie  sur  les  cartes 
de  Shaw,  qui  ocrit  ce  nom  Ain-Mnithie;  niais  loin  de  le 
placer  dans  I'ouest  de  Tegemout  alnsi  que  le  fait  Ebn- 
el-Dyn,  il  le  met  a  17  miiles  dans  lest  un  pen  nord  de 
ce  daskerah  ;  dans  son  texte,  il  enonce  simplenient  que 
A'yn-Madhy  et  Deniid  sont  tous  deux  au  sud-ouest  de 
Fethh-el -Bothnia  (2)  ;  mais  la  situation  de  ce  point  a 
Touest  de  Tegemout  est  confirmee  par  des  renseigne- 
niens  recucillis  a  Oran,  et  d'apres  lesquels  A'yn-Madhy 
est  a  deux  journees  dans  louest  d'EI-Aa'onath. 

Shaw  designe  aiissi  sous  ie  nom  de  Maithie  I'une  des 
tril)us  qui  errent  en  ces  parages. 

Dans  Omin-A'sskaid ,  qu'il  eut  ete  mieux  peut-etre 
d'ecrire  Mo'askar  ou  Mnskarah,  il  est  aise  de  reconnaitre 
la  ville  appelee  vulgairement  Mascar  ou  Mascara,  et  dans 
Ouahrdn,  Oran. 

he  Gebel  el-^'mour,  qu'Ebnel-Dyn  met  au  nord  de 
Tiegeniout,  n'est  autre  que  le  district  montagneux  des 
Ammer  {\e  Shaw,  voisin  d'El-Aa'ouath  et  de  Tegemout, 
et  distant  de  six  lieues,  au  sud  ,  du  daskerah  de  Mede- 
ray.  II  resulte  des  paroles  memcs  d'Ebn-el-Dyn,  que  ce 
district  a  deux  journees  d'etendue  en  longueur  comme 
en  largeur,  et  que  cette  etendue  parait  devoir  etre 
<  omptee,  pour  une  partie,  au  nord-ouest  de  Mcderay, 
puisqu'il  y  place  les  sources  memes  duSchelit,  ainsi 
qu  il  va  etre  dit. 

(i)  Notice  d'uii  manuscrit  arabe  «lo  la  bihlioilieqiie  du  roi,  conte- 
iinnt  la  description  dc  I'Afrirjiie,  par  M.  Qiintremcrc,  paf;rs  S7  et  09. 
(2)  Tome  I,  page  107. 


(  353  ) 

La  riviere  El-Khnyr,  que  M.  Hodgson  ecrit  Alkhyr., 
et  qui  est  univcrseUeinent  connue  au  dire  d'Ebii  el-Dyn , 
lie  Vest  aucunenient  en  Europe  sous  cette  denomination. 
J'avais  d'abord  suppose  que  le  Khayr  n'etait  autre  que 
le  rtiisseau  de  Mederay,  ou  Midroe  de  Shaw ,  I'un  des 
aftluens  superieurs  du  Schelif;  mais  ayant  eu  ,  depuis  , 
connaissance  dun  releve  des  noms  geographiques  em- 
ployes par  Scliaw,  avecla  transcription  arabe  ,  en  regard, 
des  denominations  qui  sont  usitees  a  Oran  (document 
recueilli  et  envoye  par  M.  le  capitaine  d'etat -major  Le- 
vret,  el  qui  ma  ete  nbligemment  communique  par  M.  le 
colonel  Lapie),  j  y  ai  trouve,  vis-a-vis  de  Seha^ ounA^joun 
(nomdes  sources  du  Schelifd'apres  Shaw  (')),  Vindication 
Oued-el- Khayr,  avec  cette  note ,  que  I  autre  nom  nest 
pas  connu  a  Oran. 

Rdsel-Schah ,  Sdfel-el-Fayddh ,  El-Khadem  y  El- 
Lefahhdt^  sunt  autant  de  stations  dont  les  noms  sont 
arabes,  et  qui  n'ont  ete  mentionnes,  a  ma  connaissance, 
dans  aucun  autre  document  edit. 

Metslyli,  qui  doit  se  prononcer  Metslily  [Mitslelee) 
au  dire  de  M.  Hodgson ,  est  egalement  un  lieu  qu'Ebn- 
el-Dyn  a  mentionne  le  premier ,  et  qui  parait  place  sur 
le  versant  occidental  des  hauteurs  qui  I'orment  la  tete 
du  Ouady-Mozab. 

Le  OuddyMozdb^  ou  vallee  de  Mozab ,  est  habite  par 
les  Beny-Mozab  ou  Mozabys,  qui  se  donnent  eux-memes 
le  nom  de  A'yts-Eoug-a/an  ou  AjtS'Ongelan  (2);  ni  la 
forme  plurielle  du  mot  berber  Eougalan  ou  Ougelan,  ni 
lorthographe  du  mot  ;nabe  Mozab,  ne  se  pretent  a  I'in- 

[i]  Tome  I,  page  44. 

(9)   Transactions,  e/c. ,  tome  iv  ,  p.  3o->4. 


(  354  ) 
terpretation  d'apres  laquelle  M.  Hodj^son  traduit  I'une 
et  I'autre  par  les  enfans  de  V austere  (en  arabe  mossaeU)^ 
Shaw  les  appelle  Bcni-Mezzah ,  et  place  leur  pays  a  35 
lieiies  ail  sud  dea  tribus  d  El-Aa'ouath  et  d'EI- A'niour.  ( i ) 
M.  Hodgson  dit  que  leur  oasis  ou  eghzer  est  a  environ 
3oo  niilles  au  sud  d'Alger,  et  separe  des  Wadrcagans  et 
des  JFurgelans  ,  c'e:jt-a-dire  des  oasis  de  Teqort  et  de 
Ouerqelah  ,  par  iin  desert  de  huit  journe'es  sans  route 
tracee;  il  cstime  que  leOuady-Mozab  doitetre  place  vers 
le  3i'^  degre  de  latitude,  et  il  fail  observer  que  cespeu- 
ples  sont  remarquablement  blancs  ,  landis  que  ceux  de 
Teqort  et  de  Ouerqelah  sont  noirs.  (2) 

Shaler,  dans  ses  lettres  a  M.  Duponceau ,  datees  de 
1823,  a  consigne  des  informations  (repetees  ensuite 
dans  Ihs  Esquisses  d^  Alger')  qu'il  avait  recues  dun  tha- 
leb  de  la  nation  de  Mozabys,  lequel,  en  effet,  etait 
blanc  :  elles  portent  que  ce  peuple  hahite  un  district  du 
desert,  entoure  de  niontaenes  hautes  ,  rugueuses  et 
steriles,  a  vingt  journees  de  caravane  au  sud  d'Alger; 
qu'il  est  partnge  en  cinq  villes  ou  cantons,  savoir,  Gar- 
dica,  Birigan,  Wargalah ,  Engensn  qI  Nadrama,  chacun 
desquels  est  gouverne  par  un  conseil  de  douze  nota- 
bles nonimes  par  voie  d'election  (3).  Malgre  les  fautes 
lypographlques  qui  defigurent  quelquesuns  de  ces 
noms,il  est  aise  de  reconnaitre  dans  Gardica  ou  Gor- 
dica  ^  la  Gardeiak  de  Shaw,  la  Ghardeyah  d'Ebn-el- 
Dyn,  capitale  du  Ouiidy-Mozab  d'apres  ces  deux  der- 
niers  ecrivalns;  Birigan  n'est  autre  que  Berygan^  indi- 
que  par  Shaw  comme  le  daskerah  le  plus  considerable 


(i)  Shaw,  tome  i.page  108, 

(2)  Transactions  ^elc. ,  tome  iv  ,  page  22. 

(3)  Ibidem,  tome  i,  page  45 1.  —  Esquisse  de  P^tat  dJlger,  p.  1 14. 


(  355  } 

apres  Ghardeyah,  et  comme  situe  a  neuf  lieues  k  Test 
du  chef-lieu  ;  mais  Giara  n'est  mentionne  que  par  Shaw 
seul.  WargaJah  est  la  Ouerqelah  d'Ebn-el-Dyn  ,  dont  je 
parlerai  plus  loin  ;  Engcnsa  on  Egoussa  est  XEiigousah 
de  Shaw  (i);  enfin  Nadrama  est  uiie  station  que  nous 
n'avions  vue  mentionnee  nulle  autre  part  que  dans  L'E'^ 
drysy,  lequel  la  nomnie  dans  I'itineraire  d'El-Uahnesa 
d'Egypte  jusqu'a  Segelmesah  ,  itineraire  trace  sur  les 
cartes  de  D'Anville. 

La  mine  de  plomb  qui  se  trouve  dans  le  desert  voisin 

n'est  connue  que  par  lindication  d'Ebn-el-Dyn  ;  le  nom 

de  Gebel  el-Ressdss  quelle  porte  ne  signifie  point  autre 

'chose  que  la  montagne  de  plomb  ;  il  y  en  a  une  ainsiap- 

pelee  tout  pres  de  Tunis. 

La  tribu  des  Aouldd-Ndjl  est  mentionnee  par  Shaw, 
sous  Torthographe  de  iVo/7e  (2),  comme  errant  dans  le 
voisinage  des  montagnes  d'El-Aa'ouath  et  d'El-A'mour, 
non  loin  de  la  tribu  de  Matmata;  nous  verrons  ces  deux 
noms  sereproduire  dans  les  environs  du  golfe  de  Qabes. 

Les  stations  de  El-Tsemdd,  El-SchdreJ ^  El-Saddeny , 
Ouddy-el-Schaheb  ,  intermediaires  entre  Metslyli  et  El- 
Qolya'h,  portent  des  noms  arabes;  elles  ne  sont  men- 
tionnees  nulle  autre  part  qu'ici. 

El-Qolyah,  qui  se  trouve  situee  a  cinq  journees  de 
marche  de  Ouerqelah  ,  pourrait  bien  etre  le  meme  lieu 
que  Fray  Diego  de  Haedo ,  dans  sa  Topografia  e  historia 
general  de  Argel  {?>),  mentionne  comme  ayant  servi  de 
refuge  au  roi   de  Ouerqelah   lorsque  Salehh  el-Rays  > 

(i)  Tome  I,  page  169. 

(2)  Tome  I,  page  107. 

(3)  Cap.  VII  de  la  deuxienie  partic  ,  folio  (J7. 


(  356  ) 

bascha  d'Alger,  inarcha  contre  sa  capitale  en  i5;")2  : 
«  El  rey  de  Hiiergueld  estai>a  de  aJli  siete  jornadas ,  que 
son  cincuenta  leguas  ,  en  una  tier/a  <  ue  se  llama  Alcala, 
y  niny  vecina  de  la  tierra  de  los  negros «.  II  faul  convenir 
cependant  que,  malgre  la  ressemblance  des  noms ,  la 
distai)ce  de  cinq  journties  indiquee  par  Ebn-el-Dyn  oe 
peut  concorder  avec  celle  de  sept  journees  ou  cinquaute 
lieues  comptee  par  Haedo. 

On  trouve  aussi  dans  Abou-Obayd  el-Bekry  (i)  un 
lieu  appele  ElQala'h,  ou  Ion  se  rend  en  partantd'une 
ville  situee  sur  la  limite  du  Ssabhra ;  niais  le  defaut  de 
lumieres  plus  etendues  ne  perniet  pas  d'en  prononcer 
I'identite  avec  El-Qolya'h  d'Ebn  el-Dyn. 

Ouerqelah  est  appelee  Guargala  par  Leon.  Guergucla 
et  Guerguelen  par  Marmol,  Huerguela  par  Haedo, 
Oudrkeldn  par  I'Edrysy  (lu  Vareklan  par  Hartmann  aussi 
bien  que  par  les  Iraducteurs  rnaronites),  Oudrqelan  par 
A.bou-Obayd,  TVurglah  par  Shaw,  IVargalah  par  Sha- 
ler,  IVurgelah  par  Hodgson.  Gramaye  la  nomme  Guar- 
gala ou  Huerguela^  suivant  qui!  copie  Leon  ou  Hae- 
do. (2) 

Suivant  Leon,  Ouerqelah  est  une  ville  bien  batie, 
bien  fortifiee,  ou  les  dattes  abondent ,  et  dont  les  habi- 
tans  sont  noirs,  chose  que  repete  Marmol,  bien  qu'il 
ait  moins  servilement  que  de  coutume  reproduit  ici  le 
texte  de  Leon.  Haedo  ne  parle  que  de  I'abondance  des 

(i)  Notice,  etc.,  page  102. 

(2)  Leon,  dans  Ramusio,  folio  81  verso.  —  Marmol,  tome  in, 
pages  32  ,  5  r.  —  Haedo  ,  folio  67.  —  Edrisi  de  Haitmaiin  ,  page  i38. 
—  Notice,  etc.,  page  101. —  Schaw  ,tonie  i,  page  169.  — Shaler , 
Transactions ,  etc. ,  tome  i,  page  45  i-  —  Hodgson  ,  ibidem  ,  tome  iv  , 
page  2».  —  Gramaye  ,  pari.  2 ,  p.  65  ,  190. 


{  357) 
dattes,  et  marque  la  distance  a  qiiatre  journees  de  Te- 
qort,  ce  qui,  a  son  compte,  suppose vingt-cinq  journees 
depuis  Alger.  Shaler  comprend  Ouerqelah  parini  les 
villes  du  Ouady-Mozilb,  niais  il  est  coiitredit  en  ceci  par 
les  autres  autorites.  M.  Hodgson  la  met  a  trente  iieues 
sud-ouest  de  Teqort  :  Shaw  attribue  precisement  cette 
position  a  Engousah  ,  et  porte  Ouerqelah  a  cinq  Iieues 
plus  loin  a  I'ouest.  Riley  mentionne,  d'apres  le  recit  de 
Sydy  Ahhmed  ,  une  ville  de  Gnjelah  (^i),  ou  Ton  passe 
en  venant  de  Tonat  a  Teqort  a  travers  le  Beled  el-  Geryd ; 
n'est-ce  point  Ouerqelah  qui!  a  voulu  indiquer? 

Ce  qu'Ebn-el-Dyn  raconte  des  puits  artesiens  que  Ion 
creuse  a  Ouerqelah  s'accorde  completement  avec  ce 
que  Shaw  rapporle ,  a  cetegard,  de  tous  les  villages  du 
Wadreag  en  general.  Photius  nous  a  conserve  un  pas- 
sage d  Olynipiodore,  qui  parle  de  puits  semblables  (2), 
creuses  quelquefois  jusqu'a  cinq  cents  coudees,  dans  une 
oasis  innomniee  qu'il  y  aurait  toute  raison  de  prendre 
pour  celle  des  Erouaghah. 

Le  mot  sehkhali,  applique  par  Ehn  el-Dyn  au  plat 
pays  qui  enloure  Ouerqelah,  se  trouve  employe  fort 
souvent  par  Shaw  dans  sa  description  de  la  Barharie  ; 
ce  mot  signifie  un  marecage  sale.  D'apres  cette  disposi 
lion  du  terrain  ,  on  doit  etre  peu  surpris  d'y  voir  croitre 
aussi  frequemment  le  hhalfd,  qui  est  une  plante  marine, 
et,  a  ce  quil  parait,  de  la  famille  des  algues. 

Schath  et  ScJickhy  sont  des  mots  arabes  qui  signifient 
oonimunement  les  rivages  de  la  mer,  mais  qui  se  trou- 
vent  appliques  a  divers  endroits  de  linterieur  de  I'A- 
frique  septentrionale,  ou  il  existe  des  terrains  has  sou- 


(i)  Riley,  £ofj  of  the  brigli  Commerce  ,  p.  3S7. 

{■>.}    Pholii  bibliollieca  {Roiieii ,  i()S3)  coloiines  191  ct  iy2. 


(  358  ) 

Tent  inondes.  Shaw  signale,  dans  le  pays  de  Zab ,  au 
nord  de  Oiied-el-Gedy,  des  terres  noyees  qui  recoivent 
le  nom  de  Schath  ;  mais  le  scliath  situe  dans  la  jnrjdic- 
tion  de  Ouerqelah  n'avait  cte  encore  signale  par  per- 
sonne.  Des  renseignemens  recneillis  a  Oran  indiquent 
pareilltnient  un  schath  a  quatre  joiirnees  au  sud  de 
Ma'skarah. 

Les  villages  de  Roujsdt,  A'gcgeb  et  Meqousoh,  n'a- 
vaient  ete  mentionnes  par  aucun  ecrivain  avant  Ebn- 
elDyn ;  a  moins  toutefois  que  Ton  ne  suppose  Meqou- 
sah  idenlique  a  Engousah  de  Shaw  et  de  Shaler,  ce  qui 
ne  serait  point  denue  de  vraisembiance. 

Les  diverses  stations  de  Aouldn,  El-Ahhmar,  Byr-el- 
JSahl,  Byr-el-Lefndjtth,  Bp-el-Tdrqy ,  Byr-el  Zerq, 
Byr-Bedemdn ,  Temymoun^  Aouqerout,  n'avaient  non 
plus  eteindiques,  queje  sache,  dans  aucun  document 
anterieur. 

Mais  ^o«/e/ est  compris  dans  les  informations  recueil- 
lies  par  Lyon  ,  qui  ecrit  Awlcf ,  et  qui  place  ce  lieu  dans 
I'oasis  de  Touat,  a  dix-huit  journees  au  nord  de  Taou- 
dyny.  (i) 

Suivant  Ebn-el-Dyn  ,  Aoulef  est  la  ville  principale  de 
Touat;  Lyon  designe  A'yn-elSsalclih y  bien  que  Ritchie 
cut  precedemment  \x\i\\<\y\^  A gahly  ;  le  scheykh  Hhaggy 
Qasem  signale  aussi  Agably,  qu'il  dit  avoir  ete  fondee 
par  Abou-Naameh ;  Abou-Bekr  de  Seno-Palel  nomme 
El-Oudlyn  (2);  enfin  si  Ton  remonte  jusqu'a  Ebn-Ba- 
thouthah,  qui  le  premier  a  parle  du  pays  de  Touat,  on 

(i)   Lyon' s  narrative ,  page  148.  —   Quarterly  Review- ,  tome  xxiri. 
(a)  Walckenaer,  Rccherches  sitr  V Afrique,  pages  4a3  ,  481. 


(  359  ) 
trouve  !a  ville  cle  Boiidd  indiquee  comme  capitate  (i)  : 
cette  ville  est  aussi  inscrite  sur  la  carte  catalane  de  la 
bibliotheque  du  roi,  sous  la  forme  Buda.  (Pour  le  dire 
en  passant,  le  genie  de  la  langue  arabe  se  refuse  a  ad- 
mettreaucun  rapprochement  onomaslique  tel  que  celui 
qu'a  tente  M.  Walckenaer  (2)  entre  Bouda  et  Abou- 
Na'ameh.) 

Leon  ,  Cadamosto  ,  Marmol ,  nomment  simplement 
Tuath,  Tiiat  ou  Toet ;  Lempriere  ecrit  Thouat ,  Caille 
Taoual,  Jackson  Tiiat  et  Tinvat,  Sydy-Abhmed  dans 
Riley  Twati,  etc.  (3).  Lyon  dit  que  cette  oasis  s'elend 
en  longueur  du  nord  au  sud. 

Teyth  et  Atouat-el-Hhenne  etaient  inconnus  jusqu'ici, 
a  moins  que  ce  dernier  lieu  ii'ait  ete  designe  qtielque- 
fois  sous  le  nom  de  Touat,  ecrit  alors  Atoudt  par  les 
indigenes,  comme  dans  I'ilineraire  d'Abou-Bekr  de 
Seno-Palel. 

En-Ssdlahh  est  orthographic  par  Ebn-el-Dyn  dune 
maniere  completement  concordante  avec  celle  de  Laing 
qui  ecrit  Ensala^  et  avec  celle  d  Ensiedel  qui  met  Enzala 
( le  ^  allemand  est  sifflant).  Mais  le  scheykh  Hhaggy 
Qasem  fait  remarquer  que  le  nom  de  ce  lieu  signifie 
Fontaine  des  Saints  (4),  a  raison  des  santons  musulmans 
qui  y  demeurent  et  de  ceux  qui  y  ont  leurs  tombeaux, 
et  des-lors  son  orthographeest  A'jn-el-SsalahJi^  laquelle 

(i)  Kosegarten  ,  pages  45  ,  49- 

(2)  Walckenaer  ,  «t/.5K/>r(i,  page  287. 

(S)  Rnmusio,  folios  83  recto  et  loS  versti.  —  Marmol,  tome  m  . 
page  5o.  —  Lempriere ,  edition  francaise,  page  287.  —  Caille,  t.  in, 
page  54.  —  etc. 

(4)  Walckenaer,  page  422. 


(  36o  ) 

est  aussi  celle  de  Ritchie,  et  se  trouve  aujourd'hiii  gene- 
ralemcnt  atloptee. 

Laing  a  fixe  la  position  dc  cette  station,  a  ce  que 
rapporte  la  Quarterly  Review  (^i),  a  27'  ii"  nord,'et 
2"  i5'  est  de  Greenwich,  soil  0°  5'  ouest  de  Paris,  et 
d'apres  les  renseignemens  donnes  a  M.  Jomard  par  le 
capitaine  Sabine,  a  27^  1 1'  3o"  nord  et  o'  29'  onest  de 
Paris.  Le  meme  voyageur  observe  que  cette  ville  est  la 
plus  orientate  du  pyys  de  Touat,  ce  qui  Concorde  avec 
ce  qu'avait  dit  Rilchie,  que  A"yn-el-Ssalahh  est  sur  la 
frontiere  de  Touat  du  cute  de  Ghadames. 

M.  Hodgson  ,  qui  ecr'xl  A in-Salah  en  blamant  I'ortho- 
graphe  de  Laing,  place  cette  vllle  dans  une  oasis  spe- 
ciale,  qu'il  appelle  Tedykels  (Tedeekels)  (2)  j  et  cette  as- 
sertion parait  appuyee  sur  des  temoignagcs  indigenes  , 
car  il  dit  ailleurs  qu'il  a  converse  avec  des  habitans  de 
Dra,  Tafdet,  Fighig,  Tvi^at,  Tegorara,  Tedeekels,  Wur- 
gelah,  Ghadames,  Djerbi  et  Ghirian,  tons  cantons  ou 
se  parle  le  berber.  Mais  comnie  Ebn-el-Dyn  ne  dit  rien 
a  cet  egard,  et  que  tons  les  autres  voyag<Hirs  ou  ecri- 
vains  s'accordent  a  placer  A.'yn-el-Ssalahh  ou  En-Ssalahh 
dans  loasis  de  Touat,  je  pense  qui)  tant  supposer  tout 
au  moins  que  I'oasis  de  Tedykels  est  une  des  depen- 
dances  d'ElTouat. 

■  Le  Oiuidy  Qordrah  est  aussi  une  nouveaute  geogra- 
phique.  M.  Hodgson,  en  I'appelant  Teghorara  a  sans 
doute  en  vue  le  pays  de  Tegorarin  de  Leon  ,  Mannol  vi 
Gramaye ,   le  Tigury  de   Diego  de  Torres ;  niais  il    est 


(i)  Tome  xxxvm  ,  cahier  75,  art.  4.  —  Caill6,  tome  iii ,  p.    a3r 
et  a45. 


(i)   Transactions  ,  tome  iv  ,  pages  28  et  34. 


(  36i  ) 
evident  que  la  position  respective  de  ces  deux  cantons 
se  refuse  a  une  paieilleconfission.  (i) 

El-  Schcnqythah  est  etrangemcnt  rapproche,  par 
M.  Hodgson  dii  Shangala  des  geographes,  qui!  fant 
aller  trouver  eu  Abysuinie;  c'est  une  de  ces  aberrations 
trop  frequentes  parnii  les  ecrivains  qui  parlent  de  geo- 
graphie  sans  avoir  etudie  suffisamment  les  matieres  dont 
ils  s  occupent  (nous  en  pourrions  citer  dautres  de  la 
nienie  force).  Le  pays  de  Schenqythah  est,  comnie  le 
dit  Ebn-el-Dyn ,  dans  le  nord-ouest  de  Ten-Boktoue, 
vers  rOcean.  Le  Scbeykh  deOuadan,  Sydy  Abhmed  ben 
Thouyr-el-Genneh,  en  passant  a  Thaugeli  en  i833,  a 
designe  a  M.  de  La  Porte  le  pays  de  Changuit  conmie 
souniis  a  son  autorite  (2).  Un  inaure  du  Senegal  qui 
avail  beaucoup  voyage,  Ahbined  Fal ,  avait  fourni  a 
M.  Cliarles  Berton  ,  une  note  des  distances  des  princi- 
pales  stations  du  desert  enlre  Ten-Boktoue  et  Arguin  , 
ou  Ion  voit  figurer  deux  fois  Schingeti,  a  dix  journees 
d'Araouan  et  a  sept  journees  deTyscbyt  (3);  cetle  note, 
inseree  au  Bulletin  de  la  Societede  geograpbie  ,  y  est  par 
erreur  comprise  (sous  le  n°  2)  parnii  des  renseignemens 
founiis  par  le  mnure  Mohhammed  de  Tjschjt;  ce  litre 
n'appartient  qii  ;V  I'itineraire  de  Portendick  a  Ten- 
Boktoue  porte  sous  le  n"  i.  M.  Berlon  avait  judicieuse- 
ment  reconnu  etindique  la  correspondance  de  Schingeti 
avec  le  Chingarin  des  cartes  d'Afrique,  inscrit  pour  la 
premiere  fois  en  179S  ,  sous  la  forme  Shingnrin,  dans  la 

(1)  Ramusio,  folio  81. —  Marmol,  tome  in,  folio  29.  —  Histoire 
tics  scherj/s,  page  45.  —  Gramaye  ,  part,  ii,  page  i8g. 

(2)  Bulletin  de  la  Socie'te  lie  Oeograpkie , 'pTemii-re  serie  ,  tome  xix, 
pages  343  et  354. 

(.i)   Ibidem,  tome  x  ,  page  35. 


(  362  ) 

carte  du  voyage  de  Mungo-Park,  ilressee  par  Renne! 
d'apres  lesdocumens  que  le  voyageur  avait  mis  a  sa  dis- 
position; niais  le  mot  ayant  ete  iiial  t-crit  ou  mal  lu, 
un  rj  rcmplacait  le  t  de  la  syUabe  finale. 

Quant  an  nom  de  Tenbo/c/o,  j'ai  depuis  long-temps 
fait  remarquer  que  la  veritable  ortliographe  est  Ten- 
Boktoue^  c'est-a-dire  le  puits  de  Boktotie  [i)  I  c'est  celle 
qu'a  employee  Ebn-Balhoulhali ,  le  premier  voyageur 
qui  en  ait  parle. 

Entre  Ouerqelah  el  Gbadaines  aucune  station  n'etait 
connue  :  Ebn-el-Dyn  en  coniptehuit,  toutes  comprises 
dans  la  premiere  moitie  de  la  route,  savoir  :  Sydi 
Ahkhouylid  dont  rorthographe  veritable  est  d'apres 
M.  Hodgson  AkhouUd  ^  puis  Hhasy-el  Naqeh ,  A'yn, 
El-A'dquer,  El-Thybdt,  El-Jbter,  Oiiedy-SouJ,  et  enfin 
Aamjsch. 

Aqddines  est  ecrit  par  Ebn-el-Dyn  d'une  maniere  qui 
vient  confirmer  la  transcription  Aghddmas  employee 
par  Caille  pour  representer  la  prononciation  dont  son 
oreille  avait  ete  frappee.  (a) 

On  pent  voir  dans  le  Bulletin  de  la  Societe  de  geogra- 
phic une  iettrede  M.  Graaborg  deHemsoe,  en  date  de 
Tripoli,  ou  se  trouve  cette  assertion,  que  le  nom  de 
celte  ville  tel  qu'il  se  pronoiice  par  les  indigenes,  com- 
mence par  un  ayn  tres  guttural  et  non  par  un  ghayn, 
lettresqui  nexistent  point  dans  les  dialectes  des  popula- 
tions berberes,le  son  du^'^teutonique  serendantcliez  el  les 
par  le  qdf  des  Arabcs.  Le  docte  Sueduis  a  deja  essuye  les 


(i)   Noil reati j'oit/nfil  asialique ,  tome  iv  .  page  rg^. 
(a)  C.iille,  tome  ii ,  page  377,  etc. 
{i]   Bulletin,  tome  v,  page  68a. 


(  :i63  ) 

critiques  ci'iin  orientalislefrancais  a  raison  deses  notion* 
equivoques  sur  les  analogies  gramma licales  de  la  langiie 
arabe(i);  ici  nous  avons  a  relever  pareillement  une 
double  erreur  :  i"  En  ce  qui  concerne  la  pronoiicialion 
du  ghaj-n  arcihe  ,  que  M.  Graaberg  n'a  sans  doute  en- 
tendu  que  de  la  bouche  des  Turks  ,  puisqu'il  le  confond 
avec  \e g  teutonique;  pour  un  Arabe,  \e g/ia/n  est  une 
articulation  gutturale  assez  analogue  au  grasseiement 
des  provencaux;  2"  en  ce  qui  concerne  I'ensploi  graphique 
de  cette  consonne  par  les  Berbers,  une  autorite  grave 
en  cette  matieie,  \enture,  affunie  que  c'est  la  lettre 
qui  (/online  dans  la  langue  Berbere  avec  le  tse  a  trois 
points;  et  Ion  pourrait  ajouter  que  ce  n'est  point  le 
qa/arahe  mais  bien  le  kef  on  \eqdf,  a  trois  points,  qui  est 
employe  par  les  Berbers  pour  exprimer  le  son  du  ^ 
teutonique.  Le  cjq/a.  un  point  conserve  sa  prononciation 
speciale,  qui  est  celle  dun  q  guttural,  se  rapprochant 
du  ghajn  ,  mais  sans  vibration  de  la  glotte. 

Revenons  a  Qaddmes  ou  Ghaddines  :  Ebn-el-Dyn 
I'ecrit  par  un  qof,  Abou  el-Fedha  par  un  ghayn;  et  les 
orientalistes  europeens  sont  partages  entre  les  trans- 
criptions qui  admettent  I'une  ou  Tautre  de  ces  lettres. 
M.  Marcescheau  qui ,  dans  une  lettre  inseree  au  Bulletin 
de  la  Societe  de  geographic  (2),  a  consigne  les  renseigne- 
mens  qu'il  a  recueillis  sur  cette  ville  pendant  son  sejour 
a  Tou7er,  explique  que  le  nom  de  Ghadames  se  pro- 
nonce  a-peu-pres  R'demse  en  donnant  a  I'R  un  son  fort 
guttural,  ce  qui  ne  pent  convenir  qu'au  ghayn;  toute- 
fois,  Tavis  de  Langles  qui  opte  pour  le  qaf,  m'a  paru 
d'autant  moins  hasarde ,  que  j'ai  vu  des  transcriptions 

(l)  Nouveaii  journal  asialiqne,  toine  ili,  p.  160. 
(u)   Bulletin  ,  tome  vi ,  page  120. 


(  364  ) 
eiiropeennes  faites  sous  I'unique  influence  de  la  proiion- 
ciation  des  Arabes  du  desert,  designer  sous  la  forme 
/W«//«jlenalifdeQadamesqui  etaitau  service  deLaing. 
Mais  les  reinarques  speciales  faites  [.ar  M.  Giaaberg  de 
Henisoe  aussi  hien  que  par  IM.  Maicescheau  sur  la 
prononciatlon  de  ce  mot,  I'autorite  d'Abou-el-Fedha  , 
d'Aboii  Obayd,  I'exempledeM.  de  La  Porte,  deM.  Rous- 
seau ,  et  il  fautle  dire,  de  la  majoriie  des  voyageurs  et 
desgeographes,  m'ont  determine  a  considerer  le  ghayn 
comme  plus  exact. 

Quant  a  \EIif  initial  employe  par  Ebn-el-dyn  et 
exprime  aussi  par  Caille,  c'est  un  vulgarisme  analogue 
a  la  prononciation  populaire  de  quelques  mots,  a  Paris 
par  exemple  ,  ou  Ton  entend  frequemment  eiif  dis  pour 
je  dis,  eiic  que  pour  ce  que,  eid  jour  pour  le  jour,  etc. 
Dans  I'ecrilure,  cet  emploi  d'e/j/ initial  devient  un  sole- 
cisme  reprouve  par  I'analogie  grammaticale;  c'est  ainsi 
que  le  nom  Emhammed  ou  Imhammed,  inlroduit  dans 
rhistoire  de  la  geographic  africaine  par  Ledyard  et 
Lucas,  est  une  transcription  monstrueusc  de  la  forme 
normale  Mohhammed. 

Laing  parait  avoir  fait  des  observations  astronomiques 
aGhadames  :  la  Quaiierly  Review  {i)  qui  en  donnele  re- 
sultat,  porte  3o"  7'  Nord  et  9°  16'  Est  de  Greenwich, 
soite-  56'  Est  de  Paris.  Hhaggy  Qasem  met  cette  ville  a 
treize  journees  de  Tripoli  et  a  vingt-deux  journees  dc 
Ayn-el-Ssalahh.  Les  informations  recucillies  a  Tunis 
par  M.  Magra,  coinptent  vingt-trois  a  vingt-quatre 
journees  de  Tunis  a  Ghadames,  en  passant  parQabes,et 
en  inclinant  vers  la  droite  a  partir  de  cette  derniere 
ville.   Les   renseigneniens  recus  a   Touzcr  par  ]\L  IMar- 

(1)  Tome  XXXVIII,  cahicr  73,  art.  4- 


(  365  ) 
cescheau,    marquent    tlixsept  journees   cle    la   jusqu'a 
Ghatl  allies. 

Leon  I'appelle  Gademe ,  Marniol  Gademiz;  I'un  et 
Taiitre  n'en  diseiit  que  qiielques  mots,  et  marquent  sa 
dislanre  de  la  mer  ,  vers  le  midi ,  le  premier  a  trois  cents 
milles  ,  le  second  a  cent  lieues. 

Toudreq  est  le  pluriel  de  Tarqy  adjectif  forme'  dii  mot 
Terqa,  tribu,  dont  le  pluriel  est  7o?/er^«.  Horneman,  le 
premier,  a  donne  une  notice  sur  cepeuple;  Lyon,  Den- 
ham  et  Clapperton  ,  Laing,Caille,  ont  respectivement 
fourni  a  cet  egard  quelques  lumieres;  Ivl.  Hodgson  a  re- 
digesurlememe  sujct  utie  note,  insereedans  les  Transac- 
tions de  la  Societe  de  Pliiladelphie,  et  dont  je  vais  resumer 
ici  les  points  principaux.  (i) 

«  Les  Tuarycks  ont  pour  limite  a  lest  les  Tibhou  et 
le  Fezzan,  an  sud  les  peuples  negres  de  Barnouh, 
Hhaousa,  Ghouber  et  Ten-Boktoue,  a  I'ouest  les  oases 
dc  Tedykels  et  de  Touat,  au  nord  celles  de  Mozab, 
Engousah,  et  Ghadames.  Parmi  les  populations  negres 
its  portent  differens  noms  :  celui  de  Sergous  est  connu 
partout;  pres  du  Fezzan,  a  Aghades  et  Hhaousa  ils 
sont  appeles  Kelliwi ^  a  Sakatou  et  a  Ghouber,  ils  sont 
nonimes  Etesan  ;  a  Ten--Boktoue  et  le  long  du  Kouara 
ils  sont  designes  sous  I'appellation  de  Oulemidan;  les 
tiatifs  de  Hhaousa  les  traitent  aussi  de  Ouzanoroah, 
c'est-a-dire  kafresou  infideles;  enfin  le  nom  de  Kilgaris 
leur  est  encore  donne  entre  Aghades  et  les  Soudan.  lis 
sont  blancs;  de  race  berbere,  musulmans  nialekytes. 
Ont-ils  un  nom  commun  ,  oa  bien  leurs  diverses  tribus 
ont-elles  chacune  un  nom  distinct.?  A  la  premiere  question 
on  peut  repondre  que'le  nom  de  Bereber  est  universelle- 

(i)    Transactions ,  etc.,  tome  iv  ,  pages  3i  a  35. 

36 


(  36G  ) 

nientarcepte  par  toiit.es;  a  la  seconde  question, queHoest, 
(jhenier,  Baclia  et  Jackson  pom-  lempiie  cic  Marok,  Shaw 
pour  les  etats  d'Alger  et  de  Tunis,  ont  fait  connaitreles 
nonis  de  beaucoup  de  tribus.  Parnii  celles  de  Hagara, 
qui  liabilent  I'inierieur  du  desert,  sont  les  Aith  el-Hadj ^ 
Aith-el-]Soali ,  Aith-Emgat ,  et  Esukemaran.  Ce  mot 
Aith,  litteralement  synonymedu  motarabe£"/(!/,s'eniploie 
pour  designer  les  tribus,  conune  !es  mots  Beny  et 
Aouled  chez  les  Arabes.  Le  langage  des  Tuarycks  est 
entierenient  conforme  a  celui  des  Qobayl  de  I'Atlas.  » 
Mungo-Park  a  noinme  les  Sourkas,  qui  sont  identiques 
aux  Sergous  de  Hodgson,  de  ineme  que  les  Sorgous  de 
Caille;  il  a  mentionne  aussi  les  Mahinga;  Donham  et 
Glapperton  ont  j.arle  des  Tagania  et  des  Kilgris;  Hor- 
neniann  des  Kollouviy  des  Hhagard^  des  ihatkara  et 
des  Tagamu;  Laing  fut  attaque  et  pille  par  les  Hhagard; 
le  negre  Francois,  interroge  au  Bresil  par  M.  D'An- 
drada  (i),  lui  nomma  les  Vlumdaii  ou  Llumadah,  qui 
ne  sont  autres  que  les  Oulemidan  deM.  Hodgson  ;  enfin 
I'histoire  de  Takrour,  de  Mohhammed  Bello ,  ajoute  a 
cette  nomenclature  les  Amakitan,  les  Tninkak,  \mSen- 
dal,  les  Agdalar  et  les  Adjeranin. 

Mathmdthah  estle  nom  dune  des  tribus  Berberes  qui 
font  partie  de  celle  de  Tdmesnd  d'apres  I'Edrysy,  de  celle 
de  Barghaoudthaii  d  apres  le  Bekry ,  de  celle  de  Dharysah 
d'apres  Ebn-Khaldoun  (2).  Elle  a  donne  son  nom  a  di- 
vers cantons  ou  villages  quelle  a  peuples  :  Shaw  I'appli- 
que  a  la  presqu'ile  qui  s'eiifonce  dans  le  coude  du  Sche- 
lif ,  et  Abou-0'bayd  el-Bekry  mentionne  ce  district  sous 

(i)   Journal  des  voyages  , tome  xxxii,  pages  2i3,  2i5. 
(a)  Hartmann,    page    ifir.  ■ — IS'otice ,  etc.,    page  i55.  —  Nonvcau 
journal  asiatique  ,  tome  ii ,  p.  n5. 


f  367  ) 

1«  nieme  iiom  ;  ce dernier  auteur  parle  aussi  d'uiie  ville 
de  Mathmathah-Amkesour  sur  le  Molouyah,  a-peu-pres  a 
nioitie  chemin  entre  Fes  et  Segelmesah.  Mais  je  n'ai 
trouve  mentionne  dans  aucun  des  anteurs  que  j'ai  con- 
suites,  le  village  de  Mathmatliah  indiqueparEbn-el-Dyn 
a  deux journees  deQabes eta  pareille  distance  deGerbeh; 
seulement  ce  nom  est  inscrit  au  milieu  des  monlagnes 
au  sud  de  Qabes,  dans  la  carte  du  golfe  de  Qabes  de 
Smyth.  Toujours  estil  que  cette  situation  relative  exige 
le  gisement  de  Gerbeh  a  Test  ou  au  nord-est  de  Math- 
matliah, et  non  a  Touest  comme  lindique  la  version 
de  M.  Hodgson  :  Djerhi  is  two  days^ journey  from  Mate- 
mata,  to  the  west.  II  est  evident  quil  y  a  la  une  inadver- 
tance  de  traduction  ,  inadvertance  absolument  pareille 
a  celle  de  Florianus  dans  sa  version  latine  de  Leon,  a 
I'article  Borgi,  oJ  \\  Iradml  verso  ponente  du  texte  ita- 
lien  par  orienteni  I'ersus.  De  nienie  on  trouve  dans  Hart- 
mann,  parlant  du  port  de  Qol; «  In  parte  prima  climatis 
«  tertii  ab  Edrisio  hue  usque  descripti,  ultima  est  urbs, 
«  atque  rlislat  a  Kosantina  meridiem  versus  duorum  sta- 
<«  tionum  intervallo.  »  II  est  pourtant  incontestable  que 
c'est  Constantine  qui  est  au  sud  de  Qol. 

Qabes  est  bien  connue;  Shaw  la  nomme  Gabs,  Leon 
Capes jM.ATn\o\  Capez  et  Cabez,  M.  Desfontaines  Gahess. 
L'Edrysy  en  dit  peu  de  chose,  mais  le  Bekry  en  raconte 
de  curieuses  particularites  (i).  Le  capitaine  Smyth  en  a 
determine  la  position  par  33"  53'  55'  nord ,  et  j"  44'  i"  ^!>t- 
Apres  lui  avoir  consacre  un  premier  article  de  quelques 
lignes,  Ebn-elDyn  y  revient  plus  loin  une  seconde  fois 

(r)  Shnw ,  tome  i,  page  25-2. —  Ramusio,  folio  (iy  verso.  —  Mar- 
mol,  ^dit.  esp. ,  tome  ii,  folio  9.88. —  Hartmann,  page  262. — 
Notice,  elc,  pages  a8  et  suiv. 

26. 


(  368  ) 

pour  remarquer  qu'elle  est  a  six  journees  de  niarche 
cle  Tripoli. 

Gerbeh  est  paieillementindiquee  d'abord  a  deux  joui- 
nees  de  Mathir.athah;  puis  un  second  article  plus  etendu 
lui  est  consacre  deux  pages  plus  loin;  nous  reunirons 
ici  tout  ce  que  nous  avons  a  en  dire. 

Cette  lie  est  appelee  Gerba  ou  Jerbn  par  Shaw,  il 
Gerbo  par  Leon  ,  los  Gelves  par  Marniol ,  qui  parle  fort 
au  long  des  expeditions  espagnolcs  dirigees  contre  elle; 
les  Letters  from  Tripoly,  le  voyage  de  Maggil  a  Tunis, 
le  second  voyage  de  Paul  Lucas,  contiennent  quelques 
lignes  sur  cette  i!e;  I'Edrysy  ne  fait  gnere  que  la  noin- 
mer,  et  le  Bekry  n'en  dit  que  pea  de  mots.  L'Etat  des 
royaunies  de  Baibarie,  attribue  au  pere  de  La  Faye,  en 
donne  une  esquisse  plus  detaillee,  et  M.  de  La  Porte  en 
a  envoye,  dans  ses  reponses  aux  questions  de  la  Societe 
de  geograpliie,  une  breve  description,  qui  s'accorde 
tres  bien,  ainsi  que  la  precedente,  avec  celle  qu'en 
a  fiite  Ebn-el-Dyn.  M.  Guys,  de  son  cote,  a  fourni  sur 
cette  lie  une  note  inseree  au  Bulletin  de  la  Societe,  et 
dans  laquelle  il  donne,  sur  les  dattes  de  Gerbeh  (  qu'il 
appelle  Zerby),  des  details  qui  ne  concordent  point 
avec  I'assertion  d'Ebn-el-Dyn,  que  I'lle  neproduit  point 
de  dattes. (i) 

Quant  aux  ([uatre  ports  de  Gerbeh,  celui  de  Agjm 
est  marque  sur  la  carte  du  golfe  de  Qabes  du  capitaine 
Sniyih,  a  I'endroit  ou    celle  de   M.  Lapie  porte   Tour 

(i)  Shaw,  tome  r,  page  254. —  Ramusio,  folio  70. —  Marmol  (•Axt, 
esp.,  tome  II,  folio  289  verso. —Hartmann,  page  289. —  Notice,  etc., 
page  3o. —  Etat ,  etc.,  pages  81  et  siiiv.  —  Leilers  from  Tripoly, 
tome  I,  page  22. —  Maggil,  pages  iSy,  168,  175. —  Paul  Lucas, 
second  voyage,  tome  11,  page  i35.  —  Manoires  de  la  Socicti  de  Geo- 
graphic,  tome' II,  pages  72  ,  73.  —  Bulletin,  tome  v,  pages  549,  5()0, 


t^Agira;  celui  tie  Gergys  est  probablement  le  Qassr 
Mendqes menVionne  par  M.  de  La  Porte,  et  qui,  repre- 
sentantla  wWeAe Meninx  de  Ptolemee,  aurait  pu,comme 
d'autres  villes  de  la  province  d'Afrique,  recevoir  le  nom 
de  Gergys  en  memoire  du  sejour  du  patrice  grec  Gre- 
goire,  prefet  d'Afrique.  Le  Mersat-el-Qantharah^  ou  plus 
ey^actemexit  Merscif-el-Qantharah,  c'esta-dire  le  port  du 
pont,  ne  peut  etre  eloigne  de  I'endroit  ou  M.  de  La 
Porte  enonce  qu'on  peut  passer  a  gue  le  detroit  qui  se- 
pare,  au  sud ,  1  ile  de  la  terre  fernie;  les  anciens  plans 
y  representent  en  effet  un  pont,  et  c'est  au  voisinage 
sans  doute  qu'il  faut  placer  avec  DAnvillele /^o«/e-Z;Va 
mimicipium  de  1  itineraire  d'Antonin.  Pour  ce  qui  est 
du  Mersat-el-Souq  ou  plus  exactenient  Mersaj-el-Souq 
c'est-a-dire  leportduniarche,  que  la  version  de  M.  Hodg- 
son place  to  the  east  ^  il  nest  evidemment  ainsi  indique 
que  par  inadvertance  de  traduction  ou  decriture,  car 
le  port  qui  est  a  lest  est  deja  nomme  immediatement 
auparavant;  c'est  done  to  the  north  qu'il  fallait  lire,  et 
c'est  ainsi  que  je  I  ai  corrige ;  au  nord  en  effet  est  le 
portde  Gerbeli,  avecia  residence  du  gouverneur  de  lile 
et  un  soiiq  ou  marche,  ainsi  que  le  remarquent  M.  de 
La  Porte  et  M.  Guys  :  la  carte  de  Smyth  inscrit  en  cet 
endroit  le  mot  ^ug ,  qui  nest  evidemment  qu'une 
transcription,  defiguree  par  I'orthographe  anglaise,  du 
mot  arabe  Sotiq. 

Dans  le  voisinage  de  Mathmathah ,  de  Qabes  et  de 
Gerbeh,  Ebn-el-dyn  place  les  tribus  de  Naouayl^  de 
Mahhdmyd  et  de  Ouerqeniah^et  les  montagnes  de  Gha- 
rydn^  de  Ben-Oualjd,  de  Meselldtah  et  de  Ghdyah. 
Tons  ces  noms  sont  deja  plus  ou  moins  connus  :  les 
tribus    de   Naouayl    et    de  Ouerqemah   sont  appelees 


(    370    ) 

Aowa/les  et  IVargarnmas  dans  les  Letters  from  Tripoly, 
Nolle   et    Wargumma   par    Biucc.    M.    de    La   Porte, 
dans  ses  reponses  aux  questions  de  la  Societe  de  gcogra- 
pliie,  parle  de  la  tribu  de  Mahhainyd   sous  le   noui  de 
MahaiJiides ,   et  il  en   indique   les    denieures  dans  les 
plaines  que  circoriscrivent  les  montagnes  de  Yafran;  il 
donne  aussi  line  notice  des  montagnes  de  G/idrydn,  de- 
crites  soninjairement  par  Leon  et  par   Marmol.  M.  de 
La  Porte  mentionne  en   passant  la   montagne  de  Ben- 
Oualyd  qu'il  appelle  Benoulid ;  et  c'est  probablement 
la  nieine  que  Leon  et  Marmol  ont  designee  sous  le  nom 
de  Beni  Guarid.  Ces  deux  auteurs  decrivent  brieveinent 
aussi  la  province  de  Mesellatah,appelee  iT/eJ5/<3^«  eX.  Me- 
zulala  Jans  les  Letters  from  Tripoly  (i).  Quant  au  nom 
de  Ghayah ,   il  se   trouve,  a  la  verite,  mentionne  par 
Abou-0'bayd  el-Bekry,  mais  comme  appartenant  a  une 
riviere  dans  restdeThobnab;on  pent  conjecturer  seule- 
ment  que  cette  riviere  a  recu  son  nom  de  quelque  frac- 
tion de  la  tribu  qui  habite  les  montagnes  dontils'agit  ici. 
Efzan  pour  Fezzdn  est  un  nouvel  exempie  de  I'em- 
ploi  abusit'dV/jy  initial  dans  les  mots  dont  la  premiere 
syllabe  est  breve. 

Apres  avoir  indique  la  route  qui,  de  Ouerqelab,conduit 
a  lest  parGhadames  et  le  Gharyan,  Ebn-el-Dyn  revient 
siir  ses  pas  afin  de  donner  une  description  de  Teqort^ 
que  son  traducteur  ecrit  Tuggurt,  et  qui  est  transcrit 
Tegghert  dans  les  extraits  donnes  en  francais  par  les 
Nouvelles  Annales  des  voyages  (2)  d'apres  la  North- 
American    Revimv  (3).  Dans  ses   lettres  a    M.    Dupon- 

(r)  Letters  from  Tripoly, tome  i,  page  27.  —  Memoires  de  la  SociSU 
{le  Geographic,  toDie  11 ,  pages  65  et  suiv. —  Ramusio,  folio  7  i  verso. 
—  Marmol ,  edit.  e.sp. ,  tome  11 ,  folio  307. 

(1)  Tome  tv  de  i832  ,  pages  iSg  a  142- 

(3)  Cahier  de  juiilet  i83i. 


(  371  ) 
ceau  (i),  M.  Hodgson  dit  que  cette  capitale  du  Wadreag 
est  a  cent  milles  au  sud-est  des  Biscar'is  ^  qu'il  place  a 
leur  tour  a  deux  cents  milles  au  sud-est  d'Alger.  II  ajoute 
que  les  habitans  de  ce  canton  appellent  leur  langue 
Eregaiah,  qu'ils  se  noniment  eux  memes  Aith  Eregaiah^ 
et  que  le  mot  Wadreag  est  la  denomination  arabe  du 
Wad  ou  Egzer  de  Ereag.  Ebn-el  Dyn  eiionce  que  les 
habitans  de  Teqort,  lesquels  sont  noirs,  sont  appeles 
Erouds,hah;  leur  oasis  est  done  alors  correctement  de- 
nommee  Ouddy- Eroudghah.  II  est  a  reinarquer  que  les 
habitans  de  Ouerqelah  sont  noirs  aussi  et  portent  le  menie 
nom,  d'ou  il  y  a  lieu  de  conclure  qu'ils  sont  de  la  meme 
race,  et  forment  peut-etre  avec  eux  les  restes  des  Melano- 
Getuliens  de  la  geographic  ancienne, 

Leon  Africain  consacre  un  article  unpen  etendu  a  la 
ville  de  Techort(ji)  ,  quil  dit  batie  sur  une  montagne 
au  pied  de  laquelle  passe  une  petite  riviere;  il  la  place 
a  cinq  cents  milles  de  la  Mediterranee,  vers  le  sud,  et  a 
trois  cents  milles  de  Tegorarin.  Marmol(3)  repete,  avec 
des  additions  ,  la  notice  de  Leon,  Le  benedictin  Diego 
deHaedo  (4)  la  nomnie  Ticarte  ou  Ticurti^  et  la  met  a 
vingt-et-une  journees  d'Alger,  cinq  journees  audela  de 
Bescari ^  eslimant  la  distance  totale  a  cent  cinquante 
petites  lieues.  Gramaye,  qui  a  ptiise  tantot  dans  Haedo, 
tantot  dans  Leon,  parle  de  Ticarte  comme  le  premier 
et  de  Techor  comme  le  second  (5).  La  carte  catalane 
de  la  bibliotheque  du  roi  contient  aussi  le  nom  de 
Tacorl  au  sud  de  I'Atlas.   Shaw  dit  que  le  Wad-Reag 

(i)   Transactions ,  etc. ,  tome  iv,  page  22. 

(2)  Ramusio,  folio  y5. 

(3)  Tome  III ,  folio  i  r  verso. 

(4)  Topografia  de  Argel,  folio  66  verso. 

(5)  Gramaye,  2''  partie ,  pages  55  ,  igc 


(  ^7^  ) 
est  un  amas  de  vingt-cinq  villages  ranges  dans  une  di- 
rection nord-est  et  siid-ouest ,  dont  la  capilale  Tuggurt 
est  balie  dans  une  plaine  ou  ne  coule  aucune  riviere, 
mais  ou  I  on  se  procure  de  I'eau  an  nioyen  de  puils 
artesiens  (i).  II  senibierait  que  le  voyageur  anglais,  ha- 
bituellement  si  exact,  se  serait  mepris  ici  en  donnant, 
pour  le  canton  de  Teqort,  des  renseignemens  que  ses 
informaleurs  entendaient  appliquer  au  canton  deOuer- 
(jelah  qui  est  un  autre  Ouddy  Eroudghah.S-^dj  h\\\\m^(\^ 
dans  Riley,  signale  Tuggurtah^  close  hy  a  mountain  near 
the  rh'er  Tegsah  ;  c  est ,  dit-il ,  une  grande  ville  entouree 
de  hautes  et  epaisses  murailles  (2).  Des  renseignemens 
recueillis  a  Alger  par  les  otficiers  tiancais  indiquent  la 
ville  de  Teggourl ,  grande  comrne  Alger,  au  milieu  du 
desert,  sur  la  riviere  Rahani,  entouree  de  murs  avec 
sept  portes  et  une  citadelle,  a  treize  journees  de  Tunis. 

M.  Desfontaines  ,  qui  vit  un  des  chefs  d  Erouaghah 
a  Touzer,  en  1784,  appelle  ces  gens  des  Ouareglj  et 
dit  que  leur  pays  est  a  six  journees  de  Touzer  (3).  Oua- 
reglj semble  une  forme  adjective  turke  derivee  du  nom 
de  Wadreag j  ou  peut-etre  est-ce  un  singulicr  du  nom 
que  Ics  Maronites  ct  Hartmann  ont  lu  Vareklan  dans 
lEdrysy;  Ouerqelah  en  serait  la  racine,  en  se  prononcant 
Ouahreqlahf  d'ou  Ouareqly  et  Ouareqldn ,  habitant  et 
liabitans  de  Ouareqlat. 

Hartmann  et  autres  (4)  ont  prononce  avec  plus  ou 
moins  d  assurance  que  Teqort  etait  la  meme  ville  que  Td- 
hart  ou  Tayliarl  ^  capitale  des  Rostamydes  au  neuvieme 
siecle,  men  lion  nnee  par  lesgeographesorientauxjc'est  une 

(i)  Sh.iw  ,  tome  i,  ]>age  ifig. 

(a)  Riley,  page  387. 

(3)  Noiivelles  Annates  des  vorages,  tome  iit  de  i83o,  page  72. 

(i)  Hartmann,  page  aor.  — Notice,  etc.,  pages  88,  99,  104. 


(  373  ) 

grave  erreur,  que  I'examen  geographique  le  plus  leger 
siiffit  pour  rendre  evidente  :  en  eff'et,  Tdlinrt  ou  Tayhar 
est  a  quatre  journees  de  Telemsan ,  autant  de  Asian, 
c'est-a-dire  du  golfe  d'Areschqoul,  a  trois  journees  de 
Melianali  et  a  cinq  de  Tenes;  enfinelle  etait  batiedans 
le  voisinage  des  niontagnes  de  Ouanaschryscli.  11  est 
vrai  qu'il  y  avail  deux  vilies  de  Taliart,  I'une  appelee 
A'lyd  ou  haute ,  I'autre  Safalhf  ou  basse,  distantes  entre 
elles  d'une  journee  suivant  les  uns ,  de  cinq  milles  seu- 
lement  suivant  dautres  ;  Ssadyq  el-Eslahany  ,  dans  son 
Taqoujm  el-Bolddn ,  leur  donne  des  positions  telle- 
inent  excentriques  qu'on  n'en  peut  tirerauciin  parti  (i). 
De  toutes  les  indications  utiles  combinees  on  peut 
conclure  que  remplacenient  deTahart  etait  peu  eloigne 
de  cehii  de  Ma'skarah.  De  la  a  Teqort  il  y  a  cent  lieues. 

Les  daskerah  de  El-Nezlah,  Tebesbest ,  Temys ,  El- 
Moqar/n ,  El-Moghajr,  qu'Ebn-el-Dyn  place  aux  envi- 
rons de  Teqort,  paraissent  completenient  nouveaux;  a 
nioins  que  dans  El-Moghayr  on  ne  veuille  reconnaitre 
le  Majyre  deShaw,  ce  qui  n'est  guere  plausible,  attendu 
que  I'un  des  deux  noms  est  ecrit  par  un  ghayn,  et  que 
I'aulre  parait  devoir  I'etre  par  un  gym. 

Je  suppose  que  c'est  de  ce  Majyre  que  tirent  leur 
nom  les  Megeharyeh  dont  parle  Ebn-el-Dyn;  M.  Hodgson 
a  tort  de  les  confondre  avec  les  Mohngeryeh  ainsi  ap- 
peles  de  ce  qu'ils  accompagnerent  Mahomet  dans  son 
hegire  ou  fuite  de  la  Mekke. 

Ebn-el-Dyn  termine  son  ecrit  par  une  description  de 

Derdyeh  dans  I'Arabie  centrale.  Je  ne  m'en  occuperai 

point  ici ;  ne  voulant  traitei*  que  de  TAfrique,  ce  serait 

un  hors-d'oeuvre. 

*A 

(i)  Geographical  works  of  Sadik  lijahani ,  pages  82  ,  83 . 


(  3-4  ) 


NOTICE 

SDR     LE    VOYAGE    EN     SOEDE    DE     M.    ALEX.    UAUMONT, 

Lue  par  M.  Edouard  Duuuc  a   la  Societe  de  Geographic , 
dans  sa  seance  dii  1 6  mail  834. 


Sans  entrer  dans  aucun  detail  sur  le  lieu  comniun  de 
1  utilite  des  voyages  et  sur  los  nombreuses  productions 
de  ce  genre  qui  viennent  sucressivement  grossir  la 
somme  de  nos  richesses ,  j'entrerai  imniediatement  en 
niatiere  et  communiquerai  a  la  Societe  les  diversss  im- 
pressions que  nous  avons  ressenties  a  la  lecture  de 
louvra^e  de  M.  Daunionr. 

L'auteur,  compatriote  du  Bearnais  roi  de  Suede,  ho- 
nore  des  sa  premiere  jeunesso  de  la  bienveillance  de  ce 
prince,  ayant  servi  sous  ses  ordres,  concut  le  projet  de 
se  rendre  a  Stockholm  pour  lui  faire  agreer  loifre  de 
ses  services.  Sil  ne  nnissit  pas  dans  sa  demarche  au 
gre  de  ses  desirs  nous  devons  toutefois  le  feliciter  d'a- 
voir  enlrepris  un  voyage  qui  nous  a  valu  des  rensei- 
gnemens  precieux  sur  une  parlie  de  notre  Europe  dont 
les  connaissances  geographiques  etaient  loin  d'etre  com- 
pletes. 

M.  Daumont  mit  a  la  voile  du  Havre  le  24  mai  i83o  a 
bord  du  trois  mats  laJeanne-d^AiCf  en  destination  pour 
Saint  Petersbourg,  devaiit  debarquer  a  Elseneur. 

Le  3o  au  matin  il  etait  en  vue  de  la  Norvege.  II  aper- 
cevaitpour  la  premiere  fois  cette  terre  dont  Inspect  est 


(  37^>  ) 
eminemmeiit  severe  j  de  hautes  inontagnes  quiseniblent 
avoir  leur  base  dans  la  mer  bordent  le  rivage  sans  in- 
terruption. Leurs  flaiics  sombres  et  escarpes  sont  reve- 
tus  de  forets  desapins  entremelees  de  quelques  espaces 
cultives,  de  fermes  et  de  banieaux. 

Apres  quelques  difficultes,  la  Jeanne-d' Arc  parvint  a 
doubler  ie  cap  Skagen  et  penetra  dans  le  Skager-Raek. 
La  cote  danoise  presenta  a  notre  voyageur  un  contraste 
parfait  avec  celle  d«  Norvege.  Autant  celle-ci  est  elevee 
et  imposante,  autant  I'autre  est  basse  et  monotone  ! 
c'est  une  plage  aride,  triste.  sans  verdure,  sans  vegeta- 
tion ,  bordee  de  dunes  sablonneuses,  sur  lesquelles  on 
apercoit,  a  de  grandes  distances,  quelques  moulins  a 
vent  ou  quelques  maisons  sol;taires  ,  mais  aux  approches 
du  Sund,  I'aspect  de  ces  rivages  change  completement, 
ils  se  couvrent  d'unebrillante  verdure,  de  villages  nom- 
breux  et  bien  batis,  de  hameaux  entoures  de  t'rais  bos- 
quets et  de  benux  arbres. 

Bientot  M.  Dauniont  se  trouve  a  Elseneur,  au  milieu 
d'une  rade  couverte  alors  de  plus  de  deux  mille  navires, 
que  les  vents  y  relenaient  depuis  plusieurs  jours. 

D'Elseneur,  M.  Daumont  se  rend  a  Helsineboraf  el  le 
paiallele  qu'il  etablit  entre  les  deux  cites  est  tout  a  I'avan- 
tage  de  la  premiere.  Toutefois  le  port  d'Helsingborg 
dont  le  retablissement  coniplet  ne  date  que  de  i833  ot- 
frira,a  I'avenir,  deprecieuxavantages  au  commerce  et  a 
la  navigation  de  cette  partiede  la  cote  de  Scanie. 

Les  environs  d'Helsingborg  se  presenterent  a  M.  Dau- 
mont de  la  maniere  la  plus  agreable,  il  s'apercut  bientot 
que  la  Scanie,  cette  Provence  de  la  Suede,  etait  digne  de 
sa  reputation.  A  la  sortie  de  la  ville  sa  vue  s  etendait 
sur  des  coUines  doucement  ondulees,  entre  lesquelles 
serpentait  la  route  peu  large,  mais  parfaitement  unie; 


(376) 

deux  petits  chevaux  iioirs,  vit's  et  pleins  d'ardeur  empor- 
taient  dune  course  rapide  son  t'rele  char-a-bancs,  tandis 
queses  regards  erraientdetoutes  parts  pour  saisirl'image 
gracieuse  et  fugitive  des  objets  qui  passaient  rapidement 
sous  ses  yeux ;  des  terres  bien  cultivees ,  parees  de  vertes 
nioissons,  deshanieaux  isoleset  heureusement  groupes, 
des  fernies  animees,  des  villages  rians  et  bien  batis,  des 
chateaux  entoures  de  pares,  s'offraient  de  toutes  parts 
a  ses  regards  surpris  et  charmes. 

L'auteur  a  su  repandre  sur  ses  descriptions  un  attrait 
puissant  par  ses  peintures  animees  et  gracieuses  ,*  son 
style  revetu  des  plus  brillantes  couleurs  trace  a  grands 
traits  de  vives  images  des  contrees  qu'il  parcourt  et  nous 
ne  pouvons  resister  an  desir  de  donner  une  idee  de  son 
style,  par  quelques  citations;  voici  comment  il  retrace 
les  sensations  que  lui  firent  eprouver  les  nuits  du  nord. 
"  A onze heures  et  demie  (d u  soir)  lorsque  nous ani vames 
«  au  relai  de  Fagerliult,  il  faisait  encore  presque  jour.  Je 
«  n'ignorais  pas  que  dans  les  contrees  boreales,  le  soleil 
>■  a  cette  epoque  de  I'annee,  reste  fort  long-temps  sur 
« I'horizon  ;  neanmoins  je  dois  avouer  presque  a  nia 
« honte,  que  maintenant  cette  suppression  de  la  nuit, 
"sans  me  causer  aucune  surprise  laissait  errer  dans 
«mon  ame  une  impression  vague  et  indefinissable  qui 
••repandait  son  influence  sur  tout  ce  qui  m'entourait;  je 
n  savais  bien  que  je  parcourais  d'autres  zones ,  que  j'etais 
'•sous  d'autres  cieux;  mais  lorsque  vers  niinuit,  en  tra- 
"versant  un  beau  hameau  eclaire  encore  par  les  reflets 
« des  feux  brillans  du  jour  j'y  voyais  regner  le  calnie 
<■  profond  et  le  silence  de  la  nuit,  je  ne  pouvais  me  de- 
«  fendre  malgre  la  voix  de  la  raison  ,  d'un  sentiment 
"penible  el  desordonne;  mon  imagination  me  rappelait 
"involontairement  les  mille  et  une  nuits  avec  ses  villei< 


(  377) 
«  desertes,  solitaires, asiles  de  feeset  de  perils  invisibles; 
«  et  ces  idees  bizarres  repandaient  sur  l.i  belle  et  riante 
"nature  que  j'avais  sous  les  yeux,    un  air  etrange  et 
«  fantastiqiie.  » 

Le  tableau  que  M.  Daumont  nous  offre  des  scenes  de 
la  nature  aux  approches  de  Joenkoeping  (Yonchouping) 
n'est  pas  moins  remarquable.  «  Dans  quelques  lieures 
«  nous  arrivames  a  la  base  de  la  chaine  de  montasfnes 
"  dont  la  ciuie  s'elevait  devant  nous  et  qui  forme  la  cein- 
« tare  du  lac  Vetter.  Nous  nous  trouvanies  transportes 
"dans  des   gorges   inculles,  bordes  de  precipices;   les 
«  champs,  les  prairies,  les  habitations,  toute  trace  de  cul- 
«tureavaient  disparu,  pour  taire  place  aux  aspects  les 
«plus  sauvages  el  les  plus  arides;  nos  chevaux  gravis- 
«  saient  au  grand   trot,   avec  leur  ardeur  ordinaire,    la 
«  route  escarpee  qui  s'elevait  par  d'innombrables  sinuo- 
« sites  jusqu'a  la  crete  des   montagnes;  cette  contree 
nisolee,  solitaire,  semblait  etre  separee  du  reste  de  la 
« terre  et  de  toute  creature  vivante ;  dans  ces  montagnes 
« couvertes  d'epaisses  foret-*,  un  silence  solennel  n'etait 
"interrompu  que  par  le  murmure  des  vents  qui  balan- 
«  caieiit  la  cime  des  pins;  la  voix  plaintive  de  la  t'oret  re- 
"pandait  dans  lame  une  teinte  melancolique  mais  exal- 
«■  tee  et  je  me  croyais  transporte  aux  concerts  des  Bar- 
«des  de  Fingal;  a  chaque  pas,  mon  imagination  se  pe- 
«netrait  de  la  poetique  influence  de  ces  scenes  de  la 
"nature.  .    ....  Plus  j'avancais,  plus  la  scene  devenait 

« varie'e,  je  descendis  le  revers  des  montagnes  que  je 
«  venais  de  gravir ;  des  ruisseaux  tombaient  en  cascades 
"argentees,  des  torrens  fougeux  roulaient  avec  fracas 
« leurs  eaux  impetueuses  sur  un  lit  de  granit  et  allaient 
«se  Jeter  dans  le  lac  Yelter  dont  j'apercevais  devant 
«moi  les  eaux  paisibles  et  bleuatres :   bientot  je  pus  y 


( ^-^ ) 

«  (lislinguer  les  navires  qui  y  vogiiaient  a  pleines  voiles, 
o  Alors  tout  changea  d'aspect  comniepar  enchantement: 
«  auxsonibres  forets,  aiix  inontagnes  escaipees,  succeda 
«  touta-coup  une  petite  plaine  riante,  fertile,  couverte 
n  de  champs,  de  prairies,  de  vergers,  de  maisons  et  de 
"jardins  jusqu'a  I'entree  dela  ville.  » 

JcKiikoeping  est  bati  a  lextremite  sud  du  lac  Vetter. 
Ce  lac,  dit  M.  Daumont,  a  3o  lieues  de  long  sur  7  a  8  de 
large  ;  la  navigation  y  est  tres  active,  mals  les  batimens 
y  sont  souvent  assaillis  par  des  tempetes  violentes,  cau- 
sees  par  les  hautes  niontagnes  qui  I'entourent  de  toutes 
parts;  les  vents  en  se  precipitant  impetueusement  de 
leur  sommet  sur  la  surface  des  eaux,  occasionnent  des 
grains  plus  subits  et  plus  terribles  qu'en  pleino  mer. 
Les  navires  sombrent  en  uu  moment,  et  ces  evenemens 
sont  inalheureusement  trop  frequens. 

De  Jonkceping  notre  voyageut  se  rend  a  Linkoping, 
capitate  de  TOstrogothie,  Tune  des  plus  antiques  villes 
de  Suede,  mais  dont  la  population  nexcede  pas  4,000  ha- 
bitans.  Les  seuls  objets  dignes  d'littention  qu'elle  ren- 
ferme  sont  une  belle  eglise  cathedrale,  etson  gynuiase 
ou  college,  qui  passe  pour  le  plus  considerable  de  tout 
le  royaume,  si  on  en  excepte  ceux  de  Stockholm. 

A  Norrkoeping  (Norcheuping)  M.  Daumont  s'embar- 
que  pour  Stockholm.  La  description  qu'd  trace  de  I'ar- 
chipel  pittoresque  et  innombiable  qui  couvre  I'entree 
du  port  de  cette  ville  offre  les  details  les  plus  attachans. 
"  On  ne  se  douterait guere,  dit-il,au  milieu  decededale 
«d  lies,  que  Ion  est  dans  le  voisinage  dune  grande  et 
« belle  capitale;  mais  a  mesure  que  Ton  s'en  approcbe, 
«  on  apercoit  par  intervalles,  des  maisons,  des  ctablis- 
«  semens  publics  disperses  sur  les  flancs  et  a  la  base  des 
!<  montagnes  ou   sur  la  crete  des  rochers  grisatres   de 


(  379  ) 
« granit ;  les  hois  et  les  rorhers  sont  repandus  partout 
«  avec  profusion  ;  les  cultures  sontrares,  tout  conserve 
"  un aspect  apre  et  severe;  I'art  senible  ici  etre  impuissant 
"  pour  seconder  la  nature,  et  elle  seule  avec  ses  sauvages 
«  beautes  fait  les  honneurs  et  rornement  de  ces  lieux. » 

En  arrivant  dans  cette  capitale,  ce  qui  frappe  d'abord, 
est  I'aspect  imposant  du  chateau.  C'est  un  edifice  magni- 
fique,  et  le  seul  veritablement  remarquable  de  la  ville, 
ou  du  moins  il  les  efface  tons  par  le  grandiose  de  ses 
proportions. 

La  situation  de  Stockholm  est  admirable;  c'est,  avec 
Edinibourg,  Constantinople,  Lisbonne  et  Genes,  une 
des  villes  les  plus  pittoresques  de  I'Europe  :  rien  n'egale 
I'aspeci  singulier  de  cette  ville,  ou  Ion  voit  se  deployer 
a-la-fois  la  pompe  des  arts  et  la  grace  energique  et  sau- 
vage  de  la  nature;  c'est  un  melange  de  palais  ,  d'edifices, 
de  roi'hers,  de  verdure,  d'eaux  transparentes ,  d'arhres, 
de  bosquets,  dejardins,  de  forets  ,  de  navires,  de  bar- 
ques, dont  I'ensemble  offre  le  coup-d'ceil  le  plus  enchan- 
teur. 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Daumont  dans  ses  nom- 
breuses  excursions  aux  environs  de  la  capitale;  nous  ne 
parlerons  pas  non  plus  de  son  entrevue  piquante  et 
pleine  de  franchise  avec  Charles  X[V  Jean  ;  nous  conti- 
nuerons  de  le  suivre  dans  son  voyage  vers  les  con  trees 
plus  septentrionales  de  la  Scandinavie. 

Parti  de  Stockholm  par  le  bateau  a  vapeur,  I'auteur  se 
rend  a  Upsal,  d'ou  il  passe  dans  les  contrees  voisines 
de  rUpland  et  de  la  Dalecarlie,  et  visite  les  mines  fa- 
meuses  de  Falun  et  de  Danemora. 

L'aspect  d'Tlpsal ,  cette  Athenes  de  la  Suede,  n'eut 
pour  lui  rien  de  bien  imposant ;  niais  tout  y  annonce 
un  sejour  agreable  :  la  contree  qui  I'entoure  est  riche , 


(  38o  ) 

teconde,  «'t  abonde  en  sites  niagnifiques.  Les  souvenirs 
tnylhologiques  repandent  le  plus  vif  inteiet  sur  toute 
cette  con  tree.  M.  Daiiniont  en  pi-end  occasion  dentrete- 
nir  ses  lecterns  de  la  cosniogonie  scandinave;  il  parle 
d'Odin,  et  trace  le  caractere  de  ces  conquerans  goths, 
qui,  sortis  de  la  Germanic,  deplacerent  a  leur  tour 
d'autres  peuples  ;  il  parle  ensuite  de  I'universite  celebre 
d'Upsal,  et  s'etend  sur  sa  bibliotheque  importanle,  qui 
renfernie  plus  de  soixante  milje  volumes  et  un  grand 
nombrt;  de  nianuscrits  parnii  lesquels  il  en  est  quijouis- 
sent  dune  grande  renommee. 

La  Dalecarlie,  ceite  province  si  pittoresque,  et  dont 
les  habitans  donnerent  des  preuves  si  multipliees  de 
fidelite  a  leurs  souverains,  dut  fixer  I'attention  du  voya- 
geur.  Toiitefois,  il  ne  s'est  pas  contente  de  ses  propres 
observations,  il  a  fondu  dans  son  ouvrage des  extraits  de 
celni  de  M.  Forsell ,  publie  en  i83o  a  Stockholm  ,  sous 
le  litre  de  :  Un  an  en  Suede ;  on  y  lit  avec  interet  un 
episode  6'une  noce  dalecarUenne  ,  et  des  details  fort  in- 
teressans  sun^es  aventures  du  celebre  Gustave  Wasa. 

Apres  avoir  fait  une  excursion  a  Mora,  en  Upland  , 
bourg  celebre  en  Suede,  puisque  c'etait  dans  la  plaine 
voisine  que  se  faisait  I'eleciion  desrois,et  avoir visite  la 
belle  manufacture  de  porphyre  d'EU'dal,soutenue  par  la 
munificence  du  roi,  et  qui  assure  I'existence  de  plusieurs 
centaines  de  families  d'ouvriers  on  d'employes,  M.  Dau- 
mont  revint  a  Stockholm.  Ce  second  sejour  dans  la  ca- 
pitate fut  mis  utilement  a  profit :  il  s'occupa  du  soin  de 
saisir  et  de  retracer  les  moeurs  el  les  usages  des  Suedois. 
S'occiipant  ensuile  de  la  topographic  de  cette  con  tree,  il 
fait  connaitrel'aspect  general  du  pays,  indiquo  la  configu- 
ration geodesique  du  sol ;  puis  ,  se  livrant  a  des  conside- 
rations philosophiques  sur  la  population,  il  expose  1 'o- 


■    (  38.) 

rigine  des  diverses  races  qui  ont  peuple  la  Suede  :  nous 
y  lisons  au  cliapitre  xv,  tome  i",  que  la  population  de 
cette  contree,  sans  y  comprendre  la  Finlande,  etait,  en 
1^5 1,  de  i,;785,ooo  habitans,  et  d'apres  le  dernier  re- 
censement  de  i83o ,  elle  est  de  2,871,^152 ,  ce  qui  doniie 
iin  accroissement  de  1,086,000  ames  dans  I'espace  de 
80  ans,  et  si  ce  inouvenient  se  soutenait  comme  dans 
!es  dernieres  annees ,  elle  doublerait  avant  cinquante 
ans. 

Tout  ce  qui  regarde  le  climal ,  I'agriculture  et  I'liorti- 
culture,  offre  une  foule  de  details  reniplis  d'inleret  et 
jusqu'alors  inconnus;  la  partie  des  mines  et  des  manu- 
factures est  traitee  avec  un  talent  remarquable.  Toutes 
ces  notions  nouvelles  sur  un  pays  si  peu  connumeritent 
de  fixer  lattenlion  des  personnes  que  ces  specialites 
pourraient  interesser,  avecd'autant  plus  de  raisoii  que 
lauleur  etait  sur  les  lieux,  et  qu'il  lui  a  ete  possible  de 
puiser  aux  meilleures  sources  par  ses  relations  avec  les 
diverses  autoriles  de  Suede,  qui  se  sont  fait  un  plaisir, 
nonseulement  de  laccueillir  avec  bienveillance  ,  mais 
de  lui  faciliter  tous  les  moyens  d'accelerer  et  de  com- 
pleter ses  rechercbes. 

Dans  son  second  volume,  M.  Daumont  poursuit  le 
cours  de  ses  investigations  sur  la  statistique  de  la  Suede: 
il  traite  successivement ,  dans  des  cbapitres  speciaux,  et 
avec  beaucoup  de  lucidite,  du  commerce,  de  la  naviga- 
tion ,  des  douanes  ,  de  I'armee  de  terre  et  de  mer ,  des 
cultes,  du  clerge  lutberien,  de  la  noblesse,  de  I'inslruc- 
tion  publique,  de  la  litterature,  des  arts,  de  1  adminis- 
tration civile  et  politique  de  la  Suede ,  des  finances  et 
des  rapports  de  cet  elat  avec  les  divers  pays  d  Europe. 
II  termine  ses  tableaux  par  des  considerations  sur  les 
causes  du  changement  de  dynastie. 

27 


(  38->-  ) 

Tons  ces  siijcls,  comnic  on  le  sent  bien,  soul  cle  la 
derniere  importance,  iiecessitent  des  details  nomhieiix 
qui  occupent  les  deux  tiers  an  tnoins  du  second  volume, 
ft  qui,  pour  etre  analyses,  exigeraient  uu  travail  plus 
approfondi. 

Nous  dirons  cependant  un  mot  du  commerce,  de  la 
navii^ation,de  larmee,  del'administration  etdes  finances. 

Le  commerce  interieur  de  la  Suede  est  tres  liniite,et 
il  ne  peut  guere  en  etre  autrement,  dit  raufeur,  dans  un 
pays  qui  ne  possede  aucun  nioyen  d'echange  entrc  des 
provinces  dont  les  productions  oflrent  partoul  uiu' 
constaute  unitormite.  La  masse  des  produits  que  le  com- 
merce suedois  envoie  a  Tetranger,  alinieiiU'  [)ar  le  pro- 
duit  des  mines  et  des  forets,  seule  ressource  de  cette 
contree,  donne  naissance  a  une  navigation  tres  active, 
et  sous  ce  rapport,  il  est  digne  d'intcret  :  c'est  la  vie  du 
pays. 

En  1 83 1,  les  exportations  de  la  Suede  se  sont  eievees 
a  27  millions  de  francs,  et  ses  importations  a  24  millions  j 
d'ou  suit  que  la  balance  etait  eii  sa  faveur  de  3  nullions 
de  francs.  La  presque  totalite  des  articles  se  composait 
de  n)atleres  premieres;  les  produils  manufactures  n'en- 
traiont  que  pour  environ  un  dixieme  dans  la  masse  des 
exportations,  dont  le  fer  formait  plus  de  la  moitie  de  la 
valeur ;  le  bois  et  le  cuivre  etaient  ensuite  les  objets  les 
plus  importans. 

L'auteur  a  emprunte  au  ra[)port  presente  le  5  de- 
cembre  i832,  au  roi  de  Suede,  par  M.  G.  Poppius, 
president  du  college  decouuucrce,  quelques  details  tres 
precieux,  par  cela  meme  qu'ilssont  autbentiques,  sur  la 
nature  des  relations  mercanliles  de  la  Suede  en  i83i, 
avec  les  principales  puissances.  Cc  docun)ent  donne  une 
idee  complete  de  I'etendue  du   commerce  decepays, 


(  383  ) 

et  ii  est   d  iin   liaut  inleret   pour  ceux  qui  se  livrenl  a 
I'etude  tie  lecoiiomie  politique. 

La  navigation  et  ses  progres  en  Suede  ne  pouvaient 
echapper  aux  meditations  du  voyageur  ;  aussi  fait-il  ob- 
seiver  avec  laison  ,  en  tete  du  chapitre  qui  y  est  relatif, 
qu'un  peuple  entoure  de  niers  orageuses,  un  pays  coupe 
de  lacs  imnienses,  presque  lous  navigables,  doit  fournir 
une  pepiniere  d'excellens  matelots  j  et  qu'en  effet,  les 
Suedois,  calnies  et  duis  a  la  peine,  iiitrepides,  subor- 
donnrs,  possedent  toutes  les  qualites  qui  constituent  le 
bon  marin. 

La  Suede  a  sous  sa  main  tout  ce  qui  lui  est  necessaire 
pour  la  construction  des  vaisseaux,  a  I'exceplion,  toute- 
fois,  du  bois  de  chene  et  du  cbanvre,  quelle  ne  pro- 
duit  pas  en  assez  grande  abondance  ;  mais  le  bas  prix  du 
fer,  du  cuivre,  des  planches,  des  matures  et  des  aulres 
maleriaux,  offre  une  compensation  tout  en  faveur  des 
constructions  suedoists,  qui,  dit-on  ,  peuvent  etre  exe- 
cutees  a  trente  pour  cent  meilleur  marche  que  partout 
ailleurs  :  c'est  pour  ce  motif  que  Mohammed -Ali  y  a 
fait  construire  une  grande  partie  de  la  marine  egyptienne. 
La  marine  marchande  de  Suede,  qui  ne  conqotait,  an 
quatorzieme  siecie,  que  200  navires,  s'elevait,  en  1800, 
a  1,224,  ^^  *^n  i83i,  a  plus  de  2,400,  outre  les  batimens 
de  toute  sorte  de  grandeur  destines  au  petit  cabotage. 
Sur  ce  noinbre,  i,5oo  navires  ont  ete  employes  au  com- 
merce de  la  Baltique  et  du  Danemark,  345  ont  frequente 
la  Mediteiranee  et  lAdriatique,  21 5  les  ports  de  I'Ocean 
et  de  la  nier  du  Nord  ,  22  ont  ete  expedies  pour  I'An- 
gleterre,  45  pour  le  Bresil  et   ig  pour  les  Elats-Unis. 

La  navigation  a  la  vapeur  a  ete  introduite  en  Suede  il 
y  a  douze  ans  :  il  y  existe  maintenant  i4  batimens  a 
vapeur,  tons  construits  dans  le-pays.  L'atelier  mecanique 

2-7. 


(  384  ) 
etabli   a   Motala   en   Ostrogolhic   livre  des  machines  a 
vapeur  aussi  parfaites  qu'eii  Angleteire,  et  a  intiniment 
meilleur  marche. 

Les  chapitres  xxiv  et  xxv  du  Voyage  de  M.  Dauniont 
sont  consacres  a  des  details  sur  I'armee  de  terre  et  de 
niei"  :  c'est  un  liistorique  coniplet  dans  les  details  du- 
quel  il  ne  nous  est  pas  possible  d'entrer;  il  y  en  a  de 
ties  curieux  sur  larniee  dite  indclta  :  c'est  ainsi  que  I'on 
nomine  les  troupes  qui  forment  la  masse  principale  (l<; 
I'armee  suedoise.  Ce  sont  de  veritables  soldats  labou- 
rcurs;  depuis  le  colonel  jusqu'au  simple  soldat ,  chacuu 
selon  son  grade ,  possede  un  domaine  plus  ou  moins 
etendu,  qui  leur  est  assigne  pour  le  cultiver,  founiir  a 
leur  entrelien  el  leur  tenir  lieu  de  solde.  II  serait  a 
souhailer  qu  une  pareille  mesure  put  s  appliquer  a  nos 
troupes  coloniales,  principalement  a  Alger. 

En  1 83 1,  I'armee  suedoise  selevait  a  171,540  hommes, 
dont  163,070  d'infanterie  parn^i  lesquels  i3o,ooo  de 
landwelir  ou  gardes  nationales,  5, 100  de  cavalerie , 
3,000  d'artillerie  et  370  du  genie.  L'indelta  s'elevait  a 
33,600  hommes. 

La  flotle  suedoise  est  maintenue  sur  le  pied  le  plus 
respectable  j  elle  est  entretenue  avec  le  plus  grand  soin. 
Suivant  M.  Daumont,  son  materiel  s'elevait,  en  octobre 
i833,  a  II  vaisseaux  de  Hgne,  8  fregates,  4  corvettes 
et  6  bricks  j  sa  flottille  comptait  2  jo  navires  de  moindre 
force  ;  son  personnel  s'(;levait  a  i\,\x^  officiers  ,  sous- 
officiers  et  matelots. 

Sous  le  rapport  de  ladministration  civile,  notre  au- 
teur  nous  transmet  des  details  importans  sur  la  division 
territoriale  de  la  Suede  en  vingtcinq  gouvernemens. 
Les  gouverneurs  representent  iios  prefets ,  mais  avec 
des  aitrii)Utions  beaucoup  plus  etendues.  Ces  gouverne- 


(  385  ) 

mens  se  subdivisent  en  cantons  composes  cliacun  Je 
quatre  a  tlouze  paroisses.  Tout  ce  qui  regarde  les  tribu- 
naux,  la  statistique  judiciaire  et  la  legislation  civile  ot 
politique,  est  tiaite  longuement  dans  une  suite  de  cha- 
pitres  fort  interessans  a  lire. 

Quant  aux  finances,  les  details  presentes  par  I'auteur 
lui  ont  ete.  f'ournis  par  le  secretaire  d'etat  des  finances , 
M.  Skogmann  ;  i!  evalue  la  totalite  des  contributions  de 
toute  sorte,  payees  soit  en  especes,  soit  en  nature,  de 
34  a  36  millions  de  francs.  Le  budget  de  la  Suede  s'e- 
leve  a  18  ou  jg  millions  en  especes,  les  depenses  en 
nature  pouvant  difficilement  avoir  une  evaluation  fixe. 

L'ouvrage  est  terniine  par  des  considerations  politi- 
ques  dun  ordre  fort  elevesur  la  reunion  de  la  Norvege 
a  la  Suede,  et  sur  la  cession  de  la  Finlande.  L'auteur 
deplore  la  perte  de  cetle  derniere  province  ,  tout  en  re- 
connaissantquesa  possession  etait  devenue  une  necessite 
absolue  pour  la  Russie  ;  la  securite  de  sa  capitale  depen- 
dait  de  tette  position ,  qui  devenaitmenacante  aux  pre- 
mieres bostilites;  et  la  reunion  de  cette  province  aux 
vastes  domaines  de  I'autocrate  a  tari  la  source  de  tout 
contlit. 

L'auteur  developpe,  dans  deux  chapitres  qui  seront 
his  avec  un  vif  interet,  les  causes  qui  amenerent  I'elc- 
vation  au  trone  du  roi  Charles  XIV  (Jean-Bernadotte) , 
et  dans  le  cours  de  l'ouvrage,  il  trace  un  tableau  tres 
remarquable  de  I'habile  et  sage  administration  de  ce 
souverain. 

Un  atlas  est  joint  au  Voyage  de  M.  Daumont  :  il  con. 
tient  une  carte  de  Suede  dressee  par  M.  Andriveau  pour 
servir  a  l'ouvrage;  elle  comprend  non  -seulement  la 
Suede  ,  mais  encore  la  Norvese  et  le  Danemark.  Cette 
carte  est  accompagnee  de  neuf  lithographies  represen  - 


(  :m  ) 

tant  soil  des  vues  de  villes,  soil  des  costumes  iiatio- 
noiix.  Nous  y  avons  reniarque  une  vue  de  Stockholm 
et  des  costumes  dalecarliens  et  suiolandais. 

En  tete  de  louvrage  ,  et  sous  le  litre  modeste  d  I'/i- 
troduction,  se  tiouve  une  chronologic  historlque  des 
diflerens  voyages  entrepris  dans  le  nord  ,  et  notamment 
en  Suede,  depuis  le  celebre  Pytheas  de  Marseille  jus- 
qu  a  John  Carr  en  1804.  Mais  il  est  evident  que  dans 
ces  derniers  temps,  la  Suede  a  change  de  face;  que  ces 
divers  ouvrages  ont  laisse  beaucotip  a  desirer,  et  que 
nous  devons  savoir  gre  a  M.  Daumont  d'avoir  cherche 
a  combler  la  lacune. 

Nous  avons  parle  du  style  elegant  et  fiicile  de  cet  ou- 
vrage  ;  a  ce  merite  est  joint  celui  de  I'authenticite,  de  l.i 
veracite,  et  une  variete  de  faits  el  d'apercus  qui  decelent 
dans  son  auteur  des  connaissances  Ires  elendues.  Sous 
ce  double  rapport,  le  Voyage  de  M.  Daumont  est  vrai- 
ment  remarquable.  II  eiil  ete  a  souhaiter  neanmoiris 
qu'il  eut  pu  nous  donner  des  renseignemeris  precis  sur 
la  topographic  de  I'immense  Nordland  ,  sur  lequel  nous 
n'avons  que  des  donnees  vagues  et  peu  satisfaisunles ; 
nous  eussions  desire  encore  qu'il  nous  eut  iransmis 
quelques  details  plus  circonstancics  sur  la  geographic 
physique  et  la  statislique  de  la  Norvege;  quoique  n'e- 
tant  pas  sur  les  lieux,  il  pouvait,  ce  nous  semble,  com- 
pleter plus  que  personne  la  description  totale  de  la  mo- 
narchic suedoise. 

En  somme,  M.  Daumont  a  rendu  un  service  a  la 
science  geographique ,  a  ajoute  aux  connaissances  st.i- 
tistiques,  et  son  ouvrage  pent  dignement  figurer  sur  les 
rayons  de  nos  bibliotheques,  a  cote  des  specialiles  que 
nous  avons  vu  paraiire  de  nos  jours,  sur  la  Sanlaigne, 
la  Perse,  le  Monte-Negro  et  le  Caucase. 


(  387  ) 

RAPPORT  VERBAL 

Sur  I'ouviage  de  M.  le  capilaine  de  vaisseau  C.T.  Falbe, 
consul  general  de  Danemark  a  Tunis,  intitule:  lie- 
cherches  sur  V emplacement  de  Carthage ^  sith'ies  de  ren- 
seignemens  sur  plusieurs  inscr/ptions  piui icpies  incdites . 
de  notices  historiqucs ,  geographiqiies ,  etc.,  ai'ec  le 
plan  lopographique  du  terrain  et  des  mines  de  la  ville 
dans  I  ear  ctat  actiiel,  et  cinq  autres  planches  ^ 
Fait  a  la  seance  du  i6  mai,   par  M.  d'Avezac. 


Messieurs, 

Le  premier  plan  ettectif  de  Carthage  qui  ait  ete  livie 
k  la  euriosite  du  nionde  savant ,  a  ete  mis  sous  vos  yeux, 
des  avant  sa  publication  ,  par  son  auteur  M.  le  capitaine 
de  vaisseau  Falbe,  de  la  marine  danoise,  qui  a  con- 
sacre  a  cette  oeuvre  les  loisirs  de  sa  residence  a  Tunis 
comnie  consul  general  de  son  souverain  aupres  du  Bey 
El-Hhasan.  Un  exeniplaire  du  volume  et  de  I'Atlas  ou 
cet  officier  a  consigne  les  re'sultats  de  ses  travaux  , 
vous  a  recemment  ete  reniis  en  son  nom  par  noire 
collegue  M.  Jouannin,  dont  I'auteur  danois  ne  nous  a 
point  laisse  ignorer  !a  cooperation  active  a  la  redaction 
francaise  de  son  texte.  Vous  m'avez  charge  de  vous 
rend  re  un  comple  verbal  de  ce  bel  ouvrage,  etje  viins 
m'acquitter  de  ce  devoir. 

Le  travail  de  M.  Falbe  n'est  point  borne  au  simple 
relevement  des  ruines  qui  constatent  encore,  sur  rein- 
placement  del'ancienne  Carthage,  I'etendueet  '{uelques- 
unes  des  distributions  de  cette  grande  et  fameuse  cite; 
une  deuxieme  section  de  son  livre  offre  des  remarqucs 
geogra[)hiques  et    topogiapliiqnes  iiileressanlos  sur   la 


(  388  ) 

contree  qui  se  prolonge  au  sud  jusqu  a  El-Legem  (I'an- 
vlenneT/tjsdriis);  une  tioisieme  section  est  consacree  a 
des  fragniens  de  paleograpliie  et  de   numisniatique  car- 


thaginoises  et  niauritaniennes. 


I .   Carthage. 


M.  Falbe  a  execute  consciencieusenient ,  et  avec  cette 
exactitude  que  donne  la  pratique  usuelle  desreleveniens 
nautiques,  un  plan  detaille  du  sol  ou  gis:iit  la  rivale  de 
Rome.  Les  configurations  physiques  du  terrain  ont 
ete  soigneusenient  expriniees,  et  des  indications  pres- 
que  niinutieuses  signalent  tons  les  vestiges  d'anciennes 
constructions  que  I'auteur  a  rencontres  ou  apercus  : 
ce  sont  des  jalons  a  I'aide  desquels  nous  pouvons,  par 
la  pensee,  restituer  ces  niurs  et  ces  edifices  delruits  par 
les  insouciantes  et  journalieres  demolitions  des  Arabes 
aussi  bien  que  par  I'incendiaire  orgueil  deScipion.  On 
s'accorde  a  deplorer  que  si  peu  de  hiniieres  nous  aient 
ete  conservees  par  les  auteurs  grecs  et  latins  surla  topo- 
graphic de  cette  reine  du  commerce  d'occident ;  le  beau 
travail  de  M.  Falbe  rend  aux  antiquaires  un  service 
d'autant  plus  precieux,  que  non-seidement  il  leur  facilite 
I'intelligence  complete  des  indications  si  concises  et  si 
clairsemees  d'Appien,  de  Strabon,  de  Polybe,  de  Tite- 
Live,de  Procope,  d'Orose,  etc.,  mais  qu'il  leur  signale 
en  outre  des  details  que  I'erudition  ei\t  vainement  de- 
mandes  aux  textes  anciens  :  el,  par  excmple,  I'amphi- 
theatre,  dont  il  a  verifie  I'existence  et  le  gisement, 
avait-il  une  incontestable  realite  tant  qu'il  ne  nous  etait 
revele  que  par  une  fugitive  mention  de  la  nmse  de 
Virgile?  Mieux  encore:  le  ciique  avait-il  quelque  part 
une  mention,  meme  en  des  vers  douteusenient  sinceres? 

Toutefois,   il  le  laut  ilire,  ces  indications  que  la  litte- 


(  38.9  ) 
rature  classiquea  omises,  un  auteur  aiahe  du  xi'"  siecle 
ne  les  a  point  negligees  :  Abou-0'baycl-eI-Bekry,  de  Cor- 
doue,  enonce  que  dans  I'enceinte  de  Carthage,  ou  le 
voyageur  curieux  decouvre  chaque  jour  quelque  nouvel 
objet  digne  d'attention,  le  monument  le  plus  admirable 
de  son  temps  etait  le  theatre^  voisin  deMa'lqa/i^  du 
Hhoumas  (qui  paraitetrele  cirque),  et  des  citernes  des 
diahles  :  tout  cela  est  en  parfaite  harmonie  avec  les  re- 
levemens  de  M.  Falbe  etvient  confirmer  I'exactitudede 
ses  observations  5  mais  il  est  a  regretter  que  cet  officier 
n'ait  point  connu  I'auteur  andalous,  pour  nous  aider 
aresoudre  unedifficuUe  qui  se  presente  dans  i'applica- 
tion  du  nom  de  Ma'lqah  (ou  plus  correctement  Ma'al- 
laqah,  la  Suspendue) ,  qui  appartienl  anjourdhui  au 
hameau  bati  sur  les  grandes  citernes,  tandis  que  Abou- 
O'bayd  le  donne  a  un  palais  d'une  elendue  et  dune 
elevation  prodigieuses,  dominant  sur  la  nicr,  et  qui 
semblerait  d'apres  ces  termes  devoir  etre  cherche  sur 
le  haut  plateau  de  la  citadelle  Byrsa. 

Ladecouverte  laplus  notable  que  nousaient  piocuree 
les  explorations  locales  du  docte  danois,  c'cst  celle  des 
vestiges  bien  determines  du  double  port,  avec  sou 
mole  exterieur,  avec  ses  murs,  avec  son  kothon  peniu- 
sulaire,  ses  deux  entrees  successives,  et  la  coupureacci- 
denteile  eJfectuee  pendant  le  siege  :  ces  traces  persis- 
tantes,  en  demontrant  que  le  port  etait  au  sud  de  la 
ville,  renverse  completement  1  opinion,  generalement 
adoptee  depuis  Leon  Africain  ,  quece  port  etait  jadis  sur 
i'emplacement  AEl-Mersay^  denomination  qui,  a  la  ve- 
rite,  etait  bien  faite  pour  induire  en  erreur. 

M.  Falbe  porte  ensuite  ses  observations  sur  les  ruiues 
de  Byrsa,  sur  ceiles  des  citernes,  sur  celles  du  grand 
aqueduc,    dont   Torigne  no    pouvait   etre   au  ilcla  des 


(  390  ) 
hauteurs  d  Aryanah,  ainsi  (jue  le  demon  lien  t  a  lu-iois  la 
verification  comparative  des  reliefs  du  sol  et  les  traces 
encore  subsistantes  des  travaux,  ce  qui  ne  permet  plus 
de  croire  avec  Shaw  que  les  eaux  amenees  a  Carthage 
vinssentduGebel-Zaghouan(aujourd'huiappeleSsouan). 
11  soccupe  ensuite  des  vestiges  de  temples,  de  ceux  de 
lamphithealre,  du  cirque,  de  quelques  rues,  lies 
murs  denceinte,  des  loiid)eaux.  Ces  investigations 
le  conduisent  a  la  determination  conjecturale  du  circuit 
de  la  Carthage  punique,  et  des  liniites  plus  reslreintes 
de  la  Carlhage  roniaine,  autourde  laqufile  apparaissent 
encore  presque  completes  les  divisions  agraires  du  sol 
atlribue  aux  trois  mille  colons  envoyes  par  Augiiste. 

2.  Details  geographiqiies  ct  Inpographiqites. 

Lorsque  M.  Falbe  voulut  encadrer  son  relevenient 
geodesiquedans  les  travaux  hydrographiques  de  Smytli 
et  deGauttier,  il  fut  arrele  a-la-fois  par  la  disrordance 
de  ses  resultats  avec  les  leui'S,  et  par  les  dissidences  no- 
tables que  presentaient  entre  ellesnon-sculemeulles  car- 
tes respectives  de  ces  deux  habiles  marins,  mais  meme 
trois cartescontemporaines  derhydrographeanglais;  ce- 
pendant  apres  avoir  reconnu  que  la  feuille  de  detail 
donneepar  celui-ci  pour  la  cote  de  Tunis  depnis  la  ville 
d^ AfricajusqiL  auxFreres  de Bizerte, se  rapprochait  beau- 
coup,  dans  ses  bases,  des  positions  observees  par  Gauttier, 
il  a  adopte  cette  derniere  carte  comme  un  canevas  dans 
lequel  il  a  insere  le  trace  que  lui  avaient  procure  ses 
propres  triangulations  depuis  le  voisinage  du  cap  de 
Qamait  jiisqu  au-dela  de  Solyman  sur  le  littoral,  et  a 
linlerieur  jusqu'au  Gebel  el-llessass  et  au  Gebel  Ssouan. 
11  y  a  employe  en  outre  ses  relevemens  itineraires  depuis 
Tunis  jusqu'a    Sousah  et   de    la    jusqua  El-Legem,  en 


(  391  ) 
suivantdiverses  routes  ou  inoyen  desquelles  il  a  corrige 
des  meprises  et  des  transpositions  assez  notables  de  la 
carte  anglaise;  neanmoins  il  a  conserve  intacte  la  posi- 
tion de  Hhammamet,  bien  qu'il  eiit  verifie  que  cette 
position  etait  ainsi  beaucoup  irop  rapprochee  de  Tunis; 
car  au  lieu  de  26  milles  geographiques  entre  elle  et 
Hhanimani-el-Enf,  levoyageur  danois  a  compte4o  mille 
tunisiens  ou  9  heures  de  chemin  au  pas  accelere  dun 
cheval  ou  a  Tambledune  mule,  ce  qui  equivaut  a  plus 
de  3o  milles  geographiques  d'apres  ses  propres  evalua- 
tions :  or  il  est  a  remarquer  (^ue  s'il  eut  adopte  la  position 
que  Smyth  a  donnee  a  Hhammamet  dans  sa  General 
chart  of  the  situation  of  the  Sicily^  il  eut  precisement 
trouve  cette  distance ;  mais  il  n  a  voulu  modifier  en  rien 
iin  trace  de  cotes  qu  il  avait  adopte  comme  le  moins  de- 
fectueux  dans  son  ensemble,  et  ce  scrupule  se  mauifeste 
ailleurs  pai'  les  solutions  de  coiitinuite  qu'il  a  laissees 
subsister  aux  points  ou  son  propre  relevement  n'eut  pu 
se  lier  a  ceuxde  Smyth  qu'au  moyen  d  un  leger  raccord 
qu  il  a  abandonne  a  la  discretion  des  cartographes. 

Faute  de  s'expliquer  convenablenient  ce  respect  tran- 
sitoire  et  conventionnel  pour  les  parties  defeitueuses 
d  un  travail  adopte  dans  son  ensemble,  les  geographes 
du  Depot  de  la  guerre,  qui,  dans  leur  carte  lithogra- 
phiee  des  Possessions  francaises  en  Barbaric,  ont  fait 
entrer  les  resultats  de  M.  Falbe,  ont  simplenient  copie 
sa  carte  en  raccordant  les  lignes  qu'il  a  laisseesinterrom- 
pues,  mais  en  conservant  a  Hhammamet  la  position 
pour  laquelle  il  a  averti  qu'une  correction  est  indispen- 
sable. 

M.  Falbe  avait  aussi,  dans  sa  carte  maniiscrite  ainai 
que  dans  les  premieres  epreuves  lithogiaphiees,  place 
Qayrouan  dans  la  position  ab.sohie   011  il  se  trouve  sur  la 


(  ^90 
carte  cleSliaw,  et  ccUe  position  lui  est  pareilleinent  con- 
servee  clans  la  carte  lilhographiee  tin  Depot  de  la  guerre  : 
cette  derniere  circonstance  ine  porte  a  reproduire  ici 
les  observations  critiques  que  javais  a  cet  egjard  adres- 
sees  a  M.  Falbe,  et  qui  I'ont  porte  ii  effacer  de  sa  carte 
I'indicalion  de  ce  point.  Shaw  n'ayant  pas  determine 
la  situation  de  Qayrouan  par  des  observations  directes, 
mais  au  nioyen  de  lignes  itineraires  s'appuyant  sur 
Tunis,  Sousah  et  F.hraqlyah,  ce  sont  ces  conditions  re- 
latives de  distance  qu'il  importe  de  conserver,  et  non 
une  fixation  geononiique  qui  n'a  rien  d'absolu  ;  il  est 
vrai  que  Shaw  ne  negligeait  point  les  observations  as- 
trononiiques,  et  que  selon  toute  probabilite  il  en  ii 
fait  a  Qayrouan  ;  niais  il  ne  faut  point  perdre  de  vue  que 
dans  ce  cas  son  instrument  n'a  pu  etre  exempt  en  cette 
station  des  erreurs  qui  Caffectaient  a  Tunis,  a  Sousah,  a 
Ehraqlyah;  c'est  done,  a  cet  egard ,  sur  les  differences 
en  latitude  qu'il  ya  lieu  d'asseoir  ses  calculs  :  or  la  com- 
Ijinaison  des  distances  itineraires  et  des  dif'lerenees  en 
latitude  fournies  par  les  observations,  doit  procurer  a 
Qayrouan  une  position  sensiblement  plus  septentrio- 
nale.  11  est  vrai  que  d'autres  considerations  ont  ete  in- 
voquees  pour  I'abaissement  de  la  latitude  deQuayrouan, 
savoir,  les  conditions  de  distances  relatives  dans  les- 
quelles  les  itineraires  romains  placent  le  Fiats  y4ugust/, 
qu'(m  suppose  avoir  occupe  I'emplacement  de  Qay- 
rouan j  mais  malgre  I'autorite  de  Shaw,  de  d'Anviile  et 
de  tous  leurs  successeurs  ,  je  n'hesite  point  a  nier  cette 
identite  pretendue;  !cs  historiens  aiabes  rapportent  que 
Qayrouan  ,  fonde  au  septieme  siecle  par  le  celebre 
O'qbah  el-Feliry  ou  parson  lieutenant  Mo'aouyah  ebn 
Khodaygj,  lut  bati  en  un  lien  jusqu'alors  desert,  et 
couuert  d'cpaisses  forcts  remplies  de   betes  feroces  ct  do 


(  ^9^  ) 
serpens.  Nous  voyons  dun  autre  cote  Ibraliym  eba-el- 
Aghlab  construire ,  en  I'annee  800,  Medynet  el-Qassr- 
el-Qadjniy  la  ville  du  Vieux-Chateau ,  a  trois  milles  au 
sud  de  Qayrouan  ;  or,  une  ville  nouvelle  ne  pouvait 
tirer  un  tel  nom  que  des  constructions  antiques  qui  deja 
se  rencontraient  sur  son  emplacement  :  voila  tout  au 
plus,  peut-etre  ,  le  P'icus  Augustl  des  itineraires  ro- 
mains ;  mais  il  est  evident  qu'on  ne  pent  le  chercher  a 
Qayrouan.  Je  desire  que  ces  observations  empechent 
desormais  la  reproduction  dune  erreur  qu'une  routine 
constante  avait  si  nialheureusement  consacree. 

Un  releve  des  villes  et  villages  compris  dans  les  dis- 
tricts de  Sousah  et  de  Monaster,  avec  leur  population; 
des  observations  sur  les  concordances  de  la  geographic 
anoienne  et  de  la  geographic  actuelle  en  ce  qui  concerne 
Grasse,  Decimum ,  Hadruniatum,  Ruspina  ,  Thysdrus  , 
avec  I'indication  des  vestiges  subsistans  a  Sousah  et  a 
El-Legem,  terminent  cette  section. 

3.  Paleographie  et  numismatique . 

M.  Falbe  s'occupe,  dans  les  articles  suivans ,  du  de- 
chifiiement  de  plusieurs  inscriptions  puniques,  de  la 
description  de  diverses  medailles  africaines  et  de  quel- 
ques  autres  objets  d'antiquite.  Malgre  tout  I'interet  que 
presentent  ces  dernieres  recherches,  je  n'ai  point  a  vous 
en  faire  ici  I'analyse  ,  puisqu'elles  n'ont  plus  un  carac- 
tere  geographique,  bien  qu  on  put  toutefois  pretendre 
avec  quelque  justice  que  la  geographic  n'est  pas  tou- 
jours  completement  desinteresseeen  de  telles  questions. 
Je  nie  bornerai  a  presenter  une  seule  observation  sur 
une  niedaille  attribuee  a  la  ville  de  Hadrumetum  :  elle 
porte,  a  I'une  des  faces,  une  tete  barbue  avec  des  ca- 
racteres   peu  apparens  qui  semblent  pouvoir  etre  his 


(  394  ) 
HAD ;  M.  Falbe  explique  I'line  et  lautre  pai  la  Tele  cle 
Neptune  et  le  mot  HADRVMETVM  5  sans  disculer  I'aii- 
lonomie  de  la  luedaille,  il  seinble  (ju't;n  la  comparant  a 
celle  du  niusee  Medicis,  publiee  par  Eckhel ,  Pellerin, 
Carorii ,  Mionnet,  et  reproduite  par  M.  Falbe  lul-nieme, 
on  doive  supposer  que  la  tete  barbae  est  celle  d'un  em- 
pereur,  et  quo  la  legende  portait  le  noin  HAURIANVS, 
comme  la  niedaille  du  musee  Medicis  donne  la  tele 
d'Auguste  avec  !a  legende  IMP.  AVG.  PP.,  etc. 

Je  terminerai  par  uuc  reniarque  generate,  mais  d'une 
importance  fort  accessoire  :  le  texte  de  M.  Falbe  a  ett* 
imprime  a  limprimerie  royale ,  ou  les  types  orienlaux 
abondent;  quelques  noms  de  lieux,  tels  que  MaHqali, 
Ssoudn,  Doudr  el-Sckath ,  etc. ,  out  ele  indiquesen  carac- 
teres  arabes  ;  pour  le  surplus,  M.  Falbe  s'est  contente 
d'un  systeme  particulier  de  transcription  dont  il  a  donne 
la  clef  au  commencement  de  son  livre  :  nous  regrettons 
qu'avec  les  facilites  qu'il  avail  a  sa  disposition  pour  don- 
ner  tous  les  noms  en  caracteres  orientaux ,  il  se  soit 
contente  de  transcriptions  qui  manquent  Icui  butcliaque 
fois  qu'elles  laissent  le  moindredoutesur  Torthographe 
ori<nnale,comme  cela  arrive  dans  le  systeme  de  M.  Falbe, 
oil  Sousa  ,  Mersa,  Scihra,  par  e\en:ple,  s'ecrivent  uni- 
formement  par  un  a  fmal,  tandis  que  I'arabe  terniine  le 
premier  nom  par  un  //<?,  le  second  par  un  ye,  le  iroi- 
sieme  par  un  ely/i  lui  nieme  n'a  point  etc  toujours  fidile 
a  ses  propres  regies,  et  quelques  noms  (tels  que  R.isas, 
Soukara)  sont  transcrils,  dans  son  livre  ou  dans  lat- 
las,  sans  aucun  egard  a  son  tabUau  do  correspondance 
alpliabetique. 

J  ai  lini,  Messieurs,  et  je  m'apercois  que  nuUelouange 
ne  m'est  echappee  pour  I'auteur,  ni  pour  Touvrage ;  ce 


r  395  ) 
n'est  j)oii)t  ouMi ,  mais  couvenance  :    voire  estime  leur 
etait  deja  Irop  bien  acquise  pour  qu'ils  eussent  besoin 
d'etre  loues  devant  vous. 

*A 


TEXAS. 

Observations  historical,  geographical  and  description,  etc. , 
par  inadaine  Mary  Austin  Holley.  —  i6o  pages  in-12. 
Baltimore,  i833. 

Ce  petit  ouvrage,  plein  d'interet,  a  ete  ecrit  pour 
eclaircir  quelques  questions  relatives  au  Texas  et  soule- 
vees  par  la  soclete  geographique  de  Londres,  dans  des 
vues  de  calonisation. 

Le  Texas  fait  provisoirenient  partie  de  I'etat  de  Coa- 
huila  et  du  Texas,  en  attendant  qu'il  forme  seul  un  etat 
distinct  (i).  II  est  situe  entre  le  28°  et  le  34°  de  !at.  N. 
et  borne,  a  lest,  par  la  Louisiane;  au  nord,  par  la  riviere 
Rouge,  qui  le  separe  du  territoire  d'Arkansas  ;  a  I'ouest, 
par  la  riviere  Nueces,  qui  le  separe  de  Tamaulipas  et  de 
Coahuila  ;  enfin,  au  midi,  par  le  golfe  du  Mexique. 

Aspect  du  pays;  sol.  Toute  la  cote,  de  la  riviere  Sa- 
bine a  celle  de  Nueces,  est  generalement  basse  et  unie, 
mais  point  marecageuse  ;  elle  est  bordee  par  de  vastes 
prairies,  qui  s  etendent  jusqu'a  8  a  10  mille  en  largeur. 

La  portion  du  plat  pays,  comprise  entre  les  rivieres 

(i)  La  colonic  americaine  connue  sous  le  nom  de  colonic  Austin, 
est  fontraire  a  toute  tentative  pour  separer  le  Texas  de  la  confede- 
ration Mexicaine;  mais  elle  voudrait  que  ce  territoire  formiit  «n  etat 
pariiculier,  en  prcnaiit  la  rivifere  Nneces  conime  ligne  de  demarca- 
tion aveo  Coahuila. 


(  396  ) 
Sabine  et  San-Jacinlo,  s'avance  dans  1  inteiieur,  a  jo 
niilles  de  la  cole,  dansune  direction  nordet  nord-ouest. 
Tout  eel  espace  est  couvert  de  belles  foreis  de  chenes, 
de  frenesjdecedres,  cypres,  etc.,  ot  arrose  par  la  Sabine, 
la  Naches  el  la  Trinite. 

La  region  situee  enlre  les  rivieres  San-Jacinlo  elGua- 
daliipe,  coniprenanl  les  parties  inferieures  des  affluens 
Brazos  de  Bios,  San  Bernaido,  Colorado  cl  La  Baca,  s'e- 
tend,  vers  le  nord,  a  80  niilles  de  la  cote  ;  elle  est  encla- 
vee  dans  les  possessions  de  la  colonic  Austin  ;  le  sol  en 
est  fertile  et  bien  arrose. 

Les  terres  sur  le  Brazos,  le  San-Bernard,  le  Caney,  le 
Colorado,  sont  conipose'es  dun  sol  d'alluvion  d'une 
couieur  rouge  brun,  a-peu-pres  comnie  lechocolat.  Cel- 
les  baignees  par  la  Guadalupe,  la  Baca,  la  Navidad,  etc. 
sonl  formees  de  coucbes  alluvionnaires,  d'une  couieur 
noiratre,  el  tres  productives,  surtout  en  colon  el  en  mais. 
Le  sol  de  la  vallee  de  Brazos  est  an  terreau  noir,  qui, 
dans  plusieurs  endroits  penetre  jusqu'a  20  pieds  de 
profondeur. 

Au-dessus  de  la  plaine  inferieure  du  Brazos,  du  Co- 
lorado el  de  la  Guadalupe,  le  pays  oftVe  unc  surface 
ondulee  et  s'elend,  en  suivanl  une  direction  N.  O,  a 
une  distance  qui  varie  de  t20  a  200  milles,  a  partir  de 
la  region  inferieure  jusqu'a  la  cliaine  des  montagnes  du 
Texas.  L'aspect  du  pays  est  agreable  ,  le  terrain  ex- 
cellent. On  y  voit  de  vastes  prairies  entourees  de  bois 
de  cedre,  de  cbene,  etc. ,  et  entrecoupees  de  ruisseaux 
et  de  sources  d'eau  vive. 

Montagues.  La  cbaine  du  Texas,  prolongation  do  la 
Sierra  Madre^  ou  «  montagne  mere  >>  commence  pres  le 
confluent  du  Bio  Puerco  avec  le  Rio  Bravo  et  se  diri- 
geant  an  N.  E.,  entre  sur  le  teniloire  du  Texas,  aux 


(^^97) 
sources  de  la  Nueces;  cle  la  elle  se  prolonge  dans  la 
nieme  direction  jusqu'aux  eaux  superieures  de  la  San 
Saba,branche  du  Colorado,  et  inclinant  a  lest,  elle  tra- 
verse le  Colorado,  a  peu  de  distance  de  I'einbouchure, 
et  s'etend  jusqu'aux  terrains  ondules  qui  avolsinent  le 
Brazos,  sans  passer  a  travers  cette  riviere.  Des  chainons 
penetrent  au  sud,  au-dessus  de  la  Medina  et  de  Gua- 
dalupe, dans  le  voisinage  de  Bexar;  d'autres  descendent 
audela  des  rivieres  Llanos,  Piedernales  et  des  petits 
affluens  du  Colorado  a  I'ouest,  remontant  cette  riviere 
a  une  tres  grande  distance  de  San  Saba  et  environnent 
les  sources  de  San  Andress  et  Bosque  ,  tributaires  du 
Brazos. 

Cette  chaine,  de  troisieme  et  quatrieme  grandeur,  par 
rapport  a  son  elevation,  est  couverte  en  beauconp  de 
parties,  de  chenes,  de  cedres  et  d'autres  grands  arbres; 
on  y  a  trouve  du  fer,  du  cuivre  et  du  charbon. 

Rivieres.,  baies,  etc.  — Toutesles  rivieres  de  cette  cote 
sont,  en  general,  obstruees  par  des  bancs  formes  par  la 
predominance  des  vents  du  sud,  qui  agissent  dans  uu 
sens  contraire  a  celui  du  courant. 

Lo<!  hrazos de  Dios  (les  brasdeDieu)  prend  sa  source 
dans  le  pays  des  Comanches.  Sa  branche  la  plus  oc- 
cidentale  arrose  une  contree  ou  plaine  salee,  de  i6o  a 
200  milles  d'etendue;  et  quand  les  pluies  sont  abon- 
dantes,  il  s'y  forme  un  etang  passager,  qui  se  decharge 
dans  le  Brazos  et  dont  les  eaux  sont  quelquefois  impre- 
gnees  dun  sel  suffisant,  pour  pouvoir  servir  a  mariner 
le  pore.  Dans  la  saison  des  chaleurs,  toute  cette  plaine 
est  couverte  de  sel  cristallise. 

La  largeur  moyenne  du  Brazos,  depuis  son  endiou- 
chure  jusqu'a  Bolivar,  est  de  i5o  pieds  ;  sa  profondeur 
varie  entre  3  a  5  brasses.  Jamais,  cet  affluent  ne  fran- 

28 


(  :^98  ) 

rhit  ses  liortis,  quoique  son  cours  soil  tie  pliisieurscen- 
taines  <le  milles.  Ses  eaux  ressemblent,  pour  la  oouleur, 
a  celies  du  Missouri  et  du  Mississipi. 

La  barre  etroile,  qui  obstrue  I'entree  decetle  riviere, 
n'a  pas  plus  de  20  verges  ou  60  pieds  de  large  el  est  re- 
(•ouverle  ordinainnient  par  six  pieds  d'eau^  en  dec:i  de 
cette  barre,  lehavre  est  sur.  Les  grosl)atimens  peuvent 
remonter  jusqu'a  Bi-azoria. 

L'entree  la  plus  rapprochee  du  Drazos,  du  cole  de 
I'ouest,  est  lePasso  Cavalio.  Cette  passe  a  12  pieds  d'eau 
au-dessus  de  la  barre,  et  en  deca  on  y  trouve  un  bon 
ancrage  de  4  brasses;  mais  la  profondeur  moyenne, 
a  I'enibouchure  de  la  riviere  Colorado,  n'excede  pas  8 
pieds. 

Le  Colorado  est  obstrue  par  des  bois  flottes,  qui  se 
trouvent  a  10  milles  au-dessus  de  la  ville  de  Matagorda 
et  qu'on  peut  facilement  debarrasser,  ce  qui  rendrait 
cette  riviere  navigable  presque  jusqu'aux  monlagnes. 

he.  lac  Sabine ,  i{u'\  ie  trouve  a  I'extremite  urientale 
de  la  cole  ,  a  une  entree  fournissant  6  pieds  d'eau  ,  d'un 
difficile  acces,  a  cause  des  bancs  de  sable  qui  existent 
vis-a-vis. 

Gaheston,  l'entree  la  plus  voisine  a  I'ouest,  donne 
12  pieds  d'eau  au-dessus  de  la  barre.  Le  liavre,  silue 
enlre  les  lies  de  Galveston  et  du  Pelican  ,  fournit  un 
bon  ancrage  de  5  brasses,  sur  un  fond  de  vase.  De  la 
pour  allcr  a  Tembouchure  de  la  Trinite  ou  du  San 
Jacinto  ,  la  navigation  est  embarrassee  par  red  fish  bar, 
ou  barre  du  poissoPi  rouge,  recouverte  de  5  pieds  d'eau 
a  maree  haute,  el  de  3  seulement,  pendant  le  regne 
des  vents  du  nord. 

Un  bras  occidental  de  la  bale  de  Galveston  s'allonge 
vers  le  S.  O.  a  2  milles  if2  de  la  riviere  d'el  Brazos,  avec 


(  ^99  ) 
laquelle  on  pourrait  tacilement  le  faire  communiquer, 
au  nioyen  dun  canal. 

Le  bras  oppose  de  la  meine  bale,  appele  "Bale  de 
I'Est  »  savancc  le  long  de  la  cote  et  recoit  une  orique 
piofonde,  qui  est  elle-menie  presque  coupee  par  un 
petit  affluent  du  lac  Sabine;  en  unissant  cesdeuxcriques, 
on  pourrait  ainsi  communiquer  de  la  baie  au  lac. 

La  Trinite  et  le  San  Jacinto  se  jettent  dans  la  baie  de 
Galveston.  La  premiere  de  res  deux  rivieres  dans  Tangle 
N.  E.;  I'autre ,  du  cote  oppose.  Le  San  Jacinto  olfre  une 
belle  baie  a  son  eudioucliuie  et  est  nayigable  pour  tous 
les  balimens  qui  peuvent  franchir  la  barre,  jusqu'a 
Teuiboucbuie  du  Buffalo  Bayou  ,  qu'on  pent  remonler 
egalementjusqu'a  sa  bifurcation  au  dessus  deHarrisburg 
eta  40  milles  de  San  Felipe  de  Austin.  Ce  cours  d'eau, 
qui  traverse  une  vaste  prairie ,  avec  des  bords  eleves  et 
bien  boises,  ressemble  a  un  canal.  La  maree  se  fait 
sentir  jusqu'a  la  bifurcation  dont  on  vient  de  parler. 

La  baie  de  Aransaso  recoit  aisement  les  navires  ne 
tirant  pas  plus  de  7  pieds  d'eau;  elle  est  sure  et  plus 
profonde  que  celle  de  Matogorda  etde  Galveston.  C'est 
le  principal  rendezvous  desbatimens  quicbargent  pour 
Goliad,  Bexar  et  pour  les  Colonies  Irlandaises  sur  la 
Nueces. 

La  Naches  permet  une  navigation  commode  jusqu'a 
sa  junction  avec  I'Angelirja,  a  aS  niilles  S.  E.  de  Nacog- 
doches. 

La  liviere  San-Antonio  prend  sa  source  a  trois  lieues 
de  Bexar;  elle  est  formee  d'une  multitude  de  petits 
ruisseaux,  qui  se  reunissent  tous,  a  quelques  verges  du 
lieu  de  leur  source  ,  par  une  seule  riviere,  coulant  rapi- 
dement  sur  une  masse  calcaire.  Le  Sau  Anlonio  ne  de- 
borde  que  tres  rarement. 

28. 


(  4oo  ) 
Productions.  —  Le  sol  est  propre  a   la    culture  du 
colon,  du  Sucre,  de  rindigo ,  du  tabac,  des  olives,  de 
]a  vigne,  du  riz,  du  uiais,  du  soigle,  de  I'orge,  de  I'a- 
voine,  du  lin,    du  chanvre,  des  palates  douces,  etc. 

Les  prairies  naliirelles  sont  Ires  lavorables  a  I'edu- 
calion  des  chevaux,  du  betail  noir,  des  pores,  des 
brebis  et  des  chevres. 

Le  colon  est  dune  excellente  quallle.  La  plantation 
de  coton  de  M.  Mai-Neal,  siluee  au  dessous  de  Brazo- 
ria, a  lo  niilles  du  golfe,  donne  un  revenu  annuel  de 
lo  mille  dollars.  Le  travail  n'exige  que  six  personnes, 
et  vingt  negres.  L'indigo  est  egaleuient  bon;  le  mais 
rapporte  environ  yS  boisseaux  par  acre. 

Les  arbres  renferment  un  niiel  des  plus  exrjuis;  et  la 
cire  est  vendue  principalenienl,  aux  eglises  du  Mexi- 
que,  ou  elle  est  estimee  un  haul,  prix,  meme  un  dollar 
la  livre,  quand  elle  est  blanchie. 

On  a  decouvert,  pies  des  sources  du  Brazos,  une 
masse  de  fer  malleable,  du  poids  de  plusieurs  tonneaux, 
dont  une  piece  fut  envoyee  a  Nevt^-York,  il  y  a  quel- 
ques  annees.  On  pretend  que  cette  masse  est  un  objet 
d'adoration  chez  les  Indiens  Tomanche. 

Arbres.  —  La  region  du  chene  vert  s'elend  depuis  la 
bale  de  Matagorda  jusqu'a  roxtremite  ouest  dti  la  baie 
de  Galveston,  et  sur  les  bords  du  Brazos,  en  s'avancant 
vers  I'interieur,  environ  jo  milles.  On  remarque,  a 
Bolivar,  un  chene  (jui  porte  16  pieds  de  circonference, 
a  plus  de  3o  pieds  du  sol  \  a  10  milles  de  distance,  on 
en  voit  un  autre,  qui  mesure  19  pieds. 

Le  chene  vert  linit  a  i5  njilles  a  Test  du  Brazos.  De  la 
a  la  riviere  Sabine,  on  trouvede  belles  forets  de  cedres, 
de  chenes  espagnols,  rhenes  noirs,  rouges,  miiriers, 
frenes,    etc.  Tout  1     pays  cnvironnant,  cntrecoupe  de 


(  4oi  ) 

rivieres,  criques  et  ruisseaux,  est  ouvert,  uni,  avec  tie 
riches  et  hautes  prairies  entremelees  de  bouquets  de 
bois. 

L'arbre  appele  en  anglais  murkit-tree ,  espece  de  lo- 
custe,  abonde  aupres  de  la  riviere  Guadalupe.  II  est 
tres  estime  des  Mexicains,  a  cause  de  la  duree  de 
son  bois  et  de  ses  cosses,  qui  servant  a  engraisser  les 
pores  et  le  betail. 

Le  murier  croil  en  tons  lieux  et  on  pent  elever  les 
vers  a  soie  avec  une  grande  facilite.  Des  raisins  indige- 
nes de  diverses  especes  viennent  en  profusion. 

Climat.  —  Le  climat  est,  en  general,  excessivenient 
doux. 

Dans  tout  le  plat  pays ,  il  tombe  tres  peu  de  pluie 
de  mars  en  novembre  j  et  la  surface  du  sol  exposee  a 
Taction  constante  des  ravotis  solaires  est  rafraichie 
par  une  brise  de  mer,  qui  souffle  presque  constamment 
du  sud-est,  excepte  a  la  pleine  lune  on  aux  changemens 
de  cet  astre.  II  y  a  aussi  quelques  interruptions  durant 
les  calmes  du  milieu  de  I'ete,  et  lorsque  les  vents  du 
nord  apparaissent  un  moment,  au  printemps  et  en  au- 
tomne.  En  novembre,  ces  vents  regnent  touta-fait, 
avec  les  pluies,  qui  viennent  rafraichir  la  terre-  Les 
nionlagnes  de  1  interieur,  alors  couvertes  de  neige,  re- 
froidissent  aussi  I'atmosphere,  tandis  que  les  eaux  du 
golfe,  mises  en  mouvement  par  Taction  du  soleil,  rare- 
fient  Tair  qui  arrive,  et  produisent  un  fort  courant 
venant  du  nord.  Ce  courant  d'air  traverse  les  plaines, 
dans  les  mois  de  decembre  et  de  Janvier,  aussi  regu- 
lierement  que  le  vent  du  sud-est  durant  Tete,  n'etant 
interrompu  de  meme  qu'aux  diverses  phases  de  la  lune 
et  quaiid  elle  est  dans  son  plein. 


(  4o2  ) 

L'infliience  de  ces  vents  sur  les  marees  est  telle,  que 
la  hauteur  en  est  reduitede  3  a  4  pieds. 

Commerce.  —  Dapres   ra[)ercu    qu'on  a  donne   des 
ports  et  rivieres  du  Texas,  ce  pays  parait  tres  favorable 
a  la  navigation  interieure.  Sa  situation  sur  le  golfe  du 
?vlexique  lui  permet  de  communiquer  facilement  avec 
les    ports  uiexirains   du  sud,  avec   les   Etals  I  nis  au 
nord,  et  les  Indes  Occidentales  a  Test.  Un  commerce 
d'interieur  trej  etendu   peut  etre  engage  a  travers  les 
ports   du  Texas,  avec  le  nouveau  Mexique,  Chihahua 
et  toules  les  parties  septentrionales  de   la   republique 
mexicaine.  Ce  commerce  est  fait  maintenant  au  moyen 
de  fortes  caravannes,  qui  partent  de  Saint-Louis,  dans 
le  Missouri ,   pour  se  rendre  a  Santa-Fe,  dans  le  nouveau 
Mexique,    au    milieu    Je    solitudes  infeslees    dlndiens 
hostiles;  tandis  que  de  quelque  port  du  Texas  qu'on  se 
dirige  jusqu'au  Passo  del   INorte  et  Chihahua,  ou   au 
nouveau  Mexique,  la  distance  est  nioindre  que  celle  qui 
separe  Saint-Louis  de  ces  divers,  points  el  rien  ne  serait 
plus  facile  que  detahlir  une  boime  route  pour  les  Wa- 
gons o\x  charrettes. 

On  a  construit  une  scierie  a  vapeur  a  Harrisburg; 
un  autre  moulin  ,  pour  le  meine  objet,  est  en  construc- 
tion sur  le  bord  oriental  du  San-Jacinto,  vis-a-vis  I'era- 
bouchure  du  Buffalo  Bayou. 

Colonies,  etahlissemens,  villes,  etc.  —  La  ("olonie  Au- 
stin confenait,  en  i83i,  6,000  habitaiis,  principalement 
Americains,  avec  un  certain  nonibre  d'lrlandais,  d'An- 
glais,  d'Allemands  ei  de  Francais. 

I>a  (juantite  de  le.rre  distribuee  avec  des  litres  legaux 
est  d'environ   ,'1400  lieues  mexicaines  (i).  Une  lieue  de 

(i)  Une  lieue  de  ce  pays  est  de  5,ooo  varas  mexicaines  carrpes , 
ou  4,4iS  acres  anglais.  1,'acre  ainericain  est  a  I'arpent  de  France 
comme  1,000  est  ii  1,262. 


(  4o3  ) 

terrain  revient,  tout  compris,  a  4  centiemes  de  dollar  par 
acre. 

Dans  la  colonie  de  Wilt,  sur  la  riviere  Guadalupe' 
plus  de  200  lieues  de  terres  ont  ete  concedees  a  des 
eniigrans  des  Etals-Unis,  et  a-peu-pres  aulant  aux  indi- 


genes. 


Les  colonies  iriandaises  sur  la  Nueces  ont  ete  formees 
par  MM.  Mac-Mullen  et  Mac-Glone;  celtes  sur  la  cote 
entre  les  rivieres  La  Baca  et  Nueces,  par  MM.  Powers  et 
Hewilson. 

Le  pays  sur  !e  San  Antonio  et  celui  quiavoisine  1  em- 
bouchure de  la  Guadalupe,  appartient  en  general  a  des 
Mexicains,  qui  resident  a  Bexar  et  a  Goliad. 

La  vaste  contree  a  1  est  de  la  colonic  Austin  jusqu'a 
la  riviere  Sabine,  est  exploitee  par  des  conipagnies  et 
des  particuliers  recommandables,  qui  en  ont  passe  des 
contrats. 

Une  autre  concession  a  ete  faiie  par  legouvernement, 
pour  etalilir  une  colonie  iriandaise  entre  la  Guadalupe 
et  la  Nueces,  compren.int  toutes  les  terres  enclavees 
entre  ces  deux  rivieres,  a  10  lieues  du  golfe. 

Au-dessus  de  cette  plaine,  la  region  ondulee  s'etend 
vers  le  N.  O.  en  s'elevant  a  rnesure  quelle  s'approche 
dela  chaine  desnionlagnes.  Toute  cette  paitie  est  con- 
vene dune  espece  d'iierbe  appelee  riiiis/at^  qui  ressemble 
a  Xherbe  bleue  des  Etats-Unis  et  fournit  d'excellens  pa- 


turages. 


Bexar,  vllle  situee  sur  le  San  Antonio,  par  latitude 
2y°  5o',  a  i4omilles  de  la  c6te,contient  2,5oo  babilans, 
tous  natifs  Mexicains,  sauf  quelques  lamilles  Aniericai- 
nes.  Un  poste  militaire  y  avait  ete  etabli  par  le  gouver- 
nement  espagnol  en  1718;  en  17^1,  des  eniigrans  des 
lies  Canaries  y  fonderent  la  ville  actuelle,  qui  prospera 


(  4o4  ) 

jusqii'a  la  revolution  de  1812,  ou  elle  eut  a  souffrir  de^ 
altaques  des  Comanches  et  autres  Indiens.  Cette  place 
est  adiiiirablenient  situee  pour  des  etablisseinens  ma- 
nufacturier>. 

Le  \iliage  de  Goliad,  autrefois  la  Bahia,  situe  sur  la 
live droite  du  San  Antonio,  a  environ  1  lOinillesS.E.de 
Bexar  et  3o  dela  cote,  contienl  800  habitans,  tousMexi- 
caius. 

San  Felipe  de  Justin,  ville  fondee  en  1824,  par  le 
colonel  Austin  et  te  baron  de  Bastrap,  commissaire  du 
gouvernement,  est  le  chef-lieu  de  la  colonic  Austin.  Elle 
est  situeesurla  rive  droite  du  Brazos,  a8oniillesdugo!fe 
(par  terre  )  et  180  niilles  en  suivaiit  les  sinuosites  de  la 
riviere. 

Matagorda,  nouvelle  ville  sur  la  baie  du  menie  noni, 
a  Temboucliure  du  Colorado,  parait  devoir  prosperer 
rapidenient. 

Gonzales  est  une  ville  situee  sur  le  cote  gauche  de  la 
Guadalupe  au  point  din  tersection  entre  cette  riviere  et 
la  route  directe  conduisant  a  San  Felipe  de  Austin. 

San-Patrick,  ville  comniencee  sur  la  Nueces  et  peu- 
plee  exclusivement  d  Irlandais. 

Brazoria,  situee  sur  la  riviere  Brazos,  est  a  3o  milles 
par  eau  et  i5  milles  parterre,  de  son  embouchure. 

f^ icloria,  village  sur  la  Guadalupe,  a  20  milles  de  1  em- 
bouchure de  la  Baca,  pres  laquelle  il  ya  un  poste  mili- 
taire. 

Nacogdoches,  ancien  poste  militaire  espagnol  et  vil- 
lage, situe  dans  la  region  orientale  du  Texas,  par  3i"  4o 
de  latitude,  est  a  environ  6omillesO.  de  la  riviere  Sa- 
bine. En  1819  ou  1820,  ses  habitans  furent  disperses 
par  des  troupes  espagnoles  et  se  refugierent  sur  le  ter- 
ritoiie  de  la  Louisiane ;  Nacogdoches  ful  repeuple  en 


(  4o5  ) 

1822  et  1823  ;  on  y  compte  mainteiiant,  conipris  les 
alentours,  5oo  Mexicains.  11  y  a  aussi  une  garnison  de 
la  menie  nation. 

Anahuac  est  un  poste  militaire,  etabli  vis-a-vis  I'em- 
bouchure  de  la  Trinite,  a  40  niillesN.  O.  de  la  baie  de 
Galveston  par  ordre  du  general  Teran. 

Tenoxticlan  est  encore  un  poste  militaire,  sur  la  rive 
droiledu  Brazos,  a  12  millesau-dessus  de  !a  route  supe- 
rieure  conduisant  de  Bexar  a  Nacogdoches,  a  i5  milles 
au-dessous  de  I'embouchuredu  San  Andre  et  100  milles 
au-dessus  de  San  Felipe  de  Austin.  On  doit  y  entre- 
tenir  une  garnison  afin  de  proteger  cette  partie  de  la 
colonic,  contre  les  depredations  des  Indiens  et  faciliter 
les  progres  au  N.  O.  au-dessus  de  la  riviere  Brazos. 

Le  colonel  Austin  doit  etablir  une  ville  sur  le  cote 
gauche  du  Colorado,  au  point  ou  la  route  ci-dessus  se 
trouve  coupee  par  la  riviere. 

M.  de  Zavala,  ministre  plenipotentiaire  des  Etats  Mexi- 
cains pres  la  cour  de  France,  a  recu  de  son  gouverne- 
ment,  en  1829,  une  concession  de  terres  de  goo  milles 
carres,  lesquelles  s'etendent  depuis  le  golfe  du  Mexi- 
que,  a  I'ouest  de  la  Sabine  jusqu'a  la  route  qui  conduit 
de  Natchitoches  a  Nacogdoches.  Ces  terres  ont  ete  di- 
visees  par  lots  de  chacun  I'j^j  acres  ^^;^;  3oo  families 
emigrantes  de  New-York  s'y  sont  etablies,  pour  former 
une  colonie,  en  se  conformant  aux  regies  etablies  par  la 
loi  de  colonisation,  rendue  par  letat  souverain  de  Coa- 
huila  et  Texas,  Ie4  :>vril  1825. 

Indiens.  Les  Comanches  habitent  le  pays  au  N.  et  au 
N.  O.  de  San  Antonio  de  Bexar.  Ce  peuple  nomade  ne 
subsiste  entierement  que  des  produits  de  la  chasse.  Les 
vastes  plaines  de  cette  contree  sont  couvertes  d'immen- 
ses  troupeaux   de  buffles  et  de  chevaux  sauvages ;  ces 


(  4o6  ) 

liiilions  en  surprennent  et  ;ipprivoisent  un  grand  noni- 
bre  pour  leur  servir  de  ressources,  en  cas  de  chasse  in- 
tructueuse.  Les  Gomanches  sont  braves  a  la  sfiierre  et 
civils  pendant  la  paix  ;  i!s  vont  toujours  a  cheval  et  por- 
tent pour  armes,  un  arc,  des  flecbes  et  un  long  epieu. 
Amis  des  Aniericains  dii  nord,  ils  detestent  les  Mexi- 
cains;  et  ceux-ci,  lorsqu'ils  veulent  adresser  a  quelqu'un 
une  {jrosse  injure,  le  qualilient  de  Comanche.  Ces  In- 
diens  ont  un  principal  cbef,  qui  a  plusieurssubordonnes. 
Ils  ont  des  conseils  par  quartier,  et  une  fois  I'annee,  on 
reunit  le  grand  conseil  de  toute  la  tribu,  ou  sont  reglees 
les  atlaires  importantes. 

Les  Carancahuas,  qui  peuplaient  autrefois  toute  la 
cote,  ont  ete  chasses  au-dela  de  la  riviere  Baca,  liinite 
occidentale  du  territoire.  Celte  tribu  guerriere,  apres 
avoir  inquiete  pendant  plusieurs  annees  les  colons  arne- 
ricains  et  t.ue  quelques-uns  d  entreeux,  tut  attaqueepar 
un  corps  de  60  carabiniers  sous  le  colonel  Austin,  qui 
en  detruisit  la  nioilie.  Le  reste  se  refugia  dans  I'eglise 
niexicaine  des  missions  delal};ihar,  ou,  surl'intervention 
des  pretres,  on  leur  accorda  unetreve,  a  condition  qu'ils 
ne  repasseraienl  point  la  riviere  Baca. 

Les  Cushatees  sont  etablis  en  petit  noinbre,  sur  les 
bords  de  la  Trinite.  Leiirs  maisons  sont  propres,  leurs 
terres  bien  cultivees.  lis  font  un  bon  conmierce  de  che- 
vaux  el  de  bestiaux,  se  servent  dristensiles  culiiiaires  et 
sont  hospitaliers  envers  les  etrangers. 

Les  autres  petitestribus  sont  les  IVacos,  TaxvaJianies, 
Tankaways  et  Lepmis, 


>(4> 


IJTAT    DU     TEX\S     EN     I J 4^. 

Le  T/ieatro  Jmericano  (^puhVie  a  Madrid  en  1748)  a 
donne  une  description  detaillee,  de  la  province  dii 
Texas  on  Neuvas  Philippinas^  dans  laqueile  on  trouve 
les  renseigneniens  suivans  : 

La  province  du  Texas,  separee  de  celle  de  Coaguila 
ou  Coaiiuiia  ,  par  le  Rio-Medina,  a  plus  de  220  lieues 
de  longueur,  sur  60  de  largeur.  Dans  cette  vaste  etendue 
iJe  pays,  on  ne  compte  que  quatre  etablissemens  {po- 
blaciones) ^  tres  eloigne's  les  uns  des  autres,  savoir  : 

I"  Lepresidio  de  San-Antonio  Bejar  (longit.  2^4°  5'  de 
lile  de  Ferj  lat.  3o°  7')  distant  de  80  lieues  du  Rio  de 
Medina ; 

2"  Presidio  de  Nuestra  seiiora  de  los  dolores  (longit. 
281°  10',  lat.  32°  1 5')  sans  garnison ,  au  centre  de  la 
province,  a  )54  lieues  de  San  Antonio; 

3°  Presidio  de  Nuestra  senora  del  Pilar  de  los  Adaes 
(longit.  284°  i5'  ,  lat.  32^  20')  a  61  lieues  du  precedent; 

4"  Presidio  de  la  Bahia  del  Espiritu  Santo  (longit. 
277°  i5'  lat.  29°  10')  a  44  lieues  de  San  Amonio  et 
12  de  la  cote.  Ce  presidio  fut  detniit  et  retabli  en 
J721. 

La  ville  de  San  Antonio  de  Bejar,  capitale  du  Texas, 
fut  fondee  en  i63i  par  le  marquis  de  Casa  Fuerte,  vice- 
roi  de  la  nouvelle  Espagne. 

1690.  Mission  de  S;m  Francisco,  etablie  par  le  gou- 
verneur  de  Coahuila. 

1691.  S.  M.  ayant  ordonne  la  reduction  et  la  pacifi- 
cation de  la  province,  D.  Domingo  Teran,  gouverneur 
de  Coahuila  et  Texas,  arriva  avec  5o  soldats,  i4  reli- 
gieux  et  7   laiques,  pour  fonder  3   missions   au  Texas, 


(  4o8  ) 
4  dans  le  pays  de  los  Cadodachos  et  i  sur  le  Rio  de  la 
Guadalupe  J   niais  il  ne  reussit   aucuncment,   attendii 
les  hostilites  des  Indiens,  la  perie   du  belail  et  autres 
calamites. 

1714.  Ces  missions  sont  retablies  par  D.  Luis  deSan- 
Denis,  D.  Mcdar  Jalot  et  deux  Franc,iis,  sur  I'ordre  du 
due  de  Linares,  vice-roi  de  la  nouvelle  Espagne.  D'au- 
tres  missions  furent  aussi  fondees  dans  le  presidio  de 
los  Adaes. 

Le  marquis  de  Valero ,  nomme  gouverneur  de  Coa- 
huila  et  Texas,  amena  un  renfort  de  5o  soldats  et  un 
certain  nonibre  d'ouvriers  constructeurs,  avec  les  ma- 
teriaux  necessaires,  ponr  augmenter  les  etablisseniens; 
mais  la  guerre  survenue  entre  I'Espagne  et  la  France 
arreta  ses  projets .  Les  Francais  retournerent  a  Pensa- 
cola  (19  mai  17x9)  et  au  moisdejuin  suivant,  les  mis- 
sionnaires  d' Adaes  se  retirerent  a  S.  Antonio. 

Le  marquis  deS.  Miguel  de  Aguayo,  qui  succeda  au 
precedent  gouverneur,  marchaa  la  tete  de  5oo  cavaliers, 
contre  les  Francais  restes  dans  les  presidios  de  Cado- 
dachos et  de  Natchitoos,  qui  n'opposerent  aucune 
resistance.  En  consequence,  un  ordre  royal  defendit  au 
gouverneur  d'attaquer  les  Francais  et  celui-ci  reussit  a 
retablir  les  trois  missions  d'Adaes  et  a  creer  le  presidio 
de  Nuestra  sefiora  del  Pilar. 

Indiens.  Les  Texas  (qui  ontdonne  leur  nom  au  pays) 
Nechas,  Malleyes,  Asinais,  Aes,  Nacogdoches,  Adoses, 
Cocos  et  autres.  Ce  fut  les  Texas,  qui,  en  1687,  massa- 
crerent  la  plupart  des  conipagnons  de  De  la  Salle. 


(  4o9  ) 


NOTE 

SUR    UNE    SOCIETE    DE    GEOGRAPHIE    PROJETEE    A    PARIS 

EN     1^85. 

C'est  en  1788  que  s'est  formee  a  Londres  une  societe 
particuliere  pour  les  decouvertes  en  Afrique.  On  pour- 
rait  la  considerer,  a  certains  egards,  comme  la  premiere 
qui  ait  songe  a  reiicouragement  des  decouvertes  geo- 
graphiques  ,  si  plusieurs  tentatives  analogues  ,  et  meme 
pour  un  but  plus  general,  n'avaient  ete  faites  en  France 
avant  cette  epoque.  D'Anville,  en  ce  qui  regarde  les  de- 
couvertes en  Afrique,  avait  deja,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitieme  siecle,  porte  son  attention  sur  ce  sujet.  II  doit 
exisler  dans  les  archives  des  affaires  etrangeres  un  plan 
de  recherches  auquel  il  avait  coopere  {^Acad.  des  inscr., 
tome  xxvi).  Le  document  qui  suit,  extrait  des  archives 
d'un  etablissement  public,  date  de  I'annee  1785;  il 
prouve  que  Ion  s'occupait  a  Paris,  des  cette  epoque, 
dune  association  du  meme  genre;  I'objet  en  est  moins 
etendu  que  celui  que  la  societe  actuelle  de  Paris  s'est 
propose ,  mais  il  n'est  pas  borne  a  une  seule  partie  du 
globe,  comme  le  but  special  de  la  societe  anglaise  for- 
mee en  1788  ,  il  embrasse  la  geographie  et  les  cartes  de 
toutes  les  parties  du  globe.  L'auteur  du  projet  voulait 
surtout  remedier  a  I'un  des  vices  les  plus  facheux  qui 
aient  nui  a  la  diffusion  des  connaissances  exactes  eu 
geographie,  savoir,  le  defaut  de  bonnes  cartes  et  la  mul- 
titude de  mauvaises.  L'on  ne  pent  nier  que  ce  but  es- 
sentiel  eut  ete  atteint  par  le  nioyen  propose  il  y  a  un 
demi-siecle,  et  pour  le  plus  grand  avantage  des  savans. 
Le  bien  que  la  societe  aurait  pu  faire  par  cette  voie  est 


jio   ) 

iiicalculalile  :  il  est  evident,  d'nilleurs,  que  son  plan  se  se- 
rait  graduellemenl  etendu  avec  le  succes  de  rinstitution. 

Plusjeurs  projets  analogues  ont  ele  concus  en  France : 
a  Paris,  au  commencement  de  la  revolution,  uiie  asso- 
ciation pour  les  decouverles  en  Afrique,  a  I'instar  de  la 
societe  nnglaise  ,  devait  se  former,  sous  la  protection  du 
gouvernement.  Une  autre  societe  s'est  etablie  en  i8oa; 
voici  conime  le  secretaire  de  la  Societe  Africaine  de 
Londres  s'fxprimait  a  lassemblee  generale  du  26  mai 
i8o4  (*)  :  '•  Aussitot  apres  que  le  journal  du  voyage  de 
•  Frederic  Hornenianii  mil  tie  coninmnique  au  consul 
«  general  de  France  par  ordie  de  la  societe,  celui-ci  le 
«  fit  traduire  en  francais;  M.  Langles  ,  membre  de  I'ln- 
«  stitut  national,  editeur  de  I'ouvrage,  apres  avoir  ex- 
«  plique  les  vues  de  cette  institution  ct  appele  Tattention 
1  de  son  eouvernement  et  de  tout  Francais  ami  de  son 
o  pays  et  de  la  science,  sur  les  considerations  impor- 
«  tantes  developpees  par  la  societe  anglaise ,  provoqua 
« la  forniition  d'une  societe  semblable  en  relation  avec 
« la  premiere  ,  et  bientot  apres  la  publication  du  journal 
«  d'Hornemann  en  France,  une  societe  s'etablit  en  ei'fet 
«  a  Paris,  sous  le  litre  de  Societe  de  V Afrique  interieure 
a-  et  de  decouvertes  ».  Ses  reglemens  nieriteraient  petit- 
etre  d'etre  reiniprimes. 

II  a  fallu  dix-neuf  ans  encore,  et  surtoui  la  paix  gene- 
rale,  pour  permettre  ici,  a  une  societe  geographique  de 
se  former  et  de  se  consolider.  La  societe  actuelle, 
etablie  <?n  i82i,a  pu  deja  donner  une  grande  impulsion 
et  porter  ses  fruits  dans  plusieurs  parties  du  monde.  On 
pent  affirmer  qu  un  des  resultats  les  plus  positifs  ([u'elle 
aura  produits ,  est  la  formation  de  societes  semblables 

•'''(l)  Voy.  Procedings  of  the  association  for  promoting  the  dtscoveriea  of 
Ihe  inferior  parts  of  A  fried  .  vol.  i ,  p.  S^i? ,  337.  —  1810. 


(  4ri  ) 
en  Angleterre,  en  Prusse,  dans  I'lnde  et  aux  Etats-Unis. 
On  se  tromperait  fort  si  I  on  pensait  que  cette  Note 
a  pour  but  de  rien  oter  au  meiite  de  la  societe  pour  l en- 
couragement des  decouvertes  dans  Vinterieur  de  rAJrique  : 
qui  ne  sait  que,  par  les  immenses  services  qu'elle  a  ren- 
dus,ellea  des  droits  a  la  reconnaissance  du  monde  entier? 

JOMARD. 


Extrait  du  plan   d'une  societe  geographique  projetee  a 
Paris  en  i^85. 

«■  On  ne  connait  point  de  science  qui  demande  une 
plus  grande  etendue  de  connaissances  et  un  travail  plus 
penihle  que  la  geographic.  En  el'fet,  pour  former  un 
excellent  geographe,  il  faut  qu'un  homnie  soit  bon  ma- 
themalicien,  bon  astronome,  connaisse  la  navigation, 
ait  etudie  la  physique,  sache  parfaitement  I'histoire, 
ait  prodigieusement  lu,  extrait  et  etudie  les  relations 
des  voyageurs  de  terre  et  de  mer,  connaisse  et  entende 
beaucoup  de  langues;  il  faudrait  de  plus  que,  quand  il 
dresse  une  carte,  il  put  avoir  sous  les  yeux  et  faire  une 
etude  particuliere  de  tout  ce  qui  a  ete  ecrit  et  publie  sur 
lepays  qu'il  dessine  etdecrit,  pouj- comparer  et  eoncilier 
les  sentimens  differens,  et  les  juger  avec  une  critique 
profonde  et  eclairee  ,  pour  demeler  le  vrai  au  milieu  des 
erreurs.  Les  cartes  geographiques  devraient  done  etre 
plutot  I'ouvrage  d'une  societe  de  gens  savans  que  celui 
d'un  seul  artiste;  et  si  Ton  pouvait  former  une  societe 
d'artistes  et  gens  de  lettres  qui  vonlussent  reunir  leurs 
travaux,  on  parviendrait  promptement  a  perfectionner 
la  geographie  ,  et  a  faire  des  cartes  qui  deviendraient 
plus  exactes  et  meilleures,  it  mesure  que  le  depot  de  la 
societe  s'accroitrait ,  et  que  le  travail  et  les  recherches 
de  ses  membres  s'accumuleraient.  On  ne  doute  point 


(  4i2  ) 

ineme  que  le  gouveriiement,  sentant  I'utilite  de  cet  eta- 
blissement ,  ne  lui  accoidc  tine  protection  marque  et  des 
secours  pour  le  favoriser.  Dans  cette  idee,  on  va  tracer 
le  plan  de  cette  societe ,  les  travaux  dont  ses  membres 
devraient  s'occuper ,  et  le  regime  de  son  administration. 

n  De  la  formation  de  la  societe. 

«  Pour  donner  de  la  consideration  a  cette  r.ompagnie 
et  lui  obtenir  de  la  protection  ,  il  serait  essentiel  d'enga- 
ger  plusieurs  personnes  de  marque  et  en  place,  de 
prendre  la  qualite  d'associes  honoraires,  et  ils  forme- 
raieut  la  premiere  classe. 

«  On  composerait  la  deuxieme  des  meilleurs  geogra- 
phes  de  Paris,  de  ceux  qui  se  sont  acquis  le  plus  de 
reputation  dans  leur  etat  par  leurs  talens  el  par  leurs 
travaux.  On  y  joindrait  quelques  gens  de  lettres  ayant 
ecrit  sur  la  geographic  ou  en  ayant  fait  une  etude  par- 
ticuliere. 

«  On  formerait  une  troisieme  classe  d'associes  ordi- 
naires,  composee  de  personnes  qui  se  seraient  deja  dis- 
tinguees  par  quelques  travaux  utiles,  soit  en  cartes,  soit 
en  menioires  communiques  a  la  societe,  et  qui  montre- 
raient  du  zele  pour  ses  succes  et  la  perfection  de  ses 
ouvrages. 

«I1  conviendrait  aussi  que,  pour  mieux  Her  ses  corres- 
pondanres  dans  les  pays  etrangers,  elle  s'aggregeat  des 
membres  auxquels  elle  donnerait  le  titre  d'associes 
etrangers. 

«  Les  membres  de  la  societe  s'assembleraient  une  ou 
deux  fois  la  semaine,  se  rendraient  compte  de  leurs  tra- 
vaux et  s  ecUureraient  reciproquenient  de  leurs  counais- 
sances,  et  decideraient  entre  eux  le  travail  que  ibacun 
entreprendrait. 


(4i3.) 

«  Plan  et  ordre  des  travaux  de  la  societe. 

«  Nul  associe  ne  pourrait  donner  aucune  carte  a  gra- 
ver qu'il  ne  I'eut  soumise  auparavant  a  I'examen  tie  la 
societe  dans  ses  asseniblees  ,  en  I'accompagnant  dim 
niemoire  dans  lequel  il  rendrait  compte  des  observations 
astrononiiques,  des  relations,  journaux,  me'nioires, 
cartes  tnanuscrites  et  autres  inateriaux  qui  liii  auraient 
servi  pour  la  dresser  et  le  guider  dans  son  travail. 

«Ces  minutes  de  cartes  et  niemoires  seraient  deposees 
aux  archives  de  la  societe,  apres  que  I'ouvrage  aurait 
recu  son  approbation,  et ,  alors,  on  ferait,  auxdepens 
de  la  societe,  graver  la  carte  et  iniprimer  un  memoire 
instructif  pour  son  explication. 

«  Le  nondjre  d  exemplaires  qu'on  tirerait  de  1  un  el 
de  I'autre  serait  regie  par  la  societe,  et  la  planche  de  la 
carte  deposee  ensuite  a  ses  archives.  Pendant  le  cours 
du  debit  de  ces  exeniplaires ,  la  societe  recevrait  tons  les 
memoires  d'observations  qui  pourraient  iui  etre  remis, 
tant  sur  les  nouvelles  decouvertes  propres  a  y  faire  des 
augmentations  et  ameliorations,  que  sur  les  erreurs 
qu'on  y  aurait  trouvees. 

«  Avaut  de  tirer  de  nouveaux  exemplaires  de  cette 
carte ,  I'auteur,  ou  un  autre  membre  de  la  societe,  serait 
chaige  de  revoir  tons  ces  memoires  et  observations,  et 
de  iaire  en  consequence  les  corrections  et  augmentations 
qu'il  croirait  convenables  ,  et  qui  ne  seraient  retablies 
sur  la  planche  et  gravees  qu'apres  en  avoir  fait  le  rap- 
port aux  asseniblees  de  la  societe  et  avoir  eteapprouvees 
de  ses  membres. 

«  Par  cet  ordre  de  travail,  les  cartes  publiees  par  la 
societe  acquerraient  un  degre  de  perfection  qu'aucun 
ouvrage  geographique  n'a  eu  jusqu'a  present.  Les  cartes 

29 


tic  la  sociele  et  ses  memoires  etant  reelleincnt  fails  pour 
loriner  des  alias,  il  conviendrait  qu'elle  decidat  la  gran- 
deur du  papier  qu'elle  emploierait ,  et  qu'elle  suivit  in- 
vaiiablenient  ce  format. 

«  II  serait  aussi  convenable  que,  lorsqu'on  se  trouve- 
rait  dans  le  cas,  soil  par  la  grandeur  des  echelles,  soil 
par  les  details,  de  publier  des  cartes  en  plusieurs  feuilles, 
il  y  eut  toiijours  des  reperes  suffisans  d'une  feuille  a 
I'autre,  pour  qu'etant  reliees  en  atlas,  on  n'eiit  pas  be- 
soin  de  consulter  chaque  feuille  separement,  ni  de  re- 
gretter  de  ne  les  avoir  pas  collees  ensemble. 

«  Du  regime  de  V administration  de  la  societe. 

«  II  serait  essentiel  que  la  compagnie  se  choisit  quatre 
officiers  principaux  pour  conduire  son  administration  , 
savoir,  un  president  ou  recteur,  un  secretaire,  un  garde 
de  ses  archives,  et  an  tresorier ;  niais  il  conviendrait  quo 
ce  dernier  officler ,  qui  serait  comptable,  ne  fut  pas 
membre  de  la  societe. 

« II  serait  tenu  un  registre  exact  des  recettes  des  fonds 
de  toute  nature,  soil  des  secours  ou  dons  d'encourage- 
ment  provenant  des  bienfaits  du  roi  et  des  ministres, 
soil  des  dons  particuliers  fails  par  des  amateurs,  soil  des 
souscriptions  que  la  societe  ouvrirait  pour  se  procurer 
plusfacilementl'impressionet  la  gravure  de  sestravaux... 

«  11  est  inutile  de  s'etendre  davanlage  dans  des  details 
<le  resime  et  d'administration. 

«  Ce  qu'on  vient  d'exposer  suffit  pour  donner  une 
idee  de  la  formation  de  cette  societe  et  faire  sentir  son 
utilite.  S'il  etail  question  de  regler  des  constitutions  ou 
des  statuts,  on  entrerait  dans  tons  les  details  convena- 
I)les;  mais  on  doit  etre  persuade,  par  la  lecture  de  ce 


(4i5  ) 

Memoire,  que  I'cxecution  du  plan  qu'il  contient  serait 
un  des  meilleurs  moyens  pour  porter  la  geographic  a 
toute  la  perfection  que  cette  science  peut  atteindre. 

«  Paris,  juillet  1^85.  » 


NOTE 

Sur  le  fragment  ci-joint  cTune  carte  de  V Anierique 
septentrionale. 

La  publication  de  la  carte  du  dernier  voyage  du  ca- 
pitaine  Ross,  au  nord  de  I'Amerique,  etant  dif'feree  jus- 
qu'a  celle  de  la  relation^  on  a  cru  devoir  mettre,  en  at- 
tendant, sous  les  yeux  du  Lecteur,  un  apercu  de  ses  de- 
couvertes,  tire  dune  nouvelle  carte  que  vient  de  pu- 
blier  M.  Arrowsmith,  donnant  une  idee  assez  exacte 
de  la  terre  de  Boothia^  et  contorme  aux  renseignemens 
qu'a  communiques,  a  son  relour  a  Londres,  le  capi- 
taine  Ross. 


29. 


(  4iG  ) 

TROISIEME   SECTION. 

Actea  de  la  Soci^te. 


FROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  6  juin  i834. 

Le  proces- verbal  deladerniere  seance  est  luet  adopte. 

M.  Arago  adresse  a  la  Societe  les  remerciniens  de 
rAcadeiuie  des  Sciences  pour  I'envoi  des  premiers  nu- 
meros  de  ia  nouvelle  serie  de  son  Bulletin. 

M.  le  baron  Alex,  de  Humboldt  adresse  deux  livrai- 
sons  (7*  et  8')  de  1' Atlas  de  la  relation  historique  deson 
voyage,  ayant  pour  titre  Atlas  gcographique  et  physique 
des  regions  eqiunoxiales  du  r.oni>eau  continent,  etc.,  com- 
prenant  1°  un  exanien  critique  de  Ihistoire  de  la  geo- 
graphic du  nouveau  continent  et  des  progres  de  i'as- 
trononnie  nautique  auxxv*  et  xvr  siecles.  2°  Six  cartes  a 
1  appui.  M.  Jomard  se  charge  den  rendre  compte  et  an- 
nonce  qu'il  a  prie  I'auteur,  au  nom  de  la  Societe,  de 
completer  les  premieres  livraisons. 

M.  le  docteiir  Woerl  ecril  de  Fribourg  pour  remer- 
cier  la  Societe  qui  vient  de  I'adniettre  au  nombre  de  ses 
membres. 

M.  Berthet  fait  hommage  a  la  Societe  d'une  geogra- 
phic historique,  industrielle  etcomnierciaie  de  la  France 
et  de  ses  colonies,  ainsi  que  dun  tableau  historique  et 
iudustriel  de  toutes  les  villes  du  royaume.  M.  Cesar 
Moreau  est  prie  d'en  rendre  compte. 


(  'i«7  ) 

M.  Gr4berg  de  Heinso  adresse  de  Florence  plnsieurs 
opuscules  dont  il  est  I'auteur;  entre  autres  un  tableau 
du  commerce  de  I'empire  de  Marok;  une  notice  sur 
Ebn-Khaldoun  et  des  notes  statistiques  sur  le  iittocal 
de  la  mer  Noire. 

M.  J.  Lamy,  ancien  employe  du  cadastre,  au  Caire, 
ecrlt  a  la  Societe  pour  I'informerqu'un  desesamis  vient 
de  se  mettre  en  route  pour  visiter  le  littoral  de  la  mer 
Rouge  et  une  partie  de  I'Arabie,  tandis  que  deux  autres 
remonteront  le  Nil.  Ces  voyageurs  s'empresseraient  de 
repondre  aux  questions  que  la  Societe  voudrait  bien 
leur  adresser  dans  I'interet  des  sciences  geograpbiques. 
La  Commission  centrale  decide  que  plusieurs  exemplai- 
res  du  cahier  des  questions  redigees  par  la  Societe,  se- 
ront  adresses  a  M.  J.  Lamy.  Elle  regrette  de  ne  pouvoir 
y  joindre,  ainsi  que  M.  Lamy  en  exprime  le  voeu,  des 
cartes  de  ces  contrees,  dont  elle  n'a  point  d'exemplaires 
a  sa  disposition. 

M.  Jomard  lit  une  note  contenant  quelques  indica- 
tions historiques  sur  le  projet  qui  avait  ete  concu  a  Pa- 
ris des  1785,  de  creer  une  Societe  Geographique,  et  il 
annonce  qu'il  en  communiquera  le  programme  a  la  pro- 
chaine  seance. 

Le  meme  membre  rend  compte  de  I'examen  subi  re- 
cemment  par  onze  eleves  de  la  mission  Egyptienne  de- 
vant  la  faculte^  de  niedecine  de  Paris  et  il  appelle  I'at- 
tention  de  la  Societe  sur  I'aptitude  des  jeunes  Arabes 
pour  les  langues  et  les  sciences  naturelles.  Tons  ces  ele- 
ves ont  subi  leurs  examens  avec  un  succes  remarqua- 
ble.  En  16  mois  ils  ont  appris  le  Franeais,  les  elemens 
de  matbematiques,  la  chimie,  la  physique  et  plusieurs 
branches  de  I'histoire  naturelle;  cette  annee  ils  vont  se 
livrer  a  I'etude  des  sciences  geograpbiques,  et  les  succes 


(4i8) 
qu'ils  viennent  d'oblenir  donnent  a  Li  Commission  cen- 
trale  une  juste  mesiire  desservices  qiielaSociete  pourra 
ulterieurement   attendre   des    connaissances    speciales 
qu'ils  vont  acquerir. 

M.  Warden  lit  une  notice  sur  un  ouvrage  intitule : 
Observations  hlstoriques ,  geograpkiques  et  descriptives 
sur  le  Texns^  par  madame  Mary  Austin  HoUey.  Renvoi 
au  comite  du  Bulletin. 

M.  Jomard  commence  la  lecture  dune  relation  du 
voyage  de  M.  de  Bove,  voyageur  naturaliste  attache  au 
gouvernement  d'Egypte,  dans  le  Hhedjaz  et  le  Yemen  ; 
line  autre  relation  du  meme  voyageur,  d'une  excursion 
dans  I'Arabie-Petree  et  la  Syrie  meridionale,  sera  ulte- 
rieurement communiquee. 

M.  Roux  de  Rochelle  entretient  la  Societe  de  la  perte 
douloureuse  qu'elle  vient  de  faire  en  la  personne  de 
M.  Mathieu  de  Lesseps,  decede  dernierement  a  Lisbonne, 
ou  il  etait  consul-general.  II  etait  parti  en  lySS  avec 
Laperouse,et  iH'avaitaccompagne  jusqu'au  Kamtchatka, 
d  ou  ce  navigateur  I'expedia  pour  France  avec  ses  de- 
peches.  Une  notice  sur  M.  de  Lesseps  sera  inseree  au 
Bulletin. 

Seance  du  10  juin. 

Leproces-verbalde  la  derniere  seance  est  lu  etadopte. 

M.  le  comte  de  Montalivet,  intendant-ge'neral  de  la 
liste  civile ,  annonce  que,  sur  sa  proposition ,  le  roi  vient 
d'allouer  a  la  Societe  une  somme  de  mille  francs  a  titre 
d'encouragement  pour  I'annee  1 834-  La  Commission  cen- 
trale  vote  des  leniercimens  a  M.  le  comte  deMontalivet. 

L'Academie  imperiale  des  sciences  de  Saint-Peters- 
.bourg  cnvoie  la  suite  de  ses  memoires  et  le  recueil  des 
actes  de  sa  seance  publiquede  i833. 


(  4i9  ) 

M.  le  docteur  Guyetant  fait  hoinmage  a  la  Societc 
d'un  tableau  de  I'etat  actuel  de  I'economie  rurale  dans 
le  Jura;  et  il  offre  au  nom  de  la  Societe  d'Emulation  de 
ce  departement,  la  relation  de  la  ceremonie  qui  a  eu  lieu 
a  Thoirette  dans  la  inaison  qui  a  vu  naitre  le  celebre 
Bichat.  M.  le  president  adresse  a  M.  le  docteur  Guyetant , 
present  a  la  seance,  les  reniercimens  de  la  Societe,  et 
il  prie  M.  Roux  de  Rochelle,  de  rendre  compte  de  la 
partie  du  premier  ouvragequia  le  plus  de  rapport  avec 
les  travaux  de  la  Societe. 

M.  Boucher  de  Perthes  ,  president  de  la  Societe  d'E- 
mulation d'Abbeville,  adresse  au  nom  de  cette  Societe,  un 
exemplaire du recueil  de  ses meraoires  pour I'annee  1 833. 

M.  Jouannin,  membre  de  la  Societe  d'Emulation  de 
Rouen,  fait  hommage  dun  tableau  du  systeme  metrique 
legal  et  dune  notice  sur  les  monnaies  considerees  comme 
faisant  partie  du  systeme  melrique.  M.  le  president 
adresse  a  M.  Jouannin  les  reniercimens  de  la  Societe. 

M.  Albert-Montemont  offre  la  vingtieme  livraison 
(  21*-'  volume)  de  la  Bibliotheque  imiverseUe  des  voyages ^ 
contenant  les  voyages  de  Basill-Hall  aux  iles  Lou-Tchou ; 
de  Weddel  vers  le  Pole  sud ;  de  King ,  autour  de  la  Nou- 
velle  Hollande ;  de  Fanning  et  de  Biscoe,  dans  la  mer  du 
Sud. 

M.  le  comte  de  Fortis,  ecrita  la  Societe  pourappeler 
son  attention  sur  trois  grandes  cartes  de  la  France,  de 
I'Europe  et  des  deux  hemispheres  ,  qu'il  a  publiees  de 
concert  avec  MM.  Jogand  ,  Engelmann  et  Grandperret. 
Ses  collaborateurs  et  lui,  dans  I'interet  des  sciences  geo- 
graphiques,  desirent  etendre  ce  travail  aux  autres  par- 
ties du  monde,  et  pour  atteindre  leur  but,  ils  deman- 
dent  que  la  Societe  veuille  bien  les  seconder  dans  celte 
entreprise. 


(  4:^0  ) 

M.  labbe  Pallegoix ,  missionnaire  francais  en  Chine, 
adresse  a  la  Societe  deux  lettres  datees  dc  Bangkok, 
capitale  de  Siam,  et  de  Si  Outhaja  (Julhia)  les  2  Jan- 
vier 1 832  et  I"  aout  i833.  Ces  lettres  ,  qui  contiennent 
divers  renseignemens  sur  les  pays  parcoiirus  par  ce 
inissionnairc  et  sur  ses  travaux  geographiques  et  ethno- 
graphiques,  sont  renvoyees  an  comite  du  Bulletin, 
ainsi  qu'un  itineraire  de  Juthia  a  Xai-Nat,  qui  les 
acconipagne.  Les  documens  quil  demande  pour  I'aider 
dans  ses  recherches,  lui  seront  adresses. 

M.  le  chevalier  Jaubert  met  sous  les  yeux  de  I'assem- 
blee  une  epreuve  (jlU  fac-sitnile  de  I'une  des  cartes  qui 
doivent  acconipagner  la  traduction  de  I'Edrysy;  il 
annonce  ensuite  que  I'impression  du  deuxieme  climat 
est  sur  !e  point  d'etre  terminee,  et  que  Ton  commencera 
immediatement  celle  du  troisieme  climat. 

M.  Jomard  communique  le  memoire  donl  il  a  entre- 
tenu  I'assemblee  a  la  derniere  seance,  et  dans  lequel  se 
trouve  developpe  le  plan  d'une  Societe  Geographique, 
concu  a  Paris  des  I'annee  ijSS.  II  Jijoute  ensuite  quel- 
ques  developpemens  sur  les  autres  tentatives  analogues 
faites  dans  le  cours  du  xviii''  siecle,  et  au  commence- 
ment du  XIX*.  La  Commission  centrale  entend  avec 
interet  la  lecture  de  ce  memoire  et  elle  le  renvoie  au 
comite  du  Bulletin. 

Le  meme  membre  continue  la  lecture  de  la  relation 
du  voyage  de  M.  de  Bove  le  long  du  Hhedjaz  et  leYemen ; 
renvoye  au  comite  du  Bulletin. 


(  421  ) 

MEMBRE   ADMIS   DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  du  10  ju'ui  i834- 
M.  J.  G.  Hoffmann,  de  La  Haye. 

OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  2  mai  i834. 

Par  la  Societe  royale  des  antiquaires  du  Nord  :  Scn'pta 
historica  Islandorum  de  rebus  gestis  veterum  Borealium 
latine  reddita  et  apparates  critico  instructa  (volumen 
quartum  et  quintum ,  in-S".  —  Nordisk  Zidschrift 
for  Oldkyndighed,  udgwet  as  det  Kongelige  Nordiske 
Oldskrift  selstah ,  2*  mimero.  —  De  mensura  et  delinea- 
tione  IslandicB  interioris,  cura  societatis  islartdicce  his 
temporU)us  facienda  scripsit,  Bjornus  Gwinlnugi  filius , 
broch.  in-S". 

Par  M.  le  capitaine  Graah  :  Undersogelses-Reise  til 
Ostknsten  as  Groenland ^  efter  kongelig  befaling  udfort 
i  varene  i828-3i  as  W.A.  Graah^capit.-lieut.  i  vol.in-4". 

Par  M.  Albert-Montemont  :  Bibliotheque  universelle 
des  -voyages,  18**  llvr.  (Voyages  de  D'Entrecasteaux  et 
de  Marchand),  i  vol.  10-8°. 

Par  M.  Alex.  Barbie  du  Bocage:  Dictionnaire  geogra- 
phique  de  la  Bible,  i  vol.  111-8". 

Par  M.  le  major  Poussin  :  Travaux  d^ amelioration  in- 
terieure  projetes  ou  executes  par  le  gouvernement  general 
des  Etats-  Unis  d'Jmerique  ,  de  1 824  «  1 83 1 .  Paris,  1 834- 
I  vol.  in-4*  avec  un  atlas  de  10  pi.  in-f". 

Par  M.  Ansart:  yitlas  presenta?it  en  apercu,  dans  une 
suite  de  cartes  et  de  tableaux ,  Vhistoire  de  tons  les  etats 
europeens,  etc. ,  par  Ch.  et  Fr.  Kruse,  traduit  <le  I'alle- 
niand  par  MM.  Lebas  et  Ansart,  2*  livr. 


(    422    ) 

Par  M.  Firmin  Caballero  :  Nomenclutum  geograpkica 
(le  E  span  a.  i  vol.  in  i8. 

Par  M.le  capitaine  d'Urville  :  ay.-  et  28=  llvraisons  tlu 
Voyage  pittoresque  autour  du  monde ,  et  la  carte  gene- 
rale  du  voyage. 

Par  rAcademie  de  Dijon  :  Memoires  de  cette  Academie 
pour  i833.   I  vol.  in-8'' 

Par  M.  le  directeur  :  Memorial  encjclopedique ,  caliier 
d'avril. 

Par  la  Societe  d'agriculture  de  Rouen  ;  Extrait  de  ses 
travaiix,  Si"  cahier  ( trimestre  d'octobre  i833). 

Par  la  Societe  d'Emulation  d'Abbeville  :  Exposition 
dss  produits  de  Cinduitrie  de  C arrondlssenient  (C Abbe- 
ville en  i83o  (Lettre  du  president  de  la  Societe  aux  ou- 
vriers),  broch.  in-8''. 

Par  MM.  les  directeurs  :  N"*  49  et  5o  de  Vlnstitut  et 
numeros  3 ,  4  et  5  de  VEcho  du  monde  savant. 

Seance  du  1 6  niai. 

Par  M.  Monin  :  Planisphere  et  Oceanie,  dresses  par 
M.  C.-V.  Monin  pour  la  Bibliothec/ue  universelle  des 
•voyages. 

Par  M.  d'Urville :  Voyage  pittoresque  autour  du  monde, 
29*  et  3o^jlivraisons. 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annales  des  Voyages ,  cahier 
d'avril. 

Par  MM.  les  auleurs  et  editeurs:  Quinze  Uvraisons  de 
la  France  pittoresque. 

Par  la  Societe  d'asriculture  de  I'Eure  :  Recueil  de  cette 
Societe,  trimestre  d'avril. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Numeros  5i  el  52  de  Vln- 
stitut et  numeros  6  el  7  de  CEcho  du  monde  savant. 


(  4-^3  ) 

Seance  du  6juin. 

Par  M.  le  baron  de:\{\\mho\(}it:  J tias  geographique 
el  physique  da  Foyage  aucc  regions  equinox iales  du  nou- 
veau  continent ,  7"  et  8*=  livraisons.  In-folio. 

Par  M.  Albert-Moritemont  :  Bibliotheque  universelle 
des  voyages ,  ig^  livr.  (Voyages  autour  du  nionde,  — 
Beechey. ) 

Par  M.  Berlhet  :  Geograp/ue  histGiique ,  industrielle  et 
commerciale  de  la  France  et  des  colonies ,  i  vol.  in-S". — 
Carte  historique ,  industrielle  et  commerciale  de  toutes  les 
villes  de  France ,  1  feuiiles  in-folio. 

Par  M.  Graberg  de  Hemso  :  Notes  statistiques  sur  le 
littoral  de  la  Mer-lSoire,  relatives  a  la  geographie,  a  la 
population,  a  la  navigation  et  au  commerce,  par  le 
comte  L.  Serristori  (analyse  tiree  de  Jl  Progresso  delle 
scienze  delle  lettere  et  delle  arte).  —  Atlante  geografico  , 
fisico  e  storico  del  Granducato  de  Toscana,  dell  dottore 
Attilio  Zuccagni  Orlandini  (rapport  a  Tacademie  des 
Georgophiles,  par  M.  G.  de  H.) 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  3ie  a  34*^  livraisons  du 
Voyage  pittoresque  autour  du  monde. 

Par  la  Societe  asiatique  :  iVo«cea«  Journal  Jsiatique^ 
nos  y6  et  77  ,  avril  et  mai. 

Par  M.  Gide  :  Noiwelles  Jmiales  des  vojages,  cahier 
de  mai. 

Par  M.  Bajot :  Annales  maritimes  et  coloniales,  cahier 
de  mai. 

Par  M.  le  directeur  :  Revue  des  voyages,  nom>eau 
magasin  encyclopedique  ,  n°  4,  mars. 

Par  M.  le  directeur  :  Memorial  encyclopedique ,  ca- 
hier de  mai. 


(  4M  ) 

Par  M.  Hueine  de  Poniineuse  :  Observations  sotn- 
maires  sur  les  canaux  navigables  et  ies  chemins  de  fer , 
et  sur  ies  avantages  que  la  France  peut  obtenir  de  sa 
canalisation.  Broch.  in-  8. 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliqiies  :  Journal 
de  cette  Societe ,  cahier  de  mai. 

Par  I'Academie  de  I'industrie  :  Journal  des  travaua:  de 
cette  Academic,  n°*  4o  et  4^  ?  avril  et  mai. —  Recueil 
supplementaire  de  memoires ,  xxv"  livraison. 

Par  la  Societe  de  stalistique  :  Journal  des  trai'aux 
de  cette  Societe,  n"*  lo  et  ii,  avril  et  mai. 

Par  MM.  les  directeurs  :  L'Institut,  n"*  53,  54  et  55  ; 
Vicho  du  monde  sai'ant ,  n«»  8  et  9  ;  le  Moniteur  ottoman, 
no  j'j  ;  le  Journal  de  Smyrne ,  g  numeros  ;  le  Moniteur 
egj'ptien^  7  numeros. 

Seance  du  20 /uin. 

Par  racademieimperiale  des  Sciences  de  Saint-Peters- 
bourg  :  Memoires  de  cette  Academic,  \i^  serie  ,  ^  livrai- 
sons.  —  Recueil  des  actes  de  sa  seance  publique  du  29  de- 
cembre  i833.  Broch.  in-S". 

Par  la  Societe  royale  d'Euiulalion  d'Abbeville  :  Me- 
moires de  cette  Societe  pour  i833.  i  vol.  in-8°. 

Par  M.  Albert  Montemont :  Bibliotheque  universellc 
des  voyages,  20°  livraison  (Voyages  autour  du  monde: 
B.  Hall,  Weddell,  King,  Bellinghausen ,  Fanning,  Bis- 
coe).  I  vol.  in-80. 

Par  M.  Guyetant:  Tableau  de  Vetat  actuel  de  V econo- 
mic rurale  dans  le  Jura ,  etc. ,  avec  des  considerations  sur 
la  geographic  physique  de  ce  departement,  i  vol.  in-S". 

Par  la  Societe  d'Emulalion  du  Jura  :  Honneurs  rendus 
par  cette  Societe  a  la  niemoire  tie  Bichat.  Broch.  in-8". 


»'»vi»'**-v»v^»V».'*wfc'k».-*-*.*.'»'vv-v%.^"v^*.-»  w*^*'*^*^*^-^^-* 


TABLE  DES  MAT  TERES 


COKTKKUES 


DANS  LE  J"  VOLUME  DE  LA  T   SERIE 
N"  I  a  6 

(Janvier  i834  a  Juin). 


PREMIERE  SECTION. 

MEMOmES,     EXTKAITS5    ANALYSES    ET    RAPPORTS. 

Voyages  amour  du  monde ,  avec  des  extraits  choisis  de  voyages 
dans  les  mersdu  Sud  et  les  Oceans  Pacifique,  Septentrional 
et  Meridional,  en  Chine,  etc. ,  entrepris  sons  les  ordres  de 
I'auteur,  ou  sous  sa  direction,  etc.,  par  Edmund  Fanning; 
lu  a  la  Societc  de  Geographic  par  M.  Warden i 

Mcmoires  sur  I'aucienne  Geographic  historique  des  pays  voi- 
sins  de  la  Mediterranee ,  lus  a  la  Sociite  de  Geograpbie  par 

M.  RoUX  DE  ROCHELLE, 2  4 

Note  sur  la  communication  mutuelle  de  la  Gambie  et  de  la  Ca- 

zamanse if> 

Des  Colonies  agricoles,  parM.  Huerne  de  Pommeuse  (compte 

rendu  par  M.  Isambert) 54 

Rapport  de  M.  Isambert,  sur  un  ouviagi-  intitule  :  De  la  Fen- 
dee  militaire 58 

Examen  ct  reciification  des  positions  dcterminoes  astronoini- 

quemcnt  en  Afrique  par  Mungo-Park,   par  M.  d'Avezac.  .         78 

Voyage  dans   I'interieur  de  la   Guyane,   par  MM.  Adam  he 

Bauve  et  P.  FERRi;  (suite) io5 

Rapport  sur  un  manuscrit  espagnol  presenle  a  la  Societc  de 

G(''o^:iplnc  par  M.  H.  Ternaux  ,  |)ar  M.  T.  d'Hrville.  ...      i45 


(  4^6  ) 

Pnges. 

Voyage  dans  I'interieur  dc  la  Guyane,  par  MM.  Adam  de 

Bawve  et  P.  Ff.rrk  (suiteet  fin)   i65 

Extrait  du  journal  d'un  voyage  sur  la  c6te  de  la  Chine 179 

Voyage  dans  la  Guyane  centrale  ,  par  M.  Lepripur 20 r 

Notice  sur  les  Lesguis  ,  par  M.  Fortanieh    229 

Memoire  sur  I'ancienne  geographic  historique  de  la  Gr^ce, 

par  M.  RoDX  de  Rochellk ^38 

Note  sur  I'ilineraire  de  M.  Dessaliue  d'Orbigny  dans  I'Ameri- 

cjue  meridionale »47 

Lettre   de   M.  le  secretaire  de  la  Soci6t6  Geographique  de 

Londres 249 

Relation  d'un  voyage  dans  I'interieur  de  I'Afrique  septentrio- 
nale,  par  Il'.iaggy  Ebn-el-Dyn  el-Eghou4thy  (  i'"''  et  a^  ar- 
ticles)    377  et  4^9 

Extrait  du  Journal  des  Missions  evangeliques,    i"^'  et  a""   li- 

vraison  de  i834  ,  par  M.  Ambroise  Tardieu 296 

Rapport  sur  un  ouvrage  de  M.  le  major  Poussin  ,  intitule  : 
Travaux  d' amelioration  interieure,  entrepris  on  executes  par  le 
gouverncment des  Etats-Unis ,  par  M.  Roux  de  Rochei-le..  .  .      829 

Notice  sur  le  P'ojage  en  Suede  de  M.  Alex.  Daumont,  par 
M.  E.  DoBtJc 374 

Rapport  verbal  sur  I'ouvrage  de  M.  le  capitaine  de  vaisseau 
C.-T.  Falbe,  intitule  :  Becherches  sur  V emplacement  de  Car- 
thage ,  par  TVI.  n'AvEZAC 38? 


"0"  ' 


P 


Analyse  de  I'ouvrage  intitule  :  Texas.  —  Observations  historical , 
geographical  and  descriptive,  etc.,  par  madame  Mary  Austin 

Holley ,  par  M.  Warden  . .    SgS 

Etat  du  Texas  en  1748 '♦07 

Note  sur  une  Societe  de  Geographic  projetec  a  Paris  en  1785, 

par  M.  JoMARD 409 

DEUXIEME  SECTION. 

DOCUMKNS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES    GEOCH APHIQnES. 

lies  Ralik 60 

Reapparition  de  I'ile  Ferdinandea  (ou  Julia)  dans  la  Mcditer- 

ranee 6a 


(  4^7  ) 

P.lgPS. 

Nouvelles  dii  voj-age  de  Lander , 63 

Snr  la  situation  et  la  distance  des  villes  d'Almaligh ,  Fichba- 

ligh ,  Karakoroum  ,  Kantcheou  et  Peking ,  d'apr^s  I'histoire 

persane  de  Wassaf ,  par  M.  J.  de  Hammer ii8 

Travaux  du  capitaine  Yidai  sur  les  cotes  occidentales  des  \les 

Britanniques 120 

Nouveau  traite  de  limites  entre  les  Etats-Unis  de  rAmerique 

du  Nord  et  le  Mexique ia3 

Societe  americaine  des  Missions 1^5 

Population  du  Canada  (annees  1829,  i83o,  i83i  et  1S32)....  129 

Population  de  la  Crete  en  1882 i3r 

Voyage  de  MM.  Adam  de  Bauve  et  Leprieur  dans  I'interieur  de 

la  Guyane iSj. 

Extrait  d'une  lettre  de  M.  GrSberg  de  Hemsd  a  M.  Jomard  . .  i36 
Notice  sur  les  monts  Cotocton  de  la  Virginie  et  du  Maryland , 

par  C.-S.  Rafinesque  (avec  une  carte) 184 

Etablissement  d'une  nouvelle  colonic  pour  les  noirs  libres,  au 

cap  Palmas 186 

Etat  de  I'enseignement  dans  la  colonic  de  Liberia  (Afrique).  .  189 

Traite  entre  les  Etats-Unis  et  Sia;n igo 

Retour  de  Nathaniel  Jarrys  Wythe,  chef  de  la  compagnie  d'a- 

venturiers  qui  ont  fail  recemment  le  voyage  jusqu'a  I'Ocean 

Pacifique  par  terre Ibid. 

Canal  de  Chesa])eake  et  de  Delaware liid. 

Canal  de  Chesapeake  et  de  I'Ohio Ibid, 

Lettre  de  M.  Townsend 19 1 

Pilote  de  la  cote  des  Deux-Ameriques 192 

Mort  de  Richard  Lander    275 

Note  sur  uu  fragment  de  carte  de  I'Amerique  septentrionale  .  4'5 

TROISIEME  SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

Presentation  de  la  Societe  au  Roi ,  a  I'occasion  du  nouvel  an. .  64 
Rapport  sur  le  prix  destine  a  la  decouverte  la  plus  importante 

pour  r.Tnnee  i83i 25 1 

Rapport  sur  un  memoire  relatif  au  nivellement  d'une  partie 

du  cours  de  la  riviere  de  la  Vesle aSS 

Programme  des  prix aSg 


(  4^8  ) 

Procds-verbaux  des  seances  de  la  Commission  centrale  ( janyier 
j834ajuin)  66,  69,  i38,  140,  194,  igS,  a68.  271,  346,  348, 
416,  4i8. 

Menibres  admis  dans  la  Society    198  ,   373,   421 

Ouvrages  offerls  a  la  Socitte 71,  143,  198,  278,  421 

BIBLIOGRAPHIE. 

Bibliographie  geographique 71 

CAKTES    ET     PLAXS. 

Esquisse  des  monts  Colocton ,  jiar  M.  RaGnesque. 

Carte  d'une  partie  de  I'Afrique  meridionale ,   pour  I'iuteiligence- 
des  travaux  des  missionnaires  francais. 

Carte  d'une  partie  de  TAmerique  Septentrionale. 


Fl\    DE    LA    TABLE  DES    MATIERES   DV    l*""    VOLUME. 


IMPRIME  CHEZ  PAUL  RENOUARD, 

HUE  uiiaAKciknE  n.  5. 


i'/// '  ^/y///////'/<'//f///'t  , 


""/i'olaire 


■f'^m,       T^^G/JE 


Cerclc  Polaire 


lyatude  k  I'Oecidenl 


ih-jf'-  nrr^-fnitrvij-e  ZtrtAet. 


Arclit^vK*  _ 


(lu  Mcridieude.Eaii 


yz'^:^       -  IJ- 


BULLETIN 


OE    LA 


/•  / 


SOGIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


Deuxi^me  S^rie. 


TOnf£    DEUXIEME. 


IMPRIME  CHEZ  PAUL  RENOUAUD, 

RTE  GARANCIERE  ,  N.  5. 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIl^T]^ 


DE  GEOGRAPHIE. 


Deuxidme  S^rie. 

tome  JBmxime. 


PARIS , 

CHEZ  ARTHUS-BERTRAND, 

LIBRAIRE    DE    LA    SOCI^T]^    DE    GEOGRAPHIE, 

RUE    HAUTEFEUILLF  ,    k"     23. 


1834. 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


JUILLET    l834. 


PREJUIERE  SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


MEMOIRES 

sur  la  djicouverte  et  la  reconnaissance  dbs  cotes 

d'anerique, 

Liis  a  la  Societe  de  Geographic  dans  ses  stances  du  21  mars 
et  du  18  avril  i834  , 

Par  M.  Roux  de  Rochelle. 


La  reconnaissance  des  cotes  orientales  d'Ameiique 
entre  le  Labrador  et  le  delroit  de  Magellan  ,  et  celle  des 
cotes  occiden tales  entre  ce  detroit  et  le  nord  de  la  Ga- 
lifornie,  ont  ete  rapidement  faites  par  les  premiers  na- 
vigateurs  qui  ont  visite  le  Noiiveau-Monde  ;  mais  la  de- 
couverte  des  cotes  plusseptentrionales  a  deja  coute  plus 
de  trois  siecles  sans  etre  encore  terniinee.  Nous  nous 
sommes  propose  de  suivre  la  progression  de  ces  recher- 
ches,  et  nous  rendrons  compte  des  expeditions  succes- 


( (^ ) 

sives  qui  ont  eu  pour  but  et  pour  resultat  de  reoon- 
naitrc  et  de  fixer  la  forme  du  littoral  aniericain.  Le  cadre 
du  continent  etant  ainsi  trace,  le  tableau  de  sa  ceogra- 
phie  interieure  deviendra  plus  facile  a  saisir,  et  Ton  aura 
sous  les  yeux  un  ensemble  auquel  tous  les  details  pour- 
roiit  se  rattacher. 

Le  Paria  est  la  premiere  terre  du  continent  d'Ame- 
rique,  dont  Christoplie  Colomb  ait  reconnu  les  rivages. 
II  avait  decouvert ,  dans  sa  premiere  navigation ,  I'ar- 
chipel  de  Bahama,  file  de  Cuba,  celle  d'Haiti ,  et  dans 
un  second  voyage,  une  partie  des  lies  Caraibes ,  liori- 
quen  ou  Puerto-Rico  et  la  Jamaique  :  les  notions  qui! 
recut  des  insulaires  leporterenta  croirequ'il  existait  au 
midi  de  plus  vastes  conlrees ,  et  le  but  de  sa  troisieme 
expedition  fut  de  les  decouvrir.  Colomb  partit  de  San- 
Lucar  de  Barameda  le  3  mai  i4y^;  •'  ^'''g"-'  '^s  lies  Ca- 
naries et  celles  du  Cap- Vert,  cingla  vers  le  sud-onest, 
se  maintint  ensuite  a  la  hauteur  du  io«  parallele  jusque 
vers  le  terme  de  sa  navigation,  et  donna  a  la  premiere 
terre  qu'il  decouvrit  le  3  juillet  le  noni  de  la  Triniie.  Le 
golfe  qui  separe  cette  ile  de  la  Terre-Ferme  est  borne 
au  nord  par  une  longue  presqu'ile  que  Colomb  crut  d'a- 
bord  separee  du  continent,  et  qu'il  nomma  He  de  Gra- 
zia.  II  reconnut  a  I'occident  du  golfe  les  autres  rivages 
du  Paria,  en  admira  la  fecondite,  eut  de  nombreuses 
relations  avec  les  naturelsdu  pays,  observa  leurs  traits, 
leur  couleur,  quelques-uns  de  leurs  usages,  et  recut 
d  eux  de  premieres  informations  sur  les  lieux  on  se  trou- 
vaient  les  perles ,  lesmetaux,  les  picrres  precieuses, 
(jue  les  Indiens  echangerent  alors  avec  lui  contre  quel- 
ques  productions  d'Europe. 

Deux  phenomenes  attirerent  specialement  I'attention 
fie  Christophe  Colomb  a  rette  epoquo  de  sa  navigation : 


(  7  ) 
I'lin  etait  la  presence  des  eaux  douces  dans  quelques  pa- 
rages maritimes  qu'il  traversa;  I'autre  etait  la  violence 
des  courans  et  le  choc  des  vagues,  soit  a  I'entree,  soit 
a  la  sortie  du  golfe.  Ces  eaux  douces  devaient  provenir 
de  rembouchure  d'un  fleuve,  el  Golomb  conjectura  que, 
pour  avoir  un  si  grand  volume  el  une  trace  si  prolongee 
dans  la  mer,  ce  fleuve  devait  prendre  au  loin  sa  source 
dans  de  hautes  montagnes  et  recevoir  les  affluens  d'une 
vaste  contree.  Un  genie  si  penetrant  reconnaissait  par 
ce  seul  indice  I'existence  d'un  continent  etendu;  et  les 
courans  qu'il  remarquait  aux  deux  issues  du  golfe  de 
Paria  lui  paraissaient  etre  I'eftet  inevitable  de  ce  niou- 
venient  general  des  eaux  de  I'Ocean  ,  qui  dans  les  re- 
gions des  tropiques  participent  de  la  direction  des  vents 
alises ,  et  sont  ernportees  d'orient  en  Occident. 

Golomb  sortit  du  golfe  par  la  bouche  du  Dragon  f 
il  suivit  vers  I'ouest  la  cote  du  Paria,  reconnut  les  iles 
Marguerite  et  de  Gubagua,  ou  les  Indiens  faisaient  la 
peche  des  perles,  et  se  rendit  a  Santo-Domingo,  d'ou  il 
envoya  a  la  cour  d'Espagne  le  recit  de  son  voyage  et  de 
ses  decouvertes.  II  avait  joint  a  sa  relation  une  carle 
geographique,  des  echantilions  d'or,  et  les  premieres 
perles  que  les  Europeens  eussent  trouvees  dans  le  Nou.- 
veau -Monde. 

Alonzo  de  Oyeda ,  qui  avait  suivi  Golomb  dans  sa- 
seconde  navigation,  etait  alors  en  Espagne  :  il  eut  con- 
naissance  des  papiers  et  des  plans  envoyes  par  I'amiral, 
et  I'archeveque  de  Seville  Fonseca ,  surintendant  des 
affaires  des  Indes,  I'autorisa  a  faire  un  voyage  dans  les 
lieux  que  Golomb  n'avait  pas  decouverts  avant  I'annee 
1495.  L'expedition  d'Oyeda,  composee  de  quatre  vais- 
seaux ,  partit  de  Seville  le  5  mai  i499  '  *'  avait  aveclui 
Americ  Vesp\ice,   etabli  depuis   plusieurs  annees  duns 


(  8  ) 
cette  residence ,  et  Juan  de  la  Cosa ,  qui  avait  ete  pilote 
de  Golomb  dans  ses  premiers  voyages. 

Les  navigateurs  reconnurent  le  continent,  a  deux 
cents  lieues  a  Test  de  I'Orenoque,  vers  ces  contrees  de 
la  Guyane  situees  entre  I'Oyapok  et  I'Essequibo ,  oil  les 
Francais  et  les  Hollandais  ne  formerent  que  tres  long- 
temps  apres  leurs  premiers  etahlissemens.  L'expedition 
se  dirigea  ensuite  vers  le  golfe  de  Paria  ,  quelle  traversa 
du  midi  au  nord;  elle  reconnut  I'lle  Marguerite,  longea 
la  cote  de  Terre-Ferme ,  decouvrit  les  golfes  de  Vene- 
zuela, de  Maracaibo,  et  s'etendit  vers  I'ouest  jusqu'au 
cap  de  la  Vela.  Americ  Vespuce ,  revenu  a  Cadix  avec 
Oyeda  (i),  adressa  bientot  une  relation  de  son  voyage 
a  Laurent  de  Medicis. 

Quelques  mois  apres  son  retour,  on  vit  entrer  dans 
le  meme  port  (2)  la  caravelle  qui  ramenait  en  Europe 
Colomb  charge  de  fers.  II  avait  ete  arrete,  ainsi  que  ses 
deux  freres  Barthelemy  et  Diego  Colomb,  parBobadil- 
la ,  gouverneur  d'HaIti ,  et  I'Espagne  voyait  revenir 
comnie  un  criminel  celui  qui  lui  avait  donne  le  Nou- 
veau-Monde,  tandis  que  A.meric  Vespuce,  arrive  plu- 
sieurs  annees  apres  dans  cette  parlie  du  globe,  allait  lui 
laisser  son  nom. 

Nous  n'examinons  point  en  ce  moment  si  Vespuce 
avait  fait  en  i4gy  un  premier  voyage  dans  le  golfe  de 
Paria  et  sur  les  cotes  de  laTerre-Fenne,  et  s'il  y  avait 
precede  Chrislophe  Colomb ,  qui  ne  s'y  rendit  en  effct 
qu'en  1498.  QueUjue  opinion  qu'on  puisse  se  former  sur 
cette  question,  tres  digne  dun  exainen  separe,  nous 
nous  bornerons  a  remarquer  ici  qu'il  ne  pent  selever 

(i)   18  juiliet  i5o<>. 
(7)  Decembrc  i:'>oo. 


(9) 
aucun  doute  sui-  lauteur  tie  !a  d'icouverte  du  Nouveau- 
Monde.  Le  merite,  le  courage,  rinimortelle  renommee 
de  Tentreprise,  appartient  au  navigateur  qui,  en  fraii- 
chissant  I'abime  immense  de  I'Atlantique,  fraya  la  route 
a  ses  successeurs ,  et  parcourut  les  principales  lies ,  je- 
tees  comme  autant  d'avant-postes  et  de  dependances,  a 
I  entree  et  sur  les  cotes  dn  continent  aniericain.  Colomb 
avait  accompli  dans  un  premier  voyage  tous  les  prodiges 
de  la  decouverte,  et  les  diverses  expe'ditions  qui  furent 
tentees  depuis   ne  firent  que  confirmer  la  gloire   qu'il 
setait  aoquise.  On  vit  bientot  ses  titres  r.ippeles  dans  les 
armoiries  qui  lui  furent  accordees  par  Ferdinand  et  Isa- 
belle,  et  dans  cette  legende  qui  les  accompagnait : 
A  Castilla  y  a  Leon 
Nuevo  -Mimdo  did  Colon. 
Trois  siecles  apres  ,  il  fut  encore  plus  haulement  reba- 
bilite   dans  ses   droits.  La  Colombie  devint  le  nom  de 
cette  belle  portion  du  continent  ou  il  avait  aborde  :  les 
Etats-Unis  de  I'Amerique  du  Nord  nommerent  Colom- 
bia le  district  ou  ils  etablissaient  leur  capitale  ;  et  le  nom 
de  ce  grand  bomme,  applique  a  d'autres  regions,  a  des 
fleuves,   a  de   nombreuses  villes   du  meme  continent, 
semble  y  avoir  seme  partout  le  souvenir  et  les  titres  de 
sa  conquete. 

Lorsque  Oyeda  et  Vespuce  partaient  pour  les  Indes 
occidentales,  Pedro  Alonzo  Niiio  et  Cbristoval  Guerra 
allaient  s'embarquer  a  Palos,  pour  une  semblable  desti- 
nation :  ils  arriverent  quinze  jours  apres  Oyeda  sur  les 
cotes  de  la  Terre-Ferme,  visiterentle  golfe  de  Paria,se 
dirigerent  ensuite  vers  I'lle  Marguerite  et  vers  les  cotes 
de  Cumana,  d'ou  ils  revinrent  en  Galice. 

Rodrigo  de  Baslides  partit  de  Seville  en  i5oo,  pen 
de  temps  apres  le  retour  d'Oyeda.  II  etendit  ses  decou- 


(  »o 

vt^rles  sur  la  cote  de  Terre  Ferme ,  tlepuis  le  cap  de  la 
Vela,  oil  Oyeda  s'etait  arrete,  jusqu'au  port  de  Nombre 
de  Dios,  a  I'occident  du  golfe  dii  Darien ;  il  regagna 
ensuite  1  ile  d'Haiti,  et  levint  a  Cadix  en  i5o2.  Les  de- 
couvertes  se  trouvaient  alors  prolongees  d'orient  en  Oc- 
cident, depuis  le  goK'e  et  la  cote  de  Paria  jusqua  I'isllime 
de  Panama. 

L'epoque  dii  voyage  de  Bastides  fiit  sign  alee  par 
d'auties  decouvertes  sur  les  cotes  orientales  d'Ame- 
rique.  Vincent- Yanez  Pinson,  un  des  trois  freres  qui 
avaient  suivi  Colomb  dans  son  premier  voyage ,  etait 
parti  de  Palos  an  mois  de  decembrc  i499  j  et  il  aborda, 
le  28  Janvier  i5oo,  pies  du  cap  Saint- Augustin ,  qui 
forme  la  pointe  la  plus  orientale  du  Bresil.  11  revint  vers 
le  noid-ouest,  reconnut  successivement  reinboucbure 
du  Maragnon,  celle  de  I  Orenoque  el  quelques  rivieres 
intermediaires ,  entra  dans  le  golfe  de  Paria,  Iraversa 
la  bouche  du  Dragon,  gagna  File  d'Haiti  et  I'archipel 
de  Bahama,  ou  il  eprouva  une  violente  tempete,  et  re- 
vint a  Palos  au  mois  de  septembre  suivant. 

Un  navigateur  portugais,  Pedro  Alvarez  Cabral,  avait 
reconnu  les  cotes  du  Bresil  quatre  mois  apres  Yanez 
Pinson.  Cabral  devait  se  rendre  aux  Indes :  il  avait  d'a- 
bord  navigue  vers  le  sud  pour  couper  la  region  des 
vents  alises,  et  avait  ete  ensuite  porte  vers  le  cap  Saint- 
Augustin. 

La  nieme  direction  tut  suivic  par  Diego  de  Lepe,  el 
elle  le  fut  encore  I'annee  suivante  par  Americ  Vespuce, 
qu'Emmanuel,  roi  de  Portugal,  venait  d'attacher  a  son 
service.  On  cherchait  alors  les  moyens  de  gagner  et  de 
doubter  plus  aisement  le  cap  de  Bonne-Esperance ;  et 
Ton  avait  reconnu  que,,  pour  eviter  les  courans  con- 
Iraires,  it    Lilhiii  iiniller   tcs  coles  dAbique   et  (inglei' 


(I' ) 

vers  le  sud-ouest.  Dans  cette  navigation,  commencee 
le  lo  mai  i5oi,  Ameiic  renconlra  les  cotes  du  Bresil,  et 
il  les  suivit  jusque  vers  le  Rio  tie  !a  Plata. 

Cenavigateur,  revenu  aLisbonneen  i5o2,fut  charge, 
I'annee  suivante,  d'une  autre  expedition  dont  le  but 
etait  de  chercher  par  I'ocrident  un  passage  vers  les  Mo- 
luques;  niais  cette  entreprise  n'eut  pas  le  resultat  qu'on 
avait  espere  :  Americ  perdit  dans  unetempete  son  prin- 
cipal vaisseau  ;  il  se  rendit  sur  les  coles  du  Bresil,  gagna 
la  baie  de  Tous-les  Saints  et  les  parages  des  Abroihos , 
construisit  un  fort  sur  le  rivage  voisin  ,  y  laissa  une  gar- 
iiison,  et  revint  en  Portugal  treize  niois  apres  son  de- 
part. Ses  grandes  expeditions  etaient  lerniinees  :  Americ 
en  e'crivit  les  relations;  elles  se  repandirent  de  toutes 
parts,  et  furent  promptcinent  traduites  en  portugais,  en 
espagno!  et  en  latin.  Ces  recits,  qui  furent  successive- 
ment  imprirnes,  soil  avec  son  aveu  ,  soil  par  d'autres 
editeurs,  augmenterent  la  reputation  d' Americ;  et  I'ini- 
portant  cmploi  dont  ce  navigateur  fut  revetu  en  Es- 
pagne,  ou  on  !e  chargea  de  tracer  les  plans  des  nou- 
velles  decouvertes  a  faire,  et  d'organiser  le  systeme  des 
colonies  dans  le  Nouveau-Monde,  attacha  tellement  son 
nom  aux  destinees  de  cette  contree,  sur  laquelle  on  ne 
connaissait  encore  que  ses  relations,  que  son  nom,  de- 
venu  populaire,  s'appliqua  an  continent  entier. 

Vers  la  fin  de  sa  vie,  Americ  entreprit  encore  une 
longue  navigation  :  la  mort  le  surprit  dans  ie  trajet,  et 
son  corps  fut  inhuma  dans  I'lle  deTercere;  quelques 
debris  du  vaisseau  la  Victoire ,  qui  avail  servi  a  ses  de- 
couvertes, furent  suspendus  a  la  voiite  de  la  catliedrale 
de  Lisbonne. 

Quoique  son  nom  soit  moins  illustre  que  celui  de 
Cbristophe   Colomb ,  neaiimoins   la    posteritc   Ini   assi- 


(     12    ) 

giieia  toujours  iiii  rang  ties  eleve  :  Florence  le  conipte 
avec  raison  au  iiombre  de  ses  honimes  les  plus  celebres; 
le  merite  et  la  lenommee  d'Americ  Vespuce  comblerent 
de  joie  sa  patrie  :  elle  fut  emerveillee  de  ses  premieres 
relations,  et  le  senat  de  Florence  fit  illuniiner  pendant 
trois  nuits  la  maison  du  voyageur;  honneur  qui  ne  s'ac- 
cordait  alors  aux  particuliers  que  pour  les  actions  les 
plus  nieuiorables.  On  doit  sans  doute  continuer  de  se 
rappeler  a  Florence  avec  un  juste  orgueil  cette  pensee 
d'Averrani  sur  Americ  et  Galilee  :  -<  L'Etruriea  produit 
«  deux  honuiies  auxquels  je  ne  sais  si  I'univers  entier 
«  pourrait  en  comparer  d'aulres  :  I'ui!  a  donne  son  noni 
»  a  la  quatrieme  partie  du  mondequ'il  avail  decouverte, 
'<  I'autre  a  decouvert  une  grande  partie  du  ciel «.  La  pos- 
terile  confirnieraii  ce  jugement  sur  Americ  Yespuce  , 
si  Cbristophe  Coloiid>  n'avait  pas  exisie. 

Colomb,  qui  avail  precede  dans  les  parages  du  Nou- 
veau-Monde  tous  les  autres  navigateurs,  fut  egalement 
le  premier  qui  decouvrit  et  visita  les  rives  occidentales 
du  golfe  du  JMexique.  Venge  par  1' admiration  pid)lique 
des  injustes  accusations  de  ses  persecuteurs,  il  eta  it 
rentre  dans  la  carriere  de  ses  decouvertes.  II  reconnut, 
dans  son  quatrieme  voyage  (i),  les  cotes  septentrionales 
de  Honduras,  depuis  le  cap  de  ce  nom  jusqu'au  cap 
Grazias  a  Dios;  il  suivit  la  cote  des  Mosquites  et  celle 
de  Veragua,  et  il  descendit,  en  longeant  I'istbme  de 
Panama,  jnsqu'a  Porto-Belo  et  a  la  riviere  de  Helen.  La, 
son  expedition  eprouva  de  nombreux  desastres  :  la 
guerre  conf.re  les  Indiens,  la  revolte  d'une  partie  des 
equipages,  ne  lui  permirent  pas  de  consolider  I'etablis- 
semerit  qu'il  avait  entrepris,  et  le  delabrement  de  ses 

(i)    I. 'Jos. 


(   i3  ) 
navires  le  forca  d'allcr  chercher  eii  toute  hate  iin  abri 
sui"  les  cotes  de  la  Janiaique. 

Le  vaste  champ  qui  s'etait  ouvert  aiix  navigateurs  es- 
pagiiols  etaitdevenu  le  theatre  dune  emulation  et  d'une 
activite  infatigables.  Oyeda  entreprit,  en  i5o2,  un  nou- 
veau  voyage  avec  quatre  vaisseaux.  II  toucha  aux  lies 
Canaries  suivant  la  coutume ,  atterit  sur  les  cotes  d'Ame- 
riquevers  Tentree  du  goUe  deParia,  reconnut  I'lle  Mar- 
guerite, debarqua  sur  la  cote  de  Cumana,  et  prolongea 
sa  navigation  au-dela  du  golfe  de  Maracaibo  jusqu'au 
port  de  Baya-Honda :  quelques  annees  apres,  il  fit  dans 
les  memes  parages  une  troisieme  expedition  (i).  Nous 
remarquerons  ici  que,  dans  son  premier  voyage  le  long 
des  cotes  de  la  Terre-Ferme,  Oyeda  avait  rencontre, 
pres  des  rivages  deCoquibacoa  ,  des  aventuriers  anglais 
qui  faisaient  comme  lui  un  voyage  de  decouvertes.  Get 
evenement  nous  rappelle  que,  a  la  suite  des  premieres 
navigations  de  Jean  et  de  Sebastien  Cabot  en  1497, 
quelques  entreprises  maritimes  furent  formees  en  An- 
gleterre,  et  se  dirigerent  vers  les  regions  du  Noiiveau- 
Monde.  Henri  VII  en  encouragea  plusieurs  par  des  actes 
et  des  lettres-patentes ,  et  des  armateurs  aventuriers  en- 
trerent  aussi,  a  leurs  propres  risques,  dans  les  hasards 
de  ces  expeditions. 

Oyeda  devait  couronner  ses  decouvertes  par  un  plus 
solide  etablissement  :  on  avait  jete  a  Carthagene  les  fon- 
demens  dune  colonie;ils'yrendit  de  Santo-Domingo  (2), 
fit  la  guerre  aux  Indiens ,  perdit  Juan  de  la  Cosa  dans 
un  premier  combat,  parvint  a  former  une  autre  co- 
lonie  dans  le  golfe  d'Uruba,  et  donna  a  cette  ville  nou- 
velle  le  nom  de  Saint-Sebastien. 

(i)   i5o5. 
(2)    tSoy. 


(  M ) 

N'ayant  a  considerer  ici  que  sous  le  rapport  des  de- 
couvertes  les  capitainesespagnols  qui  parcoururentcette 
cote  du  Nouveau-Monde,  nous  nous  bornons  a  rappeler 
que  Diego  de  Nicuesa,  I'un  de  ces  conquerans,  o'eni- 
barqua  en  iSop  a  Carthagene ,  pour  gagner  la  cole  de 
Veragua  j  il  se  rendit  dans  la  riviere  de  Belen ,  ou  Co- 
lomb  avait  tant  souffert  dans  son  quatrieme  voyage,  et 
il  reconnut  ensuite  Puerto-Belo  et  Nombre  de  Dios ,  que 
Colomb  avait  egalement  visites. 

Fernandez  de  Enciso  vint,  I'annee  suivante,  recou- 
vrer  la  forteresse  de  Saint-Sebastien  ,  dont  les  indigenes 
etaient  parvenus  a  s'einparer.  IJn  honime  qu  altendait 
une  grande  celebrite  faisait  partie  de  cette  expedition  : 
c'etaitVasco  Nuiiez  de  Balboa,  qui  devait  bientot  con- 
querir  le  Darien  et  faire  la  decouverte  de  la  Mer  du  Sud. 
Accable  de  dettes  et  cherchant  de  hasardeuses  entre- 
prises,  il  etait  parti  clandestinement  de  Santo-Doniingo 
et  s'etait  fait  transporter  dans  une  caisse  a  bord  de  la 
flottille  d'Enciso,  aCn  d'echapper  aux  poursuites  de  ses 
creanciers.  Un  autre  honinie,  Francois  Pizarre,  destine 
a  la  conquete  du  Perou  ,  vint  rejoindre  Enciso  a  Saint- 
Sebastien.  On  forma  dans  le  Darien  un  nouvel  etablis- 
sement  auqiiel  on  donna  le  nom  de  Santa-Maria  de  la 
Antigua. 

Pedro  Arias  Davila ,  conimunement  nomine  Pcdrarias, 
remplaca  Enciso  dans  le  gouvernement  du  Darien  (i). 
Les  sanglantes  guerres  qu'il  eut  a  soutenir  contre  les 
sauvages  lui  firent  acheter  bien  cherement  les  progres 
des  decouvertes.  On  esperait  trouver  le  temple  dor  de 
Dobayba,  que  Nunez  de  Balboa  avail  deja  cberche  :  ce 


(i)  i5i4. 


(  '5  ) 
temple  fabuleux  s'evanouit,  et  I'aviclite  cles  conqueraiis 
fut  trompoe;  niais  cette  contree  leur  resta. 

Les  decouvertes  de  I'Espagne  se  dirigeaient  aussi  vers 
d'autres  points.  Cette  puissance  voyait  avec  jalousie  les 
Portugais  s'etablir  conime  elle  dans  le  Nouveau- Monde. 
La  bulle  d'Alexandre  VI  (i)  ne  leur  aurait  donne  aucun 
droit  d'y  pretendre ,  puisque  la  ligne  de  partage  que 
cette  bulle  tracait  dun  pole  a  I'autre  devait  passer  a  cent 
lieues  a  I'occident  des  iles  Acores  et  de  cellos  du  Cap- 
Vert,  et  qu'elle  n'atteignaii  aucune  partie  de  I'Ame- 
rique;  niais  le  traite  de  Tordesillas(2),  qui  avait  ensuite 
porte  cette  ligne  de  demarcation  a  3yo  lieues  a  I'ouest 
des  lies  du  Cap- Vert,  comprenait  dans  la  limite  portu- 
gaise  les  cotes  du  Bresil  qui  furent  decouvertes  six  ans 
apres.  Cet  arrangement  permit  aux  Porlugais  de  s'eta- 
blir paisiblement  dans  une  region  que  I'Espagne  avait 
cependant  reconnue  quatre  mois  avant  eux,  et  meme  ils 
etendirent  leurs  possessions  jusqu'au-dela  des  points  qui 
correspondent  effectivenient  a  ce  meridien.  Mais  les 
Espagnols  dirigerent  ensuite  leurs  decouvertes  vers  le 
Rio  de  la  Plata.  Diaz  Solis  penetra  en  i5i6  dans  I'em- 
bouchure  de  ce  fleuve;  il  en  remonta  le  cours,  y  fonda 
plusieurs  colonies,  et  fut  tue  dans  la  guerre  qu'on  eut  a 
soutenir  centre  les  sauvages.  Sebastien  Cabot  reconnut, 
dix  ans  apres  (3),  les  rivages  du  meme  fleuve,  et  ils  fu- 
rent ensuite  visites  par  Juan  de  Ayala  (4) ,  qui  fit  dans  le 
Paraguay  de  nouvelles  explorations.  On  avait  deja  vu , 
en  iSao,  accomplir  la  decouverte  des  contrees  plus 
merldionales  par  I'illustre  Magellan,  qui  traversa  le  de- 

(i)   1493.  (3)   i526. 

(2)  1494.  (4)   i53(i. 


(   '6  ) 

troit  silue  enlre  le  continent  et  la  Terre  tie  feu ,  at  qui 
lui  donna  son  nom. 

Apres  avoir  conduit  jusqu'a  Toxtremite  meridionale 
de  TAmeiique  cette  serie  d'observations  ,  revenons  aux 
reconnaissances  faites  quelques  annees  auparavant  sur 
les  lives  occidentales  du  golfe  dii  Mexique,  en  comnien- 
cant  par  la  pointe  la  plus  avancee  de  ce  littoral. 

Valdivia,  regidor  de  la  province  du  Darien,  avait  ete 
jete  par  une  tempete  sur  les  cotes  du  Yucatan  (i),  en 
revenant  de  cette  province  a  Hispaniola.  Son  equipage 
se  composait  de  vingt  hommes  :  il  en  avait  perdu  sept 
dans  le  naufrage;  cinq  autres,  et  Valdivia  lui-meme, 
lurent  massacres  par  les  sauvages;  le  reste  fut  fait  pri- 
sonnier,  et  presque  tons  succoniberent  a  I'exces  de  leurs 
fatigues  et  de  leurs  miseres ,  sur  les  rivages  dun  vaste 
empire  que  I'Espagne  etait  a  la  veille  de  conquerir,  et 
qui  allait  devenir  une  de  ses  plus  riches  possessions. 

Les  peuplades  du  Yucatan  virent ,  quelques  annees 
apres  (2) ,  paraitre  sur  leurs  cotes  de  grands  vaisseaux  : 
c' etait  I'escadre  de  Francisco  Hernandez  de  Cordova,  qui 
faisait  un  voyage  de  decouvertes.  L'annee  suivante,  Juan 
de  Grijalva  visita  les  rivages  du  Yucatan  et  parcourut 
ceux  du  Mexique  ,  011  il  reconnut  les  rivieres  de  Tabas- 
co, d'Ulloa  ,  de  Panucoj  mais  il  ne  forma  aucun  etablis- 
sement :  la  revolte  de  ses  equipages  le  contraignit  a  re- 
venir  dans  I'lle  de  Cuba. 

Une  expedition  plus  importante  y  etait  alors  prepa- 
paree.  Cortez  partit  de  la  Havane  le  10  fevrier  i5ig.  II 
toucha  I'lle  de  Cozumel ,  longea  la  cote  septentrionale 
du  Yucatan,  s'arreta  sur  les  rives  du  Tabasco,  gagna 

(l)     l5l2. 

(»)   i5i7. 


(  »7  ) 
oelles  de  I'Ulloa,  et  forma  a  Vera-Cruzson  premier  eta- 
blissement.  La  conquete  dii  M-exique,  dont  nous  n'a- 
vons  point  a  suivre  ici  les  divers  evenemens,  donna  lieu 
a  d'autres  entreprises.  Narvaez  debarqna  pres  de  Zem- 
poal;  Garay  se  dirigea  vers  I'embouchure  du  Panuco, 
deja  reconnu  par  Grijalva  ;  il  visita  les  contrees  voismes 
de  ses  bords,  et  accompHt  la  reconnaissance  des  rivages 
orientaux  du  Mexique. 

La  decouverte  des  pays  sitnes  au  nord  du  golfe  avait 
ete  comniencee(i),  quelques  annees  avant  I'expedition 
de  Cortez,  par  Juan  Ponce  de  Leon  ,  qui  avait  accom- 
pagne  Colomb  dans  son  second  voyage.  Ponce  deLeon, 
deja  signale  par  la  conquete  de  Puerto-Rico  dont  il  fut 
ensuite  gouverneur,  avait  entendu  parler  d'une  region 
plus  septentrionale,  ou  coulait  une  fontaine  qui  avait  la 
propriete  de  rajeunir.  Le  vieux  guerrier  equipe  trois 
vaisseaux  pour  en  faire  la  decouverte;  il  fait  voile  vers 
Tarchipel  de  Bahama,  arrive  a  San-Salvador,  cherche 
inutilement  I'lle  de  Bimini  ou  devait  etre  la  fontaine,  se 
dirige  ensuite  vers  le  nord-ouest,  et,  dans  la  nuit  du 
2  avril ,  jette  I'ancre  pres  du  continent,  au-dela  du  3o^ 
degre  de  latitude.  C'etait  le  jour  des  Rameaux  ou  de 
Paques  fleuries ,  et  Von  nomma  Floride  la  contree  qu'il 
avait  decouverte.  Ponce  de  Leon  suivit  la  cote,  en  des- 
cendant vers  le  midi ;  il  doubla  le  cap  Caiiaveral ,  pro- 
longea  ses  reconnaissances  a  Test  et  au  sud  de  la  pres- 
qu'ile  ,  et  revint  dans  le  port  d'ou  il  etait  parti.  Ses  pro 
jets  de  decouvertes  furent  repris  par  Juan  Perez  de 
Ortubia,qui  parcourutegalement  I'archipel  de  Bahama: 
il  reconnut  cette  He  fameuse  de  Bimini ,  mais  sans  y 
trouver  la  fontaine  de  Jouvence. 


(    '8  ) 

La  plus  seduisante,  la  plus  fabuleuse  ties  esperaiices, 
avail  ete  en  cette  occasion  le  premier  stimulant  des  de- 
couvertes  ;  on  vit  que  le  guerrier  le  plus  prodigue  de 
son  sang  obeissait  lui-meme  a  eel  instinct  secret  qui 
nous  attache  a  la  vie,  el  nous  fait  redemander  en  vain 
nos  plus  beaux  jours.  Ponce  de  Leon  etail  arrive  a  la 
vieillesse  en  cherchantles  moyens  de  sen  preserver;  il 
etait  accable  de  jours  el  d'infirmiles  lorsqu'il  tenta  une 
nouvelle  expedition  pour  soumettre  les  Florides(i): 
blesse  dans  un  premier  engagement  avec  les  sauvages, 
il  vim  mourir  quelques  jours  apres  dans  I  tie  de  Cuba. 

Ces  decouvertes  furent  reprises  en  iSay  parNarvaez, 
dont  I'expedition  n'eut  pas  de  succes,  el  ensuite  par 
Fernand  de  Soto,  qui  fit  en  i53q  une  invasion  en  Flo- 
ride.  11  debarque ,  a  la  tete  de  douze  cents  liommes,  dans 
la  baie  de  Spiritu-Santo  ,  gagne  vers  le  nord  le  pied  des 
Apalaches,«e  dirige  ensuite  a  I'ouest,  traverse  la  Coosa, 
le  Tombegbe,  le  Mississipi ,  se  rend  a  la  Riviere-Rouge, 
et  de  la  au  Brazo  de  Dios,  et  revienl  vers  le  confluent 
de  I'Arkansas  et  du  Mississipi,  qui  fut  le  terme  de  sa 
carriere.  Son  expedition  avail  dure  quatre  annees,  elses 
compagnons,  n'etanl  plus  soutenus  par  sa  Constance 
heroique,  se  haterent  de  descendre  le  fleuve  et  de  se 
retirer  au  Mexique, 

Ne  soyons  pas  surpris  que  les  possessions  voisinesdu 
golfe  de  ce  nom  et  celles  de  I'Araerique  meridionale 
aient  ete  ocoupees  par  les  Espagnols  et  les  Portugais,de 
preference  a  celles  des  cotes  orientales  qui  s'etendent 
du  sud-ouest  au  nord-est,  depuis  les  limites  de  la  Floride 
jusqu'aux  regions  siluees  entre  le  golfe  Saint-Laurent  et 
la  baie  d'Hudson.  Nous  avons  pu  voir,  en  observant  la 

(i^  I  5^  I . 


(  '9) 
direction  suivie  par^ces  premiers  navigateurs,  qu'ils 
gagnerent  les  tropiques  ,  pour  y  profiler  de  la  direction 
des  vents  alises.  Get  avantage,  dont  ils  parent  jouir  dans 
toute  Telendue  de  la  zone  situee  entre  les  deux  tropi- 
ques, deterniina  les  differens  points  ou  ils  reconnurent 
rarcliipel  des  Antilles  et  le  continent.  Les  voyageurs  qui 
s'engagerent  sur  la  trace  de  leurs  devanciers,  chercherent 
a  prolonger  dune  nianiere  continue  les  decouvertes  qui 
venaient  de  se  faire  avant  eux.  Les  differens  groupes  des 
lies  qui  bordaient  I'entree  du  golfe  du  Mexique,  et  la 
vasta  etendue  du  continent  lui-nienie,  excedaient  leurs 
moyens  de  colonisation ,  et  tons  les  regards  furent  long- 
temps  attires  vers  les  memes  points.  Cetaient  les  pays 
de  Tor;  on  y  detruisait  des  empires,  et  Ton  avail  a  y 
transporter  une  partie  de  la  population  de  ses  anciens 
etats. 

Les  climals  que  Ion  avail  reconnus  avaient  plus  d'a- 
nalogie  aveccelui  de  la  patrle  des  conquerans.  II  fallait 
a  des  peuples  meridionaux  une  temperature  elevee, 
telle  qu'ils  la  retrouvaieiit  dans  leurs  premiers  etablis- 
mens  du  Nouveau-Monde.  Cette  chaleur  y  etait  moins 
forte  que  ne  I'est  celle  d'Afrique  situee  sous  les  memes 
latitudes;  elle  leur  rappelait  la  temperature  de  TEspa^ne 
et  du  Portugal,  beaucoup  plus  que  celle  de  la  Mauri- 
tanie  et  du  Saarah. 

La  plus  grande  partie  des  coles  de  I'Amerique  septen- 
trionale  fut  ainsi  abandonnee  a  d'autres  Europeens.  Ce 
ne  fut  plus  pour  y  chercher  des  tresors  qu'on  entreprit 
de  les  explorer:  il  fallut  d'autres  mobiles  pour  y  con- 
duire  une  longue  suite  de  navigateurs,  et  les  peuples  du 
centred  du  nord  de  I'Europc  commencerent  a  dinger 
vers  les  differens  points  de  celte  vaste  cote  leurs  ex- 
peditions. 

2. 


(     20     ) 

Jean  et  Sebastien  Cabot  avaient  decouveit,  en  i497, 
rile  de  Terre-Neuve  et  une  partie  du  continent  voisin  ; 
mais  aiicun  projet  de  colonisation  ne  fnt  tente  dans  ces 
parages  pendant  plus  de  soixanle  ans,  et  la  premiere 
entreprise  de  cette  nature  fut  essayee  sous  le  regne  de 
Charles  IX  par  Tamiral  de  Coligny,  qui  desirait  assurer 
nn  asile  aux  calvinistes  persecutes  en  France.  Jean  Ri- 
baut  s'enibarqua,  en  i562,  sur  deux  vaisseaux  que  I'a- 
niiral  avait  obtenus  de  Charles  IX.  II  descendit  avec  un 
corps  de  troupes  calvinistes  sur  la  cote  orientale  de  la 
Floride,  pres  de  la  riviere  San-Juan,  remonta  plus  au 
nord ,  €t  erigea  dans  la  Caroline  nieridionale  le  fort 
Charles,  qui  devint  le  premier  etablisscment  des  Fran- 
cais  dans  ces  parages. 

Deux  ans  apres ,  il  partit  des  ports  de  France  une 
nouvelle  expedition  de  protestans ,  conmiandee  par 
Rene  de  Laudoniere,  qui  debarqua  dans  la  meme  con- 
tree  et  construisit  sur  les  bords  de  la  riviere  de  Mai  une 
autre  forteresse.  Laudoniere  visita  I'interieur  de  la  Flo- 
ride  ,  de  la  Georgie,  de  la  Caroline  ,  et  il  recut  (i)  dans 
son  etablisscment  un  nouveau  renfort  que  Ribaut  etait 
alle  chercher  en  France.  Mais  une  escadre  espagnole , 
commandee  par  Pedro  Melendez  de  Avila,  venait  de- 
truire  cette  nouvelle  colonic.  On  n'attaquait  pas  les  hu- 
guenots comme  F rancais ,  mais  comme  heretiques  :  le 
fanatisme  religieux  ne  voyait  en  eux  que  des  ennemis 
irreconciliables  ,  ei  I'on  fit  usage  de  la  ruse,  de  la  perfi- 
die  ,  de  la  force  ,  pour  les  exterioiner. 

Un  acte  si  baroare  excita  en  France  I'indignation,  et 
Dominique  de  (jourgues,  ne  a  Mont-de-Marsan  ,  forma 
le  projet  de  vcngar  tomes  ces  victimes,  acte  d  autant 

(0  i565. 


(     21     ) 

plus  reniarquable  dans  ces  niomens  cle  guerre  civile  re- 
ligieuse,  que  de  Gourgues  etait  catliolique.  Cent  cin- 
quante  gentilshommes  aventuriers  I'accouipagnent ;  il 
part  de  Bordeaux  pour  le  golfe  du  Mexique(i);  double 
la  pointe  occidentale  de  lile  de  Cuba,  remonte  vers  la 
rioride,  s'approche  d  un  fort  occupe  par  les  Kspagnols, 
et  en  concerte  I'nttaque  avec  les  Indiens  qui  s'unissent  a 
son  entreprise.  Le  fort  est  emporte  par  escalade  ,  ceux 
qui  cherchent  a  se  refugier  dans  les  bois  tombent  sous 
les  coups  des  Indiens  :  aucun  nest  epargne  ;  et  de  Gour- 
gues,apres  avoir  demoli  les  forts,  revient  en  France  avec 
les  hommes  qui  I'avaient  suivi  dans  cette  expedition. 

La  colonic  calviniste,  projetee  par  I'amiral  de  Coligny, 
n'avait  eu  que  quelques  annees  d' existence;  niais  au 
nord-est  de  ces  lerritoires ,  I'Ansleterre  coninienca  bien- 
tot  de  plus  durables  etablisseniens.  On  ne  s'etait  occupe, 
ni  sous  le  regne  de  Henri  VIII,  ni  sous  celui  de  Marie, 
d'etendre  les  decouvertes  dans  le  Nouveau-Monde.  Eli- 
sabeth, qui  jeta  les  fondemens  de  la  puissance  navale 
de  I'Angleterre,  accorda  sa  protection  a  ces  grandes  en- 
treprises,  et  les  deux  premiers  hommes  qui  se  signale- 
rent  dans  une  si  noble  carriere  furent  Humphrey-Gilbert 
et  Walter-Ralegh  son  beau-frere.  Elisabeth  leur  avait 
accorde  des  lettres-patentes  (2)  pour  etablir  une  colonic 
au-dela  desmers;  et  Gilbert,  qui  conduisit  lui-nieme  les 
deux  premieres  expeditions,  perit  dans  la  seconde  (3\ 
sans  avoir  pu  accomplir  son  dessein.  Mais  Ralegh  ob- 
tint  de  nouvelles  lettres-patentes  (4),  et,apres  avoir  fait 
reconnaitre  par  quelques  balimens  iegers  plusieurs  par- 
ties du  littoral  qui  recurenl  en  I'honneur  d'Elisabelh  le 

(0   1567.  (3)   i58o. 

(')   1578.  (4)    ifJfi'i. 


(  ^o 

nom  de  V^irginie,  il  envoya  dans  I'lle  de  Roanoke,  voi- 
sine  du  continent,  plusieurs  colonies  qui ,  sans  prosperer 
elles-memes ,  devinrent  I'origine  dun  grand  nombre 
d'autres  etablissemens. 

II  se  forma,  sous  Jacques  I",  deux  associations  char- 
gees  d'etablir  en  Amerique  des  colonies  :  Tune  etail  la 
compagnie  de  Londres,  I'autre  celle  des  negocians  de 
Plymouth,  de  Bristol  et  de  quelques  autres  villes. 

L'expedition  de  la  compagnie  de  Londres,  qui  devait 
se  rendre  dans  I'lle  de  Roanoke (i),  fut  poussee  vers  le 
nord  par  des  vents  contraires,  et  arriva  dans  la  baie  de 
la  Chesapeak  :  elle  en  remonta  le  fleuve  le  plus  meri- 
dional, et  fonda  sur  ses  bords  la  ville  de  James-Town, 
la  plus  ancienne  que  les  Anglais  aient  erigee  dans  le 
Nouveau-Monde. 

Les  premiers  etablissemens  fails  sur  le  continent  I'u- 
rent  ensuite  affermis  par  larrivee  de  lord  Delaware(2): 
la  population  s'etendit  de  proche  en  proche  autour  de 
James-Town;  on  protegea  laculture,  et  particulierement 
celle  du  tabac  ;  lesBermudes  venaientd'etredecouvertes 
dans  lAtlantique;  de  nouvelles  villes  se  formerent  au- 
tour des  baies  de  la  Chesapeak  et  de  la  Delaware;  les 
attaques  des  Indiens  furent  repoussees,  et  la  oolonie 
n'eut  plus  a  craindre  pour  son  existence. 

Telle  etait  la  situation  de-  la  Virginie,  lorsque  les  eta- 
blissemens de  la  compagnie  du  Nord  on  de  Plymouth 
commencerent  a  se  former.  La  contree  qui  leur  avait  ele 
cedee  par  les  lettres-patentes  de  Jacques  I"  etait  situee 
dans  un  cliniat  plus  rigoureux  ;  il  devenait  difficile  d'y 
attirer  des  colons,  et  les  premiers  Europeens  qui  s'ex- 

(i)  1606. 
(a)   1609. 


(  23  ) 

patrierent  pour  I'habiter  furent  les  puritains ,  persecu- 
tes par  I'Eglise  anglicane,  refugies  d'abord  en  Suisse, 
en  HoUande ,  et  autorises  ensuite  par  Jacques  l*""  a  se 
fixer  dans  les  terres  conoedees  a  la  compagnie  anglaise. 
Leur  etablissement  se  fit  dans  le  Massacbusett  (i),  et 
ils  donnerent  le  noni  de  New-Plymouth  a  leur  premiere 
ville.  D'autres  dissidens  les  suivirent ,  et  fonderent  la 
ville  de  Salem.  On  vit  bientot  de  nouvelles  colonies 
eriger  d'autres  villes  autour  de  la  baie  de  Massacbu- 
sett (2);  Boston,  Cbarlestown ,  Dorchester,  lloxbo- 
rougb,  furent  fondees.  La  continuite  des  persecutions 
religieuses  attirait  sans  cesse  de  nouveaux  babitans,  et 
les  affreux  ravages  que  la  petite-verole  fit  chez  les  indi- 
genes mirent  a  I'abri  de  leurs  attaques  les  etablissemens 
naissans  des  Europeens  :  ceux-ci  purent  s'etendre  dans 
I'interieur.  II  se  forma  dans  le  Massacbusett  plusieurs 
associations  particulieres ,  qui  differaient  par  leurs 
dogmes  religieux;  elles  se  separerent  de  la  famille  pre- 
miere (3)  ,  chercberent  dans  les  terres  voisines  des  eta- 
blissemens particuliers ,  et  formerent  successivement 
ceux  de  Rhode-Island  ,  du  Connecticut,  de  New-Hamp- 
shire et  du  Maine. 

Le  nombre  des  emigrans  qui  se  rendaient  d'Angle- 
terre  en  Amerique  etait  devenu  si  considerable,  que 
Charles  I"vouluty  mettre  des  bornes,  en  soumettant 
ceux  qui  voulaient  partir  a  un  serment  de  confonuite 
aux  regies  de  I'eglise  anglicane.  II  est  a  remarquer  que 
Olivier  Cromwell,  pret  a  s'embarquer  pour  le  Nouveau- 
Monde  (4),  fut  retenu  en  Aiigleterre  par  I'ordre  du  roi, 
que  deux  ans  apres  il  fit  condamner  a  mort. 

(»)   1620.  '(3)    i636. 

(3)    l63o.  (4)    ,(^{8. 


(  ^4) 

Cromwell,  ilevenu  oonquerant  tie  la  Janiaique  pen- 
dant son  protectorat,  voulut  y  attirer  les  puritains  de 
la  Noiivelle-Angleterre;  mais  ce  projet  n'eut  aucune 
suite,  et  les  religionnaiieS  conserverent  leurs  premiers 
etahlissemcns. 

Toiite  lAnierique  anglaise  avail  ete  partagee  par 
Jacques  I"  enlre  deux  compagnies ;  mais  celles-ci  n'e- 
taient  encore  parvenues  a  former  d'etablissemens  que 
dans  la  Virginie  et  dans  les  regions  voisines  de  la  baie 
de  IMassachusett.  Charles  I'^  separa  de  la  Virginie  le 
pays  situe  au  nord  du  Potomack  et  de  laChesapeake(i)  : 
il  le  donna  en  propriete  a  lord  Baltimore  ,  et  son  fils 
vint  y  fonder  la  premiere  eolonie  du  Maryland. 

Apres  la  restauration  de  Charles  11,  les  pays  situes  au 
midi  de  la  Virginie  furent  donnes  au  due  d' Albemarle , 
a  lord  Clarendon,  a  d'autres  seigneurs  (2).  Leurs  eta- 
blissemens  furent  plus  prosperes  que  ceux  qui  avaient 
ete  essayes  avant  eux,  et  la  concession  qu'ils  obtinrent 
comprit  aussi  la  Georgie  et  s'etendit  jusqu'a  la  Flo- 
ride.  Locke  fut  appele  a  donner  une  constitution  a  ces 
contrees  (3)  J  mais  elle  ne  convenait  point  a  leur  situa- 
tion ,  el  elle  n'eut  que  dix  annees  d'exisience. 

De  nouveaux  possesseurs  s'etaient  introduits  entre  le 
Maryland  el  les  etats  de  la  JNouvelle-Angleterre  :  les 
Hollandais  ctablirent  des  colonies  sur  les  bords  de  la 
riviere  d'Hudson  ;  ils  fonderent ,  a  Tentree  de  ce  fleuve, 
la  ville  de  New-Amsterdam  qui  en  devint  la  capitale, 
ils  remonterent  le  cours  de  I'Hudson  jusqu'a  Albany,  et 
revinrenl  vers  I'Ocean  occuper  dautres  posies;  mais  ils 

(i)  i632.  (3)  1G70. 

(a)   i(.oi. 


(.5) 

en  furent  depossedes  en  i664  pa'"  '«»  troupes  du  duo 
d'York,  auquel  le  roi  d'Angleterre  son  frere  avait  cede 
ce  territoire.  Les  Anglais,  en  faisant  attaquer  la  colon ie 
liollandaise,  se  fondaient  sur  le  droit  de  decouverte;  et 
en  effet,  Hndson,  un  de  leurs  plus  illustres  navignteurs, 
avait  reconnu  et  renionte  en  i6oy  le  fleuve  auquel  il 
donna  son  nom.  Les  Hollandais,  apres  avoir  reconquis 
leur  colonic  en  1673,1a  perdirent  definitivement  I'annee 
suivante  :  New-Amsterdam  prit  le  nom  de  New-York  , 
et  ce  dernier  nom  devint  celui  de  I'etat  qui  est  aujour- 
dhui  le  plus  etendu,  le  plus  peuple,  le  plus  riche  de  la 
confederation  americaine. 

L'etat  de  New-Jersey  fut  un  de'membrement  de  celui 
de  New-York;  il  fut  fonde  apres  la  conquete  que  I'Aii- 
gleterre  en  fit  sur  les  Hollandais. 

La  colonic  la  plus  remarquable  par  le  nom  de  son 
t'ondateur  et  par  les  principes  que  Ton  suivit  dans  son 
etablissement ,  fut  celle  de  Pensylvanie.  Penn  avait 
obtenu  de  Charles  II  la  concession  du  territoire  (i) ; 
mais  il  voulut  encore  en  acheter  la  propriete  des  indi- 
genes lorsqu'il  y  conduisit  une  colonie  de  quakers. 
D'autres  sectes  religieuses  ,  et  particulierement  des 
moraves,  des  anabaptistes,  venus  de  Hollande,de Suede, 
d'Angleterre,  fournirent  a  ce  pays  de  nouveaux  colons. 
La  tolerance  devenait  un  des  principes  du  gouverne- 
ment  de  la  colonie;  la  division  des  proprietes  en  facilita 
la  culture;  I'etablissement  d'une  banque  de  credit  aidait 
a  solder  les  acquisitions.  La  ville  de  Philadelphie  etait 
fondee;  un  siecle  apres,  elle  devint  le  centre  d'une 
grande  puissance,  et  I'inde'pendance  des  Etats-Unis  y 
fut  proclamee. 

(.)    .tJSi. 


(  ^6  ) 
Au  noril  des  possessions  anglaises  qui  bordaient  les 
coles  orientales  d'Ainerique,  s'etendaient  les  etablisse- 
niens  francais,  sur  les  rives  du  golfe  et  du  fleuve  Saint- 
Laurent.  Ges  pays  avaient  ete  successivenient  reconnus, 
des  I'epoque  du  regne  de  Francois  l'^'' ,  par  le  baron  de 
Lery  (i),  par  Verazzani  (2),  pilote  florentin,  et  par  le 
capitaine  Jacques  Cartier,  de  Saint-Malo(3),  qui  penetra 
dans  les  lerres  de  Canada  ,  Hochelaga  et  Saguenay.  La 
Roque  de  Roberval  construisit  plusieurs  forts  dans  le 
Canada  (4),  et  I'ingenieur  francais  Alphonse  (5)  visita  le 
Labrador,  anterieurement  decouvert  par  Cortereal. 

ApreseuXjles  expeditions  dans  cette  partie  du  monde 
furenl  interrompues  pendant  un  denii-siecle ;  on  les 
reprit  sous  le  regne  de  Henri  111 ,  et  elies  furent  succes- 
sivenient  dirigees  par  Chaton  (6) ,  Jacques  Noel  et 
Ravillon  (7).  La  guerre  de  la  ligue  les  fit  suspendre 
encore  ,  et  Henri  IV  ayant  retabli  la  paix  ,  chargea  La 
Rocbe-Breton  (8)d'afferniir  et  d'etendre  les  possessions 
francaises  dans  tons  les  lieux  qui  ne  seraient  pas  occupes 
par  d'autres  elals  chretiens.  Une  nouveile  escadre  fut 
envoyee  sous  les  ordres  de  Mons  (9),  dans  les  pays  de 
Canada ,  de  Norumbega  et  d'Acadie,  dont  se  composait 
la  Nouvelle-France.  Champlain  faisait  partie  de  cette 
expedition  ,  et  il  continua  la  decouverte  des  regions 
voislnes  :  on  fonda  la  ville  de  Quebec  (10)  et  celle  de 
Montreal,  el  Ion  s'avanca  progressivement  vers  ces 
mers  interieures  qui  bordent  le  Haut-Canada. 

Les  Francais  apprirent  que  de  vastes  contrees  s'elen- 

(0  i5i8.  (6)  i588. 

(2)  i5a4.  (7)  '^tjr. 

(3)  1534.  (8)  i5<)8. 

(4)  1 540.  (9)  160.5. 

(5)  I  5',  I.  (10)  1 60S. 


(  ^7) 
daient  au  niidi  des  grands  lacs,  et  ceux    qui  partirent 
pour  les  reconnaitre  (i)  decouvrirent  les  regions  qu'ar- 
rose  le  Haut-Mississipi,  et  descendirent  cefleuve  jusqu'au 
confluent  de  I'Aikansas. 

La  Salle,  qui  succedait  a  Frontenac  dans  le  gouver- 
nement  du  Canada,  voulut  suivre  lui-meme  les  decou- 
vertes  conimencees  :  il  Lorna  son  premier  voyage  (2)  a 
I'embouchure  de  la  riviere  des  Illinois,  et  le  pere Hen- 
nepin,  qui  I'accompagnait,  publia  cette  relation.  Dans 
une  seconde  reconnaissance  (3),  il  descendit  jusqu'a 
I'embouchure  du  Mississipi.  La  Salle  vint  former  en 
France  une  troisieme  expedition  qui  partit  du  port  de 
La  Ilochelle  :  il  voulait  fonder  un  nouvel  elablissement 
sur  les  rivages  meridionaux  de  la  Louisiane;  et  lorsqu'il 
eut  penetre  dans  le  golfe  du  Mexique,  les  vents  ou  les 
courans  le  porterent  jusque  dans  la  baie  de  Saint-Ber- 
nard (4),  oil  il  erigea  le  fort  Saint-Louis  ,  et  ou  il  tomba 
victime  d'une  conspiration. 

Iberville  reconimt,  quelques  annees  apres(5),les 
regions  sitihees  sur  I'une  et  I'autre  rive  du  Mississipi  ; 
mais  les  etablissemens  epars  dans  cette  contree  ne  com- 
mencerent  a  prendre  quelque  importance  qu'a  I'epoque 
ou  Grozat  obtint  le  commerce  de  la  Louisiane  (6),  et  y 
conduisit  un  certain  nombre  de  families  pour  y  former 
des  colonies  agricoles.  Ce  n  etait  encore  qu'unefaible  et 
passagere  lueur  de  prosperite.  Le  privilege  dont  Crozat 
jouissait  temporairement  fut  cede,  quelques  annees 
apres  (7),  a  la  compagnie  d'Occident  ,  que  Lavif  avail 


(0  1673.  (5)  1699. 

(2)  1679.  (6)  1712. 

(3)  1682.  (-)  171,. 

(4)  i685. 


(  ^8  ) 
cret-e  en  France,  et  qui  tut  l)ientul  entrainee  dans  la 
commune  ruine.  La  Nouvelle-Oileans  n'existait  pas  en- 
core, et  le  pere  Charlevoix,  dent  les  relalions  remon- 
tent  a  cette  epoque,  ne  vit  elever  dans  la  canipagne  de- 
serte,  ou  cette  ville  fut  ensuite  batie ,  qu'une  tente  ou 
Ton  cclebrait  les  saints  mysteres  :  ce  lieu  devait,  un  jour, 
devenir  un  des  plus  beaux  etablissemens  du  Nouveau- 
Monde. 

Nous  nous  sonimes  arretc's  ,  dans  ce  Menioire,  aux 
epoques  des  decouvertes  et  a  celles  des  premieres  colo- 
nies fondees  sur  les  rivages  orientaux  de  lAnierique. 
Les  expeditions  faites  sur  ses  cotes  occidentales  seront 
I'objet  d'un  second  Menioire. 


NOTICE 


Lue  .i  la  Societe  de  Geographic ,  clans  sa  seance  du  4  juillet  i  S  I  i , 
Par  M.  Roux  dc  Rocuelle. 


Nous  venons  de  perdre  le  dernier  homme  qui  ml 
acconipagne  La  Perouse  dans  les  deux  premieres  annees 
de  son  voyage.  Jean-Baptiste  Bartheleniy  de  Lesseps, 
ne  a  Cette,  departement  de  I'He'rault,  le  2^  Janvier  1766, 
et  decede  le  6  avril  iS?>4  ;i  Lisbonne  oil  il  etait  consul- 
general  de  France,  avait  ete  attache  a  cette  expedition  : 
il  parcourut  avec  La  Perouse  I'Atlantique,  les  parages 
meridionaux  ct  les  cotes  nord-ouest  du  Nouveau-Monde, 
une  partie  des  arcliipels  du  grand  Ocean,  les  mers  de 
la  Chine,  celles  du  Japon  ,  de  la  Tartaric  et  du  Kaml- 
chalka,  ou  il  se  Uouv.iil  en  17H7.  la  Pi'iouse  desiraM 


(   29  ) 
alors  faire  parvenir  en  France  le  recueil  de  toutes  les 
observations  qu'il  avait  faites,  confia  tous  ces  docuinens 
au  jeune   Lesseps   qui   eut  a  traverser  par  terre  tout 
I'ancien  continent  pour  revenir  dans  sa  patrie. 

Nous  allons  le  suivre  dans  son  voyage  autour  du 
monde,  en  nous  bornant  a  rappeler  d'une  maniere 
sommaire  la  direction  et  les  circonstances  princlpales 
de  sa  navigation;  et  nous  nous  arreterons  plus  speciale- 
ment  au  voyage  qu'il  fit  ensuite  a  travers  les  glaces  et 
les  deserts  de  la  Siberie,  voyage  dont  la  relation  fut 
publiee  en  1790,  deux  annees  apres  son  retour  en 
France. 

L'expedition  mise  sous  les  ordres  de  La  Perouse  se 
composait  des  fregates  la  Boiissole  et  I  Astrolabe :  la 
seconde  etait  commandee  par  de  Langle;  et  Lesseps 
partit  a  bord  de  ce  batimcnt,  en  qualite  d'interprete. 
La  langue  russe  lui  etait  familiere;  il  I'avait  apprise  a 
Saint-Petersbourg  ou  son  pere  etait  consul-general;  et 
sa  presence  pouvait  etre  d'autant  plus  utile  aux  navi- 
gateurs,  quits  avaient  a  relacher  successivement ,  soit 
en  Amerique  soit  en  Asie,  aumilieu  des  possessions 
ruRses. 

Les  deux  fregates,  armees  a  Brest,  mirent  a  la  voile 
le  i"""  aout  1785,  toucherent  a  Madere,  a  Teneriffe,  et 
se  dirigerent  vers  le  sud-ouest :  elles  devaient  doubler 
le  cap  Horn  pour  se  rendre  dans  le  grand  Ocean.  On 
observa  dans  cette  traversee  la  position  des  iles  de  Martin- 
Vaz  et  de  la  Trinite,  et  Ton  relacha  a  Sainte-Catherine 
du  Bresil :  le  cap  Diego  qui  forme  la  pointe  occidenta'e 
du  detroit  de  Le  Maire  fut  releve  le  20  Janvier  1786; 
et,  apres  avoir  heureusement  depasse  le  cap  Horn,  les 
navires  se  rendirent  au  Chili  dans  la  baie  de  la  Concep- 
tion, en  reconnaissant  dans  leur  route  quelques  parlies 


(  3o) 
de  la  cote  Magellanique.  Les  vaisseaux  se  dirigereni 
ensuite  vers  I'lle  de  Paques  ou  ils  alterirent  le  9  avril, 
de  \d  vers  les  ties  Sandwich,  et  euGri  sur  les  cotes  nord- 
oiiest  d'Amerique,  oii  Ton  reconnut,  a  la  date  du 
23juin  ,  le  niont  Saint-Elie. 

En  indiquant  la  direction  des  navigateurs,  nous  n  a- 
vons  point  a  nous  occuper  ici  des  observations  de  di- 
verse nature  qui  furent  faites  dans  la  Iraversee :  ces 
reniarques  appartiennent  specialement  au  recit  du 
voyage  de  La  Perouse;  mais  nous  ne  pouvons  passer 
sous  silence  les  premiers  malheurs  d'une  expedition 
qui  devait  se  terminer  dune  nianiere  si  desastreuse.  La 
reconnaissance,  les  sondagesdune  nouvelle  baie,  situee 
pres  du  cap  Beau-Temps,  occasionnerent  !a  perte  si 
justenient  regretlee,  de  Descires,  des  jeunes  de  La- 
horde,  signales  par  un  merite  premature  et  par  leur 
union  fraternelle,  de  plusieurs  autres  ofBciers  et  de 
quinze  homnies  d'equipage,  qui ,  en  traversant  la  passe 
de  la  haie,  furent  entraines  dans  ses  brisans,  et  englotitis 
par  la  violence  des  vagues.  Ce  lieu  avait  recu  le  nom  de 
Port  des  Francais;  notre  etahlissement  n'y  fut  marque 
que  par  un  monument  funeraire. 

Le  3o  juillet  les  de  ux  tregates  reprirent  leur  naviga- 
tion. LaPeroiisecherchaila  ranger  hahituelletnentlacote 
dont  il  ne  se  tenait  eloigne  que  de  deux  a  trois  lieues, 
et  quelquefois  nioins;  de  maniere  a  pouvoir  y  prendre 
le  relevement  de  tous  les  points  principaux ;  mais  sans 
determiner  d'une  maniere  continue  tous  les  details  de 
cetle  longue  ligne  de  littoral ,  et  sans  penetrer  dans  les 
passes  des  divers  archipels  qui  en  sont  voisins.  II  ne 
voulait  relacher  qua  Monterey,  ou  les  deux  fregates 
qui  avaient  toujours  navigue  de  conserve  arriverent 
le  1 5  septembre,  et  il  remit  a  la  voile  le  i/\  pour  gagner 


( •"  ) 

les  parages  (le  I'Asie.  La  Perouse  decouvrit  I'lle  Necker 
dans  cette  traversee;  il  reconnut  rextreniite  septen- 
trlonale  des  lies  Marianes,  et  arriva  le  3  Janvier  1787 
dans  la  rade  de  Macao.  Son  intention  etait  d'y  faire 
vendre  les  pelleteries  dont  on  avail  fait  la  traite  sur 
la  cote  nord-ouest  d'Anierique,  afin  d'en  reparlir  le  prix 
entre  les  equipages,  et  un  niarcband  suedoisse  cl)argea 
de  cette  consignation. 

On  parlit  de  Macao  pour  I'lle  de  Lucon  le  5  fevrier, 
et  le  28  on  inouilla  dans  le  port  de  Cavite.  La  Perouse 
reconnut  ensuite  I'lle  Formose  :  il  releva  les  lies  Pongf- 
hou  ou  Pescadores,  entra  dans  I'archipel  de  Likeu,  na- 
vigua  dans  la  nier  Jaune  qui  s'etend  entre  la  Chine  et 
cetarchipel,  prit  connaissance  de  1  lie  de  Quelpaert, 
passa  dans  le  detroit  de  Goree  qui  separe  le  Japon  du 
continent,  et  releva  la  cole  de  I'extremite  de  cette - 
presqu'lle. 

Apres  avoir  determine  qiielques  points  de  1  ile  de 
Niphon  ,  les  voyageurs  revinrent  vers  I'occident  sur  les 
cotes  de  la  Tartaric.  Cette  region  n'avaitpas  eieexploree 
par  d'autres  navigaleurs  europeens :  La  Perouse  en 
observa  avec  soin  les  rivaees ,  et  il  continua  sa  recon- 
naissance  jusquau  fond  dii  long  canal  maritime  qui 
separe  le  continent  de  I'lle  de  Seghalieri,  et  que  Ton 
connalt  sous  le  nom  de  Manche  de  Tartaric.  II  releva 
ensuite  du  nord  au  niidi  la  rive  occidentale  de  cette  ile, 
decouvrit  le  detroit  qui  la  separe  de  I'ile  de  Jesso , 
passage  auquel  on  a  donne  le  noni  de  detroit  de  La 
Perouse,  et  poursuivit  sa  navigation  vers  le  iioid,  entre 
rile  Seghalien  et  le  long  archipel  des  lies  Kuriies,  dont 
il  reconnut  une  partie,  depuis  le  i5  aout  jusqn'au  5  sep- 
tembre.  Alors  on  apercut  les  cotes  du  Kamtchalka ;  et 
le  6  septemhre  1787,168  doux  fregates  furent  niouillees 


(  32  ) 
tlans  la  baie  il'Avatcha  devant  le  port  cle    Petropau- 
lovvski. 

Ce  fut  dans  cette  contree  que  le  jeune  interprele  de 
I'expeditioH  put  se  f'aire  reniarquer  par  des  services 
liabiluels.  11  devint  1  interniediaire  de  toutes  les  com- 
inunicalions  de  La  Perouse  avec  le  lieutenant  Kaboroff, 
conuuandant  du  port;  et ,  grace  aux  soins  de  Lesseps 
et  a  I'obligeant  empressement  de  cet  of'ficier,  les  astro- 
noraes  formerent  a  terre  un  etablissenient  commode 
pour  leurs  observations,  les  naturalistes  furent  secondes 
dans  leurs  recherches,  et  entreprirenl  une  ascension 
jusqu'au  cratere  du  volcan  le  plus  voisin  de  la  baie 
d'Avatcba  :  aucun  voyageur  ne  les  y  avait  precedes. 

Le  Kamtchatka  depenoait  a  cette  epoque  du  gouver- 
nement  d'Okotsk;  et  le  colonel  Raslotf-Ougrenin  qui  en 
elait  charge  visitait  alors  cette  province  et  voulait  tout 
y  observer,  dans  la  vue  d'ameliorer  le  sort  des  babitans. 
II  vint  a  Petropaulowski  pendant  le  sejour  de  La  Pe- 
rouse; et  sa  politesse  aftectueuse  envers  les  Francais, 
dont  il  enlendait  parfaitement  la  langue,  leur  fit  retrou- 
ver,  aux  exlremites  de  I'Asie,  tous  les  agremens  d'une 
societe  europeenne. 

Huit  jours  apres  I'arrivee  des  fregates,  Lesseps  de- 
couvrit  le  malbeureux  Ivaschkin ,  dont  les  compagnons 
deCook  avaient  deja  public  la  disgrace.  Ivaschkin  ,  exile 
depuis  plusde  cinquante  ans,  avait  ete  eleve  en  France  : 
son  education,  sa  figure aiuiable  lefaisaient  alors  reniar- 
quer :  il  devint  page  de  I'imperatrice  Elisabeth,  et  offi- 
cier  dans  le  regiment  des  gardes  Preobajenski ;  mais  sa 
favour  fut  passagcrc,  et  quelques  propos  indiscrets, 
tenus  a  la  fin  d'un  repas  ,devinrent  la  cause  de  sa  perte  : 
il  tut  degrade,  recut  le  knout,  eiit  les  narines  fendues 
et  lut  exil(''  au  Kamt<:hatka.  Pendant  vingt  ans,  Ivaschkin 


(  33  ) 
fut  traite  avec  line  extreme  i-igueur,  et  rediiit  a  vivre 
au  milieu  desKamtchadales  du  produit  de  ses  penibles 
chasses.  En6n  son  sort  fut  allege;  plusieurs  gouver- 
neurs  d'Okotsk  intercederent  pour  lui;  on  obtint  qu'il 
put  habiter  une  ville  de  Siberic ;  mais  il  s'etait  plie  aux 
moeurs  des  Ramtchadales,  et  il  se  proposait  de  mourir 
au  milieu  deux.  Portantsur  lui  la  trace  ineffacable  dun 
cruel  cliatiment,  et  se  voyant  marque  du  sceau  des 
criminels,  il  cherchait  a  se  derober  aux  regards  des 
etrangeis,  et  il  conservait  la  fierte  de  son  caractere:  son 
visage  etait  mutile,  mais  I  liomme  n'etait  pas  fletri. 

Ivaschkin  avait  ete  temoin  en  iy4^  des  obse(|ues  de 
LaCroyere,  savant  francais  qui  avait  fait  partie  des  ex- 
peditions de  Beliring  et  de  Tchirikoff :  il  indiqua  le  lieu 
de  son  tombeau ,  et  La  Perouse  y  fit  graver  sur  cuivre 
I'epitaphe  suivante  : «  Ci-git  Louis  de  Lisle  de  La  Croyere, 
«  de  I'academie  royale  des  sciences  de  Paris,  mort  en 
«i74i,  au  retour  d'une  expedition  faite  par  ordre  du 
« czar  pour  reconnaitre  les  cotes  d'Amerique;  astro- 
«  nome  et  geographe,  emule  dc  deux  freres  celebres 
"dans  les  sciences,  il  merita  les  regrets  de  sa  patrie. 
«  En  1786,  M.  le  comte  de  La  Perouse,  commandant  les 
"  fregates  du  roi  la  Boussole  et  V /istrolahe,  consacra  sa 
«  memoire,  en  donnant  son  nom  a  une  lie,  pres  des 
"  lieux  ou  ce  savant  avait  aborde.  » 

Le  capitaine  Gierke,  charge  apres  la  mort  de  Cook,  du 
commandement  de  son  expedition,  etait  mort  et  avait 
ete  inhume  en  1779  dans  la  meme  contree;  La  Perouse 
fit  egalement  graver  sur  cuivre  linscription  mise  sur 
son  tombeau;  ct  le  gouverneur  d'Okotsk  promit  d'ele- 
ver  a  ces  deux  hommes  celebres  un  monument  plus 
digue  d'eux. 

Nous  arrivons  au  moment  ou  Lesseps  doit  sc  scparci- 

3 


(  34  ) 
de  rexpedition  dont  il  avail  fait  partie  pendant  vingl 
six  mois.  Ses  services  comiiie  interprete  n'etaient  plus 
aussi  necessaires,  puisque  les  fregates  allaient  quitter 
les  possessions  russes  pour  se  rendre  dans  les  regions 
equatoriales  :  La  Perouse  I'expedia  en  France  avec  les 
journaux  de  son  voyage,  et  il  s'en  est  ainsi  expriine 
dans  sa  relation  :  «  Je  crus  rendre  service  a  ma  patrie,  en 
•  procurant  a  M.  de  Lesseps  roccasion  de  connaitrepar 
«lui-nieme  les  differentes  provinces  de  I'empire  de  Rus- 
«  sie,  oil  vraisemblabiement  il  remplacera  un  jour  son 
«  pere,  riotre  consul-general  a  Petersbourg,  M.  Kasloff 
n  medit  obligeamment  qu  il  I'acceptait  pour  son  aide-de- 
«  camp  jusqua  Okotsk,  d'ou  il  lui  faciliterait  les  nioyens 
<<  de  se  rendre  a  Petersbourg ,  et  que  des  ce  moment  il 
«  faisait  partie  de  sa  famille,  » 

L'amenite  et  les  qualites  aimables  de  Lesseps  lui 
avaientpromptement  concilie  la  bienveillance  de  M.  Kas- 
loff:  il  laissait  a  bord  des  deux  fregates  de  nombreux 
amis,et  La  Perouse  donna  des  regrets  a  son  depart. 
"  Nous  ne  pumes,  disait-il,  quitter  sans  attendrissement 
"  M.  de  Lesseps,  que  ses  qualites  precieuses  nousavaient 
<i  rendu  cher,  et  que  nous  laissions  sur  una  terre  etran- 
«  gere,  au  moment  d'entreprendre  un  voyage  aussi  long 
« que  penible.  •  Si  nous  rapportons  le  textc  meme  de 
ses  paroles ,  c'est  que  le  bon  temoignage  d'un  liomme 
illustre  devient  le  premier  et  le  plus  precieux  de  tons  les 
eloges. 

Lesseps  parlit,  le  y  octobre  1787  ,  de  Petropaulowski 
ou  Ion  ne  comptait  alors  que  quarante  babltations  :  il 
entreprenait  dans  une  saison  rigoureuse  un  voyage  par 
lerre  de  plus  de  quatre  mille  lieues,  et  les  communica- 
tions etaient  alors  tres  difficiles.  II  fallut,  apres  avoir 
traverse  le  Kamtcbatka   jusqu'a  Bolcheretsk,  attendre 


(35) 

la  saison  du  trainage :  la  caravane  qui  devait  remonter 
vers  le  nord  ,  et  parcourir  par  un  tres  long  circuit  tous 
les  rivages  de  la  mer  d'Okotsk,  ne  partit  qu'a  la  fin  de 
Janvier  1788  :  elle  se  composait  de  trente-cinq  traineaux, 
conduits  par  des  chiens,  de  I'espece  des  chiens  de  ber- 
gers  :  il  en  fallait  cinq  pour  un  attelage  ordinaire;  on 
en  employait  dix  pour  chaque  traineau  de  bagage,  et 
beaucoup  plus  pour  ceux  du  gouverneur  d'Okotsk  et 
de  son  nouvel  aide-de-camp.  La  fatigue  et  la  faini  en 
firent  bientot  perir  une  grande  partie:  on  manquait  de 
relais  pour  reparer  cette  perte;  les  survivans  ne  suffi- 
saient  plus  qua  un  petit  nonibre  de  traineaux;  etLesseps 
ayant  une  mission  a  remplir,  reconnut  la  necessite  de  se 
separer  dun  long  cortege  qui  n'avancait  qu'avec peine. 
II  ne  garda  que  les  guides  indispensables,  changea  plu- 
sieurs  fois  pour  un  attelage  de  rennes  celui  avec  lequel 
il  etait  parti,  et  dut  employer  plusieurs  mois  pour  par- 
courir  dans  toute  leuv  longueur  le  Kanitcbatka  et  le 
gouvernemeut  d'Okotsk,  pour  se  rendre  a  Yakoutsk, 
remonter  le  cours  de  la  Lena,  et  arriver  a  Irkoutsk, 
situe  dans  le  voisinage  du  lac  Baikal. 

Ce  voyageur  profita  de  son  sejour  dans  les  principaux 
lieux  uu  il  dut  s'arreter,  pour  recueillir  des  informa- 
tions sur  les  differentes  peuplades  repandues  dans  ces 
contrees,sur  les  Kamtcbadales,  les  Koriaks,  les  Ton- 
gouses;  et  il  a  enrichi  de  ces  documens  la  relation  de 
son  voyage.  G'est  ainsi  qu'en  parcourant  les  Ostrogs 
ou  villages  du  Kamtchatka,  il  decrit  la  forme  des  Yoiirtes 
ou  demeures  souterraines  qui  etaient  celles  des  anciens 
habitans,  celles  des  Isbas  ou  cabanes  dont  les  parois 
sont  composees  de  troncs  d'arbres,  coucbes  les  uns  sur 
les  autres  et  entrelaces  par  leurs  extremites,  celles  des 
halagmis  ou  babitations   d'ete,  elevees  a  quelque   dis- 

3. 


C  36.) 
tance  du  sol  sui  iles  poteaux  plaiiles  dans  la  terre. 
Lesseps,  en  peignant  la  maniere  de  vivre  des  Kamt- 
chadales ,  rappelle  que  la  racine  de  sarana  leur  tient 
lieu  de  pain,  qu'ilsconiposent  avec  de  Tail  sauvageleurs 
boissons  fermenlees,  que  la  peclie  des  saumuns,  des 
truites,  du  hareng,  du  loup-marin ,  la  chasse  des  rennes, 
des  argalis,  des  renards,  des  loutres,  des  castors,  des 
niartres  zlbelines,  sont  leuis  principales  occupations, 
lis  ainient,  dans  leurs  danses,  a  imiter  les  niouvenieos 
des  animaux  sauvages  et  ceux  de  Tours  surtout:  ils 
representent  sa  demarche,  ses  jeux,  ses  habitudes,  les 
mouvemens  des  petits  autour  de  leur  mere,  leur  agita- 
tion, leur  defense  quand  le  chasseur  les  poursuit. 

La  description  de  I'etat  physique  du  pays,  de  sa  tem- 
perature, des  tempetes,  des  ouragans  auxquels  11  est 
expose,  des  eaux  ihermales  de  Natschivin,  du  cours 
des  rivieres,  des  phenomenes  de  plusieurs  volcans,  oc- 
cupe  notre  voyageur;  et  souvent  il  niele  a  ces  analyses 
le  recit  de  quelques  evenemens  propres  a  y  repahdre 
plus  d'interet  et  de  variete.  On  pent  citer  an  nombre 
de  ces  aventures  les  plus  romanesques  celles  de  Be- 
niowski,  ancien  olficier  polonais  qui  avail  servi  en 
1 769  sous  les  drapeaux  de  la  confederation  de  Bar :  il  fut 
fait  prisonniei  par  les  Russes,  qui  I'envoyerent  en  Si- 
berie  et  au  Kamtchatka.  On  le  vit  bientot  paraltre  a 
Bolcheresk  a  la  tete  d  une  troupe  d  exiles  :  il  se  procura 
des  armes,  surprit  la  garnison  ct  s'empara  d  un  navire 
a  bord  duquel  il  s'embarqiia.  Les  informations  de  Les- 
seps ne  vont  pas  plus  loin;  mais  nous  lisons  dans  les 
voyages  de  {]ook  que  Beniowski  laissa  dans  les 
lies  Kuriles  une  parlie  des  matelots  russes  de  son 
equipage  ,  et  qu'il  se  rendit  dans  I'ile  de  Lucon  et  en- 
suite  a  Canton  :    la    il  obtint  passage   sur  un   vaisseau 


(  57  ) 
francais  qui  retoiirnait  en  Europe^  il  fat  admis  an  ser- 
vice de  France,  et  en  17741!  gouvernait  I'etablissement 
francais  de  Madagascar. 

Le  voyage  de  Lesseps  a  travers  les  con  trees  que  fre- 
quentent  les  Koriaks  et  les  Tongotises  lui  offre  I'occa- 
sion  de  faire  de  nombreuses  remarques  sur  ces  tribus, 
dont  les  unes  sont  sedentaires,  dont  les  autres  sont 
encore  noniades.  Des  troupeaux  de  rennes  sont  leur 
principale  richesse;  ces  peuples  y  trouvent  leur  nour- 
riture  et  leurs  vetemens  ;  ils  ont  de  coninuins  usages  qui 
tiennent  a  la  similitude  de  leur  situation  dans  I'ordre 
social;  niais  leurs  langues  sont  dift'erentes;  et  Lesseps 
nous  a  donne  un  vocabulaire  comparatif  dune  partie 
des  niotsde  leurs  idiomes. 

A  son  arrivee  a  Okostk ,  il  vit  construire  les  deux 
naviies  que  Ion  destinait  a  Texpedition  du  capitaine 
Billings,  et  il  rencontra,  quelque  temps  apres,  a  Ya- 
koutsk  cet  officier  qui  avait  accoinpagne  Cook  dans  sorr 
troisienie  voyage  et  que  !a  Riissie  avait  ensuite  attache 
a  son  service. 

Le  port  d'Okotsk  etait  alors  destine  aux  principales 
relations  qui  s'etablissaient  avec  la  cote  nord-ouest 
d'Amerique,  pour  la  traite  des  fourrures,  commerce 
important  qui  prenait  de  jour  en  jour  UJie  nouvelle 
extension.  L'origine  et  les  accroissemens  de  ce  negoce 
atiirerent  I'attention  de  Lesseps  ,  et  il  a  repandu  sur  ce 
sujet  d'interessantes  notions  dans  son  ouvrage:  il  yrap- 
pelle  les  progres  successifs  des  Russes  dans  les  ditie- 
rentes  parties  de  la  Siberie,  situees  a  I'orient  de  la  Lena. 
Les  conquerans  n  y  trouvaient  pas  de  fertiles  campagnes 
a  culliver;  mais  lu  decouverte  des  mines  de  la  Siberie 
occidentale  les  excitait  a  elendre  plus  loin  leurs  recher- 
ches  :  ils  etaient  d'ailleurs  attires  par  I'abondance   et  la 


(  38; 
finesse  des  pelleteries  :  on  conimencu  des  echanges ,  on 
constniisit  des  forts ,  on  s'avanca  de  proche  en  proche 
jusqu'a  lii  nier  d'Okotsk  et  jusqu'au  cours  de  I'Anadir. 
L'acquisilion  du  Ramtchatka  vint  augmenter  ce  com- 
merce. Des  lies  inconnuts  furent  occupees;  c'etaient 
au  niidi  les  lies  Kuriles  qui  se  prolongeaient  veis  celles 
du  Japon,  et  a  I'orient  les  iles  Aleutiennes  qui  s'eten- 
daient  vers  la  presqu  ile  d'Alatska.  Un  ancien  plan  nia- 
nuscrit  des  lies  Kuriles  se  trouvait  dans  les  archives 
dOkotsk:  il  fut  commimique  a  Lesseps,  comme  iin 
temoignage  authenlique  des  relations  etablies  depuis 
long-temps  entre  cet  archipel  et  la  cute  d'Asie. 

Le  commerce  de  la  Russie  avec  la  (Miine,  dont  Lesseps 
s'est  occupe  egalement,  remonle  vers  I'annee  1670:  il 
ne  pouvait  se  faire  que  par  caravanes,  et  il  fut  regu- 
larise en  i68y  par  un  premier  traite,  Les  caravanes 
russes  penetraient  d'abord  jusqu'a  Pekin  ,  eiles  se  soul 
depuis  arretees  sui"  les  frontieres.  Pour  donnerau  com- 
merce des  deux  etats  plus  d'importance,  Lesseps  jugeait 
qu'i!  serait  utile  a  la  Russie  de  faire  partir  d'Okotsk  ou 
du  Kamtchtka  des  navires  qui  allassenl  dlrectement 
faire  leurs  echanges  a  Canton  ou  a  Macao. 

Les  observations  que  Lesseps  recueillit  a  Irkoustk  sur 
les  communications  des  deux  empires  sont  les  derniers 
developpemens  auxquels  il  se  soit  arrete  dans  sa  re- 
lation. En  partant  de  cette  ville  il  ne  cliercha  plus  qu'a 
poursuivre  son  voyage  avec  rapidite:  un  service  de 
poste  etait  etabli;  on  en  avail  remis  la  charge  a  des 
exiles,  qui  etaient  tenus  de  pourvoii-  chaque  station  du 
nombre  de  chevaux  necessaires ;  et  Lesseps  remarqua 
plusieurs  fois  la  severite  avec  laquelle  on  punissait  les 
inoindres  infractions  de  ces  bannis.  Il  en  renconlra 
plusieurs  detacheniens,  conduits  par  des  escortes  mili- 


(  ^9) 
taires  jusqu'aux  lieux  de  leur  exil :  on   les  distribuait 
sur  differens  points  de  la  Siberie,  pour  les  y  attacher 
au  travail  des  mines  ou  a  d'autres  penibles  emplois. 

Lesseps  avait  a  parcourir  six  mille  verstes  (quinze 
cents  lieues),  pour  se  rendre  d'likoutsk  a  Saint-Peters- 
bourg.  II  fit  ce  voyage  en  quarante-deux  jours,  en  se 
dirigeant  par  les  steppes  de  Barabinskoi ,  par  la  ville 
de  Tomsk  dont  un  Francais,  nomme  De  Villeneuve, 
etait  alors  commandant,  par  Tobolsk  qui  venait  d'etre 
la  proie  d'un  incendle,  par  Yecatherinbourg  dans  le 
voisinage  de  laquelle  sont  des  mines  d'or,  par  Casan, 
Makarietf,  Nijeney-Novogorod  et  Moscou.  Toute  cette 
partie  de  la  route  a  travers  la  Siberie  occidentale  et  la 
Russie  d'Europe  avait  deja  ete  decrite  par  plusieurs 
voyageurs,  et  Lesseps  s'est  borne  a  renvoyer  le  lecteur 
a  leurs  relations ,  surtoul  a  celle  de  Pallas :  il  etait 
impatient  de  revoir  sa  patrie,  et  il  arriva  de  Saint-Pe- 
tersbourg  a  Versailles  le  ly  oclobre  1788.  Le  nieme 
jourilfutpresenteau  roi  par  leoomte  de  La  Luzerne,  qui 
etait  aiors  luinistre  et  secretaire  d  elat  de  la  marine,  et 
Louis  XVI  I'accueillit  avec  un  interet  d'autant  plus  vit 
que  ce  prince  avait  lui-meme  trace  les  instructions  de 
La  Perouse  :  il  donna  au  jeune  voyageur  un  temoignage 
de  sabienveillance,  en  le  nomjuaut  consul  de  France  a 
Cronstadt. 

Peu  de  temps  apres  son  retour  en  Europe,  on  y  ap- 
prit  la  fin  deplorable  de  M.  de  Langle  et  deonze  autres 
personnes  de  cette  expedition  (jui  ffirent  massacrees 
conime  lui,  U;  11  dccenibre  1787,  (tar  les  sauvages  do 
rile  de  Maouna  qui  fait  partie  de  larcbipcl  des  Naviga- 
teurs.  Get  ot'ficier  distingue  avait  eu  pour  Lesseps 
I'atfection  d'un  pere:  une  semblable  perte  lui  inspira 
de  profonds  regrets. 

C'elait  lo  second  desastre  de  I'fxpeditioti  de  La  Pe- 


(  4o  ) 

rouse.  Los  uouvelles  tjue  I'on  recut  tie  lui  etaiont  adres- 
sees  de  Jiotaiiy-lJay ,  sons  la  date  du  26  Janvier  1788;  et 
depuis  CO  temps  il  s'etendil  un  long,  un  eternel  silence 
sur  ses  navigations  ulterieiires  :  le  temps  et  la  mort  ont 
lout  devore :  nous  n'avons  recueilli  que  quarante  ans 
apres,par  le  capitaine  Dillon  ,  et  par  M.  Dumont-Dur- 
ville,  notre  honorable  collegue,  les  derniers  vesliges  de 
son  nautrage  dans  1  lie  de  \  anicoro. 

Nous  nous  sommes  arreles  long-temps  aux  voyages 
qui  signalerent  la  jeunesse  de  M.  de  Lesseps,  parco 
qu  ils  interessent  plus  specialement  la  Societe  de  geo- 
graphic, et 'qu  ils  sont  devenus  ,  suivant  le  temoignage 
de  I'auteur  lui-nieme,  I'epoque  la  plus  memorable  de  sa 
vie.  Depuis  son  retour  en  Europe,  il  parcourut  la  ear- 
riere  consulaire,  et  il  y  fut  quelquetois  trouble  par 
les  o rages  de  la  revolution  ou  par  les  vicissitudes  de  la 
guerre.  Devenu  gendre  du  venerable  Ruffin,  1  un  de 
nos  plus  savans  orientalistes  et  de  nos  agens  les  plus 
recommandables,  il  le  suivit  a  Constantinople,  et  il  y 
partagea  les  dangers  de  nos  conipatriotes,  pendant  la 
duree  de  notre  expedition  d'Egypte.  Ses  f'onctions  de 
consul-general  en  Russie  furent  suspendues  deux  I'ois, 
par  la  rupture  de  1807  et  par  celie  de  1812;  et  il  lut 
nomme  en  181 5  consul-general  aLisbonne,  ou  il  remplit 
egalenient,  dans  des  circonstances  difficiles,  les  hono- 
rables  f'onctions  de  chaise  d  affaires. 

Les  connaissances  de  M.  de  Lesseps  le  mirent  tou- 
jours  a  la  hauteur  de  ses  eniplois  :  les  agremens  de  son 
esprit  et  la  bonte  de  son  ca>ur  le  firent  rechercher  :  son 
caraclere  fut  noble,  et  sa  conduite  honora  le  nom  fraii- 
cais.  Estime  de  son  gouvernement,  ainie  dans  les  pays 
ou  il  residait,  il  emporte  les  regrets  des  hommes  de 
bien  ,  et  la  consideration  pul)lique  s'attachca  sa  me- 
moire. 


(  4i  ) 


EXTRAIT 


DE    DEUX    I.ETTKES    ADRESSEES    A    lA    SOCIETE    DE 
GEOGRAPHIE     PAR     M.     PALLEGOIX, 

Missionnaire  francais  ii  Siam- 


Bangkok  ,  capitale  de  Siani,  le  2  Janvier  i832. 

Messieurs, 

J'ai  lecu  avec  satisfaction  et  reconnaissance  la  lettro 
que  la  Societe  m'a  fait  Ihonneur  de  m'adresser  le  8 
juin  i83o. 

Puisque  vous  daignez  m'adniettre  au  nomhre  de  vos 
correspondans,  je  niettrai  tout  le  zele  possible  a  vous 
etrede  quelque  utilite. 

Je  vous  prie  de  m'adresser  quelques  questions  sur  les 
objets  dont  vous  desirez  le  plus  avoir  connaissance  lou- 
chant  les  contrees  que  j'ai  a  parcourir  ,  c'est-a-dire  le 
royaume  de  Siam ,  et  les  cinq  petitsetats  Laociens  tribu- 
taires  de  Siam. 

A  peine  vient-il  ici  chaque  annee  un  navire  de  Syn- 
capor,  et  ce  royaume  reste  plonge  dans  la  plus  crasse 
ignorance. 

Je  prie  la  Societe  de  me  procurer  une  carte  de  Siam, 
la  meilleure  qu'elle  puisse  trouver,  afin  que  dans  mes 
frequens  voyages  je  puisse  decouvrir  si  vos  cartes  indi- 
quent juste  la  direction  du  fleuve,  des  rivieres,  et  des 
montagnes;  car  je  vois  des  erreurs  extremes  dans  celles 
que  j'ai  apportees  moi-meme. 

Je  prends  la  liberte  de  vous  envover  un  itineraire  de 
sept  journees  de  chemin  en  remontant  le  fleuve  Menam 


(  4a  ) 
a  paitir  de  Juthia   (donl  le  vrai  nom  est  Outhaja    qui 
signifielleu  de  delices ,  jardin  delicieux). 

Depourvii  comme  je  le  suis  d'instrumens,  je  n'ai  pas 
pu  mettre  dans  I'observation  et  le  calcul  des  distances 
une  justesse  mathematique. 


Si  Outhaja  (Juthia),  le  i"aout  i833. 

Messieurs, 

Je  vous  ecrivis  en  i832  pour  reniercier  la  Societe  de 
ce  qu'elle  avait  daigne  m'admettre  au  nondjre  de  ses 
correspondans;  cette  annee-ci,  je  vousecris  denouveau 
non  pas  encore  pour  vous  envoyer  mes  notes,  qui  sont 
trop  en  desordre,  niais  pour  vous  donner  avis  de  mes 
travaux  et  vous  deniander  s'ils  vous  seront  agreables. 

1°  Je  compose  un  diclionnaire  sianiois  et  une  gram- 
mairede  cette  langue.  J'ai  deja  recueilli  vingt  mille  mots; 
neanmoins  ce  ne  sera  que  dans  trois  ou  quatre  ans  que 
je  serai  a  nienie  de  vous  I'offrir; 

2°  Mon  minisiere  m'appelant  niainlenant  au  Laos,  je 
lerai  le  nieme  travail  sur  la  langue  laocienne,  qui,  du 
reste,  a  presque  tous  le^  mots  siamois  avec  quelque 
alteration  et  une  prononciation  differente; 

3"  Je  fais  aussi  un  vocabulaire  de  la  langue  liAli, 
langue  sacree  des  Siamois  ; 

4°  J'ai  recueilli  un  bon  nombre  de  livres  elementaires 
de  ces  trois  langues,  qnej'aurai  I'lionneur  de  vous  fairc 
passer  avec  les  dictionnaires  et  gramniaires  ; 

5"  Je  compose  peu-a-peu  une  sorte  de  tableau  physi- 
que, moral  et  politique  des  pays  que  je  parcours  ;  mais 
comme  c'est  un  ouvrage  de  plusieurs  annees ,  j'ignore 
quand  il  sera  en  etat  de  vous  ctre  offort ;  car  ce  ne  sera 


(  43  ) 
qu'apies  avoii'  ninri  et  corxigemes  notes,  que  je  pouinii 
las  livrer  a  votre  curiosite; 

6"  Le  Laos  est  un  pays  inconnu  en  Europe;  or,  je  suis 
sur  le  point  d'y  penetrer,  et  nion  intention  estd'allerau 
moins  jusqu'a  P'ieng  Channe  (i)  situee  sur  le  fleuve  du 
Gamboge,  saccagee  par  les  Siamois  en  1828,  el  fort  nial 
designee  dans  nos  cartes  sous  le  nom  de  Langtcliang. 
Vieng  Channe  veut  dire  ville  royale  de  ia  Luiie.  II  ne 
faut  pas  croire  que  ce  soit  la  capitale  de  tout  le  Laos. 
D'apres  les  renseignemens  tires  des  Laociens  amenes  en 
caplivite  a  Siam  et  etablis  a  la  partie  est  du  royaume,  le 
Laos  est  un  compose  de  huit  ou^dix  petits  etats  qui  re- 
levant tons ,  les  uns  de  Siam  les  autres  de  Cochinchine. 
Vieng  Channe  est  I'etat  le  plus  considerable  de  tous, 
niais  les  autres  etats  ne  dependent  pas  de  lui  et  lui- 
nieme  depend  du  roi  de  Siam.  La  nation  laocienne  se 
divise  comme  en  trois  tribusPhoung  Khao  ;[ventre  blanc) 
Phoung  dam  (ventre  noir)  Phoung  Khio  (ventre  vert). 
La  i"  ne  se  tatoue  pas,  la  a*'  se  tatoue  en  noir,  et  la 
troisieme  en  vert.  Chaque  tribu  a  son  dialecte;  nialgre 
ceia  les  trois  tribus  peuvent  s'entendre  mutuellement. 
Le  caractere  des  Laociens  est  tres  doux,  tres  hospitalier. 
On  a  ecrit  jadis  qu'il  n'y  avait  pas  de  voleur  parmieux; 
cela  pouvaitetre  alors  :  car  le  roi  de  Vieng  Channe  pu- 
nissait  de  mort  les  vols  les  plus  legers;  niais  depuis,  ses 
sujets,  pousses  peut-etre  par  I'extrememiserejse  sontmis 
a  voler  comme  les  autres  peuplades  qui  I'avoisinent.  Je 
pourrais  vous  donner  d'assez  longs  details  sur  eux  , 
puisquej'y  ai  deja  fait  trois  voyages,  mais  je  crains  en- 
core qu'il  ne  m'echappe  quelques  erreurs. 

(i)  II  faut  pronoiicer  le  cA  comme //,  mais  tres  adouci  :   channe  y 
prononcez  tianne. 


(  U  ) 

Itineraire  dc  Juthia   a  Xainat  (Janvier  i83i),  en  re- 
montant le  grandjleuve  appelc Menain[Mere  des  eanx). 

N'ayant  pas  d'aulre  instrument  qii'une  boussole,  je 
me  contenlai  de  noter  les  contours  du  Heuve,  et  surtout 
leur  direction,  le  plus  exactement  que  je  pus.  Je  com- 
mence I'itineraire  a  la  sortie  meme  de  Juthia  ,  en  re- 
montant la  principale  branche  du  fleuve. 

Direction 
du  fleuve- 

O.O.N.  Uue  lieue  environ.  Alors  on  voit  un  petit 
bras  du  fleuve  a  droite,  dont  nous  retrou- 
verons  I'ouverture  iin  peu  plus  haut. 

O.  Un  quart  de  lieue.  Les  deux  bords  du  (leuve 

garnis  de  bambous  et  parsemes  de  cabanes 
isolees. 

O.  0.  N.  Un  quart  de  lieue.  Vue  flimnienses  cani- 
pagnes. 

O.  1/2  N.     Un  quart  de  lieue. 

O.  O.  N.  Un  demi-quart  de  lieue.  Village  appele  Tuk- 
Farang,  c'est-a-dire  Edifice  europeen.  11  pii- 
rait  qu  il  y  avait  la  autrefois  un  village  clue- 
lien  ,  compose  en  partie  d'Europeens. 

N.  O.  Un  demi-quart  de  lieue.  Village  appele  Ma- 

hapbram  ,  c'est-a-dire  Grand-Brachniane. 
La  sont  les  mines  d'un  grand  college  fonde 
par  les  eveques  francais  etablis  a  Juthia. 

O.  O.  N.  Un  quart  de  lieue.  La ,  a  gauche,  s'ouvre  un 
gros  bras  du  fleuve  qui  va  s'y  rejoindre  a 
six  lieues  au-dessous  de  Juthia.  La  aussi  le 
fleuve  forme  une  petite  ile  d'envirou  cent 
toisos  dc  longueur. 


N. 

0. 

N. 

N. 

0. 

N. 

N. 

E. 

N.E. 

(45) 

N.  N.  O.  line  demi-lieue.  Petit  bras  qui  remonte  a 
droite.  On  \  voit  un  village  chinois  appele 
Ban-Houa-Taphan. 

N.N.O.  1^2  O.  Trois  quarts  de  lieue.  A  droite,  villages 
siamois.  Urie  douane.  Campagnes  de  riz.  Les 
bords  du  lleuve  s'elevent  insensiblement. 
On  commence  a  trouver  ca  et  la  des  bancs 
de  sable  ou  les  barques  ont  de  la  peine  a 
passer  a  cause  du  pen  d'eau. 
Un  quart  de  lieue. 

Un  quart  de  lieue.  A  droite,  Ban-N6n  (vil- 
lage des  vers). 

Un  demi-quart  de  lieue.  Ca^janes  isolees. 
Un  demi-quart  de  lieue.  Cabanes  isolees  a 
droite   et   a  gauclie.    Le    fleuve    borde    de 
bambous. 
Une  demi-lieue. 
Un  quart  de  lieue.  Petite  ile. 
Une  demi-lieue.  A  droite,  village  ;  a  gauche, 
petit  bras  du  fleuve  courant  au  midi. 
Une  demi-lieue. 

Une  demi-lieue.  A  droite,  petit  bras  qui 
court  vers  Jutliia. 

Un  demi-quart  de  lieue.  Gros  bras  qui  re- 
monte a  droite. 

Un  quart  de  lieue.  A  gauche,  petit  bras  qui 
remonte  a  la  ville  nommee  Hang-Thong. 
Campagnes  de  riz. 

N.  E.  Un  demi-quart  de  lieue. 

N.  N.  E.       Un  quart  et  demi  de  lieue.  Cabanes  a  droite 
et  a  gauche. 

E.  Un  demi-quart  de  lieue. 

N.  Une  demi-lieue. 


0. 

N. 

N. 

0. 

N. 

0. 

N. 

N. 

N. 

0. 

N. 

N. 

0. 

(46) 

N.  N.  E.  Un  quart  de  lieue.  Petit  bras  a  gauclie  coii- 
rant  au  S.-O. 

N.  N.  O.      Un  quart  de  lieue.- 

O.  O.  N.      Une  demi-lieue. 

N.  Un  quart  et  demi  de  lieue. 

N.  N.  O.  Une  derai-lieue.  A  droite,  hras  du  fleuve  qui 
renionte  au  nord,  Cahanes  isole'es.  Point  de 
bambous.  Village  garni  dune  espece  de  ro- 
seau  grele  et  fort  eleve. 

N.N.i^aO.  Une  demi-lieue. 

N.N.0. 122  N.  Trois  quarts  de  lieue.  Nombreuses  ca- 
banes  a  droite  et  a  gauche. 

N.  N.  O.  Trois  quarts  de  lieue.  Ville  appelee  Hang- 
thong  (queue  d'or);  elle  n'a  guere  que 
i,5oo  habitans,  mais  c'est  le  siege  dun 
gouverneur  assez  puissant.  Depuis  Juthia  a 
cette  ville,  les  rivages  se  sont  eleves  insen- 
siblement  d'environ  lo  pieds  de  hauteur. 
Le  terrain  y  est  tres  sablonneux,  et  on  n'y 
trouve  d'argile  qu'a  la  profondeur  dune 
vingtaine  de  pieds.  A  I'extremite  de  la  ville, 
a  gauche,  est  un  petit  bras  qui  remonte,  dit- 
on.  jusqu'a  Xainat  (dont  j'aurai  a  parler). 

N.  E.  Un  quart  de  lieue.  Banc  de  sable.  A  gauche, 

pagode  remarquable  par  une  superbe  plan- 
tation de  manguiers  bien  alignes,  chose  in- 
finiment  rare  a  Siam.  A  I'extremite  du  con- 
tour, a  droite,  Bang-Kco (village du  verre), 
compose  de  pres  de  cent  families  chinoises 
et  dix  families  siamuises.  Ce  village  est  sur 
une  pointe  de  terre  terminee  par  un  im- 
mense banc  de  sable.  A  droite,  passe  le 
village,    gros   bras    qui    court   au   midi   et 


(  47  ) 
rentre  dans  le  fleuve  a  Juthia.  Plantations 
ds  Cannes  a  sucre. 

N.  N.  O.  Une  demi-lieue.  A  droite,  Ban-Horn  (village 
odoriferant).  L;i  et  dans  les  villages  voisins. 
on  cultive  beaucoup  de  Cannes  a  sucre,  dont 
on  evapore  le  sue  qu'on  reduit  en  petits 
gateaux  ronds. 

N.  E.  Un  quart  de  lieue. 

N.  Une   demi-lieue    a   gauche,  village    appele 

Talat-Krout  (marche  des  cailloux).  A  droite, 
village  appele  Tou-Pho  (village  des  peu- 
pliers). 

N.  N.  O.      Trois  quarts  de  lieue. 

N.  N.  E.  Une  demi-lieue,  A  gauche ,  village  des  Cail- 
loux. Cast  la  que  les  bancs  de  sable  com- 
mencent  a  devenir  des  bancs  de  cailloux. 
La  aussi,  les  rivages  eleves  sont  converts  de 
broussailles ,  et  on  ne  jouit  plus  que  tres 
rarement  de  la  belle  vue  des  campagnes  de 
riz.  On  remarque  aussi  ca  et  la,  dans  les 
plaines ,  d'antiques  palraiers  comme  jetes 
au  hasard  et  sans  alignement. 

N.  Trois  quarts  de  lieue.  A  droite^  petit  bras 

presque  a  sec.  Village  du  Chat  et  du  Croco- 
dile qui  se  battent. 
Un  quart  de  lieue.  Cabanes  disseminees  sur 
les  rives. 

Une  demi-lieue.  Village  du  Crocodile  qui 
pousse  des  cris. 

Une  demi-lieue.  Nombreux  villages  malais. 
Une  demi-lieue  un  quart.  He  de  200  toises 
de  longueur  environ. 

N.  Un  quart  de  lieue. 


N. 

E. 

N. 

N. 

N. 

0. 

N. 

0. 

(  48) 

JN.  O.  Un  tiers  de  lieiie. 

N.  N.  O.       Une  demi-lieue.  A  gauche,  villnge  siamois. 

N.  E.  Trois  quarts  de  lieue.  Bras  presque  a  sec  a 

droite. 

N.  N.  E.      Une  denii-lieue. 

N.  O.  Un  quart  de  lieue.  Les  rivages  conimencent 

a  etre  garnis  d'arbustes  et  bambous  sau- 
vages, 

N.  N.  E.  Un  quart  de  lieue. Village  du  Sable ;  a  gauche, 
village  du  Betel.  Le  fleuve  tres  profond , 
etroit  et  tres  poissonneux.  Beaucoup  de 
crocodiles.  Pays  presque  inculte. 

N.  N.  O.      Un  tiers  de  lieue. 

N.  E.  Trois  quarts  de  lieue.  Vue  claire  d'une  chaine 

de  montagnes  situees  a  I'E.  et  qui  court 
N.  E.  Leur  distance  estimee  approxiniative- 
ment  a  huit  lieues.  Montant  sur  le  rivage, 
on  apercoit  pen  de  champs  de  riz,  mais  une 
quantite  de  petits  bois  formes  seulement 
d'arbustes  epineux. 

N.  O.  Une  demi-lieue.  Village  de  I'Eau  rapide. 

N.  Trois  quarts  de  lieue.  La  on  rencontre  une 

ville  laocienne,  batie  sur  les  ruines  dune 
ancienne  ville  sianioise  appelee  Muang- 
Phrom  ( ville  des  Archanges ).  J'ai  visite  ces 
ruines,  qui  ne  consistent  qu'en  quelques 
pagodes  et  une  longue  enceinte  carree  dun 
mur  qui  est  detruit.  Ces  Laociens,  amenes 
en  captivile  au  nombre  d  environ  deux 
mille,  out  un  gouverneur  qui  leur  fait 
labriquer  de  la  chaux  pour  le  service  du 
roi  de  Siam.  Une  chose  qui  decele  les  uioeurs 
douces    et  hospitalieres   de   ces  Laociens , 


N. 

N. 

0. 

N. 

N. 

E. 

0. 

0. 

N. 

O. 

O. 

N. 

N. 

0. 

N. 

N. 

E. 

(  49  ) 
cest  qu'ils  ont  fait  un   ladeau  muni  dun 
loit  et  amarre  au  bord  du  fleuve  pour  servir 
d'asile  aux    voyageurs,  exeniple    peut-etre 
unique  dans  tout  le  royaume  de  Siam. 
Un  tiers  de  lieue. 

Una  demi-lieue.  Cabanes  isolees  et  beaucoup 
plus  rares. 

Trois  quarts  de  lieue.  A  gauche,  village 
Tete  du  desert  (commencement  du  desert), 
Trois  quarts  de  lieue;  on  voit  deja  les  traces 
du  tigre  sur  le  rivage ;  vastes  forets  a  gauche. 
Un  quart  de  lieue. 
line  demi-lieue,  village  pegouan. 
Une  demi-lieue;  a  droite  le  fleuve  forme  une 
branche  qui  court  au  sud-est  et  vient  se  re- 
unir  a  lui  a  I'extremite  sud  de  Juthia.  Un  peu 
au-dessus  de  cet  embranchement  est  une 
petite  ville  appelee  Embouchure  du  village 
des  Jujubiers;  la  se  trouve  une  grande  fa- 
brique  d'aralc,  il  y  a  un  mandarin  chinois 
pour  gouverneur,  et  la  population,  presque 
toute  chinoisc,  pent  se  monter  a  deux  mille 
ames. 

N.  N.  O.      Trois  quarts  de  lieue.  Desert.  Bambous  sau- 
vages. 

N.  O.  Un  quart  de  lieue.    \ 

N.  Un  tiers  de  lieue.       I    Presque  inhabite. 

O.  O.  N.      Un  quart  de  lieue.    (    Bambous  sauvases. 

O.  Un  tiers  de  lieue.      j 

N.  N-  O.       Une  demi-lieue;  village  desBuffles. 

N.  O.  Trois  quarts  de  lieue ;  cabanes  isolees. 

N.  Une  demi-lieue;  village  de  I'Asyle,    a  droite 

et  a  gauche. 


(5o) 

N.  N.  O.      Trois  quarts  de  lieue.  Campagnesde  Riz. 

N.  N.  O.      lln  tiers  de  lieue. 

O.  Tin  quart  de  lieue. 

N.  N.  O.  Uue  demi  lieue.  Rivage  eleve.  Le  terrain 
change  d'aspect,  il  est  niele  de  grains  de 
mine  de  fer  en  quaniite. 

N.  N.  O.       Un  tiers  de  lieue.  Desert. 

N.  O.  Une  denii-lieue.  Le  fleuve  fort  etroit  et  par- 

seme  de  bancs  de  cailloux.  La  commence 
une ville  appelee  Muang-In  (vilie  des  prin- 
resdesanges)  laocienne  et  siamoise,  dune 
longueur  interminable,  luais  composee  de 
cabanes  assez  clairsemees.  On  evalue  le 
nombre  des  Laociens  a  mille,  et  celui  des 
Cbinois  et  des  Siamois  a  deux  mille.  II  y  a  la 
un  mandarin  siauiois.  lis  sent  laboureurs  et 
cultivent  aussi  le  betel  et  le  cotonnier.  Le 
fleuve  y  est  extremement  poissonneux  :  dans 
un  certain  cndroit,  il  est  si  rapide  que  ma 
petite  barque  a  trois  grandes  rames  ne  pou- 
vait  pas  monter. 

N.  Une  demi-lieue.  Immense  banc  de  sable.  Le 

vrai  lit  du  fleuve  tres  resserre,  ay  ant  tout 
au  plus  vingl  pieds  de  largeur. 

N.  N.  O.       Trois  quarts  de  lieue.  Suite  de  Muang-In , 
parlie  Siamoise  j  deux  petites  iles. 

N.  Une  demi-lieue.  Suite  de  Muang-In  ;  partie 

Laocienne. 
N.  N.  E.       Un  quart  de  lieue.  Suite  de  Muang-In  j  partio 

Laocienne. 
N.  N.  O.      Trois  quarts  de  lieue.  Desert. 
N.  1/2  O.     Une  demi-lieue.  Absolument  desert.  Croco- 


(  51) 

diles  uoiubreux  clans  le  fleuve.  Sinsos  ('^ 
paons  sur  le  rivage. 

N.  O.  Tiois   quarts   de   lieue.  Arbres   charges  de 

gros  pelicans  qui  nagent  par  troupes  sur  le 
fleuve  sans  presque  senfuira  Tapproclie  du 
voyageur.  Desert. 

N.  N.  E.       Un  quart  de  lieue.  Quelques  cabaneseparses. 

O.  Une  demi-lieue.  De'sert.  Bambous  sauvaees. 

N.  Trois  quarts  de  lieue.  Le  fleuve  rapide.  Banc 

de  sable.  Dun  coup  de  filet  nous  prenons 
un  crocodile  qui  nous  echappe.  Le  poisson 
est  si  abondant  qu'il  saute  dans  ma  barque. 

N.  N.  O.  Une  demi-lieue.  Village  du  Cheval  a  droite. 
Grande  plantation  de  bananiers. 

N.  Trois  quarts  de  lieue.  Desert.    Aspect  sau- 

vage  des  rives. 

N.  N.  O.  Un  tiers  de  lieue.  Commencent  les  erands 
arbres  des  hautes  forets.  Arbres  resineux 
d'un  port  magnifique  dont  on  tire  une  es- 
pece  de  vernis  inconnu  en  Europe. 

O.  O.  N.  Une  demi-lieue.  Village  des  cotonniers 
(arbres) ;  jignore  le  nom  de  ce  grand  arbre 
qui,  presque  sans  feuillage,  porte  une  quan- 
tite  de  grosses  gousses  remplies  d'un  duvet 
fort  semblable  au  coton ,  mais  inferieur  a 
celui  du  cotonnier  arbuste.  A  eauche.villajre 
des  Trois-Rois  situe  presqu'au  pied  de  l:i 
premiere  colline  qu'on  rencontre  et  qui 
termine  la  grande  plaine  de  Siam  que  j'es- 
time  avoir  einquante  lieues  de  longueur 
et  quarante  dans  sa  plus  grande  largeur. 
La  colline  des  Trois-Rois  est  bien  boisee  et 
c'est    dans  les    forets    des    environs    qu  on 

4- 


(  5.  ) 
tabiiquf  avec  Li  resine  dcs  gros  arbres  les 
torches  dont    on    se    sert  ici  en  guise  dc 
chandelles. 

N.O.  1I2  IN.Trois  quarts  de  lieiie.  Rivages  deserts. 

N.  N.  O.       Un  tiers  de  lieue. 

N.  Una  demi-lieue.  On  commence  a  rencontrer 

de  petites  roches  dans  le  lit  du  fleuve,  et 
le  terrain  de  la  rive  est  presque  tout  com- 
pose de  globides  ferrugineux. 

N.  O.  Une  lieue ;  village  des  Cannes  a  sucre,  a  gau- 

che. L'inondation  annuelle  et  qu'on  peut 
appeler  generate  n'arrive  pas  ordinairement 
jusqu'a  ces  terres  elevees,non  plus  qu'aux 
autres  villages  en  montant  vers  le  nord  ; 
il  arrive  cependant  cerlaines  annees  que 
des  pluies  extraordinaires  occasionnent 
des  inondations  passageres,  quoique  le 
rivage  ait  plus  de  quarante  pieds  an  dessus 
du  niveau  ordinaire  du  fleuve. 

O.  O.  N.       Trois  quarts  de  lieue ;  village  a  droite  et  a 
gauche. 

N.  O.  Une  demi-lieue.  Rivages  droits  et  escarpe's, 

mines  par  la  violence  des  eaux  dans  lasai- 
son  des  pluies. 

S.  O.  Trois  quarts  de  lieue.  Vue  d'une  multitude 

de  collines  eloignees  du  fleuve  d  environ 
qnatre  lieues. 

O.  line  demi-lieue;  village  a  gauche,  cabanes 

eparses ,  rivages  rocailleux,  bancs  de  cail- 
loux. 

S.  Un  tiers  de  lieue;  desert. 

O.  Une  demi-lieue;  desert. 

N.O.  1/2  N. Trois  quarts  de    lieue.  La  commence  une 


(  53  ) 
ville  appelee  Xai-Nat  (riva;;es  niaguifiques 
ou    majestueux) ;   les   habitaus  fabriquent 
des  torches,  cultivent  le  betel  et  le  riz.  II 
y  a  un  mandarin  ou  gouverneur. 
N.  O.  Una  demi-lieue.  Suite  de  la  ville  de  Xai-Nat 

des  deux  cotes  du  tleuve.  J'evalue  les  habi- 
tans  tout  au  plus  a  i,5oo,  Siaiuois ,  Chi- 
nois ,  Laociens.  A  I'extreniite  de  la  ville, 
grande  pagode  royale  antique,  decoree  de 
figures  et  statues  fort  curieuses.  Un  peu 
au  dessus  de  la  ville,  a  gauche,  debouche 
dans  le  fleuve  un  canal  sablonneux  que  je 
trouvai  a  sec.  Sa  direction  est  au  N.  O.  et 
il  va  aboutir  de  nouveau  au  fleuve  a  I'en- 
droit  ou  se  trouve  une  ville  appelee  La- 
khonne  Savan  (comedie  du  ciel).  Un  peu 
au  dessus  de  Xai-Nat,  est  une  ville  chinoise 
appelee  Tha  Soiing  (c'est-a-dire  rive  haute) 
ou  sontetablies  des  forges  dirigees  par  les 
Chinois.  On  y  travaille  le  far  quon  fouille 
dans  les  environs  et  quon  y  transporte  a 
dos  de  buffla  et  d'elephant.  J  aurais  voulu 
pousser  ma  course  a  plus  de  douze  jour- 
nees  au  nordjmais  mes  conductaurs,  aux- 
quels  une  si  longue  promenade  etait  biefi 
loin  de  faire  plaisir,  prirent  le  parti  de  se 
dire  malades;  et  a  mon  grand  regret,  il  me 
fallut  redescendre  ce  fleuve  que  j'aurais 
desire  suivre  jusqu'a  sa  source  s'il  ni'eAt 
ete  possible. 


(54) 
ITINERAIRE 

DE    LA    CA.NEE    A    CAJVDIE    PAR    RETUI.MO, 
ET    DE   CANDIE  A    LA    CaNEE  , 

Eu  revenant  par  Gortyue,  les  monast^res  d'Assomatos  , 
d'Arcadi  et  Retliimo. 


Get  itin^raire  serait  un  des  plus  utiles  a  ravancement  de  la  geo- 
graphic, si  le  vojageuryvait  pu  iadiquer,  comnn;  dans  le  precedent, 
a  la  suite  des  distances  observees  avec  tant  de  soin ,  les  differentes 
aires  de  vent  de  la  boussole.  C'est  un  regret  que  nous  devons  expri- 
mer  ici ,  aOn  que  I'auteur  et  ceux  qui  nous  adresseront  comme  lui 
des  documens  puissent  nous  les  envoyer  encore  plus  complets.  Nean- 
moins,  nous  devons  beaucoup  remercier  I'auteur  du  zfele  qu'il  a 
montr^  dans  cette  description  detaillee  de  la  route  qu'il  a  faite.  II 
serait  .i  desirer  que  notre  recueil  fut  rempli  de  renseignemens  de 
cette  nature. 

Nous  avons  cherche  a  reproduire  ici  le  texte  m^me  afln  de  ne  pas 
changer  la  valeur  des  expressions. 


De  la  Canee  aux  Salines,  fond  du  golfe  de  la 
Sude,  toujours  en  plaine.(i)  45 

On  cotoie  la  mer,  on  arrive  aupres  d'une  tour.  3o 

On  suit  une  chaussee  venitieiine ,  on  rencontre 
encore  deux  tours ,  on  arrive  a  unefontaine.  4^ 

(A  5  minutes  de  la,  on  est  pres  d'une  qua- 
trieme /o//7-;on  dorainela  rade.  i5  minutes  apres 
on  perd  la  rade  ou  golfe  de  la  Sude  de  vue  ,  et 
on  est  au  haul  de  la  montee  en  5  minutes). 

De  \diJontaine  a  la  fin  de  la  montee.  a 5 


A  reporter.   ....      2    25 


(i)  On  laisse  a  droite  les  jolis  villages  de  Nerocho'i  et  Tziko:l,iria, 
eu  face  des  salines. 


(  55  ) 

ni. 

D^ autre  part 2-25 

(D'ici  on  se  rend  a  un  Paleo-castro  qui  est  a 
gauche  en  allant  a  Rethimo.  On  suppose  que  ce 
sont  les  ruines  de  Minoa. ) 

On  descend,  et  Ton  decouvre  un  tfes  beau 
pays  :  c'est  la  province  d'Jpocorona.  On  ren- 
contre deux  chapelles  dii  inoyen  age,  en  ruines. 

Du  commencement  de  la  descente  a  la  2*  cha- 
pelle.  ^o 

On  est  alors  dans  un  vallon  delicieux  ,  ou  huit 
a  dix  sources  prennent  naissance  sous  les  pas  des 
voyageurs;  quelques-unes  sont  assez  fortes  pour 
faire  aller  un  moulin  a  leur  naissance.  On  a,  a 
drolte,  Pemonia,  Offres{\)\  en  face,  a  environ 
unelieue,  lejoli  village  AeNeo-chorio.  A  une  lieue 
de  Pemonia,  sur  la  droite,  il  existe  un  reste  de 
chdteaufort  nomme  KiUo-mouroiiimWQ  mesures); 
a  gauche,  on  a  Armenous y  Ratzoufriana  ^  et  plus 
Las  Kalives.  (2) 

Pour  traverser  ce  vallon  et  arriver  a  Neo- 
chorio.  4^ 


A  reporter.  ....     3  45 

(i)  Ces  villages,  aiiisi  que  ceux  de  Melidoni  et  Nipos ,  sont  sur  la 
carte  Lapie  evideniment  trop  vers  le  sud. 

(2)  La  carte  presente  ici  des  erreurs  et  des  oublis.  Le  nom  de 
Katzoufriana  est  porte  comme  Caffonpiana  ;  et  aprfes  Arnienoiis ,  elle 
indique  un  autre  village  sous  le  nom  de  Calsnttssina,  qui  n'existe  pas. 
C'est  une  confusion,  et  ce  village,  par  sa  ressemblance  avec  Kat- 
zoufriana, est  sans  doute  le  ni^me.  Vers  la  hauteur,  des  villages  qu'on 
nomme  Givaras ,  Gavalachori ,  Vamos,  ne  sont  pas  indiques.  Vers  la 
mer,  on  a  indique  sous  le  nom  d'£gremnos  un  village  qui  n'existe 
pas.  Egremnos  en  grec  signliie  Champ  sterile ,  ciride. 


(56  ) 

ti.       m. 

D'autre  part 3   4^ 

On  s'engage  dans  an  horrible  cliemin  pier- 
reux,  et  Ion  nionte  (vue  magniGque)  pendant  aS 

On  redescend ,  on  rencontre  un  kandetruit^  et 
Ton  arrive  a  uneyo«?rt<«e  (eau  excellente).  4^ 

Peu  apres  on  traverse  un  misseau.  Le  pays  est 
d'un  fort  joli  aspect,  mais  le  chemin  est  mauvais. 
On  suit  le  ruissean  tout  borde  de  lauriers-roses. 
On  voit  peu  apres  de  tres  jolis  mctoki  ( metairies, 
niaisons  de  canipagne)  sur  la  hauteur  a  droite;  on 
traverse  de  nouveau  le  ruisseuu,  ce  qu'on  fait  plu- 
sieurs  fois.  A  gauche,  on  voit  \es, resins  dun  tres 
grand  mais  tres  ancien  monastere.  On  arrive  au 
moulin. 

Uepuis  la  fontainejusqu'uu  moulin  de  Camara, 
qui  est  sur  la  gauche.  45 

Le  pays  qu'on  decouvre  sur  la  droite  est  tou- 

jours  ravissant;  on  continue  a  voir  Offres,  Meli- 

doni  ^  Nipos.  On  traverse  encore  plusieurs  fois 

le  rulsseau.  A  gauche,  on  voit   les  villages  de 

Calamiti  el  Sopoli{i).  On  arrive  au  chateau  (\e- 

nitien)  d'Armjro,  flanque  de  quatre  tours.  Tout 

pres  est  une  /ontaine ;  mais  elle  manque  d'eau 

pendant  les  mois  de  juillet,  aoiit,  septembre  et 

quelquefois  octobre.   A  cote  de  cette  fontaine 

dont    I'eau    est    excellente,    surgit   une    source 


A  reporter.  ....     5  4^ 

(i)  Ces  deux  villages  ne  soiit  pas  m^nie  indiqucs  sur  la  carte. 
Parmi  les  villages  oublies  sont  PTOfrt/wa,  dibalha  ,  Filipo ,  Mathi  , 
Calanizia  ,  Caridi.  Les  autres ,  quoique  nomm^s ,  ne  sont  pas  toujoiirs 
hien  places  :  c'est  un  defaut  cnnimun  .i  toutes  les  cartes  qui  ne  sonl 
pas  le  resultat  crime  ti  ianguhitio" 


(57  ) 

)i.       m. 

D'autre  part 5   4o 

abondante,  et  qui  tait  aller  un  moulin;  mais  cette 
eau  est  saumatre,  et  elle  purge.  On  trouve,  ici 
un  poste  d'Albanais  et  on  peut  s'y  arreter.  [Ar- 
myro  veut  dire  eau  salee.) 

Du  moulin  de  Camara  a  Arinjro  ( le  chateau)  3o 

On  sedirige  vers  lamer.  YiaX-Afontainek  la  plage.  1 5 

On  longe  la  plage  sur  un  tres  beau  sable,  et 
on  arrive  a  un  pont  casse,  i      i  5 

Pendant  le  trajet,  qui  est  de  la  largeur  du 
golfe  d'Armyro ,  on  traverse  cinq  oii  six  torrens 
qui  vont  se  jeter  dans  la  mer,  et  qui  en  hiver 
sont  tres  dangereux.  On  voit  sur  la  colline  a 
droite,  a  distance  d'environ  une  iieue  ,  plusieurs 
tillages  tels  que  Arcouvena,  Drammia ,  Filaki, 
Castello j  un  peu  au-dela  du  pont  casse,  est 
Episcopi.  (i) 

Du  pont  casse  (ou  Ion  traverse  la  riviere  a 
gue)  a  la  tour  de  Caraca.  au 

11  faut  descendre  de  cheval,  a  cause  du  mau- 
vais  chemin ,  5  minutes  avant  d'arriver  a  cette 
tour,  et  ne  remonter  que  5  minutes  apres. 

On  cotoie  la  mer  par  un  mauvais  chemin,  on 
monte  et  on  descend  plusieurs  fois  ;  apres  avoir 
laisse  deux  tours  a  gauche,  on  arrive,  en  descen- 
dant, sur  le  bord  de  la  merj  on  trouve  la  une 
chapelle  grecque  ruinee,  tout  pres  de  laquelle 
est   un  puits  dont    I'eau,   quoique  a   3o   ou  ^o 

A  reporter 8     » 

(i)  Filaki  est  indique  sur  la  carle  comme  Plaki.  Episcopi,  (|ui  est 
pourtaiit  un  assez  gx-and  village,  est  oinis  ainsi  que  Gaidainputt , 
lUouii ,  Kuliumanero ,  I'li/iti.  —   I'erani  est  sur  la  carte  Reiani. 


(  58  ) 

li.        in. 

D  autre  part 8       » 

pieds  au-dessous  du  niveau  de  la  nier,  est  fort 
bonne. 

De  la  tour  de  Garaca  au  puits.  40 

On  inonte  rapidement;  on  trouve  ensuite  un 
pont  SUV  un  ruisseau  tres  encaissej  peu  apres  on 
decouvre  Rethinw.  3o 

De  la  a  un  autre pont.  25 

Ce  pont  est  encore  plus  encaisse  que  le  pre- 
cedent. II  a  double  rang  d'arches  commele  pont 
du  Gard. 

De  ce  pont  a  Rethimo ,  011  Ton  arrive  en  s>ui- 
vant  la  plage.  5o 

De  la  Canee  a  Relhiino.  10  20 


Nota.  On  ne  peut  guere  aller  coucher  de 
la  Canee  a  Rethimo,  parce  que  les  portes  ne 
s'ouvrent  a  la  Ganee  qu'au  lever  du  soleil  et  se 
ferment  a  Rethimo  des  qu'il  se  couche.  Gomme 
le  chemin  est  feitigant,  il  faut  compter  2  ou  3 
heures  derepos,  cequiferait  i31ieures;  a  moins 
que  les  jours  ne  soient  fort  longs  (on  peut  pour- 
tant  gagner  2  heures  en  allant  bon  train),  il  faut 
coucher  en  route;  alors  on  s'arrete  dans  les  vil- 
lages de  Neo-chorio  ou  d' 0/fri's ;  on  peut  encore 
demander  asile  au  inonastere  de  *** 

De  Rethimo  a  Candie. 

On  suit  le  bord  de  la  mer  sur  le  sable,  ou  Ion 
traverse  le  village  de  PerevoUa,  qui  lui-mcme 
longe  le  rivage.  Jusqu'a  la  fin  du  village.  2 5 

A  reporter «    2;") 


(  59  ) 


m. 


D' autre  part »    25 

On  traverse  une  belle  plaine  marecageuse , 
coupee  de  sept  torrens  qui  se  jettent  dans  la 
mer  et  rendent  cette  route  dangereuse  en  hi- 
ver.  On  rencontre  plusieurs  puits.  La  plaine  est 
riche,  mais  peu  cultivee.  A  gauche  est  la  mer; 
a  droite,  line  colline  sur  laquelle  on  voit  plu- 
'  sieurs  beaux  villages.  Cette  colline  appartient  a 
la  belle  province  de  Milopotamos ,  tres  riche  en 
oliviers.  (i) 

De  la  fin  dePejevolia  jusqu'a  la  fin  de  ]a plaine.      i    35 
On  monte,  et  Ton  traverse  un  joli  pays  agreste, 
ou  Ion  trouve  un  ou  deux  moulins  abandonnes  ; 
on  redescend  dans  un  raui/i  ou  il  y  a  un  torrent.  4o 

On  remonte,  et  quand  on  est  sur  la  hauteur, 
on  decouvre  la  province  de  Mllopotainos ,  dont 
la  vue  est  admirable,  et  ou  les  oliviers  sont 
commeune  foret.  Quand  on  commence  a  redes- 
cendre, il  taut  mettre  pied  a  terre,car  le  terrain 
etant  en  terre  glaise  la  descente  est  tres  niau- 
vaise,  et  les  chevaux  glissent  continuellement. 
On  arrive  a  un  ruisseau  aupres  duquel  est  un 
puits.  5o 

De  ce  puits  au  village  de  Perama.  aS 

A  5  minutes  de  la,  on  traverse  la  riviere  de 
Perama,  aupres  d'un  pont  auquel  il  manque  une 
arche.  Tout  pres  du  pont,  sur  le  bord  de  la  ri- 
viere, on  rencontre  une  fontaine  d'excellente 
eau.  On  traverse  plusieurs  fois  la  m erne  riviere , 

A  reporter '^55 

(i)  Plusieurs  de  ces  villages  nianquerit  sur  la  carte. 


(6o  ) 

b.       m. 

D'autrc  [jtiit 3   55 

et  apres  avoir  tVanchi  une  montagne  on  arrive  au 
joli  village  de  Daphnides. 

De  Perama  a  DapJinides.  i    -j-o 

(Avant  d'etre  a  Daphnides,  sur  la  gauche,  on 
voit  le  village  de  Melidoni ,  aiipres  duquel  se 
trouve  une  grotte  fort  remarquuble  )• 

On  traverse  encore  phisieurs  fois  le  ruisseau, 
et  on  arrive  a  une  iontaine  delicieuse  ombragee 
par  des  platanes.  20 

Pour  monter  de  cette  Fontaine  au  village  de 
Carasso.  (i)  5 

( Si  Ion  ne  veut  pas  coucher  a  Carasso ,  on 
continue  sa  route  en  plaine,  la  niontee  et  la  des- 
cente  de  Carasso  etant  tres  t'aligante.  ) 

Au  sortir  de  Carasso,  forte  descente  (ju'il  est 
prudent  de  taire  a  pied.  i5 

On  traverse  le  torrent  et  on  arrive  a  un  joli 
ruisseau.  2  5 

A  5  minutes  de  la  on  trouve  un  puits.  Ce  pas- 
sage se  nomme  Clep/isinia^  du  uoiu  dun  village 
qui  est  tout  pres,  sur  la  droite,  en  allant  vers 
Candle.  3o 

Un  autre  puits.  A  deux  pas  de  la,  un  joli  ruis- 
seau ombrage  de  beaux  platanes.  Ou  pourrait 
faire  la  une  halte  pour  un  repas;  niais  ces  ruis- 
seaux  n'ont  souvent  point  d'eau  pendant  les  trois 
ou  quatre  mois  d'ete. 

De  ce  ruisseau  a  la  fontaine  de  Cania-Oglou.  4" 

A  reporter 6   00 

(i)  Carasso  est  indiquc  sur  la  carte  cominc  Lassos. 


( 6I ) 

h.        m. 

D' autre  pait 6  3o 

Cette  Fontaine  est  detoutebeaute;  elie  estom- 
bragee  de  beaux  arbres,  et  toujours  fort  abon- 
dante:  c'estdoncla  niellleure  balte  de  la  route. 

De  la  fontaine  au  commencement  de  la  mon- 
tee  qui  conduit  a  Damasta.  5o 

Duree  de  la  montee,  qu'il  faut  faire  en  grande 
partie  a  pied,  car  le  pave  est  de  marbre ;  toute 
la  montasne  etant  une  carriere  de  marbre  blanc 
tres  beau.  20 

De  Damasta,  par  une  horrible  route,  on  ar- 
rive presque  au  sommet  du  mont  Strombolo , 
d'ou  Ton  apercoit  Candle  et  la  pleine  mer.  2    a5 

On  descend  fort  rapidement  le  Strombolo,  et 
on  s'arrete,  pour  faire  souffler  les  chevaux,  a  un 
han  ou  se  trouve  une  bonne  fontaine.  Ce  lieu  se 
nomme  Servili.  (i)  i 

De  Servili  a  Candie,  toujours  en  plaine.  i    3o 

De  Rethimo  a  Candie.  i3   35 

Gomme  on  ne  peut  pas  faire  cette  course  en 
un  jour,  on  peut  coucber  a  Daphnides  ou  a  Ca- 
rasso  ,  meme  a  Clephsinia.  On  pourraitbien  aller 
jusqu'a  Damasta,  mais  c'est  un  village  miserable. 
Quelquefois  on  pousse  jusqu'a  Servili,  etle  len- 
demain  matin  de  bonne  beure  on  est  a  Candie. 

Pour  aller  de  Rethimo  a  Candie,  on  prend 
quelquefois  la  route  de  MeJidoni^  qui  se  trouve 
nvant  d'arrivcr  a  Daphnides.  Dans  ce  cas,  on  tra- 
verse le  joli  village  de  Fhodelcs  ou  Fodetes.  La 
route  nest  pas  plus  longue ,  mais  encore  plus 
mauvaise  que  celle  de  Damasta. 

(i)  Arotede  Servili,  la  carte  indique  un />a!/)//«/Ww  quin'existe  pas. 


( (^^ ) 

De  Candie  au  Lahyrinthe. 

h .       in 

La  route  directe  est  : 

De  Candie  a  Daphnides.  3  3o 

De  Daphnides  a  Aya  Barbain  (  on  ecrit  indif- 

feremineiit  Ajaoxx  hajia,  sainte).  i    55 

D'Aya  Barbara  a  Ayos  Deca  ( les  dix  saints).        2 
D'Ayos  Deca  (voir  ci-apres)  au  Lahyrinthe,  en 

traversant  les  ruines  de  Gortyne.  i    lo 

8   35 


La  route  suivante  quoique  plus  longue,  est 
plus  interessanle.  • 

De  Candie  au  metoki  de  Cnnia-Oglou  (i),  ou 
il  y  a  une  excellente  fontaine.  4o 

Quelques  minutes  apres  on  est  sur  les  ruines 
de  Gnosse,  dont  il  ne  reste  que  quelques  murailles 
de  construction  romaine. 

(On  voit  sur  la  hauteur  a  droite,  un  village 
noninie  par  les  Grecs  Fortessa.  Cest  ce  village 
dont  les  Turcs  ont  ete  niaitres  pendant  presque 
tout  le  siege  de  Candie.) 

Du  metoki  de  Cania-Oglou  a  Macri'dico.  i5 

On  voit  ici  des  grottes  assez  profondes ,  ayant 
servi  a  des  sepultures,  de  Gnosse  sans  doute. 

Embranchement  du  cheniin  qui  conduit  a 
CJiersonese.  i  o 

On  laisse  un  pont  a  gauche,  on  sui<  le  ruis- 
seau  et  on  arrive  a  un  nioulin.  5 


A  reporter i    10 

(i)  Ce  Cania-Oglou  etait  un  des  plus  riches  agas  de  I'ile,  qui  a 
fait  plusieurs  construciions  d'utilite  pubjique. 


(63  ) 


m. 


D' autre  part  ....      i    lo 
Pea  apres  on  traverse  le  ruisseau;  on  laisse  a 
tlroite  un  moulin.  Sur  la  hauteur  a  drdite,  on 
distingue  les  ruines.  On  voit  de  la  I'aqueduc  qui 
conduit  les  eaux  a  Candie.  (i)  lo 

Canipagne  aride  en  montant  pendant  55 

On  descend  jusqu'a  Cato- Archanes  ( has  Ar- 
chanes).  i5 

Commencement  dun  joli  vallon  un  peu  res- 
serre.  On  arrive  a  Archanes,  oii  Ton  recolte  d'ex- 
cellent  vin.  3o 

Jusqu'a  la  fin  du  terrain  cultive.  3o 

On  descend  jusqu'a  une  riviere  ( terrain  sans 
culture)  I 

( Au  milieu  de  la  descente  on  trouve  un  ruis- 


seau.) 


De  la  riviere  a  Kanli-Castel.  (2)  3p 

C'est  une  tres  ancienne  forteresse  qui  entou- 
rait  un  rocher.  H  y  a  des  murs  encore  en  bon 
etat,  et  la  position  de  cette  forteresse ,  d'ou  Ion 
a  une  belle  vue,  est  faite  pour  piquer  la  curiosite. 

Au-dessous  du  fort  est  un  village  a  quelques 
minutes  duquel  il  y  a  une  excellente  fontaine  ou 
Ion  est  Ires  bien  pour  une  halte. 

DeRanli-Gastel  on  arrive  en  descendant  a  une 
riviere.  aS 


A  reporter 5   aS 

(1)  A  3o  minutes  de  la  se  trouve  un  village  nomme  Silainos ,  (|ui 
n'est  pas  indique  dans  la  carte. 

(a)  Kanli-CAsleX ,  qui  signifie  ChAteau  du  sang,  est  indique  sur  la 
carte  conime  Cani-Castel. 


(  64) 

li.       in. 

D'aiUie  part 5   aS 

De  la  riviere  qu'on  traverse,  a  Daphnides.  (i)  35 

De  Daphnides  a  Venerata,  20 

En  descendant,  on  trouve  a  quclques  minutes 
deux  jolies  fontaines  de  bonne  eau, 

De  Venerata  a  Aricniki^^i) ,  qu'on  peut  laisser 
un  peu  sur  la  droite.  20 

La  route  passe  aupres  d'une  eglise  grecque 
detruite ;  on  traverse  un  ruisseau.  5 

On  monte  par  une  route  ennuyeuse  et  aride 
pendant  5o 

On  arrive  a  Ayos-Thomas  (3)  apres  avoir  tra- 
verse un  ruisseau.  20 

Ce  village  est  fort  interessant,  non-seulement 
parlaculturedes  cerises  don  t  on  exporte  pi  usieurs 
bateaux  pour  I'Egypte,  mais  encore  par  sa  po- 
sition. Le  rocher  sur  lequel  etait  situe  le  village 
a  ete  partage  par  un  tremblenient  de  terre,  et 
des  tombeaux  tailles  dans  le  roc  setrouvent  ren- 
verses  ca  et  la.  Us  sont  fort  grands,  et,  quoique 
vides  raaintenant,  leur  forme  est  faite  pour  ex- 
citer les  recherches  des  archeologues. 

D'Ayos-Thomas  a  Megali-Vrissi.  20 

On  arrive  a  un  point  culminant  ou  Ton  aper- 
coit  la  mer  de  Ljbie.  On  distingue  I'llede  Goze.  25 

On  rencontre  nn  puits.  20 

A  reporter 9     » 

(i)  II  y  a  ici  confusion  sur  la  carte.  Ellc  nomme  ce  villnge  Casiel- 
Temenos.  II  y  a  aux  environs  de  Daphnides  plusieurs  villages  qu'elle 
n'indique  pas. 

(2)  Ce  viiliige  n'est  pas  indiqu^  sur  la  carte. 

(3)  /Iron-Thomas  est  noinnu'  snr  la  raite  Caslel-Ilonifacio. 


(65  ) 

)■  IH. 

D^ autre  part t^      . 

On  passe  aupres  dun  cimetiere  turc  dont  on 
ne  voit  le  village  que  5  minutes  apres.  D'ici  on 
decouvre  les  fertiles  plaines  6e  Messara.  Ce  vil- 
lage est  Cato-Moidiana.  (i)  5 

Fontaine  maintenant  sans  eau.  35 

On  laisse  a  gauche  P/-eVe'Aa/m  (2),et  Ion  ariive 
a  une  jolie  Fontaine  (  bonne  eau  ).  20 

On  arrive  a  un  embranchement  de  route  :  a 
droite  on  va  a  Gortyne ,  a  gauche  a  Ayos-Deca. 
La  distance  est  la  meme.  i5 

Si  Ton  va  a  Ayos-Deca ,  on  suit  le  lit  d'un  tor- 
rent, et  si  Ton  va  a  Gortyne,  on  longe  I'aqueduc 
qui  conduisait  les  eaux  a  Gortyne.  Le  torrent  est 
tres  encaisse  et  d'un  effel  tres  pittoresque. 

D' Ayos-Deca  a  Metropoli.  i5 

D' Ayos-Deca  a  Me'tropoli,  la  terre  est  couverte 
de  debris,  et  le  dessin  qu'en  a  donne  Tournefort 
est  encore  exact  :  il  doit  y  avoir  eu  peu  de  chan- 
geniens  dans  ces  ruines.  En  general,  a  quelques 
colonnes  de  granit  pres,  on  ne  trouve  aucun 
vestige  demonumens  helleniques  ;  toutes les  con- 
structions etaient  romaines  ,  c'est-adire  en  bri- 
ques,  pierre  et  ciment.  II  existe  vingt-cinq  ou 
trente  colonnes  de  granit  qu'il  serait  facile  d'em- 
barquer,  si  on  pouvait  les  utiliser  pour  queique 
monument  en  Europe,  a  Ambeloussa.  i5 


A  reporter.   ....    10   45 

(i)  Calo-MotiUuna  et  Panomouliaiia  n'existent   pas   siir  la  carte,  k 
moins  qne  ce  ne  soit  Muglia;  mais  alors  il  est  mal  place. 
(2)  Preveliana  n'est  pas  sur  la  carte. 

5 


(66) 

h.  m. 

D' autre  part lo  45 

D'Amheloussa,  qui  est  un  fort  joli  village,  a 

I'entree  flu  Labyrinthe.  4<* 


Ainsi,  pour  alter  de  Candie  au  Liibyrinthe  en 
visitant  jirchanes,  Kanli-Castel  et  Ayos-Deca, 
on  met  i  r    2 5 


\S Archanes  on  peutaller  a  Ayos  Thomas  sans 
passer  par  Daphnides  quon  laisse  alors  a  droite; 
mais  I'essentiel  est  de  voir  Kanli-Castel. 

On  pent  tres  bien  ooucber  a  Archanes ,  a 
Daphnides,  a  Ayos-Thomas ,  a  AyosDecn  et  a 
Ambeloussa.  Tous  ces  villages  offrent  quelques 
ressources.  Toutefois,  ici  comme  dans  toute  la 
Crete,  it  faut  porter  avec  soi  son  lit  et  une  cair- 
tine  contenant  provisions  ou  du  moins  du  pain, 
et  quelques  usterisiles  de  cuisine.  D'ailleurs,  on 
est  parfaitement  bien  accueilli  partout. 

Si  Ion  veut  aller  par  la  route  dire(;tc,  on  peut 
tres  bien  coucber  a  Ambeloussa  j  le  lendeniain 
de  grand  matin,  voir  le  Labyrinthe  el  relour- 
ner  coucber  a  Candie. 

Le  Labyrinthe  est  a-peu-pres  comme  la  decrit 
Tourncfort;  il  n'y  a  eu  que  peu  d'eboiilemens; 
on  sy  promene  maintenant  sans  ficelle,  parce 
qu'on  a  pour  guide  des  Grecs  qui  ont  fait 
pendant  la  revolution  leur  retraite  de  cette 
caverne. (i) 

(i)  J'ai  trouv6  plusieurs  fois  le  nombre  1700,  qui  est  de  la  niairt 
de  Tournefort;  le  noni  A'Ambriet ,  son  dessiuateur;  les  iioms  de  Sa- 
vary,  Mathieu  Dumas  ,  e'c. ,  et  line  foule  d'autres  indiqiirs  par  Toui'» 
nefort  ou  ccrits  depuis  sa  visile. 


(  f>7  ) 
Du  Lahyrinthe  a  Re'thimo , 

Par  Assomatos  et  Arcadi. 

h.       in. 

D'Ambeloussa  on  prend  la  direction  de  lamer. 
Onlaisse  a  gauche  les  villages  di' Alicani,Bobia[i) 
jusqu'a  une  fontaine  du  village  de  Coperiana  (a).  4o 

Petit  village  de  Mires  (3).  i5 

On  rencontre  \ii  Lethe  ^  mais  on  ne  le  traverse 
pas.  3o 

(De  I'autre  cole,  on  voit  en  face  de  soi  le  vil- 
lage de  Petro-Kephale.') 

On  s'eloigne  un  pen  du  Lethe ,  que  Ion  re- 
trouve  a.  . ..  3o 

On  passe  sous  I'arche  d'un  aqueduc.  5 

3  ou  4  minutes  apres,  on  voit  sur  sa  droite  le 
joli  village  de  F'orous;\A  campagne  est  des  plus 
riches  et  des  plus  belles. 

On  traverse  une  petite  riviere  qui  se  jette  dans 
le  Lethe.  lo 

On  en  traverse  une  autre.  20 

De  I'autre  cote  du  Lethe  on  voit  Aja-Triada,  (4) 
La  plaine  est  magnitique.  De  la  riviere  a  Thibaki.         20 
De  Thibaki,  qui  est  a  peu  de  distance  de  la 
mer,  on  se  dirige  vers  la  monlagne-,  on  trouve 
un  ruisseau.  ao 


A  reporter 3    10 

•  >!' 

(i)  Bobia  n'est  pas  sur  la  carte. 

(2)  Caporiana  est  sur  la  carte  Castel-Nuovo. 

(3)  Mirh  n'est  pas  sur  la  carte. 

(4)  Aya-Triada  ou  Hay^ia-Triadn  ,  qui  en  grec  veut  dire  Sainte- 
Trinite  ,  est  indique  sur  la  carte  comme  HOdyitria.  U  y  a  bien  un  peu 
de  coiiforniite;  mais  cela  prouve  que  les  noms  ont  ele  donnes  par 
des  personnes  ignorant  le  grec. 

5. 


(  es  ) 

li.         ra. 

W autre  part 3    lo 

Un  autre.  25 

On  coinme^ice  a  monter ;  on  arrive  a  Clima[i).  lo 

On  peut  se  rendre  directemenl  d'Ambeloussa 

a  Clima,  et  I'on  abregerait  d'line  heure ;  mais  il 

vaut  mieux  passer  parThibaki,  a  cause  du  beau 

chemin. 

On  arrive  a  la  fin  de  la  monlee.  aS 

En  conimencant  a  descendre,   on    trouve   a 

2  minutes  une  fontaine,    et  a    lo  minutes  une 

autre  plus  abondante. 

Du   commencement  de    la   descente    jusqua 

Salla{i).  1 5 

Fontaine.  3o 

Un  ruisseau  a  la  fin  de  la  descente  (3).  lo 

On  remonte  pendant  lo  minutes  ,  et  on  est  a 

Fasiliako  (4).  lO 

De  Vasiliako  a  Apodoulo  ,  on  Ton  trouve  une 

eau  abondante.  20 

Font.iine.  10 

On  contourne  la  mont  Ida,  qu'on  a  a  droite. 
En  face  du  torrent  qui  descend  de  cette  nion- 

tagne.  35 

On  continue  a  descendre,  et  on   traverse  ce 

torrent,  i5 

On  monte  pendant  quelque  temps,   puis  on 

descend.  Du  torrent  a  la  fin  de  la  descente.  35 

A  reporter 7    10 

(i)  La  carte  indiqtie  la  rivifere  ou  ruisseau  Climaiiana ,  niais  n'in- 
dique  pas  le  village  de  Clima. 

(a)  N'est  pas  iiidique  sur  la  carte. 

(3)  On  voit  le  village  de  Plaiana  .  non  iudique  sur  la  carte. 

(4)  Non  indique  ,  quoique  assea  grand  village. 


(69) 

t>.        m. 

D^ autre  part 710 

On  traverse  un  ruisseau.  3o 

On  arrive  a  f^isari  ou.  Cryo-Vryssi.  5 

On  rencontre  un  ruisseau;  on  le  cotoie  pendant  i5 

On  le  quitte,  et  Ion  parcourt  un  des  plus 
beaux  vallons  de  lile,  tres  boise  et  prodiiisant 
des  fruits  de  toute  espece. 

On  arrive  au  monastere  ^  Assomatos.  5o 

Du  monastere  on  prend,  a  droite,  un  chemin 
escarpe  a  travers  un  bois  de  chataigniers,  pres- 
qne  toujours  montant  et  descendant.  On  trouve 
une  fontaine  dont  on  dit  que  les  eaux  sonl 
bonnes  pour  la  gravelle.  60 

On  descend  jusqu'a  un  ravin,  puis  on  remonte, 
et  on  trouve  une  ^w^^xhe,  fontaine  tres  ombra- 
gee  et  propre  a  une  hake.  3o 

On  continue  a  nionter  pendant  10 

La  on  quitte  le  chemin  ,  et  on  prend  a  droite 
un  sentier  escarpe,  et  Ton  monte  pendant  5 

De  la  (ou  se  trouve  la  fin  de  la  montee)  au 
monastere  ^Jrcadi.  ^5 

Ce  monastere,  dans  une  position  moins  agrea- 
ble  que  celui  d'Assomatos ,  mais  pourtant  fort 
pittoresque,  est  tres  riche.  On  y  trouve  un  loge- 
ment  convenable  et  des  ressources  en  provisions. 
Pour  allerdu  village  d'Ambeloussa  a  Arcadi,  la 
route  est  trop  fatigante  ;  il  vaudrait  mieux  s'ar- 
reter  a  Assomatos.  On  est  passablement  a  Apo- 
doulo,  et  on  peut  s'y  arreter  en  partant  au  mi- 
lieu du  jour  du  Labyrinthe. 


A  reporter 11 


20 


(  7"  ) 

b.       mi 

W autre  pari 1 1    20 

On  descend  d'Arcadi  en  se  dirigeant  vers  le 
noid.  On  traverse  un  pont  sur  un  ruisseau.  10 

On  rencontre  unejbntaiiie  bien  ombragee.  aS 

De  la  fontaine  a  Jmnatos.  i5 

D'Amnatos  a  une  riviere.  55 

On  arrive  a  Pi'gii.  20 

On  cotoieun  ruisseau  qn'on  traverseau  bonl  de  5 

On  rencontre  un  puits.  i5 

On  se  trouve  assez  pres  de  la  nier ;  on  traverse 
deux  on  trois  des  torrens  dont  j'ai  deja  parle 
dans  1  itineraire  de  Rethimo  a  Candie  ,  et  on 
arrive  au  commencement  des  jardins  de  Retliimo 
ou  village  de  Perevolia,  qui  en  grec  signifie  jardin.  aS 

Du  commencement  des  jardins  a  Rethimo^ 
soil  qu'on  suive  la  rue  du  village  ou  la  plage.  aS 

D'Ambeloussa  a  Rethimo  par  Assomatos  et 
Arcadi.  Ji4  35 


En  pai  tant  de  bonne  heure  d'Auibeloussa  ,  on  peut , 
en  faisant  une  petite  halte  a  Tkihaki ,  aller  dejeuner  a 
Apodoulo ,  .  5   35    1 

Et  aller  coucher  au  monastere  iAs-  ^.      8  5o 

somatos.  3    i5    ' 

j;.j<-i  (111  ,-)/ui  ! 
D' Assomatos   on  va  dejeuner  a  Ar-  \ 

cadi.  ^  3o    '      5  45 

Et  on  se  rend,  a  Rctliinw  en  3 


.5  I 


14  35 

Comme  on  arrive  de  bonne  heure  a  Rethimo  ,    on 
peut  en  partir  encore  le  soir,  et  aller  coucher,  soit  a 


(  7'   ) 
Archipopoido  ou  a  Episcopi  ^  le  lendemain  on  se  rend 
a  la  Canee. 

Mais  le  vent  de  terre  soufflant  tons  les  soirs,on  peul 
a  Relhiino,  louer  une   barque  qui  en  quelques  heures  , 
poeiivu   que  la  mer  ne  soit  pas  forte  ,  vous  conduit  au 
fond  du  golfe  de  l.i  Sude.  De  la  a  la  Canee,  ii  faut  une 
henre  el  deniie  a  pied. 

Ou  bien  on  debarque  au'cbateau  de  la  Sude,  et,  en 
se  faisant,  de  la,  porter  au  lazareth ,  qui  est  en  fiice  , 
on  arrive  en  trois  heures,  a  pied,  a  la  Canee  par  le  pays 
pittoresque  de  L' Acrotyri. 


EXPEDITION  MERCANTILE 

DANS    LINTERIEUR     DU     SUD     DE     l'aFBIQUJS. 

(Extrait  du  journal  des  Missions  evangeliques.) 

Un  passage  du  journal  de  Graham  Stown  ,re|)roduit 
par  le  journal  asiatique,  renferme  les  details  suivans  sur 
un  voyage  entrepris  dernierement  dans  I'interieur  de 
I'Afrique  nieridionale,  par  deux  negocians  de  la  villedu 
Cap,  MM.  Humeet  Mallon.  (i) 

lis  quitierent  Lattakou  au  niois  de  juin  i832,  etapres 
avoir  traverse  la  riviere  Lauipoupo,  qui  sejette  dans  la 
bale  de  Delagoa,  a  quelque  distance  plus  loin  que  le 
dernier  point  atteint  par  M.  Whittle,  ilsse  dirigerent  a 
I'ouest,  et  longerent  pendant  neuf  jours  leNacongo, qui 
est  unebrancheduLampoupo.  De  la,  apreshuit  jours  de 

(i)  A  leur  arriv^e  en  Afrique  ,  les  derniers  missionnaires  fran^ais 
partis  pour  ce  pays  ont  eu  une  entrevue  avec  M.  Hume,  et  ont  re<ju 
de  lui  des  renseignemens  precieux  sur  le  pays  qu'il  a  parcouru. 


(7^  ) 
inarche  an  nord ,  ils  atleignireiit  les  JJa-Kass,  tribu  de 
Bechouanas,  et  a  deux  journees  plus  an  nord,  ils  trou- 
verent  les  Manguetos  ,  autre  tribu  de  Bechouanas  ,  habi- 
tant lui  pays  coupe'  par  dc  nombreuses  collines,  posse- 
dant  beaucoup  de  gros  et  de  menu  betail,  et  cultivant 
du  ble  en  abondance.  Arrives  a  ce  point  de  leur  voyage, 
ayant  suspend u  a  midi  un  perpendicule,  ils  trouverent 
que  Touibre  qu'il  projetait  au  nord  etait  presque  imper- 
ceptible ;  d'ou  Ton  pent  inferer  qu'ils  netaient  pas  loin 
du  tropique. 

Apres  avoir  acheve  dans  ce  pays  leur  cargaison  d'i- 
voire,  ils  revinrentsur  leurs  pas ,  en  prenant  la  direction 
sud,  et  arriverent,  apres  seize  journees  de  marche,  a  la 
riviere  du  Loup,  visiteeauparavant  par  M.  Moffat.  Cinq 
jours  apres,  ils  etaient  dans  le  pays  habile  par  le  chef 
Sobiquac,  et  douze  jours  plus  tard  ils  etaient  de  retour 
au  Kourouman.  Les  mceurs  des  tribus  qu'ils  ont  ren- 
contrees  sur  leur  route  sont  en  general  celles  des  Be- 
chouanas. Lepays  est  plat,  couvert  de  bois  et  de  palura- 
ges,  mais  mal  arrose.  Le  gibier  y  abonde,  surtout  les 
girafes,  dont  ces  messieurs  ont  vu  des  centaines  a-la- 
fois.  Ils  ont  trouve  chez  les  Manguetos  (ou  Bamanque- 
tos)  quelques  articles  de  manufacture  portugaise,  que 
les  indigenes  s'etaient  sans  doute  procures  sur  la  cote 
de  Mosambique  ou  a  la  baio  de  Delagoa.  Anciennement 
il  parait  qu'il  se  faisait  un  grand  commerce  d'ivoire 
entre  la  tribu  des  Maloquins  (probablemenl  les  memes 
que  les  Baquins)  et  les  colonies  du  nord  de  la  mer. 


(73  ) 

TROISIKME   SECTION. 

Actes  de  la  Soci^te. 


PHOCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  f\  juillet  i834. 

Le  proces-verbal  de  la  deriiiere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  le  comte  de  Montalivet,  intendant  general  de  la 
liste  civile,  annonce  qu'il  vient  d'autoriser  une  nouvelle 
sottscription  des  Bibliotheques  de  la  couronne  au  Bnl- 
letin  de  la  Societe  ainsi  qua  sou  recueil  de  Voyages  et 
de  Memoires.  La  Commission  vote  des  remercimens  a 
M.  le  comte  de  Montalivet. 

M.  le  docteur  Reumont,  de  Florence,  remercie  la 
Societe,  dont  il  vient  d etre  recu  nricmhre,  et  il  lui  an- 
nonce diverses  communications,  entre  autres  une  notice 
sur  les  nouvelles  publications  geographiques  qui  ont 
paru  en  Toscane. 

M.  Galindo  adresse  de  nouvelles  recherches  choro- 
graphiques  sur  la  province  de  Guatemala  ,  avec  plusieurs 
journaux  mexicains  qui  en  ont  rendu  compte.  Sur  sa 
demande  ,  la  Conmiission  centrale  decide  qu  il  sera  en- 
voye  a  ce  correspondant  plusieurs  numeros  du  Bulletin 
dans  lequel  ont  ete  inseres  ses  premieres  recherches  sur 
les  antiquites  de  Palenque. 

MM.  Vander-Maelen  et  Meisser  adressent  a  la  Societe 
le  Dictionnaire  de  la  province  d'Anvers,  qui  est  le  qua- 
trienie  appartenant  a  la  Description  geographique  de  la 
Belgique;   ils   presentent   en   meme   lemps,    pour  faire 


(  74  ) 
paitie  de  la  Societu,  M.  le  prolesstiir  Perkins,  char"e 
depuis   plusieiirs  annees  de   la  construction  de  la  plus 
grande  partie  des  carles  publiees  a  1  etablissemeni  geo- 
graphique  de  Bruxelles. 

M.  le  lieutenant  Alex.  Durnes  ecrit  de  Londres  pour 
fairehommage  a  laSocieted'un  exemplairedesonVoyaoe 
a  Bokhara,  accompagne  de  la  carte  des  contrees  qu'il  a 
parcourues,  et  sur  laquelle  se  trouve  trace  son  itineraire. 
M.  Eyries  veut  bien  se  charger  de  rendre  compte  de 


cet  ouvrace. 


M.  Beke  ecrit  egalement  de  Londres  pour  faire  hom- 
iiiage  a  la  Societe  d'uri  ouvrage  qu'il  a  publie  sous  le  litre 
de  Origines  hiblicce  or  researches  in  primeval  history.  — 
Renierciniens. 

M.  Eyries  offre  a  la  Societe,  de  la  part  des  auteurs  , 
la  premiere  f'euille  de  la  Carte  selenographique  publico 
par  M31.  Beer  el  Madler.  M.  Coraboeuf  est  priedevou- 
loir  bien  rendre  conipie  de  cette  carte  lorsqu'elle  sera 
terniinee. 

M.  Eyries  otlre  aussi ,  de  la  part  de  niadatne  veuve 
Brue,  deux  carles  de  lAinerique  uieridionale,  1  une  <»n 
qualre  feuilles,  I'autre  en  une  seule.  Ces  cartes, jlont 
M.  Brue  surveillait  la  gravure  au  moment  de  son  deces, 
viennenl  d'etre  lerminees  et  livrees  a  la  publicile. 

M.  Eyries  est  prie  de  transnietUe  a  uiad.inie  veuve 
Brue  les  renierciniens  de  la  Societe  pour  la  remise  de 
ces  iWa-n.  cartes  qui  soiit  recues  avec  un  vif  interet. 

M.  d'Avezac,  en  rendanl  justice  avec  ses  collegues  au 
merile  et  a  la  beaule  des  carles  qui  sont  en  ce  moment 
sous  les  yeux  de  I'assemblee,  ne  peul  se  dispenser  d'y 
relever  hautement  une  parlicularitc  dont  il  vient  d  eire 
frappe  quant  a  la  determination  des  l-imites  communes 
des  Guyanes  francaisc  et  portugaise:  elle  consisle  dans 


(  75  ) 
I'indication  de  ces  liinites  a  1  Oyajjok,  c'est-adire  aussi 
loin  que  les  pretentions  les  moins  juslifiees  des  Poitu- 
gais  se  soient  jamais  avancces.  La  fixation  definitive  des 
liniites  dont  il  s'agit  est,  ii  est  vr.ii,  une  question  diplo- 
matique encore  pendante  ;  niais  elle  est  fondee  sur  une 
question  geographique  qu'il  iniporle  de  poser  netle- 
ment.  Les  derniers  traites  ont  reniis  les  deux  pays  sous 
I'enipire  du  traite  d'Utrecht,  qui  attribuait  au  Portugal 
les  terres  du  Cap  Nord  situees  entre  la  riviere  des  Ama- 
zones  et  celle  de  Japoc  ou  de  Vincent  Pinson,  et  inter- 
disait  aux  Francais  de  depasser  cette  nieme  riviere  de 
Vincent-Pinson.  Or,  nul  geographe  ne  peut  avoir  I'idee 
de  contester  que  la  riviere  de  Vincent-Pinson  la  plus 
septentrionale,  est  celle  que  La  Condamine  a  reconnue 
a  quelques  uiilles  du  Cap  Nord  ,  et  aupres  de  laquelle  il 
existe  une  autre  petite  riviere  portant  le  nom  de  Japoc. 
De  tait,  nous  avons  conserve  jusqu'en  179^  une  mission 
et  nn  poste  niilitaire  au  Macari,  a  la  hauteur  du  Cap 
Nord. 

M.  Eyries  appuie  I'observation  de  M.  d'Avezac  de 
considerations  puisees  dans  I'histoire  des  navigations  de 
Vincent  Pinson  ,  dont  il  a  fait  une  etude  particuliere  ,  ce 
qui  lui  a  donne  Toccasion  d'examineravec  une  attention 
speciale  la  question  qui  vient  d'etre  rappelee. 

M,  Jomard  communique  a  I'assemblee  quelques  de- 
tails qui  lui  sont  parvenus  sur  les  circoiislances  qui  re- 
tardent  ia  publication  des  cartes  du  voyage  du  capitaine 
lloss.  II  depose  sur  le  bureau  une  carle  que  vient  de 
publier  M.  Arrowsmith,  et  sur  laquelle  on  a  indique  en 
petit,  d'apres  des  docuntens  originaux,  les  nouvelles 
decouvertes  du  capitaine  au  nord  de  I'Amerique. 

Le  meme  membre  annonce  que  le  voyage  de  M.  Li- 
nant  dans  I'interieur  de  I'Afrique  orientale  a  ete  differe 


(  76  ) 
jusqu'ici  par  ses  fonctions  tlingenicur  des  canaux  de  la 
Haiile-Egypte,  et  qu'il   va   I'etre   encore    par    le   travail 
important  que  vient  de  lui  cnnlier  le  vice-roi. 

M.  Liiiant  est  charge  du  barrage  qu'on  doit  executer 
a  Ballin  el-Beqreh  (ventre  de  la  vache),  afin  de  sontenir 
le  niveau  du  Nil  a  une  plus  grande  elevation  ,  et  alimen- 
ter  ainsi ,  au  profit  de  lagriculture,  trois  grands  canaux 
dont  la  prise  d'eau  sera  de  ce  cote,  savoir,  un  canal  qui 
traversera  le  Delta  du  sud  au  nord  ,  un  autre  a  I'orient 
de  la  branche  de  Damiette ,  et  le  troisieme  a  I'occident 
de  la  branche  de  Rozette. 

M.  Roux  de  Rochellc  rend  comple  de  I'ouvrage  de 
M.  le  docteur  Guyetant  sur  I'agriculture  et  la  geogra- 
phic physique  du  Jura.  —  Renvoi  de  ce  rapport  au  co- 
mite  du  Bulletin. 

Le  meine  menihre  lit  une  notice  sur  les  voyages  de 
M.  J.-B.  B.irtheleuiy  de  Lesseps,  conipagnon  de  Lape- 
rouse,  mort  recemment  consul  general  de  France  a  Lis- 
bonne. 

La  Commission  centrale  eiitend  avec  interet  la  lecture 
de  cette  notice  ,  et  elle  la  renvoie  au  comite  du  Bulletin. 

Seance  du  i8  Jui/let. 

M.  le  secretaire  donne  lecture  du  procesverbal  de  la 
derniere  seance. 

Ce  proces-verbal  est  adopte  apres  quelque  discussion, 
sauf  revision  dun  paragraphe  auquel  il  parait  conve- 
nable  de  ne  donner  qu'un  moindre  developpement. 

M.  le  commandant  Delcros  ,  nonmie  membre  de  la 
Commission  centrale  a  la  derniere  assemblee  generale  , 
adresse  ses  remercimens  a  la  Societe ,  et  proniet  de  con- 
tribuer  activement  a  ses  travaux. 


(77  ) 

M,  Baradeie  fait  liomniage  a  la  Societe  ,  tant  en  son 
noni  qu'en  celul  de  ses  collaborateurs  ,  des  cinq  pre- 
mieres livraisons  de  la  Collection  des  antiquUes  inexi-: 
caines.  II  demande  qu'un  rapport  soil  fait  a  la  Societe 
sur  cet  ouvrage,  et  qu'elle  veuille  hien  prendre  une  de- 
cision pour  le  prix  relatif  a  la  description  des  mines  de 
Palenque.  II  annonce  en  outre  qu'il  doit  partir  le  pre- 
mier septembre  prochain  avec  une  expedition  coniposee 
de  deux  dessinateurs ,  dun  ingenieur-geographe,  dun 
naturaliste,  etc.  L'expedition  ira  debarquer  dans  le  Yu- 
catan ,  afin  d  explorer  une  ancienne  ville  qui  se  trouve 
a  environ  douze  lieues  de  Meiida;  elle  se  rendra  ensuite 
dans  rile  d'EI-Carmen  ,  a  Palenque  ,  a  Chiapas  ,  Mitia  , 
Xochicalco ,  Tezcuco  et  Mexico.  11  prie  la  Societe'  de 
vouloir  bien  lui  reniettre  une  serie  de  questions  et  des 
instructions  detalllees. 

La  Commission  centrale  adresse  de  vifs  remercimens 
a  M.  Baradere  pour  I'envoi  de  son  interessante  publica- 
tion. M.  Jomard,  deja  cliai'ge  du  rapport  sur  la  premiere 
livraison  ,  est  prie  de  rendre  compte  des  livraisons  sui- 
vantes,  et  de  proposer  des  questions  supplementaires  au 
programme  publie.  Enfin  il  sera  repondu  a  M.  Baradere 
que  la  Commission  regrette  de  ne  pouvoir  decerner  le 
prix  avant  I'assemblee  generale  qui  suivra  le  3i  decembre 
1 835,  epoque  de  I'expiration  du  concours. 

M.  Vaughan,  bibliolhecaire  de  la  Societe  philosophi- 
que  americaine  de  Piiiladelphie ,  envoie  au  noni  de  cette 
Societe  la  troisieme  partie  du  volume  iv  de  ses  Transac- 
tions. —  Remercimens. 

MM.  Albert-Montemont  et  Arlhus  Bertrand  otbent  a 
la  Societe,  le  premier,  la  21"  livraison  de  s,a  Bibliotheque 
universelle  des  voyages ,  dernier  volume  des  Voyages 
autourdii  monde^  compienant  les  relations  des  naviga- 


(  78  ) 
louT!)  I'rancais  till  dix-neuvienie  sitrle,  Baudin,  Freycinct, 
Diiperrey,  Duniont-d'Urville,  Troniclin,  Bougainville 
fils  et  Laplace;  le  second,  les  F'oyages  du  cnpitaine 
Basil  Htill  ^  (le  la  marine  anglaise  ,au  Chili ,  an  Perou  et 
au  Mexique.  —  Remerciniens. 

M.  Joinard  depose  snr  le  bureau  le  proces-verbal  de 
la  premiere  asseniblee  generale  de  la  Societe  ge'ogra- 
phique  de  Berlin  ,  leque!  lui  a  ete  adresse  par  M.  Ritter 
pour  etre  offert  a  la  Societe  de  Paris. 

M.  Roux  de  Rochellc  an  nonce  le  depart  prochain  de 
M.  Codrika ,  consul  de  France  a  Campeche.  II  fait  part 
de  son  desir  d'entrer  en  correspondance  avec  la  Societe, 
et  il  demande  qu'une  serie  de  questions  lui  soit  adressee. 

Le  meme  nienibre  communique  le  denonibrement  de 
la  population  des  provinces  Chiliennes  deValdivia  et  de 
Chiloe,  fait  en  i8!ii.  —  Renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

L'heure  avanceV  ne  permct  pas  dentendre  la  lecture 
de  differenles  communic;uions  de  MM.  Jomard  et 
Warden. 


OUTRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  \jiiiUet  i834. 

Par  M.  Al.  Burnes  :  Travels  into  Bokhaia  being  the 
account  of  a  journey  Jioni  India  to  Cabool^  Tartary  and 
Persia;  also  narrative  of  a  voyage  on  the  Indus  from  the 
sea  to  Lahore  with  /presents  from  the  king  of  Great- 
Britain,  etc.,  in  the  real s  i83i,  ^2  and  33,  by  lieut.  Alex. 
Burnes,  n'itli  an  entirely  new  map ^  etc.  3  vol.  in  8°. 
Loiidres  ,  i834. 

Par  madame  veuve  Brue  :  NouveUe  carte  de  VAme- 
rique  meridionale  et  des  lies  qui  en  dependent .,  dediee  a 


(  79  ) 
lAcadeinie  royale  ties  Sciences  par  A.  Brue.  4  feuilles. 
La  meme  carte  en  nne  feuille. 

Par  MM.  Beer  et  Madler  :  Mnppa  selenographicn  totam 
luncB  hemispfueram  visihilein ,  etc.  —  Premiere  feuille. 
Berlin,  i834. 

Par  M.  Beke  :  Origines  bihlicce  or  Researches  in  prime- 
val history.  Londres,  i834.  Premier  volume. 

Par  MM.  Vander-Maelen  et  Meisser  :  Dictionnaire 
geographique  de  la  province  d'Anvers.  Bruxelles  ,  i834. 
I  vol.  in-H". 

Par  M.  !e  comte  de  Bylandt  :  Resume  preliminaire 
d'une  theorie  des  volcans.  Paris,  i834,  2''  edit. ,  in-8 '. 

Par  M.  d'Urville :  Voyage pittoresque  autour  du  monde , 
3y"  et  38®  livraisons. 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annales  des  Voyages ,  cahier 
de  }uin. 

■    Par  M.  Bajot :  Annales  maritimes  et  coloniales,  cahier 
de juin. 

Par  laSociele  d'agriculture  de  Rouen  :  Sa'^  cahier  de 
Vextrait  de  ses  Travaux. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Numeros  58  el  69  de  /'/«- 
stitut,  el  numeros  12  el  i3  <!e  VEcho  du  monde  savant. 

Seance  du  \%  juillet. 

Par  M.  Baradere  :  Antiquites  mexicaincs.  —  Relation 
des  trois  expeditions  du  capitaine  Dupaix,  ordonnees 
en  i8o5,  i8o6  et  1807,  pour  la  recherche  des  anticpjites 
du  pays,  notamment  celles  de  Mitla  et  de  Palenque  ; 
acconipagne  des  dessius  dc  Castaneda  et  dune  carte  du 
pays  explore,  etc.;  par  MM.  Alex.  Lenoir,  Warden  , 
Farcy,  Baradere  et  de  Saint-Priest.  —  i''«,  2*,  3",  4* 
et  5"  livraisons,  in-folio.  Paris,  i834. 


(  8o  ) 

Par  la  Societe  Philosophique  de  IMjiladelphie  :  le  vo- 
lume IV,  III''  partie  de  la  noiivelle  sene  de  ses  Trans- 
actions. 

Par  M.  Albert-Monteniont  :  Bihliotheque  universellc 
des  voyages,  21^  livr.  ,  dernier  volume  des  Voyages  an- 
tour  du  monde  (Voyages  de  Baudin  ,  Freycinet,  Duper- 
rey,  Dumont-d'Urville ,  Tromelin ,  Bougainville  fils  et 
Laplace). 

Par  M.  Arthus-Bertrand  :  Forage  au  Chili,  auPerou 
et  an  Mexlque  y  pendant  les  annees  1820,  21  et  22  ,  par 
le  capitaine  Basil  Hall.  2  vol.  in-8''. 

Par  M.le  capitaine  d'Urville  :  89,  4o  et  4i'  livraisons 
du  Voyage  pittoresque  autour  du  mondc. 

Par  M.  Morin  :  Correspondance  pour  Vauancement  de 
la  meteorologie  ( 6  menioire  ) ,  i  vol.  in -8". 

Par  M.  Bitter  :  Proces-verbal  de  la premihre  assemblee 
generale  de  la  Societe  geographique  de  Berlin  ( annee 
i833-i834). 

Par  MM.  les  direcleurs  :  I'lnstitut,  numeros  60  et  61, 
et  I' Echo  du  monde  sai>ant,  numeros  i4  et  16. 


BULLETIN 

1)H    LA 

SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 

A  OUT  i83i. 
PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


RELATION 

D^un,  voyage  dans  Vinteriear  de  V Ajrique  septentrional e, 
Par  Hhaggy  Ebn-el-Dyn  cl-Eghouathy. 

(suite). 

NOTICE  SUR  LE  TRACE  GEOGRAPHIQUE 

D  UNE    PARTIE    DE    l'aFRIQUE    SEPTENTRIONALE. 


J'ai  voulu  tenter  une  esquisse  graphique  des'pays  qii'Ebn-el-Dyn 
a  mentionnes  dans  sa  relation;  et  le  besoin  d'assurer  des  bases  a 
I'itineraire  complexe  du  voyagcur  arabe  ni'a  conduit  a  une  investi- 
gation generale  des  eleinens  qui  constituent  le  cahevas  geodesique 
d'une  region  beaucoup  plus  etendue :  je  me  hate  de  declarer  que 
tout  en  prodiiisant  un  nouveau  trace,  purge  de  beaucoup  d'erreurs 
anterieures,  j'apprecie  mieux  que  personnel'insufCsance  d'un  travail 
6tabli  sur  des  donnees  aussi  imparfaites  .  et  que  nul  autant  que  moi 
ne  souhaite  voir  des  dt-terminations  plus  certaines  prendre  la  place 
des  resultats  simplement  approximatifs  auxqnels  j'ai  ete  force  de  me 
borner. 

Le  desir  de  tracer  sur  une  petite  carle  les  itineraires 
donnes   par  Ehn-el-Dyn,  ma   conduit  a   recherclier 

6 


(  82  ) 
quelle  carte  deja  construite  je  pourrais  adopter  pom 
me  servir  de  base;  j'avais  d'abord  jete  les  yeux  surcelle 
de  M.  Lapie,  en  deux  feuilles  (i),  qui  jusqu'alors  etait 
ce  que  Ion  possedait  de  mieux  sur  ces  contrees;  uiais 
bicntot  i!  tut  lithographie,  au  Depot  de  la  guerre,  une 
nouvelle  carte  en  trois  feuilles  (2),  offrant  sous  plu- 
sieurs  rapports  des  ameliorations  a  celle  de  M.  Lapie, 
et  je  me  disposals  a  opter  pour  elle,  lorsqu'un  examen 
plus  attentif  ni'y  fit  renoncer.  Nul,  certes,  n'aura  lidee 
de  contester  lliabilete  des  geograpbes  du  Depot  de  la 
guerre,  et  moi-menie  moins  que  personne,  car  nul 
n'apprecie,  avec  une  conviction  si  profonde,  les  admi- 
ralties cbefs- d'oDuvre  sortis  de  cette  ecole  pratique  de 
geograpbie  positive;  mais  leur  bal)itude  memo  de  n'ern- 
jdoyer  que  les  excellens  materiaux  recueillis  par  lenrs 
propres  operations ,  les  rend  mal  liabiles  a  tirer  parti 
de  mauvais  materiaux;  ici  commence  le  domaine  de  la 
geograpbie  critique,  qui  appelle  a  son  aide,  au  lieu 
des  metbodos  exactes,  les  tatonnemens  d'approxima- 
tlon,  au  lieu  d'une  juste  confiance  dans  les  donnees, 
line  severe  discussion  prealable  de  leur  valeur,  et  pour 
la  combinalson  umluelle  des  documens  emanes  de  di- 
verses  sources,  une  etude  speclale  des  synonymies, 

J'ai  done  sentl  qu'il  me  fldlalt  faire  table  rase  de  tous 
les  travaux  anterieurs ,  et  construire  a  neuf  une  carte 
de  la  region  dont  Ebn-el-Dyn  a  donne  la  notice. 

Les  seuls  itineraires  qu'il  f'ournisse  dune  maniere 
suivie,  condulsent  depuis  El-Agbouatb  jusqua  A'yn-el- 
Ssalahb  du  nord  au  sud ,  puis,  par  embrancbement, 

(i)  Carte  comparee  des  rc-gences  d'Alger  etde  Tunis,  i8a8. 
(4)  Carte  des  possessions  fran^aises  en  Afrique  et  d'une  partie  de 
la  regence  de  Tunis,  i833  (i834). 


(  83  ) 
depuis  El-Qolya'h  jiisqu'a  Ghadames,  tie  I'ouest  a  Test. 
A'ynel-Ssalahh,  Ghatlames  et  la  cote  determinent  done 
a-peii-pres  le  cadre  naturel  de  la  carte;  mais  comnie 
d'une  part  Ghadanies  s'appuie  sur  Tripoli,  et  qu'il  y  a, 
d'autre  part,  interet  a  montrer  la  liaison  de  A'ynel- 
Ssalahh  avec  les  autres  dependances  de  Tempire  de 
Marok,  j'ai  etendu  nion  cadre  a  Test  jusqu'a  Tripoli,  a 
Touest  jusqu  a  rembouchure  du  Ouady  Noun. 

Ne  voulant  donner  qu'une  esquisse  a  petit  point, 
puisque  j'ai  adopte  I'echelle  dun  millimetre  pour  lieue 
ge'ographique  de  20  au  degre(c'est-a-dire  un  5,555,555°), 
et  n'ayant  d'autre  but  que  de  faire  ressortir  les  rapports 
d'ensemble  du  pays  d'Alger,  solt  avec  les  etats  limitro- 
phes,  soit  avec  la  portion  du  desert  qui  en  est  voisine, 
je  n'ai  point  du  me  livrer  a  une  discussion  appro t'ondie 
du  detail  des  cotes,  et  je  me  suis  borne  a  reproduire 
les  travaux  fails  les  plus  recens  et  les  plus  dignes  de 
confiance.  J  ai  dabord  choisi,  pour  canevas  general,  la 
Chart  of  the  Western  dwisioii  of  the  Mediterranean  sen  , 
de  Smyth,  apres  lavoir  i;ollalionnee  avec  celles  de 
Tofino  et  de  Gauthier;  et  sur  ce  canevas  j'ai  simple- 
ment  substitue,  a  certaines  parties  de  cotes,  des  rele- 
vemens  plus  recens  ou  mieux  etudies  :  ainsi,  par  des 
motifs  que  j'ai  exposes  ailleurs  (i),  c'est  a  la  general 
Chart  of  the  hjdrogrnphical  situation  oJ'Sicily,  du  rneme 
Smyth,  que  j'ai  emprunte  le  golfe  de  Hhamamet; 
M.  Falbe  m'a  fourni  les  environs  de  Carthage;  les  rele- 
vemens  edits  de  MM.  Berard  et  Dortet  de  Tessau  m'ont 
servi  pour  le  golfe  de  Qol  et  celui  de  Bougie,  ainsi  que 

(i)  Rapport  verbal  sur  Touvrage  de  M.  Falbe  re.latif.a.,Carthage, 
dans  le  Bulleliu  de  la  Socli-lc  de  Geographie,  deuxieme  seiie,  tome  i, 
page  391. 

6. 


(84  ) 

pour  la  portion  comprise  cntre  Tedlis  et  I'llot  de  Be- 
denj^cl;  et  j'ai  en  outre  puise  dans  leurs  trayaux  inedits 
la  position  de  Scherscliel  et  celle  de  Bone,  ainsi  que 
quelques  autres  qui  n'ont  avec  mon  travail  qu'un  rap- 
port nioins  direct.  A  partir  de  I'llot  aux  Colombes 
(Gezyret-el-PIhanjaai)  jusqu'aux  lies  des  Dja'faryn,  j'ai 
eu  ie  relevenient  du  lieutenant  de  vaisseau  Gamier,  con- 
firme  par  les  operations  plus  etendues  de  MM.  Berard 
et  Dortet  dp  Tessan.  La  carte  de  Marok  du  lieutenant 
Washington,  basee  elle-meme  sur  les  travaux  de  To- 
fino,  de  Badia,  de  Boteler  et  les  siens  propres,  m'a 
donne  la  cote  en-deca  du  detroit  depuis  la  petite  ri- 
viere des  peupliers  (JIamos),  et  au-dela  jusqu'aupres 
de  Santa-Cruz ;  enfin,  j'ai  pris  la  suite,  jusqu'a  la  riviere 
de  Noun,  dans  la  carte  de  Borda. 

J'ai  eu  ainsi  les  positions  suivantes  des  points  de  la 
cote  sur  lesquels  s'appuie  ma  construction  : 

Tripoli 3a"'54'N.   io"5i'E. 

Qabes 33.54  7.44 

Sfaqs 34.44  8.ao 

Mehdyah 35.32  8.47 

Sousah :i5.48  8.21 

HhammSmet 36. 20  8.22 

Tunis 36.46  -j.St 

Bone 36.54  5.26 

Ruines  de  Rusicade 36.53  4.33 

Qol 37.    I  4. 1 1 

Gygel ,...  36. 5o  3.24 

Bougie 36.46  2.44. 

Tedlis 36,55  i.35 

Alger 36.47  0.44E. 

Scherscliel 36.37  o .  1 2  O. 

Caplvi 36.    «  a.    5 

Embouchure  du  Schelif ...  .  36.    3  2.10 

Mostaghdnem 35.5;  2.12 


(  85  ) 

Oraii 35.42  3.    o 

Embouchure  de  la  Tafnay. .    35.19  '.5o 

Taouant 35.    8  4-Ij 

Emhoucliure  dii  Molouyah.  .    35.    7  4- 36 

Cap  Noun 2S.39  I  3. 35 

EniboucliiireduOuady-Noun.28. 17  i3.5i 

Dans  riiUerieur,  les  travaqx  geodesiques  de  la  bri- 
gade topograpliique  d'Alger  m'ont  fouriii  les  detennina- 
lioiis  suivaiUcs  : 

Qolya'h SCABS' N.     o°27E. 

Belydah 86.28  o.3o 

Mehdyah 3G.i4  0,26 

M,  Falbe  m'a  donne 

El-Legem    ( aiicienne  Tliys- 

drus) ..'.....    35.20  8..  27 

Enfin,  j'ai  emprunte  a  Badia,  dont  I'exactitude  a  ete 

verifiee,  sur  Maiok,  par  le  lieutenant  Washington,  les 

positions  ci-apres: 

Ouetchdah. 34"'4i'N.  4°   8' O. 

Tezay 34.10  6.    o 

F(?s    • 34.    6  7.19 

Marok 3i.38  9. 56 

Les  documens  itlnei'aires  qu'il  est  possible  de  ratta- 
cher  a  ces  bases,  conime  elemens  dune  triangulation 
grossiere,  sont  a  distinguer  en  plusieurs  categories  : 
1°  Les  routes  parcournes  et  relevees  par  des  voyageurs 
europeens;  2°  les  voies  romaines,  dont  la  niesure  etait 
officielle,  et  nous  a  ete  transniise  (  non  sans  incerti- 
tudes) par  ritineraire  d'Antonin  et  la  table  Peutinge- 
rienne;  3<^  les  routes  rapportees  en  lieures  de  niarche 
par  les  indigenesj  4°  cclles  qui  nc  sont  mesurees  qu'cn 
journees  4c  clieminj  5°  les  indications  plus  ou  moins 
precises  de  distances  et  de  gisemens  lournies  par  les. 
ecrivains  arabes,  etc. 


(  86  ) 

De  ces  (liverses  categories,  la  premiere  est  evidem- 
ment  celie  a  laquelle  il  y  a  lieu  d'accorder  le  plus  de 
confiiince;  et  Shaw  y  tient  le  premier  rnn^  par  letendue 
des  lignes  qui!  a  suivies  ,  et  qui  Ibrment  trois  groupcs 
en  apparence  indepcndans,  I'un  cntre  Tunis  etQabes, 
le  second  entre  13one  et  Alger,  le  dernier  entre  Alger 
et  les  montagnes  de  Tatcherah.  II  n'est  pas  sans  iiiteret 
de  rapporter  ici  ce  qu'il  dit  lui-menie  de  sa  maniere  de 
voyager  et  dVstimer  sa  route;  voici  ce  que  porte,  a  cet 
egard,  sa  preface  (i)  :  «  Nos  chevaux  et  nos  chameaux 
«  avaient  generalement  iin  pas  uniforme,  les  derniers 
"  faisant  par  lieure  deux  niilles  et  demi,  les  autres  trois 
«  milles  ge'ographiques  de  Go  au  degre.  La  distance  que 
«  nous  avions  purcourue  etait  d'aljord  comptee  en  heu- 
«  res,  puis  reduite  en  milles....  Je  m'arretais  ordinaire- 
«  ment  a  midi  pour  prendre  la  hauteur  meridienne  du 
«  soleil,  et  ohtenir  ainsl  la  latitude,  relevant  tons  les 
«  gisemens  et  directions  de  notre  route  avec  une  bous- 
«  sole  de  poche  ,  dont  je  reconnus  que  la  variation  dtait 
«  alors  (en  172^)  a  Alger  de  14"  et  a  Tunis  de  iG"  vers 
«  I'ouest.  Chaque  soir,  des  que  nous  etions  arrives  a 
«  notre  gite,  j'avais  coutume  d'examincr  a  quelle  lati- 
« tudc  nous  nous  troiivions,  combien  d'heures,  et  dans 
"  quelle  direction  nous  avions  marche  pendant  la  jour- 
«  nee,  en  tenant  exacteinent  conipte  des  sinuosites  et 
n  des  detours  accidentols  que  nous  avions  fails  hors  de 
« la  route  directc.  Quand  notre  cheniln  traversait  des 
'■montagnes  et  des  forets ,  ou  que  les  plaines  etaient 
«  coupees  de  rivieres  (sans  que  des  haies  ,  niurailles  ou 
"  clotures  nous  causassent  du  retard  ou  de  I'embarras) , 
« il  arrivait  souvent  que,  apres  avoir  marche  huit  heu- 

(i)  Travels,  etc.  London,  1757,  page  xjv. 


(  «7  ) 
ores,  cest-a-dire  24  niillos,  je  trouvais,  par  la  metliode 
"  ci-dessus  expose'e,  et  ert  ayant  egard  aux  longitudes 
■<  et  latitudes,  qu'il  ne  tallait  pas  porter  I'estime  aii-dela 
"  de  18  a  20  milles.  » 

Apres  cette  explication  preliminaire,  je  vais  successi- 
venient  reprendre  chacune  des  trois  sections  de  I'iline- 
raire  deShaw,  et  I'assnjetir  au  nouveau  trace  des  cotes 
determine  par  les  derniers  relevemens. 

Comniencons  par  celle  de  Tunis  a  Qabes  en  passant 
par  Qayrouan,  S«beytiialah,  Qaf'ssah  et  Touzer.  Dans 
ce  long  circuit,  la  route  de  Shaw  n'est   liee  a   la  cote 
par  des  communications  transversales  qu'au  seul  point 
de    Qayrouan ,    indique  par    le  voyageur    a   8    lieues 
dans  I'ouest  de  Sousah,  el  a-peu-pres    a  la  meme   di- 
stance au  sud-ouest  d'Ehraqlyah;  sa  carte  lui  assigne 
une  latitude  de  35"  36'   N.,  Sousah  etant  par  35"  39'. 
J'ai  releve  ailleurs  (i)  I'erreur  d'apres  laquelle  les  car- 
tographes  conservent  a  Qayrouan  cette  latitude,  sans 
tenir  compte  du  deplacement  que  doivent  aineuer  les 
corrections  operees  dans   le  trace   du    littoral,   et  j'ai 
refute   la   concordance  admise   par   Shaw   et   d'Anville 
entre  cette  cite  et  le   vicus  Angusti  des  itineraires   re- 
mains. La  carte  du  voyageur  anglais   ne  met  que  bj 
milles  entre  Tunis  et  Qayrouan  5  mais  comme  de  Tunis 
a  Qabes  il  ne  compte  que  i63  milles  au  lieu  de  174  qui 
existent  en  realite  d'apres  les  relevemens  et  les  obser- 
vations moderues,  il  faut  avoir  egard  a  Tinsuffisance 
de  son  echelle,  et  operer  en  consequence  une  correc- 
tion proporlionnelle  sur  toutes  ses  mesures  de  distan- 
ces :les  Sy  milles  indiques  plus  haut  se  traduiront  aiusi 

(i)  Rapport  verbal  sur  I'ouvrage  de  M.  Falbe  relatif  a  Cartilage, 
BiiUetin  de  la  Societe  de  Geographie,  deuxieme  serie,  tome  i,  page  igi- 


(88) 

en  60  milles  an  maximum,  ce  qui  ne  permet  pas  une 
latitude  moindre  de  35"  4G'  pour  Qayrouan  :  et  ce  chif- 
fre  conserve,  a  legard  de  la  latitude  veritable  de  Sou- 
sah,  la  mininie  difference  qui  resultait  aussi  des  obser- 
vations de  Shaw.  Quant  a  la  longitude,  elle  se  deduit 
de  la  distance  sur  Sousah,  qui  est  de  8  lieues  ou  24 
milles  geograpliiques  d'apres  Shaw,  mais  qui  doit  etre 
reduite  a  22  milles  d'apres  les  donnees  de  Leon  et  de 
Marmol,  de  21  a  24  milles  d'apres  Dapper,  a  21  milles 
d'apres  Lacroix;  craployant  la  moyenne  de  22  milles, 
Qayrouan  me  vient  par  7"  55'  E. 

Sobeythalah  est,  toute  correction  faite,  a  58  milles 
de  Qayrouan  d'apres  Shaw,  qui  ne  lui  attribue  qu'une 
difference  en  latitude  de  12'  sur  celle  de  Qayrouan,  et 
la  met  a  100  milles  de  Theny  et  35  milles  d'El-Legem; 
mais  il  faut  tenir  compte  dun  rapprochement  vers  ces 
deux  points,  sollicite  par  les  itineraires  romains  :  il  est, 
en  eftet.  Lien  reconnu  que  Sobeythalah  estidentique  a 
I'ancienne  Suffelula,  Theny  a  I'ancienne  Thenae,  El- 
Legem  a  I'ancienne  Tysdrus.  Or  I'itineraire  d'Antonin, 
dans  la  route  de  Thenaj  a  Theveste,  n'admet  que  io5 
mille  pas  jusqu'a  Suffetula,  c'est-a-dire  84  milles  geo- 
graphiques  au  maximum.  Lc  meme  ilineraire  offre  con- 
stanmient,  dans  les  routes  de  Carthage  a  Suffetula  par 
Adrumetum,  de  Tusdrus  a  Theveste,  de  Theveste  a 
Tusdrus  par  un  autre  chemin,  et  de  Suffetula  a  Clypea, 
une  distance  de  36  mille  pas  enlre  Suffetula  et  Mas- 
clianaj,  et  une  distance  de  18  mille  pas  de  Masclianaj  a 
Aquae  Regiae;  en  tout  54  milles  romains  ou  un  peu 
plus  de  43  milles  geograpliiques"  de  Suffetula  a  Aqua? 
Regiaj;  puis  nous  trouvons  dans  la  table  Peutlngerienne 
une  route  d'Aquic  llegiae  a  Thysdrus  ainsi  marquee  : 


(89) 

Aqua?  legise. 

Terento xvj. 

yEIiac x 

Tliisdro » 

Le  tlernier  chiffre  manque,  niais  I'itineraire  d'Antoniii 
y  supplee  dans  le  fragment  suivant  de  la  seconde  route 
de  Theveste  a  Thysdrus  : 
Aqufe  regiae. 

Gerraaniciana M.  P.  xxiv 

Eiiac xvr 

Tusdro XVIII 

Dans  jEIice  ou  Elicu  on  ne  pent  meconnaitre,  a  Tun 
de  ses  cas  obliques,  un  seul  et  merne  point,  dont  le 
nom,  identique  a  celui  de  la  Jerusalem  romaine,  rappelle 
pareillement  celui  d'^Elius-Verus.  On  ne  saurait  done 
admettre  la  double  lecon  de  la  carte  comparee  de 
M.  Lapie,  qui  transcrit  d'une  part  Achac ,  et  de  I'autre 
Elice^  et  en  fait  deux  mutations  distinctes.  En  suppleant 
done  dans  la  table  Peutingerienne  le  chiffre  xyiii  entre 
^lia  et  Thysdrus,  on  aura  une  distance  totale  de  44 
mille  pas  entre  Aquae  Regioe  et  Thysdrus,  c'est-a-dire 
un  pen  plus  de  35  miiles  geographiques,  en  sorte  qu'il 
faudra  compte-  au  maximum  ^8  i;'2  miiles  geographi- 
ques entre  Suffetula  et  Thysdrus;  or,  en  partant  de  la 
position  assignee  a  El  Legem  parM.  Falbe,  le  concours 
de  cette  derniere  mesure  avec  les  58  miiles  depuis  Qay- 
rouan  ,  amenera  Sobeythalah  par  35°  22'  N.  et  6°  5o'  E., 
a  82  miiles  de  Theny. 

Qafssah  est  placee  a  son  tour,  d'apres  la  route  de 
Shaw,  a  Sy  1/2  miiles  de  Sobrythalah,  avec  une  diffe- 
rence en  latitude  de  54' vers  le  sud ,  et  une  distance 
de  75  miiles  sur  Qabes  ;  mais  un  raccourcissement  est 
pareillement  necessite  sur  cette  distance  par  les  itine- 
raires  remains,   qui  nous  donnent  la  rout<!  de  Capsa  a 


(90  ) 
Tacapas  ,  en  passant  paries  Aquas  Tacapinas  ,  lesquelles 
correspondent  sans  contestation  a  El-Hhamniab.  Si 
Ion  s'en  rapportait  a  litineraire  d'Antonin  ,  tel  qu'il 
nous  est  parvenu,  la  distance  scnihlerait  nieaie  ne 
devoir  etre  que  de  63  niilles  romains  ou  5o  niilles  gtio- 
graphiques  entre  Qafssah  et  El-Hhanimah;  niais  il  y  a 
evideniinent  une  faute  de  copiste  dans  la  serie  des  nonis 
de  lieux,  ainsi  qu'on  sen  peut  assurer  en  coniparant  la 
route  de  Telepte  a  Tacapas  d'Antonin  avcc  cello  do  la 
table  Peutingerienne.  La  premiere  est  ainsi  enoncee  : 

Iter  a  Telepte  Tacapas,       M.  P.   clii.  Sic:  , 

Gemellas xxu 

Gremellas xxv 

Capse xxuii 

Tasarte xxxv 

Aquas  Tacapinas  . . .  xxviii 

Tacapas xvm 

La  seconde  ,  soigneusement  relevee  sur  \ejhc  simile 
de  Scheyb  ,  se  lit  ainsi  : 


Thelepte  colonia. 

Vico  Gemellas xx 

Capsa  colonia xxiiij 

Veresuos xxi'ij 

Tliasarte xix 

Silesua xij 

Aquas xix 

Tacapa xvj 

II  est  evident  que  dans  la  premiere  le  copiste  a  fau 
tivement  ecrit  deux  fois  le  mot  Gemellas  et  a  omis  celui 
dune  mutation  entre  Capsa  et  Tacapas  ;  Capsa  est  ainsi 
eloignee  de  Telepte  de  24  mille  pas  en  trop,  et  rapprochee 
d'autant  de  Tacapas  :  la  distance  de  Capsa  a  Tacapas, 
qui  semblerait  n  etre  marquee  qu  a  81  milles  romains 
par  I'itineraire   d  Antonin  ,  en   resulle  done   en  realite 


(  9'  ) 
a  io5  mille  jias.  La  route  de  la  table  Peutingeiienne 
est  des-lors  la  plus  courte  :  elle  exige,  reduction  faite, 
que  Qafssah  ne  soil  point  a  plus  de  71  niilles  geogra- 
phiques  de  Qabes,  dont  58  r/2  de  Qafssah  a  El-Hliani- 
mah  et  12  1/2  d'EI-Hhanimah  a  Qabes.  Or  El-Hham- 
mah  est  place,  sur  la  carte  de  Shaw,  a  10  niilles  ouest 
de  Qabes ;  dans  un  endroit  de  son  texte  il  donne  4  Heues 
pareillement  a  Touest,  niais  dans  un  autre  endroit  il 
dit  que  c'esl  au  S.  S.  O.  de  Qabes  qu'il  faut  chercher 
les  Aquas  Tacapinas  (i);  Smyth,  dans  sa  carte  du  golt'e 
de  Qabes  marque  le  gisement  S.  O.,  et  je  me  conforme 
a  cette  indication  en  etablissant  El-Hhammah  par  33° 
42'  N.  et  y"  35'  E.  Partant  de  la  avec  les  58  1/2  milles 
qui  doivent  cojicourir  a  Qafssah  avec  les  by  1/2  milles 
venant  de  Sobeythalah,  je  tombe  vers  34"  25'  N.  et 
6"  44'  E. 

Entre  Qafssah  et  Qabes ,  la  route  de  Shaw  fait  un 
coude  vers  Tegewse  et  Toser,  oii  Ion  reconnait  aise- 
ment  Thiges  et  Thusuros  de  la  table  Peutingerienne , 
Teqyous  etTouzer  des  geographes  arabes  (2I 5  Teqyous, 
a  39  milles  de  Qafssah  et  71  milles  d"El-Hhanuuah  ,  tom- 
bera  vers  33°  57'  N.  et  6°  12'  E. ;  et  Touzer,  qui  est  a 
12  milles  S.  O.  de  Teqyous,  viendra  par  33°  49'  N.  et 
60  3'  E. 

Entre  Sobeythalah  et  Qafssah  ,  Shaw  a  visite  Cassa- 
rinequiest  eviderament  El-Qassryn  de  I'Edrysy  (3),  et 
Feriana  ou  le  voyageur  croit  retrouvev  Tancienne 
Telepte  des  iiineraires  romains  ;  cclte  coincidence  me 
parait  exacte,  bien  quelle  ait  ete  repoussee  par  M.  La- 


{i)Shaiv.  1743,  tome  t,  pages  253  et  276. 

(2)  Edrisii  ^/r/ca,  de  Hartmaun,  pages  aSi,  257. 

(3)  Ibidem.,page  aSo. 


(  9'^  ) 
pie.  Ma  construction  amcnc  Feryanali  a  S^o  5,j'  N.  et 
6°  17'  E.,  a  35  oil  36  niilles  geograpliiques  tie  Qafssah, 
ce  qui  repond  a  merveille  aux  44  mille  pas  de  la  table 
Peutingeiienne,  et  aux  45  niille  pas  que  donnera  lili- 
neraire  d'Aiitonin  apres  correcfion  du  double  eniploi  de 
la  mutation  Gemellas. 

Quant  a  El-Qassryn  ,  il  me  vient  par  35"  i3'  N.  et 
6°  27'  E.  De  ce  point  se  dirige  vers  le  N.  N.  O.  uii 
embrancbement  de  route  conduisant  a  Gellah  at  Snaan 
(  probablement  Qala't-El-Atsnyn  ) ,  a  une  distance  de 
48  milles  en  ligne  droite,  et  tondjant  vers  35°  55  N.  et 
5-59  E. 

Avant  de  quitter  I'etat  de  Tunis  ,  je  placerai  ici  qucl- 
quesiignessur  la  position  d'EI-Kef,  dontles  inscriptions 
locales  ont  demontre  lidentite  avec  la  Sicca  Venerea 
des  anciens,  colonic  pbenicienne  sans  doute  d'apres 
le'tymologie  de  Sokout-Benout  que  Selden  a  si  bien  de- 
montree  (1).  Shavr  n'y  est  point  alle,  et  tous  les  rensei- 
gnemens  itineraires  qu'il  rapporte  a  cesujet  lui  veriaient 
du  pere  Francisco  Ximenez,  religieux  espagnol  qui 
avait  fait  plusieurs  voyages  dans  I'interieur  :  il  indiquc 
El-Kef  a  24  lieues  O.  S.  O.  de  Tunis,  puis  il  donne,  sur 
les  distances  et  les  gisemens  mutucls  des  lieux  inter- 
mediaires,  des  details  qui  se  resument  ainsi  : 

Tunis. 

Mezezil-Bab  (Megez-el-Bab).    10  lieues  S.  O. 

Testoure  (Destour) 2     —     O. 

LorJ)uss  (Elorbos) 5     —     O.S.  O. 

Kef(El-Kuf) 5      _     o. 

Mais  on  voit  que  ces  distances  partielles   additionnees 
ne  produisent  que  22  lieues  effectives  ;  il  est  evident,  a 

(i)  De  Diis  Syris,  synt.  2,  chapitre  7;  voir  aussi  le  (juatiiemc  livrc 
des  Rois,  chapitre  xvii,  verset  xxx. 


(93  ) 
ia  seule  inspection  de  la  carte ,  que  cat  itineraire  est 
incomplet ,  et  qu'il  manque  une  mutation  entie  Mege?.- 
el-Bab  et  Destour ;  d'un  autre  cote,  la  combinaison  des 
gisemens  partiels,  au  lieu  de  conduire  O.  S.  O.,  c'est-a- 
dire  O.  22°  3o'  S. ,  donne  une  direction  totale 
O.  3(i  "  S.  et  meme  O.  38°  S.  si  Ion  retablit  la  mutation 
de  Selouqyah  a  2  lieues  S.  S.  O.  de  Megez-  el-Bab. 

Le  relevement  de  la  route  suivie,  en  octobre  i8i5, 
par  le  comte  Camille  Borgia,  de  Tunis  a  Ei-Kel ,  et 
dont  un  caique  ma  ete  obligeamment  communique  par 
M.  Lapie,  lournit  un  document  beaucoup  plus  sur.  II 
donne  a  El-Kef  un  gisementvraiO.  3o°S.;  mais  quant 
aux  distances,  elles  sont  tellement  exagerees,  ou,  en 
d'autres  ternies,  leclielle  qui  les  mesure  est  tellement 
raccourcie,  quelle  marque  4o  lieues  entre  Tunis  etEl- 
Xef;  en  supposant  que  cesoient  meme  des  lieues  de  poste, 
il  en  resulterait  plus  de  28  lieues  geograpliiques ,  ce  qui 
est  encore  trop;  mais  si  Ion  prend  pour  echelle  la  dis- 
tance de  Tunis  a  Megez-el-Bab ,  estimee  10  lieues  par 
Shaw  ,  la  longueur  totale  d  la  route  ne  sera  plus  que 
de  y6  milles,  ce  qui  est  fort  voisin  des  24  lieues  indi- 
quees  plus  liaut;  transportant  I'ilineraire  de  Borgia  sur 
ma  carte d'apres  cette  base,  je  place  Megez-el-Bab  a 
36"  32'  N.  et  7"  1.3'  E.,  Destour  a  36"  27'  N.  et  f  4'  E., 
El-Kef  a  36"  7'  N.  et  6°  25'  E. 

Jen'aborderai  pas  la  discussion  des  itineraires  remains 
qui  pourraient  lier  ces  points  a  ceux  que  j'ai  precedem- 
nient  places;  cette  discussion  est  herissee  de  questions 
trop  ardues  pour  etre  traitees  dune  maniere  transitoire. 
Je  me  bornerai  a  indiquer  plus  loin  une  seule  liaison 
commune. 

J'arrive  a  la  route  de  Shaw  entre  Bone  et  Alger  en 
passantpar  Constantine  ,  Sethyf  etQala'h,  avec  embran 


(94) 
chement  de  ce  dernier  point  sur  Tedlis.  Scs  longitudes 
entre  Alger  et  Bone  offrent  une  difference  de  4"  33' 
tnndis  que  les  observations  les  plus  nouvellcs  portent 
rette  difference  a  4"  4^'  i/^,  equivalant  sur  le  uioyoii 
parallele  de  36°  5o'  N.,  a  aaSmilles  geographiques.  En 
corrigeanl  d'apres  tetle  base  I'echelletrop  restreinte  de 
la  carte  de  Shaw,  on  trouvera  que  son  itineraire  con- 
stale  en  realite  entre  Bone  et  Constantine  une  distance 
de  j3  milies. 

Constantine  est,  de  plus,  rattachee  a  Gygel  par  une 
distance  de  i6  lieues  N.  O.,  dont  5  jusqu'a  Mylah  et  1 1 
ensuitejusqu'a  Gygel,  route  que  Sliawn'a  point  suivie  et 
qui  n'est  des-lors  qu'un  simple  renseignement.  Cette 
ville  est  en  outre  appuyee  sur  les  mines  de  lliisicade , 
dont  la  table  Peutingerienne  indique  la  distance  a  6j 
niilles  roniains,  ou  pres  de  54  niilles  geographiques;  il 
est  vrai  que  d'Anville,  cdrHgeant  cet  itineraire,  a  re- 
tranche  1 5  niilles  sur  la  distance  de  Rusicade  a  Villa- 
Seze,  ce  qui  donne  seulenient  Sa  milies  romains  a  comp- 
ter pour  la  distance  tdlale,  ou  environ  4^  i/^  milies 
geographiques;  niais  Pline  nous  fournit  une  distance 
pluscourte(i), puisqu'il  la  fixe  a  4^^  miHe  pas,  equivalant 
a38  1^2  milies  geographiques  au  plus;  comme  ilestim- 
possible  de  fiiire  cohcourir  en  un  meme  point  les  trois  dis- 
tances sur  Bone,  Gygel  et  Sokaykadah,  je  fais  porter  la 
modification  necessaire  des-lors  a  I'une  des  trois  distan- 
ces, sur  celle  qvti  offre  le  moins  dc  garantie,  celie  siir 
Gygel,  que  je  raccourcis  de  5  milies,  faciles  a  retrouver 
dans  une  brisurea  IMylah.  Constantine  viendraalnsi  par 
SG"  2^'  N;  et  4°  4'  E.  11  f'audrait  nn^me  raprocher  encore 
un  peu  cette  position  de  Sokaykadah  ,   si  Ion  sen  rap- 

(i)  Histoitt  liaturelle,  livi-e  xv,  chapitie  ui. 


(  95  ) 
portait  :iu  dire  de  Leon  ,  qui  ne  tompte  que  35  niilles 
de  I'une  a  I'autre.  Les  renseignemens  fournis  par  les 
indigenes  representent  cette  route  conime  egale  a  celle 
d'Alger  a  Mehdyali,  laquelle  est  de  3;  milles.  Ces  indi- 
cations sont  trop  voisines  de  celle  de  Pline  pour  n  eire 
point  considerees  coninie  une  confirmation. 

Pour  le  dire  en  passant,  la  question  de  la  position  de 
Salda;  et  de  Choba  des  itineraires  roinains,  si  diverse- 
nient  re'solue  par  Shaw  et  par  d'Anville,  trouve,  dans 
les  relevemens  de  MM.  Berard  et  Dortet  de  Tessan ,  des 
elemens  de  solution  qui  coincident  parfaitement  avec 
la  lecon  que  j'ai  adoptee  pour  la  distance  de  Coba  a  Igil- 
gili  dans  la  route  de  Saldie  a  Rusicade ,  d'Antonin  ;  voici 
comment  je  retablis  la  route  entiere  : 

A  Saldis  Russiccade,      M.  P.  ccxvn  (i),  sic: 
Muslubio XXVII     (a) 

Cobll  ....  .  .i  y...  XXVIII 

Igi'g''' xxviri    (3) 

Paccianis xxiv      (4) 

Chullii j_x 

Russiccada i,. 

Coba  devant  se  trouver  ainsi  a  28  mille  pas  d'I<ri|oili, 
c'est-a-direa  22  i;2  milles  geographiques,  au  plus,  de 
Gygel ,  ne  saurait  coincider  avec  Bougie  comme  I'a  ad- 
mis  d'Anville ;  mais  les  liydrographes  francais  ont  releve 
precisement  a  cette  distance  de  marche  effective  le  long 
du  rivage,  aupres   du  petit  mouillage  de  Mansouryah, 

(1)  Variantes:  cxvii,  cccxvui.  La  somme  des  distances  de  la  table 
Peutingerienne  n'est  que  de  2 16  mille  pas,  ainsi :  de  Salda  a  Muslubio, 
xxvj  —  Choba,  xxviij  —  Igilgili,  sxviij  —  Paccianis,  xxiiij  —  Cul- 
lu,  Ix.  —  Rusicade,  i. 

(2)  Variante  :  xxviii. 

(3)  Variantes:  xxvii,  xxxix. 

(4)  Vaiiante ;  xxxv. 


(  9ii  ) 
des  mines  qui  sont  des-lors  evidemment  cclles  de  Cho- 
ba;  puis,  a  pareille  distance  de  ces  premieres  mines,  et 
a  3  niilles  au  sud  de  Bougie,  d'autres  mines  qui  des-lors 
representent  necessairement  Muslubium  ;  et  Saldae,  qui 
est  encore  a  26,  27  ou  28  niille  pas  dans  I'ouest  de  Mus- 
lubium, ne  peut  co'incider  avec  Bougie  comme  I'avait 
etabli  Shaw.  C'est  aux  explorateurs  niodernes  a  retrou- 
ver  les  mines  de  Saldoe  sur  la  cute  a  une  vingtalne  de 
ir.illes  dans  I'ouest  de  Bougie. 

Entre  Constantine  et  Bone ,  Shaw  est  passe  a  Gel- 
niah,  oil  jiliis  exactement  Qalemah,  qui  resulte  de  sa 
route  a  33  milles  de  Bone  et  48  de  Constantine,  c'est- 
a-dire  vers  36"  26'  N.  et  5°  4'  E. 

C'est  par  la  que  la  grande  ligne  de  route  que  je  con- 
stmis  actuellement  se  lie  aux  precedentes  parTeyfasch, 
que  Shaw  place  a  6  lieues  de  Qalemah,  et  qui  s'appuie 
en  outre  sur  Bone;  car  Teyfasch  etant  I'ancienne  Ti- 
pasa  (quoique  Shaw,  par  une  singuliere  transposition  , 
la  fasse  correspondre  a  Teveste),  et  les  mines  de  Tan- 
cienne  Hippone  royale  gisant  noii  loin  au  sud  de  Bone, 
la  table  Peiitingerienne  fournit  entre  ces  deux  points 
une  I'oute  de  43  milles  romains ,  ou  environ  34 1/2  milles 
geographiques  au  maximum.  U  resulte  de  la  combinai- 
son  de  ces  deux  distances,  que  Teyfascli  doitelrc  etabli 
vers  36^  18'  N.  et  5"  25'  E. 

Or  Teyfasch  est  lie,  dune  part  a  Gellah  par  El' 
Gattar,  suivant  les  indications  que  Shaw  a  recueillies, 
et  d'autre  part  a  El-Kef  ou  Sicca-Venerea  au  moyen  de 
I'itineraire  d'Antonin,  qui  fournit  les  distances  de  Ti- 
pasa  a  Naraggara,  puis  de  Naraggara  a  Sicca,  et  qui 
rattache  en  outre  Naraggara  a  Hippone  par  Tagaste. 
Shaw  remarque  expressement  que  El-Gattar  est  une  ville 
ancienne,de  meme  queTagiltqu'il  met  a  3  lieues  N.N.E. 


(  97  ) 
d'El-Gattar.  Or,    si    nous  atlmettons    avec    tl'Anville 
qu'El-Gattar  soit  I'ancienne  Tagora  et  Tagil t  I'ancienne 
Tagaste,  ce  qui  me  parait  toul-a-fait  plausible,  nous  au- 
rons  les  donnees  et  les  resultals  suivans. 

Scliaw  dit  qu'El-Gattar  est  a  8  lieues  de  Teyfasch, 
sans  mention  de  gisement;  et  il  ajoute  que  ce  point  est 
a  5  lieues  N.  N.  O.  de  Gellah ;  mais  an  lieu  de  8  lieues 
on  24  milles  geographiques,  I'itineraire  d'Antonin  n'ad- 
met  que  24  mille  pas(  i )  entre  Tipasa  et  Tagora,  c'est-adire 
environ  ig  milles  geographiques  ,  dont  la  combinaison 
avec  les  5  lieues  N.  N.  O.  de  Gellah  placera  El-Gattar 
vers  36°  p'  N.  et  5°  46'  E. 

La  route  d'Hippoi»e  royale  a  Carthage  ,  de  I'itineraire 

d'Antonin  ,  nous  foinnit  les  distances  suivantes  : 

Hippone  regio. 

Tagaste M.  P.  1,111 

Naraggara.  .  . .  xxv 

Sicca-Veneria.  xxx  (x) 

Les  53  mille  pas,  soit  42  i;2  milles  geographiques  depuis 
les  mines  d'Hippone,  combines  avec  les  3  lieues  N.N. E. 
depuis  El-Gattar,  me  procurent  Tagaste  a  36°  i5'  N.  et 
5"  53'  E. 

La  route  de  Musti  a  Cirta  nous  offre  d'autre  part  les 
distances  ci-apres : 

Sicca.  " 

Naraggara.  ,  . .     M.  P.  xxx 

Thagnra xx 

Tipasa xxlv 

(i)  Une  variante  porte  xxxiv,  mais  elle  est  inadmissible  d'apres  la 
somme  totale  des  distances. 

(2)  L'itineraire  porte  en  cet  endroit  xxxii  sans  variante;  mais  c'est 
le  chiffrexxx  qui  convient  ponr  tiouver  exactement  la  somme  totale; 
et  la  route  de  Musti  a  Ciita  fournit  d'autre  part  le  nomine  3<>,  sans 
variante,  pour   cette  meme  distance. 


(  98  ) 

Nous  avons  done  Naraggara  a  3o  luillc  pas  de  Sicca  , 
20  niille  pas  de  Tagora  ct  25  niille  pas  dc  Tagasto,  ou,en 
dautres  termes,  a  24  niilles  geograpliiques  d'El-Ref,  16 
inilles  d'FJ-Gatlar,  et  20  niilles  deTagilt;  lo  point  (fe 
Qala't  el-Atsiiyn  correspond  precisement  a  cos  trois  dis- 
tances, ct  representc  par  consequent  I'ancienne  Narag- 
gara, liant  ainsi  les  deux  grandes  lignes  de  route  de 
Shaw  tant  entre  elles  qu'avec  la  route  du  comic  Borgia. 

Poursuivons  avec  Shaw  la  route  qu'il  a  parcourue  de 
Constantine  a  Alger.  Sethyf  n'y  etant  appuye  que  sur 
Constantine  etCallah  (Qala'h),  il  faut  placer  d'ahord  ce 
dernier  point,  qui  se  trouve  rattache  a-la-fois,  par  un 
reseau  commun ,  a  Alger  et  a  Tedlis.  Les  distances, 
corrections  faites,  sont  :  d'Alger  a  Qala'h,  72  millesjde 
Tedlis  a  Qala'h,  4^>  niilles  ;  de  Qala'h  a  Sethyf,  4;") niilles; 
et  enfin  de  Sethyt  a  Constantine,  56  niilles;  ce  qui  me 
donne  Qala'h  par  TiG"  16'  N.  et  2''  5' E. ,  Sethyf  par 
36"  3'  N.  et  2°  59'  E. 

La  route,  entre  Sethyf  et  Qala'h,  passe  par  Sydy- 
Mobarek  et  Megenah ,  qui  tomberont,  le  premier  par 
35"  57'  N.  et  2»  3i'  E. ,  le  second  par  36°  o'  N.  et  2°  19'E. 

Le  texte  du  voyageur  conticnt  en  outre  divers  ren- 
seignemens  sur  la  position  de  quelques  points  notables 
plus  avances  dans  I'interieU'T,  et  qui  s'appuient ,  par  des 
distances  ct  des  giscniens,  sur  Sydy-Mobarek ,  Sethyt 
et  Constantine  :  en  relevant  soigneusenient  les  indica- 
tions qui  peuvent  concourir  a  une  triangulation  gros- 
siere,  on  trouve,  d'une  part,  El-Mcsylah  a  9  lieues 
S.  S.  O.  de  Sydy  Mobarek ,  puis  Emdoukhal  (plus  cor- 
rectement  Modakhan  ,  ren/iime)  a  i6  lieues  S.  O.  d'El- 
Mesylah,  ce  qui  produit,  en  ligne  droite,  une  distance 
totale  de  64  milles  S.  S.  E.  D'autre  part,  une  serie  de 
distances  et  giscniens  conduit  de  Constantine  a  Moda- 


(99) 
khan  en  allant  d'abord  h  Tattubt,  8  lleiies  S.  S.  O. ;  puis 
a  Omoley-Sinab ,  4  lieiies  S.  O. ;  ce  point  a,  d'un  cote, 
Zainah  a  4  lieues  O. ,  et  de  I'autre,  Medraschem  a  une 
lieue,  dans  lest  suivant  le  texte,  dans  le  sud  suivant  la 
carte;   de  ce  dernier  endroit,  on  a   12    lieues  jusqu'a 
Tliobnah,qui  est  en  nienie  temps  a  10  lieues  de  Zainah; 
enfm,  de  la  a  Modakhan,  y  lieues  S.  S.  O. ;  la  construc- 
tion de  ces  indications  partielles  procure  une  distance 
totale  de  92  milles  dans  une  direction  a-peu-pres  S.S.  O. 
1/2  O.  Ces  deux  lignes  ,  de  64  milles  sur  Sydi  Mobarek, 
et  de  92  milles  sur  Constantino,  determinent  la  position 
de  Modakhan  par  35"  i'  N.   et  3°  9'  E.  El-Mesylah  se 
trouve  en  meme  temps  portee  vers  35°  3o'N.  et  2"22'E.j 
a  43  milles  de  Sethyf,  ce    qui  s'accorde  avec  les  deux 
journees  que  Abou  O'bayd  el-Bekry  (i)  met   entre   ces 
deux  villes  en  passant  par  Ghadyr,  ou  sont  les  sources 
de  la  riviere  Scheher  qui  passe  a  El-Mesylah. 

Zainah,  liee  d'une  part  a  la  ligne  de  Constantine  h. 
Modakhan ,  se  rattache  d'un  autre  cote  a  Sethyf  par  une 
distance  de  8  lieues  dont  la  direction  est  N.  N.  O.  d'a- 
pres  !e  texte  de  Shaw,  O.  N.  O.  d'apres  sa  carte ,  ce  qui 
cadre  mieux  avec  les  autres  dijnnees;  d'apres  ces  condi- 
tions, je  place  Zainah  vers  35°  5i'  N.  et  3°  a5'  E.,  et 
Thobnah  vers  35°  22'  N.  et  3'  16'  E.  a  44  milles  d'El- 
Mesylah,  ce  qui  correspond  aux  deux  journees  comptees 
par  I'Edrysy  pourcette  distance,  ainsi  qu'aux  trois  jour- 
nees enoncees  par  le  Bekry.  (2) 

Tattubt,  qui  viendra  par  35°  58'  N.  et  3°  54'  E. ,  ne 
saurait  etre  le  Tadutti  d'Antonin  comme  la  cru  Shaw, 
et  M.  Lapie  apres  lui ;  car  Zainah  etant  Diana  ainsi  que 
le  demontrent  les  inscriptions  locales  ,  on  ne  pent  cher- 

(1)  Bchrr,  pngc  100. 

(2)  Edrysy,  page  ■).'\/\ ;  nikry,  page  i6i. 


(  ««o  ) 

cher  Tiidiilti  qu'a  une  distance  dc  iGniille  pas  on  environ 
1 3  niilles  <^t'<)grapirK{Uos  an  niaximum,  taiidis  qn'il  y  en 
a  24  jiisqu'a  Tattubt. 

A.  iin  pen  molns  de  9  lieiies  dans  lest  d"Kl-Mesylah 
Shaw  place  las  Geouani  el-Mugvah ,  qui  rappellenl  la 
ville  de  Maqqarah  qne  I'Edrisy  (i)  met  a  une  journee 
deThobnah,  et  que  d'Anville  identifie  au  Maori  d'An- 
tonin.  Quanta  El-Mesylah,  c'est  une  ville  moderne  qui 
ne  saurait  represcnter  Zndi  ainsi  que  I'a  cru  iVI.  Lapie; 
niais  il  existe,  a  pea  de  distance  ,  des  mines  quipeuvent 
recevoir  celle  application. 

Entre  El-Mesylah  et  Maqqarah  s  etciid  la  plaine  a  la- 
(juelle  Shaw  donne  le  noni  de  Ilulhnah,  et  danslaquelle 
il  place  A'yn  el-Kelb.  Cette  dei-nicre  denomination  me 
parait  otfrir  la  veritable  lecon  du  mot  que  M.  Quatremere 
a  hi  A'yn  el-Katan  dans  le  Bekry  ('2)  ;  quant  a  Ilutlmah , 
c'est  evidemment  le  district  d'Adnah  (peut-etre  mieux 
Adznali)«(lu  Bekry,  ainsi  appele  d'apres  une  ville  de- 
truite  par  les  TThamoudytes,  au  ilixienie  siecle.  Dans  le 
triangle  forme  par  El-Mesylah,  Ghadyr  et  Maqqarah, 
doit  se  trouver  le  chateau  d'Abou-Tawil,  que  M.  Qua- 
tremere (3)  a  raison  de  conslderer  comme  Identique  au 
Qala't-B('ny-Ilhammad  du  Nouayry,  mentionne  egale- 
ment  sous  ce  nom  par  I'Edrysy,  qui  I'indique  a  12  milles 
d'El-Mesylah  J  le  Bekry  designe  tour-a-tour  les  trois 
villcs  qui  forment  cc  triangle ,  comme  derniere  etape 
pour  arrlver  a  Abou-Taouayl  (4^  :  j'attribue  en  conse- 
quence a  ce  point  une  position  conjecturale  de  35"  34' 


(1)  rage  aJ6. 

(2)  Page  160. 

(3)  Notes  siippltnientaircs,  page  517.8. 

(,',)  Behj,  pages  70,  74,  80,  —  Edrysf,  pages  210,  21a. 


(    loi    ) 

N.   et  1"   '5y'  E. ,  qui   ne  pent  etic  biei:  eloignee  de  ia 
verite. 

Bien  que  la  double  lignequi,  sur  les  carles  de  Shaw, 
indique  son   itiueraiie,   ne  soit   point  tiacee  jusqu  au 
Boi'oj  Hanizah ,    appele    aussi  Sour   el-Ghozlan,    nous 
avons  cependant  la  certitude  qu  il  y  estallejcar,  outre 
les  inscriptions  qu'il  y  a  copiees  ,  et  qui  prouveiU  que  ce 
lieu  est  I'ancienne  Auza  des  itineraires  roniains  ,  il   est 
consigne  dans  le  journal  de  route  de  Hebenstroit,  qu'ils 
se    Irouvaient  ensemble  en   ce  lieu  ,  appele   Pourtsch- 
Hanipsa  par  le  naturaliste  alleniand  (i),  a  la  date  des  i  5 
et  i6  niai  1732;  qu'ils  s'y  etaient  rendus  de  Melnlyali 
en    traversant   les    tribus  de  Aouled-Ibrahyni  ,    Ik'uy- 
Selyni ,  Aouled-Taan  et  le  canton  de  Castoula  ,  et  qu'ils 
revinrent  de  la  a  Alger  par  la  plaine  de  Hanizah  et   la 
tribu  de  Beny-Haroun.  Shaw  connaissait  done  bien  par 
lui-menie  ce  point,   qu'il  indique  a   16  heues  au  S.  E. 
d'Algei-,  24  lieiies  E.  S.  E.  de  Scherschel ,  26  lieues  O.  de 
Sethyf",  et  qu'il  place  ,  sur  sa  cai  te,  par  une  latitude  de 
3t)''7'N.  Les  trois  conditions  de  distances  ne  peuvenl  si- 
niultanement  concourir  en  un  nienie  lieu;  Shaw  n'a  tli- 
rectement  parcouru  que  celle  sur  Alger, et  il  a  estinie  ies 
deux   autres  approxiniativemenl  j  or  elles  se  Irouvent 
trop  courles,  nieme  en  tenant  compte  de  la  correction 
precedemnient  indlquee,  laquelle  procure,  pour  les  Ircjis 
distances,  5o,  y5  et  83  niilles ;   !a  position  nioyennedc 
Ihunzah  se  trouvera  vers  36°  3'  IN.  et  i"  i5'  E.  ,   a  0'4 
niilles  de  la  position  supposee  de  Zabi,  ce  qui  convieirt 
a  merveille  pour  les  Somille  pas  que  I'ilineraire  d'Anto- 


(i)  Summlii/ig  Ide'mtr  P.cuc/i,  de  JieiiiouiUy,  tome  ii;  la  tryiliKtloii 
eu  est  inseree  dans  les  Aiinales  des  voyages,  tome  2  de  i83o,  inais 
les  iioiiis  propres  y  sont  deligures  i)ar  des  (.uUcs  typograpliiqites. 


(    I02    ) 

nin  (expurge)  met  entre  Z;ibi  ct  Auzu,  sur  la  route  de 
Sitifi  a  Gesaree ,  que  je  retablis  ainsi  : 

A  Sitifi  Cacsareii  ,   M.  P.   ccci,  sic: 

Perdices xxv 

Cellas XVIII  (i) 

Maori xxv 

Zahi XXX  (2) 

Aras xviii  (3) 

Talilti XVIII 

Auza xLmi(4) 

Rapidi XVI 

Tirinadi xxv 

Caput  Cillani.. . .  xxv 

Sufasar xvi 

Aquis XVI 

Caesarea xxv 

D'Auza  a  Cesaree  il  reste   128  mille  pas,  equivalant  a 
98     1/2    milles    geogiapliiques;    c'est    trop    peu   pour 
arriver  jusqu'a  Tenes,  ou  d'Anville  a  place  Cesaree,  et 
qui  est  a  no  milles  au  molns  de  Borgj  Hanizah;  d'An- 
ville n'a  pu  y  atteindre  qu'cn  meconnaissant  I'identite 
de  ce  dernier  point  avec  Auza,  malgre  I'autorite  des 
inscriptions  locales.  Cependant  on  pourrait  pretendre, 
avec  quelque  apparence  de  raison ,  que  si  la  position 
de  Tenes  est  a-peu-pres  assuroe  ,  celle  de  Borgj  Hanizali 
est  trop  incerlaine  pour  qu'on  ne  la  put  affecter  d'une 
correction  qui  la  reportat   quelque   peu  vers   I'ouest, 
bien  qu'il  soit  a  considerer  qu'il  faudrait  alors  renoncer 
a  la  correspondance  de  Macii  avec  Maqqaiah  eta  celle 
de  Zabi  avec  les  ruines  peu  distantes   d'El -Mesylah; 

(i)  Tariante:  xxv. 
(a)  Variaiite:  xxv. 

(3)  Variautc :  xxx. 

(4)  Variante :  xlvii 


(   i"3  ) 

Jaime  niieux  laisser  tic  cute  ces  consideralions  negatives 
pour  donner  une  denjonslration  direcle  que  I'aucienne 
Cesaree  est  lepiesentee ,  ainsi  que  I'avait  pense  Sliaw, 
par  la  nioderne  Seherscliel. 

Que  Ton  prenne  ritineiaire  le  long  du  rivage  entie 
deux  points  incontestes ,  tels  que  1  embouchure  du 
Mulua,  bien  connu  pour  etre  le  Molouyah  d'aujour- 
d'liui,  et  Jgilgilih\en  connue  aussi  pour  etre  la  modeiiie 
Gygel ;  verification  exactenient  faite  de  toutes  les  varian- 
tes,  aiin  d'operer  sur  un  lexte  bien  epiue,  ou  la  sonime 
des  distances  partielles  concorde  avec  le  cbifiie  des  di- 
stances totales,  on  aura,  du  fleuve  Mulua  a  Igilgili,  717 
niille  pas  ainsi  partages  : 

Mulua,  fleuve. 

Cesaree M.  P.  41O 

Igilgilis 3oi 

c'est-a-dire  333  et  241  milles  geographiques j  c'est  l.( 
mesure  exacte  des  distances  relatives  du  Molouyah  a 
Scherschel  et  de  Scherschel  a  Gygel ;  il  ne  peut  done 
rester  le  nioindre  doute  que  Scherschel  ne  soit  I'antique 
Cesaree.  II  serait  derisoire  d Opposer  a  cette  solution 
precise  les  tables  de  Ptoleaiee,  vrai  chaos  ditineraires 
heterogenes  ,  chevauchant  les  uns  sur  les  autres,  quel- 
quefois  a  rebours,  et  traduits  ensuite  en  series  de 
positions  absolues. 

Presque  tons  les  itineraires  d'Alger  a  Constantine, 
recueillis  par  les  officiers  francais  de  la  bouche  des 
naturels    (i),    passent  par   Hamzah ,    Meget)ah,   Sydy 

(i)  Je  ne  saurais  me  louer  assez  hautement  de  la  bienveillance 
avec  laquelle  M.  le  lieuteuant-gt'neral  I'olet  a  fait  mettre  a  nia  disiio- 
sition  lesdocumens  envoyes  au  Depot  de  la  guerre  par  nos  ofUciers 
d'etat-major,  ct  du  gracieux  cmpresscmciU  de  RJ.  le  toluuul  Lapie  11 
effectuer  cclte  couimuuicatiou. 


(  »o4  ) 

Mobarek  ot  Selhyf";  je  n'en  ferai  ici  aucun  usage,  parce 
qti'ils  lie  sauraierit  me  procurer  que  des  points  de  de- 
tail entre  ies  diverses  stations  principales ,  que  la  route 
de  Shaw  m'a  fourni  le  moyen  de  placer  avec  plus  de 
certitude.  Ces  itineraires  sont  portes  sur  la  carte  liiho- 
graphiee  du  Depot  de  la  guerre,  mais  avec  des  doubles 
eniplois  et  des  transpositions  :  ainsi,  Borj   inita  Hamza 
(  Borgj  metha  Hamzah,  fort  a  Hanrzah  )  nest  point  un 
autre  lieu  que  Borgj  Ham/ah  ou  Sour-cl-Gliozlan,  et  il 
faut  effdcer   la  position   distincte  qui  lui   est  assignee 
dans  Test  de  celui-ci;  I'erreur  provient  de  ce  que  I'itine- 
raire  qui  designe  ce  fort  en  employant  une  locution 
triviale,  nicntionne  auparavant  Ras  Hamzah,  qui  a  ete 
confondu   avec  le   Borgj  ou    fort  de  nieme  nom  :  or 
Ras  Hamzah,  c'est-a-dire  le  chef-lieu  de  Hamzah,  est 
indique  par  Shaw,  lequel  nous  dit  que  Sydy  Hanrzah , 
qui  a  donne  son  nom  a  ces  plaines,  a  son  tombeau  pres 
du  roc  Magrowa  (Maghraouah);  sur  sa  carte,   la  posi- 
tion est  marquee  au  confluent  du  W^ed  Ashyre  (^Oued. 
El-Scha'yi")  et  du  Oued  ElMelahh,  mais  le  nom  du  lieu 
est  oublie ;  M.  Lapie  navait  omis  ni  I'un  ni  I'autre  sur 
sa  carte  comparee;  I'omission  est  a  reparer  sur  la  carte 
lithographiee  du  Depot. 

Un  itineraire  d'Alger  a  Beskarah,  envoye  par  M.  le 
capitaine  d  etat-major  Gougeon  ,  me  servira  ,  faute  de 
donnees  plus  precises,  a  placer  cette  derniere  ville;  il 
est  en  12  journees  ainsi  distribuees  : 

D'Alger  ii  Hamza 3 

FomadDjeiiau,pres  des  tentes  des  Ouled 

Sidi  Aica i 

Ain-Ghorab,  a  droite  du  Oucd-Ekseb..  I 

Bbe^ra,  plaiuc  avec  beaucouj)  d'cau..  .  i 

^  reporter 6 


(  io5) 

Report 6 

Msila,  sur  une  riviere i 

Am  el  -Kelba i 

Mdokan i 

Glatt-Hammam i 

Outaya ,  sur  une  riviere i 

Biscara i 

Nombre  total  des  journees 12 

Dans  Foiiiad  Djeiian ,  il  est  aise  de  reconnaitre  le 
Phouni  Jineene  de  Shaw,  plus  exacternent  Fom-el- 
Genan  (Tentree  des  jardins),  a  5  ou  6'  lieues  de  13orei- 
Hanizali,  non  loin  dii  tombeau  de  Sydy  I'say.  Ain  Gho- 
rab,  qui  vient  ensuile,  est  pareillement  identique  a  Ain 
el-Graab  de  Shaw,  plus  exacternent  A'yn  el-Ghorab  (la 
fontaine  du  corbeau),  et  le  Oued  Ekseb  qui  est  sur  la 
gauche,  et  qui  doit  elre  lu  Oued  el-Qassab  (la  riviere 
du  rosean)  ,  n'est  autre  chose  que  la  riviere  qui  passe 
a  El-Mesylah,  et  que  Shaw  appelle  egalement  de  ce 
nom.  Bheyra  est  sans  doute  une  plaine  souvent  inon- 
dee,  ainsi  que  I'indique  sa  denomination,  qu'il  faut 
ecrire  correctement  Bohhayrah.  Msila,  Am  el-Relba, 
Mdokan  ,  sont  alses  a  retablir  en  El-]Mesylah,  Ayn  el- 
Kelb,  JModakhan  ,  qui  sont  deja  connns  et  places;  reste 
done  a  employer  Glatt  Hammam  et  Outaya  DOur  arriver 
a  Beskarah  ;  le  premier  de  ces  noms ,  qui  sans  doute 
doit  se  lire  Qala't  elHhammam ,  ne  se  trouve  point  dans 
Shaw;  mais  le  second  avec  rarlicle,  El-Outayah,  corres- 
pond nalurellenient  a  Lwotaiah  du  voyageur  anglais, 
qui  I'indique  sur  sa  carte  a  9  lieues  vers  IE.  S.  E.  de 
Modakhan,  et  4  lieues  vers  le  N.  N.  O.  de  Beskarah; 
ces  distances  nie  paraissent  trop  courtes  pour  trois 
journees  de  route,  et  je  les  porte  a  12  lieues  et  6  lieues, 
ce  qui  me  fait  avoir  Beskarah  par  34"  3o'  IN.  et  /{o  E. 


( '^6} 

line  route  Av  Constantino  a  lieskarali  viciit  cuira- 
borer  cette  determination;  la  voici : 

Di'part  de  Constantine. 

I5ir  cI-Bekerat ,  sur  l.i  route  d'Alger. ...  i  jour. 

Segghaii,avec  une  riviere  coulant  ail  Slid,  i 

Mchira,  avec  une  riviere i 

Moulsenah i 

Leteiia i 

Ksour  el-Ganiiava  ,  ])laine i 

Kantara i 

K[-IIaininam i 

El-Outaya i 

Biscara i 

Nombre  total  des  journces lo 

Byr  el-lieqeret  (le  puits  des  vaches)  est  une  station 
indiquee  pav  d'autres  lenseigneniens  a  5  heures,  equi 
valant  a  lo  niilles,  dans  I'ouest  de  Constantine;  quellf 
que  soit  la  situation  de  Segghau  et  de  Mchira,  i\  est  evi- 
dent que  I'etape  suivante,  Mouisenab,  est  identique  a 
Onioley  Sinab  de  Shaw,  Amoula  Senab  de  Peyssonnel, 
bien  que  la  carte  lithograpbiee  du  Depot  de  la  guerre 
tasse  trois  stations  distinctes  de  ce  seul  point,  en  con- 
fondant  meme  I'une  d'elles  avec  le  Tattubt  de  Shaw  , 
ce  qui  ne  pent  etre  nuUenient  adniis.  Aprcs  Mouisenab 
vient  betena,  qui  est  bien  le  Baitnah  du  voyageur  an- 
glais, indique  sur  sa  carte  a  8  lieues  S.  1/2  O.  d  Oinoley 
Sinab.  Ksour,  qu'il   faut  lire  Qossour  ( les  chateaux), 
est  reconnaissable  sous   I'orthographe  Cossoure,  em- 
ployee par  Shaw,  qui  I'a  inscrit  un  peu  au  sud  de  Bait- 
nah. El-Qantharah  (le  pont)  est  sur  la  riviere  de  Bes- 
karah;  puis   la   route   rejoint  celle  (|ui    vient  d'Alger, 
sinon   a  El-IIhaniniani  (les  bains),  qui  senible  etre  Ic 
meme  point  que  Qala't  cl-IIhammam  (le  fort  des  bains), 
au  moins   a    MlOiUayah.   IJc  (juclquc  nianicre  ([ue  ces 


(  ^07  ) 
diverses  mutations  soient  placees,  il  me  sutfit  cle  le- 
marquer  que  Shaw  dit  expressement  que  Baitnah  mar- 
que la  moitie  du  chemin  entre  Coiistantine  et  Beskarali; 
or  cast  ce  qui  se  verifie  exactement  dans  ma  construe- 
tion,  ou  Baitnah  se  trouvera  a  distance  egale  (58  milles) 
de  ces  deux  villes. 

Ma  position  de  Beskarah  est  ainsi  reculee  de  phis  dun 
degre  a  I'orient  de  celle  qui  est  adoptee  dans  la  carte 
du  Depot  de  la  guerre;  mais  loin  qu'il  y  ail  exageration 
dans  cette  protension  de  la  route,  il  y  a  lieu  de  remar- 
quer  qu'elle  laisse  encore  subsister,  entre  Beskarah  et 
Nefthah,  une  distance  d'au  moins  cent  milles,  a  repartir 
en  cinq  journees  seuleraent,  qui  sont  ainsi  indiquees 
par  le  Bekry.  (i) 

Depart  de  Beskarah. 

Telioudali i 

B;\dys  de  Zab i 

Qaythoun-Bayddliah i 

Nefthah 2 

Temymy,  cite  par  Hartmann  (2),  ne  donne  meme  que 
quatre  journees  de  Beskarah  a  Touzer,  espace  qui  dans 
ma  construction  est  de  108  milles  ,  ce  qui  fait  9  grandes 
lieues  a  lajournee,  marche  tres  peu  commune.  Le  Be- 
kry y  met  cinq  journees. 

Badys  (Badass  de  Shaw),  qui  me  vient  par  34"  9'  N. 
et  4°  42'  E-j  parait  correspondre  a  la  mutation  Badias 
de  la  table  Peutingerienne ,  de  meme  que  Tehoudah 
ville  ancienne(Toodah  de  Shaw)  representerait  la  mu- 
tation voisine,  Thabudis. 

La  route  comprise  enfre  Badias  et  Thelepte,  avec 
embranchement  sur  Theveste,  est  facile  a  placer  dans 

(i)  Bekry,  pages  96,  98. 
(2)  Page  238. 


(  io8  ) 

ma  construclioii.  En  clletj  la  route  dcTluiiiL-  a  Tiicvc.ste  , 
d'Aiitonin  ,  ine  donm;  jo  iiiille  pas  ou  56  iiiilles  geo- 
graphiqiies  de  Suffetvila  a  Tlieveste.  Sur  cetle  route  se 
trouve  Aciniedera,  qu  il  iie  iaul  point,  avec  d'Anvillcot 
T\I.  Lapie,  placer  sur  Ilydrah  ,  car  colic  ci  est  rancienne 
ThunudronuMJ,  ainsi  que  le  prou\crit  les  inscriptions 
locales.  D  (in  autre  cote,  Theveste  ne  doit  etrc  qua  90 
mille  pas  ou  72  inilles  geographiqucs  de  Musti  d'apres 
la  route  siiivante  de  la  table  Peutingerienne  : 

Theveste. 

Ad  Jlcrcuriiim .vj. 

Ad  Medera riiij. 

Mutia xvj. 

Oi  ba XVJ. 

Larabus 17. 

Drusiliaiia xij. 

Tbacia ivy. 

Musti i'ij- 

Or  reinplacemcntde  Musti,  constate  par  les  iiisciiptions 
locales,  se  trouve,  d'apres  Shaw,  en  vue  dc  Tidjersoke, 
etdeDugga,  et  d'apres  les  itineraires  romains  entre  Sicca 
etTignica,  a  Sa  miUe  pas  de  la  premiere  suivant  Antonin, 
ct  a  i3  mille  pas  de  la  seconde  suivant  la  table  Peutinge- 
rienne, c'est-a-dire  a  ^5  iji  milles  geograpliiques  d'El- 
Kef  et  a  10  1^2  milles  de  Tunga  :  les  relevemens  du 
comte  Camille  Borgia  marquent ,  a  I'ouest  de  Teboursek 
et  de  Dugga,  a  24  milles  en  ligne  droite  d'El-Kef  et  a 
C)  milles  de  Tliunga,  une  ville  ruinee  qui  correspond  a 
merveille  a  toules  ces  indications  ,  ct  qui,  dans  ma  con- 
struction, vient  par  36°  20'  N.  et  6'  5i'  E.  M.  Lapie  a 
place  Musti  sur  Teboursek ;  mais  les  inscriptions  locales, 
en  signatant  Musti  sur  un  autre  point  (Sydy  Abd-e!-Abbus 
deShaw),rappellentcnTebonrsekrancienThnbuisi(iini. 
11  taut,  des  eleinens  tpii  precedent ,  conclure  Theveste, 


(  I09  ) 
ou  la  moderne  Tebesah  qui  la  represente,  par  35"o5'  N. 
et  5o  43'  E.  Ubalia  castelluni,  sitae  a  5g  mille  pas  de 
Theveste  et  a  20  mille  pas  de  Thelepte,  tonibera  vers 
34"49'N.  et  5"58'E.  a  76  rnilles  de  BadysdeZab,  distance 
qui  repond  precisenient  aux  pS  mille  pas  que  la  table 
Peutingerienne  met  entre  ce  point   et  telui  de  Badias. 

S'il  etait  permis  d'alleguer  comme  autorite  un  docu- 
ment aussi  pen  siir  que  les  tables  et  les  cartes  de  Ptole- 
mee,  je  ferais  remarquer  que,  entre  Tliouhoiina  qui  est 
bien  notre  Tbubnab,  et  Oueskether  ( Vescetbrea  des 
editions  latines)  que  Ion  s'accorde  a  considerer  comme 
correspondant  a  notre  Beskarah,  elles  donnent  une  dif- 
ference de  20'  en  longitude  et  de  i»  en  latitude,  ce  qui 
constitue  une  distance  de  62  miiies,  exactement  la  meme 
que  celle  qui  existe  dans  ma  construction.  Une  consi- 
deration qui  nest  pas  a  dedaigner  pour  donner  un  peu 
plus  de  poids  a  cette  concordance ,  c'est  qu'il  est  pro- 
bable que  c'est  cette  distance  meme  qui  a  servi  a  la  de- 
termination des  differences  en  longitude  et  latitude 
ci-dessus  rappelees. 

Je  rapporterai  encore  ici  un  itineraire  d' Alger  a  Bes- 
karab,  non  plus  comme  une  nouvelle  justification  dema 
construction  ,  niais  seidement  pour  reconnaitre  en  pas- 
sant quelques  stations. 
Depart  d'Alger. 


Sour 

Oued  el-Lahm 

Hermam 

Boucada  

Mhagliem,  siir  la  rivifere  Maleh 

Hoba 

Saboun  

Doucen 

Taolgha 

Biscara   


Nonibre  total  des  jouvnees..  .    12 


(    "o    ) 

Sour-cl-Ghozl;in  (lo  mur  dos  Gazelles),  on  simple- 
iiient  Sour,  est  le  ineme  lien  que  le  Rorgj-Hamzah 
eleve  sur  les  mines  d'Auzia,  et  distinct  dii  lias  Hamzah 
ou  Souq-Hanizali  (le  rlief-lien  ou  le  niarclie  deHanizali), 
place,  ainsi  (jue  je  I'ai  dit  plus  haul,  au  confluent  du 
Oued  el-Scha'yr  (la  riviere  de  lorge)  et  du  Oued-el- 
Malehh  (la  riviere  du  sel),  dont  la  reunion  forme  le 
Oued-el-Zeytoun  (la  riviere  des  olives  ). 

Oued  el-Ham  est  evidemment  le  Oued  El-Ham  de 
Shavp,  plus  correctement  Oued  el-Lahhm  (la  riviere  de 
J'engloutissemenl),  autre  nom  du  Oued  el-Genan 
(la  riviere  desjardins).  Herniam  est  mentionne  par 
Schaw  (i)  comnie  un  daskerah  remarquable  au  nord 
deBoosaadali,  ecrit  Doucada  dans  iitineraire  ci-dcssus, 
et  dont  lorthogrnplie  reelle  est  Abou-Sa'adah  (le  pere  du 
bonheur).  Mhaghem  est  plus  difficile  a  reconnattredans 
le  Maiherga  de  Shaw,  mais  la  prononciation  anglaisede 
ce  dernier  mot  [Mehnghc)  le  rapproche  beaucoup  du 
premier,  et  la  riviere  Maleh,  Mailah  de  Shaw,  est  un 
indice  de  plus. 

Hoba  etSabounse  placentaisement  dans  I'espace  vide 
laisse  par  le  voyageur  anglais  entre  le  Oued  el-Malehh 
et  Dousan  (2),  qui  est  bien  notre  Doucen  et  le  Deusen 
de  Leon.  Taolgha,  ecrit  Tulgah  par  Shaw  et  Theolaca  par 
Leon,  est  aussi  mentionnee  par  le  Bekry  (3),  qui  I'ortho- 
graphie  Thaoulqah:il  la  place  au  nord  de  Denthyous, 
dont  le  nom  a  ete  parfaitement  lu  par  M.  Quatremere , 
bien  que  ce  savant  n'y  ait  pas  reconnu  le  Ranteuse  de 
Shaw  (4),  identique   dans    la  prononciation   anglaisc  ^ 

(i)  Page  loC. 

(i)  Shaw,  tome  i,  page  iG6. 
(3)  Bekry,  page  96. 
(/i)5/irt«',  ubi  supra. 


( III ) 

Benthyous  est  a  line  journee  tie  Beskarali ,  aiissi  hicn 
que  Thaoulqah.  Cette  derniere  etape  s'effectuc  en  {)as- 
santsoit  par  Lichana  qui  est  a  i  heure  de  Thaoulqah 
et  a  5  oil  6  heures  de  Beskarah,  soil  par  Ouiillel  qui 
est  a  4  heures  de  la  premiere  et  6  heures  tie  la  se- 
conde.  Dans  Lichana  et  Ourillel  on  n'a  aucune  peine  a 
reconnaitre  Leshanah  et  Ourelan  de  Shaw. 

Je  vais  soumettre  a  un  exanien  seniblbble  un  itint;- 
raire  de  Mehdyah  a  Beskarah  envoye  d'Alger  par  nos 
officiers  tl'etat-major,  et  qui  ne  me  parait  pas  trace  avec 
toute  I'exaclitude  desirable  sur  la  carte  lithographiee 
du  Depot  de  la  guerre.  Le  voici  : 

Depart  de  Medea. 

Passage  de  la  riviere  de  Tit^ry. 

Barbanaguia 6  heures. 

Tilery ,   camp 7 

Hajer,  sur  une  riviere  de  meme  noin.  7 

Sidi-Issa  ,  pres  du  Ouad  el-Jenan  . .  7 

Sidi-Hazerac,  prfes  du  Ouad  el-Lahm.  7 

(Les  Arabes  de  ce  pays  sont ,  entre 
autres,  les  Aulad  el-Madi). 

Chelal,   au-del.i  du  Oued  el-Sidra, 

et  a  2  heures  du  Chott 7 

(Route  tie  Constantine,  h  gauche; 

route  du  desert  allant  au  Ouad  el- 

Gedid  ,  a  droite). 
Allant  au  Ouad  el-Gedid  ,  Seada. .  i  jour. 

Halte  sur  les  bords  tie  la  Deffla. . .      7  heures. 

Moelhamel   i 

Sadauri i 

Dossal I 

EI-Toual,  sur  le  Ouad  el-Gedid. . .      4 

( En  remontant  le  Ouad  el-Gedid  vers  I'cuest ,  on  trouve 

les  Aulad-Jellal  et  autres  tribus. 
A  Test,  le  long  de  la  riviere ,  sur  les  deux  rives ,  et  a  une 

flistancc  successive  de  i  a  2  heures ,  les  boujgades  sui- 


( ^'2 ) 

vantes:Laua,  Schara  ,  Meckadenia,  I'.en-Tias,  Hauril- 
las,  Zaoud  ben  Guard,  Bigo,  Meualiela,  Taoud  el- 
Charfa.Lili,  Mouach ,  Sidi-Ocuba,  Tbouda,  Gartba, 
Seriana,  Sidi-Kalil,  El-Driz,  Chatma,  Felial. 

Beskara ,  ville. 
Bezcbagron,  Lecbana,  Zeatcba ,  Farfar,  Taoug  el  Bey, 
Focala ,  El-Aineri ). 

La  premiere  station  est  a  Barbanagnin,  qui  me 
parait  n'etre  qu'une  faute  de  copiste  pour  Barrauaguia 
ct  representer  iles-lors  le  Burwakeah  de  Shaw,  plus 
correctement  Barouaqyah  (lieu  abondant  en  barouaq, 
qui  est  line  plante  epineuse);  la  distance  indiquee  cadre 
parfaitement  aveccette  coincidence,  et  la  riviere  de  Ti- 
lery correspondrait  des-lors  au  cours  d  eau  qui ,  sur  la 
carte  de  M.  Lapie  et  sur  celle  du  Depot,  afflue  au  coude 
le  plus  oriental  du  Scheiif ;  I  indication  dece  cours  d'eau 
est  fourniepar  un  relevenient  anglais  que  j'aurai  occa- 
sion de  citer  plus  loin. 

Titery,  dont  le  noin  s'e'crit  plus  correctement  Ty- 
thery,  est  bien  connue  comme  le  camp  du  bey  qui 
conimandait  jadis  a  toute  la  province,  et  comme  situe 
au  pied  dcs  niontagnes  appelees  par  les  Arabes  Hha- 
gjar  Tylhery  (les  rochers  de  Tythery).  Hajer  se  retrouve 
dans  ces  memes  Hhagjar  ou  rochers.  Sidi  Yssa  et  Ouad 
El-Jenan  sont  les  inenies  que  Sydy  I'say  et  le  Oued 
El-Genan,  deja  mentionnes  plus  haul.  Sidi  Hazerac  pres 
du  Ouad  El-Lehm,  ne  pent  etre  autre  qui  le  Sidi  Hadje- 
rass  de  Shaw,  pres  du  Oued  el-Lahhm,  ct  je  ne  puis 
me  rendre  raison  du  double  emploi  commis  a  cet  egard 
sur  la  carte  lithographiee  du  Depot  de  la  guerre.  Chellal 
se  trouve  determine  par  sa  distance  a  I'egard  de  Sidi 
lladjerass  combinee  avec celle  de  i  heures  a  legard  du 
Schath;  et  la  petite  riviere  Oued  el-Sidra,   qui    en   est 


(ii3) 

voisine,tire  son  nom  des  jujubiers- lotos,  qui  sans  doute 
croissent  a  sa  source  ou  sur  ses  rives.  J'ai  constate  a 
dessein ,  pour  en  tirer  parti  p  lus  tard ,  que  les  Aouled- 
Madhy  habitent  au-dela  de  Sydy  Hadjerass  et  pres  de 
Cheilal ;  Shaw  les  indiqueaussi  dans  ces  parages  sous 
la  forme  Welled  Maithie.  Seada,  qui  suit,  est'evidein- 
nient  le  daskerali  d'Abou-Sa'adah,  deja  indique  plus 
haut.  La  riviere  de  Deffla  nous  rappelle  naturellenient 
le  Ain  Difla  de  Shaw,  plus  correcCement  A'yn  el-Defalay 
Qla  source  de  I'Oleandre).  Moel  Hamel  et  Sadauri  sont 
inconnus,  et  prendront  aisement  leur  place  dans  le  vide 
qui  existe  entre  A'yn  el-Defalay  et  Deousan,  qu'on  ne 
pent  meconnditre  dans  le  Dossal  de  notre  iiineraire ;  la 
carte  lithographiee  du  Depot  de  la  guerre  incline  done 
cette  route  beaucoup  trop  vers  I'Ouest.  Le  Ouad  el- 
Jedid  est  bien  le  Oued  el-Gedy  ou  riviere  du  cbevreau  , 
qui  est  suffisamment  connue.  Shaw  maique  non  loin  de 
ses  bords  les  Welled  Jillel ,  qui  sont  evideninient  les 
Aulad  Jellal  de  I'itineraire  ci-dessus. 

La  serie  des  bourgades  indiquees  ensuite  sur  les 
deux  rives  du  Oued  el-Gedy  ,  en  descendant  vers  lest, 
se  retrouvepresqueentierenient  dans  Shaw,  oi'i  I'onpeut 
relever  successivement,  dans  I'ordre  de  notre  itineraire, 
Lewah,  Syrab,  Mukadmah,  Banteuse,  Oiirelan  [Zaoud 
Ben  Ouard  manque),  Beegoe,  El-menalah  {^Taoud-el- 
Charfa  manque),  Meleely,  Oniash  ,  Seedy  Occ'ba , 
Toodab ,  Carta ,  Seriana  [Sidi-Kalil  et  El-Driz  nian- 
quent),  Sbitmab  (^Felial  manque),  Biscara,  Boosha- 
groone,Lesbanab  ,  Zaatshab ,  Farfar,  Tulgah  {Focala 
manque),  el  Lamree. 

Je  m'occuperai  encore,  sous  le  meme  point  de  vue , 
d'un  autre  itineraire  envoye  d'Alger,  lequel  est  cense 
conduirede  Mebdyah  a  Gonstantine,  et  dont  I'emploi 

8 


•  ii4  ) 

trop  confiant  a  defiguni  en  plusieurs  parties  ,   d'une  ma- 

uierc  notable ,  la  carte  litliographiee  dii   Depot  de  la 

guerre. 

Depart  de  Mfcliah. 

Schkaou  (ou  Sebkaou) lo  heures. 

Beroiiakie 9 

Oued  e!-Chehir 8 

Oued  Oullad  el-Ziana 9 

Oued  Oullad  el-Zenin 9 

Clieliain 10 

Sidi-Saliid 7 

SIdi  HIssa '2 

Schellal,  ville  des  OuUad-Midi 9 

Messila ro 

Sarther 7 

Ben-Sidi-Sahid 10 

Const  Sntiue 7 

Ilelevons  d'abord  ,  sur  cette  route,  tout  ce  qui  nous 
est  deja  connu  ,  sans  prendre  garde  aux  indications  des 
distances: Nous  avons  d'abord  Berouakie,  qui  est  bien  le 
Burwakeabde  Shaw,  etquis'ecritpluscorrectenientBar- 
ouaqyah  ou  Berouaqyeh;  le  Oued  ei-Chebir  est  egale- 
ment  le  Wed  Ashyre  ou  Shaier  de  Shaw,  c'est-a-dire  la 
riviere  de  I'Orge,  Oued  elSha'yr,  Plus  loin  ,  en  suivant 
de  proclie  en  proche,  sur  la  carte  du  chapelain  anglais, 
la  direction  de  cette  route ,  nous  trouverons  Shilellah,  qui 
doit  coincider  avec  le  Chellala  de  I'itineraire  ci-dessus. 
Sidi  Hissa  represente  p.ireillenient  le  Sidi  Eesah  de 
Shaw,  que  nous  avons  deja  mentionne  plusieurs  fois,  et 
dont  la  veritable  orthographe  est  Sydy  i  say.  C'est  ainsi 
que  nous  arrivons,  par  plusieurs  etapes  connues,  a 
Schellal,  ville  ties  Oullad  Miuli ^  que  nous  avons  tout-a" 
Iheure  trouvee  dans  I  itineraire  de  Mehdyaii  a  Beskarah, 
ou  elle  est  marquee  sous  la  torme  Chellal^  precisement 
dans  le  p^'»JS  hiibite  par  los  Aoulad-Madhy ,  et   comme 


(  'i5) 
situee  en  menie  temps  k  i  heures  cle  marche  seulement 
du  Scliath.  Inimetliatement  apres  vient  Messila  on  plu- 
tot  El-Mesy!ah,  tropconnuepourqna  son  egardaiicune 
equivoque soit  possible,  et  dont  la  position  s'accorde 
d'ailleurs  amerveille  avec  les  indications  qui  precedent. 
Le.reste  jusqu'a  Gonstantine   est  tout-a-fait  ignore. 

La  serie  de  concordances  successives  entre  Mehdyah 
et  El-Mesy!ah  se  compose  d'anneaux  trop  nombreux 
pour  qu'on  puisse  admettre  que  les  deux  routes  qui  ot- 
frententreelles  tanl  de  reperes,puissent  etre  totalement 
differentes;  les  mesureshoraires  des  distances  necadrent 
point,  il  est  vrai ,  en  beaucoup  d'endroits;  niais  loin  de 
trouver  dans  cette  circonstance  un  motif  qui  justifiat 
I'emploide  I'itineraire  actuel  de  maniere  a  creer  arbitrai- 
renient  des  details  topographiques  denues  de  tout  autre 
fondement,  j'y  apercois  une  cause  de  rejet  absolu  de 
I'itineraire  ou  an  moins  des  indications  de  distances 
qu'il  presentent.  Que  Ion  juge  de  Tetrangebouleverse- 
nient  que  la  construction  litterale  d'un  tel  document  a 
cause  sur  la  carte  du  Depot  de  la  guerre  ,  par  ce  seul  fait 
qu'El-Mesylah  s'y  trouve  transporte  a  moitiechemin  de 
Sethyf  a  Gonstantine,  toutes  les  rivieres,  tousles  noms 
de  lieux  etant  ainsi  en  double  emploi  a  d'enormes  dis- 
tances de  leur  veritable  place:  des  lignes  de  route  ima- 
ginaires  semblent  Her  ces  positions  a  des  points  connus 
appartenant  a  d'autres  itineraires.  Te  nff  saurais  trop 
m'elever  contre  cet  abus  de  liirnes  de  communications 
indiquees  la  ou  des  documens  precis  n'en  constatent 
point  I'existence  :  e'est  un  veritable  piege,  un  dedale 
presque  inextricable  prepare  aux  verifications  et  aux 
recherches  des  geographes  qui  tentent  de  se  rendre 
compte  des  elepiens  employes. 


8. 


[  ti6) 


EXTRAIT 

Du  tapport  des  directeurs  de  la  Societe  americainc   de 
colonisation  pour  Vannee  i833.  (i) 


Ce  rapport  commence  par  appeler  I'attention  sur  les 
expeditions  qui  ont  ete  dirigees  sur  la  colonic  de  Libe- 
ria, pendant  le  cours  de  I'annee  i833. 

Le  21  avril ,  le  brick  V Ajax  (capitaine  W. -H.Taylor), 
fit  voile  de  la  Nouvelle-Orleans  pour  Liberia,  avec  i5o 
emigrans  dont  102  de  I'etat  de  Kentucky,  44  <lii  Ten- 
nessee, el  le  restc  de  la  Nouvelle-Orleans,  de  Saint- 
Louis  et  de  rOliio ,  la  plupart  esclaves  liberes.  Le  cho- 
lera, qui  coniniencail  justenient  a  sevir  a  la  Nouvelle- 
Orleans  a  cette  epoque,  fit  perir  29  de  ces  emigrans. 
L'expedition,  forcec  de  s'arreter  dans  une  lie  des  Indes- 
Occidenlales,  n'arriva  a  destination  que  le  11  juillet. 

Le  10  niai,  un  petit  convoi  de  colons,  la  plupart  de 
I'etat  de  New- York,  s'enibarqua  a  Philadelphia  snr  le 
brick  V Americnin ,  capitaine  Abels. 

Le  capitaine  Knapp  ,  commandant  le  batiment  le 
Jupiter,  mit  a  la  voile  le  5  noveinbre  avec  5o  emigrans, 
dont  44  esclaves  liberes ,  presque  tous  de  la  Virginie.  II 
fut  suivi,  le  25  du  meme  mois,  par  le  brick  r Argus , 
capitaine  Peters,  lequel,  en  outre  de  quantite  d'effets  et 
de  provisions  pour  la  colonic,  recut  a  son  bord,  a  Nor- 
folk, 5 1  passagers  dont  35  esclaves  rachetes,  du  Mary- 
land ,  du  district  de  C()lund)ia  et  de  la  Virginie. 

La  conunission  regret  te  davoir  a  apprendre  que  I'etat 

(l)    Voir   The    /imerican  ^Repository  atid  colonial  Journal ,    vol.  IX  , 
n"  11.  Wasliiiiglcii,  fevii<.T  i834- 


(  XI7  ) 
sanitaire  de  Liberia  a  ete  pen  satisfaisant,  siirtout  parini 
ks  clerniers  arrivans.  Siiv  649  eniigrans  amenes  par  les 
batimens  Lafayette ,  Roanoke^  Jupiter,  American ,  Jjnx 
et  Hercule,  il  en  est  mort  i34-  Les  funestes  effets  de 
la  nialadie  ont  ete  ressenlis  generalenient,  et  plus  par- 
ticiilierement  dans  les  lieux  les  plus  eleves  et  les  plus 
eloignes  vers   le   nord.  Cependant  !a  commission  croit 
devoir  attribuer  cetie  grande  mortalite  plutot  a  Tinsalu- 
biite  extraordinaire  de  la  saison  ,a  I'absence  des  liommes 
de  I'art,  au  manque  de  precaution  et  a  I'usage  de  mau- 
vais  remedes  de  la  part  des  colons,  qu'au  caractere  mal- 
sain  et  pernicieux  du  climat.  Les  directeurs  sont  conlir- 
mes   dans    cette  opinion   par  le  recensement  qui  vient 
d'etre  fait  a  Liberia  ,  et  qui ,  bien  que  peu  favorable  sous 
le  rapport  sanitaire,  ne  presente  point  de  resnltats  ca- 
pables  de  faire  desesperer  du  succes.   Le  nombre  total 
des  emigrans  ,  depuis  le  commencement  de  la  colonisa- 
tion ,  a  ete  de  3,i23,  y  compris  les  Africains  racbetes 
(dont  partie  prise  dans  le  pays  nieme);  la  population 
actuelle  de  la  colonic  est  Kxee  a  2,816,  non  compris  une 
cinquantaine  dindividus  absens  lors  du  recensement, 

Dans  ['opinion  du  docteur  Mechlin  ,  letablissement 
qu'on  vient  de  commencer  a  Grand-Bassa  est  plus  sa- 
lulue  (|ue  celui  de  Monrovia,  et  toutes  les  expeditions 
futures  devraient  y  etre  envoyees.  tin  territoire  d  envi-' 
ron  i5o  a  200  milies  carres,  situe  pres  la  riviere  Saint- 
Jean,  vient  d'etre  ajoute  a  la  colonic,  el  ne  laisse  ricn 
a  desirer  sous  le  rapport  de  la  fertilite,  de  la  position  et 
des  hois  de  construction.  Environ  i5o  colons  s'y  sont 
etablis  il  y  a  une  annee,  el  deja  les  maisons  sont  con- 
struites  ,  les  lots  sont  enclos ,  et  la  culture  fait  de  grands 
progres.  Lanouvelle  ville  a  ete  appclee  Edina,en  I'lion- 
neur  de  la  liberalite  des  habitans  d  Edinibouro  en  Ecosse. 


(  ii8  ) 
Les  approvisionneniens  soiit  plus  faciles  k  Grand-Bassa 
qu'a  Monrovia  ;  la  riviere  Saint-Jean  aboncle  en  poisson, 
et  le  niais  et  une  grancle  variete  de  vegetaux  peuvent  y 
elre  ciiltives  avec  succes.  Les  naturals  du  voisinasrc  ma- 
nifestent  les  dispositions  les  plus  aniicales,  el  plusieurs 
chefs  de  Bassa  ont  exprime  leur  desir  de  conceder  des 
terres  a  la  societe. 

La  prosperite  commerciale  de  la  colonic  va  toujours 
enaugmentant :  plusieurs  naviresy  ont  ete  construits,  et 
le  Liberia  herald i\  public  unc  liste  d.e  60  a  70  arrivages 
dans  le  cours  des  huit  derniers  niois.  Des  niesures  ont  ete 
prises  afin  d'explorer  le  pays  dans  i'interieur  et  d'ouvrir 
des  communications  comnierciales  avec  les  puissantes 
tribus  de  linterieur.  II  est  a  regretlcr  cepcndant  que  les 
profits  immediats  du  commerce  soient  generalement 
preferes  a  ceux  plus  lents,  mais  plus  surs ,  de  I'agricul- 
ture,  et  que  cctte  derniere  branche  de  prosperite  n'ait 
pas  entierement  realise  les  esperances  concues  prece- 
deniment.  Cependant  les  t'ermes  des  Africains  ra(;iietes 
ontbien  recompense  leurs  travaux,  et  les  colons  d'Edina 
paraissent  compter  principalement  sur  leurs  ressources 
agricoles  pour  augmenter  leur  prosperite. 

L  education  publique  continue  a  s'ameliorer.  Presque 
toutes  les  families  veulent  donner  a  leurs  enfans  les 
bienfalts  de  I'instruction,  et  les  ecoles,  au  nombre  de 
six  (dont  trois  sous  le  patronage  d'une  societe  de  dames 
de  Pbiladelphie) ,  sont  bien  dirigees  et  tres  frequentees. 
Get  objet  important  rccoit  beaucoup  d'encouragement 
de  divers  particuliers  et  associations  ;  plusieurs  institu- 
teurs  ont  offert  leurs  services,  et  la  plupart  des  londs 
necessaires  a  leur  etablissement  sont  trouves. 

Tous  les  Africains  indiirenes  situes  dans  le  voisinage 
de  la  colonic  sont  disposes  a  recevoir  les  elemens  des 


(   119  ) 
arts  et  du  christianisme ;  pliisieurs  ont  oftert  des  conces- 
sions de  terres,  a  la  seule  condition  de  donner  a  leurs 
enfans  une  education  anglaise. 

Quel(^ues  missionnaires  de  diverses  communions  sont 
arrives  a  Monrovia  ,  entre  autres  M.  W.  Anderson  ,  qui 
s'est  rendu  chez  les  J^yes^  tribu  du  cap  Mount,  non- 
seulement  pour  precher  I'evangile  aux  adultes,  mais  en- 
core pour  enseigner  la  langue  anglaise  aux  enfans. 

Dans  un  rapport  special ,  posterieur  a  celui  qui  pre- 
cede (i),  on  lit  le  tableau  suivant : 

«  Depuis  I'annee  1820,  les  recettes  et  depenses  et  le 
nombre  des  eniigrans,  pour  chaque  annee,  ont  etc 
comnie  il  suit : 


AKNtES. 

RECETTES. 

DEPENSES. 

EMIGRANS. 

1 

1820-22 

5,627 

66 

3,785 

79 

1823 

4,798 

02 

6,766 

17 

390 

1824 

4,379 

89 

3,861 

42 

1825 

10,125 

85 

7,543 

88 

1826 

14,779 

24 

17,3lG 

94 

>    781 

1827 
1828 

13,294 
13,458 

94 
17 

13,901 
17,077 

74 
12 

1829 

19.795 

61 

18,487 

34 

1830 

26,583 

51 

17,637 

32 

259 

1831 

27,999 

15 

28,068 

15 

441 

1832 

40,365 

08 

51,644 

22 

790 

1833 

37,242 

46 

35,637 

54 

108 

2,769 

i 

II  a  ete  adopte ,  dans  la  reunion  generale  des  socie- 
tairesdu  3o  Janvier  i834,  diverses  resolutions  nouvelleS 
ou  modificaiives  ,  concernant  1  organisation  interieure 
de  la  colonic. 


(1)   AttiencAn  Repotitory,  e/c. ,  vol.  x  ,  n"  I. 


(      I20    ) 


MEMOIRES 

De  i'Academie  americaine  des  Sciences  et  Arts  de 


Cambridge. 


Le  premier  volume  (nouvelle  sene)du  recueil  de  I'A- 
cademie americaine  des  sciences  et  arts  (Cambridge, 
i833),  contient  plusieurs  articles  interessans.  Nous  dis- 
tinguons  entre  aulres  les  deux  suivans,  dont  nous  don 
nerons  une  jinalyse,  comma  ayant  plus  specialement 
rapport  a  la  stalislicjue  et  a  la  geographic. 

1°  Observations  siir  la  longevite  et  la  duree  de  la  vie 
ana:  Etats-Unis ,  et  plus  particulierement  dans  Vetat  de 
New-Hampshire i  avec  des  remarques  comparatives  sur 
d'autres  pays  ,  par  J.-E.  Worcester. 

Dans  ce  petit  e'lat  de  New-Hampshire ,  on  a  compte, 
de  I'annee  ij32  a  1824  >  c'est-adire  en  98  ans,  98  per- 
sonnes  ayant  passe  I'age  de  cent  ans,  et  il  estaremar- 
quer  que  les  exemples  de  la  plus  grande  longevite  sont 
fournis  par  des  emigrans  europeens  :  Zaccheus  Love- 
vsrell ,  Anglais,  a  atteint  I'age  de  120  ans;  Robert  Met- 
lin,  Ecossais  ,  celui  de  1 10  ;  et  William  Scoby,  Irlandais, 
celui  de  1 10  ans. 

Le  docteur  Belhkap,  historien  du  New-Hampsliire, 
affirme  que  les  premiers  planteurs  du  district  de  Lon- 
donderry ont  vecu  I  age  nioyen  t'e  80  annees. 

U'apres  le  releve  des  bills  de  mortalite  de  32  villes  ou 
villages  ,  pendant  une  pei'iode  de  21  ans  ,  on  a  calcule 
que  dans  I'etat  de  N;^w^-nampshire,  la  mortalite  annuelle 


(  '^I  ) 

est  dans  le  rapport  de  i  a  83  ;  en  France,  elle  est  conime 
I  a  3o  J  en  Suede,  conime  i  est  a  Sp;  en  Angleterre, 
comme  i  est  ii  49  5  ^^  Russie,  comme  i  est  a  Sg. 

En  1784  ,  Kian-Long ,  empereur  de  Chine ,  fit  faire  le 
denombrement  de  I'empire  ,  et  sur  une  population  esti- 
mee  200  millions  d'individus ,  ii  ne  s'en  trouva  que  4 
au-dessus  de  100  ans.  La  Suede,  en  i8i5,  comptait 
9  centenaires  sur  2,465, 066  habitans.  L' Angleterre  ,  en 
1821,  en  avail  168  pour  9,880,461 ;  I'Ecosse,  102  pour 
1,936,706;  rirlande,  en  i8a4j  349  pour  6,801,827 
habitans. 

II  resulte  des  tableaux  etablis  par  M.  Worcester,  que 
le  New-Hampshire  (E.  U.)  f'ournit  un  nonibre  propor- 
tionnel  de  centenaires,  bien  plus  considerable  que  la 
Suede  et  la  Russie,  pays  qui  ont  fourni  les  exemples 
les  plus  frequens  dune  longevite  avancee. 

Un  autre  tableau  contient  les  nomS  et  les  lieux  de  re- 
sidences de  i3o  personnes  des  Etats-Unis  qui  ont  atteint 
I'age  de  no  ans  passes;  7  sont  arrives  a  i3o  ans;  7 
autres  a  i33,  i36  et  137;  une  a  i42  ,  une  a  i43,  et  une 
negresse  nommee  Flora  Thompson,  a  i5o. 

Ces  faits  detruisent  les  assertions  de  plusieurs  ecri- 
vains  qui  ont  pretendu  que  les  habitans  des  Etats-Unis 
vivent  moins  long-temps  que  les  Europeens. 

Le  docteur  Ramsay,  dans  son  Histoire  de  la  Caroline 
du  Sud,  dit  que  quelques  emigrans  allemands,  francais, 
irlandais,  ecossais,  anglais,  etdes  parties  septentrionales 
de  rUnion  ,  y  sont  parvenus  a  I'age  de  100  ans  et  nieme 
de  no  ans,  tandis  que  peu  de  naturels  du  meme  eta!; 
passent  80  ans.  La  plus  grande  partie  des  cas  remarqua- 
bles  de  longevite  se  trouvent  dans  les  etats  meridionaux 
de  PUnion;  mais  les  individus  qui  les  presentent  sont 
venus  pour  la  plupart  des  etats  septentrionaux  de  I'Eu- 


(     122     ) 

rope  ou  de  I'Afrique.  II  piiraitrait  ainsi  que  le  chaiige- 
ment  de  cliniat  est  favorable  a  la  prolongation  do  I'exis- 
tence,  connne  le  renouvellement  de  lair  est  utile  a  la 
sante. 

C'est  un  fait  hien  etabli  (juo  les  femmes  vivent  plus 
long-temps  ({ue  les  honunes.  Selon  les  observations  du 
docteur  Price,  la  proportion  entre  les  deux  sexes,  jus- 
qu  a  I  age  de  80  aiis,  est  comme  49  a  34  5  "lais  P«sse  cet 
age,  on  trouve  plus  d'honimes  que  de  femmes.  Sur  pS 
individus  habitant  le  New-Hampshire,  ages  de  100  a  1 10 
ans,  il  y  avait  69  femmes  et  34  hoinmes;  5  personnes 
ayant  passe  no  ans  etaient  toutes  du  sexe  masculin.  La 
majeure  partie  des  individus  plus  tjue  centenaires,  qui 
existent  aux  Etats-Lnis  ,  sont  du  meme  sexe. 

M.  Worcester  remarque  que  les  centenaires  appar- 
tiennent  generalement  a  la  classe  pauvre  et  laborieuse; 
on  en  compte  tres  peu  parmi  les  gens  fortunes  ou  ver- 
ses dans  les  sciences  et  la  litterature.  On  a  vu  rarement 
des  souverains  passer  ieur  7o'=annee  ,  et  sur  3oo  papes, 
7  seulement  ont  atteint  80  annees. 

Le  meme  volume  contient  une  excellente  Description 
mineralosiqne  et  geologique  de  In  Nouvelle-Ecosse  ^  par 
MM.  Jackson  et  Alger.  Cette  presqu'ile,  situee  entre  les 
43  et  46°  de  latitude  nord,  et  entre  les  61  et  67°  de 
lon'^itude  ouest  de  Greenwich,  a  pres  de  3oo  milles  de 
longueur  et  i5o  de  largeur,  ou  environ  i5,ooo  milles 
de  surface  carree. 

Le  pays  est  parcouru  par  trois  lignes  distinctes  de 
hauteurs  {High  lands^  dont  deux  sont  connues  sous  la 
designation  de  montagnes  septentrionales  et  montagnes 
meridionales,  els'elevant  rarement  a  5oo  pieds  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer ;  la  troisieme  chaine  se  compose  de 
collines  arrondies.   Les  montagnes  du  nord  formant  la 


( »23 ) 

cote  sud-ouest  tie  la  Nouvelle-Ecosse ,  s'etendent,  sans 
line  seule  interruption,  I'espace  cJe  i3o  milles,  el  pre- 
sentent  a  la  nier  line  insurmontable  barriere ;  celles  du 
Slid  sont  bornees  au  nord  et  a  I'ouest  par  une  vallee  a 
travers  laquelle  la  riviere  Annapolis  decrit  un  cours  de 
plus  de  80  milles. 

Le  meme  volume  renferme  des  observations  meteoro- 
giques  faites  par  le  docteur  Holyoke  depuis  lySG  jus- 
qii'en   1829.  W. 

RAPPORT  VERBAL 

Sur   la   IS oinenclatui-a  geogrdfica   de  Espana  , 

DK    M.    CABALL.ERO  , 

Fait  a  la  seance  du  22  aout  1834, 

Par  M.  n'AvEZAC. 

Messieurs, 

M.  Firmin  Caballero  a  publie  a  Madrid  et  fait  parvenir 
a  la  Societe  de  Geograpbie  un  petit  volume  intitule  : 
Nomcnclatura  geogidphica  de  Espaiin  ,  dont  je  viens 
vous  rendre  un  conipte  sornmaire. 

Le  but  de  I'auteur  a  ele  de  passer  en  revue  les  noms 
geographiques  de  la  Peninsule,  pour  les  soumettre  a 
une  classification  fondee  sur  I'analyse  grammaticale,  et 
recbercher,  dans  leiir  signification  ,  le  motif  de  leur 
applicatiort  aux  localites. 

Dans  I'ensemble  de  la  nomenclature  topograpbique 
de  sa  patrie  ,  M.  Caballero  a  cru  devoir  distinguer  sepa- 
rativement  les  noms  proprement  dits,  les  sunionis,et  les 
particules  qui  servent  a  Her  le  surnom  an  nom  princi- 
pal;  puis  il  a  examine  quclles  especes  d'alterations  mo- 
difient  le  plus  ordinaireinent  les  denominations  de 
lieux  ;  enfin  il  a  consacre  un  chapitre  aux  proverbes ,  si 


(     124     ) 

frequens  dans  la  Peninsu'e ,  siir  les  qualites  et  los  de- 
lauls  des  populations  ou  des  localites. 

Quant  aux  nonis  proprement  dits  ,  il  les  considerc 
tour-a-tour  conune  simples  ou  composes,  radicaux  ou 
derives,  appartenant  a  la  langue  nationale,  u  des  patois 
provinciaux,  oua  des  idiomes  etrangers.  Entre  les  patois 
ou  les  langues  des  provinces,  il  distingue  successive- 
nicnt  le  Basque;  le  Li/uoiisi/i,  comprenanl  le  Catalan, 
le  Valencien  et  le  Baleare ;  puis  enfin  le  Galicien  ,  qui 
«'est  autre  que  le  Porlugais.  En  ce  qui  touche  les  deno- 
minations empruntec's  a  de§  idiomes  etrangers,  il  les 
classe  en  celtiques,  phenicienncs  ou  puniques,  grecques, 
romaines  ou  latines,  gothiqucs  et  enlln  arahes. 

Cechapitre  est  la  portion  la  plus  intercssantedu  travail 
de  M.  Caballero;  e'en  etait  aussi  le  plus  difficile  ,et  I  on 
doit  rendre  justice,  en  general,  a  la  sage  reserve  qu'il 
a  apportee  dans  la  chanceuse  recherche  des  etymologies; 
mais  c'est  una  matiere  si  delicate,  ou  I'esprit  est  si  aise- 
nient  trompe  par  de  fausses  lueurs,  que  nialgre  sa  re- 
serve, I'auteur  s'est  laisse  entrainer  a  des  conjectures  el 
des  assertions  hasardees  que  des  etudes  linguistiques 
speciales  lui  eussentfait  eviter. 

Je  ne  m'arreterai  point  a  relever  1  intrusion  des  mots 
arabes  ah-tlialayah  (vigie)  et  al-meiidrah  (phare)  dans 
la  liste  des  noms  caslillans,  puisqu'ils  sent  complete- 
ment  naturalises  dans  la  langue  espagnole;  mais  je  ne 
puis  me  dispenser  de  me  recrier  sur  le  classement  d'«/- 
pujarras  parmi  les  noms  celtiques  ,  comine  derive  de  la 
racine  alp ,  dont  je  suis  loin  d'ailleurs  de  contester  le 
celticisme;  mais  c'est  un  fait  historique  constant,  que 
alpujarras  estvenu  de  I'arabe  al-bonigehit ,  nomdonne 
a  ce  canton  a  cause  des  tours  nombreuses  qui  y  avaient 
ete  elevees.  C'est  egalement  un  fait  historique  que  Gi- 


(  1.5  ) 

braltar  vient  de  Gebel-Tlidreq  et  nom  de  Gehel-Tharjf. 
Jlpuente  me  parait  representer  exactemerit  le  latin  ad 
poiitem  ,  et  je  ii'y  saurais  reconnaitre,  non  plus  que  dans 
ses  analogues,  Ihybride  produit  de  I  article  arabe  et 
d'un  nom  castillan.  Caldf  eX  Benica/df  qua  M.  Caballero 
rapproche  de  Calat ,  Alfdques  et  Benalfaqid,  dont  il 
veut  trouver  la  racine  dans  al-zaque ,  ont  evitlemment 
uiie  toute  autre  origine,  et  11  est  surprenant,  au  nioins 
quant  au  dernier  nom,  que  le  mot  si  coiinu  de  faqjh 
ne  soit  point  venu  a  la  pensee  de  I'auteui-. 

Dans  les  etymologies  basques ,  il  me  semble  avoir  trop 
legerement  accorde  creance  aux  reveries  de  quelques 
enthousiastes  qui  ont  deraisonne  sur  leur  langue  mater- 
nelle.  La  signification  actuelle  dumot  ola  (cabane),  celle 
d II  mot  egui  (colline)  ,  me  semblent ,  par  exemple, 
offrir  un  caractere  de  simplicite  et  de  verite  bien  prefe- 
rable a  I'explication  torturee  de  ses  guides.  II  meconnait 
frequemment  lui-meme ,  dans  sa  traduction  des  noms 
basques,  les  regies  de  la  syntaxe  decetidiome,  dans 
lequel,par  exemple,  Iturbide  ne  signifie  point,  comme  le 
dit  M.  Caballero  ,  Fontaine  du  cheniin  ,  niais  bien  Cbe- 
min  de  la  fontaine;  ou  Echegojen  et  Goyeneche  n'ont 
point  un  sens  identique,  car  I'un  exprime  un  haut  de 
maison  ,  lautre  line  maison  den  haut  5  ou  Elexa\>eilia  ne 
veut  pas  dire  lebas  de  I'eglise,  mais  feglise  basse,  etc.,  etc. 

On  reconnait  qu'il  a  manque  a  M.  Caballero  ,  pour  le 
basque,  I'etude  des  deux  excellens  ecrits  deM.Guillaume 
de  Humboldt  {Berlchtigungcn  und  Zusdtze  zum  Mithri- 
dates^  et  Prii/ung  der  iintei  suchungen  iiber  die  urbewoh- 
ner  Hispaniens  verinittelst  des  vaskischen  spi-ache)  ^  ou  il 
eut  trouve  I'analyse  et  I'application  la  plus  philosophi([ue 
qu'on  ait  encore  faite  de  ce  curieux  langage  5  et  pour 
I'arabe,  i!  a  eu  tort  de  negliger  les  secours  nombreux 


(  ^^e  ) 

que  lui  eussent  offerls  la  Bihiiothecn  (trnbi('0-his])ana  de 
Casiri,  et  la  description  de  I'Espngne  du  scliei-yf  El- 
Edrysy,  traduitc  et  commenlee  par  Conde. 

Passant  des  detads  a  lensemble,  je  me  demande  si 
I'ordre  dans  lequel  ^I.  Cabaliero  a  classe  les  divers  Ian- 
gages  n'est  point  susceptible  d'amelioration  :  il  me 
senible,  en  etfet,  que  le  castillan ,  K;  basijue,  le  limou- 
sin,  le  galicien  ,  le  celte,  le  phenicien,  le  grec,  le  latin, 
le  gothique  et  I'arabe,  ainsi  ranges,  n'offrcnt  point 
entre  eux  la  serie  la  plus  rationnelie  a  laquelle  il  soit 
possible  d'atteindre;  je  verrais  plus  d'avantages  a  rap- 
procher  niutuellenient  le  grec,  le  latin, et  le  groupe  que 
j  appelleraidu  nomcommun  qui  lui  appartient,  romane, 
sauf  a  le  subdiviser  en  Catalan  ,  portiigais  et  castillan  5 
puis  a  cote  je  voudrais  placer  le  basque  ,  qui  dans  son 
etal  actuel  doit  aux  langues  neo-latines  la  majeure  par- 
tie  de  ses  mots;  puis  d'autre  part,  le  celte  et  le  gothi- 
que ;eteiifin  dans  une  derniere  categorie,  le  punique 
et  I'arabe,  mettant  ainsi  cote  a  cote  les  langues  que  des 
racines  communes  et  un  systeme  peu  dissemblable  da- 
nalogie  grammaticale  doivent  reunirpar  families. 

Apres  les  noms,  iM.  Cabaliero  traite  des  surnoms  , 
qu'il  classe  en  douze  articles  ditferens  ,  suivant  qu'ils 
indiquent  une  propriete  royale,  ou  une  domination 
seigneuriale,  soit  laique  ,  soit  ecclesiastique;  qu'ils  sont 
empruntes  de  la  ville  voisine,  ou  de  la  circonscription 
territoriale,  ou  de  (jiielque  personnage,  ou  dune  ri- 
viere; qu'ils  enoncent,  entre  plusieurslieux  homonymes, 
I'etat  relatif  d'anciennete  ,  d'importance,  de  situation; 
ou  qu'ils  font  allusion  d'une  mauiere  absolue  k  la  posi- 
tion topographique ,  aux  productions  naturelles  ou  \xt- 
dustriellos,ou  bien  cnfin  a  c{uelque  souvenir  historique. 

Certains  li«;ux  sent  indifferennnent  designes  par  deux 


(     127    ) 

on  plusiours  clenominalions  diverses^  M.  Caballero  ii'a 
point  oublie  den  pailer. 

Puis  il  vient  aux  particules  qui  entrent  dans  la  com- 
position des  noms  geographiques  espagnols  :  il  y  recon- 
nait  tantot  des  prepositions,  tantot  des  adverbes,  sou- 
vent  un  simple  article. 

Ensuile  il  traite  \\es  figures,  qui  le  plus  liabituellement 
alterent  les  denominations  primitives,  telles  que  la  syn- 
cope, I'apocope,  la  synalephe,  I'apherese  et  lametatbese. 
Le  livre  tout  entier,  mais  cet  article  surtout,  sont  em- 
preints  dun  certain  vernis  scolastique  auquel  les 
etudes  modernes  ne  sont  gaere  plus  accoutumees. 

Enfin  le  dernier  tiers  du  volume  est  consacre  aux 
proverbes  et  dictons  populaires  relatifs  aux  localites,  a 
leurs  babitans,  a  leurs  productions,  etc. ,  etc.,  distri- 
bues  en  une  serie  de  vlngt  paragraphes.  Cette  partie 
n'est  pas  la  moins  curieuse  de  I'ouvrage. 

Sauf  ce  dernier  chapitre,  qui  parait  aussi  complet 
qu'il  ait  dependu  de  Tauteur  de  le  faire,  et  qui  ne  pent 
etre  considere,  au  surplus,  que  comme  un  interessant 
nppendice  a  ses  considerations  sur  la  nomenclature  geo- 
graphique  de  I'Espagne,  on  ne  pent  s'empecber  de  re- 
gretter  que  M.  Caballero  se  soit  borne  a  tracer  un  cadre 
sans  le  remplir;  il  nc  me  parait  point  douteux,  toute- 
fois,  qu'il  n'air  dresse  pour  lui-meme  un  complet  inven- 
taire  de  cette  nomenclature  dont  il  a  fait  une  etude  si 
perseverante;  c'est  un  travail  qu'il  ne  peut  etre  qu'utile 
de  publier,  et  dor.t  il  serait  a  desirer  que  Ion  possedat 
les  analogues  pour  les  autres  contrees  du  globe  :  les 
noms  locaux  ne  sont  que  trop  souvent  defigures  a  I'e- 
tranger,  et  c'est  un  service  a  rendre  que  d'en  fixer  la 
veritable  orthographe,  fondee  sur  I'analyse  grammati- 
cale  et  la  signification  originelle. 


(  1^8  ) 


NOTICE 

SUR     UN    OUVUAGE    »E    M.    LE     DOCTEDR     GUTETAND, 
INTITULE  : 

Tableau  dc  Vetat  actucl  de  Veconomie  rurale  dans  le 
Jura  ,  et  considerations  sur  la  geographic  physique  de 
ce  departemcnt, 

Lue  a  la  Societe  de  Geographic ,  dans  sa  seance  du  4  juillet  i83/, , 

Par  M.    RoUX   DE  RoCUELLE. 


Les  etudes  geographiques  nous  paraitraient  incom- 
pletes si  elles  se  bornaient  a  de  simples  recherches  sur 
la  forme  de  la  terre,  suv  le  trace  de  ses  con  linens,  des 
chaines  de  montagnes  qui  les  traversent ,  des  fleuves  qui 
en  parcourent  les  regions  inferieures.  Tous  cesaccidens 
de  la  surface  du  globe  nous  conduisent  a  d'aulres  con- 
siderations sur  les  couches  dont  son  enveloppe  se  com- 
pose etsur  laparure  dont  elle  est  revetue.  Nous  regar- 
dons  la  terre  comme  I'habitation  de  1  homnie  :  tout  ce 
qui  peut  concourir  au  soutien  de  son  existence  et  on 
developpement  de  son  bien-etre  est  digne  d'interet 
pour  nous. 

De  la  resulle  une  alliance  nalurelle  entrc  la  geogra- 
phic et  quelques  autres  sciences  egalement  litfes  a  I'e- 
tude  de  la  terre  ou  a  celle  de  la  race  humaine.  Nous  ai- 
mons  a  chercher  quels  rapports  offre  la  situation  d'un 
pays  avec  les  plantes  dont  il  est  orne ,  avec  la  culture 
qui  peut  encore  Tenrichir;  et  nous  pouvons,  sous  ce 


(     129    ) 

point  de  vue,  puiser  une  nouvelle  instruction,  dans  nn 
ouvrage  qui  vient  d'etre  offert  a  la  Societe  par  M.  le 
docteur  Guyetand,  sur  I'etat  actuel  de  re'conomie  ru- 
rale  dans  le  Jura,  et  sur  la  geographie  physique  de  ce 
departement. 

Un  precis  raplde  sur  la  situation  de  cette  contree  de- 
vient  necessaire  pour  que  Ion  puisse  suivre  avec  plus 
de  fruit  la  marche  de  I'auteur  dans  les  differentes  par- 
ties du  terriloire  qu'il  veut  parcourir. 

Le  Jura  prend  son  noni  de  la  chaine  de  niontagnes 
qui  forme  sa  limite  orientale  et  qui  !e  separe  de  la  Suisse. 
Cette  chaine,  tracee  dans  la  direction  du  nord-est  au 
sud-ouest,  s'abaisse  graduellement  vers  I'occident,  par 
une  suite  de  plateaux,  de  vallees ,  de  niontagnes  infe- 
rieures,  dont  les  cinies  sont  generalement  paralleles.  Les 
principales  rivieres  qui  coulent  dans  cette  direction  des 
vallees  du  Jura  sont  laBienne,  I'Ain ,  la  Valouse.  La  ri- 
viere d'Ain  recoit  les  deux  autres  ;  elle  parcourt  ce  vaste 
plateau  situe  cntre  les  plus  hautes  sommites  des  nion- 
tagnes et  leurs  degres  inferieurs  ,  qui  descendent  de  c6- 
teaux  en  coteaux  jusqu  a  la  plaine. 

La  plaine  occupe  les  parties  occidentales  du  departe- 
ment :  elle  s'incline  vers  le  lit  du  Doubs  et  vers  celui 
de  la  Saone  par  des  pentes  insensibles;  c'est  au  nord- 
ouest  quelle  a  le  plus  d'etendue.  Les  principales  rivieres 
qui  la  traversent,  et  dont  le  cours  general  est  d  orient 
en  Occident,  sont  :  lOgnon ,  la  Loue,  la  Cuisance,  la 
Glantine,  la  Seille,  la  Valliere. 

Cette  difference  entre  les  deux  grandes  parties  du 
territoire  fait  deja  reconnaitre  que  I'une  et  I'autre  ne 
doivent  pas  avoir  les  menies  productions.  Celles  de  la 
niontagne  et  celles  de  la  plaine  sont  essentiellenient  dis- 
tinctes :  il  s  est  meme  forme  dans  la  zone  qui  les  separe 

9 


(  >3o  ) 
une  region  inlermediaiie  (jiii  occupc  tout  le  premier 
rang  lies  collines  :  cette  contree  est  celle  ties  vignobles; 
la  r('£;ion  tie  Li  plaine  est  consacree  aux  ct?reales,et  celle 
(!es  niontagnes  lest  aux  paturages  et  aux  forets.  C'est  en 
t^ntiant  dans  les  details  de  ccs  trois  "landes  divisions 
que  ion  est  conduit  a  examiner  les  dil't'eientes  propriett?s 
de  leur  sol ,  leurs  productions  naturelles  ,  et  les  cultures 
varices  dont  elles  sont  susceptibles. 

La  region  qui  se  presenle  la  premiere  est  celle  des 
uiontagnes  :  elle  est  la  plus  etendue;  elle  occupe  les 
deux  cintjuiemes  du  departement;  et  connne  t;lle  pre- 
sente  dans  ses  plus  hauls  sommets  et  dans  ses  parties 
infeiieures  deux  caracteres  bien  distincts,  I'auteur  la 
divise  en  haute  et  basse  inonta£;ne.  La  haute  uiont;i£fne 
reiiferme  le  vallon  de  I  Orbe ,  la  vallee  de  la  Bicnne , 
celle  du  Grandvaux;  la  basse  montagne,  situee  a  I'occi- 
dent  de  la  premiere,  comprend  la  Combe  d'Ain,  et  les 
plateaux  et  les  vallees  qui  se  prolongent  du  nord  est  au 
sud-ouest,  depuis  les  hauteurs  de  Salins  jusqu'au  bourg 
de  Thoirette  ,  qui  Jut  le  berceau  de  Bichat ,  et  qui  ter- 
mine  le  departenient  au  midi. 

La  pierre  calcaire  dont  se  compose  le  massif  de  ces 
montagnes  se  partage  en  deux  varietes  :  eJle  est  dure , 
compacte,  et  dun  grain  fin  dans  les  chainons  les  plus 
rapproches  des  Alpes ;  e'.le  a  un  tissu  lache  et  a  gros 
grains  dans  les  chainons  inferieurs,  et  cette  seconde 
qualite  renlerme  un  grand  nombrc  de  zoophites  et  de 
coquillages  petrifies.  Les  mines  de  fer,  les  tourbieres, 
les  carrieres  de  gypse  de  cette  contrt»e,  y  tlonnent  lieu 
a  des  exploitations  utiles. 

Les  arbres  resineux  croissent  spontanement  dans  la 
haute  montagne,  et  les  forets  y  sont  principalement 
coniposees   (\o   sapins    proprement    dits,    et    d'epiceas. 


(  i3^  ) 
Quelques  autres  essences  de  bois  y  sont  aussi  melees; 
mais,  a  I'exceplion  du  hetre,  elles  sont  tres  peu  noin- 
breuses. 

Dans  les  forels  de  la  basse  montagne  ,  on  reraarque 
le  cbene  ,  I'erable,  lefreno,  le  betre,  I'orme,  le  peu- 
plier,  le  lilleu!.  L'auteuv  a  rassemble  dans  son  ouvrage 
une  nomenclature  etendue  des  arbies,  des  aibrisseaux, 
des  planles  herbacees  qui  croissent  dans  les  differenles 
parties  de  ces  regions,  ou  elles  caracterisent  a-Ia-fois  le 
climat  et  la  nature  du  sol  :  il  a  distingue  les  plantes  qui 
croissenl  dans  les  lieux  les  plus  eleves  ou  sur  les  pla- 
teaux inferieurs,  et  celles  que  Ion  y  trouve  an  bord  des 
tourbieres  ou  dans  les  prairies  les  plus  ferliles.  Son  ou- 
trage pourrait  servir  de  guide  pour  la  geographic  bota- 
nique  du  departement  du  Jura,  et  il  offre  I'applicalion 
de  quelques  vues  gcnerales  que  j'ai  eu  I'bonneur  de  vous 
soumetlre  dans  un  precedent  Meinoire. 

Lorge,  I'avoine,  la  pomme  deterre,  sont  les  seules 
cultures  qui  puissent  reussir  dans  la  haute  montagne  : 
I'entretien  des  troupeaux,  la  fabrication  des  fromages , 
y  deviennent  la  principale  ressource  des  habitans.  Les 
chalets  ou  1  on  exerce  cette  branche  d  industrie  sont  si- 
tues  au  milieu  des  hauts  paturages  :  on  y  monte  avec 
les  troupeaux  vers  le  commencement  de  juin ;  on  les 
quille  des  le  9  octobre,  et  Ion  s'applique,  pendant  le 
reste  de  I'annee,  a  la  culture  de  la  terre  ou  a  I'exercice 
de  quelque  profession  mecanique;  genre  d'industrie  qui 
distingue  les  habitans  des  regions  les  moins  fertiles ,  et 
qui  leur  procure  une  aisance  dont  ils  seraient  prives  par 
I'ingratitude  du  sol.  Dans  la  basse  monlagne,  ou  la  terre 
est  plus  feconde,  on  a  donne  plus  de  developpement  a 
I'agriculture.  On  joint  aux  graines  que  nousavons  nom- 
necs  le  iroment  d  aulunme,  le  seigle ,  les  pois,  les  vesces, 


(     l32    ) 

Jes  lentilles,  le  mais,  el  Ton  fait  alterner  la  culture  des 
planles  alimentaires  par  ties  assolemens  regulicrs.  Les 
ceieales  d'automne  sont  cultivees  la  [jremiere  annee  ; 
on  donne  la  seconde  aux  cereales  dii  printenips,  la  troi- 
sienio  aux  legumineuses,  et  une  partie  des  champs  est 
niise  en  jachere. 

On  fait  aussi  eiitrer  dans  cettc  culture  la  navette,  le 
colza,  la  canieline,  d'oii  Ion  extrait  de  I'huile  j  la  rave, 
le  choux,  le  chanvre,  lelin,et  tjuelques  autres  semis, 
tels  que  le  trelle,  reserves  a  la  consommation  des 
bestiaux. 

Le  vignoble,  qui  se  prolonge  sur  la  chaine  occlden- 
tale  du  Jura,  et  qui  en  occupe  toutes  les  collines  infe- 
rieures,  est  la  region  la  plus  productive  de  ce  departe- 
ment  :  les  villes  de  Salins  ,  d'Arhois,  de  Polignv ,  de 
Lons-le-Saulnier,  de  Saint-Amour,  se  trouvent  place'es 
dans  la  direction  de  cette  ligne  de  culture,  et  la  ville  de 
Dole  est  a  I'extremite  d'une  seconde  lisiere  de  vignobles 
qui  s'etend  vers  le  departement  de  la  Haute- Saone. 

Des  bancs  de  marne,  de  I'argile,  des  couches  calcaires 
auxquelles  sont  melees  de  nombreuses  coquilles  d'ani- 
raaux  marins,  fossiles  ou  petrifiees ,  composent  en  ge- 
neral le  sol  de  cette  region.  La  culture  de  la  vigne  y 
commence  au  pied  des  roches  calcaires,  a  4oo  metres 
environ  au-dessus  du  niveau  de  la  Mediteri-anee.  On 
evalue  a  une  surface  de  plus  de  seize  niille  hectares  car- 
res  le  vignoble  du  Jura  :  I'auteur  indique  les  differens 
plants  de  raisin  que  Ion  y  cultive,  et  les  qualites  de  vins 
les  plus  renommees,  telles  que  celles  de  Salins,  d'Ar- 
bois,  de  I'Etoile,  de  Chateau-Chalon.  Tous  les  arbres 
fruiliers  reussissent  dans  le  vignoble  ;  les  noyers ,  les 
cluitaigners ,  y  e'taient  autrefois  nmltiplies;  mais  a  me- 
sure  que  Ion  a  etendu   cette  culture,  elle  a  envahi  les 


(  i33  ) 

forets  du  haut  des  collines  et  !a  phi  part  des  plantations 
inferieures. 

Toute  la  contree  du  vignoble  est  arrosee  d'lm  gi^nd 
nombre  de  ruisseaux,  et  Ion  a  remarque  que  la  pluparl 
des  sources  salees  s'y  trouvaient  egalement.  Celles  de 
Lons-le-Saulnier  et  de  Salins  ont  dorine  lieu  a  des  re- 
cherclies  et  a  des  decouvertes  de  mines  de  sel  dont  nous 
avons  rendu  compte  a  la  Societe. 

La  piaine  du  Jura  peat  etre  consideree  conime  un 
terrain  d'alluvion  ou  sont  melees  des  substances  cal- 
caires,  divisees  en  sable,  en  gravier,  en  galets  :  elles  re- 
posent  sur  des  bancs  de  marne  ou  d'argile,  et  sont  i-e- 
couvertes  d'une  couche  de  terre  vegetaleplus  ou  nioins 
profonde,  plus  ou  moins  melee  aux  autres  substances 
de  sa  base. 

Cette  region  renferme  entre  le  Dorain  et  la  Seille  de 
nombreux  etangs  et  des  terres  marecageuses.  L'abaisse- 
ment  ct  le  peu  de  pente du  territoire  en  rendent  sans  doute 
le  dessechement  tres  difficile,  et  les  plaines  voisines  du 
Doubs  et  de  la  Loue  y  sont  egalement  exposces  aux 
inondalions.  II  serait  digne  des  soins  du  gouvernement 
d'affaiblir  par  de  sages  mesures  cette  cause  de  dommage 
et  d'insalubrite  :  I'auteur  croit  ce  resultat  possible,  et 
ses  vucs  sont  celles  ddn  homme  eclaire. 

Toutes  les  cereales,  toutes  les  autres  plantes  alimen- 
taires,  reussissent  dans  la  piaine  du  Jura.  Le  froment 
d'automne  en  est  la  production  la  plus  importante;  on 
y  a  midtiplie  les  arbres  fruitiers  ,  le  betail ,  les  chevaux, 
tons  les  animaux  et  les  oiseaux  domestiques.  De  nom- 
breuses  ameliorations  dans  la  culture  se  sont  intro- 
duites  depuis  quarante  ans  dans  la  piaine,  comme  dans 
le  vignoble  et  les  montagnes  :  I'auteur  les  indiquc;  il  en 
conseille  encoi'e  plusieurs  autres,  et  ce  salutaire  mouve- 


(  i34  ) 
ment   imprinie    a    Tagriculture  continue   de    faire  des 
progres. 

Nous  avons  pu  remarquer ,  en  lisant  cetouvrage, 
combion  de  rapports  avaicnt  les  productions  de  la  terre 
ayec  la  geographic  physique  dun  pays ,  avec  la  nature 
du  sol ,  la  distribution  des  eaux ,  le  relief  du  terriloire  et 
la  temperatuie  du  cliuial.  La  geographic  ainsi  liee  aux 
etudes  agricoles  ,  tend  a  leur  donner  une  sage  direction: 
elle  merite  d'etre  envisagee  sous  ce  rapport,  et  tout 
nous  ramene  a  cette  observation  generale,  qu'une  science 
acquiert  plus  d'iniportance  par  lutilitc  de  ses  appli- 
cations. 

L'ouvragedout  nous  venous  d'otfrir  lanalyseest  celui 
d'un  observaieur  habile  et  d'un  bon  citoyen.  Ses  con- 
naissances  en  histoire  naturelle  lui  ont  permis  de  s'e- 
tendre  sur  la  geologic  du  departement  du  Jura,  et  sur 
la  grande  variete  de  ses  productions;  il  y  a  joint  toutes 
les  notions  de  zoologie  qui  pouvaient  se  iier  a  son  tra- 
vail sur  leconomie  rurale,  et  tous  les  principes  d'hy- 
giene  que  lui  suggerait  son  habilete  comme  medecin. 
L'etude  du  bien-etre  de  ses  cumpatriotes  la  occupe 
avant  tout  :  il  sest  empare  avec  cuipressement  dun 
sujet  que  la  Societe  dEmulation  du  Jura  avait  mis  au 
concours,  et  il  a  nierite  et  obtenu  que  la  Societe  cou- 
ronnat  son  ouvragc. 


( ^y- ) 


DEUXIEME  8ECT10N. 


DOCUMENS,    COMMUINICATIONS,    NOUVEILES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


NOUVELLE-GREXADE. 

On  lit  (laiis  cm  rapport  en  date  dii  2  mars  i834» 
adresse  au  congres  de  la  Nouvelle-Grenade  ,  pa:-  le 
secretaire  d'etat  de  I'interieur  et  des  relations  exterieures 
Lino  de  Poinbo(i),  qu'il  a  ete  deride  de  dresser  un 
atlas  conipiet  de  toutes  les  provinces  de  la  republique , 
en  tracant  une  carle  cliorographiquc  de  cliacune  d'elles 
en  particnlier,  et  une  carte  generale  de  tout  ie  terrltoire. 
Celte  qperation,  confieea  deux  Commissions,  composees 
de  gens  cxpeiimenles  et  munis  de  tous  les  pouvoirs  (  t 
iinslrumens  necessaires,  parait  devoir  durer  de  six  a 
hnit  annees. 

Ce  rapport  est  termine  par  un  tableau  dii  nonibre 
iVecoles  et  d  eleves  des  deux  sexes,  existant  acluelle- 
nient  a  la  Nouvelle-Grenade.  Nous  donnons  ci-apres  ce 
document. 

(i)  Esposicion  del  secrelario  de  cstiido  en  el  despaclio  itel  interior  i 
relaciones  exteriores  del  gobierno  de  la  Nucva-Grcnad<i  at  congieso 
conslUucional,  del  ano  |8;)4-  Uogold. 


ECOLES  DES 

Existant  en  i834  a  la  Nouvcllc- Grenade,   en  distinguant 

par  Vancienne 


PROVINCES. 


Antioquia  ,  .  . 

Bogota 

Buenaventura 
Cartagena  . . . 
Casanare  . .  , . 

Choco  

Mariquita  .  .  . 
Mompox  . .  .  . 

Neiva 

Panama 

Pamplona  . . . 

Pasto 

Popayau  .  .  .  . 
Rio-Hacha  . . . 
Santa-Marta  . 

Socorro  

Tunja 

Velez, 

Veragua  . . . . 

ToTAUX . . . 


METIIODE  LANCASTERIENNE. 


GARCONS. 


Ecoles. 


U 

27 
» 
3 


» 
3 
3 
3 
4 
» 
3 

» 
1 
10 
2 
» 

70 


t\h\ 


8o(i 

1,405 

» 

3  70 

» 

209 

99 

208 

140 

)) 

130 

)> 

)) 

54 

297 

123 

» 

3,841 


FILLES. 


Ecoles 


Eleves. 


45 


TOTAL   DES 


Ecoles. 


11 
28 


1 

10 

2 


71 


t\k\ 


850 

1,450 

» 

32f. 

» 

)) 

209 

99 

208 

140 

» 
130 

5) 
» 

54 
297 
123 


3,880 


DEUX   SEXES 

celles  regies  par  la  methode  Lancaster ienne  de  celles  regies 
methode. 


ANCIENNE 

METHODE. 

TOTAL 

GENERAL 

des 

GARCONS. 

FILLES. 

TOTAL  DES 

]£coles. 

Eleves. 

Ecoles. 

Eleves. 

Ecoles. 

]Sleves. 

ficoles. 

Eleves. 

54 

1,965 

14 

354 

68 

2,319 

79 

3,169 

42 

1,269 

8 

255 

50 

1,524 

78 

2,974 

13 

325 

» 

» 

15 

325 

15 

325 

15 

331 

40 

562 

55 

893 

58 

1,219 

8 

225 

» 

)) 

8 

225 

8 

225 

6 

104 

)) 

» 

6 

104 

6 

104 

)) 

» 

)) 

» 

» 

» 

» 

» 

26 

299 

16 

241 

42 

540 

45 

749 

17 

561 

« 

)) 

17 

561 

20 

660 

11 

380 

» 

» 

11 

386 

14 

594 

22 

774 

» 

» 

22 

7  74 

26 

914 

19 

4  36 

7 

23 

26 

459 

20 

459 

42 

1,829 

15 

336 

57 

2,165 

60 

2,895 

2 

163 

» 

)) 

2 

163 

2 

163 

23 

729 

)) 

11 

23 

729 

23 

729 

15 

815 

)> 

» 

15 

815 

10 

869 

25 

774 

I 

9 

26 

783 

30 

1,080 

14 

320 

1 

10 

15 

336 

•  17 

459 

1 

2:) 

» 

;» 

I 

23 

1 

23 

357 

11,328 

102 

1,796 

459 

13,124 

530 

I7,0l0l 

w. 


(   '^8  ) 


SOCIETE    AMERICAINE    DE    COLONISATION. 

La  Societe    de    Colonisation  ile    I'etat  d  ■  Maryland 
avait  annonce  I'inlention  de   fornicr  un  etablissenient 
au  cap  Palmas,  sur  la  cote  d'Afriijne.  Scs  aj^ons  viennent 
d'y  acquerir  la  possession  d  un  teiritoire  de  4^0  niilles 
Carres  environ,  s'etendant  de  20  inillcsle  long  de  la  cote 
sur  a-peu-pres  autant  en  profondeiir.  Cette  acquisition 
comprend  le  cap  et  le  liavre  qu'on  dil  ctre  le  mcillLiir 
de  la  cote  depuis  Sierra  Leone  Jusqu'a  Fernando  Po. 
La  situation  est  elevee,  parait  salubre  et  n'est  environ- 
nee  par  aucuns  marais  ou  aniius  deau  slagnante^  le  sol 
est  riche  et  les  eaux  qui  le  baignent  abondent  en  huitres 
et  en  poisson.  La  Societe  a  [)aye  cc  terrain  ,  en  diverses 
inarcban  discs,  exclusion  faitede  liqueurs  foites  ou  esprits, 
et  moyennant  Tengagement  d'etablir,  dans  le  delai  d'une 
annee,  trois  ecoles  libres  a  I'usage  special  des  naturels, 
dans  les  trois  principales  villes.  Les  indigenes  inontrent 
les  dispositions  les  plus  aniicalcs  et  un   grand  desir  de 
s'instruire.  (i) 

Le  capitaine  Rdey,  connu  parsonzele  philantbropique 
et  par  les  souffrances  dune  longue  caplivite  parnii  les 
Arabes  du  desert,  a  rccemnient  rapporte  d'un  voyage  de 
Moiradore  et  offert  a  la  Societe  Ainericaine  de  colonisa- 
tion  ,  deiix  boisseaux  de  ble  de  Barharie^  dans  I'espoir 
qu'il  serait  mieux  adapte  au  sol  de  Liberia  que  le  grain 
qui  y  est  cnltive.  Le  ble  de  Barbaiie  passe  pour  le  nieil- 
Icur  quil  y  ail,  et  croit  clans  un  pays  oil  le  froid  n'est 
point  connu.  W. 

{^Liberia  H?rald,  24  deceinbre  i833. ) 


(l)    T/ie  nfricaii  ReposUory,    vol.  X,  li"  4  'juili  l834). 


(   i39  ) 

Bo  Poro,  I'lin  des  etablissemens  indigenes  voisinsde 
Liberia,  est  silue  sur  une  hauteur  et  peut  etre  vu  de 
plusieurs  niilles  a  la  ronde.  La  route  qui  y  conduit  de 
Monrovia  va  toujours  en  montant,  est  rocailleuse  et 
bordee  de  cliaque  cote  par  de  tres  grands  arbres,  entre- 
meles  de  quelques  vigneset  arbrisseaux,  principalement 
dans  les  lieux  qui  ont  ele  cullives.  A  i5  ou  20  milles  de 
Bo  Poro,  on  n'apercoit  qu'un  tres  petit  nombre  d'arbres 
forestiers  dans  (juelques  petites  places  inaccessibles  a  la 
culture.  La  raison  de  cette  difference  est  que  les  natu- 
rels  se  rapprochent  tous  les  ans,  de  plus  en  plus,  de 
la  ville  pour  elablir  leurs  fermes ,  et  fontautant  de  clai- 
rieres  des  endroits  qu'ils  abandonnent. 

On  trouve  a  Bo  Poro  de  Teau  fraiche  en  abondance 
(  qu'on  croit  provenir  dune  source  d  eau  vive)dune 
excellente  qualite;  elle  est  toujours  froide,  surtout  en 
novembre  et  en  deceinbre.  —  La  ville  consiste  en  3oo  a 
35o  niaisons  contenant  environ  3,ooo  habilansde  toutes 
sortes  de  tribus,  dont  Boatswain  est  empeieur  souve-, 
rain ,  quoique  chacune  d'elles  ait  son  nionarque  ou  chef 
particulier.  Qtielques-uns  de  ces  derniers  se  croient 
egaux  en  pouvoir  a  Boatswain  ,  raais  ils  se  garderaient 
bien  de  manifester  cette  pretention  en  sa  presence.  II  y  a 
a  Bo  Poro  un  niarche  quotidien  ,  ou  Ton  peut  se  fournir 
de  riz,  cassave,  plantains,  huile  et  noix  de  palmier,  et 
de  toutes  sortes  de  viunde  sauvage,  depuis  celle  de  I'ele- 
phant  jusqu'a  celle  (\i\  singe.  On  s'y  procure  aussi  du 
poivre,  du  set,  des  poules,  dj.i  poisson  ,  des  oeufs  de 
poule,  des  mats,  des  corbeilles  de  fantaisie ,  du  coton 
tisse,  des  draps  de  coton  ,  etc. ,  contre  du  labac  et  tous 
les  articles  de  manufacture  europeenne.  Bo  Poro  est 
genera  lenient  frequente  par  la  plupart  des  Africains,  qui 


(  '4'>  ) 

veulent  faire  proniptement  lour  trafic  ;  c'esl  daillcurs  le 
point  capital  (le  la  cote  occidentale  d'Afrique,  dans  nne 
longueur  de  200  a  i^oo  milles,  011  le  commerce  ne  peut 
s'etendre  par  1  influence  et  la  terreur  cjua  su  inspirer 
Boatswain.  W. 

(  Liberia  Herald y  24  fevrier  i834.  ) 


COLONlIi    DE    LIBERIA    (Aflique). 

M.  Voorhees ,  commniandant  le  Sloop  de  guerre, 
John  Adams,  de  la  marine  des  Elats-Unis ,  a  visite 
recemment  la  colonic  de  Liberia.  Dans  son  rapport, 
date  du  cap  Mesurado,  le  i4  decembre  i833,  et 
adresse,  au  secretaire  de  la  marine,  cet  officier  repre- 
sente  Monrovia  k  comme  etant  dans  une  condition 
prospere  ,  ses  habitations  offrant  un  air  d'aisance  et  de 
proprete  vrairnent  remarquables.  Plusieurs  magasins 
.  construits  en  pierre  et  des  quais^galement  en  pierre , 
bordent  le  fleuve  j  d'autres  sont  en  construction;  des 
batimens  debarquent  ou  font  leur  cargaison  de  retour; 
enfin  ,  il  regne  un  mouvement  et  un  aspect  d'affaires, 
tels  qu'on  en  voit  dans  nos  ports  marcliands.  Tout  le 
monde  parait  occupe;  ct  le  lion  ordre  et  la  moraiite 
se  font  sentir  dans  les  rapports  avec  les  babitans.o 

11  y  a  quelque  temps,  un  baleinier  francais  fit  nan- 
frage  au  sud  de  Grand-Bassa.  L  equipage,  compose  de 
20  individus,  fut  recueUli  par  les  colons  du  lieu,  qui 
lui  faciliterent  les  moyens  de  se  rendre,  en  longeant  la 
cole,  jusqu'ii  Monrovia;  la,  les  nauf'rnges  furcnt  places 
a  bnrd  dune  goclette  du  gouvernement,  qui  les  con- 
duisit  aGoree,  lieu  de  leur  etablissemcnt.  Le  gouverneuc 


(  '4i  ) 

de  celte  colonle  envoya  un  clesesofficiers  ,  pour  adres- 
ser  aux  liiibitans  de  Liberia,  les  remercimens  qui  leur 
etaient  dus  pour  leur  conduite  genereuseet  hospitaliere 
dans  cette  circonstance. 

On  dit  que  des  navires  de  Cuba  frequentent  actuel- 
lement  cette  cote,  vers  I'equateur  ,  pourse  livrer  a  1  o- 
dieux  trafic  de  la  traite.  Le  capilaine  Voorbees  pense 
qui!  faudrait  un  bateau  a  vapeur  arme  en  guerre,  pour 
croiser  dans  ces  parages,  attendu  les  calmes  quiysont 
tres  frequens  et  durent  plusieurs  jours;  les  batimens 
ordinaires  fdent  rarement  plus  de  deux  nceuds  a  I'beure, 
et  Ion  considere  40  milles  par  jour  comnie  une  niarcbe 
tres  rapide.  Le  John  Adams,  ayant  toutes  voiles  de- 
hors, a  mis  10  jours  a  faire  240  milles  sur  cette  cote. 

W. 


CHEMIN    DE    FER    POUR    UNIR    LES    DEUX    OCEANS. 

Une  souscription  de  90,000  dollars  a  ete  faite  a  Pa- 
nama pour  la  construction  d'un  chemin  de  fer  de  cette 
ville  a  cellede  Porto-Bello,  c'est-a-dire  de  I'ccean  Paci- 
fique  a  I'Ocean  Atlantique.  On  a  decouvert  un  passage 
qui,  en  general  ,  n'est  point  occupe  par  des  collines  et 
qui  n'a  pas  plus  de  35  milles  de  longueur. 

Les  commissaires  charges  d'explorer  cette  route  par- 
tirent  de  Panama  le  25  mars  dernier  et  n'etaient  pas  de 
•retour  le  6  avril.  W. 


^2    ) 

TROISIEME    SECTION. 

Actes  de  la  Soci^te. 


PP.OCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  da  if^""  aoilt  i834. 

Leproces-verbalde  la  dernlere  seance  est  In  etadopte. 

M.  JomartI  communique  tieux  leltivs  parlictilieres 
qu'il  a  recucs  de  M.  Frederic  Waldek  ,  voyageur  en 
Amerique,  ancien  eteve  de  lecole  francaise.  Ces  lettres 
datees  de  Tabasco  dii  21  mars  et  du  20  avril  i834, 
coniiennent  des  details  circonstancies  sur  les  antiquites 
de  Paienqiie  el  des  pays  environnans  explores  par  cet 
artiste,  qui  a  deja  passe  deux  ans  sur  leslieux,  et  qui 
se  propose  d'y  sejourner  deux  autres  annees  encore.  II  a 
releve  une  carte  topographique,  copie  avec  soin  les  bas- 
reliefs  des  nionumens,  leve  les  plans,  dessine  les  coupes 
et  elevations  des  edifices,  etc.  M.  Joniard  ajoute  que  le 
talent  de  M.  Waldek,  comme  dessinateur,  etant  bien 
connu,  Ion  doitesperer  des  representations  lidcles  des 
nionumens  de  celle  partie  de  lAmeriquc. 

M.  Leprieur  depose  sur  le  bureau  le  rapport  qu'il  a 
presente  au  miuistere  de  la  marine  sur  son  voyage 
dans  la  Guyane  centralc. 

M.  Warden  rend  comptc  du  premier  volume  (nou- 
velle  serie)  des  Memoires  de  I'Acade'mie  americaine  des 
sciences  et  arts.  II  comnmni(jue  ensuile  1  extrait  d'un 
rapport  desdirecteurs  de  la  Societe  americaine  de  colo- 
nisation pour  i833,  ainsi  qu'ime  note  sur  le  chemin 
de  fer  projet*^  dans  I'isthme  de  Panama,  et  qui  doit 
unir  les  oceans  Allantique  et  PaciCque.  Ces  diverses 
conununications  sont  renvoyees  au  Comite  i\u  JiuUetiii. 


(   '43  ) 

Seance  dn  22  nuut. 

Le  proces-vei  bal  cle  la  derniere  seance  esl  lu  et  adopte, 

M.  le  Ministre  de  la  marine  ecrit  a  la  Societe  pour 
lui  deniaiider  communication  du  resultat  de  I'exanien 
qu'elie  aura  fait  des  travaux  de  M.  Leprieui"'  sur  la 
Guyane;  i!  desire  aussi  qu  en  exprimant  son  jugement 
sur  lenierite  de  rexploration  elfectuee  par  ce  voyageur, 
la  Sociele  emelte  son  avis  sur  les  dispositions  qui  se- 
raient  a  faire  pour  coniinuer  utilement  cette  reconnais- 
sance. M.  le  President  designepour  s'occuper  de  cette 
question,   MM.  Coraboeuf,  D'Avezac,   et  V\  arden. 

M.  De  Jablonsxki,  administrateur  de  la  paroisse  d'Op- 
pova  en  Hongrie,  sur  la  trontiereturque,  offre  de  faire, 
aux  frais  de  la  Societe  un  voyage  dans  I'interieiir  de  la 
Guyane,  et  il  demande  les  secours  et  les  instrumens 
qui  lui  sont  necessaires  pour  entreprendre  ce  voyage. 
La  Commission  arrete  que  M.  Jablonsxki  sera  remercie 
dune  offre  de  zele  dont  elle  regretle  de  ne  pouvoir 
prof'ter,  les  usages  de  la  Societe  ne  lui  permettant  pas 
de  faire  les  frais  des  voyages  de  decouvertes. 

M.  le  secretaire  de  1' Academic  royale  des  sciences 
de  Berlin  adresse  a  la  Societe  le  premier  volume  de  ses 
Memoires  pour  lannee  1882,  et  M.  le  secretaire  du 
comite  des  traductions  orientales  de  Londres  transniet 
une  serie  de  volumes  publics  par  ce  comite.  — Remer- 
clmens. 

M.  D'Avezac  communique  I'extrait  dune  lettre  par- 
ticuliere  qui  lui  estadressee  de  Londres  etdans  laquelle 
on  lui  annonce  qu'il  se  prepare  actuellement  deux  ex- 
peditions geographiques  en  Angleterre  :  I'une  serait 
chargee  de  I'exploration  de  la  Guyane  anglaise  et  aurait 
pour  but   principal    de  determiner  la  geographic  pby- 


(  M4  ) 

sique  de  ses  districts  interieurs,  en  les  liant  aux  posi- 
tions fVancaises  dans  lost  et  a  cellesde  M.  de  Humboldt 
dans  rouest;rautre  serait  destinee  a  pe'netrer  dans  I'in- 
terieur  de  I'Afrique  australe  par  la  haie  Da-Lagoa,  pour 
Her  les  decouvertes  des  niissionnaires  dans  Ic  nord  du 
Cap  de  Bonne-Esperance  avec  ce  point  du  littoral  et 
peut-etre  nieme  avec  les  sources  du  Zanibeze  et  Ics  eta- 
blissemens  portugais  de  I'interieur  le  long  de  ce  lleuve. 

M.  Joniard  communique  une  lettre  particuliere  de 
M.  le  baron  de  Hammer,  annoncant  I'envoi  d'une 
notice  sur  le  voyage  de  M.  Leon  De  Laborde,  et  d'un 
nouvei  o[)uscule  de  M.  le  comte  de  Serristori  sur  la 
statistique  de  I'ltalie. 

Le  meme  membre  annonce  que  M.  Haradere  lui  a 
donne  communication  d'une  panic  des  manuscrits  de 
M.  le  colonel  Dupaix  sur  les  niitiquites  de  Palenque, 
d'apres  la  copie  falte  sur  les  originaux  du  musee  de 
Mexico.  M.  Baradere  est  sur  le  point  de  se  rendre  au 
Mexique,  ou  il  esperereunirdes  moyens  d'exploration. 

M.  Bottin  ecrit  a  la  Societo  pour  lui  of'f'rir,  de  la  part 
de  1  auteur,  J\L  Noellat,  de  Dijon,  une  carte  de  France, 
politique,  industrielle,  commerciale,  classique  et  rou- 
tiere,  ainsi  qu'une  geographic  universelle  ancienne  et 
moderne. 

M.  Warden,  communique  divers  renseignemens, 
I"  sur  le  nombre  des  ecoies  et  des  eleves  des  deux 
sexes  existant  acluellement  a  la  Nouvelle-Grenade ; 
2°  sur  le  nouvei  etablissement  forme  par  les  Americains 
au  Cap  Palmas;  3°surBoPoro,  I'un  des  etablissemens 
voisin  de  Liberia.  —  Ilenvoi  au  Comite  du  ]5ulletin. 

M.  D'Avezic  fait  un  rapport  verbal  sur  la  nomencln- 
clatura geograficade  Espahadie.  M.  Caballero.  —  Renvoi 
au  Comite  du  Bulletin. 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPIilE. 


SEPTEMBRE    i8j4. 


PREMIERE  SECTION. 


3IEM0IRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


RELATION 

DUin  -»oyage  dans  Vinierieur  tie  V Afrique  seplentrionale, 
Par  Hhaggy  Ebn-el-Dyn  el-Eghouathy. 


NOTICE  SUR  LE  TRACE  G^.OGR APHIQUE 

d'uNE    parti  E    DE    L'ArRIOTJE     SF.PTENTRIONALE. 
(suite     ET    FIN.) 


Avant  de  quitter  la  province  de  Constantine,  j'ai  iiii 
mot  a  dire  de  Baiihayali,  orthographie  Bagai  par  Shaw,  - 
qui  parait  avoir  eniprunte  ce  qu'il  en  tlit  a  la  relation 
nianuscrite  d'Antoine  Peyssonnel ,  lequel  lavait  visitee 
a  la  fin  de  juin  1725.  Je  n'ai  pu  nie  procurer  cette  rela- 
tion originate;  et  il  me  parjit  d'autant  plus  indispensa- 
ble den  faire  une  etude  approt'oiidie,  qu'ayant  pu  com- 
parer aux   resultats  que  Shaw^  eh  a  conclus  ceux  que 

lO 


(  '46) 
M.  Lapie  et  M,  Guillaume  Barbie  du  Docage  en  onl  tires 
a  leur  tour,  je  nie  suis  Irouve  embarrasse  d'optor  entre 
trois  versions  diverses  :  encore  rcstait-il  la  ditficulte  de 
faire  cadrer  Tune  on  I'aulre  d'elles  avoc  K's  indications 
puisees  a  d'autres  sources;  j'ai  renonce  des-Iors  a  re- 
soudre  quant  a  present  une  question  qui  n'avait  d'ail- 
leurs  pour  Tensemble  de  mon  travail  aucun  interet  ac- 
lu(d,  et  j(;  me  suis  d'autant  plus  aisenient  resigne  a 
ni'abslenir,  que  mon  excellent  ami  M.  Guillaume  Barbie 
du  Bocage ,  qui  m'avait  coinplaisamment  communique 
ses  propres  extraits  de  la  relation  de  Peyssonnel  ,  s'oc- 
cupe  de  rechercher  loriginal  de  celle-ci ,  afin  de  la  pu- 
blier  avec  une  construction  grapliique  de  la  route  de  ce 
voyageur. 

Des  extraits  et  des  croquis  que  j'ai  eus  sous  les  yeux, 
je  dois  me  borner  a  concluretjueLandjese  et  Bagai  sont 
seulement  a  8  heures  ou  20  niilles  de  distance  mutuelle, 
ainsi  que  la  adoptcShaw;  or  la  distance  de  Lambese  a 
Diana  n'est  que  de  33  mille  pas  ou  26  1^2  milles  geogra- 
phiques,  au  maximum,  d'apres  I'itineraire  d'Antonin, 
ce  qui ,  avec  les  24  milles  entre  Zainab  et  Selbyf  indiques 
par  Shaw  et  qui  resuhent  egalement  de  I'itineraire  de 
Peyssonnel,  ne  produira  que  70  iji  milles  entre  Setliyf 
et  Bagbayah.  Or  Scbaw  donne,  d'un  autre  cole,  une 
niesure  de  24  lieues  ou  72  milles  entre  Qala't-el-Alsnyn 
et  Biigbayali  (x);  ccs  deux  lignes  ne  peuvent  se  rencon- 
trer  merae  sur  la  voie  directe  do  SetbyfaQala'h,  et  bien 
nioins  encore  en  inclinant  loutes  deux  au  sud  pour  aller 
au-dela  du  Gebei-el-Ouastli,  qui  lui-meme  est  au-dela 
de  la  montagne  de  Seedy  Rougeise ,  visitee  par  Sbaw,  et 
siluee  a  42  milles  au  S.  1''.  i;4  S.  deConstantine. 

(f)  De  Gellah  a  AynT\l!ali ,  18  lieues  dans  I'ouest,  et  de  lA  a 
Bagai,  r>  lieues  dans  la  nidme  direction. 


(  ^47  ) 
Dune  autre  p-ut,  lEdrysy  iiulique  ljaghay;ih  a  8 
jouniees  de  Bougie,  el  a  4  stations  deTliobnali,  qu'il 
met  elle-menie  a  G  journees  de  Bougie;  le  Bekry  met, 
de  son  cote,  Bagliayali  a  4  journe  s  de  Beskarah  (i)  ; 
une  position  nioyenne  de  35"  23'  N.  et  4°  3o  \l.  rempli- 
rait  tres  bien  res  conditions,  au  taux  uniforine  de  i5 
niilles  a  lajournee;  mais  elle  ne  peutcadrer  avec  celles 
qui  resultent  de  la  ligne  plus  precise  deSethyfa  Ba- 
ghayah  par  Diana  et  Landjese.  Je  signale  ces  incertitudes 
au  zele  invesligateur  de  nos  otliciers  de  larniee  d  Afri- 
que  :  a  eux  est  1  honorable  tache  de  fixer  en  fin  la  geo- 
grapliie  de  loute  la  region  l)arbaresque. 

Prenons  maintenant  la  route  de  Shaw  entre  Alger  et 
les  montagnes  de  Tatcherah ,  qu  il  appelle  Traia.  La 
carte  litbographiee  du  Depot  de  la  guerre  est  en  cette 
partie,  du  moins  pour  tout  ce  qui  est  compris  dans  la 
premiere  feuille,  la  reproduction  d  une  carte  dressee  a 
Oran,  sur  les  renseianemens  des  iudii>enes  combines 
avec  les  documens  anterieurs,  .par  M.  le  capitaine  d'etat- 
niajor  Tatareau,  qui  a  fait  preuve,  dans  ce  travail,  de 
beaucoup  de  sagacite,  mais  dont  je  ne  crois  pas  moins 
indispensable  de  controler  les  resultats  afin  de  ne  m'ap- 
puycr  que  sur  des  bases  que  j'aurai  personuellement 
verifiees;  j'analyserai  done  directement  I'itineraire  de 
Shaw,  qui  se  rattacbe  a  un  assez  grand  nombre  de  points 
de  la  cote  pour  en  obtenir  une  construction  satisfai- 
sante. 

Apres  avoir  reconnu  que  le  docte  Anglais  a  vu  de  ses 
yeux  tout  le  cours  du  Schelif  entre  son  endjouchure  et 
le  confluent  de  la  petite  riviere  Harbeene  (probable- 

(i)  Edrysy,  pages  228  ,  237  et  234  ;  Belu-y  ,  page  70. 

10, 


(  '48  ) 

iHciit  Oued-el-Kharhyn) ,  jc  vais  tn'occiiper  d'en  reea- 
blir  le  trace.  Le  confluent  de  cette  riviere  a  lieu  aupres 
diirio  ville  ruinee,  designee  par  Ics  Arabes  sous  I'appel- 
latif  I'Ll-Mcdyiiah  el-RlicrJjah  (la^ille  detruile),  qui  se 
rencontre  si  Irequemment  dans  la  geograpliie  nioderne 
de  ces  contrees.  La  caite  deShavv  met  EI-KIierbah  vers 
le  S.  O.  de  Melidyah,  a  une  distance  egale  a  celle  de 
Mehdyah  a  Belydah  ;  c'esl  aussi  ce  quolfVe  une  carle 
plus  detaillee,  levee,  a  ce  qu'il  parait,  par  des  officiers 
auglais  lorscjue  se  preparait  rexpeditioii  d'Exmouth,  et 
dont  M.  Lapie  ma  obligeamment  communique  iin 
caique.  Jai,  d'apres  cette  base,  place  cette  premiere 
Kberbah  a  36"  2' N.  et  o"  16' E. 

De  la  a  I'embouchnre  du  Schelif ,  la  distance  reelle  est 
de  iiy  milles,  tandis  que  Shaw  n'en  compte  que  87, 
ce  qui  constitue  une  insufllsaiicc  d'estime  dun  tiers  j 
correction  faite ,  les  mesures  partielles  du  cours  du 
Schelif  donnees  par  Shaw  doivent  etre  employees  ainsi 
qu'il  suit : 

Depart  du  confluent  c!u  OuOd-el-Klierbyn. 

Confluent  du  Ou»5del-Fadhah,  au  lieu  de  14  lieues,  56  miiles  O. 
Coufluent  de  la  rivifere  Arliyone,  au  lieu  de  7      —     2S     —     O.  S.  O. 
Confluent  de  la  riviere  Mjnali ,  au  lieu  de  5     —     20    — •     O, 
Cap  Ivi  ou  Gebel  el-Dys au  lieu  de  5     —     20     —     N.  O. 

La  ligne  que  jai  ainsi  construite  se  trouve  accompa- 
gnee,  dans  la  majeure  partie  de  son  elendue,  par  la 
route  que  Shaw  a  suivie  el  tracee  depuis  KubberRomeah, 
vers  I'ouest,  avcc  end^ranchement  sur  Mostaiihanem  et 
Oran.  Rubber  Romeah,  plus  correctemenl  Qobr  el- 
Roumyah,  est  un  monument  bien  connu,  ou  il  est  a 
desirer  que  soicnt  operees  des  fouilles,  qui  selon  toute 
apparence  seront  fructueuses  pour  I'archeologie  man- 


(  ^49  ) 
ritaniquc,  cur  nous  savons  par  Ponipor.ius  Mela  (i)que 
c'elait  la  sepulture  royale  des  souverains  de  Cesaree. 
Nous  avons  un  autre  point  de  repere  dans  Seedy  Jbidy 
plus  exactcnient  Sydy  O  bayd,  que  Shaw  nous  dit  etre 
a  2  niilles  (correction  faite,  pres  de  3  niiUcs)  a  lest  du 
confluent  de  VArhew  (Arliyoue);  il  se  place  ainsi  vers 
35°  Sa'  N.  et  i°  20'  O.  dans  ma  construction  ,  qui  me 
donne  en  meme  temps  Mazounali  vers  35"  59'  N.  et 
1°  28'  O.,  Senab  vers  35°  Sg'  N.  et  i-  i'  O. ,  et  Melya- 
nah  vers  36'  i4'  N.  et  o"  10'  0. 5  cette  derniere  est  I'an- 
cienne  Malliana,  d'ou  I'itineraire  d'Antonin  nous  con- 
duit a  Rusuccurruni ,  ainsi  qu'il  suit  : 

Malliaua. 

Sufasar M.  P.   xvin  (i) 

Velisci XVI     (3) 

Tanara  Musa  Castra xvi 

Tamariceto  pra;sidio xvi 

Rapida  Castra xvi 

Rusuccuno  coloiiia xii 

D'autre  part,  nous  avons  deja  vu  (4)  que  Suiasar  est 
a  i6  mille  pas  de  Aquje,  et  celles-ci  a  aS  niille  pas  de  Ce- 
saree :  les  bains  Hanunam  Meriga,  a  20  milles  de  Scher- 
schel,  correspondent  a  merveil'e  a  Aquoe;  de  sorte  que 
la  position  de  Sufasar  se  trouve  ainsi  assuree  \  et  Ton 
apercoit  aise'ment  que  la  route  doit  aboutir  aux  mines 
voisines  du  cap  de  Temedfous,  Rapida  Castra  niarquant 
le  passage  du  Hhanatch. 

Le  surplus  de  la  route  de  Shaw  n'ofire  d'impoitant  a 
placer  que  Telemsen ,  qu'il  met  a   i")  milles  S.  S.  E.  de 

(i)  Mela  ,  lib.  i,cap.  iv. 

(2)  Variante :  xviiii. 

(3)  Variante:  xv. 

(4)  Ci-dessus,  p.  lo?.. 


(  ^5o  ) 

reuibouchure  cle  la  Tafnay,  et  a  pareille   distance   ties 
montatfiies  de  Tatcherah.  La  carte  de  M.  Gamier  place 
la  <Traii(le  montairne  deTadiera  ou  mont  Noe  a  35°8'N. 
et  4°  !V  O.;  elle  indiquc  on  memo  temps,  vers  remhou- 
chure  de  la  Tafnay,  sur  la  rive  gauche,  nn  village  dans 
lequelon  rie  pent  nieconiuutre  los  restcs  d'Areschqoul(i) 
dont  le   noni  s'est  perpetiie  dans  1  ile  voisine,  deligure 
louleiois  sur  nos  cartes  en  ceux  de  Harschgoune,    de 
llis<^oun,  etc.  Aboult'eda  compte  20  milles  deTelemsen  a 
Areschqoul,  et  ce  chilCre,   con  forme  a  celiii  ijua  em- 
plove  M.  Tatareau  ,  prouve  que  les   i5   milles  de  Shaw 
doivent  etre  augmentes  suivant  la  proportion  (jiie  nous 
avons  deja  enqjloyee  sur  le  Schelif ;  mais  en  appuyant 
ainsi  Telomsen    par   20  milles   sur  remhouchure  de  la 
Tafnay  et  20  milles  sur  le  mont  Not;,  il  ne  restera  plus 
que  53  milles  jusqu'a  Oran  ,  tandis  que  Shavv  en  met  54 
dans  son  texte,  5i  dans  sa  carte,  c'est-a-dire  a-peu-pres 
la  distance  meme  que  je  trouve,  sans  qu'il  y  ait  lieu  a 
raufmientation  ordinaire.  Celte   diificulte  est  levee  par 
un  itineiaire  dOran  a  Ouelchdah  recueilli  par  M.  le  ca- 
pitaine    d'etat-major    Levret,   et   qui    porto    ^4  heures 
d'Oran  a  Telemsen  et  i/\  heures  de  Telemsen  a  Ouetch- 
dah  ;  or  en  partanl  de  la  position  de  Ouetchchdi  determi- 
nee  par  Badia  ,  Telemsen  me  viendra    par  35"  i'  N.  et 
3°  39'  O.  ,  a  3  I  n)iiles  de  Ouetchdah  et  53  milles  d'Oran 
comme  ci-dessus.  Ainsi  Shaver,  dont  Testime   de   route 
entre  Alger  et  les  montagnes  de  Tatcherah  est  en  gene- 
ral trop  courte  d'nn  lieis,  a  pourtant  estinie  a  sa  valenr 
reelle   la  distance  dOran   a   Telemsen  :  il  suffit,  pour 
s'expliquer  celte  auomalie  ,   de  considerer  que,  a  part 
cette  distance  (juil   a  indubitahlement  fixee  par  deux 

(1)  Voir  Beki  y,  page  102. 


(  i5i  ) 
observations  de  latitude,  tout  le  surplus  de  sa  route 
dans  cette  province  est  principalement  dirige  dans  le 
sens  des  longitudes  el  entache  dune  erreur  couiniune. 

Le  trace  que  Shaw  a  donne  de  son  itineraire  ne  se 
poursuit  pas  jusqu'a  Nedroumah,  qui  est  au  revers  oc- 
cidental des  montagnes  de  Tatcherah  ;  ce  point  est  in- 
scrit,  sur  la  carte  de  M.  Garnier,  a  la  ineme  position, 
a  un  niille  pres,  que  celle  de  35"  3'  N.  et  4"  6'  O. ,  que 
me  procurent,  dune  part  une  distance  de  lo  heures 
sur  Telemsen ,  indiquee  a  M.  Levret  et  que  je  traduis, 
d'apres  les  precedentes  donnees,  par  22  niilles  geogra- 
phiques,  et  d'autre  part  une  distance  de  8  niilles  sur 
Ternany  et  Taouant ,  marquee  par  le  Bekry.  (i) 

La  route  de  Shaw  ne  va  pas  non  plus  a  Ma'skarah  , 
•nais  il  en  indique  dans  son  texte,  sans  doute  d'apres  de 
bonnes  informations,  la  situation  relative  a  I'egard  de 
Mostaghanem ,  par  une  ligne  brisee  courant  d'ahord 
8  lienes  auS.  S.  E.  jusqu'a  Qala'h,  et  de  la  5  lienesS.O. 
jusqu'a  Ma'skarah  ;  il  ajoute  que  cette  derniere  ville  est 
en  meme  temps  a  33  miiles  S.  S.  E.  d'Oran  ;  mais  il  est 
evident  que  cette  distance  ni  ce  gisement  ne  sauraient 
concorder  avec  les  preceilentes  donnees,  tandis  (|u  ils  y 
cadreraientassezbien  si  le  point  de  depart  de  cette  nou- 
velle  ligne,  au  lieu  d'etre  fixe  a  Oran,  se  trouvait  a  Ar- 
zeou;  il  semble  qu'il  y  ait,  sous  ce  rapport,  line  me- 
prise,  d'autant  plus  que  la  carte  du  docteur,  en  redui- 
san.t  h  29  miiles  la  distance  de  Mostaghanem  a  INIa'ska- 
rah,  allonge  au  contraire  jusqu'a  38  celle  de  Ma'skarah 
a  Oran ;  et  cette  derniere  indication  s'accorde  tics  bien 
avec  un  compte  de  17  heures  qu'offre  un  Itineraire  re- 
cueilli  par  M.  Levret;    mais  nous  venous   d'acquerir   a 

(1)  Piige  106. 


(  >5a  ) 
cet  egard  des  donnees  beaucoup  plus  precises  :  M.  Bei*- 
nior  de  Maligiiy,  capitaine  d'etat-njajor,  a,  depuis  1a 
souniission  dii  bey  A  bd-cl-Qader,  rcleve  soigiieiiseinent 
la  route  d'Onin  a  Ma'skaridi  et  de  la  a  Mostaolianeiii ;  il 
eii  resulte  que  Ma'skarah  est  a  une  distance  de  21  i/3 
lieues  de  4,000  metres  en  iigiie  droitc  a  legard  d'Oran  , 
et  a  17  1^3  lieues  a  legard  de  jMostaglianeni ,  ce  qui  re- 
vient  a  ^6  el  '^~  milles  geographiqiies,  et  auiene  Ma'ska- 
rah par  35^  20'  N.  et  2"  i5 '  O.  ,  a  33  milles  d'Arzeou  et 
a  71  milles  de  Telemsen  :  cette  derniere  mesure  s'dc- 
corde  dune  maniere  salisfais;'.nte  avec  une  marche  de 
33  1^2  lieures  indiquee  par  1111  iliiieraire  oralement 
founii  a  M.  Levret. 

Les  indications  de  distances  et  de  gisemens  recueillis 
par  Sliaw  se  poursuivent  audela  de  Ma'skarah  vers 
Tagadenipt,  et  de  la  par  Svvamma  jusqu'au  Nader  et  a 
Goojeda;  puis,  s'appuyanl  sur  divers  points  connus  du 
Schelif,  ces  indications  determinent  le  cours  superieur 
de  ce  (Icuve,  et  s'avancent,  par  Midroe  ,  jusqn'aux  mon- 
tagnes  des  Amnier  et  de  Lowaate.  Elles  doivent  ainsi 
nous  conduire  jusqu'au  point  de  depart  des  itineraires 
d'Ebn-el-Dyn. 

D'autres  routes,  oralement  recueillies  aussi  par  des 
olficiers  IVancais  ,  nous  mencronl  au  jnenie  but,  et  ces 
donnees  diverses  aiderontmuluellement  a  leur  construc- 
tion commune. 

Je  relevc,  dans  le  texte  de  Shaw  ,  une  premiere  ligne 
ainsi  divisee  : 

Depart  de  Sinaah. 

IMoiitngne  de  Wannashreese 8  lieues  S.  E. 

Tessumseely ...  3o  milles  S.  S.E. 

Tuckereali 20  milles. 

Midroe 6  lieues  S. 

Montagnes  de  Lowaate  et  Ammer.      6  lieues. 


(  '53  ) 

Sinaah  (plus  correctenient  El-Essnab)se  trouve  doj^ 
place,  (Inns  la  conslniction  de  la  route  suivie  par  Shaw 
]e  long  (111  Schelif.  J'ai  deja  fait  remarquer  que  tians  toute 
cette  partie,  le  docteur  anglais  a,  par  une  reduction 
trop  forte,  estime  generalemenl;  ses  distances  un  quart 
au-dessous  de  leur  cliiffie  reel  :  en  retablissant  le  taux 
ett'eclif,  le  Wannashreese ,  dans  lequel  il  est  aise  de  re- 
connaitre  le  Ouanaschrysch  des  geographes  arahes  , 
trouvera  sa  place  a  32  iiiille?  S.  E.  d'EI-EssnAb,  vers 
35o  36'  N.  el  o"  33'  O. ;  Tessomsyly,a  4o  niilles  S.  S.  E. 
de  la ,  tonibeia  vers  35°  o'  N.  et  o'  i4'  O.  Le  gisenient 
deTokeiyah  n'est  pas  marque  :  la  carte  I'indiquc  S.  i^4 
S.  E.  deTessonisyly,  et  Miuroe  (plus  correctenient  Me- 
deiay)  y  est  place  au  S.  i/4  S.  O.  de  Tokeryah,  ce  qui 
revient  a  inettre  Mederay  au  sud  de  Tessomsyly. 

On  y  arrive  pareillemcnt  par  une  autre  vi.ie  :  Shaw 
rappoite  que  le  Sclielif ,  forme  par  la  reunion  des  Se- 
ba'oun  A'youn  (les  Septante  soujces)  au  Nahr-Ouassel, 
commence  a  8o  milles  de  son  end^oucluire,  ce  qui,  cor- 
rection faite  de  la  distance,  etablit  ce  point  vers 
34''  46'  N.  et  o<'37'  0. ;  et  comme,  de  la,  il  couipte 
lo  lieues  jusqu'a  Mederay  ,  ce  village  viendra,  par 
cette  voie  couime  par  la  precedente,  vers  34°  lo' N. 
et  o'^  i4'  O. 

La  montagne  des  Lowaateet  des  Ammer,  c'est-a-dire 
le  Gebel  el-A'mour,  situe  a  24  milles  dans  le  sud  de 
Mederay,  se  trouvera  des-lors  par  une  latitude  de  33° 
46'  N.  offrant  un  premier  repere  aux  routes  d'Ebn-el- 
Dyn. 

Verifions  si  les  informations  recueillies  par  nos  offi 
Ciers  de  I'.irmee  d'Afrique  concordeiit  avec  ce  resukat. 
Jai  a  ma  disposition   deux  itineraires  qui,   se  soudant 
bout  a  boula  Eerendah,  conduisent  ainsi  depuis  Oraii 


(  '54  ) 

jusqu'a  A'yn-Madhy,  autre  point  de  repere  avec  les  in- 
dications d'Ebn-el-Dyn. 

Le  premier  de  ces  itineraires,  recueilli  par  M.  Levrel 
en  iSl^i,  fournit  les  indications  suivantes: 

Depart  d'Oran 

Msulen,  village i   heure». 

TIelat,  ruisseau 3 

Teig ,  ri vit;re 4 

Oued  Hammem 4 

Mascara 4 

Tiganefin  ,  ruisseau 'i 

Oued  Hadded 4 

Oued  el-Abt 4 

Mina ,  riviere 4 

Medrossa  ,  hameau 4 

Frimdey,  village  ferme 4 

Le  second,  recueilli  par  M.  Tatareau  en  i833 ,  se  di- 
rige  d'abord  vers  le  S.  E. ,  puis  directenient  au  S.  par  les 
etapes  suivantes  : 

Depart  de  Frendah. 

Enliar  Ouessei 4   heures 

Susellem  ,  riviere  courant  de  droite  a  gauche.     5 
(A  I  beure  sur  la  gauche  est  le  village  de 
Gougela  ). 

El-Feygia  ( le  col ) 4    "fi 

El-Bayda  ,  terre  blauche 4 

Oued  elAleg,  riviere  coulant  vers  le  N.  E.  .      ft 

Hadra  ,  village S 

Teyloula 5 

Ain-Madi ,  prfes  des  Ouled  el-Amour 4 

(  La  ville  de  Beni-Lahouat  est  a  a  jours 
dans  Test  ,  et  celle  de  Chileia  a  5  ou  6 
jours  dans  I'ouest  d'Ain-IVIadi. ) 

Le  premier  de  ces  deux  itineraires  compte  ly  lieures 
pour  les  46  milles  qui  se  trouvent  en  ligne  droite  dOran  a 


(  ^35) 
Ma'skarah ,  ce  qui  doit  f'aire  eslimer  a  65  inilles  les  24 
heures  restantes  pour  aller  jusqu'a  Ferendah  ;  a  defaut 
de  direction  indiqiiee,  on  pent  presumer  que  celle  d'O- 
ran  a  Ma'skarah  sepoursuit  au-dela;  cette  presomption 
se  trouve  corroboree  par  d'autres  considerations,  savoir: 
que  Shaw  indique  les  sources  du  Oued-el-A  bd  a  3o 
niilles  (qui  en  valent  4")  ^i'  S.  E.  de  Ma'skarah;  que 
I'itineraire  actuel  traverse  le  meme  ruisseau  a  12  heures 
ou  6'2  1/2.  niilles  de  Ma'skarah,  el  que  le  ruisseau  dont 
il  s'agit  coulant  du  snd  au  nord  ,  le  passage  doit  avoir  eu 
lieu  au  nord  des  sources,  par  le  double  motif  que  ces 
sources  sont  lorigine  du  courant  traverse,  et  que  la 
route  qui  y  conduit  est  la  plus  longuc.  Par  une  raison 
sendjlal)le,  Tagadenipt  (que  Leon  dit  signifier  Antique, 
et  dont  la  veritable  orthographe  est  des-lors  Taqadymt, 
forme  berberisee  du  mot  arabe  qadym  )  ,  doit  se  trouver 
au  nord  de  I'itineraire  dont  je  m'occupe  ,  car  Shaw  in- 
dique ce  point  a  60  niilles  (qui  en  valent  80)  d'Oran, 
c'est-a-dire  en  realile  a  34  niilles  au-dela  de  Ma'skarah, 
sur  la  rive  droite  de  la  Mynah,  a  quelque  distance  au 
nord  des  sources  de  celle-ci,  tandis  que  litineraire  ac- 
tuel traverse  cette  riviere  a  16  heures  ou  plus  de  43 
niilles  de  Ma'skarali.  Or  Taqadymt  est  a  82  ou  phitot 
43  niilles  au  nord  du  Nador  (  plus  correctement  El- 
Na/hour,  la  Vigie),  d  apres  Shaw  ;  et  d'autre  part  ,  des 
informations  recueillies  par  M.  Levret  placent  El-Na- 
zhour  a  20  heures  des  mines  de  Mynah,  qui  sont  entre 
Ma'skarah  et  Sydy  O  bayd  a  9  heures  de  1  un  et  p  1^2 
heures  de  I'autre  :  cela  donne  18  1/2  heures  pour  les 
55  niilles  compris  reellement  entre  ces  deux  points, 
d'ou  il  faut  conclure  60  milles  pour  les  20  heures  de 
Mynah  a  El-Nazhour  :  et  de  la  a  Goojeda  sur  le  Susel- 
lini,  Schaw  compte  18  niilles   ({ui  en  valent  a4  ;  le  se- 


(  ^56} 
cond  des  itineraires  ci-dessus  traverse  le  Susellem  a  une 
heure  oiiest  de  Gougelali ,  qui  est  evideinmetit  le  Goo- 
jeda  de  Shaw  :  il  est  done  indubitable  que  la  route  de 
Ma'skarah  a  Ferendah  passe  en  ire  Taqadymt  et  El-Na- 
zhour,  et  celle  de  Ferendah  a  A'yn-31adhy  enlre  El- 
IVazhour  et  Ghougelah.  Je  niets  ainsi  Ferendah  a  65 
milles  sur  le  prolongement  de  la  ligne  d'Oran  a  Ma'ska- 
rah, ce  qui  me  donne  une  position  conjeeturale  de 
34°  44'  N.  et  1°  9'  O.,  le  passage  intermediaire  dc  la 
Mynah  se  trouvant  vers  34"  56'  N.  et  1"  3i'  O. 

Cette  position  de  Ferendah  diflere  singulierenient , 
comme  on  voit,  non-seulement  de  la  va»ue  indication 
de  Shaw  ,  qui  la  met  parmi  les  daskerahs  qui  entourent 
les  sources  du  Oued  el-A'bd  ,  mais  aussi  de  la  carte 
lithographiee  du  Depot  de  la  guerre,  qui  la  |)lace  sur  la 
rive  gauche  du  Oued  el-Haddct,  le  Oued  el-IIadded  dt; 
noire  itineraire,  c'est-a-dire  au  tiers  de  sa  distance  veri- 
table a  I'egard  de  Ma'skarah;  et  encore  de  la  carte  de 
M.  Tatareau  ,  (jui  letablit  a  22  niilles  seulement  de  Ma's- 
karah, c'est-a-dire  a  nioitie  de  la  distance  reelle. 

La  route  de  Mynah  a  El-Nazhour,  tracee  sur  la  carte 
lithographiee  du  Depot  de  la  guerre,  est  ainsi  distribuee: 

Depart  de  Miiia  (ruines  roniaines). 

Sifii-Mohammecl  Ben-Heisa S  h»-iiies. 

Ouled-Sclurif 6  j/7. 

Nador 5  i/i 

Cette  route  ne  traverse  ;.ucun  cours  d  eau  ,  et  parait 
reraonter  la  rive  droite  de  la  Mynah;  la  direction  eu  est 
des-lors  determinee  par  la  situation  relative  du  point 
de  depart  (vers  35°  36'  N.  et  1°  49  O.)  et  de  ceiui  oii 
la  route  de  Ferendah  coupe  la  Mynah  :  la  position  d  El- 
Nazhour  sera  ainsi  portee  vers  34"  4f''  N.  et  1°  22'  O. 
De  la  conqUaut  43  milles  vers  le  nord  jusqu  a  line  dis- 


(  '57  } 
tance  de  34  milles  dans  Test  de  Ma'skarah  ,  Taqadymt  se 
iroiivera  place  a  35°  23'  N.  et  1°  33'  O. 

La  route  de  Ferendah  a  A'yn-M.adhy  est  de  36  r;2 
hemes;  niais  quelle  valeur  itiiieiaire  convient-il  de  don- 
ner  a  cette  niesure  lioraire?  C'est  une  question  d'autant 
plus  difficile  a  resoudre,  que  les  appreciations  de  cette 
nature  sont  Ires  variables,  et  que  nous  sonimes  ici  de- 
nues  dune  portion  connue  qui  nous  serve  de  taux  pour 
les  autres.  Dans  les  precedentes  investigations,  nous 
avons  trouve  la  valeur  de  I'heure  de  route  en  milles  geo- 
grapliiques,  tantot  de  2  i/6,  tantot  do  2  2p,  tantot  de 
3  :  cela  depend  du  mode  de  voyage,  soil  a  pied,  soit  a 
dos  de  chameau  ou  de  mulct ;  de  la  nature  du  chemin, 
battu  ou  non,  en  plaine  ou  en  montees,  etc.  Rien  ne 
nous  fait  connaitre  ici  ces  bases  d  evaluation,  si  ce  nest 
une  presoniption  generale  que  Li  route  est  en  nionlee, 
d'abord  parce  qu'elle  traverse  le  Nahr-Ouassel,  affluent 
superieurdu  Sclielif,  puis  les  hauteurs  que  Shaw  indique 
entre  El-Nazhour  et  Ghougelah,  ensuite  El-Feygia  , 
qui  parait  etre  le  mot  Fegj  ou  Fe^jah  (  un  defile),  et 
qu'elle  s'avance  enfin  vers  les  hautes  montagnes  d'El- 
A'niour.  Uapres  cette  consideration,  je  choisis  le  taux 
le  plus  court,  celui  de  2  i^6  milles,  au  moyen  duquel 
les  36  1/2  heures  se  traduiront  en  85  milles  dans  une 
directionr^ue  la  carte  de  M.  Tatareau  porte  d"ai)ord  au 
S.  S.  E.  jusqu'a  ElFegjah,  puis  au  S.  174  S.  E. ;  en  com- 
binant  les  ly  1/2  milles  de  Ferendah  au  passage  du  Sou- 
sellein  avec  les  24  milles  d'El-Nazhour  a  Ghougelah 
aboutissant  a  3  ou  4  milles  sur  la  gauche  du  passage 
dont  il  s'agit,  jobliens  celui-ci  par  34°  27'  N.  et  o'S^'O. 
Dans  I'intervalle  de  Ferendah  a  ce  point,  et  a  pres  de 
1 1  milles  de  ce  dernier,  se  trouve  le  passage  du  Nahr- 
Ouassel  ,  qui  est  la  fort  pres  de  sa  source,  et  qui,  dans 


(  i58  ) 

ma  construction,  it'a  plus  a  parcourir  qu'un  espace 
d'environ  aS  niilles  pour  arrivrr  au  point  ou,  reuni  aux 
Seba'oun  A'youn,  il  prend  le  noni  deSchelif.  A  ^annlles 
dans  lest  de  ce  premier  confluent,  et  a  4"  niilles  dans  le 
sud  do  celui  du  Oued  el-Kharbyn,  se  trouve,  dapres 
Shaw,  celui  du  ruisseau  de  Mederay,  c'est-a-dire,  cor- 
rection faite,  a  un  coude  determine  par  environ  4  5  niilles 
sur  le  premier  confluent,  et  environ  53  niilles  snr  le 
troisienie,   ou,    en   d'aulres   lermes,   vers  35°  8' N.  et 

o"  8'  E. 

Arrive  a  El-Fegjah,  la  route  incline  davantage  an  sud; 
sa  direction  sera  dcterminee  a  laide  des  indications 
d'Ebn-el-Dyn,  qui  place  A'yn-Madhy  a  une  journee 
dans  I'ouest  deTegemout,  et  ce  point-ci  a  une  journee 
au  sud  du  Gebel  el-A'mour;  je  niontrerai  plus  loin  que 
la  journee  d'Ebn-el-Dyn  vaut  i8  niilles,  au  moyen  de 
quoi  Tegemout  me  vicnt  vers  33°  28' N.  et  o^  i4'  O.  , 
Ayn-Madhy  vers  33o  28'  N.  et  o"  36'  O. ,  et  enfin  El- 
A'dioualh,  qui  est  a  une  journee  au  sud  de  Tegemout, 
vers  33°  10'  N.  et  0°  i4'  O.  De  cette  maniere  il  y  a  deux 
iournees  de  A'yn-Madhy  a  El-Aghouath  comfiie  le 
marque  notre  itinciaire,  si  Ton  passe  par  Tegemout ,  ot 
une  journee  seulement  ainsi  que  le  dit  Ebn-e!-Dyn,  si 
Ion  suit  la  route  directe,  qui  n'est  que  de  21  niilles. 

Le  Oued-Alegh,  qui  marque  une  des  etapes^inlerme- 
diaires,  coulant  vers  le  N.  E. ,  ne  peut  aller  tomber  dans 
le  Schath  qui  est  a  louest,  i  omme  le  lui  fait  faire  la 
carle  lilhographiee  du  Depot  de  la  guerre.  II  est  pro- 
bable que  c'est  un  affluent  du  ruisseau  de  Mederay,  et 
par  consequent  du  Schelii. 

M.  le  capitaine  Levret  a  envoye,  en  i833,  un  itine- 
raire  qui  conduit  deMa'skarah  aEl-Aghouiilh  sans  passer 
par  Ferendah;  les  nonis  de  lieux  y  sont  accompagnes 


(  ^''9  ) 
iViine  transcription  en  earacteres  arabes,  qui  sans  etre 
ni  aisement  dechiffrable ,  ni  parfaitement  correcle,  pent 
neanmoins  aider  a  fixer  lorlhographe;  niallieureuse- 
nient  les  distances  ne  sont  point  indiquees.  Voici  cet 
itineraire  ,  ou  j'ai  mis  entre  parentheses  la  lecture  fidele 
des  transcriptions  arabes  : 

Depart  de  Mascara  ( Ama'skara  ). 
Maousa  (  Mousi'iy  ),  luisseaii. 
Kachreu  (  Kasclira' ) ,  hameau. 
Oiied  el-Abdt  (  Oiied  el-A'bd) ,  riviere. 
Tagazoule  (Taqa'out),  village. 
Susellam  (  Sousellem  ) ,  riviere. 
El-Ogala  (El-OghaU),  puits. 
El  Beda  (  EI-IiaydliA  )  ,  ruisseau. 
El-Fedja  (El-Fegjah)  ,  petite  riviere. 
Oued  el-Alag  (Oued  el-A'laq)  ,  riviere. 
Ei-Kadara  (  El-Kliadiira)  ,  hameau. 
Teiioiila  (TevlouIA  ) ,  hameau. 
Beni-Lagrouat  (Beny-LaghouSth  ) ,  ville. 

On  pent  supposer  que  la  distance  de  chaque  station 
a  la  station  suivante  est  d'line  journee  de  route,  sauf 
pour  la  derniere  mutation  ,  ou  nous  savons  qu'il  y  a 
trois  ('tapes.  II  est  a  remarquer  en  outre  que  les  sta- 
tions d'El-Baydha  et  d'El-Fegjah  setrouvent,  dans  ce 
dernier  itineraire,  placees  dans  une  situation  relative 
inverse  de  celle  (jui  a  ete  indiquee  precedemment.  En 
retablissant  El-Fegjah  avant  El-Baydha  ,  ainsi  que  la 
porle  I'ilineraire  envoye  par  M.  Tatareau  ,  ii  faudra 
compter,  pour  I'itiueraire  actuel,  7  journees  de  Ma'ska- 
rah  a  El-Fegjah,  ce  qui  donne  environ  i3  mil'es  par 
journee.  La  rencontre  du  Oued  el-A'bd  aura  ainsi  lieu 
loutaupres  de  la  source,  et  la  rencontre  du  Sousellem 
a  quelques  milles  au-dessous  d'El-Nazhour.  Taga'zout, 
que  Shaw^   ecrit  Tagaz.ou'ie  el  indique  avec  Ferendah 


I 


( '60 ) 

au  voisinage  des  sources  du  Oued  el-A'bd,  se  trouvera 
dans  ma  construction,  vers  34"43'  N. ,  et  i°3o'0. ,  a 
i'6  niilles  desdites  sources  et  a  ly  milles  de  Ferendah. 
Revenons  aux  indications  du  cipitaine  Tatareau  : 
elles  portent  que  A'yn-Madhy  est  a  5  ou  6  journees  de 
Chilela,  position  au  sud  d'Oran  ,  a  laquelle  conduit  la 
route  suivanle,  recueillie  par  le  meme  officier : 

Depart  d'Oran. 

Melcta 7  lieuies. 

El-Gazul ,  petite  riviire 5 

Tesselah ,   montagne 5 

Mekerra,  cours  superieur  du  Sig 4    i/'» 

Hanimen  Sidi  Ali  Him  Youb 5 

Raz  el  Mall ,  source  du  Mekerra, 3 

Travers    d'El  •  Beghera   u   Benihiza  ,    deux 

montagnes  a  4  lieures  sur  la  droile 7    r/2 

Oued  el-Haniem  ,  tcrrent 8 

El-Sholt,  grande  sebgha  longue  de  plusieurs 

journees  ,  large  de  inoins  de  i  lieure 4 

Senia (> 

El-MelleliaL,  source  salee 7 

Teniah  ,  col  dans  le  grand  Atlas 5 

Chilela,  petite  ville  daus  le  desert 7 

Dans  la  carte  [corrigee)  qu'il  a  envoyee  en  i833, 
M.  Tatareau  donne  cette  route  avec  des  variantes  qui 
tendent  a  en  restreindre  I'etendue,  de  manicre  a  ce  que 
I'estime  des  distances  de  litineraire  ci-dessus  doive  etre 
reduite  a  environ  1  3/4  milles  par  heiire;  je  mo  range 
d'autant  plus  volontiers  a  cet  avis,  que  les  indications 
de  Shaw  ne  permettent  point  une  evaluation  plus  large; 
ainsi,  par  exemple,  le  voyageur  anglais  met  a  ai  milles 
(qui  en  valent  28)  au  sud  vd'Oran  ,  la  ville  de  Tessailah  , 
situee  au  pied  du  versant  septentrional  de  la  montagne 
du  meme  nom  ,  que  litineraire  ci-dessus  place  a   17  h. 


(  x6i  } 
d'Oran  ,  produisant  pres  de  '-^o  inilles,  a  raison  de  i  3^4 
milles  par  heure,  dans  une  direction  S.  8°  O.  De  la  aux 
Hhanimam  Sydy  A'ly  hen  Ayoub  ,   il  y  a  9    lya   heures 
produisant  un  pen  plus  de  16  J/2  milles  qu'il  taut  com- 
biner avec  les  4o  milles  (correction  f'aite  53  milles)  que 
Shaw  compte  depuis  Arzeou  jusqu'a   ce  point,  lequel 
demeurera  ainsi   determine  vers   35''o'  N.  ,  et  2"5()'  O. 
Les  trois  heures  qui  suivent,  et  qui  valentun  peuplus  de 
f)  milles,  conduisent  au  Ras  el-Maa  Ma  t^te  de  lean  )  , 
d'ou  Von  trouvera  aisoment  deux  journees  jusqu'a  El- 
Ghour,  position  qui   elle-meme  se  trouve,  par  uu  au- 
tre itineraire  ,  a  12  heures  ou  26  milles  au  sud  de  Te- 
lemsen ;  en  placant  Ras  el-Maa  sous  le  meridien  d'Oran, 
il  y  aura,  entre  les  deux  points,  36  milles  pour  les  deux 
journees  dont  il  s'agit.  En  continuant  la  route  droit  au 
sud,   on  a  44  ip  heures  ou  environ  y8  milles  jusqu'a 
Schilelah,  qui,  maintenue  sous  Ic;  meridien  d'Oran,  se- 
rai t  a  120  milles  de   A'yn-Madhy ,    ce   qui  verifierait  la 
condition  des  5  a  6  journees  de  distance,  suivant  qu'on 
les  supposerait  de  24  ou  '^^    '^'^  milles  ,  deux  taux  fort 
admissibles;  s'ils  paraissaienl  toutefois  un  pen  eleves  ,  il 
siitfirait  d'incliner  un  peu  la  route  vers  1  est,  de  maiiiere 
a  faire  tomber  Schilelah ,  soil  a   108  ,  soit  a   100,   suit 
meine  a  90  milles  de  Ayn  el-Madhy,  le  taux  de  la  jour- 
nee  descendant  ainsi  a  18  et  i5  milles. 

Quant  au  Schath  ,  que  la  route  ci-dessus  traverse  a 
19  1/2  heures  ou  34  milles  du  Ras  el-Maa  ,  M.  Tata- 
reau  a  envoye  en  i833  un  autre  itineraire  qui  y  abou- 
tit  en  partant  de  Ma'skarah,  et  allant  droit  au  sud  par 
les  etapes  suivantes  ; 

Depart  c!e  Mascara. 

Beiii-Hen,  affluenl  dii  Ouecl  el-Haminem.      5  hemes. 

I.aliod  ,  autre  affluent ',    1/2 

I  I 


(  l(i->- ) 

I'alet ,  ruviii 4 

Sgliouna  ,  lac (i 

E10glil;i ,  piiits 4 

Sldi-Klialifa,   villnge 8 

El-C.liott ,  grande  sebglia o   tp 

Cest  (11  loul  ^2  heures,  cju  jl  y  a  lieu  d'estimer  a  envi- 
ron [joniillt's,  d'apres  Ic  t.uix  iinitorme  qui  parait  ap- 
plicable anx  itineraires  fourtiis  en  dernier  lieu  par  le 
nienie  oificier. 

In  rapport  de  M.  le  lieutenant  -  general  Boyer 
enonee  que,  dapres  les  renseigneniens  tournis  a  Oran, 
en  novenibie  i<S32,  par  des  Arahes  qui  arrivaient  du 
voisinage  de  Schilelah  ,  Bozamoghan  est  a  une  journee 
au  hud  de  celle  ville  ,  a  parlii'  de  laquelle  on  met  3o 
jours  pour  alter  dans  le  pays  des  Soudan  ,  savoir  ,  lo 
jours  jusqua  Gourara,  sans  eau  5  lo  jours  jusqu'a  Te- 
dikitz,  qui  ne  parait  pas  pouvoir  elre  autre  que  le  Te- 
dikels  de  M.  Hodgson;  et  enfin  10  jours  encore  jus- 
qu  au  Belad-el-Soudan. 

Ayant  dispose  dans  le  nord  le  cauevas  auquel  s'at- 
tache  I'itinerairc  t<  Ebn-el-Dyn  ,  je  vais  uiarquer  dans 
lest  et  dans  le  sud  les  points  auxquels  il  aboutil  ,  el 
determiner  les  principaux  nceuds  de  sa  ligne  de  route, 

Je  pars  de  Tripoli  pour  aller  aGliadames  en  i3  jour- 
nees  ,  avec  le  sclieykli  Hbaggy  Qasem,  si  connu  par  les 
savantes  rechercbes  de  M.  Walckenaer  ;  Smytb  ma 
fourni  la  position  de  la  premiere  de  ces  villes,  Laing 
celle  de  la  seconde ;  I'intervalle  est  de  260  niilles  ,  ce 
qui  determine  a  20  milles  le  taux  de  la  journee.  De  Gha- 
dames  a  A'yn  el-Ssalabb,  Hliaggy  QAsem  a  employe  en 
apparence  20  journces  ,  dout  la  valeur,  calculee  sur 
cette  base,  devrait  etre  de  4oo  milles;  en  realite  la 
distance  est  de  4oy   milles  jusqu'a  la  positioa  la  plus 


(  i63  ) 
orientale  de  A'yn-ei-Ssalah,  rie  4^6  niilles  jusqu'a  la  po- 
sition la  plus  occidentale  ;  laquelle  des  deux  est  plus 
exacte  ?  On  serait  tenie,  d'apres  ces  chiffres,  d'opter 
pour  la  premiere,  et  rieanmoins  il  semhle  que  la  se- 
conde  presente  plus  de  garanties  ,  etarit  donnee  avec 
plus  de  precision,  et  ayant  fait  Tobjel  d  une  commu- 
nication speciaie  de  la  part  dun  ami  de  Laing  ,  fort 
verse  dans  les  calculs  de  celte  nature;  une  considera- 
tion plus  decisive  vient  se  placer  ici  :  c'est  que  ,  an  lieu 
des  20  journe'es  comptees  par  le  redacteur  de  I'iline- 
raire  de  Hliagoy  Qasem  ontre  Ghadames  atteint  le  i3* 
jour,  et  Ayn  el-Ssalahh  atteint  le  33"^  jour,  le  detail  des 
etapes  donne  en  realite  22  jours,  ainsi  qui!  suit: 
Depart  de  Ghadames. 

Ten-Yakken 3  jouriu'es. 

Bir  elTabbeyed 3 

El-Mosseguem 4 

Bir  el  Gabah 4 

Has.si  Farsik 4 

Ain  el-Salahli .' 4 

Nombre  tolal  des  journees 22 

La  meme  distance  est  de  2.4  jours  d  apres  Ehii-el- 
Dyn  :  c'est,  a  Ires  pea  de  chose  pres  ,  18  inilles  par 
jour,  et  ce  taux,  ainsi  determine,  me  fournit  le  moyen 
d'aller  planter  quelques  jalons  principaux  pour  les  rou- 
tes du  voyageur. 

Je  commence  par  Ouerqelah ,  qui  doit  etrfe  etablie  a 
16  journees  ou  288  niilles  de  Ghadames,  d'apres  I'in- 
di(;ation  d  Ebn-el  Dyn.  Le  Bekry  compte  i4  journees 
depuis  Touzer  :  admettons  que  ce  soient  encore  des 
journees  de  18  milles  ,  ce  sera  en  total  252  milles  ,  qui 
coincideront  avec  la  mesure  precedente  en  un  point 
place  vers  3i°44'  N.   et  i"36'  E.  j  pour  devenir  defini' 

II. 


( Ifi-i ) 

live,  coltc  position  doit  itiiiplir  ime  croisirme  condition, 
it'sultiinl  lies  informations  recueillios  par  Shaw,  (^c^lui- 
«'i  parlo  dun  anias  de  villages  parnii  lesqucls  il  nomine 
Badass,  le  badys  de  Zab  dii  Bokry,  deja  place  sur  ma 
carte;  et  il  compte  de  la  iri  lieiies  vcis  le  sud  jusqu'a 
Ei-Fytlie ,  on  plus  correcteinent  El-Fethh  ,  puis  lo 
lieucs  encore  dans  le  sud  juscin'a  Majyre ,  qu'il  faut 
sans  doute  ecrire  Megehir ;  on  a  ensuite  Tummarnah  a 
6  lieues  dans  I'ouest,  Tuggurt  (Teqort)  a  12  lieues  de 
la  an  S.  O.  ;  ct  do  lieues  plus  loin  ,  dans  la  meme  direc- 
tion,  Engousah,  apres  laquelle  vient  enlin  Ouerqelah, 
a  5  lieues  dans  I  ouest.  Si  Ion  retlecliit  que  ces  gise- 
mens  n'ont  eie  t'onrnis  a  Shaw  que  par  des  indigenes 
ayant  une  idee  fort  pen  precise  des  directions  de  la 
boussole  et  ne  parlant  (i'ailieurs  que  de  souvenir ,  on 
sera  surpris  de  voir  combien  leurs  indications  se  rap- 
prochent  d  iine  exactitude  rigoureuse  ,  puisqu'il  suffit 
d'un  leger  redressenjent  des  flexions  de  la  route  pour  la 
faire  cadrer  aux  211  niilles  (ju'ol'fre  ma  construction 
entre  Badys  et  Ouerqelah. 

De  Ouerqelah  a  A'yn-el-Ssalahh ,  Ebi:-el  Dyn  parait 
compter  17  journees,  savoir,  5  de  Ouerqelah  a  El- 
Qolyah,  el  12  de  la  a  A'yn  el-Ssalahh,  ce  qui  amene 
El-Qolya  h  a  90  milles  de  I'une  et  216  milles  de  Tautre, 
vers  60  42.'  N. ,  et  o''2i'  E. 

Enfin  Metslyly,  a  5  journees  d'EI-Aghouaih  et  autant 
d'EI-Qolya  h  ,  se  placera  vers  3i''45' N.  ,  et  o°54' O. , 
ayant  Ghardeyah  necessairemenl  dans  I'ouest,  puisque 
Shaw  dit  que  tette  ville  est  la  plus  occidenlale  du 
Ouady-Ptlozab;  et  conmie  il  la  met  a  35  lieues  ou  io5 
milles  d  El-Agliouath,  je  lui  attribue  une  position  con- 
jecturale  de  3i°3o'  N-  et  i"o'  O.  ,  inscrivant  Beryghan 
a  9  lieues  de  la,  dans  le  haul  du  Ouady-Mozab  ,  c'est-a- 


(  i65  ) 

dire  a  Test  tie  Metslylv.  On  voit  (jue  dans  eette  situation 
le  Ouady-Mozah  est  separc;  de  Oiieiqelah  et  Teqort  par 
line  distance  moyenne  qui  repond  assez  bien  au  desert 
d(!  8  journees  mentionne  par  M.  Hodj^son. 

Je  vais  maintenant  jeter  un  coup-d'teil  rapide  sur  la 
liaison  du  trace  qui  precede  avec  les  points  connns  de 
I'ouest,  bien  moins  dans  le  dessein  d'etablir  des  resul- 
tats ,  que  dans  le  but  d  exposer  linsiiflisanee  des  don- 
nees  que  nous  possedons,  et  de  fane  niienx  apprecier 
les  points  sur  lesquels  il  iniporte  d'acqnerir  des  bnnieres 
nouvelles. 

M.  le  capitaine  Levret  a  recneiifi  a  Oran  ,  en  i832  , 
un  itineraire  fort  interessant  ,  qui!  a  cru  dirige  vers 
Tougourt  (Teqort),  niais  (|ui  en  realile  conduit  a  Tarou- 
dant,  capitale  de  la  province  de  Sous  dans  !e  Marok,  en 
passant  par  un  grand  nondjre  di;  points  deja  determines 
avec  assez  de  precision,  tels  que  Ouetchdah,  Tezay  , 
Fes,  Meknesah,  El-Rabath  ,  El-Manssouryah ,  El-Dar- 
el-Baydha  ,  Azainour,  Sniira  et  Marok;  sans  parler  de 
quetques  autres  lienx  dont  la  position  est  moins  as- 
suree,  entre  autres  A'yt-Mousay,  an  passage  de  I'Atlas 
entre  Marok  et  Taroudatit.  Toutes  les  etapes  internie- 
diaires  entre  les  stations  deja  fixees,  penvent  etre  aise- 
nient  placees.  De  ce  cote  la  liaison  est  bien  etablie  entre 
le  trace  de  la  province  d  Oran  et  les  etats  de  Marok. 

La  carte  de  M.  Lapie  en  indique  une  autre  entre 
Ouetchdah  et  El-Nazhour  :  une  seule  mutation  y  est 
marquee  non-loin  de  ce  dernier  point,  sous  le  nom  de 
Loggnath  :  celte  route  m'est  completement  inconnue, 
mais  je  soupconne  ce  nom  de  JjOggnath  de  constaler 
simplemenl  une  vague  indication  d  EI-Aglio;ialh. 

La  carte  jointe  aux  recherches  de  M.  Walckenaer 
jnontre  anssi  une  roiite  de  Marok  a  Tripoli   jiar  Aksabi 


(  i66  ) 
Surefa,   Fiz,    Gardeia ,  Grara,  Wurglah,  Ingousab  et 
Ghaclames;  el  la  meme  route  est  traeee  sui-  la  carte  de 
M.  Lapie  jointe  au  voyage  cle  M.  Cochelel,  par  Aksabi 
Suref'a,  Fiz,   Gardeia  el  Giara;  puis  sur  sa  carte  coiu- 
paree  ,   en   deux    feuilles  ,  des   regences  d'Alger  et   de 
Tunis,  par  Figliig  ,  Tsebid,  Gardeia  ,   Berigan  ,  Grara, 
Ghargala,    Engousah ,    le    Djebel   Salubain,  Necau  el 
Gbadanies.  Ce  serait  uiie  ligne  fort  iniportante;  mais  je 
soupconne  fort  que  ce  nest  qu'uue  liaison  conjecturale 
indiquee  a  I'aventure  enlre  des  points  qui  seniblaient 
s'aligner  sur  la  carte.  Analysons  en  effet :  Aksabi  Surefa, 
ou  plutot  Aqssaby  el-Scherfa  ,  est  une  station  pres  des 
sources  du  Molouyab,  sur  laquelle  je  reviendrai  tout- 
a-1'heure.  Fiz  parait  elre  un  simple  lapsus  pour  Fighig, 
sans  quoi  il  m'est  conipletemeni  inconnu.  Tsebid  est 
inscrit  sous  cette  ortbographe  dans  la  carte  generale 
de  Badia  ;  il  est  aise  d'y  reconnaitrs  le  Tesebit  de  Leon , 
Tecevin  de  Marmol ,  reunion  de  quatre  cbateaux,  qu'ils 
indiquent  a  200  niilles  de  Segelniesah  et  100  niilles  de 
I'Atlas,   120  niilles  de  Tegorarin  ,  ei  qu'ils  disent  places 
sur  la   route   de  Fes  et  de  Telenisen  a  Agades.  Gbar- 
deyah  ,    Berygbiin  ,    Gbrarab  ,   Ouerqelab,    Engousah, 
nous  sont  connus  en  deux  groupes  distincts,  mais  non 
dans  un  rapport  d'ensenible  determine.  Enfin,  Ebnel- 
Dyn  nous  donne  un  itineraire  de  Ouerqelab  a  Gbada- 
nies, ou   lie  figurent  ni   le  Gebel  Salouban  ni  Neqaou  , 
lesqucls  appartiennent  a   une  route  entre  El  -  Bahnesa 
d'Egypte  et  Segelmesab,  rapporlee  par  I'Edrysy,  mais 
dont  il  n'est  pas  a   ma  coiinaissance  que  la  geographic 
nioderne  ait  retrouve  aucune  trace,  si  ce  n'est  dans  la 
douleuse   indication,    faite  par   Sbaler,  de  Nedroinab 
parmi  Ics  villes  du  Ouady  Moziib,  ou  il  confond  indi- 
stiuctement    Ghardcyab    ct   Ouerqelab ,    Berygban    et 


(  i67  ) 
Engousali,  en  sorte  que  je  sotipconne  fort  I'honoiable 
consul  da  voir  leleve  sur  une  carte  inexacte  une  partie 
des  renseignomens  qu'il  crut  ensuite  lui  avoir  ete  tour- 
nis  par  son  thaleb. 

Ainsi  s'evanouit  la  liaison  apparente  de  tant  de  points 
dont  il  y  aurait  en  eff'et  grand  inleret  a  connaitre  les 
rapports  muluels  de  gisement  et  de  distance,  niais  qui 
ne  forment,  quant  a  present,  aucune  ligne  suivie  : 
Aqssaby  -  el-Scherl^  est  sur  la  route  de  Fes  a  Tafilelt, 
mais  sans  liaison  directe  connue  avec  Marok  ni  avec 
Fighig;  ce  point-ci  appartient,  ainsi  que  Tesehit,  a 
une  ligne  qui  va  de  Segelmesah  a  Tegorarin;  ce  sont, 
comnie  on  voit,  des  tragmens  detaches,  pour  la  niise 
ensemble  desquels  il  n'exisle  jusqu'a  ce  jour  que  des 
nioyens  fort  indirects. 

Je  passe  a  une  ligne  nioins  douteuse,  quoique  non 
encore  employee,  mais  dont  la  construction,  faute  de 
donnees  auxiliaires,  demeure,  sous  plusieurs  rapports, 
un  peu  vague  et  conjecturale. 

J'ai  indique  dans  un  autre  ecrit  (i)  comment  A'yn 
el-Ssalahh  doil  etre  rattache  a  la  cote  occidentale  par 
une  serie  de  distances,  qui,  partaiit  du  cap  Noun  ou 
de  I'embouchure  de  la  riviere  de  nieme  nom,  s'eche- 
lonnent  par  la  ville  de  Noun,  Tatia,  El  -  Harib  (  de 
Caille),  Muucina,  Tebelbelt  et  TouAt.  Je  vais  essayer 
de  placer  ces  divers  points  intermediaires. 

La  ville  de  Noun  est  assise  sur  le  Ouady  Noun,  a  3 
journees  dans  les  terres  suivant  I'Edrysy  (2),  a  2  jour- 

( i)  Revue  critique  des  Remarques  et  recfierches  geographiques annex^cs 
au  voynge  de  Oaille  a  Ten-Boktoue;  memoire  lu  a  la  Societe  Asia- 
tique  dans  sa  seance  du  3  octobre  iSlJi. 

(a)  Edivsy  de  Hartuiaiiii,  page  i3o. 


(  iG8  ) 
nees  suivant  les  renseignemens  jadis  fournls  a  I'asso- 
ciation  africaine  de  Londres  par  le  Maure  Ebii-A'ly  (i) ; 
a  rie  porter  qua  i5  milles  les  journees  de  I'Edrysy,  on 
aurait  pour  resuUat  utie  distance  de  4^  niilles,  indiquant 
iin  taux  de  plus  de  20  niilles  pour  les  journees  d'Ebri- 
A'ly.   Cependant  Kennel   (2)    nalloue  que    170  niilles 
(  c'est-;'.-dire  iS  niilles  par  jour)  pour  les  9  i;2  journees 
qu  Ebn-A'ly  avail  coniptees  enlre  Marok  et  Tatta ,  et 
il  laisait  un  calcul  analogue  pour  les  12  journees  entre 
Tatta  et  la  ville  de  Noun  j  ces  distances  sont  trop  cour- 
tes,  noii-seulement  par  comparaison  avec  la  valeur  de 
la  journee  entre  la  cote  et  la  ville  de  Noun  ,  niais  aussi 
a  raison  d  autres  considerations  que  je  vais  exposer  a 
linstant. 

J'ai  eu  occasion  de  remarquer  ailleurs  (3)  qu'en  ap- 
pliquanl  a  la  lonj^ue  route  de  Caille  enlre  le  Rio  de 
Nunho  Tristao  etEl-Rabath,  les  regies  proposees  par 
Rennel  sur  la  disposition  des  lignes  magnetiques  dans 
1  interieur  de  1  AfVique,  on  devait  trouver  que  cette 
route,  relevee  a  la  boussole,  etait  passible,  a  raison  de 
la  variation  niagnetique,  dune  correction  N.  O.  siicces- 
sivement  croissante  en  avancant  d'abord  a  lest,  puis 
an  nord.  Si  done  la  route  a  ete  comniencee  sous  I'in- 
fluence  dune  variation  de.  12  environ,  comnie  je  lai 
etabli  autre  part  (4),  il  est  aise  de  verilier  qu'elle  s'est 
achevee  sous  un  angle  de  3^°  de  declinaison  niagneti- 

(i)  Memoire  de  Rennel  dans  les  yoj^ages  de  Ledyard  et  Lucas , 
page  29',. 

(2)  Rennel ,  tibi  supra. 

(3)  Revue  critique  deja  citee. 

(4)  Considerations  critiques  sur  la  geographie  positive  de  I'A- 
frique  interieure  occidentale;  sect,  ir ,  §  i  :  routes  jusqu'a  Tembou. 
{^Revtic  des  Deux- Monde s  ,  tome  iii  de  i8'3o,  page  261.) 


(  i69  ) 
que,  ainsi  que  ie  niontrent  !es  marclics  depuis  Fes  jus- 
qu'a  El-llabath.  En  admettant  que  dans  celte dei  iiiere 
porlion  de  route  I'aiguille  ainianice  ait  subi  unc  devia- 
tion ex!iaordinaiie  pai-  suite  du  voisinage  des  nionta- 
gnes,  et  que  la  meme  cause  ait  pu  agir  en  sens  inverse 
au  sud  de  I'Atlas,  toujours  est-ii  qu'on  ne  sauraitesti- 
mer  a  nioins  de  20  et  quelques  degres  la  correction 
applicable  aux  gisemens  depuis  El-Harib  jusqu  a  Tes. 

El-Harib  est  un  canipeinent  dont  le  noni ,  qui  est 
aussi  celui  dune  tribu  considerable,  in'avait  paru  d'a- 
bord  devoir  elre  restitue  en  celui  d'El  -  Hharets  (i)  ; 
deja  Caille  avait  altere  de  uieme  une  finale  analogue  en 
ecrivant  Mouladrib  pour  Moulay  Rdrys;  mais  en  ecou- 
tant  atlentivement  de  sa  bouche  la  prononciation  de 
son  El-Harib,  je  n'y  ai  point  retrouve  I'aspiration  forte 
d'EI-Hbarets,  et  j'en  ai  conclu  qu'i!  fiiut  des-lors  lire 
El-A'ryb,  autre  noni  de  tribu  qui  se  retrouve  jusque 
dans  le  pays  d  Alger.  El-A'ryb  est  a  5  journees  au  S.  E. 
de  Tatta,  et  a  i3i  heures  en  ligne  droite  de  Fes,  dans 
une  direction  S.  17°  O.  de  la  boussole  d'apres  la  con- 
struction de  detail  de  M.  Jomard  ,  et  faisant  par  conse- 
quent avec  la  direction  sur  Tatta  un  angle  de  62°.  Or 
si  Ion  ne  coniptait  que  18  niilles  par  journee,  ainsi  que 
I'a  fait  RenncI ,  pour  placer  Tatta  et  El  A'ryb,  ce  dernier 
point  se  tiendrait  dans  I'ouest  de  7°  40'  de  longitude 
occidentale,  c'est  -  a -dire  au  S.  3°  O.  de  Fes  ,  ce  qui 
reduirait  a  i4"  la  correction  afferente  a  la  variation: 
or  noM- seulement  cette  quantite  est  trop  petite  eu 
egard  aux  considerations    tirees  de  la  disposition  des 

(i)  Cette  restitution  se  trouve  iidoptee  dans  la  carte  Au  Marok 
que  vient  de  faire  graver  a  Florence,  par  Segato,  M.  Graaberg  de 
Hetnsoe. 


(  »70  ) 
lignes  magnetiques  de  Renriel,  niais  encore  par  limpos- 
sibilite  de  liii  faire  remplir  ses  propres  conditions  cl'ap- 
plication  ,  savoir,  de  donrier,  entre  les  lignes  tirees  de 
Fes  et  de  Tatta  ,  un  angle  de  61"  portant  son  soniniet  a 
El-Aryb;  ces  conditions  s'accomplissent  an  contraire 
dans  riiypothese  d'une  valeur  de  20  miltes  pour  la  jour- 
nee  de  route,  car  alors  Tatta  vient  par  28°  4i'  N.  et 
8"  33'  O. ,  d'ou  une  ligne  de  100  milles,  coupant  sous 
un  angle  de  62°  une  ligne  tiree  de  Fes,  affecte  elle- 
meme  une  direction  E.  24"  S. ,  et  amene  I'antre  a  une 
direction  S.  4"  F. ,  verifiant  ainsi  pour  toiites  deux  une 
correction  niagnetique  de  21°  ]N.  O.,  qui  assure  a  El- 
A'ryb  une  position  de  28°  o'  N.  et  6"''  4g'  O.,  a  366  milles 
en  ligne  droite  de  Fes.  En  construisant  sur  cette  base 
le  trace  de  la  route  effective  de  Caiile,  j'obtiens  les  po- 
sitions suivantes : 

Mimcina,  dans  le  gays  de  Dara'h aS"  37'N.  et  5"3i' O. 

(jhourland  ,  principal  lieu  du  Tafil^lt.  .  3i.    4  4.42 

Wt'iivara 3i.5i  5. 11 

Tamaroc  .  , 32.20  5.25 

Cars 32,35  5.33 

L'Eksebi 33.    3  5.5c, 

Soforo 33.48  7.    6 

La  nouvelle  carte  de  M.  Graaberg  de  Hemsoe  (i),  en  re- 
produisant  litteraienient  le  trace  de  la  route  de  Caiile 
donne  par  M.  Joniard,  a  encore  outre  I'erreur  primitive 
de  situation  niutuelle  entre  Tatta  et  El-A'ryb,  par  suite 
d'une  correction  sur  la  latitude  de  Tatta  :  les  construc- 
teui's  de  cartes  oublient  crop  souvent  quune  position 

(l)  Cette  carte  est  intitulee  :  Carta  del  Mo^ltnli  id  ylcsa  ossia  dell' 
impero  di  ilarocco,  giiista  le  pii't  recenci  scopeiw  c  conibinazioni,  formata 
c  desciitla  da  Jacopo  Graaberg  di  Ucimoe ,  ed  incisa  da  Girolamo  Sc- 
gnto,iit  Pirvnzc,   i83  4. 


(  17^  ) 
n'est  presque  jamais  incieperidniite,  »t  qu'il  I'ant  toujoiirs 
tenir  compte  des  rapports  quelle  doit  conserver  avec 
d'autres  points  ;  faute  de  ce  soin  les  cartes  des  contrees 
pen  connues  offrent  un  veritable  chaos  ou  sont  jetees 
coiiinie  a  laventtire  une  toule  d'indications  erronees, 
et  fourniillerit  de  doubles  et  triples  emplois  ;  ce  dernier 
inconvenient  est  tres  frequent  dans  la  carte  qui  me  sug- 
gere  ces  reflexions,  et  qui  est  loin  cependant  d'etre  sans 
nierite.  Pour  n'en  donncr  qu'un  exeniple,  il  me  sulfira 
de  citer  Ifren  ,  Ufaran  ,  Eufaran  et  Oferan  ,  ainsi  ecrit 
quatrefois  sous  des  ortliograpbes  diverses  et  en  des  po- 
sitions distinctes,  bien  que  ce  soit  un  seul  et  nienie  nom 
que  Leon,  Marmol,  Cochelet  et  quelques  autres  ont  in- 
dique  avec  une  simple  difference  d'orthographe  ;  et 
comme  le  village  d'lllekh  est  dans  Je  voisinage,  il  se 
trouve  repete,  non  pas  quatre  fois  a  la  verite,  mais  deux 
fois,  sous  les  formes  Ilekh  et  Ilirgh-  Talent,  qui  figure 
aussi  tlans  le  nieme  district,  est  pareillemenl  double, 
inais  dune  maniere  moins  irappante.  M.  Cochelet  est 
passe  a  Talent,  et  il  a  dautre  part  rapporte  un  itine- 
raiie  par  lui  recueilli  de  la  boiiche  d'un  rabbin  et  qui 
passe  a  Talendaietegerrer.  M.  Graaberg  a  reconnu  avec 
raison  que  ce  dernier  noiu  est  compose  de  plusieurs, 
niais  il  ne  nie  send^le  pas  avoir  ete  heureusement  in- 
spire en  le  lisant  Talendai-el-Tegerrer  :  il  me  parait,  sauf 
nieilleur  avis  ,  qu'il  le  faut  relablir  en  Talent-A'yt-Ge- 
rar,  c'cst-a  dire  Talent  appartenant  a  la  tribu  berbere 
de  Gerar.  Et  puisque  je  touche  en  passant  ce  sujet,  j'a- 
jouterai  un  mot  sur  la  restitution  d  une  denomination 
analogue  fournie  par  le  voyage  de  Robert  Adams  :  sa 
derniere  etape  avanl  Ouady-Noun  est  par  lui  prononcee, 
et  par  M.  Cok  ecrite  sous  sa  dictee,  Aieta-Mouessa- 
Ali  ;  il  mc  parail  hors  de  doute  qu  il   en    iaut   deduirc 


(  »72  ) 
A  Yt-Al)ou-i  say-A'ly.  Ces  exemnles  doivent  faire  senlir 
la  necessite  clapporter  r.rie  graricle  attention  ilaiis  le 
mode  de  saisir  et  de  transcrire  I  emission  orale  des  nonis 
geographiqiies.  Maisje  me  hale  d'abandonner  cetle  di- 
gression pour  revenir  a  1  ilineraire  de  Caille,  a  I'egard 
diiquel  M.  Graabcrg,  loin  d'eviter  les  doubles  emptois 
dii  trace  priiiceps,  y  ^encore  ajoute  de  fautives  redupli- 
cations, comme  on  le  verra  tont-a-l'heure. 

J'ai  deja  signale  autre  part  (i)  les  coincidences  de  cet 
itineraire  avec  celui  deAhhmed  ebn  El-Hhasan  elMet- 
syouy,  employe  par  M.  Walckenaer  pour  determiner  le 
point  de  Tafilelt.  Ces  coincidences,  en  partant  de  Fes, 
s'echelonnent  ainsi  :  Soforo  de  Caille  avec  Safrou  (  plus 
exactement  Ssofrouv)  d  Ahlmied,  bien  connu  aussi  par 
le  Bekry,  lEdrysy,  Leon,  Marmoi,  etc.  (2)5  c'est  la  pre- 
miere etape  d'Ahbmed,  a  20  milles  de  Fes.  Sa  seconde 
etape  a  Ouyoun-el-Asna,  n'est  pas  indiqueedans  Caille, 
mais  elle  se  retrouve  dans  le  Haiti-Lisnan  de  Leon  ,  El- 
Essnani  du  Bekry  (3),  et  dont  on  pent  retablir  des-lors 
le  nom  en  A  youn-el-Essnam  (les  sources  des  idoles); 
Caille  a  pu  y  passer  sans  etre  averti  de  cette  denomina- 
tion, et  peut-etre  est-ce  le  bas-fond  indique  sur  sa  carte 
oomnK!  un  entonnoir,  on  il  a  rencontre  le  village  mo- 
derne  de  Guigo.  Quoi  qvi'il  en  soil,  ce  nom  de  Guigo  , 
que  notre  voyageur  a  retrouve  diverses  fois  comme  de- 
signant  un  ruisseau  (probablement  dune  maniere  ap- 
pellative) ,  se  reproduit  dans  !e  fleuve  Gygou  d'Ahh- 
med. 

(i)  Revue  critique  citee  plus  haut. 

(2)  Je  ne  crois  pas  que  les  geographes  Jiihlistes  aient  encore  rap- 
prochc  ce  nom  <le  celui  des  Safaroiivm  de  rEcriturc.(Aow  ,  IV.  xvii. 
3r.) 

(3)  Uekry,  page  i65. 


(  »73  ) 

A[)res  avoir  passe  la  inontaf^iic  de  Scha  bet  J?eriy- 
O'baycl ,  au  pied  de  laquelle  coule  le  Moloiiyali ,  Ahh- 
nied  rencontre  des  daskerahs  appeles  Eqssehy-el  Scher- 
f a ,  oil  il  est  aise  de  reconnaitre  I'Eksebi  de  Gaille,  pres 
dun  ruissean  au  pied  dune  chaiiie  de  niontagnes, 

Le  Nozelaii  d'Ahhnied  (qu'on  peut  trad m ire  par  I'es- 
pagnol  'veiita),  est  reprcisente  par  le  Nzeland  de  Gaille. 

Le  Ghers  d'Ahhnied  se  retrouve  pareillement  dans  le 
Cars  de  Gaille,  et  tons  deux  repondent  au  Gherseluin 
de  Leon  et  de  Marmol,  qui  doit  probablenient  etie  or- 
thographie  Ghers-A'louyn.  La  encore  Gaille  a  vu  un  ruis- 
seau  qu'il  appelle  Guigo,  et  qui,  cette  fois ,  est  le  Zyz 
ou  le  fleuve  de  Tafilelt.  Je  ne  croyais  pas  possible, apres 
!a  demonstration  irrefragable  donnee  par  M.  Walcke- 
iiaer  de  I'identite  du  Zyz  et  du  fleuve  de  Tafilelt,  qu'au- 
cune  carte  reproduisit  desormais  I'erreur  relevee  parce 
savant  academicien  :  elle  se  retrouve  pourtant  encore 
sur  la  carte  de  M.  Graaberg!... 

Dans  le  Taniaroc  de  Gaille,  il  est  facile  de  reconnaitre 
le  Tsemrakest  (ou  plus  exacteinent  Tamrah-Qosth ) 
d'Alihined,  Taniaracost  do  Leon  et  de  Marmol  (i); 
M.  Graaberg  en  a  fait  trois  positions  differentes.  En 
quittant  cette  station ,  Ahhmed  parvint  le  jour  suivant 
dans  le  district  de  Medgharah  ,  decrit  par  Leon  et  Mar- 
mol, et  auquel  semble  se  raltacher  le  nom  de  Mdayara 
rapporte  par  Gaille. 

Ge  n'est  qu'a  trois  jouinees  de  la,  ou  une  soixantaine 
de  nillles  ,  qu' Ahhmed  ,  sa,vancant  dans  le  pays  de  Ta- 
filelt, parvint  a  El-Dar  el-Baydha;  cela  porte,  a  ce 
qu'on  voit ,  precisement  dans  le  canton  designe  par 
Gaille  comme  formant  le  territoire  de  Tafilelt.  Y  a-t-ii 

(i)  Leon,  lib.  vi,art.  6'Aeneg' ;  Marmol ,  lib.  vix,  cap.  a6. 


(  '74  ) 

uiie  ville  de  ce  iiomPCest  une  question  tort  coiitrover- 
see,  mais  qui  le  scrait  beaiicoup  inoins  si  Ton  redechis- 
sail  que  les  Arabes  donnent  fVequemment  au  chef-lieu 
dun  pays  !e  noni  du  pays  liii-nieine,  quelquc  uoin  par- 
ticulier  quait  d  ailleurs  oe  chef-lieu;  cela  revient  a  re- 
tourner  aiusi  la  question  :  Quel  est  le  chef-lieu  reconnu 
du  canton  de  Talilcit?  Quoi  qn'il  en  soit,  M.  Walcke- 
naer  place  Tafdelt  3191  niilles  geographiques  de  Fes,  et 
en  conclut  une  position  de  3o  10'  N.  et  4"  55'  O.  II  y 
a  evideniinent  la  quelque  nieprise  ,  car  Fes  etant  par 
34"  6'  N. ,  la  distance  serait  de  2G4  niilles,  chiffrc  qui 
suppose  la  journee  de  24  niilles  au  lieu  de  17  i/3  (juila 
pris  pour  base.  Dans  ma  construction  ,  il  faut  s'arieter 
vers  3i»  N.  et  4"  3o'  O.  Cest  aussi  ta  que  nieiient  les 
huit  journeeS  qu  un  itineraire  recucilli  par  M.  Cochelet 
donne  entre  Tedla  et  Tadlelt. 

J'aurais  voulu  determiner  avec  quelque  precision  I'em- 
placement  de  la  celebre  Segelmesah;  en  m'attachaiit  a 
une  etude  comparee  des  details  chorographiques  de 
Leon  et  d'Ahhmed,  j  en  conclurais,  j)ar  des  rapproche- 
mens  qui  n'ont  point  echappe  a  M.  Walckena^r,  que  le 
territoire  particulier  de  Segelmesah  ,  presque  identique 
a  celui  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Tafiielt,  etait 
conipris  entre  3i"et3i''  20'  N.  Mais  cette  position  est 
loin  de  cadier  avec  les  distances  itineraires  donnees  par 
Leon,  savoir,  120  niilles  depuis  Gherseluyn,  i5o  milles 
depuis  Fighig  et  100  niilles  depuis  Tebelbelt. 

Fighig  est  fourni  par  Shaw  a  5  jours  S.  S.  O.  des  Beni- 
Smeal  (sans  doute  Benylsma'yl,  lesquels  sont  a  6  heues 
sud  des  montagnes  de  Karkar  ,  placees  elles-niemes  a  6 
heues  S.  de  Sinan.  En  tenant  compte  de  la  correction 
afferenle  a  Testime  de  Shaw  pour  la  province  dOran, 
i'aurai  Fighig  vers  33°  2'  N.  et  4"  8'  O.  (kj-jJ    i 


(  '75  ) 

Tebebelt  se  troiive,  d'apres  Caille,  a  6  journecs  dans 
lest  de  Mimcina  et  a  8  joiunees  de  Toiiat ;  or  Touat 
lui-meme,  ou  Agliably  (Ekably  d'Einsiedel ) ,  nest  indi- 
(jue  que  par  ?  journecs  sur  le  prolongetuent  de  la  route 
de  Ghadames  a  Ayn  e!-Ssalahb,  ce  qui  lui  vaudrait  une 
position  conjecturale  de  26'  53'  N.  et  log'  O.  Tebelbelt 
tomberait  alors  vers  28"  49'  N.  et  3°  i5'  O.  De  la  a  Fi- 
ghig  il  y  a  aSS  niilles  rpi'il  serai t  a  la  verite  facile  de 
leduire  a  aSo  miiles,  somnie  des  distances  donnees  par 
Leon  entre  ces  deux  points  et  Segelniesah  ;  niais  Segel- 
mesah  eile-meme  se  trouverait,  par  ces  distances,  a  plus 
de  5o  niilles  au  sud  du  Qassr  Mouley  I\Ianioun  ,  qui  ce- 
pendant  etait  peu  eloigne  de  I  ancienne  capitale  des 
Mediarytes. 

II  est  a  desirer  que  les  officiers  employes  dans  la  pro- 
vince d'Oran,  et  qui  ont  pu  s'y  procurer  des  itineraires 
tels  que  celui  qui  conduit,  par  Fes  etMarok,  jusqu'a 
Taroudant,  mettent  leurs  soins  a  en  recueillir  qui  ail- 
lent  a  A'yn  el  Ssalahh  ou  a  Aghably  par  Figliig,  Tafdelt 
et  Tebelbelt  J  a  Marok  parTafilelt;  du  Ouady-Mozab  a 
Fes  par  Tafilelt;  dans  toutes  les  directions,  en  un  mot, 
ou  de  nouvelles  lignes  peuvent  verifier  ou  completer  la 
triangulation  grossiere  sur  laquelle  est  base  le  canevas 
de  nos  cartes  de  I'Atrique  septentrionale.  Qua  Alger  ainsi 
qu'a  Bone,  que  dans  tous  les  lieux  oii  se  rencontreront 
des  indigenes  ayant  voyage  dans  I'interieur,  on  ait  soin 
de  recueillir  leurs  itineraires  avec  tous  les  renseiirne- 
mens  accessoires  qui  s'y  rattacbentj  que  d'intelligentes 
questions  ameneut  les  eclaircisseraens  qu'il  est  le  plus 
utile  dobtenir:  que  les  lignes  douteuses  soient  confir- 
mees ou  rectifiees  par  la  reunion  de  nouveaux  temoi- 
gnages ;  que  des  lignes  transversales  assurent  la  situa- 
tion relative  de  celles  qui  sont  connues,  en  les  reliant  au 


(  176  ) 
iiioycn  lie  roptiros  l)it'ii  iletcMinines.  Que  chacjue  station 
principale  soil  un  centre  autour  duquel  on  se  fasse  in- 
dicjtier,  en  suivant  les  points  cardinaux  et  leurs  interme- 
diaires,  les  distances  a  d'autres  stations  plus  on  moins 
eloignees.  Lc  champ  ouvert  a  de  telles  investigations  est 
iinmense  :  qu'il  soit,  a  force  de  questions  et  de  recher- 
clies,  sillonne  dans  tons  les  sens  par  des  renseigneniens 
ilineraires  sans  nombre  :  la  seront  l«rs  meilleurs  eleniens 
dune  carte  du  Maghreb,  jusqu'a  ce  que  I'oeil  europeen 
y  puisse  penetrer  assez  avant  pour  y  planter  les  jalons 
d  un  relevenicnt  plus  exact.  Sachons  preparer  les  voies 
d'une  exploration  si  desirable,  niais  encore  si  loin  dans 

lavenir!... 

*  A 


LETTllE 

DU  CURE  DE  SANTIAGO  TEPEHUACAN  A  SOX  EVEQCE  , 

Sur  les  inocurs  et  coutumes  des  Indiens 
sotimis  a  ses  soinsj 

Traduite  par  Henri  Ternacx,  sur  le  manuscrit  original 
qui  se  tiouve  dans  sa  Mhliotlieque. 


Les  details  que  Ton  va  lire  soiit  contenus  dans  une  lettre  dii  cure 
de  Santiago  Tepeliuacan,  adress('>e  a  son  evt^ue.  I-e  but  du  pas- 
teur,  en  faisant  connaitrc  les  inoeurs  des  Indiens,  est  d'apprendre  cl 
ses  successeurs  quels  obstacles  ils  auront  a  vaincre  dans  I'exercice  de 
leurs  fonctions  ,  et  en  m^me  temps  d'appeler  I'attention  de  I'ev^que 
sur  les  moyens  de  faire  disparaitre  les  idees  superstitieiiscs  qui  re- 
giient  encore  r.liez  les  Indiens 


Chez   les   Indiens  Huastecas,  quaii<l    une  foninic  ac- 
couche, on  tail  une  off'rande  de  comestibles  dans  Ten- 


(  »77) 
droit  meme  oil  elle  est  accouchee,  afin  que  les  teornames^ 
ou  femmes  des  dieux,  ne  fassent  aucun  mal  au  nouveau- 
ne  ou  a  la  mere,  et  dans  les  premiers  huit  jours  qui 
suivent  I'accouchement,  on  fait  un  grand  festin.  A  ce 
festin,  il  doit  y  avoir,  sans  aucune  exception  ,  de  toutes 
les  choses  dont  on  a  mange  dans  la  maison  de  laccou- 
chee ,  car  s  il  y  manque   quelque  chose,  les  teornames 
fontmourir  I'enfant.  La  sage-femme  prend  en  paiement 
le  mais,  les  feves  et  la  viande  que  possede  I'accouchee, 
et  si  on  ne  les  lui  donne  pas,  I'accouchee  doit  mourir. 
La  sage-femme  prend  I'enfant,  et  si  c'est  un  garcon,  elle 
lui  met  le  machette  a  la  main,  allume  quelques  raineaux 
de  pins  avec  lesquels  elle  fait   des    fumigations    dans 
toute  la  maison  et  autour  de  I'enfant.  Elle  le  promene 
ensuite  par   toute  la   maison,  et  lui  niontrant  chaque 
chose  avec  la  main,  elle  lui  dit  :  «  C'est  la  que  se  leve 
le  soleil  et  c'est  la  qu'il  se  couche;  cest  ici  le   chemin 
du  champ  cultive  ,  c'est  la  le  chemin  de  la  foret,  c'est  ici 
que  tu  iras  labourer,  c'est  la  que  tu  iras  couper  du  hois. 
Til  ne  resteras  pas  dans  la  foret ,  mais  tu  reviendras  par 
le  meme  chemin.  Cest  ici  quest  ta  maison,  c'est  ici  que 
tu  vivras  ».  Si  c'est  une  fille,  elle  lui  met  dans  la  main 
un  fuseau  et  une  navette,  et  lui  dit :   «  C'est  ici  ta  mai- 
son ,  c'est  ici  que  tu  vivras  ,  c'est  ici  que  tu  fileras  et  que 
tu  tisseras  des  etoffes  pour  thabiller»j  puis  elle  ajoute 
les  autres  choses  telles  quelle  les  a  dites  au  garcon.  Les 
Indiens  sont  persuades  que  les  enfaiis  ne  savent,  quand 
ils  sont  devenus  grands,  que  ce  dont  on  leur  a  parle  an 
moment  de  leur  naissance. 

Lorsquune  femme  meurt  en  couches,  on  porte  tons 
ses  effets  dans  les  hois,  et  on  place  a  I'envers  le  plat 
dans  lequel  elle  mangeait;  car  I'esprit  de  la  defunte 
viendra  chercher  ses  veteniens,  et  si  on  ne  les  porte  pas 

12 


(  »78  ) 
dans  les  bois,  et  si  on  nc;  place  pas  a  IVnveis  le  plat 
dans  leqiiel  elle  mangeait ,  la  feninie  avec  laquelle  le  veuf 
se  remarieia  niourra  dans  sa  premiere  couclie.  Quand 
ces  Indiens  lont  baptiscr  leur  entant,  ils  font  cuiie  des 
gAteaux  au  chile  ot  des  oeufs  et  les  dislribuent  aux  en- 
fans,  et  ils  croient  que  s'ils  ne  le  fuisaient  pas,  I'entant 
resterait  seul  et  sans  compagnie  dans  sa  niaison. 

Apres  le  baptenie  d'un  enfant ,  les  parrains  le  reniet- 
tent  au  pere  et  a  la  mere,  qui  lui  disent  :  «  Viens  avec 
nous  a  notre  maison  ,  ne  reste  pas  ici »,  et  ils  disent  la 
ineme  chose  dans  tons  les  endioils  ou  ils  se  reposent 
sur  la  route,  tournant  la  figure  de  lenfant  vers  le  lieu 
de  leur  habitation,  et  ils  croient  que  s'ils  negligent  cette 
precaution,  I'esprit  de  I'enfant  restera  dans  I'eglise  ou 
dans  I'endroit  ou  ils  se  sont  reposes. 

Quand  ils  s'en  retournent  avec  I'enfant  qui  vient  d'etre 
baptise,  ils  jettent  de  la  cendre  et  de  la  chaux  dans  tons 
les  chemins  qui  traversent  celui  qu'ils  suiventjils  agis- 
seut  aiiisi  afin  que  I'enfant,  quand  il  sera  grand ,  ne 
s'egare  pas  dans  ces  chemins. 

Un  enfant  est  il  tombe  des  brasde  celui  qui  le  portait, 
et  une  rnaladie  a-t-elle  suivi  cette  chute,  les  parens  pren- 
nent  la  chemise  de  I'enfant,  I'etendent  a  Tentlroit  ou  il 
est  tombe,  et  diseul  :  «  Viens,  viens,  viens  rejoindre 
I'enfant  >».  lis  eniporlent  ensuite  un  peu  de  terre  enve- 
loppee  dans  la  chemise  et  la  lui  remetlent;  ils  disent 
que  de  cette  mauiere  I'esprit  est  rappele  dans  le  corps 
dumalade,  el  qu'il  guerit. 

Quand  les  femnies  en  mal  d'enfant  ont  de  la  peine  a 
accoucher,  ils  balaient  la  maison  et  disposent  des  sieges, 
afin  que  les  dieux  puissent  s'asseoir  quand  ils  viennent 
visiter  la  malade,  et  ils  croient  que  s  ils  negligeaient 
cette  precaution  elle  perirait. 


(  »79  ) 

Le  i8  octobre,  fete  de  saint  Luc,  tons  les  Indians  se 
reunissent  et  balaient  les  chemins,  afin  que  les  ancien» 
Indiens  du  temps  du  paganisme  les  trouvent  propres  a 
leur  passage,  car  ils  disent  que  cette  nuit  ils  viennent 
les  visiter  et  qu'il  faut  les  honorer. 

Les  Indiens  croient  que  les  iemmes  qui  meurent  en 
couches  n'iront  ni  au  ciel,  ni  en  purgatoire,  ni  en  enfer, 
mais  qu'elles  resteront  dans  Fair  pour  faire  alier  le  ton- 
nerre.  Lorsqu'un  Indien  est  pique  par  un  serpent,  ils 
font  aussilot  des  gateaux  de  fete  et  en  dislribuent  aux 
enfans;  ils  en  portent  aussi  au  serpent  pour  qu'il  retire 
le  poison  qu'il  a  verse  dans  la  plaie  er  qn'il  ne  niorde 
plus  personne  de  cette  niaison. 

Tout  Indien  qui  va  travailler  dans  la  montagne  porte 
avec  lui  da  tabac  en  poudre,  coninie  un  preservatif 
centre  la  niorsure  des  serpens.  Si  un  Indien  nieurt  de 
la  morsure  dun  serpent,  ou  s'il  se  noie,il  n'est  point 
enterre  dans  une  eglise  ,  parceque  les  Indiens  pensent 
que  la  foudre  viendrait  le  deterrer,  et  qu'en  meme  temps 
elle  mettrait  le  feu  a  I'eglise. 

Quand  un  Indien  vient  a  rnonrir,  la  veille  de  I'enter- 
renient  son  lit  est  porte  tout  autour  des  niaisons  voi- 
sines.  Les  Indiens  croient  que  s'il.s  manquaient  a  cette 
pratique,  le  mort  viendrait  prendre  conge  de  ses  voi- 
sihs;  et  en  revenant  de  I'enterrement,  ils  jettent  de  la 
cendre  autour  <le  la  niaison  du  defunt,  afui  qu'il  ne 
vienne  pas  tirer  une  .utre  j/ersonne  de  sa  niaison;  car 
tons  les  Indiens  croienl  que  personne  ne  meurt  de  mort 
naturelle,  niais  que  les  enchantemens  des  dieux  ou  teor- 
naraes  peuvent  seals  faire  mourir. 

Lorsqu'on  enterre  un  mort,  une  vieille  femme  met 
a  la  porte  du  ciinetiere  ou  de  la  niaison  du  mort  un 
pot  renverse   conlenaiit  quatorze  grains  de  mais(moi- 

12. 


(  »8o  ) 
nieine  je  les  ai  comptes),  et  le  bouche  avec  de  la  terrej 
le  dernier  de  ceux  qui  portent  le  mort  met  le  pied  sur 
le  pot  et  le  casse.  Us  agissent  ainsi  pour  trois  raisons  : 
d'abord  ,  ce  pot  doit  servir  de  canot  au  mort  dans  I'autre 
nionde  et  I'aider  a  passer  les  rivieres  ;  le  mais  est  destine 
a  servir  de  senience  pour  que  le  mort  se  procure  de 
quoi  vivre  et  nourrir  ses  poules  dans  I'autre  monde,  et 
enfin  le  pot  est  rompu  pour  qu'on  lui  ouvre  les  portes 
de  Tenter,  oil  les  Indiens  disent  qu'ils  doivenl  tous  alter. 

Us  disent  que  quand  une  vierge  se  marie  avec  un 
veuf,  le  mari  se  reunira  dans  I'aulre  nionde  avec  sa  pre- 
miere femmc,  et  la  seconde  fenune  sera  employee  a  ecar- 
ter  leschauve-souris  avec  une  baguette,  afin  qu'eljes  les 
laissent  en  repos.  Us  disent  encore  qu'une  femme  qui 
meurt  vierge  doit,  dans  I'autre  monde,  se  prosterner 
devant  Dieu,  se  retirer,  puis  se  prosterner  de  nouveau 
et  passer  ainsi  toute  I'eternite. 

Pendant  la  ceremonie  du  manage,  si  le  fiance  laisse 
tomber  I'anneau  ,  ils  croient  que  la  femn>e  mourra  bien- 
tot,  et  si  c'est  la  fiancee,  que  ce  sera  le  mari.  De  meme, 
si  le  cierge  du  mari  s'eteinl  quand  il  est  devant  I'autel, 
c'est  signe  de  mort  pour  la  fiancee;  si  c'est  celui  de  la 
fiancee,  c'est  signe  de  mort  pour  le  mari. 

Aucun  Indien  ni  aucune  Indienne  n'ose  sebaignera 
I'beure  de  midi,  parce  que,  disent-ils,  c'est  I'beure  a  la- 
quelle  les  dieux  des  eaux  se  reunisscnt  pour  se  divertir, 
el  que  celui  qui  se  baigncrait  a  celte  beure  tomberait 
malade. 

Quand  les  nouveau-maries  se  rendent  a  leur  maison 
pour  faire  le  festin  de  noce,  et  qu'ils  se  sont  assis  a  la 
table,  c'est  la  marraine  de  la  mariee  qui  met  le  pre- 
niier  morceau  dans  la  boncbe  du  marie,  et  le  parrain 
du  marie  qui  met  le  premier  morceau  dans  la  bouche 


(  i8i  ) 

cle  la  mariee.  Sil  en  elait  autrement,  I'amour  niutuet 
des  deux  epoux  ne  pourrait  pas  durer.  On  danse 
le  soir,  et  quand  le  moment  de  se  coucher  est  venu , 
la  marraine  va  faire  le  lit  des  nouveaux  epoux  et 
etend  dessus  un  drap  parfaitement  blanc.  Elle  des- 
habille ensuite  la  mariee  et  la  couche  sur  ce  drap.  Le 
lendemain  ,  les  parens  et  les  lenioins  des  epoux  vont 
relever  ce  drap,  et  s'ils  le  trouvenl  ensanglante,  ils 
I'ecommencent  leurs  festins  ct  leurs  danses  en  pro- 
menant  ce  drap  dsns  le  village;  si,  au  contraire,  le 
drap  est  encore  blanc,  ils  ne  font  ni  festins  ni  danses  , 
tnais  iis  prennent  deux  lasses  dont  ils  otent  le  fond ,  et , 
les  mettant  sur  un  plat,  ils  les  reniplissent  de  chocolat 
et  vont  ensuite  les  presenter  aux  parens  de  la  mariee, 
de  sorte  que  quand  ils  vont  pour  les  porler  a  la  bouche, 
]e  chocolat  se  repand,  et  de  cette  maniere,  ils  leurfont 
entendre  que  la  mariee  n'etait  pas  vierge. 

Pendant  le  temps  que  Ton  emploie  a  semer  le  colon 
et  le  chile  ,  les  Indiens  ne  mangent  ni  graisse,  ni  viande, 
ni  oeufs ,  parce  qu'ils  croient  que  cela  ferait  tomber  les 
fleurs  et  nuirait  a  la  recolte.  De  menie  ils  n'approclient 
pas  de  leurs  champs  quand  ilssont  en  (leurs,  ni  ne  tnon- 
trent  du  doigt  aucune  plante  en  fleurs,  parce  qu'ils 
croient  que  les  fleurs  tomberalent  ct  ne  donneraient  pas 
de  fruits. 

Quand  ils  font  la  recolte  du  mai's,  ils  cholsissenl  les 
meilleurs  epis,  qu'ils  suspendenta  la  fumee,  et  quand  le 
temps  des  semailles  est  venu  ,  ils  en  prennent  les  grains 
avec  le  plus  grand  soin ,  evitant  surtout  que  les  pores  , 
les  poules  ou  d'autres  animaux  ne  mangent  aucun  de 
ces  grains,  et  avant  de  les  semer  ils  les  trempent  dans 
une  eau  courante.  Cette  derniere  ceremonie  a  lieu  pour 
ohtenir  du  dieu  deseaux  qu'il  donne  aux  champs  une 


(     »82    ) 

hutnidite  suffisante,  et  la  premiere,  parce  qu'ils  croient 
que  si  un  seul  grain  de  ceux  qui  sont  destines  a  la  se- 
mence  avail  ete  mange  par  un  animal  ,  les  sangliers  et 
les  oiseaujf  viendraient  manger  le  reste  ,  et  que  le  champ 
ne  produirait  rien. 

Lorsque  les  epis  de  inais  sonl  leves,  ils  apportent  un 
grand  gateau  qu'ils  brisent  et  dont  ils  setncnt  les  mor- 
ceaux  dans  le  champ,  disant  que  c'est  la  nourriture  des  , 
dieux ,  et  qu'ils  la  leur  doiment  pour  qu'ils  epargnent  la 
recolte;  ils  font  la  nieme  cerenionie  pour  les  autres  pro- 
ductions de  la  terre. 

Quand  un  Indien  tombe  malade,  ils  croient  que  c'est 
un  chatiinent  des  dieux,  et  pour  obtenir  d'eux  sa  gue- 
rison  ,  il  laut  quil  fasse  trois  fois  sept  gateaux,  qu'il  en 
place  sept  au  sommet  du  pin  le  plus  eleve  de  la  foret , 
qu'il  en  enterre  sept  au  pied  du  meiiie  pin,  et  qu'il  en 
jette  sept  dans  un  piiits  et  se  lave  ensuite  avec  I'eau  de 
ce  meme  puits  ;  alors  la  maiadie  y  restera  et  le  malade 


suerira. 


Pour  empecher  les  oiseaux  de  manger  le  mais,  ils  en 
peignent  un  sur  une  planche,  ils  1  ornent  de  plumes,  et 
le  suspendent  ensuite  dans  le  champ. 

Quand  ils  etablissent  un  nouveau  moulin  a  ecraser 
les  Cannes  a  Sucre,  ils  font  un  grand  festin.  Ils  pren- 
nent  d'aboid  une  bouteille  d  eau-de-vie  (  de  cannes)  et 
la  repandent  sur  la  machine,  et  quand  on  sert  le  repas, 
ils  lui  disent  :  «  C'est  toi  qui  es  notre  pere,  c'est  toi  qui 
nous  nourriras,  ne  te  i'ache  pas  conire  nous  «.  Si  la  ma- 
chine blesse  quelqu'un,  ils  lui  servent  un  repas  pour 
I'apaiser,  et  afin  que  le  blesse  guerisse  et  qu'ellc  n'cn 
blesse  pas  d'autres. 

lis  font  aussi  un   festin  quand  ils   vont  couper  un 
grand  arbre,  afin  de  I'apaiser  et  aiin  ((uil  ne  blesse  per- 


(   i83  ) 

Sonne  en  tonibant.  Quand  ils  batissent  une  inaison, 
ils  placent  sur  le  toit  des  branches  de  soiimar,  afin 
dVmpecher  les  sorciers  de  venir  s'asseoir  dessus  et  de 
I'enfoncer. 

La  nuit  de  la  Saint-Jean,  les  Indiens  vont  fouetter  les 
Grangers  et  les  pruniers,  afin  qu'ils  prennent  de  la  force 
et  donnent  de  bons  fruits,  et  la  veille  du  jour  des  Cen- 
dres ,  ils  appliquent  de  la  cliuux  sur  le  tronc,  afin  que 
les  malefices  des  sorciers  n'y  puissent  trouver  prise. 

Tout  Indien  qui,  dans  sa  vie,  a  enterre  un  cadavre, 
ne  peut  planter  un  arbre  fruitier  ;  I'arbre  qu  il  planterait 
secherait  et  ne  pourrail  prosperer.  Les  autres  Indiens  ne 
veulent  pas  I'employer  a  la  peche,  disant  que  sa  pre- 
sence ferait  fuir  le  poisson. 

Quand  ils  mangent  du  sangiier  ou  du  gibier,  ils  n'es- 
suient  pas  leurs  doigts  contre  les  inurs  ni  centre  les 
portes  de  la  maison,  et  ils  disent  que  sils  le  faisaient, 
jamais  ils  ne  pourraient  prendre  d  autre  gibier. 

Les  Indiens  qui  pechent  a  Thamecon  ne  veulent  pas 
preter  leurs  bainecons  aux  Indiens  civilises,  donnant 
pour  raisou  que  ceux-ci  jettent  aux  chats  les  restes  du 
poisson,  et  que  cela  les  enipecherait  den  piendre  d'autres 
avec  les  nienies  hamecons. 

Quand  on  enlend  les  cris  du  renard ,  ils  disent  one 
c'est  signe  de  niort  pour  quelqu'uii  du  village,  et  que  le 
renard  est  I'alguazil  de  I'enfer. 

Si  une  feninie  est  sterile,  ils  disent  qu'uu  grand  ver 
vient  la  teter  toutes  les  units,  el  ils  appellent  ce  ver 
tertopitri. 

Lorsqu'on  entend  le  cri  de  deux  oiseaux  nomtnes 
toio  et  teapirnni,  qui  sont  assez  communs  dans  les 
champs  de  cannes,ils  croient  que  cest  un  signe  que  celui 
qui  les  entend  se  noier.i. 


(  '84  ) 

Un  oiseau  nomnie  tecolote  se  placet-il  sur  la  cabane 
dun  Indien  et  fait-il  entendre  son  ci  i ,  ils  lui  disent : 
«Va-t'en,  demon  (««/«//««),  va»j  et  ils  jettent  du  sel 
dans  le  feu ,  croyant  que  cela  raveuglera. 

Quand  il  y  a  une  eclipse  de  soleil,  ils  attaclient  ii  la 
ceinture  des  lemnies  enceintes  une  paire  de  ciseaux  et 
une  navette,  et  ne  les  laissent  pas  sortir  :  ils  croient  que 
sans  cette  precaution  elles  avorteiaient.  lis  pensent  que 
I'eclipse  est  causee  par  un  aigle  enoime  qui  s'eleve  vers 
le  soleil  et  le  cache  de  ses  ailes. 


(  '85  ) 


DEUXIEME  SECTION. 


DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


Lettre  de  M.  John  Ross,  capitaine  dc  vaissean  de  Id 
marine  royale  britannique ,  ii  MM.  les  president ,  se- 
cretaire ,  etc. ,  de  la  Societe  de  Geograplde  de  Paris. 


Londres,  i  *■'  septembie  i834. 
Messieurs, 

M.  de  Bacourt,  charge  d'affaires  de  France,  m'ayant 
l-emis  votre  lettre  du  i3  avril,  ainsi  que  la  medaille  d'or 
dela  Societe  de  geographie,  je  vous  prie  de  vouloir  bien 
assurer  cette  Societe  savante  et  distinguee  ,  qu'entre 
plusieurs  citconstances  de  profonde  satisfaction  qui  ont 
suivi  men  retour  en  Europe  ,  apves  un  voyage  d'une 
longueur  et  d'unedifficulte  plus  qu'ordinaires,iln'en  est 
aucune  qui  ait  plus  vivement  excite  nies  sentimens  de 
respect  et  de  gratitude,  que  I'honneur,  digne  d'envie, 
que  la  Societe  m'a  confere. 

Recue  dans  ces  sentimens,  la  medaille  dor  qui  m'a  ete 
decernee  dune  maniere  si  flatteuse ,  sera  transmise  a 
ma  posterite  comme  un  precieux  temoignage  de  I'es- 
time  que  les  membres  de  la  Societe  accordent  a  mes  ef- 
forts pour  lavancement  des  connaissances  geographi- 


(  »86  ) 
ques;  et  je  vous  pile  de  croire  que  je  lie  suis  pas  luoins 
sensible  a  la  inaiiiere  flatteuse  tlont  les  president,  secre- 
taire ,  etc.,  m'ont  exprinie  leurs  sentimens  en   celte  oc- 
casion. 

J  ai  1  honneur  d'etre  avec  le  plus  profond  respect, 
Messieurs , 
Voire  tres  obeissant  et  tres  humble  serviteur, 

John  Ross , 
cnpitaine  de  ■vaisseuu. 


CHKMIN     DE     FEK     A     TUAVERS     I,  ISTHiMK     Uli     PANAMA. 

Dans  le  courant  des  annees  1828  et  1S29,  M.  Lloyd, 
ingenieur  anglais  ,  et  un  otiicier  siiedois,  tons  deux 
comrnissionnes  par  Bolivar,  (irent  un  nivellement  com- 
plot  dune  partietle  i'istlune,  afin  de  s'assurer  de  la  pos- 
sibilite  de  joindre  VOcean  Pacifique  a  I'Ocean  Atlan- 
tique.  Nous  avons  deja  donne  un  extiait  du  rapport  de 
cesdeux  ingenieurs  (r);  entre  autres  observations,  on  y 
lisait  celle  qui  suit:  «  L'endroit  oil  le  continent  ameri- 
cain  est  resserre  dans  ses  plus  etroites  limites,  est  aussi 
remarcfuable  par  une  rupture  de  quelques  niilles,  exis- 
tant  dans  la  grande  chaine  de  montagnes  qui,  a  quel- 
ques legeres  exceptions  pres  ,  traverse  ontierement 
cette  partie  du  pays,  de  I'extremile  nord  a  I'extremite 
sud.  La  principale  ditficulte,  pour  etablir  une  coniniu- 
nication  entre  les  deux  niers,  ne  viendrait  done  point 
des  montagnes,  niais  bien  d'une  foule  de  ruisseaux  a 
traverser,  qui  sont  a  sec  dans  I'ete,  et  deviennent  de 

(i)  Voir  le  n"  88  du  Bulletin  'tome  xiv). 


(  ^87  ) 
veritables  torrens  dans  I'hiver  ou  la  saison  des  pluies.  » 
Le  meme  rapport  Indiquait  aussi  dune  maniere  precise 
la  difference  de   niveau   entre  les  deux   oceans,   diffe- 
rence qu'on  avail  cru  jusqu'alors  plus  considerable. 

Les  ingenieurs  concluaient  cependant  par  la  possibi- 
lile  d'etablir  un  cheniin  de  fer  qu  ils  jugeaient  devoir 
etre  prefere  a  un  canal.  Outre  les  difficultes  bien  plus 
grandes  que  ce  dernier  moyen  de  communication  len- 
contrerait  dans  I  interieur  de  lislbme  ,  le  peu  de  pro- 
fondeur  de  I'Ocean  Pacifique,  a  plusieurs  milles  de  la 
cote,  en  rendrait  I'abord  inaccessible  aux  aros  bati- 
mens,  et  son  but  serait  par  consequent  manque.  Dans 
I'etat  actuel  des  clioses,  un  cbemin  de  fer  qui  permet- 
trait  le  transport  des  marchandises,  des  passagers  et  des 
lettres,  remplirait,  pour  la  Nouvelle-Grenade  en  parti- 
culier,  et  le  monde  commercial,  en  general,  lous  les 
avantages  qu'on  doit  raisonnablemeiu  esperer. 

Ces  diverses  considerations  ont  determine  les  deux 
decrets  dont  voici  la  substance  : 

Decret  de  la  legislature  de  la  repnblique  de  la  Nou- 
velle-Grenade ,  autorisant  Ic  pouvfiir  execiuif  a  oiivrir 
une  comumnication  entre  les  deux  mers  ,  a  travers 
I'isthme  de  Panama. 

Art.  i*"^.  Le  pouvoir  executif  est  autorise  a  recevoir 
toutes  les  propositions  qui  pourraient  lui  etre  faites  , 
pour  letablissemenl  d'une  route  traversant  listlime  de 
Panama,  d'uu  ocean  a  I'autre  ,  el  ce,  aux  conditions 
du  present  decret. 

Art.  2.  Les  entrepreneurs  pourronl  former  cette 
communication  ,  soil  par  un  cbemin  de  fer,  soil  par 
une  route  ordinaire,  en  usant  de  tons  les  cours  d'eau 
qui  pourraient  les  aider  dans  leurs  Iravaux. 

Art.   3.    La  route  sera  coninieiict'C  deux  ;uis  au   plus 


(  '88  ) 
tard,  a  dater  de  la  concession  du  privilege,  et  etre  ter- 
ininee  dans  un  delai  qui  sera  fixe  par  le  contrat. 

Art.  4  ^t  5.  Si  le  cheniin  passe  a  travers  des  pro- 
prieles  particulieres ,  les  possesseurs  seront  obliges  de 
les  ceder  a  juste  prix ,  c'est-a-dire  a  la  valeur  qui  sera 
fixee  par  experts,  a  I'epoque  du  commencement  des 
travaux.  Si  les  terres  ou  passera  la  route  sont  publiques 
(^valdias)  ,  elles  seront  cedees  gratuitement  et  sans  exi- 
ger  aucune  indemnite. 

Art.  6.  Les  entrepreneurs  auront  la  jouissance  du 
revenu  suivant  la  nature  de  la  communicalion  qu'ils 
auront  creee,  pend.ant  un  temps  qui  ne  sera  pas  moindre 
de  dix  ans,  ni  au-dessus  de  cinquante.  Le  maximum  du 
droit  a  percevoir  sera  fixe  par  la  legislature. 

Art.  r  et  8.  Les  entrepreneurs  recevront  en  recom- 
pense 20,ooo  fanegadas  (exwiron  100,000  acres)  de 
terres  publiques  dans  I'isthme',  propres  a  la  culture,  et 
qui  seront  ,  pendant  vingt  ans  ,  exemptes  de  toutes 
charges  publiques.  Les  articles  9,  10  et  n  sont  regie- 
men  taires. 

Fait  a  Bogota,  le  22  mai  i834. 

L'autre  decret,  qui  est  la  consequence  du  precedent  , 
est  rendu  par  le  president.  II  fixe  le  i5  Janvier  i835  , 
comrae  terme  de  rigueur  pour  Tadmission  des  proposi- 
tions ;  on  fixera  ulterieurement  le  jour  et  Iheure  ou  leS 
soumissions  seront  publiquement  ouvertes.  Le  contrat 
sera  passe  avec  la  personne  qui  offrira  les  conditions 
les  plus  avantageuses  et  les  siiretes  les  mieux  etablies. 

Bogota,  29  mai  i834. 

Si'gne  :  Frapjcisco  de  Pacla  Santander  , 

president ; 
Lino  de  Pombo  , 
sccfctairc  de  rinterieur  et  des  affaires  etrangeres. 


(  x89  ) 


EXTRAIT 

d'cN    MEMOIRK     SUR    UN    CHEMIN    DANS    LISTHME 
D£    PANAMA  , 

Adresse  a  la  Societe  de  Geographic  de  Paris  par  M.  Juste 
Pa  REDES,  membre  de  cette  Societe. 


De  tous  les  projets  que  ce  siecle  de  progres  a  fait 
eclore,  il  ii'en  est  aucun  qui  soil  dune  importance  plus 
grande  que  celui  qui  a  pour  objet  d'ouvrir  une  com- 
munication entre  I'Ocean  Atlanlique  et  la  nier  Pacifique 
au  travers  de  I'isthme  de  Panama.  On  a  beaucoup  parle 
de  cette  conception  depuis  la  de'couvertede  lAmerique, 
comme  propre  a  faciliter  les  relations  commerciales  du 
nionde  en  tier;  mais  pendant  la  longue  doriiination  de 
I'Espagne,  il  a  ete  impossible  den  obtenir la  mise  a  exe- 
cution, et  il  a  lallu  abandonner  ce  projet  jusqu'a  une 
epoque  plus  propice. 

Depuis  que  les  colonies  espagnoles  ont  secoue  le 
joug,  cette  question  a  repris  une  existence  nouvelle. 

Elle  a  fixe  I'attention  des  gouvernemens  et  celle  des 
particuliers  :  tous  les  hommes  entreprenans  de  lAme- 
rique comme  de  lEurope  ,  voient  dans  son  execution 
le  moment  desire  qui  operera  par  les  interets  du  com- 
merce le  rapprochement  materiel  et  inteliectuel  des  in- 
dividus  des  differens  points  de  la  lerre,  geographique- 
ment  trop  eloignes  les  uns  des  autres,  pour  avoir  entre 
eux  des  relations  frequentes. 

Aucune  position  n'est  aussi  favorable  au  commerce 
de  I'univers  que  celle  de  listhme  de  Panama,  dont  le 


(  «9o  ) 
sol  ,  les  productions  et  Ic  diniat  soiit  autant  de  rares 
bientaits  do  la  nature.  Leur  concours  heureux  a  fait 
de  ce  pays  un  sejour  enchante  ou  Ton  jouit  d  iiu  prin- 
temps  peipetuel ,  et  ou  le  travail,  que  les  hiibitans  don- 
nent  a  la  terre ,  les  recompense  deux  tois  par  an  de 
leurs  peines,  qui  sent  legeres  en  comparaison  de  celles 
que  les  cultivateurs  ont  ordinairemeut  dans  des  pays 
moiris  favorises  par  la  fertiiite  et  la  temperature. 

Le  cacao  ,  le  tabac,  le  coton  ,  le  caie  ,  le  sucre  ,  la 
salsepareiile  ,  la  cocbenille  ,  lindigo  ,  les  bois  de  tein- 
ture ,  le  riz,  etc.  ,  etc.,  peuvent  s'y  cultiver  avec  une 
extreme  taoilite.  On  y  Irouve  aussi  des  mines  dor,  d'ar- 
gent,  de  mercure,  toutes  productions  qui  sont  autant 
de  moyens  d'echange  parlaitement  conformes  aux  be- 
soins  de  I'Europe. 

La  nature  qui  s'est  plue  a  repandre  une  telle  abon- 
dance  de  Ijiens  sur  cette  terre  privilegiee  ,  a  encore 
voulu  que  son  terrain  fut  le  plus  uni ,  le  plus  etroit  et 
le  plus  bas  de  ceux  de  toutes  les  Ameriques ;  c'est  la 
que  s'interrompt  si  beureusement  entre  I  Amerique  nie- 
ridionale  et  T  Amerique  septentrionale  ,  la  cbaine  de 
montagnes  qui  s'etend  presque  uniformemeni  et  sans 
autre  lacune  de  I  une  a  lautK!  extremite  du  pays. 

Ce  point  est  le  plus  <;onvenable,  sous  tous  les  rap- 
ports ,  a  une  communication  commerciale  entre  les 
deux  mers. 

Dans  de  telles  circonstances ,  anime  dun  sincere 
amour  pour  ma  patrie,  et  penetre  de  Timportance  de 
I'objet  qui  m'occupe,  j'avais  demande  a  la  clianibre 
provinciale  de  Panama  le  privilege  special  pour  I'exe- 
cution  dun  si  grand  iravail,  et  ce  corps,  etant  con- 
vaincu  de  I'utilite  de  ce  projet,  a  accueilli  ma  demande, 
m'arepondu  favorablement,  et  a  emis  un  decret  auquel 


'   19 1   ) 
I'isthme  devra   sa  prosperite,   qui  donnera  iiiic  grandc 
preponderance  a  I'elat  auqiiel  il  apparlient  ,   et  rendra 
un  immense  service  au  commerce  du  monde  entier. 

On  pent  done  hautement  approiiver  toute  personne 
qui  appelle  I'attention  publique  sur  un  tel  projet;  a  une 
epoque  ou  I'esprit  d  entreprise  est  repandu  par  tout,  et 
ou  aucun  plan,  qui  oftre  quelque  utilite  ,  n'a  manque 
d'etre  mis  a  I'essai.  Cette  heureuse  tendance  vers  le  per- 
fectionnement  general,  sera  unc  grande  gloire  pour  le 
siecle  ou  nous  vivons. 

Non-seidement  cette  entreprise  fait  partie  des  ame- 
liorations actuelles ,  mais  I'epoque  est  tout-a-fait  pro- 
pice  a  son  execution  ,  el  il  ne  faut  plus  qu'une  unifor- 
mite  d'idees  pour  la  realiser.  L'objet  qui  m'occupe  in- 
teresse  plus  ou  moins  directement  toutes  les  parlies  de 
la  terre,  et  un  bien  si  general  ne  peut  pas  etre  entre- 
pris  par  les  seuls  habitans  de  I'isthme  ,  quand  i'uiilite 
est  commune  et  les  avantages  egaux.  Cette  osuvre  doit 
elre  partagee  par  les  autres  pays  qui  ont  le  meme  in- 
teret. 

On  a  songe  a  etablii'  une  communication  au  nioyen 
du  lac  de  Nicaragua,  dans  TAmerique  du  centre,  pre- 
ferant  cette  voie  a  celle  de  Tisthme  de  Panama  ,  mais 
la  grande  distance  de  77  lieues  qui  separe  I'Atlantique 
de  la  mer  Pacifique  dans  I'Amerique  du  centre  ,  com- 
paree  aux  i4  lieues  qui  traversent  I'isthme  de  Panama, 
sul'fit  pour  prouver  les  avantages  que  Ton  trouverait  a 
s'occuper  de  preference  de  ce  dernier  point.  Portobello, 
quoique  Ton  ait  dit  de  son  insalubrite  ,  n'a  reellement 
pas  ce  defaut,  <'t  forme  une  excellente  baie  a  I'abri  des 
vents.  Une  compagnie  s'est  organisee  dans  I'isthme ;  et 
la  souscription  monte  deja  a  5oo,ooo  fr.  pour  I'entre- 
prise  de  la  communication  par  terre ,  entre  Portobello 


(     '92    ) 

et  Panama;  de  plus,  un  certain  nonibre  de  capitalistes 
de  cette  ville,  m'ayant  offert  de  I'aider,  Ic  moment  est 
venu  d'executer  cat  utile  projet. 

Une  fois  que  la  communication  sera  ouverte  par 
I'isthme,  qui  est  dans  le  centre  des  regions  les  plus  peu- 
plees  de  lAmeriquej  et  dans  la  ligne  la  plus  directe  de, 
I'Europe  a  I'Asie,  elle  facilitera  extraordiiiairement  le 
commerce  par  la  grande  promptitude  ,  la  singuliere  com- 
modite  et  I'extreme  economie,  et  mettra  en  contact  des 
millions  d'individus  qui  se  trouvent  separes  paries  bar- 
rieres  que  la  nature  a  placees  entre  eux,  et  qui  les  ren- 
dent  tout-a-fait  etrangers  les  uns  aux  autres.  Les  habi- 
tans  de  I'ouest  de  I'Amerique,  depuis  le  Chili  an  sud 
jusqu'aux  possessions  russes  dans  le  nord  ,  ce  qui  em- 
brasse  une  distance  de  2,070  lieues  ,  jouiront  enfln  dun 
grand  bienfait  par  le  nouveau  passage  oftert  aux  com- 
munications lie  leur  commerce  avec  lest  de  I'Amerique 
et  avec  I'Europe.  Ce  passage  facilitera  leurs  echanges 
avec  tout  le  globe,  et  il  augmentera  les  relations  du 
commerce  de  I'Europe  avec  tout  I'occidcnt  de  I'Ame- 
rique,  en  diminuantd'environ  i,33o  lieues  les  distances 
a  parcourir, 

Le  commerce  de  toutes  les  nations  dans  I'Ocean  Paci- 
fique,  trouvant  par  la  un  puissant  auxiliaire ,  s'etendra 
et  deviendra  beaucoup  plus  lucratit,  en  abregeant  de 
plus  de  moilie  les  voyages  des  marins  et  des  negocians 
qui  vivent  de  ce  trafic,  et  en  les  mettant  a  meme  de  re- 
cueillir  le  fruit  de  leurs  travaux  avec  moins  de  risques, 
plus  d'economie  et  moins  de  temps;  des  voyages  reite- 
res  el  moins  dispendieux  rapporteront  beaucoup  plus  de 
benefices  que  ceux  qui  se  faisaient  auparavant. 

II  est  done  evident  que  le  commerce  et  I'industrie  de 
toutes  les  nations  rctireront  de  celte  nouvelle  voie  ou- 


(  ^93  ) 
verte  a  leurs  relations ,  d'incalculables  avantages  qui 
opereront  une  lieureuse  revolution  dans  le  monde  mer- 
cantile, parce  que  les  productions  manufacturees  au- 
ront  plus  de  circulation  pour  satisfaire  un  plus  grand 
nombre  de  consonitnateurs  auxquelsellesserontoffertes 
dans  les  differens  marches  qui  s'etabliront  sur  de  nou- 
veaux  points  on  il  n'en  existait  pas. 


RAPPORT    SUR    LES    COMMUNICATIONS    A    ETABLIR    AVEC 
LINSTITUT    niSTORIQUE, 

Lu  a  la  Societe  de  Geograpliie,  dans  sa  seance  du  3  octobre  i834, 
Par  M.  Roux  de  RocHEtLE, 

Messieurs , 

Lescontreesdontla  geographic  donne  la  description 
ne  doivent  pas  etre  considerees  comma  des  deserts  sans 
vie  et  sans  habitans.  Nous  nous  attachons  d'abord  ii 
observer  leur  situation  ,  leurs  fleuves,  leurs  montiignes, 
les  productions,  les  phenomenes  qui  leur  sontpropres  ; 
et  si  ces  pays  sont  occupes  par  des  peuples  civilises, 
linleret  de  nos  recherches  augmente  :  nous  voulons 
aussi  connaitre  les  homnies,  suivre  les  revolutions  qu'a 
eprouvees  leur  sejour,  soit  par  le  cours  des  evenemens 
poliriques,  soit  par  la  niarche  de  la  nature, et  nous  ren- 
dre  conipte  de  I'influence  que  leur  position  geogra- 
phique  a  pu  exercer  sur  leurs  destinees. 

Dans  ce  nouveau  sujet  d'etude,  tout  nous  conduit  a 
reconnaitre  Tintime  liaison  de  la  geographie  avec 
riiistoire.  Lune  et  I'autre  science  se  pretent  un  mutuel 
secours  :  elles  s'eclairent;  ellesdonnentplus  de  variete, 
d'importance  et  de  grandeur  aux  tableaux  que  nous 
avons  sous  les  yeux. 

Convaincus  de    I'utilite    de  ce  genre   d'association, 

i3 


(  ^94) 
nous  vous  avoiis  soutiiis,  dans  cle  piticeclcntes  lectures , 
quelques  essais  sur  la  geographie   historique    de    plu- 
sieurs  conlrees,  el  nous  aurons  encore  recours  a  votrc 
indulgence  pour  la  suite  de  ce  travail. 

Yous  pourrez  juger,  messieurs,  par  celle  direction 
donnee  a  une  parlie  de  nos  etudes,  que  nous  regardons 
la  Sociele  de  geographie  et  llnstitut  historique  comma 
naturellement  unis  entre  eux  par  la  tendance  de  leurs 
travaux.  Get  Institut  forme  depuis  le  23  n)ars  <lornier, 
se  propose  d'embrasser  lensenible  des  connaissances 
historiques;  el  comme  lours  principales  branches 
exij^ent  des  connaissances  speciales,  il  s'est  partage  en 
six  classes,  quicomprennent  I  histoire  generale,  Ihis- 
toirc  des  sciences  morales  et  philosophiques,  celle  des 
langues  et  des  lilteralures,  cellc  des  sciences  physiques 
el  malhematiques,  !  histoire  des  beaux-arts  el  I'histoire 
de  France. 

Quelque  variee  que  sou  la  direct  on  de  chacune  de 
ces  branches,  elles  partem  d'une  meme  tige  ,  elles  sont 
le  developpement  dun  meme  systemej  et  toutes  ces 
etudes  apparliennent  enelYeta  I'histoire,  qui  doit  ctre 
le  recil    des  actions  et  des    opinions  des  homnies. 

L'elendue  des  recherthes  auxquelles  Tinstitut  histo- 
rique a  liiiteniion  de  se  livrer,  et  Tinteret  des  articles 
que  renferme  le  premier  nuniero  de  son  journal,  nous 
fonlprevoir  que  des  communications  entre  les  deux 
Socieies  ne  peuvent  qu'elre  favorables  a  leurs  travaux, 
et  j'ai  I'honneur  devous  proposer,  "messieurs,  d'accep- 
terlolTre  que  eel  Institut  vous  a  faite  de  vous  envoyer 
chaque  mois  son  journal,  en  echange  du  Bulletin  de  la 
Sociele  de  geographie. 


(  195  ) 
EXTRAIT 

DU     JOURNAL     DES    MISSIONS    KVANGELIQUES 

(  Ncuvieme  livraison  de  i834). 


Continuant  la  t^che  que  nous  nous  sommes  imposee 
de  tenir  les  niembres  de  la  Societe  de  geographie  au 
courant  de  tout  ce  que  la  correspondance  des  misslon- 
naires  offrirait  d'interessant,  nous  extrayons  du  dernier 
nuinero  de  leur  journal  des  details  sur  les  nioeurs  et 
la  geographie  de  lAfrique  meridionale,  cetle  contree 
qui  attire  maintenanl  I'attention  si  vive  des  geographes 
et  sur  laqueile  lexpedition  dirigee  par  le  docteur  Smith 
nous  apportera  sans  doute  de  curieuses  et  nouveltes 
iumieres.  (i) 

Lettres  des  missionnnaire.i  Lemue ,   en   date   du   4  dJ- 
cembrc  i^'iZ ,  et  ryollaiid dii  i4 /ec/v'e/' i834. 

La  secheresse  ayant  ete  universelle  dans  le  pays  des 
Bechouanas  pendant  les  inois  de  septenihre,  octobre  et 
novembre  i833  la  famine  y  fit  de  si  s^nds  ravages, 
qu'aux  environs  deLaltakou,  les  missionnaires  trou- 
vaient  frequemment  des  cadavies  sur  les  chcmins;  la 
barbaric  de  ces  peuples  est  telle  qu'ils  refusent  la  sepul- 
ture aux  gens  morts  de  faim ,  stigniatisant  ainsi  la  pau- 
vrete  coninie  la  plus  grande  des  maledictions. 

Durant  cette  desastieuse  saisoii,  on  se  livrait  au 
Rraal  du  chefdc  Lattakou  aux  pratiques  superstitieuses 

(i)  fielte  expedition,  composee  du  docteur  Smilli,  du  cajiitaliie 
Edje  ,  de  MM.  Charles  Bell  et  Burrow,  est  partie  du  Cap  le  lo  juillet 
dernier. 

i3. 


(  '96) 
usitees  pour  obteiiir  tie  la  pliiie  de  leur  Dieii,  veritable 
iiiKigc  till  Diable  puisqu'ils  lui  attribuent  tous  leiirs 
malheuis  et  jamais  leurs  prosperites.  Deux  grands 
vaisseaux  de  terra  consacres  depuis  nombre  d'annees  u 
celte  sorte  de  niagie ,  etaient  remplis  d'eau  et  places 
dans  I  enceinte  dii  Kraal ,  tout  aiitouron  seme  quelques 
poignees  d  lierbes  eparses  pour  faire  comprendre  a  la 
divinite  que  la  pluie  est  necessaire  pour  faire  croitre 
rherbe. 

Le  1 5  octobre  Moiinametsi  s'a?ieantit,  c'est-a-dire 
mourut,  c'etait  I'un  des  vieillards  les  plus  ages  du  pays, 
il  connaissait  a  point  nomme  toutes  les  revolutions  qui 
ont  eu  lieu  depuis  cinquante  ans  sous  ses  yeux.  John 
Campbell  fait  souvent  mention  de  lui  dans  ses  ouvrages. 
Voici  les  ceremonies  usitees  pour  les  inhumations,  sur 
lesquelles  M.  Lemue  a  pu  se  procurer  quelqces  rensei- 
gnemens,  bien  qu'il  ne  lui  eul  pas  ete  permis  d'y  assis- 
ter.  Lorsque  quelqu'un  est  sur  le  point  de  mourir  ses 
parens  et  ses  amis  se  rassemblent  dans  sa  maison.  Le 
patient  n'a  pas  encore  rendu  I'esprit,  qu'on  se  hate  de 
lui  plierles  membres,  pour  lui  donner  la  posture  qu'il 
devra  avoir  dans  son  tombeau.  Ses  propres  domestiques 
I'emportent  les  piedsen  avant ,  non  par  la  porte  (cela 
n'appartient  qu'aux  vivans),  niais  par  une  ouverture 
pratiquee  a  la  haie  qui  environne  d'ordinaire  la  hutte 
des  Bechouanas.  On  le  transporte  ainsi  dans  le  Kraal 
proprement  dit,  qui  est  I'enceinte  reservee  au  betail , 
c'est  la  qu'on  le  met  dans  une  fosse  creusee  a  I'ecart) 
place  dans  la  posture  que  prennent  ordinairement  les 
Bechouanas  lorsqu'ils  s'asseyent;  on  lui  tourne  le  visage 
vers  le  iiord.  C'est  le  ma<^[c'ien , /at'seur  de  pluie,  qui 
est  charge  de  cet  office ;  les  spectateurs  lui  font  signe 
de  tourner  la  tete  un  pen  plus  a  droite  ou  un  peu  plus 


(  ^97  ) 
a  gauche,  suivant  qu'ils  lejugent  iiecessaire,  jusqu'a  cc 
que lasseiiiblee  ayaut  piononce  unanimement  qu'il  est 
bien ,  I'on  procede  a  riniuimatioii.  On  recouvre  le 
rnort  de  terre  jusqu'a  !a  tele,  puis  on  apporte  tout  ce 
qui  se  trouve  dans  la  demeure  du  defunt ,  et  Ion  depose 
cliaque  objet  pres  de  la  tombe  en  lui  en  rappelant  I'usage, 
ensuite  tout  est  reporte  dans  la  liulte  et  on  hii  pose  une 
coiironne  d  herbe  verte  sur  la  tete;  alors  les  femmes 
apportent  de  I'eau  dans  des  vases  de  terre  pour  arioser 
la  tombe.  Les  chefs  et  les  proches  parens  la  repandent 
les  premiers  et  avant  de  se  retirer  chacim  a  soin  de 
sen  mouiller  du  doigt  le  aros  orteil.  Les  femmes  con- 
tinuent  ces  ablutions  pendant  tres  long-temps,  en 
poussant  les  cris  repetes  de  piila !  /iluie,  auxquels  suc- 
cedent  des  gemissemens,  qu'on  entend  retentir  pen- 
dant plusieurs  jours. 

M.  Rolland  donne  des  details  curieux  sur  le  mariage, 
la  polygamic,   etc. 

Hors  des  stations  missionnaires,  les  Bechouanas  con- 
siderent  la  polygamic  comme  une  chose  toute  nalurelle. 
Jamais  un  Mochouana  (singulier  de  Bechouanas)  no 
limite  le  nombre  de  ses  femmes;  il  en  prend  autant 
qu'il  peut  en  entretenii-.  L'homme  du  peuple  se  borne 
a  deux  ou  trois,  mais  chaque  chef  tant  soil  peu  respec- 
table en  a  au  moins  six.  Loin  d'etre  jalouses  les  unes  des 
autres,  ces  femmes  se  glorifient  d'appartenir  a  un  mari 
qui  peut  entretenir  plusieurs  d'entre  elles,  et  elles 
regardent  dun  ceil  de  pitie  celle  qui  vit  seule  dans  la 
maison  conjugale  et  dont  son  mari  se  contente.  La 
premiere  femme  est  consideree  comme  la  femme  legi- 
time, et  quoique  chacune  d'elles  vive  dans  une  maison  a 
part,  elle  conserve  une  certaine  autorite  sur  les-  plus 
jeunes  et  ses  enfans  sont  les  seuls  heritiers  legitimes. 


(  ^98  ) 
Le  jemie lioniiiiequi  veul  se marier  choisit  liii-meme  sn 
femme,  si  son  choixconvient  a  ses  parens,  ceux-ci  font  la 
deinnndepour  liii  :  sa  mere  fait  alors  les  demarches  ne- 
cessaires,  accompagnee  de  son  beau-frere  et  de  sa  belle- 
sojnr;  elle  se  rend  chez  la  mere  de  lajeune  personne,et 
s'exprinie  a-peu-presen  ees  lermcs  :  «  Mon  fils  a  concu 
«  line  grande  passion  pour  ta  fille;  je  te  prie,  demande 
■'  tout  ce  que  tu  voudras,  ct  donne-la  lui  pour  femme.  » 
Celle-ci  ne  repond  pas,  mais  faitappeler  son  niari ,  qui, 
s'il  consent  a  la  demande  dil  :  <■  Je  veux  bien  donner 
n  ma  fdle  a  ton  fils,  a  conJilion  que  vous  prendrez  soin 
«  d'elle  et  que  vous  m  honorerez  en  me  faisant  un 
«  present  qui  soit  digne  de  celle  queje  vous  cede.  » 
La  mere  du  jeune  homme  retonrne  vers  son  mari  et  lui 
fait  part  du  resultat  de  sa  visite.  Celui-ci  dit : "  C'est  tres 
bien  ,  retournez  deniain  ,  et  faites  savoir  que  j'ai  corn- 
pris  ce  que  Ion  exige  de  nioi,  el  que  je  t^cherai  de  sa- 
tisfaire  leurs  desirs.u  Apres  ces  diverses  entrevues,  on 
tue  un  boeuf  de  part  et  d  autre  pour  celebrer  le  bcelelo 
ou  les  fiaiicailles.  Chez  les  pauvres  gens  on  se  contente 
detuer  des  moutons.  Dans  I  intervaliequi  s'ecoule  entre 
cette  ceremonie  et  celle  du  manage,  les  deux  parties 
s'envoient  reciproquement  des  presens.  SI  la  jeune 
fille  est  nubile,  le  manage  suit  de  pres  lesfiancailles,  si 
elle  est  trop  jeune  il  n'a  lieu  qu'apres  la  circoncisioii. 
Lorsqu'elle  a  atteint  I'a^e  de  douze  ou  trei'/e  ans  ,  sou 
pere  fait  savoir  aux  parens  du  fiance  que  sa  fille  sera 
circoncise  cette  annee-la,  et  une  fete  a  lieu  a  cette 
epoque,  chaque  famille  envoie  a  I'autre  un  boeuf  a  tuer. 
Apres  la  ceremonie  de  la  circoncision,  vient  celle  du 
manage  qui  a  lieu  a  la  fin  de  I'automne.  Le  perc  du 
fiance  prepare  une  recompense  de  dix  a  vingt  jeuncs 
vaches,  qu'il  envoie  au  pere  de  la  fiancee  ;  celui-ci   en- 


(  ipD  ) 
voie  a  son  tour  quatre  on  six  boeuts  gras  an  pere  du 
jeune  liomme  pour  faire  les  noces.  Alors  sans  aulres 
formaliles  que  quelques  clanses,  le  jeune  homme  a  la 
liberie  de  visiter  sa  f'emme;  mais  ce  n'est  que  (\e\\x  ans 
apres  I'age  de  puherte  qu'il  peul  la  prendre  chez  lui. 

Si!  arrive  que  la  jeune  fenime  soit  paresseuse  ou 
qu'elle  ne  plaise  pas  a  son  mari,  il  est  libre  de  !a  ren- 
voyer  a  ses  parens,  qui  sont  obliges  de  la  reprendre  et 
de  rendre  la  rancon  qu'ils  out  retue  pour  prix  de  leur 
fille.  S'il  n'y  a  point  d'enfans,  le  mari  restitue  aussi  la 
valeur  des  bosufs  qui  lui  avaient  ete  donries  pour  faire 
les  noces  j  dans  le  cas  contraire,  ils  la  considerent 
comme  appartenant  aux  enfans  dont  il  prend  soin. 

Le  premier  ne  des  enfans  herite  de  tout,  et  a  le  cotn- 
mandement  sur  ses  freres  ;  les  filles  n'ont  que  I'ameu- 
blement.  Lorsqu'il  n'y  a  pas  d'enfans  males  dans  une 
famille ,  c'est  le  frere  du  defuqt  qui  devient  heritier. 
A  la  mort  du  pere,  c'cst  encore  I'aihe  des  tils  qui  be^ite 
des  femmes;  il  respecle  sa  mere;  mais  quant  aux  au- 
tres,  il  les  met  au  rang  de  ses  propres  femmes.  Si  le  fils 
aine  meurt,  le  second  prend  sa  place,  et  dans  le  cas  du 
deces  du  cadet,  c'est  I'oncie  qui  ht'ritede  la  veuve;  les 
enfans  qui!  an  a  sont  censes  appartenir  an  dcfunt  ; 
mais  si  un  autre  homme  desire  cette  femme  et  paie  aux 
parens  le  prix  qu'elle  a  coute  au  mort,  eile  lui  appartient 
ainsi  que  les  enians  qu'elle  peut  encore  avoir.  Qnand 
un  homme  meurt  sans  heritiers,  ses  femmes  sont  libres 
d'epouser  qui  elles  veulent ;  muis  si  dies  viennent  a  avoir 
des  enfans  ,  ils  appartiennent  au  premier  mari. 

Purification ponr  le  meiirtre.  —  Quand  un  homme  en 
a  tue  un  autre  a  la  guerre  ou  dans  un  combat  singu- 
lier,  il  ne  lui  est  permis  de  rcntrer  en  ville  qu'apres  avoir 
tfte  puritic,  Sil  est  pauvre,  ses  parens  ou   le  chef  four- 


(     200    ) 

nissent  un  boent  pour  sa  purificalioii.  Cette  cereraonie 
se  fait  le  soir  :  on  egorge  le  boeuf ,  on  jette  ses  entrailles, 
et,  apres  lui  avoir  fait  une  large  ouverture  au  milieu  du 
corps  avec  une  lance ,  on  fait  passer  le  meurtrier  au 
travers,  pendant  que  deux  lioninies  tiennent  ouvert  le 
ventre  de  I'animal.  Le  boeuf  ainsi  tue  est  donne  pour 
nourriture  aux  pauvres  ;  la  tele  et  le  cou  sont  envoyes 
a  loncle  de  celui  qui  a  ete  purifie.  —  Le  meurtre  pro- 
prement  dit  n'est  pas  toujours  puni  de  mort,  car  le 
meurtrier  peut  se  racheter  avec  quelques  boeufs. 

Purification  des  femines.  —  La  purification  des  fcmmes 
dure  un  mois  apres  raccouchemenl ;  pendant  ce  temps, 
elles  tiennent  leur  porte  ferniee,  et  une  gardlenne  est 
placee  devant  la  maison  pour  en  defondre  Ten  tree,  Au 
bout  de  ce  mois,  deux  boeufs  sont  egorges  pour  cele- 
brer  la  naissance  du  nouveau-ne.  L'un  des  boeufs  est 
donne  par  les  parens  de  la  femme  ,  I'autre  par  ceux  du 
mari.  Apres  cette  fete,  la  femme  peut  reparaitre  en  pu- 
blic ,  et  son  mari  est  libre  de  rentrer  cliez  elle.  11  n'y  a 
pas  de  purification  pour  ladultei'e  et  le  vol.  Dans  le 
premier  cas,  le  coupable  est  prive  de  tout  ce  qu'il  pos- 
sede;  quant  au  vol,  c'est  le  chef  qui  fixe  la  peine,  sui- 
vant  les  cas  particuliers.  Presque  toutes  ces  pratiques  ont 
ete  abolies,  ou  du  moins  singulierement  diminuees , 
dans  les  stations  habitees  par  les  missionnaires. 

{La  suite  au prochain  numero.) 


TROISIEME   SECTION. 
Actes  de  la  Societe. 


PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  5  septembre  i834. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  d'Avezac  communique  une  lettre  de  M.  Fian- 
cisque  Michel  ,  envoye  en  Aiigleterre  par  ie  ministere 
de  rinstiuciion  publiqiie,  a  leffel  de  rechercher  tout 
ce  qui  interesse  Ihistoire  et  la  litteratui'e  anciennes  de 
la  France.  M.  Michel  annonce  qu'il  a  retrouve  dans  les 
bibliotheques  de  Londres  et  de  Cambridge,  (juatre  co- 
pies du  texte  latin  du  Voyage  de  Rubruquis  ,  en  Tar- 
taric,  et  il  propose  a  la  Societe  de  le  publier  dans  le  re- 
cueil  de]ses  Memoires. 

Get  objet  est  renvoye  a  I'examen  de  la  section  de  pu- 
blication ,  pour  faire  un  prompt  rapport. 

M.  le  president  invite  la  Commission  speciale  ,  char- 
gee  de  donner  son  avis  au  ministere  de  la  marine  ,  sur 
le  voyage  de  M.  Leprieur  ,  dans  la  Guyane,  a  presenter 
son  rapport  a  I'une  des  prochaines  seances.  II  adresse 
la  meme  invitation  a  la  Commission  a  laquelle  a  ete 
renvoye  le  memoire  de  M.  Jouannin ,  sur  le  Choix  des 
diametres  des  globes  terrestres  artificiels. 

La  Societe  royale  de  Londres  adresse  la  suite  de  ses 
transactions  pour  I'annee  i834;  TAssoclation  britan- 
nique  pour  I'avancement  des  sciences  envoie  le  compte 
rendu  de  I'assemblee  qu'elle  a  tenue  a  Cambridge  > 
en  i833. 

M.  Eyries  oltVc ,  de  la  part  de  M.  Malenas,  capitaine 


'  (     202    ) 

au   long  cours  ,    ime   rarte    autograpliit'e   des    lies  de 
Tristan  da  Cunha. 

IVl.  Renault  Becourt  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  faire 
honiniage  dun  exemplaire  de  son  exposition  d'un  nou- 
veau  Systenie  de  lunivers. 

M.  Warden  communique  une  notice  du  voyage  exe- 
cute en  1769,  dans  I'interieurde  la  Guyane,  par  M.  Pa- 
tris,  niedecin  botaniste  du  roi  et  conseillcr  au  conseil 
snperieur  de  Cayenne.  —  Renvoi  au  comite  du  Bulletin 
qui  pourra  donner  un  extrait  do  cette  relation. 

M.  Roux  de  Roclielle  lit  Mine  notice  sur  la  Geogra- 
phie  historique  de  la  Gaule. 

M.   d'Ave/ac  lit  quelques  iragmcns   rclatifs  au  trace 
geographique  d'une  partie  de  I'Afiique  septentriouale  , 
'  d'apres  les  itineraires  d'Ebn  e!-Dyn.  —  Renvoi  au  co- 
mite du  Bulletin. 

La  Coniniission  centrale  decide  sur  la  proposition 
d'un  de  ses  membres,  qu'il  sera  ouvert  des  relations 
avec  la  Societe  de  Geograpliie  qui  vient  de  s'etablir  a 
Bombay. 

M.  Jomard  annonce  a  I'Asseniblee  que  M.Delaporte, 
ancien  consul  de  France  a  Tanger  ,  est  present  a  la 
seance ;  il  rappelle  les  services  rendus  par  ce  zele  corres- 
pondant  a  la  Geographic  de  lAtrique  septentriouale  et 
ses  communications  a  la  Societe.  M.  Delaporte  doit 
retourner  bient6t  a  Alger,  ou  sa  position  lui  permettra 
d'etre  utile  aux  sciences  geogr.iphiques. 

Seance  du  19  septcDihrc. 

Leproces-verbalde  la  derniere  seance  est  lu  etadopte. 

M.   le  capilaine  John  Ross  ecrit   pour   remercier  la 

Societe  dela  medaille  dor  qn'ellc  lui  ;i  decernee  dans  sa 


(  .o3  ) 

derniere  assenihlee  generale,  pour  son  voyage  dans  les 
iTiers  Polaires.  Celte  lettre  sera  inseree  au  Bulletin. 

M.  Noyer  ,  niembre  de  la  Societe  ,  de  retour  de 
Cayenne,  adresse  une  serie  d'observiitions  sur  I'etat 
actuel  de  la  Gtiyane.  —  La  Comtnission  vote  des  re- 
niercimens  a  M.  Noyer,  et  reiivoie  sa  communication 
au  comite  du  Bulletin. 

M.  Euaene  de  Monglave  adresse,  au  noni  de  I'lnsti- 
tut  historique ,  le  premier  caliier  de  son  journal  ,  et  il 
en  demande  I'echange  contre  le  Bulletin  de  la  Societe. 
—  Cette  demande  est  renvoyee  au  comite  du  Bulletin. 

M.  Jomard  depose  sur  le  bureau  les  ditfeiens  rap- 
ports faits  a  1  Inslitut,  sur  les  resultats  scieiitifiques  du 
voyage  de  M.  dOrbigny,  dans  I'Anierique  du  Sud. 

M.  Warden  conununique  une  nouvelle  note  sur  I  eta- 
blissement  dun  cliemin  de  fer  dans  I'istbme  de  Pana- 
ma. —  Remerclmens  et  renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

M.  Cesar  Moreau  presente ,  de  la  part  de  M.  Hel- 
lert ,  une  carte  de  la  Moree  jointe  a  la  traduction  de 
rhistoire  de  I'empire  Ottoman  ,  de  M.  de  Hammer. 

Le  nieme  niendjre  depose  sur  le  bureau  un  rappoit 
sur  la  navigation  de  I'Euphrate,  par  le  capitaine  Clies- 
ney  ,  ouvrage  deja  communique  par  M.  Fontanier,  et  il 
en  signale  divers  tragmens  qui  sont  de  nature  a  etre 
analyses  dans  le  Bulletin  de  la  Societe. 

La  Commission  centrale,  sur  le  rapport  de  sa  sec- 
tion de  pidjlication,  accepte  I'offre  que  lui  a  faite  M.  Fr. 
Micbel ,  de  publier  ,  dans  le  tome  iv  du  recueil  des 
Memoires,  le  texte  latin  du  voyage  de  llubruquis,  d'a- 
pres  le  plus  complet  des  qualre  manuscrits  qu'il  a  re- 
trouves  a  Londres  et  a  Cambridge  ,  en  y  ajoutant  les. 
variantes  des  trois  autres  manuscrits. 

J.a  Commission  rcnvoie  a  une  piodiaino  seance  ,   la 


(    204    ) 

discussion  de  la  pioposilioii  de  IM.  Clement-Mullet, 
relative  a  la  redaction  dune  table  analytique  des  ma- 
tieres,  pour  la  premiere  serie  du  Bulletin. 

M.  Joniard  annonce  que  M.  Paredes,  de  Panama,  de- 
mande  a  entrer  en  relation  avec  la  Societe  de  geogra- 
pLie,  et  lui  oftre  ses  services  pour  cette  partie  de  I'A- 
nierique.  M.  Paredes  est  charge  dune  partie  des  ope- 
rations relatives  au  chemin  de  fer  qui  va  etre  execute, 
de  Panama  a  la  riviere  de  Chagres. 


MEMBRES    ADMIS   DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  du  5  sepleinbre  i83.4. 

M.  J.-B.-F.-R.  JOUANNIN. 

Seance  du  19  septembre. 
M.  Juste  Paredes.  de  Panama. 


OUVRAGES    OFFEUTS    A    LA    SOCIEtE. 

Seance  du  i*^'  aoiit  18  34- 

Par  M.  dAvezac  :  Carte  geographo-gcologique  dc  la 
Gujanefrancaise,  dressee  surlesrelevesde  M.  Leblond, 
par  Poirson,  1814,  "ne  leuille. 

Par  la  Societe  geologique  :  Feuilles  20  a  24  du  tome  iv 
de  son  Bulletin. 

Par  M.  d'Urville :  Voyage pittoresque  autour  du  monde , 
42*  ,  43"  et  44^  livraisons. 

Par  la  Societe  d'agriculture  de  I'Eure  :  Recueil  de  cette 
Societe,  i  caliier  in  8°. 


(    205     ) 

Par  M.  Barbie  du  Bocage  :  Journal  des  conseiliers 
municipaux ^  avec  une  carte  statistique  de  la  France. 
Brochure  in-8°. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Numeros  62  el  63  de  I'ln- 
stitut,  el  numeros  17  el  18  de  VEcho  dn  inonde  savant. 

Seance  du  i5  aoilt. 

Par  TAcadeniie  royale  des  sciences  de  Berlin  :  Me- 
moir es  de  cette  academie  pour  i832.  i  vol.  in-4o. 

Par  le  Coniite  des  traductions  orientales  de  Londres : 
The  travels  of  Macarius ,  Patriarch  of  Antioch  ,•  written 
by  his  attendant  Archdeacon ,  Paul  oj  Aleppo  in  Arabic; 
parts  11^  III,  IF  and  F;  translated  by  F.  C.  Belfour. 
London^  i83i  a  i834.  —  Narrative  of  travels  in  Eu- 
ropa,  Asia^  and  Africa  in  the  seventeenth  century  by 
Evliyd  Efendi;  translated  from  the  Turkish  by  the 
Ritter  Joseph  von  Hammer.  London,  i834-  Un  volume 
in-4°.  —  The  Geographical  works  of  Sddik  Isfahdni; 
translated  by  J.  C.  from  original  Persian  mss.  in  the 
collection  of  sir  JFilliam  Ouseley.  I^ondon,  i832,  un 
volume  in-8°.  —  San  Kokf  tsou  ran  to  sets ,  ou  Apercu 
general  des  Tro  is  -  ro  yau  j?ies,  traduh  de  roriginal  japo- 
nais-chlnois ,  par  PA.  Jules  Klaproth.  Paris,  i832  ,  un 
volume  in-8''.  avec  un  atlas  de  5  cartes. — A  Description 
of  the  Burmese  Empire ,  compiled  chiefly  from  native 
documents  by  the  Rev.  Father  Sangermano  ,  and  trans- 
taled from  his  mss.  by  fFilliam  Tandy.  Rome,  i833,un 
volume  in-4°-  —  Tianslation  from  the  chinese  and  ar- 
menian  with  notes  and  illustrations,  by  Charles  Fried. 
Neumann.  London^  i834,  un  volume  in-8°. 

Par  la  Societe  Geologique :  Resume  des  progres  des 
sciences  geologiques  pendant  I'annee  i833,  par  A.  Boue. 
un  volume  in-8. 


(   2o6  ) 

Par  M.  Albert-Monti'tnont  :  Btblivlfietjue  unu'erse/le 
des  voyages ,11" \i\r.  (Voyages  en  Atrique,  Levaillanl ). 

Par  M.  Noellat  :  Nouveaux  elemens  de  geographic 
wnverselle  ancienne  et  moderne ^  etc.  Un  volume  in-i 2. 
—  Nouvelle  carte  de  France,  politique,  industrielie ,  etc. 
Une  feuille. 

Par  M.  le  comte  tie  Soniuori  :  Primo  siippleiiwnto  al 
saggio  statistico  deiV  Italia,  etc.  Vienne,  i834-  Bro- 
chure in-8°. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  45*  a  48*^  livraisons  <Ju 
Foyage  pittoresque  antoiir  du  monde. 

Par  JVI.  Gide  :  Nouvelles  Annales  des  f^'oyages ,  cAnev 
de  juillet. 

Par  M.  Bajot :  Annales  viaritimes  et  colonialcs ,  cahier 
de  juillet. 

Par  la  Sociele  des  Missions  evangeliques  :  Journal 
de  cette  Societe  ,  cahier  d'aout 

Par  la  Societe  d'agi  iculturc  de  la  Charente  :  Annales  de 
cette  Societe  ,  cahiers  de  juillet  et  aout. 

Par  MM.  les  directeurs  :  N"s  64  et  65  de  Vlnstitut  et 
numeros  19  et  20  de  I'Echo  du  monde  sai>ant. 

Seance  da  5  septenibre. 

Par  la  Sociele  royale  de  Londres  :  Philosophical 
Transactions  Jor  the  year  i8.54j  part.  I,  in^""* 

Par  IWssociation  hritannique  pour  lavancenient  des 
sciences  :  Report  of  the  third  meeting  oj  the  british  asso- 
ciation, etc.  Held  at  Cambridge  in  i833.  London,  i834 
I  vol.  in-8. 

Par  M.  Klaproth  :  Lettre  a  M.  le  baron  de  Humboldt 
stir  I'invention  de  la  boiissole ,  i  vol.  in-8. 

Par  1\I.  le  directeur  du  Spectateur  militaire  :  Frag- 


(     207    ) 

ment  de  I'ldstoire  militniie  de  la  France.  Giierres  de  re- 
ligion de  i585  a  i5c)Oj  redigees  d'apres  les  docuniens 
recueillis  et  discutes  avec  soin  par  le  comite  d'etat- 
niajor,  par  Ic  colonel  de  Saint-Yon.  Paris,  1 834,  avec 
3  plans. 

Par  M.  Arthus  Bertrand  ;  V oyage  dans  les  Elats- 
Unis  de  VJmeruiue  du  Nord  et  dans  le  Haiit  et  le  Bas- 
Canada ,  par  le  capitaine  Basil-Hall.  2  vol.  in-S",    i834. 

Par  M.  Matenas  :  Carte  des  iles  de  Tristan  da  Cunha, 
extrait  de  latlas  anglais  par  C.-B.  Matenas,  capitaine  an 
long-cours,  i834. 

Par  M.  d'Urville  :  Voyage  pittoresqiie ■  aiitour  du 
monde ,  49*^  et  5o"  livraisons. 

Par  M.  llenaull-Becourt  :  Le  tombeau  de  toutes  les 
philosophies  tant  anclennes  que  inodernes ,  ou  exposition 
raisonnee   dun    nouveau    systeme    de    I'univers,    etc. 


I  vol.  iiJ-S''. 


Par  la  Societe  Asiatique  :  Cahier  de  juillet  de  son 
Journal. 

Par  la  Societe  pour  I  instruction  elementaire  :  Cahier 
de  juillet  de  son  Bulletin. 

Par  M.  de  Moleon  :  Recueil  industriel  et  manufactu  ■ 
tier,  cahier  de  juin. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Bibliolheqne  univetselle  de 
Geuei'e  ,  caliier  de  juin.  —  Memorial  encyclopedique  ., 
cahier  d'aout.  —  Ulnstitul  ,  nos  Qj  et  68.  —  L Echo 
du  monde  sai>ant^  nos  21  et  22. 

Seance  du  1 9  septembre. 

Par  M.  Alhert  JMonternoiit  :  Bibliotlieque  universellc 
dcs  voyages,  23"  livraison  (Voyages  de  Bruce  ). 

Par  M.  S.-X.  Botelho  :  Resumo  para  servir  de  intro- 
ducccto  a  Memoria  estadisticasobre  os  dominios portugue- 


(     208    ) 

zes  na  Africa  oriental.  Lisbon  ,  iia  Imprensa  nacional, 
1834.  I  vol.  in-8". 

Par  jM.  Hellcrt  :  Carte  de  la  Mnree,  dressee  pour  la 
traduction  de  I'histoire  del"EiiipireOttoinan,parM.  J.  de 
Hammer,  une  feuille. 

Par  M.  Jomard  :  Rapport  fait  a  Vacademie  rojale  des 
sciences  de  I'lnstitut  de  France ,  siir  les  rcsidtats  scienti- 
fiques  da  voyage  de  M.  Alcide  d'Orhigay  dans  V Anie- 
rique  du  Sud pendant  les  annees  1826  a  i833,  in-4°. 

Par  ]M.  Graberg  de  Hemso  :  Nutizin  intorno  alia  fa- 
inosa  opera  historica  d'Ibnu  Klialdiin  fdosofo  affricano 
del  secolo  xiv.  Firenze,  i834.  Broch.  in-8".  —  Prospetto 
del  commercio  dell'  impero  di  Morocco.  Lezione  delta  nelV 
I.  e  R.  Acaderuia  del  gcorgofili^  il  di  4  agosto  i833. 
Firenze,  i833.  Broch.  in^". 

Par  M.  d'Urville  :  Voyage  pittoresque  autour  du 
nionde,  Si*^  et  Sa"  livraisons. 

Par  la  Societe  Asiatique  :  Cahier  d'aoilt  de  son  Journal. 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliques  :  Cahier  de 
septembre  de  son  Journal. 

Par  I  Institut  hislorique  :  Premiere  livraison  de  son 
Journal, 

Par  MM.  les  directeurs  :  Plusieurs  numeros  de  I'ln- 
stitut, de  VEchodu  monde savant,  du  Mom'teur  ottoman 
et  du  Journal  de  Smyrna. 


BULLETIN 


«E    LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 

OCTOBRE    l834. 

PREMIERE  SECTION. 

MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


NOTICE  ET  ANALYSE 

DE   LODVRAGE   DE   M.   KLAPROTH,  INTITULE  :  Lcttre  CI  M.  Ic 

baron  de  Humboldt  sur  I'invention  de  la  boussolej^i) , 
Lue  a  la  Societe  de  Gi^ographie  dans  sa  stance  du  17  octobre  i834, 

Par   M.    DE  L.VHHNAUDIlERE. 

Gette  savanle  dissertation  repond  a  iine  demande  de 
renseignemens  adressee  il  y  a  quelques  mois,  par  M.  de 
Humboldt  a  M.  Klaproth,  sur  I'epoque  ou  les  Chinois 
ont  connu  la  polarite  de  laiinant.  Sans  cette  question, 
les  notes  depuis  long-temps  recueillies  par  M.  Klaproth, 
tussent  peut-etre  restees  en  portefeuille,  incompletes  et 
sans  ordre.  Mais  en  cherchant  a  satisfaire  le  desir  de 
son  illustre  compatriote  ,  il  a  ajoute  a  ces  memes  notes 
d'aulres  extraits  d'auteurs  chinois,  et  dans  ces  nouvellcs 
recherches,  il  a  ete  assez  heureux  pour  rencontrer  des 
fails  qui,  par  leur  nombre  et  leur  importance,  lui  ont 
permis  de  tracer  une  hisloire  a-peu-pres  complete  de 
I'invention  de  I'aiguille  aimanlee,  en  Chine. 

(i)  Un  vol.  in-S". 

i4 


Ct;  travail  diilicilc,  (jiu;  M.  Kkijyroth  s'est  cleterinine  a 
publier,  et  donl  vous  m'avez  cliarge  tie  vous  offrir  I'a- 
nalyse,  eclaircit  un  cles  points  les  plus  curieiix  de  I'his- 
toire  de  la  civilisation  huniaine. 

Les  anciens,  nos  maitres  dans  les  arts  dont  le  gout  et 
limagination  font  tons  les  frais ,  poesie,  eloquence,  ar- 
chitecture, mais  si  loin  de  nous  dans  les  sciences  exactes, 
ignoraient  conipletcmeut  la  polarite  de  I'aimant,  etnian- 
quaient  par  consequent  de  ce  puissant  moyen  de  direc- 
tion et  d'observation.  Ont-ils  su  meuie  vaguenient  que 
lainiant  a  la  propriete  d'altirer  le  fer  d'un  cote  et  de  le 
repousser  de  I'autre?  c'est  encore  ce  dont  on  peut  dou- 
ter,  car  il  n'existe  de  ce  tait  aucune  preuve  positive,  et 
les  erudits  en  sont  aux  conjectures. 

Si  Claudien,  dont  Its  vers  sur  I'aimant  sont  admira- 
b!es  de  pensees  et  d  images,  ei*itconnu  la  plus  precieuse 
de  ses  proprietes,  il  ne  leiit  certes  pas  oubliee,  lorsquil 
fait  allusion  a  la  passion  amoureuse  de  cette  pierre  pour 
le  fer,  a  leur  sympatbie  mutuelle,  a  leur  constant  atta- 
chement.  Pas  une  ligne  echappee  aux  anciens  ne  parle 
de  I'aiguille  ainiantee  et  de  son  utilite  pour  la  naviga- 
tion. Les  marins  grecs  et  romains  ignoraient  coniplete- 
ment  I'usage  du  conipas  de  mer,  et  se  dirigeaient  prin- 
cipalement  dans  leurs  voyages,  la  nuit,  par  les  etoiles, 
le  jour ,  par  les  conuaissances  acquises  des  iles ,  des 
cotes  et  des  dangers. 

Vincent  de  Beauvais  et  Albert-le-Grand  citcntii  la  ve- 
rite  un  passage  d  un  livre  arabe,  sur  les  pierres,  attribue 
a  Aristote,  et  dans  lequel  il  est  clairemcnt  question  de 
la  polarite  de  I'aimant  et  de  son  usage  dans  la  marine,, 
mais  ce  passage  n'est  evidemment  qu'une  note  iutercaloe 
par  quelque  copiste,  dans  le  texle  arabe.  II  est  nieme  a- 
peu-pres  certain  quece  traite  des  pierres  n'est  point  d'A- 


( 211 ) 

rislote.  II  est  rernpli  de  tant  de  puerilite,  qu'il  faut  en 
vouloir  au  precepteiir  d'Alexanclre  pour  en  charger  sa 
memoire.M.  Klaprolh  ne  s'appesantit  clone  pas  sur  cette 
question  qui  n'en  est  pas  une  pour  I'homme  instruit.  II 
a  beaiicoup  mieux  a  faire  en  nous  donnant  la  liste  Ires 
curieuse  des  noms  divers  del'aimant,  dans  les  langues 
de  I'Europe  et  de  I'Asie. 

Les  anciens  sonten  tete  de  cette  nomenclature.  Pour 
eux,  I'aimant  c'est  \a pierre  d' He?vu/e,  )&  pierre  (VHera- 
clee^  ou  de  magnesie,  ou  \i\  pierre  de  Lydie  ^  ou  vulgai- 
renient  magnes.  Pour  Aristote,  c'est  la  pierre  sans  au- 
tre designation,  la  pierre  par  excellence  (r,  XiQci;). 

Au  quatrieme  siecle  de  notre  ere,  nous  voyons  Mar- 
cellus  Empiricus,  niedecin  de  Theodose-le-Grand ,  don- 
ner  a  I'aimant  !e  nom  d'antiphyson ,  et  lui  reconnoitre 
la  double  propriety  d'attirer  et  de  repousser  lo  fer.  C'est 
cette  derniere  qui  est  expriniee  par  ce  mot  A'ajitiphjson. 
Un  passage  de  Manetlion,  cite  par  Plutarque  (delside 
et  Osiride),  fait  soupconner  que  les  Egyptiens  avaienl 
eu  long-temps  avant  les  niemes  notions  sur  I'ainiant.  lis 
lappelaient  \os  dc  Horns,  et  le  fer  Xos  de  Typhon.  En 
considerant  la  nature  dans  I'etat  d'union  et  de  decom- 
position,  sous  le  symhole  de  Horns  et  de  Typhon  ,  ils 
croyaient  voir  I'image  de  ces  deux  etats  dans  Taction 
de  Taimant  sur  le  fer,  selon  que  la  pierre  attire  ce  me- 
tal ou  qu'elle  le  repousse.  Les  domains,  qui  apprirent 
des  Grecs  a  connaitre  I'aimant,  lui  conserverent  son 
nom  de  magnes,  et  admirent  la  tradition  de  I'origine  de 
cette  denomination  ,  comme  on  le  voit  par  ces  vers  de 
Lucrece : 

Quern  niagncta  vocnnt  pntrio  dc  nomine  Groii  : 
Mfignetiini,  (jiiifi  sit  ijotriis  in  rnontiluis  oitiis. 


(     212    ) 

I^  luoyeii  age .  dans  sa  barbare  latinite  ,  liii  donna  le 
noni  de  adninas^  nom  qui  designaii  originairement  le 
diamant,  et  qui  parait  a  M.  Klaproth,  d'origine  orien- 
tale.  II  est  plus  difficile  d'expliquer  I'orlgine  du  noin  de 
calainita  ,  que  les  Italiens,  comme  les  Grecs  modernes, 
donnent  a  I'ainiant.  Nous  croyons,  avec  M.  Klaprotli, 
que  la  seule  explication  raisonnable  de  ce  mot  a  ete 
donnee  par  le  P,  Foamier  qui  dit,  en  parlant  de  cette 
pierre  :  <>  Les  niarins  irancais  la  nominent  calamite  qui , 
:■  proprement  en  trancais  ,  signifie  une  grenouille 'vertc  ^ 
'  parce  quavanl  qu'on  ait  trouve  I'invention  de  sus- 
«  pendre  et  de  balancer  sur  un  pivot  Taiguille  aimantee^ 
'<  nos  ancelres  I'enferinaient  dans  une  fiole  de  verre  de- 
«  mi  reniplie  d'eau,  et  la  faisaient  Hotter  sur  I'eau  comme 
«  une  grenouille.  Hugo  Berlius,  qui  vivait  du  temps  de 
II  saint  Louis,  en  meme  temps  ou  a-peu-pres  queGuyol 
"  de  Provins  dit  que  tel  etait  lartifice  duquel  les  mate- 
"  lots,  en  ce  tenips-la,  se  servaient  pour  connaitre  la 
«  nuit,  ou  etait  le  nord.  « 

M.  Klaproth  est  d'accord  avec  le  savant  jesuite  pour 
le  fond  ,  mais  le  mot  calamite  ^  pour  designer  la  petite 
grenouille  verte,  lui  parait  grec.  Ce  mot  calnmita  est 
aussi  usite  dans  d'autres  idiomes  europeens,  on  le  trouve 
dans  le  dialecte  de  la  langue  romane  de  Surset,  chez  les 
Bosniaqucs,  chez  les  Croates,  et  dans  le  dialecte  sla- 
von  des  Windes  ou  Wendes  de  la  Styrie. 

II  faut  lire  dans  la  dissertation  de  M.  Klaproth,  tout 
ce  qui  concerne  la  denomination  de  I'aimant  dans  les 
autres  langues.  Nous  devons  nous  borner  a  i'aire  re- 
marquer  ici,  que,  pour  le  bas-breton,  c'est  la  pierre  de 
toiiclie ;  pour  le  Hollandais,  le  Suedois  et  le  Danois,  c'est 
la  pierre  a  J  aire  -voile;  pour  I'lslandais  et  I'Anglais  ,  la 
pierre  conductrice ;  pour  I'lrlandais  et  le  Welch,  la  pierre 


( 21-^ ) 

<liti  nttire.  Uii  fait  ties  reniarqitable  ,  cest  que  presque 
toutes  les  denominations  cle  I'aiinant,  en  Europe,  se  re- 
tiouvent  aussi,  quant  a  leur  signification,  dans  les  laii- 
gues  de  I'Asie.  Dans  celles  des  Indiens,  des  Singhalais, 
des  Chinois  ;  pour  ces  derniers,  c'est  la  pierre  airnee  du 
fer  ,  la  pierre  qui  s'unit  au  fer  par  iin  tendre  baiser ,  la 
pierre  qui  aime.  Le  mot  thsu  chy  en  chinois,  nom  le 
plus  vulgaire  de  I'aimant ,  ne  sigmfie  pas  autre  chose. 
Un  auteur  de  cette  nation  ecrivait  vers  I'an  ^So  de  J.-G. : 
i  ainiant  altire  le  fer  comme  une  tendre  mere  qui  fait 
vejiir  ses  enfans  a  elle,  et  c'est  pour  cela  qu'il  a  recu  son 
nom. 

Venons  maintenant  aux  denominations  de  la  bous- 
sole  ou  de  I'aiguilleaimantee.  L'un  des  plus  anciens  noms 
quelle  ait  porte  en  Europe,  el  qu'on  rencontre  pour  la 
premiere  fois  dans  la  satire  de  Guyot  de  Provins  ,  est 
celui  d'amaniere ,  et  non  pas  mafuiette  ,  comme  on  I'a 
souvent  imprime  par  erreur.  Les  Italiens  lui  donnent 
aujourd'hui  le  nom  de  bussola  qui  parait  deriver  d'un 
des  mots  employes  par  les  Arabes ,  p»our  designer  la 
boussole  ;  savoir  :  mouassala ,  le  dard  qu'on  prononce 
vulgairement  moussala.  Pour  decouvrir  cette  identite  , 
il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  le  moyen  age,  I'M  ini- 
tiale  des  mots  arabes  a  souvent  ete  cliangee  en  B,  et 
qu'il  y  a  des  tribus  arabes  dans  le  dialecte  desqiielles 
ce  changement  est  encore  tres  frequent.  Apres  le  mot 
boussole  ,  le  ternie  de  compas  pour  designer  la  boite  qui 
contient  I'aiguille  aimantee,  est  le  plus  repandu  en  Eu- 
rope. 

Apres  avoir  passe  en  revue  tons  les  noms  de  I'aiguille 
aimantee,  soit  en  Europe,  soit  en  Asie,  M.  Klaproth 
arrive  aux  donnees  historiques  sur  I'epoque  ou  les  di- 
verses  nations  de  ces  deux  parties  du  monde  ont  en  la 


(  ^'4  ) 

pieimere  corinuissance  de  la  polarite  de  raiinant,  et  de 
1  usage  de  I'aiguille  aimantee,  dans  la  navigation. 

Aucun  des  temoignages  qu'on  possede  sur  ce  sujet , 
ne  remonte,  pour  TEurope  ,  au-dela  de  la  fin  dii  dou- 
zieme  siecle,  et  toiite  hypolhese  contraire  manque  de 
preuves.  II  est  deniontre  que  I'upinion  du  professeur 
Hansteen ,  sur  I'usage  de  I'aiguilie  aimantee,  par  les  Is- 
landais,  des  le  oiizieme  siecle  ,  ne  repose  (|ue  sur  un 
passage  ajoute  a  la  premiere  redaction  de  VJs/a/uls  Lan- 
diuiDiabok,  laquelle  premiere  redaction  date  vraisembla- 
blement  de  la  fin  du  onzieme  siecle.  Mais  cetouvrase  fut 
revu  et  complete  clans  la  suite  par  plusieurs  ecrivains  ; 
et  enfin  Haiik^  fils  d'Ei-land,  qui  mourut  en  i334,  le 
refit  en  entier.  A  ce  nouveau  travail  appartient  certaine- 
uient  le  passage  cite  par  M.  Hansteen.  II  f'aut  done  en 
levenir,  pour  premiere  mention  de  I'aiguille  aimantee, 
a  la  satire  de  Guyot  de  Provins,  deja  citee ,  qui  parut 
sous  le  titre  de  Bible,  vers  1190,  date  que  lui  donne 
M.Paulin  PariSjSi  parlaitementversedans  toutcequicon- 
cerue  notre  ancienne  langue  et  notre  vieille  litterature. 

Guyot  apres  avoir  declame  contre  tons  les  etats,  in- 
vective aussi  contre  la  cour  de  Home.  Le  |)ape  ,  selon 
lui,  devrait  etre  pour  tons  les  fideles,  ce  quest,  pour 
les  matelots,  la  tremontaigne  (I'etoile  polaire),  sur  la- 
quelle ils  out  toujours  les  yeux  fixes  quaud  ils  sont  en 
mer.  Les  autres  etoiles ,  dit-il ,  tournent  et  circulent 
sans  cesse  dans  le  ciel ;  elle  seule  est  invariable  et  les 
guide  surement.  M.  Klaproth  fait  suivre  ici  les  vers  de 
Guyot,  dans  lesquels  nous  trouvons  la  description  de 
Vcunaniere,  et  I'indication  de  son  usage  et  de  ses  pro- 
prietes.  Je  regrette  bien  que  le  cadre  borne  dans  lequel 
je  suis  oblige  de  me  renfermer ,  m'empeche  de  citer  ici 
en  entier  ce  curieux  passage  que  M.  Paulin  Paris  a  ex- 


(  2i5  ) 
liiiit  tie  plasiears  mamiscrita  lie  la  liibliolheque  loyalc^ 
ju.tis  jo  ne  (lois  pas  omettre  un  fait  tiop  iiiiportanl  pour 
H  etre  pas  signale,  c'est  que  Guyot  parle  tie  raiguille 
aimautee,  non  pas  comme  dune  invention  recente,  u)ais 
connne  dune  chose  sutfisamment  connue  de  son  temps. 

hi  seconde  mention  de  la  bonssole  se  troiive  dans  la 
Desoription  de  la  Palestine^  de  Jacques  de  Vitry  (12  1 5- 
1220).  Le  fait  qui  1  raconte  se  rappoile  a  I'annee  1204. 
Les  termes  dont  il  se  sert  sont  a-peu-pres  ceux  de 
Guyot;  pour  lui  non  plus  Taiguille  ainiantee  n'est  point 
line  decouverte  noiivelle ,  inais  iiu  itistrument  ahsolu- 
nient  necessaire  aux  niarins,  at  dune  connaissar^ce  de- 
venue  generale  et  vulgaire.  Brunetto  Latini  ,  dans  son 
/><?Aor  compose  a  Paris,  vers  1260,  nous  Iburnit  un 
iu)uveau  temoignage  sur  Yaigiiille  d'yainant  ouca/anute, 
temoignage  plus  clair  encore  que  les  precedens.  II  pa- 
lait  avoir  appris  du  moine  Bacon,  pendant  un  voyage 
(ju  il  fit  en  Angleterre,  ce  qui!  sait  de  la  houssole,  c'est* 
a-dire  la  maniere  d'aimanter  raiguille  et  de  la  disposer 
pour  I'observation.  «  Bacon,  dit  il,  me  montra  la  ma- 
"  gnette,  pierre  laide  et  noire  ob  ele  fer ,  volontiers  st> 
«  joint,  Ion  touclie  ob  une  aiguillet  et  en  festue  Ian 
"  ficlie  ,  puis  I  on  met  en  I'aigue  et  se  tient  dessus  et  la 
"  pointe  se  tourne  contre  I'estoile  qu;ind  la  luiit  tut 
«  tenebrous  et  Ion  ne  voit  estoille  ni  lune  poet  li  niari- 
«  rinier  tenir  droite  voie.  » 

ViOyez  un  pen  comme  notre  moyen  age  s'empare  de 
I'aimantpour  I'accommoder  a  son  goiltdu  uierveilleux,  a 
sa  passion  des  choses  surnaturelles.  Albert-le-Grand  , 
digne  representant  de  son  epoque  dans  les  sciences  na- 
turelles,  va  se  charger  de  vous  apprendre  ce  que  les 
|)lus  instruits  d'alors  pensaient  de  c€tte  pierre  admirable. 
Lui   .Albert  ne  se  fie   |)as  a    ce   (|ue   ses  cuntemporains 


(    2i6  ) 

avaient  observe.  II  en  appelle  au  tenioignage  d'Aristote, 
de  I'Aristote  qui  lui  convient,  de  I'Aristote  de  la  facon 
des  Arabes  ,  de  I'auteur  pretendu  du  Traite  des  pierres. 
Avec  une  telle  autorite ,  Albert  se  sent  a  I'aise,  aussi 
remarquez  ce  que  I'ainiant  devient  entre  ses  mains.  II 
en  existe,  dit-il ,  qui  attire  lor  reduit  en  poudre  fine, 
melaiigee  de  sable;  le  sable  reste  tout  seul.  II  est  un  au- 
tre aimant  iroid ,  humide,  blanc,  et  craquant  sous  la 
dent,  celui-ci  c'est  I'argent  qu'il  prefere  a  tout.  Fut-il 
eloigne  de  trois  ou  quatre  coudees ,  I'argent  vient  a  lui 
tout  dun  bond  ,  et  meme  forteinent  cloue  ,  I'argent 
s'echapperait  et  viendrait  encore.  Tin  troisienie  aimant 
exerce  une  influence  bien  autrement  remarquable;  c'est 
sur  la  chair  qu'il  opere  ;  il  a  pour  elle  un  tel  attrait  , 
qu'elle  s'attache  a  lui  de  maniere  a  ne  pouvoir  plus  en 
etre  separee ,  et  alors  pas  une  goutte  de  sang  ne  reste 
dans  cette  pauvre  chair  qui  ne  renait  plus  sur  le  corps 
auquel  elle  appartenait.  On  sent  tout  le  parti  qu'un  ro- 
mancier  pouvaittirer  de  I'aimant ,  a  I'epoque  d'Albert- 
le-Grand. 

Tout  porte  a  croire  que  ce  fut  a  I'epoque  des  croi- 
sades,  alors  que  les  peuples  de  I'Occident  se  melerent 
sur  les  champs  de  bataille  avec  les  peuples  de  I'Asie , 
que  les  premiers  apprirent  des  Arabes  lusage  et  les 
proprietes  de  I'aiguille  aimantee. 

Apres  avoir  refute  les  opinions  contraires  a  cette  hy- 
pothese  ,  M.  Klaproth  I'environne  de  tous  les  temoi- 
gnages  historiques  qu'il  a  pu  recueillir.  L Edrisi  qu'on 
avait  invoque  ne  lui  en  fournit  aucun.  Le  passage  at- 
tribue  a  Aristole  prouve  au  moins  ,  qu'avant  i25o,  le 
pretendu  traducteur  arabe  connaissait  la  polarite  de  I'ai- 
mant. II  est  fort  difficile  d'etablir  a  quelle  epoque  pre- 
cise It'S  Arabes  ont  fait  usage  de  I'aiguille  aimantee  dans 


(  ^^7  ) 
la  navigation.  Tout  fait  supposer  que  leurs  marins  s'en 
servaient  long-temps  avant  que  leurs  astrononies  ne  la 
connussent ,  ou  du  moins  n'en  aient  parle  dans  leurs 
ecrits.  On  en  trouve  la  premiere  mention  dans  le  Tresor 
des  Marchands  pour  la  connaissance  des pierres^  ouvrage 
que  Ba'ilak,  natif  du  Kibdjak,  redigea  en  1282  de  J.-C. 
C'est  en  naviguant  de  Tripoli,  de  Syrie  a  Alexandrie,  en 
1242,  qu'il  vit  les  capitaines  en  faire  usage.  II  entre,  a 
ce  sujet,  dans  des  details  d'autant  plus  curieux  qu'ils 
pres<'ntent  une  description  complete  de  I'instrument  et 
de  la  maniere  de  sen  servir. 

«  Les  capitaines,  dit  Bailak,  qui  naviguent  sur  les 
niers  de  Syrie,  dans  les  nuits  obscures ,  alors  qu'on 
n'apercoit  aucune  etoile  et  qu'on  ne  peut  se  diriger 
d'apres  les  quatre  points  cardinaux  remplissent  un 
vase  d'eau,  et  le  posent  a  I'abri  du  vent  dans  I'inte- 
rieur  du  navire,  puis  ils  enfoncent  une  aiguille  dans  un 
chalumeau  et  disposent  le  tout  en  forme  de  croix  dans 
le  vase  plein  d'eau  ou  I'appareil  surnage,  puis  ils  pren- 
nent  une  pierre  d'aimant  assez  grosse  pour  reniplir  la 
paume  de  la  main  ,  I'approchent  a  la  superficie  de  I'eau, 
impriment  a  leurs  mains  un  mouvement  de  rotation 
vers  la  droite,  de  maniere  que  I'aiguille  tourne  sur  la 
surface  du  liquide ,  et  tout-a-coup  retirent  leurs  mains 
avec  dexterite  et  promptitude,  I'aiguille  alors  par  ses 

deux  pointes  fait  face  au  nord  et  au  midi D'autres 

capitaines,  qui  voyagent  dans  I'lnde,  remplacent  I'ai- 
guille  et  le  chalumeau  par  une  sorte  de  poisson  de  fer, 
mince,  creux ,  et  dispose  de  telle  facon  que,  jete  dans 
I'eau,  il  surnage,  et  de  sa  tete  et  de  sa  queue  designe 
les  deux  points  dont  nous  venons  de  parler.  >> 

On  voit,  par  ces  details,  qu'il  s'agit  de  la  boussole 
aqualique,  la  merae  dont  il  est  question  dans  Hugo  Bes- 


(  2l8  ) 
lius,  dans  Giiyot  de  Provins  ,  nii  la  IjoussuIc  des  iiiarin;; 
Iraiicais.  Ici,  s'appuyaiil  de  lautoiite  de  Bailak,  lemoin 
oculaire  de  ce  quil  rapporte,  M.  Klaprolli  cond»at  sur 
tin  tei'rain  fort  avantageux  les  ecrivains  qui,  tels  que 
llenaudot,  CoUitia  ,  le  president  Aznni,  rontestent  aux 
Arahes  la  connaissance  de  la  boussoledans  le  treizienie 
siecle.  Ces  ecrivains  se  sont  etayes  de  tenioignages  iie- 
gatifs,  soil  dune  note  existanle  siir  le  tanieux  plani- 
sphere des  Camaldules ,  apporte  du  Calliai  par  Marc 
Paul,  soit  dun  passage  de  Conti ,  Venitieii  ,  qui  (it  le 
voyage  de  I'inde,  vers  le  milieu  du  quinzieme  siecle. 
L'auteur  de  la  note  pretend  que  sur  cette  mer  on  navi- 
gue  sans  boussole ;  Conti  assure  quil  n'en  a  pas  vu  a 
bord  du  batiment  sur  lequel  il  se  trouvait.  Ces  deux  as- 
sertions peuvent  etre  vraies  sans  infirmer  en  la  moindre 
chose  le  temoignage  de  Bailak.  On  sail  que  devant  la 
justice  la  deposition  de  riiomnie  qui  n'a  pas  vu  ne  balance 
en  aucune  maniere,  celle  de  I'honime  qui  a  vu  de  ses 
propres  yeux,  la  seconde  seule  fait  la  conviction  du  jugc 
et  sertde  base  a  sa  decision,  ainsi  en  doit-il  etre  devant 
la  critique. 

.>  Jl  parait  done  demontre  que  la  boussole  aqualique 
jitait,  en  1242,  aussi  bien  en  usage  chez  les  Arabes  que 
chez  les  Europeens;  et  que  le  poisson,  dont  on  se  ser- 
vaitdans  les  niers  des  Indes  en  guise  d'aiguille  ,  y  etail 
connu  avant  I'epoque  du  voyage  de  Bailak.  Nous  allons 
voir  niaintenant  que  la  boussole  aquatique  des  (Illinois 
etait, entre  iiiietiii^de  I'ere  chretienne,absolument 
^"aite  de  la  menie  maniere  que  la  boussole  d«s  Arabes, 
que  la  boussole  vue  par  Brunetto  Latini^  chez  le  moine 
IJacon  avant  1260,  pendant  son  voyage  en  Angleterre. 

INous  sommes  parvenus  a  la  partie  la  plus  neuve  de 
la  dissertation  de  M.  Klaproth.  Lui,  le  voici  avec  les 


V     219     ) 

Chinois,  gens  de  sa  connaissance  in  lime.  Rien  ile  plus 
curieux  qne  la  masse  de  fails  qu  il  emprunte  a  leuis 
ecrivains,  el  a  I'aide  desquels  il  etablit  les  droits  de  la 
Chine  a  I'invention  dun  instrument  dont  les  copistes 
europeensse  servent  un  peu  niieux  que  les  decouvreurs. 
Je  prie  d'avance  M.  Klaprolh  de  me  pardonner  si  je 
manque  a  quelque  chose  dans  1  orthographe  des  noms 
fhinois ,  en  revanche  je  tacherai  de  n'omettre  aucun 
des  fails  principaux  qu  il  fait  vaioir  avec  une  si  judi- 
cieuse  critique. 

Si  Ion  remonte  a  la  lai"  annee  de  J  -C. ,  on  trouve 
deja  le  nom  d'ainiant  impose  par  les  Chinois  a  la  pierre 
(wec  laquelle  on  pent  donner  la  direction  a  C aiguille,  Ge 
passage  important  est  cite  dans  le  Lexique  de  lenipereur 
Khaiiglii  et  dans  la  plupartdes  autres  dietionnaires  chi- 
nois. Voila  done  au  second  siecle  de  notreere  ,  laiguille 
aimantee  connue  dans  la  Chine;  nous  lisons,  dans  le 
granti  dictionnaire  Poei  wen  run  fan,  qu'aux  troisierne, 
qualrienie  et  cinquieme  siecles,  sous  la  dyn;istie  de 
Tsin  de  265  a  4^95  d  y  avail  des  navires  qui  se  diri- 
geaient  au  sud  par  I'aimant.  Plus  lard,  dans  le  on- 
zieme  siecle,  les  diseurs  de  bonne  aventure ,  les  hate- 
leurs  ,  les  charlatans  de  place,  s'emparaienl  de  laiguille 
dont  iis  frotlaienl  la  pointe  avec  la  pierre  d'aimant,  en 
prometlanl  aux  spectateurs  que  le  petit  morceau  de  fev 
allait  leur  indiquer  le  midi,  ce  qu'il  ne  manquait  pas  de 
taire.  La  declinaison  de  laiguille  etait  alors  connue, 
et,  chose  remarquable,  la  variation  observee  au  com- 
mencement du  douzieme  siecle  etait  a-peu-pres  la  meme 
que  celle  que  le  P.  Amyot  trouvait  a  Peking.  Ce  der- 
nier,  en  I'indiquant  entre  2°  et  2**  5o'  vers  I'ouest,  se 
rencontre  avec  un  vieil  auteur  chinois  do  i  117  ,  qui  la 
porte  e.sl    5/6'  sud;    car  on    sail  (ju<*   pour    cc   Illinois 


(   aao  ) 

comme  pour  ses  ronipatriotes  ile  toiites  les  epoques,  Ic 
pole  principal  de  I'aiguille  aimantee  est  celui  qui 
inontre  le  sud.  Ainsi  I'expression  de  I'un  et  de  I'autre  de 
ces  observateurs  ,  quoique  ties  differente  en  apparence, 
se  trouve  absolument  la  meme. 

Chez  les  nations  de  I'Occident,  la  premiere  applica- 
tion de  I'aiguille  aimantee  a  ete  faite  par  la  marine; 
cliez  les  Chinois,  elle  n'a  point  servi  d'abord  a  guider  le 
navigateur  au  milieu  des  solitudes  del'Ocean.  II  fautbien 
distinguer  le  double  usage  qu'ils  en  ont  fait.  Le  plus 
ancien  etait  de  les  employer  a  dinger  leurs  chars  de 
guerre,  de  voyage  ou  de  ceremonie. Celui  de  ces  chars, 
porteur  de  I'appareil,  s'appelait  char  magnetique.  Et 
I'appareil,  tel  que  I'indique  la  gravure  donnee  par 
M.  Klaproth ,  consistait  dans  une  petite  figure  de  bois 
tournant  sur  un  pivot  et  sous  le  vetement  de  laquelleune 
barre  de  fer  aimantee  se  trouvait  artistement  cachee. 
Cette  statue  avail  le  bras  etendu,  et  de  quelquecote  que 
le  char  tournat  elle  montrait  le  sud  de  la  main;  on  va- 
riait  la  forme  de  cet  ingenieux  condurteur,  il  se  voyait 
quelquefois  sous  celui  d'un  genie,  pare  d'un  habit  de 
plumes,  entoure  de  dragons;  mais  toujours  le  meca- 
nisme  interieur  etait  le  meme.  Toutefois ,  ce  char  mer- 
veilleux,  porteur  de  Ihomme  ou  du  genie  ,  prenait  la 
tetedu  convoi.  II  indiquait  la  route  aux  voitures  qui  le 
suivaient  et  la  position  des  quatre  points  cardinaux. 

Les  histoires  chinoises  sont  pleines  de  details  sur  la 
construction  de  ces  chars  magnetiques,  et  M.  Klaproth 
n'a  neglige  aucun  de  ceux  qui  peuvent  servir  a  leur 
histoire.  L'orgueil  chinois  en  fait  remonter  I'origine  a 
des  temps  fabuleux,  a  I'ancien  empereur  Ilouang-ti , 
c'est-a-dire  environ  2600  ans  avant  J.-C.  On  pense  bien 
que  M.  Klaproth  ne  s'avise  pas  de  discuter  une  sem- 


(     221      ) 

blable  antiquite;  il  saute  quinze  siecles  pour  se  trans- 
porter dans  des  temps  veritableinent  historiques,  et  la  i 
trouve  les  chars  nientionnes  dans  les  Memoires  histo- 
riques de  Szu  ma  tJisian,  sous  lannee  iiio  avant  J.-C. 
C'est  encore  une  fort  belle  noblesse.  Depuis  le  troisieme 
siecle  de  I'ere  chretienne,  on  rencontre  de  frequens  te* 
moignages,  et  des  tenioignages  authentiques,  de  leur 
existence,  de  leur  forme  et  de  leur  emploi.  On  voit 
qu'ils  furent  connus  au  Japon  dans  laseconde  moitie  du 
septieme  siecle.  A  toutes  les  epoques,  ce  fut  toujours 
une  grande  rarete  :  on  les  donnait  en  cadeau  aux  prin- 
cipaux  dignitaires;  ils  tenaient  le  premier  rang  dans  les 
corteges  d'apparat.  Lorsque  Chj  hou  (335-349)  sortait 
en  ceremonie,  un  des  commandans  de  la  garde  de  ses 
carrosses  conduisait  toujours  un  de  ces  chars  en  avant. 
Lesouvriers  qui  les  construisaient  etaient  fort  conside- 
res  :  c'etaient  des  academiciens  qui  etaient  ordinaire- 
ment  charges  de  cette  besognej  elle  leur  valait  d'hono- 
rables  distinctions  du  prince,  et  leur  rapportait  beau- 
coup  d'argent. 

Quant  a  I'invention  de  la  boussole  proprement  dite, 
M.  Klaproth  n'en  trouve  pas  la  date  dans  les  livres  chi- 
nois  a  sa  disposition.  Nous  avons  vu  que,  depuis  le 
milieu  du  troisieme  siecle  jusqu'au  commencement  du 
cinquieme ,  on  dirigeait  deja  des  vaisseaux  d'apres  des 
mdications  magnetiques.  Nous  savons  que  dans  les 
septieme  et  huitieme  siecles,  les  Chinois  faisaient  de 
longues  courses  maritimes;  qu'ils  partaient  de  Canton  , 
qu'ils  traversaient  le  detroit  de  Malacca,  qu'ils  allaient  a 
Geylan ,  au  cap  Coniorin ,  a  la  cote  de  Malabar,  aux 
embouchures  de  I'lndus  et  ensuite  a  Siraf ,  et  jusqu'a 
I'Euphrate. 

Si  au  troisieme  siecle  les  Cliinois  connaissaient  la  pro- 


(  uaa  ) 
|)iiet«'  (111  liT  aiiiuinU'  pour  si-  tlirifror  a  l;i  nu-r,  il  u'osl 
pas  possible  que  dans  los  ifnips  posterieurs  ils  ii'nient 
pas  fait  usage  do  la  boussole  en  traversant  I'Ocenn  In  • 
dien.  Neaninoins,  la  descriplion  la  plus  aiicicMiiie  de  cet 
instrument,  trouvee  par  M.  Klaproth  dans  les  livres 
thinois,  ne  date  que  «les  anneos  i  ii  i  a  i  i  i;;  de  J.-(^. ; 
tinijours  csl-il  constant  que  son  usage  etait  general  dans 
la  marine  chinoise  vers  la  fin  du  treiziemc  siecle. 

11  ne  faut  pas  onblier  que  la  boussole  dont  il  s  agit 
ici  etait  la  boussole  aqnatiqtie,  qui  parait  s'etre  conservee 
lort  long-lenips  entihine;  on  ignore  ni^nie  I'epoque  ou 
elle  tut  remplacee  par  lo  systenie  actuel,  c'est-a-dire 
par  une  aiguille  suppor(ee  et  se  inonvant  suv  un  pivot, 
et  rentermee  dans  une  boite  sur  laquelle  sont  tracees  les 
divisions  de  1  iiorizon  ou  des  signes  astrologicjues  dis- 
poses dans  des  cercles  eoncentriqiies. 

La  description  «les  l)ous>oles  chinoises  telles  qu  elles 
existent  aiijourd  hui  terniine  cette  curieuse  dissertation. 
Gette  partie  ne  pent  etre  ni  ahregoe  ni  analysee  :  pour 
etre  conipris,  il  t'audrait  tout  citer;  car  ici,  rien  de  su- 
perllu,  rien  (|ui  ne  soit  utile  a  lintelligence  de  I'instru- 
inent  et  a  ses  divers  emplois.  ,le  ferai  remarqtier  seide- 
nient  que  M.  Barrow  accorde  de  grands  eloges  aiix 
boussoles  chinoises,  et  (ju'il  en  regards  la  roiistruetian 
ooinnie  preferabU;  a  cello  des  boussoles  i\e  I  Europe  : 
dans  los  premieres  ,  I'aiguille  doit  son  extreme  sensibilite 
a  son  pen  de  longueur  el  d'epaisseur;  par  la  nianiere 
dont  cette  aiguille  est  niontin;,  elle  resto  txmstamnwnt 
poin lee  vers  la  memo  partie  du  oiel,  quelle  que  puis'se 
etre  la  rapidite  avec  laquelle  tourne  la  botte  qui  la  oon- 
tient;  sa  potilesse,  sa  leocrote  et  la  maniere  doiii  olle  est 
suspondue,  lui  donnent  un  grand  avanlage  pour  vaincro 
le  ponvoir  niagnetiquo  de  linolinaison  dans  toutos  los 


(  ..3  ) 

|jurties  du  globe,  et  eiilin  ello  n'epiouve  jamais  do  de- 
viation dans  sa  position  liorizontalc. 

En  resume,  la  dissertation  de  M.  Klaproth  etaUlitque 
c'est  a  tort  que  Ion  attribue  a  Flavio  Gioia,  ne  dans  les 
environs  d'Amalfi  vers  la  fiti  du  treizieme  siecle,  I'in- 
vention  de  la  houssole;  que  cent  ans  avant  lui  elle  elait 
connue  en  Europe^  que  la  seule  part  qui  pourrait  lui 
elre  laite  se  hnnitirait  a  la  forme  aetuelle  de  Tinstru- 
ment,  a  un  perlectionnement  de  la  houssole  ancienue 
ou  aqnatique;  que  cette  derniere  etait  usitee  en  Cliine 
quatre-vingts  ans  au  moins  avant  la  composition  de  la 
satire  de  Gnyot  de  Provins;  que  les  Arabes  la  posse- 
daient  a  peu-pres  a  la  meme  epoque;  ((u'ils  la  recurent 
directetnent  ou  indirectement  des  (Jbiiuns,  et  qua  leur 
tour  ils  la  comnuiniquerent  aux  Francs  a  I'epoque  des 
premieres  croisades. 

!i  ,i!   -/>{>    :i;':  •'.■•' '' 

RAPPORT 

SUR    LE    VOYAGE     DE    M.    I-EPRIEUR    DANS    LINTERIEtJR    DE 

LA    GDYANE, 

Fait  au  nom  d'une  commission  sp^ciale,  par  M.  d'Avezac. 
(  Stance  du  17  octobre  1834.) 


Messieurs, 

Vous  avez  charge  MM.  Warden,  Corabojuf  et  moi, 
d'examiner,  pour  vous  en  rendre  compte  ,  un  memoire 
remis  par  M.  Leprieur  el  contenant  la  relation  de  son 
voyage  dans  Tinterieur  de  la  Guyane  Erancaise  j  vous 
avez  assigne  a  cet  exanien  un  double  objet;  d'jine  part  , 
I'appreciation  de  ce  que  le  voyageur  a  accompli  j  d'autre 


(    224    ) 

part ,  la  recherche  des  moyens  a  employer  pour  rendre 
aussi  fructueuse  que  possihle  !a  continuation  de  I'ex- 
ploralion  qui  a  ete  commencee. 

Nousne  pouvionsmanquerd'attacherbeaucoup  d'in- 
teret  a  cette  double  question;  mais  elle  tire  encore  a 
nos  yeux  un  nouveau  degre  d  importance,  de  cette  con- 
sideration, que  le  departement  de  la  marine  nous  pro- 
voque  a  eclairer,  par  nos  observations,  la  marche  qu'il 
lui  paraitra  la  plus  utile  d'adopter  pour  mener  a  fin  une 
reconnaissance  generate  des  parties  inconnues  de  la 
Guyane  Francaise. 

Depuis  long-temps  la  convenance  d'une  telle  explo- 
ration a  ete  appreciee  par  la  Societe  de  geographie : 
des  1826  ,  elle  a  mis  au  concours  un  prix  de  ^,000  fr.  a 
decerner  au  voyageur  qui  I'aurait  accomplie;  et  le  de- 
partement de  la  Marine,  avec  lequel  la  Societe  se  trouve 
unie  par  des  liens  si  nombreux  et  si  bonorables ,  est 
entre  lui-meme  pour  2,000  francs  dans  la  fixation  de 
cette  somme. 

Deja  une  commission  (1),  reservant  pour  I'avenir  les 
droits  de  M.  Leprieur,  avait  applaudi  au  zele  dont  il 
avait  preuve  dans  ses  premieres  tentatives  ,  mais  avait 
du  reconnaltre  qu'il  n'avait  point  encore  rempli  le  pro- 
gramme de  la  Societe. 

Charges  aujourd'hui  de  porter  une  investigation  spe- 
ciale  sur  les  documens  plus  detailles  que  voiis  a  soumis 
M.  Leprieur ,  et  d'apprecier  a-la-fois  ce  que  le  voya- 
geur a  fait,  ce  qu'il  est  capable  dc  ftiire,  et  la  voie  qu'il 
devra  suivre  pour  tirer  un  parti  aussi  utile  que  possible 
dc  son  propre  zele  et   des  moyens  d'observation   qui 

(i)  Elle  ttait  composee  de  MM.   Eyries,'   Roux    rle    Rodielle, 
d'Urville,  d'Avezac,  et  Jomaid  rapporteur. 


( ■^■^-1 ) 

scientifique,  cette  inciuie  des  carlograplies,  d'autant 
plus  facheuse  que  les  erreurs  quelle  accredite  se  consa- 
crent  en  quelque  sorte  par  la  deplorable  habitude  de 
plagiat  qui  a  envahi  le  domaiiie  ou  iie  regnent  plus  les 
Delisle  et  les  d'Aiiville. 

Vous  vows  rappelez  tous,  messieurs, lexcellente  note 
qui  vous  a  ete  adressee  de  Caienne  le  4  septembre  1829, 
etdans  laquelle  notre  confrere  M.JNoyer  vous  enlreiint 
de  Vetat  actuel  de  la  geographie  de  la  Guiane  Francaise^ 
et  dhm  projet  d' exploration  dans  t interieur  de  cette  con~ 
tree  ;  nous  savons,  grace  aux  renseigiiemens  pulses  dans 
les  souvenirs  personnels  de  I'ancien  depute  de  Caienne, 
que  de  toutes  les  carles  publiees  sur  le  pays  dont  il  a 
fait  lui-nieme,  par  devoir  conune  par  gout,  une  soi- 
gneuse  etude,  les  nieilleures  sont  celles  de  Men  telle  et 
de  Leblond  ,  I'une  reduite  par  I'ingenieur  hydrographe 
Bonne  pour  I'atlas  de  Raynal ,  et  reproduite  a  une 
autre  echelle  au  Depot  de  la  marine,  en  1817,  lauli'e 
redigee  par  Poirson  sur  les  releves  du  second  voyageur, 
et  publiee  en  i8i4- 

L'un  et  lautxe  avaient  observe  quelques  latitudes;  il 
n'v  a  point  entre  leurs  resultats  respeclifs  un  accord 
parfait;  les  differences  se  bornent  a  quelques  minutes, 
dont  les  routes  de  Leblond  se  trouvent  plus  courtes 
que  celles  de  Mentelle;  ces  differences  sont  trop  pe- 
tites  pour  qu'il  y  ait  lieu  de  s'y  arreter ;  on  pent  seu- 
lement  annoter  qu'un  troisieme  observateur,  M.  Mil- 
thiade,  ancien  aspirant  de  la  marine,  qui  fit  en  1822, 
une  excursion  dans  I'interieur,  obiinl  des  latitudes  con- 
firmatives  de  celles  de,  Mentelle,  et  que  deja,  en  1819, 
M.  Dumonteil,  sous-ingenieur  de  la  marine,  a\ait  re- 
leve  quelques  parties  vues  par  Leblond,  et  avait  Irouve 
sa  route  un  pen  plus  longue  que  celle  du  voyageur  na- 


if). 


(    228    ) 

turaliste.Quantaux  longitudes,  il  ne  parait  pas  qu'il  y  en 
ait  eu  d'observees. 

Les  releveinens  de  Mentelle  etant  reproduits,  sauf 
quelques  modifications  a  reviser,  sur  la  carte  de  Le- 
blond,  celle-ci  est,  en  definitive,  ce  que  nous  posse- 
dons  de  plus  complet  sur  les  parties  explore'es  de  la 
Guiane  Fraiicaise.  Elle  ne  se  trouvait  plus  dans  le  com- 
merce; mais  j'ai  ete  assez  heureux  pour  en  decouvrir 
le  cuivre,  au  moyen  duquel  ont  ete  obtenues  de  nou- 
velles  epreuves  dont  une  est  sous  vos  yeux.  Quelques 
ameliorations  y  pourraient  etre  faites,  d'abord  sur  une 
zone  assez  large  du  littoral ,  d'apres  une  grande  carte 
nianuscrite  relevee  par  M.  Siredey,  arpenteur-geometre 
de  la  colonic  (laquelle  ne  doit  cependant  etre  suivie 
qu'avec  precaution  et  discernemenl)  ,•  puis  dans  le  haut 
de  rOyac,  d'apres  le  relevement  manuscrit  de  M.  Du- 
monteil,  le  tout  combine  avec  la  carte  de  Mentelle: 
quelques  indications  pourraient  etre  approximativement 
marquees ,  vers  les  sources  de  TApprouague ,  d'apres 
la  relation  de  BI.  Milthiadc;  mais  il  ne  faut  pas  se  dissi> 
muler  que  la  redaction  de  ces  elemens  divers  exige  un 
travail  critique  qui  n'est  point  sans  difficulte's. 

Dans  une  contree  couverte  de  forets  vierges ,  ou  les 
routes  sont  remplies  de  difficultes,  coupee  dailieurs  de 
nombreux  cours  d'eau  que  remonte  ou  descend  avec 
adresse  la  pirogue  du  sauvage  indigene,  tons  les  voyages 
se  font  par  les  rivieres  et  les  criques  ,  et  les  cours  d'eau 
les  plus  considerables  sont  la  voie  la  plus  naturelle  pour 
des  reconnaissances  etendues  :  I'Oyapok  et  le  Maroni 
sont,  sous  ce  rapport,  les  deux  grandes  routes  de  I'in- 
terieur  de  notre  Guiane.  Le  cours  du  Maroni  est  connu 
depuis  son  embouchure  jusqu'a  son  confluent  avec 
I'Araoua,  connu  lui-meme  depuis  re  confluent  jusqu'a 


(  '■^■'^^ ) 

pourront  etre  mis  a  sa  disposition,  vos  nouveaux  com- 
niissaires  se  sont   partage  la  tarhe  que  vous  leur  aviez 
imposee  en   coinmun  :  M.  Warden  s'est  charge  de  re- 
chercher  quels  nKyens  materiels  paraissent  necessaires 
pour  effectuer  le  voyage  do  maniere  a  ne  point  rencon- 
trer  d'obstacles  insurmontables,  de  dangers  contre  les- 
quels  on  ne  se  trouve  preniuni;  M.  Coraboeuf  a  recher- 
che de  son  cote  quels  nioyens  d'observations  devraient 
etre  mis  a  la  disposition  du  voyageur  pour   faciliter  et 
assurer  d'une  maniere  salisfaisante  le  relevement  de  sa 
route.  L'examen  du    travail  d'exploration  deja  effecluee 
par  M.  Leprieur,  el  le  soin  de  vous  exposer  I'ensemble 
de  nos  investigations  ,  tel  est  le  lot  qui  ma  ete  speciale- 
ment  departi.  II  nous  a  semble  que  I'ordre  dans  lequel 
il  convenait  de  vous  en  rendre  compte  e'tnit  de   vous 
entretienir  d'abord  des  reconnaissances  faites,  puis  des 
directions  scientifiques  qu'il  importe  de  ne  pas  perdie 
de  vue  dans  les  tentatives  ulterieures  d'exploration,  et 
enfin  des  dispositions  materielles  a  prendre  pour  mener 
a  heureuse  fin  une  aussi  louable  entrepiise. 

Pour  mieux  vous  faire  apprecier,  messieurs,  le  degre 
d  interet  que  peuvent  offrir  les  premiers  relevemens  de 
M.  Leprietir,  il  conviendrait  peut-etre  de  vous  presen- 
ter d'abord  un  tableau  d'ensemble  des  resultats  procii- 
res  par  les  explorations  anterieures  ,  de  discuter  la  va- 
leur  de  chacun  des  elemens  dun  trace  general  des  con- 
naissanccs   deja   acquises    sur   I'interieur   de  la  Guianc 
Francaise.  Mais    pour  remplir  dignement  une  pareille 
tache,  il  eut  fallu   ne  rien  ignorer  de  tout  ce  qui  a  ete 
tente  ,  avoir  a  sa  disposition  les  documens  recuelliis  par 
tons  les  explorateurs  qui  ont  precede  le  voyageur  ac- 
luel;et   s'il   nest  point  impossible  aujourd'hui    de  re- 

i5 


(    226    ) 

trouver  un  a  un  ,  a  force  de  rechcrches  et  de  soins , 
tous  ces  elemens  perdus  ou  ignores,  leur  analyse 
coinparee  denieurerait  encore  un  travail,  difficile  peut- 
etre,  devant  lequel  sans  doute  notre  courage  n'eut 
point  recule  ,  niais  qui  eiit  exige  des  verifications  et  des 
etudes  trop  longues  pour  se  traduire  ici  en  un  simple 
expose  de  quelques  pages. 

Et  pourtant  un  examen  de  cette  nature  iniporterail  A 
la  science  et  au  pays  ;  car  une  deplorable  ignorance  de 
ce  qii  a  ete  fait,  depuis  un  denii-siecle,  se  revele  dans 
le  trace  de  la  Guiane  Francaise ,  donne  par  des  geo- 
graphes,  fort  reconiniandables  d'ailleurs,  tels  que  Spix 
et  Marlins, excusables  peut-etre,  en  leur  qualite  d'etran- 
gerSjd'avoir  si  fort  neglige  dans  leur  travail  unecontrec 
placee  au  surplus  en  dehors  du  theatre  de  leur  explora- 
tion; mais  tels  aussi  que  notre  defunt  collegue  et  ami 
Brue,  dont  les  belles  cartes  recemnient  edites  par  sa 
veuve  se  bornent  a  reproduire,  pour  notre  Guiane, 
les  configurations  surannees  et  fautives  des  deux  voya- 
geurs  bavarois,  copistes  eux  -  memes  des  vieilles  es- 
quises  portugaises. 

Les  constructeurs  de  cartes,  che/  nous  comnie  a 
I'etranger,  ne  se  trouvent  cependant  point  destitues  a 
cet  egard  d'indications  siires  et  de  salutaires  conseils; 
un  ingenieur  goographe  qui  a  passe  sa  vie  a  la  Guiane, 
leur  a  signale,  dans  une  note  breve,  niais  substantielle, 
quels  travaux  avaient  ete  faits  jusqu'a  lui,  et  quels 
documens  edits  offrent  les  lumicres  les  plus  certaines  ; 
niais  on  ignore  ou  on  neglige  les  indications  de 
M.  Noyer,  on  ne  recherche  point  les  releveniens  de 
Mentelle  et  deLeblond;  et  c'est  aux  vieilleries  portu- 
gaises que  Ion  va  emprunter  le  trace  graphique  de  nos 
possessions  !...  Je  voue,  messieurs ,  a  une  reprobation 


( ^^^' ) 

de  M.  Leprieur  avec  celui  de  Leblond  :  ils  offrenl  pour 
I'Oyapok,  avec  quelque  diversite  de  formes,  les  niemes 
sinuosites,  et,  si  j'ose  m'exprimer  aiiisi,  la  meme  physio- 
nomie ;  c'est  le  cas  de  dire  avec  le  poete  : 

Fades  non  omnibus  una  , 
Nee  diversa  tamen ,  qualis  decet  esse  sororum. 

Ce  recollement  m'a  convaincu  de  Texactitude  des  deux 
voyageurs,  qui  se  servent  ainsi  de  controle  niutuel  :  ils 
ont  I'un  et  I'autre  tire  du  meme  modele  deux  copies  sem- 
blablesj  je  dis  semblables  et  non  point  egales,  car  s'il  y 
a  una  grande  ressemblance  entre  leurs  configurations, 
il  y  a  une  enorme  difference  dans  I'estime ,  ainsi  qu'on 
peut  s'en  convaincre  par  le  parallele  suivant  : 


Du  Cahiopi  an  Yave 

Du  Yave  au  Moutoura  (ou  Samacou). 

Du  Moutoura  au  Jenagarey 

Du  Jenagarey  a  Ipoussinghe  ( ou 
Suacari ) 

De  ripoussJnghe  au  point  oii  I'Oya- 
pok cesse  d'etre  navigable 


Leprieur. 
35  milles. 

28 

23 


Leblond. 

16  milles. 
20 


17 


Ainsi,  terme  moyen  ,  M,  Leprieur  aurait  eslime  2"'i/4 
pour  mille;  et  en  reduisant  ses  evaluations  sur  ce  pied, 
la  mesure  en  ligne  droite  de  la  distance  totale  qui!  a 
parcourue  depuis  rembouchure  du  Camopi  nest  que 
d  un  peu  plus  de  i5j  njilles  au  lieu  de  354- 

M.  Leprieur  nous  a  fourni  lui-meme  des  renseigne- 
niens  qui  confirment  la  plausibilite  de  ce  laux  de  reduc- 
tion ;  il  nous  a  fait  connaitre  en  effet  que,  d'apres  les 
informations  qui!  tenait  da  indigenes,  il  y  avait,  en 
descendant  le  Jari ,  dix  journees  de  It'tablissement  de 
•lose  Omuu  jusqu'a  rembouchure  du  ("iarapanalouba  ,  et 


(  23a  ) 
de  la  duuzu  journees  jusqu'a  I'Amazone.  II  evalue  ces 
journees  a  5  lieiies,  c'est-a-dire  i  5  rnilles.  Or  on  voit 
que,  inenie  en  retranchant  un  tiers  pour  les  detours, 
on  aurait,  pour  ces  22  jours,  220  niilles  devaluation 
qui,  ajoutes  aux  354  niilles,  formeraient  un  total  de 
5^4  niilles  (ne  mettons  que  56o)  pour  la  distance  du 
confluent  du  Camopi  a  I'Amazone;  cette  distance  n'est 
en  realite  que  d'environ  aSo  milles  :  c'est  done  encore, 
conime  tout-a-l'heure,  2  1/4  niilles  d'eslime  pour  un 
niille  effectif. 

Une  troisieme  verification  conduit  encore  a  une  con- 
clusion pareille  :  M.  Adam  de  Bauve  nous  a  envoye  la 
relation  d'un  voyage  qu'il  a  fait  a  la  fin  de  i83i  et  au 
commencement  de  i832,  par  1  Oyapok  et  le  Jari,  jusqu  a 
I'Amazone;  il  a  mis,  de  I'embouchure  du  Camopi  a  I'e- 
tablissement  de  Jose  Antonio ,  onze  jours  pour  une  dis- 
tance que  M.  Leprieur  evalue  a  i5i  niilles:  ce  serait  pres 
de  i4  milles  en  ligne  droite  par  jour,  en  remontant ! ... 
Dela  a  I'embouchure  du  Piraouery  dansle  Jary,M.  .Adam 
de  Bauve  a  mis  1 4  jours  pour  une  distance  de  1 18  milles 
siiivant  M.  Leprieur;  puis, descendant  le  Jari ,  M.  Adam 
a  fait  en  8  jours  le  trajet  de  lembouchure  du  Piraouery 
a  celle  du  Yenipoko  ,  laquelle  est,  au  rapport  de  M.  Le- 
prieur, a  3o  milles  au-dessous  de  rclablissement  de  Jose 
Ourou,  ce  qui  porte  a  plusde  120  milles,  sur  son  rele- 
vement ,  la  distance  parcourue  en  ces  8  journees  :  c'est 
done  I  5  milles  en  ligne  droite  a  compter  par  jour  pour 
la  descente  du  Jari.  M.  Adam  de  Bauve  a  continue  de 
suivre  cette  voie  pendant  12  journees  encore,  jusqu'a 
6  lieues  au-dessous  de  Fragozo  ;  en  comptant  i5  milles 
pour  ces  6  lieues,  on  aura,  a  I'estime  de  M.  Leprieur, 
16T)  milles  du  Yenipoko  a  Fragozo,  et  549  ni'"*?s  (  "« 
luellons  que  53o)  du  (>amopi  ii  Fr.igozo.  Or   comnie  la 


(  ^29  ) 
la  crique  Tako.  Au-dessus  du  confluent  dont  il  s'agit,  le 
Maroni  a  encore  un  cours  que  Ton  suppose  fort  eten- 
du;  niais  il  n'est  plus  possible  d'y  arriver  en  remontant 
!e  fleuve  depuis  son  embouchure,  a  moins  que  Ion  n'eut 
des  forces  suffisantes  pour  vaincre  Toppositlon  des 
negres  niarrons  de  Surinam,  qui  barrent  le  passage  et 
forment  une  peuplade  redoutable. 

Reste  done  I'Oyapok,  que  Leblond  avait  releve  jus- 
qu'a  sa  source  en  aout  et  septembre  1789  ,  ayant  memc 
reconnu,  au-dela,  la  tete  de  quelques  ruisseaux  affluens 
du  Yari,  qui  lui-meme  va  se  jeter  dans  I'Amazone  visa- 
vis  du  fort  de  Gurupa. 

Dans  le  comple  qu'il  vous  a  rendu  de  son  voyage, 
M.  Leprieur  vous  a  fait  connaitre  qu'il  a  remonte  I'Oya- 
pok jusqu'a  sa  source,  puis  descendu  leRouapira,  ap- 
pele  ^lus  bas  Jari,  jusqu'a  plus  de  cinquante  lieues  ;  que 
la,  prive  par  une  circonstaiice  imprevue  de  la  majeure 
partie  de  son  monde  et  de  son  bagage,  il  revint  sur  ses 
pas,  et  fit  par  terre  une  tentative  dans  lebutde  rallier 
le  Maroni ;  mais  qu'au  bout  de  trente  lieues,  deux  de  ses 
trois  compagnons  etant  tombes  malades,  force  lui  fut  de 
retrograder  et  de  regagner  I'Oyapok,  d'ou  il  revint  a 
Caienne. 

M.  Leprieur  a  soigneusement  releve  sa  route  au-dessus 
du  confluent  du  Camopi  :  on  avait  jusque-la  le  trace  de 
Mentelle,et  il  croyait  inutile  de  s'occuper  d'une  partie 
deja  connue;  il  ignorail  lexistence  du  relevement  de 
Leblond  au-dessus  de  ce  point,  et  nous  devons  a  cetle 
circonstance  le  soin  qu'ii  a  pris  de  consigner  dans  son 
journal  les  details  du  fleuve  depuis  cei  endroit. 

Le  voyageur  avait  I'intention  d  assurer  le  trace  de  sa 
loute  par  des  observations  astronomiques ;  il  avait  uii 
cercle  dc  reflexion  ,  une  montre  a  secondes  ,  boussoles 


(     23.)     ) 

barometre  et  ihernioinetre.Naturaliste  distingue,  il  avait 
Ihabitude  des  observations  meteorologiques;  niais  il 
n'e'tait  point  assez  familier  avec  la  pratique  des  observa- 
tions celestes  pour  eviter  ou  surnionter  les  dit'ficultes  que 
lui  presentait  lusage  d'un  instrument  a  reflexion  sous 
d'aussi  basses  latitudes,  ou  les  hauteurs  solaires  merl- 
diennes  sont  impossibles  a  prendre  en  employant  I'hori- 
zon  artificiel.  Le  voyageur  voulut  y  suppleer  par  des 
hauteurs  non  meridiennes;  mais  malheureusement  il 
n'avait  point  a  cet  egard  des  connaissances  assez  precises 
pour  nomettre  aucun  des  elemens  indispeusaliles  au 
calcul  de  ses  observations,  etil  ne  peut  etre  tire  aucun 
jiarti  de  loutes  celles  qu'il  a  rapportees. 

Nous  navous  done  le  trace  de  sa  route  qu'a  Festime, 
et  cette  estime  ellememe,  basee  sur  la  niesure  horaire 
des  espaces  parcourus,  combinee  avec  la  force  d'impu!- 
f-ion  ou  de  resistance  des  courans  en  oval  ou  en  anion  t, 
nest  fondee,  quant  a  ce  dernier  element,  que  sur  une 
appreciation  nientale,  sans  verification  quelcoiique  de  la 
vitesse  effective  de  la  marche  par  la  voie  du  lok.  Voila 
comment  a  ete  obtenu  un  relevement  qui  offre  en  ligne 
droite  une  longueur  de  354  millcs  geographiques  estimes 
esitre  le  confluent  du  Camopi ,  point  de  depart,  et  leta- 
biissement  de  Jose  Ourou,  point  darrivec. 

En  admettant  que  le  voyageur  ait  fait  une  juste  eva- 
luation relative  des  diverses  fractions  de  sa  route,  il  reste 
a  se  demander  ce  que  valent  en  realite  les  354  milles  aux- 
quels  il  estime  I'axe  general  sur  lequel  serpente  sa  ligne 
itineraire.  II  faut  reconnaitre  qu'il  n'a  pas  recueilli  de 
donnees  suffisantes  pour  resoudre  directement  cette 
question  ;  j'ai  des-lors  cherche  ailleurs  des  elemens  de 
verification. 

J'ai  dabord  altentiveinent  coHationni^'   le  relevomrnr 


(  235  ) 

ner  les  latitudes  et  les  longitudes  des  lieux ,  leiir  hauteur 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  donner  les  relevemens 
et  le  trace  du  cours  des  rivieres,  les  directions  des 
chaines  de  montagnes,  etc. ,  comme  aussi  a  faire  con- 
naitre  la  niesure  de  la  temperature  et  des  variations  at- 
mospheriques. 

Les  differences  deja  signalees  entre  le  relevement 
d'essai  (jue  vous  a  remis  le  voyageiir  et  ceux  qu'avait 
obtenus  Leblond,  rendent  evidente  I'indispensable  ne- 
cessite  qu  il  y  aura  pour  M.  Leprieur  a  recueillir,  aux 
points  notables  de  ses  routes,  les  elemens  astronomiques 
propres  a  fournir  des  determinations  exacles  dans  les- 
quelles  viendront  s'encadrer  ses  relevemens  de  detail. 
La  commission  rend  justice  a  la  bonne  volonle  dont  il 
a  fait  preuve  a  cet  egard  dans  sa  premiere  exploration  ; 
elle  espere  qu'au  moyen  des  instrumens  qu'elle  indiqne 
et  de  I'instruction  speciale  preparee  par  M.  Coraboeuf ,  il 
n'y  aura  plus  de  me'compte  a  redouter  dans  I'observa- 
tion  et  la  notation  des  elemens  dont  il  s'agit. 

Personne  ne  sait  mieux  que  M.  Leprieur  lui  menie 
quelles  parties  de  la  Guiane  restent  a  explorer;  la  Sociele 
de  geographic  a,  du  reste,  propose  un  progranmie  qui 
signale  particulierement  comme  importante  la  recon- 
naissance des  sources  du  Maroni  et  des  reliefs  qui  de- 
terminent,  en  se  prolongeanta  I'ouest,  la  ligne  du  par- 
tage  des  eaux  des  deux  bassins  opposes.  L'interet  na- 
tional indique  en  nieme  temps  une  ligne  entre  le  haut 
Oyapok  et  I'Araounry;  mais  il  semble  convenable  den 
faire  I'objet  dune  seconde  tentative  qui  prendrait  son 
point  de  depart  a  Tetablissement  de  Mana ,  afin  de  lier 
par  des  portages  successifs  le  cours  superieur  de  cette 
riviere  a  celui  du  Sinaiuary,  puis  aux  sources  de  1  Oyac 


(  ^36  ) 
eta  celles  d'Approuague,  d'ou  Ton  atteindrait  uisemeiit 
1  Oyapok  par  llnipi  et   le  Camopi.  Nous  ne  nous  occu- 
perons  ici  que  de  la  premiere  route. 

Le  succes  de  I'expedition  depend  nioins  des  efforts 
necessaires  pour  vaiiicre  las  obstacles  physiques  inhe- 
reus  a  la  nature  du  pays,  que  des  uiesures  effioaces  a 
prendre  pour  segaranlir  des  hoslilites  des  indigenes  et 
surtout  des  nejjres  marrons  de  la  Guiane  Hollandaise. 
qui  occupent  les  bords  du  Maroni  au-dessus  des  sauts 
Itoupoucou  et  s'avancent  jusque  assez  avant  sur  I'A- 
raoua  J  il  est  essentiel  que  le  voyageur  evite  soigneuse- 
nient  d'approcher  de  leurs  etablisseniens,  en  se  portant 
imniediatement  sur  les  plus  hauts  afiluens  du  Maroni 
par  une  route  analogue  a  celle  qu'il  a  tentee  au  nord- 
ouest  de  letablissenient  de  Couve  et  Rouapira,  et  qui  le 
conduira  probablernent  chez  les  lloucouyennes  du 
Oualioni,  d'ou  il  pourra  descendre,  a  travers  les  Aranii- 
chaux,  jusqu'au  Maroni,  apres  s'elre  assure  que  les 
negres  marrons  n'onl  point  encore  pousse  jusque-la 
des  detachemens.  Pour  revenir  au  meme  point,  en  re- 
montant le  Maroni  depuis  son  embouchure,  il  faudrait 
lutter  a  diverses  reprises  contre  les  negres  marrons,  et 
une  escorle  niilitaire  serait  indispensable;  on  aurait,  il 
estvrai,par  cette route  ,  I'avantage  de  pouvoir  assurer 
par  des  determinations  de  latitude  et  surtout  de  longi- 
tude, le  cours  encore  fort  peu  certain  de  ce  fleuve,  et 
den  reconnaitre  les  portions  comprises  entre  I'enibou- 
chure  de  I'Araoua  et  celle  du  Ouahonl.  Mais  la  securite 
de  I'expedition,  aussi  bien  que  I'econoniie  ,  semblent 
conseiiier  I'autre  voie,  deja  familiere,  en  majeure  partie, 
a  M.  Leprieur,  et  qui  lui  pcrmettra  d'atteindre  beaucoup 
plus  tot  le  but  principal, les  sources  du  Maroni  et  de  ses 
afHuens  superieur^.  Apres  la  reconnaissance  de  ccltc  re- 


(     2^3     ) 

distance  leelle  est  d'environ  235  milles,  I'estiine  de 
M.  Leprieur  est  de  nouveau  demontree  reductible  dans 
la  proportion  de  2  i^4  ^  i- 

Nous  pouvons  done  rondure  que  le  terme  le  plus 
eloigne  qu'ait  atteint  ce  voyageur  est  a  iSj  ou  160  milles 
du  confluent  du  Camopi  avec  I'Oyapok. 

La  direction  generate  de  cette  ligne  resulte,  de  laserie 
des  gisemens  partiels,  au  S.  28"  O.  de  la  boussole;  le 
voyageur  a  observe  iine  declinaison  magnetique  de 
90  N.E.,  ce  qui  poiterait  la  direction  dont  il  s'agit  au 
S.  37°  O.  et  devrail  faire  assigner  a  Te'tablissenient  de 
Jose  Ourou,  une  position  conjecturale  vers  Tin lersec- 
tlon  du  parallele  de  1°  N.  avec  le  nieridien  de  56'  O.  de 
Paris. Ce  resultat  paraitra  peut-etre  bien  recule  a  I'ouest, 
eu  egard  a  la  direction  supposee  du  Jari,  qui  debouche 
a-peupres  sous  le  nieme  meridien  que  I'Oyapok  5  dans 
1  etat  actuel  des  notions  acquises,  nous  n'avons  aucun 
moyen  d'eclaircir  cette  question.  Nous  devons  toutefois 
remarquer,  qu'a  partir  de  lembouchure  du  Moutoura, 
Leblond  incline  le  haut  Oyapok  beaucoup  plus  vers 
I'ouest  que  le  nouveau  voyageur,  en  sorte  qu'il  y  a 
peut-etie  compensation,  dans  le  trace  de  celui-ci, 
entre  la  direction  trop  occidentale  du  Jari  et  la  direc- 
tion trop  orientale  de  I'Oyapok.  G'est  a  M.  Leprieur  que 
demeure  la  tache  de  faire  a  ce  sujet  les  verifications 
convenables,  en  poursuivant  une  exploration  qu'il  n'a 
laissee  imparfaite  que  faute  de  directions  assez  precises 
pour  tirer  tout  le  parti  possible  du  zele  reinarqualde  et 
de  I'aptitude  que  nous  nous  plaisons  a  reconnahre 
en  lui. 

Lesconseils  dictes  par  I'experience  de  M.  Corabanifle 
premuniruiit    desormais    contre    les    dilKcultes    el    les 


(  234  ) 
ecueils  de  sestravaux  de  reconnaissances,  en  le  guidant 
sur  lusage  des  instrumens  les  niieux  appropries  4  de 
telles  operations  et  a  un  tel  pays,  en  lui  signalaiit  la  na- 
ture et  les  elemens  constllutits  des  observations  les 
plus  siires  ou  les  plus  convenables,  en  lui  tracant  une 
niarche  invariable  pour  la  notation  de  tons  les  details  a 
consigner  dans  un  journal  de  route  regulier.  Notre 
coUegue  prepare,  a  ce  sujet,  une  instruction  speciale  en 
rapport  avec  le  degre  dhabilete  du  voyageiir,  a  qui  elle 
sera  remise  lors  de  son  depart. 

Quant  au  choix  des  instrumens  dont  il  importe  que 
M.  Leprieur  soit  pourvu ,  nous  regardons  connne  neces- 
saires  a  la  determination  des  positions  geograpliiques 
qui  jalonneiont  sa  route  : 

1°  Un  cercle  repetiteur  dun  dianietre  de  27  cent. 
(10  pouces)  muni  de  tons  les  accessoires  indispensables 
aux  observations  astronomiques,  au  nonibre  desquels 
il  sera  convenable  de  comprendre  deux  oculaires  dc  rc- 
cbange  pour  la  lunette  superieure,  dont  1  un  aura  son 
ouverture  fixee  parallelenient  a  1  axe  oplique  de  la 
lunette  et  dans  une  direction  perpendiculaire  au  plan 
du  linibe,  pour  donner  la  facilile  d'observercommode- 
nient  les  plus  grandes  elevations  des  astres  au-dessus  de 
r horizon  J 

20  Un  cercle  de  reflexion  avec  un  horizon  artiliciel ; 

3°  Deux  chronometres  de  poche; 

4°  Une  lunette  astrononiique  pour  les  observations 
des  eclipses  et  des  occultalions  d'etoiles ; 

5"  Deux  barometres  portatifs  a  la'Gay-Lussac,  montes 
selon  la  methode  de  Buntcn; 

6»  Deux  thermomelres  libres; 

•j"  Deux  boussoles  niontees  sur  des  boitcs  de  metal. 

Tels  sonl  les  instruniens  a  employer  pour  determi- 


(  -39  ) 


NOTICES 

Sui'  Vaucienne  geographie  historique  des  pays  voisins  dc 
la  Medilerranee , 

Lues  a  la  Societe  de  Geographic,  dans  ses  seances  du  5  septenibre 
etdu  3  octobrei83/i, 

Par  M.  Roux  de  Rochei.i.e. 


Avant  de  passer  aux  expeditions  des  Roniains  en 
Grece  et  en  Orient,  il  est  utile  de  se  rendre  compte  de 
la  situation  ou  se  trouvaient  alois  ces  con  trees  ,  et  des 
principales  revolutions  qu'elles  avaient  eprouvees  de- 
puis  la  mort  d'Alexandre. 

Ce  conquerant  avail  souniis  la  Grece,  I'Asie-Mineure, 
la  Syrie,  la  Perse,  I'Egypte.  Apres  sa  mort,  ses  vastes 
conquetes  se  demenibrerent  pour  former  encore  de 
puissans  etats  :  la  Macedoine  echul  a  Philippe-Aridec  ; 
et  Cassandre ,  qui  le  fit  perir  avec  sa  famille  ,  usurpa 
ensuite  la  couronne  :  Ptolemee-Lagus  fonda  en  Egypte 
une  nouvelle  dynastiej  toute  I'Asie-Mineure  appartint  a 
Antigone  J  et  la  Syrie  ,  d'abord  partagee  entre  ces  deux 
derniers  rois  ,  leur  fut  bientot  enlevee  par  Seleucus- 
Nicator. 

La  possession  de  la  Macedoine  tentait  specialenient 
I'ambition  des  successeurs  d'Alexandre.  Ce  royaume  fut 
tour-a-tour  attaque  et  souniis  par  Demetrius  Poliocerte, 
roi  de  I'Asie-Mineure  ,  par  Lysiniaque  qui  avait  fonde 
dans  la  Thrace  une  monarchie  nouvelle,  et  par  Seleu- 
cus-Nicator,  roi  de  Syrie.  La  Macedoine  repiit  ensuite 
ses  rois:  elle  fut  souvent  en  guerre  avec  les  etats  du 


{    i\o   ) 

midi  de  la  Grece,  ct  piofita   oe  leuis  querelles  et  de 
leurs  divisions  pour  on  soiiniettre  une  parlie. 

Deux  ligues,  celle  d'Etolie  ct  celle  d'Achai'e,  connnen- 
caient  a  sp  former  :  la  plupart  des  elats  de  la  Grece  se 
reunirenl  a  I'une  ou  a  I'aulre  pour  y  chercher  un  ap- 
pui  ,  Pt  la  rivalite  de  ces  deux  confederations  contri- 
bua  sans  doute  a  donner  plus  d'animosite  aux  dissen- 
sions interieures  de  celte  contree;  niais  les  secours  de 
la  ligue  achecnne,  particulierenient  formee  contre  les 
attaques  des  etrangers,  protegerent  long-temps  I'inde- 
pendance  du  Pelcponese,  et  lui  assurerent  encore  un 
siecle  d'existence.  Cettc  ligue  eut  ses  moniens  d'illustra- 
tion ,  sous  Aratus  et  sous  Philopo-men ,  qui  defendi- 
rent  avec  gloire  leur  patric  :  on  les  a  regardes  comme 
les  derniers  des  Grecs.  Apres  eux,  les  moeurs  puhliques 
avaient  change;  la  ligue  achc'enne  netait  plus  dominee 
que  par  des  factieux;  et  la  Grece,  sans  force  et  sans 
union  ,  devait  coder  a  I'ascendant  des  Romains. 

Nous  sommes  arrives  a  une  epoqu  do  la  geographic 
et  de  I'histoire  ,  ou  chaqne  guerre  agrandit  Rome,  et 
ou  les  conquetes  de  ce  peuple  s'enchainent  les  unes  aux 
autres.  La  seconde  guerre  pnnique  avail  conduit  en 
Espagne  les  armees  romaines  ;  elle  leur  ouvrit  aussi 
I'entree  de  la  Macedoine ;  et  les  premieres  hostilites 
contre  Philippe,  quatrieme  prince  de  cc  nom,  amene- 
rent  successivement  la  soumission  de  la  Grece  entiere. 

Pyrrhus,  roi  d'Epire,  avait  commis  ,  avant  lepoque 
des  guerres  puniques,  de  premieres  agressions  contre 
les  Romains;  mais  ceux-ci  n'occupaient  alors  qu'une 
partie  de  I'ltalie;  et,  apres  avoir  repousse  I'invasion  de 
Pyrrhus,  ils  n'avaient  ni  le  pouvoir  ni  I'intenlion  de 
porter  leurs  armes  en  Grece.  Ils  n'y  parurent  long  temps 
apres  que  comme  allies  des  Etoliens  contre  le  roi  d'll- 


(  ^37  ) 
gion,  il  devra  faire  parvcnir  a  Caienne,  par  lOyapok, 
uii  double  de  son  journal ,  ou  du  moins  un  extrait  con- 
tenant  tons  les  eieniens  geograpliiques  jusqu'alors  re- 
cueillis.  II  pourra  cnsuite  cheminera  I'ouest  et  effectuer 
son  retoiir  par  1  Essequebo,  dont  il  ne  tardera  pas  a  ren- 
contrer  les  bras  orientaux:  il  aura  ainsi  I'avantapfe  de 
lier  ses  operations  a  celles  des  explorateurs  anglais  qui 
selon  toute  prol)abilite  seront  envoyes  a  la  reconnais- 
sance des  hautes  regions  de  la  GuianeBritanniquejil  ar- 
rivera  d'ailleurs  ainsi  chez  une  nation  amie,  ou  les  re- 
commandations  efficaces  d'une  Societe  avec  laquelle 
nous  enlretenons  des  relations  de  la  plus  courtoise 
confraternite,  pourront  le  devancer  et  lui  preparer  un 
favorable  accueil.  Un  retour  par  I'Amazone  serait  an 
contraire  herisse  de  cbances  defavorables,  tant  pour  la 
sante  des  voyageurs  que  pour  la  surete  de  leurs  per- 
sonneset  de  leurs  papiers. 

M.  Leprietir  a  deja  voyage  dans  Tinterieur  de  la 
Guiane;  nul  ne  pent  juger  mieux  que  lui  du  nombrc  de 
personnes  qu'il  conviendrait  de  lui  adjoindre  pour  com- 
poser une  expetlition  de  reconnaissance  j  ce  nombre 
doit  elre  calcule  de  nianiere  a  lui  offrir  assez  de  res- 
sources  pour  la  manoeuvre  des  canots ,  les  transports 
pendant  les  marches,  les  corvees  de  chasses,  pe- 
che  ,  etc.,  sans  exiger  des  approvisionnemens  trop  con- 
siderables. Dans  tous  les  cas,  il  parait  indispensable  qu'il 
y  ait  au  moins  un  autre  Europeen  avec  lui,  et  que  ce 
compagnon  soit  autant  que  possible  en  etat  de  laider 
dans  ses  observations,  de  le  suppleer  meme,  en  cas  de 
maladie,  d'accident,  de  separation  momentanee;  dans 
tous  les  cas,  celui-ci  devrait  tenir  un  journal  de  route 
separe  ,  et  faire  aussi  des  observalions  distinctes  autant 
qu'il  le  pourrait. 


(  238  ) 

M.  Leprieui'  est  habile  naturalistej  toute  recomnuin- 
dation  serait  done  superflue  a  son  egard  sur  los  objets 
di"nes  de  fixer  son  attention;  cependant  on  peut  lui  si- 
gnaler coninie  plus  particulierenient  utiles  les  observa- 
tions de  toute  nature  auxquelles  peuvent  donner  lieu 
les  diverses  peuplades  indigenes  qu'il  rencontrera ;  outre 
les  vocabulaires  quil  aura  soin  de  recueillir,il  s'appli- 
quera  a  dessiner,  dans  cliaque  tribu,quelques  proGls,  en 
choisissant  pour  modeles  les  honunes  qui  oi'friront  le 
niieux  les  traits  caracteristiquesde  leur  peuplade. 

Nous  bornons  la,  messieurs,  le  compte  que  vous 
nous  avez  deniande  des  travaux  faits  par  M.  Leprieur  et 
des  voies  a  suivre  pour  niettre  a  profit,  dans  une  nou- 
velle  exploration,  le  zele  et  I'aptitude  de  ce  voyageur. 

La  commission  pense  qu'il  est  tres  propre  a  romplir 
la  mission  d'exploration  qui  parait  lui  etre  destinee  ,  et 
elle  fait  des  voeux  pour  qu'il  accomplisse  lieureusement 
une  tentative  dont  la  science  et  le  pays  lui  sauront  gre. 

D.-B.  Warden. 

CoRABOETiF.  d'Avezac,  mppoHcur. 


(  Ml ) 

lyrie ;  dallies  ils  devinient  conqueransj  lis  souinirent 
cl'abord  une  partie  de  I'lllyrie  ,  et  en  reduisirent  la  moi- 
tie  en  province  romaine. 

Apres  la  bataiile  de  Cannes  ,  Philippe  ,  roi  de  Mace- 
doine  ,  se  declare  allie  d'Annibalj  mais  I'equipement 
d'une  flotte  romaine  I'intimide,  lui  fait  lever  le  siege 
d'Apollonie,  et  le  determine  a  regagner  ses  etats.  Phi- 
lippe, ayant  ensuite  attaque  une  partie  des  republiques 
de  la  Grece  ,  les  Atheniens  reclament  le  secours  de 
Rome. 

La  seconde  guerre  punique  venait  d'etre  terniinee,  et 
les  Romains,  accrus  en  gloire  et  en  puissance,  pouvaient 
appliquer  toutes  leurs  forces  a  d'autres  guerres ;  celle 
qu'ils  declarerent  a  Philippe  fut  terniinee,  quatre  ans 
apres,  par  deux  victoires  de  Quintius-Flamininus,  I'une 
en  Epire ,  lautre  a  Cynocephale.  Les  Romains  procla- 
merent  la  liberte  de  toutes  les  villes  de  la  Grece  ,  ou 
plutot  ils  les  rendirent  toutes  independantes  et  faibles  , 
pour  preparer  leur  assei  vi^sement.  La  Grece  etait  alors 
enervee  par  ses  divisions  :  Nabis,  roi  de  Lacedemone, 
pretendait  a  I'assujetir;  mais  elle  avait  pour  defenseur 
Philopoemen,  chef  de  la  ligue  acheenne.  Les  Romains 
intervinrent  dans  ces  demeles ,  tantot  en  faveur  des 
Acheens  ,  tantot  en  faveur  de  Sparte.  Ils  ne  se  mon- 
traient  encore  que  comme  protectouis  dans  les  affaires 
des  republiques  de  la  Grece ;  etce  fut  ace  titre  qu'ils  de- 
clarerent la  guerre  a  Antiochus  ,  roi  de  Syrie,  qui  avait 
attaque  les  villes  grecques  de  I'Asie-Mineure. 

Philippe  de  Macedoine,  ancien  ennemi  des  Romains, 
etait  devenu  momenianement  leur  allie  contre  Antio- 
chus j  mais  il  vit  bientot  avec  omhrage  leurs  succes  et 
leur  agrandissement,  il  fit  en  secret  des  armemens  contre 
euxj  et  ses  preparatifs,  que  la  morl  viiit  interrompre, 

16 


(     ^42    ) 

entrainerent  la  niiiiede  Persee,  son  successeur,  mallieu- 
reux  prince  qui  fiit  vaincu  par  Paul  Emile  pres  des 
ninrs  tie  Pydna,  se  vit  recluit  a  fuir  sans  armee  et  sans 
asile,  et  se  remit  bientot  entre  les  mains  du  vainqueur. 

Gentius,  roi  d'lllyrie,  av.iit  ete  detrone  en  nieme 
temps:  son  royaume  fut  partage  en  trois  etats,  et  la 
Macedoine  le  fut  en  quatre;  mais  le  but  de  ces  divisions 
de  territoire  n  etait  que  d'aifaiblir  davantage  les  nations 
conquises.  De  nouveaux  troubles  dans  la  IMacedoine,  ou 
Andriscus  et  un  faux  Philippe  cherchaient  a  recueillir 
I'heritage  de  Persee  ,  y  rappelerent  les  legions  coniman- 
dees  par  Metellus,  et  cetle  contree  fut  reduite  en  pro- 
vince roniaine. 

Le  meme  sort  devait  etre  common  a  touts  la  Grece. 
Rome  prend  soin  d'y  affaiblir  d'abord  la  ligue  acheenne 
dont  elle  detache  plusieurs  villes;  elle  s'empare  ensuite 
de  Corinthe,  ou  presque  tous  les  monuniens  sont  de- 
truits  par  un  incendie  ,  et  la  Grece  entiere  est  sous  le 

Alors  toutes  les  parties  de  I'Orient,  qui  n'etaient  pas 
encore  soumises  aux  Roniaius,  obeissaient  deja  a  leur 
influence.  L'Asie-Mineure  ne  pouvait  plus  leur  resister ; 
elle  avait  ete  demenibree  depuis  la  mort  de  Demetrius- 
Poliocerte,  et  il  s'y  etait  forme  quatre  monarchies  inde- 
pendantes,  celles  de  Pcrgame,  deBithynie,de  Pont  et  de 
Capadoce.  La  Galatie,  dont  le  nom  etait  derive  d'une  co- 
lonic militaire  de  Gaulois,  les  menies  qui  avaient  envabi 
sous  Brennus  la  Macedoine ,  la  Grece  et  la  Thrace  , 
formait  un  gouvernement  separe,  entre  les  deux  chaines 
du  Taurus;  et  Ion  voyait  a  I'occident  et  au  midi  de 
ces  montagnes,  I'lonie,  la  Phrygie,  la  Pamphylie  ,  la 
Cilicie ,  souvent  exposees  a  I'ambition  des  conquerans 
et  a  des  changemens  de  souverains. 


(  -43  ) 

Si  nous  comparoiis  a  ces  laibles  etats  et  a  ces  mor- 
cellemeiis  de  tenitoire ,  qui  faciliterent  I'invasion  des 
Remains ,  le  vaste  empire  de  Syrie,  tel  qu'il  existait  sous 
le  regne  d  Antiochus,  cette  grande  monarchie  semble 
offrir  plus  de  moyens  de  resistance.  Elle  comprend 
dans  ses  limites  orientales  I'Armenie,  le  pays  des  Par- 
thes,  des  Perses,  des  Medes  et  la  Babylon>e;  au  midi , 
elle  s'est  rendue  maitresse  de  la  Palestine;  a  I'occident, 
elle  s'est  emparee  dune  partie  de  I'Asie  -  Mineure; 
niais  elle  a  Lientot  perdu  le  fruit  de  ses  conquetes, 
lorsqu'elle  est  entree  en  guerre  centre  les  Romains, 
et  ses  armees  qui  avaient  vaincu  I'Orient  flechis- 
sent  sous  la  force  et  la  discipline  des  legions.  Lucius 
Cornelius  Scipion  attaque  et  defait  Antiochus  pres  de 
Magnesia;  il  lui  dicte  la  paix  dans  la  ville  de  Sardes, 
capitale  de  ses  etats;  et  cc  prince  est  force  d'abandon- 
ner  les  rivages  de  I'lonie  et  ses  provinces  de  I'Asie-Mi- 
neure.  Cette  conquete  des  Romains  est  suivie  d  autres 
deniembremens :  I'Armenie  se  declare  independante,  et 
il  se  forme,  dans  la  grande  et  la  petite  Armenie,  deux 
monarchies  sepaiees.  L etendue  de  lempire  de  Syrie  va 
toujours  en  decroissant ;  le  royaume  des  Parthes  sen 
est  separe;  et  les  vains  efforts  que  fait  Antiochus  Epi- 
phane  pour  recouvrer  cette  conquete  I'affaJblissent  en  - 
core;  ce  prince  perd  successivement  la  Palestine,  la 
Mesopotamie,  la  Syrie;  et  dun  empire  si  puissant  et  si 
vaste  il  ne  reste  bientot  a  ses  desceudans  que  le  faible 
royaume  de  Comagene. 

Les  Romains,  avant  d  acquerir  une  partie  de  ces 
riches  depouilles  de  la  Syrie,  s'etaient  avances  de 
proche  en  proche  a  travers  I'Asie-Mineure;  ils  avaient 
protege  contre  Antiochus  le  royaume  de  Pergame,  etils 
avaient  ensuite  profile  d  un  testament  vrai  ou  suppose 

1 6. 


(  2/,4  ) 

(I'Altale  pour  liii  siiccetler  dans  ses  titats.  La  IJilhynic, 
celebre  par  I'exil  et  la  niort  tl'Aiinibal,  avail  subi  le 
luenie  sort  que  Pergame;  elle  avail  ete  leguee  aux.  Ro- 
inains  par  Nicomecic;  les  vainqueurs  avaieiit  enleve  a 
Antiochus  les  provinces  meridionales  de  I'Asie-Mineure; 
el  toules  leiirs  acquisitions  clans  ces  con  trees  leur  don- 
iiaicnl  des  facilites  nouvelles  pour  altaquer  la  Pa- 
phlagonic  et  le  royaume  de  Pont,  alors  possedes  par 
Mithridate. 

Cependant  les  Koniains,  avanl  de  prolonger  leurs 
conqnetes  en  Orient,  voulaient  consolider  leur  domina- 
tion dans  les  contrees  deja  soumises;  et  leur  prudente 
politique  evitait  de  s'attirer  plusieurs  puissans  ennemis 
a-la-iois.  Us  s'attacherent  a  soumettre  les  Dalmates  et 
les  Thraces,a  terminer  en  Afrique  la  guerre  contre 
Jugurtha,  a  delivrer  leur  pays  de  I'invasion  des  Cimbres, 
a  soutenir  la  guerre  sociale  qui  avail  souleve  contre  la 
republique  presque  tous  les  peuples  d'ltalie;  ce  ne  fut 
qu'apres  la  pacification  de  cette  peninsule  que  la  guerre 
eclata  contre  Mithridate.  Sylla  pril  Athenes  qui  s'eiait 
declaree  pour  ce  prince;  il  battit  ses  generaux  a  Che- 
ronee,  a  Orchomene;  I'attaqua  lui-meme  en  Asie,  et  le 
forca,  en  lui  accordant  la  paix,  a  se  renfermer  dans  le 
royaume  de  Pont,  el  a  rendre  a  leurs  anciens  rois  la 
liitliynie  et  la  Cappadoce. 

Mithridate  ayaut  recommande  la  guerre dix  ans  apres, 
fut  baltu  plusieurs  fois  par  Lucullus,  et  perdit,  pres  de 
Cabires,  la  plus  grande  partie  de  son  armee.  Ses  defaites, 
et  celles  du  roi  d  Armenie,  son  gendre,  I'avaient  pres^ 
que  epuise,  quand  Pompee  vint  enlever  a  Lucullus 
I'honneur  de  terminer  cette  guerre,  par  une  derniere 
et  facile  vicloire. 

Pompee  fixa  le  sort  de  I'Asie;  il  laissa  a  Tigrane  I'Ar- 


(  245  ) 

nienie,  et  a  Phaiiiace,  fils  de  Mitliridate ,  Ics  i-tais  de 
son  pere;  il  detrona  Antiochus,  el  reduisit  la  Syrie  en. 
province  romaine. 

Pour  ne  pas  interrompre  la  serie  des  evenemens ,  el 
pour  les  Her  entre  eux  par  des  rapporls  plus  naturels, 
nous  avons  suivi  de  proche  en  proche  les  conquetes 
des  Romains  sur  difterens  rivages  de  la  Mediterranee 
et  dans  plusieurs  parlies  de  I'Orient.  II  nous  reste  a 
parcourir  d'autres  regions  ou  ren)pire  roniain,  qui  s  e- 
tait  agrandi  de  toules  parts,  trouva  pendant  plusieurs 
siecles  les  prlncipaux  appujs  de  sa  force  et  de  sa  duree. 

Notice  sur  la  Gaule. 

La  Gaule ,  dont  les  Romains  firenl  la  conqtiete  peu- 
de  temps  apres  la  morl  de  Mitliridate,  s'eteiidait  entre 
rOcean ,  les  Pyrenees,  la  Mediterranee,  les  Alpes  et  le 
Rhin.  Les  principaux  fleuves  qui  traversent  ce  vaste 
territoire  sont  la  Seine,  la  Loire,  le  Rhone  et  la  Ga- 
ronne. De  hautes  montagnes  separent  les  hassins  de  ces 
trois  derniers  fleuves,  et  forment  une  chaine  internie- 
didire  entre  les  Pyrenees  et  les  Vosges. 

On  partageait  la  Gaule  en  trois  grandes  regions  ,  l.i 
Belgique  au  nord  de  la  Seine,  la  Celtiqiie  entre  la  Seine 
et  la  Garonne,  I'Aquitaine  entre  la  Garonne  et  les  Pyre- 
nees: Rome  etait  deja  maitresse  des  provinces  que  baigne 
la  Mediterranee,  depuis  les  rivages  de  la  mer  jusqu'aux 
Cevennes  et  au  pays  des  Allobroges.  Cliacune  de  ces 
trois  divisions  coniprenait  un  grand  nombre  de  peupies, 
unis  par  la  comrnunaute  de  langue  et  dorigine,et  lor- 
mant  entre  eux  des  confederations  militaires  lorsqu  il 
fallait  entreprcndre  an   loin  de  perilleuses  expeditions, 


(»  246  ) 
niais  s'accordant  moins  ensemble  pour  la  defense  com- 
mune, et  souvent  dechirees  par  des  dissensions. 

La  plupart  des  noms  de  ces  differens  peuples  se  sont 
conserves  dans  ceux  des  provinces  ou  des  plus  an- 
ciennes  villes  :  un  tableau  particulier  en  comprendra 
renumeration ,  et  nous  nous  bornons  a  rappeler  ici 
quelques-uns  de  ceux  qui  occupent  un  rang  plus  eleve 
dans  I'histoire.  A  I'orient  de  la  Gaule  Celtique  etaient 
les  Sequanais  et  les  Helvetiens,  separes  les  uns  des  autres 
par  la  chaine  du  mont  Jura  :  les  Helvetiens  occupaient 
les  Alpes;  les  Sequanais  s'etendaient  jusqu'aux  rives  de 
la  Saone  :  Vesuntio  etait  leur  capitale.  '  "-''"  ' 

Les  Eduens,  places  entre  la  Saone  et  la  Loire,  furent 
les  premiers  allies  des  Romains  :  c'etait  la  nation  gau- 
loise  la  plus  avancee  vers  la  civilisation.  Bibracte,  leur 
capitale ,  etait  remarqnable  par  les  encouragemens  qu'on 
y  donnait  a  la  culture  des  lettres. 

Les  colonies  de  Lingones,  de  Senones,  de  Boiens , 
que  nous  avons  deja  remarquees  en  Italic,  attestent  le 
genie  militaire  de  ces  nations.  Le  menie  caractere  dis- 
tinguait  les  Arverni,  montagnards  endurcis  aux  fatigues, 
et  que  1  on  vit  souvent  a  la  tete  des  confederations 
•rauloises. 

On  venait,  tous  les  ans,  celebrer  dans  les  forets  des 
Carnutes  les  grandes  ceremonies  religieuses  des  druides, 
et  Ion  yremarquait  les  monumens  celtiques  ous'accom- 
plissaient  leurs  rites  et  leurs  sacriGces. 

La  confederation  Armorique  comprenait,  entre  les 
embouchures  de  la  Loire  et  de  la  Seine,  les  provinces 
Occiden tales,  les  plus  avancees  vers  I'Ocean. 

Cesar,  dont  la  plus  glorieuse  expedition  militaire  fut 
la  conquete  de  la  Gaule,  avail  d'abord  obtenu  le  gou- 
veriiement  de  la  Cisalpine  et  de  I'lllyrie  :  on  y  joignit, 


V  247  ) 
dans  la  lueine  aniiee,  celui  tie  la  Gaule  Tiansalpiiie.  11 
sortait  du  consulat  :  son  triumvirat  avec  Pompee  et 
Crassus  etait  forme  :  la  guerre  niit  bientot  dans  ses  mains 
les  principales  forces  de  Rome,  et  Cesar  devint  tout 
puissant. 

Sa  premiere  operation  futde  rej^  ter  dans  leurs  mon- 
tagnes  les  Helvetiens,  qui  les  avaient  quittees  pour  aller 
<;hercher  des  etablissemens  sous  un  ciel  plus  doux  et 
vers  les  fronlieres  de  la  Gaule  Narbonnaise  :  il  les  har- 
cela  dans  leur  marche,  les  vainquit  plusieurs  fois,  et  les 
forca  de  regagner  les  Alpes,  apres  avoir  leduil  a  cent 
dix  mille  bommes  la  population  qui  cbercbait  a  s'expa- 
trier.  Arioviste,  roi  des  Germains,  fut  ensuite  vaincu 
pres  du  Rhin ,  et  fut  conlraint  a  repasser  le  fleuve. 

Toutes  les  nations  de  la  Belgique,  depuis  la  Seine 
jusqu'au  Rbin,  se  liguerent  alors  pour  attaquer  un  en- 
nemi  qui,  en  s'etablissant  dans  la  Gaule  Celtique,  me- 
iiacait  leur  independance  :  elles  avaient  plus  de  deux 
cent  mille  bommes  sous  les  arnies;  mais  Cesar  prevint 
leur  reunion  ,  et  les  attaqua  isolement :  il  vainquit  tour 
a-tour  les  Suessones,  les  Bellovacieiis,  les  Ambianiens, 
les  Nerviens,  envoya  une  legion  dans  la  partie  occlden- 
tale  de  la  Gaule  qu'babilaient  les  Armoriques,  et  vint 
achever  lui-meme  la  difficile  conquete  de  ce  pays. 

Le  vainqueur  se  porta  ensuite  sur  les  bords  du  Rbih, 
tandis  que  ses  lieutenans  poursulvaient  leurs  expedi- 
tions dans  I'Aquitaine.  II  attaqua,  entre  la  Meuse  et  le 
Rhin,  les  Usipetes  et  les  Tench  teres,  nations  Germa- 
niques  que  les  Sueves  avaient  cbassees  de  leur  pays  ,  il 
passa  ensuite  le  Rhin  sur  un  pont  de  bateaux  qu'il  avait 
fait  construire,  defit  les  Sicambres,  protegea  les  Ubiens 
contre  les  Sueves,  et  forca  cette  nation  conquerante  a 
se  rejeter  dans  ses  forets.  Cesar  ne  voulait  que  faire  res- 


(  248  ) 
pecter^en  Germanic  les  armes  des  Roniains  :  il  n'essaya 
d'y  former  aucun  etahlissement,  rentra  dans  les  Gaules, 
et  fit  bientot  une  descente  sur  les  cotes  de  la  Grande- 
Bretagne,  ou  il  obtint  de  premiers  avantages. 

Celte  attaque  etait  le  prelude  d'une  expedition  plus 
considerable.  Cesar  fit  rassembler  dans  le  port  d'ltius 
plus  de  six  cents  galeres  ou  il  embarqua  cinq  legions, 
deux  niille  hommes  de  cavalerie  romaine  et  beaucoup 
plus  de  cavalerie  gauloise.  Les  Bretons  se  replierent 
dans  leurs  forets  :  leurs  chefs  se  desunirent,  et  iis  ache- 
terent  la  paix  par  un  tribut;  inais  Cesar  ne  forma  en 
Bretajrne  aucun  etablissement. 

Si  nous  portons  nos  regards  sur  la  situation  de  cette 
derniere  contree  lorsqu'elle  fut  attaquee  par  les  Romains, 
nous  voyons  des  peoples  separes  de  la  civilisation  par  la 
mer  et  les  tempetes,  partages  en  un  grand  nombre  de 
tribus  qui  se  font  la  guerre  entre  elles  ,  pour  s'enlever, 
des  forets  ou  des  paturages.  Ces  nations  n'ont  de  ca- 
ractere  commun  que  la  barbaric  :  la  diversite  de  leurs 
langues  atteste  ceile  de  leur  origine  ;  on  y  voit  des  colo- 
nies Celtes  ou  Gauloisesj  les  Pheniciens  et  les  Cartha- 
ginois  qui  etaient  en  Espagne  sont  venus  s'etablir  an 
midi  de  cette  lie  :  les  Scythes,  les  Bretons,  les  Scandi- 
naves,  y  sont  arrives  du  centre  et  du  nord  de  I'Europe. 
L'Hybernie  s'est  peuplee  de  la  meme  manierc,  et  ces 
deux  lies  ont  ete  la  proie  des  nations  aventurieres  qui 
ravageaient  I'Occident. 

Les  peuples  du  nord  de  la  Grande-Bretagne  etaient 
dans  I'usage  de  se  peindre  :  ils  recurent  le  nom  de 
PicteSjCt  Ton  donnait  celui  d' Albion  aux  contrees  plus 
nieridionales.  Ce  pays  etait  alors  le  plus  sauvage  de 
I'Europe;  mais  une   fois   apercu  par  les  Roniains,   il 


(  M9  ) 
etait  reserve  a  leur  domination,   et  il  devait  enlrer  uii 
jour  dans  la  grande  famille  des  nations  civiiisees. 

Les  annees  qui  suivirent  I'invasion  de  la  Grande- 
Bretagne  se  passerent  en  expeditions  pour  reprimer  snr 
differens  points  les  soulevemens  des  nations  gauloises. 
II  fallut  combattre  les  Nerviens,  les  Treviriens  :  Cesar 
tcnta  encore  une  excursion  au-dela  du  Rhin  ,  et  il  y  for- 
tifia  une  tete  de  pont,  pour  assurer  aux  Rouiains  un 
facile  passage  dans  la  Germanie. 

Gependant  de  nouveaux  combats  allaient  se  livrer 
dans  la  Gaule,  Toutes  les  nations  de  cette  contree  se  re- 
volterent  a-la-fois  :  elles  avaient  profile  de  I'eloignenient 
de  Cesar,  qui  etait  alors  dans  la  Hautc-Italie,  ou  il  pas- 
sait  ordinairement  I'hiver ;  et  leur  ligue,  formee  par 
Vercingetorix ,  chef  des  Arverni,  prit  subilement  les 
armes.  Les  Eduens  meme,  ces  anciens  allies  des  Re- 
mains, se  joignirent  ensuite  a  la  coalition.  Jamais  Cesar 
n'avait  eu  tant  d'ennemis  a  combattre  :  il  fut  superieur 
a  tous.  Sa  campagne  fut  memorable  ,  par  la  rapidite  de 
ses  levees,  de  ses  marches ,  de  ses  succes,  par  les  sieges 
de  Genabum,  de  Noviodunum,  de  Gergovie,  d'Alesia, 
et  par  les  defaites  de  Vercingetorix.  L'annee  suivaute 
vit  eclater  de  nouveaux  soulevemens  qui  furent  egale 
ment  comprimes  :  le  siege  d'Uxellodununi  en  fut  lope- 
ration  la  plus  remarquable.  Cesar  put  alors  appliquer 
tous  ses  soins  a  Tadministration  de  la  Gaule  :  il  en  con- 
solida  la  conquete  par  sa  clemence ,  par  la  moderation 
des  charges  publiques  ,  par  lunion,  I'ordre,  les  lois 
qu'il  fit  succeder  a  lanarchie.  Depuis  neuf  ans  il  cotn- 
mandait  dans  la  Gaule,  quand  la  guerre  s'engageant 
entre  lui  et  le  parti  de  Poinpee,  le  rappeia  en  Italic  et 
le  conduisit  successivement  a  Pharsale,  en  Egypte,  dans 


(   aSo  ) 
les  plaines  d'Utique,  a  Miinda  ,  au  Capitole,  ou  ildevait 
perir  aux  pieds  de  la  statue  de  Ponipee. 

La  Gaule  avait  eu  des  nioeurs  barbares,  une  langue 
informe,  une  religion  cruelle,  des  lois  aveugles  et  sou- 
vent  iiupuissantes  :  elle  dut  a  son  administration  nou  • 
velle  une  longue  suite  d'ameliorations.  Des  camps  ro- 
mains  se  changerent  en  villcs;  d'autres  cites  s'eleverent 
sur  la  rive  des  fleuves  ou  dans  les  lieux  les  plus  favo- 
rables  au  commerce  :  on  fonda  des  colonies  ;  les  routes, 
les  canaux  s'ouvrirent ;  les  fleuves  devinrent  plus  navi- 
gables  :  des  monumens  de  la  puissance  romaine  turent 
eriges  dans  les  villes,  dans  les  campagnes,  et  consacre- 
rent  partout  la  domination  dn  grand  peuple  destine  a 
chansrer  le  sort  du  monde. 

D'autres  temps  de  barbaric  pourront  succeder  a  cette 
memorable  epoque,  mais  quels  qu'en  puissent  etre  les 
desastres  et  les  bouleversemens,  ils  n'aneantiront  pas 
tous  les  fruits  de  la  conquete. 


NOTICE 

sua  LE  VOYAGE  EN  BOUKHARIE  DE  M.  ALEX.  BUKNES(l), 

Par  M.  Eyries. 


M.  Alexandre  Burnes  a  public  la  relation  de  son 
voyage  en  Boukharle ,  et  s'est  empresse  den  envoyer  uu 
exemplaire  a  la  Societc  de  Goograpbie.  Nous  n'avons 
pu  qu'ctre  extremement  Ilattes  de  recevoir  cettc  marque 

(i)  Uiie  traduction  francaise  He  ce  voyage  est  sous  presse,  et  pa- 
raitra  piochainement  chez  le  libraire  de  la  Societe. 


I     25l     ) 

d'attention  de  !a  part  dun  honinie  qui  vient  de  rendre 
un  service  eminent  a  la  science  dont  nous  nous  oc- 
cupons. 

La  ligne  que  M  Burnes  a  suivie  est  tres  remarquable 
par  son  importance,  car  il  a  voyage  dans  des  pays  qui 
ne  sont  pas  connus,  ou  du  moins  ne  le  sont  que  tres 
imparfaitement;  il  suffira  de  tracer  brievement  son  iti- 
neraire  pour  faire  apprecier  I'interet  extreme  de  sa 
longue  peregrination  dans  une  partie  de  I'Asie  centrale. 

Le  2  Janvier  i832 ,  M.  Burnes  ,  accompagne  de  M.  le 
docteuf  Gerard,  d'un  ingenieur  hindou  ,  d'un  jeune  Ca- 
cheniirien  etd'un  domestique  hindou,  partitdeLodiana, 
ville  de  I'Hindoustan  britaimique ,  situee  sur  un  petit 
bras  du  Setledje ,  pres  de  la  frontiere  du  territoire  de 
Rendjit  Sing  ,  maharadjah  des  Seiks. 

Apres  un  sejour  dun  mois  a  Labor,  capitale  des  etats 
de  ce  prince  ,  M.  Burnes  se  dirigea  vers  les  rives  de  I'ln- 
dus,  et  passa  ce  fleuve  celebre  a  gue,  un  peu  au-dessus 
d'Attok.  C'est  la  que  les  conquerans  de  llnde ,  depuis 
Alexandre-Ie  Grand  jusqn'a  Nadir-Chah,  ont  franchi  la 
barriere  naturelle  que  la  nature  a  placee  entre  cette 
contree  et  celles  qui  sont  plus  a  I'ouest. 

Peicbavs^er ,  que  les  voyageurs  virent  ensuite  ,  est  b4ti 
sur  un  rameau  de  I'Hindou  Kousch ,  le  Paropamisus  des 
anciens.  M.  Burnes  a  traverse  entierement  cette  fameuse 
cbaine  de  montagnes  :  il  a  d'abord  suivi  les  vallees  ou 
coulent  le  Hezareh  ou  la  riviere  de  Gaboul  et  ses  al- 
flens;  au-dela  de  Caboul,  il  a  continue  pendant  quelque 
temps  a  marcher  a  I'ouest;  ensuite,  tournantau  nord  , 
il  s  est  engage  dans  le  defile  de  Kalou  ,  dont  le  col  est  a 
i3,ooo  pieds  anglais  au-dessus  du  niveau  de  la  raer,  et 
qui  forme  le  point  de  partage  des  eaux  entre  I'lndus  et 
rOxus.   Dans  une  haute  vallee  ou  coule  le  Serkab,  il  fit 


2a2 


halle  a  I3aniian ,  ville  fort  siiiguliere,  car  une  partic  ties 
liabitaliovjs  consisie  en  caveriies  creusees  dans  k;  roc  a 
toutes  les  hauteurs.  11  y  conteinpla  ces  idoles  gigan- 
tesques  dont  les  livres  orientaux  font  mention,  et  aux 
quelles  ils  attribiient  une  antiquite  fabuleuse,  uiais  qui 
sont  cerlainement  poslerieuresau  siecle  de  Mahomet. 

Au  village  de  Heibek ,  situe  sur  le  Khouloum, 
M.  Burnes  quitta  entierement  les  montagnes ,  et  entra 
dans  ces  plaines  imnieiises,  generalenient  sablonneuses 
et  entrecoupees  de  quclques  oasis,  qui  se  proloiigent  an 
nord  jusqu'au  dos  du  pays  peu  eleve  <lu  step  des  Kirghiz. 

Oblige  de  s'ecarler  de  sa  route  pourobeira  une  som- 
mation  du  chef  de  Khoundouz,  M.  Burnes  rejoignit 
bientot  ses  compagnons  resles  a  Khouloum,  et  ne  tarda 
pas  aarriver  aBalkhjvillc  qui  jadis  merita  le  litre  poni- 
Tpeux  de  Mere  des  cites,  et  qui,  denienieque  tantd'autres 
nietropoles  anciennes  de  I'Orient,  n'estplus  quel'ombre 
de  ce  quelle  fut  aux  jours  tie  sa  splendeur. 

On  traversa  le  dt?sert  des  Turkomans  ,  on  passa  I'Oxus, 
et  bientot  on  se  trouva  'dans  les  nmrs  de  Bokhara,  la 
Bactra  des  historiens  d'Alexandre,  et  encore  aujourd'hui 
capitale  d'uii  royaume  puissant.  Le  2  ju'illct,  M.  Burnes 
en  partit,  et  cessant  tie  voyager  dans  la  direction  du 
nord,  il  prit.celle  du  sud.  La  caravane  avee  laquelle  il 
marchait  fut  obligee  de  s'arreter  pendant  plus  dun  mois 
pres  de  Karakoul ,  ville  du  Turkestan  ;  quand  elle  se  fut 
remise  en  route,  elle  traversa  de  nouveau  I'Oxus  et 
sejourna  quatre  jours  aTchaourdji,  ville  qui  est  au  sud 
du  lleuve,  et  que  nos  cartes  placeiU  sur  sa  rive  septen- 
irionale.  C'est  le  dernier  lieu  liabite  par  des  honuues  ci- 
vilises enlre  laBoukharie  etla  Perse.  Au-dela,  on  voyagea 
une  seconde  fois  dans  le  grand  dtisert  qui  est  le  theatre 
(les  excursions    des  Ttirkomans  nomades.  Le   i«'   sep- 


(  253  ) 

Teinbre,  on  aptMCUt  les  montagncs  clu  Khorasan  ,  (jui 
sont  le  prolongenienl  occidental  de  rHindou-Kousch; 
onze  jours  apres,  on  entra  dans  les  defiles  qui  les  tra- 
versent,  et  oj;i  toucha  le  territoire  persan,  apres  avoir 
couru  plus  dun  danger  de  la  part  des  farouches  habi- 
tans  du  desert. 

A  Meched,  M.Gerard  se  separa  de  M.  Burnesj  il 
voulait  retourner  versCaboul  et  THindus  en  passant  par 
Herat  et  Candahar.  M.  Burnes  gagna,  en  se  dirigeant  a 
louest,  les  rivages  de  la  mer  Caspienne,en  longeant  la 
partie  du  Khorasan  ou  sont  etablis  des  Turkomans  et 
des  Curdes  soumis  a  la  domination  de  la  Perse.  11  vit 
successivement ,  dans  les  plaines  basses  et  humides  du 
Mazanderan ,  Aslrabad  et  Aschraf ;  ensuite  il  voyagea 
vers  le.sud,  dans  la  belle  valleeou  coule  leTilar,et  dont 
la  longueur  est  de  60  milles.  Avant  de  quitter  le  pays 
inferieur,  M.  Burnes  avait  apercu  la  haute  chaine  du 
Demavend,couverte  de  neiges  perpetnelles.  Apres  avoir 
paroouru  la  moitie  de  la  vallee,  on  n'apercoit  plus  la 
riche  verdure  du  Mazanderan,  et,  a  son  extremite  su- 
perieure,  on  a  monle  graduellement  jusqu'a  une  hau- 
teur absolue  de  6",ooo  pieds  :  on  est  sur  le  plateau  de 
la  Perse,  ou  Ion  parvient  par  le  col  de  Gadoukjil  cor- 
respond aux  Partes  caspiennes ,  par  lesquelles  Alexandre 
passa  quand  il  poursuivit  Darius  vaincu.  Firouzkoh, 
village  a  peu  de  distance,  a  des  maisons  qui  rappellent 
les  habitations  souterraines  de  Bamian. 

Le  21  octobre,  M.  Burnes  eut  la  satisfaction-  d'etre 
accueilli  a  Teheran  par  I'envoye  de  la  Grande-Bretagne. 
II  fut  ensuite  presente  au  souverain  de  la  Perse.  Deja  il 
avait  vu,  pres  de  Meched,  Abbas  Mirza  ,  que  ce  mo- 
narque  reconnaissait  depuis  long-temps  pour  son  heri- 
tier  presomptif ,  et  que  depuis  un  an  la  niort  a  enleve. 


(  254  ) 

L'objet  du  long  voyage  tie  M.  Buriies  etait  accompli; 
il  partit  de  Teheran  le  ler  novembre,  el  passant  par 
Isfahan  et  Chiraz,  il  alia  s'enibarquer  a  Abouchir,  d'ou 
il  partit  le  i8  decembre.  Le  vaisseau  de^guerre  de  la 
compagnie  des  Indes,  qui  le  portait,  mouilla  le  18  Jan- 
vier 1 833  dans  le  port  de  Bombay,  et  M.  Burnes  se  hata 
d'aller  presenter  le  resultat  de  ses  voyages  au  lord  W'" 
Bentinck,  gouverneur  general  de  I  Inde. 

Nous  pensons  qu'il  nest  pas  hors  de  propos  d'offrir 
ici  les  reflexions  par  lesquelles  M.  Burnes  termme  son 
importante  relation  :  «  En  partant ,  dit-il,  j'avais  en  per- 
spective tout  ce  qui  dans  les  temps  anciens  et  modernes 
pent  exciter  I'interetet  enflammer  limagination  :  la  Bac- 
triane,  la  Transoxane,  la  Scythie  et  la  Parthie ;  le  Kha- 
rism,  le  Khorasan  et  llran.  Maintenant  nous  avions 
visite  toutes  ces  contrees,  nous  avions  suivi  la  plus 
grande  partie  de  la  route  des  Macedoniens,  voyage  dans 
les  royaumes  de  Porus  et  de  Taxile,  vogue  sur  IHydas- 
pes,  traverse  le  Caucase  indien,  etsejourne  dans  la  ce- 
lebre  cite  de  Balkh,  d'oii  des  monarques  grecs,tres  loin 
des  academies  de  Corinthe  et  d'Athenes,  avaient  jadis 
repandu  parnii  le  genre  humain  la  connaissance  des  arts 
et  des  sciences ,  de  leur  propre  histoire  et  de  celle  du 
raonde.  Nous  avions  contemple  le  theatre  des  guerres 
d  Alexandre,  des  invasions  devastatrices  et  barbares  de 
DJMighis  et  de  Timou  r  des  campagnes  et  des  prouesses 
de  Baber,  telles  qu  il  les  a  racontees  dans  le  langage  ra- 
vissant  et  brulant  de  ses  memoires.  Dans  notre  voyage 
aux  cotes  de  la  mer  Caspienne,  nous  avions  marche 
sur  la  meme  route  par  laquelle  Alexandre  avait  pour- 
suivi  Darius;  enfin,  en  retournant  dans  I'lnde,  je  lon- 
geai  la  cote  du  Mekran  et  le  chemin  suivi  par  Nearque, 
arairal  de  la  flotte  du  conquerant  macedonien. » 


(  255  ) 

r  Apres  avoir  acheve  le  recit  de  son  voyage,  M.  Burnes 
le  fait  suivre  dun  ecrit  intitule  :  Memoire  general  et  geo- 
grapJdque  suriine partie  de  V Asie  centrale.  Son  intention 
a  ete  de  decrire,  dans  ce  memoire,  les  choses  qui,  sous 
le  rapport  de  Ihistoire  generale  et  de  la  geographie,  lui 
ont  paru  dignes  de  fixer  ('attention.  «  On  verra,  ditil, 
par  la  ligne  de  ma  route,  que  j'ai  traverse  une  partie  de 
rinde,  du  royaume  de  Gaboul,  de  la  Boukharie,  du 
Turkestan  et  de  la  Perse  ;  et  j'aurais  pu  ,  dans  ma  des- 
cription ,  uie  conformer  avec  raison  a  cette  division  -, 
mais  je  n'ai  pas  le  dessein  de  recapituler  les  travaux 
d'autrui,  ni  de  m'occuper  de  ce  que  le  monde  connait 
deja  :  je  me  suis  done  borne  a  ce  qui  est  nouveau  et  in- 
teressant.  Ma  carte  reetifiera  beaucoupde  positions  dans 
ces  cpntrees,  et  meme  fera  changer  de  place  a  plusieurs 
chaines  de  montagnes  considerables;  mais  la  notice  ge- 
nerale de  cbaque  province  du  royaume  de  Caboul  a  et^ 
donnee  el  dessinee  par  M.  Elphinstone  dans  son  pre- 
cieux  ouvrage  sur  ce  pays  :  mon  domaine  s'etend  dans 
les  voies  non  encore  parcourues  au-dela  de  I'Hindou 
Kousch ,  au  milieu  des  Tartares  nomades  et  des  deserts 
animes  quelquefois  par  beaucoup  d'oasis  brillantes  et 
fertiles.  Si  mon  lecteur  place  devant  ses  yeux  la  carte  de 
mon  voyage ,  il  verra  que  je  traite  seulement  des  pays 
que  j'ai  vus.  » 

M.  Burnes  ajoute  qu'il  ne  s'est  ecarte  de  cette  regie 
que  pour  ce  qui  concerne  les  sources  de  I'lndus,  et  les 
communications  des  etrangers  avec  la  Chine,  par  terre. 

Dans  ce  memoire  important,  M.  Burnes  presente  suc- 
cessivement  a  ses  lecteurs  des  notices  detaillees  sur  le 
royaume  de  Boukharie,  I'Oxus  et  le  lac  d'Aral,  les  pays 
situes  dans  la  vailee  superieure  de  I'Oxus;  sur  les  sources 
de  rindus,  sur  la   province  d'Yarkend  ,  laquelle  appar- 


(  a56  ) 

tieht  a  I'empire  Chinois,  sur  ses  relations  avec  Peking, 
le  Tibet  et  la  IJoukharie,  sur  la  chaine  de  I'Hinilou 
Kousch;  sur  la  Turkonianie,  sur  les  incursions  des  Tar- 
lares  et  sur  les  tribus  du  Turkestan,  enlin  sur  les  che- 
vaux  de  ce  pays.  On  lit  ensuite  une  esquisse  historique 
des  pays  situes  entre  I'lnde  et  la  mer  Caspienne.  Les  di- 
verses  revolutions  qui,  de  nos  jours,  out  agite  ces  con- 
trees  si  sujettes  aux  bouleversemens  politiques,  sont  ex- 
posees  avec  une  nettete,  une  exactitude,  une  precision 
dignes  d'eloges.  Enfin,  ce  vaste  tableau  est  termine  par 
des  considerations  sur  le  commerce  de  I'Asie  centrale, 
depuis  le  Pendjab  souniis  a  la  domination  de  Rendjit- 
Sing,  jusqu'en   Perse. 

L'ouvrage  de  M.  Burnes  est  en  trois  volumes;  le  troi- 
sieme  contient  un  voyage  anterieur  a  celui  dont  on  vient 
de  parler. 

En  i83o,  un  batiment  anglais  apporta  au  gouverneur 
de  Bombay  cinq  chevaux  de  race  ,  que  le  roi  de  la 
Grande-Bretagne  envoyait  en  present  au  maharadjah  des 
Seiks.  Une  lettreaniirale  du  monarque  europeen  accom- 
pagnait  ce  don  au  souverain  asiatique.  Sir  Jolin  Mal- 
colm, dont  la  geographic  deplore  la  perte  recente,  etait 
alors  gouverneur  de  Bombay.  U  nomma  M.  Burnes  chef 
de  la  legation  qui  devait  presenter  les  coursiers,  et  lui 
reconmianda  en  menie  temps  de  prendre  le  plus  de  ren- 
seignemens  qu'il  lui  scrail  possible  sur  la  navigation  de 
rindus  jusqu'au  Pendjab. 

Le  2  1  Janvier  i83i,  la  legation  partit  de  Mandivi , 
port  de  la  cote  du  Cotch.  Le  24,  les  bateaux  indigenes 
qui  la  portaient,  entrerentdans  une  des  bouches  de  ITn- 
dus.  On  avait  oublie  de  prevenir  les  emirs  du  Sindi , 
dont  on  devaii  traverser  le  territoire;  il  fallut  rebrous- 
ser  chemin.  Des  negociations  t'urent  entamees,  ellesdu- 


(  ^57  ) 
rerent  long-temps  :  le  lo  mars,  on  mit  de  nouveau  a  la 
voile,  on  penetra  clans  i'lndus  par  une  autre  bouche  , 
puis  on  debarqua  dans  le  Sindi,  pres  de  Tatha  ;  mais 
des  obstacles  physiques  obligerent  de  retourner  encore 
a  I'enibouchure  du  fleuve,  enfin ,  le  12  avril,  on  s'em- 
barqua  sur  des  bateaux  propres  a  sa  navigation.  Le  18, 
on  etait  a  Haiderabad ,  capitale  du  Sindi.  Les  emirs  fi- 
rent  un  accueil  tres  gracieux  a  1  envoye  britannique,  qui 
n'eut  qua  se  louer  des  egards  qn  on  eut  pour  lui  dans 
leurs  etats.  Le  21  mai  il  partit  de  Bekkou  sur  la  fron- 
tiere  de  ce  pays  ,  et  ne  tarda  pas  a  en  tier  dans  une  con- 
tree  qui  obeit  a  des  chefs  beloutchis.  Le  3o  on  sorlit 
du  cap  de  I'lndus  pour  remonter  I'Aersines  ou  Tche- 
nab.  Apres  etre  reste  quelques  jours  a  Outch,  capitale 
des  etats  de  Bhavoul  Khan,  on  ne  tarda  pas  a  se  trou- 
ver  dans  ceux  du  Maharadjah  ,  et  sous  les  murs  de 
Moultan,  I'une  des  villes  les  plus  anciennes  de  I'Hin- 
doustan,  et  que  M.  Burnes  regarde  comme  la  cite  des 
Main  ,  dont  les  historiens  d' Alexandre  font  mention. 
Ensuite  M.  Burnes  passa  de  I'Aersines  dans  I'Hydaspes 
ou  Ravi,  et  le  17  juin,  apercut  les  minarets  de  la  mos- 
quee  royale  de  Labor.  Le  lendemain  il  fit  son  entree  en 
grande  pompe  dans  cette  capitale  des  Seiks ,  et  alia  lo- 
ger  chez  M.  Allard,  officier  francais,  qui  est  general  de 
cavalerie  du  Maharadjah;  ily  vit  M.  Court,  autre  Fran- 
cais ,  qui  est  egalement  un  des  ofHciers-generaux  de  ce 
prince.  L'envoye  dun  potentat  puiss;int  fut  naturelle- 
ment  accueilli  avec  distinction,  et  ensuite  comble  de 
marques  dattention  et  de  riches  cadeaux.  Rendjit  Sing 
traita  ses  botes  avec  magnificence  etgenero.site,jusqu'au 
16  aout,  qu'il  leur  accorda  leur  audience  de  conge.  Le 
jour  suivant,  M.  Burnes  se  mit  en  route  pour  rejoindre 
le  gouverneur  general  de  I'lnde  britannique.  II  ne  man- 

»7 


(  258  ) 

qua  pas  de  visiter  Amretsir,  la  cite  sainte  des  Seiks;  et 
iin  peu  plus  loin.,  il  atteignit  les  rives  de  I'Hypliasis  ou 
Biha.  II  traversa  ensuite  le  canton  situe  enlre  cette  ri- 
viere et  le  Setledje ,  et  le  26  aout ,  ayant  passe  rette 
derniere,  il  se  trouva  snr  le  territoire  brilannique  ,  a 
Lodiana.  La  il  apprit  que  le  gouverneur  general  etait 
dans  les  monts  Himalaya  j  ce  fut  a  Simla  qu'il  le  ren- 
contra,  et  qu  il  termine  le  recit  de  son  voyage. 

M.  Burnes  a  fait  suivre  egalement  la  relation  de  celui- 
ci ,  dun  travail  relatif  aux  contrees  qu'il  a  parcourues. 
II  est  intitule  Memoire  siir  riiulits  et  sur  les  rivieres  du 
Pendjnh  ses  afflncns.  Ce  titre  pourrait  induire  en  erreur 
en  faisant  croire  que  I'auteur  ne  traite  que  du  Sind  et 
des  rivieres  du  Pendjah  qui  lui  portent  le  tribut  de  leurs 
eaux.  Mais  un  expose  sommaire  des  chapitres  fera  con- 
naitre  la  diversite  des  objets  que  M.  Burnes  presente 
aux  lecteurs. 

Tableau  general  de  I'lndus  ,  et  comparaison  de  ce 
fleuve  au  Gangej  son  Delta,  ses  boucbes;  le  Sindi,  ses 
habitans  ,  son  gouvernement  ;  I'lndus,  depuis  Haider- 
ab;>d  ,  en  remontant  jusqu'a  Attok;  pays  et  villes  quil 
baigne  ;  I'Aersines  ou  Tclienab,  auquel  se  joint  THysu- 
drus  ou  Setledje;  etats  de  Bhavoul  Rban  ;  le  Pendjab  ; 
etals  de  Rendjit  Sing;  I'Aersines  ou  Tcbenab  ,  auquel  se 
joint  I'Hydraotes  ou  Ravi.  En  decrivant  le  cours  de  tou- 
tes  ces  rivieres,  M.  Burnes  trace  le  tableau  des  pays 
qu'elles  parcourent.  II  6nit  par  un  memoire  sur  le  bras 
oriental  de  I'lndus,  et  sur  le  Ren  ou  grand  marais  du 
Cotcb,  contree  riche  en  phenomenes  remarquables ,  et 
sou  vent  bouleversee  par  des  tremblemens  de  terre. 

M.  Alexandre  Burnes  ,  lieutenant  d'infanterie  de  la 
conipagnie  anglaise  de;>  Indes,  est  frere  de  M.  James 
Burnes,  chirurgienniajor  a  Bhoudj  dans  le  Cotcli.  Ce 


(  259  ) 
dernier  fut  appele  en  1827  ii  Haiderabad,  pour  donner 
ses  soins  a  un  des  emirs.  II  a  publie  une  relation  de  son 
voyage.  Ainsi  les  deux  freres  ont  bien  merite  de  la  geo- 
graphie,  en  nous  donnant  des  details  sur  des  pays  peu 
connus.  Quiconque  a  lu  le  livre  de  M.  Alexandre  Burnes 
ne  pourra  que  confirmer  le  temoignage  que  lui  rend  le 
gouverneur  general:  «  Vous  avez  des  droits  a  des eloges 
pour  la  quantite  de  renseignemens  relatifs  a  la  geogra- 
phie  et  a  divers  sujets  que  conrient  votre  relation.  »  Si 
M.  Burnes  merite  des  louanges  pour  les  progres  qu'il  a 
fait  faire  a  la  geographie ,  il  en  merite  egalement  pour 
la  maniere  dont  sa  relation  est  ecrite.  De  meme  que  les 
voyageurs  dont  les  ouvrages  sont  cites  comme  des  mo- 
deles,  M.  Burnes  sait  exciter  I'attention  et  I'interet  :  il 
raconte  avec  clarte  et  simplicite,  et  ne  cause  pas  un 
seul  moment  d'ennui. 


(  i6o  ) 


DEUXIEME  SECTION. 


DOCUMENS,    COMMUISICATIONS,    NOUVEF.LES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


EXTRAIT 

d'cne  lettre  adressee  a  la  societe  de  geographie 
par  m.  noyer. 


Paris,  le  i3  septembre  1834. 

I"  Geographic  et  statistique  de  la  Guiane  francaise. 

Depiiis  long-temps  la  geographie  de  la  Guiane  est 
restee  a-peu-pres  stationnaire.  En  1824,  M.  le  baron 
Milius,  gouverneur  de  la  colonic,  lit  une  expedition 
pour  la  reconnaissance  des  sources  de  XOjapoc  et  de 
Maroni.  Cetle  entreprise  n'eul  pas  tout  le  succes  qu'on 
devait  esperer.  M.  Milliade ,  et,  apres  lui,  MM.  Adam 
de  Bauve  et  Feret,  ont  fait  des  excursions  dans  lOyapoc 
et  ses  aflluens.  Ces  explorations  ne  nous  ont  rien  appris 
de  nouveau ,  et  les  explorateurs  n'ont  determine  au- 
cune  position  geographique,  ni  releve  leur  route  dune 
maniere  assez  rigoureuse  pour  qu'on  put  en  faire  la 
carte.  M.  Leprieur  vient  nouvellement  de  faire  un 
voyage  dans  Y Oyapoc  et  dans  le  Jari.  II  a  reconnu  la 
communication  de  ce  fleuve  avec  un  embranchenient 
de  VJniazone,  au  moyen  d'un  portage.  Cette  reconnais- 
sance avait  deja  ete  faite  anciennenient  par  les  PP.  Gril- 
let  et  Bechamel ,  et  par  Jacques  des  Sauts  ,  le  soldat  de 


('    26 1    ^. 

Louis  XIV ,  qui  hubitait  le  voisinage  cles  cataractes. 
L'itineraire  de  M.  Leprieur  a  ete  insere  clans  les  bulle- 
tins de  la  Societe.  Sur  la  demande  de  M.  Jubelin,  gou- 
verneur  de  Caienne,  j'ai  ecrit  une  notice  sur  I'etat  ac- 
luel  de  la  geographic  de  la  Guiane  francaise,  et  sur  les 
moyens  d'sntreprendre  un  voyage  de  decouvertes  dans 
rinterieur.  Cette  notice  a  ete  inseree  dans  les  Annales 
maritinies  (Janvier  i83o).  Je  me  propose  d'envoyer  a  la 
Societe  des  notes  fort  ioteressantes  sur  un  voyage  de 
M.  Benoil ,  taxidermiste,  fait  dans  les  savanes  de  Cachi- 
pour,  qu'il  a  traversees  en  canot  dans  la  saison  des 
pluies 

2°   La  Mann. 

Cette  petite  colonie  a  ete  fondee  en  1821  ,  sur  les 
projets  de  Catineau-Laroche.  En  1828,  cet  etablissenient 
a  ere  cede  a  madame  Javouhey,  superieure  generale  de 
la  congregation  des  dames  de  Sainl-Joseph.  Depuis  que 
cette  petite  colonie  a  fait  quelques  progres,  le  probleme 
de  I'acclimatement  descultivateurs  europeens  a  ete,  en 
partie,  resolu.  Les  soeurs  converses  ,  que  la  snperieure 
generale  avait  emnienees  avec  elle,  se  sont  habituees  au 
travail  de  la  terre  et  a  la  nourriture  du  pays.  L'esprit 
de  congregation  et  la  discipline  religieuse  etaient  bien 
plus  pi'opres  a  atteindre  ce  but  que  tous  les  encoiira- 
gemens  que  Ion  pourrait  donner  a  des  families  inde- 
pendantes. 

3°  Population  de  la  Guiane. 

La  population  des  noirs  a  augmente;  elle  elait ,  au 
i"  Janvier  i832,  de 19,102 

Cet    accroissement  est  dii 


A  reporter 19,102 


(    262    ) 

Report.   ...      19,102 
surtout  aux  ameliorations  qui 
ont  ete  introduites  dans   le 
regime  des  noirs. 

Le  nombre  des  blancs  etait, 
a  la  meme  epoque ,  de.  .   .  .      1,573 

Celui  des  hommes  de  cou- 
leur 2,625 

23,3oo 

Las  importations,  en  i832,  ontete 

de 1,882,336  f.  73  c. 

Les  exportations  ,  de 1,607,826     92 

Difference.  .  .  .       274,509     71 

Les  affranchissemens  donnes  ,  ou  regularises  a 
Caienne  ,  depiiis  la  promulgation  de  i'ordonnance  du 
12  juillet  i832  ,  s'elevaient,  au  21  Janvier  i834  ,  a 
295  personnes  de  tout  sexe. 

Au  i*"^  Janvier  i832  ,  on  comptait,  a  Caienne, 
11,94a  hectares  de  terrain   en  culture. 


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(  264) 


CARTE    DE   FRANCE 

(  2«    LITRAISON.) 


L'apparition  de  nouvelles  feuilles  de  gravure  de  la 
Carte  de  France  est  une  preuve  incontestable  des  pro- 
gres  toujours  croissans  de  cette  vaste  et  interessanteen- 
treprise.  La  seconde  livraison ,  qui  vient  d'etre  niise  en 
venle  (i),  se  compose  de  douze  feuilles  ayant  pour 
litres  :  Chdlons-sur-Marne ,  Lauterhourg ,  (e  Havre, 
Longvvy,  Montreuil ,  Provi/is ,  Retliel ,  Saint-Valen'-en- 
Caux  ,  Sarreguemines ,  Sierck,  Soissons ,  PVeissenibourg. 

Les  nonibreux  documens  topographiques  qui  out  ete 
employes  dans  la  redaction  de  ces  feuilles,  sont  en 
grande  partie,  comma  de  coutume ,  une  reduction  des 
plans  du  cadastre  que  des  officiers  d  etat-inajor  out  ete 
charges  de  coordonner  a  I'aide  dune  triangulation  pre- 
liminaire,  et  de  completer,  soit  en  remplissant  les  la- 
cunes  qu'ils  presen talent,  soit  en  y  exprimant  le  relief 
du  terrain  a  I'aide  de  lignes  de  plus  grande  pente  for- 
mant  des  teintes  dont  les  intensites  croissent  conniie  la 
rapidite  des  pentes.  Cest  ainsi  que,  chaque  annee,  les 
operations  geodesiques  devancent  les  leves  de  detail  et 
les  reconnaissances  militaires,  et  que  de  seniblables  ma- 
teriaux  topographiques  sont  recueilliset  mis  immediate- 
nient  en  oeuvre  pour  la  gravure.  11  est  done  certain  que 

(i)  A  Paris,  chez  Picquet,  geographe  du  roi  et  <le  S.  A.  R.  le  due 
d'Orleaiis,  quai  Conti,  n"  17. 


(  265  ) 

ies  livraisons  pourront  continuer  tie  paraitre  a  tie  courts 
intervalles  tie  temps. 

Si  la  promptitude  nuit  quelquefois  a  la  perfection, 
il  n'en  est  pas  de  meme  relalivement  aux  travaux  d  art 
de  la  Carle  de  France,  parce  que  Texecution  en  est  con- 
fiee  aux  plus  habiles  graveurs  de  la  capitale,  et  qu'elle 
est  soumise,  dans  ses  moindres  details,  a  une  surveil- 
lance active  et  eciairee. 

A  cette  belle  livraison  Sent  jointes  ,  comme  precedem- 
ment,  des  tables  des  positions  geograpliiques  ties  prin- 
cipaux  lieux  compris  dans  chaque  teuille,et  dont  Ies 
nonis  sont  inscrits  par  ordre  alphabetique.  Deux  des 
coordonnees  ,  savoir  la  longitude  et  la  latitude,  servent, 
a  I'aide  de  la  graduation  iracee  le  long  du  cadre,  a  trou- 
ver  sur-le- champ  le  lieu  tjue  Ion  clierche;  et  la  troisieme 
coordonnee,  designee  sous  le  nom  d'altitude,  exprime 
en  metres  la  hauteur  de  ce  lieu  au-dessus  de  la  mer. 
G'est  a  ces  points  de  repere  qu'ont  ete  lies  Ies  nivelle- 
mens  topographiques  destines  a  t'aire  connaitre  egale- 
ment,  dans  des  espaces  resserres,  Ies  hauteurs  absolues 
dusol,  hauteurs  inditfuees  par  de  petits  chiffres  arabes, 
et  qui  concourent  essentieilenient,  avec  le  syslenie  de 
hachures  ,  a  donner  Ies  notions  Ies  plus  precises  sur  Ies 
asperites  de  la  terre  et  Ies  plus  faibles  inegalites  de  sa 
surface.  11  sera  done,  par  la  suite,  tres  facile  tl'entre- 
prendre  une  description  physique  du  territoire  francais 
selon  ies  idees  lumineuses  de  I'auteur  du  nouveau  Cours 
de  geographic  generate  ,  entrepris  d'abord  comme  essais 
de  geographic  melhodique  et  comparative;  ouvrage  qui 
serait  non  moins  important  que  la  nouvelle  description 
geometrique  du  royaume,  dont  la  premiere  parlie  forme 
le  sixieme  volume  du  Memorial  du  Depot  de  la  guerre. 

Quoique  sur  Ies  feuilles  de  gravure,  f|ui  soni  une  re- 


(  266  ) 
ductiou  au  80  inillieme  des  teuilles  minutes  construilcs 
k  lechelle  dun  pour  40  niille,  les  noms  des  lieux  soient 
assujetis  a  rorthographe  generalement  usitee  par  les  au- 
torites  locales,  cependant  on  ne  saurait  disconvenir 
que  cette  partie  du  travail  ne  laisse  encore  a  desirer, 
tant  il  est  souvent  tres  difficile  de  lever  les  incertitudes 
qui  existent  sur  la  veritable  origine  des  mots.  Aussi  le 
Depot  de  la  guerre,  desireux  de  mettre  a  profit  les  re- 
niarqnes  judicieuses  qui  ont  ete  faites  a  ce  sujet  dans  le 
tome  1"  (lu  Bulletin  de  la  Societe  de  I'histoire  de 
France,  redoublera  d'efforts  pour  amener  la  nomencla- 
ture de  la  nouvelle  Carte  au  degre  de  merite  qu'elle  est 
susceptible  d'acquerir;  en  meme  temps ,  il  ne  negligera 
rien  de  tout  ce  qui  pourra  hater  les  publications  subse- 
quentes,  afin  que  le  public  soit ,  le  plus  promptement 
possible,  mis  en  jouissance  d'une  oeuvre  veritablenient 
nationale,  et  dont  I'utilite  sera  generalement  d'autant 
mieux  appreciee,  que  la  gravure  en  aura  multiplie  da- 
vantage  le  type. 


(  a67  ) 

TROISIEME   SECTION. 

Actes  de  la  Soci^te. 


PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  3  octobre  i834. 

Le  proces-verbal  de  In  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M,  Juste  Paredes,  de  Panama ,  remercie  la  Societe 
qui  vient  de  I'adniettre  au  nombre  de  ses  memhres ,  et 
offre  de  lui  adresser  tous  les  documens  qu'il  poiirra  se 
procurer  sur  un  pays  qui  ,  par  sa  situation  topogra- 
phique,  excite  un  si  vif  interet.  M.  Paredes  commu- 
nique ensuite  divers  documens  relatifs  a  I'ouverture 
d'un  chemin  de  fer  projete  a  travers  I'isthme ,  et  dont 
il  a  provoque  I'execution  ,  ainsi  que  le  decret  de  la 
cliambre  provinciate  de  Panama,  qui  le  charge  de  I'o- 
peration ;  enfin  le  nouveau  decret  rendu  par  le  congres 
de  Bogota ,  au  sujet  de  cette  entreprise.  Renvoye  au 
comite  du  Bulletin. 

M.  Harkness,  secretaire  de  la  Societe  royale  asiatique 
de  Londres,  adresse  le  tome  iii  (3=  partie)  des  Transac- 
tions, et  le  premier  cahier  du  Journal  de  cette  savante 
compagnie.  —  Remercimens. 

M.  Vander-Maelen  adresse  la  suite  des  recueils  de 
documens  et  de  tableaux  statistiques  sur  la  Belgi(|ue , 
publics  a  I'elablissement  geographique  de  Bruxelles. 

M.  Henrichs,  attache  au  Ministere  des  affaires  etran- 
geres ,  exprirae  le  desir  d'etre  admis  au  nombre  des 
membres  de  la  Societe,  et  il  lui  fait  hommage  de  plu- 


(  268  ) 

sieurs  volumes  cle  l;i  colleclion  des  Archives  du  com- 
merce ,  (lont  il  est  le  fondaleur. 

M.  le  directeur  du  bureau  de  lagricultuie  demande 
I'echaiige  du  Bulletin  de  la  Societe  contre  la  Bei'ue  dc 
/'agriculture  universelle,  qui  paraitra  a  partir  du  i^"^  oc- 
lobie.  —  Renvoi  de  cette  demande  au  coniite  du  Bul- 
letin. 

M.  Jomard  communique  I'extrait  d  une  lettre  de 
M.  Graberg  de  Hemso,  au  sujet  de  sa  carte  de  I'em- 
pire  de  Maroc,  et  il  depose  un  exemplaire  de  cette  carte 
sui'  le  bureau,  de  la  part  de  I'auteur.  —  Des  remerci- 
mens  lui  seront  adresses. 

La  Commission  centrale ,  sur  le  rapport  de  M.  Roux 
de  Roclielle,  accepte  I'echange  du  Journal  de  I'institut 
historique  contre  le  Bulletuj  de  la  Societe. 

M.  Roux  de  Roclielle  lit  une  notice  sur  I'ancienne 
situation  de  I'Orient,  avant  la  conquete  des  Romains. 
—  Renvoi  au  comite  du  Bulletin. 

Seance  du  17  octohre. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  J.-F.-M.-R.  Jouaimin  ,  remercie  la  Societe  qui 
vient  de  ladmetlre  an  nonibre  de  ses  mendjres,  et  il 
lui  fait  hommage  dun  exemplaire  de  la  premiere  partie 
de  la  Melrologie  generale  qu'il  vient  de  publier  de  con- 
cert avec  M.  J.-M.  Jouannin  son  frere.  —  Remerei- 
luens. 

M.  Vander-Maelen  adresse  le  Dictionnaire  geogra- 
pliique  de  la  province  de  Flandre  onentale  ,  public  a 
I'etablissement  de  Bruxelles.  —  Remercimetis. 

M.  de  Larenaudiere  fait  uti  rapport  sur  la  letlre  de 
M.  Klaprotb  a   M.   le  baion    de  Humboldt,  relative  a 


(  ^69  ) 
I'invention    de  la    boussole.  —  Renvoi   au   coniite  du 
Bullelin. 

M.  d'Avezac  fait,  en  son  nom  et  au  noni  de  MM.  Co- 
raboeuf  et  Warden  ,  un  rapport  sur  le  menioire  remis 
par  M.  Leprieur ,  sur  son  dernier  voyage  dans  Tinte- 
rieur  de  la  Guiane  francaise.  L'examen  de  cette  com- 
mission  avait  pour  objet ,  d'une  part  I'appreciation  de 
ce  que  le  voyageur  a  accompli  ,  et  d'autre  part  la  re- 
cherche des  moyens  a  employer  pour  rend  re  aussi  t'ruc- 
tueuse  que  possible  la  continuation  de  rexploration 
commencee.  —  La  commission  adopte  ce  rapport. 

M.  Albert-Montemont  lit  une  notice  sur  la  vie  et  les 
voyages  de  Mungo-Park  :  M.  Jomard  fait ,  a  cette  oc- 
casion ,  quelques  observations,  notamment  sur  I'opi- 
nion  attribuee  a  ce  voyageur,  relativement  a  1  embou- 
chure du  Niger,  dans  le  golfe  du  Benin  j  M.  d'Avezac 
rappelle  que  ,  dans  un  memoire  qui  a  deja  plusieurs 
annees  d'existence,  il  a  determine  la  date  precise  de  la 
catastrophe  dont  I'infortune  Park  fut  victime  a  Bousa. 


MEMBRES    ADMIS   DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  du  3  octobre  i834. 

M.  P.  Henrichs,   attache  au   ministere    des  affaires 
etrangeres. 

Seance  du  ly  octobre. 

M.  le  docteur  A.  Boue,  vice-president  de  la  Societe 
de  Geologie. 


( 270  ) 

OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIET^. 

Seance  du  3  octobre  i834. 

Par  la  Societe  royale  Asiatique  de  Londres  :  Tran- 
sactions de  cette  Societe,vo\.  iii,  part.  3.  London  i834, 
in.4"'.  —  The  Journal  of  the  royal  Asiatic  Society,  n°  i, 
in-8°.  London,  July  i834. —  Proceedings  of  the  tenth 
annual  meeting  of  the  royal  Asiatic  Society  held  on  Sa- 
turday, maj  II  1 833,-  with  th&  report  0/  the  council,  and 
committee  of  correspondence.  London,  i833.    i  broch. 

in-S". 

Par  M.  Albert-Montemont  :  Bibliotheque  universelle 
des  voyages  fi^'YiVT.  (Voyages  en  Afrique,  Denham  et 
Clapperton.  ) 

Par  M.  Vander-Maelen  :  liecueil  de  documens  sta- 
tistiques  (Belgique,  2°  cahier).  Bruxelles,  i833. —  Ta- 
bleaux statist iques  des  patentables  de  la  Belgique  en  i833, 
d'apres  les  documens  officiels  ,  coordonnes  a  I'etablisse- 
inent  geographique.  Broch.  in-8''. —  Statistique  des  sept 
provinces  de  la  Belgique,  7  feuilles  in-folio.    • 

Par  M.  Graberg  de  Hemso  :  Carte  del  Moghrib-ul 
acsa  deir  inipero  di  marocco  giusta  le  piii  recenti  scoperte 
e  combinazioni  Jormata  e  descritta ,  da  J.  G.  de  H.  et 
incisa  da  Girolamo  Segato  in  Firenze ,  i834.  Une  feuille. 

Par  M.  Warden  :  Descriptions  of  the  inferior  maxillary 
bones  of  mastodons  in  the  cabinet  of  the  American  philo- 
sophical Society ,  etc. ,  by  Isaac  Hays.  Philadelphie,  i834. 
Broch.  in-4". 

Par  M.   Arthus-Bertrand  :  f^oyage  pittoresque  dans 


(    271     ) 

hs  Basses-Pyrenees ,  suwi  (rune  Notice  sitr  Cambo,  ses 
eaiix  minernles  et  ses  environs,  par  M.  J.-L.  Lacour. 
I  voi.  in-S**. 

Par  M.  Ambroise  Tardieu  :  Atlas  dexercices  de  geo- 
graplUe  moderne ,  redige  et  grave  par  A.  Tardieu.  Partie 
elementaire.  8  cartes.  In^"- 

Par  M.  d'Urville  :  Voyage  pittoresque  autoiir  du 
monde ,  53' ,  54*  et  55"  livraisons. 

Par  la  Societe  Asiatique  :  Cahier  d'aout  de  son 
Journal. 

Par  la  Societe  royale  d'agriculture  de  Seine-et-Oise  : 
Memoires  de  cette  Societe  pour  i834.  Un  vol.  in-8". 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliques  :  Journal 
de  cette  Societe ,  cahier  de  septenibre. 

Par  la  Societe  de  Civilisation  :  Revue  sociale ,  6°  livr. 

Par  Pd.  le  directeur  :  Memorial  encjclopedique ,  ca- 
hier de  septembre. 

Par  la  Societe  pour  I'instruction  elementaire  :  Cahier 
d'aoiit  de  son  Bulletin. 

Par  M.  de  Moleon  :  Recueil  industriel  et  manufactu- 
lier,  cahier  de  juillet. 

Par  M.  Henrichs  :  Archives  du  commerce  el  de  l' Indus- 
trie agricole  et  manufacturiere ,  tomes  v,  vi  et  vii.  In-8°. 

Par  MM.  les  directeurs  :  L'Institut,  nos  71  et  72. 
—  L'Echo  du  monde  savant ,  n"  26. 

Seance  du  I'j  octobre. 

Par  MM.  Baradere  ,  Warden ,  de  Saint-Priest,  etc.  : 
Antiqidtes  mexicaines  ,  6*  livraison. 

Par  M.  Vander-Maelen  :  Dictionnaire  geographique  de 
la  province  de  la  Flandre  orientale.  Bruxelles,  i834. 

Par  MM.  Jouannin  freres  :  Metrologie  generale,  pre- 


(     272    ) 

miere  partie.  Nouvelles  tables  de  comparaison  entre  les 
iiiiciens  poids  et  niesures  generalenienl  usites  et  ceux 
qui  les  remplaeent  dans  le  nouveau  systeme  melrique 
decimal,  etc.  Paris,  i834.  Un  vol.  in-4°. 

Par  M.  Jacob  Porter  :  Topographical  description  and 
historical  sketch  of  Plain/ield  in  Hampsldre  county  Mas- 
sachusetts ;  niai  1834.  Broch.  in-8°. 

Par  M.  Martin  :  Essai  sur  la  mesure  des  longitudes  par 
la  rotation  de  la  terre.   in-S". 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  56%  57*^  et58<=  livraisons 
du  Voyage  pittoresque  autour  du  rnonde. 

Par  rinstitiit  historique  :  Deuxieme  livraison  de  son 
Journal. 

Par  la  Societe  de  geologic  :  Feuilles  aS  ,  26  et  27  du 
tome  IV  de  son  Bulletin. 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliques  :  Cahier 
d'octobre  de  son  Journal. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Numeros  73  el  74  de  Vln- 
stitut,  et  numeros  28  et  29  de  FEcho  du  monde  savant. 


ERRATA 

De  la  lettre  de  M.  de  Hammer,  inserce  dans  le  cahier 
de  fevrier  i834. 

Page  1 18  ,  lignes  5,  18  ,  ^ 

I  au  lieu  de  Fischbnligh  et  Fich- 

—  I  ic) ,      —     2,  3,  7,  8,  1 4,  1 5,  \ 

/     baligh  ,  lisez  Gischhaligh. 

—  i?o,       —      4,  } 

—  118,  —  16,      ^    au    lieu    de    D/ossmi  et    D/ovaitis,    lisez 

—  no  ,  —  I,        ^         Djovaini, 

—  1(8,  —  32  ,   au  lieu  de  liebuchtung ,  lisez  Reletichtung. 
id.  id. ,  au  lieu  de  Torschuiipa  ,  lisez  Forschungcn. 

—     119,    —      10,  au  lieu  de  :   a  Karakoroum .    II  y  a,    lisez: 
a  Karakoroum  il  y  a 


BULLETIN 

J)E    LA 

SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 

NOVEMBRE    l834. 

ASSEMBLEE  GENERALE 
DE  LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE 

DU  28  NOVEMBRE  1834. 


DISCOURS  D'OUVERTURE 

PKONONCE    PAR    M.    LE    COMTE    DE    MO^fTALIVET. 


Messieurs, 

Appele  a  I'honneur  de  pvesider  votre  reunion  an- 
nuelle,  j'eprouve  un  sentiment  de  defiance  bien  legi- 
time. Au  milieu  de  personnes  si  distingueos  par  ieurs 
<;onnaissances,  que  puis-je  apporter  en  echange  de  la 
bienveillance  qui  ma  place  monientanement  a  votre 
tete,  si  ce  nest  I'appreciation  sincere  des  services  que 
la  Societe  de  geographic  rend  chaque  jour  a  la  science? 

Personne,  en  etfet ,  mieux  que  moi,  ne  sait  recon- 
naitre  le  devoiiment  de  ces  esprits  genereux,  qui,  s'ap- 
pliquant  a  des  travaux  steriles  pour  eux-memes,  niais 
feconds  pour  tous,  cherchent,  souvent  meme  au  prix 
de  I'existence ,  le  progres  et  le  bien  general. 

Ce  devoiiment,  messieurs,  est  celui  qui  vous  anime  , 
et  le  but  de  vos  efforts  est  de  I'inspirer  aux  autres  en 

i8 


(  274  ) 
pre'sentant  a  leiirs  iravaux  I'atlrait,  on  des  recompenses 
que  votie  desiiiteressement  refuse,  on  de  la  reconnais- 
sance publique  a  laquelle  vous  avez  vous-menie  lant  de 
droits.  Noble  devoir  accompli  !  ge'nereuse  mission  a 
reuiplir! 

Dans  voire  derniere  seance  gencrale,  il  vous  a  ele 
rendu  compte  de  I'expedition  nKuitime  du  capitaiiie 
Ross,  dans  les  niers  Polaires;  et  du  capitaine  Biscoe, 
dans  rOoean  antarctique;  des  voyages  de  M.  Leprieur, 
dans  I'interieur  de  la  Guyane,  et  de  M.  d'Orbigny,  dans 
I'Amerique  nieridionale.  Depuis,  aucune  entreprise  im- 
portante  ne  s'est  signalee  a  I'attention  i\u  nionde  sa- 
vant. 

Mais  en  adiniraut  ces  liommes  courageux  ,  que  I'in- 
stinct  des  decouvertes  pousse  a  la  recberche  de  regions 
inconnues  ,  en  pretant  a  leurs  lointaines  entreprises 
votreappui  et  vos  voeux,  vous  n'oubliez  pas,  messieurs, 
que  sur  des  bords  nioins  lointains,  il  reste  encore  des 
decouvertes  a  faire,  dans  des  pays  deja  conquis  de  nou- 
velles  conquetes  a  eiiregistrer  ,  conquetes  moins  bril- 
lantes  ,  j'en  conviens  .  mais  dune  utilite  plus  directe 
peut-etre,  plus  journaliere.  Sans  sorlir  du  sol  qui  nous 
a  vu  naitre ,  ce  sol  est-il  done  si  bieii  decrit  ,  qu'il  ne 
laisse  pliis  rien  pour  des  etudes  nouvelles? 

Certes  ,  s'il  fallait  entendre  par  la  science  geogra- 
phique  I'art  derepresenter  !a  position  relative  des  divers 
lieux  sur  une  surface  plane,  en  y  ajoutant  meme  la  me-- 
sure  dun  certain  nonibre  (le  bauteurs,  on  pourrait  dire 
que  chez  nous,  cette  science  est  parvenue  a  son  der- 
nier degre  de  perfection.  La  carte,  a  laquelle  Cassini  a 
donne  son  nom  ,  est  un  de  ces  mouumens  que  le  temps 
pent  alterer  sur  quel([ucs  points  ,  niais  dont  la  masse 
reste  comme  un  grand  et  magnifique  ensemble.    II   est 


(  =7^>  ) 
siirtout  une  oeuvre  chorograpliiquc  qui  se  recomniande 
ail  plus  haul  degre  a  noti'e  estime;  je  veiix  parler  de  la 
nouvelle  carte  de  France,  executeeau  Depot  de  la  guerre, 
avec  un  zele  et  un  soin  qui  font  le  plus  grand  honneur 
aux  officiers  qui  concourent,  depuis  seize  annees  ,  a  la 
confection  de  ce  beau  travail ,  travail  d'autant  plus  im- 
portant, que  les  nivelleniens  trigononietriques  qui  s'y 
rattachent ,  fourniront  la  hauteur  au-dessus  de  I'Ocean, 
de  plus  de  trente  mille  points  dans  toute  la  France. 
Mais,  j'oserai  le  dire,  vous  croyez  plus  etendue  encore 
la  mission  que  vous  vous  etes  librement  et  gratuitement 
impose'e. 

Ainsi ,  a  vos  yeux  comme  aux  notres,  il  ne  faut  pas 
que  la  science  geographique  offre  seulement  un  guide 
sur,.au  voyageur  dans  ses  explorations,  et  au  general 
d'arrnee,  dans  ses  operations  strategiques,  inais  encore 
elle  doit  evaluer,  dans  I'interet  du  commerce  et  de  la 
propriete,  la  niesure  de  la  vitesse  et  de  la  pente  des  eaux 
dans  les  bassins  de  diverses  grandeurs ,  qui  forment  le 
relief  de  notre  sol,  et  determiner  la  direction  et  la  na- 
ture des  divers  terrains  qui  les  composent  ou  les  sepa- 
rent :  etude  nationale  et  feconde  ,  ou  viennent  prendre 
place  successivement  tous  les  resultats  utiles  a  I'ouver- 
ture  des  communications,  a  I'exploitation  des  mines,  a 
la  rapidite  du  transport,  a  la  realisation  des  desseche- 
mens,  et  par  consequent  a  tout  ce  qui  interesse  au  plus 
haut  degre  la  prosperite  publique,  a  tout  ce  qui  est  le 
plus  propie  a  en  vivifier  les  sources. 

C'est  dans  ce  but  que  la  Societe  de  Geographic  a 
fonde  plusieurs  piix  annuels  qui  doivent  etre  decernes 
aux  meilieures  descriptions  physiques  d'une  partie  quel- 
conque    du   territoire  frant^ais,    aux    nivellemens    des 

1 8. 


(  ^76) 
fleuves  et  rivieres  de  France,   et  enfin  aux  nivelleniens 
barometriques. 

Je  sais,  messieurs,  qu'une  forte  objeclion  a  ete  faite 
contre  le  systenie  deja  coiicu  par  vous ,  et  que  je  viens 
de  vous  rappeler  en  peu  dc  mots.  Son  plus  grand  in- 
convenient est  sa  grandeur  meme ;  et  limmensite  de  la 
taclie  est,  dit-on  ,  une  invincible  difficiilte. 

Cast  un  avis  que  nous  ne  saurions  partager,  et  nous 
somnies  heureux  de  pouvoir  nous  appuyer  a  cet  egard 
de  I'opinion  emise  en  iSaJ  par  un  membre  de  I'lnslitut 
que  la  Societe  deGeograpbie  s'bonore  de  compter  dans 
son  sein. 

Sans  doute,  si  la  Societe  etait  reduite  a  ses  seules 
ressources,  le  nombre  si  restreint  de  ses  membres,  et 
les  limites  que  sa  constitution  meme  lui  impose,  ne  lui 
permettraient  que  difficilement  d'elcver  un  monument 
aussi  vaste,  et  de  tracer  la  carte  mineralogique  etby- 
drographique  de  la  France;  mais  ce  secours  dont  elle  a 
besoin,  c'est  aupres  de  I'administration  qu'elle  doit  le 
chercber. 

Deja  une  fois  la  Societe  de  Geograpbie  s'est  adressee 
au  ministere  de  Tinterieur,  pour  obtenir  le  concours 
des  corps  savans  des  ingenieurs  des  ponts-et-chaussees 
et  des  mines. 

Quel  resullat,  en  effet,  ne  pourrait-on  pas  esperer, 
lorsque  les  ricbesses  isolees  et  partielles  que  ces  deux 
corps  possedent  viendront  se  reunir  aux  precieux  mate- 
riaux  recueillis  par  les  ingenieurs-geograpbes! 

C'est  la,  disons-le,  une  application  grande  et  belle 
de  la  centralisation  ;  dej.i  si  feconde  en  politique,  qu"el!c 
le  devienne  encore  pour  les  arts  et  pour  les  sciences! 

Le  temps  est  propicc,  messieurs,  a  la  reprise  des 
negociations  deja  entamees,   il  y   a  sept  ou  buil  ans, 


(  277  ) 
avec  le  niinislere  de  I'interieur  :  nous  soninies  a  Tune 
de  ces  epoques  ou  les  conquetes  pacifiques  succedent  a 
d'autres  conquetes  glorieuses  sans  doute,  mais  presque 
toujours  steriles  pour  I'luimariite ,  et  ou  la  protection 
Royale  est  assuree  a  toutes  les  entreprises  nationales. 

"Vous  le  savez,  messieurs,  la  science  geographique  a 
plus  d'une  fois  eprouve  les  effets  de  la  bien  veil  lance 
edairee  du  Roi,  et  nous  somnies  charge  de  vous  en 
transmettre  une  nouvelle  marque.  Sa  Majeste,  en  ap- 
prenant  que  la  Societe  rassemblait  les  elemens  du  qua- 
trieme  volume  de  ses  MenioireSj  a  desire  contribuer  a 
cet  ouvrage  si  utile  et  si  impatiemment  attendu ,  et  lui 
consacrer  un  nouvel  encouragement.  S.  A.  R.  le  due 
d'Orleans,  qui  ne  laisse  e'chapper  aucune  occasion  de 
s'asspcier  a  tout  ce  qui  peut  honorer  la  France  et  servir 
les  interets  du  pays,  a  bien  voulu,  de  son  c6te,concou- 
rir  a  la  nouvelle  publication  quevos  soins  ont  pre'paree. 

Je  suis  heureux,  messieurs,  d'avoir  du  au  choix  done 
vous  m'avez  honore ,  de  pouvoir  vous  transmetti'e  moi- 
meme  ce  temoignage  d'une  bienveillance  auguste. 

Des  voix  qui  vous  sont  plus  connues  que  la  mieniie 
vont  vous  entretenir  des  travaux  de  la  Societe,  et  je  n'ai 
plus  qu'a  vous  exprimer  de  nouveau  toute  ma  recon- 
naissance pour  la  distinction  si  flatteuse  que  vos  suf- 
frages m'ont  accordee. 


NOTICE 
DES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIF, 

FT    nu    PROGRES    UES    SCIENCES    GEOGUAPHIQUES, 
PENDANT    l'aNNEK     i83/|, 

PAR     M.     d'aVEZAC, 
Secretaire  general  de  la  commission  ceiitiale. 


Messieurs, 

Aujourd'hui  s'accomplissent  trois  annees  depuis  que 
votre  gracieuse  bienveillance  daigna  m'appeler  a-la-iois 
dans  le  sein  de  la  Societe  de  geographic  et  dans  celui 
de  la  Goniinission  centrale ;  ingenieuse  a  se  dissiinulcr 
mon  insulfisance  ,  votre  indulgente  amitie  ma  elu  de- 
puis uu  an  pour  votre  organe  habituel  et  Ihistorien  de 
vos  Iravaux  :  j'ai  besoin  de  rappeler  de  si  precieuses  fa- 
veurs,  pour  m'en  faire  un  litre  a  un  redoublenient  d'in- 
duigence  de  votre  part,  au  moment  ou  je  viens  remplir 
cette  tache  annuelte,  que  douze  fois  deja  des  l)OUches 
plus  exercees  ont  accomplie  dcvant  vous.  (i) 

Chaque  aiuiee  vient  accroitre  I'importance  et  I'eten- 
due  des  matieres  qui  doivent  trouver  place  dans  le  ca- 
dre restreint  ou  Ics  bornes  d  une  lecture  publique  toi- 

(i)  i8a2,  1823,  i8a4  ,  Alaltc-Bniii ;  iSa5  ,  M.  lloux  de  Ko- 
rhelle;  i8a(j,  1827,  1828,  1829,  M.  de  Larcnaudi^re ;  iS.lo,  i83r, 
M.  Jouannin;  18  H  ,  M.  Alexandre  Barbie  du  Bocage;  l833  ,  M.  Co- 
r;il)renf. 


(  279  ) 
cent  a  les  reduire ;  aiiisi  comprimees  tie  plus  en  plus  sur 
\e  tableau  qu'elles  pourraient  animer  de  leur  develop- 
pement  ,  elles  n'ont  guere  la  hiculte  de  s'y  prodiiire 
qu'ea  une  sorte  de  catalogue  enumeratif,  avec  tons  les 
desavantages  dune  accumulation  de  nonis  propies  ,  <le 
tuits  et  d'indications,  au  milieu  desquels  I'esprit  a  peine 
a  reconnaitre  et  ponderer  le  tribut  que  chaque  adepte 
vient  apporter  au  tresor  c-jnimun  des  connaissances 
geographiques.  Pour  expot.er  et  apprecier  I'oeuvre  de 
cbacun  ,  dans  un  tableau  raisonne  des  progres  de  la 
science  ,  il  faudrait  ecrire  un  gros  volume;  et  Tespa-e 
in'est  limite  a  I'etendue  dun  simple  discours. 

Et  ce  discours lui-menie  n'aura-t-il  point  une  longueur 
demesuree  s'il  veut  enregistrer,  nieme  en  une  secbe  no- 
menclature, tous  les  travaux  accomplis  ou  tentes  dans 
I'immense  domaine  des  sciences  geograpbiques,  ou  I'as- 
tronomie,  la  pbysique  generale,  la  geologic,  les  innom- 
brables  rameaux  des  sciences  naturelles,  et  tant  d'au- 
tres  branches  des  connaissances  bumaines  viennent , 
comme  autant  de  canaux  ubeieux,  deverser  de  iecon- 
dans  principes.  Peut-etre  le  geograpbe  a-t-il  le  droit  et 
le  devoir  d'embrasser  ainsi,  dans  la  revue  generale  des 
richesses  scientifiques  qui  kii  soin  acquises  ,  toutes  les 
verites  demontrees,  tous  les  problemes  resolus,  toutes 
les  questions  .soulevees ,  dans  ce  cercle  incommensu- 
rable de  science,  dart,  d'erudition,  dont  il  est  legitime 
usager,  soit  qu'il  en  tire  des  metbodes  et  des  formules, 
soit  qu'il  y  puise  des  resultats  elabores,  pour  les  coor- 
donner  dans  le  tableau  densemble  de  cette  terre  qu'il  a 
mission  speciale  de  decrire. 

Effrayti  de  limmensite  d'un  tel  cadre ,  viendrai-je  , 
meconnaissant  les  imprescriptibles  limites  de  la  science 
dont  voire  election  me  constituc  aujourd'hui  I'apotre, 


(    uSo   ) 

tenter  de  la  lestroindreaux  mesquines proportions  d'une 
simple  delineation  dii  sol  sillonne  par  les  lignes  itine- 
raires  du  voyageur,  ou  niesure  par  les  triangulations  du 
geometre?  Ah!  trop  soiivent  le  vulgaire  s'est  mcpris  sur 
la  veritable  essence  de  la  geographie ,  en  ne  conipre- 
nant  au  hilan  de  ses  richesses  que  les  resultats  des  ope- 
rations geodesiques  ,  en  proclaniant  qu'elle  se  trouvait 
tout  entiere  dans  ces  indispensables  mais  insulfisans 
canevas,  ou  I'art  du  dessinateur  resume  en  traits  divers 
le  cours  des  fleuves,  le  figure  des  reliefs,  le  trace  des 
limites  ,  remplaccnient  des  A'illes  :  puissans  anxiliaires 
sans  doute  d'etude  et  de  classement,  mais  froide  et  in- 
complete peinture  de  ce  monde  aninie,  vivant,  pitto- 
resque  a  tant  de  titres,  dont  elle  ne  nous  offre  que  I'i- 
nerte  squelette.  Ah  !  si  c'est  la  toiite  la  geographic , 
qtielle  serait  done  cette  autre  science  a  laquelle  il  f'aii- 
drait  demander  compte  des  phenonienes  de  la  vie  ter- 
restre?  Quelle  est-elle  ,  autre  que  la  geographie,  cetto 
science  qui  enregistrera  dans  un  syno{)tiquc  tableau  la 
disposition  geognostique  des  terrains,  la  direction  et  la 
puissance  des  courans  oceaniques,  retablissemenl  des 
niarees,  la  loi  des  variations  de  la  boussole,  les  civcou- 
slances  meteorologiques  et  climateri(jues ,  I'liabilat  des 
etres  organiques  depuis  la  mousse  jusqu'au  cedre  ,  de- 
puis  le  zoophyte  jusqu'a  I'homme;  et  la  distribution  des 
races  hnniaines  suivant  les  demarcations  diverses  que 
tracent  cntrc  ellcs  les  caracteres  physiques  et  moraux  , 
et  les  ianfrases,  et  les  crovances  reli^ieuses,  et  les  cou- 
tumes  traditionnelles,  et  les  nationalites  politiques,  en 
co!iservant  !a  memoire,  en  recueillant  les  vestiges  des 
revolutions  qui  out  change  les  configurations  du  sol 
ou  les  limites  des  popidations.  Quelle  autre  science  que 
la  eoo^raphic  s'altribucra  done  la  mission  de  rassendjier 


-     (  .8.   ) 

tous  ces  grands  traits  dont  aucun  ne  veut  etre  oublie 
dans  la  Description  de  la  Terre. 

Oui,  la  veritable  geographic  n'est  point  renfermee 
dans  les  cartes^  comnie  s'est  trop  hate  de  le  proclanier 
iin  paradoxe  populaire,  uniqueiuent  applicable  an  pue- 
ril  enseignement  de  nos  colleges.  Elle  est  la  science  des 
descriptions  terresti-es;  et  elle  enseigne  a-la-fois  a  en  re- 
cueillir  comme  a  en  coordonner  les  elemens  :  elle  a  sa 
theorie ,  ses  applications,  ses  resultats  d'ordre  et  d'im- 
portance  diverse;  elle  a  aussi  s>n  histoire,  et  vos  eflorls 
eclaires  vous  assiirent,  messieurs,  une  page  dans  ses 
tastes. 

Ce  n'est  pas  devant  vous  qu  il  pent  etre  permis  de  me- 
connaitre  le  veritable  caractere  de  la  ge'ographie,  dene- 
gliger  aucune  des  branches  qui  se  rattachent  a  cette 
souche  feconde. 

Mais  nous  ne  devons  pas  non  plus  nous  laisser  en- 
trainer  aventureusenient  dans  un  ocean  sansrivages,  et 
suivre  dans  toutes  leurs  ramifications  les  sciences  con- 
nexes  dont  les  applications  speciales  viennent  se  grou- 
per dans  le  systeme  general  des  connaissances  geogra- 
pliiques.  Ces  applications  seules  ont  droit  de  nous  oc- 
cuper  :  aux  sciences  mathematiques  ii  taut  se  borner  a 
deinander  leurs  formulcs,  pour  la  determination  des  po- 
sitions geonomiques  ,  la  mesure  des  dimensions  du 
globe  etde  ses  parties,  la  projection  graphique  des  coor- 
donnees  du  spheroide  ,•  aux  sciences  physiques,  1  expo- 
sition des  phenomenes  generaux  de  magnetisme  ter- 
reslre,  de  meteorologie  ,  de  climatologie;  aux  sciences 
naturelles ,  la  distribution  des  etres  tant  inorganiques 
qu'organiques  a  la  surface  de  la  terre  ;  a  chaque  science, 
en  un  mot,  ce  qu'elle  a  d'essentiellement ,  d'exclusive- 
ment  geographique. 


(  .8a  ) 

Telle  est  I'eteiulue,  telle  aussi  lulimite  du  champ  que 
vos  efforts  tendent  a  feconder. 

Dans  cette  earriere  speciale  que  votre  zele  a  ouverte, 
vous  n'etes  plus  reduits  a  vos  seules  forces:  de  puissans 
auxiliaires  sent  venus  ajouter,  a  Tinlluence  de  votre  im- 
pulsion, leurs  propres  efforts  pour  I'acceleration  des 
progres  de  la  Geographie.  Vous  aviezvivementapplaudi, 
messieurs,  a  la  creation  des  Societes  geographiques  de 
Londres  et  de  Berlin  ;  ces  jeunes  soeurs  de  la  Societe  pa- 
risienne  n'ont  point  doute  de  I'empressement  de  leur 
ainee  a  leur  ouvrir  les  bras  :  des  relations  de  la  plus 
aimable  courtoisie,  de  la  plus  affectueuse  confraternite, 
se  sont  etablies  entre  nous  et  la  Royal  geographical  So- 
ci'e/^deLondres,  et  s'entretiennent  par  unniutiiel  echange 
de  publications  aussi  bien  que  par  I'amicale  correspon- 
dance  des  deux  secretaires.  La  Geselhchafl  fiir  Erdkunde 
de  Berlin  a,  de  son  cote,  entameavec  nous  dcsemblables 
relations,  en  nous  adressant  le  premier  conipte  annuel 
dc  ses  tiavaux,  redige  par  le  savant  docteur  Hitter.  Les 
journaux  de  I  Inde  anglaise  nous  avaient  en  outre  ap- 
pris  la  formation  et  les  premiers  travaux  dune  nouvelle 
Societe  geographique  fondec  a  Bombay  ;  nous  avons 
lieu  d'esperer  que  des  communications  directes  nous  niet- 
tront  bientot  en  rapport  avec  elle. 

Independamment  de  ces  associations  geograpliiques 
conslitueesa  notre  exempleet  dans  lesqucUes  nous  trou- 
verons  desalliees,  des  emules  peut-etre,  mais  jamais  des 
rivales,  une  autre  institution  encore,  ayant  pour  objet 
lavancenientdune  specialit'i  geographique,  s'est  formee 
a  New-Yoik  sous  le  litre  de  United  slates  naval  Lyceum , 
et  nous  avons  recu  en  son  nom  des  ouvertures  que 
nous  avons  accueillies  avec  autant  d  empressement  que 
d'interet. 


(  283  ) 

Ces  auxiliaires  directs  que  vous  avez  acquis,  ne  peii- 
vent  vous  faire  oubiier  I'aide  que  deja  pretaient  a  lob- 
jet  de  vos  etudes  tant  d'autres  corporations  savantes 
avec  lesquelies  vous  conservez  les  plus  honoi'ables  re- 
lations :  le  Bureau  des  longitudes,  les  Depots  generaux 
de  la  Guerre  et  de  la  Marine  ont  droit  d'etre  cites  au 
premier  rang,  a  raison  de  la  specialite  geographique  des 
publications  dont  ils  nous  gratifient;  lAcademie  impe- 
riale  des  sciences  de  Saint-Petersbour^  reclame  une 
mention  particuliere  pour  le  nombre  de  memoires  rela- 
tifs  an  nieme  objet  qui  sont  contenns  dans  le  precieux 
recueil  qu'elle  nous  fait  exactement  parvenir;  1" Aca- 
demic royale  des  sciences  de  Berlin  vent  aussi  etre 
nommee  au  meme  litre;  la  Societe  royale  de  Londres, 
I'Academie  royale  dessciencesd'EdimbourgbjlAcademie 
omericaine  des  sciences  et  arts  de  Boston  ,  la  Societe  phi- 
losophique  de  Philadelphie ,  I'Acadeniic  royale  des 
sciences  de  Turin  ,  entretiennentpareillement  avec  nous 
des  relations  dont  nous  aimons  a  rappeler  la  continuite  ; 
et  parmi  les  societes  nationales  vouees  a  la  culture  des 
Sciences  et  qui  nous  apportent  le  tribut  de  leurs  publi- 
cations, je  dois  citer  en  premiere  ligno  la  Societe  de 
geologic  de  Paris,  dont  les  travaux  se  resolvent  en  re- 
sultats  que  la  geograpbie  enregistre  au  grand  livre  de  ses 
acquisitions  speciales;  apres  elle  je  nommerai  encore, 
dans  la  meme  categoric,  les  Academies  de  Caen  ,  de  Di- 
jou,  de  Rouen,  les  Societes  de  Lille,  de  Valenciennes, 
de  I'Eure,  du  Jura. 

Je  ne  saurais  oubiier  non  [)lus  ces  vastes  Associations 
qui,  en  Angleterre  et  en  France  se  reunissent  annuelle- 
ment  en  coiigres  scientifiques ,  et  qui  n'ont  point  ne- 
glige de  nous  faire  parvenir  les  comptes-rcndus  qu'cile.s 
ont  publics  de  leurs  conferences. 


(  ^84  ) 

Different  est  le  programme  mais  non  moindre  pour 
nous  lutilite  des  Societes  Asiatiques  etablies  a  Paris,  a 
Londrcii,  a  Calcutta  ,  et  avec  lesqiiellesnos  liaisons  sont 
si  etroites  et  si  affectueuses :  elles  restreignent  I'objet  de 
leurs  etudes  au  sol  de  I'Asie  et  aux  ecrits  des  orientaux 
sur  lesautres  parties  du  monde;  mais  n'est-ce  point  un 
champ  immense,  inepuisahlc,  qui  procure  a  la  geogra- 
phic les  plus  riches  moissons?  Aussi  leurs  Transactions 
sont-elles  accueillies  par  vous  avec  le  plus  vif  interet.  A 
la  publication  de  ses  memoires  par  volumes  in  4°,  celle 
de  Londres  vient  d'ajouter  un  journal  in-8%  dont  le 
premier  cahier  nous  est  recemment  arrive,  et  qui  nous 
promet  un  redoublement  d'activiie  dans  nos  relations 
avec  elle.  Les  Asiatic  researches  de  Calcutta  ont,  a  raison 
de  leiir  etendue  et  du  lieu  de  leur  publication,  un  degre 
particulier  d'importance  que  vous  appreciez ,  et  votre 
impatience  gemit  du  retard  qui  vous  prive  encore  du 
xvii^  volume,  parvenu  en  Europe  depuis  une  annee, 
et  qui  est  compose,  en  majeure  partie,  de  documens 
geographiquesaccompagnes  de  cartes  et  de  dessins. 

A  cote  de  la  Societe  royale  Asiatique  de  la  Grande- 
Bretagne  et  d'Irlande,  et  comme  une  succursale  de  cette 
savante  compagnie,  V  Oriental  translation  committee  s'est 
constitute  avec  I'utile  mission  de  repandre  la  connaissance 
des  ouvragesorientauxaumoyende  versions  europeennes 
publiees  a  ses  fiais;  plusieurs  des  livres  mis  en  circula- 
tion par  cette  voie  ont  un  interet  specialement  geogra- 
phique,  tels  que  les  voyages  d'Ebn-Bathouthah,  de  Ma- 
carius,  d'Evliya  Effendi,  d'Ebn-el-Dyn  el-Aghouathy ; 
les  tables  de  positions  de  Ssadiq  el-  Essfahany;  I'apercu 
tie  Corce,  Lieou-Khieou  el  Yeso;  I'Histoire  de  I'enipin; 
barman  :  tous  ces  livres  ont  pris  place  dans  noire  bi- 
bliotheque,  grace  a  I'envoi  plein  de  courtoisie  que  nous 


(  .8f5  ) 

en  a  fait  le  Comite :  et  d'autres  nous  sont  annonces,aux- 
quels  la  geographic  nest  pas  moins  interessee. 

Les  sciences  morales  et  poiitiques ,  I'histoire,  la  statis- 
tique,  les  arts  agricoles  et  industriels,  offreiit  encore 
des  foyers  autour  desquels  gravitent  nn  grand  nonibre 
de  Socieles  savantes  et  liiteraires,  qui  entretiennent  avec 
nous  des  relations  suivies  :  Tlnstitut  liistoriqiie,  recem- 
mentfonde  a  Paris,  n'a  point  oublie  le  scolastique  adage 
que  la  geograpMe  estun  des  yeux  de  Vhistoire^  et  il  nous 
a  con-vies  a  des  rapports  de  confraternite  auxquels  nous 
avons  accede  avec  plaisir;  la  Societe  royale  des  anti- 
quaires  du  Nord,  a  Copenhague,  continue  de  nous 
ouvrir  les  tresors  de  cette  litterature  septentrionale  ou 
la  geographic  a  lant  d  anciennes  conquetes  a  retrouver,' 
la  Societe  de  statistique  universelle  accuniule  des  ele- 
mens  d'une  autre  nature,  destines  a  s'encadrer  aussi  dans 
!«  cercle  de  nos  etudes.  Nous  recevons  encore  les  publi- 
cations de  I'Academie  de  I'industrie,  de  la  Societe  d'in- 
struction  elementaire,  des  Societes  departementales  de 
I'Aube,  deSeine-etOise,  de  la  Seine-Infe'rieure,  de  Caen, 
d'Angouleme,  et  de  la  Societe  coloniale  d'Alger. 

II  me  reste  a  nonnner  enfin  une  derniere  association 
parmi  celles  qui  pretent  formellement  leur  aide  a  notre 
oeuyre;  je  devais  reserver  ainsi  une  place  distincte  a  la 
Societe  des  missions  evangeliques,  dont  les  communi- 
cations nous  procurent  de  si  interessantes  lumieres  sur 
les  contrees  ou  s'aventurent,  en  des  explorations  har- 
dies, tant  de  courageux  apotres  de  la  foi  chre'tienne. 

Outre  cette  centralisation  spontanee  des  travaux  re- 
cueillis  ou  elabore's  dans  le  sein  des  corporations  di- 
verses  dont  je  viens  d'esquisser  le  rapide  inventaire,  de 
nombreuses  sources  d'information  existent  pour  nous 
dans  les  ecrits  et  les  rapports  de  toute  espece  qui  forment 


(  286  ) 

la  masse  no:i  nioins  importanie  des  tributs  indiviclucls. 

Tanlotce  sontdcs  publications  peiiodiques ,  les  unes 
exclusivement,  les  autres  partielleinent,  quelques-unes 
inenie  accidentellement  fouriiies  de  fails  et  de  nouvelles 
geograpliiques,  telles  sont,  au  premier  rang,  les  ^n- 
nales  des  Voyages  de  nos  doctes  confreres  MM.  Eyries, 
de  Larenaudiere  et  Rlaprolb,  telles  les  Annales  mari- 
times  et  coloniales  de  M.  Bajot,  la  Bibliot/ieque  urtwer- 
selle  de  Geneve^  \e  Memorial  encfc/opediqiie  de  MM.  Bailly 
et  Malepeyre;  tels  encore  VInstitut  de  M.  Eugene  Ar- 
iioult,  \Echo  da  monde  savant  de  M.  Boubee,!e  Re- 
cued  polytechnique  de  M.de  Moleon,  les  Archives  dii  com- 
merce et  de  r Industrie  de  M.  Heinricbs;  puis  encore  le 
Moniteur  ottoman^  le  Journal  de  Smyrne,  et  le  IFaqdy 
Messryeh  imprime  au  Caire  en  arabe  et  en  turk. 

Tantot  ce  sont  des  ecrits  et  des  communications  spe- 
ciales.  Les  uns  consistent  en  des  oeuvres  edites,  telles 
que  nous  en  ont  fait  parvenir  les  nombreux  amis  de  la 
science  que  nous  comptons  dans  tous  les  pays  ,  et  par- 
mi  lesquels  nous  avons  a  citer ,  pour  I'annee  qui  s'a- 
cheve,  en  Ilussie ,  le  savant  amiral  de  Krusenstern  et 
le  colonel  J.  11.  Jackson;  en  Allemagne,MM.  de  Hum- 
boldt, de  Canstein,  Beer  et  3Iaedler;  en  Danemark, 
MM.  Rafn,  Graah,  Falbe;  en  Belgique  ,  MM.  Vander- 
Maelen  et  Meisser;  en  Angleterre,  MM.  Ainsworth , 
Alexandre  Burnes  et  Tilstone  Beke;  en  Italic,  MM.  Graa- 
berg  de  Hemsoe,  deBylandt,  de  Serristori;  en  Espagne, 
M.  Firmin  Gaballero  ;  en  Portugal ,  M.  Xavier  Botellio ; 
et  chez  nous  une  fouie  de  donateurs  a  la  tete  desquels 
nous  aimons  u  citer  ie  ministre  de  la  Marine,  qui  con- 
tinue de  nous  faire  remettre  les  livraisons  successives 
des  beaux  voyages  de  la  Coquille,  de  V Astrolabe  et  de  la 
Favorite^  publics  par  ses  ordres;  et  apres  lui,  MM.  An- 


(  287 ) 

sard,  Baradere,  Barbie  da  Bocage,  Boblaye,  Bottin,  Fon- 
tanier,  Jaubert,  Klaprotb,  de  Ladoucelte  ,  Montemom, 
Poussin,  Towiisend,  Virlet,  et  tant  d'autres. 

J'aurais  a  repeter  plusieurs  de  ces  noms  en  vous  par- 
lant  des  communications  epistolaires  que  nous  devons 
a  nos  coirespondans  et  a  nombie  d'autres  de  nos  con- 
freres ,  soit  etrangers,  soil  regnicoles ;  j'aime  mieux  lais- 
ser  a  voire  memoire  le  soin  de  les  suppleer  sur  cette 
nouvelle    liste,   ou   je   me    bornerai    a    vous    signaler 
MM,    Raffinesquo,    Mease,    Tanner,    aux    Etats-Unis; 
Goobelet,  au   Mexique  ;   Galindo,   Waldeck,  Paredes  , 
dans  I'Amerique  centrale;  Ramon  de  ia  Sagra  et  Francis 
Lavallee  dans  lile  de  Cuba;  Adam  de  Bauve  ,  dans  I'A- 
merique du  sud;  Pallegoix,  dans  le  royaume  de  Siam  ; 
plus    pres   de   nous,    MM.  Reumont    a   Florence,   de 
Hammer  a  Vienne,  Ritter  a  Berlin,  Molt  a  Utrecht,  de 
la  Roquettea  Elseneur;  et  en  France,  MM.  Henri  Ter- 
naux,    Desaugiers,    Noyer,   d'Hombres-Firmas ,   de    la 
Pylaie....  Je  n'ai  plus,  belas!  a  compter,  parmi  ces  colla- 
borateurs    distingues,  M.  Guillemin,    que    la    mort  a 
frappe  cette  annee  dans  son  considat  general  de  la  Ha- 
vane,  et  qui  s  etait  fait  remarquer  par  son  zele  entre  tant 
de  consuls  empresses  de  joindre  leurs  efforts  a  ceux  de 
la  Societe ;  ni  M.  Barthelemy  de  Lesseps ,  que  la  mort  a 
pareiilement  enleve  cette  annee  a  son  consulat  general 
deLisbonne,  etaux  sciences  geographiques ,  anxquelles 
il  avait  consacre  les  plus  belles  annees  de  sa  vie,  conime 
compagnon  de  voyage  du  celebre  Laperouse. 

Enfm,  messieurs,  les  lectures  que  vous  avez  enten- 
dues  dans  vos  seances  semi-mensuelles  completent  le 
catalosue  general  des  travaux  individuels  qui  sont  ve- 
nus  se  produire  devant  vous  :  MM.  Warden,  Roux-de- 
Rochelle,   Daussy,  Goraboeuf,   Jomard,   d'Urville,  de 


(  288  ) 

Larenaudiere,  Walckenaer,  Fontanier,  Leprieur,  Joiian- 
nin,  Dubuc,  out  plus  ou  moins  frequeinment  capte 
votrfe  attention  par  I'interet  des  communications  orales 
qu'ils  vous  ont  faites;  moi-niemc  j'ai  plus  dune  tois  ete 
ecoute  avec  une  indulgence  que  je  serais  coupable  de 
lie  point  rappeler  ici. 

Apres  cette  enumeration  sonimaire  des  sources  di- 
verses  qui  d'elics  -  meines  affluent  a  vous,  et  aux- 
quelles  vous  n'avez  point  neglige  d'ajouter  encore 
I'utile  complement  de  quelques  notables  productions 
de  la  presse  periodique  ctrangere,  telles  que  \  Jsialic 
journal^  la  Literary  gazette  et  autres  senil)lables,  ]'ai  a 
derouler  devant  vous  le  rapidc  tableau  des  acquisitions 
nouvelles  par  vous  obtenues  ou  constatees,  pendant  I'an- 
nee  qui  s'acheve,  au  profit  des  sciences  geographiques, 
dont  I'avancement  est  le  constant  objet  de  vos  veilles. 

La  theorie,  qui  dans  les  sciences  d'observaticn  nait 
de  I'elude  comparative  d'une  masse  iniposanle  de  faits 
observes,  et  qui  a  pour  objet  den  deduire  les  regies 
generales  dont  les  fails  eux-memes  ne  sont  plus  consi- 
deres  que  comme  des  applications,  a  le  grand  avantage 
de  creer,  pour  l;u  determination ,  le  classement  et  lex- 
position  de  ceux-ci ,  des  methodes  qui  deviennent  un 
pre'cieux  instrument  de  progres,  en  imprimant  aux  in- 
vestigations des  neopbytes  aussi  bien  que  des  adeptes 
une  marche  plus  directe  vers  un  but  mieux  connu,  en 
leur  signalant  toutes  les  dependances  du  vastc  domaine 
qu'ils  ont  a  explorer,  en  Icur  servant  de  guide  pour  les 
parcourir,  en  leur  enseignant  jusqu'a  un  langage  special 
pour  traduire  en  descriptions  cxactes  et  precises  tous 
les  resultats  de  leurs  observations. 

M.  Denaix,  qui  depuis  tant  d'annees  consacre  de  per- 
severans   efforts    au    perf'ectionnement    des  metliodes 


(  ^89) 
geographiques,  s'occnpe  aclivement  de  rediger  un  texte 
expositif  de  la  theorie  generale  qui  lui  parait  devoir  re- 
gir  desortnais  les  applications  de  la  science,  en  meme 
temps  qu'une  descriplion  assujetie  a  ces  preceptes;  le 
monde  savant  attend  avec  impatience  cette  clet  indis- 
pensable de  I'enseignenient  rationnel  que  notre  confrere 
a  si  fort  a  coeur  de  substituer  aux  vieilles  routines  sco- 
lastiques,  et  nous  serons  les  premiers  a  saUier  de  nos 
applaudissemens  I'apparilion  dune  oeuvre  qui  doit  ac- 
coniplir  tant  de  promesses. 

Le  colonel  Jackson  nous  a  adresse,  de  Saint-Peters- 
bourg ,  divers  travanx  de  theorie  geographique  dignes 
d'attention  :  je  signalerai  d'abord,  comme  le  plus  impor- 
tant, son  aide-memoire  du  voyageur,  recueil  metho- 
dique  de  questions  relatives  a  la  geographic  physique  et 
politique,  a  Vindustrie  et  aux  beaux-arts,  destine  aux 
gens  qui  veulent  tirer  parti  de  leurs  voyages  ou  acque- 
rir  la  connaissance  exacte  du  pays  qu'ils  habitent;  it 
senible  que  I'auteur  ait  donne  des  proportions  plus 
etendues  aux  parties  successives  de  son  livre,  a  mesurc 
qu'il  avancait  dans  sa  redaction ;  en  sorte  que  les  derniers 
chapitres  sont  bien  plus  developpes  que  les  premiers  ; 
I'insuffisance  de  ceux-ci  est  meme  telle,  que  Torogra- 
phie  y  est  completement  oubliee ,  ainsi  que  I'indication 
des  procedes  astronomiques  et  geodesiques  ne'cessaires 
au  voyageur  pour  determiner  sa  position,  relever  sa 
route,  et  projeter  le  trace  des  con  trees  qu'il  aura  par- 
courues;  le  magnetisme  terrestre,  la  pression  atmosphe- 
rique,  n'y  sont  pas  traites  non  plus;  en  un  mot  les  par- 
ties les  plus  essentiellementgeographiques  sont  negligees. 
De  pareilles  lacunes  veulent  etre  reparees,  et  il  suffitde 
les  signaler  a  notre  zele  confrere  pour  etre  sur  qu'elles 
seront  completement  remplies. 

19 


(  290  ) 

Nous  avons  encore  de  lui  un  interessant  niemoiie  sm 
les  lacs  ,  olfrant  un  utile  developpement  de  I'article  trop 
concis  consacre  a  cette  matiere  dans  son  autre  ouvrjige. 
II  y  faut  annexer  une  note  sur  le  phenomene  des  Seiches 
ou  marees  lacustres,  observees  sur  le  Leman  et  autres 
lacs  de  la  Suisse  par  M.  Vauclier ,  et  sur  quelques  lacs 
des  Alpes  autrichiennes  par  notre  confrere  M.  Ami 
Boue :  M.  Jackson  a  pris  des  mesures  pour  reunir  des 
observations  sur  le  nieme  phenomene,  quant  aux  grands 
lacs  de  la  Russie ,  de  la  Suede ,  et  des  Etats-Unis. 

Nous  devons  enfin  au  memc  officier  des  considerations 
pleines  d'interetsur  la  nomenclature  ge'ographique  et  la 
disposition  materielle  des  details  dans  les  cartes:  depuis 
long-temps  les  esprits  positifs  desirent  I'etablissement 
dune  nomenclature  raisonnee  des  elemens  geographi- 
ques;  divers  essais  ont  ete  faits  a  cet  egard,  mais  il  ne 
parait  pas  qu'ils  aient  encore  pu  satisfaire  aux  capricieu- 
ses  exigences  des  oreiiles  francaises. 

La  physique  generale  du  globe  occupe  les  premieres 
pages  du  grand  livre  que  I'etude  de  la  geographic  tient 
ouvert  devant  nous.  L'illustre  Laplace,  que  nous  conip- 
tons  avec  orgueil  parmi  les  fondateurs  de  notre  asso- 
ciation, provoquait  une  attention  toute  speciale  des 
adeptes  de  la  science  sur  la  constatation  des  elemens 
qui,  sous  ce  rapport,  constituent  I'elat  de  notre  planete. 
La  chaleur  terrestre,  la  meteorologie  generale,  le  ma- 
gnelisme,  etaient  surtout  par  lui  signales  a  leur  inves- 
tigation. 

M.  Arago  a  traite  le  premier  de  ces  sujets  avec  la  su- 
periorite  qui  lui  est  familiere,  et  dont  I'heureux  privi- 
lege est  de  se  rendre  accessible  aux  esprits  vulgaires 
sans  rien  pertlre  de  son  elevation :  la  JSotice  sur  Cetat 
iherniometjique  du  globe  terrestre ,  inseree  dans  I'annuaire 


(  291  ) 
du  Bureau  des  longitudes  de  i834,  est  devenue  popu- 
laire. 

Les  comptes-rendus  des  congres  annuels  del'Associa- 
tion  britanriique,  vous  ont  offert  un  rapport  digne  d'at- 
tention,  de  M.  James  Forbes,  sur  les  progres  recens  et 
I'etat  actuel  de  la  meteorologie.  Cette  science  est  le  con- 
stant objet  des  soilicitudes  de  notrezeie  confrere  M.  Mo- 
rin,  de  Saint-Brieuc,  qui  a  etabli  sur  cet  important  objet 
d  etudes  une  correspondance  fortetendue,  dans  la  pen- 
see  de  reunir  une  masse  d'observations  assez  conside- 
rable pour  en  deduire  une  tbeorie,  au  moyen  de  laquelle 
il  croit  possible  d'arriver  a  la  prevision  des  phenomenes, 
pour  un  point  et  un  instant  donnes,  conime  se  prevoient 
les  pbenomenes  astronomiques.  On  doit  au  contre-ajni- 
ralBardenfleth,  de  Copenhague,  un  memoire  qui  semble 
fournir  un  argument  favorable  a  cette  hypothese,  en 
etablissant  que  les  grandes  perturbations  aimospheri- 
ques  appeleesouragans,  sont  en  quelquesorteparquees 
en  de  cerlaines  limites  determinees.   Les  observations 
meteorologiques  comparatives  n'eussent-elles  point  I'im- 
mense  resuitat  qu'en  augureM.  Morin,  leur  multiplica- 
tion aura  du  moins  I'avantage  incontestable  de  contri- 
buer  a  la  formation  dun  tableau  moins  incomplet  des 
moyennes  de  frequence,  d'intensite,  de  duree  des  cir- 
constances  atmospheriques  accidentelles  ou  continues, 
pour  chaque  lieu  d'observation;  et  sous  ce  point  de  vue 
les  instructions  adressees  par  M.  Morin  a  tons  ses  cor- 
respondans,  ont  ete  accueillies  par  vous,  ainsi  que  les 
divers  me'moires    du    nienie    auteur,    avec  un    interet 
non  equivoque.  II  importe  dautant  plus  de  favoriser  le 
collectement  des   observations   sur   lesquelles   doit  se 
fonder  la  theorie  meieorologique,  que  cette  partie  de 
la  pbysique  lerreslre  est  encore  dans  I'enfance. 


(    292    ) 

II  en  faut  dire  autant  de  la  theorie  des  niarees  : 
M.  Lubbok ,  a  Londres,  a  demontre  que  la  formule  de 
Bernouilly  est  bien  loin  de  s'accorder  avec  I'observalion ; 
et  d'autre  part  on  se  plaint  de  manquer  d'observations 
assez  exactes  pour  verifier  la  formule  de  Laplace.  On 
doit  une  revue  de  I'etat  actuel  de  cette  partie  de  la 
science,  a  M.  Whewell,  qui  avait  tente,  I'annee  der- 
niere,  de  dresser  une  carle  approximative  des  lignes 
cotidales  ou  lignes  de  synclironisme  des  marees.  Nous 
attendons  avec  une  vive'  impatience  la  publication,  an- 
noncee  comme  prochaine,  du  beau  travail  sur  les  ma- 
rees communique  il  y  a  deux  ans  deja  a  1' Academic  des 
sciences  par  M.  Savary.  L'influence  des  marees  sur  la 
formation  des  barres  a  lenibouchure  des  rivieres  a  ete 
ingenieusement  exposee  dans  un  menioire  lu  a  cette 
menie  Academie  par  M.  W  issocq ,  iiigenieur  hydro- 
graphe  de  la  marine. 

Le  magnetisme  terrestre  a  ete  I'objet  de  plusieurs  tra- 
vaux  remarquables  :  le  capitaine  de  corvette  James 
Clark  Ross,  neveu  du  celebre  capitaine  de  vaisseau  Jobn 
Ross ,  et  son  compagnon  de  voyage  ,  a  fait ,  dans  les 
hautes  latitudes  septentrionales  ou  ces  coumgeux  de- 
coiwrcurs  s'etaient  avances ,  des  observations  suivies  qui 
lui  ont  offert,  par  70"  5'  17"  N. ,  et  99°  6'  12"  O.  de  Pa- 
ris ,  une  indifference  complete  de  I'aiguille  de  declinai- 
son,  et  une  position  verticale  de  I'aiguille  d'inclinaison, 
d'ou  il  a  conclu  que  sa  position  etait  alors  au  pole  nia- 
gnetique  boreal  ,  ou  tout  au  moins  a  une  tres  petite 
distance  de  ce  point. 

Pendant  que  le  commander  James  Ross  communi- 
quait  ce  resultat  a  la  Societe  royale  de  Londres  ,  notre 
confrere  M.  Dupcrrey,  reprenant  et  completant  le  ta- 
bleau coniparatif  diesse  par  Hansleen  ,  des  observations 


(  ^93) 
d'intensite  magnetique  faites  jusqu'alors  a  la  surface  du 
globe,  produisait  ici  le  fruit  de  ses  recherches  pour  la 
determination  de  I'equateur  magnetique  :  il  en  resulte 
que  cet  equateurn'est  point  une  ligne  d'unite  constants 
d'intensite ,  mais  la  courbe  complexe  des  moindres  in- 
tensites,  identique  ,  a-peu-pres  sinon  completement ,  a 
celle  des  plus  hautes  temperatures,  et  tranchant  brus- 
quement,  sans  se  laisser  traverser  par  aucune  d'elles,  les 
lignes  isodynamiques  de  I'un  et  I'aulre  hemisphere,  qui 
concordent  a  leur  tour  avec  les  Ugnes  isothermes.  Les 
declinaisons  magnetiques  sont,  de  leur  cote,  constam- 
ment  normales  aux  courbes  isodynamiques ,  en  sorte 
qu'une  triple  relation  se  trouve  etablie  entre  la  tempe- 
rature, I'intensite  magnetique  et  la  declinaison. 

Des  observations  directes  de  M.  Peltier  sont  venues 
confirmer  pleinement  la  correlation  de  ces  deux  der- 
niers  elemens^  precedemment  reconnue  d'ailleurs  par 
M.  Saigey. 

M.  Morlet  s'est  applique  a  rechercher  les  lois  du  ma- 
gnetisme  terrestre,  en  considerant  le  globe  comme  une 
sphere  aimantee  a  laquelle  on  appliquerait  les  principes 
generaux  de  la  theorie  mathematique  du  magnetisme  : 
on  se  rappelle  que  M.  Biot  avait  deja  donne  I  equation 
des  intensites  magnetiques  terrestres,  en  fonction  de  la 
latitude. 

Ces  investigations  de  la  science  moderne  n'otent  rien 
de  leur  interet  aux  applications  empyriques  qui  nous 
ont  valu  la  boussole.  L'erudition  de  M.  Klaproth  vient 
de  reconstruire  a  neuf  I'histoire  de  cet  instrument.  II 
a  peu  de  peine  a  enlever  au  douteux  Flavio  Gioja  d'A- 
malfi,  I'honneur  d'une  invention  qu'un  poete  francais 
(Guyot  de  Provins)  decrivait  plus  d'un  siecle  aupara- 
vatit;  elle  avait  probablement  ete  transmise  aux  Francs 


(  294  ) 
par  les  Arabes,  navigateurs  de  la  mer  de  Syrie  aussi 
bien  que  de  la  mer  des  Indes,  ou  ils  avaient  pu  la  rece- 
voir,  nieme  directement,  des  Chinois.  Chez  ces  derniers, 
la  boussole  etait  en  usage  depuis  une  antiquite  imme- 
moriale,  au  dire  de  leurs  fabuleuses  histoires;  le  Tite- 
Live  chinois,  Sse-ma-Tlisien  ,  en  signale  reniploi  des  le 
douzieme  siecle  avant  I'ere  vulgaire;  mais  a  ne  renion- 
ter  que  jusqu'a  I'historien  lui-meme  ,  c'est  encore  au 
deuxieme  siecle  avant  noire  ere  qu'il  faudra  reporter 
I'usage  constate  de  la  boussole  chez  les  Chinois. 

A  cet  instrument  grossier,  qui  souvent  encore  est  le 
seul  dont  puisse  se  munir  le  voyageur,  les  progres  de 
I'art  ontsuccessivementajoute  d'autres  instrumens  plus 
parfaits;  mais  on  ne  parcourt  pas  les  contrees  incon- 
nues  ou  barbares  avec  toutes  les  facilites  de  transport 
que  reclament  trop  souvent,  par  leur  volume  et  leur 
poids ,  ces  machines  si  utiles,  mais  si  embarrassantes; 
nous  devons  done  accueilliravec  interet  les  ameliorations 
qui  tendent  a  les  rendre  plus  portatives.Un  explorateur, 
qui  le  plus  souvent  voyage  a  pied  avec  peu  de  monde, 
pouirait  difficilement  consacrer  deux  hommes  a  porter, 
avec  sa  monture,  une  lunette  achromatique  applicable 
aux  observations  d'ecUpses  des  satellites  de  Jupiter, 
observations  qui  lui  fourniraient  cependant  une  grande 
ressource;  un  telescope  otfrirait  moins  d'enconibrement, 
mais  un  poids  plus  considerable,  et  d'ailleurs  la  suscep- 
tibilite  de  derangement,  et  la  tlifficulte  des  reparations 
le  mettraienl  bientot  hors  de  service.  Sous  le  nom  de 
Telescopes  dialytiques ,  M.  PossI ,  opticien  a  Vienne,  est 
arrive  a  construire,d'apres  les  indications  de  M.  Littrow, 
des  lunettes  achromatiquesauxquelles  une  nouvelle  dis- 
position de  la  lentille  de  correction  a  I'egard  de  I'objec- 
til,    perniet   de   donner  des    dimensions  et    un    poids 


(  ^95  ) 
beaucoup  mointlres,  tout  en  ameliorant  dune  maniere 
notable  leur  degre  de  precision  et  de  clarte.  C'est  une 
veritable  conquete  pour  les  operations  pratiques  de  la 
Geodesie. 

Mais  si  le  perfectionnement  des  instriiniens  merite 
votre  attention,  elle  est  due  a  non  moins  juste  titre  a 
celui  des  tables  asli'Onomiques  destinees  a  faciliter  le 
calcul  des  observations ,  et  vous  avez  remarque  avec  un 
vif  interet  les  ameliorations  notables  qu'a  eprouvees  la 
Connaissance  des  temps  dans  le  nombre  et  la  disposition 
des  elemens  de  comparaison  rapportes  a  I'Observatoire 
de  Paris.  Vous  avez  en  menie  temps  sincerenient  ap- 
plaudi  k  la  refonte  complete,  entreprisepar  M.  Daiissy, 
de  la  table  des  positions  geographiques,  oiinul  resultat 
n'a  plus  ete  admis  qu'accompagne  de  la  double  indica- 
tion de  I'observateur  et  du  calculateur,  apres  un  soi- 
gneux  triage  fonde  sur  les  garanties  d'exactitude  of- 
ferles  par  I'un  et  I'autre.  M.  Goraboeuf  a  contribue  a 
enricbir  cette  table  en  fournissant  les  resuhats,  calcu- 
les  parlui,  des  observations  de  latitude  et  de  longitude 
faites  dans  I'interieur  de  I'Afrique  par  le  lieutenant  de 
vaisseau  Ernest  de  Beaufort  en  iSaS.  Dans  la  Connais- 
sance des  temps  pour  iSSj,  qui  est  maintenant  sous 
presse,  la  table  des  positions,  encore  amelioree,  con- 
tiendra  les  determinations  qui  ont  ete  obtenues  dans 
I'Amerique  du  sud  par  M.  Pentland,  et  qui  etaient  de- 
ineurees  inedit.es  jusqu'a  ce  jour. 

Et  puisque  je  vous  eutretiens  de  listes  de  positions 
geonomiques,  je  ne  veux  point  laisser  en  oubli  Ic  cata- 
logue de  cent  soixante-deux  determinations  pour  divers 
points  de  I'empire  cliinois,insere  au  Nouveau  journal  asia- 
lique,  et  exlrait  par  M.  Neumann,  de  Munich,  de  la  des- 


(  296) 
criplion  officielle  de  la  Chine,  publiee  en  1818  a  Pekin. 

Le  Nautical  Magazine  de  Londres  f  dont  les  Jinnales 
maritimes  reproduisent,  par  les  soins  de  M.  Daussy,  les 
indications  les  plus  utiles),  et  le  Krilischer  Jt  egweiser 
de  Berlin,  enregistrenl  avec  un  louable  empressement 
les  acquisitions  journalieres  de  la  geographic  sous  cet 
important  rapport. 

Ces  positions,  quelaslronomiefournit  a  Ta  geographic 
descriptive,  sout  inseparables  des  denominations  indica- 
tives des  lieux  d'observationjet  I'exaclitude, qui  fail  le  me- 
rite  des  determinations  geonomiques  n'estpas  moins  in- 
dispensable dans  la  fixation  de  ces  denominations  locales: 
.  le  secours  de  la  philologie,  niais  d'une  philologie  tou  te  spe- 
ciale,est  ici  necessaire,et  par  malheur  troprarenient  invo- 
que.  La  geographic  s'est  loutefois  enrichie  celto  annee  de 
quelques  travaux  particuliers  de  cette  nature;  le  plus 
considerable  est  celui  que  M.  Firniin  Caballero  vous  a 
adresse  de  Madrid,  sur  la  nomenclature  geographique 
de  I'Espagne;  les  Transactions  do  la  Societe  philosophique 
de  Philadelphie  vous  en  offrent  un  second,  fort  cu- 
rieux,  pubUe  au  nom  de  I'auteur  (feu  M.  John  Hecke- 
welder),  par  notre  corresporidant  M.  .Daj)oiiceau,  et 
ayant  pour  sujet  les  nonis  geographiques  imposes  par 
les  aborigenes  Lenni-Lennape  et  Delaware, aux  rivieres, 
ruisseaux,  et  lieux  remarquables,  dans  les  etats  actuels 
de  Pensylvanie,  New-Jersey,  Maryland  et  Virginie;  vous 
en  avezun  troisieme  dans  un  memoiredu  savant  Aker- 
blad  sur  les  noms  copies  de  quelques  villes  et  villages 
de  I'Egypte,  publie  dans  le  Journal  de  la  Societe  asia- 
lique  de  Paris  par  les  soins  de  M.  de  Sacy.  Enfin  les 
feuilles  edites  de  la  nouvelle  carte  de  France  redijree  au 
Depot  de  la  guerre,  out  fourni  a  M.  Guerard  I'occasian 
d'enioltrc,  sur  la  nomenclature   des   lieux  qui  y  sont 


*■  (  297  ) 

portes  J  des  observations  critiques  pleines  de  juslesse  et 
d'interet;  hatons-nous  d'ajouter  que  le  Depot  de  la 
guerre  les  a  accueillies  et  en  a  profile. 

Nous  arrivons  ainsi,  de  proche  en  proche,  a  une 
consideration  plus  immediate  du  sol.  La  geologic  ,  de- 
venue  I'objet  special  des  travaux  de  plusieurs  societes 
savantes,a  acquis  une  sorte  de  vogue,  qui  lui  menage 
sansdoute  de  rapides  progres.  Sans  denieurer  etranger 
aux  theories  aventureuses  au  moyen  desquelles  le  geo- 
logue  cherche  hativement  a  s'expliquer  des  faits  encore 
incompletement  observes,  le  geographe  doit  surtout 
considerer  la  partie  descri{)tive  et  fondamentale  de  cette 
science ,  la  geognosie ;  les  descriptions  locales  qu'elle 
produit  se  multlplient  chaque  jour  davantage  :  je  n'ai 
pas  la  pretention  de  vous  en  laire  ici,  messieurs,  une 
enumeration  qui  a  fourni  a  notre  confrere  M.  Ami 
Boue,  vice-president  de  la  Societe  de  Geologic  de  Pa- 
ris, la  matiere  dun  gros  volume,  auquel  je  me  borne 
a  vous  renvoyer.  Les  resultats  ainsi  obtenus  se  tradui- 
sent  frequemment  en  cartes  speciales,  sur  lesquelles  un 
systeme  uniforme  d'enluminure,  adopte  par  les  geo- 
logues  francais  et  anglais,  denote  la  nature  des  terrains 
a  decouvert;  M.  Leopold  de  Buch  a  propose,  en  A.lle- 
magne,  un  nouveau  choix  des  teintes  applicables  aux 
diverses  formations,  et  il  a  donne  une  carle  geognos- 
tique  de  lAlleniagne  enluminee  d'apres  sa  niethode. 
M.  de  Humboldt  a,  de  son  cote,  adopte,  pour  la  desi- 
gnation des  roches  dans  les  coupes  geognostiques,  un 
systeme  de  signes  symboliques,  qu'il  a  employes  sur 
une  carte  particuliere  de  la  vallee  de  Mexico. 

Avant  de  quitter  le  domaine  de  la  geologic,  j'ai  a 
vous  signaler  la  nouvelle  Theorie  den  Volcans  du  comte 
do  Bylandt;  Ic  resume  analylique  qu'il  nous  a  fait  par- 


(  298  ) 

venir  de  I'ouvrage  ou  il  a  consigne  le  fruit  de  ses  medi- 
tations et  dune  etude  assidue  sur  le  terrain,  ne  peut 
que  nous  (aire  desirer  les  developpemens  et  les  justifi- 
cations qu'il  nous  annonce  avoir  renfermes  dans  son 
livre. 

Quant  a  la  distribution  geographique  des  vegetiiux  , 
les  Flores  speciales  oft'rent  de  veritables  chorographies 
botaniques  ,  lorsqu'elles  notent  avec  soin  I'haljitat  des 
plantes,  et  siirtout  le  degre  de  frequence  des  individus 
de  chaque  espece ;  la  Flore  de  Senega mbie,  de  MM.  Guil- 
lemin,  Perrottet  et  Richard,  est  une  acquisition  inte- 
ressante  sous  ce  rapport,  et  le  deviendra  davantage  en- 
core par  les  considerations  generates  dans  lesquelles 
M.  Guillemin  se  propose  de  resumer  les  fails  particu- 
liers  dont  I'ensemble  determine  le  caractere  constitutif 
de  la  vegetation  du  pays. 

L'emploi  de  cartes  phytographiques  n'a  point  encore 
ete  adopte  pour  ces  travaux  de  detail  ,  pour  lesquels 
elles  seraient  si  utiles,  en  meme  temps  qu'elles  en  reti- 
reraient  un  notable  perfectionnement ;  il  est  vivement  a 
desirer  que  Texemple  des  geologues  soil  suivi  a  cet 
egard  par  les  botanistes.  Quant  a  des  cartes  generales 
des  zones  de  vegetation  du  globe,  ou  de  ses  grandes 
divisions  ,  I'usage  en  est  plus  repandu ;  et  le  baron  de 
Canstein  nous  a  recemment  adresse  de  Berlin,  avec  un 
texte  explicatif,  une  mappemonde  partagee  en  zones  et 
climats  correlatifs  a  la  distribution  des  plantes  les  plus 
utiles,  non-seulement  dans  le  sens  des  latitudes,  mais 
encore  dans  celui  des  altitudes,  au  moyen  de  deux  pro- 
fils  qui  encadrent  le  limbe  exterieur  des  deux  hemi- 
spheres. 

Ce  que  j'ai  dit  des  Flores  s'applique  aux  Faunes  lo- 
cales; peu  de  travaux  generaux  onl  ('le  f.iits  sur  la  dis- 


(  299  ) 
tribution  geographique  des  ariimaux  a  la  surface  du 
globe  :  ils  semblent  en  effet  appartenir  moins  etroite- 
ment  au  sol  qu'ils  parcourent ,  et  peut-etre  d'ailleurs  la 
connaissance  plus  generalement  repandue  de  leur  ha- 
bitat a-t-elle  moins  fait  sentir  le  besoin  den  dresser 
des  tableaux  mneraoniques  :  sous  ce  dernier  rapport , 
rentomoloirie  ,  ou  les  genres  sent  si  nond3reux,  fait  ex- 
ception  :  aussi  s'est-on  occupe  davantage  de  leur  classe- 
ment  geographique,  et  divers  memoires  ont  ete  publics 
en  Angleterre  et  en  AUemagne,  sur  ce  sujet.  On  an- 
nonce  toutefois  un  travail  d'ensemble  du  docteur 
Swainson  ,  sur  la  geograpliie  des  animaux. 

Apres  avoir  ainsi  passe  en  revue  les  eleniens  divers 
que  fournissent  a  la  geographic  les  differentes  sciences 
qui  sc  lient  a  elle  d'une  maniere  si  intime  ,  ce  sont  ses 
oeuvres  speciales  dont  nousallons  feuilleter,  en  courant, 
le  catalogue  varie. 

Parmi  les  trailes  generaux,  celui  de  Malte-Brun,  revu 
par  notre  confrere  M.  Huot,  a  livre  en  dernier  lieu  le 
tome  X  contenant  I'Afrique;  et  M.  Ritter  a  donne  un 
troisienie  volume  de  son  Erdkunde,  completant  la  des- 
cription de  I'Asie  orientale.  La  renommee  de  ces  deux 
beaux  ouvrages  est  europeenne,  et  ma  faible  voix  n'y 
pent  rien  ajouter ;  qu'il  me  soil  perniis  du  moins  d'e- 
mettre  le  voeu  qu'une  version  fidele  nationalise  chez 
nous  I'ceuvre  du  geographe  allemand. 

D'autres  noms  plus  modestes  viennent  s'inscrire  apres 
ces  grandes  celebrites ;  M.  Noellat  de  Dijon  ,  M.  Ber- 
thet,  professeur  a  Saint-Dizier,  vous  ont  adresse  des 
traites  de  geographic  rediges  dans  un  louable  but  d'a- 
nielioration  dans  I'cnseignement  vulgaire. 

Avec  les  traites  generaux ,  les  atlas  generaux  :  une 
uouvelle  edition   de  celui'  de  MM.    Lapie  pere  et  fils 


(  3oo  ) 

se  prepare  en  ce  moment  pour  suppleer  a  I'epuiseinent 
lie  la  premiere;  a  cote  de  ce  grand  el  beau  recueil  ,  il 
vous  en  a  ete  presente  un  de  dimensions  et  d'aspect 
bien  modestes  ,  public  par  M.  Ambroise  Tardieu  ;  ce 
cahier  si  mince  a  pourtant  un  degre  d'importance  qui 
lui  merite  voire  faveur  :  c'est  qu'il  est  destine  a  popula- 
riser  la  connaissance  des  configurations  gcograj)biques 
avouees  par  la  science,  en  se  produisant  a  un  prix  d'une 
modicite  presque  incroyable. 

M.  Benoit ,  ingenieur-mecanicien  a  Troyes  ,  a  cher- 
cbe  ,  a  son  four  ,  a  rendre  I'usage  des  globes  de  grandes 
dimensions  accessibles  aux  moindres  etablissemens  d'in- 
slruclion  elementaire,  et  il  y  a  reussi  en  construisant , 
a  Ires  bon  marche ,  en  papier- parcbemin ,  des  globes 
aeropbyses  de  quatre  pieds  de  diametre  :  il  est  a  regret- 
ter  qu  il  n'y  ait  pas  applique  de  meilieures  delineations. 
De  son  cote,  la  presse  n'avait  a  aucune  epoque  de- 
ploye  tant  d'aclivite  a  repandre  des  publications  mises 
par  leur  bas  prix  a  la  portee  des  lecteurs  de  toutes  les 
classes,  el  redigees  neanmoins  avec  un  soin  reserve 
d'ordinaire  a  des  ouvrages  moins  accessibles;  c'est  un 
grand  raouvement  de  diffusion  de  lumieres  dont  I'An- 
gleterre  nous  a  donne  I'exemple  el  que  nous  suivons 
avec  ardeur. 

La  geograpbie  ne  pouvait  manquer  d'obtenir  une  place 
distinguee  dans  de  telles  entreprises  :  ellea,  en  Angle- 
terre,  une  encyclopedic  speciale,  redigee  par  M.  Hugb 
Murray  et  les  professeurs  Wallace,  Jameson,  Hooker 
et  Swainson  :  de  tels  noms  suffisent  a  la  fortune  du  iivre. 
En  France  la  geographic  a  inspire  Y Unluers pittoresque , 
oil  MM.  Cbanipollion,  Delamalle,  de  Larenaudiere, 
Bory  deSaint-Viticent,  Jouannin,  Golbery,  Rozet,  comp- 
tcnt  parmi  les  n-dacteurs  ;  le  Fo)  ni^'c  pittorcsquc  auloitr 


(  3oi   ) 

du  monde  n'a  pas  besoin  d'autre  garantie   que  le  nom 
de  M.  D'Urville. 

La  geographic  n'est  pas  I'objet  exclusif  ,  niais  elle  est 
una  des  parties  les  plus  developpees  de  ^ Encyclopedie 
piUoresque ,  dont  le  premier  volume,  termine  ,  vient  de 
vous  ^tre  adresse  par  MM.  Leroux  et  Reynaud  ,  qui  en 
dirigent  la  publicalion. 

C'est  presque  dans  la  nieme  classe,  tant  le  prix  en  est 
borne,  qu'il  y  aurait  lieu  de  comprendre  la  Bibliotheque 
uniK>erselle  des  voyages^  publiee  par  M.  Albert-Monte- 
mont  avec  une  rapidite  peu  commune,  une  incroyable 
activite  ;  vingt-et-un  volumes  ont  successivement  fait 
passer  sous  vos  yeux  les  relations  abregees  des  voyages 
autour  du  monde,  jusqu  aux  plus  recentes  circumnavi- 
gations \  et  une  seconde  serie  ,  consacree  a  I'Afrique  ,  a 
deja  mis  en  vos  mains  cinq  autres  volumes. 

A  cote  de  cette  rapide  emission  de  livraisons  succes- 
sives,  nous  avons  au  contraire  a  deplorer  Tinterrupiion 
prolongee  de  la  collection  a  laquelle  M.  W  alckenaer 
donnait  son  nom  et  ses  soins.  Ayons  espoir  que  ce  mo- 
nument eleve  a  la  geographic  ne  demeurera  pas  ina- 
cheve ,  et  que  notre  savant  confrere  sera  appele  a  en 
poser  les  dernieres  assises  comme  il  en  a  pose  les  pre- 
mieres. 

De  I'histoire  des  voyages  a  la  geographic  historique, 
il  n'y  a  qu'un  pas  :  celle-ci  n'est-elle  point  en  effet  le 
resume  des  voyages  et  des  relations  descriptives  des  an- 
ciens  temps  "^  M.  Roux  de  Rochelle  a  souvent  caple 
votre  attention  par  des  lectures  ayant  pour  sujet  la 
geographic  ancienne  de  I'Occidenl.  M.  Ansart  vous  a 
presente  ,  de  concert  avec  M.  Lebas,  son  collaborateur, 
les  premieres  livraisons  dun  atlas  historique  de  I'Eu- 
rope  ,  traduit  de  celui  de  Rruse,  mais  revise  par  les  edi- 


(     302    ) 

teiirs  francaisj  lout  en  accordant  a  ce  travail  la  juste 
estime  qu'il  nic-rite,  vous  n'avez  point  mis  en  ouhli  ce- 
liii  que  M.  Denaix  a  deja  public  pour  le  memo  objet. 

M.  Alexandre  Barbie  du  Bocage  ,  qu'une  sante  gra- 
vement  alteree  eloigne  encore  une  fois  de  nos  reunions 
et  de  sa  chaire  de  geograpliie  a  la  Sorboiine ,  nous  a 
donne  uu  dictionnaire  peu  voluniineux,  mais  clair  et 
substantiel ,  de  la  geographie  biblique  telle  qu'elle  est 
generalement  admise  ;  M.  Ch.  Tilstone  Beke  en  a  entre- 
pris  au  contraire,  dans  les  Origines  bibliccB  dont  il  nous 
a  adresse  le  premier  volume  ,  une  refonte  complete  ba- 
see  sur  I'unique  consideration  du  texte  sacre :  aussi  son 
livre  est-il  empreint  dun  caractere  de  nouveaute  fort 
remarquable,  dont  le  principe  fondamental  est  que  les 
peuples  denombres  au  x'  chapitre  de  la  Genese,  n'y 
sunt  point  genealogiquement  disposes  d'apres  I'ordre  de 
primogeniture  ,  mais  qu'ils  y  sont  geographiquement 
ranges  dans  leur  ordre  de  contiguite  successive  d'est  en 
ouest;  principe  fecond  en  consequences  inattendues, 
qui  changent  completement  la  physionomie  de  la  map- 
pemonde  mosaique. 

Je  ne  veux  pas  quitter  le  champ  de  la  geographie  an- 
cienne  sans  vous  parler  du  grand  travail  que  notre  con- 
frere, le  colonel  Lapie  ,  prepare  depuis  plus  de  six  an- 
nees  ,  et  qui  a  pour  objet  la  construction  graphique  des 
periples  et  itineraires  que  nous  ont  laisses  les  anciens. 
Une  grande  carte  en  neuf  feuilles,  comprenant  I'empire 
romain  avec  I'Asie  jusqu'au  Gauge,  accompagnera  une 
uouvelle  edition  de  ces  routiers,  dont  1  impression  sa- 
cheve  sous  les  yeux  deMM.  de  Fortia,  Hase  et  Guerard ; 
M.  Lapie  espere  que  le  tout  pourra  vous  etre  presente 
dans  un  delai  peu  eloigne. 

Une   publication    qui   doit  exciter  votre   interet  au 


(  3o3  ) 

nieme  litre,  est  celle  qua  entreprise  ,  en  AUcniagne, 
M.  Sickler ,  dun  Corpus  geographorum  grcecorum  et  la- 
tiiioruin  qui  supersuiit  omnium. 

Revenonsmaintenantal'epoqueactuelle,  et  voyageant 
a  notre  tour  de  continent  en  continent,  recueillons,  dans 
notre  marche  hative,  les  lumieres  nouvelles  que  la  geo- 
graphic a  obtenues  cette  annee  sur  chacun  d'eux'. 

lis  sont  respectivement  constitues  dans  des  conditions 
tellement  individuelles  et  mutuelloment  exclusives,  que 
I'interet  qui  s'attache  de  leur  exploration,  affecte,  pour 
chacun,  un  caractere  tout  particulier. 

Notre  Europe,  jeune  et  forte  de  civilisation,  se  con- 
nait  trop  bien  elle-meme  pour  vouloir  etre  etudiee  a  la 
legere;  tout  ce  qui,  loin  d'elle,  pourrait  passer  pour 
etude  approfondie  du  sol  et  de  ses  habitans,  ne  serait 
chez  ielle  que  mediocre  et  superficielle  etude;  ce  n'est 
point  a  une  geodesic  expeditive  qu'elle  pent  demander 
le  relevement  de  ses  territoires,  ni  a  I'hydrographie  sous 
voiles  le  trace  de  ses  cotes,  ni  a  des  evaluations  approxi- 
malives  la  statistique  de  ses  forces,  de  ses  besoins,  de 
ses  ressources:  ce  sont  des  operations  rigoureuses,  (\es 
travaux  consciencieux ,  qu'elle  exige,  et  des-lors  chaqtie 
branche  d'etude  s'individualise  pour  s'attacher  a  une 
nionographie  exclusive  :  c'est  ainsi  que  s'executent  des 
cartes  topographiques  telles  que  la  carte  de  France  du 
Depot  de  la  guerre,  des  cartes  hydrographiques  telles 
que  les  cotes  de  Fi'ance  du  Depot  de  la  marine,  et  des 
milliers  de  statistiques  speciales  par  departemens  terri- 
toriaux  ou  par  matieres.  II  est  evidemment  impossible 
d'entrer  ici  dans  la  nioindre  enumeration  de  tant  de  pu- 
blications accumulees,  et  je  ne  tenterai  nieme  pas  de 
vous  faire  la  recapitulation  de  ceiles  qui  sont  venues 
prendre  place  dans  vos  collections  :  qu'il  me  suffise  de 


(  -^04  ) 

rappeler  que  It;  Depot  de  la  guerre  a,  par  uiie  receiUe 
emission,  porte  a  vingt-quatre  le  nombie  cles  feuilles 
edites  de  la  carte  de  France;  qu'il  a  publie  la  carte  de 
Moree  due  aux  travaux  geodesiqucs  de  nos  ingenieurs 
geographes  MM.  Peytier,  Boblaye  et  Servier,  dont 
I'ocuvre  se  poursuit,  pour  le  reste  de  la  Grece,  sous  les 
ordresdu premier ilentreeux,  notre  colleguc  M. Peytier; 
et  que  le  Depot  de  la  marine,  qui  a  termine  nos  cotes 
occidentales,  s'occupe  maintenant  de  relever  les  cutes 
de  la  Manche,  dont  la  triangulation  est  conOee  a  M.  Begat. 
Parmi  les  statisliques  departementales ,  je  n'excepterai 
d'une  pretermission  absolue  que  le  livre  de  M.  de  La- 
doucette  sur  les  Hautes  Alpes,  que  vous  avez  juge  d'une 
maniere  si  favorable. 

Quant  a  I'etianger,  je  ne  saurais  me  dispenser  d'une 
mention  honorable  en  faveur  de  M.  Vandermaelen,  a 
raison  des  nouveaux  volumes  qu'il  nous  a  envoyes  de 
son  Dictionnaire geoginphiqiie  de  la  Belgique  et  qui  com- 
prennent  les  provinces  de  Hainaut,  d'Anvers  et  de  la 
Flandre  orientale,  sans  parler  de  divers  autres  documens 
stalistiques  pleins  d'interet;  le  comte  Serristori  nous  a 
adresse  de  Florence  nnSaggio  statistico  delV  Italia^  au- 
quel  il  a  successivement  ajoute  deux  supplemens;  et 
M.  Graaberg  de  Hemsoe  nous  a  fait  tout  recemment 
parvenir  de  son  cote  un  ecrit  DeW  atlunle  condizioiic 
dellascienza  statistica  in  Italia^  e  di alciine  opere  statisti- 
che  noi>e//amente pubh/icaie; i'aurais  a  indiquer  encore  di- 
vers ouvrages  sur  les  etats  aulrichiens  qui  nous  ont  ete 
transmis  de  Leipzig  par  M  Gross-Hoffinger,  un  tableau 
statistique  de  la  monarchic  russe  que  M.  Schnilzler  a 
mis  sous  presse  a  Paris,  un  nou\ cau  Gazetteer  of  Eng/a/id 
and IValesi^iu  vierit  de  parattrca  Londies;  mais  le  temps 
me  m;inqiie  pour  m  abandonncr  a  unc  telle  enumeration 


(  3o5  ) 

Alger  est  a  nous,  et  a  nos  portes  :  c'est  done  par  la 
que  je  dois  naturellenient  commencor  mon  tour  d'Atri- 
<£ue  :  MM.  Berard  et  Dortet  de  Tessan  ont  acheve  cette 
annee  le  relevenient  complet  des  cotes  de  la  Regence, 
et  s'occupent  de  rediger  les  resultats  de  leurs  travaux. 
Nos  officiers  d'etat-major,  auxquels  nous  devons  le  plan 
de  la  ville  et  des  environs  d'Alger,  ont  fait  quelquos 
nouvelles  explorations  dans  la  plaine  de  Metygjah,  et 
prennent  soin  de  recueillir  des  renseigneniens  sur  I'in- 
terieur;  M.  Tatareau  avait  dresse,  pendant  son  sejour  a 
Oran,  une  carte  de  cette  province,  qui  nous  donne  la 
mesure  de  ce  qu'on  peut  attcndrc  du  zele  de  cet  officier 
pourl'eclaircissenientde  la  geographie,si  obscure  encore, 
de  la  province  d'Alger,  ou  il  est  maintenant  employe. 
MM.  Levret  et  de  Maligny  sont  reste's  dans  celle  d'Oi-an, 
que  nos  rapports  pacifiques  avec  Abd-el-Qader  leur 
permettent  de  sillonner  de  leurs  propres  lignes  de  route. 
Dans  celle  de  Bone,  MM.  Delcambe,  Franconniere  et  de 
Presbois  etendent  leurs  explorations  autour  du  chef- 
lieu ,  et  ont  dernierement  leve  le  plan  de  Bougie  et  de 
ses  environs^  les  renseigneniens  qu'ils  ont  recueillis  sur 
les  routes  de  I'interieur  n'ont  point  jusqu'ici  ete  pousses 
au-dela  de  Constantine.  C'est  a  Taide  des  docuniens 
envoyes  par  lous  ces  officiers,  et  qui  m'ont  ete  liberale- 
ment  communiques  par  le  Depot  de  la  guerre,  que  j'ai 
tente  d'esquisser  un  nouveau  canevas  geodesique  d'une 
partie  de  I'Afrique  septentrionale,  en  y  puisant  les  ele- 
mens  des  corrections  applicables  au  trace  de  Sllav^^ 

Dans  cette  revision  critique  se  trouvent  compris,  d'une 
part  I'etat  de  Tunis,  pour  lequel  M.  de  Faibe  nous  a 
offert  son  beau  travail  sur  Carthage  et  !a  contree  vei- 
sine,  d'autre  part  I'empire  de  Marok,  sur  lequel  notre 
zele  correspondant  M.  Graaberg  de  Hemsoe  a  tout  re- 

20 


(  3o6  ) 

ceniment  piihlie  iin  Specchio  historico  e  statistico  plein 
dinteret,  et  acconipagne  d'une  carte  d'une  execution 
soignee,  ou  1  on  peut  regretter  seulement  que  I'erudi- 
tion  de  I'auteur  n  ait  pas  toujours  etc  doniptee  par  une 
critique  plus  rigoureuse. 

Sur  la  cote  occidentale,  la  Societe  anierioaine  de  colo- 
nisation de  I'etat  de  Maryland  a  jete,  an  cap  des Palmes, 
les  fondemens  d'un  nouvel  etablissement  analogue  a  ce- 
lui  de  Liberia  :  c'est  encore  une  porte  ouverte  a  I'explo- 
ratlon  geographique  d'une  contree  dont  on  connait  a 
peine  une  etroite  lisiere  lelong  du  rivage. 

L'expedition  du  Niger,   qui  faisait  concevoir  line  si 
flatteuse  esperance  de   voir  enfin    etablie   une  grande 
route,  conduisant  jusque   dans  le  coeur  de  cette  com- 
pacte  Afrique,  si  obstinement  fermee  a  notre  avide  cu- 
riosite  ;  cetle  expedition,  grosse  de  tant  d'avenir,  n'a  pu 
braver  a-la-fois  I'ardeur  dun   climat  inexorable    et  la 
perfidie  de  peuples  inbospitaliers  :  vainqueur  du  climat 
qui  avail  moissonne  ses  compagnons,  Richard  Lander  est 
tombe  sous  les  coups  des  aborigenes.  Mais  son  voyage 
nest  pas  demeure  sans  profit  pour  la  science,  bien  que 
les  resultats  n'en  aient  pas  ete  publies  :  Lander  s'etait 
avancti  dans  son  bateau  de  fer,  avec  le  lieutenant  Wil- 
liam Allen  jusqu'a  Rabbah;  ils  etaient  entres  aussi  dans 
le  Tchaddah,  et  I'avaient  remonte  jusqu'a  une  distance 
de  i5o  milles,par  un  lit  frequeinment  obstrue  d'iles ; 
les  assertions  precises  et  repetees  des  indigenes  ne  lais- 
saient  aucun  doute  sur  sa  communication  avec  le  lac 
Tchad,  et  de  ces  excursions,  le  lieutenant  Allen  a  rap- 
porie  des  observations  qui   sans  doute  recevront  une 
publicite  procbaine.  Au  surplus,  la  voie  est  ouverte,  et 
1  inleret  mercantile  ne  reuoncera  pas  a  la  tenter  de  nou- 
veau;  pendant  que  des  contrarietes  deplus  d'un  genre 


(  ^07  ) 
preludaient  a  la  fatale  issue  cie  1  expedition  organisee 
par  la  compagnie  de  Liverpool ,  une  autre  compagnie 
se  formait  a  Glasgow,  dans  le  but  d'organiser  uue  se- 
conde  expedition  ;  et  depuis  la  mort  de  Lander,  le  co- 
lonel Nicholls ,  parti  de  Fernan-do-Po  ,  est  entre  dans  le 
Niger,  afin  de  s'enquerir  parlui-meme  des  circonstances 
et  des  causes  de  la  niort  du  voyageur,  et  d'etablir  sur  des 
bases  solides  des  relations  commerciales  avec  les  na- 
turels. 

Dans  I'Afrique  australe,  les  explorations  des  niission- 
naires,  des.  naturalistes,  des  marchands,  etendent  de 
plus  en  plus  nos  connaissances  sur  les  regions  inte- 
rieures  ;  les  missionnaires  francais  Arbousset  et  Cazalis 
ont  recemment  penetre  chez  les  Bassoutos,  peuplade 
jusqu'alors  ignoree,entre  les  Korannas  et  les  Zoulas;  et 
le  missionnaire  Leniue  vient  de  faire  parvenir  en 
France  une  carte,  qui  sera  prochainement  publiee,  des 
pays  qu'il  a  lui-meme  visiles,  ou  sur  lesquels  il  a  obtenu 
des  renseignemens  positifs,  tant  de  la  part  de  ses  com- 
pagnons  d'apostolat,  que  des  marchands  Hume  et  Mel- 
lon, qui  ont  parcouru  une  ligne  assez  avance'e  au  nord- 
est.  Une  expedition  scientifique,  dirigee  par  M.  Smithy 
estpartie  du  Gap  pour  etiectuer  une  reconnaissance  plus 
exacle  des  memes  pays. 

La  Sociele  geographique  de  Londres  a  concu  le  pro- 
jet  d'une  exploration  qui,  preliant  son  point  de  depart 
h  la  baie  Dalagoa,  s'avancerait  a  I'ouest  pnur  iier  a  la 
cote  les  relevcmens  faits  par  les  missionnaires,  et  se 
porterait  ensuite  vers  le  Zambeze,  peut-etre  jusqu'a  ses 
sources,  pour  redescendre  ensuite  aux  etablissemens 
portugais;  c'est  le  capitaine  Alexander,  deja  connu  par 
de  nombreux  voyages,  qui  est  charge  deconduire  cette 
nouvelle     expedition.     Uu      interessant     niemoire     de 

20. 


(  3o8) 

M.  Cooley,  sur  les  tribus  kafres  qui  hahilent  les  liautes 
lerres  aiix  environs  dc  la  baie  Dalagoa ,  a  ele  insere 
par  extrait  dans  \e  journal  de  la  nienie  Societe,  qui  a  pa- 
reillement  public  une  breve  esquisse  de  Monbase  et  de 
la  coiitree  environnante,  par  le  lieutenant  de  vaisseau 
Emery.  M.  Xavier  Botelbo  nous  a  envoyc;  de  Lisbonne 
un  resume  destine  a  servir  d'introducliori  a  un  me- 
moire  statisiique  sur  les  domaines  portugais  do  I'Afrique 
orienlale  :  cet  apercu  fait  desirer  le  reste  de  I'Duvrage. 

On  ne  peut  qu'attendre,  avec  une  impatience  propor- 
tionnee  au  merite  reconnu  du  voyageur,  la  relation  du 
sejonr  que  M.  Edouard  Riippel  a  fait  en  dernier  lieu  en 
Abyssinie.  Le  niissionnaire  Gobat  a  recenmient  public  le 
journal  de  sa  residence  de  trois  annees  dans  ce  pays. 

Quant  au  bassin  du  Bahhr  Abyadli,  I'exploration 
qu'en  avait  projetee  M.  Adolphe  Linant,  se  trouve  encore 
ajournee  a  raison  des  fonclions  qui  lui  sont  departies  par 
le  pacba  d'Egypte  pour  etablir  un  barrage  sur  le  Nil. 
Nous  n'avons  aucune  nouvellc  des  tentatives  de 
M.  Henri  Wilford  ,  qui  avait  resolu  de  penetrer  parcette 
voie  dans  I'Afrique  centiale. 

L'Asie ,  plus  accessible  et  moins  nieurtrjere  que  I'Afri- 
que, excite  nioinsvivement  I'ardeur  des  de'couvertesjaussi 
n'ai-je  point  a  vous  donner  ici  la  nouvelle  de  grandes 
explorations  effectuees  ou  en  cours  d'execulion  dans  I'in- 
terieur  de  eel  immense  continent;  car  on  ne  saurait  ran- 
ger dans  cette  categoric  la  reconnaissance  preparatoire  de 
I'Euphrate,  effectuee  par  M.  Chesney,  et  qui  va  etre  re- 
conimcncee  par  le  meme  officier,  en  compagnie  de  notre 
correspondant  M.  Ainswortb;  et  nous  ne  connaissons 
point  les  resultats,  d'une  haute  importance  sans  doute, 
que  nous  rapporte  de  Syrie  notre  collegue  M.  Callier, 
apres  quatre  annees  d  investigations.  Je  n'ai  done  pro- 


(  3o9  ) 
prement  a  vous  signaler  que  qiielques  publications,  sur 
lesquelles  la  physionomie  particuliere  des  populations 
asiatiques  jette  un  tout  autre  genre  d'interet  que  celui 
qui  s'attaclie  aux  relations  des  aventureuses  expeditions 
de  decouvertes.  Nous  devons  a  M.  Eyries  une  traduction 
du  voyage  de  Burckliardt  en  Arabie;  nous  lui  devrons 
bientot  celle  du  beau  voyage  de  M.  Alexandre  Burnes  en 
Boukharie,  dont  les  i-esuitats  vous  t'urent  annonces 
I'annee  derniere  par  nion  predecesseur,  at  qui  avalu  a 
son  auteur  le  prix  royal  annuel  de  la  Societe  geagra- 
phique  de  Londres. 

La  publicite  donnee  a  la  correspondance  privee  de 
Victor  Jacqueinont  nous  a  mis  a  porteede  niieux  appre- 
cier  le  mei-ite  si  original  et  si  vrai  du  voyageur  fran- 
cais;  les  papiers  et  colleciions  qu'il  a  laissees  constituent 
sans  doute  les  niateriaux  dun  niagnifique  ouvrage; 
niais  ces  niatej-iaux  ne  sont  point  encore  parvenus  en 
France,  et  peut-etre  s'ecoulera-t-il  long-temps  avant 
que  nous  puissions  jouir  du  fruit  de  ses  recherches. 

Je  ne  veux  point  ajouter  a  ces  indications  une  vaine 
liste  des  nombreuses  publications  de  voyages  en  Asie 
dont  les  presses  anglaises  alimentent  le  public  de  Lon- 
dres; ce  n'est  pas  qu'elles  manquent  d'interet,  soit  qu'a- 
vec  John  Madox  nous  eussions  a  parcourir  la  Pales- 
tine et  la  Syrie,  avec  Arundell  TAsie-Mineure ,  avec 
Smith  et  Dwight  I'Armenie,  avec  sir  Henry  Brydges  la 
Perse,  ou  qu'avec  le  lieutenant  ConoUy  nous  allassions 
par  terred'Europe  dans  I'lnde  ,  a  travers  la  Perse  et  I'Af- 
ghanistan;  mais  j'occupe  votre  attention  depuis  trop 
long-temps  pour  qu'il  me  soil  permis  de  la  fatiguer  en- 
core par  une  recapitulation  trop  scrupuleuse  de  ces 
tours  qui  n'ajoutent  guere  aux  (!onquetes  de  la  science. 

Je  ne  saurais  toutetois  ometlre  quelques  documens 


(  :^io  ) 
speciaux  relatils  aux  logions  les  nioiiis  connues  de  iu 
Haute-Asie;  tels  que  la  Dreue  nntizia  del  ivi^no  del 
Thibet  d\i  here  Orazio  della  Penna  de  Billi ,  remontant  a 
J'arniee  1730,  et  qui  a  eie  tout  receminent  publiee 
dans  le  Nouveau  journal  asialique;  la  relation  dun 
voyage  du  Nepal  auTubet,  par  le  kascluiiyrotubetain 
Amyr,  inseree  par  M.  Hodgson  au  xvii*^  volume  des  Asia- 
tic researches ;  et  I'itineraire  de  Si-Outhaia  a  XaiNat, 
qui  nous  a  ete  envoye  deSiam  par  M.  Pallegoix. 

Si  de  I'Asie  je  passe  dans  I'Austialie  ,  je  ne  trouve 
guere  non  plus  rien  qui  nierite  une  mention  speciale, 
depuis  les  explorations  du  capitaine  Sturt,qui  vous  ont 
ete  signalees,  des  I'annee  derniere,  d'apres  la  notice  de 
M.  Allan  Cunningham,  et  dent  la  relation  originale  a  ete 
publiee  ulterieurement;  je  me  contenterai  dindiquer  le 
livre  nouvellement  public  a  Londres  par  M.  Lang,  et 
contenant  un  apercu  de  I'origine  et  des  migrations  dela 
nation  polynesienne. 

lei  viennent  se  classer  les  graudes  navigations  de 
Fanning,  de  Chromtscbenko  et  de  Henri  Forster,  qu'il 
me  suffit  de  vous  nommer. 

J'aborde  I'Amerique  du  sud  ,  et  la  du  moins  je  ren- 
contre les  traces  non  encore  dellorees  dun  voyage digne 
de  tout  voire  interet,  et  dont  les  resultats  vont  doter 
la  science  de  riches  et  solides  conquetes  :  parti  de 
Fran<;e  au  milieu  de  I'annee  iSaf),  M.  d'Orbigny  est 
alle  passer  huit  annees  a  etudier,  comme  naturaliste 
voyageur,  I'Amerique  meridionale,  designee  a  ses  inves- 
tigations par  les  professeurs  du  Museum;  ses  recherches 
et  ses  travaux  se  renferment  dans  deux  cercles  distincts 
d'exploration  :  I'un  comprenant,  avec  I'Uruguay,  les 
provinces  argentines  de  Entre-Rios,  (jorrientes  et  Bue- 
nos-Ayres,  et  les  pampas  de    la  Patagouie    conligues  a 


(  3ii  ) 
celles  cle  Buenos-Ayres ;  1  autre  conespondaut  a  la  re- 
publiqiie  de  Bolivia.  Dans  la  piemiere  de  ces  deux  re- 
gions, laclif  voyageur  avaitsoigneiisement  rccueilli  tons 
leseleuieiis  d'une  description  complete  sous  le  rapport 
des  sciences  naturejies,  de  I'etlinographie ,  de  la  lin- 
guistique;  le  trace  geodesique  etait  seul  incomplet; 
niais  M.  d'Orbigny  a  ete  aide  en  cette  partie  par  I'amitie 
de  M.  Parchappe,  qu'il  rencontra  a  Corrientes ,  et  qui 
lui  a  donne  ses  propres  relevemens.  Sur  le  second 
theatre  de  ses  investigations  ,  M.  d'Orbigny  s'est  exclu- 
sivement  suffi  a  lui-meme,  et  sans  parler  desmateriaux 
de  toute  espece  qu'il  a  coUectes  avec  discernement ,  il 
rapporte  des  leves  itineraires  assez  nombreux  pour 
former  un  reseau  geodesique  a  niailles  serrees,  auquel 
les  observations  de  M.  Pentland  viennent  heureuse- 
ment  fournir  des  reperes  ;  en  sorte;  que  meme  a  ne  tenir 
compte  que  de  son  deuxieme  voyage,  M.  d'Orbigny 
aura  dote  la  geographic,  pour  uue  region  non  nioins 
etendue  que  I'Espagne,  de  tous  les  elemens  dune  carte 
topographique  non  nioins  satistaisante  que  celle  que 
par  des  moyens  semblables  le  celebre  Lopez  a  dressee 
de  lEspagne  elle-meme.  Bien  plus,  une  sorte  d'instincl 
geographique  senible  avoir  constamment  preside  a  la 
notation  de  toutes  les  observations  qu'il  a  faites  dans  le 
domaine  des  sciences  connexes,  de  manierea  ce  qu'elles 
puissent,  en  quelque  sorte,  se  traduire  en  cartes  geo- 
gnostiques,  phytographiques ,  zoologiques,  ethnogra- 
phiques.  Ce  n'est  pas  sans  quelque  orgueil,  messieurs, 
que  vous  enregistrez  dans  vos  souvenirs  les  litres  geo- 
graphiques  de  M.  d'Orbigny;  si  laFrance  est  peu  feconde 
en  publications  de  voyages;  du  nioins  les  voyageurs 
qu'elle  produit  peuvent-Ils  etre  inscrits  parnii  ceux  du 
premier  ordre. 


(     ^'2    ) 

C'est  encore  dans  lAmeiique  du  sud  que  M.  Le- 
prieur ,  et  M.  Adam  de  Bauve,  son  precurseur  puis 
son  conipagnon ,  ont  fait  des  tenlalives  d'exploration 
qui  vous  ont  doiine  Tespoir  d  obtenir ,  dune  nouvelle 
expedition  de  reconnaissance,  un  trace  general  des  par- 
ties inconnues  de  la  Guiane  francaise:  vous  avez  re- 
grelte  de  ne  pouvoir  niettre  a  profit,  dans  le  meme  but, 
les  offres  de  service  qui  vous  sont  venues  jusque  du 
fond  de  la  Hongrie,  de  la  part  de  M.  Jablonszki ,  dOp- 
pova.  M.  Hillliouse,  deDenierary,  a,  de  son  cote,  re- 
connu,  dans  une  assez  grande  etendue  ,  le  cours  du 
Masarouni  ,  affluent  principal  de  TEssequibo  ;  la  So- 
ciete  geographique  de  Loudres  a  resolu  d'encourager 
une  exploration  de  la  Guiane  britannique,  assez  eten- 
due pour  en  rattacher  les  determinations,  d'une  part  a 
celles  de  M.  de  Humboldt,  de  I'autre  a  celles  de  nos 
voyageurs. 

Je  ne  saurais  oublier  ici  les  belles  cartes  de  I'Ame- 
rique  meridionale  et  du  Mexique,  oeuvres  posthumes 
de  notre  ancien  collegue  Brue,  receniment  pubiiees  par 
sa  veuve. 

Pour  lAme'rique  du  nord,  outre  les  lettres  de  Henri 
Tudor,  sur  le  Mexique,  les  Etats-Unis,  et  les  colonies 
anglaises  voisines,  j'aurais  a  vous  rappeler  quelques  do- 
cumens  particuliers  ,  tels  que  I'itineraire  suivi  par  une 
caravanne  qui  est  allee  du  Mexique  dans  la  Haute-Cali- 
fornie,  envoye,  de  Mexico  par  M.  Cochelet ;  la  notice 
sur  !es  niouts  Cotocton  ,  envcyee  de  Philadelphie  par 
M.  Raflinesque;  et  d'autres  pieces  analogues.  Mais  un 
interet  bien  plus  pr»;ssant  nous  entraine  aux  terres  arc- 
tiques  :  la,  pendant  trois  annees  consecutives,  notre  at- 
teiitioJi,  uotre  sollicitude,  persista  ,  pleinc  encore  d'es- 
perancc,  a  errer  sur  les  traces  disparnes  du  capitaiue 


( ^^^ ) 

Ross,  dont  le  retour  est  venu  cornbler  tant  de  voeux 
f'ervens.  Ah !  de  nouvelles  soUicitudes ,  non  nioins  vi- 
ves,  non  moins  perseverantes ,  s'egarent  aussi  sur  les 
traces  perdues  de  la  Lilloise ,  qui  apres  etre  allee  im- 
poser ,  au  sud  du  cap  Barclay,  les  nonis  francais  de 
Breaute,  de  Rigny,  de  Daussy,  de  Pouyer,  a  qiiatre  lies 
nouvelles  de  la  cote  orientale  du  Greenland,  parait 
s'etre  obstinee  a  poursuivre  de  plus  imporlantes  decou- 
vertes;  et  les  voeux  de  retour  qui  appelaient  Ross  se 
tournent  aujourd  hui  vers  Blosseville,  retenu  peut-etre 
conime  lui  dans  les  glaces  ,  et  qui  nous  reviendra  sans 
doute  non  inoins  heureuseinent :  en  vain  une  premiere 
tentative  de  recherches  a  echoue ;  que  I'espoir  ne  faiblisse 
point,  que  les  tentatives  se  renouvellent  plus  ingenieu- 
sement  combinees!  La  perseverante  Angleterre  expe- 
diait  Back  trois  ans  encore  apres  la  disparition  de  Ross  : 
resterions-nous  en  arriere  dun  si  louable  exeniple? 

Le  nom  de  Ross  vient  se  leplacer  sous  nia  plume 
pour  etre  proclame  de  nouveau  dans  ce  rappel  accou- 
tume  des  prix  que  vous  avez  decernes  dans  I'annee; 
c'est  aux  rudes  travaux,  fructueux  pour  la  science,  qu'il 
a  acconiplis  dans  celte  memorable  expedition,  que  vous 
avez  confere  votregrande  medailleannuellej  vous  avez 
en  nieme  temps  deeerne  une  mention  tres  honorable 
au  capitaine  Biscoe,  dont  les  navigations  aux  terres 
australes  vous  avaientsi  vivement  interesses.  Vous  n'a- 
vez  eu  a  couronner  quun  troisieme  laureat,  M.  Jodot, 
qui  a  recu,  pour  son  nivellement  de  la  Vesle,  une  des 
medailles  specialement  destinees  a  encourager  les  tra- 
vaux de  ce  genre. 

Le  programme  du  nouveau  concours  que  vous  avez 
ouvert  n'ol'fre  pas  moins  de  vingt  prix  ,  dune  valeur 
tolale  d'environ   dix-huil  niille  francs  :  pcu  dc  chitTres 


(  ^x4  ) 

suttisent  ainsi  a  resuiner  les  encouragement  non)l)reux 
cjue  vous  etes  henreux  de  distiibuer  dans  I'inlereldes 
progres  geograpliiques;  vos  efforts  n'ont  pas  ete  vains 
jusqua  ce  jour,  et  leur  etficacite  passee  vous  garanlit 
leur  succes  a  venir. 

Ces  prix  ne  sontpas  le  seul  stimulant  dont  vous  ilat- 
tez  la  noble  ambition  des  concurrens  que  vous  appelez  : 
une  place  est  reservee,  dans  le  recueil  de  vos  IMemoiri-s, 
aux  travaux  qui  sont  juges  dignes  de  cette  nouvelle  dis- 
tinction :  c'est  ainsi  qu'un  volume  toutentier  a  ete  con- 
sacre  a  I'orographie  de  I'Europe  de  M.  Bruguiere,  et 
que  d'autres  menioires  couronnes  sont  destines  a  une 
insertion  prochaine. 

Quelques  difficultes  avaient  entrave  I'impression  si- 
niultanee  des  deux  volumes  qui  sont  en  preparation,  et 
dont  I'un  contiendra  I'oeuvre  geographique  de  I'Edrysy, 
I'autre  une  collection  de  miscellanees.  L'impression  de 
I'Edrysy  a  ete  recommencee  a  rimpiimerie  royale,  ou 
elle  se  poursuit  avec  regularite  ,  et  vous  avez  sous  les 
yeux  des  epreuves  du  juc  simile  des  trois  premieres 
cartes ;  M.  Amedee  Jaubert  vient  de  son  cote  d'achever 
la  traduction  du  troisiemeclimat.  Le  volume  ouvertaux 
miscellanees  ne  contenait  naguere  encore  qu'une  seule 
piece,  imprimee  depuisplusieurs  annees  :  c'est  le  voyage 
du  frcre  Jourdain  de  Severac  dans  quelques  unes  des  con- 
trees  visitces  par  Marco  Polo;  vous  y  avez  ajoute  cette 
annee  la  relation  originate  dun  voyage  fait,  en  1774?  ^ 
rile  de  Taiti,  par  le  commandant  dun  paquebot  qui 
naviguait  de  conserve  avecla  fregate  VAguila^  sous  les 
ordres  de  Domingo  de  Jjonechea ,  le  decouvreur  de 
cette  lie;  a  la  suite  de  cette  relation  ont  ete  imprimes 
les  vocabulaires  recueillis  en  Egyptc  par  M.  Koenig; 
ces  pieces  composent  le  demi-volunie  dont  un  premier 


(  3i5  ) 
exempkiiie  est  en  ce  moment  devant  vous.  Laulie 
demi-volume  sera  consacre  a  une  edition  ,  soigneuse- 
mentcollationnee  sur  les  nianusciils,  de  la  relation  ori- 
ginale  du  voyage  de  Rubruquis,  en  Tartaric ,  par  ordre 
de  saint  Louis;  des  traductions  anglaises  et  francaises 
en  existaient  depuis  long-temps;  le  texte  original,  reste 
inedit,  en  a  ete  retrouve,  par  M.  Francisque  Michel 
dans  les  bibliotheques  de  Londres  et  de  Cambridge;  une 
copieexacte,  preparee  par  ses  soins  et  ceux  de  M.  Tho- 
mas Wright,  nous  est  recemment  parvenue;  limpies- 
sion  en  va  etre  immediatement  commencee,etle  volume 
entier  s  jra  probablement  termine  dans  un  bref  delai. 

II  me  reste  a  parler  d'une  autre  publication  ,  celle  de 
notre  15ulletin  ,  dont  I'apparition  periodique  vient 
chaque  mois  raffermir  le  lien  de  confraternite  qui  unit 
tons  les  membres  de  notre  association.  Quelques  efforts 
ont  ete  tentes  pour  en  ameliorer  la  composition  et  le 
rendre  plus  substantiel;  une  premiere  serie  de  volumes 
a  ete  close  avec  le  tome  vingtieme,  et  une  nouvelle  se- 
rie s'est  ouverte  avec  Tannee  courante;  les  cartes  qui  y 
sont  jointes  me  donnent  occasion  de  vous  rappeler  le 
desinteressement  avec  lequel  M.  Ambroise  Tardieu  et 
M.  Selves  ont  mis  a  la  disposition  delaSociete  leurs ate- 
liers de  gravure  et  de  lithographic.  Le  vceu  constant  du 
comite  auquel  est  remis  le  soin  de  publier  ces  cahiers 
mensuels  a  ete  de  leur  procurer  le  plus  haut  degre  pos- 
sible d  interet  geographique;  mais  il  ne  sauraitse  flatter 
d'etre  encore  parvenu  a  remplir  toutes  les  conditions  de 
perfectionnement  qu'il  est  dans  notre  desir  de  lui  voir 
atteindre. 

II  m'est  enfin  permis  de  clore  ici  le  compte-rendu 
que  je  vous  devais  de  nos  travaux  del'annee;  trop  heu- 
reux,  niebsiiuirs,  si  dans  racconiplissenient  dece  devoir, 


( ;^'(^' ) 

une  lecture  si  loiigue,  et  poiirtaiU  si  avare  de  develop- 
pemens,  n'a  point  fatigue  lattention  que  votre  bien- 


veillance  daignait  ni'accoider, 


CONSIDERATIONS  NOUVELLES 

SLR    LES    ETUDES    GEOGRAPHIQUJES     ET    SCR     I.EXl'RESSIOiS 

DES    CARTES, 

Par  M.  lu  lieutenant-colonel  Dejnaix. 

Messieurs , 

Vous  m'avez  fait  Ihonneur  de  me  nonimer  votre 
secretaire.  Cette  faveur  a  pour  moi  d'autant  plus  de 
prix.  que  je  la  dois  moins  a  la  part  que  j'ai  prise  a 
vos  travaux  qua  mes  publications ,  pulsqu'en  nie  rete- 
nant  dans  le  cercle  etroit  des  connaissances  eleiuen- 
taires  du  domaine  de  I'enseignement,  elles  ne  me  per- 
mettent  pas  de  vous  suivre  dans  les  hautes  directions 
sur  lesquelles  se  porte  votre  attention. 

Par  ce  fait,  par  I'adliesion  que  vous  avez  don  nee  aux 
jugeniens  favorables  emis  sur  nies  premiers  essais,  cir- 
constances  qui  prouvent  que  vous  ne  negligez  aucune 
occasion  de  donner  des  temoignages  d  interet  a  tout  ce 
qui  pent  exercer  une  influence  utile  sur  les  progres  de 
la  geographic,  il  m'est  permis  d'esperer  que  je  trioni- 
pherai  des  entraves  que  m'opposent  les  erremens  de  la 
routine. 

Deja  des  instituteurs  engagent  leurs  eleves  dans  les 
voies  nouvelles  tracees  par  mes  e'tudes;  deja  toutes  les 
personnes  donees  d'un  esprit  eclaire  et  de  connais- 
sances positives  recherchent,  dans  I'expression  physique 
des  cartes  ,  les  ligues  hydrogeiques  par  lesquelles  se  de- 


(3i7) 
finisscnt  les  plans  tie  revetement  dii  polyetlre  terrestrc. 
Loin  cle  redouter,  a  ce  sujet,  la  Iiitte  que  d'autres  ma- 
nieres  de  voir  peuvent  engager,  je  crois  utile  de  la  pro- 
voquer.Je  vais,  dans  ce  dessein,  avoir  I'honneur  de  vous 
entretenir  un  moment  des  vues  particulieres  dans  les- 
quelles  je  poursuis  mes  travaux. 

L'etude  de  la  geographie,par  son  immense  etendue,  par 
lavarietedesobjets  qu'elle  embrasse,  est, sans  contredit, 
de  toutes  les  connaissances  classiques  celle  qui  trouve 
le  plus  souvent  son  application  dans  le  monde.  A.ussi 
sen  occupe-t-on  des  que  Ion  est  en  etat  de  s'adonner 
a  des  lectures  dont  il  importe  de  conserver  le  souvenir. 

Consideree  generalementcomme  une  science  demots, 
on  cherche,  comme  pour  les  langues ,  objets  de  nos 
premiers  soins,  a  en  fixer  la  nomenclature  dans  la  me- 
moire,  en  en  faisant  soit  un  jeu ,  soit  un  exercice  pra- 
tique presente  avec  plus  ou  moins  d'attrait. 

Toutes  ces  methodes,  purement  elementaires  ,  con- 
viennent  a  des  eleves  trop  jeunes  encore  pour  niieux  ap- 
prendre  a  I'aide  du  raisonnement.  La  facilite  qu'en  ge- 
nei'al  elles  presentent ,  fait  qu'on  les  adopte  avec  em- 
pressement,  et  que  promptement  aussi  on  les  delaisse, 
les  hautes  etudes  portant  bienlot  a  negliger  celles  qu'on 
ne  regarde  plus  que  comme  un  exercice  dememoire. 

Dans  cet  etat  de  choses,  on  entre  en  general  dans  le 
monde  sans  savoir  la  geograpbie.  On  y  eprouve  bientot 
le  besoin  de  reparer  ,  par  des  lectures,  finsuffisance  des 
notions  elementaires.  On  a  recours  alors  aux  metbodes 
a  I'usage  des  gens  du  monde  ;  mais  le  peu  de  fruit  qu'on 
en  retire  ,  tant  a  raison  des  elemens  variables  sur  les- 
quels  se  regie  I'ordonnance  des  matieres,  qu'a  cause  de 
I'exuberance  des  details  dans  la  foule  desquels  se  perd 
I'encbainement  des  circonstances  physiques  principales, 


(  3i8  ) 
fait  enfiii  preferer  les  dictionnaires.  C.eux-ci  ne  sont 
pour  I'enseignement  que  rles  oracles,  dont  les  reponses 
sans  liaisons,  sans  rapprochemens  utiles  ,  s'effacent  du 
souvenir  comme  la  pensee  eventuelle  qui  conduit  a  les 
con  suites. 

Les  traites  que  nous  possedons  jusqu'a  present  ne 
sont  done  pas  des  ouvrages  veritahlement  classiques. 
Celui  qtii,  a  juste  titre,  tient  le  premier  rang,  est  le 
precis  du  celebre  Malte-Brun.  Apres  avoir  travaille  avec 
Mentelle,  a  une  grande  geographie  en  seize  volumes,  il 
sentit  que  ce  vasle  repertoire  etait  plutot  un  livre  de  bi- 
bliotheque  qu'une  methode  d'enseignenient.  11  reprit 
alors  tous  ces  materiaux  ,  les  elabora,  et  senia  son  recit 
de  tableaux  synoptlques  ,  d'elegantes  descriptions  qui 
grouperent,  pour  la  premiere  fois,  des  apercus  phy- 
siques ,  politiques  et  statistiques,  presentes  jusqu'alors 
sans  ordre  et  sans  discussion.  Ces  innovations,  et  la 
verve  feconde  d'une  erudition  peu  commune  ,  assure - 
rent  le  succes  du  nouvel  ouvrage. 

M.  Balbi  ,  I'ami  et  parfois  le  collaborateur  du  savant 
Malte-Brun  ,  s'est  ,  apres  lui ,  attache  a  reunir  en  un 
abrege  toutes  les  connaissances  qui,  a  son  avis,  sont 
du  domaine  de  I'enseignement.  Get  ouvrage  ,  veritable 
resume  encyclopedique  des  connaissances  geographi- 
ques  et  statistiques,  est,  avec  justice  ,  fort  accredite; 
car,  sous  ce  double  rapport,  il  contient  une  foule  de 
documensprecieux  que  Ton  chercherait  vainenient  dans 
d'autres  traites.  Get  abrege  n'avait  pas  encore  paru,  que 
deja,  depuis  plusieurs  annees  ,  je  me  trouvais  engage 
dans  des  etudes  geographlques  demandees  dans  des 
vues  niilitaires.  A  I'instar  des  auteurs  qui  ont  aborde 
avant  moi  cette  specialite,  j'ai  du  coinmencer  par  la 
Geographie  naturelle,  celle  qui  decrit  les  formes  du  so! 


(  3^9  ) 
sans  aucune  trace  de  vegetation  on  de  vie  aniniale,  en- 
core nioins  de  lieux  d'habitation  humaine. 

Ces  etudes  devaient  naturellement  commencer  par  la 
division  du  globe  en  bassins,  divisions  que  Philippe 
Buache  a  le  premier  redviite  en  systeme;  divisions  qui 
ont  ete  depuis  reprises  et  developpees  d'abord  par 
M.  Lacroix  de  I'lnstitut,  ensuite  par  M.  le  chevalier  Al- 
lent,  de  maniere  a  faire  connaitre  les  lois  que  suit  la 
distribution  des  eaux  a  la  surface  du  globe,  et  les  rela- 
tions qui  subsistent  entre  les  masses  solides  et  liquides 
du  spheroide  terreslre. 

Moi  qui  liens  a  honneur  de  reconnaitre  pour  maitres 
en  cette  matiere  les  Bourcet,  les  Darcon,  les  Andreossy, 
et  plus  particulierement  encore  I'auteur  du  savant  Essai 
sur  les  reconnaissances  militaires,  je  ne  reclame  d'autre 
part  dans  cette  voie  de  regeneration  des  etudes  geogra- 
phiques,que  celle  d'avoir  eu  le  courage  de  faire  de  grands 
sacrifices  pour  donner  de  la  vie  a  des  preceptes  trop 
long-temps  meconnus,  ou  regardes  comme  des  the'ories 
inapplicables  a  un  enseignement  que  Ion  retient,  par 
routine  ou  par  paresse,  dans  les  premiers  erremens  tra- 
ces dans  des  vues  etroites  pour  de  faibles  intelligences. 
Presentement  que  ma  voix  a  trouve  de  I'echo  dans 
cette  enceinte,  presentement  que  des  noms  justement 
celebres  protegent  mes  efforts,  presentement  que  de 
jeunes  eleves  sont  inities  avec  succes  au  nouveau  mode 
d'exposition   dont  ils  apprecient   de  plus  en  plus  les 
avantages,  je  dirai,  en  laissant  a  chacun  le  merite  de 
ses  ceuvres,  qu'il  manque  entre  les  livres  elementaires 
proprement  dits,  ou  les  exercices  de  memoire,  et  les  ou- 
vrages  a  I'usage  des  gens  du  monde  ou  les  traites  plus 
substantiels,  une  methode   presentant  dans  un  ordre 
rationnel  toutes  les  connaissances  qui  a  raison  de  leur 


(    320     ) 

importance  effective  ,  peuvent  etre  considerees  comnie 
les  points  de  repere  auxquels  doit  s'arretcr  un  ensei- 
gnement  solide.  Cest  cette  lacune,  messieurs,  que  je 
me  suis  propose  de  remplir. 

Engage  dans  des  voies  nouvelles,  je  ne  pouvais  de 
prime  abord  etablir  irrevocablement  toutes  les  amelio- 
rations qui  me  seniblaient  necessaires.  De  la  j'ai  hasarde 
mes  premieres  pensees  sous  le  litre  d'Essais.  Des  ob- 
jections trop  faibles  pour  arreter  ma  marche  me  don- 
nant  plus  d'assurance,  j'ai  continue  mes  publications 
comme  elemens  progressifs  d'un  nouveau  cours  de  geo- 
grapbie  generale.  Aujourd'hui  que  beaucoup  dinstitu- 
teurs,  qu'un  grand  nombre  de  personnes  eclairees  s'in- 
teressent  vivement  a  la  poursuite  de  mon  entreprise, 
je  publierai  incessamment,  comme  elemens  de  geographic 
rationnelle,  la  premiere  partie  du  texte  dans  lequel  se 
developpera  enfin  la  marche  philosophique  de  mes 
etudes. 

Messieurs,  ma  tache  est  plus  difficile  et  plus  etendue 
qu'on  ne  pense.  Je  I'aurais  deja  abandonnee  sans  la  pro- 
tection du  gouvernemenl;  car  des  lecons  presentees 
presque  entierement  sur  des  cartes  et  des  tableaux  dune 
assez  grande  etendue,  content  fort  chera  etablir,  et  par 
cette  raison  sont  d'un  difficile  ecoulemenl.  En  cette  con- 
joncture,  c'est  aux  personnes  en  position  de  favoiiser 
les  entreprises  utiles,  c'est  aux  amis  des  progres,  c'est 
aux  associations  philantropiques  a  s'emparer  des  moyens 
de  repandre  avec  liberalite  les  ouvrages  propres  a  con- 
courir  a  I'amelioration  de  I'enseignement. 

Messieurs,  iivrecomme  je  le  suis  a  I'etude  toute  particu- 
liere  de  la  configuration  des  superficies  terrestres  ,  etude 
qui,  par  ses  considerations  d'ensemble,  m'a  conduit  a 
etablir  dune  maniere  positive  les  regies  de  I'analyse  geo- 


( ;^^t ) 

graphique  naturelle,  etude  qui,  renfermee  dans  de  plus 
etroites  limites,  a  revele  a  de  savans  militaires,  \es  pre- 
ceptesrepandus  aujourd'huidans  toute  rAlleniagne  sotis 
le  nom  particuJier  de  Theorie  dii  terrain.  Je  vous  dirai 
avec  toute  la  franchise  quautorise  une  opinion  qui  n'est 
point  hasardee,  que  les  carles  aiijourd'hui  meme  les 
iiiieux  accreditees,  ne  sont  pas  encore  presentees  avec 
1  expression  caracteristique  propre  aux  contrees  dont 
elles  offrent  I'image.  11  ne  suffit  pas  au  merite  dun  ta- 
bleau que  toutes  les  pai  ties  prises  separement  en  soient 
parfaitemenl  et  minutieusement  execulc-es,  ilfaut  encore 
que  ces  parties  fornient  un  ensemble  bien  coordonne, 
et  que  cet  ensemble  ne  soit  rien  autre  que  celui  qu'on 
apercevrait  en  se  placant  au  point  de  vue  du  tableau. 
Ce  qui  est  present  pour  la  representation  des  objets  vus 
dans  des  distances  assez  rapprochees,  n'est-i!  pas  ration- 
nellement  exigible  pour  des  cartes  dont  en  effet  les  de- 
tails doivent  s'elaguer  d'autant  plus  que  la  distance  men- 
tale  entre  le  point  d'observation  et  le  plan  de  site  est 
supposeeplus  grandePCe  n'est  done  qu'abusivement  que 
Ion  s'evertue  a  modeler  dans  la  chorographie  et  dans 
la  topographic  generale,  une  infinite  de  reliefs  accessoires 
au  milieu  desquels  se  perdent  les  traces  de  la  confio-u- 
ration  generale.  Gette  observation  a  lieu  non-seulement 
pour  toute  I'etendue  dune  carle,  mais  nieme  pour  cha- 
cune  de  ses  feuilles  prise  isolement ,  car  dans  chacune 
aussi,  il  y  a  des  relations  obligees  entre  le  tout  et  ses 
dependances. 

Les  comparaisons  qui  se  font  communenient  entre  les 
sites  que  Ton  connait  et  ceux  que  Ton  voit  figure's,  n'ont 
pas  assez  de  portee  pour  que  Ton  puisse  en  inferer  que 
!a  meme  harmonic  a  lieu  dans  tons  les  rapports  que  do- 
mine  I'intelligence.  L'unanimite  des  jugemens  etablis  de 

21 


( ^^^^- ) 

cettenumiere,  neprouvedonc  rien  ni  cii  faveuide  I'oeuvre 
apprecie,  ni  contre  les  protestations  irrefragables  delaiia- 
lyse;  elleprouveseuleiuentque  d  habitude  on  ne  juge  des 
superficies  terrestres  que  par  abstractions,  et  que  par  suite 
deces  abstractions  on  regarde  lavarieleinfinie  des  formes 
du  globe  comnie  un  dedale  inextricable.  De  la  on  ne 
cherche  pas  du  tout  a  se  rendre  raison  de  la  liaison  et 
de  la  dependance  absolue  des  differens  plans  d'une 
carte ,  persuade  que  Ion  est  qu'on  n'y  parviendrait  menie 
pas  en  explorant  le  terrain  dont  elle  offre  le  tableau.  Et 
en  effet  les  cartes  ne  sont  ni  ordonnees,  ni  massees  sui- 
vant  les  lois  hydrogeiques,  par  la  raison  peremptoire  que 
ces  lois  n'ont  encore  ete  etablies  avec  quelques  deve- 
loppemens  que  dans  mon  analyse  naturelle  de  I'Europe 
centrale,  et  que  leur  expose  n'est  encore  aux  yeux  de 
beaucoup  de  personnes  qu'une  methode  systematique 
qui  ne  merite  pas  nieme  d'etre  contestee.  Cette  methode 
n'en  jelte  pas  moins  des  germes  qui  deja  commencent 
une  ere  nouvelle  dans  I'enseignement  de  la  geograpVue 
et  dans  lexpression  physique  des  cartes.  Toutes  les  per- 
sonnes sans  prevention  qui  ont  pris  la  peine  de  s'initier 
a  ces  progres  ne  sont  plus  etonnees  que  de  I'aveuglement 
dans  lequel  on  persiste  plutot  par  prcjuge  que  par  motif 
de  conviction. 

Quel  que  soil  le  mode  adopte  pour  exprinier  le  relief 
du  terrain,  deux  grands  preceptes  doivent  regler  de- 
sormais  I'ordonnance  continue  des  plans  de  configura- 
tion dune  carte.  Ces  preceptes  sont  rapportes  dans  les 
termes  suivans  par  M.Allent,  dans  son  Kssai  sw  les  re- 
connaissances mililaires  : 

«  Les  projections  ou  les  traces  des  cours  d'eau  sur 
les  cartes  generales  sont  des  courbes  arborifornies,  dont 
la  tige,  les  branches  ou  les  ratneaux  penetrent  dans  les 


(  3.3  ) 

terres  et  dont  les  Ironcs  sont  tinis  par  la  ligne  dinter- 
section  de  la  mer  et  des  cotes. 

«  Les  cretes  du  bassin  ou  les  lignes  du  partage  des 
eaux  y  sont  projetees  par  d'autres  courbes  arboritormes 
dont  la  tige,  les  branches  ou  les  rameaux,  souvent  an- 
guleux,  embrassent  les  ramifications  des  coiirs  d'eau  et 
dont  les  troncs  sont  unis  par  la  chaine  centrale  qui  tra- 
verse tout  le  contineni.  » 

Quand  une  fois  a  I'aide  de  ces  lignes  caracleristiques, 
on  presentera  dans  leur  valeur  relative  et  dans  leur  de'- 
pendance  reciproque  tous  les  plans  qui  dessinent  les 
formes  effectives  des  superficies  terrestres,  les  descrip- 
tions des  montagnes  et  des  eaux,  jusqu'a  present  rap- 
portees  a  des  circonscriptions  souniises  a  de  frequentes 
vicissitudes,  se  rattacheront  naturellementades  demem- 
bremens  definis  de  I'entier  dont  elles  constituent  les  par- 
ties. Alors  tout  sera  lie  dans  la  pensee,  comme  tout  est 
lie  dans  la  nature.  Alors  on  sentira  que  si  par  des  noms 
on  pent  indiquer  les  relations,  les  analogies  que  les 
cartes  permettront  dorenavanl  de  saisir,  il  deviendra  fa- 
cile de  decrire  nettement  et  dans  tous  leurs  rapports, 
des  circonstances  physiques  qui  anterieurement  ne  se 
presentaient  que  dune  maniere  confuse. 

Ge  n'est  done  pas  par  entrainement  a  innover  que  j'ai 
basarde  une  nomenclature  analytique,  les  noms  en  usage 
pour  determiner  les  differentes  parties  dun  meme  mas- 
sif de  montagnes  ne  pouvant  en  aucune  maniere  preciser 
la  situation,  les  rapports,  les  connexions  des  aretes  dont 
les  deux  systemes  parfaitement  distincts  forment  les  re- 
seaux  hydiographiques  et  hypsograpbiques. 

Je  mets,  messieurs,  sous  vos  yeux  des  cartes  presentees 
dans  I'esprit  queje  viens  d'indiquer.  Les  lignes  de  par- 
tage des  eaux  y  sont  caracterisees  par  des  nervures  tra- 

21. 


( ^M ) 

cees  en  blanc,  et  les  cours  H'eau  ,  coinnic  a  I'ordinaire, 
par  des  traits  arboriforines  qui  se  Hotaclient  en  noir. 
Les  liauteui  5  relatives  des  reliefs  y  sont  aussi  exprimees » 
selon  I'usage,  par  I'intensite  plus  ou  moins  prononcee 
des  teintes.  II  n'y  a  par  consequent  dans  ces  cartes  , 
d'autre  innovation  que  celle  d'une  correlation  continue, 
etablie  fentre  tous  les  reliefs  par  les  lignes  de  partage  des 
eaux.  Pour  faire  ressortir  en  tous  lieux  ces  lignes  ,  il 
fallait  necessairement  teinter  toutes  les  pen  tes,  lors  nieme 
que  leur  inclinaison  est  absolument  insensible.  Mais 
cette  necessite  qui  parait  fausser  les  conventions  recues, 
n'est,  en  realite,  qu'une  application  generale  d'un  prin- 
cipe  auquel  on  pretend,  sans  raison  ,  assigner  des  li- 
mites  :  il  n'y  a  de  surfaces  horizontales ,  sur  le  globe, 
que  celles  qui  sont  donnees  par  les  niers,  et  par  le  mi- 
roir  des  eaux  liquides  ,  a  I'etat  de  repos  ;  ou  les  eaux 
coulent,  il  y  a  pente;  ou  elles  se  rasseniblent ,  il  y  a 
cavite.  Les  parois  de  revetement  du  globe  se  partagent 
done  dune  maniere  absolue  en  deux  classes  ,  en  sur- 
faces horizontales  et  en  versans.  Ou  les  lienes  d'inter- 
section  de  ces  plans  cessent  d'etre  indique'essurlcs  cartes 
les  pentes  sont  indefinies.Qui  pent  dire  alors  a  quel  bas- 
sin  appartient  tel  objet  ou  telle  position  ? 

Ces  observations  me  paraissent  suflire  pour  inettre 
en  evidence:  i"  que  les  livros  elenientaires  ,  n'ayant 
d'autre  but  que  celui  de  fixer  ,  dune  maniere  quel- 
conque  ,  des  noms  de  pays,  d'etats,  de  lieux,  dans  la 
niemoire,  les  meilleurs  sont  ceux  qui,  par  des  exercices 
faits  dans  des  vues  diverses  ,  ramenent  souvent  ces 
noms  a  la  pensee. 

2"  Que  les  traites  a  I'usage  des  gens  du  nionde,  sont 
en  general  surcharges  de  details  politiques  et  statisti- 
ques  qui  empcchcnt  de  saisir  les  rapports  qu'ont  entre 


(  325  ) 

elles  les  circoiistanccs  physiques  ,  mal  presentees  d'ail- 
leiirs  par  la  coutume  que  Ton  a  cle  morceler  les  oeuvres 
(le  la  nature  ,  pour  en  assujelir  les  descriptions  aux  di- 
visions eventuelles  donnees  par  les  circonscriptions  des 
etats. 

3°  Qu'entre  ces  ouvrages  nianquent  des  etudes,  dent 
I'enchainenient  presenie  dans  I'ordre  nieme  des  faits  na 
turels,  pent  seul  constituer  Tenseignement  rationnel. 

4°  Que  I'expression  physique  des  cartes ,  hien  qu'en 
progres,  est  encore  loin  de  presenter  la  conformation 
effective  des  contrees  qu'elles  embrassent,  parce  que  les 
grandes  explorations  et  les  etudes  du  terrain  se  font,  en 
general,  sans  aborder  les  considerations  successives  de 
dependance  auxquelles  toutes  les  parties  dun  pays  sont 
siibordonnees. 

Une  longue  experience  et  des  etudes  consciencieuses 
m'ont  suggere,  messieurs,  les  reflexions  que  jesoumets 
a  vos  lumieres.  Yeuillez  les  accueillir  avec  la  l>ienveil- 
lance  dont  vous  in'avez  honorejusqu'a  ce  jour.  Veuillez, 
dans  I'interet  commun  de  la  science  qui  est  I'objet  de 
nos  reunions  ,  m'adresser  les  objections  que  vous  juge- 
rez  convenables.  Je  les  recevrai  avec  reconnaissance ,  et 
je  me  ferai  un  devoir  de  signaler  devant  vous  toutes 
oelles  qui  me  dessilleront  les  yeux,  sur  mespropres  er- 
reurs. 


(    3S..6  ) 


APERCU 

O'UN    VOYAGE    DANS    l'aMERIQUE    MEUl  DION  ALE 

i)E    1826    V    iSS3, 

l»AR  ALCIDE  D'oaUIONY. 


Protectrice  nee  de  tout  ce  qui  tend  aux  progres  des 
sciences  en  general,  et  surtout  de  la  science  qui  fait, 
plus  specialement,  I'objet  de  ses  etudes  et  de  ses  en- 
couragernens,  la  Sociele  de  Geographic  a  daigne  penser 
qu'un  expose  de  mes  courses  et  de  mes  decouvertes  en 
des  contrees  dont  plusieurs  sont  encore  totalement  in- 
connues ,  ne  serait  pas  sans  interet  pour  elle  et  pour 
I'auditoire  que  rassemble,  aujouid  hui,  dans  cette  en- 
ceinte, une  de  ces  interessantes  solennites  ,  dont  le 
programme  pique  toujours,  a  si  juste  titre,  la  curiosite 
pul)li(jue.  Quel({ue  flatte  que  je  fusse  de  son  appel,  si  je 
n'avais  cousulte  que  mes  forces,  j'aurais  pu  craindre  d'y 
repondre;  mais,  confiant  en  son  indulgence,  en  Tin- 
dulgence  de  Ihomme  distingue  qui  la  preside  en  ce 
jour,  et  non  nioins  snr  de  celle  dun  public  qui  mesure, 
sur  ses  voeux  seuls  pour  I  avancenient  des  sciences,  la 
faveur  quit  accorde  a  leurs  amis,  mon  zele  me  soutien- 
dra  dans  I'acquit  d'une  tache  difficile,  Je  dirai  ce  que 
j'ai  vu,  sans  jamais  viser  a  I'effet ,  convaincu  que  la  ve- 
rite,  !a  simplicite,  qui  furent  toujours  les  premieres 
vertus  d'uii  voyageur,  sont  aussi  ,  plus  que  jamais,   au 


(  3.7  ) 
siecle  ou  nous  vivons,  le  premier  gage  de  ses  succes  et 
le  plus  siir  garant  de  sa  gloire. 

La  Societe,  sans  doute ,  a  deja  senti  qu'aux  termes 
meme  de  ses  reglemens,  le  pen  d'instans  qui  ni'est  ac- 
corde  ne  me  permet  de  lui  offrir  qu'une  esquisse  des 
plus  rapides  de  mes  explorations  transatlantiques  dans 
le  cours  de  huit  annees.  La  Societe  sait  ,  d'ailleurs, 
qw'une  vaste  publication  qui  se  prepare,  sous  les  aus- 
pices d'un  ministre ,  ami  des  sciences,  renfermera  tous 
les  details  de  I'expedition  ,  sous  tous  ses  rapports  his- 
toriques  ,  geographiques  ,  ethnologiques  et  d'histoire 
naturelle.  Je  croirai  done  avoir,  en  ce  moment,  re- 
pondu  au  voeu  do  la  Societe  et  rempli  la  tiiche  quelle 
m'impose,  sije  parviens  a  repandre  quelque  interetsur 
les  principales  etapes  de  cette  longue  campagne  scien- 
tifique  d'un  jeune  audacieux,  que  son  amour  pour  la 
science  et  pour  la  patrie  ont  arraclie  de  ses  foyers  ,  et 
que  la  providence  y  ramene ,  heureux  et  fier  de  pou- 
voir  deposer ,  a  leurs  pieds  ,  les  premiers  tributs  de  ses 
efforts. 

Parti  de  Brest  en  juin,  1826,  en  qualite  de  natura- 
liste  voyageur ,  avec  la  mission  d'explorer  les  etats  de 
Buenos- Ayres,  du  Chili  et  du  Perou ,  sous  les  divers 
points  de  vue  de  Ihistoire  naturelle  et  de  ses  applica- 
tions ,  j'arrivai  a  Rio  de  Janeiro,  au  commencement  du 
inois  d'aout  de  la  meiue  annee. 

J'epargne  a  mes  auditeurs  Ihistoire  de  mon  sejour  au 
Bresil  et  meme  a  Montevideo,  ou  une  observation  ba- 
rometrique,  prise  par  des  officiers  ignorans ,  pour  iin 
levedu  pays  ,  hostile  aux  interets  des  occupans,  faillit 
compromettre  tout  I'avenir  de  ma  mission,  en  ne  me 
permettant  de  poursuivre  mon  voyage  et  de  me  rendre 
a  iUienos-Ayres,  qu  en  Janvier,  1827.  Je  ne  sejournai 


(  328  ) 

que  quelques  jours  d;tiis  cetle  deniiere  villo  ,  enipresse 
de  m'embarquer  sui  la  riviere  du  Parana,  pour  gagner 
les  frontieres  du  Paraguay.  Je  remontai  cctte  immense 
riviere  sur  une  etendue  de  plus  de  trois  cent  cinquante 
lieues.  A  cette  distance  de  son  embouchure,  ses  eaux. 
majeslueuses  coulent  encore  dans  un  lit  de  pres  d'une 
lieiie  de  largeur  ;  ses  Lords  et  les  lies  nombreuses  dont 
ii  est  seme  ,  s'ornent  de  vastes  forels  ou  les  e'le'sans 
palmiers  viennent  entrelacer  leur  leger  f'euillage  a  celui 
de  mille  autres  arbres  de  tout  genre,  le  plus  souvent 
couverts  de  lianes,  dont  les  fleurs,  au  printemps,  email- 
lent  de  pourpre  t,t  dor,  ces  guirlandes  naturelles. 

J'eus  lieu  de  reconnaitre,  des-lors,  rombien  sont  in- 
fideles  nos  cartes  les  plus  accreditees  de  cette  partie  de 
la  republique  argentine,  surtout  en  ce  qui  concerne  la 
grande  lagune  d'Ibera  ,  dont  elles  doublent  gratuite- 
ment  I'etendue,  et  qu'elles  reportent,  d'ailleurs  ,  d'un 
degre  trop  a  I'ouest  ;  sans  parler  de  plusieurs  rivieres  , 
telles  que  celles  de  Corrientes,  de  Bateles  et  de  Sainte- 
Lucie,  dont  le  cours  y  est  trace  tout-a-fait  a  faux  ;  er- 
reurs,  que  mes  observations  personnelles  et  les  lumieres 
que  j'ai  dues  a  M.  Parchappe,  savant aussi  modeste  que 
distingue,  m'ont  permis  de  corriger  sur  mes  cartes,  avec 
beaucoiip  d'autres  non  moins  graves. 

Dans  ce  voyage,  qui  ne  se  prolongea  pas  moins  d'une 
annee,  j'ai  parcouru  succossivement  les  provinces  de 
Corrientes  et  des  Missions;  et,  apres  avoir  penetre  au 
milieu  des  hordes  sauvages  qui  pcuplont  le  jrrand  Cha- 
co,  et  dont  j'ai  pu  observer  de  pres  les  mocurs  diverses, 
en  vivant  presque  toujours  de  leur  vie,  je  suis  rentre 
sur  le  terrain  de  la  civilisation  europeenne  par  les  pro- 
vinces d'Entre-rio3  et  de  Santa-fe. 

De  retour  a  Ikienus-Ayres,  le.s  guerrcs  intestines  qui 


(  329  ) 
dechiraient  1  etat,  depuis  la  signature  de  la  paix  avec  les 
Bi'esiliens,  me  niettant  dans  rimpossibilite  de  traverser 
sans  danger  le  continent,  pour  me  rendre  ,  par  terre  , 
au  Chili  ou  au  Perou,  je  me  decidai  a  partir  pour  la  Pa- 
tagonie,  cette  terre  mysterieuse,  ou  sipeu  d'Europeens 
peuvent  se  vanter  d'avoir  vecu  ,  et  dont  le  nom  seul 
avait  encore  quelque  chose  de  magique.  Je  m'y  rendis 
par  mer,  a  la  fin  de  1828,  et  j'y  sejournai  huit  mois. 
Mes  recherches  s'y  fireni  d'abord  assez  paisiblement, 
quelque  penible  qu'il  soit  de  parcourir  un  paysdes  plus 
arides  ,  ou  le  manque  d'eau  se  fait  sentir  a  chaque  pas, 
au  sein  de  deserts  uniformes  et  sans  fin ;  mais  les  In- 
diens  cesserent  bientol  de  vivre  en  bonne  intelligence 
avec  les  colons.  Les  nations  Puelches ,  yVucas  et  Te- 
huelches  ou  Patagons,  tout-a-coup  insurgees,  sans  mo- 
tif connu,  se  coaliserent  contre  la  colonie  naissante  du 
Carmen,  sur  le  Rio-Negro,  ou  je  m'etais  refugie,  des 
les  premieres  attaques;  et  je  fus  obhge  de  me  joindre 
momentanement  aux  habitans,  pour  contribuer  a  la  de- 
fense commune. 

Independamment  de  plusieurs  observations  iniporlan- 
tessuria  geologic  du  pays,  dont  les  formations  presentent 
une  analogic  frappante  avec  celles  du  bassin  de  Paris , 
j  ai  recueiili  bon  nombre  d'ubservations  curieuses  sur 
les  trois  nations  indigenes  de  ces  parties  australes. 

Le  gigantesque  fantome  de  ces  fameux  Patagons  de 
sept  a  huit  pieds  de  haut,  decrit  par  leg  anciens  voya- 
geurs,  s'est  evanoui  pour  moi,  J  ai  vu  la  des  hommes, 
encore  tres  grands,  sans  doute,  comparativement  aux 
autres  races  americaines,  mais  qui,  pourtant,  n'ont  rien 
d'extraordinaire,  meme  pour  nous;  car,  sur  plus  de 
six  cents  individus  observes,  le  plus  grand  nombre  n'a- 
vait  que  cinq  pieds  onze  poures   de  France,   et  je  crois 


(  S5o  ) 

pouvoir  evaluer  leur  taille  nioyenne  a  cinq  piecis  qiiatre 
pouces.  Peut-etre  la  inaniere  clont  ils  se  drapent,  avec 
de  grandes  pieces  de  fourrure,  expliquerait-clle  I'an- 
cienne  erreur.  Dans  tous  les  cas,  nul  doute  que  mes 
Patagons  ne  soienl  la  nation  qu'ont  vue  les  premiers 
navigateurs ;  car  eux -memes  m'ont  assure  qii'ils  faisaient, 
tous  les  ans,  des  voyages  aux  cotes  du  sud  ,  et  qu'ils  ne 
connaissaient,  a  la  pointe  de  I'Anierique,  d  autre  nation 
que  celle  qui  habite  la  Terre  de  Feu. 

Qui  le  croirait?  Temoin  de  leurs  ceremonies  religieu- 
ses,  J'ai  retrouve,  chez  plusieurs  de  ces  hordes  les  plus 
sauvages,  des  images,  grossieres  il  est  vrai,  mais  pour- 
tant  fideles,  des  rites  si  poetiques  des  anciens  Grecs. 
J'ai  vu  leur  Pythie ,  au  milieu  des  plaines,  entouree  dun 
vaste  cercle  dindieus  silencieux  ,  leur  interpreter,  I'oeil 
en  feu  ,  les  oracles  du  Gualichu  (genie  du  mal  et  du 
bien),  et  leur  prophetiser  des  victoires.  J'ai  vu  des  pu- 
rifications superstitieuses  celebrer,  dans  chaque  t'amille, 
1  instant  marque  par  la  nature  pour  la  puberte  des  jeunes 
Indiennesj  j'ai,  comme  chez  quelques  autres  peuples, 
vu  massacrer,  sur  la  tombe  dun  Patagon.  tous  les  ani- 
maux  qui  lui  avaient  appartenu  pendant  sa  vie;  bruler 
les  v^temens  de  loute  sa  tamiile;  et  sa  veuve  ,  barbouil- 
lee  de  noir,  attendre  ,  avec  ses  enfans  denues  de  tout, 
que  quelques  parens  daignassent  lui  jeter  les  lambeaux 
qui  doivent  la  couvrir;  faits  qui,  tous,  avec  beaucoup 
d'autres,  ne  paraitront  sans  doute  pas  inditterens  aux 
moralistes  et  aux  philosophes,  jaloux  de  recueilUr,  sur 
toute  la  surface  du  globe  ,  les  traits  distinctits  de  I'hu- 
manite,  sous  quelque  forme  qu'ils  se  presentent. 

Revenu  pour  la  seconde  fois  a  Buenos-Ayres ,  je  re- 
trouvai  le  pays  dans  I'anarchie  la  plus  complete;  et  I'ini- 
possibilite  bien  reconnue  de  gagner  le  Chili  par  le  con- 


(  33i  ) 
tinent,  me  cletermina  a  my  rendre  en  doublant  le  Cap 
Horn.  A  peine  arrive  au  Chili,  au  commencement  de 
i83o,  la  guerre  civile,  non  moins  animee  qu  a  Buenos- 
Ayres,  me  fit  prendre  le  parti  de  tenter  un  voyage  dans 
la  Bolivia  (ancien  Haut-Perou  ),  ou  tout  devait  me  faire 
esperer,  de  la  part  du  gouvernement,  une  bonne  recep- 
tion et  des  moyens  de  poursuivre  mes  voyages. 

Cobija,  le  port  actuel  de  Bolivia,  m'offrit  j'aspect 
imposant  des  chaines  volcaniques  dont  il  se  couronne  ; 
puis  je  debarquai  a  Arica ,  republique  du  Perou ,  ou  je 
commencai  mes  voyages  par  terre. 

J'observai  d'abord  le  versant  occidental  des  Andes. 
La  suite  d'un  sol  aride,  sablonneux,  ne  m'y  offrit  que 
de  la  geologie.  La  nature ,  en  ces  lieux ,  n'a  rien  fait  pour 
embeliir  les  vallees  :  tout  y  est  I'ouvrage  de  I'art;  et  si , 
parmi  ces  deserts  de  sable,  I'oeil  se  repose,  par  inter- 
valles,  sur  un  terrain  plante  d'oliviers,  de  figuiers,  de 
grenadiers  et  de  bananiers,  I'eclat  de  cette  vegetation 
f'aclice  n'est  du  qua  Taction  eombinee  de  mille  canaux 
qui,  a  des  jours  et  a  des  heures  fixes,  viennent  lui  don- 
ner  ou  lui  rendre  la  vie.  Telle  est  toute  la  partie  du  Pe- 
rou situee  it  I'ouest  des  Andes. 

Je  gravis  ensuita,  par  des  ravins  affreux,  le  sommet 
des  Andes.  La ,  bien  loin  de  rencontrer  une  seule  crete 
ressemblant  a  celles  que  representent  les  cartes,  je  me 
trouvai  sur  un  immense  plateau  ou  selevent,  de  dis- 
tance en  distance,  des  montagnes  volcaniques  qui  n'af- 
fectentaucune direction  suivie.  La,  partout,  une  nature 
aride,  une  secheresse  affreuse  etune  rarefaction  de  lair, 
telle  que  je  men  sentis  tres  douloureusement  affecte. 

J'arrivai  sur  le  versant  oppose  du  plateau,  que  mar- 
quait  une  chaine  intermediaire  entre  le  plateau  particu- 
lier  des  Andes  et  le  plaliau  general  des  Cordilleres.  IJne 


(  33-i  ) 
vuc  admiiable  se  de  veloppait,  la  ,  de  toutes  parts  ,  ii  nies 
yeiix  :  a  I'ouest  et  au  sud-ouest,  les  sominets  imposans 
du  plateau  des  Andes  j  au  nord-est,  la  Cordillere  orien- 
tale,  plus  haute  encore  et  plus  continue  ;  et  des  polntes 
dechirees,  couvertes  de  neige,  seniblant  shuniilier  de- 
vant  niimani  et  le  Sorata ,  ces  geans  des  Alpes  ameri- 
caines,  qui  doniinent  de  leurs  fronts  orgueilleux  la  re- 
gion des  hivers  eternels. 

Je  descendis  ensuite  sur  un  autre  plateau  qui  est  en- 
core a  pres  de  douze  niille  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Ce  plateau  separe  les  Andes  de  la  Cordillere 
que  j'appelle  orieiitale.  L'espace  compris  entre  ces  deux 
chaines  principales  peut  etre  de  trente  lieues,  et  con- 
serve le  meme  aspect.  C'est  sur  cet  immense  plateau  , 
forteteiidu  au  nord  et  au  sud  ,  que  se  trouvent  les  plus 
noinbreuses  populations  de  Bolivia  et  du  Perou;  ce  qui 
tient,  sans  doute,  au  grand  nonibre  de  llamas  et  d'alpa- 
cas  qu'il  nourrit.  C'est  aussi  sur  ce  plateau  remarquable 
que  s'etend  I'immense  lac  de  Titicaca  ,  si  fanieux  par  les 
anciens  temples  du  soleil  et  de  la  lune,  ouvrage  des  In- 
cas,  dans  les  lies  dont  il  est  seme.  Plus  tard,  j'ai  par- 
couru,  dans  tout  leur  developpement,  les  rives  escar- 
pees  de  ce  nieme  lac  ,  si  riches  en  souvenirs  de  1  histoire 
ancienne  du  Perou. 

Ce  plateau  ,  et  surtout  les  environs  de  la  Paz,  turent, 
pendant  quelque  temps ,  le  theatre  de  mes  recherches. 
J'ai  corrige,  sur  le  gisement  de  cetle  ville,  une  grave 
erreur  consacree  par  toutes  les  cartes,  sans  menic  en 
excepter  celles  de  Brue,  bien  qu'assurement  les  moins 
fautives  pour  I'Amerique.  La  Paz  n'est  pas  situee  sur  le 
versant  oriental  de  la  chaine,  mais  dans  un  inmiense  ra- 
vin du  sud-ouest  de  la  cordillere,  sur  le  grand  plateau. 

Au  commencement  de  )uillet,i83o,  toujours  marchant 


(  333  )      • 

a  Test,  je  gravis  le  sommet  de  la  Cordillere  orientale; 
et  la  s'offrirent  a  mes  yeiix,  dun  cote  les  nionta»nes 
arides  du  grand  plateau,  ou  le  ciel ,  pendant  neuf  mois 
de  I'annee,  garde  invariablement  la  meme  purete;  de 
I'autre  ,  des  niiages  amonceles,  toujorns  se  inaintenant 
a  quelques  niille  pieds  au-dessous  du  lieu  de  mon  ob- 
servation, et  qu'on  prendrait  pour  les  flots  d'une  mer  en 
furie,  quand  ils  se  heurlent  centre  les  pointes  abruptes 
des  niontagnes;  penetres,  d'ailleurs,  de  loin  en  loin,  par 
les  points  culminans  de  quelques  pics  qui  figurent  assez 
bien  des  lies;  niais,  que  ces  nuages  viennent  a  laisser 
cntre  eux  quelques  intervalles,  I'oeil  ,  alors,  tout  dun 
coup,  plonge  dans  une  profondeur  immense  sur  les  pics 
converts  de  bois  qui  couronnent  les  chaines  paralleles. 
11  est  plus  facile  de  sentir  que  de  rendre  la  sublimite 
dun  tel  spectacle. 

Ces  nuages,  de  plus,  determinent  une  zone  distincte, 
et  signalent,  pour  les  parties  inferieures  ,  le  commence- 
ment d'une  vegetation  comparable,  a  tons  egards,  a  la 
vegetation  la  plus  riche  et  la  plus  variee  de  la  zone 
tropicale. 

Je  m'avancai  jusqu'aux  niontagnes  dechirees  qui  for- 
nient  le  versant  oriental  de  cette  chaine,  descendant  al- 
ternativement  du  lit  des  rivieres  au  sommet  des  chaines; 
et,  dans  ce  long  et  penible  voyage,  j'ai  reconnu  qu'aucun 
des  immenses  et  nombrcux  torrens  de  ce  versant  ne  sont 
marques  sur  les  cartes,  et  qu'une  confusion  des  plus 
grandes,  ou  des  espaces  entierement  vides,  y  tiennent, 
le  plus  souvent,  lieu  des  accidens  varies  dont  est  rempli 
le  pays  entier.  Ces  lieux  reproduisent ,  mais  avec  plus 
de  luxe  encore,  la  pompeuse  vegetation  des  environs  de 
Rio  de  Janeiro;  une  humidite  chaude  y  couvre  de 
plantes  magnifiques  meme  les  rocliers  les  plus  escarpes. 


(  334) 
Je  reraontai,  pies  de  Gochabamba,  la  mcine  Corclillere; 
et  suivis  line  longue  serie  de  montagncs  arides  dont  la 
pente  m'amena  dans  les  belles  plaines  l)oisees  on  se 
trouve  la  ville  de  Santa  Cruz  de  la  Sierra.  Cet  intervalle 
de  cent  vingt  lieues  est  aussi  peu  connu  que  le  rcste. 
J  ai  passe  de  grandes  rivieres  qui  n'existeiit  pas  sur  les 
cartes ,  et  les  systeines  de  versans  my  paraissent  sur- 
tout  des  plus  faux. 

J  etais  deja  a  trois  cents  lieues  de  la  mer;  niais,  vou« 
lant  connaitre  aussi  les  lieux  peuples  seulement  par  les 
indigenes,  je  resolus  de  penetrer  plus  avant  dans  I'inte- 
rieur  des  terres  habilees;  et,  a  la  fin  de  la  .saison  des 
pluies,  qui  interronipt  toute  communication,  je  ropris 
ma  marche  vers  Test,  en  traversant  une  toret  dont  I'c- 
pais  f'euillage  couvre  une  etendue  de  plus  de  soixante 
lieues  de  largeur,  est  et  ouest,  et  dans  laquelle  on  cher- 
cherait  vainement  d'autres  botes  que  les  jaguars  ou 
tigres  d'Amerique.  J'arrivai  ainsi  dans  la  province  de 
Chiquitos,  que  je  parcounis  en  tous  sens,  jusqu'a  la  ri- 
viere du  Paraguay  et  a  la  ville  de  Mato-Grosso  du  Bresil. 

La  province  de  Chiquitos  a  plus  de  douze  mille  lieues 
de  superficie.  J'y  ai  trouve,  sinon  dans  toute  sa  splen- 
deur  passee,  du  moins  encore  intact  dans  ses  formes  et 
avec  tous  ses  caracteres  primitifs,  le  gouvernement  qu'y 
avaient  jadis  etabli  les  jesuites,  gouvernement  encore 
inconnu  et  bien  nial  apprecie,  malgre  tons  les  ecrits 
dont  il  a  ete  I'objet,  et  qui  sut,  par  une  patience  dont 
il  serait  difficile  de  se  faire  une  idee,  reunir  et  rallier 
en  dix  villages  ,  sous  les  memes  lois  et  sous  1  empire  dun 
idiome  idenlique,  dix-sept  nations  bien  distinctes,  par- 
lant  chacniie  une  langue  differente. 

Les  Chiquitos,    chretiens    seulement  de  nom,    ont 
conserve  la  plnpart  de  leurs  anciennes  superstitions.  II 


(  335  ) 
est  curieux  den  voir  les  souvenirs   se  nieler,  le   plus 
innocemment  du  nionde ,  aux  ceremonies  les  plus  aus- 
teres  du  culte  catholique. 

J'ai  ete  frappe  du  contraste  de  gaite  et  d'insouciance 
qui  les  distingue  des  taciturnes  habitans  du  grand  Cha- 
CO,  non  moins  que  de  ['extreme  bizarrerie  de  quelques- 
uns  de  leurs  jeux  nationaux  ,  et  entre  autres,  dune  es- 
pece  de  jeu  de  paume  qui  s'execute  avec  la  tete,  sans 
le  secours  des  mains. 

Une  singularite  des  plus  piquantes,  et  caracteristique 
dune  des  langues  du  pays,  c'est  que  la  pluparl  des 
substanlifs  se  designent  par  un  mot  different,  en  raison 
du  sexe  de  la  persoune  qui  parle. 

Au  milieu  de  ces  vastes  et  sonibres  forets,  qui  sepa- 
rent  les  immenses  provinces  de  Chiquitos  etdeMoxos, 
dans  un  vaste  territoire  marque  comme  inconnu  sur  nos 
meilleures  cartes,  coulc  une  riviere  egalement  ignoree, 
quoique  navigable,  et  dont  les  bords,  enrichis  dune 
vegetation  aussi  active  que  brillante,  sont  habites  par 
une  nation  de  celles  que  nousappelons  sauvages,  nation 
aussi  inconnue  en  Europe  que  le  sol  quelle  foule,  mais 
qui  n'en  pourrait  pas  moins  servir  de  modele  a  beau- 
coup  de  peuples  civilises.  Ce  sont  mes  chers  Guarayos, 
realisant  en  effet,  en  Amerique ,  par  une  bospitalite 
franche  et  loyale,  par  les  moeurs  simples  des  temps  pri~ 
mitifs,  le  reve  poetique  de  I'age  d'or.  Chez  ces  honimes 
de  la  nature,  que  I'envie  ne  tourmente  jamais,  le  vol, 
non  plus,  n'a  pas  penetre;  le  vol,  cette  plaie  morale 
des  civilisations  les  plus  grossieres  comme  les  plus  par- 
faites;  le  vol,  regarde  pres(|ue  comme  une  vertu  par 
leurs  plus  proches  voisins,  les  Chiquitos j  et,  au  milieu 
meme  des  missions ,  ou  la  corruption  des  moeurs  est  a 
son  comble,  on  aime  a  retrouver  chez  leurs  femmes  une 


(  336  ) 

piuleur,  line  conduite  exeniptc  de  reproches.  La,  j'ai  vu 
de  respectables  vieillards  a  longue  barbe,  caractere  sin- 
gnlier  parnii  les  races  anK'ricaines,  qui  sont  generale- 
menl  imberbes;  vrais  patriarcbes  dn  desert,  vetiis  dime 
loTigue  robe,  faite  de  I'ecorce  des  arbres  de  leurs  forets. 
Bien  different  des  serviles  neophytes  des  missions  des 
jesuites ,  qui  ne  parlent  que  le  front  baisse  vers  la  terre 
et  les  bras  croises  sur  la  poitrine,  le  Guarayo,  fier  de  la 
liberie  dont  il  jouit,  marche  la  tete  haute,  se  presente 
avec  assurance,  et,  tout  en  vous  traitant  oomme  son 
egal,  se  regarde  conime  bien  superieur  aux  autres  In- 
diens,  quil  nieprise  parce  qu  ils  sont  voleurs !  Aussi 
prevenans  que  fiers,  les  chefs  de  cette  noble  nation  ve- 
naient  tons  les  jours  interroger  mes  voeux  pour  les 
prevenir. 

J'ai  vu  toutes  leurs  ceremonies  religieuses;  je  les  ai 
entendus,  dans  leurs  hymnes  sjlennelles  enricbies  da- 
mages riantes  et  gracieuses  ,  inviter  les  oiseaux  d'alen- 
tour  a  venir  egayer  le  feuillage,  et  prier  les  fleurs  de 
s'epanouir,  pour  feter  avec  plus  d'eclat  le  tamoi  (le 
grand  pere),  leur  dieu  bienfaisant,  qu'iU  adorent  sans 
le  craindre,  parce  quil  preside  a  I'abondance  des  re- 
coltes  sans  jamais  punir  les  cultivateurs. 

Dans  I'immense  province  de  Moxos,  au  nord-est  du 
HautPerou,  plus  de  coUines  granitiques,  plus  de  gres 
comme  dans  Chiquitos;  mais  bien  des  terrains  extreme- 
ment  plats,  en  partie  inondes  par  un  dedale  de  rivieres. 
La  vivent,  divises  en  dix  nations  distinctes  et  parlant  des 
langues  diverses ,  des  peuples,  tons  navigateurs,  qui 
connaissent  parfaitement  les  moindres  detours  de  leurs 
canaux  naturels  ,  journellement  parcourus  deux  sur  de 
iongues  pirogues  formees  dun  seul  tronc  d'arbre  creuse 
par  le  fer  et  par  le  feu  j  je  les  ai  souvent  employees 


(337  ) 
flans  ines  reconnaissances  cle  la  province  entiere,  el  je 
leur  dois  les  materiaiix  tlune  refonte  integrale  des  cartes 
de  cetle  partie  du  sol  aniericain. 

De  Moxos,  qui  conserve  la  temperature  chaude  et 
humide  de  sa  latitude,  je  voulus  remonter  au  sommet 
de  laCordJllere  orientate,  afin  de  parcourir  successive- 
nient,  jusqu'aux  neiges,  les  differentes  zones  dhabita- 
tion  des  plantes  et  des  animaux.  Je  remontai  alors  In 
Rio-Chapare,  jusqu'au  pied  des  derniers  contreforts  des 
Andes,  ou  vivent  les  Yuracares.  La,  au  sein  des  f'orets 
les  plus  belles  du  monde,  ou,  a  la  hauteur  de  deux  ou 
trois  cents  pieds  au-dessus  du  sol ,  les  rameaux  d'arbres 
inimeiises  viennent  s'enlacer  en  voiites  de  verdure  im- 
penetrable aux  rayons  du  soleil,  au-dessus  de  palmiers 
gigantesques  eux-niemes,  protegeant  a  leur  tour  une 
vegetation  des  plus  elegantes  et  des  plus  varices;  la, 
parmi  ces  tableaux  de  I'aspect  le  plus  niajestueux, 
I'homnie  sauvage  s'est  cru  I'etre  le  plus  heureux  et  le 
plus  privilegie;  ses  idees  ont  grand!  avec  la  nature.  Les 
Yuracares,  en  effet,  possedent  une  histoire  sacree  assez 
etendue  et  reniplie  des  idees  les  plus  originales  sur  la 
creation  du  monde  et  sur  I'origine  des  nations ,  le  tout 
mele  de  fictions  les  plus  gracieuses ,  souvent  analogues 
a  celles  du  riant  polytheisme  des  Grecs. 

Ainsi,  par  exernple,  une  jeune  fdle  parvenue  a  I'age 
des  passions,  reve  seule,an  sein  des  vastes  forets;  elle 
s'y  plaint  a  I'echo  des  bois  du  malheur  de  sa  solitude. 
Son  ceil  s'y  fixe  avec  attendrissement  sur  un  bel  arbre 
charge  de  fleurs  purpurines.  S'il  etait  homme  ,  elle  I'ai  ■ 

merait La   jeune  fillo  pleure,  soupire,  attend  ,  es- 

pere Elle  espere,  et  ce  nest  pas  en  vain....  L'amour 

lui  devait  iin  prodige  :  I'arbre  devint  homnie;  il  devint 
homnie,  et  la  jeune  fille  est   luMU'cuse. 

22 


(  338  ) 

Ces  Yuracares,  doues  d'une  imaginaliun  si  exallee  , 
ii'ont  pas  moins  d'orgueil  que  d'exaltation.  lis  menaceiit 
le  ciel  de  leurs  fleches,  quaiid  il  tonne,  bravant  ainsi 
jusqu'a  la  divinite. 

Ma  ciiriosite  etait  encore  bien  loin  d'etre  satisfaitej 
et ,  des  lieux  que  je  viens  de  decrire,  on  meat  vu  m"e- 
lever,  bientot  apres ,  de  ravin  en  ravin,  jusqu'a  Coclia- 
baniba ,  passant  lour-a-tour  d'une  zone  torride  a  uue 
zone  temperee ,  et  de  cette  derniere  a  celle  des  neiges. 
Je  ne  tardai  pas  a  revenir  a  Moxos,  me  frayant  un  che- 
niin  sur  un  autre  point  du  versant  de  la  Cordillere 
orientale,  dans  le  but  de  verifier  nies  premieres  obser- 
vations et  de  reconnailre  le  point  de  partage  du  grand 
versant  du  Rio-Beni  et  du  Mamore,  fait  important  pour 
la  geographic. 

De  Moxos  je  revins  a  Santa-Cruz,  et  de  Santa-Cruz 
je  passai  a  Cliuquisaca,  capitale  do  Bolivia,  distante  de 
cette  ville  de  cent  trentesix  lieues. 

Je  revins  ensuite  a  la  Paz  ,  apres  avoir  visile  Potosi , 
lieu  dont  la  richesse  est  proverbiale  j  et  de  la  Paz  enfin, 
repassant  pour  la  derniere  fois  la  Cordillere  des  Andes, 
apres  avoir  explore  trois  ans  toutes  les  parties  de  la  re- 
publique  de  Bolivia,  je  me  trouvai  sur  la  cote  du  Perou, 
oil  je  ni'embarquai  le  n5  jiiillet,! 833, pour  la  France,  en 
passant  par  les  ports  d'Arequipa,  de  Lima  el  du  Chili. 

Dans  cette  absence  de  huit  annees,  j'ai  parcouru  qua- 
torze  millesept  cent  qualre-vingts  lieues, y  compris  mes 
voyages  par  tcrre,  sur  les  rivieres  et  par  mer ,  ct  j  ai  vu 
lAmerique  meridionale  en  sens  divers,  du  1 1"  au  4'^*^ 
degre  de  latitude  australe. 


(339) 


COMPTE- RENDU 

DES  RECETTES  ET  DEFENSES  DE  LA  SOCIETE 

pendant  Vexercice  i833-i834. 


RECETTES. 

Reliquat  du  compte  de  i832-i833j  interels  des 
Ibnds  places;  montant  des  souscriptions  renouvelees 
<'t  des  diplomes  delivres  aux  nouveaux  membres ;  sous- 
cription  du  roi  et  fondation  du  prix  de  S.  A.  R.  le  due 
(I  Orleans;  vente  du  recueil  des  Menioires  et  du  Bul- 
letin         12,198  f.  78  c. 

DEFENSES. 

Frais  d'administration,  d'agence,  de 
loyer;  impression  du  Bulletin;  nion- 
tant  des  prix  decernes  en  i834;  achat 
d'une  inscription  de  100  fr.  de  rente 
5  pour  0^0  pour  le  prix  de  S.  A.  R.  le 
due  d'Orleans 10,761         >- 

En  caisse  le  28  novembre  i834.         ^A^l     7^ 
Deux  placemens    representant    un 
capital  de i5,ooo        » 

Total  de  I'actif 16,437  f.  78  c. 

Certifie  par  le  Tresorier  de  la  Societe  et  approuve 
par  V asseinhUe  generale^ 


Paris,  le  ?.8  novembre  i834. 


Signe  Chapellier. 


(  34o  ) 


PROCES-VERBAL 

©«    l'aSSEMBLEE    CENERALE     do     28    NOVEMBRE     l834. 


La  Societe  Je  Geographic  a  tenu  sa  (leuxieine  assem- 
blee  generale  tie  i834,  le  vendredi  28  novemhre  ,  clans 
une  des  salles  de  I'Horel-de-Ville,  sous  la  presidence  de 
M.  le  comte  de  Montalivet,  pair  de  France. 

M.  le  President  ouvre  la  seance  par  un  discours  dans- 
tequel  il  signale  les  genereux  encourageniens  que  la  So- 
ciete accorde  aux  decouvertes  geograpliiques.  Rappe- 
lant  ensuite  des  travaux  non  moins  utiles,  il  ia  felicite 
de  ses  premiers  efforts  pour  obtenir  la  description  phy- 
sique ,  la  carte  hydrographique  et  le  nivellenient  gene- 
ral de  la  France.  Le  temps  est  propice,  dit-il,  pour  re- 
prendre  I'execution  de  cette  grande  entreprise,  et  hi 
Societe  doit  compter  sur  Tempressement  du  gouverne- 
ment  a  lui  faciliter  les  moyens  datteindre  un  but  aussi 
utile.  M.  le  president  annonce  que  S.  M.  et  S.  A.  R.  le 
due  d'Orleans  ,  qui  portent  un  vif  interet  aux  sciences 
geographiques  et  aux  travaux  de  la  Societe  ,  veident 
bien  consacrer  un  nouvel  encouragement  aux  publica- 
tions dont  elle  a  deja  rassemble  les  elemens.  M.  de  Mon- 
talivet se  felicite  de  devoir  au  choix  de  la  Societe  de 
pouvoir  lui  Iransmettre  ces  temoignages  de  haute  bien- 
veillance. 

M.  le  colonel  Denaix,  secretaire  de  la  Societe,  donne 
lecture  du  proces-verbal  de  la  derniere  assend)lec  eene- 
rale.  —  La  redaition  en  est  adoptee. 


(  34i  ) 

M.  le  Secretaire  lit  une  lettre  de  M.  le  general  Pelet, 
qui  annonce  I'envoi  des  nouvelles  publications  du  De- 
pot de  la  guerre,  et  il  communique  la  liste  des  divers 
ouvrages  offerts  a  la  Societe.  —  L'assemblee  vote  des 
remercimens  aux  donateurs  ,  et  ordonne  le  depot  de 
leurs  ouvrages  a  la  bibliotheque. 

M.  le  President  proclame  les  noms  des  candidats  pre- 
sentes  pour  etre  admls  dans  la  Societe. 

M.  Jomard,  president  de  la  Commission  centrale,  de- 
pose sur  le  bureau  la  premiere  partie  du  quatrienie  vo- 
lume des  Memoires  de  la  Societe,  composee  de  la  Be- 
lation  d'un  voyage  fait  dans  I'lnde,  au  quatorzieme 
§iecle;  de  la  relation  inedite  dun  voyage  fait  a  Taiti,  en 
1774  j  et  de  plusieurs  vocabulaires  de  I'Afrique  septen- 
trionale  et  orientale. 

M.  d'Avezac,  secretaire  general  de  la  Commission 
centrale  ,  presente  la  notice  annuelle  des  travaux  de  la 
Societe.  Apres  avoir  determine  quelle  est  la  veritable 
etendue  du  doniaine  de  la  geograpbie,  il  passe  en  revue 
les  diverses  parties  du  champ  que  les  efforts  de  la  So- 
ciete tendent  a  feconder  ,  et  les  puissans  auxiliaires 
qu'elle  a  nouvellement  acquis  pour  remplir  cette  noble 
tacbe;  il  montre  combien  de  sources  diverses  affluent 
spontanement  au  centre  commun  que  leur  offre  la  So- 
ciete de  Geograpbie,  et  il  fait  connaitre  avec  precision 
tous  les  progres  que  I'association  a  obtenus  ou  consta- 
tes dans  le  cours  de  I'annee  qui  s'acheve  j  il  signale  les 
travaux  geographiques  les  plus  importans,  et  expose 
les  re'sultats  des  explorations  les  plus  recentesj  enume- 
rant  ensuiie  les  encouragemens  que  la  Societe  a  distri- 
bues  et  ceux  qu'elle  met  au  concours,  il  excite  I'interet 
de  l'assemblee  par  le  tableau  des  efforts  que  les  res- 
sources  de  I'association  lui  ont  permis  de  faire,  pour  at- 


(  342  ) 
teindre  le  hut  de  son  institution;  et  il  fonde,  sur  les  re- 
sultats   obtenus,  un  flatteur  espoir   de  succes  plus  re- 
marqiiables  encore. 

M.  le  lieutenant-colonel  Denaix  remorcie  la  Societe  de 
ITionneur  qu'elle  lui  a  fait  en  le  nonimant  son  secretaire. 
II  doit  moins,  dit-il  ,  cette  distinction  a  la  part  qu'il  a 
prise  a  ses  travaux,  qua  la  perseverance  avec  laquelle 
il  poursuit  le  grand  ouvrage  dont  il  s'occupe,  tant  pour 
la  regeneration  de  I'enseignement  de  la  geographie,  que 
pour  rameiioration  de  I'expression  physique  des  cartes. 
M.  Denaix  fait  reniarquer  rapidement,  en  payant  toute- 
fois  un  tribut  d'homniages  aux  oeuvres  de  MM.  Malte- 
Brun  et  Balbi ,  que  le  peu  d'instruction  que  Ton  retire 
en  gene'ral  des  livres  elenientaires  et  des  traites  a  I'usage 
des  gens  du  monde,  I'a  engage  a  s'ocouper  d'un  ouvrage 
propie  a  Xenseignement  normal.  II  expose  a  ce  sujet 
qu'elles  sont  ses  vues,  et  prie  les  meaibres  de  la  Societe 
de  vouloir  bien  lui  faire  part  de  leurs  objections. 

L'Assemblee  entend  avec  un  vif  interet  un  apercu  de 
M.  d'Orbigny,  sur  le  voyage  qu'il  vient  d'executer  dans 
I'Amerique  nieridionale,  de  1826  a  i833  ,  avec  la  mis- 
sion d'explorer  les  etats  de  Buenos-Ayres,  du  Chili  ,  du 
Perou,  de  Bolivia  et  la  Patagonie.  II  signale  des  traits 
de  nioeurs  tres  caracteristiqnes  et  inconnus  jusqu'au- 
jourd'hui.  Dans  une  absence  de  huit  annees,  M.  d'Orbi- 
gny a  parcouru  pres  de  quinze  mille  lieues  ,  tant  par 
terre,  que  sur  les  rivieres  de  I'interieur,  et  sur  les  dil- 
ferentes  mers;  enfin,  il  a  visite  I'Amerique  nieridionale 
en  sens  divers,  du  11°  au  43"  degre'  de  latitude  aus- 
trale. 

M.  Chapellier  ,  tresorier,  presente  le  compte-rendu 
des  recettes  et  depenses  de  la  Societe  ,  pour  Vexercice 
annuel    i833-i834. 


(  343  ) 

M.  le  I'lesidoiit  lappelle  a  MM.  les  meniljies  que  iii 
Bibliolhetine  leur  est  ouverte  tons  les  jours  ,  de  onze 
heures  a  quatre  ,  et  que  les  seances  de  la  Cominissloii 
centrale  ont  lieu  au  local  de  la  Societe  ,  les  premier  et 
troisienie  vendredi  de  chaque  mois. 

On  procede  au  depouillement  du  scrutin  pour  la  no- 
mination de  quatre  menibres  de  la  commission  centrale; 
M.  le  President  proclame  les  noms  de  MM,  Denaix  , 
lieutenant-colonel  au  corps  royal  d'etat-niajor,  Boblaye, 
capitaine  au  meme  corps;  Berard  ,  lieutenant  de  vais- 
seau  de  la  marine  royale  ;  et  d  Orbigny  ,  voyageur- 
naturaliste  du  Museum  d'histoire  naturelle. 


MEMBRES   ADMIS   DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  generate  du  28  novemhre  i834. 

M.  Ernest  de  Blosseville. 

M.  BouRiAT,  membre  de  I'Academie  de  niedecine. 
M.  HuzARD  ,  membre  de  i'lnstitut. 
M.  Alcide  d'Orrigny,  voyageur-naturaliste. 
M.  le  lieutenant-general  baron  Pelet,  directeur  du 
Depot  general  de  la  guerre. 


OUVRAGES    OFFEUTS    A     LA    SOCIETTK. 

Seance  generate  du  28  novemhre. 

Par  M.  le  directeur  du  Depot  general  de  la  guerre  : 
Novvelle  carte  de  France,  12  feuilles ;  Ghalons-sur- 
Marne,  Lauterbourg,  le  Havre,  Longwy,  Montreuil , 
Provins,  Bethel,  Saint-Valery-en-Caux,  Sarreguemines, 


(  M4  ) 

Sierck,  Soissons,  Weissembourg.  —  Carfe  generale  des 
principaiicn  etats  de  I  Europe,  4  feu  i  lies  ,  1 832.  —  Carte 
de  la  Moree,  retligee  et  gravee  an  Depot  general  tie  la 
guerre,  d'apres  la  triangulation  et  les  levcs  executes  en 
1829,  i83o  et  i83i  ,  par  les  officiers  d'ctat-inajor  atta- 
ches au  corps  d'occupatiou,  etc.;  8  f'euilles.  —  Carte 
(In  territoire  d" Alger,  dressee  au  Depot  general  de  la 
guerre,  d'apres  les  leves  de  MM.  les  officiers  detat- 
major  ,  employes  a  Tarniee  d'Afrique.  Paris,  i834: 
1  feuille.  —  Carte  des  etunrons  d' Oran  et  de  Mers-el- 
Kebir,  dressee  au  Depot  general  de  la  guerre,  d'apres 
les  leves  de  MM.  les  officiers  detat-niajor ,  employes  a 
I'armee  d'Afrique.  Paris,  i834;   i  feuille. 

Par  M.  le  ministre  de  la  marine  :  Voyage  de  P Astro- 
labe :  philologie,  tome  i"",  2°  partie ;  zoologie,  3o,  3i , 
32,  33,  34  et  35"  livraisons,  et  tome  iii,  2<^ partie;  t.  iv, 
i"  et  a*  partie;  botanique,  lo^  livraison  et  2'  partie  du 
texte.  —  Voyage  de  la  Favorite:  atlas  hydrograpliique. 
Paris,  i833,  I  volume  in-folio,  et  8*  et  9*=  livraisons  de 
I'Album  bistoriqup. 

Par  M.  Artbus-BertraTid  :  Voyages  en  Arable,  con  te- 
nant la  description  des  parties  du  Hedjaz ,  regardi-es 
comme  sacrees  par  les  musulmans,  celle  des  villes  de  la 
Merque  et  de  Medinc,  etc.,  suivis  de  notions  sur  les 
moeurs,  les  coulumes  el  les  usages  des  Arabes  seden- 
taires,  et  des  Arabes  scenites  ou  Bedouins,  etc.;  tra- 
duits  de  I'anglais  dti  J.-L.  Jiurckardt,  par  J.-B.  Eyries, 
3  vol.  in-8".  -  Guide  des  emigrans  francais  aux  Etats- 
Llnis,  brocbure  in-8". 

Par  M.  Piban  de  la  Forest:  Essai  sur  la  vie  et  les  ou- 
trages de  M.  S.-F.  Sc/iu'll.  Paris,  i834;  i  vol.  in-S\ 


i-  ,•    .    •■■■■(   \.Ti  ■ »  \ 


de  Gepgraphie. 
(a)  1 5 1 1 . 


/iu/A^tm  f/e  /a  •  'hcte/c  i/e  i'COi/r,ip/u>-' 


7'Srrif    f- 


ufiMludc  k  I'Oceidciit  du  Mcndipii   Av  rObscr%aloii'o  i-o\  .\I  Jo  I'.i 


BULLETIN 

UK   LA 

SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 

DliCEMBRE    l834. 

PRDMIERE  SECTION, 


MEMOIRES,     EXTRAITS,     ANALYSES    ET    RAPPORTS. 


SUITE 

DBS    MEMOIRES    LUS    .4.    LA    SOCIETE    DE    GEOGRAPHIE 

SUR    LA     DECOUVERTE    ET    LA    RECONNAISSANCE 

DES    COTES    d'aMERIQUE  (l), 

Par  M.  Roux  de  Rocheme. 


COTES    OCCIDENTALES. 


Vasco  Nunez  de  Balboa,  conquerant  du  Darien  ,  ap-< 
prit  des  naturels  du  pays  que,  du  haut  d'une  monta- 
gne,  on  decouvrait  a  I'occident  une  nier  immense,  et  il 
se  rendit  (2),  avec  cent  quatre-vingt-dix  Espagnols  et 
une  escorte  d'Indiens  ,  au  pied  des  Cordilleres.  On  les 
gravit  avec  des  dilficultes  inouiesj  on  eut  a  livrer  plu- 

(i)  Voyez  dans  le  nieme  volume  le  n"  7  du  Bulletin  de  la  Societe 
de  Gepgraphie. 

(2)   i5ii.  '. 

23 


(  M6  ) 

sieurs  combats  aux  liabitans,  et  il  ue  restait  a  Balboa, 
(jue  soixaiitc'-sepi  liommes  en  etat  tie  le  suivre  ,  lo?s- 
qu'il  atteignit  eiifin  le  dernier  somniet  ,  et  (lecouvrit 
Tocean  Pacilique  (i).  A  cette  vue,  il  tonibe  a  genoux  , 
rend  graces  a  Dieu  d'etre  le  premier  Eiiropeen  aiiquel 
il  soit  accorde  de  faire  cette  grande  decouverte,  ap- 
pelle  tout  le  monde  a  temoin  qii'il  prend  possession  de 
cette  mer  ,  de  ses  lies  et  des  terres  environnantes,  au 
nom  du  soiiverain  de  Castille ,  et  fait  dresser  par  uii 
notaire  cet  acte  d'occupation  ,  que  les  Espagnols  reve- 
tent  aussi  de  leurs  signatures.  Le  guerrier  descendit 
ensuite  la  pente  occidenlale  des  Cordilleres  ,  eut  d'au- 
tres  engagemens  avec  les  Indiens,  s  avanca  vers  la  plage 
de  rOcean  ,  y  entra  jusqu'aux  genoux,  et  deployant  sa 
banniere  ,  ou  etaient  peintes  les  amies  de  Leon  et  de 
Castille,  il  renouvela  sa  prise  de  possession. 

Le  golfe  ou  Ton  etait  parvenu,  recut  le  nom  de  golfe 
de  Saint-Michel ;  Balboa  niit  a  la  voile  dans  1  Ocean 
qu'il  avait  decouvert ,  visita  quelques  parties  de  la  cote 
durant  cette  expedition  ,  et  en  entreprit  une  nouvelle, 
plusieurs  annccs  apres  (2),  avec  quatre  brigantins.donl 
toutes  les  pieces  avaient  ete  preparees  dans  le  golfe  du 
Mexique  ,  et  transportees  ensuite  dune  mer  a  I'autre,  a 
travers  I'isthmc  du  Darien. 

La  premiere  croisiere  de  Balboa  fut  dirigee  vers  le 
groupe  des  lies  des  Perlesj  il  reconnut  bientot  apres 
([uelques  parties  du  continent ,  et  il  se  proposait  d'e- 
lendre  plus  ati  niidi  ses  decouvertes,  lorsqu  il  fut  rap- 
pele  par  Pedrarias,  gouverneur  du  Darien,  qui,  dans  s;i 
jalouse  liaine,  laccusa  de  rtibellion  pour  le  pen!  re  ,  et 
le  (it  decapiter. 

( i)  afi  septcml)re  i5  i  3. 
(a)   i5«C. 


(  Ml  ) 

Francois  Pizarre  avail  suivi  Balboa  dans  son  expt-tii- 
lion;  ce  tut  ensuite  hii  qui  rarit'-t:)  ,  el  ce  memo  guer- 
rier  fit,  quelques  annees  apres,  la  decouverte  et  la  tou- 
quete  du  Perou  Nous  n'avons  point  a  rappeler  ici  les 
circonstances  de  cette  memorable  expedition,  et  il  nous 
sutfit  de  faire  observer  quelle  donna  lieu  de  recon- 
naitresuccessivement  toules  les  parlies  de  cette  contree, 
oil  les  villes  de  Quito  et  de  Cusco  ,  residences  royales 
des  deux  branches  de  la  famille  des  Incas,  furent  promp- 
tement  occupees  par  les  conquerans,  et  oil  Ton  vil  ra- 
pidement  s'elever ,  sur  les  debris  de  lempire  peruvien  , 
de  nombreuses  colonies  europeennes  attirees  par  lor 
du  Nouveau- Monde. 

L'expedition  d'Almagro  dans  le  Chili  ,  oil  il  penetra  a 
travers  les  Andes,  donna   aux  Europeens  de  premieres 
notions  sur  eelte  contree  j  mais  elle  ne  put  etre  explo- 
ree  avec  soin,  que  lorsque  Valdivia  en    eut  fait  la  con- 
quete  (i).  San  Yago  en   devint   la  capitale,  et  on   lui 
donna  pour  port  Val-Paraiso,  ainsi  nomme  de  I'aspect 
enchanteur  des  vallees  voisines.  La  navigation  etait  le 
plus  si'ir  moyen  d'etahlir  les  communications  habituelles 
du  Perou  avec  le  Chili;  elle  fut  d'abord  suivie  Ires  pres 
des  cotes,  et  elle  permit  de  reconnaitre ,  dune  maniere 
continue  ,  de  longues  lignes  de  rivages.  La  forme  de  ces 
cotes  occidentales  fut  ainsi  delerminee  :  elle  le  fut  jus- 
qu'au  detroit  de  Magellan,  qui  etait  alors  la  seiile  route 
des  navigateurs  europeens.  On  avail  embrassetous  les  ri- 
vages de  I'Amerique  du  sud  :   sa  configuration  generale 
etait  a-peu-pres  tracee ;  et  si  elle  etait  encore  inexacle,  du 
nioins  les  navigateurs  du  seiziemesiecle  avaientfait  tout 
ce  que  Ton  pouvail  allendre  deux;  vu  I'etat   d'imper- 

(i)   i5/lo, 

23, 


(  348  ) 

fection  oii  se  trouvaient  les  sciences  ,  les  inslrumens  el 
I'ai'l  i\u  calcul. 

On  suivit  penilant  un  siecle  le  detroit  de  Magellan  , 
decouvert  en  iSao.  La  teire  de  Pen,  qui  le  borne  au 
niidi  ,  etait  regardee  conuue  une  pointe  avancee  de  cet 
immense  continent  austral  ,  dont  tousles  anciens  geo- 
graphes  supposaient  I'existence  ;  et  ce  ne  tut  qu'en 
1617  ,  que  Schouteii  et  Lemaire ,  se  dirigeant  plus  au 
sud  pour  trouver  un  autre  passage,  traverserent  entre 
la  terre  des  Etats  et  la  terre  de  Feu,  le  vaste  detroitau- 
ciuel  Lemaire  a  donne  son  noni.  Toutes  les  cartes  ante- 

A 

rieures  a  cette  dt^rniere  decouverte,  assignent  aux  terres 
australes  la  eirconfereiice  entiere  du  globe  :  elles  en 
suivent  les  sinuosites  ,  et  elies  en  tracent  les  limites  en- 
tre le  55'  et  le  65°  degre  de  latitude  5  limites  imagi- 
naires,  que  les  navigateurs  plus  recens  ont  sans  cesse 
reculees  vers  le  sud,  a  mesure  qu'ils  ont  tente  des  ex- 
peditions plus  aventureuses,  ou  que  les  perfectionne- 
mens  de  la  science,  el  le  desir  de  prolonger  les  decou- 
vertes  ,  les  ont  entraines  loin  des  traces  de  leurs  devan- 
ciers. 

Avant  que  los  rives  occidentales  de  I'Amerique  du 
sud  eussent  ete  entieremenl  reconnues,  la  conquete  du 
Mcxique  avait  deja  permis  de  commencer  et  d'etendre 
vers  le  nord  plusieurs  series  de  decouvertes.  Cortez  en- 
voya  (i)  quelques  detachemens  sur  differens  points  de 
ce  littoral ,  afin  d'en  prendre  possession  ;  et  les  navires 
qu'il  fit  construire  dans  les  ports  occidenlaux  du  Mexi- 
qne  en  visiterent  dabord  les  cotes  :  elles  furent  recon- 
nues  vers  le  midi,  par  Fernand  de  Grijalva  (2) ;  et  Cortez 
et  lui  ,  decouvrirent  ensuite  (3)  la  pointe  de  la  (^alilor- 

(1)    i5xi.  (•2)    i5ri.  ii)   i535. 


(  M9) 
Tire,  ainsi  ([u'une  partie  de   la   mer  Vermeille  (i)  ,   oi'i 
Francesco  de  Ulloa  prolongea  ensuite   ses   reconnais 
sances.  (2) 

A  leur  exemple  ,  d'autres  navigateurs  s'engageient 
dans  cette  iner  interieure.  Vasquez  Cotonado  en  par- 
coirrut  les  rives  orientales  (3),  et  il  recueillit  dans  les 
contrees  de  Cinaloa  et  de  Sonora  ,  heaucoup  dc  rn- 
meurs  confuses  sur  line  fanieuse  -ville  de  Quivira,  que 
Ton  supposait  situee  plus  au  nord,  et  que  Ton  repre- 
spntait  comme  la  capltale  dun  puissant  empire.  L'Anie- 
rique  etait  alors  le  pays  des  fictions  ,  et  limagination 
y  avail  tout  agrandi. 

Francesco  de  Alarcon  etait  charge,  a  la  menie  epoquo, 
d'un  nouveau  voyage  de  decouvertes  le  long  des  cotes 
oceidentales  de  la  Californiej  et  Pedro  Alvarado  ,  un 
des  plus  illustres  conquerans  du  Mexique,  se  preparait 
a  une  autre  expedition,  lorsque  des  conjures  indietis 
I'attaquerent  pres  de  Guadalaxara,  et  !e  pre'cipiterent 
du  haul  d'un  rochei'.  (4) 

Chaque  annee  se  signalait  alors  par  quelque  entre- 
prise  maritime.  Mendoza,  vice-roi  du  Mexique  ,  fit  ex e- 
cuter  (5),  par  Juan  Rodrigue  Cabriilo,  un  voyage  le 
long  des  cotes  de  la  Californie  ;  et  le  cap  Mendocin, 
ainsi  nomme  en  niemoire  du  vice-roi  ,  fut  le  point  ex- 
treme de  cette  navigation  ,  ou  !e  littoral  navait  ete  re- 
Gonnu  que  par  intervalles  et  sur  dilferens  points. 

II  ne  se  fit,  dans  les  parages  de  cette  contree,  au- 
cun  autre  voyage  memorable,  jusqu'aux  navigations  de 
sir  Francis  Dracke  ,   (jui  ,   a  la  suite  de  ses  memorables 


(i)   '53(>.  C)  ,541. 

(2)    1037.  (5)    1541. 


(  S.'.o  ) 
expeditions  militaires  contre  les  colonies  espagnoles  , 
leconnut  (i)  les  coles  crAmerique  depuis  le  38"  degre 
jusquau  48*  :  il  voulail  s'elever  plus  au  nord  ;  mais  le 
niecontentemenl  de  ses  equipages  lui  lii  abandonner 
son  projet ,  et  il  se  dirigea  vers  les  Moluques. 

Un  voyage  du  nord  au  sud  fut  bienl6t  fait  (2)  dans 
les  memes  parages  ,  par  le  capitaine  espagnol  Gali,  qui  , 
apres  s'etre  rendu  a  Formose  et  au  Japon,  se  porta  sur 
la  cote  nord-ouest  d'Amerique  ,  vers  le  ^'j"  degre,  et 
revint  du  cap  Engaiio  a  la  Nouvelle-Espagne. 

Ces  cotes  furent  ensuite  visitees  iV)  par  Sebastien 
Viscaino,  que  Monterey,  vice  roi  du  Mexique,  avait 
expedie  d  Acapulco  :  il  reconnut  d  abord  le  littoral  de 
la  Nouvelle-Espagne  et  une  partie  de  la  mer  Vermeille ; 
il  visita  dans  un  second  voyage  (4)  les  cotes  occiden- 
lales  de  Caiitornie,  et  s'eleva  vers  le  nord  ,  jusqua  la 
poinie  de  Monterey  ct  au  c;ip  Saint-Sebastien.  Un  na- 
vire  de  cette  expedition  gagna  le  43*^  parallele  (5) ,  et 
Ion  y  decouvrit  une  liviere  proionde  que  le  mauvais 
lenips  ne  permit  pas  de  remonter  :  on  la  nonima  entree 
ot  riviere  de  Martin  d  Aguiiar. 

Juan  Yturbide  navigua  en  i6i5,  dans  la  mer  Ver- 
meille, on  d  penetra  jusqu'au  3ic  degre  :  la  pecbe  des 
perles  y  attimit  alors  les  navigateurs  ;  et  Francesco  de 
Ortega  y  fit,  dans  cette  vue,  differens  voyages  (6).  Gon- 
zale  de  Barriga  eut  bientot  a  s'occuper  dune  noiivelle 
reconnaissance  ,  et  il  parcourut  les  cotes  de  la  Califor- 
iiie,  oil  Pinadero  (8)  et  ensuite  Lescurilla  furent  char- 
oes  d'elablir  des  colonies. 

n 

(0  1 57;).  (5)  i6o:t. 

(2)  i58>.  (6)   i63a,    iin,!,    i(i3',. 

(3)  iSQfi.  (7)   ifi4o. 

(/,)   i6(>;>.  fS)   166/i  ,  ififi;  PI   tfif>8. 


(  35i  ) 

Mais  toutes  les  expeditions  dont  nous  avons  succes- 
sivement  rendu  comple  n'avaient  pas  ete  faites  d'une 
nianiere  assez  exacte  ,  assez  -omplete  pour  determiner 
la  forme  de  la  Californie. 

Cette  contree  fut  d'abord  representee  comme  une 
presqu'ile  dans  les  anciennes  cartes  du  Nouveau-Monde, 
dans  celles  que  Ton  a  jointes  aux  editions  de  Ptolemee, 
dans  celles  d'Ortelins  (i),  de  Mercator  (2),  de  Ramu- 
sio  (3),  dans  une  grande  et  belle  carte  manuscrite,  pu- 
bliee  en  i6o4  et  deposee  a  la  Bibliotheque  royale  :  cette 
forme  etait  encore  la  nieme  dans  les  cartes  de  Guillaunie 
Blaew  qui  parurent  en  16 ^5;  mais  elle  fut  bientot  al- 
teree  par  des  conjectures  ou  des  relations  erronees;  et 
la  Californie  fut  tracee  comme  une  ile  dans  les  cartes  de 
Guillaume  Samson  pubiiees  en  i6bc);  elle  le  fut  egale- 
ment  dans  celles  de  Wischer  (4),  de  Jean  Blaew,  de  Jan- 
son  (5),  de  Francois  de  Witt  (6),-  de  Nicolas  Samson  (7), 
et  dans  le  grand  globe  terrestre  de  Coronelli  qui  orne 
une  des  salles  de  la  Bibliotheque  royale.  Cette  erreur 
sur  la  forme  de  la  Californie  dura  soixanle  ans;  et  la 
figure  d'une  presqu'ile  ne  !ui  fut  rendue  qu'en  1720  dans 
les  cartes  de  Guillaume  de  Lisle,  I'uu  des  hommes  qui 
ont  repandu  le  plus  de  lumieres  sur  la  geograpliie,  et 
qui  Tent  degagee  d'un  plus  grand  uombre  d'erreurs,  soit 
sur  la  forme  des  rivages,  soit  sur  le  calcul  dfs  positions, 
et  particulierement  sur  la  fixation  des  lonu^itudes. 

Les  jesuites  envoyes  en  Californie  avaient  alors  ve- 
rifie  que  cette  contree  n'etait  pas  une   ile,  et  ils   fircnt 


(1)  1 570,  (5)  if.(ii. 

(2)  i585.  (fi)  1660. 
(■?)  'C06.  (7)  lG6n. 
(■\\    ififii.. 


(  35.  ) 
explorer  (i),dans  loute  sa  longueur,  le  golf'e  profond  qui 
la  separait  du  Nouveau-Mexicjue. 

Peu  de  temps  apres  cette  epoque,  il  parut  entre  I'Asie 
et  I'Anierique  un  nouveau  pavilion  qui  allait  en  enve- 
lopper  toutes  les  extreniites  nord-ouest.  Cetait  celui 
dune  puissance  qui  sortait  a  peine  de  la  barbarie,  s'ele- 
vait  coninie  un  geant  au  nord  de  I'ancien  monde,  em- 
pruntait  des  nations  poHcees  les  elemens  d'une  gran- 
deur qui  pouvait  leur  devenir  redoutable,  et  atleignait 
par  la  vaste  etendue  de  son  territoire,  les  rivages  de 
toutes  les  mers  de  I'Europe,  et  du  nord  de  I'Asie. 

La  Russie  etait  particulierement  interessee  a  etendre 
ses  navigations  a  I'orient  de  son  vaste  empire;  Pierre  F', 
qui  fut  le  createur  de  sa  marine  comme  des  autres  ele- 
mens de  sa  puissance,  voulut  d'abord  faire  verifier  si  le 
nord-est  de  I'Asie  etait  separe  de  I'Amerique,  ou  si  les 
deux  regions  etaient  contigues.  Ce  prince  hit  con- 
struire  deux  navires  vers  la  pointe  rneridionale  du  Kam- 
tchatka,  dans  le  port  de  Petropaulowski:  on  y  transporte 
des  chantiers  de  Saint-Ptitcrsbourg,  et  a  travcrs  les  im- 
nienses  regions  de  la  Siberie,  toutes  les  pieces  de  gree- 
nient  et  d'ainienient  necessaires  a  cette  expedition;  et 
Bebring  s'embarque  en  1728,  pour  reconnaitre  les  cotes 
nord-est  de  I'Asie.  II  est  le  premier  navigateur  qui  en 
ait  depasse  la  pointe  la  plus  orientale,  celle  qui  forme 
le  rivage  le  plus  avance  du  detroit  auqucl  on  a  donne 
son  nom. 

Bebring  ne  decouvrit  pas  la  rive  americaine  dans  ce 
premier  voyage  et  dans  celui  de  Tannee  suivante;  mais 
en  174'  "J"*^  nouvelle  expedition  init  a  la  voile  sous  ses 
ordres  et  sous  ceux  de  TcbirikoMj  et  la  tenqiete  ayanl 

(i)  1721 


(  353  ) 

separe  leurs  iiavires,  chacun  deux  (itsur  differens  points 
la  reconnaissance  dune  partie  des  cotes  noid-ouest  de  I' A- 
nierique.  Behringlesdecouvrit  au  nord  du  58'  deore:  il  en 
suivit  la  direction  de  lest  a  I'ouesl ,  depuis  les  parages  du 
mont  Saint-Elie  jusqu'a  la  presqu'ile  d'Alaska  ;  il  recon- 
nut  ensuite  larcliipel  des  iles  Aleutiennes  ,  qui  se  pro- 
longe  a  I'oiiest  de  cette  peninsule,  et  il  vint  expirer  dans 
une  lie  encore  plus  occidentale  qui  a  retenu  son  noin. 
Tchirikotf  avait  de'couvert  les  cotes  d'Anierique  an  pen 
plus  au  niidi,  entre  le  56®  et  le  58"  parallele  :  il  perdit 
sur  CO  littoral  quelques  homines  de  son  equipage,  et  il 
revinl  au  Kanitchatka. 

Delislede  la  Groyere,  frere  de  notre  celebre  geograpbe 
Guillaume  Delisle,  faisait  partie  de  cette  expedition,  au 
succes  de  laquelle  il  contribua  par  les  memoires  qu'il 
avait  faits  sur  d'autres  decouvertes  anterieures.  Pierre- 
le-Grand  I'avait  honore  de  sa  bienveillance  et  de  frequen- 
tes  visites  dans  le  voyage  qu'il  fit  a  Paris  en  1717  :  La 
Groyere  fut  du  nombre  des  savans  que  ce  monarque  le- 
gislateur  attira  dans  son  empire;  ct  Behring  lui-meme, 
ne  en  Jutland,  et  distingue  dans  la  marine  danoise  par 
ses  connaissances  et  son  intrepidite,  fut  associe  par 
Pierre  I""  a  I'execution  de  ses'grandds  vues :  ce  prince 
se  connaissait  en  hommes;  il  adopta  tous  les  etrangers 
qui  pouvaient  concourir  a  sa  gloire. 

La  route  ouverte  vers  les  cotes  nord-ouestd'Amerique 
par  Behring  et  Tchirikoff  fut  suivie  avec  zMe  et  avec 
?ucces  par  les  navigateurs  russes  qui  explorerent  ces  ri- 
vages.  Notre  dessein  n'est  pas  de  retracer  tous  les  pro- 
gres  que  leurs  voyages  ont  fait  faire  a  la  geographie  de 
ces  contrees;  et  nous  nous  bonions  a  rappeler  ici  que 
les  expeditions  successivement  entreprises,  depuis  celle 
de  Tchirikoff  en  1741  jusqu'a  celle  de  Krenitzin  ct  de 


(  354  )^ 
Levasheft  eii  1769,  expeditions  que  Muller  el  Villiani 
Coxe  ont  sutlisamuieiit  lail  connaitrc,  doiinereiit  iiais- 
sance  a  un  commerce  etendu  sur  la  cote  nord-ouest 
d'Amerique,  el  aux  importans  etablissemeiis  que  le  gou- 
veinement  russe  y  a  tornies.  La  iiouvelle  de  leur  fon- 
dation  determina  I'Espagne  a  cherclier  les  uioyens  d'e- 
tendre  et  de  proleger  ses  possessions  occidentales :  elle 
fit  occuper  en  1-68  les  forts  de  San  Diego  et  de  Mon- 
terey. Une  seconde  expedition  fut  bienlot  confiee  a  Juan 
Perez,  qui  s'eleva  jusqu'au  5^^  parallele,  et  revint  au 
49°  degre  13o  minutes,  dans  un  mouillage  auquel  on  a 
ensuite  donne  le  noni  de  Nootka. 

La  relation  du  voyage  (jui  fut  entrepris  en  177^,  sous 
la  direction  de  Ayala,  a  ete  ecrite  par  le  capilaine  Mau- 
relle  son  pilote.  Les  navigateurs  cherchaient  a  recon- 
naitre  le  detroit  designe  dans  les  cartes  sous  le  noin  de 
laniiral  de  Fonle  :  ils  examinerent  sans  le  decouvrir, 
toutes  les  sinuosites  de  la  cote  jusqu'au  58"  parallele,  et 
revinrent,  en  toucliaiit  plusieurs  points  du  littoral,  a 
Monterey  eta  San-lilas. 

Les  Anglais  cherchaient, eux-niemes  a  etendre  sur  ces 
cotes  leurs  decouvertes  et  a  les  prolonger  vers  le  nord. 
Le  plus  remarquable  de  ces  navigateurs  est  le  capi- 
laine Cook  J  il  avail  ete  charge  de  reconnaitre  dans  son 
troisienie  voyage  (car  nous  n  avons  pas  a  nous  occuper 
ici  des  deux  premiers)  toules  les  cotes  nord-ouest  de 
lAmerique,  et  de  penelrer  aussi  loin  quil  le  pourrait 
le  long  de  ses  cotes  seplentrionales  :  il  commenca  son 
cxploratiou  (1)  au  nord  du  cap  Mendocin  dans  la  nou- 
velleCaliforiiie,  visita  successivemenl  lentLce  de  Nootka 
ot  celK;  du  piince  Guillaume,  penetra  dans  la  riviere  qui 

(i)  Mars  1778. 


(  355  ) 

lecul  le  nom  de  Cook,  longea  la  presqu  ile  d'Alaska,  en 
suivit  la  cote  seplentrionale  jusqu'a  la  riviere  de  Bristol, 
gagna  le  detroit  de  13ehriiig,  seleva  vers  le  nord  et  le 
long  des  plages  d'Anierique,  jiisqu'au  cap  glace  qu'il  at- 
teignit  le  i8  aout  1778,  el  (iit  force  par  uiie  barriere  de 
glace  qui  etait  alors  impenetrable ,  de  borner  siir  ce 
point  ses  decouvertes.  II  gagna  ensuite,  en  se  dirigeant 
vers  I'ouest,  les  cotes  orientates  de  I'Asie,  jusqu'au  68^ 
degre,  ou  il  fut  egalement  arrete  par  les  glaces,  et  il  re- 
vint  par  le  detroit  de  Behring  dans  la  mer  Pacifique. 
L'anne'e  suivante  Cook  recommenca  ses  explorations^ 
niais  il  rencontra  la  barriere  de  glaces  un  niois  plus  tot, 
el  il  ne  put  pas  nienie  atteindre  les  points  qu'il  avail 
observes  precedemment. 

Nous  n'omeltrons  point  ici  que  la  France  et  laGrande- 
Bretiigne  etaient  alors  en  guerre,  et  que  le  gouverne- 
ment  irancais  prescrivil  a  tous  ses  commandans  de  vais- 
seau  de  trailer  le  capiiaine  Cook  conime  apparlenanl  a 
une  puissance  neutre  et  alliee  :  salutaire  exeinplc  de 
celte  bienveillante  protection  que  meritent  tous  les  amis 
de  la  science  et  tous  les  bienfaiteurs  de  Ihumanite! 

Une  vive  el  noble  emulation,  excilee  par  le  desir  des 
decouvertes,  s'elablissait  alors  enire  les  naiions.  Arleaga 
et  Quadra  parlirent  de  San-Blas  en  1779,  el  seleverent 
au  nord-ouest  jusqu'au  port  Bucarelli ,  au  monl  Sainl- 
Elie  el  a  la  riviere  de  Cook.  La  France  prit  une  part  plus 
active  a  ces  expeditions  apres  la  paix  glorieuse  de  1783. 
La  Perouse,  parti  de  Brest  en  1785,  arriva  le  23  juin  de 
raiinee  suivante  sur  la  cole  nordouest  d'Ameiique,  a  la 
liautciir  du  mont  Sainl-Elie,  el  il  parcourut  et  releva 
celte  cote,  depuis  le  60''  degre  jusqu'au  3()'  :  Cook  ne 
1  avail  lecoiuiue  que  de  distance  en  distance,  el  il  n'avait 
alten   (juan   44^  '^«S'''' >    pfxir    rcnionlci' cnsuilo  vers  le 


(  356  ) 

nord.  Cette  partie  dii  voyage  de  La  Perouse  donna  la 
preuve  qu'il  n'existait  entie  les  deux  niers  auciine  com- 
munication, vers  les  points  oi'i  Ton  snpposait  que  I'limiral 
deFonte  avait  nayigue. 

Dans  I'annee  1788,  une  ilotiille  espagnole ,  coni- 
niandee  par  Estehan  Martinez  et  Lopez  de  Haro,  recon- 
nutjusqu'a  Unalaska  les  cotes  ou  les  Russesavaient  forme 
des  etablissemens. 

Deux  expedilions  furent  dirigees  en  1789,  vers  la  baie 
de  Nootkaj  Tune  etait  sous  les  ordres  du  meme  officier 
espagnol  Esteban  Martinez,  I'autre  etait  envoyee  par 
la  compagnie  anglaise  de  Macao.  Au  milieu  des  discus- 
sions po'.iliques  qui  s'eleverent  a  cette  occasion  et  qui 
sont  etrangeres  a  1  ohjet  de  ce  memoire,  on  reconnut 
avecplus  d'exactitude  toute  cette  partie  des  cotes  d'Ame- 
rique.  Elle  tut  encore  visitee  en  1791  par  Salvador  Fi- 
dalgo  qui  etendit  ses  explorations  vers  le  nord  jusqu  a 
la  riviere  de  Cook  :  on  releva  le  port  Mulgrave,  le  mont 
Saint-liiic,  I'entree  du  prince  Guiilaume,'et  Ton  verifia  que 
le  passage  indique  par  Ferrer  Maldonado  n'existait  pas. 

Jacinte  Caamano  fit,  I'annee  suivante  (1),  les  niemes 
observations  surle  prt'lendu  passage  de  ramiral  de  Konte. 
On  snpposait  cette  communication  etablie  par  le  detroit 
place  au  sud-est  de  la  pointe  de  Bucarelli,  et  Caamano 
donna  a  cette  entree  le  nom  de  Bocca  y  Brazos  de  Mo- 
iiino. 

Les  goelettes  espagnoles  la  Subtile  et  la  Mexicaine , 
etaient  chargees  a  la  meme  epoque  de  reconnaitre  I'en- 
tree  de  Juan  de  Fuca  :  Gagliano  et  Valdez  qui  comman- 
daient  les  deux  navires  reconnurent  que  ce  passage  n'ou- 
viait  aucune  communication  avrc  1  Atlantique. 


(  357  ) 

Les  memes  resultats  furent  obtenus  par  Vancouver, 
(.harge  de  consiater  s'il  existait,  entre  le  89"  et  le  60" 
ile<^re  de  latitude,  une  nier  interieure  et  un  passage  de 
I'un  a  I'autre  Ocean  :  il  atteignit,  le  16  juin  1792,  la  cote 
d'Amerique  vers  le  89"  parallele,  ii  la  parconrut  jusqu'au 
52°  et  reconnut  i'entree  de  Juan  de  Fuca.  L'annee  sui- 
vante  ii  conlinua  ses  recherches  jusqu'au  56°  degre,  et 
il  les  prolongea  en  1794  au-deladu  61". 

Quelques  annees  avant  I'expedition  de  Vancouver, 
un  voyage  de  reconnaissance  avait  ete  entrepris  sur  la 
cote  nord  ouest;  et  cette  expedition,  faite  sous  les  ordres 
de  Malespina,  promettait  a  la  geographic  et  aux  sciences 
naturelles  d'importantes  decouvertes,  Mais  elle  u'a  ja- 
mais ete  publiee.  Malespina  fut  arrete  apres  son  relour 
en  Espagnej  ses  papiers  furent  saisis,  et  toute  publica- 
tion fut  interdite  aux  savans  qui  I'avaient  accompagne. 

Ainsi  la  puissance  qui  etait  le  plus  a  portee  d'etendre 
nos  connaissances  sur  ce  vaste  littoral  cherchait  encore 
a  y  envelopper  dun  voile  myslerieux  toutes  ses  decou- 
vertes. Ce  systeme  avait  ete  suivi  depuis  la  date  de  ses 
conquetes  :  elle  craignait  pour  TAmerique  espagnole  le 
contact  des  autres  peuples;  elle  y  voyait  ieurs  pavilions 
avec  onibrage;  sans  prevoir  encore  que  les  etrangers  n'y 
seraient  pas  les  premiers  artisans  de  lindependance ,  et 
que  des  possessions  si  eloignees,  si  vastes,  et  retenues 
pendant  trois  siecles  dans  la  minorite,  trouveraient  en 
eiles-menies  tous  les  principes  de  leur  emancipation. 


Nota.  Nos  Memoires  sur  ia  cote  orientale  et  sur  les  differentes  ex- 
peditions qui  onl  ete  faites  au  nord  du  Nouveau-Monde ,  pour  y  trou- 
ver  un  passage  entre  les  deux  Oceans,  compl^tent  la  serie  de  nos 
Observations  sur  la  decouverte  et  la  reconnaissance  des  c6tes  d'A- 
inei-ique.  (Voy.  le  Bulletin  de  decemhre  i833,  page  SSg. ) 


(  358  ) 

ITINERAIRE 

DE   CONSTANTINOPLE    A    ABOUCHIil 

Par  Arz-Roum  ,   Tavris,  Teheran  ,  Isfaliaii 
et  Chiraz; 

Rcdige  dans  Ics  amities  1828  t7  1829 

Par  le  comte  Sebristori,  ancien  colouel  d'etat-major  an  service 

(le  Russia. 


Constantinople  [Byzance.  —  Stai)ihouV). 
Ville,  population  incertaine. 

ScDTARi  (ChijiopoUs.  —  Lsgou(lar). 

Yille,  population  incertaine.  Port  de  iner  en  face  de 
Constantinople. 

On  traverse  le  Bosphore  pour  se  rendre  de  Constan- 
tinople a  Scutari. 

Kartal,  21  verstes.  (i) 

Village  de  5oo  maisons,  situe  au  milieu  d'un  pays 
riche  et  bien  cultive. 

La  route  de  Scutari  a  Kartal  passe  sur  un  terrain  schis- 
teux  et  quarzeux. 

GuiBizEH  iLil/issa).  26  verstes. 

\illage  de  45o  maisons,  situe  sur  une  hauteur  a  la 
distance  d'environ  8  verstes  du  bord  de  la  nier.  C'esl  ici 
que  se  trouvait  le  tombeau  d'Annibal. 

De  Kartal  a  Guibizeh  on  traverse  un  terrain  calcaire. 
Six  verstes  apres  Guibizeh  on  passe  par  le  village  de  Lan- 

(i)  Le  rapport  des  ver.stes  aux  myriam^tres  est  de    i  a  0,10668. 


(  -^59  ) 
(liki  qui  est  a  hull  verstes  de   la  mer.    Depuis  Scutari 
jusqu'a  Guihizeli ,  la  route  cotoie  les  borcis  du  golfe  de 
Nicomedie. 

IsMiD  (^Nicomedie  de  Bylhinie).  42  verstes. 

Ville  de  6,000  maisons,  situee  sur  les  bords  du  golte 
du  meme  nom,  et  sur  le  penchant  dune  colline. 

Entre  Guibizeh  et  Ismid  ,  la  route  est  taillee  dans  le 
roc:  on  trouve  a  mi-cliemin  le  village  d'llerekia  [Hern- 
clee)\  toutle  pays  compris  entre  Isniid  et  ce  dernier  vil- 
lage (distance  24  verstes),  est  convert  de  bois. 

Kara-Moussal,  3j  verstes. 

Ville  de  800  maisons,  situee  au  sud  d  Ismid  a  I'ex- 
iremite  orientale  du  <jolfe. 

Entre  Isniid  et  Kara-Moussal,  le  pavs  est  riche  et  bien 


pays 


cullive,  on  y  trouve  neanrnoins  quelques  prairies  ina- 
recageuses.  Le  golfe  de  Nicomedie  a  trenle-six  verstes 
de  longueur  sur  six  de  largeur  et  cent  cinq  de  cir- 
cuit. 

KxzDERVEND,  2C)  verstcs. 

Village  de  i5o  maisons,  population  boulgare  emigree 
il  y  a  cent  trente  ans  environ;  les  habitans  sont  labo- 
rieux  et  riches;  on  voit  beaucoup  de  plantations  presde 
ce  villajre. 

La  route  se  prolonge  le  long  du  golfe  de  Nicomedie; 
lorsqu'elle  le  quitte,  elle  traverse  un  pays  aride  qui  de- 
vient  toujours  plus  trisle  a  mesure  que  le  cheniin  s'en- 
fonce  dans  les  terrcs. 

IsNicn  (A'/trV),  20  verstes. 

Ville  de  12,000  habitans  :  climat  mal  sain  et  fievreux. 
—  Situee  dans  une  plaine  a  I'extremite  orientale  sur  les 
bords  du  lac  Tchinizit  (^Ascaniiis). 

Peu  de  verstes  apres   Rizdervend  ,   la  route  traverse 


(  36o  ) 

line  niontagne  dii  soiuniet  de  laqtielie  on  apercoit  le 
lac  Tchinizit  et  la  petite  vallee  do  Pialedja  situee  sur  ses 
bords.  Ensuite  la  route  atteint  les  bords  de  ce  nieine 
lac  qui  sont  marecageux  et  couverts  de  roseaux. 

Ak-Serai,  38  vei'stes. 

Village  de  i5o  maisons. 

La  route  traverse  un  bois  de  grenadiers  et  ensuite  la 
plaine  d  Isnich  qui  est  tres  cultivee  et  arrosee  par  le 
Sakharia  (^Sangarius)  qu'on  passe  sur  un  pont  en  pierre 
avant  d'arriver  au  village  d'Ak-Serai. 

GuEivEH,  12  verstes. 
Village  de  4oo  maisons. 

La  route  traverse  la  riviere  Sakharia  avant  d'atteindrei 
Gueiveh. 

Teraklou,  Sfvverstes. 

Village  de  420  maisons;  les  environs  sont  bien  cul- 
tives,  on  voit  beaucoup  d'arbres  fruitiers. 

En  quittant  Gueiveh  on  gravit  la  pente  dun  rocher 
escarpe,  ensuite  la  route  passe  par  un  bois  traverse  par 
un  ruisseau,  et  vers  la  fin  de  la  journee  on  passe  par  des 
montagnes  couvertes  de  pins. 

ToRBALou  29  verstes. 

Ville  de  3,ooo  habitansj  elle  est  situee  sur  le  plateau 
dune  montagne. 

De  Teraklou  la  route  pa^se  par  des  hautes  montagnes 
et  ensuite  par  des  vallees  incultes.  Pres  de  Torbalou, 
on  voit  une  montagne;  on  en  atteint  le  somniet  par  un 
sentier  large  a  peine  de  trois  pieds  et  qui  a  des  preci- 
pices a  ses  deux  cotes. 

Kodstebek  4o  verstes. 
Village. 


(36i  ) 

Pour  arriver  a  Roiistebek  on  monte  une  cote  extre- 
niement  raide  qui  conduit  a  des  montagnes  couvertes  de 
pins  et  de  chenes  ou  il  faut  cheminer  a  travers  des  pre- 
cipices par  des  sentiers  etroits. 

Nalikhan  36  verstes. 

Ville  de  [700  maisons,  la  banlieue  de  cette  ville  est  bien 
cultivee. 

En  sortant  de  Koustebek,  la  route  passe  a  travers  des 
bois  de  pins  qui  aboutissent  a  une  plaine  cbarmante  ar- 
rosee  par  un  ruisseau. 

Syoury-Hissar  24  verstes. 

Village  situe  sur  les  bords  dune  riviere  peu  profonde. 
On  manque  ici  entierement  de  bois  de  chauffage. 

Bey-Bazar  28  verstes. 

Cette  ville  est  batie  sur  un  terrain  inegal  et  est  arro- 
see  par  un  ruisseau  qui  se  jette  dans  I'Aias. 

AiAS  (^Issus),  4 1  verstes. 

Village  de  600  maisons;  dans  les  environs  on  voit  des 
eaux  minerales. 

En  quittant  Bey-Bazar,  on  descend  une  monlagne 
tres  rapide;  on  traverse  la  riviere  Aias  dont  le  cours  est 
singulierement  tortueux  :  elle  porta  aussi  le  nom  de 
Rermion-Kermin;  ses  eaux  vont  se  confondre  a  celles 
de  la  Sakharia  pres  de  Gueiveh.  La  route  passe  ensuite 
par  un  pays  desert  et  incultej  puis  on  rencontre  des 
cbamps  converts  de  riz  et  pres  d'Aias  des  tenains  eten- 
dus  consacres  a  la  culture  du  coton. 

Angora  {^Ancyre.  —  Engurieh),  42  verstes. 

Ville  de  25, 000  babitans;  quelques  voyageurs  la  font 
monter  a  4o>ooo;  latitude  39"  3i'  ,  longitude  30"  21'  : 
elle  est  situee  sur  un  terrain  inegal  sur  le  penchant  dune 

24 


(  362  ) 

coUine.  La  riviere  Kizzil-Irniak  coule  a  I'orient  de  la  ville 
de  m^me  qu'iin  ruisseau  qui  arrose  les  jardins  qui  se 
trouvent  dans  ses  environs.  C'est  una  ville  des  plus 
commercantes  de  I'Asie.  On  connait  les  chales  lissus  de 
poil  de  chevre  de  son  territoire,  En  fait  d'anliquiles  on 
y  voit  les  ruines  d'un  temple  en  I'honneur  d'Auguste. 
Le  terrain  qui  environne  Angora  se  trouve  etre  dans  une 
plaine. 

En  sortant  d'Aias ,  la  route  traverse  plusieurs  mon- 
tagnes  d'une  etendue  assez  considerable,  elle  passe  en- 
suite  par  une  plaine  assez  etendue  et  fertile,  gravit  une 
montagne  escarpee  du  sonimet  de  laquelle  on  decouvre 
Angora,  et  de  la  en  descendant  apres  plusieurs  detours 
dans  la  plaine  on  arrive  a  cette  ville. 

Hairi-Keui  36  verstes. 
Village  de  280  maisons. 

La  route  jusqu'a  Hairi-Keui  traverse  ou  des  plaines 
verdoyantes ,  ou  dejolis  bois  arroses  par  des  ruisseaux. 

Kilislar-Reui,  i3  verstes. 

Village  situe  au  bord  de  la  petite  riviere  Kouroudjik- 
Sou. 

Aksakhan,  32  verstes. 

Village  de  160  maisons. 

De  Kilislar-Keui  a  Aksakhan  la  route  passe  par  une 
Cute  rocailleuse  et  couverte  de  bruyeres.  On  traverse  la 
riviere  Kizzil-lrmak  {Iris). 

Baldjik,  26  verstes. 
Village  de  260  maisons. 
Pays  ties  pauvre. 

KiATiB-OuNY  1 3  verstes. 


(  363  ) 

Village  de  60  maisons,  ce  village  esl  entoure  par  dcs 
luisseaux  d'eau  salee. 

De  Baldjik  a  KiatibOiiny,  on  traverse  a  gue  une  petite 
riviere  qui  coule  au  fond  dune  plaine  par  laquelle  passe 
la  route. 

Ieuzgatt,  60  verstes. 

Ville  de  4)000  habitans,  residence  du  grand  feuda- 
taire  Tchapan-Oglou.  —  Ville  florissante. 

De  Kiatib-Ouny  a  Ieuzgatt,  le  cheniin  passe  par  un 
pays  plat, inculte  et  aride,  ensuite  on  voil  de  la  culture 
raais  seulement  dans  les  environs  des  villages. 

DiCHLiDJE  22  verstes. 
Village  de  60  maisons. 

Serkioun  21  verstes. 
Village  de  lOO  maisons. 

Hadji-Keui  44  verstes. 

Village  de  120  maisons,  ce  village  est  situe  sur  une 
cote  au  fond  dune  plaine  bien  cultivee;  ici  se  reunissent 
les  routes  des  caravanes  de  Smirne  el  d'Angora. 

Entre  Serkioun  et  Hadji-Keui,  le  pays  est  convert  de 
vignobles. 

KiztLDJiK  36  verstes. 

Ce  village  est  arro&e  par  un  ruisseau;  il  est  situe  sur 
une  hauteur  au  milieu  de  jardins  potagers. 

A  six  verstes  d'Hadji-Keui  vers  Kizildjik  on  traverse 
a  gue  une  petite  riviere,  la  route  longeant  ensuite  pen- 
dant quelque  temps  ses  bords  passe  par  un  grand  village. 
Le  pays  en  general  est  fertile  et  bien  cultive. 

Bazar-Keui  36  verstes. 

Village  de  2,000  habitans. 

De  Kizildjik  a  Dazar-Keui,  la  route  traverse  un  pays 
fertile  et  convert  de  villages.  Apres  dix  verstes  on  laisse 

24. 


(  364  ) 
a  qualre  verstes  a  gauche  la  villc  de  Zil  qui  a  une  popu- 
lation de  dix  niille  habitans. 

ToKAT  2  5  veisles. 

Ville  de  4o,ooo  habilans,  Turcs,  Grecs  et  Armeuiens; 
cast  une  des  plus  grandes  villes  de  TAsie-Mineuie,  elle 
est  situee  sur  le  penchant  de  trois  collines  dont  les  bases 
se  leunissent :  ses  environs  sont  tres  fertiles.  On  y  fait 
un  commerce  considerable  de  cuivre  qu'on  tire  des  mines 
de  Kebban,  et  de  Malatia.  Tokat  est  lapanage  d'une  sul- 
tane  qui  en  nomrae  le  musselim.  Gette  ville  est  sous  la 
dependance  de  Sivas  (Sebaste),  elle  est  a  trois  journees 
d'Amasieh  et  a  six  de  Sinope. 

En  sortant  de  Bazar-Keui  on  voit  les  ruines  d'un 
vaste  caravanserai  construit  en  pierres  de  taille.  La  route 
est  bonne  et  agreable;  elle  cotoie  la  riviere  Tosanloue 
qu'on  quitte  pour  entrer  dans  une  plaine  fertile  el  peu- 
plee.  La  route  ensuite  est  renfermee  dans  des  jardins  clos 
qui  se  trouvent  pres  de  Tokat.  La  riviere  Tozzan-Irmak 
arrose  la  plaine  de  Tokat  et  va  ensuite  porter  le  tribut 
de  ses  eaux  dans  le  Kizzil-Irmak. 

NiKSAR  (iVt'o  Cesaree  de  Cappadoce)^  44  verstes. 

Ville  de  5,ooo  habitans,  elle  est  situee  sur  une  hau- 
teur tres  escarpee:  elle  est  environnee  de  marais  et  de- 
fendue  par  un  chateau  en  assez  mauvais  etat. 

Partant  de  Tokat  a  six  verstes,  on  passe  a  gue  la  ri- 
viere Tozzan-Irmak.  La  route  ensuite  traverse  un  pays 
arrose  et  fertile,  et  ensuite  un  bois  ou  coule  un  ruisseau 
dont  les  eaux  tombent  en  cascades.  Lorsqu'on  sort  de  ce 
bois,  la  route  est  dans  une  plaine  marecagnuse.  Avant 
d'arriver  a  Niksar  on  traverse  la  riviere  Kelki-Innak. 

Armeni-Keui,  42  verstes. 

Village  de  120  niaisons,  population  arinenieiuie  j  ce 


(  363  ) 
village  qui  est  le  premier  du  pachalik  d'Arz-Roum ,  est  en- 
vironne de  gras  paturages,  et  on  y  voit  beaucoup  debetail. 
La  route  traverse  continuellement  des  bois  de  sapin. 

Kizil-Geuzmk,  26  verstes. 

Village  de  60  rnaisons,  il  est  adosse  a  de  hautes  mon- 
tagnes  couvertes  souvent  de  neige. 

La  route  traverse  des  montagnes  escarpees,  et  ensuite 
de  vastes  forets  de  sapins. 

Meium,  3 1  verstes. 

Village  de  56  rnaisons;  dans  ce  village  tons  les  habitans 
etaient  inscrits  dans  la  niilice  des  janissaires. 

La  route  de  Kizil-Geuzlik  a  Meium  fail  de  grands  de- 
tours dans  les  bois  de  sapin  qui  couvrent  les  montagnes. 
Ces  lieux  sont  souvent  infestes  par  les  Kurdes. 

KouLE-HissAR,  37  verstes. 

Village  de  60  rnaisons  ,  il  est  sitae  sur  la  riviere  du 
nienie  nom,  et  entoure  d'un  grand  nombre  de  jardins; 
le  chateau  appartenant  a  ce  village  est  sur  la  cinie  des 
montagnes  adjacentes;  tons  les  habitans  faisaient  parlie 
du  corps  des  janissaires. 

La  route  de  Meium  a  Koule-Hissar,  passe  par  un  bois 
de  pins  bien  epais,  ensuite  elle  gravit  une  montagne  ar- 
gileuse;  dans  cet  endroit  elle  n'a  que  trois  pieds  de  lar- 
geur  et  longe  les  bords  d'un  precipice  Ires  profond,  enfiii 
parvenueau  sommet  elle  descend  par  un  ravin  escarpe  au 
bas  duquel  on  passe  un  torrent  dune  grande  rapidile. 

Endres,  4o  verstes. 

Village  de  80  maisons,  il  est  situe  au  fond  d'une  plaine 
circonscrite  par  des  montagnes,  entoure  de  beaux  jar- 
dins  et  bati  a  moitie  sur  une  hauteur  el  moitie  sur  un 
terrain  uni.  Les  trois  quarts  de  sa  population  sont  des 
Armeniens. 


(  366  ) 

En  sortant  tie  Koule-Hissar  on  traverse  la  riviere  du 
nieine  nom  sur  nii  pont  eu  piene  et  apres  on  lotoie  sa 
rive  tlroite  pendant  plusieurs  verstes. 

Kara-Hissar,  38  verstes. 

Ville  de  9,000  habitans  ;  elle  est  batie  en  ampbiiheatre 
siir  la  pente  dun  rocher  couronne  par  une  citadelle,  elle 
n'est  eloignee  que  d'une  joiirnee  des  bords  de  la  mer 
Noire. 

La  route  d'Endrcs  a  Kara-Hissar,  apres  buil  verstes 
atteint  une  montagne  argileuse,  douze  verstes  plus  loin 
elle  traverse  une  vallee  coupee  par  la  riviere  Koule-His- 
sar, qu'on  passe  sur  un  pont  en  pierre.  A  Tissue  de  ce 
pont  on  marcbe  environ  cent  pas  dans  un  chemin  diffi- 
cile taille  dans  le  roc,  et  ensuite  on  descend  une  mon- 
tagne assez  elevee.  Six  verstes  avant  d  arrivcr  a  Kara- 
Hissar  au  sud  on  voit  la  route  de  Diarbekir  et  de 
Bagdad. 

ZiLEH,  32  verstes. 

Village  tres  pauvre  de  20  maisons. 

La  route  de  Kara-Hissar  a  Zileli  descend  une  mon- 
tagne au  bas  de  laquelle  est  un  beau  village  rempli  de 
peupliers  et  d'arbres  fruitiers. 

Sabarhdan,  5o  verstes. 

Village  de  20  maisons,  donl  i5  grecques  et  5  turques. 

Kerkif,  27  verstes. 

Village  de  i5o  maisons;  ce  village,  bati  sur  les  bords 
d'une  riviere  tres  rapide,  est  entourc  de  beaux  jardins. 

LoRV,  33  verstes. 

Village  de  100  maisons,  situe  clans  un  pays  agreable 
el  fertile  en  bleet  en  orge. 

De  Kerkif  a  Lory  la  route  ne  f;ut  (juc  inonlei  el  des- 


(367  ) 
cendre  des  montagnes  tres  hautes ,  et  traverse  des  bois 
de  sapins. 

Tholas,  20  verstes. 

Village  tres  miserable,  de  35  inaisons,  dont  3o  ar- 
meniennes  et  5  turques. 

Pekerik,  24  verstes. 

Village  de  65  maisons,  la  plupart  aux  Armeniens.  II 
est  place  au  pied  d'un  rocher  d'ou  jaillit  une  source 
d'eau  potable.  Ses  habitans  ont  I'air  d'etre  dans  I'aisance. 

La  route  de  Tholas  a  Pekerik  traverse  la  branche  oc- 
cidentale  de  I'Euphrate ,  huit  verstes  avant  d  arriver  a 
Pekerik.  On  passe  cette  riviere  a  gue.  Dans  ce  point,  les 
eaux  ont  une  grande  rapidite. 

Ak-Kaleh,  44  verstes. 

Village  de  100  maisons  dont  91  armeniennes  et 
9  turques. 

De  Pekerik  a  Ak-Kaleli,  la  route  traverse  de  hautes 
montagnes.  Dix-huit  verstes  apres  Pekeiik,  on  passe  a 
gue  I'Euphrate,  qui  longe  la  route  jusqu'a  Ak-Kaleh. 

Elidjah,  3o  verstes. 

Village  de  72  maisons.  On  trouve  dans  ce  village  une 
soui'ce  d'eau  minerale. 

En  sortant  d' Ak-Kaleh,  on  passe  I'Euphrate  sur  un 
pont  en  pierre;  on  arrive  ensuite,  par  un  terrain  peu 
coupe,  au  village  de  Nardizan,  plus  loin  a  celui  d'lennis, 
et  enfin  a  ceux  d'Aranda  et  d'Alaga. 

o 

Arz-Roiim,  II  verstes.  Lat.  39°  58' 5  long.  39°  i5'. 

Ville  de  5,ooo  maisons  dont  3,6io  aux  Turcs,  i,35o 
aux  Armeniens  et  4o  aux  Grecs.  Cette  ville  est  situee 
dans  une  plaine  qui  est  une  presqu'ile  formee  par  les 
sources  de  I'Euphrate;  elle  se  trouve  adossee  a  des  mon- 
tagnes qui  sont  souvent  couverles  de  neige,  et  a  quatre 


(  368  ) 

versles  de  circuit.  Le  cliniat  y  est  froid ,  :i  cause  de  I'e- 
levation  du  sol.  Apres  Bagdad,  c'est  la  ville  la  plus  im- 
portante  de  la  Turquie  Asiatique;  elle  est  I  entrepot  du 
commerce  entre  la  Turquie  et  le  nord  de  la  Perse.  Les 
Turcs  habitent  I'interieur  de  la  ville,  les  Armeniens  et 
les  Grecs  les  faubourgs.  Au  milieu  de  la  ville,  qui  est 
defendue  par  de  hautes  murailles  et  par  un  fosse  pro- 
fond,  s'eleve  le  palais  du  pacha.  Son  territoire  manque 
de  bois  de  chauffage ;  on  I'y  apporle  des  environs  de 
Kars.  Les  pauvres  brulent  de  la  funte  de  vache.  Les  en- 
virons sont  tres  fertiles  en  ble  et  en  orge. 

On  voit  pres  de  la  route  les  villages  de  Azoumi ,  de 
Belour  et  de  Gez ;  on  traverse  ensuite  un  petit  ruis.seau 
qui  porte  le  nom  de  Rarasou  ,  et  on  entre  ensuite  dans 
la  plaine  d'Arz-Roum. 

Alouak,  village,  ly  verstes. 

Population  armenienne. 

Ce  village  est  situe  dans  la  plaiiie  d'Arz-lloum,  ados- 
see  au  pied  des  montagnes  qui  la  bordent  du  cote  de 
I'ouest. 

La  route  parcourt  la  plaine  d'Arz-Roum. 

I/viAN,  village,  22  verstes. 

Ce  village  est  a  peu  de  distance  de  la  ville  d'Haffan 
Kale,  peuplee  de  5, 000  habitans  ,  et  situee  aux  bords 
d  une  petite  riviere  qui  se  jette  dans  I'Araxe. 

D  Alouar  alaian,  la  route  laisse  sur  la  gauche  la  ville 
el  la  forteresse  d'Hassan-Kale,qui  est  a  16  verstes  de  dis- 
tance d'Arz-Roumj  elle  est  batie  sur  un  roc.  Le  pays  est  plat 
et  bien  cultive.  Les  principaux  villages  qu'on  rencontre 
sent,  sur  la  droite,  celui  d'Arsonjeh,  et  sur  la  gauche 
ceux  de  Miagen  et  de  Gomec.  Ensuite  la  route  passe  par 
e  village  de  Kopri-Keiii  ,  et  puis  on  traverse  I'Araxesur 


(  369  ) 
un  ponten  pierre.  Dans  cet  endroit,  la  riviere  a  i6o  pas 
de  largeur. 

Deli-Baba,  36  verstes.  Village  silue  dans  une  plaine. 

On  traverse,  en  sortant  d'laian,  des  montagnes;  en- 
suite  la  route  passe  par  un  pays  plat  et  fertile.  Les  ha- 
bitans  cependant  sont  ici  bien  miserables,  a  cause  des 
vexations  du  gouvernement. 

Torpa-Kaleh,  6o  verstes. 

Ville  de  600  maisons,  la  plupart  armeniennes  ,  pla- 
cee  sur  la  pente  dune  colline  couronnee  par  un  fort 
en  terre,  Elle  est  dominee  par  la  montagne  Kossek  Dagh. 

La  route  franchit  d'abord  un  defile  tres  e'troit  nomme 
passage  de  Gerdina,  et  forme  par  des  rochers.  Elle  passe 
par  Debar,  village  kurde,  et  ensuite  elle  traverse  Mo- 
lah-Soleiinan,  village  peuple  dArnieniens  catholiques. 
En  general ,  elle  traverse  un  pays  toujours  plus  ou 
moins  montagneux. 

louNDjALi ,  28  verstes,  village. 

Ge  village  et  tons  ccux  envlronnans  sont  tres  pauvres, 
a  cause  des  frequentes  devastations  des  Kurdes. 

La  route  depuis  Torpah-Kaleh  passe  par  une  plaine 
au  centre  de  laquelle  se  trouvent  des  marais.  On  y  voit 
cependant  plusieurs  villages.  Elle  atteint  ensuite  le  vil- 
lage de  Kara-Rilisia,  peu  peuple  par  des  Kurdes  et  par 
des  Arnieniens.  On  passe  ensuite  h  gue  trois  torrens  qui 
viennent  des  montagnes  situees  au  nord,  et  qui  vont  se 
Jeter  dans  I'Euphrate,  qui  court  a  lextremite  meridio- 
nale  de  la  plaine  ,  de  lest  a  I'ouest.  La  route  enfin  tra- 
verse une  belle  plaine  arrosee  par  des  ruisseaux  noni- 
breux,  et  couverte  de  villages  dont  les  principaux  sont 
ceux  de  Datte,  de  Tape ,  de  Kesick  et  d'Arnat. 

DiAiJiNj  48  verstes. 


(  370  } 

Village  considerable,  fortifie  en  terre  et  peuple  par 
ties  Turcs  et  des  Armeniens.  En  has  ,  on  voit  iin  lit 
profond  forme  par  des  rochers  coupes  a  pic  ou  coule 
I'Euplirate  oriental,  qui  n'esl  qu'un  faible  ruisseau  d'en- 
viron  vingt  pieds  de  large. 11  prend  sa  source  a  i8  versles 
de  Diadin. 

La  route  d'loundjali  a  Diadin  traverse  Abakou,  vil- 
lage en  mines,  apres  avoir  laisse  a  cinq  verstes  sur  la 
droite  le  village  de  Cosmoulja  et  celui  de  Belasou,  si- 
tue  aux  Lords  de  I'Euplirate.  Elle  longe  ensuite  le  bord 
de  cette  riviere,  qu'on  traverse  sur  uri  pont  de  pierre. 
L  Eupbrate  coule  ici  a  1  extremite  de  la  inontagne,  pres 
de  laquelle  est  situe  le  village  d'Utcli-Rilisia.  La  route 
passe  ensuite  pres  du  village  de  Djogan,  qui  est  a  sa 
droite  et  a  la  distance  de  deux  verstes ;  enfin  elle  suit  les 
bords  de  I'Euphrate,  qui  parcourt  ici  un  pays  de  patu- 
rages  ou  Ton  voit  peu  de  culture. 

Baiazid,  36  verstes. 

Ville  de  i4,ooo  habitans,  situee  a  12  verstes  de  la 
frontiere  persane.  Elle  est  batie  en  ampbitheatre  sur  la 
pente  dun  rocher  tres  escarpe  et  defendu  par  quatre 
forts  dont  un  se  trouve  au  bas  de  la  niontagne.  Sa  po- 
pulation est  composee  en  grande  partie  d  Armeniens. 

Areh-Dilesi,  28  verstes,  village. 

Population  persane  et  kurde. 

Ce  village  est  defendu  par  un  fort  eleve  sur  un  rocher 
qui  le  domine. 

En  quittant  Baiazid,  on  traverse  pendant  16  verstes 
des  niontagnes  pelees  et  aridesj  on  passe  ensuite  par  le 
village  de  Kilisia-Kendi  ou  Agadjik,  peuple  par  des 
Armeniens  et  par  des  Rurdes;  ensuite  on  descend  dans 
un  pays  moins  accidente.  Tous  les  villages  et  bourgs  de 
la  Perse  voisins  de  la  frontiere  sont  defendus  par  des 


(  371  ) 
petits  forts  en  terre ,  a  cause  des  incursions  et  dii  pil- 
lage des  Kurdes. 

KARA-lNEH,32verst.,  village.  Population  armenienne. 

Zadvieh,  3o  verstes  ;  village. 

Entre  Kara-Ineh  et  Zauvieh,  on  voit ,  sur  la  droite 
de  la  route,  le  village  de  Korz-Kendeh ,  et  pres  de  Zau- 
vieh celui  de  lekafti. 

Khoi,  35  verstes. 

Ville  de  i,ioo  maisons.  Population  persane  et  arme- 
nienne. Elle  est  situee  dans  une  plaine  bien  cullivee, 
couverte  d'arbres  et  de  jardins.  La  ville  est  ceinte  de 
hautes  murailles  en  briques.  II  y  a  des  catholiques  du  rit 
chalde'en,  avec  un  eveque. 

De  Zauvieh  a  Khoi,  le  pays  traverse  par  la  route  est 
en  general  niontagneux.  On  voit  sur  la  gauche  le  village 
de  Selaoun,  et  a  droite  ceiui  de  Khoiej  cnsuite  ceux  de 
Zaide  et  de  Peseh,  et  non  loin  de  la  on  traverse  celui 
de  Pereh. 

Tesotjtch  ,  28  verstes. 

Village  situea  peu  de  distance  du  lac  d'Ouroumieh. 

En  sortant  deKhoi,  on  perd  bientot  de  vue  la  plaine 
qui  environnecette  ville;  on  passe  la  riviere  Kotour  sur 
un  pont  en  pierre  de  sept  arches,  et  on  gravit  ensuite 
une  chaine  de  hauteurs,  en  laissant  sur  la  gauche  le  vil- 
lage de  Desadjiz.  L'aspect  du  pays  est  bien  sterile  jus- 
qu'a  Tesoulch. 

Chebister,  4o  verstes.  Yille. 

Elle  est  situee  sur  le  penchant  dune  montagne  for- 
tifiee  et  environnee  par  nonibre  de  jardins. 

A  peine  sorti  de  Chebister,  et  parvenu  au  somniet  des 
montagnes,  on  decouvre  le  lac  d'Ouroumieh,  ap'pele 
par  les  Persans  ,  Adai-Chali.  Son  circuit  est  de   qtiatre 


(  372  ) 
cent  quatre-vingt,  sa  largeur  de  soixante-dix,  et  sa  lon- 
gueur de  cent  trente  verstes   environ.  On  y  voit  plu- 
sieurs  iles,  dont  la   principale  est  celle  noinniee  Adai- 
Chahl  ,  qui  contient  plusieurs   villages  ;   la  seconde  en 
grandeur,  est  celle  qui  porte  le  noni  de  Kiasoun-Kale  ; 
le  reste  de  ce  petit  archipel  nest  compose  que  d'iiots  et 
de  rochers.    Les  eaux  de  ce  lac  sont  bituniineuses  et 
par  consequent  on  n'y  trouve  pasde  poissons.  A  peu  de 
distance  de  Tesoutch,  on  voit  suv  la  droite  ,  le  village 
de  Rhadar-Kone,  ensuite  a  quatre  verstes  des  herds  du 
lac,  celui  d'Ali-Banglou  ,  et  plus  loin,   les  villages  de 
Kozec-Donar,  Cliinouar,  Kliomaieh,  Bech-Kalelout,  et 
enfin  ceux  d'Ali-Arsaleth  ,  et  de  Micholeh. 

Tavris,  44  verstes. 

Ville  de  5o,ooo  habitans.  Cette  capitale  de  I'Aderbid- 
jan  (ancienne  Medie  Atropatenc),  a  six  verstes  de  cir- 
cuit. Les  ge'ographes  pretendent  que  c'esl  I'ancienne 
Ecbatane.  Elle  est  situee  au  pied  du  mont  Oronte 
(Djedeli-Dagh)  ,  au  fond  dune  plaine  arrosee  par  le 
Springt-Chah  qui  la  traverse ,  et  par  I'Adgi ,  ruisseau 
sale  qui  coule  au  nord.  Elle  est  entouree  de  uiurailles 
flanquees  par  des  tours  et  par  un  fosse.  Un  chateau  , 
nonime  Kalai-Rachidie  ,  servait  jadis  a  la  defendre  du 
c(!>te  de  lest  :  il  tonibe  maintenant  en  mines,  ainsi  que 
d'autres  monumens  epars  ca  et  la  sur  les  hauteurs  voi- 
sines.  Dans  les  environs  de  cette  ville ,  on  voit  aussi  , 
sur  la  droite,  une  reunion  de  jardins  et  de  niaisons, 
cndroits  connus  sous  la  denomination  d'Hocknever. 
Tavris  est  la  residence  du  prince  royal  Ahbas-Mirza, 
et  elle  est  encore  une  des  villes  les  plus  commercantes 
de  la  Perse. 

De  Chebisler  a  Tavris,  la  route  traverse  un  trisle  de- 


(  373  ) 
sert ,  le  terrain  est  presque  partout  couvert  de  sel ,  et 
I'eau  qu'on  y  rencontre  est  salee.  On  traverse  le  village 
d'AIi-Chah  ,  cnsuite  ceux  d'Alouan  et  de  Maian,  et  en- 
fin  on  passe  sur  un  pont  de  neuf  arches  la  riviere  Agi , 
qui  couie  de  1  est  a  I'ouest,  et  qui  se  jettedans  le  lac  de 
Chehi. 

Seid-Abad,  28  verstes. 

Village  situe  au  pied  de  Kara-Dagh  ,  ou  montagnes 
Noires. 

A  quatre  verstes  au  sud  de  Tavris,  on  voit  les  villages 
de  Basmidge  et  de  Condouroud. 

TiKME-DACH ,  40  verstes.  Village. 

Sept  verstes  apres  Seid-Abad,  on  trouve  le  village  de 
BiniKeui,  et  ensuite  on  traverse  celui  d'Oudjan.  Tout 
le  chemin  ,  entre  Seid-Abad  et  Tikme-Dach  ,  est  en  ge- 
neral foit  mauvais. 

Turkman  ,  38  verstes.  Village. 

MiANA,  38  verstes  et  demi.  Ville. 

Cette  ville  est  arrosee  par  une  petite  riviere  qui  se 
jette  dans  le  Kizzil-Orran.  On  y  fabrique  des  tapis  qui 
sent  tres  estimes  dans  lout  I'Orient. 

Entre  Turkman  et  Miana  ,  le  chemin  traverse  des 
montagnes  volcaniques.  Sur  la  gauche  on  voit  le  village 
de  Garayeh.  Tout  !e  pays  compris  entre  Tavris  et  Mia- 
na, est  inculte  et  montagneux.  On  rencontre  souvent 
les  mines  dun  grand  nombre  de  villages  et  de  cara- 
vanserais. 

Ah-Kend,  40  verstes  et  demi. 

Ce  village  est  entoure  dune  muraille  ,  et  situe  sur 
une  coUine  d'ou  s'echappe  uu  ruisseau. 

La  route,  en  sortant  de  Miana,  traverse  sur  un  pont 
de  vingt-deux  arches ,  la  riviere  Roud-Khauneh-Miau- 


(  ^74  ) 
neli ,  qui,  avaiit  le  point  ou  on  la  traverse  et  pas  loin 
de  la  ,  recoil  le  Ceransou  ,  le  Cheher  Cheye  et  I'Aye- 
Dognibuch.  Ensuite  elle  quitte  la  plaine  et  entre  dans 
une  gorge  etroite  fonnee  par  le  Koflan-Koiih  (branche 
dii  niont  Taurus).  La  riviere  Kizzil  Orran  (le  Mardus 
des  anciens),  qui  coupe  en  deux  ce  defile,  et  qu'on  tra- 
verse entre  Miana  et  Ak-Kend ,  sur  un  pont  en  pierre 
qui  a  ici  un  lit  de  soixante-quatre  sagenes  de  largeur  , 
forme  la  frontiere  entre  I'Aderbidjan  et  1  Irak-Adjeim  ; 
elle  va  porter  dans  la  mer  Caspienrie  le  iribut  de  ses 
eaux.  On  trouve  ensuite  le  village  de  Koltepe  qui  est 
sur  la  ligne  des  montagnes  nommees  Koflan-Kouh. 

Herman  Khane  ,  36  verstes. 

Ce  village,  qui  est  fortifie,  est  du  ressort  du  Khan 
de  Zenghan. 

Entre  Ak  Kend  et  Hernian-Rhane ,  on  voit  ,  sur  la 
droite ,  le  village  de  Decht-Boulagh. 

Zenghan  ,  34  verstes. 

Ville  de  io,ooo  habitans  ,  quelques  t'aniilles  arme- 
niennes.  C'est  la  capitale  du  pays  d'Hamzeh  ,  qui  fait 
partie  de  rirak-Adjeim  :  I'Hamzeh  comprend  en  outre 
les  villas  d'Abher-Fazoum  et  de  Zerzin-Abad.  Zenghan 
est  situe  dans  un  pays  sablonneux  ou  1  on  voit  peu  de 
traces  de  culture  ,  excepte  les  parties  arrosees  par  la 
petite  riviere  Zenghan,  qui  coule  a  peu  de  distance  de 
la  ville  du  nieuie  noni. 

Entre  Hcnnan-Khane  et  Zenghan  ,  on  trouve  les  vil- 
lages d'Houloulch ,  et  ensuite  oeux  de  Kouchek  et  de 
Bcrri. 

SuLTANiE,  23  verstes. 

Village  de  4o  maisons,  jadis  ville  considerable  et  ca- 
pitale de  la  Perse  jusqu'au  regne  du  Ghah  Abbas  T', 


(  375  ) 
qui  transporta  le  siege  a  Isftihan.  C'est  deja  a  douze 
verstes  du  village  actuel  qu'oii  commence  a  fouler  aux 
pieds  les  debris  de  ses  beaux  monumens.  La  plaine  de 
Sultanie  est  nue  et  totalement  depourvue  d'ombrage  ; 
cependant  les  moritagnes  environnantes  en  rendent  le 
climat  d'une  extreme  fraicheur.  La  cour  y  sejourne 
pendant  les  mois  d'ete,  et  le  roi  habite  une  maison  con- 
struite  sur  un  monticule,  a  uneverste  et  demie  de  dis- 
tance du  village  actuel. 

Entre  Zenglian  et  Sultanie,  a  droite  du  chemin  ,  on 
voit  le  village  de  Dechis. 

Ebher,  4 1  verstes. 

Ville  de  6,000  habitans.  Elle  est  situe'e  au  bord  dune 
riviere  du  meme  nom,  ct  dans  un  pays  fertile. 

Entre  Sultanie  et  Ebher,  on  traverse  le  passage  nom- 
me  Teng-Ali-Akbar ,  ensuite  on  trouve  le  village  im- 
portant et  fortifie  de  Sihin-Kalhe,  ou  s'arrete  ordinai- 
rement  le  roi  lorsqu'il  va  chaque  annee  a  Sultanie.  Puis 
on  trouve  sur  la  droite  les  villages  de  Che'raf-Abad,  de 
Korem-Dereh  et  d'Hieh  ,  outre  plusieurs  autres  moins 
considerables. 

KoRoup,  18  verstes. 
Village. 

Entre  Ebher  et  Roroup,  on  voit,  sur  la  droite,  le 
village  de  Cherat-Abad. 

Sia-Dehen,  3o  verstes. 

Village  de  5oo  maisons.  U  est  entoure  de  murailles. 

Entre  Koroup  et  Sia-Dehen,  on  trouve  le  village  de 
Nourri,  dernier  du  district  d'Hamzeh;  ensuite  sur  la 
gauche ,  les  villages  de  Parsin  et  de  Ziabet  5  et  puis  sur 
la  droite,  les  cinq  villages  d'Alangaya  ,  d'Aseh-Hasar, 
d'Ak-Hegan  ,  Keniseh  et  Keck. 


(376  ) 
Kazvin,  28  verstes. 

Ville  de  12,000  habitans.  Longitude  4^^  i3',  latitude 
36"  11'.  EUe  est  au  pied  du  inont  Elvend,  branche  du 
Taurus.  Elle  fut  t'ondee  par  Chapour  11  de  la  dynastie 
des  Sassenides;  les  Peisans  la  iionunent  Djeinal-Abad. 
Elle  est  defendue  par  des  remparts  flanques  par  des 
tours  en  briques.  Elle  contient  un  grand  nombre  de 
jardins  ou  se  trouvent  des  excellens  fruits.  H  y  a  des 
manufactures  de  soie  et  de  coton.  On  y  recolte  des  pis- 
taches  qui  font  un  article  important  de  son  commerce. 

La  plaine  de  Kazvi,n  est  riche  en  vignobles  et  en  ar- 
bres  fruitiers. 

Hassan-Abad  ,  r4  verstes. 
Village. 

Kerbouz-Abad,  36  verstes. 

Village. 

Entre  Hassan-Abad  et  Kerbouz-Abad,  on  trouve  le 
chateau  de  Kichia,  maison  de  plaisance  du  Chah.  C'est 
ici  qu'on  commence  a  entendre  parler  la  langue  per- 
sanne  par  le  bas  peuple. 

K.£Mal-Abad,  40  verstes. 

Village  doiit  les  environs  sont  fertiles. 

Ali-Chah- Abbas  ,  28  verstes. 

Village. 

Entre  Kemal-Abad  et  Ali-Chah-Abbas  ,  on  trouve 
plusieurs  villages,  entre  autres  ,  sur  la  droite,  celui 
d'Angouri-Mahale ;  et  sur  la  gauche,  ceux  de  Chahin- 
Tapi,  Chainer-Lou,  Hassan-Abad,  Hossein-Abad,  Kich- 
lock  ,  Gauzir  Seng  et  Koran.  On  traverse  ensuite  la  ri- 
viere Aub-Keratch ,  sur  un  pont  en  briques,  et  les  vil- 
lages de  Cherar  et  Baragoun. 


( -^11 ) 

Teheran,  3o  veistes. 

Ville  de  5o,ooo  habitans.  Latitude  35°  4<>'.  Capiiale 
du  royaumc  et  (jlief-lieii  de  riiaii-Adjcni  (  ancienne 
Media).  Elle  est  situe'e  dans  uri  pays  malsain,  pies  de  la 
chaine  Albour  ou  Elbours.  II  s'y  trouve  le  Deniavend  , 
qui  en  est  le  pic  le  plus  eleve.  Son  elevation  est  de  djx~ 
huit  cents  toises  au-dessiis  de  la  nier  Caspienne. 

D'Ali  Cbah-Abbas  a  Teheran,  a  qualre  verstes  de  la 
route,  sur  la  droite  ,  on  voit  le  village  do  Geldin  ;  on 
passe  ensuite  une  riviere,  au  bord  de  laquelie  est  le  vil- 
lage de  Karatch  ,  et  apres  douze  verstes  on  arrive  a  Te^ 
heran. 

KiNAR-AlGHERD  ,    26  VCrStCS. 

Village  de  3,ooo  habitans.  II  est  traverse  par  un  ruis- 
seau. 

En  sortant  de  Teheran  ,  on  parcourl  un  pays  prive 
de  culture;  a  dix  verstes,  sur  la  gauche,  on  voit  les 
ruines  de  Rey  ou  Rhagae,  dont  la  latitude  est  35"  3$', 
et  la  longitude  ^o"  20'. 

PouL-DoLLAUK  ,  1 8  vcrstes. 

Village. 

La  route  traverse  le  passage  de  Mollohal-Mot, 

KoM  ,  60  verstes. 

Ville  de  i5,ooo  habitans.  Elle  est  regardee  par  les 
Persans,  conime  une  ville  sainte  ,  renfermant  entre  au- 
tres  le  tombeau  de  la  soeur  de  I'lmani-Reza. 

De  Poul-Dollauk  a  Koin,  on  trouve  le  Caravanserai 
d'Houz  Sultan,  ensuite  on  traverse  le  marecage  de  Ra- 
vir;  et  pres  de  Kv)m ,  on  traverse  la  petite  riviere  de 
Kour-e-Chotour. 

NoussERABAD,  1 3  verstcs. 
Village  de  i,25o  habitans. 

2  5 


(  ^7«  ) 
Ue  Koni  a  Nousserabad ,  on  rencoiitiT  le  villa<re  de 
Larigaroud  ,  ensuile  le  Caravanserai  de  Passangour  ,  et 
plus  loin  un  second.  On  voit  sur  la  gauche  de  la  route, 
les  ruines  de  la  ville  de  Dehnar  ,  et  enfin  le  Caravan- 
serai de  Sin-Sin. 

Kachan  ,  19  verstes. 

"Ville  de  25,ooo  habitans.  C'est  ici  que  Ton  trouve 
les  meilleurs  melons  de  la  Perse. 

De  Nousserabad  a  Kachan,  sur  la  droite  duchemin, 
on  voit  les  villages  d'AIi-Abad  ,  Nouchabad  ,  Britgoli , 
et  Aroun ;  et  sur  la  gaurhe,  ceux  de  Carabad,  Badgoun, 
Sen,  Kay  et  Cosar. 

GuEBER-AnAD,  12  verslcs. 
Caravanserai. 

Sonant  de  Gueber-Abad,  la  route  suit  les  bordsd'un 
petit  lac  artificiel  qui  porte  le  noni  de  Bound-Klioroud. 

KoRODD,  48  verstes. 

Ville  de  1,000  habitans.  Elle  est  situee  sur  la  pente 
d'une  montagne. 

MouRCHE-KouRD,  33  vcrstcs. 

Village  de  i,5oo  habitans. 

De  Koroud  a  Mourche-Koujd,  le  cheinin  passe  par 
un  caravanserai  nomnie  Aga-Remal.  Ensuite  a  droite,  a 
Test,  on  voit  les  villages  de  Bendai,  Khosro  Abad  et  tic 
Vazuoun. 

G£Z,  24  verstes. 
Village  dc  2,5oo  habitans. 

La  route  traveise  un  pays  pauvre  et  depeuple.  On 
voit  des  ruines  eparses  de  tous  cotes. 

Isfahan,  9  verstes. 

Ville  de  200,000 habitans. Longitude  49°  3o',  latitude 


(  379  ) 
32"  24'.  Elle  est  situee  dans  une  [jlairie  traversee  par  la 
riviere  Zenderoiul,  et  autrefois  capitale  chi  royaume. 

De  Gez  a  Isfahan  ,  on  voit,  sur  la  gauche  du  rhemin, 
le  village  de  Sagin. 

tsFAHANEH,  3o  verstes. 

Village  de  ySo  habitans.  II  est  situe  au  pied  d'line 
chaine  de  montagnes.  Ce  n'est  plus  aujourd'hui  qiTun 
petit  tort  qui  renfernie  les  maisons  des  habitans. 

La  route  traverse  le  Zenderoud  sur  un  pont  de  trente- 
trois  arches,  et  ensuile  on  commence  a  gravir  des  mon- 
tagnes. On  voit  partout  des  ruines  causees  par  I'inva- 
sion  des  Afghans, 

Mayar  ,  21  verstes. 

Village  de  i,ooo  habitans.  II  se  trouve  au  pied  dune 
monlagne.  H  y  a  un  beau  caravanserai  fonde  par  la 
mere  de  Chah-Abbas. 

KoMCHAH  ,  1 8  verstes. 

Ville  de  3o,ooo  habitans.  Ce  lieu  a  ete  considerable 
et  tres  peuple  du  temps  des  Sophis;  il  occupe  encore 
un  espace  considerable  et  il  est  entoure  de  uiurs.  De- 
puis  I'invasion  des  Afghans ,  il  est  considerablement 
dechu. 

De  Mayar  a  Komchah,  i!  existe  beaucoup  de  forts  en 
ruine  ,  et  a  quatre  verstes  avant  d'arriver  a  Komchah  , 
on  voit  le  tonibeau  de  Chah-Reza. 

MosKOD-BoGGY,  2y  vcrstes. 

Village  tres  miserable;  on  n'y  voit  que  des  ruines. 

Yezdi-Kast  ,  2  2  verstes. 

Ville  de3,ooo  habitans.  Cette  ville,  limitrophe  des  pro- 
vinces du  Fnrs  et  de  I'lrak,  otait  un  lieu  important  avant 
I'invasion  des  Afghans.  Elle  est  au  fond  d'uno  vallee 
bien  cultivee  et  arrosee  de  phisieurs  canaux. 


.:  ^:'<< 


25. 


(  38o  ) 

Choutgostan  ,  1 6  verstes. 

Village  (le  5oo  habitans.  II  «>sr  situe  dans  un  fort 
ronstriiit  en  terre. 

Abadaii,    i8  verstes. 

Ville  de  5,ooo  habitans.  Elle  n'ofrre  qu'une  longiie 
etendue  de  murailles  ruinees.  Sa  population  actuelle 
est  toute  renfermee  dans  un  fort  carre  ,  defendu  par 
une  tour  a  chaque  angle,  et  par  trois  tours  dans  la  lon- 
gueur de  chacun  des  o6tes. 

SouRMAK,  ii  verstes. 
Village  de  4,5oo  habitans. 

KhoneKorrah  ,  2  1  verstes. 
Caravanserai. 

Debid,  in  verstes. 

Caravanserai. 

A  peu  de  distance  de  KhoneKorrah,  on  franchit  un 
passage  tres  eleve,  impossible  a  passer  lorsqu'il  tonibe 
de  la  neige. 

Khone-Kergaub,  19  verstes. 
Caravanserai. 

De  Debid  a  Khone-Kergaub  ,  i;i  route  traverse  un 
pays  aride  et  prive  de  hois. 

MouRGAUB,  2  1  verstes. 

-I , 

Village.  On  y  voit  un  fort  et  plusieurs  jardins  enclos. 
De  Khone-Kergaub  a  Mourgaub,    la  route  traverse 
un  pays  inegal ,  depeuple  et  prive  de  culture. 

Kemin  ,  22  verstes. 
Village  de  5, 000  habitans. 

De  Morgaub  a  Kemin,  la  route  passe  cntre  les  bases 
de  deux  chaines  des  moiUagnes. 

Sevou^d,  19  verstes. 


(  3<Si   ) 
Village  tie  85o  hahitans.  II  est  sitiie  an  pied  dun   es- 
carpenient  d'une  niontagne,  mais  toutefois  a  une  eleva- 
tion assez  considerable. 

Zergoun,  36  verstes. 

Village  de  5,ooo  habitaus.  11  est  miserable  et  situe  au 
pied  dune  fde  demontagnes,  a  I'extreniite  meridionale 
il'une  plaine  peu  etendue. 

De  Sevound  a  Zergoun,  la  route  traverse  une  plaine 
arrosee  par  la  riviere  Roud-Khone-Siound,  ensuite  on 
passe  sur  un  pont  la  riviere  Bender-Emir  ( I'Araxe  des 
anciens)  qui  se  jette  dans  le  lac  Baktegliian. 

Chiraz,  1 5  verstes. 

Vilie  de  i3,ooo  maisons  ,  ou  (55,ooo  liabitans.  Lati- 
tude 29°  36'.  Capitale  du  Tarsistanj  elle  est  traversee 
par  la  riviere  Rokn-Abad.  Son  climat  est  excellent,  n'e- 
tant  pas  sujet  a  de  grandes  variations.  Elle  est  extre- 
menient  decline  de  son  ancienne  splendeur.  Au  nord- 
esl,  a  peu  de  distance,  on  voit  le  tombe<iu  d'Hafi  ,  etj 
dans  la  meme  direction,  mais  plus  loin,  se  trouventles 
ruines  de  Persepolis. 

De  Zergoun  a  Chiraz,  on  traverse  des  montagnes 
privees  de  vegetation ,  et  ensnite  on  suit  les  bords  tor- 
lueux  de  la  riviere  Rokn-Abad.* 


Bagh-Cheragh,  5o  verstes. 

Village. 

De  Chiraz  a  Btfgh-Cheragh ,  le  chemin  est  extreme- 
ment  mauvais,  et  presque  aussi  iabnl(Mix  que  flans  Its 
montagnes. 

Khone-Zenioun  ,  1 5  verstes. 

Village  de  3.5  maisons,  ou  12:^  habit.in.s.  Viis  de  ce 
village  coule  un  ruisseau. 

De  Bagh-Cheragh  a  KhoneZeiiioun,  la  route  traverse 


(  382  ) 

sur  uti  pont  en  pierrc,  une  riviere  pros  da    village   ile 
Radars,  et  passe  ensuite  par  un  pays  de  inontagnes. 

Desterdjix,   II  verstes. 

Villa  de  600  maisons  ,  on  3, 000  habitans.  En  i-'Sy  , 
ce  n'etaic  qu'un  village  ,  aujourd'hui  ville  considerable 
siluee  dans  une  plaine,  au  pied  d'une  niontagne. 

La  route  traverse  uue  forel,  passe  ensuite  au  pied 
d  une  niontagne  ,  pres  de  la  on  voit  un  caravanserai 
qui  n'est  pas  encore  acheve. 

Abdoui,  24  verstes. 

Village  de  800  niaisons,  ou  4,000  habitans.  11  est  si- 
tue  dans  une  petite  et  jolie  vallee  plantee  de  chenes. 

La  route  parcourt  la  plaine  de  Desterdjin ,  ensuite 
elle  gravit  la  longue  et  fatiguante  chaine  nominee  Pirai- 
Zoun,  et  la  traverse  au  passage  nomnie  Dokter,  enfin 
elle  passe  par  ia  vallee  d'Abdoui. 

Kazroun,  36  verstes. 

Ville  de  4,000  niaisons ,  ou  20,000  habitans.  Elle  est 
situee  dans  une  plaine.  Elle  occupe  une  grande  surface, 
niais  ses  murs  sont  presque  lous  en  ruine;  a  peu  de  dis- 
tance de  la  ville,  on  voit  les  vestiges  de  I'ancienne  ville 
de  Chapour, 

La  route  passe  par  la  vallee  d  Abdoui  ,  et  ensuite 
traverse  une  niontagne.  Dans  le  point  le  plus  difficile 
de  la  descente,  on  a  construit  une  route  et  pratique  des 
parapets.  On  traverse  ensuite  un  inarecage  qui  est  for- 
me par  I'extremite  dun  lac  qui  s'etend  au  sud,  ensuite 
on  trouve  une  chaussee  appelee  Pouli-aab-Guini.  Enfin 
on  traverse  la  plaine  de  Karzoun. 

Khaumauidge,  8  verstes. 

Village  de  5oo   maisons,  ou   2,r)cfo    habitant.    II  est 


C  383  f 

situe  dans  une  plaine  du  meme  noin,  dorit  letendue  est 
de  sept  verstes  de  longueur  sur  deux  de  largeur. 

La  route  de  Kazroun  a  Khaumaridge  passe  par  le  vil- 
lage de  Dires  et  quitte  la  plaine  de  Kazroun.   Elle  tra 
verse  ensuite  des  montagnes  au  passage  noninie  Tergui- 
Tour-Koun  ,  et  apres  elle  ,  passe  par  la  plaine  de  Khau  • 
maridge. 

Khicht,  24  verstes. 

Village  de  600  niaisons,  ou  3,oou  hahilans.  II  est  .si- 
tue dans  une  plaine. 

La  route  traverse  la  plaine  de  Kliouinaridge,  atteint 
ie  sommet  de  hautes  montagnes,  ou  Ton  rencontre  par 
fois  des  passages  dangereux.  Apres  avoir  atteint  le  pied 
du  versant  oppose  des  montagnes,  on  cotoie  une  riviere 
qui  a  sa  source  pres  deChapour,  ensuite  la  route  tra- 
verse encore  une  haute  montagne  nommee  Moidlouh.,  et 
passe  par  le  village  de  Konarai-Takt  ,  a  cinq  verstes 
avant  d'arriver  a  Khicht. 

Daliki,  18  verstes. 

Village  de  i,coo  maisons,  ou  5, 000  habitans.  11  est 
considerable  et  defendu  par  un  fort.  On  y  voit  plusieurs 
jardins  plantes  de  palmiers  ,  et  des  sources  d'eaux 
thaudes.  Une  petite  riviere  le  traverse. 

A  quatre  verstes  de  Khicht  ,  la  route  commence  a 
gravir  des  hautes  montagnes  qui  appartiennent  a  la 
chaine  de  Cotul.  En  les  descendant,  la  route  lon^e  les 
J)ords  dune  riviere  pendant  deux  veistes,  et  ensuite  on 
la  traverse  a  gue  trois  fois,  ct  apres  six  verstes  griwis- 
sant  encore  des  montagnes,  on  arrive  a  Daliki. 

BiRASGouN  ou  BouAZJouN  ,  W"]  vcrstcs. 

^  illo  de  n,ooo  maisons,  ou   10,000  habitans.  Elle  est 


^  {  384  ) 
eniouiee  de  murailles,  et  fait,  avec  Abouchir,  uii  com 
iiierce  iniporlaiit  ile  colon  ,  tabac  et  froment. 

En  partaiit  de  Daliki,  ia  route  parcourt  des  inunta- 
j^nes  pendant  vingt-hiiit  a  Irente  verstes  :  elles  sont 
prcsqiie  entierenient  de  roc.  Le  cheiniii  y  est  difficile  el 
inauvais.  Avanl  de  coniineiicer  a  gravir  ces  monlagnes, 
on  traverse  un  ruisseau  plein  dc  naphle.  Douze  verstes, 
avanl  d'arriver  a  Birasgoun,  on  trouve  plusieiirs  villages 
sur  la  droile  et  sur  la  gauche,  dans  vin  terrain  pen  ac- 
ridente. 

Alichaingi,  2  1  verstes. 

Village  de  i5o  niaisons,  ou  ;  5o  habitans. 

En  sortant  de  Birasgoun  ,  la  route  traverse  un  pays 
cuitive  ou  Ion  voit  beaucoup  de  plantations  d'arbres. 
Ensuite  elle  passe  pres  du  petit  fort  Kocli-Aub,  apres 
deux  verstes,  par  le  village  d'Amadieli,  et  enfin  elle  tra- 
verse une  pelite  riviere  qui  se  jettc  dans  la  nier,  et  dans 
la  direction  de  I'ouesl  ,  on  arrive  a  Alichangi. 

Aboucmir  '' 

Ville  et  port,  sur  le  golte  Peisique.  Lalilu.  ^8°  5g . 
(),ooo  habitans  Persans  ,  Indiens  et  quelques  Arabes. 
Elle  est  situee  sur  une  presqu'ile,  entouree  par  la  nier 
L't  par  des  marecages.  Mauvais  climat ,  il  y  regne  des 
vents  violens,  une  grande  secheresse  et  des  exhalaisons 
malsaines.  Les  ophtahnies  y  sont  endeniiques.  Elle  com- 
merce avec  les  Inde.s  el  1  Arabic.  Les  Anglais  seuls,  parmi 
les  Europeens  ,  y  font  le  couunerce. 

La  route  d'Alichanefi  a  Abouchir  se  diri"eant  a  lest, 
traverse,  pendani    luiil  verstes,   des  marecages  qui  se 
prolongent  jusqu  au  port  d'Abouchir:  elle  se  dirige  en 
suite  vers  !e  pic  rlllalila  ,  el  pies  dc  six  verstes,  aboulil 
a  Abouchir. 


(  38f5  ) 


DESCRIPTION 

U  I!     Q  IT  A  R  T  I  E  U     r>  E     S  A  I  N  T  E  -  C  A  T  H  E  R  I  N  E 

ET    1)1!     SES    EWVIROKS 

(lie  cle  Cuba). 


La  coil  tret;  ,  ttacee  sur  la  carte  ci-jointe  ,  figure  iiii 
Iriaugle  ,  forme,  an  sud ,  par  la  thaine  de  niorilaones, 
diles  de  la  Sierra  'Maeslra  ,  du  limon  ,  et  en  parlie  par 
les  cotes  ;  an  nord  ,  par  les  nionts  iClateru  ,  du  Libun  , 
du  l\iunis  ^  et  le  prolongement  de  celte  chaine  j  entin,a 
Test  ,  par  la  ligne  tiree  de  rextreinite  de  la  baie  de 
Guantanamo  ,  au  mont  latera.  Sa  surface  carree  est 
d'enviroii  cent  quararite  lieues  5  elle  est  divisee  en  plu- 
sieiirs  qiiartiers  (partidos)  ,  011  Ton  eompte  trois  vil- 
lages ,  savoir  :  le  Saltadero ,  ie  Tigunbo  ,  le  Caney,  et 
apeu-pres  cinq  cent  cinquante  propnetes  nivales  ,  y 
conipris  les  hates,  ou  grands  paliuages.  Dix-huit  niillo 
negres  et  lioninies  de  couleur  cidtivenl  ces  canipagnes; 
le  nonibre  des  blancs  ne  s'eleve  pas  a  plus  de  deux  niille. 
Ces  differens  quartiers  sent  aduniiislres  par  des  chefs 
appelos  capitaiies  de  partUlo  ^  qui  reunissenl  I'autorite 
civile  et  mililaire.  Le  Saltadero  et  le  Tiguabo  sout  les 
seuls  points  011  il  y  ait  quelques  soldats  espa'gnols  com- 
niandes  par  un  offioier  ,  (jui  reside  dans  le  premier  dc 
ces  villages. 

AvauL  le  defrichenient  assez  recent  des  terres  ,  il 
n'exislait  ,  dans  cette  contieo,  priniitivenient  couverte 
d'inniierises  i'orets,  (|ue  des  hates  on  Ion  clevait  des 
bestiaiix;  faute  d'holclleries  ,    les  |)roprietaires  de  ces 


(  386  ) 

hates  etaient  obliges,  coniiiH;  ils  le  soiit  souvenl  encore, 
lie  (lonner  Ihospilalile  anx  voyageuis.  Ce  nc  fiit  que  , 
lorsque  lie  nonibreux  colons,  presque  tous  refiigies  de 
Saint-Domingue,  vinrent  apporter,  dans  celte  lie,  leur 
active  industrie  et  ies  debris  de  leurs  ancieiines  fortunes, 
que  ce  vaste  teiritoire  pril  un  aspect  nouveau,  que  des 
etabiissemens  agiicoies  Furent  fondes,  et  qu'eut  lieu  la 
formation  des  q.iartiers,  auxquels  on  donna  Ies  nonis 
des  principaux  hates,  ou  celul  des  rivieres. 

On  reniarque  dans  cette  parlie  de  Tile  de  Cuba  ,  an 
milieu  des  bois  epais  qui  I'onibragent  encore,  quelques 
belles  plaines  arrosees  par  de  nonibreuses   rivieres  qui 
descendent  des  montagnes  environnantes  ;  Ies  prinri- 
pales  sont :  le  Guantanaino,  le  Inibo^  le  Goaso  et  Anvyo- 
kondo^  la  premiere,  qui  est  aussi  la  plus  iniportanle,  re- 
coil le  laibo,  ainsi  que  plusieurs  autres  torrens  ,  et  se 
jelte  ensuite  dans  la  vaste  baie  a  iaquelle  elle  a  donne 
son  nom-,  Ies  Bongos,  ou  Mistics,  remontenl  cette  ri- 
viere jusqu'a  I'embarcadero,  qui  est  a  quatre  lieues  de 
son  embouchure;  c'est  a  cet  embarcadero,  expose  a  de 
frequentes  inondations ,  que  Ies  habitans  de  ce  canton 
sont  obliges  mainlenant  d'envoyer  leurs  denrees ,  pour 
etre  expediees  a  Santiago  de  Cuba.  La  grande  quantite 
de  sables   que  charroie  cette  riviere,  surtout  lors  de  la 
crue  des  caux  ,  forme  des  bancs  qui  la  rendront  bien- 
tot  innavigable.  Le  Goaso  recoit  le  Bano  el  le  Rio  de  los 
P/atanos,  et  continue  paisiblenient  son  cours ;  il  nest 
pas  navigable.  \J Arroyo-hnndo  ,  avant  d'arriver  a  la  mer, 
se  perd  suhiteinent  dans  Ies  sables,  a  peu  de  distance 
de   la    baie   de  Giiantanamo.   Cette  baie ,  a  Iaquelle  Ies 
Anglais  onl  donne  le  noni  de  Cuinberlajid,  est  une  des 
plus  belles   el  des  plus  vasles   que   I  on  coniiaisse  ;  elle 
penetre,  a  plus  de  six  liouos ,  dans  Ies  tcrres  et   fnirn<^ 


(  387  ) 
plusieurs   bassins   ou  Ton    pourrait  elablir  d'excellens 
ports.  Sa  largeur  est  d'environ  quatre  a  cinq  lieues  dans 
certains  endroits,  et  dans  d  aiitres  d  une  denii-lieue  seu- 
leinent,  ce  qui  permettrait  qii'on  la  fortifiat  a  peiide  frais. 

Toutes  les  rivieres  dont  nous  avons  parle  plus  haut, 
et  qui  la  plupart  out  ordinairenient  tres  peu  d  eau,  de^ 
viennent  des  torrens  impetueux  et  redou tables  ,  lors- 
qu'il  pleut  seulement  deux  jours  de  suite  ;  personne  ne 
pent  les  francbir  alors.  Les  plus  grandes  sont  le  sejour 
d'une  multitude  de  caymans,  qui  font  une  guerre  a  mort 
aux  bestiaux  qui  s  en  approchent.  Lorsqu'une  vache  , 
ou  tout  autre  bete  a  corne  ,  vient  boire  dans  la  riviere, 
et  que  le  cayman  I'apercoit ,  il  s  elance  a  1  instant  sur 
ei!e,  la  saisit  par  le  museau  ,  lentraine  avec  lui  dans 
I'eau  pour  la  noyer,  et  la  devore  ensuile  tranquillement. 
Get  animal,  le  seal  nialfaisant  d'ailleurs,  qui  existe  dans 
ce  pays,  n'attaque  pas  I'homme,  dont  il  redoute  au  con- 
traire  I'approche. 

Entre  le  Goaso  et  TArroyo-bondo  ,  on  reniarque  les 
traces  dun  ancien  canal  qui  parait  avoir  servi  de  ligne 
de  communication  de  la  baie,  au  bate  de  los  Canos.  Vn 
vieillard  octogenaire,  et  qui  a  babite  cette  contree  de- 
puis  sa  jeunesse  ,  assure  que  ce  fut  Touvrage  des  An- 
glais, qui  ,  il  y  a  environ  soixante-dix  ans  ,  opererent 
une  descente  sur  cette  cote,  ou  ils  prirent  position  sur 
le  pencbant  des  montagnes,  et  creuserent  ce  canal, afin 
de  pouvoir  transporter  plus  (acilement,  dans  leur  camp, 
les  vivres  et  munitions  qu  ils  tiraient  de  leurs  navires  , 
mouilles  dans  la  baie  de  Guanlaiiamo.  C'est,  sans  doute 
de  ce  canal  et  des  brandies  que  forment  les  deux  ri- 
vieres, entre  lesquelles  it  se  trouve  place,  que  le  hate 
de  los  Cnnvs  a  pris  sou  nom;  ((un)  si^nilie,  en  espagnol, 
canal,  ou  conduit  deau. 


(  388  ) 

Les  moiitagnes  jui  traversent  les  plaiiies  de  Sainte- 
Catherine  nieriteiit  toiite  rallention  du  vovaoeur.  En 
outre  des  beaux  points  de  vue  dont  on  jouit ,  a  chaque 
pas,  du  haut  de  ces  belles  niontagncs,  elles  renfernieiit, 
a  n'en  pas  doutcr ,  de  riches  mines  de  fer,  de  cuivre  et 
ineme  dor j  assez  d'indices  I'annoncent. 

Au  nord  du  nioiit  Liban,  existent  des  grottes  vrai' 
ment  curieuses;  elles  ne  sont  connues  que  depuis  une 
quinzaine  d'annees.  Ces  grottes  ,  au  nombre  de  douze, 
se  suivent  toutes  dans  la  nienie  direction^  elles  vont  de 
lest  a  I'ouest  ;  on  y  penetre  par  une  seule  entree  ,  et 
ion  passe  successiveinent  de  iune  dans  I'autre;  elles 
sont  d'ailleurs  d'un  acces  pUis  ou  moins  difficile;  il  y 
en  a  quelques-imes  dont  les  voiites  sont  d'un  poli  re- 
marquable  et  dune  eclatante  blancheur.  Ces  voutes 
distillent  incessainnient  une  eau  cristaline,  dont  se  for- 
ment  des  stalactites  brillantes  qui  representent  niille  fi- 
gures diverses,  et  produisent,  a  la  clarte  des  flambeaux, 
leffet  le  plus  merveilleux.  II  faut  deux  heures  pour  par- 
<  ourir  ces  souterrains. 

A  deux  cenla  pas  environ  de  ces  grottes  se  trouve 
une  autre  caverne,  dont  on  ne  connait  pas  encore  loute 
1  etendue,  et  dans  laquelle  serpenle  une  petite  riviere  , 
dont  les  eaux  glacees  et  transparentes  ,  semblcnt  s'a- 
bimer  dans  un  gouffre  sans  fin.  Le  moindre  bruit  que 
Ton  fait  aupies  de  cette  caverne ,  a  un  retentissement 
immense.  La  riviere  du  Goaso,  ayant  ses  sources  appe- 
lees  par  les  Espagnols,  /as  Cabezas  del  Goasu  ,  a  une 
lieue  de  Ki  ,  et  ses  eaux  se  perdant  subitement  sous 
terre  ,  on  presiune,  avec  raison  ,  que  celle  qui  coule 
dans  le  souterrain  est  le  Goasu  lui-niOmc.  Cette  riviere 
leparait  d  ailleurs  de  lautre  cote  de  la  montagne,  a  une 
demi-lieue  au  dossus  du  hate  do  Gonso-Rivn. 


(  389  ) 

Les  cafeieres,  dans  le  quartier  tie  Sainte-Gatherine , 
sont  presque  toutes  sur  les  hauteurs,  oii  regue  une  tle- 
licieuse  fraicheur  que  le  cafe  piefere  au  soleil  hrulant 
de  la  plaine.  Ce  nest  au  contraire  que  dans  les  plaines 
que  Ion  cultlve  la  canne  a  Sucre,  le  colon,  I'indlgo  et 
le  tabac. 

La  niesure  de  superficie  en  usage  dans  celte  con  tree, 
comme  dans  le  reste  de  I'lle,  est  la  cabaUeria^  qui  com- 
prend  dix  carreaux  de  terre ;  le  carreau  a  sojxante 
toises  carrees. 

David  , 
Consul  de  France  a  Santiago  de  Cuba. 


Nota.  La  carte  du  quartier  de  Sainte-Catlierine,  qui  accompagne 
cette  Description ,  paraitra  avec  le  prochain  nuni^ro. 


DEUXIEME  SECTION. 

DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


ExTRAiT  (Vune  lettre  de  M.    Graberg  de  Hemso 
a   M.  d'Avezac. 

Florence,  le  aonovembre  i8'54. 

Pour  repondre  a    Ihoiiorable  coiiiniission   dont 

vous  me  chargez.de  vous  donner  q  elques  indications 
siir  les  travaux  geographiques  les  plus  recens  qui  aient 
paru  en  Italic,  je  me  suis  empresse  de  vous  transmettre 
pour  la  Societe  de  geographic,  un  cxeuiplaire  dun  me 
moire  de  n)a  facoii ,  iniprime  dans  le  journal  napoiitain 
nomme  le  Progresso ,  et  qui  presente  la  revue  de  cinq 
ouvrages  de  ce  genre  dernierement  publics  en  Italic. 

A  cettc  liste  il  faudra  maintenant  ajouter  : 

1°  'LeFojdge  dans  la  Ligurie  maritime^  par  David  Ber- 
tolotti ,  Turin,  3  volumes  in-S",  avec  carte  jreoora- 
phiquc; 

i°Dizionario geografico  e  statistico  deiducatidi  Parma^ 
Piacenza  e  Guastalla,  par  Laurent  Molossi,  Parme  i832- 
i834,  gros  volume  in  8"  avec  carte  geographique  des 
trois  duches; 

3°  les  4*  tit  5"  cahiers  ou  livraisons  de  celui  dc  la 
Toscane,  par  Emmanuel  Repetli,  dont  les  livraisons  pre- 
cedenles  se  trouvent  analysees  dans  mon  article  du 
Progresso  ; 

4°  Le  3'  cahier  du  Dictionnaire  geographique  et  sta- 


(  %'  J 

tistique  ties  eta ts   dii   roi  de  Saidaigne ,    par  Goffrcdo 
Casalis.  * 

Quant  a  I'ouvrage  de  M.  Molossi  qui  vient  de  paravtre, 
c'est  un  ouvrage  plutot  historique  qu'etiiDographique, 
calqiie  sur  un  essai  ecrit  en  1794  par  feu  Muratori  et 
imprime  en  1824,  pour  les  etats  dii  due  de  Modene.  II 
renferme  toutefois  des  notices  et  des  rensei"neniens  d'un 
grand  inleret  et  d'une  grande  importance  pour  la  geo- 
graphie  et  la  statistique  {Cenni  geogmfici  e  statistici);  et 
s'il  cede  en  merite  intrinseque  a  ceux  de  MM.  Repetti 
et  Casalis,  il  les  devance  en  ce  qu'il  se  trouve  tout-a-fait 
aclieve,  au  lieu  que  les  deux  autres  ne  le  soiit  que  pour 
un  sixieine  de  leur  carriere,  et  ne  seront  pent-etre  ter- 
mines  que  dans  quelques  annees.  La  troisieuic  livraison 
du  dernier  est  a  peine  aux  lettres  AZZ;  la  cinquieme 
de  Repetti  au  mot  Camuscin^  et  il  en  faudra  deux  autres 
pour  terminer,  avec  la  lettre  C,  le  premier  des  trois  vo- 
lumes de  Touvrage. 

A  Rome  Ton  s'occupe  aussi  d'un  pared  dictionnaire 
pour  les  etats  de  TEglise,  et  a  Naples  Ion  est  depuis 
quelque  temps  en  possession  de  I'excellente  chorographie 
du  royaume  des  Deux-Siciles,  en  22  cartes  accompagnees 
de  descriptions,  par  Benoit  Marzolla. 

Pour  la  topographic  provinciale  nous  avons  deux  bons 
volumes  de  M.  Mathieu  Franacreta  ,  intitules  Teafro  to- 
pografico-storico-pratico  della  capitanata. 

Une  cinquieme  edition  de  la  geographic  physique  et 
politique  de  Louis  Galanti  se  continue  aussi  a  Naples, 
et  le  3^  volume  vient  de  paraitre. 

Un  autre  ouvrage  aussi  curieux  qu'interessant,  pu- 
blic cette  anne'e  a  Genes,  est  le  Saggio  sid  moto  rotntoiio 
del  Mediterraneo,  dimoslrato  teoricamente,  e  comprovato 


(  392  ) 
colle  allia'ioni  e  coiiosioni  deUe  caste,  par  Jerome  Bolliiii, 
architectc  ingenieur. 

On  me  parle  encore  d  un  coiirs  tMenientaire  de  topo- 
graphie  par  Gaetan  Palermo,  dont  le  premier  livre  vient 
de  paraitre  a  Naples. 

En  Toscane,  le  savant  et  laborieux  docteur  Zuccagni 
Orlandini  s'occupe  tres  serieusement  dun  grand  ouvrage 
statistique  et  geographique  de  toute  lltalie,  sur  le  plaii 
et  I'etendue  de  son  excellent  Atlante  geografico,  fisico  e 
storico  del  aranducato  dl  Toscana. 

Un  second  supplement  au  Saggio  statistico  delF Italia 
do  M.  le  comte  Louis  Serrislori,  vient  de  paraitre  a  Lau- 
sanne. Vous  savez  deja  que  I'ouvrage  principal  et  ie  pre- 
mier supplement  orit  paru  cette  annee  a  Vieiine.  Et  sa- 
chant  que  j'allais  vous  ecrire,  cet  illiistre  et  savant  con- 
frere vient  de  me  remettre,  pour  vous  etre  transmis,  un 
exemplaire  dudit  second  supplement,  avec  priere  de  le 
presenter,  en  sou  nom,  a  la  Societe  de  geographic,  a 
laquelle  il  me  charge  encore  de  taire  parvenir  ci-joint  un 
Itineraire  manuscrtt  de  Constantinople  a  Ahouchir  par 
Arz-Iioum,  Tour/'s,  Teheran,  Isfahan  et  Chiraz,  rcdige 
dans  les  annees  1828  et  1839.  II  serait  flatte  et  charme 
si  cet  Itineraire  pouvait  trouver  place  soit  dans  un  ou 
deux  des  prochains  numeros  du  Bulletin  de  la  Societe, 
soit  dans  le  volume  IV  des  memoires,  qui  doit  etre  sur 
le  point  de  paraitre.  Je  prends  la  liberte,  Monsieur,  de 
vous  recommander  ce  manuscrit  el  sa  destinee  future, 
et  de  vous  assurer  que  1  accueil  qui  lui  sera  fait  sera  re- 
garde  par  moi  comme  fait  a  une  de  mes  propres  produc- 
tions scientifiques. 

Le  comte  J.  Gkaberg  de  Hemso. 


(  393  ) 

ExTRAiT  (i'nne  lettre  rle  M.  Alfred  lieumont ,  inemhre  de 
la  Socit'te  h  M.  le president  de  la  Commission  centrale. 

Florence,  le  24  novembre  i834. 
Je  ne  veux  pas  tarder  plus  long-temps,  Monsieur,  a 
vous  communiquer  quelques  renseignemens  sur  des 
publicalions  recentes  qui  concernenl  la  Toscane,  et  qui 
peuvent  avoir  de  I'interet  pour  la  Societe  de  geographic. 
Le  nombre  n'en  est  pas  grand  :  mais  le  Diclionnaire  qeo- 
gj'aphique,  physique  et  historiqite  de  la  Toscane ,  par 
M.  Em.  Repetti,  que  je  dois  nommer  en  premier  lieu 
et  qui  contient  un  vrai  tresor  de  notices  et  de  dates* 
equivaut  a  lui  seul  a  bien  d  autres.  Jusqu'a  present  cinq 
cahiers  du  premier  volume  de  cet  ouvrage  ont  para 
(Florence,  1 833-34-  44°  P-  in-8^).  Les  materiaux  hlsto- 
riques  sur  ce  pays  etant  en  grande  abondance  ,  cette 
partie  de  I'ouvrage  a  dii  offrir  moins  de  difficultes  que 
celle  de  la  statistique :  qu-^  ique,  vu  la  quan  tite  d'endroits, 
tous  interessans  ncmmement  pour  I'histoire  des  temps 
des  republiques,  rous  nommes  dans  une  foule  d'ecrivains 
et  de  diplomes  ,  cette  portion  alt  du  donner  lieu  a  de 
longues  recherches,  qui  certainement  n'auraient  pas  pu 
etre  executees  avec  plus  d'exaotitude  et  plus  conscien- 
cieusement,  que  ne  les  a  faites  M.  Repetti.  Dans  les  oas 
ou  les  historiens  et  les  chroniques  ne  sont  pas  d'accord, 
on  laissent  dans  I'incertitude,  I'auteur  a  consulte  les  ar- 
chives, qui  lui  ont  fourni  quantite  d'eclaircissemens. 
La  statistique,  qui  trouve  si  peu  d'encouragement  dans 
plusieurs  pays  de  I'ltalie,  n'est  pas  traitee  avec  nioins 
de  soin,  et  les  tableaux  de  la  population  a  ditferentes 
epoques,  nomniement  du  temps  du  regne  de  Come  P'', 
vers  la  moitie  du  dernier  siecle,  et  a  I'epoque  ounous 

a6 


(  394  ) 
sommes,  tlonnent  des  resultats  tres  interessans  et  a-la-fois 
tres  avantageux  quant  a  I'etat  actuel.  II  y  a  des  cas,  ou 
le  nonihredes  habitanss'est  presque  double  depuis  x'j^^i 
par  exemple  dans  les  communes  d'Anghiari  (vallee  du 
Tibre),  d'Arcidosso  (vallee  de  I'Orcia),  de  Calcinaia  (val- 
d'Arno  Florentino),  etc.;  il  s'est  plus  que  double  dans  la 
commune  de  Gampiglia  (Maremme)  qui  en  1745  avail 
773  babitans  et  en  a  a  present  2,i4i;  dans  celle  de  Cam- 
pagnalico  (vallee  de  lOmbrone  sienois)  et  d'autres;  il  se 
trouve  meme  un  exemple  comme  celui  de  la  paroisse  de 
Bolgberi  dans  le  comte  de  la  Gherardessa,  qui  en  1745 
ne  comptait  que  109  individus,  et  en  a  aujourd'hui  535. 
Parmi  les  articles  les  plus  remarquables  sous  le  rapport 
bistorique  et  descriptif  se  trouvent  ceux  qui  traitent  des 
anciennes  abbayes  de  la  Toscane,  de  la  ville  d'Arerro, 
de  Barberino,  de  Bientina,  de  Gampiglia,  etc. 

Les  cabiers  publics  con  tiennent  encore  des  descriptions 
tres  etendues  et  exactes  de  I'Apennln  toscan  ,  de  ses 
differentes  branches,  des  terrains  et  des  roches  qui  le 
composent,  du  caractere  de  ces  montagnes,  des  sources 
d'eau  minerale  qui  en  jaillissent  (qui  se  trouvent  classees 
en  six  especes  d'apres  leurs  qualites,  et  dont  celles  de 
Lucques,  de  Monte  Gatini,  de  S.  Casciano,  et  le  Bagno 
Amorba  dans  la  province  de  Volterre,  pres  duquel  on 
recueille  du  borax  en  grande  quantite,  sont  les  plus  re- 
marquables), des  mines  et  veines  metalliques  qu'elles 
contiennent,  etc.  Un  article  tres  important  est  consacre 
a  I'Arno,  et  donne  des  details  sur  la  formation,  le  cours, 
les  differens  bassins  et  la  chute  de  ce  fleuve.  M.  Repetti 
lui-meme  etant  savant  mineralogue  et  geologue,  il  a  su 
donner  a  cette  partie  de  son  ouvrage  un  interet  tres 
prononce,  et  I'histoire  naturelle  de  la  Toscane  n'est 
certainement  pas  ce  qu'il  y  a  de  moins  soigne. 


(  3y5  ) 

Le  dictionnalre  dont  je  vieiis  de  parler,  qui  embrasse 
outre  le  grand-duche  de  Toscane  encore  le  duche  de 
Lucques,  la  Garfagnana  et  la  Lunigiana,  et  qui  fait  le 
plus  grand  honneur  au  savoir  et  a  lexactilude  de  I'au- 
teur,  doit  former  trois  volumes,  chacun  da-peu-pres 
36  feuilles  d'impression  tres  serree  en  deux  colonnes, 
J'eus  deja  occasion  de  doniier  une  notice  plus  detaillee 
des  trbis  premiers  cahiers  dans  un  article  sur  cet  ouvrage 
et  sur  TalmanacU  pour  la  Lunigiana,  de  M.  Gargiolli  de 
Fivizzano,  petit  volume  dun  merite  tout-a-fait  particu- 
lier;  article  insere  dans  le  journal  allemand  pour  la 
conversation  litteraire  (Leipsick,  i834,  cahier  d'aout). 

Une  societe  s'etant  formee  I'annee  derniere  pour  ex- 
ploiter les  mines  de  plonib  sulfureux  argentifere,  qui  ^e 
trouvent  dans  le  val-di-Castello,  pres  de  Pietrasant^  en 
Toscane,  le  directeur  general  M.  F.  Narro-Perres,  vient 
de  publier  un  rapport  et  compte-rendu  sur  I'entreprise 
et  les  travaux  executes,  accompagne  d'une  relation  sur 
ees  mines  par  le  professeur  Targioni-Tozzetti  (Livourne, 
^834,  83  p.  in-B"  avec  5  plans).  La  vallee  de  Castello, 
situee  a  lest  des  montagnes  de  Farnocchia,  qui  appar- 
tiennent  a  la  cliaine  de  \ jilpe-Apiiana  et  s'etendent 
vers  la  Mediterranee,  est  formee  au  milieu  de  roches  qui 
appartiennent  en  partie  aux  terrains  primitifs,  en  par- 
tie  aux  terrains  secondaires.  Les  premiers  sont  du  genre 
du  schiste  talqueux;  ils  sont  recouverts  a  leur  erete  d'e- 
normes  masses  calcaires  qui  appartiennent  aux  terrains 
secondaires  et  dans  lesquelles  on  rencontre  de  puissantes 
mines  de  fer.  Les  mines  de  plomb  argentifere  se  trouvent 
dans  le  schiste;  la  galene  y  est  disseminee  avec  plus  ou 
moins  d  abondance  et  de  purete,  et  en  grains  plus  ou 
moins  fins.  On  a  ouvertsuccessivementliuit  exploitations 
Durant  la  premiere  annee  des  travaux  Ion  a  mis  en  fusion 


( 39<; ) 

en  schlicli  livres  6*9, 827,  dont  on  a  ohtenu  en  plonili 
J'ceuvre  I.  0.4,067,  et  en  classes  riches  I.  21,264.  Le 
contenu  moyen  en  argent  du  plonib  d'oeuvre  est  de 
5oo  grammes  par  100  kilogrammes.  Les  mines  de  cette 
contree,  nommement  celle  qui  est  toujours  connue  sous 
le  nom  de  I'Argentiera,  furent  deja  exploitees  dans  le 
moyen  age,  et  Ton  ne  cessa  d'y  Iravailler  qu'en  i5g2 
''sous  le  grand-due  Ferdinand  V''),  la  niauvaise  adminis- 
tration rendant  le  profit  a-peu-pres  iiul. 

La  jotie  petite  ville  de  San-Giovanni  ,  dans  le  Val- 
d'Arno  superieur,  a  moitie  cliemin  entre  Florence  et 
Arezzo,  fondee  par  les  Floientins,  en  1296,  pour  de- 
fendre  leurs  terres  centre  les  agressions  des  seigneurs 
gihelins  de  la  Toscane,  est  le  siijet  d'une  brochure  pu- 
l)liee  sous  le  titre  :  Memorie  sulla  terra  di  San-Giovarini, 
par  M.  F.  Ghernrdi  Dragomanni  (Florence,  i834, 
142  pages  in-B"  ).  Ces  memoires  historiques  et  des- 
criptifs,  et  qui  contiennent  une  serie  de  documens, 
sont  accompagnes  d'une  carte  assez  detaillee  de  la  com- 
mune et  de  phisieurs  plans.  La  commune  susdite ,  qui 
a  une  surface  de  7  3/4  niilles  italiens  canes,  compte 
3,876  habitans. 

Tons  ceux  qui  ainient  les  sciences  geographiques  et 
statistiques  ,  et  en  reconnaissent  la  grande  utilite  ,  ap- 
plaudiront  au  zele  infatigable  avec  lequel  M.  le  comte 
Serrislori  continue  ses  travaux.  Le  second  supplement 
de  son  essai  statistique  sur  i'ltalie,  contientdes  correc- 
tions et  des  additions  a  I'ouvrage,  ainsi  que  des  don- 
nees  tres  curieuses  sur  les  cultes  catholiques ,  sur  le 
commerce  et  la  navigation ;  et  un  tableau  synoptique  et 
statistique  des  etats  italiens,  en  i834,  auquel  se  joint  un 
autre  sur  I'instruction  publique  dans  le  royaume  lom- 
bardovenitien,  et  les  duches  de  Parme  et  de  Lucqucs, 


(  '^7  ) 
les  seuls  etats  sur  lesquels  il  a  ete  possible  d'oljtenir  des 
notices  satisfaisaiites.  Les  tables  de  la  population  abso- 
lue,  dans  les  ditferens  pays,  donnent  les  resuUats  sui- 
vans  :  Lombardie  4i436,ooo  ;  Sardaigne  45484)00o; 
Parme  459,000;  Modene  4^1^000 -^  Lucques  i53,ooo; 
Toscane  i,384,ooo;  etat  de  I'Eglise  2,^29,000  ;  Deux- 
Siciles  7,606,000;  Corse  198,000.  La  population  rela- 
tive est  de  334,  195,  268,  260,  478,  218,  209,  243  et 
69.  Le  nonibre  des  enfans  qui  frequentent  les  ecoles 
elenientaires,  par  rapport  a  la  population,  etaiten  i832, 
dans  le  royaunie  lombardo  venitien  ,  conime  r  :  12; 
dans  le  duche  de  Parme,  i  :  46;  dans  le  duche  de  Luc- 
ques, I  :  55. 

En  me  reservant  de  vous  donner  a  I'avenir  des  de- 
tails ulterieurs  sur  ce  qui  paraitra  de  nouveau,  je  vous 
prie,  monsieur,  d'agreer  I'assurance  reiteree  de  ma  con- 
sideration la  plus  distinguee. 

Alfred  Reumont. 


Lettre  fie  M.  le  capitaine  iCartillerie  Chesney,  inembre 
de  la  Societe  rojale  de  Londres ,  a  M.  le  secretaire  de 
la  Societe. 

Londres,  le  3  juillet  i834. 
Monsieur, 
Permettez-moi  d'offrir  a  la  Societe  royale  de  geogra- 
phic de  Paris  ,  le  rapport  ci-joint  sur  la  navigation  de 
I'Euphrate,  comme  une  faible  preuve  du  reconnaissant 
souvenir  que  je  conserve  des  bontes  et  des  services  im- 
portans  qui  m'ont  ete  rendus,  dans  mes  differens  voya- 
ges, par  des  membres  de  votre  Societe,  qui  ,  sans  y 
etre  porles  par  aucune  consideration  personnelle  ou 
nationale,  se  sont  montres  aussi  babiles  qu'empresses  a 


(  398  ) 
me  fournir  la  plus  favorable  assistance  ,  et  les  meilleurs 
conseils  dans  le  cours  de  nies  explorations ,  en  diverses 
parties  de  lOrient,  pendnnt  les  annees    iH'^g ,    iSiio, 
i83i  et  i832. 

J'ai  rallie  lEiiphrate  i^apres  avoir  traverse  le  desert 
d'Arabie)  en  un  lieu  appele  el  Kaini,  entre  Anna  et  Deir  j 
de  la  j'ai  suivi  le  fleuve  pendant  892  milles ,  jusqu'au 
golfe  Persique  ;  et ,  apres  avoir  cbenjine  a  travers  la 
Perse  et  I'Asie-Mineure,  j'ai  rejoint  celte  importante  ri- 
viere a  Sanisah  ,  Bir ,  etc. 

Le  petit  ouvrage  que  j'envoie  ne  coiitient  qu'un 
simple  rapport  sur  I'etat  de  I'Euphrate ,  redige  pour 
notre  gouvernement ,  sans  donner  (  ainsi  que  vous  le 
verrez)  aucune  narration  personnelle  ,*  et  le  delai  ne- 
cessaire  pour  examiner  la  question  plus  amplement 
m'a  seul  empeche,  jusqu'a  present,  de  vous  offrir  mon 
tribut  de  reconnaissance,  pour  les  durables  acquisitions 
qu'ont  procurees  au  monde  savant  ,  les  genereux  tra- 
vaux  de  votre  compagnie,  auxquels  je  pourrai  peut-etre 
contribuer  quelque  jour,  en  mettant  sous  vos  yeux  les 
autres  informations  geographiqiies  contenues  dans  mes 
journaux,  si  vous  les  jugez  dignes  de  cet  honneur , 
lorsque  j'aurai  rassemble  mes  papiers. 

En  faisant  allusion  a  quelques-uns  de  vos  membres 
qui  mom  ete  utiles  dans  mes  voyages  ,  je  ne  saurais 
omettre  de  signaler  M.  Fontanier  ,  que  j'ai  rencontre  a 
Trebizonde  ;  M.  Guys,  a  Beirout ;  le  consul  francais  , 
it  Damiette  ( precedenmient  a  Bagdad  )  ;  et  I'eveque  de 
cette  derniere  ville,  lequel  y  est  mort  de  lapeste,  pen  de 
temps  apres  que  j'eus  pris  conge  delui. 

F.-R.  Chesney  , 

-    Capitaine  de  I'artillerie  royale  et  niembre  dc  la 
Societe  royale  de  Londres. 


(  ^99  ) 

ExTRAiT  (rune  lettre  tie  M.  le  ^apitaine  de  vaisseau 
Maconochie  ,  a  M.  d'Avezac  ,  secretaire  general  de 
la  ^Commission  centrale, 

Notre  exploration  africaine  est  partie,  mais  celle  de 
la  Guiane  attend  encore;  et  je  ne  sais  rien  autre  d'inte- 
ressant  dans  le  monde  geographique,  si  ce  n'est  le  re- 
tour  du  docteur  Coulter,  qui ,  pendant  les  onze  der- 
nieres  annees,  a  fait  des  recherches  sur  la  Geographic 
physique  de  la  cote  nord-ouest  d'Amerique,  et  a  ce  que 
j'ai  appris,  sous  presque  toules  ses  faces;  et  le  retour 
prochain  de  M.  Douglas ,  qui  a  employe  sept  annees  a 
herboriser,  presque  sur  les  menies  lieux.Ce  dernier  nous 
a  deja  ecrit  une  lettre  fort  interessante,  datee  des  iles 
Sandwich  ,  dont  il  a  visite  les  crateres  volcaniques. 
Le  premier  est  alle  en  Irlande  voir  sa  famille,  avant  de 
consacrer  I'hiver  a  la  mise  en  oeuVre  et  a  la  publication 
de  ses  materiaux. 

En  ce  qui  concerne  notre  expedition  d'Afrique ,  je 
dois  ajouter  que  c'est  seulemenl  d'Angleterre  quest 
parti  le  capitaine  Alexander,  qui  en  est  le  chef.  II  pren- 
dra  une  suite  convenable  au  cap ,  ou  il  arrivera  proba- 
blement  ce  mois-ci;  mais  il  ne  se  rendra  a  la  baie  Da 
Lagoa ,  qu'a  la  belle  saison  (avril).  J'ai  recu  I'autre  jour 
line  lettredelui,  datee  de  laGambie,  qu'il  allait  quitter. 

L'expedition  de  la  Guiane  ne  pourra  remonter  TEsse- 
quibo  qu'en  aout,  ce  qui  nous  laisse  tout  loisir  pour 
les  preparatifs  ;  en  redigeant  les  instructions,  nous  te- 
nons compte  de  I'itineraire  de  vos  voyageurs  venant  de 
lest;  aussi  nos  vues  se  portent-elles  entierenient  vers 
I'ouest.  Ce  qui  ajoute  beaucoup  a  I'interet  de  toute  l'ex- 
pedition ,  c'est,  a  mon  avis ,  que  les  deux  nations  et  les 
deux  Societes  y  cooperent. 


(  4oo  ) 

Nous  avons  dernierement  decerne  notre  prix  royal 
pour  la  presente  annee,  au  lieutenant  Burnes ,  auquel 
je  remets  aussi  une  lettre  d  introduction  aupres  de  voiis. 
C  est  un  excellent  jeunc  lionime  ,  et  je  ne  saurais  vous 
le  recommander  trop  vivenienl. 

A.   Maconochie. 

Carte  d'une  partie  de  la  cote  du  Groenlaiid  reconiuie  par 
M.  DE  BLOSSEViLLE,  Commandant  le  brick  laLilloise. 

Au  inunient  oii  une  nouvelie  expedition  est  ordon- 
ne'e  pour  aller  a  la  reclieiclie  de  la  Lilloise ,  nous  pen- 
sons  qu'on  ne  verra  pas  sans  interet  le  croqnis  dela  par- 
tie  de  la  cote  orientate  du  Greenland,  que  M.  deBlosse- 
ville  avait  reconnue  a  la  fin  de  juillet  i833.  La  distance 
a  laquelle  ilavaitete  arrete  par  les  glaces  ne  perniet  pas 
sans  doute  de  regarder  ces  determinations  coninie  tres 
exactes,-  voici  au  reste  ce  q'l'il  en  disait  dans  sa  der- 
niere  lettre  dalee  de  \apnaIiord,  le  4  aout  : 

■<  La  cote  du  Groenland,  que  j'ai  vue,  est  placee  d'a- 
pres  un  seul  relevement  ct  une  distance  estimee;  niais 
cette  distance  ne  peut  pas  etre  tres  fautive,  les  re'eve- 
niens  de  Scoresby  croisant  les  miens  au  cap  Barclay. 
Depuis  Dunkerque,  je  n  ai  pu  regler  mes  montres  ,  mais 
un  jour  de  soleil,  a  Nordfiord,  et  un  autre,  a  Vapna- 
fiord ,  ni  ontdonne  dans  ces  deux  endroits  la  longitude 
juste  de  la  carte  danoise;  ainsi  la  marche  n'a  pas  varie. 
Le  27  juillet,  i!  n'y  a  pas  eu  d'observation  de  latitude, 
inais  les  corrections  out  ete  faites  d'apres  la  veille,  et  le 
lendemain  ou  le  soleil  a  paru.  Le  29,  les  observations 
nnt  ete  completes,  mais  I'esserres  par  les  glaces,  nous 
u'avons  eu  qu'une  route  mal  estimee,  et  il  a  ete  impos- 
sible de  courir  pour  tracer  une  base.  Je  retourne  aux 
menies  parages,  je  vais  tacher  de  revoir  les  menies 
points  et  de  continuer  la  reconnaissance  vers  le  sud  , 
en  ni'approchant  le  plus  possible.  Moii  premier  souhait 
est  pour  un  temps  clair,  mais  cast  etre  bien  presomp- 
tueux  que  de  concevoir  une  telle  esperance  sur  la  cote 
Au  Groerdiind  oil  nous  avoiis  trouve  tous  les  vents  bru- 
meux.  » 


(4oi  ) 


TROISIEME   SECTION. 


Actes  de  la  Soci^te. 


PROCES-VERBAUX    DES    SEANCES. 

Seance  du  7  noveinhre  i834. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  le  piofesseur  Perkins,  de  Bruxelles ,  remercie  la 
Societe  qui  vient  de  I'admettre  au  nombre  de  ses  niem- 
bres. 

M.  Francis  Lavallee,  charge  de  travaux  geodesiques 
par  le  gouvernement  de  I'lle  de  Cuba,  adresse  les  me- 
mes  remerciinens,  et  annonce  le  prochain  envoi  d'un 
ouvrage  qu'il  vient  d'achever  sur  cette  lie ,  et  qui  lui  a 
coute  de  longues  et  penibles  recherches. 

M.  le  baron  de  Canstein  ecrit  a  la  Societe  pour  lui 
faire  homiiiage  d'une  mappemonde ,  presentant  la  dis- 
tribution des  plantes  les  plus  utiles  a  la  surface  du 
globe  ,  avec  une  notice  explicative  ,  et  il  appelle  I'at- 
tention  de  la  Societe  ,  sur  ce  travail. 

M.  le  baron  Walckenaer  fait  don  a  la  Societe,  pour 
etre  depose  dans  ses  archives ,  d'un  Vocabulaire  des 
Qobayles,  provenant  de  M.  Desfontaines,  et  compose 
en  1787,  par  M.  Barre,  negoeiant  a  Bone. 

M.  le  secretaire  lit  la  tiaduction  faite  par  M.  de  la 
Roquette,  de  I'lntroductiou  du  voyage  a  la  cote  orien- 
tale  du  Groenland,  execute  de  1828  a  i83i  ,  par  M.  le 
capitaine  Graah,  de  la  marine  danoise. 


(    402     ) 

Seance  da  21  itovembre. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  etadopte. 

M.  Uonnet  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  faire  hommage 
d'une  carte  topographique  de  Tarrondissenient  de  Cor- 
beil,  qu'il  vient  de  publier. 

M.  Daussy  annonce  que  le  depot  de  la  marine  vient 
de  recevoir,  du  charge  d'affaires  de  France  a  Stockholm, 
une  caisse  trouvee  par  des  pecheurs,  sur  les  cotes  de 
Norwege,  et  contenant  des  cartes  que  le  gouvernement 
suedois  supposait  avoir  appartenu  a  la  Lilloise  ^  com- 
niandee  par  M.  Jules  de  Biosseville.  Ces  cartes  ont  ete 
examinees  au  Depot  de  la  marine ,  et  le  resultat  de  cet 
examen  ne  permet  plus  de  supposer  qu'elles  aient  ap- 
partenu a  la  Lilloise.  II  n'existe  done  encore  aujour- 
d'hui  aucune  preuve  materielle  de  la  perte  de  ce  bati- 
ment ,  dont  on  n'a  point  de  nouvelles  directes,  poste- 
rieures  au  4  aout  i833. 

M.  le  president ,  a  cette  occasion  ,  propose  que  la 
Societe  fasse  une  demarche  aupres  de  M.  le  Ministre  de 
la  marine,  pour  lui  temoigner  le  vif  interet  qu'elie  prend 
a  M.  de  Biosseville,  et  lui  exprimer  le  voeu  que  des  re- 
cherches  nouvelles  soient  tentees  pour  decouvrir  le 
sort  de  rexpedition. 

M.  Albert-Montemoiit  lit  un  fragment  d'un  voyage 
en  Angleterre. 

M.  Jomard  donne  lecture  de  la  relation  dun  voyage 
recemment  fait  par  un  indigene,  d'Alger  a  Constantine, 
et  contenant  des  details  sur  la  geographic  de  cette  par- 
tie  de  I'Afrique,  ainsi  que  sur  les  usages  des  habitans. 


(  4o3  ) 

Seance  du  5  decembre. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  le  secretaire  donne  communication  du  proces- 
verbal  de  la  seance  generale  du  28  novembre.  La  redac- 
tion en  sera  soumise  a  la  prochaine  assemblee. 

M.  le  general  Pelet ,  directeur  general  du  depot  de 
la  guerre,  en  adressant  ses  remercimens  a  la  Societe 
qui  vient  tie  I'admettre  au  nombre  de  ses  membres,  lui 
annonce  qu'il  sera  tres  heureux  de  s'associer  a  ses  efforts 
pour  contribuer  aux  progres  des  sciences  geographiques, 
et  qu'il  s'empressera  de  lui  faire  toutes  les  communi- 
cations qui  dependront  de  lui  et  que  la  Societe  ju- 
gera  utiles  au  succes  de  ses  travaux. 

M.  Ainsworth,  correspondant  etranger  de  ia  Societe, 
lui  ecrit  pour  lui  annoncerque  le  gouvernem'^.nt  anglais 
et  la  compagnie  des  Indes  orientales  preparent  une  expe- 
dition qui  a  pour  but  d'effectuer  la  navigation  de  I'Eu- 
phrate,  au  moyen  des  bateaux  a  vapeur,  et  d'etablir,  s'il 
est  possible,  une  communication  courte  et  facile  entre 
I'Europe  et  les  Indes.  M.  Ainswortb  qui  doit  faire  partie 
de  cette  expedition  commandee  par  le  capitaine  Chesney, 
demande  tant  en  son  nom  qu'en  celui  de  ses  compagnons 
de  voyage,  que  la  Societe  veuille  bien  leur  adresser  ses 
instructions.  —  Renvoi  de  cette  demande  a  la  section  de 
correspondance. 

M.  le  docteur  Reumont,  membre  de  la  Societe  a  Flo- 
rence, adresse  une  notice  sur  les  publications  recentes 
qui  concernent  la  Toscane  et  qui  ont  des  rapports  avec 
la  geograpbie. —  Renvoi  au  comitedu  Bulletin. 

MM.  Leroux  et  Reynaud  adressent  le  i"  volume  de 
rEncyclopedie  pittoresque  contenant  plusieurs  articles 


(  4o4  ) 

relatifs  a  la  geogiaphie,  et  jis  demaiident  que  la  Societe 

veuille  bien  se  faire  rendre  co«pte  de  cette  publication, 

et  leur  adresser  ses  conseils.  —  Reniis  a  M.  Boblaye  pour 

uti  rapport  verbal. 

MM.  Beer  et  Maedler  tout  lioniniage  de  la  3"  teuille 

de  la  carte  de  la  lune  qu'ils  publient.  —  Renvoi  a  M.  le 

colonel  Coraboeuf. 

M.  Warden  depose  surSle  bureau  le  15"  volume  de  la 
collection  de  I'art  de  veriiier  les  dates.  Ce  volume  est  en- 
tierement  consacre  a  la  description  geographiqueet  his- 

torique  de  la  Gujane.        0lfWl**it'    '■■- 

M.  Jomard  annonce  lerfetolir  en  France  de  M.  le  ca- 
pitaineCaliier,  apres  un  voyage  de  plusieurs  annees  dans 
rOrient,  ou  il  avait  accompagne  M.  Michaud.  M.  Callier 
rapporte  de  nombreux  materiaux  geographiques  sur  les 
divers  pays  qu'il  a  explores. 

M.Jomard  communique  aussiunelettredeM.lecheykh 
Refa'h,  professeur  de  geographic,  d'histoire  et  de  langue 
francaise  a  la  mosquee  el-Azhar  du  Caire,  ancien  eleve 
de  1  ecole  egyptienne  a  Paris,  et  il  le  presente  pour  deve- 
nir  membre  de  la  Societe.  Le  cheykli  Refa'h  a  public  en 
arabe  les  ouvrages  suivans  :  i"  Livre  des  mccurs  et  den 
c  nut  limes  ^  avcc  un  petit  dictionnaire  geographique  et 
biographique;  2"  Traite  de  niineralogie  d'apres  Brard ; 
3"  la  relation  de  son  voyage  a  Paris;  4"  Geographic  de 
MM.  Meissas  et  Michelot,  et  Traite  de  cosniographie. 

MM.  Wright  et  Francisque  Michel  adressent  le  com- 
mencement du  manuscrit  de  Rubruquis  et  promettent 
la  suite  de  leur  travail  aussitot  qu'il  sera  termine.  M.  d'A- 
vezac  annonce  que  le  manuscrit  a  ete  envoye  imme- 
(liatementa  1  impression. 

M.  Jomard  continue  la  lecture  de  la  relation  du  voyage 
recemmcnt  lail  par  un  indigene,  d'Alger  a  Constantine. 


(  4<»5  ) 

Seance  dii  ip  deceinhre. 

Le  proces-verbal  de  la  derniere  seance  est  lu  et  adopte. 

M.  Levasseur,  ingeiiieur-geometre  dii  cadastre,  ad- 
niis  dans  la  seance  du  23  aoiit  dernier,  adresse  ses  re- 
mercimens  a  la  Societe. 

M.  le  professeur  Rafinesque ,  correspondant  de  la 
Societe,  a  Philadelphie  ,  iui  adresse:  i"  une  notice  sur 
les  voyages  de  Pattie,  Willai'd,  Wyeth  et  Dodge,  dans 
le  nouveau  Mexique,  la  Californie  el  I'Oregon,  de  1824 
a  1833 ;  2°  sa  reponse  a  une  attaque  anonyme  publiee 
en  Angleterre,  sous  le  litre  de  The  negroes  of  Kwan-Lun ; 
3°  une  collection  du  journal  le  Tsalagi ,  ou  Cherokee 
Phenix,  contenant  des  docuniens  historiques  tres  cu- 
rieux;  4"  u"  exemplaire  de  son  Journal  atlantique,  et  un 
opuscule  ayarit  pour  litre  Herbarium  Rafinesquianum . 
La  commission  ordonne  le  depot  des  ouvragesiniprimes, 
a  la  Bibliolheque,  et  le  renvoi  des  notices  manuscrites 
au  Comite  du  bulletin.  Le  temps  ne  permet  pas  de  don- 
ner  lecture  des  remarques  du  meme  savant,  sur  line 
brochure  critique  relative  aux  negres  de  Ruen-Lun. 

M.  d'Avezac  communique  i'extrait  d'une  lettre  do 
M.  Graberg  de  Hemso  ,  contenant  de  nouvelles  indica- 
tions sur  les  travaux  geographiques  les  plus  recens  qui 
onl  paru  en  Italic ,  et  dans  laquelle  il  rappelle  I'envoi 
qu'il  a  fait  a  la  Societe ,  de  son  Specchio  geograjico  e 
statislico  (TelU  Impero  di  Marocco  ;  d'apres  son  desir , 
la  commission  centrale  prie  M.  Jomard  de  vouloir  bien 
rendre  compte  de  cet  ouvrage. 

M.  Graberg  de  Hemso  transmet  aussi ,  de  la  part  de 
M.  le  comte  de  Serristori  ,  un  itineraire  manuscril  de 
Constantinople   a  Abouchir  ,  par  Arz-Roum,  Tauris  , 


(  4o6  ) 

Teheran,  istalian  tt  Chiraz,  fait  dans  les  annees  iS^S 
et  1829.  —  Renvoi  cle  ces  docuniens  au  Comite  dii 
bulletin. 

M.  le  capitaine  Chesney  adresse  un  exemplaire  de 
son  rapport  sur  la  navigation  de  I'Euphrate,  et  il  saisit 
cette  occasion  pour  payer  un  tribut  de  reconnaissance 
a  plusieurs  membres  de  la  Societe,  dont  il  a  recu  les  se- 
eours  les  plus  empresses,  et  I'accueil  le  plus  bienveil- 
lant  dans  le  cours  de  ses  voyages.  M.  Chesney  cite  par- 
ticulierement  MM.  Fontanier,  a  Trebisonde;  Guys,  it 
Beiroul;  le  consul  francais,  a  Damiette;  et  I'eveque  de 
Bagdad. 

M.  Barbie  du  Bocage  communique  ,  de  la  part  de 
M.  David,  consul  de  France  a  Santiago  de  Cuba  ,  une 
description  du  quartier  de  Sainte- Catherine  et  des  con- 
trees  environnantes,  avec  une  carte  levee  en  i834,  par 
M.  Alexandre  Jaegerschmid.  —  Renvoi  au  comite  du 
bulletin. 

Le  meme  membre  depose  sur  le  bureau  diverses  no- 
tes ,  1°  sur  le  voyage  de  M.  Goudot  a  Mozambique ; 
:2*>  sur  les  voyages  'de  M.  Texier,  dans  I'Asie  centrale  ; 
3°  sur  le  leve  de  la  carte  topographique  de  la  princi- 
paute  des  Asturies. 

M.  Jomard  invite  la  section  de  oorrespondance  a 
adresser  des  instructions  a  M.  Goudol ;  ce  voyageur 
s'efforcera  de  visiter  le  Zambeze,  et  de  le  remonter  le 
plus  haut  possible. 

M.  le  president  appelle  I'atlention  de  la  Societe  sur 
une  circonstance  interessante  du  voyage  de  M.  Callier. 
II  a  observe,  pres  de  Beirout,  des  inscriptions  de  'a 
plus  haute  antiquite ,  deja  sigHalees  par  d'autres  voya- 
geurs,  et  situees  non  loin  de  la  mer;  une  en  caracteres 
persepolitains,  et  les  autres  en  figures  hieroglyphiques. 


(  4o7  ) 

M.  Warden  communique  une  notice  sur  la  relation 
de  I'expedition  de  M.  Schoolcraft,  dans  le  Haut-Missis- 
sipi  et  au  lac  d'ltasca  ,  pendant  I'annee  i832.  —  Renvoi 
au  Comite  du  bulletin. 

M.  le  chevalier  Jaubert  donne  des  renseignemens  sur 
les  progres  que  fait  la  publication  de  I'Edrisi ;  I'impres- 
sion  des  deux  premiers  climats  est  achevee,  et  I'on  s'oc- 
cupe  de  celle  du  troisieme  climat.  Apres  une  discus- 
sion a  laquelle  prennent  part  plusieurs  membres  ,  la 
commission  centrale,  sur  la  demande  de  M.  Jaubert, 
ajourne  la  publication  des  cartes  destinees  a  acconipa- 
gner  le  texte  de  I'Edrisi. 

M.  Eyries  donne  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  le  car- 
dinal Placido  Zurla.  Cette  perte  sera  vivement  sentie 
par  les  amis  des  sciences  geographiques  ,  aux  progres 
desquelles  M.  Zurla  a  beaucoup  contribue. 

M.  d'Avezac  communique  a  I'assemblee  une  lettre  de 
M.  Maconochie,  secretaire  de  la  Societe  geographique 
de  Londres,  qui  vient  de  lui  etre  remise  par  M.  le  lieu- 
tenant Alexandre  Burnes,  auteur  du  voyage  en  Bouk- 
harie,  present  a  la  seance,  et  deja  accueilli  avec  em- 
pressement  par  chacun  des  membres  de  la  reunion. 
M.  le  president  adresse  a  ce  voyageur  lexpression  de 
I'interet  de  toute  la  Societe,  pour  les  resultats  de  son 
importanle  exploration.  M.  Burnes  remercie  la  Societe 
des  marques  de  bienveillance  dont  elle  veut  bien  I'ho- 
norer,  et  il  se  loue ,  avec  une  egale  effusion  ,  de  I'ac- 
cueil  paternel  que  lui  ont  fait,  pendant  ses  voyages,  les 
officiers  francais,  Allart  et  Court,  generaux  au  service 
de  Rangit-Sing,  souverain  du  Pendjab. 

La  Commission  centrale  ,  aux  ternies  de  son  regle- 
raent ,  procede  au  renouvellement  de  son  bureau  pour 
I'annee  i835,  elle  nomme  : 


I  4o8  ) 
President^  M.  Roux  de  Rochelle ; 
F ice-preside ns ^  MM.  Daussy  et  Coraboeiif  j 
Secretaire  general,  M.  d'Avezac. 

M.  Roux  de  Rochelle  reraercie  ses  coUegues  de  la 
nouvelle  marque  de  contiance  qu'ils  viennent  de  lui 
donner,  et  il  compte  sur  leur  honorable  concours  pour 
atteindre  plus  facilement  le  but  que  se  propose  la  So- 
ciete. 

11  exprime  en  meme  temps,  au  nom  du  bureau  ,  les 
remercimens  de  la  Societe  a  M.  Jomard ,  pour  le  zele 
eclaire  avec  lequel  il  a  rempli  les  fonctions  de  la  presi- 
dence ,  pendant  I'annee  i834,  et  pour  les  services 
qu'il  a  constamment  rendus  a  la  science  et  a  la  So- 
ciete. 


MEMBRES   ADMIS  DANS    LA    SOCIETE.       - 

Seance  du  11  aout  i834- 
M.  Levassedr  ,  ingenieur-georaetre  du  cadastre. 

Seance  du  5  decernbre. 

M.    le   cheykli    Refah,  professeur   de  geographic, 
d'histpire  et  de  langue  francaise  au  Caire. 

— ^O  M 

OUVRAGES     OFFERTS    A    LA     SOCIETlS. 

Seance  du  7  novembre  i834. 
Par  M.   Albert-Montemont  :  Bibliotheque  universellc 
des   voyages.,   aS*  livraison    (Voyages    en  Afrique.  — 
Rurchell). 


(  ^^^9  ) 

Par  M.  Autlot  :  Lllnlie,  la  Sicile ,  (es  iles  Eoliennes , 
File  (VElbe,  la  Sardaigne  ,  Malte  ^  Vilede  Calj'psu,  etc. 
(Toscane,  par  M.  Saint  Germain-Lediic,  i  vol.  in^"- — 
RoyauiDC  tie  Naples,  par  M.  G.  D.  tie  la  Chavanne. 
4  livraisons ,  in-4'.) 

Par  M.  le  baron  de  Canstein:  Einige  Begleitworle  ziir 
cliarte  von  der verhreitung  dernutzbarsten  pflaiizen  iiber 
den  Erdkorper  von  Ph.  Baron  von  Canstein.  Berlin,  i834- 
Une  feuille  et  line  brochure  in-8°. 

Par  M.  Graberg  de  Hemso  ;  Tableau  geogj-aphique 
el  statistiqne  de  V empire  de  Maroc.  Genes,  i834.  i  vol. 
in -8°. 

Par  M.  le  capitainc  d'Urville  :  Voyage  pittoresque  au- 
tour  du  nionde  ,  5g  a  63"  livraisons. 

Par  la  Societe  Asiatique  :  Cahiers  de  septemhre  el 
octobre  de  son  Journal. 

Par  la  Societe  pour  I'instruction  elementaire  :  Cahiers 
de  septembre  et  octobre  de  son  Bulletin. 

Par  M.  T.  Perrin  :  Beuue  de  F agriculture  universelle , 
premiere  et  deuxieme  livraisons. 

Par  la  Societe  d'agriculture  de  I'Eure  :  Reciieil  de 
cette  Societe,  cahier  d'octobre. 

Par  MM.  les  directeurs  :  Plusieurs  numeros  du  Re- 
cueif,  industriel,  des  Jrchii-es  du  commerce^  dii  Memorial 
encyclopedique ,  de  I'lnstitut ,  de  r Echo  du  monde  savant 
du  Moniteur  ottoman  ,  dn  Journal  de  Sinjrne  et  du  Jour- 
nal du  Caire. 

Seance  dn  21  nopembre. 

Par  madanie  veuve  Brue  :  NouveUe  Carte  du  Mexiquc 
et  d'tine  partie  des  proi'inces  unies  de  V Anierique  cen- 
trale  ,  etc.  ,   une  teuilie. 

Par  M.  Donnet  ;  Carte  topographique  de  P arroudisse- 
ment  communal  de  Corlieil ,  iv  du  departenient  deSeiiie- 

27 


(  4io} 

ct-Oise  et  dune  partie  des  cantons  limitrophos;  dressee 
a  1  echelle  d'uii  mdtre  pour  5o,ooo ,  et**.  —  unc  feuille. 

Par  MM.  Alberl-Monteniont  et  Monin  :  Atlas  pour 
seri'ir  a  r intelligence  de  la  Bihliotheque  imiverselle  des 
■voyages,  2"  livraison. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  Voyage pitloreaqiic  an- 
tour  du  monde,  6"4  ,  65  ct  G6^  livraisons. 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annates  des  voyages ,  rahier 
d'oclobre. 

Par  la  Societe  des  Missions  evangeliques  :  Cahier 
de  novemhre  de  son  Journal. 

Seance  du  5  decemhre. 

Par  M.  Warden  :  V  Art  de  verifier  les  dates ,  dfpuis 
Vannee  1770  jusqud  nos  jours;  suite  de  la  chronologie 
historique  de  I'Amerique  (Guiane).  i  vol.  in-8°. 

Par  MM.  Beer  et  IMaedler  :  Feuille  3e  de  la  carte  de 
la  lune. 

Par  M.  Graberg  de  Hemso  :  Dell' attuale  condizione 
della  scienza  statislica  in  Italia,  broch.  in-S". 

Par  MM.  P.  Leroux  et  J.  Reynaud  :  Encyclopedie pit- 
toresque ,  premier  volume,  in-4''. 

Par  rinstitut  bistoiique  :  Troisiemc  livraison  de  son 
Journal. 

Par  M.  le  capitaine  d'Urville  :  Voyage pittoresque  au- 
tourdu  monde,  67  a  dye  livraisons. 

Par  M.  Bajot :  Annales  maritimes  et  coloniales,  cahier 
de  novembre. 

Par  M.  de  Moleon  :  Recueil  industriel  et  manufactu- 
rier,  cahier  de  septembre. 

Par  RI.  le  directeur  :  Memorial  encjclopediquc  ,  ca- 
hier de  decembre. 

Par  MM.  les  dirccteurs  :  Numeros  81,  82  el  83  de 


(4i.) 

rjnstiluf,  el  nurntiios  34,  35  et  36  (ie  VEcho  da  nionde. 

savant. 

Seance  dn  19  deceinbre. 

Par  M.  A.  Boue  :  Essai  geologiqiie  siir  VEcosse  ,  i  vol. 
in- 8°.  —  Menioireji  geologiques  et  paleontologiques  ^ 
tome  ler,  in-8". 

Pai"  M.  Rafinesque  :  Uiie  collection  du  Tsalagi  ou 
Cherokee  Phoenix.  —  Journal  Atlantique^x  vol.  iu-S". — 
Herbarium  Rafinesquianuni ,  broch.  in-8°. 

Par  M.  le  capitaine  Chesney  :  Reports  on  the  naviga- 
tion of  the  Euphrates  ,  i  vol.  iu-tolio. 

Par  M.  le  comte  de  Serristori  :  Secondo  siippleniento 
al  Soggio  statistico  delV  Italia.  Lausanne,  i834,  in-8°. 

Par  M.  le  capitaine  d  Urville  :  V oyage pittoresque  au- 
tour  du  nionde  ,  ^o  et  71^  livraisons. 

Par  M.  Gide :  Nouvelles  Annales  des  ■voyages,  cahier 
de  novembre- 

Par  M.  le  commandant  Roguet  :  De  la  Vendee  nii- 
litaire.  Livre  iii ,  broch.  in-8''. 

Par  rinslitut  historique  :  4*  livraison  de  ion  Journal. 

Par  la  Societe  de  geologic  :  Feuilles  28  tt  29  du 
tome  IV  de  son  Bulletin. 

Par  M.  de  Moleon  :  Recueil  industriel  el  manuf'actu- 
rier,  cahier  d'octobre. 

Par  M.  Henrichs  :  Archives  du  commerce  (novenibre). 

Par  la  Societe  d'agricultiire  et  de  commerce  deCaen: 
Rapports  sur  la  cinquihne  exposition  des produits  des  arts 
du  Calvados  en  i834,  broch.  in  80. 

Par  la  Societe  dagricultnre  de  Versailles  :  Rapport 
sur  les  ravages  occasiones  par  les  vers  blancs ,  etc. ,  in  -  80. 

Par  M.  Boiisquet  :  Journal  de  la  jeunesse ,  n"  8. 

Par  MM.  les  directeurs  :  N"'  84  et  85  de  Vlnstitut  et 
numeros  37  et  38  de  VEcho  du  monde  savant. 


(  4i2  ) 


ANNONCES. 

Pri/icipcs  d'lt/ie  stntisfirji/e  generate  soiis  le  point  de 
vuc  decononde  nationale  ,  par  W.-E.-A.  de  Scliliebcn. 
Vienne  ,   i834,    i   vol.  in-8. 

Statistiqtte  des  frontCeres  militaires  de  la  Transyh'a)iie, 
par  Benigni  de  Mildenherg  ,  secretaire  du  coiiimaiide- 
inerit  general  de  Transylvariie.  Hermansladt ,  i834  , 
I  vol.  in-i2. 

Nouveau  Dictionnaire  kydrogiapluque  des  etats  alle- 
niandi ,  contenant  la  description  des  rivieres  et  ruis- 
seaux  ,  etc.,  etc.  ,  par  le  baron  de  Sedlitz.  Hall,  iSX)  , 
I  vol.  in-8. 

Mesures  des  hauteurs  dans  la  Thuringe  et  dans  les  en- 
virons^ reunies  et  coniparees  avec  quelqiies  observations, 
par  de  Hoff,  directeur  du  Consistoire  superieur  ile 
Gotba ;  avec  deux  planches,  i  vol.  in-4. 

Expose  geographique  et  statistique  de  la  force  des  etats 
qid  font  partie  de  la  Confederation  gerniaruqnc ,  avec  un 
grand  tableau  comparatif  de  la  superficie,  de  la  popu- 
lation et  des  ressources  des  differens  etats  de  lAlle- 
niagne  ,  par  le  docteur  Aug.-Fr.-Guill.  Crome. 

Histoire  des  croisades  entreprises  pour  la  delivrance  de 
la  Terre-Sainte  ^  par  Charles  Mills;  traduite  de  I'anglais 
par  M.  Paul  Tiby;  ouvragc  accompagne  d'une  carte  de 
I'Asie-Mineure,  des  plans  d'Antioche  et  de  Jerusalem  ,  el 
d'une  carte  de  la  Syrie  ,  de  la  Terre-Sainte  et  de  la  basse 
E^yple, parAmbroiseTardieu.3  vol.  in-8.  Paris,  Depelatol 
'riicr.u-leCopui,  w"  4),  i835. 


(4i3) 
Aventuresde  Kamrup^  tiaduites  de  I'hindoustany,  par 
M.  Garcin  de  Tassy,  nienibre  des  societes  asiatiques  de 
Paris,  Londres,  Calcutta  et  Madras,  professeur  d'hin- 
doiistany,  a  I'ecole  speciale  des  langiies  orientalesvivan- 
tes,  I  vol.  in-8.  Paris,  Debure  freres  (rue  Serpente,  n°  7)? 
i835. 

Journal  d'lin  sejour  en  Ahyssime  pendant  les  annees 
i83o,  1 83 1  et  1 832,  par  Samuel  Gobat,  niissionnaire  de 
1  Evangile^au  service  de  la  Societe  episcopale  d' Angleterrej 
publie  par  le  comite  de  la  Societe  des  missions  de  Geneve, 
et  precede  dune  introduction  historique  et  geographique 
sur  TAbyssinie;  avec  carte  et  portrait.  Paris,  Risler  (rue 
de  rOratoire,  n°  6),  i835;  prix  6  francs. 

Etudes  sur  la  France  (pour  paraitre  en  i835  \  —  At- 
las pbysique,  politique  et  bistorique  de  la  France, 
dresse  sur  le  menie  plan  que  ce!ui  de  lEurope ,  mais  a 
une  plus  grande  echelie  et  avec  plus  dedeveloppemens; 
douze  carles  avec  texte  marginal  et  tableaux  comple- 
meiitaires;  pai'  M.  le  lieiitenaiit-colDiic!  Dt'iiaix. 


TABLE  DES  MATIEUES 


CONTEKUES 


DANS  LE  II*  VOLUME  DE  LA  2'  SERIE 

N"^  7  a   12 

(Juillet  a  decembre  i834.) 


PREMIERE  SECTION. 

MEMOIBES,     EXTRAITS.    ANALYSES    ET    RAPPORTS. 

I'jg.t 

Menioires  sur  la  decouverte  el  la  reconnaissance  des  c6tes  d'A- 
merique,  par  M.  Roux  de  Rochelle 5  et  34i 

Notice  sur  les  voyages  de  M.  de  Lesseps ,  par  M.  Roux  de 

KoCHELLE aS 

Extrait  de  deux  lettres  adressees  a  la  Societ6  de  Geographie 
par  M.  Pallegoix  ,  missionnaire  francais  a  Siam. —  Itine- 
raire  de  Juthia  a  Xai-Nat 4  < 

Itineraire  de  la  Canee  h  Candie  par  R^thimo,  et  de  Candie  a 
la  Canee .54 

Relation  d'lin  voyage  dans  I'interieur  de  I'Afrique  septentrio- 
nale,  par  Hiiaggy  Ebn-el-Dyn  el-Eghou4thy  (3'et  4'  ar- 
ticles)   8i  et  145 

Extrait  du  rapport  des  directeurs  de  la  Societe  americaine  de 

colonisation,  j)our  I'annee  i833 i  !♦> 

Menioires  de  I'Acad^mie  americaine  des  sciences  et  arts  de 

Cambridge  (comte  rendu  par  M.  Warden) lao 

Rapport  verbal  sur  la  NornenclaCrira  geogrAfica  de  Espaila ,  de 

M.  Caballero,  fait  a  la  stance  du  aa  aout,  par  M.  d'Avezac.      17.3 

Notice  sur  un  ouvrage  de  M.  le  docteur  Guy^tand  ,  intitule  ; 
Tableau  de  I'etat  actiiel  de  I'economie  riirnie  Jans  le  Jura,  etc., 
lue  .1  la  Societe  de  Geogr.Tphie  dans  sa  seance  du  4  juillet 
18J4,  par  M.  Roux  de  Rocheilu la" 


(  4i5  ) 

Piiges. 
LcUre  dii  cure  de  Santiago-Tepehuacan  a  son  ^v^que,  sur  les 

mceiirs  et  coutumes  des  Indians  soumis  a  ses  soins;  tiaduite 

par  Henri  Ternaux 176 

Notice  et  analyse  de  I'ouvrage  de  M.  Klaprolh,  intitule  :  Lettre 

a  M.  le  baron  de  Humboldt  sur  i'invcution  de  la  boussole,  par 

M.   DE  LiVREN,VtJDIERE 209 

Rapport  sur  le  voyage  de  M.  Leprieur  dans  I'interieur  de  la 

Guiane  ,  par  M.  d'Avezac 223 

Notice  sur  I'ancienne  geographic  historique  des  pays  voisins 

de  la  Mediterranee  ,  par  M.  Roux  de  Rochelle aSg 

Notice  sur  le  voyage  en  Boukharie  de  M.  Alexandre  Burnes, 

par  M.  Eyries sSo 

AssEMBLEE  GENERALE  .^  Discours  d'ouverturc  prononce  par 
M.  le  comte  de  Mowtalivet,  pair  de  France  ,  president  de 
la  Societe • 2^3 

Notice  des  travaux  de  la  Societe  de  Geographie  et  du  progres 
des  sciences  gcographiques  pendant  I'annee  i834  ,  par 
M.  d'Avezac  ,  secretaire  general 278 

Considerations  nouvelles  sur  les  Etudes  geographiques  e!  sur 

I'expression  des  cartes, par  M.  le  lieutenant-colonel  Denaix.     3i6 

Apercu  d'un  voyage  dans  I'Amerique  meridionale,  par  M.  At- 

cide  d'Orbisny 326 

Ilineraire  de  Constantinople  a  Abouchir,  par  Arz-Rouin  ,  Ta- 
vris,  Teheran,  Isfahan  et  Chiraz;  redige  dans  les  annees 
1828  et  1829,  par  le  comte  Serristori,  ancien  colonel 
d'etat-tnajor  au  service  de  Russie 358 

Description  du  quartier  Sainte-Catherinc  et  de  ses  environs, 

par  M.  David,  consul  de  France  a  Santiago  de  Cuba 385 

DEUXIEME  SECTION. 

DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES    GEOGRAPHIQUES. 

Expedition  mercantile  dans  I'interieur  du  sud  de  I'Afrique  .  .  71 
Nouvelle-Grenade. —  Ecoles  des  deux  sexes,  existant  en  i834 

a  la  Nouvelle-Grenade *35 

Societe  americaine  de  colonisation i38 

Colonic  de  Liberia  (Afrique) i4o 

Chemin  de  fer  pour  unir  les  deux  Oceans i4i 


(  4i6  ) 

Pages. 
Lettre  de  .'M.  Jolin  Ross ,  capitaine  de  vaisseau  de  la  marine 

loyaie  britannique,  a  MM.  les  president,  secretaire,  eii\ , 

de  la  Socit'tP  de  Geograpliie  de  Paris i85 

Cliemin  de  fer  a  travers  I'isthme  de  Panama i86 

Extrait  d'un  Memoire  sur  un  cheroin  dins  ristiiine  de  Panama, 

adresse  a  la  Societe  de  Geographic  j)ar  M.  Juste  Paredes  . .      189 
Rapport  sur  les  communications  a  etabliravec  I'lnstitut  liisto- 

rique  ,  par  M   Roux  de  Rochellf. 193 

Extrait  du  Journal  des  Missions  evang^liques ig?" 

Extrait  d'une  lettre  adressee  a  la  Societe  de  Geographic  par 

M.  NoYER 260 

Denomhjement  de  population  fait  an  Chili  en  iS3i  ,  dans  les 

provinces  de  Valdivia  et  de  Cliiloe 203 

Carte  de  France  (  deuxieme  livraisbn  ) : a64 

Extrait  d'une  lettre  de  M.  Graberg  de  Hemso  a  M.  d'Avezac . . .      Sgo 
Extrait  d'une   lettre  de  M.  Alfred  Reumonl ,  membre  de  la 

Societe,  a  M.  le  president  de  la  Commission  centrale SgJ 

Lettre  de  M.  le  capilaine  d'artillerie  Cliesney,  membre  de  la 

Societe  rovale  de  Londres,  a  M.  le  secretaire  de  la  Societt*.      897 
Extrait  d'une  lettre  de  M .  le  capitaine  Maconochie  .i  M .  d'Avezac.    Sgg 

TROISJEME  SECTION. 

VCTES    nr.    I,\     SOCIETE. 

Proofes-verbanx  des  scauces  de  la  Commission  centrale  (juil- 

let  a  decembre) j3  ,   i42j »  aoi,  167,  4oi 

Proc^s-verbal  de  I'assemblce  generale  du  28  novembre 3/\o 

Membres  admis  dans  la  Societe    204  .  269,  343  ,  408 

Ouvrages  offerts  a  la  Societe '78,  204,  270,  343  ,  408 

Compte  -  rendu    des    recetfes-  et  des  depenses   de    I'exercice 

iS33-j834 33g 


FIN    nH    I,A    TABLE   DES    MATIERES    DU   Ilf    VOLUME.