BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ LINNÉËNNE
DE NORMANDIE
FONDEE EN 1823
•.
Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1863
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5e série. — 4e volume
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CAEN
E. LANIER, Imprimeur
Mue Guillaume-le-Conquérant, l fi- 3
I 901
Les opinions émises <l;ms les publications il»' la Société sont
exclusivement propres à leurs auteurs ; la Société n'entend
nullement en assumer la responsabilité ( art. 23 du règlement
intérieur ).
La Société Linnéenne de Normandie ayant été reconnue éta-
blissement d'utilité publique, par décret en daté du 22 avril 1863,
a qualité pour accepter les dons et legs dont elle serait gratifiée.
COMPOSITION DU BUREAU DE IA SOCIÉTÉ
Pour I": c ÎOOO.
Président MM. Lignier.
Vice -Président. . . Noury (Dr).
Secrétaire Bigot
Vice-Secrétaire. . . Matte.
Trésorier honoraire S. Beaujour.
Trésorier Chevrel.
Bibliothécaire . . . Gatois (Dr).
Vice-Bibliothécaire. Vaullegeard.
Archiviste Huet (Dr L.).
Sont Membres de la Commission d'impression
pour l'année 1900 :
MM. les Memrres du Bureau ;
Moutier (Dr), Brasil, Marie, sortant en
1902 ;
Fayel(D>), Demelle, Léger (L. J.), sortant
en 1901 ;
>32
• vi i '
s.
Liste générale des Membres de la Société
AU 15 JANVIER 1901
MEMBRES HONORAIRES lj
Date de la nomination.
MM. Babbois (Ch.), professeur à la Faculté des Sciences
de Lille (Nord) ■ . . 1892
Batheb, conservateur au British Muséum, à Londres . 1900
Bobeux , ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
rue des Écoles, 42, à Paris 1875
Capellini, professeur de géologie à l'Université de
Bologne (Italie) ' 1878
5 Dewaluoe (Gustave), professeur de minéralogie,
géologie et paléontologie à l'Université de Liège
(Belgique) ; 1857
Douvillé , professeur de paléontologie à l'École des
Mines, boulevard Saint-Germain, 207, à Paris . . 1883
Guillouard , professeur à la Faculté de Droit de
Caeu ■ . 1890
Hébert ( l'abbé ) , ancien curé de Chauscy , à
Fécamp . 1889
Le Jolis , président de la Société des Sciences natu-
relles de Cherbourg 1860
10 Lennier , président de la Société Géologique de
Normandie, au Havre 1860
(1) Les Sociétaires dont le nom est précédé d'un * sont ceux qui
ont demandé à recevoir le Bulletin par fascicules trimestriels ; les
Membres correspondants dont le nom est précédé d'une m sont ceux
qui ont demandé à recevoir les Mémoires,
— VI —
Date de lu nomination
MM. Michalski, géologue en chef dû Comité géologique
impérial de Russie 1900
Moeller ikk , professeur de paléontologie à l'Ins-
titut des mines à Saint-Pétersbourg (Russie) . . . 1878
QEhlert D.-P.), directeur du* M usée de Laval. . . 1897
*SauvAge (D'), directeur dû Musée d'Histoire naturelle,
à Boulogne-sur-Mer 1883
15 Toutain, ancien maire de Caen, Juge au Tribunal de
la Seine * 1898
Vatin, ancien préfet du Calvados, Trésorier-payeur
général d'IUe-et-Vilaine 1898
"Villers (Georges de , secrétaire de la Société Acadé-
mique de Baveux 1845
MEMBRES RESIDANTS
MM. Adei. (Auguste), préparateur de géologie à la Faculté
des Sciences, rue des Carmes 188S
Babette IV , professeur à l'Ecole de Médecine, place
de la République, 23 1890
Beaujoub Sophronyme), notaire honoraire, trésorier
honoraire, rue des Chanoines, 10 1872
Béhuet, répétiteur au Lycée 1900
Bioot A.), professeur a la Faculté des Sciences,
secrétaire, rue de Geôle, JS 1881
BlandIN, répétiteur au Lycée 1897
l'.iu riennb D' . rue de Geôle, 76 L891
Buvsn. (Louis . préparateur a la Faculté des Sciences,
rue Gémare, 4 1893
Caillot, pharmacien des hôpitaux 1899
10 "Catois l»' . licencié es sciences, professeur a l'Ecole
de Médecine, bibliothécaire, rue fccuyère, U . . 1879
Chevrbl . docteur es sciences naturelles, chef des
travaux de zoologie a la Faculté des Sciences .
professeur à l'École de Médecine, trésorier, rue
du Tour-de-Terre, 2 1892
— VII —
Date de la nomination
MM. Demelle, pharmacien de lre clisse, boulevard du
Théâtre, 7 1880
DroueTj propriétaire, rue Jean-Romain, 23. 1891
Dubosq (Dp), niailre de conférences à la Faculté des
Sciences, 1894
15 *Dufour de la Thuillerie, avenue de Courseulles, 11. 1895
Duval (Acli.), propriétaire, rue de Bretagne . . . 1898
Fauvei. (Albert), avocat, rue Choron, 1 1859
Fayel (Dr) , professeur à l'École de Médecine, bou-
levard du Théâtre , 6 1859
Follain, répétiteur au Lycée 1900
20 FrémOnd (Dr), professeur à l'Ecole de Médecine, rue
de Geôle, 83 1898
Gai.liek, vétérinaire, rue Leroy, 2 ...... 1899
Gidon(D'), docteur es sciences naturelles, rue Saint-
Pierre, 118 1895
Gosselin (Dr), professeur à l'École de Médecine, rue
,des Carmes, 10 1878
Hamon (Dr) père, rue des Chanoines, 17. . . . . 1891
25 Hécart, commis des douanes 1899
Hettier. rue Guilbert, 27 . 1900
*Joyeux-Laffuie (Dr). professeur de zoologie à la
Faculté des Sciences, rue Saint-Jean, 135. . . . 1887
Mm* Joyeux-Laitlie, rue Saint-Jean, 135 1891
MM. Lanier, imprimeur, rue Guillaume-le-Conquérant, 1 . 1892
30 Ledard (Raoul), rue de Lisieux 1895
"Léger (L. -Jules) , docteur es sciences naturelles, •
chargé de conférences à la Faculté des Sciences,
rue des Jacobins, 9 1887
Léger (Paul D'), rue de Bernières, 10 1898
*Lignier (Octave), professeur de botanique à la
Faculté des Sciences, président pour 1900,
rue Basse, 70 • . 1887
Marie, répétiteur au Lycée 1900
— VIII —
Date de la nomination
35 MM. Mvtte, répétiteur au Lycée, rice-secrélaire . . . 1898
Moltiek (Drj, professeur à l'École de Médecine, rue
Jea'n-Iîomain, 6 1870
Mol'tier (F.), licencié es sciences naturelles, rue Jean-
Romain, 6 1899
Mlllois, pharmacien, rue Saint-Pierre, 41. . . . 1882
Noury (Dm, professeur ,i l'Ecole de Médecine, rue de
l'Arquette, vice-président pour i 900 1896
40 Osmont (Dr) , professeur à l'École de Médecine,
rue Jean-Romain, 40 1896
Ravenel (Jules), propriétaire ^archiviste, rue des
Carmélites, 18 1875
Renémesnil (P. de), chef de division à la Mairie, iue
de l'Église-Saint-Julien, 12 1870
Sauvage, préparateur à la Faculté des Sciences . . 1898
Tison, préparateur de botanique à la Faculté des
Sciences, place Saint-Sauveur, '-\ï 1895
45 Vaullegeard (Acta.) , licencié es sciences physiques
et naturelles, vice-bibliothécaire, rue aux Juifs . 1891
MEMBRES CORRESPONDANTS
MM. Am-uay (abbé), curé de Saint-Cyr, près Montebourg
Hanche 1895
"""Appert ( Jules ) , membre de plusieurs Sociétés
savantes, à Fiers Orne! 1887
'Balle ; Emile), place Saint-Thomas, 14, à Vire
(Calvados) 1891
BanSARD des Bois, député, maire de Billème Orne). 1888
Barbé (Charles, médecin à Alencon 1888
Barré (Edmond . docteur-médecin, rue de Saint-
Pétersbourg, 15. Paris (VHP) 1877
Beaumont (Félix-Elie de), ancien procureur de la
République, Il bis, rue Jean Migault , Niorl
Deux Sèvres] 1877
IX
Date de la nomination
MM. Blier (Paul), professeur au Lycée de Coutances
(Manche) 1880
m Bonnechose ( de ) , rue Franche , 13, à Bayeux
(Calvados) 1891
10 Boudier (Emile), pharmacien, rue de Grétry, 20, à
Montmorency (Seine-et-Oise) 1876
Bougon, docteur-médecin , 45 , rue du faubourg
Montmartre, Paris (IX*) 1872
Boutillier, géologue, à Roncherolles, par Darnétal
(Seine-Inférieure) 1866
* Bureau (Ed.), professeur au Muséum, quai de
Béthune, 24, Paris (IV) 1858
Butel, pharmacien, conseiller général, à Honneur
(Calvados) 1892
15 Canel, principal du collège de Sées. . . ... . 1899
Canivet, conseiller général de l'Orne, maire de
Chamhois, 11, houlevard Magenta, Paris (X') . . 1872
Cakdine, pharmacien à Courseulles 1875
Chedeau, avoué à Mayenne 1894
Chéron, maire de Lisieux 1899
20 Chevalier, membre de la Commission d'exploration du
Soudan français, au Muséum d'histoirenaturelle, Paris 1894
Collignon ;Dr), médecin-major au 25e d'infanterie, à
Cherbourg 1898
"Contades (comte de), au château de Saint-Maurice,
par La Ferté-Macé (Orne) 1892
m * Corrière, professeur au Lycée, rue Asselin, à Cher-
bourg (Manche) 1^,87
Cousin, propriétaire, à Domfront. 1897
25 Créances (J.-B.), principal du Collège Augustin-Thierry
à Blois (Loir-et-Cher) ISSU
*Dangeard, professeur à la Faculté des Sciences de
Poitiers (Vienne) -1883
Delà vigne, pharmacien de 1" classe, au Mans. . . 1894
Demagny, négociant, maire d'Isigny (Calvados) . . 1882
Dollfus (Gustave), ancien président de la Société
géologique de France, rue de Chabrol, 45, Paris (X') 1873
— X —
h.i/f île la nomination
30 MM. Duquesne, pharmacien à Saint-Philbert, par Montfort-
sur-Risle (Eure) 1873
Du h et, professeur à. la Faculté libre de Médecine de
Lille (Nord) ' 1870
m Dutot, greffier du Tribunal de Commerce à Cher-
bourg (Manche) 1883
Fauvel , notaire à Lessay (Manche) 1896
m* Fauvbl [P.), docteur es sciences naturelles, professeur-
adjoint à l'Université, 15, rue Gutenberg, Angers. 1894
35 Fleuriot (Dr), conseiller général du Calvados, à
Lisieux (Calvados) 1873
Fontaine, naturaliste, à la Chapelle-Gauthier, par
Broglie (Eure) 1881
m Fortin (Raoul), rue du Pré, 24, à Rouen (Seine-
Inférieure) . 1874
Foucher, rue de la Véga, 17 el 19, Paris ^\1P) . . 1871
Frkbet (l'abbé . professeur au Petit-Séminaire de la
Ferté-Macé (Orne) ■ . . 1881
40 *Gadeau de Ker ville, homme de sciences, rue
Dupont, 7, à Rouen Seine-Inférieure) .... 1888
Gahéry, receveur municipal à Lisieux [Calvados). . 1864
Gervais , secrétaire de l'Inspection académique à
Evreux (Eure) 1875
"Mil i i;i\ Charles . propriétaire, à Mesnil-Thébault, par
[signy-le-Bual (Manche] 1890
Guerpel (de), au château *de Plainville, par Mézidon
Calvados) 1894
45 Guttin (l'abbé) curé de Saiut-Didier-des-Bois, par
La Haye-Malherbe (Eure) 1892
Hauville Emile), iugénieur civil, 1" adjoint au maire
de Condé-sur-Noireau Calvados) 1893
Hommey, médecin, conseiller général, à Sées (Orne . 1838
lbiMMi.i (Joseph . docteur-médecin, à Sées Orne . 1881
Hoschedé, à Giverny, par Vernon (Eure) 1896
50 Hoi el, ingénieur des Arts el Manufactures, à Condé-
sur-Noireau, (Calvados) 1890
— XI —
Date de la nomination
MM. Hue (l'abbé), 104, nie de Cormeilles, à Levallois-
Perret (Seine) 1894
Huet (Dr), rue Jacob, 21, à Paris (VI*) 1879
"Husnot, botaniste, à Caban, par Atbis (Orne). . . 1864
Jardin, pharmacien au Neubourg (Eure) 1898
55 Jouan, capitaine de vaisseau en retraite, 18, rue
Bondor, à Cherbourg (Manche) 1874
Jouyin, pharmacien, à Coudé- sur- Noireau (Calva-
dos) 1875
Lacaille, naturaliste, membre de plusieurs Sociétés
savantes, à Bolbec (Seine-Inférieure) 1869
Langlais, professeur départemental d'Agriculture, à
Alençon (Orne) 1883
Le Bey, à Sainte-Gauburge (Orne) 1900
60 Leboucher, pharmacien, 118, route duMans, à Alençon
(Orne) 1886
Leclerc (Dr), rue du Château, 1, à Saint-Lo . . . 1883
"Lecoeur, pharmacien à Vimoutiers (Orne) . . . . 1880
Mm* Lecoeur, à Vimoutiers 1891
MM. Lecointe, professeur à l'Ecole normale d'Evreux. . 1892
65 Le Covec, directeur des postes et télégraphes, à
Bennes (llle-et-Vilaine) 1873
Lemarchand (Augustin), négociant, rue des Chartreux,
à Petit-Quevilly (Seine-Inférieure) 1888
Lemarchand , médecin principal de l'armée , en
retraite, à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales). 1866
Lemée, bibliothécaire de* la Société d'horticulture
à Alençon . ■ 1896
Lepetit (Jules), pharmacien à Carentan. ' . . . . iS!i;;
70 Le Sénéchal (Baoul), docteur en droit, Le Merlerault
(°rne) IS83
m * Letacq (abbé Arthur), aumônier des Petites Sœurs
des Pauvres, route du Mans, 105 bis, à Alençon
(0rne) 1877
Leva vasseur, ancien pharmacien, à Bures (Calvados). 1875
Lodin, professeur à l'Ecole des Mines, avenue du
Trocadéro, 4, Paris (XVP) I875
— XII —
Ihi/e de la îiomination
MM. "Loriol (de), géologue, Chalet des Bois, par Crassier
Vaud (Suisse) 1869
75 Loutkeuil, Prentchintska, 17, Moscou 1897
Macé (Adrien), négociant, rue de la Duchée, 28, a
Cherbourg (Manche) 1884
Malinvaud (E.), secrétaire général de la Société
botanique de France 1864
Marchand (Léon), professeur à l'Ecole supérieure de
pharmacie, docteur en médecine et es sciences na-
r elles, à Thiais, par Choisy (Seine) 1868
Martel, directeur de l'École primaire supérieure et
professionnelle, rue Saint-Lô, 22, à Rouen (Seine-
Inférieure) 1891
80 'Mai mit, pharmacien, à Valognes (Manche) . . . 1891
Ménager (Raphaël), industriel, à Beaufai, par Aube
(Orne) 1889
'Michel, agent-voyer, à Evreey (Calvados) .... 1887
Moisy, avocat, boulevard de Pont-1'Evèque, àLisieux. 1896
Mouton, pharmacien, à May-sur-Orne (Calvados) . . 1896
85 Niel, botaniste, rue Her bière, 23, à Rouen . . . 1894
Pellerin (Albert), ancien magistrat, à Cintheaux,
par Rretteville-sur-Laize (Calvados) 1887
Pelvet, docteur-médecin, à Vire 1883
Perrier (Henri), propriétaire, à Champosoult (Orne). 1879
Pierre (Dr), à Briouze (Orne) 1892
90 " 'Pillkt, professeur au Collège de Bayeux (Calvados). 1887
Pontus, négociant, rue Louis XVI, Cherbourg . . . 1889
Porquet (Dr), à Vire ' 1897
Potier de Lavarde (Robert), au château de Lez-
Eaux, par Saint-Pair (Manche) 1895
RENAULT (Bernard), aide-naturaliste au Muséum, pro-
fesseur de Paléontologie \égétale, rue de la Collé-
giale, 1, Paris (V) 1885
95 Renault, professeur de Sciences physiques el natu-
relles au Collège de Fiers 1881
Renbmesnil (G. de), professeur au Collège Stanislas,
rue Notre-Dame-des-Champs, çç, a Paris. . . , 1882
— XIII —
Date de la nomination
MM. Retout, professeur au Collège de Domfront .(Orne) . 1871
Richer (l'abbé), curé de la Rouge, par le Thell (Orne) 1881
Sohier, pharmacien, à Lisieux 1898
100 Sohier, manufacturier à Lisieux 1899
Tétrel, inspecteur de l'enregistrement en retraite, à
Louviers ' 1896
Thiré (Ath.), ingénieur des mines, Capella nova do
Betim, Minas Geraes (Brésil) 1877
m Tranchand, professeur au Collège de Lisieux
(Calvados) 1887
Turgis (Dr), sénateur, conseiller généial, à Falaise
(Calvados) 1886
Vaullegeard (Dr), à Condé-sur-Noireau (Calvados). 1893
Zurcher, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, à
Digne (Basses-Alpes) 1893
105
Nota. — Prière à MM. les correspondants de rectifier, s'il y a
lieu, la date de leur nomination et leur adresse.
LISTE DES SOCIETES SAVANTES
ET ÉTABLISSEMENTS
AVEC LESQUELS
LA SOCIÉTÉ FAIT DES ÉCHANGES DE PUBLICATIONS
France
1. Aube. Troyes. — Société académique d'Agricul-
ture, Sciences et Arts de l'Aube.
2. Bouches-du-Rhone. Marseille. — Musée Colonial.
3. Calvados. Caen. — Année Médicale de Caen.
4. id. Caen. — Académie des Sciences, Arts et
Belles-Lettres.
5. id. Caen. — Société d'Horticulture.
6. Côte-d'Or. Dijon. — Académie des Sciences ,
Belles-Lettres et Arts de Dijon.
7. id. Semur. — Société des Sciences histo-
riques et naturelles de Semur.
8. Cheuse. Guéret. — Société des Sciences naturelles
et archéologiques de la Creuse.
9. Deux-Sèvres. Pamproux . — Société Botanique des
Deux-Sèvres.
10. Eure. Évreux. — Société d'Agriculture , Sciences
et Arts de l'Eure.
11. Gard. Nîmes. — Société d'étude des Sciences natu-
relles de Nîmes.
12. Garonne (Haute-). Toulouse. — Académie des
Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse.
— XVI —
13. Garonne ( Haute- ). Toulouse. — Société des
Sciences physiques et naturelles de
Toulouse.
14. id. Toulouse. — Société française de bota-
nique.
15. Gironde. Bordeaux. — Société Linnéenne de Bor-
deaux.
16. id. Bordeaux. — Société des Sciences phy-
siques et naturelles de Bordeaux.
17. Hérault. Béziers. — Société d'étude des Sciences
naturelles de Béziers.
18. id. Montpellier. — Académie des Sciences et
des Lettres de Montpellier.
19. Illeet-Vilaine. Rennes. — Société scientifique et
médicale de l'Ouest.
20. Isère. Grenoble. — Société de Statistique, des
Sciences naturelles et des Arts de l'Isère.
21. Loire-Inférieure, Nantes. — Société des Sciences
naturelles de l'Ouest de la France.
22. Maine-et-Loire. Angers. — Société d'Agriculture,
Sciences et Arts d'Angers.
23. id. Angers. — Société d Etudes scientifiques
d'Angers.
24. id. Angers. — Société Industrielle d'Angers.
25. Manche. Cherbourg. — Société nationale des
Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg.
26. Marne. Reims. — Société d'étude des Sciences
naturelles.
27. id. Vïtry-le-François. — Société des Sciences
et Arts de Vitry-le-François .
— XVII —
28. Meurthe-et-Moselle. Nancy. — Société des
Sciences de Nancy (Ancienne Société
des Sciences naturelles de Strasbourg).
29. Meuse. Verdun. — Société Philomatique de Ver-
dun.
30. Nord. Lille. — Société Géologique du Nord.
31. Orne. Alencon. — Société Historique et Archéolo-
gique de l'Orne.
32. Pyrénées ( Hautes- ). Bagnères-de-Bigorre. — So-
ciété Ramond.
33. Pyrénées-Orientales. Perpignan. — Société Agri-
cole , Scientifique et Littéraire des
Pyrénées-Orientales.
34. Rhône. Lyon. — Société d'Agriculture , Histoire
naturelle et Arts utiles de Lyon.
35. id. Lyon. — Académie des Sciences, Arts et
Relies-Lettres de Lyon.
36. id. Lyon. — Comité des Annales de l'Uni-
versité de Lyon (Bibliothèque Univer-
sitaire, quai Claude Bernard).
37. id. Lyon. — Société Linnéenne de Lyon.
38. Saône-et-Loire. Mdcon. — Académie de Mâcon.
39. id. Autan. — Société d'Histoire naturelle
d'Autun.
40. Sauthe. Le Mans. — Société d'Agriculture, Scien-
ces et Arts de la Sarlbe.
41. Seine. Paris. — Société Zoologique de France
(7, rue des Grands-iUigustins).
42. id. Paris. — Société Rotanique de France
(84, rue de Grenelle).
B
44.
id.
45.
id.
46.
id.
47.
id.
48.
id.
— XVIII —
43. Seine. Paris. — Société Géologique de France
(7, rue des Grands -Augustins).
Paris. — Ecole Polytechnique.
Paris. — Ecole des Mines.
Paris. — Société Philoinalique de Paris
(7, rue des Grands-Augustins).
Paris. — La Feuille, des Jeunes Natura-
listes (35, rue Pierre-Charron).
Paris. — Revue des Sciences naturelles
de l'Ouest (14 , boulevard Saint -Ger-
main).
49. id. Paris. — Muséum d'histoire naturelle.
50. id. Paris. — Ministère de l'Instruction pu-
blique. — Revue des travaux scienti-
fiques.
51. id. Paris. — Ministère de l'Instruction pu-
blique. — Rulletin des Bibliothèques et
des Archives.
52. id. Paris. — Bulletin Scientifique de France
et de Belgique (14, rue Stanislas).
53. Seine-Inférieure. Le Havre. — Société Géolo-
gique de Normandie.
Rouen. — Académie des Sciences, Belles-
Lettres et Arts de Rouen.
Rouen. — Société centrale d'Agriculture
de la Seine-Inférieure.
Rouen. — Société des Amis des Sciences
naturelles de Rouen.
Elbeuf. — Société d'étude des Sciences
naturelles d'Elbeuf.
58. Somme. Amiens. — Société Linnéenne du Nord de
la France.
54.
id.
55.
id.
56.
id.
57.
id.
XIX —
59. Vienne (Haute-). Limoges. — Revue scientifique
du Limousin (dir. M. Le Gendre).
00. Vosges, Saint-Dié. — Société Philomatique Vos-
gienne.
61. Yonne. Auxerre. — Société des Sciences histo-
riques et naturelles de l'Yonne.
Tunisie
62. Tunis. Institut de Carthage.
Alsace-Lorraine
63. Strasbourg. Botanische Zeitung (Dir. Dr Solms
Laubach).
64. Metz. Académie de Metz.
65. id. Société d'Histoire naturelle de Metz (25,
rue de l'Évêché).
Allemagne
66. Berlin. Berliner entomologische Zeilschrift.
67. id. Neues Jahrbuch fur Géologie und Miné-
ralogie, Johachimsthalerstrasse, 11, Ber-
lin W.
68. id. K. Preussische Akademie der Wissen-
schalten.
69. id. D-eutsche Geologische Gesellschaft, Invali-
denstrasse, 44.
70. id. Musée de Zoologie.
71. Brème. Naturwissenschaftlicher Verein zu Bremen.
— XX —
72. CASSEL.BotanischesCentralblatt(Dir.Drd'Uhhvorm).
73. Francfort-sur-Mein. Senckenbergische Naturfor-
schende Gesellschaft.
74. Francfort-s-Oder. Naturwissenschaftlicher Verein
fur den Regierungsbezirk Francfurt a.
Oder.
75. Fribourg-en-Brisgau (G D. de Bade). Naturfor-
schende Gesellschaft.
76. Friednau (bei Berlin). Justs botanische Jahresbe-
richte, Saarstrasse (Dr E. Koehne, dir.).
77. Giessen. Oberhessische Gesellschaft fur Natur-und
Heilkunde.
78. Hambourg. Naturwissenschaftlicher Verein zu
Hamburg.
79. Iena. Ienaische Zeitschrift fur Naturwissenschaft.
80. Kœmgsberg. K. pbysikalisch -okonomische Ge-
sellschaft zu Kônigsberg.
81. Leipzig. Zoologische Anzeiger (Dir. Dr Garus).
82. Munich. K. Bayerische Akademie der Wissen-
schaften zu Mùnchen.
83. id. Bayerische botanische Gesellschaft.
84 Munster. Westfalischer Provinzialverein fûrWis-
senschaft und Kunst.
85. Stuttgart. Verein fur vaterlandische Naturkunde
in Wurtemberg.
Australie
86. Adélaïde. Royal Society of South Australia.
<S7. Sidnet. Department of Mines.
88. id. Linnean Society ofNew South Wales.
— XXI —
Autriche-Hongrie
89. Brunn. Naturforschender Verein in Brùnn.
90. Budapest. K. Ungarische geologische Anstalt.
91. Prague. K. Bôhmische Gessellschaft der Wis-
senschaften.
92. Vienne. K. K. Akademie der Wissenschaften.
93. id. K. K. Naturhistorisches Hofmuseum.
94. id. K. K. Geologische Beichsanstalt.
95. id. K. K. Zoologisch-botanische Gesellschaft
in Wien, Wollzeile, 12.
Belgique
96. Bruxelles. Académie B. des Sciences, des Lettres
et des Beaux- Arts de Belgique.
Société B. de Botanique de Belgique.
Société B. Malacologique de Belgique.
Société Entomologique de Belgique.
Société belge de" Microscopie.
Société belge de Géologie , Hydrologie et
Paléontologie.
Dodonea.
Société Géologique de Belgique
Société B. des Sciences de Liège
Brésil
105. Para. Muséum d'Histoire naturelle. Caixa do
Gorreio 399.
106. Bio-de-Janeiro. La Escola de Minas.de Ouro-
Preto. Muséum nacional do Bio-de-
Janeiro,
97.
id.
98.
id.
99.
id.
100.
id.
101.
id.
102.
Gand.
103.
Liège
104.
id.
— XXII —
Canada
107. Halifax. Nova Scotian Institute of Sciences.
Chili
108. Santiago. Société Scientifique du Chili (Casilla
12 D).
Espagne
109. Madrid. Sociedad espaûola de Historia natural.
110. id. Real Academia de Ciencias exactas fici-
cas y naturales.
Etats-Unis
111. Buffalo. Society of natural Sciences.
112. Boston (Mass.). Society of natural History.
113. id. American Acaderny of Arts and Sciences.
114. Cambhidgk ( Mass. ). Muséum of comparative
Zoology at Harward collège.
115. Chapel-Hill (North Garolina). Elisha Mitchel
scientific Society.
110. New-Haven. Conneclicut Acaderny of Arts and
Sciences.
117. New-York, The New-York Acaderny of Sciences.
118. Philadelphie. The Acaderny of natural Sciences
of Philadolphia.
119. id. The Wagner Free Intitule of Sciences.
120. R.OCHBSTER, Rocbesfér Acaderny "I Sciences.
— XXIII —
121. St-Louis du Missouri. The Academy of Sciences
of St-Louis.
122. id. Missouri botanical Garden.
123. San-Francisco. California Academy of Sciences.
124. Topeka (Kansas). Kansas Academy of Sciences.
125. Trenton*. The Trenton natural History Society.
12(>. Washington. Smithsonian Institution.
127. id. United States Geological Survey.
128. id. Bureau of American Ethnology.
129. id. National Muséum of Natural history.
130. id. Département of Agriculture.
Hollande
131. Amsterdam. Académie des Sciences d'Amsterdam
(Koninkligde Akademie van Weten-
schappen).
132. id. Nederlandsche entomologische Vereeni-
ging.
133. Nimègue. Nederlandsche Botanische Vereeniging.
Iles-Britannique's
134. Dublin. Royal geological Society of Ireland.
135. Edimbourg. Royal physical Society of Edin-
burgh.
136. Glascow. Geological Society of Glascow.
137. Liverpool. Biological Society.
138. Londres. Linnean Society of London.
139. id. Entomological Society of London.
140. id. Geological Society of London (Burling-
ton House, Piccadilly, London, W).
— XXIV —
141. Londres. Zoological Society of London(Librarian
of), 3 Hanover Square, London W.
142. id. Royal Society, Burlington House, Lon-
don W.
143. id. Geologist's Association, St-Martin's public
Library,St-Martin's Lane, London W. G.
144. Manchester. The Manchester litterary and philo-
sophical Society.
145. id. Manchester Geological Society.
Indes Anglaises
146. Calcutta. Geological Survey of India.
147. id. Asiatic Society of Bengal.
Italie
148. Bologne. R. Academia délie Scienze dell* Istituto
di Bologna.
140. Florence. Societa Entoinologica Italiana.
150. id. Societa Botanica Italiana.
151. id. Bibliotheca nazionale centrale di Firenze
(Bollètino délie publicazioni italiani).
152. Gènes. Museo civico di Storia nalurale di Ge-
nova.
153. id. Malpighia (0. Penzig, à l'Université).
154. Parme. Nuova Notarisia (de Toni, an Jardin bota
nique de l'Université).
155. Rome. R. Instituto botanico di Roina.
156. id. Societa roniana per gli Studi Zoologici.
157. id. R. Comitato Gcologico dltalia.
158. id. Reale Académie dei Lincei.
— XXV —
Japon
159. Tokio. Université.
Luxembourg
160. Luxembourg. Institut Grand-Ducal de Luxera
bourg.
161. id. Société de Botanique du Grand-Duché de
Luxembourg.
Mexique
162. Mexico. Sociedad cientifica Antonio Alzate.
163. id. Observatorio meteorologico central.
164. id. Instituto geologico.
Portugal
165. Coïmbre. Socieda ia Brotenaria.
166. Lisbonne. Commisâo dos trabalhos geologicos
de Portugal.
167. Porto. Annaes de Sciencias naturaes (dir. M. Aug.
Nobre).
Russie
168. Helsingfors. Société des Sciences de Finlande
(Finska Vetenskaps Societeten).
169. id. Societas pro Fauna et Flora fennicae.
170. Kiew. Société des Naturalistes de Kiew.
171. Moscou. Société impériale des Naturalistes de
Moscou.
172. Odessa. Société des Naturalistes de la Nouvelle-
Russie.
— XXVI —
173. Saint - Pétersbourg. Académie impériale des
Sciences.
174. id. Comité géologique.
175. id. Société entomologique russe.
Suède et Norwège
176. Christiania. Université.
177. Lund. Universitàs Lundensis.
178. id. Botaniska Notiser (Dr Nordstedt).
179. Stockolm. Kœngliga Svenska Akademien.
180. id. Entomologiska Fôreningen (94 , Drott-
ninggatan).
181. Upsal. Societas Scientiarum Upsalensis ( K.
Wetenskaps Societet).
182. id. Université.
Suisse
183. Berne. Schweiz. Naturforschende Gesellschaft.
184. id. Société entomologique Suisse.
185. Chambézv. (près Genève). Herbier Boissier
(M. Autran, conservateur).
180. Genève. Société de Physique et d'Histoire natu-
relle.
187. id. Jardin Botanique.
188. Lausanne. Société vaudoise des Sciences naturelles.
189. Neufciiatei.. Société des Sciences naturelles de
Neufchàtel.
Uruguay
190. Montevideo. Museo nacional (Die. Arechavaleta).
PROCES-VERBAUX
DES SÉANCES
SÉANCE DU 15 JANVIER 1000
Présidence de M. le Dr Moutier, puis de M. Lignier
La séance est ouverte à 8 heures 1/4.
Sont présents: MM. Bigot, Brasil, Dr Catois,
Dr Gidon, Hécart, Léger, Lignier, Matte, D1' Moutier,
Moutier fils, Dr Noury, Ravenel, Tison, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance de décembre est lu
et adopté.
Communication est donnée de la correspondance :
M. le Ministre de l'Instruction publique annonce
qu'une somme de 400 fr. a été par lui accordée à la
Société Linnéenne comme encouragement à ses tra-
vaux.
MM. le D'' Guillet, Chédeville, LeCanu, abbé Tous-
saint, Lebœuf, adressent leur démission qui est
acceptée.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Ils comprennent, offert par l'auteur :
R. Fortin, Notes de Géologie Normande : V,
Craie blanche de Louviers et Micraster cor marinum
Park.
Il est procédé au renouvellement du bureau :
Le président donne connaissance d'une lettre
de M. de la Thuillerie qui prie de ne pas lui renou-
— XXX —
vêler ses fonctions de Membre de la Commission
d'impression.
(Voir le résultat des scrutins p. III).
Et. présenté pour faire partie de la Société comme
membre résidant :
M. Hkttier, rue Guilbert, par MM. Bigot et
Lignier.
M. Tison communique des photographies concer-
nant la production déglace par le Verbesinavirginica;
ce phénomène avait déjà été observé l'an dernier par
M. Lignier qui en avait alors fait l'objet d'une
communication à la Société. Ce phénomène serait
produit par une forte turgescence des tissus de la
plante en hiver, coïncidant avec une période de
gelée. M. Tison se réserve d'ailleurs de revenir sur
ce phénomène quand on aura précisé d'une façon
plus scientifique les conditions dans lesquelles il se
produit.
A 9 h. 1/2 la séance est levée.
SEANCE DU 5 FEVRIER 1900
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot, Gallier, Dr Gidon,
Lignier, Matte, Moutier fils, Dr Noury, Ravenel,
Tison, Vaullegeard.
Communication est donnée de la correspondance
qui comprend : t° Une lettre de M. le Ministre de
l'Instruction publique demandant de lui désigner
avant le 1er mai les membres de la Société Linnéenne
qui prendront part au Congrès des Sociétés savantes
en 1900 ; — 2° Une seconde lettre de M. le Ministre
demandant de lui adresser avant le 10 mars les
publications que la Société désire voir figurer à
l'Exposition de 1900 ; les publications parues de 1889
à 1899 ont été adressées le 29 janvier à M. le Ministre.
— 3° Des demandes d'échanges du Geological Sur-
vey of Natal, de la Liverpool biological Society et
du Field Cohimbian Muséum of Chicago qui sont
renvoyées à la Commission d'impression.
M. de la Thuillerie, élu vice-président dans la
séance de janvier fait connaître qu'il ne peut accepter
cette fonction ; la Société regrette vivement la
décision de notre sympathique confrère ; il sera
procédé à une nouvelle élection dans la séance de
mars.
— XXXII —
Le Trésorier donneconnaissancedeson compte admi-
nistratif ; une Commission composée de MM. Matte
et Ravenel est chargée de l'examiner. Le compte est
approuvé par la Société au nom de qui le Président
adresse des remerciements à M. Chevrel.
Sont présentés pour faire partie de la Société :
Comme membre correspondant : M. Raymond
le Bey, à Sainte-Gauburge (Orne), par MM. Le Séné-
chal et Lignier.
Comme membre résidant : M. Marie, étudiant à la
Faculté des sciences, par MM. Matte et Hécart.
M. Hettier, proposé dans la dernière séance est
élu membre résidant.
M. Gallier présente une mâchoire de bœuf atteinte
d' actinomyco.se.
M. Gallier lit un curieux article de M. Bras
relatif aux relations entre certaines maladies des
plantes et des maladies animales.
M. le Dr Gidon signale : 1° Une station assez riche
d' Androsemum officinale à Thaon au pied du coteau
qui longe le ruisseau entre Boubanville et Barbière,
sous taillis ; — 2° Calendula arvemis sur le bord du
plateau qui domine la Mue entre Basly et Fontaine-
Henry; la plante est assez commune depuis un
certain nombre d'années sur certains champs du
territoire de Bény ; — 3° Atropa belladona dans les
carrières et les rocailles non loin de la vieille église
de Thaon ; — 4° Cirsium acaule caulescens, forme
rare, existant cette année en divers points des champs
caillouteux entre Colomby-sur-Thaon et Thaon.
— XXXIII —
M. Bigot appelle l'attention sur de curieux débris
de poissons trouvés dans le Permien de Russie et
décrits par M. Karpinsky. Ces débris désignés sous
le nom de Helicoprion se rapprochent des Edestus
déjà signalés dans le Carbonifère et le Permien des
Etats-Unis.
M. Bigot annonce qu'on a récemment découvert à
Villers-sur-Mer des couches inférieures aux assises
à Peltorevas athleta. Parmi les fossiles recueillis
par M. Julien Baspail, sous la descente des bains de
Villers, M. Douvillé a déterminé Rhynchonella spa-
thica très abondante, et Dictyothyris Trigeri, espèce
très caractéristique du Callovien ferrugineux de
l'Orne et de la Sarthe. Cette découverte montre
en outre que l'axe du pli de Bénerville est situé plus
à l'O. qu'on ne le pensait jusqu'ici.
A 9 h. 1/2, la séance est levée.
C
SEANCE OU 5 MARS 1000
Présidence de M. Ligxier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Adel, Bigot, Brasil, Dr Catois,
Ghevrel, Dr Gidon, Hécart, Léger, Lignier, Moutier
fils, Ravenel, Tison, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance de février est lu et
adopté.
Communication est donnée de la correspondance
qui comprend: Une lettre de démission de M. Almyre
Marie, membre résidant ; — des lettres de remercie-
ment de MM. Canel et Sohier, nommés membres
correspondants ; — Une circulaire du Comité d'organi-
sation du 8e Congrès géologique international deman-
dant de lui désigner un délégué au Congre
M. Brasil a déjà été désigné ; — une demande
d'échange du Département d'Agriculture des États-
Unis, renvoyée à la Commission d'impression ; —
une lettre de M. Husnot annonçant l'envoi d'un tra-
vail sur le dessin en histoire naturelle.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Le Secrétaire donne connaissance des décisions
prises par la Commission d'impression dans sa
dernière séance relativement au Bulletin et aux
Mémoires. — La Commission a en o li l r • * décidé de
— XXXV —
surseoir à une demande d'échange avec le Geological
Suryey of Natal et de demander un spécimen des
publications du Chicago field Golumbian Muséum
et de la Liverpool Biological Society qui ont sollicité
l'échange.
M. le D1' Noury est élu vice-président en remplace-
ment de M. de la Thuillerie, non acceptant.
Sont élus pour faire partie de la Commission
provisoire du 3e Congrès de Caumont : MM. Lignier,
Bigot, Léger.
MM. Matte et Hécart présentent comme membre
résidant M. Marie, étudiant à la Faculté des sciences.
M. PiAvmond le Bey à Sainte-Gauburge (Orne) est
présenté comme membre correspondant par MM. Le
Sénéchal et Lignier.
M. le D1' G-idon donne lecture de deux passages des
« recherches et antiquités de Neustrie » de M. de
Bras l'un relatif à des recherches faits par des Alle-
mands en 1537 à la « montaigne d'or de Tracyy>,
l'autre aux « Vitouards » alimentés par des cours
d'eau qui, naissant de fontaines, dans les environs de
Bots et Bretleville-rOrgueilleuse, viennent se perdre
dans les environs de Douvres.
Au sujet de ce dernier passage, M. Bigot fait
remarquer qu'il y a certainement confusion de deux
choses, et que d'ailleurs les « Vitoirs » de Douvres
sont bien connus.
M. Delavigne signale une grenouille à cinq pattes
pêchée dans le courant de l'été 1897, au confluent de
la Sarthe et de l'Huisne. — Cette Rana esculenta
— XXXVI —
avait au côté gauche une patte postérieure surnu-
méraire, se développant facilement d'avant en arrière.
M. Bigot présente un moulage du crâne de Pitke-
canthropus erectus récemment entré dans les collec-
tions paléontologiques de la Faculté. Ce type si inté-
ressant du pliocène de Java, forme un nouveau
jalon entre l'homme et les grands anthropoïdes.
A 9 h. -J/2, la séance est levée.
SÉANCE DU- 2 AVRIL 1900
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Adel, Bigot, Dr Gatois, Che-
vrel, Dr Fayel, Follain, Dr Gidon, Hécart, Léger,
Lignier, Matte, Dr Moutier, Moutier fils, Dr Noury,
Tison, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance de mars est lu et
adopté.
Communication est donnée de la correspondance
qui comprend : 1° Une lettre de M. le Ministre de
l'Instruction publique mettant à la disposition de la
Société une carte d'entrée à l'Exposition Universelle;
la Commission d'impression désignera le titulaire de
cette carte ; — 2° La Liverpool biological Society
annonce l'envoi de la série de ses publications ; la
Commission d'impression décidera quels sont les
volumes de ses publications à expédier en échange ;
— 3° Elle statuera aussi sur une demande de la
BerUner entomologische Zeitschrift qui désire voir
compléter sa collection de notre bulletin.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Le Secrétaire appelle l'attention sur le t. XVIII du
Bulletin de la Société géologique de Normandie
— XXXVIII —
contenant des travaux très importants pour la
géologie de la région (1).
MM. Raymond le Bey et Marie, présentés dans la
dernière séance sont admis le premier comme
membre correspondant, le second comme membre
résidant.
M. Bigot présente une planche destinée à accompa-
gner un travail sur des Gastropodes jurassiques dont
il demande l'impression dans les Mémoires de la
Société.
M. Tison fait une communication sur la chute des
feuilles ; il présente les planches qui doivent accom-
pagner ce travail destiné aux Mémoires de la Société.
M. le D1* Gidon présente une orange double qui lui
a été communiquée par M. le Dr Fayel.
Il fait en outre une nouvelle communication sur
les fougères bifides.
M. Chevrel signale une anomalie observée sur un
Asterias rubens possédant 4 bras au lieu de 5 ; l'un
d'eux était bifurqué.
M. Lignier donne communication de la lettre sui-
vante de M. A. Chevalier.
(1) R. Fortin, mit un Discoules inferus recueilli à Tancarville ;
— F. Skrodzki, Rauracien el Séquanien des environs de Lisieux ;
Quaternaire el Tertiaire <Jes environs de Bayeux ; — Savalle et
<;. Leknibr, sur des ossements de Dinosaurien découverts à Octe-
ville ; — J. Homme? el C. Canel, notice géologique sur le canton
de Sées (avec carte au 40000/-
— XXXIX —
« Quoique arrivé d'hier de Kayes et surmené par les
visites et congratulations officielles, je tiens à vous
rassurer ainsi que nos amis de la Linnéenne sur ma
santé et sur la réussite définitive de ma mission.
« Je devais prendre demain le paquebot pour rentrer
en France lorsqu'une circonstance imprévue est
venue m'arrèter.
«. Vous savez que depuis un mois le Soudan est
disloqué M. Chaudié maintenant gouverneur
de l'Afrique occidentale vient de revenir de France
avec une mission de scientifiques et un artiste
devant préparer l'exposition du Sénégal.
« A peine arrivé j'ai été appelé par M. Chaudié qui
m'a dit qu'il n'avait pas amené de botaniste dans la
mission parce que la Société français? coloniale
(de la Chaussée-d'Antin), devant Jes résultats que
j'avais obtenus dans la bouche du Niger, avait mis
mon nom en avant et qu'il comptait sur moi pou;
accomplir la tâche botanique de la mission.
« J'ai cherché des échappatoires, étant pressé de
rentrer. Enfin, devant les avantages qu'il m'offrait,
j'ai consenti à prolonger mon séjour ici de 4 à 5
semaines que je consacrerai à explorer les régions de
Cayor, de la Casamance et peut-être de la Haute-
Gambie (tout dépendra des moyens de transport plus
ou moins rapides qu'on me donnera).
« Le Gouverneur, tout en me demandant de rap-
porter des collections pour l'Exposition Sénégalaise,
iue laisse toute initiative pour poursuivre mes
recherches et collections scientifiques sur la flore de
l'Afrique occidentale
« J'ai dû commencer aujourd'hui la série très
— XL -
ennuyeuse des conférences officielles, le Gouverneur
m'ayant demandé de faire une conférence devant les
membres du Comité de l'Exposition, les Conseillers
généraux présents à St-Louis et la Chambre de
Commerce sur les résultats pratiques de ma mission.
Ces braves gens ont attaché beaucoup d'importance
à mes observations sur la liane à caoutchouc du
Haut-Niger et de la Volta (Landolphia Heudelotii,
D C) quoique l'importance des forêts que j'ai trouvées
inexploitées soit limitée.
« J'ai hâte de rentrer en France pour remettre
beaucoup de choses au point. Dans les journaux on a
fait trop de bruit autour des résultats commerciaux
de la mission que j'avais faite en publiant des
fragments plus ou moins retouchés de mes rapports
mensuels et en élaguant tout ce qui était désavanta-
geux à la colonie. Déjà deux concessionnaires vien-
nent d'arriver dans la Volta pour y exploiter le
caoutchouc que j'y ai signalé. Ils arrivaient avec
beaucoup d'illusions ne se doutant guère qu'à leur
arrivée dans le pays ils n'auraient pas même la
main-d'œuvre nécessaire à recueillir le précieux
latex.
« Mon voyage de retour de Tombouctou s'est effec-
tué dans d'assez bonnes conditions. L'entretien de
mes collections m'a donné assez de travail ayant été
obligé d'allumer chaque fois des feux autour des-
quels j'étalais mes collections de plantes pour les
tenir à l'abri des moisissures. Pendant les deux mois
qu'a duré la montée du Niger (sur un chaland que
m'avait prêté le Gouverneur), de Tebi à Koulikoro,
— XL1 —
j'ai dû naviguer constamment en dehors des rives
du fleuve sur des prairies inondées, le courant du
fleuve et les rapides étant trop impétueux aux hautes
eaux.
« En faisant une excursion dans les montagnes de
Koulikoro j'ai été atteint d'un commencement d'adé-
nite qui m'a forcé de faire la plus grande partie de la
route du Niger à Kayes en voiture Lefèvre. Les
convois montant la nuit, j'ai pris froid et j'ai attrapé
une bronchite qui m'a forcé de passer plusieurs
jours à l'hôpital de Kayes. Actuellement je suis
complètement remis de l'une et de l'autre maladie et
je suis encore à avoir mon premier accès de fièvre.
J'attribue cela à l'usage constant de quinine préven-
tive.
« Les moyens de communicatioa étant ici plus
rapides et plus commodes je pense vous expédier
prochainement un colis de graines fraîches (pour les
serres chaudes du Jardin Botanique) et des fruits. Je
vous prierai de faire semer les graines aussitôt,
celles-ci perdant habituellement leur pouvoir germi-
natif très vite. »
Saint-Louis, 30 novembre 1899.
A 10 heures la séance est levée.
SÉANCE DU 7 MAI 1900
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Adel, Bigot, Brasil, Ghevrel,
Dr Fayel, L.-J. Léger, Lignier, Marie. Dr Moutier,
Moutier fils, Ravenel, Vaullegeard.
Le procès- verbal de la séance d'avril est lu et
adopté.
Le Président fait part du décès de MM. E. Liais,
Milne-Edwards , Bizet, Hauville. Les regrets de la
Société seront consignés au procès-verbal.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue
Le Secrétaire donne communication des décisions
de la Commission d'impression, relatives à l'insertion
dans le Bulletin d'un travail de M. Husnot, et dans
les Mémoires des travaux de MM. Tison et Bigot.
La carte d'exposant adressée à la Société par le Minis-
tère a été attribuée à M. Lignier. — On adresse cà la
Liverpool biological Society les séries III et IV du
Bulletin et l'échange sera continué.
Le Secrétaire fait connaître qu'il s'est entretenu
avec notre collègue M. Chevalier de la conférence
qu'il doit venir faire à Caen, sur son voyage dans
l'Afrique équutoriale.
— XLIII —
Il est décidé qu'il n'y aura pas cette année de
réunion générale.
M. Bigot annonce que M. Bizet a légué à la Faculté
des sciences, sa collection géologique qu'il destine
à l'instruction des élèves de la Faculté ; — M. Bigot
donne communication du discours qu'il a prononcé
sur la tombe de M. Bizet.
M. Paul Bizet, conducteur principal des Ponts-
et-Chaussées, était né à Lonlay-l'Abbaye (Orne), le
27 avril 1830; il débuta dans l'administration des
Ponts-et-Chaussée en 1855, à Domfront, puis fut
envoyé à Mortagne en 1860 et en 1874 à Bellème où
il est décédé le 16 avril 1900.
Il appartenait depuis 1885 à la Société Linnéenne,
dont il fut un membre très actif. C'est à ce titre que
l'on a fait figurer ici le discours prononcé sur sa
tombe, par le Secrétaire.
« Celui qu'accompagnent ici tous nos regrets, ne
fut pas seulement un fonctionnaire actif et avisé, un
bon citoyen dévoué aux intérêts de sa ville d'adop-
tion ; ce fut encore un savant estimable, dont la
notoriété dépassait les bornes de sa province.
« Elève de Guillier, appartenant comme lui à ce
corps des conducteurs des Ponts- et-Chaussées, dont
la capacité égale la modestie, Bizet sut, sans rien
sacrifier de ses devoirs professionnels, tirer parti de
ses fonctions pour apporter à la géologie de la Nor-
mandie d'importantes contributions, soit qu'attaché
au réseau départemental des chemins de fer de l'Ouest
il étudiât soigneusement les tranchées des lignes en
— XLIV —
construction, soit qu'il parcourût les carrières, rele-
vant les superpositions des couches, recueillant les
nombreux fossiles qu'elles renferment. Le Perche
Ornais s'est trouvé, grâce à ses recherches, sillonné
de coupes fort précises et fort exactes, publiées dans
le Bulletin de la Société Géologique de Normandie, et
qui servirent de base à un travail d'ensemble sur
cette région.
« La valeur de ces publications fut appréciée comme
elle le méritait et Bizet se trouvait naturellement
désigné pour continuer, dans l'établissement de la
carte géologique de l'Orne, le travail interrompu par
la mort de Guillier. Attaché d'abord au service de la
Carte géologique détaillée de la France comme
auxiliaire, il ne tarda pas à être nommé collabora-
teur-adjoint. C'est en cette qualité qu'il travailla à la
feuille « Alençon » et fut chargé de l'exploration des
terrains secondaires et tertiaires de la feuille « La
Flèche » qui l'occupait depuis plusieurs années.
« Née au cours d'une de ces excursions de la
Société Linnéenne, qu'il considérait comme un hon-
neur d'avoir guidée à Bellême en 1888, notre amitié
s'était encore accrue dans les tournées communes
faites à l'occasion de la Carte. C'est qu'il y avait
avec Bizet beaucoup à apprendre; son enthousiasme,
la gaieté de son caractère, en faisaient un aimable
camarade. La sûreté de son jugement donnait un
véritable charme aux discussions dans lesquelles il
mettait tout le feu de sa conviction. Il avait pour les
erreurs de ses devanciers et de ses confrères l'indul-
gence de ceux qui ont beaucoup travaillé ; il savait
combien dans nos travaux l'erreur est aisée et que
— XLV —
des observations exactes, quelle que soit la valeur de
l'observateur, sont souvent facilitées par d'heureux
hasards. Il savait aussi que, si intéressante que lût
la région qu'il étudiait, elle n'était qu'un tout petit
morceau du monde; il ne croyait pas, si étendu que
fût son savoir, posséder toute la science, et il était
assez modeste pour ne pas faire plier les opinions des
autres devant des convictions personnelles. Ce
mélange de franchise et d'urbanité, de tolérance et
de conviction, faisaient de Bizet un caractère émi-
nemment sympathique.
« La vie de Bizet fut un enseignement. Eloigné des
grands centres scientifiques, privé des ressources
matérielles et morales dont ils disposent, il a su
cependant labourer fort honorablement le sillon de la
science.
« Non satisfait d'avoir doté la géologie des connais-
sances les plus complètes qu'elle possède sur le
Perche-Oranais, il a voulu que les documents de ses
études puissent encore être utiles après sa mort, et il
a légué à la Faculté des sciences de Caen les impor-
tantes collections qu'il avait recueillies dans ses
recherches ».
M. Moutier fils présente des fleurs prolifères
d' 'Anémone pavonina Lamk.
Il signale en outre, l'existence du gui sur un til-
leul dans la rue Haute, à Caen.
Enfin, il présente un échantillon du conglomérat
de base de l'oolithe ferrugineuse provenant d'un
sondage près du tumulus de Fontenay-le-Marmion,
— XLV1 —
Cette zone à Cœloceras Blagdeni n'avait pas encore
été reconnue jusqu'à présent sur le plateau de May.
M. Yaullegeard a observé dans son jardin, à Caen,
un pied d'Anémone dont la fleur était en contact avec
la bractée ; la corolle comprenait 8 pièces placées à
la périphérie, une pièce bien développée et d'autres
rudimentaires placées au milieu de la fleur. Les
étamines étaient disposées en deux groupes ainsi
que les carpelles. Il y avait une coalescence de deux
fleurs. Le spécimen a été donné au laboratoire de
botanique de la Faculté.
M. Vaullegeard communique les analyses sui-
vantes:
Marinesco.— Sur le mécanisme de la séni-
lité et de la mort des cellules nerveuses
(1). — Analyse par M. Vaullegeard.
Metchnikof a expliqué l'atrophie sénile par la vic-
toire des macrophages du tissu conjonclif sur les
éléments nobles.
Marinesco distingue : 1° la vieillesse et la mort des
cellules nerveuses et 2° la pathologie de ces éléments.
Dans les cas de vieillesse et de mort des cellules
nerveuses (d'après les coupes du système nerveux
des vieillards) il y a diminution du corps cellulaire.
Marinesco a constaté en môme temps, une réduction
des éléments géométriques, colorables, de la cellule
I C. a. Acad. Se. Paris, t. CXXX, n° \~ ;23 avril L900), p. U3G-
1139.
— XLVII —
nerveuse et leur transformation en granulations.
Cette altération constitue la chromatoly.se sénile. Le
cytoplasma. se teinte en bleu et contient plus ou
moins de substances pigmenlaires, le nombre des
prolongements diminue. Il n'y a aucune intervention
des macrophages.
Dans les cas de pathologie au contraire, ainsi que
l'auteur l'avait soutenu en 1896, les cellules ner-
veuses sont dévorées par les cellules de la névroglie
devenues macrophages et les leucocytes n'intervien-
nent pas.
Il y a antagonisme entre les cellules nobles du cer-
veau et la névroglie ; au début de la vie, la névroglie
est vaincue par la sécrétion des cellules nobles.
Matchinsky (1). — Sur l'Atrophie des ovu-
les. — Analyse par A. Vaullegeard
Metchnikofï dans un travail récent a montré la
lutte continuelle entre les cellules d'un organisme ;
dans le combat des cellules nobles de l'organisme
contre les macrophages, les tissus sains se protègent
par des sécrétions toxiques; pour les macrophages ce
n'est que lorsque ces sécrétions diminuent que les
phagocystes l'emportent. Il a constaté que les poi-
sons microbiens agissent sur les ovules et sur les
cellules nerveuses beaucoup plus que sur les pha-
gocytes.
Matchinsky a constaté que l'atrophie pathologique
expérimentale des ovules ne diffère pas de l'atrophie
(1) Matchinsky : De l'atrophie îles ovules dans les araires des
mammifères, \nn. de l 'Institut Pasteur, t. XIV, n6 3,(25 mars 1900).
— XLVIII —
physiologique; elle est précédée de modifications des
cellules de la granuleuse qui se mobilisent et se
transforment en un réseau plasmodique ; c'est seule-
ment après cette dégénérescence de la granuleuse
que l'ovule se fragmente ou subit une modification
graisseuse et est enfin dévoré par les mononucléaires
provenant du plasmodium de la granuleuse et péné-
trant à travers la zone pellucide. Ces phagocytes
s'incorporent l'œuf ou ses débris et finalement
deviennent : 1° des cellules fusiformes ; 2° du tissu
conjonctif de sorte que le follicule se remplit de tissu
conjonctif.
Metchnikoff a montré que la toxine du tétanos
s'amassait plus dans les testicules ou dans les ovaires
des poulets que dans les autres organes. Matchinsky
constate l'atrophie d'un grand nombre d'ovules
dans les ovaires des animaux soumis à ces expé-
riences. Il observe le même fait à la suite des injec-
tions de Blastomyces Custis ou à la suite de l'extrac-
tion de la rate. Mais le fait est plus caractérisé à la
suite des injections non mortelles de toxine diphthé-
rique et chez les animaux traités par l'arsenic (1).
M. Vaullegeard lit une note sur le Distomum
pristis (imprimée dans la 2e partie de ce volume).
A 9 h. 1/2 la séance est levée.
(1) Il me semble que ces faits permettent de donner l'explication
de la castration parasitaire étudiée d'une manière remarquable par
M. Giard ; elle serait due à une sécrétion de toxine bien connue
dans les formes larvaires des Cestodes des mammifères.
SEANCE DU 17 JUIN 1000
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot, Duval, Foliain, L.-J.
Léger, Lignier, Marie, Matte, Dr Moutier, Moutier
fils, Tison.
Le procès- verbal de la séance de mai est lu et
adopté.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
M. Moutier fils présente : 1° Deux fleurs de
Matricaria camomilla accolées et fusionnées, les
fleurs jaunes étant confluentes ; 2° Une fleur de
Catlcya dans laquelle un sépale, un pétale et le
gymnostème sont souciés.
M. Brasil fait connaître par l'intermédiaire de
M. Foliain qu'il a recueilli sur les rochers du Quihot
deux animaux non encore signalés sur les côtes du
Calvados : Alpheus megacheles et Cistella capsella.
M. le Dr Moutier a observé un saule porte-gui dans
la côte de Saint-Pair-du-Mont, sur la route de Crève-
cœur à la route Nationale.
D
— L —
M. Lignier signale la présence à'Opkrys muscifera
à Chicheboville ; — il a observé sur un genêt une
orobranche de l'"30 de haut.
M. L.-J. Léger fait une communication sur l'orien-
tation de la feuille par rapport à la tige (imprimée
dans la 2e partie du bulletin).
M. Lignier présente un rameau de Thuya occiden-
talis couvert de nodosités qui sontdes racines adven-
tives demeurées sous- corticales.
M. Bigot fait une communication sur les terrasses
quaternaires de la Vallée de l'Orne, notamment sur
celle qui est visible en ce moment dans les exploita-
tions de grés entre l'Orne et la Bruyère de Feugue-
rolles. Il présente plusieurs instruments chelléens en
silex provenant de cette terrasse.
M. Bigot appelle l'attention sur l'intérêt qu'il y
aurait à étudier le ruisseau de Perrières, près Jort
(Oalvados). Ce ruisseau, né d'une source assez abon-
danteau villagede la Fontaine, après avoir coulé pen-
dant environ 3 kilom., disparait complètement en
une cinquantaine de mètres de parcours ; la vallée
actuelle du ruisseau est d'ai Heurs continuée dans la
direction de Jort par un vallon asséché. Des expé-
riences de coloration artificielle permettraient de
retrouver l'émergence de la rivière absorbée; un
captage du cours d'eau au-dessus du point où ù
disparaît permettrait probablement d'ew faire profiter
le vallon asséché.
A 10 heures la séance est levée.
SÉANCE DU 2 JUILLET 1900
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents: MM. D1 Gidon, L.-J. Léger, Lignier,
1> Moutier, Dr Noury, Ravenel, Tison.
En l'absence du Secrétaire et du Vice-secrétaire,
M. Tison remplit les fonctions de secrétaire et donne
lecture du procès-verbal de la séance de juin qui est
adopté.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
déposés sur le bureau.
Le Président fait connaître que M. Mantin, membre
correspondant, a été nommé chevalier de la Légion
d'honneur ; la Société lui adresse ses félicitations.
M." Lignier signale la présence de deux touffes de-
gui sur un Salix alba, au bord de la vieille rivière,
au delà du pont de Galix.
M. Léger présenle à la Société une variété horticole
de Clématite à grandes fleurs violettes, dont la tige
montre la particularité suivante : à un nœud s'insère
une feuille normale, longuement pétiolée, trifoliolée,
de forme régulière, c'est-à-dire à folioles pétiolulées,
arrondies à la base, atténuées au sommet ; l'une d'elles
est profondément lobée. En opposition avec cette
lu
feuille, se trouve, au même nœud, une foliole unique,
violette sur presque toute sa face supérieure, sauf
dans la partie médiane, qui est verte, veinée de vio-
let, et, sur la face inférieure, d'une coloration verte
plus étendue, mais avec les bords du limbe largement
colorés en violet.
Cette foliole n'a pas la forme de celles des feuilles
végétatives ordinaires ; elle est semblable aux sépales
s'atténuant progressivement à la base en un court
pétiole.
La même tige de Clématite porte en un autre point
deux feuil'es opposées simples, mais nullement
comparables, par leur forme, au limbe coloré qui
vient d'être décrit ; elles sont longuement pétiolées,
à limbe ovale, arrondi à la base, comme celui des
folioles foliaires normales.
A 9 beures, la séance est levée.
SEANCE DU 12 NOVEMBRE 1000
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents: MM. Bigot, Brasil, Follain, Lignier,
Matte, Dr Moutier, Moutier fils, Dr Noury, Dr Osmont,
Ilavenel, de la Thuillerie, Tison, Vaullegeard.
Le procès- verbal de la séance de juillet est lu et
adopté.
Le Président fait part du décès de M. le Dr Huet,
professeur adjoint à la Faculté des sciences, archi-
viste de la Société. La Société décide de témoigner
au procès-verbal les regrets que lui cause la dispari-
tion de notre excellent confrère.
Le Président annonce la soutenance de thèse de
M. Tison, à qui il adresse les félicitations de la
Société. Cette thèse est comme celle de M. le Dr Gidon
imprimée dans les Mémoires ; c'est donc à plusieurs
titres une thèse Caennaise comme la précédente,
élaborée dans le laboratoire de botanique de la
Faculté de Caen, soutenue à Gaen et publiée par une
Société caennaise.
La correspondance comprend : Une lettre de M. le
Ministre de l'Instruction publique, adressant le
programme du Congrès des Sociétés savantes, qui
se tiendra à Nancy en 1900; — Une lettre de M. Aug.
Chevalier, qui obligé de se consacrer entièrement à
— LIV -
la préparation de sa thèse, ne pourra faire cet hiver
la conférence qu'il nous avait promise sur son voyage
'Lins l'Afrique occidentale ; — Une lettre de la
Société des sciences de Buflalo (Etats-Unis), faisant
part de la mort de son président; — Une lettre de la
Société de Secom^s des Amis des sciences, et diverses
demandes d'échanges renvoyées à la Commission
d'impression.
Les nombreux ouvrages reçus depuis la dernière
séance sont passés en revue.
M. Chevalier offre une brochure intitulée : Coup
d'oeil sur la végétation de V Afrique occidentale
M. Bigot offre une notice intitulée : La Normandie,
extraite du livret-guide publiée à l'occasion du
8e Congres géologique international.
Le Secrétaire présente les fascicules I et II du t. XX
des Mémoires et le volume III, 5° série du Bulletin,
constituant les publications de la Société pendant
l'année T0OO.
M. A. Yaullegeard communique à la Société un tra-
vail sur l'action des Cestodes et des Nématodes.
(Voir 2 partie du Bulletin).
Dans la première partie de son travail il expose
des expériences personnelles montrant l'influence
considérable des substances contenues dans les vers;
il a réussi à extraira une toxine ferment, agissant sur
les centres nerveux, et un alcaloïde à action curar-ique
agissant sur l'agilité de l'animal. Dans la 2e partie il
recherche parmi les troubles provoqués par les vers,
ceux qui sont dus à une action mécanique el ceux
qui seul dus à une action chimique.
— LV —
M. F. Moutier présente des échantillons de Calli-
mofpha liera, aberration hitescens recueillis dans le
département de la Manche.
Cette aberration hitescens diffère du type en ce
que, au lieu d'être rouge écarlate, les ailes inférieures
et l'abdomen sont d'un jaune d'ocre.
Dans sa « Faune entômoloçique française » Berce
signale cette variété comme « assez commune sur les
côtes de Bret agne et surtout aux environs de Rennes.»
M. Moutier a également rencontré cette variété dans
le Calvados où elle est rare, puisqu'il n'en a pris que
3 exemplaires en l'espace de six ans. Cette aberration
hitescens était extrêmement abondante dans le dépar-
tement de la Manche, au mois d'août de cette année.
Sur dix (10) exemplaires de Catlimorpha liera
observés, huit (8) appartenaient à la variété jaune, et
deux (2) seulement au type rouge. C'est là une pro-
portion non remarquée jusqu'à ce jour; il serait
intéressant de rechercher si, dans les localités
explorées, c'est-à-dire sur le littoral occidental de la
Manche depuis Diélette jusqu'au niveau d'Avranches,
il en est toujours ainsi.
M. Brasil communique des observations relatives
à la fréquence de certaines espèces sur le littoral du
Calvados pendant l'été dernier {Voir .2° partie du
Bulletin I.
M. de la Thuillerie fait une communication com-
plémentaire à sa note sur- les Dancus carotta et
D. cjumnii [<■!•.
— LVI —
M. Matte présente des silex néolithiques recueillis
dans le département de l'Eure, principalement
aux environs de Bernay.
M. Bigot met sous les yeux de la Société, des
exemples d: 'Abrasion (Thoulet) provenant des dunes
deBiville (Manche): silex néolithiques et blocaux de
grés polis par le sable charrié par le vent, filonnets
de quartz traversant des schistes, mis en relief ou
complètement disséqués par la même action.
A 10 heures la séance est levée.
SEANCE DU 3 DECEMBRE 1900
Présidence de M. Lignier, président
La séance est ouverte à 8 heures.
Sont présents : MM. Bigot, Brasil, D'' Catois,
Dr Duboscq, Hécart, Lignier, Mattè, Dr Moutier,
Moutier fils, Dr Noury, Tison, Vaullegeard.
Le procès-verbal de la séance de novembre est lu
et adopté.
Les ouvrages reçus depuis la dernière séance sont
passés en revue.
Il est décidé que les séances commenceront
dorénavant à 8 heures et demie.
Sont présentés comme membres honoraires par la
Commission d'impression :
MM. F.A.BATHER,conservateurauBritishMuseum.
Michalski, Géologue en chef du Comité
impérial de Russie.
Comme membres correspondants :
MM. Julien Raspail à Arcueil (Seine), par
MM* Bigot et Dr Noury.
Dr Robine à La Haye-du-Puits (Manche), par
MM. Bigot et Chevrel.
M. Brasil communique un Catalogue des Mollus-
ques de la Faune marine de la re 'g ion de Luc-sur-
Mer (imprimé dans la 2e partie).
— LVIII —
M. F. Moutier communique un supplément à la
faune des Mollusques terrestres et fluviatiles des
environs de Caen (imprimé dans la 2e partie).
A 9 heures, la séance est levée.
TRAVAUX ORIGINAUX
— 3 —
L. -Jules Léger. — Sur l'oriental ion «le
la Feuille en anatomie végétale *
Il est une règle constante, adoptée jusqu'à ce jour
par les auteurs pour les descriptions anatomiques
concernant la tige et la racine : l'observateur est
supposé placé au centre de l'organe et diriger ses
regards vers la phériphérie ; par suite, la partie anté-
rieure d'une région est celle qui est le plus proche
du centre de l'organe, tandis que sa partie posté-
rieure est celle qui en est le plus éloignée. Par
exemple, dans une tige de Phanérogame, il est
admis, pour un faisceau normalement orienté, que
la portion antérieure correspond à la région ligneuse
et la portion postérieure, au liber.
Dans les représentations graphiques, en section
transversale, des diverses régions de la tige et de la
racine, le centre de l'organe est supposé placé vers
le bord inférieur du dessin, et la périphérie vers le
bord supérieur.
Cette convention pour établir l'orientation des
tissus est d'une grande commodité : elle évite toute
* Travail présenté à la Société le 17 juin 1900; manuscrit remis
le même jour; épreuves corrigées parvenues au Secrétariat le :>l
janvier 1901 .
4
confusion dans la description et permet, par le seul
examen d'un dessin, de reconnaître immédiatement
l'ordre de répartition des tissus entre eux et relative-
ment à l'organe tout entier.
Pourquoi donc cette façon de procéder, si éminem-
ment utile, est-elle si souvent abandonnée lorsque
Ton considère la feuille ? La majorité des botanistes,
en effet, procède, pour la description de cet organe,
d'une toute autre manière que pour la tige ou la
racine. L'observateur ne se place plus au centre de
l'organe-support, mais à l'extérieur de celui-ci, en
regardant vers son centre, en sorte que l'orientation
des tissus de la feuille, dans les descriptions et les
représentations graphiques, devient l'inverse de
celle des tissus de la tige étudiée Isolément. Les fais-
ceaux foliaires, pour citer un exemple, sont complè-
tement renversés, relativement à ceux de la tige
considérés suivant le mode habituel, et, cependant,
ils se détachent de ces derniers en s'écartant simple-
ment, sans torsion, leur bois et leur liber restant
respectivement dirigés vers le bois et le liber de la
tige. Dans un dessin, la région ligneuse du faisceau
foliaire est tournée vers le haut de la page, tandis que
la région libérienne en regarde le bas.
Ce changement dans la considération des tissus est
due à ce que, dans l'étude anatomique, on considère
dans la feuille une face supérieure et une face infé-
rieure,^ que, par suite, dans une représentation
graphique d'une section de feuille, on place la face
supérieure, vers la partie supérieure du dessin, et
l'autre face, vers la partie inférieure; là description
anatomique se fait ensuite d'après cette disposition.
Nous allons essayer de démontrer que, si on
accepte le mode de représentation indiqué plus haut
pour la tige, cette dernière manière de faire est
incorrecte et repose sur une confusion.
La distinction d'une face supérieur? et d'une face
inférieure est d'ordre physiologique.
Le mamelon foliaire se développe parallèlement à
l'axe de la tige qui le supporte. Alors que la fonction
chlorophyllienne n'est pas encore en jeu chez elle.
ou est très réduite, la jeune feuille est parallèle à la
tige ; c'est ce que nous voyons dans le bourgeon ;
une de ses faces est tournée vers le support, l'autre
vers l'extérieur. Si nous considérons la feuille à ce
moment, nous n'y pouvons reconnaître de faces supé-
rieure et inférieure, mais, au contraire, pour l'obser-
.vateur censé au centre de la tige, il y a une face an-
térieure et une face postérieure, ou encore, une face
interne et une face externe.
Ce n'eot que plus tard, lorsque la fonction chloro-
phyllienne entre en jeu, que la feuille abandonne sa
position première et s'écarte de la tige pour se pré-
senter le plus normalement possible aux radiations
lumineuses : elle quitte la position verticale pour se
rapprocher, plus ou moins, de l'horizontalité. Cette
dernière position qu'elle prend est nécessitée par
une fonction physiologique et n'est nullement d'ordre
anatomique ; la distinction que l'on fait alors d'une
face supérieure et d'une face inférieure ne peut
intervenir dans une étude anatomique de l'organe.
Il importe donc, dans l'étude anatomique d'une
feuille, de, considérer celle-ci dans sa position anato-
mique et non point dans sa position physiologique ',
6
et, dans le cas où elle est plus ou moins écartée de la
tige, de la supposer, par la pensée, rapprochée de
cet organe et dirigée parallèlement à lui, ainsi
qu'elle l'était, dans les premiers stades de son exis-
tence.
Nous reconnaîtrons alors à la feuille une face
antérieure ou interne, située le plus près de l'obser-
vateur placé au centre de la lige et une î&ceposté-
rieure ou crier ne . qui en sera le plus éloignée.
L'orientation des tissus libéro ligneux de la feuille
sera alors la même que celle de ces tissus dans la
tige, ce qui est l'expression de la vérité, puisque les
uns ne sont que des branches simplement détachées
des autres. Le tissu palissadique, sur une section
transversale, sera tourné vers l'observateur et le tissu
lacuneux sera dans la région externe.
Un autre argument vient encore plaider en faveur
de la thèse que nous défendons : la distinction des
faces supérieure et inférieure ne peut se faire que
chez les feuilles végétatives normalement dévelop-
pées ; elle n'est plus possible chez les autres feuilles.
Les bractées de tout ordre, les écailles foliacées
sont, dans l'immense majorité des cas, dressées
parallèlement à l'axe de leur support. Il en est
presque toujours de même des pièces florales, et
alors, on commet une véritable erreur, on amène
dans les descriptions une confusion complète, lorsque
l'un continue, pour ces diverses formes de feuilles,
l'interprétation acceptée pour les feuilles végétatives
et qu'on les suppose rabattues dans la position hori-
zontal''. Il est absolument faux de dire que les sacs
polliniques des Angiospermes sont situés sur la face
— 7 —
supérieure de l'anthère, ou que les ovules sont insé-
rés sur la face supérieure du carpelle. Ces organes,
anthère et carpelle, sont dressés dans la fleur et ont
conservé, pour jouer leur rôle physiologique, l'orien-
tation anatomique qu'ils avaient à l'origine, les sacs
polliniques et les ovules sont insérés sur leur face
antérieure. C'est pousser trop loin la généralisation
d'une conception imprécise que de les considérer,
pour les décrire, comme étant renversés horizontale-
ment.
Je pense donc qu'il est juste et régulier de consi-
dérer, dans une description anatomique. toutes les
feuilles comme placées parallèlement àla tige support
et de leur reconnaître une face antérieure et une
face postérieure et comme, jusqu'à présent, l'obser-
vateur est censé au centre de la tige, la face anté-
rieure sera celle qui sera le plus proche de ce centre,
la face postérieure sera l'autre.
Cette opinion, d'ailleurs, n'est pas mienne, elle est
celle de nombreux anatomistes. Si j'ai cru devoir
présenter ici les arguments qui, à mon sens, militent
en sa faveur, c'est parce qu'elle est délaissée par des
botanistes n'ayant peut être pas suffisamment pesé
les raisons qui la soutiennent.
Université de Caei>. Laboratoire de Botanique de la
Faculté des Sciences, 1899.
8 —
F. Moutier. — Supplément au Cata-
logue «les Molluscpies terrestres et
flluviatiles des environs de Caen *
Alphonse De l'Hôpital publia, dans les bulletins de
la Linnéenne des années 1858-59 et 1859-60, un
Catalogue des Mollusques de notre région. Ayant eu
l'occasion de rencontrer depuis quatre ou cinq ans
quelques espèces, nouvelles pour la contrée, ou de
recueillir des détails se rapportant à des espèces
déjà citées, j'ai cru intéressant de les faire connaître.
Genre Clausilia Draparnaud
Ce genre est actuellement représenté dans le Cal-
vados par 6 espèces, dont 4 étaient déjà connues et
citées par De l'Hôpital,
1. — Clausilia Roolphi Leach.
2. — Clausilia nigricans Pultney.
3. — Clausilia parvula Studer. Pour ces trois
premières espèces je n'ai rien à ajouter aux notes
de De l'Hôpital.
* Travail communiqué à la séance du 3 décembre 1900 ; manus-
crit remis le même jour. Epreuves corrigées parvenues au Seeiv
tariat. le r février 1901,
- 9 -
4. — Clausilia laminata Montagu. Dupuy : Hist.
nat. des Mollusques. PI XVI, fig. 6.
De l'Hôpital ne signale pour cette magnifique espèce
que 3 localités : Crèvecœur, Lisores et le Mesnil-
Simon : j'y ajouterai Glos et surtout Saint-Martin-
de-Bienfaite (arrondissement de Lisieux). Dans cette
dernière station, laC/. lanrinataest abondante sur les
vieilles souches et parmi la mousse le long d'un vieux
chemin. Pêle-mêle avec cette espèce se trouvent,
vivant dans la même localité, quelques exemplaires,
peu nombreux d'ailleurs, de Clausilia Rolphii.
5. — Clausilia dubia Draparnaud. Locard : Co-
quilles terrestres de France. Paris 1894, page 279.
Je ne possède qu'un seul exemplaire de cette raris-
sime espèce. Les auteurs ne la signalaient jusqu'ici
que dans les régions montagneuses de la France. Cet
échantillon a été trouvé sur un tronc de platane
dans le vallon de Biéville, près Caen.
6. — Clausilia eumigra Mabille. Locard ; loc. cit.,
p.' 292.
De cette espèce, d'ailleurs très rare dans toute
la France, je ne possède qu'un seul exemplaire trouvé
sur un tronc de sapin dans la même localité que
l'espèce précédente, c'est-à-dire à Biéville. La Cl.
eumicra pourrait être à première vue confondue avec
un petit échantillon de la Cl. parvula dont, elle est
cependant nettement et spécifiquement distincte.
Genre Hélix Linné
Hélix pisana Millier. Dupuy : loc. cit. PL XIV,
fig. 4, a, b, c, e. Locard : loc. cit., p. 88, fig. 93
(marquée fig. 6 par erreur d'impression).
- 10 -
Dans les ouvrages, de Dupuy et de M. Locard, cette
espèce est signalée comme exclusivement développée
dans la région méridionale de la France. Or, j'ai
rencontré cette espèce en deux localités normandes ;
il y a donc là un t'ait nouveau à signaler ; du moins,
on n'avait pas encore, à ma connaissance, signalé
la présence de 177. Pisana sur nos rivages ; et
M. Macé(l) dans son Catalogue des Mollusques ter-
restres des environs de Cherbourg et de Valognes,
n'en fait pas mention.
Parmi des exemplaires des // variabilis Drapar-
naud et maritima Drap, recueillis l'an dernier à
Sallenelles, j'ai trouvé un exemplaire, un seul, de
l'espèce qui nous occupe en ce moment. Mais au
mois d'août de cette année, c'est par centaines que
j'ai pu recueillir les échantillons de 17/. Pisana
dans les dunes de Coutainville, plage éloignée de
Coutances de 13 kilomètres environ. Les Hélix recou-
vraient complètement les herbes et le tronc de quel-
ques petits sapins qui poussaient là ; elles étaient
d'ailleurs concentrées en un point assez peu étendu ;
à quelques centaines de mètres de cet endroit, elles
semblaient complètement disparaître. Je puis d'ail-
leurs garantir l'identité absolue des échantillons mé-
ridionaux et des échantillons normands, puisque je
possède des Jl. Pisana provenant de Bordeaux.
Hélix Loroglôssicola J. Mabille. Locard: Inc.
cit., p. 174.
i M. J.-A. M mi.: Essaisd'un Catalogue des Mollusques marins,
terrestres et fluviatiles vivant dans les environs de Cherbourg
/■/ de Valognes, -' vol. du Congrès scientifique -7r session] tenu à
Cherbourg en 1860.
H
Cette espèce est peu commune, je n'en possède
que quelques exemplaires trouvés sous des cailloux
dans les lieux secs, notamment dans des vieilles
carrières, et aussi sur des troncs d'arbres. Mes échan-
tillons proviennent de Carpiquet. May-sur-Orne (Cal-
vados) et de Fresville (Manche).
Genre Planorbis Guettard
Planorbis albus Muller. Ditp/u/ : Hist. nat. des
Mollusques. Paris, 1847-52. PI. XXI, fig. 4.
Locard : Coquilles des eaux douces et saumàtres
de France. Paris, 1893. Page 59, fig. 51, 52.
Cette espèce est signalée par De l'Hôpital comme
étant assez rare. ACondé-sur-Seulles (arr. de Baveux),
au barrage du moulin, on la rencontre relativement
en abondance parmi des milliers de Valvata pisci-
nalis Muller.
Genre Physa Draparnaud
Aux espèces déjà signalées, c'est-à-dire :
1. — Physa fontinalis Linné. Dupuy : Hist. nat.
des Moll (1847-1852). PI. XXII, fig. 1.
2. — Physa hypnorum Linné. Dupiu/ . loc. cit..
pi. XXII, fig. 2.
Espèces que Ton rencontre un peu partout, il con-
vient d'ajouter:
3. — Physa acuta Draparnaud. Dupuy: lac. cit.,
pi. XXII, fig. 3, a, c.
Dont De l'Hôpital n'avait encore recueilli qu'une
variété (et encore celle-ci très probablement importée
12
et non indigène), dans un vase où l'on cultivait, au
Jardin des Plantes, le Marsilea quadrifolïa. Je pos-
sède de la Ph. acuta type environ une demi -douzaine
d'exemplaires provenant tous du Marais des Terriers
(commune de Yimont. an*, de Tfoarn).
Genre Limnaea Bruguière
1. — LiMN.EA CONTORTA Bourguignat. Locard :
loc. cilato, pp. 40, 41.
Espèce nouvelle pour la région; très voisine de la
L. palustris Millier, dont elle diffère toutefois très
nettement par sa coquille plus étroite et aux stries
moins saillantes, surtout pour ce qui est des longi-
tudinales. La spire est plus allongée, plus élégante.
Le dernier tour de contorta est aussi haut, mais
moins large que celui de palustris, l'ouverture est
plus étroite et plus arrondie.
Hab. — Je n'ai jamais trouvé que deux exem-
plaires de cette très rare espèce. Ils étaient au milieu
de feuilles de peuplier humides, en décomposition,
au fond du trou formé par l'arrachement d'une souche,
à quelques pas d'un des fosses du marais des Ter-
riers.
2. — Limn.ka glâbra Millier. Locard : loc. 'il. pp.
43, 44, fïg. 26.
Dupuy : loc. cit., pi. XXII, fig, 9, a.
Je signale cette espèce uniquemenl pour dire ne
l'avoir jamais rencontrée qu'à Léau partie (air. de
Pont-1'Evêquë), dans une mare herbeuse ainsi que
dans quelques fossés qui s'y terminent. Elle y est
d'ailleurs très abondante. De l'Hôpital semble d'ail-
13
leurs ne l'avoir également jamais rencontrée que
dans le pays d'Auge.
3. — Limn.ev auriculari v Linné. Dupu;/ : loc.
cil., pi. XXII, fig. 8.
Locard : loc. cit., p. 23, fig. 7.
Cette espèce depuis l'époque à laquelle de l'Hôpital
fit paraître son catalogue, c'est-à-dire depuis 1860, a
t'ait son apparition dans les pièces d'eau du jardin
botanique de Gaen ; et si je tiens à signaler ce fait,
c'est que cette espèce, actuellement très rare dans
tout le Calvados, est extrêmement abondante au Jar-
din des Plantes. Il y en a d'ailleurs deux variétés.
Var. A). — C'est le type; ses exemplaires se trou-
vent dans tous les bassins ; ils ont en moyenne :
Hauteur 20 millim.
Diamètre du dernier tour. 15 »
Hauteur de l'ouverture. .17 »
Var. B). — Les représentants de cette variété sont
localisés dans un bassin unique. Je les dois à l'obli-
geance de M. J. Léger, Maître de conférences à !a
Faculté des Sciences. Ils sont remarquables par
leurs dimensions considérables et la beauté des
échantillons (notons toutefois que quelques-uns sont
difformes). Voici les dimensions de deux d'entre eux
à test bien conformé.
1/111 m/n
Hauteur 29
Diamètre du dernier tour. 26
Hauteur de l'ouverture. . 27
29,5
25
29
— 14 —
Genre Ancylus Geoffroy-
Ce genre est actuellement représenté dans nos
parages par 2 espèces, par 3 même, si l'on élève au
rang d'espèce, comme le font les traités de conchy-
liologie modernes, la Var. capuliformis del' Ancylus
fluviatilis.
1. — Ancylus fluviatilis Mùller. Dupuy : loc.
ri/a/a, pi. XXVI, fig. 1.
C'est l'espèce la plus répandue. On ne trouve plus
Y Ancylus fluviatilis décrit dans les ouvrages les plus
récents, du moins dans ceux de M. Locard. Ce der-
nier auteur donne la description d'un Ancylus sim-
ple. / liuc'hoz, qui ne rappelle pas exactement la des-
cription de VA. fluviatilis telle qu'elle est donnée
dans le Traité de malocologie de Dupuy. De plus,
M. Locard décrit un Ancylus capuliformis Jan qui
ne ressemble pas en tous points à la diagnose de
MM. De l'Hôpital et Dupuy. Pour déterminer uns
échantillons, j'ai d'ailleurs suivi surtout ces der-
niers.
2. — Ancylus capuliformis Jan. l><> l'Hôpital:
loc. cit.
Cette espèce m'a fourni un remarquable exemple
de l'influence du milieu sur les conditions biologiques
des individus. C'est ainsi que De l'Hôpital rencontra
cette rare espèce en abondance, attachée aux mor-
ceaux de grès et de poudingue dans les excavations
pleines d'eau des petites carrières de May-sur-Orne.
Ceci se passait en L 856-58. En 1X59, cette espèce
semblait éteinte là où quelques mois auparavant on*
15
la trouvait encore en nombre. C'est en 1894 seule-
ment que j'ai revu cette espèce ; j'en récoltai une
dizaine d'exemplaires sur les éclats de grès tapissant
le fond d'une carrière exploitée à May, fond d'ail-
leurs rempli d'un peu d'eau. Depuis cette année 1804,
bien que je n'en sois plus à compter mes excursions
à May, jamais je n'ai revu le moindre écbantillon
de VAncylus capuliformis, ni à l'endroit où je l'avais
trouvé, ni dans quelque autre carrière.
Peut-être l'avenir, amenant de nouveau des cir-
constances favorables fera-t-il retrouver cette intéres-
sante espèce.
Je cite pour montrer leur identité avec les chiffres
publiés par De l'Hôpital, les dimensions d'une de
mes coquilles :
Grand diamètre. .
. . 10 millim
Petit diamètre . .
. .. 7 »
Hauteur ....
5
3. — Angylus lacustris Linné. Dupiiy : lac.
cit., pi. XXVI, fig. 7.
Cette espèce semble être sensiblement moins abon-
dante qu'il y a 40 ans; je ne l'ai, pour ma part, jamais
rencontrée que dans les marais de Blainville, et
encore, non à l'état vivant, mais attachée à des étuis
de larves de phryganes.
Genre Dreissensia Van Beneden
Dreissensia occidentalis Bourguignat. Locard :
Coq. eaux douces, p. 312.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le
16
canal de Caen à la mer où mon père (voir Bulletin
de la Société linnéenne de Normandie, 5e série, vol. 2,
p. LXXIX) la découvrit il y a deux ans.
A celte époque, elle était représentée par de nom-
breux exemplaires, les uns vivants, les autres
morts, attachés à la base immergée des tiges de
Typha, dans la partie du canal comprise entre Be-
nouville et la mer, sur un point d'ailleurs peu étendu
de la rive droite. Actuellement on trouve bien encore
quelques coquilles vides à l'endroit précisé, mais ij
m'a été impossible d'y retrouver cette année les
animaux vivants.
L'espèce introduite accidentellement dans le canal,
sans doute par quelque navire venu de régions in-
testées par elle, semble donc bien être en voie de
disparition.
En résumé, je signale ici huit espèces nouvelles
pour le département :
Clausilia dubia Draparnaud.
» eumicra Manille.
Hélix Pisana Mûller.
» Loroglossicola Mabille.
Limnsea contorta Bourguignat.
Physa acvta Draparnaud.
Ancylus capuloïdes Moquin-Tandon.
Dreissensia occidentalis Bourguignat.
L'une de ces espèces, il est vrai, V Ancylus capu-
loïdes, était déjà découverte par De l'Hôpital, mais il
en avait fait une simple variété. Je considère toute-
fois que les échantillons examinés présentent des
caractères suffisamment spécifiques pour permettre
de décrire un type et non plus une variété.
— 17 —
Quant à la Dreïssensia occiderilalis, elle avait été
déjà présentée à la Société, je la rappelle simplement
pour compléter ce supplément.
Certes, il m'eût été facile de multiplier considéra-
blement le nombre des espèces nouvelles pour le
département; je n'aurais eu pour cela qu'à prendre
les variétés d'il y a quarante ans, et, en leur donnant
les noms qu'elles portent actuellement dans les
genres Pupa et Sphœrium, par exemple, pour n'en
citer que deux, les décrire comme types. J'aurais
ainsi copieusement allongé ma liste, mais je crois
qu'il vaut mieux laisser à l'espèce une acception très
large, que de l'émietter à loisir en une infinité d'au-
tres espèces, dont la valeur tend à devenir nulle.
Admettre de nombreuses variétés est plus conforme
aux données de l'évolution que de scinder tout ce
qui s'enchaine visiblement ; et je crois que, si tous
ceux qu'intéressent les diagnoses procédaient ainsi,
les déterminations n'en seraient que plus faciles,
plus courtes, et aussi, j'en suis sûr plus rigoureuses,
c'est-à-dire plus conformes à la réalité.
En terminant, qu'il me soit permis d'adresser tous
mes remerciements à M. A. Locard pour l'extrême
bienveillance avec laquelle il a revu les détermina-
tions de quelques espèces douteuses tout d'abord.
18
L. Brasil.— Faune marine «le la i*ég-ioii
clo Liic-siii'-Mei*. Molliisciiics *
Le présent catalogue comprend rénumération des
Mollusques recueillis dans cette partie du littoral
normand, où se font le plus ordinairement les
excursions, les pèches et les dragages du Laboratoire
de Zoologie que l'Université de Gaen possède à Luc-
sur-Mer, c'est-à-dire dans l'espace limité, d'une part,
par le rivage et une ligne parallèle tracée à environ
deux lieues au large, de l'autre, par les embouchures
de l'Orne et de la Seulles.
Cette surface, dont une bonne partie assèche aux
grandes marées d'équinoxes, peut être divisée, par
la constitution du fond, en trois régions distinctes
respectivement superposées l'une à l'autre.
La zone moyenne, la plus importante par sa faune,
est formée par un vaste plateau rocheux continu,
s'é tendant depuis Lion jusqu'à Courseulles, où les
eaux de la Seulles l'ont en partie, détruit, en partie
recouvert de leurs apports. Ce plateau reparait au-
delà de Courseulles, avec les roches de Ver, et se
poursuit en prenant de plus en plus d'extension vers
Arroinanclies et Port-en-Bessin. Sur notre côte.
Travail présenté à la séance 'lu '■'< décembre 1900 ; manuscrit
remis le même jour; épreuves corrigées parvenues au Secrétariat
le s février 1901
— 19 —
c'est lui qui forme les Roches de Lion, à Luc, le
Quihot et la Folie, les Essarts de Langrune, les Iles
de Bernières, etc.
Cette zone moyenne est séparée du rivage par une
bande sableuse qu'interrompent de place en place
des bancs de galets roulants ou de roches basses.
Vers Lion, les sables prennent une plus grande im-
portance. A l'E. de ce village, ils forment la totalité
de la grève ; là, par suite du plongement général des
assises géologiques, toute trace de plateau rocheux
disparait.
La troisième zone, la plus profonde, où l'eau atteint
une hauteur de quinze à vingt mètres, est constituée
par ce que nos pêcheurs appellent très justement
« de la plaquette », sables plus ou moins vaseux,
plus ou moins grossiers, auxquels s'ajoute une forte
proportion de galets plats provenant de la destruction
des assises bradfordiennes locales. Des silex crétacés
ou bajociens, des pierres d'âge plus ancien et d'ori-
gines diverses s'y rencontrent aussi, mais en bien
moins grande abondance.
Dans la zone littorale et dans toute la portion du
plateau rocheux découvrant aux grandes marées,
les recherches se font facilement. La drague et le
chalut ont servi pour explorer les eaux plus pro-
fondes. On trouve partout les indications nécessaires
pour la récolte des Mollusques marins, je ne m'en
occuperai point ici. Je me bornerai à signaler un
excellent moyen de se procurer les petites espèces
des eaux profondes qu'habite également un gros
Spatangue, Spantagus purpureus Millier. Ce moyen
consiste dans l'examen du sable dont est toujours
— 20 —
gonflé le tube digestif de cet Oursin. J'ai pu, par
ce procédé, me procurer des espèces très rares,
Aciïs, Eulima, Eulimella, Cyclostrema, ( 'ascum, etc.
Dans ce catalogue, j'énumère 155 espèces de Mol-
lusques. A part quelques rares exceptions, et dans
ce cas les espèces sont représentées dans les collec-
tions locales du Laboratoire de Luc, je les ai toutes
recueillies moi-même. On pourra trouver bien minime
le chiffre auquel j'arrive, surtout si on tient compte
de l'aide que m'apportait la libre disposition de l'ou-
tillage d'un Etablissement uniquement consacré aux
recherches de Zoologie marine. Je ne crois pas
cependant que ce chiffre puisse être beaucoup aug-
menté. L'embouchure de l'Orne, incomplètement
explorée, donnera sans doute encore quelques espèces
arénicoles; au nombre des Nudibranches s'ajouteront
certainement quelques unités, sans que ces diverses
additions amènent toutefois de bien grands change-
ments dans le total général. Gela tient à la pauvreté
relative, mais réelle, de notre faune malacologique
locale, pauvreté en espèces et pauvreté en individus.
A part, en effet, un très petit nombre d'espèces dont
les représentants fourmillent sur la côte, les autres
sont toutes rares, et la plus grande partie de celles
que je cite ne me sont connues que par, un, deux ou
un nombre fort restreint d'individus.
Des 155 espèces énumérées, toutes connues du
littoral océanique de la France et des côtes britan-
niques, 133 ont été retrouvées dans la Méditerra-
née (1) Les gisements pliocéniques du Cotentin en
ont fourni une trentaine.
(1) Garus J.-V.), Prodromus Faunas Méditer ranese, 1889-1893.
— '21 —
On trouvera pour chaque espèce une référence
bibliographique. Autant que possible, j'ai donné la
préférence aux illustrations photographiques, choi-
sissant cependant parmi les diverses figures qui
m'étaient connues, celles qui me paraissaient repré-
senter les échantillons les plus voisins des nôtres.
En terminant cet avant-propos, je tiens à adresser
à M. le Professeur Joyeux-Laffuie mes sincères re-
merciements. Si on veut bien trouver, en effet,
quelque intérêt à cette modeste contribution à la
connaissance de notre faune locale, il faut surtout en
savoir gré au bienveillant Directeur du Laboratoire
de Luc. qui, en mettant à ma libre disposition les
ressources de cet Établissement, m'a donné la possi-
bilité d'explorer les fonds dont la faune était le moins
connue.
§ 1.
PÉLÉCYPODES
I. TÉTRABRANCHES
Fam. OSTREID^E
Ostrea edulis Linné.
1887. Ostrea edulis L. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus,
Mail, ma?: Roûss., t. II, p. 2, PI. I, flg. 1 et
4: PI. V, fig. 1-4 (i).
L'Huître comestible existe sur notre côte en suffi-
sante abondance pour constituer ce qu'on peut
(1) L'Huître du notre littoral ctïffère Légèrement de ces Ûgu
res
22 —
appeler nue variété commerciale, l'Huître de Cour-
seulles. Sa pêche, encore très active il y a peu d'an-
nées, a beaucoup diminué (l'importance depuis la
diffusion de l'Huître d'Arcachon, qui vient jusque
dans nos parcs se substituer à l'Huître indigène. Le
port de Courseulles arme cependant encore quelques
bateaux qui se livrent pendant la période de pêche à
des dragages suivis sur les huîtrières locales.
L'Huître de Courseulles peut atteindre une grande
taille: des spécimens, mesurant jusqu'à 180 milli-
mètres de diamètre dans tous les sens, s'observent
fréquemment. C'est une coquille régulière, rendue
sensiblement orbiculairepar les expansions aliformes
très développées qui, surtout dans la valve intérieure,
existent de part et d'autre du crochet.
L'Huître comestible est représentée dans la région
par la forme type et sa variété lamellosa Brocchi
= Ostrea lamellosa Brocchi = Ostrea hippopus
Lamarck (Huître pied de cheval).
Fam. ANOMID.Ë
Anomia ephippium (Linné).
1888. Anomia ephippium L. Bocquoy, Dautzenberg et
Dollpus, Moll. mar. Uouss., t. II. p. 26,
PL VII, lig. 1-7.
Draguée vivante fixée sur des Huîtres. Les valves
séparées se trouvenl partout dans le sable des grèves.
Signalée dans le Pliocène du Cotentin.
par sa forme plus orbiculairè el par la sinuosité très accusée que
présente la commissure des valves sur le bord anal delà coquille.
— 23 --
Anomia patelliformis (Linné).
1888. Anomia patelliformis L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 41,
PI. IX, fig. 10-11.
Cette espèce est abondante dans la région. On la
trouve généralement fixée sur les coquilles mortes
que ramènent la drague. Des valves de Peclen maxi-
mus, de Çar.dium norvegicum., de Ostrea edulis
sont ses supports habituels. La valve gauche est
quelquefois richement ornée de rayons foncés se
détachant sur un fond blanc sale. Le plus ordinaire-
ment la coquille est d'une nuance uniforme assez
claire.
Fam. RADULID^E
Radula (Limatula) subauriculata [Montagu).
1803-69. Lima subauriculata Mont. Jeffreys, Brit.
Conc/t., t. III, p. 82, t. V, PL XXV. fig. 3.
J'ai trouvé quelques valves isolées appartenant à
cette espèce, dans du sable recueilli à la drague
dans les régions de Luc et de Gourseulles. Je n'ai
jamais vu d'individus vivants.
Fam. PEGTINID^E
Pecten maximus (Linné).
1889. Pecten maximus L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mur. Rouss., t. II, p. 64 (à
propos Mi' P. jacobeeush.), IM. XIV. lig.1-2.
Lp P. maximus, connu clans la région sous le nom
de Gofiche, existe sur notre côte. Les dragueurs le
24
prennent quelquefois en nombre considérable, mais
sa mobilité le rend d'une capture trop incertaine
pour que les pêcheurs en fassent l'objet d'une re-
cherche spéciale. Les valves isolées abondent sur
nos grèves et dans les matériaux ramenés du fond
par la drague.
Pecten (^îquipecten) opercularis {Linné).
1889. Pecten opercularis L. Bccquoy, Dautzenberg et
Dollfcs, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 72, PI.
XVIII, fig. 1-3, 6-8.
Nos pêcheurs désignent cette espèce sous le nom
de Palourde. On trouve communément la forme
type et la variété aspera Bq. Dz. Dlf. La coloration
est très variable et peut se rapporter aux variétés
suivantes :
Var. lineata da Costa, assez commune.
Var. marmorata Loc, la plus abondante.
Var. bicolor Loc, rare.
Var. albida Loc, très rare.
Pecten (Chlamys) varius (Linné).
1889. Pecten varius L. Bucquoy, DadtzenbeIig et Doi.lits.
Mo//, mar. Rouss., t. H. p. 99. PI. XV,
fig. 3-5.
Ce Pecten n'est pas rare sur notre littoral, l.a
drague le ramené souvent fixé dans des valves de
coquilles mortes. La plupart des spécimens appar-
tiennent aux variétés ferruginea Loc, a/ru Loc,
fulva Clément, lutea Scacchi.
— 25 —
Fam. AVICULIDJ]
Pinna pectinata Linné.
1890. Pinna pectinata L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, MoU. mar. Rouss., t. II, p. 118,
PI. XXIII, fig. 1.
Une valve draguée au large de Courseulles. La
bonne conservation de cette coquille permet de
considérer comme très probable la présence dans
notre région d'individus vivants.
Fam. MYTILIDiE
Mytilus edulis Linné.
1890. Mytilus edulis L. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus,
MoU. mar. Rouss., t. II, p. 136, PI. XXVI,
fig. 1-4, 8-9.
La Moule commune existe en nombre considérable
sur nos rivages. Les rochers littoraux en sont tapissés
et la drague en ramène souvent des eaux profondes.
La forme typique est de beaucoup la plus fré-
quente, mais on trouve également plusieurs variétés
bien définies, dont certaines sont assez communes :
Var. retusa Lamarck = Mytilus retusus Lm., dont
le type, conservé dans les collections du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris, provient d'Ouistreham.
Var. abbreviata Lamarck = Mytilus abbreviatus
Lm., c'est la forme que la drague ramène le plus
souvent.
Var. obesa Bucquoy, Dautzenberg, Dollfus. Cette
2C
variété se rencontre fréquemment à l'embouchure de
l'Orne.
Les Moules de nos côtes sont envoyées sur tous les
marchés de la région. Elles sont loin d'y être appré-
ciées à l'égal de leurs congénères de Villerville ou
d'Isigny. à cause de la présence presque constante
dans leur intérieur du Pinnotheres pisum (Penn.).
Mytilus editlis est connu dans le Pliocène de la
Manche.
Modiola barbata [Linné).
1895. Modiola barbata L. Dautzenberg, Desç. nom;, esp.
Modiola etc. Fouille Jeunes Natur., 3e sér.,
25e année, nos 295-296, PI. I. Qg. 5-6, 9-10.
Cette espèce n'est pas rare sur notre littoral. La
drague la l'amène souvent. On la trouve aussi fré-
quemment au pied des Laminaires.
Modiola gallica Dautzenberg.
1895. Modiola gallica I >aul . 1 >autzenberg, Desc. nouv. esp.
Modiola etc. Feuilles Jeunrs Natur., 3e sér.,
25e année, nÙS 295-296, p. 97, PI. I, flg. 1-2,
7-8.
Beaucoup plus rare que l'espèce précédente. Dra-
gages de la légion de Courseulles.
Modiolaria marmorata [Forbes .
L890. Modiolaria vnarmorata Forb Bdcquoy, Dadtzenberg
et DollfuSj Mu//, mar. Rouss. I. II. p 163,
PI. XXIX. fig. 15-20.
Celte espèce se loge souvent dans la tunique de
certaines Ascidies. J'ai vu des spécimens de Ciona
— 9.1 —
intestinàlis qui donnaient ainsi asile à de véritables
colonies de Modiolaria dont les plus petits individus
ne dépassaient pas la grosseur d'un grain de chêne-
vis, les plus grands, celle d'un haricot.
Dragages de Luc à Gourseulles. Assez abondant.
Fam. ARGID^E
Arca (Fossularca) lactea Linné.
1891. Arca lactea I,. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfds,
Mqll. mar. Rouss., t. II, p. 185, PI. XXXVII,
fig. 1-5.
On rencontre quelquefois des spécimens vivants de
cette espèce dans les fentes des rochers qui décou-
vrent sur notre littoral au moment des grandes
marées. La drague peut également en fournir.
A 1 londan t dans le Pliocène de Gourbesville (Manche)
Pectunculus glycimeris (Linné)
1891. Pectunculus glycimeris L. Bucquoy, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. lîouss., t. II, p. 195,
PI. XXXIV, fiç. 1-4.
Les valves isolées sont assez abondantes, les spéci-
mens vivants très rares. J'en ai vu quelques-uns
dragués dans la région de Luc.
Abondant dans le Pliocène de Gourbesville(Manche).
Fam. NUGULIDiE
Nucula nucleus {Liane).
1891'. Nucula nucleus L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollkus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 210,
PI. XXXVII, lig. 22-24.
Cette espèce est abondamment représentée sur
— 28 —
noire littoral par sa variété radïata Forces et Hanley.
On en drague partout de très nombreux spécimens
vivants. Le sable de la grève est riche en valves
isolées.
On rencontre N. nuclens dans le Pliocène de
Gourbesville (Manche).
Fam. LAS^ID^E
Kellya (1) suborbicularis (Montagu).
1863-09. Kellya suborbicularis Mont. Jeffreys, Brit.
ConcA., t. II, p. 225, t. V, PI. XXXII, fig. 2.
Cette espèce se trouve communément dans les
pierres draguées entre Luc et Courseulles. Elle y
habite les trous creusés par les Gastrochènes.
Lepton squamosum (Montagu).
1892. Lepton squamosum Mont. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 244,
PI. XXXIX, fig. 7-9.
Très rare. Quelques valves isolées draguées dans la
région de Luc à Courseulles.
^o'
Fam. GARDIID^E
Cardium echinatum Linné.
1892. Cardium echinatum L. Bucqdoy, D.u'TZENBEFtG et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 261,
PI. XLII, fig. 1-2.
Cette espèce est abondamment représentée par les
(1) Ki-lh/'i el non Kellyia comme beaucoup d'auteuis écrivent.
— 29 —
valves isolées que LouL dragage dans la région de
Lion à Ouistreham ramène en quantité. Les individus
vivants sont rares.
Cardium (Parvicardium) exiguum Gmelin.
1892. Cardium exiguum Gmel. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Mail. mar. Rouss., t. II, p. 277,
PL XLV, fig. 1-8.
Le type et la variété hirta Bq. Dz. Dlf., existent
sur notre littoral. Dragages de la région de Cour-
seulles principalement.
Cardium (Gerastoderma) edule Linné.
1892. Cardin m edule L. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus ,
Moll. mar. Rouss., t. II, p. 284, PI. XLVI,
fig. 1-5, 9-10.
Très répandue sur nos plages sableuses, cette
espèce y est représentée par le type et la variété
belgica de Malzine. La coloration maculata Dautz.
est également représentée.
Cardium ednle est apporté sur les marchés et
vendu sous le nom de Coque.
Existe dans le Pliocène du Cotentin.
Cardium (Laevicardium) norvegicum Spengler.
1892. Cardium norvegicum Spengl. Bucquoy, Dautzen-
berg et Dollfus, Moll. mar. Rouss. t. II,
p. 298, PI. XLVII1, fig. 1-3.
Espèce commune dans notre région. Tous les dra-
gages entre Luc et Courseulles. Le type et la variété
de coloration marmorata Bq. Dz. Dlf.
— 30 -
Fam. VENERID^E
Venus (Timoclea) ovata Pennant.
L893, Venus ovata Penn. Bdcqoot, Dautzenberg et
Dollfds, Moll. mur. Rouss., t. JI, p. 377,
PI. LIX, iig. 12-15.
Tous les dragages entre Courseulles et Luc donnent
des valves de cette espèce qu'on se procure rarement
vivante. J'ai recueilli cependant un individu dans ces
conditions sur les rochers de Bernières.
Dosinia exoleta (Linné).
1893. Dosiititi exoleta L. Bocquoy, DAUTZENBBRGet Dollfus,
Moll mur. Rouss. t. Il, p. 340, PI. L1V,
iig. 1-2.
Des spécimens typiques ou entièrement hlancs
sont quelquefois dragués entre Luc et Courseulles.
Un individu a été recueilli vivant sur les rochers de
Luc. Les valves. isolées abondent partout.
Lucinopsis undata (Pennant).
1893. Lucinopsis undata Penn. Bocquoy, Daotzenberg
et Dollfus. Moll. unir. Rouss., t. II, p. 389,
PI. LUI, Iig. 12-18.
La coquille de cette espèce abonde sur nos plages
et dans tous les dragages, sans que j'aie pu déter-
miner l'endroit où vit ce Mollusque.
Tapes rhomboïdes (Pennant).
L893. Tapes rhomboïdes Penn. Bocquoy, Dautzenberg
et DoLLHis, Moll. m, ir. Rouss., t. II, p. 396,
PI. I,\, fig. t-6.
l'n seul échantillon de forme typique, avec la
31 —
coloration radiata Locard (Mail. mar. Rouss., lig. 6)
dragué dans la région de Gourseulles.
Tapes (Pullastra) pullastra (Montagu).
1893. Tapes pullastra Mont. Bucquot, Dautzenbebg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 402,
PL LXI, fig. 1-12 ;, PL LXII, fig. 7-11.
L'espèce du genre la plus répandue sur notre
littoral. La forme type se trouve partout, rarement.
La forme saxatilis Fleuriau de Bellevue habite en
abondance les fentes de tous les rochers. La forme
geogràphicamarmorata(Modl. mar. Rouss., Vi. LXII,
fig. 7- 11) a été draguée à Gourseulles.
Tapes (Amygdala) decussatus (Linné).
1893. Tapes decussatus L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 430,
PL LXV, fig. 1-5; PL LXVI, fig. 6.
Assez rare dans notre région, cette espèce y est
généralement représentée par la forme type. Le
Laboratoire de Luc possède dans ses collections un
spécimen de la variété quadrangida Jeffreys.
Fam. DONACIDJ;
Donax vittatus (da Costa).
1895. Donax vittatus da Costa. Bucquoy, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 461,
PL LXVIII, fig. 9-14.
Existe en abondance sur les plages sableuses de
Lion à Ouistreham. C'est le Donax anatinum de
Lamarck.
- 32 -
Apporté sur les marchés de la région et vendu
sous le nom de Filon, diminutif de Flie, nom local
des Mactres.
Fam. PSAMMOBIID^E
Psammobia (Psammocola; depressa (Pennant).
1895. Psammobia (h- pressa Penn. Bugquoy, Dautzenberg
et Dollfds, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 485,
PI. LXXI. fig. 1-4.
La forme type et la variété livida Jeffreys habitent
les régions sableuses de notre littoral entre Lion et
Ouistreham.
Psammobia (Psammobella) tellinella Lu marc/;.
1862-69. Psammobia tellinella Lm. Jeffreys, Brit.conch.,
t. II, p. 392 ; t. V, PI. XLII, fig. 1.
Quelques spécimens de cette espèce ont été dra-
gués les uns devant Lion, les autres dans les parages
de Gourseulles.
Fam. SOLENIDJ;
Solen marginatus Pennant.
1895. solen marginàlus Penn. Bdcquot, Dautzenrekg
et Dollfus, Moll. mur. Rouss., t. Il, p. 495,
PI. LXXII, fig. 1-2.
Très abondant sur les fonds sableux. Luc à
Ouistreham.
Cette espèce est également connue sous le nom de
S. vagina L.
- 33 -
Ensis ensis [Linné).
1895. Ensis ensis L. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus,
Mail. mar. Rouss., t. II, p. 501, PI. LXXII,
fig. 1-3.
Cette espèce se trouve avec la précédente Elle est
également très commune.
Cultellus pellucidus (Pennant).
1865-69. Solen pellucidus Penn. Jeffreys, Brit. conch.,
t. III, p. 14; t. V, PI. XLVI, fig. 4.
Abondant sur les fonds sableux, principalement
dans la région Lion-Ouistreham. Parait plus rare
dans la région de Gourseulles.
Pliocène de la Manche.
Solenocurtus candidus [Renier).
1895. Solenocurtus candidus Renier. Bucquoy, Dautzen-
berg et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II,
p. 526, PI. LXXVII, fig. 6.
Cette espèce parait très rare sur notre littoral. Je
n'en connais qu'une valve droite, très fraîche, munie
encore du ligament, recueillie dernièrement par la
drague au large de Luc. Elle appartient à la variété
oblonga Jeffreys.
Fam. MAGTRID^E
Mactra corallina [Linné).
1896. Mactra corallina L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 547,
PI. LXXI, fig. 1-5.
Les savants auteurs des Mollusques marins du
Roussillon ont démontré que les Mactra < Cardium
?>
- 34 -
corallina et stultorum de Linné représentait une
même espèce, que le premier de ces noms doit
s'appliquer à la forme type, et le second à une
variété méditerranéenne connue également sous le
nom de .1/. in /la la Bronn. Us ont enfin désigné sous
le nom de variété atlanticd, la variété océanique à
laquelle on réserve habituellement, et à tort, celui de
M. stultorum.
Celte variété atlantica existe en abondance dans
la région sableuse de Luc à Ouistreham, elle y revêt
quelquefois la coloration cinerea Montagu.
Mactra (Spisula) solida iLimiv).
L862-69. Mactra solida L. Jeffreys, Brit. Conch., t. II,
p. 415; t. V, PI. XLtIl,fig. 2.
Cette espèce se trouve en nombre considérable sur
les plages sableuses de notre région. Avec la précé-
dente elle est vendue sur nos marchés où on la
désigne sous le nom de Flie.
"ol
Mactra (Spisula) subtruncata (du Costa/.
L896. Mactra subtruncata da Costa. Bocquoy, Dadtzen-
BERG et DOIAFUS; Mo//, niitr. Rouss.\ t IL
p. 559, PL LXXXll, ûg. 1-17.
Espèce abondante dans notre région où on ren-
contre la forme type associée aux variétés triangula
Renier, inssqualis Jeffreys, tennis Jeffreys, striata
Brown.
M. subtruncata est signalée dans le Pliocène du
m
Cotentin.
35
Lutraria lutraria {Linné).
189(3. Lutraria lutraria L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Mail. mur. Rouss:, t. Il, p. 5U6,
PL LXKXIII, lig. 1-4.
Egalement connue sous le nom de L. elliptiùa Lin.,
cette espèce se trouve dans les dragages effectués à
l'embouchure de l'Orne.
Lutraria (Psammophila) oblonga (Gmelzn).
1896. Lutraria oblonga (îmel. Bucquoy, Dautzenbekg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. Il, p. 57,
PL LXXXIV, flg. 1-5.
Cette espèce se trouve avec la précédente, elle est
beaucoup plus commune.
Fam. CORBULID^E
Corbula gibba [Olivi).
1896. Corbula gibba Olivi. Bucquoy, DautzexNberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 578,
PL LXXXV, fig. 1-6.
Cette petite espèce est abondante dans tous les
dragages. Je l'ai également recueillie sur la grève à
Bernières et à Luc.
Très abondante dans le Pliocène de Gourbesville
(Manche).
Fam. MYID^E
Mya truncata Linné.
18<>5-69. Mya truncata L. Juffkeys, Bril. Conch., L IL
p. 66, t. V, PL L, lig. z.
Rare sur notre côte. Quelques individus vivants
ont été recueillis dans la région de Lion.
— 36 —
Sphenia Binghami [Turton).
Existe en alcool dans les collections locales du
laboratoire de Luc.
Fam. GLYCIMERID^E
Saxicava rugosa {Linné).
1896. Saxicava rugosa L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 597,
PI. LXXXVI, fig. 12-19.
Cette petite espèce se trouve communément dans
les rochers du littoral et les pierres draguées. La
forme type et la variété gallicaria Lm. paraissent
toutes deux représentées.
On a signalé la présence de S. rugosa dans le
Pliocène du Cotentin.
Fam. GASTROGHiENIDJ]
Gastrochaena dubia (Pennant).
1890. Gastrochœna dubia Pennt. Bucquoy, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss.. t. II, p. 603,
PI. LXXXV, fig. 30-40.
Les pierres et les vieilles coquilles ramenées par la
drague se montrent fréquemment perforées par cette
petite espèce.
Fam. PHOLADIDvE
Pholas dactylus Linné.
1896. Pholas dactylus L. Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus,
Moll. mar. Roussit. II, p. 609, PI. LXXXVII,
fig. 1-5.
Les valves isolées ne sont pas rares dans nos
— 37 —
parages, mais il se pourrait bien que l'espèce n'ha-
bitât point la région située à l'E. de l'embouchure de
l'Orne et que toutes les coquilles qu'on ramasse sur
nos plages, vinssent des environs de Gabourg où les
Pholades existent en abondance.
Barnea candida [Linné).
1890. Barnea candida L. Bucquoy, Dautzenrerg et Dollfus,
Moll. mar. Rouss.,\. II, p.(»15, PI. LXXXVII1,
fig. 1-7.
Au sujet de cette espèce et de la suivante, je ferai
la même observation que pour Pholas daclylus.
Rejeté mort sur nos plages.
Zirfœa crispata [Linné).
1865-69. Pholas crispata h. Jeffreys, Brit. Conch., t. III,
p. 112; t. V, PI. LUI, fig. 1.
Rejeté mort à Lion. Cette espèce existe au Home,
près Gabourg.
Fam. TEREDINtDiE
Teredo norvegica Spengler.
1865-69. Teredo norvegicaSpengl. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. III, p. 168; t. V, PI. LIV, fig. 1.
Collections du Laboratoire de Luc.
Teredo navalis Linné.
1865-69. Teredo navalis L. Jeffreys, Brit. Conch., t. III,
p. 171 ; t. V, PI. LIV, fig. 2.
Dans un morceau de bois échoué sur la plage de
Luc.
38
II. DIBRANCHES
Fam. LUCINID^E
Diplodonta rotundata {Mçmtayu).
La collection du Laboratoire de Luc conserve sous
ce nom un échantillon en alcool. La déformation
produite par la convexité du récipient ne permet
pas de s'assurer de l'exactitude de la détermination.
Fam. TELLINID^E
Tellina Mœrellai donacina [Linné).
1898. Tellina donacina L. Bucqdot, Dàotzenberg et
Dollfcp, Mu//, mur. RoUSS., t. II, p. 648,
PI. XCI, fig. 13-16.
Cette espèce m'est connue par des spécimens
intermédiaires comme dimensions entre ceux qui
dans les Mollusques marins du Roitssillon repré-
sentent le type et la variété major.
Dragages des régions de Courseulles et de Lion.
Tellina (Angulus fabula Gronovius.
1862-60. Tellina fabula Gïonov. Jeffreys, Un'/. Conch.,
t. II, p. 382; t. V. PI. XLI, fig. 2.
Sur les grèves où le sable domine Courseulles,
Lion, Ouistrebam.
Tellina (Arcopagia) crassa [Gmelin).
1862-69. Tellina crassa Gmel. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. II, p. 37;!; t. V, PI. XL. ftg. i.
Espèce très fréquemment draguée dans la région
. — 39 —
de Luc à Ouistreham. Les valves isolées abondent
sur les grèves.
Tellina (Macoma) balthica Linné.
1862-69, Tellina balthica L. Jeffreys, Brit. C<jnch.,i. II,
p. 375; t. V, PI. XL, fig. 5.
J'ai recueilli cette espèce entre Bernières et Cour-
seulles, à Lion et à Colleville.
Tellina (Maeoma) tenuis da Costa.
1898. Tellina tenuis da Costa. Bucquoy. Dautzenrerg et
Dollfus, Moll. mar. Ruuss., t. II, PL XCV,
fig. 1-4.
Plus rare que l'espèce précédente. Mêmes localités.
T. tenais et T. balthica sont quelquefois pla-
cées dans le genre Gastrana.
Fam. SCROBICULARID^E
Scrobicularia plana [da Costa).
1898. Scrobicularia plana da Costa. Bucquoy, Dautzen-
berg et Dollfus, Moll. mur. Rouss., t. II,
p. 694, PL XCVI, fig. 1-5.
Cette espèce habite à l'embouchure de l'Orne. Je
ne l'ai pas recueillie vivante, mais la coquille est
fréquemment rejetée très fraîche sur nos grèves.
Connue également sous le nom deS.piperataGme\.
Syndesmya alba (Wood). if.
1898. Syndesmya alba Wood. Bucquoy, Dautzenrerg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. II, p. 702,
PL XCV1I, fig. 1-4.
Cette espèce est extrêmement abondante dans
toute la réeion sableuse de Lion à Ouistreham.
- 40 —
Cm la connaît également du Pliocène du Gotentin.
'55*-
Fam. PANDORIDJ;
Pandora inœquivalvis [Linné).
1898. Pandora inœquivalvis L. Bccquoy, Dautzenberg et
DoLtFus, Moll. mar. Rouss., t. Il, p. 723,
PL XCVIII, fig. 7-10.
Les spécimens de P. inaequivalvis dragués dans
notre région appartiennent tous à la variété marga-
ritacea Lamarck = rostrata Lamarck. Cette variété
très caractérisée est regardée par certains auteurs
comme constituant une véritable espèce.
Rare ; région de Luc à Ouistreham.
Fam. ANATINID^E
Thracia papyracea (Poli).
1898. Thracia papyracea Poli» B'cquoy, Dautzenberg et
Dollfi'S, Moll. mar. Roitss., t. II, p. 735,
PL XCIX, fig. 5-8.
Cette espèce abonde dans la région Lion-Ouistre-
ham. Les spécimens de notre littoral appartiennent
à la variété mllosiiîscula lîrown, plus solide et moins
allongée transversalement que le type.
— 41 —
§ 2.
SCAPHOPODES
Fam. DENTALID^E
Dentalium (Antalis) vulgare [da Costa).
1886. Dentalium vulgare da Costa. Bucquoy, Dautzen-
berg et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I,
p. 558, PI. LXVI, fig. 1-6.
Ce Dentale est très abondant sur notre côte à
une certaine profondeur. Des spécimens habités par
un Géphyrien Phascolion strombi (Montagu) sont
souvent dragués.
§ 3-
A M PHINEURES
Fam. GHITONID^E
Chiton cinereus Linné.
1865-69. Chiton cinereus L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. III, p. 218; t. V, PL LVI, fig. 2.
Sur les pierres, à marée basse. Luc, Langrune,
Bernières.
Chiton albus Linné.
1865-69. Chiton albus L. Jeffreys, Brit. Conch., t. III,
p. 220 ; t. V, PI. LVI, fig. 3.
Sur les pierres à marée basse. Luc. Rare.
— 42 —
Chiton ruber L'unir.
L863-69. Chiton ruber (L.)Lowe. Jeffrbys, Brit. Conck.,
I. III. p. 224 : t. V, PI. LVI, ii^s. i.
Trouvé fixé sur des pierres et des vieilles coquilles
draguées eu face Luc.
ChitOD marginatus Pennant.
L886. chito,/ marginatus Penn. Bocqdot, Dautzenberg
et Dollkcs. Mu//, mar. RÔ9/œs., t. I. p. 197,
PI. LXI, fig. 13-16; PI. LXII, fig. 3. -.
Très commun à marée basse, sur les pierres et les
rochers. Luc, Langrune, Bernières.
§ 4.
GASTROPODES
I. OPISTHOBRANCHES
Fam. DORIDID^E
Doris (Archidoris) tuberculata Cuvier.
isôi. Doris tuberculata Cuv! Alder et Hancock, Brit.
Nud. M<>//.. Fam. I, PI. III.
La plus commune des Doris de notre côte. Au
printemps, les bancs rocheux qui ileeouvrent à marée
basse en sont parfois couverts d'individus occupés à
pondre.
Fam. POLYCERIDJ]
Acanthodoris pilosa [Miiller):
L851. Doris pilosa Mull. Aldeb et Hancock, Brit. Nud.
Mol/., Vaux. 1, PI. XV.
Beaucoup moins commune que l'espèce précé-
— 43 —
dente et toujours recueillie dans les dragages en eau
relativement profonde.
Acanthodoris (Lamellidoris) bilamellata (Linné).
1854. Boris bilamellata L. Aldek et Hancock, Brit. Nud.
Mail., Fam. I, PI. XI.
Je n'ai pas moi-même recueilli cette espèce, mais
elle existe dans les collections du Laboratoire de Luc,
avec la mention « Luc ». De plus, Eug. Deslong-
champs signale la présence de très nombreux
individus de Doris bilamellata sur les rochers du
Quihot, en 1867 (1).
Triopa claviger (Mùller),
1848. Triopa claviger Mûïï. Axder et Hancock. Brit.
Nud. MolL, Fam. I, PI. XX.
Un seul échantillon pris par le chalut du Labora-
toire de Luc. en septembre lf?00, au large de Lion.
Fam. TRITONID^E
Tritonia Hombergi Cuvier.
1855. Tritonia Hombergi Cuv. Alder et Hancock, Brit.
Nud. Mut/., Fam. I!, PI. H.
Cette espèce se trouve très fréquemment dans les
dragages. Elle parait particulièrement abondante
dans la région de Courseulles.
'1 E. Deslon champs, Remarques sur quelques Mollusques
marins observés à Luc, Bull. Sur. Linn.Norm.. 2" sér., 2° vol., 1867,
p. 143.
— 44 —
Tritonia (Gandiella) plebeia Johnston.
1847. Tritonia plébeia Johnst. Aldeb et Hancock. Brit.
Nud. Moll., Fam. II, PI. III.
Espèce beaucoup plus rare que '/'. Hombergi.
Draguée en face Luc.
Fam. DENDRONOTIDJ]
Dendronotus arborescens [Mûllér).
1845. Dendronotus arborescens Miïll. Aldeb et Hancock,
Brit. Nud. Mail., Fam. III, PI. III.
Rare sur notre côte. Quelques individus recueillis
par la drague entre Courseulles et Luc.
Fam. ^EOLIDID^E
JEolis (Facelina) coronata Forbes.
1846. Eolis coronata Fort). Aldf.r et Hancock, Brit.
Nud. Mot.L, Fam. III. PI. XII.
J'ai recueilli une fois au printemps cette jolie
espèce sur les roches de Bernières.
jEolis (./Eolidia) papillosa [Linné).
1854. Eolis papillosa L. Alder et Hancock, Brit. Sud .
MolL, Fam. III, PI. IX.
. Cet Eolidien est assez commun dans notre région.
On le trouve à la grève et dans les dragages.
Fam. D OfT O I D J]
Doto fragilis Forbes.
1851. Doto fragilis Forb. Ali>eh et Hancock, Brit. Nud .
MolL, Fam. III, PI. V.
Cette espèce parait rare. Eug. Deslongchamps l'a
— 45 —
rencontrée sur les rochers du Quihol à Luc. Je l'ai
obtenue de dragages effectués dans la région de
Gourseulles.
Doto coronata {Gmelin).
1846. Doto coronata Gmel. Alder et Hancock, Brit. Nud.
Moll., Fam. 3, PI. VI.
Deux échantillons trouvés sur des Antennulaires
draguées dans la région de Gourseulles.
Fam. TORNATINID^E
Tornatina (Retusa) candidula (Locard).
1867-69. Utriculus obtusus Mont. Yar. Jeffreys, Brit.
Conch., t. IV, p. 424 ; t. V, PI. XCIV,
flg. 4.
1891. Cylichna candidula Loc. Locard, Coq. mar. côtes
de Fr., Ann. Soc. Linn. Lyon, nouv. sér.
t. XXVII, p. 28.
Jeffreys a décrit et figuré sous le nom de Utriculus
obtusus Mont.,i7//\ Lajonkaireana Bast., une coquille
différant de U. obtusus Mont., par sa taille plus
petite, sa forme plus étroite et plus régulièrement
cylindrique, sa spire plus élevée. Locard n'admettant
pas l'identification de cette variété à Bal la Lajonkai-
reana Bast. en a fait une nouvelle espèce Cylichna
candidula Loc. J'adopte cette manière de voir en
plaçant toutefois l'espèce dans le genre Tornatina,
section Retusa.
Un seul spécimen trouvé vide dans du sable
provenant des rochers de Luc. M. Dautzenberg qui a
bien voulu l'examiner, m'en a confirmé la déter-
mination.
— 46 —
Fam. PHILINIDJ;
Philine aperta [Linné).
188i». Philine aperta L. Rdcqdoy, Dautzbnberg et Dollfus,
Moll. mar. Rouss., t. I, p. 540, PI. LXIH,
ûg. 10-15.
Tous les dragages, et plus particulièrement ceux
qui sont effectués sur les fonds sableux, fournissent
en abondance cet intéressant Tectibranche. Au
moment des grandes marées on peut parfois en
recueillir à mer basse de très nombreux spécimens
vivants sur l'a grève, entie Lion et Ouistreham.
Fam. APLYSIDiE
Aplysia depilans Liane.
186'J. Aplysia depilans L. Jekfkeys, Brit. Co/ich., t. V,
P. 7.
Les Aplysies paraissent très rares sur notre littoral.
La collection du Laboratoire de Luc en possède
provenantde Langrune. J'en ai vu un très bel individu
vivant recueilli à Bernières parmi les Laminaires,
par M. le D1' Gatois.
II. PROSOBRANCHES
Fam. PATELLIDiE
Acmaea virginea [Mùller).
L886. Acmgsa virginea Mull. Bucquot, Dadtzbnberg et
Dollfos, Mol t. mar. Rouss., L I, p. 47S.
PI. LI, fig. ta-43.
Bien que dans la région de Gourseulles la drague
rapporte souvent cette espèce, je n'en ai vu aucun
— 47 —
individu vivant. Se trouve fréquemment aussi dans
le tube digestif des gros Spatangues.
Patella vulgata Linné.
1865-69. Patelin vulgata L. Jeffreys, Brit. Conch., t. III,
p. 236; t. V, PI. LVn,fig. 1-2.
Les Patelles ne trouvent pas sur notre littoral les
rochers élevés qui leur conviennent, aussi se mon-
trent-elles fort rares. On peut cependant en observer
une petite colonie au lieu dit « la Roche-Mignon »
entre Luc et Lion.
Helcion pellucidum (Linné).
1865-69. Helcion pelliicidùm L. Jeffreys, Brit. Coneh.,
t. III, p. 242 ; t. V, PI. LV1II, fig. 1-2.
Cette jolie espèce se trouve fréquemment sur la
tige des Laminaires. Luc, Langrune, Bernières.
Fam. FISSURELLID^S
Fissurella (Glyphis) graeca {Linné).
188C'. Pissurelia grœca L. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus. Moll. mar Rouss., t. I, p. 440,
PI. LUI, fig. 4-10.
Rare dans les dragages Gourseulles. Encore plus
rare sur les rochers qui découvrent à mer basse. Luc
Cette espèce se trouve dans le Pliocène de Gour-
besville (Manche).
Emarginula rosea Bell.
1865-69. Emarginula n>sen Bell. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. III, p. 261; t. V, PL LIX, iig. 3.
Espèce relativement abondante. On la trouve fixée
— 48 —
sur les pierres et les coquilles mortes que la drague
ramène. Région de Luc à Courseulles.
Emarginula fissura [Linné.)
1865-69. Emarginula fissura L. Jeffrëys, Brit. Co?ich.,
t. III, p. 259 ; t. V, PI. LIX, flg. 2
Cette espèce paraît bien plus rare sur notre littoral
que la précédente. Je n'en ai vu qu'un individu mort
dragué dans la région de Gourseulles.
Espèce signalée dans le Pliocène de Gourbesville
(Manche).
Fam TROGHID^E
Calliostoma conuloïdes [LamarcÀ).
1865-69. Trochus zizyphinus L. Jeffrëys, Brit. Conch.
t. III, p. 330; t. V, PL LXIIf, fig. 6.
Il est maintenant bien établi que le terme Troc h us
zizyphinus Linné s'applique uniquement à la forme
lisse de la Méditerranée, tandis que la forme
océanique à sculpture saillante doit être désignée
sous le nom de Trochus conuloïdes Lamarck.
C. conuloïdes est une espèce assez commune dans
notre région. Je ne l'ai jamais trouvé vivant à la
grève. Dragages de Luc à Gourseulles.
Calliostoma i Ampullotrochus) granulatum [Born.)
1885. Trochus granulatus Born. Bdcqdoy, Dautzenberg
et Dollfds, Mdll. mur. Rouss., t. I, p. 359,
PI. XLV1II, fig. 1-5.
Quelques individus de cette belle espèce ont été
dragués vivants dans la région de Gourseulles. Je ne
l'ai jamais obtenue d'un autre point de notre littoral.
— 49 —
C. granulation est connu dans le Pliocène de
Gourbesville (Manche).
Calliostoma (Jujubinus) Montagui ( W. Wood).
1865-69. Trochus montacuti W. Wood. Jeffreys, Brit.
Conck., t. III, p. 320; t. V, PI. LXIII, flg. 1.
La drague ramène assez fréquemment cette petite
espèce des fonds au large de LucàCourseulles.
Gibbula magus (Linné).
1885. Trochus magush. Bugquoy, Dautzenberg etDoLLFUs,
Moll. mar. Rouss., t. I, p 373, PI. XLIX,
fig. 1,4,5,7,8.
Le degré d'abondance de cette espèce varie beau-
coup avec les années. Généralement peu commune,
sans cependant jamais être bien rare, elle peut
quelquefois comme en 1867, d'après Eug. Deslong-
champs, ou comme en 1900, devenir d'une abondance
extrême. Elle est alors répandue à tous les niveaux.
La drague la ramène en nombre, les rochers du
littoral en sont couverts.
Le type et la variété obsoletù Bq. Dz. Df. existent
sur notre côte.
Gibbula tumida (Montagu).
1885. Trochus tumidus Mont. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 387,
PL XL VII, flg. 14-18.
Cette espèce est rare dans notre région. Les échan-
tillons que j'ai ont tous été dragués au large de Luc
et de Gourseulles.
4
— 50 —
Gibbula (Steromphalus) cineraria [Linné
1865-69. Trochus cinerarius L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. III, p* 309 ; t. V, PI. LXII, Qg. 3.
Espèce commune sur les pierres et les algues de
la zone littorale.
Gibbula (Steromphalus) obliquata [Gmelin).
1865-69. Trochus umbilicatus Mont. Jeffreys, Brit.
Çonch., t. III, p. 311 ; t. V, PI. LXI, iig. 4.
Plus rare que G. cineraria. Vit également sur les
pierres et les algues de la zone littorale.
Fam. GYGLOSTREMATID^E
Cyclostrema cutlerianum {Clark).
1S65-09. Cyclostrema cutlerianum Clark. Jeffreys Brit.
Conch., t. III, i». 287; t. V. PI. LXl.fig. 1.
Très rare. Quelques individus dans le tube digestif
de Spalangues (S. purpureiw) dragués dans la ré-
gion de Gourseulles.
Cyclostrema serpuloïdes [Montagu).
1865-69. Cyclostrema serpuloïdes Mont. JeffreySj Brit.
Conch., t. III, |>. 290; t. V, PL LXI, 6g. 3.
Un peu moins rare que respect- précédente. Dans
le tube digestif de Spalangues (N. pttrpureus) dra-
gués dans la région de Gourseulles.
- 51 —
Fam. PHASIANELLID^E
Phasianella (Eudora) pullus [Linné).
1884. Phasianella pullus L. Bucquoy, Dactzenferg et
Dollfus, Mail. mar. Iiouss., t. I, p. 337,
PL XXXIX, fig. 13-18.
Cette espèce parait rare dans notre région. J'en ai
quelques individus recueillis les uns à la grève, les
autres par la drague, tous vides. Sans exception, ils
appartiennent à la variété pulehella Recluz.
Fam. LITTORINIDiE
Littoriua littorea [Linné).
1865-69. Littorina littorea L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. III, p. 368 ; t. V, PL LXV, fig. 4.
C'est la forme type qu'on trouve, d'ailleurs peu
abondamment, sur notre côte, sous les pierres, et
parmi les Fucus de la zone littorale. A cause de sa
rareté relative, L. littorea n'est pas recherchée ici
d'une façon suivie par les pécheurs de profession,
aussi en trouve-t-on fréquemment des spécimens de
très grande taille.
Roches littorales de Luc à Bernières.
Littorina (Neritoides) obtusata [Linné).
1865-69. Littorina obtusata L. Jeffrey?, Brit. Conch.,
t. III, p. 357; t. V, PL LXV, lig. 1.
Cette espèce est très variable sous le rapport de la
coloration. Sur noire littoral les variétés unicolores
sont les plus fréquentes.
L. obtusata se trouve en abondance sur les algues
de la zone littorale, à un niveau plus bas cepen-
dant que l'espèce précédente L. litiorea
Roches littorales de Luc à Bernières.
Lacuna pallidula [da Costa).
1865-69. Lacuna pallidula da Costa. Jekfreys, Brit.
Conch., t. III, p. 351 ; t. V, PI. LXIV, fig. 5.
J'ai pu me procurer un certain nombre de coquilles
appartenant à cette espèce en triant du sable recueilli
sur les rochers de Bernières. Aucune d'elles n'était
habitée.
Fam. SKENELD^E
Skenea planorbis (0. Fabricius).
1884. Skeneia planorbis 0. Fabr. Bccyuov, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 312,
PI. XXXVII, fig. 27-29.
Le genre Skehea élant dédié au naturaliste David
Skene, il est plus correct d'adopter l'orthographe
de Fleming, son fondateur, que d'écrire Skeneia
avec Fischer, Locard, Bucquoy, Dautzenberg, Doll-
fus, etc.
S. planorbis se trouve assez communément dans
les dragages. Luc à Gourseulles.
Fam. RISSOID^E
Rissoa (Turbella) parva [da Costa,.
1 88 i . Rissoa parva da Costa. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. rnar. Rouss., t. I. p. 872,
PI. XXXII. kg. H-12.
Espèce excessivement abondante dans toute la
- 53 —
région rocheuse littorale de notre côte, sur les pierres
et surtout sur les algues.
Rissoa (Turbella) interrupta (Adams).
1884. Rissoa parva da Costa, var. interrupta Adams.
Bucquoy, Dautzenberg et Dollfus, Moll. mar.
Rouss., t. I, p. 274, PL XXXII, fig. 13-15.
Cette forme, souvent considérée comme une sim-
ple variété de l'espèce R. parva, paraît suffisamment
caractérisée pour constituer une espèce distincte.
Sur notre littoral, où elle est très abondante, elle est
très constante de forme et de coloration.
Les roches littorales de Luc à Bernières.
Rissoa (Turbella) inconspicua Aider.
1807-69. Rissoa inconspicua Aid. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 26 ; t. V, PL LXVII, fig. 5.
Cette espèce très facile à reconnaître par son orne-
mentation et la coloration de l'extrémité de la spire,
se trouve assez communément dans le sable dragué
au large de Luc à Courseulles. Elle est plus rare
dans le sable recueilli sur les rochers littoraux. Luc
et Bernières.
Rissoa (Manzonia) costata (Adams).
1884. Rissoa costata Adams. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. 1, p. 300,
PI. XXXVI, fig. 20-22.
Très abondante dans toute la région rocheuse
littorale, cette espèce parait manquer dans les eaux
plus profondes qu'on ne peut explorer que par la
drague. Luc à Courseulles.
— 54 —
Rissoa (Massotia) lactea Mi chaud.
1 88 5 . Rissoa lactea Mich. BucqdOt, Dactzenberg Pt
Dollfds, Moll. mar. Rouss., t. T, p. 298,
PI. 7-13.
Cette espèce est beaucoup plus rare que les précé-
dentes. J'en ai recueilli une douzaine d'échantillons
dans du sable provenant des rochers qui découvrent
à Luc, à l'époque des grandes marées. Tous étaient
vides.
Rissoa (Onobaï striata (Adams).
18t>7-69. Rissoa striata Adams. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV. p. 37 ; t. V, PI. LXVIII, fig. II.
Je n'ai jamais observé cette espèce vivante ; cepen-
dant sa coquille est des plus abondante. On la trouve
dans les sables recueillis à tous les niveaux, dans le
tube digestif des gros Oursins irréguliers {Spatangus
purpureus), etc.
Les individus incurvés ou difformes sont très fré-
quents.
Cette espèce est abondante dans le Pliocène de
Gourbesville (Manche).
Rissoa (Hyala) vitrea [Montagu]
1867-69. Rissoa vitrea Niont. Jeffreys, Brit, Conch.,
t. IV. p. 10; t. V. PL LXVIII, Mi*. ',.
Cette espèce assez régulièrement répandue esl rare
partout. J'en ai recueilli quelques individus sur les
rochers de Luc et de Dernières, et dans les dragages
effectués dans la région de Luc à Courseulles.
— 55 —
Rissoa (Cingula) semistriata [Montagu).
1884. Rissoa semistriata Mont. Bucqooy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar, Rouss., t. I, p. 306,
PI. XXXVII, flg. 1-2.
Rare sur les rochers qui découvrent aux grandes
marées entre Luc et Courseulles, cette espèce est
plus abondante dans les dragages.
/?. semistriata se trouve dans le Pliocène de
Gourbesville (Manche).
Rissoa (Cingula) pulcherrima Jeffrey s.
1884. Rissoa pulcherrima Jeffr. Bucquoy. Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 307,
PI. XXXVII, flg. 4-5.
Très rare. Dragages. Deux échantillons dans les
collections du Laboratoire de Luc-su r-Mer.
Rissoa (Setia) fulgida (Adams).
1884. Rissoa fulgida Adams. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 309,
PI. XXXVII, flg. 9.
Je rapporte à cette espèce quelques petites coquilles
trouvées vides dans du sable provenant des rochers
de Bernières.
Fam. HYDROBIID^E
Hydrobia (Peringia) ulvœ (Pennant).
1867-69. Hydrobia ulvœ Penn. Jeffreys, Brit' Conch.,
t. IV, p. 52; t. V, PI. LX1X. fig. i-3.
Cette espèce très variable de tonne est très abon-
dante à l'embouchure de l'Orne, où on la trouve
quelquefois en véritables amas.
— 56 —
Fam. CJECIDJE,
Caecum Brochina) glabrum [Montagu).
1867-69. Cœcirm glabrum Mont. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV. p. 77 ; t. V, PI. LXX, fig. 5-50.
La drague m'a fourni quelques spécimens de cette
espèce. Les Spatangues en contiennent presque
toujours dans leur tube digestif,
Ptégion de Luc à Courseulles, surtout dans cette
dernière localité.
Fam. SCALARLD^E
Scalaria (Clathrus) communis Lamarch.
1884. Scalaria communis Lm. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Mail. mar. Rouss., t. I, p. 240,
PI. XXIII, fig. 14-17.
Les Scalaires, désignées dans la région sous le
nom vulgaire de Rochelles, commencent à se
montrer sur les rochers qui ne découvrent qu'aux
plus grandes marées. Les dragages côtiers en rap-
portent presque toujours. Les spécimens vivement
colorés sont fréquents.
Luc à Courseulles, spécimens vivants ; morts,
partout.
Fam. EULIMIDiE
» Eulima polita (Z-/////C)
1867-69. Ettti m « /lo/ita L. Jefpreys, Brit. Conch., t. IV,
p. 201; t, V, PI. LXXVn, fig. 3.
Cette jolie espèce m'est connue par deux individus
dragués tous deux vivants l'un dans la région de
— 57 —
Luc (collection du Laboratoire de Luc), l'autre dans
la région de Gourseulles.
J'ai recueilli cette espèce dans le Pliocène de
Gourbesville (Manche).
Eulima (Vitreolina) incurva (Renieri).
1SS3. Eulima incurva Renieri. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfos, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 190,
PI. XX, flg. 19-21.
J'ai recueilli cette petite espèce dans du sable ex-
trait du tube digestif de Spatangues (S. purpiiveus),
dragués dans la région de Gourseulles. Je l'ai obtenue
également de dragages effectués dans les mêmes
parages. Rare.
Fam. PYRAMIDELLID.E
Eulimella acicula [Philippi).
1883. Eulimella acicula Phil. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouas, t. I, p. 187,
PI. XX, flg. 17-18.
Cette espèce est de forme assez variable. La
coquille est plus ou moins svelte, les tours complète-
ment plats ou légèrement convexes.
Très rare. Dans le sable des rochers de Bernières.
Dans les dragages de la région de Courseulles. Dans
le tube digestif des Spatangues (S. purpureus) pro-
venant de cette dernière région.
Aclis ascaris (Turton).
1867-69. A dis ascaris Turt. Jeffreys, Brit. Conch.,%. IV,
p. 102; t. V,Pl.LXXn, Sg. 2.
Cette espèce est extrêmement rare. J'en ai un
- 58 —
échantillon complet recueilli dans le tube digestif
d'un Spatangue dragué dans la région de Courseulles,
et un échantillon mutilé dragué au large de Luc.
Aclis supranitida («S. Wood).
L867r69. Aclis supranitida S. Wood. Jeffreys, Brit.
Conch., t. IV. i>. 103; t. V. PI. I.XXII. fig.3.
Moins rare que l'espèce précédente, j'en possède
cinq à six individus recueillis dans les mêmes condi-
tions que Aclis ascaris.
Courseulles. Dragages et tube digestif de Spa-
taneues.
■&■
Gioniscus unicus (Montagu).
1867-09. Aclis unica Mont. Jeffreys, Brit. Conch.^i. IV,
p. 100, t. V. PI. LXXII, fig. 1.
Cette charmante espèce m'est connue par deux
spécimens extraits du tube digestif de Spatangues
dragués dans la région de Courseulles, et par trois
autres individus dragués vivants dans la même
région.
Je dois à M. Dautzenberg la détermination de cette
espèce.
Pherusa Gulsonae [Clark).
lsfw-fi'J. Aclis gulsonœ Clark. Jeffreys. Brit. Conch.,
t. IV. p. JOC): t. V, PI. LXXII. Bg. 5.
Kspèce extrêmement rare. Je n'en connais qu'un
spécimen extrait du tube digestif d?un Spatangue
péché dans la région d«j Courseulles.
Détermination de M. Dautzenberg.
- 59 —
Odostomia plicata [Montagû).
1883. Odostomia plicata Mont. Bucquoy, Dautzenderg et
Dollfus, Mail. mar. Rouss., t. .1, p. 163,
PI. XIX, fig. 3-5.
De toutes les Pyramidellidœ, c'est certainement
0. plicata l'espèce la plus abondante. On la trouve
très fréquemment dans le sable provenant des
rochers qui bordent la grève de Luc àBernières. Elle
se rencontre plus rarement dans les dragages.
Espèce assez variable dans ses proportions. Cer-
tains individus sont plus sveltes, d'autres plus
ramassés que la forme type figurée dans les Mollus-
ques marins du Roussillon.
Odostomia turrita Hanta/ .
18S3. Odostomia turrita Hanl. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, .p. 162,
PL XIX, fig. 1-2.
Espèce assez rare dont je n'ai vu que quelques
coquilles vides plus ou moins détériorées. '
Le sable des rochers côtiers. Luc et Bernières.
Odostomia unidentata [Montagu).
1883. Odostomia unidentata Mont. Bucquoy, Dautzenbekg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 161,
PI. XIX, fig. 13-14.
Cette espèce est très commune dans les eaux pro-
fondes que seule la drague peut explorer, à condi-
tion que le fond ne soit pas sableux. Elle ne se
rencontre pas sur les rochers littoraux.
Dragages de Luc à Courseulles.
— 60 —
Odostomia rissoïdes lia nie;/.
1883. Odostomia rissoidesHaril. Bocqdot, Dadtzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 164,
PI. XIX, fig. 6-12.
De cette espèce variable, la forme la plus répandue
dans notre région correspond assez exactement à la
fig. 7 des Mollusques marins du Roussillon. 11
existe une forme encore plus renflée que je rapporte
à la variété nitida Aider.
Sur les rochers de Luc à Bernières, à la limite des
plus basses marées. Tous les dragages entre Luc et
Courseulles.
Odostomia diaphana Jeffrey*. *
1867-60. Odostomia diaphana Jeffr. Jeffreys, Brit.
Conch., t. IV, p. lit ; t. V, PI. LXXIV,
fig. 5.
J'inscris sous ce nom une petite coquille draguée
à Luc et dont la forme s'accorde bien avec la descrip-
tion et la figure que donne Jeftreys. La spire assez
allongée, composée de tours convexes, coupée de
sutures profondes, présente une forme cylindrique
rappelant un peu celle de Rissoa vilrra (Montagu),
dont toute la coquille présente d'ailleurs un peu
l'aspect. Aucune trace d'ornementation spirale n'est
visible.
Odostomia (Auriculina insculpta [Montagu).
1867-69! Odostomia insculpta Mont. Jeffreys, Brit.
Cône/,., t. IV, p, L39; t. V, PI. LXXIV,
6g. 4.
Espèce rare sur notre côte. Je l'ai obtenue de
quelques dragages effectués entre Luc et Courseulles.
— 61 —
Je l'ai également trouvée dans le sable extrait du
tube digestif des Spatangues.
Odostomia (Auriculina) obliqua Aider.
1867-130. Odostomia obliqua Aid. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 142 ; t. V, PL LXXIV, fig. 6.
Deux échantillons provenant de dragages et que
je ne savais trop à quelle espèce attribuer, m'ont été
aimablement déterminés par M. Dautzenberg. Leur
surface, sans doute usée, ne présente pas les stries
spirales de 0. obliqua, mais la forme est exactement
celle d'individus bien typiques de cette espèce.
Odostomia (Noemiaj dolioliformis Jeffreys.
1867-69. Odostomia dolioliformis Jeffr. Jeffreys, Brit.
Conch., t. X. p. 144; t. V, PI. LXXIV,
flg. 7.
Cette jolie petite espèce m'est connue par un cer-
tain nombre d'échantillons trouvés dans du sable
recueilli sur les rochers de Bernières. Leur forme
s'accorde parfaitement avec la description que
Jeffreys a donné de l'espèce.
Parthenina decussata [Montagu).
1883. Odostomia decussata Mont. Bucquoy, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 174,
PL XIX, flg. 18-19.
Le sable qu'on peut recueillir sur les rochers qui
découvrent aux grandes basses mers, depuis Luc
jusqu'à Bernières, procure assez abondamment cette
jolie espèce, Les dragages la fournissent également.
— 62 —
Enfin, on la rencontre aussi dans le tube digestif des
Spa tangues.
Parthenina spiralis (Montagù).
1883. Odostomia spiralis Mnnt. Bocquoy, Dautzenberg et
Dolleus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 174 (à
propos do 0. turbonilloïdes Brus.), PI. XX,
fig. 1-2.
Encore plus abondante que P. decussata, cette
espèce se trouve exactement dans les mêmes condi-
tions de milieu.
Parthenina interstincta (Montagu).
1883. Odostomia interstincta Mont. Bdcquot, Dautzen-
berg et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I,
p. 169, PI. XX, fig. 7.
Beaucoup plus rare que les deux précédentes es-
pèces. Dans le sable des rochers de Bernières. Dra-
gages de la région de Luc.
Parthenina indistincta [Montagu).
1867-69. Odostomia indistincta Mont. Jrffrets, Brith.
Conch., t. IV, p. L49; t. V, PI. LXXV,
fig. 1.
Cette espèce parait d'un classement difficile.
Locard la range dans le genre Turbonilla à côté
de T. ru fa. Garus la range également dans le genre
Turbonilla, mais pour cet auteur T. rufa es^ une
Parthenina, de la section Pyrgostelis. D'un autre
côté, P. interstincta, forme très voisine de P. indis-
tincta, est placée par Locard et par Carus dans le
genre Parthenina. Dautzenberg, dans les Mollusques
marins du Roussîllon, mentionne les étroits rapports
— m —
qui rapprochent P. indistincta de P. interstincta,
cette dernière espèce étant classée dans le genre
Parthenin'a, mais dans sa Faunide maîacologique
des environs de Saint- Malo (1), P. indistincta çst
cataloguée comme Turbonilla.
P. indistincta et P. interstincta appartiennent
certainement au même genre, et comme la seconde
de ces deux espèces me paraît devoir être rangée
dans le genre Parthenina, la première doit égale-
ment y être placée.
P. indistincta est rare sur notre côte. Luc, Ber-
nières dans le sable des rochers.
Turbonilla lactea (Linné).
1867-69. Odostomia lactea L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 164 ; t. V, PI. LXXXVI, fig. 3.
Cette espèce parait très rare dans notre région.
Les rochers de Bernières seuls, m'en ont fourni
quelques individus.
T. lactea a été signalée dans le Pliocène de Gour-
besville (Manche).
Fam. NATIGID^E
Natica (Naticina) Alderi Forbes.
1883. Natica Alderi Forb. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. L'ouss., t. I, p. 143,
PI. XVIII, fig. 13-14.
Cette élégante espèce se trouve communément à
(1) DAUT/.KNiiEiiO et Durotjchoux, Fm/ni/ie maîacologique des
environs de Saint-Malo, Feuille des Jeunes Naturalistes, 1900,
n" 362.
64
une faible profondeur dans toute la région sableuse
de Lion à Ouistreham. Elle semble beaucoup pins
rare sur les fonds de même nature des parages de
Gourseulles. Les Pagures transportent la coquille
partout, et la drague la rapporte de tous les points
de notre littoral, mais ce n'est qu'aux endroits
ci-dessus cités qu'il est possible de trouver des indi-
vidus vivants.
Natica (Naticina) catena [da Costa).
1883. Natica catena da Costa. Bucquoy, Dautzenbl:rg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 146,
PL XVII, fig. 5-6.
Cette espèce se trouve vivante dans le sable, entre
Lion et Ouistreham. On la rencontre en abondance
au printemps, lorsqu'elle s'approche du littoral pour
y déposer sa ponte.
Fam. LAMELLARIDil
Lamellaria perspicua [Linné).
Je n'ai jamais trouvé cette intéressante espèce.
Elle n'existe ni dans les collections du Laboratoire de
Luc, ni dans celles de la Faculté des Sciences de
Caen. Elle fait cependant partie de notre faune locale,
puisque Eug. Deslongchamps (1) signale sa présence
en 1867, sur les rochers du Quihot à la limite infé-
rieure de la plage de Luc.
l F.. Deslongchamps, Remarques sur quelques Mollusques
marins observés à Luc, Bull. Sur. Linn. Norm., _' sér. -' vol.. 18(1",
— 65 —
Se trouve fossile dans le Pliocène de Gourbesville
(Manche).
Velutina laevigata (Fermant).
1867-69 Velutina lœvigata Penn. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 240 ; t. V, PI. LXXIX, fig. 4.
Espèce excessivement rare dans la région. Un
échantillon dragué vivant dans les parages de Cour-
seulles, une coquille mutilée trouvée sur les rochers
de Bernières.
Fam. ADEORBID^E
Adeorbis subcarinatus (Montagu).
1886. Adeorbis subcarinatus Mont. Bucquoy, Dautzenberg
el Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 424,
PI. LI, fig. 4-6.
Très abondant partout, sauf sur les fonds de sable
Egalement très abondant dans le Pliocène de Gour-
besville (Manche).
Fam. GYPR^EID^E
Trivia europaea (Montagu).
1883. Cyprœa europœa Mont. Bucquoy,' Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Roicss., t. I, p. 129,
PI. XVI, fig. 20-24.
Cette espèce n'est pas rare sur notre côte. On
commence à la trouver sur nos rochers à l'extrême
limite des basses mers au moment des grandes
marées. La drague la rapporte souvent.
— 66 —
Les spécimens que j'ai examinés appartiennent à
la forme type et à la variété tripunctata Requien,
Dans le Pliocène de Gourbesville et du Bosc d'Au-
bigny (Manche).
Fam. CERITHILD^E
Cerithiopsis tubercularis [Montagu).
1884. Cerithiopsis tubercularis Mont. Bucquoy, Daùtzen-
biîrg et Dollfl'S, Mail. ~mar. Ronss., t. I,
p. 204. PL XXVII, fig. 1-2.
Sans être abondante, cette espèce se trouve assez
fréquemment à Bernières et à Luc sur les rochers
qui découvrent à la limite inférieure de la grève.
Très abondant dans le Pliocène de Gourbesville
(Manche).
Triforis (Biforina perversus [Linné).
1884. Triforis perversus L. Bugqcoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss.j t. I, p. 209,
PI. XXVI, fig. 10-11.
Quelques spécimens recueillis en mauvais état
dans le sable des grèves à Luc et à Bernières et dans
les dragages. Ils appartiennent à la forme représentée
par les fig. 10 et 11 des Mollusques marins du Rous-
si/Ion, c'est-à-dire à la variété adversa Montagu
=r= min or Monterosato.
Connu dans le Pliocène de Gourbesville (Manche).
— 67 —
Fam. MURIGID^E
Murex (Ocinebra) erinaceus [Linné).
1882. Murex erinaceus L. Bucquoy, Dautzenberg et Doll-
fus, Moll. mar. Rouss., t. I. p. 21, PI. II,
fig. 2.
Espèce assez rare dans la région où elle est repré-
sentée par la variété tarentina Lamarck. Les rochers
de Luc à Bernières.
Murex (Ocinebrina) aciculatus Lamarck.
1882. Murex aciculatus Lin. Bucquoy, Dautzenberg et
Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 24,
PI. II, fig. 4.
Cette espèce ne m'est connue que par quelque?
rares spécimens trouvés dans le sable des rochers
de Bernières.
Purpura (Polytropa) lapillus (Linné).
1867-69. Purpura lapillus L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 276 ; t. V, PI. LXXXII, fig. L
Cette espèce se trouve communément sur tous les
rochers qui découvrent pendant la basse mer. On y
rencontre non seulement le type, mais la plupart
des variétés connues :
Var. imbricata Lm. = Purpura imbricata Lm.
Var. major Jefïr. = Purpura Ce l tic a Loc ?
Var. minor Jefifr.
— 08 —
Les individus ornés de zones décurrentes vivement
colorées sont de beaucoup les moins fréquents. La
variété imbricata est le plus souvent de couleur
brune ou rouge foncé, le type et la variété major
sont au contraire presque toujours d'un blanc plus
ou moins sale.
Fam. NASSID^E
Nassa (Hiniaj reticulata [Linn
1882. Nassa reticulata L. Bucquoy, Dautzenberg et Doll-
fus, Moll. mar. Rouss., I. I, p. 49, PI. X,
fig. 8-9.
Le degré d'abondance de cette espèce" est très va-
riable. Très rare certaines années, elle devient quel-
quefois subitement excessivement commune. C'est ce
qui se passe en 1900, où tous les rochers littoraux
de Luc à Courseulles présentent l'espèce en quantité.
Des variétés voisines de N. nitida Jeffr. sont dra-
guées à de faibles profondeurs dans la région sableuse
de Lion à Ouistreham.
Nassa (Tritonella> incrassata [Mûller).
1882. Nassa incrassata Mûll. Bucquoy, Dautzenberg et
Dqllfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 15,
PI. XI, fig. 3-7.
On peut recueillir cette espèce sur les rochers de
Luc à Bernières. à la limite inférieure de la grève,
lors des grandes marées de printemps et d'automne.
La drague la rapporte aussi quelquefois, mais c'est
toujours une espèce assez, rare.
-- 69 —
Nassa (Tritonella) pygmœa (Lamarck).
1882. Nassa pygmœa Lm. Bucquoy, Dautzenbekg et Doll-
fds, Moll. mar. Roms.., t. I, p. 47, PL XI,
flg. 11-13.
• Quelques coquilles appartenant à cette espèce
ont été draguées entre Luc et Lion. Elles étaient
habitées par des Pagures.
Fam. BUGCINIDvE
Buccinum undatum Linné.
186*7-69, Buccinum undatum L. Jeffreys, Brit. Conch.,
t. IV, p. 285 ; t. V, PI. LXXXII, fig. 20.
J'ai examiné de très nombreux spécimens de
B. undatum provenant de presque tous les points
de la région, et j'ai pu constater combien cette
espèce varie dans sa forme et dans son ornemen-
tation. Cependant, je n'ai eu sous les yeux aucun
échantillon présentant les caractères des variétés
extrêmes auxquelles les auteurs ont attribué des
noms distinctits, var. acuminata, var. fle.ruo.sa, var.
zetlàndicà, etc., mais seulement des formes inter-
médiaires entre le type et ces variétés.
Les Buccins, quoique comestibles, ne sont pas
l'objet d'une pêche spéciale sur notre littoral. La
nature coriace de leur chair les empêche d'ailleurs
de constituer un mets agréable. On les désigne vul-
gairement sous le nom de Ran$.
On peut recueillir en abondance à la grève des
petits échantillons de //. undatum, mais une cer-
— 70 —
taine habitude est nécessaire pour les découvrir. Ils
se tiennent, en effet, presque complètement enfouis
dans le sable, une très faible portion de la région
dorsale du dernier tour émergeant seule. Les dra-
gages en eau profonde peuvent seuls procurer de
grands échantillons.
Fam. PLEUROTOMIDJ1
Clathurella purpurea [Montàgu).
1883. Clathurella purpurea Mont. Bucqloy, Daûtzbnberg
et Dollfos, Moll. mar. Rouss , t. I, p. 90,
PI. XIV, fig. 6-7.
Les représentants de cette espèce qui habitent
notre côte, diffèrent légèrement de ceux qu'ont
figurés les auteurs des Mollusques marins du Rous-
sillon. Ils acquièrent une plus grande taille, la forme
est plus grêle, la suture plus oblique, le canal plus
iong, le test plus mince, l'ornementation plus fine.
Leur teinte générale est claire avec une zone décur-
rente bien visible. Par leurs dimensions, ils appar-
tiennent à la var. major Monterosato.
Très rare. Trois spécimens seulement, dragués
morts entre Luc et Courseulles.
Clathurella linearis [Montagu).
1883. Clathurella linearis Mont. Bucquoy, Dautzenberg
et Dollfus, Moll. mar. Rouss., t. I, p. 96,
PI. XIV, fig. 20-21.
Les dragages effectués entre Lion et Courseulles
rapportent très souvent cette espèce. Les individus
— 71 —
de notre région paraissent plus grêles que ceux du
Roussillon.
C. linearis est signalée dans le Pliocène de Gour-
besville (Manche).
Mangilia costata (Donovan).
1867-69. Pleurotoma costata Donov. Jbffreys, Brit.
Conclu, t. II, p. 379 ; t. V, PI. XG, flg. 3.
Dans cette espèce le rapport de la hauteur du der-
nier tour à la hauteur Lotale étant variable, la coquille
peut présenter des aspects très différents. Certains
spécimens sont très élancés, d'autres plus courts,
tous les intermédiaires existant. Par contre, la sculp-
ture et la coloration paraissent très constantes.
M. costata se trouve en abondance de Lion à Ber-
nièresdans la zone des Laminaires.
Haedropleura septangularis [Montagu).
1883. Hœdropleura septangularis Mont. Bucquoy, Daut-
zenberg et Dollfus, Moll. ynar . Rouss., t. I,
p. 140, PI. XIV, flg. 26-27.
Quelques coquilles appartenant à cette espèce ont
été draguées dans la région de Luc. Elles étaient
habitées par des Pagures.
L'espèce existe dans le Pliocène de Gourbesville
(Manche).
— 72 —
CÉPHALOPODES
I. DECAPODES
Fam, SEPIOLID^E
Sepiola atlantica cPOrbigny.
1839. Sepiola atlantica d'Orb. de Férussac et d'Ôrbigny,
Hist. nat. gén. et part, des Cèph. acctab.
viv. et foss., p. 235, PI. IV des Sépioles,
lig. 1-12.
J'ai examiné un grand nombre de Sépioles prises
sur notre littoral. Toutes présentaient le caractère
propre à S. atlantica, la multiplicité des ventouses à
l'extrémité des bras sessiles inférieurs et leur dispo-
sition en plusieurs rangées.
S. qtlantica est commune dans la région. On peut
facilement la capturer à marée basse dans les flaques
d'eau.
Fam. LOLIGINIDiE
Loligo vulgaris Lamarck.
1869. Loligo vulgaris Lin. Jefkreys, Bril. Conck., t. V,
p. 37, PI. I, fig.l.
Le Calmar vulgaire semble peu abondant dans nos
parages. En dehors de l'individu conservé au Labo-
ratoire de Luc, pris au chalut dans le voisinage de
Lion, ceux que j'ai eu l'occasion d'examiner s'étaient
— 73 —
laissés capturer en poursuivant leur proie, dans les
filets employés pour la pèche du Hareng.
C'est le grand Encornet de nos pêcheurs.
Loligo média {Linné).
1869 Loligo média L. Jeffkeys, Brit. Conch., t. V, p. 38,
PI. II, fig. 3.
Beaucoup moins rare que le précédent, ce Calmar
est fréquemment pris au Chalut, pendant l'été, sur
les fonds sableux de Lion à Ouistreham. On le
désigne vulgairement sous le nom de petit Encornet.
' Fam. SEPIID^E
■
Sepia offîcinalis Linné.
1869. Sepia offîcinalis L. Jeffkeys, Brit. Conch., t. V,
p. 40, PI. V. fig. 3.
Les Seiches sont communes sur notre littoral. Le
chalut, la senne, et en général tous les engins qui
balaient le fond, en ramènent souvent et quelquefois
en très grandes quantités.
II. OCTOPODES
Fam. OGTOPIDJ]
Octopus octopodia'-fL//^^').
1869. Octopus vulgaris Lra. Jeffkeys, Brit. Conch., t. V,
p. 39, PI. VI, fig. 1.
La présence du Poulpe est normale ,dans nos pa-
rages, mais le degré d'abondance de ce Mollusque y
u*.± ^*^
— 74
est extrêmement variable. Assez rares autrefois, les
Poulpes ont pris subitement en effet un développe-
pement extraordinaire, au point de constituer depuis
quelques années un véritable fléau. Leur voracité
et la terreur qu'ils inspirent, font rapidement dimi-
nuer, dans les régions où ils se iixent, Poissons,
Mollusques et Crustacés, et cela d'une façon malheu-
reusement très appréciable.
Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences
de l'Université de Caen.
75
L. Brasil.— Observations sur la Faune
de la région de Luc-sur-Mer (Cal-
vados)*.
1.
Sur les variations dans le degré d'abon-
dance de quelques espèces.
Les causes qui viennent parfois favoriser le déve-
loppement d'une espèce quelconque, en provoquant
presque subitement une augmentation considérable
dans le nombre des individus qui la représentent,
nous échappent presque toujours, soit à cause de
leur multiplicité, soit parce que leur nature même
les dérobe à notre observation, ou les rend difficile-
ment apprécjables à nos sens. D'un autre côté, nous
manquons généralement d'observations sériées. Si,
dans des régions bien déterminées, les naturalistes
voulaient s'astreindre à noter avec soin, chaque
année, le nom de toutes les espèces dont le degré
d'abondance aurait varié d'une façon considérable,
* Travail présenté à la séance du 3 février 1900 ; manuscrit remis
le même jour; épreuves corrigées parvenues au Secrétariat le 15
février 1901.
76
soit dans un sens, soit dans l'autre, en notant en
même temps toutes les circonstances ayant pu avoir
une influence sur le développement de ces espèces,
la comparaison de ces listes aux tables que dressent
partout les météorologistes, permettrait peut-être
de déterminer au bout d'un certain nombre d'an-*
nées, au moins pour les organismes terrestres, la
part d'influence des diverses conditions atmosphé-
riques sur le développement de ceux-ci.
Le problème se complique de ce qu'aux causes
physiques viennent s'en ajouter d'autres d'ordre
biologique, résultant de l'action réciproque des dif-
férentes espèces les unes sur les autres. Ces dernières
causes de variation numérique paraissent plus diffi-
ciles à déterminer que les premières, puisque leur
recherche nécessite l'étude simultanée de tous les
organismes capables de réagir les uns sur les autres,
organismes souvent très différents ainsi qu'on peut
s'en rendre compte par l'exemple suivant : Pendant
l'été 1900, tous les Crustacés décapodes sont rares à
Luc, sauf les Paguridâe, au contraire extrêmement
abondants. Cette abondance coïncide avec celle des
Poulpes. Or, au printemps de la même année, les
Gastéropodes étaient également plus nombreux que
d'ordinaire, Buccins, Nasses. Pourpres, etc., fourmil-
laient sur les rochers littoraux. Victimes de la voracité
des Poulpes, ces Mollusques ont rapidement diminué
de nombre, laissant les grèves couvertes de leur»
coquilles, et donnant ainsi aux Pagures une quantité
d'abris plus considérableque d'habitude, et par suite,
la possibilité d'échapper en plus grand nombre au
danger qui résulte du manque de retraite pour \\]\
— 77 —
animal aussi vulnérable que le Pagure lorsqu'il e>t
nu (1).
Le même exemple nous permet de constater
une fois de plus ce fait, qu'il n'existe pas à propre-
ment parler de causes entraînant par elles-mêmes
l'augmentation du nombre des représentants d'une
espèce, mais seulement des causes restreignant plus
ou moins la destruction de ceux-ci.
L'objet principal de la présente note est l'indica-
tion d'un certain nombre d'espèces animales qui se
sont fait remarquer par une abondance anormale au
cours de l'année 1900, dans la région de Luc-sur-
Mer.
Les Poissons sont généralement en diminution
accentuée : Influence des Poulpes. Cependant les
espèces suivantes ont été remarquablement mieux
représentées que dans les années précédentes :
Labrax lupus Guvier.
Cantharus griseus (Linné).
(1) Voici un fait qui permet d'expliquer autrement l'abondance
des Pagures sur les grèves où les Poulpes sont nombreux. Sur les
grèves sableuses, les Poulpes se dissimulent en s'enfouissant com-
plètement dans le sable, mais leur présence esl souvent décelée par
un amas considérable de Pagures vivants, amas pouvant être
composé de plusieurs centaines d'individus. A ce voisinage, peut-
être quelquefois dangereux, le Pagure trouve sans doute un bénéfice,
et cela, bien probablement dans l'abondante nourriture que lui
procurent les proies incomplètement dévorées du Poulpe. Mainte-
nant, ces amas sont-ils aussi considérables, parce que les Paguns
sont plus nombreux, ou les Pagures paraissent-ils plus nombreux
parce qu'ils sont réunis en amas compacts-, c'est là un point difficile
a éclaircir.
- 78 —
Lepadoq aster bimaculatus (Pennant).
Hippocamptts èrevirpstris Cuvier.
Pour cette dernière espèce, l'accroissement numé-
rique n'est peut-être qu'apparent. Il est possible
qu'on soit simplement en présence d'un phénomène
d'émigration Voici les faits. Pendant l'été 1900,
l'Hippocampe, cependant réputé comme fort rare sur
notre côte, a été capturé à diverses reprises dans la
zone littorale par des pêcheurs de crevettes, alors
qu'on ne l'avait jamais trouvé dans une station aussi
voisine du rivage. Les rares individus conservés
dans les collections locales, ont été, en effet, généra-
lement ramenés du fond, enroulés sur les cordes des
lignes jetées par les pêcheurs au lieu dit « le Raz »,
à environ quatre kilomètres au large de Langrune.
Là, la nature du fond, roches escarpées couvertes
d'une abondante végétation, interdit l'emploi de la
drague et du chalut, si bien que l'exploration est
presque impossible et la faune très mal connue.
L'Hippocampe pourrait être là fort commun, son
apparente rareté n'étant que le fait du manque de
moyens de capture. La faune icthyologique de ce
point est d'ailleurs très spéciale. C'est <r au Raz » et
uniquement « au Raz » que les pêcheurs de la cote
vont pêcher à la ligne le Bar et la Brème (1). Si
lllippocampe, comme cela est fort possible, y est
1 1 Os deux Poissons se réunissent d'ailleurs au P.az pour des
raisons très différentes. Le premier y retrouve les eaux agitées dans
lesquelles il se plaît et que la hauteur et la nature rocheuse
ilu fond entretiennent constamment en ce point. L'escarpemenl des
roelies et l'abondance de la végétation donnent au second ses
retraites préférées.
— 79 —
également abondant, nous pourrions bien n'être
qu'en présence d'un phénomène d'émigration, ainsi
que nous le disions plus haut, la station habituelle
étant devenue inhabitable pour une raison quel-
conque. (L'abondance des Poulpes provoquant direc-
tement la fuite de l'Hippocampe, ou rendant son
départ inévitable par suite de la disparition de la
nourriture habituelle ou de l'occupation des lieux de
retraite peut être encore invoquée).
Parmi les Mollusques nous avons reconnu l'ex-
trême abondance des espèces suivantes ;
Octopus octopodia (Linné).
Sepia ofjicinalis Linné.
Nassa reticulata (Linné), généralement rare.
Nucula nucleus (Linné), extrêmement abondant
dans les dragages côtiers.
Les Crustacés décapodes ont été généralement
rares, sauf cependant les Pagures dont on pouvait
observer de véritables amoncellements sur les plages
sableuses des environs de Lion.
Enfin l'année paraît avoir été très favorable aux
Insectes, principalement à certains Hyménoptères
prédateurs, Philanthus, Bembex, Cerceris, dont les
terriers criblaient les dunes, et généralement tous les
endroits sablonneux exposés au soleil.
§ 2-
Sur Alpheus megacheles (Hailstone).
Du groupe des Alphées, en général si abondam-
ment représenté dans les mers chaudes, deux espèces
— 80 —
paraissent être seules à habiter nos régions, Alpheus
rubet Milne-Edwards et Alpheus mègache les (Hails-
tone). Encore ces espèces y sont-elles peu répandues,
si on en juge par le petit nombre des localités où
quelques rares individus ont pu être capturés.
Pour ce qui concerne la Normandie, la littérature
ne mentionne la présence de ces deux Alphées qu'à
Jersey et à Herm, où Sinel et Kœhler ont vu la
première, Guise et Norman la seconde. A ces deux
localités, mais pour l'une seulement des deux espèces,
A megacheles, nous ajouterons Luc-sur-Mer, un
individu vivant ayant été capturé par nous, sur les
rochers qui découvrent aux grandes marées devant
le Laboratoire de Zoologie.
Commun dans la Méditerranée, aux Açores, dans
le Golfe de Gascogne, A. megacheles existerait éga-
lement sur les côtes américaines où Guérin-Menne-
ville l'aurait décrit sous le nom de A. Candei (Cuba)
et Lockington sous ceux de A. bar bar a et A. cla-
mator (Basse-Californie) (1). En Angleterre, Hails-
tone l'a signalé à Hastings, Sp. Bâte à Dodman.
Très anciennement connu, très fréquemment décrit,
A. megacheles possède de nombreux synonymes.
Dans la liste suivante, on trouvera la plupart des
noms que les descripteurs lui ont imposés en Europe.
183.") Hyppolite rubra Westwood.
— — megacheles Hailstone.
— Dienecia rubra Westwood.
(1) Coutièhe (H.), Les Alphéidse', Ann. Se. Nat., Zool., 1899,
vin- Sér., t. IX.
- 81 —
1837 Alpheus Edwardsi H. Milne-Edwards, non
Audouin.
1830-1844 Cryptophthalmus ruber Costa.
1849 Alpheus Edwardsi Lucas, non Audouin.
1851 — — Hope, non Audouin.
— — lalimanus (A. Costa) Hope.
1856 — Miinei Guérin-Méneville.
1863 — platyrhynchus Heller.
1868 — mcgacheles Norman.
L'individu recueilli à Luc se tenait sous une pierre
dans cette partie des rochers du Quihot qui ne
découvre que lors des plus grandes marées. Mis à
découvert, il n'a manifesté ni crainte, ni surprise, et
s'est laissé prendre sans essayer de fuir ou de se
défendre. Transporté à Caen, il a vécu quelques
jours dans une cuvette d'eau de mer en compagnie
d'autres animaux marins capturés le même jour que
lui. Très peu actif, il restait immobile la plupart
du temps, se bornant à faire éclater ses surprenants
claquements, chaque fois qu'un de ses compagnons
de captivité venait à son contact.
§ 3-
Sur Cistella capsula (Jeffreys).
En dehors de Cistella cistellula (Searles Wood)
signalé en 1866 par Eugène Deslongchamps (1), qui
(1) E. Deslosochamps, Note sur la présence de l'Arf/iope cistel-
lula sur la côte de Porl-en-Bessin, Bull. Soc Linn. Norm., 2° sér.,
Ier vol., 1867, p. 360, l'I. X, 6g. 3-5.
G
- 82 —
qui l'avait recueilli sur desPecten maximus dragués
au large de Port-en-Bessin, aucun Brachiopode ne
paraît avoir été observé sur les côtes du Calvados.
Dans des sables dragués à environ deux lieues au
large' de Courseulles, nous avons trouvé quelques
individus de C. cistelhda, mais beaucoup plus abon-
damment C. capsula (Jeffreys). Cette dernière espèce
pour laquelle King a cru devoir créer le genre
Gwynia a déjà été signalée dans la région normande
à Etretat et à Guernesey, par Jeffreys lui-même.
§ 4.
Sur quelques Poissons nouveaux pour
notre région.
Siphonostoma typhlk (Linné). — Espèce très
commune à Luc, fréquemment capturée dans les
lilets à crevettes. Malard la signale à Saint- Vaast,
Cadeau de Kerville à G-ranville et à Gbausey.
Blennius ocellaris Linné. — D'après Lennicr,
cette Blenniese trouverait sous les pierres, au Havre,
à Ste-Adresse, à la llève. Gadeau de Kerville n'ajoute
aucune localité. Deux individus de Blennius ocel-
laris dragués récemment dans la région de Cour-
seulles font partie des Collections de la Faculté des
Sciences de Caen. Ne parait pas habiter ici la zone
littorale.
Serranus cabrilla , Linné). — Cette espèce est
signalée dans les eaux de Cherbourg par Jouai) et
Moreau. Un individu a été pris à la ligne à Luc, en
83
septembre 1890, par M. Lemanissier et gracieuse-
ment offert pour ses Collections, au Laboratoire de
Luc.
Lepadogaster bimaculatus (Pennant L — Ce
Lepadogastère, qui n'avait pas encore été signalé à
Luc, était très abondant sous les pierres des rochers
littoraux pendant l'été de 1900.
Laboratoire de Zoologie de 1 1 Faculté des Sciences
de l'Université de Caen.
84 —
A. Vaullegeard. — Etude expérimen-
tale et criticfiie sur l'action dc§
Helminthes : I. Cestodes et Xéum-
todes (*).
HISTORIQUE
Depuis l'antiquité, les médecins et les malades ont
constaté la présence de certains vers et ont regardé
ces êtres comme la cause des maladies.
Au début du XIXesiècle, il se produisit une opinion
toute différente: Un grand nombre de médecins,
parmilesquelsilconvientde citer Bremser, pensaient
que les helminthes sont le produit de la maladie et
non sa cause; certains médecins même croyaient
avec Rush que les vers sont utiles à la santé ; tous
professaient la doctrine de la génération spontanée
des parasites
Raspail( 1847) fit justice de toutes ces théories, il
fut le précurseur des idées modernes, car il comprit
que la cause des maladies ne doit pas être cherchée à
l'intérieur des humeurs du malade, mais qu'elle pro-
(*) Travail communiqué à la Société dans la séance du 12 no-
vembre 1900; Manuscrit remis le même jour; Epreuves corrigées
reçues au Sccrètarial le 22 février 1901.
— 85 —
vient du milieu extérieur. Il accusa les vers d'être la
cause d'un grand nombre de maladies.
Bien que Raspail n'eut aucune situation officielle,
le public, en dépit des cabales, adopta sa théorie.
L'illustre Van Beneden(1849j combattit la doctrine
de la génération spontanée ; il démontra les migra-
tions de plusieurs Cestodes ; mais il s'occupa peu de
leur rôle pathologique : les vers lui. paraissaient
même sans rapport avec la santé de leur hôte, au
point que les animaux en bon état logent souvent plus
de vers que les autres.
Les médecins se rallièrent alors aux idées de Ras-
pail. Ils accusèrent les parasites d'être les auteurs
d'un grand nombre de maladies.
Les physiologistes donnèrent une explication des
symptômes des maladies parasitaires : pour eux, les
troubles constatés sont des réflexes provoqués par
l'irritation des vers.
Les helminthologistes Miram, Cobbold, Bastian,
Huber, PvAillet (1895), ayant constaté sur eux cer-
tains troubles coïncidant avec le maniement de cer-
tains vers, pensèrent que les parasites agissaient par
leurs sécrétions. Leugkart émit l'hypothèse que
l'agent actif est soluble dans l'alcool. Mourson et
Schlagdenhauffen constatèrent la toxicité du liquide
provenant de l'écrasement des cysticerques et A. Gau-
tier (1896) réussit à tuer des cobayes et des lapins en
leur injectant le liquide obtenu en comprimant les
Ascaris.
Bruno Galli Valerio (1899) explique l'action de
tous les parasites par la sécrétion de toxines, mais il
ne les définit pas.
86
En présence de toutes ces théories successives, il
m'a paru intéressant et pratique d'étudier les faits de
plus près, en vue d'analyser les causes et le méca-
nisme des symptômes morbides des maladies parasi-
taires.
Je divise mon exposé en deux parties.
1° Etude expérimentale.
2° Etude critique.
PREMIERE PARTIE
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
CHAPITRE 1
Recherches sur le mécanisme de l'action
des Cestodes.
J'ai recherché les effets dûs à l'action mécanique
et ceux dûs à l'action chimique afin de faire la part de
chacune de ces actions.
1» ACTION MÉGANIQUE
L'observation montre que les larves de cestodes se
développant au sein des tissus, amènent des com-
pressions et par suite un désordre dans le fonction-
nement des organes.
— 87 —
Pour les Cestodes adultes, au contraire, nous
n'avons pas observé d'action mécanique suffisante
pour expliquer les troubles fonctionnels. Au cours de
mes recherches, j'ai constaté que les Tœnia du chien
formaient parfois des amas qui obstruaient l'intestin.
Je n'ai jamais observé aucune irritation de la
muqueuse autour des points où se fixent les têtes des
Cestodes, j'ai vu parfois une dépression intéressant
seulement la portion épithéliale de l'organe. Mes
observations ont porté sur les intestins de poissons
et sur ceux du chien.
2° ACTION CHIMIQUE
L'action chimique des Cestodes est beaucoup plus
importante; elle est encore en grande partie ignorée.
Raillet l'a soupçonnée.
J'ai recherché les substances actives contenues
dans les Cestodes et l'action physiologique de ces
principes immédiats.
Absence de ferments digestifs
Frédéric (1878) a montré que le Taenia serrata
Goëze ne contient aucun ferment digestif. Mes expé-
riences sur le Bolhriocephalus punctatas Rud.
confirment ce fait.
Il résulte de l'absence de ferment que les Cestodes
ne pouvant digérer par eux-mêmes absorbent seu-
lement les matières préparées par leur hôte. C'est
là une perte considérable, car le développement de
vers est assez rapide. Ces faits expliquent l'appétit
souvent exagéré des porteurs de Taenia.
— 88 —
Présence de substances toxiques
1° Chez les Cvsticerques
D'après les observations médicales, la rupture des
Eehinocoques au sein des tissus amène des désordres
importants ; Mourson et Schlagdenhauffen (d'a-
près R. Blanchard) ont reconnu que le liquide de la
vésicule du Cystycercus pisiformis llud.i Teenia ser-
rata larva) renferme de l'albumine et des leuco-
maïnes et possède des propriétés vénéneuses très
accusées.
Mes expériences m'ont montré que le liquide pro-
venant de l'écrasement, soit des Cysticercus pisi-
formis Rud., soit des eehinocoques, tue les gre-
nouilles auxquelles on l'injecte; les animaux meurent
avec des manifestations de paralysie.
J'ai constaté que le liquide ainsi obtenu contient
deux sorles de produits actifs : 1° une substance
soluble dans l'alcool ; 2° une substance insoluble dans
ce dissolvant. Nous renvoyons à plus loin pour
l'exposé des propriétés de ces deux substances, car il
nous a été plus facile de les étudier plus complète-
ment chez les cestodes adultes.
2° Chez le Taenia Neumannei
J'ai écrasé dans une petite quantité d'eau quelques
serments murs du Tœnia Neumannei Munie/, et j'ai
injecté le liquide ainsi obtenu dans le péritoine d'un
cobaye. L'animal montra au début une certaine agi-
tation, puis tomba dans une période d'abattement, le
corps secoué de frissons. Au bout d'une heure, les
— 89 -
frissons cessèrent, mais l'animal resta immobile et
peu excitable ; il finit par se remettre de cette indis-
position.
3° Chez le Taenia serra ta
Un Tasniû serrât a Goëze, adulte, bien lavé, a été
conservé par moi 15 heures dans une faible quantité
de sérum de Hayem, puis j'ai comprimé le ver afin
d'obtenir le liquide contenant les produits fournis
par le ver. J'ai constaté la toxicité de ce liquide par
les expériences dont voici le compte-rendu.
Expériences sur la grenouille
L'injection de 1 cm. cube provoque une excitation
immédiate qui dure deux minutes. La respiration
devient saccadée ; l'agilité diminue en même temps
que les réflexes se montrent de plus en plus difficiles
à produire.
Dix minutes après l'injection, l'animal nous sur-
prend par quelques mouvements en apparence
spontanés ; mais, en réalité, ces mouvements sont la
réponse retardée des excitations antérieures pro-
duites sur l'animal, car ils durent peu et l'animal
redevient immobile et peu excitable.
Une nouvelle dose de 1 cm. cube accentue les
troubles, mais elle ne reproduit pas la période d'ex-
citation constatée dans le début de ces expériences ;
la respiration s'accélère. Les mouvements en appa-
rence spontanés se produisent une minute après les
légers mouvements réflexes provoqués par des
piqûres. Il semble que ces mouvements épuisent
rapidement l'animal, car ils durent peu.
— 90 —
La grenouille, mise dans l'eau, flotte dans une
position un peu inclinée, et 40 minutes après la pre-
mière injection, nous constatons une incoordination
dans les mouvements: ranimai, en sautant, retombe
sur le côté.
La sensibilité semble diminuer surtout pour les
membres postérieurs. La respiration se ralentit pen-
dant les périodes de repos, mais elle s'accélère à la
suite des excitations.
La grenouille, replacée dans l'eau, semble revenir
à la san té, et au bout de trois heures, je retrouve mon
batracien bien portant.
L'ébullition modifie peu les effets physiologiques
de cette solution, car l'injection de 2 cm. cubes
amène une période d'excitation plus longue que
dans l'expérience précédente; au bout de 25 minutes,
l'immobilité a succédé à l'excitation, mais les réflexes
ne sont pas abolis. Au bout d'une heure, lagrenouilie
semble remise, mais 18 heures après le début de
l'expérience, je trouve l'animal mort.
Expérience sur le chien
J'ai injecté à un jeune chien le liquide provenant
d'une macération de 70 gr. de Taenia île chien. Le
jeune animal soumis à cette expérience n'éprouva
pas de troubles marqués. Je constatai seulement
quelques frissons et une dilatation de la pupille. Ces
phénomènes morbides s'atténuent rapidement.
Cette expérience est intéressante, car dit1 nous
montre la résistance du chien aux produits de ses
propres parasites plus grande que celle de la gre-
nouille.
— 91 —
Chez le Bothriocephalus punctatus
Le Bothriocephalus punctatus Rud., très abondant
chez le turbot, m'a permis de poursuivre mes recher-
ches.
Après avoir bien lavé les vers, je les écrase dans
l'eau distillée et le liquide obtenu, décanté et filtré, a
servi aux expériences suivantes :
Expériences sur les grenouilles
Une grenouille reçoit 1 cm. cube en injection
hypodermique ; elle ne tarde pas à présenter les
troubles suivants :
1° Lenteur des réflexes ;
2° Difficulté dans les mouvements provoqués par
les excitation? ;
Au bouf d'un instant, l'animal revient à la santé.
Une injection de 2 cm. cubes produit les mêmes
effets ; mais, en injectant une nouvelle dose de 2 cm.
cubes, les phénomènes morbides se compliquent :
1° par la suppression totale des mouvements spon-
tanés ; 2° par des arrêts respiratoires ; 3u par un
affaiblissement des mouvements du cœur. Les
réflexes persistent longtemps, mais il faut une exci-
tation violente pour les provoquer. La grenouille,
mise dans l'eau, ne cherche pas à nager, elle finit par
mourir.
Analyse des produits toxiques du Bothrio-
cephalus punctatus
Le liquide obtenu, comme il a été dit plus haut,
est légèrement opalescent ; il précipite par l'alcool.
— 92 -
J'ai étudié séparément :
1° Le précipité obtenu par l'alcool ;
2° Les substances qui restent en solution après
l'action de ce réactif; on l'isole par l'évaporation dans
le vide.
Etude du précipité
Le précipité recueilli sur un filtre est dessécbé
dans le vide et mis en suspension dans la glycérine,
une faible portion se redissout dans ce réactif; la
partie insoluble est formée d'albuminoïdes.
Nous ne pouvons étudier directement les pro-
priétés physiologiques de la partie dissoute dans la
glycérine à cause des propriétés toxiques, pour les
grenouilles, de ce dissolvant Pour tourner la diffi-
culté, nous traitons la glycérine par l'alcool, il se
produit un précipité ; nous le recueillons sur un
filtre et nous le lavons à l'alcool pour le débarrasser
de toute trace de glycérine.
Le produit ainsi obtenu est en trop faible quantité
pour me permettre de reconnaître tous ses carac-
tères cbimiques. Ce que nous avons constaté, joint
aux propriétés physiologiques, nous permet de
ranger ce produit dans le groupe des toxines-fer-
ments.
Pour étudier les propriétés physiologiques de ce
corps, je le redissous dans l'eau et je l'utilise pour
les expériences suivantes :
Expériences sur les grenouilles
Une grenouille reçoit 1 cm. cube de la solution en
injection hypodermique et nous constatons :
93
1° Une période d'excitation intense ;
2° Une période d'activité ;
3° Au bout de 20 minutes, la respiration devient
saccadée et intermittente; elle s'arrête momenta-
nément'au bout de 3/4 d'heure ;
4° En même temps que la respiration se trouve
atteinte, les mouvements spontanés cessent et la gre-
nouille se montre peu excitable. Nous constatons
que les muscles ne sont pas atteints dans leur
contractilité, car ils se contractent par l'électricité.
Le système nerveux, au contraire, est atteint, car
nous pouvons pincer l'animal sans provoquer aucun
mouvement. L'animal, mis dans l'eau, nage dans une
position légèrement inclinée ; si on met la grenouille
sur le dos, elle ne peut se relever, il y a des phéno-
mènes d'incoordination dans les mouvements.
Au bout d'une heure, l'animal semble revenir à la
santé, mais il se produit de temps en temps des arrêts
prolongés de la respiration et le batracien meurt au
bout de trois heures.
En portant la dose à 2 cm. cubes, les phénomènes
se précipitent : la période d'activité se réduit à
8 minutes. L'excitabilité diminue encore, les mouve-
ments réflexes sont de moins en moins généralisés,
les troubles respiratoires apparaissent. Au bout de
20 minutes la grenouille semble sur le point de
mourir ; je mets à nu les nerfs des membres posté-
rieurs et je les sectionne ; l'excitation du bout péri-
phérique amène la contraction des muscles, tandis
que l'excitation du bout central n'amène aucun
réflexe.
— 04 —
A L'autopsie; les poumons se montrent gorgés de
sang.
Ces expériences me permettent de conclure que
telle toxine- ferment agit sur les centrés-nerveux.
Cette toxine n'est pas sensiblement modifiée par
l'ébullition.
Etude de la portion soluble dans l'alcool
Le procédé décrit plus haut (p. 92), ne permet pas
d'obtenir une grande quantité de toxine, et il a le
défaut d'être" long, puisqu'il nécessite l'évaporalion
dans le vide d'une certaine quantité d'alcool; aussi,
après avoir constaté par une expérience préliminaire
l'existence d'une substance toxique pour les gre-
nouilles, j'ai modifié la technique.
Les BothHocephalus punctatus Rud. sont lavés,
puis mis dans l'alcool à 90" et triturés dans ce dissol-
vant. La solution alcoolique ainsi obtenue est filtrée,
l»u is évaporée dans le vide. Le résidu jaunâtre ainsi
obtenu est redissout dans l'eau pour servir aux expé-
riences suivantes :
Expériences sur la grenouille
Les injections sous-cutanées faites sous la peau du
dos des grenouilles déterminent une période d'exci-
tabilité pendant laquelle ranimai saute en poussant
un cri particulier dès qu'on l'excite. Cette période a
duré 7 minutes dans une de mes expériences. Au
bout de ce temps, nous voyons. l'animal répondant de
moins en moins aux excitations, et au bout de
95
20 minutes, il demeure inerte, le cœur seul continue
à battre.
L'infection faite dans le rectum des grenouilles
se montre beaucoup moins active: au début, le batra-
cien s'agite, puis ses mouvements deviennent de plus
en plus difficiles, et au bout de 10 minutes, le train
postérieur est presque paralysé, tandis que les mem-
bres antérieurs ont conservé leur mobilité presque
intacte. La respiration n'est pas atteinte dans son
amplitude, mais elle est ralentie. La paralysie tend à
se généraliser, elle ne devient pas totale.
Cette expérience nous montre que l'absorption de
la toxine soluble par l'intestin produit des effets ana-
logues à l'injection sous-cutanée.
Pour me rendre compte de l'action du poison, j'ai
préparé une grenouille comme dans l'expérience de
Claude Bernard, relative au curare.
Je lie la grenouille en laissant en dehors de la liga-
ture les nerfs des membres postérieurs. J'injecte
alors la partie antérieure et peu de temps après je
constate que la piqûre des membres antérieurs pro-
voque les mouvements réflexes des membres posté-
rieurs, alors que les membres antérieurs restent
inertes.
Dans une autre expérience préparée de la même
façon, j'ai pu, outre les constatations précédentes,
sectionner les nerfs d'un membre antérieur, et j'ai
constaté que l'excitation du bout périphérique n'ame-
nait pas la contraction des muscles, tandis que l'ex-
citation du bout central amenait des réflexes dans les
membres non soumis à l'action du poison.
96
Ces expériences montrent que ce poison agit sur la
mobilité sans agir sur la sensibilité; les centres ner-
veux ne sont pas atteints. Ce poison est donc une
sorte de curare agissant sur les terminaisons mo-
trices des nerts.
Expériences sur un rat
J'ai pu injecter 10 cm. cubes d'une solution toxique
pour les grenouilles à la dose de 2 gr. Les seuls effets
constatés ont été: 1° une excitation momentanée due
peut-être à la douleur produite par la piqûre;
2° quelques mouvements saccadés de la mâchoire, le
poil hérissé ; 4° l'excitation a fait place à une légère
diminution de l'activité; la respiration n'est pas
modifiée ; enfin, le lendemain, le rat est parfaitement
remis.
Caractères chimiques
La solution aqueuse est opalescente ; elle ne préci-
pite pas par l'alcool ; l'iodure de potassium iodé
donne un précipité brun ; le tanin en solution
aqueuse donne un précipité floconneux abondant. Le
chlorure d'or donne un précipité grisâtre. L'iodure
double de potassium et de mercure donne un préci-
pité; l'acide sulfurique ne donne rien; l'acide azo-
tique ne donne rien à froid, mais l'ébullition fait
apparaître un précipité blanchâtre ; l'acide picrique
ne donne rien ; le papier de tournesol bleuit.
Parmi ces propriétés, la solubilité dans l'eau, dans
l'alcool, les réactions de l'iodure de potassium iodé,
du tanin, du chlorure d'or, de l'iodure double, de
mercure et de potassium, tendent à faire classer ce
corps parmi les alcaloïdes.
— 97 -
Ce corps toxique, soluble dans l'alcool, est donc
une sorte d'alcaloïde analogue à la curarine, mais il
diffère chimiquement de cet alcaloïde, notamment
par l'action des acides qui ne donnent pas de réaction
colorée.
CONCLUSIONS
Mes expériences personnelles sur tous les cestodes
étudiés par moi (Ci/sticercus pisiformis Rud., Echi-
nocoques, Tœnia serrata Goëze, Tœnia canina L.,
Bothriocephalas punctatus R.ud.), nous ont montré
que les produits solubles dans l'eau contenaient deux
sortes de substances : une soluble dans l'alcool et
l'autre précipitant par ce réactif. Mes recherches sur
le Bothriocephalus punctatus Rud. m'ont permis de
reconnaître :
1° Un alcaloïde soluble dans l'alcool à fonction
curarique;
2° Une sorte de toxine-ferment précipitée par l'al-
cool et dont l'action se fait sentir sur les centres ner-
veux et désorganise les relations entre les cellules
nerveuses.
L'action de ces substances est assez énergique pour
produire des troubles. Nous verrons dans la partie
critique quels sont les symptômes morbides explica-
bles par ces agents chimiques.
— 98 —
CHAPITRE II
Expériences sur les Nématodes
On sait que ['Ascaris mrgalocephala Gloquet
= A. e quorum Gœze contient des substances actives
qui ont parfois incommodé les naturalistes Miran,
Gobbold, Bastian, Hubert, Raillet (1895).
A. Gautier (1896) a pu tuer des cobayes et des
lapins avec le liquide provenant de l'écrasement des
vers appartenant à cette espèce.
J'ai porté mes recherches sur ['Ascaris lumbri-
cqïdes L., variété suis, fréquent dans l'intestin du
porc.
Rôle mécanique
J'ai observé souvent l'intestin du porc rempli de
vers et je n'ai pu trouver de lésion notable.
L'intestin est souvent obstrué par des paquets de
vers qui apportent forcément une difficulté dans la
marche du contenu intestinal.
Le Dr Gatois m'a signalé un cas d'appendicite
explicable par l'encombrement de l'appendice par le
Trichocephalus Hominis Schrank.
Rôle chimique
J'ai trituré un certain nombre d'Ascaris lumbri-
coïdes L. provenant du porc ; je les ai soumis à une
forte compression et j'ai ainsi obtenu une certaine
quantité de liquide jaune ambré, légèrement rou-
il!)
geâtre. C'est ce liquide qui m'a servi dans les expé-
riences ci-dessous :
Expériences sur le Cobaye
Je prends un cobaye de taille moyenne ; je lui
injecte 2 cm. cubes; il ne se produit pas de période
d'excitation. 5 minutes après le début de l'expérience,
je constate que l'animal se tient immobile, et qu'il
traîne le train de derrière lorsqu'on le force à mar-
cher. Au bout de 10 minutes, le cobaye est pris d'un
tremblement général, sa respiration devient rapide
(55 mouvements respiratoires par minute).
Un quart d'heure après le début de l'expérience, je
constate que l'animal marche les doigts repliés.
La respiration s'accélère au bout de U) minutes,
elle atteint 64.
L'animal reste dans le même état ; en le pinçant
nous le faisons crier, mais il ne pousse aucun cri
spontanément. La respiration, extrêmement fré-
quente (70), présente quelques irrégularités. La tem-
pérature prise dans le rectum est de 39,2 (1) une
heure après le début de l'expérience. La démarche
s'améliore un peu.
24 heures après l'injection, je retrouve mon ani-
mal l'air hébété, il marche encore difficilement et par
moments il est pris de frissons, la respiration est
tombée à 45 battements par minute.
Il meurt dans la nuit entre la 30e et la 40e heure
après le début de l'expérience.
A l'autopsie, je constate une congestion des pou-
mons.
(1) La température d'un cobaye on bonne santé est 39,4.
— 100 —
Expériences sur le Chien
L'injection faite à un jeune chien amène des trou-
bles moins accusés. Je suis obligé de renouveler l'in-
jection pour rendre les phénomènes saillants.
Dès que la dose atteint 3 cm. cubes, l'animal paraît
fatigué ; lorsque nous sommes arrivés à 8 cm. cubes,
il ne tarde pas à s'endormir d'un sommeil calme, sa
respiration n'est pas modifiée.
Lorsque la dose atteint 10 cm. cubes (une heure
après le début de l'expérience), la respiration ne
compte que 20 mouvements par minute, mais ils
atteignent une grande amplitude. La démarche n'est
pas encore modifiée. Peu de temps après, je cons-
tate que mon chien a l'air fatigué, triste et ahuri,
puis il est pris de vomissements répétés, séparés par
de courtes périodes de sommeil ; sa démarche est
lente.
24 heures après, tous ces phénomènes se sont dis-
sipés.
Séparation de diverses substances toxiques
Le liquide obtenu par la compression des Ascaris
est additionné d'nn volume double d'alcool à 90° ; je
laisse le vase 24 heures pour permettre au précipité
de se former, je filtre et j'étudie séparément la partie
soluble et le précipité.
Pour obtenir la partie soluble, j'évapore la liqueur
hydro-alcoolique dans le vide et pour la purifier je la
redissous dans l'alcool à 90°, je filtre et j'évapore de
nouveau dans le vide.
— 101 —
Poison insoluble
Le précipité obtenu par l'alcool est débarrassé de
ce réactif par l'évaporation dans le vide; on le redis-
sout partiellement dans l'eau, il se montre peu actif sur
les Rats et les Cobayes. Pour obtenir un liquide plus
actif, nous le reprécipitons par l'alcool, et, cette fois,
nous l'obtenons exemptd'albumine, puisque ce corps
est resté dans la partie du premier précipité qui ne
s'est pas redissoute. Le deuxième précipité étant pur,
je le redissous totalement dans une petite quantité
d'eau. C'est avec cette solution que je fais les expé-
riences suivantes :
Expérience sur le Cobaye
Un jeune cobaye reçoit en injection sous-cutanée
1 cm. cube; nous notons une excitation passagère,
une accélération de la respiration, une incoordination
dans les mouvements, des frissons, des convulsions
de la face.
En augmentant la dose, nous accentuons tous ces
phénomènes et nous constatons en outre le refroi-
dissement des membres et des irrégularités dans la
respiration.
L'animal se remet de cette indisposition.
Cette expérience nous permet de conclure que ce
poison est analogue à celui que nous avons trouvé
chez les Cestodes.
Expérience sur la Grenouille
Une injection sur la grenouille verte amène peu à
peu une moins grande agilité et une légère incoordi-
— 102 —
nation dans les mouvements, la sensibilité paraît
diminuée.
Une injection de 2 cm. cubes tue la grenouille
rapidement. Au bout d'une heure, elle ne répond que
par de très faibles mouvements aux plus fortes exci-
tations.
Poison soluble
La matière soluble dans l'alcool, préparée comme
il a été dit plus haut, est redissoute dans l'eau et sert
aux expériences suivantes :
Expérience sur le Cobaye
L'injection sur le cobaye provoque au début une
période d'excitation, puis l'animal s'arrête, fait le
gros dos, éprouve des frissons : la respiration s'accé-
lère ; les excrétions sont exagérées, car notre cobaye
urine quatre fois en une heure. Les mouvements sont
violents lorsqu'on exciie l'animal et il y a des convul-
sions. Puis il revient à la santé.
Expériences sur les Grenouilles
L'injection de 1 cm. cube à une grenouille produit
rapidement l'immobilité, mais des excitations vio-
lentes l'en font sortir. Gel état s'aggrave après un
mieux extrêmement passager, mais considérable.
L'animal tombe dans un état comateux, d*où il ne
sort que sous l'influence d'excitations violentes pour
retomber aussitôt dans l'immobilité.
Au bout de 20 minutes, la grenouille revient à la
santé, elle cherche à s'échapper et se met à nager
dans l'étang au bord duquel je fais cette expérience.
— 103 —
J'ai recommencé cette expérience en portant la
dose à 2 cm. cubes; au bout de 10 minutes, les
réflexes se sont montrés très faibles; au bout d'un
quart d'heure, la grenouille semblait morte. Nous
pratiquons une incision à la peau du ventre, il se
produit alors quelques mouvements respiratoires,
mais aucune contraction des membres ; 25 minutes
après, l'animal meurt. A l'autopsie, les poumons sont
vides d'air.
J'ai voulu voir si cette substance agissait comme
celle signalée plus haut chez les Cestodes. Pour cela,
j'ai préparé une grenouille comme pour l'expérience
sur le curare, et j'ai pu constater que l'injection dans
la partie antérieure supprimait la motricité de cette
partie sans agir sur la partie non inoculée, de sorte
que l'excitation des membres antérieurs provoque des
mouvements réflexes des membres postérieurs.
Il m'a en outre semblé que cette substance était
moins active que chez les Cestodes, car nous avons
besoin d'une solution plus concentrée pour obtenir
les mêmes effets.
Extraits de Nématodes
Après avoir extrait mécaniquement le liquide des
•Ascaris lumbricoïdes L., je les épuise par de l'eau
salée à 5 %• La solution obtenue se coagule partielle-
ment à l'ébullition ; elle précipite par l'alcool.
Nous recherchons ses propriétés physiologiques.
Expériences sur le Rat
Une injection de 3 cm. cubes a amené la mort d'un
rat en moins de 24 heures. Au début, le rongeur était
— 104 —
peu malade, mais au bout d'une heure il faisait le gros
dos et s'agitait peu. 10 heures après, il était encore
dans le même état.
Expériences sur le Cobaye
L'injection de 2 cm. cubes amène la mort du cobaye
en 2 h. 10.
Dès le début, l'animal reste immobile et stupide, sa
respiration s'accélère et atteint un maximum de 68
un quart d'heure après l'injection, puis elle diminue,
l'animal est pris de diarrhée, puis il se refroidit et
meurt.
Je constate que l'animal avait éjaculé pendant son
agonie.
Expériences sur le Chien
Une injection de 10 cm. cubes chez un jeune chien
provoque une dilatation de la pupille.
En portant la dose à 20 cm. cubes, la démarche
devient lente, il va se coucher et éprouve de temps
en temps des convulsions, la température rectale est
39,6. La respiration présente quelques irrégularités
dans sa durée et dans son amplitude. La diarrhée
survient. Le chien se remet de son indisposition.
Il résulte de ces expériences que l'extrait par l'eau
salée jouit des mêmes propriétés que le liquide
obtenu par compression ; il en est de même de la
solution aqueuse obtenue en lavant le résidu dans
l'eau, mais le liquide obtenu est plus dilué. Il faut
8 cm. cubes pour tuer un cobaye en 16 heures, après
avoir présenté des troubles respiratoires.
— 105 —
Solution alcoolique
Les vers pressurés, épuisés successivement par
l'eau salée et par l'eau, sont épuisés par l'alcool.
La solution alcoolique est évaporée à base tempé-
rature, 38°, et le résidu est redissous dans l'eau et je
l'injecte à un chien.
Expérience sur le Chien
L'injection amène un ralentissement dans la mar-
che ; la température monte à 39°,4. Le chien ne
semble pas souffrir, mais il traîne le train de derrière;
il urine abondamment deux fois en deux heures et se
remet de son indisposition au bout de deux heures.
Les jours suivants, il va bien.
Solution éthérée
La partie qui ne s'est pas dissoute dans l'alcool est
épuisée par l'éther et la solution éthérée est évaporée.
L'injection du dépôt, mis en suspension dans une
petite quantité d'eau, se montre inactive.
CONCLUSIONS
Mes expériences ci-dessus mentionnées montrent
donc que les Nématodes contiennent comme les Ces-
tories deux sortes de produits toxiques.
1° Une substance soluble dans l'eau, insoluble dans
l'alcool, agissant sur le système nerveux ;
2° Une substance soluble dans l'eau, soluble dans
l'alcool, insoluble dans l'éther. Cette substance se
mjfk
— 106 —
montre paralysante comme la substance curarique
des Cestodes, mais c'est un curare moins actif.
C'est cette substance qui, provoquant l'arrêt com-
plet des muscles chez les batraciens, produit la
fatigue et la gêne locomotrice constatées chez les
mammifères soumis à mes expériences.
DEUXIEME PARTIE
ÉTUDE CRITIQUE
Dans cette partie de mon travail, j'ai cherché à dis-
tinguer, parmi les troubles reconnus et attribués aux
vers, ceux qui sont dus aux agents chimiques et ceux
qui sont dus à l'action mécanique.
Les Nématodes et les Cestodes vivant tantôt dans
l'intestin et tantôt en dehors, j'ai dû diviser la partie
critique en quatre chapitres.
chaWtrè i
Troubles causés par les Cestodes
parasites des tissus
Les Cestodes vivant dans les organes autres que le
tube digestif sont pour la plupart des formes larvaires
destinées à se développer dans l'intestin d'autres
animaux.
— 107 -
FORMES LARVAIRES
Les Cestodes à l'état larvaire se rencontrent dans
les animaux les plus variés ; nous allons passer rapi-
dement en revue les diverses classes du règne
animal.
Parasites des Invertébrés
Les Vers de terre logent des larves connues sous
le nom de Pleurocercus Villot, d'après Haswell et
Hill (1894) et la larve du Tœnia (Dicranotœnia)
cuneata Linstow.
Les Arthropodes terrestres ont des parasites variés.
Les Glomeris logent des espèces appartenant aux
trois formes: Urocystis, Staphylocyslis etCystycercus
d'après Villot (1880 et 1881).
Les insectes hébergent la larve du Tœnia ( Hyme-
nolepis di/ninataRu.d., d'après Villot, et probable-
ment plusieurs autres Hymenolepis. La larve du
T. (Davainea) cesticeUus Molin vit dans les Lépidop-
tères et dans les Coléoptères, d'après Grussi et
Ronelli (cités d'après Raillet).
Le Tœnia (Dipylidium) canina L. commence son
développement dans le Pulex irritans L. et P. serra-
ticeps Gervais, d'après les observations de Grassi et
dans le Trichodectes canis Retzius, d'après les expé-
riences de Melnikow.
Les Crustacés sont les "hôtes intermédiaires d'un
grand nombre de Cestodes.
Les Crustacés inférieurs logent les larves du sous-
genre Dicranotœnia, car le Tœnia (Dicranotœnia) co-
ronula Duj. se développe chez les Ostracodes, d'après
— 108 —
Mrazek (1891) et Rosseter (1891), sous la forme
Cercocystis Villot.
La plupart des Taenia du sous-genre Drepanido-
tsenia ©nt pour larves des Cercocystis parasites des
Crustacés : le T. (D.) gracilis Zeder, vit d'abord dans
les Cypris, d'après R. Rlanchard et Mrazek (1891) ;
le T. (D.) tenuirostris Rud., a été rencontré dans les
Gammarus par Hamann (1891), et dans les Cyclops,
par Mrazek (1891), et par Rosseter (1891).
Mrazek (1891) et Richard (1893) nous ont fait
connaître d'autres formes larvaires dont ils n'ont pu
spécifier l'espèce adulte.
VEchinocotylf Rosseteri R. Bl. habite les Cypris,
d'après R. Blanchard (1891).
Giard et Bonnier (1887) ont rencontré dans
les Crabes la larve du Tetrarhynchus ruficoUis Eisen-
hard, je l'ai signalé dans un grand nombre de Crus-
tacés décapodes.
On ne connaît qu'un petit nombre de Mollusques
parasités par des Cestodes : ce sont les Arion ru fus
et A. empyrîcorwn, hôtes du Cysticercus ario-
nis Von Siebold ; les Hélix, hôtes du Tœnia (Davai-
nea) tetragona Molin, d'après Piana ; les Limaces,
hôtes du T. proglottina Dav.; la Scpia officinalis
L. et VOclopus vulgaris Cuv., hôtes du Tetrarkyn-
chus bisuicalus Linton ; les Solen et les Cardium,
hôtes de YEchinobothrium typus Van Beneden.
Les troubles causés chez les invertébrés par les
larves de Cestodes sont trop peu connus pour que
nous puissions en chercher le mécanisme.
— 109 —
Parasites des Poissons
Les poissons logent dans leurs tissus un très grand
nombre de parasites et on en trouvera la liste dans
Von Linstow (1878 et 1889).
Parmi les genres de Cestodes, parasites des Pois-
sons, je citerai les genres suivants : Tetrarhynchus,
Triâsnophorus, Taenia (des poissons), Bothriotaenia,
Bolhriocephalus, Ligula.
Un de ces parasites intéresse l'homme, c'est le
Bothriocephalus lotus L., on l'a signalé dans les
Lottes, Brochets, Perches, Ombre-Chevalier, Truites,
Fera et Onchorhynchus Perryi.
Il est certain que, sauf la Ligule, les larves de Ges-
todes ne font pas mourir les Poissons, car on trouve
très souvent ces êtres envahis d'un grand nombre de
vers et ne paraissant pas moins vigoureux; ces larves
causent cependant une certaine infériorité dans la
lutte pour la vie, lorsque les organes viscéraux et de
la locomotion sont trop fortement envahis. Il peut
arriver que les Poissons parasités soient plus souvent
mangés par les Sélaciens que les autres; ce préjudice
causé à l'hôte est favorable au Cestode, puisqu'il aug-
mente ses chances de parvenir dans l'intestin des
êtres où il peut se développer.
Parasites des Mammifères
Les médecins, les vétérinaires et les naturalistes
ont noté avec soin un grand nombre d'observations
sur les troubles causés par les larves de Cestodes. Le
sujet est trop classique pour que j'aie besoin de
— 110 -
décrire toutes les maladies causées par les Cysticer^
ques, Cœnures et Echinocoques. Je veux seulement
étudier le mécanisme par lequel les troubles sont
produits.
Les larves de Cestodes provoquent des désordres
locaux, variables suivant l'organe, et des désordres
généraux indépendants de la localisation du parasite.
Effets locaux
II est évident que les vers, en se développant au
milieu d'un organe, agissent mécaniquement sur cet
organe et parfois sur les organes voisins qui se trou-
vent comprimés II y a donc lieu de tenir compte des
facteurs suivants ;
1° Volume et rapidité d'accroissement ;
2° Organe attaqué.
Influence du Volume
Le volume de la larve, relativement à l'animal et à
l'organe attaqué, est un facteur évidemment impor-
tant ; aussi, au début de l'infection, les troubles sont
beaucoup plus légers que dans la suite. (Ce n'est que
dans des expériences que Baillet, Van Beneden et
autres ont pu tuer des animaux dès les premiers
temps de l'infection ; cet effet était dû au grand
nombre de jeunes vers).
C'est seulement lorsque la larve a acquis un cer-
tain volume que les symptômes deviennent caracté-
ristiques.
Plus le volume du parasite est considérable, plus
les troubles sont importants ; ce facteur nous rend
— 111 —
compte des effets des Echinoœques, plus accentués
que ceux du Cysticerque. La vitesse d'accroissement
est un facteur important dans la résistance des
organes, car c'est à la compression que j'attribue les
kystes. Or, nous savons que le kyste est une néofor-
mation protectrice; il s'épaissit en même temps que
le parasite s'accroît.
Influence de V Organe
Marche de f invasion. — Les œufs de Cestode éclo-
sent dans l'intestin après ramollissement de leur
coque protectrice sous l'influence du suc gastrique.
L'embryon hexacanthe traverse les parois du tube
digestif sans produire de troubles appréciables, il est
ensuite entraîné par le courant circulatoire et va se
loger dans les divers organes.
Les désordres provoqués varient avec l'organe ;
nous sommes donc amenés à étudier successivement
les parasites des divers organes.
Parasites du Foie
C'est naturellement dans le foie que les embryons
de Gestodes font leur premier arrêt. Aussi le foie est-
il l'organe le plus fréquemment atteint parles Cysti-
cerques et par les Echinocoques (1). Un certain
nombre de larves se trouvent détruites, dans le foie.
(.1) Tœnia serrata Goëze, chez le lapin.
T. marginata Batsch, chez le porc.
7'. echinococcus Von Siebold, chez les Ruminants, les Solipécles,
l'Homme, etc.
112
Le développement de la larve dans le foie amène
une augmentation considérable dans le volume de cet
organe et des modifications dans la structure de cette
glande : Il se produit une prolifération du tissu
conjonctif autour des parasites. L'explication de ces
faits doit être cherchée dans l'action mécanique.
Les transformations du tissu du foie jouent un cer-
tain rôle dans les manifestations de la maladie.
Lorsque l'hydatide est trop grosse, elle produit des
déplacements de l'organe et môme des lésions des
organes voisins; elle peut déprimer le diaphragme et
s'enfoncer dans le poumon. Les troubles respiratoires
qui surviennent alors sont dûs à une action méca-
nique.
La larve, après s'être développée dans le foie, peut
tomber dans le péritoine et s'y développer ; l'effet
local est alors relativement faible.
J'ai constaté plusieurs fois des épidémies meur-
trières chez les jeunes lapins ; elles étaient dues à
l'envahissement du foie par un grand nombre de
cysticerques du Taenia serrata Gœze.
Parasites des Organes respiratoires
Les larves emportées par le courant circulatoire
peuvent, après avoir traversé le foie, s'arrêter dans
le poumon.
Les hydatides du poumon sont rares chez l'Homme,
mais elles sont fréquentes chez les Ruminants. Les
vésicules du Taenia cchinococcus étant alors peu
comprimées par le tissu élastiquedu poumon, acquiè-
rent un volume considérable ; la poitrine elle-même
— 113 —
s'élargit, il se forme souvent des adhérences entre le
poumon et la plèvre. Il peut se produire des compres-
sions sur l'aorte ou sur les artères pulmonaires, il en
résulte des troubles circulatoires pouvant occasionner
la mort. Tous ces troubles sont évidemment dûs à
l'action mécanique.
L'irritation causée par le Tsenia echinococcus Von
Siebold amène des transformations histologiques.
Nous les avons constatées sur un poumon de Mouton.
Le tissu qui entoure immédiatement la vésicule du
T. echinococcus est un tissu fibreux formé de fibres
élastiques et de quelques rares cellules embryon-
naires. Un peu au-dessus, le tissu change progressi-
vement d'aspect ; on trouve des fibres conjonctives
serrées et de jeunes cellules plurinuclées ; plus exté-
rieurement, on voit du tissu muqueux et enfin le
parenchyme normal du poumon.
Le développement de ces kystes ressemble à celui
des tumeurs fibroplastiques. Le parenchyme excité
revient à l'état primitif, puis, après avoir proliféré, se
transforme en tissu fibreux et, comme la vésicule
continue à croître, la zone génératrice se trouve
reportée de plus en plus à l'intérieur du tissu pul-
monaire de sorte que l'on a dans le kyste des tissus
stratifiés à divers degrés de transformation.
Les hydatides que l'on trouve dans la plèvre doivent
provenir de la paroi.
Parasites des autres viscères
Les Gysticerques peuvent se développer dans pres-
que tous les organes ; il en résulte des troubles fonc-
tionnels.
8
— 114 —
Les organes génitaux de la femme sont souvent
parasités par YEchinocoquc. On l'a rencontré dans
les parois de l'utérus, dans les ovaires, c'est une des
causes de stérilité.
Parasites'des organes du mouvement
Les os sont parfois le siège des Echinocoques. Dans
ce cas, les vésicules ne sont pas enkystées, elles res-
tent petites au milieu du tissu osseux; elles amènent
parfois des fractures spontanées.
Les muscles et le tissu conjonctif intermusculaire
et sous- cutané peuvent abriter de nombreux para-
sites (1).
Lorsque lecysticerque du Taenia solium L., habite
ces tissus, il ne cause que peu de troubles et peut
passer inaperçu même à la visite sanitaire des viandes
de Porc. On le reconnaît chez le Porc en tâtant la
langue, car il est démontré depuis longtemps que
chez cet animal les cysticerques de ce Tœnia sont
plus fréquents dans la région linguale que dans les
autres.
(1) Tœ.nia saginala Gœze, chez les Bovidés et Ovidés.
T. Solium L., chez le Porc et l'Homme.
T: crassicollis Hud., chez les Rongeurs et les Insectivores.
T. Krabbei Maniez, chez les Rennes.
T. Gritnaldi Moniez, chez le Dauphin.
T. (Cœnurm.) serialis Gervais, chez les lapins.
T. Echinococcus Von Siebold, chez l'Homme et un grand nombre
de Mammifères.
Tsenia cœnurus Kuchenmeister, égarés dans les muscles du
Mouton.
C;/sticercus lo.ngicollis Bremser, dans la Taupe.
115
Le Taenia saginata Gœze, produit encore moins de
dégâts.
Les observations médicales sont nombreuses sur
les Echinocoqitcs, les troubles fonctionnels varient
avec la région, car ils dépendent de l'action méca-
nique.
Lorsque les vers habitent le tissu musculaire du
cœur, ils amènent directement de la dyspnée, des syn-
copes, des battements de cœur et, par suite de ces
désordres circulatoires, des troubles psychiques avec
ou sans épilepsie, avec ou sans apoplexie.
Parasites du système nerveux
Lorsque les vers habitent les centres nerveux, ils
causent des troubles graves qui se traduisent par un
mal de tête, de la somnolence, des vertiges, des atta-
ques d'épilepsie et de paralysie. Pour expliquer ces
désordres, il ne semble pas nécessaire de faire inter-
venir les produits de sécrétion, car l'action méca-
nique sulfit.
On trouvera dans R. Blanchard (1889) le résumé
des observations de Kuchenmeister (1868) et de
Dresel (1887) sur les troubles provoqués chez
l'homme par la présence dans les centres nerveux du
cysticerque du Taenia soliwn L. sous la forme Cysli-
cercus ; acemosus Heller.
Le Taenia echinococcus Von Siebold a une action
analogue, il est plus rare que le T. solium L.
Nous renvoyons à l'excellent ouvrage de Neumann
pour la description des troubles causés par le Taenia
Cœnurus Van Ben. chez les animaux domestiques.
— 116 —
Les organes des sens peuvent loger des larves de
Tœnia.
L'Œil est assez souvent le siège des Cysticer-
ques (1). Les troubles qui en sont la conséquence
sont décrits dans l'ouvrage classique de R. Blan-
chard ; leur explication est évidemment due à l'ac-
tion mécanique.
Effets généraux
En même temps que les effets locaux, on voit par-
fois des effets dans des organes éloignés.
Les médecins ont remarqué des cas d'urticaires dûs
à la rupture accidentelle ou chirurgicale desEchino-
coques au sein des tissus. Debove (1887) en a donné
une explication à la fois par l'action du contenu des
vésicules et par la réaction individuelle des sujets.
Des cas de mort par arrêt du cœur ou de la respira-
tion ont été signalés dans les mêmes circonstances.
VEchinocoque cause l'anémie pernicieuse chez
l'Homme et chez les Ruminants, ainsi que beaucoup
de vers parasites. Ce fait doit être attribué, selon moi,
à l'action chimique; le poison-ferment diffuse à tra-
vers les membranes, agit sur le système nervçux, et
par suite désorganise toute coordination entre les
tissus.
FORMES ADULTES
Les cestodes adultes n'habitent pas normalement
les tissus ; ce n'est qu'exceptionnellement qu'on les
(1) Taenia solium L., chez l'Homme.
T. echinococcus Von Siebold, chez les Ruminants.
T. cœnurus Van I3en., »'\yaivs chez le Veau et chez l'Antilojijie.
— 117 —
rencontre ainsi à la suite d'une perforation de l'in-
testin.
CHAPITRE II
Troubles causés par les Cestodes
dans l'intestin
CESTODES LARVAIRES
Les Cestodes larvaires sont peu nombreux, leurs
dégâts sont très faibles.
CESTODES ADULTES
Effets locaux
Les Cestodes adultes habitent l'intestin ; ils adhè-
rent à la muqueuse par des trompes ou par des ven-
touses. Le strobile tout entier se meut au milieu du
contenu intestinal, il s'allonge, se replie, se contracte,
mais tous ces mouvements sont lents et ne peuvent
amener d'irritation notable de la muqueuse. Une trop
grande accumulation de vers peut obstruer l'intestin
et amener quelques troubles dus à une action méca-
nique.
Effets généraux
Les Cestodes adultes ne semblent pas dangereux
pour les animaux vivant dans des conditions nor-
— 118 —
maies ; il n'en est pas de même chez les animaux
domestiques et chez l'Homme. Il est permis de se
demander si nous sommes bien renseignés sur les
animaux sauvages ?
Van Beneden a constaté que les Poissons les plus
vigoureux sont les plus attaqués parles parasites. J'ai
pu, par mes observations personnelles, confirmer le
fait, mais il s'explique fort bien : les êtres les plus
vigoureux mangent plus que les autres et par consé-
quent ont plus de chance de gagner des parasites.
Les Oiseaux sauvages sont souvent remplis deCes-
todes et paraissent en bonne santé. Cependant l'étude
attentive montre des épidémies meurtrières : c'est
ainsi que l'on voit nos Gallinacés maigrir, puis mou-
rir sous l'influence du Taenia (Davainéa) proglot-
tina Dav.
Les symptômes de l'affection sont la perte de
l'appétit, la tristesse, la diarrhée, la démarche raide,
les accès épileptiformes. J'attribue la modification
dans la marche à faction de l'alcaloïde. Les accès
épileptiformes me paraissent dûs à l'action du fer-
ment-toxique.
Chez les Mammifères, les observations sont nom-
breuses. Tantôt l'animal n'éprouve aucun trouble,
tantôt il présente des troubles intestinaux, tantôt il
ressent des attaques épileptiformes et des accidents
nerveux.
Le Chien est attaqué par de nombreuses espèces de
vers; souvent sa santé n'est pas altérée ou elle pré-
sente quelques troubles digestifs légers; l'on peut les
expliquer par une action mécanique. Parfois on voit
les Chiens s'agiter, pousser des cris, éprouver des
119
attaques épileptiformes et des convulsions. Ces mani-
festations nerveuses sont dues aux sécrétions du ver.
Parfois les symptômes rappellent la rage.
Les faits sont analogues chez les Moutons. On a
signalé des convulsions chez cet animal.
Outre ces symptômes, Raillet a observé que les
vers intestinaux provoquent souvent l'anémie perni-
cieuse des animaux domestiques.
Il n'est pas rare de trouver des Hommes porteurs de
Tœnia ou de Bothriocephales dont la santé n'est pas
troublée. J'ai connu un de mes amis qui a gardé son
ver 5 ans ; il s'agissait d'un Tœnia saginata Gœze. Ce
parasite ne le faisait nullementsouffrir, maisil estbon
de constater dans ce cas la régularité du tube diges-
tif sans aucun trouble. Ce fait a, je crois, une grande
importance, car, lorsque les produits de la digestion
circulent normalement, ils entraînent avec eux les
produits de sécrétion du ver, et le peu de ces subs-
tances, introduites par absorption dans l'organisme,
s'élimine au fur et à mesure, de sorte que l'organisme
n'en contient jamais une dose dangereuse.
Les crampes, la fatigue sont produites par l'alca-
loïde.
Da vaine (1860), Gobbold (1879), R. Blanchabd
(1889), Raillet (1895), ont décrit les troubles causés
par les Tœnia chez l'Homme. Ils ont signalé des
embarras gastriques, de la diarrhée ou de la constipa-
tion, des démangeaisons de l'anus, une salivation
abondante, des coliques. Je crois que tous ces trou-
bles sont dûs à l'action directe du ver dans l'intestin.
A ces troubles s'ajoutent des palpitations de cœur,
des syncopes, des convulsions, étudiées spécialement
- 120 —
par Féréol(1876) et par Léontieff (1885). Raspail
a constaté que ces troubles disparaissent lorsque le
traitement vermifuge a chassé une partie du ver.
Cette observation s'oppose à l'explication des méde-
cins pour lesquels ces troubles sont d'ordre réflexe.
Pour moi, les troubles cardiaques et nerveux sont
dûs à des phénomènes d'intoxication causée par la
toxine-ferment.
CHAPITRE III
Troubles provoqués par les Nématodes
parasites des tissus
Les tissus contiennent des Nématodes à divers
degrés de développement; nous allons les passer en
revue successivement.
I. — NÉMATODES LARVAIRES
Les Nématodes sous la forme larvaire sont fré-
quents dans presque tous les embranchements du
règne animal. On connaît en effet les Cucullanns
èlegans Rud., chez les Cyclopes,la Fila ri n medinensis
Velsh,chez les mêmes Crustacés, la F. Immitîs Leidy,
chez VHematopinus pilifer^la. F. reçondita Crassi,
chez les Puces et Ixodes, la F. Bancrofti Cobbold,
dans les Moustiques, le Spîroptera mnguinolenta
Rud., chez les Blates, YOllulanus tricuspis Leuckart,
chez les Souris, etc.
— 121 —
Les Vertébrés sont particulièrement atteints. Je ne
parlerai que des vers intéressant l'homme et les ani-
maux domestiques.
—La Trichina spiralis Owen, se développe au milieu
du tissu conjonctif d'un grand nombre de Mammi-
fères, dont Raillet (1889) a donné une longue liste.
Le ver adulte vit et pond dans l'intestin, les œufs
éclosent aussitôt et les embryons gagnent les tissus
du même hôte où ils se développent. L'accroissement
lent du ver irrite le tissu conjonctif et entraîne une
modification profonde de ces éléments. Les fibres
connectives s'hypertrophient, les cellules font retour
à l'état embryonnaire, puis elles se multiplient en
formant une masse granuleuse qui écarte les faisceaux
musculaires primitifs.
La modification des tissus, s'opposant à l'activité
des échanges, amène la Trichine à tomber dans un
état de vie latente.
La néoformation granuleuse s'indure, le kyste
s'épaissit et peut s'isoler ou se renforcer aux dépens
du tissu conjonctif avoisinant.
La formation du kyste est lente dans le tissu
adipeux, qui est peu apte à proliférer.
Le kyste se détruit au bout d'un certain temps. Ce
fait me parait explicable par le rôle des Macro-
phages (1), ces cellules se détachent des parois dès
que le vers ne secrète plus de substance paralysante,
elles deviennent graisseuses et forment finalement
une masse adipeuse qui se calcifié plus tard.
(1) Voir à ce sujet l'analyse que j'ai faite (Bull. Soc. Linn. de
Norm., séance du 7 mai 1900, sur un travail de Matchinsky).
— 122 -
Les symptômes de la Trichine ont été étudiées par
Gobbold et Davaine (1860). Les désordres intes-
tinaux sont dûs aux vers adultes vivant dans le tube
digestif. Leuckakt croit que la perforation de l'in-
testin par les embryons peut amener une péritonite.
Les désordres dans les mouvements sont les résul-
tats des modifications histologiques des muscles. Les
Porcs meurent fréquemment, les Rats survivent quel-
que temps puis meurent dans le marasme, consé-
quence de l'anémie pernicieuse. L'Homme peut
résister longtemps.
— La.Fi/aria irritans Rivolta,est connue seulement
à l'état de larve, elle détermine la formation des
plaies ûPeVe'Bouley ou Dermite granuleuse du Cheval
et de l'Ane.
— Les jeunes Sclerostomum equinumO. F. Muller,
vivent dans les vaisseaux sanguins du Cheval. La
présence de ces vers dans les artères explique les
anévrismes qui sont fréquents chez le Cheval, car les
larves, obstruant les artères, élèvent la tension san-
guine en arrière des points où elles forment
barrage.
C'est Bollinger (1870) qui a montré que les coli-
ques des Chevaux proviennent des embolies ainsi
provoquées.
H. - NÉMATODES ADULTES
Les Nématodes adultes, normalement parasites
des tissus, appartiennent aux familles Strongilidés,
Filaridés, Trichocephalidaî.
— 123 —
On en rencontre, soit au milieu des tissus, soit dans
les cavités des organes excréteurs.
Parasites des tissus conjonctif et musculaire
— Le Stepanuras dentatns Diesing, creuse des gale-
ries dans le tissu adipeux des Porcs, il peut ainsi
provoquer des épanchements dans le péritoine ou
pénétrer dans le rein, les capsules surrénales ou le
foie.
Les troubles dépendent alors de l'organe.
— Le Spiroptérareliculaia Diesing, habite les fibres
musculaires du cheval ; il détermine des nodules
sous-cutanés ou l'hypertrophie des tendons. La for-
mation de ces fibromes parasitaires amène parfois
des boiteries.
— La Filaria equina Abildgaard,du Cheval, ne cause
souvent aucun trouble, mais d'autres fois elle pro-
voque la cachexie ou des tumeurs cutanées.
— La Filaria labiato-papiUosa Alessandrini habile
la cavité péritonéaledes Bovidés et des Cervidés ; elle
ne semble pas altérer la santé. Cependant Gotti,
d'après Raillet.(1895) a constaté un cas de marasme
consécutif à une diarrhée persistante et conco-
mittante avec la présence de nombreux vers.
— La Filaria hœmorrhagica Raillet, vit dans les tis-
sus conjonctifs de l'Ane etdu Cheval; elle provoquedes
accidents analogues à ceux de Filaria medinensis
Velsch chez l'homme.
— La Filaria medinensis Velsch, se manifeste parfois
par une sensation de pesanteur et de plénitude, la
peau devient douloureuse, il se forme un abcès. Ce
— 124 —
dernier s'ouvre à l'extérieur ; il en sort d'abord du
pus, puis le ver, que l'on doit extraire avec précau-
tion. Ces accidents sont dûs à l'action mécanique du
ver. Lorsque ce dernier se brise, la partie encore
incluse se rétracte ; il en résulte une vive douleur,
une suppuration abondante et la mort. Ces désordres
sont dûs à l'action chimique du vers.
— La Filaria labiaîis Pane (1884) a déterminé une
pustule blanche sur la lèvre.
— La Filaria lymphàtica Teutler amène la tumé-
faction des ganglions lymphatiques.
— Le Gnatltostoma siamense Levinsen, observé
chez une Siamoise, a déterminé des tumeurs sous-
cutanées de la poitrine de cette femme.
La maladie débuta par un état fébrile qui fut suivi
de tuméfaction douloureuse de la poitrine. Cette
tumeur devint bleue puis disparut. C'est alors que
l'on vit dans la peau des nodules arrondis de la taille
d'un haricot ; plus tard ils s'atténuèrent, puis re-
parurent ; de l'un d'eux s'échappa un vers.
Nielly a vu chez un homme des papules analogues
au crawcraw causés parle Rhabditis Nielly R Blan-
chard.
D'autres Rhabditisont été trouvés accidentellement
chez le Chien, le Renard, le Cheval ; ils coïncident
avec des désordres cutanés, mais leur présence n'a
pas été constatée assez souvent pour que l'on puisse
les regarder comme étant la cause des accidents
constatés.
— 125 —
Parasites des viscères
— Les Scleroslomum equirium Muller, et S.tetra-
canthum Mehlis, déterminent la formation de tumeurs
de la muqueuse intestinale du Cheval.
— UOlluiantis ttîcuspis Leuckart vit dans l'esto-
mac du Chat. Ses œufs, destinés à se développer
chez la Souris éclosent parfois dans le tube digestif
du Chat et les larves se développent alors dans les
organes viscéraux de ce carnassier.
— Le Spiroptera megastoma Rud. du Cheval nous
montre le peu d'importance des réflexes dans les
manifestations vermineuses. En effet, ces vers déter-
minent des tumeurs creusées dans le tissu sous-
muqueux et dans lesquels se loge le ver, et si les
manifestations étaient dues aux réflexes, les symp-
tômes seraient très accusés. Or, les vétérinaires n'ont
noté que des troubles' légers.
— Le Spiroptera sanguinolenta Rud. cause des
tumeurs dans des organes variés chez le chien, le
Loup, le Renard et divers autres Carnassiers. On
connaît en effet des tumeurs du tube digestif, des
tumeurs de l'aorte, des lymphatiques ou du poumon.
Il en résulte, soit des désordres intestinaux, soit des
anévrismes, soit des pleurésies. Ces symptômes sont
évidemment clùs à une action mécanique .directe du
ver.
Les symptômes rabiformes constatés parfois chez
les Chiens attaqués par le Spiroptère sont dûs à une
action chimique.
— UCEsophagosiornâ columbiamim Curtice vit
dans l'intestin ; ses larves se développent dans la
— 126 —
muqueuse et donnent de petites tumeurs sous-
muqueuses. Il en résulte une anémie insidieuse qui
conduit peu à peu les Moutons au marasme.
— Le Stronyylus Osfpr/ayi Stiles se loge dans l'épi-
thélium de la caillette du Bœuf. Sa présence provoque
la formation de nodules creux. Les troubles sont peu
accusés; ce n'est que lorsque le ver est abondant
qu'il détermine une anémie pernicieuse. Ce dernier
symptôme semble pouvoir être expliqué par l'action
directe du Strongle, car il suce le sang des capillaires
et amène des inflammations de la muqueuse.
— Le Gongylomenë scutaium Muller provoque de
même la formation de nodules ou de galeries dans
l'épithélium de l'œsophage.
— Les Disparagns agissent de même chez les
Oiseaux.
— Le Simodosia paradoxa Cobbold se développe
dans les glandes gastriques du' Porc ; il provoque la
formation de kystes.
— Le Synyamus trachealis Yon Siebold vit dans la
trachée et dans les grosses bronches des Oiseaux. Il
est répandu chez les Gallinacés; sa présence déter-
mine, surtout chez les jeunes, la maladie désignée en
Angleterre sous le nom de « Gapes » ; il peut pro-
voquer la mort. Les désordres respiratoires peuvent
s'expliquer par l'action mécanique.
— Le Trichosoma œorophyUum Creplin a été ren-
contré dans la trachée du Renard, du Chat, et dans le
poumon d'une Martre.
— La FilariaOsleri Cobbold. vivant dans le poumon
des Chiens, détermine la production de tubercules
renfermant chacun plusieurs individus et amène tan-
— 127 —
tôt la bronchite vermineuse, tantôt de légers troubles
respiratoires.
— Le Strongylus filaria Rud. vit dans les poumons
des Ruminants; il est fréquent chez les Moutons; il
détermine par lui-même, par ses œufs et par ses
embryons, des bronchites vermineuses.
— Le Strongylus ru fescens Leuckart du Mouton,
de la Chèvre et du Chevreuil, le S. micrurus
Mehlis, des Bovidés, le S. pulmonaris Ercolani, du
Veau, le S. Arnfieldi Cobbold, du Cheval et de
l'Ane, le S. pusillus Muller, du Chat, et le S. Com-
mutatus Diesing, du Lièvre produisent les mêmes
troubles.
— Les symptômes de ces affections sont la
dyspnée, la toux, le jetage; la maladie est souvent
mortelle.
Les effets mécaniques des vers expliquent suffisam-
ment les symptômes ; ils ont pour résultat la des-
truction du tissu pulmonaire et par suite l'expulsion
des embryons et la dissémination de la maladie.
— VEustrongylus gigasDiesïng habite le rein d'un
grand nombre de Carnassiers (Chien, Loup, Martre,
Putois, Loutre, Phoque, etc.), d'Herbivores (Bœuf,
Cheval, etc.), et de l'Homme. Il habite le bassinet.
Parfois l'effet est si faible que l'on ne reconnaît la
présence du parasite qu'à l'autopsie. Le plus souvent,
le ver détermine la destruction de la substance
rénale; il en résulte les symptômes suivants : urines
sanguinolentes, bourbeuses, purulentes. En même
temps, la démarche devient taide, vacillante, la voix
rauque. Il se produit des troubles nerveux rabi formes
et un changement de caractère; ces phénomènes,
128
constatés chez le Chien, s'expliquent par une action
chimique.
Les observations cliniques de ce ver chez l'homme
sont incomplètes. Aubinais (1846) a observé des dou-
leurs aiguës et protondes dans la région du rein. Au
bout de 3 ans, le malade maigrit et mourut. Le rein
était réduit de moitié.
— La Filaria restiformis Leidy a été observée par
Leidy (1880) dans la vessie d'un Homme; RAiLLETl'a
regardée comme un pseudo-parasite; ce ver avait
provoqué une sorte de Blennorhagie.
Parasites du système neroeux
Les Nématodes sont rares dans les centres ner-
veux, et ils sont parvenus dans ces organes acciden-
tellement. D'après Raillet (189ô), Ip Filaria Iiwmor-
rhagica Raillet, creuse parfois des trajets filiformes
dans la moelle épinière de l'Ane. Cette lésion se tra-
duit par une paralysie mortelle.
Certains Nématodes peuvent habiter l'œil, leurs
effets sont très variables. Tantôt ils ne provoquent
que des troubles légers (c'est parfois le cas des Filaires
de l'œil chez l'Homme, chez le Chien et chez le Mou-
ton) ; tantôt le ver siégeant sur la conjonctive,
(c'est le cas de la Filaria lao Guyot)ne détermine que
des démangeaisons et une irritation de l'œil, puis
tous ces symptômes s'évanouissent ; tantôt les trou-
bles des fonctions visuelles sont très accusés (c'est le
cas de la Filaria eqïrinà Abildgaard,siégeantdansles
milieux transparents de l'œil du Cheval, de la Filaria
- 129 —
labiato-papillosa Alessandrini, amenant l'inflamma-
tion et l'opacité de la cornée du Bœuf, de la Filaria
oculi kominis Nordmann, amenant des cataractes
chez l'Homme).
Lorsque les vers vivent au voisinage de l'œil, il en
résulte de violentes douleurs et l'irritation peut ame-
ner la tuméfaction de l'organe, c'est le cas de la
Fi/aria lacrymaLïs 6ur.lt, vivant dans les canaux
excréteurs des glandes lacrymales des Bovidés et pou-
vant se glisser sur la surface de l'œil ; elle provoque
une conjonctivite vermineuse ; il en est de même
de la Filaria palpebralis Wilson, du Cheval.
III. — NÉMATODES ERRATIQUES
On désigne sous ce nom des vers égarés hors de
leur habitat ordinaire.
Pendant leur vie intestinale, les Ascaris Lumbri-
coides peuvent parfois pénétrer dans les canaux du
pancréas ou du foie. Ils peuvent déterminer alors de
graves lésions et amener la mort. Il y a d'abord ictère,
puis formation de pus et inflammation pouvant se
propager jusqu'au tissu hépatique.
Kirkland a vu un abcès, ainsi formé dans le foie,
s'ouvrir par la peau et un Ascaris en sortir. LEBRETa
vu un abcès analogue se faire jour par le poumon.
L'Ascaris peut aussi s'égarer dans le péritoine, soit
en écartant les fibres de l'intestin, soit grâce à des
abcès qui peuvent être dûs à l'excitation mécanique
des lèvres de l'Ascaris. Il en résulte parfois une péri-
tonite. Cette dernière complication est relativement
9
— 130 —
si rare, que Davaine croit que les Ascaris ne gagnent
généralement le péritoine qu'après la mort.
— L'A. equorum Gœze, peut également s'engager
dans le canal cholédoque d'après l'observation de
Rool ou dans le canal pancréatique d'après Gene-
ral^ cité d'après Raillet, 1895), il peut aussi pé-
nétrer dans le péritoine.
Zurn a fait connaître des Heterakis gallopavonis
Gmelin, erratiques chez les Gallinacés ; on peut
en trouver dans* les œufs d'après les observations
d'ALDROVANDE et de Farrice d'Acquapendente
rapportées dans Raillet (1895).
L'expulsion anormale des Nématodes par des abcès
et par des trajets fistuleux est dangereuse : Minaglia
a vu un Ascaris himbricoïdes L. pénétrer dans les
corps vertébraux; il détermina une méningite mor-
telle ; Lepelletier en a vu un autre pénétrant dans
le poumon.
Lorsque les Ascaris lumbricoïdes L. sont expulsés
par la bouche, il peut arriver que le ver fasse fausse
route : en s'introdnisant dans les voies respiratoires,
il peut amener la mort par suffocation; en pénétrant
par la trompe dEustache dans l'oreille et ses annexes,
il provoque de vives douleurs.
IV. — ADULTES, ŒUFS ET LARVES
AGISSANT A LA FOIS DANS LE MEME
TISSU.
Dans ce cas, les troubles les plus importants sont
dûs à la présence des œufs et des embryons.
— 131 —
— La Filaria immitis Leidy, habite le cœur et
les gros vaissaux du Chien. Ercolani a montré que
l'on rencontrait cette filaire dans le tissu conjonctif.
On comprend fort bien que ce ver, habitant le sys-
tème sanguin, provoque mécaniquement l'hyperthro-
phiedu cœur, l'endocardite, la thrombose, et secon-
dairement par les troubles circulatoires, l'ictère,
l'ascite, la toux, les boîteries.
A ces symptômes s'ajoute l'anémie, que je rapporte
à une action chimique.
— . La Filaria Bancrofti Cobbold, plus connue
sous le nom de Filaire du sang de l'homme, rem-
plit de ses embryons les vaissaux sanguins et lym-
phatiques.
Les œufs de filaires sont arrêtés dans les capillaires
par suite de leurs dimensions, 38 X 14 ;j.; il en résulte
des arrêts locaux dans la circulation et des variations
de pression sanguine.
Ces faits expliquent (1) les symptômes variés de la
fîlariose : hydrocèle chyleuse, Elephantiasis des
Arabes, varices lymphatiques cutanées et abcès lym-
phatiques, la chylurie ou l'hématochylurie.
La léthargie des nègres causée par les formes à
larves persistantes me semble provoquée par une
sécrétion.
(1) Cette théorie appartient à Manson, elle est adoptée par
Raillet, R. Blanchard, et bien que très séduisante, elle n'est pas
admise par tous les médecins.
132 —
CHAPITRE IV
Nématodes intestinaux
Les Nématodes sont nombreux dans l'intestin, il
n'est guère d'espèce de Vertébrés qui ne loge
dans ses intestins plusieurs espèces de ces vers. Le
plus souvent les Nématodes ne provoquent pas des
désordres graves; ce n'est que lorsqu'ils sont nom-
breux qu'ils allèrent la santé.
Certaines espèces se montrent fort dangereuses,
elles appartiennent aux genres AnkyJostomum, Scle-
rostomum, Strongj/lus, Spiroptera, Oxytifis, As-
caris.
— U Ankylostomum duodenale Dubini, provoque
chez l'Homme l'anémie des mineurs, la chlorose
d'Egypte, la cachexie aqueuse des nègres des Antilles.
Le mécanisme par lequel ces divers états sont pro-
duits est facile à saisit', car on constate que l'armature
buccale puissante fixe l'animal en perçant la muqueuse
et en dilacérant les capillaires. Le ver peut enfoncer
toute sa partie antérieure dans la muqueuse ou même
tout son corps dans des cavités pleines de sang.
(D'après Bilharz, Grassi et Niepce).
Le ver se gorge de sang, et si les saignées sont
nombreuses, il en résulte uneanémie. Je ne crois pas
ici nécessaire de faire intervenir les toxines (1).
(1) Lussana a prétendu que l'Ankyloslome inocule des produits
propres a dissoudre l'hémoglobine d'après FUillet, 1893 .
— 133 —
D'autres Ankylostomes vivent dans les animaux; ils
y provoquent des troubles considérables. C'est ainsi
que Y Ankylostomum trigonodephalum Rud. tue les
Chiens et les Chats.
^Le Sclerostomùm tetraçanthum Mehlis provoque
par le même mécanisme l'anémie des Chevaux. Le
S. equinum Mulleragitde même, mais en outre les
larves pénètrent dans les vaisseaux sanguins et ajou-
tent leur action à celle des vers intestinaux.
— Le S. micriirus provoque l'anémie du Bœuf.
— Les Spiroptera microstoma Schneider agissent
mécaniquement, car on trouve leur extrémité cépha-
lique engagée dans les glandes de l'estomac de l'Ane,
et il en résulte une inflammation et un épaississement
de cette membrane.
— Le Spiroptera sangïiinolenta Rud. vit à la fois
dans l'intestin et dans les tissus. Nous avons vu plus
haut ses effets mécaniques sur les tissus.
— Le Strongylus ovihus Fabricius vit dans la
caillette et dans le duodénum des Ruminants; il s'at-
taque à la muqueuse, la perfore pour sucer le sang.
Ces lésions déterminent une anémie meurtrière.
Cette affection provoque parfois des épidémies si-
gnalées en Allemagne et en Algérie. Dans ce pays,
on connaît la maladie sous le nom de Roch.
— Le Strongylus kistabiiïs Raillet, vivant dans les
mêmes conditions, détermine les mêmes désordres.
Ces deux espèces sont souvent associées.
— Le Strongylus strigiûosus Duj. agit de même
sur l'estomac du Lapin.
— Le Strongylus Ostertagi Stiles détermine des
nodules dans l'épithélium de. l'estomac des Bœufs.
— 134 —
Ces nodules présentent un orifice par lequel la tête
fait saillie dans l'intestin. Le S. vicarius Stadelmann,
produit les mêmes lésions chez le Mouton.
— La Trichine spiralis Owen vit à l'étatadulte clans
l'intestin; c'est à ce vers qu'il convientd'attribuer les
troubles du début de la trichinose, consistant dans
les troubles des fonctions digestives.
— Les deux parasites les plus fréquents chez
l'homme sont VAscaris lumbricoïdes L.et VOxyuris
vermiciilaris.
Les médecins ont tour à tour admis et repoussé ces
êtres comme agents pathogènes. Le public a toujours
cru aux vers et a même exagéré leur importance.
Il est certain que les symptômes qui fontlabasedu
diagnostic ordinaire sont bien dûs aux parasites, car
ces troubles (dilatation de la pupille, irrégularité de
la respiration, sommeil agité, irrégularités de la cir-
culation, convulsions, paralysies) sont précisément
ceux que j'ai pu produire dans mes expériences sur
le Chien, le Cobaye, la Grenouille. J'en conclus que
ces désordres sont dûs à l'action chimique.
Les produits toxiques pourraient, même en agissant
sur la respiration, expliquer la croyance populaire
que les enfants peuvent être étouffés par les vers.
Il est reconnu que l'importance des troubles dépend
du nombre (1) des vers, de l'âge etdu tempéramment
du sujet Ce fait confirme la théorie de l'action chi-
mique.
(1) On peut consulter a ce sujel 1rs zoologies médicales, en parti-
culier celle de R. Blanchard, on y trouvera les quantités de vers
observés.
— 135 —
On sait que lorsque les Ascaris ou les Oxyures
pénètrent dans l'estomac, ils provoquent des vomis-
sements : cet effet peut être regardé comme un phé-
nomène réflexe.
C'est à l'excitation mécanique que l'on rapporte le
prurit anal dont les porteurs d'Oxyures re plaignent
fréquemment. Lorsque les vers, leurs œufs ou leurs
embryons pénètrent dans la vulve, ils déterminenl
un prurit désagréable et peuvent amener une leucor-
rhée.
Les auteurs rapportent à l'action mécanique l'exci-
tation génitale causée parles Oxyures vermiculaires.
C'est évidemment un des modes d'action, mais je
crois que l'action chimique s'ajoute à l'excitation
mécanique. Pour le prouver, je rappelle que j'ai vu
un cobaye éjaculer avant de mourir dans une de mes
expériences (p. 104).
— Chez leCheval, V Ascaris equorum Gœze(=A.me-
galocephala Cloquet) produit parfois chez les Equi-
dés des troubles intestinaux (catarrhe intestinal,
diarrhée, coliques vermineuses, etc.), et des troubles
généraux (vertige, épilepsie, tétanos, etc.).
C'est le maniement des vers de cette espèce qui a
produit chez quelques naturalistes des accidents pas-
sagers (mal de tête, gonflement des doigts, des pau-
pières, et parfois de l'urticaire).
— V Ascaris mystax Rud. est fréquent chez les
Chats et les jeunes Chiens, il est rare chez l'Homme ;
il agit comme VA. lumbricoïdes. En remontant dans
l'estomac, il provoque mécaniquement par réflexe
des vomissements.
— UHeterakis Gallopavonis Gmelin cause des
— 136 —
épizooties sur les Oiseaux de nos basses-cours
(poules, dindons).
— L77. columbse Gmelin = H. maculosa Rud.
amène rapidement la mort des Pigeons et des
Faisans.
— VH. papillosa produit, d'après Raillet. une
typhlite mortelle pour les poussins.
—heBhabondema intestinale &élé accusé de causer
la dyssenterie grave de Cochinchine.Maisce parasite
a été reconnu endémique dans cette région, où bon
nombre d'Européens l'hébergent sans en souffrir. Ce
parasite ne devient dangereux que lorsqu'une indis-
position a débilité l'homme, d'après Nordmann
(1876). Cette théorie n'a été vérifiée ni par Chauvin
(1878), ni par Ghastang : ils ont trouvé ce vers rare
au début de la diarrhée. Ce vers aggrave cette
maladie en produisant des lésions épithéliales. obser-
vées par Dounon et par Golgi et Monti.
— UAnguillula vivipara Probsmayer vit dans l'in-
testin du Cheval sans provoquer aucun trouble. Il en
est généralement de même des Trichocephalus.
Rœderer etWAGLER ont accusé le Trichocephalus
de causer la fièvre typhoïde, Rokytansky a émis une
opinion analogue; Delle Ciiiaje croit que ce ver
contribue au choléra. Ces opinions n'ont plus qu'un
intérêt historique.
Les cas de bénignité deNématodes semblentdùs au
peu de produits sécrétés. C'est ainsi que le Trichoce-
phalus hominis, quand il est peu nombreux, ne
cause aucun désordre. Rudolphi a même vu le cas
d'une femme renfermant 1000 vers sans présenter
- 137 —
rien d'anormal : tandis qu'une fillette de 4 ans,
observée par Félix Pascal, en mourut après des
phénomènes cérébraux, une autre fillette de 6 ans
soignée par Daniel Gibson, fut paralysée, mais
guérit après l'évacuation d'un grand nombre de vers.
Barth a vu une femme mourir avec les symptômes
d'une méningite et a trouvé l'encéphale sain ; mais
l'intestin renfermait de nombreux Trichocéphales.
Le Dr Catois m'a communiqué une observation
personnelle de Trichocéphale ayant provoqué un
appendicite par son action mécanique.
CONCLUSIONS
En étudiant les produits contenus dans diverses
espèces de Vers, nous avons isolé deux produits toxi-
ques, dont l'un agit sur les centres nerveux, tandis
que l'autre agit sur les muscles. Nous étions donc en
droit de soupçonner l'importance de ces facteurs dans
les maladies vermineuses. L'étude critique nous a
permis de rencontrer un grand nombre de symp-
tômes analogues à ceux que provoquent les injections
des substances toxiques. En outre il y a lieu de
remarquer que les désordres nerveux varient peu
avec le siège du ver chez un même animal.
Ce fait ne s'explique pas par la théorie des méde-
cins partisans de l'explication par les réflexes, car
alors l'excitation diffère avec l'organe attaqué et par
conséquent le résultat par voie de réflexe devrait
varier. La théorie de l'action- chimique, au contraire,
explique fort bien que l'effet soit le même, quel que
soit le siège des vers.
— 138 —
A côté de l'action chimique, nous avons reconnu
une action locale due à une action mécanique. Cette
action varie avec les organes et avec les espèces.
Notre théorie chimique, basée sur des expériences,
permet en outre de comprendre comment la bonne
santé est possible malgré la présence des vers. Ce
résultat doit se produire toutes les fois que l'excrétion
élimine une quantité égale à l'absorption, car dans ce
cas la dose contenue dans l'organisme n'est pas suffi-
samment active. Les troubles correspondent à l'accu-
mulation de produits toxiques ; on comprend facile-
ment que lorsqu'une cause morbide quelconque agit,
elle peut déterminer l'apparition de symptômes dûs
à des vers, qui existaient depuis longtemps sans se
manifester.
Liste des Ouvrages cités :
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Gehirns (Bëtrage zur Anat. und Embryol. als
Festgabe Jacob Henle, 4 avril 1882).
143 -
A. Vaullegeard. — Description «1» Disto-
mum pristis Deslongchamps *.
En 1824, Deslongchamps (1) rencontra ce ver
dans les intestins du merlan et de la petite morue.
Dujardin, Diesing et Cobbold l'ont décrit d'après
Deslongchamps.
Ce distome armé a été retrouvé par Stossich .(2)
dans l'intestin du Gadus euxinus.
Dans son travail de 1899, Stossich (3) range ce ver
dans le genre Anuitostoma, Stossich dont le type est
le Disïomum colostomum L'oos (4) du pélican.
Le Dis tomum pristis Deslongchamps est assez fré-
quent dans les merlans (Merlangus vulgaris) de la
côte du Calvados.
* Travail présenté à la Société le 7 mai 1900 ; manuscrit remi
le même jour ; épreuves corrigées parvenues au Secrétariat le 10
février 1901.
(1) Deslongchamps, Encyclopédie méthodique (article Distomes).
(2) Stossich, / Distomi dei pesci marini e d'acqua dolce, in
Boll. délia Soc. Adriatica di Se. Naturali in Trieste, t. • IX,
(1886), p. 45, PI. VIII, fig. 33, et in Programmo den Ginnasio
Comunale superiori di Trieste, dell' anno 188, p. 36. — Saggiodi
una fauna elmintologia di Trieste e provincie contermini in
Progr. dell, Civica ScuolaReale publicato, alla fine dell' ann 1898,
p. 54.
(3) Stossich, La sezione degli Echinostomi, (Boll. délia Soc.
Adriatica di Se. Naturali in Trieste, t. XIX).
(4) Loos, Faune paras, de l'Egypte (1896), p. 101. PI. VII,
fig. 66-68.
144
Va.-.
CD..
Il habite les appendices pyloriques et la portion de
jj l'intestin voisine de ces organes.
-BP Ce ver est allongé, cylindrique,
semi-transparent ; il se prête assez
bien à l'étude anatomique des prin-
0& cipaux organes.
•** Nous l'avons représenté sur le
.1 dessin ci-contre.
La longueur est assez variable :
p elle peut atteindre 15 m/m. Le ver
est mince, blanchâtre, avec trois
taches transparentes.
Sa tête est constituée par la ven-
touse orale. Celle-ci est hémisphé-
rique ; l'orifice buccal B est circu-
G laire, large de 1 m/'". L'orifice posté-
rieur de la ventouse est petit et en
continuité avec un bulbe pharyn-
gien 13P.
Le bulbe buccal est entouré d'une
...T
double rangée de gros crochets.
Ces crochets sont coniques, longs
v de 80 \l et larges de 15 u.
La ventouse ventrale VP est un
peu plus grande que la ventouse
"" T orale, très faiblement pédicellée ;
c'est pour cela que Diesing la décrit
sessile, bien que Deslongchamps
n'ait pas indiqué ce caractère.
Le cou, c'est-à-dire la partie com-
prise entre les deux ventouses, est
'.. ig couvert de petits aiguillons sur
— 145 -
toute sa surface, bien que Deslongchamps parle seu-
lement d'aiguillons sur les bords.
Les aiguillons dépassent un peu la ventouse ventrale
sur certains individus; il est possible qu'ils soient
assez facilement détachés sur le corps, ce qui expli-
querait leur extension variable avec les individus.
Le corps est long, cylindrique, terminé en pointe
à son extrémité postérieure où débouche l'appareil
excréteur.
L'appareil digestif comprend: 1° la bouche B entou-
rée par la ventouse buccale, dont nous avons déjà
parlé ; 2° un bulbe pharyngien BP, petit, faisant
suite à la ventouse buccale ; 3° un œsophage 0, dont
la portion postérieure est entourée d'un bulbe puis-
sant BO, analogue à celui du D. tennissime , décrit
par Sinton ; 4° un intestin bifurqué, dont les bran-
ches I se poursuivent sans se diviser jusqu'à l'extré-
mité du corps.
Ses annexes sont deux glandes salivaires placées
sur les côtés de l'œsophage.
L'appareil génital débouche à l'extérieur par un
orifice unique OG, situé entre la ventouse ventrale
et le niveau de division de l'intestin. Cet orifice
conduit dans un cloaque génital unique, garni de
fins piquants, et contournant la ventouse ventrale
du côté gauche. Les autres parties des canaux gé-
nitaux sont séparées, et pour les décrire nous de-
vons parler 1° de l'appareil mâle ; 2° de l'appareil
femelle.
L'appareil mâle comprend deux glandes testicu-
laires T, placées dans la moitié postérieure du ver,
l'une en avant de l'autre. Ces deux organes sont volu-
JO
— 146 —
mineux, transparents ; ils forment deux taches
claires, visibles à l'œil nu.
Un canal déférent CD part de chaque glande et se
réunit à son congénère un peu en avant du testicule
antérieur; il se termine par un petit canal large P,
garni de petits crochets.
L'appareil temelle comprend : 1° un germigène G
placé entre le testicule antérieur et la ventouse ; 2° les
vitellogènes Y, formés de nombreuses glandes, réunies
entre elles par un canal de chaque côté du corps, de
sorte que ces glandes forment deux grappes latérales
s'étendant dans les 4/s postérieurs de l'animal.
L'oviducte U part du germigène G; c'est un canal
relativement court, ne décrivant qu'un petit nombre
de sinuosités; dans sa partie terminale V il devient
externe par rapport au canal déférent auquel il se
réunit au fond du cloaque génital.
Les œufs sont elliptiques, légèrement colorés en
brun ; ils sont peu nombreux dans l'utérus.
Nous ignorons encore les migrations de ce ver,
car on ne connaît pas chez les animaux marins de
cercaire armée.
Les particularités anatomiques rapprochent le
D. pristis du D. temie-temtisshitc, mais je ne crois
pas à leur identité à cause des différences notables de
longueur.
147 —
Bigot. — Notice explicative de la
Feuille « les Pieux ».
INTRODUCTION
La feuille des Pieux comprend l'extrémité N. O.du
Cotentin et une partie de l'archipel anglo-normand.
Cette région est essentiellement formée par des ter-
rains primaires et des roches éruptives. Le Silurien
y est disposé en trois synclinaux ; les synclinaux de
Jobourg et de Siouville correspondent à peu près à
l'ancien pays de la Hague, limité au S. E. par le cours
de la Divette, au Sud par la Diélette. Le Dévonien
constitue au Sud de la feuille un bassin discordant
comme direction avec les synclinaux siluriens.
Le pays, sillonné de nombreux cours d'eau coulant
dans les vallées très encaissées, est très accidenté,
bien que son altitude ne dépasse pas 179 mètres. Il
est souvent terminé sur la mer par de hautes falaises
(128 mètres au Nez de Jobourg). La plupart des
cours d'eau ont une direction indépendante de la
structure; ce n'est qu'exceptionnellement que cette
direction est déterminée par la disposition des bandes
dures et tendres, comme c'est le cas pour la Divette,
coulant sur les schistes cambriens parallèlement au
Grès armoricain. Les cours d'eau, en voie d'évolution
— 148 -
par suite d'un abaissement relativement récent de
leur niveau de base, conservent jusqu'à leur embou-
chure un régime torrentiel, particulièrement net
pour les ruisseaux du versant Nord et de l'extrême
pointe de la Hague.
L'intérieur du pays rappelle le Bocage. — Le Nord
de la Hague, avec ses grandes landes d'ajoncs et de
bruyères, ses côtes découpées, ses falaises abruptes,
sa bordure d'écueils, a un cachet plutôt armoricain.
Ce caractère armoricain se retrouve à Aurigny,
sorte de talus incliné au Nord, terminé au Sud par
des falaises presque inabordables, et que prolonge à
l'Ouest la chaîne des récifs de Burhou et des Cas-
quets; il est plus accentué encore à Serk, véritable
plateau dont l'accès n'est possible qu'en deux ou
trois points, et dont la mer a déjà séparé l'îlot de
Brecqhou, comme elle travaille à en détacher le Petit
Serk.
DESCRIPTION SOMMAIRE DES TERRAINS SÉDIMENTAIRES
a Les alluvions modernes n'ont que peu
d'importance, en raison du peu de largeur des val-
lées, parcourues par des cours d'eau demeurés pour
la plupart à l'état de jeunesse. — Des tourbières
sous-marines avec troncs d'arbres couchés et
souches en place existent dans certaines baies
(Sainte-Anne, Nacqueville, Saint-Martin); à Cher-
bourg où elles ont été rencontrées jusqu'à (i mètres
au-dessous du zéro des cartes marines, elles con-
tenaient des objets de la période du bronze. Leur
submersion est postérieure à l'époque romaine car
— 140 —
on y a recueilli à Nacqueville des meules romaines
et une monnaie gauloise.
A Des dunes existent dans les baies de la côte
Ouest. Dans l'anse de Vauville les sables recouvrent
jusqu'à l'altitude de 80 mètres des collines de roches
anciennes; dans cette anse la propagation de ces
sables vers l'Est est manifeste à Biville, mais plus au
Sud le ruisseau du Pont des Sablons limite leur
extension en les ramenant à la mer. Une station néo-
lithique, évidemment établie sur un point non
encore occupé par les sables, existe à Biville au point
culminant de la dune.
a' b Les limons sont jaunâtres, très argileux, non
calcarifères. Leur formation par ruissellement est
difficilement compatible dans beaucoup de cas avec
leur situation culminante (179 mètres à Flotteman-
ville, point le plus élevé de la région); ils peuvent
représenter le dernier terme de l'altération sur place
de dépôts crétacés ou tertiaires.
a'a Une étroite terrasse pleistocène pouvant
atteindre 20 mètres de hauteur (sous Beaumont)
borde presque partout la côte. Le dépôt supérieur
qui existe souvent seul est formé d'une accumulation
de gros blocs anguleux, dont les angles sont émous-
sés seulement au voisinage des vallées; ils provien-
nent exclusivement des roches qui affleurent à
l'intérieur dans leur voisinage immédiat et sont
noyés dans une argile sableuse jaunâtre, prédo-
minant parfois pour former un véritable limon. A la
pointe du Jerd'heux (Omonville la Bogue) un de ces
lits de limon a fourni un coup-de-poing chelléen.
Ce dépôt supérieur correspond à une recrudescence
- 150 —
des phénomènes d'érosion continentaux, à un rajeu-
nissement du cycle des cours d'eau, conséquence
d'un abaissement de leur niveau de base. — Le
dépôt inférieur, souvent absent, est formé par des
graviers ou un cordon de gros galets parfaitement
arrondis, provenant pour la plupart des roches
littorales, mais comprenant aussi des silex crétacés.
Ce dépôt marin s'élève jusqu'à 3 mètres au-dessus du
niveau des hautes mers. — Les terrasses littorales se
retrouvent à Aurigny et sur quelques écueils du
littoral.
c7 Sur le granité de Flamanville s'est conservé,
grâce à sa transformation en argile à silex, un
témoin de Crétacé. La présence dans ces silex de
baguettes et de fragments de test de gros Cida/is,
l'existence de YAnanchytes ovata dans les silex de
l'alluvion ancienne de Bricquebec, le voisinage du
Campanien du Cotentin nous ont fait rapporter ce
lambeau au Sénonien.
d21' Les schistes et calcaires de Néhou se
présentent avec leur aspect normal dans le Sud de la
feuille.
Les calcaires sont plus ou moins développés aux
dépens des schistes, dons lesquels ils ne forment
parfois que de minces couches ; de petits bancs de
grès bruns (grauwackes) alternant avec les schistes
renferment : ChonetessarcînùlùiaSchloth. Wilsonia
sub.-Wilsoni (d'Orb.), Spirifer Venus d'Orb. — A
Baubigny, au-dessus de ces schistes, est un gros
banc à Stromatoporides et Polypiers {Fa rosi les mil-
lepunctata Bouillier, Acervularia Namnetensis
Barrois), puis dans la grande carrière de Baubigny
151
des calcaires gris, mal lités, passant latéralement à
des calcaires à Crinoïdes, Polypiers, Stromatoporides
qui contiennent abondamment : Goldius GérvUlei
(Barr.), Calymene reperta Œhlert, Rhynchonella
fallaciosa Bayle, WiUonia Henrici (Barr.), Pen-
tamerus OEhlerti Barrois, Megalanteris inornata
(d'Orb.), Cri/ptonella Juno (Barrois), Spirifer Tri-
geri de Vern,, Sp. Davousti de Vern., espèces rares
dans le calcaire typique de Néhou. Ces calcaires à
faune spéciale, d'origine subcoralligène, sont recou-
verts par le calcaire de Néhou avec sa faune et ses
caractères lithologiques normaux.
Le niveau de Néhou borde à l'Ouest le granité de
Flamanville. Dans la partie la plus éloignée du gra-
nité (Mont Saint-Gilles), il est formé de grès con-
tenant la faune de Néhou, Chonetes sarcinulatd
Schloth., Orthis vulvarius Schloth., Spirifer leniis
d'Orb., Athyris undata (Defr.), Wilsonia sub-Wil-
soni (d'Orb.) et de schistes à Retepora avec lentilles
de Polypiers (Favo.sites, Acervularid). — Autour du
granité cette série est fortement modifiée, trans-
formée en schistes grenatifères et calcarifères,
schistes à chiastolithe, cornes vertes amphiboliques,
cornes pyroxéniques ; le grenat grossulaire forme
parfois des couches de plusieurs mètres d'épaisseur;
des traces de fossiles à l'état pyriteux sont encore
reconnaissables dans les schistes à chiastolithe et les
cornes.
C'est dans ces roches métamorphisées que s'inter-
calent des couches de minerai de fer oxydulé et
oligiste dont on connaît l'affleurement sur 4 kilo-
mètres parallèlement à la côte et qui ont été exploi-
— 159 —
tées à Diélette. — A Pierreville et à Surtainville un
filon de galène avec pyrite et fer carbonate traversant
le calcaire a été l'objet d'une concession abandonnée
depuis 1830.
Les calcaires dévoniens, spécialement ceux de
Baubigny, fournissent presque toute la chaux que les
agriculteurs de la région emploient comme amen-
dement.
d' b Les grès à Orthis Monnieri occupent une
assez grande surface dans le bassin méridional. Ils
sont formés de grès et de schistes toujours grossiers,
en petits bancs bruns, ou verdâtres, avec fossiles
peu abondants : Pterinées, Orthis Monnieri Rouault,
Plearodictyum problematicum Goldfuss.
S* Le Gothlandien comprend au sommet des
schistes ampéliteux à graptolithes avec nodules à
Orthocères et Gardioles, surmontant des grès gris ou
noirâtres. Il est très développé mais peu visible dans
le synclinal de Rauville, particulièrement au Vrétot.
Il borde la côte au nord de Siouville et forme le sou-
bassement des grandes dunes littorales. A Siouville,
au voisinage du granité de Flamanville, les ampélites
sont légèrement modifiées et les graptolithes trans-
formées en stéatite.
S3 Dans l'Ordovicien supérieur se trouvent
plusieurs niveaux que la discontinuité des affleu-
rements et la rareté des fossiles n'ont pas permis
de séparer : 1° des schistes se plarant probablement
sur le niveau des schistes à Trinucleus de la feuille
Cherbourg ; — 2° des grès avec lits de schistes, qui
contiennent à Quettetot, le Vrétot, Héauville : Houki-
Ignotus Bonissoili Morière, Cadomia typa de Tro-
— 153 —
melin, Orthis Budleighensis Davidson; — 3° des
schistes avec petits bancs de grès renfermant à
Jobourg (Écalgrain) : Trinucleus Grenieri Bergeron,
Calymene Lennieri Bergeron ; — 4° un horizon infé-
rieur de grès.
Au contact du granité, à Siouville et au sud de
Flamanville, les grès de l'Ordovicien supérieur sont
transformés en leptynite avec quartz nourris et
quelques lamelles de biotite ; cette biotite devient
plus abondante et forme ciment dans les variétés qui
étaient primitivement schisteuses. Dans l'anse d'E-
calgrain, au contact du massif granitique de la Hague
les grès présentent des modifications analogues.
Les niveaux gréseux de cet horizon sont exploités
pour les constructions et l'empierrement.
S2 L'Ordovicien moyen est surtout constitué
par des schistes à Calymènes qui forment un niveau
très constant et très bien caractérisé. A leur base se
développe un horizon de grès durs, ferrugineux, de
couleur sombre, avec Calymene Tfistani (Brongt),
Homalonotus, Ascocrinus Barrandei de Trom. ; cet
horizon devient calcaritère dans les rochers littoraux
sous Vauville et Beaumont. Des couches ferru-
gineuses dépendant de ce même horizon existent à
Helleville (Le Riglon).
Les schistes à Calymènes ont été fortement in-
fluencés par le granité de Flamanville; ils sont
transformés en schistes micacés et tachetés, avec
chiastolithe quartz et séricite, renfermant encore
(Val Mulet) des empreintes de Calymènes.
Les schistes de l'Ordovicien moyen ont été exploités
à Helleville comme ardoises grossières.
— 154 —
S' Le grès armoricain, base de i'Ordovicien,
forme comme partout dans le Cotentin un horizon
très bien caractérisé de quartzites en gros bancs,
dont l'affleurement, morcelé par des failles trans-
versales, se suit cependant avec une grande con-
tinuité.
Il fournit la plus grande partie des matériaux
d'empierrement utilisés dans la région.
Sb Le Cambrien se termine par des grès felds-
pathiques de couleur claire, d'un grain très
uniforme, ne contenant que rarement des galets de
quartz très disséminés. Ces grès n'existent que dans
le nord de la feuille, où ils forment une partie des
landes de la Hague. Vers Herqueville, ils sont rem-
placés par une alternance de grès feldspathiques,
quartzophyllades et schistes qui ne se séparent pas
du niveau inférieur (Sa). Entre Cherbourg et le
Rozel, et dans le synclinal de Rauville, le faciès des
grès feldspathiques disparait; il est peut-être rem-
placé par le sommet des schistes inférieurs (S1)-
A Sainte-Croix-Hague, ce grès est exploité pour
moellon et pierre de taille, les sables qui résultent
de sa décomposition sont utilisés pour la fabrication
des mortiers.
Sa Des schistes verdâtres en haut, rouges en bas,
avec petits lits de grès, séparent au nord de la
Hague les grès feldspathiques des arkoses de la base
du Cambrien ; ils ne renferment pas de lits calcaires.
Vers Herqueville etBeaumont ils sont remplacés par
des quartzophyllades avec petits bancs de grès qui se
lient à ceux décrits ci-dessus. Autour de Cherbourg,
et jusqu'au Rozel, ainsi qu'au bord du synclinal de
— 155 —
Rauville, ces schistes sont très développés, avec
rares bancsde grès, presque exclusivementverdâtres,
sauf au sommet où ils sont ferrugineux. Leur grand
développement dans ces points est probablement dû
à une transformation du niveau des grès feldspa-
thiques, auxquels ils correspondraient ainsi par leur
sommet. Vers Cherbourg les schistes se transforment
en schistes satinés avec séricite, exploités pour
ardoises et moellons aux environs de Cherbourg.
Au voisinage du granité de Flamanville, les
schistes sont d'abord jaunâtres, avec pseudo-mâcles
charbonneuses (Les Pieux, Benoistville) ; plus près
du contact, ils prennent l'apparence de micaschistes.
Sp Des arkoses forment la base du Cambrien.
D'abord grossières, en gros bancs avec lits de
poudingues, elle deviennent en haut plus fines, de
couleur rouge, en bancs moins épais, séparés par
des schistes grossiers de couleur lie de vin qui
préparent le niveau schisteux du Sa.
Cet horizon très développé surtout au sud du
synclinal de la Hague se continue avec des caractères
identiques à l'angle E. d'Aurigny et dans la chaîne
des Casquets. Les poudingues des bancs inférieurs
renferment de nombreux galets de roches très
variées: granité, granulite, pegmatites, microgra-
nulites, porphyres pétrosiliceux, brèches pétrosili-
ceuses, grès sériciteux, schistes métamorphiques,
jaspe, quartz, etc. — A Tonneville et Hainneville, ces
arkoses sont chargées de séricite et rappellent la
Blaviérite (Stéaschistes noduleu.c) ; le quartz en
filons noduleux devient abondant ; la roche a une
tendance à devenir schistoïde. La séricite et la
— I ÔO —
schistosité se développent dans la même région où
les schistes du Sa deviennent eux-mêmes ardoisiers
et sériciteux.
A Auderville, au contact du granité, les arkoses
sont fortement cristallisées ; l'aspect élastique des
éléments a totalement disparu ; la disposition strati-
forme est masquée, la roche rappelle les granulites.
Les arkoses sont exploitées à Couville, Gréville,
etc., comme moellons et pierre de taille ; les sables
qui résultent de leur altération servent à la fabrica-
tion des mortiers.
X Le Précambrien se présente sous divers aspects :
Les schistes de Saint-Lô (Xa) ont rarement conservé
leurs caractères primitifs. Au nord de la feuille, sur
le rivage entre Nacqueville et Urville, les schistes
sont verdâtres. peu modifiés, ou noirs, graphiteux,
avec petits filons interstratifiés de quartz blanc. —
Presque partout au nord de la feuille ces schistes
sont fortement granitisés (Xa-f) transformés en cornes
et en pseudo-gneiss, avec gros cristaux de feldspath
ou lits feldspathiques séparés par du mica. — Au Sud
du synclinal de la Hague, entre Briquebecq et Saint-
Germain-le-Gaillard, le Précambrien change de carac-
tère ; les schistes verdâtres avec petits lits degrés
grossiers [tassent à des brèches d'abord schisteuses
(X1') puis compactes (Xe). Ces brèches porphyriques,
très cristallines, tantôt violacées (Caudard), tantôt
verdâtres Bricquebosq), sont fréquemment altérées,
et donnent lieu à des arènes qui se distinguent
difficilement de celles du (Sp ).
Les schistes granitisés fournissent des moellons et
des matériaux d'empierrement.
— 157 —
TERRAINS CRISTALLOPHYLLIENS
Ss Des micaschistes en strates presque horizon taies
forment la pins grande partie de Serk.
Ç1 Des gneiss glanduleux, à gros cristaux d'or-
those rougeâtre, avec lits irréguliers de mica noir,
supportent près de Creux Harbour les micaschistes
de Serk.
TERRAINS ÉRUPTIFS
v Des porphyrites micacées à feldspaths arbo-
risés forment dans les schistes cambriens du Rozel
des filons d'apparence interstratifiée ; de petits filons
de ces porphyrites traversent les granités d'Auder-
ville et les schistes ordoviciens sous Beaumont.
X La kersantite forme de petits filons dans la
région dévonienne.
ï) Les diabases forment dans la Hague et dans les
îles anglo- normandes de nombreux filons. Dans la
Hague, elles sont généralement ophitiques, à grain
plus fin sur les bords, et deviennent schisteuses dans
les filons minces, riches en amphibole et sphène :
elles sont parfois porphyroïdes, à deux temps
distincts. A Guernesey et à Aurigny, elles passent
auxgabbros.
■y Les filons de microgranulite sont très abon-
dants dans le granité de Flamanville et dans la région
qui l'avoisine. Elles passent parfois de la micropegma-
tite et, notamment dans la Hague, à des porphyres
pétrosiliceux, quelquefois à texture tluidale avec
sphérolithes feldspathiques et quartzeux.
Y1 La granulite presque sans mica, de couleur
— 158 -
rouge forme de nombreux filons minces dans le
granité de Flamanville ; elle passe parfois à la
pegmatite. Getle roche ne prend un peu d'impor-
tance que dans la Hague, où elle constitue un petit
massif à l'Est de l'anse Saint-Martin.
Yi y1 La plus grande partie du massif éruptif de la
Hague est formée d'un granité très pauvre en mica,
à quartz en plages peu étendues, passant à la texture
granulitique. Dans les filons minces, il prend un
aspect rubané très spécial (Omonville-la-Hague).
Yi Le granité à grands cristaux forme au Sud du
synclinal de Siouville un intéressant culot qui a
découpé sa place au milieu des bandes siluriennes et
dévoniennes métamorphisées à son contact. Dans la
Hague, ce granité à grands cristaux d'orthose rouge
brun forme de petits massifs à Beaumont, Herque-
ville, Digulleville ; dans l'anse Saint-Martin, il est
chargé de nombreuses enclaves ; il paraît dans la
Hague antérieur à toutes les roches éruptives de
cette région, à l'exception du granité à amphibole.
Le massif de Flamanville est l'objet d'une active
exploitation et son granité fournit d'excellentes
pierres d'appareil.
Yi a Le granité à amphibole est très répandu dans
les îles anglo-normandes ; il se retrouve à Omonville
et Herqueville. Il apparaît comme la roche la plus
ancienne de la région, antérieur au Gambrien dont
les arkoses de base contiennent à Aurignv des galets
de la microgranulite qui traverse ce granité. Il est
activement exploité à Aurigny, au Nord de Guernesey,
pour pavés et empierrement.
- 159
FILONS
Q Les filons de quartz sont nombreux, mais
généralement très minces. Les plus importants sont
celui d'Herqueville et le filon de quartz blanc calcé-
donieux de Hainneville exploité pour empierrement.
REMARQUES STRATIGRAPHIQUES
Le synclinal de Siouville, largement étalé à l'Ouest,
a une allure assez régulière, bien qu'il soit morcelé
par des failles transversales et des tailles de tassement
avec rejets horizontaux des bandes tronçonnées. Le
synclinal de Jobourg, séparé du précédent par
l'anticlinal transversal de Beaumont, est fortement
comprimé entre deux massifs éruptifs, contre les-
quels les assises de sa lèvre Nord sont fortement
redressées, tandis que les assises de la lèvre Sud
sont disparues par tassement. Le synclinal de Rau-
ville est partout incomplet sur sa lèvre Ouest, et
l'anticlinal précambrien qui le sépare du synclinal
de Siouville n'existe plus dans la région Sud.
Malgré la continuité primitive de ces synclinaux,
évidente surtout pour ceux de la Hague et de Siou-
ville, le Cambrien supérieur s'y présente sous deux
aspects ; arénacé à la fin du Cambrien dans le Nord
de la Hague, il reste vaseux dans le Sud et dans le
bassin de Rauville ; les grès feldspathiques y dispa-
raissent ou sont en tout cas considérablement réduits.
L'ensemble de la région silurienne se comporte
comme une région de fractures ovi seraient dis-
- 160 —
posées en éventail. Cet éventail étalé au N. 0. est
ouvert à près de 90'; la direction des fractures,
N. O.-S. E. suivant la bissectrice (lîeaumont, Teur-
théville, Gouville), s'infléchit jusqu'à la direction
E. 0. pour les fractures méridionales. La région ap-
paraît ainsi comme ayant subi un mouvement de
torsion autour d'un point situé au S. E. En outre,
elle s'est trouvée portée au N. 0. par un mouvement
d'ensemble qui a amené les couches de la lèvre
Nord des synclinaux de Jobourg et de Siouville à S3
redresser et à se renverser contre le noyau résistant
de précambrien et de roches éruptives; dans ce
mouvement d'ensemble, les compartiments compris
entre fractures se sont déplacés inégalement et les
différentes bandes ont été décrochées ; ces bandes
subissent une série de rejets, particulièrement
évidents dans les bandes de grès armoricain et d'ar-
koses de la base du Gambrien. Enfin, au bord Sud
des synclinaux de la Hague et de Siouville des failles
parallèles de tassement suppriment une partie des
assises et font naître des contacts anormaux que
leur situation au bord le moins relevé des syn-
clinaux ne permet pas d'attribuer à des failles d'éti-
rement.
Les axes des synclinaux de la région dévonienne,
occupés par les schistes et calcaire de Néhou ont une
direction tout à fait différente de celle des axes de la
région silurienne ; toutefois, la direction de ceux-ci
se retrouve dans l'anticlinal transversal qui fait ap-
paraître au Vrétot le Gothlaudien et qui, relevant
les grès à Orthis Monnieri, interrompt la continuité
des deux synclinaux de Néhou et Baubigny La
101
retombée des flancs de cet axe amène un contact
par faille avec la région silurienne du Nord.
Le tracé de ces failles explique dans une certaine
mesure l'apparition du granité de Flamanville au
flanc Sud du synclinal de Siouville, si l'on admet
que les bords Nord et Sud du granité sont en relation'
avec des fractures.
CULTURES. — NIVEAUX AQUIFÈRES
Le pays est généralement fertile, surtout dans
l'intérieur. Seules, les crêtes gréseuses sont restées
à peu près improductives, couvertes de landes ou de
taillis, bien que dans beaucoup de points l'épaisseur
du limon doive permettre de les mettre en valeur.
La région dévonienne et celles où prédominent les
schistes et les roches éruptives sont essentiellement
des pays de pâturages, la culture du blé et du sar-
rasin décroissant de plus en plus. Les plantations de
pommiers sont prospères et donnent dans la région
de Bricquebec des crûs estimés. La propriété est
partout très morcelée.
Il n'y a pas à proprement parler de niveaux aqui-
fères. Cependant les massifs gréseux, surtout les
arkoses du Cambrien, notamment dans les landes de
Beaumont et dans la région de Gouville, constituent
une réserve aquifère donnant des eaux d'une excel-
lente qualité, s'écoulant par des sources nombreuses,
mais d'un débit généralement faible.
DOCUMENTS CONSULTÉS
Travaux de MM. Bigot, Bonissent, Brongniart,
de Gaumont, Dalimier, Daubrée, Dele^se, Duhamel,
il
— 162 -
Hill, Le Cornu, Lennier, Michel-Lévy, d'Omalius
d'Halloy.
Cartes géologiques : Carte géologique de la
France, par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont
(1842). — Carte géologique du département de la
Manche, par MM. Vieillard, Potier et de Lapparent
(1880).
— 163 —
Abbé AL. Letacq. — Recherches pour
servir à l'Histoire des Etudes
géologiques dans le département
de l'Orne jusqu'en 18TO, extraites
en partie d'un manuscrit de M. de
la Sicotière.
M. de la Sicotière mériterait à non moins juste
titre que M. Auguste Leprévost d'être appelé le Pau-
sanias normand. Véritable encyclopédiste, « il avait
touché à tout, à l'économie politique, comme à l'agri-
culture, aux monuments comme aux anciens textes,-
aux légendes, aux traditions, aux chansons popu-
laires comme à la bibliographie des personnages
célèbres. Il avait disserté sur mille questions variées
avec la même ardeur et une étonnante facilité (1) ».
L'Histoire et l'Archéologie occupent sans doute le
premier rang dans ses travaux, mais les Sciences
naturelles peuvent aussi en réclamer une petite part :
les rapports sur la destruction des Insectes nuisibles
et la conservation des Oiseaux utiles à l'agriculture,
les notes sur l'Horticulture, le gui de chêne et les
vieux arbres dans le département de l'Orne, de nom-
breuses observations sur nos terrains disséminées
i ça et là dans plusieurs ouvrages témoignent de ses
(1) E. de Beaurepaire, Léon de la Sicolière, Bulletin monu-
mental, 1895, p. HO.
— 164 —
connaissances variées sur la Faune, la Flore et la
Géologie (1).
La Géologie eut même toujours ses préférences et
dès le début de sa carrière, il s'intéressait vivement
à la vulgarisation de ces études, a qui tendent à élever
notre esprit, à agrandir nos idées, et en présence
des révolutions immenses qui ont bouleversé la sur-
face du globe, nous font sentir la supériorité et la
dignité de l'Histoire de la nature (2) ». Il fut l'un des
organisateurs les plus actifs des réunions de la
Société Géologique de France à Alençon en 1837 ;
notre Musée riche surtout en échantillons de Géo.
logie et de Minéralogie le réclame pour son fonda-
teur ; on lui doit la découverte des grès à empreintes
de Saint-Léonard-des-Bois et de Bagnoles, et il avait
recueilli lui-même une assez riche collection de
roches et de fossiles.
Mais si les travaux historiques s'ajoutant aux
devoirs imposés par le Barreau et le Parlement ne
laissaient plus depuis longtemps à M. de la Sicotière
les loisirs suffisants pour se livrer aux observations,
incessantes pour être fructueuses, que l'Histoire
naturelle exige de ses adeptes, il voulut du moins
encore apporter une nouvelle pierre à nos études
scientifiques : armé d'une patience d'archéologue, il
recueillit dans les livres et les ouvrages souvent les
(1) Léon Duchesne de la Sicotière ; sa vie, ses œuvres, par
Robert Trioer. — Bibliographie de ses écrits, par M. -Louis
Polai.n. Alençon, E. Renaut-de Broise, 1900, in-8*, 245 p.
(2) L. DE LA SlCOTlÈUE, Discours d'adieu à la Société Géologique
de France, réunie à Alençon du S au 10 septembre fSS7, Bulletin -
de la Société Géologique de France, t. VIII, 1836-37, pp. 368-371,
— 465 —
plus hétérogènes et les moins connus les observations
anciennes, auxquelles avaient donné lieu la Zoologie,
la Botanique et la Géologie ornaises, et en dressa le
Catalogue raisonné.
Les notes qu'il a laissées sur la Faune et la Flore
présentent beaucoup moins d'intérêt que celles qui
ont trait à la Géologie ; elles ont du reste été recher-
chées et publiées dans divers travaux récents sur
l'Histoire naturelle de l'Orne ; les reproduire serait
s'exposer à des redites (1). Mais aucun spécialiste ne
s'est occupé de retracer d'une façon un peu détaillée
les observations de nos anciens Géologues et de
rendre justice à leurs efforts. C'est le motif qui me
décide à faire paraître le manuscrit de M. de la
Sicotière, après l'avoir complété sur plusieurs points
et ajouté les annotations, qui sont de rigueur dans
une notice historique. J'ai suivi, autant que le
permet un pareil sujet, l'ordre chronologique adopté
par l'auteur (2).
(1) A.-L. Letagq, Notices sur quelques botanistes ornais et
Essai sur la bibliographie botanique du département de l'Orne,
B. S. L. N., 4" série, 2"° vol., 1887-88, p. 228-291; Recherches sur-
la bibliographie scientifique du département de V Orne, précédées
d'une Introduction sur l'Histoire des Sciences dans celte région,
Bull. Soc. liist. etarcta. de l'Orne, t. X, XI et XII ; Les Etudes
scientifiques dans le département de l'Orne, Rapport lu au
Congrès de la Société bibliographique tenu au Mans les 13 et 1A
novembre IS9,j, sous la présidence de M. Sénart, membre de
l'Institut, Annuaire Normand, 1894, p. 240-284; Aperçu sur la
flore de l'arrondissement d' Alençon (Phanérogames et Muscinées),
Bull. Soc. d'Horticulture de l'Orne, 1" semestre 1896. p. 54-75 ; La
Zoologie clans le département de l'Orne et ses récents progrès,
Annuaire Normand, 1900, p. 77-111.
(2) Je ne saurais trop remercier M"" de la Sicotière qui a bien
voulu m'autoriser à prendre copie du manuscrit et à le publier.
— 160 —
Cette publication, j'ose l'espérer, ne sera pas
inutile aux sciences géologiques, mais je veux aussi
qu'elle soit un hommage de reconnaissance à la
mémoire vénérée de M. de la Sicotière, qui s'est
toujours montré pour moi d'une si grande bienveil-
lance et encouragea vivement dès le début mes
recherches sur l'Histoire naturelle de notre pays.
Je divise cet aperçu historique en deux périodes :
la première où l'on ne trouve guère que des essais,
des observations incomplètes ; la seconde, qui
commence à l'époque où les découvertes de YVerner,
de Desmarets et de Cuvier avaient donné une forme
scientifique à la Géologie.
lre Période (1746-1820)
Les documents les plus anciens que nous possédions
sur la Géologie ornaise sont dus à Guettard, élève
de Réaumur, entré en 1743 à l'Académie des Sciences.
Botaniste et géologue, il fut amené par suite de sa
liaison avec son illustre maître, qui passait ses
vacances au château de la Bermondière, près de
Gouterne, à explorer la flore et le sol de notre pays.
Il le visita au moins à deux reprises différentes, en
1746 et en 1757, l'année même où mourut Réaumur,
n'ayant d'autre itinéraire que les terrains les plus
intéressants à étudier. Près de Couterne et de
Bagnoles il recueille des notes sur le granit ; un
séjour assez prolongé à Alençon lui permet d'observer
les granits de Hertré et du Pont-Percé (1), les fossiles
(1) Mém. de l'Acad. des Se, l. C. 1751, p. 239, édit. in-12.
167
de la fontaine de Ouéramé (1), les importants gise-
ments de kaolin à Montpertuis, avec lequel il essaie
plus tard de fabriquer de la porcelaine (2), les schistes
de la Ferrière-Béchet (3), les sols calcaires de Mor-
tagne,deBrullemail,du Merleraut et leurs nombreux
fossiles(4). Les argiles à silex de Laigle et les curieux
phénomènes de la perte de nos rivières, le Guiel,
l'Iton, la Rille, les ruisseaux du Fontenil et de Nor-
mandel provoquent aussi son examen et deviennent
l'objet d'importantes communications faites à l'Aca-
démie des Sciences (5). J'en ai longuement parlé dans
un article précédent (6) et depuis lors MM. René de
Brébisson et Duval ont traité avec développements un
point spécial de la question (7); aussi je ne mentionne
ici les travaux de Guettard, dont M. de la Sicotière
n'a rien dit, que pour indiquer l'ordre chronologique
des recherches faites sur nos terrains.
(1) Ibid. 1755, p. 331.
(2) Guettard. Mémoires sur différentes parties des Sciences
et des Arts., t. 1, 5mo Mém. (1768) ; Hist. de l'Académie des Sciences,
t, CXLII des Mém. p. 76 ; Odolant-Desnos, Mém. hist. sur Alençon
(1787)., t. II, p. 473.
(3) Mém. de l'Acad. des Se, 1757, t, CXVI, p. 47, édit. in-12.
(4) Ibid., 1755, p. 46.
(5) Mém. Ac. des Sciences, 1758, t. GXLI1I, p. 71.
(6) A.-L. Letacq, Notice sur les travaux scientifiques de
Guettard aux environs d' Alençon et de Laigle (Orne). Bulletin
de la Sociéié Linnéenne de Normandie, 4m° série, 5"° vol. 1891.
Tir. à part. Gaen, Delesques, 1891, in-8, 21 pages.
(7) L. Duval, La découverte du Kaolin aux environs d' Alençon,
Revue Normande et Percheronne, 1" année, juillet et août 1892 ;
Alençon. Herpin. — R. de Brébisson, Le Kaolin des environs
d'Alençon, Annuaire Normand 1895, p. 207-234.
— 168 —
Profitant sans doute de ces premières indications,
Valmont de Bomare, ayant reçu en 1762 la mission
d'étudier au point de vue de l'agriculture le sol de la
généralité d'Alençon, parcourut notre pays et con-
signa ses observations dans un rapport assez suc-
cinct, qui n'a été, croyons-nous, imprimé que dans
ces derniers temps par M. Veuclin, de Bernay. Les
terrains variés, qui environnent notre ville, semblent
avoir particulièrement excité son intérêt, car ses
recherches y furent longues et minutieuses. Il visita,
guidé peut-être par Odolant-Desnos lui-même, et
décrivit avec détails la Butte Chaumont et le sol qui
l'avoisine, les minerais de fer de la Ferrière-Bochard,
la granités et le kaolin d'Alençon, les schistes ampé-
liteux de la Ferrière-Béchet (1).
Ces schistes alors exploités dans une carrière, qui
se voyait encore, il y a moins de vingt ans, dans l'en-
clos du presbytère, furent analysés vers la même
époque par Monnet, pharmacien et chimiste à Bouen,
à qui l'on doit également quelques notes sur les
mines de Fer de Normandie et les « pyrites vitrio-
liques » de Valframbert (2).
(1) Valmont i>e Bomare, Traité de Minéralogie, Paris, 1776,
2 vol. in-S°; cfr. t. H, p. 92, 203, 271, 290, 292, 365, 397, 447;
Dictionnaire raisonné universel d'Hisloire naturelle, Paris, 3* édit.
1776, v. les art. : Crayon noir (Ampélite) de la Ferrière-Béchet,
Granité (Granité d'Alençon), Kaolin d'Alençon, (Schiste) de la
Ferrière-Béchet; Odolant-Desnos, Méui. hist. sur Alemon, t. II,
p. 471 et suiv.
(2) Monnet (A. -G.), Mémoire sur la carrière de « Chyle » de
l,i Ferrière-Béchet, Journal de Physique, t. X. sept. 177. p. 213-
219; Mines de Fer de la Xonuandie, Mercure de France, Janvier
1768, p. 173 Mém. hist. sur Alençon,t. II, \>. 175.
169
Odolant-Desnos, qui donne, dans ses Mémoires
historiques sur Alençon (1181), un aperçu des tra-
vaux de Guettard et de Valmont de Bomare, paraît
être le premier qui remarqua les caractères particu-
liers de TArkose employée dès le VIIIe siècle pour
faire des meules à moudre le grain et jusques dans
ces derniers temps pour le pavage de nos rues et
comme moellon dans les constructions ; il profita du
passage à Alençon du physicien Desmarets pour le
conduire à la carrière du Gué de Gesne, où on l'ex-
• ploitait en grand, et la lui faire déterminer. « Ce très
habile naturaliste l'ayant examinée avec le plus grand
soin, reconnut que c'était une espèce d'albâtre. »
Détermination plus que contestable au sens actuel du
mot albâtre, puisque l'Arkose est un grès siliceux,
mais qui montre bien que Desmarets ne confondait
pas cette roche avec nos autres grès (1).
Les quartz enfumés désignés sous le nom vulgaire
de diamants cï Alençon sont connus depuis temps
immémorial. La première mention que j'en trouve
est dans l'Histoire de Normandie, par Gabriel Du-
moulin, curé de Maneval. « Vers Alençon; dit-il, on
tire des Hertrez et autres pierres naturellement tail-
lées en pointe de diamants et qui souvent chez les
lapidaires et orfèvres, passent pour vrays aux yeux
des dupes (2) ». Si le bon curé eut connu nos pré-
(1) Mém. hist. sur Alençon, t. II. p. 476; M. Letellier, l'Arkose
d Alençon, Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 1892,
p. 245-268, et tir. à part 23 p. avec carte. — La carrière du Gué
de Gesne, visitée par Desmarets et aujourd'hui comblée, se trouvait
dans l'espace compris entre le Champ du Roi et la Sarthe.
'2) Histoire générale de Normandie, Rouen, 1631, in-fol. p. 10.
— 170 —
tendus diamants, il n'aurait pas admis une aussi
absurde supposition. Je ne trouve dans les écrivains
postérieurs aucun détail qui permette d'apprécier
même approximativement l'importance du commerce,
dont ils étaient l'objet et qui dut toujours être fort
restreint, car on rencontre peu d'anciens bijoux en
diamants d'Alençon. « Les orfèvres de cette ville, dit
Odolant-Desnos, mettent proprement en oeuvre des
cristallisations connues dans le public sous le nom de
diamants d'Alençon ; ces crislallisations sont toutes
d'une couleur plus ou moins enfumée ; quand on
veut, on leur donne le blanc en les mettant avec du
suif dans un creuset à feu modéré. Comme elles se
trouvent plus abondamment dans les carrières de
Hertré et du Pont-Percé que dans les autres car-
rières de granit, on les connaît aussi sous le nom de
diamants de Hertré (1) ».
Le Béryl jaune, que l'on rencontre dans les car-
rières de granité du Pont-Percé et dans le voisinage
des quartz enfumés, y fut obervé vers 1817 par M. de
la Foye, professeur de mathématiques au Collège
d'Alençon (2). M. Thierry, professeur de chimie à la
Faculté des Sciences de Caen, en fit l'analyse et y
trouva la glucine, qu'il employa dans ses cours.
C'est le moment de parler de nos minerais de fer
et des industries métallurgiques si prospères autrefois
chez nous. Le minerai de fer est très répandu dans
l'Orne : on le voit à Saint-Patrice-du-Désert, au Châ-
(1) Mém. hisl. sur Alençon, t. Il, p. 468.
(2) Note sur le Beril-Aigue marine d'Alençon; lue à la séance
de la Société Linnéenne de Normandie du ■'< avril 1824. Mém.
S. L., t. I", p. 215-218.
— 171 —
tellier, à Saint-Clair-de-Halouze, à la Ferrière-aux-
Etangs, formant une couche du terrain silurien ;
entre Briouze et Ecouché il correspond à une espace
annulaire s'étendant sur Rànes, Saint-Brice, Fave-
rolles, Lougé, Les Yveteaux, Saint-Ouen, Sevrai,
Joué-du-Plain, où il appartient au lias ; près d'Alen-
çon, à La Ferrière-Bochard et à Saint-Céneri, il cons-
titue deux lambeaux de Cénomanien surmontant le
cambrien et est connu sous le nom vulgaire de rons-
sard; mais il n'est nulle part plus abondant que dans
toute la nappe tertiaire qui couvre la partie des
arrondissements de Mortagne et d'Argentan, située à
l'Est d'une ligne tracée de Rémalard à Vimoutiers ;
les gens du pays l'appellent grisou.
L'exploitation de ces différents minerais remonte
à une haute antiquité. A l'époque gallo-romaine et
durant tout le Moyen-Age on employait les forges à
bras dont il est facile de fixer les emplacements par
les amas de scories, assez nombreux en particulier
aux environs de Laigle. Je voyais encore, il y a
quelques mois, lors d'une excursion faite avec mon
excellent ami, M. Le Sénéchal, la trace d'une de ces
forges à Heugon dans un pré situé sur le bord du
Guiel, qui a conservé jusqu'à nos jours le nom
significatif de Pré de la Forge.
Les Forges à bras furent abandonnées peu à peu,
probablement à partir du commencement du XVIe
siècle, car dès cette époque deux forges hydrauliques
étaient installées sur les bords de la Bille, aux
environs de Laigle. (1)
(1) G. Valgeois, Histoire des Antiquités de la ville de Laigle
— 172 —
En 1789 on comptait 16 hauts-fourneaux dans le
département de lOrne : Carrouges, la Roche-Mabile,
Le Champ-de-la-Pierre, Saint-Denis-sur-Sarthon ,
Cossé, Saint-Patrice-du-Désert, Bagnoles, Champ-
secret, Halouse, Varennes, Boucé, Rànes, St-Evroult,
Aube, Le Moulin-Renaud (commune de la Madeleine-
Bouvet), Longni, Bandonnai Précédemment il y avait
eu d'autres fourneaux à Irai, LaSauvagère, La Made-
leine-Bouvet, aux Loges, à Saint-Martin-d'Ecublei,
Touquettes et Tourouvre. Ce dernier dit de la fonte
fut celui où Ton coula les fers employés à la construc-
tion du Pont des Arts à Paris (1).
Les 16 forges en activité en 1789 occupaient 2,150
ouvriers gagnant 0 fr. 90 à 1 fr. 10 par jour, et pro-
duisaient 58,610 quintaux de fonte en gueuse, 16,300
de fonte moulée, 9,925 de fer en barre, 24,730 de fer
de fonderie et 4,800 de diverses autres espèces (2).
Le minerai leur était fourni par les localités sui-
vantes: Bânes, LaFerrière-Bochard, Goult, St-Céneri-
le-Géret, St-Brice, Les Yvetaux, Forêt d'Andaine,
St-Clair-de-Halouze, La Ferrière-aux-Etangs, Champ-
Haut, Heugon, Villers-en-Ouche, St-Evroult, N.-D.
du Bois, Moulicent, Longni, La Madeleine-Bouvet.
En 1834, il y avait encore, dans l'Orne, 11 hauts-
et de ses environs, Laigle, imp. Brédif, 1841 in-8, XXXII, 590 p.
— V, p. 486, Histoire et description des forges à bras en général et
particulièrement de celles qui ont existé au voisinage de Condé-sur-
Iton.
(1) J. Odolant-Desnos, Dépari . de VOrne, (Collect. Loriol). Paris
1834, in-8, p. 10IÎ.
(2) Louis Doval, Anciennes industries de VOrne, Annuaire
normand, 1900, p. 37.
— 173 —
fourneaux : Carrouges, Champ-de-la-Pierre, St-Denis-
sur-Sarthon,Varennes, Rânes, Boucé, Moulin-Renaud,
Longny, Bouvet, Rainville, Aube et Randonnai.
En 1867, Varennes, Boucé, Champ-de-la-Pierre,
Bouvet n'existent plus, mais dans l'intervalle les
forges d'Irai, de Rai, de Logeard (comm. de St-Martin-
des-Loges), de Pontchardon se sont établies ou
reconstituées et elles s'approvisionnent toujours dans
le pays.
Aujourd'hui cette industrie est presque complè-
tement tombée et nos quelques hauts-fourneaux ne
tirent plus leur minerai de la région.
Il est bon cependant d'ajouter que l'exploitation
des anciennes minières de la Ferrière-aux-Etangs et
de la Coulonche a été reprise depuis plusieurs an-
nées. Elle se fera désormais, grâce à la concession
définitivement accordée à la société de Denain et
d'Anzin (19 avril 1901) sur une très vaste échelle et
sera, espérons-le, pour l'industrie régionale une ère
nouvelle de richesse et de prospérité. On trouve
dans le gisement du carbonate de fer et de l'hématite.
Le minerai très riche, au dire des ingénieurs, doit
subir sur place un premier traitement pour le déba-
rasser de la majeure partie de la gangue siliceuse ;
quant au traitement définitif, il se fait à Anzin (1).
La plupart des amas de scories seraient également
susceptibles d'être soumis à une fusion nouvelle et
plus complète.
(1) Communication de M. l'abbé Frébet au Confiés de l'Associa-
tion n.ormande tenu à la Ferté-Macé en 189?, Annuaire Normand
pour I9()(), p. GO. — Journal d'Alençon, n° du 23 avril 1901.
174
On a cru longtemps à l'existence du charbon de
terre dans le département de l'Orne. Dès avant la
Révolution, à la demande de Jullien, -intendant de la
généralité d'Alençon, des recherches furent faites
dans diverses localités, en particulier à Fontaine-
Riant et à Sévigny pour trouver le précieux combus-
tible, mais en vain (1). L'historien Odolant-Desnos
prenait pour de la houille le schiste à mâcles de
Saint-Rarthélemy et de Saint-Germain-du-Gorbéis (2).
Son petit-fils, qui s'occupait de minéralogie et avait
parcouru notre pays en tous sens crut longtemps à la
possibilité d'en trouver du côté de Tinchebray; s'au-
torisant des observations de Fangneux, ingénieur des
mines (3), il regardait comme desgrès houillers les af-
fleurements de schistes noirs, qui se voient entre
Tinchebray et l'étang de Rrousse (4).
Toutes ces prétendues mines de houille n'ont
malheureusement existé que dans l'imagination des
chercheurs, et comme l'ont prouvé depuis Rlavier(5)
(1) Généralité d'Alençon. Avis concernant la recherche des
Mines de Charbon de terre. Aleneon, imp. veuve Malassis, l'aîné,
1784, in-8% 4 p.
(2) Mém. hist.sur Alençon, t. II, p. 416; L. Desnos, Note sur
les eaux minérales de Saint-Barthélémy ù Saint-Germain-du-
Corbéis et sur divers échantillons de lignite découverts dans
celte commune, Annuaire Normand, 18:>7, p. 262-265.
(3) Mémoire sur plusieurs indices et recherches de houille
dans les départements de la Manche, du Calvados et de l'Orne
Journal des Mines, 1806.
(4) J. Odolant-Desnos, L'Orne, p. 8.
(5) Eludes géologiques sur le département de l'Orne, Annuaire
de l'Orne, 1874, p. 94.
175
et surtout M. Letellier dans une étude pleine d'in-
térêt (1), malgré les désirs et les espérances de
quelques personnes, on ne pourra jamais rencontrer
de charbon de terre dans le département de l'Orne.
11 faut encore reléguer parmi les légendes les mines
d'or des environs de la Trappe, les mines d'anti-
moine de Sées, les variétés d'agathes, qu'au mois de
juin 1808 Pienaut crut avoir découvertes parmi des
quartz aux environs d'Alençon, les volcans ! de Soli-
gny. Delestang, sous- préfet de Mortagne jusqu'en
1815, auteur de nombreux ouvrages sur la statistique
de son arrondissement, avait cité comme des produits
volcaniques les scories de forges si abondantes à So-
ligny, Lignerolles, Tou rouvre et environs (2).
Nous arrivons à la fondation des Ecoles (Centrales,
sortes de Facultés établies diins les chets-lieux de
département, qui eurent une durée trop éphémère
(1798-1806) pour arriver à des résultats sérieux au
point de vue scientifique. A Alençon le cours
(1) Note sur les recherches de Charbon de terre dans VOrne
au XVIII* siècle, Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie,
2* série, 9° vol. 1874-75 ; Peut-on trouver du Charbon de terre
dans le département de VOrne? Bulletin de la Société historique
et archéologique de l'Orne, t. II (1883), p. 110-119.
(2) Dei.estang, Cliorographie de V arrondissement de Mortagne,
Argentan, Marie, an XI, in-8°, p. 36 et 128; J. Odolant-Desnos,
Statistique de l'Orne, p. 8 ; Dumoulin, la Géographie ou descrip-
tion générale du royaume de France, Généralité d'Alençon, Paris,
1767, in-8°, p. 15 ; Journal de l'Orne, 30 octobre 1808. — Savary,
dans son Dictionnaire du Commerce, 1748, in-fol., t. I", p. 107,
cite encore parmi les substances minérales de notre pays le cinabre
du Mesnil-Dot ; oi , il n'y a dans l'Orne ni commune de Mcsnil-Dot,
ni cinabre (sulfure de mercure).
176
d'Histoire naturelle fut confié à Renaut, dont l'en-
seignement pédantesque et dénué d'intérêt était
heureusement suppléé par un zèle admirable de
collectionneur. De concert avec Berthelmy, alors
ingénieur à Alençon, il réunit des échantillons de
toutes les substances minérales de l'Orne et à l'ins-
tigation du Lycée des Sciences et des Arts d'Alençon
rédigea, en 1800, un mémoire sur l'état des carrières
dans le département (1).
La description abrégée du département de l'Orne
publiée peu après par le Lycée d'Alençon est beaucoup
trop succinte et ne renferme sur la Minéralogie du
département que des notions vagues et insuffisantes.
Mais les documents statistiques et les collections sur
lesquelles elle avait été rédigée furent utilisés par
Louis Dubois pour la composition d'une grande
statistique du département de l'Orne. Elle n'a point
été imprimée, mais des fragments en parurent dans
les Annuaires de l'Orne de 1808 à 1812. Quelques uns
concernent la géologie du département; ils renferment
assurément beaucoup d'erreurs ; les observations
n'ont été faites qu'à la surface et en courant par des
hommes dépourvus des connaissances suffisantes. La
nomenclature n'est pas suffisamment technique, mais
il faut avouer que la science géologique était encore
(1) L. I)i val. Les Bibliothèques et les Musées du département
de l'Orne pendant la Révolution, Bulletin de la Société historique
et archéologique de l'Orne, t. III 1884, p. 114. — Les collections
formées par Renaul furent très remarquées du physicien Biot, lors
du voyage qu'il fit dans l'Orne en 1803 pour constater le phénomène
de la pluie de pierres de Laigle. Relation d'un voyage fait dans
le département de l'Unie, p. 12.
— 177 —
dans l'enfance ; ces essais ne sont donc pas à
dédaigner. (1)
IIe Période (1820-1870)
Jules Desnoyers et Joseph Odolant-Desnos sont les
premiers qui aient entrepris l'étude méthodique de
la Géologie ornaise. Ils visitèrent notre région dans
toutes les directions, en s'appliquant à l'observation
détaillée des faits : les limites des différents terrains
et la recherche des substances minérales, dont l'agri-
culture et l'industrie pourraient profiter, semblent
avoir tout particulièrement attiré leur attention. Ils
firent en commun plusieurs excursions aux environs
de Domfront et découvrirent un des filons de dia-
base, qui au sud et à l'ouest de cette ville, traversent
le granité et les phyllades. « Nous avons observé, dit,
J. Odolant-Desnos, de compagnie avec M. Jules Des-
noyers, une espèce de courant de 20 à 30 pieds de
large venant de la commune de Saint-Cyr (départe-
ment de la Manche) et se dirigeant sur Mantilly, une
des dernières communes du département de lOrne,
où ce courant se divise en deux branches, dont l'une
se porte sur l'Epinay et l'autre vers Vancé et Am-
brières (département de la Mayenne). Ce courant,
qui n'avait point encore été observé avant qu'il fixât
notre attention, est rempli de diorites ou diabases
globuleuses (grunstein) de toutes grosseurs, entassées
pêle-mêle au milieu de terres résultant de la décom-
position des couches extérieures de ces globules. Ces
(1) Annuaire de l'Orne, 1811, topographie, p. 53-82.
12
— 178 —
terres servent de marnes dans ce pays et y sont d'un
grand secours à cause de l'absence de pierres cal-
caires dans tous les environs (1) ». Ces filons de dia-
bases ont été depuis lors observés par Blavier (2).
J. Skrodsky (3) et surtout M. Letellier (4) qui en a
relevé et figuré plus de 20 sur une largeur de 12 à 13
kilomètres, mais aucun de ces auteurs n'a fait allu-
sion à la découverte d'Odolant-Desnos.
Les premières recherches de Desnoyers dans
l'Orne remontent à l'année 1822, époque à laquelle il
signala la tartuffite (bois à odeur de truffe) à Fresnai-
le-Buffard, Ecouché et Gasprée (5). Il recueillit même
durant les années suivantes, un assez grand nombre
d'observations sur nos terrains pour annoncer en
1836 à l'Association normande réunie à Alençon, son
projet de publier un travail d'ensemble sur la géologie
du département de l'Orne. (6) Ce projet ne fut pas
(1) J. Odolant-Des.nos, Statistique de l'Orne, p. 7 ; Précis de
Minéralogie moderne, Paris, 1828. in-8°, 164 p. ; v. p. 94. Art.
Grunstein : Diabase de Brongniart, Diorite d'Haiïy.
(2) Etudes géologiques sur le département de l'Orne, p. 14.
(3) Description géologique du canton de Domfronl, Bull. Soc.
Géologique de Normandie, 1890, p. 75.
(4) Terrains au sud des collines de Normandie compris dans
la feuille d' Alençon de la carte géologique détaillée de la
France, B. S. L. .\, 4, VI, 1892, p. 103 ; Feuille d' Alençon, par
M. Bigot, avec la collaboration de MM. Bizet et Letelliei (1894).
(5) Notice sur le fossile à odeur de truffes. Mémoires de la
Société d'Histoire naturelle de Paris, 1822, tn-4*, 23 p. et 1 pi.
Nouvelles observation» sur le terrain qui contient, en Normandie
(Orne) le bois fossile à odeur de truffes. Annales des Sciences
naturelles, t. I, p. 58.
(6) Annuaire normand, 1836, p. 83.
— 179 —
exécuté, mais Desnoyers a fait paraître depuis lors
toute une série de mémoires sur nos formations
oolithiques, nos terrains tertiaires, les argiles à silex
de la craie et les sables du Perche La position stra-
tigraphique de ces derniers fut même l'occasion
d'une polémique avec Triger, le savant géologue de
la Sarthe. (1)
Ce fut Desnoyers qui le premier reconnut dans
l'oolithe inférieure ou Bajocien des environs d'Alen-
çon deux systèmes, l'un calcaire et l'autre siliceux et
barytifère : il compara ce dernier aux arkoses de la
Bourgogne, et depuis lors ce nom a été donné par
tous les auteurs à la roche sur laquelle est fondée la
majeure partie de notre ville.
Les observations de Desnoyers réunies à celles
d'Odolant-Desnos furent mises à profit par ce dernier
pour l'article géologique placé en tète de sa descrip-
(1) J. Desnoyers. Mémoires sur les terrains tertiaires du Nord-
Oaest de la France autres que la formation des faluns de la
Loire, Bulletin de la Société géologique de France, t. II, p. 414-418;
Observations sur quelques systèmes de la formation oolithique
du N.-O. de la France, Annales des Sciences naturelles, lr* série,
t. IV, p. 353 ; Nouvelles observations sur quelques terrains
tertiaires du N.-O. de la France contemporains du bassin de
Paris, Bulletin de la Société géologique de France (Séance du 3
décembre 1855) ; Héponse aux observations de M. Triger sur les
sables des environs de Nogenl-le-Rotrou, Ibid. 2m° série, t. XIII,
p. 177-186 ; Note sur les argiles à silex de la craie, sur les sables
du Perche, et d'autres dépôts tertiaires, qui leur sont subor-
donnés, Ibid. 3m° série, t. XIX, p. 205.
Triger, Observations sur les sables des environs de Nogenl-le-
Rotrou, Ibid. 2°' série, T. XIII, p. 118-124.
— 180 —
tion du département de l'Orne (1). Ce n'est, comme
ceux de M. de Caumont (2j publiés peu après, qu'une
simple esquisse, mais le nombre des faits précis et
des localités signalées montre que ces auteurs
avaient attentivement parcouru notre région.
La nature du sol des environs de Laigle et de
Mortagne, qui dès 1826 avait attiré l'attention de
Vaugeois (3), fut étudiée par M. de la Sicotière dans
une statistique postérieure de quelques années aux
recberches de De Caumont et d'Odolant-Desnos (4)
C'est à Emile Lepuillon, de Boblaye, alors capitaine
d'Etat-major et qui, après avoir pris la part la plus
distinguée aux travaux de l'expédition de Morée,
devait mourir quelques années après membre de la
Chambre des Députés, que revient le principal hon-
neur de l'impulsion donnée aux études géologiques
dans la contrée d'Alençon. Il y avait été envoyé vers
(1) J. Odolant-Desnos, Statistique de l'Ortie (1831). p. ."i-12.
(2) A. de Caumont, Coup d'œil sur la constitution </éoynoslique
des cinq départements de la Normandie, Annuaire normand, 1836,
p. 57-%; Orne, p. 83-87; Soles géologiques sur le département
de l'Orne, Congrès scientifique de France, 4m' session tenue à Blois,
1836, p. 19-21. Vers la même époque le même auteur présenta à la
Société Linnéenne de Normandie, une carte géologique de l'arron-
dissement d'Argentan, mais j'ignore si elle a été publiée. On trouvera
encore des notes sur la géologie de l'Orne dans un mémoire du
même auteur publié par l'Institut des Prorinces, t. 1. p. 280.
(3) Essai sur la constitution géognostique de V arrondissement
de Mortagne. Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, 3m°
vol. 1825-20, p. 56-61. Ce ne seul que des extraits de ce travail qui
n'a pas été publie in-extenso.
(4) Notice sur l'arrondissement de Mortagne, Annuaire normand,
1838. p. 253-281.
— 181 —
1835 pour tracer la grande carte du Dépôt de la
Guerre. Il en profita pour faire une foule d'obser-
vations sur la nature du sol et des roches, la tempé-
rature des sources et même les antiquités du pays.
Une ^arte géologique des environs à l'échelle de
1/40000, sur laquelle il avait inscrit les points de
contact des altitutes des diverses formations et qui
doit se trouver au Ministère de la Guerre eut dû être
publiée. A la réunion de l'Association normande, à
Alençon en septembre 1836, il donna d'intéressants
détails sur la géologie des cantons d Alençon, Sées,
Exmes, Moulins-la-Marche et le Merleraut, en ayant
soin de signaler les caractères topographiques et
les cultures particulières qui correspondent à chaque
formation. Ils ont été reproduits par extraits dans le
procès-verbal de cette réunion (1).
Cet habile géologue en observant l'élévation suc-
cessive des couches de l'oolithe moyenne depuis la
mer jusqu'à la ligne des buttes de Champ-Haut et de
Brulleinail et leur abaissement progressif à partir de
cette ligne, fut le premier à signaler l'existence de
l'axe anticlinal du Merleraut, si bien étudié depuis
par Eugène Deslongchamps, et M. Lecornu (2).
(1) Annuaire normand, 1S37, p. 247-251.
(2) Boblaye, communication faite à la Société Géologique de
France, réunion d'Alençon ; Bulletin, t. VIII, tir. à part, p. 29;
Blavier, Eludes géol. sur le département de l'Orne, \ . 60 ;
D'Archiac, Histoire des progrès de la Géologie, t. IV, 1" partie;
E. Deslongchamps, Eludes sur les étages jurassiques inférieurs de
la Normandie. Mém. de la S. L. N., 14° vol., p. 246; L. Lecornu,
L'Axe du Merleraut, B. S. L. N., 1887-88, p. 291.
— 182 —
C'est à l'instigation de Poblaye que la Société Géo-
logique de France se décida à tenir à Alençon sa ses-
sion extraordinaire en 1837. Elle dura quatre jours
sous la présidence du D1' Robertson. Parmi les per-
sonnes qui prirent part à ses travaux, nous pouvons
citer Boblaye ; Blavier, qui devait plus tard faire la
description géologique du département de l'Orne;
M. de la Sicotière ; Triger, l'auteur de la belle carte
géologique de la Sarthe ; le vénérable Cauvin, du
Mans, et sa digne compagne, que l'on appelait Philé-
mon et Baucis de la Science ; Hardouin ; Michelin ; de
Yerneuil et Buckland, l'illustre professeur d'Oxford,
que sa vaillante compagne accompagnait aussi dans
toutes ses excursions.
Le premier jour, la Société visita les oolithes de la
plaine au sud d'Alençon, le contact du grès et du
granité aux Aulnais, le kaolin de Chauvigny, les
Schistes mâcliferes etlasource ferrugineuse de Saint-
Barthélemi, les carrières de granité du Pont-Percé
et de la Boissière, les arkoses de Gondé-sur-Sarthe.
Le second jour elle parcourut les différents étages
de l'oolithe de Saint-Paterne, le callovien de Malèfre,
les argiles glauconieuses du Buisson, les phyllades
de Perseigne, les porphyres de Neufchâtel, les cal-
caires de Cbaumiton, les grès à empreintes de Saint-
Rémy-du-Plain et les calcaires compacts de Vezot.
Cette exploration se passait sur le territoire de la
Sarthe.
La troisième journée fut consacrée à l'exploration
des arkoses de Damigny, du beau kaolin de Mont-
pertuis, des calcaires batboniens de Lonray, des allu-
vions qui s'étendent au pied des collines d'Ecouves,
— 183 —
sur Saint-Nicolas et Colombiers, des schistes (à Caly-
mènes) de Saint-Nicolas, du porphyre de Livaie et
enfin du singulier prisme de grès sur lequel reposent
les ruines de l'ancien château de la Roche-Mabile.
La dernière course eut lieu dans la Sarthe, dans la
direction de la route du Mans, puis de Fresnai. La
grande oolithe à Béthon et à Oisseau les grès à ma-
gnifiques empreintes végétales de Fyé, les trilobites
de Vaux, les calcaires dolomitiques de Fresnai
fixèrent surtout l'attention de la Société.
Les procès-verbaux de ces excursions et des discus-
sions intéressantes qui les suivirent, restèrent long-
temps le manuel de ceux qui voulurent étudier la
géologie si riche et si curieuse des environs
d'Alençon.
A la séance de clôture, l'illustre Buckland pro-
clama en termes émouvants l'analogie singulière des
terrains parcourus par la Société Géologique de
France aux environs d'Alençon avec ceux de quelques
parties de sa chère Angleterre ; il rendit, aussi un
solennel hommage à l'importance des services rendus
à la science par M. Boblaye. Puis M. de la Sicotière
prononça le discours d'adieu remerciant la Société
d'avoir choisi la ville d'Alençon comme lieu de ses
réunions, et exprimant le vœu que ces excursions et
ces séances toujours si bien suivies excitent dans la
région le zèle de la Géologie et de l'Histoire natu-
relle. (1).
(1) Le compte-rendu des séances extraordinaires de la Société
Géologique de France à Alençon, en 1837, publié dans le Bulletin,
t. VIII, fut rédigé par Boblaye et Triger, — V. Notice sur Boblaye,
184
Cette réunion fut en effet féconde en résultats ; elle
stimula les études scientifiques et servit de point
d'appui pour la formation du Musée d'Alençon.
C'est en 1837, en effet, que dans une pétition adres-
sée au Conseil municipal et qui fut imprimée, M. de
la Sicotière sollicita avec insistance l'établissement
de ce Musée. Le Conseil municipal répondit à cette
demande par l'allocation magnifique d'une somme
de 50 fr. ! avec laquelle fut construite la première
armoire.
Quelques débris de l'ancien cabinet de l'Ecole cen-
trale formé par Renaut, des échantillons offerts par
M. Sevestre constituèrent un premier noyau.
Mais en 1838, le Conseil général cédant à une heu-
reuse inspiration vota la somme nécessaire pour faire
dans le département des études géologiques, dont on
attendait certains résultats au point de vue agrono-
mique et industriel.
Ces études furent confiées à M. Blavier, ingénieur
en chef des Mines, à la résidence du Mans, qui déjà
avait fait un travail de même genre pour le départe-
ment de la Mayenne.
Le résultat en fut publié en 1842 (1).
Ce travail n'a pas été également apprécié par tous
ceux qu'il intéresse. Peut-être eut-il demandé plus
de développements. Peut-être aussi renferme-t-il
quelques erreurs inévitables dans une œuvre aussi
par le vicomte d'Arcjiiae dans la Biographie uni crise lie de Mi-
chaud. (Suppl.).
(1) Etudes géologiques xm- le département de l'Orne (6 pi. et
1 carte), Annuaire de l'Orne pour 18 42 : tir. ;i part. !ii p.
185
complexe et à une époque où les observations étaient
plus difficiles qu'aujourd'hui. Il n'en a pas moins une
grande importance comme plan général et on le con-
sulte toujours avec fruit.
Les échantillons que Blavier avait recueillis et clas-
sés à l'appui de son mémoire furent offerts au Musée
d'Alençon^ dont ils forment une des séries les plus
importantes (1).
M. Bachelier, de Sainte-Scolasse, qui s'était épris
un peu tard, mais avec une ardeur toute juvénile
d'une véritable passion pour la géologie, fit vers la
même époque une très curieuse découverte. Il trouva
à Sainte-Scolasse même dans une assise quartzeuse
jaunâtre appartenant aux argiles d'Oxford plusieurs
variétés nouvelles de crustacés fossiles qui furent
décrites dans un savant mémoire de M. Eudes-Des-
longcbamps (2).
M: Bachelier se livra ensuite à la confection de
cartes géologiques communales fort intéressantes à
raison des détails qu'elles présentent. Le Musée
d'Alençon en possède quelques unes copiées par
M. Letellier. Les autres sont au Musée de Mamers.
Pourquoi ces cartes du territoire de l'Orne avec
(2) M. Letellier, Musée d'Histoire naturelle d'Alençon. An-
nuaire Normand, 1895, p. 237-245.
(1) Eudes-Deslongciia.mps, Crustacés fossiles de Sainte-Scolasse,
trouvés par M. Bachelier, Mémoires de la Société Linnéenne de
Normandie, VII" volume, 1842 ; Revue de l'Instruction publique
et des Sociétés savantes de l'Académie de Caen, 1840-41, t. II.
p. 374; Revue de l'Orne, 29 août 1841. — Bachelier, Note sur les
terrains jurassiques des environs de Sainte-Scolasse, Bulletin
de la Société Géologique de France, 3° série, t. VIII, 1850.
— 186 —
les échantillons précieux qui les accompagnent ont-ils
été offerts à une petite ville du département de la
Sarthe ?
L'histoire en serait triste à raconter. M. Bachelier
voulait donner toute sa collection au musée d'Alen-
çon. Froissé à tort ou à raison par l'accueil peu
bienveillant qu'il avait trouvé dans le Prétét et dans
le Maire, c'est au Musée de Mamers alors presque
vide qu'il la donna. Il lui légua en même temps son
squelette qui devait être placé dans une des salles.
La ville toutefois ne le fit point disséquer pour
s'emparer du squelette et cette inexécution des
conditions du legs lui était reprochée par les repré-
sentants du zélé naturatiste, mais d'autres motifs
pouvaient rendre le legs caduc et la ville n'a pu
garder la collection qu'en payant une partie de la
valeur (1). _
Vers le même temps aussi M. Sevestre, avoué à
Alençon, esprit curieux et sagace, publia quelques
notes géologiques dans les journaux de cette ville (2).
Il donna en 1840 des notes pour servir à la statistique
géologique du département qui renfermaient le
tableau par communes et même par réages des
roches formant le sol des deux cantons d'Alençon (3).
(1) Bachelier (L* uis-Marin), né à Mamers le 29 mars IIS.-;, avait
pendant sa jeunesse travaillé à l'horlogerie dans l'Est de la Frauce,
en particulier à Strasbourg. En 1815, il revint exercer sa profession
à Fresnay-sur-Sarthe, puis à Mamers. Vers 1826, il alla habiter
Sainte-Scolasse, où il ne s'occupa plus que de Géologie. En 1S.">2, il
donna ses i-ollertions à sa ville natale ; il y mourut le 17 février 1861.
(1) Gazette d'Alençon, Revue de l'Orne, Pilote du Calvados.
(2) Notes pour servir ù lu statistique géologique du départe-
ment de l'Orne. Annuaire normand. 1841, p. 307-316,
— 187 -
M. Letellier, alors professeur à l'Ecole normale,
commençait à se liyrer aux Sciences naturelles, et
dans le petit cercle de chercheurs qui s'était formé
à Alençon, sous les auspices de de Brébisson, et qui
compta Giilet, Lissajous, D1 Prévost, Labillardière,
Henri Beaudouin, il était le seul représentant de la
Géologie. Tout en étudiant la flore avec ses confrères,
il recueillit de nombreuses observations sur nos
terrains et en acquit bien vite une connaissance suf-
fisante pour y servir de guide à plusieurs géologues
illustres, Elie de Beaumont, Delesse, de Verneuil,
Triger, Villanova. Ce fut dans une de ces courses
faites en 1850 avec Triger et de Verneuil, que celui-ci
reconnut comme dévonien un petit lambeau de ter-
rain très fossilifère, situé au Hamel sur Saint-Nico-
las-des-Bois,qui avait déjà été remarqué par Boblaye
et Blavier (1).
Les grès de la Piquerie ou de Sainte-Opportune
signalés par Blavier comme pouvant se rattacher à la
partie inférieure de la formation crétacée ont été
l'objet d'un examen plus approfondi de la part de
' l'éminent professeur Morière. Ses premières obser-
vations sur ce dépôt remontent à l'année 1846 ; après
une fructueuse herborisation dans les marais de
Briouze, il eut l'occasion en revenant à Fiers d'étu-
dier sur place le grès de la Piquerie et de faire
une ample provision de moellons lardés de Térébra-
tules. Ayant continué ses recherches pendant plu-
sieurs années et découvert de nombreuses espèces
(1) M. Letellier, Études géologiques sur le massif silurien
d'Ecouves, B. S. G. N., t. XVIII; tir. à part, p. 30.
-188
de fossiles, Peignes, Bélemnites, Têrébratnles, Am-
monites et même des échantillons authentiques
des genres Spiriferina, Cardinia, Staropalus, etc
qui appartiennent au lias, il put constater que le
grès de Sainte-Opportune et de plusieurs localités
voisines, Briouze, Sainte-Honorine-la-Guillaume, est
très véritablement un grès liasique. Poussant plus
loin ses investigations, il a reconnu que contrairement
à l'opinion des illustres auteurs de la carte géologique
de France et du vicomte d'Archiac, le lias que Ton
avait supposé s'arrêter en deçà du récif de Montabard
pour ne reparaître qu'au midi, du département de la
Sarthe se retrouvait de l'autre côté de ce récif sur
divers points du département de l'Orne tels que
Bazoches, Habloville, Fresnay-le-Buffard, Ecouché
et même que tout le minerai de fer des cantons de
Briouze et d'Ecouché, (Lougé, Saint-Ouen, Les
Yveteaux, 3aint-Brice, Rasnes, Faverolles, etc.) rangé
dans le tertiaire par Blavier, devait être rapporté à
la même formation. (1)
Les grès basiques de Sainte-Honorine-la-Guillaume
(1) Eudes-Desl.onocha.hps, Note sur des échantillons de grès
recueillis à Sainte-Opportune par M. Morière. Procès-verbal des
séances de l'Institut des provinces tenues à Caen en Octobre 18it>,
p. 7-13; Mémoires de la Soriété Linnéenne de Normandie, 8m° vol.
1849, p. XXXIII.
Morière (J.). .Vo/e sur un dépôt de grès situé dans la commune
de Sainte-Opportune, Mém. S. L. N. 9"' vol. lS-'i:!: Note sur le
grès de Ste-Opportune cl lu formation liasique dans le dépar-
tement de l'Orne, Mém. de l'Académie dis Sciences, Belles-Lettres
• l Vrts de Caen. Tir. à part, Caen, A. Hardel, 18t>3, in-8, 35 pages;
Ass. fr. av. Se. 1877, p. 82 et suiv.
— 189 —
ont été plus tard pour Morière l'objet de très beaux
travaux de paléontologie végétale (1).
A l'époque où Morière publiait son mémoire sur le
grès de Sainte-Opportune, M. Michel relevait le profil
des assises siluriennes de Domfront (2), Eugène Des-
longchamps, qui à la suite du D1' Perrier (3) avait
déjà étudié le callovien des environs d'Argentan (4),
publiait sa monographie des étages jurassiques infé-
rieurs de la Normandie. Cette œuvre magistrale, qui
plaçait son auteur parmi les premiers statigraphes
de l'Ecole française, comprend la description du lias
des environs d'Argentan et de Domfront, la coupe
géologique de Sées aux Authieux par le Merleraut,
l'extension des divers étages jurassiques dans l'Orne
et met en pleine lumière l'axe anticlinal de Champ-
Haut (5).
Ce bel ouvrage était bientôt suivi de la description
des téléosauriens fossiles des formations jurassiques
de la Normandie, dont plusieurs espèces sont signa-
(1) A. Bigot, Progrès des Sciences Géologiques en Basse-Nor-
mandie, de 1875 à 1895, B. S. L. N„ 4' série, 10" vol. (1896), p. 112.
(2) Coupe du terrain silurien aux environs de Domfront,
B. S. G. F, IP série, t. XVII, 1860, p. 698.
(3) Note sur le Kellovay-rock et le Cornsbrali des environs
d'Argentan, B S. L. N., 1" série, t. I", 1855-50, p. 81.
(4) Note sur le Callovien des environs d'Argentan : -1° Coupe
cV Argentan à la butte des bois d'Auge; T Coupe d'Argentan à
la butte de l'Egrefin ; 3" Coupe d'Argentan à Exmes (avec pi.
lithographiée), Ibid. 1857-58, p. 216-228.
(5) Etudes sur les étages jurassiques inférieurs de la Nor-
mandie (avec coupes et cartes géologiques), Thèse de Doctorat,
1864, M. S. L. N., 14- vol., p. 1-296. - Gfr. A. Bigot, Notice sur
Eugène Deslongchamps, B. S. L. N., 3° vol., 1890, p. 83.
— 190 —
lées à Bazoches-en-Houlme, aux carrières de Bissey
près d'Habloville, et à Alrnenèches (1).
Les Congrès de l'Association normande tenus à
Falaise en 1864 et à Fiers en 1868, donnèrent à M. de
Gaumont l'occasion d'enrichir notre littérature scien-
tifique de deux nouveaux mémoires, l'un sur les
environs d'Argentan (2), l'autre sur la distribution
des roches dans l'arrondissement de Domfront (3).
Le D1' Jousset, auquel rien de ce qui touchait à son
cher Bellème, ne fut étranger, publiait aussi vers le
même temps un aperçu sur la constitution géologique
de sa région, mais sans apporter à la science aucun
document inédit (4).
Parmi les problèmes de la géologie ornaise qui ont
le plus exercé la sagacité des savants, il faut citer en
(1) Note sur le squelette et la restauration du Teleosaurus
Cadomensis, B. S. L. N., 2» série, 2° vol,, 1867, p. 381-373. — Note
sur les Reptiles fossiles, dont les débris ont été recueillis dans
les assises jurassiques de la Normandie, B. S. G. F., 3" série,
t. XX VII, 1870, p. 299-351.
(2) Annuaire Normand, 1865, p. 182-185.— Cette note était une
réponse à M. de Diguères qui soutenait, malgré l'inutilité îles tenta-
tives faites au siècle dernier, que l'un pouvait reprendre avec succès
l'exploitation des prétendues min s de bouille de Sévigny. [Ann.
Nonn., lhid. p. 120, Hist. de Sévigny, p. 27). M. de Caumont,
après M. l'ingénieur Gaudin. donna ensuite quelques explications
sur les formations Liasiques de l'Orne el du Calvados.
(3) A. de Gai mont: Notes sur la distribution des roc/tes dans
l'arrondissement de domfront extraites des Eludes géologiques
sur le département de l'Orne, par M. Blavier. Annuaire Nor-
mand, 1869, p. 100-112.
(4) Bellème sous l'eau avant la création de l'homme, Nogcnt-le-
liotrnii. iniji. et lilli. A. Gouverneur, 1868, in-8*, 30 p.
— 191 —
première ligne les empreintes des Vaux-d'Obin et de
Bagnoles connues sous le nom vulgaire de Pas de
Bœufs.
Elles se trouvent à la surface des grès armoricains
ressemblant les unes à des pas de bœufs, les autres à
des pas de cbèvre ou de mouton, d'autres à des
espèces de virgules dirigées dans tous les sens,
d'autres enfin offrant des cercles réguliers, s'inscri-
vant parfois l'un dans l'autre, et d'un diamètre pour
la plupart de 20 centimètres, quelques-uns plus
petits.
Les empreintes des Vaux-d'Obin sont connues
depuis temps immémorial et leur explication a beau-
coup moins embarrassé les gens du pays que les
géologues. D'après la légende populaire, les plus
grandes seraient des traces de pas de bœufs et les
plus petites auraient été produites par le bâton de
V Homme à la calotte rouge, qui conduisait le trou-
peau.
Quelques-uns de nos auteurs locaux ont aussi tenté
une explication et ce serait vraiment laisser dans
l'ombre le côté humoristique de la question que de
priver les lecteurs de leurs singulières hypothèses.
Philippe Le Bailly, ancien inspecteur de l'Académie
de Douai, mort à Exmes le 19 décembre 1874, y
voyait un cadran lunaire établi par les cyclopes,
Chrétien, de Joué-du-Plain, les considérait comme
des signes tracés par les druides pour indiquer la
marche du soleil dans le zodiaque. Mais ce qui paraît
encore plus étrange c'est de voir M. l'abbé Hom-
mey faire siennes les idées de Chrétien dans sa toute
récente Histoire du diocèse de Sées. Je le cite textuel-
— 192 —
lement : « Nous n'avons pas encore, dit-il, le dernier
mot de ces monuments grossiers auxquels on peut
ajouter, au canton de Trun, le Vau-d'Obin, commune
de Guêprei. Celui-ci est un rocher plat, sur lequel on
a gravé des traces de pas de bœufs, comme elles
s'imprimeraient sur un sol mou. On y avait ajouté la
trace du bâton du conducteur. On a cru que c'étaient
des points de repères formant les divisions d'un
cadran solaire tracé d'après la science astronomique
des Druides ; mais il est difficile de sonder cette
science élémentaire que possédait l'antiquité. » (1)
Laissons de côté toutes ces rêveries et arrivons
aux études sérieuses.
C'est à partir de 1826 que la question des em-
preintes des Vaux-d'Obin semble avoir attiré l'atten-
tion du monde savant. Elles furent ainsi que celle
de Vignats (Cavados), visitées à cette époque par de
Brébisson, de Bazoches et Antoine Passy ; ce dernier
pensait que les cavités des grès siluriens connues
sous le nom de pas de bœufs, étaient des empreintes
non de pas, mais de corps organisés. Décrites plus
tard par Duval (2) qui avait assisté aux réunions de
la Société Géologique de France à Alençon en 1837,
et ensuite par Salt<\»% (3) qui les considérait comme
des traces d'Amélides, elles furent signalées en 1854
(1) Histoire dn diocèse de Sées, Alençon, RenaXTt-de Broise, 1899,
in-8°, t. 1", p. 10.
(2 Ao/e sur des empreintes gravées dans un guarlzile ii <lm:/>rey
(Orne), nommées \'\> m; Bcbufs, I!. S. <;. F.. 1" série, vol. 9, p. 199.
3 Sur des empreintes existant sur les qnartzites des W.u.i-
d'Aubin,près Argentan. Iliid. i. XYII1, p. : i G s - ; i 7 1 . — Cette note
i st suivie d'observations de M. Barrande.
- 193 —
par Auguste Le Prévost à l'attention de M. Eudes-
Deslongchamps. L'éminent paléontologiste, dans un
mémoire accompagné delà plaque des grès des Vaux-
d'Obin, inclinait à attribuer ces singulières em-
preintes à la présence d'animaux mous, tels que des
Actinies ou des Ascidies ayant vécu sur le fond de
sable, qui en se durcissant est devenu la rocbe ac-
tuelle et qui auraient pour ainsi dire moulé la forme
de leurs corps, avant qu'ils ne se fussent entièrement
dissous. Toutefois après avoir examiné et discuté les
différentes hypothèses proposées, M. Eudes-Deslong-
champs avoue ne pas avoir trouvé la solution du
problème. « Explique qui voudra ou qui pourra
trouver la cause de ces empreintes, dit-il, quant à
moi, j'y renonce » (1).
En 1862, l'abbé Bidard, curé de Tournay-sur-
Dives, dans une note adressée à l'Académie des
Sciences, les compare à celles que laisseraient des
pieds de ruminants. Ce n'est au fond que l'opinion
populaire traduite en langage scientifique (2).
M. le vicomte d'Archiac, en 1866, considère les
(1) Notice sur des empreintes ou traces d'animaux existant à
la surface d'une roche de grès au lieu dit les Vaux-d'Aubin, près
Argentan, département de VOrne, et coiinus dans le pays sous
le nom de Pas de Bœufs. Mém. S. L. N., 10° vol.- (1856), p. 19-44,
avec uue pi. lithographiée. — Comptes-rendus de l'Académie des
Sciences, vol. XL, p. 972, 1855.
Deslongchamps (Eugène), Supplément à la Notice sur des em-
preintes ou traces d'animaux existant à la surface d'une roche de
grès au lieu dit les Vaux-d'Aubin, près Argentan, département
de l'Orne. M. S. L. IN., 1857, 8 p.
(2) Comptes-rendus, vul. LV, p. 218, 1862.
13
- 194 -
empreintes desVaux-d'Obin comme ayant uneorigine
végétale, ce sont d'après lui de véritables Criiziaha,
sortes d'Algues gigantesques ensevelies sur place,
qui avaient une importance considérable dans la flore
marine des temps primitifs (1).
La question en était là, quand à la fin de l'année
1865, M. de la Sicotière découvrit tout auprès de
Bagnoles, dans le parc de M. Goupil, sur de larges
plates-formes de grès armoricains des empreintes
présentant une analogie évidente avec celles des
Vaux-d'Obin, mais le gisement est plus riche et les
empreintes beaucoup plus variées que tout ce qu'on
connaissait jusqu'alors dans nos régions. M. de la
Sicotière rendit compte de sa bonne fortune dans une
lettre à M. Deslongchamps, où après avoir décrit les
empreintes, il fait l'historique de cette intéressante
question. Un Post-scriptum de quelques lignes parle
d'empreintes annulaires observées à Saint-Léonard-
des-Bois (Sarthe), sur un rocher de grès armoricain,
qui évidemment sont dues aux mêmes causes et sou-
lèvent les mêmes problèmes qu'à Bagnoles (2).
(3) Géologie et Paléontologie, Paris, Savy, 186li, in-8% p. 313 ;
Paléontologie de la France, Paris, Impr. Impériale, 1867, in-8*,
p. 28.
(I) Lettre à M.Eudes-Deslongchamps sur des empreintes nom-
breuses visibles à la surface d'un rocher de grès de Bagnoles
(Orne) avec Post-scriptuh sur des empreintes annulaires visibles
sur un rocher, situé cuire Sainl-Céneri-le-Gérey urne cl Saint-
Léonard-des-Bois (Sarlhe) et réponse de M. Eudes-Deslong champs
à celte lettre, B. S. L. N., iSlio-lV6, p. 83-89; Lettre à M. Vimont
sur tes empreintes i/cs grès de Bagnoles, Bull. Soc scientifique
Rlammarion d'Argentan, t. VI 1888}, p. -260.
- 195 —
La Société Linnéenne de Normandie ayant tenu
l'année suivante sa réunion publique à Bagnoles, les
Pas de\Bœufs furent visités par les excursionnistes
et le compte-rendu publié par M. Albert Fauvel donne
une description très détaillée des empreintes avec un
dessin lithographie, mais après examen et discussion
la cause" de ces singuliers^ phénomènes restait tou-
jours énigmatique (1).
Deux ans plus tard, la Société Linnéenne, qui a
tant contribué à la vulgarisation des sciences natu-
relles dans notre pays, visitait de nouveau le dépar-
tement de l'Orne ; guidée par le savant et regretté
M. Letellier (2), elle fit aux environs d'Alençon une
excursion géologique des plus fructueuses. A la
séance publique, M. de la Sicotière appela l'attention
de ses confrères sur les empreintes des grès de
Bagnoles et de Saint-Léonard-des-Bois ; des idées"
furent échangées, mais comme conclusion on dut
déclarer que la nature des empreintes gardait encore
le secret de son mystère (2).
Le mystère paraît aujourd'hui dévoilé ; l'origine
(i) Compte-rendu de VExcuision Linnéenne à Bagnoles-de-
l'Orne, les 15 el 16 juin 1867. B. S. L. H, 2' série, 2' vol. (1867),
p. 523-534.
(2) A.-L. Letacq, M.-J. Letellier, sa vie, ses travaux scienti-
fiques. Lecture faite à la séance publique de la Société histo-
rique et archéologique de l'Orne, tenue à Argentan, le 19 octobre
1898. Bulletin, t XVII (1898), p. 453-473, tir. à part, Alençon, E.
Renaut-de Broise, 1898, iu-8% 23 p.
(3) M. Letellier, Excursion de la Société Linnéenne de Nor-
mandie à Alençon, les samedi 3 et dimanche 4 juillet -1869. B. S.
L. N,, 2' série, t. IV, 1868-69, p. 27-290.
— 196 —
végétale des empreintes soutenue par d'Archiac,
reprise par Gaston de Tromelin (1) et par Morière à
la suite de Schimper et de Saporta (2) est maintenant
rejetée par la plupart des géologues, qui avec un
savant suédois M. Nathorst les regardent comme des
pistes d'animaux (3). Ainsi, à l'aide d'expériences ingé-
nieuses, cet habile naturaliste a obtenu des empreintes
absolument semblables à celles du Cruziana Bagno-
lensis Mor. en faisant cheminer sur la vase le Coro-
phium longicorne, espèce de la classe des crustacés
commune sur nos côtes (4).
Ici doit se terminer l'inventaire historique et biblio-
(1) Présentation des fossiles paléozoïques du département
d'Ille-et-Vilaine ; note additionnelle sur la faune de l'Ouest de
la France. Ass. fr. ar. se, Congrès de Nantes, 1855 ; Observations
sur les terrains paléozoïques de la Basse-Normandie, B. S. L.
N., 2e série, 2" vol., 1877-78, p. 6.
(2) Moriére; Note sur le ores de Bagnoles (Orne). Ihid., id.
p. 20-32, avec 1 pi. — Cet article contient un résumé historique
auquel j'ai fait plusieurs emprunts.
L. Du val, Le Vau-d'Obin, Revue Normande, mai et juillet 1900,
Alençon, Herpin.
(3) A. m: La?parent, Traité de néologie, 1885,1" édit., p. 680.
(4) A. Bigot, La Plage silurienne de Bagnoles, B. S. L, N.,
'r série, (>' vol., 1892, p. 81 : Progrès des sciences géologiques en
Bassè-Nôrmandie, etc.— JL'ouvrage de H. Nathorst, iutitulé : Om spar
af riagra everlebrerade djurm. m . ôch deraspaleonlologiska Bety-
deZse(Kongl.Sv. Vet, Akad. Handl., t. XVI11, 1881, 11 Tafl.) a étéen
partie traduit en français par F. Schulthers, et cette traduction
publiée dans le même recueil est jointe au mémoire lui-même dans
le tir. a part, 103 p. et 11 pi. Le résumé historique qui n'a pas été
traduit, accorde une mention spéciale aus notes de Duval (1838 . de
Deslongchamps (1856) et de IIorière(1878 , précédemmenl citées.
— 197 —
graphique des notes publiées sur la Géologie ornaise
jusqu'en 1870. Nous entrons alors dans ce que j'ap-
pellerais volontiers la troisième période d'études, car
les progrès de la science, les recherches rendues
plus faciles par le percement des routes et des voies
terrées ont permis à nos travailleurs, parmi lesquels
MM. Letellier et Bizet (1) méritent une mention
spéciale, d'apporter plus de précision dans la déter-
mination des roches et des assises du sol, de complé-
ter les observations anciennes, d'élucider bien des
points obscurs. Une plume des plus autorisées en a
retracé le tableau fidèle, en constatant, à notre
honneur, que des trois départements de la Basse-
Normandie c'est certainement celui de l'Orne dont la
Géologie a fait le plus de progrès depuis 1875 (2).
Cependant, malgré le nombre et l'importance des
découvertes faites dans ces dernières années, l'analyse
des travaux de nos devanciers ne parait pas dénuée
d'intérêt. Ceux qui creusent les fondements de
l'édifice sont-ils moins méritants que ceux qui le
couronnent ? Leur travail, pour être plus obscur,
doit-il être dédaigné ? Ne devons-nous pas plutôt, en
présence des résultats, auxquels ils sont arrivés
malgré l'imperfection de leurs moyens d'étude,
admirer leur patience et leur sagacité ? C'est donc
faire œuvre de reconnaissance et de justice que de
rappeler des observations souvent vagues et insuf-
(1) A.-L. Letacq, Notice sur Paul Bizel, conducteur des Ponts
et Chaussées à Bellême et Géologue, Documents sur la province du
Perche, 43°" et 44me fascicules, 1901, Mortagne, impr. Meaux.
(2) A. Bigot, Progrès des Sciences géologiques, etc., p. 104.
— 198 —
Osantes, il est vrai, mais qui pourtant ont servi
de point de départ à des recherches plus appro-
fondies.
« L'exposition de la science serait incomplète et
fausse, a dit J.-B. Dumas, si dans le tableau du pré-
sent on négligeait les droits et les travaux du
passé » (1).
(1) Discours et Eloges académiques, P;nis, Gauthiers-Villars
1885, t. Ier, p. 11.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Composition du bureau de la Société pour Tan-
née 1900 III
Liste générale des Membres de la Société au 15
janvier 1901 V
Liste des Sociétés savantes et établissements
avec lesquels la Société fait des échanges de
publications XV
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
Séance du 15 Janvier. — Tison: Production
de glace par le Verbesina virginiaca . . . XXIX
Séance du 5 Février. — Gallier : Anctinomy-
cose. — DsGiDON : Stations nouvelles de plantes.
Bigot : Helicoprion ; Callovien inférieur de
Villers-sur-Mer XXXI
Séance du 5 Mars. — Dr Gidon: Renseignements
géologiques donnés par M. de Bras. — Dela-
vigne : Rana esculenta à cinq pattes. — Bigot:
Sur le Pithecanthropus XXXIV
Séance du 2 Avril. — Tison : Sur la chute des
reuilles. — Dr Gidon : Orange double ; Fou-
gères bifides. — CheviîEL : Anomalie chez
Aslerias rubens. — Lettre de A. Chevalier. XXXVII
— 200 -
Pages
Séance du 7 Mai. — Bigot : Notice sur P. Bizkt.
— F. MoUTIBB : Fleurs prolifères (/'Anémone
pavomina ; Gui sur un tilleul ; Zone à Cœloce-
ras Blagdeni à Fontenay-le-Marmion . — Vaul-
legeard : Anomalie d' une fleur d'Anémone. —
Marinesco : Sur le Mécanisme de la séni-lité
et de la mort des cellules nerveuses (analyse
par M. Vaullegeard). — Matchinsky : Sur
l'atrophie des ovules (analyse par M. Vaulle-
geard. — Vaullegeard : Sur le Distomum
pristis XLII
Séance du 19 Juin. — F. Moutier : Anomalies
florales de Matricaria et Catleya. — Brasil :
Présence rf'Alpheus megacheles et Cistella
capsula à Luc. — Dr Moutier : Gui sur un
saule. — Lignier : Ophyris muscifera à Chi-
cheboville ; Orohanche géante. — L.-J. Léger :
Orientation de la feuille par rapport à la tige.
— Lignier : Racines adventives de Thuya. —
Bigot : Terrasses quaternaires de l'Orne ;
Ruisseau de Pcrriercs XLYIII
Séance du 2 Juillet. — Lignier : Gui sur un
saule . — LÉGER : Anomalie sur une clématite. LI
Séance du 12 Novembre. — Vaullegeard : Ac-
tion des Cestodcs et Nématodes. — F. Mou-
tier : Aberration lutescens du Calimorpha
liera. — Brasil : Fréquence de certaines cs-
pèces sur le littoral du Calvados. — de La
Thuillerie : Daucus carolta et gummifer. —
Matte : Présentation de silex néolithiques. —
~- 201 —
Pages
Bigot : Présentation d'exemples (/Abrasion
provenant des dunes de Biville LUI
Séance du 3 Décembre. — Brasil : Catalogue
des Mollusques de la Faune marine de Luc-
sur-Mer. — F. Moutier : Supplément à la
Faune des Mollusques terrestres et fluviatiles
des environs de Caen LVI
TBAVAUX OBIGINAUX
L. -Jules Léger. — Sur l'orientation de la feuille
en anatomie végétale 3
F. Moutier. — Supplément au Catalogue des
Mollusques terrestres et fluviatiles des envi-
rons de Caen 8
L. Brasil. — Faune marine de la région de
Luc-sur-Mer . 18
L. Brasil. — Observations sur la Faune de la
région de Luc-sur-Mer (Calvados) .... 75
A. Vaullegeard. — Etude expérimentale et
critique sur l'action des Helminthes : I. Ces-
todes et Nématodes 84
A. Vaullegeard. — Description du Distomum
pristis Deslongchamps 143
A. Bigot. — Notice explicative de la Feuille
« Les Pieux » .• 147
202 —
Pages
Abbé A.-L. Letacq. — Recherches pour servir
à l'Histoire des Etudes géologiques dans le
département de l'Orne juscpi'en 1870, ex-
traites en partie d'un manuscrit de M. de la
Sicotière 163
TARLE DES MATIÈRES . 199
L Imprimeur- Gérant,
E. LANIER.
Gak.n. — Imprimerie K. LANIER, 1 ft i, rue Guiixaumb. — H. 2243
L.-Jules LEGER
BULLETIN
l)K LA
r jr
SOC] ETE LINNE ENNE
DE NORMANDIE
FONDÉE EN 1823
tët reconnue d'utilité publique par décret du ±2 avril 1863
5e SÉRIE. — 5e VOLUME
ACTIVÉE lOOij
CAEN
E. LANIER, Imprimeur
IÎLE GUILLAUME-LE-CoNQUÉRANT, 1 fr 3
1902
MCI. WHOI LIBRARY
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