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Full text of "Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles"

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M A. nr ces 


BULLETIN 


SOCIÈTÉ VAUDOISE. 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 
TOME Ÿ. — BULLETIN N° 38. 


PRIX : 2 FRANCS. 


LAUSANNE. 


IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


Mai 1856 


DEN EE 


TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. 


ÉRODESVERBAUX à. 0 JT 0 2 Le ete em leu ARE 
MÉmomEs . . . . 
Sur la scintillation des étoiles , par C. Dufour, professeur 


Des températures de l'air et des mirages à la surface du lac Léman, 
par L. Dufour, professeur . . . . . . . . . 

Note sur le Microsporon furfur , par C. Marcel, docteur . 

Sur un cas de pluie sans nuages , par L. Dufour, professeur 

Sur la vitesse des vagues , par L. Dufour, professeur . . . . . 

Note sur quelques points de la géologie de l'Angleterre , par E. Re- 
DEVIET Een de sel. RS te ie Lie ECHEC DEN UE 

De l’origine des végétations connues sous le nom de Queues de renard, 
par. DelaHarpe, docteur, ..2%1.02.) GLS. 


Sur la synonymie de la Natica rotundata, par E. Renevier . 


- Note géologique sur la Dobroudcha, entre Rassoya et Kustendjé, par 


Michel ingénieur. #00. 7 AIN OO 


Ciguë dans la Dobroudcha , par Michel, ingénieur . . . . . . 


BULLETINS 


DES SÉANCES 


DE LA 


SOCIÈTÉ VAUDOISE 


E< 


SCIENCES NATURELLES. 


—00 È0-—— 


TOME V. 


rires 1856 S 1857. 


LAUSANNE. 


IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


1858. 


Tome Y. N° 38. 


SOCIÉTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


95 @07-©2——— 


PROCÈS-VERBAUX. 


Séance du 9 janvier 1856. — Mr L. Dufour communique à la 
Société le résultat des expériences qu'il a faites pour constater les 
variations du magnétisme dans le barreau aimanté, suivant la tempé- 
rature à laquelle on le soumet. On sait que le barreau aimanté perd 
son magnélisme par une élévation de température; mais on ignorait 
que l’abaissement avait une action analogue quoique moins pronon- 
cée. Mr L. Dufour est arrivé à ce résultat que tout changement de 
température du barreau aimanté correspond à une diminution de 
l'intensité magnétique. Il reste à déterminer la loi qui régit le rapport 
entre ces deux données. Le mémoire de Mr Dufour paraitra dans un 
prochain cahier. 


Mr Ed. Chavannes annonce qu'il vient de terminer l’arrangement 
des plantes rapportées du cap de Bonne-Espérance, par Mr Gustave 
Perdonnet, qui les y a récoltées dans un séjour de cinq semaines, 
en 1843 et 1844, pendant la fin du mois de décembre et le mois de 
janvier. 

Ces plantes, laissées jusqu'à ces derniers temps sans ordre et sans 
détermination, sont encore parfaitement conservées pour la plupart. 
La collection se compose d'environ 180 espèces réparties dans 100 
genres et 34 familles; les échantillons sont généralement beaux , 
bien séchés et nombreux dans plusieurs espèces. 

Il y a fort peu de plantes ligneuses; mais les genres Erica, Heli- 
chrysum et Helipterium y sont assez bien représentés. La famille 
des Thymélées y compte de beaux échantillons dans les genres Stru- 
thiola, Passerina et Gnidia. On y voit aussi quelques espèces assez 
rares, qui ne se trouvent pas ordinairement dans les collections des 
plantes du Cap. 

Mr Chavannes a été très-obligeamment secondé par Mr le profes- 
seur Godet, de Neuchâtel, dans la détermination des espèces qu'il 
ne connaissait pas. 


y 9 janvier 1856. 


M: Perdonnet, qui est membre de la Société, se fera sans doute 
un plaisir d'ouvrir son herbier aux personnes qui auraient intérêt à 
le consulter. Il possède, déji en ordre, une belle collectic. de fou- 
gères du Brésil, dont la plupart sont bien déterminées, grâces aussi 
au bon secours de Mr Godet. 

La collection générale des plantes brésiliennes qu'a rapportée 
Mr Perdonnet n’est pas encore arrangée. Mr Chavannes en a entre- 

ris la classification, il y a peu de jours, et il la continue avec acti- 
vité. Cette collection, fermée pendant les cinq années que Mr Per- 
donnet a passées au Brésil, accompagné de Mr le Dr A. Chavannes, 
renferme de belles choses et se compose d'espèces récoltées dans la 
colonie suisse, au nord et près de Rio-Janeiro, et dans les provinees 
de Saint-Paul et de Sainte-Catherine, beaucoup plus au mudi. 


Mr Blanchet place sous les yeux de l'assemblée les cartes météo- 
rologiques dressées par Mr H. Nicollet, de Neuchâtel. 


M: Bischoff rend compte des résultats de l'analyse chimique d'un 
dépôt cristallin, trouvé dans des bouteilles de vin d’Yvorne 1848, 
première qualité. Ge dépôt était essentiellement formé de tartrate de 
potasse et d'alumine. 


Mr Blanchet dépose sur le bureau le numéro du Nouvelliste vau- 
dois qui expose les bases d’après lesquelles sont notées les observa- 
tions météorologiques de l'Ecole spéciale de Lausanne. Le chifire 
moyen du baromètre et celui du thermomètre de l’année précédente, 
sont pris pour le zéro auquel se rapportent les degrés observés. 


Mr C. Gaudin rapporte qu'ensuite des observations les plus ré- 
centes, la flore fossile des marnes de Rivaz doit être envisagée 
comme l’une des plus riches du tertiaire suisse; elle compte 145 
espèces. Oeningen en a fourni jusqu'ici 180; Hæring, 1207; Sotska, 
8; Hohen-Rhonen, à peu près autant que Rivaz. 


Ouvrages reçus depuis la précédente séance : 


1. De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : 
Berichte über die Verhandtungen, nes 9, 10 et 11. 1855. 
2, De l'Association florimontane d'Annecy : Bulletin, ne 8. 


3. De Mr l'ingénieur Will, de Zurich : Tableau synoptique com- 
parant l'ère chrétienne avec les dimensions de la grande pyramide 
d'Egypte. 


&. De la rédaction du Journal : La science pour tous, n° 2. 1856. 


23 JANVIER 1856. 3 


Séance du 23 janvier 1856. — Le Président annonce qu'il a reçu 
de l'Association Smithonnienne de Washington un envoi de publica- 
tions. Get envoi renferme : 2 vol. de Rapports faits à l'Association 
dès juin 1854 à janvier 1855; 1 vol. Observations faites sur le brick 
le Dauphin, par le capitaine See, dans le golfe du Mexique. 


Mr E. Renevier écrit de Paris au Secrétaire qu'il s’est mis en rap- 
port avec deux Sociétés savantes de France qui recevront nos pu- 
lications en échange des leurs. Ces Sociétés sont : 1° La Société 
Linnéenne de Normandie, à Caen (Calvados); adresse : Mr le pro- 
fesseur Eudes-Deslongchamps, 28, rue de Géole. 2° La Société 
d'agriculture de la Sarthe, au Mans; adresse : Mr Ed. Guéranger, 
ancien pharmacien, 3, rue Sainte-Croix. L'échange avec ces deux 
Sociétés est accepté avec empressement. 


Mr Hirzel place sous les yeux de la Société un planétaire destiné 
à l'instruction des aveugles de l’Asile de Lausanne. Des lettres en 
relief et des lignes tracées sur une table, de petites sphères armil- 
laires en fil de fer, mobiles sur une ellipse; des disques mobiles, ete., 
indiquent au tact des aveugles les divers mouvements célestes et 
leurs conséquences. Le mémoire paraitra plus tard. 


Mr C. Dufour, professeur, reprend ses communications sur la 
scintillation des étoiles (voir séance annuelle du 29 juin 1853). Le 
scintillomètre qu'il indiquait dans sa première communication, a 
continué à lui servir avec avantage dans cette étude. (Voir les mé- 
moires.) 


Mr S. Chavannes place sous les yeux de l'assemblée des échan- 
tillons d’un dépôt d’alluvions jurassiques ou glaciaires du pied du 
Jura, qu'il a observé près de Vallorbe. Ce dépôt offre les mêmes 
phénomènes que les dépôts de provenance alpine. — Le même mem- 
bre dépose en outre des concrétions siliceuses sous forme de géodes, 
qu'il a trouvées dans les marnes néocomiennes de Vaulion. Les fos- 
siles de ces marnes sont aussi souvent siliceux à l’intérieur. Cette 
silicification , rare dans le Jura, l’est bien moins dans les Alpes. 


Mr Blanchet présente un fragment de mâchoire de rhinocéros 
fossile, trouvé dans la molasse, près de Rovéréaz; il paraît avoir 
appartenu à un jeune animal. 

Le même membre présente encore trois cartes destinées à figurer 
le mode de formation successive des terrains miocènes dans le canton 
de Vaud. Chacune d’elles répond à l’une des périodes que l’auteur 
admet dans cette formation. Bite 


M: C. Gaudin communique l'extrait d’une lettre de Mr O. Heer, 
dans laquelle il annonce l'existence à Rivaz de deux fougères fossiles 
nouvelles pour la Suisse, celle d’un figuier? (ou d’une Butnériacée), 
d'un Sideroxylon? Ces fossiles ont été recueillis dans la galerie d’une 
ancienne mine de lignite sous Rivaz. 


6 rÉvRIER 1856. 


St 


Séance du 6 février 1856. — Mr L. Dufour communique les 
observations de Mr Schnetzler sur un parasite développé dans le 
corps des mouches et étudié dans l'été 1855. 

Les journaux de l'été passé, dit Mr Schnetzler, ont fait mention 
d'une maladie particulière qui frappait la mouche commune. J'ai 
également observé ce fait. Voiei quelques résultats de ces observa- 
tions. Une efflorescence blanche apparait à la jonction des anneaux. 
La mouche attaquée du mal reste comme fixée sur les fenêtres, les 
rideaux, les miroirs, etc. Une poussière blanche se répand autour 
d'elle, de même que sur ses pattes, ses ailes, ‘etc. L’abdomen est 
dilaté. Lorsqu'on examine sous le microscope la poussière blanche 
répandue sur les objets sur lesquels l’insecte malade se trouve fixé, 
on la trouve composée de petits globules, de véritables cellules sphé- 
riques ou ovoides dans lesquels se trouvent des globules plus petits. 
La matière blanche qui remplit peu à peu l'abdomen et qui le rend 
presque ecassant, se compose, lorsqu'on l’examine sous le mieros- 
cope, de filaments cylindriques, ramifiés par des bifurcations. On 
découvre souvent dans leur intérieur de petits globules. Leur extré- 
mité renflée présente la même forme que les cellules ou globules 
répandus sur les vitres, glaces, ete. Je conclus de ce qui précède 
que la mouche domestique est quelquefois envahie par un organisme 
végétal semblable aux Mucédinées que nous voyons se former chez 
d'autres insectes, par exemple chez le ver-à-soie. La poussière blan- 
che qui se répand au dehors n’est autre chose que les spores de cet 
organisme parasyte. L'humidité favorise et provoque peut-être cette 
maladie. 

Lorsqu'on abandonne de l'urine provenant d'un individu affeeté 
de diabetes mellitus à la fermentation, il s'y forme une quantité abon- 
dante de filaments bifurqués, que l'on range parmi les Conferves et 
qui ressemblent d’une manière frappante à ceux que nous avons 
observés dans le corps des mouches malades. Ce résultat de la fer- 
mentation du sucre provenant de l'organisme animal nous donne ici 
peut-être un indice sur l'action chimique qui s'opère dans les liquides 
nourriciers de la mouche domestique avant l'apparition du végétal 
qui oceasionne la mort. 


Mr J. DelaHarpe rappelle qu'il a présenté à la Soeiété helvétique, 
réunie à Sion en 1853, un papillon venant de naître et fixé à une 
feuille au moyen d’une végétation parasite sortie de son abdomen et 
non de la feuille. Dans les climats chauds, les exemples de ce genre 
-Sont moins rares et se montrent même presque constants sur cer- 
tains lépidoptères, ainsi qu’on peut le voir dans les papillons exoti- 
ques de Cramer. 


Mr C. Gaudin rappelle qu’à la Nouvelle-Hollande existe une che- 
nille qui produit de longues végétations ramifiées , fait qui a été pu- 
blié dans les journaux du temps. 


6 révrier 1856. 5 


Mr L. Dufour continue son exposition des phénomènes du mirage 
et des observations thermométriques faites sur le lac Léman, dans 
le but de déterminer la température des couches d'air qui donnent 
lieu au mirage. (Voir les séances des # juillet, 5 et 19 décembre 
1855, et les mémoires.) 


Mr Morlot en prend occasion de mentionner le mirage très-marqué 
que l'on peut observer le long de la cheminée de nos bateaux à 
vapeur, par suite de la différence de densité des couches d’air qui 
entourent ces cheminées. 


M: Morlot rapporte un fait de refoulement qu'il a observé dans les 
sables d’alluvion du Rhône, près Noville. L’éboulement, dit-il, qui 
a détruit Tauredunum, a formé deux zônes de tertres. Noville est 
bâti sur le bord de la première zène. Dans une exploitation de gra- 
vier, située près du cimetière de ce bourg , on enlève les sables de 
cette première zûne. Le gravier que l’on en tire est évidemment 
celui du Rhône et s’exploite là où ne devrait exister que du limon. 
Il est stratifié en couches brisées en zig-zag; sous ces couches, 
Mr Morlot a recueilli un fragment de poterie celtique, d’où l’on doit 
conclure que leur dépôt ne remonte pas au-delà de l’époque histo- 
rique. Or, ces couches de gravier plissées n’ont pu l'être que par 
un refoulement latéral, c’est-à-dire par l'action des masses éboulées 
de la montagne. 

M: Morlot rapporte encore que s'étant transporté près de Corbey- 
rier, sur les lieux où l’on avait observé, dans l'hiver passé, un cou- 
rant d'air chaud, il s’est convaincu que cet air ne provenait que des 
courants qui s’établissent si aisément dans les éboulements au pied 
des Alpes. C’est en petit les cantines du Tessin. (Voir séance du 19 
décembre 1855.) 


M: Marcel expose ses observations sur le microsporon furfur 
d'Eichstædt, parasite de l’épiderme. (Voir les mémoires.) 


Depuis la séance précédente, la Société a reçu : 


1. De l'Académie royale de Belgique : a) Mémoires couronnes et 
Mémoires des savants étrangers, collect. in-8e, t. VI, 2 partie. — 
b) Bulletin de, ete., t. XXI, 2e partie, 1854; t. XXIE, fre partie , 
1555. — c) Annuaire de, ete., pour 1855. — d) Bibliographie, 
ete., pour 185%. — e) Mémoires couronnes et Mémoires des savants 
étrangers, 1. XXVTI, 1854-1855, in-4o, — f) Mémoires de l' Acade- 
mie, ete., t. XXVIIE, 1854; t. XXIX, 1855. 


2. De Mr E. Renevier : Coupe stratigraphique prise dans l'ile de 
Wight, par Me W.-H. Fitton (tableau), 3 exempl. Extraits du Geo- 
logical Quarterly Journal. 


3. De Mr Martens, de l'Académie royale de Belgique : a) Recher- 
ches sur les couleurs des végétaux. — b) Nouvelles recherches sur La 


6 21 rÉvaier 1856. 


coloration des plantes. (Extr. du Bulletin de l'Académie royale de 
Belgique.) 


4. De la Société libre d'émulation du Doubs : Note sur le chemin 
de fer du Jura central, par Mr Ch. Grenier, professeur. 


5. De la Société des sciences naturelles de la Wétéravie:: Bulle- 
tin, etc. Hanau, 1853 à 1855. 


Séance du 21 février 1856. — Mr Renevier présente comme mem- 
bre ordinaire de la Société Mr Ad. Constant-Delessert, à Lausanne. 
Admis à l'unanimité. 

Le même membre présente, en outre, comme membre ordinaire, 
M: Ebray, ingénieur du chemin de fer d'Orléans, à Choisy-le-Roï. 
Admis à l'unanimité. 


Sur la proposition du Secrétaire, la Société charge la commission 
de publication de lui présenter ses propositions sur les modifications 
que la publication du Bulletin pourrait exiger. Mr E. Renevier lui 
est adjoint dans ce but. 


Le Bibliothécaire annonce qu'il s'occupe de la rédaction d’un nou- 
veau catalogue de la Bibliothèque et qu’il fera plus tard des propo- 
sitions. Le 


Sur la proposition du Bureau, on renvoye à la prochaine séance 
générale la nomination de quatre membres honoraires; les personnes 
présentées par le Bureau sont : MM. Argelander, à Bonn; Quatre- 
fage, à Paris; Haïdinger, à Vienne, et Magnus, à Berlin. 


M: Ph. DelaHarpe propose à la Société d'accepter l'offre d'échange 
de publication avec la Société des naturalistes de Malvern (Worcester). 
Cette proposition est adoptée. 


Mr E. Renevier fait la même proposition pour la Société des ingé- 
nieurs civils de Paris. (Adresse : rue Buffault, 26, Paris.) Adopté. 


Mr L. Dufour rapporte une observation de pluie sans nuages. 
(Voir les mémoires.) 


M: J. DelaHarpe communique l'annonce de MM. Grenier et Dera- 
meruz, fabricants de farine, près Besançon, qui sont parvenus par 
des procédés chimiques assez connus, à transformer une bonne partie 
de l’amidon du gruau d'avoine en dextrine et à rendre par là cette 
substance plus nutritive. 


M: L. Dufour expose une méthode nouvelle, à la fois simple et 
pratique, de détermimer la vitesse du mouvement des vagues. (Voir 
les mémoires.) 


€ 


91 Février 1856. 7 


Mr C. Gaudin rapporte que l’on a découvert au Vallon (Lau- 
sanne), en ereusant une cave dans la molasse, un tronc d'arbre dico- 
tyledoné fossile et fortement pyritisé. Son tronc présente actuelle- 
ment une longueur de 28 pieds sans ramifications ; il est sans doute 
beaucoup plus long. Son diamètre d'environ 8 pouces (22-23 centi- 
mètres) ne varie guères dans toute sa longueur. 


Mr J. DelaHarpe, qui a aussi examiné ce fossile, a été frappé 
des rayons nombreux de jayet qui partent du tronc dans tous les sens, 
pour se terminer en s’eflilant dans la molasse périphérique. Ces 
rayons, qui ont une longueur moyenne égale au diamètre du trone, 
et sont plus ou moins ondulés ou droits, représentent une série cir- 
culaire de fissures qui ont eu lieu dans le grès par suite du retrait 
du trone qui se dissolvait avant de se fossiliser. On sait assez que 
dans les molasses (grès) les fossiles ne sont presque pas écrasés; la 
nature sablonneuse de la roche ne lui permettant pas de se tasser 
sensiblement après son dépôt sous l’eau. Le tronc enfoui, en se ré- 
duisant en bouillie par la décomposition lente, a dû occuper bientôt 
une place plus petite dans la roche; celle-ci ne pouvant suivre le 
bois dans son retrait, s’est fendillée tout autour de lui, comme le fait 
une voûte qui s'écrase. Les fentes, résultat de la pression ambiante, 
se sont alors remplies de bouillie végétale qui, plus tard, s’est trans- 
formée en jayet; le sulfure, si abondant dans nos molasses, a trouvé 
aussi par le fait du retrait du végétal, de nombreuses vacuoles où il 
a pu se déposer. Il résulte de là que ce tronc de 8 pouces de dia- 
mètre n’en avait guères plus de 10 avant sa transformation. 


On renvoye à la séance générale d'avril l'examen des questions 
qui se rattachent à la séance annuelle. 


Mr C. Gaudin propose que l’on se joigne à la Société de Berne 
pour demander au Conseil fédéral l'autorisation de recourir gratui- 
tement aux télégraphes pour les observations météorologiques simul- 
tanées de quelque importance. Cette proposition est adoptée en 


. ajoutant que préalablement il faut savoir quelle sera la réponse que 


l'administration centrale fera à la Société de Berne, et qu'il convien- 
drait, suivant le cas, d'appeler sur ce sujet l'attention de la Société 
helvétique. 

Le même membre demande aussi que les autorités locales soient 
invitées à régler les horloges publiques sur l'heure télégraphique de 
Berne, comme en Angleterre elles se règlent sur celle de Greenwich. 
Cette demande est fortement appuyée et l’on pense que le moyen le 
plus simple d'atteindre ce but sera de communiquer aux journaux 
la demande de la Société, afin qu'ils en fassent mention. 


Depuis sa dernière séance , la Société a reçu : 


1. De la Société géologique de France : Bulletin, ete., 1. XIE, 
f. 43-51; t. XII, f. 1-2. 


8 3 mars 1856. 


2. De la Société florimontane d'Annecy : Bulletin, numéro de 
décembre 1855. 


3. De Mr E. Renevier : a) Notice sur la colline de Sansan, par 
M: Lartet. — b) Distribution des Brachiopodes dans les îles Britan- 
niques. (Extr. du Bulletin de la Société géologique de France.) — 
c) Des rapports entre la stratigraphie et la paléontologie, par Mr de 
Barande. (Extr. des Bulletins de la Société géologique de France. 
— d) Des rapports entre la craie et le calcaire de Purbeck (crétacé 
ancien), par Mr Fitton. 


Séance du 3 mars 1856. — Le Président annonce la démission 
de M° Ant. Bourgeois, pour cause de santé. 


La Société s’oceupe de la rédaction du Bulletin. (Voir aux séances 
du Bureau.) 


M' Hirzel présente à la Société un deuxième planétaire, destiné à 
représenter aux aveugles les phases lunaires. (Voir la séance du 23 
janvier et les mémoires d’un numéro prochain.) 


M: DelaHarpe père entretient la Société de la formation et des 
propriétés d’une matière colorante bleue qui s’observe assez fré- 
quemment sur les pièces de pansement à l'Hôpital cantonal. Il annonce 
que M° Bischoff, professeur, se livre à des recherches chimiques sur 
cette matière. Le mémoire paraîtra dans un prochain numéro. 


MM. G. de Rumine et C. Gaudin ont établi, à Eglantine près Lau- 
sanne, un observatoire ozonométrique, dont ils feront connaître les 
résultats. Afin de rendre comparatives leurs observations , ils ont 
ouvert un second observatoire au Pavement, au-dessus de Lau- 
sanne. [ls se proposent de faire de semblables observations à Noville, 
dans la vallée du Rhône et au Grand Saint-Bernard. Le prieur de 
l'hospice du Grand Saint-Bernard veut bien se charger de faire les 
observations. 


M" C. Gaudin présente un fragment de très-belle feuille de palmier 
(Sabal major), trouvé dans la molasse, à la Borde près Lausanne. 
Dans la même localité, il a recueilli des empreintes de feuilles de 
peuplier, de laurier, etc. 


M° E. Renevier fait à la Société une première communication sur 
la géologie de l'Angleterre. (Voir les mémoires.) 


M: Ed. Chavannes demande si l’on a fait des observations ozon0- 
métriques sur l'air dans lequel vivent les plantes. M° C. Gaudm 
répond que tandis que l'air extérieur donnait 7, 8 et 9 degrés à l'o- 
zonomètre, celui d’une serre remplie de plantes restait à ô. 

Le même membre entretient la Société d’une variété de Leucoium 


3 mars 1856. 9 


vernum cultivé, dans laquelle les extrémités du périgone prennent 
une teinte verte et les étamines deviennent orangées. 


M Hirzel dit quelques mots sur les effets désastreux de l’ophthalmie 
des nouveaux nés, maladie assez fréquente dans notre pays. 


L'assemblée s'occupe de rechef de l'importance d'appliquer la 
télégraphie électrique aux observations météorologiques. Elle con- 
elut à faire une proposition sur ce point à la Société helvétique dans 
sa prochaine réunion. 


La Société reçoit dans cette séance : 


1. De l’Académie royale des sciences de Bavière : a) Almanach 
de l’Académie, etc., pour 1855. — b) Annales de l'Observatoire 
royal de Munich, vol. VIF et VIE. München, 1854-1855. — c) 
Discours d'ouverture de l’Académie, par M° Lamont. — d) Gelehrte 
Anzeigen, 40e vol., janvier à juin 1855. 


2. De l'Institut impérial et royal de géologie à Vienne (Geologische 
Reichanstalt) : a) Coup-d'œil géologique sur les mines de la monar- 
chie autrichienne, par MM. Hauer et Fœtterle, avec une introduction 
du professeur Haiïdinger. Wien, 1855. — b) Mémoires de, etc. 
(Jahrbucher), ne 1, janvier à mars; no 2, avril à juin 1855. 


3. De la Société des sciences naturelles et médicales de la Hesse- 
supérieure : 5e Rapport. Giessen, octobre 1855. 


k. De MM. Ph. DelaHarpe et C. Gaudin : Flore fossile des envi- 
rons de Lausanne. (Extrait du Bulletin de la Société vaudoise.) 


5. De M° J. Cook, jun’. professeur de chimie, à Howard : Sur 


deux nouvelles combinaisons cristallines de zinc et d'antimoine. Gam- 
bridge, 1855. 


6. De M° Durheim, à Berne : Jdiotikon botanique suisse. Berne. 


7. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et 
Comptes-rendus de, etc., Ille année, cahiers 2-3; IVe, Ve, Ve et 
VILe ann., 16 cahiers. 8e avec planches. 


8. De la Société Linnéenne du Calvados : Mémoires de, ete., 2 
vol., 1824-1825, avec atlas; nouv. série, vol. 6-9, avec planches. 


De la Société Linnéenne de Normandie : Séances publiques de, ete. 
1834-1837, 4 cah. 8o. 


9. De M° E. Renevier : Notice sur la cause des mouvements de 
rotation et de translation de la terre et des autres planètes, par J. 
Cornuel. 


10. De M Hebert : Notice sur le terrain tertiaire moyen du Nord 
de l'Europe. 


10 19 mars 1856. 


11. De la Société de physique et de médecine de Wurzboursg : 
Verhandlungen, etc. 7e vol., cah. 2. 


12. De l’Institut national genevois : Bulletin de, ete., t. I, HE et 
EV 1° liv. — Bulletin des séances, n° 8. 


Séance du 19 mars 1856. — M Hirzel présente les photographies 
des deux planisphères dont il a occupé la Société dans deux précé- 
dentes séances. 


MM. Samson Boiceau, à Lausanne; Pictet, professeur de paléon- 
tologie à Genève; Humbert, conservateur du Musée à Genève; Alois 
DeLoës, forestier à Aigle, et M° Fraisse, ingénieur, ancien membre 
de la Société, présentés par M° E. Renevier, sont reçus membres 
ordinaires de la Société. — M Michel, ingémeur du chemin de fer 
à Lausanne, présenté par M Doxat, M° Filet, étudiant anglais, pré- 
senté par M° C. Gaudin, et MM. Marguet père et fils, professeurs, 
sont aussi reçus membres ordinaires de la Société. 


Sur la proposition de M° Ph. DelaHarpe, la Société accepte l’é- 
change de ses publications avee le Cotteswould Naturalist's Club , 
à Cirencester. Pour adresse : J. Buckmann, prof. at the roy. College 
of Cirencester (Glocester). 


Sur la proposition de M° E. Renevier, les prix des volumes dis- 
ponibles du Bulletin sont fixés comme suit : 


Pour les membres de la Société. Pour les étrangers. 
Tome [°° fr. 5 fr. 7 50 
A 1 » 7 » 10 50 


Les tomes IL et III ne peuvent se vendre, vu le petit nombre 
d'exemplaires. 

Les numéros séparés seront remis aux membres de la Société au 
prix réduit du tiers du prix; pour les étrangers, ce prix sera de 
2 cent. la page, 25 cent. la planche en dehors du texte, et de 5 c. 
le cliché sur bois. 

On décide enfin : 1° que le prix de chaque numéro sera inserit 
sur sa couverture; 2° que 10 exemplaires au moins de chaque nu- 
méro resteront au dépôt, et 2 aux archives. 


M° L. Dufour continue son exposition sur le mirage étudié prin- 
cipalement en vue de déterminer l’état de la température des couches 
d'air où il a lieu. (Voir la séance du 6 février et les mémoires.) 


M° Gaudin communiqu: quelques détails relatifs aux nombreux 
ossements d'oiseaux fossiles recueillis dans la Nouvelle-Zélande , 
par le docteur Mantell. Ces ossements comprennent cinq genres 
différents et plusieurs espèces, dont quelques-unes semblent avoir 
été contemporaines de l’homme, car leurs ossements se retrouvent 


19 mans 1856. 11 


mélés à ceux d’autres animaux et d'hommes dans les monticules que 
les indigènes disent avoir été élevés par leurs ancêtres. Ils se trou- 
vent souvent aussi enfoncés dans des espèces de tourbières formées 
par le Phormium tenax en décomposition. 

M° Gaudin rapproche la disparition de cette faune presque uni- 
quement composée d'oiseaux, des observations faites par le botaniste 
Muller, qui assure d'une manière positive que La flore des conifères 
de l'Australie disparaît lentement, mais sûrement de la surface du 
globe et fait place à un ordre de plantes plus récent. Cette dispari- 
tion correspond à celle, des indigènes devant la race caucasique. I a 
observé et déterminé plusieurs espèces dont les individus étaient morts 
de vieillesse et sans laisser de descendants. 

En présence de tes faits remarquables, M° Gaudin pense qu'il 
faut n'accepter qu'avec réserve la théorie des modifications soudaines 
dans les créations et penser plutôt que nous assistons à un de ces 
merveilleux changements de décoration qui se sont souvent succédé 
à la surface du globe. 


M" E. Renevier dit à cette occasion que l’idée de la disparution 
des faunes et des flores par mort lente et successive et non par cata- 
clysme prend de jour en jour plus de faveur en Angleterre. 

L'importance de la détermination des faunes et des flores dans la 
paléontologie et tout le système qui repose sur elle (d'Orbigny) per- 
draient dès lors beaucoup de la faveur dont ils ont joui jusqu'ici. 


M° C. Gaudin ajoute qu'il faut encore tenir compte, dans l’examen 
de ces questions, de l'existence de faunes et de flores limitées et 
datant d'époques plus anciennes qui peuvent s’être maintenues au 
travers des cataclysmes sur certains points du globe. 


M Renevier présente à la Société deux moules en plâtre d’osse- 
ments d'oiseau gigantesque (Gastornis parisiensis, Heb.) qui ont été 
trouvés dans les conglomérats de Meudon. Cette assise se trouve à la 
base de la série tertiaire de cette partie du bassin de la Seine et fait 
partie de l'étage suessonien. 

Le premier échantillon, qui est un Tibia, a été trouvé par M Gas- 
ton Planté et fait maintenant partie de la collection de l'école nor- 
male supérieure de Paris. Il a donné lieu à des notices de MM. Con- 
stant Prévost, Hebert et Lartet, lues à l’Académie des sciences le 2 
mars 1855. Le second, dont M° Hebert à fait connaître la décou- 
verte à l’Académie des sciences”, le 4 juin de la même année, est le 
femur du même animal. 

D’après les études de M° Hebert et celles de M" Lartet, cet oiseau 
devait être intermédiaire entre les Palmipèdes lamellirostres (eygne), 
des os desquels ces ossements ont la forme générale, et les Echas- 
siers avec lesquels ils avaient de commun la conformation de l'os 
qui permet à l'animal de dormir debout sur un pied. 


* Voyez Compies-rendus, tome XL. 


12 19 mars 1856: 


Le Gastornis devait être plus pesant que l’autruche et sans doute 
aussi peu enclin qu’elle à voler. Il devait avoir les membres propor- 
tionnellement plus longs que le cygne et pouvait dormir debout sur 
une jambe. 

M° Renevier présente en outre le moule d’un femur de mammi- 
fère de la famille des Lophyodons (Coryphodon, Owen), qui avait 
été trouvé il y a déjà quelques années dans la même couche que les 
précédents par M de Lorière, dans la collection duquel se trouve 
l'original qui, ainsi que les deux autres, est un échantillon unique. 

Tous ces moules sont destinés au Musée cantonal. 

A l’occasion de la communication de M° Gaudin, M° Renevier fait 
remarquer que les faits qui viennent d’être cités paraissent confirmer 
l'idée émise par M° Pictet dans son traité de paléontologie (2e édit. 
I, 80), et que M° Renevier a retrouvée se faisant jour spontanément 
dans l'esprit de beaucoup de naturalistes anglais, savoir : que les 
extinctions d'espèces doivent être attribuées bien moins aux pertur- 
bations physiques qu'à une loi organique, qui parait limiter la vie 
de l'espèce comme celle de l'individu. M° Renevier dit que plus il 
va en avant dans l'étude des faunes successivement enfouies à la 
surface du globe, plus il trouve d'espèces passant de l’une à l’autre, 
et plus il se persuade qu'il n’y a eu aucune interruption de vie orga- 
nique à la surface du globe, pas même entre les grandes époques, 
et que ces faunes se succèdent et s’entrelacent comme les anneaux 
d'une chaine, d'une manière non-interrompue, mais distinetes ce- 
pendant, présentant des empiètements les unes dans les autres, mais 
parfaitement tranchées lorsqu'on enlève les anneaux intermédiaires. 
C'est à l'enlèvement de semblables anneaux intermédiaires que 
M° Renevier attribue les lacunes qui se présentent entre quelques 
grands terrains, entre les terrains jurassiques et les terrains crétacés 
par exemple. 


M° R. Blanchet rapporte que l’on & observé l'an passé dans le 
bassin du Léman qu’un grand nombre de vaches ont avorté; ce fait 
n'a point été noté dans le bassin de la Broye. Quelques membres 
expliquent cet accident par une trop grande succulence de foin. 


M° C. Gaudin rapporte que M° Auguste Jaccard, du Locle, à 
étudié la molasse d’eau douce de la localité qu'il habite et a trouvé 
bon nombre d'empreintes de feuilles qui correspondent à celles 
d'Oeningen. Gette molasse appartiendrait done à la molasse d’eau 
douce supérieure. 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


1. De M' E. Renevier : a) Seconde note sur la géologie des Alpes 
vaudoises. — D) Résumé des travaux de M° Sharpe sur le clivage 
et la folialion des roches. — e) Dates de la publication des espèces 
contenues dans la Conchyliologie de MM. Sowerby. (Ces trois brochu- 
res sont extraites du Bulletin de la Société.) 


2 avriz 1856: 13 


2. De la part de M° Mortillet, à Annecy : Cataloque des mammi- 
fères des environs de Genève, par M° Mortillet. — b) Note sur les 
minéraux de la Savoie, par le même. — €) Tableau des terrains de 
la Savoie, par le même, 


3. De M° Borgeaud, à Lausanne : a) Etude du lait physiologique 
et économique, par M° Doyère. — b) Etudes expérimentales sur 
l'alimentation du bétail, par M E. Baudement. — c) Réflexions sur 
la pisciculture, par M° Chabot. 


&. De Mme la comtesse de Rumine : Geographische Mittheilungen, 
de Peterman. 1 vol., 1855, avec 23 cartes. Gotha, Perthès. 


Séance du 2 avril 1856. — Mr L. Dufour entretient la Société 
des circonstances qui ont amené la découverte de la planète Neptune 
et des divergences d'opinion qui se sont élevées à cette occasion 
entre MM. Henke, à Berlin; Leverrier , à Paris, et Challes, à Cam- 
bridge. 


M° Rambert rapporte que la Veronica Buxbauwmi, autrefois rare 
dans notre canton, s'est singulièrement multiphiée dans le cerele de 
la Tour-de-Peilz, le long des chemins. Mr Muret confirme ce fait et 
trouve cette plante assez fréquemment aujourd'hui à Lavaux, à 
Montreux, à Bex, etc. 


M E. Renevier examine la synonymie de quelques Natices du 
Gault et rectifie les erreurs qui s'étaient glissées dans la détermination 
des Natica rotundata, lævigata et Clementina. (Voir les mémoires.) 


M° J. DelaHarpe rapporte qu'ayant examiné les productions végé- 
tales renfermées dans les tuyaux de fontaine, connues sous le nom 
de queues de renard, il a pu s'assurer qu'elles ne proviennent point 
uniquement des racines d'arbres voisins qui pénètrent dans les tuyaux 
pourris. (Voir les mémoires.) 


M° Gaudin soumet à la Société des feuilles de plusieurs pieds de 
chêne vert provenant toutes d’un arbre de la campagne de M° Ver- 
deil, près Lausanne. Cet arbre, dont les feuilles sont ovales lan- 
céolées, coriaces et velues, a produit fréquemment des glands que 
les jardiniers recueillent pour semis. Ce qu'il y a de remarquable, 
c'est que sur une douzaine de jeunes pieds, un seul a des feuilles 
sans épines et pareilles à celles de l’arbre souche. Les feuilles de 
tous les autres sont plus ou moins épineuses. Un des pieds porte des 
feuilles plus grandes, membraneuses, lisses des deux côtés et très- 
semblables à celles du Quercus cerris var. tomentosa ou aussi du 
Quercus pseudo-suber. 

En face de l'importante question des modifications que les espèces 
ont pu subir dans les temps géologiques, M° Gaudin pense qu'il serait 


A4 16 avriz 1856. 


bon de suivre les changements qu'une espèce aussi variable peut 
éprouver pendant un certain nombre de générations après qu'elle a 
été transportée dans un climat étranger. Mre de Rumine a bien voulu 
faire l’acquisition de tous ces jeunes pieds et les transplanter dans 
sa campagne de l'Eglantine, où on cherchera à recueillir des glands 
de cette génération et où les botanistes à venir pourront observer 
leur développement. 

Le même membre place sous les yeux de la Société les dernières 
planches de la flore tertiaire fossile helvétique de M° 0. Heer, ainsi 
que deux planches d’un nouvel ouvrage sur les insectes fossiles 
d'Aix en Provence, du même auteur. 


M' E. Renevier communique l’extrait d'une lettre de M° Desor. 
Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


1. De l'Académie royale d'Upsal : Nova acta societatis, ete., 3e 
série, À vol. 


2. De M C. Gaudin : Des plantes fossiles de Madère, par M° O. 
Heer. (Extr. des Mémoires de la Société helvétique, tom. XV.) 


3. De M Baillère : Catalogue de sa librairie, juin 1855. 


Séance du A6 avril 1856. — La Société, après discussion, décide 
que la réunion générale annuelle de cette année aura lieu à Lau- 
sanne. 


Pour donner suite à la délibération du 21 février écoulé, la Société 
nomme membres honoraires à l'unanimité des suffrages : 
* MM. Argelander, professeur à Bonn; Magnus, professeur à Ber- 
lin; Haiïdinger, professeur à Vienne; Quatrefage, professeur à Paris. 


Sur la présentation de M° L. Dufour, la Société admet comme 
membre ordinaire Mr Alex. Lude, préparateur au laboratoire de 
physique de l’Académie de Lausanne. 


Le Président donne lecture d’une lettre de M" Michel, ingénieur, 
qui remercie l'assemblée pour sa nomination. 


Sur la proposition de M' E. Renevier, la Société accepte l'échange 
de ses publications avec la Société des sciences de l'Yonne. Nous 
lui adresserons un exemplaire complet de nos publications en retour 
des 9 volumes qu’elle déjà publiés. Adresse : M° Gustave Cotteau, 
juge à Coulommier (Seine et Marne). 


M° Duflon présente un épi mâle de mais devenu femelle et un 
autre épi demi mâle et demi femelle. 


16 avriz 1856. 15 


M° L. Dufour continue et termine ses communications sur les 
variations de température des couches d'air, siége du mirage. (Voir 
les précédentes séances et les mémoires.) 


M° Marcel introduit un jeune homme bien portant dont le cœur 
est à droite par vice de naissance. 


M°S. Chavannes lit une notice sur la géologie des environs de 
Thonon en Savoie, où il étudie spécialement l’erratique de la loca- 
calité. (Voir les mémoires.) 


Le Secrétaire donne lecture d'une notice de M° Michel, sur la 
géologie de la Dobrutscha. (Voir les mémoires.) 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


De la Société géologique de France : Bulletin de, ete., 2e série, 
t. XIF, fol. 52-60, et t. XIE, fol. 3-7. 


MÉMOIRES. 


SUR LA SCINTILLATION DES ÉTOILES. 
Par M° €. Bufour, professeur à Morges. 


(Séance du 23 janvier 1856.) 


1. [y a 3 ans environ, que j'entretins pour la premiére fois notre 
Société de mes observations sur la scintillation des étoiles. Ces ob- 
servations ne faisaient alors guère que commencer, et je ne pouvais 
nullement me prononcer sur les conséquences auxquelles il était 
possible d'arriver. Je ne fis d’ailleurs qu'indiquer un seintillomètre 
dont le principal avantage était de mettre l'observateur à l'abri des 
préventions dont il est toujours si difficile de s'affranchir dans des 
recherches de ce genre. Après quelques mois de travail, je vis que 
la question était plus complexe que je ne le supposais d'abord, et 
que dans tous les cas il était absolument nécessaire de faire encore 
de nombreuses observations dans toutes les saisons de l’année , et 
dans toutes les circonstances météorologiques. Après avoir pendant 
quelques mois employé le scintillomètre que j'avais indiqué , il me 
sembla qu'avec beaucoup d'exercice , je parvenais à apprécier assez 
bien à l'œil l'intensité de la seintillation , ce qui simplifiait beaucoup 
mes observations, et pour ne pas être influencé par des idées pré- 
conçues, je cherchais peu à me rendre compte moi-même de ce que 
je faisais. Je mettais tous mes soins à observer avec autant d'exacti- 
tude que possible, et je réunis ainsi un grand nombre de chiffres 
sans trop savoir s'ils étaient concordants ou pas. C'était là un travail 
que je renvoyais à la discussion finale. Ce ne fut que vers la fin 
d'octobre 1853 que je demeurai tout-à-fait fixé sur ce que je devais 
faire, et que je me trouvai suffisamment exercé pour entreprendre 
des observations sérieuses. Je rejette tous les chiffres obtenus pré- 
cédemment, et je considère que pendant les 9 premiers mois d'ob- 
servation , je n'ai fait qu'apprendre à voir. 


2. Mode d'observation. Depuis le mois d'octobre 1853 , je me suis 
done appliqué à suivre avec soin et avec persévérance , tout ce qui 
concerne le phénomène de la scintillation. Après les mois d'essais , 
j'étais convaineu que pour le but que je:me proposais, la manière la 


2 


18 SCINTILLATION DES ÉTOILES. 


plus avantageuse d'y arriver était d'observer aussi souvent que pos- 
sible; de fixer une étoile à l'œil nu, et d'apprécier sa scintillation 
par un chiffre. D'abord j'avais adopté les chiffres de 0 à 10, 0 étant 
une seintillation nulle, et 40 une de ces scintillations fortes qui ne 
se rencontrent que rarement, et seulement alors que l'étoile est 
près de l'horizon, et qu'elle parait sautiller , changer de couleur , 
et parfois même disparaitre. 

C'est en comparant fréquemment les sintillations des différentes 
étoiles à toutes les heures de la nuit, que je suis AE à bien re- 
connaitre ce qui était pour moi une cintillation 1, 2, 3, 4, 5, ete., 
et même avec un peu d'exercice, je ne tardai pas à trouver de 
degrés entre une seintillation 0 et une scintillation 1 , entre À et 2 
ete. Aussi, crus-je pouvoir donner aux observations encore plus de 
précision, en divisant en 10 chacun des degrés précédents. Ainsi la 
scintillation d'une étoile fut souvent appréciée par 0,7. 1,2, etc. 
Dans le fait, cela revenait done à diviser en 100 l'intervalle qu'il y 
a entre la scintillation nulle et la scintillation maximum. Toutefois 
je ne pus faire cette division par dixièmes de degrés-que pour les 
scintillations inférieures à 5, car au-dessus je n'appréciai jamais 
que les unités. 

On peut, il est vrai, m'objecter iei qu'il y a beaucoup d'arbitraire 
dans ces appréciations, et qu'il doit être difficile de fixer le chiffre 
exact de la scintillation. Cet inconvénient, je suis le premier à le 
reconnaitre ; néanmoins après plusieurs mois d'exercice , je pus me 
convainere que mes appréciations n'étaient pas loin d’être exactes, et 
qu'entre autres, en comparant les observations d'une soirée avee celles 
d'une autre soirée, mes résultats étaient assez concordants pour 
qu'ils pussent m'inspirer de la confiance. D'ailleurs l'appréciation de 
la seintillation n’est guère plus difficile que celle de l'éclat des étoiles 
variables, et cependant, appliquant à cette dernière recherche un 
procédé analogue à celui que j'ai employé , on est arrivé à des résul- 
tats très-remarquables qui sont admis dans la science. Il n’y a qu'à 
citer comme exemple le beau travail de M° Argelander sur les singu- 
lières variations de 6 de la Lyre. 

Les observations de cette nature ne sont sans doute pas aussiexac- 
tes que celles qui se font avec un instrument de précision , mais en 
multipliant leur nombre on peut espérer de voir disparaitre les er- 
reurs individuelles dans des moyennes générales, et d'obtenir ainsi 
des résultats satisfaisants. Aussi, depuis le mois d'octobre 1853 jus- 
qu'à maintenant, ne laissai-je pas passer une des soirées pendant 
lesquelles on pouvait voir les étoiles, sans faire autant d'observations 
que possible, en prenant note non-seulement de la seintillation elle- 
même, mais des heures d'observation et des différents phénomènes 
météorologiques que l’on avait pu constater dans la journée ou dans 
les journées précédentes. De cette manière, j'ai réuni à peu près 
quinze malle observations de seintillation. Ce nombre me parut 
suffisant pour m'engager à les utiliser, et à chercher ce que l’on pour- 
rait retirer de cette longue série de chiffres. | 


- 


SCINTILLATION DES ÉTOILES. : 19 


3. Presque toutes les observations ont été faites à Morges. Morges 
est situé sur les bords du lac Léman, par 46° 31° de latitude Nord 
et #°9° à l'Orient de Paris. 


4. Mon but était tou ours une recherche météorologique, mais 
comme les mêmes étoiles avaient souvent été observées à des hau- 
teurs très-diverses, il était important de commencer par trouver 
l'influence de la hauteur apparente d'un astre sur l'intensité de sa 
scintillation. 

Pour arriver à cette loi, voiei la marche que j'adoptai. 

Je choisis pour une étoile, La Chéèvre par exemple, tous les jours 
marqués par une scintillation normale, quand il me semblait qu'il 
n'y avait eu ni les jours précédents, ni les jours suivants aucune 
perturbation atmosphérique considérable, et que la scintillation d’une 
heure à l’autre n'avait jamais présenté des variations trop bizarres 
et trop irrégulières. Les périodes qui, à cet effet, me devinrent surtout 
très-utiles furent ces séries de beaux jours que nous eùmes dans le 
canton de Vaud, à la fin d'octobre 1853, en mars et en septembre 
185%. Je trouvai ainsi pour La Chèvre 50 jours, que je pouvais 
considérer comme types, et qui me semblaient être des jours de 
seintillation moyenne. 

Je commençai d'abord à rejeter toutes les observations faites quand 
l'étoile était dans le voisinage des nuages, parce que j'avais remarqué 
qu'en pareil cas, la seintillation était toujours considérablement aug- 
mentée. Je rejetai de même toutes celles qui avaient été faites le soir 
au crépuscule, ou le matin à l'aurore, parce qu'alors encore la scin- 
tillation est en général plus forte que lorsqu'il fait complètement 
nuit. 

Il me resta done, pendant ces 50 jours, 330 observations de la 
seintillation de La Chèvre, observations que je pouvais considérer 
comme ayant été faites dans de très-bonnes conditions. Je réunis 
ensemble celles qui avaient été prises à la même hauteur , puis j'en 
cherchai la moyenne, et bien qu'il fût évident que la scintillation allait 
en diminuant à mesure que l’on se rapprochait du zénith, il n’en est 
pas moins vrai que d'un degré à l’autre , il y avait parfois des ano- 
malies assez marquées. 

Je ne pouvais guère attendre mieux dans des recherches de ce 
genre, qui par leur nature même ne sont pas d’une précision absolue. 
Je réunis alors les chiffres de 5 en 5°, en prenant la scintillation 
constatée à 439, 440, 45°, 469 et 47° pour la scintillation à 45°, 
celle constatée à 48°, 49°, 50°, 51° et 52° pour celle à 50°, et ainsi 
de suite. Cette fois-ci la série ne présentait plus d'irrégularité sen- 
sible, ce qui devint évident par la construction de la courbe. Pour 
tracer cette dernière, je pris les abscisses proportionnelles aux dis- 
tances zénithales, les ordonnées proportionnelles à l'intensité de la 
seintillation, et j'obtins alors une courbe assez régulière, qui ne pré- 
sentait des inflexions un peu extraordinaires que près du zénith, là 
où la scintillation est tellement faible , que la plus petite erreur sur 


20 SCINTILLATION DES ÉTOILES. 


l'appréciation, ou une perturbation atmosphérique qui passe inaperçue, 
a une grande influence sur le résultat dans lequel elle figure. 


5. Après que ce travail fut fini pour La Chèvre, j'en commençai 
un parfaitement identique pour Wega , et à mon grand étonnement, 
je trouvais à toute hauteur pour la seintillation de Wega un chiffre 
plus fort que pour La Chèvre. J'avoue que j'en fus d'abord désap- 
pointé, je cherchais seulement la relation qu'il y avait entre la hauteur 
des étoiles et l'intensité de la scintillation. Or mes observations avaient 
été faites avec assez de soins pour que j'eusse pu espérer d'arriver à 
des résultats concordants, et en prenant la moyenne des chiffres 
obtenus pour toutes les étoiles d'observation , chiffres que je suppo— 
sais être peu différents les uns des autres, j'aurais eu la moyenne 
que je cherchais. Mais l'écart inattendu que je vis entre la seintilla- 
tion de La Chèvre et celle de Wega subsistait partout, sauf près du 
zénith, avec tellement de régularité, que je commençai à croire que 
toutes choses égales d’ailleurs, il pouvait bien y avoir une différence 
réelle entre la scintillation de La Chèvre et celle de Wega. Celle de 


Wega étant la plus forte. 


6. Il me sembla que cette différence pourrait peut-être provenir 
- de ce que La Chèvre avait un diamètre apparent plus considérable, 
et qu'ainsi, sous ce rapport, elle se rapprochait plus de l'état des pla- 
nètes, qui avec un diamètre apparent plus grand seintillent beaucoup 
moins que les étoiles fixes. Néanmoins avant de hazarder une idée si 
importante, je voulus savoir ce que penserait de mes observations 
faites à l'œil nu et de mes appréciations, un homme qui a lui-même 
énormément observé, et souvent apprécié de cette manière la lumière 
des étoiles. Je me décidai à aller consulter à cet égard M° le profes- 
seur Argelander. 
En juillet 4855, je préparai les courbes de scmtillation de La Chèvre 
et de Wega, puis je partis pour Bonn. 


7. M' Argelander me reçut avec la plus grande bienveillance , et 
voulut bien me donner sur les observations faites à l'œil nu , tous les 
renseignements que je lui demandai , et que lui avait suggérés sa lon 
gue expérience. Je fus heureux de voir que les remarques que j'avais 
faites à cet égard depuis 3 ans, étaient en tous points conformes aux 
siennes , ce qui contribua encore indirectement à augmenter la con 
fiance que j'avais dans les résultats auxquels j'étais arrivé. 


8. Influence de la couleur des étoiles sur la scintillation. Mais 
quand M° Argelander vit mes courbes de scintillation , 1l lui parut 
bien qu'il y avait une différence réelle entre la scintillation de La 
Chèvre et celle de Wega, mais il pensa qu'il fallait peut-être l’attri- 
buer à une autre cause que celle que je mettais en avant; et tout en 
convenant qu'une différence dans les diamètres apparents pouvait 
produire le fait constaté , il pensa qu'il pouvait peut-être aussi pro 


SCINTILLATION DES ÉTOILES. 21 


venir de la différence de couleur qu'il y a entre La Chèvre et Wega. 
On sait en effet que Wega est une étoile très-blanche, tandis que La 
Chèvre à une teinte jaunâtre. Cette idée me frappa, et pour savoir 
jusqu'à quel point elle pouvait être fondée, je promis à M' Argelander 
qu'une fois de retour à Morges, je ferais des calculs analogues sur 
la seintillation d’un plus grand nombre d'étoiles, entre autres pour 
les étoiles rouges. 


9. Quand ces caleuls furent faits, je vis à mon grand étonnement 
que la supposition de M° Argelander se confirmait, et qu'en effet 
les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches. Les trois 
étoiles Areturus, & d'Orion et Aldébaran, ont toutes donné une seintil- 
lation plus faible que Procyon, Wega et même La Chèvre. La diffé 
rence est assez grande et assez soutenue pour que je n'hésite pas à la 
déclarer bien au-dessus des erreurs d'observation , et à reconnaitre 
là un fait bien réel, surtout si l’on considère que ce n'est pas le 
résultat d'une observation isolée , mais le résultat d’un nombre con- 
sidérable d'observations faites dans de trés-bonnes conditions. 

La figure 1 fait voir cette différence. Pour établir la moyenne des 
étoiles blanches, je n'ai pas compté La Chèvre, moins blanche que 
Procyon et Wega, et pour les étoiles rouges, je n’ai pas compté 
æ d'Orion, parce que la scintillation de cet astre présentait des irrégu- 
larités beaucoup plus grandes que celle des autres étoiles, bien que 
sa seintillation fût en général faible, parfois même plus faible que 
celle d'Areturus. J'ai d'autant moins hésité à mettre cette étoile hors 
de ligne, que son éclat étant variable, il ne serait pas impossible que 
sa scintillation ne présentât pas toute la régularité que l’on trouve 
ailleurs. Puis aussi, il pourrait bien arriver que les observations de 
cette étoile fussent plus défectueuses que d’autres, car déjà avant 
que j'eusse fait mes réductions , j'avais remarqué qu'à cause de l’é- 
elat de la constellation d'Orion, il était bien difficile d'apprécier la 
seintillation de ses étoiles. On à l'œil fatigué et comme ébloui par la 
belle région du ciel qui passe au mérédien de la 4° à la 7% heure. 
Pour toutes ces raisons, j'ai eru devoir me taire pour le moment sur 
ce qui concerne la scintillation de « d'Orion , et pour ainsi dire, re- 
mettre cette étoile à l'étude encore pendant 2 ou 3 ans, afin de faire 
de nouveau, avec un soin redoublé, plusieurs observations de sa sein 
tillation. 

On remarquera dans la figure 1 que la courbe de scintillation des 
étoiles rouges n'est pas tracée de 0 à 30° de distance zénithale. Cette 
lacune provient de ce qu'à la latitude de Morges , il n’est aucune 
étoile rouge qui passe à moins de 27° du zénith, en conséquence cette 
courbe ne pourrait être complète que par des observations faites dans. 
des localités plus méridionales. 


10. Du reste, après avoir vu par mes courbes qu'à toute hauteur 
les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches , il m'a 
semblé que l'on pouvait peut-être rendre compte de ee fait théori— 


29 SCINTILLATION DES ÉTOILES. 


quement, du moins en admettant l'explication de la scintillation donnée 
par Arago, c'est-à-dire en la considérant comme une conséquence 
du principe des mterférences. Supposons en effet quelques rayons 
des 7 couleurs primitives traversant l'atmosphère et dans les mêmes 
conditions. [l pourra arriver que quelques-uns d’entre eux soient 
déviés, et qu'après avoir fait un certain détour ils viennent interférer 
et détruire les rayons de la même couleur qui auraient parcouru 
une distance moins grande d'une demi ondulation. Mais l'onde rouge 
étant la plus grande des ondes lumineuses , il me semble que pour 
faire interférer les rayons rouges , il faudra une déviation plus con- 
sidérable, des perturbations atmosphériques plus grandes, ou enfin 
que toutes choses égales d’ailleurs, les rayons rouges, par le fait des 
déviations atmosphériques, seront moins facilem”nt détruits que les 
rayons des autres couleurs ou que la moyenne des autres couleurs. 


AL. Loi de la scintillation. Quand j'ai eu déterminé la courbe des- 
tinée à établir la relation qu'il y a entre la distance zénithale d’une 
étoile et l'intensité de sa scintillation, j'ai cherché s'il n’y aurait peut- 
être pas quelque autre courbe semblable à celle-là, et si l'on ne 
pourrait pas obtenir ainsi la loi de la scintillation Dans ce but, j'ai 
fait différents essais, et je n'ai pas tardé à reconnaitre que la courbe 
de la seintillation différait considérablement de celle dans laquelle les 
abscisses représentent les distances zénithales , et les ordonnées l’é- 
paisseur de la couche d’air traversée. Les ordonnées de la scintil- 
lation s'accroissent beauconp plus rapidement que celle de cette 
dernière courbe. Enfin après quelques essais infructueux, j'ai trouvé 
que l’on obtiendrait une courbe qui s’approcherait beaucoup de celle 
de la semtillation, si l’on prenait pour abscisses les distances zéni- 
thales, et pour ordonnées le produit obtenu en multiphant la réfraction 
astronomique , pour la hauteur à laquelle se trouve l'étoile que l’on 
considère , par l'épaisseur de la couche d'air traversée par le rayon 
lumineux. 

La figure 2 fait voir cette coincidence. L'écart que présentent les 
deux courbes est certainement peu de chose dans une recherche de 
ce genre. La plus grande divergence a lieu pour les faibles hauteurs 
au-dessus de l'horizon, où les ordonnées de la courbe de scintillation 
sont plus petites que celles de l’autre courbe , mais pour ces points 
aussi, les observations sont peu sûres, les étoiles ont perdu leur 
éclat, celles de première grandeur brillent seulement comme celles 
de deuxième ou de troisième, et par conséquent leur scintillation 
semble moins vive. Car si dans les mêmes circonstances atmosphé- 
riques, on observe la scintillation de deux étoiles de grandeur bien 
différente , généralement la plus brillante paraîtra aussi avoir la plus 
forte scintillation. 

Ainsi done, on voit que l’on s’écarte peu de la vérité en disant : 

Que sauf près de l'horizon, la scintillation est proportionnelle au 
produit que l'on obtient en multipliant l'épaisseur de La couche d'air 
que traverse le rayon lumineux, par la réfraction astronomique à 
a hauteur que l'on considère. 


SCINTILLATION DES ÉTOILES. 23 


12. Pour calculer quelle était l'épaisseur de la couche d'air tra- 
versée par le rayon lumineux, j'ai supposé la hauteur de l'atmos- 
phère égale à ‘/,, du rayon terrestre. Depuis lors, j'ai appris que l'on 
considérait généralement à présent cette hauteur comme plus faible, 
mais en refaisant les calculs avec les nouvelles valeurs, la coineidence 
dont j'ai parlé subsiste encore à peu près de la même manière. Or il 
va bien sans dire qu'à eause de l'arbitraire qu'il y a dans l'unité que 
j'ai adoptée pour la mesure de la scintillation, les deux courbes n'é- 
taient pas d’abord identiques. On voyait seulement qu'avec les 
mêmes abscisses, les ordonnées de la courbe de scintillation étaient 
plus petites, mais proportionnelles aux ordonnées de Fautre courbe. 

(Pour abréger, dès à présent, je désignerai par R ce produit ob- 
tenu, en multipliant la réfraction par l'épaisseur de la couche d'air 
que traverse le rayon lumineux). Pour faire voir plus complètement 
le rapport qu'il y a entre les deux valeurs, j'ai cherché quel devait 
être le cæfficient constant par lequel il fallait diviser les différentes 
valeurs de R pour arriver aux chiffres que les observations avaient 
donnés pour la scintillation. Pour la recherche de ce cæfficient, j'ai 
eru devoir prendre la méthode des moindres carrés. Ainsi pour la 
distance zénithale de 40°, la réfraction astronomique est 487,9 ou 
en comptant par 10”, 4,89 ; la lumière d'un astre placé à cette hau- 
teur traverse une couche d'air dont l'épaisseur est 1,300 (la hauteur 
de l’atmosphère étant prise pour unité). Notre valeur de R est donc 
ici 4,89 X 1,300 — 6,36. Mais pour cette distance zénithale la 
moyenne de la scintillation des étoiles est 1,12, afin de trouver le 
cœfficient indétermieé æ, par lequel il faut diviser R pour arriver à 
1,12, j'avais donc ici l'équation 


6,36 — 1,12 x — 0. 


Puis j'ai fait une équation analogue pour toutes les hauteurs , en 
éliminant toutefois les observations faites à plus de 70° de distance 
zénithale, et de cette manière j'ai eu un grand nombre d'équations 
de condition, qui traitées par la méthode des moindres carrés m'ont. 
donné pour la valeur de x 


x = 5,433. 


En divisant maintenant les différentes valeurs de R par ce cælfi- 
cient constant, j'ai eu les ordonnées de la courbe figure 2. 


13. Valeur numérique. Après avoir exposé la marche que j'ai 
suivie pour les observations et pour les caleuls, je crois devoir 
maintenant m:ttre sous les yeux les valeurs numériques auxquelles 
je suis arrivé, afin que l’on puisse voir quelles sont les bases qui 
m'ont servi à établir les conclusions que j'ai indiquées. 

Voici les moyennes de seintillations observées de 5° à 75° de dis- 
tance zénithale pour les principales étoiles. 


2% SCINTILLATION DES ÉTOILES. 


Moyenne Valeurs de 


Distances à , 29 
Fe Wega. | Procyon. [La Chèvre| Aldébaran| Arcturus. | générale 
zénithales. des étoiles. Z 


0,34 | 0,093 
0,25 | 0,190 
O,&1 | 0,284 
045 | 0,413 
0.34 | 0,550 
0,60 | 0,710 
0,80 | 0,920 
112 | 1470 
136 | 1,500 
2.03 | 1,987 
2.83 | 2,626 
371 | 3,607 
5.09 | 5,245 
7,02 | 8.190 
7.89 |13,878 


w 


s 


s 


s 


v 


3/4 
71 
34 
,33 
31 
AG 
90 
25 


DATE SNEær 


s 


1%. Si maintenant, au lieu de chercher la valeur de # pour la 
moyenne générale des étoiles, on la cherche pour chaque étoile im- 
dividuellement, en établissant pour chacune d’elles les équations de 
condition, et en y appliquant la méthode des moindres carrés, on 
trouve que ces différentes valeurs de æ sont : 


Pour Procyon 4,814 
»  Wega s L,92 
» La Chèvre . 5,392 
»  Aldébaran 5,461 
»  Arcturus AÉ 6,73 
La moyenne des étoiles donnait D,433 


On comprend que ces différentes valeurs de æ sont inversément 
proportionnelles aux intensités de scintillation de chacune de ces 
étoiles , puisque ce sont les quantités par lesquelles il faut diviser R 
pour arriver à la scintillation de chaque étoile, ce qui revient à dire 


"Re R 
que cette seintillation — —. 
T 
En utilisant cette propriété, nous pourrons done établir quelle est 
pour chacune de ces étoiles l'intensité relative de sa scintillation. 


Ainsi en représentant par 100 l'intensité de la scintillation moyenne 
des étoiles, celle de Procyon sera 


100 X 5,433 


PTT == 119. 


008 PL 06 


BE SPAM AR TRE 


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SCINTILLATION DES ÉTOILES. 25 


En faisant un calcul analogue pour les autres étoiles , on trouve 
que les intensités relatives des scintillations peuvent être appréciées 
par les chiffres suivants : 


PrOCYON.s PR MAR 0 iQ AE 
Mc RE An tn hr AU 
La Chr RS AS Ce, an AU 
AlrlBbaran es dre us 09 
PTT PRESENT! | 
« d'Orion aurait . . . . . 90 (approximativement). 


On voit bien ici que les trois étoiles rouges : Aldébaran, Arcturus 
et « d'Orion, ont une scintillation plus faible que les étoiles blanches 
Procyon et Wega, et même que l'étoile jaunâtre La Chèvre. 


15. Mais tout en convenant que la différence de couleur des étoiles, 
entraine une différence dans la scintillation , je crois aussi qu’il y a 
quelque autre cause qui influe sur le phénomène. Ainsi Wega aussi 
blanc que Procyon a cependant une scintillation plus faible. Aldé- 
baran qui est au moins aussi rouge qu'Arcturus scintille davantage. 

Encore ici, ces différences sont tellement soutenues, qu'on ne peut 
guère les attribuer à quelque cause accidentelle, surtout si l’on con- 
sidère que tous ces résultats sont les moyennes de plusieurs centaines 
d'observations. Il semble bien ainsi qu'il y a encore une différence 
essentielle entre la scintillation d’une étoile et la seintillation d’une 
autre étoile. Peut-être maintenant cela serait-il dû à une différence 
dans les diamètres apparents, comme je le supposais quand je me 
rendis auprès de M° Argelander ? Ce serait toutefois assez curieux , 
si la simple étude de la scintillation pouvait nous apprendre plus de 
choses sur le diamètre apparent des étoiles que les lunettes et les 
instruments de précision. Mais c'est là une idée que je n’ose émettre 
qu'en l’accompagnant d’un grand point interrogatif. Seulement à 
cause de la haute importance de la question, je me propose en con- 
tinuant mes recherches d'apporter sur ce sujet un redoublement 
d'attention. 


16. Comme mes observations ont porté sur toutes les étoiles de 
première grandeur et sur la Polaire, on sera peut-être étonné que 
Je n’aie pas encore fait les calculs relatifs à Altair, Rigel, Sirius et 
Antarès. Mais Altair est d’un éclat plus faible, et Sirius d’un éclat 
bien plus fort que les autres étoiles pour lesquelles j'ai fait les ré- 
ductions. Par conséquent il pourrait arriver que la différence de lu- 
mière de ces étoiles rendit défectueuse toute comparaison avec d’autres 
astres plus ou moins brillants. 

Ensuite Rigel, Sirius et Antarès s'élèvent peu sur l'horizon de 
Morges, de façon que les observations ont été relativement peu nom- 
breuses, et comme en outre elles ont en grande partie été faites dans 
le voisinage de l'horizon, elles sont aussi moins sûres. Il m’a semblé 
en conséquence qu'en combinant ces chiffres avec ceux qui avaient 


26 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


été obtenus dans des conditions beaucoup plus favorables, on cour- 
rait risque d'altérer peut-être l'exactitude de ces premiers résultats. 


17. Conclusion. En résumé donc, je crois pouvoir conclure des 
observations que j'ai faites sur la scintillation des étoiles : 

1° Que toutes choses égales d'ailleurs, les étoiles rouges scintillent 
moins que les étoiles blanches. 

2° Que l'intensité de la scintillation est à peu près proportionnelle 
au produit obtenu, en multipliant la refraction astronomique pour 
la hauteur à laquelle se trouve l'étoile par l'épaisseur de la couche 
d'air traversée par le rayon lumineux que l'on considère. 

3° Qu’outre le fait de la différence des couleurs, id paraît y avoir 
encore, entre la scintillation des diverses étoiles, des différences essen- 
tielles qui proviennent peut-être des étoiles elles-mêmes. 


18. Maintenant que j'ai effectué ces premières recherches, re- 
cherches que je ne pensais pas même entreprendre, quand je com- 
mençai mes observations sur la scintillation, et que, par la courbe 
de la figure 2, j'ai la relation qu'il y a entre la hauteur apparente 
d'une étoile et l'intensité de sa scintillation, il m'est possible de 
reprendre les notes que je possède, et d'examiner la questien au 
point de vue météorologique, ce qui était mon but premier, et d'utiliser 
à cet effet les 15000 observations que j'ai recueillies. 

J'espère pouvoir faire de cette question le sujet d’une communi- 
cation subséquente. 


= —— 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES À LA SURFACE 
DU LAC LÉMAN. 


Par M° L. Dufour, prof. de physique à l’Académie de Lausanne. 
(Suite.) 
(Séance du 6 février 1856.) 


— 


Températures de l'air. 


9. J'arrive maintenant à la partie la plus importante de ce travail, 
la détermination de la température des couches d'air à la surface du 
lac, température dont les variations donnent précisément lieu au 
phénomène du mirage. 

La recherche des températures de l’air est toujours une opération 
difficile. Dâns les circonstances dont il s’agit ici, cette recherche est 
entourée d'un ensemble de difficultés plus considérable encore que 
lorsqu'on o::serve à la surface du sol. Les tentatives pour déterminer 
la température de l'air sur des surfaces échauffées et alors qu'il y a 
mirage ne sont pas nombreuses. Il faut, en effet, mesurer cette tem- 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 27 


pérature dans des points voisins sur une même verticale; 1l faut 
pouvoir apprécier des différences de chaleur même minimes et éviter 
autant que possible de provoquer un mélange des couches atmos- 
phériques. Dans tous les travaux faits sur le mirage (Woltmann, 
Gruber, ete.) jusqu'à Wollaston, il n’est jamais question que des 
apparences optiques. Wollaston fit quelques déterminations de tem- 
pérature à la surface d’un chemin sablonneux et aussi à diverses 
distances d'une barre de bois exposée au soleil. MM. Biot et Mathieu 
ont aussi observé les variations de la température de l'air à diverses 
hauteurs au-dessus de la laisse de basse mer. Ces observations sont 
toujours peu nombreuses et insuffisantes pour permettre de recher- 
cher la loi de ces variations. 


10. Les recherches que j'ai faites au-dessus du Léman avaient 
pour objet la connaissance de la température de l'air à diverses hau- 
teurs au-dessus de la surface jusqu'à une distance de 1*50 à 2". 
Les difficultés sont ici nombreuses et variées. Il s’agit d'avoir un 
instrument assez sensible pour apprécier facilement des différences 
ne s’élevant qu'à quelques dixièmes de degré; observer au-dessus 
de l’eau à une distance assez considérable du rivage; se garantir 
autant que possible des effets de rayonnement; agiter le thermomètre 
dans l'air en demeurant pourtant dans une même couche sensible- 
ment horizontale et enfin prendre la température aussi près que 
possible d’une nappe d’eau qui n’est que bien rarement tout à fait 
immobile. 

Je me transportais avec un petit bateau un peu au large et je me 
servais d’un thermomètre Fastré à graduation arbitraire. Chaque 
division, de la longueur de ‘/, millimètre, équivalait à 0°,1816. Le 
thermomètre, suspendu par une ficelle à l'extrémité d’un bâton, était 
alors suspendu dans l'air à une certaine distance du bateau et à des 
hauteurs variables au-dessus de l’eau. Enfin, par un léger mouve- 
nent communiqué au bâton, que je tenais le bras étendu comme un 
pêcheur tient la ligne, je faisais décrire à la ficelle et au thermomètre 


“une oscillation conique, de manière que l'instrument agité-dans l'air 


demeurait cependant dans une même couche horizontale. Une règle 
graduée servait à mesurer la hauteur de cette couche au-dessus de 
la surface de l'eau. 

J'ai toujours cherché à mesurer la température dans des points 
aussi voisins que possible de la nappe liquide. Le degré de proximité 
dépendait de l’état plus ou moins agité du lac. En général, ce qui, 
dans les tableaux suivants, est indiqué par « surface » correspond à 
une couche d’air située à 5 centimètres de la surface de l'eau. En 


. approchant le thermomètre davantage, il y avait à craindre de plon- 


ger accidentellement la cuvette de l'instrument et de troubler ainsi 
les observations. J'ai toujours pu faire décrire au thermomètre son 
cercle d'oscillation à une aussi petite distance de l’eau, grâce à la 
production d'une image réfléchie qui s’approchait ou s’éloignait de 
l'instrument dès que la distance verticale du thermomètre venait à 


28 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


changer. L'image étant beaucoup plus visible que la surface de l’eau, 
c'est la distance entre l’objet et l’image que je cherchais à maintenir 
constante dans les mouvements imprimés au thermomètre très-proche 
de la surface. 

La lecture de l'instrument se faisait assez aisément en le rappro- 
chant et en regardant par transparence contre le ciel. Je répétais 
ordinairement deux fois chaque observation, afin d'être sûr que le 
mercure avait bien pris la température de l'air. 

Je ne me dissimule point que ce mode d'observation est encore 
entaché de plusieurs inconvénients. Ainsi, dans les zones les plus 
basses, le rayonnement de l’eau pouvait bien avoir quelque influence 
et il aurait été peut-être convenable d’argenter la cuvette de l’ims- 
trument. Pendant le mouvement conique auquel le thermomètre était 
soumis, il a bien pu y avoir parfois quelque faible changement dans 
sa hauteur verticale et, souvent, les mouvements légers du bateau, 
occasionnés par les petites vagues de la surface de l’eau, détermi- 
naient des déplacements inévitables dans la position horizontale de 
l'instrument. 

À ces diverses causes d'erreur, on peut en ajouter une autre inhé- 
rente à la nature même du sujet et qui rend à peu près impossible 
une indication parfaitement rigoureuse de la température de chaque 
couche horizontale. Par le fait que les diverses couches sont inéga- 
lement denses, elles tendent constamment à se déplacer; en outre, 
l'air est toujours agité d’une manière plus où moins forte et ainsi la 
température d'une même zone change très-certainement d’un instant 
à l’autre. Tout ce que l’on peut désirer et espérer dans ces déter- 
minations de température à la surface de l’eau, c’est la connaissance 
approximative de la valeur moyenne que possède chaque couche, 
valeur moyenne qui dépend de sa hauteur. 


11. La simple inspection du tableau E montre que la diminution 
de la température avec la hauteur est évidente et se trouve même 
quelquefois être assez notable. On pourrait désirer de savoir jusqu'à 
quelle distance la surface de l’eau exerce son influence, et à partir 
de quel point la température demeure sensiblement invariable. Dans 
l'observation du 8 mars 1809, faite sur la laisse de basse mer à 
Boulogne, par M° Biot, l'influence du sable s’est fait sentir jusqu'a 
93 centimètres. Au-dessus de ce point, dit M. Biot, la température 
devenait sensiblement constante. A la surface du lae Léman, l’action 
réchauffante de l'eau s'étend bien souvent à des hauteurs plus gran- 
des. Il suffit de jeter les yeux sur le tableau I pour en avoir la preuve. 
Le 28 sept'mbre 1854, les couches d'air situées à À mètre étaient 
plus chaudes que celles de 178, et de ces dernières, la température 
continuait à baisser jusqu'à 2°2. La même remarque peut être faite 
le 1° octobre, pour les couches de 1% et 1"50; le 3 octobre, ete. 
Cet état de choses n’est cependant pas absolu et il arrive aussi qu'à 
partir de 1% la température reste constante. Ainsi, le # octobre, le 
5 octobre, etc. Enfin, dans certains cas, il y a eu de nouveau élé- 


ee” 


en nn 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 29 


vation de température à partir d'une certaine limite. Ce fait, qui m'a 
fort surpris la première fois que je l'ai constaté, s’est reproduit à plu- 
sieurs reprises et se vérifiait complètement lorsque je répétais les 
observations. L* 29 septembre en donne un exemple frappant. La 
couche située à 1°8 est de 0°38 plus chaude que celle de 1"4. Le 
7 octobre , on voit les couches situées à 06 et 1°2 avoir une tem- 
pérature supérieure à celle de 04. Le 11 octobre, une remarque 
analogue peut se faire ainsi que le 7 octobre 1855. 

Je n'ose done pas, me basant sur les observations, indiquer la 
limite verticale de l’influence de la température du lac. Cette limite 
est très-généralement au-dessus de 1°, mais on ne saurait lui assi- 
gner une valeur précise. 


12. L'examen des températures de l'air et de leur variation à la 
surface de l'eau peut donner lieu à des remarques assez singulières 
eu égard à l'état agité ou tranquille de l'atmosphère. On serait assez 
disposé à croire, a priori, que les faibles changements de tempéra- 
ture qui se présentent entre la surface et un mètre, ne sont possibles 
que pour un air parfaitement calme, et il semble infiniment probable 
que l'agitation de l'atmosphère doive faire évanouir ces faibles varia- 
tions ou du moins leur enlever toute régularité. Il n’en est cependant 
rien. Il arrive souvent à la surface du Léman que les mirages, con- 
séquences de l'état de densité des couches d'air, se montrent avec 
une grande netteté et d'une manière très-prononcée lorsque l'air est 
en mouvement et que l'eau est même assez agitée. M° Wartmann a 
signalé une observation de mirage par une forte bise et alors que les 
vagues étaient passablement fortes. Woltmann remarque aussi que le 
mirage apparait plus sensible quand la surface de l’eau est ridée. 

Cette production du mirage dans des circonstances où l'agitation 
de l'air et le mouvement des flots semble devoir mélanger complé- 
tement les couches atmosphériques voisines m'a souvent frappé. J'ai 
vu, comme M° Wartmann, des mirages très-prononcés par un vent 
assez intense pour provoquer de fortes vagues. C’est surtout lorsque 
le vent du nord souffle et que le lac prend une teinte d’un bleu ver- 
dâtre que cette apparence est le plus remarquable. L'existence du 
mirage, dans ces circonstances-là, prouve que l'agitation de l’atmo- 
sphère ne rend pas impossible la persistance des couches inégalement 
chaudes et par conséquent inégalement denses à des hauteurs très— 
voisines. Plusieurs observations de température montrent que ces 
variations ont pu même être souvent constatées directement. En 


jetant les yeux sur les tableaux I et IT, on pourra même être frappé 


de ce fait, que les jours où les variations de la température avec la 
hauteur étaient les plus nettes, sont précisément ceux où une brise 
plus ou moins forte agitait l'air. J'étais chaque fois nouvellement 
surpris en voyant le décroissement de la chaleur se montrer d'une 
façon aussi précise alors que la surface de l’eau était ridée et frisson— 
nante sous l'influence d’un courant d’air qui faisait dériver mon ba- 
teau avec une assez grande rapidité. Les observations du 29 et 30 


30 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


septembre, 1° et 5 octobre 1854 et d'autres encore sont remarqua- 
bles sous ce rapport. Je suis même porté à croire que les variations 
dans la température de l'air, et par suite la production du mirage , 
sont plus prononcées lorsque l'air est agité que lorsqu'il est complè- 
tement calme. Les observations du 25 septembre, 3 et 11 octobre, 
comparées à celles qui précèdent, viennent à l'appui de cette opinion. 

Il résulte done des détails qui précèdent que des mouvements, 
même assez violents, dans l'air peuvent se produire sans qu'il y ait 
un mélange des couches situées à une inégale hauteur. [l semble 
ainsi que — à la surface du lac du moins — il peut y avoir un dé- 
placement des particules atmosphériques dans une direction sensi- 
blement horizontale. Les couches en contact avec l'eau y demeurent 
tout en glissant sur la surface liquide, et ainsi les divers étages d'iné- 
gale densité se déplacent, sans se mélanger, comme s’écouleraient 
sur un plan incliné un mélange de mereure, d'eau et d'huile. 


13. Les densités de l'air, à diverses hauteurs, se concluent faci- 
lement des températures observées, et comme ce sont les variations 
de la densité qui influent sur les apparences optiques, J'ai caleulé 
ces grandeurs pour toutes les diverses températures notées à la sur- 
face du lac. La densité de l'air à la température de 0° étant connue, 
sa densité à une autre température s’en conclut facilement à l’aide 
de la formule : 


il 


1 + 0,00567 t 


où à exprime la densité, # la température et 0,00367 le coeficient 
de dilatation de l'air , tel qu'il est indiqué par M. Regnault. La co- 
lonne densité dans le tableau La été ainsi obtenue. La densité de l'air 
à O9 était supposé 10,000. Il n'y a pas lieu ici de tenir compte de la 
hauteur barométrique. Pendant le court intervalle de temps que du- 
raient les déterminations de température, cette hauteur ne variait pas 
d'une manière suffisante pour modifier les chiffres indiquant les 
densités. 

Dans la recherche de la loi qui relie les densités et les hauteurs, 
il se présente un inconvénient qui entrave singulièrement la décou- 
verte de cette loi. Il n’est pas possible, en effet, de prendre les 
moyennes des observations et de raisonner sur ces moyennes. On ne 
peut pas prendre la densité moyenne à 02, à 0"4, à 06, ete., 
telle qu’elle résulterait du calcul appliqué à une dizaine d'observa- 
tions. Les diverses observations ne se trouvent pas dans des circons- 
tances identiques. La température de l’eau et celle de l'air varie d'un 
jour à l’autre. Le 1° octobre, par exemple, l'eau est à 15°77 et 
l'air, dans les couches constantes, ne dépasse pas 9°40. Différence : 
6 à 7°. — Le 4 octobre, l’eau est à 15°96 et l'air de 12 à 13°. Diffé- 
rence : 3 à 4°. — Le 8 octobre, l’eau est à 15°90 et l'air de 12 à 13° 
également. Ainsi, la différence entre l'eau et l'air pris à une hauteur 
où sa température est constante, n’est point une quantité invariable. 


v + 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES, 31 


Or, le décroissement des températures dépend de cette différence : 
par conséquent, ce décroissement n'est point comparable à lui-même 
d'un jour à l’autre. En calculant des moyennes pour ce genre d'ob- 
servations, on commettrait une erreur aussi grande que si l’on com- 
parait des hauteurs barométriques obtenues à diverses stations ver- 
ticales pour obt:nir la hauteur moyenne de 8 heures du matin dans 
la station la plus basse. 

Il faut done nécessairement examiner chaque observation isolée 
et cette nécessité ne permet malheureusement pas de faire évanouir 
les erreurs inévitables dans de semblables déterminations. Parmi les 
observations consignées dans le tableau EF, 11 y a lieu de faire un choix. 
Quelques-unes sont beaucoup plus précises et m'inspirent beaucoup 
plus de confiance que les autres. Je n’ai done soumis au calcul que 


"celles qui ont été faites dans les circonstances les plus propres à re- 


présenter la vraie variation de la température avec la hauteur. 


15. Les planches I et Il sont des courbes représentant la marche 
des températures et celles des densités pour 7 observations choisies. 

Il suffit de jeter les yeux sur la pl. I pour voir le décroissement 
de la température avec la hauteur. Les couches les plus basses sont 
celles qui correspondent aux jours où la différence entre la tempé- 
rature de l'air et celle de l'eau était le plus considérable. On peut 
remarquer que le décroissement de la température s’y fait surtout 
apercevoir dans les cou‘hes les plus voisines de la surface, jusqu’à 
0"3 ou 0"#4. Plus haut, la température varie beaucoup moins. Les 
deux courbes supérieures (23 septembre et 9 octobre) correspondent 
à des jours où la différence entre l’eau et l'air était moins considé- 
rable. Elles représentent évidemment une faible variation. 

La planche IT se rapporte aux densités. Il est visible que les va- 
riations de la densité sont beaucoup moins considérables les deux 


jours où les températures de l’eau et de l'air ne présentent qu'une 


faible différence. 


16. En étudiant un peu les diverses observations des tables I ou 
les courbes pl. If, on aperçoit immédiatement que la simple pro- 
portionnalité entre les variations de la densité et les hauteurs n'existe 
pas. Ainsi, les variations de la densité ne suivent point cette loi 
simple, et M° Bravais montre , en effet, que l'hypothèse de la pro- 
portionnalité donne pour les trajectoires lumineuses des conséquences 
entièrement opposées aux faits observés. 

M Biot avait proposé la fonction : 


S—=a+bz +cz? 


où a, b, c, sont des constantes, 3 la densité et z la hauteur. En 
soumettant cette formule à des vérifications, j'ai trouvé que jusqu'à 


0"8 elle représente assez bien l'observation du 7 octobre 1855. On 


9 : 
trouve pour les constantes a — 9636, b — à C=—7%. Au-delà de 


32 DES TEMPÉRATURES DE L AIR ET DES MIRAGES. 


Om8, la fonction croit plus rapidement que ne le demandent les ob- 
servations. L'observation du 5 octobre, qui est une des meilleures, 
ne se représente pas par cette formule. Pour d’autres, auxquelles 
j'ai essayé de l'appliquer, les écarts sont décidément trop grands. 

La fonction exponentielle est considérée par M Biot, dans son | 
grand mémoire de 1809, comme la plus propre à représenter les « 
observations thermométriques. Prise sous la forme la plus simple, 
elle est 

== 42 


a et x étant des constantes qu'il s’agit de déterminer. M° Bravais 
remarque que cette formule ne présente pas, dans les conséquences 
optiques, les mêmes inconvénients que la précédente; mais qu'elle 
aboutit cependant à des faits opposés aux résultats de l'observation. 
J'ai essayé de l'appliquer à quelques-unes de mes observations. Elle 
ne convient décidément pas et donne des écarts plus considérables 
que la précédente, 

Il est à remarquer que la variation des densités est en général 
rapide près de la surface, puis beaucoup plus lente à une certaine 
hauteur. J'ajouterai mème que diverses observations isolées , qui ne 
sont point consignées dans le tableau 1, observations où j'ai cherché 
à apprécier la température de l'air tout à fait près de la surface de 
l'eau, confirment cette remarque. En d’autres termes, la vitess> du 
décroissement des densités, qui est une certaine fonction de la hau- 
teur, décroit en même temps que cette hauteur augmente. Il faut 
done que l'équation qui représente des variations de la densité soit 
telle que sa différentielle, prise par rapport à la hauteur, décroisse en 
même temps que la hauteur augmente, ou bien que la différentielle 
seconde soit négative. 

D'après cela, le cas qui apparait le plus simple est celui où l'é- 
quation différentielle serait de la forme : 

di c 
—_ — b + — 
dz Z 
b et c étant des constantes. En intégrant, on trouve : 
d—0z + c.l,z 


ou, puisque les logarithmes vulgaires ne diffèrent que par une cons- 
tante des logarithmes hyperboliques , 
à — bz + c': log. z 
€ étant une nouvelle constante. 
Cette formule, appliquée à divers exemples, ne m'a pas satisfait. 


Elle donne lieu à des écarts trop considérables. J'aurais pu chercher 
une autre forme pour l'équation différentielle, ainsi : 


di € 
= b + 


dz 2° 
22 22 


de 0 ST el 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 33 
ou 


di” € : 
——=(5+—)— 
dz 4 4 


et il est probable que l'intégration m'eût amené à une formule plus 
rapprochée des données prises dans la nature. 

M° Bravais adopte, dans sa Notice sur le mirage, une formule qui 
a l'avantage de conduire à des conséquences analytiques tout à fait 
d'accord avec les phénomènes optiques observés. Dans cette formule : 


1 ATEN ES 
er 0 
0,000589 \z+% 
k, h et L sont des constantes qu'il s’agit de déterminer, et 0,000589 
la puissance réfractive de l’air ou le double de l'excès de l'indice de 
l'air de densité 1 sur l'unité. Si l’on suppose w — 1, la formule se 
simplifie et on en déduit alors l'équation des trajectoires lumineuses 
qui est : 
RU 


a, +) 


Elle représente des hyperboles. Une construction géométrique 
fort simple permet d'obtenir ces courbes. On arrive ainsi à expliquer 
d'une manière complète la production d’une image renversée au- 
dessous du plan caustique et les diverses circonstances du phéno- 
mène telles que les offre la nature. 

La formule de M' Bravais, dans le cas de u — 1, devient : 


1 k F 
0,000589  (2+h)° 


J'ai essayé de l'appliquer à divers exemples et j'ai eu la satisfac- 
tion de voir qu’elle représentait mieux que toutes les autres les 
chiffres que l'observation directe des températures a procurés. Il est 
à remarquer que dans la détermination des constantes Æ et h, on 
trouve deux systèmes de valeurs, l'équation étant du 2° degré par 
rapport à ces quantités. De ces deux systèmes de valeurs, un seul 
convient et l’autre doit être rejeté. 

En prenant l'observation du 7 octobre 1855 (tabl. D) et en caleu- 
lant les constantes ensuite des valeurs correspondant à 02 et 0"#4, 
on trouve les deux systèmes : 


h = — 3,01 9 = — 2501 
k— V=T 2,407 k=— VI 7498,9 


Le premier système ne convient nullement aux phénomènes , le 
second donne le résultat suivant : 


(G+h) = (2 +h+m.x) + 


D 


1 


5 


34 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


DENSITÉS. 


Calculées. Observées. 
21000 9676 9673 
2— VE 9692 9679 
2— 1020 9635 9638 


Il y a donc entre la surface et 0®8 une variation de la densité qui 
se représente d’une manière très-satisfaisante par la formule ei- 
dessus. Il est même étonnant que dans des observations de cette na 
ture, si exposées à être entachées d'erreurs que les moyennes ne 
peuvent éliminer, l'accord avee le caleul soit aussi parfait. 

L'observation du 30 septembre 1854 (tabl. 1) donne pour les 
constantes déduites des deux observations à 0"2 et 0°6 : 


h —— 3112 k— V_I 7424 
En calculant les densités pour d’autres hauteurs, on trouve : 
Caïlculées. Observées. 
z —= 0"05 9667,7 9666 
A À 9689,5 9691 
== 0° .8 971% 9704 


Encore ici, il y a une différence très-peu considérable entre les 
valeurs que donne la formule et celles qui résultent de l'observation. 
L'observation du 5 octobre 1854 donne : 


h = — 2107 k— V1 5002 


en déduisant ces constantes des densités à 02 et 0®4. En cherchant 
la densité pour 0*05, on trouve : 


Calcul. Observation. 


z = 0"05 9576 9569 


Ces exemples sont suffisants pour montrer que la formule admise 
par M' Bravais peut certainement être considérée comme représen-— 
tant la loi de la variation des densités avec la hauteur infiniment 
mieux que toutes les autres. Gette formule est surtout exacte entre 
la surface et 0®8. Pour des hauteurs plus considérables, je me suis 
assuré qu’elle donne des valeurs en général un peu trop fortes. Il 
est intéressant de voir qu’une expression analytique admise hypo-— 
thétiquement et uniquement, parce qu’elle conduit à des conséquences 
en harmonie avec les faits optiques observés, se confirme par des 
déterminations directes de température. 

J'ai fait observer précédemment que la vitesse du décroissement 
des densités diminue rapidement avec la hauteur, et que la formule 
qui exprime les densités, différentiée par rapport à cette hauteur, 
doit done donner une expression qui diminue rapidement aussi quand 
on fait croître z. La formule de M° Bravais satisfait évidemment très- 
bien à cette condition. En la différentiant, on trouve : 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 35 
do ; 2k° 
de O0,000589  (z+à): 


et il est visible que les valeurs croissantes de z font rapidement 
diminuer la fonction. 


17. Il résulte des détails qui précèdent que la marche des densi- 
tés de l’air est bien celle que les phénomènes optiques exigent pour 
leur explication, et lorsque les observations de température donnent 
des résultats différents, on doit les considérer comme étant entachés 
d'erreurs ou comme n’exprimant qu'un fait très-local. Les observa- 
tions optiques peuvent se faire avec beaucoup plus de précision et 
de certitude que celles de la température et c'est ici un de ces cas 
où les faits d'un certain ordre peuvent être plus sûrement et plus 
exactement connus en les abordant d'une manière indirecte et par 
leurs conséquences, qu'en cherchant à les examiner eux-mêmes et 
indépendamment de leurs effets. Avec un théodolite ou une lunette 
de Rochon, on apprendra à connaître les variations de la température 
de l'air, suivant la hauteur, beaucoup mieux qu'on ne pourrait le 
faire avec le thermomètre le plus irréprochable. 


Détails particuliers relatifs au mirage. 


J'ai déjà donné un certain nombre de renseignements généraux 
relatifs à la production du mirage dans la première partie de ce tra- 
vail ($ 1, 2,... 8). J'ajouterai ici quelques détails plus circonstan- 
ciés et surtout quelques résultats de mesures. 


18. Lorsque les couches d'air situées à la surface du lac présen- 
tent les variations convenables de densités examinées dans les para- 
graphes préeédents, les rayons lumineux, cessant de se mouvoir en 


ligne droite, peuvent éprouver le phénomène de la réfraction totale 


et c’est alors que les mirages se produisent. Les objets situés à une 
certaine distance et près du niveau de l’eau donnent lieu à une image 
renversée. Si ces objets aboutissent jusqu'à la surface même ou suf- 
fisamment près de la surface, leur partie inférieure cesse d’être visible. 
Les rayons qui en émanent décrivent une trajectoire tournant sa 
convexité vers la nappe liquide et passent au-dessus de l'œil de l'ob- 
servateur. L'élément le plus intéressant dans la production du mi- 
rage, c'est précisément la hauteur verticale des points qui cessent 
d’être visibles et dont l’ensemble constitue une ligne sensiblement 
parallèle à l'horizon, située à une certaine distance au-dessus de cet 
horizon; cette ligne sépare donc les objets dont les rayons peuvent 
aboutir à l'observateur et ceux qui, par leur trop grande proximité 
de la surface, ne fournissent que des trajectoires lumineuses qui 
passent plus haut que l'observateur. Cette ligne, nommée ligne de 


36 DES TEMPÉRATURES DE L AIR ET DES MIRAGES. 


partage où caustique, paraît à une distance de la ligne d'horizon qui 
varie suivant la position de l'observateur, suivant sa distance et 
suivant le déeroissement des densités des couches d'air. 

Les images qui se forment au-dessous de la caustique reprodui- 
sent, en tout ou en partie , les objets eux-mêmes. Elles se produisent 
avec une netteté plus ou moins grande suivant les circonstances mé- 
téorologiques. À la surface du Léman, ce sont les jours où le lac, 
légèrement frissonnant, jette une teinte bleu-verdâtre que ces appa- 
rences lumineuses sont surtout nettes. Si le ciel est pur et l'air dé- 
barrassé de brouillards, on les aperçoit avec une précision remar- 
quable. 

J'ai malheureusement négligé de prendre un nombre un peu con- 
sidérable d'observations relatives aux dimensions des mirages et des 
objets. Je puis cependant conclure, comme résultat général, que les 
images sont ordinairement peu différentes des objets eux-mêmes. 
Lorsqu'elles en diffèrent, leur valeur angulaire est un peu plus faible 
que celle de l'objet. 


19. La hauteur de la caustique au-dessus de l'horizon sensible à 
été, dans mes recherches, l’objet d’un grand nombre de détermina- 
tions. C’est ce que, dans la suite, je nommerai souvent grandeur du 
mirage. — Pour mesurer cette grandeur angulaire , il importe de 
reconnaitre facilement les points où les objets cessent de devenir vi- 
sibles et se continuent par leur image symétrique. Le moyen le plus 
commode consiste à choisir, sur l'horizon, des lignes bien visibles 
telles que murs, chemins, ete. , qui descendent obliquement vers la 
surface de l’eau. Sur la caustique, ces lignes s’infléchissent assez 
brusquement et se continuent par leur image en formant une arête 
de rebroussement dont l’extrémité, un peu émoussée, peut s’observer 
avec facilité. — Lorsqu'il n’y a pas une ligne oblique ainsi disposée 
dans la direction que l’on veut examiner, on peut choisir un objet 
bien distinct et situé au-dessus de la canstique dont l'image, nette 
également, apparait à une égale distance au-dessous. Il n’est pas 
difficile d'apprécier le milieu entre l’objet et l'image, et de mesurer 
alors la distance de ce milieu à l'horizon sensible. Cette dernière mé- 
thode est évidemment moins bonne que la première et cela pour 
deux raisons; d’abord, on ne peut pas estimer la position du point 
milieu avec autant de précision que l’on aperçoit une arête de re- 
broussement, ensuite la caustique ne passe pas toujours exactement 
à égale distance entre l'objet et l’image. 

Pour mesurer la grandeur angulaire qui sépare la caustique de 
l'horizon sensible, on peut se servir de tout appareil optique propre 
à apprécier des angles. L’instrument dont j'ai fait usage est la lunette 
à prisme bi-réfringent de Rochon. C’est un instrument très-simple , 
facile à transporter et qui convient peut-être mieux que tout autre 
pour des observations de cette nature. La lunette de Rochon permet 
d'estimer des angles même très-petits, et on sait assez quel cas Arago 
faisait de cet appareil pour mesurer le diamètre des planètes. On peut 


ee 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 31 


cependant lui faire un reproche pour les observations du mirage. 
Lorsque l’objet que l’on regarde n’est pas suflisamment éclairé, les 
deux images auxquelles ils donnent naissance, grâce au prisme bi- 
réfringent de la lunette, deviennent parfois tellement obscures que 
leurs bords ne s’aperçoivent plus avec certitude et l'exactitude de la 
mesure angulaire se trouve alors compromise. 

Mais ce qui rend souvent difficile et incertaine l'observation de la 
grandeur du mirage, c’est le manque de netteté de l'horizon sensible. 
On voit une ligne qui, la plupart du temps, n’est point précise; c’est 
une sorte d’arète dentelée, à sommet mobile et oscillant, présentant 
des élévations et des enfoncements qui se meuvent et changent à 
chaque instant. On dirait que des vagues de grandes dimensions se 
rencontrent et s’entrechoquent sur cette arête. Ce défaut de netteté 
dans la ligne d'horizon est le plus grand obstacle aux observations 
du mirage. 


20. En discutant les observations, eu égard à la distance des 
objets observés, je n'ai pas pu arriver à des conclusions aussi cer- 
taines que je l’espérais. La théorie montre que la grandeur du mi- 
rage augmente en même temps que la distance. M° Bravais indique ce 
rapport en indiquant que Woltmann en a déjà fait la remarque. — 
De Villeneuve, je pouvais observer divers points de la rive vaudoise 
inégalement éloignés. Voici quelques indications où se trouve vérifiée 
la loi que je viens de rappeler. 


À. 4 octobre 1855. Lac calme. 8 1}, heures du matin. 


. Distance. Grandeur du mirage. 
Montreux, 3720" 3.457 
Clarens, 5220 3 49 
Vevey, 9330 a 
S' Saphorin, 12920 4’ 30” 

B. 9 octobre 1854. 8 ‘}, heures du matin. 
Clarens, 5220" 2” 24” 
Basset, 5900 FAITES 
La Tour, 8150 2° 50” 

C. 8 octobre 1854. 7 heures 45 minutes du matin. 
Clarens, 5220" 3 48” 
Basset, 5900 4 
Vevey, 9330 5’ 30” 

D. 5 octobre 1854. 7 heures 30 minutes du matin. 
Veytaux, 22507 5 30” 
Clarens, 5220 T 30” 
La Tour, 8150 11’ 

Vevey, 9330 9:42? 


S° Saphorin, 12920 11° 42” 


38 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


Dans beaucoup d’autres circonstances, l'accroissement de la dis 
tance angulaire entre la caustique et l'horizon sensible ne s’est point 
montré suivre les variations de la distance. On voit du reste une 
exception dans l'observation D à propos de Vevey. — Je pourrais 
multiplier les exemples pour montrer les exceptions, je me conten- 
terai de rapporter quelques chiffres. 


E. 27 septembre 1855. 7 ‘/, heures du matin. 


Distance. Grandeur du mirage. 
Montreux , 23207 4 
Vevey, 9330 3 307 
St Saphorin, 12920 3 30” 

F. 11 octobre 1854. 8 heures 30 minutes du matin. 
Clarens, 5220” 3,20” 
Basset, 5900 2 JÙ, 
Maison X, 7400 2.127 ; 
St Saphorin, 12920 ETS 

G. 8 octobre 1854. 8 heures du matin. 
Vernex, 4600" 7° 30” 
Clarens, 5220 7 50” 
Basset, 5900 6 
St Saphorin, 12920 k° 48” 


On voit suffisamment que non seulement l'élévation du plan caus- 
tique ne va pas toujours en augmentant avec la distance, mais que 
cette élévation s’est parfois même trouvée moins grande pour des 
. distances plus considérables. 

On peut, Je crois, se rendre facilement compte de ces irrégularités 
et de ces écarts de la théorie. Si l'on prenait l'élévation du plan caus- 
tique à des points mégalement distants, mais situés sur la même ligne 
droite, il est infiniment probable que la théorie se vérifierait si du 
moins les conditions de densité des couches d’air étaient les mêmes 
partout. Ce cas n'est évidemment pas celui dans lequel les observa- 
tions précédentes ont été faites. Les rayons visuels menés de Ville- 
neuve à Montreux, Clarens, Vevey, S' Saphorin, etc. , font entre 
eux des angles notables ; ils traversent la surface du lac à des dis- 
tances souvent bien grandes, et il est infiniment probable que l’état 
des couches d'air n’est pas parfaitement le même sur ces diverses 
directions. Je démontrerai plus tard que sur une méme direction 
l'état des couches d'air varie d’un moment à l’autre. Il n’y a done 
rien d'étonnant à ce que les observations faites dans les conditions 
où Je me trouvais nécessairement placé ne soient pas toujours d’ac- 
cord avec la théorie. Ces conditions étant autres que celles que la 
théorie suppose, les conséquences doivent également différer. 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 39 


21. L'élévation du plan caustique ne dépend pas seulement de la 
distance, elle dépend aussi de la hauteur de l'œil au-dessus de la 
surface de l’eau. En général, le mirage diminue en même temps que 
l'œil s'élève et on peut facilement s'assurer de cette diminution sans 
instrument. Arrivé à une certaine hauteur , il devient tout à fait in- 
sensible. Entre la surface de l’eau et deux mètres, les variations de 
la grandeur du mirage ne m'ont pas paru dans un rapport constant 
avec l'élévation de l'œil. M° Bravais dit « qu'il existe probablement 
» une certaine hauteur de l'œil pour laquelle l'angle entre l'horizon 
» apparent et la ligne de partage est un maximum. » Ce maximun, 
dont la position dépend des circonstances météorologiques, se trou- 
verait pour l'œil à 1%, 5 ou 2. — J'ai fait un assez bon nombre de 
tentatives pour voir si ce maximum se produit. Il ne m'a pas pen 
exister à la surface de notre lac, comme on le verra par les indica- 
tions suivantes. 

Dans la plupart des observations, l'accroissement de la distance 
angulaire entre la caustique ct l’horizon sensible se manifeste évi- 
demment pour des hauteurs de l'œil comprises entre 1®,75 et0",75, 
et pour des points situés à diverses distances. 


H. 13 octobre 1854. 8 heures 25 minutes du matin. 


Hauteur de l'œil. 4,75 1",10 0®,75 
Vernex, 1’ 36” 9” 18” 2 107: 
Maison X, l’ 48” A 20: 
— r-3 27 30” » 19 
Basset, 2’ 30” 2 42° 2 54° 
Moyenne, 1° 58” 2’ 27” 2’ 46” 


I. 26 septembre 1855. 7 ‘/, heures du matin. 


Hauteur de l'œil. 4",00 0,70 

Montreux , k& 36” &° 45” 
Clarens , La 5’ 20” 
Maison X, S'0 k& 40” 


K. & octobre 1855. 8 heures du matin. 


Hauteur de l'œil. 4,80 0,80 
Montreux , 2’ 30” 3” 45” 
Clarens , 2180 spi 3 45” 
Maison X,, 3 4 
Vevey, 2 45” Ve 


S° Saphorin, 3 40” &' 30” 


40 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


L. 11 octobre 1854. 8 heures 40 minutes du matin. 


Hauteur de l'œil. 4,75 4% 10 0=,75 
Clarens , 2 45” 2 24” 2 40” 
Basset, 4 34” 2’ 30” 2’ 40” 
Maison X, 2 1 12” 2° 19” 
S' Saphorin, 2° 24” 2’ 24” 2’ 30” 
M. 9 octobre 1854. 8 heures 30 minutes du matin. 
Hauteur de l'œil. 4=,75 4» 10 0,75 
Clarens, 2 2 24” 
Basset, 1 54° 08 Lo 9 427” 
La Tour, 9 45’ 2’ 50” 
N. 5 octobre 1854. 7 heures 30 minutes du matin. 

Hauteur de l'œil. 4,75 1,55 4,05 
Objet a, 7 49” 7.54” 

“abs 5’ 18” 4 18” 

Po CE 4° 20” 5 100) 151 

» 5’ 10” 5’ 45” 

> ue 5ACE k& 54? 

0 f. 316 ; knO 

2 0. DIT 67197 

» kh, 4 5497 

lg À 5 54” 5 18”- 

» k, SE 0 6 


L'examen des observations H, I, K, L, M, N montre d’une ma- 
nière bien frappante que la grandeur du mirage augmente en même 
temps que l'œil se rapproche de l’eau et cela même pour des hau- 
teurs comprises entre 1°,75 et 0®,75. J'ai rapporté toutes ces ob- 
servations avec un peu de détails afin de faire voir que l'existence 
d'un maximum correspondant à 1*,5 ou 2® ne parait pas réelle à 
la surface du Léman. Du reste, M° Bravais remarque, dans sa Notice, 
que la courbure de la terre rend moins sensible le relèvement de la 
caustique que ne l'indique le caleul, et que pour des distances très- 
grandes la théorie porte en elle-même une cause assez grave d’ine- 
xactitude. 

Dans les observations signalées ci-dessus et dans d’autres que je 
m'abstiens de citer, on peut apercevoir quelques exceptions à l’aug- 
mentation de la grandeur angulaire du mirage pour des hauteurs de 
moins en moins grandes de l'œil. Ces exceptions tiennent probable- 
ment aux irrégularités signalées dans le $ suivant. 


22. Le phénomène du mirage provenant des variations de densité 
que présentent les couches atmosphériques au-dessus de l’eau, doit 
participer du peu de constance de ces variations. J'ai montré précé- 
demment combien il est probable que les mouvements occasionnés 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 41 


par l’inégale densité de l'air sont la cause du tremblement qu'éprou- 
vent les objets vus à une certaine distance au-dessus de la nappe 
liquide. Ces mouvements, qu'il est impossible de suivre dans leurs 
détails, se produisant sur le trajet d’un rayon de lumière, doivent 
modifier la régularité de sa marche. Sa trajectoire, à convexité tournée 
vers la surface de l’eau, doit varier un peu d’un moment à l’autre et 
osciller, en quelque sorte, autour d’une position moyenne dépendant 
de l’ensemble des circonstances météorologiques du moment. On 
peut donc s'attendre à ce que la grandeur des images et l'élévation 
de la caustique au-dessus de l'horizon sensible éprouvent des chan- 
gements continus d'un moment à l’autre. 

Les observations montrent en effet que les images varient d'une 
façon très-sensible, surtout lorsque le lac est frissonnant sous l'in- 
fluence d’une légère brise. Les barques qui se montrent au large 
avec leurs voiles déployées se prêtent très-bien à ce genre d’obser- 
vation. On voit l’image des voiles s’allonger ou se raccourcir; on la 
voit se morceler à son extrémité inférieure en lanières horizontales 
qui semblent, par moments, se séparer les unes des autres, intro- 
duisant ainsi des solutions de continuité dans l’image totale, puis qui 
se rejoignent pour se diviser bientôt après. 

Le 26 septembre 1855, vers 9 heures du matin, une barque à 
grandes voiles blanches déployées donnait lieu à une image parfaite- 
ment nette, très-favorable à cause de son éclat à l'emploi de la lu- 
nette de Rochon. Je l’ai suivie pendant deux ou trois minutes , appré- 
ciant d’un moment à l’autre la grandeur angulaire de l’image. Elle 
variait de plusieurs secondes. — Le 4 octobre 1855, des conditions 
analogues se présentaient et la dimension des images éprouvait aussi 
de très-fréquentes variations. — Le 3 octobre 1854, ces variations 
étaient encore plus prononcées. 

L'élévation de la caustique éprouve les mêmes changements. Dé- 
pendante des circonstances de température des couches d’air, elle 
en éprouve, dans une certaine mesure, l'instabilité. 

Voici divers exemples de ces variations dans Ja grandeur du 
mirage. Îl s’agit toujours d’un même point observé de minute en 


minute. 
O0. 5 octobre 1854, œil à 075 de l’eau. 
8 heures 45 minutes & 12” 
» 46 » 3 367 
» 47 » & 
» 48  » 3 18” 
» 49 5 18” 
etc. etc 
P. 11 octobre 1854, œil à 1" de l’eau. 
8 heures 30 minutes 2’ 18” 
» 34  » 2 28” 
» DAT 2” 30” 
» D 0 7198” 


Il s'agit ici du Basset. 


42 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


Q. 4 octobre 1854, œil à 1. 


8 heures 12 minutes 3 
» 13  » HR DR 
» 14  » 4’ 08 
» 15 » 5’ 


Il s’agit ici de Clarens. 


Ces observations suffisent pour montrer que le mirage, en un 
même point, varie d'une manière très-sensible d'un moment à 
l’autre. | 

On voit maintenant combien il est difficile d'établir des comparai- 
sons pour juger de l'influence de la distance ou de la hauteur de 
l'œil au-dessus de la surface de l’eau. Puisqu'un même point n’est 
pas même comparable à lui-même d’une minute à la suivante, à plus 
forte raison est-il très-peu exact, pour vérifier la théorie, de com 
parer divers points entr'eux alors qu’ils ne sont pas situés sur la 
même droite et qu'on ne peut pas les observer simultanément. 


23. Il peut se faire enfin que certaines circonstances acecidentelles 
fassent changer la grandeur du mirage de quantités considérables en 
peu d’instants. M. Biot rapporte que Legentil, dans l'Inde, a souvent 
vu qu'au lever du soleil, lorsque le premier rayon de cet astre glisse 
sur l'horizon, l'horizon apparent de la mer subit une dépression 
subite d'environ 36”. C’est comme s’il se produisait un aceroisse- 
ment brusque de la température de l'air dans le voisinage de l'eau. 
Humboldt a observé de même des variations brusques au moment 
du lever ou du coucher du soleil. 

Sur le lac Léman, il se produit parfois un phénomène analogue. 
Le 4 octobre 1854, le mirage était tout à fait insensible, à Clarens, 
quelques minutes avant le lever du soleil. Les premiers rayons ap- 
paraissent et le mirage se montre tout à coup de 7° 10”. — D'autres 
circonstances peuvent produire un effet inverse, c’est-à-dire dimi- 
nuer brusquement la grandeur du mirage. Le 8 octobre 1854, à 
8 heures et quelques minutes, j'ai mesuré : 


Vernex 7 30” 
Clarens 1Ha07 
Basset 6’ 


une légère brise apparaît subitement au milieu d’une atmosphère 
jusque-là très-calme et les mesures donnent : 


Vernex L' 
Basset 3 412” 
Clarens 3 18” 


D’autres occasions m'ont permis de remarquer de brusques varia- 
tions semblables à la précédente. 


ons de sé .. nie. Le 


D ATP T0 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 43 


24. Les observations et les résultats consignés dans les pages pré- 
cédentes montrent que le phénomène du mirage, dépendant des con- 
ditions de température des couches d’air, est essentiellement variable. 
La trajectoire complète d’un rayon de lumière parcourt toujours une 
assez grande distance à la surface du sol et sa marche, sa direction 
définitive sont dépendantes de l'état des couches d’air sur tout son 
parcours. Lorsqu'on établit, par la théorie, le mouvement du rayon 
de lumière, on suppose un certain état parfaitement défini et constant 
dans les températures de l'air, une certaine loi de décroissement avec 
la hauteur. Pour que les observations confirmassent en tout point et 
dans tous leurs détails les déductions théoriques, il faudrait que les 
lois admises pour la variation de la température fussent parfaitement 
celles de la nature et il faudrait, en outre, que ces dernières fussent 
les mêmes en tous les points de la trajectoire lumineuse. 

Les phénomènes optiques tels qu'ils sont observés, la production 
d'une image dans un rapport connu avec l’objet, l'élévation du plan 
caustique à une distance donnée et pour une certaine hauteur donnée 
également de l'œil, ces phénomènes pourraient parfaitement s'expli- 
quer par des conditions convenables de densité des couches d'air, 
conditions supposées le même sur toute la surface réchauffée. Il est 
évident que, dans la nature, les températures ne sont jamais exacte- 
ment les mêmes sur une grande surface; et en un même point, elles 
varient d’un instant à l’autre. Il résulte de ces variations un certain 
état des phénomènes optiques qu’on pourrait imaginer être produit 
par une loi de variations des densités identique en tous points et 
constante avec le temps. Ce sont ces conditions, que l’on pourrait 
appeler moyennes, qui sont le point de départ de la théorie pour 
aboutir aux phénomènes optiques, ou bien auxquelles la théorie peut 
remonter en se basant sur ces phénomènes eux-mêmes, tels que les 
donne l'observation. 

Ainsi, il ne faut pas chercher un accord trop parfait entre les ré- 
sultats de l'observation et les indications de la théorie. Pour l’état 
thermométrique des couches d'air; par exemple, l'observation ne 


peut porter que sur des conditions tout à fait locales dans le temps 


et l’espace, et si l’on cherche à comparer les résultats avec ce que 
la théorie exige pour l'explication du mirage, on ne peut et ne doit 
espérer qu'une approximation plus ou moins avancée. La nature 
même du sujet ne comporte pas une coïncidence parfaite. 

Les phénomènes du mirage peuvent être considérés comme par- 
faitement compris dans leur ensemble et dans leurs détails; mais il 
ne sera sans doute jamais possible de donner une théorie qui se 
confirme exactement par l'observation de tous les faits optiques et 
de tous ceux relatifs à la température des couches d’air. La théorie, 
je lai dit, ne porte que sur un état de choses moyen , autour duquel 
oscillent, avec des écarts plus ou moins grands, les véritables cireon- 
stances naturelles. 


k4 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


TABLEAU I. 


Hauteurs au- | Température 


Température de 


Densité. à 
l'eau à la surface] 


dessus de l'eau. de l'air. 


| 

95 sept. 1854, | Surface | 12041 9574 | 
8h. 30 m. du| 03 11087 9638 

matin. 06 119% 9580 | 1652 | 


1P2 11098 9579 
28 sept. 1854, | Surface 9933 9669 


7 h. 30 m. du 02 8078 9688 
matin. 4 8°66 9692 

7 8°69 9691 15041 
10 8°67 9692 
18 834 9703 
ana 8°25 9706 
29 sept. 1854, | Surface 878 9688 
7 h. 15 m. du 072 8°00 9715 
matin. n 7280 9722 

6 7970 9725 15°96 
9 7970 9725 
es | 7°49 9735 
ER RS LT 9722 
30 sept. 1854, | Surface 9042 9666 
7 h. 30 m. du 072 9210 9677 
matin. 4 870 9691 

6 8034 9703 15°86 
8 8°30 9704 
1°0 8015 9706 
172 837 9702 
125 834 9703 
1%octobre 1854] Surface 9078 965% 
7 h. 30 m. du 072 9042 9665 
matin. 4 9257 9661 

6 9951 9663 15977 
9 9° 42 9666 
10 9242 9666 


15 9°33 9669 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 45 


Température de 
l'eau à la surface 


Hauteurs au- | Température 


: ité. 
dessus de l'eau. de l'air. Densité 


Surface 11933 9601 


3 octobre 1854, 
02 11019 9606 


7 h. 40 m. du 


matin. 4 11912 9608 
6 11012 9608 15063 
10 | 11°07 9610 
15 110 9612 
4 octobre 1854,| Surface 12095 9546 


0", 2 12°65 9556 
4 12°56 9559 15096 

10 12°56 9559 

15 12053 9560 


7 h. 30 m. du 
matin. 


Surface 12998 9569 


5 octobre 1854, 
011 11996 9579 


1 | 7 h. 30 m. du 


matin. 2 11965 9590 
4 11938 9599 15064 
| 6 11924 960% 
8 11°20 9605 
15 aloll 9608 
20 All 9608 
7 octobre Surface 15918 9472 
m2,2 151% 9475 
4 15914 9475 15981 
6 1518 9479 
72 15920 9472 
Surface 13010 9541 
02e 12075 9553 
n 12057 9559 
6 12055 9559 15090 
10 12065 9556 
15 12260 9558 
9 octobre Surface 13070 9521 


0"2à2"5| 13°60 9525 
0"4 13937 9532 16023 
6 13037 9532 


8 octobre 
19 130928 9535 


46 DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 


Hauteurs au- | Température 


Température de 
dessus de l’eau. de l'air. 


Densité, l'eau à la surface! 


11 octobre Surface 13°52 
0" 2 13937 

n 130922 

6 13019 

8 13019 

10 13019 

15 13020 


23 sept. 1855, | Surface 13° 89 


0" 4 13068 
8 1350 
10 13050 


7 octobre Surface 10018 
100 
9057 
90921 
9003 
8077 
8083 
8092 


ea 


p evotivces 


eu 


_ 


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PL, 


Lé 


è Lau Cettcr's 


0 008 020 


PL.2. 


‘à Cetob, 


9 Cetob, 


| La leurs 


Ué0 0,60 000 100 2,20 


DES TEMPÉRATURES DE L'AIR ET DES MIRAGES. 47 


TABLEAU II. 


95 septembre 1854, 8 h. 30 m. du matin. Lac calme. Temps un 
peu brumeux. Cirrhus. Mirage faible. 

28 septembre, 7 h. 30 m. Légères vagues et un peu de brise. Ciel 
couvert 5. Cirrho-cumulus. Lac plus ou moins frissonnant par in- 
termittences. Mirage très-prononcé. 

29 septembre, 7 h. 15 m. Ciel clair O. Lac frissonnant. Brise du 
S.-E. Le brouillard en se levant laisse voir un mirage très-pro- 
noncé. 

30 septembre, 7 h. 30 m. Ciel clair O0. Brise du S.-E. assez pro- 
noncée. Lac frissonnant. Pas de brouillard. Le soleil est près de se 
lever lors de la dernière observation de température (V. tableau D). 
Mirage très-prononcé. 

1% octobre, 7 h. 30 m. Ciel clair 0. Brise du S.-E. Lac frisson 
nant. La température de l’air éprouve des variations assez brusques. 
Mirage moins prononcé que hier. 

3 octobre, 7 h. 40 m. Ciel couvert 5. Cirrhus. Lac calme. Mirage 
assez faible. 

4 octobre, 7 h. 30 m. Cirrho-cumulus. Lac parfaitement calme, 
ainsi que l'air. Il a plu assez abondamment pendant la nuit pré- 
cédente. Mirage assez prononcé. 


5 octobre, 7 h. 30 m. Ciel couvert 4. Légère brise du S.-E.-E. 
Lac frissonnant. Mirage prononcé. 


7 octobre. Ciel couvert 10. Temps brumeux. Lac et air parfaite- 
ment calmes. Mirage nul. 


8 octobre. Ciel clair 0. Lac un peu frissonnant. Mirage prononcé. 


9 octobre. Ciel clair 3. Temps brumeux. Lac agité et calme par 
portions. Expériences difficiles et peu sûres à cause des mouvements 
du bateau. Mirage faible. 


LL octobre. Ciel clair 4. Lac et air parfaitement calmes. Mirage 
faible. 


13 octobre. Ciel couvert 8. Temps brumeux. Lac agité par des 
vagues mortes assez fortes pour balancer le bateau et rendre les 
observations très-difficiles. Entre la surface (15° 36) et 1720 il y a 
une différence de température de 0° 18 à 0° 27. Il a plu abondam- 
ment pendant les 48 dernières heures. Mirage faible. 


7 octobre 1855. Ciel clair O0. Lac frissonnant. Brise du S.-E. Le 
brouillard se lève et laisse voir un beau mirage. 


48 MICROSPORON FURFUR. 


NOTE SUR LE MICROSPORON FUREUR, 
Par M' le D' Marcel. 


(Séance du 6 février 1856.) 


Une série de cas de pityriasis versicolor qui se sont présentés à 
mon observation en 1855, m'ont fourni l'occasion de faire quelques 
remarques sur le microsporon furfur. Je ne communique ici que ce 
qu'il y a de moins connu : 

Les trois individus porteurs de cette affection, étaient des hommes 
bien constitués, d’âge mür et dont le tissu cellulaire sous-cutané 
était chargé de graisse, la peau elle-même flasque et grasse. Deux 
d’entr'eux portaient les taches devant la poitrine, entre les grands 
pectoraux; le troisième sur la face externe du bras droit, depuis le 
deltoïde jusqu'au einquième inférieur du bras. 

A la limite exacte des taches, la peau et l’épiderme devenaient 
parfaitement normaux et le pityriasis simple ne paraissait pas pré- 
céder ou préparer le sol au microsporon furfur. Je n'ai pas observé 
que les taches eussent pour point de départ ou pour centre des bulbes 
pileux, comme cela a été dit. 

L'affection tout à fait mdolente n'avait pas été aperçue par deux 
des sujets. Dans le pityriasis versicolor l'épiderme n’est pas seul 
malade; les couches sous-jacentes du réseau muqueux de Malpighi 
et du derme étaient légèrement rosées, d'une teinte plus animée qu’à 
l'état normal. 

L’épiderme malade lui-même, vu de près, n'apparait pas comme 
dans le pityriasis ordinaire du cuir chevelu ou dans les affections 
dites communément sécheresse de la peau; il est plissé, froncé en 
divers sens, point cassant, se lève en lamelles souples assez grandes ; 
ce n’est que par des frictions plus vives qu'il se décompose en pous- 
sière furfuracée. La poussière plus ou moins sèche qui se détache 
de la peau est constituée surtout par des écailles épidermiques, parmi 
lesquelles on peut ne trouver que fort peu de champignons; ce qui 
revient à dire, le champignon étend son action morbide sur l’épi- 
derme bien au-delà de l'espace qu’il occupe, à supposer qu’il soit la 
cause de l’altération épidermique. Quelle est la nature de cette 
cause? je ne saurais la dire. 

Les lamelles montrent au microscope, à diverses profondeurs, les 
spores et filaments connus, disposés en petits groupes, qui m'ont 
présenté plus tard un phénomène curieux et inattendu. J'avais con- 
servé mes préparations dans des verres de montre recouverts d’une 
lame de verrre; après six mois, en février dernier, ces préparations 
me revenant à l'esprit, je les examinai de nouveau. Dés l’abord, je 
fus frappé de la quantité disproportionnée, énorme, de microsporon 
que j'y rencontrais. Où il n’y avait qu'un simple groupe de sporidies 
et de courts filaments, existaient maintenant de véritables bancs de 


PLUIE SANS NUAGES. 49 


sporidies et des filaments contournés fort longs dont l'extrémité sou- 
vent m'échappa. Le même phénomène fut noté sur plusieurs pré- 
parations. Le parasite s'était done développé et avait pullulé sur de 
simples débris d'épiderme, hors du contact de la peau et de l'mdi- 
vidu vivant. 

Je fis aussi sur mon bras de nombreux essais de transmission, en 
insérant de toutes les façons de la poussière sous et dans l’épiderme avec 
une lancette. Ces tentatives répétées un très-grand nombre de fois 
n'amenèrent chez moi aucune tache , quelques précautions que j'aie 
prises pour assurer la réussite de l’expérience. 


— —#s<—————— 


SUR UN CAS DE PLUIE SANS NUAGES. 
Par M° L. Dufour, professeur de physique. 


(Séance du 21 février 1856.) 


Les chutes de pluie sans nuages et par un ciel serein ne sont pas 
sans exemple dans les annales de la météorologie. Ce n’est cepen- 
dant pas un phénomène fréquent. Humboldt en cite quelques exem- 
ples; M° Wartmann vit une semblable averse à Genève, le 9 août 
1837 ; Beechey a observé ce fait en pleine mer ; M° Babinet, à Paris, 
ete. Cette condensation de la vapeur d’eau de l'atmosphère en gout- 
telettes assez grandes et assez lourdes pour tomber sans constituer 
préalablement un nuage provient toujours d’un abaissement de tem- 
pérature dans une couche d'air chargée de vapeurs aqueuses. 

Le 9 et le 10 février 1856, les sommets des montagnes de Savoie 
du massif de la Chaux-Megny et de la dent d’Oche présentaient, 
dans la matinée, l'aspect évident d’une chute de pluie. Depuis Vil- 
leneuve et Vevey, ces sommités montrent divers enfoncements où 
la pluie se manifeste par une teinte d’un gris particulier et tellement 
caractéristique qu'il n’est pas possible de s’y tromper lorsqu'on a vu 

-souvent des averses arriver de ces régions-là. Les jours Imdiqués, 
le versant septentrional de ces montagnes apparaissait de cette feinte 
de pluie dans les gorges assez profondes qui aboutissent à des dé- 
pressions plus ou moins considérables vers le sommet; et ces jours- 
là, le ciel était d’une pureté parfaite; aucun nuage, aucun brouillard 
n'y avait apparu. 

Habitué à voir les montagnes de la Savoie à toute saison et dans 
toutes les conditions atmosphériques possibles, je ne doutai pas un 
instant qu'il ne plüt réellement aux endroits indiqués. Les bateliers, 
accoutumés aussi à observer leur horizon, m'affirmèrent également 
que c'était bien de la pluie, malgré le beau temps, et que cet effet 
singulier se produisait parfois lorsque la vaudère (vent du Sud) donne 
par en haut. Y'appris bientôt, en allant aux informations, que le 
Sirocco régnait depuis quelques jours dans le Valais avec une vio- 
lence inaccoutumée et la condensation de vapeurs devenait dès lors 


4 


50 VITESSE DES VAGUES. 


facile à expliquer. Le vent chaud du Midi arrivait, tenant en disso— 
lution une assez grande quantité de vapeurs. Après avoir traversé 
les Alpes, il se trouvait dans une atmosphère relativement beaucoup 
plus froide et une partie de la vapeur se condensait sur le versant 
Nord de la crête des montagnes. Cette condensation produite dans 
un air et un ciel sans nuages donnait lieu à la chute de pluie qui se 
répéta deux matmées successives. 


a ——— 


SUR LA VITESSE DES VAGUES. 


Par M° L. Dufour, professeur de physique. 
(Séance du 21 février 1856.) 


La vitesse des vagues n'est encore que très-imparfaitement con- 
nue. Sa détermination théorique déduite de la hauteur de la vague, 
ainsi que l’a donnée Lagrange ne se trouve pas toujours d'accord 
avec l'observation. Les observations de Bermontier , La Coudraye, 
Wollaston, ete., mfirment l’assertion de Flanguerques que la vitesse 
des vagues est indépendante de leur dimension. Cette vitesse paraît 
dépendre, en outre, de la profondeur de l’eau. 

La mesure de cette vitesse n’est point une opération aisée. Lors- 
qu'on veut suivre une vague d'un point à un autre, on éprouve une 
vraie difficulté à ne pas la confondre avec les précédentes ou les 
suivantes. L'œil dévie involontairement et l’on passe d’une ondula- 
tion à une autre sans s’en douter. 

On peut, dans certains cas qui ne sont point rares sur les bords 
du Léman, suivre facilement une vague, grâce à un phénomène 
optique auquel elle donne naissance. Lorsque le lac est agité alors 
que le soleil brille, il arrive que, pour certaines inclmaisons conve- 
nables des rayons de lumière , les vagues jouent le rôle de surfaces 
cylindriques qui concentrent les rayons. [l se produit à une assez 
grande profondeur, qui dépend de la courbure de la vague, une 
sorte de foyer allongé et répandu sur une ligne irrégulière parallèle 
à l'axe de la vague. Lorsque la profondeur de l'eau n’est pas trop 
considérable, on voit sur le fond le foyer de chaque vague se mani- 
fester par une bande lumineuse dont le frémissement et le mouve- 
ment progressif représente l’état dynamique de la surface liquide. 
La vitesse de ce foyer allongé est évidemment la même que celle de 
la vague. Or, il est assez-facile de suivre sur le fond, entre deux 
points déterminés, ces lignes de lumière. Si l'on possède un appareil 
chronométrique à arrêt, on pourra, connaissant la distance des deux 
points, déterminer assez approximativement, en prenant des moyen- 
nes, la vitesse de propagation des vagues. Je me propose de faire 
plus tard quelques observations sur ce sujet, mais j'ai tenu à mdi- 
quer cette méthode simple et pratique aux personnes qui pourraient 
s’adonner, sans en être dérangées, à ce genre de recherches. 


> 00C—————— 


GÉOLOGIE DE L ANGLETERRE 


NOTE SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOLOGIE DE EL ANGLEFERNI 
Par M' Æ. Renervler. 
Séance du 5 mars 1856. 


M Renevier donne quelques détails sur le résultat de ses travaux 
paléontologiques en Angleterre. Ceux-ci ont porté principalement 
sur deux points : Fétude des fossiles du Lower Green-Sandet celle 
de la faune de Blackdown. 

La bonne conservation des matériaux et la richesse des collec 
uons qu'il a eues à sa disposition lui ont permis de faire des études 
très-complètes sur ces deux sujets et les résultats auxquels il est 
parvenu sont des plus intéressants, grâce à la générosité des nutu- 
ralistes anglais qui ont mis à sa disposition leurs riches collections 
avée une rare bienveillance, 

M' Renevier dit qu'il ne peut pourtant pas encore livrer ses lra- 
vaux à la publicité, parée qu'il veut auparavant faire une compa- 
raison plus minutieuse des fossiles qu il a rapportés d'Angleterre 
avec ceux du continent, dont il n'avait pas de bonnes collections A sa 
disposition à Londres. [veut en particulier comparer les espèces du 
Lower Green-Sand avee nos fossiles néocomiens et aptiens, et la 
faune de Blackdown avec nos espèces du gault, ainsi qu'avec les 
fossiles cénomaniens de la Sarthe dont il a eu le bonheur de fure 
ample récolte au commencement de Fhiver. 

M° Renevier eroit cependant pouvoir dès à présent communiquer 
à la Société les résultats généraux de ses recherches. 

1° Lower Green-Sand. D'après les nombreux fossiles de ce ter- 
rain que M° Renevier a pu étudier en Angleterre, il est arrivé à la 
conclusion que le Lower Green-Sand ne représente point, comme 
le croient la plupart des wéologues , notre terrain néocomien , mais 
correspond au contraire exactement à la série des couches aptiennes 
qu'il a reconnues à la Perte-du-Rhône entre le névcomien supérieur 
(urgonien) et le gault. Les couches inférieures du Lower Green-Sand 
(Pernabeds et Grackers) contiennent une faune qui est tout à fait 
l'analogue de celle de l'étage apuen inférieur (rhodanien) de la Perte- 
du-Rhône, tandis que le terrain arénaré, d'environ 650 pieds anglais 
d'épaisseur, qui se trouve compris entre les erackers et le gault, ap- 
partent incontestablement à l'étage aptien proprement dit. 

I est cependant une particularité qu'on ne doit pas négliger, € est 
que ces deux faunes (aptienne et rhodanienne) ont beaucoup plus de 
rapports entre elles en Angleterre que sui le continent, ee qui fait que 
jusques à présent ces deux terrains n'ont pas été séparés par les géo- 
louues anglais. Du reste, comme en Suisse, la faune aptienne est assez 
pauvre, tandis que la faune rhodanienne (Pernabeds et surtout Grac 
kers) est au contraire d'une richesse admirable. 

Les collections les plus considérables de ces terrains sont sans 


52 


GÉOLOGIE DE L'ANGLETERRE. 


contredit celle de M Fitton, celle du geological Survey et de la géolo- 
gical Society, qui toutes ont été mises à la “dispositidn de M° Renevier. 
Lur-même est en outre parvenu à former une belle collection de fos- 
siles du Lower Green-Sand, qui est sans doute une des plus consi- 
dérables après les trois précédemment nommées 

2° Blackdown. La magnifique conservation des fossiles de Black- 
down a de tout temps attiré sur cette localité l'attention des paléon- 
tologistes anglais. On les a placés tantôt dans le Lower Green-Sand, 
tantôt dans l'Upper Green-Sand (eénomanien). Dans ces derniers 
temps, MM. Lyell, Sharpe et Morris ont pensé les placer dans le 
gault. MF d'Arc ‘hiac au contraire a considéré cette’ faune comme re- 
présentant les trois ét ages préc ités. 

En étudiant toutes les collections de Londres (dont la plus belle e st. 
au British Museum) et celle assez considérable qu'il a recueillie dans 
son voyage, M° Renevier n'a pu encore arriver à une conclusion 
définitive, mais par l'étude qu'il a faite il a augmenté considérable 
ment le nombre des espèces de Blackdown. Beauce oup sont entière- 
ment nouvelles, mais le plus grand nombre se répartissent entre les 
terrains du Lower Green-Sand, du gault et de l'Upper Green-Sand. 
La seule classe qui donne une conclusion certaine esteelle des Gépha- 
lopodes, dont M° Renevier n'a pu constater aucune espèce qui ne soit 
pas du gault, mais comme cette classe n'est représe ntée que par une 
dizaine d' »spèces et par un nombre relativement petit d'échantillons 
ce résultat a beaucoup moins d'importance pour la classification dé- 
linitive de ce terrain. 

Les autres classes contiennent en nombres presque égaux des e spè- 
ces du gault et de l'Upper Green-Sand et un nombre un peu moins 
considér rable du Lower Green-Sand. Mais ce qu'il y a de certain, 
c’est que ce mélange est incontestable et que les fossiles proviennent 
tous de la même couche. 

Dans l'état actuel des recherches, l'opinion de MF d'Arehiac parait 
avoir beaucoup de vraisemblance. 


DE L'ORIGINE DES VÉCÉTATIONS CONNUES SOUS LE NOM DE QUEUES 
DE RENARD. 


Par M' le D' à. belaHtarpe. 
Séance du 2 avril 4856.) 


Chacun connait ces excroissances formées de fibres radicales 
alongées et ramifiées, qui se développent dans l'intérieur des con- 
duits de fontaine et connues sous le nom de queues de renard. On 
admet généralement qu'elles proviennent du bourgeonnement radi- 
cellaire de racines d'arbres La des conduits, qui pénétrent dans 
les tuyaux à demi déc onposés. Ce peut être le cas d'un bon nombre 
de ces productions, mais non pas de toutes. 


QUEVES DE RENARD. 53 


J'avais oui dire à un fontenier que les queues de renard se mon- 
traient aussi bien au milieu des rues, Sur noS places publiques, que 
Lans la campagne et dans le voisinage des arbres. Ce fait m'avait 
“tonné, Passant un jour sur lune de nos places publiques, j'aperçus 
des tuvaux en bois de sapin à demi décomposés et retirés de la terre, 
qui portaient des fibres radicellaires nombreuses. Quelques-unes se 
voyaient à l'intérieur des tuyaux dans le voisinage des jointures où 
elles traversaient le bois devenu très-friable. Le plus grand nombre 
se répandaient Sous forme de réseau à mailles fort larges, entre 
l'écorce et le bois. En poursuivant ces dernieres on les voyait aboutit 
i une sorte Je couronne ou de disque serré ETUE à l'extrémité du 
tuvau et formé évidemment dans la jointure. Ce disque partait lui- 
même de l'extrémité du liber de l'écorce du tuyau et se continuait 
vec lui. Sur ce point, le liber épaissi donnait naissance tout autour 
à de gros bourgeons épatés , qui se 


du point où il avait été coupé. 
croisant et se soudant ensem- 


divisaient et se subdivisaient en s'entri 
ble. De cet entrecroisement partaient en tout sens des fibrilles qui 
S'insinuaient dans chaque fente et particulièrement entre l'écuree et 
l'aubier. Celles de ces librilles qui parvenaient à pénétrer jusques à 
l'intérieur des tuvaux Y formaient des queues de renard : tandis que 
celles placées sous l'écorce se répandaient au loin tout autour du 
tuvau. Evidemment done, dans ce cas-là, les queues de renard pro- 
énaient non des arbres plantés dans le voisinag, mais des tuyaux 
Ces tuvaux, placés en terre encore verts, Y avaient 


ix-môêmes. 
vraies racines adventives, étaient partis 


Lourgeonné et les bourgeons, 
ju liber: ils n'avaient pas tardé à prendre une vie indépendante de 
leur souche et à continuer leur végétation apres la mort du liber. 
Ce fait est d'autant plus curieux qu il se produit sur des troncs 
le sapin; or, lon sait assez que cet arbre ne produit pas de racines 
dventives et qu'il ne peut se transplanter par boutures. 
Les applications prauques sont iei faciles à déduire. Pour préser- 
er les tuyaux des queues de renard nées de leur écorce même, il 
uflira ou bien de ne pas faire usage de bois vert, ou bien d'enlever 
en biseau un large cerele d'écorce à chaque extrémité des tuyaux. 
Les couches du liber n'étant plus protégées par l'écorce à leur extré- 
té, et se trouvant en contact avee la terre ne tarderont pas à per- 
lre toute puissance végétative. 

[L reste à examiner, dans l'occasion, la structure anatomique 
les queues de renard, afin de savoir si ces productions offrent ou 
ion des variations de texture en rapport avec leur origine. Leur 
ture radicellaire ne saurait du reste être mise en doute. 


NATICA ROTUNDATA, 


SUR LA SYNONYMIE DE LA NATI€A ROTUNDATA, 


Par M' £. Renevier. 
(Séance du 2 avril 4856.) 


Parmi les causes qui rendent quelquefois difficile la parallélisme 
des terrains de différents pays, se trouve en première ligne le fait 
que les mêmes espèces portent fréquemment des noms différents 
suivant les localités, et que le même nom est souvent aussi appliqué 
à des espèces pirfaitement distinctes. De là naissent pour ceux qui 
se contentent de comparer des listes de fossiles et non les fossiles 
eux-mêmes, des analogies et des différences souvent aussi erronées 
les unes que les autres. 

Il est done de la plus haute importance pour la géologie compa- 
rative aussi bien que pour la paléontologie, d'arriver à débrouiller 
le plus complètement possible la synonymie des espèces. 

C'est ce qu'il m'a été donné d'effectuer pendant mon séjour en 
Angleterre, pour un bon nombre d'espèces des terrains crétacés in- 
férieurs. La comparaison que j'ai pu faire de mes matériaux avec les 
exemplaires originaux de M° Sowerby, l'admirable conservation des 
fossiles anglais de ces terrains et le soin que j'ai mis à me procurer 
autant que possible des échantillons types, donnent à mon travail 
une grande sécurité. 

Je me contenterai pour le moment de faire l'historique de la Natica 
rotundata, dont la synonymie peut bien être considérée comme un 
type de confusion. 

En 1823, M°J. de Carl Sowerby décrit dans la Mineral concho- 
logy (pl. #33, f. 2), sous le nom de Turbo rotundatus, un fossile 
de Blackdown que lui-même considère plus tard dans Findex systé- 
matique de son ouvrage (1835) comme une Littorina. 

D'un autre côté, en 1842, M° Deshayes fait connaitre dans le tra- 
vail de M° Leymrie, sur les terrains crétacés de l'Aube (Mémoires 
de la Société géologique de France, vol. V, p. 13, pl. 16, f. 10), 
une coquille néocomienne qu'il appelle Ampullaria lævigata, nom 
que M° A. d'Orbigny change la même année (Ter. erét., vol. IF. 
p. 148, pl. 170, f. 6-7) en Natica lœvigata, en même temps qu'il 
cite en synonymie le Littorina pungens de M° J. de C. Sowerby. 

Dans le même ouvrage, à quelques pages de distance (p. 154, pl. 
172, f. #), M° d'Orbigny décrit sous le nom de Natica Clementina 
un fossile distinet de la Nat. lœvigata, mais qu'il ne compare point 
à la Nat. rotundata. Cette espèce, qu'il considère comme nouvelle, 
avait été rapportée à tort par Mr Leymrie au Littorina pungens de 
Mr J. de C. Sowerby. 

En 1545, survient Edw. Forbes qui (Quart. Journ. geol. Soc. 
[, p. 346) réunit les deux premières de nos espèces, c’est-à-dire les 
Turbo rotundatus et Ampullaria lævigata, sous le nom de Nativa 
rotundata, et déclare que le Littorina pungens de Blackdown cons- 
titue une espèce distincte. 


NATICA ROTUNDATA., D] 


Quant à la Nat. Clementina, il n'avait pas 
son travail, aussi n'en parle-t-il pas. 

En 1850, parait le second volume du Prodrome de M° d'Orbi- 
#ny, dans lequel cet auteur conserve les trois espèces : 1° la Mur. 
lwvigata, dont il change encore le nom en Nat sublævigata, sous 
prétexte que la Nerita lœvigata de Sow. est une natice et que cette 
espèce, étant plus ancienne, doit garder le nom de Natica lœvigata. 

[L place cette premiére espèce dans les étages néocomien et aptien. 

2° La Nat, Clementina, d'Orb.. de l'étage albien ou gault. 

3° La Nat. rotundata, J. Sow.. de Blackdown, qu'il place 
l'étage cénomanien, la citant aussi du Mans (Sarthe). 

Enfin, en 1854 nous eùmes, M° Je prof. Pictet et moi, à nous 
occuper de l'espèce néocomienne dans la Description des fossiles du 
lerrain aplien, ete. (p. 34. — Matériaux pour la paléontologie suisse), 
el nous reconnûmes que cette espèce était évidemment la même que 
celle du Lower Green-Sand anglais que Forbes rapportait au Turbo 
rotundatus de J. de C. Sowerby. En conséquence, pensant que 
Forbes était mieux à même de connaitre les types’ de la collection 
Sowerby que ne pouvait l'être M° d'Orbigny, nous adoptämes l'opi- 
nion du premier de ces paléontologistes et nommämes . comme lui. 
notre espèce Nat. rotundata. 

Une fois en Angleterre, et travail 
matériaux sous les Yeux, 


à s'en occuper dans 


ant avec un grand nombre de 
j'ai pu m'assurer que nous ne nous étions 
pont trompés en rapportant notre espèce aptienne à celle du Lower 
Green-Sand, Mais en poursuivant l'é 


tude de ces fossiles, je m'aper- 
ÇUS au contraire que c'était F 


orbes qui avait fait erreur en réunissant 
l'espèce du Lower Green-Sand à la Nat. rotundata de Blackdown . 
dont elle diffère par des stries d'accroissement beauccup moins obli- 
que, la bouche plus droite et les tours beaucoup plus bombés. Ce 
qui peut expliquer en partie l'erreur du paléontologiste anglais 
e est que la figure de la Mineral conchology n'est pas d'une exacti- 
tude parfaite, ce dont Je me suis assuré en la comparant avec l’exem- 
plaire original conservé dans la collection de Mr J. de Sowerby. La 
bouche de celui-ci est en outre un peu cassée, ce qui la rend plus 
droite dans la gravure. 

Mais en étudiant de la sorte l'exemplaire original de la Nat. ro- 
tundata et quelques autres échantillons d'une conservation plus par- 
late, appartenant à la même espèce, je fis une autre découverte à 
laquelle j'étais loin de m'attendre, savoir qu'il n'y a aucun carac- 
tère distinctif entre la Nat. Clementina, d'Orb.. et la Nat. rotundata 
J Sow.), d'Orb. 

L'exemplaire original de cette dernière a bien l’ombilie légèrement 
plus ouvert, mais je me suis assuré que c’est le résultat d'une petite 

sure, et que d'autres échantillons conservés au British Museum 
nt l'ombilie en fissure, indiqué par Mr d'Orbigny. L'angle spiral de 
es échantillons est d'ailleurs intermédiaire entre ceux indiqués par 
\ description et par la figure de la paléontologie française. 

Si nous considérons en outre que Blackdown contient un bon 


56 NATICA ROTUNDATA 


nombre d'espèces albiennes, et qu'en particulier toutes les armmoni- 
tes de cette localité que j'ai eues entre les mains appartiennent à 
des espèces communes dans le gault, rien ng s’opposera plus à la 
fusion de ces deux espèces en une. 

Il résulte done des études et comparaisons que j'ai pu faire en 
Angleterre, qu'au lieu de trois espèces que compte Mr d'Orbigny je 
u’en fais plus que deux et qu'au lieu de réunir, comme le faisait 
Ed. Forbes, la Nat. lævigata à la Nat. rotundata, c’est au contraire 
la Nat. Clementina que je considère comme identique à l'espèce de 
Blackdown. 

Voici done comme j'établis la synopymie de cés deux espèces. 


NATICA LÆVIGATA (Desh.), d'Orb. 


1842. Ampullaria lævigata, Desh. in Leym. Mém. Soc. géol. de 
Fr., V, p. 13, pl. 16, f. 10. 

1842. Natica lœvigata, d'Orb. Ter. crét. IE, p. 148, pl. 170 
f. 6-7. 

1845. Natica rotundata, Forb. (non J. Sow.), Quart. Journ. 
weol. Soc. E, p. 346. 

1850. Natica sublævigata, d'Orb. Prodr. IE, p. 68 et 115. 

1854. Natica rotundata, Piet. et Rav. (non J. Sow.). Aptien, 
p. 3%, pl. 5, f. Fe 

Je me suis assuré en Angleterre que la Nerita lœvigata de So 
werby n'est point une natice et qu'ainsi il n'y a pas lieu à changer 
le nom de cette espèce en Nat. sublævigata, comme le veut Mr d'Or- 
bigny. 

Localités. Terrain néocomien du bassin de la Seine (Bettancourt- 
la-Ferrée, ete.). Couche rouge (aptien inférieur) des environs de 
Vassy (Haute-Marne). Etage rhodanien ou aptien inférieur de la 
Perte-du-Rhône (Ain), de Ste-Croix (Jura vaudois), ete. Lower 
Green-Sand d’Atherfield et de Shanklin (Ile de Wight), de Peasemarsli 
(Surrey), etc. 

NATICA ROTUNDATA (3. Sow.), d'Orb. 

1823. Turbo rotundatus, J. Sow, Min. coneh., pl. #33, £. 2. 

1835. Littorina rotundata, . Sow., Min. conch. syst. index. 

1842. Littorina pungens, Leym. (non J. Sow.), Mém. Soc. géol. 
de Fr., V, p. 31. 

1842. Natica Clementina, d'Orb., Terr. erét., LE, p. 154, pl. 172 


f. 4. 
1849. Natica Clementina, Piet. et Rx.. Gr. vert., p. 179, pl. 17. 
f. 1 


1849. Natica ervyna, Piet. et Rx. (non d'Orb.), Gr. vert. . 
p. 480, pl. 17, £. 2. 

1850. Natica rotundata, d'Orb. Prodr.. HE; et cénomanien, p. 150. 

1850. Natica Clementina, d'Orb. Prodr., Il; et albien, p. 129. 

Diffère de l'espèce précédente par des stries d'accroissement beau- 
coup plus obliques, la bouche moins droite et les tours bien moins 
bombés. 


NATICA ROTUNDATA, 57 
Je réunis à cette espèce la Natica ervyna, de MM. Pictet et Roux 
Description des mollusques des gres verts des environs de Genève), 
qui n'est sans doute pas la mème que l'espèce nommée ainsi par 
Mr d'Orbigny, et qui par contre ressemble tout à fait aux échantillons 
anglais. 
Voici d'ailleurs les angles spiraux qui résultent des descriptions 
et des figures 
Natica ervyna, d'Orb., 93°. 
Nat. ervyna, Piet. et Rx., figures, 80°. 
Nat. Clementina, d'Orb... description. 80°. 
Nat. Clementina, d'Orb.. figures. 73°. 
Nat. rotundata, 3. Sow., échantillons du British Museum. 76°. 
Nat. rotundata, 3. Sow., exemplaire original (coll, Sow.), 73 
Nat. Clementina? Pier. et Rx., figure, 66°. 
Ce dernier chiffre est sans doute le’résultat d'une erreyr du des- 
sinateur. : 
Localités. Gault du bassin de la Seine, de la Perte-du-Rhône 
Ain), etc. Grès vert de Blackdown. 
Et cénomanien du Mans? (d'après Mr d'Orbigny 


6. 
NOTE GEOLOGIQUE SUR LA DOBROUDCOH À, ENTRE RASSOVA ET KUSTENDIÉ. 
Par M° Michel, ingénieur. 

Séance du 16 avril 1856. 


La Dobroudcha est la contrée qui s'étend depuis Silistrie, Basard- 
chik et Balchik, entre le Danube et la mér Noire. jusqu'à l'embou- 
chure du grand fleuve. Les Tures ne donnent ce nom qu'à la partie 
dépouillée d'arbres : pour eux, la Dobroudeha s'arrête à la forêt di 
Babadaghan, Nord: pour les Cosiques et les Tatares*habitants du 
pays, elle n'est limitée que par le Danube. 

La constitution éologique du sous-sol n'est pas Constante, mais 
une épaisse couche de lehin sableux et micacé recouvre les différents 
terrains et donne à toute la contrée l'aspect uniforme très-remarqua- 
ble des pays de steppes. C'est à cause de cette uniformité d’ ispect 
que celte partie de la Bulgarie a recu un nom spécial: l'absence 
d'arbres n'est pas un caractère suflisant pour définir la Dobroudcha. 
puisque l'on peut voir quelques restes d'anciennes forêts aux envi- 
rons de Rassova, à # kilomètres du Danube et même à Mouwatlar 
non loin de l'ancienne station de Carasson”. 

Le caractère essentiel de la Dobroudeha est la perméabilité du 
sol. On ne voit dans tout le Pays aucun cours d'eau, pas même de 


” Carasson était une ville de 13,000 âmes autrefois, dit-on. À peine 
voit-on aujourd'hui quelques pierres dépassant l'herbe qui couvre 


ruines 


58 GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. 


ruisseaux. Les sources y sont irès-rares et les puits creusés jusqu'à 
30 et #0”. Les eaux souterraines s'écoulent probablement par des 
sources de fond dans les lacs et dans le Danube. 

Au-dessous du lehm sableux dont nous venons de parler se trou- 
vent, entre Rassova et Kustendjé, les couches successives, générale 
ment horizontales, de calcaires et de grès appartenant au terrain eré- 
tacé. Par suite de l'horizontalité de ces couches, la Dobroudcha forme 
un vaste plateau légèrement ondulé: des failles fréquentes ont déter- 
miné la formation des vallées principales généralement perpendieu- 
laires au cours du Danube; leurs flanes sont profondément ravinés. 
Mais on ne les voit point d'une certaine distance et l'œil du voyageur 
se fatigue à suivre les lignes monotones d'un horizon qui ne change 
jamais. 

La hauteur de ce plateau est moyennement de 60% au-dessus du 
niveau de la mer; quelques contreforts s'élèvent jusqu'à 120" dans 
l'intérieur, mais le terrain s'abaisse le long des côtes et les falaises 
forment une ligne uniforme de 20 mètres de hauteur au plus, jusqu'au 
nord de Kustendjé, où elles sont remplacées par des dunes peu éle- 
vies. 

Le faite de séparation entre le Danube et la mer Noire se détache 
des Balkans, au nord de Choumla et à 80 kilomètres de la mer, 
court à peu près parallèlement au Danube dans la direction E-E-N., 
en passant par Basardehik et n'est plus qu'à 2500% de la mer à la 
hauteur de Kustendjé. De la on le voit remonter brusquement vers 
leN., un peu N-0., toujours parallèlement au Danube eL s'arrêter aux 
longues plages de sable, au milieu desquelles se dressent isolément 
les Beshteppes (les einq têtes). 

Cette note ne comprendra la description que du terrain qui se 
trouve au point le plus étroit, entre le Danube et la mer Noire. Les 
couches généralement peu inelinées n'apparaissent que dans les ra- 
vins profondément-ereusés dans le plateau ou bien dans les vallées 
perpendiculaires au Danube. Les terrains sont de plus en plus mo- 
dernes, soit qu'on marche du nord au sud, c'est-à-dire de Babaday 
vers Basardehik, soit qu'on aille de l'ouest à l'est, ou du Danube 
vers la mer Noire. Dans le premier cas, ee sont les failles surtout 
qui ont fait apparaitre les couches les plus anciennes; dans le second, 
il est facile de reconnaitre que les couches de térrain plongent légè- 
rement vers la mer. 

A deux kilomètres à l'aval de Rassova, la falaise, le long du Da- 
nube, est formée par les couches de caleaire néocomien, renfermant 
nombre de nérinées, de ptérocères, de polypiers et autres fossiles; 
l'assise inférieure de cette formation qui se retrouve encore dans 
l'intérieur jusqu'à 5 ou 6 kilomètres, passe généralement à l'état 
Cra yeux. 

En suivant le cours du Danube on voit successivement les cou- 
ches du terrain néocomien et du grès vert, bouleversées par de nom- 
breuses failles, et l'étude des niveaux relatifs devient extrêmement 
difficile. À 6 kilomètres plus bas se trouve le village de Trherna- 


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GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. 59 


Vada, à l'embouchure du lac du même nom (en slave, Teherna- 
Vada veut dire eau noire, insalubre; Carasson chez les Tures). 

C'est en remontant la vallée des lacs, dans la direction de Kus- 

tendjé que l’on peut étudier le plus complètement la géologie du 
RATS: 
% Après les calcaires blanchâtres avec nombreux fossiles du néoco- 
mien inférieur, on trouve, à 6 kilomètres environ du Danube, les cal- 
eaires à orbitolites, dont les assises puissantes rongées par l’action 
du temps, semblent des ruines gigantesques. 

La cassure de ces calcaires est d’un blane grisâtre, mais les sur- 
faces exposées aux agents atmosphériques sont d'un beau jaune 
safran. 

Un peu plus loin, à 8 kilomètres du Danube, on trouve les pre- 
mières couches du grès vert qui forme presque tous les plateaux du 
centre de la Dobroudcha. La partie inférieure est un poudingue assez 
| fin, puis vient un grès sableux peu agrégé; les grains de chlorite y 
| sont fréquents. À la partie supérieure , on voit un grès blanchâtre à 

grain fin et très-dur. Les seuls fossiles que nous ayons trouvé dans 
ce grès vert sont des débris de grandes ostrea. 
| Quand on se rapproche de la mer, à partir de l’ancienne station 
ou ville de Carasson, on voit la craie blanche avec silex blonds re- 
couvrir le grès dur; elle est généralement peu puissante; il semble 
| qu'elle ait été enlevée par un courant très-violent, elle n'existe plus 
que par places comme un dépôt local. 

L'ensemble du grès vert et de la craie, là où elle existe, est re- 
couvert par un dépôt tertiaire, relativement moderne, qui forme le 
couronnement de tous les plateaux depuis Ivrenety jusqu’au faite de 
| séparation entre le Danube et la mer Noire. 

: De l’autre côté du faite, on trouve à Balchik, le terrain erétacé 
sur les bords du lac Sudgneul, à 10 kilomètres au nord de Kustendjé; 
c’est encore le grès vert supérieur et la craie blanche ; mais à Kus- 
tendjé même la falaise est formée par le terrain tertiaire inférieur. 

Une faille remarquable a donné naissance au port, en relevant le 
‘cap de calcaire sur lequel est bâtie la ville. De chaque côté de cette 
saillie, qui avance de 500 mètres environ, la falaise est formée par 
des couches argileuses que la mer mine continuellement en même 
temps qu'elle ronge le cap qui seul donne un abri aux bâtiments. 

Immédiatement au-dessus des calcaires vient un argile verdâtre 
avec nodules marneux ; puis une couche d'argile jaunâtre renfermant 
à la base les mêmes fossiles que les calcaires. Ce sont d'énormes 
quantités de cardiums qui semblent réunis en masses considérables 
comme les coquilles de moules repoussées par la vague sur la plage. 
Par-dessus vient une couche d'argile rouge avec rognons de sulfate 
de chaux cristallisé en lentille. 

C'est le dernier dépôt régulier que nous ayons pu observer dans 
cette partie de la Dobroudcha. Sur les bords du Danube se trouvent 
encore au-dessous du lehm diluvien, des dépôts considérables de tuf 
et dans leur voisinage des amas de cailloux roulés. 


60 GÉOLOGIE DE LA DOBROUDCHA. 


LÉ r d 
La ciquë. A &4 ATTA PA 1 2 ‘, 

Partout où l’homme a passé et laissé des ruines, bientôt l'herbe 
couvre les pierres qui ne dépassent plus le niveau du sol; à peine 
les pierres éparses des tombes, colonnes arrachées à des monuments 
antiques, annoncent-elles encore qu'autrefois il y eut des habitations ; 
mais un témoin reste là qui, chaque année, rappelle que le sol a 
été habité, c’est la ciguë. Dans la Dobroudcha, ce pays semé de 
ruines, on voit presque à chaque pas de larges touffes de ciguës 
arborescentes ; elles atteignent jusqu'à 3 mètres. Leurs contours 
suivent ceux de ce village qui n’est plus. Leur odeur fétide prend 
au cerveau comme une odeur de mort et le voisinage de ces plantes 
est insupportable. Au mois de juillet, on ne voit plus que les tiges 
desséchées qui forment de larges taches noires sur la verdure de la 
steppe. Sans elles, on pourrait croire en passant que le pays n'a 
jamais été qu'une vaste prairie où l’homme n'a pas laissé plus de 
traces que les troupeaux qui la parcourent. Mais en s’approchant 
on découvre sous l'herbe les fondations des murs, les silos dans 
lesquels on enfouissait les grains, quelques puits abandonnés, danger 
continuel pour les voyageurs. 

À quelle cause attribuer le développement si considérable de la 
ciguë sur ces déserts que l’homme n'habite plus, souvent depuis un 
siècle? Nulle part ailleurs dans la steppe on ne la retrouve. 

Ce ne peut être le voisinage du calcaire, puisque les parties les 
plus pierreuses de la steppe n’ont pas de ciguës. Sur les bords du 
Danube, où les cabanes sont en bois et terre, on trouve la même 
particularité. Ce ne peut être la présence de l’eau, car on les trouve 
sur les hauteurs, là où la rosée seule vient rafraichir les oiseaux 
haletants. On ne peut leur trouver qu'une origine , c’est la présence 
des fumiers. Chaque jour les habitants des villages sortent des éta- 
bles le fumier et l'entassent devant leur porte; quand le tas est trop 
élevé on en fait un autre et on met le feu au précédent. L'emplace- 
ment d’un village n’est alors qu'un énorme tas de fumier sur lequel 
croissent des plantes spéciales. La ciguë est la plus caractéristique ; 
elle rappelle la cantharide par son odeur; ses dimensions sont con- 
sidérables, nous en avons vu de 3 mètres de hauteur, dans les en- 
droits frais. 

Je ne pourrais dire à quelle espèce elle appartient, si elle est vé- 
néneuse ou non; nos chevaux s’arrêtaient volontiers pour en arra- 
cher quelques branches et les manger. 


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» 25, id. » : 18, annuelle. 
Février 6, id. Juillet 2, particulière. 
» 20 , générale. Novembre 5, id. 
Mars 5, particulière. » 49, générale. 
» 49, id. Décembre 5, particulière. 
Avril 2, id. RES 16, id. 
» 16 , générale. 
Mai 7, particulière. 
» 21, id. 


Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l'hôtel de ville , salle 
de la justice de paix. 


Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. 


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BULLETIN 
SOCIÈTÉ VAUDOISE 


 SCIENGES NATURELLES. 


TOME V. — BULLETIN N° 59. 


PRIX : 3 fr. 25 c. 


LAUSANNE. 


MER IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


phhee 1856 


TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO, 


PROCES-VERRADX 4500 CR PR Sin AUS EN CR RO 


Mémores. 

Planétaire à l'usage des aveugles, par H. Hirzel 74 
Matière bleue des pansements , par J. Delaharpe, D° . 71 
Catalogue des Tortricides suisses , par J. Delaharpe, D'° . .: . . 82“ 
Note sur une Tenthrède nuisible au colza, par A. Forel . . 86 
Sur l’existence d’une mer diluvienne , par Ph. Delaharpe, D° : . 89 
Note sur les causes de la progression des glaciers, par S. Baup. 93 
Note sur le baromètre Bourdon, par J. Marguet, prof® . . . + 96. 
Sur certaines erreurs en matière d'observation, p° C. Dufour, prof” 99% 
Matière rouge de l’Alliaz, par J.-B. Schnetzler . . . RH OR 
Etude sur la navigation du Danube , par J. Michel , ingénieur . . 403" 
Observations ozonométriques comparatives, par Ch. Gaudin : . 4118 
Recherches sur les fonctions du système nerveux dans les animaux 

articulés, par M° Yersin, prof” . . . . . . . . . . . 119 
Quelques mots sur la flore tertiaire de l’Angleterre, par Ph. Dela- : 


Harpe, Dit ee. SL PURE OO ent . 125. 
Note sur l’origine américaine Fe Platanus occidentalis, L., par Ch. 
Gaudin 0007 + 0 CARS 


Lettre de M le prof” 0. Heer à à sir Ch. Lyell, id par ir Ch. Gaudin 145. 


Tome Y. N 39. 


SOCIÉTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


GT Oe——— 


PROCÈS-VERBAUX. 


Séance particulière du 7 mai 1856. — M' C. Gaudin présente à 
l'assemblée un grand fragment d'humerus de rhinocéros fossile, 
trouvé dans la molasse , à la Borde, près Lausanne. 

M° Gaudin communique la note suivante sur la nouvelle flore 
fossile recueillie au Locle par M° Auguste Jaccard. Cette note est 
extraite d'une lettre de M° Heer. — « Les matériaux augmentent au 
Locle. Les espèces découvertes par M Jaccard s'élèvent à 42. Sur 
ce nombre, 30 se retrouvent dans la molasse d’eau douce supérieure 
et 25 à OEningen; 16 dans la molasse d’eau douce inférieure. Quant 
aux espèces qui appartiennent exclusivement à l’une ou l’autre de 
ces formations , il en est 15 qui ne se trouvent que dans la molasse 
supérieure et deux seulement dans la molasse inférieure; ce sont la 
Dryandroides banksiæfolia et la Cassia Berenices. Ces deux espèces 
semblent s'être conservées sur les hauteurs du Jura de la Suisse 
occidentale plus longtemps que dans la Suisse orientale où elles ont 
. disparu avec l’époque marine. La florule du Locle est très-mtéres- 

sante, parce qu'elle nous permet de jeter un coup-d'œil sur la flore 
tertiaire de la Suisse occidentale dans les temps qui ont suivi l’ap- 
parition de la mer molassique. Parmi les espèces nouvelles, il faut 
compter une Grevillea, voisine de la Grevillea hϾringiana, Ett. 
L'arbre dominant était un vrai laurier (Laurus princeps, Heer), 
dont j'ai trouvé il y a un an des feuilles si belles près de la Schratz- 
bourg; la Persea Braunii et la Persea speciosa sont plus rares. 
Quelle différence les vallons du Jura ne présentent-ils pas dans leur 
végétation actuelle! » 


… M'J. Delaharpe, après avoir entretenu la Société de quelques 
généralités relatives aux fordeuses (lépidoptères), dépose sur le 
ureau le catalogue des espèces suisses appartenant à cette famille. 


62 SÉANCE DU 7 MAI 1856. 


Il énumère près de trois cents espèces, dont quelques-unes sont 
nouvelles. (Voir les mémoires.) 


M° Hirzel raconte quelle influence l'opération de la cataracte eut 
sur le développement mtellectuel et moral d’un aveugle caracté dès 
sa plus tendre enfance. 


M° C. Dufour rapporte le fait d'un arc-en-ciel double, observé 
le 14 avril passé, à 6 heures 20 minutes du soir, dont les deux ares 
au lieu d'être concentriques, se voyaient l’un à côté de l’autre. 
Comment expliquer ce fait? 


M° Rambert rappelle que Haller indique la présence de l Anemone 
hortensis dans les environs de Montreux. Nos botanistes l'y ont en 
vain cherchée. Les vieillards de la localité se rappellent qu'elle y 
était assez répandue. Des perquisitions récentes ont abouti à en faire 
découvrir les vestiges d'un pied unique. Actuellement on peut en— 
visager cette plante comme n’existant plus dans la localité; elle en 
a été chassée, comme tant d'autres, par les progrès de la culture. 


M° C. Dufour dit quelques mots à cette occasion sur l'importance 
de pareilles communications au point de vue météorologique. 


M' J. Delaharpe cite quelques observations faites dans nos envi- 
rons. Îl a vu plusieurs plantes de l'Europe méridionale s’introduire 
et se propager pendant plus ou moins longtemps dans notre pays. 
Ainsi Corydalis lutea, Oxalis corniculata , Reseda phyteuma , Iberis 
pinnata, ete.; mais plusieurs ne parviennent pas à s’acclimater et 
disparaissent au bout de quelques années; tel est le cas du Reseda 
phyteuma, et même du Corydalis lutea ; d'autres se sont prodigieu- 
sement multipliées, comme l’Oxalis corniculata, la Linaria cymba- 
laria. Dans l'introduction des espèces il faut done avoir égard sur- 
tout à leur faculté d’acelimatation. La Linaria alpina et V Epilobium 
angustifoliwm descendent bien dans la plaine avec les torrents des 
Alpes, mais ils ne se propagent pas dans les environs. L'Erinus 
alpinus existe dans un mur très-exposé au soleil, au-dessous de 
Rivaz, au bord de la grande route, mais ne s’est point propagé au- 
delà. 


M Lude rapporte qu'il a fait des essais pour constater les pro- 
priétés de rendre les étoffes imperméables, attribuées par quelques 
journaux au pyrolignite de plomb et à l’acétate d’alumine, et n'avoir 
pas trouvé que l’imperméabilité fût réelle. 


M' Bischoff explique que les indications données par les journaux 
étant certainement fautives, M° Lude en les suivant n’a pu arriver 
au résultat annoncé. 


M le professeur Marguet dépose sur le bureau le résumé des 
observations météorologiques faites à l'Ecole spéciale de Lausanne 
en 1855. (Voir à la fin des mémoires.) 


SÉANCE DU 21 Mar 1856. 63 


La Société reçoit dans cette séance : 


1. De l'Académie royale d'Irlande : a) Proceedings, ete., années 
1854-1855, vol. VI, ? partie; — b) Transactions, etc., vol. XXII, 
6° partie (littérature). 

2. De la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne : 
Bulletin n° 1, 1855. 

3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin, 6 nu- 
méros, 1856. 

&. De la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg : 
Mémoires , etc., t. II, 1854. 

5. De M A. Le Jolis, à Cherbourg : a) Mémoire sur le lin de la 
Nouvelle-Zélande. Cherbourg, 1848. — b) Mémoire sur les Ulex 
des environs de Cherbourg, 1853. — c) Discours sur les Alques 
zoosporées, 1852. — d) Sur la Laminaria digitata, 1855. (Extrait 
des comptes rendus de l’Académie impériale des sciences.) 


6. De M" la comtesse de Rumine : Geographische Mittheilungen 
de Petermann, 1856, n° 1. 


7. De M' Marguet, professeur : Rapport sur les tombes antiques 
découvertes en 1823 près de Boulogne sur mer. 


Séance du 21 mai 1856. — M° Morlot place sous les yeux de la 
Société un fragment de spath calcaire trouvé dans un bloc erratique 
de serpentine. M° Wyser, de Zurich, a trouvé dans ce minéral une 
forme de magnésite assez rare. 


Le Secrétaire donne lecture des observations de M° A. Forel sur 
le Tenthredo centifolia, Panz., dont la larve a ravagé, il y a peu 
d'années, les plantations de crucifères des environs de Lausanne. — 
M" À. Chavannes D’, ajoute quelques observations qu'il a recueillies 
sur le même sujet. (Voir les mémoires.) 


M' L. Dufour, professeur, fait une seconde communication sur 
les rapports qui existent entre l'aimantation et les variations de tem- 
pérature du barreau. (Voir séance du 9 janvier 1856, et Bibliothe- 
que universelle, février 1856). 


M° Ph. Delaharpe présente à la Société une collection d'insectes 
fossiles de l'Angleterre qu'il doit à la générosité de MM. Rév. P.-B. 
Brodie et W.-S. Symonds. Elle se compose essentiellement d’in- 
sectes recueillis dans le lias inférieur du Glocestershire et les Pur- 
beckbeds du Dorcetshire et du Sussex. 

L'infatigable Rév. P.-B. Brodie possède maintenant dans sa riche 
collection des insectes appartenant aux formations suivantes de l’An- 
gleterre : 

1. Upper Bagshotsands (eocène), de Corfe (Dorset). 

2. Wealden supérieur, de Hastings (Sussex). 


6% SÉANCE DU 24 mar 1856. 


3. Purbeck supérieur, moyen et inférieur, du Dorcetshire. 

4. Kimridgelay de Ringstead bay (Dorset). 

5. Forestmarble. 

6. Stonesfieldslate. 

7. Lias supérieur du Glocestershire et du Sommersetshire. 

8. Lias inférieur du Glocestershire et du Warwickshire. 

Le musée britannique renferme en outre quelques fragments pro- 
venant du terrain houiller. 

Sur le continent on a rencontré des insectes fossiles en grand 
nombre : 

1° Dans l’ambre de la Baltique; 

2° Dans les miocènes de Suisse, de France, d'Allemagne et d’Au- 
triche ; 

39 Dans l’éocène du bassin de Paris ; 

4° Dans les calcaires oxfordiens de Solenhofen ; 

5° Dans le lias de Bayreuth et d’Argovie; 

6° Enfin, dans les couches carbonifères de Saxe. 

Les insectes fossiles appartiennent, on le sait, aux mêmes ordres 
et aux mêmes familles, et en grande partie aux mêmes genres que 
ceux qui sont actuellement vivants. Malgré la proportion relative- 
ment minime des insectes que nous connaissons des formations an— 
ciennes, on peut croire que la plupart des ordres actuels ont déjà 
existé dans une époque fort reculée. Dans le terrain carbonifère , 
par exemple, nous avons des coléoptères, des orthoptères, des né- 
vroptères. Dans le Purbeck, nous rencontrons des hémiptères , des 
hyménoptères, des lépidoptères et des diptères, soit presque tous les 
ordres connus. 

Un fait singulier frappe de prime abord l'observateur qui jette un 
regard d'ensemble sur les insectes fossiles anglais. Ceux du lias 
inférieur et ceux des Purbeckbeds se font remarquer par leur taille 
généralement petite, tandis que ceux des Stonesfieldslate ont de 
grandes dimensions; cependant les schistes de Stonesfield occupent, 
comme l'on sait, une position précisément moyenne entre ces deux 
formations. 

M" À. Chavannes demande à M° Ph. Delaharpe si l’on n’a jamais 
rencontré de chrysalides fossiles; celui-ci répond qu'il n’en à pas 
oui parler et n’en a jamais vu. 


M° Morlot ajoute que l’on a trouvé des larves fossiles et surtout 
des larves perforantes. 


M' Renevier en prend occasion de parler des insectes fossiles de 
l'ambre et d’une sorte de Cloporte des marnes à Cythérées de Bron- 
gniart, superposées au gypse à Palæotherium et formant la base des 
sables de Fontainebleau (Tongrien, d'Orb.). 


M: Ph. Delaharpe revient sur les insectes de l'ambre. Un membre 
demande s’il existe parmi eux des genres identiques aux vivants. La 
réponse est affirmative. 


D ES 


\ 


SÉANCE DU Æ JuIN 1856. 65 


M' Ph. Delaharpe donne une analyse du‘travail de M Sharpe sur 
la dernière élévation des Alpes. (Voir les mémoires.) 


M' S. Baup, ancien directeur des salines de Bex, entretient la 
Société des causes de la marche des glaciers et de sa manière de 
voir à ce sujet, en opposition à celle de M° Forbes, généralement 
admise aujourd'hui. (Voir les mémoires.) 


M' Morlot fait remarquer à l'occasion de l'exposé de M' Ph. Dela- 
harpe sur les opinions de M. Sharpe, que l’on trouve partout des 
terrasses dans les Alpes et non aux trois niveaux seulement indiqués 
par l’auteur anglais, et qu'il y a d’ailleurs beaucoup de vallées qui 
n'offrent aucune trace de terrasses. 


La Société reçoit dans cette séance : 


1. De la Société de physique de Genève : Mémoires, ete., t. XIV, 
1"° partie. 


2. De l’Académie royale de Berlin : Monatsberichte, ete., numé- 
ros de juillet à décembre 1855. 


3. De M' Ph. Delaharpe : Cataloque de l'exposition de l'indus- 
trie. Paris, 1855. 


4. De la Société des naturalistes de Gr. Malvern : Transactions, 
etc., "partie. Worcester, 1855. 


Séance particulière du 4 juin 1856. — MS. Chavannes rapporte 
qu'il a observé près de la Borde (Lausanne) une surface de molasse 
polie par le glacier, avec des stries dirigées au N. 33 O. et croisées 
par d'autres, moins prononcées, se dirigeant N. 53 E. Ces stries 
s'étaient conservées sous une couche de boue glaciaire fine et bleue. 

Le même membre a trouvé un bloc de gypse erratique, au-dessus 
de la Péraudette (Lausanne); d’autres ont été trouvés à Epeney, à 
Lausanne , à Chexbres. 


M° Ph. Delaharpe rappelle à cette occasion la molasse striée notée 
déjà près de Crissier, ainsi que les deux espèces de gypse, micacé 
et calcaire, indiqués déjà à la Péraudettaz. (Bulletin, 1855, n° 35, 
p. 181.) 


M° Marguet dépose sur le bureau le résumé des observations mé- 
téorologiques faites à l'Ecole spéciale dans le premier trimestre de 
1856. (Voir à la fin des mémoires.) 

Le même membre annonce qu'il fournira les résultats de la com- 
paraison d’un baromètre métallique de Bourdon avec le baromètre à 
mercure. Jusqu'ici la concordance de ces deux instruments a été 
parfaite. (Voir les mémoires.) 


66 SÉANCE DU 18 un 1856. 


M. L. Dufour reprend et poursuit son exposition sur l’aimanta- 
tion. Il entretient en particulier la Société des appareils dont il s’est 
servi dans ses recherches sur l'intensité magnétique. (Voir la séance 
du 21 mai 1850.) ' 


Lecture est faite d'une lettre de la Chancellerie fédérale accompa- 
gnant une note du Ministère français de l’instruction publique et des 
cultes sur l'échange des publications entre les Sociétés savantes par 
l'intermédiaire du Ministre de l'instruction publique et des cultes. 
Cette lettre est remise au bibliothécaire, afin qu'il se conforme aux 
directions qu'elle renferme. 


M. Ph. Delaharpe présente à l'assemblée un morceau de charbon 
fossile provenant d'une tige de Sequoia?, extraite des lignites d'Oron. 
Ce Sequoia rappelle tout à fait celui de Californie. 

M. Renevier place sous les yeux de la Société une Néritine de la 
molasse ayant conservé ses couleurs, elle provient d’une couche un 
peu supérieure à celle qui contient les Cérithes, près Yverdon. 

Dans cette séance , la Société reçoit : 

1. De la Société linnéenne de Londres : a) Proceedings, ete. ; — 

b) Cataloque des membres de la Societe. 


2. De M. C. Lardy : Notice nécrologique sur M. de Charpentier. 
(Extraite du Bulletin de la Société géologique de France.) 


Séance annuelle et générale du 18 juin 1856. — Le Président 
ouvre la séance par une courte allocution, en jetant un coup-d'œil 
sur les progrès que la Société peut raisonnablement espérer de réa- 
liser dans l'étude des sciences naturelles, en ayant égard à la position 
qui lui est faite. 


La Société admet au nombre de ses membres ordinaires : 


MM. Ed. Perret, à Noville, présenté par M. Duflon. 

»  Sigismond Martin, à Morges, présenté par M. C. Dufour. 

»  Fréd. Deladoey, commissaire des guerres, et Conod, minis- 
tre à Lausanne, présentés par M. Morlot. 

»  Bessard, institutr à Moudon, présenté par M. S. Chavannes. 

»  Heldenmayer, à Lausanne, présenté par M. H. Bischoff. 

»  Hochreutiner, doct.-méd. à Aubonne , présenté par M. Ph. 
Delaharpe. 

» Georges Zimmer, doct.-méd.; Wiener, professeur, et Gus- 
tave Soldan, à Lausanne, présentés par M. R. Blanchet. 

» Ch. Guisan, du Conseil de l'instruction publique, présenté 
par M. Renevier. 


1 Le mémoire de M° L. Dufour paraîtra en entier dans un prochain 
bulletin. 


séANcE pu 18 qui 1856. 67 


Le Caissier donne un exposé sommaire de l’état de la caisse, d'où 
il résulte que la Société est grevée d’une dette de 285 fr.; ce passif 
se comblera facilement. 


Une motion d'ordre de M. Morlot est renvoyée à la fin de la 
séance. 


M. Pictet, professeur à Genève, entretient la Société du but qu'il 
se propose en publiant ses Matériaux pour la Paléontologie suisse. 
Cette publication est plus paléontologique que géologique. En posant 
des distinctions tranchées entre les divers terrains d’après leur faune 
on est arrivé à des erreurs et à des inexactitudes ; pour éviter cet 
écueil, M. Pictet a pris pour sujet d'étude des localités restreites 
et sur la géologie desquelles il ne pouvait y avoir aucun doute. Ces 
espèces de monographies serviront plus tard d’étalon pour apprécier 
d’autres localités voisines. 

Jusqu'ici trois monographies ont été étudiées. La première traite 
des vertébrés de l’éocène et en particulier du Mauremont; nous pou- 
vons espérer qu'elle sera terminée dans l’année. La deuxième exa- 
mine les terrains de la Perte-du-Rhône, compris entre le néocomien 
supérieur et le crétacé supérieur ou le gault. Cette coupe est parfai- 
tement définie dans la localité. Ce travail sera terminé sous peu. 
Une troisième monographie, celle des tortues de la molasse suisse, 
est terminée aujourd'hui. La faune néocomienne de Voirons (Cha- 
blais) fournira le sujet d’une quatrième monographie. Un gisement 
de poissons nouvellement découvert, donne à ce travail un intérêt 
tout particulier, puisque ces fossiles diffèrent de ceux de l’époque 
jurassique et forment plutôt le début de l’époque actuelle. L'examen 
du néocomien de Ste-Croix fournira une cinquième monographie 
qui donnerait un excellent étalon pour le néocomien, parce que dans 
cette localité les trois étages sont bien représentés. 


M. C. Dufour, à propos de l'étude de la scintillation des étoiles, 
examine comment les erreurs se glissent dans certaines observations 


et de quelle manière l'observateur peut s’en préserver. (Voir les 


mémoires.) 


M. Schnetzler entretient la Société de l'examen d'une matière 
rouge qui se dépose dans le bassin des bains de l’Alliaz. (Voir les 
mémoires.) 


M. Morlot rappelle que la géologie de l’époque récente est quei- 
que peu négligée; cette négligence nous prive du seul moyen d’arri- 
ver à des notions chronologiques en géologie. Les faits à l'appui de 
cette assertion sont nombreux; M. Morlot en cite plusieurs. 


La Société écoute la lecture d’un mémoire de M. Michel, ingé- 
nieur, sur l’hydrographie du Danube. (Voir les mémoires.) 


M. C. Gaudin donne le résumé d'observations ozonométriques 


68 séANCE DU 48 su 1856. 


faites simultanément à Lausanne, à Noville et au Grand St-Bernard, 
pendant le premier trimestre 1856. (Voir les mémoires.) 


M. Yersin, professeur, communique le résultat de ses expériences 
physiologiques sur le système nerveux des insectes. (Voir les mé- 
moires.) 


M. Jaccard, du Locle, entretient l'assemblée des découvertes 
faites dans la flore fossile tertiaire de la localité qu'il habite et dépose 
quelques échantillons sur le bureau. Une notice sur ce sujet a été 
communiquée à la Société;des sciences de Neufchâtel et publiée par 
elle. 


M. L. Dufour continue ses communications sur linfluence 
qu'exercent des changements de température sur l’aimantation. (Voir 
séances du 21 mai et du 4 juin 1856.) 


M. Ph. Delaharpe présente une collection de feuilles fossiles des 
terrains éocènes anglais et donne un aperçu de leur flore. (Voir les 
mémoires.) 


L'ordre du jour étant épuisé, l'assemblée s'occupe de la propo- 
sition suivante de M. Morlot : « Dorénavant le lieu de réunion pour 
» la séance annuelle sera fixé à la séance annuelle précédente, ainsi 
» que cela a lieu avec grand avantage à la Société helvétique des 
» sciences naturelles, et afin de donner quelque petite part dans la 
» direction des affaires aux membres du canton qui ne peuvent 
» guères assister régulièrement qu’à la séance annuelle. » 

Cette proposition, mise en discussion, n’est pas adoptée. Toute 
latitude est laissée au Bureau pour déterminer chaque année le lieu 
de la réunion, après avoir consulté la Société. 


Depuis la dernière séance , la Société a reçu : 


1. De M. E. Renevier : a) Synonymie de la Natica rotundata, 
brochure; — b) Résumé des travaux de M. Sharpe; — c) Date des 
planches de la Conchyliologie de Sowerby, brochure. (Ces trois bro- 
chures sont extraites du Bulletin de la Société.) 


2. De la Société florimontane d'Annecy : Bulletin, ete. (Janvier- 
Mars 1856), n°° 1 à 3. 


3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin, ete., 
Janvier-Mars 1855. 

L. De M" la comtesse de Rumine : Mitiheilungen de J. Pertés, 
par Petermann, n° 2 à 4. 1856. 

5, De M. DeMaria : Sur le mode de formation de la vallée du 
Rhône, brochure. 


6. De M. le professeur Parlatore, à Florence : Eloge de Phil. 
Barker Webb. Florence, 1856. 


SÉANCE DU 2 JUILLET 1856. 69 


7. De M. le professeur Marcou, à Zurich : Discours d'ouverture 
du cours de géologie paléontologique fait à l'Ecole polytechnique 
de Zurich. 1856. 


8. De M. Pictet, professeur à Genève : a) Matériaux pour la 
Paléontoiogie suisse, livr. 1 à 4. Genève. — b) Sur les Cheloniens 
de la molasse suisse. (Extrait de la Bibliothèque universelle.) 


Séance du 2 juillet 1856. — M. Gaudin fait une communication 
sur les Platanus orientalis, occidentalis et acerifolia. (Voir les mé- 
moires.) 


M. Dufour rapporte que l'examen microscopique apprend de la 
manière la plus positive si un 8, par exemple, a été fait en un ou 
deux temps : cet examen peut donc être utilisé pour l'écriture, 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


1. De M" de Rumine : a) Flora tertiaria Helvetiæ de O. Heer, 
D livr.; — b) Peterman's geographische Mittheilungen, 1856, 5° liv. 

2. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, 
vol. XI, p. 3 et 4 (n° 43 et 44). 


3. De la Société des sciences naturelles de Zurich : a) Mitthei- 
6 k° vol., n° 131; — b) Vierteljahrschrift, 1856. 1" année, 
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MÉMOIRES. 


PLANÉTAIRE A L'USAGE DES AVEUGLES! , 


inventé par M° H. Hirzel, directeur de l’Asile des Aveugles 
de Lausanne. 


(Séance du 23 janvier 1856.) 


En élaborant le plan du planétaire que je vais décrire, je me suis 
constamment rappelé que je faisais ce travail pour des aveugles et 
non pour des personnes douées de la vue. La différence est essen- 
tielle. De quels genres d’inventions que l’on s'occupe pour les aveu- 
gles , il est d’une haute importance de se mettre à leur place, en se 
supposant soi-même privé de la lumière. Je n'ignore pas les objections 
que le mathématicien peut soulever contre l'emploi d’auxiliaires ana- 
logues à ceux qui font l’objet de cette notice ; ces objections toutefois 
n'ont pu me détourner de mon entreprise. L'expérience m'a prouvé 
qu'aussi souvent que le sujet le permettait, nous devrions recourir, 
dans notre enseignement, à des moyens tangibles. Nous lisons trop 
de choses aux aveugles, et nous ne leur faisons pas toucher assez 
les objets. Du reste, j'ai été amené à m'occuper de la construction 
d’un planétaire par une série de questions que de jeunes aveugles 
intelligents m’adressèrent, et auxquelles il eût été bien difficile de 
répondre autrement que par une démonstration palpable. Ces ques- 
tions se rapportaient à l'accroissement et au décroissement des jours 
et des nuits dans les différentes saisons ; aux régions polaires ; aux 
tropiques; aux zones torrides et tempérées, etc. J'ai cru aussi devoir 
prendre en considération la remarque suivante qui m'a été faite par 
M Baillod, aveugle de naissance , actuellement maitre de mathéma- 
tiques dans notre institution : « En étudiant la cosmographie de M' 
» Faye, me dit-il, je pouvais toujours suivre assez facilement les 
» figures que mon professeur me faisait décrire , soit au doigt, soit 
» à l’aide d’une baguette ; mais lorsqu’au bout de quelques jours, 
» j'essayais de reconstruire ces mêmes figures, j'avais de la peine 
» à me les représenter; tandis que des figures confectionnées en 
» bois, ou en fil de métal, que j'avais une fois touchées, se fixaient 
» d’une manière ineffaçable dans ma mémoire. » 

L'appareil que j'ai imaginé est formé de deux parties; l’une re- 
présente la terre dans ses différentes positions pendant son mouve- 


! Ce planétaire a été exécuté à l’Asile des Aveugles de Lansanne par 
un facteur d’orgues allemand, M' Samuel Ruf. 


12 PLANÉTAIRE 


ment de translation autour du soleil; l’autre reproduit les phases de 
la lune. Ces deux parties sont construites d’après ‘des principes 
différents. J'ai trouvé plus pratique pour mon but de faire établir 
séparément ces deux appareils que de les réunir en un seul. 


1. La terre et son orbite (PI. [, fig. A). 


Dans mon appareil, l'orbite terrestre est représenté par une ba- 
guette en fer de À centimètre environ d'épaisseur, recourbée en 
ellipse et réunie aux deux bouts par une soudure. Le grand axe de 
cet ellipse est de 60 centimètres, et son excentricité d'environ ‘/,, du 
demi grand-axe, ce qui est une représentation exagérée de l’éclip- 
tique; l’excentricité de celle-ci n'étant que de 0,0168 de son demi 
grand-axe. Cette plus grande excentricité de mon ellipse a pour but 
de faciliter à l’aveugle la comparaison des aphélies et périhélies de la 
terre, comme aussi des distances respectives de la terre au soleil à 
l'époque des solstices. 

Une sphère en bois, d'environ 86” de diamètre, placée à l’un des 
foyers de l’ellipse , à l'aide de huit rayotis en fer, aboutissant à l'or- 
bite, représente le soleil. Ces rayons sont vissés dans la sphère et 
rivés sur l’ellipse. L’axe de celle-ci est figuré par un fil de laiton 
de 4°° d’épaisseur, passant par le centre de la sphère de bois. 

A l’endroit où les huit tiges ou rayons, partant du soleil, aboutis- 
sent à l'orbite, la terre est représentée huit fois par trois grands 
cercles : l'équateur, de 10 centimètres de diamètre; un méridien, et 
le cercle d'ombre. L’axe terrestre y est marqué par une tige pro- 
longée aux deux pôles, d'environ 15"”. Tous ces cercles , en fil de 
laiton, sont soudés entre eux et à l'orbite. L'épaisseur du fil, dont 
l'équateur, le méridien et l’axe sont formés, est de 3°”; celle du 
cercle d'ombre de 4°”, afin que l’aveugle puisse plus facilement le 
distinguer des autres cercles. De ces huit positions de la terre, deux 
correspondent aux solstices, deux aux équinoxes ; les quatre autres 
sont des positions intermédiaires. Dans ces huit figures, nombre qui 
est suffisant pour la démonstration, la déclinaison de l’écliptique, 
ainsi que le parallélisme de l'axe ont été strictement observés. Dans 
le but de ménager la délicatesse du tact de l'aveugle , le métal a été 
recouvert d’un vernis de cobalt. 

Tout cet ensemble repose sur un support de 14 centimètres de 
hauteur. Il consiste en une rondelle de 16 centimètres de diamètre, 
qui sert de pied, et en quatre montants, sur lesquels les rayons de 
lécliptique sont solidement fixés par des vis. 

L'appareil ainsi formé peut être placé sur une table quelconque; 
cependant, celle que le dessin représente a été spécialement disposée 
dans ce but. Elle pivote horizontalement sur sa colonne. Son dia- 
mètre est de 75 centimètres; 365 clous correspondent, près de la 
périphérie, aux 365 jours de l’année. Les noms des douze mois sont 
marqués en relief, en toutes lettres; les équinoxes et les solstices le 
sont par leurs initiales. Il aurait mieux valu faire usage, pour les 


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A L'USAGE DES AVEUGLES. 73 


dates, des types de Braille. Des lignes de démarcation, rayonnant 
autour du centre, divisent le cerele en douze parties, où les signes du 
zodiaque et leurs noms sont exprimés en caractères saillants. Un mon- 
tant, mdépendant de la table, fixé à la colonne qui le supporte, sert 
de point de repère ou d’indicateur pour la date. En tournant la table 
vers cet index d’un degré, chaque jour, elle sert d’almanach. L’index 
est muni d’une vis d'arrêt. 

Jetons maintenant un coup d'œil sur le planétaire et la table ré- 
unis. Au centre de celle-ci s'élève un axe en acier, sur lequel le plan 
de l’écliptique pivote, ayant ainsi un mouvement horizontal indépen- 
dant de celui de la table. Ces mouvements facilitent les démonstrations 
auxquelles l'appareil est destiné. Il importe cependant de pouvoir 
fixer l’ellipse sur la table , et c'est pour cela que l'arrêt à (fig. A) a 
été établi : une tige, cachée dans le plateau de la table, s’avance jus- 
que sous le pied du planétaire, où elle agit sur un doigt d'arrêt. Le 
mécanisme étant fermé, le système supérieur s’arrète, lorsqu'on le 
tourne, à un point donné, c’est-à-dire que la terre, au solstice d'hiver 
par exemple, coïncide sur la table avec les lettres SH, qui signifient 
solstice d'hiver. 

Avant de passer à l'application, je mentionnerai une série de pièces 
auxiliaires, que j'ai imaginées à l'usage des aveugles, et qui consti- 
tuent une partie caractéristique de ce planétaire. Quatre de ces pièces 
auxiliaires ont été dessinées deux fois (pl. D); une fois dans les quatre 
angles de la planche et une seconde fois superposées au pôle nord 
des figures qui représentent la terre. Leur nombre pourrait être aug- 
menté avec avantage. Je décris chacune de ces pièces à mesure que 
j'ai des problèmes à résoudre. 


PREMIER PROBLÈME : Démontrer à l'aveugle l'accroissement et le 
décroissement correspondants des jours et des nuits, pendant la ré- 
volution de la terre autour du soleil. La figure 3 est un segment 
de sphère creuse, en laiton, surmonté d’un gland, percé en partie 
du dedans au dehors; « b est une aiguille mobile ; l'échancrure au 
bord de ce segment correspond à la latitude de Lausanne. J'ai dit 
EE haut que, dans ce planétaire, on a prolongé l'axe terrestre aux 

eux pôles. Que l’aveugle applique maintenant, au solstice d'hiver 
ar exemple, le segment de sphère au pôle nord, de telle sorte que 
e prolongement de l'axe entre dans le gland. Puis, qu'il amène, avec 
la main gauche, l’échancrure au cercle d'ombre, en faisant coïncider 


- avec la droite l'aiguille mobile & b, à la partie opposée du même 


cercle. L’are, soit le bord du segment, tourné contre le soleil, com- 
pe entre l’échancrure et l'aiguille et plus petit que la demi-circon- 
érence, est l'arc que nous parcourons à Lausanne, pendunt le jour, 
au solstice d'hiver ; pendant la nuit, nous parcourons l’autre portion 
du cercle, plus grande que la demi-circonférence. Désignons le 
premier de ces arcs par a b, l’autre par a P’. 

En passant successivement d’une figure de l’orbite à l’autre, en 
Suivant l’ordre naturel, l’arc a b eroîtra, tandis que l'arc a D’ dimi- 


74 PLANÉTAIRE 


nuera jusqu’au solstice d'été. À partir de ce point, le phénomène 
inverse aura lieu. Dans la figure A5, le segment est superposé au 
pôle nord, à l’équinoxe d'automne. Si le bord du segment de sphère 
était divisé en heures, l'accroissement et le décroissement des jours 
et des nuits, dans les différentes saisons, pourrait être indiqué d’une 
manière précise. Au reste, la figure 3 est susceptible de modifica- 
tions importantes. 


SECOND PROBLÈME : Déterminer les régions polaires. Pour cette 
démonstration, j'ai fait confectionner un compas, dont l’une des 
pointes, après avoir été émoussée, a été percée d'un trou. L'aveugle 
appuie cette pointe sur l'axe saillant de la terre, au solstice d'hiver, 
et en écarte l’autre jusqu’au cercle d'ombre; la distance comprise 
entre les branches du compas, soit la distance du pôle au cerele 
d'ombre dans le plan du méridien , ici 24°”, est le rayon de la ré- 
gion polaire. Un segment de sphère représente également cette ré- 
gion. Îl a été dessiné comme superposé au pôle fig. A'. En appliquant 
ce segment sur la terre, au solstice d'hiver, pôle nord , il se trouve 
en entier dans l'ombre, sans en sortir par la rotation diurne de la 
terre. De là, nuit continuelle pour la zone polaire boréale, tandis que 
le cas inverse a lieu pour la zone polaire australe. En passant suc- 
cessivement du tropique du Cancer à celui du Capricorne, d'une 
position de la terre à l’autre, le bord du disque commence à franchir 
le cercle d'ombre et s'incline toujours davantage vers le soleil, jus- 
qu’à ce que, au solstice d'été, il se trouve entièrement et constamment 
éclairé par le soleil, ce qui a lieu, nonobstant la rotation diurne de 
la terre, phénomène inverse de celui que nous observons au solstice 
d'hiver et phénomène également inverse à celui qui a lieu à l'heure 
même au pôle austral. 


Troisième PROBLÈME : Démontrer que les rayons solaires s'appro- 
chent et s'écartent alternativement de la verticale du lieu, et que c'est 
de ce phénomène, et non de la distance de la terre au soleil, que les 
saisons dépendent. La figure 2 représente la latitude , l'horizon et la 
verticale de Lausanne. Cette calotte en laiton se superpose, comme 
les précédentes, aux pôles des différentes figures de l'orbite. Partons 
encore du solstice d'hiver. L’aveugle mesure approximativement, 
avec ses doigts, l’angle formé par la verticale avec le plan de l'éclip- 
tique. Or, cet angle diminue à mesure que nous avançons vers 
l’équinoxe du printemps, et il atteint son minimum au solstice d'été. 
En d’autres termes, c’est à l'entrée de la terre dans le signe du 
Capricorne que les rayons du soleil s’approchent le plus, pour nous, 
de la verticale. Cependant, la démonstration pourra se faire d'une 
manière plus précise à l’aide d’un instrument destiné à la fois à figurer 
la direction des rayons solaires, et à mesurer l'angle qu'ils forment 
avec la verticale, ainsi que la distance de la terre au soleil. L'a- 
veugle constatera, par cette même expérience , que nous sommes 

- plus rapprochés du soleil en hiver qu'en été; mais qu’en été les 


Planétaire à l'usage des Aveugles, 
par H-HIRZEL à Lausanne 


Lth Goyer, 1, Pas Tauphine Pari 


A L'USAGE DES AVEUGLES. 75 


rayons du soleil arrivent moins obliquement sur l'horizon qu'en hiver, 
ou qu'ils s’approchent davantage de la verticale. Je regrette de n’avoir 
pu donner le dessin de ce moyen d'explication; mais l'instrument 
_ n'était pas achevé au moment où le dessinateur exécutait son travail. 


QUATRIÈME PROBLÈME : Démontrer dans quelles circonstances se 
produisent les phénomènes qui se rattachent aux tropiques. La figure 4 
représente la zone polaire et le tropique avec la verticale ab d'un 
point quelconque de ce parallèle; kz est l'horizon de ce point. Su- 
perposons cette figure au pôle nord. A dater du 22 décembre, la 
verticale ab s'approche graduellement du plan de l’écliptique, jusqu'à 
ce que, au 21 juin elle se confonde avec lui (fig. A*.) Les rayons 
du soleil tombent alors, à midi, perpendiculairement sur l'horizon 
hz, phénomène qui n’a lieu pour aucun des parallèles au nord de 
celui-ci. A partir de cette position, la verticale ab s’écarte de nouveau 
du plan de l’écliptique, jusqu'à ce qu'elle ait atteint son maximum 
d'écartement au solstice d'hiver. En appliquant cette même figure au 
pôle sud, les circonstances se reproduisent d'une manière identique, 
mais dans l’ordre inverse, c’est-à-dire que la verticale se rapproche 
de l’écliptique à proportion de son éloignement sur l'hémisphère 
opposé. Je dois rappeler ici que la figure 4, par sa construction, offre 
l'avantage de représenter simultanément, lorsqu'elle est superposée 
aux pôles, les différentes zones de chacun des hémisphères, amsi que 
l'accroissement et le décroissement des jours et des nuits aux pôles. 

Le nombre des problèmes à résoudre au moyen des procédés que 
je viens de décrire, est sans doute limité ; il serait cependant facile 
d'en ajouter plusieurs à ceux qui précèdent. Comme je l'ai dit plus 
haut, l'invention de nouvelles pièces auxiliaires augmentera l’utilité 
de ce planétaire. 


Il. La lune et ses phases (PI. Il, fig. B). 


L'appareil représenté par le dessin B a été construit d’après un 
autre principe que le précédent : c'est un mécanisme qui en est la 
base. Une table ronde de 47 centimètres de diamètre pivote horizon- 
talement sur un pied ou sur une colonne. Le dessus de cette table a 
été creusé à deux centimètres de profondeur dans toute sa surface, 
jusqu'à un bord d'environ trois centimètres de largeur. Dans ce vide 
entre, à fleur du bord, une plaque tournante, qui a aussi été creusée, 
en dessous. Le problème mécanique à résoudre consistait en 
i: je me proposais de représenter la surface éclairée de la lune 
par une calotte en cuivre. Or, le bord de cette calotte devait se trou- 
ver constamment parallèle à lui-même dans toutes les positions du 
. satellite. Ce résultat a été obtenu par trois roues dentées, parfaite 
ment égales , établies de la manière suivante : elles sont logées dans 
le vide pratiqué entre les deux tables, afin de ne pas embarrasser la 
main de l’aveugle. Le dessin b représente ce mécanisme. Une de ces 
roues, f, à été fixée au centre de la table inférieure ; les deux autres, 


76 PLANÉTAIRE À L'USAGE DES AVEUGLES. 


r et v, mobiles, sont suspendues à la plaque tournante, r engrène 
dans les roues f et v; et l'axe de la dernière communique avec le 
mécanisme extérieur, que nous allons décrire. 

La lune est représentée par une sphère en bois (S) de 9 centi- 
mètres de diamètre, enchassée sur un tuyau qui, lui-même, a été 
solidement fixé sur la plaque tournante. Un cercle, m n, en laiton, 
soudé à ce tuyau , entre le pied et la sphère , marque pour l’obser- 
vateur les limites de vision sur la lune. On a ménagé entre la sphère 
et le cerele un espace de quatre millimètres, comme passage pour la 
calotte ce, qui circule ainsi librement entre la sphère S et le cerele 
m n. La calotte elle-même s'applique sur la sphère en bois, sans 
cependant la toucher ; elle est mise en relation avec la roue » par 
l'intermédiaire d’une tige d'acier, qui passe par l’axe creux de la 
boule de bois. L’extrémité inférieure de cette tige ou de cet axe est 
solidement fixée dans l’axe de la roue, et son extrémité supérieure 
entre dans un trou de pignon, pratiqué dans le cercle mn. Afin de 
prévenir une difficulté technique dans l'exécution, je dois dire que, 
pour la mettre à sa place, mon ouvrier a scié la sphère en deux par- 
ties, qu'il a ensuite réunies par des brides. Le cône que nous voyons 
au centre de l'appareil, figure l’observateur sur la terre. Les huit 
petits cercles au bord de la table sont les projections d'autant de 
phases de la lune, la partie éclairée étant rendue, pour l’aveugle, en 
relief. La projection de la nouvelle lune , afin de la distinguer de la 
pleine lune, est marquée par un ereux au centre. 

Mouvement du mécanisme. Supposons la sphère, soit la lune, 
placée entre le cône et le disque de la nouvelle lune en ligne droite 
avec ces deux points. Le cercle mn sera perpendiculaire à cette 
droite, et coïncidera avec le bord de la calotte, tandis que sa surface 
convexe sera tournée contre la projection de la nouvelle lune. 
La calotte recouvre donc l'hémisphère opposé au cône, et devient, 
par conséquent, invisible pour l'œil placé au sommet de ce cône. 
Or, comme la calotte représente la surface éclairée de la lune, nous 
sommes en nouvelle lune. Maintenant, que l’on imprime à la plaque 
tournante, par l'intermédiaire du bouton qui lui sert de manivelle, 
un mouvement circulaire de droite à gauche, le bord de la calotte € 
commence à devenir visible pour l’œil au sommet de la pyramide : 
la lune est croissante. C'est la position qui a été représentée par le 
dessin. La manivelle ayant été amenée vers le petit disque marqué 
d'un trou, la lune lui sera diamétralement opposée ; le bord de la 
calotte coincidera de nouveau avec le cercle mn; mais sa surface 
convexe sera tournée vers le cène, en d’autres termes , les limites 
de vision et le cercle d'ombre coincident, et l'observateur verra tout 
l'hémisphère éclairé : nous sommes en pleine lune. La calotte de 
cuivre mesurant un millimètre d'épaisseur, et le reste étant construit 
en proportion, le mécanisme offre assez de solidité pour l’aveugle. 
Il conduit avec la main gauche la manivelle, et avec la droite il suit 
le mouvement de translation de la lune, ainsi que celui de rotation 
de la calotte. 


| “mEregie 


DSMQREE TE 


MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 77 


Maintenant, j'ai dit les choses essentielles sur mes deux appareils. 
Mais une pensée engendre une autre pensée, et une invention en— 
endre une autre invention. Cependant, dans ce cas, vaut-il la peine 
e parler d'invention! — Lorsque dans une belle nuit, l’œil con- 
temple le sublime spectacle du firmament, on s’écrie involontaire 
ment, que sont toutes les tentatives pour imiter ce mécanisme 
céleste, et en particulier celles qui essayent de donner à l'aveugle-né 
une idée de cette voûte de cristal si magnifiquement illuminée. Mon 
regard humilié tombe alors sur le modeste planétaire... Néanmoins, 
tout imparfait qu'il est, il a son utilité, et il vaut réellement la peine 
de l’étudier et de le compléter en vue de l'enseignement élémentaire. 
Lausanne , le 26 avril 1856. H. Hirzez. 


mm —————— 


MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 


Par M' 5. Delaharpe. D’. 
(Séance du 7 mai 1856.) 


La matière colorante bleue des suppurations a déjà plus d'une 
fois exercé la sagacité des médecins et des chimistes. Jusqu'ici leurs 
recherches n’ont pas été fort heureuses et les résultats auxquels ils 
sont arrivés n'ont guères été que négatifs ; car on ne saurait en affaire 
d’expérimentation accorder quelque importance à de simples pré- 
somptions. Un jour peut-être, lorsque les faits seront plus nombreux 
et mieux étudiés, nous arriverons à la solution cherchée, en attendant 
continuons à noter et à observer. 

Les suppurations bleues s’observent assez fréquemment à l'hôpital 
de Lausanne dans le service de chirurgie. Jusqu'ici , il n’a pas été 

ossible de constater des rapports évidents entre la nature du pus, 
‘espèce des plaies, le mode de pansement et l'apparition de la cou- 
leur bleue. Les faits observés dans cet établissement se résument 
aux suivants : 

1° La coloration bleue apparait ordinairement à la même époque, 
chez plusieurs blessés simultanément. Il n’a pas été possible de trou- 
ver dans aucune des influences auxquelles une salle de malades 
ee être exposée l’explication probable de son apparition. Le nombre 

es blessés n'étant jamais considérable à l'hôpital de Lausanne , les 
observations de ce genre ont été faites sur une échelle trop restreinte 
pour être concluantes. 
2° Les pansements qui se teignent en bleu sont presque exclusi- 


. vement ceux que l’on désigne par pansements plats : charpie enduite 


de cérat et recouverte de compresses sèches. Les pansements avec 
cataplasmes n’en offrent pas. 
3° L'époque où la couleur bleue apparait de préférence est celle 
où les plaies approchent de leur guérison et où la suppuration, tou- 
jours de bonne nature, a sensiblement diminué. 

2 


78 MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 


4° Les plaies larges résultant d’amputations sont celles qui four- 
nissent le plus souvent la matière bleue. 

5° Cette matière teint plus ou moins toutes les pièces de l’appa- 
reil; elle parait cependant plus intense autour de la charpie et des 
compresses qui la touchent, ainsi que sur la périphérie des plumas- 
seaux. 

6° L'apparition ou la disparition de la coloration bleue ne coin- 
cide pas avec un changement quelconque favorable ou défavorable 
dans la marche de la plaie ou la santé du blessé. 

À ces observations, qui n’apprennent rien de nouveau, je suis en 
mesure d’en ajouter quelques-unes qui, autant que je le sais, n’ont 
été faites nulle part encore. Jusqu'ici on avait eru que la couleur 
bleue dépendait d’une matière colorante inhérente au pus”; les 
faits que j'ai observés dans mon service à l'hôpital de Lausanne, 
portent sur des éruptions cutanées qui, pour la plupart, ne suppu- 
raient pas. 

Depuis un certain temps, je traite un bon nombre de dartres 
(psoriasis, eezema, impetigo, mentagra, etc.) par des applications 
d’eau froide. Les malades qui sont soumis à ce traitement couvrent 
jour et nuit les places dartreuses de compresses de toile trempées 
dans l’eau de fontaine. Ces compresses, chez plusieurs d’entre eux, 
se teignent dans un moment donné, plus ou moins long ou court, 
en bleu verdâtre fort semblable pour la teinte, à la coloration pro- 
duite par l’indigo. En faisant usage de la même compresse et de la 
même eau pendant un certain temps, une nuit par exemple, on ob- 
tient une eau fortement colorée en bleu, quoique limpide. La com- 
presse décharge dans l’eau, chaque fois qu'on l'humecte, la matière 
colorante dont elle se charge durant son séjour sur la plaque dar- 
treuse. Pendant qu’elles stationnent sur le membre ces compresses 
sont ordinairement enveloppées par une toile imperméable destinée 
à préserver le lit d'humidité. Cette circonstance n’a pas d'influence 
sur la production de la matière bleue , car celle-ci s'étend fort sou- 
vent en dehors de la toile et se dépose jusque sur les draps du lit. 

Les dartres qui fournissent de l’eau bleue ne le font ni constam- 
ment, ni à une époque que l’on puisse prévoir. Généralement elle 
se recueille lorsque la dartre approche de sa guérison et qu'elle 
n’est plus constituée que par des taches rouges sans ulcération de la 
peau et sans suintement visible de matière séreuse. J'en vis un 
exemple frappant sur un homme atteint d’eczema impetiginodes aux 
deux mains, et chez lequel l’une des mains, prise plus tôt et moins 
fortement que l’autre, colora les compresses mouillées au moment où 
elle était presque guérie. La main gauche encore couverte de petites 
ulcérations en suppuration, ne colorait pas les linges ; la droite qui 
n’offrait plus que des gerçures superficielles et rouges, les teignit en 


1 MM. Robin et Verdeil, qui ont résumé dans leur traité de chimie ana- 
tomique (t. LIN, p. 492) ce que l’on savait en France sur le sujet qui m'oc- 
cupe, intitulent le chapitre qui en traite : Matière colorante des SUPPURA- 
TIONS BLEUES. 


* 


MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 79 


bleu vif. Cette main, exposée à l'air, se recouvrit de larges squam- 
mes minces qui se fendillaient et entre lesquelles suintaient un peu 
de sérosité gluante. 

Je l'ai vue se former une seule fois dans un cas d’eczema très- 
emflammé et qui fournissait en assez grande abondance une exsu- 
dation caséuse formée de détritus épidermiques mêélés de sérosité. 
Dans tous les autres cas la surface malade, abandonnée à elle-même, 
ne fournissait point de sérosité, mais seulement des squammes minces. 
Un impetigo près de se guérir donna de l’eau bleue pendant un 
instant. Les eczema chroniques sont de toutes les éruptions dar- 
treuses celles qui en fournissent le plus fréquemment et durant un 
temps plus long. Je n’en ai jamais observé dans le traitement par 
l’eau fraiche des mentagres et de la teigne, quoique je termine d’or- 
dinaire la eure de ces affections par ce moyen. 

Je n'ai pas fait assez d'observations pour pouvoir déterminer la 
part que l’âge, le tempéramment, la constitution, etc., ont sur la 
production de l’eau bleue; la plupart des dartreux traités étaient des 
vieillards.  - 

Je n'ai point observé de relations entre la marche de la maladie, 
sa gravité ou sa nature présumée et l'apparition de la couleur bleue ; 
Il en a été de même de l'alimentation , de la saison, des autres mé- 
dications employées eoncurramment. 

Examinant l'eau bleue ainsi obtenue à diverses reprises, j'ai 
trouvé : 

1° Qu'elle renferme un grand nombre de flocons et de linéaments 
détachés du linge, mais qui ne paraissent avoir aucune influence sur 
la production du phénomène ; car le filtre en les séparant laisse passer 
l'eau limpide et tout aussi colorée qu'auparavant. 

2° Cette eau, lors même qu'elle a séjourné plusieurs semaines 
dans une éprouvette à l'air libre, ne renferme ni globules, ni gra- 
nules, ni infusoires, pas même des monades. M' le prof” Lebert 
m'assure n'y avoir rien trouvé non plus sous le microscope. 

3°. Une goutte d'acide quelconque fait passer la couleur bleue au 
rose vif; la coloration bleue reparait aussi intense en neutralisant 
l'acide par un alcali. Un excès d’alcali donne une coloration verte 
comme dans les couleurs bleues végétales. 

4° Le fait le plus singulier m'a été offert par une eau fortement 
bleue, que je conservais dans une éprouvette. Après être restée en 
repos durant 24 beures, je la trouvai incolore ou du moins à peine 
troublée par un nuage jaunâtre, terne. À sa surface seule se voyait 
une mince couche bleue. Si l'on imprimait une légère secousse au 
vase la couche bleue se déplacait et se mélait avec le reste du liquide 
sans le colorer sensiblement. Mais dès que l’on secouait fortement 
le vase de manière à mettre partout le liquide en contact avec l'air, 
la coloration bleue reparaissait en quelques secondes et reprenait sa 

remière intensité. J'ai répété cette observation tous les matins sur 
a même eau, 15 jours durant, le lendemain la couleur bleue avait 
disparu. Cependant au bout de 3 semaines la couleur bleue s'était 


80 MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 


sensiblement affaiblie. J'ajoutai alors une goutte d'acide, le liquide 
devint rose et il conserva cette couleur avec la même intensité pendant 
3 semaines, quoique exposé à la lumière diffuse. Au bout de quelques 
jours il était devenu parfaitement limpide et avait donné un léger 
précipité brun-rouge. 

J'ai remis à M° Bischoff, professeur de chimie, une bouteille d’eau 
bleue en le priant de déterminer, si possible, la nature de la matière 
colorante. Cet habile chimiste a bien voulu donner un soin tout par- 
ticulier à cette recherche. Je donnerai ci-après les résultats auxquels 
ses recherches l'ont conduit. 

Tandis que je faisais recueillir de l’eau bleue sur une vieille 
femme atteinte d'eczema chronique très-intense, on m'avertit, un 
matin, que l’urine de la vieille femme se trouvait aussi colorée en 
bleu. Je crus au premier abord que c’était une supercherie et que 
l’on avait versé dans le vase de nuit de l’eau provenant des pan- 
sements. Je pesai d’abord le liquide à l'areomètre, il avait une pe- 
santeur spécifique de 1,014 comme l'offrent souvent les urines nor- 
males. En versant sur une petite quantité d'urine un peu d'acide 
azotique rutilant, il y eut une forte effervescence, comme dans l'urine 
normale, par suite de la décomposition de l’urée. En y ajoutant un 
peu d’acide azotique dépouillé d'acide hypo-azotique, le liquide prit 
une teinte orangée très-prononcée (mélange du jaune de l'urine et 
du rose de la matière colorante). C'était donc bien de l'urine que 
j'avais sous les yeux. Je comptais faire dès le lendemain de nouvelles 
recherches, et j'avais recommandé de recueillir toute l'urine bleue 
émise; mais elle ne reparut plus. L'eau ne tarda pas non plus à 
cesser de se colorer en bleu, quoique la maladie fût alors station- 
naire. 

Dans son isolement ce fait n’a guère de valeur. J'ai cependant cru 
devoir le citer pour le eas où il se reproduirait ailleurs. Je ne pense 
pas du reste qu'il faille le rapprocher des cas de cyanourie observés 
par M° Castara”. 

La matière colorante recueillie sur les compresses mouillées dont 
on se sert pour fomenter les dartreux n’est done pas inhérente au 
pus ou au sérum du sang comme on l’a eru jusqu'ici. Les faits que 
Je viens de citer feraient plutôt admettre qu’elle résulte d’une éma- 
nation gazeuse ou autre, qui colore soit à la manière de l’ozone, soit 
d’une autre façon, les tissus mouillés voisins de la peau malade. De 
quelle nature peut être cette émanation? Je l'ignore. Je ne connais 
aucune réaction chimique qui produise de semblables phénomènes. 
Elle se fixe d’ailleurs très-peu au linge, puisque l’eau dans laquelle 
on lave les compresses leur enlève presque entièrement leur couleur 
bleue. La nécessité de l’action de l'oxigène pour l'obtenir me parait 
hors de doute d'après ee que j'ai rapporté de sa décoloration spon- 
tanée par le repos. L'influence de la lumière m'a paru nulle. 


1 Robin et Verdeil. Traité de chimie anatomique, etc. , 3° vol. , p. 492. 
— Braconnot. Ann. de physique et de chimie. 1825. T. XXVII, p. 252. 


ls © # 


MATIÈRE BLEUE DES PANSEMENTS. 81 


M' le professeur Bischoff a bien voulu soumettre l’eau bleue à un 
examen chimique; voici le résumé de ses recherches sur ce point : 

« Le liquide est bleu-azuré ; il devient rouge par les acides, bleu 
de rechef par les alealis, absolument comme le tournesol. La ma- 
tière colorante n’en est point précipitée par les sels d'alumine , de 
plomb ou d’étain. J'ai essayé de l’isoler par l'évaporation du liquide 
et l’extraction du résidu par l'alcool. Après l’évaporation de l'alcool 
il reste une matière brunâtre dont une partie se dissout dans l’eau 
en lui donnant une couleur bleue. Le résidu est soluble dans l'alcool 
et le colore en brun. 

» Si l’on évapore la solution aqueuse bleue elle donne de nouveau 
une matière brune soluble dans l'alcool et une matière bleue soluble 
dans l’eau. Il y a donc décomposition de la substance colorante sous 
l'influence probable de l'air. 

» Il existait toujours un peu de chaux dans cette substance; je 
lai éliminée par l’acide oxalique et l’'ammoniaque; mais la matière 
bleue conservait ses propriétés. Le résidu de la dernière évaporation 
abandonné quelques heures à lui-même ne donnait plus de solution 
aqueuse bleue 

» J'ai borné là mes recherches, rendues d’ailleurs difficiles par la 
diminution de quantité de la matière colorante. Il n'y a donc rien 
encore de certain sur la nature de cette substance. Elle ressemble 
en quelques points à la couleur du tournesol et est azotée. Elle 
mérite sans contredit d’être examinée de rechef dans l’occasion. Le 
fait le plus curieux est celui de l’action de l'air qu'à constatée M le 
docteur Delaharpe. » 


82 


CATALOGUE DES TORDEUSES. 


CATALOGUE DES TORTRICIDES SUISSES, RÉDIGÉ D'APRÈS L'ORDRE ADOPTÉ 


© D 1 On Or CO RO 


97. Ameriana, Lin. a. 
28. Piceana, Lin. a. 
29. Xylosteana, Lin. 


PAR HER. SCHÆFFER DANS SON SYSTEMA LEPIDOPTERORUM EUROPÆ. 


Par M' 3. Delaharpe, doct.-méd. 


(Séance du 7 mai 1856.) 


EL Teras, Treit. 


. Cristana, W. V. a. 
. Abildgaardana, Fab. 

. Nyctemarana, Hub. a. 
. Tristana?, Hub. 

. Erutana , Hub. sup. 
. Favillaceana, Hub. 

. Schalleriana, Lin. 

. Comparana, Hub. 

. Ferrugana, W. V. 

. Adspersana, Hub. 

. Lythargyrana, Pod. 
. Queremana, Man. 

. Boscana, Fab. 

. Mixtana, Hub. 

. Umbrana, Hub. 

. Maccana, Treit. 

. Scabrana, W. V. 

. Abietana, Hub. 

. Treveriana , Hub. 

. Nebulana, Hub. 

. Litterana, Lin. 

. Asperana, W. V. 

. Contaminana, Hub. 
. Caudana, Fab. 

. Var. emargana, Fab. 
. Effractana, Hub. 


II. G. LozoreniA, Curt. 


(Tortrix. Treit.) 


. Cratægana, Hub. 
. Lævigana, W. V. me 


+ FRERES 
SAS S SENS LT AN A NÉE RUNS LA 


SPBe 


PEN RS 


SÉOIOSLO 
HD CO À 


32. Dumetana, Treit. a. 


33. Gerningana, W. V. 
34. Consimilana, Treit. 
35. Diversana, Hub. 

36. Pilleriana, W. V. 

37. Grotiana, Fab. 

38. Ochreana, Hub. 

39. Steineriana, Mus. Sch. 
40. Dohrniana, Man. 

&A. Gnomana, Lin. 

42. Costana, Fab. 

43. Adjunctana, Treit. 
k4. Obliterana, v. Heyd. 
45. Sorbiana, Hub. 

46. Cerasana, Hub. 

47. Cinnamomeana, Treit. 
48. Heparana, Degeer. 
49. Ribeana, Hub. 

50. Corylana, Fab. 


SL. Histrionana, Hub. a. 
t 


52. Nubilana, Hub. 
53. Musculana, Hub. 


54. Oxyacanthana, Man. f. 


II. G. ArcyrorTosa, Stph. 
(Tortrix. Treit.) 


55. Holmiana, Lin. a. 


56. Hoffmanseggana, Hub. 
57. Loefflingiana, Lin. 
58. Bergmanniana, Lin. 


59. Forskaleana, Lin. a. 


60. Rolandriana, Lin. 


61. Bifaseiana, Hub. beytr. t. 


IV. G. Prycozoma, Wood. 
62. Leacheana, Lin. &. 


Fe 


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SUSS S S, © 
PER An A 


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CATALOGUE DES TORDEUSES. 


V. G. Torrrix, Wood. 9%. Carduana, Lell. 
63. Viridana, Lin. t. 95. Pallidana, Treit. a. 


6%. Palleana, Mazz. t. Pi RP EU 


è 97. Cruentana, Frhl. 
65. Intermediana, Man. 1. c ; Ë 
66. Rusticana, Treit. 98. Dubitana, Hub. y 


: . Ambiguana , Frhl. 
67. Viburnana, W. V. An 
68. Lusana, v. Heyd. À 100. Gratiosana , Lah. L 


69. Scrophulariana, Hub. S. £. 20e ROC PEnE é 


VI. G. Lornoenus , Stph. XIT. G. Caermoxopæizza, Dup. 
102. Gelatana, Hub. a. r. 


MBPS LE 


ARRETE 
Le] 
© 


70. Ministrana, Lin. c. 


VII. G. Xanruoseria, Stph. XIII. G. Parneocroa, v. Heyd. 


71. Hamana, W. V. N 103. Rugosana, Hub. f- 
72. Zoegana, Lin. TT XIV. G. Sciarmcza, Treit. 

VIII. G. EucerA, Hub. verz. | 104. Rigana, Treit. t. 

: 105. Stramentana, Guén. t.r. 

73. Mediana, Fab. F7. 1106 Hybridana, Treit. per cé 

107. Bellana, Curt. DE 

DSS1 6 ABLanta Sph. #21 | 106" Denrianat Hub: 1 œUe. 

74. Gouana, Lin. a. c. | 109. Candidana , Lah. Tr. 

75. Pratana, Hub. c. | 110. Incertana, Treit. (BTE 


111. Chrysanthemana , Ga. r. 
X. G. Eupœcira, Wood. 112. Wahlbomiana, Lin. (com- 


1; MR PC À 
76. Alpicolana, Hub. a. r. AE HS) à 
4 113. Minorana , Man. (At 
XI. G. Cocnvuis, Treit. 11%. Virgaureana, Treit. a. r. 
: 115. Pasivana, Hub. à 

77. Decimana, W. V. ; ; d 
18. Tesserana, W. V. 116. Derivana, Lah. t.T 


XV. G. Poscizocaroma, Wood. 


117. Parmatana, Hub. €. 
118. Melaleucana, Dup.  t.r. 


- 79. Rutilana, Hub. a. 
D 560. Valdensiana, H. Schf. £. 
81. Zephyrana, ‘Treit. a. 
82. Perfusana, Fisch. v. R. 
83. Baumanniana, Fab. 

84. Lutullentana, H. Schf. £. 
85. Smeathmanniana, Fab. 
86. Rubigana, Treit. 

87. Jucundana, Treit. t. 
88. Rubellana, Mus. Schif. 
89. Dipsaceana, Fisch. v.R. 
90. Humidana, Fisch. v.R. t. 
91. Mussehliana, Treit. a. 
92. Phaleratana, Fisch. v.R. 
93. Posterana, Hoffmsg. à. 


XVI. G. Eucaromia, Stph. 


119. Rosetana, Hub. 

120. Arenana, Lab. 

121. Maurana Hub. t. 
122. Tussilaginana, Kubl. a. 
123. Terreana, Treit. 

12%. Centrana, Hub. sup. f. 


9333: 


DRNRRRTRRTIPITRS EEE 


84 


126. 
127. 
128. 
129. 
130. 
131. 
132. 


133. 
134. 
135. 
136. 
137. 
138. 
439. 
140. 
141. 
142. 
143. 
144. 
145. 
146. 
147. 
148. 
149. 
. 150. 

151. 
152. 
- 153. 
154. 
155. 
156. 
157. 
158. 
159. 
160. 


161. 


162. 


CATALOGUE DES TORDEUSES. 


Hastiana, Hub. 


XVII. RmiacionrA, Stph. 
125. 


XVII. Diruza, Wood. 


Ophthalmicana , Hub. 
Corticana, W. V. 
Profundana, W. V. 
Oppressana, Khlw. 
Achatana, W. V. 
Pinicolana, Zell. 


a. 


Ratzeburgiana, Saxes. 
XIX. Sericornis , Treit. 


Trifoliana , H.S. 
Striana, W. V. 
Zinkennana, Treit. 
Sudatana, Hub. sup. 
Rejectana, Lah. 
Siderana, Treit. 
Textana, Hub. 
Pictana, Lah. 
Schæfferana , Man. 
Spuriana, v. Heyd. 
Micana, Treit. 
Metallicana, Hub. 
Conchana, Hub. 
Giganteana, Hub. sup. 
Cæspitana, Hub. 
Olivana, Treit. 
Palustrana, Lien. 
Umbrosana, Zell. 
Lacunana, W. V. 
Rurestrana, F. v. R. 
Urticana, Hub. 
Venustana, Hub. 
Lucana, Guén. 
Bipunctana, Treit. 
Irriguana, Zell. 
Mendosana, Lab. 
Trifasciana, Zell. 


+ 
. 


8 


Charpentierana, Treit. 
XX. NorocæLiA, Stph. 


Udmanniana, Lin. 
XXI. Coccyx, Treit. 
Comitana, W. V. 


L. 


æ + © 
ee Mo ut 


163. Proximana, Metzn. 
16%. Nigricana, Man. 
165. Nana, Treit. 

166. Clausthaliana, Ratzb. 
167. Resinana, Hub. 
168. Fuligana, Hub. 

169. Arbutana, Hub. 
170. Senecionana, Hub. 
171. Buoliana, W. V. 
172. Turionana, Hub. 
173. Pudendana, F. v. R. 
17%. Duplana, Hub. 

175. Squalidana, F. v. R. 
176. Metalliferana, F. v.R. 
177. Ulmana, Hub. 

178. Schreibersiana, Hub. 
179. Andereggiana, Guén. 
180. Fischerana, Treit. 


XXIT. Pentana, Treit. 


181. Salicana, Lin. 

182. Imundana, W. V. 
183. Acutana, Treit. 
184. Hartmanniana, Lin. 
185. Picana, Frôhl. 

186. Capræana ; Hub. 
187. Leucomelana, Guén. 
188. Ochroleucana, Hub. 
189. Variegana, Hub. 
190. Pruniana, Hub. t 
191. Sauciana, Hub. a. 
192. Gentianana, Frühl. a. 
193. Sellana, Hub. a 
19%. Dealbana, Frhl. 

195. Aceriana, Man. a. 
196. Suffusana, Kuhlw. 

197. Incarnatana, Hub.  t. 
198. Roborana, W. V. 
199. Tripunctana W. V. 
200. Ocellana, W. V. 
201. Simplana, Fisch. v.R. 
202. Servillana, Dup. 


XXI. G. Pænisca, Treit. 


203. Similana, W. V. a. 
204. Confusana, Fseh. v.R. 6. 
205. Scutulana, W. V. 

206. Dissimilana, Treit. a. 


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CATALOGUE DES TORDEUSES. 


243. Tenebrosana, E.v.R. 
244. Nebritana, Treit. 


£ 


207. Demarniana, Mess. 
208. Delitana, Fiseh. v.R. t. 
209. Couleruana, Dup. a. 245. Gemmiferana, Treit. 
210. Monachana, F. v.R. t. 246. Funebrana, Treit. 
211? Graphana, Treit. 247, Acuminatana, Schl. 
212. Poecilana, Guén. r. | 248. Alpestrana, F. v. R. 
213. Cirsiana, Zell. a. r. | 249. Plumbagana, Treit. 
214. Brunnichiana, Lin.  #. c. | 250. Caligmosana, Treit. 
215. Luctuosana, Dup. tr. | 251. Argyrana, Hub. 

252. Kochiana, Hub. sup. 

XXIV. G. APHeLtA, Stph. 253. Incisana, Fisch. v.R. 
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216. Lanceolana, Hub. c. ae Woeberiana, W. V. 

255. Composana, Fab. a. 
256. Corollana, Hub. 


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8 


XXV. G. Semasia, Stph. 287. Loderana, Koll. . 
217. Infidana, Hub. t.r. | 258. Fissana, Frühl. &. 
218. Absynthiana, Hub. t.r. | 259. Dorsana, Hub. t 
219. Citrana, Hub. a. r. | 260. Coniferana, Saxes. t 
220. Wimmerana, Treit. r. | 261. Coronillana, Zell. 

221. Coecimaculana, Hub. a. r. | 262. Orobana, Treit. 
222. Conterminana, F.v.R. t.r. | 263. Jungiana, Lin. a. 
223. Aspidicana, Hub. a. c. | 264. Interruptana, Khlw. a. 
224. Hohenwartiana, W. V. a. r. | 265. Spiniana, Fisch. v.R. 
225. Jaceana, Zell. r. | 266. Ephippana, Hub. 
226. Aemulana, Schläg. r. | 267. Trauniana, W. V. 
227. Hypericana, Hub. c. | 268. Petiverana, Lin. 

269. Alpinana, Treit. a. 

XXVI. Roxaxa, Wood. 270. Augustana, Hub. a. 

: 71. Mercuriana, Frühl. 

| ren, Lin, fa ôTe Loxiana, Fisch. v.R. £. 

z : 273. Strobilana, Lin. 

À XXVII. Carpocarsa, Treit. TL Patebni Eole UE 
229. Pomonana, Lin. t. c. | 275. Cosmophorana, Treit. £. 
230. Fagiglandana, v.Heyd. r. | 276. Scopariana, Hub. sup. 
231. Splendana, Hub. r: 

232. Succedana, Frôhl. à. c. |  XXIX. G. Sxnemis, Hub. 


XXVIIL. Grarmourra, Treit. | 277. Vacciniana, Tisch.  t. 
278. Ericetana, Zell. t. 


3932 


233. Daldorfiana, Fab. a. c. | 979. it. 

234. Fulvifrontana, Zell.  r. Fi <q es + 

D Goes, Fisch. v. R. t. r. t 

. Plumbatana , Zell. br, ù 

237. Blepharana, Khlw.  #. c. XXX. SrecanorrrcHA, Steph. 

238. Bugnionana, F.v.R. 7. | 281. Freyeriana, F. v.R. £.r. 

239. Chavanneana, Lah. t.r. | 282. Campoliliana, Treït. a. c. 
240. Gruneriana, Man.  t.r. | 283. Immundana, F.v.R. 7. 
. 241: Microgrammana, Gué. t. r. | 284. Ramana, Lin. a. r. 

242. Ustulana, Hub. t. r. | 285. Siliceana, Hub. a. €. 


86 SUR UNE TENTHRÈDE NUISIBLE AU COLZA. 


286. Nævana, Hub. c. | 297. Lyellana, Wood. tr. 
287. Abiegnana, Fisch. v.R. r. | 298. Myrtillana, Treit. v: 
288. Pygmæana, Hub. r. | 299, Comptana, Frübl.  t.r. 
289. Frutetana, Hub. €. | 300. Incomptana, Lah. r. 
290. Rubiginosana, F.v.R. £. r. | 301. Unguicana, Fab. Fe 
291. Penkleriana, W. V. c. | 302. Uncana, W. V. r. 
292. Minutana, Hub. a. r. | 303. Fluctigerana, F. v. R. t£. r. 
293. Lythoxylana, Frôhl. a. r. | 304. Cuspidana, Treit. r. 
305. Harpana, Hub. rs 
XXXI. Paoxopreryx, Treit. | 306. Siculana, Hub. a. Tr. 
as ur de . “A XXXII. CHeimaToPHiLLA, Stph. 
296. Badiana, W. V. c. | 307. Hyemana , Hub. 6 


RE CR 


NOTE SUR UNE TENTHRÈDE NUISIBLE AU COLZA (BRASSICA NAPUS, L.). 
Par M° A. Forel. 
(Séance du 24 mai 1856.) 


L'espèce que, depuis la désastreuse invasion de l'automne 1853, 
j'ai constamment revue dans les champs de Morges et des districts 
voisins, est l’Athalia centifoliæ (Lepeletier de St-Fargeau), Ten- 
thredo centifoliæ (Panzer), dont la description peut se résumer ainsi : 
« Antennæ caputque nigræ, thorax flavus, dorsi lateribus utrmque 
triangularibus nigris, abdomen luteum , segmento primo basi nigro, 
pedes lutei, tibiis tarsarumque artieulis apice nigris, alæ hyalinæ , 
nervuris nigris (Lepeletier de St-F., Monographia tenthredinetarum, 
P- 24). » 

Cette espèce a été souvent confondue avec d’autres Tenthrèdes 
jaunes, dont elle se distingue facilement par les taches triangulaires 
ou plus exactement en lozange, de son corselet. Geoffroy prenait 
cette mouche à scie pour la femelle de l'Hylotome du rosier, mais 
indépendamment de la constitution des antennes, très-différentes 
quant au nombre et à la forme des articles", les deux sexes sont 
identiques dans notre espèce; l’accouplement, en outre, ne laisse 
aucun. doute sur cette identité. 

La larve est nue et comme on sait d’un vert noirâtre, plus clair, 
presque blanchâtre dans le premier âge et devenant de plus en plus 
foncé à mesure que l’insecte grossit. Elle a 22 pattes, 6 écailleuses, 
noires et acérées, et 16 pattes membraneuses d’un vert grisâtre clair. 
Le dessous du corps, ainsi qu'un signe sur les côtés, est de cette 


1 Leach ne compte que dix articles aux antennes ; en considérant comme 
un article, suivant Lepelctier, le petit bouton de la base qui supporte 
l'antenne, il y en a effectivement onze, dont le quatrième est le plus long. 


SUR UNE TENTHRÈDE NUISIBLE AU COLZA. 87 


dernière teinte. La tête est noire, pourvue de deux yeux simples et 
de deux petites antennes coniques, ce qui, indépendamment du nom- 
bre des pattes, distingue les larves des Tenthrédines de celles des 
Lépidoptères. Elles changent plusieurs fois de peau (quatre fois ordi- 
nairement) et s’enroulent en spirale , surtout quand on les inquiète. 

La nymphe, d'abord d’un vert assez clair, passe au vert brun 
jaunâtre; elle est lisse, les yeux et les antennes sont noirs, appa- 
rents, ainsi que les pattes. 

En 1853, la larve qui dans une localité avait déjà paru vers la 
fin de juillet, n’a cependant envahi les colzas en nombre formidable 
que dans le courant du mois d’août. A cette époque, la multitude et 
la voracité de ces insectes ont été telles que la plupart de nos jeunes 
semis, successivement et complètement dévorés en quelques jours, 
ont dû être labourés de nouveau et ensemencés en blé. Vers la fin 
du même mois et dans la première quinzaine de septembre, ces 
larves sont entrées dans le sol. Elles s’y sont immédiatement ren 
fermées dans une loge ovale, que chaque larve construit pour elle 
et dont elle enduit les parois d’une substance glutineuse, mêlée exté- 
r'eurement de terre et de petits graviers. Celles que j'ai tenues cap- 
tives en très-grand nombre, ont vécu dans ces coques, parfaitement 
vigoureuses, quoique sans nourriture, jusque dans les premiers jours 
de mai 1854. A ce moment la larve a passé à l’état de nymphe et 
l'insecte parfait a brisé son enveloppe et pris son vol dans les pre- 
mières semaines de juin. L'existence de l'insecte à l’état de larve et 
de nymphe a donc été dans la saison froide de neuf mois environ. 

D'autres larves recueillies vers la mi-octobre 185%, non plus cette 
fois sur les colzas déjà forts, mais sur les jeunes plantes d'une autre 
crucifère, la moutarde des champs (Sinapis arvensis, L.), si commune 
dans nos campagnes , ces larves, dis-je, plus tardives de deux mois, 
n’ont cependant pas prolongé leur carrière dans leur logement d'hi- 
ver, au-delà du terme des précédentes. Toutes ont subi leur der- 
nière transformation à la fin de mai et dans les premiers jours de 
juin 1855. Ces larves et leurs nymphes ont done vécu en hiver deux 
mois de moins que celles de l’année précédente. 

La vie de l’insecte parfait (en captivité du moins et il ne m’a pas 
paru qu'il en soit autrement pour les individus libres) est de quinze 
jours à trois semaines. L’accouplement a lieu au bout de quelques 
jours, plus ou moins; les deux sexes placés sur le même plan et les 
têtes opposées. L'union dure peu, quelques minutes seulement , au 
bout desquelles la femelle, comme impatiente de se débarrasser du 
mâle, le repousse vivement avec ses pattes postérieures. L'existence 
de l’un et de l’autre sexe ne se prolonge guère au-delà des deux 
actes nécessaires à la reproduction, l'accouplement et la ponte; 
vers la fin de juin toutes mes prisonnières ont successivement péri. 

Maintenant, quelle est dans la belle saison la durée de chacun des 
états par lesquels passe cette Tenthrède? Quoique par une de ces 


! La larve attaque aussi les choux. (Réd.) 


88 SUR UNE TENTHRÈDE NUISIBLE AU COLZA. 


mauvaises chances trop fréquentes dans l'éducation de cette classe 
d'insectes, je n'aie pas eu l’occasion d'observer le moment précis de 
la ponte, j'ai pu toutefois le connaitre approximativement. L'année 
dernière et celle-ci encore, à en juger par la durée de la vie de ces 
mouches après l’accouplement, la plupart de mes femelles captives 
ont déposé leurs œufs! sur les plantes de colza dans la dernière 
semaine de jum. Les jeunes larves ayant paru vers les huit ou dix 
premiers jours de juillet, on peut en inférer que la durée de ces 
œufs est environ de dix ou douze jours. En confirmation de ce fait, 
on voyait dans les champs, vers la fin de juin, une multitude de 
femelles se poser sur des crucifères, puis les larves naissantes cou- 
vrir ces mêmes plantes au début de juillet. A la fin du même mois 
et au commencement du suivant, l’insecte parfait reparaissant sur 
les colzas, on peut je pense en conclure qu’en été la durée de la vie 
de l’insecte depuis l'œuf jusqu'à la transformation de la nymphe est 
en général de cinq à six semaines. Enfin, dans les automnes sèches 
et chaudes, comme celle de 1854, une troisième génération peut se 
montrer et venir à bien; les larves du mois d'octobre mentionnées 
plus haut provenaient évidemment d’une troisième ponte ?. J'ajoute 
toutefois que, si ces observations ont une valeur réelle quant aux 
apparitions de l’insecte en général, il n’en résulte pas qu’elles s’ap- 
pliquent à tous les individus de chaque génération successive. On 
rencontre, en effet, dans le courant de l'été et jusqu'à la fin de l’au- 
tomne, des Tenthrèdes en plus ou moins grand nombre, provenant 
de larves plus précoces ou plus tardives que les autres. 

Comment combattre les ravages de cette larve ? Aucun des moyens 
venus à notre connaissance ne nous a réussi. L'eau des étables ou 
l'eau saturée de savon répandue sur les jeunes colzas n’atteignait 
guère que les larves placées sur la surface supérieure des feuilles, 
sans les tuer pour la plupart. La multitude des autres abritées sous 
le feuillage, échappait à ces aspersions. Même remarque et même 
résultat quant à l'emploi du gyps et de la chaux en poudre; l'effet 
de la chaux est d’ailleurs affaibli ou même annulé par la pluie ou la 
rosée. Quelques personnes ont réussi, dit-on, à préserver leurs semis 
en les couvrant d'une couche de balles d'orge, dont les barbes piquan- 
tes éloignent les larves. Je n’ai pas fait l'expérience de ce procédé 
difficile ou même impossible à pratiquer en grand et qui n’est qu'un 
palliatif, puisqu'il ne détruit pas l’insecte. 

En Angleterre, dit-on encore, on a lâché des troupes de canetons 
dans les champs de colza, afin de les délivrer des larves dont les 
canards sont très-friands. Mais ces volatiles ont également un goût 
prononcé pour les feuilles tendres du chou. Je crois prudent de se 
défier des canards. En résumé, comme ressource pratique contre les 


1 On lit: «La femelle dépose ses œufs sur les plantes de colza, au : 
nombre de 200 ? à 250 ? » 

? Une troisième génération n’est guère admissible. (Réd.) 

$ Les liquides agissent fort peu sur la larve, ils glissent sur sa surface 
sans la mouiller. (Réd.) 


SUR L'EXISTENCE D'UNE MER DILUVIENNE. 89 


larves de notre insecte, je n’en vois qu'un vraiment efficace : l'éche- 
nillage, dont le résultat, dans les champs semés en ligne et où les 
larves ne sont pas trop nombreuses, est ordinairement plus que suf- 
fisant pour compenser les frais avec avantage ‘. Que si par contre 
l'invasion est si générale et si rapide qu'on ne puisse y parer, il ne 
reste qu'à substituer du blé ou toute autre récolte au colza. A part 
la perturbation que peut en éprouver un assolement régulier, la 
perte matérielle n’est pas considérable. Celle de la graine du colza 
détruit est presque nulle, et dans un champ déjà bien préparé un 
léger coup de charrue et de herse suflit au succès de la semaille 
nouvelle. 

Parmi les ennemis naturels de notre larve, l'éducation de celle-ei 
m'a fourni plusieurs individus de la elasse des Iehneumonides , soit 
parvenus à leur dernière forme en même temps que les Tenthrèdes, 
soit encore renfermés dans la coque de leur victime. Ces parasites 
(si l’on peut donner ce nom à qui assassine son hôte) ont-ils la mis- 
sion et le pouvoir de maintenir dans de justes bornes la race redou- 
table à nos choux? Nous venons d'éprouver que leur puissance ne 
va pas toujours jusque-là, mais ils ne me sont pas assez connus 
pour me permettre d'ajouter rien de plus à leur charge ou en leur 


faveur. 
D) —— 


EXAMEN DE L'HYPOTHÈSE DE M' D. SHARPE, SUR L'EXISTENCE D'UNE 
MER DILUVIENNE BAIGNANT LES ALPES. 


Par M° Ph. Delaharpe, doct.-méd. 
(Séance du 21 mai 1856.) 


M° D. Suarre vient de publier dans le Quarterly Journal? un 
mémoire intitulé : Sur la DERNIÈRE ÉLÉVATION des ALPES, et sur les 
HAUTEURS auæquelles LA MER a laissé des TRACES DE SON ACTION sur 
LE FLANC de ces montagnes. Comme ce sujet intéresse au plus haut 
degré les géologues suisses, je crois devoir l'examiner avec quelque 
détail. | 

Dans un voyage que M° Sharpe fit en Suisse, il étudia les phéno- 
mènes sur lesquels MM. de Charpentier, Agassiz, Desor et d’autres 
fondent leur théorie des grands glaciers de l’époque diluvienne. Il 
prêta une attention spéciale aux traces d’érosion qui existent à difté- 
rents niveaux dans les Alpes. 


. L'échenillage est difficile, parce que la larve se laisse tomber sitôt 
que l’on touche à la plante sur laquelle elle vit. (Réd.) 

? Quarterly Journal of the geological Society of London, vol. XI, 
part. 2, n° 46, p. 102. Mai 1856. 

NB. Cette notice sur le dernier travail de M' D. Sharpe venait d’être 
présentée depuis peu à la Société vaudoise, lorsque la science eut à déplo- 
dm sd de ce savant anglais, alors président de la Société géologique 

e Londres. 


:90 SUR L'EXISTENCE D'UNE MER DILUVIENNE. 


« Comme toutes mes observations, dit-il, me contraignaient à 
limiter l’action des anciens glaciers à un degré qui ne permettait 
» plus de les considérer comme l'agent producteur des surfaces d’éro- 
» sion, je fus poussé à chercher autre part une explication. En effet, 
» ajoute-t-il, pour les expliquer il faudrait admettre une épaisseur 
» de glaces de 3000 pieds’, descendant des Alpes et recouvrant la 
» plaine à une hauteur à peu près égale : supposition soulevée au- 
» trefois par M° Agassiz, mais qui a trouvé si peu de faveur qu'il ne 
» vaut plus la peine de la combattre. » 

L'auteur pose done immédiatement le théorème qu'il veut démon- 
trer : « Si la mer avait séjourné pendant une longue période au 
» niveau de la limite supérieure d’érosion, elle aurait produit autour 
» des monts des échancrures (indentation) semblables à celles qu’on 
» y observe, et en s’élevant graduellement au-dessus des eaux, les 
» montagnes auraient eu leurs flancs usés en forme de pentes arron- 
» dies ; puis elles auraient été échancrées de nouveau sur une nou- 
» velle ligne d’érosion, lorsque, le soulèvement cessant pour un temps, 
» les ondes recommençaient à battre les rochers à un niveau diffé 
» rent. » 

Ainsi done, dans l’époque pléistocène, dans un temps où elles 
avaient déjà revêtu les formes que nous leur voyons maintenant, les 
Alpes auraient été baignées par une vaste mer, sans limites appré- 
ciables, jusqu'à une hauteur de 9000 pieds anglais au-dessus du 
niveau actuel des mers. 

Les faits dont M" Sharpe se sert pour appuyer cette pensée hardie, 
sont d’abord les diverses lignes d'érosion, dont il a remarqué trois 
principales dans les Alpes : 

1° L'une, à la hauteur de 9000 à 9300 pieds anglais ; 

2° La seconde, à la hauteur d'environ 7500 pieds; 

3° La troisième, à environ 4800 pieds. 

La première s’observe autour des massifs les plus élevés, au 
Mont-Blanc, au Mont-Rose, au Mont-Cervin, etc. ; la seconde, sur 
les montagnes déjà moins élevées qui entourent ces massifs et de 
même sur la plupart des Alpes de la Suisse centrale, par exemple 
au Hochwang, au Casanna, aux cols de Hausen, du Luckmanier ; 
la troisième, sur les Alpes moins élevées encore qui sont rapprochées 
du plateau, par exemple au Mythen, au Pilate, ete. 

Chacune de ces lignes correspondrait à un niveau auquel la mer 
se serait arrêtée pendant une longue période d'années. 

La disposition en éfages que les vallées des hautes Alpes prennent 
souvent est pour M' Sharpe une nouvelle preuve de la présence des 
mers dans ces régions. Les vallées alpines sont fort souvent, en eflet, 
disposées en gradins. Chacun de ceux-ci est une sorte d'amphi- 
théâtre, dont le sol est assez horizontal, tandis que des rochers per- 
pendiculaires ou des pentes escarpées en forment les parois. Le 
gradin supérieur (head) de la vallée est souvent le mieux dessiné , 


C2 


! Toutes les hauteurs sont indiquées en pieds anglais. 


SUR L'EXISTENCE D'UNE MER DILUVIENNE. 91 


il est en général occupé par un village important. De la circonstance, 
remarquable sans doute, que dans presque toutes les Alpes suisses 
l'étage supérieur des vallées se trouve à un niveau approximative 
ment le même, M' Sharpe tire la conclusion que les vallées des 
Alpes ont été creusées par les eaux et que leurs étages en forme 
d'amphithéâtre ont été excavés par les vagues d'une vaste et pro- 
fonde mer. Les divers étages d'une même vallée seraient l'expression 
des périodes d'arrêt que la mer aurait éprouvées dans sa marche de 
retrait. 

Ainsi, les divers gradins d’une vallée correspondraient dans leurs 
niveaux avec ceux des autres vallées d'abord, puis avec ceux des 
lignes d’érosion. 

Les tables que M° Sharpe a dressées pour démontrer cette cor- 
respondance ne semblent guères parler bien haut en sa faveur; on 
y remarque en eflet des gradins à presque tous les degrés d'éléva- 
tion depuis 3800 à 7000 pieds. 

Les terrasses diluviennes, si fréquentes dans les vallées des Alpes, 
sont le troisième point sur lequel M° Sharpe fonde sa théorie. Ces 
terrasses sont des amas, souvent très-considérables, de gravier un 
peu roulé et de sable, empâtant quelques gros fragments de roes 
anguleux. Elles présentent fréquemment dans leur intérieur des 
traces de stratification, dont le plan, au lieu d’être horizontal, est 
ordinairement parallèle à la surface de la terrasse, c’est-à-dire in- 
eliné de 2°-15°. Souvent ces terrasses se terminent à leur extré- 
mité supérieure par un talus d’éboulement incliné de 35° et qui s’a- 
dosse à la montagne. Quelquefois un talus semblable se présente 
aussi à leur extrémité inférieure. 

Ces terrasses, formées par les graviers des torrents et les ébou- 
lements des montagnes, devraient la disposition particulière de 
leur intérieur à la circonstance qu'ils auraient déposés dans un lac 
ou une mer. M° Sharpe ne saurait expliquer autrement leur strati- 
fication légèrement inclinée de leur masse et les talus de 35° à leurs 
deux extrémités. 

Les niveaux des terrasses diluviennes devraient correspondre 
entre eux dans les différentes vallées et avec ceux des gradins. 
M° Sharpe s'efforce de faire voir cette concordance dans une table 
faite avec soin , mais les chiffres qu’il y donne semblent prouver au 
contraire que ces terrasses se trouvent à toutes les hauteurs depuis 
le fond des vallées jusqu'aux glaciers qui en forment l'origine. 

D'après la théorie de M' Sharpe, la dispersion des blocs erratiques 
sur le plateau suisse serait facile à expliquer en les supposant trans- 
portés sur des blocs de glace nageant sur cette mer diluvienne. 

Telle est l'hypothèse hardie par laquelle M° Sharpe cherche à 
expliquer les phénomènes que d’autres géologues attribuent aux 
grands glaciers de l’époque diluvienne. 

Je ne veux point ici discuter les opinions du président de la So- 
ciété géologique de Londres. Tout en reconnaissant les hauts mé- 
rites d’un homme dont la hardiesse et la perspicacité ont fait faire 


92 SUR L’EXISTENCE D'UNE MER DILUVIENNE. 


d'immenses progrès à la géologie et auquel les géologues suisses en 
particulier sont redevables de la connaissance du clivage et de la 
foliation des roches ‘, 1l faut avouer qu’en cette oceasion M° Sharpe 
n’a pas été heureusement inspiré. Le savant anglais fonde sa théorie 
sur trois faits qui, de loin, semblent en effet parler hautement en sa 
faveur. Mais il néglige un grand nombre de faits de détails plus ou 
moins essentiels et que sans doute il n’a pas connus. Ces faits sont 
incompatibles avec sa théorie de la mer diluvienne. 

Je ne mentionnerai ici que quelques-uns d'entre eux; chacun 
jugera bientôt de leur valeur. 

1° Il n'existe ni dans les vallées des Alpes, ni sur le plateau 
suisse, pas le moindre lambeau de terrain stratifié que l’on puisse 
regarder comme déposé dans le fond d’une mer diluvienne. Com- 
prendrait-on pcut-être qu'une mer où se déverseraient des centaines 
de torrents bourbeux n'offrit sur aucun point la imomdre trace de 
dépôt stratifié ? 

20 On ne connait en Suisse aucun fossile marin de l’époque pléi- 
stocène, et les fossiles lacustres que l’on possède de cette époque ne 
se rencontrent que dans le voisinage des lacs actuels *. 

3° Les traces d'érosion que l'on rencontre dans les Alpes ne por- 
tent pas les caractères de l'érosion produite par la mer. Les vagues 
de la mer creusent, excavent les rochers, tandis que les roches des 
Alpes sont arrondies et moutonnées. 

4° La plupart des vallées des Alpes sont des vallées de soulève 
ment et non d’érosion, les amphithéâtres ont été formés en général 
par des failles plus ou moins cireulaires. 

5° On trouve des moraines frontales à une grande distance des 
Alpes, sur le parcours de presque toutes les grandes rivières qui en 
descendent. 

6° La mer n’a jamais strié les rochers , et cependant sur les eal- 
caires du Jura, sur les calcaires d’eau douce et même sur les grès 
du plateau suisse on rencontre fréquemment des stries, semblables 
en tout point à celles que font les glaciers et dont la direction con- 
corde toujours avec la direction des glaciers anciens. 

On voit par là que la théorie de M° Sharpe n'est fondée que sur 
une connaissance partielle des faits qui touchent à la question. 
Toute ingénieuse qu'elle est, cette hypothèse doit done être aban- 
donnée, puisque aussi elle ne peut expliquer tous les phénomènes 
connus. 

Sans m'ériger en défenseur de la théorie des grands glaciers dilu- 


1 Voyez Bulletin, tome IV, page 378. 

2 M' Sharpe pressent cette objection, mais une lettre de M° J. Smith le 
rassure. Celui-ci a vu au Musée de Berne des fossiles d’aspect pléistocène, 
venant de Court. Mais ce sont des coquilles perforantes du ferrain mio- 
cène du Jura, La Mya Udevallensis que M° Smith dit encore avoir 
vue au Musée de Genève avec l'indication Swiss fossils est fort hypothéti- 
que. Les directeurs et conservateurs de ce Musée n’ont aucune connais- 
sance de ce fait. 


PROGRESSION DES GLACIERS, 93 


viens, je me rattacherai encore à elle, puisqu'elle nous a donné une 
solution si claire de tous les phénomènes connus jusqu'à présent. 
En conséquence, je continue à considérer les lignes d'érosion comme 
les niveaux auxquels se sont élevés les glaciers et les terrasses dilu- 
viennes, comme produites en grande partie par les barrages des 
glaciers. 

Quant aux étages et aux amphithéâtres des vallées des Alpes, les 
uns sont dus à des failles, les autres au simple fait qu'une portion 
de vallée s’est comblée de matériaux charriés par les torrents, lors- 
qu’en dessous la vallée se trouvait rétrécie ou barrée complètement 
par des rochers élevés. C'est ainsi qu'ont pris naissance les étages 
de Andermatt dans la vallée de la Reuss, des Plans et de la Varraz 
dans la vallée de l'Avençon (Vaud), de Hof et de la Grimsel dans 
celle de l’Aar, de Saanen dans celle de la Sarime, du Plan-des-Iles 
dans celle des Ormonts. 


NOTE SUR LES CAUSES DE LA PROGRESSION DES GLACIERS. 


Par M° Sam. Baup, ancien directeur des salines. 
(Séance du 21 mai 1856.) 


A l'occasion d’un mémoire présenté par M° Moseley, à la Société 
royale de Londres‘, dans lequel son auteur compare la marche ou 
la progression des glaciers à la descente d’une plaque métallique sur 
un plan incliné, par l'effet des variations de température, M° le pro- 
fesseur J. Forbes combat fort justement cette manière de voir, quoi- 
que appuyée des savantes formules de son auteur; M° Forbes rappelle 
à cette occasion l'explication qu'il a donnée, il y a déjà plusieurs 
années? , de ce phénomène si remarquable, l’attribuant entièrement 
à un état de plasticité ou de viscosité des glaciers. 

. Quoïque cette explication soit généralement adoptée aujourd'hui, 
j'essayerai de faire voir qu’elle ne peut rendre compte de plusieurs 
faits observés, et qu'elle me parait ne pouvoir être admise, entre 
autres par les raisons suivantes : 

19 Un état de plasticité des glaciers aurait pour conséquence une 
marche bien plus lente des glaciers reposant sur des terrains peu 
inelinés, que sur ceux qui le sont davantage; ce qu'on n’observe 

as. 
2° La faculté des glaciers de se mouler dans les sinuosités des 
terrains, des vallées qu'ils parcourent, n’est point un fait particu- 


1 On the Descent of Glaciers ; Philos. Mag. july 1855, p. 60 (Une analyse 
de ce mémoire a paru dans les Annales de chimie et de physique, mars 4856, 
p: 578.) La réfutation de M” Forbes a paru aussi dans le Philosophical Ma- 
gazine. 

2 C'est la même explication qu’en a aussi donnée M° Trümpler de Zu- 
rich, en 1842, à la Soc. helv. des sc. nat. à Altdorf (Verhandlungen , p.92.) 


3 


- 


94 PROGRESSION DES GLACIERS. 


lier à l’état de plasticité ; il aurait également lieu par une compression 
exercée ensuite de la congélation de Feau dans leur intérieur. La 
marche plus lente des bords des glaciers, comparée à celle du centre, 
mise hors de doute par les recherches faites sur les glaciers de l'Aar, 
s'explique tout naturellement et dans toutes les hypothèses, par le 
frottement ou par la résistance, plus forte, qu'ils éprouvent dans 
leur marche en raison des aspérités ou des accidents du terrain qui 
les encaisse. 

3° Si les glaciers n'étaient pas propulsés par une force presque 
irrésistible, mais descendaient uniquement par suite d’un état plas- 
tique ou par leur propre poids, ils s’arrêteraient, ainsi que les ébou- 
lements terreux-mouillés, à une certaine inclinaison, qu'ils ne dépas- 
seraient pas; comme, par exemple, le grand éboulement pâteux de 
1835, provenant des Dents-du-midi, vis-à-vis de Lavey. 

4° Puisqu'on sait maintenant avec certitude, que les glaciers 
avancent aussi pendant l'hiver, alors qu’ils ne sont plus mouillés ou 
lubréfiés par de l’eau et qu'ils ne forment, pour ainsi dire, qu'un 
énorme massif glaciaire sec, aussi fendillé qu'on veuille se le repré- 
senter, peut-on encore dans ce cas expliquer ce cheminement par 
l'effet de la plasticité ? 

5° Si la marche ou la progression des glaciers était due à leur 
état visqueux ou plastique, comment expliquerait-on, par exemple, 
la marche du grand glacier du Rhône, sur le bassin lémanique, 
lequel, étranglé d’abord au défilé de St. Maurice, s’est étalé ensuite, 
en charriant ses blocs erratiques, jusque sur les flanes du Jura, avec 
une pente calculée d'environ un demi-degré d'inclinaison seulement? 

6° Enfin je demanderai comment il se fait qu'avec cette soi-disante 
plasticité ou viscosité des glaciers, les blocs erratiques, même les 
plus considérables (on en cite d’une dimension de plus de 100,000 
pieds cubes), comment se fait-il, dis-je, qu'ils puissent rester tou- 
jours à la surface des glaciers et être transportés sur leur dos, sans 
jamais s’y enfoncer ? C'est ce qui arriverait cependant certainement, 
si les glaciers se trouvaient, non dans un état de rigidité, mais dans 
un état de mollesse, de plasticité ou de viscosité, comme on le pré- 
tend. Cette explication, il me semble, doit donc être abandonnée. 

Mais quelle serait enfin cette force de propulsion qui fait marcher 
les glaciers? 

Cette force est bien connue, et je n’ai pas la prétention de la pré- 
senter comme nouvelle; seulement il est nécessaire d'y ajouter un 
mot; car, en disant que c’est essentiellement la puissance de la di- 
latation de la glace des glaciers, par la congélation de l’eau dans leur 
intérieur, on rentre dans l’ancienne explication qui n’a pas été trou- 
vée bonne ou suffisante, puisqu'on l’a abandonnée. 

C'est avec plus de raison qu'on a abandonné celle qui attribuait 


4 On pourrait encore objecter l’inclinaison de certains glaciers inverse 
de celle de la vallée qui les contient. Le glacier du Gôrner (Tzermatten), 
par exemple, est plus élevé vers le bas de la vallée que vers le haut, où il 
se forme un lac en été. (Réd.) 


RL sé 


PROGRESSION DES GLACIERS. 95 


la progression des glaciers à leur glissement, sous l'influence seule 
de leur propre poids, ou encore sous cette influence, combinée avec 
la fusion de leur partie inférieure; car on a reconnu que ces cir- 
constances avaient un effet si faible qu'on a fini par les considérer 
comme insignifiantes. On a abandonné également l'explication trop 
restreinte de la congélation nocturne de l'eau , ensuite de son imbi- 
bation diurne. 

Les observations exactes qui ont été faites il y a quelques années 
sur le grand glacier de l’Aar ont mis hors de doute cette circonstance 
importante de la vie des glaciers, et ignorée précédemment : c’est 

u'ils marchent, même pendant l'hiver, après qu? toute congélation 
‘eau a cessé. 

Le complément d'explication nécessaire, et qui me parait rendre 
compte d’une manière satisfaisante de la marche constante et plus 
ou moins lente des glaciers, c'est l'action qui doit nécessairement 
accompagner la force irrésistible de la dilatation, causée par la con- 
gélation de l’eau, dans la glace poreuse et fissurée des glaciers, 
ainsi que dans les crevasses de toutes dimensions : c’est en un mot 
la tension, effet de l’élasticité provoquée et non satisfaite. 

La tension que l’on pourrait comparer iei à un ressort tendu par 
la dilatation de la glace, produit peu à peu et de proche en proche 
cette propulsion des glaciers qui se continue tant qu’elle est assez 
forte pour pouvoir vaincre les obstacles. Un effet analogue se pro- 
duit, par exemple, avec des coins de bois sec, qui, chassés dans des 
fentes ou des trous de rochers parviennent, comme on sait, après 
avoir absorbé suffisamment d’eau, à déchirer des rochers et à sur- 
monter d'énormes résistances; cet effet n’est pas produit non plus 
subitement, mais peu à peu, comme dans les glaciers, avec cette 
différence, toutefois, que dans ce cas ci, la dilatation n’est pas causée 
par la congélation, mais par l'attraction capillaire de la fibre ligneuse 
hygroscopique pour l’eau. 

La dilatation des glaciers s’opère plus énergiquement sur les points 
où la quantité d'eau congelée a été la plus considérable. Elle est 
contrariée par la résistance de la masse du glacier lui-même; par 
celle des rochers entre lesquels ils se trouvent ordinairement en- 
caissés ; et j'ajouterai encore par l’adhérence avec les parties infé- 
rieures où la dilatation est moins forte; ce qui occasionne une 
rupture quelquefois si violente des couches du glacier qu’elle se pro- 
duit avec un bruit éclatant. 

Cette force de dilatation doit naturellement s’exercer aussi bien 
sur les glaciers qui reposent sur un plan incliné, que sur ceux qui 
gisent dans une position horizontale et où la plasticité ne saurait 
Jouer aucun rôle; elle a encore lieu en poussant le glacier de ma- 
nière à l'élever, dans quelques parties, au-dessus de son propre 
niveau, ou à lui faire remonter des pentes, quand cette direction est 
celle qui lui offre le moins de résistance ou le moins d'obstacles à 
vaincre. 


96 BAROMÈTRE BOURDON. 


NOTE SUR LE BAROMÈTRE MÉTALLIQUE INVENTÉ PAR M° BOURDON. 
Par M° 3. Marguet, professeur. 


(Séance du 4 juin 1856.) 


J'ai eu dernièrement l'occasion d'étudier la marche d’un baro- 
mètre métallique-Bourdon, qui m'a été confié pour quelques jours 
par M" Jaccard, opticien à Lausanne. 

Ce sont les résultats de cette étude que j'ai l'honneur de com- 
muniquer à la Société vaudoise des sciences naturelles. 

Ce baromètre est établi sous la forme d’une grosse montre dont 
le cadran est divisé en parties égales correspondant aux diverses 
hauteurs barométriques. Ces hauteurs sont exprimées en millimètres 
et se rapportent aux indications d’un baromètre ordinaire à mercure. 
Une aiguille très-mobile se meut autour d’un axe passant par le 
centre du cadran et perpendiculaire à son plan. Cet axe reçoit un 
mouvement circulaire alternatif, par l'intermédiaire de leviers et 
d’engrenages, d’une espèce de tuyau courbé en arc de cercle et d'une 
section elliptique très-aplatie. Le vide existe à l'intérieur de ce tuyau 
méplat qui est fixé en son milieu, de manière que ses extrémités 
libres soient en communication avec l'aiguille par le mécanisme. La 
pression atmosphérique vient-elle à augmenter, l’are se referme; 
diminue-t-elle , au contraire, l'arc s'ouvre, et ce sont ces change- 
ments de forme qui impriment à l'aiguille son mouvement circulaire 
alternatif. Les leviers et les engrenages sont calculés de telle sorte 
que les plus petites variations de forme sont accusées par des dépla- 
cements considérables de l'aiguille. On conçoit done que cet instru 
ment puisse être très-sensible; et il marque en effet les moindres 
variations de pression de l'air. On comprend en outre qu'il puisse 
être réglé par comparaison avec un baromètre ordmaire. 

Je viens d'indiquer très-sommairement le principe du baromètre- 
Bourdon; mais pour le faire connaitre à fond il faudrait en donner 
un dessin qui ne saurait trouver place ici. Rien de plus ingénieux 
que le mécanisme qui permet la manœuvre de l'aiguille, indépendam- 
ment du moteur, au moyen d'une clef analogue aux clefs de montre. 
Cettemanœuvre indépendante était nécessaire pourrégler l'instrument. 

J'ai été curieux de comparer les indications de ce baromètre avec 
celles d’un bon baromètre Gay-Lussac que possède l'Ecole spéciale, et 
j'ai consigné dans le tableau ci-joint les résultats de cette comparaison. 

Voici quelques détails sur la formation de ce tableau. L'observation 
n° À a été faite après avoir préalablement réglé le baromètre métal- 
lique sur le baromètre à mercure, à l’aide de la clef, et pour les 
autres j'ai lu simplement les indications des deux baromètres sans 
déranger le moins du monde le baromètre métallique, appréciant à 
vue les dixièmes des divisions qui ont environ 3°” de largeur. Avant 
de mettre l'instrument en observation, j'avais remarqué que de pe- 
tites secousses imprimaient des oscillations très-sensibles à l'aiguille, 


dt de nt end ee 


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+ dede ddl dé El ESS 


BAROMÈTRE BOURDON,. 97 


sans doute par suite de l’élasticité du système. C'est pourquoi j'ai 
évité avec soin toute espèce d'ébranlement. Je lisais d'abord l’indi- 
cation du thermomètre, puis celle du baromètre métallique en me 
tenant à distance, parce que le voisinage du corps suffisait pour faire 
marcher l'aiguille et lui faire marquer une pression trop forte. En 
maniant le baromètre et en l’exposant au soleil, j'avais vu l'aiguille 
se déplacer vers les pressions croissantes de 3 ou 4 divisions, c’est- 
a-dire de 3 ou 4°". Il fallait donc éviter toute variation de tempé- 
rature au moment de l'observation. 

Après quelques lectures, j'ai reconnu que la marche du baromètre 
métallique était assez régulière, et j'ai cherché s'il était possible de 
réduire à zéro les observations de ce baromètre pour les débarrasser 
de l'influence de la température. A cet effet, j'ai établi une formule 
empirique indiquée dans le tableau. Pour obtenir le coefficient 0,15, 
j'ai pris la différence entre la hauteur du baromètre métallique et 
celle correspondante du baromètre à mercure réduite à zéro, et j'ai 
divisé cette différence par la température, afin d’avoir ainsi, chaque 
fois, la correction pour 1°. La moyenne de ces quotients a donné 0,15. 
C'est par tâtonnement, et pour faire concorder autant que possible les 
corrections à zéro que j'ai introduit dans la formule le terme + 1°”. 

De cette manière les deux moyennes des 30 observations n’ont 
différé que de 0"”21, sans que les différences des corrections in- 
dividuelles fussent trop considérables. 

J'ai résumé dans le tableau les principales observations auxquelles 
donne lieu la comparaison des deux baromètres, Il est inutile de les 
reproduire. Cependant pour donner une conclusion plus explicite, à 
cette simple note j'ajouterai encore quelques mots. 

Le baromètre métallique présente les avantages suivants : 

1° Suppression du liquide barométrique. 

2° Volume très-petit. 

3° Facilité de transport sans crainte de dérangement, si l’on a 
soin toutefois de fixer l'aiguille pour éviter les secousses. 

4° Extrême sensibilité. 

Mais, peut-on compter sur la stabilité du mécanisme qui est très- 
délicat? L’élasticité de l’arc restera-t-elle mvariable, malgré le tra- 
vail moléculaire qui s’opère dans les métaux écrouis ? 

Les baromètres métalliques peuvent-ils être comparables entre 
eux ? Je n’en sais rien. De là de nombreux doutes sur la régularité 
de la marche future et la conservation d’un instrument qui a pu donner 
des résultats assez satisfaisants pendant qu’il était en parfait état. 

Je erois done, en définitive, que le baromètre métallique-Bourdon 
n'aura jamais une valeur scientifique bien réelle, et qu'il n’est pas 
destmé à remplacer l’ancien baromètre à mercure, malgré les*incon- 
vénients que celui-ci présente. 

Le baromètre Bourdon est une jolie petite machine qui pourra 
figurer dans un cabinet de travail et supplanter le baromètre à ca- 
dran des amateurs; mais il ne paraît pas mériter l'honneur d’être 
employé à des observations météorologiques sérieuses. 


Comparaison du baromètre Bourdon avec le baromètre Gay-Lussac. 


È B si Baromètre A 0 degré 
& aromelr 
$ “ Gay- |piérencl = — | pitférence| OBSERVATIONS. 
= 
É Bourdon. Tete B. B. | Bt GE. 
Pan € RLIITRE 4 PE CEST —_— 


17,0| 713,80] 713,71] 0,09 719,95) 711,75] 0,505 mad coté ru 
14,0 715,40 715,51 —0,11 714,24 713,85 +0,39 de l’autre, et la tempéra- 
5] 715,30] 715,41|— 0,11] 713,97] 713,63|+-0, 34] ivre était indiquée par le 
16,9 712,80 719,71 +-0,90 711,26 710,77 + 0,419 baromètre à mereure(sys- 
15,1/711,30) 711,61]—0,31] 710,03] 709,874 0,16! Te ana atons Î 
ne. RE CURE LR en 
mule empirique : 


6/15,6| 713,40! 713,61|— 0,21| 712,06! 741,89/-10,24/7,5 1045 4 + 17; |N 
7114,4744,90/ 715,111 0,211 713,74] 713,45] 0,29 Ron es rte GE a 
8 149 723,00 722,81 0,19 719,76 721,07 — 1,51 raoniétre ah. Le 
9 
0 


C7 & O2 hO = 
= 
> Or 


09 Q/ 5 79) — À A9] signe + est employé pour |h. 

15,6 723,30 722,91 +0,39 719,96 721,08 1,1 les hauteurs de TA à 716 
15,4] 722,40| 722,11 +0,29 719,09] 720,32|— 1,23 exclusivement; le signe [M 
— pour les hauteurs de 
716 à 726 inclusivement. | 
Le baromètre Gay-Lus- 
sac a été ramené à zéro 


11 15,8 720,40 720,11 +0,29 717,03 718,28 — 1,25 par les formules ordinai- |MA 

121 16,6! 718,40! 717,61|+ 0,79] 714,91! 715,70|— 0,79 pe ne | 

13] 17,2] 717,80] 716,94| 4 0,89] 714,29] 71%,95|—0,71 fm eunpré entre — | 

14] 16,6! 717,20] 716,341 0,89] 713,71] 714,40 — 0,690 131 c1 les M 
15] 1680 A CO ETES E AO ST 

assez peu considérables. | 

La di'érence des deux [M 

moyennes n'est que de fn 


16|18,2]713,30/712,81|+ 0,491 711,57] 710,72|-8,85]— 1""21 | 


— | ———_— | ———— À À ————— | ———————— | — 


17| 16,6] 716,80! 716,01|4- 0,79| 713,31] 71%,10|— 0,79] onservationr non réduites M 
18117,3|717,90| 717,01! 0,89] 714,30| 715,02|— 0,72 roses Medio ue ci 
19 16,9 716,80 715,91 + 0,89 113,26 713,97 —0,71 plus influencé par la cha- [M 
20/ 17,3] 715,60) 714,714 0,89] 714,00! 712,72/ 41,98] qe ie hum 
grand écart en + , 2°"09 |M 

— || — | —— |} ——|— |-———| correspond au maximum! 

de température observé || 


21/15,7| 716,50| 716,20|- 0,30[ 713,12) 74%,39|— 4,27/ 01,9. Elie nique en] 
22 16,3 718,40 717,31 +1,09 714,95 745,43 — 0,18 pératur®* sensiblement !es | 
23] 13,0| 718,70) 718,01 /-0.69| 715,61] 716,40|—0,79/hènes, l'éeutest  | 
24116,4/ 719,50! 718,21} 1,291 716,04! 716,31|— 0,27 pression ARR. a 
25] 18,4| 723,20) 724,61|-+ 1,59[ 719,44] 719,49) 0,03] linstrument estplus con 


Ceite comparaison de- || 
————— | ————— |————— | vrait être continuée pen-| 
dant un temps très-long, || 


26] 18,1| 725,90] 722,21] 1,69[ 722,18] 722,09] 0,09[n en a tre 
27|21,2| 725,60] 723,51/--2,09| 721,42] 721,03 0,39] une instrument cé | 
28|20,7| 720,30] 718,61 CE T,60| 716,19] 716,21|— 0,09 et race “qutil 
29| 19,3| 721 ,30| 719,61 | 1,60] 717,40] 717,37|--0,03/sufit pour les observa-| 
30/48,61 747,201 715,71/- 1.49] 713,40|713,57|—0,17 gaires. | 


Moyennes . . 1715,14] 715,35] — 0,21 


Re D PER 


ER 


ÉRREURS D'OBSERVATION. 99 


SUR CERTAINES ERREURS EN MATIÈRE D'OBSERVATION. 
Par M° Ch. Dufour. 
(Séance du 18 juin 1856.) 


J'ai eu l'avantage, il y a quelques mois, de présenter à notre 
société les premiers résultats de mes recherches sur la scintillation 
des étoiles. 

Cette communication généralement bien accueillie, m'a cependant 
attiré de la part de quelques personnes cette question: N'est-1l pas 
bien difficile d'apprécier l'intensité de la scintillation? À cela je ré- 
ponds on, du moins si on a quelque habitude de ce genre d'obser- 
yation, et même après un peu d'exercice, on reconnait que la diffieulté 
n’est pas où on la eroit ordinairement. 

On parvient très-bien à voir que deux étoiles ont des scintillations 
égales ou inégales ; et je suis convaincu que ce phénomène aussi 
bien que d’autres est susceptible d’être fort exactement apprécié. 
Ainsi, j'ai reconnu plusieurs fois qu’en comparant la scintillation ob- 
servée dans une soirée, avec la scintillation observée dans une autre 
soirée, on trouve, qu’à la même hauteur, la scintillation des mêmes 
étoiles a toujours à peu près proportionnellement augmenté ou pro- 
portionnellement diminué ; ce qui fait voir que l'appréciation n’est 
pas aussi défectueuse qu’on pourrait le croire au premier coup- 
d'œil. Ensuite les petites erreurs, inévitables cependant, sont bien 
atténuées quand on peut, comme je l’ai fait, obtenir les résultats par 
les moyennes de quelques mille observations. 

Maisil y a une autre cause d'erreur dont j'ai déjà parlé il y a 3 ans, 
et dont il est beaucoup plus difficile de s’affranchir, je veux parler de 
la prévention. Or, pour beaucoup d'observations, si l’on a le malheur 
d'avoir une idée préconçue, il y a un grand danger à ce que le résultat 
obtenu n’en subisse plus ou moins l'influence. Et ce n’est pas là une 
espèce de faiblesse de l'esprit humain, ce n’est pas un secret désir 
d'arriver à tel ou tel résultat qui nous porte à altérer sciemment les 
chiffres ; car alors on n’appellerait pas cela observer, ce serait sim- 

lement exprimer par des chiffres les produits de son imagination. 

on, on est victime de la prévention alors que l’on eroit bien observer. 
Et si l’on a une idée préconçue, il semble même parfois que l'on en 
est d'autant plus victime que l’on cherche à observer avec plus de 
soins. 

Voici comment les choses se passent : quand on observe un phé- 
nomène quelconque, il est bien rare que l'observation soit instan- 
tanée, ordinairement elle dure un certain temps (je ne parle pas 
seulement ici de la scintillation); que l’on veuille par exemple af- 
fleurer un baromètre , ou vérifier le zéro d’un thermomètre, ou lire 
les indications d’un vernier, toujours il faut observer pendant quelques 


100 ERREURS D'OBSERVATION. 


instants. Pendant que dure cette observation, on n’apprécie pas tou- 
jours le même chiffre, soit que l'instrument lui-même éprouve quelques 
légères variations, soit que l'œil fatigué n'ait pas toute la süreté né- 
cessaire. Alors, si parmi les différentes valeurs que l’on trouve, il en 
est une qui coincide avec une idée préconçue , on la croit juste pré- 
férablement aux autres que l’on considère immédiatement comme 
observations défectueuses, et de cette manière la prévention a une 
influence bien marquée sur le résultat. 

C'est là une cause d'erreur dont il est souvent bien difficile de 
s'affranchir, puisque précisément on la subit en croyant bien faire. 
Voilà pourquoi, en pareil cas, il y a grand avantage à n'avoir aucune 
idée préconçue. Cet avantage, je l'ai eu jusqu’à présent pour mes 
observations sur la scintillation des étoiles. En effet, avant ma con- 
versation avec M° Argelander, en juillet 1855, je n'aurais jamais 
supposé que la différence de couleur des étoiles pût amener une dif- 
férence dans la semtillation, et avant le mois de juin de la même 
année, je n'avais jamais pensé qu'il pouvait y avoir une différence 
entre la scintillation d’une étoile et la scintillation d’une autre étoile. 
Enfin, avant les derniers mois de l’année 1855, j'ignorais compléte- 
ment la 3° loi, celle qui est relative à l'influence de la hauteur appa- 
rente des astres. Or les résultats auxquels je suis arrivé ont été obtenus 
seulement en utilisant les observations antérieures au mois de juin 
1855, en conséquence ces observations n'ont nullement pu subir 
l'influence des idées préconçues. 

Voilà pourquoi aussi, jusqu’à présent, j'ai complétement renvoyé 
la recherche des relations qu'il peut y avoir entre la scintillation des 
étoiles et les événements météorologiques. J'ai longuement réfléchi à 
la marche à suivre pour faire cette recherche, j'ai préparé les tables 
pour faire les calculs; mais quant aux calculs eux-mêmes, je ne 
crains pas de les ajourner ; car j'aime beaucoup mieux réunir autant 
d'observations que possible avant de connaître les résultats auxquels 
je peux arriver. De cette manière, je serai sûr que toutes ces obser- 
vations ont au moins le grand avantage d’avoir été faites sans pré- 
vention. 


MATIÈRE ROUGE DE L'ALLIAZ. 101 


OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR UNE MATIÈRE COLORANTE ROUGE 
DÉPOSÉE AU FOND DU BASSIN DE LA FONTAINE DES BAINS DE 
L’ALLIAZ. 

Par M' s3.-B. Schnetzler. 


(Séance du 18 juin 1856.) 


Les bains de l’Alliaz se trouvent à 1051" au-dessus de la mer, 
à 2 ‘/, lieues au N. E. de Vevey. Comme pour toutes les eaux sul- 
fureuses le bassin de la fontaine est couvert d'un dépôt blanchâtre 
renfermant beaucoup de soufre, Le 18 avril 1856, je trouvai sur le 
dépôt blane un enduit d’un rose foncé. M' de Fellenberg , qui analysa 
les eaux de l’Alliaz en 1847, observa cette même matière colorante ; 
mais il se borne à dire que «c’est une matière organique rose qui se 
» forme en très peu de temps dans le dépôt blane et qui donne à cette 
» substance une consistance glaireuse. » 

J'apportai à Vevey de l’eau prise dans le bassin avec le dépôt blane 
et rouge. Pendant le trajet, la matière rouge s'étant mélangée avec 
le reste, semblait avoir disparu; mais après quelques heures de 
repos la substance rouge formait de nouveau un bel enduit pourpré 
au-dessus et autour du dépôt blanc. 

J'examinai sous le microscope une goutte d’eau renfermant une 
petite quantité de la matière colorante. Je la vis fourmiller de petits 
organismes de couleur rose, de forme allongée, légèrement arrondis 
aux deux extrémités; ils avaient en moyenne ‘/,,, " de long et 
‘l100 7 de large. Des molécules tourbillonnant le long de leurs corps 
semblent indiquer des cils ou des fils vibratiles, quoique je n’aie pas 
pu les apercevoir. On distingue une enveloppe transparente hyaline 
et un contenu rouge renfermant des granulations et des vésicules de 
même couleur. Le mouvement est à la fois un mouvement de ro- 
tation et de translation; le corps avance en décrivant une spirale 
aux tours très-allongés. J'ai vu souvent de ces petits organismes 
tourner rapidement sur eux-mêmes pendant plus d'une minute, 
puis partir brusquement en ligne droite comme un trait. 

L'organisme dont je viens de parler a été rangé par les zoologistes 
dans la classe si mal définie aujourd'hui des Infusoires. Ehrenberg 
l'a incorporé au groupe des Monades. Il appartient au genre Chro- 
matium de Weiss. L'espèce que j'avais sous les yeux ressemble pour 
la forme et pour les dimensions au Chr. Weissii, pour la couleur au 
Chr. Okenï. L'histoire du développement de ce petit organisme est 
peu connue encore. Voici ce que mes observations m'ont appris sur 
ce sujet. 

Chez les individus les plus grands on observe facilement deux 
modes de reproduction. Une cloison transversale qui se forme vers 
le milieu du corps, le partage en deux moitiés qui souvent ne se sé 
parent jamais ; mais qui d’autres fois se détachent l’une de l’autre à 


102 MATIÈRE ROUGE DE L'ALLIAZ. 


la suite d’un étranglement de plus en plus prononcé et continuent 
ensuite à nager rapidement. Cette fissiparité forme ainsi une tran- 
sition entre un simple accroissement et un mode de reproduction. 
Au bout de quelques jours je trouvai un grand nombre de Chroma - 
tiums complétement vides, l'enveloppe hyaline seule était restée; 
cependant le mouvement persistait quelquefois encore quoique fai- 
blement. Autour de ces enveloppes vides on vit alors nager des 
vésicules excessivement petites qui, au premier coup-d’œil, se mon- 
traient sous forme de simples granulations. Ces vésicules ne différaient 
en rien de celles renfermées dans les Chromatium adultes, et comme 
il était possible de trouver entre eux et le Chromatium propre- 
ment dit, toutes les formes intermédiaires , je regarde ces vésicules 
comme la première phase de développement du Chromatium. Cet 
organisme se montre donc d’abord sous la forme d’une simple cellule 
à parois hyaline et au contenu liquide rouge. Cette cellule s'agrandit 
par endosmose en parcourant le liquide nourricier. Les courants 
produits par l’endosmose jouent peut-être un rôle dans ce mouve- 
ment. La cellule enfin se multiplie soit en se partageant soit en 
formant dans son intérieur d’autres cellules. 

Cette ressemblance avec des phénomènes de la vie végétale aug- 
mente encore pendant un état d’immobilité et de repos par lequel 
passent quelquefois les jeunes Chromatium. On trouve en effet 
souvent de grandes agglomérations de ces vésicules rouges liées entre 
elles par une matière mucilagineuse ; elles ressemblent alors à ces 
taches rouges quise forment quelquefois sur le pain, le fromage, etc., 
et que les uns regardent comme des infusoires, d’autres comme des 
champignons. Lorsqu'on observe pendant quelque temps les agglo- 
mérations dont j'ai parlé, il s’y manifeste un fait fort curieux. Un 
soufle de vie semble venir animer cette masse inerte. Les vésicules 
qui la composent s’ébranlent; celles du bord se détachent et nagent 
rapidement; ainsi peu à peu la tache entière se dissout en jeunes 
Chromatium dont l'eau fourmille bientôt. 

A mesure que la goutte d’eau dans laquelle se trouve la matière 
colorante s’évapore, il se forme autour de cette goutte un bord 
rouge composé de millions de Chromatium desséchés. Leur couleur 
est assez stable ; lorsqu'on les détache à l'aide d’un pinceau ils peu- 
vent servir à colorier eux-mêmes leur image. Autour du bord 
rouge qui encadre la goutte, il se forme une ceinture de charmants 
petits cristaux prismatiques de sulfate de chaux, dont la présence 
peut donner peut-être quelque indication sur l’origine de l’hydrogène 
sulfuré que l’eau de l’Alliaz tient en solution. 

Dans le dépôt de ces mêmes eaux se trouve une algue de la fa- 
mille des Oscillatoriées. Elle se présente sous forme de filamens 
d’une ténuité extrême; les granulations qui s’y forment sont d’abord 
de couleur verte, mais j'ai vu souvent ces granulations devenir rouges 
et lorsque, se répandant dehors, elles se trouvaient animées d'un 
mouvement particulier , il était presque impossible de les distinguer 
des premières phases du Chromatium, sinon qu’au bout de quelque 


NAVIGATION DU DANUBE. 103 


rs ces globules rouges réunis en masses se couvrirent d’un vé- 
ritable gazon de filamens d’algue. 

Nous avons ici sous les yeux un de ces cas nombreux où les deux 
grandes divisions du monde organique semblent se toucher. Est-ce 
à dire que l’animal devienne plante ou que la plante devienne animal? 
Je ne le pense pas. Une cellule animale et une cellule végétale peu- 
vent se ressembler sous bien des points de vue; les agents physi- 
ques, la chaleur, la lumière, l'électricité, peuvent les exciter et les 
influencer d’une manière analogue, mais il arrivera toujours, dans un 
moment de leur développement, un facteur qui les différentiera. Il est 
vrai que nous ne connaissons pas encore la valeur de ces facteurs; 
mais nous en voyons tous les jours les effets; car ce sont eux qui 
transforment d’un côté l’albumine, la graisse, la chaux, ete. contenus 
dans l'œuf d’une poule, en éléments organiques qui servent à cons- 
truire le corps d’un jeune oiseau; tandis que de l’autre, dans la 
graine d’une plante, ces mêmes matières se métamorphosent en une 


Jeune plante. 
0 — 


ÉTUDE SUR LA NAVIGATION DU DANUBE. 
Par M° Jules Michel, ingénieur des ponts et chaussées. 
(Séance dn 18 juin 1856.) 


Le Danube est un de nos plus grands fleuves d'Europe et celui 
dont la navigation est du plus haut intérêt par les nombreuses popu- 
lations qu'elle met en rapport. Le Danube est autant que la Médi- 
terranée le chemin de l'Occident vers l'Orient, et, si jusqu'à présent 
cette voie a été peu suivie par le commerce, il faut en accuser les 
circonstances politiques et aussi les nombreuses difficultés naturelles 
que présente le parcours de ce fleuve gigantesque. 

Cette notice a pour but de donner quelques détails sur le régime 
des eaux, sur les obstacles que rencontre la navigation et sur les 
travaux projetés ou exécutés pour y remédier. 

Le Danube sort de la Forêt-Noire; on discute volontiers sur l'em- 
placement véritable de ses sources, humblement cachées comme 
celles de presque tous les grands fleuves. C’est à Ulm, au moment 
où il quitte le royaume de Wurtemberg que le Danube devient na- 
vigable. 

Navigation du Danube dans la Bavière. — A partir d'Ulm jus- 
qu'à son embouchure dans la mer Noire, le Danube parcourt une 
étendue de 2,455 kilomètres environ, c’est-à-dire plus de 500 lieues 
de 4,800". ! 

? La longueur de 2,455 kilomètres se répartit ainsi : 

D'Ulm à Passau . . . . . . . 275 kilomètres. 
De Passau à Orsowa. . . . . . 1530 » 


D'Orsowa à Rassova . . . . . . 350 » 
De Rassova à la mer . . . . . . 5300 » 


Total, 2455 kilomètres. 


104 NAVIGATION DU DANUBE. 


Sa largeur, de 80 mètres d’abord, augmente rapidement; elle est 
au-dessous de Donauwerth de 300" et à Neuenbourg le Danube 
atteint 380”. 

A partir de ce point, il a en moyenne 500" de largeur jusqu’à la 
mer , tantôt il s’élargit jusqu'à 1000”, tantôt se rétrécit à 160°. 

D'Ulm à Passau, sur le territoire de la Bavière, la distance est de 
275 kilomètres. 

La navigation à vapeur commence à Ratishonne, à 165 kilomètres 
d'Ulm. Malgré l'importance du mouvement commercial, on a rien 
fait jusqu'à présent pour améliorer cette partie du cours du Danube 
irrégulier et rapide comme celui de tous les fleuves peu éloignés de 
leur source. 

Le canal Louis qui réunit l'Altmühl, affluent du Danube, au Main, 
affluent du Rhin, témoigne seul sur le territoire bavarois qu’on s’est 
préoccupé de faciliter les communications par bateaux; mais un 
mauvais entretien cause des interruptions fréquentes à la navigation ; 
les ensablements ont réduit le tirant d’eau du côté du Main à trois 
pieds et quelquefois un pied, si bien qu’on doit faire des transbor- 
dements, et le canal Louis est loin de rendre les services qu’on serait 
en droit d'en attendre. 

A Passau, le Danube entre sur le territoire autrichien qu'il baigne 
sur une longueur de 1330 kilomètres, plus de moitié de son parcours 
navigable. 

En Autriche se trouvent les plus sérieux obstacles à la navigation, 
et un entre autres que pendant longtemps les bateaux n’ont pas osé 
franchir : c’est le passage des Portes de fr au-dessous d'Orsowa. 

La partie montagneuse qui aboutit à Vienne est la seule un peu 
pittoresque du cours du haut Danube. Les Alpes Noriques viennent 
lormer les grands escarpements boisés, sujet d’admiration pour les 
voyageurs. À partir de Vienne le spectacle change, on se trouve 
dans un bassin différent, pour ainsi dire dans un autre monde. 

Dans les vastes plaines de Hongrie, la vue n’est arrêtée nulle 
part; on ne voit que des saules et des peupliers sur la rive, au loin 
des champs et des troupeaux de bœufs, parfois mais rarement un 
village. Presque toujours le lit est divisé en plusieurs bras par de 
vastes îles submersibles couvertes de saules et de roseaux. Des mou- 
lins à roues pendantes, échelonnés par groupes de huit ou dix, vien 
nent seuls de loin en loin animer le paysage. Ces moulins se trans- 
portent partout où le meunier espère trouver à utiliser son industrie, 
leur force est de trois chevaux environ. Ils coûtent de 12,000 à 
15,000 fr. de construction et le gouvernement autrichien leur fait 
payer une redevance pour le droit de s'établir sur le fleuve. De 
grandes barques à voiles remontent doucement le cours du Danube, 
attendant quelquefois des mois entiers que le vent favorable vienne 
à souffler. Pour les barques plus petites, ce sont les bateliers qui 
s’attèlent aux cordes de halage ; ils remontent le long des rives basses 
ayant souvent de l'eau jusqu'aux genoux, obligés même quelquefois 
de se jeter à la nage pour traverser les bas fonds qu'ils rencontrent. 


NAVIGATION DU DANUBE. 105 


A la descente, les barques se laissent aller nonchalamment au 
fil de l’eau et présentent le travers pour donner plus de prise au 
courant qui les emporte. 

Nombre de barques, surtout dans le bas Danube et sur la rive 
turque, sont montées par des Grecs avec leur costume aux brillantes 
couleurs ; la proue et la poupe sont relevées d'une manière origi- 
nale; les sculptures, les arabesques qui les ornent font penser à ce 
que devait être le vaisseau d'Ulysse au temps de la guerre de Troie. 

Dans les vastes lacs formés par le Danube à son embouchure, la 
navigation est entre les mains des Cosaques. Avec un canot muni 
d’une voile et deux bottes de jonc attachées aux flanes du bateau, 
de manière à se soutenir contre la vague, ils font des voyages péni- 
bles et s'aventurent jusque sur la mer Noire. Ce sont les plus intré- 
pides marins qu'on puisse trouver sur ces côtes. 

A partir du moment où le Danube atteint la rive turque devant 
Belgrade, il présente un aspect majestueux. Au voisinage de la chaîne 
des Carpathes, qu'il franchit à Orsowa , le fleuve est profondément 
encaissé ; on distingue de temps en temps les restes de la voie ro- 
maine au-dessus des eaux; puis la table de Trajan, inscription qui 
rappelle le passage des maîtres du monde. Partout le silence au mi- 
lieu d'une végétation magnifique. Les quelques habitants qui n’ont 
pas fui ces contrées cachent leurs maisons et leurs cultures dans 
quelque pli de terrain et le voyageur croit se trouver au milieu de 
pays complètement inhabités. 


Le Danube en Valachie. — De l'autre côté des Carpathes, à partir 
de Chernetz, ou Tourno Severino, la rive valaque présente l’uni- 
formité d'aspect qu'a la Hongrie et offre à l’œil fatigué toujours les 
mêmes saules et les mêmes roseaux. La rive turque, au contraire, 
légèrement ondulée, forme toujours une falaise plus ou moins élevée, 

elques villages, quelques villes importantes même. Nicopoli, 

iddin, Silistrie, montrent leurs maisons blanches au flane du 
coteau. 

Ce n’est qu'au-delà de Galatz que le Danube se divise en plusieurs 
bras au milieu de vastes lagunes sablonneuses. 

La largeur du Danube, surtout dans la partie inférieure de son 
cours, est assez constante. Il varie de 500 à 800". 

Entre Oltenitza et Toutrakan le Danube n’a qu'un seul bras, la 
largeur y est d'environ 700”; partout ailleurs le lit est semé de ces 
îles submersibles qui ont jusqu'à une lieue de largeur, on les appelle 
des Au chez les Allemands, ou des Ostrow chez les Slaves. À Ras- 
sova, nous avons mesuré 540" de largeur pour le grand bras. 

Avec cette largeur relativement faible, on ne peut expliquer que 
par une profondeur énorme le débit du Danube, débit considérable 
comme nous allons le voir bientôt. 


Profondeur du Danube. — Depuis longtemps , les sondages faits 
au milleu des écueils qui avoisinent Orsowa avaient indiqué des pro 


106 NAVIGATION DU DANUBE. 


fondeurs de plus de 30 et 35 mètres. A Rassova, les sondages que 
nous avons exécutés nous ont donné le fond à 24 mètres et à 30 
à peu de distance du rivage, mais à 150" du bord la ligne de sonde 
n’a pu atteindre le fond, sa longueur était de 40 mètres, et les pé- 
cheurs du pays qui conduisaient la barque estimaient que nous de- 
vions être Join encore. 

Si l’on se rappelle que le niveau du Danube à Rassova est à 16" 
au-dessus du niveau de la mer, le fond serait à 25 et 30" et plus 
au-dessous de ce niveau. Près d'Orsowa, au passage des Portes de 
fer, le Danube est à 30" environ au-dessus du niveau de la mer 
Noire et les sondages ont donné des profondeurs de plus de 30". 
Ainsi, à 750 kilomètres de la mer , le Danube a déjà des fonds au- 
dessous du niveau de la mer. 

Pour que cette profondeur se maintienne, il faut admettre l’exis- 
tence de courants de fond très-violents. En eflet, pendant que la 
barque était entrainée au fil de l’eau, la ligne de sonde était tirée 
avec une force à laquelle nous avions peine à résister. Le débit du 
Danube est donc des plus difficiles à jauger par suite de ces profon- 
deurs considérables et des vitesses si différentes à la surface et au 
fond *. 


Débit du Danube. — Le seul jaugeage dont nous ayons connais- 
sance a été fait à Vienne en 1825. Par les plus hautes eaux d'été 
(au mois de juin), à 12 pieds au-dessus de zéro, le volume d’eau 
du Danube est de 73,000 mètres cubes. Dans les eaux moyennes 
(à 4 pieds au-dessus de zéro), 33,000. Enfin, 2,000 mètres eubes 
par les basses eaux. 

De Vienne jusqu'à Rassova, les rivières qui se jettent dans le 
Danube feraient plus que tripler le volume de ses eaux si l’époque 
de leurs crues coincidaient. L’étendue du bassin du Danube se divise 
en trois régions distinctes séparées par des enceintes de montagnes 
au milieu desquelles le Danube s’est frayé un passage. 

La première comprend tout le haut Danube depuis sa source jus- 
qu’à Vienne, il a environ 2,000 myriamètres carrés de surface. Les 
Alpes Noriques et les petites Carpathes forment l'enceinte de ce bassin. 

La seconde s’étend depuis Vienne jusqu'à Orsowa, où le Danube 
franchit les Carpathes; elle comprend toute la Hongrie, son étendue 
est d'environ 3,000 myriamètres carrés. 

Enfin, le dernier bassin va des Carpathes à la mer. Les limites 
sont la chaîne des Carpathes d’un côté et les Balkans de l’autre, il a 
environ 2,500 myriamètres carrés, sur lesquels on peut compter 
1,500 myriamètres à l'amont de Rassova. 


1 On ne peut guère expliquer ces courants que par des remous dus à 
la configuration du lit. À Orsowa, les eaux se précipitent au milieu des 
rochers qui sont comme une suite de barrages. 

A Rassova, le coude que forme le Danube en remontant presque à angle 
gas pers le nord rend assez bien compte de l’existence de remous consi- 

rables. 


NAVIGATION DU DANUBE. 107 


En résumé, le bassin du Danube a environ 7,500 myriamètres 
carrés répartis comme suit : 


Jusqu'à Vienne . . . 2000 myriamètres carrés. 
De Vienne à Orsowa. . 3000 » 
D'Orsowa à Rassova. . 1500 » 
De Rassova à lamer Noire 1000 » 


Jusqu'à Rassova, le bassin du Danube aurait donc 6500 myria- 
mètres carrés, c’est-à-dire plus de trois fois son étendue au-dessus 
de Vienne. Mais en supposant que les crues n'aient pas lieu exacte- 
ment à la même époque, nous croyons rester au-dessous de la vérité 
en nous contentant de supposer que le volume des eaux du Danube 
ait doublé après avoir reçu les eaux de la Theiss, de la Save, de la 
Drave et de nombre d’autres cours d’eau descendant des Carpathes 
et des Balkans. 

Nous avons done devant Rassova un débit de 66,000 mètres cubes 
par seconde par les eaux moyennes. Le niveau du fleuve est à ce 
moment au-dessous des berges, le lit est parfaitement déterminé, il 
est donc possible d'évaluer la section du fleuve. Les deux bras se- 
condaires qui séparent la Turquie de la Valachie peuvent être alors 
passés à gué et ne débitent qu'une quantité d’eau relativement fai- 
ble. Restent donc au moins 60,000 mètres cubes passant par le 
grand bras de Rassova, dont la largeur est de 540". Si on suppose 
une profondeur moyenne de 40°, la vitesse est de 3 mêtres par se- 
conde; elle est de 2° si on suppose 60" de profondeur moyenne. 

Une mesure directe nous a donné seulement 1"40 par seconde à 
la surface. Les circonstances de l'expérience ne nous permettent 
point de donner ce chiffre comme certain. Il semblerait cependant 
indiquer une confirmation de la différence de vitesse à la surface et 
au fond. Nos observations n’ont porté que sur le régime du fleuve 
devant Rassova et nous ne voulons pas étendre ces résultats aux 
autres parties du lit du Danube. Seulement nous avons constaté des 
faits qui nous semblent dignes d'attirer l’attention. Ce sont la pro- 
fondeur considérable du lit du Danube, et la vitesse très-grande qui 
correspond au débit énorme du fleuve, même par les basses eaux. Il 
serait de 4,000 mètres cubes devant Rassova en supposant seulement 
qu'on prit le double du débit devant Vienne par basses eaux. 

Nous allons mettre ces résultats frappants en regard du débit et 
de la vitesse d’un certain nombre d’autres fleuves. Le tableau sui- 
vant fera ressortir la différence qui sépare le Danube des autres 
fleuves. Un fleuve de l'Amérique, le Mississipi, laisse encore bien 
loin derrière lui ce roi des fleuves de l'Europe. Les vitesses seules 
sont comparables. 


108 NAVIGATION DU DANUBE. 


Noms des fleuves. Débit. Vitesse. 


Danube (à Vienne)| 73000 hautes eaux. — 
33000 eaux moyennes. | 1"30eaux moyennes. 


2000 basses eaux. — 
Rhin (àKehl). . | 4700 hautes eaux. — 
340 étiage. 1,00 basses eaux. 
Se'ne (à Paris) . | 3300 hautes eaux. _ 
120 étiage. 1,05 basses eaux. 
Loire (Briare). . | 10009 hautes eaux. _ 
» (Orléans). 2kbasseseaux extr. | 0,93. 
Rhône (Lyon) . 280 étiage. 2,10. 
» (Arles) = 1,45. 
Garonne ( Bor- 
deaux). . . . | 12000 hautes eaux. ur 
Idem (Toulouse) 80 étiage. — 
S Ci ci Mir — 0,60. 
Durance (à Liste- 
ot so RE = 0,90. 
Moselle (Metz) . — 2,33. 
Oder (Steitin) . — 0,58. 
» (en Silésie) — 0,98. 
LE trains Air — 1,15. 
sa QE Rte 782 étiage. — 
St-Laurent . . . | 13100 eaux moyennes. — 


Mississipi. . . . | 8610 basses eaux. 2,80. 


Le bassin de la Loire, au-dessus de Briare , est environ de 270 


myriamètres carrés. Celui de la Garonne, à l’amont de Bordeaux, 
est environ 400 myriamètres carrés. Le rapport de l'étendue de ces 
bassins et du débit des fleuves par les hautes eaux coïncide assez 
exactement pour la Loire et pour le Danube, environ 38 mètres cu- 
bes par myriamètre carré pour la Loire, et 36 pour le Danube, 
pour la Garonne le rapport est plus faible et donnerait seulement 
30 mètres cubes par myriamètre carré. 

Le bassin total du Danube dépasse de moitié environ la surface 
de la France entière, qui est de 5,276 myriamètres carrés. Si on 
pouvait prendre pour base de la quantité d’eau fournie à l'époque des 
hautes eaux le chiffre de 30 mètres cubes par myriamètre carré on 
aurait un total de 225,000 mètres d’eau, déversés par seconde du 
Danube dans la mer Noire à l’époque des hautes eaux. 


Pente du Danube. — La pente du Danube varie nécessairement 
sur un aussi long parcours. À Passau, le niveau du fleuve est en- 
viron à 267" au-dessus du niveau de la mer. La pente moyenne 


NAVIGATION DU DANUBE. 109 


serait donc environ 0,125 par kilomètre. Dans le parcours de l'Au- 
triche seule la pente est de 0,178. 

Les pentes successives se répartissent de la manière suivante. Au- 
dessus de Vienne, dans la haute Autriche, la pente est 0,40 par 
kilomètre. 

De Vienne au confluent de la Raab, près de Comorn, elle est de 
0,065. 

Entre Comorn et le confluent de la Drave, elle n’est plus que 
0,0485. Depuis le confluent de la Drave jusqu'a Alibegg, 0,0216; 
environ vingt fois moins forte qu'au-dessus de Vienne. 

D'Alibegg à Orsowa, la pente devient 0,27; on franchit alors les 
Rapides et le passage des Portes de fer. 

Sur le territoire valaque, de Tourno-Severino à Rassova, la 
pente est 0,033. Le fleuve qui depuis Belgrade se dirigeait vers l’est 
tourne alors brusquement vers le nord, l'écoulement devient plus 
facile alors, la pente augmente, elle est de 0,943 au-dessous de 
Rassova et en moyenne de 0,053% jusqu'à la mer. 

La Theiss seule présente à notre connaissance une pente moins 
forte que celle du Danube. Son eours entier se développe par des 
circuits sans nombre sur une longueur de 1210 kilomètres dans une 
vallée qui n’a que 545 kilomètres en ligne directe depuis Tibisea 
Uhlak jusqu'au Danube. La pente moyenne est alors de 0,037 par 
kilomètre, et elle n’est plus que 0,008 au moment où la Theiss se 
jette dans le Danube. Sa vitesse est de 0,30 à 0,60, rarement 1" 
par seconde. 

Les crues de la Theiss ont lieu à la même époque que celles du 
Danube. Les plus grandes oscillations entre les hautes eaux et les 
basses eaux sont de 4°50 à 6° sur la Theiss comme sur le Danube. 
A Rassova, nous avons observé la même différence, le niveau des 
hautes eaux est à 21"50 au-dessus de la mer et les basses eaux 
extraordinaires à 15"50. 

Cette hauteur des erues qui s'élèvent à 6” au-dessus de l’étiage 
est énorme si l’on songe que les rives sont submersibles sur des 
lieues entières d’un côté ou de l’autre du fleuve. 

Dans le haut Danube, au milieu des escarpements ‘gigantesques 
de la chaine des Alpes Noriques, on rapporte qu’en 1787 les eaux 
se sont élevées à 48 pieds; au-dessus d'Orsowa, au passage des 
Carpathes, les eaux seraient montées jusqu'à 54 pieds au-dessus de 
l'étiage. 

En 1837, les eaux se sont élevées à 9° au-dessus de l’étiage dans 
la Hongrie, les digues furent rompues et tout fut inondé dans la 
vaste plaine qui s'étend de Presbourg à Pesth. 

En regard des pentes du Danube et de la Theiss, et des crues 
maxima de ces deux cours d’eau, nous avons réuni dans le tableau 
suivant les chiffres que nous avons pu nous procurer pour les pentes 
et les crues maxima de divers fleuves '. 


1 Ce tableau montre que le Mississipi a une pente comparable à celle du 
Danube et de beaucoup inférieure à celle des autres fleuves. Celle de la 


4 


110 NAVIGATION DU DANUBE. 


Différences entre les hautes eaux 
et les basses eaux. 


Noms des fleuves. Pentes par kilomètre. 


Danube . . | 0195 moyenne de Passau à 
la mer. — 


0,400 au-dessus de Vienne.| 12”. 
0,048 en Hongrie. 9, 


0,033 entre Orsowa et Ras- 
sova. 6”. 


0,0554 de Rassova à la mer. — 


Theiss. . . | 0,028 de Tibisea - Uhlak au 
Danube. — 


0,0081 près du confluent. 4750. 
Rhône . . « | 1,456 à la sortie du Léman. — 
0,545 à Lyon. — 


0,742 à Valence. 6”80 à Avignon. 
0,288 à Tarascon. _— 
0,053 à Arles. _ 
Rhin. . .. | 0,554. 7708 à la Prise du canal 
du Rhône au;ÿRhin, 
Garonne . . | 0,440. 9°37 à Agen. 
— 15° à Langon. 
Loire . . . | 0,590. 9795 à Nevers. 
Allier . .. — 6355 à Moulins. 
Seine . . . | 0,100. 7790 à Paris. 
Volga . . . | 0,106. — 
Ni 1,99 FE 0,144. 6°60 au Caire. 
— 13°00 Haute-Egypte. 
Mississipi . | 0,058. 1000. 
Ohio. . .. — 20"00 à Cincinnati. 


Theiss est en dehors de toutes les autres, c’est un des phénomènes les plus 
remarquables dans les vastes plaines de la Hongrie que cette rivière large 
de 200 à 300 mètres, coulant ses eaux aussi lentement que la Saône, en 
faisant mille contours dans sa fertile vallée. Des projets d’amélioration en 
cours d'exécution doivent raccourcir le parcours total de 176 kilomètres 
au moyen de 101 coupures. La pente moyenne deviendrait alors 0,425 au 
lieu de 0,037. Déjà le raecourcissement obtenu à la fin de 4853 était de 
413 kilomètres. En même temps, un système de digues submersibles, 
construites aux frais des propriétaires , limite à 570" le champ des inon- 
dations. On a dépensé trois millions environ jusqu'à présent et garanti 
une surface de 250,000 hectares. On estime à 1,450,000 hectares le champ 
d’inondations de la Theiss et de ses affluents, 


DEaex x 


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… 


À 


RS 


NAVIGATION DU DANUBE. ER 


Obstacles à la navigation. — Après avoir fait connaître le régime 
du Danube, il nous reste à parler des obstacles que rencontre la 
navigation. 

En prenant pour point de départ le zéro de l'échelle d'Orsowa à 
8 pieds au-dessus de zéro, les Au sont submergées; la vitesse du 
fleuve rend la navigation difficile à la descente. impossible à la re- 
monte. Les bateaux à vapeur seuls peuvent affronter ces obstacles 
et leur service n’est jamais interrompu par les crues ordinaires. 

Lorsque les eaux descendent au-dessous de zéro la navigation 
devient dangereuse partout où le fleuve, abandonné à lui-même, 
peut s'étendre librement. Des banes de gravier déplacés par les 
crues sont des causes fréquentes d'échouage. 

La navigation est interrompue de cette manière environ 28 jours 
par an; de plus, pendant le mois de décembre, janvier et février 
elle cesse complétement. 

Il y a donc absolue nécessité de régulariser le Danube ; M Pasetti, 
directeur des travaux publics à Vienne, de qui nous tenons les dé- 
tails relatifs au Danube dans la traversée de l'Autriche, propose un 
lit mineur de 380" et un lit majeur de 760" avec digues puissantes 
pour préserver la vallée. C'est un travail cons'dérable, surtout eu 
égard à l'état des finances de l'Autriche; nul doute d’ailleurs qu'il 
ne produise de bons résultats pour la navigation. 

Mais ce n’est pas tout. À 75 kilomètres au-dessous de Linz, le 
Danube traverse une chaine granitique, des pointes de rochers appa- 
rents ou cachés sous l’eau encombrent la passe et forment trois ca- 
naux, dont un seul est praticable par les eaux ordinaires. On l'appelle 
le Strudel. Sur 150" de longueur, la chüte est à peu près de 4". 
En 1777, sous le règne de Joseph IT, on a commencé à faire sauter 
ces rochers pour améliorer ce passage; plus bas se trouve le Wairbel, 
vaste tourbillon formé par les eaux du Danube, qui vont frapper 
presque à angle droit un escarpement granitique. Ce passage est 
presque aussi dangereux que le Strudel, et les bateliers l'ont nommé 
le tombeau en souvenir des nombreuses victimes qu'il a faites. 

Vis-à-vis de Vienne, enfin, depuis deux siècles les eaux s’éloi- 
gnent des remparts qu'elles baïgnaient autrefois et se répandent en 
plusieurs bras dans les prairies du Prater où elles forment de nom- 
breuses iles (Au) submersibles, au nombre desquelles se trouve la 
fameuse ile Lobau. 

Depuis le règne de Joseph IF, on s’est toujours occupé d'améliorer 
le passage du Strudel et de ramener le Danube dans son ancien lit, 
appelé maintenant le canal du Danube. 

En 1820, on a de plus commencé des travaux de régularisation 
dans la haute Autriche. Ces travaux s: composent de digues longi- 
tudinales perreyées pour résister aux glaces et rattachées à la rive 

ar des épis transversaux. Ces travaux ont réussi à maintenir un 
RE chenal navigable. A la fin de 1849, on avait exécuté 359 kilo- 
mètres de digues; de 1850 à 1853 on en construisit encore 75. Un 
chenal de 30" de largeur et de 228 de longueur a été pratiqué pour 


412 NAVIGATION DU DANUBE. 


le passage du Strudel et on se propose d'en faire un second; le 
Wirbel n’a plus de terrible que son ancienne réputation. Mais les 
tentatives multipliées destinées à ramener la navigation sous les 
murs de Vienne ont été constamment infructueuses, et le canal du 
Danube s’ensable toujours. Un bateau plat mène les voyageurs de 
Vienne au bateau à vapeur stationnant dans le grand Danube, près 
de l'ile Lobau. 

Dans la Hongrie se présentent, eomme nous l'avons dit, quel- 
ques bancs de sable après les crues. On a proposé des digues de lit 
mineur et de lit majeur; mais on peut y considérer la navigation 
comme bonne dans son ensemble. 

Nous arrivons maintenant aux Rapides et au Passage des portes 
de fer. Au-dessus d'Orsowa le Danube franchit un rameau de la 
chaine des Carpathes, le lit est resserré entre des roches escarpées, 
sa largeur varie de 460 à 1000". Sa profondeur est en général plus 
que suffisante pour toute espèce de bateaux, excepté en sept endroits 
où le lit du Danube est traversé par des bancs de rochers qui arré- 
tent toute navigation lorsque le niveau des eaux est à 4 pieds au- 
dessus du zéro de l’échelle d'Orsowa. 

En quelques points la navigation est possible par 4 ‘/, pieds. Mais le 
plus ordmairement on ne peut entreprendre avec sécurité les trans- 
ports par eau qu'au moment où le niveau de l’eau est à 6 pieds au- 
dessus de zéro. 

Il résulte des observations faites depuis 1843 jusqu'en 1853 qu’en 
moyenne il y a #4 jours par année où le niveau descend de 4 à 6 
pieds au-dessous de zéro. Dans quelques années il y a eu 60 à 70 
jours où les eaux n'ont pas atteint cette hauteur. 

Enfin, au-dessous d'Orsowa, se trouve le Passage des portes de 
pe On se trouve encore au milieu des Carpathes, dont on aperçoit 
es vallées étroites et profondes. Le Danube a une largeur de 500 à 
950 mètres et son lit est traversé par des bancs de rochers sur une 
longueur de 2,600". Pendant longtemps nul n’a osé franchir ce pas- 
sage redouté; un bateau léger se hasarda un jour avec succès, de- 
puis les bateaux à vapeur font un service régulier à la descente et à 
la remonte. Mais ce n’est sans une certaine émotion qu’on voit cette 
grande masse entraînée comme une flèche au milieu des eaux qui 
bouillonnent sur des écueils cachés. La navigation n’est possible qu’à 
917, pieds au-dessus du zéro d'Orsowa. Or , 155 jours par an les eaux 
sont au-dessous de cette limite. Dans quelques années l'interruption 
a été de 219 jours. On voit quels obstacles sont accumulés sur un 
faible espace entre les communications de l'Autriche et de la Vala- 
chie. De 1832 à 1834 on a fait sauter quelques rochers sur les Ra- 
pides, à l’'amont d'Orsowa. M' Pasetti propose de faire un chenal 
comme celui du Strudel près de Linz, et d'appliquer plus tard ce 
moyen aux Portes de fer. 

Il rejette complètement et avec raison l’idée d’un canal latéral qui 
avait été mise en avant. La nature des rives est telle que ce canal 
devrait être établi en rivière sur presque tout son parcours, 


er 


NAVIGATION DU DANUBE. [LE] 


Les travaux d'amélioration sont maintenant décidés, mais les 
quelques ouvriers que nous avons vus près d'Orsowa ne suffiront 
point à donner prompte satisfaction au commerce si intéressé dans 
cette opération. 

Pendant la moitié de l’année, les bateaux à vapeur ne peuvent 
aller de Tourno-Severino à Orsowa. Les transports se font par char 
le long du Danube. 

Pendant les mois d'août, septembre et octobre les eaux sont trop 
basses. À partir du mois de décembre jusqu’au mois d'avril le ser- 
vice cesse complètement à cause des glaces. 

Les dépenses faites jusqu'à la fin de 1853 pour l'amélioration de 
la navigation du Danube dans l'empire d'Autriche se montaient à 
7,500,000 fr. environ, dont 3,000,000 fr. pour la haute Autriche, 
&,000,000 fr. pour la basse Autriche et 500,000 fr. pour la Hon- 
grie. C’est une somme bien peu considérable eu égard à l’impor- 
tance du but qu'on se propose d'atteindre et surtout eu égard aux 
difficultés à vaincre. 

Dans le parcours du Danube le long de la rive Valaque , la navi- 
gation est bonne et toujours facile. L'absence de ports commodes 
pour l’embarquement et le débarquement est seule à regretter. Les 
habitations se sont groupées sur les points insubmersibles si rares 
sur la rive Valaque. A l'époque des basses eaux, les bateaux ne 
peuvent plus aborder et s'arrêtent à 2 kilomètres et même plus du 
port. 

C'est ce qui arrive à Calarash et à Giurgewo, principales échelles 
du bas Danube. À Galatz, il y a la ville basse où sont les comptoirs 
et la ville haute où demeurent les négociants. 

Reste un dernier obstacle à la navigation du Danube, obstacle 
qui à paru longtemps plus grave que tous les autres, c’est la barre à 
l'embouchure dans la mer Noire. 

Le Danube charrie des masses de limon considérables, même à 
l'époque des basses eaux. Lorsque le choc contre les eaux de la 
mer amortit la vitesse du courant, les matières en suspension se 
déposent; de là une barre et un delta. | 

Les bouches du Danube sont un obstacle aussi grave que le pas- 
sage des Portes de fer. À l'époque des basses eaux on ne trouve 
plus que # à 5 pieds d’eau sur la barre, dans le bras de Sulina , le 
seul praticable, tant les autres sont encombrés de sable. 

Les bateaux du Lloyd autrichien, affectés spécialement au trajet 
de Constantinople à Galatz, tirent seulement 2°20 à 2"50 d’eau et 
souvent à l’époque des basses eaux on doit opérer le transborde- 
ment des voyageurs et des marchandises comme on fait entre Orsowa 
et Tourno-Severino. Cet état de chose n’est pas irrémédiable cepen- 
dant. Car à l'époque où les Turcs étaient maitres des boushes du 
Danube ils entretenaient à la passe une profondeur de 19 pieds soit 
près de 6 mètres. Tout navire sortant du Danube devait attacher à 
l'arrière un rateau avec griffes en fer; ce moyen de dragage très- 
simple avait réussi, On a voulu voir de la part des Russes un calcul 


114 NAVIGATION DU DANUBE. 


dans la suppression de ce dragage. Ils voulaient, dit-on, anéantir le 
commerce du Danube au profit d'Odessa. Toutefois, il ne paraît pas 
vrai qu'ils aient coulé des bateaux chargés de pierres pour encom- 
brer'la passe, comme on l’a souvent répété. Un bateau dragueur et 
un remorqueur à vapeur feront immédiatement cesser tous les incon- 
vénients de ce passage si redouté des marins qui fréquentent ces 
parages. L'entrée d'un fleuve est toujours difficile, il faut attendre 
longtemps le vent favorable, il cn est de même pour la sortie, et de 
nombreux sinistres sont à déplorer, que l’aide d'un remorqueur 
pourrait presque toujours éviter. 

On peut avoir aujourd'hui la certitude que cette question recevra 
la plus prompte solution &t son importance est capitale pour la pros- 
périté de la Bulgarie et des Principautés danubiennes. Resteront 
ensuite les obstacles des Portes de fer que l'Autriche devra se hâter 
de faire disparaitre si elle comprend ses véritables intérêts. 


Le canal du Danube à la mer Noire. — En terminant, nous dirons 
un mot d’une question qui a été assez vivement agitée l'année der- 
nière. Celle du canal du Danube à la mer Noire, de Tcherna-Voda 
à Kustendjé. 

Les difficultés du passage des bouches du Sulina, le voisinage de 
la Russie, enfin l'allongement de parcours de plus de 250 kilomètres 
occasionné par la courbe qui rejette le Danube vers le nord, entre 
Rassova et Galatz, avaient depuis longtemps amené à l'idée d’un 
canal qui permit d'éviter tous ces obstacles. 

Cette idée paraissait d'autant plus plausible que toutes les cartes 
indiquent une ligne de lacs pénétrant dans l’intérieur des terres jus- 
qu'à une distance assez considérable. Ce sont les lacs Carassou qui 
débouchent dans le Danube à Tcherna-Voda. 

Le travail était donc à moitié fait. Nombre de fois les yeux s'étaient 
tournés de ce côté et plusieurs explorations furent tentées. 

De plus , un préjugs très-répandu chez les Autrichiens, chez les 
Valaques qui n'ont jamais mis le pied sur la rive turque, donne au 
Danube une ancienne embouchure aboutissant de Tcherna-Voda à 
Kustendjé. Il ne s'agissait que d'ouvrir un nouveau prssage dans cet 
ancien lit encombré par des sables. Enfin, les cartes mdiquent par 
un tracé assez régulier et très-peu conforme à la vérité, le retran-— 
chement romain connu sous le nom de Fossé de Trajan. De là un 
nouveau préjugé. Trajan avait fait creuser un canal qu'il faudrait 
simplement rétablir. 

Les circonstances ont appelé de nouveau l'attention de ee côté et 
en même temps que la France faisait construire une route entre le 
Danube et la mer Noire, des capitalistes anglais, sans avoir jamais 
visité la Dobroudcha, ont fait un projet de canal dont il a été bien 
souvent question, même dans les régions officielles. 

Nous n'avons pas besoin d’entrer dans une discussion bien lon- 
gue. Il n’y à jamais eu d’embouchure du Danube aboutissant à Kus- 
tendjé; le lac Carassou est alimenté par des sources de fond et dé- 


NAVIGATION DU DANUBE. 115 


verse ses eaux dans le Danube pendant l'été; pendant les crues, au 
contraire, les eaux du Danube l’alimentent et couvrent toute la 
vallée. 

Le lac remonte jusqu'à 35 kilomètres dans l’intérieur des terres et 
se trouve encore séparé de la mer Noire par un plateau de calcaire 
néocomien et de grès vert dont la hauteur est environ 60" au-dessus 
de la mer. Enfin, le fossé de Trajan est un ouvrage de défense en 
terre, très-irrégulier, très-remarquable, du reste, comme les grands 
travaux des Romains. Il devait défendre contre les incursions rapides 
des barbares, la Moésie inférieure et la métropole de la Schythie, 
Tomi, aujourd'hui Kustendjé. Telles sont les données sur lesquelles 
on s’est appuyé et nous n'hésitons pas à déclarer la construction d'un 
canal impossible, ou si l'on veut inexécutable. Il faudrait ou faire 
une tranchée de 60" de hauteur sur 5 à 6 kilomètres de longueur, 
ou creuser un tunnel de 20 kilomètres de longueur. 

La paix donnera aux idées une direction meilleure : que l’on 
cherche à améliorer le passage des bouches du Danube, là est l'avenir 
de la navigation, et le bateau qui partira de Tourno-Severino, ville 
frontière de la Valachie, pourra venir débarquer à Constantinople. 
Il remontera jusqu'à Pesth et même jusqu'à Vienne le jour où l'Au- 
triche aura fait les quelques travaux nécessaires pour améliorer le 
passage des Portes de fer et le cours du Danube dans la traversée 
de la Hongrie. 

Jusqu'à présent la navigation à vapeur sur le Danube est desser- 
vie depuis Ratishbonne jusqu'à Linz par les bateaux d’une Compagnie 
bavaroise. Depuis Linz jusqu’à Galatz, ce sont les bateaux à vapeur 
de la Compagnie privilégiée (K. K. priv. Donau Dampschiffahrts 
Gesellschaft) qui seule avait le droit d'établir des bateaux à vapeur 
sur le Danube, la Theiss, la Save et la Bodrog. Son privilége exclusif 
“rs été contesté en Autriche même avant la conclusion du traité de 

aris. 

Aujourd'hui ce privilége se trouve annulé à la grande satisfaction 
des commerçants des deux rives du Danube. Depuis longtemps un 
service irrégulier, incommode, était la source de plaintes conti- 
nuelles; on réelamait l'abolition du monopole qui devenait un obsta- 
ele de plus aux relations commerciales entre l'Orient et l'Occident. 
Malgré toutes ces réclamations la Compagnie obtint une prolonga- 
tion de 30 ans pour son privilége qui expirait en 1853. Le délai fut 
reporté jusqu'en 1883, et la Compagnie s’engagea de son côté à 
construire de nouveaux bateaux parfaitement aménagés pour le ser- 
vice des passagers. 

Les moyens de transport dont dispose la Compagnie sont les ba- 
teaux à grande vitesse (Eülschiff) pour les voyageurs, les bateaux 
ordinaires qui transportent les voyageurs et les marchandises à 
grande vitesse; enfin des remorqueurs à vapeur pour le transport 

es marchandises. 

A partir du 45 mai jusqu'au mois de novembre, le service des 


116 NAVIGATION DU DANUBE. 


voyageurs a lieu tous les jours à la remonte et à la descente depuis 
Linz jusqu'à Semlin. 

Sur le bas Danube, entre Semlin et Galatz, le service régulier a 
lieu deux fois par semaine par l'Etlschiff et le bateau ordinaire. 

L'Euschiff part le dimanche matin de Vienne, arrive le lundi à 
Pesth, le mardi soir à Semlin, le mercredi à Orsowa et le samedi à 
Galatz. C’est donc un trajet de six jours à la descente. Les bateaux 
ne marchent point pendant la nuit. 

La durée du trajet en remontant est de huit jours ordinairement. 
Le prix du transport est de 425 fr. pour les premières places. 

De Galatz partent des paquebots réguliers pour Odessa et Cons- 
tantinople. Jusqu'à l’année dernière, les bateaux à vapeur du Lloyd 
autrichien faisaient seuls le service de Galatz à Constantinople par 
suite d’un arrangement avec la Compagnie privilégiée de la naviga- 
tion du Danube. 

Depuis quelques mois , la Compagnie française des messageries 
impériales a commencé un service régulier jusqu’à Galatz. La durée 
du trajet est de trois jours et le prix de la traversée 195 fr. 

Tel était l’état de la navigation dans le courant de l’année 1855. 
L’attention appelée sur l'Orient par les derniers événements amènera 
nous l’espérons de grandes améliorations dans le service des trans- 
ports sur le Danube. C’est une question d'avenir pour les riches 
prineipautés arrosées par le bas Danube. Ce sont elles qui en recueil- 
leront les plus grands fruits. Jusqu'à présent elles se sont vues sa- 
crifiées à l'Autriche au point de vue commercial comme au point de 
vue politique. Que la liberté d’action leur soit rendue, que les rela- 
tions avec l'Occident soient facilitées et les Principautés Danubiennes 
seront un exemple de ce que peuvent faire en Orient les populations 
d’origine latine. 


Appendice. Nous avons fait remarquer comment devant Rassova 
le Danube change de direction, après avoir coulé de l’ouest à l’est il 
remonte vers le nord, parallèlement au rivage de la mer Noire où il 
va se jeter. Le phénomène géologique est des plus intéressants. 

Le courant vient heurter les escarpements de calcaire néocomien 
qui forment les plateaux de la Dobroudcha et remonte laissant à sa 
gauche les immenses plaines de la Valachie et de la Moldavie, vastes 
dépôts d'alluvion, où l’on ne trouve pas une pierre, pas un caillou 
depuis le pied des Carpathes jusqu'au Danube. Là est peut-être lé 
secret de la faiblesse, de la misère même des populations Roumaines, 
en dehors de la région montagneuse. Elles n’ont point de pierres, 
ni pour leurs constructions ni pour leurs routes. 

Le soulèvement du plateau de la Dobroudcha a sans doute été 
produit par les éruptions volcaniques auxquelles sont dues les mon- 
tagnes des Beststeppes, dont les sommets arrondis se dressent au 
milieu des sables où se répandent les eaux du Danube avant de ga- 
gner la mer Noire. Ce plateau forme comme une muraille entre le 
Danube et la mer et donne lieu à des observations intéressantes. 


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NAVIGATION DU DANUBE. 117 


Dans la vallée du Danube , le vent suit ordinairement la direction 
du courant. Quand le vent sur le bord de la mer vient du large il 
traverse l’isthme de la Dobroudcha et les deux courants d'air oppo- 
sés se rencontrent presque toujours à 2 ‘/, lieues du Danube et à 14 
lieues de la mer Noire, nombre de fois j'ai eu occasion de voir un 
tourbillon qui arrachait les herbes, les chardons, les soulevait, les 
laissait retomber, les reprenait et les faisait tournoyer. On eut dit 
une main invisible, qui s’amusait avec tous ces objets, tant les mou- 
vements étaient lents et réguliers. Je ne fais que mentionner ce 
phénomène qui se produisait même avec des vents très-faibles sur le 
littoral de la mer Noire. On peut en conclure que l’action du courant 
d’air qui descend en suivant la vallée le long du Danube s’étendait à 
deux ou trois lieues au plus sur les plateaux de la rive droite dont 
la hauteur est assez uniforme. 


Lausanne, le 9 juin 1856. 


Explication de la Planche. 


La planche qui accompagne cette note représente les profils en long du 
Danube, de la Theiss et du Rhône, et permet de comparer les pentes suc- 
cessives de ces trois cours d’eau. 

L’échelle des longueurs est la même pour les trois profils, 0°00053 par 
kilomètre. Nons n'avons pu malheureusement adopter une même échelle 
pour les hauteurs à cause des différences trop variables des altitudes en- 
tre les deux extrémités des profils. 

Pour le Danube, l'échelle des hauteurs est 1000 fois celle des longueurs ; 
pour la Theïss, elle est 55553 fois plus grande; pour le Rhône, elle est 
seulement 333 fois plus grande, c’est-à-dire dix fois moins que celle des 
hauteurs de la Theiss. 

On peut remarquer que la Theiss, depuis la limiteide la navigation 
jusqu'au Danube sur un parcours deux fois plus long que celui du Rhône 
entre le lac de Genève et la mer Méditerranée, descend d’une hauteur 
CS moindre, c'est-à-dire que sa pente moyenne est vingt fois plus 
aible. 

Celle du Danube , dans la partie inférieure de son cours, est encore de 
un tiers plus forte que celle de la Theiss. 


118 OZONOMÉTRIE. 


OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES COMPARATIVES. 
Par M° Ch. Gaudin. 
(Séance du 18 juin 1856.) 


Ces observations ozonométriques ont été faites conjointement à 
Eglantine (Lausanne), par M° G. de Rumine ; à Noville, par M le 
pasteur Dulon, et au Grand St-Bernard, par M le prieur Deléglise, 
pendant les mois de mars, avril et mai, tous les jours à 7 heures du 
matin et à 7 heures du soir. (Voir la planche.) 


L. Comparaison de l'ozone diurne et de l'ozone nocturne. 


1° La somme de l'ozone nocturne des trois localités a été plus 
considérable que celle de l'ozone diurne de ‘},4 

2° Ce fait est peu frappant à Eglantine où la différence pour les 
80 jours pleins ne s’est élevée qu'à ‘/,.. 

3° Il est très-frappant pour le St-Bernard où la différence s’est 
élevée à ‘/, de la somme totale. 

4° A Noville, par contre, il y a eu plus d'ozone pendant le jour. 

9° Il semble résulter de ces observations que plus on s'élève et 
plus l'ozone nocturne tend à l'emporter sur l’ozone diurne. 


Il. Proportion d'ozone pendant chaque mois. 


1° Dans les trois stations, le mois de mai a eu plus d’ozone que 
le mois de mars et le mois de mars plus que celui d'avril. 

2° Cette observation est constante pour l'ozone diurne comme 
pour l'ozone nocturne. 


IT. Hauteur relative des stations. 


1° Dans chacune des trois stations, Noville, Eglantine et le Saint- 
Bernard, la somme de l'ozone nocturne a été pour chaque mois 
proportionnelle à l'élévation de la station. Il y a done eu plus d'ozone 
au Saint-Bernard qu'à Lausanne et plus à Lausanne qu'à Noville. 

2° Le fait persiste pour l'ozone diurne pour ce qui concerne Lau- 
sanne et Noville, c'est-à-dire que pendant les trois mois la première 
localité en à eu plus que la seconde. 

3° Le Saint-Bernard par contre a eu un peu moins d'ozone 
qu'Eglantine. 


Résultats. 

Nuit. Jour. Tolal. 
| Mars 167 182 349 
\ Avril 138 143 281 


Noville | Mai 193 208 401 
| Somme 498 533 1031 


38 29 30 % 


à 


1 20 95 24 95 2% 


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10 118 19 20 


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FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX, etc. 119 


Nuit, Jour. Total. 

Eglantine | Mars 225 214 439 
L Avril 169 172 341 

près | Mai 266 255 521 
Lausanne Somme 660. 64 1301 
Mars 24A 197 438 

| Avril 195 152 347 
St-Bernard Mai 979 218 497 
| Somme 706. 567 1282 


RECHERCHES SUR LES FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX DANS LES 
ANIMAUX ARTICULÉS. 


Par M° Yersin, professeur à Morges. 
(Séance du 18 juin 1856.) 


La structure du système nerveux des animaux articulés est trop 
connue pour que je eroie nécessaire de la rappeler ici. Une longue 
série d'observations sur les fonctions de cette partie de l'organisme, 
dans les insectes orthoptères, m'a conduit aux résultats suivants : 

1° Que la section d’un nerf, près de son origine, entraine toujours 
la paralysie complète de l'organe dans lequel 1l se rend. 

2° La section des cordons nerveux qui lient entre eux les gan- 
glions, formant la chaîne médullaire ventrale, a pour effet d'isoler 
les deux parties du corps situées de chaque côté de la section. Ces 
deux parties continuent à vivre en conservant la sensibilité et la mo- 
bilité, mais sans avoir conscience l’une de l’autre et sans pouvoir 
concourir aux mêmes actes. Si, par exemple, la chaine est interrom- 
pue entre le ganglion du mésothorax et celui du métathorax , la tête 
et les deux premiers segments du thorax n’ont pas connaissance des 
circonstances extérieures qui peuvent agir sur le reste du corps. Les 
quatre pattes antérieures et la première paire d'ailes paraissent seules 
mues par une force subordonnée à une intelligence active et en rap- 
port avec les sens qui ont leurs organes dans la tête. Pendant la lo- 
comotion des pattes antérieures, celles de la troisième paire restent 
immobiles et sont trainées sur les côtés du corps ou se meuvent d'une 
manière passive, sans concourir directement à la marche. Le méta- 
thorax et l'abdomen conservent, à la suite de la section des cordons 
nerveux, leur sensibilité et la liberté de leurs mouvements ; mais ils 
n'obéissent plus aux ordres qui pourraient provenir des parties 
antérieures. On s’en assure en touchant ou en pinçant l'abdomen ou 
les pattes postérieures , l'abdomen se contracte, se tord ; en même 
temps l’insecte cherche à fuir ou à se défendre en se servant de ses 
pattes postérieures seulement ou de l'aiguillon anal dans les insectes 
qui en sont munis. Ces actes défensifs ont la même précision que si 


120 FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX 


l'insecte n'était pas mutilé. Est-il nécessaire de le dire, aucun de 
ces moyens de défense n’est mis en usage par l’insecte opéré, lors- 
que la cause qui l’inquiète ou l'irrite s'exerce sur les parties en avant 
de la section. 

3° Dans les insectes à demi métamorphoses la section de la chaîne 
ganglionaire ne met pas un obstacle absolu aux mucs successives, 
soit changements de peau, d’une larve ou d’une nymphe. 

4° Il suffit pour qu'un organe soit sensible et pour qu'il puisse se 
mouvoir que ses nerfs prennent leurs racines sur un ganglion sain. 
On le démontre en faisant la section de la chaîne ganglionaire en 
avant et en arrière de l’un des ganglions du thorax. Les organes qui 
reçoivent leurs nerfs de ce ganglion conservent les deux facultés que 
nous venons d'indiquer, mais ils n’ont plus de relations avec les 
autres parties du corps, et réciproquement celles-ci n’ont plus au- 
cune conscience des organes ainsi isolés. 

5° Le résultat de la section de l’un des cordons seulement de la 
chaîne ganglionaire est assez difficile à présenter d’une manière gé- 
nérale, parce qu'il varie suivant les individus et suivant le point ou 
elle est pratiquée. Il arrive ordinairement que dans les premiers 
instants après l'opération, l'insecte est agité, il marche et saute, si 
ses parties postérieures sont propres à ce mode de locomotion. Les 
membres placés du côté de la section, entre cette section et l'extrémité 
postérieure, ont perdu une partie de leur sensibilité et de la liberté 
de leurs mouvements. Quelquefois, mais rarement, il résulte de cet 
état une absence d'équilibre dans les mouvements qui se trahit en 
ce que l’insecte en marchant décrit de petits cercles en tournant 
presque sur lui-même du côté opéré au côté sain. Quelques minutes 
après l'opération, la plupart des insectes frottent avec leur patte an 
térieure et comme pour les nettoyer, le côté de la tête et l'antenne 
correspondants au côté opéré. Puis, lorsque l’insecte est immobile, 
la même antenne se dirige vers la terre, l’autre demeurant droite ou 
élevée. Enfin, le plus souvent, la patte immédiatement en avant et 
du côté de la section paraït avoir une sensibilité plus grande que 
celle de la même paire de l’autre eôté. Une heure ou deux après 
l'opération ces divers phénomènes s’effacent en partie; il ne reste 
de bien appréciable qu'une différence dans les membres et les or- 
ganes postérieurs à la section; ceux du côté opéré ont des mouve- 
ments moins faciles et sont moins sensibles au toucher que ceux du 
côté sain. 

6° L'influence de la section des cordons de la chaine ganglionaire 
sur les fonctions de la nutrition ne parait pas être considérable. Un 
grillon auquel on vient de couper les cordons nerveux qui réunissent 
le thorax à l'abdomen, mange à l'instant sans paraitre éprouver de 
souffrance; il peut vivre dans cet état autant qu'un individu non 
opéré. Quant aux fonctions de la reproduction, le mâle perd par cette 
même section la possibilité de se réunir à sa femelle qu'il recherche 
néanmoins, mais sans réussir à la féconder. Une femelle qui à subi 


DANS LES ANIMAUX ARTICULÉS. 121 


la même opération peut se laisser féconder, mais elle est incapable 
de pondre. 

Les lésions ou piqûres sur les ganglions ont pour effet de pro- 
duire un trouble dans les fonctions de relation, trouble qui se manifeste 
diversement suivant les individus et les sexes, et qu'il n’est pas tou- 
jours facile de bien caractériser. 

7° En général, toute altération de l’un des ganglions de la tête ou 
du thorax est immédiatement suivie d’un état de torpeur qui dure 
plus ou moins; à cet état succède fréquemment un tremblement 
convulsif de tout le corps ou seulement des organes qui reçoivent 
leurs nerfs du ganglion lésé. Cet état convulsif peut durer quelques 
minutes et se renouveler plusieurs fois, à des intervalles plus ou 
moins éloignés. 

8° Une lésion du ganglion susæsophagien est presque toujours 
suivie d'une absence d'équilibre dans les mouvements. L'insecte, 
au lieu de marcher en ligne droite, décrit des cereles en tournant sur 
lui-même avec une certaine rapidité. Les cercles ainsi décrits s'agran- 
dissent ordinairement au bout de quelques heures. Quelquefois 
après un ou deux jours l’insecte peut se mouvoir un moment en ligne 
droite, puis ensuite il recommence à décrire des cercles. Il arrive 
encore qu'ayant tourné pendant un certain temps de droite à gauche, 
il tourne ensuite en sens inverse; ou bien encore, que les cercles 
décrits par le même individu, lorsqu'il marche lentement, soient 
dans un sens contraire à ceux qu'il parcourt en marchant d'un pas 
rapide. Le point du ganglion lésé ne parait pas être en rapport con- 
stant avec le sens de la rotation; toutefois, on observe qu'en général 
l'insecte tourne du côté lésé au côté sain. Cette absence d'équilibre 
dans les mouvements se manifeste d’une manière analogue dans la 
locomotion aérienne. Une libellule ou une mouche piquée sur le 
front, assez profondément pour atteindre le ganglion susæsopha- 
gien ne vole plus qu'en décrivant des cercles ou une spirale. Le dé- 
sordre produit dans la locomotion peut encore se manifester en ce 
qu'au lieu d'aller devant lui, l'animal marche le flanc droit ou le 
flanc gauche en avant; ou bien encore parce qu'il marche en arrière 
l'abdomen le premier. Enfin , le plus souvent, que l’insecte soit en 
repos ou en mouvement, l’un des côtés du corps est plus élevé que 
l'autre, tellement que l'animal est plus ou moins couché sur l’un de 
ses flancs. 

9° L’altération de l’un des ganglions du thorax est toujours ac- 
‘compagnée d'une paralysie momentanée d’une partie ou de tous les 
organes qui en reçoivent des nerfs. Au bout d’un temps plus ou moins 
long la sensibilité de ces organes et leur motilité volontaire repa- 
raissent; les deux facultés en même temps et au même degré, ou 
l'une d'elles seulement. Il arrive encore que la sensibilité renait sur 
l'un des côtés du corps et parait être surexcitée, tandis que les 
mouvements sont difficiles ou nuls de l’autre côté ; les membres 
jouissent de toute leur mobilité, mais demeurent à peu près insen- 
sibles aux perturbations extérieures. Enfin, dans quelques cas, une 


122 FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX, etc. 


lésion d’un ganglion thoracique est accompagnée d'une absence 
d'équilibre dans les mouvements de tous les membres, et l'insecte, 
au lieu de marcher en ligne droite, ne peut que décrire de petits 
cercles en tournant toujours dans le même sens. 

10° La volonté parait pouvoir être affectée et troublée comme les 
mouvements. Ainsi, en pratiquant une lésion du ganglion susæsopha- 
gien d'un grillon , il peut arriver, qu'en marchant, il morde à un 
morceau de pain, qu'il paraisse le manger avec avidité et s’y attacher 
de toute la force de ses mandibules sans que les pattes cessent de se 
mouvoir ; aussi le grillon, poussé en avant, est-il obligé de se tordre 
sur lui-même et finit-il par faire une culbute complète la tête res- 
tant fixée au pain qu'elle dévore, tandis que les pattes continuent à 
s’agiter. Il arrive aussi qu'un grillon mâle auquel on a fait subir la 
même opération, court devant lui en chantant pour appeler sa femelle ; 
s’il vient à la rencontrer, il s'approche vivement, s'arrête devant 
elle, puis passe outre toujours chantant et comme entrainé par deux 
volontés contraires, l’une qui le pousse à courir, l'autre qui le retient 
auprès de la femelle qu'il parait appeler et rechercher. 

11° Un dernier résultat de toute opération sur les ganglions ou 
sur les cordons qui les lient est de produire une diminution mani- 
feste dans l'intelligence et l'instinct. 


FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. 193 


QUELQUES MOTS SUR LA FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. 


Par M' Ph. Delaharpe , docteur en médecine. 


(Séance du 18 juin 1856.) 


Introëuction. 


Depuis quelques années, l’étude des plantes qui ont vécu durant 
l'époque tertiaire est devenue l'objet de travaux nombreux et remar- 
quables. Cette science encore naissante prendra bientôt une place 
honorable parmi celles qui s'occupent de l'histoire de la terre. Les 
terrains tertiaires moyens ou #miocènes ont jusqu'à présent fourni le 
contingent le plus considérable de matériaux, tandis que les terrains 
tertiaires inférieurs ou éocènes n’offrent qu'un nombre restreint de 
localités riches en végétaux fossiles. Ce fait tient peut-être à la cir- 
constance qu'en Europe, durant la période éocène, il ne s’est formé 
des dépôts lacustres, terrestres ou côtiers, que sur un petit nombre 
de points. La végétation des mers éocènes est sans doute déjà pas- 
sablement connue, tandis que la flore continentale de cette époque 
laisse encore beaucoup à désirer. 

Les seules localités éocènes à moi connues ‘, dont la flore ait été 
soigneusement étudiée, sont l'Ile de Sheppy en Angleterre, Sotzka 
en Styrie, Sagor en Carniole, Hæring en Tyrol, et le Monte Pro- 
mina en Dalmatie?. Et même quant aux gisements de Sotzka, de 
Sagor, de Hæring et du Monte Promina, il est permis d'élever des 
doutes sur leur nature éocène. Le fait qu'un très-grand nombre de 
leurs espèces végétales se retrouve dans le terrain miocène en diffé- 
rents endroits et en particulier dans les couches inférieures de la 
molasse suisse dont l’âge miocène ne peut être mis en doute, et celui 
que ni les fossiles du règne animal, ni les relations stratigraphiques 
ne paraissent avoir mieux décidé la question, m'engageraient à me 
ranger plutôt à l'opinion de L. de Buch, et à classer ces différents 
gisements dans l'époque miocène. L'étude des végétaux fossiles des 
terrains tertiaires inférieurs du bassin anglo-parisien aidera sans 
doute à juger le débat. 

L'Angleterre en particulier contient un grand nombre de végé- 
taux fossiles, répartis dans les différents étages du terrain éocène. 
Les matériaux d'une riche flore ont été réunis dans diverses col- 
lections. Quelques portions de cette flore ont été déjà décrites; 
ainsi M. Bowerbank à recueilli, étudié et publié les remarquables 


1 Les localités envisagées comme éocènes , dont les débris de végétaux 
terrestres ont été étudiés par M. Massalongo, présentent un si grand nom- 
bre d’espèces caractéristiques des terrains miocènes, qu’il est permis de 
conserver des doutes sur leur âge géologique. 


? La flore éocène de Sésanne, dans le Soissonnais, a été étudiée par un 
botaniste distingué, M. le professeur Schimper (de Strasbourg), mais les 
résultats de ses travaux n’ont pas encore été publiés. 


124 FLORE TERTIAIRE DE L'ANGLETERRE. 


fruits fossiles du London-Clay, que l'ile de Sheppy fournit en si 
grande abondance. Cependant, malgré les travaux de l'habile géolo- 
gue que je viens de nommer et quelques autres moins importants, 
il reste encore beaucoup de matériaux à étudier. Je chercherai à 
donner ici un aperçu de ceux que j'ai eu l’occasion d'examiner du- 
rant le court séjour que j'ai fait en Angleterre l'hiver dernier '. 

Je dois à l'extrême obligeance de MM. Rod. Murchison, Salter, 
Bowerbank et Prestwich, d'avoir pu réunir et étudier les empreintes 
de feuilles que possèdent ces deux derniers géologues et le Musée 
de géologie pratique de Londres. J'ai réuni ainsi environ 300 échan- 
tillons. Plusieurs botanistes anglais avaient examiné quelques-uns 
de ces beaux fussiles, mais aucun d'eux n'avait entrepris de les dé- 
terminer. Et même, après l'examen d'une série de feuilles récol- 
tées par M. Prestwich, l'un des premiers botanistes de l'Angle- 
terre écrivit ces mots : « Aucune d'elles ne présente des caractères 
» suffisamment nets pour déterminer approximativement les affinités 
» génériques des plantes auxquelles elles appartiennent?. » Plus 
loin, il ajoute : « Si les plantes de Reading m eussent été présentées 
» à l’état frais, avant leur fossilisation et sans que je connusse leur 
» provenance, je ne crois pas que j'eusse été capable de les rappro- 
» cher spécifiquement les unes des autres ou de fixer leur position 
» dans le règne végétal. » 

Sans doute, il n'est pas toujours possible d’assigner à une plante 
fossile, dont on ne connaît que quelques empreintes de feuilles, la 
place exacte qu'elle doit occuper dans l’échelle; mais au moins peut- 
on lui trouver des affinités probables avec une ou plusieurs plantes 
vivantes. Cette aflinité n’existât-elle même pas du tout, l'étude des 
plantes fossiles n’en serait pas moins utile par les données qu’elle 
peut fournir sur l’âge des terrains et sur les rapprochements à établir 
entre les couches de divers pays. 

Le travail de la détermination générique des feuilles fossiles de 
l'Angleterre n'étant pas encore achevé, je ne donnerai ici qu'un 
court aperçu des florules des divers étages des terrains tertiaires de 
ce pays. 

Pour fixer les idées, j'ai dressé le tableau suivant de la série ter- 
tiaire de l'Angleterre, comparée avec la série des mêmes terrains 
dans les environs de Paris. Ce tableau est construit d’après les vues 
de Forbes et de M. Prestwich, modifiées par celles de mon ami, 
M. E. Renevier. 


1 Je n'ai malheureusement pas eu connaissance des travaux du docteur 
Mantell : On the Geological structure of Sussex, ni de ceux de Dixon : 
Fossils of Sussex, qui ont figuré et décrit quelques végétaux fossiles 
éocènes. 


2 Quarterly Journal of the geological Society of London, vol. X, 2° 
part., p. 165. 


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126 4 FLORE TERTIAIRE 


Les terrains éocènes inférieur et moyen contiennent des végétaux 
fossiles en grand nombre et ce qu'on en connaît aujourd'hui suffit 
pour prouver que la végétation de ces époques reculées offrait le 
même caractère général que la flore actuelle et qu’elle avait même 
un aspect bien plus brillant que celle qui orne actuellement l'An- 
gleterre. 

Les localités qui ont fourni les matériaux dont j'ai fait usage sont, 
en commençant par les terrains inférieurs, Reading, Counter-Hilt, 
Reculver-Cliffs, Sheppy, Londres et ses environs, Herne-Bay, Alum- 
Bay, Bracklesham-Bay, Bournemouth, Corfe-Castle, Bramble-Chine, 
etc., et enfin l’Jle de Mull. 


Terrain éocène inférieur. 


THANET-SANDS. 


Une couche puissante de sables fins, nommés sables de Thanet 
(Thanet-Sands), recouvre immédiatement la craie dans le bassin de 
Lonires. Cette couche parait manquer dans le bassin du Hampshire. 
On n’a pas, que je sache, rencontré dans le Thanet-Sands de vé- 
gétaux fossiles susceptibles de détermination ". 


WOOLWICH AND READING SERIES. 


Dans le bassin du Hampshire et dans la portion occidentale du 
bassin de Londres les couches de Woolwich et de Reading reposent 
directement sur la craie, tandis que dans le Kent elles en sont sépa- 
rées par les sables de Thanet. La flore des couches de Woolwich et 
de Reading est relativement pauvre. Les localités qui ont fourni des 
matériaux à cette flore sont : 

I. Reanwe, dans le Berkshire. Une tranchée faite pour la cons- 
truction d’un chemin de fer, a permis à M. J. Prestwich d'étudier 
des couches qui reposaient directement sur la craie blanche. Ce 
géologue infatigable y a recueilli une série de plantes fossiles du plus 
haut intérêt, puisqu'elles nous représentent la végétation la plus 
ancienne de l’époque tertiaire. Les empreintes de feuilles recueillies 
à Reading nous représentent déjà une végétation analogue à celle qui 
recouvre actuellement les régions tempérées. Elles se trouvent dans 
un grès tendre ou une marne sableuse. Quoique leur conservation 
ne soit pas parfaite elles sont cependant susceptibles de détermi- 
nation. 

M. J. Prestwich a figuré les plantes de Reading dans son beau 
travail sur les Woolwich and Reading series®, et M. le D° 3. D. Hooker 
a accompagné ces dessins d’une courte notice, dans laquelle il refuse 


1 Compar. J. Prestwich ; On the Thanet-Sands, dans le Quart. Journal. 
Séance du 21 avril 4859, p. 247, 249. 


2 Quarterly Journal, vol. X, part. 4 et 2, n° 58 et 59, pl. IV, fig. 1-28, 
texte p. 88, 170. 


DE L'ANGLETERRE. 127 


à ces fossiles l'honneur d’une détermination quel:onque ‘. Cependant 
il est possible d’assigner à la plupart d’entre eux une place, du moins 
probable, dans la série. Il est en tout cas facile de grouper spécifique- 
ment les échantillons. 

Reading a fourni à M. Prestwich quatorze espèces ; cinq d'entre 
elles sont représentées par de trop mauvais échantillons pour être 
déterminées; elles sont figurées à la PI. IV, fig. 12 et 29 : trois au- 
tres ne sont pas figurées. 

Parmi les neuf espèces déterminables, plusieurs sont fort inté- 
ressantes ; je citerai : | 

1° Une plante arborescente, un figuier (peut-être un mürier) 
qui se trouve représenté par un très-grand nombre de feuilles de 
toutes les dimensions (fig. 1, 2, 3, 4, 15). Les branches portant 
encore leurs volumineux bourgeons, se rapportent sans doute à la 
même espèce (fig. 24, 25, 26, 27). — Les figures 9, 9°, 9” et 10, 
assez peu déterminables, paraissent appartenir à la même espèce. 
M. le D' Hooker en a fait six espèces distinctes. 

2° La fig. 7, que je suis parvenu à compléter, est très-proba- 
blement aussi un figuier. On retrouve la même espèce à Alum-Bay 
et à Corfe-Castle. 

3° Deux espèces de lauriers (fig. 5 et 13 et fig. 1%). 

4° Une plante fort singulière (fig. 11). Après mûr examen, j'ai 
tout lieu de croire qu'elle appartient à une protéacée du genre Gre- 
villea. I] existe quelques espèces de ce genre dont les feuilles sont 
découpées d’une manière analogue, par exemple, la Grevillea ro- 
busta de l'Australie. L’épaisseur de la feuille fossile, la largeur de 
ses nervures, ne permettent pas de la classer parmi les fougères. 

5° Une foliole d'une légumineuse (fig. 21) qui appartient proba- 
blement au genre Robinia. 

6° Une grande feuille (fig. 6 et 8) qui présente une ressemblance 
frappante avec la Banksia latifolia, R. Br., de la Nouvelle-Galles 
du Sud. M. le professeur Heer serait plus disposé à y voir un chêne 
voisin du Quercus Cyri, Ung. La même espèce existe aussi à Alum- 
Bay. 

Fe Les charmantes feuilles représentées par les fig. 17, 19, 20, 
20", que l’on rencontre souvent insérées sur la mince branche 
(Ge. 20) qui les porte. Il m'a été impossible jusqu’à présent de les 

éterminer avec quelque exactitude. 

8° Une feuille de monocotylédonée (fig. 22 et 23)°, que l’on trouve 


1 Loc. cit., p. 163. 


? Quelques mots encore sur la PI. IV, publiée par M. Prestwich sur les 
feuilles de Reading. La fig. 6 n’est pas exacte : la base de la feuille s’éten- 
dait bien au-delà ; c’est fortuitement que la roche s’est trouvée brisée à la 
base de l'empreinte. La fig. 12 représente un échantillon trop mal con- 
servé pour être déterminable. La feuille, fig. 13, doit porter un pétiole 
très-court et une nervure intermédiaire dans les espaces qui séparent les 
trois nervures latérales inférieures de chaque côté. La fig. 7 a été complé- 
tée. La fig. 48 fait croire à l'existence d’une portion de feuille encore atta- 


128 FLORE TERTIAIRE 


très-bien conservée dans la collection de végétaux fossiles d'Alum-— 
Bay de M. Bowerbank. Cette feuille rentre dans le genre Cyperites 
établi par Lindley. 

Après avoir jeté un coup-d'œil d'ensemble sur les formes végé- 
tales des espèces de Reading, j'exprimai à M. Prestwich l’idée, bien 
hasardée peut-être, que le climat sous lequel elles vivaient devait 
être d’une température moyenne moins élevée que celui de l’époque 
éocène moyenne, où de grands arbres étalaient leur feuillage riche 
et toujours vert. M. Prestwich me répondit, chose remarquable, que 
l'étude de la faune et en particulier celle des mollusques de ces 
deux divisions du terrain éocène, l’avait conduit à la même con- 
clusion. 

IT. Counrer-Hizz (près Londres). La science doit encore au zèle 
infatigable de M. J. Prestwich et du Révér. M. de la Condamine, la 
découverte de quelques plantes fossiles dans cette localité. Celles-ci 
se trouvent dans une marne fine, jaune brun, très-friable, apparte- 
nant au même niveau géologique que les couches de Reading. 

M. Prestwich a figuré dans son travail sur les Woo/wich and Rea- 
ding series (PI. IT, fig. 4, 5, 6) quelques-uns des débris végétaux 
qu'il y a recueillis. 

Les espèces de Counter-Hill que ce géologue possède dans sa 
collection sont au nombre de cinq. Deux d’entre elles (fig. 4 et 5) 
sont des Carpolites ndéterminés. Les autres sont une fougère du genre 
Pteris (fig. 6), un roseau différent de celui de Reading et un laurier 
que l’on rencontre en meilleur état à Alum-Bay et à Bournemouth. 

III. Les mêmes couches ont encore fourni sur plusieurs points 
divers débris végétaux moins importants, dont la découverte est 
aussi due à MM. Rév. de la Condamine et J. Prestwich. Ce dernier 
possède l'empreinte d'un cône de pin, provenant des Reculver-Clffs, 
East Kent (loc. cit. PL. IE, fig. 3). Plusieurs fragments de bois sili- 
cifiés, appartenant à des conifères et à des dicotylédonées ont été 
trouvés à Sundridge-Park, près Londres, dans les Reculver-Clhiffs et 
entre Ash et Wodnesborough (East Kent); divers carpolites à Wool- 
wich, etc. 

LONDON—CLAY. 


L'argile de Londres recouvre les couches de Woolwich et de Rea- 
ding. Elle est aussi bien développée dans le bassin du Hampshire que 
dans celui de Londres. Ce n’est que dans ce dernier que des débris 
végétaux ont été trouvés en quelque abondance. La portion orien- 
tale du bassin de Londres (East Kent) et spécialement l'ile de Sheppy 


chée à la tige: dans l'original on ne remarque qu’une tache jaunâtre et non 
point l'empreinte d’une feuille. Dans la fig. 22, la tige linéaire qui partage 
la feuille n’a rien de commun avec celle-ci, Je n'ai pu retrouver dans la 
collection de M. Prestwich, qu’il a généreusement mise à ma disposition, 
l'original de la fig. 28. La fig. 29 est indéterminable. 


1 Prestwich, on the Woolwich and Reading series, dans le Quart. Journal 
for february 1854, p. 404, 105, 416, 156. 


DE L'ANGLETERRE. 129 


sont connues depuis longtemps comme des mines inépuisables de 
végétaux fossiles. 

La flore de l'argile de Londres se distingue de celle des étages 
avoisinants par un caractère fort singulier : de toutes les plantes qui 
vivaient à cette époque, les fruits, les graines et les bois ont seuls 
passé à l’état fossile. Je ne sache pas que l’on ait jamais trouvé 
d'empreintes de feuilles dans ce terrain. 

Je n'ai que peu de choses à dire sur la flore de l'argile de Lon- 
dres, après les travaux remarquables que M. J. S. Bowerbank lui a 
consacrés. Son bel ouvrage, intitulé : À History of the fossils fruits 
and seeds of the London-Clay, a immortalisé tout à la fois son au- 
teur et les magnifiques fruits de l'ile de Sheppy. 

Je n'ai qu'un soubait à former, c’est que ce géologue distingué 
veuille bien faire connaitre au monde savant les centaines d'espèces 
nouvelles et les précieuses observations qu'il a recueillies depuis 
la publication de la Part 1 (1840) de son grand travail. 

1. Ice pe sseppy. — Jusqu'à ce jour, M. Bowerbank à publié et 
figuré 101 espèces provenant de cette localité. Elles se répartissent 
dans les familles naturelles suivantes : 


Familles. Espèces. Familles. Espèces. 
Coniféreshs. où... 13 Légumimeuses . . . 47 
Nipacées”t. .: . "97042 Malyagées 27/7 LU 40 
Aurantiacées? . . . 1 Protéacées - . : : 2 
Cucurbitacées . . . 1 Sapindacées . . . 15 


En y ajoutant le Lycopodites squamatus, Brong., cité par M. Prest- 
wich ‘, nous aurons 102 espèces connues. 

IL. Herxe-Bay (East Kent). — M. W. Richardson et M. Th. Hunt 
ont trouvé dans cette localité plusieurs fruits fossiles. M. Bowerbank 
y a reconnu des cônes de protéacées et en a fait cinq espèces nom- 
mées par lui : Petrophiloides Richardsoni, P. cellularis, P. cylin- 
dricus, P. conoideus, et P. ellipticus®. M. le D' C. d'Ettingshausen, 
dans son travail sur les Protéacées fossiles ®, a réuni avec raison ces 
cinq espèces sous le même nom, Petrophiloides Richardsoni, Ett. 
Ce même fruit a été trouvé en Dalmatie, au Monte Promina, associé 
à un grand nombre d'espèces végétales, dont plusieurs sont fré- 
quentes dans le terrain miocène de l'Allemagne et de la Suisse. 

HIT. Lonxpres ET SES ENVIRONS. — M. Prestwich nous apprend * 
qu'un Nipadites et quelques autres fruits analogues à ceux de Shep- 


! On the London-Clay, dans le Quart. Journal for november 1854, 


p. 115. 

? A History of the fossil fruits et seeds of the London-Clay, p. 44 etsuiv. 

3 Die Proteaceern der Vorwelt, aus dem Novemberhefte, 1851, der 
Sitzungsberichte der math. naturw. Classe der k. Academie der Wissen- 
schafften. Wien. — On pourrait en effet reprocher à M. Bowerbank de 
trop multiplier les divisions spécifiques, par exemple, dans les genres 
Nipadites, Hightea et autres. 

On the London-Clay, dans le Quart. Journal for november 1854, 

p. 415 et 417. 


430 FLORE TERTIAIRE 


pey, ont été trouvés à Highgate; plus loin il ajoute que de rares 
Nipadites et quelques autres fruits semblables à ceux de Sheppy 
ont été rencontrés dans les Copenhagen-Fields , à Primrose-Hill , à 
Whetstone et au puits de Hampstead. F 

Lorsqu'on étudie cette série magnifique des fruits fossiles de l’ar- 

gi de Londres, une pensée se présente : ne serait-il pas possible 

e les rapprocher des feuilles trouvées sur d’autres points du terrain 
éocène anglais? Les feuilles si nombreuses de Reading, d'Alum-Bay, 
de Bournemouth et de Corfe-Castle n’appartiennent-elles pas aux 
plantes qui ont porté les fruits enfouis dans les argiles de Sheppy, 
de Herne-Bay et de Londres? Ces fruits et ces feuilles ne sont pas 
encore suffisamment connus et nos connaissances actuelles en bota- 
nique fossile sont trop peu avancées pour nous permettre autre chose 
que des rapprochements très-douteux. 

On trouve, par exemple, un fort grand nombre d'empreintes de 
feuilles provenant sans aucun doute de plusieurs espèces de légumi- 
neuses, mais elles sont accompagnées de différents légumes avec 
leurs graines, tous diffèrent des fruits trouvés à Sheppy. De même 
Alum-Bay et Corfe-Castle renferment quelques protéacées, mais 
aucune d'elles ne paraît se rapporter au genre Petrophila. 


Terrain éocène moyen. 


BRACKLESHAM AND BAGSHOT-SANDS ET BARTON—CLAY. 


Dans le bassin de Londres, l'argile de Londres est recouverte par 
les sables de Bagshot, développés surtout dans sa portion sud et sud- 
ouest. M. Prestwich ‘ nous apprend que ces sables contiennent quel- 
ques minces couches de lignites et de nombreuses impressions de 
plantes que la nature arénacée de la roche a rendues indétermina- 
bles. Les couches argileuses de Cherstey, de Addlestone et de Otter 
ont fourni de meilleurs échantillons; je n’ai pas eu le bonheur d'en 
rencontrer dans les collections. 

Dans le bassin de Hampshire, une épaisseur considérable de sa- 
bles et d’argiles, alternant entre eux et nommés sables de Bracklesham, 
correspond aux sables de Bagshot. On a recueilli à Bracklesham- 
Bay les trois plantes fossiles suivantes? : 

Lycopodites squammatus, Brongn. 

Pinites Dixoni, Bowerb. 

Cucumites variabilis, Bowerb. 

La première et la dernière habitaient déjà l'argile de Londres 


(Sheppy). Ne | 
La flore de cette subdivision des terrains éocènes est cependant d'une 


1 On the mainpoints of Structure and the probable Aze of the Bagshot- 
Sands, ete., dans le Quart. Journal, n° 12, for november 1847, p. 585, 
395. 

2 Prestwich. On the London-Clay and Bracklesham-Sands, dans le 
Quart. Journal for november 1854. 


DE L'ANGLETERRE. 131 


richesse bien autrement grande, si l'on y comprend le gisement de 
plantes fossiles d’Alum-Bay. M. Prestwich réunit, avec raison sans 
doute, Alum-Bay aux sables de Bracklesham, mais d’autres géolo- 

ues les faisant rentrer dans l'argile de Barton qui recouvre immé- 

iatement les sables, je réunirai, pour le moment, sous le même 
chef, ces deux subdivisions géologiques. (Le D' Wright, de Chel- 
tenham, géologue distingué, place le Leafbed d'Alum-Bay bien au- 


dessus du Barton-Clay*.) 


azum-BAY (Isle of Wight). 


A l'extrémité occidentale de l’île de Wight existe une couche d'ar- 
gile, d’une blancheur remarquable, qui est exploitée comme terre de 
pipe et abonde en impressions de végét.ux. 

Dans les portions dont la marne est fine et savonneuse, les em- 
pores sont d'un jaune pâle, toutes les nervures et même le tissu 

es feuilles sont reconnaissables à la loupe. Lorsque la roche n'est 
pas parfaitement fine, il ne reste déjà plus de la feuille que son con- 
tour peu distinet et ses nervures les plus saillantes. 

Des nombreuses collections publiques et particulières qui con- 
tiennent des feuilles d'Alum-Bay je n'ai pu examiner que celle de 
M. Bowerbank, celle de M. Prestwich et celle du Museum for prac- 
tical Geology. Les échantillons, au nombre de 200 au moins , que 
j'ai eu sous les yeux, permettent d'entrevoir dans cette florule les 
débris d'une végétation riche, luxuriante , autant que variée. 

J'ai reconnu à Alum-Bay 48 espèces; 4 d’entre elles sont repré- 
sentées par des Carpolites non déterminés. Des 43 que j'ai déter- 
minés d'une manière plus ou moins exacte, 13 se retrouvent à Bour- 
nemouth, 7 à Corfe-Castle, 3 à Reading; 26 paraissent propres au 
gisement que je décris. 

pu grand nombre de familles ont des représentants dans cette lo- 
calité. 

Les restes d’un champignon (Stegilia?) existent sur un fragment 
de feuille de roseau (Cyperites), semblable à celui de Reading. 

Un petit fragment d'une feuille de fougère (Acrostichum?) a été 
trouvé par M. Prestwich. Deux espèces de conifères nous sont con— 
nues par leurs rameaux et leurs aiguilles; l'une d'elles ressemble 
au Cupressites taxiformis, Ung., l'autre est voisine du Taæites Ros- 
thorni, Ung.; mais elles ne pourront être déterminées avec exacti- 
tude que lorsque les fruits en auront été découverts. 

Tandis que les monocotylédonées n'’existaient à Alum-Bay qu'en 
petit nombre, les dicotylédonées y figuraient avec abondance sous 
la forme d'arbres élevés portant la plupart un feuillage toujours 
vert. On y trouvait un peuplier, puis un érable (Acer), très-commun, 
dont les feuilles digitées se rapprochent beaucoup de celles de l Acer 


1 Onithe, structure and probable Age: of the Bagshot-Sands, dans Je 
Quart. Journ. for november 1847, p. 505. 
2 Proceedings of the Cotteswold Naturalists' Club, vol. T, p. 197. 


132 FLORE TERTIAIRE 


palmatum du Japon (Heer); trois lauriers : l'un très-voisin du Laurus 
primigenia, Ung., l’autre du L. Lalages, Ung., et le troisième du 
L. agathophyllum, Ung. 

Alum-Bay présente en outre un grand nombre de feuilles grandes 
et larges, à nervures arquées. Elles se divisent en cinq espèces, qui 
toutes offrent une analogie frappante avec les feuilles de différents 
figuiers que M. le D° Hooker a eu la grande obligeance de m'envoyer 
de Londres. L'une des espèces fossiles, marquée de trois nervures 
partant de la base, se fait remarquer par le nombre et les variétés 
de forme et de grandeur sous lesquelles elle se présente. 

Les plus grandes feuilles d’Alum-Bay appartiennent à un noyer ; 
l'empreinte de l’une d'elles, bien que brisée à ses deux extrémités, 
mesure 16 centimètres de longueur (6 ‘/, pouces anglais) sur 11 cen- 
timètres de largeur (4 ‘/, pouces). Cette espèce est très-voisine du 
Phyllites juglandoides, Rossm. 

Les protéacées fournissent deux à trois espèces seulement; l'une 
d'elles, une Banksia, se fait remarquer par l’élégante découpure de 
son limbe. A côté d'elles viennent se ranger deux autres espèces 
remarquables par l'épaisseur de leurs feuilles, par la force de leurs 
uervures latérales rapprochées, par leur limbe découpé en pointes 
acérées; je les rapproche, quoique avec doute, des Banksia à larges 
feuilles de l'hémisphère méridional (Banksia latifolia, R. Br., de la 
Nouvelle-Galles du Sud). 

J'ai observé en outre un cormier (Cornus), un prunier, un Dyo- 
spyros, un Artocarpidium, puis deux feuilles très-longues et étroites 
qui toutes deux se retrouvent mieux conservées à Bournemouth et à 
Corfe-Castle, et que j'ai rapportées aux genres Elæodendron et Mo- 
nocera. La famille qui nous offre à Alum-Bay les plus nombreux 
débris et les plus nombreuses espèces est celle des légumineuses. Il 
a certainement existé sur ce point à l’époque éocène des circons- 
tances particulièrement favorables à leur développement. Ce grand 
nombre est d'autant plus frappant qu'à Bournemouth et à Corfe- 
Castle, qui, sous d’autres rapports, ont tant d’analogie avec Alum- 
Bay, les plantes de cette famille font complètement défaut, du moins 
leur existence n’y a-t-elle pas encore été constatée. Cette famille est 
représentée à Alum-Bay par de nombreux légumes et une grande 
quantité de folioles isolées. Ceux-là peuvent se grouper sous quatre 
espèces et celles-ci sous dix espèces différentes. 

Une étude scrupuleuse de ces fossiles et leur comparaison avec 
les espèces analogues vivantes, permettra sans doute de réunir sous 
un même nom les légumes et les feuilles qui appartenaient à la même 
espèce naturelle. 

Terminons cette liste par l'indication d’une feuille très-rare à 
Alum-Bay, puisque je n’en connais qu’un seul échantillon, entre les 
mains de M. Prestwich, mais commune à Bournemouth. Cette espèce 

arait être la même que celle figurée par les docteurs 0. Weber et 
. Wessel sous le nom de Cluytia aglaiæfolia, Wess. et Web., 
dans le Neuer Beitrag zur nue des Niederrheinischen 


DE L'ANGLETERRE. 133 


Beckens '. En admettant l'identité, ce serait la seule plante de l’éocène 
anglais qui eût prolongé son existence jusqu'à l'époque miocène. 


Nous avons à examiner maintenant deux localités importantes : 
Bournemouth et Corfe-Custle, moins riches qu'Alum-Bay et situées 
toutes deux dans le bassin du Hampshire et près de la mer. F'ignore 
leur place exacte dans la série éocène de l'Angleterre, mais à en 
juger par la grande ressemblance de leurs flores avec celle d'Alum- 
Bay, ces trois localités doivent probablement être rangées dans Ja 
même subdivision. Des géologues éminents, entre autres M. Rup. 
Jones, les placent cependant toutes trois à des hauteurs différentes. 


BOURNEMOUTH,. 


La roche qui contient les végétaux est une marne un peu aréna- 
cée et âpre au toucher, d’un blanc jaunâtre. Les empreintes sont 
jaune-brun et si bien marquées que les détails les plus délicats de 
texture y sont en général conservés. Tandis qu'à Alum-Bay les em- 
preintes paraissaient isolées et dispersées dans la marne, à Bourne- 
mouth elles sont le plus souvent groupées, entassées et disposées en 
minces couches, ce qui nuit un peu à leur conservation. 

La collection du Geological Survey (Jermyn street) est la seule 
qui m'ait fourni des matériaux provenant de cette localité, et je dois 
à M. Salter d’avoir pu les examiner. Ce musée magnifique ne pos- 
sède qu'un nombre assez restreint d'échantillons de Bournemouth. 
J'ai reconnu parmi eux l'existence d'au moins 22 espèces détermina- 
bles; 13 d’entre elles se retrouvent à Alum-Bay, 5 à Corfe-Castle 
et une à Counter-Hill. Les huit espèces propres à Bournemouth, 
sont : 

1° Un champignon charmant (Sclerotium?), qui se dessine en 
taches arrondies, alignées sur les nervures latérales d’une feuille 
lancéolée, probablement un laurier. 

2° Deux chénes à feuilles denteléss : l’un voisin du Quereus gigas, 


décrit par Güppert dans sa flore de Schossnitz, rappelle tout à fait 


les grands chênes d'Amérique; l'autre, plus modeste, est voisin du 
premier. 

3° Deux nerpruns (Rhamnus), qui devaient être rares ici, puis- 
qu'ils ne sont représentés chacun que par une empreinte. 

4° Un ormeau (Ulmus) à feuilles allongées , sur la détermination 
duquel je ne suis pas encore arrêté ; il a laissé de nombreux débris 
de son feuillage. 

5° Enfin, un Ceanothus, voism du C. ziziphoides, Ung., était 
aussi abondant à Bournemouth. Cette feuille varie beaucoup, parfois 
son limbe est fortement crénelé, d’autres fois il l'est si peu qu'on le 
dirait entier et qu'on pourrait aisément la prendre pour un Cinna- 
momum (C. Scheuchzeri, Heer), si l’on ne tenait compte du peu 
d'épaisseur de notre Ceanothus. 


: 3 les Palæontographica von W. Dunker und H. von Meyer, vol. IV, 
1855. 


134 FLORE TERTIAIRE 


Parmi les espèces que Bournemouth possède en commun avec 
Alum-Bay , je rappellerai les deux conifères, le peuplier, le noyer, 
le prunier, l'Elæwodendron, le Monocera, deux lauriers , V Arto- 
de arm le Dyospyros, et enfin la (?) Cluytia aglaiæfolia, Wes. 
et Web. 


CORFE-CASTLE. 


C'est encore le Museum of practical Geology (Jermyn street) qui 
possède les matériaux de cette localité qui font le sujet de ces lignes. 
À Corfe-Castle et dans ses environs : à Creech-Burn, Creech-Burrow, 
Furzebrook existent, il paraît, plusieurs exploitations d’une marne 
fine et grise, où les végétaux fossiles ne sont point rares. Admettant 
que ce soit la même couche que l’on exploite sur ces divers points, 
j'ai préféré réunir, sous le seul chef de Corfe-Castle, tous les débris 
végétaux provenant de ce point et de ses environs. 

La plupart de ces débris sont malheureusement réduits à de sim- 
ples empreintes : on ne reconnait plus sur la marne que le dessin 
imprimé de la feuille, qui elle-même a disparu. Sur un ou deux 
échantillons cependant la feuille a été conservée; elle se présente 
alors comme une mince couche de charbon, sur lequel la loupe 
permet d'étudier tous les détails de structure. 

Corfe-Castle a une flore assez riche, suivant M. le Rév. P. B. 
Brodie ‘. Ce géologue cite un palmier à feuilles pnnées et plusieurs 
espèces de saules ?, provenant de l’une des marnières. Le Musée de 
Dorchester possède une belle collection de ces végétaux fossiles, 
recueillis par les soins de M. W. R. Brodie. 

La collection du Musée de géologie pratique ne renferme que neuf 
espèces de Corfe-Castle; 7 d’entre elles lui sont communes avec 
Alum-Bay, 5 avec Bournemouth, ce sont : un figuier , un laurier , 
une protéacée, une autre espèce appartenant probablement aussi à 
cette même famille, un Elæwodendron, un Monocera et un Dyospyros. 

Les deux espèces propres à Corfe-Castle sont fort intéressantes ; 
l’une d'elles est un palmier à feuilles palmées, remarquable par le 
renflement volumineux de son pétiole au point où les rayons s’y 
insèrent. Le pétiole n’est pas armé de piquants. Cette belle espèce 
se rangérait donc dans le genre Sabal, actuellement propre au con- 
tinent américain et dont mon excellent ami, le professeur O. Heer, a 
reconnu plusieurs espèces dans les terrains miocènes. La seconde est 
une plante formée d'une touffe de rameaux excessivement longs et 
grêles, sans feuilles, pourvus seulement d’écailles très-courtes, peu 
saillantes , très-distantes et disposées en spirale très-allongée. Cette 
plante singulière me parait appartenir au genre Casuarina , existant 
aujourd'hui en Afrique, à Madagascar et en Australie, et que C. d’Et- 
tingshausen a déjà retrouvé parmi les fossiles de Häring en Tyrol. 


! Quarterly Journal, vol. IX. 5 janvier 1853. 


2 Les espèces de saules sont probablement les feuilles que j'ai nommées 
Dryandroides, Elæodendron, Monocera, Dyospyros. 


DE L'ANGLETERRE. 135 


FLUVIO-MARINE SERIES. 


Les sables de Headon-Hill, les couches de St-Helen et de Bem- 
bridge forment la portion supérieure du terrain éocène moyen de 
l'île de Wight et de l'Angleterre. On connait depuis longtemps les 
graines fossiles recueillies à Bramble-Chine, Beacon-Bunny, War- 
den-Point et dans d’autres localités, ce sont : 


Chara medicaginula, Brongn. 

»  tuberculata, Lyell. 

»  Lyellü, Forb. 

»  Wrightü, Forb. 
Carpolites ovulum , Brongn. 

, thalictroides, Brongn. ' 


Les autres débris végétaux qui existent en abondance dans ces 
mêmes couches paraissent n'avoir pas encore été étudiés. J'ignore 
s'ils ont même été jamais recueillis. 


Terrain éocène supérieur. 


Cette subdivision des terrains tertiaires n’est représentée en An- 
gleterre que par les couches de Hampstead, dans l’île de Wight. Quel- 
ques géologues y réunissent les couches de Bembridge. 

Les seules données que j'ai recueillies sur la flore du terrain éocène 
supérieur sont tirées de l'ouvrage de M. J. Morris : British Fossils. 
Cet auteur cite les six espèces suivantes : 


Chara helicteres , Brongn. 
»  medicaginula, Bronen. 
»  tuberculata, Lyell. 
Sabal (Flabelluria, Brongn.), Lamanonis (Brongn.), Heer*. 
Carpolites ovulum, Brongn. 
» parisiensis, Brongn. 


Ce coup-d’æil sur le nombre et la nature des végétaux fossiles des 
couches éocènes de l'Angleterre laisse entrevoir un vaste champ 
d'étude, riche en observations nouvelles. 

Si je réussis par ces lignes à exciter le zèle des géologues collec- 
teurs placés dans des conditions favorables pour recueillir de nou- 
veaux matériaux; si je parviens à réveiller l'attention des savants 
anglais et à dissiper quelques-uns des doutes qu'ils ont élevés sur 
l'importance et la certitude des résultats fournis par l'étude de cette 
branche de la paléontologie, mon but sera pleinement atteint. 


! Ta. Waiçur, M. D. : On the Geology of the Nort-West Coast of the 
Isle of Wight, dans les Proceedings of the Cotteswold Naturalists’ Club, 
xol. I, p. 95, 96, 123. 125. 


? J'ai des doutes sur l’exactitude de la détermination de cette espèce. 


136 FLÔRE TERTIAIRE 


Terrain miocène (?). 


Je mentionnerai, en terminant, le singulier gisement de le de 
Mull (près de la côte occidentale de l'Écosse), décrit par le Duc 
d'Argyle ‘. Cette île, formée presque uniquement de traps et de ba- 
saltes, présente sur un point nommé Ardtun-Head, trois couches de 
marne durcie, remplies d'impressions de feuilles. Ces couches sont 
séparées par des lits de tuf et de cendres volcaniques; des masses 
considérables de traps et de basaltes forment le sol et le toit de ce 
gisement. Une couche de lignite, qui se trouve à une petite distance 
de là, parait correspondre à ces couches à feuilles. 

Le Duc d’Argyle à figuré dans son mémoire onze échantillons 
d'Ardtun-Head, et le professeur E. Forbes a cherché à les déter- 
miner ?. 

Quoique la plupart des empreintes recueillies soient peu déter- 
minables et que je n’en puisse rapporter aucune à des espèces con- 
nues, je partage pleinement l’opinion de M. Forbes, et n’y vois aussi 
qu'une florule de l’époque miocène. La présence d'un A/nus? (Alni- 
tes? Mac Quarrü, Forb., pl. IV, fig. 3); celle (probable) d'un Acer 
(Platanites hebridicus, Forb., pl. HE, fig. 5, et pl. IV, fig. 1), voisin 
de l’Acerites integerrimus, Vi. ; et celle d’un Rhamnus (Rhamnites? 
multinervatus, Forb., et Rhamnites? major, Forb., pl. IE, fig. 2 
et 3); enfin, la position géologique du gisement sont autant de motifs 
en faveur de cette opinion. 


Considérations générales sur la flore éocène. 


Jetons un coup-d'œil comparatif sur les diverses florules des ter- 
rains éocènes de l'Angleterre, cherchons ensuite à comparer ce lam- 
beau de la flore éocène avec celle des autres pays de l'Europe, et 
voyons les résultats auxquels ces rapprochements nous conduiront. 

Reading possède à lui seul le figuier figuré par Prestwich. Cet 
arbre dominait autant par sa taille que par sa fréquence tous ceux 
qui l’entouraient. Les florules de Reading, d'Alum-Bay, de Bourne- 
mouth et de Corfe-Castle se distinguent les unes des autres par 
quelques caractères spéciaux. Chacune possède une ou plusieurs 
plantes qui imprimaient à la végétation un cachet particuher. 

Alum-Bay se fait remarquer tout d'abord par le nombre et la 
variété de ses légumineuses. Une dixaine d’espèces de cette famille 
nous sont connues par leurs feuilles. C'étaient pour la plupart des 
arbres de haute taille. La végétation d’Alum-Bay touche à celle de 
l'argile de Londres par la prédominance des plantes de cette famille, 
car l’ile de Sheppy en a fourni déjà #7 espèces à M. Bowerbank. 


1 Quarterly Journal, vol. VIH, n° 26, 1°" mai 1851, p. 89, etc. 
? Loc. cit., p. 103. 


DE L'ANGLETERRE. 137 


Les figuiers de grande taille, à feuilles épaisses et allongées , les 
figuiers sycomores, à feuilles plus minces, cordiformes; l’érable, à 
feuilles palmées, devaient par leur abondance donner un aspect sin- 
gulièrement majestueux à la végétation. 

A Bournemouth, nous trouvons les premiers chênes, les premiers 
ormeaux, les premiers Rhamnus. Eux et les lauriers semblent rem- 
placer iei les grands figuiers et les légumineuses. 

La végétation de Corfe-Castle paraît monotone, car à part les 
divers palmiers et les touffes légères des Casuarina on y remarque 
guères que des arbustes à feuillage étroit et allongé. 

Ces quelques différences sont balancées par des ressemblances 
plus importantes. Le tableau ci-joint nous permettra de les appré- 
cier plus aisément. 

Ce tableau nous donne : 1° Le nombre total des espèces qui ont 
été recueillies dans chaque localité; 2° celui des espèces retrouvées 
dans d’autres localités; 3° le rapport pour cent, entre le nombre 
total des espèces d'une localité et celui des espèces de cette même 
localité retrouvées dans d’autres gisements; 4° une dernière colonne 
indique combien chaque localité possède d'espèces qui n’ont pas été 
trouvées ailleurs , en d’autres termes, le nombre des espèces parti- 
culières à chaque gisement. 

J'ai rapproché les unes des autres, d’un côté les localités dont les 
végétaux sont représentés par des empreintes de feuilles, et de l’au- 
tre celles qui n'ont donné que des fruits fossiles; il est difficile d’é- 
tablir une comparaison entre les localités de cette dernière catégorie, 
vu la richesse surprenante des unes et l'excessive pauvreté des au- 
tres. Comment comparer, par exemple, les trois espèces de Brack- 
lesham-Bay avec les cent de Sheppy. J'en excepte toutefois les 
couches supérieures où nous voyons la moitié des espèces de Headon, 
St-Helen et Bembridge passer dans le terrain éocène supérieur. 

Les rapports qu'offrent entre elles les localités de la première 
catégorie, celles dont la végétation nous est connue par des em- 
preintes de feuilles, sont très-instructifs. Un bon nombre d'espèces, 
qui apparaissent dans les couches inférieures, prolongent leur exis- 
tence Jusques assez avant dans les couches moyennes du terrain 
éocène. C'est ainsi qu'un tiers des espèces de Reading existent encore 
à Alum-Bay, que des trois espèces de Counter-Hill une se retrouve 
à Alum-Bay et à Bournemouth. 

Les rapports entre les florules d’Alum-Bay, de Bournemouth et 
de Corfe-Castle méritent aussi une mention. Plus de la moitié des 
plantes fossiles de Bournemouth et les */,, de celles de Corfe-Castle 
existent aussi à Alum-Bay; la moitié de celles de Corfe-Castle et le 
1}, de celles d'Alum-Bay se retrouvent à Bournemouth et ainsi de 
suite. 

Les analogies que nous venons de constater ne nous permettant 
pas de distinguer plusieurs époques dans la flore éocène, il est im— 
possible de séparer en divers groupes isolés les florules des différents 
étages, Il y eut sans doute durant l'époque éocène une mutation 


FLORE TERTIAIRE 


138 


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DE L'ANGLETERRE. 139 


lente dans la végétation; certaines espèces disparurent, d’autres les 
remplacèrent, de nouveaux genres furent créés et les modifications 
qui s’introduisirent dans la végétation de cette période tendirent à 
la rapprocher insensiblement de la flore miocène. 

Le nombre des espèces connues de la flore éocène de l'Angleterre 
ne peut être apprécié exactement. Les diverses collections que j'ai 

u étudier m'ont donné 60 espèces, représentées par leurs feuilles, 
15 espèces de fruits et de graines. M. Bowerbank a figuré 106 espè- 
ces de fruits et de graines. Ces chiffres formeraient un total de 181 
espèces, en supposant que les espèces de feuilles et de fruits fussent 
portées toujours par des plantes différentes et en faisant abstraction 
de plusieurs centaines d'espèces que M. Bowerbank possède encore 
inédites. 

Nous pouvons déjà nous représenter, en quelque mesure, quel 
fut l'aspect de cette végétation antique, sous l'ombre de laquelle 
vivaient les Palæotherium, les Anoplotherium, les crocodiles, les 
tortues, etc., de l’époque éocène. De quelles magnifiques forêts ne 
trouvons-nous pas les débris à Alum-Bay et à Bournemouth! De 
grands chênes, des figuiers variés, des ormeaux, des pins, des noyers, 
des érables, des acacias , fourmissaient les arbres de haute futaie ; à 
leurs pieds s’étalaient les Rhamnus, les Dyospyros, quelques pro- 
téacées et lauriers. Le sol frais et humide de ces forêts toujours 
vertes était certainement recouvert d’une végétation herbacée luxu- 
riante, il ne nous en reste que deux fougères et deux roseaux. La 
plus grande partie de la terre ferme, durant la période éocène , dut 
être formée de collines et de vastes plaines sèches et sablonneuses. 
Là croissaient la plupart des lauriers et des protéacées, les Nipa, 
quelques conifères et un bon nombre de légumineuses. Les marais 
et les tourbières n'étaient alors ni si nombreux, ni si étendus qu’à 
l'époque miocène inférieure. Cependant sur la fin de la période 
éocène il existait des ruisseaux, des marais profonds et de petits lacs, 
leur fond était couvert par des touffes de Chara, dont nous recueil- 
lons encore les semences, et à leur surface nageaient peut-être les 
feuilles de la Nymphæa, dont M. Brongniart fait mention. 

Mes connaissances en géographie physique et botanique sont trop 
insuffisantes pour me permettre de désigner dans l’époque actuelle 
une contrée dont l'aspect et la végétation présentent quelque ana- 
logie avec ce que nous pouvons savoir de l’époque éocène. Les 
régions subtropicales de l'Afrique, de FAmérique méridionale ou de 
l'Australie offriraient sans doute quelque chose de semblable; car 
ni les régions tempérées, ni le sol de l’Europe, ni celui de l'Améri- 
que septentrionale ne présentent quelque part des conditions sem- 
blables à celles de l'Angleterre éocène. 

Une dernière question reste à examiner : Quels sont les rapports 
existant entre la portion circonserite de la flore éocène que nous 
venons de pareourir et les autres flores tertiaires de l'Europe? Ques- 
tion intéressante à la fois pour le géologue et pour le botaniste. Mais 
ei je dois me borner à soulever le coin du voile. Les matériaux que 


140 FLORE TERTIAIRE 


nous possédons sont encore trop peu nombreux et ce n'est pas ici 
le lieu de traiter ce sujet dans toute son étendue. 

Jai dit dans l'introduction que les localités dont les flores ter- 
tiaires ont déjà été étudiées forment deux classes. La première, 
comprenant celles dont l’âge miocène n’est pas douteux, telles sont 
la molasse suisse, le bassin du Rhin inférieur, le gisements de Silésie, 
de Bohême, de Hongrie, ete. ; la seconde, celles qui jusqu'à présent 
ont été envisagées comme éocènes par les géologues de Vienne, ce 
sont : Häring, Sagor, Sotzka et Monte Promina. 

Comparée avec la végétation dont l’âge miocène ne peut être mis 
en doute, la flore éocène de l'Angleterre offre un contraste frappant. 
Si l'on excepte peut-être les empreintes d’une feuille de Bourne- 
mouth, très-semblable à la Cluiytia aglaiæwfoliu, Wess. et Web., 
des lignites de Bonn, aucune des espèces éocènes n’a prolongé son 
existence jusques dans les terrains miocènes. Les caractères géné- 
raux des flores éocènes et miocènes sont en outre complètement 
différents. Ici, les peupliers, les chênes, les ormeaux, les saules, les 
érables, les cannelliers, les camphriers, les noyers, les aulnes, les 
cormiers; là, à peine quelques traces de leur présence, tandis que 
les figuiers, les légumineuses, les protéacées, les nypacées, les 
malvacées, les sapindacées forment des forêts et des taillis d’une 
vaste étendue. Entre la végétation qui caractérise les couches supé- 
rieures des terrains miocènes et celle des terrains éocènes de l’An- 
gleterre, entre la flore d'OEningen et celle d’Alum-Bay, par exem- 
ple, il n’y a guères plus de rapport qu'entre celle-ei et la flore de 
l'Europe centrale. La flore des couches inférieures offre déjà beau- 
coup plus d’analogie avec celle des couches éocènes : Rivaz, dans 
notre canton de Vaud, est remarquable par sa richesse en protéa- 
cées et en figuiers divers. Il se rapproche par là d'Alum-Bay, en ce 
sens que dans les deux localités nous retrouvons les mêmes familles 
et les mêmes genres représentés par des espèces voisines, quoique 
différentes. | 

Îl existe donc, à partir des terrains tertiaires inférieurs, une mu- 
tation qui s’est effectuée lentement dans la végétation, mutation qui 
tendait à la rapprocher graduellement de la flore actuelle de nos 
climats. Et cependant il ne paraît pas qu'aucune ou presque aucune 
espèce ait franchi la limite de l'époque éocène pour pénétrer dans la 
miocène, ni qu'aucune des plantes miocènes se soit perpétuée jus— 
qu'à l’époque actuelle. Ce fait est d'autant plus digne de remar- 
que que l'étude des faunes a prouvé que plusieurs espèces d’ani- 
maux des mers éocènes ont passé dans la période miocène et de 
celle-ci même à l’époque actuelle. On conçoit du reste que les lois | 
applicables à la faune des mers ne puissent s'appliquer à la flore 
terrestre. 

Voyons maintenant les rapports existant entre la flore éocène de 
l'Angleterre et celle de Häring, de Sotzka, de Sagor et du Monte 
Promina. Une comparaison attentive avec les planches de MM. Unger 
et C. d'Etüngshausen m'a convaincu qu'aucune des espèces de la 


DE L'ANGLETERRE. 141 


flore éocène anglaise n'existe dans ces quatre localités de l'empire 
d'Autriche, considérées comme éocènes. Toutefois, le D' C. d'Et- 
tingshausen a reconnu au Monte Promina l'existence d'une espèce 
de l'ile de Sheppy, Petrophiloides Richardsoni (Bowerb.), Ett. 
N'est-il pas surprenant que la distance peu considérable qui sépare 
le bassin anglo-parisien de celui de l'Autriche méridionale ait produit 
une pareille différence? Comment s'expliquer que sur un nombre 
d'espèces qui s'élève de part et d’autres à plusieurs centaines, il n’en 
existe qu'une seule commune aux deux bassins? Comment encore 
accorder ce fait avec ce que nous apprend M. le professeur Unger, 
savoir que sur les huit espèces recueillies par M. Th. Kotschy, dans la 
vallée Fe Cydous , sur le versant méridional du Taurus, toutes se 
retrouvent à Sotzka, malgré la distance qui sépare ces deux localités ? 
D'un autre côté, on a retrouvé dans la molasse suisse, dont l’âge 
miocène est parfaitement certain, particulièrement à Rivaz, à trois 
lieues de Lausanne, un nombre considérable de plantes de Häring, 
du Monte Promina, etc. , 
Si donc, d'une part, la flore éocène de l’Angleterre ne possède 
u'une seule espèce qui lui soit commune avec celle de ces localités 
de l'Autriche; et si de l’autre ces localités-ci en partagent un grand 
nombre avec les couches miocènes de la Suisse, n'est-il pas naturel 
d'en conclure que Häring, Sotzka, Sagor et le Monte Promina ap- 
partiennent aux terrains miocènes, tant que l'étude de la faune n’aura 
pas prouvé le contraire? 

Cette conclusion est peut-être un peu hasardée, car elle se trouve 
trop directement opposée aux opinions généralement admises. Elle 
est en tout cas prématurée, puisqu'elle repose sur des preuves que 
chacun n’est pas à même de contrôler, les flores d’Alum-Bay, de 
Bournemouth n'ayant pas encore été figurées. Elle n’en a pas moins 
été émise et défendue par un des plus habiles géologues de notre 
siècle, par L. de Buch. Le jour n’est done peut-être pas éloigné où 
elle sera adoptée sans difficulté. 


Qu'il me soit permis, en terminant, de payer un juste tribut de 
reconnaissance aux géologues et aux savants qui m'ont si généreu- 
sement facilité ce travail. Je dois à MM. J. Prestwich, Bowerbank et 
Salter d’avoir pu étudier les fossiles qui font le sujet de cette notice. 
Je dois à la générosité de Sir Rod. Murchison et de mon excellent 
ami, M. le professeur Salter, la collection d'empreintes de feuilles 
que je présente à la Société; à celle de M. Bowerbank, la série de 
fruits fossiles de Sheppy que j'ai l'honneur de mettre sous ses yeux. 
L'une et l’autre seront déposées au Musée cantonal. M. le D’ J. D. 
Hooker m’a fait parvenir, avec sa bonté accoutumée, un bon nom- 
bre de feuilles provenant des serres du jardin de Kew. 

Mon excellent ami, M. le professeur D' O. Heer, enfin, m'a fourni 
bien des déterminations et des observations précieuses. 


142 FLORE TERTIAIRE 


Au moment de mettre sous presse, je reçois communication d’une 
lettre écrite à M. Ch. Gaudin, par le professeur O. Heer, à son re- 
tour du dernier congrès scientifique de Vienne. Je suis heureux que 
ces deux amis m'aient permis d'en extraire les lignes suivantes. Les 
faits qui y sont consignés s’harmonisent parfaitement avec mes ob- 
servations. 


Zurich, le 48 octobre 1856. 


« …. Durant mon séjour à Vienne, j'ai fait une revue exacte 
des collections de l’Institut impérial de géologie (geologische Reichs- 
anstalt). Get examen n'a parfaitement confirmé l'opinion que Häring, 
Sagor, Sotzka, Radoboy, de même que le Monte Promina sont m10- 
cènes et non point éocènes. J'en ai entretenu la section géologique du 
congrès. Les maitres de la science à Vienne étaient d'abord fort 
opposés à cette manière de voir. Mais je crois avoir converti à mes 
vues la plupart d’entre eux; le D° C. d’Ettingshausen m'a même 
positivement chargé d'annoncer qu'il les partage maintenant. Le 
Monte Promina offrit de grandes difficultés. On en a quelques mol- 
lusques éocènes. Mais d’abord ce sont des échantillons mal conser- 
vés, dont la détermination n’est point très-certaine , et secondement 
ce sont des mollusques marins, tandis qué le gisement des végétaux 
fossiles contient des Nymphea, des Nelumbium, des Potamogeton, 
toutes plantes assurément lacustres. Ce fait prouve indubitable- 
ment que le gisement des plantes ne peut être contemporain de celui 
des mollusques marins. 

» Comme il n'existe done en Autriche pas une seule localité, avee 
plantes fossiles, qui puisse être rapportée à la formation nummuliti- 
que, on peut se demander : Où est done la flore éocène? — Je n’en 
connais pas ailleurs qu’au Monte Bolca, en Angleterre et dans le 
bassin de Paris. — Je tenais donc excessivement à examiner les 
plantes du Monte Bolca. J'en vis d’abord quelques-unes à Munich, 
puis chez mon ami, M. le professeur Unger, mais un très-petit nom 
bre seulement. Aussi me déeidai-je à passer en Italie, comme moyen 
le plus sûr d'atteindre mon but, mais il ne put l'être qu'incomplète- 
ment. Je n’eus pas le bonheur de rencontrer Massalongo ; il était à 
la campagne, gravement malade, et je ne pus voir ses riches collec- 
tions. Cependant je trouvai à Padoue un bon nombre de plantes ter- 
tiaires, et parmi elles quelques-unes du Monte Bolca, soit chez M. de 
Zigno, soit au Musée du Jardin botanique, enfin à Milan. 


inc hé ce num 


DE L'ANGLETERRE. 143 


» Je me suis convaincu que toutes sont différentes de celles de notre 
molasse et de celles des flores tertiaires de l'Autriche. Il est certaine- 
ment digne de remarque que le Monte Promina en Dalmatie partage 
toute une série d'espèces avec Rivaz et pas une espèce avec le Monte 
Bolca. Lei il existe des feuilles de figuiers très-belles et semblables à 
celles de l'Angleterre, dont M. le D’ Ph. Delaharpe m'a communiqué 
les dessins ; les Cinnamomum, Populus, Acer, Salix font entièrement 
défaut. Les magnifiques palmiers à feuilles digitées ou pinnées diffè- 
rent essentiellement des espèces de notre molasse. Bref, nous avons 
au Monte Bolca une flore très-différente de celle des terrains miocènes. » 


14% ORIGINE AMÉRICAINE DU PLATANUS OCCIDENTALIS. 


NÔTE SUR L'ORIGINE AMÉRICAINE DU PLATANUS OCCIDENTALIS, L. 
Par M°' Ch. Gaudin. 
(Séance du 18 juin 18:6.) 


M'étant adressé à M' Léo Lesquereux pour avoir des plantes fos- 
siles des alluvions du Mississipi, le savant naturaliste neuchâtelois 
m'en à envoyé quelques échantillons qui ont été expédiés à M' Heer. 
Ces feuilles sont prises dans un limon qu'il est facile de dissoudre 
dans l’eau pour en retirer les fragments de feuilles qu'il contient. 
M le professeur Heer me répondit à ce sujet les lignes suivantes : 

« Les plantes du Mississipi offrent de l'intérêt sous plus d’un 
» rapport. Vous avez raison de prendre la grande feuille pour un 
» platane; c’est le platanus acerifolia (Willden.) que j'ai réuni au 
» platanus occidentalis comme variété, (Voyez Flora tertiaria, W, 
» p. 73), en remarquant en même temps que, selon moi, c’est à 
» tort que Willdenow a donné l'Orient pour patrie à cette espèce et 
» qu'elle appartient probablement à l'Amérique. 

» Les fragments que vous m'avez envoyés sont une preuve irré- 
» cusable en faveur de mon opinion, aussi les ai-je reçus avec un 
» véritable plaisir. Ce platanus acerifolia est si voisin de notre 
» platane fossile que je n'ai trouvé dans les feuilles aucun caractère 
» propre à les distinguer. Par contre, les fruits présentent quelque 
» différence et nous permettent de séparer l’espèce fossile de l'espèce 
» vivante. Vous trouverez des détails sur ce sujet dans la Flora 
» tertiaria. Comme nous ne connaissons pas les fruits du platane 
» du Mississipi, nous ne pouvons pas décider si ce dernier appar- 
» tient au platanus aceroïdes (Güpp.) ou au platanus acerifolia. Ce 
» dernier cas est cependant le plus probable. 

» Une feuille appartient certainement à un chêne, on peut même 
» dire qu'elle est très-voisine du Quercus discolor (Aït.). Celles de 
» hêtre sont probablement celles du Fagus americana. » 

Cette découverte intéressante qui fixe définitivement la véritable 
patrie d’une espèce, montre avec combien de raison M le professeur 
A. de Candolle recommande l'étude des dépôts de végétaux fossiles 
et spécialement de ceux qui ont immédiatement précédé la venue de 
l'homme. C’est un excellent moyen de résoudre plusieurs impor- 
tantes questions de géographie botanique. 


——— — ——— 


LETTRE. 145 


LETTRE DE M. LE PROFESSEUR OSWALD HEER A SIR CH. LYELL. 


Traduite par M° Ch. Gaudin. 


(Séance du 18 juin 1856.) 


Très-honoré Monsieur, 


. Veuillez recevoir mes remerciements bien sincères pour la lettre 
que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. J'ai été singulière- 
ment réjoui du bon accueil que vous avez bien voulu faire à mon 
mémoire sur l'antique Atlantide ‘, car votre jugement à cet égard 
est pour moi d'une grande valeur. C'est en passant seulement que 
j'ai touché cette question dans mon travail, mais je me propose de 
la traiter plus au long dans le dernier chapitre de ma Flore tertiaire. 
Aux raisons avancées pour prouver l'existence d’un ancien conti- 
nent qui se serait étendu entre l'Europe et l'Amérique, on peut 
ajouter encore celle-ci que les poissons et les mollusques des côtes 
d'Amérique ont une analogie beaucoup plus grande avec ceux des 
côtes de l'Europe que ceux des mers profondes, ce qui parle en 
faveur d’une ancienne terre dont les rivages s’étendaient au travers de 
l'Océan actuel. C'est ce que confirme aussi l'identité complète des 
Flores des iles Féroë et de l'Islande avec la Flore européenne. La 
supposition de cette antique Atlantide nous explique en outre admi- 
rablement la différence qu'il y a entre le caractère actuel de la Flore 
européenne et celui de la Flore tertiaire, ainsi que le changement de 
climat indiqué par cette différence. Il résulte en effet des recherches 
de M' le professeur E. Forbes, qu’à l’époque tertiaire l'Océan indien 
communiquait par la mer Rouge avec la Méditerranée, et que celle-ci 
s’étendait du côté de la mer Noire bien avant dans la Russie actuelle. 
Il y avait donc une mer à l'Orient de l'Europe et ce continent ne se 
trouvait pas réuni à l'Asie aussi étroitement qu'il l’est maintenant. 
D'autre part, l’Europe était reliée à l'Amérique par le moyen de 
l'Atlantide. Si l’on admet cette donnée, il est évident qu’une pareille 
distribution des terres et des mers a dû exercer une grande influence 
sur le climat et qu'il doit avoir été tout différent de ce qu'il est de 
nos jours. Cette mer orientale et sa réunion avec la mer tropicale 
des Indes devaient donner à l'Europe un climat beaucoup plus chaud. 
Si nous admettons aussi que l'élévation absolue de l'Europe centrale 
était beaucoup moindre à cette époque, puisque Ja mer recouvrait 
nos contrées au milieu de l'époque molassique, si nous recon- 
naissons en outre que notre chaine des Alpes ne pouvait pas avoir 
son élévation et sa forme actuelles, ni exercer une influence aussi 
réfrigérante sur les contrées qui l’avoisinaient, nous aurons les in 
dices les plus propres à nous rendre raison de la température élevée 


1 Ucber die fossilen Pflanzen von St. Jorge in Madeira. Mém de la 
Soc. helv. des sciences naturelles. Tome XV. (Trad.) 


146 LETTRE. 


du pays tertiaire. L'étude de la Flore de ce pays nous prouve aussi 
d'une manière incontestable l'existence de cette haute température; 
elle nous montre en même temps un grand rapport entre cette végé- 
tation et la végétation actuelle de l'Amérique. Le monde des insectes 
du pays tertiaire nous a aussi fourni quelques types américains 
extrêmement remarquables. Il y a quelque temps que j'ai reçu 
d'OEningen un échantillon splendide, parfaitement conservé et long 
de quatre-vingt seize millimètres d’un Belostomum qui a une rare 
analogie avec le Belostomum giganteum du Brésil et appartient à un 
genre exclusivement américain. La pensée ne se présente-t-elle pas 
involontairement à l'esprit que nous avons dans la Flore et dans la 
Faune tertiaires les restes d’une Flore et d’une Faune qui s’éten- 
daient alors sur l'Europe, l’Atlantide et l'Amérique du Nord? A 
époque Pleistocène, l’Atlantide disparut sous les eaux, et les iles 
atlantiques, avec leurs Flores qui sont comme un écho de celle de 
l'Atlantide et par là même de la Flore tertiaire , sont seules demeu- 
rées à flot. Il se passait pendant ce temps de grands changements 
dans l’Europe elle-même. Le soulèvement du sol et de la chaîne des 
Alpes, l’envalissement du pays par les glaciers, des dénudations 
profondes et des déluges amenèrent la destruction du monde orga- 
nique qui existait alors. Comme le continent qui rattachait l'Eu- 
rope à l'Amérique avait disparu dans cet intervalle et que d’autre 
part la mer orientale s'était retirée et avait ainsi permis la réunion 
de l'Europe à l'Asie, c’est de l'Orient que les animaux et les plantes 
vinrent repeupler le pays. C’est ainsi que la Flore et la Faune de 
l'Europe ont acquis un caractère asiatique. Nous pouvons donc nous 
expliquer le fait merveilleux que la Flore tertiaire est plus voisine 
de la Flore américaine actuelle que de la Flore d'Europe, tandis que 
celle-ci se fond graduellement avec la Flore asiatique. On peut se 
convaincre que la végétation a été détruite par une cause générale 
et puissante, car beaucoup de types d'espèces qui étaient commu 
nément répandus dans le pays tertiaire ont entièrement disparu 
d'Europe. Ils se sont au contraire maintenus en Amérique et, par 
les soins de l’homme, ont été rapportés du nouveau monde en Eu- 
ropé où ils se sont répandus partout, ce qui prouve que le climat 
leur convient tout-à-fait. 

C'est ainsi qu'il y avait jadis dans notre pays tertiaire un Platane 
qui avait le plus grand rapport avec le Platane qui vit actuellement 
en Amérique. Nous en possédons non-seulement les feuilles en 
échantillons magnifiques, mais aussi les fleurs, les graines, les fruits 
en boule, les bractées et l'écorce, de sorte qu'on a pu le comparer 
avec l'espèce vivante. L'espèce fossile ne diffère du Platanus occi- 
dentalis L. d'Amérique que par ses graines plus petites et un peu 
moins épaisses à leur partie antérieure. Le genre Platane manque 
entièrement à l’Europe actuelle; ce type avait donc péri en Europe ; 
rapporté d'Amérique dans notre partie du monde, il y réussit admi- 
rablement. Je pourrais citer encore plusieurs espèces (Taxodium, 
Liquidambar) qui paraïent jadis la Flore de notre vieille Europe et 


LETTRE. 147 


se sont perdues à l’époque diluvienne. Il est dans la végétation ac- 
tuelle certaines espèces voisines de ces dernières et qui supportent 
parfaitement notre climat depuis qu’elles ont été introduites dans nos 
contrées. 

On objectera peut-être que ces conclusions reposent sur des faits 
qui ne sont pas encore solidement établis. Permettez-moi de m'é- 
téndre un peu sur ce sujet, car mon ami, M'le D' Ph. Delaharpe, 
qui est de retour de votre pays, m'a fait part de la défiance qui 
règne en Angleterre à l'égard de ce genre de recherches et c'est sans 
doute la raison pour laquelle cette partie de la paléontologie n’a 
jusqu’à présent excité aucun intérêt dans votre patrie. Vous ne trou- 
verez pas mauvais qu'un de ses partisans vienne essayer de prouver 
qu'il ne s’agit pas ici d’un enfantillage, mais d’une science sérieuse 
qui est appelée à fournir à la géologie des matériaux importants pour 
la reconstruction de Fhistoire du globe et de ses créations. 

Il est facile de comprendre pourquoi l'étude de la Flore tertiaire 
w’a pas encore fait son chemin en Angleterre; on n’a trouvé dans ce 
pays qu’un petit nombre de plantes tertiaires; aussi n’y rencontre- 
t-on pas de collections considérables de cette espèce, et personne ne 
s’est encore occupé de cette science avec sérieux. Or elle demande 
une étude toute spéciale et très-consciencieuse, et le botaniste lui- 
même ne peut la comprendre qu'en se livrant à des recherches pré- 
paratoires. C’est pour lui un monde entièr. ment nouveau, au milieu 
duquel il faut qu'il se retrouve, car non-seulement il y rencontre 
beaucoup de formes nouvelles et inconnues, mais en outre, il faut 
qu'il emploie pour leur détermination des procédés différents de ceux 
auxquels il a coutume de recourir lorsqu'il s’agit de plantes vivantes. 
Îl en est du reste absolument de même dans la paléontologie zoolo- 
gique. [l semble au premier coup-d'œil que ce soit une prétention 
erronée, incompréhensible que celle de déterminer les mammifères 
au moyen d’ossements ou de dents isolées, les oursins par quelques 


piquants ou les insectes grâces à une seule élytre, etc., et cependant 


ces recherches ont donné des résultats importants et auxquels on a 
constamment recours lorsqu'il s’agit de jeter quelque lumière sur 
les modifications que la croûte terrestre a dû subir. On n’est arrivé 
à ces résultats qu'en se frayant de nouvelles routes pour la compa- 
raison et la détermination de ces animaux et le zoologue qui n'au- 
rait pas été en même temps paléontologue, ne les eût jamaïs décou- 
vertes. Il en est absolument de même du botaniste. S'il ne s’est 
Du occupé de la Flore tertiaire (qui est entièrement différente de 
a Flore des bassins houillers) et qu’on lui soumette une feuille fos- 
sile, il sera dans beaucoup de cas aussi embarrassé que l’entomo- 
logue auquel on présente Félytre d'un coléoptère ou l'aile d’un 
moucheron, ou que le zoologue auquel on demande la détermination 
d’une dent où d’un fragment d'os. Et pourquoi si ee n’est qu'il ne 
S'est jamais donné la peine de rechercher les caractères partieuliers 
aux feuilles des différentes espèces? Je conviens que je me suis 
trouvé dans le même eas. Je croyais qu'au milieu de Ja richesse, 


148 LETTRE. 


de la variété infinie des formes et de la diversité (polymorphie) qui 
règnent quelquefois parmi les feuilles de certains végétaux, il était 
impossible de rencontrer des caractères solides et suflisamment 
étendus. Je suis néanmoins arrivé à la conviction que les diversités 
génériques ne sont pas exprimées seulement dans les fleurs et les 
fruits, mais qu'elles le sont aussi dans les feuilles et que par une 
étude attentive il est dans beaucoup de cas possible de les mettre en 
lumière. Cela est vrai de la nervation qui est déterminée par le dé- 
veloppement et la répartition de ses fibres. On n’a malheureusement 
prêté que fort peu d'attention aux nervures des feuilles et il est rare 
de rencontrer une feuille dessinée correctement. Les nervures sont 
presque toujours indiquées à faux ou d’une manière incomplète; nous 
pouvons nous en convaincre facilement en prenant des feuilles vi- 
vantes ou celles qui sont représentées par la phytotypie pour les 
comparer avec les dessins. On pourrait donc déjà tirer parti pour la 
botanique vivante, de ce que la paléontologie botanique à produit 
de bons résultats sur les régles de la nervation; on apprendrait ainsi 
à dessiner les nervures plus correctement. Il en est ici absolument 
comme du réseau des ailes d'insectes et de la direction des raies et 
des points sur les élytres des coléoptères. On ne s'est pas davantage 
piqué d’exactitude pour ce qui concerne ces détails, parce qu'on ne 
connaissait pas les lois qui les régissent et qu'on ne les a pas obser- 
vées. Nous croyons donc avoir trouvé dans la nervation des feuilles 
un moyen important pour leur détermination et être parvenu à en 
formuler les caractères en établissant une terminologie spéciale. 
Lorsque l'œil s’est enfin accoutumé à distinguer ces caractères par- 
fois, il est vrai, très-délicats, il saisit du premier coup-d'æil ce qui 
échapperait complétement à un autre botaniste peut-être aussi sa- 
vant et, par une longue pratique , il acquiert un certain tact qui lui 
montre, j'allais dire instinctivement, le chemin qu'il doit tenir. 
N'est-ce pas de la même façon que le botaniste expérimenté recon- 
nait dès l’abord les plantes vivantes, lors-même qu'elles ne portent 
ni fleurs, ni fruits, quand son œil s’est pour ainsi dire pénétré du 
port qui les caractérise? Les types des feuilles s'impriment de la 
même façon dans la mémoire et nous les reconnaissons avec facilité 
lorsque les mêmes espèces viennent de nouveau frapper nos regards. 
Ce n’est point que je veuille nier que beaucoup d'espèces fossiles 
sont douteuses, mais parce que quelques botanistes se sont prononcés 
un peu à la légère dans la détermination de quelques-unes , faut-il 
mettre en question la valeur et l'importance de cette branche toute 
entière? Si l'on voulait procéder de cette façon, il n’est pas de 
science qui ne püût être étouffée à son origine, car chacune d'elles 
n’est parvenue à la vérité qu'après beaucoup de fluctuations labo 
rieuses et beaucoup d’errements. La matrice dans laquelle le eristal 
doit se former n’est dans le principe qu’une eau fangeuse. C’est plus 
tard seulement que le pur diamant s’en dégage pour nous monder 
de ses feux. Et qui voudrait nier que dans la science que nous affec- 
tionnons, il ne se soit formé déjà un noyau solide? Il suffit pour s'en 


LETTRE. 149 


convaincre de jeter un regard sur les résultats acquis. J'ai réussi à 
recueillir non-seulement les feuilles, mais aussi les fruits et parfois 
les fleurs, les semences , les bractées, etc. , d’un nombre considé- 
rable de plantes, de sorte qu'on peut les déterminer avec la même 
sécurité que les espèces vivantes. Îl en est ainsi des genres Glypto- 
strobus, Widdringtonia, Spargantum, Salix, Populus, Liquidambar, 
Quercus, Alnus, Betula, Carpinus, Ulmus, Planera, Platanus , 
Laurus, Persea, Cinnamomum, Porana, Acer, etc., ainsi qu'il est 
facile de s’en assurer en consultant les planches de ma Flora ter- 
tiaria. On peut établir ici les genres et les espèces de manière à 
convaincre les plus incrédules et les comparer avec les espèces vi- 
vantes. De plus, il en est beaucoup dont les feuilles et la nervation 
sont si caractéristiques que leur détermination peut être regardée 
comme assurée. Nous avons done un nombre considérable d'espèces 
qui forment un fondement solide pour notre science. Il en est d’au- 
tres sans doute qui n’ont en leur faveur qu’une probabilité plus ou 
moins grande et sur la détermination desquelles on peut être d'avis 
différent, mais c’est le devoir de la science de réduire mcessamment 
le nombre de ces espèces douteuses. Il deviendra toujours plus res- 
treint à mesure que l’on exhumera les plantes du sein de la terre 
et qu'on fera plus attention aux fruits et aux semences qui les ac- 
compagnent, à mesure aussi qu'on pénétrera plus avant dans l'étude 
de la forme des feuilles et des caractères qui peuvent en résulter. 
C’est ainsi que s’agrandira graduellement la terre ferme sur laquelle 
nous nous tenons et que le sol mouvant et mal assuré se réduira en 
proportion. Je puis m'appuyer à cet égard sur plusieurs expériences 
que j'ai faites récemment. Permettez-moi de vous en citer au moins 
quelques-unes. : 

Il y a plusieurs années que M' Unger a déterminé sous le nom de 
Woodwardia une Fougère dont on n'avait trouvé que quelques petits 
lambeaux; nous en avons maintenant des frondes entières, complé- 
tement couvertes de fruits et qui ne permettent pas de douter que 
cette plante n’ait été très-voisine de la Woodwardia radicans (Voy. 
Flor. tert., pl. V). J'ai représenté dans ma Flore la Lastræa helve- 
tica d'après un petit fragment, et mon ami M° Gaudin a trouvé récem- 
ment, près de Vevey, une magnifique fronde presque complète et 
tellement couverte de fruits qu’on peut la rapporter au genre Lastræa 
avec autant de sécurité qu’on le ferait d’une espèce vivante‘. On en 
peut dire autant de la Lastræa stiriaca dont nous possédons une 

antité de frondes avec leurs fructifications et où l’on peut même 

istinguer les sporanges et leurs anneaux *. Mes amis MM. Gaudin 
ét Delaharpe ont découvert aux mines de Rochette une Fougère qui 
S’écarte de toutes les formes fossiles connues précédemment, mais 
pour la forme et la nervation a beaucoup d’analogie avec les Lygo- 


! Voir la planche ci-jointe, fig. 2. 


? Fig.7, 8 et fig. 9 qui représente un sore avec ses sporanges et des traces 
de spores. La fig. 4 représente une belle espèce nouvelle trouvée à Rivaz. 


450 LETTRE. 


dium de l'Inde, je la rapportai done à ce genre; on trouva plus tard 
aussi les fruits qui ont confirmé cette détermination. Quant au genre 
Salix , j'ai rattaché au groupe des Saules arborescents le Salix La- 
vateri, qui était très-répandu dans notre pays tertiaire; c’est dans 
ce groupe seul qu’on rencontre des Saules à trois et à cinq étami- 
nes. Eh bien! l'automne passé j'ai trouvé à côté des feuilles de cet 
arbre les châtons mâles dont les fleurs ont cinq étamines! Je pour- 
rais citer encore beaucoup d'exemples qui prouveraient, il me sem- 
ble, que ces recherches méritent quelque confiance. Je puis aussi 
m'appuyer sur les rapports qui existent entre le monde des insectes 
et celui des plantes. Îl est un scarabée rouge (Lina populi) qui vit 
souvent sur nos peupliers; les peupliers sont fréquents à OEningen 
et nous y trouvons en même temps une Lina qui est très-voisine de 
la Lina populi. Il s’y rencontre également une cigale très-semblable 
à la cigale du Frêne (C. Fraxini) et une Lytta qui a beaucoup de 
rapports avec la cantharide ordinaire (L. vesicatoria) ; j'ai en con- 
séquence annoncé depuis longtemps qu'il devait y avoir des Frênes 
(Fraxinus) à OEningen. Depuis lors on y a découvert cet arbre et 
nous en avons non-seulement les feuilles, mais aussi des fruits ma- 
gnifiques. C’est ainsi qu'un Glaphyrus annonçait l'existence de 
chardons et nous en avons recueil les fruits aussi bien que les 
Ombellifères dont le genre Lixus indiquait la présence. 

Il y a fréquemment sur le Chêne une espèce de puceron qu’une 
petite fourmi (Formica fuliginosa) visite pour sucer la liqueur qu'il 
séerète ; on voit souvent des caravanes entières de ces petites fourmis 
grimper le long des troncs de Chênes pour parvenir jusqu'aux puce- 
rons. Nous connaissons de la localité tertiaire de Radoboj un puceron 
fossile (je l'ai figuré dans le 3° volume de mon ouvrage sur les m- 
sectes tertiaires, pl. XV, fig. 2) qui est très-proche parent de ce 
puceron-là; nous avons de plus une fourmi (Formica occultata, m.), 
qui à une ressemblance frappante avec la Formica fuliginosa) et qui 
était si abondante à Radoboj qu'il m'en a passé sous les yeux plus 
de cinq cents échantillons; on connait aussi les Chênes de la forêt 
de Radoboj. Ne nous est-il donc pas permis d'admettre que ces 
pucerons tertiaires vivaient sur les Chênes dont nous avons les 
feuilles fossiles et qu'ils distillaient la miellée pour nos petites four- 
mis? Nous obtenons ainsi un ensemble complet d'êtres de l'époque 
tertiaire qui sans aucun doute ont vécu dans des rapports aussi m- 
times que les espèces analogues du temps actuel et nous fournissent 
le moyen de contrôler nos déterminations. 

Tout cela me fait espérer que la géologie ne dédaignera pas le 
secours que l'étude de la Flore tertiaire peut lui offrir. Le temps 
viendra aussi auquel les botanistes trouveront quelque intérêt à re- 
chercher dans quels rapports la création végétale actuelle se trouve 
avec celles qui ont disparu, où ils voudront connaitre l'arbre généa- 
logique des espèces qui réjouissent maintenant nos yeux par leur 
luxuriante végétation. Eux aussi finiront par être convaincus que la 
paléontologie botanique est en état de nous dévoiler les résultats les 


# 


Anst 


_5 Lastraea helvetica. 6 Lastraea dalmatca 7 8 Lastae: 


Osmunda Heern Gaud 2 


LETTRE. 151 


lus importants sur les centres de création et les stations premières 
es espèces végétales , ainsi que sur leur distribution sur la surface 
du globe. 

Du reste, je ne suis pas inquiet pour l'avenir de l'étude de la 
Flore tertiaire. Je suis convaincu que ce nouveau rameau de la 
science saura se frayer un chemin et que le temps viendra où il ne 
sera plus permis d'ignorer les résultats de ses recherches. Mais si 
les hommes que nous honorons comme nos guides dans la géologie 
voulaient bien adopter cet enfant si méprisé des temps modernes, nul 
doute que son développement ne devint plus rapide et plus réjouissant 
à la fois. C’est là, très-honoré Monsieur, la raison pour laquelle, 
au risque de mettre votre patience à une rude épreuve, j'ai pris sur 
moi de vous écrire aussi longuement. 

En vous réitérant l'assurance de ma haute considération, je suis 
votre bien dévoué, 


D° Oswald HEER, professeur. 


MOIS. 


Mars . .. 
ANTIL + + 


Année 


Résumé 
couvre 


Janvier . . . 
Février . . . 


MAS 2 
L'TNSR EM 
Joiliét, à. . 
ONE U Se à 
Septembre . 
Octobre. . . 
Novembre . 
Décembre . 


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ÉCOLE SPÉ 


Note 


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18,07| 1!| 435 6 
19,59| 1 6 6 
18,68] 1!| 11 5 
14,09! 1! 47 3 2 
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16,27] 411 2 4 


4n Ê ns 4rtmaoa 


A uN 


5... 1457359 
se LO20 OÙ 


OBSERVATIONS. 


Les 25, 26 et 28 juillet, secousses de 
tremblement de terre à Lausanne. Le 140 
du même mois, de 2 à T heures du soir, 
la température s'est abaissée de 9 degrés; 
elle était à 2 heures de 19,58. 


OBSERVATIONS FAITES PENDANT L'ANNÉE 1855. 


" É Latitude Nord . . ....... 46° 51 25”1 ; AUS SUSPENSE 145359 
ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE Longitude Est de Paris . . .. 417 56° 6 | HAUREUR » de la mer | re ere col 520"30 


HAUTEURS 


MOIS 
| 


a ——— 


HAUTEUR 


en millimètres, 


MOYENNE 


du baromètre, 


à 0 degré. 


—. — — 
8 h. 


midi. 


es] 
PA 


G 
= 


EXTRÊMES 
aux heures d'ob- 


servation. 


— mm 


Maxim. 


= 
Minim. 


DIFFÉRENCE. 


TEMPÉRATU!E MOYENNE 


en degrés centésimaux. 


Re 


8 h. 


midi. 


9h: 


4h. 


TEMPÉRATURES 
extrêmes, abso- 
lues. 
. 
Maxim.| Minimum 


DIFFÉRENCE. 


EAU TOWBÉE 


Pluie. 


Neige. 
— 


fois fois 


Brouillard. 


OBSERVATIONS. 


| Grésil, Grêle. 


719,17 
09,21 
10,44 

| 46,1 

15,59 

18,357 

18,07 

19,59 

18,68 

14,09 

15,84 

16,27 


719,15 
09,50 
10,04 
16,59 
13,15 
18,08 
17,66 
19,26 
18,63 
14,00 
15,67 
16,2 


718,75|718,74 
09,23] 09,15 
10,17| 10,00 
16,10! 15,88 
12,05! 19,65 
17,85| 17,62 
17,58] 17,56 
18,76| 18,88 
18,30] 17,94 
15,60! 15,37 
15,50! 45,53] 15,65| 21,58 
15,87| 15,92] 16,07] 27,20 
715,57|715,25 715,51 |725,65 


718,94 
09,27 
10,16 
16,19 
15,05 
17,98 
17,62 
19,07 
18,59 
15,76 


729,84 
17,07 
20,74 
25,82 
21,00 
24,95 
23,41 
22,45 
25,41 
26,55 


707,24 
691,97 
691,57 
705,83 
14,07 
10,05 
06,15 
14,74! 
07,80) 
697,19: 
705,79 
705,91 
704,75 


22,60 
25,10 
29,57 
17,94 

6,55 
14,88 
17,26 

7,69 
17,61 


—9,27|—0,05 
4,47| 4,55 
3,22| 5,56 
7,33| 9,46 
10,91! 15.14 
15,86| 17,94 
18,51! 19,76 
18,46| 20,80 
14,42] 16,81 
29,14! 10,41| 12,69 
15,59] 3,28] 4,90 
25,29|—2,77| —0,49 
18,90] 8,22] 10,41 


0,22 
3,09 
5,85 
10,55 
15,60 
18,65 
20,48 
21,62 
17,55 
12,69! 13,07 
4,97| 4,47 
—0,55|—1,52 
10,74] 10,59 


—0,19 
3,71 
5,69 

10,55 
15,42 
18,75 
20,57 
21,55 
17,19 


5,28|— 9,18 
8,62|— 8,94 
11,85|— 6,40 
20,10|— 1,10 
12,77| 22,20 1,50 
17,79125,90| 5,80 
19,75125,10| 9,80 
20,56, 26,60! 10,50 
16,41122,10| 5,30 
12,22116,00| 3,90 
4,41| 8,60|— 2,60 
—1,28| 5,60|—15,70 
9,99/16,49|— 0,61 


Les 25, 26 et 28 juillet, secousses de 
tremblement de terre à Lausanne. Le 10 
du même mois, de 2 à 7 heures du soir, 
la température s'est abaissée de 9 degrés; 
elle était à 2 heures de 19°,58. 


Janvier . . . 
Février . . . 


Juillet . .. | 
AOùE . | 
Septembre . | 
Octobre. . . | 
Novembre . 

Décembre . | 


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. TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. 


PROCÉB-VERBAUX ‘D. Pan Se MR MUNIE MR Te NA En 


MÉMOIRES. 


Théorie des intérêts composés infinitésimaux, par M. A.-L. Dutoit . 
Sur le glacier de Macugnaga, par M. Zollikofer . 

Arc-en-ciel à deux arcs contigus, par M. C. Dufour 

Sur la géologie des environs de St-Gervais, par M.1J. Delaharpe 
Sur les formations modernes dans le canton de Vaud, par M. A. Morlot 
Observations ozonométriques , par M. G. de Rumine 

Sur les images par réfraction , par M. L. Dufour . . . .., 
Fossiles du lias, recueillis à Montreux, par M. A. Morlot . 

Sur les végétaux fossiles de Schrotzburg, par M. A.-F. Fol 

Sur quelques géomètres suisses, par M. J. Delaharpe . 


Tableaux météorologiques de 1856, par M. J. Marguet. 


Tome Y. | N° 40. 


SOCIÈTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


——@ 5° @ 5 Os —— 


PROCÈS-VERBAUX. 


Séance du 5 novembre 1856. — M. Dutoit, professeur de ma- 
thématiques à Lausanne , présenté par M. Louis Dufour , est admis 
comme membre ordinaire. 


M. E. Renevier dépose sur le bureau le prospectus d’une carte 
géologique d'Europe, dressée par M. A. Dumont et publiée par les 
soins de M. E. Noblet, à Paris (rue Jacob, 20). Sur la proposition 
de quelques membres, la Société décide d'adresser ce prospectus 
à la Commission cantonale des musées et de la Bibliothèque avec la 
prière d'en recommander l'achat au Conseil d'Etat pour la Biblio- 
thèque cantonale. 


Le Secrétaire donne lecture d'un fragment extrait du Courrier 
du Valais du 26 août 1856, relatif à une réunion scientifique tenue 
à la même époque aux bains de Louesche. 


—…. M. Ph. Delaharpe rapporte que depuis la dernière séance M. Ch. 
…. Gaudin à traduit et publié dans le Bulletin, une lettre de M. O. Heer 
au professeur Forbes, sur l'époque tertiaire. Cette lettre est aceom- 
à pagnee d'une planche représentant des feuilles fossiles remarqua- 
bles des environs de Lausanne. M°° de Rumine à fait les frais de 
cette planche. La publication à eu lieu avant que la Société püt 
prendre connaissance du contenu de cette lettre , afin de profiter de 
l'occasion , M. C. Gaudin voulant la publier sans retard. 


… M. E. Renevier communique une lettre de la Société des sciences 
naturelles du Wurtemberg, proposant à notre Société d'échanger ses 
publications en retour des nôtres. Le bibliothécaire est chargé d’adres- 
ser à la Société du Wurtemberg un exemplaire aussi complet que 
possible de la série du Bulletin. 


154 SÉANCE DU D NOVEMBRE 1856. 


M. L. Dufour place sous les yeux de la Société des spécimen 
de reproduction de feuilles et d’autres objets minces , tels qu’on les 
publie à Vienne (Autriche) sous le titre de Naturselbstdruck. M. 
Dufour décrit les procédés employés pour cette reproduction. Il rap- 
porte ensuite qu'à Vienne, en combinant la photographie avec le 
grossissement du microscope solaire, on reproduit le dessin grossi 
d'objets microcospiques avec une extrême précision et une netteté 
suffisante. 


M. J. Delaharpe donne lecture de deux portions de lettres de 
M. Rapin, membre de la Société, datées de Genève. L’une de ces 
lettres relève quelques faits inexacts rapportés dans le Bulletin 
(n° 38, p. 52) au sujet des productions végétales appelées queues 
de renard. 

« Comme vous, dit M. Rapin, j'admets que les queues de renard 
proviennent souvent du développement capillaire des racines des 
arbres voisins et tout particulièrement des saules , lesquelles péné- 
trent les tuyaux à demi décomposés. Ces développements capillaires 
des racines acquièrent souvent plusieurs mêtres, et comme ils se 
ramifient à l'infini, ils ne tardent pas à obstruer complètement les 
conduits d’eau. Ainsi sur ce premier point de votre notice je partage 
entièrement votre opinion. Sur le second je me permettrai une ob- 
servation. Quand les queues de renard ne sont pas des racines de- 
venues capillaires par leur contact avec le courant d’eau, ayant une 
véritable écorce et un centre ligneux, elles sont noirâtres extérieure- 
ment, anastomosées, souvent aplaties, sans écorce proprement dite 
ni centre ligneux ; c’est alors un champignon (Rhizomorpha fragilis) 
qui prend naissance entre l'écorce et le bois, pénètre les tuyaux 
pourris et y atteint aussi une longueur considérable. Les tuyaux de 
fontaine sont encore exposés aux envahissements de quelques autres 
champignons, mais qui ne rentrent point dans la catégorie du genre 
de végétations qui fait le sujet de cette observation. Je ne nie point 
la possibilité d’un développement de racines adventives, puisque 
nous les voyons journellement se montrer sur certaines espèces ; 
mais elles ne se sont jamais rencontrées sur les pins et sapins qui 
sont les seuls arbres employés dans ce pays à la confection des 
tuyaux. Nos arbres résineux ne repoussent jamais de tiges; ils ne 
peuvent être cultivés en taillis, seconde preuve qu'ils ne sauraient 
fournir en aucun cas des racines adventives. Au reste, les caractères 
physiques de cette seconde espèce de queue de renard, ne laissent 
aucun doute sur sa nature ; quand vous l'aurez observée encore une 
fois, vous reconnaitrez avec moi qu’elle appartient à la famille des 
champignons. » 

M. Rapin ajoute : « J'ai lu encore dans le même numéro 38 du 
Bulletin quelques articles sur lesquels j'ai fait une annotation. M. 
E. Chavannes a donné la description d’un Leucoïum vernum ayant 
une tache verte sur l'extrémité des divisions du périgone et des éta- 
mines orangées, ce qui laisse à supposer qu'il en connaît une autre 


n.. 


SÉANCE DU D NOVEMBRE 1856. 155 


variété; quant à moi, j'ai toujours rencontré le Leucoium vernum 
tel qu'il le décrit dans sa note. » 

« M. Duflon cite un épi de mais mâle devenu femelle et un autre 
demi mäle et demi femelle. Cette transformation est très-fréquente ; 
la panicule terminale du maïs renferme souvent des fleurs femelles 
fertiles ; on peut produire à volonté ce phénomène, en coupant la 
tige au-dessus du premier nœud dès qu'elle commence à monter ; 
il s'en développe bientôt après une seconde beaucoup plus courte 
qui ne porte jamais qu'un seul épi terminal , ordinairement rameux 
et presque entièrement femelle et fertile. Ayant cultivé l’an dernier 
quelques milliers de plants de mais, un coup de vent en abattit quel- 
ques centaines qui me donnèrent tous un second chaume terminé 
par un seul épi femelle fertile. » 

« A propos de la multiplication de certaines espèces , M. Rambert 
cite celle de la Veronica Buxbaumi, qui était fort rare dans un temps. 
Comme j'herborise depuis plus de 40 ans, mon opinion doit compter 
pour quelque chose. Dans ma jeunesse on ne connaissait que deux 
localités pour cette plante, celle des Devens (Bex) où l’on disait 
qu'elle avait été semée et celle de Plaimpalais. Depuis lors, je l'ai 
retrouvée sur plusieurs points de la Côte, à Nyon même, où ni 
M. Gaudin, ni M. Monnard ne l'avaient jamais rencontrée, ni moi 
dans le temps que j'herborisais avec Gaudin. Depuis que j'habite le 
canton de Genève, je l'ai vue dans plusieurs localités. Cet exemple 
de propagation ne prouve rien à mes yeux, sinon que cette espèce 
appartient à la catégorie des plantes qu'il suffit de semer dans des 
conditions favorables de latitude pour leur faire acquérir un droit 
d'indigénat. Cette question étant très-complexe, puisqu'elle entraine 
nécessairement avec elle la question de la transformation de l'espèce, 
je ne me permettrai point de la développer ici. Au reste, elle appar- 
tient tout particulièrement à l'avenir de l'humanité et non pot au 

résent; celui-ci n’est encore appelé qu'à l’enregistrement des faits 
isolés qui devront servir de jalons pour arriver à la connaissance de 
l'histoire des êtres organisés. » 


M. J. Delaharpe confirme les faits énoncés par M. Rapin; après 
la réception de sa lettre il a examiné de rechef les queues de renard 
anastomosées , et il a trouvé que l'espèce d’écorce noire qui les re- 
couvre n'est qu'une pellicule brune, à l'intérieur de laquelle vien- 
nent s'attacher des faisceaux de filaments non vasculaires, quoique 
assez tenaces. Ce tissu filamenteux donne par écrasement une sorte 
de duvet cotonneux dans lequel on ne découvre aucune apparence 
de vaisseaux. C’est done un champignon fibreux. 

M. Rapin, dans sa lettre à M. J. Delaharpe, pense qu'on prévien- 


—… drait la formation de ce parasite en plongeant les bois, servant 


aux conduits, dans une solution de sulfate de cuivre, pendant un 
temps suffisant et en les goudronnant en dehors et en dedans. M. 
Delaharpe estime que l’on atteindrait le même but , sans frais, en 
écorçant les extrémités des tuyaux, puisque le champignon se dé- 


456 SÉANCE DU D NOVEMBRE 4856. 


veloppe sur le liber et ne s’étend qu'en rampant entre lui et le 
bois. Il ne s’introduit dans les tuyaux qu’à la faveur des jointures et 
ne traverse pas le bois s’il n’est pas pourri. 


M. R. Blanchet place sous les yeux de la Société, au nom de 
M. Blanchet de Bahia (présent), une série d'échantillons de fougères 
du Brésil, dont il présente le catalogue, renfermant 80 espèces 
environ. 

Le même membre rapporte qu'il a observé cet hiver dans plusieurs 
jardins et en particulier dans celui de M. Haldimand , au Denantou, 
une nouvelle conifère, le Cryptomeria japonica. En examinant les 
fleurs, il a été surpris de voir les châtons mâles et femelles se pro- 
longer en une branche portant feuilles, l'axe floral qui traverse le 
châton se développer ensuite en axe foliacé. On voit cela très-rare- 
ment dans des cônes de sapin; mais sur ce nouvel arbuste, cette 
modification est fréquente. M. Blanchet a même trouvé un cône mr 
de Cryptomeria, chez lequel l'axe foliacé avait persisté et avait la 
forme d'un ananas en miniature. 

Le Cryptomeria passe facilement les hivers dans notre pays, il 
fleurit très-jeune; M. Haldimand en possède un individu qui a 8 pieds 
de haut et qui porte déjà des fruits mûrs. 


M. Bessard expose divers objets recueillis en creusant un canal 
dans les marais de la Broye, ce sont : L° un fragment de bois de 
frêne moitié réduit en lignite ; 2° un vase en terre de la forme 
d’une jatte, sans pied, trouvé parmi des débris romains; 3° une 
racme de Typha fort grosse; 4° une espèce de fuseau en grès très- 
dur , légèrement conique à ses deux extrémités , dont l’usage lui est 
imconnu. Enfin 5°, un fragment de mâchoire de petit carnassier 
recueilli dans la molasse près de Moudon. 


M. Ph. Delaharpe remercie M. Bessard et le prie de continuer 
ses recherches sur les débris végétaux enfouis sous les tourbes des 
bords de la Broye, puisque l'étude des végétaux de l’époque quater- 
naire est encore à faire. 


M. L. Dufour relève une omission commise dans le procès- 
verbal du 7 mars 1856. M. C. Dufour, dans cette séance, a rappelé, 
à l’occasion des migrations de plantes, que le Séachys lanata, plante 
étrangère à notre flore, existe à Lasarraz depuis 1815, époque où 
des convois de cavalerie hongroise déposèrent, à ce qu'il paraît, 
les semences de cette plante dans cette localité. 


M. Ph. Deluharpe complète sa communication sur l’éocène d’An- 
gleterre , faite à la séance annuelle précédente. Les renseignements 
nouveaux qu'il a obtenus depuis sa première communication ont été 
imprimés dans le Bulletin qui va paraitre. Il donne la série des 
terrains qu'il a étudiés, depuis l’éocène jusqu'au pliocène , telle 
qu’elle résulte des recherches les plus récentes de M. O. Heer. 


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SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 1856. - 157 


Ouvrages reçus depuis la dernière séance * 


1. De la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille : 
Sur la constitution et la suspension des nuages, par M. Delezène. 


2. De M. Mortillet, à Annecy : Sur l'endiguement des rivières tor- 
rentielles des Alpes, broché. (Extrait du Bulletin de l'Association 
florimontane. ) 


3. De la Société d'histoire naturelle du Wurtemberg : Jahreshefte, 
etc. 12° année, 1°" et 2°° cah. 

&. De la Société des sciences naturelles du Luxembourg : Me- 
moires, etc. t. 3. 1855. 


5. De l’Académie royale des sciences de Munich : a) Annalen 
der kœnigl. Sternwarte, 8° année. — b) Gelehrte Anzeige, v. 4 ; 
— €) Ueber die Gliederung der Bevælkerung des Kænigr. Bayern. 
Festrede. V. Hermann. 1855. 


6. De la Société impériale d'Agriculture de Lyon : Annales, etc., 
t. Get 7. 1855. 


7. De la Société Linéenne de Lyon : Annales, etc., t. 2. 1855. 


8. De la part de M. Jourdan : a) De l’origine des diverses variétés 
et espèces d'arbres fruitiers, par M. Jourdan. Lyon. — b) Mémoire 
sur l’Aegilops triticoides, par le même. Lyon. 


9. De la Société des sciences naturelles et médicales de Malines : 
Annales, n° 10, 11 et 12. 


10. De la Société minéralogique et zoologique de Ratishonne : 
a) Mémoires, etc. 6° et 7° cahier. — b) Correspondenzblatt, ete. 
9° année. — c) Quatre tableaux pour la monographie des Sylvies 
d'Europe, par le comte de Mühle. 1856. 

11. De M" la comtesse de Rumine : Petermann’s geograph. Mit: 
theilungen, 1856, cah. 6, 7 et 8. 

12. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et 
comptes rendus, etc. janvier-mars, 1855. — Bulletins, ete., avril- 
août. 1856. 


13. De la Société géologique de France : Bulletins de, ete., 1. 19, 
fol. 61-65; t. 13, fol. 8-14, 15-19. 


1%. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, 
vol. XII, n° 45. 


15. De la Société des Sciences naturelles de Bâle : Verhandlungen, 
etc., 3° cah. 1856. 


16. De l'Association florimontane d'Annecy : Bulletin, ete., 
avril et mai, 1856, n° 4. 


17. De la Société physico-médicale de Würzbourg : Verhand- 
lungen, ete., 6° vol. 3° cah. 


158 SéANCE DU 19 vovemere 1856. 


18. De la Société pour la médecine légale en Allemagne : Cor- 
respondenzblatt, par M. le D° Eulenberg. Année 1854. 


19. De M. Aloïis Desloës : Traduction de l'ouvrage de M. Heier 
sur l'influence de la lumière sur le développement des essences fo- 
restières. Lausanne , 1856. 


Séance du 19 novembre 1856. — M. Guillermim, ingénieur, 
présenté par M. Ph. Delaharpe, et M. Pellis fils, ingénieur, présenté 
par M. L. Dufour, sont reçus membres ordinaires de la Société. 

L'assemblée s’occupant dans cette séance de la nomination an- 
nuelle du Bureau, choisit à cet effet : 


Pour président, MM. Marcel, docteur, vice-président actuel. 
» vice-président, Delaharpe fils, docteur, sous-secrétaire 
actuel. 
» Caissier, Bischoff, professeur. 
»  archiviste, Sylo. Chavannes. 
» secrétaire, J. Delaharpe. 


M. L. Dufour entretient la Société d'expériences curieuses dont 
il a été témoin à Vienne (Autriche) et qui ont pour but de constater 
l'influence de l'électricité sur les jets d’eau. Si l'on approche un 
corps électrisé, un bâton de cire, par exemple, du jet d’eau au 
moment où l’aigrette liquide se forme, celle-ei n’a pas lieu et le jet 
conserve sa forme cylindrique jusqu'à son sommet. Dans le cas où, 
au contraire, on approche l’électrophore de la base du jet, l’aigrette 
se forme à l'instant. L'expérience est répétée sous les yeux de l’as- 
semblée. Les diverses explications proposées pour expliquer ces 
phénomènes ne peuvent être jusqu'ici envisagées comme satisfaisantes. 
On demande si ces phénomènes ne se reproduisent pas peut-être, 
en grand, dans la nature. 


M. Brélaz fait remarquer à cette occasion que si un filet d’eau 
mince tombe d’un vase électrisé et isolé, le filet se dissémine aussitôt 
après sa sortie, surtout si l’orifice du vase est en verre. 


M. Dutoit, professeur de mathématiques, fait une première com 
munication sur la formule de l'intérêt composé au point de vue in- 
finitésimal; en supposant la capitalisation de l'intérêt continue, 
semblable au mouvement uniformément accéléré. (Voir les mé- 
moires.) 


M. Zollikofer donne la description du glacier de Macugnaga , au 
haut du val d'Anzasca ; il accompagne sa description d’une coupe du 
glacier et de ses moraines. (Voir les mémoires.) 


M. Morlot expose le panorama des Alpes vues de la cathédrale 
de Lausanne. Ce panorama a été relevé d’après la méthode gra- 
phique de M. le professeur Simoni, à Vienne. 


LT LE 


SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 1856. 159 


M. Ph. Delaharpe présente de la part de M. Berthoux, à Morges, 
un fragment d'humérus fossile trouvé au pied de la Tour d’Aï. La 
roche qui le renferme appartient très-probablement au Portlandien et 
l'os à un Saurien : ce fait établirait un rapprochement intéressant 
entre le Portlandien des Alpes et celui de Soleure , assez connu par 
ses ossements fossiles. Ce morceau a été acquis par le Musée de 
Lausanne. 


M. À. Chavannes D’, rappelle, au sujet d’un nid de frelons présenté 
par M. Marcel, ce qui se passe chez ces vespiaires sociaux: les fe- 
melles seules survivent à l'hiver, au printemps elles pondent des 
œufs d’ouvrières qu’elles élèvent. Celles-ci continuent alors la con- 
fection de la demeure à laquelle la femelle ne travaille plus, elle 
continue à pondre pendant l'été des œufs d’ouvrières. En automne 
seulement apparaissent les mäles et les femelles qui s’accouplent 
avant l'hiver dont les rigueurs détruisent l’ancienne société. 


Ouvrages reçus depuis la dernière séance : 


1. De la Société des sciences naturelles de Neuchâtel : Bulletin, 
etc. , t. IV, 1° vol. 


2. De M. C. Gaudin : Lettre à M. Lyell, par M. O. Heer ; tra- 
duite de l’allemand. (Extr. du Bulletin, n° 39.) 


Séance du 3 décembre 1856. — M. Dufour-Guisan, présenté par 
M. Gonin, est reçu membre ordinaire de la Société. 


M. Bischoff expose les divers procédés employés dans les labo- 
ratoires et ailleurs pour utiliser le gaz à éclairage comme moyen de 
chauffage. Il met en jeu des chalumeaux au gaz d'un nouveau sys- 
tème. Il présente un instrument de l'invention de Bunsen, destiné à 
maintenir le courant de gaz au taux nécessaire pour entretenir dans 
un liquide chauffé par lui, la chaleur que l’on désire, d’une manière 
parfaitement constante. 


M. Renevier rapporte à cette occasion qu'il a vu en Angleterre des 
foyers de chaleur au gaz, dont la grille était garnie d'amianthe que 
la combustion du gaz maintenait à l’état incandescent. 


M. Ph. Delaharpe ajoute qu’en Angleterre la chaleur du gaz est 
chaque jour mieux utilisée dans les arts. 


M. J. Delaharpe fait part à la Société du résultat de quelques 
études géologiques qu'il a faites l’été passé au pied du Mont-blane. 
Ses études portent essentiellement sur les relations du terrain an- 
thracifère de St.-Gervais avec les terrains subjacents et superposés. 
(Voir les mémoires.) 


160 SÉANCE DU Â7 DÉCEMBRE 1856. 


M. Blanchet ajoute quelques mots relatifs aux gypses de la Savoie 
et du Valais. 


M. S. Chavannes raconte ce qui se passe sur lui-même lorsqu'il 
considère pendant un certain temps une portion limitée d’un arc- 
en-ciel. Au bout de quelques minutes les couleurs disparaissent, 
sans que la trace de l'arc devenue terne s’efface complètement à sa 
vue. S'il détourne la vue ou ferme les yeux, les couleurs reparais- 
sent, pour se dissiper de nouveau au bout d’un instant. En fixant 
une portion verticale de l’arc-en-ciel, la disparition des couleurs à 
lieu plus vite que s’il arrête ses yeux sur une portion horizontale. 
Lorsque les couleurs disparaissent, il ressent dans l’organe de la 
vue une tension, une sorte de fatigue. Cette tension peut cesser par 
un effort de volonté et les couleurs se montrent de rechef. La dis- 
parition des couleurs s’opère des deux bouts de l'arc vers son centre. 
M. Chavannes demande comment ii est possible d'expliquer ce phé- 
nomèêne. 


M. Ph. Delaharpe rapporte que M. C. Gaudin, peu de temps 
avant son départ pour l'Italie, a recueilli deux dents de Paleothe- 
rium magnum dans le sidérolitique du Mauremont. Maintenant le 
nombre des restes de vertébrés trouvés dans ce sidérolitique s’est 
sensiblement accru, et il conviendrait d’en faire de nouveau l'inven- 
taire. Nous connaissons déjà 41 pachidermes, 3 carnassiers (au 
moins), 2 rongeurs, À crocodile, À tortue, À lacertien , quelques 
poissons et plusieurs espèces indéterminées. 


M. C. Gaudin écrit de Florence à M. Ph. Delaharpe, qu'il a 
reconnu dans le pliocène d'Italie plusieurs espèces d'arbres très- 
voisins de ceux de notre époque ou identiques avec eux; ainsi des 
pins, des ormeaux, etc. 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 
1. De M”° la comtesse de Rumine : Petermann's geograph. Mit- 
theilungen, 1856, n°*° 9 et 10. 


2. De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : 
Berichte, etc., n°° 14 et 15. 


Séance du À7 décembre 1856. — M. H. Isler, présenté par M. le 
professeur Wiener, est reçu membre de la Société. 


M. Dutoit, professeur, continue l'exposition qu'il a commencée 
dans l’avant-dernière séance, sur le développement infinitésimal de 
la formule de l'intérêt composé. (Voir les mémoires.) 


M. L. Dufour, professeur, revient sur la question de l'influence 
de la chaleur sur les variations de l'intensité magnétique des aimans. 
(Voir les mémoires et les séances des 21 mai et 18 juin 1856.) 


1 Le mémoire de M. Dufour paraîtra, nous l’espérons, dans le prochain 
N° du Bulletin. 


ET EE < 


SÉANCE DU 47 DÉCEMBRE 1856. 161 


M. J. Delaharpe continue l’exposition de la géologie des environs 
de St.-Gervais, qu'il a commencée dans la séance précédente. (Voir 
les mémoires.) 

Après lui, MM. Ph. Deluharpe et E. Renevier exposent les ré- 
sultats auxquels M. Scipion Grass est arrivé par l'étude des mêmes 
terrains en Maurienne ; ils ne peuvent expliquer les divergences qui 
existent dans les observations, qu'en admettant que M. $. Grass a 
été induit en erreur sur la position et le nombre des couches du 
terrain anthracifère par les dislocations nombreuses qu'il avait sous 
les yeux ; disloeations qui ne paraissent pas exister près de Saint- 
Gervais. 


M. À. Chavannes, D', donne un apercu de la classification zoolo- 
gique à laquelle il donne la préférence, en se basant essentiellement 
sur la subordination des caractères zoologiques déduite de leur valeur 
relative. Pour lui, le système nerveux et ses dépendances occupent 
la première place dans la classification des animaux. En partant 
des caractères fournis par ce système, la classification de Cuvier 
se trouve fautive sur plusieurs points : celle de de Blainville l'est 
encore davantage. Rudolphi, Treviranus et Ehrenberg ont été 
plus heureux à cet égard. Le premier divise d’abord les animaux 
en phaneroneura et en cryptoneura : le second traduit la division 
de Cuvier en Schädel-Thiere et Schädellose-Thiere : Ehrenberg 
admet d'abord deux grandes divisions, celle des vertébrés et des 
invertébrés , ou des mieloneura et ganglioneura. 

M. A. Chavannes, partant des mêmes principes, voit dans le sys- 
tème nerveux trois centres; de là, trois types d'animaux qu'il 
nomme : 

1° Animaux ayant les trois centres et plus spécialement un en- 
céphale. Encéphalozoaires ou vertébrés. 

2° Animaux sans encéphale, mais ayant un système rachidien 
et des ganglions. Mielozoaires. Articulés ou insectes. 

3° Animaux à système ganglionaire seul. Gangliozoaires. Mo- 


lusques et radiaires. 


En s’attachant à la localisation du système nerveux, 

Les cephalozoaires deviennent des rachioneura ; 

Les mielozoaires » des gastroneura ; 

Les gangliozoaires » des œsophagoneura. 

Chez les animaux où le système nerveux est inconnu , M. Cha- 
vannes pense que sa ténuité seule le rend inaperçu. 

Une discussion s'engage à la suite de cette communication. 

MM. Chavannes, L. Dufour, E. Renevier et J. Delaharpe y pren- 
nent successivement part. 


La Société reçoit dans cette séance : 


De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin des séances 
du 17 octobre et du 7 novembre 1856. 


162 SÉANCE DU 7 JANVIER 1857. 


Séance du 7 janvier 1857. — M. Zollikofer, en présentant à la 
Société, de la part des auteurs, deux opuscules géologiques sur la 
vallée du Pà, donne quelques détails sur les sujets traités dans ces 
mémoires. (Voir aux annonces de livres reçus.) Le premier de ces 
mémoires, intitulé : Essai sur les terrains superficiels de la vallée 
du Pù, aux environs de Turin, comparés à ceux de la plaine Suisse, 
a pour auteur MM. Ch. Martins et B. Gastaldi. On y trouve quelques 
détails curieux sur les anciens glaciers descendus des Alpes par les 
vallées méridionales. Le second, dû à M. B. Gastaldi (Apunti sulla 
geologia del Piemonte), est spécialement destiné à relever une erreur 
de M. Sismonda qui a décrit dans les Bulletins de la Société géolo- 
gique de France un énorme bloc erratique de serpentine comme une 
éruption locale de cette roche. 

Le même membre entretient la Société des découvertes qui ont 
été faites au lac de Hoffwyl, pour autant qu’elles intéressent la géologie : 
il place sous les yeux de l'assemblée le moule d’une vertèbre Atlas 
trouvée dans ce lac et appartenant vraisemblablement à un cerf gi- 
gantesque. Cet os était accompagné d’une grande quantité de débris 
d’autres ossements, de haches en pierre, de dents d'animaux, etc. 


M. J. Delaharpe donne communication, au nom de son fils, d’une 
lettre de MM. Mathews, de Birmingham, qui ont fait l’été passé l'as 
cension du mont Combin. Ces Messieurs ont trouvé à cette occasion 
que la sommité la plus élevée du massif n’est point le grand Combin, 
mais bien la pointe de Graflineire, formant sa partie Est et s’étendant 
parallèlement à la vallée de Bagnes. Cette pointe est inaccessible à 
l'Est, à l'Ouest et au Nord ; il serait possible d’en tenter l'ascension 
en partant du col qui unit à leur origine les glaciers des Corbas- 
sières et du mont Durand du côté Sud. La carte de Studer n’est 
d’ailleurs pas exacte sur ce point des Alpes. Le grand et le petit 
Combin ne sont point situés au haut du glacier des Corbassières, 
mais sur son flanc occidental, entre lui et la vallée d’Orsières. Deux 
pics élevés occupent la place où se trouve le grand Combin sur cette 
carte ; ils se continuent au Sud-Est avec les rochers du Mont-Avril. 


M. Bessard, de Moudon, présente à la Société deux échantillons 
d'Ammonites qui proviennent du couvent de la Part-Dieu près Bulle. 
M. Renevier reconnait l’une d’elles pour l’Am. plicatilis de l'oxfordien. 


M. le D° Marcel place sous les yeux de l'assemblée les cercles 
osseux de la sclérotique des yeux d’une autruche placée dans les 
collections du Musée cantonal. 

Le même membre entretient la Société des essais d’auscultation 
qu'il a pratiqués avec M. Ph. Delaharpe sur une autruche vivante 
en passage à Lausanne ; il a trouvé : 1° que l'inspiration est à l’expi- 
ration : : 5: 2; 2° qu'il existe un grand intervalle de silence 
après chaque expiration, ensorte qu'une respiration entière dure 
de 12 à 15//; 3° que le grand temps de repos, l'inspiration et 
l'expiration, se succèdent dans le rapport des nombres 7, 5 et 2. Ce 


SÉANCE DU 7 JANVIER 1857. 163 


n’est pas là précisément ce que l’on a écrit sur la respiration des 
oiseaux ; #° qu’il existe un bruit de souflle doux tout le long de la 
colonne vertébrale jusqu’au. sacrum , bruit qui provient sans doute 
de la pénétration de l’air dans les sacs aériens. 

Passant à l’auscultation de la circulation, ces Messieurs ont observé: 
a) qu'elle s'entend mieux à gauche qu’à droite, derrière que devant ; 
b) que le premier bruit est plus fort et que le second est plus sec et 
plus court; c) qu'il existe un intervalle notable , 1/// environ, entre 
les deux bruits ; d) que le grand intervalle dure 2 ‘/, à 3°”; e) que 
chaque systole et diastole s'exécute de manière à donner de 15 à 
18 battements par minute. IRON; 

Outre ces bruits, on perçoit encore ceux des gaz intestmaux et 
surtout celui du broyement du gésier. Celui-ci est irrégulier et très— 
fort, semblable au bruit d'un sac de pierres agité. Les bruits intes- 
tinaux sont plus courts et plus secs que chez l'homme, c’est une 
sorte de craquement. 


M. Zollikofer présente à la Société, de la part de M. Morlot, 
un mémoire dont il ne donne pas lecture. M. Zollikofer annonce 
que ce mémoire renferme des remarques sur les formations modernes 
dans le canton de Vaud (voir séance annuelle du 48 juin 1856, où 
M. Morlot a déjà abordé cette question), puis il expose comment le 
cône d’alluvion du torrent de Tinière, près Villeneuve, coupé par la 
tranchée du chemin de fer, a offert à M. Morlot une sorte de chro- 
nomètre des époques modernes. Une masse de graviers stratifiés, 
divisée par une couche végétale dans laquelle M. Morlot a trouvé des 
débris de l’industrie romaine lui sert à calculer, d’après l'épaisseur 
des graviers superposés et subjacents, le temps qui a dû s’écouler 
depuis l’époque romaine jusqu'à la première apparition des traces de 
l'homme sur ce point. (Voir les mémoires.) 

Après cette exposition de M. Zollikofer, une discussion s'élève. 
M. Renevier ne saurait admettre les conclusions de M. Morlot, 
parce qu’elles reposent sur une observation trop restreinte. 

M. Zollikofer répond que, sans doute, on ne peut pas donner les 
chiffres comme concluants , mais qu’en répétant ces observations on 
peut arriver à des moyennes importantes. En tout cas, l'époque 
antérieure à l'ère romaine dans laquelle on observe les traces de 
l'homme a dû être fort longue. 

M. J. Delaharpe pense que M. Morlot, d’après ce qu’explique 
M. Zollikofer, n’a pas été heureux dans le choix de son chronomètre. 
S'il se fût agi du cône de déjection d’un fleuve, il comprendrait que 
l'on cherchât à caleuler par le nombre des couches déposées annuel- 
lement, le temps écoulé depuis qu'il occupe son lit, comme on l'a 
fait, par exemple, sur le Mississipi. Mais il s’agit ici d’un torrent, et 
qui plus est, d’un torrent des Rd Or chacun sait combien sont 
variables ces déjections là dans leur cours, dans leurs époques, dans 
leur abondance. Les déboisements, les chutes de montagnes, les 
éboulements, les font varier énormément. Il y a tel torrent qui 


164 SÉANCE DU 21 JANVIER 1857. 


dans l’espace de quelques heures augmentera son cône de déjection 
sur certain point de plus de débris qu'il ne l’aura fait pendant cent 
ans auparavant. La Tinière pourrait servir de preuve palpable sur ce 
point. Comment dès lors conclure quelque chose de positif d’une 
simple section faite sur un point du cône de ce torrent. A supposer 
même que l’on püût répéter ces observations sur plusieurs autres 
torrents de nos Alpes, M. Delaharpe ne voit pas ce que l’on pourrait 
en conclure de positif, lors même que l’on aurait commencé par 
déterminer le mode de vivre particulier à chaque torrent, chose 
essentielle en pareil cas. Du reste, ses observations ne s'adressent 
qu'à M. Zollikofer et nullement à M. Morlot, dont le mémoire ne lui 
est pas connu. 


M. Guillemin demande à l'assemblée s’il existe dans le pays des 
marnes à phosphate de chaux? M. Renevier répond qu'il en existe 
dans le Gault, à la perte du Rhône ; que le phosphate s’y rencontre 
en rognons, et qu'enfin des marnes semblablés à celles-là ont été 
utilisées en Angleterre pour l’agriculture. 


M. Poulain, ministre du saint Evangile, présenté par M. Renevier, 
est admis comme membre ordinaire de la Société. 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


1. De la Société des ingénieurs civils de Paris : a) Bulletin de la 
séance du 21 novembre 1856. — b) Mémoires et comptes rendus de 
la Société, avril-juin, 1855. 

2. De la Société géologique de Londres : Quarterly Journal, 
vol. XII, p. 3, n° 47. Août 1856. 


3. De M. Wartmann, professeur à Genève : Recherches sur les fi- 
gures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur, par M. Plateau, 
3° série (Extr. des Mémoires de l’Académie de Belgique.) 

4. De l’Académie des sciences d'Upsal : Nova acta, 3° série, v. 2. 
fase. 1. 1856. 


5. De M. Zollikofer : Ch. Martins et B. Gastaldi. Essai sur les 
terrains superficiels de la vallée du Pô, aux environs de Turin, 
comparés à ceux de la plaine Suisse. — B. Gastaldi. Apunti sulla 
geologia del Piemonte. 


Séance du 21 janvier 1857. — M. Dutoit termine ses commu- 
nications sur le calcul ordinaire de l'intérêt de l'argent, comparé aux 
résultats du calcul infinitésimal. (Voir les mémoires.) 


M. S. Chavannes place sous les yeux de la Société quelques échan- 
tillons de porphyre trouvés dans l’erratique. Jusqu'ici on n’a pas dé- 


SÉANCE DU # FÉVRIER 1857. 165 


couvert de porphyre dans les Alpes; d’où proviennent donc ces 
morceaux? Ceux présentés ont été recueillis à Lasarraz, au Signal 
de Bougy et près d'Aubonne (Zollikofer). M. S. Chavannes donne 
ensuite quelques détails sur la structure du dépôt glaciaire qui forme 
le Signal de Bougy. 


M. Zollikojer ajoute que près de Turin on trouve des conglo- 
mérats de la molasse marine, renfermant aussi des fragments de 
porphyre dont la provenance est mconnue. 


M. L. Dufour rapporte l'observation d’une chute de petits cris- 
taux de glace, sans qu'il y eût de nuages au ciel; ce fait est du même 
genre que la chute de pluie sans nuage qu'il a rapporté dans une 
précédente séance. 


M. Guillemin entretient l'assemblée de divers signes qui annoncent 
les variations atmosphériques et en particulier du nuage placé au 
sommet de la Dent-d'Oche du côté du Nord. 


Dans cette séance, la Société reçoit : 


1. De l’Académie royale d'Amsterdam : a) Bulletin des séances , 
3° part. 1856. — b) Mémoires de l'Académie. Sciences, 3° partie, 
3° livr. — 4° part. 1-3 livr. — 5° part. 1" livr. Littérature, À" part. 
1-3 livr. -— 2° part. 1" livr. — c) Lycidas, Eccloga. 

2. De l’Institut géologique d'Autriche : Jakrbücher, 6° an., n° 3 
et 4. Juillet-décembre, 1855. 

3. De la Société des sciences physiques et médicales de Würz- 
bourg : Mémoires, ete. 7° vol. 1°" et 2° cah. 1856. 


Séance du L février 1857. — M. S. Chavannes présente M. Théo- 
bald Zollikofer, de St.-Gall, comme membre ordinaire de la Société. 
M. Zollikofer est reçu. 


Le Secrétaire donne lecture d'une communication de M. Gabriel 
de Rumine, relative aux observations ozonométriques faites à Ville- 
neuve, à Lausanne et au grand Saint-Bernard. (Voir la séance du 
18 juin 1856 et les Mémoires.) 


M. L. Dufour, à cette occasion, relève une erreur échappée à 
M. C. Gaudin; celui-ci attribue à l’évaporation la diminution de 
l'ozone qu'il faut attribuer à l'élévation de température de l'air. 


M. Guillemin place sous les yeux de la Société des échantillons 
de houilles et de coak d’Anzin, de Paris, -de St. Etienne, du Creusot 
et du pays. Il décrit divers fours à fabriquer le charbon de houille. 
Il présente encore un échantillon de tourbe comprimée et un gros 


166 SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 


cristal d’alun de la fabrique de Buxwiller. Il soumet enfin à l’as- 
semblée un modèle de cartes destinées à classer facilement et à 
volonté une bibliothèque d’après tel ordre que l’on voudra adopter ; 
cette carte est de l’mvention de M. Sujet, éditeur. 


M. Dôbele en prend occasion de tracer la coupe d'une autre espèce 
de four à coak oblique et perpétuel, employé en Allemagne. 


M. L. Dufour entretient la Société d'un point particulier de la 
question du mirage, qui se rattache au mémoire qu'il a publié sur ce 
sujet. (Bulletin de la Société, t. IV et V.) Ge point est celui des 
dimensions de l’image relativement à celles de l’objet. (Voir les 


mémoires.) 


Séance du 18 février 1857. — M. S. Chavannes présente à la 
Société, de la part de M. Morlot, une notice sur quelques fossiles du 
lias recueillis par lui-même , aux rochers du Taulan, au-dessus de 
Montreux. (Voir les mémoires.) Puis il fait passer une médaille 
frappée dernièrement à Vienne en l'honneur du professeur Haïdinger. 


M. Ph. Delaharpe demande à M. Chavannes quelques détails sur 
la position des rochers du Taulan. Celui-ci explique que les couches 
s'élevant du fond du lit de la Baye de Montreux se dirigent, en dé- 
crivant une portion de voute, au-dessus du village de Charnex, 
où elles disparaissent. 


M. Marcel place sous les yeux de la Société le squelette d’un jeune 
mulot et déerit le procédé qu'il a employé dans sa préparation. 


M. Ph. Delaharpe fait part à cette occasion du procédé que M. 
Chausson , étudiant à Zurich , lui a fait connaître , pour obtenir des 
squelettes articulés de petits animaux. On introduit les larves de 
l'insecte (Dermeste?) qui dévore les préparations anatomiques dans 
les musées, sous la peau de l'animal desséché, et en peu de jours il 
ne reste que les os, les ligamens et les plumes. 


M. Marcel ajoute qu'il a obtenu un fort bon squelette de couleuvre 
en suspendant le reptile à la branche d’une haie, en été : les agents 
atmosphériques et les insectes se chargent de la préparation. Ce pro- 
cédé de décomposition est parfois si rapide , qu'en Hongrie on a 
trouvé dernièrement les débris d’un squelette d'homme pendu qui 
avait été réduit à cet état en un mois ; la tête seule restait attachée 


à la corde. 


M. L. Dufour dépose une lettre de M. Toll, de Zurich, relative à 
un nouveau gisement de plantes fossiles à Schrotzhourg , près 
OEningen. (Voir les mémoires.) 

Le même membre reproduit sous les yeux de l'assemblée l’expé- 
rience par laquelle on démontre que la mince couche d'air adhérente 


SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1857. 167 


aux petits corps, à peine plus pesants que l'eau, suffit pour les 
élever à la surface du liquide, dès qu’on fait cesser la pression at- 
mosphérique, sous la pompe pneumatique. 


M. L. Dufour distribue aux membres présents une brochure, 
dont il est l’auteur, extraite de la Bibliothèque universelle de Genève, 
et ayant pour titre : De la correction de la température dans les 
observations du magnétisme terrestre. 


M. J. Delaharpe place sous les yeux de la Société quelques 
géomètres nouvelles pour la Suisse ou souvent mal déterminées, et 
donne quelques détails sur leur synonymie. (Voir les mémoires.) 


Depuis la dernière séance, la Société a reçu : 


1. De la Société géologique de France : Bulletin, etc. , t. XIT, 
f. 66-71 ; 72-77. 

2. De l'Académie royale des sciences de Munich : a) Gelehrte 
Anzeige, vol. 42. Novembre 4856. — b) Uber die Zersetzung Sal- 
petersaurerSalze durch Kohle, v. A. Vogel, jun. München, 1855, 
broch. — c) Bemerkungen ueber den Zusammenhang zwischen dem 
BildungsGesetze eines Kettenbruches, etc. , v. L. Seidel. München, 
1855, broch. — d) Denkrede auf Jh. Nep. von Fuchs, v. HV: 
Kobell. München, 1856, br. — e) Ueber die næchste Ursache der 
spontanen Blaueung einiger Pilze, v. Schœnbein. München, 1856, 
br. — f) Beitrag zu einer wissenschaftlichen Begruendung der Lehre 
von Mienenspiel, v. prof. D'E. Harless. München , 1855, broch. — 
g) Beitrag zur Kentniss der Ostracoden, v. D'S. Fischer, 2 Kupf. 
München, 1855, broch. — h) Beitrag zur Kentniss der Oxalsauren 
salze, v. À. Vogel jun. München, 1855, broch. 


3. De la Société des sciences naturelles de Berne : Mittheilungen, 
an. 1856, n° 360-384. 

k. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin des 
séances du 9 et du 23 janvier 1857. 


MÉMOIRES. 


Théorie des intérêts composés infinitésimaux, suivie de quelques remarques 
sur les intérêts composés ordinaires el sur les intérêts simples. 


Des intérêts composés infinitésimaux. 


A peu près tous les ouvrages d'algèbre traitent la question des 
intérêts composés, mais aucun d'eux, à notre connaissance du moins, 
n’a encore examiné le côté le plus intéressant de cette théorie; nous 
voulons parler des intérêts composés envisagés au point de vue in- 
finitésimal. 

Quelques auteurs, il est vrai, font bien remarquer ce que savent 

au reste tous les banquiers et les hommes d’affaires, c'est que plus 
les règlements de compte sont rapprochés les uns des autres, plus 
aussi 1l y à avantage pour le créancier. En effet, il est facile de 
comprendre que si la capitalisation des intérêts au lieu de se faire 
chaque année se fait chaque semestre par exemple, il doit y avoir 
une différence en faveur du prêteur, puisque l'intérêt de la somme 
pendant les six premiers mois de l’année porte lui-même intérêt 
pendant les six derniers mois. 

Si les règlements de compte (en continuant le même raisonne- 
ment) au lieu de se faire tous les semestres, se faisaient tous les 
trimestres , puis tous les mois, toutes les semaines, etc., l'avantage 
pour le créancier deviendrait de plus en plus grand à mesure que 
les règlements de compte se rapprocheraient les uns des autres. Mais 
comme il est facile de le prévoir , cet accroissement ne pourrait pas 
dépasser une certaine limite vers laquelle devraient nécessairement 


4 Voyez la note à la fin de ce travail. 


170 INTÉRËÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


tendre les différents résultats à mesure qu'on diviserait l’année en 
périodes de temps de plus en plus courtes. 

Ces considérations préliminaires étant posées, il est naturel main- 
tenant que nous nous proposions de résoudre les questions sui- 
vantes. 


Problème I. 


Que deviendrait le taux annuel d'une somme placée à intérêts 
composés, en supposant que les règlements de compte se fissent à des 
époques infiniment rapprochées les unes des autres, c'est-à-dire que 
la capitalisation des intérêts fût INGESSANTE ET CONTINUE. 


Cette question à un rapport intime de similitude avec beaucoup 
d’autres questions que nous présente la nature. L’aceroissement que 
nous voulons déterminer peut en effet très-bien être comparé à un 
mouvement uniformément accéléré comme à celui d’un corps tombant 
dans le vide, par exemple; le taux représenterait dans ce cas la force 
constante ou la pesanteur. Nous allons essayer de résoudre cette 
question au moyen de considérations élémentaires et sans avoir re- 
cours à l'intégration. 
ue c’est-à-dire la 
centième partie du taux, ou l'intérêt simple de un franc pendant un 
an; de plus, désignons par m le nombre de règlements de compte 
faits pendant l’année. re de un france pendant chacune des 


périodes de temps sera de — de sorte que la valeur de un franc 

avee ses intérêts capitalisés » fois pendant l’année s’exprimera par 
P\m p ; LE nee 

(1 De —) . En ur cette expression suivant la formule 

du binôme nous aurons la série suivante : 


m (m— 1) (m—2) rs 


Pour cela représentons par r la fraction —— 


n (m— 1) r° 


A OPA ENT UE NCA MEET D 
qui peut se mettre sous cette forme : 
2 
CE A) AD 
1 ET + —— Er SEE TE — etc. 


Or, si les règlements de compte sont infiniment rapprochés les 
Phare ; 1 
uns des autres, # devient infini et les fractions —, ——, etc., 


tendent toutes vers zéro; de sorte qu'à la limite, la série ci-dessus se 
change en celle-ci : 


SEEN ONE NN se etc. [A] 
1 15 1.2.3 F3 FTI3 hetpl 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 171 


En retranchant le capital un frane et en multipliant par 400 on 
aura le taux effectif demandé : 


r° T° r* 
HO Hs +555 + | 


Comme 7 est toujours une fraction assez petite, cette série est 
très-convergente; ainsi, il suffit de prendre les quatre premiers ter- 
mes pour avoir au moins six figures exactes à la partie décimale 
lorsque le taux ne dépasse pas le 6 °/,. En calculant les dix premiers 
termes on trouve : 


Pour le 3 °/,, 3,04545339535168556124... 

» 1e 4,0810774192388226757 
re 5,1271096376024039697… 
» 6°, 4, = 6,1836546515359622292.. 


Nous supprimons les chiffres qui ne sont pas exacts. 


La série [A] étant la même que celle qui donne le développement 
d’un nombre en fonction de son logarithme népérien, nous pouvons 
la représenter par e (e désignant la base du système népérien). Il 
est facile, au reste, de s'assurer directement que si e représente la 


valeur de la série numérique 4 + - + _ + =. —- etc. 


OP s. 1e) , 
on aura ( +2 — €", lorsque m devient infini. En effet, si l'on 


rs \m AU 
développe les deux expressions ( —— 5 et fl — D ; On trouve 


2 séries identiques, donc fi A —(1 — = [: — D | 


m 


BE 1 po eqigs leu: 
= 1+ î PDT ar. 2 — e”; nous aurons par con 
séquent {, — 100 (e° — 1), ou r, = er — 1. 


Nous pouvons maintenant résoudre le problème inverse, c’est-à- 
dire déterminer le taux (r) annuel infinitésimal connaissant le taux 
(r,) annuel ordinaire ‘. L'équation r, = e° — 1 nous donne 
er = 1 —Lr,; en prenant les logarithmes des deux membres (dans 
un sytème quelconque) nous avons : r log. e = log. (1+r,), d'où 
ke log. (1+r,) 

log. e 
liques ou népériens nous aurons : r = log. hyp. (1 + r,). 


. Si nous faisons usage des logarithmes hyperbo- 


1 Nous désignerons par 7, le taux annuel ordinaire, chaque fois qu'il 
sera question en même temps du taux infinitésimal correspondant , avec 
lequel il est lié par la relation r, = 6" — 1 ; dans tous les autres cas nous 
le désignerons par r seulement. 


472 INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


A l'aide des deux relations que nous venons d'obtenir, savoir : 


} r r° rs T° 
SP re Ml RU er PC ILAON CRT LE RE YU Ne 


LE Fr, 


Ti LE 
r = log. hyp. (L+ r,) = pt ue eue G . 


- etc. , 
ë 

il nous sera très-facile de passer du taux infinitésimal au taux ordi- 
naire , et vice-versd. 


Problème Hl. 


Quelle serait au bout de n années la valeur (S) d'un capital 
C, s'il était placé à intérêts composés infinitésimaux et à raison de 
r pour un franc l'an? 


Soit toujours » le nombre de règlements de compte faits pendant 
l'année. La valeur de un franc avec ses intérêts capitalisés sera à la 


TAN - - 
fin de la »"° année de t+2 ; mais en faisant m = ©, 
m 


m 


nous aurons Ê + = ( += | Û + D T= er ; 


et par conséquent 
S — C. ern 


Telle est la formule fondamentale des intérêts composés infinitési- 
maux. Nous aurons plus loin des remarques très-intéressantes à 
faire sur le résultat que nous venons d'obtenir. 


La quantité e”, trouvée plus haut, nous aurait aussi conduit à la 
la formule ci-dessus en posant les proportions À : er :: er : æ, 
A:e::æ: 2x, etc. Si nous n'avons pas suivi cette marche, c’est 
qu'il aurait pu rester dans l'esprit du lecteur quelques doutes sur 
l'uniformité et la continuité de l'accroissement du capital; car, on pour- 
rait croire au premier abord que l'accroissement va par sauts puis- 
qu’on suit la même marche que dans les intérêts composés annuels; 
mais il faut observer que ce n’est pas la proportion 1 : 17 ::1—Lr:x 
que l’on emploie, mais bien celle-ci, 1 : 1 4-7, :: 1 Hr, : æ, c’est- 
à-dire qu'on se sert, pour établir la continuité de l'accroissement, 
du taux auxiliaire r, dont nous avons déjà déterminé la valeur. En 
d’autres termes, placer une somme à intérêts composés infinitésimaux 
à raison de r pour un franc l'an, revient à la placer (pendant le 
même temps) à intérêts composés ordinaires ou annuels, mais à rai- 
son de r, soit e" — 14, pour un franc l'an. C'est sous une autre 
forme l’énoncé du premier problème. 


INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


173 


En désignant par a l'augmentation du eapital primitif nous aurons 


les deux équations suivantes : 


S = C.ien 
S=C+a, 


lesquelles combinées entre elles donnent quinze formules (les 
deux ci-dessus comprises); mais en laissant de côté celles qui ne 
donnent lieu qu'à une simple addition ou à une simple soustraction, 
ainsi que celles qui renferment des quantités qui peuvent s’éliminer 
directement par la même voie, il nous reste huit formules qu’il ne 
sera pas sans intérêt de placer en regard des formules analogues, soit 
des intérêts simples, soit des intérêts composés annuels. 


Formules pour les intérêts 


COMPOSÉS INFINITÉSEMAUX. 


SIMPLES. GOMPOSÉS ANNUELS. 
S=C(+m)|S=C(A+r) Siren [1] 
__a({+rn) __ a(i+r} __ a. ern 
ee 2 lé open ter ee ME 
S S S 
Mr eme 22 min @eh Drug Jobs A 2 20 1 
a a @ 
C — A8 Gus Art wa, EUR {4} 
a = Crn at (4 rr-1) a—= C(en—-1) [5] 
œ — AR mt a = SAUT SPA (a +rr=1) a = BE CA = 2) [6] 
1m (+ r) er 
a S __ log. S-log. C 
DE Can TE — TA More 
NE. __ log.S-log.C | _ log. S-log. C 
D Cr nu TS PE r log. e [8] 


174 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


Les sept dernières formules donnent encore lieu à autant de pro- 
blèmes différents dont nous nous dispensons de donner la traduction 
en langage ordinaire. Nous ne donnerons pas non plus d'exemples 
particuliers, car les applications numériques ne sauraient présenter 
de difficultés pour ceux qui sont déjà familiarisés avec les questions 
des intérêts composés annuels. Comme e est une quantité constante, 
mais incommensurable, on en déterminera une fois pour toutes la 
valeur avec le degré d’approximation qu'on jugera convenable. Cette 
quantité jouant d’ailleurs un très-grand rôle dans l'analyse infinité- 
simale, les analystes en ont poussé l’approximation très-loin; nous 
ne donnerons iei que les vingt premières figures : 


e — 2,71828182845904523536.… 
En voici le logarithme vulgaire : 
log. e — 0,43429448190325182765. 


Cette approximation est suffisante et bien au-delà pour évaluer le 
temps par exemple à plus d’un millionième de seconde près, ainsi 
que pour tenir compte d’une fraction minime de centime, la somme 
qu’on aurait à calculer allàt-elle, même dans les billions. Il va sans 
dire que dans ces sortes de questions on peut se contenter d'une 
approximation moindre. 


Remarquons avant d’aller plus loin que partout où l’expression 
(1 r)* se trouve dans les formules des intérêts composés annuels, 
elle est remplacée dans celles des intérêts composés infinitésimaux 
par e”*; ce qui conduit pour la détermination de r à une équation 
[7] exponentielle. Mais si l’on fait attention qu’en se servant dans le 
cas qui nous occupe des logarithmes hyperboliques au lieu de se 
servir des logarithmes vulgaires, on n'aura que la différence de 
deux logarithmes à diviser par #, puisque log. hyp. e = 1; c’est 
précisément l'opération qu'on doit effectuer dans la méthode ordi- 
naire où l’on a la racine #"° à extraire. 

La même observation quant à emploi des logarithmes hyperbo- 
liques s'applique aussi aux autres formules et tout particulièrement 
à la formule [8] qui devient alors bien plus facile à calculer que 
l’analogue dans les intérêts composés annuels. Le problème suivant 
qui ne rentre pas directement dans une des huit formules ci-dessus 
va au reste nous fournir l’occasion de mettre en pratique cette ob- 
servation. 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 175 


Problème HI. 


En combien de temps un capital dont on connaît le taux devien- 
drait-d p fois plus grand par l'accumulation de ses intérêts composés 
infinitésimaux (p pouvant être entier ou fractionnaire, mais > À). 


Remplaçons dans la formule [1] S par p. G, et divisons les deux 
membres par G, nous aurons p = e"*, d'où 


- “E Das log. hyp. p ro) 
r. log. e r 
Comme application soit p = 2, et faisons successivement : 
r = 0,03, nous aurons n = en log. hyp.2 = 23,1049060186648.. 


r—0,04,  » n= 1 »  2—17,3286795139986... 
r—=0,05,  » n=® »  2—13,8629436111989.. 
r —0,06, , n=® »  2—11,5524530093324... 


Le caleul, comme on le voit, est des plus simples, puisqu'on n’a 
qu'un simple déplacement de virgule et une division par 3, par #4, 
etc., à effectuer. L'opération serait la même pour des taux mtermé- 
diaires. En réduisant en nombres complexes les quatre fractions ci- 
dessus et en comptant l’année à 365 jours seulement, on trouve 
qu'une somme quelconque placée à intérêts composés infinitésimaux 
doublerait de valeur : 


Pour le 3°/,, en 23 ans, 38 jours, 6 heures, 58 min., 36°204.. 
» 4°/,, en 147 » 119 » 23 » 13 » 57,153. 
» D'}, en 43 » 31% > 23 » 923» 9,722. 
» 6°}, en 11 » 201 » 15 » 29 » 18,102. 


Les chiffres ci-dessus nous montrent une chose remarquable, 
c’est que le temps est inversement proportionnel au taux, et cela 
doit avoir lieu non seulement lorsque le capital double de valeur, 


s : S 
mais toutes les fois que le rapport due le nombre p est constant, 


ce qu'ndique déjà la formule [9}, mais ce que nous allons démon- 
trer encore comme suit : 

Soient S — Gertet S = C/ e"” les valeurs définitives de deux 

S S’ De 

placements ; nous aurons = e”, et g'= "5; mais de ce que 
S S’ . he D 
TG = w nous tirons ern — er” et par conséquent rn = r’n/, d'où 
n:n'::r :7r ce que nous voulions démontrer. 


176 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


On peut démontrer de la même manière que cette proportion a 
lieu dans les intérêts simples lorsque p est constant, ce qui doit 
d'autant plus étonner que la même chose n’a pas lieu dans les inté- 
rêts composés annuels. En effet, si l’on calcule combien de temps 
mettrait une somme pour doubler de valeur, on trouve en faisant 


usage de la formule n — RES : 
Pour le 3°/,, 23 ans, 164 jours, #4 heures à peu près. 
» ;.00/ 414 HG 5 22 » » 


Il est facile de voir que ce dernier résultat dépasse la moitié du 
premier. Nous allons prouver d’ailleurs d’une manière générale que 
tant que les taux seront différents (c’est-à-dire qu'on aura deux 
placements distincts), la proportion » : »/:: r! :r ne pourra jamais 
avoir lieu. 
Soient les deux équations S = C (1—Hr)retS = CH} 
! 
par suite de l'égalité - = — nous aurons (1 + r}t = (1 +7)" 
ou la proportion n : n’ :: log. (1 + r’) : log. (1 + r); mais pour 
avoir n : #:: 7" : r [a], il faudrait qu’on eût aussi la proportion 
r:rl::log. (4er) : log. (4 + 7°) [b]. Voyons si elle peut exister. 
Si nous développons ces deux logarithmes, respectivement en fonc- 
tion de r et de r” nous aurons : 


Te Gene a Po end ape ou 
AE ST 3 cu.) :#( T3 eto] [e] 
r2 ! 2 
PU LS SE ide Een grd mt (ed no 44 ; 
ou bien ( ® +3 etc.) : (1 T3 etc.) 


proportion qui ne peut évidemment avoir lieu qu’en tant que r etr’ 
sont identiques, il en sera donc de même des proportions [c] et [b], 
ainsi que de la proportion [a]; c’est ce que nous voulions démontrer. 


Au reste, les remarques que nous venons de faire résultent de ce 
que le taux joue exactement le même rôle que le temps, soit dans 
les formules des intérêts simples , soit dans celles des intérêts com 
posés infinitésimaux, tandis qu’il en est tout autrement dans celles 
des intérêts composés ordinaires, car il faudrait pour que cela eût 
lieu qu'on püt mettre indifféremment r à la place de n et vice-versà. 


1 Il est facile de voir que cetté proportion ne peut avoir lieu que pour 
deux taux infiniment petits, ce qui n’est pas le cas ici, puisque r etr’ ont 


log. (1 + œ 
toujours des valeurs déterminées d'avance. On wa LES ss Je (LH EL 


B (log: 1+8) 


que lorsque « et 8 tendent vers zéro. 


INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 177 


Problème IV. 


+ Une personne emprunte À francs à intérêts composés infinité- 
simaux à raison de r pour un franc l'an, et s'engage à rembourser 
cette somme en m-versements égaux, effectués à égale distance les uns 
des autres de manière à éteindre complètement sa dette en n années : 
quel doit être le montant de chaque versement? 


Les espaces de temps compris entre le moment de l'emprunt et 

le premier versement, entre le premier versement et le deuxième , 
ss 4.: . “ht 

entre le deuxième et le troisième, etc., seront tous égaux à mi de 


sorte qu’en désignant par a le montant de chaque versement, nous 
aurons l'équation suivante : 


mn ) ( 2rn ( 3rn ( (m —1l)rn ) 
mm a.e m Fr ! m 


a+ «.e —- + +... a.e 


en faisant la somme des termes du premier membre de cette équa- 
a (er_4) 


en 


— A en: 


tion nous avons = Aer, d'où nous tirons : 


mn 
A er { ‘0 pire 
grunob Gb sofa o 10 
en — 1 
Dans le cas particulier des annuités comme on a »m = n, la for- 
mule ci-dessus se change en celle-ci : 


AREA ler, 


on en — 1 en 


(1) 


Les problèmes que nous venons de résoudre sont suffisants, 
croyons-nous, pour donner une idée générale de la théorie des in- 
térêts composés infinitésimaux. Nous ferons seulement observer ici 
que le taux pourrait être fixé relativement à un espace de temps 

elconque, pourvu qu'il fût bien déterminé ; ainsi, au lieu de pren- 

e le taux annuel pour point de départ, on pourrait prendre le 
taux journalier, la quantité n exprimerait dans ce cas des jours et 
non pas des années, cela va sans dire. Il ne faut d’ailleurs consi- 
dérer l’unité de temps relativement à la quantité r que comme un 
simple rapport indiquant la puissance de l'accroissement et servant 
par conséquent à déterminer la relation qui doit exister entre un 


178 INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX . 


élément de temps infiniment petit (formant la période de capitalisa- 
tion) et l'intérêt qui doit lui correspondre. A la vérité, il serait dif- 
ficile d’assigner une valeur déterminée à l’intérêt correspondant à 
une durée de temps qui, sans être zéro, doit cependant rester au- 
dessous de toute quantité positive assignable d'avance, quelque petite 
qu'elle puisse être. Ne pouvant pas fixer le taux relatif à la période 
de capitalisation, nous l'avons établi au moyen d’un rapport exprimé 
par ces mots : à raison de r pour un franc l'an. 


Il 


Paradoxe que présente la formule des intérêts com- 
posés ordinaires, lorsque l’exposant n est frac- 
tionnaire. 


En faisant attention au rôle que jouent le taux et le temps dans 
les différentes formules que nous avons données à la page 5, et 
en se reportant à ce que nous avons ditde la proportion n:# ::r':r, 
il nous sera facile de conclure qu'il n'y a, mathématiquement parlant, 
que deux méthodes logiques et naturelles pour calculer les intérêts, 
savoir la méthode des intérêts simples et celle des intérêts composés 
infinitésimaux ; quant à celle des intérêts composés ordinaires, c’est- 
à-dire à capitalisation par saceades, elle ne peut être considérée que 
comme un simple procédé de convention et non comme une méthode 
naturelle; nous croyons même qu'elle pourrait être remplacée sans 
inconvénient, si ce n’est avec avantage, par celle dont nous avons 
donné la théorie générale dans la première partie de ce travail. Nous 
ne voulons pas nous arrêter iei à développer cette idée, ni à réfuter 
d'avance les objections qu’elle pourrait soulever, soit au point de 
vue économique et commercial, soit au point de vue pratique; 
comme nous aurons plus loin l’occasion de proposer un changement 
dans la manière de fixer le taux de l'intérêt simple, et que ce chan- 
gement nous parait plus utile encore que celui dont nous venons de 
parler, nous désirons porter essentiellement l'attention sur ce point. 

Mais, avant d'aborder ce sujet, nous allons faire connaitre un 
fait singulier que présente l'application de la formule des intérêts 
composés ordinaires, lorsque la quantité » (quelle que soit l’unité 
de temps) ‘ est fractionnaire. Ce fait, qui n’a pas encore été remar- 


1 Comme c’est presque toujours l’année qui est prise pour unité de 
temps, nous ne parlerons, dans tout ce qui va suivre, que des intérêts 
composés annuels. Au reste, ce que nous allons dire des intérêts à capita- 
lisation annuelle peut s'appliquer également à toute espèce d'intérêt à capi- 
talisation par saccades; seulement, plus l'unité de temps ou la période de 
capitalisation sera petite, et moins l’écart que nous allons constater sera 
considérable, 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 179 


qué, que nous sachions, mérite de fixer pendant quelques instants 
notre attention : il consiste en ce que la formule S — C (1 ry 
des intérêts composés (dans le cas où n est plus petit que l’unité), 
donne pour la valeur de S, un résultat inférieur à celui que donne 
la formule des intérêts simples , ce qui, à première vue, a tout à 
fait l'air d’un paradoxe. 

Supposons par exemple qu'on veuille calculer la valeur fde un 
franc (ou de toute autre somme) rentrant au bout d’un jour avec son 
intérêt au 5 °/,; on pourrait croire au premier abord que puisque 
l'intérêt ne peut lui-même porter intérêt qu'au bout d’une année, le 
résultat doit être le même que celui que donne la méthode des intérêts 


simples , c’est-à-dire qu'on aura 1 a = 1,0001369... 
et cependant en faisant usage de 


1 
la formule générale on trouve (145 — 1,0001336.. 


soit une différence de  0,0000033.. 


Si on fait le calcul pour 195 jours, on trouve : 


dans le premier cas . . . . 4 L _ en = 1011492321: 
125 
dans le second cas. . . . . 1. a A _ 155 = 1,0168493.. 


c'est-à-dire une différence de  0,0002739.. 
a 
dans le même sens que celle ci-dessus, mais beaucoup plus grande. 


Faisons encore r — 0,05 et n — !}, , soit 189 le jours, nous aurons : 
: ri e 
Se — 1,02 
dans le premier cas . . . . 1 Ar PS 3 — 1,0250000 


1 
dans le second cas... .. [1] 2 — 1,0246051 


soit une nouvelle différence de 0,0003049.… 


ŒRRLeE £ 10 
. plus grande encore que les deux premières. Nous aurions de la 


même manière une différence en prenant tout nombre de jours, in- 
férieur à 365. 


En effet, soit g ce nombre, nous aurons d’une manière générale : 


par la méthode des intérêts simples , . . . 4 + 2e et 
q 
: » composés . [1+r j#e: or, 


celle dernière expression développée en série donne : 


gr = 365) r° 365) (q-2 x 365)rs 
+ + ac )(q ) 


g(g= 
LR PT rene: 


180 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX 


c'est-à-dire la première (formée des deux premiers termes), plus 
une suite infinie de termes; il est donc impossible que les deux 
méthodes conduisent au même résultat. Il est même facile de voir 
que la dernière expression doit avoir une valeur inférieure à celle 
de la première, puisque le troisième terme de son développement 
est négatif par suite du facteur (g — 365). Le taux restant le même, 
la différence sera d'autant plus grande que q sera plus rapproché de 
55%L, soit en sus, soit en sous, comme on peut s’en assurer en 
cherchant quelle valeur il faut donner à g pour rendre maximum la 
valeur arithmétique de g (qg — 365)’; de sorte que le plus grand 
écart qu'on puisse avoir entre les deux résultats aura lieu lorsqu'on 
aura 4 — 182 ‘}, ; il diminuera d’ailleurs à mesure qu’on descendra 
de 182 !}, à 1, ou qu’on montera de 182 ‘}, à 364; enfin, si l’on 
fait g9 = 0, ou g — 365, la différence sera nulle. Il est aussi facile 
de voir que pour une même valeur de q , plus le taux sera élevé et 
plus aussi sera grande la différence. Aïnsi pour le 6 °/,, l'écart 
maximum (toujours sur un franc de capital) est de 0,000437, c’est 
à-dire de 0,000132 plus grand que pour le 5 °/,. 

Lorsque le nombre de jours surpasse 365 sans être un multiple 
de ce dernier nombre, une divergence analogue se reproduit en- 
core, et c’est surtout ici qu'elle mérite d’être remarquée, car si on 
n’applique pas la formule S — C (1 Æ r}*? lorsqu'on a n < 1, on 
l’applique au contraire lorsqu'on a n > 1. 


Cherchons, par exemple, quelle serait au bout de 4 ans 312 jours, 
la valeur de un franc avec ses intérêts composés à raison de 4 /, 
p'‘/, l'an. On pourrait croire (d’après la définition même des inté- 
rêts composés annuels) qu'on aura la valeur de un franc avec ses 
intérêts capitalisés quatre fois, c’est-à-dire (1,045)*, plus l’intérét 
simple sur cette dernière valeur pendant les 312 jours restants; on 
(1,045): X<312 >X< 0,045 


aurait ainsi (1,045)* + 3 —= 1,238389..; 
et cependant d’après la formule générale , ds 

br 
D AS EUITAENE dde en dés (1,045) ‘5 — 1,238249... 


soit une différence en moins de 0,000147... 


Ainsi, sur un million de capital, l’écart serait de 147 fr. à peu près. 


Soit d’une manière générale n = v + . nous aurons : 


1 Nous supposons ici pour simplifier le raisonnement que tous les ter- 
mes à la suite du 3"°, peuvent être négligés; ce qui n’est tout à fait exact 
que pour un taux infiniment petit. On verra, du reste, à la page 16, que la 
valeur de q, correspondant au maximum de l'écart, et qui varie d’ailleurs 
pour chaque taux, s’écarte très-peu de 182 !/.. 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 181 


dans le eus (CD 2 ft PE [A] 


van né 
dans le 2% eas (14) = (tn [ir fe 0] 


Ces deux expressions ayant un facteur commun, et le second fac- 
teur de la première étant plus grand que le second facteur de la 
seconde, nous en concluons sans peine 


CDN EMTEC 


Toutes les remarques que nous avons faites plus haut relative- 
ment à g et à r, trouvent encore ici leur application; seulement il 
faut observer que la différence entre les seconds facteurs étant mul- 
tiplhiée par le premier facteur (1 + r)’; plus v sera grand, et plus 
aussi sera grande la différence entre les deux expressions ci-dessus. 

Ainsi en faisant o — 20, r — 0,06 et g — 182, nous nous pla- 
çons dans des conditions très-défavorables, et l'écart que nous obtien- 
drons entre les deux résultats sera bien plus grand que dans l’exem- 
ple numérique que nous avons déjà donné; en effet nous avons : 

2 
CHUOE a 23 3080881. 


182 
et  (1,06)°° (1,06) 35 — 3,301684.. 
soit une différence de 0,001401 à peu près; 


ce qui représente une somme de AO francs sur un capital d'un 
million de francs. Si v était plus grand, nous le répétons, l'écart 
serait plus grand encore. 


Cette divergence que nous venons de constater se reproduira, il 
est évident, dans toutes les questions où en faisant usage des inté- 
rêts composés annuels, le nombre d'années sera fractionnaire. Parmi 
les exemples nombreux que nous pourrions donner , nous choisirons 
les deux suivants. 

Vérifions d’abord, en nous servant de l'expression [A], si une 
somme placée à intérêts composés ordinaires et au 3 °/,, double 
réellement de valeur en 23 ans 164 jours ‘/, à peu près, comme 
nous l'avons indiqué à la page 8. 

Val de fr. 1 avec ses intér. capit. 23 fois, soit (1,03)°5 — fr. 1,973586 
Intérêt simple sur fr. 1,973586 pendant 164 jours ‘/, = » 0,026630 


Total, “fr. 2,000216 


Cette différence de + 0,000216, nous montre que le temps donné 
log. 2 
log. (1 r) 


par la formule n — est trop grand. Si nous calcu- 


182 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


lons combien de temps il faut à fr. 1,973586 pour rapporter 
(fr. 2 — fr. 1,973586) d'intérét au 3 °/, nous trouvons 162 jours 5/, 
à peu près, soit une différence de 1 jour ‘/.. 

Enfin, comme dernier exemple, nous allons montrer que dans la 
question des amortissements basée sur les intérêts composés annuels 
une divergence analogue à celles que nous venons de signaler, à 
lieu, non-seulement lorsque n est fractionnaire, mais chaque fois 
qu'on sort du système d'amortissement par annuités !, ou plutôt cha- 
que fois que la distance entre deux versements consécutifs n’est pas 
exprimée par un nombre entier d'années. Prenons pour abréger le 
problème [V, traité dans la première partie, et changeons seulement 
la nature du taux; nous aurons l'équation suivante : 


22 {m—A)n 
ph ui F7 


qui nous donnera : 


vi AG +y A e 1] in 
ü A+ry—T 


et dans le cas particulier des annuités, 


RME) Te E] 
7 (Art 

Si n était une fraction ou un nombre fractionnaire les formules 
[D] et [E]) donneraient l’une et l’autre des résultats divergents sui- 
vant le point de vue où l’on se placerait relativement aux expressions 
[A] et [B}, le fait est trop évident pour que nous nous y arrêtions. 
Si au contraire » était un nombre entier, l'application de la formule 
[E] ne donnerait lieu à aucun écart; quant à la formule [D] on ne 
pourrait l'appliquer sans avoir d'écart que dans le seul cas où » 
serait un multiple de » : en effet, il est facile de voir en examimant 
l'équation [C] que si les différentes puissances de (1 + r) étaient 
fractionnaires, — plus grandes ou plus petites que l'unité, peu im- 
porte, — les facteurs multipliant a seraient (en se reportant à l'ex- 
pression [A] discutée plus haut) évidemment trop petits ; la quantité 
a serait par conséquent trop grande, puisque le second membre de 
l'équation [C] est constant. 

Appuyons ce que nous venons de dire par un exemple particulier. 
Faisons À — 1000000; n = 3; m = 4, et r = 0,05. La formule 
[D] nous donnera après réduction : 


+ ..a(i+tr) =({+r» [0 


a 


1 Est-ce cette circonstance qui empêche les auteurs qui traitent la 
question des intérêts composés de résoudre d’une manière générale la 
question des amortissements, comme nous le faisons ici? Nous ne le pen- 
sons pas, car tous les auteurs que nous avons consultés ne font pas men- 
tion de cette circonstance. 


INTÉRÉTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 133 


ssh 1157625 XX 0,0372703 = 973700. — 
0,157625 

à quelques centimes près. Pour vérifier ce résultat nous n’avons 
qu'à dresser une espèce de compte courant et à voir si capital et 
intérêts se balancent de part et d'autre. Si nous faisions usage dans 
cette vérification de l'expression [B] nous trouverions le compte 
parfaitement balancé, cela va sans dire; mais, si nous avons recours 
à l'expression [A] nous aurons d’une part : 


montant du 1° versement avec ses intérêts, fr. 305548 50 

» ge » » » » 294591 415 

» 54 » » son intérêt, » 283984 50 

» L° » sans intérêt, ». 273720 — 

fr. 1157844 15 

de l’autre : fr. 1000000 avec ses intérêts, » 1157625 — 
c'est-à-dire une différence de fr. 219 15 


dans le même sens que nous avons indiqué plus haut. 

Pour trouver la valeur de chaque versement, afin qu’une véri- 
fication analogue à celle que nous venons de faire donne une diffé- 
rence nulle, nous n'avons qu'à faire usage de l’expression [A], 
laquelle nous donne dans le cas particulier qui nous occupe : 


3 ÿ 9 
aa (+) an (+) Ha (147) = 
k. A (1 Lori | 
+87 +187 16; 20 
substituant aux quantités À, r et, leur valeur numérique, nous 


4 XC1157625 
aurons 4 — 16.920125 — 273668 20 à très-peu de chose près. 


= A1 + r)2, d'où nous tirons a — 


Nous avons ainsi fr. 51 80 de moins sur chaque versement ce qui 
fait une différence de fr. 207 20. Si nous ne retrouvons pas 219 15, 
cela provient tout simplement de la différence des intérêts qui doi- 
vent nécessairement changer par suite du changement même de 
chaque versement. 
LS 

Si nous voulons résumer ce que nous venons de développer, un 
peu trop longuement peut-être, il nous sera facile de le faire au 
moyen d'une construction graphique; car, en désignant par y la 
différence entre les deux expressions [A] et [B], et en posant pour 
abréger 4/6, = æ nous aurons l'équation suivante : 


y=A+r) HU +re—(+r)] 
qui nous fournira les éléments nécessaires pour construire la courbe 
représentant l'écart dont nous venons de parler. En faisant d’abord 
0 = 0, puis en donnant successivement à æ des valeurs très-rap- 
prochées comprises entre zéro et l’unité, et en calculant les valeurs 
correspondantes de y, nous déterminerons la première branche de 
la courbe qui partira de l’origine des coordonnées pour s'élever 


184 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


insensiblement, descendre ensuite et arriver à l’axe des abscisses ; 
en faisant v — À, et en donnant encore à x des valeurs comprises 
entre zéro et l'unité, nous déterminerons une deuxième branche 
semblable à la première à part une courbure un peu plus prononcée ; 
et ainsi de suite pour une troisième, quatrième branche, ete. En un 
mot, il y aura autant de branches composées de deux parties à peu 
près symétriques, que * (soit v + x) renfermera d'unités. Chaque 
taux aura d’ailleurs une courbe distincte, dont la courbure sera 
d'autant plus grande que celui-ci sera lui-même plus élevé. C’est 
ce que nous représente la figure suivante : nous avons seulement 
exagéré les valeurs de y portées sur l'axe des ordonnées, relative- 
ment aux valeurs correspondantes de x portées sur l’axe des abscis- 
+ afin de rendre plus sensibles les détails que nous venons de 
donner". 


Nous venons de dire que chaque branche de la courbe est eom- 
posée de deux parties à peu près symétriques : c’est ce qui résulte 
en effet de la détermination du point culminant. Voici les chiffres 
que nous avons trouvés pour ce qui concerne la première branche 
seulement : 


VALEUR DE Z CORRESPONDANT AU MAXIMUM 
TAUX- VALEUR MAXIMUM DE y. ne 


exp. en fract. d'année |exprim. en jours. 


| 


°/, | 0,000000000000000... | 0,5000000 182,50 
°/, | 0,000012437896462... | 0,5004145 182,65 
°/, | 0,000049506298607.. |  0,5008257 182,80 
0,000110844163317... | 0,5012316 182,95 
°/, | 0,000196099376199... | 0,5016342 183,10 
°/, | 0,000304928444646... |  0,5020329 183,24 
°/, | 0,000436996204315... |  0,5024278 183,38 


ous vwro=Ss|- 
[=] 
_e 
(-) 


1 Quoique notre dessin n’ait pas été rendu très-fidèlement par le gra- 
veur, entre autres parties, les courbes », m°, m”, qui doivent s’infléchir 
légèrement à droite (du côté des x positifs), il fera cependant comprendre 
d’une manière générale ce que nous ayions en vue. 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 185 


En multipliant successivement les valeurs maximum de y données 
ci-dessus, par la 1%, 2%, 3%... n°" puissance de (1 + r), on 
aura les valeurs maximum de y, pour la 2°, 3%, ... (n + 1)" 
branche. En un mot, la courbure de chaque branche (de la même 
courbe) croitra proportionnellement aux puissances de (1  r); de 
sorte que pour le 6 °/,, par exemple, celle de la 12°° branche sera, 
à très-peu près, double de celle de la première. Enfin, en donnant 
à r, à partir de zéro, des valeurs très-rapprochées, le lieu géomé- 
trique de tous les points culminants des courbes ainsi formées, don- 
nera pour chaque branche une nouvelle courbe que nous désignons 
par m. 


Il semblerait jusqu'ici que l'écart dont nous venons de parler dût 
porter le nom d'erreur plutôt que celui de paradoxe : c’est même 
ainsi que nous étions tout d’abord porté à le qualifier; mais, après 
un examen un peu plus approfondi, et surtout grâce à la méthode 
des intérêts composés infinitésimaux, qui jette un nouveau jour sur 
cette question, nous avons changé d'opinion à cet égard. 

Ce qui empêche de comprendre cette différence, très-remarquable 
d’ailleurs, c’est qu’il est difficile de se représenter ce que doit être 
une capitalisation fractionnaire. Pour nous en rendre compte, tàchons 
de relier d’une manière uniforme la capitalisation entière à la capi- 
talisation fractionnaire, au moyen d’une capitalisation continue. 
Déterminons pour cela le taux infinitésimal correspondant au taux 
ordinaire, et mettons-le à la place de ce dernier dans la formule 
S=C(1—+7r,):; nous aurons (voir la fin du premier problème) 
S = C (e')t — C. e"", ou en remettant à la place de r sa valeur : 


S = C ( + r) == eg: e* log. hyp. (l + r,) 


Ainsi, il sera toujours possible, sans que la valeur de S change, 
de passer de la méthode ordinaire à la méthode infinitésimale, quelle 
que soit d’ailleurs la valeur de n. 

Afin de mieux fixer les idées, véritions sur un exemple particulier 
ce que nous vencns de démontrer; faisons CG — 1000, r, = 0,05 
et n — 15‘/,. Les deux formules ci-dessus nous donnent : 

31 
S — 1000 (1,05) ? — 2136,26 
nee He. 1,06  ojossrg0! 
—— log. hyp. 4, —— % 0,0! G.. 02 ax 
S'— 14000. 6? 7" — 1000.62 * — 2136,26 
or, comme ce dernier résultat, fourni par une capitalisation continue, 
est identique au premier , il est évident que la capitalisation entière 
des intérêts composés ordinaires se rattache d’une manière uniforme 
à la capitalisation fractionnaire, ce qui légitime en quelque sorte 
cette dernière. Ceci nous explique aussi parfaitement bien la diffé- 
rence entre les deux expressions |A] et [B]; car, dès le moment 
qu'en plaçant un capital à intérêts composés annuels et au 5 °},, on 


5] 


186 INTÉRÉTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


retire, au bout d’un espace de temps quelconque, exactement la même 
somme que si ce capital était placé à Intérêts composés infinitésimaux 
à raison de 4,879 pour cent l'an, il est évident que si l’on compte, 
pour la période de temps fractionnaire, l'intérêt simple au 5 °/,, on 
aura une somme trop forte, puisque le taux ne sera égal au 5 2}, 
qu'à la fin de l’année seulement, alors qu'il aura été chemin faisant 
et pendant l’année entière, mis au bénéfice de la capitalisation con- 
tinue. Nous pourrions, à ce point de vue, suivre les variations de la 
différence; mais, comme ce sujeta déjà été traité longuement un peu 
plus haut, nous n’y reviendrons pas. 

Ce que nous venons de dire nous porte à croire que l’interpréta- 
tion la plus naturelle qu'on puisse donner de cette différence, c’est 
que la formule des intérêts composés annuels pose pour condition 
que les intérêts ne peuvent être touchés qu'à la fin de l’année, puis- 
qu'ils ne sont aptes à porter intérét qu'au bout de ce temps. De sorte 
que si l’on veut retirer un capital dans le courant de l’année, le 
débiteur sera bien tenu de rembourser la somme telle qu’elle était à 
la fin de la dernière capitalisation; mais, quant à l'intérêt simple 
sur cette somme pendant la partie fractionnaire de l'année, il aura 
le droit de déduire une espèce d’escompte pour cause d'anticipation 
de paiement. Il serait même intéressant de passer de l'expression [A] 
à l'expression [B] au moyen des considérations que nous venons de 
présenter ; mais cela nous entrainerait un peu loin, car la nature de 
cet escompte n'est pas aussi facile à déterminer qu'on pourrait le 
croire au premier abord. 

Quoique nous venions de justifier la formule des intérêts composés 
ordinaires à exposant fractionnaire , relativement à l'écart que nous 
avons signalé, elle n’en reste pas moins défectueuse, en ce sens 
qu'elle n'indique pas clairement par elle-même, et sans le secours 
de la méthode infinitésimale, ee qu'il faut entendre par une capita— 
lisation fractionnaire ; de sorte qu'elle a pu faire et qu’elle peut faire 
encore des dupes très-facilement. 


[il 


Du taux annuel et du taux journalier. Avantages 
que présenterail ce dernier au point de vue du com- 
merce proprement dit. 


Le taux de l'intérêt n’a pas toujours été fixé à raison de tant pour 
cent l’an, comme il est généralement fixé aujourd'hui; ear, il y a à 
peu près une centaine d'années, on prêtait au denier 20, 25, etc., 
c’est-à-dire que l'intérêt restait fixe et que le capital variait suivant 
la rareté ou l'abondance des capitaux, ou, pour nous servir d'une 


| 
) 
. 


INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 187 


expression de banque, l'intérêt formait le certain, et le capital lin 
certain, dans le rapport qui déterminait le taux de l'intérêt. Aujour- 
d'hui même, l'intérêt de tous les fonds publics est encore fixé de 
cette manière, car la rente reste fixe, et le capital varie suivant le 
crédit plus ou moins grand dont jouissent les gouvernements; il en 
est de même de beaucoup d’autres valeurs qui se négocient journel- 
lement dans les bourses de commerce. 

Nous n'avons rien à dire sur la nouvelle manière de fixer le taux 
de l'intérêt, qui nous parait d’ailleurs préférable à l'ancienne; mais, 
ce que nous regrettons vivement, c'est qu'on n'ait pas adopté le jour 
pour unité de temps, au lieu d'adopter l'année, comme on l'a fait; 
en d’autres termes, nous eussions préféré de beaucoup le taux jour- 
nalier au taux annuel, pour tout ce qui concerne le commeree pro- 
prement dit. En effet, pourquoi adopter ce dernier taux pour l’es- 
compte des effets de commerce, le règlement des eomptes courants, 
etc., etc., alors que le temps relatif aux sommes dont on a à calculer 
les intèrêts est presque constamment au-dessous de l’année? n'est-il 
pas évident que lorsque le temps est fractionnaire, les calculs de- 
viennent plus longs et ce qu'il y a de plus fâcheux encore, prêtent 
souvent à l'arbitrare? 

Pour mieux faire ressortir ces deux inconvénients, voyons d'abord 
comment les choses se passent dans le commerce. On calcule ordi- 
nairement les intérêts en faisant usage de ce qu'on appelle la table 
des diviseurs, dont nous allons voir tout à l'heure l'origine. Lorsque 
le temps est exprimé en jours, et c’est ce qui arrive toujours dans 
le commerce, l'intérêt a d'une somme s'obtient en faisant usage 
de la formule suivante : 


MC RCE 
13865 X 100, ? 


on multiplie d'abord le capital par le nombre de jours, et le produit 
porte le nom de nombre; puis, pour ne pas avoir à multipher ce 
produit par le taux et à diviser ensuite le nouveau produit par 36000, 
36500, 36600, suivant La longueur qu'on veut bien donner à l'année, 
on fait disparaitre le taux en divisant haut et bas par # ; le quotient 
de la division de 36000, 36500 ou 36600, par le taux, porte le nom 
de diviseur ; et comme il reste constant pour tous les caleuls où l’on 
fait usage du même taux, on n'a qu'à le déterminer une fois pour 
toutes et à le consulter chaque fois qu’on en a besoin. 
Voici du reste quelques-uns de ces diviseurs dont l'usage nous 
arait être hors de saison, surtout dans un temps de progrès comme 
e nôtre : 


188 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 


Taux. 36000 36500 36606 
2 18000 18250 18300 
21} 14400 14600 14640 
“ht 12000 12166... 12200 
31) 10283... 10428. 10457... 
& 9000 9193 9150 
DEA 8000 8H11.. 8133. 
5 7200 7300 7320 
Bt, 6545. 6636... 6654... 
6 6000 6083... 6100 


En jetant un coup-d’œil sur ces chiffres, on peut s'assurer que 
dans beaucoup de cas (surtout lorsqu'on compte l’année telle qu’elle 
est, c’est-à-dire de 305 ou de 366 jours), Fopération qu'on doit 
effectuer est plus longue que si l’on multipliait les nombres par le 
taux pour diviser ensuite le produit par 360, 365 ou 366 (nous 
supprimons le nombre 100, parce qu'il est facile d’en tenir eompte 
en retranchant deux chiffres à la droite des nombres, comme on le 
fait souvent dans le règlement des comptes courants). Si nous avions 
donné les diviseurs pour les taux 2 !/,, 25/,, 3 ‘,, 35],, ete., la 
remarque que nous venons de faire serait plus frappante encore. 


Mais l'inconvénient le plus grave, selon nous, qui naisse de ce 
système d'intérêt, basé sur le taux annuel, c’est l'espèce d’anarchie 
qui règne dans la détermination du diviseur; car, il faut bien le 
reconnaître, ici comme ailleurs malheureusement, 


… La raison du plus fort est toujours la meilleure. 


Ainsi beaucoup de banques, et à leur tête la Banque nationale de 
Turin et la Banque de France, si nous ne nous trompons, comptent 
dans leurs escomptes les mois à 28, 30 et 31 jours, et ne comptent 
Fannée qu'à 360 jours seulement. En se servant de l’année dite 
commerciale, comme étant en effet beaucoup plus commode que 
l’année civile, à cause de ses diviseurs, il faudrait au moins compter 
tous les mois de 30 jours. C’est ce que font généralement les ban- 
quiers genevois, qui sont en cela bien plus logiques que leurs con 
frères d’autres pays; mais, pour être tout à fait logique, il faudrait 
se servir de l’année eivile et non pas de l’année commerciale, qui 
devrait bientôt avoir fini son temps. 

Les deux mconvénients que nous venons de passer en revue dis- 
paraîtraient complètement si l’on substituait au taux annuel le taux 
journalier. Il est évident, en effet, que si l’on adoptait ce dernier 
taux, il n’y aurait jamais à s'inquiéter du nombre de jours qu'il y à 
dans l’année, car une fois l'intérêt journalier d’une somme trouvé, 
on n'aurait qu'à le multiplier par le nombre de jours (plus grand ou 
plus petit que 365, peu importe) pour avoir l'intérêt de cette somme 
pendant un temps déterminé. 

Il nous reste maintenant à examiner comment on pourrait fixer 
ce taux. 


INTÉRÈTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX.. 189 


Il ne serait pas possible, comme il est facile de s'en convaincre, 
de conserver le nombre 100 pour capital fixe, soit pour terme de 
comparaison; car, l'unité de temps étant 365 fois plus petite, le taux 
serait réduit dans la même proportion, de sorte qu'il resterait cons- 
tamment fractionnaire, ce qui ne changerait en rien la disposition 
des caleuls dont nous avons parlé plus haut. Mais, si l'on prenait 
pour capital fixe, le nombre 100000, qui est le plus rationnel qu'on 
puisse choisir, son intérêt d’un jour pourrait se fixer très-facilement : 
le nombre exprimant le taux journalier serait au nombre exprimant 
le taux annuel actuel, dans le rapport de 1000 à 365, ou de 1 à 
0,365. Ainsi, au lieu de calculer l'intérêt à raison de fant pour cent 
l'an, on le calculerait à raison de tant pour cent mille le jour; et 

le 4 p' c/m le jour correspondrait au 0,36 HDi) lan 


le 2 » » Y'E » 
le 8 » , 2,92 » 
le 9 » » 3,28 ÿ! » 
le 10 » » 3,6 » 
le 11 » » L,01 fe » 
le 12 » » 4,38 , 
le 13 » » &,74 ‘he » 
le 14 » . » 5,11 » 
le 15 + ; BAT, 
le 16 » » 5,84 » 
le 17 : . 6,204 » 
etc., etc 


Rien n’empècherait d’ailleurs de prendre des taux intermédiaires, 
quoiqu'il soit très-probable qu’une fois la transition opérée on püût 
s'en dispenser dans la majorité des cas; car, les taux entiers jour- 
naliers offriraient une échelle à peu près aussi variée que les taux 
annuels marchant par tiers. Quant au nombre 400000, qui paraît 
d’abord un peu considérable, il n’a rien cependant qui doive effrayer 
les négociants, beaucoup plus habitués de nos jours à compter par 
millions que par dizaines. 

Supposons que la Banque de France et la Banque d'Angleterre 
prennent l'initiative de la réforme que nous proposons ; elles annon- 
cent au public qu'à partir d'un tel jour, le taux annuel sera rem- 
placé par le taux journalier; ce jour arrive et la substitution se fait 
sans difficulté, car la chose est bien moins difficile à exécuter qu'un 
changement d'unité monnétaire ou de mesure quelconque ; tous les 
banquiers et les négociants se mettent au pas; quelque temps se 
passe, et l’on est alors tout étonné de n'avoir pas pensé plus tôt à 
ce changement, moins radical d’ailleurs que celui qui s’est opéré il y 
a à peu près un siècle, et dont nous avons dit quelques mots en 
commençant cet article. 

Arrivons maintenant à l'application, et voyons les avantages de 
ce changement. Une simple règle de trois nous donne la formule 
suivante : 


190 INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 
PES CxXn xt 
mr 100000 


laquelle, traduite en langage ordinaire, nous indique que pour 
trouver l'intérêt d'une somme C placée au t pour c/m le jour, pendant 
n jours, faut multiplier le nombre (produit du capital par le nom- 
bre de jour) par le laux, puis séparer cinq chiffres du produit à 
partir de la droite. De sorte que dans les comptes courants, les 
bordereaux d’escompte, ete., rien ne serait changé dans les nom-— 
bres ; seulement, au lieu d’avoir à diviser la somme ou la différence 
de ces nombres par le diviseur avec lequel nous avons déjà fait 
connaissance, on la multiplierait par le taux, opération évidemment 
beaucoup plus simple que la première. Quant à la division par 
100000, nous n’en parlons pas, puisqu'une simple virgule suffit. 
Ainsi, nous le répétons, les calculs seraient rendus plus simples ; 
mais, ce qu'il y aurait de plus satisfaisant encore, c’est qu'il n'y 
aurait qu'une seule manière de compter l'intérêt, et partant, un seul 
résultat possible. 

Les huit formules des intérêts simples ( voir page 5 ) que nous 
avons placées en regard de celles des intérêts composés annuels et 
de celles des intérêts composés infinitésimaux, pourraient être appli 


quées directement, en remplaçant seulement r par la 


100000 
quantité  représenterait alors des jours et non pas des années. 


Afin qu'on ne se méprenne pas sur notre pensée, nous rappelons 
encore que le changement que nous proposons concerne essentielle- 
ment le taux de l’esecompte et en général les questions d'intérêt se 
rapportant au commerce proprement dit, parce que dans ces cas-là 
le temps reste presque constamment au-dessous de l’année. Quant 
aux prêts à longues échéances ou à échéances indéterminées, dont 
les intérêts se paient régulièrement chaque année, rien n’empêche- 
rait de conserver le taux annuel. 


INTÉRÊTS COMPOSÉS INFINITÉSIMAUX. 191 


NOTE. 


J'ai eu l’occasion , l'hiver dernier , de demander à M. Duhamel, membre 
de l’Institut de France, si la question des intérêts composés infinitésimaux 
n'avait encore été traitée nulle part; il m’a répondu qu’il croyait que 
Bezout l'avait traitée dans son ouvrage d’algèbre et que M. Binet de- 
vait en avoir fait l’objet d’un mémoire remis à l’Institut. J'ai parcouru 
l'ouvrage de Bezout sans trouver ce que j'y cherchais, car je n’y ai vu en 
fait d'intérêt, que la théorie des intérêts composés ordinaires. Quant au 
mémoire de M. Binet, je n'en ai pas pris connaissance; j'ignore même 
s’il a été publié. 

Depuis que mon travail a été terminé, on m'a fait voir une solution 
du problème II (de la 4"° partie), tirée d’un ouvrage italien dont on ne 
m'a pas indiqué le titre; mais elle n’est donnée qu'en passant pour ainsi 
dire et comme un simple exercice de caleul intégral; elle n’a d’ailleurs 
rien de commun avec celle que j'ai donnée, si ce n’est le résultat, qui 
est le même. 

Au reste, la question des intérêts composés infinitésimaux est trop 
naturelle pour qu’elle ne se soit pas présentée plus d’une fois à l’esprit 
des auteurs d'ouvrages d'analyse; ce qui m'étonne seulement, c’est 
qu'on n’en donne pas la théorie générale dans tous les traités d'algè- 
bre un peu complets. Ce serait une intéressante application des séries 
et une excellente introduction au calcul infinitésimal. 


Lausanne, février 1857. 


A.-L. Dutoit. 


192 GLACIER , 


NOTES SUR LE GLACIER DE MACUGNAGA , 


(versant oriental du Mont-Rose). 
Par M° Zollikofer. 
(Séance du 19 novembre 1856.) 


Ce glacier se trouve dans un des plus vastes cirques des Alpes, 
formé par le Pizzo Bianco au S., les cimes principales du Mont- 
Rose (cimes de Parrot, du signal, la plus élevée, et de Jazi) à l'O. 
et par le Mont Moro au N. 

Il y à cinq glaciers principaux dans ce cirque, savoir : trois entre 
les quatre pointes du Mont-Rose, lesquels se réunissent en un seul, 
celui de Macugnaga. Les deux autres à gauche et à droite n’arrivent 
pas jusqu'au grand glacier; celui du côté S., entre le Pizzo Bianco 
et la cime de Parrot, s’en approche beaucoup, mais celui du côté N,., 
entre la cime de Jazi et le Mont Moro, s’arrête au milieu de la pente. 

Malgré l'extension du cirque, le grand glacier ne descend qu'à 
1500" d'élévation absolue. C’est probablement à cause de la fonte 
rapide qui s'opère à la partie inférieure, la vallée étant abritée contre 
les vents froids du N. et située sur le versant méridional des Alpes. 

La rapidité de la pente du Mont-Rose du côté de Macugnaga n'a 
pas permis que ce glacier ait une longueur considérable ; je l'estime 
à 10 ou 12 kilomètres ; sa largeur est peut-être en moyenne de 4 à 
1 ‘/, kilomètre. 

Vers son extrémité inférieure le glacier pourrait avoir une lar- 
geur bien plus considérable, s’il remplissait toute la vallée. Au lieu 
de cela on trouve entre les morames latérales et la pente encaissante 
un espace vide (voir la coupe) qui, du côté du N., est même assez 
large pour être recouvert de beaux pâturages avec un groupe de 
chalets. J'attribue cette circonstance curieuse à la fonte considérable 
des parois du glacier par la reverbération des rochers encaissants, 
et je trouve une confirmation de mon opinion en ce que cet espace 
vide est beaucoup plus grand (un kilomètre) du côté de la pente 
tournée vers le midi que de l’autre. 

Un autre fait curieux, c’est que le glacier , peu avant de se ter- 
miner, se divise en deux, de sorte que son bord frontal est concave 
et non convexe comme à l'ordinaire. Cette concavité est occupée 
par une colline considérable de forme arrondie, couverte de végé- 
tation et portant sur son dos une petite forêt de melèzes. C’est une 
ancienne moraine terminale. La bifureation du glacier provient peut- 
être de quelque rocher s’élevant au milieu de la vallée, sur lequel 
le glacier aurait déposé sa moraine terminale, et celle-ci aurait pris 
une forme exceptionnelle, conique au lieu de sémicirculaire. 

Le glacier étant très-incliné, l’on conçoit de prime abord qu'il 
doit être fortement accidenté. En effet, nulle part il n’est uni, pas 
même dans sa partie moyenne qui est la moins melinée. Cette partie 


DE MACUGNAGA. 193 


résente une surface ondulée , sillonnée de beaucoup de crevasses; 
e haut et le bas du glacier sont recouverts d’aiguilles. Les crevasses 
sont presque toutes droites et perpendiculaires aux bords du glacier. 
Il y a peu de fentes longitudinales. Leur longueur et leur largeur 
ne sont pas considérables ; leur profondeur est moins facile à appré- 
cier; car le bord arrondi des fentes permet rarement de s’en ap- 
procher tout-à-fait; cependant elle ne paraît pas très-grande. Les 
aiguilles de la partie inférieure sont fréquentes , de formes nettes et 
de la hauteur Le D à 8”. 

L'extrémité méridionale de la bifureation du glacier ne présente 
pas de véritable voûte, quoiqu'il y en ait quelque légère apparence ; 
l'extrémité septentrionale , au contraire, en a une bien formée, à 
structure concentrique et d’une hauteur de 8 à 10". 

Je dirai encore qu’on observe du haut des moraines latérales sur 
la tranche du glacier et même sur les aiguilles, des bandes de sable 
fin et de limon, bandes minces, parallèles à la pente du glacier et 
distantes l’une de l’autre de 30° au plus. Cela donne à la glace un 
véritable aspect de stratification ; je cite le fait sans rien décider. 

Quant aux phénomènes dus à la fonte de la glace, comme en- 
tonnoirs, tables de glacier, cônes graveleux et piédestaux de mo- 
raines, on les rencontre aussi sur le glacier de Macugnaga, mais 
moins fréquemment qu'ailleurs et surtout moins prononcés , vu la 
grande inégalité de la surface du glacier. Ainsi celui qui n’est pas 
au fait de tout cela, n’y fera presque aucune attention. 

Venons enfin aux moraines, phénomène le plus prononcé de notre 
glacier. Arrivé à son pied, vous ne voyez pas trace de moraines. 
Vous remontez, tant d'un côté de la bifurcation que de l'autre, 
un grand cône de décombres (long à peu près de 2 kilomètres) et 
vous touchez immédiatement au glacier sans escalader de moraine 
terminale, Vous n'apercevez pas non plus de moraines latérales ; 
mais rien que des blocs épars çà et là sur le glacier et sur les deux 
cùnes de décombres. Toutefois ces moraines existent ; mais la mo- 
raine terminale est cachée derrière la colline boisée qui occupe la 
concavité du bord frontal du glacier, et les moraines latérales se 
terminent avant que le glacier s’encaisse entre les rochers. On les 
découvre très-bien depuis le soi-disant Belvédère, point élevé vis- 
à-vis du glacier. 

Les moraines médianes, pour commencer par les moins impor- 
tantes, sont excessivement maigres, de manière qu'on ne les voit 
que de près et encore très-incomplétement. Elles se composent de 
boue et de blocs, se rapprochent des bords du glacier et finissent par 
s'unir avec les moraines latérales. Je n’en citerai qu’une seule, d’un 
mètre de hauteur au plus, qui a cela de particulier d'être disposée 
en buttes alignées, comme l’une des moraines médianes du glacier 
de Zermatt. 

Les moraines latérales, au contraire, sont ce qu'il y a de plus 
beau, d’un développement magnifique et d’une régularité surpre- 
nante. Aucun autre glacier n'en présente peut-être de si nettes. Cela 


194 GLACIER DE MACUGNAGA. 


provient de ce qu’elles n’ont pas été génées dans leur formation par 
les rochers encaissants. En effet, plus la moraine de notre glacier est 
détachée de la paroi de la montagne, plus elle est puissante. La 
hauteur de la moraine gauche, qui est de 20 à 25° à sa partie 
inférieure , arrive près des pâturages, dont il est fait mention plus 
haut, au maximum de 50° et plus. Son élévation au-dessus du glacier 
n'est que de 40 à 15%. La pente de ces moraines est très-rapide 
(de 35 à 40° au moins) et parfaitement régulière ; la crête en est si 
tranchante que souvent on ne pourrait y mettre un pied à côté de 
l'autre. Très-souvent la moraine est double et même triple, et la 
partie extérieure en est couverte de végétation. J'y ai trouvé des 
baies de myrtille mûres en abondance (le 15 septembre 1856); les 
melèzes n’y manquent pas non plus. La partie intérieure est parfois 
dans un état sémifluide à cause de la boue qui y entre pour beaucoup. 

Ce que je viens de dire des moraines latérales, peut s'appliquer 
de même à la moraine terminale récente, qui ne s’en distingue que 
par sa position transversale. 

On est habitué à trouver près des glaciers du roc et des galets polis 
et striés, ainsi que des roches moutonnées. Cependant à Macugnaga 
on ne trouve rien de tout cela, ou du moins d’une manière trop im- 
parfaite pour être cité. Je dirai tout au plus, qu’on rencontre à 5 ki- 
lomètres en aval du glacier, entre Macugnaga et Borco, des roches 
lisses et arrondies qui témoignent du passage du glacier ; mais elles 
ne sont ni polies, ni striées. L'absence d'un phénomène si fréquent 
ailleurs, est due à la nature de la roche qui compose toutes les 
montagnes des environs. C’est du gneiss, passant tantôt au granite 
qu'on ne peut en séparer, tantôt au micaschiste , toutes roches qui 
ne sont pas susceptibles de poli. 

Quant à l'ancienne extension du glacier de Macugnaga, je réserve 
sa description pour un mémoire sur la géologie de la Lombardie. 
Disons seulement en terminant que le Val d'Anzasca n'offre rien de 
concluant sous ce rapport. La vallée est trop étroite et ses parois 
sont trop abruptes pour avoir permis la déposition de moraines. Ce 
n'est qu'à la sortie des Alpes, au S du lac d’Orta et du lac Majeur, 
qu'on rencontre un système entier de grandes moraines qui témoi- 
gnent de l’ancienne extension des glaciers. 


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ARC-EN-CIEL À DEUX ARCS CONTIGUS. 195 


ARC-EN-CIEL A DEUX ARCS CONTIGUS 3 OBSERVÉ À MORGES. 
Par M° €. Dufour, professeur. 
(Séance du 7 mai 1856.) 


Le 14% avril 1856, vers 6 heures 20 minutes du soir, depuis leur 
maison à Morges, MM. Pache et Sigismond Martin ont vu au SE. un 
arc-en-ciel composé de deux demi-cercles. Ces demi-cercles n'étaient 
Pas concentriques, mais disposés comme les deux arches d’un pont. 
Le phénomène présentait done l'aspect suivant : 


Nord Sud 


a 

Le point a est situé à Préverenges, son azimuth est 59° 15. 

Le point b a pour azimuth 139°. 

Le point c est situé à l'extrémité orientale d'Evian, son azimuth 
est 146° 30”. 

Ces azimuths sont comptés à partir du nord en passant par l’est. 

La hauteur du petit are fd était de 5° 40’ à peu près. Le pilier 
situé en b, au point de jonction des deux arcs, était resplendissant 
des couleurs les plus vives. La bifurcation avait lieu à une hauteur 
de 1° 15. 

Ces mesures ont été prises le 48 avril par M° Burnier et par moi, 
grâces aux indications très-précises de M. Martin et de M. Pache. 
D'autres personnes ont vu le même phénomène, ont parfaitement 
distingué les deux ares disposés comme dans la figure, mais n’y ont 
Pas apporté autant d'attention que les deux observateurs précédents. 

En ce moment, le soleil était à une hauteur de 3° 49", Son azi- 

muth, compté du nord et en marchant vers l'ouest, était de 79° 487. 
… C'est approximativement à 180° du milieu de la distance ab. Les 
Sommités du Jura derrière lesquelles le soleil allait disparaitre sont 
(vues de Morges) à une hauteur de 3° ®. 

Je ne saurais vraiment comment expliquer le singulier are-en- 
ciel observé le 1% avril 1856 par MM. Pache et Martin. Je dirai 
seulement que l’attention avec laquelle ils ont suivi ce phénomène, 
autant peut-être que la confirmation de l'existence de ce double are 
par plusieurs autres personnes sont une garantie que ces Messieurs 
n'ont pas été victimes d’une illusion ou d'une apparence trompeuse. 


196 ARC-EN-CIEL À DEUX ARCS CONTIGUS. 


J'ai cherché si, par hasard, à l'occident ou a peu près à l'occident 
de Morges il y avait quelque surface brillante, 2 à 3 mètres carrés 
de fer blanc par exemple, qui auraient pu produire ainsi une espèce 
de soleil artificiel, mais je ne crois pas qu'une telle surface existe. 
D'ailleurs, lors même que son existence serait constatée, il me sem- 
ble que l'arc-en-ciel qu'elle aurait pu donner aurait eu des dimen- 
sions toutes différentes de l’arc bfc. Je rappellerai seulement qu’au 
moment de l'observation, le soleil en apparence très-près de la 
chaine du Jura paraissait plus ou moins s’abaisser sur une arête de 
montagne encore couverte de neige. 

Six heures et vingt minutes du soir n’est du reste qu’un des ins- 
tants de l'observation. Le phénomène a duré passablement longtemps, 
un quart d'heure peut-être. Pendant ce quart d'heure, les trois 
points a, b et c ont éprouvé un déplacement très-sensible en s’avan- 
çant vers le sud. 

M° Martin affirme que l’are bfc était complet, visible dans toute 
sa périphérie, seulement les extrémités vers b et c étaient plus bril- 
lantes que le reste. Ce point était important à constater, car sans 
cela on aurait pu croire que l’are dans les régions de € n’était qu’un 
tronçon du second arc-en-ciel bien connu, qui souvent entoure l’are 
principal. Le fait que la distance bc était précisément de 7° 30/ au- 
rait encore donné du poids à cette supposition; mais M. Martin a vu 
qu'il n’en était certainement pas ainsi, car l’arc bfc était continu 
sans aucun vide quelconque. Il a observé, du reste, que sans être 
très-vives les couleurs de ce petit arc-en-ciel existaient cependant 
dans toute l’étendue de l’are bfe. Mais il ne peut pas dire si les cou- 
leurs des deux ares étaient placées dans le même ordre ou dans un 
ordre inverse. 

Pendant l'après-midi du 14 avril, il avait fait à Morges un vent 
du SO. assez fort, et jusque vers 6 heures il avait fait un peu de 
pluie, alors le vent à cessé; mais le ciel est resté couvert, ou du 
moins fortement nuageux, sauf dans les régions où se trouvait le 
soleil, ce qui a procuré sur le lac Léman un coucher de soleil ma- 
gnifique. C’est en ce moment là qu’eut lieu l’are-en-ciel indiqué. 


GÉOLOGIE DE SAINT-GERVAIS. 197 


NOTICE SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE S' GERVAIS (SAVOIE. ) 
Par M. 3. belaharpe, D’. 
(Séances des 3 et 17 décembre 1856.) 


De toutes les questions soulevées par la géologie des Alpes, il 
n’en est peut-être point de plus diflicile, disons mieux, de plus 
embrouillée que celle de la constitution du terrain anthracifère et de 
la place qu'il convient de lui assigner dans la série. Il faut en ac- 
euser avant tout les bouleversements considérables que ce terrain a 
subis dans les Alpes sur presque toute son étendue. Le métamor- 
phisme qui l'a modifié sur une grande échelle est venu encore aug- 
menter les diflicultés. On pourrait aussi mettre en ligne de compte 
les efforts même tentés par les géologues pour arriver à la solution 
du problème; puisque au lieu d'attendre patiemment que les faits 
eussent clairement parlé, ils se sont trop souvent hâtés de conclure 
en appelant à leur secours des faits mal observés ou de simples 
suppositions. 

Dans un petit séjour que je fis durant l'été 1856, à St. Gervais, 
au pied du Mont-Blanc, je voulus mettre à profit mes promenades 
en étudiant les dispositions du terrain anthracifère que la vallée de 
St.-Gervais (ou de Mont-joie) met à découvert dans sa moitié infé- 
rieure. Je n’avais d'abord d'autre ambition que d'étudier les relations 
du terrain jurassique signalé par la carte géologique de M. Studer 
sur deux points voisins, le Prarion et la montagne d'Hermence, 
avec l’anthracifère subjacent ; mais en parcourant la vallée je relevai 
plusieurs faits qui me parurent intéressants à constater. Une cir- 
constance attirait surtout mon attention. Partout où j'avais observé 
jusqu'ici ce dernier terram, il présentait des dislocations, des re- 
dressements et des déchirements considérables ; je l'avais vu tel à 
Servoz, aux Houches, dans la vallée de Chamounix , dans le Bas- 
Valais et dans les environs de Sion. Aux environs de St. Gervais ces 
accidents ou n’existaient pas ou ne troublaient pas notablement les 
dispositions relatives des couches superposées. Ces circonstances 
étaient trop exceptionnelles au milieu des Alpes pour que je ne 
cherchasse pas à les mettre à profit en faveur d’une question gran- 
dement litigieuse. Observer l'anthracifère en couches régulières et 
— régulièrement coordonnées était une sorte de bonne fortune que je 

- ne devais pas laisser échapper. 
… Ce n'est point que je m'abuse sur l'importance des observations 
« faites dans cette circonstance. Elles n'embrassent, je le sais, qu’un 
espace fort limité d'un immense terrain géologique; encore ne por- 
tent-elles que sur une portion de cet espace. Elles ne fournissent 
pas de données paléontologiques nouvelles. Elles ne portent que sur 
Dome des couches diverses dont se compose l’anthracifère. 

ous tous ces rapports je ne prétends point faire faire un pas aux 


198 GÉOLOGIE 


questions actuellement en litige. Il m'est cependant permis de eroire 
qu’en comparant les faits observés dans les environs de St. Gervais 
avec ceux notés ailleurs, 1l deviendra un jour possible de faire un 
pas de plus vers l'issue du dédale actuel”. 

Le terrain anthracifère, après être sorti des défilés étroits qu'il 
franchit, entre l’arête déchirée des Fiez à l’ouest et le Brevent à 
l'est, dans son passage du Bas-Valais au Faucigny, tombe, au-delà 
de l'Arve, dans un espèce de bassin où il s’épanouit à l'aise. Ce 
bassin, limité au nord par le cours de l’Arve , au levant par le flanc 
occidental du Mont-Blane, au couchant par la chaine du mont Fleury, 
se continue au midi, avec la zône bien plus accidentée de l’an- 
thracifère qui s'étend du côté de Moutiers et de Saint-Jean. La 
vallée de St. Gervais est creusée sur le bord de ce bassin, là où le 
soulèvement des masses cristallines du Mont-Blanc et de ses pro- 
longements a rompu la continuité des couches de l’anthracifère, en 
détachant et disloquant ses prolongements latéraux du côté de Cha- 
mounix. Ce soulèvement n’a pas sensiblement agi sur le bassin 
lui-même, puisque les couches qu'il renferme sont inclinées au nord, 
et qu’elles ne se relèvent un peu contre les masses cristallines qu’au 
point où elles les atteignent. Le soulèvement de la chaîne occiden- 
tale pourrait plutôt être aceusé d’avoir contribué à l'inclinaison 
indiquée, quoiqu'il me paraisse plus rationnel d'en placer l’origine 
dans les soulèvements partiels et limités qui ont profondément fis- 
suré dans tous les sens, la zône des schistes ardoiïsiers au midi de 
Megève, et jusqu'à St. Jean. 

Le petit bassin dont je parle n’a pas davantage subi l’action des 
impulsions latérales ou de plissement, si fréquentes dans les Alpes ; 
ensorte qu’en l'étudiant on ne court point le risque de décrire comme 
couche, normalement superposée, des fragments successifs du même 
terrain poussés ou même renversés les uns sur les autres. Jusqu'à 

uel point d’autres géologues ont-ils su éviter cette source d'erreurs, 
à l'endroit de l’anthracifère, c'est ce que je n'ose dire. 

L'inclinaison moyenne des schistes ardoisiers et du système qui 
leur appartient est de 20 degrés au Nord-Est. Elle varie assez peu ; 
moins prononcée sur les sommités qui couronnent le bassin du côté 
du midi, elle l’est un peu plus à l'occident et en quelques points 
le long de l'Arve. La vallée de St. Gervais, en coupant les couches 
dans le sens de la diagonale, met à nu leur relèvement sur son flanc 
gauche depuis St. Gervais jusqu'au Nant-Bourrant. L'inclinaison 
du Thalweg donne à peu près celle de ce relèvement. Sur le flanc 
droit de la vallée l’anthracifère disloqué en divers sens présente ses 
relèvements à toutes les hauteurs, tandis que l’inclinaison des couches 
vers le Nord, le Nord-Est et le Nord-Ouest varie à chaque place. 


1 On peut se faire une idée de l’état actuel de la question au sujet du 
terrain antbracifère des Alpes en lisant, dans le numéro d’octobre 1855 du 
Bulletin de la Société géologique de France (tome XII, 2° sér., feuil. 55— 
43), le résumé des analyses faites par M. À. Gaudoy des mémoires sur les 
terrains anthracifères des Alpes. 


DE SAINT=GERVAIS. 199 


La série des terrains que j'ai pu observer est formée de bas en 
haut par : 

1. Les mica-schistes. 

2. Le système des schistes talqueux verts et lie de vin, de M. E. 
de Beaumont. 

3. Celui du calcaire métamorphique avec gypse et corgneule 
(calcaire de Villette, de Sismonda ?) 

k. Celui des schistes ardoisiers avec anthracite. 

5. Un calcaire indéterminé, à grain moyen avec schistes demi- 
feuilletés, gris, arénacés. 

6. Calcaire à grain fin et schistes gris noirâtres à feuillets 
minces, avec bélemnites. 

Afin d'éviter toute confusion dans l'examen de ces diverses as- 
sises, je me bornerai pour le moment à l'étude du flanc occidental de 
la vallée et des hauteurs avoisinantes. J'exposerai dans un article à 
part la constitution géologique du flanc oriental. 


4. Mica-schistes. 


Les masses eristallines du Mont-Blanc trahissent leur présence sur 
un point de la rive gauche, sous forme de mica-schistes. 

En face du village de Bionaï surgit un escarpement servant de 
base à une corniche élevée de 150 à 200 pieds, sur laquelle est bâti 
le village de St. Nicolas de Verosse. Le sommet de cette corniche 
est entièrement formé de quarzites compactes qui se rattachent 
aux couches du système suivant, tandis qu'au pied de l’escarpement 
les strates presque verticales du micaschiste se montrent au jour. 
En face du même point, sur la rive opposée, ces mêmes roches font 
une saillie plus considérable, au pied de laquelle est construit le 
village de Bionai. Sur ces deux points et ailleurs encore les strates 
affectent une position presque verticale. Le mica s’y montre en 
larges paillettes. 


2. Système des schistes talqueux verts. 


J'ai choisi pour caractériser ce système de couches les schistes 
talqueux verts et couleur lie de vin d'El. de Beaumont, quoique ces 
schistes soient bien loin d'y former la roche dominante. Ces schistes 
offrant seuls la roche primitive à son état de moindre métamor- 
phisme, j'ai pensé que leur présence devait être choisie de préfé- 
… rence lorsqu'il s'agit d’un système de couches dont l'état méta- 

morphique a fait souvent disparaitre presque toute trace d’origine 
sédimentaire. 

Ces schistes ne constituent nulle part, aux environs de St. Gervais, 
une couche suivie ou de quelque puissance. Ce sont des lambeaux 
peu étendus, dont les feuillets sont souvent contournés. On les ob- 
serve spécialement tout auprès de l'établissement des bains, puis, 
au-dessous du village de St. Gervais, dans le lit du torrent. Partout 


200 GÉOLOGIE 


ailleurs, dans le fond de la vallée, je ne les ai rencontré que pro- 
fondément modifiés dans leur texture. 

Derrière l'établissement des bains on les voit passer peu à peu au 
verrucano et former enfin par leur fusion complète une masse cris- 
tallme bigarrée de vert et de rouge. Tout près de là ils passent au 
quarzite compacte en perdant insensiblement d’abord leur couleur 
verte, puis leur texture lamelleuse. Çà et là enfin la masse des 
quarzites compactes et talqueux conserve quelques traces de l'éclat 
gras et des nuances vertes et rosées propres aux schistes. Là où le 
métamorphisme est complet, la masse saccharoïde des quarzites 
est pointillée d’atomes grisâtres, elairsemés (mica.) 

La formation des masses cristallines jaspées au dépend des schistes 
talqueux verts est de toute évidence; je ne saurais en dire autant 
des quarzites compactes. Ne serait-il pas possible que la fusion de 
couches arénacées eût contribué principalement à la formation de ces 
derniers? L'examen des couches qui accompagnent ces schistes sur 
d'autres points éloignés des centres de métamorphisme pourrait ré- 
soudre cette question. Si ma supposition était fondée, je n’hésiterais 
pas à voir dans les numéros 6 et 7 de la coupe du flane nord de la 
Maurienne de M. A. Sismonda, les représentants du système qui 
m'occupe ‘. 

Cette question , que je ne suis pas en mesure de résoudre , est fort 
importante dans la question présente. Car la position géologique des 
schistes talqueux verts pouvant être rigoureusement établie à Saint- 
Gervais, il en résulterait qu’elle le serait dès là même à St. Michel. 

Je viens de dire que la place occupée par le système des schistes 
talqueux verts peut être rigoureusement établie à St. Gervais. Ils 
s'appuient en effet, partout où les micaschistes viennent au jour, sur 
ces dernières roches, et sont plus fortement relevés à leur contact 
que toutes les couches qui les recouvrent. L'action métamorphique 
puissante qu'ils ont subie ne saurait provenir que de ce contact. Ils 
ne se confondent du reste point avec eux, car leurs couches concor- 
dent avec celles des schistes ardoisiers , tandis qu'elles reposent sur 
les relèvements des mica-schistes. — Nous verrons, en parlant du 
système suivant, que sa superposition et sa concordance ne saurait 
pas davantage être mise en doute. 

Dans le Bas-Valais, le système des schistes talqueux verts a pres- 
que partout subi un métamorphisme considérable, ensorte que malgré 
la grande puissance qu'il y déploie, il n’est pas facile de le recon- 
naître pour ce qu'il est. Le seul point, à moi connu et observé par 
mon fils, où les schistes verts se montrent sous leur aspect primitif, 
se trouve placé bien au-dessus du village d'Evionnaz, au-delà de 
St. Maurice. Là il accompagne , comme à St. Gervais , le caleaire 
métamorphique du groupe suivant et dans le même ordre. — Ces 
schistes, outre leur transformation en verrucano et en quarzites 
talqueux , présentent aux bains de St. Gervais, dans le voisinage du 


1 Bulletin de la Société géologique de France, |. cit., p. 632. 


DE SAINT-GERVAIS. 201 


gypse, une altération métamorphique d’un tout autre ordre. Le 
schiste a subi évidemment l’action de la cause qui a changé le calcaire 
du système suivant en corgneule et en gypse. La roche feuilletée, 
à feuillets très-contournés, est remplie de masses irrégulières, 
terreuses, formées en apparence de glomérules réunis, d’une cou- 
leur jaune d'ocre, passant parfois au rouge brique. Ces masses, 
comme la corgneule, que l'on croirait friables et pulvérulentes , se 
décomposent lentement à l'air, s'aplatissent sous le choc du marteau 
et résistent fortement en s'écrasant. La matière colorante verte du 
schiste a fourni la base des noyaux jaunes et celle lie de vin s’est 
transformée en une sorte d'hématite. Les noyaux sont liés entre eux 
par les lames du schiste, et celui-ci conserve plus ou moins son éelat 
gras et ses couleurs primitives. 


3. Système du calcaire métamorphique. 


Je désigne ce calcaire par l'épithète de métamorphique, paree qu'il 
présente, à St. Gervais du moins, des traces de métamorphisme à 
divers degrés. Le grain de cette roche est très-fin, nullement cris- 
tallin, sa cassure est souvent conchoïde; mais ce qui le caractérise 
surtout est un réseau de veines fines de spath calcaire, se croisant en 
tout sens. C'est ce réseau qui donne aux corgneules formées au dé- 
pens de cette roche l'aspect aréolaire qui leur est propre. Ce réseau 
est un premier degré de métamorphisme, et ne saurait être assimilé 
aux fissures plus ou moins grandes, produit du retrait qui divise 
un grand nombre de roches. 

Dans un second degré de métamorphisme, ce calcaire passe à l’état 
de corgneule grise. Les espaces circonserits par les veines de spath 
ont perdu leur densité et pris un aspect cendré et pulvérulent. Cette 
corgneule est rare. Dans l’état le plus ordinaire les portions grises 
revêtent une couleur jaune d’ocre et une pulvérulence plus pro- 
noncée. Cette dernière forme présente une variété blanche plus 
pulvérulente encore et donnant en grande abondance un détritus 
farineux. Cette corgneule blanche est formée aux dépens d’un ealcaire 
dont les veines de spath ont pris un tel développement qu’elles ont 
envahi sa presque totalité et lui ont donné l'aspect d’un calcaire blanc 
cristallin, veiné de gris. — Quant au gypse il conserve rarement 
quelque chose de la texture du calcaire qui lui servit de base, comme 
cela se voit dans les gypses de Bex, d’Aïgle, de Villeneuve. Il diffère 
encore de tous ces gypses par le mélange d'atômes, gris dans l’anhy- 
drite, couleur de rouille dans le gypse hydraté, qui caractérisent, 
avec le mica, tous les gypses du Valais. 

Ce calcaire, avec les mêmes caractères , a été retrouvé par mon 
fils dans le Bas-Valais, derrière la dent du Midi, en compagnie des 
schistes verts, comme je l'ai dit. J'ai tout lieu de croire que le calcaire 
métamorphique , veiné de spath calcaire , qui se trouve entre Sion et 
Sierre, à côté des gypses, appartient à la même roche. 


202 GÉOLOGIE 


Vu l'absence de restes organiques dans ses couches, il est impor- 
tant de bien déterminer les caractères pétrographiques de ce ealeaire, 
afin de le reconnaitre, autant que possible , sur toute la zône par- 
courue par le terrain anthracifère. 

Au-dessous de St. Gervais, sur un point assez limité, il offre 
deux genres de couches superposées. Les unes , inférieures, de la 
puissance de 6 à 7 mètres, sont formées de grès fins, grisâtres , 


feuilletés. Dans le voisinage de couches supérieures apparaissent 2 - 


à 3 bancs minces de calcaire gris, compacte, entremêlé de schistes 
marneux durcis. La portion supérieure du système est représentée 
par un banc puissant (10 à 15 mètres) de calcaire tel que je l'ai 
décrit. Quant à la place que doit occuper le caleaire métamorphique 
dans le diagramme tracé par M. Sismonda, il me paraît hors de 
doute qu'il représente celui que ce savant nomme calcaire de Villette’. 
Seulement faut-il noter qu'à St. Gervais il parait réduit à ses plus 
chétives dimensions. 

Toutes les recherches que j'ai faites , notamment dans les couches 
schisteuses, pour y découvrir quelques restes organiques ant été in- 
fructueuses. 

La position du calcaire métamorphique relativement aux sehistes 
verts, à St. Gervais, ne saurait être à mes yeux l'objet d'aucun doute. 
Les couches inférieures , plus ou moins arénacées, reposent sur les 
schistes talqueux verts. Je ne puis donc partager l'opinion de M. E. 
de Beaumont, malgré l'affirmation dont il l'accompagne, lorsqu'il 
dit, en parlant de ces schistes : ils sont placés certainement uu-dessus 
des couches à bélemnites et à empreintes végétales®. À St. Gervais ils 
sont bien certainement placés immédiatement au-dessous du calcaire 
métamorphique et celui-ci de même se trouve partout et sur une 
grande étendue, immédiatement au-dessous des couches à empreintes 
végétales et à plus forte raison des couches à bélemnites placées plus 
haut encore. Je conviens qu'il me sied fort mal de me prononcer 
de la sorte; l'opinion de M. E. de Beaumont est toute puissante en 
pareille matière; la mienne est nulle. Cependant, si l’on veut se 
borner à opposer les faits aux faits, je demanderai laquelle des deux 
superpositions parait la mieux établie, de celle qui se révèle sur des 
terrains peu inclinés et très-régulièrement stratifiés sur une grande 
étendue, ou de celle qui a été constatée au milieu de failles et de 
relèvements considérables? 

La présence du calcaire métamorphique est du reste très-facile à 
reconnaître dans la vallée de St. Nicolas, grâce au gypse et à la 
corgneule qui le représentent presque partout où il se montre à la 
surface. Connaïissant sa place dans la série de l’anthracifère de la 
contrée, il devient aisé de déterminer, même de loin, les niveaux 
divers auxquels ce terrain s'élève. Ce moyen d'observation est sur- 
tout avantageux sur le flanc oriental de la vallée, où ces niveaux 
varient beaucoup. 


1 Bulletin de la Société géologique de France, I. c., p. 652. 
2 Bulletin de la Société géologique de France, I. c., p. 591. 


l 


DE SAINT-GERVAIS. 203 


k. Système des schistes ardoisiers anthraciféres. 


S'il est difficile de tracer une ligne de démarcation entre les deux 
systèmes précédents, il l'est moins de séparer distinctement le cal- 
eaire métamorphique des schistes ardoisiers, car ici la transition est 
brusque et bien tranchée. 

Le gros banc de calcaire dont j'ai parlé et les masses de gypse et 
de corgneule sont partout immédiatement recouvertes par 2 espèces 
de roches alternant fréquemment ensemble sur une assez grande 
étendue. Je ne puis, même approximativement , indiquer leur puis- 
sance. Ces deux roches sont : des schistes ardoisiers sémi-argileux, 
noirs , très-altérables à l'air, tachant fortement les doigts ; un cal- 
caire bleu, cristallin, très-lur , à cassure grenue , çà et là bréchi- 
forme, quelquefois micacé. Au milieu de ces bancs de schistes et de 
calcaire alternants se place une couche d'anthracite, de 10 à 15 centi- 
mètres, distante d'environ 30 à 35 mètres du calcaire métamorphi- 
que subjacent. 

Dans le voisinage de l’anthracite les schistes sont finement feuil- 
letés et très-noirs; en s’éloignant d'elle ils prennent un aspect gri- 
sâtre, en même temps que leurs feuillets deviennent plus consistants 
et moins altérables à l'air. Ces mêmes schistes, durs et gris, devien- 
nent, sur d'autres points de la vallée, plus ou moins micacés et 
renferment les empreintes bien connues de plantes des terrains 
houillers. Malgré toutes mes perquisitions, je n'ai pu découvrir ni 
empreintes végétales, ni restes fossiles dans les schistes de la vallée 
de St. Gervais. Il est vrai que dans cette localité les parties du terrain 
anthracifère qui succèdent immédiatement à l'anthracite sont fort peu 
accessibles à l'observation. 

En s’éloignant davantage encore de l’anthracite, les bancs de 
calcaire cristallin bleu disparaissent tout à fait et la succession des 
couches d’ardoise n’est plus interrompue que par des bancs de cal- 
caire noirâtre, à cassure feuilletée ou schistoide. Ces bancs, qui ne 
différent de l’ardoise que par leur non fissilité, se distinguent des 
autres calcaires par de grandes veines de spath calcaire qui les sillon- 
nent assez souvent. 

Dans la partie supérieure du système, ces veines se transforment 
graduellement en rognons calcaires, et à ses dernières limites ces 
rognons, très-abondants, forment souvent dans la roche des excava- 
tions remplies de cristaux et accompagnées de pyrites. 

Les schistes ardoisiers de la partie supérieure m'ont fourni, non 
sans beaucoup de recherches, deux exemplaires de bélemnites indé- 
terminables. Ces fossiles sont tellement entrecoupés de spath calcaire 

ar l’étirement de l’ardoise, qu'ils ont triplé au moins de longueur. 
eur calibre est celui d’une plume à écrire; leur longueur est de 
plus de 9 à 10 centimètres ; l’entonnoir est écrasé et les caractères 
du fossile sont insaisissables. Ces schistes supérieurs à bélemnites 
appartiennent-ils au même étage que les schistes noirs, à anthracite 


204 GÉOLOGIE 


avec calcaire cristallin intereallé, ou bien faut-il les envisager comme 
terrains différents? Telle est une grande question que je ne puis 
résoudre. Un plus long séjour dans la localité m'aurait, je le crois, 
permis d'y répondre en escaladant les pentes occidentales du Mont- 
Joli, au-delà de St. Nicolas. 

Quoi qu’il en soit, l'existence de bélemnites dans les schistes ar- 
doisiers supérieurs à l’anthracite est constatée à St. Gervais comme 
dans la Maurienne. 

La puissance des schistes ardoisiers de St. Gervais est considé- 
rable, on peut l’estimer à 700 mètres environ, en partant du point 
où ils sont recouverts par un calcaire dont je parlerai ci-après. 
Toutes les sommités formées par des schistes ayant été fortement 
moutonnées par les glaciers, on peut se tromper beaucoup en mesu- 
rant la puissance des couches de la base au sommet des montagnes. 

L’anthracifère de St. Gervais se rapporte évidemment aux schistes 
ardésio-caleaires n° 3 de la coupe de la Maurienne, donnée par 
M. Sismonda *. 


5. Calcaire indéterminée, grenu. 


Ce calcaire n’existe dans la localité qu’au sommet du Mont-Joli 
(2660), où il forme la base du pitton qui termine la montagne. Il 
est représenté par un grand nombre de couches peu épaisses, de 
calcaire gris-bleuâtre, à cassure grenue, alternant avec des schistes 
à feuillets courts et brisés, rudes au toucher, limoneux. 

Ce terrain, assis sur les schistes ardoisiers, présente une stratifi- 
cation très-régulière, légèrement inclinée à l'est, ne concordant 
point avec celle des schistes subjacents. 

Sa puissance est d'environ 70 mètres, et ses assises se dessinent 
nettement dans la configuration de la montagne. 

C’est en vain que j'y ai cherché quelques restes organiques. 

Les fragments exposés aux influences atmosphériques prennent 
une couleur gris-pâle. 

Je ne puis le rapprocher d'aucune des couches qui font partie de 
la coupe de M. Sismonda. En tout cas, ils n’appartiennent pont au 
terrain anthracifère qu'ils recouvrent et ne sauraient être rattachés 
qu'au jurassique. 


6. Calcaire à bélemnites (jurassique). 


Ce calcaire, situé au-dessus du précédent, forme le sommet du 
Mont-Joli®. Il est aussi composé de bancs alternatifs nombreux de 
calcaire compacte et de schistes; mais leur texture est différente de 
celle des précédents. Le calcaire a une pâte fine très-compacte; sa 


1 Bulletin de la Société géologique de France, I. c. p. 632. 

2 Le jurassique n’est pas indiqué sur ce point dans la carte géologique 
de MM. Studer et Escher; mais il l’est en revanche plus au midi, sur la 
même chaine et dans la même direction. 


és. 


DE SAINT-GERVAIS. 205 


texture est souvent lamellaire ; sa couleur est bleue. Les schistes sont 
noirâtres, disposés en tables minces qui se feuillettent comme les 
ardoises; mais se décomposent rapidement à l'air en boue grise. 

‘La stratification de ces couches est aussi parfaitement régulière, 
mais leur inclinaison est plus prononcée (15° environ) que celle des 
couches subjacentes et dirigée à l’ouest. Il n'est done pas possible 
de les rattacher au calcaire arénacé qu'elles recouvrent, bien moins 
encore au terrain anthracifère dont ce dernier les sépare. 

J'y ai trouvé deux bélemnites, l’une très-abondante , l'autre re- 
présentée par un seul individu. Cette dernière a plus de 30 centi- 
mètres de longueur, sa largeur est d'environ 3 centimètres; mais 
elle est complètement aplatie et indéterminable. Les autres bélem- 
nites sont courtes , épaisses, fusiformes, ordinairement entrecoupées 
de spath calcaire. Leur entonnoir est court, leur sommet finit brus- 
quement en pointe. Soumises à l'examen de M. Renevier, sans faire 
connaitre leur provenance, ce géologue crut y reconnaître la belem- 
nîtes niger du lias supérieur. Aucun des échantillons ne présentait 
les stries apicales caractéristiques de cette espèce; de sorte‘que 
M. Renevier évita de se prononcer d'une manière absolue à son 
sujet; 1l ne put du reste la rapprocher d'aucune autre espèce connue. 

J'ai cherché, mais en vain, dans la même localité, d’autres pétri- 
fications. On doit y trouver des ammonites, au dire du guide qui 
m'accompagnait. 


Il. Flanc oriental de la vallée de St. Gervais. 


Cette vallée, dans sa partie inférieure, est limitée à l’orient par 
la base du Mont-Blanc, dont se détache au nord un éperon qui, cou- 
pant à angle droit la vallée de l'Arve, va se terminer à Servoz. Ce 
prolongement forme deux sommités assez élevées, le Prarion (2146) 
et la Forclaz. Au point où il se détache du Mont-Blane une échan- 
crure transversale l’étrangle à sa base qui reste unie au colosse par 
le col de Voza. 

Les roches que j'ai énumérées en étudiant le côté opposé de la 
vallée se retrouvent sur la rive droite. 

Les mica-schistes se montrent sur plusieurs points au bas des 
derniers escarpements du Mont-Blanc, où ils forment quelques gra- 
dins de hauteurs diverses, mais plus élevés que celui de St. Nicolas 
dont j'ai parlé. 

L'éperon du Prarion formé par l’anthracifère fortement soulevé, 
ne pouvait offrir pareille structure sans renfermer dans ses flanes 


. des roches cristallines agent de leur déplacement. 


Après quelques recherches , j'ai trouvé en effet le miea-schiste à 
mi-bauteur de la montagne, non loin du chemin qui tend de Saint- 
Gervais au Pavillon de Bellevue. Là aussi ses strates sont presque 
verticales, mais inclinées à l’ouest, tandis qu'ailleurs dans la vallée 
elles le sont plutôt à l’est. 


206 GÉOLOGIE 


Les escarpements de la montagne étant presque partout recouverts 
de forêts et de détritus de l'époque glaciaire , il est difficile de con= 
stater la nature des roches subjacentes. 

Les schistes talqueux verts et leurs représentants existent sans 
doute sur plusieurs points du flanc droit de la vallée que je n’ai pas 
exploré. Comme l’anthracifère y est abondant, ce système, qui leur 
sert de base, doit s'y rencontrer aussi. 

J'ai retrouvé un lambeau des schistes verts au sommet du Prarion, 
non loin du calcaire métamorphique. 

Les quarzites en revanche existent en grandes masses au fond de 
la vallée, sous le village de St. Gervais, où ils supportent les cor- 
gneules; puis de l’autre côté du col de la Forclaz. Sur ce dernier 
point ils se rattachent à un lambeau d'anthracifère qui revêt le cdté 
oriental de l'éperon et appartient à la vallée de Chamounix. 

Le calcaire métamorphique avee les gypses et les corgneules est 
de même très-répandu. Il forme la base d'une zône d’anthracifère 
qui, sous forme de ceinture, enveloppe le pied du Mont-Blanc au- 
dessous de la région des glaciers, depuis les Contamines jusque dans 
le voisinage du village de Chamounix. Cette ceinture, plus élevée du 
côté des Contamines (vallée de St. Gervais), descend peu à peu en 
contournant l'angle nord-ouest du massif et vient s’éteimdre au fond 
de la vallée près de Chamounix. De profonds ravins l'ont sillonnée ; 
les glaciers anciens ont emporté les schistes ardoisiers et laissé à nu 
le calcaire métamorphique sur divers points, de part et d’autre du 
col de Voza. L’étranglement qui sépare le Prarion du Mont-Blane 
est occupé par l’anthracifère. 

Sur le Prarion et à la Forelaz, ce dernier terrain occupe une po- 
sition toute différente. Du côté sud ou du Mont-Blane, point où le 
soulèvement s'est opéré, l’anthracifère a été séparé de la zône du 
Mont-Blanc et de celle du bassin voisin de St. Gervais, puis redressé 
et rejeté à lorient du côté de Chamounix, à l'occident du côté de 
Sallanches et au nord du côté de Servoz. il résulte de là que l’ex- 
trémité de l’éperon parti du Mont-Blanc se trouve entièrement formé 
par l’anthracifère. 

Au sommet du Prarion les couches de schistes ardoisiers exposées 
au frottement des grands glaciers qui descendirent autrefois de la 
vallée de Chamounix ont presque entièrement disparu. Il en est resté 
quelques lambeaux préservés par les saillies plus résistantes des 
quarzites et des calcaires. Ces dernières roches mises à nu ent formé 
le sol actuel de la montagne, en sorte qu'il faut quelque peine 
pour se rendre compte des phénomènes et de la position réelle des 
couches. 

La connaissance que j'avais acquise de la constitution des couches 
en place situées au bas de la vallée, vint à mon aide pour résoudre 
le problème de la dislocation de l’anthracifère par le soulèvement 
du Prarion, — Voici comment : Au nord de St. Gervais, dans le lit 
d’un ravin, on voit distinctement le calcaire métamorphique surgir 
du fond de la vallée de l’Arve, en se couchant sur le flanc de la 


TT 


DE SAINT-GERVAIS. 207 


montagne. De ce point le calcaire gagne d’une part la hauteur , de 
l'autre, il s’avance horizontalement au-dessus du village toujours 
appliqué sur l’escarpement. Bientôt on cesse de l'apercevoir dans ce 
dernier sens, pour arriver dans la région des quarzites et du mica- 
schiste. Il n’en est pas de même dans la hauteur : ici il continue 
toujours à monter obliquement, couché sur le flanc du mont, jusqu'à 
ce qu'il ait atteint le sommet du Prarion. Avant d'y parvenir il forme 
une arête saillante où il est exploité pour pierre à chaux. — Si l'on. 
part de la zône occupée par le calcaire métamorphique pour se diriger 
du côté de la Forciaz (au nord) on rencontre d'abord les schistes 
ardoisiers, puis le calcaire cristallin bleu qui caractérise leur étage 
inférieur , enfin de rechef les mêmes schistes, jusqu'à la terminaison 
de l’éperon. 

La carte géologique de M. Studer place sur le point qui nous 
occupe un lambeau de terrain jurassique. Je n'ai pas su l'y dé- 
couvrir; s’il existe quelque part, ce ne peut être qu'à la tête de 
Montfort, sommité arrondie qui termine l’éperon au nord du eol de 
la Forclaz. Encore faudrait-11 pour cela que dans cet endroit l’an- 
thracifère eût beaucoup perdu de sa puissance. 

Ce qui précède suffit pour. établir que sur le flanc oriental ce la 
vallée de St. Gervais l’anthracifère se comporte de tout autre façon 
que sur le flanc opposé. Cette différence tient uniquement aux sou- 
lèvements des roches cristallines qui d'un eûté ont déjeté ce terrain 
dans divers sens en le rompant, tandis que de l'autre elles se sont 
bornées à le soulever modérément , sans le rompre , et à l'mcliner au 
nord-est. 

Terminons ce coup-d’æil fort imparfait par quelques conclusions. 

4° La portion de terrain anthracifère qui s'étend au midi de l'Arve, 
entre St. Gervais et Sallenches, peut servir d’étalon pour l’étude 
des autres parties du même terra n. Il est done à désirer qu'il de- 
vienne l'objet d’une étude spéciale et complète. 

2° Les terrains observés se composent de 4 assises plus ou moins 
distinctes, superposées comme suit : 

a) Grès, quarzites, poudingues, avec schiste talqueux verts ; 

b) Calcaire souv.nt métamorphosé en gypse et corgneule ; 

£) Calcaires cristallins bleus, avec schistes ardoisiers, anthracite 

et impression de végétaux houillers ; 

d) Schistes ardoisiers avec bélemnites. 

3° Il n'existe à St. Gervais qu'une seule couche d’anthracite; il 
est peu probable qu'il y en ait d'autres. 

&° Les schistes ardoisiers y sont recouverts par un calcaire grenu, 
avec schistes arénacés qui appartiennent à un terrain plus récent. 

5° Au-dessus de ce dernier se place un troisième terrain (juras- 
Sique) contenant des fossiles d’origine encore indéterrinée. 

La distribution de l’anthracifère donnée par M. Se. Gras ne peut 
aucunement s’harmoniser avec les faits observés à St. Gervais". 


1 Bulletin de la Société géologique de France, t, XII, 2°° série, p. 255, 
pl. IX-XH. 


208 REMARQUES 


EXPLICATION DES COUPES. 


N°1. Coupe à l'entrée de la vallée. b, quarzites. c, c, calcaire avec cor- 
gneule et gypse. c’, partie inférieure du même calcaire. d, d, schistes ar- 
doisiers avec anthracite. d’, d’, calcaire cristallin bleu subordonné aux 
A RU] e, e, erratique. 0, 0, schistes verts, talqueux. r, verrucano eris- 
tallin. 


N°2. Coupe à la hauteur du village de S' Gervais. a, mica-schistes. b, 
quarzites. ce, €, calcaire avec corgneule et gypse. c’, couches inférieures du 
même calcaire. d, d, ardoises. e, erratique. o, schistes talqueux. 

N° 5. Coupe à lu hauteur du village de Bionai. a, mica-schistes. b. 
quarzites. €, calcaire et corgneule. d, d, schistes ardoisiers et anthracite, 
m, calcaire grenu. n, calcaire jurassique avec bélemnites. 


= 2" 600—— 


REMARQUES SUR LES FORMATIONS MODERNES DANS LE CANTON DE VAUD. 
Par M. A. Morlot. 


(Séance du 7 janvier 1857.) 


En géologie les regards se sont principalement portés sur les 
terrains de formation ancienne. Le Silurien absorbe actuellement 
l'attention des plus grands savants, tandis que le Quaternaire est 
négligé, on pourrait presque dire méprisé. Ainsi, dans l'ouvrage 
allemand, qui vient de paraitre sur la géologie de la Suisse, il n’est 
guère plus question du Diluvien et de l'Erratique, si classiques pré- 
cisément chez nous, que si l'étude de ces terrains n’était point du 
ressort de la géologie. 

Il en est à certains égards de même dans la vie ordinaire. On s’in- 
téressera, par exemple, souvent beaucoup plus à ce qui se passe 
dans les pays étrangers, qu'à ce qui arrive à sa porte, et l'on aura 
des notions assez étendues sur telle contrée lointaine , tandis qu'on 
vivra et mourra dans une ignorance profonde sur ce qui touche à 
sa propre patrie. Il y aura vraisemblablement à Lausanne bien plus 
de personnes connaissant Paris et Londres, que de celles qui ont 
visité le site de cette antique abbaye de Haut-Crèt, si célèbre dans 
les annales du Canton. 

Et cependant une étude attentive du monde qui nous entoure 1m- 
médiatement est le seul moyen d'arriver à saisir quelque peu les des- 
tinées de l'humanité, tout comme en géologie, l’étude du présent 
fournit la lumière pour éclairer l’histoire de notre planète; ainsi que 
l'a si bien développé Lyell. 

Une question en particulier se rattache à l'étude des formations 
modernes, c’est celle des dates, de la chronologie absolue en géo- 
logie. Jusqu'à présent on n'a eu qu’une chronologie relative, établis- 
sant que tel terrain, tel phénomène est postérieur à tel autre et 
antérieur à un troisième. Mais on n’a encore aucune idée du temps 


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SUR LES FORMATIONS MODERNES. 209 


réel, mesuré en années, en siècles ou en milliers d'années, qui s’est 
écoulé pendant que tel terrain se formait ou depuis que tel phéno- 
mène se passait. Pour arriver à fixer, non pas encore des dates 
précises, mais plus ou moins approximatives, il faut évidemment 
trouver des termes de comparaison dans ce qui se passe aujourd'hui 
sur notre globe. Seulement, comme ces changements actuels sont 
forts lents par rapport à la durée de la vie de l'homme , ce sera sur- 
tout à l'archéologie qu'on s’adressera pour obtenir des données, et 
cette science prêtera à sa sœur, la géologie, le plus grand secours 
pour l'étude des formations modernes. 

Mais le géologue ne peut pas procéder ici, comme pour l'étude: 
des terrains plus anciens, que les dislocations , les soulèvements et 
mille accidents ont mis à la portée de son observation. Les dépôts 
modernes sont en raison même de leur nature ordinairement inac- 
cessibles ou du moins soustraits à la vue, et ce ne sont guères que 
des accidents, comme tranchées, fouilles, sondages et autres ou- 
vrages d'art, qui mettent en évidence ce qu’on cherche, tantôt sur 
un point, tantôt sur un autre et le plus souvent pour un moment 
seulement. La coopération d’un publie instruit et attentif devient 
done ici de toute importance. 

Une des plus remarquables tentatives d'établir une date absolue 
dans le domaine de la géologie est le calcul bien connu du temps, 
que la chute du Niagara doit avoir mis pour rétrograder de Queens- 
town à son emplacement actuel. Si le résultat de 35000 ans n'est 
encore que très-incertain, 1l est toujours infiniment plus satisfaisant 
que les expressions : longtemps, ou des siècles, où un grand laps de 
temps. 

Nous n'avons pas de Niagara chez nous, mais notre pays présente 
bien des phénomènes, qui ne demandent qu'à être étudiés de près 
pour fournir des données plus ou moins importantes. 

Les cônes de déjection, que les torrents forment à leur embou- 
chure dans un lac, présentent un grand intérêt, surtout par leur 
correspondance parfaite ave les restes des cônes des mêmes tor- 
rents, mais de l'époque diluvienne , lorsque les lacs occupaient des 
niveaux supérieurs à ceux qu'ils présentent aujourd'hui. Si l’on ar- 
rive à estimer avec quelque raison la vitesse d'accroissement de nos 
cènes modernes, on pourra en déduire plus ou moins approximative- 
ment le temps qu'ils ont mis à se former, et on remontera de là à 
une évaluation de la durée de chacune des phases de l’époque dilu- 
vienne , à laquelle correspond un niveau et un cûne ancien. Chaque 
cône de déjection moderne aura naturellement un terme d’accroisse- 
ment différent , dépendant de sa forme et de son étendue , de la quan- 
tité de matériaux que charrie son torrent, et de toutes les cireons- 
tances physiques présidant à sa formation. Aussi ne faudra-t-il pas 
se hâter de conclure de l’un à l’autre, mais on attendra d’avoir réuni 
un plus grand nombre de faits pour les comparer entr'eux et pour 
arriver à des résultats quelque peu satisfaisants. 


210 REMARQUES 


Cône moderne de la Baye de Montreux. En creusant en Avril 
4856 les fondements de la scierie de marbre de M. Doret, située au 
bord du lac, un ouvrier a trouvé vers l’angle nord est du bâtiment, 
dans le gravier, à 9 pieds de profondeur sous la surface du sol, une 
pièce de 6 sols de Genève avec la date 1641. La pièce était bien 
conservée, un peu oxydée, mais ni usée, ni roulée. On voyait dans 
le gravier, jusqu’à 2 à 3 pieds de profondeur des fragments de tuiles 
roulées. M. Doret dit, qu’on peut avoir toute confiance dans les as- 
sertions de l’ouvrier. Comme depuis longtemps déjà des diguements 
empêchent le torrent de divaguer librement sur toute l'étendue de 
son cône, on ne peut point conclure du fait rapporté à l'accroissement 
général de ce dernier. 


Cône moderne de la Baye de Clarens. M. Vincent Rambert rap- 
porte, qu'en minant le pré dit au Billardin à Clarens, en 1824 ou 
1825, on a trouvé à une profondeur de 8 à 9 pieds d’anciens fonde- 
ments. Ce pré se trouve dans le domaine de déjection moderne du 
torrent, qui se diversait parfois de ce côté, avant qu'il eût été dé- 
tourné par le grand mur bernois. 


Cône de la Veveyse. M. Troyon rapporte, qu’en creusant en 1854 
les fondements du pont actuel sur la Veveyse, on trouva à 8 à 10 
pieds de profondeur sous le lit du torrent un bracelet en bronze d’un 
travail assez grossier. 

M. Schnetzler, professeur de sciences naturelles à Vevey, a eu la 
bonté de fournir les renseignements suivants : « M. Guillaume Blan- 
chet m'a donné à consulter d'anciens plans de la ville de Vevey. 
On y voit quel était le rivage en 1770. L’alluvion a été déterminée 
il y a quelques années par un travail exact de Venetz pére, la carte 
est déposée au greffe municipal. On compte 4 pieds par an d’alluvion 
permanente, en dehors de l’action des vagues, ce qui, pour les 85 
ans écoulés depuis 1770, fait une somme de 340 pieds d’alluvion 
permanente. D’après des informations prises auprès de M. Vincent, 
ancien régent, on a trouvé vers l'an 1811, en creusant le puits de 
la maison Roy, vers Ste. Claire, à 30 pieds de profondeur du bois 
travaillé, soit des pilotis. En refondant les prisons , on a trouvé des 
cailloux, comme ceux de la Veveyse. A la Prairie (campagne Bur- 
pat) on a trouvé vers 1804 des cornes de cerf dans un dépôt d’al- 
luvion. » 

Notons que si les alluvions de la Veveyse sont si sensibles, ce 
n’est que parce que les diguements les concentrent sur un seul et 
même point, car si le torrent pouvait librement divaguer sur toute 
l'étendue de son cène moderne, l'accroissement de celui-ci depuis 
1770 serait à peine perceptible. Quant à la trouvaille de la maison 
Roy n’aurait-on point peut-être affaire iei à des vestiges d’antiques 
habitations lacustres, enfouies par les alluvions du torrent! Ce qu'il 
y a de certain, c’est que le point se trouve situé sur le cône de dé- 
Jection moderne de la Veveyse. Il en est de même de presque toute 
la ville actuelle de Vevey, qui arrivera bien aussi à être un jour en- 


SUR LES FORMATIONS MODERNES. 241 


fouie sous les dépôts du torrent. Des générations futures s’établiront 
peut-être au-dessus, sans se douter de ce qui se passait sur les 
mêmes lieux au 19° siècle, et sans s'inquiéter de ce qui lui arrivera 
à son tour, surtout si elle barre le torrent par des ponts à plusieurs 
arches. 


Cône de la Mentue, près d'Yverdon. Lorsqu'on exécuta, il y a 
4 ou 5 ans, la correction de la grande route à Yvonand on trouva, 
en ouvrant un nouveau lit au torrent, eten fondant les culées du pont, 
à 12 pieds de profondeur des tuiles romaines, des débris de murs 
et des ossements de chevaux. Le tout reposait sur des lits de sable et 
de gravier, entre lesquels se trouvaient çà et là des amas de feuilles 
bien conservées, ayant jusqu'à 5 pouces d'épaisseur, malgré la pres 
sion exercée par les couches supérieures. Au-dessous des feuilles 
venait de nouveau le gravier. (Communiqué par M. Troyon.) 


Yverdon. M. Troyon à fait sur les environs d'Yverdon des obser- 
vations fort curieuses, consignées dans l'Indicateur d'histoire et 
d’antiquités suisses, n° 3, 1895, et dont il convient de donner ici 
un aperçu : 

Le lac de Neuchâtel étant peu profond vers son extrémité méri- 
dionale les alluvions combinées de l'Orbe et du Buron gagnent assez 
rapidement du terrain. [l paraît, qu'à l’âge de la pierre, avant l'in- 
troduction de la civilisation du bronze dans l'antique Helvétie, le lac 
s’étendait jusqu'au mont de Chamblon, soit à environ 5500 pieds 
(1650 mètres) de sa rive actuelle, car M. Simon a trouvé près des 
Uttins, à 8 à 10 pieds de profondeur dans la tourbe, deux haches en 
serpentine et une pointe de flèche en silex (musée d’Yverdon) au- 
près de pieux ou pilotis plantés verticalement dans le sol. Entre ce 
point et le pied du mont, qui est tout voisin, des racines d’aulnes et 
des troncs d'arbres pris dans la tourbe, dessinent une ancienne rive, 
dont la hauteur répondrait à peu près à celle du lac actuel, lequel 
n'aurait donc pas sensiblement changé de niveau depuis cette haute 
antiquité. Or, les ruines d'Eburodunum, soit de l’ancien Yverdon 
romain , se trouvent séparées du lac par une zône d’alluvion mesu- 
rant en moyenne 2500 pieds de largeur et qui doit avoir mis au 
moins 15 siècles (plus vraisemblablement cependant au moins 18 
siècles) pour se former. On pourrait done conclure, que le dernier 
moment du séjour du lac sous Chamblon remonterait au moins à 
15 siècles avant l’ère chrétienne. 


Les talus d'éboulement qui s'accumulent au p'ed des grands escar- 
pements de roc, méritent aussi quelque attention. J. P. Ravy de 
Gryon montre un gros bloc qui est tombé des Diablerets en 1815, 
un jour que M. de Charpentier était monté à Anzeindaz. Il est actuel- 
lement déjà à peu près à demi enfoui par l'accroissement du talus 
d'éboulement ou chable, quoique celui-ci occupe non un ereux ou 
ravin, mais la surface égale du versant. M. de Charpentier se pro- 
posait de faire marquer la date sur ce bloc. Espérons que quelqu'un 


212 REMARQUES 


de ces nombreux pensionnaires que le séjour de Gryon attire, se 
rendra utile à la science, en mettant à exécution la pensée de M. de 
Charpentier et en déterminant par une petite fouille faite avee soim 
et précaution de combien le talus s’est exhaussé depuis 1815. 


L’éboulement du Tauredunum, arrivé l'an 563 de notre ère, a 
couvert un certain espace de terrain entre Chessel et Noville de 
rocaille et de débris. Ce terrain d’abord nu s’est depuis recouvert 
d'une couche de terre végétale, qui mesure d’un quart à demi pied 
d'épaisseur et qui a done exigé 13 siècles pour sa formation. 


L'affouillement par les cours d’eau doit être plus ou moins régu- 
lier et parfois assez sensible, seulement il sera rare de pouvoir éva- 
luer cette action, les points de repère faisant ordinairement défaut. 
Aussi l’observation de M. Sylvius Chavannes, consignée à la page 
161, t. IV, du présent bulletin, offre-t-elle beaucoup d'intérêt en 
établissant un abaissement du lit de la Morges, sur un certain point, 
de 28 pieds depuis l’époque romaine. 


Depuis que la présente communication a été faite à la séance 
annuelle de la Société l’auteur a reçu de M. Henri Bessart à Mou- 
don une lettre très-intéressante sur les alluvions de la vallée de la 
Broye. La correction et canalisation qui vient d'être faite de la Broye 
a fourni de belles coupes, donnant lieu à des observations de grande 
valeur. Comme M. Bessard poursuit l'étude du sujet, on peut espé- 
rer qu'il en entretiendra plus tard lui-même la Société, dont il est 
membre. 

C’est aussi depuis la séance annuelle, qu'il s’est présenté une 
observation d’un rare intérêt à Villeneuve. On pousse une tranchée 
pour le chemin de fer dans le cône moderne de la Tinière , entre le 
chemin qui monte à la Muraz et la ville, sur la rive gauche du tor- 
rent. La surface du terrain coupé est inclinée parfaitement réguliè- 
rement suivant le sens de la tranchée de 1 ‘/, degré exactement. 
La tranchée pénètre dans le sol jusqu'à une profondeur d'environ 
12 pieds. Le terrain ainsi coupé se trouve composé des dépôts du 
torrent, de gravier et de cailloutis plus ou moins grossier, contenant 
des blocs roulés qui atteignent jusqu’à 3 pieds de diamètre. Le tout 
présente à peine des traces de stratification, qui sont, du reste, pa- 
rallèles à la surface du sol. Ce sont là les conditions normales des 
dépôts torrentiels. Notons encore, qu'il règne une uniformité et ré- 
gularité générale dans le dépôt sur toute la profondeur de la tran- 
chée. La terre végétale, quoique nourrissant un beau gazon, n’a que 
de deux à trois pouces de profondeur et se mêle alors intimément 
avec le gravier et le cailloutis. À 4 pieds de profondeur, plus exac- 
tement à 3 8/’ (1,1% mètres), sous la surface du sol et mesuré jus- 
qu’à la base de la couche, on remarque sur toute la longueur de la 


«2 mil 


Fe 


SUR LES FORMATIONS MODERNES. 243 


tranchée une couche bien régulière et parallèle à la surface de 4 à 6 
pouces d'épaisseur, qui est évidemment un ancien sol. Elle est ter- 
reuse, renferme quelques hélices, des traces assez rares de charbon, 
quelques fragments anguleux de tuile romaine, et l'on y a trouvé 
une médaille romaine de frappe évidemment antérieure au bas- 
empire. Voilà donc la couche romaine, à laquelle il à fallu au moins 
de 43 à 15 siècles pour être ensevelie sous 4 pieds d’alluvion. On 
ne peut compter que jusqu'au siècle passé, parce que les Bernoïis 
ont alors construit deux digues, qui n'ont plus pérmis au torrent de 
se déverser du côté de la ville. Remarquons, en passant, qu'infé- 
rieurement à cette couche de # pieds il ne s’est pas présenté trace 
de brique ou tuile. Ceci n’est pas sans quelque signification, puisque 
la brique et la tuile ne paraissent en Suisse qu'avec les Romains. 
Remarquons aussi, que les mesures de profondeur ont été faites avec 
grand soin et répétées plusieurs fois, là où la tranchée avait sa plus 
grande profondeur d'environ 12 pieds. Elle présentait alors sur ce 
point(Septembre jusqu'à Décembre 1856) des escarpements verticaux, 
depuis la surface du sol jusqu’au fond. A 10 pieds de profondeur, 
plus exactement 9/ 9/’ (2,97 mètres) mesuré aussi jusqu'à la base de 
la couche, on remarque une autre couche régulière et parallèle à la 
surface , comme la première , seulement en raison de sa profondeur 
elle ne se trouve entamée que sur une longueur d’une cinquantaine 
de pieds. Cette couche a aussi ses 6 pouces d'épaisseur (0,18 mètres) 
et est évidemment aussi un ancien sol, quoiqu'elle soit plus argileuse 
et glaiseuse que la première. Elle renferme quelques hélices, beau- 
coup de charbon de bois, de nombreux fragments d’ossements con- 
cassés et l’auteur, en y fouillant, en a tiré lui-même un fragment 
anguleux bien conservé de cette poterie à pâte pétrie de grains, 
qu'on trouve dans nos lacs avec les pilotis de l’âge du bronze, et 
qu'on appelle ordinairement celtique. 

Maintenant, si l'accroissement du cône de la Tinière à Villeneuve 
Lee présenter de grandes irrégularités quand on ne considère que 


le travail de quelques années, on peut et l’on doit, semble-t-il, 
admettre une régularité assez grande pour des moyennes embrassant 


plus de dix siècles. On peut done conclure, rectification ultérieure 
réservée, que s'il a fallu de 13 à 15 siècles au moins pour former 
les 4 pieds d’alluvion sur la couche romaine, la date de la couche 
de 10 pieds, avec poterie dite celtique, remonte à environ 20 siècles 
avant l'ère chrétienne. 

Comme on continuera les travaux et qu’on élargira considérable 
ment la tranchée, on peut espérer que les observations rapportées 
seront complétées, ce qui serait fort à désirer. Accordons, en atten- 
dant, que la date déduite ne soit qu'une approximation à quelques 
siècles près, elle n’en est pas moins précieuse, car elle constitue la 
première donnée de chronologie absolue qu’on possède sur l’âge du 
bronze en Suisse. L'histoire, et même la tradition ne franchissent pas 
chez nous l’âge du fer, auquel appartenait la civilisation helvétienne 
antérieure à l'invasion romaine, ainsi que l’établit notre savant 


214 OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. 


archéologue M. Troyon. La civilisation du bronze, qui a précédé 
celle du fer, et qui a évidemment eu une longue durée dans le pays, 
est complètement en dehors de toute histoire, de tout souvenir. On 
ne sait ni quand elle a commencé, ni combien de temps elle a duré, 
ni même quand elle a tiré à sa fin. La tranchée de Villeneuve est le 
premier fait, quoique encore bien incomplet, qui vienne jeter quel- 
que lumière sur le sujet. Grâces à la présence des deux couches, 
romaine et soi-disant celtique, sur la même coupe, on a ici un véri- 
table chronomètre pour évaluer, tant la rapidité d’accroissement du 
cône torrentiel, que pour fournir une date à l'archéologie , chrono- 
mètre bon et valable, aussi longtemps qu'on n'en trouvera pas de 
meilleur. 

On voit quel intérêt peut s'attacher à un mauvais fragment de 
terre cuite, suivant les circonstances de son gisement. Puisse cet 
exemple encourager aux observations attentives dans le domaine des 
formations modernes. 


OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES : 


Par M. G. de Rumine. 


(Séance du 4 février 1857.) 


M. Charles-Th. Gaudin communique de la part de M. G. de Ru- 
mine la seconde série des observations ozonométriques faites au 
Grand St-Bernard, à Eglantine (Lausanne) et à Villeneuve. 


Nous devons à l’obligeance de M. le prieur Deléglise, à celle de 
M. Pochon, chanoine régulier au Grand St-Bernard, et à M. Duflon, 
de Villeneuve, de pouvoir communiquer une seconde série d'obser- 
vations ozonométriques ‘. Il est intéressant de voir confirmer plei- 
nement par cette nouvelle série les résultats principaux obtenus par 
la première. 


I. 
COMPARAISON DE L'OZONE NOCTURNE AVEC L'OZONE DIURNE. 
1° Grand St-Bernard. 


Pendant 7 mois conséeutifs (juin à décembre 1856) la somme 
d'ozone nocturne a été pour chaque mois plus considérable que celle 
de l'ozone diurne. Cette différence s’est élevée à 7,52 de la somme 
totale. Sur 106 fois où l’on a obtenu le maximum, 67 l'ont été pen- 
dant la nuit et 39 pendant le Jour. 


* Voir la 4'"® série dans le Bulletin de la Société vaudoise des sciences 
naturelles, n° 59, page 418. 


dite 


A TT 


d 
| 
+ 
h 
; 


OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. 245 


Mois. Ozone nocturne. Ozone diurne. Différence. 
Juin 262 176 86 
Juillet 271 209 62 
Août 273 172 101 
Septembre 286 228 58 
Octobre 252 189 63 
Novembre 244 211 33 
Décembre 252 223 29 

Total 1840 1408 432 


2° Eglantine (Lausanne). 


Pendant 120 jours d'observation (juin, juillet, août et septembre) 
la somme d'ozone nocturne a été plus considérable que celle de 
l'ozone diurne. 

Cette différence s’est élevée à 29,42 de la somme totale. 


Mois. Ozone nocturne. Ozone diurne. Différence. 
Juin 211 200 11 
Juillet 237 210 27 
Août 232 218 1% 
Septembre 248 239 9 

Total 928 867 61 


3° A Villeneuve, par contre, 


Pour 96 jours d'observation, du 16 juillet au 19 octobre, la 
somme d'ozone diurne a été plus considérable que celle de l'ozone 
nocturne. Cette différence est égale à 11,34 de la somme totale. 


Mois. Ozone diurne, Ozone nocturne. Différence. 
Juillet (16 jours) 108 9% 14 
Août 231 193 38 
Septembre 215 180 39 
Octobre (19 jours) 125 102 23 

Total 679 569 110 
IL. 


PROPORTION D'OZONE RELATIVEMENT A LA HAUTEUR DES STATIONS. 
49 Ozone nocturne. 


Pendant 122 jours d'observation (juin, juillet, août et septembre) 
la somme de l'ozone nocturne, au Grand St-Bernard, a été plus élevée 
que la somme d'ozone nocturne à l'Eglantine. Cette diflérence s’est 
élevée à 15,90 de la somme totale. 


St-Bernard, 1092. Eglantine, 928. Différence, 164. 


9216 OBSERVATIONS OZONOMÉTRIQUES. 


Pendant 77 jours d'observation la somme de l'ozone nocturne 
d'Eglantine a été plus élevée que celle de Villeneuve. Cette diffé- 
rence s’est élevée à 8,49 de la somme totale. 


Eglantine, 594. Villeneuve, 467. Différence, 127. 


2° Ozone diurne. 


Pendant 77 jours d'observation la somme d'ozone diurne a été 
plus élevée à Eglantine qu’à Villeneuve. Cette différence s’est élevée 
à 51,36 de la somme totale. 


Eglantine, 576. Villeneuve, 554. Différence, 22. 


Pendant le même nombre de jours l’ozone diurne a été au con- 
traire moins considérable au St-Bernard qu'à Lausanne et Ville- 
neuve. 


Eglantine, 576. St-Bernard, 518. Différence, 58. 
Villeneuve, 554. » 518. » 36. 


JL. 


RÉSULTATS. 


1° Au bord du lac l'ozone diurne l'emporte sur l'ozone nocturne. 

Ce résultat, obtenu par la première série d'observations, a été 
confirmé par cette nouvelle série, bien que les observations aient été 
faites dans une autre localité et par une autre personne. Il tient sans 
doute à l’évaporation plus considérable pendant le jour. 

2° Plus on s'élève à partir des bords du lac et plus l'ozone noc- 
turne tend à l'emporter sur l'ozone diurne. 

3° Le brouillard est une des circonstances les plus favorables à la 
production de l'ozone. 

Sur 106 fois où le maximum de l'échelle de Schoenbem a été 
obtenu au St-Bernard, pendant 7 mois d'observation, 81 l'ont été 
par le brouillard, 9 par la neige, 7 par un temps clair, 5 pendant 
l'orage, 3 pendant la pluie, 1 par un temps couvert. 


Octobre: 
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SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. 217 


NOTE SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION A LA SURFACE DU LAC LÉMAN. 


Par M. L. Dufour , professeur. 


(Séance du 4 février 4857.) 


Dans le travail que j'ai publié dernièrement sur les Températures 
de l'air et les mirages à la surface du lac Léman (Bulletin de la 
Société vaudoise des sciences naturelles, t. IV et V), j'avais surtout 
en vue les rapports entre les variations de température au-dessus 
de l’eau et le phénomène optique du mirage qui en est la consé- 
quence. Je n'ai point examiné ce qui concerne la dimension des 
images produites et les mesures angulaires que j'ai données se rap- 
portent toutes à l'élévation du plan caustique. 

La grandeur des images peut se déterminer avec une lunette 
pourvue d’un réticule et mobile le long d’un bimbe vertical ou bien 
à l’aide de la lunette de Rochon. Ce dernier appareil, très-commode 
et très-pratique, permet d'obtenir ces grandeurs avec une assez 
grande approximation, et j'en ai fait usage dans ce but pendant l’au- 
tomne dernier. Avec la lunette à prisme biréfringent, l’angle se 
mesure, comme on le sait, en opérant un dédoublement de l’image, 
jusqu'à obtenir la tangence des points extrêmes. Lorsque les objets 
que l’on examine ne sont pas bien éclairés ou lorsque l'horizon est 
un peu brumeux, cette mesure présente une certaine difficulté, parce 
que l’éclairement total se répartit sur les deux images et chacune 
d'elles se trouve ainsi d'autant plus assombrie. Les observations 
n’ont donc pu porter que sur des objets particulièrement favorables 
au point de vue de la lumière (maisons à façade blanche, voiles de 
barque, etc.), et aussi favorables par leur forme. Il importe d'exa- 
miner des images nettement terminées, des figures limitées par une 
arête prononcée ou par une pointe. L'expérience m'a montré, en 
outre, qu'il vaut mieux chercher la tangence après avoir complète 
ment séparé les deux images dues à la double réfraction du prisme 
et en les rapprochant, que de vouloir obtenir ce point en les écar- 
tant lentement jusqu’à l'instant où elles cessent d’être superposées. 


J'ai montré, par un grand nombre de faits, que les circonstances 


- de température varient d'un moment à l’autre à la surface d’une 
… grande nappe d'eau comme le lac Léman et que, par suite, les phé- 


nomènes du mirage éprouvent des variations semblables. Le plan 


… caustique, entre autres, est tantôt un peu plus, tantôt un peu moins 
- élevé (voir le mémoire cité). Un résultat semblable se remarque dans 


la dimension des images par réfraction; on les voit, dans la lunette, 
s’allonger et se restreindre d’une manière notable. Les voiles de 
barque, par exemple, qui se prêtent si fréquemment aux observa- 
tions de cette nature donnent une image qui, à un certain moment, 


- est complète et terminée par conséquent par une pointe tournée en 


b) 


218 SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. 


bas et, à un autre moment, une image à pointe émoussée, à con— 
tours mobiles comme ceux d’un drapeau ondulant sous l’action du 
vent. Dans bien des circonstances, j'ai vu les images varier de À à 
2’ pendant une minute de témps. 

Les quelques mesures indiquées ci-dessous ont été choisies parmi 
les observations qui présentaient le plus de régularité et où la valeur 
angulaire de l’image ne variait que peu d’un moment à l’autre. 


5 octobre 1856, 10 heures du matin. 


GRANDEUR ANGULAIRE. 


Objet. Image. Rapport. 
Voile 7! 28/' 5’ 1,49 
Massif de terre BD 261180 1,08 
Maison à Clarens #4! 67 3! 30/’ 1,17 
» 4! 30/' 3 1,30 
10 octobre, 8 heures du matin. 
Maison 4! 54! L! 1,22 
Voile SUB SA 3/ 1,03 
» 4! 24! OASIS 2,00 
» 5497! L! 24!" 1,30 
» 5’ 2"! Lt, 6!" 1,30 
18 octobre, 9 heures du matin. 
Voile FAST 5/ 49/7 1,33 
Maison 10! 43/' 6’ 35/! 1,63 
Voile ot AO 1,21 
21 octobre. 
Voile 5’ 36/’ 9’ Da’! À,44 
22 octobre. 
Maison 3 30/’ 21:30! 1,33 
» 3! 13! 2! 30/' 1,27 
; 5’ 491! nr 9" 1,40 
25 octobre. 
Voile Gas (0 2! 30/’ 1,55 
30 octobre. 
Voile 8’ 50/’ 7! 4,27 


» 5’ 30” 5’ 1,10 


Er 


SUR LES IMAGES PAR RÉFRACTION. 919 


Ces quelques observations suflisent pour montrer quelle relation 
générale existe entre l'objet et son image par réfraction. L'image est 
toujours plus petite que l'objet, mais le rapport précis n’est point le 
même dans tous les cas et, pour un même objet, il varie notable- 
ment d’un moment à l'autre. 

Dans sa Notice sur le mirage, M. Bravais dit que « l'image ren- 
versée parait en général peu différer dans ses dimensions de l’image 
directe; il n’est pas douteux cependant qu'elle ne soit, en général, 
un peu plus petite. » Il résulte des observations précédentes que, sur 
le lac Léman au moins, les images par réfraction sont toujours plus 
petites et même parfois notablement plus petites que les objets. 

Ce résultat peut paraître, au premier abord, un embarras assez 
sérieux pour la théorie ou du moins une contradiction avec les con- 
séquences auxquelles je suis arrivé dans mon mémoire en discutant 
les observations de température faites à diverses hauteurs au-dessus 
de l’eau. On à vu, en effet, qu'une formule admise par M. Bravais 
pour l'explication des phénomènes optiques convient d’une manière 
satisfaisante aux chiffres tirés des observations. Dans cette formule : 


9 


1 ENT 
Eee RE 
0,000589 C ) 


à exprime la densité de l'air, z la hauteur verticale au-dessus de 
l'eau, k, k et x sont des constantes. Pour appliquer la formule aux 
observations, j'ai, suivant le conseil de M. Bravais, pris « — 1, 
cas auquel 


1 k° 


= 000580 CESR 


Sous cette forme, les constantes # et k étant déterminées par deux 
expériences, on trouve que la courbe représentée par la formule est 


assez bien celle de la nature. 


Mais, d'une autre part, M. Bravais annonce que l'hypothèse 

w — 1 donne, comme conséquence optique, des images égales aux 
objets et que, pour le cas d'images plus petites que les objets, il 
faut avoir 4 > 1. Il semble done qu'il y ait là une contradiction 
frappante. Malheureusement, M. Bravais ne donnant pas tous les 
détails de son analyse et se contentant d’en indiquer les résultats, il 
ne m'a pas été possible de voir de quelle manière et surtout dans 
uelle mesure les variations de 4 correspondent à une inégalité entre 

es dimensions des objets et des images. J'ai essayé de représenter 
une observation (7 octobre 1855, voir le tableau du mémoire cité), 
avec l'hypothèse « — 2 et je me suis assuré que la formule convient 
mois bien que pour & — 1. On peut donc penser que les formules, 
considérées dans leurs conséquences optiques, renferment ,, de telle 
façon que des variations très-faibles de cette quantité correspondent 
à des différences assez grandes entre la dimension des images et des 


220 FOSSILES DU LIAS. 


objets. Il se pourrait fort bien alors qu’en donnant à x une valeur 
À à m, m étant très-petit, les résultats satisfissent aux apparences 
optiques du phénomène sans que pour cela la formule 


2 
ÿ pee, 1 k 4 + m 
 0,000580 (2 F7 


cessât de représenter convenablement les variations de la densité 
des couches d'air à diverses hauteurs. 


LISTE DE FOSSILES DU LIAS RECUEILLIS A MONTREUX. 
Par M. A. Morlot. 
(Séance du 18 février 1857.) 


Le rocher de Taulan, un peu au-dessus de Montreux, a fourni 
bon nombre de fossiles à l’auteur des présentes lignes. Malheureu-— 
sement il s’y trouve peu de formes bien caractéristiques, les cépha- 
lopodes en particulier manquent entièrement. M. Ooster à bien voulu 
s'occuper à étudier ee qui a été recueilli. Le résultat de ses déter- 
minations n’est pas très-concluant, vu le petit nombre d'espèces 
distinetement reconnaissables. Il paraïtrait cependant, que le gise- 
ment présenterait une réunion de fossiles des trois étages du lias, 
à peu près comme M. Brunner l’a remarqué dans la chaîne du 
Stockhorn. 


Voici la liste fournie par M. Ooster : 
Pholadomya ventricosa? (d’Orb.)  Sinem. N° 74 du Prodrome 


Cardinia hybrida? (Ag.) » 87 de d'Orb. 
Pinna Hartmanni? (Ziet.) » 115 diet 
Lima Gueuxü? (d'Orb.) » 120 » 
Perna Hagenowi? (d'Orb.) » 128 » 
Pecten Sabinus? (d'Orb.) OURS 1352 » 
Ostrea ou Plicatula Oceani? (d'Orb.)  » 138 » 
Spiriferina verrucosa? (d'Orb.) » 151 » 
Pholadomya Urania? (d'Orb.) Liasien 143 » 
Mytilus scalprum? (d'Orb.) » 193 » 

»  Hillanus? (d'Orb.) » 195 » 
Lima punctata? (Desh.) » 198 » 

»  Hermanni. (Voltz) » 199 » 

»  alternans? (Rômer) » 203 » 
Pecten disciformis. (Schübler) » 210 » 
Plicatula spinosa? (Sow.) » 215 et Sin. n° 137 
Ostrea cymbium. (d'Orb.) » 217 Prod. d'Orb. 

»  trreqularis. (Münster). » 219 » 


Terebratula lampas. (d'Orb.) Ù 231 » 


_ FT 


VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG. 221 

Avicula ou Pholadomya pm Toarcien 4155 Prod. d'Orb. 
Pholademya compta? (Ag.) » 157 » 
Lucina plana? (Zieten.) » 199 » 
Lima gigantea (Desh.) » 221 » 
» _electra? (d'Orb.) » 223 » 
Inoceramus amygdaloides? (Goldf.) » 245 » 
ou undulatus? (Zieten.)  » 242 » 
Plicatula Neptuni? (d'Orb.) » 295 » 
Orbiculoidea refleæa? (d'Orb.) » 273 ) 


Turritella? Pecten. Lithodendron? Cidaris? 
Chondrites Bollensis divaricatus? (Kurr., tabl. HE, fig. 6.) 


€ —— 


NOTE SUR LES VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG (GRAND-DUCHÉ 
DE BADEN). 


Par M. A.-F. Fol. 
(Séance du 18 février 1857.) 


Dans le voisinage des célèbres carrières d'Oeningen se trouve une 
ferme isolée dont le nom doit être maintenant de quelque importance 
depuis que M. le professeur Heer y a découvert un nouveau gise- 
ment de fossiles. Ce n’est pas le nombre des espèces végétales qui 
doit attirer en ce lieu l’attention du paléontologiste, mais la disposi- 
tion véritablement très-singulière des débris de plantes et d'arbres. 
Il n'y à dans cette localité que peu d'espèces que l’on ne retrouve 
pas à Oeningen; en revanche, dans une excursion que j'eus l'hon- 
neur d'y faire avec M. le professeur Heer, nous y avons trouvé 
deux espèces entièrement nouvelles pour la science et dont l’une se 
rapporte au genre Salvimia. 

Les fossiles sont engagés dans des marnes tertiaires tendres et 


bleuâtres, inférieures aux couches à fossiles d'Oeningen, leur conser- 


vation est parfaite et permet un examen très-complet des nervures 
des feuilles, caractère qui a reçu des travaux de divers savants une 
importance toute particulière. Les marnes tertiaires de Schrotzburg 
sont d'une épaisseur d'environ cinq mètres et divisées en un grand 
nombre de lits d’une épaisseur de quatre à cinq centimètres; et les 
végétaux, loin d’être entassés sans ordre apparent sur toute la 
hauteur de ces couches, sont au contraire régulièrement disposés 
par saisons ; chaque lit de quatre à cinq centimètres correspond à 
une saison et est caractérisé par les organes propres à chaque épo- 
que de l'année. C’est ainsi que l'on trouve les lits d'automne carac- 
térisés par les fruits; ceux d'hiver par les feuilles grandes et rou- 
geâtres, ceux d'été par les fleurs de la plus grande délicatesse, comme 
des fleurs de saule; et ceux du printemps par des feuilles jaunes, 
peu développées, de jeunes tiges et des bourgeons. 


2292 VÉGÉTAUX FOSSILES DE SCHROTZBURG. 


La succession de ces couches est souvent très-singulière; cepen- 
dant il manque quelquefois une saison; l'hiver manque rarement, 
l'été ne se rencontre pas si fréquemment. 

Les couches d'été nous ont donné des fleurs appartenant aux 
espèces suivantes : Salixz Lavateri, Heer: Cinnamomum Scheuch- 
zeri, Heer; Cinnamomum polymorphum, À. Br. sp.; les fleurs du 
Salix Lavateri sont admirablement conservées si l’on a égard à leur 
fragilité naturelle. 

Les couches d'automne contenaient les fruits appartenant aux 
espèces : Liquidambar Europœum, A. Br., var. trilobatum, Cin- 
namomum Scheuchzeri, Heer; Cinnamomum polymorphum, À. Br. 
sp.; Acer pseudocampestre, À. Br., et Salix Lavateri, Heer. 

Les couches d'automne et celles d’été renferment des feuilles ou 
des débris appartenant aux espèces suivantes : 


Salvinia.…… (espèce nouvelle). | Planera Ungeri, Ettingsh. 
Aspidium Meyeri, Heer. Laurus princeps, Heer. 

Sabal major, Ung. sp. Persea speciosa, Heer (ces deux 
Typha latissima, À. Br. espèces très-bien conservées). 


Potamogeton Bruckmanni, À. Br. | Vaccinium acheronticum, A. Br. 
Liquidambar europæum, var. tri-| Diospyros brachysepala, À. Br. 


lobatum, À. Br. Acer trilobatum, À. Br. 
Populus latior, À. Br. » var. tricuspidatum, A. Br. 
»  mutabilis, var.ovalis, H. sp. 
»  mutabilis, var. oblonga,| »  pseudocampestre, À. Br. 
Heer. Sapindus falcifolius, À. Br. 

»  glandulifera, Heer. Juglans acuminata, À. Br. 
Salix angusta, À. Br. Acacia. (espèce non déterminée) 
» media, À. Br. Podocarpium Knorrü, À. Br. 

»  Lavateri, Heer. Cinnamomum Scheuchzeri, Heer 

» _elongata, Weber. (en grande abondance). 
Carpinus pyramidalis, Güpp. Cinnamomum polymorphum, A. 
Ulmus minuta, Güpp. Br. sp. 


Platanus aceroides, Güpp. 


Outre ces espèces, il y avait des débris qui semblent se rapporter 
sans qu'on puisse l’affirmer complètement aux espèces : Physagenia 
Parlatori, Heer: Ulmus parvifolia, À. Br., et aux genres Porana, 
Quercus. 

Me serait-il permis de hasarder une conjecture sur la durée de la 
formation de ce dépôt? Nous avons vu que chaque lit correspondait 
à une saison. Or, il y a environ 410 à 415 de ces lits, formant une 
épaisseur de cinq mètres et représentant une période de 28 années, 
en admettant quatre lits par an, de même qu'il y a quatre saisons. 
Cette couche de marne est elle-même située entre deux lits de sable 
fin, ayant tous deux près de trois mètres de hauteur. Au-dessus du 
lit de sable supérieur vient un dépôt de conglomérats tertiaires de 
deux mètres environ, puis d’abondants dépôts d’alluvions modernes. 


it : smbmtr tdi EDR 


GÉOMÈTRES SUISSES. 2923 


Je ne veux pas donner à ce calcul plus d'importance qu'il n’en mé- 
rite, mais j'ai cru devoir appeler sur ce fait l'attention des géologues 
qui sauront peut-être en tirer des conséquences utiles pour l’étude 
de la formation molassique de la Suisse. 

Je terminerai en exprimant le désir que les géologues qui visitent 
les riches carrières d'Oeningen ne négligent pas de se faire conduire 
dans les ravins situés au-dessous de la ferme de Schrotzhurg, qui 
n’est pas éloignée de plus d’une heure et demie du village d'Oeningen. 
Ils pourront vérifier eux-mêmes les détails que j'annonce aujour- 
d’'hui et découvrir sans aucun doute des espèces sinon nouvelles. 
pour la science, du moins nouvelles pour notre flore helvétique. 


Zurich, 3 février 4857. 


—_—<“S=— 


SUR QUELQUES GÉOMÈTRES 
RARES EN SUISSE OU SOUVENT MÉCONNUES. 


Par M. 3. Delaharpe, D’. 
(Séance du 18 février 1857.) 


La rédaction de la Faune suisse pour laquelle j'ai dû préparer 
la tribu des Phalénides (Lepidoptères) m'a fourni l’occasion de faire 
connaissance avec plusieurs insectes rares ou généralement mal 
déterminés dans les collections. Quelques mots sur leur synonimie 
et leur caractéristique ne seront donc pas hors de propos. 

1. Acidalia (Larentia, H. S.) coraciata et Larentia psittacata , 
Treit. 

Hübner fit connaître le premier par sa figure 278 , table 54, une 
géomètre qu'il nomma coraciata, Treitschke (die Schmetterlinge von 
Europa, 6° vol. 2° part. p. 48), la décrivit d’après un petit nombre 


d'exemplaires provenant, dit-il, de Styrie. Il ajoute que la figure de 


Hübner laisse beaucoup à désirer; en effet, cette figure est très- 
grossièrement exécutée. Herrich-Schäffer (Revision von J. Hübner. 
Geomet. p. 170, n° 179) explique la chose en disant qu'elle a été 
faite d’après un mauvais dessin de Hochecker de Strasbourg. Du- 
ponchel, dans son Histoire des Lepidoptères de France, décrit (t. 8, 
4" part. p. #20, pl. 199) la même géomètre; la figure qu'il en donne 
ne laisse rien à désirer. Cependant en publiant son Catalogue des 
Lépidoptères d'Europe (p. 255) il dit, en note, à l'occasion du même 
insecte : «il serait très-possible que cette espèce ne fût qu'une va- 
riété plus pâle et plus grande de psittacata. » Ce doute ne provenait 
pas de son propre fond, mais de l’assertion émise par Fischer de 
Rôslerstamm, dans ses études sur les Microlepidoptères. Ce dernier 
entomologiste écrivait (Microlepid. p. 51) après la publication de 
l'ouvrage de Duponchel et en parlant de la Larentia psittacata 
W. V.:4« à cette espèce se rattache, comme une variété peu rare en 


224 GÉOMÈTRES SUISSES. 


certaines contrées, Acid. coraciata, Tr. Celle-ci a les ailes anté— 
rieures un peu plus larges, sans mélange de couleur de rouille et de 
brun foncé, et les postérieures plus claires. Non seulement je l'ai 
souvent élevée de chenilles provenant de psittacata ; mais encore je 
l'ai prise, ainsi que d’autres entomologistes, mêlée avec cette dernière, 
et mes exemplaires correspondent parfaitement avec ceux décrits par 
Treitschke sous le nom de coraciata. Cet auteur devait y voir une 
espèce différente, parce que la variété coraciata ne se trouve pas 
dans les environs de Vienne, comme la variété foncée ordinaire, 
quoique ailleurs la première soit plus fréquente que la dernière. 
Borkhausen fait déjà mention de plusieurs variétés de psitacata, 
parmi lesquelles paraît se trouver coraciata. D'après ma conviction, 
bien fondée en ce cas, j'estime qu'il faut donc rayer coraciata du 
nombre des espèces. Si cependant la figure 278 de Hübner devait 
en réalité représenter notre variété claire de psittacata, il faudrait 
convenir qu'elle y réussit fort mal. » 

Il était en effet dificile qu’une opinion énoncée en termes si po- 
sitifs, par un observateur attentif, scrupuleux et dont l'habileté ne 
pouvait être mise en question, ne fit pas naître des doutes dans l’es- 
prit de Duponchel. Remarquons cependant que ce dernier se borne 
à émettre des doutes et n'accepte pas autrement l’assertion de Fischer. 

Après Duponchel, Boisduval, dans son /ndex methodicus, n° 1668, 
énumère aussi coraciata, Hub. 278, en ajoutant : an var. prœce- 
dent. ? 

Lorsque je publiai dans les mémoires de la Société helvétique 
des sciences naturelles (2° sér., vol. XII) l'énumération des géomè- 
tres faisant partie de la faune suisse, j'indiquai coraciata, Hub. comme 
synonime de psittacaria (n° 302), ajoutant que l'identité des deux 
formes ne me paraissait pas suffisamment établie et que ce point 
restait à éclaircir. Je n'âvais alors sous les yeux que des individus 
de psittacaria dans lesquels la bande muyenne, d'un vert mêlé de 
brun, est bordée de part et d'autre par un ruban plus clair taché de 
blane et de fauve; puis la variété plus claire chez laquelle le blanc 
envahit une bonne partie des deux rubans. Il y avait encore loin de 
cette dernière à la figure 278 de Hübner. 

Dans le volume suivant des mémoires de la Société helvétique 
parut (page 145) mon second supplément aux Phalénides suisses. 
J'avais pu voir alors, dans la collection de M. Couleru de la Neu- 
veville, un individu où le blanc des deux rubans s'était étendu à 
toute leur longueur. Comme il ne pouvait être séparé de psittacaria, 
j'en conclus, avec les auteurs cités, qu’en effet les deux espèces n'en 
devaient former qu'une. Telle était ma manière de voir lorsque je 
reçus de M. Ott, à Meyringen, deux individus, mâle et femelle, de 
la vraie coraciata de Hub. Il était évident, à première vue, qu'il ne 
pouvait être question pour eux d’une variété de psittacaria. Ce 
n’était plus un simple changement de teintes, ni une modification 
dans les dimensions; le dessin lui-même était différent et les carac- 
tères spécifiques n'étaient plus les mêmes. Je reconnaissais d’une 


: GÉOMÈTRES SUISSES. 2925 


part que le dessin de Hübner, tout mauvais qu'il était, avait bien 
été pris sur l'espèce que j'avais sous les yeux, et de l’autre que Fis- 
cher v. R. avait été induit en erreur par des variétés de psittacaria, 
tandis que Duponchel avait réellement pris sa figure sur la vraie 
coraciaria. 

Cette assertion n’était même pas aussi opposée aux paroles de 
Fischer. v. R. qu’elle pouvait le sembler. Cet auteur s'appuie en 
effet essentiellement sur la description de Treitschke et non sur la 
figure de Hübner, qu’il envisage comme trop mauvaise pour motiver 
une application. Or Treitschke qui avait placé psittacata dans son 
genre Larentia, s’occupait peu de la différencier de coraciata, dont 
il faisait une Acidalia ; tandis qu'il avait surtout en vue de distinguer 
celle-ci de frustrata placée tout à côté d'elle. Cette préoccupation de 
Treitschke est facile à comprendre pour qui compare ces deux der- 
nières espèces. Fischer v. R. connaissant la fidélité des dessins de 
Hübner , alors même qu'ils sont mauvais, avait malheureusement 
accordé plus de confiance à une description très-abrégée et mcom- 
plète, qu’à une figure exacte mais mal coioriée. Voici du reste quelles 
sont les différences qui caractérisent coraciaria, psittacaria et frus- 
traria. 

Coraciaria, par sa taille, sa forme et son dessin rappelle le 

groupe de cæsiaria, cyanaria, infidaria (Ph&syle, Dup.), tandis que 
psittacaria se place tout auprès d’elutaria et d'impluviaria.Coraciaria 
peut cependant servir à former le passage de l’un des groupes à 
l’autre; car la bande médiane est plus contournée sur ses deux bords 
que celle de cæsiaria. Frustruria, à part les antennes , reproduit 
entièrement ablutaria, Bdv. — Le vert des ailes supérieures de 
coraciaria diffère toujours de celui de psittacaria et de frustraria. 
Dans la première il offre une teinte grisâtre ou vert-de-gris, dans les 
variétés claires de la seconde il passe au vert bleuâtre en se rap- 
prochant des teintes de miaria, dans la troisième on observe cons- 
tamment dans le vert un mélange d'orangé. 
. L'un des caractères constant de psittacaria se tire de l'espèce de 
sinus que forme en dehors, la ban ‘e moyenne, avant d'attemdre le 
bord interne. Ce sinus , plus fortement coloré de blanc sur le ruban 
externe, est nettement tranché sur le bord foncé de la bande 
moyenne. Coraciaria et frustraria ne présentent rien de pareil. 

Les parties blanches de coraciaria sont très-pointillées de gris et 
toujours sales ; elles le sont encore davantage dans frustraria ; tandis 
que le blanc des variétés päles de psittacaria est pur et net. 

Le contour des ailes supérieures est différent dans les 3 espèces. 
Psittacaria porte la côte fort peu arquée à sa base et légèrement 
convexe dès ce point jusqu'au sommet; le bord interne est arqué 
et l'angle abdominal très-arrondi. Frustraria a la côte droite à son 
milieu , arquée vers le sommet, à peine convexe à sa base ; le bord 
interne est très-arqué et l'angle abdominal très-arrondi. Dans cora- 
ciaria la côte est fortement arquée à sa base, presque droite au mi- 


2926. GÉOMÈTRES SUISSES. ” 


lieu, de rechef arqüée vers le sommet ; le bord interne est presque 
droit et l'angle abdominal court, presque droit. 

La bande moyenne, malgré ses variations , est encore constam- 
ment différente dans les trois espèces. Psittacaria la porte contournée, 
suivant trois directions , dirigée en dehors vers la côte, transversale 
ment au centre et de rechef en dehors vers le bord interne; nulle 
part festonnée, mais sinueuse avec des angles aigus ; d’un ‘/, plus 
étroite au bord interne, avec une éclaircie dans son milieu. Chez 
coraciaria la bande moyenne est perpendiculaire aux bords sur 
lesquels elle s'appuie, partagée dès lors en deux moitiés qui s’unis- 
sent vers le centre en formant un angle très-prononcé ; de moitié plus 
large dans sa partie antérieure que dans la postérieure; denticulée 
sur ses deux bords dans la première, festonnée dans la seconde ; avec 
un espace moyen plus clair, gris-vert, formant des anneaux vers le 
bord postérieur, portant un point cellulaire virgulaire. Dans frus- 
traria mâle , la bande moyenne est festonnée sur ses deux bords, 
forme un léger sinus du côté de la base et deux angles arrondis du 
côté de la marge; presque aussi large à ses deux extrémités ; avec 
deux éclaircies grises plus ou moins marquées au centre; un point 
cellulaire. Dans la femelle la bande moyenne se confond souvent avec 
le reste du dessin; toute l'aile est sillonnée en travers de traits noirs 
ondulés et de quelques autres blanchätres. 

Les ailes inférieures présentent encore chez les trois espèces des 
différences marquées. Psittacaria les a plus ou moins fuligineuses 
avec le bord externe plus foncé; une ligne pâle et fine, parallèle à 
ce bord; un trait noir brisé dans son milieu, souvent invisible, placé 
aux */; externes et un point cellulaire peu marqué. La ligne des 
franges est nettement tracée et continue. La frange sale, un peu en- 
trecoupée. Frustraria a les ailes postérieures d’un gris pâle, luisant, 
plus foncé vers la marge ; une ligne de lunules plus claires le long du 
bord ; souvent une légère teinte orangée entre les lunules et la frange ; 
un ruban plus clair, moyen, à peine visible ; un point cellulaire, 
petit, qui manque souvent ; enfin le long de la frange une ligne brisée 
de doubles points rapprochés, séparés par les nervures blanchâtres. 
Frange gris pâle, à peine mouchetée. — Coraciaria a les postérieures 
d'un blanc jaunâtre , sablées d’atomes gris. Allant de la marge à la 
base, on y voit : 1° une ligne droite de doubles points noirs, séparés 
par les nervures ; 2° deux zènes grises et deux zûnes claires, alter- 
nantes, parallèles à la marge ; 3° une ligne de taches grises, brisée 
à son milieu, recourbée vers le bord interne, placée aux ?/, externes 
de l'aile; 4° un point cellulaire bien marqué. 

Le dessous des ailes fournit encore de bons caractères. Dans psit- 
tacaria les supérieures sont d'un brun fuligineux avec une zône 
blane-sale, coudée dans son milieu aux ?/, externes ; les inférieures 
sont d’un roux elair pointillé de brun et marquées d’un trait brun sur 
la marge, de deux autres traits recourbés vers le centre et d’un gros 
point cellulaire brun. Dans frustraria le dessous des deux ailes est 
entièrement gris clair, luisant, marbré de gris foncé, surtout aux 


GÉOMÈTRES SUISSES, 297 


antérieures, avec le dessin du dessus à peine indiqué. Dans cora- 
ciaria le dessous est d’un blanc sale, sablé de gris, avec une ligne 
noire denticulée, formant un angle presque droit au centre de chaque 
aile. Supérieures marbrées de gris foncé sur la marge et teintées de 
noirâtre dans leur moitié interne. 

Les palpes diffèrent encore dans les trois espèces. Psittacuria à 
les palpes droits, connivents, aussi longs que la tête; le dernier 
article est caché sous de grosses écailles. Coraciaria les a un peu plus 
longs encore, avec le dernier article légèrement recourbé en bas. 
Frustraria les porte courts, fusiformes. 

Enfin la nervation des inférieures offre quelques différences. Toutes 
trois ont la cellule obliquement tronquée; plus courte dans frustraria. 
De son angle antérieur se détache une nervure qui se bifurque im- 
médiatement dans psittacaria, après un court trajet dans coriaciaria , 
après un plus long dans frustraria. 

Nos trois espèces ne peuvent guère prêter à une confusion avec 
d’autres. Le mäle de frustraria ressemble passablement à Kolla- 
riaria !, mais cette dernière a les antennes pectinées. Il parait que 
frustraria a été confondue sous le nom de muscosata Donz., avec 
ablutaria Bdv., puisque Lederer a donné le premier de ces noms 
à une forme de cette dernière. Nous en parlerons ci-après. 

Coraciaria et psittacaria ne peuvent se confondre avec aucune 
autre. 

Eubolia ablutaria Bdv. Ind. n° 1626. 


Il est peu d'espèces qui ait été plus diversement désignée que 
celle-ci, quoique , à part des teintes plus ou moins foncées et l'ab- 
sence ou la présence d’un peu de fauve, elle présente des caractères 
très-constants et très-faciles à saisir. 

Avant que Duponchel la déerivit et la figurât dans son Histoire des 
lepidoptères de France (t. VIE, 1" part. p. 190, pl. 183), par er- 
reur sous le nom d’olivaria , elle était généralement répandue dans 
les collections d'Allemagne sous celui de salicata, Hub. f. 273. — 
La figure de Hübner, très-mauvaise il est vrai, pourrait s'appliquer 
à plusieurs espèces voisines, si elle ne portait pas des antennes pec- 
tinées; ce seul caractère aurait dû lui conserver la dénomination 
de Hübner ; mais à l'heure qu'il est une autre salicaria à été intro- 
duite par Her. Schf. , et il ne serait plus possible de revenir en ar- 
rière sans augmenter inutilement la confusion qui règne à cet endroit. 
Duponchel ne tarda pas à s’apercevoir de son erreur lorsqu'il eut 
sous les yeux la vraie olivaria, et adopta la dénomination de Bois- 
duval; dès lors cette espèce porta en France le nom d’ablutaria . 
Il n’en fut pas ainsi en Allemagne : Her. Schäffer laissant de côté 
la figure 273 de Hübner, comme méconnaissable, nomma notre 
espèce Podevinaria, et la figura sous ce nom au numéro 250 de la 
Révision et du Supplément de Hübner. 


1 Kollariaria fraiche est d’un vert Lrunâtre et non brune comme l’a 
dessinée Her. Schf. 


298 GÉOMÈTRES SUISSES, 


D'autre part, M. Lederer, induit sans doute en erreur par la 
variété femelle temtée de jaune, désigna la même espèce sous le 
nom de muscosata, croyant sans doute avoir sous les yeux la mus- 
cosata de Donzel ou frustrata de Treit. 

Ce n’est pas tout, Her. Schäffer donna encore dans son Supplé- 
ment à Hübner, une figure d'ablutaria Bdv. (fig. 382, 383) sans 
s’apercevoir, semble-t-il, qu'il avait à faire avec celle qu’il avait 
figurée comme Podevinaria. Enfin il figura encore sous le nom de 
ferraria (fig. 398) une autre variété de Podevinaria qui se distingue 
par le foncé presque noir de sa bande moyenne. Voilà pourquoi cette 
espèce se trouve portée dans quelques catalogues sous deux ou trois 
noms différents. 

Au résumé : 1° ablutaria, Bdv. est la même espèce que Podevi- 
naria H. S.; des échantillons que j'ai reçus de France et que j'ai 
comparés avec la figure et la description de Duponchel ne me lais- 
sent aucun doute à cet égard. C’est par erreur que Heydenreich 
(Catalog.) la rattache à albularia. 2° Muscosaria Lederer est encore 
une Podevinaria, et c’est avec raison que Zeller (Ent. Zeit. 1849, 
p. 212) la réunit à ublutaria. 3° Il importe pour mettre un terme 
à ces divergences, de conserver la désignation de Boisduval et d’an- 
nuler Podevinaria qui lui est postérieure. 


Psodos alticolaria. Man. Catal. 


Espèce fort rare, découverte pour la première fois en Tyrol par 
M. Mann de Vienne. J'ai reçu un individu mâle, pris dans les Alpes 
bernoises par M. J. Ott de Meyringen. 

Depuis Linné jusqu’à nos jours la plupart des entomologistes ont 
attaché une grande valeur à la structure des antennes dans la elas- 
sification des Lepidoptères. Appliqué aux Phalénides par Linné, 
ce caractère ne tarda pas à faire naitre des difficultés dans la science. 
Chacun sait que les antennes pectinées emportaient la terminaison 
aria et les antennes simples celle en ata. En étudiant de plus près 
on s’aperçut aussi qu'entre les antennes pectinées et les filiformes il 
existait des intermédiaires (dans les Acidalia, les Larentia, par 
exemple). De là vint que telle espèce (salicata et saliearia, par 
exemple) se terminait en ata dans un auteur et en aria dans un 
autre. Boisduval mit fin à ces confusions en adoptant (Index) pour 
icutes les Phalénides la terminaison aria. 

Cette difficulté levée, il en survint une autre. Tout en abolissant 
la double terminaison, la structure des antennes conserva une grande 
importance, et bien des espèces très-voisines durent être jetées dans 
des genres différents uniquement à cause d'elle. Tel fat le cas en 
particulier dans les genres Boarmia, Gnophos et Psodos. Her. 
Schäffer comprit que ces divisions arbitraires nuisaient à la distri- 
bution méthodique en multipliant inutilement des genres déjà trop 
nombreux et osa réunir sous un même genre des antennes pecti- 
nées et filiformes. 


| 
| 
| 


GÉOMÈTRES SUISSES. 229 


En s’attachant à la structure des antennes on séparera avec 
Boisduval, Tephrosia de Boarmia, Ellophos de Gnophos, ete. On 
placera dans des genres différents des espèces contiguës, telles que 
furvaria, Andereggaria et limosaria ; serotinaria et glaucinaria. 
Dilucidaria que l'on ne peut distinguer de Meyeraria que par ses 
antennes et son front, subira le même sort. Voyez encore le genre 
Psodos Treiït. occuper dans Boisduval la tête et la queue de la série ; 
car torvaria est à côté de tinctaria dans les Cleogene , tandis que 
trepidaria et horridaria terminent son catalogue. 

Alticolaria Man. reproduit la dernière difficulté d’une manière 
plus tranchée encore. Elle ne diffère sensiblement de torvaria que 
par ses antennes filiformes. Ses ailes, son dessin, son facies, ses 
palpes sont ceux de cette dernière. Evidemment , ici comme en tant 
d'autres endroits de l'histoire des êtres organisés, la valeur d'un 
caractère doit se déduire bien moins de l'importance que nous at- 
tribuons en général à l'organe qui le porte, que de la fréquence ou de 
la constance de son apparition. Un caractère d’une grande valeur 
lorsqu'il s’agit d’un groupe, peut la perdre complètement si l’on 
passe à un autre. Ce résultat de l'observation est fort désagréable 
pour Messieurs les nomenclateurs; mais qu'y faire ? La nature a ses 
lois particulières, il nous sied mal de vouloir être plus habiles que 
Celui qui les a posées. 

Revenons à notre espèce : Alticolaria a le facies, la coupe, la 
teinte noire foncée de forvaria ; sa taille est un peu plus faible. Les 
quatre ailes ont un éclat soyeux, chatoyant, que ne présente pas 
torvaria. La côte, à sa naissance, est fortement arquée. Les bandes 
dessinées en noir mat sont au nombre de trois, une au ‘/. interne, 
arquée ; une seconde , rapprochée de la précédente, forme un léger 
coude brusque dans son milieu et un semblable vers le bord interne ; 
entre elles se trouve un point cellulaire. Une troisième ligne anté- 
marginale forme d'abord un angle qui s'approche de la marge, puis 
deux ondulations, jusqu'à l'angle abdominal. La frange est limitée 
par un trait foncé et par trois ou quatre taches chatoyantes vers le 


sommet. Les inférieures présentent en dessus deux bandes cha- 


toyantes occupant la moitié externe de l'aile et séparées par une 
bande d’un noir mat, ondulée. La marge est limitée par un trait noir, 
brisé et anguleux, dessinant une dentelure plus profonde en face de 
la cellule. Les franges sont d'un noir fuligineux. Le dessous est d’un 
noir luisant, avec un gros point sur la cellule des antérieures. La 
marge est bordée d'une large bande jaunâtre limitée brusquement 
en dedans par une teinte noire plus foncée; divisée en avant aux 
quatre ailes par une bandelette noire qui s’évanouit en filet et touche 
la marge, à la hauteur de la cellule. Le trait noir foncé qui limite 
les franges est très-marqué. 

Les cuisses sont très-velues. Les palpes et la tête sont couverts 
de longs poils noirs. Les antennes sont sétiformes, complètement 
noires. L’abdomen et le thorax sont noirs et semés de poils. 


230 GÉOMÈTRES SUISSES. 


Le dessin de cette espèce rappelle, à quelques égards, celui de 
Gnoph. glaucinaria, et le rapprochement des deux espèces me 
parait résulter d’un caractère plus positif encore , je veux parler de 
l'espèce de sinus que porte la frange des inférieures en face de la 
cellule chez les Gnophos, et qui se retrouve dans alticolaria. Cette 
espèce me parait former un chainon naturel entre les deux genres 
Psodos et Gnophos. La présence des poils, dans les espèces aipines, 
est en rapport avec l'habitation. 


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1,19 18,111 — 0,08] 18,19 | 28 |145 | 14 | A | 2 


en Suisse, publiés par les journaux. 
du soir. 


Î 
l 
: 
: 


|minutes, 2 heures, 4 heures et 5 heures du soir. 


du matin , avec détonation. 
du matin, secousse plus forte que la veille. 


Tableau N° 4, 
 — 


-— 


Latitude Nord . 


Longitude Est de Paris . . 


. - 46° 51 


4 47 


? 254 
7 56"6 


ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE. 


HAUTEUR MOYENNE | TEMPÉRATURE MOYENNE TANÉ RE ARE TEMPÉRATURES : Nombre de ours Guition.à 
, barométrique en millimètres , ë DATE DU MOYENNE ë me 
MOIS réduite à 0 deer & en degrés centigrades des thermomè- extrêmes du mois & | 
MS servation. = 2 Ë d lrograjihes. : : 
RE  . — — | | £ ER — a —— É = 
Le RE EEE EE Maxim], Minim. Max. | Min. 8h. | 12h. | 2n, | 4h 2 | Maxim. | Minim. Maxim. | Minim E 
Janvi 7 r£ 7 - le24 | le14 
Janvier . . . |714,14/740,78/710,19/710,67|710,70|725,18/695,99! 99.19] 14 fl 1,90] 3,70] 5,79] 5,56! 3,19] 4,59] 0,29! 2,44] 8,6 | — 9,5] 18,1 SN MSI AIR 
Syri le 8 le2 
Février . . . | 19,24] 49,26] 48,66) 18,45] 18,90] 98,5 1705.85 24,65] 25 | 20 1,68] 4,59] 5,42] 5,57! 4,51! 6,07! 0,641 53:55 41,5 | — 5,11 16,6 | 2 | 4 
maville — , le2h | le8 
Mars . . . . | 47,55] 17,15] 16,90] 46,511 47,10] 24,95! 08,65] 16,50 4 | 26 5,45| 6,22] 6,95| 7,45] 6,01! 7.9 1,591 4,741 45,7 | — 4,0] 47,7 9 3 
le25 | lel°" 
Avril 12,82) 12,59! 12,15] 41,88] 12,56] 21,68) 05,90] 17,78] 3 | 28 | 9,52] 41,60! 12,99| 12,55] 11,58] 15,93| 6,22| 9,72] 17,8 0,51 17,5 15 5 
le 28 |les 5, 4 
Mai = 15,40| 15,42] 15,51| 15,22] 15,84] 21,19) 05,65] 17,54] 19 | 46 | 10,40! 11,65| 12,84| 12,74] 11,00! 45,68| 7,511 10,49| 21,5 4,0] 20,3 | 4 | 21 2h 1 
le29 |7,8,22 
Juin 19,52] 19,25) 18,94] 18,89) 19,15] 24,50] 12,98] 14,52] 22 | 49 | 47,59) 19,52] 20,04] 19,65] 19,15] 21,02] 12,16] 16,59] 27,5 | 7,5] 20,0 10 qu LA 
le 4° | le 10 
Juillet 19,12! 18,86| 18,64| 18,46] 18,77] 25,22) 11,51] 11,71] 50 8 1 18,14] 20,45] 20,95] 21,51) 20,25] 91,95] 19,891 17,41] 27,4 6,7] 20,7 12 9 
le42 | le24 
Août . . . . | 17,58| 17,55| 16,94| 16,49! 17,09! 22,26) 01,58] 20,58] 50 | 19 | 19,59] 21,97] 22,56] 22,71! 21,66[ 25,29] 15,67| 18,48] 28,1 10,51 17,6 16 12 
le4°" | le 22 
Septembre . | 16,19] 16,04| 15,61| 15,46] 15,82] 95,15) 04,21] 20,99] 16 | 27 | 12,27| 14,50! 15,02) 15,02! 14,20] 15,88] 10,141 13,01] 25,8 se 20,5 17 5 
le10 | le5 
Octobre. . . | 22,15| 22,01| 21,70| 21,51] 21,84] 27,45] 12,55] 14,90] 22 2 9,72| 12,05| 192,15| 11,86! 11,44] 12,62] 7,98| 10,30! 18,0 3,11 14,9 AO 2 NX 
le24 | le19 
Novembre 17,55| 17,29| 46,91) 16,95] 17,12] 26,21| 01,18] 25,05] 7 | 11 4,69! 5,19| 5,24| 92,65] 2,69] 3,79/—0,01| 1,89 85 = 5,91 14,92 | 10 | 9 
le 10 e5 
Décembre 45.82! 15,76| 15,52] 15,75] 15,71] 50,271691,87| 58,40] 21 | 26 0,45| 92,59] 9,55] 9,15] 1,87] 5,09/—0,95| 1,071 41,5 | — 8,9] 20,2 | 10 | 7 | 4 
Moy d , à , = n 
nr 5 1746,99/716,67/716,29/716,191716,55|724,86|704,18] 20,68 8,82| 10,98| 11,48| 41,41] 40,67] 12,26] 5,99] 9,12] 48,14] —0,08] 18,19 | 28 |145 | 14 | A | 2 
Er 0 
Halos solaires : Tremblements de terre, en Suisse, publiés par les journaux. 
Janvier. - ee. ee ee eee 1 \ Neuchâtel, le 42 juin, à A1 heures du soir, 
LÉ ONOUS cine OT dd io oo : Schwytz, le 6 août. 
UE DÉS re | ; À : : 4 |Ceshalos étaient : ou des circonférences Soleure, id. à ; x | 
B MS tu ‘ l 1. en 9 de 22° de rayon , ou des ares plus ou Interlaken , le 8 août, à À heure 50 minutes, 2 heures, 4 heures et 5 heures du soir. 
Te A duc dt UE ONU 1 moins grands de ces circonférences. Altorf , le 12 août, vers minuit. 
FN RE 05 0 1 Viège, le 25 décembre, à 4 heures du matin, avec détonation. 
Total 15 Viège, le 26 décembre, à 6 heures du matin, secousse plus forte que la veille. 


0 


Résumé des observations météorologiques de l'année 4856, par J.MARGUET, prof.  ” 
————————.——_——____ LU 


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ÉCOLE SPÉCIALE DE LAUSANNE. 


_————2Q O0 — : 
Résumé des ehservations météorologiques de l’année 1856, par J. MARGUET, professeur. 


Février. 


Avnile ee 7,09 |79,97 | 7,19 |70,15 
HORS 0 6. 7,80 |81,45 | 7,85 | 72,19 


Juin ,.... 110,49 |70,86 110,66 
14,01 


11,99 


62,79 


Juillet . . . . [10,92 |70,42 61,59 


72,70 64,57 


Septembre. . | 8,76 | 80,85 | 9,07 |75,02 


8,58 


Octobre . . . | 7,91 | 86,64 80,40 
4,6% 


4,45 


Novembre . . 79,50 


Décembre . . 79,50 


TENSION DE LA VAPEUR D'EAU & HUMIDITÉ BEL: ATIVE 


7,22 |67,80 


7,82 | 69,69 
10,68 | 61,10 
10,72 |58,18 


11,95 | 59,54 


9,09 |70,77 
8,58 | 80,08 
4,56 |78,00 


4,14 |80,80 


7,11 71,18 
7,55 | 67,92 
10,58 0 

10,28 |55,86 110,75 | 61,46 


11,65 | 57,41 62,80 
8,87 
8,56 


4,4 


69,63 75,56 


79,60 81,68 


78,50 80,12 


4,50 |79,20 81,15 


EXTRÊMES DE L'HUMIDITÉ. 


DATE DES EXTRÊMES. 


10,06 | 5,84 


52,6 
55,9 | 29 5 


51,9 


57,8 1 5 4 28 4,3 
57,5 15 5 25 5 7,5 


51,5 1 
27,7 8 
54,5 


56,4 


Moyennes de 
l'année. . . 


Moyenne barométrique en 1855 


en 1856 


» » 


Moyenne thermométrique en 1855 


» en 1856 


715,51 } 
716,53 | 
9,99 | 
10,67 | 


Moyenne des deux années 


Moyenne des deux années. 


Thermomètre 


Baromètre. 


716,02 


10,55 


ANNÉE. 


2 MOYENNES FRÉQUENCE RELATIVE DES VENTS 
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MOIS sh 42h. 9h. kh CAEEIUÉE TENSION HUMIDITÉ RELATIVE ä TENSION HUMIDITÉ RELATIVE SR ARLO NEIL CES KE: GE RÉCENT EE 
| | NN ee NN RE ne —— 
T H.R T H.R Ill H.R ne H.n T H. ln Maxim. | Minim. Maxim. | Minim. E Maxi. | Minim. | Maxim. | Minim. E SE | S S0 | 0 
Janvier. . . . 5,5 |MAG:5 5,5 | 18,7 710197 ,A 9,9 


22,9 al 9,8 4,5 | 58,0 5,4 
2,1 2,2 1MA45,141U15,0:]" 51,2 1.29,6 


Vents. 


| Rapport de l'Ouest à l'Est 


| Rapport du Sud au Nord. 


* Quantité d'eau tombée du 16 au 31 août, 


** La neige a élé évaluée après sa conversion en eau, 


10,6 |49,90**| 459,05 


, 


—.. NT 1 ——————…———— ————————"——————————— — ——————_——————_——————_—_—_—_—_—_—_—_——— 


EAU TONBÉE 
en millimètres. 


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Neige. | Pluie. 


3,15 | 54,15 


46,15 | 29,40 


1,7 
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, archiviste. 


Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté 
leur contribution annuelle. 


Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement 
au Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. 


On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , 
à Lausanne. 


à ss 60< 


Néances de la Société vaudoise des sciences naturelles en 1857. 


Janvier 7, particulière. Mai 6, particulière. 
» 94, : id. » 20, id. 
Février 4, id. Juin 3, particulière. 
» 18 , générale. » 17 , annuelle. 
Mars 4, particulière. Juillet 4 , particulière. 
» 48 , id. 
Avril : FÉMEM GLS 
» 15, génerale. 


Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de vifle , salle 
de la justice de paix. 


Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. 


ANNONCE. 


M: BAUP offre de remettre son herbier, consistant en près de 3000 
espèces de plantes suisses et exotiques , rangées suivant la méthode natu- 
relle , dans du papier blanc, en fascicules avec cartons et courroies , avec 
une presse portative et deux boîtes à botaniser, pour le prix de 250 fr. 


—XKXEXDS— 


2 dé ie 


=. 4 * 
RÉ ct don cé 


BULLETIN 


SOCIÉTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 
TOME V. — BULLETIN N° 41. 


PRIX : 3 fr. 25 c. 


SR nd: sn EL‘ 


LAUSANNE. 


IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


Octobre 1857 


F- 


té pour 18332 : 


la Socié 


résident. 


J. De La Harpe, secréta 


ire. 


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, vice 


issier. 


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Bureau de 


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Tome Y. res” N° 41. 


SOCIÉTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


— 0 465 0——— 


PROCÈS-VERBAUX. 


Séance du 5 mars 1857. — Le Secrétaire donne lecture d’une 
notice de M. S. Baup qui résume un mémoire sur les cyanures ar- 
gentico-potassique et sodique, présenté, il y a deux ans, par ce 
chimiste, à la Société helvétique réunie à la Chaux-de-Fonds. 
(Voir les mémoires.) 


M. Ph. Delaharpe fait à la Société, au nom de M. Jaccard du 
Locle, une communication sur les déplacements qu’a subis la mo- 
lasse dans le Jura par suite des soulèvements et des plissements de 
terrain, postérieurs à sa formation. (Voir les mémoires.) 


Le Secrétaire donne lecture d’une notice de M. À. Forel sur une 
nouvelle espèce de Delphax (hemiptères) qu’il nomme asiracoïdes. 
Il y joint la description et la figure du Jassus punctulatus, Forel, 
aussi nouveau. (Voir les mémoires.) 


M. Zollikofer présente à la Société un petit bloc erratique qu'il 
pense appartenir au calcaire bitumineux miocène, et qui présente un 
oli parfait et général avec des stries. Ce bloc a été déterré, avec 
Déioun de cailloux également bien polis et striés, dans le ravin 
de l’Ass, près Nyon, où il gisait dans la boue glaciaire bleue. Quoi- 
que la position de cette boue, par rapport au diluvium ancien, ne soit 
pas très-évidente, il y a tout lieu de croire qu'elle se trouve sous 
cette dernière formation , comme cela se voit très-bien de l’autre 
côté de Nyon, au Boiron et surtout à l’Aubonne. M. Zollikofer 
rofite de l’occasion pour parler de la disposition des couches qui 
orment les berges diluviennes de Nyon, disposition qui montre clai- 
rement que ce sont des cônes torrentiels dont les terrasses indiquent 
les anciens niveaux du Léman. 


232 SÉANCE DU 18 MARS 1857. 


M. Ph. Delaharpe ajoute que ce poli ne peut être expliqué par 
les frottements de la glace; qu doit l'être par celui des marnes 
glaciaires en mouvement, car les creux mêmes du bloc sont polis. 


M. Zollikofer rectifie une communication qu’il fit dans la séance 
du 7 janvier 1857. La vertèbre atlas trouvée dans le lac de Moos- 
seedorf, près d’'Hoffwyl, par MM. Jahn et Uhimann, n’appartient pas 
à un hippopotame; mais bien, selon l'observation de M. Pictet, 
professeur, au cerf à bois gigantesque. Il faudrait done admettre que 
ce cerf, contemporain de l'ours des cavernes, a vécu en même temps 
que l’homme *. 


La Société reçoit dans cette séance : 


De la Société pour l'avancement des sciences naturelles de Fri- 
bourg en Brisgau : Berichte, etc. , n° 16; novembre 1856. 


Séance du 18 mars 1857. — M. Bischoff place sous les yeux de 
l'assemblée un fragment de tige ligneuse d’Aristolochia sypho dont 
les fibres longitudinales ont été désagrégées par le seul fait de la 
torsion de la tige grimpante s’enroulant. Les fibres ont glissé les 
unes sur les autres, ensorte que le tronc se trouve formé par un 
faisceau de lames concentriques tordues en spirale. 


M. Guillemin présente un tableau graphique de réduction qui 
permet de faire sans calcul et avec une seule ouverture de compas, 
la réduction des anciennes mesures aux nouvelles. Ce procédé n’est 
applicable qu’à des mesures de capacité (ou autres) qui ne diffèrent 
pas trop les unes des autres. 


M. Ph. Delaharpe montre quelques planches appartenant à une 
livraison de la faune fossile de M. Ô. Heer, qui doit paraître inces- 
samment. Ces planches sont consacrées principalement aux genres 
Acer, Rhamnus, Cornus, Nymphea, Apeiba. 

Le même membre entretient la Société des tentatives qu'il a faites 
pour donner de la consistance aux fragments d’ossements fossiles dé- 
couverts dans la sidérolitique du Mauremont. Le meilleur moyen, 
dit-il, consiste à leur restituer leur gélatine, comme on l’a d’ailleurs 
pratiqué en Angleterre et en France. Il faut plonger les fragments 
dans une solution de colle forte, de manière à les en imprégner for- 
tement. Il a pu conserver et dégager, en usant de ce procédé, une 
petite carapace de tortue très-friable , trouvée dans le lignite dur de 
Belmont. 


1 Depuis la rédaction du procès-verbal, la Rédaction a reçu de M. le 
professeur Troyon divers renseignements relatifs à l'os dont il est ici 
question. Ces renseignements, vu leur importance, se trouvent consignés 
plus bas, dans les Mémoires. 


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à À 
séANCE DO 1°" avriz 1857. 233 


M. Rambert, professeur, communique à l’assemblée les modifi- 
cations qu'a subie, depuis quelques années, la flore des environs de 
Lausanne à l'endroit du genre Viola, ensuite des travaux de M. 
Jordan de Lyon. (Voir les mémoires.) 


M. le professeur J. Marguet dépose sur le bureau le résumé des 
observations météorologiques faites à l'Ecole spéciale de Lausanne 
pendant l’année 1856. Il donne , à cette occasion, quelques rensei- 
gnements sur la disposition de l'observatoire de l'Ecole‘. 


Depuis la dernière séance , la Société a reçu : 


4. De M. Dutoit, membre de la Société : Théorie des intérêts 
composés infinitésimaux, broch. (Extr. du Bulletin de la Société, 
n° 40. 1857.) 


2. De la Société d’émulation libre du Doubs : Mémoires de, es 
2° série, 7° vol. 1855 ; 3° série, 1° vol. 1856. 


3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin de la 
séance du 6 février 1857. 


&. De la Société des sciences naturelles de Cherbourg : Mémoires 
de, etc., 3° vol. 


Séance du 1° avril 1857. — M. Bischoff, caissier, annonce que 
la caisse de la Société est en arrière de 500 francs, formant un dé- 
ficit sur l'exercice de 1855-1856. Il propose, pour combler ce 
déficit, que la Société s'adresse au Conseil d'Etat pour venir à son 
aide; puis aussi que l’on examine s’il n’y aurait pas lieu d'élever la 
contribution annuelle. 

L'assemblée décide , après délibération : 1° de charger le Bureau 
de s'adresser au Conseil d'Etat, au nom de la Société, pour en obtenir 
une subvention ; 2° de renvoyer à l'examen du Bureau la question 
de l’élévation de la contribution annuelle, afin qu’il formule un 
préavis. 


Le Président fait la proposition d'échanger les Bulletins de la 
Société contre les publications de la Société des sciences naturelles 
des Grisons. Cet échange est adopté. Le Président écrira en consé- 
quence. 


M. L. Dufour, professeur, entretient la Société de nouvelles 
recherches sur les modifications qu'éprouve l’aimantation des bar- 
reaux exposés à une chaleur supérieure à 100°. Jusqu'à ce moment 
son attention ne s’était portée que sur l'influence de la chaleur au- 
dessous de 100°. Les températures qu'il a examinées vont jusqu’à 


1 Ces observations ont paru avec le précédent numéro du Bulletin. 


234 sÉANCE Du 15 AVRIL 1857. 


260° de l'échelle. Il décrit l’appareil employé. Il a trouvé que Ha 
déperdition du magnétisme ‘est en raison directe de l'élévation de 
température ; que plus le barreau est trempé dur, plus aussi son 
magnétisme résiste. Deux barreaux trempés d’abord l’un dur et 
l'autre tendre, puis, le second dur et le premier tendre fournissent 
toujours la même échelle de déperdition de magnétisme. Les bar- 
reaux trempés dur par une température de 250° perdent 0,910 de 
leur magnétisme ; ceux trempés tendres 0,946. Aucune formule ne 
représente ces variations. En construisant une courbe, sur ces don 
nées on trouve qu'à 300° leur magnétisme doit être détruit. Lorsqu'on 
laisse refroidir ces barreaux, ils reprennent une partie de leur magné- 
tisme '. 


M. Renevier donne quelques renseignements sur l’origine des 
fossiles d’eau douce du Jura que M. Jaccard, du Locle, a adressés à 
M. Ph. Delaharpe. (Voir les mémoires.) 


M. Michel observe qu’en s’attachant à l’aspect seul, les fossiles 
marins envoyés par M. Jaccard paraissent appartenir au corallien. 


M. Delaharpe, fils, ajoute que les observations que vient de pré- 
senter M. Renevier termineraient les discussions soulevées par les 
géologues sur la place que doit occuper le terrain d’eau douce qui 
recouvre le Portlandien dans le Jura. 


Depuis sa dernière réunion , la Société a reçu : 


A. De la Société géologique de France : Bulletin de, ete., t. XIE, 
f. 78-80. Juillet 1856. 


2. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin du 20 
février 1857. 


Séance du A5 avril 1857. — M. Benjamin Chausson, présenté 
par M. L. Dufour, est reçu membre ordinaire de la Société. 


Le Président communique l'extrait d’une circulaire adressée à la 
Société par M. Wagner de Philadelphie, dans laquelle celui-ci recom- 
mande à l'attention des Sociétés savantes l’Institut libre de cette ville, 
fondé dans le but de favoriser les échanges scientifiques. La commu- 
nication est renvoyée au Bureau pour examen et préavis. 


Le Secrétaire donne lecture de deux notes adressées à la Société 
par l’un de ses membres, M. Fol, à Zurich. La première rend compte 
de recherches analytiques faites sur un Bobnerz exploité dans le 


1 Le champ de travail exploré par M. Dufour s'étant considérablement 
agrandi dernièrement, l’auteur se trouve dans la nécessité de retarder 
la publication de ses recherches jusqu'au moment où elles seront com- 
plètes. (Réd.) 


séance pu 6 mai 1857. 235 


grand duché de Baden; la seconde donne les résultats de l’analyse 
chimique d’un minerai de cuivre provenant des Houches (vallée de 
Chamonix). (Voir les mémoires.) 


M. L. Dufour entretient la Société de l’observation des images 
stéréoscopiques et de quelques remarques intéressantes auxquelles 
elles donnent lieu. (Voir les mémoires.) 


M. Zollikofer présente un travail hydrographique sur le delta du 
Pô. (Voir les mémoires.) 


M. S. Chavannes rapporte qu’il a observé dans les moraines au- 
dessous de Monthenon, coupées par la voie ferrée , des traces de 
fissures et de petites failles remplies par du sable. L’inclinaison 
très-forte des couches devraient-elle être ici le fait d’un soulèvement 
qui aurait aussi produit les fissures et les failles ? 


M. Delaharpe, père, pense que ces phénomènes trouveraient plus 
aisément leur explication dans l’affaissement des moraines déposées 
et dans les érosions produites dans leur intérieur même par les eaux; 
il cite à l'appui l'existence d’une excavation vaste trouvée au centre 
de la moraine qu’a étudiée M. Chavannes. 


M. Ph. Delaharpe a observé dans la même localité des traces évi- 
dentes d’affaissement sur des couches horizontales. 


Dans cette séance , la Société reçoit : 


De la Société des sciences médicales et naturelles de Malines : 
Mémoires de, ete., 12° année. 


Séance du 6 mai 1857. — Sur le rapport du Bureau la Société 
décide : 

1° Que le projet de lettre au Conseil d'Etat, tel qu’il est rédigé, 
sera adressé à cette autorité pour lui demander une subvention en 
faveur de la Société. 

2° Que la proposition relative à une augmentation de l'indemnité 
annuelle des sociétaires portée à 8 francs au lieu de 5 francs, sera 
soumise à l'assemblée générale d'Yverdon. 

Avis en sera donné dans la circulaire de convocation. 

Les autres propositions relatives au Bulletin sont écartées. 

3° Qu’it ne sera pas donné suite à la demande d’échange faite par 
M. Wagner à Philadelphie. 


M. Victor Cérésole, présenté par M. S. Chavannes, est admis mem- 
bre ordinaire de la Société. 


M. Ph. Delaharpe place sous les yeux de l'assemblée une superbe 
machoire inférieure, complète, d’Anthracotherium magnum trouvée 
dans les lignites de Belmont. 


236 SÉANCE DU 20 mai 1857. 


M. S. Chavannes entretient la Société d’un singulier phénomène 
d'optique qu'il ne sait comment expliquer. En marchant sur une 
grande route, le dos tourné au soleil et portant sa canne devant 
lui, l'ombre portée de sa canne se projetait en foncé sur celle de 
son corps , et l'ombre de sa canne se brisait au point où elle cessait 
d'être éclairée par le soleil; le brisement se voyait tantôt d’un côté 
tantôt de l’autre, suivant l'œil avec lequel il la considérait. 

Ce fait trouve sans doute son explication dans un reflet de lu- 
mière projetée sur l'ombre du corps par le corps de l'observateur 
lui-même, qui portait peut-être des vêtements de couleur claire. 
(Rédaction.) 


M. L. Dufour continue l'exposition de ses recherches sur l’in- 
fluence de la chaleur sur les barreaux aimantés. (Voir séances des 
21 mai, 18 juin, 3 décembre 1856 et 1° avril 1857.) 


Dans cette séance, la Société reçoit : 


1. De M. le professeur L. Dufour : a) Note sur les images par 
réfraction à la surface du lac Léman, broch. (Extr. du Bulletin de 
la Société.) — b) Sur l'intensité magnétique des aimants au-dessus 
de 100 degrés. (Extr. de la Bibliothèque universelle. Avril 1857.) 


2. De l’Académie royale de Munich : a) Gelehrte Anzeige, v. 43. 
— b) J. N. von Fuchs, Denkrede, von Cobel. Munich 1856. — 
c) Ueber den Begriff und die Stellung des Gelehrten, von v. Tiersch. 


3. De la Société géologique de France : Bulletins, tome XII, 
2° série, f. 20-30. (Février-avril 1856.) 


&. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletins du 20 
mars et du 3 avril 1857. 


5. De la Société des sciences naturelles de Coire : Jahresbericht, 
etc., n. Folge [. an. 1854-55. IL. an. 1855-56. 


Séance du 20 mai 1857. — M. Bischoff communique à la Société 
les recherches qu’il a faites pour déterminer la constitution atomique 
de l’hespéridine et de l'hespérétine; il annonce que l’ononine à la 
plus grande analogie avec la première. (Voir les mémoires.) 


Le même membre met sous les yeux de la Société un échantillon 
de papier parcheminé par le procédé de M. E. Gaine, c'est-à-dire 
par l'immersion dans l'acide sulfurique. Ce nouveau produit est 
remarquable par sa solidité. 


M. Cérésole présente quelques feuilles fossiles recueillies dans la 
molasse de la Borde, près Lausanne; elles appartiennent aux genres 
palmier, chêne et canellier. 


>». tn ne 


SÉANCE DU 3 JUIN 1857. 237. 
M. J. Delaharpe donne quelques détails sur l’enlèvement de la 


graisse qui gâte certains lépidoptères dans les collections. (Voir ls : 


mémoires.) Îl ajoute quelques mots sur un mode simple de clore 
hermétiquement les cadres d'insectes. ° 


M. L. Dufour entretient la Société de la formation du volcan du 
Jorulo, d'après les faits qu'il a entendu exposer devant la Société de 
physique de Genève par M. de Saussure, récemment arrivé du 
Mexique. 


M. Zollikofer en prend occasion d'exposer de quelle manière les 
volcans de l'Amérique centrale se sont formés, d’après les obser- 
vations de Humbold. 


M. Ph. Delaharpe rapproche les faits cités par M. L. Dufour, 
relatifs à l'influence des émanations sulfureuses des volcans du 
Mexique sur la végétation ambiante , de faits analogues observés en 
Angleterre près des usines de cuivre. Les anglais prétendent que la 
destruction des végétaux est le fait de l'arsenic vaporisé et non du 
soufre ‘. 


M. Ch. Gaudin raconte une visite qu'il a faite , il y a peu de se- 
maines, aux fabriques d'acide borique de l'Etrurie et aux Maremmes 
de Toscane. (Voir les mémoires.) 


Dans cette séance, la Société reçoit : 


1. De M" la comtesse de Rumine : 0. Heer ; flora tertiaria hel- 
vetiæ, 6"° livr. 


2. De la Société royale de Londres (royal Society) : Procedings, 
ete., vol. 8, n°* 21, 22. 


3. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Mémoires et 
comptes rendus. 1855, juillet à décembre. 1856, janvier à mars. 


&. De la Société des sciences naturelles de Zurich : Vierteljahres- 
schrift, 1" année, n° 1-4. 2° annnée, n° 1. 


i a De l’Académie de Stanislas (Nancy) : Mémoires, etc., année 


Séance du 3 juin 1857. — Le Secrétaire annonce qu’en réponse 
à notre demande de subvention, le Conseil d'Etat a adressé à la 
Société un bon de peux cents francs. Des remerciements ont été 
adressés à cette autorité et le bon a été remis au caissier. 


1 Dans le Harz les émanations arsenicales qui s'élèvent des fourneaux 
où l’on fond le minerai d'argent sont très-fortes et s'étendent souvent au 
loin, sans que la végétation en souffre. (Réd.) 


@,… - ; ; £ 
; ture du verre en réduisant une dissolution alcaline d'argent par le 


. 2238 SÉANCE DU 3 JUIN 1857. 


2 € k . . » 
. M. Bischoff fait en présence de la Société l’expérience de l'argen- 


"sucre; il rappelle la nouvelle application de ce procédé pour la 
fabrication des miroirs, eoncave, de peu de poids, d’un poli parfait 
et d’une puissance de réflexion considérable. 


M. L. Dufour ajoute que le procédé déerit par M. Bischoff four- 
nira un moyen d'obtenir, sans trop de frais, des miroirs propres 
aux réflecteurs des télescopes, puisque les deux surfaces du verre 
peuvent par là servir de miroir. 


M. C. Gaudin présente deux molaires de paleotherium magnum 
trouvées dans le sidérolitique du Mauremont. 

Le même membre soumet à la Société un autographe de M. Caselli 
de Florence, autographe transerit au moyen du nouveau télégraphe 
électrique que cet ecclésiastique a perfectionné et rendu tout-à-fait 
pratique. Ce télégraphe envoie et reçoit par le même fil plusieurs 
dépêches autographes à la fois et au taux d’un décimèêtre carré, soit 
500 lettres, par minute. 


M. Ph. Delaharpe rapporte que de nouveaux fossiles sont arrivés 
du terrain crétacé d’eau douce du Jura, rapporté au Purbeck par 
M. Renevier. (Séance du 1° avril 1857.) Parmi eux se trouve une 
graine de Chara qu'il faudra comparer avec celles d'Angleterre, 
afin de déterminer plus sûrement encore si l’on a dans le Jura le 
Purbeck ou le Wealdien. 

Le même membre présente deux planches lithographiées où sont 
figurés les restes de l'Anthracotherium hippoïdeum, Rutimeyer, 
trouvés par M. Morlot dans la molasse d'Aarwangen (Berne). Cette 
nouvelle espèce, décrite par M. le professeur Rutimeyer dans le 
45° volume des Mémoires de la Société helvétique, diffère à plu- 
sieurs égards de l’Anthr. magnum, ainsi que le font ressortir les 
nouvelles pièces de Rochette. Les principaux caractères qui distin- 
guent l’Anthr. hippoideum, sont : 

1° Des dimensions d’un tiers plus petites. 

2° Les 1°, 2%, 3% et 4° fausses molaires munies, à leur côté 
interne , d’un rebord dentelé, ou plutôt d'une série de petits tuber- 
cules disposés en ligne snmueuse. 

3° La première fausse molaire est droite, séparée de la canine 
par un espace de */, centimètres, tandis que chez l’Anthr. magnum 
cette dent est couchée obliquement en avant et repose immédiate- 
ment sur la canine. 

4° La branche ascendante de la mâchoire se sépare de l'horizon 
tale en formant avec elle un angle droit. 

5° La forme de cette portion de la mâchoire a plus d'analogie 
avec la portion correspondante chez le porc. 


M. Morlot expose à l'assemblée les faits qu'il a observés sur le 
eène de déjection du ruisseau du Boiron, près Morges : il y a re- 
connu les traces d’un ancien niveau du lac. (Voir les mémoires.) 


SÉANCE DU 17 sun 1857. ' 209, 
M. Gaudin met sous les yeux des membres de la Société un petit 


. Ê ME . . . k, 3 sen 
mémoire du docteur Luigi Verdiani' sur une araignée rene se 


de la Toscane, et ajoute les détails suivants : 
« Lors de la visite que j'ai faite il y a quelques jours à Volterra ; 
il était beaucoup question dans les conversations particulières des 
rogrès que fait la multiplication de l’Aranea tredecim-quttata de 
ossi, où Phalangium volterranum de Toti. Cette araignée noire et 
marquée de treize taches rouges ne paraît pas avoir été connue à 
Volterre avant l’année 1785. On suppose qu'elle y fut introduite en 
1782, alors que le manque presque total de la récolte força les ba- 
bitants à se procurer à Livourne des blés de Sicile et d'Afrique. Dès 
lors, cet animal, dont chaque femelle pond de 100 à 200 œufs, s’est 
prodigieusement multiplié sur les collines de Volterra et répandu de 
là dans plusieurs communes voisines et jusque dans la Maremme. 
Il se multiplierait bien davantage encore, si une espèce d'ichneumon 
ne détruisait environ 30 pour cent des cocons qui renferment les 
œufs. Le ragno rosso est devenu un sujet de grande terreur pour les 
paysans, qui sont souvent victimes de sa piqûre lorsqu'ils travaillent 
aux champs. Ce n’est pas sans raison, car elle est plus dangereuse 
que celle du scorpion d'Europe, et le docteur Verdiani, qui s’est 
beaucoup occupé du ragno et a été fréquemment appelé à traiter des 
cas d'empoisonnement , le regarde comme un redoutable fléau. Voici 
le diagnostic de l’empoisonnement tel qu’il le donne en abrégé dans 
Son traité : 

« Douleur brülante, intense, continue dans la partie piquée. Elle 
» se propage graduellement jusqu’à la région des lombes et dans le 
» bas-ventre. Vomissements, abaissement de la température à la 
» surface du corps, ralentissement de la circulation, contraction des 
» muscles volontaires, inquiétude fébrile, insomnie et notable dimi- 
» nution de l'impressionabilité organique. Les alcalins, les purgatifs, 
» les ligatures et les scarifications ne paraissent pas amener de sou- 
» lagement, mais le malade se rétablit ordinairement de lui-même, 
» après quatre jours de souffrance et par d’abondantes évacuations. » 


L'assemblée, sur la proposition de M. Gaudin, adopte en principe 
l'échange de nos publications avec celles de l’université de Pise. Le 
Bureau s’'entendra avec M. Gaudin pour opérer cet échange. 


Séance générale et publique du 17 juin à Yverdon. — Sont pré- 
sentés comme membres ordinaires de la Société : 


MM. Brières, Adrien, docteur à Yverdon, par M. Morlot. 
Jayet, André, avocat, v » 
de Voss, Aug., juge de paix » » 


ie sul ragno di tredici macchie , del Dottore L. Verdiani. Firenze 


«* 


LA 


. 2240 séANCE DU 1Â7 Juin 1857. 


# 


_. MM. Bujard, Auguste, pharmacien à Yverdon, par M. Morlot. 
» » 


de Guimps, Roger, 

“Correvon, Jules, » » 

Rochat, Louis-Justin, » » 

Nœff, Charles, directeur des sourds et muets à Yverdon, 
par M. Morlot. 

Masset de la Mothe, à Yverdon, par M. Morlot. 

Forel-Morin, François, à Morges, par M. Ch. Dufour. 

Béranger, Louis, pharmacien à Lausanne, par M. S. Cha- 
vannes. 

Vionnet, pasteur à la Chaux, par M. Zollikofer. 

Bollinger, Jaques, chirurgien-dentiste à Vevey, par M. 
Schnetzler. 

Humbert, Louis-Justin, à Vevey, par M. Schnetzler. 

Allamand, Louis, pharmacien à Lausanne, par M. le D° 


Marcel. 
Halket, Georges, étudiant de Londres, à Lausanne, par M. 
C. Gaudin. 
Johnson, Samuel, étudiant de Manchester, par M. CG. Gaudin. 
Belhouse, Walter, » » » 
Belhouse, Ernest, » » » 


et admis à l'unanimité par l'assemblée. 


Le Président annonce que le musée et la bibliothèque de la ville, 
ainsi que les ateliers de M. Bonzon, sont ouverts aux membres de 
la Société qui voudront les visiter. 


Le Caissier donne un résumé des comptes de la Société, d’où il 
résulte qu’à ce jour, et ensuite du don fait par le Conseil d'Etat, le 
passif de la Société s’élève à 169 francs et quelques centimes. En 
présence de ce déficit, et sachant que nos dépenses ne sauraient être 
réduites sans préjudice pour le Bulletin, le Bureau fait la proposition 
de porter la contribution annuelle des membres à 8 fr. au lieu de 5. 


D'autre part, M. Morlot, dans le même but, propose de remettre 
la bibliothèque de la Société à l'Etat, à condition que celui-ci fasse 
à la Société des avantages qui la mettent en état de balancer ses 
dépenses. Ces deux propositions sont successivement débattues. 


Pour la première, l'assemblée, après avoir écouté les explications 
données par le Secrétaire et le Caissier, décide de porter pour le 
moment la finance annuelle à 6 francs. Pour la seconde, elle vote la 
proposition de renvoyer à une Commission composée du Bureau, 
du Comité de rédaction et de MM. Wiener et Rencvier, professeurs, 
l'examen de la question. Cette Commission fera son rapport dans la 
séance générale de novembre. 


Ces décisions prises, M. Gaudin annonce de la part d’un bienfai- 
teur de la Société qui garde l’anonyme, qu'il est chargé de lui faire 


séANcE pu 47 Juin 1857. 241 


parvenir un don de 200 francs. Le Président prie M. Gaudin d'être 
auprès de ce généreux donateur l'interprète de la reconnaissance de 
la Société. 


M. le professeur Schnetzler, à Vevey, entretient la Société des pro- 
priétés de la chlorophyle de modifier l’oxigène ou l’ozone , en com- 
parant ces modifications à celles produites par l’hématine ou les 
globules sanguins. (Voir les mémoires.) 


M. le professeur Yersin, à Morges, fait connaitre les résultats de 
ses dernières expériences de vivisection sur les fonctions du système 
nerveux chez les insectes. (Voir séance du 18 juin 1856, Bulletin 
n° 39, p. 119, et les mémoires.) 


M. Zollikofer reprend et continue l'exposition de l’hydrographie 
du bassin du Pô. (Voir séance du 15 avril et les mémoires.) 


M. Morlot rapporte qu’il a observé près de Saxon, en Valais, de 
véritables dunes semblables à celles qui se forment au bord de la 
mer. (Voir les mémoires.) 


M. Ph. Delaharpe place sous les yeux de l’assemblée une ma- 
choire supérieure d'Anthracoterium, et donne quelques détails sur 
la vraie composition du système dentaire. (Voir séances du 6 mai, 
du 3 juin passé et les mémoires.) 


M. J. Delaharpe communique à l'assemblée les renseignements 
que M. le docteur Cossy lui a fait parvenir , sous forme de notes, 
sur divers phénomènes observés durant les fouilles et les travaux 
exécutés à la source thermale de Lavey, dans l'hiver dernier. (Voir 
les mémoires.) 


. M. le professeur Bischoff lit une communication de M. Fol, à Zu- 
rich, sur les résidus de la distillation du bois dans les usines à gaz 
et leur utilisation. (Voir les mémoires.) 


M. Yersin annonce qu'il a parfaitement observé la circulation du 
fluide nourricier que renferme le vaisseau dorsal des insectes par- 
faits , contrairement aux assertions de M. L. Dufour. (Voir les mé- 
moires.) 

Le même membre annonce à la Société que l’on vient de découvrir, 
dans le diluvium près de Morges, une superbe défense d’éléphant 
fossile (Elephas primigenius), qui sera déposée au Musée cantonal. 


M. C. Dufour présente au nom de son frère, M. L. Dufour, de 
Lausanne, qui n’a pas pu assister à la séance, quelques cartes mé- 
téorologiques. Ces cartes représentent la hauteur du baromètre dans 
1% stations en France et à Lausanne pendant trois séries de jours des 
mois de mai et de juin. Les hauteurs au-dessus où au-dessous de la 
moyenne sont indiquées par des traits rouges ou bleus représentant 
les millimètres, de telle façon qu'un coup-d'œil jeté sur la carte 


»>242 SÉANCE DU 17 juin 1857. 


montre immédiatement l’état de la pression atmosphérique au jour 
correspondant. 

La première série, du 2 au 41 mai, comprend 8 cartes où l’on 
voit d'une manière frappante comment la baisse s’est avancée du S 
au N et comment, pendant plusieurs jours , les points au Nord de la 
Loire sont encore au-dessus de la moyenne, tandis que ceux au Sud 
sont au-dessous. Le 7 mai, Brest, Paris, Besançon, Strasbourg, 
Meniires, le Hâvre, Dunkerke, sont encore au-dessus de la moyenne. 
Le 8, il n’y a plus que Menières et Dunkerke ; le 9, tous les points 
sont en baisse. 

La seconde série, du 20 mai au 30 mai, comprend 6 cartes et 
montre l’état des choses pendant une période de baisse générale. On 
voit que certains jours la pression atmosphérique est moins forte sur 
tout le littoral de l'Atlantique que le long du Rhin, du Jorat et des 
Alpes. 

La troisième série s’étend du 2 au 11 juin et comprend 10 cartes. 
Le 4 et le 5 juin, la pression atmosphérique est plus forte dans le 
Nord que dans le Midi. Le 6, elle est assez uniforme. Le 8 com- 
mence un mouvement de baisse qui atteint d'abord le Nord; la difié- 
rence des pressions est très-prononcée le 10 juin, où Dunkerke a 
8 millimètres au-dessus de la moyenne, et Bayonne 2 au-dessus. 

En résumé, M. L. Dufour pense que les observations météorolo- 
giques, étudiées et suivies ainsi à l’aide de cartes, peuvent présenter 
le plus grand intérêt et il se propose de continuer. Il pense que la 
météorologie arrivera à des résultats utiles et heureux en recherchant 
les lois pour l’espace, aussi bien que celles pour le temps. Les rap- 
ports entre les états météorologiques simultanés ou successifs de 
divers lieux présentent, pour le moins, autant d'intérêt que ceux 
qui ont été presque exclusivement étudiés jusqu'ici dans des temps 
successifs en un même point. 


Le Secrétaire lit une lettre de M. Berthoud, mmistre de l’Evan- 
gile à Morges, accompagnant l'envoi d'une traduction française, 
revue avec soin sur l'original, de la cosmogonie de Moïse. M. 
Berthoud, en adressant ce travail philologique, a surtout en vue 
de combattre les interprétations plus ou moins élastiques que cer- 
tains commentateurs modernes publient dans l'intention de mettre 
d'accord, à leur façon, la révélation biblique et les faits de la géolo- 
gie. (Voir les mémoires.) 


Le Secrétaire annonce qu'il a reçu de M. À. Forel, membre de 
la Société, une notice sur un nouvel hémiptère, accompagnée d’une 
figure de l’insecte. Cette notice doit accompagner celle que cet 
entomologiste a présentée à la Société dans sa séance du 5 mars 
1857 et compléter la planche qui lui est annexée. 


L'assemblée présentera à la Société helvétique, réunie cette année 
à Trogen, MM. Dutoit, professeur de mathématiques à Lausanne ; 
Zollikofer, professeur de géologie, et Guillemin, ingénieur. 


SÉANCE DU 4° JuILLET 1857. 243 


M. le docteur Delaharpe, qui se propose de se rendre à Trogen, 
est chargé d'y représenter la Société. 


Le 
Dans cette séance , la Société reçoit : 


1. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletins des 
séances du 17 avril et du 1% mai 1857. 


2. De la Société des sciences naturelles d'Arau : Tables d’obser- 
vations météorologiques faites à Arau en avril et mai 1857. 2 ex. 


3. De la Société des sciences médicales et naturelles de Malines : 
Annales, 12° année, 1855. | 


Séance du 1° juillet 1857. — La Commission des mines des 
Indes orientales (geological survey of India), à Calcutta, en adres- 
sant à la Société le premier volume de ses Mémoires, lui propose un 
échange de publication qui est accepté à l'unanimité. L’archiviste 
enverra à la Commission des mines ce qui a paru du V° volume du 
Bulletin. 


M. Moratel, présenté par M. Morlot, est reçu membre ordinaire 
de la Société. 


M. Gaudin donne lecture d’une notice sur quelques empreintes 
de végétaux fossiles provenant du terrain pliocène des environs de 
Florence. (Voir les mémoires.) 


M. Marcel décrit une espèce de vers intestinaux du Ouistiti qui 
parait nouvelle. Cette espèce appartient à la famille des Nématodes 
et au genre Ascaris plutôt qu'aux Filaires. Il a étudié neuf individus 
provenant d’un Ouistiti vivant à Lausanne; les femelles ont sept 
lignes de longueur, tandis que le mâle n’en à que quatre à cinq. (Voir 
les mémoires.) 


M. Ph. Delaharpe donne quelques renseignements au sujet des 
dépôts stratifiés de sable dans lesquels a été trouvée , près de Morges 
(voir à la séance précédente), la défense fossile d’éléphant. Elle gisait 
dans le limon pur à 23 mètres au-dessus du niveau moyen du lac, 
à 6 mètres au-dessous de la surface du sol, et à 3"67 au-dessus du 
niveau des rails. (Voir les mémoires.) 


Dans cette séance , la Société reçoit : 


1. Du Conseil des mines des Indes (orientales) (geological survey 
of India), à Calcutta : Mémoires, etc., 1°" vol. A'° part. 


2. De la Société des ingénieurs civils de Paris : Bulletin de la 
séance du 15 mai 1857. 


244 sÉANCE DU À° JuiLcer 1857. 


3. De l’Institut Smithsonien à Washington : a) Procedings of the 
Academy of natural sciences of Philadelphia, janvier-avril, 1856. 
— b) Notice of the origine, progress, etc., of the Academy of natural 
sciences of Philadelphia, by Ruschenberger, 1852. — c) List of 
foreing correspondents of the Smithsonian Institution, mai 1856. 


&. De la Société géologique de France : Bulletin de, etc., t. XI, 
fol. 81-85 ; t. XIV, fol. 1-7. 


4 


SUR LES CYANURES ARGENTICO-ALCALINS {. 
Par M. Sam. Baup. 


(Séance du 5 mars 1857.) 


Le cyanure d'argent et de potassium étant, comme on sait, très- 
employé dans les arts pour l’argenture et la galvanoplastie, il n’est 
pas sans intérêt d’en connaitre exactement la composition et les 
caractères essentiels. Dans le Traité de chimie de Gmelin ?, on lit le 
résultat d'analyses assez discordantes : 


Suivant Rammelsberg Glassford et  Napier: 
20,19 Sel a 19,28 Sel b 18,59 

Ag 52,58 53,72 51,48 

Cy 26,00 25,08 

« 99,00 95,15 


Le sel a cristallise en tables hexagonales; le sel à en prismes rhom- 
boïdaux ; la perte considérable du sel b est attribuée à un équivalent 
d’eau. à 

M. Bouilhet5 admet aussi deux variétés de ce sel; l’un hydraté, 
en petits rhomboïdes; l’autre en tables hexagonales : c’est à ce der- 
nier que se rapportent les analyses qu'il en à données. 

J'ai reconnu, qu’en effet, on obtenait par fois , avec le sel normal 
en tables hexagonales un autre sel, se déposant plus lentement 
et en petits cristaux rhomboïdaux; mais ce dernier sel n’est pas, 
comme on l'avait cru; un hydrate du premier sel; les analyses que 
J'en ai faites m'ont démontré que c'était un sel double anhydre 

sico-sodique, dont je ferai connaitre plus bas la composition. 


- À Extrait d'un mémoire inédit, lu en juillet 4855 à la section de chimie 
"de la Société helvétique des sciences naturelles. 
2 L.Gueun. Handbuch der Chemie, dernière édition, IV, 425. 
3 Annales de chimie et de physique, 3° série, XXXIV, 153. 


246 CYANURES ARGENTICO—ALCALINS. 
L2 


. 
Cyanure argentico potassique LE Ag Cy)- 

Le degré de solubilité de ce sel, dans l’eau, a été indiqué trop 
faible par MM. Glassford et Napier (dans 8 parties), je me suis assuré 
qu'il ne faut que 4,7 parties d'eau à 15° C. et seulement Æ parties 
à la température de 20 degrés pour le dissoudre ; sa solubilité aug 
mente beaucoup avec la chaleur. Il exige 25 parties d'alcool, à 85 
centièmes et à la température de 20 degrés pour se dissoudre. 

Il cristallise, par refroidissement, en lamelles disposées en feuilles 
de fougère; déposé plus lentement, on l’obtient cristallisé en tables 
hexagonales transparentes et jamais en rhomboïdes. 

Le cyanure d'argent et de potassium, lorsqu'il est pur, n’est point 
coloré par son exposition au soleil, comme l'ont avancé MM. Glass- 
ford et Napier, et comme on l’a répété dans quelques ouvrages : sa 
solution ne tache nile papier, ni même la peau. Le cyanure d'argent, 
précipité de ce sel pur, par l'acide azotique pur, est d'un blanc 
éclatant et reste tel exposé au soleil, see ou mouillé. Il n’en est pas 
de même si l’oxacide qui a servi à le précipiter contient un peu 
d'acide chlorhydrique, ou si le sel lui-même contenait des chloru- 
res; aussi cette inaltérabilité, par son exposition au soleil , fournit- 
elle un des caractères essentiels de la pureté de ces sels. 

Le cyanure argentico-potassique ne contient point d'eau de eris- 
tallisation. Pour en chasser la minime quantité d'eau interposée en- 
tre les lamelles des cristaux, il suffit de broyer le sel et de l'exposer 
ensuite à une température de 105 à 110° avant de le soumettre à 
l'analyse. 

Voici la marche qui a été suivie pour l’analyser : traitement par 
l'acide chlorhydrique, pour le dosage de l'argent; par le chlorure 
de platine pour celui de potassium; par l'acide azotique pour le cya- 
nogène (le cyanure argentique servant aussi de contrôle pour l'ar- 
gent); puis, l’évaporation du liquide contenant le chlorure de potas- 
sium pour le dosage direct de ce sel, servant de contrôle au dosage 
de la potasse par le chlorure de platine, etc. L'analyse concordant 
avec la composition théorique du cyanure d'argent et de potassium 
normal, je me borne à trancrire ici cette dernière : 


K 39,2 19,68 ‘soit Ag Cy 154 67,27 


Ag 108 54,22 K Cy 65,2 32,73 
2Cy 52 26,10 | 
199,2 100,00 199,2 400,00 
Cyanure d'argent sodico-potassique. 
Voici les résultats de mes analyses de ce sel : 
I Il III NN V 
K — 15,04  — — — 
Na — — — —. 2,76 
Ag 55,54 55,45 55,49 _ _— 


Cy EL DXAX aie °6 2680 326, unis 5 


À 
| 


- 


CYANURES ARGENTICO—-ALCALINS. 247 


qui m’autorisent à établir la composition théorique comme suit : 


3K | LE 45,06% soit 3 K Ag Cy® 597,6 76,54 
LE N& ‘23,222 2,962 Na Ag Cy° 183,2 23,46 
LAg 432 55,33 : 780,8 100,00 


8Cy 208 96,63 
=" 780,8 100,00 soit 3(KCy, AgCy)-NaCy, AgCy 


Ce sel qui avait d’abord été pris pour un hydrate du précédent, 
est donc une combinaison anhydre de trois équivalents de cyanure 
d'argent et de potassium et d'un équivalent de cyanure d'argent et 
de sodium. Il présente de l'intérêt par sa composition et sous le 
rapport industriel par sa teneur un peu plus grande en argent que 
le sel potassique normal. 

Le mélange d’un sel Sodique, ici, ne doit pas surprendre beaucoup ; 
car, dans la préparation du cyanure de potassium, on a reconnu qu'il 
était avantageux d'ajouter du carbonate de potasse (un demi équi- 
valent) au cyanure ferroso-potassique; or on sait que les carbo- 
nates de potasse du commerce contiennent souvent une certaine 
quantité de carbonate de soude qui s’y trouve naturellement ou qui 
y à été introduit frauduleusement. 

Lorsqu'il est extrait des liqueurs renfermant du cyanure argentico- 
potassique, il se dépose en cristaux granuleux rhomboïdaux, opa- 
ques, lesquels par une nouvelle cristallisation donnent des rhom- 
boëdres ou des prismes courts rhomboïdaux toujours anhydres. Il 
se dissout dans 4,4 parties d’eau à 15° et dans 24 parties d'alcool 
55/60 à la température de 17 degrés. 


Cyanure argentico-sodique (Na Cy, Ag Cy). 


N'ayant trouvé nulle part d'indication touchant l'existence de ce 
sel, j'ai cru devoir le préparer et en déterminer la composition. Il 
peut être obtenu au moyen du cyanure ferroso-sodique (ferro-cya- 
nure de sodium) qu’on fond avec un demi équivalent de carbonate 
sodique, l'un et l’autre bien secs; on sature ensuite le cyanure de 
sodium par du cyanure d’argent. 

La cristallisation de ce sel est ordinairement feuilletée. Il est anhy- 
dre,soluble dans 5 parties d’eau à 20°, et beaucoup plus à chaud. 
Il se dissout encore dans 24 parties d'alcool $*/,,, à la température 
de 20 degrés. … 

Sa Nr uNS trouvée, par l'analyse, en parfait accord avec la 

He à , Et : | 


| Na 23,2 12,66 soit Na Cy 26,85 
| Ag 108 58,96 Ag Cy 73,15 
RAR CT. 52. 4, - 28,38 
0/2 1832 | 100,00 100,00 
i à: 
2 


LL ver 


Li 


218 RENVERSEMENTS DANS LE JURA. 


NOTICE SUR LES RENVERSEMENTS DES TERRAINS STRATIFIÉS 
DANS LE JURA. LS 


Par M. Saccard, du Locle. 
(Séance du 5 mars 1857.) 


C’est un fait généralement connu par les géologues suisses que, 
dans certaines vallées du Jura, l'on voit les couches des terrains 
non-seulement relevées, mais renversées sur elles-mêmes, de telle 
sorte que l’on peut prendre celles déposées le plus anciennement 
pour les plus récentes. 

Pour répondre au désir de M. Ph. Delaharpe , et ne connaissant 
encore aucun travail sur ce sujet intéressant, j'ai consigné dans ces 
notes , d’abord l'indication des principaux points du Jura où ces ren- 
versements me sont connus, puis quelques observations générales 
déduites de ces exemples, sans avoir la prétention de traiter ce sujet 
à fond. 

Les localités, d’après l’ordre d'ancienneté des indications fournies, 
sont : 


EL. Chaux-de-Fonds, Nicolet. AU de la Société des sciences 
naturelles de Neuchâtel, pag. 247. 1845.) A la Grognerie les cou- 
ches du calcaire Portlandien plongent en apparence vers l'Ouest, 
direction opposée à celle des couches des terrains Oxfordien et Co- 
rallien voisins. Les couches du Portlandien plongent sous un angle 
de 30° et recouvrent la molasse. 


1. Chaux-de-Fonds, Nicolet. (Bulletin de la Soc. des sciences 
nat. de Neuchâtel, p. 247. 1845.) Aux Cornes-Morel non seule- 
ment les couches du Portlandien, mais encore celles de la molasse 
sont renversées. La molasse plonge en apparence vers l'Est, sous 
un angle de 20°. 

Dans l’un et l’autre cas le dépôt tertiaire parait inférieur au ju- 
rassique. 


UN. Sainte-Croix, Pidancet et Lory. (Relations du terrain néo- 
comien avec les terrains jurassiques dans les environs de Ste-Croix 
et dans le Val-de-Travers. Brochure, 1847.) 

Je me borne à citer ce travail en ce qui concerne le renversement. 
des couches crétacées au Val de Noiïrvaux. C’est dans cet endroit, 
contre des couches verticales brisées et bréchiformes qui paraissent 
coralliennes, que l’on trouve la série néocomienne, en couches 
complétement renversées et tellement brisées qu'il serait impossible 
d'en bien étudier la série. Ce renversement paraït être en rapport, 
ou même pourrait être le résultat d’une grande faille qui s’étend sur 
la longueur de cette chaine de montagne. . 


RENVERSEMENTS DANS LE JURA. 249 


IV. Sainte-Croix, lac Bornet, Studer. (Geol. der Schweiz, vol. I, 
p. 309. 1852.) Nous avons vu plus haut le renversement se pré- 
senter sur un point où la vallée est très-resserrée et se termine en- 
tre deux chaines; en voici maintenant un où elle s’élargit considé- 
rablement et forme cet intéressant bassin des Granges de Ste-Croix, 
étudié par M. Campiche, et qui va devenir par les travaux paléon- 
tologiques de M. Pictet le plus beau type de formation crétacée 
pour le Jura et même pour la Suisse. 

Au lac Bornet, qui est à peu près le centre du bassin et du vallon 
géologique , le renversement est encore très-sensible, seulement les 
couches sont nettement circonscrites et non pas brisées et mélangées 
comme à Noirvaux. 


V. Develier-dessus, chaîne du Mont-Terrible, Studer (Géol. der 
Schweiz, vol. I, p. 392. 1852); Greppin (Notes géologiques sur le 
Val de Delémont, p. 25). Cette localité parait l’une des plus connues 
par le renversement des couches jurassiques sur les terrains ter- 
tiaires qui s’y trouvent représentés. 


VI. Undervilier, Val de Delémont, Greppin (Notes géologiques 
sur le Val de Delémont, pl. I, coupe C D). 

Le renversement est ici très-sensible pour le grès coquillier et le 
calcaire d'eau douce, dont la série est en apparence inverse. Du 
reste, les notes de M. Greppin ne nous apprennent rien sur ce ren- 
versement. 


VII. Salève, Vogt (Excursion géologique au Mont-Salève, dans 
le Livre des Familles, p. 111. 1855). 

Le Salève faisant partie du système jurassique d’après les règles 
posées par M. Studer, il est assez intéressant d’y trouver un ren- 
versement dans une chaine de premier ordre, où l'oolite n’a pas été 
mise à découvert. 


VIII. Gorges de l’Areuse, Tribolet (Mémoires de la Société des 
sciences natur. de Neuchâtel, p. 102. 1856). 

D'après la coupe figurée par M. de Tribolet, il est curieux de 
voir le renversement atteindre d'une manière très-sensible l’oolite 
inférieure de la montagne de Boudry. 


IX. Brenets, Gressly. (Coupe géologique du Locle aux Brenets, 
inédite, 1856). — Fig. 1. (Voir la planche). C’est un des plus beaux 
exemples de renversement complet que je connaisse, car les cou- 
ches ont repris une position presque horizontale. Elles forment ce 


. que M. Gressly nomme des Chevrons, car toute la série crétacée se 


montre deux fois, plongeant au Sud avec une inclinaison à peu près 
semblable. J'y ai recounu dernièrement la troisième série du Néoco- 
mien soit l’Urgonien, qui y présente des fossiles très-intéressants et 
caractéristiques. 


X. Sonvilliers, au Val St-Imier, Gressly. — Fig. 2, inédite, 1857. 
Cette coupe présente assez de rapport avec la précédente. Cependant 


250 RENVERSEMENTS DANS LE JURA. 


le relèvement qui fait reparaître le terrain jurassique dans le Vallon, 
est plus considérable et tendrait à former une seconde voûte séparant 
la vallée en deux parties. A St-Imier, cette seconde voûte a disparu, 
mais il y a toujours renversement. 


XI. Rossbaden, chaîne du Beinvyl, canton de Soleure, Gressly. — 
Fig. 3. Je dois à l’obligeance de M. Gressly ce troisième et remar- 
quable exemple de renversement singulier. Je n’ai relevé de sa coupe 
que les parties renversées. 


XII. Locle, gare du chemin de fer. Fig. 4. Ici encore, grâce à 
M. Gressly, jai pu compléter la coupe et figurer un de ces phéno- 
mènes embarrassant pour tout autre que pour cet habile géologue. 

Après avoir subi le relèvement sous un angle de 70°, les couches 
jurassiques supérieures reprennent brusquement une position pres— 
que horizontale pour former le plateau des Monts, puis tout à coup 
se repliant de nouveau pour former une seconde voûte, elles se ren 
versent et plongent au N.-0. sous un angle opposé au précédent. 
A la gare, les couches qui renferment les plantes d’eau douce de 
l'époque d'OEningen, plongent sous un angle de 38°. C’est là ce 
qui rend l'étude des terrains tertiaires du Locle si difficile, car sur 
certains points, les couches sont perpendiculaires (Combe des En- 
fers), sur d’autres elles ont repris une position normale quoique 
adossée au jurassique (Verger). 


XIII. Locle, Combe Girard.— Fig. 5. Encore une des difficultés due 
aux renversements. Certaines couches viennent recouvrir compléte- 
ment celles sur lesquelles elles sont retombées et masquent leur 
présence. Que l’on ne s’étonne done pas des différences qu'offre la 
succession des couches de cette coupe comparée à la précédente. Je 
ne fais que d'indiquer ici le renversement assez sensible. 


XIV. Fleurier, coupe à Sassel au N.-0. du village. —Fig.6. Les 
marnes d’eau douce de l’époque crétacée y sont très-visibles, mais 
sans fossiles. Le Valanginien en renferme davantage. 


XV. Je citerai encore comme exemple de renversement la belle 
étude de M. Renevier, sur les couches crétacées de la Cordaz et de 
l'Ecouellaz dans les Alpes vaudoises (Bulletin de la Société vaudoise 
des sciences naturelles, t. IV, p. 205. Cette coupe a de frappants 
rapports avec plusieurs de celles que nous venons d'indiquer dans 
le Jura. 


Maintenant, tout en rappelant qu’il m'est impossible d'analyser les 
causes ou même de préciser les effets de ce genre de bouleversement, 
j'indiquerai brièvement quelques idées à ce sujet : 

41° Constatons d'abord le fait que, non-seulement les terrains cré- 
tacés et tertiaires peuvent être renversés, mais aussi les étages ju- 
rassiques supérieurs (Brenets, Locle, Develier-dessus). Bien plus, 
si la coupe de M. de Tribolet, aux gorges de l'Areuse, est exacte, 
nous verrions tout le système oolitique renversé sur les étages suivants. 


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L molasse marine féluncen. 

mn molasse deau douce cnfer LA * (au Locle) 
7 couche à melaopsis et eut o 

n molasse d'eau douce s'apér!) '& feuilles 
0 délasium et allre fLOILS 


J Flancharé Uk, 


p E 2 
FT AUCLe. fe lavcaté/ 


HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 254 


2° Les renversements se présentent dans presque tout le Jura, 
rt une dixaine de vallées en offrent des exemples, et que les 
aits de ce genre sont loin d'être tous connus. 

3° La largeur des vallées, leur resserrement, ou bien encore 
leur naissance au pied de deux chaines de montagnes, sont sans in- 
fluence sur le renversement, comme le prouvent l'exemple du Val 
de Travers aux gorges de l’Areuse et à Fleurier, et celui de Sainte- 
Croix à Noirvaux et au lac Bornet. 

4° Tantôt le renversement atteint seulement un versant de la mon- 
tagne (Salève, montagne de Boudry, ete.), tantôt les deux versants en 
sont affectés (Locle-Brenets). Ou bien encore les vallées présentent 
les deux cas, ainsi au Locle, à la Chaux-de-Fonds, il y a renverse- 
ment de chaque côté de la vallée. 

5° Si la majeure partie des cas de renversement se présente dans 
les chaines de second ordre, ils peuvent eependant affecter les chaines 
de premier ordre (Salève) et celles de troisième ordre (Rossbaden). 

6° Enfin, il me semble que tous ces faits de renversement sont 
autant de preuves à l'appui du système des plissements, contraire- 
ment à celui des soulèvements, car ces derniers eussent produit un 
bouleversement et une confusion qui s’opposeraient nécessairement à 
la détermination de l’âge des terrains, généralement assez facile dans 
l’état actuel des choses. 


NOTICE SUR DEUX INSECTES NOUVEAUX, DELPHAX ASIRACOÏDES 
ET JASSUS PUNCTULATUS. 


Par M. A. Forel. 


(Séance du 5 mars 1857.) 


Je prends la liberté d'adresser à la Société quelques lignes sur un 
insecte hémiptère qui me parait nouveau ou peu connu en Suisse. Je 
ne le trouve décrit dans aucun des auteurs que j'ai pu consulter, et 
quelques hémiptéristes exercés qui l'ont examiné ne le connaissant 
pas, je crois utile, dans l'intérêt de la Faune helvétique, de donner 
quelque publicité à sa description au moyen du Bulletin de notre 
Société. Dans l'obligation d'imposer un nom, du moins provisoire 
ment, à cette espèce nouvelle pour moi, mais qui me parait appartenir 
au genre Delphax (Fabricius}, je l'appellerai Delphax asiracoides. 
Plusieurs caractères, en effet, la rapprochent du genre des Asiraques 
de Latreille, ainsi qu’on le verra par la description suivante. 


1. Delphax asiracoides, Forel. PI. I. 


Oblonga , glabra, nitida, plus minusve anteriore parte, pallide 
testacea. Fronte tricarinato , carinis subparallelis; vertice, protho- 


252 HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 


race, scutelloque carina unica levissima signatis; oculis magnis, 

prominulis, reniformibus; antennis pallidis, eylindricis, setigeris; 

articulis 1° et 2° subæqualibus ; homelytris fuscis, nervosis, apice 

exteriori macula pellucida obovata notatis; alis pellucidis nervosis. 
Long : 0,005-6. 

Le corps est un peu allongé , glabre, luisant : antérieurement d’un 
testacé plus ou moins pâle (fig. A.) 

Tête testacée , courte, arrondie au sommet; vertex dépassant peu 
les yeux, marqué d’une faible carène qui se prolonge sur le prothorax 
et l’écusson , quelquefois cette courte saillie est presque impercep- 
tible sur la tête, ou même disparait complétement ; trois carènes sur 
le front, presque parallèles ; chaperon légèrement caréné au milieu ; 
rostre velu. Yeux grands , réniformes assez saillants. Ocelles petits, 
arrondis, près et au-dessous des yeux (fig. 4.) Antennes assez lon 
gues, cylindriques, un peu pointues , insérées dans une échancrure 
des yeux ; le premier article presque aussi long que le second ; celui- 
ei allant en grossissant vers le bout, hérissé de petits tubercules velus; 
soie terminale longue, implantée sur un petit bouton conique à l'ex- 
trémité du second article ; ce bouton paraissant divisé en deux parties 
par une ligne circulaire (fig. 2.) 

Prothorax testacé, court, transversal, un peu échancré à sa base, 
en demi cercle à son bord antérieur. 

Ecusson grand, testacé, en losange, terminé en pointe mousse 
circulairement tronquée en avant, sinueux sur les côtés. 

Homélytres oblongues, d’un brun jaunâtre ou ferrugineux plus ou 
moins foncé, marquées vers leur extrémité extérieure d’une grande 
tache obovale, transparente et vitrée, d’un testacé pâle (fig. A.). 
Nervures assez fortes et saillantes vers la base, devenant plus 
faibles, plus unies et se bifurquant à l'extrémité des homélytres. 
Dans quelques individus plus jeunes le brun ne couvre pas aussi 
complétement les homélytres, quelques portions plus ou moins 
étendues de celles-ci restent plus pâles , principalement vers le bord 
intérieur. 

Ailes diaphanes, à nervures grises. 

Abdomen oblong, brun-clair ; bord des anneaux légèrement pâle 
en dessus. Plaque vulvaire de la femelle, s'étendant depuis le 
milieu, en une longue carène non sillonnée, jusqu’à l'extrémité de 
l'abdomen, mais sans le dépasser. Un appendice pointu au bout de 
l'abdomen, en-dessus. 

Pattes pâles , grèles, assez longues ; jambes postérieures légère- 
ment poilues , armées d’une petite épine au milieu ; quelques autres 
plus grandes et une longue et large épine un peu dentelée en des- 
sous à l'extrémité de la jambe ; premier article des tarses plus long 
que les deux suivants , le dernier terminé par deux petits crochets 
(fig. 3.) 

La taille plus ovale, plus grande et plus renforcée en tout sens 
que celle des Delphax indigènes à moi connus, la tête courte, presque 
sans carène en dessus, la forme du prothorax et de l’écusson , la 


TC ÉRnS 


HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 253 


consistance des homélytres, en même temps que la longueur du 
premier article des antennes qui les rend plus saillantes que dans 
la plupart des espèces de ce genre , tous ces caractères réunis 
m'avaient d'abord fait prendre cet insecte pour une variété de lAsi- 
raca crassicornis. (Fabricius). Mais un examen plus attentif montre 
bientôt que cette espèce ne peut appartenir qu'au genre le plus 
voisin, celui des Delphax. Dans les Asiraques , en effet, le premier 
article des antennes est plat, ailé ou sensiblement bordé , beaucoup 
plus long que le second, tandis que chez les Delphax les premiers 
articles , cylindriques tous deux, diffèrent de longueur en sens in- 
verse, la longueur du second dépassant toujours plus ou moins celle 
du premier. Dans l’espèce ci-dessus, cette différence est moins sen- 
sible que chez la plupart des autres Delphax, mais elle subsiste , et, 
jointe à la similitude de la constitution des antennes, elle suflit, je 
pense, pour placer cet insecte dans le genre. D’autres rapports, tels 
que l'organisation de la bouche et du front, celle du prothorax et 
de l'écusson, de l'abdomen, des organes de la génération et de la 
locomotion, la nervation enfin des élytres et des ailes, toutes ces 
ressemblances tendent à l'y maintenir. 

Quelques anomalies cependant distinguent ce Delphax de ses con- 
génères. Indépendamment de sa taille et de la puissance de toutes ses 
parties, qui lui donnent un facies tout spécial, l'absence sur le vertex 
des trois carènes bien prononcées qui, chez la plupart des Delphax, 
sont une prolongation de celles du front, constitue dans cette espèce 
une exception qu'il faut mentionner. En outre, si d’un côté la ner- 
vation des homélytres dans notre insecte est la même que celle des 
Delphax en général, d'autre part l'épaisseur et la saillie des ner- 
vures et l’opacité relative du fond même des homélytres, distinguent 
celles-ci (quant à leur aspect du moins) des homélytres transpa- 
rentes du plus grand nombre des Delphax, comme on le voit chez les 
Delphaz flavescens, elegantula, notula, quttula, minuta, pellucida, 


etc. etc. Les homélytres de notre insecte se rapprochent, par contre, 


à part leur longueur , des homélytres épaisses à fortes nervures et 
ordinairement tronquées de quelques petites espèces, telles que 
celles des Delphax hemiptera, obscurella, mæsta, etc. 

. À mon grand regret, je n’ai jusqu'à présent trouvé cet insecte 
que deux fois, à deux années de distance, en juillet, dans une prairie 
sèche et chaude, non loin des rives du Léman. 


2. Jassus punctulatus, Foret. PI. II. 
Viridis; elytris nigro-excavato-punctatis, alis albis. 
Long : 0,004-5. 
Entièrement vert. Corps plus ramassé que celui des Jassus en 
Er assez semblable pour la forme à celui du Jassus brevis. 


(Her. Schæffer.) La couleur verte, plus ou moins foncée, pâlit et 
jaunit sensiblement par la dessication. 


254 HÉMIPTÈRES NOUVEAUX. 


Vertex court, arrondi, presque en demi cercle, finement parsemé 
de très-petits points noirs, serrés. 

Front marqué de petits points écartés, convexe et arrondi au 
centre, lequel est faiblement strié de sillons larges, parallèles sur les 
côtés , un peu convergents vers le haut (4 a). Joues (Genæ, Burm.) 
sinueuses en leur bord (4 b). Plaques génales (Lora, Burm.) arron- 
dies (4 c). Chaperon (Clypeus, Burm.) court, presque carré, un 
peu arrondi au haut et au bas ; quelques poils à l'extrémité (4 d). 
Rostre médiocrement long, également pourvu de quelques poils 
vers le bout (4 e). 

Yeux assez grands, peu saillants, d’un brun plus ou moins rou- 
geâtre. 

Ocelles petits, placés sur le bord du vertex entre les veux (4 f). 

Antennes; les premiers articles épais, les suivants brusquement 
amincis, terminés par une soie courte; un ou deux poils sur chacun 
des premiers articles (3). 

Prothorax (Pronotum, Burm.) transversal, deux fois plus large 
que long mesuré au bas, plus étroit vers le haut, arrondi au som- 
met, faiblement sinueux à sa base, légèrement ridé au milieu de son 
disque par des stries transverses fines et serrées et marqué en outre 
de petits points écartés, peu régulièrement espacés. 

Ecusson triangulaire, un peu sinueux sur les côtés, assez large, 
sans atteindre le bord supérieur de l’élytre; marqué après son milieu 
d’un sillon transversal arqué , uni au-dessus de ce sillon , finement 
strié au-dessous. 

Elytres à nervures normales, peu saillantes dans l’msecte vivant, 
entièrement couvertes de petits points noirs, enfoncés , irrégulière- 
ment placés, serrés, mais plus gros et moins rapprochés que ceux 
du vertex. Au fond de chacun de ces points est implanté un petit poil 
blanc, ordinairement un peu couché ou coudé, visible sous le mi- 
croscope ou une forte loupe. Partie membraneuse de l’élytre, après 
la clé, peu saillante. 

Aîles blanches , transparentes , légèrement irisées, à reflets roses: 
nervures également blanches. 

Anneaux de l'abdomen parfois teints de brun en dessus. Plaque 
vulvaire assez longue. 

Pattes épineuses à épines vertes. Une rangée de cils courts sur la 
dernière paire, outre les trois rangs de fortes épines. Tous les tarses 
terminés par deux petits crochets. 


Pris en août, au Mont Salève, par M. Alexandre Yersin. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


I. Delphax asiracoïdes. A Insecte grossi: « grandeur naturelle. 4. Ner- 
vation et contours. 2. Antenne très-grossie. 3. Pied et tarse très-grossis ; 
a, éperon. 4. Tête vue de face, très-grossie ; a, yeux réniformes , échan- 
crés, avec ocelles en dessous ; b, carènes du front; e, chaperon; d, rostre. 

IT. Jassus punctulatus. 1. Insecte vu grossi. 2. Grandeur naturelle. 
3. Antenne grossie. 4. Tête vue en dessous, grossie. 


2 + ——— 


IL Jassus punctulatus, Forel 


Jorel. N° 


N'ID elphax asracoïdes 


ATLAS D'AUROCHS A MOOSSEEDORF. 255 


L'ATLAS TROUVÉ A MOOSSEËDORF (CANTON DE BERNE), APPARTIENT A 
L’AUROCHS (BOS URUS). 


(Extrait d’une correspondance de M. F. Troyon.) 
(Séance du 5 mars 1857.) 


La Bibliothèque universelle de Genève de mai 1857, à publié 
sous le titre de: Preuves que le cerf à bois gigantesque (Cervus 
euryceros Cuv.) a vécu en Séssh en même temps que l'homme, une 
lettre de M. Fréd. Troyon à M. le professeur J. Pictet, précédée 
d’une introduction de l’habile professeur de Genève. Dans cette in- 
troduction, M. Pictet nous apprend comment il a été conduit à rap- 
porter l’atlas de Moosseedorf au Cervus euryceros de Cuvier. Il 
ajoute cependant qu'il n’a pas pu faire une comparaison directe, ne 
possédant pas de squelette de ce beau cerf fossile; mais qu'en con- 
sultant les descriptions qui en ont été données et surtout les mesures 
relatées par Cuvier , il ne lui restait aucun doute sur la réalité de 
cette association. 

Se fondant sur ces déclarations de la Bibliothèque universelle, 
M. Zollikofer rectifia, dans la séance du 5 mars 1857, ce qu'il avait 
annoncé à la Société vaudoise dans celle du 7 janvier précédent. 
(Bulletin n° 40, p. 162.) 

La question en était là, lorsque M. le professeur Troyon me fit 
part verbalement (août 1857) des renseignements contradictoires 
qu'il avait obtenus de plusieurs savants anatomistes. La lettre qu'il 
m'a écrite sur ce sujet donnera, nous le pensons , une solution dé- 
finitive aux questions soulevées. 


Lettre de M. Fréd. Troyon à M. J. Delaharpe. 
(Extrait.) 


Bel-Air (Cheseaux), le 2 septembre 1857. 
« Monsieur, 

-» Je me fais un plaisir de vous donner quelques détails sur 
l'opinion des divers savants avec lesquels j'ai correspondu au sujet 
de cet Atlas. M. le professeur Vrolik, secrétaire général de l’Aca- 
démie des sciences d'Amsterdam , pensait qu'il pouvait provenir de 
l'Urus, mais il manquait de pièces de comparaison. M. Retzius, 
professeur d'anatomie à Stockolm, m’a écrit plusieurs fois à ce sujet, 
puis dans une visite qu'il m’a faite cet été, il m'a appris que M. le 
professeur J. Müller , de Berlin, ne doutait point que cette pièce ne 
provint de l’Urus , mais comme ces messieurs n'avaient que les des- 
sins au trait que je leur avais envoyés, j'ai fait parvenir à M. Müller 
une copie en plâtre qui lui a permis de comparer avec plus de cer- 
titude l’Atlas et le fragment de mâchoire que M. le professeur Pictet 


. 256 ATLAS D'AUROCHS À MOOSSEEDORF. 


croyait être ceux du cerf à bois gigantesques , et qui, en définitive, 
sont bien de l'Urus. Je vous communique la lettre que M. Müller 
m'a écrite à ce sujet. 

» Je vous cite textuellement un passage d’une lettre que M. Pictet 
m'écrivait le 26 août : J'ai profité de mon séjour dans les grandes 
collections pour étudier votre vertèbre, et par une comparaison con- 
venable j'ai reconnu avec une parfaite certitude qu’elle a appartenu 
à un bœuf et non à un cerf. J'ai été induit en erreur par la singulière 
variabilité de cet os dans ces deux genres. Elle ressemble bien plus à 
l'atlas de l'Elan qu'à celui du bœuf ordinaire, et là-dessus j'ai bâti 
un raisonnement qui m'a paru probable et qui était erroné. Je vais 
immédiatement préparer pour la Bibliothèque universelle une rec- 
tification. 

» Vous voyez, Monsieur, que cet atlas a excité un assez grand 
intérêt, et il me paraitrait convenable qu’une société suisse con- 
servât le souvenir de cette découverte. 

» Je m'aperçois en relisant cette lettre que je ne vous ai pas ex- 
primé assez nettement que M. Retzius attribuait aussi l'Atlas de 
Moosseedorf à l'Urus. 

» Veuillez, Monsieur, agréer l'assurance de mon respect et de 
mon dévouement. 


» FRéD. TRoYoON. » 


Lettre de M. le professeur J. Müller, de Berlin, à M. F. Troyon. 
(Traduction.) 


« Très-honoré Monsieur, 


» Je vous remercie de la communication des modèles d’ossements 
trouvés dans le lae de Moosseedorf, et vous fais parvenir les résultats 
de l'examen comparatif qui vient confirmer l'opinion à laquelle je 
m'étais arrêté à la vue de vos dessins. On pouvait s'attendre à ce 
que M. Pictet et moi, nous arriverions à fort peu de distance l’un de 
l'autre, puisque la mâchoire et l’atlas devaient avoir appartenu à l’un 
de nos plus gros ruminants. Dans la comparaison des figures avec 
les pièces de nos collections, j'avais déjà pensé au Cervus mega- 
ceros ; mais je dus me déterminer pour le genre Bos et me fixer sur 
le B. urus. 

» Les pièces qui ont servi à l’étude comparative et que nous pos- 
sédons ici, se composent de plusieurs crânes de Bos urus et du 
squelette entier du mâle et de la femelle, de plusieurs crânes 
appartenant au Bos urus fossilis ou Bos priscus, d'autres provenant 
du Bos primigenius, de plusieurs crânes de Cervus megaceros qui 
existent soit dans le musée anatomique, soit dans les collections géo- 
logiques. Les crânes de Cervus megaceros avec leur mâchoire in- 
férieure proviennent d'individus adultes et se rapportent de fort près 
pour les dimensions avec le cräne et le squelette dont Cuvier a donné 
les proportions. Votre mâchoire inférieure est beaucoup plus grande 


D ul lt APS 


ATLAS D'AUROCHS À MOOSSEEDORF. 257 


et plus forte que celle du Cervus megaceros. La distance qui sépare 
l'extrémité antérieure de la première molaire est de 121°", ou peu 
au-delà, chez ce dernier animal ; sur votre pièce elle est de 165". 
Pour la force, la mâchoire que vous m'avez adressée se rapporte 
complétement au Bos urus et aux autres grandes espèces de bœuf; 
elle est même plus forte que la mâchoire inférieure du mâle de Bos 
urus que nous possédons, sur laquelle la distance dont j'ai parlé 
ei-devant n’est que de 134", et même plus forte que sur un crâne 
fossile (c'est-à-dire retiré de terre) de Bos urus, provenant de Russie 
(sans mâchoire inférieure), dont la distance depuis l'extrémité anté- 
rieure jusqu'à la première molaire devait être, d’après les proportions 
du crâne, de 152". Je n'ai pas pu comparer la mâchoire inférieure 
du Bos primigenius, qui, sans contredit, eût donné les plus fortes 
dimensions. La mâchoire inférieure du Cervus megaceros ne saurait 
être en aucun cas rapprochée de celle que vous me présentez à cause 
de ses proportions grèles : celle-ci ne peut appartenir qu'à une 
espèce du genre Bos, et dans ce genre qu’au Bos urus ou au Bos 
primigenius. 

» Votre atlas fossile est, il est vrai, aussi large que celui du Cervus 
megaceros du squelette de Cuvier, dont les dimensions nous sont 
connues ; il ne peut cependant provenir de cet animal, parce que la 
partie de cet os qui s'articule avec le crâne est beaucoup plus déve- 
loppée. On peut déduire aisément la largeur de cette partie de celle 
de l'articulation cranienne, puisque l’une est toujours égale à l’autre. 
Je mesure cette largeur, sur le crâne, par la distance qui sépare les 
bords externes de chacun des condyles occipitaux et sur l’atlas par 
l'espace qui existe entre les bords externes des faces articulaires qui 
s’articulent avec le crâne. La première distance est pour le Cervus 
megaceros de 102 à 107", et pour le Bos urus mâle de 130" ; 
ces dimensions sont les mêmes pour l’atlas. Le plus gros des crânes 
de Bos urus fossile, ou Bos priseus, provenant du Rheinthal, offre 


une largeur, ainsi mesurée, de 145"; celui du Bos primigenius 


donne 137"", et celui de Moosseedorf 136", 

» L’atlas de Bos urus mäle que possède notre musée a une largeur 
totale de 250", sur le crâne fossile du même animal, provenant de 
Russie , la largeur totale de l’atlas doit être de 264", sur le vôtre 
elle est de 263". 

» La forme de votre atlas est singulièrement semblable à celle du 
Bos urus. Je ne pouvais pas le comparer avec celui du Bos primi- 
genius. 

» Le modèle de l’apophyse frontale d’un petit animal portant des 
cornes, que vous m'avez adressé, ne peut être rapporté qu’au 
mouton. 

» Recevez, etc. 


» S.-J. Muzcer. » 
» Berlin, 6 août 1857. 


258 VIOLA DES ENVIRONS DE LAUSANNE ET VEVEY. 


NOTE SUR LES VIOLA DES ENVIRONS DE LAUSANNE ET DE VEVEY. 


Par M. le professeur E. Rambert. 


(Séance du 18 mars 1857.) 


Le genre Viola est un de ceux qui renferment le plus grand nom- 
bre de plantes critiques. Sous les noms de Viola tricolor, Viola 
arvensis, Viola canina, Viola hirta, Viola odorata, etc., on a pen- 
dant longtemps groupé bon nombre de formes diverses. On en fai- 
sait des variétés d’un même type. M. Alexis Jordan soupçonnant que 
ces variétés pouvaient cacher de véritables espèces, a soumis à une 
étude approfondie les Viola des environs de Lyon et en général du 
bassin du Rhône. Ses recherches l'ont conduit à établir un grand nom- 
bre d'espèces nouvelles qu'il a décrites surtout dans le deuxième frag- 
ment de ces Observations sur plusieurs plantes nouvelles, publiées à 
Paris en 1846, et dans son Pugillus plantarum novarum, publié aussi à 
Paris en 1852. Il n’a pas détaché moins d’une dixaine d'espèces des 
Viola hirta et odorata. Il ne nous appartient pas de nous prononcer 
sur la valeur de chacune de ces espèces ; il nous faudrait, pour pou- 
voir émettre une opinion, des études et des observations que nous 
n'avons pas faites ; mais nous avons cherché, M. Muret et moi, dans 
quelques courses faites au printemps de l’année dernière, si nous ne 
trouverions pas dans les Viola de notre pays quelques-unes des 
formes signalées par M. Jordan comme de véritables espèces. Nous 
avons parcouru dans ce but les environs de Lausanne et les collines 
qui s'étendent de Vevey à Villeneuve. Nous n'avons pas tardé à re- 
connaître dans les Viola que nous avons observées un très-grand 
nombre de variétés se rapprochant plus ou moins du type un peu 
vague de la Viola odorata ou dela Viola hirta. C’est pour le moment le 
résultat le plus clair de nos recherches, car au milieu de ces formes 
nombreuses, à la fois voisines et différentes les unes des autres, il 
nous a été parfois fort difficile d’entrevoir des limites un peu préci- 
ses, mais nous recommandons d’une manière toute particulière à 
l'attention des botanistes les Viola des environs de Montreux, de 
Chillon et de Villeneuve; peu de contrées en présentent un plus 
grand nombre de variétés plus intéressantes. C'est une localité à 
explorer à fond si l’on veut bien étudier ce genre difficile. En atten- 
dant que de nouvelles études nous aient conduit plus lom, nous 
nous bornerons à mentionner trois formes qui pourraient bien effec— 
tivement constituer trois espèces et que nous croyons avoir distinguées 
avec quelque certitude. 1° La Viola multicaulis (Jord.), assez facile 
à distinguer, grâce à ses stolons très-nombreux, très-allongés, 
souvent radicants, à ses feuilles ovales, non acuminées, légèrement 
et régulièrement crénelées, recouvertes d’une pubescence courte, 
mais assez bien fournie, et à ses pétales rose-violet, curieusement 
veinées (haud colore æquali suffusa, Jord.), existe en assez grande 


FOSSILES D'EAU DOUCE DANS LE JURA. 259 


quantité dans les bois au-dessus de l’église de Montreux et du chà- 
teau de Chillon, et surtout dans les vergers qui dominent l'hôtel 
Byron. 2° La Viola scotophylla (Jord.) , remarquable par ses gran 
des feuilles triangulaires, nullement arrondies, d’un vert presque 
noir , par ses pédoncules et son ealice rougeâtres , et par ses fleurs 
ordinairement blanches avec le bout de l’éperon violet, se trouve 
en abondance sur tous les coteaux exposés au soleil, contre les 
murs et même dans les bois de Lausanne à Villeneuve. 3° La Viola 
alba (Koch, Syn.) dont M. Jordan craignait d’abord de détacher la 
scotophylla et qui s'en distingue par le vert clair de ses feuilles, 
aussi d'une forme large et triangulaire, mais d'une pubescence plus 
ténue et plus courte, par ses pédoncules et son calice d’un vert frane 
et par ses fleurs complétement blanches, croit sur presque tous les 
coteaux en compagnie de la scotophylla. Il existe surtout dans cer- 
taines parties du vignoble de Lavaux, sur les murs. Nous avons 
cherché avec quelque soin des intermédiaires entre la Viola alba et 
la Viola scotophylla; mais ces formes ou espèces, quoiques voisines, 
nous ont toujours paru nettement tranchées. Nous ne croyons pas 
avoir rencontré un seul exemplaire dont on puisse faire une variété 
intermédiaire ou hybride. Outre ces trois Viola, nous en avons re- 
cueilli beaucoup d’autres, parmi lesquelles nous croyons encore 
avoir reconnu la Viola permixta et la Viola adulterina ; mais comme 
il nous reste quelques doutes, nous comptons les observer à nou- 
veau. Dans tous les cas, les Viola alba (Koch), multicaulis (Jord.) 
et scotophylla (Jord.), nous paraissent devoir être considérées comme 
faisant partie de la flore vaudoise. 


NOTE SUR LES FOSSILES D'EAU DOUCE INFÉRIEURS AU TERRAIN 
CRÉTACÉ DANS LE JURA. 


Par M. £. Renevier. 
(Séance du 1° avril 1857.) 


M. Jaccard, du Locle, ayant envoyé à M. Ph. Delaharpe une 
série de fossiles tous fort petits, provenant des couches intermé- 
diaires entre les terrains jurassique supérieur et néocomien de Vil- 
lars-le-lac près des Brenets, j'ai été appelé par ces Messieurs à les 
déterminer, et conduit par là à une découverte très-intéressante pour 
notre géologie suisse. 

La couche dans laquelle M. Jaccard a recueilli ces fossiles est une 
espèce de marne calcaire, d’un gris bleuâtre, qui a été reconnue 
déjà sur un grand nombre de points du Jura, immédiatement en 
dessous du calcaire jaune, inférieur aux couches de Hauterive, eal- 
caire nommé récemment par M. Desor, étage valenginien. Dans 
cette couche (marne bleue inférieure) longtemps stérile, M. Lory 


260 FOSSILES D'EAU DOUCE DANS LE JURA. 


avait déjà cru reconnaître des fossiles d’eau douce, qui lui firent rap- 
porter cette assise aux terrains d’eau douce de l'époque wealdienne. 
Mais comme l'état de conservation de ces fossiles avait été indiqué 
fort mauvais et que cette soi-disante découverte était restée un fait 
isolé, on avait tout lieu de douter de la justesse de leur détermina- 
tion, et la nature nymphéenne de ces couches était restée jusqu’à 
présent plus ou moms problématique. 

En réfléchissant à ces circonstances, je m'étais dit plus d’une fois 
que lors même qu'on aurait trouvé réellement des fossiles d’eau 
douce dans cette marne bleue, il n’en résulterait pas encore qu'elle 
correspondit au terrain wealdien d'Angleterre, mais qu'il se pourrait 
bien au contraire qu'elle fût parallèle aux couches du Purbeck du 
même pays (inférieures aux précédentes, mais supérieures encore 
au groupe jurassique), et caractérisée par une faune entièrement 
distincte. Quel fut donc mon étonnement en reconnaissant parmi les 
petits fossiles de M. Jaccard en premier lieu des coquilles indubita- 
blement d’eau douce, puis ensuite une faune tout à fait analogue à 
celle des couches du Purbeck et assez nettement distincte de la 
faune wealdienne. 

Cette question est assez importante pour mériter un travail plus 
complet que j'espère pouvoir présenter plus tard à la Société; en 
attendant, je veux indiquer les arguments sur lesquels se base ma 
détermination de cette marne d’eau douce comme Purbeck, et ensuite 
faire entrevoir l'importance de cette détermination pour le parallé- 
lisme de nos terrains secondaires avec ceux d'Angleterre. 

1° Les fossiles trouvés par M. Jaccard à Villars-le-lac, dans une 
même série de couches, présentent un mélange de formes terres- 
tres (Tortue), d'eau douce (Physe, Planorbe, etc.), saumâtres (Cor- 
bules), et enfin marines (Gastéropodes indéterminés, Poissons), c’est 
là un caractère tout à fait remarquable du Purbeck d'Angleterre. 

2° Je n’ai trouvé parmi nos fossiles de Villars aucune trace d’Unio 
de Paludine, etc., qui sont les fossiles habituels du wealdien, tandis 
qu’au contraire les genres Planorbis, Lymneus, Physa, Cyrena, 
Corbula, ete., que j'y ai rencontrés, sont fréquents dans les cou- 
ches du Purbeck. Les planorbes, surtout abondantes dans les couches 
de Villars, forment même presque entièrement une couche du Pur- 
beck anglais. 

3° Comme argument encore plus concluant, je citerai les deux 
espèces suivantes du Purbeck anglais que j'ai pu reconnaître avec 
certitude, parmi nos fossiles. 

Physa Bristovi, Forb. (Lyell Manual, 1855, pag. 296, f. 338), 
jolie petite physe tournée à gauche, et Corbula alata, J. Sow. Je 
pourrais ajouter des dents de poisson qui ont la plus grande analo- 
gie avec le Lepidotus minor, sans que je puisse être aussi sûr de 
leur détermination. 

4° Enfin, M. Ph. Delaharpe a reconnu dans la marne de Villars 
une jolie graine de Chara très-abondante : cette même plante avait 
déjà été signalée dans le Purbeck anglais par E. Forbes. (Morris. cat.) 


Pr RDS 


BOHNERZ DE SCHAFFHOUSE. 261 


En résumé, nous comptons dans la marne de Villars plus d’une 
vingtaine d'espèces, dont une partie sont marines et encore indé- 
terminées et dont les autres, saumâtres ou d’eau douce, se rappor- 
tent aux genres Planorbis, Physa, Lymneus, Helix, Cyrena, Cor- 
bula, Chara, et à d'autres non encore déterminées. 

Le tableau suivant indique le parallélisme des couches anglaises et 
de celles de notre Jura, tel qu'il ressort de ce qui précède et de mes 
autres études sur les crétacés suisses et anglais. 


Suisse. Angleterre. 
OR RE LS a). Gault. 
Aptien . . Sel Lower greensand |£ 
: ( Urgonien $ 
5 e 
Ë Marnes d'Hauterive re x 
8 } Calcaire jaune sa ë 
2 infér., Valenginien | Hastingsands. 
Marne de Villars . . . . Purbeck. S 
‘ : Portlandien. = 
Jurassique supérieur Miro. 5 


Les paléontologistes anglais sont maintenant assez généralement 
d'accord pour placer les couches du Purbeck à la partie supérieure 
des terrains jurassiques, et au contraire le wealdien à la base des 
terrains crétacés. Pour des raisons dont j'ai déjà publié quelques- 
unes, ou que j'espère faire connaître plus tard lorsque je repren- 
drai ce sujet plus en détail, je suis tout à fait porté à me ranger à leur 


avis. 
= —"——— 


NOTE SUR LES BOHNERZ DU CANTON DE SCHAFFHOUSE, 
Par M. A.-F. Fol. 
(Séance du 15 avril 1857.) 


Les Bohnerz de Schaffhouse sont exploités pour l’usage de plu- 
sieurs usines des bords du Rhin et entre autres pour celui de l’usine 
de Alpbrugg sur la rive badoise entre Laufenburg et Waldshut. J'ai 
recueilli dans cette dernière usine des échantillons de Bohnerz déjà 
triés pour la fusion des fontes de plusieurs qualités et des scories. 
M. H. Brunner, de Liverpool (élève de l’école polytechnique), s’est . 
chargé de l'analyse des Bohnerz. J'ai fait moi-même celles des fontes 
et des scories. Voici les résultats de ces analyses : 


1° Analyse du Bohnerz de Schaffhouse. 
Oxyde de fer 68,437 


Alumine 6,695 
Ac. silicique 9,585 
Carb. de chaux 0,585 
Eau 14,750 


Total 100,052 


262 BOHNERZ DE SCHAFFHOUSE: 


On rencontre fréquemment dans les nodules de Bohnerz des dé- 
pôts de sulfure de fer. On a évité avec soin dans l'analyse de pren- 
dre des fragments qui en renfermeraient. 


… 


2° Analyse d'une fonte grise. 


Fer 95,962 
Graphite 3,952 
Carb. combiné 0,086 


Total 100,000 


Cette fonte a un grain grossier et un éclat gras très-prononcé; 
elle est difficile à rompre. 


3° Analyse d'une autre qualité de fonte. 


Fer 93,135 
Graphite 2,822 
Carb. combiné 0,594 
Silicium 3,449 


Total 100,000 


Cette fonte est très-fine, dure et cassante. Ces deux qualités de 
fonte sont entièrement privées de soufre et de phosphore. On tra- 
vaille le minerai au charbon de bois et le muschelkalk des environs 
sert de fondant. On obtient des scories d’un noir foncé tirant souvent 
sur le vert et des scories blanches et légères qui surnagent. Ces 
scories ne sont, d'après le directeur de l'usine, autre chose que les 
premières dans un état très-poreux. Je crois cependant qu'elles doi- 
vent être moins riches en fer que les premières. 

L'analyse des scories noires à donné pour leur composition 
moyenne les chiffres suivants : 


Fer oxidulé 66,182 
Oxyde de calcium 1,485 
Oxyde d'aluminium 1,210 
Acide silicique 31,123 

100,000 


Je me propose de faire prochainement l'analyse des scories blan- 
ches, ainsi que d’autres produits de la même usine. 


MINERAI DE CUIVRE DES HOUCHES. 263 


ANALYSE D'UN MINERAI DES MINES DE CUIVRE DES HOUCHES 
(PRÈS SERVOZ, ROUTE DE CHAMONIX). 


Par M. A.-F. Foi. 
(Séance du 15 avril 4857.) 


Ce minerai étant toujours rejeté par les mineurs a attiré mon 
attention et j'en ai fait l'analyse. 

Le minerai exploité est un mélange de sulfure de cuivre et de sul- 
fure de plomb, engagé dans une gangue quartzeuse où il est passa 
blement disséminé. 11 arrive de temps à autre que le mineur ren- 
contre des rognons d’un minerai gris bleuâtre, compacte et fort dur, 
c'est ce minerai là qu'on se garde bien d'ajouter au sulfure de cuivre 
et de plomb. Voici les résultats de mon analyse : 


Piomb 35,769 
Zinc 23,118 
Cuivre 5,953 
Antimoine 3,956 
Fer 1,866 
Ac. silicique 7,368 
Soufre 21,860 
Eau 0,096 

99,966 


Ce minerai est donc rejeté à cause de sa faible teneur en cuivre 
et de la grande quantité de métaux qui peuvent rendre la fonte de 
cuivre impure, comme le zinc, l’antimoine et le plomb. 


4 0 0 ———— 


SUR LA PRODUCTION DES IMAGES STÉRÉOSCOPIQUES , SANS LE SECOURS 
DE L'INSTRUMENT. 


Par M. L. Dufour, professeur. 
(Séance du 15 avril 1857.) 


Pour obtenir l'effet stéréoscopique, il faut une superposition de 
deux images À et B légèrement différentes; ce résultat obtenu géné- 
ralement à l’aide d'un appareil connu , peut être réalisé directement 
avec les yeux. Il faut pour cela placer les deux images en face des 
yeux, à 4 ou 5 décimètres, puis cesser de les fixer ou diriger les 
axes oculaires comme pour voir un point plus éloigné. A cet instant, 
chaque figure apparait double et on voit les deux groupes A’, A/ et 
B', B/'; il suffit alors d'agir convenablement sur la direction des 
globes de l'œil pour amener la superposition de A/’ et B/ qui pro- 

3 


‘ 


264 IMAGES STÉRÉOSCOPIQUES. 


duisent une image unique où le relief est aussi prononcé, aussi frap- 
pant qu'avec le stéréoscope. On éprouve quelques difficultés quand 
on tente pour la première fois cette expérience; mais on en prend 
bientôt l'habitude et on peut, en tout cas, faciliter la superposition 
en pressant légèrement l’un des globes oculaires sur le coin externe. 

L'observation ainsi pratiquée peut done se passer du stéréoscope ; 
mais elle est pénible, fatigante et, si on la prolonge, elle produit 
un mal de tête ou un étourdissement assez opiniâtres. M. Dufour 
pense que l'effort presque douloureux qui est nécessaire dans le 
procédé qu'il indique tient à une simultanéité anormale dans l’acco- 
modation de l'œil d’une part et dans la direction des axes oculaires 
d'une autre. En général, quand nous fixons, de manière à le voir 
nettement, un point quelconque, il y a une certaine direction des 
axes qui dépend de la distance du point et un certain état de l'œil, 
ou d'une de ses parties qui produit la vision distincte pour cette dis- 
tance là. Pour un objet proche, les axes sont plus inclinés l’un sur 
l'autre et le globe oculaire se trouve dans la condition nécessaire — 
allongement total de l'organe, par exemple — pour que l'image 
tombe sur la rétine. Pour un objet éloigné, c’est l'inverse. 

Dans l'observation de deux images stéréoscopiques indiquée ci 
dessus, il faut une direction des axes oculaires autre que celle qui 
convient à la distance de l’objet, tandis que l’accomodation doit être 
produite pour cette distance la. Il faut donc un état de choses autre 
que celui auquel l'œil est habitué et qui ne s’obtient que par un effort 
dont les suites sont pénibles et fatigantes. 

M. Dufour ajoute que la méthode qui consiste à dédoubler deux 
images voisines, pour confondre ensuite la seconde et la troisième, 
pourrait s'employer dans d’autres circonstances et être l’objet d’une 
étude pleine d'intérêt. On pourrait, par exemple, examiner ainsi 
deux figures de même dimension, mais inégalement éclairées ou 
éclairées par des couleurs différentes, pour constater des faits rela- 
tifs à l'irradiation, aux couleurs complémentaires, etc. etc. 


— 9 (0 0—— 


BASSIN HYDROGRAPHIQUE DU PO. 
Par M. Zollikofer. 
(Séances du 15 avril et du 17 juin 1857.) 


Les soulèvements des Alpes et de l’Apennin ont formé entre ces 
deux chaines une large dépression qui fut occupée par un golfe de 
la mer Adriatique , baignant alors le pied septentrional de l’Apennin, 
ainsi que le pied oriental et méridional des Alpes. Ce grand golfe 
avait une longueur de 500 kilomètres (112 1.) du pied du Mont- 
Viso jusqu’en {strie ; sa base était de 250 kilom. (56 |.) entre Rimini 
et Spilimbergo ; sa largeur moyenne entre Modène et Vérone de 100 


kilom. (22 ‘/, L.) 


HYDROGRAPHIE DU PÔ. 265 


Les */, de ce golfe sont maintenant comblés. Leur place est occu- 
pi par une grande plaine , et les nombreuses rivières qui autrefois 
escendaient directement à la mer se sont peu à peu réunies en un 
vaste système hydrographique, celui du Pà. 
Pour circonserire le bassin du Pà d’une manière nette , il est né— 


. cessaire d'y faire rentrer un certain nombre de rivières qui, pour le 


moment, sont encore indépendantes du fleuve principal, mais qui, 
à la longue, s’y joindront aussi. L'Euphrateetle Tigre, le Gange et le 
Brahmapoutre, le Rhin et la Meuse mêlent leurs embouchures. Déjà 
l'Adige est en communication avec le Pà sur plusieurs points. Le 
Lamone, l’Agno, le Bacchiglione et la Brente se jettent dans les la- 
gunes dépendantes du Pd; de sorte qu'il n’y a que la Piave, la Li- 
venza, le Tagliamento et l'Isonzo qui soient encore entièrement 
indépendantes du fleuve principal. 

En faisant rentrer ces rivières dans le même système hydrogra- 
phique, nous avons le bassin le mieux cireonserit qui existe, bassin 
nettement indiqué par la crête principale des Alpes, de Trieste à 
travers le Terglou, le Grossglockner, le Saint-Gotthard, le Mont- 
Blanc et le Mont-Viso jusqu'au Col de Tende, et par celle de l'A- 
pennin du Col de Tende aux cimes de Rimini. 

Ce bassin a une surface de 1276 myriam. carrés (6,400 lieues 
carrées); il est parcouru par le Pù, dont la longueur est de 600 
kilom. (135 1.) et par ses nombreux affluents dont les principaux 
sont les suivants. (Les chiffres indiquent leur longueur en kilomètres 
et en lieues.) 


Rive gauche. Rive droite. 
La Doire Ripaire 110 (25) | le Tanaro 170 (38) 
la Doire Baltée 150 (54) | la Trebbia 90 (20 
la Sesia 130 (30) | la Tara 100 (22 
le Pessin 220 (50) | l'Enza 90 (20) 
l'Adda 280 (63) | la Secchia 140 (32) 
l'Ollio 250 (55) | le Panaro 140 (32) 
le Mincio 200 (45) | le Reno 100 (22) 
Il faut ajouter l’Adige et les rivières littorales. 
l'Adige 400 (90) | la Piave 210 (47) 
l’Agno 150 (34) | la Livenza 125 (28) 
le Bacchiglione 120 (27) | le Tagliamento 165 (37 
la Brente 150 (34) | l'isonzo 120 27 


le Lamone (de l’Apennin) 100 (22). 


Il y a donc 24 cours d'eau principaux avec une longueur moyenne 
de 180 kilom. (40 1.), ce qui équivaut à une vingtaine de cours 
d'eau de la longueur de l’Aar, nombre très-grand par rapport à la 
petitesse du bassin. 


266 HYDROGRAPHIE DU PO. 


Il serait intéressant de chercher la relation qui existe entre la 
quantité d’eau apportée par toutes ces rivières à la mer et la quan- 
tité d’eau de pluie qui tombe annuellement dans ce bassin. 

Décharge du Pà par seconde 1,720" cubes, ce qui fait par an 
54,000,000,000" cubes. 

En supposant que l'Adige et les rivières littorales charrient de 
l'eau en raison de la grandeur de leur bassin, leur décharge serait 
de ‘/,, soit de 18,000,000,000" cubes, done décharge totale de 
72,000,000,000" cubes. 

L'eau de pluie qui tombe annuellement dans ce bassin étant un 
un peu plus d’un mètre, la quantité totale en peut être évaluée à 
130,000,000,000" cubes, ce qui n’est pas tout à fait le double de la 
quantité d’eau transportée à la mer. Si je suis bien informé, c'est 
le triple pour le bassin de la Seine. 

Les données hypsométriques de l’ouvrage : Notizie naturali e 
civili su la Lombardia, m'ont permis de tracer les courbes du Pà 
et de ses affluents (voir la planche). 


On trouve les pentes suivantes : 


Pô, pente générale Sr Pese RG 1 pour 2400 
» entre la mer et Pontelagoseuro . 41  » 16000 
» » Pontelagoscuro et la Secchia. 4  » 7500 
» » la Secchia et l’'Adda . 1  » 6500 
D'MRSSEÉPAQMA er Ie TEST de ù PEN ON AU 
» » le Tessin et le Tanaro 1 » 1800 
» » le Tanaro et Turin 1  » 2000 
» » Turin et Poncalieri 1 Vs 2400 
» dans les Alpes À ox» 800 

Po, dans la plaine. 1 pour 2700, 

Tessin . 3 TT 590 

Add» .: : Suebop eme ‘1: 2 650 

Oo - 0e te 00e L, 720 

Mincio . : HmAMbOES a vd, : > RO 

Adige : sofmoiiil satéirir 1  » 2700 

Adige entre Legnago et la mer . 1  » 5000 


Pour comparer, mettons : 


Danube entre Passau et la mer . . . 41 » 8000 
» Orsowa et Rassowa . . 41  » 30000 
Rhino pente générale me". 7 0 ES SA EU 


La pente minimum du Danube est donc beaucoup plus faible que 
celle du Pd; la pente générale du Rhin, au contraire, est plus forte. 
La courbe du Pà présente une discontinuité entre les embouchures 
du Tanaro et du Tessin, où la pente est plus forte qu'au-dessus et 
au-dessous. Cette espèce de rapide dans la plaine est assez curieux, 


HYDROGRAPHIE DU PO. 267 


peut-être provient-il de ce que le Po a dù ralentir son cours en 
tournant autour de l'angle formé par les collines de Turin, pour 
l'accélérer ensuite, après s'être renforcé par les masses d'eau consi- 
dérables de la Doire Baltée et du Tanaro. 

L'Ollio forme un rapide semblable au-dessous de Bordolano; la 
courbe de l'Adda présente beaucoup d'irrégularités ; par contre, 
celles des autres affluents sont très-régulières dans la plaine. En 
comparant les pentes générales des affluents entre elles, on est 
frappé de la diminution uniforme qu’on y observe en allant d'O. en E. 
Cette diminution a sa raison d’être dans la disposition de la plaine 
alluvionale du bassin dont l'inclinaison diminue nécessairement dans 
le même sens. 

J'ai essayé d'appliquer à ces cours d’eau la formule empirique de 
M. Denzler , ingénieur à Zurich : 

m 
Le n+l 2 

h = hauteur d’un point quelconque du fleuve au-dessus de son 
embouchure. 

— distance horizontale de ce point à la source. 

m, n etp, trois constantes, dont les valeurs varient d’un cours 
d’eau à l’autre et qui peuvent se calculer pour chaque fleuve. Con- 
naissant la hauteur de la source au-dessus de l'embouchure, la lon- 
gueur du fleuve et un point intermédiaire, on a : 


m 


Mlatsodicel à En000gA LUE es de IT) 
n 
A l'embouchure 0 = l 2 
CULOUE AE Re pl . à) 
Duu L AE A ose LATEX 9 
Au point intermédiaire . . k! — ET pl 3) 


trois équations qui suffisent pour déterminer les constantes, 

Les lacs, les cascades et les rapides font interruption, et déjà 
pour le P6 il est nécessaire de considérer chaque branche à part; la 
partie au-dessus du Tanaro a d’autres constantes que celle au-dessous 
du Tessin. 

Le résultat de ces calculs est très-satisfaisant. La courbe théorique 
coïncide parfaitement avec la courbe réelle pour l’Adige , le Mincio, 
le Tessin et la partie supérieure de l’Ollio et assez bien avec les 
deux branches du Pô : ce n’est que l’Adda qui fait exception à la 
règle, vu sa pente très-irrégulière. 

Les courbes théoriques sont indiquées sur la planche par des 
lignes pointées, là où il n’y a pas correspondance parfaite !. 


1 M. Lude qui a bien voulu m'aider dans ces calculs assez longs, a en 
outre essayé d'appliquer la même formule à la pente de quelques talus 
d'éboulement relevés avec soin par M. Morlot. La correspondance entre la 


_ 268 HYDROGRAPHIE DU PO. 


Nous avons déjà dit que cette grande plaine, longue de 400 kil. 
(90 1.) et large de 100 kil. (22 ‘/, L.) en moyenne, est formée en 
entier de dépôts torrentiels. Il serait intér.ssant de connaître l’épais- 
seur de ces dépôts. Cependant nous n'avons aucune donnée directe 
là-dessus ; aucun forage n'a encore atteint le fond du bassin. S'il 
était permis de supposer que les pentes des Alpes et de l’Apennin se 
prolongeassent régulièrement sous les alluvions jusqu’à leur ren- 
contre, la profondeur du bassin serait trouvée. Je me suis posé ce 
problème et j'ai trouvé pour le méridien de Bergame que le point de 
rencontre des deux pentes serait situé dans la verticale de Crême à 
une profondeur de 1260" sous cette ville (1183" sous le niveau 
actuel de la mer). Ce chiffre mdiquerait donc l'épaisseur maximum 
des alluvions du Pô dans le dit méridien. 

Ce résultat acquiert une apparence de probabilité par la considé- 
ration suivante : La ligne de la plus grande profondeur du golfe pas- 
sant par la verticale de Crême (à peu près au milieu de la plaine), 
le Pô devrait aussi passer par là. S'il ne le fait pas, c’est que les 
puissants affluents des Alpes l'ont repoussé du côté de l'Apennin, 
jusqu'à ce que les affluents plus faibles de cette derniere chaine 
aient pu établir l'équilibre‘. Un simple coup d'œil jeté sur une 
bonne carte met en évidence ce fait. En outre, et c'est à quoi 
nous voulons en venir, on sera frappé de voir que les rivières des 
Alpes, avant de se jeter dans le Pd, changent brusquement de direc- 
tion. Au lieu de s’y rendre par le chemin le plus court, en conser- 
vant leur direction plus ou moins perpendiculaire à celle du fleuve, 
elles s’y jettent sous un angle aigu. Appelons a le chemin le plus 
court de l'affluent, à partir de son coude jusqu'au Pô; b son chemin 
réel du coude à l'embouchure, nous aurons : 


Pour le Tessin a:b=1:1,43 
»  l’Adda a: bi: A5 
»  l'Ollo 8 10 = ORNE 
»  Mincio 4 nb) 0e 


D'où provient ce changement brusque du cours de ces rivières ? 
Il est facile de l'expliquer si l'on fait passer le Pô primitif par les 
coudes mêmes, Le Pà ayant été repoussé peu à peu vers le sud, les 
affluents de la rive gauche ont prolongé par là même leur propre 
cours; mais ce prolongement se trouvait nécessairement soumis à 
deux forces, celle du courant du Pà et celle du courant de l’affluent 
même. Ce prolongement se dirigeait donc selon la résultante des 


courbe théorique et la courbe réelle est très-grande et fait supposer des 
lois analogues pour la disposition des matériaux formant talus et la forma 
tion du thalweg des cours d’eau. 

1 L'équilibre est établi dès que les produits des masses d’eau par leur 
vitesse sont égaux de côté et d’autres. Ce cas a dû arriver, car les affluents 
des Alpes en prolongeant leurs cours , ont diminué de pente , tandis que 
ceux de l’Apennin en ont augmenté en raccourcissant leur chemin. 


HYDROGRAPHIE DU PO. 269 


deux forces, soit selon une ligne intermédiaire aux directions du Po 
et de l’affluent, ce qui explique le coude. 

Or, réciproquement, ce changement de direction existant, on doit 
admettre que le Pà primitif ait réellement passé par les coudes des 
affluents. La ligne de jonction des-coudes passe justement par Crême, 
ce qui donne à notre problème cette apparence de probabilité dont 
nous parlions. 

Indépendamment de l'épaisseur considérable des dépôts, la plaine 
alluvionale du Pô est une des plus grandes par rapport à son bassin 
hydrographique, puisqu'elle occupe une surface de 486 myriam. 
carrés (2430 lieues carrées), soit presque 40 pour cent du bassin 
entier. Aucun fleuve de l'Europe centrale n'a un delta relativement 
aussi considérable. Les fleuves du nord ont à la vérité d'immenses 
plaines d’alluvions ; mais il est difficile d'établir pour eux le rapport 
entre les bassins et elles, vu que ces dernières ne sont pas séparées 
les unes des autres et qu’elles ne sont pas uniquement dues aux at- 
terrissements des fleuves, mais aussi, et peut-être en majeure partie, 
à la retraite de la mer. [l n’y a guère que les bassins du Gange et du 
Fleuve des Amazones qu'on puisse comparer à celui du Pô, avec 
lequel ils ont du reste plus d’un rapport. Ils sont presque aussi bien 
circonscrits par les chaines de montagnes qui les entourent; ils offrent 
aussi des affluents nombreux et considérables et renferment des 
plaines alluvionales immenses. 

On comprend facilement la formation d’un delta aussi grand que 
celui du Pô, lorsqu'on sait que ce fleuve charrie relativement beau- 
coup plus de matières solides que tout autre fleuve. Son eau contient 


,., . til 2 
 — de matières solides ; celle du Gange RUE celle du Nil seu- 


1 ; d ee , 
lement DENT NS Le Pô charrie annuellement 40 millions de mètres 


cubes de limon, ce qui fait nn de la quantité transportée par le 
Gange , quoique le bassin de ce dernier soit 11 fois plus grand que 
celui du Po. 

Ce charriage extraordinaire est dû à la réunion de beaucoup de 
circonstances favorables. D'abord l'encaissement du bassin entre 
deux grandes chaines dont l’une, celle des Alpes, a des ramifications 
fort multipliées , qui offre ainsi à l’action destructive des agents at- 
mosphériques , une grande surface. Ensuite la nature des roches qui 
composent ces chaînes. La plupart d’entre elles se détruisent facile- 
ment ; tels sont les schistes cristallins qui forment une large zône , les 
schistes argileux qui accompagnent le verrucano, les schistes mar- 
neux du triasS qui occupent une grande étendue de pays et qui se 
délitent très-aisément , les marnes calcaires des terrains crétacés et 
du flysch, très-développées dans les deux chaines ; enfin les marnes 
et les sables pliocènes de l’Apennin. Ensuite l’action triturante d’un 
grand nombre de glaciers (du Mont-Blanc, du Mont-Rose, de la 
Bernina, etc.). Finalement la quantité considérable de pluie qui 


270 HYDROGRAPHIE DU PO. 


tombe dans ce bassin et qui occasionne souvent de fortes crues dont 
les effets de destruction et de charriage sont toujours très-grands. 

La plaine alluvionale du Pà peut se diviser en deux parties très- 
distinctes : le delta diluvien, ou la partie formée dans la période qui 
a précédé la nôtre, et le delta moderne ou la partie formée à l'époque 
actuelle. 

Le delta diluvien, de beaucoup le plus considérable, forme assez 
exactement les ?/, de la plaine entière ou le double du delta moderne. 
Il est caractérisé par la circonstance que le Pô et tous ses affluents 
s’y trouvent encaissés entre des berges plus ou moins élevées , for 
mant des terrasses d’une régularité surprenante. Ces berges sont 
toujours très-hautes à la sortie des Alpes, 


Berges. du, Tessin dede à da dée re OU LORS 
RP (ESA D LE Sp te net came PARA 2 
À p44il 0, PEL ENO VERS ee QUE di 30" 


tandis qu’elles diminuent beaucoup de hauteur à mesure qu'on s’ap- 
proche de l'embouchure, 


Berges-du:Tessin (Pavé) sn b arte ir 40 400-4020 
“ide Ole (Bozzolo)entour.<b 20e 20 rien 
ser Pôs(Cremoné)iess ac dau atmoutéher 44 


Les dernières terrasses s’observent à peu près à l'embouchure 
de l’Ollio ou à 20° au-dessus du niveau de la mer, de sorte que la 
courbe de niveau de 20” indiquera approximativement la ligne de 
séparation du delta diluvien avec le delta moderne. 

L’explication la plus simple de l'existence de ces berges qui se 
retrouvent à tous les fleuves de l'Europe, est fournie par l'hypothèse 
d’un soulèvement graduel du continent, de quelques cents pieds. 
Ce soulèvement aurait produit une retraite de la mer, les anciens 
rivages auraient fait saillie et les fleuves se seraient vu forcés de se 
creuser un lit plus profond dans leurs propres dépôts ". Ce soulève- 
ment graduel du continent séparerait done l’époque diluvienne de 
époque actuelle. 

Le delta diluvien n’a point subi de modifications de nos temps, sauf 
quelques changements dans le lit du Pà. Le cours de ce fleuve est 
très-sinueux, et de temps en temps, dans les grandes crues, les eaux 
abrègent leur cours en se frayant un chemin direct. M. Lombardini * 
cite quelques exemples de ce genre. Ainsi en 1777 le Pô abrégea 
son cours de 5 kilom. sur 7, près de Casalmaggiore; en 1807, à 
Castelnuovo-Boeca d'Adda encore de 5 sur 7, et en 1809 de 7 sur 
9, non loin de ce dernier endroit, ensorte que ces trois sauts ont 
abrégé son cours de 17 kiïlom. (4 L.) 


1 Morlot, subdivision du terrain quaternaire. Bibliothèque universelle 
de Genève, mai 1855. 


? Politecnico di Milano, tome V. 1840. 


HYDROGRAPHIE DU PO. 274 


Le delta moderne, qui forme le tiers de la plaine alluvionale, a 
été le sujet d’études particulières. M. Lombardini a fourni des détails 
très-intéressants là-dessus, et c'est à son mémoire que nous em— 
pruntons les chiffres relatifs à l'avancement du delta. 

Ce delta a subi de graves modifications depuis l'époque historique, 
soit par rapport au changement du lit des fleuves, soit par rapport 
à son avancement. 

Changement du lit des fleuves. Anciennement le Pà passait par 
Ferrare, où il se divisait en deux bras, le P6 de Primaro ayant son 
embouchure près de Ravenne et le P6 de Voluno se jetant dans la 
mer à la partie septentrionale de la lagune de Comacchio. En 1152 il 
se fit une rupture près de Stellata (à 20 kilom. N-0 de Ferrare) qui 
donna naissance au P6 de Venise ou P6 actuel. Depuis ce temps-là le 
Pô de Volano fut abandonné , ainsi que la partie supérieure du Pà de 
Primaro, tandis que la partie inférieure de ce dernier sert depuis 
1770 d'écoulement à la rivière de Reno. Le P6 actuel, après avoir 
dépassé les dunes se divisa, tout en prolongeant son cours , de nou- 
veau en trois bras très-sinueux (PÔ di Tramontana, Pà di Levante et 
Pà di Scirocco). En 1599 l’on conçut l’idée de le resserrer dans un 
seul lit et de le conduire dans la mer par le chemin le plus court. Ce 
projet fut exécuté en 1604. Un canal de 7 kilom. le conduisit dans 
l'ancien golfe de Goro (à 16 kilom. S-E d’Adria ou à 16 kilom. du 
golfe actuel de Goro), ce qui abrégea son cours de plus de la moitié. 
Depuis ce temps-là le Po a maintenu sa nouvelle direction , mais en 
même temps il a allongé son cours de presque 20 kilom. (4 I.) en se 
divisant de nouveau en 9 bras, grands et petits. 

Le lit de l’Adige a aussi subi des changements. Avant 589 ce fleuve 
passait par la ville d'Este pour se rendre au port de Brondolo. Dans 
cette année une rupture à Gucea forma son lit actuel. Une autre rup- 
ture au X° siècle donna naissance à l'Adigetto , petit bras de l'Adige 
qui passe par Rovigue et qui établit par ses canaux une communica- 
tion entre le Pà et l'Adige. 

Avancement du delta. Cet avancement est des plus considérables, 
comme doit le faire supposer nécessairement l’immense quantité de 
matières solides charriées par le Pd. En effet, on sait que la petite 
ville d’Adria était autrefois au bord de la mer, tandis qu’elle se trouve 
actuellement à 23 kilom. (5 1.) des bouches de l’Adige et à 35 kilom. 
(8 1.) des bouches du Pô. Au commencement du XI siècle les 
dunes qui traversent le delta du N au S, formaient encore le cordon 
littoral , tandis que maintenant il y a des alluvions considérables en 
dehors des dunes. 


En 1599 . . . . . . 158 kilom. carrées (8 1. carrées) 
MASON tin cMMETO us » (24 00 21400) 


Donc augmentation annuelle des alluvions : 


Avant l'an 1600 . . . . 0,53 kilom. carrés — 147 arpents 
Après » » . Le +. AO 08 = 375 1» 


2 HYDROGRAPHIE DU PO. 


En outre l'avancement annuel du delta était en moyenne : 


Avant l'an 1600 © MOMENT pres 
Apres 0 1 CMP HOMMAGE BON 0° 10/2200 


Le Pô même depuis le XVII siècle allonge son cours sinueux de 
85 à 128" (380 à 420 pieds) selon les différents bras. 

Comme on le voit, l'avancement annuel du delta a presque triplé 
depuis le commencement du XVII siècle. Cette augmentation énorme 
provient du diguement du Po. C’est à cette époque qu’on a commencé 
à diguer le Pà depuis Crémone jusqu'à son embouchure, pour em- 
pêcher les inondations annuelles. Mais par là même on est tombé 
dans un autre inconvénient plus grave encore. Autrefois le Po déber- 
dait lors des grandes crues, déposait une partie de son limon à gauche 
et à droite et élevait ainsi d’une manière insensible , mais continue, 
le sol de la plaine, en même temps qu'il rehaussait son propre lit. 
Depuis le diguement du Pô, au contraire, la majeure partie des ma- 
tières solides est transportée à l'embouchure du fleuve, ce qui explique 
l'avancement rapide du delta ; mais une autre partie se dépose dans 
le lit même du Po; ce lit s'élève done toujours, sans que la plaine 
s'élève en même temps. Il faut aussi continuellement augmenter les 
digues, pour maintenir dans leurs limites les eaux qui coulent déjà à 
quelques mêtres au-dessus de la plaine environnante. En effet, entre 
Cremone et Ferrare le niveau moyen du Pà est à 2 '/," au-dessus 
de la plaine et le niveau des hautes eaux à 5 ou 6”. 

Il va sans dire que ce rehaussement du lit présente un danger bien 
grave et qui va toujours en augmentant indéfiniment, sans qu'on 
sache trop comment s’y soustraire. 

Cet inconvénient n'existe pas seulement pour le Po, mais aussi 
pour l’Adige et les autres rivières du delta moderne, ainsi que pour 
tous les nombreux canaux qui coupent le pays et qui sont également 
digués. Le fond du lit de l’Adige s’élève même plus rapidement encore 
que celui du Pà. 

Terminons par quelques mots sur l’âge du delta du Po. On a es- 
timé approximativement l’âge du delta moderne du Mississipi à 67000 
ans. Les données sur le Pù permettent une estimation semblable, car 
dans ces considérations il ne s’agit nullement d’un chiffre positif, 
mais seulement d’un chiffre qui puisse donner jusqu'à un certain 
point une idée assez juste de la durée de l’époque actuelle. 

L'augmentation annuelle de notre delta ayant été dans son état 
normal, savoir avant le diguement des fleuves, de 0,53 kilom. carrés, 
on peut estimer les atterrissements de l’Adige et des rivières litto- 
rales à ‘/; (fraction qui représente le rapport entre la grandeur de 
leur bassin et de celui du Po) ou à 0,17 kilom. carrés. chiffre qui 
indique un maximum, vu que ces rivières charrient relativement 
beaucoup moins que le Po. 

Done : total maximum des atterrissements 
annuels . . . . 0,53 + 0,17 


TE 0,7 kil. carrés. 
Surface du delta moderne 


16,200  » 


RCE LT RL "ES 07 : + D a: 6 


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Lorie 7 


[771 


NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 273 


Par conséquent, l’âge du delta en minimum : 
16,200 ] 
— TOY == 23,000 ans. 


En considérant les atterrissements de l’Adige et des rivières litto- 
rales comme nuls on trouverait l'âge du delta en maximum 


16,200 
= T5 = 30,000 ans. 
L'âge juste du delta doit donc être compris, sauf rectification ulté- 
rieure, entre 23 et 30,000 ans. 
Ce chiffre peut très-bien exister à côté de celui du Mississipi, car 
les époques géologiques ne peuvent guère être limitées d’une manière 
uniforme pour toutes les parties du globe. 


2 —— 


NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 


Par M° mischoff, professeur. 
(Séance du 20 mai 1857.) 


L'hespéridme est une de ces nombreuses substances qu’on a dé- 
couvertes en recherchant dans les végétaux des bases organiques, 
ou bien quelque principe immédiat, et qui n'ayant pas de caractère 
bien particulier sont reléguées, dans les traités de chimie, dans 
l'appendice des alcaloïdes. Celle-ci, trouvée par Lebreton dans les 
orangettes vertes, n'a été étudiée qu'imparfaitement par lui et quel- 
ques autres chimistes (Jonas et Landerer). Ils différent un peu entre 
eux sur ses propriétés, ce qui peut provenir du mode de traitement. 
Je possédais une petite quantité de cette matière obtenue comme 
celle de Jonas par macération des orangettes avec du vin additionné 
d'alcool. Au bout d’un mois ou plus, l’hespéridine forme une espèce 
d'efflorescence sur les orangettes et peut être enlevée par lévigation. 
Quelques essais m'ayant fait remarquer des analogies entre elle et la 
salicine, je pensai à l'étudier plus complétement. Ayant cherché 
inutilement à m'en procurer de nouveau, je me suis décidé à faire 
quelques recherches avec ce que je possédais. En voici le résultat. 

L'hespéridme obtenue par le procédé de Jonas et purifiée par des 
cristallisations réitérées de sa solution aqueuse bouillante, forme de 
petites aiguilles nacrées qui m'ont paru être des prismes à base 
rhombe. Elle se dissout dans 1800 parties d’eau froide et dans 16 
d’eau bouillante, très-facilement dans l'alcool et pas dans l’éther. 

Elle peut être chauffée jusqu’à 250° sans dégager d’eau , sans se 
fondre ni s’altérer; un peu au-delà elle fond en brunissant et en 
donnant des produits volatils. 


27% NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 


_L’acide sulfurique concentré la dissout. Le liquide jaune devient 
rouge par addition d'un agent d’oxidation. Avec le chlore elle donne 
une dissolution verte, avec la potasse et l’ammoniaque une dissolu- 
tion jaune. La solution aqueuse est précipitée par l’acétate plombi- 
que et colorée en rouge brun par le chlorure ferrique. 

L'acide chlorhydrique la dissout d’abord à l’aide d’une douce 
chaleur, mais au bout de peu d'instants, la liqueur se trouble et 
l’ébullition fait rassembler en grumeaux une matière résineuse dont il 
se dépose encore un peu par le refroidissement et pour laquelle je 
propose le nom d'hespérétine ; le liquide réduit la dissolution alca- 
line de cuivre; il contient donc du sucre et d’après cela l'hespéridine 
est un glucoside. 

La même décomposition a lieu par l'acide sulfurique délayé et 
chaud, mais la substance résineuse reste en grande partie dissoute 
dans le liquide bouillant et ne se dépose que lentement pendant le 
refroidissement. Cette hespérétine provenant de l’un ou l’autre trai- 
tement a été purifiée par dissolution dans l'alcool et précipitation 
par addition d'eau. Elle se sépare d’abord en restant en suspension 
dans le liquide, mais au bout de 24 heures de séjour elle se trans- 
forme en petits cristaux microscopiques qui sont des tables carrées. 

L'hespérétine est légèrement jaune, fort peu soluble dans l’eau, 
même bouillante, insoluble dans l’éther, mais bien soluble dans 
l'alcool. Elle se fond à 160° et se décompose un peu plus haut. 

L’acide sulfurique concentré la dissout, la solution jaune devient 
d'elle-même rouge : le chlorure ferrique colore sa dissolution en 
rouge-brun. 

Après le traitement de l'hespéridine par les acides délayés, le 
liquide contient du glucose ou plutôt une de ces substances qui ré- 
duisent la dissolution alcaline de cuivre. J'ai essayé d'isoler celui 
obtenu par lacide sulfurique, mais il ne m'a pas été possible de le 
purifier complétement; il m'a paru pourtant cristalliser plus facile- 
ment que le glucose et n'avoir pas une saveur aussi douce. D’après 
un dosage fait au moyen de la solution alcaline de cuivre titrée, 
l'hespéridine en fournirait 46,7 °/,, en admettant qu'il réduise 10 
équivalents de sel cuivrique. 

L’hespéridine peut subir encore un autre mode de dédoublement 
sous l'influence des bases et en particulier de la baryte caustique, 
mais je n'ai pu que l’entrevoir et n'ai point isolé complétement les 
produits. 

Après avoir fait bouillir longtemps l'hespéridine avec de l’eau 
de baryte, fait passer ensuite dans le liquide un courant d'acide car- 
bonique qui n’a précipité que du carbonate barytique et séparé le 
liquide, j'en ai obtenu par l’évaporation des paillettes cristallines 
développant avec un acide une odeur analogue à celle de l'acide ben- 
zoïque, et de plus une matière incristallisable soluble dans l'eau et 
non dans l'alcool, donnant avec l'acide sulfurique une dissolution 
immédiatement rouge, se colorant en violet par le chlorure ferrique 


LS, tt ls 


NOTICE SUR L'HESPÉRIDINE. 9275 


et donnant avec l'acide chlorhydrique une matière résineuse et un 
liquide réduisant la solution alcaline de cuivre. 
L'hespéridine offre sous ce rapport une analogie avec l’ononine, 
et il serait probablement intéressant de poursuivre ces recherches. 
Les analyses élémentaires de l'hespéridine et de l’hespérétine m'ont 
conduit à donner à la première la formule C7° H** O9, et à la se- 
conde la formule C*5 H?* 0*°. 


HESPÉRIDINE HesPéRérTine 
Calculé Trouvé Calculé Trouvé 
C7 53,57 53,28 C:5 60,00 59,12 
H:* 5,61 5,62 HE 5,21 5,23 


De 40,80 41,10 0?° 34,79 39,69 


Le dédoublement de l'hespéridine se rendrait alors ainsi : 


C’° H:: 0° -L 4 HO — C:5 H2* 0: —— 9 (A bre H!'° 0’) 


(Hespéridine) (Hespérétine) (Glucose) 


La quantité de glucose calculée serait de 45,9 °/,, ce qui se rap- 
proche assez de la donnée fournie par l'expérience. La formule pro- 
posée donne à l'hespéridine un équivalent qui me paraît bien élevé , 
et je serais assez porté à le diminuer de moitié et à changer celle de 
l'hespérétine dont l'analyse a été faite avec fort peu de matière , qui 
peut-être n’était pas encore assez pure. 

Les auteurs cités plus haut ne s'accordent pas sur les propriétés de 
l'hespéridine, mais aussi le mode de préparation peut avoir influé sur 
la nature de la substance obtenue. Ainsi Lebreton traitait l'extrait 
d'orangettes par la chaux et l'altérait ou la modifiait certainement. Le 
procédé de Jonas même peut n'être pas sans influence sur la forma- 


tion de la substance par l'acide du vin et celui des orangettes ; l’hes- 


péridine se produit là comme une espèce de sécrétion. 

L'examen auquel j'ai soumis l'hespéridine est sans doute fort in- 
complet, et si je me décide à communiquer ces résultats, c'est en 
raison du fait principal, qui permet de sortir l'hespéridine du recès 
chimique en la plaçant parmi les glucosides; et puis encore dans 
AespoIr que ces premiers essais améneront des recherches plus com- 
plètes. 


276 CONSERVATION DES LÉPIDOPTÈRES. 


MOYEN SIMPLE DE DÉGRAISSER LES LÉPIDOPTÈRES ATTEINTS D'ÉTAT GRAS 
DANS LES COLLECTIONS. 


Par SJ. Delaharpe , docteur. 


(Séance du 20 mai 1857.) 


De toutes les collections d'insectes, celles de lépidoptères sont 
particulièrement exposées aux avaries. Lorsqu'un collecteur a suffi- 
samment caleulé avee la fragilité de l'animal qu'il manie et prépare, 
il faut encore qu'il le défende contre les insectes destructeurs et, si 
possible, qu'il le dégraisse s’il vient à passer à l’état gras. 

On a employé un grand nombre de moyens pour mettre les col- 
lections à l'abri des dermestes et des pous de bois. L'occlusion her- 
métique par des bandes de toile ou de papier collées sur toutes les 
fissures, ne peut convenir que pour les cadres que l’on n’ouvre pas 
souvent. — Je me sers pour fermer hermétiquement les cadres de 
bandelettes de diachylon adhésif des pharmacies, parce qu'elles ont 
l'avantage de se placer et de s’enlever plus aisément. Il arrive aussi 
que l'on enferme par là le loup dans la bergerie sans s'en douter, 
et que, rassuré sur la conservation de ses insectes, on néglige de les 
visiter, précisément alors que des larves nées d'œufs invisibles, en 
font leur pâture. 

On a préconisé diverses fumigations odorantes ou délétères qui 
doivent écarter les insectes ou les tuer. Ces moyens ont pour la 
plupart des inconvénients. Les uns attaquent les épingles, les autres 
portent atteinte aux couleurs de l’insecte ; d’autres ne tuent que les 
larves sans nuire aux œufs; d’autres encore sont inefficaces ou bien 
hâtent le passage à l’état gras (la chaleur par exemple). Le plus sim- 
ple et le plus sûr consiste à toucher le dessous du corps des papillons 
avec un pinceau trempé dans une solution de sublimé dans l'esprit 
de vin. Ce moyen, qui doit être employé avec quelque dextérité et 
sans inonder les ailes, doit aussi combattre avantageusement la ten- 
dance à passer à l’état gras. 

Dans cette dernière altération des papillons, la graisse se forme 
dans le corps de l'animal et y reste longtemps à l'état solide ; mais 
par l’élévation de la température ou par d’autres causes cette graisse 
se liquéfie, imbibe d’abord tout le corps de l'insecte, puis gagne peu 
à peu ses ailes, jusqu'à ce que l'animal entier paraisse avoir été arrosé 
d'huile. Dans les petites espèces la graisse provoque l’oxidation du 
cuivre des épingles, et se combine avec l’oxide en formant un bour- 
relet qui fait éclater le corps de l'insecte et le brise. 

Pour se débarrasser de cette graisse sans nuire aux collections 
on fait usage de terre absorbante réduite en poudre très-fine et sèche 
(marne magnésienne). On pique le papillon sur le centre d'un mor- 
ceau de papier fin, non collé et très-perméable, que l'on place en- 


ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERBOLI. 274 


suite sur une couche de terre de telle sorte que tout l'insecte repose 
sur la terre, n’en étant séparé que par le papier. On fait la même 
opération pour le dessus de l'animal que l’on recouvre d'abord d’une 
lame de papier puis de poudre absorbante. On soumet l’insecte ainsi 
recouvert à une légère pression et au bout d’un certain temps la 
graisse a passé presque en entier dans la terre. 

Ce procédé ne peut s'appliquer aux petites espèces, qu'il risque- 
rait de briser; encore moins réussit-il si la graisse est retenue par 
le cuivre; le dégraissage est d'ailleurs souvent incomplet, toujours 
lent. 

J'ai réussi beaucoup plus promptement et plus sûrement avec tous 
les lépidoptères, quelle que soit leur taille , en employant la benzine. 
Pour cela j'applique le papillon par sa partie inférieure sur une couche 
de terre argileuse très-fine, de telle façon que la terre touche toutes 
les parties grasses. Puis, avec un pinceau, j'humecte peu à peu et à 
plusieurs reprises le dos de l'animal avec de la benzine. Au bout de 
10 à 15 minutes le papillon est déjà sec et l’on peut recommencer à 
l'humecter 2 ou 3 fois avec la même essence. Dès le lendemain ou 
le surlendemain le papillon est entièrement dépouillé de graisse et a 
repris ses couleurs. 

Si quelque portion de terre s’est attachée à lui, il est facile de l'en 
débarrasser avec un pinceau bien sec. La benzine s'évapore rapide- 
ment sans laisser aucune tache sur l’insecte. 


—+——  — 


NOTE SUR LES MINES D'ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERROLI 
ET LA VÉGÉTATION DE LA MAREMME DE TOSCANE 


Par M° Ch.-Th. Gaudin. 


(Séance du 20 mai 1857.) 


Du haut de la ville étrusque de Volterra on aperçoit au milieu 
d'un océan de collines désertes et arides une vapeur blanche qui 
fume continuellement. C’est Monte-Cerboli (le Mont-Cerbère des 
anciens) où l'on arrive en quelques heures après avoir franchi le val 
des Cécina, nom de famille qui appartient à toutes les époques de 
l'histoire depuis l'antiquité étrusque la plus reculée jusqu’à nos jours. 
Monte-Cerboli est situé au fond d'un étroit vallon dont le flanc est 
entièrement bouleversé. Ce sont des vagues de roes et d'argile entre 
lesquelles sortent en cent endroits de bruyants jets de vapeur brû- 

- lante. Quel phénomène émouvant que ce ravin en bouillonnement 
et où le vent fait sans cesse tourbillonner la vaste écharpe de vapeur 
qui tantôt dérobe le sol aux regards et vous lance comme au milieu 
d'une chaudière, tantôt montre dans ses déchirures des roches jau- 
nes, rouges, sulfureuses, ou les lambeaux de gazon qui se crampon- 


278 ACIDE BORIQUE DE MONTE-CÉRBOLI. 


nent aux anfractuosités !. On ne marche qu'en tremblant sur d’étroits 
sentiers où la glaise s’est durcie; car à droite et à gauche la boue 
est si chaude que nous n'avons osé y enfoncer le thermomètre. 
Malheur à qui y plonge le pied. Un malheureux ouvrier y périt l'an 
passé. 

Ce sont les fameuses mines de sel borax ; nous les avons vues par 
un beau soleil et alors que la civilisation a tourné à son profit cette 
étonnante manifestation des forces de la nature ; que devait être ce 
lieu lorsqu'il était encore désert et que l'imagination des anciens le 
peuplait de divinités infernales? 

Pour tirer parti de ces utiles vapeurs, on commence par coiffer 
le jet d’une cheminée de bois qui permet d'aborder le lieu avec moins 
de dangers. Pendant que la vapeur siffle furieuse à dix pieds au- 
dessus des ouvriers, ceux-ci construisent un mur en maçonnerie de 
manière à former un bassin plus ou moins circulaire ,. rrofond de 8 
à 10 pieds et large de 15 à 20. On enlève alors la cheminée en là- 
chant en même temps dans le bassin l'eau d'une écluse voisine. La 
vapeur jaillit avec fureur, elle soulève à gros bouillons le liquide 
qui se réchauffe et le lance à deux ou trois pieds au-dessus de son 
niveau. Au bout de 24 heures elle l’a saturé du borax qu'elle tient en 
dissolution. On vide alors le bassin pour le remplir immédiatement 
à nouveau. Autrefois on chauffait l'eau saturée pour en retirer le borax 
par évaporation ; or le bois est rare et cher; la société d'exploitation 
dut se dissoudre ; mais voici qu'un Français, M. de Larderel, imagine 
de voûter les bassins ou Zagoni pour emprisonner la vapeur et la 
conduire par des tuyaux sous des appareils d'évaporation perfec- 
tionnés. Dès lors, on n'a plus brûlé pour un centime de bois. La 
fissure du sol qui laisse échapper le gaz semble s'étendre en demi- 
cercle à plusieurs lieues de distance; partout les bassins construits 
sur le même principe recueillent les émanations d'acide borique, et, 
au 9 avril passé, la production totale du borax s'élevait, pour les 
98 premiers jours de 1857, à 645 tonneaux de 2000 livres pesant, 
soit 1,219,227 livres, tare déduite. Le propriétaire compte retirer 
cette année environ cinq millions de livres, grâce aux perfectionne- 
ments apportés à cette industrie. En effet, on ne se contente plus des 
jets naturels; mais, comme pour épuiser cette Imépuisable mine, on 
établit des sondes, on perce des puits artésiens qui arrivés à des 
profondeurs variables, selon le pont où ils sont placés, lancent bien 
au-dessus des échaffaudages et à la grande terreur des ouvriers, des 
colonnes de vapeur brûlante ou des gerbes d’eau bouillante et chargée 
d'acide borique. 

C'est l'Angleterre qui achète d'avance toute la provision de sel 
borax ; elle l’emploie comme fondant pour ses métaux, et depuis 
1820, grâce à l'anglais John Wood, elle l'utilise avec succès pour 


1 La chaleur provoquée par ces vapeurs ne semble pas avoir favorisé le 
développement de plantes étrangères à la localité et accoutumées à un 
climat plus méridional. Les recherches de notre guide, l’illustre professeur 
Parlatore, ne l’on conduit à aucun résultat. 


dé à on née 


ACIDE BORIQUE DE MONTE-CERBOLI. 279 


le vernissage de ses porcelaines et de ses belles poteries. Si le prix 
du borax pouvait baisser d’un tiers, l'industrie française s’en empa- 
rerait pour la fabrication des eristaux. 

Tel est ce curieux phénomène de la grande nature. M. le comte 
de Larderel et son fils en sont, il faut le dire, d'excellents interprètes. 
Une bonne route franchit le val de Cécina , sur un excellent pont 
suspendu ; un autre pont, élégant et solide, relie les deux flancs du 
ravin et aboutit au village de Larderel que domine sur son rocher 
l'antique bourg de Monte-Cerboli et que soutient une gigantesque 
muraille en maçonnerie. Trois cents ouvriers ont trouvé là, avec un 
salaire plus élevé que dans le reste de la Toscane , des logements 
sains pour leurs familles, des pensions pour leurs veuves, une église, 
des écoles, une école de couture, un médecin, une pharmacie, un 
établissement de bains, un théâtre et une salle de concert où qua- 
rante ouvriers, excellente musique de cuivre, exécutent avec un rare 
ensemble les morceaux les plus difficiles. C’est ainsi que le génie 
de l’industrie a su disperser les fantômes de la superstition et donner 
un gagne pain honorable à de nombreuses familles d'ouvriers. 


La maremme. 


Après avoir quitté Monte-Cerboli et franchi des collines jaunes 
et pelées comme celles de l'Algérie, on aborde à Massa Marittima la 
maremme toscane, célèbre par sa malaria et sa végétation méditer- 
ranéenne. Partout en Europe (puisse la géographie botanique profiter 
des derniers instants!) la végétation arborescente primitive tend à 
disparaitre. À peine quelques points inaccessibles de nos hautes 
Alpes montrent-ils encore à l'ami de la nature des lambeaux de fo- 
rêts vierges et dont la hache ait respecté les pins caduques et tout 
barbus de vieillesse. 

IL en est de même dans la maremme où, grâces aux défrichements, 
l'on ne pourra plus visiter pendant bien des années encore les débris 
de la végétation méditerranéenne primitive. Ce qu'il en reste est une 
forêt d'arbres de belle venue qu'enlacent des Smilax, des Tamus et 
des Clématites, lianes de la zdne tempérée. Elle recouvre un impé- 
nétrable fouillis d’arbustes toujours verts, de bruyères gigantesques 
tout argentées de fleurs : de larges touffes de Cyclamen vernum étalent 
sous les buissons des tapis carminés de plusieurs pieds de surface 
et l’Anémone de l’Apennin rayonne dans toutes les clairières. Voici 
du reste et sauf erreur, la liste des principaux éléments qui forment 
cette végétation, éléments recueillis en passant et comme à vol d’oi- 
seau. 


Arbres. Acer monspessulanum. 
Quercus pedunculata. Ulmus suberosa. 
»  cerris. Pirus silvatica. 
»  suber. Fraxinus ornus. 
»  pseudosuber. Cereis siliquastrum, 
» ! lex. Cerratonia siliqua. 


4 


280 CÔNE TORRENTIEL DÜ BOIRON. 


Pinus haleppensis. 
Arbustes. 
Juniperus communis. 

»  phoenicea. 

»  Macrocarpa. 
Phyllirea lata. 

» media. 

»  angustifolia. 
Olea europæa. 
Rhamnus alaternus. 
Paliurus aculeatus. 
Pistacia lentiscus. 

> vera. 
Myrtus communis. 
Laurus nobilis. 
Arbutus unedo. 
Tamarix africana. 
Buxus sempervirens. 
Daphne enidium. * 


Crataegus monogyna. 


Ulex europæus. 


Medicago arborea. 
Cistus villosus. 

»  monspelliensis. 
Erica arborea. 

Plantes grimpantes. 
Clematis vitalba. 
Smilax aspera. 

Smilax mauritanica. 
Pisum biflorum. 

On peut citer encore : 
Pteris aquilina. 
Salvia clandestina. 
Allium triquetrum. 
Spartium junceum. 
Calicotome spinosa. 
Iris pseudo-acorus. 
Ranuneulus tripartita. 

»  fluviatilis. 

»  aquatilis. 
Cyclamen vernum. 


Coronilla Emerus. Arisarum vulgare. 


EE 


NOTE SUR LE CÔNE DE DÉJECTION DU BOIRON (MORGES). 


Par M. Morlot, ingénieur et professeur. 


(Séance du 3 juin 4857.) 


Une tranchée du chemin de fer entre Morges et St. Prex coupe le 
cône de déjection torrentiel diluvien du Boiron. Ce cône, incliné de 
2°, se termine en berge ou terrasse du côté du lac, avec toute la 
régularité ordinaire de ces dépôts. Le fond, ou l’avancement de la 
tranchée, sous le chemin vicinal montant à Tolochenaz, rive gauche 
du Boiron, fournit une coupe très-nette et expose supérieurement la 
composition intérieure du cône, suivant la direction de sa plus forte 
pente. Le nivellement du chemin de fer rapporté au limnimètre de 
Morges a déterminé la hauteur du chemin de Tolochenaz, soit du 
sommet du centre de la tranchée sur ce point. Cette hauteur est de 
404,30 mètres au-dessus de la mer. À 4,2 mètres plus bas on re- 
marque la ligne de jonction entre les couches supérieures torren- 
tielles, parallèles à la surface du cône et disposées au-dessus de 
l'ancien niveau du lac, et les couches lacustres déposées en talus 
d’éboulement sous l’ancien niveau du lac, ainsi que cela résulte de 
leur forte inclinaison. Cette ligne de jonction est horizontale et sa 
hauteur de 400,1 mètres au-dessus de la mer , soit de 25,1 mètres 


PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. 381 


ou 83,6 pieds au-dessus du niveau actuel du lac fournit la déter- 
mination exacte de la hauteur du lac à l’époque diluvienne, lorsque 
le cône traversé par le chemin de fer était en voie de formation. 
Dans le fond de la tranchée on voit les couches du cône diluvien 
reposer sur le terrain erratique, formé de limon glaciaire, jaune à la 
partie supérieure et bleu-gris à un ou deux pieds de profondeur. 
Notons que le chemin de fer, au point où il est traversé par le 
chemin de Tolochenaz sera établi à 394,33 mètres au-dessus du 
niveau de la mer. 

La gravière, qui se trouve dans la berge du cùne dominant la 
grande route de Genève, au pont de celle-ci sur le Boiron (rive 
gauche), présente aussi, quoique moins distinctement, la ligne de 
jonction entre les dépôts torrentiels et les dépôts sous - lacustres. 
C'est dans les couches inclinées de ces derniers, à trois ou quatre 
pieds seulement sous l’ancien niveau du lac, qu'a été trouvée la 
belle molaire d’éléphant mentionnée dans le Bulletin du 29 juin 
1853, page 255. C’est aussi au même niveau à peu près et dans les 
mêmes circonstances de gisement qu'on vient de trouver, en creu- 
sant la tranchée du chemin de fer, tout près du chemin de Tolo- 
chenaz, la grande défense d’éléphant, mentionnée plus loin par M. 
Delaharpe. 


——"2<————— 


QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA CHLOROPHYLLE. 


Par M. 3.-B. Schnetzler, professeur à Vevey. 
(Séance du 47 juin 1857.) 


La Chlorophylle, quoiqu’elle soit une des matières les plus ré" 
pandues du règne végétal, n’est pas encore parfaitement connue. 
Les chimistes ne sont pas d'accord sur sa composition et les physio- 
logistes ignorent le role qu'elle joue dans la vie de la plante. Je 
suis bien loin de vouloir combler cette double lacune ; je ne désire 
qu’apporter quelques matériaux. IL y a deux ans qu’en faisant des 
essais analytiques sur la chlorophylle, j'y constatai la présence du 
fer. L'année passée j'ai repris ces essais avec plus de soin et je 
suis arrivé au même résultat. J'ai appris depuis que M. le docteur 
Verdeil a également trouvé du fer dans la chlorophylle. Je me borne 
ici à indiquer ces faits, me réservant d'y revenir à une autre occa- 
sion. Je ferai cependant observer que la présence du fer dans la 
matière colorante verte des plantes nous fait mieux comprendre 
l’action des sels solubles de fer, par exemple du sulfate de pro- 
toxide de fer, sur les plantes affectées de cette altération un peu va- 
guement désignée sous le nom de Chlorose végétale. J'ai vu bien 
souvent des plantes aux feuilles pâles, flasques, reprendre une belle 
coloration verte et une nouvelle vigueur de végétation, soit en les 
arrosant avec une solution très-étendue de vitriol vert, soit en mé- 


282 PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. 


langeant à la terre dans laquelle végétaient les plantes malades ce 
même sel réduit en poudre, et en arrosant ensuite avec de l’eau pure. 

Les belles expériences de Salm-Horstmar ont démontré que des 
plantes d'avoine privées de fer deviennent pâles et que leur affaiblis- 
sement va jusqu'à les empêcher de fleurir. Ainsi l'absence ou la 
diminution du fer dans les plantes se manifeste par une altération de 
la chlorophylle et par un affaiblissement général. 

Certains physiologistes ont comparé la matière colorante rouge du 
sang à la matière colorante verte des plantes. Leur composition chi- 
mique présente en effet quelque analogie. L'une et l'autre renferment 
une matière azotée, des matières grasses ou semblables à la cire, du 
fer, etc. 

Dans un de ses derniers mémoires , M. Schœnbein a fait voir que 
les globules sanguins favorisaient la formation ou le dégagement de 
l'Ozone. Lorsqu'on ajoute de la teinture de gaïac à de l'essence de 
thérébentine qui avait été exposée au soleil, aucune coloration bleue 
n'indique la présence de l'Ozone ; mais dés qu’on ajoute des globules 
sanguins à ce mélange, la coloration bleue, preuve du dégagement de 
l'oxigène à l’état actif, ne tarde pas à se manifester. Il m'a semblé 
intéressant d'examiner la chlorophylle sous ce même point de vue. 
Voici quelques-unes des expériences entreprises dans ce but. 

1. Des quantités égales d'essence de thérébentine ozonisée et de 
teinture de gaïac furent placées dans deux verres à pied ; le premier 
reçut une petite quantité de globules sanguins; le second une so- 
lution alcoolique de chlorophylle fraichement préparée. Le contenu 
du premier verre bleuit rapidement ; dans le second verre il n’y a 
pas trace de coloration bleue, même après plusieurs jours. Lorsqu'on 
secoue une partie du contenu bleu foncé du premier avec un peu de 
solution fraiche de chlorophylle la couleur bleue disparait et le l- 
quide prend une couleur d’un jaune vert plus pâle que la solution 
de chlorophylle employée. 

2. Un mélange d'essence de thérébentine ozonisée, de colle d’ami- 
don contenant de l’iodure de potassium et de globules sanguins dans 
de l'alcool, produit bientôt lorsqu'on le remue avec une baguette en 
verre, une coloration violette très-prononcée. Lorsque, dans un 
second verre, on mélange les mêmes substances additionnées d’une 
solution de chlorophylle, on obtient un liquide d'un jaune gris au 
moment où le contenu du premier verre est d’un violet foncé. À 
mesure que l’action de la chlorophylle s’affaiblit, la coloration vio- 
lette s'établit aussi peu à peu dans le second verre. 

3. De l'essence de thérébentine et de la colle d’amidon contenant 
de l’iodure de potassium furent placées, en quantité égale, dans deux 
verres ; le premier reçut un peu d'alcool pur, le second une solution 
alcoolique de chlorophylle. Le contenu des deux verres ayant été 
bien remué, celui du premier présentait, au bout d’une heure, une 
coloration violette; dans le second verre il n’y avait pas trace de 
cette coloration. Au bout de 5 heures la couleur violette du premier 
verre était foncée; dans le second verre on n’aperçut qu'une faible 


PROPRIÉTÉS DE LA CHLOROPHYLLE. 283 


teinte violacée au bord de la surface du liquide. Le contenu des deux 
verres ayant été bien remué , la coloration violette persista dans le 
premier et disparut complétement dans le second. Trois heures plus 
tard la matière déposée au fond du premier verre était d’un: violet 
très-foncé, dans le second verre d'un jaune gris. Ce n’est qu’au 
bout d'un ou de deux jours que l'action de l'ozone devient plus sen- 
sible dans le verre qui renferme la chlorophylle. 

L. Quelques cristaux de chlorate de potasse, un peu de peroxide 
de manganèse et de la teinture de gaïac furent doucement chauffés 
dans un tube fermé par un bout. Le liquide prit bientôt une colo- 
ration bleue ; en le filtrant il devint parfaitement limpide et présenta 
une belle nuance azurée. Lorsqu'on chauffe ces mêmes matières avec 
la solution de chlorophylle on n'obtient pas trace de coloration bleue. 

Il me semble ressortir des expériences que je viens de citer que 
la matière rouge du sang et la chlorophylle différent l’une de l’autre 
quant à leur action sur l’oxigène. Tandis que les globules sanguins 
favorisent la formation ou le dégagement de l’oxigène actif, la chlo- 
rophylle me parait produire l'effet contraire, soit en absorbant l'ozone 
formé, soit en le réduisant à l’état d’oxigène indifférent. Il est vrai 
ne les plantes dégagent pendant le jour et surtout à la lumière vive 

u soleil, une certaine quantité d'ozone ; mais il est facile de se con- 
vaincre que l'ozone ainsi dégagé ne forme qu'une partie bien minime 
de l’oxigène exhalé par les plantes. 

L'organisme animal semble donc renfermer une matière qui en 
favorisant l’action de l’oxigène sur les éléments combustibles des 
particules usées du corps, facilite l'élimination de ces éléments sous 
forme d'acide carbonique, d’eau, ete. Dans les plantes, au contraire, 
la chlorophylle paraît protéger le carbone et l'hydrogène contre l’ac- 
tion comburante de l'oxygène actif. 

Quoi qu'il en soit, il est certainement frappant que les animaux 
chez lesquels des recherches récentes ont démontré la présence de la 
chlorophylle, par exemple Hydra viridis, Euglena viridis, et même 
certains vers, se comportent, sous le rapport de larespiration, comme 
des plantes , en exhalant pendant le jour de loxigène ; tandis que les 
plantes dépourvues de chlorophylle, comme les champignons , les 
Orobanches, les Lathraea exhalent pendant le jour de l'acide earbo- 
nique comme les animaux. 

Ces faits doivent attirer l'attention sur le rôle que la chlorophylle 
joue dans les métamorphoses chimiques qui se passent dans la plante. 
Ce n’est que par une étude approfondie et bien dirigée des fonctions 
respiratoires de la plante que nous réussirons peut-être un jour à 
résoudre la question que la nature nous pose d’une manière si fatale 
dans les altérations graves qui depuis plusieurs années frappent quel- 
ques-uns des végétaux les plus utiles. 


284 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


RECHERCHES SUR LES FONCTIONS DU SYSTÈME NERVEUX DANS 
LES ANIMAUX ARTICULÉS. 


(Suile.) 


Par M. Yersin, professeur à Morges. 
(Séance du 17 juin 1857.) 


L'année dernière, j'ai communiqué à la Société les résultats de 
mes premiers essais sur la physiologie du système nerveux dans les 
insectes. Dès lors j'ai continué mes recherches, voyant à chaque 
pas s'étendre le champ des opérations possibles et de nouveaux faits 
s'ajouter à ceux déjà observés. 

Mes premières vivisections ont porté sur les diverses parties du 
système nerveux; j'ai acquis ainsi une idée générale de ses fonc- 
tions, entrevu le champ des opérations à faire et reconnu qu'il n’est 
prudent de formuler des conclusions qu'en variant beaucoup et en 
répétant un grand nombre de fois chaque ordre d'opérations et en 
combinant ensuite l’ensemble des résultats. J'ai reconnu également 
la nécessité de n’opérer que sur des animaux dont les habitudes me 
fussent parfaitement connues. Aussi ai-je restreint, pour le moment, 
mes recherches aux insectes orthoptères en choisissant plus parti- 
culièrement dans cet ordre les trois espèces suivantes : le Grillon 
champêtre (Gryllus campestris, Lin.), la Blatte orientale (Peripla- 
netta orientalis, Lin.), l'Epacromie glauque (Epacromia thalassina, 
Fab.). 

Je ne suis pas encore fixé sur la plupart des points de la nevro- 
physiologie de ces insectes, aussi le but de ma communication 
est-il de présenter les résultats de quelques-unes de mes nouvelles 
opérations, me réservant de les reprendre plus tard, pour les com- 
biner avec d’autres et en tirer, par une discussion subséquente, les 
conséquences générales et particulières qui me paraitront en dé- 
couler. 

Jusqu'à présent j'ai opéré de deux manières pour étudier le rôle 
des ganglions; j'essaie d’abord l'effet de lésions ou de sections effec— 
tuées directement sur ces organes, puis, sur d’autres insectes de la 
même espèce, j'isole, sans l’altérer et plus ou moins complétement, 
le même ganglion du reste de la chaine. C’est sur le résumé suceinct 
de ces dernières opérations que je me propose d'attirer quelques 
instants votre attention. 

Je dois rappeler , avant de commencer, la distinction déjà admise 
par la plupart des physiologistes entre les mouvements volontaires 
et les mouvements réflexes. Je désignerai toujours, sous cette der- 
nière dénomination, ces soubresauts instantanés qui s’observent 
lorsqu'une cause étrangère détermine , sur l'animal, une sensation 
plus ou moins vive. Les mouvements réflexes cessent avec la cause 
qui les provoque. 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 285 


| 
Section des deux cordons à la même hauteur. 


À. UNE SEULE SECTION DIVISANT LA CHAÎNE EN DEUX PARTIES 
SEULEMENT. 


1. Section des deux cordons dans la tête entre le ganglion sus- 
æsophagien et le ganglion sous-æsophagien ‘. 

Les faits suivants résument huit opérations sur le grillon, dans 
lesquelles la section est toujours au-dessous du cordon sous-æso- 
phagien*. Immédiatement après la section, l'insecte demeure dans 
un état d'immobilité complète, qui se prolonge plus ou moins long- 
temps, rarement au-delà de dix minutes; les antennes seules sont 
agitées de temps à autres par des mouvements vibratoires très-rapi- 
des et peu étendus, qu’elles effectuent presque toujours exactement 
ensemble. Les dilatations et les contractions continues de l'abdomen 
dénotent une respiration très-active. En sortant de son repos, l’ani- 
mal frotte successivement, avec chacune de ses pattes antérieures , 
les côtés de la tête, qui se penche d'un côté et de l’autre pour faci- 
liter cet acte. Ordinairement les autres membres se déplacent peu à 
peu et soulèvent la partie antérieure du corps, qui finit par être 
tellement haute, que les deux pattes antérieures ne peuvent plus 
atteindre le plan de position; elles frottent alors ensemble les côtés 
de la tête. Cette dernière s’est associée au mouvement général du 
corps et porte la bouche en avant et en haut; l'animal a ainsi une 
tenue des plus singulières et qui rappelle celle que prennent quel- 
quefois les grillons, lorsqu'ils s'élèvent sur leurs pattes, pour boire 
une goutte de rosée suspendue à une feuille. L'insecte peut demeu- 
rer plus ou moins longtemps dans cette position; en général, au bout 
d’un certain temps, il se replace normalement sur ses pattes, la 
bouche toujours portée en avant. L'une des pattes antérieures con- 
tinue à passer sur le côté correspondant de la tête et l'animal se 
met en marche de manége, à pas très-lents, du côté opposé. Il arrive 
ainsi que le même grillon marche en tournant à droite, quand la 
patte gauche frotte la tête et qu'il décrit un cercle à gauche lorsque 
c’est la patte droite qui passe sur la tête. Le grillon se porte aussi 
quelques pas devant lui, en marchant régulièrement avec toutes ses 


1 Pour ne pas trop allonger ce résumé, je n'indique pas ici la méthode 
opératoire que j'ai suivie; elle sera exposée en détail dans le mémoire 
définitif, avec planches. 


2 J'ai réellement opéré un plus grand nombre de Grillons pour diviser 
la chaîne entre les deux ganglions céphaliques ; mais je n'ai réussi que sur 
huit individus. Il est à peine nécessaire de dire que j’ai toujours fait suivre 
chaque opération d’une dissection aussi soignée ge possible et que je ne 
donne ici que les cas qui ne m'ont laissé aucun doute sur la nature de la 
section. 


286 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


pattes; puis il semble éprouver une sorte de contrainte ou d'hésita- 
tion; il fait des mouvements sur place en avant et en arrière ou 
même quelques pas en reculant. 

Le jour qui suit celui de l'opération, la tenue de l'msecte est à 
peu de chose près celle d’un animal non opéré; il demeure ordinai- 
rement immobile. Lorsqu'on l'expose brusquement au soleil il fait 
quelques pas très-lents en marchant devant lui, puis il nettoye ses 
pattes eh les faisant passer dans la bouche. Les mâchoires" agissent 
alors en enlaçant la patte à nettoyer et en la frappant de petits coups, 
comme cela a lieu dans les insectes non opérés. En plaçant du pain 
mouillé ou tout autre aliment à la portée de l'animal il le mange 
avec la même facilité, en apparence, que dans l’état ordinaire. 

Comme il est à peu près impossible de faire la section des deux 
cordons dans la tête, sans compromettre plus ou moins le tube di- 
gestif, je n'ai pas cherché combien de temps l'animal ainsi opéré 
pouvait vivre; 24 heures après l'opération, je le tue par la benzne 
pour en faire la dissection. Mais auparavant et pour mieux juger de 
son état, je note quelles sont les conséquences d’excitations sur les 
divers organes de l'animal. 

Remarquons d’abord que le ganglion au-dessus de l’æsophage se 
trouve complétement isolé du reste de la chaine et que les antennes 
sont les seuls organes mobiles qui en reçoivent des nerfs. Lorsqu'on 
touche l’une des antennes elle s'éloigne vivement sans que la seconde 
paraisse affeetée; il n’est pas même possible, en pinçant l'une, de 
provoquer des mouvements réflexes de l’autre. Quelquefois, il est 
vrai, j'ai cru, dans les premiers instants après l'opération , décou- 
vrir qu’une excitation sur l'une des antennes déterminait une cer- 
taine agitation de l’autre; mais ces cas sont si rares que je n’oserai 
en inférer une action réflexe d'une antenne sur l’autre. Rappelons 
toutefois que l’on voit ces organes vibrer avec un ensemble parfait 
et pendant fort longtemps à la suite de l'opération. 

Peu de temps après la section une légère excitation sur les cercis 
détermine un mouvement de cet organe seul ou des deux cereis à la 
fois. On ne parvient à provoquer un acte défensif des pattes posté- 
rieures qu'en pressant assez fort ou en frottant sur la base interne 
du cerci. Plus tard, lorsque l'animal est arrivé à la période de repos, 
en excitant légèrement l’un des cercis, la patte antérieure du même 
côté frotte la tête et l'animal déerit en marchant quelques cereles du 
côté opposé; puis il retombe dans une complète immobilité. En 
posant le doigt au milieu et près de l'extrémité supérieure de l’ab- 
domen, l'animal fait un petit saut en avant, frotte l'abdomen avec 


1 Ce sontles mâchoires et non pas les mandibules, comme je lai dit au- 
trefois par erreur, qui nettoyent les antennes et les pattes. Les mâchoires 
seules peuvent faire les mouvements nécessaires en se portant en avant 
hors de la bouche pour saisir l’organe à nettoyer. Lorsque l'animal prend 
de la nourriture, les mâchoires agissent exactement de la même manière ; 
elles saisissent les aliments et les portent dans la bouche pour qu’ils soient 
broyés entre les mandibules. 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 287 


ses deux pattes postérieures et rentre dans son état de repos. En 
touchant légèrement chacune des pattes sur le tarse, la patte se sou- 
lève instantanément et retombe un peu après. Une pression un peu 
plus forte, exercée sur le même organe, détermine un violent sou- 
bresaut de tout le corps. Lorsque l’on touche l’une des palpes , elle 
se retire vivement sans que les autres éprouvent la plus légère agi- 

tation. Le même organe étant faiblement retenu entre des bruxelles 
toutes les palpes s'élèvent par un mouvement instantané; enfin, 
en serrant un peu la palpe, l'agitation s'étend aux pattes et plus 
particulièrement à l’antérieure du côté de l'organe excité. Quelque- 
fois l'animal, après avoir éprouvé un léger soubresaut, se met en 
marche et décrit un are de cercle du côté opposé. 

Lorsque l'animal est renversé sur son dos, il agite ses pattes et 
fait des efforts pour reprendre sa position naturelle , en général il y 
parvient facilement. Je n'ai pas remarqué qu'il fût astreint à se re 
lever en tournant d’un côté plutôt que de l’autre. 


2. Section des deux cordons entre le second ganglion céphalique 
et le premier ganglion thoracique. 

J'ai opéré spécialement dans le but de suivre les conséquences de 
cette section trois individus de la blatte orientale, en leur coupant 
la tête, et quatre du grillon champêtre. Sur ces derniers, j'ai coupé 
les deux cordons seulement en évitant autant que possible de léser 
les organes voisins. Indiquons d’abord les résultats obtenus sur les 
blattes. 

Immédiatement après la décapitation l’insecte, étant renversé sur 
son dos, agite vivement toutes ses pattes, faisant de vains efforts 
pour se relever et n’y réussit pas. Notons, à titre de renseignement, 
qu'un insecte de la même espèce non opéré, auquel il arrive de 
tomber sur son dos a, le plus souvent, beaucoup de peine à se re- 
placer sur ses pattes. Je relève l'individu en expérience ; aussitôt il 
fait quelques pas lents et incertains, puis il s'arrête et se soulevant 
sur ses pattes, il amène vers la tête, qui n’existe plus, chacun de 
ses membres comme pour les passer dans la bouche. Lorsque c’est 
l’un des membres antérieurs qui s’avance de la sorte, le prothorax 
conserve sa position ordinaire, mais lorsque c’est l’une des pattes 
postérieures, le corps se penche sur le cèté opposé et le prothorax 
exécute tous les mouvements qu'il fait dans une blatte ordinaire, lors- 
qu'elle porte la tête sous le corps, pour atteindre la hanche posté- 
rieure. En inquiétant l’insecte, il semble plus disposé à se défendre 
qu'à fuir. Ainsi en touchant un cerci, la patte postérieure du même 
côté vient repousser le corps étranger, puis frotte l'abdomen et se 
porte ensuite vers la tête pour se faire nettoyer. Si à l'instant où 
l'insecte est dans cette position, on touche de nouveau ou pince légè- 
rement l’un des cercis, la patte postérieure reprend brusquement sa 
position normale, et si l'on continue à inquiéter l'animal, il se dé- 
fend à coups de pieds. Rarement il essaie de fuir en faisant rapide- 
ment quelques pas en avant. 


288 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES, 


Ce corps privé de tête et par conséquent de tout moyen de nour- 
riture, peut vivre un temps assez long. Le premier des corps qui 
mourut fut celui d'un mäle, sept jours après l'opération; les deux 
autres appartenant l’un à une femelle et l’autre à une larve ont vécu 
le premier dix jours, le second douze, manifestant pendant tout ce 
temps les mêmes caractères que ceux énoncés ci-dessus. 

J'aiessayé plusieurs fois l’effet d’excitations exercées sur les pattes, 
l'insecte étant renversé sur son dos, les résultats ont tellement va- 
rié qu'il m'est impossible de les généraliser avant d’avoir répété 
mes expériences sur d'autres individus , je passerai donc ces résul- 
tats sous silence. 

La tête, séparée du tronc, conserve assez longtemps sa vitalité 
pour que l’on puisse constater, dans le plus grand nombre des cas, 
un mouvement instantané de tous les organes mobiles de la tête, 
lorsque l’on pince un peu vivement l’un quelconque d’entre eux. 
Toutefois ces mouvements ne se produisent pas tous avec une égale 
constance et quelques-uns s’éteignent plus vite que les autres. C'est 
ainsi que l’action réflexe que j'ai eu le plus de difficulté à bien con- 
stater et qui à fait souvent complétement défaut est celle d’une an- 
tenne sur l’autre. Il m'est arrivé aussi en pinçant l’une des palpes 
de ne déterminer d’agitation que sur les autres palpes et l'antenne 
du même côté. 

J'ai suivi d'une manière plus complète les conséquences de la 
section des deux cordons, entre la tête et le thorax, sur le grillon 
champêtre. Je rappelle que, sur quatre insectes de cette espèce, la 
section est pratiquée de manière à ne léser que le moins possible 
les organes voisins. Les individus opérés m'ont présenté des carac- 
tères presque identiques, sauf pour la longévité qui a notablement 
varié. 

L'instant qui suit l'opération se passe toujours dans une complète 
immobilité, les pattes antérieures sont quelquefois soulevées en- 
semble sur les côtés de la tête, d’autres fois une seule demeure 
dans cette position. C’est ordinairement l’une de ces pattes qui rompt 
la première le repos de l'animal si auparavant il n’a pas fait vibrer 
ses antennes. Les pattes antérieures commencent par frotter la tête, 
comme pour la brosser, puis chacune d'elles se porte sous la bou- 
che, pour se faire nettoyer ; les mâchoires demeurent toujours im- 
mobiles ou ne s'occupent aucunement de l'organe à leur portée. 
Peu à peu et chacune à son tour de rèle, toutes les pattes exécu- 
tent des mouvements analogues. Lorsque c’est l’une des pattes pos- 
térieures qui se replie pour se porter en avant, l'animal doit se 
coucher à demi sur le flanc opposé et très-souvent il tombe sur son 
dos; mais il se relève immédiatement et recommence les mêmes 
manœuvres plusieurs fois de suite. Les efforts que doit faire le gril- 
lon pour conserver son équilibre l’obligent à des mouvements qui 
ne s'observent pas chez les individus non opérés. On trouve l'ex- 
plication de cet état dans la position de la tête qui demeure élevée 
comme pendant la station ordinaire, tandis qu'elle devrait être au— 


È SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 289 
dessous du corps, à proximité des hanches et des cuisses. Quand 
. accidentellement elle est dans une position convenable, l'animal 
ut effectuer tous les mouvements que nous venons d'indiquer sans 


aucune difficulté et sans courir le risque de tomber sur son dos. 


Le corps de l'insecte opéré ne semble avoir d’autre préoceu- 
pation et d'autre volonté habituelle que celle des soins qu'exige la 
propreté. Lorsque l'animal est en repos, on peut aisément provo— 

_ quer tous les actes auxquels nous faisons allusion, en pinçant ou 


seulement en touchant l’une des pattes ; on arrive au même résultat 


en exposant l'insecte au soleil. Quelquefois alors il s’anime sensi- 
blement, fait quelques pas en marchant régulièrement ou en sau- 
tant devant lui. Il arrive aussi qu'il soulève ses élytres et ses ailes 
et bat l'air, comme pour prendre son vol, en même temps qu'il court 
avec une certaine animation ; mais ces derniers actes ne s'observent 
que rarement. Un mâle, quarante jours après l'opération, sort brus- 
quement de sa torpeur habituelle, il marche en stridulant du chant 
d'appel d’une manière parfaitement normale, et fait sortir un sper- 
matophore bien conformé; bientôt après ce grillon cherche à le 
faire tomber en frottant l'extrémité de son abdomen sur le sol, ce 
qui exige de tout le corps un ensemble de mouvements assez com- 
pures. Ce même insecte, placé peu de temps après au-dessous 

‘une femelle opérée comme lui et dans la position des grillons pen- 
dant l’accouplement a fait tous les mouvements que nécessite cet 
acte. La femelle qui d’abord se débattait vivement, a fini par se 
prêter aux désirs du mâle et par prendre la position qui facilite le 
dépôt du spermatophore. Quant aux femelles opérées, je ne les ai 
pas vu pondre. 

Pendant les premiers jours après l'opération, les parties mobiles 
de la tête étaient presque toujours en mouvement, sans qu'il me 
fût possible de juger du but de cette agitation. Lorsque je plaçais 
du pain devant la bouche, en contact avec les palpes, je ne parve- 
nais pas à constater que les mouvements continuels des mâchoires 
eussent réellement pour but de le saisir. Mais au bout d’une se- 
maine , la tête étant calme, je présentai de nouveau cet aliment aux 
palpes. Ces organes s’avancèrent frappant de petits coups, puis les 
mâchoires, s'écartant, vinrent à leur tour déchirer un peu de pain 
pour le porter entre les mandibules qui immédiatement en eflectuè- 
rent la mastication. Elle fut suivie de déglutition. Le grillon conti- 
nuant à manger avec avidité, l’une des pattes antérieures vint se 
placer devant la bouche ; elle fut saisie avec le pain par les mâchoi- 
res, apportée entre les mandibules et mordue assez fort pour faire 
bondir l'animal, la bouche n’en continua pas moins la mastication 
des aliments dont elle était remplie. Cet accident, arrivé à l’une des 
pattes, se reproduisit fréquemment et près de la fin de leur exis- 
tence, chacun des insectes opérés s'était dévoré quelques-uns de 
ses membres. 

Lorsque l'animal est dans une immobilité complète, on provoque 


< LA 
290 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


un mouvement réflexe manifeste de toutes les parties mobiles de la 
tête, en pinçant l’une quelconque d’entre elles. 

Une légère excitation de l’une des pattes provoque un mouve- 
ment réflexe de cet organe qui se retire brusquement, et ensuite un 
acte volontaire, celui de se porter vers la bouche. Lorsque l’exei- 
tation est plus vive, toutes les pattes éprouvent un soubressaut, 
ordinairement accompagné de quelques mouvements volontaires, de 
locomotion ou de défense. Lorsque l'animal est sur ses paties , tous 
ces mouvements du tronc sont analogues à ceux d’un insecte non 
opéré. Il en est en général de même lorsqu'on réussit à le maintenir 
quelques instants sur son dos. En excitant l’une des pattes, on dé- 
termine une réflexion instantanée sur les autres membres, suivie 
de mouvements volontaires qui, le plus souvent, ont pour effet de 
relever le grillon. D’autres fois, si c’est une patte postérieure qui 
est pincée, elle s’avance vers la bouche, aidée par la patte médiane 
et même par l’antérieure du même côté. Ordinairement, lorsque 
l'animal est dans cette posture, en excitant la seconde patte posté 
rieure, la première revient aussitôt à sa position naturelle et c’est la 
seconde qui s’avance vers la bouche. Toutefois , j'ai vu aussi la se- 
conde patte se porter en avant sans que la première se fût retirée, 
tellement qu’alors le grillon a ses deux pattes postérieures à la fois 
sous le corps et maintenues dans cette position par les pattes mé- 
dianes. Cet état, tout à fait anormal, semble indiquer une certaine 
indépendance des actes des deux côtés du corps. 

En appuyant très-légèrement le doigt sur le dos du grillon, il fait 
un petit saut en avant et, si on répète un certain nombre de fois 
cette excitation, il n’est pas rare de provoquer ce tremblement par- 
ticulier de tout le corps, qui est chez le grillon l'indice de la colère. 

Ordinairement en touchant avec la pointe d’une aiguille la base de 
l’un des cercis, l’insecte marche en décrivant un cercle du côté du 
cerci touché. 

Enfin, ajoutons encore que lorsqu'il est sur son dos il se relève 
aussi facilement d’un côté que de l’autre. 

Quant à la durée de la vie chez les insectes opérés, elle ne paraît 
pas différer de celle du même animal dans son état normal, comme 
le montrent les chiffres suivants. On fit la section sur des quatre 
grillons le 18 mai. Un mâle mourut le 3 juin, c’est-à-dire 16 jours 
après l'opération; vint ensuite une femelle, le 24 jun; or, vers le 
milieu du même mois, beaucoup de grillons non opérés et dans les 
conditions ordinaires de la vie, meurent de vieillesse. Une autre 
femelle mourut le 3 juillet; enfin, le dernier mâle n’a succombé que 
le 12 juillet, c'est-à-dire à une époque où les grillons, à l’état par- 


fait, deviennent très-rares dans les environs de Morges , il a donc, 


atteint un âge avancé. 


3. Section des deux cordons entre les ganglions thoraciques ou 
entre ceux de l'abdomen. 

J'ai eu l’occasion d'opérer un très-grand nombre d'individus des 
trois espèces qui nous servent de type pour la section des deux cor- 


NP NOR 


ad » 


e SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 291 


dons entre les ganglions thoraciques ; ces opérations, ainsi que celles 
L7 


l'abdomen, m'ont constamment conduit aux mêmes résultats 
que ceux. déjà énoncés dans ma précédente communica- 
| ", combinés avec ceux du paragraphe précédent, aussi n’y re- 


- yiendrai-je pas aujourd'hui. 
Dr 


#B. DEUX SECTIONS DES DEUX CORDONS A LA FOIS, AYANT POUR BUT 
+ D'ISOLER COMPLÉTBMENT UN GANGLION DU RESTE DE LA CHAINE. 


NAT j peur. 
- _Ilest deux ganglions que l’on isole complétement du reste de la 


ide par une seule section, ce sont le ganglion sus-æsophagien et 


dernier ganglion abdominal. Comme nous avons déjà vu ce qui 
t relatif au premier nous passerons de suite à ce qui concerne le 


second s 


, 


+ 

k. Dernier ganglion abdominal. Dans les orthoptères , les cercis 
et l’oviscape des femelles sont les seules pièces mobiles qui tirent 
leurs nerfs de ce ganglion. Après la section des cordons, chacun de 
ces organes conserve sa mobilité et se retire ou s'éloigne lorsqu'il 
est piqué ou pincé, et détermine une agitation manifeste des parties 
voisines. Je dois faire observer que dans certains cas ces mouve- 
ments peuvent être liés à ceux du dernier segment abdominal et qu’il 
est parfois fort difficile de bien juger de leur caractère réflexe ou 
volontaire. Ordinairement l'état de contraction de ces organes per- 
siste longtemps après la cause qui l’a amené. Chez les femelles, les 
valves de l’oviscape une fois en mouvement par le fait d’une exei- 
tation extérieure continuent de s’écarter et de se rapprocher vive- 
ment pendant des heures entières. Je n’ai rien vu de pareil sur des 
insectes non opérés. 


5. Ganglion sous-æsophagien. Les palpes tirent leurs nerfs de ce 
ganglion et se prêtent le mieux à l'étude des mouvements réflexes 
et volontaires; si donc après avoir pratiqué les deux sections néces- 
saires pour isoler le ganglion on excite les palpes, on observe les 
résultats suivants. Dès les premiers instants après l’opération , cha- 
eun de ces organes se retire brusquement au contact d’un corps 
étranger. Quinze à vingt minutes plus tard, on obtient toujours un 
mouvement réflexe instantané de toutes les palpes et des mâchoires 
lorsqu'on pince légèrement l’une quelconque d’entre elles. Ces mé- 
mes organes eflectuent des mouvements volontaires et pendant long 
temps on voit les mächoires s’avancer hors de la bouche et y rentrer 
comme lorsqu'elles saisissent un aliment. Lorsque l’on place du 

ain à proximité des palpes, elles le frappent de petits coups comme 
pour en apprécier la nature. 


dns 


6. Ganglions thoraciques. On sait que le thorax des orthoptères, 
comme celui d'un grand nombre d'insectes, contient trois ganglions 


1 Bulletin n° 59, p. 419. 


sn Di à 


- 


292 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. e. 


correspondant aux trois segments et aux trois paires de pattes. En 
isolant chacun d'eux du reste de la chaîne et en excitant l’une des - 
pattes, elle se retire vivement, puis se porte vers la bouche par un 
mouvement volontaire. x 

Le premier ganglion thoracique étant isolé, en pinçant brusque- 
ment l’une des pattes antérieures on détermine quelquefois des mou- 
vements plus ou moins instantanés de l’autre. 

En isolant de même le ganglion du mésothorax et en excitant l’une 
des pattes médianes , l’autre reste habituellement dans une complète 
immobilité. | 

Enfin, l’action réflexe d’une patte postérieure sur l’autre s'observe 
constamment avec le grillon et l’epacromie. En essayant la même 
étude sur la blatte les résultats ont tellement varié que je ne puis, 
pour le moment, présenter l’action réflexe d’une patte sur l’autre, 
comme probable, que pour les membres postérieurs seulement. 


C. SECTIONS DES DEUX CORDONS POUR ISOLER DEUX OU PLUSIEURS 
GANGLIONS DU RESTE DE LA CHAINE. 


A l’occasion de la section des deux cordons entre la tête et le 
thorax, nous avons indiqué quels sont les mouvements réflexes aux- 
quels les ganglions céphaliques donnent lieu lorsqu'ils sont ainsi 
séparés du reste de la chaîne médullaire. Combinons maintenant les 
autres ganglions du corps. 


7. Lorsque Les trois ganglions du thorax, réunis entre eux, sont 
isolés du reste de la chaîne par deux sections des cordons, l'une 
entre la tête et le thorax, l’autre entre le thorax et l'abdomen, les 
conséquences de l'excitation de l’une des pattes ne sont pas nota- 
blement différentes de celles que nous avons signalées lorsque la 
chaine n’est interrompue qu'entre la tête et le thorax. Nous ajoute 
rons toutefois que, dans ce cas, les pattes, du côté de celle que l'on | 
pince, éprouvent en général une action réflexe plus vive, plus ins- | 
tantance que celles du côté opposé, et parmi celles-ci la patte mé- 
diane est, semble-t-il, beaucoup plus lente dans ses mouvements que 
les deux autres. L 


8. Les ganglions du prothorax et du mésothorax , régulièrement 
unis entre eux, isolés, par deux sections, de la tête et du reste du 
tronc. Ce qui suit résume neuf opérations sur la blatte et cinq sur 
le grillon. En pinçant plus ou moins fort l’une des pattes de ces 
deux segments, on détermine toujours, outre le retrait de la patte 
pincée, une action réflexe sur la seconde patte du même côté, action 
qui s'étend ordinairement, mais d'une manière plus ou moins pro 
noncée, aux deux pattes de l’autre côté. Je suis dans le doute pour 
savoir si je dois envisager les mouvements de ces deux dernières 
pattes comme volontaires ou comme réflexes. Ces mouvements sont 
quelquefois instantanés , ordinairement ils ne commencent que quel- 


Pa SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 293 


ques instants après ceux du côté en expérience ou bien seulement à 


Ja suite d’une excitation plus ou moins prolongée. 
k uelle que soit la nature de ces mouvements, nous croyons de- 


voir insister sur ce fait qu'une excitation sur une patte antérieure 


… détermine le plus ordinairement une agitation marquée des deux 


pattes médianes; ajoutons que la seconde patte antérieure se débat 


aussi et plus fort que les médianes. Les mouvements que l’on pro- 


_ xoque en pinçant l'une des pattes médianes sur l’antérieure du 


_même côté tout d'abord, puis sur les deux autres pattes, méritent 
lement une attention spéciale. N'oublions pas, en effet, qu’il est 


_ difficile, sinon impossible, de provoquer une agitation quelconque 


une patte médiane en excitant la seconde patte de la même paire, 
lorsque le ganglion du mésothorax est isolé de tous les autres, et 
qu'une pareille réflexion ne s’observe pas ordinairement entre les 
pattes antérieures lorsque le ganglion qui leur fournit des nerfs est 
également isoié. 


9. Lorsque le ganglion du mesothorax est en communication na- 
turelle avec celui du métathorax et que ces deux ganglions sont isolés 
de tous les autres, les choses se passent d'une manière analogue 
quoique un peu différente. Je n’ai encore étudié cette combinaison 
que sur le grillon, ce que nous allons dire ne peut donc s’appliquer 
qu'aux insectes de cette espèce. 

Toutes les fois que l'on touche ou pince légèrement l’une des 
pattes médianes, on détermine un soubresaut instantané et très- 
vif des deux pattes postérieures; il faut pincer assez fort et pendant 
un temps assez long, pour provoquer quelques légers mouvements 
de la seconde médiane. En touchant légèrement le tarse de l’une des 
pattes postérieures, la seconde patte de la même paire se porte ins- 
tantanément vers celle excitée. Lorsque l’on saisit légèrement la 
cuisse du même membre entre des bruxelles, c’est la patte médiane 
du même côté qui seule se porte rapidement en arrière à la défense 
de l’organe. Dès que l’on serre la cuisse d’une manière un peu sen- 
sible, l'on provoque de violents mouvements réflexes de la seconde 
patte postérieure et de la médiane du côté de l'organe pincé. Cette 
agitation ne gagne que plus tard la seconde patte médiane et ne l’af- 
fectant le plus souvent que fort peu; quelquefois elle saisit la cuisse 
de la patte postérieure de son côté comme pour l'aider à se porter 
vers la cuisse pincée. 


10. À la suite d’une première section entre le second et le troi- 
sième ganglion du thorax, le troisième ganglion thoracique n’est 
plus réuni qu'à la chaîne abdominale. Dans la blatte, on obtient 

rdinairement une légère action réflexe d’une patte postérieure à 
autre, et en touchant les cercis ou l'abdomen on provoque un sou- 
bresaut très-vif des deux mêmes pattes; l'instant après elles frot- 
tent l’organe touché, puis s’avancent vers la tête. Lorsque l’on 
coupe les cordons entre les deux derniers ganglions abdominaux, 
l’action réflexe d'une patte postérieure sur l’autre s'affaiblit et dispa- 


204 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. É 


raît quelquefois; mais on continue à déterminer de violents soubre- 
sauts et des actes défensifs de ces deux pattes en touchant les parties 
de l'abdomen antérieures à la dernière section. | A RE 

Avec le grillon et l'epacromie, les mêmes résultats sont plus pro- 
noncés et, de plus, la réflection directe d’une patte postérieure sur 
l’autre est toujours très-vive. 


IE. 
Lésions sur les ganglions céphaliques. 


Je crois bon, avant d'aller plus loin, de rappeler quelques-uns 
des résultats de certaines lésions sur les ganglions céphaliques dans 
le grillon champêtre; ces résultats devant se reproduire en partie 
lorsque l’on coupe l'un seulement des cordons. N'étant pas ici dans | 
l'intention de présenter un résumé complet sur ces lésions, je choi- 
sirai un cas particulier pour chacun de ces ganglions convenablement 
adapté à mon sujet. 


11. Je divise sur une femelle de grillon le ganglion sus-Ͼsopha- 
gien en deux parties très-inégales par une section verticale voisine 
du bord droit. Les nerfs antennaires et oculaires droits, ainsi que le 
cordon du même côté, s’insèrent sur la partie du ganglion la moins 
volumineuse. 

Pour faciliter l'exposition suivante , je compterai le temps à partir 
de l'opération. | 

A l'instant où l’insecte vient d’être opéré, il décrit d’un pas rapide 1 
quelques cercles en marchant à gauche; l'antenne, du même côté, 
est très-animée ; la droite immobile. A 5 minutes, repos; un peu 
après je pince l'antenne droite et crois remarquer un très-léger 
mouvement de tout le corps; je pince de même l'antenne gauche, 
l'animal éprouve un violent soubresaut. A la suite de ces excita- 
tions, la patte antérieure droite passe plusieurs fois sur le côté cor- 
respondant de la tête. En se frottant ainsi, le grillon recommence 
à marcher en tournant lentement à droite, de manière à décrire un 
cercle de deux à trois centimètres de diamètre. Sa marche de ma- 
nége ne tarde pas à s’accélérer et 9 minutes après l'opération, il 
tourne presque sur place à droite avec une vivacité assez grande. 

La patte antérieure droite, après avoir frotté la tête, semble cher- 
cher à saisir un objet placé au-dessus de l'animal; insensiblement 
toute la partie antérieure du corps s'élève en se tordant, de sorte 
que le côté droit est beaucoup plus haut que le gauche, sur lequel | 
le corps se renverse peu à peu, puis l'animal tombe sur son dos et | 
aussitôt, avec une rapidité incroyable, il se relève en tournant à 
droite. À peine est-il replacé sur ses pattes que le côté droit s'élève 

de nouveau et finit au bout d’un temps plus ou moins long par pro= 
voquer une nouvelle rotation dans ie même sens. L'insecte continue 
pendant ce temps sa marche de manége à droite. À 15 minutes, 


”, 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 295 


l'animal inquiété essaie de fuir en courant ! et décrit encore un cer- 
ele d’un grand diamètre à droite. Peu à peu sa marche prend un 
caractère plus modéré, il parcourt une longueur de plus d’un mètre 
en ligne droite ; enfin, sans changer d’allures, il commence à tourner 
à gauche en décrivant des cercles de plus en plus petits. Effrayé, 


l'animal accélère sa marche 
ion. Le corps reste penché 


, Mais ne change plus le sens de sa rota- 
à gauche, 30 minutes après l'opération 


on provoque également un soubresaut quelle que soit l’antenne 
pincée. 
Les jours suivants l'animal continue la marche de manége à gau- 


che, et se relève toujours à 


12. Sur un grillon mâle, 


droite lorsqu'il est renversé sur son dos. 


je divise transversalement en deux par- 


ties à peu près égales le ganglion sous-æsophagien. Après l'opération 
les deux segments qu ganglion s’éloignent notablement l’un de 
l’autre. Les nerfs qui naissent de l'organe lésé n’ont pas été com- 
promis et ils sont à peu près également distribués de part et d'autre 


de la section. 


L'insecte passe les deux ou trois minutes qui suivent l'opération 
dans une complète immobilité, puis ses antennes vibrent. Un peu 


après il amène chacune des 


pattes de gauche vers la bouche : toutes 


les pièces de celle-ci demeurent dans une complète immobilité. Dans 
les tentatives qu'il fait pour porter la patte postérieure gauche vers 
la tête, le corps perd son équilibre et se renverse sur le dos. Je 
replace l'animal sur ses pieds et je le touche sur l'abdomen, pour 


l'exciter à marcher ; je ne P 


rovoque que des soubresauts et le grillon 


fait à peine plus d’un pas en avant d’une manière régulière. — 15 
minutes; après quelques instants de repos il soulève peu à peu la 
tête et toute la partie antérieure du corps en se tordant sur lui- 


même. La patte antérieure 
placé au-dessus de l’animal 
sur le flanc gauche. Lorsqu 


droite parait chercher un point d'appui 
. Celui-ci se trouve ainsi couché à demi 
il est dans cette position , Je détache les 


crochets des tarses gauches, implantés dans le sol, le grillon se 
renverse alors complétement sur le dos et à l'instant même il achève 
le cercle autour de son axe et se relève en tournant à droite. Le 
même fait se reproduit plusieurs fois de suite. Je profite d’un instant 
où l’animal est régulièrement sur ses pattes pour essayer de le ren- 
yerser sur son dos en le faisant tourner à gauche; je ne puis y 
réussir , l’animal revient toujours instantanément à la position nor- 
male; tandis qu'au contraire , il demeure tordu ou à demi couché, 


lorsque j’élève un peu le fl 
difficulté, à l'amener ainsi s 


anc droit et je parviens toujours, sans 
ur son dos; mais dès qu'il est dans cette 


position il tourne à droite et se relève. 
Une heure ; en touchant le cerci droit l'insecte marche et saute en 


décrivant un cercle à droi 


1 Dans tous les cas d’insec 


te; il fait un cercle à gauche lorsque 


tes opérés d’une manière analogue , j'ai re- 


marqué que l'animal ne cherche plus à échapper à un danger par le saut: 


il paraî avoir oublié compléte 


ment ce mode de locomotion. 
5 


“ 


296 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


j'exeite le cerci du même côté. Les antennes ont conservé toute leur 
sensibilité ; elles s’éloignent vivement lorsqu'on les touche ; l’action 
réflexe de l’une sur l’autre est douteuse. 

Les palpes et les parties mobiles de la bouche sont restées dans 
un état d’insensibilité et d’immobilité absolue, pendant les vingt 
premières minutes. Au bout de ce temps, en touchant chaque palpe 
elle se retire vivement. Je ne parviens pas à constater d’action réflexe 
d’un de ces organes sur les autres. Les pattes du côté gauche exé- 
cutent des mouvements plus grands que celles du côté droit lors- 
qu’elles sont excitées, et elles paraissent être plus sensibles. Lorsque 
l'animal est penché à gauche, le flanc droit élevé, on le ramène 
instantanément à sa position normale en pinçant légèrement l’une 
des pattes gauche ; à droite la même cause ne produit pas cet effet 
au même degré. 


LE. 
Section d’un seul cordon sur un serl point de la chaine. 


13. Entre les ganglions céphaliques. Six grillons ont été opérés, 
trois pour le cordon droit, autant pour le cordon gauche. Quatre 
fois la section a porté sur le cordon latéral, au-dessous du cordon 
sous-œæsophagien, en avant du second ganglion céphalique ; deux fois 
le cordon sous-æsophagien s’est trouvé compromis dans la section 
du cordon latéral. Tous ces cas ont présenté une similitude telle 
que la dissection seule m'a appris la différence dans l'opération. 
Je résume les faits observés sur ces six grillons en supposant que 
la section porte sur le cordon droit. 

Après l'opération l’insecte demeure pendant quelques minutes 
dans un repos absolu, puis il commence, à pas lent, une marche de 
manége à gauche. Bientôt la tête se penche de côté et à chaque halte 
de l'animal la patte antérieure droite frotte le côté correspondant de 
la tête. La marche, d'abord très-lente, s’anime de plus en plus et 
la patte antérieure droite frotte la tête, même pendant la marche. 
L’antenne gauche a conservé toute sa mobilité et elle se dirige un 
peu dans toutes les directions, pendant la locomotion. L’antenne 
droite traîne fréquemment sous le corps, ou n’exécute pas de mou- 
vement ; toutefois elle est encore sensible, et lorsqu'on la touche ou 
la pince, elle se retire avec une certaine vivacité. 

Au bout d’un temps plus ou moins long, un jour ou deux, l'in- 
secte semble avoir repris son état naturel. Il marche en ligne droite 
ei paraît boire et manger, avec plaisir, l'eau et les aliments qu'on 
lui présente. Toutefois , dès qu'il est troublé ou inquiété, la marche 
reprend un caractère anormal, le grillon court quelques pas directe- 
ment devant lui ou en arc de cercle à droïte, puis, bientôt après, 
reprend la marche de manége à gauche. Souvent même après avoir 
marché pendant un certain temps d’une manière naturelle et en 
ligne droite , il recommence les cercles à gauche sans cause appré- 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 297 


ciable. Notons encore qu'il est rare que l’insecte opéré demeure 
longtemps auprès d’une brise de pain, à laquelle il semble manger 
avec avidité , il se déplace peu à peu latéralement à gauche et l’ahi- 
ment se trouve hors de sa portée. En rapprochant le pain de la 
bouche du grillon, il recommence à manger, puis s'éloigne encore 
et de nouveau attaque le pain toutes les fois qu’on le lui présente ; 
mais il semble être dans l'impossibilité de s’en approcher volontai- 
rement. 

Nous avons déjà vu que l'antenne droite se retire lorsqu'elle est 
touchée ou pincée, ordinairement cette excitation provoque sur la 
seconde antenne un très-léger mouvement instantané et le corps 
éprouve un faible soubresaut, un peu après, si l’animal était en repos, 
il reprend la marche de manége à gauche. En touchant ou pinçant 
très-légèrement l'antenne gauche on détermine un violent soubresaut 
de l'animal qui se porte brusquement à droite puis court quelques 
pas devant lui ou circulairement à gauche. Lorsqu'on touche le cercr 
droit l'animal court en arc de cercle à droite ou devant lui ou en 
are de cercle à gauche. Toutes les fois qu'on excite de même le 
cerci gauche, manége rapide à gauche. 

Lorsque l'animal est renversé sur son dos, il se relève presque 
toujours et avec une grande facilité à droite, il ne se relève à gauche 
que très-rarement et avec beaucoup de difficulté. 


1%. Section d'un seul cordon entre la tête et le thorax. Sur six 
grillons j'ai coupé le cordon gauche et sur trois le cordon droit. 
Comme les résultats présentent une similitude complète, nous ré- 
sumerons ces neuf opérations pour le cas de la section du cordon 
gauche. 

Dès que l'animal est opéré sa tenue est notablement modifiée ; il 
n'y a plus équilibre entre les deux côtés du corps, l'animal se sou- 
lève sur les pattes du côté gauche et s’affaisse sur celles du côté 
droit ; lorsqu'il marche, pendant les premières minutes après l’opé- 
ration, ce sont les pattes droites qui semblent être les plus actives 
et elles agissent comme si elles tiraient le corps à elles, néanmoins 
le grillon se meut obliquement à gauche, en décrivant, dans cette 
direction, un arc de cercle d’un rayon assez grand. Au bout d’un 
temps plus ou moins long, il change assez brusquement la direction 
de sa marche et décrit, au pas de course, de petits cercles à droite. 
Il demeure toujours un peu penché sur ce dernier côté. Dans la lo- 
comotion, l’antenne droite exécute tous les mouvements habituels 
à ces organes, la gauche demeure immobile, ordinairement penchée 
vers le point sur lequel l'insecte paraît se diriger. 

En pinçant légèrement l'antenne droite l'animal éprouve un violent 
soubresaut et se porte à gauche, quelquefois il fait deux ou trois pas 
en arc de cercle dans la même direction. Lorsqu'on excite l’antenne 
gauche on détermine un très-léger mouvement instantané de l’insecte, 
puis, si l'animal n’a pas encore commencé la marche de manége à 
droite ou s’il est en repos, il recommence cette marche. En touchant 


298 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES, 


le cerci gauche , on provoque quelques pas de manége à gauche; et 
en pinçant celui de droite , quelques pas en are de cercle à droite. 

En renversant un grand nombre de fois l’animal sur son dos, je le 
vois se relever presque toujours à gauche , rarement à droite. 


15. Section d'un seul cordon entre le ganglion du prothorazx et 
celui du mésothorax. Je n'ai encore opéré dans ce but que trois 
rillons‘ , dont deux pour le cordon gauche et un pour le cordon 
roit; ce dernier n’a pas pu être convenablement observé; nous ne 
faisons done, dans ce qui suit, que le résumé des deux opérations qui 
ont amené la section du cordon gauche. 

Au premier instant l’état de l’insecte ne parait pas notablement 
modifié ; il fait quelques pas en marchant naturellement devant lui ; 
bientôt après il s'arrête, saisit plusieurs fois de suite l'antenne gauche, 
avec la patte antérieure du même côté et fait passer l'antenne entre 
ses mächoires. Plus tard, lorsqu'il recommence à marcher, ses mou- 
vements sont lents et les pattes médianes et postérieures gauches 
trainent sur les côtés du corps ou ne se meuvent que d’une manière 
passive; l'animal à une tendance prononcée à décrire un cercle d'un 
grand rayon en tournant à gauche. Lorsqu'il est effrayé et quelquefois 
sans cause apparente, le grillon fait brusquement un ou deux petits 
cercles de manége à droite en courant très-vite et avec toutes ses 
pattes. On provoque également ces cercles à droite, en touchant ou 
pinçant légèrement la patte médiane ou la patte postérieure gauche ; 
en touchant ou excitant de même l’une des autres pattes la même 
marche de manége ne se reproduit pas ordinairement. Lorsque l’ani- 
mal est renversé sur son dos, il fait de grands efforts avec toutes ses 
pattes et plus particulièrement avec celles du côté opéré, pour se 
relever à gauche; il n’y parvient que difficilement. Le grillon n’essaie 
pas même de se retourner à droite. 

Lorsque l’on réussit à maintenir l'animal sur son dos dans une 
complète immobilité, on reconnait qu’en touchant légèrement la patte 
antérieure gauche on provoque des mouvements instantanés dans 
toutes les pattes du côté droit; presque toujours la patte postérieure 
gauche s'associe entièrement à ces mouvements. En excitant la patte 
médiane gauche, réflexion instantanée sur les deux pattes postérieures 
et sur toutes celles du côté droit, l’antérieure gauche demeure immo- 
bile ou ne se met en mouvement qu’un peu plus tard. En touchant 
l’une des pattes du côté droit, réflexion vive sur les autres du même 
côté, et aussi et seulement sur la patte postérieure gauche. 


16. Section d'un cordon entre le ganglion du mésothorax et celui 
du métathorax. Tei encore je n’ai à résumer que trois opérations sur 


1 La section de l’un des cordons est facile sur l’épacromie entre les gan- 
glions du thorax, toutefois, je m’abstiens pour le moment de parler des 
résultats de ces opérations, désirant auparavant les revoir pour les com- 
pléter. Je n’ai pas encore essayé ce genre de sections sur la blatte orientale. 


| 
4 
| 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 299 


le grillon, dont deux sur le cordon gauche et une sur celui de droite. 
Soit donc le cordon gauche coupé entre les ganglions précités. 

Pendant les premiers instants qui succèdent à l’opération, l'animal 
ne présente rien de particulier , on remarque seulement que lorsqu'il 
est effrayé, il se détourne habituellement à gauche, et qu'en courant 
devant lui il a une légère tendance à dévier du même côté. Plus tard 
la marche prend un caractère plus anormal, la patte postérieure gau- 
che traine sur les côtés du corps, sans le soutenir, ou n’exécute que 
des mouvements purement passifs. Quelques minutes après l’opé- 
ration, plus ou moins suivant les individus, la patte antérieure gauche 
frotte la tête et passe ensuite dans la bouche. Le même acte ne se 
répète pas à droite. À peu près dans le même temps, la patte posté- 
rieure gauche frotte longuement le côté de l'abdomen, puis elle se 
replie brusquement pour se porter vers la bouche. Celle-ci ne s'occupe 
aucunement de cette patte et la tête n’a manifestement aucune cons- » 
cience de l'acte qui vient de s’accomplir. J'ai vu tous ces mouvements 
de la patte postérieure se produire pendant que l'animal marchait 
devant lui, et, à l'instant où la patte s’est repliée sous le corps, le 
grillon faire , très-rapidement , deux ou trois petits cercles de manége 
à droite. La même marche circulaire s’est reproduite pendant que 
l'animal était occupé à nettoyer sa tête et ses deux paires de pattes 
antérieures. 

En saisissant chacune des antennes on détermine un violent sou- 
bresaut de tout l’animal, un peu plus fort avec l'antenne de droite 
qu'avec celle de gauche. En pinçant modérément la patte postérieure 
gauche , réflexion vive sur la postérieure droite seulement. En tou- 
chant le cerci gauche , mouvement de la patte postérieure du même 
côté avant qu'aucun autre organe n'ait bougé. Au plus léger attou- 
chement du cerci droït, mouvement rapide des antennes ; puis si l’on 
continue à inquiéter l'animal il donne un coup de pied en arrière 
avec la patte postérieure droite. 

Renversé sur son dos le grillon se relève presque toujours à 
gauche. 

17. Section d'un seul cordon entre le dernier ganglion thoracique 
ét le premier ganglion abdominal. N'ayant encore qu'un seul cas 
j'indiquerai seulement les résultats qui me paraissent pouvoir se 
généraliser. 

Après la section du cordon gauche aucun trouble bien apparent 
dans la locomotion, l'animal effrayé semble se détourner plus faei- 
lement à gauche qu'à droite. 

En pinçant le cerci gauche on détermine une torsion de l'abdomen. 
Fréquemment un petit mouvement brusque de la patte postérieure 
droite , la patte gauche ne s'associe que rarement au mouvement de 
celle de droite. En excitant le cerci droit agitation générale , marche 
ou saut. Quelquefois tout se borne à un mouvement de la patte pos- 
térieure droite qui repousse l’objet en contact avec le cerci. 

Le grillon étant renversé sur son dos se relève instantanément en 
tournant à gauche. 


300 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


IN. 
Combinaisons diverses des sections d’un seul et de deux cordons. 


18. Sections du cordon droit seut entre les ganglions céphaliques 
et des deux entre la tête et le thorax. 

Nous résumons trois cas sur le grillon. Les observations suivantes 
ne sont recueillies que pendant la première demi-heure après l'opé- 
ration. 

L’antenne droite est complétement immobile et parait insensible 
pendant les premiers instants ; l'antenne gauche conserve sa mobi- 
lité, ou, si elle la perd, c’est pour un temps très-court. En pinçant 
l’antenne droite on obtient quelquefois un petit mouvement mstan- 
tané de la gauche et toujours un soubresaut plus ou moins étendu 
des mâchoires et des palpes. Ces derniers organes s’agitent plus 
facilement encore quand on excite l’antenne gauche; mais je n’ai 
jamais constaté une réflexion de l'antenne gauche à l'antenne droite. 
Îl ne m'a pas été possible de déterminer un mouvement réflexe cer— 
tain sur les antennes, en pinçant les palpes. 


19. Section des deux cordons de la chaîne entre la téte et le thorax 
et d’un seul, celui de droite, entre les ganglions du méso et du méta- 
thorax. Trois cas dans le grillon champêtre. 

L'insecte étant renversé sur son dos, toute excitation de la patte 
postérieure droite détermine une agitation plus ou moins vive dans 
toutes les parties du côté gauche, la patte antérieure et la médiane 
droite demeurent au ‘contraire en repos; quelquefois néanmoins, 
quand l’excitation est vive ou prolongée, la patte antérieure droite 
associe ses mouvements à ceux des pattes gauches. En pinçant la 
patte antérieure droite, battements brusques de la médiane du même 
côté et des trois du côté opposé ; la patte postérieure droite éprouve 
ordinairement un petit mouvement réflexe, puis s'attache au sol et 
fait effort pour remettre l'animal sur ses pieds. Une légère excitation 
de l’une des pattes du eôté gauche détermine un violent soubresaut 
des deux autres pattes du même côté et un faible mouvement de la 
postérieure droite. 

La section de la chaine entre le thorax et l'abdomen n'apporte 
aucune modification aux résultats que nous venons d'énoncer: 


20 a. Section du cordon droit entre les ganglions céphaliques et 
du cordon gauche entre la tête et le thorax. Cette double opération 
isole les pattes du côté gauche des ganglions céphaliques et ne laisse 
communiquer celles du côté droit qu'avec le ganglion sous-æsopha- 
gien. — Deux cas seulement sur le grillon. 

Immédiatement après l'opération, atonie générale et insensibilité 
des antennes ; au bout de peu de temps, les mouvements et la 
sensibilité réapparaissent. Je vois, une fois, l'animal marcher en are 
de cercle à gauche ; j'obtiens aussi quelques pas en ligne droite à la 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 301 


suite d’une excitation sur la palpe gauche ; dans ce cas, en marchant, 
-le grillon frotte à terre le cùté gauche de la tête. 

En pinçant modérément l'antenne gauche on détermine un mou- 
vement réflexe sur les palpes et les pattes; l’excitation doit être 
beaucoup plus forte sur l'antenne droite pour obtenir le même ré- 
sultat. La différence est tout aussi prononcée, mais en sens inverse, 
en pinçant les palpes ; c'est-à-dire que la réflexion des parties droites 
de la bouche sur les pattes du même côté est toujours très-forte, 
tandis qu'elle est relativement faible et affecte seulement les membres 
du côté droit quand on excite les pièces de la partie gauche de la 
bouche. Habituellement la patte postérieure gauche exécute de lé 
gers mouvements en même temps que celle de droite. En touchant 
chacune des pattes antérieures on obtient une réflexion très-vive sur 
toutes les pattes et sur la bouche. 

Lorsque l'insecte est renversé sur son dos il se relève ordinaire- 
ment à droite. 

Pour étudier plus complétement la marche de l’action réflexe de 
la tête sur les pattes, j’opère encore les deux grillons de la manière 
suivante : 


20 b. Section du cordon droit entre le ganglion du prothoraz et 
celui du mésothorax. Cette nouvelle opération ne laisse en commu- 
nication directe avec le ganglion sous-æsophagien que la patte anté- 
rieure droite qui se trouve elle-même privée de toute relation par les 
cordons avec les autres pattes, auxquelles elle est néanmoins reliée 
par le ganglion du prothorax. 

Dans cet état, l’insecte étant placé sur son dos, on détermine des 
mouvements instantanés des palpes et de la patte antérieure droite, 
en excitant l'antenne gauche ; quelquefois aussi en pinçant très-fort 
l’antenne droite. Chaque excitation sur les palpes détermine une 
action réflexe intense sur les autres parties de la bouche et la patte 
antérieure droite. J'excite maintenant cette dernière: j'observe une 
agitation médiocre des pièces mobiles de la bouche et un mouvement 
réflexe, très-vif, des pattes du côté gauche et moins rapide et moins 
étendu de la postérieure droite. 

Ainsi la patte antérieure droite produit un mouvement réflexe sur 
les autres pattes, lorsqu'elle est directement excitée, tandis que lors- 
qu’elle se meut sous l’influence des palpes son agitation ne s'étend 
pas aux membres avec lesquels elle n’est pas en communication par 
le cordon de son côté. 


21 à. Section du cordon gauche entre le ganglion sous-æsophagien 
et le premier ganglion thoracique, et du cordon droit entre le premier 
et le second ganglion thoracique. De cinq cas sur le grillon, trois sont 
dans l’ordre indiqué et deux en sens inverse ; c’est-à-dire : section 
du cordon droit entre la tête et le thorax et du cordon gauche entre 
les deux premiers ganglions thoraeiques. Pour plus de simplicité 
je résume ces opérations dans l’ordre indiqué plus haut. Ainsi la 


302 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


patte antérieure droite communique seule, directement, avec les gan- 
glions céphaliques , et le ganglion du prothorax n’est lié au reste de 
la chaine que par le cordon gauche. 

L'insecte étant sur ses pattes, chaque fois qu'on l'inquiète en 
touchant la tête ou les antennes , il fait de violents efforts pour fuir 
avec la patte antérieure droite, les autres membres demeurent com— 
plétement immobiles. Toutefois, lorsqu’à la suite de ces efforts, le 
corps de l'animal est déplacé, la patte antérieure gauche fait quel- 
ques mouvements pour revenir à la position d'équilibre. 

Lorsqu'on pince l’une des antennes ou des palpes , tout le corps 
éprouve un léger soubresaut, il devient très-prononcé lorsque l’ex- 
citation porte sur la patte antérieure droite. Pour mieux juger de ces 
mouvements, il faut renverser l’animal sur son dos, on voit alors 
l'action réflexe, provenant d’une excitation sur la tête, se propager 
de la patte antérieure droite à la patte médiane gauche et aux deux 
pattes postérieures; celle de gauche est ordinairement plus agitée 
que celle de droite. Lorsque l'excitation s’exerce sur la patte anté- 
rieure droite les mouvements des pattes que nous venons d'indiquer 
sont beaucoup plus vifs, et aussitôt après tous les membres font 
effort pour relever l'animal qui tourne à gauche. 

J'ai essayé si par des excitations sur les pattes , autre que l’anté- 
rieure droite, j'obtiendrais un mouvement réflexe sur la tête, et j'ai 
constamment observé qu’en touchant légèrement la hanche de la 
patte médiane gauche on provoque un soubresaut des palpes. Une 
excitation un peu plus prononcée du même membre produit ordi- 
nairement un mouvement réflexe de toutes les pattes. 

En replaçant l'animal sur ses pieds et en touchant les cercis, j'ai 
vu les pattes postérieures chercher à repousser le corps étranger, ja- 
mais une tentative de marche avec le concours de la patte antérieure 
droite. 

Avant de poursuivre cette étude, je crois bon d’insister sur les 
résultats precédents et d'attirer particulièrement l'attention sur ce 
fait, qu'aucun ordre de la volonté en rapport avec les ganglions 
céphaliques et la partie droite du ganglion du prothorax, n’a pu se 
communiquer aux organes moteurs tirant leurs nerfs des autres 
parties du système nerveux ; tandis qu’au contraire les actions pure- 
ment réflexes ont passé de la tête et de la patte antérieure droite aux 
organes sur lesquels la volonté s’est trouvée impuissante. Et récipro- 
quement aucune manifestation de la volonté n’a pu passer de l’abdo- 
men, des pattes postérieures, médianes et de l’antérieure gauche à 
la tête et à la patte antérieure droite; nous avons vu certaines exci- 
tations de la hanche médiane gauche déterminer des mouvements 
réflexes sur la bouche et la patte antérieure droite. 

Pour compléter l'étude de ces mouvements réflexes, opérons encore 
les individus en expérience comme il suit : 


21 b. Section du cordon gauche entre les ganglions du mésothorax 
et du métathorax. Le ganglion du prothorax ne communique plus 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 303 


maintenant qu'avec la tête par le cordon droit, et avec le second 
ganglion thoracique par le cordon gauche; ce dernier ganglion ne 
se rattache à celui du métathorax et à la chaîne abdominale que par le 
cordon droit. Dans cet état, en pinçant la patte antérieure droite du 
grillon, on provoque quelquefois des mouvements des pattes antérieu- 
res et médianes gauches ; mais cette agitation a rarement le caractère 
instantané des mouvements réflexes. Jamais on ne détermine de ré- 
flexion sur les pattes postérieures quelque vive que soit l'excitation 
sur l’un ou l’autre des membres de la première paire. Si maintenant 
on pince la patte médiane gauche on détermine encore des mouve- 
ments réflexes des palpes et des pattes antérieures et aussi une ré- 
flection vive et bien déterminée sur les deux pattes postérieures , 
plus forte, il est vrai, et plus constante sur celle de droite que sur celle 
de gauche. 
Nous concluons de ces résultats que la réflection de la patte an- 
térieure droite sur les pattes postérieures (21 a), passe par le gan- 
lion des pattes médianes et le cordon gauche, entre les ganglions 
es deux dernières paires de pattes. Afin de ne conserver aucun 
doute et après avoir obtenu sur cinq individus les résultats que nous 
venons d’énoncer, nous avons pratiqué sur un sixième les deux 
sections 21 à, et ensuite : 


21 c. La section du cordon droit entre le mésothorax et le méta- 
thoraxæ, en ayant soin de ne pas léser le cordon gauche entre les 
mêmes ganglions. À la suite de cette opération, en excitant la patte 
antérieure droite, on obtient encore une réflection bien nette sur les 
pattes postérieures. 


22. Sections du cordon droit entre les deux premiers ganglions 
thoraciques, et du cordon gauche entre le second et le troisième. Dans 
ce cas, trois pattes communiquent directement avec les ganglions 
céphaliques, ce sont les deux antérieures et la médiane gauche ; les 
trois autres membres ne sont en relation avec ces centres nerveux 
que par le ganglion du mésothorax qui, lui-même, n’est lié à la tête 
que par le cordon gauche. J'ai étudié les résultats de ces deux sec- 
tions sur trois grillons. 

En général, à l’instant où l'insecte vient d'être opéré, toutes les 
pattes sont dans une vive agitation, mais pour atteindre des buts 
différents. Les trois pattes qui communiquent avec la tête entrainent 
l'animal par des mouvements locomoteurs réguliers et aussi rapides 
que possible. Dans cette marche les deux membres de gauche tirent 
un peu le corps de leur côté. Quant aux pattes postérieures elles 
portent l’abdomen sans prendre aucune part à la locomotion, et après 
tombent, ainsi que la médiane droite, sur les côtés du corps, ou 
bien elles troublent la marche en se portant vers la tête. Evidemment 
la volonté céphalique, que l’on veuille bien me permettre cette ex- 
pression, est sans action sur les trois pattes postérieures aux sections, 
et jamais les mächoires ne les saisissent pour les nettoyer. Ces 


304 SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 


membres sont donc dans l'impossibilité de communiquer avec les 
ganglions antérieurs aux sections. 

Lorsque le grillon est renversé sur son dos, il fait de grands efforts 
pour se relever, avec les trois pattes en relation avec la tête, etil 
n'y parvient qu'autant qu'il n’est pas trop affaibli par l'opération. 
En profitant des instants où l'animal est complétement immobile, on 
reconnait que toute excitation de l’une ou de l’autre des pattes mé- 
dianes détermine une vive agitation de tous les membres antérieurs 
et une réflexion bien marquée sur les deux pattes postérieures. On 
provoque aussi des actions réflexes avec tous les organes d’un côté 
des sections, sur ceux de l’autre. Pour bien constater ce résultat, il 
faut s’entourer de nombreuses précautions et opérer avec prudence 
pour n'être pas induit en erreur par l’ébranlement imprimé à tout le 
corps , lors de certains mouvements trop vifs de quelques-unes des 
pattes. 

Le cas que nous venons d'examiner nous conduit done aux mêmes 
conclusions que le précédent, c’est-à-dire que l’on détermine, à 
l'aide d’excitations, des mouvements réflexes au travers d’un gan- 
glion que la volonté parait impuissante à franchir. 


23. Sections du cordon gauche entre les ganglions céphaliques et 
du cordon droit entre le premier et le second ganglion thoraciques. 
Il résulte de cette double opération que toutes les pattes du côté 
gauche ne communiquent directement qu'avec le ganglion sous-æso- 
phagien et qu’à droite la patte antérieure seule est liée aux deux 
ganglions céphaliques. 

Les mouvements réflexes que m'a présentés le grillon unique que 
j'ai opéré de la sorte peuvent tous se déduire des opérations précé- 
dentes, aussi me dispenserai-je de les énumérer; je ne traiterai que 
de l'influence de l'opération sur la locomotion. 

A la suite de cette double section le grillon marche peu, il est plus 
souvent immobile. Pendant la locomotion , 1l décrit habituellement 
de petits cercles à droite. La patte médiane droite et la postérieure 
du même côté sont à peu près inactives, tandis qu’au contraire la 
patte antérieure droite a, dans l’ensemble de ses mouvements , un 
caractère de volonté et de précision que je ne remarque pas habituel- 
lement dans la patte correspondante à gauche; toutefois cette diffé- 
rence est faible, et c’est surtout au moment où l’insecte commence 
à marcher qu'elle est sensible ; en effet, c’est toujours alors la patte 
antérieure droite qui part la première pour déplacer le grillon. Le 
membre antérieur gauche m'a semblé le plus actif dans la marche 
rectiligne et dans un cas où le grillon a décrit lentement un cercle à 
gauche. Lorsqu'il est renversé sur son dos il se relève plus souvent 
à gauche qu'à droite. 

Sans vouloir tirer des conclusions rigoureuses de ce cas unique, 
je n’en demeure pas moins frappé du peu de différence de l’action 
des membres antérieurs pendant la locomotion. 


inst 


SYSTÈME NERVEUX DES INSECTES. 305 


L'ensemble des faits présentés dans ce résumé nous conduit aux 
réflexions suivantes : 


24. Les ordres de la volonté ne peuvent se transmettre que di- 
rectement dans chaque cordon sans effet croisé appréciable. Les 
actions réflexes se transmettent plus facilement au travers d’un même 
cordon que par effet croisé ; toutefois ce dernier mode de transmission 
est de toute évidence dans le grillon champêtre. 


25. Lorsqu'un grillon est sur son dos et qu'il cherche à se rele- 
ver, j'ai toujours cru remarquer que les membres du côté autour 
duquel il tourne ont la plus grande part dans les efforts de l'animal. 
Rappelons que les grillons opérés pour un cordon, sur un seul point, 
se relèvent en tournant précisément sur le côté de la section. 

Dans la marche de manége qui a lieu du côté opéré à l'autre, les 
membres du premier côté exécutent des mouvements plus étendus 
que ceux du second. 

En rapprochant ces faits il nous semble que les deux rotations 
pourraient bien être la conséquence d’une seule et même cause, la 
Fondsrance des mouvements du côté opéré sur ceux de l’autre. 

eut-être faut-il chercher, en partie au moins, la cause de cette 
prépondérance dans les actions réflexes. Pour mieux faire comprendre 
notre pensée, supposons, comme dans 1%, que l’on ait pratiqué la 
section du cordon gauche entre la tête et le thorax. Les mouvements 
volontaires des pattes du côté gauche ne semblent plus devoir être 
que la conséquence d'actions réflexes exercées sur ce côté du corps, 
tandis que les mouvements des pattes du côté droit seront subor- 
donnés à la volonté normale ou céphalique de l'animal. Il en résul- 
tera tout d’abord, qu’à la suite de la section, les pattes de gauche, 
à cause de l’action réflexe provenant du contact du sol, tiendront, 
comme cela a effectivement lieu, ce côté du corps plus élevé que 
l’autre. Les membres de droite soumis à la volonté affectée par l'o- 
pération, demeurent affaissés sur eux-mêmes. Lorsqu’ensuite l'animal 
veut marcher les pattes de droite ont seules, pendant un certain 
temps, des mouvements actifs, jusqu’à ce qu’à la suite d'actions ré- 
flexes, dont l'appréciation est difficile, les pattes de gauche entrent 
aussi en activité ; dans ce cas, si les pattes de droite ne font pas des 
mouvements d'une même étendue, il y aura marche de manége. 
L'expérience nous apprend que c’est presque toujours le côté opéré 
qui l'emporte sur l’autre; il semble même, dans beaucoup de cas de 
marche de manége, que les pattes du côté de la section sont seules 
actives, l'animal tourne alors sur place et quelquefois avec une très- 
grande rapidité. 

Supposons maintenant l'animal renversé sur son dos. Le contact 
du sol détermine sur tout le corps une action réflexe qui n’a pas les 
mêmes conséquences des deux côtés. À droite elle est dominée ou 
subordonnée à la volonté céphalique de l’insecte; à gauche l’action 
réflexe provoque immédiatement les mouvements nécessaires pour 


306 DUNES DE SAXON. 


relever le grillon qui, dans le plus grand nombre des cas, est en 
effet remis sur pied par les pattes du côté opéré. Ce qui se passe ici 
ne nous parait être qu'un cas particulier d’un mouvement volon- 
taire succédant instantanément à une action réflexe, comme nous en 
avons cité un grand nombre d'exemples dans les diverses parties de 
cette notice. 

Nous ne prétendons pas avoir donné une explication satisfaisante 
et complète de tous les cas de rotation de manége et suivant l’axe, 
dans le grillon; mais nous désirons , par ce qui précède, provoquer 
de nouvelles recherches et une discussion sur ce sujet. 


26. Si l’on se souvient des mouvements qui succèdent à la section 
d'un ou de deux cordons, il est difficile de n’être pas frappé du 
besoin qu'éprouve l’insecte de frotter les organes antérieurs à la 
section et particulièrement les antennes et la tête. Ne trouverait-on 
pas là l'indice d’un état de sensibilité surexcitée ou d’irritabilité, qui 
pourrait aider l'explication de certains phénomènes et en particulier 
la rotation suivant l’axe et du côté opéré, dans le grillon (17) chez 
lequel le cordon gauche est coupé entre le thorax et l'abdomen? 

J'attends pour me prononcer définitivement sur ce point comme 
sur beaucoup d’autres qu'il m'ait été possible de compléter mes re- 
cherches sur le grillon et les autres insectes qui me servent de type. 


——— 0 —— 


LES DUNES DE SABLE MOUVANT DE SAXON EN VALAIS. 


Par M. Morlot, professeur. 
(Séance du 17 juin 1857.) 


Le fond de la vallée du Rhône entre Saxon et Martigny est par- 
faitement nivelé et dressé, comme toutes les plaines alluviales. Aussi 
l'œil est-il surpris de rencontrer à mi-chemin entre Saxon et Mar- 
tigny de petites collines interrompant la régularité de la plaine. La 
grande route les traverse et le chemin de fer en a fortement entamé 
la plus grande. Leur étude se trouve donc très-facilitée. Elles sont 
entièrement composées de sable assez fin, à grain bien uniforme, et 
sans aucun mélange de quoi que ce soit d’étranger; on n’y trouve pas 
le moindre galet. Elles sont recouvertes d’un maigre gazon entamé 
sur divers points; le vent les attaque sur ces points, il les ronge 
et en transporte le sable sur le revers opposé, où il enfouit peu à 
peu le gazon. Un creux une fois formé s’élargit facilement, car le 
vent mine le gazon par dessous, et celui-ci s’éboule en petites 
mottes aisément emportées par les raffales. De cette façon tantôt 
une partie, tantôt une autre avance, et en fin de compte la dune 
entière marche. Cette marche se trouva constatée par la présence 
dans un de ces creux, en voie d’agrandissement par l’action du vent, 
de deux troncs d’arbre en place, d'environ un demi-pied de diamètre 


Re T1. 


DUNES DE SAXON. 307 


chacun, asssz décomposés et fortement brunis par l’âge à l’intérieur. 
Ils avaient évidemment été ensevelis par la dune et reparaissaient 
à présent au jour. La coupe pratiquée par le chemin de fer mettait 
en évidence une stratification intérieure plus ou moins faiblement 
marquée et parallèle à la surface d'enfouissement. Cette stratification 
était due à la décomposition des revêtements de gazon successive 
ment ensevelis. 

La forme extérieure de ces dunes est arrondie, irrégulièrement 
mammelonée et allongée. Le versant de dénudation ou de déblai, 
tourné vers le bas de la vallée, d’où vient le vent, est faiblement 
et inégalement incliné, le versant opposé, d'enfouissement ou de 
remblai, à l'abri du vent et tourné en amont, présente une inclinaison 
assez régulière de 30°. C'est l'inelinaison naturelle d'un talus d'é- 
boulement de matériaux arrondis. 

La plus considérable de ces dunes mesure 23 pieds, soit 7 mètres, 
de plus grande hauteur au-dessus du niveau de la plaine adjacente, 
environ 87 pieds, soit 26 mètres, de largeur, et 680 pieds, soit 20% 
mètres, de longueur. Elle est dirigée du S. 25° O. au N. 25° E., un 
peu obliquement à la vallée, qui court ici environ du NE au SO. Le 
vent suit à peu près la même direction. En remontant la vallée de 
St. Maurice à Martigny il vient frapper contre le flanc de la montagne 
à l'Est de Martigny, et de là il est renvoyé obliquement à la direction 
principale du cours du Rhône entre Martigny et Saxon. Ce courant 
remontant la vallée est le vent fortement prédominant, et c’est là une 
des conditions d'existence nécessaires pour la formation et la marche 
des dunes. On reconnait cette prédominance du vent dans la direction 
indiquée à l'aspect des arbres et arbrisseaux, dont le branchage est 
fortement dévié vers le haut de la vailée. La bise remonte la vallée 
et dès que le temps est au beau, 1l s'établit également un fort cou- 
rant d'air dans le même sens. Les environs de Sion semblent agir 
comme un foyer d'appel, produisant un courant remontant la vallée 
jusqu’à Riddes et dans le Haut-Valais un courant contraire descen- 
dant jusqu’à Granges, tandis qu’à Sion même, il y aurait selon toute 

apparence, un courant ascendant plus ou moins vertical. Cela ren- 
drait compte de la sécheresse remarquable du climat de Sion, où il 


pleut bien plus rarement que plus haut ou plus bas dans la vallée 
du Rhône. 


308 . DÉFENSE D 'ÉLÉPHANT FOSSILE. 


NOTICE SUR LA DÉFENSE D'ÉLÉPHANT FOSSILE, TROUVÉE A MORGES. 
De M' Ph. Delaharpe, docteur. 


(Séance du 1° juillet 1857.) 


La défense de mammouth, Elephas primigenius, Blum. , dont on 
a annoncé la découverte dans la dernière séance, à Yverdon, est 
une pièce précieuse à ajouter à celles que nous possédions déjà de 
cet ancien habitant de nos contrées. 

Le cône diluvien du Boiron, dans lequel elle a été trouvée, a fait 
l’objet de plusieurs communications de M le prof. Morlot". Dans la 
séance du 3 juin dernier, ce géologue a exposé en détail la confor- 
mation de la seconde terrasse. (Voyez p. 280.) 

La défense dont il s’agit a été mise au jour par les travaux en 
tranchée de la voie ferrée; elle a été trouvée dans les couches de 
gravier roulé, inelinées au S.-E. qui forment la partie moyenne de 
cette terrasse. Elle gisait dans une position inclinée parallèle aux 
couches, à 6,35 de profondeur, et à 23 mètres au-dessus du ni- 
veau moyen du lac Léman, soit 398 mètres au-dessus de la mer. 

Cette défense appartient au côté gauche. Elle est conservée pres- 
que dans son entier. Mesurée sur sa grande courbure elle à une 
longueur de 1*,26; elle est fortement recourbée et forme un are de 
cercle presque géométrique, dont la corde a une longueur de 0",88 
et le rayon tiré du centre supposé à la petite courbure serait de 
0,55. À sa racine la dent est creusée de la profonde cavité conique 
qui recevait le noyau pulpeux. A l'extrémité postérieure, cette cavité 
n’a laissé à l'émail qu'une épaisseur de 0",01 environ d'épaisseur. 
En cet endroit la racine offre une section elliptique, dont la circon- 
férence mesure 0",42 et le petit diamètre 0°,13. 

A l'extrémité antérieure la dent présente un cône allongé, formé 
par l'usure qui à entamé les couches d’émail, et tronqué par le fait 
qu'un fragment long de 0”,15 s’en est détaché et s’est perdu au 
moment où le fossile à été découvert. Au point où elle est brisée 
cette extrémité a 0°,923 de circonférence. 

Dans notre canton le mammouth ne s’est encore rencontré que 
dans le bassin du Léman, et seulement, à ce qu'il parait, dans les 
cônes de déjection des torrents et par conséquent à une petite dis- 
tance du lac. Tout ce que nous possédons de cet animal se résume 
aux pièces suivantes : 

1° Deux quatrièmes molaires de la mâchoire supérieure, l’une 
de droite, l’autre de gauche, accompagnées d'un fragment de l'os 
maxillaire supérieur gauche. Ces dents parfaitement conservées pré- 
sentent 12 lames d’émail qui toutes ont été entamées par la masti- 


1 Voir Bulletin, tome HE, p. 255 ; tome iV, p. 60. 


SOURCE THERMALE DE LAVEY. 309 


cation. Elles ont été trouvées à la Chiésaz, près Vevey, en 1849, et 
font partie de la collection de M° Rod. Blanchet". 

2° Une sixième molaire inférieure en partie brisée, trouvée dans 
une vigne près de Lutry, il y a plusieurs années. 

3° Une cinquième molaire inférieure droite, trouvée en 1853, 
dans le cône diluvien du Boiron?. 

4° La défense découverte il y a peu de jours. 

Cette dent et la précédente ont été trouvées dans les mêmes 
couches, sur deux points séparés seulement par une distance de 
300 mètres au plus. Rien n'empécherait de supposer qu’ellespro- 
viennent du même individu. 

Les trois dernières dents appartiennent aux collections du musée 
cantonal. 


FAITS RECUEILLIS À L'OCCASION DE L'APPROFONDISSEMENT DU PUITS DE 
LA SOURCE THERMALE DE LAVEY, DANS L'HIVER 1856-1857. 


Par MM. Cossy, docteur-médecin aux eaux de Lavey, 
et Collomb, directeur des mines de Bex. 


(Rédaction du docteur J. DELAHARPE.) 
(Séance du 17 juin 1857.) 


Depuis quelques années les fermiers et le médecin de l’établis- 
sement thermal de Lavey réclamaient de l'Etat de Vaud l'exécution 
de travaux destinés à assurer plus complétement l'encaissement de 
la source qu'ils exploitaient. Ils attribuaient à la vétusté des encais- 
sements en bois établis par les soins de M. de Charpentier, la dimi- 
nution notable de quantité et de chaleur observée à la source. Les 

remiers travaux établis, 25 ans auparavant, dans le lit même du 
Rhône, ayaient été poussés peu profondément (20 et quelques pieds), 
et pouvaient être en bonne partie détériorés. On espérait d’ailleurs 
"qu'en poussant un puits jusqu'au roc même d'où devait jaillir la 
source, sa permanence serait bien plus assurée , son volume et sa 
température plus considérables. L’éloignement actuel des eaux du 
Rhône, repoussées graduellement par les digues successivement 
élevées, permettait d'atteindre ce but plus aisément qu’on ne pouvait 
le faire lorsqu'il fallait travailler sous les eaux même du fleuve. 
Après un mür examen l'Etat se décida à entreprendre, durant les 
basses eaux, les travaux demandés, et nomma pour les diriger une 
Commission composée du préfet du district d’Aigle et de MM. Mar- 
guet, père, ingénieur des ponts et chaussées, Collomb, directeur des 
mines et salines de Bex, et Cossy, docteur-médecin à l'établissement 
thermal de Lavey. 


1 Voir Bulletin, tome II, p. 25; tome IV, p. 56. 
? Voir Bulletin, tome HF, p. 255. 


310 SOURCE THERMALE DE LAVEY. 


1. Par les soins de cette Commission les ouvrages anciens furent 
premièrement découverts, le chapeau surmonté d'un tube qui re- 
cueillait la source fut enlevé. Tous ces ouvrages furent trouvés en 
parfaite conservation, quoique le chapeau laissät filtrer de l'eau 
chaude sur divers points. La source jaillissait par plusieurs filets 
d’un sol formé de graviers non roulés, liés par une marne bleue, 
d’origine glaciaire, dans laquelle on s’enfonça par un puits. Sous ces 
marnes mélées de blocs erratiques s’entassaient des fragments de 
rocs de diverse nature, mêlés de sables ; après bien des diflicultés 
et au milieu de dangers multipliés on atteignit enfin, à une profon- 
deur d’environ 30 pieds au-dessous des anciens travaux, la roche 
en place formée de gneis'. Chemin faisant et près du gneiss, les 
travaux donnèrent issue du côté de l’est à une source chaude assez 
considérable dans laquelle il était facile de reconnaitre un mélange 
de filets froids et de filets chauds. 

Lorsque l’on parvint sur le gneiïss la roche inclinée fortement du 
côté du centre de la vallée (à l’ouest) offrit une fissure, courant du 
nord au sud, d’où s’échappaient quelques filets d’eau chaude; mais 
la principale source, celle qui alimentait primitivement les bas, 
s’enfonçait sous l'angle occidental du puits et s’échappait du gneiss 
plus profondément par diverses fissures. Un coup de mine placé près de 
la fissure centrale amena la sortie de cette source au centre même du 
puits, en la dégageant des obstacles qu'elle rencontrait de ce côté-là. 

Au fond du puits jaillissait encore vers l'angle nord de l’encais- 
sement, une troisième source abondante, mais qui trahissait aussi 
un mélange d’eau chaude et d’eau froide. 

Ces résultats obtenus, on assit sur le gneiss la maçonnerie de 
pierres de taille parfaitement cimentées, qui devait recueillir les 
eaux chaudes. On encaissa ainsi dans le centre du puits la source 
centrale sortant des fissures du gneiss avec une température de 35° 
R.; on poussa en même temps de petites galeries latérales à la re- 
cherche des deux autres sources, afin de les débarrasser si possible 
des eaux froides. La chose n’offrit pas de difficulté pour la source 
orientale qui se trouva jaillir aussi des fissures du gneiss. Elle fut done n 
recueillie et son produit, à la température de 40° R., fut conduit dans 
le puits. La source de l'angle nord, plus abondante, offrit quelques 
particularités remarquables. Elle s’échappait d’une large et profonde 
fente, située entre le gneiss et le calcaire, où l’on pouvait pénétrer. 
Cette espèce de chambre gommuniquait à d’autres fissures creusées 


1 Il est difficile de faire concorder ces faits avec ceux qui se trouvent 
consignés dans la Votice sur les eaux thermales de Lavey, publiée par le 
docteur G. Bezencenct, aux frais du gouvernement du canton de Vaud, 
en 1856 , p. 9. Le puits actuel qui s'appuie sur le gneiss a 55 pieds de 
hauteur et s'élève jusqu’au niveau du fleuve; le dépôt qu’il a fallu tra-. 
verser a donc au-delà des 22 pieds de puissance que lui attribue M. de 
Charpentier. Le niveau du Rhône, s’il a baissé dès lors , ne l’a fait que de 
quelques pieds. Le canal de conduite pour les bains n’a d’ailleurs pas 
changé de place et il se trouve actuellement à 45 pieds au-dessus du fond 
du puits. 


+ 


SOURCE THERMALE DE LAVEY. 311 


dans le calcaire, du côté nord, d’où provenaient les eaux froides. 
Après un contour, la fente principale arrivait à une petite caverne 
d'un mètre de haut, creusée dans le gneiss , à parois parfaitement 
polies et enduites d'une épaisse couche de conferves thermales (glai- 
rine, barrégine), du fond de laquelle jaillissait, par trois orifices, 
une eau très-chaude (42° R.). Le rocher lui-même était chaud et 
l'atmosphère du fond du puits presque suffocante. On procéda de 
même à l'encaissement des trois filets chauds et on les conduisit dans 
le puits en les isolant parfaitement des eaux froides. L'eau arrivait 
dès lors en abondance et très-chaude, et l’on se hâtait d’élevér la 
maçonnerie du puits. La seule source centrale fournissait 90 pots 
par minute ; les deux autres un peu moins. 

On était arrivé à 6 pieds environ au-dessus de l’orifice des sources 
latérales, lorsqu'on s’aperçut d'une forte diminution dans la tempé- 
rature de l’eau. Vidant le puits de rechef, on trouva que ce refroi- 


dissement provenait des deux sources latérales plus chaudes, qui. 


sans avoir augmenté le volume, n'avaient plus qu'une chaleur très- 
inférieure (environ 17° R.). Le temps nécessaire pour achever les 
travaux avant la saison des bains était trop court pour permettre de 
rechercher les causes de ce refroidissement et d’y parer. On se 
décida done à tamponner solidement et jusqu’à nouvel ordre, les 
orifices des sources latérales dans le puits, afin de ne conserver que 
la source primitive. Ce fut à la même époque que survint aussi un 
espèce d'éclat qui dog brusquement issue, en perforant les parois 
du puits entre deux assises de maçonnerie, à un jet très-violent 
d’eau très-chaude. Ce jet s'étant bientôt refroidi dut aussi être tam- 
ponné. 

Dès lors le travail S’exécuta sans interruption jusqu’à la hauteur 
de 55 pieds. L'orifice d'émission des bains se trouvait placé à 45 
pieds de hauteur. Au bout de peu de jours l’eau thermale s'élevait à 
50 pieds dans le puits, mais refusait de s'élever au-delà. La surface 
de la colonne d’eau encaissée s’établissait à peu près à la hauteur des 
eaux du Rhône dans les basses eaux. La température de l’eau au- 


“dessus du puits, d’abord plus faible , cela se conçoit , se fixa au bout 


de quelques jours à 30° R., et conserva dés lors cette température. 
M. Cossy notait, le 1% juin 1857, peu de jours après la terminaison 
des travaux, que l’eau se réchauffait graduellement et que la surface 
du puits donnait en permanence, depuis le 1° juin, 37,50° C. 
(30° R.). @ 7. 

« Ce chiffre, disait-il, augmentera graduellement , je n’en doute 
pas. Les dernières crues du Rhône ne l'ont: nullement influencé. 
Quant à la qualité, elle a certainement gagné. » — Il me parut en 
effet alors que la saveur de l’eau était un peu plus prononcée sans 
L fût possible de dire à quel sel il fallait l'attribuer. La dissolution 

‘une petite partie de ciment calcaire employé dans la construction 
du puits pouvait y entrer pour beaucoup. 


2. La source thermale de Lavey jaillit comme l'on saït sur le 
point de la vallée du Rhône où une zône puissante de gneiss eoupe 


6 


312 SOURCE THERMALE DE LAVEY. 


la vallée perpendiculairement à sa direction et vient se perdre sous 
la dent de Morcles. A une petite distance de là, en remontant la 
vallée, les schistes anthracifères succèdent au gneiss qui en forme 
probablement la base. 

Les travaux exécutés l'hiver dernier ont démontré que la source 
thermale sort du gneiss, très-près de son contact avec le calcaire 
(jurassique ?) Comme la source thermale de St. Gervais , elle jaillit 
donc des roches métamorphiques appartenant probablement au ter- 
rain anthracifére. Elle en diffère en ee que celle-ci s'échappe au point 
où @@ terrain touche aux roches cristallines , tandis que Lavey se 
trouve au point de contact opposé. La composition chimique des deux 
sources présente une assez grande différence qui peut s'expliquer, 
pour St. Gervais, par le voisinage des gypses et des corgneules. 

Les sources latérales, exclues pour le moment du puits, seront ai- 
sément ramenées lorsqu'elles auront repris leur chaleur primitive ; 
mais il faut auparavant laisser au sol ébranlé par les excavations 
pratiquées, le temps de s’affermir et aux eaux infiltrées, celui néces- 
saire pour former des dépôts qui obstrueront les fissures par les- 
quelles les eaux froides de la surface pénètrent jusqu'aux filets chauds. 
Ce travail de la nature, fort lent, exigera un temps assez long, ensorte 
qu'il faudra quelques années de patience avant que ces sources 
puissent être utilisées. | 

La perturbation causée dans le mouvement des eaux par l’établis- 
sement du puits fut trèés-grande pendant le percement du puits. 
D'énormes blocs se mirent en mouvement et s’inclinèrent fort heu- 
reusement du côté du lit du fleuve; il en résulta des vides et des 
crevasses où les eaux et les graviers se précipitérent. Les sources 
en furent fortement affectées et présentèrent des phénomènes dont il 
est difficile de se rendre compte autrement que par la pression de 
puissantes colonnes ascendantes. w : 

Dès les premiers jours de la construction du puits l’eau thermale 
montait en bouillonnant chaude et abondante. Une fois arrivée aux 
deux tiers de sa hauteur, l’eau cessa un jour de monter et tomba à la 


température de 22° R., de 40 et quelques degrés qu'elle avait em 


moyenne. Craignant une rupture dans les parois du puits on l’épuisa 
pour l’examiner, et on ne trouva pas trace de pénétration des eaux 
froides extérieures. 

A cette époque survint, comme je l’aidit, dans le puits une explo- 
sion comparable à un petit coup de mine, qui fut accompagnée d’un 
jet d’eau très-chaude.. L'explosion était due à la rupture avec éelat 
de l'angle d’une pierre de la seconde assise (en comptant depuis le 
bas) de la maçonnerie. Une pression énorme de dehors en dedans, 
accompagnée d'un dégagement de gaz enfermés, peut seule expliquer 
ce singulier phénomène. 

3. Pendant que l’on abaissait le puits, on observa des intermit- 
tences très-marquées dans la quantité de l’eau thermale. Ces inter- 

. mittences qui amenaient une plus grande masse d’eau , avaient lieu à 
peu près périodiquement , de deux ou de trois jours l’un, habituelle 


dé 


ment vers les 10 heures du soir. L'eau affluait alors lout à coup avec 
une telle abondance que le jeu des pompes', qui n'avait pas été 

odu un instant, n'épuisait plus l'excavation. Les ouvriers étaient 
obligés de se retirer précipitamment ; il arriva même que dans l’es- 
pace d'une heure, l'eau s’éleva de 10 à 12 pieds dans la vaste excava- 
tion, mesurant 10 pieds de diamètre, malgré l’activité de l'épuisement. 

L'eau qui surgissait à flots du fond du puits ayait une température 
variant entre 20et 28° R., elle contenait donc davantage d'eau froide. 
La bouffée ne s’accompagnait pas d'un dégagement de gaz. A mesure 

l'on est descendu plus profondément, les intermittences ont gra- 
se diminué sans cesser ent'èrement. 

On explique généralement ces intermittences peu rares dans les 
sources thermales , par l'existence d'excavations souterraines qui se 
videraient brusquement. Cette explication dans le cas de la source 
de Lavey, parait d'autant plus admissible que les travaux exécutés 
mirent au jour plusieurs cavernes souterraines, vrais réservoirs 

pour les eaux froides et chaudes. On à souvent aussi expliqué 
intermittences par le jeu d'un siphon souterrain. On peut objecter 
cependant que ce jeu exigerait pour s'effectuer que le niveau des 
eaux du réservoir füt plus élevé que l’orifice d'émission du siphon, 
disposition qui saurait bien difficilement se rencontrer sur le trajet 
d'un boyau souterrain elos de toute part et qui s'élève du sein de 
- la terre pour gagaer sa surface. L'existence de renflements ou de 
ottes sur le trajet du canal ne fait rien pour le jeu du siphon si 
‘air extérieur n'est pas en communication, par quelque issue, avec le 
boyau que l'eau parcourt. L'issue qui devrait donner accès à l'air 
extérieur servirait alors bien plus vite à l'émission de l’eau thermale 
qu'a l'admission de l'air. ; 

La présence de gaz dans l'intérieur des eanaux souterrains expli- 
querait, ce nous semble , bien plus aisément les intermittences que 
l'hypothèse passablement forcée du siphon. Nous voyons tous les 
jours l'air atmosphérique entrainé par le courant des eaux dans les 

- Canaux des fontaines et accumulé peu à peu sur certains points, 
… donner lieu à des intermittences semblables. Pourquoi ne se pas- 
serait-il pas quelque chose d'analogue dans les sources thermales ? 
Sans doute ici la pénétration de l'air atmosphérique dans les canaux 
conducteurs est fort peu probable. S'il pouvait étre entrainé par le 
courant on le verrait ressortir en bouillonnant 4 l'issue de la source 
au moment de la bouffée, ce qui n’a point lieu à Lavey en particu- 
lier. Les gaz en jeu dans ce cas peuvent être tout simplement des va- 
peurs d'eau dégagées à une profondeur où l'eau arrive à l’ébulition, 
et qui accumulées dans certaines cavités s'en échappent, à un moment 
donné, en poussant les eaux devant elles. Si elles n'arrivent pas à 
l'orifice de sortie à l'état de vapeur, c'est que chemin faisant elles 
se condensent et retournent à l’état liquide avant de l’atteindre. Des 


SOURCE THERMALE DE LAVEY. 313 


1 Tro:s pompes puissantes mues par 24 hommes chacune, étaient éta- 
gées dans le puits les unes au-dessus des autres. 


314 SOURCE THERMALE DE LAVEY. 


gaz dégagés pourraient d’ailleurs avoir une autre issue que celle de 
l'eau et ainsi ne pas apparaître à la source. Qui sait même si le chauf- 
fage des eaux thermales n’est pas dû , dans beaucoup de cas, tout 
simplement à des courants de vapeurs ou de gaz qui s’échappant des 
régions volcaniques viennent se condenser ou se dissoudre, dans 
les sources en les réchauffant. 

4. Les réflexions qui précèdent nous conduisent à dire quelques 
mots des effets du tremblement de terre de 1851 observé à Lavey, 
quoique cette observation ne se rapporte qu'indirectement aux tra- 
vaux d'art dont nous nous occupons. Ces effets n'ayant été relatés 
nulle part, que nous sachions, il est bon de les consigner ieï. Rien 
dans l'exposition qui suit n’a été confié à la seule mémoire. 

« En juin et juillet 1851 (je reproduis textuellement les notes prises 
sur les lieux par M. le docteur Cossy) et jusqu'au 24 août de cette année 
là, la température de la source thermale offrit un abaissement graduel 
qui n'avait jamais été aussi considérable. Cet abaissement avait lieu 
sans cause appréciable et indépendamment des variations, conti- 
nuelles à cette époque, des eaux du Rhône. En août la source ne 
donnait que 20 pots par minute avec une température de 34° centigr. 
(27°, 2. R.) Dans la nuit du 23 au 24, à 2 heures du matin, par 
un temps chaud et orageux, les eaux du Rhône étant à une hauteur 
moyenne, trois violentes secousses de tremblement de terre se firent 
sentir à quelques minutes d'intervalle : l’ondulation du sol allait du 
sud au nord. Un quart d'heure après les secousses, l'eau avait gagné 
un demi-degré; plus abondante elle amenait à l'établissement des 
bains de nombreux flocons de glairine et de conferves détachés des 
conduits, par le courant plus abondant et plus rapide. A partir de 
ce moment et sans nouvelles secousses appréciables, la température 
de l’eau s’accrut rapidement de manière à acquérir de nouveau son 
maximum d'autrefois. Sa quantité, qui dès le premier jour fut aug- 
mentée d’un tiers, s’accrut encore de 5 pots par minute au bout de 
quelques jours. 

» Le tableau suivant résume la succession des faits observés : 


315 


SOURCE THERMALE DE LAVEY. 


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516 SOURCE THERMALE DE LAVEY. 


» Les années suivantes, jusqu'à 1856, nous sommes restés à 
Lavey au bénéfice du tremblement de terre de 1851, en ce sens 
que bien que la température se soit de nouveau abaissée de quelques 
degrés (40° C, soit 32° R.), elle n’est jamais descendue au minimum 
du 23 août. Les tremblements de terre si fréquents et si violents de 
185% n’ont exercé aucune influence sur la source de Lavey. » 

5. Nous avons noté plus haut que l’eau thermale s’élève dans le 
puits à la hauteur de 50 pieds, à 5 pieds au-dessus de l'orifice du 
tuyau qui la conduit aux bains; mais qu’elle refuse de s’élever 
plus haut. Nous avons dit qu’à la surface du puits sa température se 
maintenait à 30° R', tandis qu’à sa sortie de la seule source actuelle- 
ment employée, au fond du puits, elle donnait 35° R. Elle perd done, 
pour arriver à la surface, 5° R. Cette déperdition se renouvelle 
dans le trajet que l’eau parcourt depuis le puits jusqu’à l’établisse- 
ment, puisque arrivée à sa destination elle n’a plus que 25° R. Sa 
quantité primitive de 90 pots par minute subit une diminution plus 
considérable encore; ear il n'arrive que 36 pots par minute aux 
bains. Dans les hautes eaux du Rône , l'immersion des conduits par 
ces eaux abaïsse encore la température, qui tombe jusqu’à 24 et 
23, 5° R. 

Ces pertes de volume et de chaleur sont, on le voit, assez consi- 
dérables. Sont-elles inévitables? c’est ce qu'il s’agit d'examiner, 
puisque de là doivent dépendre les modifications que l’on voudrait 
apporter à l’état actuel des choses. k 

Notons d'abord que peu de temps après l'ouverture de l’établisse- 
ment thermal de Lavey, alors que les conduits divers étaient neufs, 
l'eau qui avait 36° R. (45° C.) à la source, ne donnait plus, arrivée 
aux bains, que 29° R. Elle perdait done alors 7° R. de chaleur dans 
le trajet de la source aux bains. La déperdition qu’elle subit aujour- 
d’hui est moins forte. Il serait cependant possible qu’en augmentant 
le calibre des conduits, en leur donnant une pente bien égale, en les 
renfermant dans une enveloppe de bois ou de charbon, ou, mieux 
encore, en les entourant d’une couche d’air stagnant, on diminuât 
quelque peu cette déperdition : cependant il ne faut pas trop y compter, 
parce que la faible inclinaison du sol et l'enfoncement dans lequel 
sont déjà placées les baignoires ne permettent guère d'augmenter la 
chute de l'eau dans les conduits." On pourrait sans doute la prendre 
un peu plus haut dans le puits, puisqu'il reste encore 5 pieds dispo 
nibles ; mais cette élévation du point de dégorgement du puits aurait 
pour effet de ralentir encore le mouvement ascensionnel de l’eau et 
par conséquent de diminuer la masse et la chaleur primitives de l’eau; 
car il est évident que pour conserver l’une et l’autre il faut puiser 
l'eau dans le puits aussi bas que possible. 


1 Les sources qui furent encaissées par les soins de M. de Charpentier 
donnaient primitivement 56° R. à la surface du puits, elles ont donc perdu 
dès lors 6° R. , et cependant elles traversaient encore une épaisse couche 
de graviers. 


SOURCE THERMALE DE LAVEY. 317 


Les pertes que l’eau subit dans le puits sont les mêmes, quant à la 
chaleur du moins, que celles qui ont lieu dans les conduits. En 
s'élevant de 50 pieds, dans un tube de maçonnerie en marbre, au 
milieu d’un sol baigné par les eaux froides, on devrait s'attendre à 
une déperdition de plus de 5° R. 

IL est encore un fait important à prendre en considération : la sta- 
_ bilité de l’eau du puits à 58 pieds de hauteur, 5 pieds au-dessus de 
l’orifice de dégorgement. Si les conduits qui transportent l’eau aux 
bains offraient une pente ascensionnelle d’une égale hauteur , ces 5 
pieds correspondraient à l'élévation forcée de l'eau dans son trajet 
jusqu'aux bains. Mais cette pente n'existe point, l'eau n’est pot 
obligée de s'élever pour gagner la maison des bains. L'élévation de 
5 pieds doit donc s’expliquer par l’insuflisance du diamètre des con- 
duits ou par leur encombrement : deux eirconstances qu'il faut en 
tout cas s'empresser de faire cesser. 

Les choses étant telles à l'heure qu'il est, on doit s'étonner que 
la différence en plus de 54 pots entre l’eau qui arrive de la source 
au fond du puits et celle qui se rend aux bains , ne prodüise pas un 
trop plein constant qui devrait se déverser continuellement par dessus 
ses bords. La hauteur stationnaire de l’eau à 50 pieds de hauteur 
nous indique done que, passé ce niveau , l'eau trouve ailleurs des 
issues moins élevées ; en d’autres termes , que la source captée est 
assurée pendant qu’elle ne se fraie pas une issue qui lui offre une 
moindre résistance. Qui pourrait dire qu'elle ne se trouvera pas un 
jour cette issue-là? L'abaissement graduel de la température observé 
depuis 1833 à 1851 ne serait-il pas dû à des issues souterraines 
mieux situées, qui s’agrandissent peu à peu et par lesquelles les eaux 
chaudes s’échappent ? fs. Le 

Le tremblement de terre de 1851 , en obstruant momentanément 
ces issues, aura augmenté la chaleur de l'eau‘. Si cette chaleur a 
de rechef peu à peu diminué, cette dimmution trouverait son expli- 
cation dans le rétablissement graduel des issues latérales. 

Que conclure de ces divers faits, si ce n’est que tout n’est pas fait 
pour assurer définitivement et autant qu'il est humainement possible 
l'avenir de Lavey. L'eau thermale sortie du gneiss ne peut plus nous 
échapper, il est vrai; nous avons l'espoir d'accroître la quantité et 
la chaleur en y rattachant d’autres sources exclues pour le moment ; 
mais ce n'est pas là tout. Il faut maintenant attirer l’eau thermale 
du côté du puits, l'appeler autant que possible à s'y rendre en lui 
offrant par cette voie une issue plus facile que par tout autre point. 
Si l’on y parvient on doit eroire que les issues latérales, ne rece- 
vant plus d'eau, s’obstrueront peu à peu et qu'ainsi la possession de 
l’eau deviendra de jour en jour plus assurée. 

Le seul moyen d'y parvenir, et c'est par là que je termine, est 
d'établir un jeu permanent de pompes qui maintiennent le puits vidé 


1 La quantité ne pouvait s’accroitre, la capacité des conduits ne le per- 
mettait pas. 


318 PRODUITS DU BOIS DISTILLÉ. 


à la profondeur de 35 à 40 pieds. L’eau en deviendra plus chaude et 
surtout plus abondante : 90 pots par minute, dans l'état actuel des 
choses. Une roue mise en mouvement par les eaux du fleuve ferait 
jouer ces pompes sans grands frais, comme à Saint-Gervais et à 
Schinznach. 


= D —— 


NOTE SUR LES RÉSIDUS DE LA DISTILLATION DU BOIS DANS LES 
USINES A GAZ. 


(Extrait.) 
(Séance du 17 juin 1857.) 
Par M. 4.-F. Fol. 


La fabrication du gaz d'éclairage, au moyen des houilles ou du 
bois, qui prend tous les jours une plus grande extension, fournit, 
à côté de son principal produit, des matières secondaires telles que 
les goudrons et les eaux de gaz, dont il serait important de tirer parti 
dans l’industrie, mieux qu’on ne l’a fait jusqu'ici. On utilise, 1l est 
vrai, quelque peu les soudrons. On retire du goudron des houilles, 

“qui à été l’objet spécial des recherches de plusieurs chimistes, de la 
- créosote, de la benzine, de la paraffine, de la naphtaline, de l'acide 
picrique servant à teindre la soie en jaune: ce dernier produit four- 
nira peut-être un jour une matière colorante analogue à la garance. 

D’autres substances renfermées dans les goudrons n’ont pas encore 

d'emploi : leur trop grande richesse en carbone les rend impropres 

à l'éclairage, à moms que l’on ne parvienne à les combiner à des 
radicaux alcooliques. Peut-être aussi parviendra-t-on à les trans- 
former en alcaloïdes. 

Les eaux du gaz de la houille ont également leur utilité dans l’am- 
moniaque qu’elles renferment, et que l’on peut en retirer soit pour 
elle-même, soit pour la fabrication du sulfate d’ammoniaque et de 
l’alun ammoniacal. Le docteur Playfair évalue à 60,000 tonnes le 
sulfate d'ammoniaque que l’on pourrait retirer annuellement des eaux 
de gaz de l'Angleterre. 

Les goudrons et les eaux de gaz, obtenus par le bois, n’ont pas été 
étudiés avec le même soin; j'ai entrepris quelques recherches sur 
ceux que l’on obtient à l’usine de Zurich. J'exposerai les faits que 
j'ai observés, non comme un travail complet, mais comme le premier 
pas dans une série de recherches à peine ébauchées. 

J'ai soumis à la distillation dans une cornue en fer environ 7 kilo 
grammes de goudron de bois, et j'obtins des huiles naturellement 
divisées en deux couches; l’une plus lourde que l’eau et noirâtre; 
l’autre plus légère que l’eau et d’une couleur brune. La distillation 
marcha très-régulièrement tant que la cornue contint encore du gou- 
dron liquide, mais lorsque tout le goudron fut desséché et qu'après 
avoir poussé le feu un peu plus violemment la distillation recom- 


3 


PRODUITS DU BOIS DISTILLÉ. 319 


mença, le liquide distillé, de noir qu’il était auparavant, n’était plus 

‘une huile incolore assez légère et d’une odeur de la dernière f6- 
tidité : il se dégageait en même temps des vapeurs acétiques. Le gou- 
dron avait été saturé par un lait de chaux avant l'opération, afin de 
retenir autant que possible l’acide acétique dans le résidu. Un acei- 
dent arrivé à l'appareil distillatoire mit forcément fin à l'opération, 
quoique la majeure partie des produits ne fût pas encore distillée. A 
ce moment j'avais obtenu 1 kilogramme d'huiles de diverses sortes. 
Après avoir séparé l’eau de ces huiles en les jetant sur des filtres 
humides, je commençai à les distiller dans une rétorte en verre mu- 
nie d'un thermomètre. La moindre chaleur donnait de si violentes 
secousses à l'appareil que je fus obligé d'ajouter aux huiles une so- 
lution concentrée de sel marin, ce qui me permit de porter la tempé- 
rature jusqu’à 105° sans que la rétorte éprouvät de secousses. 
Mais lorsque les huiles qui distillent au-dessous de cette tempé- 
rature eurent entièrement passé dans le récipient les secousses re- 
commencèrent, et je remplaçai alors la solution de sel par de la 
limaille de fer, expédient qui me permit de continuer et d'achever la 
distillation sans craindre la moindre projection du liquide dans le col 
de la cornue. 

De cette manière j'obtins les huiles et produits suivants groupés 
selon leur température d’ébullition : 

De 30 à 40° C. Liquide incolore, léger, à odeur forte et péné- 

trante ; en très-petite quantité. - 

» 41 à 81° C. Liquide incolore comme le précédent, léger, 
peu odorant. 

» 81 à 91° C. Le liquide entre en ébullition à 81°, 5, et il 
distille une huile jaunâtre composée presque 
en entier de benzine. 

» 91 à 96° C. Huile jaune, très-brillante, légère, contenant 
aussi une forte proportion de benzine. 

» 96 à 99° C. Huile peu colorée, peu abondante, odeur forte 
et désagréable. 

» 100 à 108° C. Huile colorée en brun-rouge ; odeur forte et 
brûlante : le thermomètre reste assez long- 
temps stationnaire à 108°. 

» 108 à 130° C. Huile rougeûtre à odeur très-pénétrante ; va- 
peurs irritant vivement les yeux. 

180° C. Tout à coup le col de la cornue et le réci- 
pient se trouvent embarrassés par une grande 
antité de naphtaline qui se prend en masse 
cristalline. À une température plus élevée, je 
n'obtins plus de naphtaline. 

» 185° à 200° C. Huile légère, rouge-foncé; odeur fétide in- 
supportable. 

» 200 à 215° C. Les huiles qui distillent deviennent de plus en 
plus colorées, leur odeur est fétide, nauséa- 
bonde et mêlée par fois de vapeurs acétiques. 


+ 


320 VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. 


Au-dessus de 215° C. il distille une certaine quantité de produits acé- 
tiques et 1l reste un mélange de poix et de 
paranaphtaline dans la rétorte. 

Toutes ces huiles sont entièrement solubles dans l'alcool et l’éther. 
Les huiles plus lourdes que l’eau ne laissent aucun dépôt de pa- 
rafline. Celles obtenues au-dessous de 130° C. , traitées par l'acide 
nitrique concentré, donnent toutes de la nitrobenzine. Si l’on mêle 
en pâte avec du peroxyde de plomb les huiles obtenues au-dessus de 
150°, on recevra en chauffant le mélange de belles lamelles mica- 
cées de naphtaline pure. 

La distillation primitive du goudron n'ayant pas été poussée assez 
loin, les produits de la série phénylique étaient complétement absents. 
En effet, je n'ai obtenu, sur 14 kil. de goutron, que 2 kilog. de mé- 
lange distillé, ce qui fait seulement 14, 28°/,, tandis que des essais 
en petit m'ont prouvé que l’on peut retirer des goudrons de bois, par 
distillation , plus de 65°/, de leur poids. 

Quant aux eaux de gaz obtenues du bois, elles ne renferment pas 
d'ammoniaque, mais en revanche d’autres produits utiles tels que 
l'acide acétique, l'esprit de bois; elles contiennent en outre d’autres 
substances peu étudiées et qui recevront peut-être un jour une appli- 
cation utile. 

Quoique mes recherches ne soient encore qu’à leur début et que 
les résultats auxquels je suis arrivé soient loin d’être complets , je 
n'ai pas cru qu'il fût entièrement superflu d'appeler l'attention des 
chimistes sur ce point de la technologie. 

J'espère avoir l'honneur, dans peu de temps, de rendre compte à 
la Société de la suite de ce travail. 


sn — 


OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR LE VAISSEAU DORSAL 
DANS LES ORTHOPTÈRES. 


Par A. Yersin, professeur à Morges. 


(Séance du 17 juin 1857.) 


Les physiologistes sont encore divisés sur le rèle qu'il faut attri- 
buer au vaisseau dorsal dans les insectes. M° Léon Dufour affirme 
qu'il doit être envisagé, dans les orthoptères en particulier, comme 
un organe dégénéré sans rôle physiologique. M° Emile Blanchard, 
de son côté, par d’admirables injections, ayant reconnu que cet 
organe est en communication avec l’espace compris dans la double 
enveloppe des trachées, conclut que le vaisseau dorsal doit être assi- 
milé au cœur et qu’il donne l'impulsion au sang. Voici, Messieurs, 
quelques observations qui paraissent confirmer les vues de ce savant. 

Un mot d'abord sur le sang de la blatte orientale (Periplaneta 
orientalis, Burm). A l’œil nu ce sang présente l’aspect d’un liquide 


VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. 321 


louche légèrement blanchâtre. Soumis à un grossissement de 80 dia- 
mètres, on y distingue des globules excessivement ténus et des corps 
plus volumineux qui sont peut-être des gouttelettes huileuses. En 
appliquant les plus forts grossissements (1100 diamètres) d’un mi- 
eroscope Nachet, les globules deviennent très-distincts, ils paraissent 
être de forme lenticulaire et parsemés de granulatious. Le diamètre 
des globules, mesurés au micromètre oculaire, est de 0,013 milli- 
mètres. Avec le même grossissement on découvre d’autres corpus- 
cules mesurant environ 0,001 millimètre dans leur plus grande 
dimension et qui subissent de continuelles déformations paraissant 
quelquefois sphériques, le plus souvent réniformes. Ces corpuscules 
se déplacent lentement et se meuvent dans toutes les directions. Peu 
de temps après son extraction le sang se coagule en une masse jau- 
nâtre assez résistante. 

On sait que pendant les premières heures à la suite d’une mue ou 
d’une métamorphose, les téguments de la plupart des msectes sont 
d’une couleur très-pâle et plus ou moins transparents. C’est en par- 
ticulier le cas dans la blatte orientale. J'ai profité de cette circonstance 
pour examier au microscope, sous un grossissement de 80 et de 
120 diamètres, ce qui se passe dans le vaisseau dorsal dont on voit 
les mouvements à l'œil nu. Par un temps chaud, et immédiatement 
après la mue, j'ai compté sur deux individus cinquante contractions 
régulières du vaisseau pendant une minute; sur un autre individu 
par une matinée froide le même nombre de contractions a exigé un 
temps double. Chacun de ces mouvements est très-net et provoque 
une propulsion évidente du sang. Dans la contraction du vaisseau ce 
fluide se porte rapidement de l’abdomen vers la tête et les globules, 
isolés ou groupés, parcourant un trajet plus long que le champ du 
microscope. Dans la dilatation au contraire toute la masse fluide 
revient par un mouvement court, mais lent, dans la direction op- 
posée. 

Sur une femelle de blatte, arrivée à l’état parfait, j'ai observé de 

chaque côté du vaisseau dorsal un courant sanguin dirigé en sens 
inverse de celui de cet organe. Il ne m'a pas été possible d’én déter- 
miner les limites extérieures. Sur quelques points, et à des distances 
égales à la longueur d’un segment abdominal, on voit, pendant la 
dilatation du vaisseau dorsal le sang passer des espaces latéraux, où 
s’observe le courant inverse, dans le vaisseau lui-même. 

Le vaisseau dorsal joue a'nsi le rôle de ventricule et les espaces 
ménagés sur les côtés celui d'oreillettes; ces deux cavités commu- 
niquant entr'elles par des ouvertures auriculo-ventriculaires laté- 
rales, disposées par paires correspondantes aux segments. Cette 
observation montre en outre que ces ouvertures ne permettent l'm- 
troduction du sang dans le vaisseau que pendant la dilatation de 
celui-ci. 

J'ai vu, toujours sur le même insecte, une masse solide, (proba- 
blement une réunion de globules) arrêtée dans la marche pendant 
plusieurs contractions; elle ne pouvait ni avancer, ni reculer, quoi- 


322 VAISSEAU DORSAL DES INSECTES. 


que son diamètre apparent fût inférieur à celui du vaisseau ; elle finit 
néanmoins par se dégager et par être entrainée dans le courant dirigé 
vers la tête. Cette masse solide s’arrèta de nouveau un peu plus loin, 
puis se dégagea encore et franchit un espace correspondant à la lon- 
gueur du segment. Les déplacements de ce corps et ses haltes suc- 
cessives me paraissent indiquer l'existence de valvules dans l’intérieur 
du vaisseau. Serait-ce peut-être des replis destinés à permettre le 
mouvement en avant et à gêner le courant inverse. 

J'ai suivi les mouvements du sang, en dehors du vaisseau dorsal, 
sur divers points du thorax, et j'ai cru voir dans la direction parfai- 
tement déterminée du courant sanguin et dans les limites très-nettes 
dans lesquelles il est renfermé, l'indice d’une circulation vasculaire. 

Le mouvement du sang est particulièrement distinct à la base des 
antennes. Les globules sont portés alternativement de la base vers 
le sommet et du sommet vers la base, le premier courant est ordi- 
nairement plus prononcé et semble l'emporter sur le second. Dans 
une blatte, endormie par l’éther, le second mouvement paraissait 
plus rapide que le premier. Les intermittences de ce va et vient du 
sang, correspondent, le plus souvent, assez exactement aux batte- 
ments du vaisseau dorsal. Il ne m'a pas été possible de m’assurer si, 
dans l'antenne, le sang est renfermé dans un vaisseau particulier ; 
j'ai cru voir qu'il occupe la plus grande partie de la cavité de l'or- 
gane dans les blattes et seulement le tiers dans des larves de grillon. 

La circulation n’est distincte dans les pattes qu’à leur base et seu- 
lement pendant les mouvements de l’insecte. Le sang pénètre dans 
les membres en longeant d’abord la partie inférieure de la cuisse où 
il forme un courant assez large qui s’avance en s’étendant de façon 
à baigner tous les organes voisins et à rejoindre un second courant 
qui, vers le bord supérieur de la cuisse se dirige vers la base de cet 
organe et pénètre dans la hanche. Ici encore, je ne sais découvrir 
aucune trace de vaisseau limitant l’épanchement sanguin. 

Toutes les observations précédentes ont été faites sur plusieurs 
blattes à l’état parfait, sur un certain nombre de larves appartenant 
à la même espèce, enfin sur de jeunes larves de grillon. Les tégu- 
ments des criquets (Acridiodea) que j'ai examinés, se sont trouvés 
trop opaques pour qu'il fût possible de distinguer les organes inté- 
rieurs. 

On ne peut guère faire ces observations sur des insectes d'une 
taille comparable à ceux que j’ai étudiés, qu'avec de faibles grossis- 
sements, ce qui ne permet pas de pousser l’investigation dans la 
double enveloppe des trachées. Peut-être sera-t-on plus heureux en 
mettant rapidement à nu et en portant sous le champ du microscope 
certains tissus vivants faciles à observer avec de forts grossisse- 
ments. Il ne m'a pas encore été possible de l'essayer. 

Mon but dans les lignes qui précèdent a été bien plus d'appeler 
l'attention sur le parti que l’on peut tirer des observations micros- 
copiques dans cette question de physiologie, que de chercher à la 
résoudre moi-même d'une manière complète. 


Se ———— 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 323 


LETTRE DE M. BERTHOUD , MINISTRE A MORGES, À LA SOCIÉTÉ VAU- 
DOISE DES SCIENCES NATURELLES AU SUJET DE LA COSMOGONIE 
MOSAÏQUE. 


(Séance du 17 juin 1857.) 


Monsieur le Président et Messieurs, 


Quoique je ne sois pas membre effectif de votre corps savant, je 
prends la liberté de lui offrir un petit travail qui pourra témoigner de 
l'intérêt que m'inspirent ses travaux. Les agréables relations que je 
soutiens avec plusieurs de ses membres, et en particulier avec des 
géologues , m'ont engagé à fournir à ceux-ci une traduction littérale 
du document cosmogonique de Moïse, en l’offrant à la Société. J'y 
joins pour contrôle le texte hébreu écrit en lettres françaises. Ces 
| on verront que si les versions ordinaires de nos livres sacrés 
sont susceptibles d'amélioration, elles ne laissent pas que d’être gé- 
néralement fidèles telles qu'elles se trouvent. D'où je tire la con- 
clusion pratique qu'il faut se défier de systèmes (scientifiques ou 
religieux) que l’on voudrait baser sur de prétendues versions nou- 
velles de nos saints livres. 

Il y a nombre d'années que j'étudie les langues sémitiques, faisant 
partie d'une Société qui a entrepris une version nouvelle de l'Ancien 
Testament. Eh bien! je puis vous assurer, Monsieur le Président, 
que si nous avons conçu l'espoir fondé d'améliorer quelque peu la 
version française, nous avons également acquis la conviction que 
toute version qui serait essentiellement nouvelle pour le fond, et qui 
s’écarterait sensiblement de celles qu'on possède, se trouverait par 
ce fait même condamnable comme infidèle. La physionomie générale 
du style peut recevoir plus de coloris, des teintes plus accentuées, un 
air plus vigoureux , si l’on serre le texte original de plus près , mais 
c'est là tout. 

Je ne puis donc que m'’étonner de voir fonder tout un système 
cosmogonique nouveau, non sur une interprétation vraiment philolo- 
gique qui bouleverse la langue des Hébreux et la transforme en une 
sorte d'hiéroglyphe dont personne n'aurait eu la clef jusqu’à ce jour. 

L'imagination, en fait de philologie et en fait de science, donne 
aussi peu de vraies lumières que dans le domaine religieux. 

Je félicite votre Société de la catholicité de son rt scientifique ; 
et je fais des vœux pour qu’elle favorise de plus en plus l'amour 
désintéressé de la vérité. 


Agréez, etc. H. Berrnoun, ministre. 


Morges , le 15 juin 1857. 


324 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


GENÈSE. 


PREMIÈRE SECTION. 


L'univers ou période ante-humaine. 


Original avec traduction littérale inter- 
linéaire. 


L. 
4. Be-reschith  bârâ élohum eth hasch- 


Dans commencement il acréé dieux les 
schâmaim ve-eth hà-ârets 
cieux et la terre 


2. ve-hä-ârets hâïethah thohou vâ-bohou 
et la terre était informe et vide 
a été 
ve-khoschec al pené thehôm ve-rouakh 
et ténèbres sur face de abime et esprit de 
souffle de 


élohim merakhèpheth al pené ham-maim 
dieux planant sur face de les eaux 


3. va-yomer élohim yehi ür va-yehi 
et dit dieux soit lumière et fut 
ùr 

lumière 


&. va-yare élohim eth hà - dr ki tob 
Et vit dieux la lumière que bonne 


va yabedel élohim ben hà - dr ou-ben 


et divisa dieux entre la lumière et entre 
ha-khoschee 
les ténèbres 

5. va-yikera élohim là - dr yôm ve-la- 
Et appela dieux la lumière jour et les 


à la aux 


khoschec kärà läielah va-yehi ereb va- 
fénèbres a app nuit et fut soir et 


yehi boker yom ekhad 


fut matin jour premier 


6. va-yomer élohim yehi râkia be -thde 


Et dit dieux soit étendue dans milieu de 
ham-maim va-yehi mabedil ben maim 
les eaux et soit divisant entre eaux 
läm-maim 

aux EAUX 


Essai de version 
française. 


[. 


1. Au commence- 
ment Dieu créa les 
cieux et la terre. 


2. Et la terre était 
informe et vide, et les 
ténèbres étaient sur la 
face de l’abime, et l’es- 
prit de Dieu planait sur 
la face des eaux. 


3. Et Dieu dit : Que 
la lumière soit! et la 
lumière fut. 


4. Et Dieu vit que la 
lumière était bonne. Et 
Dieu mit une séparation 
entre la lumière et les 
ténèbres. 


5. Et Dieu appela la 
lumière jour et les té- 
nëbres nuit. Etil y eut le 
soir, et il y eut le ma- 
tn; premier Jour. 


6. Et Dieu dit : Qu'il 
y ait une étendue au 
milieu des eaux, et 
qu'elle sépare les eaux 
d'avec les eaux! 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


7. va-yaass élohim eth hâ-ràkia va-yabedel 
Et ñt dieux la étendue et  divisa 


ben ham-maim ascher mith-thakhath là- 


entre les eaux qui en dessous de Ja 
de à la 


râkià ou-ben ham-maiïm ascher méal 


étendue et entre les eaux qui en dessus de 
de 


là-räkia va-yehi ken 
la étendue et fut ainsi 
à la 


8. va-yikera élohim là-räkia schämaim 
Et appela dieux la étendue cieux 


à la 
va-yehi ereb va-yehi boker yom schéni. 
et fut soir et fut matin jour deuxième. 


9. va-yomer élohim  yikkävou ham- 
Et dit dieux (qu’elles) s'amassent les 
maïm mith-thakhath hasch-schämaim el 
eaux de dessous les cieux vers 
mäkôm ekhad ve-théräè ha-yabbäschah 
lieu un et apparaisse le sec 


va yehi ken 
et fut ainsi 


10. va-yikera élohim là-yabbäschah èrets 


Et appela dieux le sec terre 


au 
ou-le-mikevé ham-maim kärà yammim 
et le amasde les eaux aappelé mers 


au 
va-yare élohim ki tôb 
et vit dieux que bon 


11. va-yomer élohim thadsché hâ-ârets 
Et dit dieux. qu'elle rousse la terre 
deschè esseb mazeria zèra ets peri osseh 
verdure herbe semant semence arbre fruit faisant 
peri le-min — à ascher zare — à bù 
fruit selon espèce sienne dont semence sienne en lui 
qui 


al hâ-ârets va-yehi ken 
sur la terre et fut ainsi 


12. vath-thôtsé hà-ârets deschè esseb ma- 
Et  fitsortir la terre verdure herbe se- 
zeria zèra le-miné-hou ve-ets osseh 
mant semence selon espèce d'elle etarbre faisant 
peri ascher zare - à bù le - miné- 
fruit dont semence sienne en lui selon espèce 
hou va-yare élohim ki tôb 
de lui et vit dieux que bon 


325 


7. Et Dieu fit l’éten- 
due; et il mit une sépa- 
ration entre les eaux 
de dessous l'étendue et 
les eaux de dessus l’é- 
tendue. Et il en fut 
ainsi. 


8. Et Dieu appela 
l'étendue cieux. Et il y 
eut le soir et il y eut le 
matin ; deuxième jour. 


9. Et Dieu dit : Que 
les eaux de dessous les 
cieux s’amassent en un 
même lieu, et que le 
sec apparaisse! Et il en 
fut amsi. 


10. Et Dieu appela 
le sec terre, et l’amas 
des eaux mers. Et Dieu 
vit que cela était bon. 


11. Et Dieu dit : Que 
la terre pousse dela ver- 
dure, des herbes répan- 
dant de la semence, des 
arbres portant du fruit, 
du fruit selon l'espèce 
de chacun, qui ait en 
lui leurs semences sur 
la terre! Etil en futainsi. 


12. Et la terre pro- 
duisit de la verdure, des 
herbes répandant de la 
semence selon leurs 
espèces, et des arbres 
portant du fruit conte- 
nant leurs semences 
selon leurs espèces. Et 
Dieu vit que cela était 
bon. 


326 COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


A3. va-yehi ereb va-yehi boker yom 

Et fut soir et fut matin jour 
schlischi 
troisième 


A4. va-yomer élohim yehi meroth bi- 
Et dit dieux Soit luminaires dans 
rekia hasch-schâmâim le-habedil ben ha 
étendue de les cieux pour diviser entre le 
yom ou-ben hal-läielah ve-hâiou le- 
jour et entre la nuit et sont pour 
ôthoth ou-le-moadim ou-le-yàmim ve- 
signes el pour temps fixés et pour jours et 
schänim 
années 


45. ve-hâiou li-meôroth bi-rekia hasch- 
Et sont pour luminaires dans étendue de les 

schämäim le-hâir al hâ-àrets va-yehi 
cieux pour luire sur la terre et fut 


ken 
ainsi 


16. va=yaass élohim eth schné ham- 
Et fit dieux deux les 


meôroth hag-gdolim eth ham-mädr hag- 
luminaires les grands le luminaire le 
gädol le-memschèleth ha-yom ve-eth 
grand pour dominant le jour et 


ham-mäâdr hak-kâton le-memschèleth 
le luminare le petit pour dominant 


hal-lajelah ve-eth hak-kôkäbim 
la nuit et les étoiles 


A7. va-yiththen ôthàm élohim bi-rekia 


Et donna eux dieux dans étendue de 
haseh-schämâim le-hâir al hâ-ârets. 
les cieux pour luire sur la terre. 


A8. ve-li-mschol ba-yom ou-bal-laïlah 
Et pour dominer sur le jour et surla nuit 


ou-le-habedil ben hä-ôr ou-ben ha- 
et pour diviser entre la lumière et entre les 


khoschee va-yare élohim ki tôb 


ténèbres et vit dieux que bon 


A9. va=yehi ereb va yehi boker yôm 


Et fut soir et fat malin jour 


rebihi 


quatrième 


20. va-yomer élohim yischretsou ham- 
Et dit dieux qu'elles pullulent les 


maïm schèrets néphesch khaïah ve-ôph 
eaux pullulement âme de animai et volatile 


43. Et il y eut le 
soir, et il y eut le ma- 
tin; troisième Jour. 


1%. Et Dieu dit : Qu'il 

ait des luminaires 
dans l’étendue des cieux 
pour mettre une Sépa- 
ration entre le jour et 
la nuit, et qu'ils ser- 
vent pour les signes et 
pour les temps fixés et 
pour les jours et les 
années. 


15. Et qu'ils soient 
des luminaires dans l'é- 
tendue des cieux pour 
luire sur la terre! Et il 
en fut ainsi. 


16. Et Dieu fit les 
deux grandsluminaires, 
le grand luminaire pour 
dominer le jour, et le 
petit luminaire pour do- 
miner la nuit. Ilfitaussi 
les étoiles. 


47. Et Dieu les donna 
dans l'étendue des cieux 
pour luire sur la terre, 


18. et pour dominer 
sur le jour et sur la nuit, 
et pour mettre une sé- 
paration entre la lu- 
miere et les ténèbres. 
Et Dieu vit que cela 
était bon. 


19. Et il y eut le 
soir, et il y eut le ma- 
tin; quatrième jour. 


20. Et Dicu dit : Que 
les eaux pullulent et 
fourmillent d’animaux 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


yedpheph al hà-ârets al pené rekia 


qu'il vole sur la terre sur face de étendue de 
hasch-schämaim 
les cieux 


21. va-yiberà élohim eth hath-thaninim 

Et créa dieux les monstres marins 

bag-gdolim ve-eth col nèphesch hà- 
les grands et toute âme de le 


khaïah hà-romesseth ascher schartsou 


animal le se mouvant dont pullulent 
qui fourmillent 


ham-maim le-miné-hem ve-eth col ôph 
les eaux selon espèce d'eux et tout volatile 

càänàph le-miné-hou va-yare élohim ki 
ailé selon espèce delui et vit dieux que 

tôb 

bon 


22. va-yebàrec ôthàm élohim lémor perou 

Et bénit eux dieux en disant fructifiez 
ou-rebou ou-mileou eth ham-maïm ba- 

et multipliez et remplissez . les eaux dans les 
yammim ve häà-ôph yireb bâ-ârets 
mers et le volatile qu'il multiplie sur la Lerre 


23. va-yehi ereb va-yehi boker yôm 


Et fut soir et fut matin jour 


khamischi 
cinquième 


2%. va-yomer élohim thôtsé hà-àrets 

Et dit dieux fasse sortir la terre 

nèphesch khaïah le - min - ah behémah 

âme de animal selon espèce sienne bétail 

vâ-rèmess ve-khaiïathô èrets le - min- 

et le se mouvant et bête sauvage de terre selon espèce 
ab va-yehi ken 
sienneet fut ainsi 


25. va-yaass élohim eth khaïath hâ-ârets 
Et fit dieux animal de la terre 
le-min-ah ve-eth hab-behémah le- 
selon espèce sienne et le bétail selon 
min — ah ve-eth-col rèmèss hâ-adämah 


espèce sienne et tout reptile de le sol 
se mouvant 


le —- miné - hou va-yare élohim ki t6b 
selon espèce de lui et vit dieux que bon 


26. va-yomer élohim naasseh àdàm be- 
Et dit dieux faisons homme dans 


tsalmé - nou ki-demouthé-nou ve- 
inage notre comme ressemblance notre et 


327 


vivants; et que des vo- 
latiles volent sur la 
terre, sur la face de 
l'étendue des cieux 


21. Et Dieu créa les 
grands monstres marins 
et tous les animaux vi- 
vants qui se meuvent, 
qui pullulent selon leurs 
espèces dans les eaux; 
et tous les volatiles ailés 
selon leurs espèces. Et 
Dieu vit que cela était 
bon. 


22. Et Dieu les bénit 
en disant : Fructifiez et 
multipliez et remplissez 
les eaux dans les mers, 
et que les volatiles mul- 
tiplient sur la terre 


23. Et il y eut lesoir 
et il y eut le matin; cin- 
quième jour. 


2%. Et Dieu dit : Que 
la terre produise des 
animaux vivants, selon 
leurs espèces : le bétail 
et les reptiles et les bé- 
tes sauvages de la terre, 
selon leurs espèces. Et 
il en fut ainsi. 


25. Et Dieu fit les 
bêtes de la terre selon 
leurs espèces, et le bé- 
tail selon ses espèces et 
tous les reptiles du sol 
selon leurs espèces. Et 
Dieu vit que cela était 
bon. 


26. Et Dieu dit : Fai- 
sons l’homme à notre 
image, d'après notre 

7 


328 COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


viredou bi-degath ha-yam ou-be- ressemblance; et qu'ils 


qu'ils marchent sur poisson de la mer et sur | dominent sur les pois- 
ôph hasch-schämaim ou-bab-behémah | Sons de la mer et sur 
volatile de les cieux et sur le bétail 


les volatiles des cieux, 
et sur le bétail et sur 
toute la terre et sur tous 
les reptiles qui se meu- 
vent sur la terre! 


27. Et Dieu créa 
l'homme à son image ; 
il l'a créé à l’image de 
Dieu; il les a créés 
male et femelle. 


28. Et Dieu les bénit 


ou-be-col hâ-ärets ou-be-col hà- 
et sur toute la terre et sur tout le 


rèmess hà-romess al hâ-ârets 
reptile qui se meut sur la terre 
se mouvant 


27. va-yibera élohim eth hä-âdäm be- 
Et créa dieux le homme dans 
tsalm - Ô be-—tsèlem élohim bàärà ôthé 
image sienne dans image de dieux ilacréé lui 
zâcar ou-nekévah bärà ôthâm 
mâle et femelle il a créé eux 


28. va-yebärec ôthâm élohim va-yomer 


Et  bénit eux dieux et ‘ dit et leur dit : Fructifiez 
là-hem élohim perou ou-rebou ou- |et multipliez et remplis- 
à eux dieux fructifiez et multipliez et |sez [a terre et l'assujet- 
mileou eth hà-ârets ve-kibeschu-ah RM eve 
remplissez la terre et  assujeltissez-la ISSEZ;, et dominez sur 
ou-redou bi- degath ha-yam ou-be- les poissons de la mer 
et marchez sur poisson de la mer et sur |et sur les volatiles des 
ôph hasch-schämaim ou-be-col khaïah |eieux et sur toute bête 
volatile de les cieux et sur tout animal 


À us ui se meut sur la terre. 
hi-romesseth al hà-ârets q £ 


le se mouvant sur la terre 


29. Et Dieu dit : 
Voici je vous ai donné 
toutes les herbes répan- 
dant de la semence, qui 
sont sur la face de toute 
la terre; et tout arbre 
qui porte du fruit d’ar- 
bre répandant de la se- 
mence. Cela vous ser- 
vira de nourriture. 


30. Et j'ai donné à 
toutes les bêtes de la 
terre et à tous les vola- 


29. va-yomer élohim hinneh nathaththi 
Et dit dieux voici j'ai donné 


lâäkem eth-col esseb zoréa zèra ascher 
à vous toute herbe semant semence qui 
al pené col hä-ârets ve-eth col hâ—ets 
sur face de toute la terre et tout le arbre 
ascher - bô peri ets zoréa zâra làkem 
qui en lui fruit de arbre semant semence à vous 


yiheïè le-okelah 


ilsera pour nourriture 


30. ou-le-col khaïath hâ-àrets ou-le-col 
Et à tout animalde la terre et à tout 


ôph hasch-schâmaim ou-le-col rômess 


volatile de les cieux et à tout reptile : . d 
AL tS , tone =: es : 
al hâ-ârets ascher bô nèphesch khaïah 4. «Fa . ARS 

ur da temée, qui enhi amede ,, animal. [68 reptiles de la terre 


ayant en eux la vie ani- 
male , toute la verdure 
de l'herbe pour nour- 
riture. Et il en fut ainsi. 


eth-col yèree esseb le-okelah va-yehi 
toute verdure de herbe pour nourriture et fut 


ken 
ainsi 


31. Et Dieu vit tout 


34. va-yare élohim eth-col ascher ässah x es 
ce qu'il avait fait; et 


Et vit dieux tout que il a fait 


COSMOGONIE MOSAÏQUE. 


ve-hinneh tôb meod va-yehi boker 


et voicl bon extrêmement et fut soir 


va-yehi boker yôm hasch-schischschi 


et fut matin jour le sixième 


I. 


1. va-yekullou hasch-schämaim ve-hà- 
Et furent finis les cieux et la 


ârets ve-col tsebà-äâm 
terre et toute armée leur 


2. va-yekal élohim ba-yôm hasch schbii 
Et finit dieux dansle jour le septième 
melacth -ô ascher ässà va-yischboth 
ouvrage sien que ilafait et ilse reposa 
ba-yôm hasch-schbit mi-col melacth- 
dans le jour le septième de tout ouvrage 
ô ascher ässà 
sien que ila fait 


3. va-yebärec élohim eth yôm hasch- 
Et A bénit dieux jour le 
schbii va-yecaddesch ôthô ki bé 
septième et il sanctifia lui parce que dans lui 
schâbbath mi-col melacth- 6 ascher 
il s'est reposé de;tout ouvrage sien que 
bârà élohim la-assôth 
ila créé dieux pour faire 


329 


voici, cela était très- 
bon. Et il y eut le soir 
et il y eut le matin; ce 
fut le sixième jour. 


IL. 


1. Et les cieux et la 
terre et toute leur armée 
furent finis. 


2. Et Dieu finit le 
septième jour son ou- 
vrage qu'il avait fait; 
et il se reposa le sep- 
tième jour de tout son 
ouvrage qu'il avait fait. 


3. Et Dieu bénit le 
septième jour, et il le 
sanctifia; parce qu’en 
ce jour 1l s'était reposé 
de tout son ouvrage, 
qu'il avait fait en créant. 


(Ici se termine la cosmogonie proprement dite. Suit l'histoire de 


l'homme.) 


DEUXIÈME SECTION. 


La terre et l’homme ou période humaïne. 


4. elleh thôldôth hasch-schämaim ve-hà- 
Celles-là générations de les cieux et la 
ârets be-hibbore - àm be-yôm assoth 
terre dans ètrecréés eux dans jour faire 


yehovah élohim èrêts ve-sehämaïm 
Jéhovah dieux terre et cieux 


5, ve-col sciakh hass-ssâdé tèrem yiheïeh 
Et tout arbuste de la campagne avant que il fut 

bâ-ârets ve-col esseb hass-ssädé tèrem 

sur la terre et toute herbe de la campagne avant que 


4. Ce sont ici les gé- 
nérations des cieux et 
de la terre. 

A leur création, au 
jour que Jéhovah-Dieu 
fit la terre et les cieux, 
ettous les arbustes de la 
campagne, avant qu'il 
y en eût sur la terre ; 


5. et toutes les her- 
bes de la campagne, 
avantqu'ilenéûtgermé, 


330 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 


yitsmäkh ki 1ô hametir yehovah élohim | — car Jéhovah - Dieu 
elle germa car non il a fait pleuvoir Jéhovah dieux n'avait pas fait pleuvoir 
al hà-ârets ve-ädäm ain la-abod eth hà- | sur Ja terre, et il n'y 


sur la terre ethomme aucun pour cultiver le ” e 
adétäh avait pas d'homme pour 
sol cultiver la terre. — 


al etat ps cn unes 


6. ve-ed yaaleh min hâ-ârets ve-hischcah | 6. les vapeurs mon- 
Et vapeur montà de la pire et aabreuvé |{érent de la terre et ar- 
eth col pené hä-adämah rosèrent toute la sur- 


toute face de le sol 
face du sol. 


NOTE SUR QUELQUES EMPREINTES VÉGÉTALES DES TERRAINS 
SUPÉRIEURS DE LA TOSCANE. 


Par M' €.-Tr. Gaudin. 


(Séance du 1° juillet 1857.) 


Un séjour de quelques mois à Florence m'a permis d'étudier les 
feuilles fossiles de plusieurs gisements intéressants de la Toscane”. 
Voici les résultats de cet examen : 


TERRAINS PLIOCÈNES. 
1. — Gisement de Montajone. 


Montajone est situé dans la vallée de l'Era, qui se jette dans l’Arno, 
à Pontedera. Ge dépôt littoral fait partie du système des sables jaunes 
pliocènes. Son âge est caractérisé de la manière la plus positive par 
un bon nombre de fossiles marins qui s’y rencontrent. Une partie 
des empreintes végétales recueillies dans cette localité appartien- 
nent au Musée de Pise et m'ont été libéralement confiées par M. le 
professeur Meneghini; le plus grand nombre a été rassemblé pendant 
mon séjour à Florence par M. le marquis C. Strozzi, bien connu 
par ses recherches sur les terrains des environs de Florence. 

Voici les espèces dont la détermination peut être considérée comme 
assurée et dont la plupart se retrouvent dans les localités pliocènes 
de Gleichenberg, de Schossnitz et à OEningen. Elles semblent con- 
firmer l’idée que cette dernière localité appartient à la même époque. 
Ce sont : 


* Toutes ces plantes ont été dessinées et formeront, avec une douzaine 
de planches, le sujet d’un mémoire que je me propose de présenter à la 
Société helvétique des sciences naturelles, et qui, je l'espère, sera publié 
dans ses mémoires, 


PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 391 


Liquidambar europœæum, À. Br. . . (OEningen. Schossn. Gi. 
Salix integra, G@pp. . . . . . id. 
Populus balsamoïides, var. exim. Gœpp. id. id. 

»  leucophylla, Ung. . . . . Gleichenberg. 
Platanus aceroides, Gæp. var. cuneifolia id. Schossnitz. 


. Alnus Kefersteini, Ung. s 
Carpinus pyramidalis, Gæp. avec fruit Schrotzhurg. id. 


Quercus serræfolia, Gæpp. . . . . id. 
Zizyphus tiliæwfolius, Ung. . . . . OEningen. 

Juglans acuminata, À. Br.. . . . OEningen. id. 
Juglans Bilinica, Ung. 

Ulmus minuta, Gæpp. . - . . . id. id. 


ESPÈCES NOUVELLES. 


Quercus Parlatorü, m., coll. Strozzi. 

Feuille d'environ dix centimètres et trois fois plus longue que 
large, à dix nervures montant à angle aigu de 30°; dentée assez 
profondément , dents plutôt recourbées en avant. 


Oreodaphne Heerii, m., coll. Strozzi. Fig. 8. 

Feuille probablement coriace, entière, atténuée à la base, ovale 
ou elliptique; nervures secondaires inférieures rapprochées ou oppo- 
sées, courbées en avant et se rapprochant du bord en avançant vers 
le haut de la feuille. Elles portent à l’aisselle, sur la face inférieure, 
un enfoncement très marqué et une verrue sur la face supérieure. 
Ce signe caractéristique se retrouve souvent à l’aisseHle de la se- 
conde paire des nervures secondaires. Les nervures tertiaires arquées 
partent de la paire inférieure des nervures secondaires et s’anasto- 
mosent chacune à celle qui lui est supérieure et à peu de distance 
du bord. Le tissu n’a pas laissé d’empreinte. 

On voit que cette remarquable espèce correspond entièrement à 
l'Oreodaphne fœtens, Aït., de Madère et des Canaries qui s’élève 
dans ces iles à une hauteur de 60 à 100 pieds. Elle s’est trouvée 
fossile dans les dépôts diluviens de Madère”; c’est done une espèce 
déjà ancienne dans le monde végétal et sa présence en Italie confirme 
d’une manière remarquable les idées de M. Heer sur l'union de l'Eu- 
rope et de l'Amérique par le moyen du continent de l’Atlantide ”. Elle 
fournit aussi une donnée intéressante sur le climat de l'Italie à l'épo- 
que pliocène, car l'Oreodaphne fœtens, Ait., prospère sous une tem- 
pérature moyenne de 21° et ne peut supporter le climat de Florence 
ne une température moyenne de 15°3 et une moyenne d'hiver 

e 6°8. 


* Die fossilen Pflanzen von S' George in Madeira, von D’ Osw. Heer, 
Mém. de la Soc. helv. des sciences natur., t. XV. 

“* Bulletin de la Société vaudoise, n° 59 : Lettre de M. le prof. Heer à 
Sir Charles Lyell. 


332 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 


Dryandroïides tusca, m., coll. Strozzi. Fig. 9. 

Feuille coriace, entière , allongée , large de huit millimètres, ner- 
vure moyenne forte, nervures secondaires rapprochées, formant 
avec celle-ci un angle presque droit, parallèles entr’elles, camp- 
todromes , recourbées en are et séparées chaque fois par une ner- 
vure plus fine qui aboutit au milieu de l'arc. 


Hedera Strozzii, m., coll. Strozzi. 

Feuille entière, longue de 7 centimètres et large de 6 ‘},, gros- 
sièrement cordiforme, à peine lobée, à cinq nervures principales, 
qui se ramifient et s’anastomosent entr’elles de manière à former des 


espaces polygones plus ou moins allongés; se rapproche beaucoup 
du Hedera helix, L. 


2. — Gisement de Sienne. 


Les échantillons recueillis dans cette localité appartiennent à M. le 
marquis Strozzi. Le Musée de Pise possède un cône de pin de cette 
localité. Il présente quelque analogie de forme avec le P. pinea, 
mais a élé trop roulé pour permettre une bonne détermination. 


Glyptostrobus europœus, Brongn., avec fruits. 
Carpinus pyramidalis, Gœpp. 

Quercus drymeia, Ung. 

Ficus tiliæfolia, À. Br. 


Toutes ces espèces se retrouvent à OEningen. 


3. — Gisement du Val d’Arno supérieur. 


Cette localité, célèbre par le grand nombre d’ossements qui y ont 
été recueillis, a fourni à M. le marquis Strozzi un certain nombre 
de belles empreintes prises dans une marne sablonneuse et quelques 
fruits. Parmi les espèces déjà connues on peut citer les suivantes : 


Glyptostrobus europœus, Brongn., avec fruit. 
Salix media, H. 

Ulmus Bronnii, (?) fruit. 

Fagus Deucalionis, Ung. 

Quercus Gmelini, À. Br. 

Platanus aceroides, Gæpp. 


Juglans nux taurinensis, Brongn. Mém. du musée d’hist. natur., 
vol. VIL, pl. 17, fig. 6. 


ESPÈCES NOUVELLES. 


Juglans Strozziana, m. 
Feuille composée, à folioles ovales lancéolées, atténuées à la base 
qui parait inégale dans les folioles latérales. Nervure principale forte 


PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 333 


et saillante, courbée dans les folioles latérales ; nervures secondaires 
formant un angle assez ouvert, arquées; en se réunissant chacune 
à la nervure supérieure, au moyen des nervures tertiaires, elles 
forment des mailles qui diminuent graduellement de grosseur. 

Cette espèce est voisine du Juglans acuminata, À. Br., mais les 
folioles sont plus étroites à la base et atteignent leur plus grande 
largeur au milieu ou un peu au-dessus. Les nervures latérales sont 
plus courbées en avant. 


Pinus uncinoïdes, m. 

Cône long de 52 millim., large de 30; écailles munies de crochets 
gros, saillants, recourbés en arrière comme dans le Pinus uncinata, 
Loud. (rotundata, Link.), qui n’est du reste qu’une variété du Pin 
sylvéstre. 


TERRAIN DILUVIEN. 


1. — Travertins de Massa-Marittima. 


Les travertins de Massa-Marittima forment sur les deux versants 
de la colline à laquelle s'appuie la ville de Massa des revêtements 
dont je n'ai pu apprécier ni l'étendue ni l'épaisseur d’une manière 
satisfaisante, Un brouillard épais, mêlé de torrents de pluie, recou- 
vrait tous les environs. Je sais seulement qu’au bas de la colline, 
une carrière ouverte dans des bancs de plusieurs mètres d'épaisseur, 
renfermait une grande quantité de feuilles de plantes monocotylé- 
dones. Après une ascension d'environ dix minutes, je suis arrivé 
sur une croupe entièrement formée d’un travertin très compacte et 
que lon exploite comme pierre de taille. Il parait que cette forma- 
tion s'étend à une distance encore plus considérable, car c’est près 
des mines de cuivre, à environ une lieue de la ville, qu'ont été 
extraits les blocs dans lesquels j'ai recueilli des empreintes bien 
nettes et qui ne sont pas sans importance pour la détermination de 
l'époque à laquelle se sont formés ces dépôts. 

Les travertins ont été regardés jusqu'à ce jour comme d’origine 
récente et le produit de sources calcarifères analogues à celles qui 
coulent encore près de Pise et dans plusieurs localités de l'Italie. 
Les blocs que j'ai examinés et que je dois à l’obligeance de M. La- 
pini, qui a bien voulu les faire exploiter pour moi, étaient formés 
par un amas de feuilles superposées ou plus ou moins roulées, 
prises dans un calcaire blanc, parfois très compacte. Les cavités 
que les feuilles laissaient entr’elles étaient souvent remplies par un 
sel marin parfaitement blanc et qui montre qu'une bonne partie au 
moins de ces travertins doit son origine à des sources salées. 

Quant à l'époque à laquelle il faut rattacher la formation de ces 
dépôts, je crois pouvoir, grâce aux belles empreintes végétales 
qu'ils renferment, mais surtout au concours toujours bienveillant 
de mon honorable ami, M. le professeur Heer , les rapprocher de 
formations analogues et dont les fossiles sont parfaitement connus. 


334 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 


En effet, parmi les espèces recueillies et dont je donne eï-joint la 
diagnose, il en est qui méritent une attention toute particulière. Je 
citerai en premier lieu un Erable qui m'a frappé par sa ressemblance 
avec l’Acer Pseudoplatanus, L., bien que les petites dents qui en- 
tourent la feuille soient un peu moins nombreuses que dans l'espèce 
vivante. Le fruit est aussi un peu plus gros; mais M. Heer qui à 
confirmé ma détermination ne trouve pas ces petites différences sul- 
fisantes pour séparer cette espèce de l'A‘er Pseudoplatanus, L. 

A cet Erable encore vivant en Toscane, il faut joindre de très- 
belles feuilles d’un Chêne qui, pour la forme, présente beaucoup de 
rapports avec le Quercus conglomerata Willd, de la Calabre (her- 
bier de Charpentier). L'espèce fossile (Q. Meneghinii, m.) se distin- 
gue cependant par ses divisions plus profondes et plus souvent lobées. 
Les feuilles que j'ai recueillies ont 10, 13 et 16 centimètres de long. 

Une communication de M. Heer m’annonce qu’on a recueilli dans 
les tufs diluviens de Canstadt, près Stuttgart, des feuilles d’Acer 
pseudoplatanus et d’un Chêne qui, pour autant que les fragments 
recueillis permettent une détermination, appartiennent à la même 
espèce que les feuilles de Massa. Les feuilles du Q. Meneghinii, m. 
s’y trouvent accompagnées de glands à cupule courte et formée 
d’écailles appliquées (angepresst) comme dans les Q. pedunculata , 
pubescens, et les espèces voisines. Mais la grandeur des glands et des 
feuilles séparent cette espèce diluvienne du groupe du Quercus Ro- 
bur, L., auquel appartiennent les espèces que je viens de nommer. 

Les tufs de Canstadt contiennent avec les feuilles des ossements 
d'Elephas primigenius et des Helix diluviennes qui ont fixé avec 
précision le moment de leur formation et en font un dépôt diluvien. 
Îl est done permis de placer aussi à l’époque diluvienne le dépôt de 
Massa qui contient les deux espèces de plantes recueillies à Can- 
stadt et, comme ce dernier gisement, des espèces vivantes mêlées à 
des espèces perdues. 

Les deux espèces dont je viens de parler étaient accompagnées 
des suivantes qui ne se trouvent plus en Europe. 

La Callitris Saviana, m., dont j'ai recueilli plusieurs échantillons 
parfaitement nets, des rameaux d'une certaine épaisseur et un 
fruit, diffère de la Callitris quadrivalvis par ses articulations plus 
élargies ; la feuille du milieu est plus rétrécie à la base et plus 
élargie à sa partie supérieure. Elle est très voisine de la C. Bron- 
gniarti (Thuites Callitrina, Ung.), les articulations sont cependant 
plus courtes et plus nettement séparées. M. Unger (Chloris., pl. 3) 
représente des formes qui ont aussi des articulations courtes, mais 
elles ne sont pas aussi arrondies que celles de Massa. Un fruit en 
apparence à quatre valves et qui se trouve accompagné de fragments 
de rameaux appartient à cette espèce et la sépare nettement des 
deux précédentes. 

Le genre Callitris, comme on sait, appartient à la zône méditer 
ranéenne , mais la C. quadrivalvis qui en est le représentant ne se 
trouve que dans l'Atlas. 


ns: 


PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 339 


Les travertins renferment un grand nombre de feuilles qui ont 
beaucoup de rapport avec celles de la Pavia macrostachya , Mx. A 
côté de feuilles qui vont en se rétrécissant du côté du pétiole, il s’en 
trouve dont la base est arrondie comme cela a lieu dans la Pavia 
macrostachya. La nervation et les dentelures sont très semblables 
dans les deux espèces. La seule différence qui puisse faire hésiter 
quelque peu se trouve dans les fines mailles du filet qui sont plus 
grandes dans la feuille de Massa; les veines qui les forment sont 
plus fortes. 

Si les travertins de Massa appartiennent réellement à l'époque 
diluvienne , ce serait un fait nouveau et surprenant que la présence 
à une époque aussi rapprochée de nous d'une espèce décidément 
américaine, car bien que le genre Callitris n’appartienne plus à l'Eu- 
rope, il n’en fait pas moins partie de la zône méditerranéenne, puis- 
qu'on le trouve dans l'Atlas. Il sera donc utile de chercher de nou- 
veaux éléments propres à assurer définitivement la détermination de 
cette Pavia. J'espère que les géologues toscans exploiteront le filon 
commencé et que des fleurs ou des fruits montreront s’il faut ne voir 
dans la Pavia Ungeri, m., et la P. macrostachya qu'une seule et 
même espèce. Si cette dernière supposition se confirmait, il faudrait 
admettre ce fait exceptionnel que certaines espèces américaines ou 
leurs germes ont persisté en Europe après l'époque pliocène, après 
la disparition de l’Atlantide (si l’on admet les idées si plausibles de 
M. le professeur Heer), et en dépit des modifications de climat qui 
ont amené la destruction de toutes les autres espèces américaines re- 
cueillies jusqu’à ce jour des deux côtés des Alpes. 


Diagnose des espèces de Massa. 


1° Cyperites Anconianus, m. 


Feuille coupée par un sillon longitudinal, de chaque côté du sillon 
quatre nervures longitudinales distinctes ; les espaces que ces ner- 
vures laissent entr’elles sont occupés tantôt par six, tantôt par trois 
nervures intermédiaires très délicates. Elles deviennent, par places, 
presque aussi fortes que les nervures longitudinales. 

Ces feuilles, larges de 2 centimètres environ, sont accompagnées 
de fragments de tiges. Si ces fragments se rapportent à la même 
espèce, cette dernière aurait eu une tige épaisse et trois côtes très 
prononcées. 


2° Callitris Saviana, m. Fig. 2-5. 


Rameaux articulés, alternes. Feuilles petites, en écailles appli- 
quées à la tige, au nombre de quatre pour chaque verticille. La 
foliole du milieu est étroite à la base, élargie à la partie supérieure. 
Fruit long de 44 millimètres, à quatre valves larges de trois milli- 
mètres seulement et un peu rétrécies à leur point d'attache. 


336 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 
3° Quercus Meneghinii, m. Fig. 13. 


Feuilles de 10 à 16 centimètres, pmnatipartites, doublement lobées, 
lobes arrondis, obtus au sommet. Les lobes latéraux sont plus étroits 
et plus profondément lobés que dans le Q. conglomerata Wild. Fruit? 
(tufs diluviens de Canstadt) de près de 3 centimètres de long sur 
16 millimètres de large plus gros que ceux des Q. pedunculata et 
sessiliflora, à cupule formée d’écailles appliquées et obtuses. 


4° Acer pseudoplatanus, L. Fig. 6, 7. 


Feuille à sept nervures principales, fortement échancrée à sa base, 
à cinq lobes. Échancrures qui séparent les lobes à angle aigu, dents 
distantes, assez obtuses, moinsnombreuses que dans l'espèce vivante; 
nervation double : rejoignant le bord dans les dents et dans les 
échanerures plus grosses, en are dans les petites. Fruit de la même 
forme , un peu plus gros et nervation légèrement différente. 

Fréquent dans les travertins de Massa et les tufs diluviens de 
Canstadt. 


5° Pavia Ungeri, m. Fig. 10-12. 


Feuille supportée par un long petiole muni d’une arête, probable- 
ment digitée, le plus souvent à cinq folioles membraneuses, acumi- 
nées, courtement petiolées ; dentelure fine et plutôt obtuse; ner- 
vures secondaires en arc et s’anastomosant chacune à sa supérieure; 
elles forment avec la nervure principale un argle de 60° environ. 
Tissu formé de mailles polygonales assez lâches. 

On peut distinguer plusieurs formes dans les folioles : 


1° Foliole centrale, plus rare que les autres formes, obovale, acu- 
minée, fortement atténuée en coin du côté du pétiole, base 
égale. 

2° Folioles latérales : obovales, allongées, acuminées, à base 
légèrement inégale du côté de la foliole centrale. 

3° Folioles extérieures : plus petites, allongées, acuminées , re- 
courbées, à base souvent fortement inégale du côté de la 
foliole centrale ; le limbe est quelquefois de 3 à # millimètres 
plus court de ee côté. 


À ces cinq espèces, il s’en ajoutera probablement une sixième 
qui, pour la forme et la nervation se rapproche du Celastrusilucidus, 
mais plus grande. Il faut renvoyer à un autre moment une*descrip- 
tion de cette espèce encore mal connue. 

Les travertins de Massa m'ont encore fourni une larve de libellule, 
les débris mal conservés d’un crustacé et une glume de graminée. 


2. — Gisement de Poggio-Montone. . 


Ce dépôt, situé à peu de distance de Massa-Marittima, semble 
être de la même époque que les travertins. Outre des ossements de 
poissons, les sables jaunes qui le composent renferment des em- 


PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 337 


preintes de feuilles. Des deux feuilles que j'ai sous les yeux, l’une 
semble pouvoir se rattacher au Quercus Meneghinii, m., bien qu'elle 
ne soit pas doublement lobée et qu’elle se rapproche davantage du 
©. Robur, L. Une des feuilles des travertins ne présente qu'une 
seule division lobée près du pétiole, le reste de la feuille est sim- 
plement lobé. Elle peut donc être une transition entre la forme pin- 
pati-partite ct la feuille de Poggio-Montone. 

L'autre feuille peut se comparer assez bien pour la forme et la 
nervation aux folioles intermédiaires de la Pavia Ungeri, m. Les 
dentelures sont peut-être un peu plus aiguës. 


TERRAINS ENCORE DOUTEUX. 


1. — Gisement d’Alceto. 


Ce terrain qui, d’après l’ouvrage de M. le professeur Santi, de 
l'Université de Pise, doit appartenir au pliocène, a fourni au savant 
que viens de nommer le moule extérieur d’un cône magnifique et 
presque entier. Il est cylindrique, long de 14 centimètres et a 7 ‘/, 
centimètres de largeur ; le nombre des écailles est de 154, les trois 
ordres de spires les plus apparents au nombre de 43, 8 et 5, et sa 
fraction ‘/,,. Chaque écaille forme une espèce de parallèlogramme, 
et si l’on joint par une perpendiculaire les deux angles opposés, on 
aura à gauche un côté supérieur en forme d’accolade et qui à peu 
près à son milieu correspondra à l'intervalle de deux écailles de la 
rangée supérieure. La branche gauche de l’accolade est plus grande 
que la branche droite. Au-dessous, du même côté de la perpendieu- 
laire, on aura un côté légèrement concave. Fig. 1. 

La partie située à droite de la perpendiculaire présentera un côté 
supérieur légèrement convexe et au-dessous un côté inférieur en 
forme d’accolade. L’angle de l’accolade correspondra à la jointure 
de deux écailles de la rangée inférieure, mais de manière à ce que la 
branche de droite soit la plus longue. Ce n’est donc pas le P. pinea, L. 

Le cône du Pinus Santiana , m., quoique du reste parfaitement 
conservé présente cette curieuse conformation , c’est qu'aucune de 
ses écailles ne porte la moindre trace d'Umbo et qu’elles sont toutes 
en forme de voûte applatie. Ce cône diffère done de tous les autres 
cônes de pins. Au dire de M. Warscewiez, connu par ses belles 
découvertes dans l'Amérique du Sud, il se rapprocherait des fruits 
de Zamias par les caractères que je viens d'indiquer, par le peu 
d'obliquité des spirales et par l’enfoncement qu’on remarque au point 
d'attache. Il ne m'a pas été possible de me procurer encore des fruits 
de Zamias et de voir s’il existe des espèces qui possèdent un cône 
aussi allongé que celui-ci. En général, on représente les fruits de 
Zamias sous la forme d’un çône presque entièrement cylindrique et 
assez court. 


338 PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 


2. — Gisement du Val di Magra. 


Dépôt d’eau douce, peu distinctement stratifié, quoique d'une 
grande épaisseur; on n'y a rencontré que des Cyclostoma, des Helix 
et dans quelques endroits des ossements de Cerf et de Cochon. Le 
tout est recouvert par un grand amas de cailloux. Ce dépôt occupe 
dans la partie supérieure du Val di Magra une grande extension, bien 
qu'il soit réduit à des lambeaux séparés par le cours des eaux. 
M. Meneghini le regarde comme probablement contemporain des 
formations marines pliocènes. 

M. Scarabelli, d'Imola, y a recueilli quelques empreintes de 
feuilles, mais je ne sais à quelles espèces il les rapporte. Les échan- 
tillons que M. Meneghini a eu la bonté de me communiquer renfer- 
maient une pennule d’'Osmunda assez semblable à l'Osmunda Heerü, 
m., de Rivaz (Voyez Bulletin de la Société vaudoise, n° 39), et un 
certain nombre de rameaux de Glyptostrabus europœus, Brongn., 
avec fleurs. 


3. — Gisement du revers septentrional de l’Apennin. 


La position exacte de ce gisement bien probablement pliocène ne 
m'est pas connue. Le Musée de Pise possède de cette localité une 
belle empreinte de Fagus dentata, Gœpp. Ung. La base est un peu 
plus étroite. 


4, — (Gisement de Monte-Fiascone. 


Ulmus Cocchii, m. (Musée de Pise). Feuille bien conservée, prise 
dans un tuf volcanique des environs de Monte-Fiascone. Cet Ormeau 
diffère des espèces tertiaires décrites jusqu'à ce jour. Il se rapproche 
de l’'Ulmus fuloa, Mx., de l'Amérique du Nord, et diffère des espèces 
d'Europe par ses nervures plus nombreuses et plus serrées. 

Feuille ovale, à base très inégale, doublement dentée, nervures 
nombreuses (plus de 13), formant avec la nervure principale un angle 
aigu de 35 à 40° environ. Elles sont à un peu plus de 5 millimètres 
les unes des autres. 


5. — Travertin des Abbruzes. 


Le Musée de Pise possède le moule extérieur de deux petits cônes 
juxtaposés et pris dans un travertin très-dur. Ces deux cônes sont 
accompagnés d'aiguilles de pin réunies deux à deux et présentant 
beaucoup d’analogie avec le Pinus sylvestris, L. La localité n'étant 
pas déterminée d’une manière exacte, je signale seulement la pré 
sence de ces cènes sans pouvoir dire s'ils appartiennent à l’époque 
actuelle, au diluvien ou au pliocène. Les géologues toseans exami- 
neront sans doute la chose de plus près. s 


T 


8 Oreodaphne Heerit. 1 Dryandroides wisca. 10.112 Pavia 


234.5. Caliuis Daviani 6 7, Acer pseudoplatanns L 


{. Pinus Santana. & 
{méeri 13. Quercus Meneéhnu 


PLANTES FOSSILES DE LA TOSCANE. 339 


CONCLUSIONS. 


1° La flore des localités incontestablement pliocènes de Montajone, 
du Val d’Arno supérieur et de Sienne concorde avec celle de Gleichen- 
berg, de Schossnitz et d'OEningen. 

2° Certains végétaux de la flore actuelle paraissent remonter au 
travers du Diluvium jusqu'à l'époque pliocène. 

3° Les travertins de Massa-Marittima ont été déposés en partie 
par des sources salées. 

ls renferment des ceNres étrangers à l'Europe, mélés à des genres 
encore existants dans la flore actuelle de cette partie du monde. 

Parmi les espèces, les unes ont cessé d'exister , tandis que d'au- 
tres vivent encore de nos jours. 

Sur les quatre espèces qui ont pu étre déterminées, deux se sont 
retrouvées dans les tufs diluviens de Cannstadt près de Stuttgart, 
avec des Helix diluviennes et les ossements de l'Elephas primigenius. 

On peut donc envisager les travertins de Massa-Marittima comme 
appartenant à l'époque diluvienne. 


EXPLICATION DE LA PLANCHEe 


Fig. 1. Contour des écailles du Pinus Santiana. m. d'Alceto. 
»  2et 3. Callitris Saviana. m. de Massa-Marittima. 
» 4. Moule en creux de la Callitris Saviana. m. 
» 5. Moule en relief de la même en gutta percha. 
6. Acer pseudoplatanus. L. de Massa, reconstruit par M le prof® 
Hecr d’après plusieurs bons fragments. 
7. Fruit du même. 
» 8. Oreodaphne Hecrii. m. de Montajone. 
» 9. Dryandroiïides tusca. m. de Montajone. 
» A0. Pavia Ungeri. m. de Massa, foliole centrale. 
» A1. La même, foliole intermédiaire. 
» 12. La même, foliole extérieure. 
» 15. Quercus Meneghinii. m. de Massa-Marittima. 


340 VERS INTESTINAUX DU OUISTITI. 


SUR DES VERS INTESTINAUX DU OUÏSTITI. 
Par M le docteur Ch. Marcel. 
(Séance du 1‘ juillet 1857.) 


Un ouiïstiti mâle apporté , l’an dernier, du Brésil par M° Blanchet 
souffrait ce printemps, depuis quelques jours, de catarrhe intestinal, 
lorsqu'on remarqua dans ses déjections de petits vers, qui furent 
recueillis et que M" Blanchet eut l’obligeance de me confier. Ils ne 
se rapportent à aucun des genres décrits dans les dernières publica- 
tions américaines sur ce sujet et dans l'ouvrage de M Em. Blanchard. 
Je me contenterai donc de les décrire, laissant à des observateurs 
mieux placés le soin de leur assigner une place dans l’ordre des né- 
matodes, auquel ils appartiennent. 

Les huit individus recueillis sont de dimensions et de volumes 
divers, mesurant de 5 à 10 lignes de longueur, et ‘/,, à /,, de ligne 
d'épaisseur. La forme générale du corps est cylindrique, fort allon- 

ée; il est recoquevillé en sens inverses aux deux extrémités. La 
plupart sont blancs à l'œil nu, et quelques-uns montrent dans leur 
longueur un léger filet rouge dans l’intérieur du corps. L'extrémité 
antérieure, beaucoup plus volumineuse que la postérieure, est seu- 
lement un peu plus mince que le corps, et se termine assez abrupte- 
ment par une surface plane, qui porte quatre petits points saillants 
disposés à égales distances au bord de cette plaque. Au milieu doit 
exister une ouverture buccale capillaire, car sur un individu j'ai vu 
s’écouler un liquide grumeleux en filet fort délié. La disposition an- 
nelée du derme commence fort indistincte, immédiatement derrière 
ces petits points, et se continue jusque derrière l'anus. Quelques 
individus, sans distinction de sexe, m'ont montré à l'extrémité an- 
térieure, sur une longueur d’une ligne à partir de la tête, un ren- 
flement membraneux transparent, constitué par le derme, allant en 
s’élargissant en arrière, pour cesser brusquement à hauteur de la fin 
de l’œæsophage, disposition qui existe chez deux Ascaris connus : l’As- 
caris alata de Bellingham observé une fois en Irlande, sur l'homme, 
et chez l’Ascaris mystax, du chat, avec cette différence que cette 
sorte d'expansion est dans l'A. mystax plus large en avant qu'en 
arrière, tandis que l'A. alata la porte plus large en arrière qu’en 
avant. Les anneaux du derme sont du reste excessivement déliés et 
à peine indiqués chez les plus petits exemplaires, plus marqués et 
ondulés chez les sujets plus grands. Les anneaux les plus larges, 
c’est-à-dire ceux du milieu du corps sont eux-mêmes çà et là seg- 
mentés. 

La forme du corps proprement dit se rapproche beaucoup du 
cylindre, cependant la lumière se reflète sur lui de façon à faire ad- 
mettre l'existence de facettes, dans sa longueur. 


VERS INTESTINAUX DU OUÏSTITI. 341 


Le corps s’amineit vers l'ouverture anale, derrière laquelle la 
queue s’en va diminuant rapidement pour se terminer par une pointe 
transparente, excessivement aigüe, sans texture musculeuse , ni 
anneaux appréciables à l'œil nu. Tandis que la face dorsale et les 
côtés de la queue reproduisent purement et simplement la structure 
annelée du corps, la face inférieure montre, derrière l'ouverture 
anale, une succession de tubereules triangulaires, comme des rudi- 
ments d’appendices locomoteurs, disposés par paires, faisant saillie 
de chaque côté en bas et en dehors, et dans lesquels les fibres mus- 
eulaires circulaires prennent une direction particulière convergeante 
vers le sommet de chacun de ces tubercules. Le sommet en est dirigé 
en arrière, et ces indices d’appendices contractiles vont en se rape- 
tissant d'avant en arrière. 

Sous la couche musculaire cireulaire, sont placés les plans mus- 
culeux longitudinaux , très-reconnaissables et circonscrivant la cavité 
viscérale, qui apparaît opaque et brun rougeàtre. 

L’extrême ténuité de ces animaux rend toute dissection difficile ; 
on ne peut que surprendre quelques détails d'organisation; mais 
grâce à la demi-transparence des enveloppes générales et à la forte 
coloration brune des viscères, on peut se rendre compte d’une ma- 
nière encore assez satisfaisante des organes contenus dans la cavité 
générale. A la bouche succède un æsophage capillaire, rectiligne, qui 
se continue par un renflement nettement accusé, l'estomac, puis par 
le tube intestinal sinueux, qui parcourt toute la longueur du corps, 
s'élargit petit à petit, pour s’amincir vers l'extrémité postérieure. 
J'ai pu isoler une anse d'intestin, et l’ai trouvée composée comme 
d'ordinaire d’une couche extérieure , située longitudimalement, et 
d'une couche intérieure indistinetement celluleuse. Le contenu de 
l'intestin était constitué, à cet endroit (demi-longueur du corps), 
exclusivenient par des gouttelettes huileuses, colorées en jaune bru- 
nâtre et par du grenu moléculaire. 

Un spicule principal, cylindrique, assez long, et creusé d’une 
rainure sur toute sa longueur, sort de l'ouverture anale de plusieurs 
individus. Il y à aussi un spicule accessoire plus court et plus épais. 

Les ovaires remontent très-haut dans le corps, jusqu’à l'estomac, 
et occupent aussi tout l’espace libre de la cavité viscérale, au com- 
mencement de la portion caudale de l'animal. Ils sont doubles, se 
réunissent un peu en arrière au milieu du corps, avant de s'ouvrir 
au dehors par une fente bordée de deux lèvres, à la face inférieure. 
Ils sont remplis d'œufs à divers moments de leur évolution, œufs 
non symétriques, allongés, plus convexes d’un côté que de l’autre, 
et composés de deux éléments, un noyau opaque excentrique, et une 
vésieule enveloppante transparente. Ils ont ‘/,, de ligne de long sur 
‘100 de large. 


342 ANTHRACOTHERIUM MAGNUM. 


NOUVEAUX DÉBRIS D'ANTHRACOTHERIUM MAGNUM, 
» RECUEILLIS DANS LES LIGNITES DES ENVIRONS DE LAUSANNE. 


Par M° Ph. Delaharpe, docteur. 
(Séances du 6 mai et 17 juin 1857.) 


Au mois de novembre 1854! je présentai à la Société une notice 
sur les dents et les ossements d'Anthracotherium magnum, Cuv., 
découverts cette même année dans les lignites de Rochette. Depuis 
lors presque trois années s’écoulèrent sans que de nouveaux débris 
de cet animal vinssent frapper les yeux des ouvriers. Enfin au mois 
d'avril dernier on arriva sur les traces d’un nouveau squelette, puis 
peu de semaines après d'un second, et puis encore d'un troisième. 
Par le concours bienveillant de M' le prof. Gay, vice-président de 
la Commission des musées, l'Etat m’autorisa à faire l’acquisition de 
toutes les nouvelles pièces pour le musée cantonal. Gräces au soin 
que les ouvriers mirent à recueillir jasqu'aux moindres fragments , 
il me fut possible de reconstruire les plus belles pièces que la science 
possède du squelette de l’Anthracotherium magnum. Jusqu'à au- 
jourd’hui (47 juin), nous avons recueilli six mâchoires et un grand 
nombre d’os du tronc et des membres. 

Les débris d'Anthracotherium qui ont fait le sujet de ma premiére 
notice provenaient de la couche inférieure des lignites (petit filon 
des ouvriers) et se trouvaient empâtés dans le charbon lui-même. 
Ceux-ei proviennent de la couche supérieure (gros filon) ; ils étaient 
pris dans la marne durcie, passant souvent au calcaire bitumineux , 
qui est immédiatement recouverte par le charbon. 


CA 


Au moment de mettre sous presse (15 septembre) on vient de dé- 
couvrir un quatrième squelette, dans l'épaisseur du charbon de la 
couche inférieure. Cette nouvelle trouvaille nous fera connaître plu- 
sieurs points encore ignorés de l'ostéologie de l'Anthracotherium , 
car nous aurons de cet individu, une fois extraits de la gaugne, un 
plus grand nombre d'os des membres que nous n’en avions de tous 
les précédents. Nous y trouverons, peut-être au complet, une partie 
fort importante de l'animal, savoir les pieds, dont on ne connaissait 
le squelette que par des déductions anatomiques. 

Afin de ne pas séparer en deux portions les données ostéogra- 
phiques que nous pouvons retirer des quatre individus dont nous 
possédons actuellement les nombreux débris, je préfère renvoyer 
la publication du travail présenté dans les séances du 6 mai et 17 
juin, jusqu’au moment où j'aurai pu étudier en détail le produit des 
dernières découvertes. 


1 Bulletin, tome IV, p. 195. 


nn | — 


TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. 


PRODÉS-VRRBAUX: et Malo is à ee Lie 


MEMOIRESs. 


Sur les cyanures argentico-alcalins, par M. S. Baup 
Renversements des terrains stratifiés du Jura, par M. Jaccard 
Sur deux hémiptères nouveaux, par M. Forel 

Atlas d’Aurochs à Moosseedorf , par M. F. Troyon . 

Sur les Violu des environs de Lausanne , par M. E. Rambert 
Fossiles d’eau douce inférieurs au crétacé, par M. E. Renevier. 
Sur le bohnerz du canton de Schaffhouse , par M. F. Fol. 
Analyse d’uu minerai de cuivre, par M. FE. Fol . 

Sur les images stéréoscopiques, sans instrument, par M. L. Dufour 
Bassin hydrographique du Pô, par M. Zollikofer 

Notice sur l’hespéridine, par M. Bischoff . ste 
Dégraissage des lépidoptères, par M. J. Delaharpe . . 

Mines d’acide borique de Monte-Cerboli, etc., par M. C. Gaudin 
Sur le cône de déjection du Boiron, par M. Morlot. . . . 
Observations sur la chlorophylle, par M. Schnetzler . . . . 
Sur les fonctions du système nerveux des insectes, par M. Yersin . 
Les dunes de sable de Saxon en Valais, par M. Morlot. . . . 
Défense d’éléphant fossile , de Morges, par M. Ph. Delaharpe 
Sur la source thermale de Lavey, par M. J. Delaharpe 

Sur les résidus de la distillation du bois, par M. F. Fol 

Sur le vaisseau dorsal des orthoptères, par M. Yersin. 


Cosmogonie mosaïque, par M. H. Berthoud . . . . . . 
Empreintes végétales de la Toscane , par M. C. Gaudin 
Vers intestinaux du Ouïstiti, par M. Marcel . . . . —- 


Débris d’Anthracotherium magnum, par M. Ph. Déni : 


Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté 
leur contribution annuelle. 


Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement 
äu Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. 


On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , 


"* à Lausanne. 


u 


CR SERS 2 ——— 


SÉANCES 
de la Société vaudoise des sciences naturelles 


1857-1858. 

1853. Novemb. 4, particulière. | 4858. Mars 3, particulière. 

» » 18 , générale. » » A7 , id. 

» Décemb. 9, particulière, » Avril 74 id. 

» » 6, id. » » 21 , générale. 

» Mai 5, particulière. 

4858. Janvier 6, id. » » 49, id. 

» » 20, id. » Juin 2, id. 

» Février 5, id. » » 16 , annuelle. 

» » 17, générale. » Suillet 7, particulière. 


Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de ville, salle 
de la justice de paix. 


Les auteurs sont responsables des opinions qu’ils émettent. 


= rec YF D 2 —————— — 


ERRATUM. 


Le prix de l’herbier annoncé sur la couverture du dernier numéro du 
Bulletin est de 325 francs et non 250 francs, avec les presses et boîtes 
à botaniser. 


BULLETIN 


DE LA 


 SOCIÊTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


= — 
TOME V. — BULLETIN N° 492. 
| PRIX : 2 fr. 20 c. 


LAUSANNE. 


s- IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


Mars | 1858. 


Lg or. MERE. 


Bureau de la Société pour 1858 : 


MM. Ph. DE za Harpe, D°, président. 
C. Marcez, D’, vice-président. 
J. DE ra Harpe, secrétaire. 
H. Biscnorr, caissier.. 


V. CÉRÉSOLE , archiviste. 


TR ———— 


AVIS. 


M. E. Renevier, de Lausanne, offre à vendre une collection de minéraux, 
de 700 échantillons environ, parmi lesquels quelques-uns ont de la 
valeur. 


Tome Y. N° 42. 


SOCIÉTÉ VAUDOISE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


— 056 08——— 


PROCÈS-VERBAUX. 


Séance du 4 novembre 1857. — M. E. Aunant, présenté par M. 
L. Dufour comme membre ordinaire, est reçu à l'unanimité. M. Bie- 
ler, vétérinaire à Rolle, présenté par MM. Zollikofer et Gonin, est 
aussi admis comme membre ordinaire. 


M. C. Pellis, D’ à Lausanne , annonce qu'il fait de rechef partie de 
la Société. 


Sur la proposition de M. Morlot on adressera désormais le bulletin 
à MM. Leonhardt et Bronn, rédacteurs du journal géologique. 


La Société des sciences du grand-duché de Nassau, à Wiessbaden, 
offre d'échanger ses publications avec les nôtres : cet échange est 
accepté. 


M. Ph. Delaharpe entretient la Société des différentes espèces de 
tortues signalées par M. Pictet dans la molasse suisse. (Voir à la 
séance du 2 décembre suivant.) 


M. Renevier communique quelques renseignements sur l’état ac- 
tuel des publications de M. F.-J. Pictet sur la paléontologie suisse. 


M. L. Dufour présente à la Société des tableaux graphiques sur 
lesquels il a résumé l'état de l'atmosphère en France et en Suisse du 
1°" au 13 octobre 1856, époque d’orages. Ces tableaux avaient été 
présentés par M. son frère dans la séance du 17 juin écoulé; mais 
sans les accompagner des explications que donne leur auteur. 


M. Bessard décrit une petite colline qu'il a observée sur les bords 
du lac de Neuchâtel, nommée Montbet, près de Chabraiï. Une autre 
colline du Vully sur laquelle est bâti le temple de Cotterd a une dis- 


. 


54% SÉANCE DU # NOVEMBRE 1857. 


position analogue. L'une et l’autre ont été ceintes autrefois d'un fossé 
dont on aperçoit les traces. (Voir les mémoires du volume suivant.) 

M. Zollikofer observe que ces collines sont très-probablement ce 
qu'on appelle des Erdburg, espèce de points forüfés par un fossé 
et une palissade et datant de l’époque sauvage. On en trouve de sem- 
blables dans l'Amérique du Nord. 


M. Moratel présente un rameau fleuri de lilas trouvé à Cour et 
fleuri en plein vent. 


Ouvrages reçus depuis le 1° juillet passé : 

4. De l'académie royale de Belgique : a) Mémoires couronnés et 
Mémoires des savants étrangers, tomes XXVIT et XX VIII, 1855-56. 
— b) Mémoires de l'académie , t. XXX, 1857. —c) Bulletins , tome 
XXII, 2° partie; XXII, 1° et 2° parties, 1855-56. — d) Annuaire 
de 1856 et 1857. 


2. De la Société des Ingénieurs civils de Paris: a) Bulletins des 
A7 avril, 1° mai, 5 juin, 19 juin, 17 juillet, 21 août et 2 octobre, 
— b) Mémoires, avril à septembre 1857. 


3. De la Société des sciences naturelles de la Hesse supérieure, à 
Giessen : Sixième rapport, juin 1857. 


k. De l'observatoire royal de Munich: Magnetische Ortsbestim- 
mungen, 2° partie, 1856. 


5. De la Société géologique de France: Bulletins, t. XIIT, fol. 
35-36 ; t. XIV, fol. 8 à 18. 


6. De la Société minéralogique et zoologique de Regensburg : 
Correspondenzblatt, 10° année 1856. 


7. De la Société d'archéologie et d'histoire naturelle du Som- 
merset: Proceedings, 1855. 


8. De la Société géologique de Londres : Quarterly journal , 
n°° 48, 49 et 50. 


9. De la Rédaction des Wurtembergische wissenschaflliche Jahres- 
hefte, 13° année, 1°" et 2° cahier. 


10. De l'Institution Smithsonnienne de Washington : a) 10° rap- 
port annuel, 1855. — b) Proceedings de l'académie des sciences de 
Philadelphie, vol. IT, n°3 et 4, 1856. 


11. De la Société Linnéenne de Londres : a) Journal of the pro- 
ceedings : zoologie, vol. [, n°° 1, 2 et 3; botanique, vol. [, n°1, 
que — b) Discours annuel, 1856. — c) Liste des membres, pour 


12. De l'Institut géologique impérial de Vienne : Jahrbuch, 1856, 
n”1,2et3. 


SÉANCE GÉNÉRALE DU 18 NOVEMBRE 1857. 345 


13. De la Société des sciences naturelles et médicales de Malines 
Bulletin, 12° année, p. 105 à 160, 1855. 


1%. De l’Académie royale d'Amsterdam: a) Verslagen mededee- 
lingen , science. nat., vol. V, n° 2et3; vol. VI, n°” 1; 2et 3, 
1856-57; Lettres, vol. I, n° 2, 3 et 4. — b) Octaviæ quærela, 
Carmen. 


15. De la Société des sciences naturelles de Thurgovie : Mitthei- 
lungen, etc., À cahier, 1857. 


16. De M. le professeur Delezenne : Tables des logarithmes acous- 
tiques, Lille, 1857. 


17. De M. Ed. Collomb : a) Mémoire sur les glaciers actuels 
(extrait des annales des mines), Paris, 1857. — b) Géologie du 
sud-est de l'Espagne, par MM. de Verneuil et Collomb (extrait 
du bulletin de la Société géologique de France), Paris, 1857. 


18. De M. le vicomte d’Archiac: a) Notice sur la vie et les tra- 
vaux de J. Hayne, 1857. — b) Notice biographique sur Mercier de 
Boissy. 

19. De M. Cantoni, ingénieur à Lugano : Sur les perturbations 
barométriques des A1 et 19 septembre 1857. 


20. De M. F. Jannin à Angers : Notice sur l’ajonc marin. 


21. De M. L. Masset, à Yverdon: Nouvelle méthode pour l'en- 
seignement de la sphère, Lausanne, 1850. 


22. De la Société physique et médicale de Würzburg : Verhand- 
lungen, ete., vol. VIE, 3° cahier; vol. VII, À" cahier. 


23. De la Société pour l’histoire naturelle du duché de Nassau : 
Berichte , etc., 11° cahier. Wiessbaden, 1856. 


24. De M. le professeur de Fellemberg: Analyse d'une source 
sulfureuse à la Lenk (Simmenthal), Berne, 1857. 


25, De la Société des sciences naturelles de Fribourg (Brisgau) : 
Berichte, 3° cahier, n°° 25, 26 et 27. 1857. 


Séance générale du 18 novembre 1857. — MM. Fred. Troyon, à 
Cheseaux, Rouge, D' médecin, et Ruchonnet, licencié en droit, 
sont reçus membres ordinaires. 


Le bureau annuel devant être élu dans cette séance, la Société 
nomme successivement : 
MM. Delaharpe, Philippe, docteur, président. 
Marcel, Ch., docteur , vice-président. 
Cérésole, Victor, archiviste. 
Delaharpe, père, secrétaire. 
Bischoff, professeur, caissier. 


346 SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1857. 


M. Sylo. Chavannes n’a pu continuer à remplir les fonctions d’ar- 
chiviste par suite de son absence du pays. 


La Société s'occupe du préavis de la commission nommée dans 
la séance du 17 juin passé, pour examiner la proposition de M. Mor- 
lot. Les membres de la Société avaient été prévenus que cette séance 
serait consacrée à l'examen de cette proposition. M. Morlot propo- 
sait que, vu les besoins pécuniaires de la Société et l'importance 
pour elle de soutenir le Bulletin, celle-ci se défit de sa bibliothèque 
en faveur de l'Etat en retour d'avantages qu'il lui ferait. La com- 
mission chargée d'examiner cette question s’est divisée en majorité 
et en minorité; la première proposait d'entrer en rapport avec la 
Commission des musées et de la bibliothèque afin de formuler les 
bases d’une convention entre la Société et l'Etat; la seconde de ne 
pas entrer en matière. 

Après une discussion longue et animée, l'assemblée consultée sur 
la proposition de ne pas entrer en matière se divise en deux parties 
égales, 18 voix pour out et 18 voix pour non. Le président, appelé 
à former la majorité, se prononce pour la non prise en considération, 
et la proposition de M. Morlot est écartée. 


Ouvrages reçus dans cette séance : 


A. De l'observatoire royal de Munich : a) Annalen der kœniglichen 
Sternwarte, vol. IX.—b) Resuliate metcorologisthen Untersuchun- 
gen nebst Andeutungen über den Einfluss des Klima von München, eic., 
von D'J. Lamont. München 1857. 


2. De la Société géologique de France: Bulletins de, etc., 2° sé- 
rie, t. XIE, fol. 37-49. 


3. De la Société des sciences naturelles de Neuchâtel : Rap- 
port, etc., t. IV, 2° cahier. 


&. De la Société royale des sciences de Danemark : Oversigt over 
de Forhandlingen, ann. 1855, Copenhague. 


5. De M. le professeur de Fellemberg, à Berne : Proben auf Sil- 
ber eines Gesteines von Panama (extrait des Bulletins de la Société 
des sciences naturelles de Berne), 1857. 


Séance du 2 décembre 1857. — M. Bischoff, professeur, présente 
à la Société une photographie qu'il a obtenue au moyen d’un papier 
rendu sensible par l’oxalate ferrique. (Voir les mémoires.) 


M. Heer demande si l’on pourrait obtenir par ce papier une autre 
teinte; M. Bischoff répond qu’au moyen de l'ammoniaque le dessin 
passerait au jaune, mais il s’effacerait alors bien vite. 


M. Gonin, ingénieur, lit une note sur des essais qu'il a été appelé 


séANCE pu 16 péceMBre 1857, 347 


à faire pour déterminer le degré de résistance des grès dits de la 
Meulière (ou Molière), employés dans les grandes constructions. 
(Voir les mémoires.) 


M. Guillemin, frappé de la difficulté de se procurer des pompes 
en état de résister au contact de certains agents corrosifs et particu- 
lièrement des acides gras, a imaginé de construire une pompe an- 
nexée à un réservoir voisin, en partie rempli d'eau. L'eau remplis- 
sant constamment le corps de pompe, les acides gras qui surnagent 
n'arrivent point au contact des métaux. (Voir les mémoires.) 


M. Kursteiner demande comment il se fait qu’en fixant une image 
de l’un des yeux, produite dans la chambre lucide, il peut voir cette 
même image de l’autre œil se dessiner sur un papier blanc? 


M. le D° Murcel répond que le fait est bien avéré et se reproduit 
pour chaque observateur, mais que son expl'eation repose sur un 
fait purement physiologique. 


M. Ph. Delaharpe entretient encore la Société (voir séance du 
4 novembre) des tortues de la molasse des environs de Lausanne et 
présente une carapace d'Emys qui l’engage à réunir sous une même 
espèce l'E. Charpentieri et l'E. Laharpii de Pictet. (Voir les mé- 
moires.) 


M. Hirzel dit quelques mots à l'assemblée sur la règle de trian- 
gulation employée aux Etats-Unis pour mesurer les bases dans les 
opérations géodésiques : il a vu cet instrument à Philadelphie. 


Ouvrages reçus : 


1. De l'Association Smithsonnienne à Philadelphie : a) Report of 
the U. S. Coust-Survey, 1855. — b) Proceedings de l'Académie des 
sciences de Philadelphie. — c) Catalogue d'une collection de crânes 
humains à Philudelphie. 


2. De la Société impériale des sciences, de l’agriculture et des 
arts de Lille: Mémoires, 1856, 2° série, vol. IL. 


3. De la Société des ingénieurs civils de Paris: Bulletins des 
séances du 46 octobre et 6 novembre 1857. 


Séance du 16 décembre 1857. — Sur la proposition de M. Blan- 
chet la Société accepte l'échange de ses publications avec celles de 
l’Académie impériale de Dijon. 


M. Morlot propose d'adresser à la Bibliothèque fédérale de Berne 
un exemplaire aussi complet que possible de notre Bulletin. La pro- 
position est adoptée. 


348 SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1857. 


M. L. Dufour, après avoir exposé la théorie de la précession des 
équinoxes et des annutations de la terre, exécute quelques expé- 
riences en présence de l'assemblée avec le polytrope de Magnus. 


M. Morlot rappelle que l’an passé il a entrenu la Société des ob- 
servations qu'il a faites sur la stratification du cône de déjection du 
torrent de Villeneuve. (Séance du 7 janvier 1857, Bulletm n° 40, 
p. 105.) « A la gare de Villeneuve, dit-il, on extrait actuellement 
beaucoup de gravier pour ballast. On vient ainsi de mettre à décou- 
vert, en amont de la voie ferrée, sous 10 pieds de gravier, disposé 
en couches régulières, inclinées vers le lac, un dépôt de limon gris- 
bleu, avec fragments de bois flotté et roulé et mollusques terrestres 
et fluviatiles. Comme ce dépôt est au niveau des eaux d'infiltration 
il doit aussi se trouver à peu près au niveau actuel du lae, qui est 
très-bas. Dans ce limon sont plantés, en ligne droite, à peu près 
parallèle à la rive actuelle du lac, 8 pilotis antiques. Ils paraissent 
se rattacher à la présence de la couche celtique, observée dans la 
prolongation de la même tranchée, à 10 pieds de profondeur, et 
dont la date doit remonter à environ 35 siècles (voir le Bulletin, 
t. V, n° 10, 1857). Or, en se transportant au bord actuel du lac, 
on voit que le même limon gris-bleu, avec le même bois flotté et 
les mêmes mollusques, marque le niveau des basses eaux, tandis 
que celui des hautes eaux est caractérisé par un dépôt de matériaux 
plus grossiers, de gravier et de cailloux. Il s’en suivrait donc que le 
niveau moderne des basses eaux du lac serait le même, que celui 
d'il y a environ 35 siècles, à un moment donné de l’époque dite 
celtique, c'est-à-dire de l’âge du bronze, lorsque florissait entre 
autres la cité lacustre de Morges. 

Les observations et études à la gare de Villeneuve seront conti- 
nuées et complétées pour fournir matière à une notice plus détaillée. » 


A cette occasion M. R. Blanchet rapporte que des sondes prati- 
quées dans le marais au-delà de Villeneuve ont mis à nu un sous- 
sol avec des impressions de prèles entremêlées de fragments de 
tuiles romaines. Les alluvions produites depuis l'époque romaine 
ont été plus puissantes qu’on ne l’imagine. Le calcul de M. Morlot 
lui parait passablement hypothétique. 


M. Fraisse ne voit pas que la présence de pieux, de fragments 
de bois et de coquilles lacustres puisse établir le niveau du lac. Tous 
les jours on enfonce des pilotis au-dessous tout aussi bien qu'au- 
dessus de ce niveau. Quant aux caleuls basés sur la stratification et 
la puissance des déjections du torrent de Villeneuve, ils n’ont pas 
grande valeur à ses yeux, vu l'irrégularité des déjections torren- 
elles des Alpes. 


M. Bischoff communique à l'assemblée des recherches qu'il a faites 
depuis quelque temps dans le but de doser l'albumine par le moyen 
de sa réaction sur l’iode et de la réduction des iodures par l'albu- 
mine. Ses recherches n’ont pas abouti, parce que l'espèce de réduc- 
tion opérée parait se faire en toute proportion. 


SÉANCE DU 16 pEkceMBRE 1857. 349 


M. R. Blanchet présente un fragment de mâchoire de dauphin pé- 
trifiée provenant de la Meulière. 


M. Guillemin communique les essais qu'il a faits sur une pompe 
aspirante et refoulante portative dont le mécanisme repose sur le 
mouvement rapide d’un excentrique qui, tout en exerçant l'aspira- 
tion , ferme et ouvre alternativement les soupapes. 


M. Ph. Delaharpe place sous les yeux de l'assemblée quelques 
fragments nouveaux du squelette d’Anthracoterium de nos houil- 
lères : une portion du bassin, un sacrum, deux vertèbres lombaires, 
un tibia complet, une articulation du coude complète. 


M. J. Delaharpe attire l'attention de l'assemblée sur les recherches 
que vient de publier M. le professeur Kælliker dans les Verhandlun- 
gen de Wurzbourg, au sujet de la matière lumineuse du Lampyris 
noctiluca. La Société s'étant occupée précédemment de ce sujet elle 
apprendra avec plaisir que l’habile anatomiste allemand l’a examiné 
avec le soin qu'il apporte dans tous ses travaux. 


Dans cette séance la Société reçoit : 


4. De M.J. Gay à Paris, membre honoraire de la Société : a) No- 
tice sur un chêne nouveau de la flore française (extrait du bulletin 
de la Société botanique de France, mai 1857). — b) Note sur la 
végétation, l'inflorescence et la structure florale du chêne (extrait 
idem, mai 1857). — c) Sur la distribution géographique des trois 
espèces de la Section Gamon du genre Asphodelus (extrait des an- 
nales des sciences naturelles, 4° série, t. VIE, 2° cahier. Paris 1857). 


2. De la Société géologique de France : Bulletin, t. XIV, fol. 
19-23. 1856-57; 1. XIIE, fol. 50-56. 


3. De la Société de physique et de médecine de Wurzbourg : Ver- 
handlungen, vol. VIT, 2° cahier. 


&. De M. Jordan à Lyon: a) Mémoires sur l’Aegilops triticoides 
et sur l'hybridité (extrait des annales des sciences naturelles), 4° sé- 
rie, t. [V. Paris 1856. — b) Nouveau mémoire sur les Aegilops tri- 
ticoides et speltæformis (extrait des annales de la Société Linnéenne 
de Lyon), 2° série, t. IV. 1857. 


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MÉMOIRES. 


RECHERCHES 


SUR 


les rapports entre l'intensité magnétique des barreaux d'acier et leur température 


PAR M. L. DUFOUR, 


professeur de physique à l'Académie de Lausanne. 


‘ Le sujet qui fait l'objet de ces recherches a déjà été, en partie au 
moins, étudié par plusieurs physiciens. L'influence de la température 
sur le magnétisme de l'acier est trop importante et trop considérable 
pour ne pas avoir frappé ceux qui s'occupaient du magnétisme en 
général. La perte de magnétisme qu’on remarque dans le fer rouge a 
déjà été signalée dans le 16"° siècle par Gilbert. Du Fay remarqua 
l'influence du refroidissement sur l’aimantation des barreaux lors- 
qu'ils ont une orientation convenable. — Plus tard, de Saussure et 
Coulomb cherchèrent à déterminer dans quelle mesure la chaleur 
modifie l'intensité des aimants ; Coulomb chauffait ses barreaux en 
les plongeant dans l’eau à une certaine température. Kupffer a pu- 
blié des expériences remarquables où l'intensité à diverses tempé- 
ratures était mesurée par l'influence du barreau sur un pendule 
magnétique qui oscillait plus ou moins rapidement ; il a annoncé 
que l'intensité varie assez exactement en raison inverse de l’accrois- 
sement de température. 

C'est à partir du commencement de ce siècle, et des célèbres 
observations d'Alexandre de Humboldt dans son voyage aux régions 
tropicales, qu'on chercha surtout à déterminer les trois éléments du 
magnétisme terrestre, la déclinaison, l'inclinaison et l'intensité. L'in- 
tensité observée dépend de celle des aimants que l’on emploie comme 
pendules, et cette dernière varie avec leur température; de là, la 
nécessité de connaître exactement quelle est l'influence de la tempé- 
rature afin de faire subir aux observations une correction analogue 
à celle qu’on fait subir aux indications du baromètre, afin de les rendre 
comparables. 


352 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


Depuis ses premiers travaux sur ce sujet (1825), Kupffer a sou- 
vent donné des résultats relatifs à la correction qui doit s'appliquer 
aux aiguilles. — Hansteen, dans ses remarquables recherches sur 
le magnétisme terrestre, a aussi été amené à étudier de près l'influence 
de la chaleur. Il faisait varier la température de ses aimants en les 
chauffant dans un vase par le moyen d’une lampe, et il remarqua, 
entre autres, que la correction n’est pas la même pour tous les bar- 
reaux. Il n’a pas dépassé, dans ses recherches, la température de 
l'eau bouillante. — Christie a aussi voulu déterminer l'influence 
des variations de température sur les résultats relatifs au magnétisme 
terrestre; il a trouvé que la proportionnalité indiquée par Kupffer 
n'existe que jusqu’à un point peu élevé de l'échelle thermométrique 
et que, à partir de là, l'intensité magnétique décroit plus rapidement 
que la chaleur n’augmente. Le même auteur a étudié l'influence du 
réchauffement, jusqu'au rouge, sur l’acier et le fer, et a cherché com- 
ment le magnétisme se distribue dans un barreau, lorsqu'on chauffe 
fortement certains points de sa masse. — Reinike, afin de corriger 
les observations d'intensité faites à Archangel, a aussi déterminé l’m- 
fluence de la température sur ses barreaux; il les plaçait dans une 
sorte de cage où ils pouvaient être mis en oscillation et dont on pou- 
vait faire changer la température. 

Messieurs Moser et Riess ont publié, déjà en 1829, des recherches 
très-remarquables sur les variations qu'on constate dans les bar- 
reaux aimantés lorsque leur température varie. Ils avaient pour but 
de connaître les rapports entre la chaleur et le magnétisme en ayant 
égard à l'intensité de la chaleur, la dimension et la nature des bar- 
reaux, etc., plutôt que de déterminer la correction de la tempéra- 
ture en vue de mesures relatives au magnétisme terrestre. [ls remar- 
quèrent avec beaucoup de justesse, qu'il y a lieu de distinguer 
l'action permanente, définitive que la chaleur exerce sur les aimants 
et l’action momentanée qui ne se manifeste plus dès que l'élévation 
de température a cessé. [ls trouvèrent que le coefficient de perte 
indiqué par Christie est trop faible et ils en donnent un qui ne con- 
vient cependant point à tous les barreaux. Ils examinèrent ensuite 
l'influence de la longueur, de la largeur, de la masse (cylindres creux 
ou pleins) des aimants expérimentés, puis ce qui peut provenir de 
la nature même des barreaux employés. Ils annoncèrent que des 
aiguilles d'acier fortement trempées perdent de leur intensité par le 
réchauffement et que cette perte continue pendant le refroidissement. 
Ce fait singulier ne s’est jamais montré dans la suite de mes expé- 
riences où j'ai bien souvent eu des barreaux à trempe très-dure. — 
Les expériences de MM. Moser et Riess sont remarquables à tous 
égards et comptent assurément parmi les plus précises qui aient été 
entreprises sur ce Sujet. 

Un bon nombre de physiciens ont été amenés plus récemment à 
déterminer l'influence de la chaleur sur l'intensité magnétique de 
l'acier à propos de recherches sur le magnétisme terrestre. Ces re- 
cherches, ayant un but spécial, ils ont plutôt appris à connaitre les 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER 353 


variations de l'aiguille particulière dont ils ont fait usage que les rap- 

orts généraux entre la chaleur et le magnétisme. C'est ainsi que 
M. Bravais est arrivé à corriger avec assez de précision les obser- 
vations de Bossekop. Dans ces dernières années, M. Lamont, à 
Munich, s'est occupé avec beaucoup d'activité et de persévérance de 
la détermination des éléments du magnétisme terrestre et a dû fré- 
quemment s'occuper aussi de l'influence de la température. Il a été 
surtout frappé, et c’est là sûrement une preuve de la précision de ses 
expériences, de l’irrégularité qu’on remarque d’un barreau à l’autre 
et de la grande difficulté qu'il y a à fixer un coefficient de correction 
pour les barreaux dont on se sert. 


Les recherches qui suivent n’abordent que quelques-uns des phé- 
nomènes où les rapports de la chaleur et du magnétisme se manifestent. 


I. — Mode d’expérimentation et appareils. 


1. Pour déterminer l'intensité d’un barreau, un des moyens les 
plus fréquemment employés consiste à faire osciller, sous son in- 
Îluence, une aiguille aimantée, à compter le nombre des oscillations 
qui se produisent pendant un temps déterminé. L’aiguille joue alors 
le rôle de pendule magnétique soumis, à la fois, à l'influence de la 
terre et à celle du barreau que l’on étudie. Si l'on fait primitivement 
osciller le pendule sous l'influence de la terre seule, puis ensuite 
sous l'influence de la terre et du barreau, on peut, par une formule 
simple, en conclure*l'intensité du barreau relativement à la terre. 
Soient I et [’ les intensités de la terre et du barreau; N la durée 
d'une oscillation due à la terre seule et N’ celle d’une oscillation due 
à la terre et au barreau. On a évidemment : 

I N’ 2 N° = N’ 2 
ee amnrd ol el 
I ) N°? 2 

Si l’on prend pour unité l'intensité du magnétisme terrestre agis- 

sant sur l'aiguille du pendule, on aura : 
N:—N7: N \? 
Pad 

N° W 

Cette formule, rapidement calculable, permet ainsi d'obtenir l’in- 
tensité du barreau en expérience. 

Il s'agissait de pouvoir examiner les barreaux à des températures 
variables en même temps qu'ils exerçaient leur action sur le pendule 
magnétique, suspendu avec délicatesse afin de rendre les oscillations 
très-faciles, — Voici l'appareil auquel je me suis arrêté. 

Une caisse en cuivre de 30 centimètres de long et de 10 centimètres 
de large est pourvue d’un tube a b ec qui repose sur son fond et qui est 


— 


394 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


percé, dans le trajet be, de six petites ouvertures s’ouvrant dans [a 
caisse. Deux lames de cuivre e f S'appuyant sur les bords de la caisse 
et présentant la forme que montre la figure 2 supportent, dans l'inté- 
rieur, à environ 5,5 centimètres du fond le barreau # n en expérience. 
La caisse étant remplie d'eau jusqu'à 5 millimètres du bord, le barreau 
se trouve ainsi complétement immergé dans ce liquide et prend la 
température que possède l’eau elle-même. Le pendule est suspendu 
horizontalement à environ 18 centimètres du barreau et au-dessus. 
Il est du reste séparé de la caisse par un écran en bois, h g, qui la 
dépasse notablement dans tous les sens. Ce barreau-pendule est 
placé dans une espèce d’anneau en cuivre, soutenu par un fin fil de 
chanvre d’un mètre de longueur, fixé à sa partie supérieure à une 
tige verticale que l’on peut aisément élever ou abaisser, mais qui 
demeure fixe pendant la durée d'une même série d'expériences. La 
tige qui supporte le fil était soutenue par une traverse horizontale 
complétement indépendante de la table sur laquelle reposait la caisse 
et placée dans des conditions d’immobilité complète. Un thermo- 
mètre & plongeait dans la caisse de cuivre de telle façon que sa cuvette 
se trouvait située immédiatement à côté de la partie moyenne du 
barreau ; sa tige traversait une ouverture convenablement pratiquée 
dans l'écran en bois et elle était fixée à cet éeran par un mastie qui 
empéchait en même temps les vapeurs d’eau de se dégager au-dessus 
de la caisse et de former un courant dans le voisinage du fil de sus- 
pension. 

L'appareil était orienté de telle façon que le pendule se trouvait 
exactement parallèle à l’aimant, son axe de suspension prolongé pas- 
sant par le milieu du barreau, ensorte que les deux extrémités v w 
se trouvaient à égale distance de »” et de n. On s’assurait de cette 
position en regardant, par projection, l'aiguille uv sur le barreau mn 
pendant que cette aiguille faisait de petites oscillations dans un plan 
horizontal. 


2. Pour faire une détermination d'intensité, il s'agissait de faire 
osciller le pendule magnétique dans un plan horizontal. La grande 
mobilité de la suspension rendait malheureusement très-faciles les 
oscillations dans un plan vertical comme pendule pondérable et il 
paraissait difficile, au premier abord, de produire des mouvements 
exclusivement horizontaux de l'aiguille, mouvements pendant les- 
quels son centre ne cessät pas d’être situé sur la verticale qui passe 
par le centre du barreau mn. J'eus l’idée de provoquer ces oscillations 
à l’aide d’un courant galvanique très-faible, dirigé parallèlement à 
l'aiguille. Au-dessous de la table qui supportait l'appareil, se trouvait 
un faible couple cuivre et zinc; l’un des fils communiquait à une 
capsule remplie de mercure et placée sur la table même; l'autre, de, 
plus long, pouvait être tendu immédiatement au-dessous de w v, à 
deux centimètres environ ét dans une situation exactement parallèle, 
facile à obtenir en visant à l’œil et en tenant l'extrémité d, du fil, 
avec la main. Cette extrémité étant plongée dans le mercure, il se 


ET LA TEMPÉRATURE DE L AC!ER. 355 


roduisait un courant qui avait pour conséquence une déviation de 
Faiguilte uv dans un sens ou dans un autre, suivant la direction du 
courant. Cette déviation une fois obtenue, il suffisait d'enlever le fil 
avec précaution et les oscillations se continuaient dans un plan ho- 
rizontal avec une grande régularité. La grandeur de la déviation 
primitive, et par conséquent l'amplitude de l'oscillation, dépendaient 
de l'intensité du courant, ou bien de la durée de son action si l'on 
se contentait de plonger le fil dans le mercure puis de le retirer plus 
ou moins brusquement. — Il est possible d'obtenir, de cette maniere 
et avec une grande facilité, telle amplitude que l'on veut, d'avoir 
des oscillations régulièrement horizontales de l'aiguille ww et d'éviter 
toute espèce de balancement du fil de suspension qui demeure exac- 
tement vertical. Cette conservation complète de la verticalité du fil 
êtait accusée par un petit théodolite placé à 7 mètres de distance et 
pourvu d’un réticule. En faisant coincider l'image du fil de suspen- 
sion avec le fil vertical du réticule avant de produire les oscillations, : 
on pouvait s'assurer que, pendant leur durée, cette coïncidence se 
maintenait rigoureusement. 

Les avantages de cette méthode étaient surtout précieux lorsqu'il 
s'agissait de faire osciller le pendule sous l'influence de la terre 
seule, cas dans lequel sa mobilité était infiniment plus grande que 
lorsqu'un barreau plus où moins énergique tendait à conserver la 
verticalité du fil. — J'ai parfois employé, quoique avec moins de 
succès, le moyen qui consiste à se placer à une assez grande dis- 
tance, sur le prolongement de uv, avec un aimant qu'on tient dans 
une position horizontale, perpendiculairement à la direction de l'ai- 
guille. Cette dernière se dévie l‘gèrement par suite de l'attraction des 
pôles de noms contraires, puis, en retournant rapidement l'aimant, 
la déviation se produit en sens inverse et on peut ainsi augmenter 
l'amplitude de l’oscillation en opérant plusieurs fois ces retourne- 
ments rapides. 


3. Pour faire varier la température du barreau, il s'agissait de 
chauffer l'eau au milieu de laquelle il était immergé. Le chauffage 
direct de la caisse en cuivre présente de sérieux inconvénients. D’a- 
bord, le réchauffement de l’eau est très-inégal si tout le fond n’é- 
prouve pas simultanément l'augmentation de température; ensuite, 
en plaçant une source de chaleur quelconque sous l'appareil, on 
produit imévitablement des courants ascendants d’air chaud qui 
montent le long du fil de suspension et l’agitent d'une manière fà- 
cheuse. — J'ai préféré chauffer en faisant arriver un courant de 
vapeurs dans l’eau, et c'est dans ce but que la caisse est pourvue du 
tube a b c. Un tube de caoutchouc, pq, qui s’ajuste exactement en 
a, amène la vapeur d’un générateur situé à une distance convenable 
de tout l'appareil. La vapeur se dégage par les divers trous prati- 
qués suivant be et l'eau se réchaufle ainsi graduellement. J'avais 
déterminé, par des expériences préliminaires, quelle dimension de- 
vaient avoir les trous alin que, avec le générateur employé, le cou- 


396 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


rant de vapeur sortit, autant que possible, sur toute la longueur du 
tube et chauffât simultanément toute la masse du liquide. La vapeur, 
du reste, en se dégageant, met l'eau en agitation et la température 
se répartit d'une manière beaucoup plus satisfaisante que je ne l'avais 
espéré d'abord. Le tube de caoutchouc était formé de deux parties 
séparées par un bout de tube en cuivre, pourvu d’un robinet qui 
permettait de laisser arriver une quantité plus ou moins considérable 
de vapeur et de chauffer, par conséquent, avec plus ou moins de 
rapidité. 

Le tube de caoutchouc, dont une des extrémités est en «a, rend 
également très-facile l'opération qui a pour but de remplir la caisse 
en cuivre, ou de la vider, sans la déplacer en aucune façon et sans 
agiter l'air dans son voisinage. Il suffit, en effet, de placer le tube 
de telle façon que son autre extrémité se trouve plus élevée que a et 
de plonger cette autre extrémité (après avoir fait le vide, dans le 
tube, par aspiration) dans un vase rempli d’eau, pour obtenir un 
jeu de siphon qui remplit promptement la caisse. Si, au contraire, 
c'est l'extrémité a qui est la plus élevée, le courant liquide se pro- 
duit en sens inverse et la caisse se vide facilement. Ce détail d’opéra- 
tion, tout simple qu'il est, n’est point indifférent et il m’a rendu de 
grands services. Îl m'était possible, de cette manière, de remplir 
rapidement la caisse avec de l’eau chaude ou froide sans enlever 
lécran kg, sans m’approcher même de la table sur laquelle reposait 
l’appareil et, par conséquent, sans produire des ébranlements ou 
des secousses qui auraient pu agiter le pendule magnétique. 


4. La mesure du temps se faisait à l’aide d’un pendule battant 
exactement la seconde, suspendu près de l'appareil et observé par 
un aide qui comptait à haute voix les oscillations. 


5. Je ne me dissimule point que ces dispositions expérimentales 
présentent bien des imperfections et ne permettent pas d'obtenir une 
approximation très-avancée. Ainsi, j'aurais désiré pouvoir mesurer 
avec plus d’'exactitude le rapport entre la durée des oscillations du 
pendule magnétique et celles du pendule à secondes. En adaptant, 
perpendiculairement à l’aiguille # v, une règle horizontale légère et 
graduée, en observant cette règle à l’aide d’une lunette, en mesurant 
le temps par le moyen d’un chronomètre à pointage, j'aurais sûre- 
ment obtenu une approximation bien plus avancée. La disposition 
du laboratoire et d’autres circonstances encore ne m'ont pas permis 
de réaliser ce perfectionnement. 


6. Avant de commencer les recherches dont le détail va suivre, 
j'ai eu soin de m’assurer quelles étaient les circonstances qui pou- 
vaient agir, indépendamment des barreaux à l'étude, sur les oscilla- 
tions du pendule magnétique. De nombreux essais montrèrent que 
Fheure de la journée est complétement indifférente; l'intensité ma- 
gnétique du globe éprouve des variations trop faibles pour être ap— 
préciées avec mon appareil. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 397 


L’amplitude des oscillations influe, comme on le sait, sur sa durée. 
En provoquant des oscillations suffisamment petites, cette influence 
de l'amplitude devient tout à fait inappréciable. Je recherchai, par 
divers essais préliminaires, quelles étaient les grandeurs d'amplitude 
qui devaient être produites pour qu'on püt compter sur l'isochro- 
nisme. — En essayant quelle est l'influence d’un balancement oscil- 
latoire, même faible, du fil de suspension, pendant que l'aiguille se 
meut dans un plan horizontal, je trouvai bientôt que ce double mou- 
vement modifie la durée d’une oscillation magnétique. IL était done 
important d'éviter les mouvements du fil et de lui conserver, pendant 
les déterminations d'intensité, une verticalité parfaite. 

En plaçant un barreau aimanté dans la caisse en cuivre, je m'assu- 
rai, ce qui était probable a priori, que l'absence ou la présence de 
l'eau autour du barreau est absolument indifférente. 


LI. — Variations d'intensité par un premier réchauffement. 


7. Les barreaux qui ont été soumis aux premières expériences 
étaient des cylindres d'acier ayant 20 centimètres de longueur et 
pesant 212 grammes. On les aimantait en les plaçant sur les pôles 
d'un énergique électro-aimant et en opérant, sur leur surface, des 
frictions avec deux autres aimants suivant la méthode de la touche 
séparée. 

8. Les barreaux 1, 2, 3 et 4 ont été aimantés, placés sous le 
pendule magnétique et successivement examinés , en même temps 
qu'on faisait varier la température de l’eau à l’aide du courant de 
vapeur. Les déterminations d'intensité se faisaient, autant que pos- 
sible, de 10 en 10°. Pendant la durée de cette détermination, c’est-à- 
dire pendant que le pendule oscillait, je tâchais de rendre la tempé- 
rature momentanément stationnaire en ralentissant l'arrivée du cou- 
rant de vapeur. Il n’était cependant pas toujours possible d'éviter 
une marche légèrement ascensionnelle du thermomètre. — Pour 
chaque température, l'intensité était mesurée deux fois, c’est-à-dire 
que, après avoir compté une première fois les oscillations magnéti- 
ques et celles du pendule à secondes, simultanément, on faisait immé- 
diatement une seconde détermination, parfois même une troisième 
si les deux premiers résultats présentaient une différence supérieure 
à celles que l’on peut éviter dans une semblable recherche. 

La température initiale n’a pas été la même pour ces quatre bar- 
reaux. Chacun d'eux a été chauffé jusqu'à 95 ou 96°. Je n'ai pas 
voulu arriver à une température supérieure, parce que les vapeurs 
qui se dégagent assez abondamment près de 100° formaient des cou- 
rants irréguliers, vers les bords de l'écran k g, et agitaient ainsi l'air 
d’une manière préjudiciable à l’immobilité du fil de suspension. En 
outre, près de 100°, la vapeur qui arrivait par le tube a bc se déga- 
geait à travers le liquide, sans se condenser, en bulles assez tumul- 


398 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


tueuses, pour provoquer des chocs et des soubresauts de toute Îa 
caisse. 


9. Le tableau I donne le détail des observations. 


TABLEAU I. 
Nombre Durée Intensité, 
Température des Durée totale. d'une celle A 
oscillations. oscillation. |de la terre = 1 
BARREAU À. 
17° 100 176/’ 1/76 8,9% 1000 
30° 100 179// 17779 8,63 972 
LA° 100 183// 1/83 8, 19 922 
51° 100 187/! 1787 7,81 891 
59° 100 189/’ 1789 7,63 859 
0 100 197/’ 17797 ss 
70 LOS loss 6,70 779 
80°}, | 100 | 204 | 204 | 6,40 721 
89°! 100 210/’ 2/10 5, 98 67% 
95° 100 2147 2/14 7e 645 
BARREAU 2. 
24° 100 143/ 1743 14,06 1000 
31° 100 146/’ 1/46 13,45 956 
40° 100 1497’ 11749 12, 88 916 
50° 100 153/ 11153 12,16 865 
60° 100 157// 1157 11,19 817 
70° 80 1307’ 162 10, 77 766 
80° 60 100/’ 1/66 10,09 717 
90° 100 172/! 1772 9, 41 669 
96° 100 175"! 1775 9,06 C4 
BARREAU 9. 
15° 50 106// 2/19 5,85 
30° 50 10774) 2/15 D, 69 
40° 50 1097 *| 218 | 547 
61° 50 113717, 227 4, 97 
70° 50 116/ 2/32 4,71 
80° 50 118"5}, ES | &, 45 
90° 50 126/ 9/47 4, 0% 
95° 50 193 91/59 3, 84 


ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 399 


(Suite du tableau LE.) 


Nombre Durée Intensité, 
Température des Durée totale. d'une celle 
oscillations. oscillation. |de la terre = 1 


BARREAU 4. 


20° 
30° 
40° 


50° 
60° 
70° 
80° 
90° 


103/, 
104/ 
106/ 
108// 
144" 
TUTATR 
119/ 
192// 


2/07 
2/09 
2/12 
2/16 
21122 
2/29 
2/38 


2H 


“ 


M 


” 


M 


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0 


“ 


CO EE UE O7 CE © 
LD = À D 10 D D © 
© DE NI CG © C Or 


95° 125" 2/50 


M 


On voit que tous les barreaux n'avaient pas la même intensité 
primitive et que tous ont éprouvé une notable diminution d'intensité 
par l'élévation de température jusqu'à 95°. — Afin de rendre com- 
parables ces diminutions, on a calculé le rapport entre l'intensité à 
une température quelconque et l'intensité initiale. Cette dernière 
étant représentée par 1000, on a formé la colonne A. 


10. Afin d'apprécier l'influence d’une même température au-dessus 
du point initial de chacun d’eux, on a calculé les intensités de 10 
en 10°, à partir du point de départ, pour 1, 2 et 3, en les déduisant 
des intensités observées voisines, par une proportionnalité qui est 
très-approximativement exacte pour des températures rapprochées. 
C'est ainsi qu'a été formé le tableau IE. 


TABLEAU IT. 


BARREAU À BARREAU 2 BARREAU 3 
RE ——., D RS TR LT, 
température | intensité température | intensilé température | intensité 
7: 1000 24° 1000 15° 1000 
27° 985 34° 941 29° 978 
37° 940 44° 897 39° 94% 
47° 909 54° 846 45° 913 
57° 873 64° 798 99° 869 
67° 793 65 828 
77° 725 75° 783 
87° 683 85° 739 
97° 636 


360 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


On voit qu'il y a des différences notables, et la même élévation de 
température au-dessus de l’état initial ne parait pas avoir produit le 
même effet sur les barreaux examinés. 


11. En prenant les observations relatives à chaque barreau, on 
peut chercher quel est le coefficient moyen de diminution de magné- 
tisme pour l°. Ce calcul donne : 


Pour le barreau À . . . . (0,00461 


Id. 2 «he 20%, 10,00802 
Id. d .}. UN 10/0036 
Id. Es Se MONO 0002 


À l’aide de ces coefficients moyens, on peut maintenant calculer, 
pour chaque barreau, l'intensité à une température quelconque et, 
afin de les comparer les uns aux autres, faire ce calcul pour 9 points 
de l’échelle thermométrique de 20° à 95°. L'intensité à 20° étant 
représentée par 1000, pour chacun d’eux, on forme le tableau HE. 


TABLEAU IX. 


B 


température observé | calculé 


barreau 4 | barreau 3 | barreau 4 


20° 1000 1000 1000 1000 1000 
30° 986 987 98% 976 
40° 939 946 946 94% 945 
50° 909 906 908 908 
60° 871 869 849 863 863 
70° 791 823 788 801 813 
80° 731 778 718 742 75% 
90° 680 714 676 690 690 
95° 645 665 631 647 656 


| 


On voit que, dans certains points de l’échelle thermométrique, les 
valeurs sont assez semblables, tandis que, dans d’autres, elles présen- 
tent des différences notables. — En cherchant le coeflicient moyen 
de variation pour 1° et en prenant des groupes de 10° on trouve : 


de 20 à 30° . . . . 0,0016 


230 5 7400.. |. 22, 00010 
2040 550% . |. "20. 0,006 
2050 #60... !./"#0, D,00:5 
2060 870 . !.. & DO 
2110 5280‘. FE UE BOND 
180 » 90° . |:. . -10,0052 
» ‘90 » 95° . |. 20086 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 361 


Ce tableau ne représente point une diminution régulière ; mais il 
montre, dans son ensemble, que l'intensité magnétique diminue un 
peu plus rapidement que la température n’augmente, 


12. En présence des variations que présentent les divers barreaux, 
il est peut-être assez inutile de chercher si une formule empirique 
Ru représenter les variations simultanées de la température et de 
‘intensité magnétique. J'ai cependant essayé jusqu’à quel point les 
HE | moyens pourraient se représenter par une formule de la 
orme : 


(a) T= a+bt+ct 
I étant l’intensité, t la température, a, b, c des constantes. En déter- 


minant ces constantes à l’aide de 3 observations prises dans la co- 
lonne B, on trouve : 


a — 1027; b = — 0,69; ce = — 0,054; 
la formule devient : 
I = 1027 — 0,696 — 0,0345° 


et en la calculant pour toutes les températures de 20 à 95°, on forme 
la colonne C qui diffère des résultats observés en B moins qu'on 
aurait pu s’y attendre. 


15. On pourrait chercher, ensuite des données ei-dessus, à quelle 
température l'intensité magnétique devient nulle dans la supposition 
d’un décroissement uniforme au-dessus de 95°, ou en supposant que 
le décroissement soit représenté par la formule (a). On trouve, dans 
le premier cas, 235°, et dans le second 179°. — La suite de ces re- 
cherches montrera qu’à ces températures-là, et même à des tempé- 
ratures supérieures , le magnétisme des barreaux est loin d’avoir 
disparu. 


II. — Refroidissement après le premier réchauffement. 


1%. Les barreaux précédents, après avoir été chauffés jusqu'à 95°, 
se sont refroidis lentement dans l’eau même où leur température 
s'était élevée. En faisant osciller le pendule à divers moments de 
leur refroidissement, il était facile de constater que leur intensité 
magnétique augmentait et ne devenait stable que lorsque la tempé- 
rature elle-même n'éprouvait plus de variations. Mais, la quantité 
de magnétisme qui réapparait amsi, par le refroidissement, n’est 
jamais égale à celle qui avait disparu par le réchauffement ; il reste 
une perte définitive, d'autant plus considérable que le barreau avait 
été plus réchauffé. — Voici, pour faire voir d’une manière complète 
ces variations, les phénomènes présentés par le bärreau À pendant 
le refroidissement : 


302 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


TABLEAU IV. 


RÉCHAUFFEMENT REFROIDISSEMENT 
Een EU PE 
température intensité température intensité 


17° 95° 5,73 
30° 80° 5,98 
11° | 70° 6,19 


51° 65° 6,55 
59° j 38° 6,70 
70° 17° 6, 70 
80°1}, 

89°} 
95° 


Les barreaux 2, 3 et 4 ont donné lieu à des observations analo- 
gues. L’intensité de 3 était de 5,85 à 15°, puis 3,81 à 95° et, après 
le refroidissement, 4,33 à 16°; celle de 4 était 6,18 à 20°, 3,90 
à 25°, puis #,30 après le refroidissement à 20°. — En comparant les 
chiffres obtenus pour À, 3 et #, c’est-à-dire en représentant par 1000 
l'intensité primitive de chacun d'eux, on trouve: 


BARREAU À BARREAU 3 BARREAU 
Re. OS TE Re... “0 
température | intensité température | intensité température | intensité 


20° 1000 Me 1000 1000 
95° 631 95° 645 651 
20° 696 17° 755 


On voit ainsi que le barreau 1 a repris, après le refroidissement, 
une intensité de 110 sur 555 qui avaient été perdus, ou 0,31; le 
barreau 3 a repris 84 sur 349 perdus, ou 0,2%, et le barreau 4, 65 
sur 309 perdus, ou 0,18. — Si l'on veut apprécier la quantité de 
magnétisme qui a été définitivement perdue, en la comparant à l'éléva- 
tion de température, on trouve, en calculant les observations et en 
représentant par 1000 l'intensité initiale : 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 363 


TABLEAU V. 


Barreaux A B (Q 
1 78° 245 0,0031% 
3 80° 265 0,00310 
4 19° 30% 0,00405 


La colonne A renferme le nombre de degrés dont la température 
s’est élevée ; la colonne B, l'intensité définitivement perdue et C, le 
coefficient moyen de perte pour 1°. On voit que ce coefficient n’a pas 
été exactement le même pour les divers barreaux. — Des résultats 
subséquents feront voir à quoi cette différence doit très-probable- 
ment être attribuée. 


IV. — Influence de réchauffements successifs. 


15. L'appareil qui a servi aux expériences précédentes était très- 
propre à étudier l'influence de nouveaux réchauffements sur un 
même barreau. Le barreau, en effet, après s’être refroidi, pouvait 
être réchauffé par la méthode connue et cela à plusieurs reprises et 
pendant plusieurs jours de suite, aussi longtemps que les expérien- 
ces pouvaient présenter de l'intérêt. 

Les réchauffements successifs se sont faits généralement entre les 
mêmes limites de température, de telle façon qu'il était facile d’aper- 
cevoir l'influence relative de ces diverses variations. —Afin de ne pas 
multiplier les tableaux numériques, je donnerai, pour le barreau 3 
seulements, la série complète des observations. 


36% RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


En 
Z 2 D 1 #eS5t4 20 ee) e2] 
E £ DANONE cn St 
ENST CHNICON CS cn Or) 
= es «=. 
= s 
2 — = 
ER 2 UE 
Le} cs [=] e 
= E © © © 29 
Æ = NO 2 = = 
e = 
20 = 
= ” 
Z Lu (ee) © 
É Z S @Q I 29 Qc 
8 = en © © ce Do] 
ES À 
D D — 
© 
É & = 
t3 = © oO e © © 
= = ae) 20 = 
& E 
: EEE Sol +. à e 
= UP LE SD + # 
A à + SSH 00 CD EN LCD cn cs 
— En. 
= A TRE 
= M, EN LE 
= à E FU = 2 
< £ 2 = 2 = S 
NU e E 
cn 2 
a 
E S 
Z 2 COLIS D 22 
E E cm. en 25 
EE £ x = cn cn 
E £ + 
Er dde 
SES E 
ST | = e e c e 
Æ E Ce) © © 29 
cz = — HA =, © 
e = 
e. 2 


— 

Æ 2 2) 2) EE EE = 20 ©@ «a 

= £ D, O1), + OS re. OS 
. = 2 . = 2 = = 

m + 20 20 2 S 4 + 4 © 

B-Syé 

D EE 

< 2 

= & 5 

[e] r— o © © © ce © © TJ 

= E I © Qt oO 0 4 

= = Æ cn = co = [er] 

5 8 


On voit là d’une manière très-nette comment, pendant chaque re- 
froidissement, l'intensité magnétique revient; comment un nouveau 
réchauffement la diminue plus que celui qui a précédé et , enfin, 
comment la variation totale occasionnée par un réchauffement est de 
moins en moins importante à mesure que les variations de tempéra- 
ture ont déjà été plus nombreuses. 

Le tableau VII donne les observations relatives à 1, 3 et 4; celles 
du barreau 2 ont dû être abandonnées parce qu'elles ne pourraient 


“’ 
ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 365 


point entrer dans les calculs de moyennes : entre le premier et le se- 
cond réchauffement, un dérangement étant survenu dans la position 
de la caisse en cuivre, cet aimant ne s’est plus trouvé dans les mêmes 
conditions relativement au pendule magnétique. 


© (=) — © cn 
Ê + cn © Cu 
Y © Ce) Ce) 20 
#\|z22 “it © c® er ce 
5 És le] = i =] # 
D» = le) © © 20 29 
< 5 
BE 
EN ice pt 3 2 
SE pas 5 o ETS 
le = QD «© Le] © © D CO = 
En © EE © SX D 4 Ex C9 
= (erKer) [er] DER eo 
me 
© © — [nu Eu 
© 20 Si © de) 
© «© co © 20 
ec de) + x 
nu Ce) Eu — (Je) 
F - Qe] Te) Je] 20 
= ce = 
— 5 2 
> URSS ce 20 de] «© 
a € [Sn] = 20 Ex] CO 
=) &é | & Ce) © Ce) © 20 
CA = 
a | <1* 
= | 2 2) 29 [nl 
co — Lu =) 
2 = = © D 
En 
© © 20 © 29 = DO 
(=) co © 20 © © © 20 
2 S © OO D E= © © 
SL ENCENT EN ERERE EEE PIRE EEE 
e 20 = cn — 
E Ge] œi] Lo cn 
Su L= Ce] le] 
— ro 20 (rh mn — © XL 
== ce — M (e2] 20 CN = 
D 8 °® RE = (Te) ©, Oo 
É4È — 
E |£e er] am LE = CD ui ch 
4 J3S Te) OU © D © cn 6 
ea £ AN = = = © © © © © 
= © si el — © © =1 Y 20 
» = si [er] AERNME 
a = DANCE NOMME ECOLES 
= 
aumyeio due 


Avec ces chiffres , il est facile de calculer quel est, pour chaque 
barreau, le coefficient moyen de variation dans les divers réchaufte- 
ments. On trouve ainsi : 


vw 


366 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


TABLEAU VII. 


Barreaux 4°" réchauff. 9° réchauff. 3° réchauf. 4 réchaufr. 5° réchauf. 


1 0,0046 0,00167  0,00155  0,00139 

2 0,0049 

3 0,00%3 0,00160  0,00145  0,00146  0,00138 
% 0,0049 0,00166  0,00150  0,00132 


moyennes 


0,00463  0,0016%  0,00150  0,00139  0,00138 


Le coefficient de perte diminue à partir de la première opération; 
mais cette diminution devient plus faible de la 3°° à la 4°, puis de 
la #°° à la 5°. Les barreaux semblent ainsi tendre vers un certain 
état où une même variation de température produit aussi une même 
variation d'intensité magnétique. 


16. Afin de voir quel serait le résultat d’un beaucoup plus grand 
nombre de variations, j'ai chauffé et refroidi alternativement, une 
vingtaine de fois, entre 15 et 95°, le barreau 3 ; puis, j'ai examiné 
quel était son coefficient de variation. Les résultats ont été : 


21° réchauffement 0,00178 


22° id. 0,0013% 
23° id. 0,00137 
24° id. 0,001%% 


La variation est donc à peu près la même qu'après quatre ou cinq 
réchauffements et il est probable qu’en poursuivant ces essais, les 
résultats n'auraient pas changé. 


17. Quant à la perte réelle du magnétisme, elle augmente avec 
les réchauffements; mais elle parait tendre aussi vers une certaine 
limite, ou plutôt, sa valeur devient de moins en moins grande dans 
les réchauffements successifs. C'est ce qu’on aperçoit d’une façon évi- 
dente en calculant, pour chaque barreau, à l’aide des coefficients du 
tableau VII, la valeur de l'intensité aux deux limites 20 et 95°. 


I 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 367 


TABLEAU IX. 


réchaufT. BARREAU 1 | BARREAU 3 BARREAU 4 


20° 95° 20° 95° 

986 645 978 631 

761 624 730 565 

735 G16 691 543 

735 631 67% 543 
666 


La perte définitive du magnétisme pour 1°, ce qu’on pourrait ap- 
peler le coefficient de perte définitive de chaque barreau, diminue avec 
le nombre des élévations de température. Voici la valeur de ce coet- 
ficient envisagé comme une fraction de l'intensité magnétique au 
commencement de chaque réchauffement : 


TABLEAU X. 


Barreaux 4° réchaulT. 9% réchauff. 3° réchauff. 4=° réchauff. 
1 0,0051% 0,000208 
3 0,00331 0,000506 0,000162 0,000079 
[1 0,00400 0,00029 0,00009 


18. Cette marche de l'intensité magnétique dans les variations 
successives de température est donc telle, que les aimants tendent 
vers un certain état, approximativement stable, où un changement 
déterminé de température produit un changement également déter- 
miné d'intensité. Les barreaux s’approchent de cet état, qui ne paraît 
pas pouvoir être rigoureusement atteint, par une sorte de variation 
asymptotique assez susceptible de se représenter par une figure. 

Représentons par AB (fig. IT) la variation de température de 20 
à 95°. Portons sur les deux perpendiculaires AC, BD les valeurs re- 
présentant intensité (en prenant la moyenne pour les trois barreaux) 
à 20 puis à 95°, ‘lans les variations successives de température. Les 
longueurs Am, Am, Am/!, Am/'' seront les intensités au commen- 
cement de chaque réchauffement; Bn, Bn', Bn”!, Bn'" les inten- 
sités à la fin. Les lignes mn, nm, m'n!, nm, ete., plus ou moins 
inclinées sur l'axe AB, représentent, par leur inclinaison et leur plus 
ou moins grand écartement les unes des autres, les variations de 
l'intensité magnétique et la grandeur relative des pertes successives. 


ot 


368 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


VW. — Influence du temps pendant lequel se produit la variation 
de température. 


19. Dans les expériences précédentes, le temps pendant lequel les 
variations de température se sont produites a toujours été sensible- 
ment le même. Quelle que soit l'importance de cet élément, dans les 
phénomènes dont il s’agit, j'ai toujours tâché de maintenir le cou- 
rant de vapeur tel, que les temps fussent à peu près les mêmes. — 
MM. Riess et Mooser, dans leur précieux travail sur ce sujet, disent 
que l'influence de la chaleur est instantanée et cépend seulement 
du degré de température ‘. Dans un travail récent? M. Holmgren 
conclut que la perte due au réchauffement est plus grande lorsqu'on 
fait passer le barreau d’acier plus lentement par les températures in- 
férieures *. 


20. Afin de connaître l'influence du temps, il m'a semblé conve- 
nable de prendre un barreau amené par des réchauffements et re- 
froidissements successifs à cet état à peu près stable où une même 
variation de température produit une variation presque constante 
d'intensité. En effet, si on compare, sous ce rapport, des barreaux 
différents, on ne peut guère conclure avec certitude relativement au 
temps, puisque les résultats peuvent varier d'une façon assez sen— 
sible d’un morceau d'acier à un autre et, si l’on examine un même 
aimant, l'influence du temps se complique des variations qui se ma- 
nifestent, comme on l’a vu, du premier au second ou du second au 
troisième réchauffement. 

J'ai donc choisi un barreau qui avait déjà subi plusieurs réchauf- 
fements et refroidissements successifs, puis je l’ai soumis à des chan- 
gements assez brusques de température. Grâce aux dispositions de 
mon appareil, ce résultat s’obtenait facilement en faisant agir le tube 
de caoutchouc comme siphon suivant qu'on élève ou abaisse son 
extrémité. Je pouvais, de cette maniére, introduire dans la caisse en 
cuivre, sans la toucher, sans la découvrir et sans changer en aucune 
facon la position de l’aimant, de l’eau froide ou chaude pendant un 
temps assez court. — Le barreau 1 avait servi aux recherches pré= 
cédentes où les variations de température entre 20 et 95° duraient 
généralement de 100 à 120 minutes. Il se trouvait dans un état tel 
que, lors de la dernière expérience, son intensité était 6,55 à 20° 
et 5,60 à 95°. Il fut soumis à des variations brusques de tempéra- 
ture, comme on le voit daus le tableau suivant où se trouvent indiqués 
les temps, les températures et les intensités. 


1 Poggendorf's Annalen, tom. 17, 4829, pag. 410: « Uebrigens, ist die 
Wirkung der Wärme instantan, etc. » 

2 Acta regiæ societatis scientiarum upsaliensis, pag. 522. 

3 J'ai eu connaissance des recherches de M. Holmgren il y a peu de temps 
seulement, alors que mes expériences étaient terminées et pendant que je 
m’oceupais de la rédaction du présent mémoire. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 369 


TABLEAU XI. 
temps température intensilé 
(1 
2 h. 45 0’ 22° 6,66 
» 54 9’ 84° 5,86 
3h. © 20’ 95° 5,08 
» 8! 23! 30° 6,56 
» 43 28 30° 6,56 b 
» 20 39’ 30° ° 6,56 
» 40 55 30° 6:56 
» 43! 60 83° 581 + 
» 50 65’ 93° 5,66 
4 h. 75! 24° 6,20 d 
» 11° 86’ 24° 6,20 
KT 88 78° 345 e 
CL 115 15° 6,45 


Dans la dernière variation à longue durée (90/) que le barreau 
avait subie, la diminution d'intensité était de 6,55 — 5,60 pour 75°, 
ou de 0,0019 de l'intensité primitive (6,55) pour 1°. — Le tableau 
précédent montre (a) qu'un changement de 62°, en 9’, donne une 
variation de 0,80 ou, pour 1°, de 0,0019% de l'intensité primi- 
tive (6,66). En (c), il s’est produit un changement de 55° en 5’ et 
une variation de 0,65, ce qui donne, pour 1°, 0,00209. — On voit 
ainsi qu’à deux reprises, il a sufli de 9’ et de 5’ pour produire sensi- 
blement la même variation que celle qui avait été obtenue pendant 
un réchauffement de 90”. 


21. De semblables recherches ont été faites avec le barreau 4. 
Ce cylindre avait déjà été soumis à quatre réchauffements et refroi- 
dissements ; lors de sa dernière épreuve, il avait été chauffé pen- 
dant 75’ et avait présenté un coeflicient de variation de 0,0020. Le 
tableau XII montre les variations nouvelles auxquelles il a été soumis. 


TABLEAU XII. 

temps température intensité 

2 h. 30’ (14 22° 4,70 
3 h. 15 45! 85° 4,09 a 
». 22! 52/ 24° 4,61 b 

» 38 68 24° 4,61 
»  43/ 73! 78° 4,13 c 

» A8 78! 22° &,66 
&h. #4 9% 80° 4,13 d 

» 10 100/ 80° 4,13 

» A4 104 22° 4,61 


» 20 110/ 22° 4,61 


370 RECHERCHES SUR-L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


On voit (a) qu'une première variation s’est faite en 45’; la perte 
a été de 0,61 pour 63°, ou de 0,0020 de l'intensité primitive pour 1°. 
En c, il y a eu, en 5, un changement de température de 54° et une 
perte de 0,48, ou de 0,0019 par L°; en d, en 16, une variation 
de 58° et une perte de 0,53, ou 0,0019 pour 1°. — Encore ici, les 
diminutions d'intensité magnétique ont été sensiblement les mêmes 
pendant des réchauffements rapides et pendant des réchauffements 
lents. 

Il paraît résulter assez évidemment de ces chiffres que le temps 
pendant lequel la variation de température agit n’influe guère sur la 
quantité dont le magnétisme est diminué, dans le cas, au moins, où 
l’on a des barreaux qui sont déjà arrivés, par des réchauffements 
plusieurs fois répétés, à un certain état approximativement stable. 
Dans les expériences de M. Holmgren, les barreaux examinés étaient- 
ils soumis pour la première fois aux variations de température, ou 
sont-ce les mêmes qui avaient déjà servi à de précédentes expérien- 
ces? L'auteur ne l'indique pas. 


VI.— Influence du refroidissement au-dessous de la température 
à laquelle l’aimantation a lieu. 


22, Lorsqu'on a chauffé un barreau au-dessus de la température 
à laquelle il a été aimanté, puis qu'on le laisse ensuite refroidir, une 
partie du magnétisme réapparait. Dans les expériences précédem— 
ment décrites et dans celles des auteurs qui se sont occupés de la 
même question, ce refroidissement ne s’est guère prolongé au-delà 
des limites à partir desquelles on a primitivement chauffé, limites où, 
généralement, l’aimantation avait eu lieu. 

Jai voulu voir quelle est l'influence d’un refroidissement à partir 
de la température d’aimantation et avant que le barreau ait été préa- 
lablement porté à une température supérieure. En faisant cet essai, 
je m'attendais un peu à voir l'intensité augmenter et, afin de pouvoir 
produire une variation de température assez notable, j'ai cherché à 
aimanter les barreaux à un point déjà élevé de l'échelle thermomé- 
trique. 


23. Les barreaux précédemment employés ont été chauflés au 
rouge sombre, puis trempés de manière à les ramener à l'état naturel ; 
de nouveaux barreaux semblables aux premiers ont été mis en usage. 
Pour les aimanter , j'ai employé une petite caisse en cuivre mince, 
un peu plus longue que les barreaux eux-mêmes; cette caisse pou- 
vait être placée sur les deux pôles d’un gros électro-aimant et rem— 
plie d’eau à une température déterminée; c'est dans son intérieur 
que les barreaux étaient aimantés. Pendant qu'ils subissaient l'in 
fluence de l’électro-aimant, on les soumettait à des frictions conve- 
nables suivant la méthode de la touche séparée et ils demeuraient , 
durant cette opération, dans une eau maintenue en général de 50 


ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 371 


à 60°. Lorsqu'ils avaient acquis une intensité suffisante, on trans- 
portait rapidement la petite caisse qui les contenait près de celle qui 
se trouvait placée sous le pendule magnétique. Dans cette dernière, 
se trouvait préparée de l'eau, à la même température. Le barreau 
était porté aussi promptement que possible d’une des caisses à l’autre 
et, à l’aide d'un courant de vapeur convenable, on maintenait la 
température de l'eau qui l'entourait aussi constante que possible pen- 
dant le temps nécessaire pour que le pendule magnétique, forcément 
un peu agité pendant cette opération, fût devenu parfaitement immo- 
bile. On déterminait alors l'intensité et on suivait les variations pen- 
dant le refroidissement. 

Dans la plupart de ces expériences , j'ai tâché de provoquer un 
refroidissement jusque dans le voisinage de 0°, en introduisant, vers 
la fin de l'expérience, uue certaine quantité d’eau glacée, par le 
moyen du tube-siphon de caoutchouc. 


24. Lors de la première épreuve (barreau 6), je trouvai que , 
pendant le refroidissement, l'intensité magnétique diminuait d'une 
manière continue , comme pendant un réchauffement. La variation 
fut la suivante : 


température durée d’une oscillat'on intensité 
55° 2/04 6,39 
30° 2/08 6,12 
12° 2/10 5,96 
D° 2/42 5,85 


Je pensai que le barreau avait été aimanté au-delà de son point 
de saturation et que la diminution observée dépendait de cette cir- 
constance et non de la variation de température. — Un nouveau ey- 
lindre (4) fut aimanté à 60°, avec toutes les précautions précédem- 
ment décrites et très-faiblement, afin d'être à coup süûr bien loin du 
point de saturation. Il donna les résultats suivants : 


température durée d’une oscillation intensité 
60° 3/36 1,72 
42° 3/44 1,63 
23° 3/49 1,53 
3° 3/59 1,37 


Un autre barreau (5) fut aimanté plus faiblement encore. Voici sa 
marche pendant l’abaissement de la température : 


température durée d'une oscillation intensité 

60° 4/30 0,66 

30° 433 0,63 

; 23° 4/! 40 0,58 
2° 447 0,53 


Le phénomène se présentait ainsi toujours le même avec des ai- 


372 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


mants très-inégalement intenses. Ce qui montre bien que l’abaisse- 
ment de température était la seule cause de la diminution d'intensité, 
c’est que le barreau 5 fut maintenu, pendant une demi-heure, à 23° 
et son intensité ne changea pas; cinq déterminations consécutives 
donnèrent 0,58; 0,58; 0,61 ; 0,58; 0,58. — En cinq minutes, on 
les refroidit brusquement à 2° et trois déterminations donnèrent: 
0,53; 0,53; 0,53. — Une tentative analogue fut faite sur un autre 
cylindre (2). Il fut aimanté de 53 à 58° et présenta alors une inten- 
sité de 1,228. On le maintint à cette température, sous le pendule 
magnétique , à l’aide d’un courant de vapeur convenable, depuis 
2 heures 40 minutes à 4 heures 5 minutes (une heure et demie). 
Des déterminations d'intensité faites à divers intervalles donnèrent : 
4,298 ; 1,229 ; 1,228 ; 1,227 ; 1,227. On le relroidit alors brus- 
quement et on trouva : 


temps température intensité 
& h. 15’ 28° 1,219 
»  20/ 15° 1,213 
3’ 0° 1,208 


Je citerai encore une expérience dans laquelle je voulus m’assu— 
rer que cette influence du refroidissement ne tenait point à ce que 
l’aimantation avait eu lieu au-dessus des temperatures ordinaires. 
Un barreau fut aimanté le 18 novembre, à une temprature ambiante 
de 6 à 8°. On l’abandonna pendant un mois à l'air libre. Le 18 dé- 
cembre, il fut placé sous le pendule magnétique où il demeura 12 
jours pendant lesquels il fut soumis à un certain nombre de déter- 
minations. Jusqu'au 30 décembre , la température demeura à peu 
près constante et on trouva : 


temps température intensité 
18 décembre ri 5,11 
20 id. 0°5 5,08 
26 id. 2° 5,10 
30 id." (Æchi} 4° 5,08 


On introduisit alors, avec précaution, dans la caisse et autour du bar- 
reau, un mélange réfrigérant qui abaissa sa température jusqu'à 
— 22° et même — 25°. La détermination d'intensité répétée quatre 
fois donna : 


id 4,90 
id 4,90 
id 4,90 


25. Ainsi, la perte de magnétisme par le refroidissement au-des- 
sous de la température d’aimantation ne saurait être mise en doute. 
— Il en résulte que l'état magnétique d’un barreau et sa temprature 
sont intimément liés et que, à partir de l’aimantation, un refroidisse— 
ment-diminue l'intensité aussi bien que le réchauffement. On peut 


£T LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 373 


done énoncer une loi plus générale que celle que l’on admet ordi- 
nairement pour ce genre de phénomènes et dire : Un barreau d'acier 
étant aimanté à une température quelconque, toute variation de tem- 
pérature diminue son intensité magnétique. — L'intensité magnéti- 
que dépend d’une façon bien intime de l’état moléculaire du corps 
aimanté, et tout éhangement dans cet état moléculaire, écartement ou 
rapprochement des molécules (dans la première variation au moins 
qui succède à l’aimantation) détermine une perte de force magné- 
tique. 


26. Il s’agit maintenant de voir dans quelle mesure se fait la perte 
par refroidissement. — Afin de rendre comparables les résultats des 
divers barreaux, on a représenté par 1000 l'intensité au moment de 
l’aimantation, puis on a caleulé quel chiffre représente cette intensité 
dans les températures plus basses que celles-là. Les calculs appliqués 
aux barreaux 1, 3, 4, 5, 6 donnent les résultats du tableau XII. 


TABLEAU XIII. 


température barreau 4 


barreau 3 | barreau 4 | barreau 5 | barreau 6 


— 1000 
1000 


A l’aide de ces données, il est facile d'obtenir le coefficient moyen 
de variation; c'est-à-dire, la fraction de l'intensité primitive qui 
disparaît pour 1°. On trouve ainsi : 


314 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


TABLEAU XIV. 


barreaux variation de tempér. intensité perdue coefficient 
1 46° 102 0,0022 
2 55° 20 0,000% 
3 56° 19% 0,0035 
L 59° 193 0.0035 
5 58° 197 0.,003% 
6 50° 84 0,0017 


On aperçoit des différences assez notables; le barreau 2, surtout, 
présente un coefficient beaucoup plus faible. Cet écart considérable 
tient à des circonstances que je ne saurais indiquer, ei il convient 
peut-être d'éliminer ce résultat-là pour obtenir le coeflicient moyen 


qui se trouve alors : 
0,00286. 


Si l'on compare les chiffres du tableau XIV avec ceux du ta- 
bleau VIIE, relatifs à la perte par réchauffement, au-dessus de la 
température d’aimantation, 

0,00146# 


0,0049% 
0,00436 
0,00192 


on voit que les premiers sont notablement plus faibles. La moyenne 


des dermiers est : 
0,00471 


c’est-à-dire presque le double du coefficient de variation par refroi- 
dissement. 

Si donc l’abaissement de température au-dessous de l’aimantation 
produit le même effet que le réchauffement quant au sens de la va- 
riation, cet effet est bien moins considérable. 


27. Lorsque les barreaux ont été refroidis, si on élève de nouveau 
leur température, on arrivera au degré de l'échelle thermométrique 
auquel l’aimantation a primitivement eu lieu, puis on dépassera ce 
point-là. En produisant cette variation, on aperçoit que le réchauf- 
fement détermine une nouvelle perte ; c’est-à-dire qu’on a le phé- 
nomène remarquable d'une diminution d'intensité qui se continue 
lors même que le sens de la variation de température a changé. En 
d’autres termes, les barreaux donnent lieu au phénomène général 
constaté lors du réchauffement ; seulement, comme on le verra 
bientôt, la température à laquelle l’aimantation a eu lieu ne devient 
pas complétement indifférente dans ces nouvelles variations. Voici 
d’abord les résultats bruts des expériences pour les cylindres 4 et 6. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 375 


L'aimantation avait eu lieu à 66 et 55°. L’intensité, à ce point-là , 
était 1,71 et 6,39. Par le refroidissement du premier jusqu'à 3", 
l'intensité était devenue 1,37 ; par le refroidissement du second à 5°, 
elle était devenue 5,85. En les chauffant on trouve : 


TABLEAU XV. 


BARREAU 4 BARREAU 6 
Te QT, EE ne "1 UE TS 

température intensité température intensilé 
20° 1,31 22° 5, 86 
59° 1,50 40° 5, 73 
65° 1,26 50° 5, 66 
76° 1,24 70° 5, 40 
85° 1,19 80° 5,25 
93° 41,1% 90° 4,95 
95° k,71 


Afin de rendre les résultats comparables, on a caleulé les obser- 
vations pendant le réchauffement, pour les barreaux 3, 4, 5 et 6, 
en les rapportant, pour chacun d'eux, à l'intensité primitive au mo- 
ment de l’aimantation, cette intensité étant représentée par 1000.— 
On obtient alors les chiffres du tableau suivant : 


TABLEAU XVI. 


| température barreau 3 barreau 4 barreau 5 barreau 6 


e2) 
ro 
© 


10° 
20° 
22° 
40° 
50° 
55° 
60° 
70° 
71 
76° 
79° 
90° 
93° 


“I 
En | 
sI11&l 


ELSIE ET ErÉSETI 
1 


22 Ce 
[Sll&lll 


376 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


Si on cherche quelle est la variation moyenne pour 1°, on trouve : 


barreaux variation de tempér. intensité perdue coefficient 
5) 40° 41 0,00125 
4 70° 99 0,0018 
b) 68° 227 0,0039 
6 68° 142 0,0023 


Le coeflicient est caleulé en prenant le rapport entre l'intensité 
perdue et celle qui existait au commencement du réchauffement. — 
Ces coeflicients sont plus faibles que ceux des expériences où l’on 
réchauffait des barreaux pour la première fois, au-dessus de la tem- 
pérature primitive d’aimantation (tabl. VII). La moyenne pour ces 
derniers, est 0,00471 ; tandis que pour les précédents, elle est 
0,00231. Cette dernière valeur est cependant plus forte que celle 
qui correspond à un second réchauffement (tabl. VII). 

Mais, il convient de voir si la variation de l'intensité est la même 
lorsque la température s'approche du point où l'aimantation a eu 
lieu, puis lorsque le réchauffement se poursuit au-delà de ce point. 
En d’autres termes, il faut rechercher le coeflicient de variation après 
avoir partagé le réchauffement total en deux périodes ; l'une jus- 
qu'à 55° ou 60°, l’autre comprenant les températures supérieures. 
L'aimantation a eu lieu à 50° pour le barreau 3, à 55° pour 4, à 60° 
pour 5 et à 50° pour 6. — Le tableau XVII met bien en évidence 
les intensités de chaque barreau aux deux limites et à la température 
intermédiaire correspondant à l'aimantation. 


TABLEAU XVII. 


BARREAU 9 BARREAU 4 BARREAU D BARREAU 6 
A —, D |, 


tempér. | intensité | tempér. | intensité | tempér. | intensité | tempér. | intensité 


765 


22° 863 | 22° | 947 
50° | 885 
90° | 775 


60° 


818 


636 


Si l’on caleule maintenant le coefficient de variation pour chacun 
d'eux, on trouve : 


+ ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 377 


À, coeflicient de perte par réchauffement jusqu'à la température 
d’aimantation ; 

B, coeflicient de perte par réchauffement au-delà de la température 
d’aimantation. 


barreaux A B 
3 0,0013 
4 0,00019 0,0032 
5 0,00130 0,0060: 
6 0,0012 0,0030 


On voit que la variation est moins grande jusqu’à la température 
d'aimantation. La différence est assez analogue à celle qu’on observe 
entre les coefficients de perte lors d’un premier puis lors d’un second 
réchauffement (tabl. VII). 


28. Quand un barreau a éprouvé une première fois les modifica- 
tions moléculaires, quelles qu'elles soient, qui accompagnent une 
variation de température, les modifications suivantes influent moins 
Sur SO état magnétique. Dans le cas actuel , le réchauffement jus- 
qu'à 50 ou 60° est la seconde modification que le barreau éprouve, 
au point de vue des changements de température, entre ces limites 
là ; tandis que, dans les températures supérieures, ce réchauffement 
est la première variation. — Il se pourrait cependant que le fait seul 
que la variation de température est inférieure au point d’aimanta- 
tion ne soit pas indifférent à la grandeur de la perte de magnétisme. 
Cette supposition paraîtra plus probable par les considérations qui 
seront développées bientôt. 


WII. — Influence comparative des variations de température 
produites au-dessus et au-dessous de la température primitive 
d’aimantation. 


29. Lorsque les barreaux cités dans les derniers tableaux, sont 
abandonnés au refroidissement , ils reprennent une petite portion 
du magnétisme qu'ils avaient perdu. Ils se comportent donc comme. 
des aimants dont la température à varié au-dessus du point primitif 
d’aimantation, ou, en d'autres termes, la perte du magnétisme, par 
refroidissement, ne s’observe que lors du premier refroidissement 
après l'aimantation ?. 

Il est intéressant de voir, maintenant, si plusieurs variations suc- 


: Ce coeflicient me parait trop fort. Je ne saurais dire à quoi tient cette 
valeur maximum. 

? Ce fait, qui est évident d'après les tableaux précédents, ne m'avait pas 
frappé lorsque j'annonçai, pour la première fois, l'influence du refroidis- 
sement au-dessous de l’aimantation, et pourtant les chiffres bruts et enré- 
gistrés de mes expériences en étaient une preuve. M. Wiedemann, dans un 
excellent travail où il a bien voulu répéter quelques-uns de mes essais, m'y 
a rendu attentif. 5 


378 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


cessives de température les amènent aussi à cet état à peu près stable 
où un certain changement dans l'échelle thermométrique produit un 
changement toujours le même dans l'intensité. — Dès les premières 
recherches, il m'a paru que les cylindres dont on fait varier plu- 
sieurs fois la température, au-dessous de l’aimantation, présentent 
une variation d'intensité moins grande que les autres. Le tableau 
suivant donne la marche du phénomène pour le barreau 3, soumis 
pendant plusieurs jours de suite à cles changements de température 
toujours inférieurs à la température de son aimantation. Ce barreau 
fut aimanté de 50 à 55°. 


TABLEAU XVIII. 


TEMPÉRATURE INTENSITÉ 


14 avril . 53° 5,52 1000 
17° 4,85 878 
: 4,45 816 
JON, 0, 2 T0 50° 4,35 788 
18° L, 35 783 
ASNaNEL SU 41 Pa 50° 4,31 781 
2° 4, 40 797 
AAA. 2 19° 4,35 783 
49° 4,31 781 
4° 4, 38 793 
ZONE EU -2 < 48° L, 35 798 
4° 4,45 806 


v 


JO ATP EP 1, MES 14° L&, 475 809 
50° 4, 45 806 
20° L, 475 809 
LA 1 CUIR MR PSI 11° 4, 475 809 
D MEN 04 le, 11° 4, 45 806 


Il paraît que du 23 au 30, il y avait eu un léger déplacement dans 
la position du barreau; son intensité semble plus forte relativement 
à la terre, mais cela n’empêche point de voir que ses variations 
d'intensité finissent par être très-peu prononcées pour des variations 
de température assez notables. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 379 


30. Afin de bien reconnaitre quelle est l'influence des change- 
ments nombreux de température , jai choisi un cylindre trempé au 
rouge sombre, je l'ai aimanté de 55 à 60°, puis je l'ai soumis 14 fois 
à une opération qui consistait à le refroidir jusqu'à — 10°, dans un 
mélange réfrigérant, puis à le chauffer jusqu'à 60° dans l'eau. C’est 
après avoir subi ces vicissitudes qu'il a été placé dans l'appareil 
servant à déterminer l'intensité. Il fut examiné là, à diverses tem- 
pératures, variant de 15 ou 20° à 45 ou 50°: — L'intensité magné— 
tique varia si peu que, bien souvent, mes moyens d'observation n'é- 
taient pas Suflisants pour constater un changement. Ainsi : 6,32 
à 20°; 6,29 à,48°. 20°:,.,0,35;.48° : .… 6,32. 24°: .. 6,32; 
20°:.. 6,33 ; etc. 

Ce barreau fut laissé pendant plusieurs jours en place etil continua à 
présenter ainsi une sorte deconstance approximative très-remarquable. 

Un autre , trempé aussi au rouge sombre, fut aimanté à 50° ; il 
présentait une intensité de 8,40, qui devint 7,54 à 14°. Il fut égale- 
ment soumis à une série de réchauffements et refroidissements suc- 
cessifs entre 15 et 50°, puis fut de nouveau examiné sous le pendule 
magnétique. 

Voici quelques-unes des observations, poursuivies pendant plu- 
sieurs jours de suite : 


temps température | durée de 100 oscill. intensité 


APAUE 
pire 
1771}, 
NL 
178/! 
41771}, 
em kde A 
178/ 
FFE 
VE ad À 
1775 |, 
ATT "TS 
A77/1), 
AT 
a77 
A771/, 


176"), 
176/! 2 PS 
1765), 
176/’ 3 


LV U' TS. VAUT UV Te Lou el 


% vw v 


DID ASIN II I I IT I I 


SO w + % 


380 RECHERCHES SUR L'’INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


On voit que, encore ici, les variations d'intensité sont très-faibles 
et inférieures à ce qu'elles sont, pour de pareils écarts de tempéra- 
ture, lorsque la variation se fait au-dessus de la température d’ai- 
mantation. Les mêmes recherches entreprises avec d’autres barreaux 
m'ont donné des résultats analogues, et j'ai souvent eu l’occasion de 
regretter que des moyens d'observation plus précis ne fussent pas à 
ma disposition pour constater des différences si minimes, qu’elles 
devenaient souvent inappréciables à mon appareil. C’est cette insuf- 
fisante approximation dans mes moyens de mesurer le temps et 
d'apprécier rigoureusement le commencement et la fin d’une série 
d'oscillations magnétiques, qui est, sans doute, la cause des irrégu- 
larités qu'on remarque dans les chiffres précédents. — Ces résultats 
montrent, en tout cas, que la variation d'intensité est extrêmement 
faible et, si on les compare à ceux du tableau IX, on verra une dif- 
férence prononcée. 


31. Afin d'avoir un barreau préparé dans les conditions ordinai- 
res et tout à fait comparable aux précédents, j'en ai aimanté un 
vers 19 à 20°, puis je lui ai fait subir 36 variations de température 
de 20 à 90°. Examiné au point de vue de son intensité, il a donné 
les résultats suivants : 


temps température | durée de 400 oscill. | intensité | 
| 
| 
93 juin 18° 15471}, | 10,82 
36° 15617, | 10,42 
— 155’ 10, 69 
65° 160/1), 9, 89 
— 160/’ 9,95 
24 juin 18° 156/ 10,49 
se 1567’ 10, 49 
65° 16075), 9, 82 
4 1641), 9,75 
27 juin 24° 1581), 
nn 158/1, 
68° 164// 
— 164/’ 
46° 162/ 


On voit que, chaque jour, la variation de température de 20 à 65 
ou 68° provoque une variation d'intensité notablement supérieure à 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 384 


celle qui est constatée pour les barreaux qui précèdent immédiate 
ment. On remarquera, en outre, que malgré les 36 variations de 
température qu'a subies l'aimant, il continue à perdre un peu, cha- 
que jour , ou plutôt à chaque changement nouveau dans son état 
thermométrique. Il se peut, cependant, qu'un nombre suffisamment 
grand de variations amène le barreau à un état où il ne diminue dé- 
cidément plus; c’est au moins ce qu'a observé M. Holmgren :. 
M. Wiedemann a répété, en variant les méthodes d'observations, les 
expériences qui précèdent” et il est arrivé à des résultats analogues. 
Un de ses barreaux, aimanté à 18°, chauffé puis refroidi et chauffé 
de nouveau un grand nombre de fois présentait, à la fin, une varia- 
tion de 92 (0°) à 69 (100°). Un autre barreau, au contraire, aimanté 
d'abord à 100° puis refroidi à 0°, réchauffé et refroidi un grand 
nombre de fois, ne variait plus que de 83 (0°) à 79 (100°). Le coef- 
ficient de variation du premier est. 0,0025 ; celui du second : 0,00048. 


32. C’est un fait bien remarquable que les deux états différents 
dans lesquels se trouvent des barreaux de même dimension, de 
même substance, trempés de la même manière , tous les deux ma- 
gnétiques ; mais l’un variant entre certaines limites de température 
plus que l’autre, et cette inégalité se rattachant aux variations subies 
à partir de la température d'aimantation. 


33. Les phénomènes qui précèdent ne sont peut-être pas indiffé- 
rents pour l'étude d’une des questions les plus importantes de la 
physique du globe, c'est-à-dire l’état magnétique de la terre. La 
détermination de l'intensité magnétique terrestre ne peut être entre- 
prise, avec précision, que si l'on tient compte des variations nota- 
bles que subit le barreau lui-même. Que l'on emploie la méthode 
des oscillations ou le pendule bifilaire de Gauss, le résultat définitif 
dépend toujours de l'intensité du barreau aimanté au moment où 
l'on observe, c'est-à-dire d’une quantité qui varie avec la température. 

Les premières expériences, ayant pour objet l'intensité magnéti- 
que du globe, entreprises par des physiciens illustres, ne sont pas 
toujours corrigées de l'influence de la température et elles sont ainsi 
entachées d'une erreur assez grave. Hansteen, dans ses nombreux 
tavaux sur ce sujet, s'est fortement préoccupé de l'influence de la 
chaleur ; il a cherché, un des premiers, à la déterminer et à en tenir 
compte et ils s’est parfaitement aperçu de la difficulté que présentait 
cette recherche et des différences qui se rencontrent dans des bar- 
reaux en apparence semblables®. M. Christie“ signale également des 


1 Ouvrage cité, page 515. 

2 J'avais annoncé ces résultats dans la Bibliothèque universelle, jan- 
vier 1857. 

3 Poggendorf's Annalen, 4827. 

#Philosophical Transactions, 1895. 


382 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


différences dans les divers points de l'échelle thermométrique. Cet 
auteur, ainsi que Kuplfer, qui s’est occupé avec tant de persévérance 
de ces questions, savait que par des variations successives de tem- 
pérature on amène les aimants à un état plus stable. 

Dans une époque plus rapprochée de nous, on a moins cherché à 
connaître la vraie loi qui relie la température et l'intensité magnéti- 
que des barreaux, qu'à déterminer empiriquement l'influence de la 
température sur les indications de l'aiguille dans les circonstances où 
on l'observe. C’est ainsi qu'ont agi, par des méthodes différentes et 
en employant beaucoup d’ingénieuses précautions, MM. Bravais ! et 
Lamont®. 

Tous les auteurs sont d'accord pour signaler de grandes difficultés 
dans la détermination de la correction de la température, difficultés 
qui proviennent surtout des différences que présentent entre eux les 
divers aimants, ou, un même barrreau, dans les divers points de 
l'échelle thermométrique. — Ces irrégularités pourraient bien pro- 
venir, en partie au moins, du fait qu'il a été aimanté, généralement, 
entre les limites de températures entre lesquelles on l'emploie. Les ré- 
sultats rapportés plus haut montrent, d’une manière évidente, que 
la température du point d'aimantation est, en quelque sorte, une 
température exceptionnelle, qui n’est point indifférente aux phéno- 
mènes auxquels le barreau donnera lieu plus tard. Il est fort pro- 
bable que, dans la suite des variations, le coeflicient n’est pas le 
même pour les températures supérieures et pour les températures 
inférieures à ce point-là. Dans les expériences préliminaires, où l’on 
fait varier le barreau entre certaines limites de chaleur pour déter- 
miner sa correction, on aura des résultats qui ne seront point par- 
faitement les mêmes suivant que ces deux limites seront l’une et 
l'autre supérieures à la température d’aimantation, ou bien l’une 
supérieure et l’autre inférieure. 

Il faudra préférablemeni atmanter le barreau à une température 
sûrement au-dessus des limites entre lesquelles on se propose de le 
faire varier plus tard dans les observations. Jusqu'à présent, on a 
toujours aimanté les aiguilles destinées aux recherches du magné- 
tisme terrestre, daus les températures ordinaires, puis on les faisait 
varier un gran nombre de fois jusque dans des points assez élevés 
de l'échelle thermométrique.— Ne conviendrait-il pas de les aiman- 
ter plutôt à une température supérieure à celle que l'on peut attendre 
dans les observations, à 40 ou 50° par exemple? Après les avoir 
aimaniés, on les ferait varier un grand nombre de fois entre cette 
limite-là et 20° au-dessous de 0°. IL est fort probable qu’alors, en- 
suite des recherches et des raisonnements qui précèdent, leur varia- 


? Observations de l'intensité magnétique terrestre en France, Suisse et 
Savoie. — Sur les observations de l'intensité magnétique horizontale à Bos- 


sekop en 1858 et 1839. 
? Beschreibung der an der Munchern Sternwarte zu der Beobachtungen 
verwendete Instrumente und Apparate. Munchen, 1851. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 383 


tion serait tout à la fois plus régulière et plus faible. — Il est évident 
que, plus la variation est faible, plus les erreurs, quelles qu'elles 
soient (détermination insuffisamment exacte du coeflicient de correc- 
tion, appréciation fausse de la température au moment de l’obser- 
vation, etc.) seront diminuées. 

Il n’y a pas à craindre que l’intensité magnétique à communiquer 
aux aiguilles ne puisse être suflisante si on les aimante à une tempé- 
rature un peu élevée; de nombreuses tentatives m'ont prouvé qu’à 
50, 60 et même 80°, on peut donner à un barreau une force bien 
suffisante pour les mesures relatives au magnétisme terrestre. 


VIII. — Variation de l'intensité magnétique au-dessus de 100°. 


3%. Dans la première partie de ces Recherches, on a vu avec quel 
degré de vitesse les aimants perdent leur intensité magnétique pour 
une certaine élévation de température. En supposant que la dimi- 
nution continue à se faire suivant les mêmes lois, on a pu remarquer 
qu'une température même peu élevée devait anéantir complétement 
le magnétisme des barreaux ou, du moins, le diminuer tellement 
qu'il ne serait pas possible de le constater. — IL est sûrement inté- 
ressant de voir comment les barreaux se comportent au delà de 100”, 
de suivre leurs variations d'intensité dans des points de l'échelle 
thérmométrique où l’on ne peut point les amener à l’aide de l’eau 
bouillante. 

La plupart des recherches qui ont été faites dans les températures 
supérieures à 100° se rapportent à l’état incandescent du fer et, de- 
puis longtemps, on répète qu'à ce point-là, peu précis dans l’échelle 
thermométrique, les aimants ont entièrement perdu leurs propriétés 
caractéristiques. — Gilbert déjà dit que: « les aimants artificiels et 
« naturels perdent leur magnétisme par le feu ». Boyle et Lémery ! 
disent que cette perte a lieu avant le rouge. Des essais assez nom- 
breux ont été faits par Gilbert, Dufay?, J. C.5, etc. sur l’intensité 
magnétique pendant le rouge plus ou moins vif et après le refroidis- 
sement. — Plus récemment, Barlow et Bonnycastle * ont aussi exa- 
miné les résultats d’une température élevée sur les barreaux d'acier. 

Mais, entre 100° et le rouge il y a un intervalle considérable 
pendant lequel le magnétisme des aimants éprouve des variations et 
une diminution qui n'ont point été étudiées. Le moment où le ma- 
gnétisme abandonne les barreaux d'acier est, sans doute, bien supé- 
rieur à 100°; mais on ne saurait dire s’il est éloigné ou rapproché 
du rouge. Les recherches dans les températures supérieures à 100° 
ont été en général négligées. M. Plücker® , cependant, a examiné les 


1 Mémoires de l’Académie de Paris, 1700. 
? Mémoires de l’Académie de Paris, 1798. 
3 Philosophical Transactions, 1694. 

4 Poggendorf’s Annalen, 1827. 

5 Poggendorfs Annalen, 1848. 


384 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


variations que présentait un barreau de fer, aimanté par le courant 
de deux éléments de Grove, alors qu’il était plongé dans du sable et 
porté jusqu’à 300°. 


35. Je suis parvenu à suivre les variations de l'intensité magné- 
tique des barreaux d'acier jusqu'à 260°, et à constater que, à cette 
température certes bien éloignée du rouge, les aimants ne conser- 
vent plus qu'une faible fraction de leur force primitive. L'influence 
de la trempe s’est ensuite montrée d’une manière très-nette. 


36. Afin de chauffer les barreaux au-dessus de 100”, j'ai dû em- 
ployer une disposition autre que celle qui à été précédemment dé- 
crite. L'appareil consistait en une caisse en cuivre dans laquelle les 
barreaux étaient renfermés (fig. 3); cette caisse, remplie d'huile de 
lin, se fermait hermétiquement à l'aide d'un couverele muni de deux 
ouvertures tubulées, l’une destinée au thermomètre, l’autre à la sor- 
tie des vapeurs. La cuvette du thermomètre venait se placer immé- 
diatement à côté du barreau en expérimentation et plongeait par 
conséquent dans l'huile. Le barreau était élevé, par des supports, 
jusqu'aux trois quarts, environ, de la hauteur de la caisse, afin d'é- 
viter son contact avec le fond. La caisse renfermant le barreau était 
placée sur une grille, immédiatement au-dessous d'un pendule ma- 
gnétique constitué par le petit barreau cylindrique de 20 grammes, 
précédemment indiqué. Les précautions étaient prises pour que le 
gros barreau fût exactement parallèle au pendule dans le méridien 
magnétique, et pour que la verticale du fil passât par son milieu. — 
La caisse étant close était solidement attachée à la grille, par des fils 
de cuivre, afin d'éviter tout dérangement. 


37. Les barreaux examinés étaient des morceaux d'acier eylin- 
driques un peu plus petits que ceux dont il a été question jusqu’à 
présent ; ils avaient 16 centimètres de longeur, 11 millimètres de 
diamètre, et pesaient, en moyenne, 130 grammes. — Ils étaient 
préalablement trempés puis aimantés à l'aide d'un énergique électro- 
aimant. Les expériences n’ont jamais été faites que plusieurs jours 
après l’aimantation, afin qu'il n’y eût pas à craindre une perte prove- 
nant de sursaturation. 


38. À la distance où se trouvait de la caisse le pendule magnéti- 
tique (10 centimètres environ), les courants d’air chaud, produits 
par l'élévation de température, l’auraient agité trop vivement en 
même temps qu'ils auraient influé sur son intensité. Pour parer à cet 
inconvénient, la caisse était recouverte par un écran en bois d’en- 
viron 15 décimètres carrés, percé convenablement pour le thermo- 
mètre et le tûbe de vapeur. Au-dessus de cet écran se trouvait une 
couche de coton d'environ 3 centimètres, puis un nouvel écran en 
carton. Le barreau pendule était alors à 3 ou 4 centimètres au-des- 
sus de cette dernière plaque ; les courants d’air chaud ne se sont 
point produits et, quoique la température de la caisse ait été portée 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 389 


à 260° et plus, la couche d’air environnant le pendule a varié au 
plus de 8 à 10°. — La caisse était chauffée directement à l’aide de 
deux lampes à alcool. L’intensité magnétique aux diverses tempéra- 
tures se déterminait comme précédemment ; seulement, il se présen- 
tait ici une difliculté assez sérieuse. Le chauffage par le moyen de 
lampes à alcool ne permettait point de ralentir, à un moment donné, 
l'élévation de la température et de la maintenir constante pendant la 
durée d’une détermination d'intensité. Cette circonstance amène for- 
cément un peu d'indétermination dans la mesure précise de la tem- 
pérature correspondant à une intensité déterminée. — J'ai noté gé- 
néralement, comme température, la moyenne des deux indications 
du thermomètre avant et après l'observation. En outre, j'ai, dans 
presque tous les cas, fait deux déterminations d'intensité, au même 
point de l'échelle thermométrique, et j’ai pris la moyenne des deux 
résultats comme exprimant l'intensité au moment thermométrique 
moyen des deux observations. 


39. Voici, pour donner une idée du genre de précision possible, 
le résultat brut des expériences pour deux barreaux. 


TABLEAU XXI. 


BARREAU BARREAU B 
A  ——., 


nombre nombre durée totale 
des oscill. 


température 
température 


des wscill, | durée totale 


104// 124" 
103 120/’ 

120// 
114/ 


1157 5 106 


im 
en 
[=] 


139/1/, 1187 
140/ 118/’ 


1667’ 165 
1657’ 165/’ 


135/ 161” 
136/ 111" 


145/ 166" 

166/ 110” 
1657’ 

150/ 

150717 


386 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


40. Les divers barreaux ne possédaient point tous une même in- 
tensité primitive. Le tableau suivant montre le résultat immédiat des 
expériences et rend déjà très-sensible la diminution notable produite 
jusqu'à 250°. 


TABLEAU XXII. 


INTENSITÉ 


température 


je | B | C | D | C/ | A 
5.86 | 7,06 | 4,85 | 6,45 | 8,00 | 12,46 

1.90 | 5.35 | 3/70 | #66 | 6:67 | 830 

pr LE ienbltl Dateore 'emiepo 6e 

195 | 2,34 | 1,47 | 2,02 | 2,64 | 
0.61 | 1,98 2 [946 | 243 
044 | 0.82 | 0,12 | 0,93 | 143 | 1,07 

HÉPTE Gygu dt Emañttéq A ea: 3 Me 
0,34 | — | 0,10 | 0,22 | 1,02 | 0,93 

Le 0} ÉX NU ARRET TT OT 


On voit que tous exerçaient une action plus énergique que celle 
de la terre; le plus faible, C, était presque cinq fois plus intense. 
Afin de les rendre comparables, on a calculé les valeurs du ta- 
bleau XXII en représentant par 4000 l'intensité de chaque barreau 
à la température initiale 40°; c’est ainsi qu'a été obtenu le ta- 
bleau XXIIT. 


TABLEAU XXII. 


INTENSITÉ 
température TR T LE EE 


an]! med I don) |o |. 
| 


10° 1000 | 1000 | 1000 | 1000 | 1000 | 1000 
95 — 100° | 836 | 758 | 781 722 | 833 665 


130° 519 — — | 313 — 539 
170° 333 | 991 241 202 | 330 — 
200° 104 | 181 — — | 270 171 
230 - 35° 75 116 25 36 | 180 86 
240° — | 112 — — _— — 
250° D8 — 21 34 | 130 75 


260° — — — — | 112 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 387 


On aperçoit ici, d’une manière très-marquée, que les divers bar- 
reaux ne subissent pas également l'influence de l'élévation de tem- 
pérature. On aperçoit, en outre, qu'à 250° l'intensité magnétique est 
considérablement réduite. Celui qui en conserve le plus a perdu 
les 0,87 de son intensité primitive et celui qui en conserve le moins 
a perdu les 0,98 : il est presque entièrement désaimanté. 


&1. Les variations différentes que présentent les divers barreaux 
se rattachent, comme on va le voir, à leur trempe plus ou moins dure. 
Le barreau A a été trempé au rouge vif, B au rouge cerise vif, C au 
rouge sombre, D au rouge noir, C/ au rouge irès-vif, A’ au rouge 
noir. — Il suflit de jeter les yeux sur le tableau XXII pour remar- 
quer que ceux qui ont été trempés au rouge vif ou cerise perdent 
noins par l'élévation de température, que ceux qui l'ont été au rouge 
sombre et noir. Pour rendre cette différence évidente, il suffit d’é- 
tablir deux groupes: le premier formé de A, B, C/ trempés dur, et 
le second de C, D, A’ trempés moins dur. En prenant les résultats 
moyens on constitue le tableau suivant : 


TABLEAU XXIV. 


température A, B, CI C, D, A’! 
10° 1000 1000 
95 - 100° 809 723 
130° 519 42% 
170° 331 224 
200° 15 171 
230 — 35° 123 49 
“240° — = 
250° 94 44 
260° — F9 


On voit d’une manière évidente, et dans toute la série des tempé- 
ratures, que les barreaux les plus fortement trempés conservent le 
mieux leur magnétisme. Afin de m'assurer que cette différence tient 
bien à la trempe et non à quelque propriété particulière de l'acier de 
chaque cylindre, j'ai soumis à deux essais un même cylindre. — Le 
barreau C, après avoir subi un premier essai, fut chauffé au rouge 
vif puis trempé: c’est C/; À, qui avait été examiné après une pre- 
mière trempe dure fut chauffé puis trempé au noir: c’est A/.— Afin 
d'éliminer l'influence que pourrait avoir la qualité, en quelque sorte, 
métallique de chaque barreau, il suflit donc d'examiner les moyennes 
de deux groupes: A et C/ puis G et A’. On trouve ainsi : 


388 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


TABLEAU XXV. 


température AC’ C A’ 
10° 1000 1000 

95 - 100° 834 723 
130° == PE 
170° 332 241 
200° 187 171 
230 - 35° 127 55 
250° 9% 50 


L'ensemble de ces résultats et surtout le tableau XXV permettent 
donc de tirer cette conclusion: les barreaux d'acier fortement trem- 
pés perdent une proportion moins forte de leur magnétisme, lorsqu'on 
les porte de A0 à 250", que ceux qui ont subi une trempe plus faible. 


42. Il y aurait maintenant à rechercher si les intensités corres- 
pondant aux diverses températures, sont soumises à quelque loi 
simple de variation. — Les divers barreaux pris isolément, pas plus 
que les moyennes, ne vérifient la proportionnalité de la diminution 
avec la température. J'ai essayé de représenter quelques-unes des 
observations par la formule déjà examinée : 


[=a—bt—ct° 


Mais elle ne convient décidément pas pour les chiffres des tableaux 
précédents. — Si l’on cherche le coeflicient de variation pour 1°, on 
trouve des valeurs différentes suivant les divers points de l’échelle 
thermométrique et suivant les barreaux. 

Le premier groupe des barreaux trempés dur (A, B, C”) donne, 
comme coefficient moyen: 0,0021 entre 10 et 100°; 0,009 entre 
100 et 430° ; 0,00%%4 entre 130 et 170° ; 0,0048 entre 170 et 200° ; 
0,0019 entre 200 et 230°. Le second groupe des barreaux trempés 
plus doux (C, D, A’ ) donne 0,003 de 10 à 100°; 0,0099 de 100 
à 130°; 0,005 de 130 à 170° ; 0,0017 de 170 à 200; 0,0035 de 
200 à 230°. — Les coeflicients de perte sont plus forts pour ces 
derniers que pour les premiers; ce n’est qu'une nouvelle forme de la 
loi indiquée plus haut. 


43. Ces coefficients sont généralement plus faibles que ceux qui 
se trouvent dans le tableau VIIL et qui se rapportent aux premiers 
aimants examinés. Cette différence peut provenir du degré de trempe, 
de la rapidité de l’échauffement , de la dimension des barreaux. — 
Les premiers barreaux avaient été trempés au même degré que ceux 
du groupe (A, B, C’); le coefficient moyen de variation des premiers 
entre 10 et 100° avait été : 0,0046%; celui des seconds est: 0,0021. 


nn mo js 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER. 389 


— La différence des dimensions peut avoir de l'influence; car sui- 
vant les recherches de Riess et Moser ‘, les barreaux plus épais 
perdent une plus forte proportion que ceux qui le sont moins. — 
L'intervalle pendant lequel la variation de température se produisait 
est enfin peut-être à considérer. MM. Riess et Moser la considèrent 
absolument comme indifférente et des recherches décrites précédem- 
ment dans ce Mémoire, semblent assez appuyer leurs conclusions. 
( V) D'une autre part, M. Holmgren ? soutient une opinion qui 
paraitrait appuyée par les chiffres ci-dessus; ear la durée du ré- 
chauffement dans l'huile a toujours été notablement moindre que 
dans les premières expériences où l’on chauffait à l'aide d’un courant 
de vapeur. 


k4. Les divers barreaux, examinés séparément, ou les deux 
groupes examinés dans leur variation moyenne montrent tous que 
la variation est plus forte entre 100 et 200° qu'entre O et 100° ou 
au-dessus de 200°. — Au-dessus de 200°, la diminution du magné- 
tisme parait se faire avec plus de lenteur et quoique à 250° les bar- 
reaux trempés dur ont perdu 0,90 de leur intensité primitive, les 
autres 0,95, 4 n'est quêre possible de prévoir à quelle température la 
chaleur enlève complétement le magnétisme d'un barreau aimante. 
En voyant la diminution rapide qui se fait à partir de 100° et la 
forme des courbes * qui représentent les expériences, on serait dis- 
posé à penser que 300° au plus suffisent pour produire la désaiman- 
tation. Cette conclusion peut paraitre cependant moins certaine quand 
on remarque la diminution du coeflicient de perte à partir de 200°. 


45. En laissant refroidir les barreaux amenés à ces hautes tempé- 
ratures, ils recouvrent une partie de leur magnétisme. Voici quelles 
ont été les intensités observées lorsque les aimants précédents ont 
été ramenés à 10°: 


TABLEAU XXVI. 


tempér. 
À . . 182 Clures 260 À, B, C!' . : 216 
10° | B -. 185 Alec: . «300 G:D, A! -::5971 
C .. 354 À, C’. . 221 C, A’ 372 
D . . 368 


On voit ainsi ce résultat évident et remarquable que Les barreaux 
trempés dur, ceux qui ont le moins fortement subi l'influence de l’é- 


1 Poggendorf’s Annalen, 1829, page 441. 
? Ouvrage cité. 
3 J'ai construit ces courbes pour les deux groupes de barreaux. 


390 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


lévation de température, sont aussi ceux qui recouvrent le moins par 
le refroidissement. Les barreaux trempés dur (A, B, C/ et A, C/) ont 
subi une perte en quelque sorte stable, définitive ; tandis que les bar- 
reaux trempés seulement au noir sont, après le refroidissement, plus 
magnétiques que les premiers. Ainsi, de deux aimants, l'un à trempe 
dure et l’autre à trempe faible, le premier se conservera plus intense 
que le second par l'élévation de température; la différence pourra 
être très-prononcée au moment du maximum de chaleur, puis, par 
le refroidissement, le barreau trempé faible recouvrera non-seule- 
ment assez de magnétisme pour égaler l’autre, mais lorsque tous 
deux seront revenus à leur point de départ, il aura, en définitive, 
une intensité plus forte. —Le tableau XXVI montre que les barreaux 
trempés dur ont recouvré, en moyenne, en passant de 250 à 10°, 
0,122 de leur intensité primitive; ceux à trempe plus faible, 0,327. 
Dans les premiers! il y a eu 0,784 définitivement perdus, dans les 
seconds, seulement 0,629. 


4G. En chauffant une seconde fois les barreaux ci-dessus, ils perdent 
une nouvelle portion de leur intensité magnétique et se trouvent plus 
affaiblis encore qu'après la première opération. Le tableau XXVII 
montre les résultats calculés et réduits, en prenant pour base l'inten- 
sité primitive représentée par 1000, pour A, B et D. 


TABLEAU XXVIL. 


température A B D 

10° 182 185 368 
170° — 136 149 
180° — — 145 
210° 36 — — 
230° — — — 
235° — 62 17 
250° 31 — 17 


Le barreau A, qui avait perdu 0,942 à un premier réchauffement, 
ne perd plus que 0,151 à un second. Son intensité se trouve alors 
réduite à 0,031 dé ce qu’elle était primitivement. Le barreau B, qui 
avait perdu 0,888 une première fois, ne perd plus que 0,123 dans 
une seconde opération. Tous présentent les mêmes résultats. — Le 
refroidissement, après une seconde élévation de température, amène 
les barreaux trempés doux à une intensité qui est peu différente de 
celle qu’on a obtenue après le premier refroidissement. Un premier 
réchauffement avait définitivement enlevé aux barreaux G et D une 
intensité de 0,646 et 0,632; un second réchauffement n’enleva défi 


ET LA TEMPÉRATURE DE L' ACIER. 391 


nitivement que 0,047 et 0,040, c'est-à-dire 16 fois moins. Après le 
refroidissement succédant à la première élévation de température, il 
restait à D, 368 ; après le second refroidissement, il lui reste 330. 

Les barreaux trempés dur présentent tous des pertes définitives 
plus considérables. — Ainsi, par des réchauffements répétés et suc- 
cessifs, on affuiblira beaucoup plus promptement un aimant forte- 
ment trempé qu'un autre trempé plus faible. 


IX. — Aimantation des barreaux d'acier pendant 
leur refroidissement. 


47. [n’est malheureusement guère possible de suivre les varia- 
tions de l'intensité magnétique des aimants pendant la série des tem- 
pératures qui s'étend depuis 300° jusqu'au rouge. Lorsqu'un barreau 
est arrivé à la température du rouge, il ne manifeste pas de magné- 
tisme, et tous les auteurs sont d'accord pour dire que cette chaleur 
considérable détruit complétement les propriétés attractives des ai- 
mants. Lorsqu'on laisse refroidir les barreaux à partir de ce point-là, 
ils peuvent s'aimanter par le simple refroidissement et acquérir une 
polarité, faible sans doute, mais cependant appréciable , si toutefois 
le barreau est convenablement orienté pendant son abaissement de 
température. — Le magnétisme qui apparait par le refroidissement, 
commence à se manifester lorsque le barreau ne paraît plus lumi- 
neux à la clarté ordinaire du jour, suivant Gilbert. Du Fay remar- 
qua que c'est la position du barreau pendant le refroidissement qui 
influe sur les propriétés nouvelles qu’il acquiert. Plus tard, Barlow 
et Bonnycastle se sont occupés de l'influence des hautes températu- 
res sur les aimants et, après avoir confirmé les indications des au- 
teurs précédents, ils annoncèrent que, pendant le refroidissement, il 
y a une certaine température où les barreaux présentent une pola- 
rité inverse de celle qui s’observe après le refroidissement complet. 
C’est dans le parcours des températures désignées par bright red 
and red heat que se produit cet étrange changement. Seebeck, peu 
de temps après les recherches de Barlow et Bonnycastle, a répété 
quelques-unes de leurs expériences sans confirmer toujours leurs 
résultats, et il a, en outre, recherché comment les pôles se distri- 
buent dans le barreau lorsqu'ils y apparaissent par uu refroidisse- 
ment partiel ou total de la masse. 

Dans toutes ces recherches, on n’a pas mesuré l'intensité magnéti- 
que qui se produit par le refroidissement, ni étudié la différence qui 
peut provenir d'un refroidissement lent ou rapide, et enfin l'influence 
que peut avoir, sur le résultat final, le fait que les barreaux que l’on 
examine étaient ou non aimantés avant qu'on les portät au rouge. 


48. J'ai fait un certain nombre d'expériences relatives à l’action 
de très-hautes températures sur les barreaux, et à l’aimantation qui 


392 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


se produit pendant le refroidissement. Les résultats, sans être d'une 
extrême précision, permettent cependant de tirer des conclusions 
intéressantes. 


49. Les barreaux examinés étaient des cylindres plus petits que 
ceux dont il a été question jusqu’à présent. Leur longueur était 
de 160 millim., leur diamètre de 11 millim. et leur poids, en 
moyenne, de 130 grammes. Il était ainsi possible de les chauffer dans 
toute leur masse à une même température. Leur intensité magné- 
tique a toujours été déterminée par la méthode précédemment décrite ; 
mais ils ont été examinés au pendule magnétique seulement après 
leur refroidissement, c’est-à-dire après la variation de température. 
Pour étudier leur action sur le pendule, on les plaçait sur une sorte 
de chevalet qui pouvait en être plus ou moins rapproché. Une mince 
tige de fer, convenablement implantée sur la base même du chevalet, 
permettait de placer un même barreau dans une position toujours 
parfaitement identique, en le laissant glisser autant que le comportait 
l’écartement des bras du chevalet, puis en le poussant jusqu’à ce 
qu'il vint appuyer, par une de ses extrémités, contre la pomte de 
fer. Des précautions étaient prises pour qu'il se trouvât ainsi paral- 
lèle au pendule magnétique, horizontal et ayant son centre situé sur 
le prolongement du fil de suspension, Le petit théodolite, placé à 6 
mètres de distance et pourvu d’un réticule, permettait de s’assurer 
de la position donnée au barreau et de constater, par conséquent, si 
cette position était bien toujours la même. J'ai reconnu par de nom- 
breux essais préliminaires, qu'en enlevani le barreau puis en le re- 
plaçant, il revenait à une position assez exactement la même pour 
que son action sur le pendule magnétique ne présentât aucun chan- 
gement appréciable. 

Le pendule magnétique était toujours un petit barreau cylindrique 
de 25 grammes. Il avait été, suivant la méthode que j'ai discutée 
($ 33), aimanté à 60°, puis refroidi et réchauflé un grand nombre de 
fois afin de le rendre aussi insensible que possible aux variations, 
d’ailleurs faibles , de la température ambiante. — Sous l’mfluence 
de la terre seule, son osciliation, déduite comme moyenne d’un grand 
nombre d'expériences, était 4//,57. 


50. Les barreaux 1, 2, 3, 4, 5, 6, ont été trempés au rouge ce- 
rise, puis aimantés à l’aide d’un gros électro-aimant et de frictions 
pratiquées suivant le procédé de la touche séparée. Trois d’entre 
eux (1, 2,53,) ont été recuits jusque dans le voisinage du rouge 
sombre avant l’aimantation. — On a déterminé leur intensité magné- 
tique en les plaçant successivement sous le pendule. Les observa- 
tions ont été calculées à l’aide de la formule connue ($ 1) et on a 
trouvé : 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 393 


TABLEAU XXVIIE. 


barreaux intensité 
1 6,18 
2 6,56 
3 6,18 
4 4,36 
5 1 QURS 69419810 4190 
6 Toad oc EE 


On peut remarquer ici, ce que j'ai du reste souvent eu l'occasion 
d'observer, que les barreaux trempés les plus dur s’aimantent moins 
ue cenx qui ont été trempés plus doux ou recuits convenablement, 
oulomb avait déjà indiqué ce fait ; mais certains auteurs annoncent 
l'inverse. 

Il importe maintenant, pour les expériences qui vont suivre, 
de distinguer les deux extrémités d’un même barreau. Comme cha- 
eun d'eux était marqué par des traits plus ou moins nombreux à 
l’une de ses extrémités, je désignerai cette ‘extrémité-là par T et 
l'autre par U. J'appellerai pôle nord du barreau celui qui attirerait 
l'extrémité nord d’une aiguille de boussole, celui qui se dirigerait vers 
le sud si le barreau était librement suspendu. Voici quel était l’état 
des barreaux, à ce point de vue, après leur aimantation : À et 3 
avaient leur pôle nord en U; 2, 4, 5 et 6 l'avaient en T. 


51. Quatre barreaux furent chauffés dans des charbons incandes- 
cents jusqu'au rouge cerise, puis refroidis dans le plan du méridien 
magnétique, l’une des extrémités tournée vers le nord. Deux (1 et 4) 
furent refroidis lentement, deux autres (3 et 6) furent refroiïdis brus- 
quement par l'immersion dans l’eau froide. On les examina ensuite 
au pendule magnétique afin de constater, tout à la fois, l'existence 
d'une polarité et l'intensité du magnétisme. Chacun fut l'objet de 
deux déterminations ; la première lorsque T, par exemple, est dirigé 
vérs le nord et U vers le sud, la seconde après retournement, lorsque 
U est vers le nord et T vers le sud. | 


52. Ilest clair que si un barreau a une polarité qui ne soit nul- 
lement affectée par le fait du retournement sous le pendule, si son 
pôle nord est en T, par exemple, il provoquera d’abord, dans le 
pendule, une oscillation dont la durée sera %//,57—b, b dépendant 
de son intensité ; puis, par le retournement, il provoquera une oscil- 
lation de 4/,57L4". Or, il est facile de voir que, si l'intensité du 
barreau est faible, b sera sensiblement égal à b. — En eflet, soit 4 
l'intensité de la terre, a celle d'un barreau. Il est clair que les forces 
auxquelles sera soumis le pendule dans une première position du 
barreau, puis lors du retournement, seront 1 a et 1—a, Si, 
d’ailleurs, T est la durée d’une oscillation sous l’mfluence de la terre 


“ 


394 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


seule, £ et t” celles d’une oscillation sous l'influence de la terre et du 
barreau dans sa première, puis dans sa seconde position, on aura 
évidemment, en vertu des formules connues du pendule 

F2 T° 


2 — 


1La se PA 


in 


Appelons b et b’ les différences entre les valeurs de t, t/ et T, on 
aura : 


d'où l’on tire facilement : 


b=T fo) 


Il est clair que ces deux valeurs diffèrent peu l’une de l'autre, 
lorsque a est très-petit. Si, par exemple, l’on calcule b et b’ pour le 
cas d’un barreau dont l'intensité est 0,10, alors que T = 4//,57, on 
trouve : 


b=0/",91 bi=0,25. 


53. Le tableau suivant contient les résultats obtenus. 


TABLEAU XXIX. 


U tourné vers le nord T tourné vers le nord 
barreaux 
durée : ef durée : eg” 
d’une oscill. intensité d’une oscill. intensité 


4,15 #7,37 | 0,09 
w'5S1 4!" RQ 
436 AN 
w1 37 #5 | 0,05 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 395 


Les barreaux 1 et 3 avaient l'extrémité U dirigée vers le nord 
pendant leur refroidissement; pour les barreaux 4 et 6 c'était l'ex- 
trémité T. — On remarquera ici: 1° que la polarité n’est pas nette- 
ment prononcée , puisque, quelle que soit la position du barreau 
(retourné ou non) , il produit toujours une oscillation du pendule 
plus rapide que celle qui résulte de la terre seule ; 2° qu'il y a ce- 
pendant polarité et que ce n’est pas la simple action d'un corps ma- 
gnétique, puisque l'influence n'est pas la même dans les deux posi- 
tions. 

On remarquera, en outre, que les barreaux 1 et 3, qui ont été 
refroidis T tourné vers le sud, présentent en T un magnétisme nord 
plus développé que vers l'extrémité U ; les barreaux 4 et 6, qui ont 
été refroidis U tourné vers le sud, présentent au contraire un magné- 
tisme nord plus intense en U. — Si on compare l'état actuel des 
barreaux avec leur état avant le réchauffement, on verra que, par 
le refroidissement , les pôles sont, pour quelques-uns , intervertis. 
Le cylindre 4, par exemple, avait un magnétisme nord à l’extré- 
mité U; après le refroidissement, son action sur le pendule est celui 
d’un barreau qui aurait du magnétisme nord à ses deux extrémités, 
mais davantage en T qu'en U. Il en est de même pour les autres. — 
Ainsi, le refroidissement à partir du rouge, sur des barreaux primi- 
tivement aimantés et orientés du sud au nord , n’a pas produit une 
polarité nette ; il s'est bien produit un pôle nord à l'extrémité tour- 
née vers le sud pendant l’abaissement de température: mais l’extré- 
mité dirigée vers le nord, et qui était un pôle nord avant le réchauf- 
fement, conserve une faible portion de son magnétisme. 


54. Les barreaux précédents ont été soumis à une seconde expé- 
rience semblable à la première. — Ils ont d’abord été chauffés au 
rouge, trempés perpendiculairement au méridien magnétique, puis 
aimantés de telle façon que leur extrémité T devint un pôle nord. 
On a déterminé leur intensité magnétique : 


TABLEAU XXX. 
barreaux intensité 
| ol 6,12 
, DEC 6,56 
E VAE è 7,46 
ae osrtss 4,90 
Brie 4,90 
Gite x ; 9,62 


Tous ont été ensuite chauflés au rouge cerise vif puis, lorsque le 
refroidissement les amenait au rouge cerise sombre, on les trempait. 
brusquement dans l'eau froide, parallèlement à l'aiguille d’inelinai- 


396 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


son. Les cylindres 2, 3, 6 avaient leur extrémité U en bas pendant 
cette trempe; 4, 5 et 4 avaient l'extrémité U en haut. On les examina 
au pendule magnétique en plaçant d'abord T vers le nord, ensuite U. 
Voici le résultat des observations : 


TABLEAU XXXI. 


U tourné vers le nord T tourné vers le nord 
barreaux Re. TT 


durée ER durée r > 
d'une oscill. intensité d'une oscill. intensité 


5/05 471,05 


4/65 y" 30 
#7 70 gr 21 
“as | 0,05 | 4492 
4,65 47:30 
#50 | 0,03 | 4,37 


On voit que les barreaux 1, 2,3 et 5 ont une polarité bien mar- 
quée, T étant le pôle nord comme il l'était avant le réchauffement; 
4 et 6 sont dans les mêmes conditions que ceux du tableau XXIX, 
et leur extrémité T, qui a la polarité la plus prononcée, est aussi 
celle qui était pôle nord avant l'élévation de température. La polarité 
s’est donc, en quelque sorte, conservée malgré le rouge vif, surtout 
dans 1 et 5, et quoique, pendant le refroidissement, T ait été situé 
en bas, c'est-à-dire dans les conditions favorables pour devenir un 
pôle sud; 4, qui aurait dù également posséder un pôle sud en T, 
présente au contraire plus de magnétisme nord à cette extrémité-là 
qu'en U. 

Avant d'examiner toutes les conséquences qui résultent de ces 
premiers essais, il est bon de voir maintenant l'influence du refroi- 
dissement sur des barreaux pris à l’état naturel et portés au rouge. 


55. Six nouveaux barreaux, en tout point semblables aux précé- 
dents et pris à une tige d'acier analogue, ont èté marqués 7, 8, 9, 
10, 11 et 12. On les chauffa au rouge cerise dans des charbons in- 
candescents, puis on les refroidit en les plongeant brusquement dans 
l’eau, dans une direction parallèle à l'aiguille d’inclinaison. Pendant 
cette opération, T était en bas pour 7, 8, 10 et 11 ; il était en haut 
pour 9. Voici les résultats constatés au pendule ‘ : 


1 Avant cette expérience, le fil de suspension s'était brisé. Le pendule, 
attaché de nouveau et examiné après cette chnte, avait, sous l'influence de 
la terre seule, une oscillation de 4//,50. 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 397 


TABLEAU XXXII. 


barreaux 


L 2 e | 2 
d'une oseill, intensité d'une oscill. intensité 


41,21 471,53 
3/!,90 32 5,11 
471,60 4,97 
Lt, 38 &!! 52 
4,30 41,60 


Tous ont une polarité bien prononcée et l’extrémité qui était tour- 
née vers le sud pendant le refroidissement (ou en haut) a pris un 
pôle nord. On doit remarquer encore ici que les deux pôles sem- 
blent avoir une inégale intensité, c’est-à-dire que la durée de l’oscil- 
lation n’est pas supérieure à #/”,50 autant quelle devrait l'être lorsque 
le barreau agit après avoir été retourné. 

Deux jours après ces expériences, les cylindres 7, 8 et 10 ont été 
examinés de nouveau. Leur polarité s'était maintenue, mais l’inten- 
sité magnétique s’était un peu affaiblie dans 7 et 8. 


56. Les barreaux précé:ents, ainsi que 12, on été chauffés de 
nouveau au rouge, puis trempés dans l’eau froide parallèlement à 
l'aiguille d’inchinaison, mais dans une situation telle que l'extrémité 
qui était en bas, dans le dernier refroidissement, se trouvait mainte- 
nant en haut, et inversement. 7 fait exception, il a été trempé comme 
pour le tableau XXXIT; 8 a dû être abandonné parce qu'il s’est 
fendu sur presque toute sa longueur pendant la trempe. 7, 9 et 12 
ont donc été refroidis T en bas ; 10 et 11, T en haut. Sous le pen- 
dule, les barreaux présentent les caractères suivants : 


398 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


TABLEAU XXXHI. 


U tourné vers le nord T' tourné vers le nord 
barreaux — D 


durée spé durée ; 2 
d'une oscill. intensité d’une oseill. intensité 


47,35 | 0,08 | 4,50 
w1,35 | 0,09 | 47,61 
10 | 4750 4137 | 0,06 
IL | 4762 41,30 | 0,10 
12 | 4732 | 0,09 | 27,55 


On voit que la polarité est assez prononcée chez tous, et, si l'on 
compare ces résultats avec ceux du tableau XXXIF, on remarque que 
les pôles ont été intervertis dans 9, 10 et 11. 

Les mêmes expériences furent encore répétées avec 7, 9 et 12. 
On les chauffa au rouge, puis on les refroidit de telle sorte que T se 
trouvât en haut pendant l'immersion dans l’eau froide. Tous trois 
acquirent un pôle nord en T, U devint pèle sud, et il y eut ainsi une 
nouvelle interversion. — Une nouvelle opération les ramena à l'état 
de polarité du tableau XXXHIE. 


57. On voit donc que le refroidissement brusque des barreaux 
naturels portés au rouge est toujours accompagné d'une aimantation 
dans laquelle l’extrémité dirigée vers le sud devient un pôle nord. 
La polarité n’a jamais été douteuse dans les expériences du tableau 
XXXIT et XXXIIT ; elle est plus prononcée et plus nette que dans les 
tableaux XXX et XXXI. Cependant, si les barreaux provoquent une 
oscillation de 4//,50—+b dans une première position, cette durée ne 
devtent pas 4//,50+-b après le retournement : elle demeure toujours 
inférieure. 

Il semble que, par le fait même de leur situation dans le méridien 
magnétique pendant qu’ils agissent sur le pendule, les barreaux su- 
bissent, malgré leur trempe, quelque influence de la terre tendant à 
modifier l’action de leurs pôles. 


58. Les expériences décrites ci-dessus ont été répétées en laissant 
les barreaux se refroidir lentement à l'air, mais t@jours dans une 
situation parallèle à l'aiguille d’inclinaison. — Les barreaux 7, 8, 9, 


ET LA TEMPÉRATURE DE L'ACIER. 399 


10, 41 et 12 furent chauffés au rouge cerise vif, puis placés paral- 
lèlement à l'aiguille d'inclinaison pendant toute la durée de leur re- 
froidissement, les uns appuyés contre des plans convenablement 
inclinés, les autres maintenus en leur milieu à l’aide de pinces. 
Ils se sont refroidis dans une position telle que 7, 9 et 12 avaient leur 
extrémité T tournée vers le sud, tandis que 8, 10 et 11 avaient T 
tournée vers le nord, — Placés sous le pendule, ils donnent les ré- 
sultats suivants : 


TABLEAU XXXIV. 


U tourné vers le nord T tourné vers le nord 


barreaux Re. PR. OT 
durée : #: durée | Es 
d'une oscill. intensité d'une oscill. intensité 


y7,32 | 0,09 
4" 50 
4!" 50 | #30 | 0,10 


47 
ES 
#35 | 0,06 


On voit que tous les barreaux, dont l’état magnétique, avant cette 
dernière opération, se trouve représenté dans le tableau XXXIIE, ont 
leurs pôles maintenant intervertis : c’est-à-dire que le refroidisse- 
ment lent a produit le même effet que le refroidissement brusque 
dans l’eau. Il est cependant à remarquer que la polarité est moms 
prononcée dans le tableau XXXIV. L’oscillation est même parfois 
un peu inférieure à 4//,50, alors que le barreau est dans une position 
telle que ses pôles devraient repousser ceux de l'aiguille qui sont les 
plus voisins. Il semble encore ici, que le pôle sud du barreau est 
moins énergique que le pôle nord. 

Vingt-quatre heures après les expériences du tableau XXXIV, les 
barreaux 7, 8 et 9 ont été examinés de nouveau. Leur polarité n’a 
ait pas changé de sens, l'intensité magnétique était un peu affaiblie. 


59. Il restait enfin à examiner l'influence du refroidissement dans 
une direction perpendiculaire au méridien magnétique, — Les bar- 
reaux furent chauffés au rouge cerise, puis trempés horizontalement 
et perpendiculairement à la direction de l'aiguille de déclinaison. Dans 


5 


400 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE 


cette opération, les barreaux 7, 10 et 12 avaient leur extrémité T à 
l'ouest; 8, 9 et LL avaient T à l’est. Voici les résultats : 


TABLEAU XXXV. 


| 


U tourné vers le nord T tourné vers le nord | 
barreaux | a TE 
durée . , durée 
Anne toe eus | intensité d'une oscill. | intensité 
7 | w'u5 | 0,025 | #!& | 0,03 
8 3/!,46 0,02 5/!,41 0,04 
9 | was | 0,025 | #47 | 0:02 
10 | 4748 | 0,025 | 445 | 0.025 
ui | #22 | 004 #43 | 00% 
12 4/7 50 0,00 4 4 0,03 


Ce tableau montre qu'il n’y a guère de polarité manifeste; les bar- 
reaux agissent à peu près de la même façon sur l'aiguille du pendule, 
quelle que soit leur position, ou, en d’autres termes, ils ont les ca 
ractères d’un corps magnétique mais non magnétisé. Les traces de 
polarité qui semblent exister dans les cylindres 8 et 12, peuvent 
provenir de ce qu'ils n’ont peut-être pas été plongés dans l’eau dans 
une position rigoureusement perpendiculaire au méridien magnétique. 


60. Il résulte des expériences précédentes que le simple refroi- 
dissement est bien une cause d’aimantation pourvu que le barreau 
soit convenablement orienté; seulement le refroidissement brusque 
paraît plus efficace, sous ce rapport, que le refroidissement lent, et, 
en tout cas, l'intensité magnétique acquise est très-faible. Dans les 
barreaux trempés, elle est en moyenne 0,13. Les mêmes barreaux, 
aimantés par le procédé ordinaire des frictions pendant qu'ils étaient 

lacés sur l’électro-aimant , avaient acquis une intensité moyenne 
e 6,59, c’est-à-dire environ 50 fois plus forte. 

Si, maintenant, on compare les résultats donnés par les barreaux 
primitivement aimantés et ceux des barreaux qui ne l’étaient pas, 
on peut faire les remarques suivantes. — Les tableaux XXXIE, XXXIIT 
et XXXIV montrent des barreaux où la polarité est bien prononcée ; 
ce sont ceux qui étaient à l’état naturel avant d’avoir été portés au 
rouge, et qui, par le refroidissement (rapide surtout) parallèlement 
à l’aiguille d’inelinaison, ont pris un pôle nord à leur extrémité sud 
et un pôle sud à leur extrémité nord. Les tableaux XXX et XXXT, 


ET LA TEMPÉRATURE DE L ACIER, 4OA 


au contraire, montrent des cylindres où la polarité n’est point nette, 
et où même le pôle dirigé vers le sud pendant le refroidissement, 
n'est pas toujours un pôle nord ; ce sont ceux qui étaient aimantés 
avant leur réchauffement. Il semble done que la température du rouge, 
même vif, n’a pas rendu les barreaux des tableaux XXX et XXXI 
en tout point semblables à ceux des tableaux XXXIF, XXXIII et 
XXXIV, puisque, après le refroidissement, les propriétés des uns et 
des autres ne sont pas exactement les mêmes. L'état de polarité pri- 
mitive des premiers influe sur leur état après le refroidissement, et 
il semble ainsi que la haute température du rouge n’a pas totalement 
détruit leur magnétisme. Les barreaux 1, 2, 3 et 5 du tableau XXXI 
ont conservé leurs pôles malgré le réchauffement, bien que, pendant 
le refroidissement, ils aient été orientés de manière à éprouver une 
interversion. Ainsi, à travers les hautes températures, le magnétisme 
de ces aimants s’est suffisamment conservé pour empêcher l’action 
ordinaire de la terre pendant le refroidissement, et même pour main- 
tenir une polarité opposée à celle qui se serait produite sous cette 
influence. — Cependant le magnétisme d’un barreau doit être assez 
fort pour qu'il manifeste encore son existence à travers les hautes 
températures ; car les tableaux XXXIIT et XXXIV montrent que pour 
les intensité faibles, un réchauffement suivi d’un refroidissement à 
orientation convenable, intervertit complétement les pôles. 

Il est à remarquer que l'influence du refroidissement sur des bar- 
reaux d'acier est parfaitement semblable à celle d’un choc ou d'une 
fiction. Mais, comme M. de la Rive le fait très-bien observer dans 
son Traité d'Electricité, la variation de température, ou le choc, n’est 
que la cause apparente de cette aïmantation ; l'influence de l’orien- 
tation montre que c’est l'action du globe terrestre qui estessentielle. 
— L'action de la terre ne se manifeste, au moins d’une manière 
prononcée, qu’autant que la substance des barreaux se trouve dans 
un certain état convenable. Le choc, les frictions, les torsions , les 
variations de température semblent agir, à ce point de vue, de la 
même façon sur la matière métallique. L'état de refroidissement 
semble être le même que l’état mécanique produit par le choe, et il 
est intéressant de voir ce rapprochement entre les phénomènes mé- 
caniques et la chaleur, à un moment où la théorie dynamique du ca- 
lorsque préoccupe vivement les physiciens. 


61. J'ai essayé de voir, au moins approximativement, quel rap- 
port il y a entre l’action magnétisante du choc et celle du refroidis- 
sement. — Les barreaux 2, 4, 5 et 7 furent chauffés au rouge, puis 
refroidis dans une direction perpendiculaire au méridien magnétique 
afin d'éviter toute polarité. 2 et 7 furent refroidis lentement; 4 et 5 
subirent une trempe dans l'eau froide. Ces quatre cylindres furent 
ensuite maintenus dans une position verticale; puis frappés avec un 
marteau sur leur base supérieure. Chacun reçut deux coups ‘. — 


Il n’est pas facile d'apprécier la valeur d'un choc comme force. Voici une 


402 RECHERCHES SUR L'INTENSITÉ MAGNÉTIQUE, ETC. 


Examinés au pendule, ils donnèrent des résultats fort différents : 4 
et 5 ne manifestèrent aucune trace de polarité, ils agirent, après le 
choc, comme des corps magnétiques, mais non aimaniés ; 2 et 7, au 
contraire , étaient assez fortement polarisés , l'extrémité supérieure 
était devenue un pôle nord. Placés à la même distance du pendule 
magnétique que dans les expériences précédemment décrites, ils 
manifostèrent une intensité représentée par 0,25 et 0,26. Ainsi, deux 
chocs sur ces barreaux non trempés avaient produit une intensité 
presque double de celle qui résulte du refroidissement à partir du 
rouge. 


52. Il est intéressant de remarquer que le refroidissement brus- 
que, donnant à l'acier plus d’élasticité et de dureté, le trempant, en 
un mot, est accompagné d’une aimantation plus forte que lorsque le 
métal se refroidit en devenant moins dur ef moins élastique. Si le 
refroidissement à lieu sans aimantation, par suite d’une orientation 
convenable, les cylindres trempés ne sont guère aptes à acquérir du 
magnétisme par le choc, tandis que ceux qui ne le sont pas se pola- 
risent facilement. On sait que le choc et les torsions modifient la 
dureté et l’élasticité de l'acier ; ils produisent à la longue un effet 
semblable à la trempe. Ainsi, l'acier, dans une orientation convena- 
ble, s'aimante surtout lorsque sa substance éprouve la modification 
moléculaire qui correspond à une grande élasticité, que cette modi- 
fication soit produite par des chocs ou par un abaissement de tempé- 
rature. L'action mécanique ou calorifique provoque un certain état 
des molécules qui se manifeste entre autres par l’élasticité du métal : 
c’est pendant que le corps arrive à cet état physique que le magné- 
tisme apparait. 


mesure plus ou moins bonne des chocs dontilestici question. Un coup de 
marteau semblable à ceux que les barreaux ont reçus, fut donné sur un res- 
sort dynamomètre qui en éprouva une certaine compression. L'expérience 
montra ensuite que la même compression pouvait être produite par un 
poids de 25 kilogrammes. 


CL 


À. 
: 
: 
: 
| 
| 


REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE. 405 


REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE EN BLEU DE PRUSSE, 


Par M. Bischofr, prof”. 


(Séance du 2 décembre 1857.) 


Depuis longtemps je cherchais un moyen simple et facile d'obtenir 
une reproduction par la lumière d’une gravure ou lithographie, des- 
sin de machines ou d'appareils, tels qu’on les trouve dans les ouvrages 
ou journaux. Le chlorure d’argent est trop dispendieux , le bichro- 
mate de potasse n’est pas assez sensible, etles dernières découvertes 
de Niepce ne sont pas faciles à mettre en pratique. Un article de 
Draper dans le Journal de Dingler (tome 145) sur un moyen de 
mesurer la lumière, m'a fourni ce que je désirais. Draper expose à 
la lumière une dissolution d’oxalate ferrique et détermine ensuite la 
quantité d'acide carbonique produite par la réduction qui s'opère 
sur une certaine quantité du sel qui passe à l’état ferreux (Fe* O5. C5 0° 
= 2Fe0.C*05-+2G0*). Cet oxalate ferrique est si sensible, que 
sa dissolution se décompose même à la lumière diffuse. C'était ce 
qu'il me fallait ,et voici un moyen facile de décalquer par la lumière 
un dessin quelconque fait sur papier quelque peu translucide. 

On prépare une dissolution d’oxalate ferrique en dissolvant de 
l'oxide ferrique hydraté à saturation dans une dissolution saturée à 
froid d'acide oxalique, ou bien aussi de sel d’oseille. On peut encore 
mêler en quantités convenables des dissolutions de sel d’oseille et de 
chlorure ferrique, cependant cela réussit moins bien. La dissolution 
versée dans un vase plat, une cuve en porcelaine, reçoit sur sa sur- 
face une feuille de papier ordinaire, qu’on y laisse ‘/, d'heure; on 
la soulève, la laisse égoutter et l’assèche entre du papier buvard; 
on peut l’employer immédiatement ou bien la conserver. Je ne puis 
dire si ce papier se conserve très-longtemps, mais en tout cas au 
moins quinze jours. 

J va sans dire que toutes ces opérations se font à la lumière faible 
d'une bougie. 

Quand on veut employer ce papier on place le dessin sur la glace 
d’un chassis à reproduction, le dessin en dessus, on place contre lui 
le papier sensible, ferme le chassis et expose la glace à la lumière : 
le temps de l'exposition varie selon l'intensité du jour, et la translu- 
cidité du papier du dessin. 

Cette opération peut se faire avec un négatif collodion sur verre 
et il suflit alors d'une minute d'exposition en plein soleil. On ne voit 
pas d’abord de changement sur le papier après cette exposition, mais 
il suflit de le tremper dans une dissolution à 4 °/, de prussiate 
rouge de potasse, ou ferri-cyanure de potassium, pour voir le dessin 
se produire immédiatement. 

A-t-on décalqué une gravure? le dessin est blane sur fond bleu. 
A-t-on employé un négatif sur verre ou papier ciré, on a un positif 

* 


404 RÉSISTANCE DES GRÉS DE LA MOLIÈRE. 


bleu sur fond blanc. Il n’y a plus qu’à laver la feuille à l'eau renou- 
vellée et le dessin se garde parfaitement. 

Je n’entends point conseiller ce moyen comme propre à faire des 
positifs (portraits ou paysages), car bien que ce bleu soit très-agréable 
à l'œil il n’a rien d’artistique; mais le but que je me propusais est 
très-bien rempli. 

En outre, c'est une très-jolie expérience prouvant tout à la fois 
d'une manière frappante et la réduction de l'oxalate ferrique par la 
lumière et la différence d'action exercée par le ferri-cyanure de po- 
tassium sur les sels ferreux et les sels ferriques. 

J'ai essayé de faire l'opération à la chambre obseure avec ce pa- 
pier, mais sans aucune réussite : il est vrai que je n'avais de lumière 
que celle qui passait au travers d’un brouillard de novembre. Je 
doute cependant que ce moyen puisse remplacer le iodure d'argent. 


EXPÉRIENCES FAITES A YVERDON, LE À 4 NOVEMBRE 1857, 
SUR LA RÉSISTANCE DES GRÉS DE LA MOLIÈRE. 


Par M. L. Gonin, ingénieur. 


{Séance du 2 décembre 1857.) 


Un pont en pierre, d’une seule arche, de 24 mètres (80 pieds) 
d'ouverture surbaissée au huitième, devant être construit sur la 
Broye, à Lucens, pour remplacer le pont à 3 arches emporté par les 
eaux en 1859, il était nécessaire de s’assurer par expérience si les 
matériaux qui seront à la disposition du constructeur pourront, sans 
risque, supporter les pressions considérables auxquelles ils seront 
exposés. 

À cet effet, un certain nombre de dés en pierre de taille, de 20 
centimètres de côté, ont été extraits de six carrières différentes des 
environs de la Tour de la Molière. Les faces de ces cubes étaient 
taillées à la boucharde. 

Les expériences ont été faites à Yverdon les 13 et 14 novembre 
dernier, au dépôt des locomotives, à l’aide d’une presse hydraulique, 
que M. Laurent, ingénieur en chef de la 3” division de la Compagnie 
de l’Ouest, a bien voulu mettre à notre disposition. 

Les cubes de grés étaient pressés, perpendiculairement à leur lit 
de carrière, entre deux lambris de sapin, de 8 à 10 millimètres 
d'épaisseur, lesquels eux-mêmes étaient appuyés par des plaques en 
fonte rabotées. L'une de ces plaques était appuyée contre une traverse 
en fer et l’autre recevait la pression du piston de la machine. 

Les ruptures se sont manifestées en général par la production de 
fentes parallèles à la direction de la pression. 

A défaut d’un manomètre, les forces ont été calculées au moyen 
des poids suspendus au levier de la soupape. 


CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 405 


INDICATION 
des 


carrières 


Crémin, Vaud 
Id. 
I. 
Id. ; 
Bollion, Fribourg . 
Id. . 


Id. ‘ 

Seyry, Fribourg . 
Id. 2 
Id. 


Chables, Fribourg 
Id. 


CHARGES D'ÉCRASEMENT 
en hilogr. par centimètres carrés 
a 
MOYENNES 
TE 


par bloc : 
par carrière | générale 


kil. | kil. kil. 
366 5 
260 - 
167 5 
398 — 
938 - 
285 — 
145 9,208 — 
163 — 
268 5 
147 91185 10 | 212 10 
139 - 
163 - 
193 6 


282 25 


200 qe 36 
Pen L ET UE 22 
Id. oi =ou e0tl A0, 
La Clef, sur Combremont, Vaud.| 171 8 
Id. 193 47 85 
Chavannes-le-Chéne, Vaud. 187 -| 187 — 


SUR LES CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 
Par M. Ph. Delaharpe, docteur. 
(Séance du 4 novembre 1857). 


Messieurs Pictet et Humbert viennent de terminer la Monographie 
des Chéloniens de la mollasse suisse qu'ils ont publiée dans les Maté- 
riaux pour la paléontologie suisse. Plus de la moitié des pièces qui 
font l'objet de ce beau travail ont été trouvées dans notre Canton, et 
à ce titre je me permettrai de présenter ici un aperçu sur ces maté- 
riaux d'origine vaudoise. 

Des 28 espèces dont il est fait mention dans la Monographie, 16 
appartiennent à la faune fossile de notre Canton. D’entre ces der- 
nières, 8 sont suffisamment connues pour recevoir un nom spéci- 
fique ; les 8 autres ne sont représentées que par des débris trop 
incomplets pour recevoir une détermination spéciale. Des 8 espèces, 
portant nom, nous devons malheureusement en défalquer deux, dont 


406 CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 


il ne nous reste qu’une ancienne description fort imparfaite: ce sont 
les Emys de Fonte, Bourdet et E. Cordieri, Bourdet, trouvées au 
Mont de la Molière par M. le chanoine Fontaine. Les originaux en 
ont été perdus peu après que M. Bourdet de la Nièvre les eut décrits. 

On sait que la mollasse vaudoise se divise en 4 étages qui sont de 
bas en haut: la mollasse rouge, le système à lignites , la mollasse 
grise ou ordinaire (dont la réunion forme ce qu'on appelle en Suisse 
la mollasse d’eau douce inférieure), et la mollasse marine. 

Les 14 chéloniens fossiles se répartissent de la manière suivante 
dans ces divers niveaux : 

La mollasse rouge s’est partout montrée d'une pauvreté désolante ; 
jusqu’à présent ilne paraît pas qu'on y ait trouvé vestiges d'animaux 
vertébrés. 

Le système à lignites, auquel on réunit aujourd’hui les poudingues 
de Lavaux, n’a fourni de matériaux au travail de MM. Pictet et Hum- 
bert que dans le voisinage immédiat des couches de combustible. 
Les exploitations de Rochette, près Lausanne, sont les seules qui 
aient livré quelques débris importants. Ici on extrait le lignite de 
deux couches rapprochées, l’une supérieure plus épaisse, l'autre 
inférieure très-mince. À la première les fossiles gisent la plupart 
dans la couche marno-calcaire immédiatement inférieure au lignite. 
Les chéloniens, qu'ici sont fréquents, sont tellement aplatis que 
leur épaisseur totale est réduite à un ou deux centimètres. A la se- 
conde les fossiles sont dans le lignite lui-même, et plus maltraités 
encore. Je n’y ai trouvé qu’une portion d'un très-jeune individu de 
l'Emys Laharpi. En somme, outre un grand nombre de fragments 
isolés, M. Gaudin et moi avons recueilli dans cet étage quelques 
pièces que MM. Pictet et Humbert ont bien voulu figurer et décrire, 
et qu'ils ont rapportées à cinq espèces probables, savoir : 

1. Emys Laharpü, Pict. et Humb., PI. IV et V, représenté 
par un fragment portant la bonne moitié de la carapace et du plastron. 

2. Emys Charpentier, Pictet et Humbert, PI. VI et PI. VIL fig. 4, 
voisine de la précédente, mais connue seulement par son plastron. 

3. Emys sp., à laquelle se rapportent les deux épisternaux, fig. 2 
et 3, PI. VII. 

k. Emys sp., plus petite que les précédentes, représentée par 
un petit fragment de plastron, PI. VIE, fig. 4. 

5. Enfin quelques restes d’un chélonien à test ponctué (Tryonix? 
Trachyaspis??) trop mal conservés pour être décrits ou figurés. 

Depuis la publication (1856) de la livraison des Matériaux qui 
renferme les chéloniens fossiles des lignites, j'ai trouvé à Rochette 
plusieursnouveaux morceaux, qui tous paraissent appartenir à l'Emys 
Laharpüi. C’est au moins l'espèce la plus commune. Les pièces mar- 
ginales isolées et les épisternaux en sont particulièrement abondants, 
tandis que les débris plus considérables en sont toujours rares. L'o- 
riginal figuré aux PI. IV et V restera longtemps sans doute le plus 
complet. Il est à regretter encore que presque tout ce que nous con 
naissons de cette espèce se rapporte à la partieantérieure de son en- 


CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 407 


veloppe osseuse, ear de la partie postérieure on n’a que deux pièces 
marginales et un xyphisternal. Ce dernier os présente une grande 
ressemblance avec l'os correspondant de l'Emys Charpentieri. 

Quoique ces nouveaux débris ne puissent encore compléter ce que 
nous connaissons de la charpente de cet animal, ils nous montrent 
du moins qu'elle est susceptible de variations notables soit dans la 
forme des pièces osseuses, soit dans la disposition des écailles épi- 
dermiques. On peut entrevoir en outre entre les Emys Laharpü et 
Emys Charpentieri plus d'analogie qu’on n’en remarque sur les pièces 
figurées PI. IV, V, VI, VIL et l'on peut déjà conclure avec quelque 
certitude que les deux hyosternaux, PI. VIE, fig. 2 et 3, appartien- 
nent à l’Emys Laharpi et non plus à une espèce indéterminée *. 

L'Emys Charpentieri ne nous à pas encore fourni d’autres restes 
que ceux qui ont été figurés. 


La mollasse grise nous a donné trois tortues à test lisse, savoir : 
deux cistudes, et une émyde; et deux à test ponctué, savoir : une 
tryonix, et une trachyaspis. 

Cistudo Razoumowskii, Pictet et Humbert, dont l’unique exem- 
plaire a été trouvé au commencement de ce siècle dans les carrières 
de Crissier près Lausanne. Il appartient aujourd’hui à l’un des 
membres de notre Société. 

Cistudo Morloti, Pictet et Humbert, dont on ne connaît qu’une 
partie du plastron, découvert au tunnel de Lausanne par M le prof. 
Morlot. Elle fait partie de sa collection. 

Emys Gaudini, Pictet et Humbert, connue non plus que par un 
seul échantillon incomplet, et découvert par mon ami M. Ch. Gaudin 
dans la carrière du Solitaire (Lausanne). 

Tryonix sp. On en connait deux pièces costales trouvées dans 
les environs d’Yverdon ; elles font partie de la collection de M. 
R. Blanchet. 

Trachyaspis Lardyi, H. de Meyer. Le Musée cantonal possède l’é- 
chantillon type de ce genre et de cette belle espèce. C’est une seconde 
pièce costale droite trouvée dans les environs d’Yverdon. 

La mollasse marine recouvre sans doute la mollasse grise de notre 
Canton sur une très-grande étendue, et en plusieurs points elle est 
exploitée sur une grande échelle. Malgré cela une seule localité, 
les carrières du Mont de la Molière près Estavayer, a fourni quelques 
chéloniens, dont les débris sont en bonne partie entre les mains de 
M. R. Blanchet. Mais, si l’on en excepte les Emys de Fonte, Bourdet 
et E. Cordieri, Bourdet, qui nous sont inconnues, tous les débris de 
chéloniens de la Molière sont si fort mutilés qu’il est difficile d’en 
tirer un parti profitable à la science. 


1 Ce rapprochement paraît hasardé lorsqu'on compare la PI. V avec les 
figures indiquées, mais il faut observer que dans la PI. V Ja portion anté- : 
rieure du plastron est encore cachée par la roche. Dans l'original j'ai dé- 
couvert complétement les deux hyosternaux et les ai trouvés de même 
forme que la figure 2, PI. VIF, bien qu'un peu plus petits et plus étroits, 


408 CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE VAUDOISE. 


MM. Pictet et Humbert ont cependant réussi à groupper ces frag- 
ments d’une manière fort habile et à reconnaitre parmi eux l'existence 
probable de 5 espèces distinctes : 


1. Testudo, sp., à laquelle paraissent se rapporter 4 pièces mar- 


ginales et un hyosternal. 

2. Emys sp. (ou Testudo?) fort épaisse, caractérisée par un épis- 
ternal volumineux , et à laquelle parait appartenir un hyosternal 
également fort épais. 

3. Emys sp., fort épaisse aussi , à laquelle se rapporteraient di- 
verses pièces du plastron et de la carapace. 

4. Emys sp., plus mince, qui parait réunir plusieurs pièces mar- 
ginales et un entosternal. 

5. Trachyaspis Lardyi, H. de Meyer, dont M. Blanchet possède 
un fragment de côte impaire et un de côte paire. 


La notice de M. Guillemin, sur une pompe hydraulique destinée 
aux liqueurs acides, paraîtra dans un prochain numéro. 


FAUTES A CORRIGER. 
Tome V, Bulletin N° 41. 


Page 951, dernière ligne: fronte tricarinato, lisez: fronte tricarinata. 
» 252, ligne 15: un peu pointues, lisez: un peu poilues. 
» » » 24: tronquée, lisez: tronqué. 


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Table des matières 


contenues dans le cinquième volume. 


ES "11 
= —— — 


ALLAMAND, L., recu membre, p.240. 

ARGELANDER , prof” à Bonn , nommé 
membre honoraire, p. 14. 

Auxanp, E., recu membre, p. 343. 

Baup, Sam. Note sur les causes de 
la progression des glaciers, p. 
65, 93. — Sur les cyanures ar- 
gentico-alcalins, p. 251, 245. 

Becaouse, Walther, reçu membre, 
p- 240. 

Becnouse, Ernest, reçu membre, 
p. 240. 

Béraxcer, L., reçu membre, p.240 

Berrtuoup, min. Cosmogonie mo- 
saïque, p. 242, 325. 

Bessarp, reçu membre, p. 66. — 
Antiquités et fossiles trouvés près 
de Moudon, p. 156. — Ammonites 
plicatilis, à la Part Dieu, p. 162. 
— Erdburg près Chabrai, p. 543. 

Bibliothèque, propositions y rela- 
tives, p. 240. — Fédérale, p. 547. 

Biecer, reçu-membre, p. 545. 

Biscuorr , profes". Tartrate de po- 
tasse et d’alumine dans du vin 
d'Yvorne , p. 2. — Gaz employé 
pour chauffage, p. 159. — Aris- 
tolochia sypho, p. 252. — Notice 
sur l’hespéridine, p.256, 275. — 
Papier parcheminé, p. 236. — 
Argenture du verre, p. 258. — 
Photographie au fer, p. 546, 403. 
— Dosage de l’albumine, p. 548. 

Bzancuer, Rod. Cartes météorolo- 
giques, p. 2. — Observalions mé- 
téorologiques, p.2.— Rhinocéros 
fossile de Rovéréaz, p.5.— Cartes 
de la formation de la mollasse 
vaudoise, p. 3. — Avortement des 


vaches, p. 42. — Fougères du 
Brésil, p. 156. — Cryptomeria 
japonica, p. 156. — Alluvions de 
Villeneuve, p. 348. — Mâchoire 
de dauphin fossile, p. 349. 
Borceau, Samson, reçu membre, 


BozuinGer , Jaques, reçu membre, 
p. 240. 

BourçGgois, Ant., démission , p. 8. 

BréLaz. Influence de l'électricité sur 
les jets d’eau, p.158. 

Brières, Adr., D', reçu membre, 
p. 259. 

Busaro, Aug., reçu membre, p.240. 

Bulletin , décisions y relatives, p. 
6, 8, 10. 

Bureau élu en 1857, p. 345. 

Caisse de la Société, p. 67, 233, 
240. 

Cérésozs, Victor, reçu membre, p. 
235. — Feuilles fossiles, p. 256. 
Cuaussow, Benj., D”, recu membre, 

” p. 254. 

Cuavannes , Aug. Tenthredo centi- 
folia, p. 63. — Vespiaires so- 
ciaux, p. 459. — Ciassification 
zoologique générale, p. 461. 

CHavanxes , Ed. Plantes du Cap de 
Bonne-Espérance, p. 1. — Ob- 
servations ozonométriques, p. 8. 
— Leucoium vernum, p. 8. 

Cuavanxes , Sylv. Alluvions glaciai- 
res du Jura, p. 5. — Géodes si- 
liceuses dans le Jura, p. 3. — 
Notice sur la géologie des envi- 
rons de Thonon, p. 15. — Gypse 
erratique, p. 6. — Phénomènes 
subjectifs dans la vue, p. 160. — 


410 


Porphyre dans le terrain errati- 
que vaudois, p. 164. — Failles 
observées dans les moraines du 
diluvium, p. 235. — Phénomène 
d'optique , p. 256. — Absent du 
pays, p. 540 

Commission des mines de Calcutta, 
échange accepté, p. 243. 

Contribution annuelle augmentée, 
p. 255, 240. 

DE ConsranT-DecEsserr, Ad. , reçu 
membre, p. 6. 

Correvow, Jules , reçu membre, P: 
240. 

Cossy et CocLoms , source thermale 
de Lavey, p. 241, 509. 

nr: ds Fréd., reçu membre, p. 

Decanarpe , J., D' (père). Parasite 
végétal dans le corps des papil- 
lons, p. 4. — Transformation de 
l’amidon du gruau d'avoine en 
dextrine , p. 6. — Tronc fossile 
dans la mollasse , p. 7.— Matière 
colorante bleue des pansements, 
p.8, 77. — Sur l’origine des végé- 
tations connues sous le nom de 
queues de renard, p.13, 52, 154. 
— Catalogue des Tortricides Suis- 
ses, p. 61, 82. — Plantes étrangè- 
res qui se sont propagées dans nos 
environs, p. 62. — Sur lagéologie 
des environs de S' Gervais, p. 
459, 161, 497. — Ascension du 
Combin, p.162. — Sur quelques 
géomètres suisses, p. 167, 225. 
— Dégraissage des lépidoptères, 
p. 257, 276. — Sur la source 
thermale de Lavey, p. 241, 509. 
— Représente la Société à Trogen, 
p. 245. — Lampyris noctiluca, 

HD: 540. 

Decauarpe, Ph., D° (fils). Insectes 
fossiles de l'Angleterre, p. 65. — 
Sur l'existence d’une mer dilu- 
vienne dans les Alpes, p. 63, 89. 
— Gypse erratique, p. 65. — 
Flore tertiaire de l’Angleterre, 
:p. 68, 125, 456. — Os fossile de 
la tour d’Aï, p. 459. — Procédé 
pour faire des squelettes de petits 
animaux, p. 466. — Flore ter- 
tiaire de la Suisse, p. 232. — 
Moyen de consolider les osse- 
ments fossiles, p.232. — Anthra- 
cotherium magnum de Belmont, 
ESELE 241 , 342. — Charu du 

ealdien du Locle, p. 238. — 


TABLE DES MATIÈRES. 


Anthracotherium hippoïdeum, p. 
258. — Gisement de défense d’é- 
léphant, p. 245, 542. — Tortues 
de la mollasse, p. 545, 547, 405. 

DeLoess, Aloïs, reçu membre, p. 10. 

Dijon, académie, échange accepté, 
p. 347. 

Don du Conseil d'Etat, p. 237. 

Don d’un anonyme, p. 240. 

Durzox. Epis de maïs, p. 14. 

Durour, Ch., prof". Scintillation des 
étoiles, p. 5, 17. — Arc-en-ciel à 
deux arcs contigus et tangents, 
p. 62, 195. — Sur certaines er- 
reurs en matière d'observation, 
p. 67, 99. 

Durour-Guisan, L., reçu membre, 
p- 159. 

Durour , L., prof". Recherches sur 
les rapports entre l'intensité ma- 
gnétique des barreaux d’acicr et 
leur température , p. 1, 65, 66, 
68, 160, 255, 256, 551. — Des 
températures de l’air et des mira- 
ges à la surface du lac Léman, p. 
5, 10, 15, 26. — Pluie sans 
nuages, p. 6, 49. — Moyen pour 
déterminer la vitesse des vagues, 
p. 6, 50. — Planète de Neptune, 
p- 13. — Planches imprimées par 
un nouveau procédé : Naturselbs- 
druck, p.154. — Stachys lanata 
à Lassaraz, p. 156. — Influence 
des corps électrisés sur les jets 
d'eau, p. 158. — Neige sans 
nuages, p. 165. — Sur les images 
par réfraction, p. 166, 217. — 
Sur les images stéréoscopiques 
sans instrument, p. 255, 265. — 
Formation du Jorulo, p. 257. — 
Cartes météorologiques pour cer- 
tains jours, p. 241, 345. — Poly- 
trope de Maguus, p. 548. 

Duroir, prof, recu membre, p. 
155. — Théorie des intérêts in- 
finitésimaux composés, p. 158, 
160, 164, 471. — Candidat à la 
Société helvétique, p. 242. 

Esray, recu membre, p 

Fizcer, étudiant, reçu membre, p. 


For, sur les végétaux fossiles de 
Schrotzburg, p. 166, 221. — Sur 
le bohnerz du canton de Schaf- 
fouse, p. 234, 261. — Analyse 
d’un minerai de cuivre, p. 255, 
263. — Résidus de la distillation 
des bois, p. 241, 518. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Forez, Alexis, Tenthredocentifolia, 
nuisible au colza, p. 63,86. — Sur 
deux hémiptères nouveaux , p. 
231, 242, 251. 

Forez-Monn, Fr., reçu membre, p. 
240 


FRaisse, rentré dans la Société, p. 
40. — Niveau du lac, p. 348. 

Gaunin, Ch., Flore de Rivaz, p. 2, 53. 
— Parasite végétal dans les che- 
nilles, p. 4. — Tronc fossile dans 
la mollasse, p. 7. — Utilisation 
gratuite des télégraphes suisses 
pour la météorologie , p. 7, 9. — 
Réglage des horloges suisses sur 
l'heure télégraphique de Berne, 
p-7. — Subal major, à la Borde, 
p- 8. — Oiseaux fossiles de la 
Nouvelle-Zélande, p. 10. — Sur 
la succession des flores et des 
faunes, p. 11. — Flore fossile du 
Locle , p. 12, 61. — Variations 
dans les feuilles du chêne vert, 
p. 15. — Sur l’origine américaine 
du Platanus occidentalis, p. 69, 
144. — Lettre de M le professeur 
Heer à sir Ch. Lyell, p. 155, 445. 
— Faune pliocène de l'Italie, p. 
160. — Mines d'acide borique de 
Monte-Cerboli, p. 257, 277. — 
Palcotherium magnum au Maur- 
mont, p.258, 460. — Autographe 
transcrit par télégraphie , p. 258. 
— Araignée venimeuse de Tos- 
cane, p. 259. — Végétaux fossiles 
pliocènes, p. 243, 550. 

Gonw, ingénieur. Résistance des 
grès, p. 546, 404. 

Guizemin , reçu membre, p. 158. 
— Marnes à phosphate de chaux, 

64. — Signes des change- 
ments de temps, p.165. — Houil- 
les et cokes divers, p. 165. — 
Tableau de réduction pour les 
nouvelles mesures, p. 252. — 
Candidat à la Société helvétique, 
p. 242. — Pompes hydrauliques 
pour acides, p. 547, 418. — 
Dore aspirante refoulante, p. 
49. 


pe Guiwes , Roger, reçu membre , 
Guisas, Ch. , reçu membre , p. 66. 
Harker, Georges, reçu membre, p. 
- 240. 


HaimnGer, professeur à Vienne, 
nommé membre honoraire, p.414. 
Hger, O., prof". Plantes fossiles nou- 


41 


velles pour la Suisse, p. 5. — 
Flore fossile du Locle, p. 61. — 
Lettre à sir Ch. Lyell, p. 145. 

Hezvenmayer, reçu membre, p. 66. 

Hirzez. Planétaire à l'usage des 
aveugles, p. 3, 8, 10, 71. — 
Ophthalmie des nouveaux nés, 
p: 9. — Influence de la cataracte 
sur un aveugle dès sa tendre en- 
fance, p. 62. — Règle de trian- 
gulation, p. 347. 

Hocareuriner , D°, recu membre, 

. 66. 

Humserr, Aloïs, reçu membre, p.10. 

Huwserr, L.-J., reçu membre, p. 
210. 

Jaccarv, du Locle. Flore fossile du 
Locle , p. 68. — Renversements 
des terrains stratifiés dans le Jura, 
p- 251 , 248. — Fossiles du Locle, 
p- 254. 

Jayer, André, reçu membre, p.259. 

Jonxsow, Sam., reçu membre, p. 
240. 

KürsrENER, question d’optique, p. 
547. 

Lune , Alex., reçu membre, p. 44. 
— Imperméabilité des étofles , 

62. 

Macnus, professeur à Berlin,nommé 
membre honoraire, p. 14. 

Marcez, D'. Note sur le Microspo- 
ron furfur, p. 5, 48. — Jeune 
homme dont le cœur est à droite, 
p. 45. — Auscultation de l’autru- 
che, 162. — Squelette de mulot, 
p. 166. — Vers intestinaux du 
Ouistiti, p. 243, 540. — Phéno- 
mène optique, p. 447. 

MarGuër, Pierre, prof” (père), recu 
membre, p. 10. 

Marquer, Jules, prof” (fils), reçu 
membre , p. 40. — Observations 
météorologiques , p. 62, 65, 251, 
255. — Note sur le baromètre 
Bourdon, p. 65, 96. 

Marin , Sigismond , reçu membre, 
p- 66. 

Masser de la Mecthe, reçu membre, 

. 240. 

Marruews, MM., première ascension 
du Combin, p. 162. 

Micnez, ingénieur, reçu membre, 
p. 40. — Géologie de la Dobrut- 
scha, p.15, 57. — La ciguë dans 
la Dobrutscha, p. 60. — Etude 
sur la navigation du Danube, p. 
67, 105. 


412 


Morarez, reçu membre, p. 243. — 
Lilas fleuri, p. 344. 

Morcor, prof”. Mirage sur les chemi- 
nées des bateaux à vapeur, p. 5. 
— Refoulement dans les sables 
d’alluvion du Rhône, p. 5. — 
Courants d’air chaud dans les 
éboulements des Alpes, p. 5. — 
Magnésite dans un bloc de ser- 
pentine erratique, p. 65. — Ter- 
rasses diluviennes dans les Alpes, 
p- 65. — Notions chronologiques 
en géologie, p. 67.— Proposition 
relative à la séance annuelle, p. 
68. — Panorama des Alpes vues 
de Lausanne , p. 158. — Sur les 
formations modernes dans le can- 
ton de Vaud, p. 163, 208. — Fos- 
siles du lias à Montreux , p. 466, 
220. — Les dunes de sable de 
Saxon en Valais, p. 241, 506. — 
Proposition sur la bibliothèque, 
p. 346. — Cône torrentiel à Vil- 
leneuve, p. 548. 

Nærr, Ch., reçu membre, p. 240. 

Observations météorologiques faites 
à l’école spéciale, p. 62, 65, 251, 
253. 

Observations ozonométriques, p. 8, 
67, 118, 214. 

Ouvrages recus, p. 2, 5, 5, 7, 8, 9, 
12, 14, 15, 635, 65, 66, 68, 69, 
157, 158, 159, 160, 161, 164, 165, 
467,252,955, 254, 255, 256, 257, 
245, 544, 545, 546, 547, 549. 

Pezuis, fils, reçu membre, p. 158. 

Peroonxer. Herbier du cap de 
Bonne - Espérance et du Brésil, 

Perrer, Ed., reçu membre, p. 66. 

Pourain, min., reçu membre, p.164. 

Picrer, F.-J., prof”, reçu membre, 
p. 10. — Matériaux pour la pa- 
léontologie suisse, p.67. 

QuarreraGes, prof” à Paris, nommé 
membre honoraire, p. 44. 

Ramserr, prof. Veronica Buxbaumi, 
p: 15. — Anemone hortensis dis- 
parue, p.62. — Sur les Viola des 
environs de Lausanne, p. 255. 

Rarin. Sur les productions végéta- 
les, nommées Queues de renard, 
p- 154. — Leucoium vernum, p. 
154. — Veronica Buxbaumi , p. 
155. 

RENEVIER, Eug. Note sur quelques 
points de la géologie de l’Angle- 
terre, p. 8, 51. — Succession des 


TABLE DES MATIÈRES. 


flores et des faunes en géologie, 
p. 10, 12. — Gastornis parisien- 
sis, p. 11. — Coryphodon, p. 12. 
— Synonymie de la Matica ro- 
tundata , p. 45, 54. — Néritine 
de la mollasse, p. 66. — Carte 
géologique de l'Europe , p. 453. 
— Fossiles d’eau douce inférieurs 
au crétacé, au Locle, p. 234, 259. 
— Paléontologie suisse, p. 543. 

Rocnar, Ls., reçu membre, p. 240. 

Rouce, D, reçu membre, p. 545. 

Rucuonxer, recu membre, p. 345. 

DE RUMINE , G. et GauniN, Ch. Ob- 
servations ozonométriques , p. 8, 
67,118, 165, 214. 

ScunETzLER. Parasite végétal sur les 
mouches, p. 4. — Matière rouge 
dans les eaux de l’Alliaz, p. 67, 
401. — Observations sur la chlo- 
rophylle, p. 241, 281, 

Société linnéenne de Normandie, 
échange accepté, p. 5. 

Société d'agriculture de la Sarthe, 
échange accepté, p. 5. 

Société des naturalistes de Malvern, 
échange accepté, p. 6. 

Société des ingénieurs civils de Pa- 
ris, échange accepté, p. 6. 

Société des naturalistes de Cotles- 
would, échange accepté, p. 10. 

Société des sciences de l'Yonne, 
échange accepté, p. 14. 

Sociélé des sciences naturelles du 
Wurlemberg, échange accepté, 
p. 155. 

Société des sciences naturelles des 
Grisons, échange accepté, p. 255. 

Sociélé des sciences naturelles du 
grand duché de Nassau, échange 
accepté, p. 945. 

Troyow, reçu membre, p. 545. 

Université de Pise, échange accepté, 
p. 259. 

Vionner, pasteur, reçu membre, p. 
240. 

pe Vos, Aug., juge de paix, recu 
membre, p. 249. 

Yersin, prof”. Recherches sur les 
fonctions du système nerveux 
dans les articulés, p. 68, 449, 
241,284%.— Sur le vaisseau dorsal 
des orthoptères, p. 241, 320. — 
Elephas primigenius à Morges, p. 
241. 

Zimmer, Georges, D’, reçu membre, 
p- 66. 1 

Zozuxorer. Description du glacier 


» 


TABLE DES MATIÈRES. 13 


de Macugnaga, p. 158, 192. — erratique poli et strié, p. 231. — 
Terrains quaternaires de la Vallée Bassin hydrographique du P6, p. 
du Pô, p. 162. — Antiquités du 935, 241 , 264. — Candidat pour 
lae de Hofwyl, p. 162, 232, 255. la Société helvétique, p. 242. — 
— Reçu membre, p.165. — Bloc Erdburg, voir Bessard, p. 544. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU V° VOLUME. 


FAUTES À CORRIGER. 


Page. 

158, ligne 8, Guillermin, lisez: Guillemin. 
165, » 14, gésier, lisez : estomac. 

166, » 5, en remontant, Toll, lisez: Fol. 
238, » À, concave, lisez: concaves. 


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TABLE DES MATIÈRES DU PRÉSENT NUMÉRO. 


. Pages. 
MAREENEENAUX 2 us PE NOTA Ie CR te Der de Vs TA 


MÉMOIRES. 


Recherches sur l'intensité or de et la ete de l'acier, 
par M. L. Dufour . . . 951 
Reproduction photographique en “bleu 4 TR par \. H. Bischoff 405 
Résistance des grès de la Molière, par M. L. Gonin . . . . 404 
Sur les chéloniens de la mollasse vaudoise, par M. Ph. Denine . 405 


Le BULLETIN n’est adressé qu'aux membres qui ont acquitté 
leur contribution annuelle. 


Pour les personnes étrangères à la Société, le Prix d'abonnement 
au Bulletin est fixé à 5 fr. par année, payables d'avance. 


On s’abonne chez F. Blanchard, impr.-libraire , 
à Lausanne. 


TRES 2 — — 


SÉANCES 


de la Société vaudoise des seiences naturelles 


1857-1858. 

4853. Novemb. 4, particulière. | 1858. Mars 3, particulière. 

» » 48 , générale. » » 47 , id. 

»  Décemb. 9, particulière. » Avril y LE id. 

D A D 46, id. » » 21 , générale. 

°  » Mai 5, particulière. 

1858. Janvier 6, id. » » 49, id. 

» » 20, , id. » Juin 2e id. 

»  ÆFévrier 5, id. » » 16 , annuelie. 

» » 17, générale. » Juillet 7, particulière. 


Les séances ont lieu à 7 heures du soir , à l’hôtel de ville , salle 
de la justice de paix. 


Les auteurs sont responsables des opinions qu'ils émettent. 


SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. 


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__ BIBLIOTHÈQUE 


rédigé par 
Ts GARSOME 


ARCHIVISTE. 


1° MAI 1858. 


LAUSANNE 


IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD 


ES 1858 


SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES. 


——@—————————@——@—@Z————————— 2, 


CATALOGUE 


DE La 


BIBLIOTHÈQUE 


| 1° MAI 1858. 


LAUSANNE. 


IMPRIMERIE DE F. BLANCHARD. 


1858. 


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LA 


14. 
15. 


12, 


11. 


13. 


10. 


CATALOGUE 


BBERBRROAIRLELNS) EI 
de la Société vaudoise des Nctences naturelles. 


ee “qui 


I. MATHÉMATIQUES. 


Baden-Powell, M.-A. On the theory of parallel lines. Oxford 
1842, br. 8°. 

— On the theory of ratio and proportion as treated by Euclid 
including an inquiry into the nature of quantity. Ox- 
ford 1836, br. 8°. 

— On necessary and contingent truth considered in regard to 
some primary principles of mathematical and mechanical 
science. Oxford 1849, br. 8°. 

Chavannes, Fréd. Série de problèmes de géométrie élémentaire 
plane. Lausanne 1837, br. 8°. 

— Cours d'algèbre élémentaire. Lausanne 1845. br. in-12. 

Dollond, G. Description of the atmospheric recorder or self- 
registering apparatus. London, br. 8°. pl. 

Donken, W.-F. An essay of the theory of the combination of 
observations. Oxford 1844, br. 8°. 

Dutoit, A.-L. Théorie des intérêts composés infinitésimaux, 
etc. Lausanne 1857, br. 8°. 

Gay, J., prof. Dissertation sur les différents principes de la 
statique. Lausanne 1847, br. 4°, 

Hamilton, Sir W. On the law of the circular hodograph and 
the Newtonian law of attraction. Dublin 1846, br. 8°. 

Pache, Henri. Notice sur une machine d'extraction à colonne 
d’eau. Paris, br. 8°. pl. 

Price, Bartholomew. Essay on the relation of the several parts 
of a mathematic science, etc. Oxford 1849, br. 8°. 
Secretan, Marc. Essai sur les principaux moyens de calculer 
les logarithmes des nombres. Dissertation. Lausanne 

1338, br. 4°. 

Seidel, Ludwig. Bemerkungen über den Zusammenhang zwi- 

schen dem Bildungsgesetze eines Kettenbruches und der 


ASTRONOMIE. — PHYSIQUE. 


Art des Fortgangs seiner Näherungsbrüche. München 
1855, br. 4°. 

Smith, H.-J.-S. On some of the methods at present in use in 
pure geometry. Oxford 1852, br. 8°. 

Wild, J.-J. Die christliche Zeïitrechnung und die grosse Pyra- 
mide von Aegypten. Zurich, feuille in-folio. 

Wolf, Rud. Einige Sätze aus der Geometrie. Bern 184%, br. 8°. 

— Die Lehre von den geradlinigen Gebilden in der Ebene. 
Bern 1841, À vol. 8° rel. 


IT. ASTRONOMIE. 


Annalen der Kônigl. Sternwarte bei München, vol. I-IX, 
bre 

Cornuel, J. Notice sur la cause des mouvements de rotation 
et de translation de la terre et des autres planètes. Paris . 
1854, br. 8°. 

Berscheli, Sir John. Results of astronomical observations made 
during years 1834-1838, at the Cape of Good-Hope, etc. 
London 1847, 4 vol. 4° tiré à 100 exempl. pl. 

Jahresberichte der Münchener Sternwarte für 1852 u. 1854, 
br. 8°. 

Lamont, D', J. Beschreibung der an der Münchener Sternwarte 
zu den Beobachtungen verwendeten neuen Instrumente 
und Apparate. München 1851, br. 4° pl. 

— Observationes astronomicæ in specula regia Monachiensi 
institutæ et regio jussu public. imp. edit., vol. XV, 1844, 
br. 4°. 

Masset, L. Nouvelle méthode pour l’enseignement de la sphère. 
Lausanne 1850, br. 8°. 

Plantamour, E. Observations astronomiques faites à l’obser- 
vatoire de Genève en 1846 et 1847, VI et VII séries. 
Genève 1848. 2 br. 4°. 

Wartmann, L.-F. Sur une occultation de Jupiter et de ses 
quatre satellites par la lune et sur un nouvel observa- 
toire fondé en Chine. 1831, feuille 8°. 


IT. PHYSIQUE. 


Ampère de l’Institut. Recueil de mémoires, etc. relatifs à l'ac- 
tion mutuelle de deux courants électriques, etc. Paris 
1822, br. 8°. pl. 


57. 


58. 


49, 


PHYSIQUE. \ 5) 


Baden -Powell, M.-A. Observations for determining the re- 
fractive indices for definite rays of the solar spectrum. 
Oxford 1838, br. 8°. 

— On the nature and evidence of the primary law of motion. 
Oxford 1837, br. 8°. 

Baup, Samuel. Détermination barométrique de l'altitude de 
plusieurs localités des cantons de Vaud, Fribourg et Va- 
lais. Genève 1850, br. 8°. 

Bravais, A. Mémoire sur les halos. Paris 1847, vol. 4°. pl. 

— Notice sur le mirage. Versailles 1852, br. 4°. 

— et Martins, Ch. De la vitesse du son entre deux stations 
également ou inégalement élevées au-dessus du niveau de 
la mer. 1846, br. 8°. 

Burnier, Fr. et Plantamour, E. Nivellement du Grand St. Ber- 
nard. Genève 1855, br. 8°. 

Cantoni, Giovanni. Osservazioni su le perturbazioni barome- 
triche, a proposito di quelle occorse in Lugano nei giorn 
11 e 19 settembre 1857. Lugano, br. 8°. 

Delenzenne. Additions sur les phénomènes d’induction. Lille 
1848, br. 8°, pl. 

— Sur les principes fondamentaux de la musique. Lille, 
br. 8°. pl. 

— Expériences sur les cordes des instruments à archet. Lille 
1853. br. 8°. pl. 

— Observations sur le ré de la gamme. Lille, br. 8°. 

— Table de logarithmes acoustiques depuis 14-1200, précédée 
d’une instruction élémentaire. Lille 4857, br. 8°. 

Dufour, Louis, prof. Des températures de l'air et des mirages 
à la surface du lae Léman. Lausanne 1855, br. 8°. pl. 

— Note sur les images par réfraction à la surface du lac Lé- 
man. Lausanne 1856, feuille 8°. 

— De l'influence de la température sur la force des aimants. 
Lausanne 1856, br. 8°. 


49 bis. — Sur l'intensité magnétique des aimants au-dessus de 


50. 
62. 
19. 


100°. Genève 1857, br. 8°. 

— De la correction de la température dans les observations 
du magnétisme terrestre. Genève 1857, br. 8°. 

— Recherches sur les rapports entre l'intensité magnétique 
des barraux d'acier et leur température. Lausanne 1858. 

Duprez, F. Mémoire sur un cas particulier de l'équilibre des 
liquides, br. 4°. pl. 

Electricité, recueil de brochures, 1 vol. 8°. contenant : 

De la Rive, A., prof. Procédés électro-chimiques pour dorer 
l'argent et le laiton. 1840. 


16. 


PHYSIQUE. 


De la Rive, À., prof. Coup-d'œil sur l’état actuel de nos con- 
naissances en électricité. 1841. 

— Nouvelles recherches sur les propriétés des courants élec- 
triques discontinus et dirigés alternativement en sens 
contraires. 1841. 

Du Bois-Reymond, E. Recherches sur l'électricité animale, 1850. 

Marianini, Stef., D°. Memoria sopra la scossa che provano 
gli animali nel momento che cessano di fare arco di co- 
municazione fra i poli d'un elettromotore, etc. Venezia 
1828. | 

Riess, P. Sur les figures roriques. 1842. 

Santi-Linari. Recherches sur les propriétés électro-chimiques 
de la torpille. 1838. 

Wartmann, Elie. Essai historique sur les phénomèënes et les 
doctrines de l’électro-chimie. Genève 1858. 

— Expériences sur la non caloricité propre de l'électricité. 
1842. 

— Sur les travaux récents qui ont eu pour objet l’étude de 
la vitesse de propagation de l'électricité. 1842. 

— Premier mémoire sur les divers phénomènes d'induction. 

— Sur de nouveaux rapports entre la chaleur, l'électricité et 
le magnétisme. 1845. 

— Troisième à huitième mémoire sur les phénomènes d’in- 
duction. 

— Note sur les courants électriques qui existent dans les vé- 
gétaux. 1850. 

Electricité, recueil de brochures, À vol. 4°. renfermant : 

Botto, J.-D. Sur les lois de la chaleur dégagée par le courant 
voltaïque, etc. Turin 1845. 

De la Rive, Aug., prof. Researches on the voltaïc arc, etc. 
London 1847. 

Bumpbhrey Lloyd, Rev. On the determination of the intensity 
of the earth’s magnetic force in absolute measure. Dublin 
1843. 

— Results of observations made at the magnetical observatory 
of Dublin. 1840-43. 

— On the mean results of observations. 1849. 

Wartmann, Elie. Mémoire sur la diathermansie électrique des 
couples métalliques. Genève 1840. 

Flaction. Mémoire pour le concours sur le chauffage. 2 cah. 
man. 1832. 

Forbes, James. Illustrations of the viscous theory of glacier 
motion. London 1846, br. 4°. pl. 


RC qe 


54. 
28. 


PHYSIQUE. 7 


Forni, L., D'. Sulla esistenza e proprietà del calorico, ete. 
Torino 1824, br. in-12. 

Jolly, Prof. D'. Ueber die Physik der Molecular-Kräfte. Mün- 
chen 1857, br. 4°. 

Kendall, Amos. Morse’s patent. Full exposure of D° Chas. 
T. Jacksons pretensions to the invention of the american 
electro-magnetic telegraph. Washington 1852, br. 8°. 

Lamont, J., D'. Resultate des magnetischen Observatoriums in 
München wæhrend der dreijährigen Periode 1843-1845, 
br. 4°. 

— Magnetische Karten von Deutschland und Bayern. Mün- 
chen 1854. Atlas folio. 

Magnetische Ortsbestimmungen an verschiedenen Punkten 
Bayern’s, Lu. Il Theil. München 1854 u. 56, 2 v. 8°. pl. 

Magnétisme. Recueil de brochures, 1 vol. 8°. relié, pl., con- 
tenant : 

Bravais, A. Observations de l'intensité du magnétisme terres- 
tre en France, en Suisse et en Savoie. Paris 1846. 

— Sur les aurores boréales vues à Bossekop et à Jupvig en 
1838 et 39, etc. Paris 1846. 

— Sur les variations de l'intensité magnétique horizontale 
observées à Bossekop, etc. Paris 1847. 

de Haldat. Essai historique sur le magnétisme. Nancy 1850. 

— Deux mémoires sur le magnétisme. Nancy 1846. 

Eumphrey Lloyd, Rev. On a new magnetical instrument for the 
measurement of the inclination, ete. Dublin. 

— Account of the induction-inclinometer and of its adjust- 
ments. London 1842. 

— On the determination of the intensity of the earths ma- 
gnetic force. Dublin 1843. 

— On the variations of the magnetic declination at Dublin. 

Wartmann, Elie. Recherches relatives à l’action du magné- 
tisme sur différents corps. 

Marianini, Stefano. Memorie di fisica sperimentale. Années 
1-4. 6 cah. Modena, br. 8°. pl. 1838-42. 

Marianini, P. Domenico. Sopra l’equivalenza di alcuni spazii e 
solidi infinitamente .estesi, etc. Modena 1845, br. 8°. pl. 

Monney. Mémoire pour le concours sur le chauffage. 1 cah. 
man, 1832. 

Physique. Recueil de brochures, 4 vol. 8°. pl. contenant : 

Bravais, À. et Martins, Ch. De la vitesse du son entre deux 
stations également ou inégalement élevées au-dessus de la 
mer. 


PHYSIQUE. 


Delezenne. Sur les principes fondamentaux de la musique. Lille 
1838. 

Marianini, Marco. Aggiunta alla macchina dell Atwood, ete. 
Modena 1844. 

— Stefano. Di un fenomeno che presentano le bolle comuni 
di sapone messe a galleggiare sul gaz acido carbonico. 

Plateau, M.-J. Première note sur une nouvelle application cu- 
rieuse de la persistence des impressions de la rétine. 

Wartmann, Elie. Mémoire sur le Daltonisme ou la Dyschro- 
matopsie. 1845. 

— Note sur la polarisation de la chaleur atmosphérique. 1849. 

— Note sur la polarisation des rayons chimiques qui existent 
dans la lumière solaire. 1850. 

Wheatstone, Ch. Sur un nouveau photomètre. 

Plateau, J. Deuxième note sur de nouvelles applications cu- 
rieuses de la persistence des impreosions sur la rétine, 
br. 8°. 

— Troisième note, etc. 

— Quatrième note, ete. 

Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d’é- 
quilibre d'une masse liquide sans pesanteur. Bruxelles 
1849, br. 4°. 2° série. 

— Idem. 1856, 3° série. 

Pouillet, Propagazione del calorico e calorimetria, tradotto 
da Melloni, br. 8°. pl. 

Quetelet. Rapport sur l’état et les observations de l’obser- 
vatoire royal. Bruxelles 1853, br. 8°. 

Regnault, V. Relation des expériences pour déterminer les 
lois numériques, etc. qui entrent dans le calcul des ma- 
chines à vapeur. Paris 1842, 1 vol. 4°. pl. et atlas. 

Stokes, G.-G. On the dynamical theory of diffraction. Cam- 
bridge 1850, br. 4°. 

— On the effect of the internal friction of fluids on the motion 
of pendulums. Cambridge 1854, br. 4°. 

Svanberg, Adolf. Ferd. Fürsôck att fôrklara orsaken till den 
dynamiska thermo electriciteten. Upsala 1851, br. 4°. 

Verdeil, P. Mémoire pour le concours sur le chauffage, 1 cah. 
man. 1832. 

Wartmann, Elie. 1° Mémoire sur deux balances à réflexion. 

Genève 1841, 4°. pl. 
2° Mémoire sur le Daltonisme. Genève 1844. 
3° Deuxième mémoire sur le Daltonisme. 
Genève 1849, 4 vol. 4°. cart. 


42. 
43. 


MÉTÉOROLOGIE. 9 


Wartmann, Elie. Recherches sur la conductibilité des miné- 
raux pour l'électricité voltaïque. Genève 1851, br. 4°. 

— Note sur quelques expériences faites avec le fixateur élec- 
trique. Genève 1852, br. 8°. 

— Description d'appareils destinés à établir une correspon- 
dance immédiate entre deux lieux quelconques des sta- 
tions situées sur une même ligne télégraphique. Genève 
1853, br. 8°. 

— Description du compensateur voltaïque destiné à maintenir 
constante l'intensité d’une pile quelconque. 1853. 

— Sur l'éclairage électrique. Genève 1857, br. 8°. pl. 

Wolf, Rud. Einige Sætze aus der Physik. 1846, feuille 8°. 

Zantedeschi, Francesco, abbate. Trattato del magnetismo e 
dell'elettricità. Venezia 184%, 2 vol. 8°. rel. fig. 

— Trattato del calorico e della luce. Venezia 1846, 8°. 

— Ricerche fisico-chimico - fisiologiche sulla luce. Venezia 
1846, 4°. (edizione di 100 esemplari.) 

— Annali di fisica. Padova 1849-50, 1 vol. 8°. pl. rel. 

— Nuovi esperimenti risguardanti l'origine dell'elettricità at- 
mosferica, etc. Venezia 1854, f. 8°. pl. 

— Nota intorno ad uno scaricatore elettrico-telegrafico. 1854, 
br. 8°. pl. 

— Raccolta fisico-chimica italiana, etc. br. 8°. Venezia 1846, 
fascicolo 9. 

— De mutationibus quæ contingunt in spectro solari fixo, br. 
4°. München 1847. 

Zschokke, Heinrich. Die farbigen Schatten, ihr Entstehen und 
Gesetz. Aarau 1826. 


IV. MÉTÉOROLOGIE. 


Blanchet, Rod. Mémoire sur l’orage qui a ravagé le canton de 
Vaud le 23 août 1850. (Ann. météor. de France 1852), 
br. 4°. pl. 

— Communication sur la grêle (Acta de la Soc. helv.) 1853. 
br. 8°. 

Chavannes, D.-A., prof. Rapport sur l'expérience des para- 
grêles, faite pendant l'été 1825, br. 8°. 

Delezenne. Sur la constitution et la suspension des nuages, br. 
8°. Lille 1856. 


10 


[e] 


9. 


17. 


12. 


MÉTÉOROLOGIE. 


. Forbes, James-D. Supplementary report on meteorology. Lon- 


don 1841, br. 8°. 

— Account of some experiments on the temperature of the 
earth at different depths at in different soils near Edin- 
burgh. Edinbg 1846, 1 vol. 4°. pl. 

Instruction pour l'observation des phénomènes périodiques, 
br. 4°. Bruxelles 1853. 

Eubn, Karl. Ueber das Klima von München. M. 1854, br. 4°. 

Lamont, D'. J. Beobachtungen des meteorologischen Obser- 
vatoriums auf dem Hohenpeissenberg von 1792 bis 1850. 
München 1851, 4 vol. 8°. 

— Resultate der an der Münchener Sternwarte veranstalteten 
meteorologischen Untersuchungen mit Einfluss auf Clima 
und Gesundheitsverhältnisse. München 1857, br. 8°. 

Mac-Cullod, R.-S., prof. Letter from the Secretary of the 
treasury, communicating a report of the computation of 
tables to by used with the hydrometer recently adopted 
for use in U. S. custom-house, made under the super- 
intendence of prof. Brache. Washington 1851, br. 8°. 

Meteorologische Beobachtungen, angestellt auf Veranstellung 
der naturf. Gesellschaft in Zürich, années 1837 à 1844, 
8 cahiers 4°. 

Recueil de brochures , À vol. 8° cart., renfermant : 

Antinory, Vincenzio. Sull’archivio meteorologico centrale ita- 
liano. Firenze 1844. 

Baup, Sam. Détermination barométrique de l'altitude de plu- 
sieurs localités dans le canton de Vaud, Fribourg et 
Valais. Genève 1850. 

Bæckel, Th. Observations météorologiques de 1843. Stras- 
bourg 1845. 

Bravais, À. Sur le phénomène de l’arc-en-ciel blanc, 1845. 

De la Rive, Aug. et Marcet, F. Mémoire sur l'influence de la 
pression atmosphérique sur les boules du thermomètre. 
Genève 1823. 

Eynard, J. Comparaison des hauteurs moyennes barométri- 
ques à Genève, Rolle et le grand Saint-Bernard. Genève 
1822. 

Herschell, Sir John. Sur divers phénomènes cosmiques, tra- 
duit par E. Wartmann. Genève 1848. 

Huber Burnand. Journal météorologique rédigé à Yverdon. 1" 
livraison, 1829. 

Lloyd, H. Note on the value of the numerical cæfficient in the 
hygrometic formula, etc. 


L. 


16. 


16. 


14. 


CHIMIE. 41 


Wartmann, Elie. Note sur quelques observations de météoro- 
logie faites dans une ascension de l’Oldenhorn en 1843. 

— Sur divers phénomènes météorologiques. Genève 1849. 

— Sur les ombres atmosphériques. Genève 1849. 

— Sur deux météores extraordinaires. Genève 1846. 

Wells, Wilh. Carl. Versuch über den Thau. Zurich 1821. 

Recueil de brochures, À vol. 8°. cartonné, contenant : 

Chavannes, D.-A. Rapport sur l'expérience des paragréles. 
Lausanne 1825. 

Orioli, Francesco. Della formazione della gragnuola. Bologna 
1826. 

— De’ paragrandini metallici. Bologna 1826. 
Plieninger, Prof. D'. Gemeinfassliche Belehrung über den 
Maikäfer als Larve und als Käfer. Stuttgart 1834. 
Rapport à M. le chevalier Pullini de St. Antonin sur l’essai 
de paragrêles, ete. Chambéry 1895. 

Rigaud, Step. Peter. Remarks on the proportionate quantities 
of rain at different seasons in Oxford. 4835. 

Wartmann, père. Note sur divers phénomènes météorologi- 
ques. Genève 1840, br. 8°. 

Witterungsbeobachtungen in Aarau, im Mai 1847, feuille 4°. 


V. CHIMIE. 


Bischoff, J.-C. Essai sur les vins et le vinaigre. Lausanne 
1834, br. m-12. 

Blanchet, Rod. Essai sur la combustion dans les êtres orga- 
nisés et inorganisés. Lausanne 1855, br. &. 

Cooke, Josiah-P. On two new crystalline compounds of zink 
and antimony, ete. Cambridge 1855, br. 4°, 

de Fellenberg, D’, L. R. Analyse de l’eau minérale de Weis- 
senbourg. Lausanne 1846, br. 8°. 

— Analyse de l'eau minérale de Blumenstein près Thoune. 
Berne 1852, br. 8°. 

— Analyse der Schwefelquellen in der Lenk. Bern 1857, 
br. 8°. 

— et Bischoff, H. Expertise chimico légale à l’occasion d’un 
cas d’empoisonnement, br. 8°. 1846. 

Forni, Louis. Résultat des recherches sur les propriétés des 
substances métalliformes des différentes terres, ete. Tu- 
rin 48214, br. 8°. 


CHIMIE. 


Gonin, F. Sur un sulfo-chlorure rouge de plomb. Bordeaux, 
br:/88} 

Martens. De l'influence de la cohésion sur les réactions chi- 
miques (Acad. de Bruxelles), br. 8°, 

Recueil de brochures, L vol 8°. contenant : 

Les bains de l'Alliaz. Berne 1844. 

de Fellenberg, D', L.-A., prof. Analyse de l’eau minérale de 
Weissenbourg. Lausanne 1846. 

— Sur la nature constitutive de différentes sortes de fibrine 
de cheval dans l’état normal et pathologique. Berne 1841. 

— Analyse des eaux minérales d'Ottenleue. Genève 1840. 

— Analyse de l'eau minérale de l’Alliaz. Lausanne 1847. 

— De l’eau thermale des bains de l'hôtel des Alpes à Lou- 
eche. Lausanne 1844, 

— Méthode sûre pour trouver et pour dorer quantitative- 
ment l'arsenic dans les matières empoisonnées. Lausanne 
1844. 

— Ueber die Zersetzung der Schwefelmetalle durch Chlorgas. 

— Analyse des Eisenperidots. 1840. 

— et Bischoff, H. Expertise chimico-légale à l’occasion d’un 
cas d'empoisonnement. Lausanne 1846. 

— und Valentin, G. Ueber die bei der Consolidation des Fa- 
serstoffes stattfindenden Veränderungen der elementar- 
analytischen Bestandtheïle desselben. 

Baup, Sam. Sur la fixation du chiffre des équivalents chimi- 
ques. Genève 1842. 

— Sur l'acide de l'Equisetum fluviatile et sur quelques aconi- 
tates. Paris 1846. 

Blanchet, R. Darstellung und Analyse einiger ætherischen 
Oele. 

— und Sell. Ueber die Zusammensetzung einiger organischen 
Substanzen. Heidelberg 1833. 

Bonastre. Sur la coloration des huiles essentielles par l'acide 
nitrique. Paris 1825. 

Liebig, Justus. Ueber die Zusammensetzung des Asparamids 
und der Asparaginsäure. 

Schœnbein. De la production de l'ozone. Genève 1840. 

Tingry. Analyse des eaux minérales savonneuses d'Evian. 
Genève 1808. 

Verdeil, Fr. Ueber die krystallisirte Galle. 

— Schwefelbestimmungen einiger organischer Kôrper. 

Schænbein, C.-F. D’. Ueber die nächste Ursache der spon- 
tanen Bläuung einiger Pilze. München 4856, br. 4°. 


18. 
19. 
20. 


24. 


æ 


10. 
11. 


ar. 


30. 


ANATOMIE. — ZOOLOGIE. — PHYSIOLOGIE. 43 


Schœnbein, C.-F., D'. Ueber einige neue Reihen chemischer 
Berührungswirkungen. München 1856, br. 4°. 

— Mittheilungen über metallische Superoxyde. München 
1357, br. 4°. 

— Verhalten des Bittermandelôles zum Sauerstoffe. München 
1857, br. 4°. 

Tancred, Thomas, M. A. On the collection of boracid acid 
from the Lagoni of Tuscany. Oxford 1837, br. 8°. 
Vogel, D', A. j'. Ueber den Chemismus der Vegetation. Mün- 

chen 1852, br. 4°. 
— Ueber die Zersetzungen der salpetersauren Salze durch 
Kohle. München 1855, br. 4°. 
— Beitrag zur Kenntniss der oxalsauren Salze. München 1855, 
br. 4°. 
— und Reischauer, D’. Ueber Bleisesquiphosphat. München 
1856, br. 4°. 


VI. ANATOMIE. — Z00LOGIE. — PHYSIOLOGIE. 


Annales de la Société linnéeune de Lyon. Nouv. série II, gr. 8°. 
pl. 1855. 

Bayle, A.-L.-G. et Hollard, H. Manuel d'anatomie générale. 
Paris 1827, br. in-19. 

Bigge, Edw. M. D. Observations on the natural history of two 
species of wasps. Oxford 1835, 8°. 

Bulletin mensuel de la Société zoologique d’acclimatation, n° 4 
à 8, mars à octobre 1854. Paris, br. 8°. pl. 

Chabot. Réflexions sur la pisciculture. Versailles 1854, br. 8°. 

De la Harpe, D, J.-C. Faune suisse. Lépidoptères. V° partie. 
Pyrales, br. 4°. 

— Second supplément aux phalénides de la faune suisse, br. 
8°. Zurich 1853. 

Doyère, L. Etude du lait au point de vue physiologique et éco- 
nomique. Versailles 1856, br. 4°. 

Ducrotay de Blainville. Cours de physiologie comparée. Paris 
1829, 4 vol. 8. rel. 

Fischer, D’, S. Beitrag zur Kenntniss der Ostracoden, München 
1855, br. 4°. pl. 

Geubel, D', H.-C. Zoologische Notizen, enthaltend eine Reihe 
von Beobachtungen nebst philosophischen und chemisch- 


14 


ANATOMIE. — ZOOLOGIE. — PHYSIOLOGIE,. 


physiologischen Bemerkungen über mehrere Weiïch-und 
Glieder-Thiere. Landau 1852. 

Giorna, figlio. Calendario degli insetti del Piemonte (Gennaio- 
Giugno). br. 8°. 

Girard, Charles. Essay on the classification of Nemertes and 
Planariæ. br. 8°. 1846. 

Gistl, Johannes. Enummeratio coleopterorum agri Monacensis. 
Monachii 1829, br. 8°. 

— Beschreibung des Skeletes des dreistreifigen Nachtæffers 
(Nyctipthecus trivirgatus) einer zur Ordnung der Aeffer 
gehôrigen Gattung. Leipzig 1836, br. 8. pl. 

— Ueber eine neue Familie, Sippe und Gattung aus der Ord- 
nung der Käfer. München 1836, br. 8°. pl. 

Heer, D’. Oswald. Die Käfer der Schweiz, ete. I Theïl, 1-3. 
Lieferung, br. 4°. 

— Die Käfer der Schweiz, Kritische Bemerkungen und Be- 
schreibungen der neuen Arten. Il Th. Lieferung. Neuch. 
1837, L°. 

Herrich Schæffer. Index alphabetico-synonymicus insectorum 
hemipterorum heteropterorum. Regensb. 1853, br. 8°. 

Histoire du ver de la vigne et moyens de le détruire. Extrait 
d’un rapport. Lausanne 1840, br. in-12°. 

Hollard, Henri. Nouveaux éléments de zoologie. Paris 1838, 
1 vol. 8. pl. 

— Etudes zoologiques sur le genre Actinia. Paris 1854, br. 8°. 

— Musée des collèges, des écoles et des familles. Lausanne, 
atlas f”. 

— Monographie de la famille des Ostracionides. Paris 1856, 8°. 

Holme, Fred. On the earlier notices relative to the natural his- 
tory of the giraffe. Oxford 1838, 8°. 

Lovén, S. Index molluscorum litora Seandinaviæ occidentalia 
habitantium. Holmiæ 1846. br. 8°. 

— Malacozoologi, ete. br. 8°. 

Mortillet, Gabr. de. Catalogue des mammifères de Genève et 
des environs, br. 8°. 

von der Mühle, Graf. H. Vier Tafeln zur Monographie der eu- 
ropæischen Sylvien. Regensbourg 1856, 4 pl. 4°. 

Pictet, F.-J. Description d’un veau monstrueux. Genève 1850, 
br. 4°. pl. 

Recueil de brochures, 4 vol. 4°. contenant : 

de Bosset. Notice sur la présence temporaire de l'Ophidium 
imberbe dans la cavité du corps d’une Holothurie de la 
faune française. Neuchâtel 1834. 


à + 7 


À bis. 
5. 
6. 
26. 


12. 
38. 


BOTANIQUE, 15 


Girard, Charles. Révision du genre Cottus des auteurs. Was- 
hington 1831. 

Hollard, H. Etudes sur l'organisation des Actinies. ; Thèse. 
Paris 1848. 

— Considérations sur la distribution géographique des reptiles 
dans la période secondaire, id. Paris 1848. 

v. Meyer, Herm. Pterodactylus Gemmingi. 1846, pl. 

v. Olfers, J. Fr. M. Ueber die grosse Seeblase. Berlin 1832, pl. 

— Die Gattung Torpedo. Berlin 1831, pl. 

Pruner, Fr. Die Ueberbleibsel der altægyptischen Menschen- 
raçe. München 1846, 2 pl. 

Wagner. Andeutung zur Characteristik des organischen Lebens. 

München 1845. 
Roques de Maumont, J.-E. Mémoire sur les polypiers de 
mer. Zelle 1832, br. 8. pl. 

Schinz, prof. Catalogue des animaux vertébrés de la Suisse. 
Extrait de la faune helvétique. Lausanne 1839, br. in-12. 

Trévisan, V. Zoologia popolare. Parte prima, anatomia e fisio- 
logia animale. Padova 1851, br. 8°. 

Zoological Society of London. Années 1830 à 44, 4 vol. rel. 
8°. pl. 1845, 1846 (1847 incompl.), 1848-1857, br. 8°. 


VIT. BOTANIQUE. 


Bartolozzi, Francesco. Su l’origine dell’ orobanche o suceia- 
mele, littera, br. 4°. Firenze. 

Bridel, Ph. Botanique du district de Vevey, cahier man. cart. 

Catalogue des Cryptogames, cah. man. 

— des plantes vasculaires qui croissent naturellement dans le 
canton de Vaud. Publication de la Société vaudoise des 
sciences naturelles. Vevey 1836, br. in-12. 

de Charpentier, Jean, et Thomas, Em. Botanique des districts 
d’Aigle et du pays d'Enhaut. 1832, cah. man. cart. 


-Chavannes, Edouard. Monographie des Antirrhinnées, Paris 


1833, 4°. pl. rel. 

Compte-rendu des travaux de la société Hallérienne de Genève, 
n° 1, 2. 1852-54. 

Contejan, Ch. Enumération des plantes vasculaires des envi- 
rons de Montbéliard. Besançon 1854, br. 4°. 

Dufour, Louis, prof’. Cours élémentaire sur les propriétés 


16 


45. 


30. 


36. 


37. 


44. 
43. 


32. 


39. 


34. 
35. 
kA. 


42. 


BOTANIQUE. 


des végétaux et leurs applications. Lausanne 1855, vol. 
12°. br. 

Durheim, C.-J. Idiotikon de la flore helvétique. Berne 1856, 
À vol. 8°. cart. 

Forel, Alex. Botanique des environs de Morges. Cahier man. 
cartonné. 

Gaudin. Flora helvetica, sive historia stirpium, etc. Turici 
1828-33, 7 vol. 8°. pl. reliées. 

— Synopsis floræ heveticæ; opus posthumum editum a J.-P. 
Monnard. Turici 4836. 4 vol. 12°. br. 

Gay, J. Notice sur un chêne nouveau de la flore de France, 
br. 8°. Paris 1857. 

— Sur la distribution géographique des trois espèces de la 
section Gamon du genre Asphodelus, br. 8°, Paris 1857. 

Hales, Herm.-Steph. Statick der Gewächse oder angestellte 
Versuche mit dem Saft in Pflanzen und ihrem Wachs- 
thum. Halle 4748, À vol. 4°. 

Heer, Oswald. Les plantes alimentaires les plus utiles, leur 
distribution et leur influence sur la civilisation. Discours 
traduit par Ch.-Th. Gaudin. Lausanne 1855, br. 8°. 

Jordan, Alexis. De l’origine des diverses variétés ou espèces 
d'arbres fruitiers et autres végétaux généralement cul- 
tivés, etc. Paris 1853, br. 8°. 

— Mémoire sur l'Aegilops triticoïdes, et sur les questions 
d’hybridité et de variabilité spécifique qui se rattachent à 
cette plante. Paris 1856, br. 8°. 

— Nouveau mémoire sur la question relative aux Aegilops tri- 
ticoides et speltæformis, br. 8°. pl. Paris 1857. 

Jeannin, F. Notice sur l'Ajonc marin (Ulex europæus), br. 8°. 
Angon 1856. 

Le Jolis, Aug. Quelques réflexions sur l'étude de la botanique 
et détails sur le mode de reproduction des algues zoos- 
porées, br. 8°. Cherbourg 1852. 

— Mémoire sur l'introduction et la floraison à Cherbourg 
d’une espèce peu connue de lin de la Nouvelle-Zélande, 
ete. Cherbourg 1848, br. 8°. 

— Observations sur les Ulex des environs de Cherbourg. 
1853, br. 8°. 

— Examen des espèces confondues sous le nom de Laminaria 
digitata. Paris 1855, br. 4°. 

Martens. Recherches sur les couleurs des végétaux, br. 8°. 
Bruxelles 1853. 

— Nouvelles recherches sur la coloration des plantes, br. 8°. 
Bruxelles 1856. 


16. 
20. 


BOTANIQUE. 17 


Rapin, Dan. Esquisse de l’histoire naturelle des Plantaginées. 
Paris 1827, br. 8°. 

— Botanique des environs de Payerne, cahier mser. cart. 

Recueil de brochures; 4 vol. 4°. pl. contenant : 

Blanchet, Les champignons comestibles de la Suisse.! Lau- 
sanne 1847. 

De Candolle, A. Rapport sur les plantes rares ou nouvelles qui 
ont fleuri dans le jardin botanique de Genève de 1819-93. 

De la Harpe, J. Essai d’une monographie des vraies joncées. 

Receuil de brochures, 4 vol 8°. contenant : 

De Candolle, A.-P. Essai élémentaire de géographie botanique. 
Strasbourg. 

— Projet d’une flore physico-géographique de la vallée du Lé- 
man, Genève 1821. 

Larègue. Cabinet botanique de M' Benj. Delessert. 

Monnier, Aug. Essai monographique sur les Hieracium et quel- 
ques genres voisins, Nancy 1829. 

Monnard, J.-P. Observations sur quelques crucifères décou- 
vertes par M' de Candolle 1826. 

Schleicher, J.-C. Catalogus hucusque absolutus omnium plan- 
tarum in Helvetia cis et transalpina sponte nascentium. 
Camberii 1821. 

Reuter, G.-F. Catalogue détaillé des plantes vasculaires qui 
croissent naturellement aux environs de Genève, etc. 
Genève 1832, vol. 12°. 

Secretan, L. Monographie suisse, ou description des champi- 
gnons qui croissent en Suisse, etc. Genève 1833, 3 vol. 
8° br. 

Seringe, N.-C. Mélanges botaniques, vol. II n° 3 br. 8°, Ge- 

nève 1824. 

Simony, F., prof'. Fragmente zur Pflanzengeographie des 
ôsterreichischen Alpengebietes, br. 8°. Wien 1853. 
Trevisan, Vittore B. A. Enumeratio stirpium cryptogamicarum 
hucusque in provincia Patavina observatarum. Patavia 

1840, br. 8°. 

— Le alghe del tenere Udinese. Padova 1844, br. &. 

— Nomenclator algarum, ou collection des noms imposés 
aux plantes de la famille des algues. Tome I, 4" livr. Pa 
doue 1845, br. 8°. 


— Saggio di una monografia delle alghe coccotalle. Padova 


1848, br. 80. 
— Catalogue raisonné des plantes cryptogames déposées dans 
l’herbier du chev. V. Trevisan, n° 1. Padoue 1851, br. 8°. 


2 


18 


24. 


25. 


50, 


42. 


43. 


MINÉRALOGIE, — GÉOLOGIE, —— PALÉONTOLOGIE. 


Trevisan, Vittore B. A. Sunto di una memoria sopra alcuni 
nuovi generi et trentadue nuove specie di felci. Venezia 
1852, br. 8°, 

— Sulla origine delle alterazioni che osservansi alla superficie 
delle parti verdi nelle viti. Padova 1852, br, 8°. 

— Caratteri di dodici nuovi generi di licheni. Padova 1853, 
br. 8°. 

— Rettificazione al rapporto della commissione, ete., per lo 
studio della malattia dell'uva, ete, Padova 1853, br. 8°. 

— Poche parole d’aggiunta alla mia rettificazione, ete, Padova 
br. 8°, 


VIII, MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE, — PALÉONTOLOGIE. 


Barrande, J. Observations sur les rapports de la statistique et 
de la paléontologie. Paris 185%, br. 8°. pl. 

Brunner. Géologie de la Suisse par B. Studer , br. 8°. 1852. 

Buchet, J.-P,-A. (Extrait d’un mémoire de), Sur une caverne 
à ossements fossiles à l'Est de St-Jean-du-Gard, suivi 
d'une note de M' F.-J, Pictet, br. 4°, 

de Charpentier. Mémoire sur la nature et le gisement du gypse , 
de Bex et des terrains environnants. Cahier manuscrit 
cartonné. Devens 1818. 

— Essai sur les glaciers et sur le terrain erratique du bassin 
du Rhône. Lausanne 1841, br. 8°. pl. 

Collomb, Ed. Preuves de l'existence d'anciens glaciers dans les 
vallées des Vosges. Paris 1847, 1 vol. 8°. pl. 

— Mémoire sur les glaciers actuels, résumé des observations 
faites sur les glaciers ces derniers temps, br. 8”. Paris 
1857. 

Daubeny, Charles. On the site of the ancient city of thy Aurunci 
and on the volcanic phenomena which it exhibits, br. 
8°. Oxford 1846. 

— Sketch of the geology of North America, br, 8°. pl. 1839. 

Davidson, Th. Distributions des Brachyopodes vivants, tertiai- 
res, crétacés et jurassiques de la Grande-Bretagne. 
Brighton 1854, 8°. 

Demaria, Giacomo. Considerazioni sopra la formazione dei 
massi granitici erratici dell'Italia, etc. Annecy 1854, 
br. 8°. 

— Cause de la formation actuelle de la vallée du Rhône. An- 
necy 1856. br. 8°. 


13. 


54. 


27. 
29. 
21. 


14. 


61 
15 


16. 


17. 


MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE. — PALÉONTOLOGIE. 19 


Escher von der Linth, Arnold. 1°. Geognostische Schilderung 
des Kantons Zürich; 2° Gebirgskunde des Kantons Glarus. 
vol. 12°. pl. cart. 

Fitton, W.-H. Inquieries respecting the geological relations of 
the beds between the Chalk and the Purbeck Limestone 
in the South-East of England. London 1833, 1 vol. 4°. pl. 

— 1° Stratigraphical Section from Atherfield Point to Black- 
Gang-Chine, in the isle of Wigth. 2° Distribution of the 
fossils at present known in this section of the lower 
greensand. 2 feuilles folio, octobre 4847. 

Gastaldi, Bartolomeo. Appunti sulla geologia del Piemonte. 
Torino 1853, br. 4°. pl. 

Gaudin, Ch., et De la Harpe, Phil. Flore fossile des environs 
de Lausanne. Lausanne 1856, br. 8°. 

Geologische Reichsanstalt. Kais. Kænigl. Jahrbuch, Jahrgang I- 
VII, 28 livr. 4°. Wien 1850-57. 

Geological Society of London. Quarterly Journal. Tom. I à XII. 
London, 8°. pl. 


. — Abstracts of the proceedings, n°* 1-3, feuilles 8°. Sessions 


1856-57. 


. Geological Survey of Great-Britain and of the museum of eco- 


nomic or pratical geology in London. Memoirs vol. I, Il 
(part. 1, 2). London 1846-48, 8°. pl. 

Geological Survey of the United Kingdom. Memoirs, figures 
and descriptions illustrative of british organic remains. 
Decade 1-4, 6-8. London 1849-1855, 8°. pl. 

— Records of the school of mines and of sciences applied to 
the arts. Vol. [ (part. 1-%). London 1852-53, 8°. pl. 

— Survey of India Memoirs. Vol. [, part. 4. 4856. Calcutta, 
br. 8°. 

von Hauer, Ritter Franz. Die Cephalopoden des Salzkammer- 
gutes, aus der Sammlung des Fürsten von Metternich. 
Wien 1846, br. f°. pl. 

— et Fetterle, Fr. Coup d'œil géologique sur les mines de la 
monarchie autrichienne. Vienne 1855, L vol. 4° rel. 

Hébert, Ed. Note sur le terrain tertiaire moyen du Nord de 
l'Europe. Paris 1855, br. 8°. 

— et Renevier, Eug. Description des fossiles du terrain num- 
mulitique supérieur des environs de Gap, des Diablerets 
et de quelques localités de Savoie. Grenoble 1854, 
8° pl. 

Heer, Oswald. Flora tertiairia Helvetiæ, livr. I-IV, VI. Win- 
terthur, f°. pl. 


20 


30. 


31. 


MINÉRALOGIE. — GÉOLOGIE. — PALÉONTOLOGIE. 


Heer, Oswald. Ueber die fossilen Planzen von St-Jorge in Ma- 
deira. Zürich 1855, br. 4°. pl. 

Hunt, Robert, Mineral statistics ofthe united Kingdom of great 
Britain and Ireland, fol. London 1853 and 1854, br. 8°. 

Lartet, Ed. Notice sur la colline de Sansan, ete. Auch 1854, 
br. 8°. pl. 

Logan, W.-E. et Sterry-Hunt, T. Esquisse géologique du 
Canada. Paris 1855, br. 42°. pl. 

Marcou, J., prof”. Leçon d'ouverture du cours de géologie pa- 
léontologique à l’école polytechnique fédérale. Zurich 
1856, br. 8°. 


. Martins, Ch. et Gastaldi, B. Essai sur les terrains superficiels 


de la vallée du Pô, aux environs de Turin, comparés à 
ceux de la plaine suisse. Paris 1850, br. 8°. pl. 

Morlot, A. Einige Bemerkungen über die geologischen Ver- 
hältnisse von Untersteier. Wien 1850, br. 8°, pl. 

— Une première leçon de géologie faite à l’Académie de Lau- 
sanne le 1° novembre 1851. Lausanne, br. 8°. 

— Note sur la subdivision du terrain quaternaire en Suisse. 
Genève 1855, 8°. 

— On the post-tertiary and quaternary formations of Switzer- 
land. Edinbourgh 1855, br. 8°. pl. 

de Mortiliet, Gabr. Note sur les combustibles minéraux de la 
Savoie. Annecy 1854, br. 8°. 

— Tableau des terrains de Savoie, feuille in-f°. Annecy 1855. 

D'Omalius d’Halloy. Abrégé de géologie. Paris 1853, 1 vol. 
12°. br. pl. 

Parrat, H. Théorie des courants souterrains ou notice sur la 
formation du Jura. Porrentruy, br. 8°. pl., 1838. 

Pictet, F.-J. Matériaux pour la paléontologie Suisse. Genève, 
4°. pl. 

— etE. Renevier. Description des fossiles du terrain aptien de 
la perte du Rhône et des environs de Ste-Croix. 1854-58. 

— et C. Gaudin et Ph. Delaharpe. Mémoire sur les animaux ver- 
tébrés du terrain sidérolitique du canton de Vand; faune 
éocène. 1855-57. 

Pictet, F.-J. Notice sur les poissons des terrains crétacés de 
la Suisse et de la Savoie, br. 8°. Genève 1858. 

— et Humbert, A. Monographie des Chéloniens de la molasse 
suisse, br. 8°. Genève 1856. 

— et Troyon, Fr. Ossements et antiquités du lac de Moossee- 
dorf, dans le canton de Berne, etc. br. 8°., Genève 
10907. dv 


MÉDECINE. 21 


44. Préavis de la Commission Spéciale des mines du Jura, etc, 
relativement aux éventualités d’épuisement du minérai de 
fer, etc. Porrentruy 1854, 1 vol. 8°. 

1. Rapport fait à la Société linnéenne de Paris sur le fossile trouvé 
. au Long-Rocher de la forêt de Fontainebleau. Paris 1824, 
br. 8°. 

38. Renevier, Eug. Sur la géologie des Alpes vaudoises (première 
note). 1852. 


39. — Seconde note sur la géologie des Alpes vaudoises. 1854. 

40. — Note sur le terrain néocomien qui borde le pied du Jura de 
Neuchâtel à La-Sarraz. 8°. pl., 1853. 

&1. — Résumé des travaux de M.-D. Sharpe sur le clivage et la 
foliation des roches. 1855. 

35. — Mémoire géologique sur la perte du Rhône et ses environs. 
Zurich 1854. br. 4°. pl. 

36. — Note sur la synonymie de la Natica rotundata, etc. Lau- 
sanne 1856. 

37. — Dates de la publication des espèces contenues dans les 
planches de la Conchyliologie minéralogique de la Grande- 
Bretagne. 


11. Société géologique de France. Mémoires. Deuxième série, tomes 
I-V. Paris 1844-54, 4°, pl. 
12. — Bulletins. Deuxième série, tomes I-XIV. Paris 1843-57. 
. 56. de Verneuil et Collomb. Géologie du Sud-Est de l'Espagne, 
br. 8°. Paris 1857. 
55. Wagner, D'. Andreas. Neue Beiträge zur Kenntniss der fossilen 
Säugthier-Ueberreste von Pikermi. München 1857, br. 
| 8°. pl. 


IX. MÉDECINE. 


15. Aitken Meigs, M. doct'. Catalogue of human crania in the col- 
lection of the Academy of U. S. of Philadelphia, 1857, 
br. 8°. pl. 

10. Erlenmeyer, D'. Bericht über die Fortschritte im Gebiete der 
Krankheiten desNervensystems, während des Jahres 1853. 
br. 8°. 

11. — Vortrag über die abnormen Sensationen. br. 8°. 

12. — Die Gehirn-Atrophie der Erwachsenen. Neuwied 1854. 8°. 

13. — Verhandlungen der deutschen Gesellschaft für Psychatrie, 
etc., während der Versammlung zu Gœttingen Sept. 
1854. Neuwied , br. 8°. 


MÉDECINE. 


Erlenmeyer, D". Correspondenz-Blatt der deutschen Gesell- 
schaft für Psychatrie und gerichtliche Psychologie. 1° 
Jahrgang 1854. N° 1-12. 

Harless, D'. E. Beitrige zu einer wissenschaftlichen Begrün- 
dung der Lehre vom Mienenspiel. München 1855, br. 4°, 

— Die statischen Momente der menschlichen Gliedmassen. 
2 Abhandlungen, 2 br. 4°. München 1847. 

Kissingen. Kurze Nachricten über die Mineral-Quellen so wie 
über die Molken-Anstalt daselbst. Frankfurt */M. 1844, 
8° pl. 

Médicinisch-chirurgische Gesellschaft des Cantons Zürich. 
Verhandlungen. Zürich 1827. 1 vol. br. 8°. 

Ormerod, W.-P. On the sanatory condition of Oxford. Oxford, 
br. 8°. pl. 1848. 

Paganini, Pietro. Della maniera di fondare, dirigere et conser- 
vare un istituto balneo-sanitario. Torino 1822, br. 8°. 

— Richerche fisico-patologico-cliniche, correlative alle più re- 
centi cognizioni ed allo spirito filosofico delle antecedenti 
medice scuole. Tortona 4825, 8°. 

Recueil de brochures, 1 vol 8° renfermant : 

Cornaz, Edouard. Quelques observations d’abnormités con- 
génitales des yeux et de leurs annexes. Bruxelles 1858. 

Forni, doct'. Dilucidazioni et riposte, ete. Torino 1827. 

Marianini, Pietro. Dell’uso delle correnti elettriche per svelare 
le cagioni latenti di certe malattie, ete. Firenze 1844. 

Mayor, doct'. Ch. De la localisation des bains, etc. Lausanne 
1844. 

— Quelques mots sur un procédé pour l'administration de 
l'éther, ete. Lausanne 1847. 

Mayor, doct'. Math. Note sur l'homæopathie. Lausanne 1833. 

— Sur un bassin en fil métallique et sur le dessin linéaire 
matérialisé par le moyen de ce fil. Paris 1835. 

— Théorie et principe fondamental du traitement mécanique 
des gibbosités. Lausanne 1847. 

— Nouveau point de suture pour l’opération du bec-de- 
lièvre. Paris 1847. 

Nicati, C. « Examen anatomique, description et classification 
des monstres doubles » par W. Vrolik. Genéve 1841. 

— « Manuel d'anatomie pathologique » par W. Vrolik. 

Paganini, Pietro. Prospetto clinico, etc. Molino 1828. 

Procès-verbal de la troisième séance de la Société de médecine 
du canton de Vaud. 

Questions relatives à une statistique du erétinisme. 


10 


= 


ES 


AGRICULTURE. 23 


Sulpicy, Eugène. Les contagionistes réfutés par eux-mêmes. 
Paris 1827. 

Ricotti, Mauro. Del regio stabilimento balneo-sanitario del 
prof”. Pietro Paganini di Oleggio. Voghera 1827, br. 12°. 

Sœmmering, S.-Th., traduit par H. Hollard. Traité des ma- 
ladies de la vessie et de l’urètre, considérée particulière 
ment chez les vieillards. Paris 1824, 8°. br. 

Zink. Essai sur la vaccine, etc. Lausanne 1827, br. 12°. 


X. AGRICULTURE. 


Baudemont, Emile. Etudes exspérimentales sur l'alimentation 
du bétail. Versailles, br. 4°: - 

Eenens, A. Mémoire sur la fertilisation des Landes de la Cam- 
pine et des dunes. Bruxelles 1849, br. 8°. 

Heyer, Gust. Traduit par Aloïs De Loës. Des influences de 
la lumière et de l'ombre sur les essences forestières. 
Lausanne 1856, 1 vol. 8°. pl. 

Institution royale agronomique de Grignon. Extrait du grand 
Livre. Compte-rendu du 1° juillet 1832. Paris, br. 4°. 

Le Docte, Henri. Exposé général de l’agriculture luxembour- 
geoise. Bruxelles 1849, br. 8°. 

Recueil de brochures, 4 vol. 8. renfermant : 

Blanchet, Rod. Essai sur l’histoire naturelle des environs de 
Vevey. Vevey 1843. 

— Influence de l’'ammoniaque et des sels ammoniacaux sur 
la végétation. Lausanne 1843. 

— Essai sur l’art de tailler la vigne et les arbres fruitiers. 
Lausanne 1844. 

— De l'épidémie des pommes de terre. 

— Mémoire sur l'éducation du porc. Lausanne 1849. 

Bonafous, Matthieu. De la culture des müûriers. Lyon 1822. 

— Mémoire sur une éducation de vers à soie. Lyon 1823. 

Chavannes, Ed. Mémoire sur les propriétés et les usages de la 
fécule amylacée, ete. Lausanne 1830. 

Crud, E.-V.-B. Mémoire sur l'assainissement de Villeneuve 
et de la plaine du Rhône. Lausanne 1840. 

Ellenberger, J. Les arbres fruitiers et leur culture. 

Grognier. Rapport sur l'établissement pastoral de M' le baron 
de Staël à Coppet. Lyon 1827. 

Zuppinger, traduit par A.-C. Découverte de la véritable cause 


12. 


10. 


GÉOGRAPHIE. — VOYAGES. 
de la maladie des pommes de terre et moyens d'y remé- 
dier, etc. Lausanne 1847. 
Société d'agriculture et des arts du département du Doubs. 
Mémoires etrapports 1824-1825. Bezançon 1826, br. 8°. 
Société des arts de Genève. Bulletin de la classe d'agriculture, 
6° année, n° 64. 1830, br. 8°. pl. 
Thaër, À. Principes raisonnés d'agriculture, trad. par le baron 
E.-V.-B. Crud. 2° édit. Paris 1830, 4 vol. 8°. rel. 


XI. GÉOGRAPHIE. — VOYAGES. 


Bravais A. et Martins, Ch. Rapports adressés à M' Villemain, 
ministre de l'instruction publique, sur leur mission scien- 
üfique dans les Alpes. Genève 1844, br. 8°. 

Daubeny, Ch. Narrative of an excursion to the lake Amsanctus 
and to mount Vultur in Apulia in 1834, br. 8°. Oxford 
1835. 

Develey, prof. Petit abrégé d'un cours de sphère pour servir 
d'introduction à un cours de géographie. Lausanne 1837, 
br. in-12, pl. 

Hussey, Rob‘. Rev. ‘An account of the roman road from All- 
chester to Dorchester and other roman remains. Oxford 
1841, br. 8°. pl. 

Lee, S.-P. lieut. Reports and charts of the cruise of the U. S. 
brig Delphin, made under direction of the navy-depart- 
ment. Washington 1854, 1 vol. 8°. avec atlas. 

Minutoli, H. v. Reise zum Tempel des Jupiter -Ammon und 
nach Ober-Aegypten 1820 und 1821. Nachträge. Berlin 
1827,8°.pl. : 

Meyer von Knonau, Gerold. Erdkunde der schweizerischen 
Eidgenossenschaft. Zurich 1838, 2 vol. 8°. pl. 

Petermann, À. Mittheilungen aus Justus Perthes geogr. Anstalt 
über wichtige neue Erforschungen auf dem Gesammt- 
gebiete der Geographie. 1855, 4 vol. rel. 1856, n°° 1-4, 
6-10. Gotha 1855-1856, 4°. pl. 

Report of the Superintendent of the United-States Coast- 
Surwey for 18%5. House-Document. Washington 1856. 
4 vol. 4°. rel. planches et cartes. 

Roth, J.-R. Schilderung der Naturverhältnisse in Süd-Abys- 
sinien. München 1851, br. 4°. 

Simony, Fr. Die Seen des Salzkammergutes. Wien 1850, 
br. 8°. 


11. 


TECHNOLOGIE. 25 


Travers-Twiss, B.-C.-L. On the amphitheatre at Pola in Istria. 
Oxford.1836, br. 8°. pl. 


XII. TECHNOLOGIE. 


Blanquart-Evrard. Traité de photographie sur papier. Paris 
1851, br. 8°. 

Grenier, Ch. Chemin de fer du Jura central. Besançon 1855, 
br. 8°. 

de Mortillet, Gabr. Diguement des rivières torrentielles des 
Alpes et plus spécialement de l’Arve. Annecy 1856, b. 8°. 

Recueil de brochures, 4 vol. 8°. pl. renfermant : 

Brard, C.-P. Sur un nouveau procédé tendant à faire recon- 
naître les pierres qui ne peuvent résister à la gelée. 
Perigueux 1822. 

Cointereaux. Modèle de cheminée, ete. 1806. 

Fazy-Pasteur. Sur les moyens mécaniques employés à battre 
les céréales. Genève 1830. 

Fraisse, W. Quelques mots sur le rouleau compresseur pour 
la construction et la réparation des routes. Lausanne 
1844. 

Mayor, Ch., fils. Mémoire sur un appareil de transnatation 
et de sauvetage. Lausanne 184%. 

— Essai sur un procédé pour la distribution de l’eau potable. 
Lausanne 1846. 

Naz, avocat. Description et usage du géonazifére. Chambéry 
1839. 

Notice sur l'éclairage Robert. Paris 1841. 

Perdonnet, Aug. Notice sur les hauts fourneaux du Hartz. 
1826. 

— Note sur le gisement des minerais de fer au Hartz. 18926. 

— Rapport sur les perfectionnements de l’art de fabriquer 
le fer en France. Paris 1834. 

Venetz, Ignace. Apologie des travaux du glacier de Giétroz, 
etc. Sion 1825. 

Rigaud, P.-S. Account of some early proposals for steam- 
navigation. Oxford 1838, br. 8°. 

Societé des ingénieurs civils. Bulletins des séances de la so- 
ciété, années 1856 et 1857. Paris, br. im-12. 

— Mémoires, tomes IT à IX, années 1850-1856. 


26 


68. 


73. 


63. 


15. 


MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. 


XIII. MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. 


(sauf les journaux tout-à-fait spéciaux.) 


Académie de Stanislas (Société des sciences, lettres et arts de 
Nancy.) Mémoires, années 1842, 1843, 1845, 1848- 
1851, 1853, 1855. Nancy, 8°. pl. 

Académie impériale des sciences, belles lettres et arts de Lyon. 
a) Classe des sciences, nouvelle série, t. I, 1852. 

b) Classe des lettres, nouvelle série, t. II, 1853. 

Academia napolitana delle scienze. Rendiconto , tomo VI, 
Napoli 1847, pl. 

Academy of natural sciences of Philadelphia. Proceedings, 
vol. VII et commencement du IX, 1856-57, 8°. pl. 
Académie royale des sciences et belles lettres de Bruxelles. 

Bulletins , tomes XII à XXIIE, 26 vol. 8°. 

— Annuaire, XII à XXII, année 1846-57, br. in-12, pl. 

— Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, 
tomes XIX à XXVII, 1845-56. 

— Idem. Collection in-8°, tomes V et VE, 4 vol. pl. 1852-53. 

— Nouveaux mémoires, tomes XIX à XXX, 12 vol. 4°. pl. 
Bruxelles 1845-1857. 

Akademie (k. bayerische) der Wissenschaften, Almanach auf 
das Jahr 4855. München, br. in-12. 

Akademie (k. preussische) der Wissenschaften zu Berlin. Mo- 
natsberichte, n° 1-24, années 1854 et 55, 8°. pl. 
Akademie van Wettenschappen, Verhandelingen der koninklijke, 

tome I-IIT. Amsterdam 1854-56, 4°. pl. 

— Verstagen en Mededeelingen. 

— Afdeeling Natuurkunde, tomes I-VI. Amsterdam 1853- 

1857. 

— Afdeeling Letterkunde , tomes I-I. Amsterdam 1856-57. 
Alpes (les). Journal des sciences naturelles , ete. , rédigé par 
Gabr. de Mortillet, n°° 2, 4-8. Genève, feuilles 4°. 
Annales des sciences naturelles par Audoin, Brongniard et 
Dumas, tomes I à IX, 8°., et 3 vol. d’atlas 4°. Paris 

1824-26. 

Annales des sciences naturelles, par Audoin, Milne-Edwards, 
Ad. Brongniard et Guillemin, 2° série. Botanique, t. I 
à VE Zoologie, I-VI. Paris 1834-36, 8°. pl. rel. 

Ashmolean Society. Abstracts of the proceedings, vol. I, IE. 
Oxford 1832-1852, 8°. 


37. 


MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. 27 


Bibliothèque universelle de Genève. Archives des sciences phy- 
siques et naturelles, février et mars 1846, mars 1847, 
janvier 1858, br. 8°. 

Cotteswold Naturalists Club. Proceedings, vol. I et II. Lon- 
don 1853-1855, 8°. 

k. Danske Videnskabernes Selskab. Forhandlinger , Oversigt, 
og dets Medlemmers Arbeiter. J. Aaret 1854-56. Kjo- 
benhavn, 8°. pl. 

Gelehrte Anzeigen, vol. XXIV à XLIV, 21 broch. 4°. 

Gesellschaft zur Befürderung der Naturwissenschaften zu 
Freiburg ‘/B. Berichte über die Verhandlungen, Bd. I 
und Il, Heft. 9-12; 14-27. Freiburg 1855-57, 8°. pl. 

— Beiträge zur rheinischen Naturgeschichte, Heft. 1-3. Frei- 
burg 1849-53, 8°. pl. 

Institut national genevois. Bulletins n° 1, 3, 5, 7-10. Ge- 
nève, 8°. 1853-56, pl. 

Irish roy. Academy. Proceedings, vol. II-VI. Dublin 1846- 
1855, 8°. 

— Transactions, tomes XXI (1, 2), XXII (1, 3, 4-6.) 

Istituto veneto di scienze, lettere ed arti. Atti, tomo IE, 
serie [IE, bullet. 1-3, 1857-58. Venezia, 8°. 

Journal de physique. Paris 178%, 4 vol. 4°. pl. 

Linnean society of London. Proceedings, 4" série, tome I et II, 
1838-1855 , nouv. série, vol. I, part. Zoology, n° 1-3, 
part. Botany, n° 1-3. 

Malvern naturalists field club. Transactions, part. I. Wor- 
cester 1855, 8°. 

Naturforschende Gesellschaft in Basel. Berichte über die Ver- 
handlungen, Heft. I-X (1835-52), br. 8°. 

— Verhandlungen, Heft. i-IV (1855-57), br. 8°, pl. 

Naturforschende Gesellschaft in Bern. Mittheilungen, n° 14-407, 
années 1843-57. br. 8°. pl. 

Naturforschende Gesellschaft Graubündens. Jahresberichte. 
Neue Folge, Heft 1 u. 2 (4854-56). Chur. br. 8°. pl. 

Naturforschende Gesellschaft in Zürich. Berichte über die 
Verhandlungen, années 1828-29; 1831-32. Zurich, 
br. in-12. 

— Mittheilungen. Heft 1-10, années 1849-56, 8°. pl. 


37 bis. — Vierteljahrsschift, I Jahrgang 1856. II Jahrg. 1857. Heft 1, 


k. 


ÿ. 


8°. pl. 
K. Nederlandsche Institut van Wetenschappen, Letterkunde en 
Schoonde Kunsten. Jaarbæk, années 1847-54, 5 vol. br. 
— Tijdschrift voor de Wis-en naturkundige Wetenschappen 


28 


69. 


65. 


MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. 


uitgegeven door de eerste Klasse van het. K. N. I., to- 
mes [ à V. Amsterdam 1848-52, 8°. pl. 

— K. Nederlandsche, etc. Verhandelingen der eerste klasse, 
tomes I-V, 1849-52, 4°, pl. 

Oberhessische Gesellschaft für Natur-und Heilkunde. Berichte 
n° II-VI. Giessen 1849-57, 8°. pl. 

Physikalisch-medicinische Gesellschaft in Würzburg. Verhand- 
lungen, Bd. I-VIIT, Heft 1. Würzbg. 1850-57, 8°. pl. 

Pollichia. Naturwissenschaftl. Verein der bayerischen Pfalz. 
Jahresberichte ITI-XV, 1845-57. Landau, 8°. 

Società italiana delle scienze, residente in Modena. Memorie 
di matematica e di fisica, tome XXIIT, 1° parte fisica; 
2° parte matematica, 2 vol. 4°. pl. 1846. 

Societatis scientiarum Upsalensis nova acta, vol. XIV, 1850, 
seriei tertiæ, vol. I. fasc. 1, 1851. fase. 2, 1855; vol. IT, 
fase. 1, 1856. Upsalæ 1850-56, 4°. pl. 

Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, bulletins. 
1" série, tomes I, III-VIIT; 2"* série, tomes IX-XII. 
Le Mans 1820-1856, 8°. pl. 

Société d'amateurs des sciences, de l'agriculture et des arts à 
Lille. Recueil des travaux, années 1819-27, 4 vol. 


65 bis. — Mémoires, années 1827-1842, 1844, 1845, 1850, 


64. 


79. 


72. 


45. 


39. 


1853, 1856. 23 vol. 8°. pl. Paris. 
— Séances publiques, 4° et 5° cahiers, 1811-1819, br. 8°. 

Société des antiquaires de France. Mémoires , tome X, 1834. 
Nouvelle série, tome ILI-X, 1837-1850. Nouv. série, 
tome I, 1852. Paris, br. 8°. pl. 

Société d'émulation d' Abbeville. Mémoires, tomes I et II, an- 
nées 1849-1857, br. 8°. 

Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. Mémoires, 
t. X, 4; XI-XIIT, XIV, 1. Genève, 4°. pl. 

Société de physique de Lausanne. Mémoires, vol. I-IIT, 1783- 
1788. Lausanne, 4°. rel. pl. 

Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, bul- 
letins, tomes I à IX. 1847-55. Auxerre, 8°. pl. 

Société des sciences naturelles de Cherbourg, mémoires , t. I- 
IV, 4853-56, 8°. pl. 

Société des sciences naturelles du Luxembourg, mémoires, 
tome I-IIT, 1853-1855. Br. 8°. pl. 

Société des sciences naturelles de Neuchâtel. Bulletins, tomes 
“II-IV, 1847-1857. 

— Mémoires, tomes I et II, 1836-39. 

Société des sciences naturelles et médicales de Malines, année, 
11°, 12° et 13° années incomplètes. Malines 1849, 8°. pl. 


40. 


26. 


22. 


MÉMOIRES. — JOURNAUX. — BULLETINS. 29 


Société florimontane d'Annecy. Annales, t. Let II, 1853, 54. 

— Bulletin et Revue savoisienne, vol. I et II, 4855, 56. 

— Procès-verbaux des séances du 17 novembre 1851-30 
juillet 1852. 

Société helvétique des sciences naturelles. Actes. Sessions 10 à 
&A, années 1824-56, br. 8°. 

— Mémoires, vol. I, 1829. Nouv. Mémoires, tomes I à XV, 
4°. pl. Neuchätel 1837-57. 

— Naturwissenschaftlicher Anzeiger der allg. schw. Gesell. 
fur die gesammten Naturwissenschaften, herausgegeben 
von Fr. Meissner, 1 vol. n° 1 à 12. Berne 1817-28. 
4°. pl. 

Société impériale d'agriculture, etc., de Lyon. Aunales des 
sciences physiques et naturelles, 2° série, t. IV-VII, 8°. 
pl. 1852-55. 

Société jurassienne d'émulalion. Coup-d'œil sur les travaux, 
années 1851-53. Porrentruy, 8°. 

Société linnéenne de Normandie. Bulletins, 1° vol. 1855-56. 
Caen, 8°. pl. 

— Mémoires (de la Soc. lin. du Calvados), années 1824 et 
1825 avec atlas 4°. 

— Mémoires (de la Soc. lin. de Normandie), tomes VI-IX, 
1838-1853. 4° pl. 

— Séances publiques, 1834-37. 4 broch. 8°. Caen. 

Société royale académique de Savoie. Mémoire, an XII, 1846. 
2° série, tomes I et II, 1851-54. Chambéry, 8°. pl. 

Société vaudoise des sciences naturelles. Bulletins, tomes I à V 
(n° 1-42.) Lausanne 1846-58. 8°. pl. 

R. Society of London. Proceedings, vol. VIII, n° 21, 22, 26. 
1856-57. br. 8°. 

Smithsonian Institution. Reports of the boards of regents of, 
tomes IV, V, VIIT-X. Washington 1849-50; 1853-55, 8°. 

Sommersetshire archæological and natural history society. 
Proceedings, vol. I-VI. Taunton 1849-56, 8°. pl. 

Thurgauischer Naturforschender Verein. Mittheilungen. Heft 1. 
1855-57. Frauenfeld, 8°. 

Verein fur Naturkunde im Herzogthum Nassau. Jahrbücher. 
Heft 11. 1856. Wiesbaden, 8°. pl. 

k. Vetenskaps- Academiens Fürhandlingar. Ofversigt 1853. 
Stockholm, 8°. pl. 

Wetterauer Gesellschaft für die gesammte Naturkunde zu 
Hanau. Jahresbericht, Bd. 1 (1853-55). Hanau, 8°. 

Würtembergische Naturwissenschaftliche  Jahreshefte. 12°" 


30 


24. 


25. 


Li 2 L2 L2 


DISCOURS. 


Jahrgang 1856. Heft 4, 2. 13° Jahrg. 1, 2, 3. 44. 
Jahr 1. Stuttgard 1856-58, 8°. pl. 
Zoologisch-mineralogischer Verein in Regensburg. Abhand- 
lungen, Heft I-IIT, V-VII, 1849-56. 8°. 
— Korrespondenz-Blatt. 1847-57, 8°. pl. 


XIV. DISCOURS. 


Bell, Thomas. Address, ete. rend at the aniversary meeting 
of the linnean Society. London 1854, 8°. 

— together with obituary notices of deceased members. Lon- 
don 1855, 8°. 

— Idem. London 1856, br. 8°. 

v. Hermann, B.-W. Ueber die Bewegung der Bevôlkerung 
im Kônigreich Bayern. München 1853, 4°. 

— Ueber die Gliederung der Bevülkerung des Künigreiches 
Bayern. München 1855, br. 4°, 

Recueil de brochures, À vol. 8°. cart., contenant : 

de Candolle. Rapport sur l'instruction publique de Genève. 
1832. 

Chavannes, D.-A. Discours d'ouverture. Soc. helv. 1818. 

Discours d'ouverture. Genève 1820. 

Girard, Cordelier. Discours d'ouverture. Fribourg 1840. 

Girod de Chantrens. Ouverture de la nouvelle société d’agri- 
culture du Doubs. 1819. 

de Haldat. De l'influence de l'expérience sur le progrès des 
sciences et des arts. Nancy 1850. 

Huber. Erôffnungsrede. Basel 1824. 

Lloyd, Humphrey. Royal irish Academy. Dublin 1846. 

Quetelet. Rapport décennal sur les travaux de l’Académie 
royale de Bruxelles depuis 1830-1840. 

Usteri. Erôffnungsrede. Zürich 1817. 

Warimann, El. De la méthode dans l'électricité et le galva- 
nisme. 

Zollikofer. Erôffnungsrede. St. Gallen 1819. 

von Thiersch, Friedr. Ueber den Begriff und die Stellung der 
Gelehrten. München 1856, 4°. 

Traduction d'un mémoire accompagnant l'adresse au roi et 
présenté à S. M. par l'Institut royal des Pays-Bas. Am- 
sterdam 1851, br. 8°. 


4 


18. 


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BIOGRAPHIES. — MÉLANGES. 31 


XV. BIOGRAPHIES. 


d'Archiac, M. Notice biographique sur Mercier de Boissy, br. 
8°. Paris 1856. 

— Notice sur la vie et les travaux de Jules Haime. Paris 
1856. 

v. Kobell, Franz. Denkrede auf Johann Nepomuk von Fuchs, 
br. 8°. München 1855. 

Lamont. Denkrede auf die Akademiker Fr. Taddäus Siber und 
D' Georg Simon Ohm. München 1855, br. 4°. 

Lardy. Notice nécrologique sur M. Jean de Charpentier. br. 
8°. Paris 1855. 

Parlatore, Filippo. Elogio di Filippo Barker Webb. Firenze 
1856, br. 4°. portrait. 

Rengger, Albert. Notice nécrologique. Lausanne 1856. 

de la Rive, A. Notice sur la vie et les ouvrages de A.-P. de 
Candolle. Genève 1845, br. 8°. 

Zantedeschi, Francesco. Nascità, studj, posizione sociale et 
bibliografia delle principali opere e memorie de. br. 8°. 
Padova 1857. 


XVI. MÉLANGES. 


Archinard, Ch. V. D. M. De la population considérée dans 
ses rapports avec la société civile, etc. Dissertation. 
Lausanne 1838, br. 8°. 

Aubert-Parent. Mémoire historique des fouilles faites au vil- 
lage d’Augst, etc. Bâle 1804, br. in-12. 

Babbage, Ch. Of the Constants of nature. Class mammalia. 
br. 4°. Bruxelles 1853. 

Choisy, J.-D. Des doctrines exclusives en philosophie ration- 
nelle. Genève 1828. 

Coup-d'œil historique sur les 32 premières années d'existence 
de la Société helvétique des sciences naturelles. Zurich 
1848, br. in-12. 

Custer, H. D’. Die Gewichte, Gehalte und Werthe der alten 
schweizerischen Münzen. Bern 1854, 8°. 

Demaria. Observations sur les causes des variations des es- 
pèces. Annecy 1854, br. 8°. 

Develey, Em. Essais de méthodologie. Genève 1831, br. 8°. 

Directions for collecting, preserving and transporting speci- 
mens of nat. history. Washington 1852, br. 8°. 

d'Espine, Constant, D'. Manuel de l'étranger aux eaux d'Aix 
en Savoie. Annecy 1834, 8°. pl. 

Forbes, Edw. On the educational uses of museums. London 
1853, br. 8°. 


28. 


12. 


CARTES. — DESSINS. 


Forni, Louis. Eléments de physiologie de la nature, etc. 
Turin 1821, br. 8°. 

Greswell, Rev. Rich. On education in the” principles of art, 
br. 8°. Oxford 1844. 

van Leeuwen, Johann. Lycidas, ecloga et musæ invocatio, car- 

mina, etc. Amsterdam 1856, 8°. 

— Octaviæ querela, Carmen, 8°. Amstelodami 1857. 

v. Minutoli, H. Abhandlungen vermischten Inhalts. Berlin 
1831, 8°. pl. 

— Ueber die Anfertigung und die Nutzanwendung der farbigen 

Gliser bei den Alten. Berlin 1836, 4°. pl. 

Marguet. Rapport sur les tombes antiques découvertes en 
1823 au fort de Châtillon et à Dannes, Boulogne 1824, 
br. 4°. pl. 

Naturgeschichte der drei Reiche. Handbuch bearbeïtet von 
G.-W. Bischoff, J.-R. Blum, H.-G. Bronn, K.-C. von 
Leonhard, F.-S. Lenckardt und F.-S. Voigt, 15 vol. 
rel. pl. Stuttgart 1832-49, atlas de la 4° livraison. 

Nees, C.-G., von Esenbeck. Vergangenheit und Zukunft der 
k. leopoldinisch-carolinischen Akademie der Naturfor- 
scher. Breslau 1851, br. 4°. 

Observations des phénomènes périodiques, 2 vol. 4°. Acad. 
royale de Bruxelles. 

Playfair, Lyon. Industrial instruction on the continent. London 
1852, br. 8°. 

Ruschenberger. Notice of the origin, progress and present con- 
dition of the Academy of natural sciences of Philadelphia. 
1852, br. 8°. 

Rigaud, Rev. S.-J.-A. Defense of Halley against the charge 
of religions infidelity, br. 8°. Oxford 1844. 

Simony, prof. Die Bedeutung landschaftlicher Darstellungen in 
den Naturwissenschaften. Wien 1852, br. 8°. 

Wilson, H.-H. Notes on the Indicia of Ctesias, br. 8°. Oxford 
1836. 


Zantedeschi, Francesco. Elenco delle principali opere scien- 
tifiche dell’ Abate, br. 8°. Venezia 1849. 


XVII. GARTES. — DESSINS. 


Carte de l'état-major fédéral. Feuilles 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 
11, 15, 16, 17, 20, 21. Quinze cartes sur toile in-folio. 
Simony. Lithographies. 1° Gruppe der Oetzthaler Ferner. 
2° Das Karls Eisfeld im Jahre 1843. 3° Durchschnitte 
der Seen des Salzkammergutes und seiner Umgebungen. 
— Panorama des Schafberges. 


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AVIS. 


Les N°° 1-6, 13, 21, 22, 26 et 28 des Bulletins 
de la SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES se trou- 
vant complètement épuisés, MM. les membres qui ne 
_ tiennent pas à faire collection de la série complète et 
qui possèderaient quelques livraisons égrainées ren- 
trant dans les livraisons susmentionnées , sont priés de 
vouloir bien les adresser à l’archiviste. 

Le Bureau tient à la disposition des membres de la 


Société un certain nombre d’Acta de la Société hel- 


vétique des sciences naturelles, dès 1830-1855. Ils 
seront délivrés gratis aux membres de la Société vau- 
doise des Sciences naturelles qui en feront la demande 
à l’archiviste par lettre affranchie. 


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