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Full text of "Bulletin de la Soci des sciences naturelles de Neuchl"

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SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE NEUCHATEL. 


1861 à 1864. 


Tome sixième. 


NEUCHATEL 


IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH ET METZNER. 


1864. 


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BULLETIN 3 


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DE LA 


SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE NEUCHATEL. 


Séance du 1* Novembre 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


La Société procède à l'élection de son bureau, qui 
est composé, pour cette année , comme suit : 


M. L. Courox, Président. 

» Borez, docteur, Vice-Président. 

» Desor, professeur, Vice-Président. 

» Louis Favre, instituteur, Secrétaire pour la section 
de médecine, d'histoire naturelle, de géographie 
et d’ethnographie. 

» Isezy, instituteur, Secrétaire pour la section de phy- 
sique, chimie, mathématiques , économie rurale , 
technologie et statistique. 


M. Desor entretient la Société des recherches qu'il 
vient de faire dans la station lacustre de la Téne, à 
peu de distance du point où la Thielle sort du lac de 
Neuchâtel. Cette station, intéressante à plus d’un titre, 
est connue depuis plusieurs années par les objets re- 
marquables qu'on y trouve et qui appartiennent à l'âge 
du fer. Les lacs de la Suisse , si riches en stations de 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. -T. VI. A l 


Le Page are 


l’âge de la pierre et du bronze, en ont fort peu de 
l’époque du fer; quelques débris de ce métal ont été 
trouvés à Sutz, au bord du lac de Bienne, au Bred, 
près de l'embouchure de l’Areuse ; mais la Téne seule 
peut donner une idée exacte d’une période qui sem- 
ble être marquée par la venue d’une autre race, à en 
juger par les modifications notables apportées dans les 
produits de l’industrie et dans les habitudes de la po- 
pulalion. Les poignards, les pointes de lance, les fers 
de gaffe et d’autres objets pêchés à la Tène n'ont 
rien de particulièrement intéressant; mais les gran- 
des épées droites, larges et à deux tranchants, à four- 
reau de fer doux, comme la lame, attirent forcément 
l'attention. Lorsqu'on vient d'examiner une collection 
d’épées de bronze, dont la lame, un peu rétrécie au 
milieu , s’élargit vers l’extrémité pour se terminer en 
pointe, et dont la poignée, excessivement petite, at- 
teste les faibles proportions des hommes qui s’en ser- 
vaient, on est frappé à la vue de ces armes de fer, 
dont la poignée est beaucoup plus grande, et dont la 
lame, également large, mince et affilée, montre des 
préoccupations et des habitudes d’une autre espèce 
chez ceux qui les ont faconnées. Le fourreau de métal 
apparaît aussi pour la première fois, avec une perfec- 
tion de facture qui déconcerte l’observateur. On se 
sent bien loin de ces fondeurs de bronze, qui visaient 
à l'élégance générale de la forme, sans se soucier beau- 
coup de la perfection des détails, eton comprend qu’on 
est en face d’une race de forgerons d’un goût peu dé- 
veloppé, qui ébauchaïent grossièrement les objets d’un 
usage ordinaire, mais qui, dans certains cas, pou- 
valent exécuter des chefs-d’œuvre de patience et 
d'habileté. L'ensemble de la lame et du fourreau n’a 
pas plus d'épaisseur qu’une forte lame de sabre mo- 
derne; on n’aperçoit aucune trace de soudure, et la 
surface extérieure du fourreau est couverte d’orne- 


mn PR Le, 


ments fins et délicats, gravés par un procédé qu'il est 
impossible de préciser, mais qui semble avoir quelque 
analogie avec le tour à guillocher. 

Des fragments de grands vases et des tuiles énormes 
en terre cuite sont associés aux objets trouvés à la 
Têne ; ils établissent aussi d’une manière évidente 
une différence extrême entre les produits de l’indus- 
trie de cette époque et ceux des époques précédentes. 
Et cependant la race nouvelle, amenée probablement 
par une invasion, adoptait dans certains cas les ha- 
bitudes du peuple conquis, puisqu'elle établissait quel- 
quefois ses demeures sur les eaux. 

La Têne, dont le nom correspond probablement à 
celui de Tône et paraît signifier un abrupte, une cas- 
cade , est située entre Préfargier et la Maison-Rouge, 
à deux cents ou trois cents pas du rivage. On y dis- 
üingue, sous l’eau, de nombreux pilotis; les uns, les 
plus voisins de la grève, font à peine saillie au-dessus 
du fond ; les autres dépassent le sol de plus de deux 
mètres. L'examen du fond rend facilement compte de 
cette différence : près du rivage est un banc d’argile 
fme et compacte, d’une épaisseur de sept à huit pieds, 
qui se termine brusquement, du côté du large, par 
un escarpement au-delà duquel on n’apercçoit plus que 
le fond de gravier, avec quelques lambeaux isolés du 
banc d'argile, qui ressemblent à des blocs de rocher. 
C'est cet abrupte qu’on appelle la Téne. Il est très- 
probable que tous les pilotis ont été plantés dans la 
couche d'argile à la même profondeur ; mais les la- 
mes, très-fortes par le vent d’ouest en cet endroit, 
ont rongé peu à peu cette couche et ont mis à nu les 
piquets sur un certain espace. Ici encore on constate 
une différence dans le choix des matériaux mis en 
œuvre. Dans la plupart des autres stations, les pieux 
sont en bois de pin, assez bien conservés; à la Têne, 
ils sont en chêne et terminés en pointe par le haut, 


BREL 


Leur état de ramollissement est si avancé, qu’on ne 
peut en retirer que de très-petits fragments. 

Habitués à voir ces piquets associés au banc d’ar- 
gile, les pêcheurs les considèrent comme les restes 
d'une battue ou d’une digue, élevée pour consolider 
la Têne et la préserver de l'érosion des eaux. 

En général, les stations lacustres sont établies dans 
des anses ou dans des endroits de la côte abrités con- 
tre le vent et les lames. Ici, il n’en est rien; la Tène 
est exposée aux rafales du vent d'ouest et aux vagues 
furieuses soulevées dans toute la longueur du lac. Une 
station en ce lieu paraît impossible, à moins qu'un 
obstacle, formant abri, ne s'interpose entre le rivage 
et les vagues venant du large. Cet obstacle , M. Desor 
croit lavoir trouvé à l’ouest de la Tène, à l’angle du 
plateau entre Marin et Préfargier. Là s'étend sur une 
grande longueur, et sur une largeur de plusieurs cen- 
taines de pieds, une immense traînée de cailloux en- 
tassés sur une épaisseur de quatre à cinq pieds, et 
qui semblent avoir formé une sorte de jetée dans la 
direction de la Sauge. M. Desor a été bien surpris 
d'apprendre que les pêcheurs du lac de Bienne don- 
nent à cette accumulation de cailloux le nom assez 
étrange de Heidenweg où chaussée des païens. Plus à 
l’ouest, on remarque une autre traînée de blocs erra- 
tiques de formes et de grandeurs variées, qui sont en 
partie à sec lorsque les eaux sont basses et qui donnent 
à la grève un aspect tout particulier. Enfin, près de 
St-Blaise, un groupe de blocs reposent dans le lac et 
de temps à autre laissent apercevoir leur sommet. 

L'ensemble de ces cailloux et de ces blocs appar- 
tient, selon toute apparence , à un seul et même 
phénomène, dont les traces sont nombreuses dans no- 
tre pays. Lorsque les vastes glaciers qui, jadis , recou- 
vraient la plaine suisse, se sont retirés, ils nt semé 
leurs blocs et leurs cailloux sur les contrées qu'ils 


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abandonnaient, mais, lorsque des circonstances clima- 
tériques imprimaient un temps d’arrêt à la fonte des 
glaces, celles-ci, rendues stationnaires, déposaient leurs 
débris de rochers dans le même lieu et élevaient ainsi 
des remparts ou digues glaciaires dont le Æeëdenweg 
parait être un exemple intéressant. 

IL est vrai qu'aujourd'hui le Heidenweg ne protège 
plus la Tène ; les vagues passent au-dessus de la digue 
et continuent sur le banc d'argile leur œuvre de des- 
truction. Le 6 octobre dernier, M. Desor a trouvé un 
mètre vingt centimètres d’eau sur la chaussée ; mais 
rien n'oblige à croire que le niveau du lac est resté 
immuable dès les temps les plus reculés. Il est permis 
au contraire d'admettre des changements de niveau 
d’une certaine durée et dont les vestiges sont signalés 
dans bien des endroits. Avec un niveau un peu infé- 
rieur à celui qui existe maintenant, le Heidenweg rem- 
plissait le rôle que lui assigne M. Desor, et la région 
du lac où est la Têne, devenant une lagune, était suf- 
fisamment abritée pour qu'on püt songer à y établir 
des habitations sur pilotis. Ce qui confirme M. Desor 
dans son opinion, c’est l’épaisse couche de limon ar- 
gileux qui s’est déposée en aval des cailloux et qui ne 
pouvait se former qu’au fond d’une eau tranquille. 
Dans l’état actuel du lac, ce dépôt ne peut plus s’ef- 
fectuer. 

Le banc d’argile de la Têne est le mème que celui 
qui constitue le fond du marais; les traces de tourbe 
trouvées sur ce banc, dans le lac, font supposer que 
les vastes tourbières du Seeland étaient formées lors- 
que les établissements lacustres sont apparus sur nos 
rivages. M. L. Favre a mis hors de doute cette hypo- 
thèse, du moins pour l’âge de bronze, par la décou- 
verte d’armes de ce métal, dans la tourbe superficielle, 
près du château de Saint-Jean. 


RAS - A 


M. Desor annonce que le lac de Morat où, jusqu'à 
présent, les recherches étaient restées sans effet, vient 
enfin de livrer aux pêcheurs un certain nombre de 
vases en poterie, semblables à des coupes et d’une 
forme si élégante qu'on ne peut les rapporter qu’à 
l’âge du bronze. Ils ne proviennent pas du même en- 
droit, mais de Montillier, de Greng, de Guévaux et de 
Vallamand. 


M. Hirsch donne quelques détails sur les observa- 
tions de MM. Bunsen et Kirchhof d'Heidelberg, au 
sujet des raies des spectres de diverses lumières , na- 
turelles et artificielles. 


M. G. Guillaume donne connaissance d’une lettre 
adressée à la Société d'utilité publique par M. Henri 
Junod , ingénieur. Cette lettre exprime le vœu qu'il 
soit publié un catalogue descriptif et historique du 
musée de Neuchâtel, sous une forme intéressante , des- 
né à servir de guide aux visiteurs. La discussion que 
cette leltre provoque fait ressortir l’avantage d’une 
pareille publication, surtout pour ce qui concerne le 
musée ethnographique. Le président de la Société 
d'histoire naturelle et celui de la Société d'utilité 
publique sont désignés pour composer une commis- 
sion chargée de rédiger un pareil catalogue. 


Séance du 8 Novembre 1861. 
Présidence de M. L. CouLON. 
La Société est réunie à l'Observatoire, où elle en-— 


tend une communication de M. le D' Hirsch, relative à 
diverses expériences intéressantes qu'il a commencées 


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pour mesurer le temps qui s'écoule entre l'instant où 
un phénomène a lieu et celui où le sujet affecté ma- 
nifeste qu'il a perçu la sensation de ce phénomène.— 
Ces expériences ont été effectuées au moyen du chro- 
noscope ingénieux de la fabrique de M. Hipp, et répé- 
tées en partie devant la Société. (Voyez appendice). 


M. Ærsch rappelle à la Société que lundi prochain, 
à 9 heures 46'58",6, il y aura un passage de Mercure 
devant le soleil. 


Séance du 15 Novembre 1861. 


Présidence de M. L, CoULON. 


M. le docteur de Pury demande que les bulletins 
soient distribués aux membres de la Société, par ca- 
hiers ou par feuilles, au fur et à mesure de li impres- 
sion. Cette proposition est discutée, puis votée avec 
une modification portant que cette mesure ne sera 
appliquée qu’à l'égard des personnes qui en feront la 
demande. 


M. Xopp présente la plaque en bronze de la ta- 
ble d'orientation avec son alidade. La plaque a été 
fondue par M. Stucker; l’alidade sort de l’atelier de 
M. Hipp. M. Kopp n'a pas voulu faire graver cette 
plaque sans consulter la Société. Les directions, au 
nombre de quatre-vingt quinze, sont tracées à la 
ponte; plusieurs seront ajoutées plus tard, l’état de 
l'atmosphère pendant les dernières semaines n’ayant 
pas permis de voir tous les points intéressants. On 
approuve l’idée de M. Kopp de diviser la table en trois 


FRE ans 


zones , l’une consacrée aux bords du lac, une autre 
aux basses Alpes, enfin la plus extérieure aux hautes 
Alpes. IL fait lecture des noms des localités et des 
montagnes qui seront gravés en premier lieu. On re- 
commande à M. Kopp de ne pas négliger les lieux in- 
léressants qu’on ne peut pas voir directement de Neu- 
châtel depuis la table, mais dont on a la direction 
exacte et qui fourniraient des indications utiles en cas 
d'incendie nocturne. 


M. Charles-Louis Borel propose de demander à la 
municipalité l'établissement d’un bec de gaz au-des- 
sus de la table pour permettre les observations de 
nuit en cas d'incendie et pour faciliter la surveil- 
lance de la police à l'égard de cet appareil. Cette 
proposition est adoptée. 


M. Desor fait voir plusieurs objets de l’âge de la 
pierre, pêèchés il v a trois semaines au fond de la 
baie d’Auvernier, à l'endroit où l’année dernière il 
a signalé un Sfernberg. Ces débris, très-intéressants, 
les premiers trouvés en ce point, consistent en plu- 
sieurs haches de pierre, dont une très-petite, un mar- 
teau ébauché en pierre, une pointe de lance et une 
scie en silex, des ossements façonnés en poinçon, une 
défense énorme de sanglier. Sur un autre Stemberg 
voisin du premier, on a retiré de l’eau une hache el 
deux fragments de poterie mi-cuite et grossièrement 
Éiconnée. 

Les pieux enfoncés en grand nombre dans ces Stein- 
berg ont encore attiré l'attention de M. Desor, qui, 
cette fois, grâce à la transparence et à la tranquillité 
de l’eau, a pu les examiner à loisir. On sait qu'ils sont 
coupés à ras du fond et d’une manière assez nette 
pour qu’on ne puisse pas admettre facilement, malgré 


\ 


l’opnuon de M. Troyon, que leur section est due à 


PRET ME 


l’action des vagues. M. Desor croit, au contraire, que 
ces pieux ont eu dès l’origine leur longueur actuelle. 
Presque tous présentent dans le milieu de leur som- 
met une saillie bien apparente autour de laquelle se 
voient les traces produites par un instrument tran- 


chant imparfait. Quelques-uns, au lieu d'une émi- 


nence, présentent un creux. Ces marques ont mis 
M. Desor sur la trace probable des moyens employés 
par les constructeurs des Steinberg pour décapiter 
aussi nettement, avec des haches de pierre, des pi- 
lotis de un pied de diamètre. Il suppose que les pi- 
quets étaient entaillés sur les bords jusqu'à une cer- 
taine profondeur , puis rompus par un effort latéral. 
Le milieu de la section devait alors présenter soit un 
creux, soit une saillie, ainsi que cela arrive ordinai- 
rement en pareil cas. Pourquoi ces pieux ne dépas- 
sent-1ls pas le niveau des cailloux entassés autour 
d'eux en vue de les consolider? M. Desor ne peut 
pas répondre encore à cette question; mais, ce qui 


est certain, c’est que tous les Steinberg explorés par 


lui présentent le même aspect. Peut-être formaient-ils 
des iles artificielles élevées à quelque distance du bord 
pour mettre leurs habitants à l'abri des attaques par- 
tant de la terre ferme. 

M. Forel, de Genève, qui assiste à la séance et qui 
étudie depuis longtemps les antiquités, ne verrait pas 
de difficultés à admettre que ces pilotis étaient autre- 
fois plus longs et que les vagues et l’action dissolvante 
de l’eau les ont rongés jusqu’au niveau du sol. M. Fo- 
rel ajoute que le lac de Genève et le lac d° Annecy re- 
cèlent de nombreuses stations lacustres avec des piquets 
et des débris analogues à ceux qu’on trouve chez nous. 
Un des plus curieux est un moule de hache, le seul de 
son espèce que l’on connaisse et qui appartient à M. 
Forel. Ce moule, formé de deux moitiés qui s’ajustent 


parfaitement l’une à l’autre, est en bronze et servait à 


DER: QUE 


produire la hache à ailettes. Les moules qui se trou- 
vent dans les collections de France et d'Angleterre 
servaient à fondre les petites haches à douille. M. Fo- 
rel a fait avec le moule dont il est possesseur des expé- 
riences curieuses ; il a coulé en plomb une hache qui 
en sortant du moule avait le tranchant très-large et les 
ailettes droites. Il croit que l’on recourbait ces derniè- 
res à coups de marteau, et que, par un martelage 
à froid, on donnait au métal du tranchant un plus 
haut degré de dureté avant de l’aiguiser sur la pierre. 
Il est cependant hors de doute que les fondeurs de 
hache faisaient aussi usage de moules de sable, car, 
sur quarante-huit haches qui se trouvent dans la 
collection de M. Forel, on n’en trouve pas deux qui 
sortent du même moule. 

M. Forel donne ensuite quelques détails sur les 
découvertes faites à Robenhausen-et sur lauthenti- 
cité des objets trouvés. Il à vu lui-même retirer de 
la tourbe, à une profondeur de neuf pieds, des fruits 
secs, des tiges de lin, des tissus, des épis de froment, 
et dans des circonstances telles que toute superche- 
rie était impossible. | 


M. de Mandrot dépose sur le bureau un essai de 
topographie, exécuté à Stuttgart, qui figure une par- 
tie de l'Engadine à la même échelle que la carte fé- 
dérale (*/100 000). Les hachures y sont supprimées et rem- 
placées par des courbes de niveau qui rendent le re- 
lief avec beaucoup de netteté et de vigueur. 


Séance du 22 Novembre 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch communique une circulaire de M. Galton, 
qui sollicite la coopération de notre Société pour faire 


Se RAR Le 


des observations météréologiques destinées à entrer 
dans un travail général européen, dont on pourra 
sans doute conclure quelques lois générales. 


M. Hirsch recommande le chronoscope de M. Hipp, 
comme une précieuse acquisition pour le cabinet de 
physique. 


M. Desor fait voir la photographie d’une plume fos- 
sile trouvée dans les calcaires de Solenhofen ; c’est le 
plus ancien débris de la classe des oiseaux. 


Le même propose l'adoption du mot May qui, dans 
le langage ordinaire, signifie un péfrin à pain , pour 
désigner un accident géologique fréquent dans nos 
Alpes. En allemand et en anglais, on possède déjà 
des termes scientifiques pour nommer cette forme 
orographique, qui consiste dans un vallon complète- 
ment fermé et dont les deux flancs sont juxtaposés, 
tandis que les géologues français ne peuvent la faire 
connaitre que par une périphrase. — La Société se 
réserve quelque temps pour réfléchir sur cette propo- 
sition. | 


M. Desor donne quelques détails sur les mémoires 
de M. Ruttimeyer, où se trouvent décrits les animaux 
des stations lacustres. 


Le même mentionne encore la découverte impor- 
tante que M. Lartet à faite à Aurignac (Haute-Garonne) 
de dix-sept squelettes humains, accompagnés d’osse- 
ments de mammouth et de rhinocéros, ayant un ca- 
ractère authentique de non-remaniement. Plusieurs 
ruminants, comme l’aurochs, le renne, le grand cerf 
des tourbières, s’y présentent aussi avec l’hyène des 
cavernes, le tigre et d’autres carnassiers, — Les osse- 


ments montrent souvent le caractère de ceux qu'on à 
recueillis dans les habitations lacustres, comme la 
cassure pour en tirer la moëlle interne. 


M. Paul Godet lit une note sur les anodontes du 
lac de Neuchâtel. (Voyez appendice). 

Le même présente encore divers objets trouvés à 
Auvernier, dans une vigne ; ce sont des crânes et des 
ustensiles de fer qui ne paraissent pas remonter à une 
bien haute antiquité. 


M. de Mandrot montre une carte d’Auvernier à l’é- 
chelle de 1/,,,: Le Steinberg des époques lacustres y 
est figuré très-exactement. 


Séance du 30 Novembre 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le président dépose sur le bureau divers ouvrages 
provenant de l’échange de nos bulletins. Plusieurs so- 
ciélés savantes récemment instituées, entre autres 
celles de Hambourg, de Manchester, de Kônigsberg 
ont demandé d'échanger leurs mémoires avec les nô- 
tres. 

M. le président communique une cireulaite du Co- 
mité de la Société helvétique des sciences naturelles, 
qui consulte les sections sur l’époque qui leur parai- 
trait la plus convenable pour les réunions générales. 
Cette question étant mise en délibération, on décide 
de proposer la première quinzaine d'août, qui coïn- 
cide avec les vacances le plus généralement admises 
en Suisse et avec les nôtres en particulier. 


ARRET: Me 


M. G. Guillaume présente une branche d’orme en 
pleine fructification; elle a été cueillie à Monruz sur 
un arbre entièrement couvert de ses fruits. 


M. le D' Guillaume fait vor des ponimes de la se- 
conde récolte, provenant de Monruz; elles ont envi- 
ron un pouce et demi de diamètre. M. Desor a vu 
dans sa propriété de Clos-Brochet des poires de la 
même grosseur. 


M. Paul Godet rapporte qu'on a vu ces derniers 
jours l’orobus vernus en fleurs. 


M. G. Guillaume communique le dessin d'un grain 
de raisin noir, de taille extraordinaire, trouvé cet au- 
tomne, et qui lui a paru formé de dix grains, à en 
juger par le nombre des côtes saillantes qu'il présen- 
tait à l'extérieur. 


M. le professeur Xopp dépose sur le bureau un spé- 
cimen de la gravure que recevra la table d'orientation. 
On approuve les caractères qui ont été recommandés 
au graveur, et, après une discussion où divers modes 
sont proposés, on décide que les noms seront inscrits 
entre les lignes marquant les directions, et à droite 
de chaque ligne, afin qu'on puisse les lire sans dé- 
placer l’alidade., De sorte que le nom visible à droite 
de l’alidade est précisément celui de la direction que 
l'on a prise. 


M. Hirsch communique les découvertes de plusieurs 
petites planètes qui ont eu lieu pendant l'été de 1861 
et qui ont porté le nombre de ces astéroïdes à 11. 

Le fait principal qui s’est produit en astronomie cette 
année est la comète du mois de juillet, que M. Hirsch 
a pu suivre jusqu'au mois d'octobre, à l’aide de la 


NE rue 


grande lunette parallactique. Il se propose de rendre 
compte plus tard de ses observations. 


Le même présente la photographie d’une partie de 
la lune, exécutée à Lausanne et donnée par M. Desor 
à l'Observatoire. Cette belle photographie donne l’as- 
pect de la lune vue dans une forte lunette, peu de temps 
après la conjonction, avec le relief des montagnes, les 
cratères de soulèvement et tous les détails qui consti- 
tuent la topographie de notre satellite. Aussi cette 
épreuve est-elle examinée avec le plus vif mtérêt. 


M. Desor demande que la Société fasse des démar- 
ches auprès des autorités compétentes pour leur de- 
mander de prendre sous leur protection les blocs er- 
ratiques dont la valeur ou la signification scientifique 
est reconnue. Il a remarqué que depuis quelque temps 
les nombreux blocs erratiques des environs de Neu- 
châtel sont mis en coupe réglée : les ouvriers les ex- 
ploitent sur une grande échelle pour toutes sortes d’u- 
sages. Il exprime ses craintes de voir disparaitre les 
derniers vestiges d’un phénomène grandiose que nos 
après-venants pourraient révoquer en doute, si nous 
ne leur en laissons pas des preuves suffisantes. La So- 
ciété doit considérer comme un devoir de sauvegarder 
un certain nombre de ces blocs et de faire, pour y 
parvenir, les démarches nécessaires. Il désigne en par- 
ticulier celui qui se trouve au sommet de la roche de 
l'Ermitage, qui lui parait être un argument des plus : 
puissants en faveur de la théorie glaciaire. Sa situa- 
tion au bord d’un escarpement prouve que la cause 
qui l’a transporté a dû agir avec lenteur et qu'il a été 
déposé sans aucune secousse , car la moindre action 
violente l'aurait fait rouler soit d’un côté soit de l’au- 
tre. En outre, ce bloc est curieux par sa composition, 
car c’est une chlorite caractéristique de la vallée de 


Bagnes. M. Desor insiste particulièrement pour obte- 
nir la conservation des blocs fendus que Léopold de 
Buch considérait comme des témoignages de la vio- 
lence des courants qui les avaient transportés, puis- 
qu'il admettait que le choc les avait brisés. Mais le 
fait que les pièces résultant de la rupture ne sont pas 
dispersées suffit pour établir au contraire la lenteur 
de la force qui les a conduits sur les pentes de nos 
montagnes. 


M. Desor présente un poignard et un couteau trou- 
vés au milieu des-pilotis devant Port-Alban. Ces objets 
ne sont pas fort anciens, mais il est difficile de préci- 
ser à quelle époque ils appartiennent. M. Keller, de 
Zurich, qui les a examinés, déclare n'avoir jamais rien 
Yu qui ressemble au poignard ; cependant, s’il devait 
formuler une opinion à l’égard de cet objet, il Le rap- 
porterait au premier âge des Bourguignons. 


M. Desor consulte de nouveau la Société sur l’or- 
thographe qu’il convient d'attribuer au mot mare, dé- 
signant une forme particulière du vallon..Après une 
discussion où plusieurs avis différents sont énoncés, la 
majorité se range à l'opinion de M. Ayer, qui propose 
l'orthographe mait. Voici comment il justifie sa ma- 
nière de voir. D’après les lois bien connues qui régis- 
sent la permutation des lettres dans le passage du la- 
tin en français, le mot mare est évidemment formé du 
génitif latin magidrs, de magis pétrin; l'on devrait 
donc écrire mat. C'était là l'orthographe admise dans 
l’ancien français, et c’est celle que l’on retrouve dans 
la plupart des dialectes romans qui font encore usage 
de ce mot dans le sens de pétrin. L’orthographe mate 
ne se justifie point, car l’e muet ne termine les mots 
français que lorsqu'il est l'équivalent étymologique 
d’un a latin, comme dans /aitæ de lactuca, laie du 


Net 


bas-latin laya, voie de via, vie de vita, plaie de 
plaga, etc. 


M. Paul Godet fait voir deux lames de fer, ayant 
l'aspect de larges coutelas, et deux crânes provenant 
du gisement mentionné dans la dernière séance, entre 
Peseux et Auvernier, et où l’on a trouvé une trentaine 
de squelettes humains. Ces deux crànes sont fort dif- 
férents sous le rapport de la forme, l’un est ovale très- 
allongé, tandis que l’autre est presque sphérique. On 
engage M. Godet à faire parvenir ces débris humains 
à MM. His et Rutüimayer de Bâle. 


M. le D' Gurllaume présente deux médailles romai- 
nes; l’une est une monnaie d’Adrien trouvée au Chas- 
seron ; l’autre est un denier d'argent. 


+ 


Séance du 6 Décembre 1861. 


Présidence de M. FAVRE. 


M. le D° Grrllaume attire l'attention sur l’origine des 
eaux de la Serrière. Il demande que la Société lui 
prête son concours pour établir des observations sui- 
vies ; Ce qui lui manque surtout, ce sont des udomè- 
tres destinés à être placés au Val-de-Ruz, afin de s’as- 
surer si cette rivière doit son alimentation aux eaux de 
cette contrée. 

On décide que si des udomètres sont spot hs ils 
seront remis à M. Guillaume. 


M. Auguste Jaccard, du Locle, montre une petite 
hache en pierre, trouvée près du Locle et qui paraît 
bien authentique. 


LA NT ee: 


M. Xopp fait au cabinet de physique plusieurs ex- 
périences relatives à la galvanoplastie, à la dorure et 
à l’argenture galvaniques. 


M. le docteur F. de Pury fait la relation d’un cas 
de tétanos qu'il a traité avec succès à l'hôpital Pour- 
talès par de très-fortes doses d’opium. La quantité de 
ce médicament, employé exclusivement pendant tout 
le cours du traitement, qui à duré cinq semaimes, a 
été de 3 onces, 3 gros et 31 grains. La plus haute 
dose prescrite a été de 5 grains; elle a pu être con- 
tinuée pendant trois jours consécutifs et toutes les heu- 
res sans provoquer aucun symptôme toxique. — L'af- 
fection avait débuté, sans cause aucune, par une dou- 
leur entre les épaules, survenue apparemment à la 
suite d’un excès de travail. Deux jours après, 1l se 
manifestait un trismus, les dents ne pouvaient s’é- 
carter que d’un centimètre et demi, et un opisthoto- 
nos prononcé. Lors de son entrée à l'hôpital, c’est-à- 
dire trois jours après les premiers symptômes, le ma- 
lade, qui niait formellement s'être jamais blessé, fut 
soumis à des investigations minutieuses, qui furent re- 
nouvelées le lendemain. Il ne fut pas possible de dé- 
couvrir trace de lésion traumatique : aussi M. de Pury 
n’hésita pas à admettre qu'il avait affaire à un tétanos 
spontané. La marche et la durée de la maladie, et le 
fait que le malade n’avait jamais d'accès tétaniques, 
mais se trouvait continuellement dans un état de ten- 
sion convulsive qui avait fini par envahir tous les mus- 
cles de la vie organique, semblaient confirmer plei- 
nement le diagnostic. Après un séjour de six semaines 
à l'hôpital, alors que la convalescence était parfaite- 
ment assurée, M. de Pury fut rendu attentif, par le 
malade lui-même, à une ecchymose que celui-ci ve- 
nait de remarquer, et qui siégeait au côté externe de 
la face plantaire du talon gauche. L'intégrité parfaite 


BUL. DE LA S0C. DES SC. NAT. T. VI. 2 


RE (er 


des téguments externes, la couleur de l’eecchymose, 
qui était d’un noir intense, l'absence de douleur, même 
à une forte pression, le manque de phénomènes mor- 
bides, qui auraient pu donner lieu à une extravasation 
sanguine, principalement dans cette région, parlaient 
évidemment en faveur d’une lésion traumatique. Mas 
de quelle nature pouvait être cette lésion traumati- 
que? En faisant un nouvel appel et des plus pressants 
aux souvenirs de son convalescent, M. de Pury apprit 
qu'il avait porté, deux ou trois jours avant sa maladie, 
des souliers qui l'avaient blessé. Or, dans l’intérieur de 
ce soulier, que M. de Pury met sous les veux de la So- 
ciélé, on constate deux pointes de clous qui font sail- 
lie, de deux millimètres environ, au-dessus du niveau 
de la semelle interne, et qui correspondent exactement 
à la région ecchymosée du talon. En terminant sa com- 
munication, M. de Pury insiste sur la grande valeur 
qu'offre ce cas, surtout au point de vue étiologique; 
car alors que tout parlait en faveur d’un tétanos spon- 
tané, un heureux hasard a permis d'établir de la ma- 
nière la plus péremptoire que le malade avait été réel- 
lement atteint d’un tétanos traumatique. Il rappelle 
à ce propos un cas consigné dans les annales de la 
science , qui avait élé regardé comme un tétanos spon- 
tané ; à l’autopsie, on découvrit que le sujet était 
porteur d’une fissure récente de l'anus. 


Séance du 13 Décembre 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Desor présente le premier crâne humain qu'on 
ait trouvé à la station lacustre d’Auvernier. Il vient de 
la station de l’âge de bronze et se compose des os pa- 
riétaux et occipital encore bien réunis. Les parois ont 


— 49 — 


une faible épaisseur et la forme interne diffère nota- 
blement de celle des crânes de notre race. Une couleur 
noirâtre , analogue à celle des autres débris d’os qu’on 
pêche dans la même station, atteste une véritable vé- 
tusté et une longue immersion. 


M. Hirsch entretient la Société de la vitesse de pro- 
pagation de l'électricité. Après avoir fait l’histoire des 
principales expériences antérieures et indiqué les ré- 
sultats assez dissemblables auxquels elles ont conduit, 
il décrit celles qu'il a exécutées avec le concours de 
M. Plantamour, de Genève. Au moyen de la ligne té- 
légraphique et des chronographes des deux observa- 
toires, ils ont pu noter par un grand nombre d'essais 
le double du temps nécessaire pour la transmission des 
signaux entre Neuchâtel et Genève et vice-versa. Ils 
ont trouvé, en moyenne, que pour franchir cette dis- 
tance, évaluée à 132 kilomètres, le courant d'induction 
emploie 0”, 00885 Æ 0,0031, ce qui donne pour sa vi- 
tesse 29,766 kilomètres par ”; le courant ordinaire 
0”,0188 # 0,00175 ; vitesse — 14,490. 

De nombreuses irrégularités dans la rapidité de la 
transmission se sont manifestées, suivant les nuits et 
même aux diverses heures de la même nuit. (Voyez Ap- 
pendice). 

M. Æipp prend ensuite la parole et expose ce qui 
suit : 

A l’occasion de la communication de M. Hirsch, je 
me permets de citer une série d'expériences que J'ai 
faites en 1856 sur la vitesse de propagation de l'élec- 
tricité. 

IL est évident que les différents nombres qu'on à 
trouvés, et que M. Hirsch vient de vous énumérer, 
peuvent et même doivent être expliqués d’une autre 
manière que par l'unique cause de la longueur du err- 
cuit parcouru par l'électricité. 


BCE RR TT MEN 


Pour varier la méthode d’expérimentation et arriver 
à un résultat explicatif, j'ai cherché et trouvé une au- 
tre manière de procéder. 

En voici la description et les résultats : 

Le rhéomètre différentiel ou, comme on l’appelle 
ordinairement, le pont Weasthone, consiste en un dia- 
gramme dont les quatre côtés, 4, b, c, d, sont formés 
des résistances. Si les sommes de résistance a + d et 
b + c sont égales, aucun courant ne passe par le galva- 
nomètre du système. 

Soit a la résistance d’une ligne télégraphique de 200 
lieues de longueur, composée d’un fil de fer de 3mm d’é- 
_paisseur, et à, une résistance égale obtenue au moyen 
d’un fil d’un diamètre dix fois plus petit et d’une lon- 
gueur de deux lieues; en admettant que les autres crr- 
constances des circuits soient semblables et que le 
temps nécessaire pour la propagation du courant soit 
proportionné à la longueur du conducteur, il faut né- 
cessairement que le courant du fil à soit transmis plus 
tôt que celui qui passe par le fil a; il y aura done au 
premier moment une déviation de l’ ‘aiguille de la bous- 
sole dans la direction qui convient à ‘celle de ce cou- 
rant. (Ce courant, passant par 4, dévierait nécessaire- 
ment l'aiguille du côté opposé.) 

Cette expérience a été faite, en 1856, au bureau des 
télégraphes à Berne, sous ma direction, en présence 
des employés et de quelques autres personnes invitées 
à ce sujet. Quel ne fut pas notre étonnement quand 
nous vimes l'aiguille dévier comme nous l’attendions, 
mais en sens contraire ; au lieu de dévier à gauche, 
comme elle aurait dù le faire par l’action du circuit le 
plus court, elle déviait à droite. Aussi souvent que nous 
répétämes l'expérience, le même phénomène se re- 
produisit. Il en fallait donc conclure que le courant 
arrivait plus rapidement par le fil long que par le fil 
court. La seule explication que ‘nous pümes trouver 


PET 
a! 


de ce phénomène inattendu, c'était que l’extra-cou- 


rant produit dans la bobine à fil mince retardait l’ar- 
rivée du courant direct plus que l’extra-courant excité 
dans le fil télégraphique de 200 lieues, tendu en plein 
air. 

Cette expérience permet donc d'admettre que la 
vitesse proprement dite du courant est infiniment 
grande ou, en tout cas, est beaucoup plus grande 
qu'on ne l'a supposé ou obtenu par d'autres expé- 
riences. 


Séance du 21 Décembre 1861. 


Présidence de M. DESOR. 


M. le D' de Pury fait un rapport verbal au sujet du 
crâne humain pêché à la station lacustre d’Auvernier. 
Il pense que le trou dont il est percé a été produit par 
un corps contondant, agissant dans une direction obli- 
que, de droite à gauche et de dehors en dedans, atten- 
du que la table interne a été enlevée à une distance 
assez grande. Une espèce de fracture circulaire, qui 
entoure la solution de continuité, prouve que le corps 
contondant n'avait pas une vitesse très-grande, et par 
conséquent qu'on ne peut l’attribuer à une balle de 
mousquet. Il croit aussi que la lésion a été produite 
pendant la vie de l'individu, attendu que deux petites 
plaques osseuses internes sont restées adhérentes pen- 
dant tout le temps de l'immersion, maintenues sans 
doute d’abord par le périoste et ensuite par l'eau, 
après la destruction de cette membrane. Un coup de 
gaffe porté fortuitement sur ce débris immergé les en 
aurait séparées immédiatement. 

M. Desor ne peut pas admettre non plus que le trou 
en question soit dû à une balle de mousquet, comme 


on semblerait le croire au premier abord. Celle-ci ne 
serait pas entrée, à cause de l’obliquité qu’implique la 
position du trou. Mais ne serait-ce pas un coup de 
gaffe qui aurait atteint ce crâne dans l’eau? On pour- 
rait le croire, puisqu'on trouve plusieurs fers de gaffe 
dans cet endroit. Cependant, en le lavant soigneuse- 
ment, on n’a pu parvenir à enlever une incrustation 
qui forme une zone tout autour et qui tranche nette- 
ment sur une calotte centrale d’un noir poli; celle-c1 
reposait sur le fond, tandis que la zone incrustée était 
mouillée par l'eau. M. Desor présente à l’appui de cette 
opinion divers objets, os, vases, ete., trouvés au même 
lieu, chez lesquels on remarque la même merustation 
sur les parties mouillées par l’eau. Le crâne reposait 
donc par sa partie convexe, de sorte que la perforation 
par un coup de gaffe aurait dû être faite de dedans en 
dehors, ce qui n’est pas compatible avec les détails de 
la lésion. 

. Le coup a donc été porté pendant la vie du sujet. Il 
reste à rechercher la nature de l’instrument. Or, parmi 
les objets d'industrie de cette époque, on n'en trouve 
aucun qui soit arrondi; ce serait probablement une 
pointe d’andouiller de cerf qui aurait dû servir à l’agres- 
seur pour porter ce coup à son adversaire dans une 
espèce de combat singulier. 

Ce crâne serait donc du même âge que les autres 
ossements trouvés dans la station d’Auvermier. 

M. Cornaz, docteur, est aussi de l'opinion que la 
lésion a été faite pendant la vie, car l’examen montre 
que los avait une certaine souplesse à l’époque de cet 
accident. 

M. le D' Borel croit que l'individu a dû vivre encore 
depuis sa blessure, car on remarque sur une portion de 
son périmètre une espèce de bourrelet ou de cal osseux 
dû à l'activité régénératrice de los. 


L'N 


er 8 LE 


M. le D° Guillaume communique un résumé des ob- 
servations qu'il à faites sur la taille des hommes qui 
se sont présentés devant les conseils de réforme du 
canton pendant une période de huit ans. (Voyez Ap- 
pendice.) 

M. le D° Cornaz reconnait l’intérèt qui s'attache à ce 
travail ; il remarque cependant qu'on ne doit pas trop 
se baser sur les données que fournissent les conseils de 
réforme pour en tirer des conclusions ou des rapports 
statistiques, attendu que les observations ne portent ni 
sur toute la population, ni même sur tous les individus 
qui se présentent. 

M. Guillaume répond que la taille a été soumise à 
un examen général et attentif, et en vue d’obtenir un 
résultat statistique. 

M. le D° Ærsch regarde le travail de M. Guillaume 
comme un excellent essai pour la section de statisti- 
que ; cependant , il trouve que les observations faites 
n'ont pas encore assez de généralité, et il cite à ce 
sujet divers détails extraits d’un travail de M. Quetelet. 


Le méme rappelle l’éclipse de soleil qui doit avoir 
lieu le 31 décembre, et il en indique les diverses par- 
ticularités pour la ville de Neuchâtel. 


M. le colonel de Mandrot lit une notice historique 
sur la Bonneville, au Val-de-Ruz, et sur la Roche de 
Chatoillon, près de Saint-Blaise. (Novez Appendice.) 

Des levés topographiques faits avec soin circulent 
dans l’assemblée pour faciliter l'intelligence de ce tra- 
val. 


Séance du 10 Janvier 1862. 


Présidence de M. L. CoULOoN. 


M. Hipp expose le procédé à l’aide duquel il est 
parvenu à régulariser le courant de la pile qui met en 
jeu les horloges électriques, de manière à obtenir une 
action uniforme. (Voir Appendice.) Pour compléter sa 
démonstration, il fait fonctionner un appareil qu’il a 
établi suivant les principes énoncés et qui réalise com- 
plètement cette condition essentielle d’une marche ré- 
gulière. 

M. Hipp présente ensuite un appareil d’induction 
d’une grande puissance qu’il a construit pour l’école 
industrielle de la Chaux-de-Fonds, et un électro-ai- 
mant colossal destiné au Polytechnicum de Zurich. Les 
dimensions de ce dernier sont telles, que chacune des 
quatre bobines pèse plus de 80 livres. 

Mis en activité par MM. Hipp et Kopp, ces deux 
beaux instruments servent à faire un grand nombre 
d'expériences qui intéressent vivement la Société. 
L'une des plus remarquables consiste à projeter sur 
les pôles de l’électro-aimant une grande quantité de 
petits clous qui adhèrent ensemble avec assez de force 
pour former un corps maniable, plastique , conservant 
la forme qu’on lui donne, et offrant ainsi une idée de 
la structure intime des corps solides et de l'union des 
atomes par l'attraction moléculaire. | 

La puissance attractive développée est si considérable, 
que l’adhérence entre les barreaux de fer et le portant 
subsiste encore un quart d'heure après que le courant a 
été imterrompu. Au moment où l'interruption a lieu, 
il se produit un extra-courant d’une grande intensité 
et qui permet de tirer du portant de fortes étin- 
celles. | 


M. Kopp répète une expérience de M. De la Rive, 
qui a produit la rotation de l’arc lumineux dans l'œuf 
électrique, en disposant l'appareil sur lélectro-aimant 
en activité. 


Séance du 17 Janvier 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


À propos des comptes qui sont présentés dans cette 
séance, M. Desor rappelle le don de 600 fr. fait à la 
Société par M. L. de Pourtalès, au nom des représen- 
lants de la Société d’émulation patriotique, et que nous 
devons en grande partie à l'initiative de notre Prési- 
dent, M. L. Coulon. Sur sa proposition, on charge le 
Secrétaire de remercier par lettre M. le comte L. de 
Pourtalès. 


M. L. Favre présente une médaille de cuivre à l’ef- 
figie de l’empereur Maxence (306-312), trouvée au 
pied du versant Nord de Pouillerel , près de la Chaux- 
de-Fonds, par M. L. Huguenin, négociant. Cette mon- 
naie, provenant d’une localité qui en paraissait totaie- 
ment privée, puisqu'elle est en dehors des voies de 
‘communication anciennement ouvertes, mérite d’at- 
tirer l'attention et doit engager à faire des recherches 
dans le lieu qui la recelait, et où probablement on en 
découvrira d’autres. 

M. Desor fait remarquer combien les médailles cel- 
tiques sont rares ; jusqu'à présent on n’en connaissait 
en Suisse que deux exemplaires, trouvés près de Berne, 
à la Tiefenau, que les antiquaires considèrent comme 
un ancien champ de bataille, à cause des nombreux 
débris d’armes de toute espèce qu’on y a découverts, 


RE DES 


entre autres des épées de fer analogues à celles de la 
Têne; à ces médailles celtiques sont associées des 
monnaies gauloises rappelant celles des Eduens. Der- 
mèrement, on a eu la bonne fortune de pêcher, au 
milieu des pilotis qui s'étendent devant le village de 
Fonts, une pareille médaille celtique qui relie ainsi 
d’une manière fort intéressante le troisième âge des 
pilotis avec l’époque helvétique. 


M. Desor met sous les yeux de la Société le plan 
d’une station lacustre extrêmement étendue, qui vient 
d’être découverte près de Makelfingen, au bord du lac 
de Constance, par M. Deike, directeur de l'exploitation 
des tourbières pour le compte de l'Union-Suisse. On a 
peine à comprendre que, jusqu’à présent, personne 
n'ait signalé cette vaste plantation de pilotis mise à sec 
tous les hivers par les basses eaux, et qui couvre un 
espace d’une dizaine d’arpents. Les pieux, de 5 à 6 
pouces de diamètre, sont de frêne, d’aulne et de pin. 
Les nombreux objets d’antiquités qu’on y récolte sans 
peine, en grattant le sol, rappellent l’âge de la pierre, 
comme dans toute la Suisse orientale. Ce sont des po- 
teries grossières, façonnées à la main, des ossements 
de bœufs, des haches de pierre plus grandes que les 
nôtres et presque toutes formées de diorite, la seule 
pierre dure de ce bassin, où les roches erratiques sont 
. peu variées. M. Desor a reçu, par l'entremise de M. 
Loutz, toute une collection de ces objets. Cette station 
semble donc avoir été un village très-considérable, 
établi dans un endroit parfaitement abrité contre les 
vents d'Est et d'Ouest. Les forêts voisines de cette rive 
renferment des tumulus connus dans la contrée sous 
le nom de fombeaux des Huns, mais qui n’ont pas en-. 
core été explorés. I] serait très-important de fouiller 
ces tombeaux, car s'ils sont les sépultures des Celtes 
lacustres de l’âge de la pierre, on aurait ainsi sur les 


Et I. 


coutumes de ces peuplades des renseignements du 
plus haut mtérèt. 


Séance du 2% Janvier 1862. 


Présidence de M. L. CouLON. 


M. Gressly présente un dessin des geysers d'Islande, 
sur lesquels il a fait diverses observations intéressantes. 
(Voyez Appendice.) 


M. Desor annonce qu'il a trouvé une station lacustre 
de l’âge de la pierre à Neuchâtel même, en face de la 
rotonde du Crêt. Ce lieu était déjà mentionné sur les 
cartes de M. Keller, et M. Schwab y avait aussi vu des 
pilotis. Les recherches de M. Desor lui ont fait décou- 
vrir plusieurs objets qu'il montre à la Société, comme 
une hache, un marteau-hache, de la poterie et une 
pierre ronde percée d’un trou. Les pilotis y sont nom- 
breux, mais difficiles à voir, parce qu'ils sont coupés à 
fleur de fond, comme au steinberg d’Auvernier. 


M. Favre fait voir une tige de chanvre de onze pieds 
de longueur, qui a végété sur la tourbe près de Samt- 
Jean. Ce n’est pas seulement le chanvre qui présente 
sur ce terrain cette puissance de végétation ; le maïs, 
ie sorgho, les choux, etc., y acquièrent des proportions 
considérables ; ce développement provient du Himon de 
la Thielle qu'on retire du fond de la rivière et qu’on 
répand sur les champs et sur les jardins. Cependant la 
fertilité du terrain est diminuée par les inondations de 
la Thielle. M. Coulon ajoute que cela est causé proba- 
blement par le dépôt, formé sur les plantes, par un li- 
mon composé en grande partie d’infusoires à carapace 
siliceuse , les mêmes qui forment sur nos jetées les dé- 
pôts blanchâtres qu'on y remarque chaque année à la 
fin du printemps. 


Séance du 31 HD 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Xopp fait part des difficultés survenues à propos 
de la gravure de la table d'orientation ; il demande 
des directions à la Société. Cette affaire est renvoyée 
au Comité de météorologie. 


M. Hirsch annonce la découverte d’une nouvelle co- 
mète, aperçue dans le mois de décembre dernier, en 
Amérique , à l'observatoire de Harvard-Collége. Les 
astronomes de Pulkova ont pu l’observer les 8, 9 et 10 
janvier, et M. Winnecke à basé sur ces observations 
une première approximation d'orbite. Les éléments 
obtenus de cette manière offrent une certaine ana- 
logie avec ceux de la comète observée en 1590 par 
Zycho Brahé. La Comète a un mouvement rétrograde ; 
sa vitesse apparente est très-grande ; après s'être ap- 
prothée du Pôle le 22 jusqu'à 9° environ, elle s’en 
éloigne maintenant de 4° par jour, avançant en même 
temps de 8° en ascension droite. M. Hirsch l’a aperçue 
un instant le 26, mais le brouillard qui est survenu a 
empêché lobservation ; dès-lors le ciel est resté cou- 
vert. 


M. Hirsch fait part des expériences de M. Debray, 
qui à trouvé le moyen de rendre visibles à un grand 
auditoire les phénomènes spectraux, en se servant de 
appareil photogénique de Dubose et du chalumeau à 
gaz hydrogène et oxygène, pour projeter les spectres 
sur un écran. Îl demande si l’on ne pourrait pas dis- 
poser du microscope solaire du cabinet de physique 
pour répéter ces belles expériences devant la Société. 

M. Xopp répond que le microscope n’est pas en 
état de supporter l’énorme chaleur qui serait déve- 


DE CPR den 


loppée pour la combustion des métaux, et qu'il crain- 
drait, pour les lentilles, le voisinage trop immédiat de 
la flamme. Pour compléter le microscope, 1l attend 
un appareil commandé à M. Goldschmid, et 1l espère 
qu'avec le concours de M. Hipp, il’ parviendra à met- 
tre l'appareil en mesure de satisfaire à la demande qui 
vient d’être faite. 


M. Hirsch explique la construction d’une étuve à 
température constante qu'il a fait établir pour l'Ob- 
servatoire, par M. Hipp. Cet appareil, indispensable 
dans les ebservatoires où l’on étudie la marche des 
Chronomètres , est resté jusqu’à présent imparfait , 
malgré les essais coùteux tentés à Greenwich et à Paris. 
Les petites étuves de nos horlogers sont tout-à-fait In- 
suffisantes, et ne peuvent garder une température uni- 
forme que pendant un temps fort limité. L’étuve de 
M. Hirsch est une simple armoire vitrée, chauffée par 
un petit appareil à eau chaude, formé d’une boîte de 
cuivre pleine d’eau, d’où sortent des tuyaux qui circu- 
lent dans la vitrine. Le foyer est un bec de gaz dont 
l'activité de la flamme est augmentée ou diminuée par 
la disposition suivante : Il a placé dans la vitrine une 
lame bimétallique , formée de laiton et d'acier soudés 
ensemble, et douée de la propriété de se fléchir dans 
un sens ou dans l’autre quand la température varie. 
Cette lame, fixée par un bout, agit par l'autre extré- 
mité sur une soupape conique fermant plus ou moins 
le tube qui conduit le gaz. De cette façon, quand la 
température de l’étuve baisse , la lame s'ouvre, soulève 
la soupape, et le gaz, arrivant avec plus d’abondance, 
donne le supplément de chaleur nécessaire pour rame- 
ner l’étuve au degré voulu, et vice-versa. Cette lame 
fait donc l'office de régulateur, et doit contribuer à 
maintenir dans l’étuve une température constante. 

Les observations faites pendant plusieurs jours ont 


EN ue 


démontré que la quantité d’eau employée dans l’ap- 
pareil a une influence sur la constance de la tempé- 
rature. Avec huit pots d’eau la température est va- 
riable ; avec quatre pots et demi, la température se 
maintient assez bien. On comprend que plus la masse 
d’eau est considérable, plus il faut de temps pour la 
refroidir et l'échaufler, de sorte que la compensation 
ne peut s obtenir qu'à l’aide d’une certaine quantité 
d’eau qu'il est important de déterminer par l’expé- 
rience. 


M. ÆXopp présente une série d'échantillons de laine, 
de soie et de coton, qu’il a teints à l’aide d’un bois 
provenant du royaume de Siam, où il porte le nom 
Kelle. Ce bois, dont il dépose un fragment sur le bu- 
reau, est lourd, assez dur, sans saveur bien prononcée, 
ni odeur, et contient une matière colorante jaune, non 
alcaloïde, et qui, traitée de diverses façons, donne des 
couleurs belles et variées et qui résistent à l’eau bouil- 
Jante et à l’eau de savon froide. 


M. Gressly fait voir plusieurs g erands dessins colo- 
riés , exécutés par lui-même d’après nature et repré- 
sentant des vues prises dans les endroits les plus in- 
téressants de l’île de Jean Mayen et de l'Islande, entre 
autres les Geysers, la crevasse de Thingvalla, VAI 
mannagia, etc. Îl accompagne cette présentation très- 
intéressante d'explications sur la structure géologique 
et la nature de ces pays. 


M. Desor présente la garniture d’un fourreau de 
poignard ou d'épée; cette pièce de fer est exécutée 
avec beaucoup d'art et est caractéristique de l'épée 
gauloise. Elle provient de la station de Marin. 


M. Desor rend compte d’une exploration qu'il a 
faite, en compagnie de M. le Président, parmi Îles 


ae EN 


pilotis découverts devant la promenade du Crêt. Guidé 
par le pêcheur de M. Desor, M. Coulon a reconnu 
l'existence des pilotis, quoique ceux-ci soient à peine 
visibles, puisqu'ils sont coupés à ras du fond. H en 
est qui sont si près du bord, devant la Rotonde, 
qu'on peut les apefcevoir du mur du quai. 


M. Desor fait une exposition succincte des faits qui 
se sont passés en 1845 et 1846 dans les glaciers du 
Tyrol. En 1843, on remarqua un mouvement très- 
accéléré dans le glacier de Vernacht, qui vient dé- 
boucher. dans la vallée de Rofen. En 1845, ce mou- 
vement devint encore plus sensible et plus alarmant. 
L'autorité dut s’en occuper. La vitesse atteignit jus- 
qu'à 9", 92 par jour. Alors eurent lieu de grands dé- 
sastres. L’accumulation des glaces contre une paroi 
de rocher empêchant l’écoulement des eaux, 1l s'était 
formé un lac considérable ; les eaux se frayèrent tout- 
à-coup un passage lorsque le glacier se retira et inon- 
dèrent et dévastèrent les vallées inférieures jusqu’à 
Inspruck. 

En 1850, le glacier de Suldenen causa les mêmes 
inquiétudes par son avancement Imsolite. M. de Son- 
klar , officier d'état-major autrichien, se rendit sur 
les lieux pour étudier ce phénomène dans tous ses dé- 
tails. Mais le mouvement ne fut pas comparable à celui 
dont on vient de parler; il atteignit cependant jusqu’à 
deux mètres par jour, ce qui est encore très-remar- 
quable , puisque la vitesse maximum du glacier de 
l’'Aar et du glacier des Bois ne dépasse guère un pied 
par jour. 

Après avoir pris de nombreux renseignements sur 
ces phénomènes, M. de Sonklar énonça l’idée qu'on 
pouvait en donner l'explication par la météorologie. 
Il s'était assuré que le phénomène n’était pas général, 
car tandis que cette accélération se produisait sur un 


RO us 


glacier, les autres se conduisaient comme d'ordinaire 
et même rétrogradaient. 

Dernièrement , il a fait des études plus suivies et 
plus complètes, et il est arrivé à la conviction que ces 
grands avancements se rattachent à la direction des 
vents. Lorsque soufflent certains vents, des masses 
énormes de neige s'accumulent sur un point, dans 
certains cirques , et pas sur d’autres, el ces accumula- 
tions donnent au glacier vers lequel elles se dirigent 
une vitesse anormale. 

D'ailleurs ces faits ne sont point isolés et ils ne se 
produisent point pour la première fois : les anciennes 
chroniques mentionnent bien des accidents analogues. 
A l’aide de ces renseignements, et d’autres fournis par 
d'anciennes observations météorologiques, M. de Son- 
kdar a construit un tableau rétrograde qui vient corro- 
borer l’idée qu’il a énoncée et établit ainsi la liaison 
entre l’avancement des glaciers et des phénomènes 
météorologiques locaux. 

En résumé on peut tirer des études de M. de Son- 
klar les conclusions suivantes : 

1° Les grandes oscillations des glaciers ne sauraient 
dépendre du caractère météorologique d’une seule 
année. 

2° Les grands envahissements des glaciers survien- 
nent après de très-mauvaises années, au milieu de 
périodes défavorables. 

3° L'influence du climat se fait sentir plus lente- 
ment dans les grands glaciers que dans les petits. 

.4° Les vents ont une grande part dans les oscilla- 
lions des glaciers; seuls ils peuvent servir à expli- 
quer les irrégularités de ces oscillations. 

Par conséquent on doit s'attendre à des oscillations 
marquées, spécialement : 

a) à un avancement général, toutes les fois qu'à la 
suite d’une série de mauvaises années, il survient une . 
année très-froide ; 


ER DE 


b) à un avancement qui peut n'être que local et 
qui surviendra d'ordinaire après deux ans, lorsque de 
fortes chutes de neige hivernale sont accompagnées 
de vents soufflant dans une direction constante. 

M. Hirsch appuie ce que vient de dire M. Desor. 
Il a visité les glaciers dont on vient de parler et il a 
entendu les mêmes choses de la bouche de guides âgés 
et expérimentés qui avaient été témoins de ces acci- 
dents. Eux aussi ont remarqué que ces phénomènes 
sont purement locaux et qu'ils ne se manifestent que 
dans les glaciers de second ordre. 


Séance du T7 Février 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Xopp présente le résumé des observations météo- 
rologiques faites à Neuchâtel pendant l’année 1861, 
ainsi que le tableau des hauteurs des trois lacs de Neu- 
châtel, Morat et Bienne. La moyenne de température a 
été de 9°,6. (Voyez Appendice.) 


M. Desor donne quelques explications sur un ébou- 
lement qui est arrivé à l'Ecluse et qui a gravement en- 
dommagé une maison récemment construite. Celle-ci 
est assise dans une tranchée pratiquée, à coups de mi- 
ne, dans la roche valangienne. En examinant les cou- 
ches, on remarque successivement de haut en bas, le 
diluvium, puis les deux étages supérieurs du valangien, 
la pierre rouge ou limonite et le marbre bâtard; les 
marnes valangiennes n’ont pas été atteintes par la tran- 
chée, ainsi que l'avaient déjà prévu MM. Desor et 
Gressly, appelés sur les lieux pour une expertise offi- 
cielle avant qu’on commencât les travaux. L'accident à 


BUL. DE LA SOC.-DES SC. NAT. T. VI. 3 


NOTA RE 


été produit par l’écroulement des bancs de limonite, 
qui s’est trouvée très-fracturée en cet endroit, soit na- 
turellement, soit par l'effet des coups de mine. Il aurait 
fallu déblayer cette couche peu épaisse et faire un talus 
prolongé. Cet éboulement ne porte aucun préjudice au 
chemin de fer qui passe un peu plus haut, parce que 
la voie repose sur le marbre bâtard très-solide, au sujet 
duquel on ne peut éprouver aucune crainte. 


M. Xopp désire examiner la collection minéralo- 
gique des spath-fluors du musée , afin de satisfaire à 
une demande de M. Schônbein, qui, ayant reconnu 
l’antozone dans un spath-fluor particulier, est curieux 
de savoir si l'échantillon qu’il possède est unique de 
son espèce. Cette demande est renvoyée à MM. Coulon 
et Tribolet. 

En explication de ce fait, M. Desor raconte que c’est 
dans une mine de Bavière qu’on a trouvé le spath-fluor 
 antozonide , signalé par une odeur assez forte pour in- 
commoder les travailleurs. En exploitant la gangue, on 
l’a trouvé distribué d’une manière assez inégale dans 
son intérieur. 


Séance du 14 Février 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Coulon présente le calque du plastron d’une tor- 
tue assez grande , trouvée à Valangin dans une carrière 
du terrain virgulien ; elle diffère notablement de l£- 
mys Jaccardu du mème étage. | 


M. Æirsch donne une analyse des derniers travaux 
de M. Leverrier sur les éléments des orbites des quatre 
premières planètes, Mercure, Vénus, la Terre et Mars. 
(Voir Appendice.) 


Le méme ajoute que le 7 février écoulé, près de.8 
heures du soir, il était en correspondance télégraphi- 


: — 39 — 


que avec M. Plantamour, de Genève, auquel il signalait 
un violent ouragan de bise, accompagné de neige, qui 
régnait à Neuchâtel depuis 7 heures du soir; il reçut 
pour réponse que le temps était calme à Genève , mais 
que le baromètre baissait rapidement , et ce n’est qu'à 
9 heures, c’est-à-dire deux heures après Neuchâtel, 
que l’ouragan a atteint Genève. | 

M. Ladame trouve le fait très-remarquable, parce 
que la bise est essentiellement un vent d'aspiration qui 
se propage du S.-0. au N.-E. 

Une discussion assez longue a lieu au sujet des diver- 
ses particularités signalées dans les vents de bise. 


M. ÆXopp répète plusieurs expériences relatives aux 
propriétés de la glace, citées par M. Tyndall, avec une 
pression suffisante. Ce corps peut se mouler comme une 
matière plastique, par suite du dégel et du regel con- 
sécutifs provoqués par le jeu de la chaleur latente et de 
l'équivalent mécanique de la chaleur. 

À l’aide d’une petite presse hydraulique, M. Kopp ag- 
glomère des morceaux de glace et en obtient, tantôt un 
cube , tantôt un cylindre compacte, ou une empreinte 
de médaille. Il montre qu'un morceau de glace du 
poids de 22 grammes perd ainsi 4 grammes d’eau, 
c’est-à-dire évidemment plus qu’il n’en peut contenir 
lorsqu'il n’est pas soumis à une pression. 

M. Desor dit que M. Dolfuss, à l’aide d’une forte 
presse hydraulique , a moulé très-facilement la glace à 
0°, mais que lorsqu'elle a une température inférieure, 
elle se brise en éclats. 


Le méme rapporte que la commission fédérale de la 
carte géologique suisse s’est réunie dernièrement à 
Neuchâtel. Elle a adopté l’échelle de */s0 000 et l'emploi 
des couleurs pour distinguer les principaux terrains ; 
ainsi tout le jurassique sera bleu , le crétacé vert, etc.; 


— 36 — ù 


les étages seront désignés par des pointillés et des ha- 
chures convenables. 


Séance du 21 Février 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch communique les observations qu’il a faites 
sur la marche d’une montre thermométrique , confiée 
à l'Observatoire par M. Henri Perregaux, du Locle. 
Cette montre, construite avec autant de soin qu un 
chronomètre , est munie d’une compensation inverse 
qui augmente les effets des variations de température. 
On la règle d’abord à une température constante afin 
de connaître sa marche. On l’expose ensuite aux vicis- 
situdes de la température extérieure, qui altèrent la 
marche d'autant plus que les variations du chaud au 
froid sont plus considérables. On à ainsi un instrument 
ingénieux pour mesurer les moyennes de température 
pour un temps plus ou moins long. Il a pu s'assurer 
que cette montre est l'instrument le plus délicat et le 
plus sûr que l’on puisse employer pour prendre une 
moyenne de température, et le calcul démontre que 
ces résultats sont bien préférables à ceux que donnent 
les moyennes arithmétiques des observations thermo- 
métriques. L'erreur que l’on peut commettre en se ser- 
vant de cette montre comme thermomètre, s'élève à 
0,048 de degré correspondant à 1” de la marche de 
cette montre. Il serait donc dans l'intérêt de la science 
d'introduire cet instrument de précision dans tous les 
observatoires météorologiques. 


M. Tribolet présente une petite meule de moulin 
trouvée en 1858 par M. Rau, employé du Franco- 


Age". Del 


Suisse, sur le parcours du chemin de fer dans les ma- 
rais de Boudry, à environ 200 mètres en bise du che- 
min public qui conduit de Cortaillod à la forêt de la 
côte appartenant à cette commune. Elle se trouvait à 
0",80 de profondeur et reposait sur un sous-sol de gra- 
vier, au milieu des souches encore debout des pins qui 
formaient jadis une forêt sur ce plateau .-Elle est formée 
d’un gneiss schisteux qui a subi quelques détériorations; 
elle est perforée au milieu par un trou cylindrique: le 
contour extérieur est assez exactement circulaure et as- 
sez bien conservé. 


M. le D' Grellaume présente un tableau graphique 
des mesures opérées par ses soins dans le Seyon et 
dans la Serrière, pendant une partie de décembre et 
le mois de janvier écoulé. Il résulte de ce tableau que 
les mouvements de ces deux rivières offrent un parallé- 
lisme assez constant, surtout dans la hauteur moyenne: 
mais, dans les crues du Seyon , celui-ci présente des 
chiffres qui dépassent de beaucoup ceux de la Ser- 
rière ; en outre, les mouvements de celle-ci sont tou- 
jours un peu en retard sur ceux du Seyon. 

Les observations ont dû être suspendues à cause de 
la disparition des échelles, que les hautes eaux extraor- 
dinaires de la fin de janvier ont emportées. 

Ces observalions provoquent une discussion sur Îa 
question si mystérieuse des sources de la Serrière , et, 
comme elles sont destinées à jeter quelque jour sur un 
phénomène qui nous touche de si près, la Société en- 
gage M. Guillaume à bien vouloir les continuer, et à les 
accompagner d'observations udométriques dans les di- 
verses régions du Val-de-Ruz. 


Séance du 28 Février 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Coulon annonce que M. G. de Pury, venu dernière- 
ment d'Australie, a rapporté pour le musée divers 
animaux intéressants de cette contrée, tels que mam- 
mifères, reptiles et msectes. 

Le même M. Pury lui a raconté divers faits assez cu- 
rieux sur les mœurs des kanguroos, que l’on croit com- 
munément être des animaux timides et craintifs. Il y a 
cependant des mdividus de grande taille qui, loin de 
fuir à l'approche des chasseurs et des chiens, les atta- 
quent résolument et éventrent ceux-ci à coups de 
patte ; ou bien qui étreignent l’homme de leurs bras 
robustes en cherchant à l’étouffer. — Ils ne mordent 
pas. — M. Pury eut lui-même une lutte à soutenir 
avec un de ces animaux, et, quoique à cheval, il eut 
beaucoup de peine à s’en tirer sain et sauf. 

Un planteur de la contrée fut pareillement attaqué 
par un kanguroo, qui le tenait serré contre lui à peu 
près comme le fait un ours, en essayant de l’étouffer 
ou de le tuer à coups de patte. 


M. Desor appelle l'attention de la Société sur un vo- 
lume qui vient de lui être adressé par la commission 
géologique de l'Etat d’Arkansas. C'est un rapport préli- 
minaire sur la géologie de cet Etat par feu M. D. Oweu, 
qui renferme, entre autres documents, un mémoire re- 
marquable de M. Léo Lesquereux sur les plantes de la 
houille, dans le bassin de l’Arkansas. 

M. Desor rappelle à cette occasion les caractères gé- 
néraux de la houille américaine, qui est à l’état d’an- 
thracite sur le revers oriental des Alleghanys, tandis 


SPAS CE 


qu’elle est bitumineuse sur le revers opposé, dans les 
plaines de l’ouest et spécialement dans le grand bassin 
de l'Ohio. Dans l’origine, l’anthracite passait pour plus 
ancienne que la houille bitumineuse , et on la rappor- 
tait, comme en Europe, au terrain de transition. Ce- 
pendant les frères Rogers, chargés de l'exploration des 
Etats de Pensylvanie et de Virginie, n'avaient pas tardé 
à reconnaître des passages entre ces deux formes ex- 
trèmes. Ils montrèrent que l’anthracite, qui est tout-à- 
fait maigre dans les bassins les plus rapprochés de l’At- 
lantique, devient de plus en plus bitumineuse à mesure 
qu’on pénètre plus avant dans la chaîne de lAlleghany. 
Ils distmguèrent ainsi plusieurs formes intermédiaires, 
savoir l’anthracite propre, la houille semi-anthraci- 
teuse, la houille semi-bitumineuse et la houille bitu- 
mineuse ou grasse. Ils en conclurent que ces différen- 
ces ne provenaient pas de l’âge des dépôts houillers, 
mais qu'elles étaient plutôt le résultat d’influences pos- 
térieures qui auraient, sur certains points, modifié la 
houille, en la privant de son bitume, tandis qu’elle se- 
rait restée intacte sur d’autres. Il devenait de la sorte 
vraisemblable que, dans toute l'étendue des Etats- Unis, 
la houille se rapportait à une seule formation, la for- 
mation carbonifère, n'importe qu’elle fût maigre ou 
grasse. 

Cette proposition ne pouvait cependant être démon- 
trée qu’à l’aide de la paléontologie, et comme la houille 
ne renferme guère, en fait de fossiles, que des plantes, 
c'était à l’étude des plantes fossiles qu'il fallait en ap- 
peler. Nul n’était mieux qualifié que M. Lesquereux 
pour remplir cette tâche. Après avoir, de concert avec 
M. Desor, étudié les houillères des Alleghanys, il a 
exploré avec un soin égal les houillères des environs 
de Pittsburg, puis celles de l'Ohio, du Kentucky et du 
Tennessee, passant ainsi en revue toutes les variétés 
que la houille affecte, depuis l’anthracite jusqu’à la 
houille grasse des bords de l’Ohio. 


Le AO 


Cette longue et patiente étude a conduit M. Lesque- 
reux aux résultats généraux suivants, qui peuvent être 
considérés comme acquis à la science : 

1° La qualité de la houille sous le rapport du bi- 
tume ne constitue pas un caractère géologique. Des 
bancs de houille grasse et de houille maigre ou an- 
thracite, peuvent renfermer les mêmes espèces végé- 
tales et appartenir par conséquent au même horizon 
géologique. 

2° La formation houillère n’est pas homogène dans 
toute son épaisseur. Entre les banes inférieurs et les 
bancs supérieurs, il y a des différences sensibles sous 
le rapport des fossiles, qui attestent que la flore n’a pas 
été invariable pendant toute la durée de cette longue 
époque. Ces différences se retrouvent des deux côtés 
de l’Alleghanv, dans la région des anthracites, aussi 
bien que “dans celle des houilles bitumineuses. 

Ceci posé, M. Lesquereux admet quatre groupes 
principaux dans la formation houillère des Etats-Unis, 
qui sont séparés les uns des autres par de vastes dépôts 
de grès et de conglomérat. Comme ces derniers sont 
plus en vue que les schistes houillers et qu'ils sont en 
général assez bien caractérisés, ce sont eux qui ser- 
vent à orienter le géologue dans l'étude générale des 
districts qu'il s’agit d'explorer. 

Voici la succession de ces groupes ou étages, de 
haut en bas : 

Grès supérieur connu sous le nom d’Anvill-Rock. 
1. Groupe composé de schistes houillers sans bancs ex- 
ploitables. 
(rès connu sous le nom de système mahonique. 
I. Grand bassin houiller d’une puissance considérable 

(500 pieds), avec quatre grands bancs en exploita- 

tion. 

Mullstone grit ou pierre meulière, formé d’un mé- 
lange de sable et de cailloux. 


= = 


IT. Autre grand bassin tr ès-puissant, sans l'être autant 
que le précédent, renfermant six bancs de houille 
exploitable. 

Massif de conglomérats. 

IV. Bassin inférieur ou faux bassin, renfermant trois 

bancs exploitables. 


Les groupes inférieurs sont en général ceux dont 
l'étendue est la plus considérable, tandis que les su- 
périeurs se concentrent davantage au milieu de la for- 
mation ou du grand bassin. Comme le terrain houiller 
de l’Arkansas se trouve à l'extrémité du grand bassin 
de l'Ohio, il n’y a rien de surprenant que les groupes 
supérieurs y fassent défaut; et, en effet, M. Lesque- 
reux n’y signale que le quatrième bassin, que l’on ran- 
geait autrefois dans la for mation dévonienne. M. Les- 
quereux en a étudié la flore, qui est assez variée et 
dont il décrit un grand nombre d'espèces avec accom- 
pagnement d’un certain nombre de planches admira- 
blement exécutées, représentant des espèces nouvelles 
ou peu connues. Toutes les espèces appartiennent à 
des types essentiellement carbonifères. 

La disposition ci-dessus des bassins houillers d’Amé- 
rique par groupes étagés , séparés par des dépôts de 
grès et de, conglomérat , est intéressante au point de 
vue de la genèse de ces dépôts. Il est évident que le 
bassin primitif a dû se rétrécir successivement, mais 
avec accompagnement de mouvements violents qui 
l'ont recouvert à plusieurs reprises d'immenses amas 
de sable et de cailloux d’un volume quelquefois consi- 
dérable. Le marais houiller s’est ainsi établi quatre fois 
sur la plage caillouteuse, en occupant un espace tou- 
jours plus restreint. Il n’y à rien de surprenant qu'à 
travers ces péripéties , la flore houillère ait subi quel- 
ques modifications, tout en maintenant son caractère 
général. 


PAU CH Sas 


Le rapport de M. Lesquereux renferme aussi un 
chapitre fort intéressant sur la flore tertiaire et un au- 
tre sur les prairies de l’Arkansas. Ce dernier confirme 
le vœu que l’auteur à émis précédemment sur ce sujet 
dans un article adressé à M. Desor. (Voir Bulletin, 
tome IV, p. 172). 


Séance du T Mars 1862. 


Présidence de M. L. CouLonx. 


M. L. Coulon fait voir le tronc d’un jeune hêtre, 
dont le diamètre dépasse un pouce, et qui a été coupé 
près de terre par les souris-taupes (Hypudeus terres- 
tris). Ces rongeurs, qui manquent probablement de 
nourriture, attaquent une jeune forêt de hêtres que 
M. Coulon possède près du sommet de Chaumont, et 
menacent de la détruire. 


M. de Tribolet entretient la Société de la géologie de 
l'Australie et des conditions de la présence de l'or, 
d’après un ouvrage de M. Odernheimer, conseiller aux 
mines du duché de Nassau, qui a fait de ce pays une 
étude approfondie. Il n’y est question que de l’Austra- 
lie méridionale, la seule région qui soit suffisamment 
connue. Les terrains silurien et devonien y présentent 
un développement considérable, et leur puissance va 
jusqu’à 1,100 pieds ; ils consistent en roches arénacées 
ou argileuses, rarement calcaires, souvent métamor- 
phosées sous l'influence de roches éruptives. Celles-ci 
sont généralement des syénites ou diorites syénitiques 
(grünstein), ou aussi des porphyres et des granits. Dans 
la Nouvelle-Galles du sud, de puissantes assises de grès, 
riches en houille, succèdent au terrain devonien ; quel- 


RSS TES 


ques géologues, d’après la flore, sont disposés à y voir 
un terrain Jurassique; d’autres, s'appuyant sur les ca- 
ractères généraux de ces dépôts, les font rentrer dans 
l’époque carbonifère. S'il en était ainsi, 11 v aurait en 
Australie une immense lacune dans la série des forma- 
tions connues ailleurs, les premiers terrains qui sui- 
vent étant tertiaires. Ces derniers occupent une posi- 
tion tout-à-fait subordonnée. Le diluvium , en revan- 
che, est très-développé et répandu sur tout le territoire 
avec une puissance qui est ordinairement de 10 à 20 
pieds seulement, mais qui va dans certains cas jusqu’à 
170 pieds. Il est formé d’amas de galets, de sables et 
de limon déposés assez irrégulièrement, et, pour ce 
qui est du diluvium proprement dit, complètement 
privé de fossiles; souvent il est mélangé ou recouvert 
de matières volcaniques rejetées pendant ou après sa 
formation. 

M. Odernheimer a voué une attention particulière à 
la provenance de l'or et aux districts aurifères. Le pré- 
cieux métal se trouve et s'exploite sur d'immenses 
étendues, soit dans les filons mêmes, soit dans les 
bassins du diluvium. Dans la Nouvelle-Galles du sud, 
les filons de quartz aurifère existent uniquement dans 
la syénite; plus au sud, 1ls se rencontrent aussi dans 
les terrains de sédiment, et, à Victoria, 1ls sont limités 
aux terrains siluriens. Analogues par leur brièveté et 
leur peu de profondeur aux faux filons de la Grau- 
wacke d'Europe, ils sont sans doute le produit, non 
d'injections, mais d’une séparation lente d'avec les ro- 
ches voisines. L'or, qui ne se trouve qu'à la partie su- 
périeure et sur les bords, est probablement le résultat 
d’une décomposition des pyrites aurifères produite par 
les agents atmosphériques et qu'indiquent la désagré- 
gation des parties supérieures et la concomitance ha- 
bituelle de l'hydrate d'oxyde de fer ; et sa présence en 
pépites de différentes grosseurs s'explique dans cette 


tite. 


hypothèse par l'influence de l'électricité qui accompa- 
gne toujours les décompositions chimiques. 

Du reste, malgré sa fréquence, l’or a des allures as- 
sez Capricieuses ; il manque ou saute subitement d’un. 
filon à un autre; c’est ce qui explique pourquoi la 
plupart desftravaux ont eu des résultats peu brillants, 
sans compter qu'en général l'or ne se trouve guère 
qu'à la surface et sur les salebandes des filons. 

Dans le diluvium, l’or s’est ramassé dans les fonds 
des cours d’eau; il se trouve associé, d’après les lois 
de la pesanteur, aux plus gros matériaux déplacés et 
déposés sur la roche en place et surtout dans les iné- 
galités qu'elle présente. Comme les circonstances géo- 
logiques ont varié depuis les commencements du char- 
riage de l’or, et comme les cours d’eau ont subi des 
modifications, il en est résulté des alternances fréquentes 
de matériaux de dimensions différentes, ce qui rend 
la recherche de l'or très-difficile et très-chanceuse. Il 
faut dire qu'il y a cependant une certaine compensa- 
tion à ce fâcheux état de choses, dans la mise à sec 
pendant l’été de la plupart des rivières d'Australie. 

M. L. Coulon cite un fait à l'appui de ce qu’on 
vient de dire sur l’extrème dispersion de l'or dans le 
diluvium. I à reçu d'Australie un serpent de grande 
dimension qui était rempli de terre, au lieu d’être 
bourré de filasse. Lorsqu'il a voulu préparer la peau 
de cet animal , la terre amenée au jour a révélé la 
présence d’une multitude de paillettes d’or qui sein- 
üllaient au soleil, mais qui étaient trop petites pour 
qu'il fût possible de les séparer du sable. 


M. le D' de Pury met sous les yeux de la Société 
des exemplaires du #icrosporon furfur, champignon 
parasitaire qui végète sur les feuillets épidermiques su- 
perficiels de la peau de l’homme, et qui donne nais- 
sance à l'affection connue sous les noms de : pityria- 


sis versicolor, chloasma , taches hépatiques , crasse 
parasitaire. Après avoir décrit ce végétal et indiqué 
le milieu où il se trouve, M. Pury expose son action 
sur l’homme et énumère les moyens faciles de le dé- 
truire. 


Séance du 14 Mars 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


_M. George Guillaume fait lecture d’une imstruction 
qu'il a rédigée pour la construction et la pose des pa- 
ratonnerres. 

Destinée à la publicité, elle résume d’une mamière 
concise, claire et pratique, les principes importants que 
l’on trouve exposés dans les rapports un peu étendus 
de Gay-Lussac (1823) et de Pouiilet (1854). 

Sur la demande de M. Guillaume, une discussion 
a lieu à ce sujet. 

MM. ÆHipp et Kopp remarquent une omission en ce 
qui concerne les toits métalliques, dont il faudrait éta- 
blir la communication directe avee le sol. 

L'opinion générale est aussi que toutes les pièces 
métalliques isolées d’une toiture doivent être reliées 
avec le paratonnerre. 

M. Hipp observe que l’on peut alléger le paraton- 
nerre en lui donnant une tige creuse; pour le rendre 
moins coûteux, il indique d'insérer une petite pointe 
de platine à son extrémité, plutôt que de la souder, 
ce qui exige moins de métal. 

Le méme désire encore que l'instruction mentionne 
la nécessité d'examiner de temps à autre Îles paraton- 
nerres pour s'assurer de leur bon état. En établissant 
un circuit voltaïque , dont les conducteurs du para- 
tonnerre, le sol et une boussole fassent partie, on peut 


mi Mb ue 


reconnaître facilement si la communication avec le sol 
est convenable, et, dans le cas contraire, en recher- 
cher les défauts. 


M. Hirsch dépose sur le bureau le 13° cahier des 
travaux de M. Wolf sur les taches solaires, et il en 
donne l'analyse suivante. 

Ce nouveau cahier que mon savant collègue vient 
de publier sur le phénomène intéressant, à l'étude du- 
quel il s’est voué d’une manière spéciale, traite essen- 
tellement du rapport qui existe entre les taches so- 
laires et les variations magnétiques. Îl y a entre ces 
deux phénomènes une connexité dont on a fait la dé- 
couverte en remarquant l'identité de leurs époques ; 
elle a été étudiée depuis avec beaucoup de zèle, et 
vous vous rappellerez que M. Wolf a déjà essayé, dans 
une de ses communications antérieures, de relier ce 
qu'il appelle les « nombres relatifs » des taches solaï- 
res avec les variations magnétiques, par une formule 
arithmétique, de sorte qu'il devienne possible de les 
calculer les uns par les autres. En se basant sur les 
observations de Munich seulement, M. Wolf avait éta- 
bli la formule 8 — 0, 273 + 0,51 X «; où 8 désigne la 
variation moyenne annuelle, et « le nombre relatif des 
taches solaires de la même année. Le cahier récem- 
ment publié est destiné à vérifier et à rectifier cette 
équation , en étudiant les observations de Gôttingen, 
Munich, Prague, Londres, Kremsmünster, Toronto, 
Philadelphie, Paris et Hobarton. En conservant la 
forme de l’équation, M. Wolf s’est appliqué à en dé- 
terminer les coefficients aussi -bien que possible par 
la méthode des moindres carrés. M. Wolf avait émis 
l'hypothèse que le coefficient de « est le même pour 
toute la terre, tandis que le terme constant de l’é- 
quation varie d'un endroit à l’autre. Pour reconnaître 
jusqu’à quel point cette opinion est fondée , l’auteur 


8 


ee CAR Le 


a fait exécuter de longs calculs par ses élèves, d’une 
double manière ; d’abord en supposant le coefficient 
de « constant — 0,045, puis ensuite en laissant ce 
coefficient indéterminé. En général, il arrive à repré- 
senter les observations également bien par les deux 
hypothèses , l'erreur moyenne se montrant sensiblement 
égale pour l'une et l'autre; les anciennes observations 
de Londres et de Paris seules font exception. M. Wolf 
en voit la cause dans l’infériorité des observations 
d'alors; mais ne pouvait-on pas l'expliquer en sup- 
posant que l'équation qui exprime la relation des 
deux phénomènes, contient des termes dépendant du 
temps, supposition que, suivant M. Wolf lui-même, 
les observations de Prague paraissent confirmer ; car, 
d’après ces dernières, il semble que le terme constant 
va actuellement en augmentant, tandis que le facteur 
de « diminue. 

Quoi qu’il en soit, M. Wolf conclut de ses calculs 
que le facteur de « est sensiblement constant et géné- 
ral, tandis que l’autre terme, au contraire, varie con- 
sidérablement d’un endroit à l’autre et a plutôt une 
signification locale. Il nous semble cependant que 
cette conclusion n’est pas suffisamment établie, par- 
ce que les deux hypothèses représentent les obser- 
vations également bien, et qu’en ne faisant aucune 
supposition sur les deux quantités à déterminer, le 
coefficient de « varie même plus (dans la proportion 
de 1:3) que le terme constant, dont la plus grande 
valeur est à peine le double da minimum. 

Aussi M. Wolf lui-même, en admettant la variation 
locale aussi bien pour le facteur de + que pour le terme 
constant, tâche d'en rendre compte en montrant que, 
pour les cinq stations Prague, Kremsmünster, Munich, 
Philadelphie et Toronto, et pour l’époque de 1840, le 
terme constant augmente de l'Est à l'Ouest, tandis que 
le facteur de + croît avec la latitude. M. Wolf renvoie 


RARE Re 


cependant , avec beaucoup de raison , à des recherches 
ultérieures la question de savoir si cette relation géo- 
graphique est générale et ne doit pas être modifiée 
considérablement avant qu’on soit en droit de l’admet- 
tre comme une loi solidement établie. 

Bien que ces aperçus reposent encore sur un trop 
petit nombre de faits, certes ces études offrent un 
grand intérêt et tendent à confirmer davantage la réa- 
lité de la dépendance mutuelle de ces deux phéno- 
mènes, en apparence si différents et se produisant à 
une si énorme distance. Si, d’un autre côté, les re- 
cherches ingénieuses du père Secchi paraissent éta- 
blir une relation entre la marche des éléments magné- 
tiques et les phénomènes météorologiques, ce résultat 
n'est pas en contradiction absolue avec cet autre ordre 
d'idées, qui met le magnétisme terrestre en rapport 
avec les révolutions que nous observons dans l’atmos- 
phère du soleil. Car, tandis que ces dernières déter- 
minent les valeurs moyennes des variations régulières 
du magnétisme, l’état variable de notre atmosphère 
terrestre paraît affecter plutôt les changements brus- 
ques et irréguliers des instruments magnétiques. 

Pour en revenir à la communication de M. Wolf, 
elle continue la savante bibliographie de cette spécia- 
lité. Parmi les documents que M. Wolf y publie, la 
série d'observations faites par Flaugergues , de 1788 
à 1830, est la plus considérable; elle contient plus de 
2000 observations de taches. 


Séance du 21 Mars 1862. 
Présidence de M. le Dr BoREL. 
M. le D' Ærrsch lit la communication suivante, sur 


la relation des phénomènes météorologiques avec la 
marche des instruments magnétiques. 


ROUE "AE 


Lorsque je vous entretins dernièrement des travaux 
récents de M. Wolf, qui mettent toujours davantage en 
évidence l’étroite connexion qui existe entre le magné- 
tisme terrestre et les taches du soleil, je mentionnai les 
études du père Secchi, qui permettent de relever pour 
certains éléments magnétiques , des influences atmos- 
phériques et des relations entre la marche surtout 
du magnétomètre bifilaire et entre la direction du 
vent, le mouvement du baromètre et même l'aspect du 
ciel. Le père Secchi, dans un mémoire qu'il a publié 
l'été dernier, parle d’abord de l'observation que bien 
souvent , lorsque le déclinomètre et l’inclinomètre 
marchent tout-à-fait régulièrement , les instruments 
qui servent à mesurer l'intensité, et surtout le bifi- 
laire, montrent de grandes irrégularités, surtout dans 
les époques de temps variable et orageux, et que les 
variations moyennes de température et la formation 
rapide des nuages ont une influence infaillible sur cet 
instrument sensible. — En étudiant soigneusement les 
courbes qui représentent la marche des instruments 
d'intensité, le père Secchi croit pouvoir distinguer, à 
côté de la variation diurne régulière, deux systèmes 
d'ondes, un de longue période (de quelques jours) et 
un autre dont les excursions ne durent que trois à 
quatre heures ; ces deux systèmes d'ondes, en se su- 
perposant avec celle de la variation diurne, produisent 
presque toutes les irrégularités qu'on remarque dans la 
marche des instruments d'intensité. En comparant en- 
suite ces courbes magnétiques aux autres qui représen- 
tent la marche des instruments météorologiques, le sa- 
vant père a remarqué d’abord que les grandes ondes 
magnétiques, dont nous venons de parler, coïncident 
toujours (à deux ou trois exceptions près par an) avec de 
violentes bourrasques atmosphériques, et qu’une forte 
perturbation magnétique, avec diminution de la force 
horizontale , arrivant après une longue suite de beaux 

BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 4 


PSE Ut 


jours, signale d'avance le changement au mauvais 
temps, tandis que si elle arrive après une suite de jours 
mauvais et que la force horizontale augmente , elle in- 
dique le retour prochain du beau. Cette remarque in- 
téressante, qui, si elle se confirme, fournirait un pro- 
nostic précieux pour les changements du temps, est 
appuyée par cette autre observation, que la force ho- 
rizontale diminue presque toujours quand le baromètre 
baisse et croît lorsque le baromètre monte. Enfin, il est 
naturel qu'on doit retrouver la même connexion avec 
la direction du vent, puisque cette dernière est en re- 
lation intime avec le mouvement du baromètre. En ef- 
fet, les observations de 1859 et 60 donnent au père 
Secchi pour résultat que la marche ascendante du bifi- 
laire a lieu ordinairement avec les vents du nord, tan- 
dis que les vents du sud coïncident le plus souvent avec 
la marche descendante du même instrument. — Enfin 
le père Secchi a remarqué une correspondance analo- 
gue entre les changements de temps , surtout lorsqu'il 
est variable, et les ondes magnétiques à courte durée, à 
un tel point, qu'on peut « presque lire l’état du ciel 
dans la marche du bifilaire, » comme s'exprime l’au- 
teur. Le père Secchi voit la cause de cette relation dans 
le développement d'électricité atmosphérique qui a lieu 
à chaque changement considérable du temps et qui doit 
influencer les courants circulant autour du globe et pro- 
duisant les phénomènes magnétiques. 

Quelques mois après cette publication, M. Brown, de 
Makerstown , en Ecosse, un des savants anglais qui ont 
le plus contribué à l'étude du magnétisme terrestre , a 
contesté la réalité des résultats du père Secchi. Car non 
seulement il avait trouvé que les variations de la tem- 
pérature extérieure n’ont point d'influence sur l’inten- 
sité du magnétisme, mais la discussion des observations 
faites en 1844 à Makerstown, lui montra qu’il y a avec 
les vents sud et nord autant de jours avec le bifilaire haut 


FAR LT 7 ALES 


qu'avec le bifilaire bas. D'ailleurs M. Brown avait fait 
voir dans un autre mémoire, qu’à peu d’exceptions près, 
l'intensité moyenne diminue ou augmente en même 
temps sur tous les points du globe à peu près de la 
même quantité, ce qui exclurait toute idée d'attribuer 
ces variations à des causes locales. Pour donner plus de 
poids à ces opinions, M. Brown les appuie par les résul- 
tats identiques qu’il tire des observations de Singapore, 
faites dans la même année. 

Dans sa réponse, le père Secchi attribue la diffé- 
rence de leurs résultats à la différence des méthodes 
employées , lui-même ayant comparé aux phénomènes 
météorologiques /a marche de l'intensité, tandis que 
M. Brown s'est occupé de ses valeurs absolues; en- 
suite à la situation plus défavorable des stations septen- 
trionales , exposées beaucoup plus aux perturbations 
violentes; enfin à la nature tout-à-fait locale des vents 
qui règnent ordinairement sur les côtes. Tout en main- 
tenant qu'à Rome toute grande bourrasque est ordinai- 
rement précédée ou accompagnée d’une perturbation 
magnétique , le père Secchi s'occupe de rechercher la 
cause de cette connexion, et si, en effet, comme il l’a- 
vait soupçonné d’abord, l'électricité atmosphérique 
était le lien des deux phénomènes. D’une série d'obser- 
vations , faites pendant deux mois au moyen du con- 
ducteur mobile de Palmieri et de l’électromètre à piles 
sèches de Zamboni, le père Secchi croit pouvoir con- 
clure d’abord que la période diurne de l'électricité 
atmosphérique coïncide avee celle du bifilaire, mais 
avec cette particularité que, tandis que les maxima 
du soir (entre 6 heures et 7 heures) des deux phéno- 
mènes tombent ensemble, le matin (à 9 h.), le mini- 
mum du bifilaire correspond au maximum de l'élec- 
tricité ; ensuite, si l'intensité horizontale du magnétis- 
me montre un second minimum du soir (à 4 h.), ce qui 
arrive souvent dans les jours chauds, on observe pour 


AE 7: Se 


l'électricité une période à triple maximum ; enfin, les 
grandes charges électriques de l'atmosphère sereine et 
non orageuse correspondent toujours aux grandes ex- 
cursions du bifilaire et à de fortes variations des autres 
instruments magnétiques. — Malgré la courte durée de 
ces observations , le révérend père croit cependant que 
leur continuation servira à expliquer beaucoup de va- 
rations magnétiques par les changements de tension 
électrique dans l'atmosphère, tension qui étant à la fois 
la cause et le produit de presque tous les phénomènes 
météorologiques, ferait comprendre l'influence de ces 
derniers sur la marche des éléments magnétiques. 

Vous voyez, Messieurs, par ce résumé, qu'une des 
questions les plus intéressantes de la physique du globe 
est entrée dans une nouvelle phase, et il n’y a pas de 
doute que, par les observatoires magnétiques nom- 
breux qui, gràce surtout à l'initiative d'A. de Hum- 
boldt, sont répandus aujourd’hui sur tout le globe et 
sont tous munis d'instruments excellents, on ne tardera 
pas à connaître à fond le rôle qu’il faut attribuer dans 
la marche si compliquée des éléments magnétiques, 
soit à l'influence du soleil, soit à celle de notre propre 
atmosphère. On ne saurait nullement être surpris, 1l 
me semble, si l'on reconnaissait que ces deux causes 
se combinent peut-être d’une manière analogue, com- 
me pour le phénomène des marées, qui au fond et 
pour les traits réguliers et généraux, dépend de l’at- 
traction de la lune et du soleil, mais dont l'apparence 
locale est modifiée en partie par les vents, la confor- 
mation des côtes, enfin par des causes locales. 


Séance du 28 Mars 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 
M. Desor annonce la publication des sceaux des sou- 


verains de Neuchâtel, par M. de Wiss, de Zurich, et re- 
commande ce travail intéressant. à 


JE +: TV 


M. Desor communique la première partie d’un tra- 
vail étendu, dans lequel il étudie la structure géologi- 
que de la chaîne des Alpes dans ses rapports avec la 
géographie. (Voir Appendice). 


M. Coulon fait voir une truite de rivière donnée au 
Musée par M. le capitaine Vouga, de Cortaillod, et chez 
laquelle on remarque.une conformation anormale dans 
la mâchoire supérieure. Le front est proéminent et for- 
tement bombé; l'os maxillaire supérieur, très-court, 
semble avoir subli une compression qui en a empêché 
le développement ; aussi la mâchoire est-elle d’un 
pouce plus courte que l’inférieure. Malgré cette dif- 
formité, cet animal vivait fort bien dans le vivier où 
elle est restée renfermée pendant un certain temps, et 
se nourrissait sans difficulté. M. Coulon ajoute que des 
cas analogues ne sont pas très-rares chez les carpes. 


M. Favre rapporte qu’on a pris dans le lac, il ya 
quelques jours, une truite du poids d’environ trente 
livres; 1l l’a vue vivante dans le bateau du pêcheur qui 
avait fait cette belle capture. 


M. ÆXopp présente plusieurs tableaux renfermant un 
résumé d'observations thermométriques faites dans le 
siècle passé, et qui sont destinés au Bulletin météoro- 
logique. à 

On décide, sur la proposition de M. Desor, que l’on 
imprimera dans le Bulletin de cette année les noms de 
tous les membres de la Société. 


Séance du À Avril 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch lit la notice suivante : 


Je dois vous communiquer deux découvertes de nou- 
veaux astres, faites toutes les deux au moyen du calcul, 
du moins par le mérite et suivant les imdications de 
la théorie, faites toutes les deux aussi dans l’autre hé- 
misphère , qui, engagé dans une lutte aussi remarqua- 
ble par l'immense grandeur du théâtre et des forces. 
mises en jeu que sublime par l'importance humani- 
taire du problème qui en est la cause et le but, trouve 
encore la force et le loisir de cultiver les SIEREMN A et 
d'enrichir le trésor de nos connaissances. 

La première de ces découvertes est celle d’une nou- 
velle planète, de la 72"° du groupe entre Mars et Jupi- 
ter. Voici comment M. Saflord, astronome adjoint à 
l'observatoire de Harward- College, a été mis sur les tra- 
ces de cet astre ; il compara les observations que le D' 
Peters, de Hamilton-College, avait faites de Maya, la 
66° du groupe, à l’éphéméride que M. Hall en avait don- 
née dans les « Astronomische Nachrichten, » etii trouva 
que plusieurs de ces observations ne s’accordaient pas 
avec les positions théoriques dans les limites des er- 
reurs possibles. fl supposa donc que M. Peters avait 
perdu, dans un intervalle de mauvais temps, les traces 
de Maja, qui n’était que de la 13° grandeur, et, en re- 
prenant ses observations, était tombé sur une nouvelle 
planète, se trouvant alors dans le voisinage de Maja. En 
calculant avec cette hypothèse les positions mcompati- 
bles avec l'orbite de Maja, il a pu les représenter très- 
bien par un système d'éléments elliptiques, d’après les- 
quels ce nouvel astéroïde, qui n’a pas encore recu de 


nom, se trouve être, de tous, le plus rapproché du so- 
leil ; sa distance moyenne n'étant que de 2,1451. 

L'autre découverte est plus intéressante encore, d’a- 
bord parce qu'elle justifie glorieusement les recherches 
théoriques de Bessel, comme la découverte de Neptune 
par Galle a justifié les calculs de Le Verrier, et ensuite 
parce qu’elle est due à une nouvelle lunette gigantes- 
que qui, parmi toutes celles dont on fait usage actuel- 
lement, paraît être la plus puissante. Déjà depuis Brad- 
ley, on avait reconnu dans le mouvement de la bril- 
lante étoile Sirius des perturbations périodiques, dont 
l'étude approfondie amena Bessel à l'hypothèse qu'el- 
les doivent être attribuées à l'influence d’un satellite 
ou d'un compagnon de Sirius, que Bessel envisagea 
comme un astre obscur, puisqu'on n’avait jamais pu le 
voir, même par les plus fortes lunettes. M. le D' Pe- 
ters, en se fondant sur les travaux de Bessel, en avait 
calculé l'orbite 1l y a quelque temps. — Cet astre théo- 
rique a enfin été découvert, le 31 janvier, par M. Clark, 
à Cambridge , aux Etats-Unis, à l'aide d’une lunette gi- 
gantesque qu'il a construite, et dont l'ouverture est de 
18 pouces et demi anglais avec une longueur focale de 
23 pieds, tandis que les plus grands réfracteurs de Merz, 
à Pulkowa et à Cambridge , n’ont que 15 pouces (an- 
glais) avec la même longueur focale. Une fois décou- 
vert, le satellite de Sirius a pu être observé par M. 
Bond, aussi avec la lunette de 15 pouces, et il Fa 
trouvé à une distance de 10 ” de l'étoile principale et 
dans la direction exprimée par l’angle de position de 
85°. 

En communiquant cette découverte à l'Académie de 
Paris, M. Le Verrier lui a appris qu’à l'observatoire de 
Paris aussi l’on avait cherché depuis quelques mois le 
compagnon de Sirius, mais vainement , à l’aide d’un 
télescope gigantesque de la construction de M. Fou- 
cault, dont le miroir de verre argenté a 29 pouces 


ER RE 


. d'ouverture. Après la nouvelle de la découverte de M. 
Clark, les astronomes de Paris se sont en vain efforcés 
de voir le satellite de Sirius. M. Chacornac seul l’a 
aperçu le 20 mars pendant quelques instants. M. Le 
Verrier attribue ces difficultés, non pas à l’instrument 
de M. Foucault, mais au ciel de Paris qui, en effet, est 
d'une impureté remarquable, surtout pour les basses 
hauteurs, où Sirius se présente dans nos latitudes. Dé- 
sespérant de pouvoir tirer à Paris un parti sérieux des 
très- grands imstruments, M. Le Verrier a demandé et 
obtenu du gouvernement une succursale dans le Midi. 


M. Desor continue l'exposition de son travail sur la 
chaine des Alpes. 


Séance du 15 Avril 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Æorsch rend compte de la séance de la commis- 
sion géodésique fédérale, réunie vendredi dernier à 
Neuchâtel, pour s'occuper de la proposition faite par 
le général allemand Baeyer, que la Suisse coopère à 
utiliser les triangulations, exécutées dans l’Europe cen- 
trale, pour la détermination de la figure de la Terre. 
(Voir le procès-verbal de la séance dans les Appendices.) 


M. Coulon fait lecture d’une lettre de la société en- 
tomologique suisse, qui désigne Neuchâtel comme son 
lieu de réunion pour l’année 1862. 


M. le docteur F. de Pury lit un mémoire sur les 
végétaux parasitaires des poumons de l’homme, et dé- 
crit avec som un champignon qui a été trouvé, en 


AIME. SRE 


1855, par M. le professeur Hasse, alors à Heidelberg 
et maintenant à Gœttingue, dans un cancer secondaire 
du poumon. En mettant sous les veux de la Société un 
exemplaire de ce parasite microscopique , M. Pury 
cherche à prouver qu'il appartient au genre Aspergil. 
lus, contrairement à l'opinion de M. Küchenmeister qui 
le range parmi les Mucor, et penche à admettre, d’ac- 
cord avec M. Virchow, de Berlin, que c’est l'A. 0-7 
coroides. La présence de ce végétal dans les organes 
respiratoires de l’homme, mérite d'autant plus d’être 
notée, qu’elle n’a été jusqu’à ce jour constatée que six 
fois : une fois par M. Huvter , une fois par M. Hasse et 
quatre fois par M. Virchow ; ce qui est d'autant plus 
remarquable que les conditions pathologiques qui pa- 
raissent être favorables à son développement (destruc- 
tion du parenchyme pulmonaire par un processus mor- 
bide) ne sont pas très-rares. 


M. Desor rapporte que M. Clément, médecin à St- 
Aubin , a fait des recherches dans des tumulus situés 
sur un crêt valangien de cette localité. Au milieu des 
pierres qui les composent, il a trouvé des ossements 
humains avec divers objets en bronze, comme épingles, 
bracelets, vases ornés, etc.; tous ces objets sont brisés 
et 1l semble qu'ils l’aient été avec intention avant d’être 
placés à côté des ossements. Cette colline valangienne, 
couverte de tumulus, était probablement un cimetière 
de l’âge du bronze. Il est cependant curieux qu’on n'ait 
pas encore trouvé de vases en bronze dans les stations 
lacustres de cet âge. 

Les ossements trouvés à Saint-Aubin ne portent pas 
de traces de carbonisation, ce qui est en opposition avec 
l'habitude que lon prête généralement aux anciens 
de brüler les morts. On peut encore citer à ce sujet la 
découverte qu'on a faite, entre Francfort et Wiesbaden, 
en creusant une station du chemin de fer, d’un sque- 


Lit Rte 


lette de femme presque complet, portant des anneaux 
de bronze aux bras et aux jambes. 

Dans d’autres lieux, comme à Sion, par exemple, les 
objets de bronze ont été trouvés mêlés avec des osse- 
ments calcinés. 


Séance du 24 Avril 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch donne la description d’une nouvelle espèce 
de photomètre de son invention, pour mesurer linten- 
sité d'éclat des étoiles fixes, afin de pouvoir établir plus 
sûrement et plus facilement leur classification de gran- 
deur (voyez Appendice). 


M. Gauthier, professeur honoraire d'astronomie , de 
Genève , qui assiste à la séance, ajoute que les photo- 
mètres suffisamment sûrs et délicats peuvent encore 
être d’une grande utilité pour suivre les changements 
d'éclat des étoiles variables qui offrent, surtout dans le 
ciel austral, des particularités intéressantes à étudier. 

M. Gauthier saisit cette occasion pour exprimer la 
satisfaction qu’il a éprouvée en visitant notre observa- 
toire, lequel, dit-il, est établi d’après un excellent 
plan, muni de bons instruments et bien dirigé. 


M. Xopp donne quelques détails sur les travaux de 
la commission fédérale de météorologie qui a été réu- 
nie dernièrement à Berne. Le canton de Neuchâtel 
aura trois stations: la Chaux-de-Fonds, Chaumont 
et Neuchätel. Les instruments observés seront le üaro- 
mètre à cuvette, le psychromètre et le thermomètre, 
l’udomètre et la girouette. Ces instruments devront 
tous être conformes à des étalons adoptés, différents un 


CUVE | ETS 


peu de ceux dont on se sert actuellement dans nos sta- 
tions; de sorte qu'il faudra faire un renouvellement gé- 
néral d'instruments dont le coût s'élève à fr. 254 par 
station, outre les frais accessoires. 


Séance du 2 Mai 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Xopp lit la première partie de Ja notice qu'il pré- 
pare pour le bulletin météorologique. Elle contient une 
analyse des observations thermométriques faites dans 
le siècle passé par un auteur anonyme que M. Kopp, 
d'après divers indices, croit être Moulaz, homme de 
science, établi alors à Neuchâtel. A l’aide de tables de 
réduction qu'il tient de M. Plantamour, M. Kopp a calcu- 
lé la moyenne de chaque jour au moyen des observations 
faites à des heures irrégulières , et comme ces observa- 
tions comprennent un espace d'environ trente ans, on 
aura par ce travail, la température moyenne générale 
de chaque jour de l’année pour notre ville. On décide 
que les tableaux calculés par M. Kopp, seront publiés 
dans le Bulletin. 


M. Coulon présente un fragment de tortue fossile de 
grande dimension , trouvé à la Cernra, près de Pierre- 
à-Bot, dans le même terrain virgulien d’où proviennent 
les autres échantillons mentionnés dans les séances pré- 
cédentes. 


M. Desor s'informe si l’on fait des observations re- 
latives à la végétation exceptionnellement précoce de 
celte année. M. Favre répond que depuis le mois de 
février 1l enrégistre ses propres observations et celles 


que Jui communique le jeune Onésime Clerc, élève de 
l’école industrielle. 


M. Desor continue l'exposition de son travail sur la 
chaine des Aïpes. 


Séance du 9 Mar 1862. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Coulon annonce qu'il a reçu d’un pêcheur un 
petit Plongeon femelle /Colymbus septentrionales) qui 
s’est trouvé pris à un hameçon sur le lac. Cet oiseau, 
qui avait presque entièrement revêtu son plumage de 
noces, est fort rare chez nous dans cet état, et c’est une 
bonne fortune singulière d’avoir pu se l’approprier. 


M. Hirsch rappelle le départ prochain de l’ambas- 
sade envoyée au Japon par le gouvernement fédéral. A 
sa tête est un Neuchâtelois, M. Aimé Humbert, qui sera 
fort bien placé pour nous rapporter, de ce pays si peu 
connu, bien des choses intéressantes. Seulement il faut 
se hâter de dresser la liste des objets que nous désirons 
obtenir, afin de guider les recherches de nos envoyés 
et de fixer leur choix. M. Hirsch renouvelle done la 
proposition qu'il a déjà faite à ce sujet l’année dernière, 
et il engage d’une manière pressante tous les membres 
de la Société qui auraient des demandes à adresser , à 
les mettre par écrit dans le plus bref délai. On discute 
ensuite sur la convenance d'envoyer au Japon les objets 
d’un intérêt scientifique que la Société pourrait se pro- 
curer ou qu'elle à à sa disposition. Chacun étant d’ac- 
cord à cet égard, on passe en revue les livres, objets et 
collections dont la Sociélé pourrait se dessaisir dans 
cette occasion. 


ce QU se 
M. Desor continue l'exposition de son travail sur les 
Alpes. 


Séance du 16 Mai 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président annonce que les notes, dont il est 
fait mention dans le procès-verbal précédent, ont été 
rédigées par M. Desor et par lui, et remises à M. Aimé 
Humbert. 


M. Hipp fait voir un télégraphe à cadran de sa fabri- 
cation , destiné au service de la télégraphie privée; 1] 
en explique le mécanisme et le fait fonctionner. Cet 
instrument, dont on apprécie les qualités, peut être 
utilisé partout et manœuvré sans études préliminaires. 
La pile , renfermée dans l'appareil , est rendue porta- 
tive par l'emploi du sulfate de mercure; elle a une 
grande énergie , une longue durée et ne dégage pas de 
vapeurs. 


M. le D° Hirsch lit la notice suivante, sur la détermi- 
nation de la différence de longitude entre les observa- 
toires de Neuchâtel et de Greenwich par le transport 
de deux chronomètres. 

J'ai eu dernièrement l’occasion de déterminer direc- 
tement la longitude de notre observatoire par rapport 
à Greenwich, grâce de nouveau à l’obligeance et aux 
excellents chronomètres de notre compatriote M. Hen- 
ri Grandjean. 

Cet artiste distingué , qui s’est proposé d'introduire 
sérieusement la fabrication des chronomètres de mari- 
ne dans notre pays, a terminé dernièrement deux excel- 
lentes montres de ce genre, pour les exposer à Lon- 


Le à AM 


dres. Pour arriver à un résultat démonstratif, 1l fallait 
obtenir de pouvoir transporter à Londres ces chro- 
nomètres, après les avoir observés ici, et les faire 
observer également à l’obervatoire de Greenwich. 
C'est ce que M. Grandjean a fait; après les avoir eus 
pendant deux mois à notre observatoire, M. Grand- 
jean lui-même les a pris le 23 avril pour les transporter 
à Londres ; arrivé le 26 avril et muni d’une lettre, que 
je lui avais donnée pour le directeur de l'observatoire 
de Greenwich, il obtint de pouvoir les déposer à Green- 
wich pendant une semaine, et c’est alors seulement 
qu'il les a portés à l'exposition où ils continuent à mar- 
cher.—Voici maintenant le résultat que ces deux chro- 
nomètres ont donné pour la différence de l'heure 
movenne de Neuchâtel avec celle de Greenwich. Les 
deux montres, qui portent les n° 85 et 86, avaient 
donné pendant six semaines d’épreuve une variation 
diurne moyenne de 0°,28 et 0°,19. 


Marche moyenne dans la der- N°85 N° 86 
nière semaine à Neuchâtel . . — D°49 — 3945 
Marche moyenne dans la pre- 
mière semaine à Greenwich  .  —686 — )°23 


Marche diurne pend'le voyage  —6175  —4588 
Marche pendant les 31 1° 28" 

écoulés entre les deux compa- 

raisons à Neuchâtel et à Green- 

AB 00 D FI MERE TE SSSR 


Correction le 22 avril, 23 h. 

par rapport au temps de Neuch. —3"40°49 —3"42°44 
Correction le 26 avril à 0 h. 

par rapport au temps de Neuch. —3"59°40 —3"56°49 

par rapport au temps de Greenw. — 31"48*40 —31"45°90 
Différence des heures  . .—27"49"00 —27m4941 
Donc en moyenne on trouve 

pour la longitude de Neuchâtel. —17"49°205 


Sd HP 


Maintenant vous vous rappellerez que j'ai trouvé an- 

térieurement , par la voie de Genève . . 27"49°2 
» de Berne. :. ::: 27949756 

il y a donc un accord parfait entre le résultat direct et 
celui obtenu par Genève, et pour celui fourni par le 
transport de trois chronomètres à Berne, la différence 
n’est que de 0*55, donc inférieure à l'incertitude que je 
supposais dans le temps égal à 1°. 


M. Xopp dépose sur le bureau un tableau d'observa- 
tions météorologiques faites à Bedford par M. Barker. 
—[l lit ensuite une circulaire du comité fédéral de mé- 
téorologie , qui donne connaissance à la Société des 
acquisitions que l’on doit faire pour monter convena- 
blement les stations choisies dans le canton de Neuchà- 
tel. M. Kopp exprime l'espoir de voir nos stations et 
particulièrement celle de Chaumont en pleine activité 
dès le commencement de l'automne. 


M. Æopp communique les résultats intéressants qu’il 
a obtenus en analysant du vin de Neuchâtel 1861, pro- 
venant de plusieurs quartiers voisins de la ville, et pris 
dans des moments différents de la fabrication. Les quan- 
tités de sucre , d'acide, d'alcool, varient assez notable- 
ment suivant les vignobles (voir Appendice). 


Séance du 23 Mai 1862. 


Présidence de M, L. COULON. 


M. G. Guillaume annonce que le conseil d'état a reçu 
de M. Mousson une lettre par laquelle il demande le 
concours du gouvernement pour la création des trois 
stations météorologiques du canton. Le conseil d'état 
est disposé à répondre favorablement à cette demande, 


Lan. CET 


mais avant de prendre une décision et de voter une 
somme pour cet objet, il désirerait qu'on lui présen- 
tât un devis des dépenses. C’est dans ce but qu'il s’a- 
dresse à la société. Cette affaire est renvoyée au comité 
de météorologie, qui est chargé de présenter un devis 
détaillé dans la prochaine séance. 


M. Garnier présente le tableau complet des signes 
employés dans le télégraphe de Morse , et une méthode 
mnémonique de son Invention, pour les apprendre et 
les retenir en très-peu de temps. Il espère que ce moyen 
contribuera à faire entrer ces signes dans l’usage géné- 
ral, et qu’on pourra les appliquer utilement à des ser- 
vices variés. (Voir Appendices). 


M. Desor continue l'exposition de son travail sur la 
chaine des Alpes. 


Séance du 30 Mar 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


Sur l'invitation de M. Xopp, les membres présents 
vont visiter la table des Alpes qui est entièrement ter- 
minée et livrée au publie depuis quelques jours. 


M. Hirsch annonce que pouvant de nouveau, grâce à 
l’obligeance de M. Hipp, disposer d’un chronoscope, il 
a repris ses expériences sur Le temps physiologique qui 
intervient dans les observations astronomiques. Pour 
pouvoir cette fois assimiler complètement les expérien- 
ces aux observations astronomiques et déterminer sur- 
tout le temps qu’il faut à l’astronome pour voir le pas- 
sage d’une étoile et le marquer en fermant le courant 
du chronographe, M. Hirsch a fait construire un appa- 


ut OT 


reil spécial qu’il est occupé maintenant d'installer. En 
se servant de la mire nocturne de l'instrument méridien, 
M. Hirsch fait passer devant le fil de cette lunette des 
étoiles artificielles fixées sur une espèce de pendule qui 
se meut avec une vitesse telle, que les étoiles artificielles 
ont le même mouvement apparent dans la lunette que 
les étoiles dans leur passage. Lorsque l'étoile artificielle 
traverse le fil, le pendule lui-même ouvre un courant 
et met les aiguilles du chronoscope en mouvement; 
ensuite lorsque l’observateur voit le passage, 1l ferme le 
courant et arrête ainsi les aiguilles. Par conséquent il 
peut lire sur le cadran du chronoscope le nombre de 
millièmes de seconde qui se sont passés entre ces deux 
moments et qui constituent ainsi ce qu'il appelle la 
correction personnelle. 

M. Hirsch ajoute encore des détails sur le réglage du 
chronoscope, qui, lorsqu'on a corrigé toutes les erreurs 
auxquelles son emploi peut donner lieu, constitue un 
instrument d’une grande exactitude, qui fournit des 
résultats dont l'erreur moyenne reste au-dessous d’un 
millième de seconde pour une seule observation. 

M. Hirsch rapporte qu’il vient de lire dans les Mon- 
thlys Notices une lettre de M. Otto Struve, qui contient 
des données curieuses sur l'attraction des montagnes 
sur le fil à plomb. D'après ce que M. Struve écrit à 
l’astronome royal, M. le général Chodzko, qui dirige les 
opérations géodésiques dans les provinces du Caucase, 
a obtenu des résultats qui font présumer une attraction 
très-considérable de la chaîne du Caucase. En choisis- 
sant des stations convenablement situées au sud et au 
nord de la montagne , M. le général Chodzko en a dé- 
terminé la différence de latitude astronomiquement et 
ensuite par les triangles ; de cette manière 1l a trouvé, 
par exemple, que les stations Douchet et Wladikawkas 
dont les latitudes sont resp. 42° 5" et 43° 1, offraient 


BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 6) 


UT ME 


une différence de 53°,7 sur un arc de 56’. Une telle 
déviation de la verticale qui, lorsqu'elle se vérifierait, 
serait beaucoup plus forte qu'aucune autre qu’on ait 
trouvée jusqu’à présent, dit M. Hirsch, doit nécessaire- 
ment augmenter l'importance que la commission géo- 
désique fédérale attachera à l'étude de cette question, 
si importante et si controversée, de l'influence des mon- 
lagnes sur la ligne à plomb. 


M. Æopp fait la communication suivante : 

L'histoire de l'oxygène s’est développée considéra- 
blement depuis notre dernier rapport sur les travaux de 
M. Schœænbein. Les ingénieuses expériences de notre 
illustre professeur se sont multipliées etont confirmé et 
. consolidé sa théorie des trois oxygènes allotropiques, de 
l'oxygène neutre ou ordinaire del air, de l’oxygène né- 
galif ou ozone et de l'oxygène positif ou antozone. 

Jusqu'à ces derniers temps, on ne connaissait l’an- 
tozone qu'en combinaison , mais sa présence a été dé- 
montrée par M. Schænbein, dans tous les suroxydes et 
bioxydes, tels que l’eau oxygénée, les suroxydes de po- 
lassium, de barium, ete., et il a établi les réactions 
caractéristiques pour reconnaître ce corps particuher. 
Aujourd’hui M. Schœnbein a préparé l’antozone , il a 
montré que ses propriétés étaient bien celles indiquées 
par ses composés, et de plus 1l a montré que cet anto- 
zone mis en présence de l'ozone engendrait l'oxygène 
ordinaire. 

Il a d'abord préparé l’antozone avec le suroxyde de 
barium. On prend BaO*, bien lavé à l’eau froide, et on 
en jette de très-petites portions dans un pelit cylindre 
contenant S0°,HO ; ce petit cylindre est placé dans un 
verre un peu plus g grand dont le fond est recouvert d'une 
couche d’eau d’un centimètre environ de hauteur. Après 
avoir introduit BaO°, on recouvre le verre avec une 
plaque de verre fermant hermétiquement. Quand le 


PS: PS 


gaz qui s’est dégagé a perdu son odeur, on introduit de 
nouveau BaO° etc. Bientôt l’eau est chargée de HO”, 
reconnaissable à tous les caractères remarquables de 
ce composé. 

L’antozone libre produit d’ailleurs toutes les réduc- 
tions singulières signalées déjà pour les antozonides. 
Nous renvoyons, pour tous ces faits, à notre premier 
rapport, t. V, pag. 337. 

M. Schœnbeim a montré en outre que l’antozone 
existe soit libre soit combiné dans la nature, dans le 
spathfluor de Wülsendorf, en Bavière. Ce fluorure cal- 
cique, de couleur bleu-noir, a la remarquable proprié- 
té, lorsqu'on le broie, d'émettre une odeur provoquant 
Je dégoût, comme l’antozone, et de former, lorsqu'on 
le triture avec l’eau , de l’eau oxygénée. Il perd d’ail- 
leurs ces propriétés lorsqu’on le broie avec un ozonide. 
Ce spath contient done de l’antozone, et M. Schænbein 
évalue sa quantité à 0,0002 du poids de la matière 
employée. 

IL serait bien intéressant de savoir si le spath de 
Wôlsendorf est le seul de son espèce. M. Schænbein 
désire que, dans ce but, on examine tous les spathfluor 
des collections. Pour faire cette analyse, on broie quei- 
ques grammes du spath en question avec 10 gr. d’eau, 
on filtre et on partage le liquide en deux moitiés, à 
l’une on ajoute IK amidonné et quelques gouttes de 
SO'HO ; à l’autre on ajoute un mélange récent de cya- 
nure rouge et de sel ferrique: si les liqueurs bleuissent, 
le spath est de l'espèce antozonide. Le spath de Wäl- 
sendorf développe ces réactions d’une manière remar- 
quable. 

L'étude de l'oxygène devait nécessairement amener 
celle de l’azote qui l'accompagne dans l'air, et certes 
cet autre élément de l'atmosphère mérite bien de fixer 
l'attention de notre compatriote. L’azote , dont le rôle 
en chimie organique a été si bien dessiné par Liebig, 


sr O8 


occupe dans la chimie inorganique une place singulière. 
L’azote forme les 79 centièmes de l’atmosphère, et jus- 
qu’à présent on n’a pas pu découvrir à quoi sert cette 
immense masse de gaz, et de quelle manière elle prend 
part à ces transformations dont la surface terrestre est 
le théâtre. L’azote n’est célèbre que par ses caractères 
négatifs, par son inertie chimique. Il est vrai de dire 
qu’on commence à trouver certaines affinités à l’azote, 
mais c’est aux études de M. Schænbein que nous devons 
les indications sur l'utilité générale de l’azote de l'air 
dans les phénomènes les plus ordinaires. 

M. Schœnbein , frappé de la présence des nitrates et 
des nitrites dans une multitude de corps dans la nature, 
nous à montré que l'oxygène et l'azote de l’air se com- 
binent directement, en présence de la potasse ou de la 
chaux, toutes les fois que l'air est ozonisé. 

Cavendisch , il y a un siècle, avait déjà montré que, 
sous l'influence de l’étincelle électrique , les deux élé- 
ments de l'air s'unissent, en présence d’une base etmême 
de l’eau, pour former de l'acide azotique. M. Schœn- 
bein a repris cette expérience et il a montré qu'il se 
forme d’abord AO qui, en présence de l’eau, se dé- 
double en A,0° et A,0°, et ce n’est que peu à peu que 
l'acide azoteux est changé par l’ozone en acide azoti- 
que. Telle paraît être la marche de la nitrification dans 
la nature. Partout où l’on rencontre des nitrates, on 
peut constater des nitrites en quantités plus ou moins 
considérables, ainsi dans le salpêtre de soude brut du 
Chili, dans les nitrates des murs, ainsi que cela résulte 
des nombreuses expériences faites par M. Goppelsroë- 
der, ancien élève de nos auditoires, aujourd'hui chi- 
miste à Bâle. 

Pour constater la présence de ces combinaisons azo- 
iées, M. Schænbein a créé de nouveaux réactifs très- 
sensibles pour ces acides: l'acide azoteux ou les azo- 
üites, en présence de SO° dilué, bleuissent l’amidon 


— 69 — ; 


mêlé à l’iodure de potassium ; A,0° et les azotates se - 
transforment par le cadmium, le zinc et surtout le zine 
amalgamé en A,0* et en azolites, surtout à l’ébullition, 
et produisent donc, après avoir été mis en contact avec 
ces métaux , la réaction des azotites. 

Avec ces deux réactifs sensibles, M. Schænbei a 
montré que la formation des nitrites et par suite celle 
des nitrates , est beaucoup plus fréquente qu'on ne le 
supposait. Il a constaté leur présence dans la neige, 
dans les eaux de pluie, dans presque toutes les eaux de 
sources. La combinaison de l’azote et de l'oxygène de 
l'air se fait toutes les fois qu'il y à ozonisation par une 
cause quelconque de l'oxygène. 

Mais la formation des acides azotés n’est qu’une face 
de l'utilité de l'azote. Les composés oxidés de l'azote 
sont importants, mais il est une autre combinaison de 
l’azote d’une importance bien supérieure, et dont la 
source n’a été trouvée jusqu'ici que dans la destruction 
des composés organiques, c’est l’ammoniaque A. 

L’ammoniaque est-il un produit imorganique? M. 
Schænbein l’affirme et le prouve. L’azote de l’aur, jus- 
qu'ici inerte et inutile, est une source permanente 
d’ammoniaque , car il se combine avec les éléments de 
l’eau et de l’air dans les circonstances les plus ordi- 
naires. | 

M. Schœnbein montre d’abord que toutes les fois 
qu'il y a formation de nitrites et de nitrates, sil ny a 
pas déjà une base en présence, il y a formation d'am- 
moniaque par l'azote de l'air et l'hydrogène de l’eau. 
M. Schœnbein a montré que ces vapeurs blanches qui 
s'élèvent au-dessus du phosphore pendant sa combus- 
tion lente, sont du nitrite ammonique. Dans le salpêtre 
brut du Chili, dans les salpêtres des murs, il y a des sels 
ammoniacaux. Dans la neige, dans l’eau de pluie, l'a- 
zote oxydé est uni à l’azote hydrogéné. M. Schænbem 
montre une foule de circonstances dans lesquelles l'am- 


LUN" SRE ds 


- moniaque se forme au moyen des éléments de l’air et de 
l’eau, dans l’absence de tout élément organique. Mais 
pour généraliser ce phénomène, il fallait montrer que 
la formation de ces composés azotés s'effectue dans les 
circonstances les plus ordinaires et d’une manière per- 
manente. Ce phénomène est celui de l’évaporation de 
l’eau. M. Schænbeimn n’a rien encore publié sur ce sujet, 
mais je tiens de M. Desor que M. Schœnbein a formé du 
nitrite et du nitrate ammoniaque , en laissant tout sim- 
plement évaporer de l’eau. 

J'ai répété cette expérience, en mouillant un coin de 
mouchoir dans de l’eau distillée versée dans une assiette; 
en laissant sécher le linge; en le mouillant de nouveau; 
le laissant sécher, et en continuant aimsi pendant envi- : 
ron cinq heures, j'ai obtenu une eau qui contenait une 
assez notable quantité de nitrate ammoniaque, lammo- 
niaque pouvant être facilement constaté par la potasse, 
l'acide azotique fut constaté par le zine et l’iodure de 
potassium amidonné. 

C'est là certes l’une des découvertes les plus impor- 
tantes ; toutes les fois que l’eau s’évapore sur la terre, 
sur les feuilles des arbres, sur la tige de l'herbe, sur le 
rocher nu, il y a formation de composés oxydés d’azote 
et d'ammoniaque. L’azote de l'air prend part comme 
l'oxygène à ces transformations incessantes qui consti- 
tuent cette vie de la nature, qui renouvelle tout mal- 
gré les causes incessantes de destruction. 

Lavoisier nous a montré les phases par lesquelles 
passe l’oxygène, M. Schænbeim nous montre celles de 
l'azote. | 


APPENDICES. 


NOÔTE 


SUR LES 


ANODONTES DU LAC DE NEUCHATEL. 


(Voir les Bulletins ci-dessus, page 12.) 


Tous ceux qui se sont tant soit peu occupés de Malacologie 
savent qu'il n'existe peut-être pas de genre dont les espèces 
soient plus difficiles à limiter que le genre Anodonte (Ano- 
donta Lam.; Anodon, Oken). — Le genre lui-même est bien 
caractérisé par sa coquille bivalve, mince et dépourvue de 
charnière proprement dite, c’est-à-dire de dents cardinales 
semblables à celles des Mulettes (Unio), et par différents au- 
tres caractères qui empêchent de le confondre avec des gen- 
res voisins; mais cette absence de dents à la charnière rend 
la distinction des espèces beaucoup plus difficile, car dès-lors 
nous ne pouvons plus guère nous baser que sur la forme et la 
couleur, caractères toujours peu concluants à cause des pas- 
sages d’une forme à une autre et d’une couleur à une autre, 
surtout lorsque, dans l’animal lui-même, on n’a rien observé 
d'assez saillant pour permettre de séparer les espèces d’une 
manière sûre. 

Aussi rien de plus ardu que l'étude du genre Anodonte; 
c’est un véritable labyrinthe dans lequel on ne peut presque 
plus s’avancer, si l’on n’est muni d’un pied à mesurer; chaque 
auteur se donne carrière et crée de nouvelles espèces, mais 
lorsqu'on cherche à appliquer les caractères qui leur sont as- 
signés, on ne tarde pas à désespérer d’y réussir et l’on est 
tenté d'adopter sans restriction l’idée d’Isaac Lea (A synopsis 
of the Family of Naïades. Philadelphia, 1852), qui réunit 
comme ne formant que des variétés d’une même espèce, et 
sous le nom d'Anodonta cygnea (Mytilus cygneus L.) nos 60 


“ 


PRE : er 


espèces d’Anodontes européennes. — Cependant, une sembla- 
ble manière de voir ne résout qu’en partie la difficulté, car si 
on laisse de côté la distinction des espèces, la même question 
se pose de nouveau quant aux variétés de l'espèce, surtout si, 
comme cela à lieu souvent, ces variétés ont quelque chose de 
constant et de caractéristique. Je ne veux point ici résou- 
dre, ni même discuter cette question, quoique je penche à ré- 
duire beaucoup le nombre des espèces d’Anodontes; mon but 
est seulement d'attirer votre attention sur les mollusques de 
ce genre qui habitent notre lac et sur les différences qu'ils 
présentent. 

Si l’on examine de près un assez grand nombre d'individus 
qui aient atteint leur croissance complète (c’est un point im- 
portant), on peut, je crois, reconnaître parmi eux trois formes 
distinctes, qu’on nommera espèces ou variétés, suivant l’idée 
qu'on adoptera. Et de ces trois formes, deux me semblent ca- 
ractéristiques, sinon pour notre lac seulement, au moins pour 
ceux de la Suisse occidentale. Je ne décrirai pas en détail ces 
formes, je ferai seulement remarquer les principaux caractères 
qui servent à les distinguer. 

La première de nos formes lacustres est bien certainement 
l’Anodonta cellensis, Schrüter, réunie par Lamarck et Drapar- 
naud avec l'A. cygnea. L’A. cellensis diffère de cette dernière 
par sa forme allongée et par son bord inférieur presque droit 
et parallèle au bord supérieur. L’A. cygnea est, au contraire, 
arrondie, son bord inférieur est très-arrondi, et sa taille est 
souvent considérable. Du reste, la coloration est à peu près la 
même, la surface est couverte de sillons séparés les uns des 
autres par les stries d’accroissement; ces sillons paraissent 
plus nombreux et plus profonds chez l’A. cellensis. 

Quelques exemplaires de cette dernière espèce sont plus ar- 
rondis et plus aplatis que la forme type; une variété semblable 
s’est rencontrée dans le port Stämpfli en compagnie d’autres 
individus de forme normale et qui présentaient une couleur vert 
foncé assez caractéristique. D’autres exemplaires, très-étroits et 
très-allongés (long. 12 cent.; haut. 5,6 cent.), et d’une couleur 
brun-jaunâtre ou grisâtre, se trouvent dans des canaux vaseux 
qui aboutissent au petit lac de $t-Blaise. L’À. cygnea, remar- 


HET CS 


quable par sa forme arrondie, par sa coloration d'un beau vert 
et par sa taille souvent considérable (long. 14-20 cent.; haut. 
8,5-12 cent., tandis que l'A. cellensis a de 10 à 16 cent. de lon- 
gueur, sur 5 à 8 cent. de hauteur) ne paraît pas se rencontrer 
dans notre lac, mais préfère les mares et les étangs ; du reste 
on ne l’a pas encore trouvée dans notre canton. 

La seconde forme, bien distincte de la précédente, couvre 
tous les rivages sablonneux de notre lac. Jusqu'ici, elle avait 
été regardée comme une variété de l'A. anatina. Drap. C'est 
sous ce nom que j'en ai parlé dans un article d’almanach, 
quoiqu'avec quelque scrupule. Depuis lors, j'ai eu connais- 
sance de l'ouvrage de Küster (Martini und Chemnitz. Coneh. 
Cabinet, ed 2*), où j'ai trouvé cette forme parfaitement dé- 
crite et figurée sous le nom d’A. Charpentieri. Küst. 

L’A. Charpentieri n’atteint jamais la grande taille de VA. 
cellensis, les grands exemplaires peuvent avoir une longueur 
de 10 ou 11 centim. sur une hauteur d'environ 5,5 centim. Les 
jeunes sont ordinairement beaucoup plus hauts relativement à 
la longueur; on en rencontre souvent d’une longueur de 7 
cent. sur une hauteur de 4,5 cent., du reste la taille et la forme 
varient extrêmement dans certaines limites. L’Anodonte de 
Charpentier se reconnaît à sa forme plus ou moins allongée, 
rappelant celle d’une cuillère, c’est-à-dire ne présentant pas 
d'angle saillant, Le bord antérieur, très-court, passe sans for- 
mer d'angle au bord inférieur, qui est presque droit ou un peu 
sinueux. Le bord postérieur forme un bec assez allongé et for- 
tement tronqué, tandis que la crête est peu saillante, convexe 
et terminée par un angle très-obtus ou même complétement 
arrondi. La surface extérieure est d’une couleur olive-jaunâ- 
tre, la partie antérieure plus foncée (quelques exemplaires 
présentent une teinte verdâtre), les stries d’accroissement 
sont nombreuses et séparées par des espaces aplatis et non 
enfoncés; on en compte ordinairement 4 principales et 5 ou 
6 marginales. Le ligament est fort et annelé; l’intérieur, rendu 
inégal par les stries d’accroissement, est d’un blanc bleuâtre. 

En résumé, le caractère le plus saillant de l'A. de Charpen- 
tier, outre sa crête peu saillante, arrondie et très-obtuse en 
arrière, c'est la position des sommets qui sont placés très en 
avant, ce qui donne à la coquille une forme particulière et ca- 


ractéristique. — Malgré ces caractères, certains exemplaires 
pourraient laisser des doutes et se confondre avec de jeunes 
À. cellensis, si ces deux formes n'avaient un habitat tout diffé- 
rent. LA. cellensis craint les eaux en mouvement, elle aime 
les fonds vaseux et les eaux relativement profondes; l'A. de 
Charpentier, au contraire, ne craint pas les eaux courantes 
(bords de la Thielle). On la rencontre aussi en grande quan- 
tité dans des endroits exposés aux vagues et même pierreux 
(bords du lac, près de St-Blaise, etc.), aussi sa coquille est-elle 
généralement plus épaisse que celle de l'espèce précédente. 

L’A. de Charpentier se distingue encore-de VA. anatina, qui 
habite surtout le nord de l'Europe centrale, par sa forme plus 
allongée et plus aplatie, par son bord inférieur droit et même 
concave (il est convexe dans l’A. anatina), par la position des 
sommets, ete. Cependant, comme l'A. anatina ne se rencontre 
que dans les ruisseaux, c’est-à-dire dans les endroits qui ne 
sont point exposés à des actions violentes; il se pourrait que 
ces deux formes ne fussent que des variétés locales d’une 
seule et même espèce. 

La troisième forme est celle que j'avais prise pour l’A. ros- 
trata Kokheiïl, suivant en cela l’avis de M. Shuttleworth, mais, 
d’après ce que dit Küster sur cette dernière espèce (loc. eit. 
p. 14. tab. 4. f. 2), on peut conclure que l'A. rostrée qu'on ren- 
contre en Bavière, dans de petits lacs, et ensevelie dans la 
vase, présente un bec postérieur allongé, une crête peu sail- 
lante et obtuse en arrière, et une coloration d’un brun-verdâ- 
tre assez uniforme, tandis que notre forme neuchâteloise (4. 
arealis Küst.) se distingue par un bec fortement tronqué, un 
bord inférieur droit et se relevant brusquement en arrière, de 
manière à former un angle très-visible, au moins chez l'adulte, 
mais surtout par son bord supérieur droit et se relevant obli- 
quement en arrière en une crête élevée et terminée par un 
angle très-saillant: les sommets sont moins en avant que dans 
JA. de Charpentier; la couleur est un brun plus ou moins 
foncé avec deux rayons bruns ou verts qui partent des som- 
mets et longent la base de la crête pour se rendre à l’extré- 
mité du bec. Le seul exemplaire authentique que j'en aie vu, 
m'a été donné par M. Shuttleworth, sous le nom d'A. rostrata, 
et provient du lac de Morat, 


Conclusion. D'après ce que je viens de dire, on peut voir 
que les Anodontes de notre lac se laissent ranger avec assez 
de certitude sous trois chefs différents : 

1: l'A. cellensis Schrat. (Voy. PI. f. 1.) 

Küst patôst4f 3:65. f 1-4 —+t6 6-1 1; 

Rossmässler Iconogr. IV. p. 22. t. XIX. f. 280. (Confon- 
due avec l'A. cygnea par M. de Charpentier dans son 
catalogue.) 

La plus grande de nos espèces à coquille mince, et se ren- 
contrant dans nos ports et dans les canaux vaseux dont l'eau 
n’est pas agitée, Très répandue en Allemagne et en France. 

2. l'A. Charpentieri Küst. (PL f. 2. 2 a. 2 b.) 

Küst. p. 49. t. 11. f. 3. 4. 
de Charpentier. Cat. des Moll. terr. et fluv. de la Suisse. 
p. 24. n° 124. 

L'espèce sans contredit la plus commune au bord de notre 
lac, assez variable quant à la forme et à la couleur, et qu'on 
rencontre dans les eaux courantes et dans les lieux exposés 
aux vagues. 

Les exemplaires figurés par Küster lui ont été envoyés de 
Faoug (lac de Morat), par M. de Charpentier. 

3. l'A. arealis Küst. (PL f. 3.3 a. 3 D.) 

Confondue avec l'espèce précédente par M. de Charpen- 
tier dans son catalogue. 

Espèce remarquable par sa crête saillante, et qui n’a encore 
été rencontrée avec certitude que dans le lae de Morat (c'est 
de Faoug que viennent les exemplaires de Küster), mais qui 
se trouve sans doute aussi dans notre lac. 

L'A. intermedia Pf. mentionnée par M. de Charpentier dans 
le catalogue cité plus haut, n’est probablement qu'une variété 
de l’A. cellensis. 

. Que ces formes ne soient que des manifestations locales 
d’une même espèce, cela est possible, mais il n'en est pas 
moins intéressant de constater chez nous et à notre portée la 
présence de ces trois types, dont deux me paraissent caracté- 
ristiques, surtout puisque notre forme conchyliologique est 
dans tout le reste si peu différente de celle des cantons qui 
nous entourent. 


— st ———— 


LES RUINES DE LA BONNEVILLE 
AU VAL-DE-RUZ, 


(Voir ci-dessus, p. 23.) 


De nos jours on respecte peu les restes du passé, surtout lors- 
qu'ils font obstacle à l'élargissement d’une rue, ou bien au re- 
dressement d’une route. Les ingénieurs et les municipalités font 
pour la plupart bon marché d’une vieille tour historique ou 
d’une construction type des maisons du moyen âge. Enumérer 
le nombre de monuments semblables, que chacun de nous a 
vu disparaître, serait faire une liste assez longue. Il faut donc 
se hâter de rassembler dès à-présent tout ce qui peut avoir quel- 
que intérêt pour l’histoire de notre pays, et les archéologues 
ne doivent négliger aucune occasion de conserver, du moins 
par le dessin, ou par des descriptions, les restes historiques de 
notre passé. 

Quelquefois cependant, la tâche que nous imposons aux 
amateurs d’antiquités historiques est relativement facile, c’est 
ce qui arrive lorsque les débris d’un autre âge sont protégés 
contre la main de l’homme par des circonstances naturelles ; 
La Bonneville se trouve dans ce cas; un bois épais couvre en- 
tièrement le lieu qu’elle occupait, et grâce à ce fait, nous pou- 
vons encore aujourd'hui, nous faire une idée assez exacte de 
ce bourg fortifié, qui a joué un certain rôle dans l’histoire du 
canton de Neuchâtel. 

Quelques chroniqueurs du pays attribuent la construction 
de la Bonneville aux évêques de Bâle, qui, dans ces temps de 
juridictions mêlées, avaient des hommes dans le Val-de-Ruz, 
fait qui pouvait fort bien avoir lieu, même avant la donation 
que Henri de Neuchâtel, évêque de Bâle, fit à l’évéché de la 
dite ville. Les seigneurs de Valangin sont aussi nommés com- 
me ayant pris part à la construction de cette petite forteresse, 
ce qui est fort probable, car ils étaient alliés des évêques en 
question, et auraient substitué volontiers la suzeraineté de l’é- 
glise, à celle d’un seigneur voisin et plus exigeant. 

Quoi qu'il en soit, la date de 1136, est assez généralement 
admise comme celle de l’année où fut fondée la Bonneville. 
Néanmoins il est permis de croire que cette date indique seu- 


= blé 
Û et 


PAR. ETS 


lement le temps où cette localité fut entourée de murailles et 
réunit dans son enceinte la plupart des habitants des environs 
qui formèrent sa bourgeoisie. Il y a lieu de croire que l'empla- 
cement qu’elle occupait, était précédemment habité, et que les 
villages voisins d'Engollon et de Fenin, qui existaient déjà, 
recueillirent bon nombre de ses habitants dispersés après sa 
ruine. Le dit emplacement est supérieur par sa position à celui 
du village d’Engollon, lequel situé sur un plateau, n’a guère 
que de l’eau de puits pour boisson, tandis qu’au nord du bois 
de sapins qui couvre les ruines de la Bonneville, se trouve une 
fontaine qui coule en tout temps, et dont la source alimentait 
très-probablement la fontaine du bourg. De plus, les cours 
d’eau qui entourent presque de tous les côtés la localité que 


. nous voulons décrire, permettent, ou plutôt facilitent l'établis- 


sement de moulins. 

La Bonneville était à une demi-heure de Valangin, dans la 
direction du N.-E. et à sept minutes S.-0. du village d'Engollon. 
Vu la date de sa construction, la rareté des machines de guer- 
re et l’absence du canon, son assiette était forte, car elle 
occupait une colline allongée, se détachant un peu du plateau 
qui s’abaisse insensiblement de Fontaines à Engollon, et se ter- 
mine en pente rapide vers le Seyon qui coule à 120 pas au sud 
de la Bonneville. La colline susdite est séparée du plateau 
d’Engollon par un ravin peu large mais fort escarpé, par lequel 
s’écoulent les eaux de la fontaine susmentionnée. Ce ravin a 
été évidemment utilisé pour la défense. La colline s’abaisse en 
pente abrupte du côté de l’ouest, elle est baïignée de ce côté 
par un cours d’eau assez encaissé, qui prend sa source au-des- 
sous de Fontaines et se jette dans le Seyon à 900 pas en dessous 
d'Engollon. La pente ou côté S.-0. est douce et uniforme, au 
N.-0. elle se rattache au plateau mentionné ci-dessus par une 
petite esplanade. 

La Bonneville couvrait toute la surface de la colline, elle 
avait la même largeur et la même longueur, la muraille en 
suivant exactement le pourtour et s’arrêtant là où commençait 
la pente. 

Le bourg formait un carré long, assez régulier, car son côté 
N. a 70 pas, et le côté opposé 52 pas de longueur. Quant aux 
côtés E. et O., ils ont chacun 240 pas de long. Ces mesures pri- 


TRES Ko ni 


ses à l’intérieur du carré, représentent la première enceinte, 
car il y en avait deux. Les maisons du bourg étaient bâties sur 
ce premier fossé, et faisaient elles-mêmes rempart, ne formant 
qu’une seule rue, comme c'était aussi le cas au Landeron, à 
Boudry, à Valangin, etc. Devant ce premier fossé, dont l’es- 
carpe est encore presque perpendiculaire, parce qu'elle est 
encore murée partout, se trouvait une seconde muraille de 
tous côtés parallèle à la première. Cette muraille était couverte 
au N.-E. par le ravin dans lequel coulent les eaux de la fontaine, 
elle était protégée au S.-0. par l’escarpement de la colline; ses 
dimensions étaient: côté N. 100 pas, côté $. 80 pas, côtés E. 
et O. chacun 270 pas. 

Combien la Bonneville pouvait-elle avoir d'habitants? on ne 
peut le dire qu'approximativement; mais la longueur et la lar- 
seur du bourg étant données, sachant de plus que les maisons 
au moyen âge n'avaient guère plus-de 8 pas soit 20 pieds de 
front, on peut admettre que chaque côté de la rue comprenait 
30 maisons, en tout 60. La largeur moyenne du bourg étant de 
152 pieds, ces maisons pouvaient avoir de 40 à 50 pieds de 
profondeur, elles pouvaient donc contenir de 10 à 15 habitants, 
et le bourg de 600 à 900. La Bonneville n'étant jamais men- 
tionnée comme paroisse, on n’a calculé aucune place pour 
l'église; le bourg était dans la paroisse d’Engollon comme 
Morges fut pendant plus d’un siècle dans la paroisse de Jon- 
lens, village maintenant représenté par deux maisons. 

Le choix de l'emplacement de la Bonneville pourrait faire 
croire qu'il y avait anciennement un chemin fréquenté de Va- 
langin à St-Imier qui passait par là, à moins qu’on ne préfère 
admettre que les évêques de Bâle construisirent ce bourg sur 
leur terrain. 

Ces dernières réflexions étaient écrites depuis quelques mois, 
lorsque venant à lire l'excellente histoire de la Seigneurie de 
Valangin par Matile, j'y trouvai ma supposition confirmée. En 
effet, le chemin qui conduit de Valangin à St-Imier par Engol- 
lon, St-Martin et Dombresson, est la plus ancienne voie de 
communication du Val-de-Ruz, peut-être même remonte-t-elle 
aux Romains? Entre Engollon et St-Martin ce n’est plus qu'un 
sentier, à partir du bois au N. d'Engollon, jusqu'à St-Martin. 

—se———— 


LA ROCHE DE CHATOILLON 


près Saint-Blaise. 
(Voir les Bulletins, page 23.) 


À seize minutes au nord du village de Saint-Blaise s'élève 
une chaîne de rochers couronnant des collines parallèles à 
la montagne de Chaumont, et formant avec elle le vallon de 
Voëns. Sur la partie de ces rochers qui domine le domaine 
de Souaillon se trouve un signal géodésique, et non loin de là, 
feu M. DuBois de Montpéreux avait signalé l'emplacement 
d’un camp celtique. 

Ce fait avait été presque oublié, et sans la bienveillante 
coopération de M. Alexandre de Dardel, j'aurais eu beaucoup 
de peine à retrouver l'emplacement du susdit camp. 

Pour parvenir au lieu en question, on suit pendant environ 
700 pas le chemin de St-Blaise au Maley, lequel passe derrière 
les roches de Chatoillon. Là se détache sur la droite un chemin 
de dévestiture qu’il ne faut pas prendre; mais on commence à 
gravir l’espace de 300 pas, une pente assez roide en suivant 
un chemin encaissé et fort pierreux dans la direction N.-0. On 
entre alors dans le bois qui couvre les roches de Chatoillon et 
après y avoir fait 200 pas, on rencontre à main gauche un 
autre chemin qu'il faut éviter comme le premier. Le chemin 
qui a repris la direction nord s’aplanit alors et suit pendant 
450 pas la même direction. À cette distance et sur le même 
point se présentent un troisième chemin sur la gauche et un 
sentier sur la droite, ce sentier conduit sur les roches de Cha- 
toillon qui se rapprochent jusqu’à 120 pas de la route en cet 
endroit. | 

Le signal géodésique susmentionné, se trouve à l'extrémité 
du rocher, à 40 pas environ sur la droite du lieu où aboutit le 
sentier, c’est un triangle taillé au ciseau dans une plaque de 
rocher. À 300 pas de ce point, dans la direction nord, et en 
suivant un plateau de 30 à 40 pieds de large qui longe les ro- 
ches très-escarpées et hautes de 40 à 50 pieds, on rencontre 


LE TANT LE 

un mur de 3 à 6 pieds de hauteur, large de 3 à 10 pieds et for- 
mé par des débris de rochers entassés les uns sur les autres. 
Sur le petit plateau susmentionné, le mur est fort dégradé, il 
n’a pas plus de 3 pieds de haut, et ressemble fort à ces amas 
de pierres qui servent de limites aux pâturages dans les mon- 
tagnes du Jura. 

Il y avait probablement une entrée sur ce point entre le 
commencement du mur, et l’escarpement perpendiculaire du 
rocher. Le mur se dirige à angle droit depuis l’escarpement 
l’espace de 60 pas environ dans la direction de l'Est à l'Ouest. 
Puis il suit pendant 70 pas environ, la direction $. E., pour 
reprendre pendant 40 pas la première direction. À partir du 
petit plateau susmentionné le mur se trouve sur une pente ra- 
pide; au point où il se termine était une seconde entrée; la 
pente se termine ici par un banc de rocher de quelque 20 pieds 
de haut qui se dirige du côté de $St-Blaise parallèlement au 
grand escarpement qu'il rejoint au bout d’à peu près 400 pas. 

L'espace compris entre la muraille et les rochers forme une 
espèce de losange de 912 pieds de base sur 375 de hauteur, ce 
qui fait 17020 © perches. 

À 120 pas de l’entrée inférieure, en suivant le banc de ro- 
cher, on trouve un bloc erratique appuyé à la base sur deux 
blocs plus petits; il a 4 pieds de haut et un diamètre de 3 pieds 
environ. M. DuBois de Montperreux l’a pris pour un autel drui- 
dique; mais outre que ce bloc ne porte aucune trace qui puisse 
confirmer cette opinion, sa position immédiatement sur le 
bord du banc de rocher larend encore moins acceptable. A 
20 pas plus loin que ce bloc, s'élève une seconde muraille à peu 
_ près parallèle à la première, et que M. DuBois n'avait point 
aperçue; elle est moins élevée et moins large que la muraille 
principale, mais aussi moins dégradée quoique de construction 
identique. Elle n’atteint pas l'escarpement principal; mais s'ar- 
rête à quelques pas du petit plateau déjà mentionné. 

Il n’est point nécessaire de remonter aux temps celtiques pour 
trouver le but du retranchement qui vient d’être décrit, il a 
servi de lieu de refuge aux populations de la plaine dans des 
temps d’invasions, mais son éloignement de toute source et de 
cours d’eau (le ruisseau de $t-Blaise coule à 8 minutes de là) 


ve permet pas d'admettre qu'il y ait eu un établissement fixe 
sur le roc de Chatoillon. 

Les ravages que les Hongrois et les Sarrasins exercèrent 
dans la Transjurane au 9° siècle, expliquent parfaitement le 
choix d’une retraite à peu près inaccessible à des peuples qui 
combattaient à cheval. Les seules localités fortifiées où pou- 
vaient se réfugier les habitants des bords du lac près de Saint- 
Blaise, étaient le bourg de Neuchâtel et la tour de Nugerol' 
tous deux assez éloignés; ils auront cherché et trouvé à leur 
proximité un abri presque aussi sûr. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 6 


SUR LA VITESSE DE PROPAGATION 
DES COURANTS ÉLECTRIQUES 


DANS LA DÉTERMINATION TÉLÉGRAPHIQUE DE LONGITUDE 
entre Genève et Neuchâtel. 


par M. le D' HIRSCH. 


(Voir les Bulletins , page 19.) 


Messieurs, 


Dans la dernière séance de ce printemps, j'ai commencé à 
vous rendre compte en général de l'opération télégraphique 
pour la détermination de la différence de longitude entre l’ob- 
servatoire de Genève et le nôtre. Comme cette opération est 
maintenant terminée dans sa partie principale et en attendant 
que l’achèvement des calculs me permette de vous commu- 
niquer tout le travail, je me bornerai aujourd’hui à vous par- 
ler de la partie électrique de cette opération et des résultats 
intéressants qu’elle nous a indiqués sur la propagation des cou- 
rants. 

Vous le savez, messieurs, autrefois on envisageait l’action 
de l’électricité comme instantanée, ainsi qu’on le croyait au- 
paravant de celle de la lumière et qu’on est forcé de l’admet- 
tre encore aujourd'hui pour l'attraction newtonienne. Depuis 
qu'Olaus Rômer a calculé la vitesse de la lumière par les 
éclipses des satellites de Jupiter, et que les mesures de Fizeau 
et d’autres physiciens ont donné pour la vitesse de la lumière 
artificielle les mêmes nombres, la question de la vitesse de la 


lumière peut être envisagée comme résolue. Il n’en est pas de 
même pour celle de la vitesse de l'électricité, où il y a encore 
beaucoup, pour ne pas dire tout à faire, comme vous le verrez 
par un aperçu rapide des travaux relatifs à ce sujet. 

Après qu’au dernier siècle on eut cru établir que l’électri- 
cité se propage instantanément ou du moins que sa vitesse est 
incommensurable, en se basant sur l'expérience assez grossière 
qu’on sentait l’étincelle d’une bouteille de Leyden, qui avait 
parcouru une distance de 12009 pieds, au même moment qu'on 
la voyait s'échapper de l’armature de la bouteille, Wheatstone 
fut le premier qui étudia la question de plus près par la célèbre 
expérience à vous tous connue; il trouva par son travail ingé- 
nieux que l’espace de 1320 pieds anglais était parcouru en 


eg de seconde, ce qui donne pour la vitesse de l'électricité 


460 800 XZilomètres par seconde, donc plus grande de plus de la 
moitié que celle de la lumière. Cette vitesse était obtenue pour 
l'électricité statique et sans l'intervention d’un électro-aimant. 
Bientôt après des savants américains trouvaient pour les cou- 
rants galvaniques, cheminant sur les lignes télégraphiques, 
une vitesse de beaucoup inférieure ; M. Gould entre autres, pro- 
fitant de l’immense circuit télégraphique de Washington à St- 
Louis, ne trouva même que 25 600 kilomètres. — Deux autres 
savants français, MM. Fizeau et Ganelle, se servant de toute 
une autre méthode (interruption simultanée du conducteur sur 
des points très-distants et effet produit sur le galvanomètre), 
ont obtenu de nouveau une vitesse plus considérable, 180 000 
kilom. pour le fil de cuivre, et 100 000 pour le fil de fer; et ils 
croyaient en même temps établir que cette vitesse est indépen- 
dante de l'intensité du courant et de la section du conducteur, 
en accord sous ce rapport avec ce que M. Clark avait observé 
déjà, que les courants se propagent, quelle que soit leur inten- 
sité, avec la même vitesse. 

Les déterminations télégraphiques de longitude qui com- 
mençaient alors en Amérique, ont fourni aussi des résultats 
différents, il est vrai, entre eux, mais tous de beaucoup infé- 
rieurs à la vitesse obtenue par Wheatstone ou même par Fi- 


zeau. Voici le tableau de ces déterminations, comme le donne 
M. De la Rive: 


AR" RE 


Weatstone fil de cuivre (El. statique) 460 800 kilom. 
Fizeau et Ganelle. » » (Méth. d’interrupt.) 180 000  » 

» » . fil.de fer A D 0 00 
Mitchell fil de fer 45 600  » 
Walker » Méth. astron. 30000  » 
Gould » 25 600  » 


Aiïry (Greenwich, Edimbourg) fil de cuivre 12000 » 
» (Greenw. Brux.), fil de cuiv., (câble s.-marin) 4 300  » 


Voilà donc des vitesses qui ne varient pas moïns que dans la 
proportion de T : 100. On voit par ces nombres qu’on ne peut 
se représenter la propagation de l'électricité comme celle d’un 
fluide ou celle des agents rayonnants, enfin que le temps em- 
ployé par le courant ne peut pas dépendre uniquement de la 
longueur du chemin qu'il parcourt comme on l’avait eru d’a- 
bord. Le grand physicien anglais Faraday a expliqué une par- 
tie des discordances que nous venons de citer, en montrant d’a- 
bord que les fils souterrains ou submergés, recouverts de gutta 
percha, constituent des espèces de bouteilles de Leyde, qui se 
chargent et se déchargent, et que cette induction latérale peut 
- retarder l'effet du courant même de plusieurs secondes; expé- 
rience qui malheureusement à été répétée très en grand sur 
le câble transatlantique. Pour les fils aériens, ces perturbations 
par induction sont beaucoup plus faibles, cependant suffisan- 
tes pour expliquer, d’après Faraday, par l’état de la ligne, les 
différences constatées dans la vitesse avec laquelle le courant 
parcourt les fils. 

Une autre circonstance dont on n’a pas tenu compte et qui 
explique, selon nous, une grande partie des différences dont 
nous parlons, c’est le temps employé par les électro-aimants. 
On voit par le tableau des résultats, que la vitesse de propa- 
gation à été trouvée plus grande par les méthodes optiques 
(Wheatstone) et au moyen du galvanomètre (Fizeau) que lors- 
qu'on emploie des appareils dans lesquels entrent des électro- 
aimants. Et rien de plus naturel, car dans ce dernier cas la 
différence des moments des deux effets produits sur deux élec- 
tro-aimants aux extrémités d’un fil, comprend d’abord la pro- 
pagation du courant même et ensuite les temps d'attraction 
des deux ancres. D'après les recherches si importantes aussi 


= $8 — 


bien pour la pratique que pour la théorie, de notre collègue 
M. Hipp, ces temps d'attraction des aneres varient beaucoup, 
d’abord avec l'intensité des courants et ensuite avec leur na- 
ture, donnant des résultats très-différents pour les courants de 
fermeture et d'ouverture. Voilà donc une nouvelle raison pour- 
quoi l’état de la ligne doit influencer la vitesse de transmission: 
car si l'isolation du fil est imparfaite, il y aura plus ou moins 
de dérivation de courant; par conséquent ce dernier sera plus 
faible à la station éloignée qu'à celle dont il part, et l’ancre 
de l’électro-aimant éloigné sera attirée avec moins de vitesse 
que l’autre.— M. Hipp avait déjà, il y a quelques années, fait 
des expériences qui tendaient à prouver qu’en effet la vitesse 
de propagation ne dépend pas seulement de la longueur du 
chemin parcouru, puisque M. Hipp l’a vu plus grande dans un 
long cirçuit que dans un autre beaucoup plus petit. 

Voilà en peu de mots les données connues lorsque nous en- 
treprîmes notre détermination télégraphique de longitude, qui 
devait nécessairement fournir une nouvelle donnée pour la vi- 
tesse du courant. Je vais vous communiquer les résultats que 
nous avons obtenus jusqu'à présent sous ce rapport, résultats 
qui augmentent les documents du procès sans toutefois le dé- 
cider. 

Je vais d’abord commencer par vous expliquer comment 
nous avons mesuré le temps de transmission de nos courants. 
Vous vous rappelez la méthode que nous avons employée pour 
la détermination de longitude; elle consiste à enregistrer les 
passages des mêmes étoiles aux deux méridiens sur les deux 
chronographes des deux stations: de cette manière on obtient 
la différence de longitude enregistrée deux fois, sur les deux 
chronographes. L’intervalle de temps, (quel qu'il soit d'ail- 
leurs) devait être le même sur les deux chronographes pour- 
vu que la transmission des signaux électriques fût instantanée; 
si au contraire le courant met du temps pour franchir l’es- 
pace entre les deux stations, ou qu’il attire l'ancre de l’élec- 
tro-aimant éloigné plus lentement que celle qui est près de 
la pile, enfin s’il existe un temps de transmission quelconque, 
les intervalles des deux signaux donnés dans la direction in- 
verse doivent paraître plus longs sur le chronographe de la 


RE 


station orientale que sur celui de l’autre, comme on peut se 
convaincre facilement par la figure suivante, dans laquelle des 


points diamétralement opposés correspondent au même mo- 
ment. 


Chron. de Neuch. Pass. à Neuch. 


Chron. de Gen. 


Re ———— 


PT Pass. à Gen. 


On voit immédiatement que la différence des deux chrono- 
graphes est le double du temps de transmission. Et remarquez 
que les quantités 2 T, que l’on trouve ainsi par la comparaison 
des deux chronographes, sont tout-à-fait indépendantes de 
l'exactitude des observations astronomiques, de l'équation per- 
sonnelle, etc. En effet on les obtiendrait de même, en donnant 
des signaux tout-à-fait arbitraires et à des intervalles queleon- 
ques aux deux stations en question. Ainsi l'exactitude avec 
laquelle on détermine ce temps de transmission dépend uni- 
quement de celle des instruments enregistreurs employés; 
c’est-à-dire essentiellement de deux éléments, d’abord de la 
régularité avec laquelle les pendules sont enregistrées sur les 
chronographes et ensuite de l'exactitude avec laquelle on peut 
faire le relevé des signaux marqués sur le papier des chro- 
nographes. , 

Pour obtenir des résultats nets sur le temps de la transmis- 
sion, il fallait déterminer les limites de l'influence de ces er- 
reurs, et la méthode d'observation que nous avons employée 
permettait de le faire assez exactement. 

Vous savez qu’on observe le passage des étoiles non pas au 
méridien même qui est une ligne fictive, mais à un certain 
nombre de fils; donc j'envoyai à chaque passage d'étoile 21 
courants à Genève qui s’y marquaient aussi bien que chez moi; 
Genève, dont la lunette ne possède que 5 fils, nous envoyait 


PR. DES 


chaque fois cinq signaux. Si l'enregistrement de l’heure des 
deux pendules était absolument exact, et si l’on pouvait re- 
lever les traits d'encre marqués sur les chronographes sans er- 
reur aucune, vous comprenez que l'intervalle des signaux 
comme il est fourni par les deux chronographes, devrait être 
le même pour chacun de ces signaux; de même le degré avec 
lequel cette égalité a lieu pour les différents signaux, est aussi 
la mesure des erreurs fortuites provenant de ces sources, ou 
bien la mesure de l’exactitude de l'enregistrement. De cette 
manière nous avons trouvé l’exactitude de l'enregistrement 
(et du relevé) d’un signal de Neuchâtel exprimé par l'erreur 
moyenne de 0°,035 et l'erreur moyenne d’un passage de Neu- 
châtel (consistant en 21 fils) égale 0,008; les mêmes erreurs sont 
pour un signal de Genève 0°,028 et pour un passage de Genève 
0°,013. Il s'ensuit que la différence des deux passages est affec- 
tée de l'erreur moyenne de 0,015, en tant qu’elle se conclut des 
variations des signaux cheminant dans la même direction. Ces 
15 millièmes de seconde expriment donc l'incertitude qui pro- 
vient des pendules, de leurs courants, de la marche des chro- 
nographes et enfin du relevé. 

Ce point établi, nous avons calculé le temps de transmission 
résultant de la comparaison de l’intervalle entre le passage de 
Neuchâtel et de Genève, comme ils sont marqués sur les deux 
chronographes. Voici ce que nous avons trouvé pour les diffé- 
rents jours: 


se ON 


2 8 He ( my m 
JOURS. E'S ah Erreur a eh Prieer. 
AS moyenne. | d’une étôile. inatrament 
ser Ltée ar girl eee | CESSEATSRNNNENAECE, 
19 septembre | 5 | 0,028 |+06,015 | 0,034 | 0,015 
20 » 12 | 0,019 |+0,012 | 0,040 0,017 
29 » 19 | 0,020 |+0,005 | 0,022 0,015 
3 octobre 15 | 0,025 |+ 0,003 | 0,012 0,016 
6) » 16 | 0,005 |+ 0,004 | 0,016 0,014 
L d 
Moyenne 67 | 0,0179 |+0,0062| 0,0224 | 0,0153 


(‘) Les nombres {4 se concluent par la comparaison entre eux des nombres 
2T, obtenus par les différentes étoiles d’un même jour, tandis que les m 
sont conclus de l’accord qui existe entre les fils d’une même station. 

Tous ces résultats sont obtenus par les courants d’induetion ; 
au printemps nous avions employé des courants ordinaires et 
nous avions trouvé: 


Cat 
© 
= 
ee 
Lo 
Nomb 
d'étoiles, 
© 
3 
+ 
È 


20 mai 15 | 0,054 |+0,003 | 0,011 


21 » 14 | 0,018 |Æ+0,004 | 0,015 


Moyenne 29 | 0,0366 [+ 0,0035| 0,013 


sm SÙ9 


On peut rattacher à ces chiffres quelques considérations in- 
téressantes. 

D'abord ce qui regarde la vitesse de propagation même, 
comme la distance des deux observatoires est mesurée, sur la 
ligne télégraphique, égale à 132, 6 kilom., l'on trouve le temps 
de transmission 


| 


pour les courants induits = 14983 kilom. par seconde 
courants ordinaires = ‘7245  » » » 
et l’on voit ainsi que la vitesse des courants d’induction est à peu 
près double de celle des courants ordinaires. Si vous consultez 
le tableau que je vous ai rappelé au commencement, vous verrez 
que ces vitesses sont pareilles à celles que les astronomes an- 
glais ont trouvées par des opérations analogues. 

Mais ce qui m'a frappé surtout, c’est la grande variation que 
le temps de transmission montre d’un jour à l’autre et même 
dans le même jour d’une étoile à l’autre, distante en moyenne 
de six minutes. Ainsi nous avons trouvé avec les courants or- 
dinaires le temps de transmission trois fois plus grand un jour 
que le jour suivant, et cette grande différence était justement 
le motif qui nous à engagé de recommencer l'opération avec 
des courants d’induction, pour lesquels tout faisait supposer 
non seulement une vitesse, mais aussi une constance plus gran- 
de, ou bien une plus grande indépendance de l'état de la ligne. 
Mais les chiffres que vous avez sous les yeux apprennent le 
contraire; car tandis que le 5 octobre le temps de transmission 
n’est que de 0,005, il était le 19 septembre de 0,028 et tandis 
que le 3 octobre l'erreur moyenne d’une détermination (pour 
une étoile) est de 0,012, elle est de 0,040 pour le 20 septembre. 
Si l’on examine le tableau détaillé des observations, on trouve 
des différences plus fortes encore pour le même jour. 

À quoi peuvent tenir ces irrégularités ? 

Certainement en premier lieu à l’état variable de la ligne; 
pour me procurer des données sur ce point, j'ai réclamé à 
l'administration fédérale des télégraphes les régistres des cou- 
rants pour les jours en question. 

L'examen de ces régistres a en effet relevé un mauvais état 
de la ligne entre Genève et Lausanne pour le 20 septembre, 
où l’irrégularité de nos résultats est la plus grande. 


Le Ne 


Mais ils sont loin d'expliquer les grandes différences que 
nous avons constatées toujours. Une seconde cause importante 
de variation gît très-probablement dans les temps d'attraction 
et de relâchement des ancres et dans la force pas tout-à-fait 
constante, variant plutôt avec la température, des ressorts an- 
tagonistes. 

En tout cas c’est une question encore passablement obscure 
et qu’il faudrait étudier davantage. Si mon collègue M. Plan- 
tamour veut s’y prêter, et si l'administration fédérale, com- 
me je l'espère, veut nous permettre l'emploi de ses lignes, j'es- 
père prochainement faire une série d’autres expériences dans 
le but de relever l'influence qu'ont sur la transmission des eou- 
rants, la résistance de la ligne, l'intensité et la nature des 
courants, etc. 

Mais dès aujourd’hui je crois pouvoir émettre l'opinion que 
le temps de transmission ne peut pas dépendre uniquement 
de la longueur du circuit, et par conséquent qu’on ne peut pas 
parler de la vitesse de l'électricité comme de quelque chose de cons. 
tant. 


FT OX GIE TO SR 


NOLTRE 
sur l'hypothèse de plusieurs zones d'astéroïdes 


déduite par M. Le Verrier 
des mouvements des quatre premières planètes, 


(Voir les Bulletins ci-dessus, page 34.) 


D D ———— 


Je vous ai entretenu, il y a deux ans, du résultat que M. 
LeVerrier avait tiré de son étude du mouvement de Mercure, 
par laquelle il avait été conduit à augmenter de 35” le mouve- 
ment séculaire du périhélie de cette planète. M. LeVerrier 
avait trouvé que pour expliquer cette augmentation, l'hypo- 
thèse la plus vraisemblable serait de supposer l'existence entre 
Mercure et le soleil de toute une zone d’astéroïdes semblables 
à ceux entre Mars et Jupiter, dont des découvertes continuel- 
les augmentent le nombre chaque année. 

Je disais alors qu’il faudrait attendre la vérification de cette 
hypothèse par des observations directes. Jusqu'à présent aucune 
trace de ces petites planètes voisines du Soleil n’a été trouvée 
dans le ciel, ni par les nombreux observateurs des taches du 
Soleil, ni à l’occasion de l’éclipse totale de 1860, malgré tous 
les soins que l'expédition française surtout à voués à cette 
recherche. Même on n’a pu, jusqu’à présent, revoir la planète 
Vulcain de M. Lescarbault. L'hypothèse de M. LeVerrier at- 
tend donc encore sa vérification. 

En attendant, ce calculateur infatigable, aidé par tout un 
état-major de collaborateurs, à terminé sa revue de la théorie 
des quatre premières planètes, Mercure, Vénus, la Terre et 
Mars, et a rendu compte à l'académie des résultats de ce grand 
travail qui comprend à la fois un nouvel examen de la théorie, 
une discussion sévère de toutes les observations, et enfin la 
comparaison mutuelle de l’une et des autres. 

Cette comparaison à non seulement confirmé l'excès du mou- 
vement du périhélie de Mercure, mais a relevé en outre un 


ANG CU 


excès pareil pour le mouvement du nœud de l'orbite de Vénus 
ainsi que pour le mouvement du périhélie de Mars. 

Ces deux dernières anomalies qui paraissent provenir d’une 
même source, semblent tout d'abord accuser la nécessité d’un 
accroissement de la masse de la Terre jusqu’au dixième de 
sa valeur, acceptée jusqu'à présent. Mais pour ne pas arri- 
ver à une intensité de la pesanteur à la surface de la Terre, 
tout à fait en contradiction avec les observations, on serait 
forcé d’augmenter d’un trentième la valeur de la parallaxe du 
Soleil, telle qu’elle à été déterminée par les passages de Vénus 
sur le Soleil en 1761 et 1769. Est-ce permis, après les caleuls 
si soignés de M. Encke qui admettent pour la valeur 8”,57 de 
la parallaxe seulement une erreur d’un centième ? M. LeVerrier 
ne le pense pas et préfère distribuer ce dixième de la masse 
terrestre sur un grand nombre d’astéroïdes, circulant dans le 
voisinage de la Terre et qui ne seraient autres que les étoiles 
filantes. 

M. LeVerrier reconnaît cependant l'impossibilité de décider 
par les données actuelles, si la totalité de l'excès du mouve- 
ment qu’il vient de trouver pour le périhélie de Mars et le 
nœud de Vénus, doit être attribuée à ce groupe d’astéroïdes, 
ou en partie aussi aux petites planètes entre Mars et Jupiter. 
On peut seulement assigner à la masse de ces deux groupes 
d’astéroïdes des valeurs maxima, en attribuant successivement 
à chacun d'eux tout l'excès du mouvement du périhélie de 
Mars. M. LeVerrier trouve ainsi que, pour que les astéroïdes 
voisins de la Terre puissent seuls produire cette augmentation, 
il faudrait leur assigner une masse un peu supérieure à celle 
de Mars; elle serait de 0,138 de celle de la Terre. D'un autre 
côté le groupe des petites planètes entre Mars et Jupiter de- 
vrait avoir la troisième partie de la masse terrestre, pour, à lui 
seul, expliquer les 0”,0235 d'accélération annuelle du mouve- 
ment du périhélie de Mars. 

Ces résultats des travaux de M. LeVerrier ont donné lieu à 
une très vive discussion dans le sein de l’académie. M. Delau- 
nay nie la certitude de l’existence de ces excès de mouvement 
séculaire dans les trois orbites planétaires et il prétend qu'il y 
a encore d’autres moyens, pour les expliquer, s’ils sont réels, 


AUX AE: 


que par l’action de ces trois zones d’astéroïdes. Mais il est un 
principe scientifique qu’il ne suffit pas de poser vis à vis d’un 
travail sérieux, émanant d’un maître dans sa spécialité, la 
possibilité générale d'une erreur; il faut la démontrer, ce que 
M. Delaunay n’a pas fait jusqu’à présent; et quant à l’explica- 
tion des accélérations dans le mouvement de Vénus et de 
Mars, donnée par M. LeVerrier, l'existence de ces deux zones 
d’astéroïdes n’est, cette fois, au moins pas tout-à-fait hypo- 
thétique comme dans le cas de Mercure 

Toutefois il nous semble que la décision sur cette question 
intéressante dépend principalement de l'opinion qu’on a sur 
la sûreté avec laquelle nous connaissons la parallaxe du Soleil. 
Malgré toute l'autorité dont jouit à si juste titre le célèbre tra- 
vail d'Enke, il y a des astronomes qui en se fondant sur le de- 
gré d'exactitude que les observations de 1769 comportaient, 
n’envisagent pas comme impossible une correction d’un tren- 
tième, qu'on devrait faire subir à la distance du Soleil. Il fau- 
dra attendre les passages de 1874 et 1882 pour répondre déf- 
nitivement à ces doutes, si l'exécution de la proposition d’Airy, 
de déterminer la parallaxe du Soleil par l'observation de Mars 
dans certaines parties de son orbite, ne résout la question 
plus tôt. 


DESCRIPTION D'UN PHOTOMÈTRE. 


(Voir ci-dessus , p. 58.) 


Les études photométriques ont acquis une importance tou- 
jours croissante, surtout depuis que l'observation des étoiles 
variables s’est développée et a révélé des faits d’une si grande 
curiosité. Cependant si l’on songe, que non seulement les limi- 
tes entre les différentes grandeurs, dans lesquelles on est ha- 
bitué de classer les étoiles, sont arbitraires et conventionelles, 
mais encore qu'on n’emploie point de moyens sûrs pour déter- 
miner, si telle ou telle étoile appartient à telle grandeur ou à 
telle autre, que ce n’est qu'une espèce de tradition parmi les 
astronomes qui guide leur estimation; alors il faut avouer que 
c’est là un état d’infériorité de cette partie de l'astronomie, 
peu en harmonie avec la perfection et l'exactitude de lastro- 
nomie de position. 

Nous disions que ce qu’on appelle grandeur d'étoile, est 
quelque chose d’arbitraire, mais ce qui est pire, ces grandeurs 
ne sont pas bien définies. Outre les 6 classes que l'on adopte 
pour les étoiles visibles à l'œil nu, les lunettes ont, à mesure 
qu'elles se perfectionnaient, demandé toujours de nouvelles 
classes jusqu’à la 16%° et même la 18° grandeur, sans qu'on 
pût dire être arrivé à la limite de la visibilité des étoiles. 

Les limites de ces nombreuses classes sont nécessairement 
indécises et manquent de base théorique, puisque nous ne 
connaissons ordinairement aucun des trois éléments, dont la 
grandeur doit dépendre, ni la distance des étoiles, ni le 
diamètre de leur surface lumineuse, ni l'éclat ou l’albèdo de 
leur surface. 

Aussi les astronomes ne sont pas toujours exactement &’ac- 
cord sur les grandeurs, de sorte que telle carte céleste ou tel 
catalogue désigne comme de 9% grandeur les étoiles qui dans 
tel autre se trouvent indiquées comme de 9. 10° et même de 
10° orandeur. 


2 


Sans qu'on puisse ainsi dire exactement, si les différentes 
grandeurs consécutives répondent à une série soit géométrique 
soit arithmétique, et moins encore qu'on puisse déterminer 
la raison de cette série, les mesures photométriques qu'on a 
exécutées jusqu'à présent, paraissent cependant indiquer 
qu'au moins pour les grandeurs faibles on peut assimiler la 
suite des différentes grandeurs à une série procédant d’après 
les carrés d’une progression harmonique: 1 !/, 1/, ‘/,, 4}. etc. 
John Herchel à montré que les grandeurs usuelles s'accordent 
avec cette échelle photomètrique (qui répond à l’idée de la 
distance des étoiles) jusqu'à une différence constante près; 
c.-à-d., sim est la grandeur conventionnelle et M la grandeur 
photométrique (dans le sens indiqué), on a M — » — 0414. 
Il s'ensuit que si par exemple + du Centaure, que Herchel a 
pris pour unité de ses mesures, était reléguée aux distances 
1,414; 2,414; 3,414 etc. elle paraîtrait comme une étoile de 
1e, 2me, 3e, etc., grandeur. 

On comprend facilement que les mesures photométriques 
ne peuvent être que relatives; le choix de l'unité restera tou- 
jours arbitraire; tout ce qu’on peut en exiger, c’est qu’elle 
soit bien définie, et aussi invariable que possible; aussi a-t-on 
préféré à la Lune et à Jupiter dont on se servait autrefois, 
des étoiles fixes pour lesquelles on n’a point découvert de 
traces de variabilité. 

Sans vouloir augmenter outre mesure ces quelques remar- 
ques d'introduction par une description détaillée des méthodes 
et appareils photométriques qu’on a imaginés jusqu'à présent, 
je me bornerai à dire que les plus exacts sont ceux, par les- 
quels on compare deux étoiles qui se trouvent dans le champ 
de la lunette, en les rendant d’égale intensité ou bien en affai- 
blissant la plus forte par des moyens optiques différents. 

Mais cette méthode a le grave inconvénient pratique, que 
l'observateur est obligé d’avoir toujours les deux astres qu'il 
veut comparer, à la fois dans le champ; il faut donc ou se bor- 
ner à ne comparer que des étoiles très-rapprochées ce qui res- 
treint trop l'utilité pratique de l'instrument, ou bien employer 
deux lunettes combinées en sorte qu’on peut voir simultané- 
ment les images qu’elles produisent. Il y avait donc un grand 


Se A 


intérêt à se procurer un appareil photométrique, qu’on puisse 
appliquer facilement aux instruments astronomiques ordinai- 
res, de telle sorte qu'il devint possible de combiner avec toute 
observation de position une autre observation photométrique, 
donnant une mesure exacte de l'intensité de lumière de l’astre 
observé. 

Pour atteindre ce but j'ai imaginé un appareil oculaire que 
j'ai fait exécuter par MM. Merz et Sohn, à Munich, construc- 
teurs de notre lunette parallactique et dont je me permettrai 
aujourd'hui de vous expliquer le principe et la construction. 

Si l’on veut abandonner le système de réduire à égalité d’é- 
clat deux astres d'intensité différente, système dont je viens 
de vous signaler les inconvénients, il faut il me semble adop- 
ter cette autre méthode, qui consiste à éteindre pour ainsi dire, 
les images des astres dans la lunette. Vous savez que la visi- 
bilité des objets lumineux, abstraction faite pour le moment, 
de ceux qui ont un diamètre apparent appréciable et pour les- 
quels le grossissement des images est d’une importance ma- 
jeure, dépend surtout de la masse des rayons lumineux, qui 
en arrivent dans nos yeux. Si avec les lunettes, comme le sait 
tout le monde, on voit beaucoup d'étoiles invisibles à l'œil nu, 
cela provient de ce que l'objectif de la lunette a une ouverture 
beaucoup plus grande que ne l’est celle de la pupille de notre 
œil et que dans l’image de l'étoile qu’elle forme dans son 
foyer, se trouve condensé un nombre beaucoup plus considé- 
rable de rayons, d'autant plus considérable que l'ouverture de 
la lunette est plus grande. Or il est clair que telle étoile invi- 
sible à l'œil nu, mais perceptible dans une lunette donnée, 
peut être rendue invisible aussi dans cette lunette, si l’on trouve 
un moyen de diminuer le nombre des rayons qui contribuent 
dans la lunette à former l’image de l'étoile. Si l’on peut en 
outre déterminer la quantité proportionelle de lumière dont 
il faut affaiblir ainsi l’image d’une étoile pour la rendre invi- 
sible, on obtient ainsi, en déterminant pour chaque étoile 
cette proportion nécessaire pour la faire disparaître, des me- 
sures exactes sur l'intensité relative de leur lumière. 

C’est sur ce principe que j'ai fait construire mon photomè- 
tre. 


GE RE ne 


Imaginez-vous le cône de lumière qui se forme dans l'inté- 
rieur d'une lunette, cône dont l'objectif est la base et dont le 
sommet occupe le foyer de la lunette; vous comprenez que 
l'intensité lumineuse des images formées dans le foyer dépen- 
dra essentiellement de la largueur de ce cône (je fais ici abs- 
traction des autres éléments, tels que pureté du verre, degré 
de l’achromasie, etc.) ; or si vous concevez maintenant un dia- 
phragme mobile le long de l'axe de ce cône, il entre-coupera, 
pour ainsi dire, une partie d'autant plus considérable de lu- 
mière, qu'il se trouvera plus près de l'objectif. Donc en éloi- 
gnant un tel diaphragme toujours davantage du foyer, on ré- 
duit pour ainsi dire, l'ouverture de l'objectif et on parvient à 
un point, où les rayons que le diaphragme laisse passer, ne 
suffisent plus pour produire une image assez forte, pour être 
aperçue. Plus une étoile est forte, plus il faut éloigner le dia- 
phragme, pour obtenir ce résultat; et par conséquent, si l’on 
a ménagéune disposition qui permette de mesurer exactement 
les distances du diaphragme par rapport au foyer, pour les- 
quelles les étoiles disparaissent, on obtient ainsi des données, 
dont le calcul fournit une vraie mesure relative de l'intensité 
photomètrique des différentes étoiles. 

Voici maintenant cette disposition comme elle a été adap- 
tée à notre lunette parallactique, dont l'objectif a 6" d’ouver- 
ture et 96” de distance focale. Comme je m'étais imposé com- 
me condition essentielle de ne diminuer en rien Ja valeur et 
la puissance optique de notre lunette, j'ai dû renoncer d’abord 
à faire parcourir à mon diaphragme mobile toute la longueur 
de la lunette, à cause des diaphragmes fixes nécessaires pour 
la netteté des images et du réflecteur qui sert à éclairer l'in- 
térieur de la lunette, et j'ai dû merestreindre à déplacer le 
diaphragme dans le tube oculaire. Ceci s'obtient au moyen 
d'une vis sans fin et de plusieurs tiges conductrices, sur les- 
quelles une coulisse portant le diaphragme, peut glisser en 
avantæt en arrière. Pour la même raison, c.-à-d. pour laisser 
intacte la lunette sous tous les autres rapports , j'ai fait cons- 
truire cette coulisse de telle façon qu’au moyen d’une clef on 
peut la déplacer entièrement en dehors du cône lumineux. 
Pour pouvoir mesurer le chemin que lon fait parcourir au 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 7 


— Nr ls 


diaphragme, la vis qui le déplace engrène avec des roues, 
qui portent des tambours divisés, dont la division est visible 
à l'extérieur du tube tout près de l’oculaire. 

Dans mon appareil, le diaphragme peut se mouvoir entre 
les limites de 2”8 à 178 à partir du plan focal de la lunette. 
Comme le cône de lumière dans la lunette, à la distance de 
178, à un diamètre de 1”11, un diaphragme du diamètre a, 
placé à cette distance, affaiblira la lumière de l’image dans la 


. a \2 . , . 
proportion de a , et si p. ex. a — 0,18, la lumière sera 
Ve LÉ à ; + : k 
réduite à ——; si le diaphragme n’a qu'une ligne d'ouverture, 


à Ù { 
l’affaiblissement sera de se 


On peut donc réduire ainsi une étoile de 4 et même de 6 
classes de grandeur. D'ailleurs pour augmenter l'effet de l'ap- 
pareil j'ai fait faire plusieurs diaphragmes de diamètres diffé- 
rents que je puis changer à volonté sur la coulisse qui les 
porte. Pour faire disparaître les étoiles des premières classes, 
il faut appliquer en outre des verres colorés plus ou moins 
foncés. 

Il va sans dire que pour se servir de cet appareil rationel- 
lement, il faut des précautions nombreuses, et que pour trans- 
former les lectures de ce photomètre en vrais nombres pho- 
tométriques, on doit y appliquer différentes corrections et 
coefficients. Car, pour n’en citer que quelques-uns, l'intensité 
des étoiles est affectée par les circonstances atmosphériques, 
si variables, par la disposition physiologique changeant d'un 
observateur à l’autre et même chez le même observateur d'un 
moment à l’autre, enfin de la qualité optique de la lunette 
employée. Voici comment il faut tenir compte de toutes ces 
influences. 

Il faut choisir dans les différentes grandeurs un certain 
nombre d'étoiles fondamentales, qui servent pour ainsi dire 
d'unités photométriques. En observant chaque soir, où l’on 
veut faire des mesures photométriques, une ou plusieurs de 
ces étoiles fondamentales, autant que possible de même cou- 
leur et dans la même hauteur que les astres qu'il s’agit de 
comparer, on se rendra indépendant de la transparence va- 


CODE: Dee 


riable de l’atmosphère. Pour éviter l'influence que la fatigue 
de l'œil pourra avoir sur les résultats, il convient de faire 
ces mesures fondamentales au commencement et à la fin de 
chaque série d'observation; aussi pour une raison semblable, 
convient-il de faire disparaître et ensuite reparaître les étoi- 
les et de prendre la moyenne des deux positions du diaphrag- 
me, correspondante à ces deux effets. Vous comprenez aussi 
que si deux observateurs avec deux instruments différents 
procèdent ainsi, les nombres relatifs qu’ils obtiennent de cette 
manière, seront directement comparables. 

Je me borne aujourd’hui à ces indications en me réservant 
de revenir plus tard à ce sujet et de vous donner de plus am- 
ples détails sur cet instrument et Jes observations auxquelles 
il sert. 


EXPÉRIENCES CHRONOSCOPIQUES 


SUR LA VITESSE DES DIFFÉRENTES SENSATIONS 


et 
de la transmission nerveuse. 


Par M.1le D: HIRSCH. 


(Voir les Bulletins , page 71.) 
SAP T— 
Messieurs, 


Je vous ai invités à assister à quelques expériences phy- 
siologiques sur la vitesse des différentes sensations, et je 
crois avant tout devoir prévenir votre étonnement de voir 
des expériences de ce genre à un observatoire astronomi- 
que, et vous expliquer comment j'ai été amené à m'oc- 
cuper de ces recherches. 

Parmi les instruments de précision de l'astronome, fi- 
gure aussi l'appareil nerveux de l'observateur, dont il 
importe de déterminer, pour ainsi dire, l'erreur instru- 
mentale aussi bien que pour tout autre instrument que 
nous employons. En effet, chaque fois qu'on doit combi- 
ner des observations, faites par différents astronomes, on 
cherche, s'il est possible, de déterminer ce que l’on ap- 
pelle leur équation personnelle, c.-à-d. le temps que 
chacun d'eux observe plus tôt ou plus tard que les autres. 
Le moyen qu’on emploie pour cette détermination est pu- 
rement astronomique et consiste dans des observations 
simultanées de passages d'étoile, de telle sorte, que les 
deux astronomes qui veulent trouver leur équation per- 
sonnelle, observent soit les mêmes étoiles alternativement 


— 101 — 


à la première et à la seconde partie du réticule de la mé- 
me lunette méridienne, soit chacun une série d'étoiles; 
dans le premier cas, en réduisant les fils, observés par 
chacun des astronomes, au fil du milieu, on obtient pour 
le passage des étoiles au méridien deux résultats, dont la 
différence est justement l'équation personnelle; dans le 
second cas on détermine la correction de la pendule de 
passage séparément par les observations de chaque astro- 
nome et la différence de ces deux corrections de pendule 
donne l'équation qu'on cherche. 

On obtient ainsi par ces méthodes des valeurs relatives 
et non pas absolues, on trouve des équations et non pas 
des corrections personnelles. Apparemment il y aurait un 
grand intérêt de pouvoir déterminer pour chaque obser- 
vateur sa correction personnelle, c.-à-d. l'intervalle de 
temps qui passe entre le moment du phénomène qu'il ob- 
serve, et celui qu'il lui assigne. Car non-seulement on 
pourrait alors combiner directement les observations faites 
à différents observatoires et à différentes époques par des 
astronomes qui ne se sont pas comparés entre eux, mais 
encore, dans bien des cas au moins, on obtiendrait des 
résultats s'approchant davantage de la vérité. 

Cette nouvelle méthode de déterminer la correction 
physiologique des observateurs, est devenue surtout dési- 
rable et en même temps possible, depuis qu'on a intro- 
duit dans l'astronomie l'observation électrique, par la- 
quelle l'appréciation qui dans l’ancienne méthode interve- 
nait pour subdiviser la seconde, est remplacée par une 
mesure instrumentale (au moyen du chronographe). Main- 
tenant que l'observateur n'a qu’à fermer un courant au 
moment où il voit la bisection d’une étoile, il doit être 
possible de déterminer le temps, qu'il lui faut pour voir 
et pour exécuter le mouvement du doigt. 

Voilà, MM., le but de ces recherches, dont je vais com- 


NE does 


muniquer aujourd'hui seulement le commencement et que 
je compte pouvoir poursuivre (°). 

Dans cette tentative, de soumettre les différentes fonc- 
tions du cerveau et du système nerveux à des méthodes 
de physique comme toute autre force matérielle, il n’y a 
d'ailleurs rien d'impossible, ni même d'étonnant, depuis 
que la science moderne, et surtout un savant d’origine 
neuchâteloise, M. Dubois-Reymond, a constaté dans son 
célèbre ouvrage, Untersuchungen über thierische Electri- 
cilæt, que laction nerveuse n'est au fond probablement 
qu'un phénomène électrique, et qu'un autre grand phy- 
siologiste, M. Helmholz de Kônigsberg, a prouvé dans un 
travail classique, que la vitesse avec laquelle l’action ner- 
veuse à lieu, loin d’être comparable à celle de la lumière 
ou à celle que l'on attribue au courant électrique, n’est 
même pas la cinquième partie de la vitesse du son. 

Sans pouvoir entrer ici dans les détails ni des recher- 
ches si compliquées et si ingénieuses de M. Dubois-Rev- 
mond, ni de la méthode suivie par Helmholz dans sa cé- 
lèbre expérience sur la vitesse nerveuse, je me bornerai 
à vous en ciler le résultat principal, d'après lequel la 
vitesse pour les nerfs sensitifs est de 61m,5 = 190’ envi- 
ron. D'ailleurs vous connaîtrez ces travaux déjà par le ré- 
sumé que M. Uhle en a donné dans une lettre adressée 
à notre collègue, M. Desor, et que ce dernier a publiée, il 
y a déjà quelques années, dans la Revue Suisse. On v 
trouve que le temps requis par le cerveau, pour trans- 
mettre ses ordres aux nerfs moteurs, est au moins 05,1, 
chiffre qui varie assez considérablement pour différents 
individus et pour le même selon la disposition du moment. 
La vitesse de transmission dans les nerfs moteurs a été 
trouvée à peu près égale à celle dans les nerfs sensitifs. 

(‘) N'ayant eu à ma disposition que pendant un temps limité les instru- 


ments qui ont servi à ces expériences, j'ai dû, à mon grand regret, les 
interrompre ; mais j'espère pouvoir les reprendre plus tard. 


- 


— 103 — 


La totalité de l'opération nerveuse exige d'après Helmholz 
0,195 à 0,200 de seconde. 

Il serait déja d’un grand intérêt de répéter les expé- 
riences de Helmholz, surtout par une autre méthode plus 
directe et qui permette d'opérer sur les nerfs vivants de 
l'homme, au lieu de se servir de nerfs de grenouille, sé- 
parés du corps. Mais comme un tel travail appartient 
plutôt aux physiologistes, je ne l'aurais point entrepris, si 
je n'avais pas eu le but spécial dont je vous at parlé: 
aussi je me suis attaché surtout à déterminer la vitesse 
des opérations physiologiques qui entrent en ligne de 
compte dans les observations astronomiques. Ge sont donc 
surtout la vue et l'ouie, qu'il nous importe d'étudier, 
ainsi que le temps nécessaire pour donner des signaux 
électriques avec la main. Mais on doit désirer connaître 
non seulement le temps qu'il faut en moyenne à chacune 
de ces sensations ou opérations, c'est aussi la constance, 
ou si vous voulez la sûreté qui existe pour chacune de ces 
fonctions qu'il importe d'apprécier. Car même pour les 
observateurs les plus exercés ces temps varient d’après la 
disposition momentanée; mais dans quelles limites? et 
cette variation est-elle la même pour l'ouie que pour la 
vue? etc. — On obüent à ces dernières questions des ré- 
ponses précises, si l'on exécute les mesures de ces temps 
un grand nombre de fois et qu’on détermine alors par le 
calcul des probabilités l'erreur moyenne ou probable 
d'une observation. 

Ainsr pour le préciser encore une fois, le but de ces 
recherches est de déterminer ce que l’on peut appeler le 
temps physiologique pour les différents sens de louïe, de 
la vue et du toucher; temps qui comprend trois éléments, 
qu'il est extrêmement difficile, sinon impossible de sépa- 
rer, à savoir: 10 la transmission de la sensation au cer- 
veau; 2 l’action du cerveau, qui consiste à transformer 
pour ainsi dire la sensation en acte de volonté; 3° la 


— 104 — 


transmission de la volonté dans les nerfs moteurs et l'exé- 
cution du mouvement par les muscles. 

Avant d'entrer dans les détails des expériences, il con- 
vient de vous dire quelques mots sur l'instrument qui a 
servi à ces expériences. C’est le chronoscope de notre col- 
lègue M. Hipp, qui a bien voulu mettre à ma disposition 
pendant quelque temps deux de ces appareils. Le chro- 
noscope est en somme un mouvement d'horlogerie, dont 
la force motrice est un poids et le régulateur un de ces 
ressorts vibrants de l'invention de M. Hipp, et dont vous 
avez pu voir le jeu si exact dans notre chronographe. Les 
roues qui conduisent les aiguilles sont indépendantes du 
rouage principal et peuvent parliciper ou non au mouve- 
ment de ce dernier, selon qu'un pignon est un peu avan- 
cé ou retiré. Cette fonction appartient à un électro-aimant, 
dont l’armature, selon qu'elle est attirée ou non, retire ou 
avance le pignon et arrête ainsi ou fait marcher les aiguil- 
les. Le mouvement est calculé de sorte qu'une de ces ai- 
guilles fait un tour en un dixième de seconde et comme 
son cadran se trouve divisé en 100 parties, chaque divi- 
sion répond à un millième de seconde. Tandis que cette 
première aiguille fait un tour, l’autre avance d’une divi- 
sion sur un second cadran, divisé également en 100 par- 
ties. De cette manière on lit sur le premier cadran les 
millièmes et sur le second les dixièmes de seconde. 

Les expériences se font alors de cette manière, que le 
phénomène même que l’on observe, en interrompant un 
courant électrique, met en mouvement les aiguilles, que 
l'observateur arrête au moment où il l’aperçoit, en réta- 
blissant ce même courant au moyen d'un manipulateur. 

D'après cette description sommaire de l'instrument, il 
est clair que l'exactitude du chronoscope dépendra en 
premier lieu de l'égalité des temps que l’armature de lé- 
lectro-aimant met pour faire son chemin soit à l’ouver- 
ture, soit à la fermeture du courant. Car seulement, si 


— 105 — 


ces temps sont égaux, l'intervalle pendant lequel les ai- 
guilles sont en mouvement, sera rigoureusement celui 
qu'on veut mesurer. Maintenant l’on sait que ces temps 
de l'ancre varient avec l'intensité des courants et d’une 
manière différente pour l'ouverture et la fermeture des 
courants. [l s’agit donc d’abord de trouver pour chaque 
instrument spécial l'intensité du courant, pour lequel les 
temps d'attraction et de relâchement soient égaux. On s’en 
assure par une expérience spéciale, en faisant tomber 
une boule par des hauteurs différentes, dans la proportion 
de 1 : 4, et en variant l'intensité du courant jusqu’à ce 
que les nombres indiqués par le chronoscope pour les 
temps de chute soient exactement dans la proportion de 
hs 2 

Ce point réglé, on peut se demander d’abord quelles 
sont les limites d’exactitude que les mesures exécutées 
avec le chronoscope permettent d'atteindre. D'après la 
construction on voit d'abord qu'une seule mesure ne sau- 
rait être exacte au delà d’un millième de seconde, puisque 
la petite fourchette qui arrête ou dégage le rouage des 
aiguilles peut s'appuyer d’abord sur le coin d’une dent et 
et ensuite glisser soit à gauche soit à droite. Pour nous 
former une idée sur la limite supérieure de l'erreur du 
chronoscope, nous avons répété l'expérience de la chute 
d’une boule de la même hauteur un grand nombre de 
fois, et calculé, par les écarts qu'on obtient, l'erreur 
moyenne. Voici les résultats: 


— 106 — 


Expériences de chute. 


ete nn Et Ed ns el 


À Erreur à x 
S | Move ë Erreur à 
DATES. |25| 4 | craindre | craindre 
: E © NPA de la d’une REMARQUES. * 
1861. Ze PSE moyenne | observat. 
È m 
d'air: 43 ah 3ieghdts Eds 
s. S. S. 
27 octobre 25 | 0,2528| + 0,0006 | + 0,0029 } Chronographe I. 
Id. 50 | 0,2515 0,0006 |  0,0042 Même hauteur. 
4 novembre 29 | 0,2014 0,0003 0,0019 
' | Chronographe al! 
b » 35 | 0,2006 0,0003 0,0017| Même hauteur. : 
6 » 28 | 0,1984 0,0002 | 0,0011 
| 
LES 28 | 0,1903| 0,0002 |  0,0012 ! courant normal. 
| 
He à 32 | 0,1868| 0,0002| 0,001 


* Dans les premières expériences le courant était trop faible. 


On voit donc d'abord que non seulement, comme nous 
le disions toute à l'heure, les indications du chronoscope 
changent avec l'intensité du courant, mais aussi la régu- 
larité de sa marche en dépend essentiellement. Ensuite 
l'erreur moyenne d’une observation, pourvu qu'on emploie 
la force voulue du courant, ne dépasse pas 2 millièmes 
de seconde, de sorte qu’une vingtaine d'observations suf- 
fisent pour réduire l'erreur à craindre du résultat au des- 
sous même d'un demi-millième. 

Enfin pour pouvoir réduire les observations convenable- 
ment, 1l fallait savoir jusqu’à quel point le chronoscope 
élait règlé sur le temps moyen, ou bien il fallait détermi- 
ner la valeur en temps d'une division du cadran supérieur. 
Comme je ne disposais pas encore d’un interrupteur de 
pendule, j'ai fait cette détermination à l’aide d’un mani- 
pulateur télégraphique ordinaire; en me plaçant vis-à-vis 
de la pendule normale dont je suivais l'aiguille à seconde, 


= ft — 


- j'ai ouvert le courant (et par cela mis en mouvement le 
chronoscope) à une seconde quelconque et je l'ai fermé 
dix secondes après. Sans doute j'introduisais ainsi dans la 
détermination de la vitesse du chronoscope l'incerutude 
physiologique de cette manipulation; mais l'erreur qui en 
provenait se trouvait d’abord divisée par le nombre de se- 
condes et ensuite réduite par la répétition de l'expérience, 
de telle sorte que le résultat jouit d’une exactitude plus 
que suffisante, comme on le verra par les chiffres sui- 
vanis: 


Détermination de la vitesse du chronoscope. 


= | Valeur | Erreur | Erreur! Valeur | 
2.2 |de 105 à d'une | d'une ERREUR 
DATES. = ‘2 |en par-| craindre À partie 
z %|tiesdu| de la sx Lit du à craindre. 
= |cadran.|moyenne.|"1EnCE.| cadran. 
pes ra a 
Chronoscope I. 
p. p- P. s. Se 
29 octobre 49 |9874,4 | + 0,0080| 0.0562| 0,001013|+ 0,0000008 
Chronoscope II. 
P- p. p. | S | S. | 
5 novembre 48 |9895,7 | + 0,0076| 0,0526 nom Fi 0,0000008 


RAGE DEUST REED RE DE CRT PSE CESSER ERPEENR STE A CS MANIERE MEN EST 


On voit donc que les deux instruments dont je me suis 
servi, sont réglés assez près et qu'il n’a fallu appliquer 
aux lectures des cadrans qu’une faible correction. 

Nous passons maintenant aux expériences physiologi- 
ques mêmes et nous parlerons d’abord de celles qui se 
rapportent au sens de l’ouie, parce qu'elles se rattachent 
directement à celles de la chute. Car voici l'arrangement 
de ces expériences: L'appareil qui servait à l'observation 
de la chute, consiste en une espèce de fourchette, mobile 
le long d'une colonne verticale et supportant la boule de 
telle sorte, qu’en pressant sur un ressort les deux bras de 
la fourchette s'ouvrent'avec une grande vitesse et laissent 


tomber la boule, en même temps que le courant se trou- 
ve interrompu par la séparation des deux branches; la 
boule à la fin de son chemin tombe sur un plateau et 
ferme, par le choc même, le courant. Cependant en chan- 
geant la disposition des fils on peut s'arranger de telle 
sorte que ce n’est plus le choc de la boule même qui 
ferme le courant, mais la main de l'observateur qui dans 
le moment, où il entend le choc de la boule, appuie sur 
un manipulateur. On comprendra facilement qu’en alter- 
nant avec ces deux dispositions et en prenant la différence 
des intervalles de temps, montrés par le chronoscope 
dans l’un et l’autre cas, -on obtient, dans cette différence 
même, juste le temps physiologique de l’ouïe, ou bien le 
temps qu'il faut à l'observateur pour entendre le bruit du 
choc et pour signifier par le mouvement du doigt qu'il la 
entendu. 

Il va sans dire que les résultats obtenus ainsi, ont été 
corrigés d'abord pour la transmission du son, l'appareil 
de chute se trouvant à une distance de 7 pieds environ; 
ensuite on s’est assuré que le mouvement du levier du 
manipulateur, dont le chemin était très-court, pouvait 
être négligé; car en faisant ouvrir et fermer le courant par 
les deux contacts du manipulateur, qui s’y trouvent, com- 
me on sait, aux deux extrémités du levier, le temps entre 
ces deux moments était si court que le chronoscope ne se 
mettait point en marche. Cette remarque s'applique d’ail- 
leurs à toutes les expériences dont il est question dans 
cette note. Enfin nous mentionnerons encore que l’obser- 
vateur ne voyait point la boule tomber et que la détente 
de la fourchette a été dégagée par un aide, de sorte que 
le bruit du choc se produisait d'une manière inattendue 

pour l'observateur. 
= Voici maintenant le résultat de ces expériences d’abord 
pour moi-même et ensuite pour quelques autres observa- 
teurs de mes amis, qui ont bien voulu s’y prêter. 


— 109 — : 


Expériences sur l'ouie. 


———— ei 


Se = Tr Erreur | Erreur 
S = Le 6e à craindre à craindre 0b 
5 2 Edit FER d'uñe servateurs. 
2 ë De are moyenne. observation. 
8. S. ! S; 
81 0,1490 + 0,0029 | + 0,0253 Hirsch. 
32 0,1584 | Mayer. 
41 0,1620 G. Guillaume. 
22 0,2015 Garnier. 
23 0,2432 Desor. 
11 0,2433 Hipp. 


On voit donc que le temps qu'il a fallu à ces différents 
individus pour entendre, varie assez considérablement, 
dans les proportions de 5 : 8 environ; encore est-il bien 
possible que pour d’autres personnes on aurait trouvé des 
différences encore plus grandes. 

Je crois devoir relever que M. Hipp qui à l'oreille très- 
exercée, puisqu'il suit avec facilité, par l’ouie seule, les 
dépêches télégraphiques, entend le plus lentement; par 
contre il y avait de très-faibles écarts entre les différentes 
expériences qu'il a faites. 

J'aurais aimé étudier l'influence de la nature du bruit 
ou du son qu'on entend, quand il est par exemple plus 
ou moins sec et subit; mais la nature de l'appareil et la 
manière d'expérimenter ne S'Y prêtent pas facilement. Il 
reste également encore à étudier, si la perception d'un 
bruit rhythmique, comme par exemple, ce qui intéresse le 
plus l’astronome, le battement d'une pendule, n'offrirait 
point de différence; l’analogie de la vue, comme nous le 
verrons tout à l'heure, le ferait supposer. è 


— do — 


Nous passons maintenant aux expériences sur la vue, 
pour lesquelles nous avons employé d’abord létincelle 
électrique fournie par une bobine d’induction. La disposi- 
tion était celle-ci: le courant du chronoscope était bifur- 
qué, allant d'un côté à l’électro-aimant du chronoscope 
et de l’autre à la bobine inductrice; donc si l'aide interrom- 
pait ce courant, d’une part les aiguilles du chronoscope 
commençaient à marcher et au même instant il se produi- 
sait entre les deux fils très-rapprochés de la bobine exté- 
rieure une étincelle d'induction que l'observateur regardait 
sur un fond noir (du charbon pulvérisé); au moment où 
il l'apercevait, il fermait le courant, en appuyant sur le 
manipulateur, et arrêtait ainsi le chronoscope. Voici les 
résultats de quelques séries d'observations de ce genre: 


Expériences sur la vue. 


o Ê pere Erreur Erreur 

Ê 8 1} | Clg RER à RU d Observateurs. 
© * |physiologi < : 
2 2 ps 814 moyenne. | observation. 

S. S. ù S. 
49 0,1974 + 0,0023 + 0,0165 
Hirsch 
49 0,2038 0,0021 0,0448 
46 0,2096 Droz. 


La seconde série a été faite plusieurs heures après la 
première et lorsque mes veux étaient un peu fatigués par 
des observations astronomiques. Il paraît donc que la vi- 
tesse de la perception dépend du moins dans des limites 
très-étroites de la disposition momentanée; circonstance 
qui se rencontrera probablement aussi pour les autres 
sens. 

Mais la vue d’une étincelle m'a paru par trop différente 
de la fonction de l’œil dans les observations astronomiques, 


PURE 


pour ne pas chercher à me rapprocher davantage de ces 
dernières, qui consistent à saisir le passage d'un corps 
en mouvement devant des repères fixes. J'ai donc tâché 
de saisir le moment du passage de l'aiguille inférieure du 
chronoscope devant certains traits de son cadran, (0 et 
90, dans la ligne verticale); en appuyant sur le manipula- 
teur, lorsque je voyais passer l'aiguille par la position ver- 
ticale, je les arrêtais, et trouvais amsi le temps qu'il me 
fallait pour saisir ces passages. Il m'a fallu pour cela, en 
moyenne, de 61 observations; 


0.0769 + 0,0032 


S. 

l'erreur moyenne d'une seule observation étant + 0,0251. 
Il est donc évident que je vois un tel passage beaucoup 
plus promptement qu'un phénomène subit, probablement 
parce qu’en suivant la marche d'un corps en mouvement 
on anticipe pour ainsi dire le moment du passage. Cette 
intervention du jugement dans la perception pourrait peut- 
être expliquer aussi l'incertitude plus grande qui paraît 
exister pour ce genre d'observations, que pour la vue 
d'une lumière subite. 

Mais je suis bien loin de vouloir complètement assimi- 
ler une telle observation à celle d'un passage d'une étoile 
devant les fils d'une lunette; car abstraction faite de toutes 
les autres différences très-notables, le mouvement de cette 
aiguille (qui ayant environ #4 centimètres fait le tour du 
cadran en 10) est de beaucoup trop rapide, ce qui doit 
nécessairement nuire à la sûreté de l'observation du pas- 
sage. Aussi, croyant qu'il importe surtout de déterminer 
le temps physiologique pour des observations de passage 
tout-à-fait semblables aux observations astronomiques, je 
me propose de faire exécuter un appareil spécial pour 
celte recherche. 

Les expériences sur le temps physiologique du tact, 
quoique en rapport moins direct avec les observations 


— 112 — 


astronomiques, m'ont paru d'un intérêt spécial parce 
qu’elles permettent de séparer jusqu’à un certain point le 
premier élément du temps physiologique, et de mesurer la 
vitesse de transmission dans les nerfs sensitifs, en produi- 
sant la sensation dans des régions plus ou moins éloignées 
du cerveau. Pour la produire je me suis servi d’un faible 
courant d’'induction, qui sans donner la moindre secousse 
nerveuse, se faisait sentir plutôt comme une légère piqûre 
d'épingle. Nous n’aurons pas besoin de dire que le même 
courant, qui dans une de ses branches provoquait, étant 
interrompu, ce faible courant d’induction, mettait les ai- 
guilles du chronoscope en marche; l'observateur arrêtait 
les aiguilles lorsqu'il sentait le courant induit, que je pou- 
vais faire passer par les différentes parties du corps au 
moyen d’une espèce de pince électrique, construite ad hoc. 
En expérimentant d'abord sur moi-même, je faisais passer 
le courant induit par ma main gauche, en touchant les deux 
pôles avec le 2me et 5me doigt de cette main, tandis que la 
droite appuyait sur le manipulateur. Dans les expériences 
avec M. le Dr Guillaume nous avons fait passer le courant 
d'induction d'abord par la région infraorbitale de la face, 
ensuite par la main gauche et enfin par le pied gauche. 
Je donne d’abord les résultats: 


Expériences sur le tact. 


o S ën Erreur Erreur 
Fe. NET a . - : 
AE a S |à craindre! à craindre HSE 
ES FE de la d’une ASS 
S à | moyenne. | observat. 
S. S. 
44 | 0,1733 | + 0. 0027 + 0,0176 


| Orservateur: Hirsch. 
43 0,1911 0,0022 0,0122 


57 | 0,1110 0,0018 RE 


S (Es Courant passe par la face. 
59 | 0,142 | 0,0028 |  0,0219 + par la main gauch. 
Ars 
61 | 0,1697 0,0029 0,0299 ’ ? ES Le par le pied gauch. 


— 113 — 


Dans les deux séries d'observations faites sur moi-même 
la différence qui dépasse notablement les erreurs moyen- 
nes s'explique en partie par la circonstance que dans la se- 
conde série le courant était plus faible et en même temps 
l'attention plus tendue. En examinant les nombres qui se 
rapportent au Dr Guillaume, on voit que la différence de 
transmission depuis la face au pied gauche est 0s0587 

» » à la main gauche » 0,0314 
ce qui s'accorde parfaitement bien, puisqu'apparemment 
le chemin depuis la main au cerveau est un peu plus de 
la moitié de la distance à partir du pied. Cette concordance 
et les différences des trois séries, beaucoup plus considé- 
rables que les erreurs moyennes de chacune ne l'expli- 
quent, semblent donner le droit d'expliquer les différen- 
ces par la longueur différente du parcours nerveux. Il se 
pourrait cependant que les différentes parlies intérieures, 
par lesquelles on a fait passer le courant, possèdent une 
sensibilité différente qui pourrait contribuer, à côté de la 
distance au cerveau, à modifier le temps physiologique. 
Avec cette réserve et en supposant la longueur du par- 
cours nerveux depuis le pied au cerveau égale à 2 mètres, 
on obtiendrait pour vitesse de la transmission dans les 
nerfs sensitifs, 34 mètres environ par seconde. 

Cependant je donne ce résultat seulement comme 
une première approximation qui demande à être con- 
firmée par des expériences plus nombreuses et variées 
davantage, aussi bien par rapport aux individus qu'aux 
parties du corps expérimentées. La différence du nombre 
que nous venons d'obtenir, avec celui de Helmholtz, n'a 
rien de surprenant si l’on songe à la différence radicale de 
la manière d’expérimenter et surtout à ce que M. Helm- 
holtz a opéré sur des nerfs moteurs, séparés du corps 
d'une grenouille, tandis que notre résultat est obtenu par 
des nerfs sensitifs de l'homme dans leur état normal. Vu 
la préférence que la méthode développée mérite sous ce 


BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 8 


" 


NIET, V'ARENR 


rapport, il serait à désirer que des physiologues vou- 
lussent l'utiliser et la développer davantage qu'il ne m'est 
possible. Avant de quitter ce sujet, je me permettrai en- 
core de faire la remarque, que les erreurs des trois sé- 
ries d'expériences de M. Guillaume semblent indiquer, 
que le temps physiologique du tact varie d'autant plus que 
la région, où la sensation a lieu, est plus éloignée du 
cerveau. Surtout la différence notable entre 0s014 pour 
la face et 05022 pour la main, peut conduire à une telle 
supposition. UT 

Pour terminer je récapitulerai encore les résultats ob- 
tenus jusqu'à présent par moi-même pour les différentes 
sensations: 


Temps physiologique Erreur moyenne 
10 Ouie 05149 Æ (05025 
20 Vue d'une étincelle 0,200 Æ 0,016 
90 Vue d’un passage 0,077 + 0,095 
40 Tact (main gauche) 0,182 + 0,016 


On voit donc que la vue d’un phénomène subit et in- 
attendu demande le plus de temps, environ un tiers de 
plus que l'ouie; tandis que l'observation d'un passage 
s'effectue beaucoup plus vite. D'un autre côté la précision 
ou la régularité, avec laquelle on voit, est plus grande 
que pour l'organe de l’ouie dans le rapport de deux à 
trois, tandis que l'observation d'un passage a la même in- 


certitude 0,025 que l'ouie. Pour le tact l'erreur moyenne 
d'une observation est la même que pour la vue. 


SUR 


UN APPAREIL RÉGULATEUR 


des courants électriques 


PAR M. HIPP. 


(Voir ci-dessus, page 24.) 
— HRK — 


Dans une de nos séances de l’année dernière, j’ai eu l’hon- 
neur de vous entretenir de l'horlogerie électrique, de ses avan- 
tages, de ses difficultés, des erreurs de principe et de cons- 
truction qui l’ont souvent fait échouer, enfin des progrès réa- 
lisés dans cette branche des applications de l'électricité. 

En revenant aujourd’hui à ce sujet, je me permettrai de 
mettre sous vos yeux un nouvel appareil que j'appelle Régula- 
teur de courant, et qui est un des instruments essentiels dans 
mon système d’horloges électriques, en contribuant puissam- 
ment à assurer à ces dernières la sûreté de marche nécessaire 
en même temps qu'il les rend beaucoup plus économiques. 

On ne peut nier, je crois, les grands avantages et l’utilité 
remarquable des horloges électriques, aussi bien pour l'emploi 
publie que pour l'usage des particuliers; en effet, on ne saurait 
obtenir par aucun système d’horloges mécaniques, la parfaite 
coïncidence et la justesse absolue si désirable, sinon néces- 
saire, pour les centres un peu considérables des populations, 
dans notre époque des chemins de fer, où le temps a une va- 
leur tout autrement considérable qu’autrefois. 

Si malgré ces avantages incontestables des horloges élec- 
triques, elles sont encore moins répandues qu’on ne devrait le 
croire et qu’elles ne méritent, si même à quelques endroits on 
les a abandonnées après les avoir introduites, la cause en doit 
être cherchée avant tout dans la mauvaise construction qu’on 
leur a donnée, mais aussi en partie dans les difficultés inhé- 
rentes à leur nature, difficultés qu’on à déjà vaincues en par- 
tie, et que rien ne s’oppose d'éliminer entièrement. 


— 116 — 


Dans ma précédente communication, je vous ai parlé d’a- 
bord de l’arrangement mécanique par lequel je suis arrivé à 
utiliser le plus avantageusement la force du courant pour le 
mouvement des aiguilles; je vous ai expliqué ensuite par quel 
moyen j'ai pu parer à un des inconvénients les plus considé- 
rables, à l’oxidation des points de contact, qui a été dans la 
plupart des cas la cause principale de l'irrégularité de marche 
des horloges électriques. 

Une autre difficulté essentielle de l'horlogerie électrique gît 
dans l’inconstance des piles, même des piles dites constantes, 
qui fournissent une force très-variable à un travail à peu près 
constant. Pour assurer aux horloges électriques une marche 
régulière, il faut absolument parvenir à les mouvoir par une 
force constante. 

C’est là le but de mon régulateur de courant que je ferai 
fonctionner devant vos yeux; il repose sur le principe d’inter- 
caler des résistances artificielles lorsque le courant devient 
trop fort, et d’en ôter quand il s’affaiblit au delà de la force 
normale. | 

Avec ce régulateur, il sera possible d'employer à l’horloge- 
rie électrique des piles inconstantes à un seul liquide, qui sont 
à la fois les plus faciles à entretenir et de beaucoup les plus 
économiques, dans une mesure telle que d’après une expérien- 
ce que l’on vient de faire aux télégraphes du chemin de fer 
Franco-Suisse, l'emploi de ces piles (à charbon et zine), est 
douze fois meilleur marché que celui des piles Daniel. Mais le 
courant de ces piles, comme vous le savez, change vite d’in- 
tensité et d’une manière très-irrégulière : au commencement 
la diminution est bien rapide, et après quelques semaines de 
service, l’affaiblissement, tout en continuant, devient de plus 
en plus lent et régulier. 

Voici maintenant le mécanisme de l'appareil qui doit faire 
disparaître tous ces inconvénients. 

L’armature d’un électro-aimant est retenue, comme d’ordi- 
naire, par un ressort d'une force telle, que l’armature ne peut 
être attirée que par un courant d’une certaine force. 

Un second ressort plus fort que le premier empêche l’arma- 
ture d’être attirée complètement; mais sile courant est d’une 


— 117 — 


grande force, il vaincra également ce second ressort, et l’ar- 
mature se trouvera complètement attirée. 

De cette manière trois cas peuvent se présenter: 

1° L’armature n’est point du tout attirée; alors le courant 
étant trop faible, doit être renforcé. 

2° L’armature pouvant vaincre le premier ressort, mais non 
pas le second, est dans la position moyenne, ce qui arrivera 
lorsque le courant a la force voulue. 

3 L’armature après avoir vaincu aussi le second ressort, est 
complètement attirée : dans ce cas le courant sera trop fort. 

Que l’on se figure maintenant une roue à rochet avec deux 
cliquets fixés sur un levier mobile, dont le mouvement est ob- 
tenu par l’ancre dont nous venons de parler. Si cette dernière 
n’est point attirée, le cliquet inférieur appuyera contre la roue 
et la tournera dans un certain sens, lorsque elle-même recevra 
un mouvement de va-et-vient. Si l’ancre est attirée à moitié, 
aucun des deux cliquets n’appuyera contre la roue et par con- 
séquent leur mouvement laissera cette dernière en repos. Si 
enfin l’ancre est entièrement attirée, ce sera le cliquet supérieur 
qui fera tourner la roue, mais dans le sens contraire qu'’aupa- 
ravant (dans le premier cas). Le mouvement de va-et-vient 
est imprimé au levier qui porte les deux cliquets, par un élec- 
tro-aimant intercalé de telle sorte qu’il opère avec le plus fai- 
ble courant. | 

Par le mécanisme que nous venons de décrire, on arrive 
donc à faire tourner une roue dans un sens, lorsque le courant 
est trop fort, et dans le sens inverse lorsqu'il est trop faible, 
enfin à la laisser en repos, lorsque le courant a la force voulue. 

Maintenant de quelle manière faut-il affaiblir ou renforcer 
le courant? 

On peut employer deux moyens différents; d’abord on peut 
augmenter ou diminuer le nombre des éléments actifs de la 
pile, ou bien on peut varier une résistance artificielle que l'on 
fait parcourir au courant. 

Ce dernier moyen sera ordinairement préférable et nous 
l’'emploierons dans notre cas. Voici comment: La roue à dou- 
ble mouvement, que nous avons décrite, est connexe avec une 
aiguille, laquelle glissant dans son mouvement sur un certain 


— 118 — 


nombre de points de contact, intercalera plus ou moins de ré- 
sistance. 

Supposons qu'il y ait huit de ces points de contact sous 
forme de boutons disposés circulairement et qui sont reliés les 
uns avec les autres par des bobines de résistance. Si par 
exemple l'aiguille touche le bouton 3, le courant de la pen- 
dule, qui passe aussi par l'aiguille du régulateur, serait conduit 
d’abord par la bobine entre les boutons 3 et 2, ensuite par 
celles entre 2 et 1 et entre 1 et O0, et enfin depuis le bouton 
0 le courant entre dans les autres parties des appareils, pour 
lesquels on veut règler la force du courant. La quantité de ré- 
sistance représentée par une de ces bobines, doit naturelle- 
ment se calculer d’après les données de chaque cas particulier. 

L’explication que nous venons de donner, suffira pour faire 
comprendre, que l'aiguille se mettra automatiquement tou- 
jours dans une telle position (sur tel bouton de contact), que 
le courant doit rester constant dans des limites pratiques. 
Dans le cas où l'aiguille s'arrête sur le bouton 0, elle indique 
que le courant ne peut plus être renforcé, parce que la pile 
est épuisée et, par conséquent, qu'on doit renouveler cette 
dernière. L'avantage de ce régulateur de courant doit être cher- 
ché surtout dans la possibilité d'employer des piles à un seul 
liquide, parce qu’on peut en reconnaitre l’état et la force à 
chaque moment par la position de l'aiguille. Une telle pile 
n’est pas seulement beaucoup moins coûteuse que les piles 
dites constantes, mais sa manutention et son entretien sont de 
beaucoup plus faciles, à tel point, qu’on peut arriver facile- 
ment à faire fonctionner une de ces piles pendant six mois et 
même davantage, sans avoir besoin d'y toucher. 


MÉTHODE MNÉMONIQUE 


pour retenir facilement 


LES SIGNES DE L'ÉCRITURE TÉLÉGRAPHIQUE DE MORSE 


par M. C.-F. GARNIER. 


(Voir les Bulletins , page 64.) 


— “24 0 a 


L’alphabet télégraphique connu sous le nom de son inven- 
teur, M. Morse, est, comme l’on sait, formé de points et de 
traits que l’on emploie isolément, puis en les combinant par 
eroupes de deux, trois et quatre. On obtient ainsi d’abord les 
deux signes: . représentant la letire e 

— » f 

Si devant chacun de ces deux 
signes on place un point, ensuite 
un #rait, on obtient quatre com- 
binaisons at » i 


En procédant de même pour 
ces quatre combinaisons, c'est-à- 
dire en plaçant devant chacune 
d'elles d’abord un point puis un 
trait, l’on trouve LFOUE » 


Ombre men 


c’est-à-dire huit nouvelles combi- 


2 120 — 


naisons. En continuant de la mê- 
me manière pour chacune de ces 
huit combinaisons, on en obtient 
le double, soit seize autres com- 


binaisons, savoir: DRÉEPE , h 
. == » V 

At ; f 

AO AA » ü 

— , ) Il 

_—— Gr. » à 

LEA k p 

LH HIER Ê j 
me ; b 
eu se ; x 
pets M ; € 
SOI. MATH EES ; y 
jus jus k z 
 - — » q 
1 Pr oi » Ô 


rie FO » ch 

Ainsi l’on trouve, en employant successivement 1, 2, 3 et 

4 signes simples, 2 + 4 + 8 + 16 — 30 signes composés (*), 
par conséquent plus qu’il n’en faut pour désigner toutes les let- 
tres de l'alphabet. On adopte naturellement les signes les plus 
simples pour les lettres dont l'emploi est le plus fréquent. Maïs 
cet emploi n’est pas le même dans les différentes langues, et 
telle lettre, qui revient très-souvent en français, par exemple, 
apparaît beaucoup moins fréquemment en allemand. Pour être 
conséquent au principe d'employer pour les lettres les plus 
fréquentes les signes les plus simples, il aurait donc fallu adop- 
ter pour chaque langue une signification différente des signes 
ci-dessus, ce qui aurait nécessairement eu de graves inconvé- 
nients, puisqu'un grand nombre de dépêches sont transmises 
d’un pays dans un autre, et qu’ainsi les employés des télé- 


(°) Si l’on voulait aller jusqu’à cinq signes simples, on obtiendrait 2 X 16 
— 32 signes de plus, et la somme serait 62, soit la somme de la progression 
géométrique 2 + 2 + 25 +21 + 95, En général pour n signes simples on 
aura 2 + 2 + 95 +... 20 combinaisons. 


— 121 — 


graphes auraient été obligés de connaître au moins quatre 
alphabets différents: le français, l'allemand, l'anglais et l'ita- 
lien, sans parler du hollandais, du danois, de l'espagnol, etc. 
Le même signe devant alors avoir quatre ou cinq significations 
différentes, il est évident qu'il y aurait souvent eu confusion 
et que de nombreuses erreurs en auraient été la conséquence. 

Il était donc très-important de fixer d’une manière défini- 
tive et certaine la valeur des signes. C’est ce que l’on à fait 1l 
y a une douzaine d'années, dans des conférences tenues par 
l'Union télégraphique austro-allemande. On a pris pour base 
principale la fréquence des lettres dans l'allemand, sans ce- 
pendant s’y conformer rigoureusement. 

C’est principalement aux efforts de M. Steinheil qu'on doit 
l'adoption d'un alphabet définitif, qui est maintenant en usage 
dans toute l'Europe. Ce savant a rendu par-là un service des 
plus importants à la télégraphie. Les valeurs données dans le 
principe par Morse à ses signes étaient un peu différentes de 
celles adoptées maintenant. Aïnsi 


c était représenté — . . tandis qu'on écrit à présent — . —. 
d » . be Es . LJ D LE . . 
e » — » 


Le tableau ci-dessus des différentes combinaisons des points 
et des traits, commençant par les plus simples et finissant 
par les plus compliquées, donne donc la suite approximative 
de la fréquence des lettres. Cet emploi plus ou moins fréquent 
n’a aucun rapport avec l’ordre alphabétique des lettres, com- 
me il est facile de s’en convaincre par l'inspection de ce ta- 
bleau, et comme le démontre aussi le tableau qui suivra, où 
les signes, rangés alphabétiquement, ne présentent aucun 
ordre, aucune symétrie dans leurs diverses combinaisons. 

Il n’est donc guère possible, quand on veut imprimer dans 
la mémoire la valeur des signes combinés, de trouver des rap- 
ports rationnels entre eux et les lettres qu'ils représentent. 
Rien ne facilite le souvenir de leur signification, et l’interven- 
tion du raisonnement pour les retenir est nulle. Ce n’est qu'à 
force de les regarder et de les copier qu'on parvient mécani- 
quement pour ainsi dire à se les approprier. 


Aussi bien peu de personnes, outre les employés des télé: 
graphes, se donnent-elles la peine de les apprendre. L'écriture 
télégraphique reste donc lettre close pour à peu près tout le 
monde. Cependant cette écriture pourrait être employée dans 
bien des cas en dehors de la télégraphie. Comme elle ne se 
compose en définitive que de deux signes simples, et que 
rien n’est plus facile que de remplacer ces deux signes écrits 
par des signaux, il est évident qu’on peut correspondre sans 
aucune préparation, pour ainsi dire, à toutes les distances 
auxquelles la vue peut atteindre. Ainsi, en convenant, par 
exemple, qu'une baguette ou un drapeau incliné à droite re- 
présente les traits et incliné à gauche signifie les points, il 
sera très-facile de transmettre des lettres et des mots. On 
pourrait de cette manière et au moyen d’une lunette, aisément 
correspondre de Neuchâtel avec l’autre côté du lac. Dans des 
cas où l’on voudrait correspondre avec un endroit qu'on ne 
pourrait voir, mais qui serait assez rapproché pour qu'on pût 
se faire entendre au moyen d’un sifflet ou d’un cor, la trans- 
mission serait encore facile. Les sons un peu prolongés indi- 
queraient des traits et les sons secs des points. Même au milieu 
de la nuit il serait possible de correspondre à de grandes dis- 
tances au moyen de fusées, dont celles lancées à droite signi- 
fieraient des traits et celles à gauche des points. Une armée, 
une flotte, pourraient ainsi communiquer de loin avec une 
ville assiégée; des navires sur mer pourraient se donner ré- 
ciproquement des nouvelles à de grandes distances par des 
moyens plus simples que ceux employés actuellement. Un 
moyen plus facile encore de correspondre dans l’obseurité, 
serait tout simplement une lumière qu’on couvrirait et décou- 
vrirait alternativement. Lorsqu'on ne la laisserait voir qu'un 
instant cela signifierait un point et lorsqu'elle paraîtrait un peu 
plus longtemps ce serait un trait. Enfin, il est facile d'imaginer 
une foule de signaux propres à une correspondance qui n’exi- 
ge que deux signes simples. Dans les cas où ces correspon- 
dances devraient n'être connues que des personnes intéressées, 
il suffirait de convenir d'avance d’un chiffre ou d'une clé. 

Si cette écriture pouvait être très-aisément apprise, peut- 
être cela contribuerait-il aussi à faciliter l'adoption du télé- 


— 123 — 


graphe Morse dans les pays où l'usage n’en est pas encore 
général, ce qui serait fort à désirer, car ce télégraphe a cer- 
tainement, depuis les perfectionnements que M. Hipp surtout 
y à introduits, de grands avantages sur les autres télégraphes, 
en raison de la rapidité avec laquelle il transmet des signes 
qui restent écrits ou tracés à l'endroit où la dépêche est reçue, 
ce qui permet de conserver l’original de chaque dépêche. 

Il n’est donc pas sans intérêt d’applanir les difficultés qu’on 
peut rencontrer dans l’étude d’un nouvel alphabet, difficultés 
qui quelquefois rebutent les meilleurs esprits, témoin le célè- 
bre Leïbnitz, qui ne put se résoudre à apprendre les langues 
orientales à cause des obstacles qui en obstruent, disait-il, 
l'entrée. Pour l'alphabet de Morse, ces difficultés sont peut- 
être plus faciles à vaincre que pour tout autre, et le moyen 
que j'ai imaginé permet d'apprendre à l'écrire en un quart 
d'heure, comme l'expérience faite avec plusieurs personnes l’a 
prouvé, car il s’agit simplement de retenir vingt-six mots com- 
mençant par chacune des vingt-six lettres de l'alphabet, ce 
qui en facilite singulièrement la mémoire. Je dis écrire et non 
pas lire. La lecture exige plus d'exercice, mais elle devient 
cependant facile en lisant souvent ce qu’on a écrit soi-même. 

Dans ces mots les voyelles signifient des points et les con- 
sonnes des traits. La lettre initiale ne compte pas, ni comme 
point, ni comme trait. De plus, comme plusieurs lettres sont 
représentées par des traits seulement, et qu’il n’est pas possi- 
ble de former des mots sans voyelles, il est convenu que lors- 
que la lettre initiale du mot sera suivie d'un a, cet a ne comp- 
tera pas plus que la lettre initiale elle-même. Ainsi dans le 
mot Mars, en retranchant le » et le « il restera rs, soit deux 
consonnes qui indiquent que la lettre m (l’initiale du mot 
Mars) est représentée par deux traits - -; de même dans le 
mot bateau qui doit donner la succession des traits et des 
points qui représentent la lettre b, le a qui suit la lettre ini- 
tiale ne comptant pas, il reste feau, ce qui donne — ... 

Le mot air nous donnera pour la lettre & . — 

Le mot Chine pour la lettre ce — . — . 

Le mot foire pour la lettre f . . — . 
et ainsi de suite. 


— 124 — 


Voici maintenant le tableau des signes avec les mots qui 
doivent servir à les retenir. Une colonne donne ces mots en 
français, l’autre en allemand, la troisième en anglais et la 
quatrième en italien afin de faciliter l'étude aux personnes des 
différentes nations chez lesquelles le télégraphe Morse est 
principalement employé. 

On observera que j'ai conservé quelques mots français dans 
les autres langues, lorsque ces langues n’offraient pas de mots 
ayant la succession de consonnes et de voyelles requise. C’est 
un inconvénient sans grande importance, puisqu'il y à bien 
peu de personnes qui ne sachent assez de français pour rete- 
nir facilement ce peu de mots. 

Pour les mots italiens il faut aussi remarquer que dans ceux 
qui se terminent en &, cet a final ne compte pas comme point. 
Il à fallu avoir recours à cette exception, la langue italienne 
n'ayant qu'un très-petit nombre de mots qui se terminent par 
des consonnes. 

Enfin, dans le mot wrion le n qui suit la lettre initiale ne 
compte pas et dans les mots iouler, blueing, eight et Teat, ce sont 
seulement les voyelles qui suivent la lettre initiale qui comp- 
tent, tandis que dans le mot obscur ce ne sont que les trois 
premières consonnes. 


125 


LETTRES. 

a . — avr aus air aur(a) 
b —... b(a)fau blaue bZueilng)  b(a)Zo è 

c — .—. Chine China China credo 

d — d(a)gue drei dray d(a)zio 

5 Eu * Ei et(ght) ei 

f ..— . foire Feige fiery fiore 

g — — . g(a)rde G{a)sse g(a)/ly g(a){to 

h: hé oui! hée, ei! ho! you. hoioe.. 

i iou(ler) * ia, 0! I eat) RCE 

j.———joncs jetzt jests Jepht(a) 

k — . — khan Kram know Khan 

l . — .. ligue Linie Lydia liceo 

m——  Mi{ars M{a)nn m{a)ss M{a)/é(a) 

n — n{(a)ge N(a)se n(a)mne n(a)ve 

O ——— obsc{ur)ouosts Obst odds ombr(a) 

Pp . — —. pomme Perle penny porto 

q ——.—qlua)drat ou Q(ua)drat  qlua)rter q(ua)drar 

qiua)rntum 

PS 15 Rose rose rêso 

EMA seau * seie Ou 50, ei! see 0! SUO 

t—. t{a)s T{a)g t(a)p t{a)r{a) 
. U..—  (hjuées ou U{n)ion u(n}20n u(n)i0n 

u(n)ion 
V ... — vieux vieux Views w pris Via, eh! 
ici comme voyelle. 

w.—— Wolf Wolf well Wolf 

X—..— X(a)vier X{a)vier X{a)vier  X{a)vier 

y —.—— Yzard Ypern Yzard Yzard 

z — —.. Z{a)chée Z{a)cheo Z{a)jcheo  Z{a)cheo 

à . — . — double signe de a. 

Ô ———. ajoutez un point au signe 0. 

ü ..— — ajoutez un frait au signe de 4. 

Ch — — — — autant de fraits que h a de points. 


” Un moyen facile de retenir les lettres qui sont représentées par des 
points consiste à se rappeler le mot allemand Eïis, dont la première lettre e 
est représentée par un point 
la deuxième, t, par 2 points 
et la troisième, s, par 3 points . . . 


— 126 — 


Les quatre signes simples donnant 30 combinaisons et l’al- 
phabet n’ayant que 26 lettres, il restait quatre combinaisons 
qu'on a employées pour les lettres à, ü, &, qui paraissent sou- 
vent en allemand, et pour le ch, qui est fréquent en français, 
en allemand et en italien. Pour retenir ces combinaisons, il 
suffit de se rappeler que à est représenté par le double signe de a, 
à par le signe de o auquel on ajoute wx point, 

ü par le signe de u auquel on ajoute wn trait. 

Quant au signe de ch il est composé d’autant de trails que 
celui de h a de points. 

Les mots übste et ombre donnent aussi le signe de à. 


CHIFFRES. 


© © D I OO À BE À NN 


— ne ne me 


On se rappellera facilement ces combinaisons en remar- 
quant que tous les chiffres sont représentés par cinq signes 
simples et que jusqu’à 5 le nombre de points indique le chiffre, 
les traits étant considérés comme ne signifiant rien; ensuite 
qu'à partir de 6 Zes traits valent 2 et les points 1 jusqu'à 9; 
puis, à 0 les traits perdent de nouveau toute valeur comme 
de 1 à 4. 

PONCTUATION. 

Tous les signes de ponctuation sont composés de six signes 

simples : 
Le point n’est représenté que par 
des points. 
— . —.—. On obtient le signe du point-vir- 
gule par les six premières let- 
tres du mot semi-colon. 


— 127 — 


— .—.— Le mot wirulent par son analogie 
phonique avec virgule, se re- 
tiendra facilement ; il donne 
la succession des traits et des 
points en retranchant sa pre- 
mière et sa dernière lettre. 

- — — —... Les deux points indiquant ce qui 
va suivre, peuvent rappeler 
l'idée de supplique et par con- 
séquent le mot suppliée, dont 
les six dernières lettres don- 
nent la succession des traits 
et des points formant le signe 
des deux points. 

? HR TT TS" Ce signe se retient par le mot 
question, en retranchant la 
première et la dernière lettre 
(comme au mot virulent). 

! — —..— — Lepoint d'exclamation peut rap- 
peler l’idée et le mot de pleurs, 
qui donne la succession des 
traits et des points. 

Trait d'union — ....— On peut le retenir par le mot 
nouaît qu’on se rappellera faci- 
lement au moyen de la phra- 
se mnémonique: « Le trait 
d'union nouait ces deux mots.» 

Apostrophe. — — — — . En retranchant le premier o du 
mot apostrophe et le rempla- 
çant par une apostrophe, on 
obtient ap’strophe. Les six pre- 
mières lettres du mot donnent 
alors le signe. 

Le trait de — — — — — — Se retient facilement puisqu'il 

division. n'est composé que de traits, 
de même que le point n’est 
composé que de points. 


— 128 — 


Les lettres, comme on l’a vu, sont composées au plus de 
quatre signes simples, les chiffres sont tous de cing signes sim- 
ples et les signes de ponctuation de six signes simples. Il n’y a 
qu’une seule exception à cette règle: c’est pour l’e avec accent 
aigu qui est représenté par: 

é ..— .. Le mot aiguë donne la succession des points 

et du trait. 

L'e avec accent grave ou circonflexe se représente de la mê- 
me manière. 

Aux Etats-Unis, où l’on emploie sur quelques lignes des 
télégraphes imprimant en caractères ordinaires, on envoie 
aux destinataires la bande de papier sur laquelle se trouve la 
dépêche originale. Si l'écriture Morse était suffisamment po- 
pularisée, ce qui ne serait pas difficile au moyen des mots 
mnémoniques ci-dessus, on pourrait en faire autant pour les 
dépêches du télégraphe Morse, du moins pour celles qui se- 
raient adressées à des maisons de commerce, aux journaux, 
ete. On éviterait ainsi le travail de les copier et elles parvien- 
draient plus rapidement à leur destination. Il serait alors aussi 
plus facile d'établir de nouvelles stations, la difficulté de trou- 
ver des personnes familiarisées avec cette écriture n’existant 
plus. 


PROCÈS-VERBAL 


De la séance de la commission géodésique, nommée par la 
sociélé Helvétique des sciences naturelles. 


(Noir ci-dessus, p. 56.) 


HR QE — 


La commission s’est réunie, sur l'invitation de son président, 
à l'observatoire de Neuchâtel le 11 avril 1862 à dix heures du 
matin. 

Sont présents: M. Denzler, ingénieur de Berne, le général 
Dufour de Genève, M. Hirsch, directeur de l'observatoire de 
Neuchâtel et M. le professeur Wolf de Zurich, président de 
la Commission. 

M. Wolf explique qu’il n’a accepté la présidence de la com- 
mission que la Société Helvétique lui à offerte, que pour ache- 
miner l'affaire et pour s'en occuper dans les intervalles des 
séances; mais il désire que lorsque la Commission est réunie, 
M. le général Dufour veuille présider les séances. 

Comme les autres membres appuient cette proposition, M. 
Dufour se charge de la présidence. M. Hirsch est invité à 
fonctionner comme secrétaire. 

Ensuite de la mort d'un de ses membres, M. Elie Ritter de 
Genève, dont elle est unanime à regretter sincèrement le 
concours précieux, la Commission décide, sur la proposition 
de son président, de se compléter par cooptation, et 3. le 
professeur Plantamour, directeur de l'observatoire de Genève, est 
désigné à l'unanimité pour remplacer feu M. Ritter. 

Le président demande à M. Wolf de faire rapport sur l’état 
actuel de la question. M. Wolf le fait en rendant compte som- 
mairement des réponses faites à sa circulaire par les membres 
de la Commission ainsi que par le général Baeyer. Ce der- 
nier communique qu’au commencement de l’année les gou- 
vernements de Baden, de la Belgique, des Pays-Bas, des 
états de Thuringe, de Hanovre, du Danemark, de Norvège 
et de la Suède ont promis leur concours à l’entreprise de la 
grande mesure d’arc dans l'Europe centrale. Il rapporte que 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 9 


— 130 — 


le professeur Hansteen a proposé d'étendre la mesure au de- 
là de Christiania jusqu'à Drontheim, et que le gouvernement 
Russe, outre sa coopération dans le royaume de Pologne, 
s’est offert à faire calculer les coordonnées polaires depuis 
Memel aux iles Aaland, de sorte que tout le bassin Baltique 
serait compris dans la recherche. M. le général Baeyer, tout 
en se déclarant prêt à comparer la toise de Repsold qui a ser- 
vi à mesurer notre base, avec celle de Bessel, ne croit cepen- 
dant pas que cela soit nécessaire, puisque Bessel a comparé 
soigneusement la sienne avec celles de Gambey et de Fortin 
de la collection de Schumacher, qui ont servi de types à celle 
de Repsold. 

M. Elie Ritter, dans une lettre du 5 Janvier, sans vouloir 
encore répondre officiellement aux différentes questions de 
la circulaire de M. Wolf, a touché cependant plusieurs points 
essentiels de la question. Aïnsi M. Elie Ritter croit que la 
triangulation Suisse, quoique bien suffisante pour servir de 
base à l'excellente carte publiée par le général Dufour, n’a 
pas cependant le caractère de précision exigée par un travail 
de la nature de celui proposé par le général Baeyer. Pour le 
prouver, il cite que les tours d'horizon sont loin de se fermer 
partout; pour la Rôthifluh, l'erreur est de 35 et pour d’autres 
points elle atteint même 9” ou 10”; et M. Elie Ritter croit 
qu'avec des erreurs aussi fortes dans les triangles de premier 
ordre, même la méthode des moindres carrés ne fournirait 
qu’en apparence des résultats concordants. M. Ritter attribue 
moins d'importance aux valeurs des côtés en mètres, qu'à la 
mesure des angles, convaincu qu’il est qu’il n’y a rien de si 
peu sûr, que des comparaisons d’étalons. 

M. te 5 herd Dufour craint également dans sa réponse que 
les anciennes triangulations faites dans les différents pays 
avec des instruments et des observateurs de valeur différente, 
employées à la détermination délicate proposée par M. Baeyer, 
ne soient pas à l’abri de toute incertitude; et il préférerait 
qu’on fasse tout à nouveau pour cette opération géodésique, 
dont il reconnait la convenance. Quant aux grands polygones, 
dont quelques hauts sommets alpestres fourniraient les cen- 
tres, il craint les difficultés pratiques. Quoiqu'il ait pleine 


— 131 — 


confiance dans la comparaison des toises et perches employées 
pour la mesure de la base, il désire cependant qu'on compare 
encore notre toise de Repsold à celle de Bessel, pour pouvoir 
tout rapporter à la même unité. Le général désire qu’on relie 
tous les observatoires télégraphiquement et se prononce aussi 
pour la détermination de la longueur du pendule dans nos 
observatoires. Enfin il estime à 60,000 fr. les frais de l’entre- 
prise en tant qu’elle regarde la Suisse. 

M. l'ingénieur Denzler juge notre triangulation suffisante 
quant à la disposition des triangles et quant à la qualité des 
observations pour servir à relier nos observatoires entre eux et 
avec ceux des pays voisins; seulement du côté de Milan il dé- 
sire un système plus direct, en partant de la ligne Rigi-Napf 
par la Grimsel ou le Gotthard. En raison de la méthode 
d'observations, simple multiplication des angles, et de la 
faible puissance optique des instruments employés, il n'attend 
pas beaucoup d'un nouveau calcul par la méthode des moin- 
dres carrés. Quant aux nouveaux travaux à exécuter, il fau- 
drait relier définitivement les observatoires au réseau, con- 
trôler les azimuths d’un point central, rattacher enfin nos 
triangles à ceux des pays voisins, où cela n'est pas encore 
fait. Vu la faible dimension de notre réseau, il pense qu'on 
peut se passer d’une nouvelle comparaison de notre toise de 
Repsold avec celle de Bessel. Il désire qu'on détermine les 
longitudes par les azimuths et par la voie télégraphique par- 
tout où cela est possible. La détermination de la longueur du 
pendule simple ainsi que des hauteurs polaires devrait se faire 
non seulement à tous les observatoires, mais aussi sur cer- 
tains points dans les montagnes. Il donne enfin un devis dé- 
taillé des frais, qui s 'élèvent : à 24,000 fr. et qu'il voudrait ré- 
partir sur 4 ans. 

M. le D' Hirsch enfin à répondu aux questions de la circu- 
laire, qu'avant de se permettre une opinion définitive sur la 
valeur de notre triangulation pour la grande entreprise géo- 
désique, il serait désirable de soumettre les triangles de pre 
mier ordre à un nouveau calcul par la méthode des moindres 
carrés et avec l'hypothèse sphéroïdale. Il désire beaucoup 
qu'on relie directement nos observatoires avec ceux de l’autre 


—… 192 — 


côté des Alpes par de grands polygones autour de quelques 
hauts sommets des Alpes, convenablement choisis, mais il 
faudrait pour cela un instrument spécial, muni d'une forte 
lunette. Il voudrait aussi qu'on comparât de nouveau la toise 
de Repsold à celle de Bessel. La détermination télégraphique 
des différences de longitude entre nos observatoires et ceux 
des pays voisins lui paraît désirable sous tous les points de 
vue et il annonce qu'il est déjà occupé à les exécuter. Enfin 
il est partisan de la détermination de la longueur du pendule 
simple dans nos observatoires et il désire qu’on se procure à 
cet effet le plus tôt possible un appareil de Repsold. 

Après avoir entendu ainsi les opinions des différents mem- 
‘bres sur les questions posées dans la circulaire de M. Wolf, 
la Commission se prononce d'abord à l'unanimité pour la conve- 
nance qu'il y aurait à ce que la Suisse s'associe à l’entreprise 
internationale, proposée par le général Baeyer, comme étant d'un 
grand intérêt pour la science. Elle décide ensuite de suivre 
aussi dans la discussion verbale l’ordre des questions établi 
dans la circulaire de M. Wolf. 

La discussion s'engage donc d’abord sur la question de sa- 
voir, si notre triangulation peut servir telle quelle au grand 
travail géodésique international. M. le Président n’est pas de 
cet avis, » car notre triangulation, dit-il, plus que suffisante 
» pour le but que nous nous proposons, ne serait peut-être pas 
» dans son ensemble à la hauteur de ce que la science peut 
» maintenant exiger. On à trouvé de légères différences sur 
« quelques côtés qui feraient craindre qu’en se servant d’an- 
» ciennes observations on n'arrivât pas à quelque chose de 
» complètement satisfaisant; la porte restera toujours ouverte 
» à la critique et au doute. 

» Tout est à faire à nouveau pour une pareille opération, 
» dont je suis loin de contester la convenance, mais qui exige 
» de grands moyens. » 

M. Wolf ne peut pas partager cette opinion défavorable sur 
la valeur scientifique de la triangulation Suisse,exécutée en gé- 
néral par des observateurs habiles et avec de bons instruments; 
l'accord satisfaisant qu'on a obtenu sur plusieurs côtés, com- 
muns aux réseaux étrangers, lui paraît plutôt prouver qu'on 


— 133 — 


pourrait sans danger la faire concourrir avec les travaux des 
autres pays à l’œuvre commune, dont il s’agit. 

M. Hirsch croit qu'on ne saurait rien établir de bien précis 
sur la valeur relative et absolue de la triangulation Suisse, 
avant de l'avoir soumise, au moins les triangles de premier 
ordre, à un nouveau caleul par la méthode des moindres car- 
rés, d'autant plus nécessaire, que le réseau est le résultat du 
concours d’un grand nombre d’observateurs et d'instruments 
de valeurs différentes. Un tel calcul fera ressortir les points 
faibles du réseau et indiquera ainsi où il faudrait le repren- 
dre ou le complèter, en même temps qu’on obtiendra par les 
erreurs qu’il montrera, et qu'on comparera à celles des réseaux 
étrangers, une donnée exacte sur la valeur relative de notre 
triangulation. 

M. Denzler voudrait aussi qu'on calculât les triangles de 
premier ordre avec l'hypothèse sphéroïdale, mais par contre 
il se promet peu de succès de l'emploi de la méthode des 
moindres carrés, parce qu'on ne peut plus déterminer les poids 
des différentes mesures et que dans les observations on à sim- 
plement multiplié les angles. En général il croit notre réseau 
suffisamment bon, mais il insiste sur la valeur différente de 
ses parties; toute la partie occidentale et centrale lui paraît 
laisser peu à désirer, tandis que du côté sud-est on a dû opé- 
rer dans des conditions défavorables, de sorte que l’accorde- 
ment avec Milan par les triangles des Grisons n'’offrirait pas 
assez de sûreté et d’exactitude. Pour cette raison il propose 
de relier Berne avec Milan par un nouveau réseau central, 
qui partirait du côté Napf-Rigi et passerait par le Titlis, Six 
Madun sur Basodine, ou bien qui, si le signal de Napf, com- 
me cela parait presque probable, n’est plus à la même place, 
pourrait partir de la ligne Lagern Rôthifluh ou de Rôthifluh- 
Chasseral, en passant alors par le Gurten et le Niesen. 

M. Dufour accepte cette idée d’un nouveau réseau central, 
pour lequel on pourrait utiliser les travaux exécutés avec 
beaucoup de soin dans le canton de Berne par M. Denzler. 

Après une longue discussion de détails a Commission tombe 
d'accord pour proposer d'abord de reprendre le calcul des trian- 
gles de premier ordre et ensuite pour nous relier avec la Lombar- 
die par un nouveau réseau central de grands triangles. 


— 134 — 


M. Denzler est prié d'élaborer le canevas de cette nouvelle 
triangulation. ({) | 

Sur la question, soulevée par M. Hirsch, si le réseau Suisse 
est relié d’une manière suffisante à tous les réseaux voisins, 
M. Denzler dit que la communication est encore à faire entre la 
Rôtifluh et le Feldberg (dans la Forêt noire), cette montagne 
n'étant reliée jusqu'à présent qu'avec la ligne Lägern-Hôrnli 
par le Randen; qu’il faudrait chercher un point pour nous re- 
lier avec Munich, enfin qu’un nouveau aecordement est à faire 
avec le Tyrol, si, comme M. Hirsch croit le savoir, la trian- 
gulation dans ce pays à été reprise d’une manière plus satis- 
faisante que par ie passé. 

La commission désire que la Suisse promette à M. le général 
Baeyer sa coopération à de nouveaux accordements de ses trian- 
gles limitrophes avec les réseaux de ses voisins, partout où cela 
sera jugé nécessaire. 

Monsieur le Président revient encore sur les doutes qui exis- 
tent dans son esprit au sujet de la possibilité d'employer nos 
triangles à la mesure d’are, doutes qu'il ne croit pas entière- 
ment levés par le réseau central que la Commission vient de 
décider. En même temps il ne voit pas l'avantage de la mé- 
thode du général Baeyer et entrevoit les difficultés pratiques 
pour la détermination des coordonnées polaires, telle que le 
général Baeyer l’a proposée. 

M. Hirsch donne quelques explications sur l'emploi des 
coordonnées polaires géodésiques et sur la méthode de calcul 
employée par Bessel et Gauss. 

M. Wolf appuie la proposition faite dans la lettre de M. Denz- 
ler, de déterminer directement une série d’azimuths d’un cer- 
tain nombre de points à partir d’une station centrale. 


(*) M. Denzler a envoyé au secrétaire, avant la clôture du procès-verbal, 
le canevas que la Commission lui avait demandé et qui est tracé sur une 
petite carte que nous joignons au procès-verbal. M. Denzler ne sait pas en- 
core si les sommets de Campo-Tenera et de Basodine sont facilement ac- 
cessibles. L’ascension du Dussistock a été faite, mais avec difficulté, par 
M. Escher de la Linth ; il offre peu de place pour un signal. En tout cas, le 
passage des Alpes peut s’obtenir par le Titlis et le Hangendhorn, qui sont 
tous les deux facilement accessibles. 


— 135 — 


M. Denzler développe cette idée et propose de choisir la 
Rôthifluh comme point central, duquel on peut viser directe- 
ment Berne et Neuchâtel, en même temps qu’on y découvre 
des points situés dans les méridiens de Genève et Zurich, 
peut-être aussi de Bâle, Milan et Turin. 

M. Hirsch fait remarquer que les théodolites ordinaires ne 
seraient plus propres à des observations de ce genre, dont il 
reconnait d’ailleurs toute l'utilité. Vu les grandes distances 
auxquelles on voudra viser directement, il faudrait employer 
un instrument, muni d'une lunette plus puissante que ne le 
sont ordinairement celles des théodolites. D'ailleurs comme il 
est possible que l’on veuille dans l'intérêt de la chose faire des 
observations astronomiques à certaines stations, il propose 
d'employer un instrument universel de la construction d'Ertel, 
p. e. le n° 25 de son catalogue, qui avec des cercles de 14 et 
de 10 pouces possède une lunette de 21 lignes d'ouverture et 
de 18 pouces de foyer. (coûtant 3600 fr.). 

M. Wolf appuie cette proposition et voudrait qu'un instru- 
ment de ce genre, après avoir servi à l’entreprise, soit alors 
acquis pour l’école polytechnique. 

La Coinmission se déclare à l'unanimité pour la mesure directe 
des azimuths des observatoires et autres points importants à par- 
tir d’une station centrale (Rüthifluh) et elle désire qu’à cet effet 
on fasse l'acquisition d'un instrument approprié et suffisamment 
puissant. 

La discussion s'engage sur l'opportunité de comparer de 
nouveau les étalons qui ont servi à la mesure de la base Suisse 
avec la toise de Bessel. 

M. le président insiste sur la nécessité, pour le cas où l’on 
voudrait utiliser les triangulations des différents pays d’après 
le plan du général Baeyer, de réduire aussi exactement que 
possible toutes les mesures employées à la même unité de lon- 
gueur. Il aimerait donc qu’on pût de nouveau comparer notre 
toise à celle de Bessel, ce qui ne serait pas superflu, malgré 
tous les soins apportés jadis à la mesure de la base. 

À cette occasion il remarque qu’on a oublié de tenir compte 
dans le calcul de la base d’une petite correction, provenant 
de l'emploi des coins que l’on a interposés entre les perches. 


— 136 — 


En mesurant la hauteur jusqu’à laquelle les coins s’enfon- 
çaient entre la surface plane et la surface convexe des deux 
perches attenantes, on a fait la supposition que les coins tou- 
chaient les surfaces courbes dans l’axe des perches, tandis 
qu’en réalité ils y étaient tangentes à des angles variables, 
dont les sinus versus expriment justement la correction né- 
gligée. 

M. Wolf craint que les étalons et perches employés dans 
le temps, ne soient plus en assez bon état, qu’on puisse espé- 
rer d'une nouvelle comparaison des résultats quelque peu sûrs ; 
au moins les copies de la toise de Repsold, faites dans le temps 
par Œri et qui se trouvent maintenant à l’école polytechnique 
fédérale, sont-elles dans un état déplorable. Quant à la toise 
de Repsold elle-même, il ne sait pas où elle se trouve. 

M. Denzler s’est informé à Berne de cette toise et il a appris 
qu’elle a été envoyée également à l’école polytechnique de Zu- 
rich. 

M. Hirsch croit qu'il faudrait avant tout comparer la toise 
de Repsold et ses deux copies d'Œri avec les tubes en fer qui 
ont servi à la mesure de la base, chose d'autant plus facile à 
faire, qu’il croit savoir que le gouvernement fédéral a l’inten- 
tion de faire l'acquisition dans l'intérêt de la réforme des poids 
et mesures, d’un comparateur exact. Si l'on arrive par cette 
comparaison à se convaincre, que ces différents étalons n’ont 
pas changé sensiblement depuis 1834, alors seulement il croit 
qu’il y aura utilité à les comparer de nouveau avec l’étalon de 
Berlin ({). Quant à la correction négligée dont le général Du- 
four a fait mention, il désire que M. Wolf, qui a participé à 
la mesure de la base, la calcule avec les données fournies par 
les « Ergebnisse » et qu’on en tienne compte, si elle est trou- 
vée de même ordre que celles qu’on a appliquées (?). 


(*) Plusieurs membres de la Commission se trouvant à Berne quelques 
jours après la séance, ont pris des informations ultérieures et ont trouvé la 
toise dans l'arsenal fédéral, mais tellement rongée par la rouille, qu’ils pen- 
sent qu’il faudra renoncer à la comparer de nouveau. 


@) M. Wolf a bien voulu orienter immédiatement le calcul de cette cor- 
rection. [1 annonce qu’en se fondant sur les données des « Ergebnisse » et 
sur une recherche faite directement sur les perches employées dans la me- 


= M — 


La Commission se range à cet avis. 

Quant aux latitudes des observatoires suisses, la Commis- 
sion envisage celle de Genève comme suffisamment connue, 
toutefois sur la demande de M. Denzler elle exprime le désir 
qu'on détermine de nouveau la position relative de l'observatoire 
et de la tour (St-Pierre) qui figure dans le réseau des triangles. 
On décide également de relier au réseau les nouveaux observatoi- 
res de Zurich et de Neuchâtel: pour ce dernier, M. Denzler a 
déjà exécuté quelques mesures qu'il se propose de compléter 
sous peu. 

La Cominission est encore d'avis qu'il serait utile d'entrepren- 
dre à l'observatoire de Berne une nouvelle série d'observations 
pour contrôler encore une fois la latitude de ce point cardinal. 

Les déterminations télégraphiques des différences de longi- 
tude entre les observatoires de la Suisse et des pays voisins, 
sont envisagées comme très-utiles par la Commission. M. Hirsch 
annonce que celle entre Genève et Neuchâtel est terminée et 
que le résultat sera publié sous peu. Celle entre Berne et Neu- 
châtel est en voie d'exécution et M. Hirsch se propose d’entre- 
prendre ces déterminations avec les autres observatoires dont 
les directeurs voudront bien s’y prêter et à la condition qu'il 
trouve l'appui des administrations télégraphiques. 

La Commission étant unanime à voir dans ces déterminations 
des contrôles précieux pour les résultats tirés des azimuts, désire 
qu’elles se fassent avec les observatoires de Munich, de Mannheim, 
de Turin, de Milan et si cela se peut avec Paris ou Greervich. 

La Commission accepte enfin la dernière proposition, faite 
dans la circulaire de M. Wolf, de déterminer la longueur du 
pendule à seconde dans tous les observatoires, et elle recommande 
l'achat d'un appareil devant servir à ces recherches. 

Après avoir épuisé ainsi les différents points du programme, 
M. Denzler appelle l'attention de la Commission sur la ques- 


sure de la base, il trouve la correction signalée par le général Dufour —0,"045. 
Par conséquent , il croit qu'on pourrait en faire abstraction, si même elle 
avait été négligée dans le calcul de la base. Mais M. Wolf croit que, d’après 
pag. 54 des « Ergebnisse » l’erreur en question a été presque totalement éli- 
minée par la manière dont on a déterminé les valeurs des lectures faites 
sur les coins. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. Vi. 10 


— 138 — 


tion de l'influence des montagnes sur la direction de la verti- 
cale. Non seulement il croit cette influence très-réelle, mais 
d’après des calculs préliminaires il est porté à la supposer 
beaucoup plus forte qu'on ne le croit ordinairement, puisque 
ces calculs lui ont démontré par exemple pour la différence de 
latitude de Berne et de Milan une influence qui monterait à 
24". Il voudrait qu'on déterminât astronomiquement en vue 
de cette recherche les latitudes d’un certain nombre de points, 
faisant partie en même temps du réseau trigonométrique et 
disposés le long des deux chaines de montagnes du Jura et 
des Alpes et sur une ligne transversale. Au nord des Alpes il 
propose de choisir pour ces stations Villeneuve, Lucerne, 
Wimmis, Lachen; au sud Milan et Turin suffiraient; le long 
du Jura il conviendrait de choisir Bâle, Olten, Neuchâtel, les 
deux premiers de ces endroits formant avec Lucerne la ligne 
transversale. 

M. Hirsch en rappelant les résultats nombreux et en partie 
contradictoires, qu’on à obtenus à ce sujet depuis la première 
recherche de ce genre par Zach jusqu’à celui d’Airy, tiré de 
la mesure d’'are dans les Indes orientales, hésite à accepter la 
valeur considérable que M. Denzler assigne à cette perturba- 
tion des montagnes, mais il convient que la question n'étant 
point encore décidée d’une manière définitive, est d’une gran- 
de importance pour toute la théorie de la figure de la terre et 
en particulier pour l’entreprise qui nous occupe. Il appuie 
done complètement la proposition de M. Denzler, et croit que 
l'instrument universel qu'on a décidé d'acquérir pour la me- 
sure d’azimuths pourra en même temps servir à ces détermi- 
nations de hauteurs polaires; il ne doute pas que les trois as- 
tronomes de la Commission ne veuillent coopérer à ce travail. 

Les autres membres s'étant prononcés dans le même sens, tout 
en réservant de revenir sur les détails de cette recherche, décident 
que la question de l'influence des montagnes sur la verticale doit 
être mise à l'étude. 

La Commission s'occupe en dernier lieu du devis approxi- 
matif des frais, nécessités par les différents travaux d’obser- 
vation et de calcul qu’elle à proposés. Après une discussion 
détaillée e/?e croit pouvoir s'arrêter au devis suivant, auquel elle 


— 139 — 


n'attribue cependant qu'un caractère approximatif et provisoire: 
1° Pour instruments divers: instrument universel, appareil de 


pendule ete. 


fr. 8,000 
2 Travaux de calcul et d expériences Let » 6.000 
3 Nouvelles triangulations et autres observations » 12,000 
4 Frais généraux et imprévus . . . . . . » 6,000 


Somme fr. 32,000 


En demandant cette somme aux autorités fédérales elle 
croit qu’il conviendrait de la répartir sur quatre ans de la ma- 
nière suivante, (sous la réserve que la partie du crédit annuel 
qui ne serait pas dépensée dans le courant de l'année, serait 
reportée sur l’année suivante). 


fr. 12,000 
» 8,000 
» 6,000 
» 6,000 

32,000 


La Commission charge M. Hirsch de faire le procès-verbal 
de la séance et de le faire circuler parmi les membres pour 
qu'ils le signent après l’avoir rectifié au besoin. 

Enfin on prie M. Wolf de faire parvenir le procès-verbal de 
la séance aux autorités fédérales. 


La Commission géodésique, 

(Signé): Général Durour. 
DEXZLER, ingénieur. 
R. Wozr, professeur. 
D: Ad. Hirscx. 


SENTIR ere — 


NOTICE 


SUR LA TAILLE DES RECRUES 


DANS LE CANTON DE NEUCHATEL. 
Communiaquée par Le D' GUILLAUME. 


(Voir les Bulletins , page 23.) 


-RIEEE — 


La croyance généralement répandue que jadis Les hommes 
avaient une taille plus élevée et que nos ancêtres étaient plus 
forts et plus robustes que de nos jours, m'a engagé à faire quel- 
ques recherches statistiques sur la hauteur moyenne de la 
taille des recrues neuchâteloises et suisses qui se présentent 
annuellement devant les conseils de réforme des six districts 
du pays. 

Les trois zones bien distinctes du canton, celle du Vignoble, 
représentée par les districts de Neuchâtel et de Boudry; la 
région agricole, le Val-de-Ruz et le Val-de-Travers, et enfin 
la troisième représentée par les hautes vallées industrielles de 
nos montagnes, sont bien de nature à montrer les influences 
du climat, des occupations et des aliments sur la croissance 
du corps. 

Jusqu'à présent je n’ai pu mesurer que les hommes d'un dis- 
trict, celui du Locle, de sorte que je n’ai que ces données pour 
calculer la hauteur moyenne de la taille. Les conseils de l’an- 
née prochaine recevront l’ordre de mesurer indistinctement 
tous les hommes qui se présenteront, et je ferai des rubriques 
de manière à avoir des données sur les différents types et de 
races qui forment actuellement le peuple neuchâtelois. Jus- 
qu'ici on s’est borné à mesurer ceux qui à simple vue n'avaient 
pas la taille de 5 pieds 2 pouces exigée par le règlement fédé- 
ral pour, l'infanterie. Tous les hommes qui n'avaient pas at- 
teint cette hauteur étaient la plupart exemptés temporaire- 
ment et revenaient l’année suivante au conseil de réforme 
qui constatait si leur taille s'était accrue, 


— 14 — 


J'ai donc parcouru les procès verbaux des conseils de ré- 
forme de 1854 à 1861 et j'ai noté tous les hommes qui à l'âge 
de 20 ans venaient se présenter comme recrues et qui rece- 
vaient des exemptions pour défaut de taille. Dans le tableau 
que j'ai dressé, j'ai mis en regard le nombre total des re- 
crues, celui de ceux trouvés aptes à faire le service militaire 
c.-à-d. ayant la taille exigée, et enfin le chiffre total de la po- 
pulation mâle neuchâteloise et suisse. 

De cette manière on peut obtenir une moyenne annuelle 
assez exacte de la quantité d’hommes qui à l’époque actuelle 
sont exempts du service militaire pour défaut-de taille, et cette 
moyenne servira de base de comparaison pour des observa- 
tions futures. 

En examinant le tableau général (tab. A) (') on remarque que 
pour une population mâle moyenne de 35,675 neuchâtelois et 
suisses il se présente en moyenne 625 recrues c.-à-d. le 1,75 9, 
de la population dont 441, sont déclarés aptes e.-à-d. le 70,56 9/, 
du chiffre total des recrues et le 1, 23 °/, de la population mâle. 

Des 184 exemptions 39 sont motivées par le défaut de taille, 
Ainsi les hommes qui n’atteignent pas la hauteur de 52” for- 
ment le 6,25°/, du chiffre total des recrues ou le 0,11°/, de la 
population mâle indigène (suisse et neuchâteloise). 

Il est à remarquer que le chiffre de la population est celui 
de l’année où les recrues se présentent c.-à-d. d’une époque 
où la population est beaucoup plus nombreuse que lors de 
leur naissance, soit 20 ans auparavant. Pendant la période ac- 
tuelle la population mâle suisse et neuchâteloise c.-à-d. celle 
qui est appelée à faire du service militaire, a augmenté chaque 
année en moyenne de 555 âmes. Cette augmentation a eu 
lieu chaque année sans interruption et cela dans une mesure 
plus ou moins grande. Le nombre des recrues a aussi augmenté 
mais pas cependant d’une manière aussi constante. Ainsi lors- 
que l'augmentation de la population mâle indigène est à son 
minimum, le nombre des recrues est moins grand que les an- 
nées précédentes, comme on peut s'en assurer en examinant 
le tableau A. — L'augmentation annuelle des recrues peut 
être évaluée en moyenne à 29, c.-à-d. au 5,23 °/, de l’augmen- 
tation annuelle de la population mâle indigène (555). 

(*) Voir pag. 145. 


PUR de Me 


Voyons maintenant comment l'augmentation de la popula- 
tion mâle indigène et celle des recrues se produisent dans les 
trois zones que nous avons admises. 

En comparant les chiffres du tableau B (!) on verra sur-le- 
champ que laugmentation de la-population (?) a eu lieu dans 
tous les districts d’une manière permanente et presque sans 
interruption. L'augmentation annuelle est en moyenne: 


Pour le Vignoble de... 5644 es 
» les districts agricoles de . . . . 254 
» » industriels de . . .. 208 


Dans les montagnes l'augmentation est la plus faible mais 
elle n’est pas interrompue comme dans les deux autres zones 
où on constate une diminution momentanée. 

L'augmentation annuelle des recrues est peu considérable 
et ne se produit d'une manière sensible que lorsqu'on a une 
plus grande série d'années qui permet de constater une aug- 
mentation moyenne annuelle plus nette et plus certaine. 

Cependant on peut admettre: 


Pour le Vignoble une moyenne annuelle de 14 
» les districts agricoles » 10-12 
» » industriels » 23-24 


Ainsi l'augmentation des recrues est proportionnellement 
plus grande aux montagnes que dans les autres zones, quoi- 
que ce soit précisément aux montagnes que l'augmentation de 
la population mâle suisse et neuchâteloise soit la plus faible. 
Circonstance qui est très-probablement accidentelle et qui 
provient de l’émigration des célibataires mâles dans les autres 
districts ou à l'étranger, émigration provoquée par la crise in- 
dustrielle. 

Quant aux recrues exemptées pour défaut de taille qui comme 
nous avons vu représentent en moyenne le 6,25°/, des recrues, 
ils serépartissent comme suit dans les différentes parties du pays. 

Dans le Vignoble la moyenne des hommes trop courts e.-à- 
d. qui à l’âge ‘de 20 ans n’atteignent 13e la taille règlementaire 


de 52” est ‘de RE 58 EME 
dans les districts deb Fr e de.,-.2.5 44 M0 
» montagnes elle estide, , Rte 


(*) Voir pag. 145. 
(2) En parlant de population il ne sera toujours question que de la popu- 
lation mâle indigène neuchâteloise et suisse. 


— 143 — 


Dans le Vignoble elle forme le . 5,40 °/, des recrues. 
» les districts agricoles » . 5,650, 
» » industriels » . 6,80 0}, , 


Relativement à la population mâle indigène (neuch. et suisse) 
le défaut de taille forme: 


Pass ls zone un pasle 7... .*. .: OUI CE 
» ; MA CenErE 165 7 . 4. :. 2 ONE 
» » des montagnes le . . . . 0,149}, 


Le nombre des exemptions pour défaut de taille est en 
moyenne de 39. Les autres cas d’exemption se répartissent 
sur 145 individus, de sorte que le défaut de taille forme le 
1/, des cas d'exemptions. 

D’après des données exactes que j'ai recueillies et qui com- 
prennent tous les hommes nés depuis 1823 à 1837, le défaut 
de taille n’est pas le cas de réforme le plus fréquent. Ce sont 
les difformités et les lésions traumatiques des extrémités qui 
nécessitent le plus d’exemptions. Elles sont représentées par 
389 cas sur 4454 individus nés dans l'espace de temps indiqué. 

Dans le Vignoble (Neuch. et Boudry) le nombre des hernies 
vient encore avant le défaut de taille comme l'indique le ta- 
bleau suivant: 


Difformité des membres . Ne x 
Hernies . og + © CN OL MEN 
Défaut de taille DU NU DUR D + De 


Dans Ze Val-de-Ruz et le Val-de- Travers la proportion est la 
suivante : 


Difformités et lésions des membres . . 107\ 

RS de tulle 52 45 5 ie Vin : à RE 

Faiblesse de poitrine . . . . . . . 601324 indiv. 
Pieds plats Éa LE REPRT EN ER 7 | 

PRES 2, EE MR De 46 

Dans les districts des Es elle est Re suit: 
Difformités et lésions des membres . . 226 

Défaut de taille ETS RNCS ne LES 
ie tn en nr «TEA PHELRENS 
Hernies . . VASTE AE FORURE PEER 


D’après ces ahlegi on voit que le manque de taille est 
après les lésions diverses des extrémités le motif qui exempte 


CE RS 
le plus d'hommes du service militaire, surtout dans les zones 
des montagnes et des districts agricoles, tandis que dans le 
Vignoble les cas d’hernies l'emportent sur ceux de défaut de 
taille. 

En examinant le tableau B on voit que dans la plupart des 
cas lorsque le nombre des cas d’exemptions pour défaut de 
taille est grand, le nombre des exemptions pour autres motifs 
l'est proportionnellement aussi et vice-versa, et cette influence 
se fait sentir dans tous les districts. 

Quant à la profession des individus trop courts pour le ser- 
vice militaire nous avons des données sur 230. Les horlogers 
et graveurs sont représentés dans ce nombre par 134. Cela 
n’est pas surprenant parce qu'ils forment en général le chif- 
fre le plus élevé de la population. Ensuite viennent les labou- 
reurs domestiques, manœuvres et journaliers représentés par 
64; les trois dernières conditions forment les plus gros chiffres 
(33) tandis que le laboureur figure par 28, le vigneron par 3. 

Les métiers exigeant une force corporelle assez énergique. 
comme la profession de charpentier, de forgeron, menuisier, 
tourneur, ete, forment un chiffre total de 13. 

Les DST sont au nombre de 11. 

Les tailleurs, cordonniers, M à tapissiers etc., sont au 
nombre de 8. 

Le conseil de réforme pour le distr ict du Locle a examiné 
361 individus nés de 1820 à 1841. Ils ont tous été mesurés. 

La taille moyenne est de 5 pieds 5 pouces. Ceux des Brenets 
et de la Brévine dépassent cette moyenne, tandis que ceux 
du Cerneux-Péquignot n’ont que 5 pieds 4 pouces en moyenne. 

Quatre seulement atteignent les 6 pieds, 2 les dépassent 
même (un bûcheron et un charpentier). Les deux autres sont 
l’un pharmacien, l’autre paysan. 

Cinq ont une taille au dessus de 5 pieds: 4 horlogers et un 
paysan: le plus petit n’a que 4 pieds et quelques lignes. 

Les recrues de 1841 au nombre de 128 ontune taille moyenne 
de 5 pieds 3 pouces. Deux d’entre eux sont de ceux qui attei- 
onent 6 pieds, mais aussi l’un deux est de 4 pieds. 


Tableau A. 


| | 
Nombre des re-| Population mà- 
Recrues | Nombre des | | Recrues n'ayant P see 
| crues déclarées | le neuchäteloise 


“de 2ù ans nés. | Recrues dans le |pas la taille de 


‘aptes au service et suisse le 


v | he | militaire | is | 1854-1859 
LE LE CR RUSONRENUE Nb Res Ass 
ROBE —Hi4—|498-—}02p xx 34323 
10e | l'éieigel. 423 Ar 41 |odtest 
1836 ete 431 “t 36 35536 
1837 GHGARS |. 197, ACT 54 36059 
1838 NTI) 494 nt 94 36179 
_ 1839 633 | 431 br 42 31098 

1840 640 br). ‘437: 1! 44 
1841 643 | 449 34 
Moyenne | 623 di | 39 35675 * 


" Augmentation moyenne pendant 6 ans de la population mâle suisse et 
neuchâteloise = 555. 


Tableau B. 
I. VIGNOBLE (Neuchâtel et Boudry). 


{ | 
Population ue, 
P = Bab | Recrues aptes 
le neuchâteloise! Nombre de  ! 


Recrues n'ayant 


| au service 
et suisse de recrues | 


1854-1861 


militaire 


| pas 51121 


| 


| 
1834 10442 | 13 i 4 
1835 | 10406 :| 132 | 96 8 
1836 | 10532 | 144 | 106 7 
1837 | 10735 | 146 | 120 ii 
1838 :| ‘10898 7:| : 197 (|: 105 7 
1694 EME 166 MIE TAIT ii 
1840 ("48074 100 12 
1841 419 0" 492 8 
| 
Moyenne 10714 148 109 8 
BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. VI. 11 


(Suite du tableau B.) 


IL. DISTRICTS AGRICOLES (Val-de-Ruzet Val-de-Travers). 


Population mâle L 
: Nombre des Recrues n'ayant 
suisse et Recrues aptes 
: ; recrues : pas 51211 
neuchâteloise 


SCT ASIE POP ENTER" 


9790 164 123 9 
9992 169 | 112 9 
10269 176 94 G 
10577 166 | 126 13 
10421 196 | 135 15 
10660 | 187: rebe e 14 
180 132 11 

175 106 8 

10286 | 177 121 10 

| 


II. DISTRICT INDUSTRIEL (Locle et Chaux-de-Fonds). 


Population mâle | . < 
Nombre des Recrues n'ayant 
suisse el Recrues aptes . 
recrues pas 5121! 
neuchäteloise 


14091 2179 198 3 a 
14459 309 215 24 . 
14735 317 231 23 
14747 329 249 30 
14850 244 184 12 


| 205 : 21 
289 211 18 


208 RE 


| 

| 

RE D 
15145 280 173 17 
14671 


DE L'OROGRAPHIE DES ALPES 
DANS SES RAPPORTS AVEC LA GÉOLOGIE. 
(Avec une carte des Alpes). 


M Lo D 
Dar OU D) 


Les Alpes ont été, dans ces derniers temps, l’objet de tra- 
vaux si considérables, tant de la part des Etats dont elles res- 
sortent que des particuliers, qu’il vaut bien la peine de s’y ar- 
rêter de temps en temps, pour se rendre compte des résultats 
obtenus et des progrès réalisés. 

Ces résultats et ces progrès peuvent se coordonner sous 
deux chefs principaux, l’un orographique, l’autre géologique. 
Dans chacun de ces domaines, nous avons vu l'expérience 
corroborer et confirmer, d’année en année, les vues énoncées 
par les fondateurs de la géologie alpine moderne, MM. Studer 
et Escher. 

Au point de vue orographique, on peut envisager comme un 
fait aujourd’hui acquis à la science, que les Alpes, au lieu de 
former une chaîne centrale, flanquée de chaînes secondaires 
parallèles, sont au contraire composées d’une série de groupes 
ou massifs d’une étendue limitée, ayant chacun un noyau cris- 
tallin de forme en général ellipsoïde, qui peut être envisagé 
comme le centre du massif. Ces ellipsoïdes sont tantôt paral- 
lèles, tantôt disposés comme les cases d’un échiquier. 

Au point de vue géologique, il devient tous les jours plus 
évident que les roches des Alpes n’ont rien d’exceptionnel, 
mais qu'elles sont formées des mêmes terrains que les autres 


M 


chaînes de montagnes, quoiqu'affectant souvent un aspect 
tout particulier. Les étages divers des formations crétacée, 
jurassique et triasique ne sont plus des phénomènes propres 
aux montagnes de la Suisse. On les a retrouvés dans toute 
l'étendue des Alpes et bientôt il ne restera plus un seul lam- 
beau de terrain stratifié qui ne soit susceptible de détermina- 
tion. 


PARTIE OROGRAPHIQUE. 


M. Studer, dans sa «Géologie de la Suisse», distingue dix- 
neuf massifs dans la partie occidentale de la chaîne alpine, 
depuis les Alpes Liguriennes à l'O. jusqu’à l’Adige. Ce nombre 
doit nécessairement être beaucoup plus considérable, du mo- 
ment qu'on étend cette classification à toute la chaîne, com- 
me nous allons essayer de le faire dans le présent travail. Nous 
croyons pouvoir distinguer dès à-présent trente-cinq massifs 
distincts; il est probable que le nombre en sera augmenté, 
quand on aura complété l'étude des Alpes orientales. 

Ii suffit d’un coup-d’œil jeté sur la carte qui accompagne 
cette notice, pour voir que l'allure des massifs cristallins 
n’est rien moins qu'uniforme. Aux extrémités de la chaîne, 
ils sont bien circonscrits et entourés de tous côtés de terrains 
sédimentaires, qui les isolent complètement des massifs adja- 
cents, en sorte que chaque groupe représente une unité oro- 
graphique. C’est le cas des Alpes occidentales, du massif de 
lOisans, des Alpes Maritimes, et à l’autre extrémité de la 
chaîne, du Sæœmmering, du Bacherwald, etc. 

Il en est tout autrement au centre de la chaîne, où l’on 
doit supposer que l’action soulevante à agi avec le plus d'in- 
tensité. Les massifs y sont beaucoup plus nombreux et telle- 
ment resserrés, que les zones ou maîts intermédiaires sont 
souvent réduites à des bandes très-étroites: quelquefois même 
elles sont complètement effacées, par suite des métamorphoses 
et des bouleversements que le sol à subis. Il en résulte que 
les massifs sont moins bien limités qu'aux extrémités, ensorte 
qu'il n’est pas toujours facile de dire où l’un des massifs com- 
mence et où l’autre finit. La roche cristalline dans ce cas, oc- 


NUE :. INR 


cupe une étendue beaucoup plus considérable que le revête- 
ment extérieur, au rebours de ce qui s’observe aux extrémités. 
Les zones intermédiaires, lorsqu'elles existent, ne correspon- 
dent plus à des dépressions, mais n’apparaissent que comme 
des intercallations schisteuses, dans lesquelles on chercherait 
vainement la disposition synclinale qui caractérise les maîts. 
Leurs strates sont d'ordinaire uniformément verticaux, voire 
même renversés. | 

Cette disposition est évidemment la conséquence de la pres- 
sion latérale exercée par les noyaux cristallins. Ces noyaux, 
après avoir fait irruption à travers les roches stratifiées, ont dû 
se dilater comme des gerbes et refouler et renverser de 
chaque côté les roches encaissantes, C’est ainsi que s’est for- 
mée la structure en éventail si caractéristique des grands 
massifs au centre des Alpes. Ces renversements sont d'autant 
plus considérables que les noyaux cristallins sont plus puis- 
sants; c'est pourquoi ils n’existent guère que dans les plus 
hautes montagnes. Il est naturel dès-lors que les couches 
soient à leur maximum de perturbation dans le voisinage des 
éventails. 

Quelquefois aussi des lambeaux de la zone intermédiaire 
ont été portés à de très-sgrandes hauteurs, formant comme 
d'immenses arêtes ou des pics gigantesques qui rivalisent avec 
les points culminants des massifs cristallins: tels sont, entre 
autres, le Mont-Cervin, les Strahlhürner (entre le massif du 
Mont-Rose et celui du Simplon), l'Ortles à l'extrémité de la 
large maît qui sépare les Alpes centrales des Alpes orientales, 
le Gross-Venediger (entre le massif des Tauern et celui de la 
Drau). Mais, aux yeux du géologue, ces lambeaux n’en indi- 
quent pas moins la séparation primitive entre les noyaux cris- 
tallins. 

Lorsque plusieurs massifs sont ainsi réunis en un seul grou- 
pe de montagnes, les rapports entre la structure géologique 
et les reliefs orographiques se trouvent changés. Au lieu de ne 
comprendre qu'un seul ellipsoïde, comme aux extrémités de 
la chaîne, nous voyons les divisions géographiques embrasser 
souvent toute une série de massifs. Telles sont les Alpes Pen- 
nines qui ne comprennent pas moins de cinq massifs, les 


— 150 — 


Alpes Noriques qui en comptent également cinq, les Alpes 
Bernoises qui comprennent deux ellipsoïdes parallèles, celui 
du Finster-Aarhorn et celui du St-Gothard. 


Coupe du Saint-Gothard. 
(Voyez la carte fig. 2.) 


La route du St-Gothard est bien faite pour faciliter l'étude 
des rapports entre les reliefs et la composition des roches. 

Au sommet du col se trouve le noyau granitique formant 
une sorte de large plateau désert avec plusieurs petits lacs. En 
descendant sur Altorf, on arrive par une pente assez roide à 
une première grande dépression. la vallée d'Urseren, une sorte 
de vallée à fond plat, dans laquelle se trouvent les villages de 
Hospenthal et d'Andermatt. Cette dépression n’est point acci- 
dentelle. Les grands rochers qui la bordent de toutes parts 
sont à la vérité composés de roches cristallines; mais en exa- 
minant attentivement ces mêmes rochers, on découvre à leur 
pied des bancs de schiste d’une composition très-friable, sur 
lesquels se trouvent les quelques champs qui fournissent aux 
habitants leurs maigres légumes. Ces schistes sont quelquefois 
tout à fait noirs et charbonneux, et en effet il y a toute pro- 
babilité qu'ils représentent ici la formation carbonifère. Ils 
courent du N.-E. au $.-0. et si l’on se dirige d’Andermatt vers 
la Fourca par Realp, on les voit gagner toujours plus de 
largeur, si bien qu’à la Fourca, ils occupent à peu près toute 
Ja largeur du col. La dépression à laquelle ils correspondent 
est ici évidemment le résultat de l'érosion qui a désagrégé et 
décomposé en partie les schistes, tandis qu'elle à été à peu 
près impuissante sur les granits. 

À l'Urner-Loch, on entre de nouveau dans les roches cris- 
tallines, d’abord sous la forme de gneiss ou de schiste micacé 
qui peu à peu passe à du véritable granit. L'apparition de ce 
granit, dont on s’expliquerait difficilement la présence dans 
l'hypothèse d'une seule chaîne granitique centrale, est au 
contraire très-naturelle, du moment qu'on admet plusieurs 
masses centrales. En effet, le gneiss de l’'Urner-Loch appar- 
tient à un autre massif, celui du Finster-Aar, qui venant de la 


RER de 


Jungfrau, se prolonge à l'E. vers les Clarides, où il se cache 
sous les roches schisteuses et calcaires du Tæœdi et du Biï- 
ferten. 

Ce second massif que la Reuss entame profondément se con- 
tinue aussi loin que la vallée est resserrée, c.-à-d. jusqu'à Am- 
steg. C’est la partie sauvage de la vallée. À Amsteg, la vallée 
s'élargit considérablement, à mesure que les massifs calcaires 
de la Windgelle à droite et de l’Uri-Rothstock à gauche vien- 
nent prendre la place des massifs cristallins où métamorphi- 
ques. (1) 

Passons maintenant au revers méridional. Partant du som- 
met du massif où se trouve l’hospice, pour se rendre en Italie, 
on descend par une pente non moins roide que celle du ver- 
sant nord, traversant les mêmes granits composés d'énormes 
banes, avec cette différence que ces bancs, au lieu d’être 
inclinés au sud, plongent maintenant au nord, le tout for- 
mant le célèbre éventail du Saint-Gothard. Le même ca- 
ractère se maintient jusque près d'Airolo, où l’on rencontre 
de nouveau une vallée dont la direction est parallèle à la 
direction des couches de granit. Le fond de cette vallée est 
composé de roches altérées bien différentes de celles du St- 
Gothard. Il y a des schistes assez tendres, des dépôts de 
gypse et de dolomie et tout un ensemble de roches d’origine 
sédimentaire. C’est évidemment le pendant de la vallée d'An- 
dermatt, une sorte de maît entre deux massifs centraux. Cette 
maît se continue à l'O. dans le val Bedretto et se prolonge à 
l'E. dans le plateau du Luckmanier. 


(*) Le mème caractère se maintient jusqu’à Brunnen, à cette différence 
près que depuis Fluelen le fond de la vallée est occupé par la branche 
méridionale du lac des Quatre-Cantons (lac d'Üri). Ceci cependant ne sau- 
rait influer sur le caractère orographique de la vallée qui se maintient 
identique depuis Amsteg jusqu’à Brunnen. Aussi bien, il n’est pas nécessaire 
d’être.observateur bien expert pour s’apercevoir en parcourant la vallée que 
le lac s’étendait jadis jusqu’à Amsteg et que s’il est comblé aujourd’hui, c'est 
par l’œuvre de la Reuss. £ 

A mesure qu'on s'éloigne des massifs cristallins, les roches deviennent 
toujours plus distinctes, et l’on peut distinguer le long des parois de l’Axen- 
berg les différentes formations dont se composent ces belles montagnes. 
(Voir Lusser dans les Mém. Soc. helv. vol. 6). 


CUS: A 


À partir de Faïdo, la route entre dans un troisième massif 
cristallin, celui du Tessin. Il est beaucoup plus large que les 
précédents et en même temps moins déchiré et moins élevé. 
La roche est un gneiss assez uniforme, qui se continue sans 
interruption jusqu'à Bellinzone, où l'on retrouve une troisième 
vallée correspondant à une zone de roches amphiboliques qui 
s'étend au 5.-0. jusqu'à Biella. Au-delà de Bellinzone, la ro- 
che cristalline reparaît de nouveau, formant un autre massif 
de gneiss, celui des Quatre-Lacs, dont fait partie le Monte-Ce- 
nere que l’on traverse en allant de Bellinzone à Lugano. 

Lugano et ses environs sont déjà dans le domaine du revé- 
tement sédimentaire extérieur, à l'exception des porphyres 
qui garnissent une partie de ses rives. Nous avons ici d’abord 
les terrains triasiques, puis le terrain du lias, quelques lam- 
beaux épars de crétacé et, comme dernière bordure, l'éocène. 

[ci encore nous retrouvons le pendant de ce que l'on ob- 
serve sur le versant nord, à cette différence près, que les ter- 
rains, tout en étant très-inclinés, ne sont cependant pas ren- 
versés et bouleversés, comme c'est le cas le long de la Reuss. 
Nous verrons ailleurs que le lac de Lugano est aussi, à bien 
des égards, le pendant de celui des Quatre-Cantons. 

La coupe du St-Gothard que nous venons d'analyser se com- 
pose ainsi de trois éléments essentiels: les noyaux cristallins, 
les maîts ou zones intérieures et les revêtements extérieurs. 
Tous trois sont caractérisés par des roches propres; les gra- 
nits et gneiss correspondent aux noyaux centraux, les roches 
métamorphiques ou altérées aux maîts et les roches non alté- 
rées aux revêtements extérieurs. Dans la coupe du Saint-Go- 
thard, nous avons quatre massifs cristallins, trois maïts et 
deux revêtements. Ici les masses cristallines l'emportent par 
conséquent de beaucoup sur les roches stratifiées. Mais il 
n'en serait pas de même sur tous les points de la chaîne. Ail- 
jeurs les massifs cristallins sont moins rapprochés; les maîts 
peuvent par conséquent se déployer plus largement, par ex. 
entre le massif de Selvretta et celui de l'Oetzthal, ou bien il 
n'y à qu'un seul noyau, surgissant du milieu des terrains stra- 
tifiés; c’est la forme la plus simple, telle qu'elle se présente 
aux extrémités de la chaîne, 


— 153 — 


Passons maintenant à l'analyse des différents massifs, 


I. — Massif Ligurien. 


La vaste guirlande de massifs granitiques qui forme comme 
le squelette de la chaîne des Alpes, commence à l'O. par un 
noyau d'une étendue et d'une élévation médiocre, si on le 
compare aux autres massifs, c’est le massif des Alpes Ligu- 
riennes. Il est parfaitement limité de tous côtés: aussi l'a-t-on 
de bonne heure distingué comme un groupe à part. Sa direc- 
tion est à peu près exactement d'E. en O. La roche du noyau 
se compose essentiellement de gneiss, de schiste talqueux et 
de schiste micacé. La direction des strates de ces roches coïn- 
cide assez généralement avec celle du massif même. On n'ob- 
serve aucune trace de structure en éventail. La structure de 
tout le massif est au contraire essentiellement normale en ce 
sens, que tous les strates, ceux du gneiss et du schiste, com- 
me ceux des roches sédimentaires qui les recouvrent, sont 
régulièrement anticlinaux , le massif lui-même ayant la forme 
d'un toit. Cette disposition n'est peut-être pas sans rapport 
avec l'élévation peu considérable du massif dont tous les pics 
restent au dessous de 2500%. Le plus haut (le mont Mondolé) 
n’a que 2440», Nous verrons tout à l'heure que c’est dans les 
massifs les plus élevés que la structure en éventail est la plus 
distincte. 


IT. — Mussif des Alpes Maritimes. 


Vu sur la carte, ce massif se présente sous la forme d’un 
noyau cristallin allongé, émergeant du milieu d'une vaste éten- 
due de roches sédimentaires. Le massif lui-même est dirigé 
du N.-0 au $.-E., mais les strates, au sommet du massif, sont 
d’après M. Studer, orientés à peu près dans le plan du méri- 
dien et un peu plus loin au Nord 70° O. Sur les deux versants, 
on voit les roches stratifiées en contact avec le gneiss. Les 
points culminants, tous situés dans le domaine de ce dernier, 
sont le mont Clapier (3018®), la cime de Gélas (3180), le mont 
Tinibras (3115"). Les deux cols les plus praticables sont le Cal 


— 154 — 
del Sabbione (2348) et le Col della Lombarda (2395"). Le 
vrai granit ne se montre nulle part. En revanche, la structure 
en éventail est distincte. Les strates sont verticaux au centre 
du massif; ils plongent au $S.-0. sur le versant sud, au N.-E. 
sur le versant nord, 


UT. — Massif des Alpes Cottiennes. 


L'un des caractères le plus saillant du revers méridional 
des Alpes, c'est que, à partir de la Maira, jusqu'au lac Majeur, 
les roches cristallines s'élèvent directement du milieu de la 
plaine piémontaise, sans revêtement de roches sédimentaires. 
Mais comme ces dernières reparaissent très-développées plus 
au $S., sur les flancs des Alpes Maritimes et Liguriennes, on est 
volontiers tenté d'attribuer leur absence dans cette partie de 
la chaîne à des dénudations subséquentes, surtout parce que 
c'est ici que la grande courbe est à son maximum. 

La partie qui s'étend de la Maira à la Dora Riparia est con- 
nue de tous temps sous le nom d’Alpes Cottiennes que nous 
leur conservons ici, bien que la vallée de la Dora ne forme 
pas une limite aussi complète sous le rapport géologique que 
sous le rapport orographique. C’est plutôt au N. de ce fleuve, 
le long du tunnel du mont Cenis que se trouve la séparation. 

Le noyau cristallin n’est d'abord qu'une bande très-étroite . 

. qui va s'élargissant insensiblement jusqu'à la Dora, mais sans 
atteindre nulle part la largeur de la zone des schistes et cal- 
caires de la Maurienne et de la Tarentaise. Le Mont-Viso, qui 
est le point culminant des Alpes Cottiennes, est situé un peu 
en dehors du massif principal; c’est une petite île cristalline 
au milieu de la zone stratifiée. Le granit est étranger à ce 
massif; on n'y rencontre que des schistes micacés et du gneiss 
qui devient de plus en plus cristallin, à mesure qu’on s’appro- 
che de la plaine. Le sommet du Viso cependant n’est pas de 
gneiss, mais de serpentine avec schistes cristallins à la base. 
La structure en éventail n’a pas encore été signalée. Les 
strates sont rarement verticaux, mais plus ou moins inclinés, 
parfois horizontaux, et bien que toute la masse ait été portée 
à une grande hauteur, les montagnes sont relativement peu 


#. 


FE 


déchirées; on dirait un vaste plateau soulevé plus où moins 
doucement. Il n’y a que la pyramide du Mont-Viso (3840) 
et quelques autres qui fassent exception, et ce contraste ne les 
rend que plus attrayantes. 


[V. — Massif des Alpes Grecques. 


Au point de vue géologique, ce massif a les plus grands 
rapports avec celui des Alpes Cottiennes; mais sa direction 
est beaucoup plus orientale, surtout à son extrémité, du côté 
des Alpes Pennines. C’est ici que se trouve le principal coude 
de toute la chaîne qui d’une direction à peu près méridienne, 
passe insensiblement au N.-E; sans qu'il y ait pour cela in- 
terruption dans le noyau cristallin, d’où nous concluons que 
la direction n’a pas en elle-même la valeur prépondérante que 
lui attribuent certains géologues. Commencçant au mont-Cenis, 
le massif des Alpes Grecques se présente sous la forme d’an 
immense rempart d’abord rectiligne, puis arqué et profon- 
dément entamé par le lit de la Dora Baltea. Cette profonde 
coupure est envisagée par quelques-uns comme la limite des 
Alpes Grecques. Cependant les mêmes roches se continuent 
de l’autre côté de la rivière et se poursuivent jusqu'à Biella, 
où commence la grande zone des roches amphiboliques, qui 
nous paraît devoir être envisagée, au point de vue géologique, 
comme la véritable limite du massif des Alpes Grecques. La 
roche est encore ici essentiellement du gneiïss, du schiste mi- 
cacé et du schiste talqueux. Il s’y trouve cependant aussi 
quelques gîtes de granit, surtout dans le val d'Orco, près de 
Cérésole. 

La partie centrale du massif est de beaucoup la plus impo- 
sante ; les montagnes y atteignent des hauteurs qui rivalisent 
avec les grandes cimes des Alpes Suisses, témoins la roche 
Melon (3542), la roche Michel, dont Saussure fit Fascen- 
sion (3495*), la Levanna, le Pie de Cogne, ete. Cependant le 
noyau cristallin n’a pas le monopole des grandes cimes. Les 
schistes carbonifères ont été portés à des hauteurs non moins 
considérables, ainsi entre la Romanche et l'Arc, dans l'ai- 


— 156 — 


guille de Grolion (3882*), l'aiguille d’Arve (3514), le mont 
Tabor (3182"). Plus loin, au nord de l'Arc, ces mêmes masses 
sédimentaires sont portées à des hauteurs encore plus con- 
sidérables, témoins le mont Iseran (4045"), l'aiguille de la 
Sassière (3763), le mont Pourri et les sommets encore peu 
connus des glaciers de Ruytor. D’autres cimes, comme l’ai-. 
guille de la Vanoise, forment des îlots cristallins au milieu 
de la zone sédimentaire, ce qui, de concert avec la grande 
élévation de tout le massif, pourrait faire croire à la présence 
d’une arête cristalline cachée sous les schistes. 


V. — Massif de l'Oisans ou du Pelvoux. 


Ce massif, l’un des plus inaccessibles de toute la chaîne des 
Alpes, est en même temps l’un des mieux limités. Nulle part 
ailleurs il n’est plus évident que les masses feldspathiques cen- 
trales ont été soulevées postérieurement à la formation des 
roches sédimentaires. On dirait une immense bulle ou vessie 
soulevée tout d’un coup du sein de la terre. Ce vaste noyau, 
de forme presque carrée, porte les plus hautes cimes de la 
France, le mont Ollon (4212), la Pointe d’'Arsine (4105") 
et le Grand-Pelvoux (3934); il est d’un accès extrêmement 
difficile, n'étant entamé nulle part profondément et ne renfer- 
mant qu'une seule grande dépression, le cirque de la Bérar- 
de, l’un des sites les plus sauvages et les plus extraordinaires 
des Alpes, entouré de parois verticales de plusieurs mille pieds 
de hauteur, auquel on parvient par la vallée non moins sau- 
vage du Vénéon. Le noyau du massif est une très-belle pro- 
togine qui n’est nullement stratifiée, mais seulement divisée 
par des fentes à peu près verticales; mais à mesure qu'on se 
rapproche des bords, elle passe insensiblement au gneiïss. La 
structure en éventail est distincte sur tout le pourtour du 
massif. 


VI. — Massif des Rousses. 


Ce petit massif est intercalé en quelque sorte entre le mas-' 
sif de l'Oisans et l'extrémité des Alpes occidentales. C’est une 


se 197 


chaîne étroite et élevée, d’un accès difficile, limitée au nord 
par les sources de l’Olle, au sud par la Romanche. Le noyau 
cristallin, composé essentiellement de gneiss, est entouré de 
tous côtés par la zone des schistes liasiques qui encadrent 
également une partie de l'Oisans. Sur plusieurs points du ver- 
sant occidental, le gneiss passe à une espèce de granit veiné 
ou protogine, que l’on retrouve aussi dans la gorge de la 
Romanche. Le noyau cristallin renferme en outre, d’après M. 
Lory, des bandes de grès à anthracite pincées dans les replis 
du gneiss et des schistes cristallins. Ces bandes divisent le 
noyau en plusieurs zones parallèles qui sont les Petites et les 
Grandes Rousses. Ces dernières qui atteignent leur point cul- 
minant dans le pic de l’'Etendard (3629"), font en quelque sor- 
te pendant au Grand-Pelvoux et sont, comme lui, couvertes 
de neiges éternelles. Les lits du gneiïss ainsi que les bancs de 
grès à anthracite plongent uniformément à l'E. en sens inverse 
des strates de la chaîne de Belledone. Dans la vallée de l'Olle, 
qui sépare les deux chaînes, les schistes liasiques recouvrent 
les gneiss en stratification discordante, ce qui semblerait in- 
diquer que le plissement du gneiss est ici antérieur au lias. 


VIT. — Massif des Alpes Occidentales. 


Nous comprenons sous ce nom le vaste et magnifique rem- 
part qui sépare le Dauphiné de la Maurienne et de la Taren- 
taise. Quelques géologues lui ont appliqué le nom de massif 
de Belledone, parce que pour eux, les Alpes occidentales com- 
prennent également le massif du Mont-Blanc et celui des Ai- 
guilles Rouges et parce qu'ils supposent que le même noyau 
cristallin se continue de l’un à l’autre, en passant sous les 
terrains carbonifères du col du Bonhomme. Ce qui distingue 
ce massif, c’est son étroitesse remarquable, relativement à sa 
longueur, circonstance qui en a évidemment facilité la rupture: 
car on n'y compte pas moins de trois grandes coupures, tou- 
tes trois donnant passage à des rivières considérables, qui sont 
la Romanche , l’Are, l'Isère. Ce sont trois voies de communi- 
cation dont l'une est mème utilisée pour un chemin de fer 


— 158 — 


(de Chambéry à St-Jean de Maurienne). La direction du mas- 
sif est du nord-nord-est au sud-sud-ouest, dans la plus grande 
partie de son étendue, depuis le col du Bonhomme jusqu’au 
de là de la Romanche, où elle devient subitement nord-sud, 
imitant ainsi en quelque sorte les contours en forme de botte 
de la péninsule Italienne. Cependant la gorge de la Romanche, 
quoique profonde, n’interrompt pas le noyau cristallin, qui 
forme encore au delà de la gorge plusieurs massifs considé- 
rables tels que le Grand-Galbert (2543") et surtout le Taiïllefer 
(2861). C’est à partir de ce dernier massif, que la chaîne se 
dévie pour prendre la direction méridienne qu’elle conserve 
jusqu'à la disparition des roches cristallines sous les grès à 
anthracite et les calcaires du lias. C’est en face de Grenoble, 
entre l'Arc et la Romanche, que la chaine atteint sa plus 
grande élévation, dans les pies de Belledone (2982*) et du 
Grand-Charnier (2808"). Entre ces deux se trouve le cirque 
remarquable des Sept-Laux, ainsi nommé à cause des petits 
lacs qu’il renferme. 

Aucun massif n’est plus instructif au point de vue géologi- 
que que la chaîne des Alpes occidentales. Comme celle des 
Rousses, elle se compose, d’après M. Lory, de deux plis, lun 
occidental, ne dépassant pas 1842": il est en forme de voûte 
arrondie, composée de schistes talqueux dont les couches 
presque verticales sur les deux flancs se raccordent dans la 
hauteur par des inclinaisons modérées, décrivant ainsi une 
sorte d’ogive très-surbaissée. La chaîne principale est une ar- 
rête plus aigue; ici la voûte s’est rompue pour donner passage 
aux roches situées plus profondément, si bien que les gneiss et 
même les granits ou protogines ont fait hernie. En s'épa- 
nouissant à la surface, ils ont refoulé les roches sédimentaires 
et déterminé la structure en éventail qui est très-distincte 
sur nombre de points, entre autres au Grand-Charnier. Lors- 
que la rupture a été assez énergique pour écarter largement les 
flanes de la voûte, il en est résulté un cirque, au fond duquel 
se trouvent les roches les plus centrales. Le bassin des Sept- 
Laux est dans ce cas; l'enceinte en est formée par les gneiss 
redressés, tandis qu’au centre on aperçoit le granit ou la pro- 
togine à petits grains. 


— 1959 — 


VII. — Massif du Mont-Blanc. 


C'est de tous les massifs cristallins le mieux caractérisé. Il 
ne porte pas seulement le roi des Alpes, mais il est en outre 
tout d'une venue, sans cluse ni même sans col proprement 
dit. Ses limites sont très-précises: au sud, la Lex blanche, et 
le Val-Ferret, à l’ouest le col du Bonhomme, au nord la vallée 
de Chamouni, le col de Balme et le Trient. À l’est le Rhône 
ne le borne que partiellement, car un petit lambeau franchit 
la rivière et va se perdre sous les calcaires et schistes de sa 
rive droite. 

La structure en éventail, qui avait déjà été signalée par 
Saussure, sur le chemin de Chamouni à la Blaitière, est des 
plus distincte à peu près dans toute l'étendue du massif. Sur 
la rive droite du glacier des Bois, on voit les couches de 
gneiss plonger vers l’intérieur de la montagne sous un angle 
de 30°. Il en est de même au col de Balme, et au col des Ou- 
ches où les schistes plongent sous le même angle au $. 60 E. 
Sur le revers méridional, dans le Val-Ferret, nous retrouvons 
à peu près la même inclinaison; seulement le plongement est 
en sens inverse, au N.-0. 

La roche dominante du massif du Mont-Blanc est bien ca- 
ractérisée. C’est de la protogine, c.-à-d. un granit composé de 
quarz, d’orthose, d’oligoklas, de mica, de tale. Cette roche 
remarquable ne forme cependant que les masses du centre, 
le noyau du massif; sur le pourtour de l’ellipsoïde, on trouve 
le gneiss et les schistes, ainsi au col de la Seigne, entre Mar- 
tigny et Sembranchier et dans la vallée de Chamouni. En 
montant au Montanvert, on ne rencontre que des gneiss et des 
schistes, 

La distribution des différents pics ou aigailles n’est pas sans 
signification. À l'O. la masse entière s'élève tout d'une pièce, 
depuis le col du Bonhomme jusqu'à la cime du Mont-Blanc, 
les aiguilles de Trelatête, du Miage, de la Rogne formant en 
quelque sorte les étapes de cette montée. Au delà du point 
culminant, la masse s'écarte et forme deux arêtes parallèles 
séparées par une large vallée longitudinale qui forme le ré- 


— 160 — 


servoir des deux principales branches de la mer de glace (les 
glaciers de Tacul et de Léchaud). L’arête méridionale porte 
l'aiguille du Géant, la grande et la petite Jorasse; l’arête sep- 
tentrionale, les aiguilles du Midi, de Trélaporte , l'aiguille 
Verte. Cette singulière disposition a donné lieu, de Ia part de 
M. Studer, à la supposition que lellipsoïde du Mont-Blahe au- 

rait subi un affaissement correspondant à cette vaste dé- 
pression. Quant à nous, nous serions plutôt disposé à n’y voir 
qu'un cirque allongé formé à la maniere du cirque des Sept- 
Laux, dans le massif précédent. 


IX. Massif des Aiguilles Rouges. s 


Ce petit massif, parallèle au Mont-Blanc, n’en est séparé 
que par une maît étroite, mais bien caractérisée, comprenant 
le Val de Chamouni, le col de Balme et le Val du Trient., Ses 
sommets, bien qu'ils ne comptent pas parmi les plus hauts, 
sont cependant bien connus; ce sont les Aiguilles Rouges et 
surtout le Brévent (2552") que la nature semble avoir placé 
à l'extrémité du massif, en face du Mont-Blanc, por servir de 
belvédère au géant des Alpes. Le Buet, bien qu'un peu plus 
élevé (3108), n’est plus compris dans e domaine du noyau 
cristallin, mais fait partie du grand revêtement caleaire qui 
borde le massif au N. Le noyau cristallin a pour limite à PO. 
le revers du Brévent; à l'E. il franchit le Rhône pour se perdre 
sous les masses calcaires de la Dent de Moreles. * 

La structure en éventail n’est pas distincte sur les flanes de 
ce massif. Les couches sédimentaires de la base du Buet plon- 
sent au contraire d’une manière régulière vers la plaine. La 
roche est la même protogine qu’au Mont-Blane. On y distin- 
oue une stratification sur une grande échelle, qui est très-ap- 
parente sur nombre de points. Une particularité importante 
de ce massif, c’est l'existence, au sommet des pies les plus 
élevés, de lambeaux de roches fossilifères, qui méritent d'être 
pris en considération dans la théorie de la formation des 
Alpes. 


— 161 — 


X. — Massif du Valais. 


Quoique de peu d’étendue, ce massif comprend la partie la 
plus sauvage et la moins accessible des Alpes Suisses. La force 
qui à soulevé ces montagnes paraît avoir acquis ici sa plus 
grande intensité, s’il est permis d'en juger par la hauteur à 
laquelle ont été portées non-seulement les masses cristallines, 
mais encore les roches sédimentaires qui les entourent. A 
partir du grand St-Bernard, le massif s'élève assez brusque- 
ment à l’'E., pour former les grands plateaux couverts de nei- 
ges éternelles, d'où découlent les glaciers qui se déversent 
dans les vallées de Bagne, d'Hérens, d'Hermence, d’Anniviers. 
Les pics qui couronnent ce massif, quoique peu connus et 
peu en vue, n’en comptent pas moins parmi les plus hauts des 
Alpes; les principaux sont, en allant d'O. en E., le mont Vé- 
lan (3792), le Combin (4308) le mont Collon, la Dent de 
Rong (4190*) la Dent-Blanche (4360), le Weisshorn (4514). 

Du côté du Valais, la roche cristalline ne descend guère 
dans les vallées; elle est limitée aux arêtes et aux plateaux 
supérieurs. C’est là que se montre en particulier la fameuse 
protogine verte, connue sous le nom d’arkésine, qui à fourni 
une grande partie des blocs erratiques du bassin du Rhône, 
entre autres le grand bloc du Steinhof, dans le canton de So- 
leure. 

Peu de géologues ont pénétré jusqu’au cœur de ce massif, 
en sorte que la limite et l'étendue des différentes espèces de 
roches cristallines qui le composent ne sont encore qu'impar- 
faitement connues. Ce n’est guère que par les moraines des 
glaciers que nous pouvons nous faire une idée approximative 
de leur distribution. L’arkésine est surtout abondante sur les 
glaciers qui descendent de la Dent-Blanche et du mont Col- 
lon. Sur le versant $., on trouve de la syénite, dans le Val- 
Pellina. 

La structure en éventail est évidente en plusieurs endroits; 
à la Zermontana (fond du Val de Bagne), les couches plon- 
gent distinctement au $., tandis qu’au Val-Pellina, sur le re- 
vers opposé, le plongement est au N. Le massif n’est franchis- 


BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 12 


— 162 — 


LS 


sable que par des cols très-difficiles, tel que le col d'Eri 
passant entre la Dent-Blanche et la Dent de Zinal (ou Gabel- 
horn) au N. et la Dent de Rong et le mont Cervin au $S. Un 
autre col plus difficile encore est le Col de Collon ou d’Arolla, 
qui passe au pied $. du mont Collon à une hauteur de 3147. 
Orographiquement, le massif du Valais est nettement circons- 
crit de trois côtés. La vallée du Rhône au N., le col du grand 
St-Bernard à l'O. et le Val-Pellina au $., sont ses limites natu- 
relles, qui forment comme une grande ceinture de schiste 
autour du noyau cristallin. Il est plus difficile de le circons- 
crire d’une manière précise à l’'E., où nous n'avons pour limite 
qu'une zone de terrain secondaire qui, en s’arquant au N., le 
long de la rive gauche de la Viège, s’interpose entre la Dent- 
Blanche et les Mischabel, que nous rapportons au groupe du 
Simplon. Mais il faut convenir que la séparation est loin d’è- 
tre complète, et l’on comprend que plusieurs géologues n’en 
aient pas tenu compte. M. Studer entre autres prolonge le 
massif du Valais jusqu'au Bortelhorn et à l'Albrun. 


XI. — Massif du Simplon. 


Quoique ee massif soit traversé par la principale route des 
Alpes, le Simplon, c'est à peine s’il est plus connu que le 
précédent, auquel il ne le cède ni en étendue ni en grandeur. 
Les Mischabel (4558) entre la vallée de St-Nicolas et celle 
de Saas portent les cimes les plus élevées des Alpes après 
le Mont-Blanc et le Mont-Rose; elles passent pour très-sau- 
vages, si non inaccessibles. Le même grand système se pro- 
longe à l'E. de la vallée de Saas, dans les montagnes non 
moins sauvages du Fletschhorn, plus loin dans le Monte-Leone 
à l'E. de la route du Simplon et jusqu’au Bortelhorn et à l’AI- 
brun, où le massif cristallin se perd sous les roches schisteuses, 
à mesure que le $St-Gothard surgit de l’autre côté du Rhône. 
Cette zone de schiste est la même qui forme le revêtement 
du massif du Valais le long du Rhône. Au $., nous retrouvons 
entre notre massif et celui du Mont-Rose et du Tessin, une 
zone très-étroite et très-accidentée, qui n’est qu'une continua- 
tion des schistes de la vallée d'Aoste. 


— 163 — 


Enfin nous avons vu que ses limites laissent à désirer à l'O. 
où le noyau cristallin n’est interrompu que partiellement sur 
le flanc gauche de la vallée de $St-Nicolas, au moyen d’un lam- 
beau de calcaire, qui de Zmutt s'étend jusqu'en face de Randa. 
Plus bas, les deux flancs de la vallée de St-Nicolas sont cris- 
tallins, Mais il est à remarquer que ce n’est plus de la proto- 
gine ni de l’arkésine; c’est du gneiss et du micaschiste; ce 
dernier domine surtout dans les massifs de Mischabel. 

Il existe sur plusieurs points de ce massif des indices de 
structure en éventail, ainsi dans la vallée de Tourtemagne, 
dans celle de Saas, au Val d’Antrona et le long de la route 
du Simplon. 


AIT. — Massif du Tessin. 


C’est le plus grand et en même temps le plus compact des 
massifs des Alpes centrales. Mais si ses dimensions horizon- 
tales sont considérables, il ne s’en suit par qu’il mérite un 
intérêt proportionnel. C’est un groupe en général uniforme, 
comme il est facile de s’en assurer en suivant la route du St- 
Gothard qui le traverse dans toute sa largeur. On ne voit pas 
ici s'élever de ces pics hardis qui attestent une concentration 
de l’action soulevante, comme dans les massifs du Valais ou 
du Simplon. $es points culminants sont le pie de Mutaseia au 
S. de Faido et surtout le Moschelhorn ou Vogelberg, auquel 
se rattache le glacier de Reinwald et la source du Rhin anté- 
rieur. Excepté du côté du nord, où il est séparé du St-Gothard 
et du Simplon par la zone de schistes métamorphiques du Val 
Bedretto, les limites de ce massif sont quelque peu vagues, 
surtout au $.-0. Cependant il nous a paru que le prolonge- 
ment des schistes de la vallée d’Aoste l’isolait suffisamment 
des Alpes Grecques. La séparation d’avec le massif du Mont- 
Rose est moins accusée. Aussi M. Studer réunit-il ce dernier 
massif à celui des Alpes Tessinoises. C’est dans le Val An- 
zasca qu'on devra trouver la limite, si elle existe réellement. 
Au $., c’est la zone amphibolique avec ses schistes, ses mar- 
bres et ses dolomies qui sépare notre massif de celui des 
Quatre-Lacs. Cette zone, qui s'étend sous forme d’un grand 


— 164 — 


arc depuis Bielle jusqu’au lac de Come, est bien connue des 
géologues par les minerais de cuivre qui s’y sont concentrés, 
tandis que ses carrières de marbre (près d'Onavasso) ont four- 
ni les matériaux du dôme de Milan. 

La roche dominante de ce massif est le gneiss et le schiste 
micacé; ce dernier règne surtout sur les hauteurs, tandis que 
le gneiss se trouve de préférence au fond des vallées; ee gneiss 
est remarquable par la facilité avec laquelle il se fend, ce qui 
permet de le façonner en laties et en piliers qui sont l’objet 
d’une industrie notable dans les vallées de la Toccia, de la 
Magoia et du Tessin. On est naturellement tenté, en présence 
de cette disposition, de ne voir dans le gneïss qu’une variante 
du schiste micacé, sous l'influence de conditions plus intenses 
qui auraient prévalu au centre des masses et ne se seraient 
pas fait sentir au même degré à la surface. 

La structure en éventail fait défaut dans ce massif; en re- 
vanche, on remarque un trait particulier dans la manière d’ê- 
tre des strates: la stratification est en général verticale à lis- 
sue des vallées, confuse au milieu et horizontale ou légère- 
ment inclinée à leur origine. C’est une particularité qui n’est 
pas encore expliquée. On remarque aussi que la stratitication, 
au lieu d’être parallèle à la direction du massif, lui est au con- 
traire plutôt perpendiculaire et se rapproche du méridien, 
par exemple dans les vals de Misocco, San-Giacomo, Avers. 


XIII. — Massif du Finster-Aarhorn. 


C’est dans l'Oberland bernois que ce massif acquiert son 
prestige. dans la magnifique chaîne dont font partie outre le 
Finster-Aarhorn, la Jungfrau, le Mæœnch, le Schreckhorn, 
l’Aletscthhorn et qui donne lieu aux plus grands et aux plus 
célèbres glaciers de la Suisse. Il comprend en effet les gla- 
ciers de Grindelwald, du Rhône, de l’Aar, de Viesch, et 
le plus grand de tous, le glacier d'Aletsch. Il se prolonge 
à l'O. jusqu'au delà de la vallée de Lætsch où il se perd 
sous les grands massifs calcaires de la Gemmi. À l'E, il s’en- 
fonce sous les calcaires jurassiques des sources de la Linth, 


— 165 — 


mais en les soulevant à de grandes hauteurs dans les pics du 
Tœdi et des Clarides. Ses masses granitiques, bien que divi- 
sées en grandes lames, sont d’une cristallisation très-parfaite. 
Les granits du Grimsel et du glacier du Rhône, comme aussi 
ceux que charrie le glacier de Grindelwald ne le cèdent en 
rien à ceux du St-Gothard, témoin les granits du grand pont 
de la Nideck à Berne, qui sont des erratiques du bassin de 
l'Aar. Cette cristallisation parfaite ne règne cependant pas par- 
tout. 1l existe, à l'extrémité occidentale, une assez large zone 
de roches amphiboliques qui sépare le massif en deux parties 
à peu près égales et dont on retrouve des traces au Finster- 
Aarhorn même. Peut-être ces lambeaux sont-ils des indices 
d’une séparation ou maît primitive entre deux massifs très- 
resserrés. 

La structure en éventail est distincte sur les deux versants. 


XIV.— Massif du St-Gothard. 


Le petit massif alongé du St-Gothard et celui du Finster- 
Aarhorn dont il n’est séparé que par la maïît étroite de la val- 
lée d'Urseren et de la Furka sont deux ellipsoïdes jumaux qui 
font en quelque sorte pendant à ceux du Mont-Blanc et des 
Aiguilles Rouges. Le granit du St-Gothard est célèbre par ses 
grands cristaux de feldspath et par la quantité de minéraux 
qu'on y trouve. Le granit cependant n’occupe que le centre du 
massif; il passe insensiblement au gneiss sur les deux flancs; 
et celui-ci à son tour passe fréquemment à un schiste micacé 
souvent chargé de grenats. La structure en éventail est par- 
tout distincte. C’est à son extrémité orientale sur la rive droite 
du Vorder-Rheïin que le massif atteint sa plus grande hauteur 
entre Medels et Sumvix où les pies de Medels (Medelshürner) 
se couvrent de neiges éternelles. 

Les principaux minéraux que fournit le St-Gothard sont 
l'hématite, les différentes formes d'oxyde titanique (Rutile, 
Anatase, Brookite), le spath fluor, l’apatite, l’axinite, la 
tourmaline et surtout de magnifiques échantillons de quarz 
hyalin. 


$ 


— 166 — 


XV.— Massif du Mont-Rose. 


Quoique relativement peu étendu, ce massif est justement 
célèbre à cause de l'aspect imposant de ses montagnes et de 
l'étendue de ses plateaux de neige qui alimentent plusieurs 
des grands glaciers des Alpes (entre autres le beau glacier de 
Gorner). Il est parfaitement limité à l'O. et au $. par le pro- 
longement de la grande zone de roches schisteuses et méta- 
morphiques qui vient d'Aoste. Une zone schisteuse semblable 
mais plus étroite accompagnée de calcaires et de dolomies le 
sépare au N. de l'extrémité des massifs du Simplon et du Va- 
lais. Cette zone très-resserrée, à été portée à une grande hau- 
teur, si bien que plusieurs de ses pics rivalisent avec les plus 
hauts sommets des massifs granitiques : tels sont la Cima di 
Jazzi (4309) le Strahlhorn, le pic d’Allalein et le Mont-Cervin 
(4515) placé en quelque sorte en sentinelle entre les deux 
massifs du Simplon et du Mont-Rose. Au pied'du Mont-Cervin 
se trouve le col de Saint-Théodule, le plus élevé des cols des 
Alpes (3327*). 

Les limites du massif sont bien moins précises à l'E., où, 
après avoir formé le magnifique cirque de Macugnaga, le 
noyau cristallin suit la vallée d’Anzasca comprise entre deux 
zones de roches amphiboliques. Ces deux zones, en se rap- 
prochant près de Sainte-Marie-Majeure , semblent limiter à 
VE. le massif du Mont-Rose. Cependant il est des géologues 
qui n'admettent pas cette limitation et qui considèrent les 
deux groupes du Mont-Rose et celui des Alpes du Tessin 
comme ne formant qu’un seul et même massif, Cette opinion 
est appuyée par le fait que la roche est de même nature; ce 
sont des gneiss et des micaschistes, tandis que le granit y est 
très-rare. Les points culminants du Mont-Rose (4625") en 
particulier sont du schiste micacé. La structure en éventail 
fait ici défaut, comme dans le massif Tessinois. 


X VI. — Massif d'Adula. 


«Quand du haut du col de Nara, entre Faïdd et Blegno, dit 
M. Studer, on regarde à l’E., on se trouve en face d’un puis- 


— 167 — 


sant massif de montagnes, vaste et désert, sans sommets très- 
proéminants, couvert de neige et de glaciers qui cependant 
ne quittent guère les hauteurs, parce que les escarpements 
sont trop roides et le massif trop peu entamé par des vallées; 
c'est le massif d’Adula, le berceau du Rhin et de plusieurs 
affluents du Tessin, depuis longtemps connu comme un point 
central de la chaîne alpine, comme la colonne angulaire des 
Alpes Lépontines et Rhétiques. » Les reliefs ainsi que les val- 
lées sont ici perpendiculaires à la direction générale des Al- 
pes, au lieu de leur être parallèles, comme dans la plupart 
des autres massifs. En revanche, le cours des vallées est plus 
ou moins parallèle à la stratification. Ce qui n’était qu'une 
exception dans les Alpes Tessinoises devient ici la règle. La 
distinction de ce massif qui a pour point culminant le Piz Val- 
rhein (3320) est justifiée par sa forme et par la présence” 
d’une zone métamorphique accompagnée de calcaire et de 
marbre qui correspond à l’origine du Val Blegno, où il forme 
le col du Lukmanier entre le Val de Sainte-Marie et le Val 
Medels. 


XVII. — Massif du Sureta. 


Une zone de schistes métamorphiques formant le fond de 
la vallée de Misocco et que l’on a utilisée pour la route du 
Bernardin sépare assez complètement ce massif du précédent. 
À l'Est, il est limité par la large zone de schistes d'Oberhalb- 
stein et par le groupe de la Bernina. La vallée de San-Gia- 
como, que suit la route du Splügen, le sépare en deux grou- 
pes, l’un à l’O., composé de gneiïss et ayant pour point eul- 
minant le Piz Tambo qui commande le col de Splügen; le 
second groupe, plus considérable, n’est pas comme le premier, 
limité au versant méridional, mais se prolonge jusque dans la 
vallée du Rhin. La roche y est à un état de cristallisation plus 
avancé ; c'est une sorte de gneiss porphyroïde très-caracté- 
ristique, connu sous le nom de granit de la Rofla et qui forme 
les gorges pittoresques de ce nom au-dessous d’Andeer. 

La direction des strates n’est pas anormale, comme dans 
le massif d’'Adula, mais de nouveau parallèle à la direction 
générale de la chaîne alpine. 


— 168 — 
X VIII. — Massif des Quatre-Lacs. 


Se distingue entre tous les massifs par sa forme très-allon- 
gée et relativement étroite qui lui donne quelque chose d’a- 
normal, C’est une longue bande de gneiïss et de micaschiste, 
qui s'étend en arc de l'O. à l'E., depuis la Sesia jusque près 
des sources de l’Adda, par conséquent sur une étendue de 30 
lieues. Quelques géologues le prolongent plus loin à l’O., jus- 
qu’à la Dora Baltea; mais il nous à semblé que la zone de ro- 
ches amphiboliques qui pénètre de Bielle à Onavasso le sépa- 
rait suffisamment des Alpes Grecques. On dirait un vaste 
bourrelet cristallin que la nature a placé entre la zone des ter- 
rains sédimentaires et les massifs bien caractérisés de l’inté- 
rieur, une espèce de zone intermédiaire qui n'existe pas sur 
le revers nord et qui présente un grand intérêt au point de 
vue théorique. 

Ce massif ainsi limité est traversé perpendiculairement par 
les quatre lacs d'Orta, Majeur, Lugano et Como, ce qui lui 
a valu son nom. Son altitude n’est pas très-considérable. Ses 
plus hauts sommets n’atteignent pas 3000", (le Mont-Legnoen 
à l'E. du lac de Come, 2611"; le Camoghé au $. de Bellinzone, 
2839»). Les strates sont en général orientés dans le sens du 
massif. Il n’existe aucune trace de structure en éventail. A 
partir du lae de Come, le massif s'ouvre longitudinalement 
pour recevoir la grande vallée de la Valteline, qui conserve 
sa direction orientale jusqu'à Firano, où a lieu la bifureation 
des routes de la Bernina et du Stelvio. 

Ses limites orientales ne sont encore que très-imparfaite- 
ment connues. Peut-être faut-il les chercher dans les lambeaux 
de roches amphiboliques que M. Escher a signalées à l'E de 
Tirano et dans le prolongement septentrional de la grande 
zone de verrucano qui semble se détacher de la Cima di Tor- 
soleto. En attendant que des recherches ultérieures nous aient 
édifié sur ces rapports, nous prolongerons provisoirement le 
massif des lacs jusqu’au Val Camonica. 


XIX.— Massif du Bernina. 


Ce massif est le plus remarquable et le plus populaire de la 
Suisse orientale, parce qu'à l'ampleur des massifs il joint la 


— 169 — 


variété et la hardiesse des formes. Ses sommets rivalisent avec 
les plus hauts pics des massifs occidentaux, témoins le Piz 
Cambrena (3607) le Piz di Palu (3912"), le Piz di Verona 
(3462*). Ses glaciers sont justement célèbres pour leur beauté, 
particulièrement ceux qui descendent dans l'Engadine (gla- 
ciers de Roseg et de Motaratsch). H 

La roche dominante est du gneiss, surtout dans les hauts 
sommets. Le granit aussi ne manque pas, mais il est relégué 
sur le pourtour du massif et semble ne former que des îlots 
dans les roches métamorphiques et serpentineuses qui entou- 
rent le massif à peu près de tous côtés. Le plus remarquable 
et le mieux connu de ces lambeaux est celui de Brusio que 
traverse la route conduisant de la Valteline dans l'Engadine. 
Deux autres s'élèvent sur les flancs de l'Engadine, en face 
de Samaden; l’un d'eux remonte au sud jusqu'aux plateaux 
neigeux qui alimentent les glaciers de Roseg et de Morta- 
ratsch. Enfin le plus considérable s'étale à la limite occiden- 
tale du massif à l'E. de Chiavenna, formant le versant méri- 
dional d’une série de pics gigantesques encore peu connus 
(piz Zocea, piz Torrone, piz della Disgracia). 

On est assez généralement porté à envisager le granit com- 
me le noyau primitif des soulèvements. Dans le cas particulier 
cependant, cette hypothèse n’a pas une grande probabilité, à 
cause de son absence complète dans les points culminants. Le 
rôle du granit est ici un problème. 


XX. — Massif d'Adamello. 


En remontant le val Camonica ou de l’Oglio, au-delà de la 
zone des terrains sédimentaires, on voit s'élever à droite, en 
face d'Edolo, un puissant massif de montagnes d’où descen- 
dent plusieurs vallées qui viennent déverser leurs eaux dans 
l'Oglio (val dell Adame, val Salarno, valle di Malga). Ce 
massif composé d’un beau granit amphibolique, d'apparence 
éruptive comme celui de Brusio, comprend les monts Ada- 
mello et Laris, qui s'élèvent à une hauteur considérable, (le 
premier à 3345 mètres), de manière à être couverts de neiges 
et de glaces éternelles, 


— 170 — 


Les rapports géologiques de ce granit avec les schistes cris- 
tallins qui l'entourent de tous côtés, ainsi que ses rapports 
orographiques avec les massifs adjacents des Quatre-Lacs et de 
l'Ortles, sont encore très peu connus et mériteraient de faire 
l’objet d’études détaillées qui ne laisseraient pas que d’avoir 
un grand intérêt. Nous les recommandons à l'attention de nos 
jeunes confrères. 


XXI. — Massif du Monte Castello. 


En face du mont Adamello, au $., entre la vallée de l'Oglio 
et celle de l’Adige s'élève un second noyau granitique qui fait 
en quelque sorte pendant au précédent et dont il est séparé 
par la zone des schistes cristallins dans lesquels sont creusés 
les vals di Fuma, dell” Adame, di Salarno; c'est le massif du 
mont Castello. Quoique moins élevé que ce dernier, il est ce- 
pendant partiellement couvert de neiges éternelles. C’est une 
région encore à peu près vierge et nous ne sachions pas que, 
à l'exception de M. Escher, aucun géologue y ait jamais péné- 
tré. En remontant le val Savione, le granit, qui forme les 
points culminants, commence à se montrer au bord du lac 
d'Arno; il est moins amphibolique que celui du mont Ada- 
mello. Le schiste micacé qui sépare les deux massifs plonge 
de 70 à 80° au $., 20° O., ce qui semble indiquer une structure 
en éventail. Le porphyre n'est pas non plus étranger à ces 
régions. M. Escher en signale des traces à une demi-lieue en 
aval du lac d'Arno. 


XXII. — Massif de Selvretta. 


Il est une particularité qui ne peut manquer de frapper le 
géologue étranger qui remonte pour la première fois la grande 
vallée du Rhin, c'est qu'on puisse pénétrer si avant dans les 
montagnes le long de ce fleuve, avant de rencontrer des ter- 
rains cristallins. Une vaste étendue de terrains sédimentaires, 
composés en grande partie de flysch, s’avance iei comme un 
grand golfe dans le cœur de la chaîne alpine, sépare d’abord 
les Alpes Suisses des Alpes Rhétiques, puis se divise en deux 
bras, l’un qui va occuper l'Engadine, l'autre qui s'’avance à 


— 171 — 


l'E. jusque près de l'Adige où il est porté à une très-grande 
hauteur, si bien qu'il forme la plus haute montagne de lAlle- 
magne , l'Ortles (3905). 

Le premier massif des Alpes Rhétiques est celui de Selvretta, 
dont une portion fait encore partie de la Suisse. Distinctement 
limité de tous côtés, il est séparé du massif de l'Œtzthal par 
la grande vallée de l’Inn ou l'Engadine, et peut à bien des 
égards être envisagé comme un modèle de noyau cristallin. Il 
est composé essentiellement de gneiss qui souvent passe au 
schiste amphibolique. Nous retrouvons ici la structure en 
éventail et au milieu de l'éventail, du granit, comme dans les 
massifs du Finsteraarhorn et du St-Gothard. Cependant le gra- 
nit ne forme pas les plus hautes montagnes, Celles-ci sont es- 
sentiellement composées de roches amphiboliques, surtout 
dans le groupe de Selvretta et de Fermont. Le piz Linard qui 
en fait partie atteint 3416". Ses flancs sont couverts de gla- 
ciers, qui se maintiennent en général aux niveaux supérieurs, 
sans descendre dans les grandes vallées. 


XXIIT. — Massif de l'Œtzthal. 


Non moins bien limité que celui de Selvretta, ce massif est 
l’un des mieux caractérisés de toute la chaîne alpine. Au point 
de vue du relief, il le cède à peine aux massifs les plus impo- 
sants des Alpes Suisses. Le noyau cristallin se compose de 
gneiss et de schiste micacé, ee dernier formant les points cul- 
minants, tandis que le gneiss occupe les niveaux inférieurs, 
formant en quelque sorte le revêtement du schiste micacé, au 
rebours de ce qui se voit ailleurs. La structure en éventail est 
évidente. Les géologues autrichiens y ontmême reconnu deux 
systèmes d'éventails, l’un méridional, dirigé de l'E. à l'O. 
correspondant à la grande arête qui porte le Similaun (3604), 
le Hochjoch (3478"), l’autre plus septentrional, orienté du 
S.-0. au N.-E. et qui a son point culminant dans le Wildkogel 
(3773). Ce dernier alimente les glaciers de Gepatsch et de 
Vernagt, les plus grands du Tyrol et qui sont devenus célè- 
bres par leur progression extraordinaire. 


— 172 — 


Ces deux grandes arêtes, séparées par une zone de roches 
amphiboliques qui se montre dans le Rofenthal (lune des 
branches du Fenderthal), semblent se rejoindre dans la célè- 
bre pyramide du Weisskogel (3747), d’où descend le glacier 
de Langtaufen qui est lui-même une des principales sources 
de l'Adige ({). 

L’Adige peut être envisagée comme limitant le massif, non 
seulement au $., mais aussi jusqu'à un certain point à l'O. I 
est vrai que des lambeaux cristallins se retrouvent encore en 
deçà de la rivière et jusque sur le territoire suisse, mais leur 

+ caractère minéralogique est en général si vague, qu’il est pru- 
dent d’attendre les recherches qui se poursuivent maintenant 
sous la direction de la commission géologique suisse, pour 
préciser leurs limites. En attendant, nous savons qu’il existe 
au col de Reschen, entre la vallée de l’Inn et celle de l’Adi- 
ge, des masses de calcaire, de cargneule et de gypse qui éta- 
blissent une sorte de limite qui coïncide à peu près avec les 
limites politiques. 


XXIV.— Massif de l'Ortles. 


La partie supérieure de la vallée de l'Oglio, avec la zone 
de calcaire et de schiste amphibolique qui l'accompagne de- 
puis Incadine jusqu'à Ponte-di-Legno, peut être envisagée 
comme la limite du massif d’Adamello au N. Au-delà de cette 
limite, nous retrouvons encore une étendue assez considérable 
de roches cristallines, des gneiss et et des schistes micacés, 
dans lesquels sont creusés les vals Mazza, Grande et Morli- 
rolo. Ce terrain cristallin va s'appuyer au N. contre les schistes 
houillers et les terrains triasiques qui séparent le massif de 
la Bernina de celui de l'Œfzthal. Par exception, les terrains 
stratifiés ont été portés ici à une plus grande hauteur que les 
terrains cristallins et, comme l'Ortles en fait partie, nous 
avons conservé à tout le groupe le nom de cette cime, la plus 
haute des Alpes allemandes (3905). 

Le massif de l’Ortles ainsi défini a pour limites à lO., le 
cours supérieur de l’'Adda avec la route du Stelvio, au $. le 


(*) Voir l'ouvrage de M. Sonklar : Die œtxthaler Gebirgsgruppe , 1861. 


— 173 — 


cours supérieur de l’Oglio, à l'E. les terrains secondaires du 
bassin de l’Adige, et au N. la grande zone des terrains strati- 
fiés qui sépare les Alpes centrales des Alpes orientales. 


XX V. — Massif des Alpes Trentaises. 


Quoique peu marquant par son étendue et son élévation, 
ce massif n'en est pas moins très-connu en géologie par les 
travaux et les théories qui s’y rattachent. 

La roche n’est plus simplement du gneiss ou du schiste mi- 
cacé, comme dans les grands massifs voisins de l'Ortles et de 
l'Œtzthal, c’est une espèce particulière de porphyre, passant 
fréquemment au gabbro, à la syénite et au granit, le porphyre 
noir où melaphyre, auquel M. de Buch assignait un si grand 
rôle dans la formation des roches alpines. I lui attribuait en 
particulier la transformation des calcaires en dolomies sur 
le pourtour de ce noyau et spécialement dans la célèbre 
vallée de Fassa, à l’origine du val de Fimme, où les masses 
dolomitiques s'élèvent jusqu’à près de 3000". Les porphyres 
r’atteisgnent pas cette hauteur. En revanche, ils ont toute l’ap- 
parence d'un noyau éruptif ayant surgi du milieu des roches 
sédimentaires qu'ils paraissent avoir modifiées à plusieurs 
égards. Leur action s’est surtout exercée sur les grès du mu- 
schelkalk, ce qui conduit à penser que c’est vers cette époque 
qu'aurait eu lieu l'éruption. Il ne saurait être question ici de 
structure en éventail. 


XX VI.— Massif des Tauern. 


La vallée de l'Adige, la plus longue et la plus profonde de 
toutes les vallées transversales des Alpes, n'indique pas seu- 
lement une grande séparation topographique, puisqu'elle sé- 
pare les Alpes Rhétiques des Alpes Noriques, elle constitue 
l'un des traits les plus caractéristiques de l’orographie alpine. 
Ce n’est pas une simple coupure à travers un noyau cristallin 
comme sont les grandes cluses du massif des Alpes oceiden- 
tales, c’est une dépression primitive, une espèce d'intermit- 
tence entre les deux grands massifs de l'Œtzthal à l'O. et des 


= 


Tauern à l’E., dans laquelle les roches sédimentaires ont pu 
se maintenir à un niveau relativement bas sans subir de grands 
bouleversements. Aussi cette dépression est-elle devenue de 
bonne heure la grande voie de communication entre les deux 
versants des Alpes. C’est par là que les populations asiatiques 
se sont ruées sur l'Italie lors de la migration des peuples ; 
c'est par là que les empereurs d'Allemagne conduisaient leurs 
légions en Lombardie pendant les longues et sanglantes guer- 
res des Guelfes et des Gibellins. De nos jours, c’est la princi- 
pale route d’Inspruck à Milan et nous pouvons espérer voir 
bientôt la locomotive la traverser. 

Les masses cristallines situées à l’orient de la dépression 
de l’Adige ne le cèdent ni en grandeur ni en magnificence à 
celles que nous venons de passer en revue. La force soule- 
vante, après avoir en quelque sorte repris haleine, semble 
avoir fait un dernier effort pour rivaliser avec les Alpes cen- 
trales, en formant cette longue ligne de sommets neigeux 
qu'on désigne sous le nom de Tauern et de Keese. 

Les anciennes cartes géologiques représentent toute la 
chaîne des Tauern comme formant un seul noyau cristallin de- 
puis le Zillerthal jusqu'à l'Ankogel. Les recherches récentes 
des géologues autrichiens viennent de nous révéler des zones 
de terrains stratifiés qui s’entrelacent entre les différents som- 
mets et les divisent en un certain nombre de massifs plus ou 
moins nettement circonscrits, comme dans les Alpes centra- 
les. I y a longtemps que l’on savait que le point culminant de 
toute la chaîne des Tauern, le Gross-Glockner (3656 “) n’é- 
tait pas granitique, mais se.composait, comme l'Ortles, de 
schiste sédimentaire. Nous savons aujourd’hui que èes mêmes 
schistes forment une zone continue, qui s'en va rejoindre au 
N. les terrains paléozoïques de la Salza, tandis qu'ils se conti- 
nuent à l'O. jusqu’à l'Adige (le long de lIsel et de l Ahren). 
De la sorte le massif des Tauern se trouve aujourd’hui sensi- 
blement réduit; mais il n’en forme pas moins la partie la plus 
imposante de toutes les Alpes Noriques, depuis les sources de 
la Ziller jusqu'au Gross-Glockner. Il comprend d’O. à E. 
les Puster Tauern (appelés aussi Zemmer-Ferner), les Krim. 
ler Tauern, ayant leur point culminant dans le Dreiherrnspitz 


— 175 — 


(2853%), les Sulzhacher Keese avec le Gross - Venediger 
(3575). 

Même réduit à ces limites, le massif des Tauern serait en- 
core susceptible de subdivision. M. de Sonklar ({) en particu- 
lier voudrait en séparer comme massif à part, sous le nom de 
groupe du Züllerthal, les Puster Tauern où Zemmer-Ferner 
qui alimentent la Ziller, en sorte que le massif des Tauern ne 
commencerait qu'au Dreiherrnspitz pour se continuer jusqu'au 
Gross-Glockner. 

La roche dominante de tout le massif, y compris le groupe 
du Zillerthal, se compose de gneiss et de schiste micacé. Ce- 
pendant la séparation d'avec les schistes gris ou paléozoïques 
n’est pas toujours très-distincte. 


XX VIT. — Massif de l’'Ankogel. 


Ce massif est la continuation orientale de la grande chaîne 
des Tauern, dont il n’est séparé que par le lambeau de schis- 
tes paléozoïques dont fait partie le Gross Glockner. Il com- 
prend spécialement les Fuchser Tauern, les Nassfelder Tauern 
et la belle pyramide de l'Ankogel qui termine en quelque 
sorte la grande chaîne, dont l’arête principale ne descend 
guère au dessous de la ligne des neiges éternelles. Plusieurs 
de ses sommets atteignent même 3000" et au delà; l'Ankogel 
lui-même à 3250". A partir de l’Ankogel, le massif cristallin 
se prolonge encore à l'E. tout en se dégradant, jusqu’au Lie- 
ser, où une zone de schistes venant des sources de la Mur au 
nord le sépare du massif du Gurk. Une zone semblable, qui 
n'est peut-être que le prolongement de la précédente, le sé- 
. pare du massif de la Drau au S$. 

La roche est la même que celle du massif du Tauern, 
essentiellement du gneiss et du schiste micacé ; l'Ankogel en 
particulier est formé d’un beau gneiss. 


XX VIII. — Massif de la Drau. 


La zone de schistes, qui du Gross Glockner s'en va rega- 
gner à l'O. la grande dépression de l'Adige, longeant d’abord 


(*) Œtzthaler Gebirgsgruppe , 1860. 


la vallée de l'Isel puis celle de l’Ahren (affluent de l’Eisack) a 
pour résultat d'isoler de la chaîne principale des Tauern un 
noyau cristallin parallèle au précédent mais plus étroit et plus 
alongé. Ce massif que nous appelons du nom de la Drau, par- 
ce qu’il comprend les sources de cette rivière, rappelle à bien 
des égards le massif des Quatre-Lacs en Suisse, dont il est en 
quelque sorte ie pendant. Comme ce dernier, il ne s'élève 
qu'exceptionnellement au dessus de la ligne des neiges éter- 
nelles. Le point culminant de tout le massif parait être le 
Weissenbacher Spitz, à quelques lieues au nord de Lienz, qui 
s'élève, dit-on, à 3278", La roche dominante est encore ici le 
gneiss et le schiste micacé. Le gneiss est des mieux caracté- 
risés dans les environs de Lienz, où l’on remarque même une 
tendance à la structure en éventail. 


XXIX.— Massif des Alpes Carniques. 


Sans compter parmi les grands massifs des Alpes, le groupe 
des Alpes Carniques est cependant assez proéminant, puis- 
qu'il s'élève à 2900" dans le Burken-Kogel et à 2690 dans 
le mont Baralba. Il est séparé du massif de la Drau par la 
vallée de la Gail et la zone de terrains sédimentaires qui ac- 
compagnent cette rivière. Le noyau cristallin se compose de 
gneiss et de micaschiste. Il est assez restreint comparative- 
ment à l'étendue des montagnes calcaires aux formes pitto- 
resques qui l'entourent du côté du midi et alimentent, de con- 
cert avec les pics cristallins, les sources du Tagliamento et 
de la Piave. 


XXX.— Massif des Alpes Styriennes ou du Hochgolling. 


De tous les rameaux qui se rattachent à l’Ankogel, l'un des 
plus remarquables se dirige au nord, où il est connu sous le 
nom de Radstädter Tauern, du nom de la ville de Radstadt 
qui est assise à son pied septentrional. Cependant ce rameau, 
le plus élevé de tous, n’est pas cristallin; il est au contraire 
composé de schiste et de calcaire. La roche cristalline ne re- 
parait que plus à l’E., dans le groupe du Hochgolling pour se 
continuer de là au N.-E. dans le Hohenwarth. 


— 171 — 


La roche dominante est encore ici du gneiïss et du calcaire; 
on y a même signalé du véritable granit dans le Hochgolling. 

Les limites de ce massif sont, au nord, la zone des schistes 
paléozoïques de la rive droite de l’'Ens, au sud, la dépression 
de la Mur avec ses dépôts tertiaires, et à l’ouest, la zone de 
schiste qui des sources de la Mur se dirige le long du Lieser, 
vers Gmünd. 


XXXI.— Massif du Gurk. 


Ce massif, compris entre la Mur, le Lieser et la Drau, ne se 
compose guère que de montagnes de second ordre, qui res- 
tent en général sensiblement au dessous de la ligne des neï- 
ges éternelles. Sa plus haute cime, l'Eisenhut (2440®) ne fait 
que l’effleurer. C’est un pays de pâturage, traversé à peu près 
dans toute sa longueur (d’O. en E.) par le cours supérieur du 
Gurk. Sa limite orientale est nettement indiquée par une large 
zone de terrain schisteux correspondant à une dépression 
que la route de Klagenfurt à la Mur suit dans toute sa lon- 
gueur. La roche dominante est encore ici le gneiss et le schiste 
micacé. 


XXXII. — Massif des Alpes Carinthiennes. 


Ce massif, d’une étendue assez considérable, a pour limite 
approximative la Mur au N., la dépression du Gurk à lO., la 
Drau au $. et la plaine molassique de Grætz à l'E. Nous re- 
trouvons ici à peu près le même caractère que dans le massif 
précédent, des montagnes aux formes arrondies, couvertes 
en général de pâturages jusqu'au sommet. Il semble que le 
noyau cristallin ait fait ici un dernier effort en formant une 
sorte de grand arc dont le centre est à la Stub-Alp, au nord 
de St-Léonard. Cet arc, largement ouvert à l'E., était baigné, 
avant le dernier soulèvement, par la mer molassique dont les 
dépôts viennent s’adosser immédiatement contre le gneiss, ce 
qui n’existe nulle part ailleurs. Un autre golfe molassique pé- 
nètre du $S. dans l’intérieur du massif par la riche vallée du 
Lavant, qui est justement surnommée « le paradis de la Ca- 
rinthie. » C’est dans les Alpes dites de Judenburg, en face 
de la ville de ce nom, que le massif atteint sa plus grande 
hauteur, dans le Wenzel-Alpenkogel (2140). 


BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 13 


— 178 — 
XXXIIT. — Massif du Bacherwald. 


Le rameau méridional du massif des Alpes Carinthiennes 
ne s'arrête pas à la Drau; il envoie un dernier prolongement 
cristallin au delà de cette rivière dans la direction des monts 
Warasdin. C’est ce prolongement composé de gneiss que nous 
désignons sous le nom de massif du Bacherwald. Faisant en 
quelque sorte suite à limposante chaîne calcaire des Kara- 
wankas, le Bacherwald s’interpose, comme ces derniers, entre 
la Drau et la Save et forme en même temps la séparation entre 
la race slave et la race allemande. C’est une agglomération 
de rides, une sorte de plateau ondulé très-limité, qui n’a pas 
conservé grand chose du caractère orographique alpin, bien 
qu'il s'élève encore sur quelques points jusqu’à 1500" (Bacher- 
berg 1580", Kappa 1537). Il s’affaisse graduellement au $.-E., 
où il disparaît sous les terrains secondaires et tertiaires des 
monts Warasdin. 


XXXIV. Massif du Sæmmering. 


Le rameau oriental du massif Carinthien se rétrécit à mesure 
qu'il s’'abaisse pour donner passage à la Mur près de Bruck. 
Cependant la roche eristalline ne disparaît pas pour cela. Elle 
s'épanouit une dernière fois au delà de cette rivière pour 
former un massif aux contours très-irréguliers, le massif du 
Sæmmering ou des Alpes de Fischbach que traverse le che- 
min de fer de Vienne à Graetz. Nous ne trouvons plus ici que 
des formes très-adoucies, qui n’ont plus rien du caractère 
alpin. Les montagnes, en général, n’excèdent guère 1000" 
d'élévation; la plus haute, le Wechsel, près des sources de 
la Leitha, ne dépasse pas 1680", Le massif se compose de 
deux rameaux parallèles, que les rivières traversent par de 
nombreuses eluses, pour se déverser au $. dans la plaine 
molassique, qui borde directement le noyau cristallin, sans 
qu'aucune roche secondaire ou paléozoïque vienne s’interpo- 
ser entre le gneiss et la molasse. Un autre petit lambeau cris- 
tallin se montre sur la rive septentrionale du lac de Neusiedl. 
On lenvisage généralement comme le dernier anneau de la 
chaîne alpine. Cependant il est probable qu'il n’est pas sans 
liaison avec le noyau granitique qui reparaît à Pressbourg et 
qui semble relier les Petites-Carpathes aux Alpes. 


— 179 — 


PARTIE GÉOLOGIQUE. 


TERRAINS STRATIFIÉS. 


Il n’est pas nécessaire de pénétrer bien avant dans les 
Alpes pour se convaincre que les terrains stratifiés y sont 
moins nettement définis que partout ailleurs. Aussi l'étude dé- 
taillée des formations y est-elle de date récente. Jusqu'à il y a 
un quart de siècle, on se contentait de quelques divisions très- 
générales. En dehors des terrains cristallins, on ne reconnais- 
sait guère, dans l’intérieur des Alpes, que du calcaire alpin, du 
flysch, du verrucano, auxquels s’ajoutaient à l'extérieur la 
molasse et la nagelflue. 

Aujourd'hui, grâce à l'émulation des gouvernements fran- 
çais, autrichien, bavaroïs, et au dévouement d'un certain nom- 
bre de nos compatriotes, les Alpes ne sont plus une terre 
exceptionnelle. On y à retrouvé suecessivement à peu près 
tous les étages des principales formations, tantôt dans une 
région, tantôt dans une autre, il est vrai avec des caractères 
plus ou moins précis. 

Les plus grandes difficultés existent dans l'intérieur des 
Alpes, là où les massifs granitiques sont nombreux et resser- 
rés, et les terrains stratifiés réduits à des zones étroites et 
souvent très-bouleversées. Cependant, si l'hypothèse que nous 
avons posée plus haut est fondée, si les noyaux cristallins sont 
sortis par pression du milieu de la nappe de roches sédimen- 
taires (n'importe que ce soit à l’état pâteux ou solide), il s’en 
suit que les terrains des zones ou maîts intérieures devront par- 
ticiper des mêmes caractères généraux que ceux qui forment 
le revêtement extérieur, puisqu'ils étaient nécessairement con- 
tinus avant le soulèvement. 

Le contact des massifs cristallins est une cause d’altérations 
fréquentes pour les terrains stratifiés; les calcaires y sont non 


— 180 — 


seulement noircis, mais souvent transformés en marbre ou en 
dolomie; les schistes et les grès y deviennent cristallins, les 
poutlinglies porphyroïdes. Ces altérations sont d'autant plus 
fréquentes et plus marquées, que les massifs cristallins sont 
plus prépondérants. C’est parce que les roches cristallines 
dominent dans les Alpes suisses, que l'étude des dépôts stra- 
tifiés y offre tant de difficultés, spécialement dans les maîts 
ou zones intérieures où les couches sont rarement normales 
et les fossiles très-rares et toujours mal conservés. Souvent 
même les altérations sont tellement considérables, que la 
structure primitive en est complètement oblitérée et que l’on 
en est à se demander si l’on à à faire à une roche stratifiée 
ou à une roche éruptive. Dans ce cas, l'étude des roches com- 
posant les maîts extérieures n’est autre chose que l'étude des 
terrains métamorphiques qui constituent la partie la plus dif- 
ficile de la géologie alpine. Ceux qui veulent se familiariser 
avec l’ensemble des formations alpines, feront bien d'étudier 
en premier lieu les zones extérieures avant d'entreprendre 
l'étude des maîts intérieures. 


Maîts ou zones intérieures. 


A part leur altération souvent très-profonde, ce qui distingue 
les roches des maîts, c’est d’appartenir en général aux séries 
anciennes; les formations récentes n’y jouent qu’un rôle très- 
subordonné. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, la 
maît entre le massif du Mont-Blanc et celui des Aiïguilles-Rou- 
ges ne renferme pas de terrain plus récent que la formation 
carbonifère. Les vallées de Realp et d’Urseren, comme aussi 
celle de Bedretto sont limitées aux mêmes terrains avec quel- 
ques lambeaux de terrain jurassique. La formation crétacée 
ne pénètre guère dans l’intérieur de la chaîne, non plus que 
les terrains éoeènes; enfin la molasse, à l'exception de quel- 
ques vallées à l'extrémité orientale de la chaîne, est complè- 
tement étrangère aux maîts intérieures. On dirait que les ter- 
rains récents n’ont pas pu suivre les masses cristallines, lors- 
qu'elles ont fait irruption et que celles-ci n’ont entraîné avec 


— 181 — 


elles que les dépôts stratifiés les plus profonds et les plus 
anciens. 

D'ordinaire il n’y a qu'un moyen de connaître l’âge de ces 
terrains, c’est de rechercher leur liaison avec les terrains de 
la zone extérieure. C’est ainsi que nous avons dans le Valais, 
près de Sion, le terrain carbonifère très-bien caractérisé avec 
des bancs de houille en exploitation. Ces bancs de houille 
sont accompagnés d’autres roches dont la position, l'allure et 
en général les caractères stratigraphiques sont connus. Ces 
caractères sont parfois assez prononcés pour être reconnais- 
sables, même en dépit des altérations qui peuvent survenir; 
tels sont les conglomérats, certains schistes. La houille faisant 
défaut, ce sont ces roches que l’on devra suivre de proche en 
proche, si l’on veut s'enquérir de l’âge des terrains de telle ou 
telle maît. C’est ainsi que l’on s’est assuré que le terrain car- 
bonifère des environs de Sion se prolonge jusqu'à la Fourka, 
et même plus loin jusqu'à Andermatt, occupant, sous une 
forme, il est vrai, souvent très-altérée, toute la grande maît 
entre le massif du Finster-Aar et celui du Simplon. 

Le degré d’altération des terrains stratifiés des zones ou 
maîts intérieures ne saurait cependant être en soi une preuve 
de leur ancienneté. La maît de la Fourka, qui n’est que la 
continuation de celle de la vallée du Rhône et celle du val 
Bedretto renferment l’une et l’autre des bélemnites dans des 
terrains très-métamorphosés, remplis de paillettes de miea et 
de grenats, la première à la Fourka même, la seconde au col 
de Nuffenen, dans des couches que l’on rangeait, il y a qua- 
rante ans, dans les terrains cristallins et qui aujourd’hui sont 
reconnues pour appartenir à la formation jurassique. 


Zone exterieure. 


Nous avons vu plus haut, en analysant la coupe du St-Go- 
thard, que les caractères des différentes formations se dessi- 
nent d'autant mieux qu’on s'éloigne d'avantage des massifs 
granitiques. Cette règle se confirme partout. La zone exté- 
rieure présente un champ d'exploration beaucoup plus fécond 
et plus encourageant que les zones ou maîts intérieures. Ici il 


ne s’agit plus seulement de flysch, de calcaire alpin, de ver- 
rucano. On y rencontre toute la série des formations, depuis 
les terrains paléozoïques jusqu'aux terrains tertiaires; elles se 
montrent d'autant plus distinctes, que la zone est plus large 
et plus éloignée des noyaux granitiques. C’est pour cela que 
les Alpes orientales sont plus favorables à l'étude des terrains 
stratiliés, que les Alpes centrales. Aussi les recherches des 
géologues autrichiens dans les Alpes orientales ont-elles fait 
faire des progrès importants à la stratigraphie alpine. 

Il y à vingt ans, on supposait qu'il n'existait pas dans les 
Alpes suisses de terrain de sédiment plus ancien que le lias. 
On réunissait sous le nom de terrain mixte une série de dé- 
pôts en contact immédiat avec le gneiss et composés de quar- 
zites, de calcaires dolomitiques, de cargneule, de schistes ar- 
gileux rouges et de conglomérats très-puissants. Venaient 
ensuite les puissants massifs de calcaire qui surmontent ces 
schistes et ces dolomies et qui forment, au contact des roches 
cristallines et sédimentaires, de grands massifs dont les ab- 
rupts sont tournés vers le noyau granitique. On les désignait 
sous le nom de calcaire des hautes Alpes. La formation créta- 
cée était connue, mais peu définie; on lui rapportait encore le 
terrain nummulitique des Diablerets, de la dent de Morcles, 
ainsi que les puissants dépôts de schiste gris qui occupent une 
si grande partie des montagnes d’Appenzell, Schwytz et Un- 
terwalden. 

Le versant méridional des Alpes Suisses était encore moins 
connu et l'étude des Alpes orientales était à peine ébauchée. 
Aujourd’hui les choses ont bien changé. Les formations sui- 
vantes sont définitivement établies. 


SÉRIE PALÉOZOÏIQUE. 


C'est dans les Alpes orientales où les roches sont le moins 
altérées que l’on doit s'attendre à trouver les formations an- 
ciennes les mieux caractérisées. En effet, la formation earbo- 
nifère n'y est pas le seul représentant de la série paléozoïque. 
On retrouve aussi dans les environs de Grætz des traces de la 


— 183 — 


formation silurienne. Les Alpes Noriques sont entourées, à 
peu près sur tout leur pourtour, d’une large zone de terrain 
carbonifère. Le même terrain, sous la forme de schiste gris, 
constitue une grande partie du sol des Grisons; il occupe éga- 
lement le fond des maîts qui séparent les Alpes Bernoiïses des 
Alpes Lépontines et acquiert de nouveau un très-grand déve- 
loppement entre les Alpes Piémontaises et les Alpes occiden- 
tales. Il est démontré aujourd’hui que le célèbre terrain an- 
thraxifère de Petit-Cœur, sur lequel des doutes ont prévalu 
pendant longtemps, appartient bien réellement au terrain 
houiller., Ce même terrain se continue, à partir de la Taren- 
taise, jusqu'à l'extrémité des Alpes Maritimes. 

À mesure que l’on passe des Alpes orientales aux Aïpes 
centrales, les roches paléozoïques se montrent toujours plus 
altérées; néanmoins, on observe encore sur nombre de points 
des traces de houille, mais rarement en bancs exploitables. 
Les plus remarquables sont ceux du Valais, mais la qualité 
en est inférieure. Il existe sur les flancs du Mont-Blanc un 
conglomérat très-remarquable connu sous le nom de conglo- 
mérat de Valorsine, que l’on sait aujourd'hui appartenir à la 
formation houillière et qui est devenu un excellent guide par- 
tout où il existe. 


SÉRIE SECONDAIRE ou MÉSOZOIQUE. 
Formation triasique. 


La formation triasique a été pendant longtemps envisagée 
comme l’apanage des Alpes orientales. On la trouve en effet 
largement développée du moment que l’on franchit le Rhin, 
non.seulement dans la zone extérieure du Voralberg et du 
Tyrol, mais aussi dans la grande zone ou maît dont fait par- 
tie l’Albula et qui s’avance comme un golfe profond entre 
les massifs de Selvretta, d'Œtzthal et de Bernina. La même 
formation se retrouve sur le versant méridional, où venant 
de l’est, elle s’avance à l’ouest jusqu'au lac de Lugano, pour 
se terminer dans la magnifique pyramide du mont San-5al- 
vadore. 


— 184 — 


Les roches qui rentrent dans ce groupe sont: 

1° Le verrucano. C’est un grès rouge passant au conglomé- 
rat, très-répandu dans toute la chaîne des Alpes centrales et 
orientales. Souvent aussi il affecte la forme de schistes rouges 
et verts, surtout dans les Alpes autrichiennes, où il est connu 
sous le nom de schiste de Werfen. 

Il se montre également dans les zones intérieures, partieu- 
lièrement au Stelvio. On est généralement convenu de l’envi- 
sager comme le représentant du grès bigarré. 

2 Le Muschelkalk, représenté par de nombreux bancs de 
calcaire qui accompagnent et recouvrent le verrucano. Avec 
ce calcaire se trouvent associées de puissantes masses de do- 
lomie d’un gris de cendre tirant au noir. C’est surtout aux en- 
virons d’Innspruck que cet étage est bien développé. Il se re- 
trouve aussi dans le Val Trompia, sur le versant méridional, 
avec ses fossiles caractéristiques. En Carinthie, il a été décrit 
sous le nom de calcaire de Guttenstein. 

3 Le Keuper. Ce ne sont plus des marnes bigarrées, com- 
me dans le Jura, mais des schistes noirs accompagnés de 
puissantes masses de dolomie qui atteignent jusqu’à 1000 
d'épaisseur. Ces dolomies elles-mêmes sont suivies d’un groupe 
particulier, propre aux Alpes, le calcaire de St-Cassian, re- 
marquable par ses nombreux et beaux fossiles; il est surtout 
bien caractérisé sur le revers méridional de la chaîne, dans 
les Alpes Trentaises. 

Il existe en outre dans les Aïpes orientales plusieurs grou- 
pes sur lesquels les géologues ne sont pas d'accord; ce sont 
les couches de Kœæssen, en Tyrol, qui paraissent être l’équi- 
valent du bonebed, et les couches à Avicula contorta, qui 
correspondent, selon toute apparence, à l’infra-lias. Ce der- 
nier groupe est aussi très-développé dans les Alpes Lombardes, 
où il à été l’objet de recherches très-fructueuses de la part de 
M. Stoppani. Enfin le calcaire de Hallsatt des géologues au- 
trichiens doit aussi probablement être rapporté au Keuper 
supérieur, ainsi que les couches de Raïbel en Carinthie. 

Rien de tout cela n'existe dans les Alpes occidentales; ce- 
pendant la formation triasique ne paraît pas y être tout à fait 
étrangère, et il y a quelque raison de supposer que les car- 


— 185 — 


gneules (Rauchwake) qu’on rencontre sur nombre de points 
en sont les représentants, 


Formation liasique. 


D'ordinaire et lorsqu'il n’est pas modifié par des influences : 
‘subséquentes, le lias se présente sous la forme de roches es- 
sentiellement marneuses et peu solides, qui prêtent à la dé- 
sagrégation, ce qui fait que dans le Jura ses affleurements ne 
donnent pas lieu à des reliefs, mais correspondent à des dé- 
pressions connues sous le nom de combes. Il en est autrement 
dans les Alpes, où le lias est un calcaire d'ordinaire très-dur 
et qui par conséquent joue un rôle bien différent dans l’oro- 
graphie, témoins les roches de Meillerie sur le lac de Genève. 
M. Lory lui rapporte les schistes ardoisiers de l'Oisans et les 
calcaires compactes du Briançonnais. Il est bien connu dans 
les Alpes vaudoises, à Bex, où il alterne avec de puissantes 
assises de gypse qui renferment le sel gemme de cette localité. 
On le retrouve à Châtel-Saint-Denis, près de Blumenstein où 
l’on a constaté les trois grands groupes de la formation, (lias 
inférieur, lias moyen et lias supérieur). Mais c’est dans les Al- 
pes orientales qu'il atteint tout son développement. Déjà très- 
développé dans le Voralberg, il devient la roche dominante 
dans les Alpes de Salzbourg et d'Adompt, où il se présente 
avec des caractères tout différents de ceux qu'il affecte dans 
les Alpes suisses. Les géologues autrichiens y distinguent de 
bas en haut : 

Le Dachsteinkalk composé de puissantes masses de calcaire 
bien stratifié, formant quelques-unes des plus hautes monta- 
gnes de l’archiduché d'Autriche, et les couches de Gresten, qui 
sont également des calcaires alternant avec des grès et schistes 
bruns. | 

Ces deux groupes, auxquels s'associent de puissantes masses 
de dolomie, représentent, d’après les géologues autrichiens, 
le lias inférieur dans toutes les Alpes Styriennes. 

. Le lias supérieur est représenté, dans les Alpes orientales, 
par une roche des mieux caractérisées; c’est un calcaire gris 


— 186 — 


et rouge souvent spathique, quelquefois concrétionné, riche 
en pétrifications surtout en ammonites, rappelant à bien des 
égards le calcareo ammonitico rosso de la zone méridionale. 
Les géologues autrichiens le désignent sous le nom de calcaire 
ou marbre d'Adneth, d'une localité célèbre dans la vallée de 
la Salza. 


Formation oolitique. 


On ne doit pas s'attendre à retrouver dans les Alpes les 
subdivisions nombreuses de cette formation, telles qu’elles 
sont connues en Angleterre, en France, en Allemagne et dans 
le Jura suisse. Cependant on y a reconnu les divisions-prinei- 
pales, ainsi, dans les Alpes suisses, l’oolite inférieure, l’oxfor- 
dien et l’oolite supérieure. L’oolite inférieure est en général 
la moins développée et paraît limitée aux Alpes Bernoises, en- 
tre l’'Arve et l’Aar. Ce sont encore les environsde Blumenstein, 
dans la chaîne du Stockhorn, qui sont, sous ce à dé. les 
mieux caractérisés. 

L’oolite moyenne (oxfordien) joue un rôle bien plus considé- 
rable. C’est à ce groupe que doivent être rapportées ces énor- 
mes masses de calcaire que l’on désignait autrefois sous le 
nom de calcaire des Hautes-Alpes (Hochgebirgskalk), dont les 
abrupts, de plusieurs centaines de mètres de hauteur, font 
face, sur nombre de points, aux noyaux cristallins, ainsi à 
Grindelwald et dans le Hassli. Sous le nom de calcaire de Cha- 
tel, il s'élève du milieu de la zone de macigno, comprise entre 
l’Arve et l’Aar, formant, entre autres, la Dent d’Oche, le 
Moléson, la Dent de Branleire et une partie de la chaîne du 
Stockhorn. Mais c’est dans les hautes montagnes qui forment 
la ceinture immédiate du massif du Finster-Aarhorn, que ce 
calcaire est surtout en évidence; il y donne lieu à des cimes 
qui rivalisent avec les plus hauts sommets des Alpes; tels sont 
l’Altels (3634), la Blumlis-Alp (3661), le Wetterhorn anté- 
rieur (3407*), le Titlis (3239*). Il forme les gigantesques 
coins qui se trouvent intercalés dans le gneiss à la Jungfrau, 
au Mettenberg, au Laubstock. C’est un calcaire finement eris- 
tallin, schisteux, sec, sonnant comme du verre au contact du 


— 187 — 


marteau. Il renferme souvent des nids d'un minerai de fer 
particulier, le chamosite, ainsi appelé, parce qu'il se trouve 
au fond.de la vallée de Chamoson en Valais. Un minerai sem- 
blable se retrouve au Gonzen, près de Sargans, où il est ex- 
ploité depuis plus de six siècles, si même l'exploitation ne 
remonte pas au temps des Romains. C’est le même terrain qui 
fournit les célèbres ciments de la Porte de France, dans le 
Dauphiné. 

On doit probablement rapporter au même étage oxfordien 
les calcaires qui forment la masse principale de la Windgelle, 
ainsi que les chaînes du Scherrhorn (3296) et des Clarides 
(3258), d’où il se prolonge jusque vers Glaris. Les calcaires 
du Toedi et du col de Panixer sont de la même roche. Enfin, 
ce calcaire donne fréquemment lieu à des surfaces nues qu’en- 
tament de profondes fissures séparées par des lames souvent 
très-aigues, les lapias (Karrenfelder), qui sont l’un des traits 
les plus curieux du paysage alpin. Il en existe d'assez remar- 
quables près du Dauben-$See, au sommet de la Gemmi. 

Les fossiles sont rares dans ce calcaire; ils se bornent à 
quelques bélemnites et à un petit nombre d’ammonites. Les 
bélemnites sont souvent traversées par des veines de quartz 
et de spath calcaire; les ammonites sont allongées, indiquant 
que la masse a été soumise à un étirement remarquable. Les 
espèces les plus communes sont les Belemnites hastatus BI. et 
l’Ammonites tortisulcatus d'Orb. 

A défaut de fossiles, les caractères de la roche sont en gé- 
néral assez tranchés pour servir de guide dans la détermina- 
tion. Au touriste nous recommanderons de se défier de cette 
roche qui est très-peu sûre dans les ascensions. 

On a signalé un calcaire semblable dans les Alpes du Vo- 
ralberg. Des fossiles récemment découverts dans le Val Fer- 
ret indiquent le même étage. Mais, somme toute, c’est dans 
les Alpes Bernoises qu'il atteint son plus grand développement. 


Oolite supérieure. 


Ce groupe est relativement restreint. On ne l’a pas encore 
signalé dans les Alpes oriéntales, ni dans les parties E. de la 


— 188 — 


chaîne centrale. Il paraît être également étranger aux Alpes 
occidentales. Les principaux districts où il se trouve, sont les 
parties supérieures des vallées de la Simmen et de la Sarine, 
entre la chaîne du Moléson et les Hautes-Alpes. Il existe éga- 
lement dans le Chablais où il s'élève à une grande hauteur 
dans la chaîne des Cornettes, ainsi que sur la rive droite du 
Rhône, où il forme les pittoresques tours d'Ay (2313), de 
Mayen (2323") et de Famélon (2158"), pour se prolonger 
jusqu'aux bains de Wyssenbure. 

La roche est un calcaire noir, souvent schisteux, surtout à 
la base, où il renferme des bancs de houille qu'on exploite 
au pied N. des Cornettes, dans le val d’Abondance et non 
loin de là, près de Vouvry, sur le flane N. de la chaîne méri- 
dionale. La houille est très grasse, mais ses bancs sont peu 
épais, de six à dix-huit pouces. Cette houille ainsi que les 
schistes qui l'entourent sont remplis d’une quantité de eoquil- 
les en partie lacustres, en partie marines. On n'y a pas encore 
recueilli de débris de plantes. Il y aurait quelque intérêt à 
s'assurer si ces dépôts ne sont pas l'équivalent du Purbeck ou 
Dubisien du Jura, 


Formation crétacée. 


La présence et la manière d’être de cette formation dans 
les Alpes à été mise en lumière par les travaux des géologues 
modernes. À part les macignos et calcaires à nümmulites ,qu'on 
rangeait précédemment dans la formation crétacée et que l’on 
rapporte maintenant à la série tertiaire, la formation crétacée 
était limitée, sur la carte des Alpes, à quelques zones étroites 
de gault et de calcaire à rudistes et à orbitolites. Aujourd’hui 
tous les étages y sont à peu près représentés. Leur distribution 
générale est à peu près la même que.celle de l'oolite moyenne 
et supérieure. C’est dans les Alpes occidentales et centrales 
que se sont surtout concentrés les dépôts de cette formation. 
Les Alpes orientales sont moins favorisées sous ce dé: sé à 
moins qu'on n'y rapporte le grès de Vienne. 

L'étage néocomien que l'on ne connaissait pas il y à trente 
ans, se trouve être aujourd'hui le plus considérable et le plus 


— 189 — 


puissant de toute la série. Très-répandu en Provence, le néo- 
comien se prolonge de là au N.-E., le long du versant exté- 
rieur des Alpes Occidentales, où il forme la Grande-Char- 
treuse, pénètre de là en Savoie, entoure les lacs du Bourget 
et d'Annecy, puis se divise en deux zones l’une jurassique, 
l’autre alpine. Cette dernière, en se prolongeant à l'E, tra- 
verse l’Arve près de Cluse, forme le revêtement du Buet et 
de la Dent du Midi, traverse le Rhône à Saint-Maurice, re- 
gaone, en longeant l'Oldenhorn et le Wildhorn, la Gemmi, 
pour suivre le cours supérieur de la Kander, forme le Beaten- 
berg sur le lac de Thoune, la plus grande partie du Faulhorn 
et de la Scheideck, se continue par le Brienzer-Grat dans les 
Petits-Cantons, embrasse en grande partie le lac des Quatre- 
Cantons, où il forme le Pilate , le Hochfluh , les Mythen, re- 
gagne le lac de Wallenstadt, en s’élevant jusqu’au sommet du 
Glarnisch, puis se bifurquant à Wasen, s’en va former d'une 
part la chaîne des Churfürsten et d'autre part la chaîne du 
Sentis, qui se continue elle-même au-delà du Rhin dans le 
Voralberg jusqu'à l’Iller. Enfin, c’est à ce groupe qu'il faut 
rapporter le grès de Vienne, si tant est qu’il soit crétacé. 

Un terrain aussi puissant que le néocomien ne saurait être 
un groupe homogène. On y distingue en effet plusieurs sous- 
divisions dont chacune mérite le rang d'étage distinet. Ce 
sont: 

Le Valangien, le plus inférieur de tous, dont le type 
est dans le Jura neuchâtelois, mais qu’on a retrouvé sous 
la forme d’un calcaire dur et siliceux, sur divers points des 
Alpes, entre autres au Glærnisch, au Sentis et au lac du 
Bourget. 

Le Néocomien propre ou calcaire à Spatangus ; il ne ressem- 
ble en rien au néocomien du Jura, C’est un calcaire noir et 
schisteux, mélangé de silice qui le rend parfois très-dur. Ce 
n’est pas en général une roche très-fossilifère. Certaines loca- 
lités cependant font exception, entre autres celles de Ricki 
et de Rofaien au-dessus de l’Axenberg, quelques localités de 
la vallée supérieure de la Sihl, ainsi que du Sentis. Les fossi- 
les caractéristiques sont, comme dans le Jura, le Toxaster 
(Spatangus) complanatus, l'Exogyra Couloni et l'Ostrea ma- 
cropiera. 


— 190 — 


Le Calcaire à criocères. Cette forme du néocomien, qui est 
complètement étrangère au Jura, mais qui par contre joue un 
très-orand rôle en Provence, se retrouve dans diverses par- 
ties des Alpes, entre autres près de Châtel-St-Denis et dans 
la chaîne du Stockhorn, dont elle forme quelques-uns des 
plus hauts sommets, tels que le Burglen, le Gantrisch, le 
Neuenen. C’est un calcaire compact à cassure conchoïdale, 
d’un gris clair tacheté de noir. Il renferme, outre plusieurs 
bélemnites et ammonites, des criocères et des ancylocères de 
même espèce que celles d'Escragnolles et Castellane en Pro- 
vence. Le même calcaire à criocères se retrouve aussi aux 
Voirons. | 

L'Urgonien ou calcaire à caprotines (calcaire à rudistes, 
Schrattenkalk). C’est un calcaire compact, très-dur, d’ordi- 
naire plus clair que le vrai néocomien, en général très-aride, 
formant des zones qui se distinguent de loin par leur teinte 
claire sur les parois des montagnes escarpées, par exemple à 
PAbendberg près d’'Interlacken et sur les flancs du Hochgant. 
Lorsqu'il se trouve sur les sommets, les eaux pluviales en 
suivent les fissures, y creusent des sillons tortueux qu'on dé- 
signe dans l'Entlibuch sous le nom de Schratten, de là le nom 
de «Schrattenkalk» que lui donnent les géologues suisses. De 
grandes surfaces, des plateaux entiers, sont quelquefois ren- 
dus déserts par cette action des eaux atmosphériques, témoins 
les Silberen au sud du Progel. Les fossiles les plus caractéris- 
tiques sont la Caprotina Ammonia, le Radiolites neocomensis, 
le Pteroceras pelagi. I] renferme aussi plusieurs zones pétries 
d’orbitolites, qui sont un excellent guide pour les explora- 
teurs. 

Gault. Ce terrain fut pour la première fois signalé dans les 
Alpes par Alex. Brongniart, qui constata que les fossiles de la . 
montagne des Fizs, en Savoie, étaient les mêmes que ceux de 
la Perte-du-Rhône. On l’a reconnu depuis au lac des Quatre- 
Cantons, non loin de Beckenried, au lac de Lowerz, au Pra- 
gel, au-dessus d'Yberg et dans les Churfürsten. On le retrouve 
au Sentis, d'où il se poursuit à travers le Voralberg jusque 
dans les Alpes Bavaroises. Il se présente d'ordinaire sous la 
forme d’un grès vert passant au noir. [1 n’a qu'une faible épais- 


TA 


— 191 — 


seur, et comme sa consistance n’est pas très grande, il n’oc- 
cupe jamais une position très proéminente. Mais, d'un autre 
côté, il est rare qu'il ne renferme pas de fossiles et comme 
ceux-ei sont des plus caractéristiques, les géologues les recher- 
chent avec un soin particulier. C’est un des meilleurs horizons 
dans les Alpes calcaires. Nous renvoyons aux manuels de 
géologie pour l'énumération des espèces de coquilles fossiles 
qu'il renferme. Les localités les plus riches sont le Reposoir, 
Sacconex, Bossetan en Savoie, et la Meglisalp et la Seealp 
dans le Sentis. 

Craie ou calcaire de Sewen (1). Le gault est surmonté, sur 
divers points des Alpes, d’une épaisse couche d’un calcaire 
compact distinctement stratifié, à cassure conchoïdale, ordi- 
nairement d’un gris foncé, quelquefois bitumineux, qui ne res- 
semble aucunement à de la craie, et qui cependant en est 
l'équivalent, car ses fossiles sont les mêmes. On y trouve entre 
autres l'Ananchytes ovata, le plus caractéristique de tous les 
fossiles de la craie blanche. Cette roche atteint son plus grand 
développement sur le revers des Churfürsten et dans les mon- 
tagnes de l’Appenzell, où elle forme les sommités bien connues 
du Kamor (1758), du Hohenkasten (1768"), du Sentis (2504) 
et l'Ebenalp. On le poursuit de 1à dans le Voralberg jusqu'à 
la vallée de l’Iller, recouvrant régulièrement le gault. Il se 
retrouve dans la même position en Savoie, spécialement à 
l'Alpe de Sales, au pied de la montagne des Fizs. Enfin, il re- 
paraît sur le revers méridional, dans les Alpes Véronaises, 
sous la forme d’un calcaire blanc ferrugineux, la scaglia. 


SÉRIE TERTIAIRE. 
Formation éocène. 
La formation éocène se compose dans les Alpes de deux 
puissants étages, le terrain nummulitique et le flysch ou maci- 


gno. Quoique d'aspect et de composition très-différents, ces 


(‘) La craie marneuse ou grès vert supérieur n’a pas encore été signalée 
dans les Alpes, à moins qu’on ne veuille y rapporter les terrains de la Gosau. 


deux groupes n’en sont pas moins très-étroitement liés entre 
eux. Non-seulement ils s’accompagnent sur une foule de 
points, mais il est aussi des localités où l’on voit les nummu- 
lites passer dans le macigno, ainsi aux Voirons et au Gurnigel. 

1° Terrain nummulitique. C’est tantôt un calcaire gris assez 
“dur, tout pétri de nummulites, ce qui lui donne parfois une ap- 
parence spathique très-prononcée, (bains de Pfæfers), tantôt un 
grès verdâtre ou un schiste ferrugineux renfermant une foule 
de grosses térébratules et de nombreux échinides, particu- 
lièrement dans la vallée de la Sihl, au sud d’Einsiedlen. Le fer 
s’y trouve quelquefois en assez grande quantité pour pouvoir 
être exploité, entre autres dans la célèbre localité de Kres- 
senberg. 

Un large lambeau de ce terrain apparaît sur les bords de 
la Durance et forme, sur un espace assez considérable, le re- 
vêtement oriental du massif de l’'Oisans. Il reparaît ensuite en 
Savoie, où il renferme (près d'Annecy) des bancs de houille. 
Le même terrain se continue sur le revers de la Dent du Midi, 
où il s'élève à une grande hauteur; il forme le sommet de la 
Dent de Morcles et du Mœuveran. 

Les Diablerets sont connus depuis longtemps par leur nom- 
breux fossiles, qui appartiennent à cet étage, et que l’on re- 
cueille en quantité au Pas de Cheville. Les points culminants 
de la large chaîne que traversent les cols de Sanetsch (2246"), 
de Rawyl (2421%) et de la Gemmi (2302") sont composés es- 
sentiellement de calcaire nummulitique; l'Oldenhorn (3124), 
selon toute apparence lui appartient aussi. 

La même zone se prolonge, en longesnt la Kander j jusqu’ au 
lac de Thoune, pour se continuer jusqu’au lac des Quatre-Can- 
tons. Une zone à peu près parallèle et séparée de la précéden- 
te par le massif du Faulhorn , forme le sommet des cols de la 
Wengern Alp et de la Scheideck et s'étend jusqu’à Rosenlauï. 
C’est la même zone qui reparaît ensuite à Altorf et se prolonge 
par le Schæchenthal, à travers la vallée de la Linth, vers les 
bains de Pfæfers, formant en passant le revêtement des Clari- 
des et du Biferten et occupant le sommet de presque tous les 
cols qui conduisent de Glaris aux Grisons (Kistenpass (2761®), 
Panixerpass (2420®) Segnespass (2521). 


rie “hi 


Se é — 


Mais c’est dans le canton de Schwyz que la formation at- 
teint son plus grand développement. La roche prend ici un as- 
pect un peu différent; au lieu de calcaire, elle se compose 
essentiellement de grès verts qu'on pourrait confondre avec 
le gault, n'étaient les fossiles. Les environs d'Yberg sont 
surtout riches en pétrifications, qui étaient déjà connues de 
Scheuchzer. 

Une zone de calcaire nummulitique forme enfin lencadre- 
ment du Sentis des deux côtés du massif, mais sans pénétrer 
dans l’intérieur. Les Fähnern, dans le canton d’Appenzell, sont 
connus comme gisement de fossiles. La formation ne paraît 
pas se prolonger sur la rive droite du Rhin, bien que le flysch 
y soit très-développé dans le Voralberg. En revanche, on 
voit reparaître des nummulites sur divers points des Alpes 
Styriennes, dans des calcaires et dans des grès qui ressem- 
blent singulièrement au grès de Vienne. 

Quant à la zone méridionale, non seulement le nummuliti- 
que ne lui est pas étranger, mais il y forme l’une des roches 
les mieux connues. Les fossiles nummaulitiques du Véronais et 
du-Vicentin sont recherchés depuis longtemps par les collec- 
teurs, et les poissons du Monte Bolca jouissent d’une réputa- 
tation bien méritée. 


Flysch ou Macigno. 


C’est la plus curieuse de toutes les formations sédimentaires 
des Alpes. Sans analogie dans le Jura, les Vosges, la Bohème, 
elle acquiert un développement extraordinaire dans la chaîne 
alpine. Sa puissance est de plusieurs mille pieds, et ce qui : 
n'est pas moins curieux, à l'exception de quelques gîtes spé- 
ciaux, elle ne renferme point de débris d'animaux. Les seuls 
fossiles qu'on y rencontre, et qui sont parfois très-nombreux, 
sont des fucus; et pourtant la structure de la roche semble 
indiquer des conditions de tranquillité et de calme qui d’ordi- 
naïre sont favorables à la vie animale. 

La forme ordinaire du flysch est un schiste gris à grain fin, 
peu solide et se désagrégeant facilement, en sorte que la vé- 
gétation y prend pied plus facilement qu'ailleurs. Aussi, lors- 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 14 


— 194 — 


qu'on aperçoit, dans les Alpes, des parois escarpées garnies de 
verdure et de pâturages, on peut être à peu près certain que 
c’est du flysch. Dans ce cas, le pied des escarpements est d’or- 
dinaire recouvert d'énormes talus d’éboulement. La Gruyère 
doit au flysch l’excellence de ses pâturages. 

Parfois cependant ce schiste acquiert une dureté assez con- 
sidérable, de manière à pouvoir être utilisé comme ardoise, 
par exemple en Savoie, au Niesen, à Pfæfers et surtout à 
Glaris, où se trouvent les célèbres schistes à poissons. Ailleurs 
le flysch se présente sous la forme d’un grès à grain fin, d’un 
vert foncé, marqué de taches grises ou d’un vert clair, le grès 
de Taviglianaz, ainsi nommé d’une Alpe de ce nom située sur 
le chemin de Bex à Azeindaz, dans les Alpes vaudoises. 

Le grès de Ralligen, au bord du lac de Thoune, paraît aussi 
devoir trouver sa place ici; ce serait un équivalent lacustre. 
C’est un grès assez solide, verdâtre ou rougeâtre, qui s'étend 
depuis le lac de Genève jusqu'à Ralligen, où il renferme des 
empreintes de plantes rappelant la flore de Sotzka en Styrie. 

Aueune autre formation, à part peut-être le terrain carbo- 
nifère, n’occupe une aussi grande surface que le flysch. De- 
puis l’Apennin, où il est connu sous le nom de Macigno, nous 
le voyons former une zone à peu près non-interrompue autour 
des Alpes jusqu'aux environs de Vienne. Il n’est pas moins 
développé sur le flanc méridional, où il se montre d’abord par 
lambeaux dans la plaine miocène au sud de Grætz, puis ac- 
quiert un développement toujours plus considérable sur le 
pourtour des Alpes Vénitiennes et Lombardes. Ses derniers 
contreforts viennent mourir au lac Majeur. 

Malgré ses caractères pétrographiques et paléontologiques 
très-différents, le flysch est cependant intimement lié au eal- 
caire nummulitique et les passages de l’une des formes à l’au- 
tre ne sont pas très-rares. Il se trouve avec ce dernier dans 
les mêmes maïîts et sur les mêmes croupes et plateaux, mais 
comme il est la roche supérieure, il en résulte qu’il se déploie 
en général sur de plus grandes surfaces. 

C’est entre le Rhône et l’Aar que le flysch présente le plus 
de variété. M. Studer y distingue six zones distinctes, dont 
les principales sont: 


ee". 


Le Ab 22 

La zone extérieure qu'on peut considérer comme le prolon- 
sement des Voirons; elle revêt le flanc oriental du Moléson 
et forme les rampes vertes de la Béra (1722*) et du Gurnigel 
(1548). C’est un grès à grain fin, que l’on distingue quelque- 
fois sous le nom de grès du Gurnigel, et qui renferme une 
quantité de Chondrites intricatus et Ch. Targioni. 

La zone du Simmenthal; elle traverse le pays d'Enhant près 
de Rougemont, s'élève à 2057" dans le Hundsrücken et occupe 
ensuite le Simmenthal. C’est un schiste arénacé renfermant, 
près de Sepey, des deux côtés de la Grande-Eau, l’une des plus 
curieuses roches des Alpes, un conglomérat de blocs anguleux 
de protogine, gneiss, schiste micacé, quarz, qui sont entassés 
comme dans un mur eyelopéen, sans être distinctement, ci- 
mentés par le flysch. 

La zone du Niesen. Le flysch n’atteint nulle part dans les Al- 
pes une aussi grande puissance; il s'élève dans le Niesen à 
2365". La roche est formée à la base de schiste noir, au som- 
met de brèches calcaires et d’un grès qu’on a désigné sous le 
nom de grès du Niesen. On y trouve les fucoïdes ordinaires, et 
l’on ne saurait plus douter aujourd'hui que ce grès n’appar- 
tienne au flysch, bien que son isolement et sa disparition su- 
bite du côté du lac de Thoune soient encore une énigme; car 
il n’y à pas trace de grès du Niesen sur la rive droite du lac. 

La zone des Diablerets; elle comprend des schistes noirs mê- 
lés de calcaires et de grès, qui recouvrent le calcaire nummu- 
litique aux Diablerets, au Sanetch, au Strubel et dans les 
montagnes du Kanderthal et du Kienthal. M. Studer y rapporte 
aussi les masses de schiste et de calcaïre arénacé qui forment 
les sommets du Schilthorn (2965") de la Schwalmere (2737) 
et que l’on exploite près d’Interiaken à Unspunnen et Golds- 
wyl. 

Le flysch de la vallée de Habkeren mérite une mention 
toute spéciale à cause des énormes blocs de granit qu’il ren- 
ferme et qui ont donné lieu à de nombreuses controverses. 
Ces blocs parfaitement arrondis sont composés d’un granit 
complètement étranger aux Alpes, ce qui empêche de les con- 
sidérer comme des blocs erratiques. Leur origine est encore 
un mystère. 


— 196 — 


Le ilysch de Glaris est justement célèbre par les empreintes 
de poissons que recèlent les ardoises de cette localité. Pendant 
longtemps, on a été dans l'incertitude sur l’âge de ces schistes. 
Aujourd'hui que l’on connaît les relations intimes de ces ar- 
doises avec le calcaire nummulitique, cette circonstance, jointe 
au caractère même des poissons ne permet plus de douter que 
nous n’ayons affaire à une forme locale du flyseh. La présence 
de poissons, qui appartiennent pour la plupart à des types 
voraces, est en outre une preuve que la mer du flyseh devait 
héberger d’autres animaux pour leur servir de pâture. 

Au Sentis, le flysch ne forme qu'une zone assez étroite qui 
entoure les masses calcaires. À l'extrémité orientale du mas- 
sif se trouve la localité appelée Fähnern, qui renferme les gi- 
sements les plus riches en fucoïdes. La même zone se poursuit 
de l’autre côté du Rhin, où elle entoure le massif du Voralberg ; 
le flysch paraît s'appuyer ici directement contre les roches 
crétacées, le calcaire nummulitique faisant défaut. Les deux 
zones qui forment la ceinture du Voralberg se réunissent à 
l'extrémité de ce massif, sur les bords de l'Iller, pour de là se 
continuer comme revêtement extérieur des Alpes orientales 
dans les Alpes Bavaroïises, du Salzbourg, d'Adompt, jusqu'à 
Vienne. 


Formation miocène. 


Cette formation qui, sous le nom de molasse, occupe toute 
la plaine suisse entre les Alpes et le Jura, ainsi que la grande 
plaine bavaroise et qui se prolonge, en se rétrécissant, jusqu'à 
Vienne, ne pénètre nulle part dans l’intérieur des Alpes. La 
grande zone de molasse de la plaine de Grætz, qui entoure 
l'extrémité orientale de la chaîne alpine, ne fait également 
que baigner en quelque sorte les Alpes Carinthiennes, et ce 
n’est qu'exceptionnellement qu’elle se montre dans quelques 
vallées. 

Ce fait est important pour l’histoire du sol alpin, puisqu'il 
nous apprend que tout l’espace occupé aujourd’hui par les 
Alpes a dû être terre ferme, pendant que la mer miocène 
déposait la molasse. C’est en quelque sorte la répétition de 


ee PINUT. 


ce qui s'était passé auparavant dans le Jura, la Suisse septen- 
trionale et l'Allemagne centrale, pendant l’époque éocène, 
alors que toutes ces contrées étaient émergées, tandis que le 
sol des Alpes et de l’Apennin était oceupé par la vaste mer 
du flysch. Un grand mouvement de bascule séculaire semble 
ainsi avoir précédé le soulèvement des Alpes. 

La molasse, pour être limitée à la zone extérieure, n’en a 
pas moins participé au soulèvement. $es couches ne sont pas 
seulement redressées, plissées, contournées, mais des monta- 
gnes entières ont été renversées et mises en quelque sorte 
sens dessus dessous, entre autres le Rigi. C’est ainsi seulement 
qu'on s'explique comment il se fait que près du Rigi-Schei- 
deck ôn voit l’éocène et le crétacé reposer sur le conglomérat 
miocène. La même disposition se voit au Speer et sur bon 
nombre d’autres points du bord des Alpes, 


REVERS MÉRIDIONAL DES ALPES. 


Les terrains stratifiés du revers sud des Alpes sont distribués 
d’une toute autre manière que ceux du revers septentrional. 
Au lieu d’un revêtement continu, nous les voyons former à 
l'extrémité orientale de la chaîne une zone très-large qui se 
rétrécit graduellement à l'O., pour disparaître complètement 
sur les bords du Tessin. Les massifs des Alpes Grecques et 
Cottiennes, qui bordent la plaine du Pô à lO., en sont com- 
plètement dégarnis; ils ne reparaissent que sur les flanes des 
Alpes Maritimes et Liguriennes. 

Jusqu'à ces derniers temps, la distribution des terrains stra- 
tifiés du revers sud n'était que très-imparfaitement connue. 
Les ténèbres qui les recouvraient commencent cependant à se 
dissiper sous le souffle de la geologische Reichsanstalt, qui à 
déjà rendu, et promet de rendre encore des services signalés 
à la science. Les difficultés qui s’opposent à l'identification des 
formations ne sont pas moindres ici que sur le revers opposé. 
Les couches y sont tout aussi bouleversées et tourmentées et, 
ce qui en complique encore l'étude, c’est que les calcaires y 


— 198 — 


sont transformés en dolomies sur une bien plus grande échel- 
le, en sorte qu’il est souvent impossible de les identifier, at- 
tendu que la structure de la roche est complètement altérée 
et que les fossiles sont à peu près étrangers à ces grands 
massifs ainsi modifiés. 

Les terrains stratifiés acquièrent un grand développement 
au nord de Trieste, dans le plateau de Karst. Ils s'élèvent en 
même temps à une hauteur considérable dans la chaîne des 
Alpes Juliennes et dans les Karawanka, qui sont tout entiers 
formés de calcaire. Les montagnes calcaires qui forment le 
revêtement du massif des Alpes Carniques, aux sources de la 
Piave, sont à peine moins considérables. Enfin, nous avons 
déjà mentionné, sur le pourtour des Alpes Trentaises, les do- 
lomies du val Fassa, devenues célèbres par les recherches de 
M. de Buch. 

Le cours de l’Adige, qui est une limite si considérable sous 
le rapport orographique, détermine aussi un changement dans 
la distribution des terrains. La zone sédimentaire se trouve 
subitement réduite à la moitié de sa largeur. Les terrains 
jurassiques et liasiques surtout ne présentent plus, à l'O. de 
ce fleuve, qu'une zone étroite, tandis que les terrains triasiques 
acquièrent un développement prépondérant. : 

Mais pour être plus étroite, cette partie de la zone méri- 
dionale qui se trouve en deçà de l’Adige n’en est pas moins 
intéressante. Les vals Camonica, Seriana et Brembana sont 
autant de coupes qui traversent perpendiculairement la série 
des formations , depuis le verrucano jusqu’à l’éocène. Dans 
chacune de ces vallées, le trias joue le principal rôle sous la 
forme de conglomérats (verrucano équivalent du grès bigarré), 
de cargneule, de dolomie et de calcaires gris. Le lias y paraît 
sous la forme de calcaires noirs; enfin nous retrouvons au 
bord du lac d’Iseo le terrain oxfordien, le néocomien sous le 
nom de majolica et l’'éocène sous la forme de grès de Sarnico. 

La Brianza, entre les deux branches du lac de Côme, est 
aujourd’hui la partie la mieux connue des Alpes Lombardes, 
grâce aux soins des géologues milanaïs. Le trias n’y ‘est plus 
aussi prédominant que dans les vallées ci-dessus. C’est le lias 
en revanche qui l'emporte de beaucoup. Le caleaire gris et 


= De 4 ‘ 
PET 
RER 


— 199 — 


noir dont il se compose en grande partie et qui se voit sur les 
bords du lae, à Bellagio, passe insensiblement au calcaire roux 
(calcareo ammonitifero rosso) qui forme les derniers contre- 
forts des montagnes et que l’on retrouve à Côme, à Erba, et 
tout le long des petits lacs de la Brianza. Ce calcaire est, sur 
nombre de points, riche en fossiles, spécialement en ammo- 


nites et en aptychus. 


A l'O. de Côme, on voit de nouveau reparaître le calcaire 
jurassique (oxfordien) au-dessus du lias; il y atteint même 
un développement assez considérable spécialement sur la rive 
gauche du lae Majeur, mais il ne se prolonge pas au delà, ou 
s’il existe, ce n’est que par petits lambeaux isolés. A partir de 
la Sesia, ce sont les roches cristallines qui règnent d’une ma- 
nière absolue. L’oolite supérieure paraît faire complètement 
défaut. | 

La série crétacée est bien moins importante que sur le re- 
vers nord; en Lombardie, elle n’est guère représentée que par 
la majolica qui paraît être l'équivalent du néocomien et qui 
repose directement sur l'oxfordien. Les grès verts et le gault 
n'ont pas encore été signalés. En revanche, il existe dans le 
Vicentin un caleaire à pâte fine souvent ferrugineux qui est 
connu sous le nom de scaglia et qui par ses fossiles est l’équi- 
valent de la craie blanche. Il sert de base au terrain nummu- 
ltique qui est très-riche en beaux fossiles, particulièrement à 
Morte Bolca. j 


RAPPORTS DE LA GÉOLOGH AVEC L'OROGRAPHIE. 


Si les terrains cristallins ne formaient qu'une ou plusieurs 
orandes masses continues, comme on le supposait dans l’ori- 
gine, les flancs de la chaîne seraient empreints d’une certaine 
uniformité qui n'existe pas. Les massifs ou noyaux cristallins 
ayant surgi comme des îles du milieu des terrains sédimen- 
taires ambiants, il en résulte que ces derniers. bien qu'altérés 


— 2009 — 


et métamorphosés, doivent avoir une autre allure que les ter- 
rains cristallins. Ils se maintiennent aussi d'ordinaire à des 
uivaux plus bas et ce n’est qu’exceptionnellement qu’ils ont 
été portés à la hauteur des terrains cristallins. 

Cette disposition est de la plus haute importance pour lin- 
tellisence de l’orographie des Alpes. Comme chaque massif 
cristallin représente un noyau allongé ou ellipsoïde et que le 
point culminant correspond en général au milieu du massif, 
il s’en suit que c’est aux intervalles des ellipsoïdes ou massifs 
cristallins que devront correspondre les dépressions de la 
chaine alpine. C’est en effet là que se trouvent les cols et les 
principaux passages des Alpes, que l’on a recherchés et pra- 
tiqués partout où le noyau cristallin lui-même n'est pas en- 
tamé par des cluses transversales. Tels sont entre autres le 
col de Tende, le Mont-Cenis correspondant à la dépression 
entre les Alpes Cottiennes et les Alpes Grecques, le col du 
Bonhomme entre le Mont-Blanc et les Alpes Occidentales, le 
grand $t-Bernard, le Luckmanier, le Bernardin, le Splugen, 
la Bernina, le Stelvio dans une certaine mesure, la Reschen- 
Scheideck et surtout le Brenner, la plus ancienne route des 
Alpes (voy. p. 29). Les cols des Alpes orientales sont tous à 
peu près dans les mêmes conditions, spécialement eeux qui 
traversent les Tauern, ainsi le col de Rauris. Plus loin la 
chaîne entière s'abaisse assez pour permettre des passages à 
peu près partout. L'orographie ne plus ici la même impor- 
tance. 

En Suisse, il n’y a guère que deux passages qui ne suivent 
pas les zones ou dépressions des terrains sédimentaires: ce 
sont le St-Gothard et le Simplon. Mais il ne faut pas oublier 
que le motif du premier réside dans les deux cluses de la 
Reuss et du Tessin, qui sont assez rapprochées pour que le 
passage du massif médiocrement élevé du St-Gothard s’en 
trouve singulièrement facilité. Le col du Simplon, de son côté, 
traverse le massif cristallin du même nom près de son ex- 
trémité, là où il est très-étroit et déjà singulièrement abaïs- 
sé; il ne tarde pas à gagner la vallée de la Diveria et delà le 
grand couloir du Val-Formazza auquel il ne manque que peu 
de chose pou £tre unc cluse parfaite. 


+ À 


— 201 — 


Vallées des Alpes. 


A part les intervalles ou cols qui séparent les différents mas- 
sifs, la chaîne des Alpes est sillonnée par une foule de cou- 
loirs et de vallées d’un caractère très-varié, qui tous servent de 
voies de communication. On peut les ramener à trois types. 
Ce sont ou des déchirures transversales (cluses) ou des ravins 
longitudinaux (combes) ou bien des dépressions longitudinales 
entre deux massifs (mnaîts). 

Cluses. Orographiquement les cluses se font remarquer par 
leur caractère sauvage, leurs parois abruptes, souvent très- 
rapprochées, de manière à rendre les passages très-difficiles. 
Les torrents y sont ordinairement très-impétueux et donnent 
lieu à de nombreuses cascades. Géologiquement elles sont ca- 
ractérisées par la symétrie de leurs parois qui sont composées 
des mêmes roches des deux côtés. La vallée de la Reuss de- 
puis Andermatt jusqu'à Flülen et même jusqu'à Brunnen est 
composée d’une série de cluses d’un caractère un peu différent 
suivant les roches. Dans le domaine du noyau eristallin, la 
cluse est plus étroite ei plus accentuée, parce que la roche 
est plus dure. Dans le domaine du calcaire, la vallée s'élargit, 
mais elle n’en conserve pas moins son caractère spécifique qui 
consiste dans la symétrie de ses flanes. 

Les cluses sont plus nombreuses dans les terrains stratifiés 
que dans les terrains cristallins, sans doute parce que les ro- 
ches y sont moins résistantes. Nous citerons parmi les plus 
connues la vallée de l'Arve. depuis les Ouches, la vallée du 
Rhône depuis Martigny (qui entame même l'extrémité des 
massifs cristallins du Mont-Blanc et des Aiïguilles-Rouges), 
la vallée du Rhin depuis Coire, celle de la Salza à partir de 
Reinbaeh, celle de l’Ens inférieure et sur le revers méridional 
toutes les vallées qui vont rejoindre le Pô. 

Les massifs cristallins sont bien moins sillonnés de coupures 
transversales. À part la cluse de la Reuss que nous avons 
mentionnée, nous ne trouvons guère à citer que la eluse du 

Tessin traversant le massif du Tessin, celui de la Dora Baltea 


sif des Alpes occidentales qui fasse exception; il est traversé 
par quatre cluses qui donnent chacune passage à une rivière 
et qui rivalisent entre elles par leur beauté sauvage ou pitto- 
resque: ce sont les gorges de la Romanche, de l’Are, de l'Isère 
et du Doron. Remarquons ici que nous n’avons affaire qu'à 
des cluses simples ne traversant chacune qu'un seul massif. 
C’est sans doute parce que le massif des Alpes Occidentales 
est étroit et isolé qu’il à été si facilement entamé. Du moment 
que plusieurs massifs sont en contact, les ruptures n’ont pu en 
faire façon. C’est pourquoi les Alpes Pennines ne sont traver- 
sées par aucune grande coupure. Les massifs des Alpes Nori- 
riques sont également trop larges pour qu’une crevasse ait pu 
les traverser de part en part. 

Il importe ici de ne pas confondre avec les cluses, les rup- 
tures partielles qui sont limitées à l’un des flancs d’une chaîne 
et dont le nombre est bien plus considérable. Comme elles 
coupent aussi les strates perpendiculairement, on conçoit que 
leur physionomie doit être à peu près la même. En effet, 
elles ne le cèdent ni en beauté ni en grandeur aux véritables 
cluses qui traversent les massifs de part en part, témoins les 
vallées de l'Ill, du Pô, de l’Aar, le Val-Formazza, le Val-Ca- 
lanca, les vallées latérales du Valais. Ces vallées, que nous 
voudrions appeler des semi-cluses s'élargissent souvent à leur 
origine et donnent lieu à de grands amphithéâtres ou cirques 
qui constituent l’un des grands traits de l’orographie des Al- 
pes. Tel est entre autres le cirque de la Bérarde. Lorsqu'ils 
sont assez élevés pour permettre à la neige de s’y conserver, 
ces cirques deviennent les réservoirs des grands glaciers (névé 
de Lauter-Aar, du Finster-Aar, d’Aletsch). 

Combes. Les combes sont des ravins non moins pittoresques 
et souvent non moins accentués que les cluses, maïs au lieu 
d'être perpendiculaires à la direction des massifs, elles sont 
au contraire parallèles à ces derniers. Il est rare de voir une 
dépression pareille au milieu des massifs eristallins. Nous n’en 
connaissons pas d'exemple, à part peut-être la vallée de l'Ad- 
da, du lae de Côme à Tirano, si tant est que ce soit réellement 
une combe. C’est surtout au contact des roches cristallines 
avec les roches sédimentaires qu’il faut chercher les combes. 


7. APT SR 
a 

: 

j 


D'ordinaire elles servent de lit à des rivières considérables 
qui recueillent les eaux de tous les ravins et semi-cluses qui 
descendent des massifs. Quelques-unes de ces vallées sont con- 
sidérables, par ex. la vallée de l’Inn depuis le débouché de 
l'Engadine jusqu’à Inspruck ; la vallée supérieure de la Salza, 
celle de la Drau. Le caractère de ces vallées doit être l'asy- 
métrie: d’un côté des roches cristallines et de l’autre des ro- 
ches stratifiées, qui souvent s'élèvent comme d'immenses rem- 
parts. Les mêmes accidents se reproduisent dans les Alpes 
Suisses. « Un voyageur, dit M. Studer ({), qui, poursuivant la 
limite septentrionale du massif du Finster-Aarhorn, se diri- 
serait par la vallée et le glacier de Lœtsch vers la vallée de 
Gastern, traverserait le glacier de Tschingel pour regagner 
le fond de la vallée de Lauterbrunnen, remonterait les hau- 
tes vallées qui séparent la Jungfrau du Silberhorn et le Môünch 
de l’Eiger, regagnerait ensuite le névé et le glacier inférieur 
de Grindelwald, escaladerait le Col d'Urbach par le glacier 
de Rosenlaui, descendrait dans la vallée d'Urbach jusqu’à Hof, 
remonterait ensuite la vallée de Gadmen, traverserait le gla- 
cier de Wenden, longeant ainsi la pente méridionale du Titlis, 
passerait dans la vallée de la Reuss et de là dans le Val Ma- 
deran pour regagner la limite orientale du massif cristallin du 
Finster-Aarhorn dans le voisinage du Tæœdi, — ce voyageur 
aurait presque constamment à sa gauche des parois verticales 
de calcaire, souvent de plusieurs mille pieds de hauteur, et à 
sa droite le massif central, tantôt couronné de névé et de 
glaciers, tantôt revêtu de forêts et de pâturages et présentant 
rarement des abruptes infranchissables. Derrière cette pre- 
mière enceinte calcaire qui entoure le massif cristallin, com- 
me les parois d’un cratère de soulèvement placées autour du 
cône central, on remarque fréquemment des traces d’un second 
et d’un troisième rempart, dont les couches présentent la mè- 
me inclinaison, €.-à-d. offrent au massif cristallin leurs parois 
verticales et plongent en sens opposé. C’est à un rempart se- 
condaire pareil qu'appartiennent les abrupts de la Gremmi; les 
bains de Louèche sont situés entre deux chaînes de sédi- 
ment. À l'extrémité orientale du massif du Mont-Blanc, de 


(4) Desor, Nouvelles Excursions p. 234. 


0 = 


Saïllon à Sion, on compte quatre ou cinq chaînes parallèles 
de calcaire et de schiste, qui toutes ont leurs abrupts tournés 
vers le massif cristallin, tandis qu’ils présentent une pente 
douce à l'E. » 

Les Alpes orientales nous offrent à leur tour plusieurs exem- 
ples frappants de combes ou ruptures longitudinales entre 
deux formations ou groupes de terrains stratifiés; tels sont 
entre autres, la pittoresque vallée de la Gaiïl, la Drau dans 
son cours moyen à partir de Villach, le cours supérieur de la 
Save, le cours supérieur de l’Ens, l’Inn dans son cours moyen. 
On pourrait les appeler des combes de second ordre, réservant 
le nom de combes de premier ordre à celles qui sont comprises 
entre le noyau cristallin et le premier rempart. Le cours su- 
périeur de la Salza est un bel exemple d’une combe de pre- 
mier ordre. 

Les maîls sont l'inverse des combes. Ce sont en principe des 
dépressions synclinales comprises entre deux voûtes ou deux 
massifs cristallins. Dans les Alpes, les roches de ces zones 
intermédiaires ont été tellement comprimées, qu'il est rare de 
trouver une maît synclinale régulière; les couches sont d’or- 
dinaire verticales ou renversées, et ce n’est qu'à force de 
patience qu'on parvient à tracer les plis primitifs. Telle est la 
maît de Chamouni qui sépare le massif des Aiguilles Rouges 
de celui du Mont-Blanc, la maît de la vallée d'Urseren, celle 
du Val Bedretto entre le St-Gothard et le massif Tessinois, 
La maît de l’'Engadine, quoique très-large, n’en est pas pour 
cela moins bouleversée. Dans certains cas, les dépressions 
des maîts sont dues en partie à la désintégration, surtout lors- 
qu’elles ne sont pas continues, Ainsi, la maît d'Urseren se 
relève tout en s’élargissant vers la Fourka, puis devient de 
nouveau très-profonde en Valais. Elle se relève de même du 
côté oriental, au col d'Ober-Alp, pour de là se continuer dans 
le Tavetseh. Et pourtant, c’est la même zone de schistes gris 
qui se continue depuis les Grisons jusqu’en Valais, tantôt don- 
nant lieu à une vallée profonde (Urseren), tantôt se relevant 
en forme de col (Fourka et Ober-Alp). 

Enfin il peut arriver qu'il n'existe plus ni synclinale, ni dé- 
pression, ni rien qui indique le pli primitif. Dans ce cas, la 


_. nas 


— 205 — 


maît n’est en quelque sorte plus qu'une maît idéale ; et cepen- 
dant pour le géologue, elle a la même valeur que si elle était 
réelle. C’est le cas de ces lambeaux de calcaire et de schistes 
métamorphiques entre le massif du Valais et celui du Mont- 
Rose, qui non-seulement s'élèvent à de grandes hauteurs, mais 
forment même des arêtes colossales (Mont-Cervin). 

Nous ne pouvons cependant passer sous silence une diff- 
culté qui se présente quelquefois. En théorie, les vallées lon- 
gitudinales devraient toujours être parallèles à la direction 
des couches; au lieu de cela elles les coupent assez fréquem- 
ment sous un ahgle aigu. C’est ce qui à lieu entre autres dans 
la vallée du Rhône, près de Saxon aussi bien que dans la 
vallée du Rhin. Dans ce cas, la vallée ne saurait être unique- 
ment l'effet. de l'érosion, surtout lorsque, au lieu de suivre les 
afleurements des schistes et roches tendres de la maît, elle 
s’en va entamer des couches plus dures à côté. On doit sup- 
poser, dans ce cas, une rupture préexistante qui a déterminé 
cette direction exceptionnelle. 

La même distinetion que nous avons admise à l’égard des 
vallées s'applique aussi aux lacs. Nous distinguons: 

1° des lacs de cluse. Ce sont les plus pittoresques avec rives 
verticales et symétriques, tels sont le lac de Thoune, le lac 
d’Iseo, le lac de Côme, les lacs de Traun et d’Atter dans les 
Alpes du Salzkammergut, le Tegernsee dans les Alpes Bava- 
roises ; 

2° des lacs de combe. Moins pittoresques que les précédents, 
ils se distinguent par l’asymétrie de leurs rives dont l’une est 
ordinairement abrupte tandis que l’autre s'élève sous forme 
de rampe plus ou moins inclinée; ex. les lacs de Wallenstadt 
et de Brienz dans une bonne partie de leur étendue ; 

3° des lacs de maîts. Nous n’en connaissons de bons exem- 
ples que dans les petits lacs de la chaîne du Sentis, peut-être 
le Mond-$ee dans le Salzkammergut ; 

4 des lacs d'érosion. Ils ne se trouvent que dans la zone ex- 
térieure des Alpes etne paraissent pas se rattacher directement 
au soulèvement des Alpes. Ils sont plutôt le résultat d’érosions 
subséquentes survenues à Ja suite de quelques autres grands 
événements, peut-être l'extension des glaciers. Leurs rives ne 


— 206 — 


sont pas en général très-accidentées; exemples: les lacs de 
Constance, de Sempach, de Chiem, de Wurm; 

5° des lacs de moraines. Les anciens glaciers, en se retirant, 
ont laissé à l'issue de bon nombre de vallées des moraines en 
forme de digues qui, en retenant les eaux prisonnières, ont 
occasionné un certain nombre de lacs ou bien ont agrandi des 
bassins préexistants. La plupart des lacs d'Italie doivent à ces 
barrières leur existence ou du moins leur forme et leur éten- 
due actuelles. Fels sont les lacs d'Iseo, de Côme et de Lecco, 
et surtout le lac de Garde. 

Il est un certain nombre de lacs, et dans ce nombre 
quelques-uns des plus remarquables, qui réunissent plusieurs 
types. Ainsi le lac des Quatre-Cantons est lac de cluse de 
Fluelen à Brunnen, lae de maît de Brunnen à Bürgen et lac 
d’érosion dans la branche de Lucerne. Le lac de Genève est 
lac de cluse dans sa partie supérieure, lac d’érosion de Lau- 
sanne à Genève; le lac Majeur est alternativement lac de eluse 
et lac de maiït. 

Il existe enfin de petits lacs au sommet de la plupart des 
cols des Alpes (au St- Gothard, au St-Bernard, au Grimsel, 
col de Reschen ete.), ce ne sont que des dépressions acciden- 
telles ou de légères ondulations du sol remplies d’eau. 


RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DU SOL ALPIN. 


L'histoire du sol alpin n’est pas seulement celle de ses mon- 
tagnes. Bien avant que la chaîne alpine surgît, ce sol avait 
été le théâtre d'événements considérables qui lui ont été com- 
muns avec le reste de notre hémisphère. Des créations diver- 
ses de plantes et d'animaux s’y étaient succédées. Tantôt en- 
vahi par les eaux de la mer, tantôt couvert de marais et de 
savannes qui ont laissé les débris de leur végétation sur nom- 
bre de points, puis de nouveau conquis par la mer, le sol des 
Alpes a vu, non pas seulement des générations sans nombre, 
mais même des faunes et des flores entières se succéder et 
réaliser, en se modifiant, le progrès dont étaient susceptibles 


— 207 — 


les formes organiques de ces temps reculés. À ce point de 


- vue, on peut diviser l'histoire du sol alpin en deux grandes 


phases, l’une antérieure, l’autre postérieure au soulèvement. 


Période antérieure au soulèvement. 


Cette période est de beaucoup la plus longue et la plus ri- 
che en événements géologiques. Sans remonter aux époques 
obscures où l’eau n'existait pas à l’état liquide, ni même à 
celle où les eaux de l'Océan étaient encore désertes (période 
azoïque), nous trouvons dans le domaine des Alpes des traces 
évidentes des plus anciennes formations fossilifères, témoins 
les dépôts siluriens des environs de Grætz. Il est vrai qu'ils 
ne couvrent encore que peu d'espace sur nos cartes. Mais com- 
me il ne serait pas rationnel de supposer que ces formations, 
généralement très-répandues, manquent précisément au cen- 
tre de la chaîne, on est naturellement conduit à se demander 
si certaines roches altérées que l’on désigne sous le nom de 
roches métamorphiques, ne sont pas les représentants modifiés 
de ces mêmes terrains. Ce qui semblerait l'indiquer, c’est que 
ces terrains sont surtout fréquents dans la partie centrale des 
Alpes, là où les transformations se sont opérées sur la plus 
erande échellé. Tels sont, par exemple, les schistes talqueux, 
les schistes amphiboliques, les schistes verts de M. Studer, 
peut-être même une partie des schistes gris. Il sera difficile, 
sinon impossible, de déterminer jamais le niveau géologique 
exact de la plupart de ces roches, vu leur état d’altération et 
absence de fossiles, ou même de faire la part des terrains 
paléozoïques anciens et des terrains azoïques. Ces derniers 
seront nécessairement les plus inférieurs et, suivant que l’on 
sera plus Où moins partisan du métamorphisme, on y rangera 
peut-être les schistes micacés, les gneiss, voire même les 
granits gneissiques et peut-être les protogines du Mont-Blanc. 
Ce qui nous importe, c’est de constater que le sol alpin a 
été témoin des premières évolutions de la vie, alors que les 
mers silurienne et dévonienne recouvraient à peu près toute 
la surface du globe. 


— 208 — | ; 


Cette première phase de l'histoire paléozoïque a été inter- 
rompue par un grand événement, auquel le sol alpin a parti- 
cipé dans une large mesure. Les anciennes mers ont fait tem- 
porairement place à de vastes marécages, dont les dépouilles 
se sont conservées sous la forme de bancs de houille qui exis- 
tent sur divers points des Alpes, spécialement dans les maîts 
extérieures. Un changement pareil n’a pas pu s’opérer sans 
occasionner des mouvements de bascule considérables dans 
l'écorce du globe; il a fallu que le fond de la mer, naguère 
parsemé de polypes. d’échinodermes et de brachiopodes. silu- 
riens et dévoniens, s’exhaussât pour donner lieu à cette végé- 
tation terrestre qui à fourni la matière de la houille. Cet état 
de choses, bien que très-long, comparativement à nos époques 
historiques, ne fut cependant que passager. La mer revint 
avec son cortége d'animaux d'espèces analogues où même 
identiques, prendre de nouveau possession du sol houiller et 
paraît s’y être maintenue sans grande perturbation, pendant 
une longue série de siècles, peut-être jusqu'à la période tria- 
sique. En revanche, la fin de cette période paraît avoir été 
marquée par de nouvelles perturbations, comme l’attestent 
les discordances de stratification que M. Lory a signalées 
dans la vallée de l’Olle, entre les chaînes de Belledone et des 
Rousses, où le lias repose en stratification discordante sur 
le gneiss (1). C’est peut-être aussi de cette époque que date le 
erand soulèvement circulaire qui, suivant M. Studer, aurait 
affecté toute la partie occidentale de la chaîne alpine, depuis 
les Alpes Liguriennes jusqu'au massif d’'Adula et dont on 
trouve des indices dans la direction très-différente des strates 
des différents massifs (?). Enfin, il faut admettre qu’une partie 
notable des Alpes orientales a été exondée dès cette époque, 
puisque nous avons vu que dans le massif carinthien, Ja mol- 
lasse repose sans intermédiaire sur les schistes cristallins. Ce 
soulèvement antéliasique aurait ainsi mis à sec une partie 
notable du sol alpin, qui paraît avoir persisté dans cet état, 
sans modifications bien marquées, pendant toute la durée de 
la période jurassique et crétacée jusqu’à l’époque tertiaire. 

(*) Lory Description géologique du Dauphiné, 1 p., pl. L, fig. 3. 

@) Studer Pysikalische Geographie, IE, p. 232. 


Te 
c 


ro OR 


— 209 — 


Vers le milieu de cette période, le sol des régions voisines 
qui avait été continent depuis l'époque du lias, subit une dé- 
pression notable, qui permit à la mer miocène d’envahir toute 
la plaine suisse et d’y déposer les mollasses et les conglomé- 
rats qui forment aujourd’hui la bordure extérieure des Alpes. 
Le commencement de cette époque paraît avoir eu des phases 
assez agitées, s’il faut en juger par la grosseur des cailloux 
qui composent les conglomérats. Peu à peu les conditions 
nouvelles se régularisèrent; les eaux marines alternèrent plu- 
sieurs fois avec des eaux douces, mais sans occasionner de 
changements notables ni dans la flore, ni dans la faune, ni 
dans le climat de l'époque, qui paraît avoir été un peu plus 
chaud que celui de nos jours, correspondant à peu près à ce- 
lui de l'Italie actuelle. 

Ce fut alors que survint le plus grand événement dont notre 
hémisphère ait été témoin, le soulèvement de la chaîne des 
Alpes. ; 


Période postérieure au soulèvement. 


Nous n'avons pas à rechercher ici quelles sont les causes 
qui ont déterminé cette grande catastrophe qui s’est terminée 
par le soulèvement de la chaîne alpine. Un ridement pareil 
accompagné de ruptures et de bouleversements, comme ceux 
que nous avons signalés, n’a pu s’accomplir sans occasionner 
des perturbations notables dans toute l’économie animale et 
végétale de l’époque. On comprend que la théorie qui envisa- 
geait le soulèvement des montagnes comme intimément lié à 
la disparition des créations successives, en ait surtout appelé à 
la chaîne alpine, qui a en effet exercé une influence considé- 
rable sur les destinées de notre continent. Si la création tout 
entière n’a pas été détruite par cette grande catastrophe, il est 
certain du moins que pour le centre et le Nord de l'Europe, 
elle a été le signal d’un changement considérable dans la dis- 
tribution des terres et des eaux, et par conséquent dans les 
conditions générales d'existence; elle a été la cause du retrait 
des mers molassiques sur les deux versants de la chaîne et 


BUL. DE LA SOC: DES SG. NAT. T. V7, 15 


— 210 — 


marque ainsi pour nous la fin non seulement de l’époque mio- 
cène mais aussi de la période tertiaire ({). 

Depuis lors, le sol Alpin est resté à peu près stable, @) 
n'ayant plus subi ni exhaussement ni affaissement de diué 
importance. Mais il n’a pas pour cela été à l'abri de toute 
crise. La plus extraordinaire de toutes lui était encore réser- 
vée, nous voulons parler de l'extension des anciens glaciers. 
Il est difficile de dire combien de temps s'était écoulé depuis 
le soulèvement des Alpes jusqu'au moment où leurs flancs se 
sont couverts de glace, de manière à envahir toutes les val- 
lées intérieures et même la plaine suisse jusqu’au Jura. Il est 
possible que cet envahissement extraordinaire des glaces ait 
été provoqué par le soulèvement même des Alpes; du moins 
ne connaissons-nous aucun phénomène (dans le domaine des 
Alpes) qui indique une période intermédiaire entre ces deux 
grands évènements (°). Ce qui est certain, c’est qu’il est pos- 
térieur, ainsi que l’attestent les polis des glaciers, les blocs 
qu'ils ont transportés et surtout les stries et les sillons qu'ils 
ont tracés sur les parois des vallées et qui se sont conservés 
en place jusqu'à nos jours. Nous n'avons pas à nous occuper 
ici des détails du phénomène glaciaire, ni de ses causes, ni 
de sa durée, ni de son étendue, ces questions étant trop im- 
portantes pour pouvoir être traitées incidemment. 

Un événement aussi considérable a dû réagir au loin, sur- 
tout s’il est vrai, comme tout semble l'indiquer, qu’une exten- 
sion semblable des glaces avait lieu simultanément dans læ 
partie boréale de notre hémisphère. Le climat a dû s’en res- 
sentir, ainsi que la faune et la flore, non seulement dans lin- 


(1) On a parlé pendant longtemps d’un second soulèvement, celui des Alpes 
centrales qui aurait redressé l’alluvion ancienne dans les Alpes françaises, 
le long de la Durance. Nous avons montré, dans une autre communication 
(voir ce Bulletin tom. 5, p. 58), que ce prétendu second soulèvement repose 
sur une fausse détermination de terrain. 


() L'opinion de M. de Charpentier qui supposait que les Alpes, à leur 
naissance, étaient plus élevées et qu’elles se sont tassées successivement , à 
été abandonnée par son auteur lui-même. 


(5) L’alluvion ancienne que l’on place quelquefois entre les deux n'est 
qu’une partie du phénomène glaciaire. 


FR: Din 


térieur des Alpes où toute vie était probablement suspendue, 
mais aussi au loin, dans les plaines, qui viennent aboutir à 
la grande chaîne. Que se passait-il ailleurs, dans les zones 
équatoriales, pendant que nos zones tempérées subissaient 
l'influence des glaces séculaires? C’est ce qu’il serait intéres- 
sant de rechercher. Il est probable qu'au seuil des Alpes et 
dans leur intérieur, la vie n’a reparu qu'après le retrait des 
grances glaces. C’est à partir de ce moment, que commence 
pour nous la période quaternaire avec son cortége d'animaux 
et de plantes qui constituent la faune et la flore actuelles re- 
haussées de quelques types qui ont disparu depuis, mais dont 
les squelettes sont enfouis dans les graviers superficiels, entre 
autres le mamouth. 

Il n’est pas démontré que l’homme ait fait son apparition 
dès le début de cette période, comme en général rien ne 
prouve que tous les animaux et toutes les plantes soient ap- 
parus simultanément. La faune des Alpes nous fournit plutôt 
des indices du contraire. Aïnsi, il est évident que lorsque Îles 
glaciers s’étendaient, d’une part, jusqu’au Jura et d'autre part 
jusqu’à l'issue des grandes vallées dans la plaine Lombarde, 
les lacs alpins n’existaient pas; l’eau n’a pu s'y accumuler qu'à 
mesure que la glace qui les comblait se retirait: les coquiiles, 
les insectes et les poissons qui les habitent de nos jours ne 
s’y sont par conséquent montrés qu'à une époque relativement 
tardive. Or, dans le nombre, il s’en trouve qui sent propres 
aux lacs des Alpes et qui par conséquent n'ont pu venir d’ail- 
leurs (par exemple l’Ide). Ceux là doivent nécessairement 
être le produit d’une création subséquente, à moins qu'on ne 
les envisage comme des types modifiés pendant une longue 
série de siècles, sous l'influence de conditions d'existence par- 
ticulières propres aux lacs des Alpes (4). 


(‘) Voyez ma Notice sur les phases de la période diluvienne, Bulletin, t. V, 
année 1861, pages 423 et suivantes. 


EXAMEN CHIMIQUE 


DES VENDANGES DE NEUCHATEL, 1861. 


Par M'KOPF 


On a pesé 32 gerles de vendange, raisin blanc. La gerle de 
66 pots fédéraux soit de 99 litres, à pesé en moyenne 111,95 
kilogrammes, elle à laissé en moyenne 10,25 kgr. de marc see, 
et a donné en moyenne 101,07 kgr. de moût liquide, qui, me- 
suré, a donné en moyenne 85,5 litres, soit 57 pots fédéraux. 
Le poids du litre de moût blane a done été de 1,18 kgr. et le 
poids du pot fédéral 3,5 livres. Les tableaux suivants contien- 
nent d’abord (A) l’examen des moûts blancs, (B) celui des 
moûts rouges et puis (C) celui des liquides écoulés du pressoir 
successivement pendant les opérations de la pressurée, d’une 
même vendange de moût blanc. 

Le tracolon est la liqueur qui découle du moût de raisin sans 
pression. Le premier du pressoir est la liqueur qui découle du 
marc en le pressant. Le mare desséché par la première pres- 
sée est recoupé et soumis à une nouvelle pression, la liqueur 
qui s'écoule est la recoupée ou rebrottée; entin l'on donne en- 
core une dernière pression beaucoup plus forte, et le liquide 
qui s’égoutte, un peu huileux et de couleur rougeûtre, s’ap- 
pelle les chenaux. 

La densité du moût a été déterminée, après filtration, au 
moyen d'un aréomètre. L’acide a été déterminé par la mé- 
thode acidimétrique par les volumes; on a préparé une liqueur 
acide normale avec de l'acide oxalique telle que 1 litre eon- 


— 213 — 


tenait un gramme d'acide, soit un pour mille; au moyen de 
cette liqueur acide, on à préparé une liqueur alcaline de po- 
tasse telle que 5 cem. neutralisaient 10 cem. de liqueur acide 
soit 0,01 d'acide oxalique. Ces rapports ont élé choisis parce 
que la burette porte des divisions de 5 ccm. chacune, divi- 
sées en dixièmes. Chaque division de la burefte correspondait 
donc à un pour mille d'acide oxalique en opérant sur 10 cem. 
de moût. Dans le tableau, l'équivalent de l'acide oxalique à 
été changé en celui de l'acide tartrique admis comme acide 
principal des acides libres du vin, d’après le rapport 1 d’acide 
oxalique = 1,53 d'acide tartrique. 

Le sucre a été dosé au moyen d’un saccharimètre, la longueur 
du tube est telle que 1 gramme de sucre de canne, dissout dans 
10 ccm. d’eau, donne une déviation à droite de 12°,5; 1 or. 
de glucose dissout dans 10 cem. d’eau dévie à droite de 11°. Le 
cœæfficient d’inversion du sucre de canne est de — 0,36 c'est- 
à-dire que la précédente solution de sucre de canne interver- 
tie en ajoutant à 9 ccm. de liqueur sucrée 1 ccm. d’acide 
chlorhydrique, après 24 heures à donné une déviation à gau- 
che de 4°,5. Citons un exemple de cette opération: 10 cem. de 
moût blanc avec 5 cem. d’une dissolution d’acétate de plomb, 
a donné 5° à gauche, donc le moût seul aurait dévié de 
5 x 15 : 10 soit de 7°,5 à gauche. Cette déviation correspond 
à 7,5 : 0,36 à droite soit 20°,8 qui correspond à 20, 8 : 12,5 
soit 1,6 gr. de sucre de canne dans 10 cem. soit 160 gr. dans 
1 litre; or 100 gr. de sucre donnent 51 gr. 11 d’alcool, done 
160 gr. donnent 82 gr. d'alcool! dans 1 litre ou 8,2 pour cent. 
Pour les moûts rouges on a précipité 30 cem. par 15 ccm. de 
dissolution plombique, et on a ensuite décoloré par le char- 
bon. Le résidu sec à été obtenu au moyen de 50 ccm. évapo- 
rés au bain d’eau et séchés par l'acide sulfurique. 


— 214 — 


SSlSs à 8 + 
Désignation du cri. 2 |= à à © S . É È 
l'E [SSl SE |SS")E 
Sas 
A. Moût blanc. 
Grise-Pierre .. . :. |1,068| 7,50 | 160. | .8;2 :/209,7 
Pains-Blanc.. ...::::: 11.074807 4160 1582404 
Cailles et Maillefer . 11,074 7,251 — | — | — 
Auvernier et Corcelles 1,071! 9,531 — | — 208,0 
Monruz . . : . 11,066! 7,78 | — | — | — 
B. Moût rouge. 
Monruz 721.0 ME OSS TO ORNE 
Chèvre . . . . . |1,090| 8,98 | 180 | 9,2 |268,0 
Beauregard . . . (1,089! 7,90 | 220 111,2 | — 
CG. Moût blanc. 
Parc Saint-Nicolas. 
14 Oct. Tracolon . . |1,067| 9,35 | 180 | 9,2 | — 
15 » 1% du pressoir [1,035] 9,72 | 150?! 7,6?| — 
16 » Recoupée . . 11,012] 8,98 | 180 | 9,2 | — 
17 » Chenaux . . |1,00417,52| 10 | 0,5 | — 


Ces tableaux présentent trop de lacunes, pour discuter les 
chiffres, mais nous nous proposons de poursuivre ces études. 
C'était un premier essai d'analyses sur les moûts et vins de 
Neuchâtel faits dans le but spécial, de procurer des rensei- 
gnements sur la fabrication du vin de deuxième cuvée. Après 
quelques séances publiques faites à Neuchâtel et dans quelques 
villages des environs, j'avais publié dans un journal afin de 
provoquer quelques essais, l'instruction suivante. 

N 


Instruction pour faire du vin de deuxième cuvée ow un 
vin agréable, sain et bon marché. 


La vendange que l’on va faire fournira un vin délicieux, 
mais aussi d’un prix assez élevé, et qui ne sera pas accessi- 


— 215 — 


ble à toutes les bourses. Le monde des travailleurs à cepen- 
dant le plus besoin de vin; or le vin de 1861 ne sera pas à sa 
portée par son prix; l’ouvrier devra-t-il donc se jeter, par éco- 
nomie, vers Ce poison qu'on nomme eau-de-vie, et qu’on de- 
vrait plutôt appeler eau de misère, tant son usage habituel en- 
traîne avec lui de maladies, de misères, de décrépitude 
physique et morale. Il faut à côté du vin de prix que fournit 
le raisin, en extraire en deuxième cuvée un vin moins parfait 
mais cependant bon et sain, moins parfumé mais cependant 
agréable, mais surtout moins cher. Nous engageons tous les 
propriétaires de vignes à faire au moins des essais. Ils ap- 
prendront bien vite qu’en faisant une œuvre utile aux autres, 
ils feront une affaire avantageuse pour leurs propres intérêts; 
car c'est une loi naturelle: le bien et le mal que nous faisons 
aux autres, deviennent tôt ou tard un bien et un mal pour 
nous-mêmes. Si vous voulez sérieusement faire la guerre à 
leau-de-vie, remplacez-la par une boisson saine et bon mar- 
ché, de la bière, du cidre, et surtout produisez et vendez du 
bon vin à don marché. 

1° Pour faire du bon vin blanc ou rouge, de deuxième eu- 
vée, préparez une cuve qu'on remplit au tiers d’eau, et dans 
. laquelle on mettra le marc dès qu’il sort du pressoir, par 
morceaux, au plus, de la grosseur du poing et sans lui laisser 
le temps de s’échauffer. 

2° Le marc doit toujours être couvert d’eau pour qu'il ne 
s’acidifie pas à l’air, et il faudra veiller à ce qu'il y ait toujours 
suffisamment d’eau. 

3° On introduira autant de marc que l’on pourra. On rem- 
plit ainsi la cuve de marc et d’eau. 

4 Pour empêcher le marc de flotter à la surface et pour le 
serrer un peu, on le maintiendra sous l’eau avec un couvercle 
chargé de pierres. 

5° Si possible, après 24 heures, on met le clair qui s'écoule 
en tonneau, on presse le marc et on réunit les deux moûts. 

6° Un vin ordinaire doit contenir de 6 à 7 pour mille d’aci- 
de, et de 7 à 8 pour cent d'alcool. 

1° On vérifie, soit par le goût, soit par une analyse rapide, 
que le moût contient 7 pour mille d'acide. S'il en contient 


— 216 — 


moins, on remet le moût sur du nouveau mare, s’il en con- 
tient trop, on ajoute de leau. 

8 On ajoute par 100 livres de moût 14 livres de sucre, car 
le moût contient déjà environ deux pour cent de sucre; on 
aura done en tout environ 16 livres de sucre qui répondent à 
huit pour cent d'alcool, 2 livres de sucre fournissant 1 livre 
d'alcool. 

Le pot fédéral de moût pèse au moins 3 livres. 

On mettra done par 100 pots fédéraux de moût 42 livres 
de sucre. | 

9° On laisse fermenter comme du moût ordinaire. 

10° Pour dissoudre le sucre à froid ou à chaud on devra 
prendre, non pas de l’eau, mais du moût qu’on vient de pré- 
parer. 

11° Pour le vin rouge, on prépare le moût comme il vient 
d’être dit, seulement on laisse fermenter dans la cuve sur une 
quantité suffisante de mare pour que le vin prenne la couleur. 

Des essais ont été faits dans plusieurs pressoirs d’après ces 
indications, et l'examen de quelques moûts de deuxième cuvée 
ont donné les résultats suivants: 

Moût blanc, M.— On à laissé l’eau en contact avec du mare 
pendant 24 heures, l’eau contenait 2,9 d'acide tartrique, on a 
pressé le mare; l'eau qui s’en écoulait contenait 2,5 d'acide. 
Ces eaux réunies furent rechargées de marc frais, après 24 
heures, elles contenaient 4,2 d'acide. On ajouta du sucre de 
canne en grumeau dans la proportion indiquée, 42 livres pour 
100 pots, soit 110 gr. par litre ce qui correspond à 5,6 d’al- 
cool qui, ajoutés aux 2 que l’on suppose rester dans le mare, 
donneraient 7,6 pour cent d'alcool, à peu près celle d’un vin de 
Neuchâtel bon ordinaire. 

Après 24 heures ce liquide déjà en fermentation avait une 
densité de 1,061 et contenait 4,4 pour mille d’acide. Le 28 
octobre la distillation a donné 2 °}, d'alcool et 6°72 de dévia- 
tion à gauche correspondant à 150 gr. de sucre soit à 7,6 d’al- 
cool. Ce vin devra done contenir plus tard 9,6 d’aleool; le 
mare paraît donc avoir contenu plus de sucre qu’on ne le sup- 
posait; l'analyse du vin nous indiquera cela avec plus d’exac- 
titude. 


— 


CEA 


— 9217. — 


Vin rouge, L.— On a préparé du vin rouge en ajoutant au 
mare autant que la cuve pouvait en contenir, de l'eau sucrée 
avec du sucre de raisin. Ce sucre n’était pas pur, car 1 gr. 
dissout dans 10 cent. n’a donné que %, de sorte que 1 gr. de 
ce sucre ne correspondait qu'à 0,82 de glucose pure, mais 
comme le marc était gluant, il se peut que le sucre de fruit 
qu'il contenait, déviant à gauche, diminuait le pouvoir rota- 
toire à droite de la glucose. L'analyse du vin démontrera la 
qualité du sucre. 

Le 23 oct., ce vin fut examiné. La densité était 1,0, il con- 
tenait 5,3 pour mille d'acide, il a donné à la distillation 4,5 
pour cent d'alcool et contenait encore du sucre déviant de 
2°25 à gauche, ce qui correspond à 50 gr. de sucre soit à 2,5 
d'alcool. Le vin contiendra done 7 °/, d'alcool. 

Un autre vin, MB, blanc, formé par de l’eau et du mare, à 
donné après 24 heures 3,3 d'acide et avec du nouveau mare 
après 24 heures 4,77. On ajouta le sucre et la fermentation 
s’opéra bien. 

Un autre vin, D. blanc formé de la même manière ne conte- 
nait que 3,3 d'acide. Nous rapporterons plus tard les analyses 
des vins correspondants à tous ces moûts. Nous ajouterons 
que les vins de deuxième cuvée, ont été faits dans des cir- 
constances bien défavorables, car il est rare de voir un mare 
aussi sec, aussi parcheminé que celui de l’année 1861, année 
très-sèche. 

Nous terminons ce premier rapport sur les vins par les ré- 
sultats que nous a fournis la recherche de la quantité d’ammo- 
niaque que les vins donnent en les distillant avec de la potasse 
caustique. La police nous avait donné à examiner un vin trou- 
ble ayant mauvais goût, et dans lequel il s’est trouvé de petits 
animaux en putréfaction, flottants dans le liquide. A la dis- 
tillation avec la potasse, ce vin m'avait donné une quantité 
d’ammoniaque considérable. Comme je ne connais pas celle 
que donne un vin ordinaire, je fis plusieurs distillations de 
600 ccm. de vin avec de la potasse. L’ammoniaque fut dosé 
avec une liqueur acide contenant dans 1 litre 0,63 gr. d'acide 
oxalique. 


—. 218 — 


Gaz À, H5 contenu dans 1 litre de vin rouge: 


grammes. 
SHiGrenrpe 15 t0 5 es 2). 40 DONNE 
Vinde France: . 4454, niet. 4e MOSMONN 
Neuchôtel,1856. 1, &2 41 4e CHENE 
Minide.Framee , aus 2 1° toota fn 
Vin-de, France, collé .….140 4 taatvot  H6n0M0S 
1'INeunchâtel;collé. 11e ie TN OS 
2 » BU LUS ORNE OR 
3 » nul que ads bé EG. JOIE 
4 » dHtels ate LahiantR SPEARS 
5 » » te à LR loastt 098 


Nous remarquons que le vin de France, que nous savons 
être collé, contient une quantité d’ammoniaque double de celle 
des vins ordinaires, nous ignorons avec quoi ce vin a été collé. 
Les vins de Neuchâtel, de 1 à 5, ont été collés avec du sang 
de bœuf; 1 et 2 étaient bien clairs; 3, 4, 5 étaient un peu trou- 
bles. Le vin 1 et le vin 5 ont été pris dans une même bouteille, 
qui contenait un vin un peu trouble, on a laissé reposer le 
vin, on à décanté le clair, c’est le vin 1. Le résidu de la bou- 
teille est le vin 5. 


RAPPORT 


DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


DE LA 
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL 


pour l’année 1861. 


par M. KOPP, pror. 


(NV. p. 33 des Bulletins.) 


——_—__——s 6e ————— 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS ANCIENNES 


FAITES A NEUCHATEL DANS LE 18° SIÈCLE 


de 1750 à 1759. 


Dans notre dernier rapport nous avons montré que €’est 
Grarcin qui, en 1734, a commencé des observations météoro- 
logiques régulières à Neuchâtel. 

Ces observations ont été poursuivies jusqu’à nos jours. Mal- 
heureusement il n'y à qu’une partie qui ait été conservée. 

Nous possédons d’abord un recueil de notes elimatologi- 
ques, formant continuation des notes des Peters de St-Blaise, 
par Maridor, de St-Blaise.” 

Ce jeune homme intelligent et studieux prit assez d'intérêt 
aux observations climatologiques, pour copier dans un livre, 
les observations les plus intéressantes recueillies par Pierre 
Peters. L'année 1770, si extraordinaire et si misérable, lui 
sugoéra l’idée de continuer le résumé. Il avait alors 25 ans et 
depuis lors il a tenu registre régulier jusqu’à l’an 1819, année 
de sa mort. Nous résumerons ces observations curieuses quand 
nous arriverons à cette époque. 

Mais à côté de ces notes climatologiques, nous avons des 
documents scientifiques et des observations régulières, renfer- 
més dans deux volumes manuscrits. 


Ce sont des observations faites à Neuchâtel trois fois par 
jour, relatives au thermomètre, au baromètre, au vent et à 
l'état du ciel, faites par un homme instruit et s'occupant de 
sciences exactes, avec des instruments soignés et comparés. 
Les observations sont toutes écrites de la même main, ferme 
et élégante d’abord, tremblante plus tard. Le registre des ob- 
servations commence avec l’année 1753 et finit le 22 décem- 
bre 1752 avec l'observation de 8 heures du matin. L'auteur 
n'a pas inscrit son nom. Nous pensons que ces observations 
sont dues à Moulaz, de Neuchâtel, ancien professeur de ma- 
thématiques à St-Pétersbourg, qui à son retour dans sa ville 
natale, s’occupait avec ardeur d’études scientifiques et surtout 
d’études météorologiques et astronomiques. Il effectua une 
série de déterminations de hauteur au moyen du beromètre. 
Il a sans doute connu Garcin, qui cessa de résider à Neuchâ- 
tel. Il fut en relation scientifique avec Jean Bernouilli le père 
et Gagnebin de la Ferrière. 

Les observations dont nous parlons sont résumées chaque 
année avec soin. Nous ne pouvons pas nous servir de ces ré- 
sumés, parce que les observations n’ont pas été faites chaque 
jour à la même heure. 

Nous pensons que nous ne pourrons pas donner une meil- 
leur idée de ces observations qu'en copiant une page du ma- 
nuscrit. Nous prenons au hasard. , 


Haut. moy. du baromèt. 26° 7 55 


. pour le matin 325}, -pour le soir 33 15/., 
Degrés moyens entre les trois observations : 34 %/ 
les deux premières : 


» 


Février 1755S. 


Heures. 
Degrés 
du 
baromètre. 


Degrés 


du 
thermomètre, 


BE = 215.5: É 
| 5 &p = € & S © © 
DE DT : 
= = = 
Matin. Après-midi. 
P. 1. 
1, 8/27 2 | 28|Broul |2-3| 30 
2| —|27 | 25| Cour A) 
3| —196 9 57, 27] Nage 253) 3415 
4178 81}, 32| Cour. |— | 3718 
5] 81—:10 | 211N. 2] 28]8B. 
61 —|}..11 1},) ,23| Cou. 12-31 29 
4] —|— 9 !}]) 30] Neige |— |! 35] Cour 
8|, 1|— 11 5/ | 22! Broul. | — | 32] Couv 
J) 8127 39| Cour. | — | 38 
10} —126 10 !},! 35! Couy | — | 4318. 
A1, —|— 7 1},) 32! Brouil. | — | 41! Couv 
12! —|— 71},) 35] S Nug| —| 38] Cour 
43| —|_ 61, 39! 8 Puel — | 42| Pl. 
14, 7— 55}, 37 Cour. | — | 42] Cour 
15,7-8|— 3 1},| 38] Cour. | — | 39] PI 
16! 1— 5 5/;| 36! Cour. | —| 3515. Ke. 
17 8|— 40/5 |—| 43] Nag 
| 7}: 4 39! Beaw |—| 36] Neig. 
 SNEHRRIES 
_—|— — ouv 
D 6 -6 ‘,.|.37/-P | ui SO 
22, 7— 6‘) 36). |—1| 41} Cour 
2317-8/— 3 1,) 36) Neige. |__| 4318. 
24| 8— 31}, 37] Gouv. | 2] 40! Cour 
25| | 3 3),! 35] Cour. FE 40/V. WE 
26| —|—: 5 5/1 35 Var. | =} ‘441EB 
20) —|=,3 5) 28/BE |__| 40!BE 
D | 81) 33 BE |__| 46lBNE 
202 908 1059 


(I 
[294* 


© OÙ CO LR He O0 Où D Où D NN I À OÙ Où I 
_— 


Somme des degrés du thermom. 2906. 
Degcrés moyens du thermomètre : 


» 


32 #5 


26| 
27| Neige 
33| Neige 


210 5), |929 


pour l’ap.-midi 37% 


Le 
56 


>| Cour. 


LAS 
Brouil. 110 
S. PI. 109. 
Pl. |191 
S. Pl. 116 
Couv. |112 
S. 108 


| 5. Neig.|119 


B. |105 
Id. (100 
Cour. 1106 
PI. 112 
115 
P. Na.|115 


Cou. 
Cour. 
S. W. 
Cour. 


>| Cour. 


113 
110 
111 
104 
117 


Somme des variat. du barom. 5 p. 


las 


— 2922 — 


On voit que les observations ont été faites avec soin. Les 
sommes calculées chaque jour, chaque mois, les moyennes 
calculées de deux manières différentes, prouvent que l’obser- 
vateur avait un zèle scientifique et la conviction profonde de 
l'utilité de ses observations. | 

On ne saurait refuser un juste tribut, à ce travail persévé- 
rant de tant d'années, soit de reconnaissance à ce labeur, 
alors surtout'bien ingrat, soit d'estime à la sagacité de cet 
esprit qui à compris que des données, recueillies avec soin, 
pourront et devront être utilisées, pour l’avancement d’une 
science aujourd’hui assez développée et assez'appréciée pour 
que la Confédération et tous les états concourent par leur ap- 
pui moral et matériel à en rendre le‘développement plus faci- 
le et plus utile. 

Les degrés du thermomètre sont les degrés Farenheït. Le 
baromètre était divisé en pouces et lignes du pied de roi. 

Nous commencerons le résumé de ces observations par les 
observations thermométriques. 

La construction des tableaux de réduction, la préparation 
des matériaux ne nous permettent pas de publier dans ce rap- 
port plus de sept années. 

L'an prochain nous espérons pouvoir publier la série totale, 
ou au moins une grande partie. 

Notre premier but est de déterminer la moyenne de chaque 
jour de l’année pour Neuchâtel; nous nous réservons de pas- 
ser plus tard à l’histoire météorologique de la seconde moi- 
tié du siècle dernier. 

La moyenne de chaque jour pour 1753 est tirée des obser- 
vations faites le matin de 6 à 9 heures et le soir de 9 à 12. 
Celle de 1754-1759 est tirée des observations faites le matin, 
l'après-midi et le soir. 

Les moyennes inscrites dans le tableau sont tirées des ob- 
servations de chaque heure réduite à la moyenne du jour 
d’après les variations diurnes de la température à Genève, de 
sorte que notre chiffre égale l'observation du matin réduite à 
la moyenne du jour, plus les deux observations du soir ré- 
duites à la moyenne du jour, et cette somme divisée par 3. 


Moyenne du jour à Neuchâtel. 
JANVIER. 


1757. | 1758. | 1759. 


1753. | 1754. | 1755. | 1756. 


——_ | ———————— | ——————_— ———————— | ————— 


Nil %"0 0.6 TA TR 1 Rx 0.7 
21/56) = l'r9 0.4 32| — 43] 0.2 3.7 
3|— 6.1| — 0.8! — 0.3 18} — | 4.6] 1.0 4.1 
Ne abs = 68h: oz 54 T 67 tes 
5 0.1|— 14|— 8.0 2.9| — 10.6! 1.3 7.2 
6| — 0.3 0.2| — 11.2 192 lg 0.1 LS 
re 197 LA MIT got s STE 105 2.0 
nie 4% 2,3| — 11.6! so 8.0 = 177 2.8 
g|— ‘4.9 1.6| — 9.9! 2.9| — 7.7] — 2.4) 3.2 
Mie sabe ez 55] 1.9} — 6.4] — 1.0 5.1 
A 40e SALE |: 3.4 LOS 15512 100 4.9 
12 0.6 0.7|— 3.4 0.0!— 1417 3.7 3.3 
13 1.7 RALEL 1977 LS 129 4.6 1.7 
14 BE + OALET 06 7.0) 2.0 2.9 2,6 
15 2.6 ns 0.1 6.3 1.4 4.1) — 0.4 
16 2.8 4.3| — 1.4 2.3 0.6 Ple 1.5 
ie 4.2 1.1 2,1 0.0 — 2.7.— 1. 
MEL 197 3.6 0.9 9.9Ù— 10.11 — 12 1.6 
19! — 24 5.1 1.8 5.6 14 — 711 1.3 
20|— 2.7 2,3 2.1 4.9 DPRCL TE 0.4 
PE 37 (op 0 3.8 2.0] — 8.8 — 1.7 
et 9 09] — 5.0 1-2 2.91 — 7.7, — 1.5 
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| Apt 11 dar EME JON ALES 
25| — 7.8 6.5] — 8.2 3.1 4.5| — 6.8| — 0.9 
26| — 7.0 Bob 1819 2.9 251 8.01 45 
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NP 28) 3,3} SM Do LPEL SAME 
DU 3H 5.6 38/2 ja 2.4 — 3.9)— 2.6 
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FÉVRIER. 


| 


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NC 9 NO 9 NO NO NO À À 2 D 2 À À > > 
UC EE CO KO © CO I. ON 07" NC nn. 


27 


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1753. 


1754. 


1757. 


1755. | 1756. 
— 6.3) — 0.7 
— 5.2] — 2.0 
— 5.6 — 1.5|- 
— 10.6| — 0.2 


RAT al 1.3 
ns 2.6 


1754. | 1755. | 1756. | 1757. | 1758. | 1759. 


1 3 3.9 3.0 6.6 
9 7.1 5.9 3.7 6.4 
3 3.6 5.4 3.4 6.3 
4 ; À" 7.3 2.8 5.1 
5 7.1 1.3 9.9 1.6 
6 7.47| "049 3.4 5.9 
7 8.2) 102 4.1 4.2 
8 3.0) 4428 2.6 4.6 
9 sal 144 0.0 3.1 

10 Al ALU TOY 2,5 

1 5.4] — 3.4! — 1.1 3.7 

12 &dl 2°14.2 0.3 2.9 

13 1.3 2.4 3.6 4.0 

14 27005 4.3 3.6 4.2 

15 0.2 3.7 GS 158 

16 1.5 2.55 7.4 9.2 

17 E 3.0 1.9 9.1 6.8 

18 10.7! — 04 5.0 7.9 1.4 7.6 3.3 

19 7.1 0.2 6.2 9.5 3. 8.7 2.8 

20 8.2 rÿ 0.6 5.4 5.6 8.4 1.8 

21 9.3 3.6 5.9 4,9 5.6 8.6 4.9 

22 8.5 5.0 5.4 5.1 6.2 6.7 5.1 

93 7.6 3.1 3.8 7.8 8.4 9.2 6.4 

2 6.5 3.7 4.8 5.6 9.1 11.4 7.0 

25 9.7 6.2 6.3 4.9 10.4 6.0 5.1 

26 10.1 7.5 7.1 2, 4 8.9 7.4 5,7 

27 9.6 9.3 9*1 2,3 1.8 7.8 6.2 

28 10.1 6.4 8.8 2.3 9.3 8.9 7.0 

29 12.5 6.3 10.2 4.7 10.4 10.0 8.3 

30 12.1 6.4 10.5 7.3 9.6 10.0 es 


6.6 


© 
ed 
Dee 
1 
© 
PSS 
(214 
a 
= 
D 
[e +) 
[ep] 
—— 
es 
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+ 


JUIN. 


1754. | 1755. | 1756. | 1757. | 1758. | 1759. 


mme | mms |. | mm. | mme | pu 


1 16.8 16.2 15.6 14.9 13,7 16.3 
a 18.5 16.3 16.1 15.9 13.8 13.5 
3 17.9 17.8 15.9 13.5 12.9 127 
4 18.1 20.0 12.8 8.6 14.8 12.6 
5 19.2 18.9 14.3 11.0 1547 14.6 
6 18.9 20.0 14.3 12.9 18.2 16.4 
7 19.8 20.0 14.7 15.3 18.3 172 
8 17.4 19.3 13.4 16.2 21.5 16.4 
9 18.3 18.7 14.3 15.3 22.3 18.5 
10 17.8 17.8 14.5 16.0 23.5 18.3 
11 16.4 18.5 193.9 17.4 Er 18.1 
12 18.8 20.0 14.9 20.1 22.6 16.1 
13 20.1 20.7 16.9 20.1 20.5 18.1 
14 19.5 21.9 19.2 24.1 19.7 13.1 
15 20.3 22.9 20.4 20.3 15.6 11.3 
16 19.6 21.9 20.2 19.8 17.2 15.3 
17 18.3 22.8 24:2 22.8 17.7 18.7 
18 19.2 23.9 22.4 20.1 12.6 20.7 
19 16.1 2 23.0 18.3 14.0 21.4 
20 14.6 23.0 292.7 19.4 16.3 22.0 
21 14.8 23.7 24.5 22.0 17.0 20.7 
29 16.4 23.9 21.2 22.9 18.4 22.9 
23 17.3 22.6 20.8 24.0 20.5 20.7 
24 18.2 18.3 22.0 24.4 21.1 17.6 
25 17.0 14.8 21.9 24.0 20.4 RE | 
26 15.9 17.0 23:3 23.6 17.8 15.9 
27 12.9 17.8 22.5 23.8 20.5 17.9 
28 19.4 17.4 24.4 19.9 18.9 15.0 
29 16.1 18.3 25.0 18.8 13.8 13.3 


17.8 19.6 24.1 19.2 15.3 14.0 


2 
=) 


JUILLET. 


1753. | 1754. | 1755. | 1756. | 1757. | 1758. | 1759. 


| À mm | ©ccmmmmmmmrums | mm | | me | 


1 23 17.5 19.2 22.9 18.5 14,6 12 
2 19.3 16.4 15.9 17.0 19.7 12.4 14.0 
3 18.3 18.3 14.8 17.0 18.1 11.5 15.4 
4 15.2 18.0 16.0 18.1 18.2/ 11.0 15.8 
5 17.2! 19.6 17.7 19.4 19.3 12.2 16.9 
6 24.6 20.3 19°1 18.7 20.9 13.9 17.6 
me Do 193 1857) jet  2H8) 467% 240 
8 29 4 18.7 17.0 16.6 23.0 13.2 21.4 
9 25.2] 20.0| 16.0! y33l 23.2) 12.9] 24.0 
10 299 AD! ALI) jagl 243) 434! 248 
3 ons) 202! 249] j,7.| 246! 19.3] 9256 
14] 20.7, 202! 245) 969! 25.4 173) 24.7 
15 ts 19.4) 23.8] 29 : ÂT{| 249 
16 fig}, HSDP 233% Sal (224! 138! 263 
M Ah, AU 2061 oÿpl 230 416.0! 22 
18 19.1 15.8 21.6 99 nl 23.5 14.7 21.5 
19 is. 16.4 23.6 99,3 24.3 12.8 22.6 
20 fan, Aenh. SN Gogh (287). Mi) j98% 
21 29 17.4 23.5 99 # 21.5 14.7 24,9 
22 17.9 18.2! 23.9) 7 21.3 13.41 24.9 
93 20.2 17.6 23.1 19.8 21.8 14.0 26.5 
24 20.7 17.6 19.1 18.8 22.1 15.3 25.9 
25 21.8 18.0 18.0 19.7 23.9 14.9 21.9 
26 19.6 19.8 18.2 20.7 23.7 16.7 21.0 
27 xd 12 20.6 14.3 FPS 24.1 18.4 21.5 
28 19.1 19.7 14.8 17.5 23.0 19.4 21.2 
29 24.6 47:77 17.8 18.5 22.9 19.4 21.3 
30 19.1 16.1 PEUR: 904 18.4 19.7 19.9 
31 19.6 18.0 15.4 > + 18.0 19.5 24.5 


BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 16 


1753. 


1754. 


AVRIL. 


1755. 


1756. 


1757. 


1758. 


ss | mm À mme | mmmmmemmecmmms… | mm | mms | mms | ne enne 


12.6 
11.7 
11,5 
8.9 
4.9 
4.4 
5.0 
5.9 
6.2 
6.7 
3:5 
3.4 
2,7 
Je 
10.7 
8.4 
9.4 
8.5 
7.8 
9,2 
12.1 
10.8 
11.0 
12.6 
11.3 
12.5 
411.6 
10.6 
12.5 
10.3 


3.7 
6.4 
7.5 
7.1 
9.8 
9.2 
2. 
10.1 


10.6! 


11.6 
11.3 
11.8 
8.2 
O2 
12 


0.0 


10.2 
12.5 
12.6 
12.9 


12.1 
12.1 
11.4 
1457 
13.3 

9.6 
1-2 
14,2 
13.6 
13.5 
13.3 
43.1 
12.1 
13.8 
14.0 
14.4 
15.5 
16.0 
16.9 
18.0 
17:9 
18.8 
18.5 
16.9 
17.5 
17.0 
115 
13.6 

9.4 

8.2 


9.8 
8.3 
DA 
4.8 
4.9 
4.6 
7.0 
8.8 

10.8 

12% 
9.0 
2.0 
4.5 
5.9 
7.9 


02|" 


10.8 
12.5 
13.3 


14.6 


14.6 
12.1 
10.9 

8.1 
10.6 
13.0 
14.5 
16.9 
17 
13.7 


10.2 
1459 
12.6 
12.4 
12.8 
14.3 
15.4 
14.3 
16.1 
16.3 


1753. | 1754. | 1755. | 1756. | 1757. | 1758. | 1759. 

1 17.0 11.9 9.2 10.5 45.7 8.4 12.9 

2 18.1 11.5 11.0 11.0 15.1 7.5 12.7 

3 20.3 411.5 13.7 10.1 17.0 9.5 11.9 

à 17.6 12.4 10.9 6.5 15.4 8.4 13.4 

5 10.5 13.5 10.9 8.2 14.7 1.8 12.3 

6 8.1 14.8 14,1 9.8 14.5 14.3 13.2 
Po 7.8 14.8 12.4 13.2 12.9 15.1 14.5 

8 8.9 13.7 10.4 15.0 15.3 17.4 15.6 

9 9.5 13.4 10.5] 16.9! 145] 416.8 14.9 
10 13.4 14.6 10.6 13.2 15.6 16.4 13.3 
1 13.4 13.0 14.1 8.5 14.7 13.8 14.2 
12 10.9 12.3 12.9 8.4 16.8 12.0 14.3 
13 10.3 13.2 12,2 8,5 18.2 12.4 17.0 
14 10.9 14.4 13.2 9.8 16.8 14.4 18.2 
15 10.9 16.3 13.5 10.9 14.9 14.7 16.2 
16 11.8 17.2 13.7 11.3 14,5 15.41  +16.9 
17 11.2 16.3 12.6 11.5 11.5 15.3 18.0 
18 10.3 19.1 9.4 13.7 8.6 16.2 11.4 
19 10.9 17.4 7.8 15.5 12.5 16.2 10.3 
20 12.0 17.6 8.7 15.9 14.9 16.6 12.1 
21 13.9 17.6 11.3 14.3 15.3 16.6 14.3 
92 14.8 18.3 12.8 16.3 17.2 16.2 14.9 
23 17.0 16.3 14.9 415.7 15.3 17.4 14.9 
24 17.6 16.5 16.1 17.1 15.8 17.7 16.6 
93 17.6 15.0 17.3 15.4 12.5 19.0 16.8 
26 18.1 15.2 16.6 13.7 12.5 17.3 17:7 
97 19.2 16.6 18.2 14.3 15.6 16-8 16.8 
28 17.0 14.5 19.6 15.2 15.5 14.4 16.8 
29 18.1 16.0 15.5 13.0 15.6 12.8 14.4 
30 21.2 14.6 14.9 14.4 16.8 16.4 13.8 
31 19.2 15.7 16.3 15.8 17.3 15.5 16.5 


AOUT. 


1756. 


1757. 


1758. 


1759. 


re À ——_—_—_—_]_—— À ———————— ee a a ——————— | —— ns 


© I CT # 19 = 


Ness eEeRE»Er»s +» 
S © © J OO 7 à ww NN = © 


21 


1754. | 1755. 
192 15.7 
19.0 102 
18.3 19 1 
18.7 14.6 
18.0 14.7 
18.7 15.4 
20.0 16.1 
2142 16.9 
20.8 47.7 
19.8 Lt 
19:9 17.6 
20.4 17.8 
21.0 17.8 
21.5 19.5 
22.0 18.9 
22.4 18.3 
23.0 20.2 
23.2 20.5 
23.4 21.3 
22.8 18.5 
23.0 19.5 
20.7 21.4 
19.8 18.7 
19.5 16.7 
20.0 17.1 
19.3 A Tat 
19.3 16.5 
19.8 16.4 
18.0 16.6 
17.1 17.8 
4151 19.5 


SEPTEMBRE. 


1754. | 1755. | 1756. 


1758. 


1759. 


mm mme, | sommes | mm... | me | mm À mm. | es ne 


1 18.0 
2 16.6 
3 16.1 
4 2957 
5 15.9 
6 15.9 
7 1515 
8 17.0 
9 17.8 
10 18.1 
11 18.8 
42 19.0 
13 17.7 
14 16.1 
15 14.7 
16 15.8 
17 15.9 
18 15.4 
19 14.7 
20 14.4 
21 14.7 
29 15.5 
23 15.9 
24 15.9 
25 16.3 
26 16.1 
27 16.1 
28 16.5 
29 14.0 16.3 


16.1 


[Ye 
[=] 
> 
— 
(14 


19.6 
15.5 
15.0 
14.2 
15.7 
15.9 
15.5 
15.4 
17.0 
12.8 
11.1 
13.5 
14.1 
14.6 
15.5 
15:7 
15.4 
14.1 
14.2 
14.8 
16.5 
15:7 
16.7 
16.5 
15.4 


14.6 


17.5 
16.7 
17.0 
15.4 
18.3 
15.6 
15.8 
16. 
14. 
14. 
14. 
15. 
17.7 
16.4 
14.6 
19.9 
15.6 
16.0 
14.9 


QL 


%. C9. ND) © 


13.8 
13.8 
18.4 
LD 
17.5 
19.2 
22.3 
21.9 
20.5 
18.4 
21.6 
21.4 
18.6 
20.8 
19.3 
16.0 
14.7 
16.6 
Lit 
13.8 
13.6 
12.4 
12.8. 
13.4 
13.7 
13.0 
14.1 
13.0 
14.8 
14.3 


OCTOBRE. 


1753. | 1754. | 1755. | 1756. | 1757. | 1758. | 1759. 


5 12.0 465 14.9 1527 7.9 #33 F3 
6 12.8 13.6 14.1 12.8 8.5 1.3 10.7 
7 4 13:2 14.1 10.8 9.8 10.4 10.4 
8 11.4 11.0 14.8 10.4 11.0 12.8 41.5 
9 13:41 10.8 15.6 9.5 9.0 45.5 1252 
10 14.5 11.8 13.8 10.0 8.1 8.7 12:92 
11 13.6 12.8 8.6 12.5 9.2 7.8 12.4 
12 13.3 14.7 8.2 10.5 9.1 1.1 ay 
13 14.5 13.9 11.0 8,5 8.5 75 1°7:0 
14 14.4 14.9 12.4 7.6 10.0 10.4 12.0 
15 12.8 14.3 12.8 8.4 75 11.6 1429 
16 14,7 14.1 12.5 10.6 9.1 4.4 10.5 
17 10.6 14.7 12:38 10.7 7.4 4 A fan 
18 ER 13.7 12.4 9.7 4,2 4.5 14.1 
19 50 13.7 11.5 9.0 5.9 5.9 15.9 
20 5.8 14.1 10.1 9.5 6.2 7.8 11.3 
21 7.8 13.5 11.2 8.7 5.4 5.0 11.9 
22 9.5 12.3 10.2 8.2 6.1 5.8 14.3 
23 9.5 11.2 6.6 9.3 4.7 7.8 14.3 
24 9.7 11.0 6.7 9,7 6.5 9.4 9.7 
25 10.0 11.0 7.8 10.0 4.8 9.0 12:35 
26 10.0 10.8 6.0 8.7 4.1 7.9 12.6 
27 10.3 10.8 Er 9.7 4.3 8.9 10.2 
28 10.0 10.6 6.6 9.1 Eee. 4.6 13.9 
29 7.0 9.7 2.8 9.4 2.9 er 134 
30 5.6 9.5 12 8.7 2.1 6.9! 12.3 
31 3.6 8.6 3.1 6.8 6.5 2807 1625 


© OO J O7 + à = | 


CO DO NO NO NO DO NO PO NO N9 EC æ Le Le > LL > > x x be 
S © O0 I O OC + NO À © © 00 I OO 0 + & NE E © 


1753. 


2.6 
3.2 
4.3 
2.3 
2.3 
ha 
3.0 


2:09 


1754. 


» 


8.2 
9.8 
9.2 
M2 
8.9 
8.3 
42 
7,1 
8.1 
1 
8.8 
8.5 
8.3 
8.3 
8. 
9.0 
4:29 
8.0 
8.0 
6.8 
».9 


NOVEMBRE. 


1755. 


1756. 


1757. 


1758. 


9.4 
7.0 
8.1 
7.9 
11.2 
7.6 
D.3 


5 pp 


D. 
7.6 
6.6 
6.8 
6.8 
6.1 
4.9 
4.2 
4.4 
2.1 


— 2.8 


1759. 


DECEMBRE. 


RE PE OP EP VE EST LI ILE PERS APR ERP SPENCER TECNIE CLENT NEO ERCSER PREUE PCAE BENPERCNPE] VOL NEA PEENNNESENNEES 


1753. | 1754. | 1755. | 1756. | 1757. 1758. | 1759. 


s. 3.7 0.1 


1 2.0| — 1.6 6.2| — 0.7 

2 3.1|— 2.2 4.2 OX 77 m4 0.3 
3 4.4 1.1 2.9| — 0.7! 6.0 3.9 0.5 
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12 7.5 6:7 M6 — 94 3.2 HN — 15 
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15| 410.0 4.0 2,9 0.3 0:8! — 92,6) — 13 
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28 |— 0.2 2,3 4.9 04! — 47 0.9! | 14.8 
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30|— 74 2.0 aie) — s2%40 — 14ùy 2,9 4.4 
1) TT: 2,3 A ER A 1.3 6.7 


— 235 — 


J'avais déjà réduit au moyen de calculs bien laborieux, les 
observations d’un bon nombre d'années à la même heure, 
quand j'ai appris par M. Plantamour qu'il allait publier le ta- 
bleau des variations diurnes de la température à Genè- 
ve, variations tirées des observations faites par lui à Genève, 
de 1836-1860. M. Plantamour a eu la bonté de me transmet- 
tre en manuscrit le tableau des corrections, nécessaires pour 
ramener à la moyenne du jour l'observation d'une heure 
quelconque pour Genève et je n’ai pas hésité de les appliquer 
aux observations de Neuchâtel. Grâce à l’obligeant secours 
de M. Plantamour, le travail s’est considérablement simplifié. 
J’ai d’ailleurs pu me convaincre que ces chiffres m'amenaient 
au même résultat que celui que j'avais obtenu en ramenant 
chaque observation à une même heure, en corrigeant l’obser- 
vation par l'addition ou la soustraction d’une partie propor- 
tionnelle de la différence des observations faites à deux heu- 
res quelconques, divisée par la différence de ces heures 
d'observations, calcul aussi long que fatiguant, qui devait 
être suivi encore du caleul de la moyenne de ces observations 
corrigées d’après les procédés usités. 

Nous ne transerirons les corrections dont nous parlons qu’a- 
près la publication de ces chiffres par M. Plantamour. 


RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


pour l’année 1861 


Les stations météorologiques du canton sont: Neuchâtel, 
Fontaines au Val-de-Ruz, Chaux-de-Fonds et Préfargier. Les 
observations limnimétriques se font à Neuchâtel, Morat et 
Neuveville. Les observateurs sont restés les mêmes. Le co- 
mité météorologique les remercie de leur concours bienveil- 
lant. 

Nous ne donnerons, comme à l’ordinaire, que des extraits 
des résumés de ces observations. 

L'année 1861 a été une belle année. Notre résumé sera done 
très-court. Janvier fut froid; les lacs de Bienne et de Morat 


— 236 — 


furent gelés: à Neuchâtel, le grand remplissage à l'Evole fut 
gelé et on put cette année jouir, dans la ville de Neuchâtel, 
du plaisir de patiner chez soi: ce qui est rare, car d'ordinaire 
les patineurs sont forcés d'aller à St-Blaise ou au marais pour 
trouver une nappe de glace. Le mois de Mars eut ses gibou- 
lées de pluie et de neige. Avril fut beau et see. Les premiers 
jours de mai amenèrent un peu de pluie, même de la neige, 
mais le mauvais temps dura peu. Le 12 on a eu le premier 
jour d'été; cette température élevée fut amenée par un fœhn, 
peu sensible chez nous, mais très-violent dans les Alpes; ce 
fut ce fœhn qui po ussait les flammes qui ont dévoré la plus 
grande partie de la ville de Glaris en une seule nuit. Au mi- 
lieu de maï, la sécheresse fut grande et on a eu des craintes 
sérieuses de manquer les foins. Le 29 on a eu le premier orage. 

Le mois de mai a eu 13 jours d'été et nous signalons l’ab- 
sence de ces retours de froid, appelés les Chevaliers de mai. 
Le mois de juin fut très-beau et très-chaud. Les derniers jours, 
il tomba de la pluie, qui fit cesser l'extrême sécheresse qui 
menaçait de compromettre les récoltes en fruits et en foin. 
Tout à réussi parfaitement, car juillet, quoique chaud, fut 
heureusement pluvieux. Nous devons signaler qu’à la monta- 
one les récoltes en foin, orge et avoine, furent abondantes, 
pendant que dans le bas les récoltes de foin et de froment 
furent très-faibles. La fraîcheur et l'humidité de juillet répa- 
rèrent ce que la sécheresse des mois précédents avait com- 
promis. Le mois d'août fut de nouveau très-sec et chaud. Les 
arbres commencèrent à perdre leurs feuilles jaunies avant 
l'automne, mais elles se sont refaites dès-lors et sont tombées 
fort tard. Les érables n’ont pas donné de graines. L'automne 
fut généralement beau; les vendanges ont eu lieu à Neuchâtel 
le 9 octobre. La qualité fut excellente et la quantité celle 
d'une année ordinaire. Le rouge n'était pas tout-à-fait assez 
mûr, le blanc au contraire très-mûr. De fortes bises, un froid 
assez intense, beaucoup de brouillards ont rendu le mois de 
décembre assez désagréable. 

À la Chaux-de-Fonds le mois de janvier fut magnifique; la 
fusion lente de la neige fit que, le 9 février, le versant sud 
de la vallée était en partie découvert de neige, et sur le ver- 


— 231 — 


sant opposé il y avait de nombreuses solutions de continuité 
dans la couche de neige, mais, le 10, une chute de neige à 
eros flocons revêtit la vallée de nouveau de son costume d'hi- 
ver, cette neige disparut le 13, l’ancienne neige fondait aussi, 
le sol se découvrait graduellement et on vit quelques plantes 
précoces s'épanouir aux rayons de ce printemps hâtif; mais à 
la fin du mois la neige revint brusquement et ramena l'hiver 
et ses rigueurs. 

Les vents $ et SO, si fréquents en mars, ont maintenu l’hi- 
ver tout le mois et même il s’est présenté avec un aspect plus 
sévère et plus rude qu’en janvier. Le 9 mars, fonte de la 
neige; les rues de la Chaux-de-Fonds sont impraticables, le 
11 et le 12, forte neige poussée par un violent vent SO; elle 
encombre les rues et les routes. Il est tombé trois pieds de 
neige en rase campagne et les encombrements neigeux dé- 
passent six pieds. Enfin, le 27, la neige commence à fondre 
rapidement et, le 15 avril, la neige avait complètement dis- 
paru dans la vallée. 

Le 29 octobre, la première neige a paru. Le 2 novembre 
le soleil la fit disparaître du versant méridional, mais pendant 
la nuit il en tomba de nouveau et pendant tout le mois de 
novembre, il y à eu ainsi une série d’alternances de neige et 
de fusion; à la fin du mois, la neige a cependant tout-à-fait 
disparu et elle n’a pris pied définitivement que le 18 décem- 
bre; le 19 on allait en traîneaux; le 21 et le 22 la neige criait 
sous les pas par — 10° et — 11°. Du 20 au 31 décembre le 
temps fut magnifique. La neige disparaissait insensiblement 
sous l'influence d’un soleil splendide, le ciel était d’un bleu 
foncé le jour, noir et brillamment illuminé la nuit; la dernière 
semaine de décembre était uue magnifique semaine d’un bel 
automne. 


MÉTÉORES. 


Le 24 janvier, à 7 heure du soir ,on a observé au Loele une 
aurore boréale. Le ciel au NO. était coloré d'un rouge-orangé 
assez vif et n’a repris sa teinte naturelle qu'au bout d’une 
demi-heure. 


“ 


— 238 — 


Le 9 mars, vers 10 heures du soir, on aperçut à Neuchâtel 
une aurore boréale , qui fit croire à un incendie au Val -de- 
Ruz. 

Le 14 juillet, à 11 h, 45 m. du matin, halo solaire qui pré- 
sentait un peu les couleurs de l’arc-en- ciel. Le ciel était eou- 
vert de cirrus. 

Le 25 juillet, le soir, magnifique deuxième coloration des 
Alpes, surtout sur le Mont-Blanc. Avant et pendant ce phé- 
nomène, brillantes bandes de Necker inclinées vers la Jung- 
frau. 

Dans la nuit du 10 au 11 août, nombre considérable d’é- 
toiles filantes. 

Le {9 août, halo lunaire double. Le halo intérieur débor- 
dait la lune de la largeur du diamètre de la lune, il était très- 
coloré à son bord extérieur. Le halo extérieur était léger et 
avait l'apparence d’un arc-en-ciel, il était placé à un demi- 
diamètre lunaire du halo intérieur. 

Halos lunaires le 21 mai et le 17 juin. 


OBSERVATIONS DIVERSES. 


1% Mars. Hépatiques en fleurs au Mail. 
11 » Grésil à 8 et à 9 h. du soir. 


22 » Neige jusqu'au bord du lac; elle disparaît de 
suite. 
24 » Premières hirondelles, papillons au bord du lac. 
6 Avril. Fonte rapide de la neige à la montagne. 
14 » Floraison du crocus vernus à la montagne. 
15 ) Commencement des labours à la montagne et 
des semailles au Val-de-Ruz. 
16 » Poiriers en espaliers en fleurs au Val-de-Ruz. 
18 » Plus de neige à la Chaux-de-Fonds. 
21 » Hêtre en feuilles à Neuchâtel. 
30 » Reverdissement des prairies à la montagne. 
5 Mai. Neige à la montagne et au bord du lac. 
1 » La neige à disparu partout. 
10 » Arrivée des martinets à la Chaux-de-Fonds. 


11 » Fin des semailles au Val-de-Ruz. 


— 239 — 


46 Mai  Feuillaison du hître, du sorbier , de l'érfble à la 


montagne. 
16 » Plus de neige à Tête-de-Rang. 
18 ) Les labours sont terminés à la montagne. 
22 » Plue de neige sur Chasseral. 
28 » Premières fleurs d’esparcettes. 
29 » Premier orage. 
6 Juin. Floraison des lilas à la montagne. 
5 » Floraison du maronnier à la montagne. 
13 » La vigne fleurit dans le bas du vignoble. 
1% Juil. Commencement des fenaisons au Val-de-Ruz. 
6 » Commencement des fenaisons à la montagne. 
22 » Fin des fenaisons au Val-de-Ruz. 
12 Août  Commencent des moissons au Val-de-Ruz. 
15 » Commencent des moissons à la montagne. 
31 » Fin des moissons au Val-de-Ruz. 


7 Oct. Vendanges à Boudry. 
3 » Vendanges à Neuchâtel. 
9 


2 » Première neige à la montagne. 
Novembre. Les 6, 7, 22, 23, fœhn chaud à Neuchâtel. 
29 » Pommes et poires de deuxième récolte, de 1,5 


pouces de diamètre. Orme couvert de fructifica- 
tions. Crocus vernus en fleurs. 
18 Dée. La neige prend pied à la montagne. 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 
Tableaux des observations thermométriques. 


RE PDT ET PE PP RP EP 5 RE SE 


Neuchâtel, 1861. | 
Ee Te te 

EE Maxima et minima. eue Jours de 
" Sal S | | SE | SS |SSRISRlE 
| Es Le LS © = a S SSIS RS 
Janvier |—2,1 9,5 | 1&28)—9,5 7 19,0 |17| 41! —|— 
Février 2,7 || 41.0 22 |—4,5 12 15,5 AA fs 
Mars 5,2 || 16,3 30 |—9,2 15 [AS Al MER 
Avril 8,1 || 19.8 |17&18| 92,0 10 17,8 |—| —| —|_ 
Mai 13,2 || 25.8 97 9,0 7 23.8 [—| —| 13 
Juin 18,0 || 31,5 29 9,0 4 22,5 |—| —|,23 *| 
Juillet 18,3 || 26,2 30 10,2 2 16,0 |—| —| 26|—| 
Août 19,4 || 31,2 13 10,0 26 24,9 |—| —]| 29,1 
Septemb. || 14,9 || 28,0 | 1 à 2 7,5 |19,20,30! 20,5 |— 121 
| Octobre 11,4 || 20,8 3 k,0 29 16,8 |—| —!| —|— 
Novembrel| 6,1 || 14,5 | 7 & 8 |---2,8 20 4758 4-08) —|= 
Décembrel| 0,8 || 10,5 8 |—5,8 30 16,24411..5) TS 
Année 9,6 || 31,2 | 13 août} —9,5 |7 janvier| 40,7 |28| 261103 ! 


a 
RE 


Chaux de-Fonds. 186G1. 


Maxima et minima. Jours de 


Date du 
minim 


| 
| 


Temp. de l'air 
à 9 h. du mat. 
Minim 
Diff. du max. 
et duminim 

| Gr. chat.” 


Date du 
Maxim 


Maxim. 


Janvier 
Février 
Mars 
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Décembre||— 


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13 |—12 
—15" 199,93, 97 


… 


Année 22 juin|—23,5| 27 janv. 
16 août 


à 9 h. du mat. 


Temp. de l'air 


Janvier 
Février 
Mars 
Avril 

Mai 

Juin 
Juillet 
Août 
Septemb. 
Octobre 
Novembre 


> + fO N > 
Me) SO CPR /ETE 2 FCO ES + 


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Maxima et minima. 


Préfargier, 1861. 


Diff. du max. 


» » » 


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10,7 ES 8 7 
41,7 199 |=5,8 | 4 
4539 |: 2%? |—9,3</: 15 
19,7 | 927 pal M 
29,9 | 28 2,2 7 
30,3 | 921 9,0 7 
26,8 | 30 | 10,7 2 
31,5 | 13 9,8 | 26 
28,5 3 6,7 | 19 
21,0 12 5,4 | 30 
14,7 Th | 98%) : 20 
10,5 Qu t-2687|: 47 


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TABLEAU DES VENTS, DE L'ÉTAT DU CIEL, 


ET DU BAROMÉ 


TRE. 


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Neuchâtel, 1861. 


à 
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Janvier 726,6 
Février 722,7 
! Mars 720,9 
Avril 722,9 
Mai » 
Juin 722,3 
Juillet » 
Août É 
Septembre » 
Octobre 724,3 
Novembre 191.5 


Décembre 726,4 


Année » 


État du ciel. Vents. 
Nomb. de jours de Nombre de jours de 
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9,5 | 0,5 | 921 14 12 5 4 
6,5 | 1,5 20 21,5 |:3,5 3 - - 
12,5 | 4,0 | 147,5 || 44 | 4,0 | 44,5 | 4,5 | - 
20 | 0,0 | 10 10,5 [15 3 1,5 
14 3,2 43,5 |[:14,5 | 8.5 2,5 | 5,5 
13,5 | 1,0 | 15,5 || 13,5 | 3 12,5 | 1,0 | - 
12 4,5 44,5 || 17 4,5:1 40,5 | 2,0 
23 | 0,0 8  |47 7,5 | 2,5 |4 à 
11 2,5 16,5 || :11 6 12 1 - 
9 2 20 18 10 3 - = 
12 0,0 18 7 5,5 | 16,5 | 1 - 
10 | 1,0 | 20 ||40  |14 5,5 | 1,5 | - 
153 [17,5 | 194,5 |168 87,5 | 90,5 |19 - 


Chaux de-Fonds, 1361. 


2 État du ciel. Vents. 

6 Nombre de jours de Nombre de jours de 

ÈS 

Dub] à sé 

& SH à | S$ = : 

& | ë S LA d E | + 

dti = S es à à | à 

| OO DT AE | or 
| 

Janvier 677,6 || 15,2 9 13,7 || 44,2 8,0 | 2,2 | 6,5 
Février 675,2 | / 4,5 16,5 4,8 A7 |: MONT T 
Mars 674,0 4,3 3,2 23.5 5 24,5 | 9,5 | 4,0 
Avril 676,5 || 17 8,3 4,8 || 18,5 9,0 | 6,21 14,8 
Mai 676,7 | 11,5 | 9,2 | 10,2 || 8,0 | 44,0 | 8,8 | 0,2 
Juin 676,7 6,5 | 10,5 13 3,5 | 19,5 | 3,7 | 3,3 
Juillet 676,0 | 9,2 | 40 11,8 8,61: 93,0 | *9,3vfr99 
Août 681,2 | 19,8 7,5 3,7 3,2 | 418,3 | 7,2 | 9,3 
Septemb. 677,7 || 12,2 7,3 10,5 4,5 | 17,7 | 5,5 | 9,2 
Octobre 677,9 || 15 7 9 10,0 | 40,5 | 6 4,5 
Novembre || 673,8 | 6 6,8 | 17,3 3,8 17-4950 He al 
Décembre || 677,8 | 15,3 | 3 12,7 || 44,7 | 10,0 | 1,5 | 4,8. 
Année 676,8 | 139 79,8 | 146,7 || 83,3 | 188,0 | 48,7 |45,5 | 


LEP NAME; MMNITRr AIT SU NC PERLES | 


Préfargier 186£2. 


Etat du ciel. 
Re 


Nuageux. 
Couver t. 


—_—_——— | ————— | — — 


Janvier 5 h 29 10 15 
Février 4 3 21 21 2 
Mars 5 10 16 13 1 
Avril 16 Q J 10 14 
Mai A1 15 5 15 10 
Juin 5 14 11 16 2 
Juillet 5 17 9 14 

Août 19 10 2 18 7 
Septembre 10 10 10 11 3 
Octobre 8 6 17 97 2 
Novembre 5 6 19 11 5 
Décembre 13 


—————_—_— | mt | eee 
a || —___——— | — 


Année 


TABLEAU DES OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES. 


Neuehâtel, 1861. 


| D ARE RATE = 

| Nombre de jours de = | 

| ET SO D << = . | 

Æ s a S | S à = 

| S © = a tà = | 

| Janvier 2 - - 7 = 15,0 | 

Février 2 - A 7 17,0 

. Mars 4 5 2 - 103,6 

| Avril 4 - = - = 23,3 

: Mai 2 - 1 - 1 19,6 | 

| Juin RIT Po RACES 58,7 (| 
Juillet A1 - - - 2 164,2 
Août SulEr N-tds die 166 | 

| Septemb. 8 - = 1 2 168,7 
Octobre 4 = À 7 71,8 | 
Novembrel 6 = 1 93,5 | 
Décembre 1 1 7 - 30,7 | 
Année 32 3 kel. 80:d.:356: | 0 782,7 | 


Chaux-de-Fonds, 19641. 


| Nombre de jours de È | 
D» | 
re 3.16 | 
= D oo 7 
S ISrM= 9 
| . . Rs a . _ = S | 
Ÿ S hi din St Sls Sun 
=; "e S 3 LS = = 
—— Lo Es ES = 1 = | 
À, = | à Shot = 


Janvier 1,2 | 0,5 | 25 > - 8 | 
Février 1,8 | 2,7 16 | 
: Mars 3 8,3 _ - - 238 | 
| Avril 1,2 | 1 = il , - 62 
Mai 2,3 | 2, (l - | 4 74 | 
Juin 2 LE 1 ae: 132 | 
Juillet 35e 3 où 2 161 | 
Août 2,5 | - 2 EN PEL 20 | 
Septemb. ! 6 - - - - 208 | 
Octobre 1:34. 4 - - - 49 
Novembre} 5 3 - - - 126 
Décembre} 14,5 | 1, - - - 70 


—_—_——__— | ———— | ——— | ——— | — 


Année 40,5 | 20 


Préfargier 1861. 


Nombre de jours de 


clairs 
Millimètres d’eau 


Janvier 
Février 
Mars 

Avril 

Mai 

Juin 
Juillet 
Août 
Septemb. 
Octobre 
Novembre 
Décembre 


1 on 


5 
8 
1 
1 


1 TT NI Ce 1 NL 1! 


Dem: 1 1 1 1! 


Année 


VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX 


DES LACS 


DE NEUCHATEL, DE BIENNE ET DE MORAT. 


Les mesures limnimétriques sont exprimées en millimètres 
et indiquent la distance du niveau de l’eau au môle de Neu- 
châtel situé à 434,7 mètres au dessus du niveau de la mer. La 
marche générale des lacs est donnée par le tableau graphique 
et les résumés. 

Le nombre de jours où le lac est resté stationnaire n’est 
pas inscrit dans les tableaux. 


Lane de Neuchâtel, 


Le 31 décembre 1860 le lac était à 1865 millimètres et le 
31 décembre 1861, à 2470; le lac a donc baissé de 605 milli- 
mètres. 

La lac à atteint les 17 février, 7 mars, et 26 mai la hauteur 
moyenne des eaux, 2200 millimètres. 


1861, à 2715. Le lac a donc baissé de 514 millimètres. 


l 


Hausse totale. 


Janvier 259 


Février 415 
Mars 977 
Avril 178 
Mai 0 
Juin 42 
Juillet 311 
Août 0 
Sept. 235 
Octobre 37 
Novemb. 311 


Décemb. 450 


Nomb. de jours. 


Baisse totale. 


Lac de Neuchâtel, 1861. 


Nomb. de jours. 


Maximum Pendant le mois 


par jour. 


———— *  ——— | ——— dd ———— | ——— Ÿ ——_— 
a 


nt | comm. À mmese | ms À ee mm À 


Année 1815 


105 2420 


235 


le lac 
LA, 
S S (4 [44 
Fe EE Haussé | Baissé 
= à de de 
mm mm 
115 38 
8 
37 10 
30 15 
0 26 
18 24 
58 93 
0 18 
83 45 
13 16 
50 10 
60 18 
115 38 


Nomb. de jours. 


Lace de Bienne. 
Le 31 décembre 1869 le lac était à 2201, le 31 décembre 


Lac de Bienne, 1861. 


Baisse totale. 


Nomb. de jours. 


Maximum Pendant le mois 


par jour. 


—_—_—_———— À ——_ À —_——___——…— | ——_—_—_ À ——————_— | ————_—_—— + __—_ | — 


E 

À 

2 

3 

pre 
mm 
Janvier 257 
Février 20 
Mars 312 
Avril 4177 
Mai 0 
Juin 14 
Juillet 364 
Août 0 
Sept. 311 
grrr 0 
Ov. 337 
Déc, 186 


—————__— À ———————— à ————————— | __—_—_—7 ———…—_— | 1 ———— |! ——__—— 


Année 1978 


le lac 
TS, 
S Rs a «a 
S 8 Hausse | Baïissé 
È à de de 
mm mm mm mm 
171 28 — 94 
45 16 — 205 
24 41 275 — 
48 28 11 — 
0 16 — 336 
6 |-.16 — | 970 | 
44 20 290 — 
0 19 — 390 
122 16 158 =— 
0 14 = 208 
45 19 280 — 
62 17 _ 25 
171 28 101% 1528 


LR ed 2e DEAR EN 38 
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 


17 


— 246 — 


Le 19 janvier, il y avait de la glace au port de Neuveville; 
le 20 le lac était gelé jusqu’à Cerlier; le 21 la glace du lac 
avait 15 millimètres d'épaisseur ; dans le port 30 millimètres ; 
le 26, la glace était couverte d’un peu d’eau; le 31, de nom- 
breux patineurs sont venus de Gléresse à Neuveville; le 5 
février deux hommes traversaient le lac en patins; le 13, la 
glace était partie aux trois quarts; le 14, les bateliers de Cer- 
lier traversent le lac en bateau; le 15, le lac est gelé de 
nouveau, la glace à 7 millimètres d'épaisseur; le 26, la glace a 
disparu. 


Lae de Morat. 


Le 31 décembre 1860, le lac était à 1610 millimètres; le 31 
décembre 1861, à 2340 millimètres. Le lac a donc baissé de 
1430 millimètres. 


Lac de Morat, 1861. 


À 2 : Ê Maximum Pendant le mois 
2 = S à par jour. 
£ S Ê > le lac 
+ rs = "S F 
2 S © = 2 S b a 
S = 8 È 3 & Haussé | Baissé 
ss 2 à CR DEC E de de 
nmim mn mm mm mm mm 
Janvier 240 3 580 26 20 60 — 340 
Février 50 3 160 5 20 90 — 110 
Mars 510 9 130 7 100 40 380 — 
Avril 0 0 180 10 0 30 —— 180 
|| Mai 0 0 390 19 0 30 — 390 
! Juin 10 1 190 12 10 30 — 180 | 
! Juillet 330 q4 70 4 50 20 260 — 
Août 90 4 580 20 90 60 — 490 
Sept. 610 8 190 9 160 30 420 — 
Octobre 70 fl 310 18 20 30 — 240 
Nov. 480 12 30 13 120 10 450 — 
Déc. 70 3 380 16 50 30 — 310 


Année À 2460 58 3190 159 160 90 1510 2240 


— 247 — 


TEMPÉRATURE DU LAC. 


Le 1° janvier, l’eau du lac avait à la surface une température 
de 5°,8 ; elle est arrivée à son minimum 1°,5 le 18. L'eau s’est 
réchauffée dès-lors lentement; le 1°" février, elle était à 4°; le 
1% mars à 5°; le 1° avril, à 6°; le 1% mai, à 9; le 1°" juin, à 
16°; le 1® juillet, à 19°; le 1% août, à 21°,2; Elle a atteint son 
maximum 25°,5 le 13 août. Dès-lors l’eau s’est refroidie 
lentement; le 1* septembre, elle était à 22°; le 1 octobre, 
à 16°,2 ; le 1° novembre, à 13°,2; et le 1** décembre, à ®. 
Le 31 décembre, la température s'était abaissée à 4°,5. L'eau 
a atteint 18° le 14 juin et elle est restée à cette température 
ou au-dessus jusqu’au 21 septembre. La saison des bains du 
lac a donc duré 100 jours. Pendant ce laps de temps l’eau 
était à 18°, 1 jour en juin, 2 en juillet, 1 en août, et 6 en 
septembre; à 19°, 4 jours en juin et 13 en juillet; à 20°, 2 
en juin, 4 en juillet, 1 en août et 6 en septembre; à 21°, 
6 en juin, 6 en juillet, 9 en août et 4 en septembre; à 22°, 
4 en juin, 6 en juillet, 10 en août et 5 en septembre; à 23°, 
1 en août; à 24°, 7 en août, et à 25°, 2 jours en août. 

La température de l’eau à la surface du lac est restée toute 
l'année au-dessus du minimum de la température de Flair, 
excepté pendant 9 jours, soit 2 en mars, 2 en avril et 5 en 
mai. Les 27 avril et 12 mai, le minimum de l'air était égal 
à la température de l’eau. 

En comparant la température de l’eau au maximum de la 
température de l’air pendant la journée, on trouve que le lac 
a été plus chaud que l’air pendant 124 jours, soit 25 jours en 
janvier, 7 en février, 1 en mars, 1 en avril, 2 en juin, 3 
en juillet, 4 en août, 14 en septembre, 20 en octobre, 21 
en novembre et 26 en décembre. Deux fois la température 
de l’eau était égale au maximum de l'air, 1 fois en février et 
1 fois en octobre. 

Le lac à donc été pendant 239 jours plus froid que le maxi- 
mum de la température de l’air pendant la journée. 


— 248 — 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 


faites à l'Observatoire cantonal de Neuchâtel, pendant le mois 
de Décembre 1861, 


par M. HIRSCH, directeur de l'Observatoire. 


M. Francis Galton de Londres, ayant eu l'intention de àres- 
ser des cartes résumant toutes les observations météorologiques 
de l’Europe, avait demandé à notre comité météorologique 
de concourir à ce travail. Il se bornait à demander les obser- 
vations pendant le mois de décembre. Le comité chargea M. 
Hirsch de faire ces observations spéciales, qui ont été adres- 
sées par lui à M. Galton avec les explications suivantes: 

La position géographique de l'observatoire est: 

Latitude 47 0’ 

Longitude 27" 49% = 6° 57! à l’est de Greenwich. Le ni- 
veau du mercure dans la cuvette du baromètre 1604 pieds 
anglais au-dessus de la mer. 

L'observatoire est situé sur une colline à 52 mètres au-des- 
sus du lac de Neuchâtel, dont il est éloigné horizontalement 
de 500 pieds environ vers le nord; il est adossé contre la 
chaîne du Jura, qui, s'élevant à 3600 pieds environ au-dessus 
de la mer, lui coupe 12° de l’horizon du nord. Vers les autres 
côtés l'observatoire domine le lac et est en face de la chaîne 
des Alpes. — Le bâtiment, éloigné de toute autre construc- 
tion habitée, est entouré d’un bois et de vignes. — Les ther- 
momètres sont placés devant la façade nord du bâtiment, 
à 5 pieds au-dessus du sol et à la même distance du mur. 
— La girouette se trouve au haut du mât du paratonnerre, 
à 45 pieds au-dessus du sol. — Le baromètre est un baro- 
métre Fortin, construit par Fastré aîné, de Paris. Son tube a 
0,54 pouces de diamètre; son échelle, divisée directement en 
demi-millimètres, donne au moyen d’un vernier les 0,02. 
L’instrument a été comparé pendant un mois à celui de lob- 
servatoire de Paris, et sa correction, par rapport à ce dernier, 
a été trouvée — + 0%",61, La lecture du baromètre est ré- 


EE 


22 0  — 

duite à 0° et au niveau de la mer avec les tables du prof. Car- 
lini, contenues dans Schuhmacher's Hülfstafeln. — Le ther- 
momètre, construit également par Fastré, a un grand réservoir 
cylindrique ; la division, tracée sur verre, donne les cinquiè- 
mes de degrés centigrades. — Le psychromètre construit par 
Piana, à Berne, a la même division, tracée sur métal. Tous 
les deux ont été comparés à plusieurs reprises à un thermo- 
mètre étalon de Fastré, vérifié dernièrement à notre cabinet 
de physique. Les corrections des deux thermomètres (resp. — 
0°,5 et 0°,3) ont été appliquées aux lectures. Le thermomètre 
mouillé n’a pas été observé lorsque la température était au- 
dessous de zéro. 

Les brouillards, mentionnés dans les observations, sont 
un phénomène régulier d'automne pour tous les lacs suisses, 
et pour le nôtre d’une intensité particulière; ils se main- 
tiennent quelquefois pendant 10 — 14 jours sans interruption. 
La hauteur verticale de la couche de brouillards varie entre 
100 et 1500 pieds et plus. A Neuchâtel on les observe presque 
exclusivêment avec les vents N.-E. et E., et ils ne paraissent 
se produire que lorsque la température du lac est au-dessus 
de celle de l’air. 


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— 254 — 


OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ 


pendant l'année. 


Mémoires de l’Académie royale de Turin. T. XIX. 

Proceedings de la Société zoologique de Londres. 

Mémoires de la Société de physiq. de Genève. T. 15, 1"° part. 

Mémoires de l’Académie impériale de St-Pétersbourg. T. IIT. 

Bulletins de l'Académie impériale de St-Pétersbourg. T. IT, 
n° 4-8. T. III. T, IV, n°° 1-2. 

Mémoires de l’Académie de Munich, cinq cahiers et le cata- 
logue des membres. 

Bulletins de la dite Académie. 1860, cah. 4-5. 1861, 1-5. 
2e partie, 1-2. 

Proceedings of the royal Society de Londres. Vol. XI, 44-45, 
47 


Bulletins de la Société vaudoise des sciences natur. T. VII, 
n° 48. 

Mémoires de la Société des sciences naturelles de Hambourg. 
T, 4, 2®e partie, 

Abhandlungen , herausgesgeben von der Senckenbergischen 
naturforschenden Gesellschaft. 4e vol., 1° livraison. 

Schriften der kôüniglichen physikalisch-ôkonomischen Gesell- 
schaft zu Kôünigsberg. 1° année, 2"° livraison. 

Bulletins de la Société des sciences de Zurich. T. 3, 4, 5. 

Académie de Dijon (Mémoires de). Année 1860. 

Neues lausitzisches Magazin. 38% vol., cah. 1-2. 
Natuurkundige Verhandelingen van de hollandsehe Maat- 
schappij der Wetenschappen te Haarlem. Vijftiende Deel. 
Memoirs of the literary and philosophical Society. Manches- 

ter. Vol. XI, XII-XV. 

De la même Société: Daltons new system of chemistry. 2 v. 
Id. »  Meteorology. 1834, 1 vol. 
Zeitschrift des künigl. preussischen statistischen Bureau. N° 6. 
Uebersicht der Witterung im nürdlich. Deutschland. 1859-60. 
Monatsbericht der kôüniglichen preussischen Akademie der 

Wissenschaften zu Berlin. 1860. 
Register für die Monatsberichte der kôniglichen preussischen 
Akademie der Wissenschaften zu Berlin. 1836-1858. 
Transactions of the royal Society of Edimburgh. Volume 22, 
art. 11. 
et to the Makerstown magnetical and meteorological 
observations. Supplem. to vol. 22, 


UE -— 


Proceedings of the royal Society of Edinburgh. Session 1859- 
1860, 1860-61. 

Jahrbücher des Vereins für Naturkunde im Herzogthum Nas- 
sau. 15° cahier. 

Das Festland Australien, von Fr. Odernheimer. Supplément 
au 15% cahier. 

Atti della Societa italiana de Scienze natural. Vol. 3, cah. 1-5. 

Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne. 14% v. n° 3-4; 
donewok n° 1.3. 

Berichte über die Verhandlungen der naturforschenden (re- 
sellschaft zu Freiburg. 1. B., vol. II, cah. 3-4. 

Abhandlungen des zoologisch-mineralogischen Vereins in 
Regensburg. 5° cahier. 

Correspondenz-Blatt des zoologisch-mineralogisechen Vereines 
in Regensburg. 15"° année. 

Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft. XIT vol. 
3-4. XIIT, 1, 2, 3. 

Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsan- 
stalt. XI vol. n° 2; XIT, n° 1. 

Bulletins de la Société des sciences de Berne. n° 469 à 496. 

Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de 
Cherbourg. T. 6-7. 

Zweiter Bericht des Offenbacher Vereins für Naturkunde. 
1860-1861. 

Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, von dem 
naturwissenschaftlichen Vereine für Sachsen u. Thüringen 
in Halle. Vol. XV, XVI. 

Mémoires de la Société royale des sciences de Liége, T. XVI. 

Verhandlungen der kaïserlich-kôüniglichen zoologisch-botani- 
schen Gesellschaft in Wien. Vol. X. 

Journal des Vétérinaires du midi. 25° année. T. V, n°3, 4, 5, 6. 

Bulletins de la Société des sciences naturelles des Grisons. 
6° année. 

Mémoires de la Société d'agriculture d'Orléans. T. V, n° 6. 
M VERS 2,8. 

Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte. 17° an- 
née, n° 4, 2, 3. | 

Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussi- 
schen Rheinlande und Westphalens. 18%° année. 

Achtzehnter und neunzehnter Jahresbericht der Pollichia, 
eines naturwissenschaftlichen Vereins der Rheïnpfalz. 

Jahresbericht der Wetterauer Gesellschaft für die gesammte 
Naturkunde zu Hanau. 1860-61. 

Journal of the geological Society of Dublin. Vol. IX, part. 1. 


— 256 — 


Bericht über die Thätigkeit der St-Gallischen naturwissen- 
schaftlichen Gesellschaft. 1860-61. 

Observations météorologiques d’Aarau, pour l’année 1860-61. 

Lecon d'ouverture d’un cours sur la haute antiquité, par 
M. Morlot. 

Actes de la Société jurassienne d’émulation. Onzième session. 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. 
1861, 1°* et 2% cahier. 

Rapport du Directeur de l'Observatoire cantonal de Neuchâ- 
tel. Année 1861-1862. 

Union médicale de la Seine-Inférieure. Journal de la Société 
de médecine de Rouen. N° 1. 

Rapport de la Commission météorologique pour toute la 
Suisse, par M. Mousson. 

Bijdragen tot de Dierkunde nitgesgeven door het koninklijk 
zoologisch genootschap Natura artis magistra te Amster- 
dam. Achtste Assevering. 

Memoirs of the geological survey of India. Vol. IIT, part. 1. 

Annual report of the “Seological survey of India. Année 1860- 
1861. 

Contribuciones de Colombia a las Ciencia las Artes, par les 
naturalistes de la Nouvelle-Grenade. 1560. 

Lunar tidal wave in the North American lakes, demonstrated 
by J.-D. Graham, lieut.-col. 

The Tides of Dublin Bay and the Battle of Clontarf, by the 
rev. Sam. Haughton. 

Observations on the Discovery in various localities of the re- 
mains of human art mixed with the bones of extinet races 
of animals, by Charles Babbage. 

Short account of experiments made at Dublin to determine 
the azimuthal motion. 

On the reflexion of Polarized light from the surface of trans- 
parent Bodies, by the rev. Samuel Haughton. 

On the some new laws of reflexion of polarized light, by the 
rev. Samuel Haughton. 

On the solar and lunar diurnal Tides of the coasts of Ireland, 
by the rev. Samuel Haughton. 

On the natural constants of the healthy urine of man, by the 
rev. S. Haughton. 


Ouvrages reçus de l'Institution Smithsonienne. 


Annual report of the Smithsonian Institution for 1859. 
Smithsonian contributions to Knowledge. Vol, XIT, 1860. 


— 251 — 


Boston journal of natural history, fin du vol. 7. Vol. 8, p. 64. 
Statistical report on the Sickness and Mortality in the army 
of the United States, from january 1855 to january 1860. 
Colombus Ohio state Board of agriculture. 1859, 14*° année. 
Botanical and Palæontological report on the geological state 

survey of Arkansas, by Leo Lesquereux. 

Annals of the Lyceum of natural history of New-York. Vol. 7. 

Norton literary Letter n°° 1, 4, 1859. 

Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia. 
Vol. IV, part. 3-4. 

Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadel- 
phia. 1859, 1860. 1561, p. 1-96. 

Second report of a geological reconnaissance of the southern 
and middle counties of Arkansas. 

Report on the chemical analysis of the white sulphur water 
of the artesian well of Lafayette Ind., by Charles-M. We- 
therell, D". 

The transactions of the Academy of science of St-Louis, 1860. 
Vol. 1. 

Washington U. $. coast survey. 1858. 

Cambridge Mass Am. As. for advancement of sciences. 

An essay on the Law of muscular action, by L. Mackall. m. d. 


LISTE DES MEMBRES. 


MM. Agassiz, Louis, professeur, 


Ayer, Cyprien, professeur, 
Andreæ, pharmacien, 
Barrelet, Alphonse-Olivier, docteur. 
Bassewitz, Hermann, docteur, 
Benguerel, Gérold, 

Belenot, Ferdinand. 
Berthoud, Alfred. 

Berthoud, James. 

Berthoud, Georges. 

Billon, Justin. 

du Bois-Bovet. 

Borel, Jaques-Louis, docteur. 
Borel, Charles. 

Borel, Eugène. 

Borel, Frédéric, chapelain à 
Borel, James, docteur, à 
Bovet, Louis, docteur. 

Bovet de Muralt, Charles, 
Brandt, Edouard-Henri, 

de Buren, Albert, 
Carbonnier, Paul. 

de Chambrier, Alexandre. 
Chapuis, Louis, pharmacien, à 
Colin, Victor, 

Cornaz, Edouard, docteur. 
Cornetz, docteur. 

Couleru, Louis, 

de Coulon, Louis. 

de Coulon, Frédéric, docteur. 
de Coulon, Alphonse. 

de Coulon, Charles. 

de Coulon, Henri. 

de Coulon, Albert, 


Amérique. 
Fleurier. 


Locle, 
absent. 


Préfargier. 


» 


Colombier. 


» 


Vaumarcus. 


Boudry. 
Corcelles. 


absent. 


absent. 


— 259 — 


MM. de Joannis, Jean, professeur, absent. 
Depierre, pharmacien, _ Locle. 
Desor, Edouard, professeur. 

DuPasquier, Charles-Frédérie. 

DuPasquier, Henri. 

DuPasquier, Georges. 

DuPasquier, Edmond. 

Favre, Charles, docteur. 

Favre, Louis, professeur. 

Garnier, Charles. 

Gibollet, Victor. Neuveville. 
Godet, Louis, Varsovie. 
Godet, Paul. 

Guillaume, Georges. 

Guillaume, Louis, docteur. 


Guyot, Arnold, professeur. Amérique. 
Heïnzely, Gustave, Hauterive. 
Heiïst, Rodolphe, pharmacien, Fontaines. 


Herzog, professeur. 
Hipp, constructeur de télégraphes. 
Hirsch, docteur, directeur de l'observatoire. 


Jacquard, Auguste, Locle. 
Ibbetson, capitaine, absent. 
Jeanjaquet, Eugène. 

Irlet, Gustave, docteur. Chaux-de-Fonds. 
Isly, professeur. 

Jurgensen, Jules, Locle. 
Knab, Charles, ingénieur. Peseux. 


Kopp, Charles, professeur. 
Ladame, Henri, professeur. 


Landry, Henri-Florian, Chaux-de-Fonds. 
Lardy, Alexis, inspecteur des forêts, Auvernier. 
Lesquereux, Léo, Amérique. 


Lindemann, télégraphiste. 

de Mandrot, colonel. 

Maret, Charles-Henri, notaire. 
Mathieu, Charles, pharmacien. 
Mayor, Auguste, 


— 260 — 


MM. de Meuron, Frédéric, colonel. 
de Meuron, Théodore, inspecteur forestier. 
de Meuron, Eugène, ingénieur. 
de Meuron, Paul, ingénieur. 
de Montmollin, François. 
de Montmollin, Auguste. 
Nicolet, Célestin, Chaux-de-Fonds. 
Otz, Henri-Louis, Cortaillod. 
de Perregaux, Guillaume. 
Perrier, architecte. 
de Perrot, Pourtalès, Louis, Genève. 
de Perrot, Louis, capitaine. 
de Pourtalès, Louis, (comte de). 
de Pourtalès, Alexandre, (comte de). Genève. 
de Pury, Gustave, ingénieur. 
de Pury, François, docteur. 
Ritter, architecte. 
de Rougemont, Alfred. 
de Rougemont, Frédéric, 
Terrisse, Alphonse. 
Terrisse, Edouard. 
de Tribolet, Georges. 
Wald, pharmacien, Thun. 
Vouga, Auguste, 
Vouga, Charles, professeur. 


MEMBRES HONORAIRES Er CORRESPONDANTS. 


Bardeleben, professeur, Giessen. 
de Beaumont, Elie, professeur, Paris. 
Bellardi, professeur, Turin. 
Bischoïf, professeur, Giessen. 
Blanchet, Rodolphe, Lausanne. 
Bolley, professeur, Zurich. 
Brunner, Charles, Vienne. 
Braun, Alexandre, professeur, Berlin. 
Campiche, docteur, St-Croix. 


de Candolle, Alphonse, professeur, Genève. 


MM. Collomb, Edouard, 


Damy, professeur, 

De Joannis, Léon, capitaine, 
Dinkel, 

Escher, Arnold, professeur, 
Favarger, Frédéric. 

Favre, Alphonse, professeur, 


de Fellenberg, Rodolphe, professeur, 


Fresenius, professeur, 


Gaudin, Charles, Théodore, professeur, 


Gerhardt, professeur, 

Girard, Charles, docteur, 
Gressiy, Amanz, 

Hollard, professeur, 

Heer, Oswald, professeur, 
Heïidinger, professeur, 
Jeanneret, Charles, 

Kæchlin, Joseph, 

de la Harpe, Jean, docteur, 

de la Harpe, Philippe, docteur. 
de la Rive, Auguste, professeur, 
La Trobe, Charles-Joseph, 
Lebert, docteur, 

Locher, Hans, docteur, 
Malherbes, docteur, 

von Melckebeck, Q., docteur, 
Mérian, Pierre, professeur, 
Mougeot, père, 

Maury, colonel, 

Mousson, Albert, professeur, 
d'Olfers, 

Perrin, Georges, 

Persoz, professeur, 

Pictet, Jules, professeur, 
Pietrusky, 

Plantamour, professeur, 
Redfield, professeur, 
Schimper, William, professeur, 


Paris. 
Asti. 
Saumur. 
Londres. 
Zurich. 


Genève, 
Berne. 
Wiesbaden. 
Lausanne. 
Montpellier. 
Washington. 
Soleure. 
Paris. 
Zurich. 
Vienne. 
Cuba. 
Mulhouse. 
Lausanne. 


Genève. 
Angleterre. 
Berlin. 
Münsterling. 
Bonvillards. 
Malines. 
Bâle. 
Bruyères. 
Washington. 
Zurich. 
Berlin. 
Petrolo. 
Paris. 
Genève. 
Pologne. 
Genève. 
New-York. 
Strasbourg. : 


17° 


— 262 — 


MM. Schœnbein, professeur, Bâle. 
Shuttleworth, Robert, Berne. 
Sismonda, Auguste, professeur, Turin. 
Studer, Bernard, professeur, Berne. 
de Tschudi, Jean-Jaques, docteur, St-Gall. 
Valentin, G., professeur, Berne. 
Vaucher, Edouard, Mulhouse. 
Wagner, professeur, . New-York. 
Wolf, Rodolphe, professeur, . Zurich. 


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BULLETIN 


DE LA 


SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE. NEUCHATEL. 


Séance du T Novembre 1862. 
Présidence de M. L. COULON. 
L] 


La Société procède à l’élection de son bureau, qui 
est composé pour cette année, comme suit 


MM. Louis CouLox, Président. 

Desor, professeur, Vice-président. 

Borez, docteur, Vice-président. 

Louis Favre, instituteur, Secrétaire pour la section de 
médecine, dhistoire naturelle, de géographie et 
d'ethnographie. | 

Isezy, instituteur, Secrétaire pour la section de physique, 
chimie, mathématiques, économie rurale, technologie et 
statistique. 


On décide 1° Que les membres externes paieront 
5 fr. de finance annuelle comme les membres internes. 

2° Que les Bulletins de la Société se vendront au pu- 
blic pour le prix de 3 fr. 

3° Que les séances de la Société auront lieu tous les 
quinze jours. | 


M. Coulon rapporte qu'il a vu, au musée de Fleurier, 


deux têtes d'Élan pourvues de leurs bois. Elles ont été 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 18 


— 264 — 


trouvées près des Verrières, dans une grotte très pro- 
fonde, au fond de laquelle quelques personnes de la 
localité se sont fait descendre pour l’explorer. 

M. Desor désire que la Société fasse quelques démar- 
ches pour qu'on renouvelle dans cette grotte des ex- 
plorations qui feront peut-être découvrir d’autres restes 
d'animaux et des débris d’mdustrie humame se rappor- 
tant aux anciens âges de la pierre et du bronze. 

Le même propose encore que notre Société accueille 
les travaux archéologiques et historiques, attendu 
qu'une société spéciale pour ces recherches ne D" se 
former à Neuchâtel. Approuvé. 


Séance du 21 Novembre 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président annonce que l’idée émise dans la 
séance précédente de faire une souscription pour ai- 
der à payer les frais du Bulletin, a déjà reçu un coni- 
mencement d'exécution. Un membre honoraire lui 
a remis un don assez important pour cet objet. 


M. Desor fait un rapport verbal sur les résolutions 
prises par le comité de météorologie réumi il y à quel- 
ques Jours. Le comité fédéral de météorologie ayant 
décidé la création de trois stations dans le canton de 
Neuchâtel , savoir celles de Neuchâtel, de Chaumont 
et de la Chaux-de-Fonds, et les frais retombant à notre 
charge, il était urgent, vu l’état de nos ressources, de 
nous adresser au Conseil d'Etat qui a déjà été averti 
officiellement par une lettre de M. Mousson en date de 


1 ssl 265 SSP 


la fin de mai écoulé. Les frais s’élèveront à 250 fr. 
par station, ce qui ferait un total de fr. 750; mais, 
grâce à la bonne volonté de M. Célestin Nicolet qui 
prend à sa charge les instruments de fa Chaux-de- 
Fonds, on peut espérer que les dépenses ne dépasseront 
pas fr. 500. C'est cette somme que M. Desor demande 
au conseil d'Etat dans une lettre dont 1] fait lecture et 
qu'il dépose sur le bureau. 

Il donne ensuite quelques explications sur ‘la nature 
des instruments qui seront employés, sur les condi- 
tions de leur installation et sur les personnes qui ont 
bien voulu se charger de la tâche pénible et assujettis- 
sante des observations. À Neuchâtel, les instruments 
seront installés à l'observatoire cantonal, et c'est M. le 
docteur Hirsch lui-même qui a pris sous sa responsabi- 
lité l'observation des mstruments. À Chaumont, on pla- 
cera les instruments dans le voisinage de l'hôtel où ils 
seront installés à demeure aussi solidement et aussi 
convenablement que possible. Le régent de Chaumont, 
M. Droz, jeune homme instruit, intelligent, desservira 
cette station importante, et iout fait espérer qu'il s’en 
acquittera d’une mamière satisfaisante. M. Nicolet con- 
tinuera comme du passé les observations de la Chaux- 
de-Fonds. 

M. Xopp ajoute encore quelques renseignements à la 
communication de M. Desor et il annonce que M. Hirsch 
et lui sont prêts à Installer à Chaumont-les instruments 
aussitôt qu'on les aura reçus. 

M. Kopp signale un point qui reste encore à régler, 
c’est l'indemnité qui doit être allouée à l'observateur 
de Chaumont. On comprend qu'il doive être convena- 

É blement rémunéré pour l'assujettissement auquel on le 


condamne, puisqu'il est, par le fait, attaché à sa station 
été et hiver sans pouvoir la quitter qu'en se faisant 
remplacer par une personne capable. Nous devons donc 
trouver les moyens de nous procurer la somme de 
100 fr. qu'il propose dans ce but. 


M. de Mandrot présente un plan des ruines du chà- 
teau de Rochefort et des fouilles pratiquées cet été, 
sous l'initiative de M. le pasteur Lardy, par les habi- 
tants de la localité qui ont montré beaucoup de zèle et 
de bonne volonté. Les fouilles ont révélé peu de chose; 
on à dégagé la base d’une tour ainsi que les fondations 
de quelques murs dont la destination n’est pas connue. 
Mais on continue les travaux, et M. de Mandrot espère 
que plus tard il pourra fournir des détails plus com- 
plets. 


M. Paul Godet communique la note suivante : 

« Permettez-moi, messieurs, de vous entretenir en 
quelques mots d’un fait assez curieux el qui prouve une 
fois de plus avec quelle circonspection on doit tirer des 
conclusions , même des faits les mieux observés. 

» Dans ces dernières années, l'étude de la reproduc- 
tion des infusoires à occupé un grand nombre de sa- 
vants: MM. Stein, Claparède et Lachmann en particu- 
lier ont traité cette question aussi complètement qu'elle 
peut l'être, dans de grands ouvrages qui resteront com- 
me des œuvres classiques dans cette branche de lhis- 
toire naturelle. M. Stein entr'autres, célèbre par sa 
théorie de la reproduction des Vorticelles par phases 
acinétiformes , Uhéorie à laquelle il a dû renoncer Jui- 
même, est un observateur extrêmement consciencieux 


— 267 — 


et exact, mais peut-être se hâte-t-1l trop de conclure 
d’un fait à une théorie. Dans la 1" livraison de son 
grand ouvrage sur les Infusoires, il raconte qu’il a ob- 
servé des animaux de ce groupe appartenant à la famille 
des Oxrytriques (Urostyla grandis Ehr.) et contenant 
une quantité de corps sphériques, tandis qu’on en aper- 
cevait d’autres plus ou moins engagés dans des canaux 
venant déboucher à l'extérieur du corps de l'animal. 
D’autres corps ont pu être observés à l'extérieur ou à 
demi engagés dans les canaux; ils se sont alors présen- 
tés sous la forme de petits infusoires elliptiques, dont 
le corps était revêtu de cils vibratiles en même temps 
que des singuliers suçoirs qui distinguent les Acinéti- 
niens. 

» À la vue de ces faits, M. Stein présenta la théorie 
suivante, qui lui permettait de remettre sur le tapis sa 
précédente idée que les Acinètes ne sont que des lar- 
ves et non des infusoires arrivés à l’état parfait. Sui- 
vant fui, le nucleus des Infusoires, ce singulier corps 
opaque de forme très-variable, qu ‘Ehrenberg avait an- 
noncé être un organe reproducteur, se partageait en 
un nombre plus ou moins grand de ces corps sphériques 
ou boules embryonales ; ceux-ci après s'être creusé des 
canaux dans le corps de l'animal mère, s’échappaient 
au dehors et prenaient alors la forme décrite plus haut, 
pour vivre de leur vie propre et se nourrir au moyen 
des suçoirs dont ils sont pourvus. M. Stein annonçait 
qu'il n'avait pu poursuivre plus lom ce singulier déve- 
loppement. 

» Les choses en étaient à, lorsque M. Balbiani an- 
nonça (Note sur un cas de parasitisme improprement 
pris pour un mode de reproduction des Infusoires ciliés. 


Comptes-rendus T. 51, p. 319—322.) que ces boules 
embryonales, bien loin de s'être formées en dedans pour 
arriver ensuile à l'extérieur, avaient au contraire péné- 
tré du dehors au dedans et que c’était un très-smgulier 
cas de parasitisme. 

» 11 y a plusieurs années que MM. Claparède et Lach- 
mann ont créé l’ordre des Acenétiniens ou suceurs (Suc- 
toria) pour des infusoires munis de suçoirs, au moyen 
desquels ils sucent les autres imfusoires qui passent à leur 
portée. On trouve entr’autres, décrit dans leur ouvrage, 
le singulier genre Sphærophrya, Clap., qui comprend 
de petits Acimétiniens sphériques libres (tandis que les 
autres sont fixés par un pédoncule), et qui s’attachent 
au% autres Infusoires, aux Oxytriques en particulier, en 
se laissant transporter par eux à droite et à gauche, 


ne lâchant prise que lorsqu'ils sont gorgés, et atten- 


dant après la digestion qu’une proie nouvelle passe à 
leur portée. Ce sont des animaux semblables que M. 
Balbiani raconte avoir vu pénétrer dans le corps 
des Oxytriques, en se creusant les canaux dont on a 
parlé ; une fois dedans, ils perdent leurs sucoirs et y 
restent à l’état de boules, ne montrant la persistance 
de leur vie que par la pulsation de leur vésicule con- 
tractile. L'auteur de la Note en question a réussi à rem- 
plir de ces Acinètes des Paramécies qui n’en contenaient 
aucune, et cela en les enfermant avec d’autres Para- 
mécies qui en étaient remplies. Il à vu jusqu'à 50 de 
ces parasites pénétrer dans le même infusoire, sans que 
celui-ci en parût affecté d’une manière sensible. 

» À l’état libre, les Sphærophryes sont tantôt nues, 
tantôt pourvues d’une couronne de cils vibratiles : dans 
le premier état elles abandonnent au hasard le som de 


. 


— 269 — 


leur amener une proie: dans le second, elles nagent çà 
et là pour chercher leur nourriture. 

» Ce fait donne une nouvelle foree à l’idée de Cla- 
parède et Lachmann, que les Acinétiniens constituent 
un ordre à part, et que ce sont des Infusoires parfaits 
et non des larves : mais 11 nous reste encore à appren- 
dre si ces animaux sortent des Oxytriques comme ils v 
sont entrés, et si réellement ils ont perdu leurs suçoirs 
et leurs cils vibratiles dans le corps de leur hôte Imvo- 
lontaire. » 


M. Desor rappelle que parmi les débris trouvés dans 
nos lacs on remarque des croissants en argile de di- 
mension variable et dont l'usage est resté un mystère. 
On en a trouvé en abondance au Steinberg près de Ni- 
dau, mais nulle part ailleurs sauf un exemplaire près 
de l'Ebersberg. M. Troyon en avait conclu que ces 
objets avaient appartenu à l’âge du fer, parce qu’au- 
cun ne s'était rencontré dans les stations de la pierre 
et du bronze. On sait d’ailleurs que le Steinberg de 
Nidau renferme des débris des trois âges. 

Dernièrement, M. Desor a eu la bonne fortune de se 
procurer deux fragments de croissants pêchés devant 
Cortaillod dans l’espace qui à fourni tant d'objets de 
l’âge de bronze. Ces fragments sont formés d’une argile 
grossière, mi-cuite, renfermant de gros grains de quartz 
et présentant tous les caractères des poteries de l’âge 
du bronze. Quelques rudiments d’ornementation sont 
visibles sur ces objets qui paraissent avoir été d’un em- 
ploi usuel. 

Il expose à ce sujet l'opinion émise par M. Hitzig 
que le culte de la lune est partout le plus ancien et que 


— 270 — 


ces croissants ont pu être un symbole de ce culte. 

M. Desor fait voir une perle d’ambre pereée d’un 
trou , pêchée aussi devant Cortaillod; c’est le premier 
objet de cette sorte qu’on trouve dans notre lac. Elle 
est un peu aplatie et a environ un centimètre et demi 
de diamètre. 

Les explorations dans les lacs d'Italie ne sont pas res- 
tées sans résultats; dans la plupart on a trouvé des pieux 
en grand nombre, particulièrement dans le lac de Gar- 
de. Les anciennes tourbières du Parmesan ont égale- 
ment révélé des piquets et des débris de toute espèce. 
D’après M. Gastaldi, il n’y aurait pas un seul des en- 
droits appelés en Italie Marnières ou Cimetières, quine 
présentât dans la tourbe formant le sous-sol, grand 
nombre de pilotis et d'objets d'industrie humaime. Mais 
ce qui estremarquable, les objets de pierre sont partout 
confondus avec ceux de bronze et l’on observe un pas- 
sage insensible de lun de ces modes de fabrication à 
l'autre. Ces faits viennent à l’appui de l’opinion émise 
antérieurement par M. Desor que l’âge du bronze a 
succédé à l’âge de la pierre dans la même race par des 
transitions insensibles. 


M. Desor recommande à l'attention de la Société 
l'ouvrage extrèmement remarquable dû à M. Bernard 
Studer et qui a pour titre Gesclachte der Physischen 
Greograplhie ou histoire de la physique du globe en 
Suisse. Tout ce qui a été fait dans ce domaine en 
Suisse , y est présenté el apprécié avec la hauteur de 
vues que l’on peut attendre d’un savant de ce mérite. 


a 


— 271 — 


Séance du 5 Décembre 1862. 


Présidence de M. L. CouLox. 


M. Desor fait la proposition que la liste des membres 
honoraires de la Société soit augmentée des noms de 
plusieurs personnes marquantes par leur mérite scien- 
tique; sa proposition étant adoptée , on adei comme 


membres honoraires : ? 
MM. Martins, professeur, à Mont-[MM. Dana, à New-Hawen. 
pellier. Kôüllicker, à Wurtzbourg. 

Lang, professeur, à Soleure. Muller, Albert à Bâle. 
Darwin, Charles, professeur. Stopani, à Pavie. 
Queenstedt, à Tubingne. Cotteau , Gustave. 
Ruttimeyer, à Bâle. Gautier, professeur à Genève. 
Hébert, à Paris. Denzler, ingénieur, à Berne. 


Wright, Thomas. Dufour, Louis, professeur, à 
Troyon, à Morges, | Lausanne. 

Forel, à Morges. | Schwab, colonel, à Bienne. 

l 


M. Hirsch fait l'exposé des principales découvertes 
astronomiques de l'année. (Voyez Appendice.) 

Le mème rapporte aussi qu'il a observé un grand 
halo formant un cercle complet de 22° de rayon. 


M. Louis Coulon rappelle un phénomène météorolo- 
gique singulier qu’on a pu observer depuis Neuchâtel , 
jeudi matin, 27 novembre. Toute la plaine Suisse était 
entièrement couverte de neige jusqu'aux bords du lac, 
tandis que le rivage de Neuchâtel et même la montagne 
de Chaumont n’en montraient aucune trace. 


M. Louis Favre donne quelques détails sur lexploi- 
tation des blocs erratiques qui se fait en grand dans 
notre canton, et il manifeste ses craintes de les voir 


de. NE 


bientôt disparaître. L'intérêt scientifique qui s’y ratta- 
che exige que lon fasse quelques démarches pour en 
conserver encore quelques-uns, outre ceux qui ont 
déjà été sauvegardés, à de certaines régions et à diverses 
hauteurs. 


Le même rapporte qu’on a trouvé à la Brévine, 
dans un bois de sapins, le 5 novembre, des morilles 
de taille ordinaire ; c’est une trouvaille assez rare dans 
cette saison. 


M. Desor présente un échantillon de lignite venant: 
de Schônig, près de Pfäffikon. Ce fragment est formé 
de minces couches de charbon séparées les unes des 
autres par des lits de petites coquilles d’eau douce, en 
nombre incaleulable, appartenant toutes à des espèces 
vivantes. 

Les grands bancs de lignite de la localité sont eux- 
mêmes séparés par des amas de graviers. On doit donc 
les rapporter à la période quaternaire. Il reste à décider 
s'ils sont anté-glaciaires ou post-glaciaires. En exami- 
nant le relief du sol sur lequel reposent les lignites, on 
voit qu'il est formé de collines arrondies parsemées de 
blocs erratiques ; la roche a de plus une apparence mou- 
tonnée dans toutes ses parties apparentes. En poussant 
l'examen plus loin, on s’est assuré dernièrement que 
des.blocs erratiques se trouvaient entre la roche et les 
lits de charbon. Cela confirme l’idée que M. Desor avait 
d’abord émise, que les lignites de Pfäffikon et d'Utz- 
nach sont postérieurs aux grands glaciers, de même 
que les ossements et les débris d'insectes qu'on y à 
recueillis. 


= Le — 


Le même montre des débris lacustres venant de Cor- 
taillod. I y à des poteries dont le bord supérieur por- 
te des dessins formés de lignes légèrement sinueuses ; 
cette particularité, jointe à celle de leur forme, sem- 
blerait faire croire qu’elles ont été travaillées au tour. 
Il fait voir en outre une assez grande épingle et un 
couteau avec son manche, le tout en bronze. 


M. Coulon fait voir une pierre talqueuse en forme 
de disque cylindrique, munie d’une espèce de rebord 
terminal, prise sur un chef de Botocoudos (au Brésil), 
qui la portait engagée dans sa lèvre inférieure comme 
un insigne de sa dignité. Cette pierre lui a été remise 
par M. Gustave Belenot. 


Séance du 19 Décembre 1862. 


Présidence de M. L. CouLox. 


M. Desor annonce que le Grand-Conseil a voté la 
somme nécessaire pour l'établissement des deux sta- 
tions météorologiques de Chaumont et de Neuchâtel. 


M. Ofz, de Cortaillod fait la communication suivante : 

Dans le courant du mois de décembre, M. Paul Bar- 
relet-Leuba m'apprit qu'en se promenant dans les gor- 
ges de l’Areuse et en suivant le chemin pittoresque de 
Treymont, il avait remarqué de l’autre côté de la riviè- 
re, soit sur la rive gauche, une grotte de grande ouver- 
ture dont il n'avait jamais entendu parler ; cette grotte, 
me disait-i}, est au-dessous et à une portée de carabine 


de la grotte de Vert; il l'avait déjà visitée et y avait 
trouvé des fragments de poterie. | 

» Ces renseignements ayant excité ma curiosité, je 
me rendis à Trois-Rods, et là j'appris de quelques per- 
sonnes qui voulurent bien me servir de guides, que 
celle grotte est située au-dessous de la propriété de la 
Prise. — fs appelaient cette grotte le Fowr, je l'appel- 
lerai Grotte de Trois-Rods parce qu’elle est la plus rap- 
prochée de ce hameau. Ils me firent descendre un eou- 
loir très-rapide pour arriver au bord de lAreuse qu’il 
faut ensuite remonter un peu en suivant le lit de la ri- 
vière qui coule parallèlement à la paroi verticale de 
valangien dans laquelle se trouve la grotte de Trois-Rods. 
À une trentaine de pieds au-dessus de la rivière on dé- 
couvre une grande ouverture de la forme d’une bouche 
de four, large de plus de 100 pieds et d’une viñgtaine 
de pieds de hauteur à l’entrée; cette hauteur diminue 
progressivement, et la cavité paraît se terminer à une 
cimquantaine de pieds de profondeur par la rencontre 
des couches de rocher ; le sol serait presque horizontal 
sans une certaine quantité de blocs qui se sont détachés 
de la voûte; près de la jonction des couches, quelques 
stalagmites indiquaient des infiltrations; mais lorsque 
jy fus, il n’y avait aucune trace d'humidité ; derrière 
une accumulation de gros blocs, un petit couloir indi- 
que que la grotte se continue encore. Dans cette pre- 
mière Course, je visitai essentiellement la grotte inté- 
rieure d'où je rapportai quelques ossements, entr’autres 
des têtes de chat, la tête du fémur d’un gros animal, et 
une portion de la tête d’un mouton. 

» J'ai l'honneur de présenter ces objets à la Société ; 
J'ai aussi trouvé au nord-ouest de la grotte extérieure, 


sous un banc de rocher, un foyer auquel on n'arrive 
qu'en rampant; 1l y avait autour du foyer des os et 
beaucoup de fragments d'os, entr'autres de bœuf, de 
mouton, surtout de pore (une portion de machoire doit 
appartenir à une très petite espèce) et un os d'oiseau, 
quelques morceaux de poterie que je présente à la 
Société; plusieurs portent des traces de dessins. 

» de visitai de nouveau, mais avec M. Barrelet, la 
grotte de Trois-Rods. Il me fit voir l'emplacement où 
il avait trouvé les poteries dont il m'avait parlé. C’est 
au sud-est de la première grotte : un foyer très-vaste y 
est préservé du vent par des stalagmites entre lesquelles 
des pierres ont été placées pour terminer la muraille. 
Dans cette partie de la grotte, il y a énormément d’os 
et de débris d'os, beaucoup de débris de poteries, les 
unes portent des dessins à la pointe, d’autres sont unies. 
Des pierres qui se sont détachées de la voûte, couvrent 
ces débris, mais on ne déplace pas un bloc sans en dé- 
couvrir un grand nombre. Un gros fragment de poterie 
est encore soudé dans une stalagmite et on ne saurait le 
détacher qu'en la brisant. — J'ai l'honneur de vous pré- 
senter une partie des débris de vases trouvés dans cet 
endroit; Je les crois très anciens; la composition de la 
pâte ainsi que leur forme rappelle les vases de l’époque 
de la pierre. | 

» Nous n’avons trouvé aucune trace de métal, ni de 
silex travaillés, ni de débris de poissons, quoique je 
cherchasse surtout à découvrir de ces objets. De nou- 
velles recherches amèneront, je l'espère, de nouveaux 
résultats. Je m'empresserai de les communiquer à la 
Société ; pour le moment on ne peut songer à faire des 
fouilles dans cet endroit dont l'accès est trop difficile. 


L 


Me ŒUN 


» L'impression que l’on éprouve en examinant la 
grotte de Trois-Rods et la gorge profonde et sauvage 
où elle est située, c’est qu’elle à été habitée par des 
gens qui cherchaient à se cacher, et qu’elle a été long- 
temps habitée. » Ç | 

M. Desor espère que cette découverte apportera de 
nouvelles limières dans l'étude des antiquités lacustres. 
La poterie lui semble avoir du rapport avec celle des 
àges de la pierre et du bronze, quoiqu'il n’ait jamais vu 
des dessins pareils à ceux qu’on remarque sur les débris 
trouvés dans cette grotte. 


M. Orz présente encore à la Société : 

1° Un tiers de sol d’or de l’époque mérovingienne, 
qui à été trouvé pendant le courant du mois d’août der- 
nier par les maçons qui réparaient l'auberge ancienne- 
ment de la Couronne et aujourd’hui du Lac, à Auver- 
nier ; il était dans la mortier d’un mur qu’on a démoli. 

2° Une monnaie d'argent dite helvétienne ou gau- 
loise, trouvée dans les vignes d’Auvernier en janvier 
1862. | 

3° Une pièce d’argent trouvée en 1850 dans les gra- 
viers du lac, près de la fabrique de Cortaillod ; elle 
porte deux têtes, une de chaque côté. 

4° Une médaille grand bronze de Faustine, trouvée à 
Auvyernier. 


M. Hirsch fait circuler les dessins de la comète IT de 
1862 que M. L. Favre à exécutés d’après les croquis 
que M. Hirsch en avait faits dans le temps. (Voir les 
planches). 

M. Hirsch communique ensuite sur cette même co- 
mète les détails suivants : 


Les observations très-complètes, faites par M. 
Schmidt sous le ciel transparent et seremm d'Athènes, 
depuis le 9 août au 16 septembre {il ne manque dans 
la série de ces observations que le 16 août et quelques 
jours de septembre) ont fourni à cet observateur distin- 
gué des résultats très-Imtéressants, avec lesquels mes 
observations, malheureusement beaucoup plus incom- 
plètes, s'accordent parfaitement. — Je vous dirai d’a- 
bord que sous le ciel d'Athènes la queue de la comète 
a pu être suivie à l'œil nu jusqu’à une longueur de 25° 
environ, le 27 août, tandis que ce même jour elle me 
paraissait avoir environ 10°. — Pour le rayon frontal 
de la coma, M. Schmidt trouve en moyenne 5, ce qui 
donnerait 17,5 diamètres terrestres, et pour la valeur 
maxima 6,5, ce qui équivaut à 22,8 de ces diamètres. 

Je vous ai parlé d’une période de trois jours environ 
que j'avais trouvée pour l’oscillation du secteur lumi- 
neux ; les observations d'Athènes permettent de déter- 
miner cette période plus exactement à 2,738 jours en 
moyenne. L’amplitude de l’oscillation a augmenté de 
période en période jusqu’à ce qu'elle ait atteint son 
maximum de 82° (on parle ici de l’angle compris entre 
l'axe de la queue et celui du secteur) le jour du péri- 
hélie, le 22 août. M. Schmidt à cru remarquer une 
période analogue pour le retour des figures semblables, 
aussi bien du secteur que de la queue; il évalue cette 
période pour le secteur à 2,99, et l’autre pour la queue 
à 2,82 Jours. Mais ce qui est plus important, c’est 
qu'il résulte des observations d'Athènes une période 
presque identique aussi pour l'intensité de la lumière 
du noyau. Cette intensité a varié dans les limites de 4 
classes de grandeur (de la 7" à la 11%), et nullement 


— 278 — 


en accord avec les distances de la comète relativement 
au soleil et à la terre, comme cela aurait dû être, s'il 
n’y avait point eu de révolution constitutionnelle dans 
le noyau, et que son éclat par conséquent n’avait dé- 
pendu gue de la position relative de la comète. Cet 
éclat a plutôt varié dans une période de 2,702 jours, 
laquelle est presque identique avec celle trouvée pour 
les oscillations du secteur (2,738). — De même la va- 
riation d'intensité n’est pas restée constante dans les 
différentes périodes successives, mais comme l’ampli- 
tude d’oscillation du secteur, elle a augmenté depuis 
117, classe de grandeur (le 13 août) à 4,18 classes de 
orandeur, et ce maximum de variation a eu lieu le 
26 août, c’est-à-dire quelques jours après le périhélie et 
avant le périgée. 

Comme sur ce même Jour tombe aussi le minimum 
absolu de l’éelat du noyau, 1l faut en conclure, qu'entre 
le périhélie et le périgée à eu lieu époque de la plus 
orande activité du noyau qui a causé également le plus 
fort épuisement de sa lumière. Le plus grand éclat du 
noyau était accompagné de la forme la plus concentrée 
et la plus lumineuse du secteur, tandis que la figure la 
plus épanchée et la moins intense de l’appendice a été 
vue dans les époques de minimum de l'éclat du noyau. 

Le tableau des intensités du noyau montre en outre, 
que les maxima ont suivi à très peu près la loi pho- 
tométrique des distances, et que le maximum absolu 
tombe sur le 30 août, tandis que le calcul de Porbite 
le placerait au 31 août. Il semblerait ainsi que les mo- 
ments des maxima correspondent à l’état normal du 
noyau, tandis que les minima se montrent aux épo- 
ques du plus grand épuisement. 


— 2179 — 


Ce qui est enfin très-remarquable , c’est que les 
moments de la plus grande intensité du noyau coïnci- 
daïent avec les moments de la plus forte oscillation du 
secteur, et que les minima de ces deux phénomènes 
tombent également ensemble. 

__ Cet accord complet entre les variations des phéno- 

_mènes lumineux et les changements observés dans le 
mouvement des appendices cométaires est un fait nou- 
veau, qu’il importerait de voir confirmé par d’autres 
observations, et qui fournira probablement un des élé- 
ments principaux pour la théorie des phénomènes com- 
pliqués des comètes. 

M. Hirsch communique enfin la découverte de deux 
nouvelles comètes télescopiques, faite le 1* et 2 décem- 
bre par M. Bruhns à Leipzig. La première, qui sera la 
troisième de 1862 ; est une nébulosité très-faible d’en- 
viron 2' de diamètre ; mais son éclat va en augmentant 
jusqu’au 1° janvier, et comme en même temps elle s’é- 
lève toujours davantage sur l’horizon, on pourra espérer 
de Fobserver convenablement. L'autre comète, Ja IV 
de cette année, diminue au contraire rapidement de 
déclinaison, de sorte que, malgré son éclat plus fort, 
elle sera bientôt entièrement imvisible pour nous, ne se 
levant plus au-dessus de notre horizon. 

M. Hirsch communique quelques détails sur la bril- 
lante aurore boréale qui a été vue à Neuchâtel dans la 
soirée du 14 décembre , avec une intensité qu’il nous 
est rarement donné d'observer dans nos latitudes. La 
première apparition du phénomène eut lieu vers six 
heures ; elle était assez forte pour faire supposer un 
incendie au Val-de-Ruz , de sorte qu'on sonnait les 
cloches et que les pompes de la ville partaient. Depuis 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. 19 


— 280 — 


la ville, où M. Hirsch se trouvait alors, il a vu deux 
plaques des deux côtés du méridien magnétique, chan- 
geant brusquement et alternant d'intensité, toutes les 
deux d’une couleur rougeâtre assez forte. Pendant un 
moment seulement, il a remarqué un rayon peu pro— 
noncé, dans le méridien. Vers sept heures, M: Hirsch 
a observé une lueur, d’un ton jaune clair, dans le nord, 
s’élevant très peu au-dessus de l'horizon. Mais après 
9 heures, le phénomène reprit avec une intensité nou- 
velle et incomparablement plus forte. M. Hirsch, oc- 
cupé alors de ses observations astronomiques — le ciel 
étant parfaitement clair —ne l’a remarqué qu'à 9h 15m, 
sans pouvoir assurer qu'il ne se soit produit quelques 
minutes auparavant; il dura jusqu’à 9! 30m, Le mo- 
ment de la plus grande intensité eut lieu environ à 
9h 24m, À ce moment, il v avait quatre groupes de 
rayons, séparés par des intervalles entièrement obs- 
curs , comme le montre le dessin que M. Hirsch fait 
circuler (voir la planche). Au méridien magnétique se 
trouvait un rayon de couleur blane d'argent, qui, s'é- 
levant jusqu’à 40° de hauteur, ne dura qu'une mmute 
environ et montra comme des anneaux très brillants, 
séparés par des intervalles d’une lumière moins intense. 
A l’est, dans une distance de 40° à 50° du méridien, 
on voyait une plaque d’un rouge de sang foncé, d’une 
rare intensité et cependant d’une limpidité superbe ; 
cette plaque avait environ 30° de hauteur et 12° de lar- 
geur. Par moment, elle prenait l'aspect d’un faisceau 
de rayons, dont les plus extrèmes étaient les plus pro- 
noncés, parcourus comme par des éclairs momentanés. 
A l’ouest se trouvaient deux groupes de rayons, l’un à 
20° environ du méridien, large de 4°, et l’autre, le plus 


— 281 — 


# 


occidental, à 50°, d’une étendue à peu près double. Ils 
s’élevaient également à une hauteur de 30°. Leur as- 
pect radié était plus constant que dans la plaque orien- 
tale ; ils avaient une teinte rosâtre très fine et aussi très 
intense, quoique moins forte que la lumière à l'est. 
Les rayons paraissaient converger vers un point, situé à 
30° environ au-dessous de l'horizon. Il y avait une al- 
ternation d'intensité entre les différents groupes ; lors- 
que les rayons roses à l’ouest brillaient fortement, la pla- 
que orientale diminuait beaucoup d'éclat et vice versa. 
On ne voyait point d'arc, qui pour les observateurs de 
Neuchâtel était probablement caché par la montagne 
de Chaumont, dont le contour — sur le dessin de M. 
Hirsch — forme la base d’où les rayons paraissent s’é- 
lever. M. Hirsch n’a pu découvrir la moindre trace de 
cirrus ; les étoiles vues dans une lunette à (ravers la lu- 
mière boréale, étaient parfaitement tranquilles, sans 
ces ondulations qui trahissent la présence des plus lé- 
gers cirrus. — l'aurore à été vue aussi en d’autres 
pays, comme, par exemple, dans presque toutes les 
parties de l'Allemagne. M. Hirsch regrette que nous 
n'ayons pas pu suivre chez nous l'effet de l'aurore bo- 
réale sur l'aiguille aimantée, parce que nous ne possé- 
dons pas une boussole en état d'observation. Il s’est in- 
formé au bureau des télégraphes, si l’on a remarqué 
dans la soirée du 14 des perturbations dans les lignes 
télégraphiques ; mais ni dans les lignes fédérales ni dans 
celles du chemin de fer, on n’a observé à Neuchâtel 
des courants terrestres. A Bâle, au contraire, tous les 
instruments télégraphiques ont été mis en marche par 
ces courants, qui, à Zurich, ont montré une intensité 
de 20° environ. 


— 282 — 


M. le professeur Ladame, à l'occasion de cette com- 
munication, rappelle qu'il a publié, 1l y a quelques 
années, dans les Bulletins de la Société, un travail rela- 
tif aux aurores boréales, dont les conclusions sont que 
l'électricité, cause de ces phénomènes, est produite 
par le mouvement de la chaleur dans les diverses cou- 
ches de l'atmosphère. 

M. Hirsch répond que M. de la Rive a écrit dernière- 
ment sur ce sujet un intéressant mémoire, dont il donne 
une analyse succincte, ainsi que la description de l’ap- 
pareil imaginé par M. De la Rive pour reproduire les 
diverses circonstances de l’aurore boréale. 


Séance du 9 janvier 1863. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. le docteur Cornaz présente une petite fille d’une 
douzaine d'années, atteinte, il y a quelque temps, d’une 
restriction d’articulation au coude. Au moyen d’une 
résection convenable faite à l'extrémité supérieure du 
cubitus, opération dont M. Cornaz donne lexplication 
et qu'il signale comme une conquête de la chirurgie 
moderne, 1l est parvenu à rétablir cette articulation, 
non pas à l’état normal, puisqu'il est difficile que la na- 
ture reproduise les faces articulaires compliquées des 
os, mais assez pour que le membre supérieur puisse 
exécuter plusieurs mouvements utiles. L'opération, 
effectuée le 5 novembre, a duré une heure et demie 
pendant laquelle la malade fut constamment anesthé- 
risée par le chloroforme. 


— 283 — 


Une quinzaine de Jours après, elle jouait déjà avec 
les enfants de son âge. 


M. Jsely communique quelques remarques au sujet 
des séries, entr'autres sur le sens qu'il faut attacher aux 
limites des séries divergentes, données par plusieurs 
auteurs. M. Catalan, dans un ouvrage qui à pour titre 
« traité élémentaire des séries » s’est borné à dire que 
ces limites sont un non-sens. (Voyez Appendice.) 


M. Hirsch montre une belle photographie du disque 
de la lune faite par M. Warren de la Rue à Londres. 
Quoiqu’elle soit de médiocre grandeur, elle donne une 
idée très-exacte de la surface montagneuse de notre 
satellite. 


Le même remet à la société de la part de l’auteur 
le XIV” cahier des « Communications sur les taches du 
soleil du docteur Rudolf Wolf. » M. Wolf établit com- 
me nombre relatif moyen de l’année 1861, 77,4, d’où 
il conclut, d’après sa formule, contenue dans le XIIE®° 
cahier, que la variation annuelle moyenne de la décli- 
naison magnétique pour Prague est 9°,5; tandis que 
l'observation directe donne pour cette moyenne, dé- 
duite de la différence des observations (faites à 2 heures 
et à 20 heures) 8',46. Si on la conclut des maxima et 
des minima absolus, on trouve 9°,17. 

En outre, M. Wolf fixe maintenant le dernier maxi- 
mum des taches solaires sur 1860 + 0,2, ce qui con- 
firme d’une manière très-satisfaisante la période de 
11:17, ans établie par sa théorie. 

Enfin ce cahier contient comme à l'ordinaire tout 
ce qui est relatif à cette spécialité. | 


— 284 — 


M. Wolf a publié en outre une petite brochure sur 
la période des taches du soleil, dans laquelle il défend 
sa période de 111}, années contre celle de M. Lamont 
qui l’a fixée à 10,43 ans. En résumant toutes les ob- 
servations, M. Wolf trouve pour la période moyenne 
11,155 + 0,377, et pour la longueur d’une période 
quelconque 11,155 + 1,722, ce qui montre que cette 
période varie passablement dans le courant des siècles. 
Mais M. Wolf soutient que la période de la déclinaison 
magnétique ne coïncide pas seulement avec la période 
moyenne des taches, mais encore que la variation de 
cette dernière se retrouve dans les périodes magné- 
tiques. 


Séance du 23 janvier 1863. 


f Présidence de M. Louis COULON. 


À l’occasion de la présentation des comptes de la 
Société par le caissier M. Desor, M. le président an- 
- nonce un nouveau don de fr. 800 de la part des der- 
mers représentants de la Société d’Emulation patrioti- 
que, destiné à couvrir une partie du déficit de nos finan- 
ces. On décide qu’une lettre officielle de remerciments 
sera envoyée par le secrétaire à M. le comte L.'de 
Pourtalès. 

M. le docteur Hirsch exprime ses regrets de voir de 
uouveau la station météorologique de Chaumont privée 
de son observateur par le départ de M. Droz, instituteur, 
nommé à un poste de l’école primaire de Neuchâtel. 
Si nous devons renoncer à cette station, il demande que 
le crédit qui lui était destiné soit employé à faire l'achat 


— 285 — 


de thermomètres destinés à des mesures de tempéra- 
ture dans le grand tunnel des Loges. Après avoir rappelé 
les chiffres par lesquels divers savants expriment l'élé- 
vation de la température à mesure que l’on s'enfonce 
dans la terre, et avoir montré les différences notables 
que présentent ces chiffres, il en conclut que cette 
question n’a pas dit encore son dernier mot, et que les 
investigations qui seront faites dans ce but, donneront 
inévitablement des résultats intéressants. 11 considère 
comme particulièrement favorable la situation du tun- 
nel des Loges pour ce genre d'expériences; en effet, 
sa hauteur au-dessus de la mer le place dans une ré- 
gion où les extrêmes de température présentent des 
écarts considérables; de plus, sa direction presque 
horizontale permet de s’enfoncer dans la terre autre- 
ment qu'on ne l'a fait jusqu’à présent, et d'apporter 
par conséquent, dans la solution du problème, des élé- 
ments nouveaux. Il propose donc d'établir un thermo- 
mètre dans le rocher aux deux extrémités du tunnel, un 
au fond du puits N° 3 à peu près à égale distance des 
deux issues, à une profondeur de 226", et enfin un 
quatrième au sommet du puits. A l’aide d’une légère 
gratification , il croit qu’on obtiendrait du garde du 
tunnel de faire l'observation des trois thermomètres in- 
férieurs. Quant à celui du haut du puits, on pourrait 
le placer assez près d’une habitation du plateau des 
Loges , qui correspond le mieux à l’orifice de ce puits, 
pour qu’une personne de cette localité püt se charger 
de lobservation de cet instrument. 

Cette proposition est prise en considération et on 
charge MM. Desor et Hirsch de s’en occuper. 


… ‘ 


— 286 — 


M. Gressly présente un fragment d’une substance 
trouvée dans le lac, et qu’il croit être une éponge d’eau 
douce. Cet échantillon provient de l'embouchure de la 
Broye et les pêcheurs qui l'ont trouvée assurent en avoir 
vu à plusieurs reprises dans cette rivière et dans le lac 
de Morat. On la trouve sous la forme d’un tube vertical 
de 1 à 1 !/, pieds de hauteur, avec une cavité intérieure 
cylindrique, 1 appuie beaucoup sur l’analogie que pré- 
sente cet objet avec les éponges de l’oxfordien. M. De- 
sor qui l’a examinée au microscope, y a trouvé des spi- 
cules, et le toucher de ce corps rappelle celui de lé- 
ponge. M. Gressly rappelle que M. Célestin Nicolet a 
signalé des éponges dans les bassins du Doubs. On ren- 
voie cet objet à l'examen de M. Paul Godet. 


M. Desor communique les observations qu’il a faites 
sur la structure des montagnes de la Savoie au point de 
contact du Jura et des Alpes. Se trouvant aux environs 
de Chambéry dans une contrée où 1l savait, pour avoir 
lu, qu’il n’y avait point de calcaire jurassique, M. Desor 
fut étonné de voir autour de lui les formes orographi- 
ques qui distinguent certains ordres de soulèvements 
particuliers à notre Jura. Le lac du Bourget est un lac 
de vallon renfermé entre deux chaînes très-rapprochées, 
le mont du Chat et la Chambotte. Cette dernière, qui 
plonge à pic dans le lac, a une structure que l’on peut 
rapporter aux formations de 4% ordre du système de 
M. Thurmann. Sur les deux flanes se trouve le calcaire 
à Caprotines analogue à notre roche du Mail ; au-dessous 
est Le néocomien qui donne lieu à des combes bien mar- 
quées, puis le Valangien qui forme des corniches sail- 
läntes, puis le calcaire d’eau douce qui se creuse de 


— 281 — 


nouveau en combes bien accusées, enfin le calcaire ju- 
rassique supérieur, qui forme le noyau de la montagne 
et le centre de la voûte dont les couches supérieures ont 
été en partie enlevées par l'érosion. 

Jusqu'à présent la conception de M. Thurmann ne 
s'était appliquée qu'au Jura, et c’est avec un vif intérêt 
que M. Desor a pu constater dans la formation crétacée, 
_des formes orographiques analogues aux nôtres, les re- 
connaître par l'aspect du paysage et les vérifier par un 
examen détaillé. 


M. Desor fait voir des débris d’antiquités lacustres 
trouvées tout récemment devant la promenade du Crêt, 
en face de la rotonde, au milieu des anciens pilotis si- 
gnalés par M. Desor. Ces objets consistent en deux ha- 
ches de pierre dont l’une a le tranchant très-acéré et 
trois pesons. | 


M. Favre présente un très bel échantillon de la Pé- 
ziza Coccinea cueillie le jour précédent à Chanélaz par 
M. le professeur Vouga. Il est rare de rencontrer ces 
plantes en végétation au mois de janvier, elles ne se 
montrent ordinairement qu’à la fin de l'hiver. 


M. Favre entretient la Société de quelques particu- 
larités concernant l'orage du 28 juillet dernier qu’il a 
observé à la Chaux-de-Fonds. Cet orage, qui a causé 
des dégâts notables, s’est déchainé surtout dans la pro- 
priété du Petit-Château où deux toits couverts de bar- 
deaux ont été emportés en partie.et où 24 arbres dont 
18 sapins de forte taille ont été déracinés sur un très- 
petit espace. Au moment où l'orage était le plus vio- 
lent, où le tonnerre roulait sans interruption, où la 


— 288 — 


pluie et la grêle tombaient avec fracas, le vent qui souf- 
flait de l’ouest-ouest-nord tourna subitement au nord 
et atteignit sa plus grande violence, car tous:les arbres 
renversés élaient couchés suivant une ligne méridien- 
ne et les bardeaux emportés jusqu’à une centaine de 
pas des maisons, formaient une traînée dans cette di- 
rection. Le baromètre ne paraît pas avoir été sensible- 
ment affecté par cet orage formidable ; les observations 
faites à la Chaux-de-Fonds donnent : 


pour le 26 juillet 684 mill. à midi 
D 27.19 “084: p- midi 
D: 26 °»4#009 UN Midi 
» 28 » 682 » 3h. Orage, pluie très-forle, vent 
violent. N.-0. 
D: 128.» ,683. ’»,, 9h. Soir 
Ho eux JN:, VOUS 


À l’observatoire de Neuchâtel : 


Juillet, le 26 à midi 722,6 mill. 
» AIT LB PU 
» 28 » ‘720,8 » 
9h. soir 722,6 »  Orage depuis 6 heures à 10 h. 
» 29 »: “720,41 


L'orage a eu lieu à la Chaux-de-Fonds à 3 heures 
après-midi, et n’a éclaté à Neuchâtel qu'entre 6 heures 
et 10 heures. 


M. Hirsch rapporte que dimanche soir, à dix heures 
et demie, par un temps de neige, de vent très-fort et 
un Ciel excessivement sombre, il vit, depuis le plateau 
du Mail, la moitié du lac Ja plus éloignée ainsi que les 
falaises de la rive opposée resplendir avec un éclat ex- 
traordinaire , plus intense que par un clair de lune. 
La moitié du lac la plus rapprochée était tout-à-fait 


— 289 — 


obscure et la séparalion entre ces deux moitiés était 
nettement tranchée. Ce phénomène lui a paru d'autant 
plus remarquable qu'il n’y avait point de lune et qu'au- 
eune lumière ne se montrait dans les nuages. 


M. Desor lit une lettre adressée de Berne par une 
société qui s'est formée récemment dans le but de fa- 
voriser l'exploration de nos Alpes, et qui cherche à 
étendre ses ramifications dans toute l'étendue de la 
Suisse. 


EE, 


Séance. du 6 février 1863. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Xopp montre un échantillon de robe teinte en 
vert avec de l’arsenite de cuivre, fixé simplement 
avec de la colle d’amidon. Le frottement détache très 
facilement de l’étoffe la poussière de ce composé émi- 
nemment délétère, qui, en se répandant dans l'air, doit 
affecter d’une manière très-pernicieuse les organes de 
la respiration des personnes enfermées dans un local 
restreint. 


Le même présente un fragment de tasse japonaise, 
peinte en rouge, et ornée de dessins dorés représen- 
tant diverses espèces d'animaux. L'analyse montre 
qu'elle est faite de bois poli imprégné d’un composé 
d’alumine et d’oxide ferrique qui le rend moins poreux. 
Un vernis résineux a été appliqué par couches minces 
successives, après que chacune avait eu le temps de 
sécher. C'est cette lenteur dans l'application des ver- 
nis ainsi que le soin de les faire sécher dans des lo- 
caux spacieux, aérés, qui donne aux vernis japonais 


… D 


leur véritable supériorité. — Les animaux sont d’abord 
peints à l’encre de Chine, puis dorés avec de la poudre 
d’or très-fine ; suivant l'épaisseur qu'ils donnent à cette 
dernière couche, les artistes japonais obtiennent di- 
verses nuances allant du verdâtre au jaune d’or, pro- 
venant du fond noir d'encre qui est au-dessous de Por. 
Les animaux sont en outre ornés de paillettes d’or al- 
lié d’argent. 


Le même attire encore l’attention de la société sur 
le mauvais état actuel des limnimètres de Morat et de 
la Neuveville, qui ne peuvent plus servir à des obser- 
vations exactes. Il importe donc de les faire remettre 
en état convenable, paree que les observations météo- 
rologiques fédérales doivent indiquer autant que pos- 
sible la variation du niveau des eaux des divers bassins 
suisses. Cette question est renvoyée à l’examen de la 
section météorologique. 


M. Louis Favre donne un résumé des faits les plus 
intéressants relatifs à la température et à la végétation 
de l’année 1862. (Voir Résumé météorologique). 


M. Desor présente un vase qui ressemble à un fond 
de creuset en graphite dont on se sert pour la fonte de 
l'or et de l'argent. Il a été retiré du lac, au devant de 
la rotonde du Crèt. Déjà, l'an passé, M. Desor en avait 
montré un semblable à la société, pensant que c'était 
une antiquité lacustre, mais il l’avait ensuite négligé 
et mis de côté en revenant à l’opinion genérale que 
c'était probablement un reste de creuset jeté au lac 
par quelque orfèvre contemporain. Cette année, son 
pêcheur d’antiquités a retiré successivement de l’eau, 


— 291 — 


au même endroit, trois autres creusets semblables au 
premier. L’attention archéologique est ainsi forcément 
ramenée sur ce sujet. Les fondeurs d’or et d'argent 
disent que les parois de ces vases sont trop épaisses 
pour que ce soient des restes de creusets; ensuite leur 
forme et leur grandeur sont tout-à-fait pareilles ; leur 
bord terminal ést arrondi et non fracturé, avec un côté 
un peu plus élevé que l’autre, sans doute afin que 
l'on püt en vider plus facilement le contenu. 
L'examen de l’intérieur a montré des résidus métal- 
liques. Une première analyse, faite par M. Weiss, a 
prouvé que c’étaient des scories de bronze contenant 
du zinc. Une seconde analyse, faite par M. de Fellen- 
berg, lui a donné pour la composition des scories : 


cuivre, étain, fer et zinc. 


Les vases sont fabriqués d’une pâte argileuse mé- 
langée de graphite, savoir: 


34,5 de graphite 
65,5 argile. 

La présence du zinc dans les scories de ces creusets 
montre qu’ils ne sont pas de la même époque que les 
bronzes lacustres dans lesquels on n'a jamais. trouvé 
ce métal. S'ils ne sont pas modernes, ils doivent ap- 
partenir à l’époque romaine, d’après l’idée de M. de 
Fellenberg lui-même. 

À côté du Steinberg de l’âge de la pierre, devant 
la rotonde du Crêt, où l’on ne trouve que des objets 
en os et en pierre, une fibule ou agrafe en bronze qui 
caractérise l'époque romaine a été retirée de l’eau en 
même temps que les creusets mentionnés ci-dessus. On 
pourrait donc présumer avec assez de probabilité que 


— 292 — 


des fonderies de bronze existaient près de ce lieu pen- 
dant l’époque romaine. 


M. Kopp fait voir un spectroscope dans lé cabinet 
de physique. Les membres de la Société peuvent ob- 
server les raies brillantes et colorées que les solutions 
alcalines et alcalino-terreuses produisent dans le spec- 
tre de la flamme d’un bec à gaz. 


Séance du 20 février 1863. 


Présidence de M, Louis COULON. 


M. Hirsch donne connaissance d’une circulaire de 
M. Dove, de Berlin, qui s'adresse aux bureaux des 
télégraphes des principaux états de l'Europe pour 
avoir des renseignements sur l’ouragan des 7 et 8 
janvier dernier. M. Hirsch pense que les informa- 
tions partant de personnes qui s’occupent de météo- 
rologie auront plus d'intérêt et d'autorité que celles 
qui émanent de télégraphistes dont les préoccupa- 
tons sont fort différentes; il engage en conséquence 
les membres de la Société qui s’occupent de ce genre 
de recherches de transmettre leurs observations à M. 
Dove. 


M. Æersch annonce qu’il a adressé une lettre à l’ad- 
munistration du Jura industriel pour obtenir l’autori- 
sation d'installer des thermomètres dans le tunnel des 
Loges. La réponse a été très-favorable et l’administra- 
tion s'engage à faire tout ce qui esten son pouvoir 
pour faciliter l'installation des appareils. Il espère que 


— 293 — 


les instruments seront terminés et mis en place pour 
la fin de mai. 


M. Hipp entretient la Société des expériences qui 
ont été faites pour transmettre la voix humaine par 
le télégraphe électrique, ainsi que des essais par les- 
quels on tente de transmettre la parole par la même 
voie. Il pense que l'articulation des mots et le jeu des 
consonnes présentera des obstacles sérieux qui parais- 
sent pour le moment insurmontables; mais rien n’au- 
torise à affirmer d’avance l’insuccès final d’une pareille 
entreprise. 


M. Hipp expose ensuite les moyens qu’il a employés 
pour mouvoir les disques des signaux sur les chemins 
de fer par voie électrique, au lieu de les mouvoir, 
comme aujourd’hui, mécaniquement par des fils de 
fer. Le système de M. Hipp consiste à faire tourner le 
disque par un mouvement d’horlogerie dont la détente 
est mise en action par le courant électrique dirigé par 
le chef de station. 

Pendant les longues expériences que M. Hipp a dû 
faire pour perfectionner son invention et la rendre pra- 
tique , il a eu occasion d’observer un fait très-singulier, 
dont il n’a pu trouver l'explication et sur lequel il ap- 
pelle l'attention de la Société. 

Les disques employés pour les signaux sont des pla- 
ques de trois pieds de diamètre, portées sur un axe 
vertical passant exactement par le milieu du disque; la 
suspension est telle que le mouvement de rotation dans 
le sens horizontal, peut se faire librement. La manœuvre 
de ces disques ne présente aucune difficulté lorsque le 
temps est calme; mais lorsqu'il fait du vent , le disque 


— 294 — 


se meut tout seul avec une force qui dépend de l’inten- 
sité du courant d'air, puis reste immobile en présen- 
tant au vent sa plus grande surface. 

Si on place à une faible distance du disque, et dans 
la direction du vent, une petite planche de la ‘/, partie 
environ de la surface du disque, ce dernier change de 
direction et se place perpendiculairement à sa première 
position, c’est-à-dire parallèlement au vent, 

Ce fait rappelle et explique peut-être l'habitude des 
habitants d’Appenzell qui, lorsque le vent est très-fort 
et menace leurs demeures (comme cela a eu lieu il y a 
peu de temps) élèvent des perches qu’ils attachent con- 
tre la maison du côté du vent, et on prétend que ce 
moyen est réellement efficace pour préserver les habi- 
tations de l'effet destructeur du vent. 

De plus, si l’on perce un trou dans le côté du disque, 
on peut supposer que la moitié percée présentant au 
vent une moindre surface , obéira moins à l'effort de 
l'air et que le disque se placera obliquement contre le 
vent, la partie trouée en avant; mais c’est précisément 
le contraire qui arrive, le disque est en effet oblique au 
vent, mais la moitié trouée est en arrière. 

Ces faits ont été soumis par M. Hipp à plusieurs phy- 
siciens qui n’ont pu, jusqu’à présent, en donner une 
explication satisfaisante ; il espère que cette communi- 
cation engagera d’autres personnes à répéter ces expé- 
riences et qu’on parviendra bientôt à en formuler la 
théorie. 


M. Hirsch entretient la Société d’une observation faite 
par M. Howlett qui a vu, le 4 août 4862, une tache de 
soleil sortir du disque et y produire une entaille dans le 


… 


contour. Dans sa communication à la Société astrono- 
mique de Londres, le révérend M. Howlett a donné des 
détails intéressants sur le groupe de taches en question, 
qu'il a pu suivre depuis le 25 juillet et qui, vu près du 
centre, s’étendait sur la 7° partie du diamètre du so- 
leil. En le suivant Jour par jour et près de la sortie, 
heure par heure, l’observateur a constaté l’entaille 
dans le bord du soleil, à l'endroit même où devait se 
trouver le principal noyau de la tache ; «cette entaille, 
dit-il, m'a semblé produite moins par un défaut dans 
le contour circulaire du soleil, que par des masses de 
la matière photosphérique environnante accumulées 
d’une manière anormale. La portion de la pénombre 
qui restait encore visible, lui parut former comme le 
fond d’une vallée peu profonde, vue par-dessus le flanc 
le plus élevé. » 

M. Hirsch croit que cette observation mérite de fixer 
l'attention, d’abord parce qu’elle constate dé nouveau 
un de ces cas, assez rares, il est vrai, où l’on a observé 
une tache dans le bord même du soleil, et parce qu’une 
entaille comme celle qui est décrite à cette occasion, 
est un grand argument en faveur de la théorie de Her- 
schel. La dépression beaucoup plus étendue, que l’ima- 
ge photographique a montrée dans le disque du soleil, 
aux environs de la tache sortante, doit être expliquée 
par le temps insuffisant pendant lequel la plaque sen-— 
sible a été exposée, vu l'intensité relativement faible de 
la lumière à cet endroit du bord. 


BUL. DE LA SOC, DES SC, NAT. 20 


— 


— 296 — 


Séance du 6 mars 1863. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Ladame, professeur, entretient la Société d’un 
petit traité de géométrie ayant pour titre: Nouvelle 
théorie des parallèles, par M. Belleney. 


M. de Mandrot lit un récit de la bataille de Grandson 
qu’il a rédigé d’après les notes de M. DuBois de Mont- 
perreux et la correspondance des ambassadeurs mila- 
nais auprès du duc de Bourgogne. Cette communica- 
tion est accompagnée d’une carte spéciale représentant 
la contrée où les divers actes de la bataille se sont pas- 
sés. (Voir Appendice.) 

M. Desor relève un détail dont il est fait mention dans 
ce récit; c’est la fortification connue sous le nom de 
redoute des Bourquignons à Vaumarcus ; 1l la visitée 
récemment et il a éprouvé une impression analogue à 
celle exprimée par M. de Mandrot ; il s’est demandé ce 
que pouvait être cet ouvrage qui est trop vaste et fait 
avec trop de soin pour une destination temporaire. 

M. de Mandrot répond que cette fortification est 
une des plus régulières qu’il connaisse, Îles angles sont 
encore très-marqués, le profil se distingue facile- 
ment et le fossé à cuvette est bien visible. Cet ouvrage 
lui paraît être romain et destiné à protéger la Via- 
d'Etraz qui passe un peu au-dessus. Si les Bourgui- 
gnons avaient eu l'intention d'établir un retranche- 
ment en cet endroit pour barrer le passage aux Confé- 
dérés, ils auraient choisi un emplacement qui leur 
permit de faire usage de leur artillerie et de balayer 


— 297 — 


la route avec avantage; or, chacun reconnaïtra qu’il 
est absolument impossible à des bouches à feu imstal- 
lées dans la redoute et tirant de plein fouet, la seule 
manière usitée à cette époque, de battre avec succès 
le chemin de la Via-d’Etraz. Il admet donc de nom- 
breux motifs pour affirmer que cet ouvrage ne doit pas 
être attribué aux Bourguignons et qu’il remonte au 
contraire à des temps fort reculés. 


M. Desor expose les progrès que l’on a faits depuis 
quelque temps dans l'étude des antiquités de notre pays 
et le caractère de généralité qui se manifeste dans les 
gisements. Ce n’est Plus seulement dans les eaux du lac 
que se font des découvertes, et l’on sera conduit peu à 
peu à abandonner l’idée que_les habitants primitifs de 
nos contrées vivaient exclusivement dans des demeures 
bâties sur pilotis. Les objets trouvés par M. Otz dans 
la caverne des bords de la Reuse, ont été reconnus 
très anciens par les hommes compétents auxquels ils 
ont été soumis; M. Keller considère les fragments de 
poterie comme réunissant les caractères distinctifs de 
l’époque de la pierre ; et M. Ruttimayer a trouvé parmi 
les ossements nombreux dont cette caverne est rem- 
plie, le porc des marais (Sus palustris), espèce étemte 
aujourd’hui, mais qui jusqu’à présent est considérée 
comme caractéristique des stations lacustres. Ainsi 
nous pouvons tenir pour certam que cette grotte a 
sérvi d'asile à des familles contemporaines de l’âge de 
la pierre. 

Sur d’autres points du pays, des trouvailles d'un au- 
tre genre méritent d'attirer l'attention et promettent 
aux explorateurs des résultats encore plus complets. 


7 ans 


Tout le monde avait vu dans la forêt de la Lance entre 
Vaumarcus et Concise, des tas de cailloux erratiques, 
de 1 à 2 ou 3 pieds de hauteur, et formant de petites 
_éminences nommées 0rgters par les habitants de la 
contrée. Ces amas répandus par centaines au milieu 
des arbres de la forêt ont frappé la curiosité de M. le 
D' Clément qui ne se rendait pas compte de cette ano- 
malie. Il entreprit des fouilles et vit bientôt que ces 
pierres, des quartzites pour la plupart, portaient des tra- 
ces de l’action du feu; en continuant à creuser, on 
trouva des charbons. Enfin dans l’un de ces fumuli, à 
moins d'un pied de profondeur dans le sol, on décou- 
vrit cinq faucilles de bronze, qui ont la forme caracté- 
ristique de l’âge du bronze, mais différent de celles 
trouvées dans le lac par la présence d’un talon vers la 
base. Une seule de ces faucilles est entière, les 4 autres 
manquent de la pointe qui est brisée aux °/, de la lon- 
gueur de l'instrument. Avec ces lames se trouvait en- 
core un bracelet du même métal, mais de petite di- 
mension. | 

Il ne faut pas confondre ces monuments qui n’exis- 
tent que sur les plateaux, avec les tumulis helvétiens 
qui se rencontrent sur les collines et dont M. le D' Clé- 
ment vient de découvrir un exemplaire remarquable 
entre Bevaix et Gorgier. Ayant fait ouvrir une éminence 
boisée qui lui paraissait peu naturelle, 1l trouva une sé- 
pulture contenant deux squelettes de femmes , parallè- 
les, dirigés de l’est à l’ouest. Ces os étaient si friables 
qu'ils n’ont pu être recueillis qu’en partie. Entre les 
deux était un vase en terre contenant du charbon. 
L'une avait à chaque bras un long brassard en bronze 
battu recouvert d’ornements; au bas du ventre était 


æ 


= 999 — 


uñe espèce de petit bouclier également en bronze. 
L'autre avait des bracelets en 7ais qui ont conservé les 
os du bras dans les points enveloppés, et trois petits 
bracelets de l’âge helvétien en bronze non coulé. Outre 
ces objets, se trouvait encore une espèce de grelot for- 
mé de six bandes de bronze réunies comme les méri- 
diens d’une sphère avec un petit caillou dans la cavité 
intérieure. 

D'autres sépultures trouvées dans les environs de 
Saint-Aubin, présentent des caractères assez marqués 
pour qu'il soit nécessaire de les distinguer des précé- 
dentes; elles appartiennent à l’époque helvéto-bur- 
sonde. Ces trois âges ont été révélés chez nous ces 
derniers temps grâce à l'élan donné aux explorations. 

M. Desor rappelle l'explication qu’il a donnée des éta- 
blissements lacustres qu’il considère maintenant com- 
me des magasins plutôt que comme des habitations. 
Il a été conduit à hasarder cette hypothèse par plusieurs 
raisons qu’il croit fondées et dont les principales sont : 
le grand nombre d’objets de même sorte accumulés sur 
un même point et leur état de conservation, la plupart 
paraissant n'avoir Jamais servi. Îl cite à l'appui de son 
hypothèse le nombre extraordinaire de poteries qui 
couvraient le fond du lac devant Cortaillod et Auver- 
nier , les bracelets trouvés par demi-douzaine dans un 
vase, les nombreuses haches intactes, ainsi que les cou- 
teaux, les aiguilles et les autres objets dont les collec- 
tions sont remphies. Il y a peu de jours même son pé- 
cheur a tiré de l’eau en trois coups de drague plus de 
200 anneaux de bronze dont il dépose de nombreux 
exemplaires sur le bureau. 

M. de Mandrot rapporte que telle a toujours été l’o- 


— 300 — 


pion particulière de M. de Gingins à l'égard des éta- 
blissements lacustres. | 

M. Desor présente une très-belle hache en néphrite 
trouvée 1l y a quatre jours devant Estavayer ; elle est 
inséréedans un bois de cerf. Cette pierre est censée ne 
venir que de l’orient. Dans l'Inde et la Nouvelle Zélande 
où elle a été employée à divers usages, elle a toujours 
été considérée comme une substance rare et précieuse. 
Comment cette pierre se trouve-t-elle chez nous? A-t- 
elle été apportée des contrées lointaines de lorient 
comme M. Troyon cherche à le démontrer? Ou pro- 
vient-elle de pays plus rapprochés? Le fait rapporté par 
Naumann, qu’on en a trouvé un échantillon près de 
Magdebourg dans un bloc. erratique venant des Alpes 
scandinaves, fait supposer qu’on finira par en découvrir 
- dans d’autres points de l’Europe, dans des conglomérats 
qui ont la même origine et qu'on ne sera pas obligé, 
pour expliquer la présence de cette pierre, d’imvoquer 
des relations commerciales étendues qu’on a peine à 
faire concorder avec une civilisation rudimentaire. 


Séance du 20 mars 1863. 


Présidence de M. DESser. 


M. Louis Favre fait rapport au nom du comité mé- 
téorologique des dispositions qui ont. été prises pour 
établir la station de Chaumont. Le plan élaboré à ce 
sujet, il y a quelque temps, est devenu imutile par le 
départ de M. Droz; il a fallu installer les instruments 
dans un autre local, où habite le régent actuel, M. Sire. 


— 301 — 


Les trois stations de Neuchâtel, observatoire cantonal, 
Chaumont et Chaux-de-Fonds seront entièrement mon- 
tées et prêtes à fonctionner au mois de mai. Le total des 
dépenses est de fr. 400. Le crédit de fr. 500 voté par 
le Grand Conseil, nous permettra de faire des démar- 
ches à Morat et à la Neuveville pour obtenir la répara- 
tion des limnimètres qui sont endommagés. On fera 

“imprimer 1000 tableaux pour noter les observations 
limnimétriques des trois lacs. Enfin il termime par l’é- 
noncé des réparations faites et à faire à la colonne mé- 
téorologique. 


M. Hirsch annonce que la commission géodésique 
suisse à tenu sa seconde séance à l'observatoire de 
Neuchâtel, le 1* mars 1863. Il donne un résumé du 
procès-verbal de cette séance que la société décide de 
faire insérer dans notre bulletin. (Voyez Appendice.) 


M. Desor présente un crâne humain trouvé à la sta- 
tion lacustre d'Auvernier. On l’a retiré de dessous une 


poutre carbonisée. La partie frontale de ce crâne est 


étroite et peu élevée, sans dépression entre les orbites 
où elle est même plutôt renflée. Les mâchoires ont en- 
core leurs dents; et, au fond de quelques alvéoles, on 
voit les secondes dents passablement développées au- 
dessous des premières. Ces remarques et d’autres en- 
core montrent que ce crâne était celui d’un enfant de 
neuf à dix ans, probablement d’une fille. On a encore 
trouvé quelques os des membres. Les dents sont plus 
usées que celles de nos enfants du même âge et elles le 
sont surtout en dehors. Cela dénote une manière de 
mâcher et un genre de nourriture différents de ceux 
de nos Jours. e 


— 302 — 


La position de ces débris sous une poutre brûlée con- 
firme la supposition que les stations lacustres du bronze, 
celles de Cortaillod et d’Auvernier ,; au moins, où lon 
voit partout des restes d'objets qui ont passé par lin- 
cendie, ont été détruites par un fait de cette nature; 
les os qui nous ont été présentés, sont sans doute ceux 
d’un enfant qui a été surpris par la catastrophe. 

Ce sujet amène M. Desor à parler d’un ouvrage im- 

portant publié dernièrement par M. Lyell, ayant pour 
ütre : « L’antiquité de l’homme. » 
_ Les découvertes faites depuis quelques années dans 
nombre de cavernes de divers pays, et surtout celles 
de M. Boucher de Perthes, dans les graviers d’Abbe- 
ville, prouvent, contrairement à l’idée émise par le cé- 
lèbre Cuvier, que l’homme peut être contemporain des 
races éteintes de grands animaux comme l’hyène des 
cavernes, l’éléphant primigenius, etc. 

Mais les divers crànes qu’on a trouvés ne sont pas 
tous semblables ; ils font reconnaître l'existence simul- 
tanée ou successive de plusieurs races d'hommes depuis 
celle où la forme de cet organe est Ja plus développée 
jusqu’à celle où il se rapproche presque de celui du 
singe. En comparant le crâne trouvé à Auvernier avec 
ceux que M. Lyell a présentés dans son livre, M. Désor 
le rapproche de celui des Australiens qui appartiennent 
au type actuel le plus mférieur. 

Quoique nos stations lacustres nous livrent des crânes 
humains, nulle part cependant on n’a encore trouvé 
en Suisse de traces de la coexistence de l’homme 
et des grandes espèces d’animaux étemtes. Cela peut 
provenir de ce que le climat de la Suisse a été, durant 
la période diluvienne, peu propice à son établissement; 


= 503 — 


tout nous prouve que les glaciers se sont retirés insén- 
siblement en subissant maintes oscillations, et pendant 
ce temps l’homme pouvait déjà vivre en d’autres lieux 
plus favorisés que notre pays. 

Là 


M. Desor montre encore à la Société des épingles de 
l’âge du bronze qu'il a fait nettoyer et polir. Elles ont 
un brillant semblable à celui de l’or et qui met en relief 
la variété de leurs formes et la perfection relative du 
travail. 


Séance du 10 Avril 1863. 


Présidence de M. L. CouLon. 


M. Louis Coulon rapporte qu'il a visité, accompagné 
de MM. Desor, de Mandrot et H. Coulon, les tumulis 
fouillés par M. Clément ; près de Saint-Aubim. Ils en 
ont encore vu plusieurs qui n'étaient pas ouverts. Les 
observations qu’ils ont faites, les ont engagés à opérer 
des recherches dans plusieurs tas de pierres assez ana- 
logues que l’on voit au-dessus de Néuchâtel, un peu 
plus haut que le Pertuis-du-Soc. Ils ont fouillé et bou- 
leversé plusieurs de ces accumulations de cailloux jus- 
qu’au sol sous-jacent, sans rien trouver, ni ossements, 
ni objets. Dans le plus grand ils ont remarqué un énor- 
me bloc erratique schisteux, mais qui n’avait aucune 
qualité archéologique. Que faut-il penser de ces tas 
de pierres qu’on voit en plusieurs lieux au-dessus de 


— 9304 — 


la ville? Quelle est leur origine? Il est assez difficile de 
s’en rendre compte, à moins d'admettre que les taillis 
au milieu desquels on les trouve, aient été autrefois 
défrichés et qu'ils ne soient des morgiers où accumu- 
lations de cailloux résultant®des défrichements. : 

Le méme croit que l’on devrait tenter des explora- 
tions du côté de St-Blaise et d'Hauterive. M. Dardel lui 
a raconté, qu’on a ouvert des tombeaux helvétiens au- 
dessus de Souaillon. On en a retiré des ossements et ce 


qu'on nomme « des cuirasses de virginité. » 


M. Paul Godet ajoute que M. Clément a reconnu 
les objets en fer qu’il a trouvés l'an passé dans une 
vigne à Saint-Aubin, comme appartenant à l’époque 
helvétienne. 


Le méme rapporte qu'il a examiné une éponge trou- 
vée dans le lac de Neuchâtel par M. Gressly. Elle lui a 
en eflet, présenté tous les caractères du genre spon- 
gulle, soit par des spicules , soit par ses granulations, et 
ses petits tubes à courants. Cette spongille-a déjà été 
vue dans le lac de Genève. | 


M. Louis Coulon communique un article d’un jour- 
nal anglais ou est décrite une avalanche qui a eu lieu 
en Valais et qui a présenté des particularités remar- 
quables. 


— 305 — 


Séance du 24 Avril 1863. 


n Présidence de M. L. FAVRE. 


M. Garnier rapporte qu’on a trouvé de nouvelles 
éponges dans le lac de Neuchâtel. Leur mtérieur est 
occupé par des joncs ou des roseaux, ce qui explique 
leur forme tubulaire. 

M. Guillaume, docteur, a étudié ces éponges au mi- 
croscope et il en fait l’objet d’une notice qu'il Hit à la 
Société, en y joignant quelques démonstrations micros- 
copiques. (Voir Appendice.) 


M. Hirsch rapporte qu’il a vu, il y a quelques jours, 
un nuage ressemblant à une queue de comète qui s’é- 
tendait du zénith à l’horizon, en conservant une largeur 
uniforme d'environ 5 degrés, bien qu’il traversât des 
couches d’atmosphère de températures et de densités 
fort différentes. 


Le même donne l'exposé des expériences chronos- 
copiques qu’il a faites, avec l’aide de M. pp, pour 
arriver à une détermination exacte de la correction 
personnelle, dans les observations astronomiques. 


(Voir Appendice.) 
M. Xopp fait ensuite la communication suivante : 


Une nouvelle huile pour l'éclairage, dite pétrole d’A- 
mérique, s'étant répandue dans le commerce, le conseil 
d'Etat m'a demandé de lui présenter un rapport sur les 
dangers que peut présenter cette matière. Ensuite de 
cette Imvitation, j'ai fait des expériences avec les élèves 
du laboratoire et voici quelques résultats que nous avons 
obtenus. 


— 306 — 


Le pétrole est une huile essentielle, rentrant, quant 
à la police du feu, dans la catégorie des alcools et de 
l'essence de téréhenthine, car le pétrole prend feu sans 
mêche et son maniement peut avoir les mêmes dangers 
que les substances citées. Dans le commerce de Neu- 
châtel, on vend différentes espèces de pétroles, diffé- 
rentes soit sous le rapport économique, soit sous le rap- 
port des dangers que peuvent présenter ces huiles ma- 
niées avec imprudence et incurie, 

Je n’ai pas pu me procurer de l'huile brute d’Améri- 
que. Cette huile brute paraît contenir des huiles essen- 
telles très volatiles et on a dù prendre à leur égard des 
précautions minutieuses, surtout dans les ports de mer 
et dans les fabriques d'épuration. Dés mesuresde police 
très-sévères existent contre cétte matière en bien des 
endroits. 

Les pétroles vendus à Neuchâtel ne présentent pas 
des dangers aussi grands. Ils sont épurés , c’est-à-dire 
que par une distillation à une température d’au moins 
100°, on a séparé de l'huile brute les essences les plus 
volatiles et les plus dangereuses. 

Cette purification ne se fait cependant pas dans les 
fabriques d’une manière toujours convenable ét les 
produits livrés au commerce ne sont pas toujours iden- 
tiques entre’eux. 

_ On vend chez nous des pétroles de quatre espèces 
différentes. 
N° 1 ayant une densité de 0,790 


N° 2 » » 0,799 
N°3 » » 0,800 
N° 4 » » 0,805 


Je ne détaillerai que les propriétés des pétroles N° 1 


= 0 — 


et N° 4, les deux autres leur ressemblant beaucoup. 

N° 1 dégage des vapeurs à 35°, la distillation com- 
mence à 70° sans qu'il y ait ébullition et 1l distille une 
petite quantité d’une huile essentielle très-légère , in- 
colore et excessivement inflammable ; à 95° il ne dis- ” 
ülle plus rien; à 140° la distillation reprend; à 150° 
le pétrole brunit, à 170°, la distillation avec ébullition 
est régulière. 

Le pétrole N° 4 ne donne la première goutte à la dis- 
tillation, mais sans ébullition, qu’à 168°, à 190? il bru- 
nit, à 201°, l’ébullition commence, à 210 elle est régu- 
lière. 

Le pétrole No1 diffère done du N° 4 en ce qu'il con- 
tient une essence volatile entre 70° et 90° et une autre 
distillant de 140° à 160° ; dès lors, les deux pétroles de- 
viennent à peu près identiques, quoique N°1 contienne 
encore une huile qui abaisse son point d’ébullition, qui 
est de 201° pour N° 4 à 170° 

Le pétrole N° 1 donne déjà à 50° des vapeurs qui s’en- 
flamment à l’approche d’une allumette, sans cependant 
que le liquide s’enflamme en même temps, mais à 55° 
les vapeurs et le liquide s’enflamment. 

N°2 présente ces mêmes phénomènes à 82° et à 88°. 

Quant à l’économie de l'éclairage, le pétrole présente 
des avantages, mais qui sont amoindris par certains in- 
convénients. 

J'ai comparé différents combustibles brülant dans 
des conditions diverses. 

Une chandelle de suif pesant 748: 5, brülant 10 gr. 
par heure. 

Une lampe modérateur, calibre ordinaire, brülant 
30 gr. d'huile par heure. 


—. 308 — 


Une bougie stéarique pesant 110 gr. et brûlant 10 gr. 
par heure. 

Une lampe pétrole dite bougeoïr, en verre, mêche 

de 15"" de large, brülant 21,5 gr. de pétrole par heure. 
= Une autre lampe pétrole, forme modérateur, mêche 
de 13m de large, brülant 19 gr. de pétrole par heure. 

Un bec de gaz dépensant 110 litres par heure. 

Les pouvoirs éclairants de ces diflérents porte-lu- 
mière comparés à la lumière de la bougie, étaient de 


Chandelle de suif . . . . . 0,86 bougies. 
Bougie 2e SE SPAIN 
Lampe pétrole bé pie 0 08 OR 
Lampe modérateur : . ". . ". 5,20 » 
Lampe pétrole, forme modérateur 5,50  » 
Bec de gaz . . . US RER MONS TRS 


Aux prix actuels des combustibles à Neuchâtel, la 
lumière équivalant à une bougie, revient à 
centimes 0,48 pour le pétrole 
» 0,70 pour le gaz 
» 1,00 » la lampe modérateur 
à huile 
» 2,90 » la chandelle 
» 4,09 » la bougie. 
Le pétrole réalise le plus d'économie avec une belle lu- 
mière, mais par contre il répand en brülant une mau- 
vaise odeur , insupportable dans les chambres d’habita- 
tion et à coucher; les lampes sont toujours couvertes 
d’une légère couche d'huile essentielle et en outre plu- 
sieurs autres inconvénients plus légers ne permettront 
pas à ces lampes de remplacer les lampes ordmaires 
partout et dans toute occasion. 


| 


— 309 — 


Séance du 8 Mai 1862. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président donne connaissance de la mort de 
M. le docteur Borel, vice-président. Il rappelle en ter- 
mes bien sentis les nobles qualités du défunt, ses vastes 
connaissances, ainsi que les services éminents qu’il a 
rendus durant sa longue carrière médicale. 


M. Hirsch décrit deux comètes actuellement visibles 
à l’œil nu. Il annonce aussi la découverte de la 78° pla- 
nète par M. Luther, de Bilk. Elle a reçu le nom de 
Diana. 


M. Airsch fait un rapport sur un mémoire que M. H. 
Grandjean du Locle, à présenté sur les chronomètres 
de marime de sa fabrication, et dans lequel cet artiste 
habile rend compte des différents systèmes d’échappe- 
ments, de compensations et de calibres qu’il a employés 
et de plusieurs expériences qu’il a faites dans la fabrica- 
tion des montres marines. M. Hirsch montre à la société 
le premier chronomètre de marine, qui ait été fait dans 
le pays (par MM. Grandjean, père et fils, en 1830), et 
ajoute des détails sur la marche des montres marines 
de la maison de M. Grandjean qui ont été observées 
jusqu’à présent à l'observatoire. (Voir Appendice.) 


M. Hirsch communique ensuite des observafions cu- 
 rieuses qu'il a faites sur les indications de thermomètres 
installés d’après le système adopté par la commission 
météorologique suisse. Il constate d’abord qu’un ther- 
momètre, dont la boule est entourée d’une mousseline 


— dt — 


sèche, est toujours plus haut, en moyenne de 0°,1, 
quelquefois jusqu’à 0°,6, qu'un autre placé à côté. 
M. Hirsch en déduit la nécessité de tenir compte de 
cette correction dans le calcul de l'humidité de l’air. 

Il résulte en outre des observations de M. Hirsch que 
deux thermomètres installés dans des cages à la même 
hauteur et seulement à quelques pouces de distance, 
garantis tous les deux complétement contre l’insolation 
directe, peuvent différer de plusieurs degrés (jusqu’à 
3°). Ces différences provenant d’une faible distance 
horizontale , sont presque aussi fortes que celles qu’on 
connaissait déjà pour les thermomètres établis à des 
hauteurs peu différentes et elles s'ajoutent à ces autres 
pour rendre la notion de la température d’un endroit 
plus vague et indécise qu’on ne l'avait vu Jusqu'à pré- 
sent. M. Hirsch insiste surtout sur la nécessité de ren- 
dre l'installation des thermomètres rigoureusement 
identique dans les différentes stations, dont on veut 
comparer les observations. (V. Appendice.) 


M. Louis Coulon dit qu’en creusant l’Areuse, à Cou- 
vet, pour agrandir son lit, on a trouvé un anneau en 
argile, soit torche pour soutenir les vases ; cela indique 
dans cette localité l'existence d’une station analogue 
aux stations lacustres. 


M. Xopp a examiné chimiquement l’éponge du lac 
de Neuchâtel, au point de vue de l’iode. On sait que 
les éponges marines en contiennent toujours. Celle-là 
n’en contient pas de traces, car elle n’a donné aucune 
des réactions propres à ce corps. 


Le même présente aussi trois eaux de Saxon, qui lui 
ont été remises par M. le docteur Cornaz; elles provien- 


— 311 — 


nent de la même source réputée pour ses propriétés 
iodées. En essayant les réactifs convenables, il a trouvé 
que l’une d’elles contient passablement d’iode , une se- 
conde, des traces, une troisième, pas de traces. 


Séance du 29 mat 1863. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Hirsch remet à la Société, de la part de M. Planta- 
mour de Genève, un ouvrage ayant pour titre: « Du 
climat de Genève, » dont M. Hirsch fait les plus grands 
éloges. M. Plantamour y présente une étude du climat 
de Genève aussi complète que les observations des 
trente-six dernières années permettaient de Îe faire, et 
il y reproduit en même temps, sous une forme compacte 
et par tableaux comparaüifs les données sur lesquelles 

cette étude repose. On y trouve les moyennes mensuel- 
les, ainsi que les extrêmes de chaque mois pour tous 
les éléments météorologiques, depuis l’année 1826 
jusqu'à 1861, toutes recalculées et converties dans 
l'échelle métrique et centésimale. M. Hirsch voit sur- 
tout un grand mérite dans la méthode rigoureuse et 
réellement scientifique de l’auteur, qui a employé par- 
tout où cela était possible, la méthode des moindres 
carrés , ne s'arrêtant jamais — comme c’est malheureu- 
sement trop l’usage en météorologie — à des conclu- 
sions vagues et à des déductions plus ou moins hypothé- 
tiques, sans les soumettre au contrôle du calcul. M. 
Hirsch envisage l'ouvrage de M. Plantamour comme un 
vrai modèle de monographie climatologique locale, 
BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. "# 


— 312 — 


et il considère comme condition essentielle d’un progrès 
sérieux de la météorologie, la production de nombreux 
travaux conçus el exécutés avec le même esprit de ri- 
goureuse exactitude. 


. Le même communique en quelques mots le résultat 
général des chronomètres de poche, observés pendant 
l'année dernière à l'observatoire cantonal. Comme 
pour les montres marines, dont il a été parlé à l’oc- 
casion du rapport sur le mémoire de M. H. Grandjean, 
pour les chronomètres de poche, M. Hirsch a constaté 
une marche en général très satisfaisante. Car en pre- 
nant pour mesure de cette marche la variation moyenne 
d’un jour à l’autre, 1l a trouvé pour 65 chronomètres 
de poche observés en 1862, la variation moyenne égale 
à 1°,61, tandis que pour les montres marines ce chiffre 
était 0°,31. En divisant les chronomètres en classes 
selon le degré d’exactitude de leur marche, il y a eu 
15°/, dont la valeur moyenne de la variation diurne 
(0°,72) reste au-dessous de 1°, 

54°, ont montré une variation moyenne de 1°,51 et 

15° une variation de 2°,80. 

M. Hirsch développe l'utilité d’une statistique exacte. 
de la marche des chronomètres, classés d’après les dif- 
férents systèmes de construction, dont la valeur relative 
devra ressortir, quand le nombre des pièces observées 
sera àssez considérable. M. Hirsch à déjà commencé 
cette statistique et en fera connaitre les résultats en 
son temps. 


M. Hirsch enfin communique, en son nom et au nom 
de M. Hipp, le système télégraphique, que ces deux 


— 313 — 


messieurs ont imaginé et exécuté, pour transmettre 
chaque jour le signal d'heure depuis l'observatoire can- 
tonal aux quatre endroits : la Chaux-de-Fonds, le Locle, 
les Ponts et Fleurier, à travers les lignes télégraphiques 
fédérales et sans arrêter mi gêner en rien la correspon- 
dance ordinaire des dépèches. Ils ont obtenu ce résul- 
tat en employant soit des relais différentiels, soit des 
relais polarisés. M. Hirsch, qui croit qu'une telle or- 
ganisation. d’une transmission de signaux spéciaux à 
travers un réseau télégraphique, qui renonce à toute 
restriction et évite tout dérangement dans le service or- 
dinaire des dépêches , peut avoir de l'intérêt pratique, 
explique les détails de l’arrangement sur un tableau, 
qui en contient le chéma. (Voir annexe et tableau.) 


M. L. Favre communique à la Société la découverte 
d’une mâchoire humaine fossile dans la carrière à gra- 
vier de Moulin-Quignon près d’Abbeville, par M. Bou- 
cher de Perthes. Plusieurs rapports ont été présentés 
à l'académie de Paris par M. de Quatrefages qui affirme 
l'authenticité de cet objet et le tient pour contemporain 
des animaux aujourd’hui éteints: ÆZ/ephas primigenius, 
Rhinoceros tichorhinus, etc., dont les débris se trouvent 
dans la même couche associés à des haches de silex. 

Cependant, M. Falconer, géologue anglais qui avait 
étudié ce, débris humain à Abbeville, en compagnie de 
M. de Quatrefages, publia dans le Tèmes une lettre où il 
déclara fausses les haches et la mâchoire trouvées dans 
la couche noire de Moulin-Quignon; il supposait que 
M. Boucher de Perthes et M. de Quatrefages avaient 
été victimes d’une supercherie de la part des ouvriers, 
ainsi que cela a eu lieu dans bien des circonstances 
pareilles. 


— 314 — 


Après une espèce de congrès scientifique tenu à Paris 
entre les géologues anglais MM. Falconer, Prestwich, 
Carpenter et les naturalistes français, sous la présidence 
de M. Milne Edwards, tous ces savants se sont transpor- 
tés à Abbeville pour continuer leurs recherches dans la 
carrière de gravier où a été trouvée la mâchoire hu- 
maine. Les fouilles, surveillées avec la plus grande at- 
tention, pour ôter tout soupcon de supercherie, ont 
fourni cinq haches présentant absolument les mêmes 
caractères que celles mises en suspicion par les savants 
anglais. Ces trouvailles et diverses particularités obser- 
vées pendant les travaux, ont enfin convaincu M. Falco- 
ner et ses compagnons qui ont reconnu publiquement 
l'authenticité de la mâchoire humaine fossile. 

Mais un nouvel incident qui s’est produit à l’acadé- 
mie, a fait de ce procès un événement dramatique avec 
ses péripéties imprévues ; M. Elie de Beaumont a dé- 
claré que le terrain de Moulin-Quignon n'appartient pas 
au diluvium, et qu'il rentre tout simplement dans les 
dépôts meubles sur des pentes. Les débris et ossements 
que ce terrain renferme ayant élé charriés par les eaux 
de pluie et remaniés, peuvent ainsi être associés, bien 
qu’appartenant à des époques fort différentes, Il s’en 
tient donc à l'affirmation de Cuviér : l’homme fossile 
n'a jamais été trouvé. 


— 315 — 


Séance du 12 juin 1863. 
Présidence de M. Louis COULON. 


(C4 


M. Desor rappelle que pendant son séjour à Combe- 
Varin l’année dernière, M. Liebig parcourant les marais 
voisins, fut surpris de l’abondance des lentilles d’eau 
(Lemna trisulca) qui végétent dans les flaquesau milieu 
des tourbières. L'illustre chimiste ne se rendait pas 
compte de l'alimentation de ces plantes. En effet, rien 
de plus simple que de les voir se développer sur le sol, 
d’où elles tirent les matériaux de leur substance, mais 
leur existence sur une épaisse couche de tourbe, mter- 
posée entre elles et le sol, devenait une difficulté dont 
il s’'appliqua à chercher la solution. Il emporta donc 
une certaine quantité de ces lentilles d’eau desséchées, 

_et Les soumit à l'analyse. C’est le résultat de cette étude 
qu’il transmet à M. Desor dans la note suivante: 

L'analyse de la lentille d’eau (Lemna trisulca) re- 
eueillie dans l’eau des tourbières de Combe-Varin, dé- 
montre que la substance de la tourbe se trouve dans un 
état continuel de décomposition ou de combustion lente; 
que l’eau de pluie dissout les substances inorganiques 
solubles de la tourbe et que la potasse et l’acide phos- 
phorique se trouvent contenus dans l’eau au moyen de 
laquelle ils pénètrent dans la lentille. Comme l'eau 
dans laquelle cette plante croît, n'arrive pas en contact 

- avec la terre végétale qui se trouve à une plus grande 
profondeur et dont elle est séparée par les couches de 
tourbe, il faut que les principes nutritifs des plantes qui 
s’y trouvent dissous, aient été empruntés à la tourbe. 


— 316 — 


Analyse de la lentille d’eau (Lemna trisulea) de la 
tourbe de Combe-Varin : 


Eau de la plante séchée à l’ar. . . . 15,03 
CERUTES PERS ORNE 
100 parties de cendres contiennent : | 
Potasse 0e 7 BINRL EPSON 
JOUE EE RIRE CNE CPAS 
Sel marm: ss rad oc are 
dMagnésie : :::::5:64-047i 50008 
Chaux. sr crits cmt 80 
Oxyde:de fer... css Rs 
Oxyde de maguésie . . traces 
Acide sulfurique .. ,. . 6,08 
Acide phosphorique . . 6,84 
NEÉSMCIQUE "PP 
Acide carbonique, et perte 18,20 

100,00 


M. le D' Hirsch fait part à la Société de la communi- 
cation que M. Liebig vient de faire dernièrement à l’aca- 
démie de Munich et de laquelle il résulterait que l’oxy- 
gène quiintervient dans la nutrition des animaux, ne 
provient pas en totalité de l'air qu’ils respirent, ainsi 
qu’on l’a admis jusqu’à présent, mais en partie de la 
décomposition de l’eau qu'ils boivent ou qui est conte- 
nue dans leurs aliments. 


Le même lit les deux notes suivantes : : 


Sur la détermination nouvelle de la parallaxe du 
soleil, par les observations de Mars dans son 
opposition en 1862. 


« Dans une communication de l’année dernière ; je 
vous ai rendu compte des résultats auxquels M. Le Ver- 


— 317 — 


rier était arrivé par l’étude de la théorie de Merèure, 
Vénus, Terre et Mars et qui l'avaient déterminé à aug- 
menter la masse de la terre de “/ et par conséquent 
la parallaxe du soleil de */;; de sorte que la valeur 
de cette parallaxe déduite par Enke du passage de Vé- 
nus en 1769, valeur —8,57116, a été remplacée par 
Le Verrier dans les nouvelles tables du soleil par la va- 
leur de 8,95, qu'il avait obtenue en déterminant par 
l'observation le coëfficient de l'équation lunaire et en 
employant les données fournies par la théorie de la pré- 
cession et de la nutation. — Je terminai ma communi- 
cation en disant que l'observation de Mars dans son op- 
position de 1862, proposée par Airy et Winnecke, pour- 
rait résoudre bientôt cette question difficile qui est d’une 
importance capitale pour toute l'astronomie, puisqu'il 
s’agit de la détermination de Funité à laquelle toutes 
les mesures du ciel se rapportent. 

Ces propositions des deux astronomes de Greenwich 
et de Puikowa ont été exécutées et je me permets de 
vous communiquer aujourd’hui les résultats auxquels 
les observations de Mars, faites l'automne dernier dans 
les deux hémisphères, ont conduit jusqu’à présent. 

Sans pouvoir entrer dans les détails de la méthode 
employée, je dirai seulement que l'observation de dé- 
clinaison de Mars, faite à des endroits très éloignés, 
comme le sont les observatoires européens et ceux de 
l'Australie et du Cap, donnent nécessairement une dé- 
termination de la parallaxe ou de la distance de cette 
planète; mais la distance d’une planète quelconque 
étant connue , on en conclut immédiatement celles de 
toutes les autres par la troisième loi de Kepler, et aussi 
la distance du soleil, ou bien la parallaxe équatoriale 


horizontale du soleil. Si cette méthode, proposée déjà 
par Cassini, n’a pas donné jusqu’à présent des résullats 
très-satisfaisants , cela est dû essentiellement à ce 
qu'on avait observé des oppositions de Mars, où la dis- 
tance de cette planète était encore trop considérable, 
tandis qu’en 1862 on a profité d’un minimum absolu de 
cette distance. Une autre raison qui assure à l’opération 
de l’année dernière une supériorité marquée sur les dé- 
terminations analogues tentées auparavant, c’est qu’on 
a exécuté cette fois les observations dans un grand nom- 
bre d’observatoires des deux hémisphères, d’après un 
plan commun, convenu d'avance sur la proposition de 
M. Winnecke de Pulkowa. 

Jusqu'à présent les journaux astronomiques ont pu- 
blié les observations de Pulkowa, de Greenwich, du Cap 
de Bonne-Espérance faites par Maclear, et cellesexécu- 
tées par M. R. Ellery à l'observatoire de Williamstown 
dans la colonie de Victoria, en Australie. En combinant 
les déclinaisons méridiennes de Mars observées par Mac- 
lear au Cap, avec celles obtenues au grand cercle méri- 
dien de Pulkowa , lesquelles sont affectées d’une erreur 
probable de 0",22, M. Winnecke a calculé treize valeurs 
de la parallaxe du soleil, dont la moyenne arithmétique 
est de 8”,964, valeur qui peut subir encore une légère 
modification, lorsque la réduction définitive de toutes 
les observations permettra d'attribuer à chaque valeur 
le poids qui lui convient ; la moyenne des écarts des 13 
valeurs individuelles par rapport à la moyenne est de 
0,232, 

Une autre détermination a été entreprise par M. Sto- 
ne, qui a comparé les observations correspondantes de 
Greenwich et de Williamstown qui, avec l'emploi de la 


— 319 — 


valeur d’Airy pour l’aplatissement de la terre (*/500), lui 
ont fourni 22 valeurs de la parallaxe, dont la moyenne 
est 8°,932 € 0,032; l'erreur probable d’une seule ob- 
servation de déclinaison étant 0'',25. 

Si l’on prend la moyenne de ces deux déterminations 
on obtient pour la parallaxe équatoriale horizontale du 
soleil 8'',948, valeur presque identique avec celle 
que Le Verrier avait déduite théoriquement (8,95). 

Une telle concordance est certainement faite pour 
déterminer les astronomes à adopter la nouvelle valeur. 
Les observations de Santiago, de Chili et de Madras, 
qui seront bientôt connues, apporteront, d’ailleurs, de 
nouveaux éléments à l’éclaircissement de cette recher- 
che importante, qui trouvera sa solution définitive par 
les passages de Vénus en 1874 et 1882. 


_ 


Sur une déviation remarquable du fil à plomb, 
découverte récemment à Moscou 


J'ai déjà plusieurs fois entretenu la Société, et der- 
nièrement encore à l’occasion de la séance de la com- 
mission géodésique fédérale, de la question intéressante 
des irrégularités locales de la surface géométrique de 
la terre, indiquées par les déviations de la verticale, 
qu’on avait constatées en plusieurs endroits. Vous vous 


rappellerez qu’on a trouvé l’année dernière une sem- 


blable déviation dans le Caucase, montant à plus de 50", 
Plus tard on avait constaté dans l’île de Wyght, donc 
dans un pays sans montagnes et parcouru seulement 
par de petites chaînes de collines peu élevées, une dé- 


… 


— 320 — 


viation du fil à plomb de 3", qui indiquait une masse 
compacte située sous le sol et traversant l’île de l’est à 
l’ouest. F 
Un fait du même genre, mais d’une intensité plus 
considérable, vient d’être constaté en Russie dans les 
environs de Moscou, donc cette fois dans un pays for- 
mant une plaine très peu ondulée. En calculant avec 
les valeurs les plus exactes des dimensions de la Terre, 
les longitudes et les latitudes des points principaux de 
la grande triangulation russe, on s’aperçut que la lati- 
tude de l'observatoire de Moscou fournie par les obser- 
vations astronomiques , était de 8” plus petite que celle 
qu'on obtenait en reliant géodésiquement cet observa- 
toire à d’autres points bien déterminés. Pour éclaircir 
cette anomalie, M. le prof. Schweizer, directeur de 
l'observatoire de Moscou, fit de nombreuses détermi- 
nations astronomiques et géodésiques de colatitude dans 
les environs de Moscou, qui lui ont donné toutes des 
résultats semblables. Ces recherches lui ont montré 
qu'il y a au sud de Moscou une ligne allant de l’'E.-N.-E. 
à l’'O.-S.-0., sur laquelle la déviation de la verticale 
n'existe pas, mais au nord et au sud de cette ligne la 
déviation augmente dans le sens opposé jusqu’à deux 
autres lignes parallèles à la première , où la déviation 
atteint un maximum; la ligne du nord passe par l’ob- 
servatoire même de Moscou. 
Les chiffres suivants montrent la quantité des dévia- 
lions des deux côtés de la ligne moyenne. 
A la distance de 0,0 kilom. la déviation est 0'',0 

» 14,051 » 5h #29 

» » 412,80 » » » 7'',80 

» » 21,34 » » 5459445 


— 321 — 


À la distance de 28,37 kilom. la déviation est 2'",10 
» » 36,28 » » »10""058 

On voit donc qu'à des distances de 8 kilom. environ 
de la ligne centrale, la déviation va jusqu’à = de l’an- 
gle que les verticales font entre elles; et le sens de la 
déviation est tel qu'il faut admettre sous la ligne cen- 
trale un vide relatif, un défaut de matière ou bien une 
couche considérablement moins dense. 

D’après les calculs de M. Schweizer , le vide accusé 
par ces déviations aurait un volume de 1,2 lieues géo- 
graphiques cubes ou bien de 488 kilomètres cubes, si 
l’on suppose qu'il se trouve à une profondeur peu con- 
sidérable au-dessous de la ligne centrale. Et ceci en 
admettant pour la densité de la croûte terrestre dans 
ces régions la densité moyenne; si elle était moins 
dense dans ces localités, 1l faudrait augmenter propor- 
tionnellement le volume du vide. 

L'importance de cette observation a été jugée telle, 
que M. Struve a obtenu du gouvernement russe, qu'on 
étendra considérablement ces recherches dans le sens 
des parallèles jusqu’au point où l’on verra disparaître 
les déviations, et qu’on nivellera soigneusement le 
terrain, pour pouvoir éliminer la faible influence pro- 
duite par les mégalités du sol. On fera aussi des expé- 
riences de pendule, pour déterminer l'effet de la cause 
perturbatrice sur la gravité. — Ces curieuses anomalies 
qu'on vient ainsi de découvrir dans un pays plat, enga- 
geront sans doute notre commission géodésique à pour- 
suivre activement ses recherches sur la déviation locale 
du fil à plomb dans nos montagnes; j'attends l’achève- 
ment des instruments commandés, pour commencer 
les observations dans le voisinage de notre observatoire. 


— 322 — 


M. Desor qui revient d'Italie, rend compte des obser- 
vations archéologiques qu’il a faites pendant son voya- 
ge. Îl rappelle que déjà en 1860, il avait commencé 
une série de recherches archéologiques dans la Haute- 
Italie. En visitant la Brianza et les bords du lac Majeur, 
en société de M. B. Gastaldi, il avait reconnu en di- 
vers endroits, des ustensiles en bronze semblables à 
ceux de nos lacs. Depuis lors, on en avait déconvert 
un bon nombre dans d’autres localités, mais ces objets, 
ainsi que les pieux auxquels ils se trouvent associés, 
provenalent tous des tourbières. On ne connaissait pas 
encore de constructions lacustres dans les lacs actuels. 
La question restait done intacte, malgré l’activité qu’ap- 
portent aujourd’hui les Italiens dans les recherches ar- 
chéologiques, aussi bien que dans d’autres directions. 

Cette année, M. Desor se dirigea vers le lac de Va- 
rèse, que certains indices lui signalaient comme parti- 
culièrement favorable à ses explorations. Jusqu’alors 
on n'avait trouvé que quelques épingles à cheveux et 
une sorte de diadème de bronze dans les tourbières at- 
tenantes au lac. A la première course sur le lac, le pê- 
cheur de M. Desor signala près de l’île Litta une planta- 
üon de pilotis d’une assez grande étendue, mais qu'on 
avait peine à distinguer à cause de leur faible saillie au- 
dessus du fond et de leur état de vétusté. Cette décou- 
verte ne tarda pas à être confirmée par l'apparition de 
nombreux fragments de poteries et d’ossements retirés 
du milieu des pilotis. Ces poteries rappellent par leur 
forme générale celles de l’âge de bronze trouvées dans 
nos lacs, mais elles portent vers le bord des torsades 
d’un dessin particulier. Les ossements semblent ap- 
partenir à la petite espèce de bœuf qui se rencontre 


es 


» — 323 — 


fréquemment dans nos stations lacustres. Malheureu- 
sement, le temps était peu favorable, le vent troublait 
l'eau, et l’épaisse couche de limon qui recouvre le 
fond, rendait les recherches difficiles ; c’est peut-être 
à cette circonstance qu’on doit de n'avoir rencontré au- 
cun objet de métal. Une seconde station d’une étendue 
très-considérable fut découverte le lendemain à l’extré- 
mité opposée du lac Varèse , en face du village de Bo- 
dio. Dès-lors, on a annoncé à M. Desor la découverte 
de plusieurs autres stations avec de nombreux échantil- 
lons de poteries. Au lac de Pusiano, on a découvert 
un Steinberg avec des objets en pierre et des osse- 
ments. Le lac de Trasimène que M. Desor a visité, se 
refuse à toute exploration régulière à cause de sa faible 
profondeur qui, ne dépassant pas deux mètres, sur une 
grande partie de son étendue, fait qu’au moindre vent 
les vagues remuent la vase, l’eau se trouble et les re- 
cherches deviennent impossibles. 

Ainsi on ne peut plus conserver de doute sur l’analo- 
gie des lacs italiens avec les nôtres, sous le rapport des 
antiquités qu'ils peuvent renfermer. Comme en Suisse, 
ils ont été anciennement recouverts de constructions 
sur pilotis. 

M. Desor a visité les collections importantes recueil- 
lies par M. Strobel dans ce qu’on appelle les Warnières 
du Parmesan. Ce sont des buttes s’élevant de 15 à 20 
pieds au-dessus de la plaine et dont le sol constitue un 
engrais très important ({erra mara); aussi les exploite- 
t-on activement pour fertiliser les prés environnants. 
Ces buttes renferment une multitude de débris de toute 
espèce et de toute origine ; à la surface, tout est con- 
fondu et l’on a ainsi une sorte de résidu des diverses 


— 324 — e 


races qui se sont succédé sur le sol de l'Italie. Mais, à 
mesure que l’on s'enfonce à une certaine profondeur, 
les débris prennent un caractère de plus en plus parti- 
culier. Cette circonstance ayant encouragé M. Strobel 
à continuer ses fouilles dans le sous-sol, 1l découvrit des 
piquets plantés dans la tourbe el supportant un plancher 
des plus frustes formé de planches simplement refen- 
dues à l’aide de coins, mais présentant des mortaises et 
des assemblages travaillés avec soin. Sur ce plancher, 
il en existait un autre en ciment. Dans la tourbe du 
fond on a trouvé en abondance des objets de bronze 
presque entièrement semblables à ceux de nos lacs, des 
haches, des couteaux, des pointes de lances, des pote- 
ries variées, etc. On était arrivé à la couche historique 
correspondant à notre époque du bronze. Ces marniè- 
res sont done, paraît-il, d'anciennes stations primitives, 
où sont venus successivement s'établir par la force de 
l'exemple et de l'habitude tous les peuples qui ont passé 
sur ce pays. Les débris organiques entassés dans une 
longue suite de siècles, ont donné au sol ses propriétés 
fertilisantes. Cette explication semble confirmée par le 
fait que près de chaque butte se trouve un château ou 
un couvent qui atteste le voisinage d’un lieu autrefois 
habité, de même que chez nous la plupart des stations 
lacustres ont à côté d’elles un village ou une ville. 

Les collections d’antiquités étrusques ont attiré tout 
particulièrement l'attention de M. Desor ; en les com- 
parant avec celles qui proviennent de nos lacs, il espé- 
rait obtenir quelques lumières sur l’origine des peupla- 
des qui les ont laissés. Mais un examen attentif Jui a fait 
comprendre que les termes de comparaison sont souvent 
insuffisants et les rapprochements impossibles. En effet, 


— 325 — 


les antiquités trouvées dans les tombeaux consistent 
en majeure partie en bijoux et en objets précieux ; les 
outils et les ustensiles de la vie ordinaire sont au con- 
traire rares, soit que les tombeaux ne les continssent 
pas, soit que leur peu de valeur ou leur mauvais 
. état de conservation les ait fait rejeter. En outre, 
on ne s’est pas inquiété beaucoup de la provenance des 
objets, de sorte qu'on ne sait le plus souvent à quoi les 
rattacher. Cependant, quelques personnes ont eu l’heu- 
reuse idée de conserver quelques cryptes intactes, avec 
tout ce qu’elles renfermaient. À Chiusi, des fouilles 
faites avec soin, ont livré un grand nombre de coffres 
cinéraires en pierre et en argile couverts de bas-reliefs 
dont les figures, par leur dessin et les types qu’elles re- 
présentent, attestent l'intervention de l’art grec. Cela 
est d’autant plus frappant que le portrait du défuni 
placé sur la cassette, montre en général un type d’un 
autre ordre et appartenant à une race plus matérielle 
aux formes lourdes et grossières. 

En résumé, on doit distinguer deux époques étrus- 
ques: l’une est remarquable par les beaux vases de 
pierre ou de poterie, aux bas-reliefs élégants, d’un des- 
sin facile et correct annonçant un art très-avancé ; l’au- 
tre, beaucoup plus ancienne, caractérisée par les vases 
de poterie noire et par des ustensiles d’une forme plus 
ordinaire et d’un goût moins épuré. Si nos antiquités 
lacustres ont des analogues dans les tombeaux étrus- 
ques, c’est dans ceux de cette dernière époque qu'il 
faut les chercher. 


— 326 — 


Séance du 19 juin 1863. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Desor communique les observations qu'il vient de 

faire sur la structure géologique du nord de ltalie. 
(Voir Appendice.) 

M. Hirsch annonce qu’il vient de placer dans le grand 
tunnel des Loges trois thermomètres, un à une distance 
de 50" environ de chaque ouverture, et un troisième 
au pied du puits N° 3. Il a donné les instructions néces- 
saires aux deux gardes du tunnel, qui font la lecture 
des trois thermomètres quatre fois par jour. 

M. Hirsch a aussi préparé l'installation d’un autre 
thermomètre dans la cave de l'hôtel de la Vue-des- 
Alpes. 


APPENDICES. 


PROCÈS - VERBAL 


DE LA SECONDE SÉANCE 


DE LA COMMISSION GÉODÉSIQUE $ (ISSE 


tenue à l'Observatoire cantonal, le 1 Mars 186... 


(Voir Bulletin, p. 301.) 


La commission se réunit à l’observatoire de Neuchâtel, le 4°" 
mars, à 41 heures du matin; sont présents : 


Monsieur l’ingénieur DEnzzer, de Berne, e 
» le général Durour, de Genève, 
» le docteur Hirscx, de Neuchâtel , 
» le professeur PLantamour, de Genève, 
» le professeur Wozr, de Zurich. 


M. le général Dufour se charge de la présidence et M. Hirsch 
fonctionne comme secrétaire. 

Le Président prie M. Wolf de rendre compte de ce qui a été 
fait, depuis la première réunion de la commission, pour lavan- 
cement de l’entreprise ainsi que de l’état actuel de l'affaire. 

M. Wolf lit alors le rapport suivant : 
, (Dans notre première réunion du mois d'avril de l’année 
passée , vous m’aviez chargé d’envoyer le procès-verbal de notre 
séance au Conseil fédéral. Je n’ai pas manqué de le faire le plus 
tôt possible, en accompagnant le procès-verbal d’une lettre dans 
laquelle, en expliquant nos décisions principales, j'ai lusisté sur 
la convenance de nous autoriser sahs retard à commander les ins- 
truments et à préparer quelques reconnaissances dans les mon- 
tagnes. 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. is : 


— 328 — 


» Je n’ai point recu de réponse à cette lettre. Ayant appris au 
mois de juin, par une communication de M. le général Baeyer, 
que presque tous les pays, à l’exception de la Suisse, avaient déjà 
déclaré leur adhésion à l’entreprise internationale, j’ai insisté de 
nouveau auprès de M. le conseiller fédéral, directeur du dépar- 
tement de l’intérieur, pour obtenir une décision. M. Pioda m'é- 
crivit alors confidentiellement que notre affaire n’était point ou- 
bliée, mais que les finances de la Confédération ne permettaient 
pas d’y donner suite pour le moment. Dans ces circonstances, je 
me suis décidé avec votre consentement à soumettre à la Société 
helvétique des sciences naturelles, lors de sa réunion à Lucerne, 
un rapport sur les travaux de notre commission, pour demander 
la ratification de notre décision, par laquelle nous avons rem- 
placé feu M. Ritter, comme membre de la commission, par M. le 
professeur Plantamour de Genève, et pour engager la Société 
d'intervenir de nouveau en faveur de notre entreprise auprès des 
autorités fédérales. Le projet de ce rapport vous à été communi- 
qué dans le temps, conjointement avec le mémoire de M. Baeyer 
et le procès-verbal de la séance de Berlin. Vous savez, messieurs, 
que la Société helvétique a approuvé à l’unanimité mon rapport 
et ses conclusions. Au mois d'octobre, nous profitâmes de la réu- 
nion à Berne de la commission météorologique dans laquelle je 
me trouvais avec M. Plantamour, pour faire, conjointement avec 
M. Denzler, une nouvelle démarche auprès de M. Pioda. M. le 
directeur de l’intérieur nous dit qu’il n’avait encore reçu aucune 
communication de la Société helvétique, mais que le moment 
était maintenant plus opportun pour présenter nos demandes au 
Conseil fédéral, et il nous engagea à élaborer un mémoire pro- 
pre à faire apprécier aux membres des Conseils la valeur natio- 
nale et scientifique de notre entreprise. Après mon retour à Zu- 
rich, j'invitai immédiatement le bureau de Lucerne à communi- 
quer sans retard au Conseil fédéral la décision de la Société hel- 
vétique , et je redigeai le mémoire demandé par M. Pioda. J'ai 
envoyé le nombre d'exemplaires nécessaire de ce mémoire à la 
chancellerie fédérale, pour les distribuer aux membres du Conseil 
fédéral, du Conseil national et du Conseil des Etats. 

» Vous savez, messieurs, que le Conseil fédéral s’est enfin dé- 
cidé, au mois de décembre, à demander à l’assemblée fédérale les 


— 329 — 


fonds nécessaires pour notre entreprise. Plusieurs membres de 
notre commission croyaient alors qu’il conviendrait de nous réu- 
nir sans retard pour commencer nos travaux. Je n’ai pas cru de- 
voir le faire, crainte de compromettre le tout en voulant engager 
d'avance les autorités fédérales; mais je commençai à préparer 
l'exécution de nos décisions du mois d'avril et surtout j’entrai en 
correspondance avec MM. Ertel et Repsold. 

» Les deux Conseils, comme vous le savez, ont voté les crédits 
demandés par le Conseil fédéral, dans une de leurs dernières 
séances, et M. le général Dufour, qui a bien voulu m’informer 
à plusieurs reprises de l’état de nos affaires, n’entrevoyait la pos- 
sibilité de convoquer notre commission qu'après son retour à 
Genève. C’est sur son avis aussi que j'ai accepté l’invitation de 
M. Hirsch de nous réunir de nouveau à l'observatoire de Neu- 
châtel. M. Denzler aurait préféré une séance à Berne, pour être 
plus près des autorités fédérales, mais d’abord je ne connaissais 
pas cette proposition, lorsque j’expédiai ma lettre circulaire, et 
la majorité des membres s'étant prononcée pour Neuchâtel, je 
n'ai pas cru devoir renvoyer de nouveau l’époque de notre séance, 
pour vous faire voter sur celte nouvelle proposition. Peut-être 
vous conviendra-t-il, messieurs, de décider qu’une prochaine 
séance ait lieu à Berne. 

» Je termine ce résumé historique en vous annonçant que j’ai 
recu, ces derniers jours, d’abord une lettre de M. Pioda , par la- 
quelle il m’annonce officiellement que l’Assemblée fédérale a 
voté un crédit de 12,000 fr. pour l’année courante et la somme 
de 364 fr. pour couvrir les dépenses faites jusqu’à présent; en- 
suite une lettre de M. Dubs avec cinq exemplaires du « General- 
bericht» de M. Baeyer, qui s'étaient égarés dans la chancellerie 
et que j'avais en vain réclamés à plusieurs reprises. 

» Je passe aux affaires dont nous aurons à nous occuper dans 
cette séance, la commande des instruments, les travaux prépara- 
toires et le budget de l’année courante. 

» Quant aux instruments, nous avons décidé dans notre pre- 
mière séance «l’aquisition d’un instrument approprié et suffisam- 
ment puissant, » soit pour mesurer directement une série d’azi- 
muts d’un certain nombre de points à partir d’une station cen- 
trale, soit pour déterminer, si les autres travaux en montraient 


Lé 


— 330 — 


Vutilité, les longitudes et latitudes de quelques points dans l’in- 
térieur de la Suisse. 

» L’instrument universel d’Ertel, avantageusement connu par 
des travaux analogues de M. Struve, ayant obtenu nos suffrages 
dans notre dernière séance, je me suis mis en relation avec M. 
Ertel, et je me suis convaincu que l’instrument N° 34 de son 
dernier catalogue, movennant quelques petites modifications, 
pourrait nous convenir. Son cercle horizontalsde 45 pouces et 
son cercle vertical de 10 pouces de diamètre , permettraient la 
lecture d’une seconde au moyen de deux microscopes micromé- 
triques, adaptés diamétralement à chaque cercle. La lunette bri- 
sée a un objectif de 21 lignes d'ouverture et la lunette de repère 
a 15 lignes. Le poids total de l’instrument, distribué .en deux 
caisses, s’élèvera à 40 ou tout au plus à 50 kilogrammes. Le prix 
est fixé par M. Ertel à 3400 fr. et il promet de fournir lPinstru- 
ment 3 à 4 mois après la commande. Je mets sous vos yeux les 
dessins de cet instrument, que M. Ertel a bien voulu m'envoyer. 
Si l’on voulait substituer au N° 34 le N° 35 du catalogue, muni 
également de deux microscopes pour chaque cercle, en épargne- 
rait 500 fr. et le poids serait réduit de 3 kilogrammess mais la 
perte en exactitude serait hors de proportion avec ces avantages. 

» Quant à l'instrument méridien portatif avec cercle azimu- 
tal que M. Brunner de Paris à offert à M. Plantamour pour 
8000 fr., je ne doute point qu’il ne soit peut-être préférable pour 
les observations astronomiques au N° 34 de M. Ertel, mais je 
crois que ce dernier peut suffire, et notre budget ne nous permet 
pas de dépenser pour ce seul instrument 8000 fr., ni même 
7000 fr. pour ce même instrument Brunner sans les deux colli- 
mateurs. 

» Je vous propose donc de m’autoriser à commander le N° 34 
du catalogue d’Ertel, sauf quelques modifieations qui résulteront 
peut-être de notre discussion. - 

» En second lieu, vous aviez décidé l’achat d’un appareil de 
Repsold pour la détermination de la longueur du pendule à se- 
conde. Par l’obligeance de M. Peters à Altona, j’ai reçu les ren- 
seignements suivants sur cet instrument. M. Repsold nous four- 
nirait: 

1° Une pendule à réversion, selon la construction de Bessel, 


— 33 — 
battant les 5}, de seconde, pour 450 Mark Banco — 846 fr. 


2° Un pied en laiton . . . 250 » miser, AO 
3° Une lunette de observer les 
coïncidences . . . . 400 » US 21 


4° Une échelle avec mécanisme 
pour la mettre en position verticale, 


et un comparateur à niveau . . 400 » » = .152 » 
5° Une pendule astronomique de | 

Krille, battant les 5/, de seconde 800 » à | =<.4504:» 
6° Un support en laiton . . 250 » » — 474» 


Total 2250 Mark Banco — 4230 fr. 


»M. Repsold s’engagerait à fournir cet appareil 6 mois après la 
commande, à l'exception toutefois de la pendule de Krille; sans 
cette dernière et si l’on voulait renoncer à la mesure absolue de 
la longueur du pendule et se contenter d’observations compara- 
tives, on aurait le reste de l’appareil pour 1050 Mark Banco — 
1974 fr. Mais je crois que des mesures de pendule ont assez d’im- 


portance pour notre pays, même sans.avoir égard à l’entreprise 


géodésique internationale, pour nous engager à commander l’ap- 
pareil complet ; tout au plus pourrait-on peut-être préférer de faire 
construire la pendule astronomique dans nos Montagnes, ou lui 
substituer le chronographe dans les observatoires, et un chrono- 
mètre pour les autres points d'observation. 

»Notre projet de budget de l’année passée comprend 8000 fr. 
pour achat d'instruments ; nous avons donc les moyens pour ac- 
quérir : 

Un instrument ra pour 3400 fr. 
L'appareil de Repsold pour 4230 » 


7630 » 
et je n’hésite pas à vous proposer d'accepter la proposition de 
M. Repsold en faisant toutefois abstraction pour le moment de la 
pendule astronomique et de son support. 

» Quant aux travaux à faire pendant l’année courante, je crois 
que nous devons nous occuper en première ligne des matériaux 
que la Suisse doit fournir à la grande entreprise, et qu'il faut 
renvoyer les autres recherches aux années suivantes, c’est-à-dire 
qu’il faut avant tout compléter notre triangulation, rattacher no- 


— 332 — 


tre réseau à ceux des pays voisins, exécuter les calculs nécessai- 
res pour la révision des triangles de premier ordre, ét ajourner 
pour le moment les recherches sur la déviation de la verticale, etc. 
Je crois donc que nous devons décider dans cette séance : 

»4o S’il est convenable d’accepter définitivement le projet de 
M. Denzler, pour relier plus directement la Suisse centrale à la 
Lombardie, d’après le plan dessiné dans l’appendice de notre 
dernier procès-verbal, et s’il faut peut-être y faire quelques mo- 
difications. Je vous propose de Paccepter et de prier M. Denzler 
d'exécuter lui-même ces travaux ou du moins de se charger de 
leur direction. 

»2° Ce qu'il faut faire pour relier notre réseau au grand duché 
de Baden, au Wurtemberg et à la Bavière. J’espère que M. Denz- 
ler nous proposera le nécessaire et se chargera aussi de l’exécu- 
tion. Ses lettres me font présumer qu'il devra aller à Munich, 
pour y étudier les données nécessaires pour nous rattacher au 
réseau bavaroïis ; dans ce cas je vous proposerais de prier M. Denz- 
ler de s entendre en même temps avec M. Ertel sur quelques dé- 
tails concernant l'instrument universel, surtout son emballage 
pratique. 

»3 S'il y a déjà lieu de commencer la révision des caleuls de 
notre triangulation. J’espère que M. Hirsch nous donnera son 
avis sur cette question et qu’il se chargera spécialement de cette 
partie de notre travail. Peut-être M. Plantamour voudra bien 
prendre part à ces calculs. En tout cas, je vous propose : 

»4 De prier MM. Plantamour et Hirsch de faire à leurs obser- 
vatoires les expériences de pendule, dès que l’appareil sera à leur 
disposition. L'année prochaine je compte les faire aussi à Zurich. 
J'espère en outre que M. Plantamour se chargera de la fonction 
de caissier. En tout cas, je vous propose de créer cette charge 
et de procéder à la nomination. 

Les autorités fédérales ont voté un crédit de  . . 12,364 fr. 

Nous avons déjà dépensé {voir la pièce à appui) 399 » 

Nous dépenserons pour les instruments . . . . ‘7630 » 

Pour une ou deux séances de la commission . . 800 » 


| Total: 8785 fr, 
_Il reste donc disponible pour les travaux de l’année | 
courante au moins la somme de . . . . . 3519 fr. 


# 


Ne 0 


» Enfin je vous prie, messieurs, de fixer la répartition de cette 
somme, autant qu’on peut le faire d'avance et de donner ainsi à 
votre caissier les directions nécessaires. » + 

Le Président remercie M. Wolf pour le rapport complet qu’il 
vient de présenter, et comme personne n’a de remarques à faire 
à ce sujet, le Président propose de suivre dans la discüssion le 
programme contenu dans le rapport. Ainsi la discussion porte 
d’abord sur les instruments qu’il s’agit de commander; mais, sur 
la remarque de M. Æirsch, que la nature, la construction et les 
dimensions des instruments, devant nécessairement dépendre des 
travaux auxquels ils seront destinés, il serait plus rationnel de 
s'entendre d’abord sur les travaux à exécuter, et ensuite de s’oc- 
cuper des instruments. La commission passe à la discussion des 
travaux trigonométriques, et en premier lieu du réseau central, 
qui doit réunir directement le nord de la Suisse à la Lombardie. 

M. Denzler, engagé par le Président à développer son projet 
qu’il a modifié dans quelques détails depuis la dernière séance, 
explique qu’il lui a été impossible de combiner une chaîne de 
triangles à travers les Alpes, dont tous les sommets fussent d’un 
accès facile, et situés au-dessous de la ligne des neiges éternelles. 
Tous les essais, surtout ceux tentés pour éviter le Titlis, ont 
échoué. Celui-ci présente, il est vrai, l'inconvénient que la cime 
de glace, dans la direction du Napf, masque probablement le 
signal et que pour cette raison on sera forcé de construire un 
second signa], à côté du signal principal, lequel par conséquent 
prendrait le caractère d’une station excentrique. Malgré cela, il 
faut s’en contenter. Pour arriver dans le Tessin avec une base 
plus large, M. Denzler a cru convenable de remplacer le Pic- 
Campo Tencca par un autre sommet qui est de 300® moins élevé 
que le premier, et qui en même temps conduit à des triangles 
plus favorables. Ce point, situé au sud ouest de Poleggio, est 
marqué dans la carte fédérale avec une hauteur de 2718", mais 
ne porte point de nom. Gomme il domine l’Alpe de Costa située 
à Pouest, on lui donne, sur la proposition du général Dufour, le 
nom de Pizzo ‘di Costa. On a constaté l’accès facile pour les 
hautes cimes du Titlis, de Sixmadun (Badus) et du Hangend- 

gletscherhorn ; pour le Piz Basodine aussi on est fondé d’espérer 
un accès pas trop difficile d’après les vues d'est, d’ouest et de 


6 ce 


nord et d’après les réminiscences de l'ingénieur qui a fait le re- 
levé topographique des environs. — Le plus grand côté de ces 
triangles ne dépassera pas 70 kilom. 

M. Plantamour désirerait qu’on puisse remplacer le Titlis par 
un sommet moins élevé, d’autant plus qu’il nécessitera une 
grande réduction au centre. 

M. Denzler répond qu’il ne craint pas les stations excentriques 
et que d’ailleurs les deux signaux du Titlis ne seraient distants, 
l'un de l’autre, que de trois cents pieds au plus; mais si lon ne 
tient pas au troisième angle, on pourrait remplacer le réseau des 
sommets du Hundstock, Titlis, Hangendhorn, Sixmadun, Piz 
Basodine, Piz Costa et Limidario, par un autre formé par le Fin- 
sterarhorn, le Scopi et le Sonnenhorn. Dans cet autre réseau on 
aurait 4 triangles de moins et on arriverait ainsi depuis le côté 
Chasseral-Rôthifluh jusqu’à Milan par une chaîne de 10 triangles, 
au lieu de 14 qu'il faudrait avec le système du Titlis. 

Le général Dufour croit que dans une entreprise d’une si haute 
importance , 1l faut éviter tout ce qui peut prêter à l'incertitude 
et aux objections. Aïnsi il ne voudrait pas des stations excentri- 
ques, et surtout il se déclare contre l’admission des sommets in- 
accessibles dans le réseau, pour que dans tous les triangles on 
puisse mesurer les trois angles. 

M. Æirsch rappelle que la commission réunie l’année dernière 
à Berlin, a admis aussi comme condition que tous les triangles 
aient leurs trois angles déterminés; d’ailleurs, il croit qu’une 
telle garantie contrebalance, et bien au-delà, l’avantage de quel- 
ques triangles de moins. Après quelques remarques de MM. Plan- 
tamour et Denzler, la Commission adopte le nouveau projet de 
M. Denzler pour le réseau central, destiné à réunir directement 
la plaine Suisse à la Lombardie, sauf les modifications dont 
l'exécution démontrera la nécessité. 

On passe à la question de savoir si l’on peut utiliser la partie 
- occidentale du réseau fédéral telle quelle, ou s’il convient de me- 
surer de nouveau les triangles principaux dans cette partie qui 
sert de base pour la nouvelle opération. 

M. Denzler qui, par sa triangulation du canton de Berne, a 
eu occasion de mesurer de nouveau plusieurs des triangles en 
question, donne des détails sur les différences qu’il a trouvées 


— 339 — 


avec les anciennes déterminations ; ainsi il a trouvé le côté Rô- 
thifluh-Napf de 1,17 (sur 42000") plus grand, celui de Rigi- 
Lægern diffère de 0,44 et Lægern-Feldberg de 0",25 seulement. 
Pour le côté Wiesenberg-Lægern, on trouve d’après : 

Schweiz. Ergebnisse (corrigé d’après Denzler) 40 101,23 

Triangulation du grand-duché de Baden 40 101*,47 

Description géométrique de la France 40 101,01 
donc la donnée fédérale, corrigée d’après la triangulation ber- 
noise, est très près de la moyenne. 

En outre, M. Denzler remarque que nos hauteurs polaires, dé- 
duites de celle de Berne, sont trop grandes, comparées à celles 
du grand - duché de Baden de 4,8, ou si l’on tient compte des 
différentes données sur les dimensions de la terre, employées dans 
les deux triangulations, de 4”,0. M. Denzler croit devoir expli- 
quer ces 4 secondes par la différence de la déviation de la verti- 
cale dans les deux observatoires de Berne et de Mannheim. En 
moyenne , M. Denzler conclut que les différences entre les nou- 
velles données et les anciennes déterminations ne dépassent pas 
0",8. 

M. Plantamour voudrait qu’on refit les mesures de ces côtés, 
pour éviter toute incertitude. 

M. Dufour aussi désire que pour une opération aussi délicate, 
on fasse quelque chose de complet et d’irréprochable ; il n’accep- 
terait de l’ancienne triangulation que le côté Chasseral-Rôthafluh 
comme base, côté sur lequel il ne peut point exister de doutes 
après l’accord complet qui s’est montré à son égard entre les 
triangulations suisse et française. Mais pour le reste, qu’on re- 
fasse toutes les mesures d'angle avec le nouvel instrument plus 
puissant, et qu’on établisse les nouveaux signaux partout où 
cela paraît nécessaire ou seulement désirable. 

M. Hirsch appuie cette opinion, en insistant sur l’importance 
de ces triangles pour le passage de la partie sud-ouest de l’Alle- 
magne en Lombardie; toute la peine qu’on se donnerait pour le 
réseau central, serait inutile, s’il restait le moindre doute sur ce 
point de départ. 

M. Denzler ne s'oppose pas non plus à une nouvelle triangu- 
lation de cette partie, mais si les nouvelles mesures laissaient sub- 
sister encore le désaccord, on serait obligé alors de déterminer à 
neuf le côté Chasseral-Rôthifluh par la base. 


— 336 — 


La Commission décide que ces triangles seront mesurés de nou- 
veau. 

M. Wolf soulève la question de la réunion de notre réseau 
géodésique à ceux des états voisins de l’Allemagne. 

M. Denzler entre dans quelques détails sur la jonction avec le 
grand-duché de Baden qui devra se faire par le triangle zuricois, 
Lægern-Randen-Feldberg et par le nouveau triangle Rôthifluh- 
Lægern-Feldberg ; d’ailleurs, il croit que le meilleur moyen et 
le plus efficace serait d’aller dans ces pays mêmes, pour étudier 
dans les bureaux topographiques les triangles limitrophes, et 
s'entendre personnellement avec les chefs de ces bureaux pour 
les travaux à faire. Ce sera surtout nécessaire pour Munich, puis- 
qu’il y a encore tout à faire pour la jonction avec la Bavière. Il 
croit d’ailleurs cette jonction assez facile, puisqu’on voit Munich 
depuis le Sentis, et si l’on tient à avoir un point visible depuis 
l’observatoire de Bogenhausen , il croit que le Grunten (près de 
Immenstadt) pourra être utilisé dans ce but. 

M. Hirsch propose que M. Denzler soit chargé de s'entendre 
dans le courant de cette année avec les autorités bavaroises, pour 
rattacher notre réseau à celui de la Bavière. 

Adopté. 

M. Plantamour demande qu’on s'occupe aussi à relier nos ob- 
servataires au réseau trigonométrique d’une manière complète ; 
quant à l’observatoire de Genève, qui n’est pas compris dans-le 
réseau , 1l désire qu’on fasse une triangulation à part avec une 
meilleure disposition de triangles que celle qui aboutit mainte- 
nant à la tour de St-Pierre. 

M. Denzler répond qu’il a rattaché observatoire de Neuchâtel 
d’une manière suffisante au réseau bernois; pour celui de Ge- 
nève, il est d’accord avec M. Plantamour qu’il doit être relié di- 
rectement par quelques nouveaux triangles à notre réseau de pre- 
mier ordre. 

M. Dufour partage cette opinion ; mais il croit qu’on peut ren- 
voyer ce détail à plus tard, comme on est obligé de le faire pour 
les observatoires de Zurich et peut-être de Bâle.  ! 

MM. Plantamour et Hirsch objectent qu’il conviendrait de s’en 
occuper dès à-présent, puisque les travaux géodésiques dans les 
hautes Alpes, s'ils sont plus pressants, ne peuvent cependant être 


à à M 
3 


— 331 — 


exécutés que durant quelques mois de l’année; tandis que les 
triangulations, relatives aux observatoires, sont praticables pen- 
dant toute l’année. La Commission décide que ces travaux sont 
renvoyés à l’année prochaine ; cependant, sur la proposition de 
M. Denzler, on prie M. Plantamour d'étudier dès à présent la 
disposition la plus favorable pour relier l’observatoire de Genève 
au réseau fédéral. 

M. Wolf propose que M. Denzler soit chargé de la direction 
de tous ces travaux trigonométriques. M. Denzler accepte, dans 
ce sens qu’il choisira et surveillera les ingénieurs qui seront char- 
gés de ces différents travaux ; quant à lui-même, ses autres occu- 
pations ne lui permettront pas d'exécuter toutes ces observations. 

M. Hirsch, tout en comprenant les raisons alléguées par M. 
Denzler, insiste cependant sur la nécessité d’une direction uni- 
que et, par suite, d’une responsabilité entière pour tous ces tra- 
vaux. Il aimerait en outre qu’on fixât dès à-présent ce qui doit 
être fait dans le courant de cette année. 

M. Denzler accepte la surveillance et par suite la responsabilité 
pour les triangulations à faire; pour cette année, il croit qu’on 
devra se borner à pousser les reconnaissances dans les Alpes et à 
construire les signaux. Il propose pour ce travail M. l'ingénieur 
Kundig, employé dans le bureau de M. le général Dufour. 

M. Dufour espère qu’on pourra accorder à M. Kundig, malgré 
ses occupations pressantes, un congé pendant la saison d’été pour 
qu'il puisse exécuter ces travaux préparatoires. 

M. Plantamour désire avoir quelques renseignements sur la 
construction des signaux qu’on se propose de placer. 

M. Denzler répond que pour les hautes montagnes il faudra 
les construire en pierre, et leur donner à peu près 12 pieds de 
haut sur 6 pieds de large. Les autres, en bois, auront la forme 
d’une pyramide de vingt pieds de hauteur sur dix pieds de base, 
ils seront couverts, pour le tiers de leur hauteur, de planches, 
blanchies ordinairement, ou noircies si les signaux se projettent 
contre le ciel. 

M. Dufour voudrait qu’on marquât les centres de tous les si- 
gnaux par des bornes. 

M. Denzler préfère des points de repère taillés dans les ro- 
chers environnants. 


— 338 — * 


M. Plantamour propose d’employer les deux moyens. 

M. Dufour : qu'on relève de chaque station un petit plan qui 
contienne exactement la position des bornes et des points de re- 
père. 

Adopté. 

Le Président passe à la question des calculs à faire. 

M. Æirsch s’explique dans le sens, que maintenant que l’on a 
décidé de faire à neuf tout ce qui peut contribuer à relier, à tra- 
vers la Suisse, les pays environnants entre eux, et à entrer ainsi 
dans la grande entreprise internationale, il serait superflu de cal- 
culer de nouveau les anciens triangles de premier ordre; qu’on 
fasse d’abord les nouvelles triangulations, et si quelque part on se 
trouve obligé d'emprunter des triangles à l’ancien réseau ;. qu’on 
s’assure par le calcul de leur valeur relative. 

Quant aux coordonnées polaires des observatoires et des autres 
points dont on déterminera la position astronomiquement , leur 
calcul est indispensable et, pour maintenir l’unité nécessaire dans 
les travaux, il doit être fait dans le sens du mémoire du général 
Baeyer. M. Hirsch veut bien, en commun avec M. Plantamour, 
se charger des travaux de calculs qui deviendront nécessaires. 

Sur la proposition de M. Wolf, la question des calculs est ren- 
voyée à la prochaine séance. 

Le Président engage les membres de se prononcer sur la ques- 
tion des observations de pendule. | 

M. Plantamour, tout en reconnaissant la valeur indépendante 


de ces observations, ne croit pas qu’elles fassent partie intégrante’ 


de l’entreprise géodésique dont nous avons d’abord à nous.occu- 
per. En tout cas, on devrait s’y mettre en dernière ligne et dans 
quelques années seulement. 

M. /irsch admet, au contraire, que la détermination.de la 
longueur du pendule à seconde dans tonte la partie de l’Europe, 
dont on veut étudier la surface géométrique , est indispensable; 
il rappelle qu’un des problèmes à résoudre est justement le désac- 
cord qui existe encore entre l’aplatissement qui ressort des me- 
sures d'arc, et l’autre qui est fourni par les observations de pen- 
dule. Il est important de trouver, si ce désaccord qui est constaté 
entre les résultats moyens des deux méthodes, existe aussi dans 
les cas spéciaux, pour tel méridien ou tel parallèle; ou si au 


sa 


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es OUR 


contraire les irrégularités qu’on trouvera, ne seront pas accusées 
également par les mesures géodésiques et par les observations de 
pendule. Il ne voudrait pas non plus renvoyer la commande de 
l'appareil nécessaire, puisque son exécution demande déjà six 
mois, et qu’il faudra du temps pour étudier l'instrument et la 
méthode ; ensuite il faudra faire circuler l’appareil dans nos que- 
tre observatoires, et ainsi deux ans seront déjà écoulés avant 
qu’on puisse songer à s’en servir dans les montagnes. 

MM. Wolf et Dufour appuient également l'acquisition immé- 
diate de l'appareil de pendule, qui est votée par la Commission. 

M. Hirsch revient sur l'opinion émise dans le rapport de M. 
Wolf, par rapport à la pendule astronomique de M. Krille, qui 
fait partie de l’appareïl de Repsold. Lui aussi croit que, si l’on 
a besoin d’une telle pendule, on devrait la commander plutôt à 
un de nos artistes neuchâtelois, qui ont prouvé qu’ils peuvent 
parfaitement rivaliser avec les artistes étrangers. Mais il a des 
doutes sur l’utilité d’une telle acquisition ; car dans nos observa- 
toires on possède déjà des pendules qu’on pourra utiliser pour 
ces observations ; et pour les autres stations, où l’on voudra les 
faire, M. Hirsch insiste sur les difficultés de transport et d’instal- 
lation d’une horloge de précision et croit qu’on la remplacerait 
avec avantage par un chronomètre de marine. L’exactitude de 
ces montres se rapproche de très près de celles des pendules et 
leur transport est infiniment plus commode. Il est vrai, qu’on 
devrait alors renoncer à la méthode des coïncidences; mais on 
"pourrait peut-être la remplacer par celle de l'enregistrement élec- 
trique et observer les passages du pendule par la verticale au 
moyen d’un chronographe et d’un chronomètre. — Enfin, M. 
Hirsch observe qu’il faudrait cependant avoir un chronomètre de 
marine pour les observations astronomiques en dehors des obser- 
vatoires. 

M. Wolf partage cette opinion et fait remarquer qu’en aban- 
donnant la pendule de Krille avec son support, on aura la somme 
de 2000 fr. disponible pour l'acquisition d’un chronomètre de 
marine avec mouvement électrique pour fermer les courants. 

La Commission décide de charger M. Wolf de commander sans 
retard chez M. Repsold un appareil de pendule à réversion (sans 
horloge astronomique), et M. Hirsch de faire l'acquisition d’un 


— 340 — 


chronomètre de marine, avec mouvement électrique, si après exa- 
men ultérieur il le juge convenable. 

Le Président engage la discussion sur l'influence des monta- 
gnes. | 

M. Plantamour expose que pour étudier cette question à fond, 
il faudrait avant tout dégager l'influence générale que les gran- 
des chaînes de montagnes et les plateaux considérables sont sup- 
posés exercer sur la figure géométrique de la terre, de l’attrac- 
tion toute locale par laquelle les masses, dans le voisinage immé- 
diat des observatoires, font dévier le fil à plomb. Il démontre 
que nos observatoires suisses sont spécialement bien placés pour 
cette étude, notamment ceux de Neuchâtel et de Genève, situés 
Jun entre le Jura et les Alpes et l’autre au pied du Salève et près 
des montagnes de la Savoie. Il propose que dans le méridien de 
ces observatoires on choiïsisse plusieurs stations, convenablement 
situées au pied et sur les flancs des montagnes, qu’on détermine 
astronomiquement les latitudes de ces points et qu’on les relie 
trigonométriquement entre eux et avec l’observatoire ; la compa- 
raison des différences de latitudes, obtenues ainsi par les deux 
méthodes, non-seulement constatera l’existence d’une déviation 
du fil à plomb, si elle existe, mais encore permettra d’en mesu- 
rer la grandeur. 

M. Denzler ne veut de s opposer à une semblable recherche, 
quoiqu'il ne croie pas qu’on parvienne ainsi à des résultats cer- 
tains et satisfaisants; car l'influence des grandes masses conti- 
nentales dominera toujours celle des montagnes voisines. Mais’ 
en toul cas, il envisage cette étude comme en dehors de notre 
mission, et du ressort des directeurs des observatoires qu’elle in- 
téresse directement; en outre, notre budget ne permettra pas 
d'entreprendre encore un travail aussi considérable. 

M. Hirsch répond qu’il ne peut pas partager cetle opinion, 
d’après laquelle l’étude de la déviation du fil à plomb dans nos 
stations astronomiques serait une affaire particulière des obser- 
vatoires. Au contraire, il l’envisage comme d’une haute impor- 
tance pour l’entreprise internationale. Il rappelle l’origine de 
l’hypothèse de l’influence du relief des continents sur la figure 
géométrique de la terre, qui a été faite pour expliquer les discor- 
dances que l’on a trouvées entre les différentes mesures d’arc, et 


\ ” 


— 341 — 


pour maintenir, malgré elles, l’idée d’une figure régulière d’un 
ellipsoïde de révolution. Le général Schubert a montré que ces 
discordances peuvent être expliquées aussi par l’hypothèse d’un 
eMipsoïde à trois axes. M. Hirsch, bien qu’il croie aussi à lin- 
fluence des montagnes, envisagerait cependant comme une « pe- 
titio principü,» si l’on voulait déterminer comme M. Denzler 
paraît l’entendre, cette influence par les discordances qu’on 
trouve dans les mesures d’arc de méridien et de parallèle. H ap- 
puie donc la proposition de M. Plantamour et se déclare prêt à 
exécuter au nom de la Commission le travail par rapport à l’ob- 
servatoire de Neuchâtel. 

M. Dufour ne croit pas qu'il faille s'arrêter dans une étude 
aussi importante devant la question d'argent, convaincu qu’il 
est que les autorités fédérales, qui se sont si bien montrées en fa- 
veur de notre entreprise, ne nous laisseront pas sans ressources ; 
il rappelle d’ailleurs que cette étude a déjà été décidée par la 
Commission dans sa première séance. 

La Commission décide que l'attraction des montagnes voisines 
sur la déviation de la verticale dans les observatoires, doit être 
étudiée par des stations convenablement choisies dans le mé- 
ridien et le premier vertical des observatoires ; elle charge les 
directeurs de ces observatoires d'étudier ; chacun pour ce qui le 
regarde, la question, et de faire rapport la prochaine fois. 

M. Denzler revient à la recherche adoptée déjà dans la pre- 
mière séance, de l'influence générale du relief continental sur la 
* déviation de la verticale qu’il croit à la fois plus importante et 
plus facile à constater que l'attraction des masses locales. Il s’est 
convaincu, par exemple, que pour Berne il faudrait tenir compte 
non-seulement de laction des Alpes et du Jura, mais encore du 
plateau français et de la haute Allemagrie. Il est d’avis qu’on de- 
vrait calculer cette influence d’avance, pour expliquer les fortes 
différences qui se montreront; et pour cela il faudrait faire faire 
une carte spéciale de hauteurs, embrassant toute l’Europe cen- 
trale, et dans laquelle seraient tracées les courbes de niveau, ou 
du moins seraient inscrites les hauteurs du plus grand nombre 
de points possible. 

M. Plantamour est d'avis que cette recherche générale doit 
être faite par la grande Commission internationale, et non pas 


& 


— 349 — 


par notre Commission suisse, laquelle manquerait des données 
nécessaires. 

M. Wolf objecte qu'il serait peu rationnel de faire des recher- 
ches pour expliquer d'avance des anomalies, avant que ces ano- 
malies soient constatées et mesurées par l'observation. 

M. Dufour voudrait aussi qu’on attendiît les résultats des étu- 
des qui seront entreprises dans nos observatoires sur l’attraction 
de nos montagnes, avant de se livrer à ces recherches générales, 

M. Hirsch propose que M. Denzler soit engagé à faire les tra- 
vaux préparatoires pour l'étude de l'influence des masses conti- 
nentales sur le réseau géodésique suisse. 

Adopté. 

Le Président fait remarquer que les travaux à exécuter, étant 
décidés, 1l reste encore à s’occuper de l'instrument qui doit servir 
à ces observations géodésiques et astronomiques. 

La Commission a sous les yeux un instrument universel de 
petites dimensions, et les dessins envoyés par M. Ertel de son in- 
strument N° 34, propose par MM. Wolf et Hirsch, ainsi que le 
dessin du cercle méridien portatif de Brunner contenu dans l’ou- 
vrage de M. Laugier sur cet instrument. 

M. Plantamour donne des détails sur le cercle méridien de 
Brunner, dont les deux cercles, horizontal et vertical, ont 40 cm. 
et permettent de lire, au moyen de 4 microscopes micrométriques, 
les secondes d’arc et d’estimer même les dixièmes de seconde. 
La lunette qui est droite avec un oculaire prismatique, a 57%" 
d'ouverture sur 80 cm. de longueur focale. L'instrument offre le 
grand avantage de permettre l'observation du nadir dans le bain 
de mercure, et de déterminer ainsi en même temps l’inclinaison 
de l’axe, mieux qu’il n’est possible par le niveau. A linstrument 
d’Ertel, M. Plantamour reproche qu'il n’est pas symétrique , ce 
qui est toujours un défaut; il aimerait mieux une lunette droite 
et il demande si l’on ne pourrait pas le modifier en sorte qu'il 
permit l’observation du nadir. 

M. Airsch compare les deux instruments d’abord sous le rap- 
port de leurs dimensions: en mesures métriques, le cercle hori- 
zontal de l’instrument universel N° 34 d’Ertel a 0,406, c.-à-d, 
au moins autant que l'instrument de Paris ; le cercle vertical n’a, 
il est vrai, que 0",271 de diamètre, mais 1] permet néanmoins 


— 343 — 


de lire la seconde au moyen de deux microscopes; on va bien 


ainsi aux dernières limites du possible, mais les divisions excel- 
lentes d’Ertel le permettent. La lunette brisée a 0",047 d’ouver- 
ture sur 0",487 de longueur focale. Quoique ces dimensions 
semblent indiquer une infériorité par rapport à l’instrument de 
Brunner, M. Hirsch préfère une lunette de Munich de 47°" d’ou- 
verture à une de Paris de 57""; celles de Munich ont d’ailleurs, 
comme on le voit encore dans cet exemple, une distance focale 
beaucoup plus petite, relativement à l’ouverture. M. Hirsch ne 
craint pas tant le manque de symétrie dans une lunette brisée 
dont, selon lui, les grands avantages pratiques pour les observa- 
tions célestes contre-balancent bien cet inconvénient. 

Quant à l'observation du nodir, dont il reconnaît toute l’utilité 
pour les instruments fixes des observatoires, il doute qu’on puisse 
souvent se servir du bain de mercure dans les stations géodési- 
ques avec une installation en plein air. 


M. Wolf insiste sur la grande différence de prix entre les deux 
instruments; celui de Munich, qui a fait ses preuves dans de 
grandes entreprises, à un plus baut degré que la lunette méri- 
dienne portalive de Brunner, suffit certainement à toutes les ob- 
servations que nous avons en vue, et coûte cependant à peine Ja 
moitié du prix de l’autre. Il ne croit pas qu’il soit possible de 
modifier l'instrument universel pour l’observation du nadir sans 
en changer la construction. 


M. Denzler objecte à l'instrument de Brunner son poids exces- 
sif et ses dimensions considérables; ainsi la lunette a 80 cm. de 


longueur: on ne peut songer à transporter une telle masse et un 


si grand volume sur les montagnes. 


M. Dufour croit que même l'instrument de Munich employé 
aux triangulations ordinaires, serait de luxe; il voudrait qu’il ne 
servit qu'aux observations astronomiques. 

M. Denzler est du même avis; il espère qu’on pourra avoir 
pour les triangulations les théodolites soit de Berne, soit de Zu- 
rich. Mais il faut cependant compter sur l'instrument universel 
pour certaines observations terrestres, telles que les mesures d’a- 
zimuts depuis la Rôüthifluh, etc. Seulement, comme on n’aura 


pas besoin pour cela du cercle vertical, il propose qu’on le mu- 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 23 


— 344 — 


nisse en outre d’une seconde lunette non brisée et sans cercle de 
hauteur. 


M. Plantamour voit qu’on aura ainsi trois instruments. 
4e Le théodolite ordinaire pour les triangulations. 


20 L’instrument d’Ertel sans cercle vertical pour les mesures 
d’azimuts. 


3 l'instrument universel complet pour les observations astro- 
nomiques. 
Dès-lors, ne vaudrait-il pas mieux avoir un seul instrument 
pour tontes les observations terrestres, et un autre destiné uni- 
quement aux observations astronomiques. 


M. Hirsch objecte que dans ce cas le théodolite terrestre serait 
trop lourd pour servir à toutes les triangulations, ou trop peu 
puissant pour les mesures exceptionnelles comme celles des azi- 
muts, etc. 


La Commission vote l'acquisition de l'instrument universel 
d'Ertel, désigné sous le N° 34 dans son dernier catalogue, avec 
cette modification que la lecture du cercle horizontal se fasse aussi 
par deux microscopes seulement , el qu'on y ajoute une seconde 
lunette non brisée, montée sur un axe à part et sans cercle ver- 
tical. 


M. Wolf est chargé de la commande, et on prie M. Denzler 
de s'entendre — lors de son voyage à Munich — avec le con- 
structeur sur l’emballage le plus portatif dans trois caisses. 


M. Wolf demande qu’on nomme un caissier de la Commission 
et propose pour tel M. Plantamour. 


M. Plantamour croit cette charge inutile, puisque le Président 
n’a qu’à donner des bons sur le département fédéral de l’intérieur. 

Après que M. Dufour a donné quelques détails sur la manière 
dont les paiements se font dans son bureau, la Commission dé- 
ide qu’il n’y a pas lieu de nommer un caïssier. 

De même, on laisse à M. Wolf la répartition du crédit de cette 


année, en tant qu’il ne sera pas employé pour l'achat des instru- 
ments. 


— 345 — 


Enfin pour les relations avec l’étranger, on prie M. Wolf d’in- 
voquer toutes les fois, qu’elle sera nécessaire, l’intervention du 
haut Conseil fédéral. 

La Commission se proroge à la prochaine séance, qui aura lieu 
en automne. 


Neuchâtel, le 1 mars 1863. 
La Commission géodésique suisse : 


Le Secrétaire, Le Président, 
(signé) D' Ad. HIRSCH. (signé) Prof. D' R. WOLF. 


a“ 


LA BATAILLE DE GRANDSON. 


LE 


(Voir Bulletin, p. 296.) 


A deux lieues environ de la ville d'Yverdon, dans la 
direction N.-E., s'est passé un fait des plus importants 
pour l’histoire de la Suisse romande. Les suites de la ba- 
taille de Grandson ont décidé du sort du canton de Vaud, 
et si, comme on nous y conviait il y a quelques années, 
nous ne sommes pas disposés à élever un monument sur 


l'emplacement où nos ancêtres vaudois subirent une grave 


défaite, nous n’en sommes pas moins reconnaissants en- 
vers Dieu, qui de cette catastrophe momentanée a fait sor- 
tir pour notre canton le bien du mal. 

Les vraies causes de la guerre entre les Suisses et le 
duc de Bourgogne, ont été si bien développées par feu M. 
de Gingins La Sarraz dans ses « Lettres sur les querres de 
Bourgogne, » qu'il serait oiseux d'y revenir, et J'arrive 
de suite au fait d'armes dont je me propose de vous ra- 
conter les détails. 

Et d'abord, messieurs, à tout seigneur tout honneur: 
dans le récit que je vais vous faire, Je suis presque pas à 
pas M. Dubois de Montpéreux, qui publia 1l y a quelques 
années une description de la dite bataille, en réunissant 
les récits des neuf auteurs suisses qui ont traité ce sujet. 
Si après une autorité aussi considérable, je me permets 
de faire encore le récit de la bataille de Grandson, c’est 
que d’abord la brochure de M. Dubois de Montpéreux est 
restée très peu connue et que, si Je ne me trompe, ayant 
été tirée à un petit nombre d'exemplaires, on ne peut plus 


— 3417 — 


o 


se la procurer. Je ne fais donc ici que reproduire l'œu- 
vre de M. Dubois, en y corrigeant quelques points qui, de- 
puis. sa publication, se sont éclaircis, et en en rectifiant 
quelques autres. que l’auteur, non militaire, ne pouvait 
apprécier aussi bien qu'un homme du métier. M. DuBois 
termine sa brochure par un excellent résumé que je sui- 
vrai presque en tous points. 

Les documents qui ont servi à ce travail, sont : 

1° La chronique d'un anonyme probablement neuchä- 
telois. | 

2e Celle de David Baillod. 

3 Les Mémoires de Commines. 

4° La chronique d’Etterlin. 

o L'Histoire de la Suisse de Jean de Müller. 

6°, La chronique d’'Hugues de Pierre, chanoine de Neu- 
châtel, 

7° Celle de Diebold Schilling. 

8°. La chanson de Grandson, du même auteur. 

9% La chronique de Wurstisen. 

10° Les dépêches des ambassadeurs milanais auprès du 
duc de Bourgogne, par M. de Gingins La Sarraz. 

Le château de Grandson se rendit le 28 février 1476. 
l’armée du duc commençait à manquer de vivres, de plus, 
il était nécessaire de s'emparer de Neuchâtel, afin de dé- 
_gager le passage important des Verrières que les Suisses 
tenaient occupé. Il fallait donc marcher en avant, et pour 
cela deux chemins'se présentaient. Le premier par On- 
nens, Corcelles, Concise, le bois de Seyte et Vaumarcus. 
Le second, en suivant dès Onnens l’ancienne voie romai- 
ne dite « via d'Etra, » qui passe au-dessus de Concise, 
par. Vernéaz, Frésens, Montalchez, etc. Ces deux routes 
aboutissent toutes deux au plateau de Bevaix; mais com- 
me la première ne présente jusqu’à ce village qu'un long 
défilé entre le lac, le bois, et des escarpements trop rapi- 
des pour permettre d'y employer de la cavalerie, ik était 


— jé — 


préférable de s'assurer du défilé dé Vaumaréus, afin d'ém- 
pêcher les Suisses de passer par là, ét dé porter le reste 
de l’armée par la via d’Etra sur un térrain plus favorable, 
. quoique toujours bien difficile. Le dué, mal sérvi par ses 
espions, érovait que les Suisses n'étaient pas encore ar- 
rivés à Neuchâtel, ce qui était faux, il croyait dans tous 
les cas pouvoir arriver avant eux sur les bords dé PAreuse. 

Le 29 février, dans l'après-midi, lé dué se porté de sa 
personne à Vaumarcus; le seigneur du dit lieu se rend, 
le duc licencie les 70 hommes de garnison qui s’y trou- 
valent, lesquels vont immédiatement à Boudry, d'où ils 
font savoir à Neuchâtel ce qui vient de se passer. Le duc 
fait occuper Vaumarcus par cinq cents ärchers dé sa 
garde sous le commandement de Georgés dé Rosimboz ; 
ce dernier occupe le château et poste un détachément au 
défilé du pont Porret au-dessus de Vaumarcus, à 1200 pas 
en avant de Vernéaz, sur la via d’Etra, là où cétté route 
contourne le commencement de là combe de Ruaux, main- 
tenant dite du Pont Porret. Le même jour, les chefs suis- 
ses tiennent un conseil à Neuchâtel; on y décide dé mar- 
cher sur Grandson, de s'efforcer d'attirér le duc hors dé 
son camp retranché derrière l'Arnon, tout en sé tenant 
sur les hauteurs, afin de neutraliser ainsi la supériorité 
du duc en artillèrie comme en cavalerie: Mais pendant la 
nuit arrivé la nouvelle de la réddition de Vaumarcus, 
ensuite de quoi les Suisses quittent Néuchâtel le 1er mars, 
pour aller se loger à Serrières, Auvernier, Corcelles, Cor- 
mondrèche, Colombier, Cortaillod, Boudry. Pontareuse 
et Bevaix étaient déjà occupés par les hommes de Cerlier, 
de la Bonneville, et par tous les hommes éncore disponibles 
du comté de Neuchâtel et dé la seigneurie de Valañgin. 

Pendant la même journée du 4er mars, un conseil fut 
tenu par les Suisses, où l'on décida de faire une fausse at- 
taque sur le château de Vaumarcus, dans l'espoir que le. 
duc sortirait de son camp pour soutenir ce poste. S'il 


— 349 — 


donnait dans ce piége on devait lé tourner par la via d’Etra. 
Cependant, le duc, de retour de Vaumarcus, se décide à 
lever son camp ét à marcher en avant le lendemain 2 
mars; il prend ses dispositions én conséquence. 

Le samedi, 2 mars, jour des Brandoôns, au lever du s6- 
leil, les Suisses arrivent dans la plaine entre Bevaix et 
Boudry; 1181 hommes de Schwytz et de Thun, sous Ro- 
dolphe Réding, sont énvoyés par la via d’Etra qui s'élève 
au-dessus de Gorgier, côtoie le bois du Devin et se dirige 
sur Frésens, laissant Montalcheéz sur la droite. Le reste 
de l'armée suisse marche en deux colonnes: l’une com- 
prenant les contingénts de Lucerné, Zurich, Baden, des 
Bailliages libres, de la Thurgovié, d'Uri, d'Unterwalden, 
dé Glaris, du Siébenthal, de Morat, environ 12,000, sous 
lavoyer Hassfürter de Lucerne et lé maître-bourgeois 
Gôldlin de Zürich, marche sur la route lé long du lac. 
La seconde colônne comprenant les contingents de Bérne 
ét de Fribourg, la bannière de Neuchâtel, celle du Lan- 
deron et les hommes royés de Valangin, suit le plateau 
au-dessus dé Gorgier, de St-Aubin et de Sauges; elle est 
forte d'environ 8000 hommes ét commandée par Nicolas 
de Scharnachthal, avoyer de Berne. 

Pendant le même temps, le duc Charles fait prendre les 
armes à son armée, ét ne croyant point rencontrer les 
Suisses, il la dispose én ordre de marché. En premier 
lieu des archérs, puis de la cavalerie (compagnies d'or: 
donnance), l'artillerie, les gens de pied; enfin, pour clore 
la marche, dés compagnies d'ordonnance italiennes pour 
la plupart. Il fait dressér une tente sur la colline au 
_N.-0. d'Onnens, la via d'Etra passant immédiatement au 
pied de la dite colline; il pouvait de ce point élevé, comp- 
tèr son armée homme par homme. Les détachements qui 
passaient à ses pieds, commençaient dès ce point à gravir 
le flanc du Mont Aubert, toujours en suivant la via d'Etra. 
L'avant-garde bourguignone arrive à Vernéaz, et vers le 


— 390 — 


même temps, l'avant-garde suisse débouche vers Frésens 
et s'arrête sur le crêt du Tombet, qui domine le plateau 
de Vernéaz de 90 à 100 pieds.— Ici, il est à propos de rec- 
tifier une erreur de M. Dubois de Montpéreux.. À 500 pas 
S. de la via d'Etra et à 600 pas $S. du pont Porret, se 
trouve une redoute en terre que la tradition désigne sous 
le nom de Redoute des Bourguignons. M. DuBois croit que 
Georges de Rosimboz la fit construire pour. aider à la dé- 
fense du pont Porret, mais cette opinion n'est pas soute- 
nable, parce que l'emplacement de la dite redoute-est do- 
miné en plein par le crêt du Tombet situé à près de cent 
pieds. plus: haut, même la via d'Etra domine la redoute 
de 70 à 80 pieds; de plus, si Rosimboz avait voulu. forti- 
fier le défilé, une colline située à 150 pas en arrière du 
pont Porret et le dominant de même que le Tombet, lui 
aurait fourni un excellent emplacement pour cela; rien, 
du reste, ne prouve qu'il eût avec lui du canon; enfin 
900 hommes n'étaient pas de trop pour garder lé passage 
de Vaumarcus, fermé dans ce temps par deux murailles 
parallèles qui, descendant du château, s’étendaient Jjus- 
qu'au lac, l'espace de 400 pas environ: Du reste, tout 
prouve que le duc ne.comptait point s'arrêter derrière 
la combe du Ruaux, mais qu'il voulait s'avancer jusqu’à 
l'Areuse. Une redoute ne se construit pas pour un seul 
jour, et cela surtout lorsqu'on marche en avant; on peut 
même affirmer que Rosimboz n’a eu-ni le temps, ni les 
hommes nécessaires pour de semblables travaux; les ar- 
chers de la garde du duc de Bourgogne, tous gentilshom- 
mes, ne maniaient guère la pelle et la pioche, et quant 
aux habitants des villages environnants, amis des Suisses, 
ils se seront enfuis ou cachés dans les bois, et n'auraient 
ouère fourni de bras pour la construction dont il:s’agit. 

Mais reprenons le récit interrompu par cet incident. 
L'avant-garde suisse arrivant par la via d'Etra!sur le Tom- 
bet, aperçut l'avant-garde bourguignone quiss'avançait 


ss St — 


par Vernéaz. Se sentant trop faible pour lui résister, elle 
. demanda du secours au corps de Scharnachthal qui était 
arrivé le premier devant Vaumarcus. L’avant-garde réu- 
nie à cette colonne, formait un corps de 9000 hommes 
environ. Les Suisses passent alors le défilé sans obstacle, 
attaquent les Bourguignons dans les champs sous Vernéaz, 
les. rejettent dans le bois de la Lance, et les poursui- 
vent sans désemparer par la Prise Gaulaz, le long de la 
via d’Etra, jusqu'au-dessus du champ où l’on voit encore 
quatre menhirs druidiques à 800 pas N.-E. du village de 
Corcelles. Le brouillard avait jusqu'alors couvert la plaine, 
il se leva en ce moment, et les Suisses aperçcurent toute 
l’armée bourguignone en pleine marche contre eux. Ils 
s'arrêtent, se forment en carré long, les bannières au mi- 
lieu, entourées des hommes portant les hallebardes et les 
longues épées à deux mains; les”lances formant les pre- 
miers rangs, et les arquebusiers et gens de traits dans les 
intervalles des files. 

Le duc voyant son avant-garde attaquée et repoussée 
en partie, avait fait arrêter la marche; il posta son artil- 
lerie à sa droite sur le plateau qui domine Corcelles, de 
sorte qu'elle put battre le point où la via d’Etra débouche 
dans la vallée. Il disposa son infanterie en masses profon- 
des derrière l’arüllerie et dans la vallée; là gauche fut 
formée par les gendarmes de Bourgogne, 6000 chevaux 
sous Louis de Châlons, sire de Châteauguyon, seigneur de 
Grandson. Il avait l'ordre de remonter les pentes du Mont 
Aubert jusqu'à la lisière des bois, puis faisant alors une 
double conversion à droite, de tomber sur le flanc droit 
des Suisses. Ces derniers ne pouvaient apercevoir cette 
manœuvre, parce qu'un renflement de terrain qui prend 
depuis la vallée jusqu’à la forêt, et que l’on aperçoit dis- 
tinctement depuis la colline sur laquelle se tenait le duc, 
cachait le mouvement. 

Les Suisses, suivant leur usage avant le combat, se jet- 


— 392 — 


tent à genoux pour implorer le secours de Dieu. Lé duc 
croit qu'ils demandent grâce et ordonné le feu à son ar- 
tllerie qui, pointée trop haut, ne fait que peu dé mal. 
Charles saisissant alors le grand étendard de Bourgogne, 
couche sa lance en arrêt, et conduit lui-même son infan- 
terie à l'attaque en forme de coin. Dans le même temps, 
Louis de Châteauguyon repousse un détachement que 
les Suisses avaient envoyé le long du bois pour tourner 
les Bourguignons, et se précipite des hauteurs qu'il a 
gravies sur la phalange des Suisses. Mais il ne réussit pas 
plus à l’entamer que l'infanterie du duc. Les Suisses ou- 
vraient d’abord leurs rangs, les quelques couleuvrines 
amenées par les Bernoïis, les arquebusiers et gens de traits 
accablaient l'ennemi de leurs projectiles, puis à son ap- 
proche se réfugiaient dans le carré long. L'ennemi ébranlé 
par ce feu, était reçu à grands coups dé piques qué lan- 
çaient le 4me et 5me rang; car le prémier avait un genou 
en terre, le second se baissait en avant, et le troisième 
un peu moins, cé qui présentait tout-à-fait la figure d’un 
hérisson. Mais malgré la fermeté de l'avant-garde suisse, 
elle aurait été écrasée, si l'arrivée du gros ne l'avait tirée 
d'affaire. Le corps principal des Suisses s'était arrêté à 
Vaumarcus, ne s'attendant à rien autre sinon qu'à em- 
porter de vive force ce passage. Sur ces entrefaites, il re- 
çoit l'avis de la position critique de l'avant-garde, et lais- 
sant un détachement pour observer Vaumarcus, il pré- 
cipite sa marche, en suivant la route le long du lac. Il est 
fort d'à peu près 11 à 12,000 hommes. En sortant du bois 
de Sevte, il aperçoit le combat, les trompes connues sous 
le nom de Taureau d'Uri et de Vache d'Unterwald, se met- 
tent à sonner pour annoncer le secours qui s'approche. 
Les Bourguignons sont étonnés de ces sons, qui répétés 
par l'écho des bois n'en paraissent que plus terribles à 
leurs oreilles. Le duc demande à son prisonnier Brandolf 
de Stein qui sont ces gens-là, et sur la réponse que ce 


= 355 — 


sont les anciens Suisses dés montagnes, 1l s'écrie: «Que 
sera-cé dé nous, si ce petit nombre nous a déjà fatigués. » 
H était alors vérs midi. | 

Resserré dans un espace qui né lui permet pas de pro- 
fiter de sa supériorité en artillerié et cavalerie, le duc 
ordonne un mouvement en arrière, afin probablement de 
se reformer en avant d'Onnens, à moins qu'il n’eùt peut- 
être l’idée plus sage de prendre position derrière l’Arnon. 
+ Mais les troupes qui suivaient, ét qui n'avaient point 
éncore combattu, s’'épouvantent de ce mouvement qu'elles 
prennent pour une fuite, elles sé rejettent én arrière, le 
cri de «sauve qui peut» se fait entendre, et la déroute 
commence. 

Pendant ce temps, lé gros de l'armée suisse traverse le 
village de Concise, emporte la batterie placée près de Cor- 
celles et pousse vigoureusement en avant, le désordre 
s'augmenté du côté des Bourguignons, qui sont rejetés 
en partie sur l’Arnon, en partie dans la petité plaine sous 
Bonvillars et Champagne. L'’Arnon, dans cette saison 
(mars), est assez profond et ses bords sont escarpés; la 
confusion dut donc être grande près du pont de la dite 
rivière, c'est là cependant que le dernier essai dé résis- 
tance eut lieu, et que périt entr'autres Louis de Château- 
guyon: Le duc qui, probablement voyant la déroute com - 
mencer, avait passé l'Arnon de sa personne, essaya vaine- 
ment, même l'épée au poing, de ralliér ses troupés; la 
terreur s'était emparée de son armée, de telle sorte, que 
celte position si forte naturellement, et renforcée par des 
travaux que le duc avait fait exécuter en établissant son 
camp, ne parut leur présenter aucune sécurité. Les Bour- 
guignons traversérent leur camp sans s'y arrêtér et en- 
traînèrent avec eux le duc Charles. Une autre partie de 
larmée s'était enfuie le long du Jura, suivant l'ancienne 
route de Champagne, Fontaines, Novalles, la Motte et 
Baulme, de là elle put gagner Jougne en passant le col 


» 


— 304 — 


de la Jougnenaz, ou bien par l’Abergement, Lignerolles 
et Ballaigue, en suivant le pied du Mont Suchet. Le ‘duc 
s'enfuit par les Tuilières près Montagny, Mathod, Valley- 
res sur Rances, l’Abergement, Lignerolles, etc., et s'arrêta 
à Noseroy, où il commença à rassembler les débris de son 
armée. Le chiffre relativement minime de ses pertes s'ex- 
plique par le fait que les Suisses étant dépourvus de ca- 
valerie, la leur n'ayant rejoint que le lendemain, ne pu- 
rent poursuivre l'ennemi bien loin, fatigués qu'ils étaient 
du combat, et puis il faut le dire, avides de prendre part 
au magnifique butin que contenait le camp des Bour- 
guIgnons. 

L'emplacement précis de ce camp est impossible à éta- 
blir, vu que le seul point maintenu par la tradition, est 
une colline située sur le plateau qui domine les Tuilières 
de Grandson, elle porte le nom de «Sur le duc de Bowr- 
gogne»; sur sa pente méridionale se trouvent sept pe- 
tits blocs erratiques qui portent le nom de «Pierres du 
Mauconseil.» Quant aux pyramides situées derrière Cor- 
celles, dans un champ où l’on trouva, il y a trente ans, 
un boulet en fer, et, il y a vingt-cinq ans, nombre de.fers 
de chevaux, aucun auteur du temps ne mentionne leur 
érection par les Suisses victorieux, qui, du resté, ne s’ar- 
rêétèrent point là, mais bien à Grandson même ;: ce:n’est 
que beaucoup plus tard qu'on leur attribua cette destina- 
tion. Les anciens Suisses bâtissaient des chapelles sur les 
champs de bataille où ils avaient remporté la victoire. 

Une autre tradition attribue aux  Bourguignons la 
construction d'une redoute placée sur un mamelon ‘de 
la rive droite du torrent de la Diaz, à 300 pas S.- E.:de 
la Chartreuse de la Lance; mais cette tradition est 
complètement erronée. D'abord, lé duc de Bourgogne, 
comme l'indiquent toutes les ‘sources connues, voulait se 
porter en avant, et non point attendre les Suisses der- 
rière les défilés de la Lance; de plus, occupant Vaumar- 


— 355 — 


cus, il était parfaitement inutile de faire un ouvrage à 
une demi-lieue en arrière de ce point; enfin, la dite re- 
doute, comme du reste celle dont nous avons parlé plus 
haut en mentionnant l'occupation de Vaumarcus, ne dé- 
fendait rien, parce que, comme la premiére, elle est si- 
tuée fort au-dessous de la route qui s'écartait peu du tracé 
actuel, et qui, passant par le bois de Seyte, débouchait 
dans la plaine de Concise à 1000 pas à peu près de la 
soi-disant redoute. On peut encore ajouter que de même 
aussi que la redoute de Vaumarcus, le parapet des dits 
ouvrages au lieu de regarder du côté d’où l'on attendait 
les Suisses, était tourné contre le camp bourguignon et 
ouvert du côté des Suisses. 

Jusqu'à présent l'opinion populaire plaçait le premier 
combat dans la plaine entre Concise et le pied de la 
montagne, mais cette plaine n'offre pas l’espace nécessaire 
pour y ranger les masses dont parlent nos sources, et à 
plus forte raison pour leur permettre de se mouvoir. 
Quant à la petite plaine en avant de la Lance et devant 
la redoute, les 6000 gendarmes de Châteauguyon auraient 
dù, pour y manœuvrer, se former sur 70 chevaux de front 
et 8» de profondeur, ce qui leur aurait rendu tout mou- 
vement impossible. 

Le duc Charles n'était pas assez malhabile pour pren- 
dre une position avec une seule ligne de retraite, et cela 
à travers un village; de plus, l'ambassadeur milanais Pa- 
nigarola, qui, dans cette Journée, fut toujours à côté du 
duc, dit expressément que ce dernier avait fait dresser un 
pavillon sur une colline d’où il voyait son armée passer 
et s'engager dans le défilé au-dessus de Concise; or, cette 
description qui s'applique très-bien à la colline près 
d'Onnens, ne convient pas à la colline entre Concise et 
la Lance. De la première, le duc voyait ses troupes passer 
à ses pieds, puis suivant la via d'Etra entrer dans les bois 
vers la prise à Gaulaz, c'est-à-dire l’espace d'une demi- 


— 396 — 


lieue. De la seconde, il n'aurait vu défiler ces troupes que 
pendant dix minutes au plus, la route s’élevant rapide- 
ment au-dessus du monticule où il se serait placé. Quant 
à la distance de deux lieues du camp que le susdit Pani- 
garola indique comme celle du monticule en question, 
elle est parfaitement juste en lieues de France, mesurée 
depuis l'emplacement de la tente du duc. Mais ce qui ré- 
duit à néant la tradition de l'engagement près Concise, 
c'est le récit précédent, qui, se tenant collé aux sources, 
montre, ce me semble, évidemment que la bataille a com- 
mencé à Vernéaz, s'est prolongée vers Corcelles, et a fini 
au moulin de l’Arnon, maintenant la Poissine. 


2 EE — 


QUELQUES REMARQUES SUR LES SÉRIES 


par M. ISELY. 


(Voir Bulletin , page 283.) 


0 ee ————_—— 


Pour qu’une série puisse réellement être sommée, il faut 
qu'elle soit convergente, c'est-à-dire que, non-seulement ses 
termes doivent converger vers zéro, mais encore que l’er- 
reur que l’on commet diminue à mesure qu'on en prend 
- un nombre plus considérable. La somme de laquelle on ap- 
proche autant qu’on veut en prenant un nombre de termes de 
plus en plus grand est une limite: c’est la limite de la série. 
Les séries convergentes sont les seules qu’on doive employer 
dans l’analyse pour calculer la valeur approximative ou la 
limite d’une quantité. 

Cependant plusieurs mathématiciens se sont occupés de 
séries divergentes à termes alternativement positifs et néga- 
tifs et en ont donné les limites. Catalan (Traité élémentaire des 
séries,) cite entre autres les suivantes, et s'étonne que de sa- 
vants géomètres aient énoncé de pareilles propositions, qui, 
à son avis, n'ont aucun sens: 

1—1+1—1+1. 1, (Lacroix) 

1—1+1—-1+1. LR AG 1e ?/, (Prehn) 
1—2+3—4+5... .1. .. : .. =}, (Lacroix) 

1— 2: + 3? — 4 + 8! 0 (Simonoff et 


| 


| 


Lacroix) 
COS @ — cos 2 @ + cos 86 — cos 4e . —1), (Poisson) 
1—1.2+1.2.3—1.2.3.4+ . — 0,40362836 
etc. (Euler) 


On comprend difficilement, en effet, ce que peuvent signi- 
fier les limites de séries pareilles et d’autres analogues dont 
les termes vont constamment en croissant; l'erreur que l’on 
commet, alternativement positive et négative, croît elle-mè- 
me au-delà de toute limite. Mais si l’on considère que ces ré- 
sultats sont donnés par les plus grands géomètres, qui n’ont 
sans doute pas voulu chercher des choses de non sens, des 


— 38 — 


absurdités, 1l faut nécessairement admettre qu’ils ont aecordé 
au mot limite une signification plus étendue que celle de som- 
me des termes d’une série convergente. Si on ouvre seule- 
ment Lacroix (Traité de calcul différentiel et de calcul intégral, 
tomé Ill, chap. V, page 387), on y lit: « Depuis le n° 1145 
nous n’avons donné que les sommes des séries proposées de- 
puis f (x) à f (æ"); mais il est visible qu’en supprimant dans 
leurs expressions le dernier terme de la série, on aura sa li- 
mite.» Ii ne parle pas de condition de convergence, et il 
nomme donc limite, ce que devient la somme d’un nombre 
indéferminé de termes, lorsqu'on en supprime le dernier. 
LA — + nb 
1 — xp 
qui exprime la somme de la série (progression géométrique) 
S— g8 + aa +a +b L ga +92 LE, ga+(n—1)b 


Ainsi, d'après lüi s — 


en exprime aussi la limite lorsqu'on supprime æ ® + nb; 
VA 

= 

C’est en introduisant cette hypothèse dans la formule inté- 
grale qui donne la somme de la série 

1%2—1.22% +1.2.8%—...+1.2.8.na2 
c'est-à-dire en supprimant le dernier terme, et en faisant 
æ = 1 qu'il trouve la limite de la suivante: 
1—1.2+1.2.3—etc. 

qui est divergente au possible. 


ce qui donne s 


Si l’on développe l'expression s — on retrouve 


1 — % 
la série æ +at+b+ga+2b + ,, . etc 
hr | G: + c4 
Ainsi rit est la fonction génératrice de la série en ques- 
tion. 

On voit par eet exemple qu’en supprimant le dernier terme 
dans la somme d’un nombre quelconque de termes d’une suite, 
on trouve sa fonction génératrice. Alors si l’on donne à la va- 
riable + une valeur particulière &, la fonction génératrice ac- 
quiert une valeur finie ou approchée, tandis que la série peut 
devenir convergente ou divergente. Dans le premier cas, 


sf 


— 35 — 


c'est-à-dire, lorsque la série est convergente, la-valeur parti- 
culière de la fonction génératrice est en même temps la limi- 
te de la série, dans le sens rigoureux de ce mot. Ainsi le dé- 


veloppement de donne la suite 


1+x 

RE UE lt de UE 

Celle-ci est convergente quand x < 1. Pour # — ‘/,, elle de- 
- [3 

71 + 41 1 DE 


d: 
1' F1 2 
Dans le second cas, c'est-à-dire lorsque la série est diver- 
gente, la valeur particulière que prend la fonction généra- 
trice ne peut plus être égalée à la série, puisque celle-ci ac- 
quiert des valeurs de plus en plus grandes, suivant qu'on en 
réunit plus de termes. Pour qu'il y ait égalité réelle, il faut 
ajouter à la somme d’un nombre limite de termes, le reste de 
la division. Si l’on fait æ — 2 dans la suite ci-dessus, la fone- 
tion génératrice donne ‘/,, et la suite devient: 
1—2 + 2? — 25 + etc. 
et on ne peut poser | 
1Læt-2 + 2-92 +. 


qui a pour limite la valeur */, que prend aussi 


1 


Mais si on tient compte du reste de la division de ÈS 
+ 


2 LA L] Q] A = 
qui est + ——— lorsqu'on s'arrête au 4"*° terme, on à rigou- 
1+x 
Ju 
reusement : !/, = 1 — 2 + 2? + 25 + LE etc. 


Cela posé, je dis que c’est en supprimant le dernier ferme 
de la série et en donnant à la variable une valeur particu- 
lière, que les auteurs citésau commencement de cet article ont 
trouvé les limites des séries indiquées; de sorte que ces limites 
ne sont pas autre chose, en général, qu'une valeur particu- 
lière de la fonction génératrice générale, et elles ne peuvent 
pas être égalées aux séries elles-mêmes qui sont divergentes, 
à moins qu'on ne tienne compte du reste. | 

En effet, la plus importante des méthodes qu’on emploie 
pour sommer les séries, consiste à effectuer des opérations 


* BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 24 


— 360 — 


telles (differentiations ou intégrations), que les résultats succes- 
sifs conduisent en dernier lieu à une série que l’on sache som- 
mer, ou qui soit semblable à la proposée. On obtient ainsi 
entre 7 qui représente la série et la variable x une relation 
qui représente dans tousles cas la fonction génératrice, abstrac- 
tion faite des valeurs de æ, mais qui n’en représente la limite 
véritable qu'autant que la série reste convergente. 
Prenons pour exemple la suite 
É da 4 
1 + — + 


; Tr Te pente 


d . . 
En la nommant y, ont voit que ou la dérivée première 
œ 


reproduit la série proposée, de sorte qu’on peut poser 

d y 
dx 
égalité? Rien autre chose qu'une propriété de la suite: à 
savoir qu'elle est de même forme que sa dérivée. L’intégra- 
tion fera donc connaître la fonction qui est égale à sa dérivée 
première. On trouve en effet ex dont le développement donne 
la série proposée. 

Et on voit que pour trouver ce résultat, il n’est pas néces- 
saire de supposer la série convergente ; il suffit de la considé- 
rer comme indéfinie ou de faire abstraction de son dernier 
terme. 

Si nous revenons aux séries indiquées au commencement 
de l’article, nous trouvons 

1° Que la suite 1 — 1 + 1 — 1 + 1 etc. peut dériver de 
plusieurs fonctions génératrices, savoir : 

1 
1 + x 
1 + x 


— y (en la supposant indéfinie). Que signifie cette 


= 1 — 2x + 22 = 35 + etc. 


—— = À — 2? + 25 — etc. 
1+zx+a 


1+x+a +am—i 3 
da do a" = MER +: n 
qui donnent toutes la même suite 1 — 1 + 1 — 1 + etc. quand 


L À 1 
on y fait x — 1, mais qui prennent des valeurs diverses ,—" 


26 _d ‘i 


— 361 — 


Cette série est de la nature de celles qu’on nomme indéter- 
minées, puisqu'elle donne des valeurs alternantes 1 ou 0 sui- 
vant qu’on s'arrête à un terme impair Ou pair. 

Il en est de même de la série suivante, donnée par M. Ber- 
ser dans une petite brochure sur les séries: 


: bee Le —) + (1. — re) — (A--—) + etc. 


k 
Cet auteur la considère comme divergente, mais elle-de- 
vient convergente, dit-il, quand on réduit ses termes deux à. 
A et 

deux et elle semble alors avoir —— pour limite. Son analyse 
est inexacte; c’est parce qu'il s’est arrêté dans sa réduction à 
Li . LA 4 L 4 ,» e Z x 

un terme de rang pair qu'il a trouvé ——; s'il s'était arrêté à 


em 
) 


F + 

un terme de rang impair, il aurait trouvé Te . On voit du 
reste facilement qu’en réduisant chaque terme entre paren- 
thèses, on a une suite de nombres alternativement + et — 


; Cette 


série n’est donc ni divergente, ni convergente, elle est ixdé- 
terminée. L'erreur est alternativement positive et négative, 
mais elle n’a pas zéro pour limite. 
2 En appliquant l'intégration à la série 
y—=1—-2x% +32 — 4x5 + etc. 


qui vont toujours en diminuant, en tendant vers 


A. 


on obtient 
MS sado HR dx. — 
Sylr=a—# + a ec.ou fy te ——— 
La différentiation donne ensuite y — ss 
(+ x}? 


. x s » . Z . . Î 
fonction génératrice de la série, et qui devient — quand x =1. 


3° On trouverait de même que la série 
12 — 22 + 3° — 4 + etc. 


dérive de la fonction REP qui devient 0 lorsque x = 1. 


4 La série cose — cos 29 + cos 3 — cos 44 s'obtient 

facilement au moyen de la suivante: 
x sin o + — 4° sin ? L 25 sin 30 + — arc (tang. — 
? 2 S ? + 72 “Ah sin ? CRT Ni } 2 


æ sin © 


| ) (voyez Catalan, page 104). Après l'avoir as 


= Ms 


rentiée par rapport à æ, on fait æ— 1. Ce calcul donne : 


1 1 
COS y — COS 2% + COS 3 @ — pe inv 


5° Enfin la série 
y—=1.xz—1.2.x +1.2.3.2tetc. 
multipliée par <=, puis intégrée et de nouveau différentiée , 
conduit à une équation différentielle du premier degré et du 
premier ordre, d’où l’on tire, pour le cas de x = 1 


RER 

y —e | e Tdx 
o 

qui est la valeur particulière de la fonction génératrice sous 

forme d’intégrale et qu'Euler à calculée d’une manière appro- 

chée, en divisant l’intervale de 0 à 1 en dix parties égales. 

C’est ainsi qu'il a obtenu 0,40362836. 

On voit donc que ce que divers auteurs ont appelé limite 
d’une série, lorsqu'elle n’est pas convergente, c’est la valeur 
particulière de sa fonction génératrice par extension, sans dou- 
te, du fait que c’est aussi la valeur de la série lorsqu'elle est con- 
vergente. [1 y à là malheureusement une confusion à laquelle 
il serait bon de remédier par l'emploi de termes plus précis; 
mais il me semble que Catalan, dans le traité passablement 
étendu qu’il a publié sur cette matière, aurait dà éclairer son 
lecteur sur ce sujet, plutôt que de s’en débarrasser très-sim- 
plement en disant que c’est un non-sens. 

C’est en ne tenant pas compte de cette acception étendue 
du mot limite que, traitant la question de la transformation 
des séries, il ne l’a admise que pour les séries convergentes 
et qu'il a dit: « plusieurs géomètres ont prétendu transfor- 
mer certaines séries divergentes en séries convergentes. Nous 
croyons que cet énoncé est un non-sens.» 

Mais si on se propose de trouver au moyen d’une série 
divergente, dont la loi est connue, la valeur de sa fonction 
génératrice, on comprend que, comme le dit Lacroix « toute 
suite n'étant autre chose qu'un développement de cette fonc- 
tion prise depuis x = 0 à x — infini, les diverses manières 
d'exprimer ce développement fourniront des suites équiva- 
lentes ou des transformées de la même suite. » | 


— 363 — 


De sorte que si l'on peut dériver une série convergente 
d'une première série divergente donnée, celle-là sera propre 
à calculer la fonction génératrice. 


ne i 
 Aïnsi on voit que la formule me donne les deux suites 


ci-dessous: 


æ g° 4 ja 

Tandis que la première est convergente pour # < 1, la se- 

conde est divergente: elles sont pourtant le développement 
de la même fonction. 


1 .. . 
_Pourz = —- la première donne des valeurs qui appro- 


3 £ Matt 
chent de plus en plus de ——, valeur de la fonction génératrice: 


elle est donc propre à en trouver la valeur, et non pas la se- 
conde qui est alors: 
3 — 32 + 35 — etc. 

Or si l’on se propose de calculer la fonction primitive, il 
il n’est pas absurde de chercher à transformer la seconde sé- 
rie en la première plus appropriée à ce but, 

Ce qui a rapport à ces transformations rentre dans la théo- 
rie des fonctions génératrices, traitées par Laplace et par Eu- 
ler. Celui-ci a employé un procédé algébrique fort simple 
(voyez Lacroix, tome IIT, page 344), qui consiste à faire dans 
la suite f —ax — ba? + caÿ — dat + ... 


y | LA 
RE DRE Fe Br Be 2 
On obtient ainsi la transformée: É 
æ x? à xS 
D be: a te ape NT RE FRE PAR ee 


ou Aa, A? a etc. sont les différences premières, secondes des 
coëfficients de la suite. 

Quand la série des coëfficients a des différences constantes, 
on obtient exactement la somme f, et dans beaucoup d’au- 
tres cas on transforme une série divergente en une série con- 
vergente propre à calculer la valeur de la fonction généra- 
tricet 


— 364 — 


Ce procédé conduit tout de suite aux limites des séries 
1—2+3—4+5 
12 — 22 + 32, —.,42 +51 
| 15 — 25 + 35 — 45 + 55 etc. 
dont les différences sont constantes. 
À « On arrive de cette manière, dit Lacroix (page 345), à Za 
limite de la série proposée, ou à sa fonction génératrice. » 


. 55 hat 


SUR LES 


CORRECTIONS ET EQUATIONS PERSONNELLES 


dans les observations chronographiques de passage, 
par le D' Ad. HIRSCH, 


(Voir Bulletin, page 305). 


— sp 000 — 


Lorsque l’année dernière je vous ai rendu compte de mes 
expériences chronoscopiques sur la vitesse des différentes 
sensations, je vous ai annoncé que je ferais construire un ap- 
pareil spécial pour déterminer le temps physiologique qui in- 
tervient dans les observations astronomiques de passage 
d'étoiles devant les fils des lunettes. Je ne me dissimulai 
nullement que ni le chiffre de 0,200 que j'avais trouvé pour 
la vue d’un phénomène subit et inattendu (d’une étincelle), 
ni l’autre de 0,077 que j'avais obtenu pour la vue du passage 
très-rapide de l'aiguille du chronosctope par sa position verti- 
cale, ne pouvaient être envisagés comme exprimant le temps 
qui se passe dans l'organisme de l’astronome, entre le moment 
réel du passage d’une étoile et l'instant où il ferme le courant 
qui enregistre l'observation sur le chronographe. Car non- 
seulement toute la nature des deux expériences en question 
différait trop de observation astronomique de passage, mais 
comme je le soupconnais déjà alors, le temps physiologique 
varie dans une certaine mesure selon la vitesse apparente 
avec laquelle le passage a lieu. 

Donc, pour atteindre le but que j'avais eu en entreprenant 
mes recherches sur le temps physiologique, en vue de déter- 
miner la correction personnelle pour les observations astrono- 
miques, il fallait modifier les expériences de telle sorte que 
je pusse observer dans la lunette le passage de points lu- 
mineux, d'étoiles artificielles pour ainsi dire, et ces étoiles 
devaient, au moment où elles passent le fil, interrompre le 
courant et mettre ainsi le chronoscope en mouvement. 

La disposition de notre mire nocturne (du nord) se prêtait 
admirablement à la réalisation de telles expériences; car vous 
savez que cette mire est un bec de gaz, à 80 mètres environ 
de la lunette méridienne, et visible dans cette dernière au 


> PPT à 


moyen d'une lentille à long foyer, placée à 4 mètres devant 
la lunette. Par conséquent, je n'avais qu'à masquer la flamme 
de la mire par un écran percé d’un petit trou, pour voir dans 
la lunette un point lumineux, tout à fait semblable à une 
étoile de 2° ou de 3° grandeur. Il fallait ensuite chercher le 
moyen d'imprimer à cet écran (et par conséquent au point 
lumineux) un mouvement régulier et d’une vitesse analogue 
à la vitesse apparente des étoiles, et en même temps disposer 
l'appareil de telle sorte, qu'au moment où l'étoile artificielle 
se trouvait bisectée par le fil de la lunette, un courant élec- 
trique fût interrompu. J’ai cru obtenir cet effet le plus simple- 
ment au moyen dun pendule, auquel on fixerait l'écran et qui, 
en passant par sa position de repos, fermerait (ou interrom- 
perait) un contact. Voici comment M. Hipp, auquel je me suis 
adressé pour l'exécution et dont le concours précieux m'a déjà 
été si souvent utile, a réalisé cette idée. 

Dans le pilier (1) (G) en granit, sur lequel se trouve la flam- 
me(F) de la mire, on a fixé solidement un plateau (B) qui porte 
le couteau d’un pendule double (P) en fonte qui, chargé de 
deux poids mobiles (M) et (Mt), peut osciller dans un plan 
vertical à l’axe de la lunette méridienne (et vertical au plan du 
papier), et dans une étendue de quelques degrés (5° environ). 
Pour éviter trop de frais, cette oscillation n’est pas entretenue 
par un mouvement d'horlogerie, mais simplement obtenue 
par un aide qui écarte le pendule de sa position verticale jus- 
qu'à un point fixe, et le lâche ensuite sans lui imprimer de 
vitesse. Ce moyen offre d'autant moins d’inconvénient, que ce 
n’est pas cette première oscillation qui est utilisée pour l’ob- 
servation, mais seulement le retour du pendule; on obtient 
ainsi en effet la vitesse régulière que comporte l'appareil. Au 


toit du bâtiment de la mire, au-dessus de la flamme, on à fixé . 


ensuite un axe horizontal et mobile (A) qui porte d’un côté 
l'écran (E) et de l’autre une tige verticale (T), qui se rattache 
au pendule au moyen d’une calotte (C) mobile lelong du pen- 
dule, et dont la pointe entre dans un des trous qui se trouvent 
percés dans la tige. Comme lécran (E), aussi bien que la tige 
(T), peuvent ARÈNES nd axe (A), il est évident que de 
cette manière le pendule, en oscillant, fera osciller aussi l'é- 


(*) Voir le tableau n° V. 


RE 


ù — 3617 — 


éran devant la flamme, et cela avec une vitesse variable, se- 
lon qu’on place la calotte (C) plus haut ou plus bas. 

Voilà donc la première condition réalisée: un point lumi- 
neux qui se meut régulièrement et dont on peut observer le 
passage devant le fil de la lunette méridienne, tout-à-fait 
comme on observe le passage d’une étoile véritable. 

Pour obtenir maintenant l'interruption du courant au mo- 
ment du passage, on à placé sur le même plateau B qui porte 
le pendule, une tige en laiton, mobile sur deux pointes fines 
et dans un plan parallèle à celui des oscillations du pendule. 
Cette tige repose, dans sa position verticale, contre un buttoir 
(H) fixé solidement dans le pilier; en outre, on a fixé au pen- 
dule un bras horizontal (R), lequel, lorsque le pendule fait son 
excursion orientale, vient appuyer contre la tige (L) et l’'en- 
traîne dans cette oscillation en l’abandonnant dans sa position 
de repo. au moment où le pendule passe par la verticale pour 
commencer son excursion occidentale. La tige (L) et le bras (R) 
portent aux points où ils se touchent, des contacts en platine, 
et les deux sont en outre reliés métalliquement aux deux fils 
qui, en sortant du bâtiment de la mire, sont conduits à lob- 
servatoire, où se trouvent le chronoscope et la pile. On com- 
prend facilement que de cette manière le courant est établi 
pendant tout le temps de l'excursion orientale du pendule, et 
qu’il est interrompu à l’instant où le pendule passe la verticale. 
Pour obtenir le réglage exact sous ce rapport, on a fixé une 
vis micrométrique (v) à l'extrémité de la tige (L); on laisse le 
pendule venir au repos, on amène le fil mobile de la lunette 
(qui sert à observer les passages) à bisecter l'étoile artificielle 
dans cette position, et en même temps on règle la vis (v) de 
manière à ce que le contact soit justement et à peine établi, 
ce dont ôn s'aperçoit avec une grande sûreté par le chronos- 
cope qui fait entendre une suite d’interruptions et de rétablis- 
sements du courant avec des intervalles excessivement courts, 
ce qui prouve en effet que les deux surfaces du contact se 
touchent à peine. — Après avoir ainsi réglé l'appareil, l’obser- 
vation se fait simplement ainsi: 

Un aide écarte le pendule et le lâche, ainsi que je l'ai dit, 
et lorsque le pendule revient, en passant par la verticale, il 
interrompt le courant et fait marcher le chronoscopes; lab- 


— 368 — 


servateur à la lunette qui voit le point lumineux passer devant 
les fils du réticule, au moment où il observe la bisection par 
le fil mobile, ferme le courant qui arrête le chronoscope; une 
troisième personne lit au chronoscope le nombre de millièmes 
de seconde dont les aiguilles ont avancé dans l'intervalle de 
ces deux moments. 

L'appareil, comme je viens de le décrire, n’avait pas tout-à- 
fait cette forme dès le commencement; j'avais d’abord fixé 
l'écran directement par un bras au pendule; mais la circon- 
stance que j'obtenais ainsi pour mon étoile artificielle une vi- 
tesse plus grande que ne la possèdent les étoiles équatoriales, 
et que je ne pouvais pas varier cette vitesse, m'a forcé de 
modifier la construction pour ralentir le mouvement. Avec 
la modilication décrite, je peux ralentir le mouvement de l’é- 
cran jusqu'à la vitesse apparente des étoiles équatoriales. 
Avec la première forme j'avais fait quelques séries d’obser- 
vations dont voici les résultats; je désigne par C la correction 
personnelle ou bien le temps physiologique, par w lerreur 
moyenne de la moyenne d’une série, et par m l'erreur 
moyenne d’une observation quelconque d’une telle série. 


C ns m Nombre 
d'observations 


S S D) 
3 juillet 0122, 20,005. 0,028. … 29 
26 ». 0,123, +0,005.,, +0,031 30 
31 » 0,113  +0,007, +0,038 28 


Moyenne 0,119, 0.006, æ+0,032%, 87 


Après avoir changé l'appareil, j'ai trouvé pour la même 
vitesse de passage : | 
14 août 0,116, + 0,006, 20,029 22 
et pour une vitesse moindre*à peu près celle des étoiles équa- 
toriales): 
9:15 0,155, + 0,005, —+0,031 32 
14 » OASXS SSHOOIF? 006 18 


Moyenne 0,151, 0,007, Æ+0,037, 50 


On voit par ces chiffres d’abord que la correction person- 
nelle augmente si la vitesse du passage diminue; ce qui s’ac- 
corde parfaitement avec le chiffre beaucoup plus petit (0°,077) 


mit à j'a fit Ml 


— 369 — 


que j'avais trouvé pour les passages considérablement plus 
prompts de l'aiguille du chronoseope. Quant aux erreurs des 
observations, elles varient entre 0°.,028 et 0,048, et en moyen- 
ne, de toutes ces observations, l'erreur est de 0°,053, chiffre qui 
exprime l'incertitude d’une observation de passage. Ensuite 
on remarque que, tandis que les trois séries de juillet s’accor- 
dent entre elles dans les limites des erreurs probables, il n'en 
est plus tout-à-fait de mème pour les deux séries du mois 
d'août, où la vitesse du passage était moindre; il semble plu- 
tôt que ma correction ait été un peu plus considérable le 9 que 
le 14 août. Ce changement de la correction personnelle, dans 
des limites assez restreintes toutefois, doit dépendre de la dis- 
position momentanée de l'observateur. Nous verrons tout à 
l'heure que cette variation de la correction s’est montrée non- 
seulement chez moi à une autre époque encore, mais dans une 
mesure même plus forte chez mon collègue, M. Plantamour. 

Vous vous rappellez que j'ai exécuté avec mon collègue 
de Genève une détermination télégraphique de la différence 
de longitude entre nos deux observatoires, dont j'aurai à vous 
entretenir encore sous d’autres rapports à une prochaine 
occasion; — pour cette opération il nous a fallu déterminer 
notre équation personnelle, ce que nous avons fait d’abord 
par la méthode astronomique ordinaire à deux reprises; je 
vous en communiquerai le résultat tout à l'heure. — Il m'a 
semblé intéressant de chercher notre équation encore par la 
méthode chronoscopique, en déterminant, pour nous deux, à 
l’'âide de mon appareil, la correction personnelle, et de voir 
jusqu’à quel point la différence de nos deux corrections ainsi 
trouvées, s’accorderait avec notre équation fournie par les 
observations astronomiques. M. Plantamour s’y est prêté avec 
son obligeance habituelle et nous avons exécuté qüelques 
séries d'expériences dont voici les résultats : 


2 Nombre 
C pr m d'observations. 
66 


4 nov. 1862 Hirsch 0,160, 0,007; 0,064 
» Plantamour 0, 113: Re | 006. pe Æ 0, 065 99 


différence H.-PI. + 0,047 0,010. ; 


5 novembre Hirsch 0,183., 0,006. ; 0,041 
» Plantamour 0,069, Æ 0,004. : +0,042 7 


différence H.-PI. + 0,114, 0,007, 


TN 
1 Qt 


— 310 — 


Valeur moyenne probable de l'équation personnelle: 
H.-PIL + 0.084 20,006 


Vous voyez donc que la correction personnelle a changé d'un 
jour à l’autre dans la propottion de 11 à 7 pour M. Plantamour 
et de 8 à 9 pour moi; et il s’en suit que notre opération à va- 
rié dans la proportion de 5 à 11. Une telle variation qui dé- 
passe considérablement non-seulement les erreurs des moyen- 
nes de la série d’un jour, mais aussi la variation de l’incerti- 
tude d’une observation isolée (car cette incertitude a varié 
dans la proportion de 2 à 3) force d'admettre que le temps 
physiologique pour le même observateur, varie assez consi- 
dérablement d'un jour à l’autre, selon la disposition de son 
système nerveux. Notre corps est done sous 6e rapport tout- 
à-fait dans le cas des autres machines de précision; sa cor- 
rection est variable, comme celle d’une lunette méridienne 
ou d’une pendule. 

Or, que cette variabilité que nous avons ainsi constatée ne 
tient pas, d’ailleurs, à la méthode employée, devient évident 
par les différences analogues que nous avons trouvées entre 
les résultats de l'équation personnelle déterminée par voie 
astronomique, comme le montreront les chiffres suivants : 


Equat: H.-PI. -Nombte 


M d'observations. 


16 oct. 1861 +0, sas 0,023 + 0,105 20 
26 avril 1862 + 0,127. ARTE 0,008., + 0,053. 42 
Donc aussi avec cette ethode on constate que notre équa- 
tion personnelle à diminué de près de moitié en six mois; 
les erreurs moyennes d'une détermination sont à très peu près 
du même ordre dans les deux méthodes; seulement, le 16 Oct. 
elles sont un peu plus fortes, ce qui s'explique par les circon- 
_stances atmosphériques très défavorables dans lesquelles nous 
avons observé ce jour-là. Il est donc permis d’assimiler les 
résultats des deux méthodes, et il semble alors que la valeur 
de notre équation personnelle aurait subi une diminution ré 
gulière : 16 oct. 1861 + 0,219 
26 avril 1862 + 0,128 
| 4-5 nov. 1862 + 0,084. 
L'histoire de l'astronomie a enregistré de pareils change- 
ments dans l'équation de deux observateurs : mais pas, que 
je sache, dans des intervalles aussi courts. Cependant je ne 


— 311 — 


doute point, que si l’on dirigeait son attention sur ce point, 
on ne constatât aussi des variations analogues du temps phy- 
siologique pour d’autres observateurs, quoique naturellement 
dans une mesure différente pour chaque astronome. Aussi je 
ne prétends pas voir réellement une marche régulière et pour 
ainsi dire séculaire dans les chiffres obtenus pour notre équa- 
tion personnelle; une petite série d'observations simultanées 
d'étoiles, que nous avons faites le 23 mai 1861 à Genève, et 
qui, en moyenne de 7 étoiles, donne pour notre équation 
+ 05,130, s’y oppose aussi bien que l'augmentation de l'équa: 
tion qui a eu lieu du 4 au 5 novembre. Il faut plutôt admettre 
que la correction et l'équation personnelles sont sujettes à des 
variations à courtes périodes, irrégulières et dépendantes de 
la disposition momentanée des observateurs, variations qui 
restent cependant enfermées dans des limites assez restreintes. 
Et d’ailleurs n'est-il pas naturel qu’une correction qui varie 
d'une observation à l’autre le même soir de 0°,033 et même 
de 0,064 (comme pour le 4 novembre), change d’un jour à 
l’autre de 0023, comme cela à eu lieu pour moi du 4 au 5 
novembre, ou de 0,044, comme pour M. Plantamour ? Et lors- 
que ces changements ont lieu, comme dans notre cas, dans 
le sens contraire, il n’est pas étonnant du tout que l'équation 
entre deux observateurs varie de 0°,067 dans deux jours, et 
de 0*,091 dans six mois. 

Si l’on tient compte maintenant de toutes les déterminations, 
soit astronomiques, soit chronoscopiques, de l'équation person- 
nelle entre M. Plantamour et moi, et qu’on veuille attribuer à 
chaque détermination un poids réciproquement proportionnel 
aux carrés des erreurs moyennes (x), on obtient 

Nombre d'étoiles Equation 


ou H.-PI. b- p Eq.xp. 


d'observations. S 


93 mai 1861 7 +0130 +0.060 278 36 
16 oct. 1861 20 +0,219 +0.023 1890 414 
26 avril 1862 42  +0,128 +0,008 15650 2003 
4 nov. 1862 155  +0047 +0.010 10000 470 
5 nov. 1862 122 +0,114 +0,008 15650 1784 


- Moyenne probable — + 0,108, + 0°,004., 434685 4707 


— 312 — 


Mais si l’on réfléchit que ces cinq valeurs trouvées pour 
notre équation ne diffèrent pas entre elles à cause des erreurs 
accidentelles d'observation, mais bien parce que la faculté de 
perception de chaque observateur varie d’un jour à l’autre, il 
semble plus rationnel d'attribuer à chaque détermination la 
même valeur. Dans ce cas on obtient pour la simple moyenne 
arithmétique H. - PL = + 0,127, + 0,027. Cette valeur 


diffère de la moyenne probable de 0°,02, quantité qui ordi- 
nairement n'aura pas d'importance pratique. Mais en tout cas 
elle montre, de concert avec les variations qu’on constate 
dans les différentes déterminations de l'équation, que pour 
atteindre les dernières limites d’exactitude dans une telle opé- 
ration, il serait bon que les observateurs eussent les moyens 
de déterminer chacun sa correction personnelle le soir même 
des observations simultanées. Si, comme nous le croyons, 
cette variabilité de la correction personnelle se vérifie géné- 
ralement, alors il deviendra même nécessaire que désormais 
on détermine régulièrement dans les observatoires la correc- 
tion des observateurs, comme on le fait pour les corrections 
des instruments et que dans la réduction de chaque série d’ob- 
servations, on emploie la valeur spéciale qu'on aura trouvée. 

On voit ainsi que les faits que je viens d'établir, ont leur 
intérêt pratique pour l'astronomie sous bien des rapports, et 
modifient sensiblement les idées qu’on s'était faites jusqu'à 
présent de ces éléments physiologiques qui entrent dans l’ob- . 
servation. 

Il y à encore un point dans cette recherche que j'aimerais 
à constater, savoir de quelle manière la correction personnel- 
le dépend de la vitesse apparente du passage. Comme j'ai de 
nouveau depuis quelques jours un chronoscope à ma disposi- 
tion, j'espère sous peu pouvoir compléter mes études dans cette 
direction, quoique j'éprouve des difficultés considérables à 
ralentir le mouvement de l'écran jusqu’au point où sa vitesse 
apparente devienne pareille à celle des étoiles polaires. 


SUR LA 


TRANSMISSION ÉLECTRIQUE DE L'HEURE 


à travers un réseau télégraphique, 


par le D' Ad. HIRSCH. 


(Voir Bulletin, page 313). 


e 


L'un des buts pratiques qu’on a voulu atteindre par la fon- 
dation de l'observatoire cantonal, c'était d'obtenir, pour les 
+ principaux centres de la fabrication horlogère du pays, la- 
transmission régulière de l'heure exacte, et de fournir ainsi 
aux artistes neuchâtelois l'élément indispensable pour le ré- 
glage des montres de précision. On devait donc télégraphier 
tous les jours l’heure de l'observatoire d’abord à la Chaux-de- 
Fonds et au Locle, et si possible au Val-de-Travers. Les dis- 
tances étant assez considérables, la construction de lignes spé- 
ciales pour cette transmission de l’heure, qui ne les aurait 
occupées que pendant une fraction de seconde par jour, aurait 
été beaucoup trop coûteuse: Il fallait donc songer à trouver 
des moyens pour pouvoir transmettre les signaux de l’obser- 
vatoire à travers le réseau existant des lignes fédérales, sans 
compromettre ni gèner la correspondance régulière. Jusqu'à 
présent on s'était borné, en pareil cas, à réserver simplement 
les lignes télégraphiques pendant un certain temps au pas- 
sage des signaux spéciaux qu’on voulait transmettre. Il nous 
a semblé, à M. Hipp et moi, qu'il y aurait moyen d'éviter 
une telle interruption du service régulier, qui est toujours fà- 
cheusè, alors même qu’elle ne dure que quelques minutes. 

- Il y à deux moyens d'utiliser le même fil conducteur pour 
deux fonctions différentes: c’est d'employer ou des courants 
d'intensité très différente, ou des courants de direction opposée 
c.-à-d, positive et négative. Dans le premier cas il faut se 


' — 314 — 


servir de relais différentiels, construits de telle sorte que leur 
ancre ne soit attirée que par des courants dont l'intensité dé- 
passe une certaine limite. Si on règle par exemple un tel relais 
de manière à ce qu'il ne soit attiré qu'avec un courant de 60° 
(boussole ordinaire des télégraphes suisses), les courants ordi- 
naires des dépêches, tous plus faible (de 30° environ) passe- 
ront par la bobine du relais différentiel sans attirer son arma- 
ture, et continuent ainsi le chemin ordinaire de bureau à bu- 
reau:; mais en employant pour les signaux spéciaux qu'on veut 
transmettre autre part, par exemple à une horloge publique, 
ete., des courants très forts, dépassant 60°, ceux-ei attireront 
le relais et se fraieront ainsi une autre route, de sorte qu'au 
lieu de suivre depuis le relais le chemin ordinaire au bureau, 
ils seront déviés vers l'endroit ou l’on veut les diriger. Ce 
système a l'inconvénient que si par hasärd— ce qui n’arrivera 
cependant que très rarement — les courants de correspondan- 
ce sont d’une force extraordinaire, ils pourront être déviés de 
leur chemin ; de même les courants atmosphériques, souvent 
très-intenses, pourront produire quelquefois des signaux. 

Le second système, qui exige l'emploi de relais polarisés, 
n'offre pas le premier de ces inconvénients, puisqu'il suffit 
pour qu’il marche avec toute sûreté, qu’une fois pour toutes 
les piles des bureaux qui correspondent par les lignes en ques- 
tion, aient un certain pôle (disons le pôle positif) relié à la 
terre, et que la station qui doit envoyer les signaux spéciaux, 
ait le pôle contraire (négatif) de sa pile joint à la terre. 

Je proposai d’abord, en 1859, le premier de ces systèmes à 
l'administration fédérale des télégraphes pour envoyer l'heure 
à la Chaux-de-Fonds et au Locle , lui offrant en même 
temps de transmettre aussi journellement l'heure à Berne, 
pour y servir au réglage des horloges de tous les bureaux de 
télégraphes et de postes de la confédération. La direction ac- 
cepta nos propositions, en exigeant toutefois que depuis la 
Chaux-de-Fonds au Locle nos signaux soient transmis sur une 
ligne spéciale, craignant que, cette partie du réseau servant à 
la correspondance internationale et étant très chargée de dé- 
pêches, il n’y eût des inconvénients à s’en servir pour la 
transmission de nos signaux. Un fil spécial fut donc établi 


di ape, EE 


L] 


— 3170 — 


entre la Chaux-de-Fonds et le Locle pour le service de l’ob- 
servatoire, et depuis 1860 nous avons donné l'heure réguliè- 
rement depuis l'observatoire, où une pendule électrique, mise 
à l'heure chaque jour d’après les observations astronomiques, 
envoie à 1 heure dé l’après-midi un courant d'une très- 
forte pile (de 144 petits éléments), d’un côté directement 
à Berne et de l’autre par Neuchâtel à la Chaux-de-Fonds et 
au Locle. Comme la résistance de ce côté est de 10 lieues 
environ plus forte que du côté de Berne, le courant de notre 
pile en se bifurquant, rencontre dans ce dernier cireuit un 
rhéostate qui, contenant la différence de résistance mentiou- 
née, fait qu’il se partage en égales parties. La ligne Berne- 
Neuchâtel, qui passe par l'observatoire, est reliée aux deux 
boutons de contact de ce rhéostate, où le fil de notre pilela 
rejoint; un pont en laiton met en communication ces deux 
boutons, afin qu'en dehors de 1 h. les courants de ligne ne 
soient pas obligés de passer par la résistance artificielle du 
rhéostate. 

Aux bureaux de Neuchâtel et de la Chaux-de-Fonds il y a 
des relais différentiels qui, tout en laissant passer les courants 
ordinaires de dépêches par les appareils des bureaux, en éloi- 
gnent nos signaux et les conduisent aux pendules de coïn- 
cidence installées aux hôtels-de-ville de la Chaux-de-Fonds 
et du Locle, à côté des régulateurs publies, qu'ils servent à 
contrôler. Ce système a fonctionné à notre entière satisfac- 
tion, comme à celle de l'administration des télégraphes, pen- 
dant trois ans. 

Cette longue expérience ayant montré à tous les intéressés 
la sûreté et la facilité de cette transmission de l'heure, je pus 
songer à l’étendre à d’autres localités, d'abord aux Ponts et à 
Fleurier, dont les municipalités en avaient demandé l'avan- 
tage. Je proposai cette fois à la direction des télégraphes 
d'employer depuis le Locle le système des relais polarisés, ne 
lui demandant qu'à faire intercaler toutes les piles des stations 
intéressées d’une manière uniforme. Après que j'eus offert 
d'installer dans les bureaux du Locle, des Ponts et de Fleurier 
des permutateurs d'une telle construction que par un simple 
tour de manivelle on pût exclure tous nos appareils et ainsi 

BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T,. VI. fee ‘25 


UT 


au moindre dérangement rétablir l’état antérieur des bureaux, 


la direction des télégraphes agréa nos propositions. 

En même temps, plusieurs horlogers du Locle nous avaient 
demandé de recevoir nos signaux dans leurs ateliers mêmes. 
Nous arrivons à ce but par un circuit spécial dont le courant 
est fermé par le décrochement de la pendule de coïneidence 
de l’hôtel-de-ville du Locle(1), 

Enfin les municipalités PA la Chaux-de-Fonds et du Locle 
ious ayant demandé l’usage du fil de l'observatoire entre ces 
. deux localités pour un service d'alarme en cas d'incendie, 
nous avons installé auprès des régulateurs publies des deux 
hètels-de-viile deux permutateurs, qui permettent de relier 
la ligne en question, soit avec ces pendules, ce qui se fait tous 
les jours quelques minutes avant 1 h. par les observateurs des 
signaux , soit avec les deux postes de gendarmerie pour le 
reste du jour. 

De cette manière nous avons maintenant toute une organi- 
sation par laqueile nous envoyons tous les jours à travers les 
lignes télégraphiques ordinaires (sauf la petite distance entre 
Chaux-de-Fonds et Locle, où il y a un fil spécial) l'heure as- 
tronomique à six endroits, à Berne, Neuchâtel, Chaux-de- 
Fonds, Locle, Ponts et Fleurier, e.-à- ne à des He de 25 
lieues, et au Locle même dans 16 maisons de plusieurs parti- 
culiers ; tout cela avee une parfaite régularité et à très peu de 
frais, et sans gûner en rien le service ordinäire des dépêches. 
J'ajouterai ençore que pour assurer autant que possible lexac- 
titude complète de cette distribution de l'heure, j’ai demandé 
à l'administration des télégraphes et j'ai obtenu de l’obligean- 
ce de sa direction, qu'on envoie tous les jours, à l'observatoire 
cantonal, au moyen de notices gratuites, le résultat des obser- 
vations de nos signaux dans les différents endroits. 

Comme il serait possible qu'une telle organisation d’un ser- 
vice spécial à travers un réseau télégraphique pût rendre des 
. services ailleurs dans le même but ou dans un autre, je crois 
utile de publier les schémas détaillés des différentes stations, 
que l’on trouvera figurés sur les planches N° VE VII, VII et 
IX, et auxquels je veux maintenant joindre les explications 
suivantes : 


(*) Cette partie du système ne fonctionne pas encore. 


; 

À 
L 
4 
] 
À 
à 
É 


— 311 — 


Osservaroire : La pendule de l’observatoire ferme automa- 
tiquement à 1 h. le courant d'une faible pile P. (de 8 petits 
éléments) qui, en passant par (4,5) d’un relais (R), en attire 
l'ancre et met ainsi en action la grande pile de ligne (P,) de 
144 éléments, dont le pôle négatif est relié à la terre, tandis 
que par l’autre, son courant qui à ordinairement 65° (mesuré 
sur la boussole ordinaire des télégraphes suisses), passant par 
R (1,3) arrive au rhéostate, où il rencontre la ligne fédérale 
de Berne-Neuchâtel et se bifurque, pour aller d’un côté vers 
Neuchâtel, Chaux-de-Fonds, ete., et de l’autre par le rhéostate 
dans la ligne de Berne, pour y décrocher une pendule de coïn- 
cidence au palais fédéral. 

Les courants ordinaires passent par le levier L du rhéostate 
(qui n’est mis hors de contact qu'à 1 h.), sans entrer dans au- 
cun des appareils de l'observatoire, parce que le relais n’y est 
attiré qu’à 1 h. pendant 0,25 d’une seconde. 


NeucHATEL (bureau des télégraphes). 

Le signal arrive depuis l'observatoire dans le relais différen- 
tiel (qui est installé dans lantichambre du bureau, accessible 
au public), passe par (4,5) dans sa bobine et, en attirant l’an- 
cre, se fraie le chemin pour passer par (1,3) dans la ligne 
Neuchâtel-Chaux-de-Fonds. Les courants ordinaires, n’attirant 
pas le relais différentiel, continuent par (4,5) de ce relais 
pour entrer dans les appareïls du bureau, dans le manipula- 
teur (M) et le relais (R), etce., et pour gagner la ligne de 
Chaux-de-Fonds. Ils ne peuvent pas être déviés vers le relais 
différentiel, parce que les points 3 et 1 de cet appareil ne sont 
en communication que si l'ancre est attirée par le signal. 


Caaux-pe-Foxps. 

Le signal arrive depuis Neuchâtel dans le relais différentiel 
(4,5), et, en attirant son ancre, se fraie le chemin par (4,3) à 
la pendule de coïncidence, qu'il décroche, et de là il va par le 
permutateur, mis avant 1 heure dans la position (a, c), dans 
_ la ligne de l'observatoire vers le Locle, 


Les courants ordinaires qui n’attirent pas le relais différen- 
tiel, passent par sa bobine (4,5) et entrent dans les appareils 


— 318 — 


du bureau M (1,2), relais (5,4), etc., pour s’en aller dans la 
ligne fédérale au Locle. {{) 


Alarme d'incendies. En dehors de 1 h., les permutateurs à 
côté des pendules de coïncidence au Locle et à la Chaux-de- 
Fonds se trouvent dans la position (c,b) et mettent ainsi en 
communication les deux postes de gendarmerie par le fil de 
observatoire. Le cireuit est alors le suivant: poste de Chaux- 
de-Fonds: terre, pile, M (3,1), permutateur (b, ec), ligne de 
l'observatoire: Locle: permutateur (e, b), M (3,2), sonnerie 
(2,1), terre; et le réciproque. 


Locce. 
Le signal arrivant depuis la Chaux-de-Fonds dans la ligne 


de l'observatoire, passe par le permutateur dans sa position 


(ce, a), dans le paratonnerre du bureau (lame 1), va au relais 
polarisé (4,5) et de là à la communication avec la terre dans 
le paratonnerre. Le relais polarisé étant attiré, un nouveau 
circuit de la pile (P,) de 72 éléments est fermé, et son cou- 
rant suit le chemin suivant : P,, pendule de coïncidence 
de l’hôtel-de-ville, relais polarisé (3,1), permutateur d’ap- 
pareil (4, b,, €,, 2), paratonnerre (lame 2), ligne des Ponts. 

Les courants ordinaires arrivant par la ligne fédérale de la 
Chaux-de-Fonds, passent par le paratonnerre (lame 3) dans 
le permutateur du bureau, le relais (4,5), M (2,1), et de là par 
le permutateur d'appareil (1, €, b, 3) dans le relais polarisé 
(2, 1), permutateur d'appareil (4, b,, e,, 2) au paratonnérre 
(lame 2) et dans la ligne des Ponts. — Si on exclut le relais 
polarisé, en tournant en haut la manivelle du permutateur 
d'appareil, le courant venant des appareils du bureau, par- 
court ce permutateur par (1, €, a, a,, €,, 2) et gagne ainsi di- 
rectement la ligne des Ponts. 

Service privé. La pendule de coïncidence, en déréislh 


ferme un contact (dessiné sous forme du menait M), 
et établit ainsi le courant de la pile P, de la manière suivante: 


(‘) On a omis de dessiner dans les schémas de Neuchâtel et de la Chaux- 
de-Fonds les paratonerres, qui s'y trouvent disposés comme dans les autres 
stations. 


LEE 


— 379 — 


Plaque de terre de l'hôtel-de-ville, M, (1,3), pendules de coïn- 
cidence privées, P,, terre. 


Les Poxrs. 


Le signal suit le chemin suivant: Ligne du Locle, paraton- 
nerre, R (4,5), M (2,1), permutateur d'appareil (1, €, b, 3), re- 
lais polarisé (5, 4, 1, 3), pendule de coïncidence, permuta- 
teur d'appareil (4, b,, €,, 2), paratonnerre, ligne de Fleurier. 

Les courants ordinaires suivent le même chemin jusqu’au 
relais polarisé, qu'ils parcourent sans l’attirer, donc par les 
points (5, 4, 1, 2), et de là au permutateur d'appareil (4, b,, 
C4, 2), paratonnerre, ligne. Si, en plaçant en haut la mani- 

velle du permutateur, on exclut le relais polarisé, le courant 
va directement par le permutateur (1, €, a, a,, ©,, 2) dans le 
paratonnerre et la ligne de Fleurier. 


FLEURIER. 


Le signal arrivant des Ponts, parcourt d’abord les appareils 
du bureau (R, M, etc.) et va ensuite par le permutateur d’ap- 
pareil (1, e, b, 3) au relais polarisé (5, 4, 3, 1), à la pendule 
de coïncidence et dans la terre. 

Les courants ordinaires suivent le même chemin jusqu’au 
relais polarisé, qu’ils’ n’attirent pas et qu'ils parcourent par 
les points (5, 4) pour passer par le permutateur d'appareil (4, 
b,, C4, 2) dans le paratonnerre et dans la ligne d'Yverdon. Si 
on exclut le relais polarisé, le courant va directement par le 
permutateur d'appareil (Î, €, a, a,, ©,, 2) au paratonnerre et 
à la ligne. 


EX GI Fo 


REMARQUES SUR L'OBSERVATION 


de la TEMPÉRATURE et de l'HUMIDITÉ de L'AIR 


au moyen du psychromèétre, 
par le D' Ad. HIRSCH, 


(Voir Bulletin, p. 310.) 


Il y a quelques semaines, j'ai reçu de la part de la com- 
mission météorologique suisse deux thermomètres de Creissler, 
N° 32a et 32b, que j'ai installés tout-à-fait conformément aux 
prescriptions établies pour toutes les stations suisses, dont no- 
tre observatoire forme une. Les deux thermomètres sont donc 
librement suspendus à l’intérieur d’une cage en tôle fermée 
de toute part sauf en bas, et cependant de telle manière que 
l'air puisse circuler. Cette cage est à son tour enfermée dans une 
autre plus grande, en bois, fermée en haut et vers le sud , 
munie de jalousies à l’est et à l’ouest, et ouverte vers le nord. 
Il semble qu'avec de telles précautions toute trace de l’influen- 
ce directe de la chaleur rayonnante du soleildevrait se trouver 
écartée, et que d’un autre côté il n’y ait pas à craindre que les 
thermomètres trop enfermés n’indiquassent plus la tempéra- 
ture de l'air libre. Et cependant, malgré toutes ces précau- 
tions, j'ai trouvé une variation assez notable dans la diffé- 
rence des deux instruments selon les heures du jour, à me- 
sure que le soleil se trouvait le matin à gauche ou le soir à 
droite des thermomètres. Cette variation est même très-consi- 
dérable et atteint jusqu'à 1°,5 pour des thermomètres installés 
dans la cage extérieure en bois, quoique là aussi aucun rayon 
direet du soleil ne puisse les atteindre, et qu’ils ne touchent 
nulle part aux parois de la cage. 


+ 


Re ee 


— 381 — 


Après m'être aperçu de l'influence sensible que le change- 
ment de position de quelques pouces à gauche ou à droite 
avait sur l'indication des thermomètres selon les différentes 
heures, j'ai conçu des doutes sur l'exactitude du procédé, par 
lequel on applique telle quelle la différence des deux thermo- 
mètres, sec et humide, au calcul de l'humidité de l'air. J’ai 
donc observé les deux thermomètres dans leur position défi- 
nitive, et je me suis convaincu qu'ils étaient d'accord pendant 
toutes les heures du jour, après avoir constaté auparavant par 
une expérience dans la glace, que leurs points zéro ont à un 
centième de degré près la même correction — 0°,03. Ensuite, 
j'ai entouré la boule de l'un des thermomètres d’un morceau 
de mousseline, sans cependant mouiller cette dernière. Voilà 
que par la seule présence de la mousseline sèche, l'égalité des 
indications cessait, et les deux thermomètres montraient des 
différences notables, allant jusqu'à 0°,6. Ei chose remarqua- 
ble, le thermomètre entouré de mousseline, était presque tou- 
jours plus haut que l’autre; de sorte qu'on ne pouvait pas 
songer à expliquer les différences par l'effet hygroscopique 
de la mousseline, qui se serait imbibée de l'humidité de l'air; 
ear alors le thermomètre sur lequel cette humidité se serait 
évaporée, aurait dû être plus bas que l’autre, contraireñent 
à l'observation. D'ailleurs, les observations ont été faites . 
en partie avec le vent d'est et un ciel parfaitement clair. Il 
est possible que malgré la double cage, le rayonnement soit 
entré pour quelque chose dans les différences remarquées; 
car aux heures de la journée où tous les corps solides sont 
à une température plus élevée que l’air, la boule entourée 
de mousseline doit absorber plus de rayons calorifiques que 
la surface réfléchissante de [a boule non enveloppée. Je 
fis done deux séries d'observations, l’une de 8 jours, en 
laissant la petite porte de la cage intérieure ouverte, de sorte 
que les thermomètres étaient exposés au rayonnement des 
objets voisins, du côté du nord: et une autre série de 9 jour 
avec la porte fermée. J’ai trouvé en moyenne de 12 heures 
(de 7 h. m. à 7h. s.) pour la première série (porte ouverte) 
différence des thermomètres — 0°,11; pour la seconde série 
(porte fermée), différence des thermomètres—0°.,09, Done la 


— 382 — 


différence est en effet un peu plus forte dans le premier cas et 
cela dans le sens indiqué (1). Cependant, non-seulement on ne 
peut expliquer par le rayonnement que la 5*° partie de l'effet 
total, mais encore les variations de la différence de thermo- 
mètres selon les heures de la journée sont un peu plus for- 
tes, lorsque la cage est entièrement fermée que lorsque la 
porte est ouverte. Cette circonstance et la remarque que je 
fis que les différences étaient moins grandes et disparaissaient 
même quelquefois lorsque le vent était très fort, tandis 
qu'avec un air parfaitement calme, j'avais, au contraire, ob- 
servé les plus grandes différences, me firent supposer qu'une 
partie du phénomène pourrait s’expliquer par un effet de la 
mousseline, analogue à celui de nos vêtements, c’est-à-dire en 
maintenant une couche d'air autour de la boule, qui, étant 
mauvais conducteur, empêcherait le calorique de la boule 
enveloppée de s'échapper aussi vite que de la boule libre. 
Le fait que les plus fortes différences ont lieu ordinairement, 
quoique pas toujours, dans l'après-midi, par conséquent lors- 
que le mouvement thermométrique est dans sa phase descen- 
dante, et que dans les premières heures du matin j'ai trouvé 
souvent une différence négative, c.-à-d, que le thermomètre 
enveloppé était plus bas que l’autre, vient à l'appui de cette hy- 
pothèse. Il y avait lieu cependant d'en appeler à l'expérience. 
À cet effet; je fis agiter pendant quelques minutes avant l’ob- 
servation l’air devant la cage au moyen d’une plaque de tôle, 
de sorte que l'air à l’intérieur était renouvelé et remplacé par 
celui du dehors. Mais l'effet fut moindre que je ne l'avais cru; 
car malgré cette précaution, j'ai remarqué, surtout après-midi, 
des différences qui sont allées à 0°,5, 0°,6 et même à 0°,7 à 1 h,; 
tandis que dans la matinée les différences étaient faibles ou 
même négatives. Mais quoique pratiquement l'expérience 
m'ait convaincu que l’éventation artificielle de la cage avant 
l'observation ne sert pas à grand’chose, à moins de la con- 
tinuer pendant à peu près dix minutes, ce qui est fort incom- 
mode pour l'observateur, il n’en est pas moins vrai que théori- 


(:) de suis arrivé à la même conclusion, en substituant de la mousseline 
noire à la blanche ; car, sans que rien ne soit modifié ainsi dans la marche 
du phénomène, il est tant soit peu plus fort, surtout avec un ciel clair. 


à 
Ds né ac à 


— 383 — 


quement ce résultat n'infirme pas l'explication qui me semble 
au moins rendre compte en partie de l'effet observé. J'avoue 
cependant que je n'ai pas encore une opinion parfaitement 
arrêtée sur les causes physiques probablement multiples de 
ces différences, produites par la simple présence d’un mor- 
ceau de mousseline sèche. Mais, quelle qu'en soit la cause, 
l'effet est constaté, et il me semble qu'il faut en tenir compte 
dans le calcul de l'humidité. D’après mes observations horai- 
res de trois semaines, il faudrait corriger la différence des 
deux thermomètres, en y ajoutant en moyenne 0°,1; ce qui 
produit jusqu’à 0,2 grammes d’eau pour le mètre cube d'air, 
quantité qui n’est nullement à négliger. Je me propose de dé- 
terminer cette correction avec plus de soin encore, en faisant 
des séries d'observations plus longues aux heures mêmes des 
observations météorologiques, 7 h., 1 h., 9 h. 

J'ajoute encore que M.Sire a fait sur ma demande, à Chau- 
mont, des observations analogues, qui ont conduit au même 
résultat, e.-à-d. que le thermomètre entouré de mousseline 
sèche, était ordinairement plus haut que l’autre, en moyenne 
de 0°,2, mais quelquefois aussi de 0°,4. 

J'ai dit au commencement que j'avais trouvé aussi des 
différences très fortes entre les indications du thermomètre 
normal (Fastré) de l'observatoire, et le thermomètre Geissler 
placé dans la cage intérieure. Cés différences qui sont en 
moyenne de 0°,6, dont le thermomètre dans la cage extérieure 
est plus haut que celui dans la cage métallique, (il va sans 
dire qu'on a tenu compte des corrections des deux instru- 
ments), ces différences peuvent aller jusqu'à 2° et dans des 
cas exceptionnels même jusqu'à 3; elles surviennent tou- 
jours dans les heures les plus chaudes du jour, avec un ciel 
clair et l’air calme. En général, on remarque de suite qu’elles 
dépendent de l'heure, qu'elles sont les plus fortes autour de 
midi et les plus faibles le matin et le soir. En outre, je me 
suis convaincu que la position orientale ou occidentale du 
thermomètre extérieur a une influence marquée; car j'ai placé 
le thermomètre Fastré à gauche (est), à droite (à l’ouest) et 
au fond (au sud) de la cage extérieure en bois, et j'ai obtenu 
les résultats suivants qui, moyennes de 20 jours, représentent 


— 384 — 


les différences de l'indication du thermomètre (Fastré) placé 
quelque part dans la cage extérieure, moins l'indication du 
thermomètre Geissler placé dans la cage intérieure. 


| À 
| FASTRÉ | FASTRÉ | FASTRÉ | Différence | Moyenne 
HEURE. DAUL OEST 
l'Est. | l'Ouest. 


0 (o) 


0,04 


0,45 0,04 
| 
| 


| 


HSE THE & + E # 


HOH OH OH + + + + + 


+ 0,47 


En examinant ces chiffres, on voit d’abord que le thermo- 
mètre dans la cage extérieure, où qu’il y soit placé, est tou- 
jours plus élevé, à de rares exceptions près; ensuite que le 
maximum de cette différence paraît arriver à 10 h. du matin 
et à 3 heures de l'après-midi: enfin que dans la matinée jus- 
qu'à 1 heure le thermomètre placé à l’est est plus haut, et 
qu’à partir de 2 heures c’est la position occidentale qui pro- 


se 


— 389 — 


duit la plus grande différence en plus. — Cette circonstance, 
ainsi que l'observation que les différences sont ordinairement 
plus fortes avee un temps clair et calme, font supposer qu’elles 
proviennent essentiellement de l'échauffement que subissent 
d’abord les parois en bois de la cage et ensuite l'air qui les 
entoure immédiatement, et qui n’est pas suffisamment renou- 
vellé. La précaution qu'on prend d’éventer la cage quelques 
minutes avant l'observation, produit bien un abaissement de 
quelques dixièmes de degré, mais elle n’est pas moindre 
pour le thermomètre dans la cage intérieure que pour l’au- 
tre, de sorte que la différence des deux indications n'est 
point diminuée. 

C’est donc surtout par rayonnement que les parois en bois 
de la cage qui, malgré leur épaisseur d’un pouce et demi, finis- 
sent par être pénétrées des rayons calorifiques, influencent le 
thermomètre. Et cependant le tube est fixé sur une large pla- 
que de verre, qui ne touche nulle part les parois de la cage, 
dont il est éloigné au moins de 1,5 pouces. — Il est probable 
que le thermomètre intérieur dique plus exacteinmeut la tem- 
pérature de l'air ambiant que l’autre, mais ne subit-il pas aussi 
des influences sensibles de la part de la double enveloppe? Je 
me propose de faire des expériences pour voir jusqu'à quel 
point ce thermomètre s’accordera avec un autre librement sus- 
pendu, qui quoique bien garanti contre toute insolation directe, 
sera assez éloigné des surfaces qui le protègent contre les 
rayons du soleil, pour n’en pas subir l'influence par rayon- 
nement, et pour que l'air puisse cireuler avec toute liberté. 

En tout cas, les faits que je viens de constater, me semblent 
indiquer que la notion générale de la température moyenne 
d’un endroit est bien vague, et qu'on ne peut pas prétendre 
déterminer la température moyenne aux dixièmes de de- 
gré près. Ces variations prouvent en outre que. si l’on veut 
comparer entre elles les observations thermométriques de 
différents endroits, il faut prendre les plus grands soins pour 
installer partout les thermomètres d'une manière tout à fait 
identique. On fausserait la science plutôt que de l’avancer, 
si l’on se contentait sous ce rapport d'un à peu près. J’en- 
visage donc aujourd'hui plus encore qu'auparavant, que les 


— 386 — 


indications des thermomètres installés devant les fenêtres, 
près des murs, surtout s'ils ne sont pas enfermés dans une 
cage, ne peuvent pas être comparées avec celles des autres 
stations, où les thermomètres se trouvent loin des bâtiments 
et renfermés dans deux cages. 

Je poursuivrai ces recherches et je me permettrai d'y re- 
venir encore une fois dans notre société, comme aussi je ne 
manquerai pas d'en rendre compte à la commission météoro- 
logique suisse. 


RAPPORT 


sur un mémoire de M. H. Grandjean, du Loele 


concernant 


LES CHRONOMÈTRES DE MARINE 


de sa fabrication. 


Par le Dr Ad. HIRSCH. 


(Voir Bulletin, page 309). 


D 0-0 
Monsieur le Président. 


M. H. Grandjean, du Locle, que j'ai déjà eu plusieurs fois 
l'occasion de vous citer comme un des premiers artistes de 
notre pays, et comme le plus actif à introduire chez nous la 
fabrication des chronomètres de marine, m'a envoyé, il y a 
quelque temps, un petit mémoire sur sa fabrication de montres 
marines, en me priant de vous en donner connaissance. 

Je le fais avec d'autant plus de plaisir, que j'avais l’inten- 
tion de compléter mes précédentes communications sur les 
chronomètres de la maison Grandjean, qui ont servi à dé- 
terminer la différence de longitude entre notre observatoire 
et ceux de Genève, de Berne et de Greenwich, en vous sou- 
mettant les résultats obtenus par un assez bon nombre de 
chronomètres de marine, que M. Grandjean nous a envoyés en 
observation. Ces résultats, comme on va le voir, sont de na- 
ture à encourager M. Grandjean à persévérer dans ses loua- 
bles efforts. La circonstance d’ailleurs que tous nos artistes 
neuchâtelois qui ont exposé l’année dernière à Londres des 
chronomètres de marine, ont été récompensés soit par une 
médaille, soit par une mention honorable, peut être envisa- 
gée comme une preuve évidente que nos horlogers sont en 
mesure de rivaliser avec les artistes anglais ou français pour 
la qualité de ces machines de précision, et que par consé- 
quent il est à espérer que cette nouvelle branche, la plus 


— 388 — 


noble de l’industrie horlogère, prendra définitivement racine 
dans notre pays et s’y développera de plus en plus. 

M. Grandjean a fait son premier chronomètre de marine 
en 1830, après son retour du Brésil et en commun avec 
feu son père; dans ce temps, l'horlogerie de précision était 
encore très peu développée en Suisse, et il n’était que naturel 
et prudent, que MM. Grandjean suivissent d’abord les prinei- 
pes de la fabrication anglaise, tout en faisant quelques chan- 
cements dans certaines parties; entre autres, M. Grandjean 
nous apprend, que déjà alors il mit deux ressorts dans le mê- 
me barillet, dans le but d'obtenir un meilleur réglage et une 
force excédante, comme aussi un égalissage plus facile que 
cela n’est possible avec un ressort très haut et très fort. M. 
Grandjean nie qu’il soit jamais entré dans son idée — com- 
me il paraît qu'on le prétend — qu'en cas de casse de l’un 
des ressorts, la marche aurait dû se maintenir dans les mêmes 
conditions qu'avec les deux ressorts. Il n’a renoncé à mettre 
deux ressorts, que pour simplifier la construction et par rai- 
son d'économie, «car, dit-il, les prix réduits auxquels la fabri- 
cation de ces instruments est descendue en Angleterre, oblige 
à simplifier autant que possible la construction et à supprimer 
tout ce qui n’est pas reconnu strictement nécessaire et indis- 
pensable pour obtenir le réglage exigé par les bureaux des 
marines anglaise et française.» Par le même motif, M. Grand- 
jean a supprimé la calotte, quoiqu'il en reconmaisse l’utilité, 
ne serait-ce que pour préserver davantage le mouvement de. 
la poussière et du contact plus immédiat de l'humidité, 

Une autre innovation que M. Grandjean à déjà tentée dans 
son chronomètre N° 1, c’est un nouveau système de balancier 
compensateur:; «car à cette époque, dit-il, l’art était encore 
dans l'enfance, tant pour le tournage que pour le soudage et 
la fonte. » Il mit donc un balancier en laiton non coupé, avec 
des lames bimétalliques, posées à l’intérieur, et faisant agir 
des masses, qui rentraient et sortaient selon la température. 

« Après bien des essais et des expériences, ajoute M. Grand- 
jean, nous expédiâmes notre premier chronomètre au Brésil 
à notre maison de Rio-Janeiro. Les moyens de transport par 
roulage, alors très longs et très difficiles pour de semblables 


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pièces, furent cause qu'il subit à deux reprises de fortes ava- 
ries; après avoir été réparé , il arriva enfin sans avarie à 
Rio Janeiro; de là il fut, en 1832, transporté marchant par 
mon frère, M. Gustave Grandjean, à Lima, sur un navire fran- 
çais qui doublait le cap Horn: au Pérou, il fut vendu à un ea- 
pitaine qui faisait les voyages de la côte de la Californie, et 
pendant nombre d'années nous n’en eûmes plus de nouvelles. 
En 1861, lors de mon voyage au Pérou et au Chili, je le re- 
trouvai, mais en fort mauvais état, comme il arrive, du reste, 
assez généralement à ce genre de pièces qui, lorsqu'elles tom- 
bent entre les mains de mauvais rhabilleurs, sont maltraitées 
et gâtées. » M. Grandjean l'a rapporté, ainsi que plusieurs au- 
tres chronomètres anglais et français qui se trouvaient dans 
le même état, pour les réparer; ainsi remis à neuf, ces chro- 
nomètres ont donné un très beau résultat, comme vous pou- 
vez vous en convaincre par le tableau, que j'ai extrait des 
registres de l’observatoire. 

Le chronomètre N° 1, que je mets sous vos yeux, et qui se 
trouve actuellement en observation chez nous, est de la plus 
grande dimension des chronomètres anglais; car il a 58 lignes. 
M. Grandjean a fait d’autres montres marines d’un calibre 
beaucoup plus petit, jusqu’à 26 lignes, mais le. calibre qu'il a 
adopté de préférence depuis la dernière exposition de Lon- 
dres, a 36 lignes de cadran, deux platines et marche 56 heu- 
res.— Par ces expériences, M. Grandjean semble avoir prouvé, 
que la dimension n’est pas un des éléments principaux dans 
la construction de ces machines, puisque son plus petit calibre 
(N° 6), à permis un réglage aussi parfait que les grands. 

M. Grandjean à expérimenté aussi les deux systèmes de 
balanciers compensés à vis et à masses, il a obtenu un beau 
résultat avec les deux, pourvu qu'ils soient construits dans de 
bonnes conditions et bien réglés dans les températures extrè- 
mes, ce qui est en effet un point vital dans la chronométrie. 
La maison de M. Grandjean a réussi remarquablement bien 
sous €e rapport, comme vous pourrez vous en convainere par 
les chiffres du tableau; ainsi le N° 4 (petite dimension et à 
masses) n’a montré que 0°,03 de retard pour 1° centigrade de 
rehaussement de température; et Je N° 2 0°,06 pour 1°; le 


— 390 — 


N° 86 (un de ceux qui ont servi à la détermination de longi- 
tude entre Greenwich et Neuchâtel, et qui a obtenu une ré- 
compense à l'exposition) n’a montré que 0°,02 de retard par 
1°; enfin le N° 6 de M. Grandjean, ainsi que le N° 660 de 
Frodsham, qu’il a rhabillé, ont une compensation parfaite, 
puisqu'ils ne montrent aucune variation sensible à l’étuve. 

« Nous avons fait également, dit M. Grandjean, l'essai des 
deux systèmes d'échappement à ressort et à bascule avec res- 
sort droit; et maloré tout ce qui a été dit et éerit pour et con- 
tre, nous ne pouvons pas nous prononcer d’une manière ab- 
solue ; nous avons obtenu un résultat à peu près égal avec les 
deux échappements. Cependant, le chronomètre qui a eu la 
marche la plus serrée et la plus suivie, même avec des dépla- 
cements et des voyages, c’est le N° 6, qui à 26 lignes, échap- 
pement à ressort, et avec deux ressorts dans le même barillet. 
Nous comprenons, ajoute-t-il avec réserve, que ce n’est pas par 
une seule pièce, qu’on peut établir que tel système est préfé- 
rable à tel autre. » 

M. Grandjean déclare aussi qu'il n’a pas remarqué une dif- 
férence tranchée, quant au réglage, entre les spiraux sphéri- 
ques et circulaires (soit à Boudin); mais il attribue une grande 
importance au perfectionnement de l'isochronisme, qui résulte 
de la nouvelle forme des spiraux indiquée par la théorie de 
l'habile ingénieur, M. Philipps. 

M. Grandjean constate que les essais que l’on a faits avec 
les spiraux en or ou en aluminium, ont démontré que ces mé- 
taux ne peuvent pas servir à la fabrication de ces organes 
délicats. Par contre, il croit que le nickel bien allié et bien 
préparé pourrait être utilisé avec succès; il en a parlé à un 
artiste distingué, M. Lutz, de Genève, fabricant des meilleurs 
spiraux, et il espère pouvoir bientôt faire des expériences 
avec des spiraux de cette espèce. Enfin M. Grandjean a es- 
sayé dans ses chronomètres si, en couvrant les réservoirs 
pour l’huile, celle-ei ne se conserverait pas mieux et plus 
longtemps; ce serait en effet une amélioration considérable, 
car la détérioration des huiles est certes une des causes prin- 
cipales des variations lentes soit d'avance , soit de retard, 
qu'on remarque avec le temps dans la plupart des chronomè- 
tres. 


— 391 — 


Vous vous convaincrez, messieurs, par ce résumé , que les 
succès que notre compatriote a obtenus dans la chronométrie, 
sont dus autant au raisonnement et aux connaissances théori- 
ques de M. Grandjean qu'à sa main habile et à celle de son 
neveu et associé, M. Aug. Rossel. 

Lorsqu'on a construit une douzaine de chronomètres, dont 
la variation moyenne d’un jour à l’autre reste au-dessous d’un 
tiers de seconde et dont la plus grande variation diurne ne 
dépasse presque jamais une seconde, on est légal des grands 
maîtres de l’art et on peut espérer avec raison de voir ses 
efforts couronnés de succès. Si un jour la Suisse voit ses 
chronomètres de marine flotter sur toutes les mers, comme 
ses montres de poche sont répandues sur tous les continents, 
on devra en savoir gré en grande partie aux efforts intelli- 
gents et courageux de M. H. Grandjean, du Locle. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. YI. 26 


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SUR 


LES TERRAINS SECONDAIRES 


DU VERSANT MÉRIDIONAL DES ALPES 


SPÉCIALEMENT DE LA LOMBARDIE. 
(Avec une coupe). 


(Voir Bulletin , page 326.) 
—<0S— 


Le géologue suisse qui, après avoir étudié les terrains du Jura 
et effleuré ceux du versant septentrional des Alpes, traverse la 
chaîne pour y essayer ses méthodes ou identifier ses horizons, 
doit s'attendre à quelques mécomptes, à eause de la grande diffé- 
rence qui existe dans la composition des terrains. | 

Deux choses le frapperont surtout, savoir une plus grande ré- 
gularité stratigraphique, et d’autre part un aspect tout différent 
des dépôts appartenant aux mêmes époques. Quand on est habi- 
tué aux formes irrégulières et bouleversées des Alpes calcaires, 
avec leurs couches renversées et bizarrement contournées, on est 
tout surpris de voir en Lombardie les formations se succéder dans 
un ordre régulier, si bien que l’on peut dans une certaine mesure 
juger de la composition géologique des massifs calcaires par leurs 
contours et leurs formes extérieures. L’orographie est ici, comn- 
me dans le Jura, l’expression de la géologie. Certains bancs ou 
massifs donnent lieu à des corniches saillantes qui rappellent nos 
crêts, d’autres, au contraire, correspondent à des dépressions qui 
sont de vérilables combes. 

Les environs de Varèse sont particulièrement interéssants sous 
ce rapport. En traçant une ligne depuis la rive méridionale du 
lac Varèse jusqu'a sommet des montagnes qui l’encadrent au 
nord, on rencontre les affleurements suivants (voir la coupe) : 


= Un bourrelet de calcaire blanc assez compacte, en foime de ride 
ou petite voûte, formant la limite du petit lac (Laghetto) au sud. 
Ce même calcaire reparait dans l’isthme qui sépare le lac Varèse 
du Laghetto; il passe par dessous ce dernier, en formant un 
véritable mait; le Laghetto est par conséquent un lac de vallon. 

L’isthme lui-même est un crêt des mieux caractérisé , avec 
une rampe uniforme vers le Laghetto, et un abrupt en escalier du 
côté du lac Varèse. Le sommet du crêt est composé de caleaire 
blanc et dur au-dessous duquel viennent affleurer des banes de 
calcaire marneux tout pétris de fucoïdes d’une rare conservation 
et du grès que M. Stoppani croit pouvoir envisager comme l’é- 
quivalent du grès à grands inocérames de la Brianza (1). Nous 
aurions par conséquent ici le représentant des étages supérieurs 
de la formation crétacée, et les nombreuses et belles ammonites 
que M. Quaglia a recueillies dans les calcaires blancs du sommet 
de l’isthine, à Bardello, sont de nature à confirmer cette impres- 
sion. Espérons que M. Stoppani ne tardera pas à nous faire con- 
naître ces intéressants fossiles. Jusqu'ici, fn ne possède que très 
peu d’espèces des terrains crétacés supérieurs de la Lombardie. 
Il sera curieux de les comparer avec les fossiles de la scaglia du 
Véronais. 

La rive septentrionale du lac de Varèse, à son extrémité occi- 
dentale , est composée de calcaires, mais ce n’est plus celui de 
l’isthme de Bardello ; c’est la majolica, c’est-à-dire un calcaire à 


* pâte très-fine et homogène, en bancs très réguliers plongeant 


vers Je lac et s’enfonçant sous les ammonites et les calcaires à 
fucoïdes de l’autre rive. Le lac lui-même est par conséquent en 
ce point un lac de combe (?). 

Les bancs de majolica sont en retrait sur un massif calcaire 
rouge plus résistant, le calcaire à Aptychus, qui donne lieu à 
une arête hien déterminée, un véritable crêt. 

Au pied de ce crêt, on voit affleurer une roche bien connue 
en Italie, le calcaire rouge ammonitique /ammonitico rosso). 
Comme il est moins résistant que le calcaire à Aptychus, il donne 


(*) Voir les recherches de MM. Villa frères sur ces grès. 


(2) Ailleurs, dans son prolongement oriental, le lac de Varèse se trouve 
compris en grande partie dans les terrains erratiques. 


— 396 — 


ici lieu à une combe assez marquée. Aïlleurs, la roche en ques- 
lion est plus dure; la combe alors disparait ouest même remplacée 
par des reliefs. 

Derrière la combe à Aptychus surgit un puissant massif qui 
s’élève à une grande hauteur et domine le pays au loin. Il est 
composé, d’après M. Sloppani, de trois groupes différents qui 
sont de haut en bas: le Saltrio, la Dolomie et linfra Has; celui-ci 
va s'appuyer, à son tour, contre les porphyres du lac de Lugano, 
formant en quelque sorte la première circonvallation de ce noyau 
cristallin. 

La vue de ces traits réguliers de Forographie ne laisse pas que 
d’avoir quelque chose de rassurant pour le géologue. Les Alpes 
sont ici dans des conditions normales, dont il est bon de tenir 
compte, car en limitant ses études au versant nord des Alpes, on 
pourrait quelquefois être tenté de croire que les reliefs alpins ne 
sont pas régis par les mêmes lois que les autres chaînes de mon- 
tagnes, tant les traits fondamentaux de l’orographie y sont bou- 
leversés et altérés. 

En réalité, le contraste entre les deux versants est plus consi- 
dérable au point de vue géologique que sous le rapport orogra- 
phique. De tous les terrains qui composent la zone des formations 
sédimentaires sur les bords des lacs lombards, il n’en est aucun 
qui rappelle nos types suisses ou francais, à part peut-être les 
conglomérats de Côme qui sont sans doute l’équivalent de notre 
nagelflue. Les types les plus extraordinaires sont le salério!, es- 
pèce de poudingue calcaire d’un blanc éclatant avec des taches 
foncées provenant de petits cailloux de porphyre, de diorite, de 
oranite qu’il empâte. C’est une fort belle roche qu’on transporte 
en gros blocs à Milan, où on l'utilise pour des ornements d’archi- 
tecture. Les carrières du village de Saltrio sontremarquables par 
leur étendue. Nul ne se douterait que c’est là l’équivalent de no- 
tre calcaire à Gryphées. 

Le calcaire rouge ammonitique qui recouvre immédiatement 
le Saltrio, est plus connu, bien que non moins caractéristique. 
L'on est à peu près d'accord pour le paralléliser avec le Lias su- 
périeur. Cest une roche en général assez friable, mais qui néan- 
moins se trahit, en nombre d’endroits, par les falaises rouges 
auxquelles elle donne lieu. | 


— 397 — 


Ce qui est plus sigmticatif, c’est l’absence de toute limite 
entre ce dépôt et le calcaire à Aptychus que l’on est convenu de 
rapporter à loxfordien et qui le recouvre immédiatement sur 
nombre de points , entre autres à Induno, sur la route de Côme 
à Varèse. La couleur et la structure de la roche, ainsi que la di- 
rection des couches sont les mêmes; mais les fossiles sont diffe- 
rents. Ce sont essentiellement des Aptychus. Nous en avons re- 
cueilli un grand nombre à Clivio sur les bords de la route ; l’es- 
pèce la plus abondante est lApéychus lamellosus. Leur nombre 
comparé à la rareté des Ammonites suffit pour prouver que ce ne 
sont pas de simples opercules de céphalopodes. 

Nous avons constaté la même absence de limite entre le cal- 
caire rouge à Aptychus et la majolica. La structure homogène 
de cette roche, qui lui a valu son nom (roche de porcelaine), ne 
se maintient pas dans toute l'épaisseur de la couche. A mesure 
que l’on approche de la base, les bancs changent d’aspect et pren- 
nent même la teinte rouge, rose ou bariolée des calcaires sous-ja- 
cents (à Clivio, Gavirate), tout en conservant leurs fossiles carac- 
téristiques qui sont encore ici des Aptychus, mais d’une autre 
espèce et beaucoup plus petits {Aptychus . . . }. Ce fossile, 
complètement étranger à nos terrains, se retrouve sur d’autres 
points des Alpes associé à des Ammonites et Belemnites néoco- 
miennes, et c’est sur la foi de cette association que l’on a paral- 
lélisé la majolica de la Lombardie avec notre étage néocomien. 

Les calcaires à fucoïdes qui reposent sur la majolica, ne sont 
pas moins particuliers et sans aucune analogie avec nos terrains. 
On pourrait être tenté d'y voir du flysch , s'ils n'étaient recou- 
verts par un étage de calcaire rempli d’ammonites (le calcaire de 
Bardello). On peut en dire autant des grès qui sont associés aux 
bancs à fucoïdes. 

Ce contraste si général entre les formations secondaires des deux 
versants, n’est pas sans importance au point de vue de l’histoire 
du sol alpin. Il y aurait quelque intérêt à s’enquérir de époque 
à laquelle les deux régions ont commencé à se différencier. D’a- 
près M. Stoppani, le contraste n’existe pas encore pour les ter- 
rains infraliasiques qui renferment les mêmes espèces et ont les 
mêmes caractères généraux sur les deux versants. En revanche, 
il est manifeste dès le lias, puisque rien n’est plus différent que 


— 398 — 


le poudingue de Saltrio et notre Lias inférieur. Ce serait, par 
conséquent, entre l’époque infraliasique et l’époque “Es que 
la différence aurait commencé. Une barrière quelconque serait 
alors venue s’interposer entre les eaux et en les divisant en deux 
bassins, aurait modifié leurs dépôts et imprimé un cachet différent 
à leur faune, Cette barrière paraît s’être maintenue pendant toute 
la période j jurassique et crétacée. 

Ce qui distingue les dépôts jurassiques et crétacés du versant 
sud des Alpes, c’est leur grande uniformité. Depuis le Saltrio 
jusqu’au calcaire à fucoïdes de Bardello (qui recouvre la majolica) 
nous n'avons en Lombardie que des dépôts homogènés, des calcai- 
res à pâte fine à peine différenciés par leur teinte. Sur le versant 
nord des Alpes, tout est bien plus varié; des dépôts homogènes 
alternent avec d’autres plus accidentés et cette variété permet de 
constater des changements divers dans les conditions générales 
des mers. 

L'homogénéité de structure des formations lombardes est d’au- 
tant plus remarquable qu’elle coïncide avec des lacunes impor- 
tantes dans la succession des étages. Nous avons vu qu’on passe 
insensiblement du calcaire ammonilique au calcaire rouge à Ap- 
tychus, en d’autres termes, du lias à l’oxfordien. Par conséquent, 
les étages de l’oolite inférieure, de la grande oolite et du Kello- 
Way font complètement défaut. D'autre part, nous avons vu la 
majolica succéder immédiatement au calcaire rouge à Aptychus 
(le néocomien à l’oxfordien), d’où il résulte que toute la forma- 
tion jurassique supérieure (Corallien, Astartien, Ptérocérien, 
Virgulien) fait également défaut. Enfin, la majolica ne résume 
que bien imparfaitement les divers étages de la craie inférieure ; 
à supposer qu’elle soit l'équivalent du néocomien , ou de l’urgo- 
nien et du néocomien réunis, il manquerait toujours le valangien, 
l’aptien et probablement le gault. 

Des études plus suivies nous apprendront sans doute un jour 
pourquoi certains groupes sont communs aux deux versants, tan- 
dis que d’autres font défaut au pied méridional des Alpes. En 
attendant, il n’est peut-être pas hors de propos de faire remar- 
quer dès à présent que les étages qui manquent en Lombardie, 
sont ceux qui ailleurs se font remarquer par leur texture grossière 
et par l’abondance de débris fossiles, spécialement par leurs co- 


Vus 


— 399 — 


raux, témoins la grande oolite et le corallien. Or, comme les 
plages coralligènes indiquent en général des mers agilées, 1] en 
résulterait que la mer qui deb deal les formations secondaires du 
versant nord des Alpes, aurait parcouru des phases diverses et 
successives d’agitation et de calme qui sont indiquées par la suc- 
cession des étages, tandis que sur le versant méridional la mer 
n’aurait déposé, depuis le lias jusqu’au néocomien, que des ro- 
ches homogènes et vaseuses, indices d’une grande uniformité et 
d’un calme relatif non interrompu pendant de longues périodes. 


SUR LES 


NOUVELLES PLANÊTES ET COMÈTES 


7 découvertes en 1862... 


Par le D' Ad HIRSCH. 
(Voir Bulletin, page 271.) 
> (7 Q-0-E—— | 


Je commence mes communications à la Société, comme 
d'habitude, par le rapport sur les découvertes qui dans le 
courant de l’année ont contribué à étendre nos connaissances 
du système solaire. Le nombre de ces découvertes est de sept, 
dont 5 qui ont augmenté le groupe des petites planètes entre 
Mars et Jupiter, et deux comètes. 

Il y à un an, le catalogue des planétoïdes indiquait 71 de 
ces petits astres: la 72%, dont la découverte par M. Safford 
sous des conditions particulières est connue de la Société, a 
reçu le nom de Féronia. Les astronomes américains lui attri- 
buent le nombre 71, parce qu'elle a été observée plus tôt que 
Niobée; mais on la croyait alors identique avee Maja, et en 
s’en tenant au principe presque généralement reconnu, que le 
rang des petites planètes est décidé par la date de l’observa- 
tion qui à fait reconnaître l’astre en question pour une pla- 
nète nouvelle, il faut bien laisser à Féronia son numéro d’or- 
dre 72. 

Le 7 avril, M. Tuttle de Harward College observatory, trou- 
va la 73%° planète, qui à été appellée Clytia; elle n’était, lors 
de sa découverte, que de 13"° orandeur. 

M. Temple, à Marseille, l'habile observateur qui continue 
ses découvertes avec les modestes moyens à sa disposition, à 
trouvé, le 29 août, le 74° astre du groupe, auquel M. de Lit- 
trow a donné le nom de Galatée. L’orbite de cette planète, 
qui était de 11*° grandeur, montre une grande exeentricité à 
côté d’une faible inclinaison sur l’écliptique. 

Deux jours après (le 31 août), M. Luther, de Bilk, près de 
Dusseldorf, qui maintenant a découvert le plus grand nombre 


EN 


de petites planètes, remarqua un astre de 11° grandeur, qui 
montrait un mouvement propre; et eroyant avoir découvert la 
15% planète, il lui donna le nom de Diana; mais des obser- 
vations de quelques jours suffirent pour convaincre M. Luther 
qu’il n'avait que retrouvé Daphné (la 41° du groupe) qui, dé- 
couverte en 1856 par M. Goldschmidt, avait été perdue, par- 
ce que les quelques observations qu’on avait faites sur elle et 
qui ne s'étendaient qu'à quatre jours, ne permirent pas de 
calculer une orbite assez exacte. M. Goldschmidt, qui s'était 
mis à la recherche de sa planète perdue, croyait l'avoir re- 
trouvée en septembre 1557; mais on reconnut plus tard que 
c'était une nouvelle planète qu'on appella Pseudo-Daphné, nom 
qui-fut changé.en celui de Mélété, lorsqu'on l’eut retromvée 
après quatre ans. Enfin Daphné elle-même a été ressaisie par 
M. Luther et est maintenant si bien observée, qu’elle ne pourra 
plus se perdre. 

. Le 22 septembre, M. le prof. Peters, de Hamilton College 
observatory, à Clinton (New-York), découvrit la 75" planète 
du groupe, qui n’a pas encore été baptisée; et enfin M. d'Arrest 
trouva, le 21 octobre, à l'observatoire de Copenhague, la 76° 
qui, l'Olympe des déesses grecques s’épuisant rapidement, a 
reçu le nom de la Vénus du Nord, de Freia. 

Je ne veux pas quitter les découvertes du monde plané- 
taire sans vous rappeler qu'une observation faite au mois de 
mars en Angleterre par M. Lummis, à fait revivre la planète 
intramercurielle qu'on avait entièrement abandonnée. M. 
Lurmmis a vu, dans la matinée du 20 mars, un corps rond 
et noir passer devant le soleil: il affirme avoir remarqué un 
mouvement considérable, mais il n’a pas eu le temps d’atten- 
dre sa sortie du disque solaire. Dépourvu de tout instrument 
de précision, il n’a pu donner qu’un dessin fait d'après vue, 
que M. Hind à alors converti en uombres. D'après ces don- 
nées très-incomplètes et fort peu exactes, on serait conduit 
à admettre pour la planète hypothétique une distance de 0,026, 
une durée de révolution de 1,5 jour et une inclinaison de 
16° sur l'écliptique. Donc, non-seulement ce corps de M. Lum- 
mis aurait un mouvement double de celui qui a dû être conclu 
pour Vulcain des observations de M. Lescarbault, mais enco- 


re est il presque impossible qu'on n'ait pas vu en maintes oc- 
casions une planète se mouvant dans une telle orbite. Je dois 
cependant dire que M. Valz, en changeant légèrement (de 1!) 
mais d’une manière arbitraire, les nombres donnés par M. 
Hind, à réussi à faire concorder passablement les observa- 
tions de Lummis et de Lescarbault. 

A cette occasion, M. de Littrow a annoncé qu'il a trouvé 
dans un journal de Vienne de 1820 une notice, d’après la- 
quelle un abbé Sfeinheibel a vu, le 20 février 1820, un corps 
noir et rond passer en cinq heures devant le soleil. 

La première comète de cette année a été découverte par 
trois astronomes indépendamment, par MM. Schmidt, d’'Athè- 
nes, et Tempel, de Marseille, le 2 juillet, et par M. Bond, à 
Cambridge, le 3 juillet: la priorité appartient à M. Schmidt 
qui a devancé M. Tempel d’une heure et demie. D’ailleurs, la 
comète était visible à l’œil nu, apparaissant comme une étoile 
de 5° grandeur, lors de sa découverte, sans cependant attein- 
dre l'intensité de la nébulosité d’Andromède. Mais cet éclat 
diminuait rapidement, puisque la comète qui s’était approchée 
de la terre, le 4 juillet, jusqu’à 21/, millions de lieues, avait 
un mouvement très rapide et dans la direction contraire à ce- 
lui de la terre: il s’ensuivit qu’elle devint bientôt invisible en 
Europe (déjà le 15 juillet); en Amérique, on a pu la suivre à 
Hamilton College Observatory jusqu’au 30 juillet, de sorte 
que l’are observé de son orbite embrasse 28 jours. La queue 
de cet astre, difficile à reconnaître, n’avait qu’un demi degré 
de longueur; sa lumière était délicate et diaphane au point 
qu'on voyait les faibles étoiles de la voie lactée à travers; 
son diamètre était de 22' le 2 juillet et diminuait rapidement. 
Son orbite ne ressemble à aucune d’une comète connue. 

La découverte de la Il"* comète de 1862 offre un nouvel 
exemple d’un fait qui s’est produit déjà plusieurs fois, une dis- 
pute de priorité entre des observatoires européens ayant été 
terminée par le droit indubitable d’un astronome américain, 
que l’on apprenait par l’arrivée du courrier de l’autre hémis- 
phère. 

La comète fut aperçue la première fois en Europe par MM. 
Pacinotho et Toussaint, de l'observatoire de Florence, le 22 
juillet, et puis le 25 juillet par le Père Rosa, adjoint à l’obser- 


POUR 


vatoire de Rome; comme l’annonce de la découverte des as- 
tronomes florentins, quoiqu'ils l’aient télégraphiée immédia- 
tement à Paris, ne fut publiée dans le bulletin de l’observa- 
toire impérial qu'après six jours, le Père Rosa qui publia la 
sienne sans retard dans un journal de Rome, aurait eu la prio- 
rité d’après le principe généralement reconnu, que c’est la 
première publication qui décide du droit de priorité. Aussi 
le père Secchi fit valoir énergiquement le droit de son adjoint, 
lorsqu'on apprit que cette même comète avait été vue et sa 
découverte publiée par M. Tuttle, à Cambridge, dès le 5 juillet. 

La comète dont l'éclat, lors de sa découverte, était celui 
d’une étoile de sixième grandeur, en s’approchant de la terre 
et du soleil, augmenta considérablement, de sorte qu’elle de- 
vint visible pour l'œil le moins exercé; vers la fin d'août, son 
intensité était comparable à celle d’une étoile de seconde gran- 
deur. En même temps, on remarquait parfaitement sa lumière 
nébuleuse et aussi longtemps que la lune ne gênait pas, la queue 
qui s’étendait sur plusieurs degrés. Cependant elle était loin 
d'offrir l'aspect saisissant de la grande comète de 1861 ou de 
celle de Donati. La comète qui, lors de sa découverte, était près 
du pôle et qui resta assez longtemps circumpolaire, diminua 
alors rapidement de déclinaison, de sorte que déjà au commen- 
cement de septembre (à Athènes on a pu la suivre jusqu’au 12 
septembre) elle disparut pour nos latitudes, tout en restant 
visible pour les observatoires de l'hémisphère austral. Il fau- 
dra attendre ‘les observations faites au Cap, à Madras, ete., 
avant de pouvoir calculer son orbite définitive; cependant les 
observations européennes permettent déjà de lui assigner 
une orbite elliptique, d’après laquelle elle aurait passé le péri- 
hélie le 23 août et accompli sa rotation autour du soleil en 
123,5 ans; le mouvement dans son orbite qui est fortement 
inclinée (de 66°,5) est rétrograde, comme aussi celui de l’au- 
tre comète de cette année. — Cette orbite cométaire s’appro- 
che très près de celle de la terre; car le minimum de la distan- 
ce est seulement 0,00472 ou deux distances lunaires. Mais 
lorsque la comète à passé par ce point de son orbite, la terre 
en était déjà loin, de sorte que les deux astres ont encore 
passé à une distance considérable l’un de l’autre. Cette orbite 
n’est identique avec aucune des comètes connues. 


se: (IN. 2e 


Quoique moins imposant que les grandes comètes des der-- 
nières années, l’astre dont nous parlons a cependant offert un 
grand intérêt par les phénomènes curieux qu'il à montrés 
dans les grandes lunettes, et qui ressemblent d’un côté au 
secteur lumineux qu'on à observé à la comète de Halley, ,et 
de l’autre aux enveloppes qui se sont détachées successive- 
ment de celle de Donati. En effet, la comète de cette année 
a montré, outre sa grande queue ordinaire et dans la direction 
inverse, €.-à-d. tournés vers le soleil, des appendices, des jets 
de lumière, qui ont considérablement varié de forme et de 
position, souvent avec une rapidité extraordinaire. Les diffé- 
rents observateurs ne sont pas d'accord sur la question de sa- 
voir si ces phénomènes eurieux sont dus à un seul et même ap- 
pendice, qui aurait eu un mouvement oscillatoire très-pronon- 
cé, plus fort encore que le secteur lumineux de la comète de 
Halley ; ou bien si c’étaient des jets de lumière différents 
surgissant l’un après l’autre du noyau, toujours dans des direc- 
tions et sous des formes variables. D’après mes observations 
que je n’ai malheureusement pu poursuivre au-delà des pre- 
miers jours de septembre (à cause du temps et de la position 
basse de la comète, qui se noyait dans le crépuscule), j'incline 
pour la première manière de voir; car d’après mes mesures 
je crois reconnaître une oscillation de trois jours environ de 
l’appendice. L'’élongation de ce mouvement de pendule était 
fort considérable, car j'ai trouvé des différences de presque 
120° dans l'angle de position de l’appendice. Mais déjà dans 
les derniers jours d'août, ce mouvement oscillatoire diminua 
beaucoup et les jets de lumière prirent cette forme dédoublée 
et recourbée, qui les rapproche des enveloppes de la comète 
de Donati. J'ajoute cependant que mes observations seules 
ne me paraissent pas suffisantes pour décider la question; 1l 
faudra réunir tous les matériaux que les différents observateurs 
auront pu obtenir, pour former une opinion définitive sur ces 
apparences si délicates et si intéressantes. 

Je me borne pour aujourd’hui à vous soumettre quelques 
dessins caractéristiques, que j'ai esquissés d’après l'apparence 
que la comète offrait dans notre lunette parallactique avec 
des grossissements allant de 50 à 250 (1). 


(*) Voir les tableaux n° FI, FT, IT et IX. 


— 


NOTICE 
JUS 228 2201029 
du lac de Neuchâtel 


(avec une planche) 


PAR LE Dr GUILLAUME. 


(Voir Bulletin, p. 305.) 


Les deux seules espèces d’éponges du lac de Neuchâtel que 
l’on connaisse jusqu’à présent , ont été remarquées pour la pre- 
mière fois par M. Gressly : la première sur un échafaudage calcaire 
d'algues incrustées, que le pêcheur archéologique de M. Desor 
avait retiré du lac à la hauteur de Bevaix, la seconde sur des 
jones près de l'embouchure de la Broie. 

Ces blocs de tuf trouvés à Bevaix étaient connus des pêcheurs 
sous le nom de « Fischrühren. » Ils sont composés d’innombra- 
bles embranchements calcaires qui, tout en se ramifiant latéra- 
lement, ont une tendance à monter. Le sommet est recouvert 
d'algues grisâtres et noirâtres en voie de s’incruster. Ce squelette, 
qui est fragile et qui se laisse surtout diviser par couches verti- 
cales, comme les rayons de miél des abeilles, est ainsi d’origine 
organique. 

C’est sur ces embranchements et dans les cavités formées par 
les ramifications calcaires que M. Gressly remarqua des colonies 
d’éponges, sous la forme de petits corps arrondis de 1}, à !/, centim. 
de diamètre, étendant quelquefois des embranchements sur les 
bords de la cavité où ils sont blottis. Ils montrent à l’œil nu leur 
surface hérissée de spicules. Cette découverte faite dans le com- 
mencement de cette année, fut communiquée à la Société, dont 
les membres ont; par l'examen microscopique, pu se convaincre 
que notre lac possédait bien réellement des éponges. | 

Je recus à cette époque quelques fragments de cette espèce de 


—  A06 — 


tuf, avec des exemplaires de ces éponges, et je les mis dans mon 
aquarium, sans pour le moment en faire le sujet d’études plus 
approfondies. 

Quelque temps après, le pêcheur archéologique trouva la se- 
conde espèce d’éponges du côté de la Broie, à une centaine de 
pas du rivage au milieu des roseaux. Ces éponges, d’une dimen- 
sion colossale comparées à celles de Bevaix, entouraient la base 
des joncs à 4 ou 5 pieds au-dessous du niveau du lac. 

En ayant recu une douzaine d'exemplaires, je constatai qu’elles 
enveloppaient complètement le tuyau du roseau et formaient 
ainsi des fourreaux cylindriques de un pied de hauteur en moyen- 
ne. Quelquefois le tissu de ces éponges s’étend sur deux ou trois 
tuyaux à la fois. L’accroissement des éponges a lieu surtout à la 
partie supérieure, ce qui leur donne généralement la forme de 
massues ; c’est surtout le cas lorsque le tissu spongiaire entoure 
la tige d’un jonc brisé à un pied de sa base, alors l’extrémité du 
jonc est complètement recouverte pour la substance spongiaire. 

La surface de l’éponge présente le même aspect que la peau 
de chagrin çà et là à sa partie supérieure ; surtout on remarque 
de petits lobes spongiaires qui sortent de la masse compacte. La 
masse elle-même est parsemée de petites apertures qui sont le 
commencement de canaux. Elle est d’une couleur brunûtre par- 
tout où les algues vertes qui la recouvrent, ne la masquent pas. 
On distingue sur toute la surface les aigrettes de spicules siliceu- 
ses qui percent même les couches de conferves. Le tissu se laisse 
facilement briser et réduire en petits fragments. Ajoutons que 
l’éponge répand une odeur désagréable de matière organique en 
décomposition, qui rappelle celle de la marée. 

L'aspect extérieur de ces éponges cylindriques présente une 
grande analogie avec certaines espèces de spongiaires fossiles de 
notre Jura, dont les colonies forment quelquefois des cylindres 
d’un pied de longueur. 

Comme la décomposition de ces éponges est rapide et leur 
odeur désagréable | je les soumis immédiatement à l’examen du 
microscope. Voici les résultats de mes observations. 

En mettant une coupe mince du tissu spongiaire sous le mi- 
croscope, on remarque d’abord une quantité considérable de spi- 
cules en forme de fuseaux transparents, se croisant dans tous les 
sens et une substance brunâtre formant çà et là une opacité ovale. 


»: 


—  A07T — 


Partout on observe des diatomées de formes différentes dissémi- 
nées dans la masse spongiaire. 

Lorsqu'on observe plus attentivement, on voit que les spicules 
diffèrent entr’elles quant à leur longueur et leur largeur, qu’elles 
sont disposées en faisceaux de dix et davantage, et solidement 
collées ensemble par une matière transparente. Les faisceaux 
eux-mêmes sont placés les uns sur les autres et enchevêtrés de ma- 
nière à former des cavités. Dans chacune de celles-ci se trouve 
un corps brun de forme arrondie ou ovale, formé par un tissu 
organique. Au milieu de ce corps on aperçoit une ouverture 
ronde à bord saïllant et même entourée d’une bordure. Dans la 
membrane de ce sac on remarque des spicules de tout âge et ge 
formes différentes. 

Ce corps rond ou ovale est enveloppé d’une masse moins com- 
pacte, également brunâtre et de consistance visqueuse. Cette masse 
a des mouvements oniulés, qui s’observent même lorsqu’on ne 
met pas d’eau sur le verre où se trouve le fragment d’éponge. 
Exerce-t-on une pression sur le verre qui recouvre l’objet, les 
spicules sont brisées en partie; la matière brune qui entoure les 
corps spongiaires et les faisceaux de spicules, est détachée, et Les 
corps arrondis sortent de leur cavité et deviennent libres. 

Nous aurions ainsi à examiner encore plus attentivement les 
spicules, les corps spongiaires.et la matière sarcodeuse qui les 
entoure. Je regrette de n'avoir pu consulter les travaux des natura- 
listes qui ont étudié les éponges d’eau douce. J'espère plus tard, 
lorsque j'aurai pu me les procurer, pouvoir compléter ma com- 
munication. 

Les spicules siliceuses développées que lon détache des fais- 
ceaux, ont une forme cylindrique se terminant en pointe des 
deux côtés. Ce sont des aiguilles régulières, transparentes, légè- 
rement teintes en jaune, mesurant en moyenne 0,7" de lon- 
gueur sur 0,02 de largeur au milieu. Avec un grossissement 
de 400 fois p. ex., on observe qu’un canal central traverse la 
spicule dans toute sa longueur. On le remarque sous la forme 
d'une strie ou d’une bande plus claire et sur certains bris sous 
la forme d’une légère dépression. On le voit très bien aussi sur 
des fragments d’éponge desséchés, que l’on imbibe d’eau, avant 
de les mettre sous le microscope. On peut observer alors des bul- 

BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. | 27 


—  A08 — 


les d’air engagées dans le canal. Jai observé des spicules aux 
extrémités desquelles se trouvaient deux canaux latéraux qui se 
terminaient en cul-de-sac d’un côté et de l’autre allaient débou- 
cher à l'extrémité du canal central, formant ainsi une flèche. 

Les spicules que l’on observe sur le corps de l'éponge ou plu- 
tôt dans sa membrane, ont une forme différente, en ce sens que 
l’on voit toutes les formes intermédiaires depuis Paiguille la plus 
fine jusqu'aux dimensions qui se rapprochent de celles que nous 
venons d'examiner. J’ai vu parfois des spicules avoir leur partie 
centrale dans la membrane du corps spongiaire et leurs deux ex- 
trémités en dehors, de sorte que la membrane paraissait comme 
épinglée par ces aiguilles. 

Quelquefois on observe les jeunes spicules en nombre consi- 
dérable groupées autour de l’ouverture ronde du corps de l’é- 
ponge, de telle facon qu’elles apparaissent comme autant de 
rayons. Nous observämes un bel exemplaire de ce genre avec 
MM. Gressly, Garnier et mon ami M. N. Svignine. 

Outre ces spicules en forme d’aiguilles ou de fuseaux , on re- 
marque sur le corps spongiaire d’autres spicules, en forme de 
demi-lunes, dont les deux bouts sont plutôt arrondis que poin- 
tus ou bien en forme d’étoiles ou d’ancres. Les spicules semilu- 
naires sont quelquefois très nombreuses, tandis que les autres sont 
plus rares. 

Les spicules allongées dont se compose le squelette de l'éponge, 
sont toutes adhérentes les unes aux autres et paraissent être sou- 
dées avec une matière organique cornée, que l’on remarque sur- 
tout aux endroits où des faisceaux se croisent et forment un an- 
gle. On voit alors cette substance former un contour et arrondir 
l'angle. Cette matière corticale est également solide, car lorsqu'on 
réussit à détacher les faisceaux de spicules, elle reste et conserve 
quelquefois la forme du faisceau qu’elle entourait. 

A la surface de l'éponge, les aiguilles s’avancent de la moitié 
et même des ?/, de leur longueur et forment des dards composés 
de deux ou trois spicules attachées ensemble. Ce sont les defen- 
sive spicula de Bowerbank, qui pense que ces spicules ont pour 
but de protéger la colonie spongiaire. Ces moyens de défense 
n’empêchent pas les parasites, surtout les vers chez les grandes 
éponges, et, sur celles de Bevaix, des espèces de crustacés micros- 


— 409 — 


+ 

copiques d’envahir le tissu des éponges. Au-dessous de ces spieu- 
les défensives qui hérissent la surface, on voit apparaître les spi- 
cules en plus grand nombre, placées d’abord les unes sur les au- 
tres ou s’entre-croisant dans tous les sens. Plus elles s’éloignent 
de la surface, et plus elles se groupent et forment un squelette 
assez régulier. Les aiguilles, au nombre de 6, 8, 10 et davantage, 
sont collées ensemble et forment les faisceaux dont j'ai déjà parlé. 
Ceux-ci s’entre-croisent de manière à former une espèce de réseau 
de mailles. Si les faisceaux sont rapprochés de la surface de l’é- 
ponge, ils sont composés de spicules beaucoup plus petites que 
celles des faisceaux de l’intérieur de l’éponge. Ces mailles sont 
les cavités signalées plus haut, elles sont plus ou moins grandes 
et mesurent en moyenne 1 à 1{/,%" de diamètre. Chacune d’elles 
renferme un corps spongiaire. Les interstices laissés par les an- 
gles des faisceaux de spicule, sont remplis par la sarcode. Celle-ci 
entoure également les spicules de la surface de l'éponge. On la 
voit sous la forme d’une membrane s'étendre de l'extrémité d’une 
spicule à celle d’une autre, comme les toiles d’araignée. 

En saumettant les spicules à l’action du feu, on voit se déve- 
lopper des bulles d'air, et lorsqu’ensuite on les examine au micros- 
cope, on remarque des stries longitudinales de couleur brune. 
Il faut en conclure que la matière siliceuse est combinée avec 
une substance organique et que laccroissement des spicules a 
lieu par la formation de couches successives qui se déposent sur 
la surface extérieure de la spicule. La présence d’un canal cen- 
tral, qui est très développé chez nombre de spicules, de manière 
à former le tiers du diamètre de l'aiguille, fait supposer qu’il y 
a une corrélation entre ce canal et les couches de la spicule, et 
qu’il n’est pas inactif dans le développement des aiguilles. On 
pourrait donc considérer les spicules comme des êtres organisés 
dans lesquels s’opère un échange de matières entre le canal cen- 
tral et la périphérie. Cela ne peut pas paraître extraordinaire de- 
puis que l’on connaît le rôle important que joue la matière sili- 
ceuse dans la membrane cellulaire des plantes. 

Le corps spongiaire a une forme arrondie, c’est-à-dire sphéri- 
que, puisque c’est un sac mesurant 4 à 41/,"" de diamètre, de 
sorte qu’on peut le voir facilement à l'œil nu. Sur une coupe 
pratiquée sur l’éponge, on voit ces petits corps parsemés dans le 


+ ANS 


tissu en nombre considérable. J'ai calculé d’après le nombre 
trouvé dans nn petit fragment, que la quantité totale de ces 
corps spongiaires devait s’élever dans une seule colonie, c’est-à- 
dire dans une de ces éponges cylindriques qui entourent la base 
d’un roseau, à plus de 350,000. Le corps a une couleur brune, 
sa surface est parsemée d’une quantité de pelits pores et possède 
une ouverture arrondie où ovale de 0,05" de diamètre. Ces 
pores sont les ouvertures de canaux s’ouvrant dans la cavité cen- 
trale qui occupe tout l’espace intérieur, l’ouverture ronde en est 
l'issue, le trou de sortie où le débouché, Jai déjà signalé la pré- 
sence d’une couronne de petites spicules autour de ce trou de 
sortie et des spicules en forme de croissants, d'étoiles et d’ancres 
dans la membrane; la membrane se laisse facilement plisser et 
déchirer par une pression exercée sur le verre qui recouvre Pob- 
jet. Elle est mince et paraît êlre composée de plusieurs couches 
de tissu cellulaire, la couche extérieure ne laisse pas toujours 
entrevoir la limite marquée des cellules, par contre les pores sont 
‘très distincts. 

La matière sarcode qui entoure le corps de l’éponge et qui est 
répandue à travers tout l’échafaudage des spicules, montre, ainsi 
que je lai déjà fait remarquer, un léger mouvement, surtout 
dans le voisinage immédiat d’un corps spongiaire. Ce mouvement 
semble être produit par des cils qui se trouveraient dessous, et 
qui, par leurs mouvements, détermineraient les ondulations de la 
matière. Je n’ai pas pu encore trouver la cause réelle de ces 
mouvements, je me borne à signaler leur présence. 

J’at observé plusieurs fois des corps particuliers de nature 
cellulaire, ayant noyau et nucléoles, et groupés au nombre de 5 
ou 6 dans une membrane sans structure. Comme ces corps se 
trouvaient toujours dans le voisinage de corps spongiaires, je me 
suis demandé si ce n'étaient pas peut-être là les œufs de ces der- 
niers. Les premiers jours j'ai également remarqué des espèces 
de corps ciliés se mouvant avec rapidité au moyen de longs cils 
filamenteux. Je ne veux pas, pour le moment, prétendre que ce 
sont des embryons spongiaires, je me propose bien de les mieux 
observer, lorsque je serai en possession d’éponges fraîches. 

Quant aux petites éponges trouvées à la hauteur de Bevaix, 
elles appartiennent à une autre espèce que celles des roseaux : 


"Ne T ns 
. 
: . 


— A1 — 


je n’ai pu jusqu'à présent y trouver des corps spongiaires. Les 
fragments calcaires sur lesquels elles végétaient, avaient passé 
plusieurs mois dans mon aquarium , lorsque je les examinai. Je 
trouvai bien les spicules qui ne diffèrent pas beaucoup de celles 
de la grande éponge des roseaux, mais à la place des corps spon- 
giaires, on voyait des crustacés parasyles microscopiques de l’or- 
dre des Siphonostomates, bien caractérisés par une bouche à su- 
çoir, 4 paires de pieds, dont la première paire en forme de cro- 
chets, La surface des corps de ces petits parasites est couverte de 
charmantes écailles en forme de losanges. Ces. êtres paraissent 
avoir une métamorphose rétrogade, je ne les ai, du reste, pas 
étudiés plus particulièrement. Ces parasites se trouvaient en très 
grande quantité dans le lissu siliceux et la masse de sarcode, Ils 
étaient en compagnie de nombreux infusoires, parmi lesquels 
on remarquait quelquefois de charmantes vorticelles. Les diato- 
mées y sont représentées par de nombreuses espèces. 

Ces derniers jours, j'ai recu un fragment d’une éponge que le 
pêcheur de M. Desor a rapportée de la haute Italie, où il s'était 
rendu pour faire des recherches archéologiques, sur les rives des 
lacs du versant méridional des Alpes. Cette éponge qui vient 
d’un des lacs de la Brianza, atteint, à ce qu’il paraît, un énorme 
développement. Elle entoure également la base des roseaux. Elle 
ne diffère pas beaucoup de notre grande éponge, la forme des 
spicules est la même, les corps spongiaires sont identiques, seu- 
lement ils sont plus nombreux relativement à la quantité de spi- 
eules. La masse cornée qui soude les faisceaux, est plus dévelop- 
pée que dans notre espèce; cela explique pourquoi cette espèce 
d’éponge italienne est plus légère, plus souple, plus élastique, 
pourquoi l’éponge s’imbibe facilement d’eau et se brise moins 
facilement. 


Le Rapport du Comité météorologique, pour l’année 


1862, paraîtra dans le prochain cahier. 
27 


OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ 


pendant l'année. 


Annales de la Société Linnéenne de Lyon. T 7°, 8e, 

Mémoires de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et 
arts de Lyon. Classe des lettres, t. 7,8, 9, 10. Classe des 
sciences , t. 8, 9, 10. 

Annales des sciences physiques et naturelles de la Société impé- 
riale d'agriculture de Lyon. T. 4, 5. 

Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de 
PYonne , 45° et 16" vol. 

Monatsberichte der kônigl. preuss. Akademie der Wissenschaf- 
ten zu Berlin, 1861. ; 
Bulletin de l’Académie royale des sciences , lettres et beaux-arts 

de Belgique. T. 10, 11, 12, 1864. f 

Annuaire de l'Académie royale de Belgique, 1862. 

Mémoires de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg. T. 4, 
UT, JE 0 VIT, 8,0 

Bulletin de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg. T. 4, 
f. 11-25. 

Mémoires de la Société des sciences naturelles de Strasbourg. 
T. 5, 2e et 3€ livraisons. 

_ Die fossilen Mollusken des Tertiær-Beckens von Wien, von D' 
Moritz Hürner. # Band, n°° 3, 4. 

Memoirs of the geological survey of the united Kingdom. Lon- 
don , 1859. 

Annual report of the director-general of the Museum of practi- 
cal Geology. 1860. 

Memoirs of the geological survey of India. Palæontologia Indica, 
3 cah., et Annual report, fourth year, 1859-60 , 1861-62. 

Contributions à la flore fossile italienne , sixième mémoire, par 
Ch.-Th. Gaudin et le marquis Carlo Strozzi. ” 


F 
À 
: 
| 


— 13 — 


Schriften der küniglichen physikalisch-ôkonomischen Geseilsch. 
zu Künigsberg. Zweiter Jahrgang, 1864, erste und zweite Ab- 
theiïlung 1862, 

Natuurkundige Verhandelingen van den Hollandsche Maatschap- 
pij der Wetenschappen te Haarlem. 46, 17, 19 Deel, eerste 

_ Stuck. 

Transactions of the royal Society of Edimburgh. Vol. 23, part. 1. 


Mémoires de la Société de physique de Genève. T, 16, 1"° part. 


Catalogue des Céphalopodes fossiles des Alpes suisses, par W.- 
A. Ooster, 4"° partie. 

Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, 1" livraison 
avec carte. 

Mémoire de la Société académique de Maine-et-Loire. 9% vol. 40. 

Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, 13° vol. 
4e cah., 14%, 4-5, 4. Compte-rendu de la situation des tra- 
vaux de la Société d’émulation de Montbéliard. 1858, supplé- 
ment à l’année 1858, années 1859, 1860, 1864. 

Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1° année 
1860, 2° année 1861. 

Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 18"° année, 
4er, 2me, 3me cahier. 

Archiv Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Meklenburg. 
15°-16%° année. 

Mémoires de l’Académie impériale des sciences, arts et belles- 
lettres de Dijon. T. 9, 1861. 

Bericht über die Thätigkeit der st-gallischen naturwissenschaft- 
lichen Gesellschaft während des Vereinsjahres 1861-1862. 

Neues lausitzisches Magazin. 19° vol., 1°" et 2° cah., 20° vol, 
4“ cah. 

Revue viticole. N°’ de janvier à juin 1862. 

Les vins, les eaux-de-vie et les alcools de la France , de PAlge- 
rie etc., par C. Ladrey. 


Sitzungsberichte der kaïserlichen Akademie der Wissenschaften. 


Mathematisch-naturwissenschaftl. Classe. 39° vol., 40, 41, 42, 
43, 44, 4, 46% cah, I-V. Register zu den Bänden 31 bis 42. 


sr MS 


Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, von dem 
naturwissenschaftlichen Vereine für Sachsen und Thüringen 
in Halle. Fin du 18° vol., et du 19%; les mois de janvier à 
juin 1862. 

Sitzungsberichte der kônigl. Bayer. Akademie der Wissenschaft. 
zu München. 1861, IHeft 3. 1862, I Heft 1-4; IT Heft 1-2. 

Jahrbücher des Vereins für Naturkunde im Herzogthum Nassau. 
A7 cahier. | 

Correspondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Vereines in 
Regensburg, 16° année. 

Neunter Bericht der oberhessischen Gesellschaft für Natur- und 
Heïlkunde. 


Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher- 
bourg. T. 8. 


Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie. 6°, 7e vol. 

Observations météorologiques d’Arau. Année 1862-63. 

Jabhresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens. 
7e année, 1860-61. 

Mémoires de la Société d’agriculture d'Orléans. T. 6, n°° 4-6 ; 
+17, 12. 

Atti della Societa italiana di scienze natural. Vol. 4, 5 n°1. 

Mémoires de l’Académie de Munich. Six cahiers. 


Jahresbericht der naturhistorischen GERS zu Hannover. 
A1 et 19€ cahier. 


Du climat de Genève, par E. Plantamour. 

Berichte des naturwissenschaftlichen Vereins des Harzes. An- 
nées 1897-58, 1859-60. 

Abhandlungen herausgegeben von der Senckenbergischen natur- 
forschenden Gesellschaft. 4° vo]. 2° livraison. 

Jahrbuch der kaiïserlich-koniglichen geologischen Reichsanstalt. 
12% volume. 

Aus der Natur-Chronik der Schweïzerberge, von Chr.-G. Brüg- 


ger. | 
Revue scientifique italienne. 1'° année, 1862. 


: DEEE ee 


Jahrbuch des naturhistorischen Landesmuseums von Kärnten. 
jme cahier. 

Die Forischritte der physikalischen Geographie im Jahre 1860 ; 
von D'E. Sôchting. 

Zur Paragenesis des Glimmers, von D' E. Sôchting. 

Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. Ne 497- 
530. 

Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. T. VIF, 
n° 49. 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel. Drit- 
ter Theil, drittes Heft. 

L.-R. v. Fellenberg. Analysen von antiken Bronzen. Fünfte 
Fortsetzung. 

Journal des Vétérinaires , 26° année. T. VIIE, n°* 2 à 6. 

Verhandlungen der kaiserlich-küniglichen zoologisch-botanischen 
Gesellschaft in Wien. XI volume. 

Personnen-, Ort- und Sach-Register der Wiener k. k. zoologisch- 
botanischen Gesellschaft in Wien. 

Proceedings of the royal Society of Edimburgh. Session 1861- 
1862. 

Bulletin de FInstitut national genevois. T. 6, 7, 8, 9, 10. 

Mémoires de l’Institut national genevois. T. 3-8. 

Memoirs of the geological survey of India. Vol. IV, part, 1. 

Rules of the literary and philosophical Society of Manchester. 

Esercitazioni dell Academia agraria di Pesaro. Années X, XI, 
XII, XII. 

Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen 
Rheinlande und Westphalens. 19"° année, 1° et 2° cahier. 

Proceedings of the royal Society. T: 5-41, t. 12, 49-53. 

Abstracts philosophical transactions of the royal Society. Vol. 1-4. 

Memoirs of the literary and philosophical Society Manchester. 
LEE E 

Memoirs of the geological survey of Great Britain and of the 
museum of economic geology in London. Vol. I-IT; et les mé- 
moires publiés sur les diverses contrées de l’empire britanni- 


— 416 — 


que, par les membres de lassociation du musée de géologie 
pratique à Londres. 
Report on the geology of Cornwall, Devon and West-Somerset, 
* by Henry-T. de la Beche F, R. S. 


Ein Beitrag zur Geschichte der Fôhnstürme, Sehneefälle und 
Lawinen wäbrend acht Jahrhunderten, von Chr.-G. Brügger. 


The proceedings of the zoological Society of London 1861. Jan- 
vier-Juin. 


Ouvrages reçus de l'Institution Smithsonienne. 


Annual report of the Smithsonian Institution for 1860. 


Results of meteorological observations under the direction of the 
Smithsonian Institution from 1854-59. 

Report of Colorado Exploring expedition under lieut. $.-C. [ves. 

Smithsonian miscellaneous Collections. Vol, 1-4. 

Boston journal of natural history. Vol. VIT, 5-20, IX, 1-5. 

Columbus Ohio stâte board of agriculture. 1859, 1860. 

New York Lyceum of natural history. Vol. VIT, n°* 10-12. 

Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia. 
Fin de l’année 1861. 

Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia. 
Yoi..X--Dpart 1, 

Catalogue of publications of the Smithsonian Institution. 


RAPPORT 


DU 


DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE CANTOML 


ALA 
COMMISSION D'INSPECTION DE CET ÉTABLISSEMENT, 
Pour l’Exercice 1562-6G3%. 


MESSIEURS, 


La séance de votre Commission a été retardée cette 
année par l’absence prolongée d’un de ses membres, 
dont vous auriez, certes, désiré la présence autant que 
moi, et aussi parce que je tenais à voir terminés cer- 
tains travaux en voie d'exécution, pour pouvoir vous en 
rendre compte. Je tâcherai à l'avenir de vous soumettre 
mon rapport annuel à une époque moins avancée de 
l’année. 

Notre établissement marche d’une manière réguhière 
et normale, en développant son activité pratique, aussi 
bien que ses travaux scientifiques. J’ai la satisfaction de 
voir toujours plus apprécier la première par les artistes 
et les fabricants de notre pays ; et j'espère, par les au- 
tres, pouvoir rendre quelques services à l'astronomie, 


PR Re 


surtout si je parviens à terminer les travaux de longue 
haleine que j'ai entrepris. Il est seulement à désirer, 
Messieurs, que le second vœu que vous avez bien voulu 
émettre l’année dernière, au sujet des publications de 
l'Observatoire, reçoive bientôt son accomplissement, 
comme l’a reçu celui que vous aviez exprimé en faveur 
de l’enseignement de l’astronomie. 

Je vous prie, Messieurs, de me suivre dans les diffé- 
rents chapitres où je vous rendrai compte des détails 
qui regardent notre établissement. 


I. Bâtiment. 


Le bâtiment a exigé peu de réparations cette année, 
l'humidité des murs à disparu à peu près entièrement, 
et on est parvenu à garantir la salle méridienne contre 
l'entrée de la pluie, sauf dans quelques cas exception- 
nels de pluies torrentielles, où un peu d’eau parvient 
toujours à filtrer aux deux extrémités de la coupure 
méridienne, mais en petite quantité, et assez loin des 
instruments pour qu'on puisse se borner à maintenir 
l’état actuel. Le mécanisme de fermeture du méridien 
ne laisse rien à désirer ; celui de la coupole demande 
des réparations plus fréquentes, à cause des cordes em- 
ployées ; 1l serait plus économique de les remplacer par 
des chaïinettes en fer. 

Malgré toute la peine que l’on s’est donné pour amé- 
liorer la glacière, cette année encore la glace ne s’est 
pas conservée au-delà du mois de mai; je commence à 
craindre que l’excavation ne soit pas assez profonde, et 
je préfère tirer chaque fois de la ville la glace néces- 
saire à nos expériences, plutôt que de continuer des 
efforts inutiles. 


SUR 1 


Pendant le véhéiment orage qui s’est abattu sur la 
contrée le 10 mai dernier, nous avons reçu un coup de 
foudre dans notre paratonnerre qui, mis ainsi à l'épreuve 
pour la première fois, a fonctionné parfaitement ; car, 
non-seulement il a préservé le bâtiment, mais lui-même 
est resté intact, comme j'ai pu m'en convaincre par une 
expérience qui m'a fourni la preuve de sa conductibilité 
parfaite. | 

La pluie abondante qui accompagnait cet orage, m'a 
démontré que l'humidité que je n'étais jamais parvenu 
à chasser de la petite cave, entre les piliers de l’instru- 
ment méridien, provenait principalement de l’eau qui 
tombe sur la petite partie du toit entre la coupure mé- 
ridienne et la tour; cette eau n'ayant pas d'écoulement 
spécial, filtre en suivant la pente des couches de rochers 
jusqu’à la cave du bain de mercure. Comme cette hu- 
midité a rendu difficile, sinon impossible l'observation 
régulière du nadir, J'ai dû faire faire, avec le consente- 
ment de M. le Directeur des Travaux-Publics, un canal 
d'écoulement pour cette partie du toit ; en outre, il est 
nécessaire de faire revêtir les parois de la cavité entre 
les piliers, d’une nouvelle couche de ciment imperméa- 
ble, afin de vaincre le seul obstacle sérieux que nous 
ayons rencontré jusqu’à présent dans nos observations 
astronomiques. 

Le conduit qui amène l’eau de la pluie à la citerne, 
s'étant trouvé obstrué, il a fallu le relever et le nettoyer: 
comme, en outre, l’eau de la citerne n’est toujours rien 
moins que limpide, j'ai essayé de la purifier en cons- 
truisant un petit réservoir en pierre, dans lequel j'ai 
installé une espèce de filtre en charbon de bois. En at- 
tendant, non-seulement je dois continuer à faire porter 
toute l’eau potable, mais même à remplir quelquefois 


BE US 


la citerne par de l’eau amenée de la ville. Les frais oc- 
casionnés ainsi montent à 50-60 francs par an. Jusqu’à 
présent, je n’ai encore aperçu aucun effet des démar- 
ches qui, sur la demande réitérée de votre Commission, 
ont dû être faites auprés des autorités municipales, re- 
lativement à cet objet. 


II. Instruments et bibliothèque. 


Je mets des soins particuliers au bon entretien de nos 
instruments précieux, qui, comme vous aurez pu vous 
en convaincre, sont bien conservés. Aussi fonctionnent- 
ils à mon entière satisfaction. Je n’ai eu à faire cette 
année que de petites réparations ; ainsi, j'ai dû rem- 
placer la vis micrométrique de l’oculaire de la lunette 
méridienne par une autre, que l’habile artiste, M. Kern 
d’Aarau, a exécutée avec beaucoup de soins. Ensuite, 
toujours en vue d'éviter l’oxidation du bain de mercure, 
j'ai remplacé le vase métallique, qui le contenait, par 
un autre en cristal. 

Nos différentes pendules continuent à bien marcher; 
celle de Houriet a été nettoyée par M. William Dubois, 
du Locle ; on y a ajouté un arc divisé, et changé le poids 
moteur qui, à certains points de la descente, frottait 
contre les parois de la boîte, par un autre d’une forme 
plus allongée. Pour la pendule électrique, qui d’ailleurs 
fonctionne toujours admirablement bien, j'ai échangé les 
piles Daniell, qui coûtaient trop, contre d’autres piles 
de la construction de M. Hipp, qui tout en donnant des 
courants d’une force et d’une constance pareilles aux 
piles Daniell, occasionnent moins de frais d'entretien. 
Les cadrans électriques qui donnent l'heure moyenne et 
l'heure sidérale à la coupole sont installés, 


DO 


Sur la demande de mon collègue, M. Wolf, j'ai reçu 
dans notre Observatoire la pendule de l'Association ou- 
vrière, achetée par la Confédération ; cette pièce qui 
avait éprouvé quelques avaries à l'exposition de Londres, 
a été remise en état, et attend chez nous l’achèvement 
de l'Observatoire fédéral. 

Pour continuer mes recherches sur le temps physio- 
logique et léquation personnelle dans les observations 
astronomiques, J'ai fait construire par M. Hipp, dont 
les ateliers m’offrent un secours précieux, un appareil 
spécial, établi dans le bâtiment de la mire nocturne, et 
destiné à faire voir dans la lunette méridienne des étoi- 
les artificielles animées d’un mouvement apparent, sem- 
blable à celui des astres, et à marquer automatiquement 
et par voie électrique les moments de passage de ces 
étoiles. J’ai donné, dans une communication à notre So- 
ciélé des sciences naturelles, une description détaillée 
de cet appareil, accompagnée d’un dessin. Pour le faire 
fonctionner, 1l a fallu construire une petite ligne télé- 
graphique de l'Observatoire à la mire. Cet appareil m’a 
déjà donné des résultats intéressants, et pour pouvoir 
compléter ces derniers, je dois encore le modifier de 
telle sorte qu’il imprime aux étoiles un mouvement d’une 
lenteur comparable à celle des étoiles polaires ; on exé- 
cute maintenant cette petile machine. J'espère arriver à 
fournir ainsi aux astronomes un appareil assez simple 
pour leur permettre de déterminer périodiquement leur 
correction personnelle, détermination aussi importante 
pour l’exactitude de la réduction des observations, que 
celles qu’on à l'habitude générale de faire pour les cor- 
rections instrumentales. 

Notre bibliothèque s’accroit en proportion des fonds 
disponibles. Jai souscrit pour elle à la publication qu’on 


M re 


fait des œuvres de Gauss, si indispensables pour toutes 
les parties pratiques et théoriques de l'astronomie mo- 
derne, et à celles de Kepler, qui ne devraient manquer 
dans aucune bibliothèque astronomique. J'ai à remer- 
cier tout particulièrement M. le professeur Desor de 
plusieurs dons qu’il a bien voulu faire à notre biblio- 
thèque ; que son exemple généreux puisse être suivi 
par d’autres amis de la science, et notre bibliothèque 
se complètera plus rapidement qu'il ne serait possible 
de le faire avec ses modestes ressources. Jai déjà eu le 
plaisir de pouvoir réaliser dans quelques occasions l’i- 
dée que j'avais émise dans mon dernier rapport, en prê- 
tant à quelques-uns de nos artistes des ouvrages sur 
l'horlogerie ; j'espère que, de moins en moins, je me 
verrai dans le cas de répondre à des demandes de ce 
genre, par des refus, pour cause de pauvreté. 


IIT. Transmission de l'heure. 


La transmission de l’heure à la Chaux-de-Fonds et 
au Locle a eu lieu, pendant cette année, avec une ré- 
gularité qui laisse peu à désirer. Depuis le 1er avril 
1862 au 4er avril 1863, le signal a manqué, à la Chaux- 
de-Fonds, 67 fois, et au Locle, 70 fois ; parmi ces nom- 
bres, il y a 28 jours où le signal n’a pas été envoyé, 
soit à cause de l’absence du Directeur de l'Observatoire, 
soit par suite de petites réparations faites aux différents 
appareils qui servent à la transmission. Dans les 40 au- 
tres cas, le courant, quoique parti, n’a pas décroché les 
pendules de coïncidence, soit par la faute de la ligne, 
soit par celle des appareils, soit enfin à cause de cou- 
rants atmosphériques. Malgré toutes ces causes de non- 
réussite, on voit que le signal d’heure n’a manqué en 


UE ETS 


moyenne que le me ou 6me Jour. Bien qu’un tel résul- 
tat soit pratiquement déjà bien satisfaisant, puisqu'il 
suffit au réglage le plus exact, je ferai des efforts pour 
diminuer encore le nombre des jours où le signal fait 
défaut. En attendant, je suis heureux de voir lutilité 
de cette organisation reconnue généralement par tous 
les horlogers compétents qui y sont intéressés, aussi 
bien que par l'administration fédérale des postes et des 
lélégraphes qui se loue beaucoup de la régularité de 
nos Signaux. 

Aussi ne me suis-je point trompé dans les prévisions 
que j'exprimais dans mon dernier rapport, de voir s’é- 
tendre notre transmission télégraphique de l'heure à 
d’autres parties du pays. Les municipalités de Fleurier 
(surtout sur l’initiative de MM. Ch.-H. Grosclaude et 
Comp.), et des Ponts, ont demandé à avoir l'heure de 
l'Observatoire. Comme la distance de ces deux endroits 
à partir du Locle, est assez grande, il importait, pour 
ne pas construire une ligne exprès, ce qui aurait causé 
des frais considérables, d'obtenir de la part de l’admi- 
nistration fédérale l’usage de sa ligne, qui va du Locle 
par les Ponts et le Val-de-Travers à Yverdon. Il aurait 
été difficile, sinon impossible, d'envoyer le même cou- 
rant jusqu’à Yverdon pour desservir les quatre pendules 
de coïncidence de la Chaux-de-Fonds, du Locle, des 
Ponts et de Fleurier. Ensuite, pour que l'administration 
fédérale pût nous acccorder l’usage de sa ligne, il fallait 
trouver des moyens pour transmettre nos signaux sans 
compromettre en rien la correspondance télégraphique. 

Aprés un mür examen de cette question avec M. Hipp, 
nous avons décidé de laisser subsister la transmission 
jusqu’au Locle, telle qu’elle a fonctionné jusqu’à présent 
à notre satisfaction, et d'installer au Locle une nouvelle 


LE, 


——— —…— 


pile dont le courant, mis en action par celui de POb- 
servatoire, cheminerait jusqu’à Yverdon, et ferait dé- 
crocher les pendules des Ponts et de Fleurier ; le tout 
au moyen de relais polarisés qui, ne-marchant qu'avec 
des courants positifs et n'étant pas attirés par les cou- 
rants ordinaires, enverraient le courant positif de l’Ob- 
servaloire à nos pendules, tandis qu'ils laisseraient pas- 
ser, sans les détourner, les courants ordinaires de cor- 
respondance, qui à cet effet seraient envoyés tous dans 
le sens négatif. 

Je ne tardai pas à proposer ce système à l’adminis- 
tration des télégraphes, qui au commencement à éprouvé 
quelques doutes sur la possibilité de l’exécuter sans gé- 
ner le service télégraphique. Mais lorsque j’eus modifié 
la combinaison de manière à laisser les bureaux télé- 
sraphiques toujours maîtres d’exclure complètement nos 
appareils, M. le Directeur des télégraphes suisses a bien 
voulu nous accorder l’emploi des lignes fédérales. 

Ce point capital réglé, et après que notre Gouvérne- 
ment eut consenti à se charger des frais généraux, né- 
cessités par cette nouvelle organisation, M. Hipp a exé- 
cuté les appareils, que Je viens d'installer avec lui, ct 
qui fonctionnent déjà à notre satisfaction. J'ai donné 
aux deux Conseils municipaux une instruction détaillée 
pour l’observation du signal, et j'irai sous peu aux 
Ponts et à Fleurier pour expliquer aux horlogers des 
deux localités la transmission de lheure et son usage 
pour le réglage des chronomètres. 

Deux artistes du Locle, MM. H. Grandjean et Jurgen- 
sen, nous avaient aussi demandé d’envoyer le signal de 
l'Observatoire dans leurs ateliers ; nous avons modifié 
la pendule publique de l’hôtel-de-ville du Locle, de telle 

sorte qu’en décrochant par le courant de l'Observatoire 


28 4 … DEN 2 


elle ferme un autre circuit qui amène le signal au do- 
micile de ces deux citoyens. | 

Enfin, dernièrement, les municipalités de la Chaux- 
de-Fonds et du Locle m'ont demandé de pouvoir utiliser 
le fil de l'Observatoire entre ces deux endroits pour un 
service de Signaux d’alarme mutuels en cas d’incendie. 
Après avoir trouvé un moyen de l’employer à cet effet, 
sans compromettre sa destination principale, et avoir 
mis, dans ce but, pour condition, que les appareils qui 
relient notre fil aux sonneries d’alarme, établies dans 
les corps de garde, resteraient sous le contrôle des ob- 
servateurs de nos signaux, j'ai, avec plaisir, aidé à la 
réalisation de cette œuvre d'utilité publique, qui se 
trouve maintenant exécutée. Je viens d’adressér aux 
deux municipalités un plan pour les signaux à employer 
dans ce service. 

De cette manière nous avons maintenant loute une or- 
sanisation télégraphique compliquée, par laquelle nous 
fournissons tous les jours l'heure exacte aux quatre cen- 
tres principaux de fabrication du pays et à quelques 
particuliers, et tout cela en employant les lignes télé- 
oraphiques ordinaires, et sans interrompre la corres- 
vondance ou compromettre le service des dépêches. 
Voici en quelques mots le système employé : 

Un fort courant positif, envoyé par notre pendule 
électrique normale, se bifurque dans l'Observatoire pour 
aller d’un côté à Berne et de l’autre à Neuchâtel, où il 
attire un relai, accessible au public, et fournit ainsi 
l'heure, quoique encore imparfaitement, à la capitale, 
dont les autorités municipales n’ont qu’à l’utiliser d’une 
manière plus commode pour le public. De Neuchâtel, 
notre courant va à la Chaux-de-Fonds, où il entre, 
aprés avoir décroché la pendule publique, dans notre fil 


ME ne 


qu'il suit jusqu’au Locle, où il fait marcher également 
la pendule de coïncidence dans lhôtel de ville, et par 
son intermédiaire, celles des deux artistes prénommés. 
Avant de gagner la terre, 1l attire encore un relai po- 
larisé qui, par là ferme le circuit d’une nouvelle pile, 
dont le courant parcourt la ligne Locle-Yverdon, et ren- 
contrant aux bureaux des Ponts et de Fleurier des relais 
polarisés du même genre, y dévie de la ligne fédérale 
pour aller aux pendules de coïncidence installés dans 
les hôtels de commune de ces deux endroits. 

Je n'ai pas le moindre doute que cette nouvelle orga- 
nisation ne fonctionne aussi bien que l’ancienne, et J'es- 
père que les horlogers de Fleurier et des Ponts en reti- 
reront tous les avantages qu’elle peut produire. 

Je remercie l’administration fédérale de la bonne vo- 
lonté qu’elle a montré de nouveau à cette occasion, et 
je reconnais avec plaisir le secours précieux que M. Hipp 
nous a prêté. 


IV. Observation des chronomètres. 


Malgré la stagnation qui a continué malheureusement 
à se faire sentir encore pendant l’année dernière dans 
notre industrie horlogère, le nombre des chronomètres 
qui ont passé à l'Observatoire, a de nouveau considéra- 
blement augmenté, du moins celui des chronomètres de 
poche, dont 65 ont été observés par nous pendant l’exer- 
cice écoulé, ce qui fait, avec les 10 chronomètres de 
marine, que nous avons eus à l'observation, un total de 
75 pièces de précision ; toutes ont reçu des bulletins de 
marche officiels. Si le nombre des montres marines est 
resté stationnaire, il faut en chercher l'explication dans 
plusieurs causes ; d’abord cette nouvelle branche, si 


elle ne veut pas dès le commencement, devenir tribu- 
taire de l'étranger, doit recevoir pour des parties acces- 
soires, le concours de l’ébéniste et du mécanicien, qu’on 
ne peut obtenir que difficilement dans nos villages in- 
dustriels. Il est donc heureux de savoir que depuis 
quelque temps un ateller de Neuchâtel se charge de 
remplir cette lacune, et, comme J'ai eu l’occasion de 
m'en convaincre, il le fait avec goût et de manière que 
sous le rapport de l’extérieur aussi, nos pièces marines 
pourront rivaliser avec l'étranger. Ensuite, le réglage 
si difficile de ces machines a pour condition absolue la 
connaissance exacte de l’heure ; l’extension que nous 
avons pu donner à la transmission de nos signaux, con- 
tribuera sans doute à implanter cette noble branche de 
l’industrie horlogère dans les localités qui recevront dé- 
sormais l’heure astronomique. La circonstance signifi- 
cative que toutes les maisons neuchâteloises qui ont 
exposé des montres marines à Londres, ont été récom- 
pensées soit par des médailles, soit par des mentions 
honorables, est certainement faite pour encourager nos 
artistes habiles à se vouer à cette partie de la haute 
horlogerie. 

Pour en revenir à la statistique des chronomètres ob- 
cervés, Ceux-ci se répartissent, quant à leur provenance, 
de la manière suivante entre les différents endroits : 


Le Locle a envoyé. ..,. . . 24 pièces. 
Fleurier » PACS DRE PE | PRE 
La Chaux-de-Fonds a envoyé. . 16. » 
Neuchâtel Di dune UE D 
Buttes da dir: En be à 
Les Brenets Ab aderdins 6 nid 


Total. . 75 pièces, 


RU le -S 
Ce sont encore le Locle et Fleuriér qui occupent les 
premières places ; mais la Chaux-de-Fonds est entrée 
celte fois sérieusement en compétition. 
Les chronomètres de marine ont été envoyés : 
10 Par la maison de MM. H. Grandjean et Comp., du 


Loglés-au-nombre-de::::.2,.2 RSS SRE re 0 
20 Par M. Bertschinger, de la Chaux-de-Fonds . 1 
Total. . 10 


Les chronomètres de poche proviennent des fabri- 
canis suivants : 


30 Ch.-H. Grosclaude et Comp., à Fleurier. . 17 
40 Robert-Brandt et Comp., à la Gh.-de-Fonds. 15 
9° Borel et Courvoisier, à Neuchâtel. . + . 8 
60 Fritz Courvoisier, à Buttes . . . Eee 44 
79° Henri Grandjean et Comp., au ar ‘RAS 
80 Ulysse Breting, au Locle . . ERCUGRE 
90 Ch.-Ed. Jacot, à la Chaux-de- Fonte A D 
400 D, Girod, au Locle (Neuchâtel)... 50 12 
119 Favre-Leuba et Comp., au Locle . . . . 2 
12%: 6h.-Ed. Guve, à Fleurier: 224 Reese? 
18e. Félicien, Dubois, au Locle 116 trees 
14 Auguste Kramer, au Locle . . . . sas À 


15° Eugène Bornand et Comp., à Sainte- Cons 
par l'entremise de M. Grosclaude . 

160 Guinand-Meyer, aux Brenets 

170 Joachim Müllertz, au Locle . 

18° Augustin Perret, au Locle 

190 Haldimann et fils, aux Brenets. 

200 Sylvain Mairet, au Locle 

910 Em, Guinand, au Locle . 


ln (nn jen fx lens jan 


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TOR ARTS 


FAR 


On voit par là que le nombre des horlogers qui com- 
prennent l’avantage de nos bulletins officiels, s’est aug- 
menté considérablement. À mesure que le nombre des 
chronomètres, qui passent à notre Observatoire, s’aceroît, 
il pourra, en comparant les résultats obtenus avec les 
éléments principaux des mouvements, fournir une sta- 
tistique qui ne manquera pas, avec le temps, de deve- 
nir riche en enseignements sur beaucoup de questions 
de l'horlogerie de précision, et de décider, par lex- 
périence, des points longuement controversés, mieux 
que ne peut le faire le raisonnement seul dans des ques- 
tions pour la plupart si compliquées. Mais comme nous 
n'osons pas démonter les chronomètres que l’on nous 
confie, il est à désirer que MM. les fabricants qui nous 
envoient des montres en observation, les accompagnent 
d’une description sommaire, dans laquelle il serait bon 
de mentionner surtout les points suivants : 1. Le genre 
de l’échappement ; 2. Le système de compensation (à 
masse ou à vis, avec ou sans compensation auxiliaire) 
du balancier ; 3. La nature du spiral (s’il est plat, sphé- 
rique ou cylindrique, et s’il a la courbe de la forme 
Philipps ou non) ; enfin, 4. Toutes les innovations ou 
spécialités employées dans la construction des organes 
principaux. L'observation exacte et scientifique d’un 
orand nombre de chronomètres de constructions diffé- 
rentes doit nécessairement décider de la supériorité, si 
supériorité 1l y a, de telle construction sur telle autre, 
de tel échappement, spiral, etc. Pour commencer cette 
statistique ulile, j'ai d’abord classé les chronomètres de 
celie année nar échappements ; nous avons eu des chro- 
nomètres de poche avec échappement 


ee AR 


à bascule, 27, ayant montré une vartion moyne de 1,796 
à ancre, 920, » » 1,505 
à ressort, 19, » » 4,016 
atourbillon, 6, ; ) 2,995 


Moyenne générale : 1,61 

Lorsque nous pourrons faire la même classification 
pour les différents systèmes de compensation, de spiraux, 
etc., et que le nombre des pièces observées sera suffi- 
samment grand, 1l sera facile de se prononcer avec sû- 
reté sur le mérite relatif de tous ces systèmes. En effet, 
si une ou quelques montres avec échappement à ressort 
ont donné une marche plus régulière qu'un nombre 
égal de chronomètres avec échappement à bascule, cela 
n'autorise pas à conclure à la supériorité du premier de 
ces échappements, parce qu'apparemment 1l y a encore 
d’autres causes qui déterminent la régularité de la 
marche, mais cette incertitude tombe devant un grand 
nombre de chronomètres, parmi lesquels les autres in- 
fluences se seront pour ainsi dire balancées entre elles. 


Si le nombre des chronomètres de marine n'est pas 
encore considérable, leur qualité du moins est très- 
salisfaisante, comme vous pouvez en juger par le tableau 
ci-annexé N° 1. 

On y trouve que tous ces chronomètres ont eu d’un 
jour à l’autre, une variation moyenne de marche infé- 
rieure à un tiers de seconde, sauf un seul pour lequel 
elle n’atteint cependant pas la demi seconde; la plus 
grande variation que ces chronomètres aient montré, 
pendant tout le temps de leur épreuve, ne dépasse pas 
une seconde, à l'exception de deux, pour lesquels cette 
variation maxima est respectivement, 45,1 et 45,2. La 
compensation de ces pièces laisse également très-peu à 


og |: M »< 


désirer ; car pour deux, elle est parfaite ; pour trois au- 
tres, on constate une variation au-dessous de 0s,01 pour 
un degré centigrade de rehaussement de température ; 
cette variation pour 1° de température reste comprise 
entre 05,1 et 05,2 pour trois des chronomètres ; et pour 
deux seulement, elle dépasse légèrement cette limite. 


Deux de ces chronomètres ont d’ailleurs subi une 
épreuve pratique avec le succès le plus complet ; ce 
sont les N° 85 et 86 que M. Henri Grandjean lui-même 
a transportés marchant à Londres, où sur ma demande 
on a permis de les observer à l'Observatoire de Green- 
wich, avant qu'ils fussent déposés à l’exposition. De 
cette manière les deux montres marines ont pu servir 
à déterminer la différence de longitude entre notre Ob- 
servaltoire et celui de Greenwich; voici, d’après une 
communication que j'ai faite à ce sujet à la Société 
des sciences naturelles, le résultat obtenu par ces mon- 
tres. 


No 85 a donné une différence de longitude, 27m49s00 
Ne 86 » » » 27m49s41 


Moyenne des deux, 2794952053 


Non seulement ils s'accordent ainsi admirablement 
entr’eux, mais aussi avec d’autres déterminations faites 
également au moyen de chronomêtres de M. H. Grand- 
jean, car j'avais trouvé antérieurement la longitude de 
notre Observatoire par la voie de Genève  27m49s2 

id. Berne 27mA9s75 

Un tel accord qui est compris presque totalement 
(sauf pour la détermination avec Berne pour des rai- 
sons spéciales) dans les limites des observations, est 
une preuve d'autant plus forte de l’excellence des chro- 
nomètres employés, que le transport par terre, et sur- 


RE 

tout par chemin de fer, compromet beaucoup plus la 
réoularité de leur marche que les voyages en mer. Jai 
fait il ya peu de temps à notre Société des sciences 
naturelles un rapport au sujet d’un mémoire que M. 
Henri Grandjean lui avait envoyé sur sa fabrication de 
chronomètres de marine, et je l’ai terminé par les pa- 
roles suivantes : 

Lorsqu'on a construit une douzaine de chronomètres 
de marine, dont la variation moyenne d’un jour à l’autre 
reste au-dessous de ‘/; de seconde, et dont la plusgrande va- 
riation diurne ne dépasse presque Jamais une seconde, 
on est l’égal des grands maitres de l’art, et on peut es- 
pérer avec raison de voir ses efforts couronnés par Île 
succés. Si un jour la Suisse peut voir ses chronomé- 
tres de marine flotter sur toutes les mers, comme ses 
montres de poche sont répandues sur tous les conti- 
nents, on devra en savoir gré en grande partie aux ef- 
forts intelligents et courageux de M. Grandjean du 
Locle. 

La précision des chronomètres de poche est en ge- 
néral, et proportion gardée, non moins satisfaisante 
que celle des montres marines ; car si la variation gé- 
nérale de ces dernières est en moyenne de toutes les 
pièces observées pendant l’année 0531, le chiffre ana- 
logue pour la moyenne des 65 chronomètres de poche 
est de 1561. Pour se former une idée plus claire du 
degré de perfection obtenu pour le réglage des chro- 
nomèêtres de poche, je les ai divisés en trois classes ; 
la première comprend tous ceux dont la variation 
moyenne reste au-dessous de 15; la seconde toutes les 
montres dont la variation est comprise entre 15 et.2s ; 
et enfin la troisième celle dont la marche a varié en 
moyenne au-delà de 2 d’un jour à l’autre. Voici les 


sin D 


tableaux de ces trois classes (voir tableaux 2, 3 et 4, 
à la fin de ce rapport). En résumé on voit que les chro- 
nomètres se groupent ainsi : à 


Classe. Variation moyenne. Nombre de chronomètres. Pour cent. Var. moy. de la classo, 


I. Au-dessous de 1 +a hi 0,72 

II. Entre 1 et 2s 39 94/0 sp 

IL. Au-dessus de 2s 45 De. 2,80 
65 100 4,01 © 


C’est là, il me semble, un témoignage éloquent que 
l'horlogerie de précision prospère dans notre pays, et 
que non-seulement quelques-uns de nos artistes pro- 
duisent des pièces tout à fait hors ligne, mais qu’en 
général nos chronomètres ont une précision très-satis- 
faisante. Enfin je crois utile de joindre comme modèle 
de réglage parfait d’un chronomètre de poche, la copie 
du bulletin délivré au N° 16,782, de M. Ulysse Bre- 
ting du Locle (voir tableau 5). 

En publiant régulièrement ces résultats encourageants, 
notre Observatoire ne peut manquer de provoquer 
d’une part une émulation heureuse chez nos artistes, et 
d'autre part de contribuer à rehausser la réputation 
de leurs produits. L'Observatoire, non-seulement cons- 
tale ainsi d’une mamiére officielle et scientifique les ré- 
sultats obtenus par notre chronométrie, mais de l’aveu 
des artistes intéressés eux-mêmes, il fournit un élé- 
ment essentiel pour obtenir ces résultats, l’heure 
exacte. 

Je termine ce chapitre en disant quelques mots sur 
le concours ouvert l’automne dernier à l'Observatoire 


© Pour être complet, il convient d'ajouter qu’on a renyoyé, sans leur 
délivrer de bulletins, 13 chronomètres dont le réglage n’était pas assez 
parfait. 
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par le Gouvernement, pour choisir deux chronomètres, 
un de marine et un de poche, que le Grand-Couseil 
avait décidé d'envoyer comme don de notre canton au 
Gouvernement du Japon par l’entremise de l’ambas- 
sade suisse, partie pour ce pays. La Direction de lIn- 
térieur m'avait chargé, de concert avec M. Sylvain 
Mairet du Locle, de choisir les deux chronomètres, et 
nous engageämes les horlogers du pays, par des publi- 
cations dans les différents journaux, d’envoyer des 
chronomètres au concours à l'Observatoire. Comme le 
départ de la mission Japonaise était prévu alors pour 
le mois de septembre, nous étions obligés de fixer, 
pour terme de la présentation des chronomètres, une 
date très-rapprochée, le 20 août. Cela explique en par- 
tie le fait que nous ne recümes jusqu'à cette époque 
que deux chronomètres de marine, tous les deux de 
M. Henri Grandjean du Locle, et quatre chronomètres 
de poche, dont deux de la même maison (l’un d’eux 
fut retiré après quelques jours), un de MM. Ch.-Henri 
Grosclaude et Comp. de Kleurier, et un de M. L. Girod 
de Neuchâtel. M. Sylvain Mairet, ayant trouvé par une 
visite des pièces présentées, que les chronomètres de 
poche n’offraient pas toute la perfection de construc- 
tion désirable pour une pièce qu’on voulait présen- 
ter comme échantillon de notre horlogerie de précision, 
se décida à concourir lui-même, et pria qu’on le rem- 
plaçât comme expert, par un autre artiste. Sur ces en- 
trefaites, le départ de l’ambassade suisse ayant été 
renvoyé de deux mois, le Gouvernement accepta cette 
proposition, et nomma M. W. Dubois du Locle expert 
à la place de M. Sylvain Mairet. M. Dubois est venu 
le 12 septembre pour examiner les chronomètres, et a 
donné la préférence, parmi les chronomèêtres de poche, 


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Nous ffmes done d’accord, M. Dubois et moi, pour 
proposer au Gouvernement de choisir le N° 85 de MM. 
H. Grandjean et Comp. et le N° 2 de M. Sylvain Mai- 
ret, pour les envoyer au Japon, ce qui fut agréé. Ces 
deux chronomètres représentent dignement notre hor- 
logerie de précision, et donneront aux Japonais, assez 
avancés dans les arts mécaniques, une haute idée de 
la perfection de notre industrie. 


V. Travaux scientifiques. 


Les observations astronomiques, proprement dites, 
continuent régulièrement, à côté des observations 
d'étoiles nécessaires pour la détermination de l'heure 
et des erreurs instrumentales, et des phénomènes tels 
qu'éclipses et occultations ; ce sont surtout les comètes 
et les pelites planètes qui en sont l’objet. Lorsque j’au- 
rai vaincu quelques difficultés qui restent encore pour 
l'éclairage des fils du micromètre, ces dernières seront 
aussi observées régulièrement au méridien. 

La publication du travail que j'ai fait en commun 
avec M. Plantamour sur la différence de longitude de 
nos Observatoires et les temps de transmission des cou- 
rants électriques, ayant subi des retards par plusieurs 
causes, aura maintenant lieu dans les Mémoires de la 
Société de Physique de Genève. 

J'ai continué et étendu les recherches sur le temps 
physiologique des observations astronomiques ; j'ai 
trouvé, entre autres, au moyen de l'appareil dont je 
vous ai parlé, que la correction personnelle qui inter- 
vient dans les observations de passage d’étoiles, varie 
non-seulement d’individu à individu, ce que l’on savait 
depuis longtemps, mais aussi pour le même observa- 


—_ is 


teur, d’abord en raison de la vitesse apparente avec la- 
quelle le passage a lieu, et ensuite dans une certaine 
mesure restreinte, mais cependant assez forte pour ne 
pas pouvoir être négligée, d’après la disposition mo- 
mentanée de l'observateur. S'il en est ainsi, l'équation 
personnelle entre deux observateurs doit varier en gé- 
néral encore plus fortement, ce que nous avons vu con- 
firme rpour M. Plantamour et moi. Car ayant déter- 
miné notre équation à plusieurs veprises par la mé- 
thode astronomique, nous avons trouvé des variations 
qui se sont montrées également dans la différence de 
nos deux corrections personnelles déterminées par ma 
méthode chronoscopique. L'accord entre les résultats 
obtenus ainsi par des méthodes toutes différentes, est 
remarquable. L'art des observations astronomiques, 
déjà si développé, a donc reçu, dans les détermina- 
tions régulières des corrections personnelies dont je 
crois avoir démontré la nécessité, une nouvelle com- 
plication, mais qui est en même temps un perfection- 
nement. 

J’ai fait de ces recherches une communication à las- 
semblée générale de la Société helvétique des sciences 
naturelles, lors de sa dernière réunion à Lucerne, et 
je cuntinue à en rendre compte à notre société can- 
tonale. 

La grande entreprise d’un réseau général de stations 
météorologiques en Suisse, étant maintenant en voie 
d'exécution, et le collége de Neuchâtel n’offrant pas les 
conditions voulues pour l'installation des instruments 
telle qu’elle est prescrite pour toutes les stations, on 
a préféré choisir notre Observatoire pour la station de 
Neuchâtel, à quoi j'ai volontiers prêté les mains. Gomme 
nous possédions déjà la plupart des instruments mé- 


2 Se 


téorologiques, nous n’avions qu’à ajouter un psychro- 
mêtre et un pluviomètre, maintenant déjà installés dans 
la cour, et à modifier les heures de nos observations, 
pour les rendre conformes à celles des autres stations. 
Voulant contrôler les nouveaux instruments que j'avais 
reçus, j'ai d’abord trouvé des différences trés-considé- 
rables dans les températures indiquées par plusieurs 
thermomètres installés dans la même cage à un pied de 
distance et tous garantis contre l’action directe du so- 
leil. Quoique moins considérables que celles qu’on con- 
naissait déja pour des thermomètres installés à des 
hauteurs diflérentes de quelques pieds, ces différences 
sont peut-être encore plus curieuses, et montrent quels 
soins il faut mettre à l'installation identique des ther- 
momètres dans les différentes stations, si l’on veut com- 
parer leurs indications et en tirer des conclusions mé- 
téorologiques et climatologiques. En même temps, j'ai 
constaté la nécessité d’une petite correction dans Île 
calcul de l'humidité par le psychromètre, due à la 
présence de mousseline autour d’une des boules de 
thermomètre. 

J'espère que les observations météorologiques que 
je poursuivrai désormais avec régularité et toute l’exac- 
titude que les excellents instruments comportent, con- 
tribueront pour leur part à la réussite de l’étude im- 
porlante et, je n’en doute pas, riche en résultats, qui 
a été entreprise, et qui est dirigée avec tant de zèle et 
d’habileté par le comité météorologique suisse, d'autant 
plus que notre Observatoire est la seule station du ré- 
seau qui soit située exactement au-dessous d’une autre 
(Chaumont) et cela de 2000 pieds, et qu’elle se prête 
par conséquent admirablement aux recherches des dif- 
férences qui ont lieu aux mêmes instants dans l’état 


NS, 


météorologique des couches superposées de l’atmos- 
phére. 

Notre Observatoire prête aussi son concours actif à 
une autre entreprise scientifique, non moins impor- 
tante, et patronée également par les autorités fédérales. 
La commission géodésique suisse, dont je vous ai déjà 
parlé dans mon dernier rapport, et qui est composée 
de MM. le général Dufour, l'ingénieur Denzler de Berne, 
Plantamour de Genève, Wolf de Zurich et Hirsch de 
Neuchâtel, s’est réunie deux fois à notre Observatoire, 
le 11 avril 1862 et le 17 mars 1863. 

Aprés avoir, dans la première séance, discuté et posé 
les principes et élaboré le programme général des dif- 
férentes opéralions géodésiques et des observations as- 
tronomiques à entreprendre sur le territoire et dans 
les Observatoires suisses, pour coopérer d’une manière 
efficace à la grande œuvre, pour laquelle presque tous 
les Etats européens se sont associés dans l'intérêt de la 
connaissance de la figure de la terre, elle a demandé 
les fonds nécessaires aux autorités fédérales, et s’est 
mise en rapport avec les commissions analogues des 
autres pays. Les chambres fédérales ayant voté dans 
leur dernière session les crédits demandés, la Commis- 
sion s’est occupée dans sa séance du printemps der- 
nier de choisir et de commander les instruments et ap- 
pareils nécessaires, de fixer en détail les nouveaux 
triangles à mesurer, soit pour rattacher notre réseau 
fédéral aux triangulations des Elats limitrophes, soit 
pour passer les Alpes et réunir le sud-ouest de lAlle- 
magne à la Lombardie, enfin d’élaborer le programme 
pour la campagne de cette année, essentiellement des- 
tinée aux opérations préparatoires, reconnaissances et 


De 
constructions des signaux, etc. ; enfin, elle a distri- 
bué parmi ses membres les travaux à faire. 

Les publications de notre Société des Sciences con- 
tiennent les procès-verbaux que J'ai faits de ces deux 
séances. Comme la Suisse en général est un des pays 
les plus importants pour cette entreprise européenne, 
notre Observatoire situé qu’il est, au pied du Jura et 
en face de Ja puissante chaîne des Alpes, est particu- 
lièrement appelé à contribuer à l'étude d’un des points 
essentiels de la question, de l'influence des montagnes 
sur la direction du fil à plomb et sur la forme de la 
surface géométrique de la terre. 

Je termine ce compte-rendu détaillé sur Pactivité de 
l'Observatoire, par quelques remarques sur la chaire 
d'astronomie qui à été créee par le Gouvernement à 
Neuchâtel, conformément à la demande que vous en 
avez faite dans votre dernière réunion. Appelé par le 
Conseil d'Etat à ce professorat, J'ai proposé de donner 
deux cours différents : un cours populaire, s'adressant 
à un auditoire mixte d'élèves des deux colléges et de 
personnes adultes, et traitant l’astronomie descriptive 
ou la cosmographie ; et un autre cours d’un caractère 
scientifique plus rigoureux et essentiellement rmathé- 
matique. J’ai commencé le premier, dans une salle du 
collége supérieur, il y a quelques mois, et à en juger 
d’après l’auditoire nombreux (il y a 136 personnes qui 
se sont inscrites) et le zèle qu’il met à suivre les le- 
CONS, je crois pouvoir espérer que ce cours contribuera 
à étendre parmi notre population, et surtout parmi 
notre Jeunesse, le goùt et les connaissances de notre 
noble science. 

_ Avec la rentrée des classes, après les vacances, je 
pense commencer l’autre cours, qui s’étendra sur deux 


D — 


1 


ans, embrassera l'astronomie sphérique, avec exercices 
pratiques à l'Observatoire, et l'astronomie théorique ou 
la mécanique céleste ; il sera destiné plus spécialement 
aux étudiants et aux jeunes gens des classes supérieu- 
res des deux colléges qui possèdent les connaissances 
géométriques indispensables. 

Pour ce dernier cours surtout, il serait désirable, à 
cause de sa connexité étroite avec les études mathéma- 
tiques supérieures, qu'il ne fit bientôt qu’une partie 
d’une organisation complète de l’enseignement supérieur 
dans notre pays. Je désire également que le vœu que 
vous avez exprimé, Messieurs, en faveur d'écoles d’hor- 
logerie à établir dans les localités industrielles, soit 
aussi bientôt entendu. Nos autorités éclairées, viennent, 
par la création d'une chaïre d’astronomie, de prou- 
ver de nouveau qu’elles savent apprécier la valeur des 
études supérieures qui ont une influence plus ou moins 
directe sur la prospérité du pays ; elles ne pourront pas 
méconnaitre la nécessité de réaliser enfin une institu- 
tion si longtemps et si généralement désirée, et sans 
laquelle notre industrie nationale risque d’être dépassée 
par sa rivale de l’autre côté de la frontière. En effet, la 
France fait actuellement dans ce but, des efforts éner- 
giques ét intelligents ; elle se prépare à augmenter le 
nombre de ses écoles d’horlogerie par une nouvelle 
institution de ce genre en Savoie. Le fait qu’un fonc- 
tionnaire haut placé est venu dernièrement de Paris à 
Neuchâtel pour étudier l’organisation des écoles d’hor- 
logerie, qu’il croyait exister dans notre pays, est bien 
sionificatif; il montre d’un côté la sollicitude éclairée 
du Gouvernement français, et de l’autre l’impardonna- 
ble insouciance qu'il y aurait de notre part à tarder 
plus longtemps de doter notre pays d’une institution de 


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ce genre. En attendant une organisation complète d’é- 
coles d’horlogerie pratiques et théoriques, que l’on crée, 
auprés de nos écoles industrielles des Montagnes, des 
leçons spéciales sur la théorie de l'horlogerie, qui peu- 
vent êlre fréquentées aussi par des auditeurs en dehors 
des colléges. Un professeur zélé et désintéressé a déjà 
commencé l’année dernière, de sa propre initiative, des 
cours de ce genre, et comme je l'ai appris, avec un 
véritable succés. Que l’on développe et protège officiel- 
lement ces cours, et le premier pas sera fait. Une fois 
qu’on aura formé un certain nombre d’élèves, possédant 
réellement les principes de l’art horloger, il sera temps 
de commencer aussi un cours supérieur de mécanique 
et de chronométrie. 

Quoique j'envisage la fondation d'écoles d’horlogerie 
comme la mesure principale et la plus pressante à pren- 
dre dans l'intérêt de notre industrie, les demandes réi- 
térées qui se sont fait jour, de voir profiter la bonne 
horlogerie courante d’un avantage analogue à celui que 
l'horlogerie de précision retire des bulletins de marche 
de l'Observatoire, m’engagent à revenir sur cette ques- 
tion el à vous soumettre quelques idées. 

Tout en maintenant l'opinion que j'ai émise dans mon 
rapport de l’année dernière, qu’il ne serait point utile 
de recevoir à l'Observatoire des montres ordinaires, 
pour leur délivrer des bulletins de marche, et tout en 
reconnaissant l’impossibilité pratique d’un contrôle offi- 
ciel de la qualité des montres fabriquées, je crois cepen- 
dant que le simple fait, constaté officiellement par un 
certificat, où par un poinçon imprimé sur la platine du 
mouvement, qu'une montre a marché, serait déjà une 
espèce de garantie pour l'acheteur et empêcherait ou 
diminuerait du moins la fabrication de cette espèce de 


Ms : ANS 


marchandise qui, avec l’extérieur des montres est plutôt 
de la quincaillerie que de l'horlogerie. C’est cependant 
cette fabrication peu consciencieuse de montres, qui 
n’ont jamais marché et ne peuvent jamais marcher, qui 
a surtout nui à la réputation de notre industrie. Je n’en- 
tends pas dire qu’il faudrait créer un contrôle obligatoire 
pour les mouvements, comme il en existe un pour les 
boîtes. Mais, tout en laissant aux fabricants pleme hberté 
de faire contrôler ou non leurs mouvements, Je crois 
qu'après peu de temps, les acheteurs mêmes les y for: 
ceront, en exigeant cette garantie. Pour encourager 
d’ailleurs les fabricants à envoyer les mouvements au 
contrôle, il faudrait fixer une finance très-faible, exiger 
un temps d’épreuve de quelques jours seulement et 
créer des bureaux de contrôle dans tous les centres de 
fabrication, ce qui est facile à faire, parce qu’il ne faut 
pas beaucoup de moyens scientifiques pour constater 
simplement qu’une montre a marché pendant quelques 
Jours sans s’arrêter. 

Les droits prélevés, pour ce contrôle, suffiront proba- 
blement dès le commencement, pour couvrir les frais 
des bureaux ; s'ils les dépassent, on pourrait peut-être 
en affecter le produit en faveur des écoles d’horlogerie 
que l’on créera. 

Je vous soumets cette proposition simplement dans le 
but de la voir mise à l’étude par des hommes plus com- 
pétents que moi dans des questions essentiellement pra- 
tiques, et parce que je désire contribuer à tout ce qui 
peut relever notre industrie, dans l'intérêt de iaquelle 
l'observatoire a été fondé. 


Le Directeur de l'Observatoire, 
D' An. HIRSCH. 


La Commission d'inspection de l'Observatoire, réunie 
le jour sous date, à teneur de l'art. 13 du règlement 
du 22 janvier 1861, approuve le rapport ci-dessus, et 
témoigne à M. le Dr Hirsch toute sa satisfaction pour 
l'ordre parfait dans lequel se trouve létablissement qu’il 
dirige ; elle constate que tous les appareils et instru- 
ments sont dans le meilleur état de conservation, et re- 
mercie M. le Directeur des services qu'il continue à ren- 
dre, soit à la science, soit à l’industrie. 

Elle émet, comme précédemment, le vœu : 

1o Que la convention par laquelle la Municipalité de 
Neuchâtel s’est engagée, envers l'Etat, à fournir l’eau à 
l'Observatoire, recoive le plus tôt possible son exécution. 

20 Que, dans lintérêt du maintien et du perfection- 
nement de notre industrie nationale, l’on s’occupe, sans 
délai ultérieur, de la fondation d’écoles d’horlogerie 
dans nos principaux centres industriels. 

Enfin la Commission estime qu'il serait opportun 
d'examiner sérieusement l’idée émise, à la fin du pré- 
sent rapport, soit la question de savoir s’il ne serait pas 
possible et utile d’instituer, dans les localités indus- 
trielles, des bureaux dans lesquels on délivrerait des dé- 
claralions de marche aux pièces de bonne horlogerie 
courante. 

Neuchâtel, le 2 juin 1863. 

Les membres de la Commission : 
F.-A. MONNIER. 
George GUILLAUME. 
Sylvain MAIRET. 
Charles-Edouard JAcor. 


N. B, — M. Desor était absent. 


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No 3: 
TABLEAU des chronomètres qui ont eu une variation diurne moyenne comprise 
entre À et 2 secondes. 


NOMS DES FABRICANTS. 


A'Em. Guinand. 
2 Ch.-Ed. Jacot. 
9lRobert-Brandt et Cie. 


13| Auguste Kramer. 
14|Borel et Courvoisier. 
:45|Robert-Brandt et Cie. 


94 » 


26|Ch.-Ed. Guve. 


25|Ch.-H. Grosclaude et Cie. Ieurier 


es Provenance. * 


Me. 


» 


Locle. 


» 


» 


Ch.-de-Fds, 


Neuchâtel. 
Ch.-de-Fss. 


bite Echappements 


| UOTENEA 


1,854 /Tourbillon. 
9 795|Ancre. 
496 Ressort. 


4/Ch.-H. Grosclaude et Cie.|Fleurier. [29,388 

D » | » 29,429 

6 » ) 30,182 

" ) ll »  |30,342 

8 » » 30,379 
| 9!Borel et Courvoisier Neuchâtel. [33,767|Ancre. 
140 » » 93,108! » 
| 41 ) ) 34,041! » 
12 » » 33,101| » 


1,308!  » 
34,132| » 
2,970 |Bascule. 


16|Favre-Leuba et Cie. Locle. 20,041 /Ancre. 
17| Eugène Bornand et Cie. Fleurier. 130,366 

18|Fritz Courvoisier. Buttes. 1,864|Bascule. 
19/Guinand-Maver. 22,150 » 
|20/Ch.-H. Grosclaude et Cie. dore 30,368 
| 24 » 30,307 
22|Robert-Brandt et Cie. Ch. de. Fds.|_  906|Ancre. 
23|Fritz Courvoisier. Buttes. 1,864|Bascule. 


1,865 » 
9,891 Ressort. 
9,920 |Bascule. 


Al » » 5,521 » 
 28|Robert-Brandt et Cie. Ch.-de-Fds, 1,770 » 

| 29 » » 1. T0 » 

| 30 » 4 te » 
 91,Ch.-H. Érosctlaie et Cie, |Fleurier. |30,315/Ressort. 
| 32 » ) 29. 329|Ancre. 
39 » » 29198 » 
:34|Haldimann et fils. Brenets.  |10,804|Bascule, 

30|Ch.-H. Grosclaude et Cie.|Fleurier. [30,380 


Moyenne de la Ilme classe... 


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No 5. 
Copie du bulletm de marche du chronomètre de poche N° 16782 
(échappement tourbillon), de M. Ulysse Bretmg, au Locle. 


DATE. Marche | Variation pa REMARQUES . 
diurne. | diurne. ure | 
ES COREECTS  PODESPRPRE EEE MERE. 
1862. | 
Novembre 21-22 |+ 55,0 ù 80, 
» 99-93 on 2 7 "| 1 | 
») 23-24 5,31 01 16 6 Position horizontale. 
» 2495 |, 540% 6,9 
» 25-26 Sr Roe 7 2 
) 26-927 SA NE, 122 
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Nov. 30 à Déc. 1 2,9, 01 1:14) 
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) 2-3 . sl 30,07 dans l'étuve. 
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» 19-20 | Lui 00) je 
» 20-21 à 35,9] ?|+ 0,2] 


Marche moyenne dans la position horizontale... + 4s, 61 
Variation moyenne » 
Marche moyenne dans la position verticale. .... + 3 46 


Variation moyenne » 0 ,42 
Variation par 1° de température 


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oupe approximative des terrains secondaires du lac de Varese. 


Comète I de 1869,le 20 Aôut 


Comète Î de 1862 , le 23 Aôut 


Comète I de 1862, le 25 Aôut 


Comète ll de1862 le 31 Aôut 


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Tableau comparatif des marches diurnes des Pendules et de la Température. 


1 Juillet A Juillet 10Avùk. 30Août 


19 Septembre 9 Octobre 29 0ctobre 


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BULLETIN 


DE LA 


SOCIÈTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE NEUCHATEL. 


= 


Séance du 5 novembre 1863. 


Présidence de M. L. CoULON. 


La Société procède à l'élection de son bureau, qui 
est composé pour cette année comme suit : 

M. L. Courox, Président. 

» Desor, professeur, Vice-Président. 

» Louis Favre, instituteur, Secrétaire pour la section 
de médecine, d'histoire naturelle , de géographie 
et d’ethnographie. 

» [sezy, instituteur, Secrétaire pour la section de phy- 
sique, de chimie, mathématiques, économie rurale, 
technologie et statistique. 


M. L. Coulon annonce la mort très-regrettable d’un 
de nos collègues, M. Guillaume Perregaux, décédé à 
Vienne, il y a quelques semaines, à l’âge de trente ans. 
Il rappelle à cette occasion les dons importants faits à 
notre musée par M. Perregaux et consistant en objets 
qu'il avait rapportés de la Suède et de l'Egypte. 


M. Coulon attire l'attention de la Société sur les phé- 
nomènes de végétation qui se produisent maintenant, 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT, T. VI. 28 


— 418 — 


malgré la saison avancée; il cite en particulier la flo- 
raison de l’anémone pulsatille et de Amelanchier vul- 
garts. 


M. Godet ajoute que plusieurs marronniers du Crêt 
portent des fleurs; mais celles-ci sont plus petites que 
celles du printemps. 


M. Favre a vu un pommier couvert de fleurs et un 
autre, il y a quelque temps, qui portait à la fois des 
fleurs et des fruits. 


M. L. Coulon rapporte les décisions prises à Sama- 
den, à la dernière session de la Société helvétique des 
sciences naturelles. Pour accomplir le mandat que la 
section de Neuchâtel leur avait confié dans sa séance 
du mois d'août, M. Desor et lui ont demandé que la 
prochaine réunion eut lieu à Neuchâtel; mais il en a 
été décidé autrement et Zurich a été choisi, pour des 
motifs qui intéressent plus particulièrement les mem- 
bres de la Suisse orientale. 


M. Æersch fait un rapport sur les mesures de tempé- 
rature qu’il à entreprises dans le tunnel des Loges. Il 
rappelle que, dans sa séance du 23 janvier dernier, la 
Société a chargé MM. Desor et Hirsch de s'occuper de 
cette recherche. M. Hirsch s’est adressé à l’adninis- 
tration du chemin de fer du Jura et a rencontré au- 
près d’elle la plus grande complaisance; le Directeur, 
M. Grandjean, a non-seulement accordé sans difficulté 
la permission d'établir les thermomètres dans le tunnel, 
mais il a mis à la disposition de M. Hirsch le concours 
de plusieurs employés et a fait faire aux frais de lad- 
ministration les niches pour les thermomètres. 


— 419 — 


Comme M. Hirsch se propose de déterminer la tem- 
pérature de la roche aux deux extrémités et au centre 
du tunnel au moyen de grands thermomètres à mer- 
cure de 6 pieds de long, munis d’une échelle à division 
très-fine et embrassant seulement quelques degrés, il a 
jugé nécessaire, avant de faire construire ces instru- 
ments sensibles et délicats, de se rendre compte ap- 
proximativement de la température qu'on rencontrera 
probablement dans le massif de la montagne. Dans ce 
“but, il a entrepris une recherche préalable sur la tem- 
pérature moyenne de l'air dans le tunnel et sur les va- 
riations de cette température, recherche qui a d’ailleurs 
son intérêt particulier. Il a donc fait venir trois bons 
thermomètres à mercure de Geissler, de Bonn, divisés : 
directement en cinquièmes de degré, et, après les avoir 
soigneusement comparés et avoir vérifié leur zéro, 1l 
les a installés le 13 juin dans des niches de 1 */: pied” 
de haut sur 6 pouces de large et autant de profondeur ; 
un au centre du tunnel au fond du puits n°3 et les deux 
autres à 10 mètres environ des deux issues du tunnel. 
Ils s’y trouvent librement suspendus dans l'air qui baï- 
gne les parois du tunnel. La lecture en est confiée aux 
deux gardes du tunnel qui doivent le parcourir, Fun 
partant de la stalion des Convers, l’autre de l'entrée du 
Val-de-Ruz, jusqu’à ce qu'ils se rencontrent au centre 
du tunnel, et cela trois à quatre fois par Jour avant le 
” passage des trains. Les heures d'observations se trou- 
vaient ainsi fixées par les exigences du service du che- 
min de fer; cependant, l'horaire de cet été était disposé 
de telle sorte que les heures d'observation n'étaient pas 
trop défavorablement distribuées pour le but que l’on 
_poursuivait. Le thermomètre du nord et celui du centre 


—  À420 — 


ont été observés par le garde des Convers à 6 heures du 
matin, à 4 h. après midi et à 7 ‘/ h. du soir environ; 
tandis que celui du sud a été lu quatre fois par jour 
par le garde des Hauts-Geneveys, à 6 h. et à 10 h. du 
matin, à 4 et 8 h. du soir. Comme les trains passaient 
à7h.,8h., 10 h. 50", 11 h. 40", 4 h. 50", 2 h. 40", 
4h. 6°, 5h. 45°, 8 h. 50" et 9 h. 30", on voit qu'il y 
avait toujours au moins deux heures d'intervalle entre 
l'observation des thermomètres et le passage du dermier 
train, intervalle suffisant pour laisser s'établir l’équi- 
libre de la température, qui aurait pu être dérangé par 
le passage du train et aussi pour faire disparaître sur les 
boules des thermomètres la condensation de la vapeur. 

Les deux employés, instruits et exercés par M: Hirsch, 
font les lectures consciencieusement, ainsi qu'il a pu 
s'en convaincre par quelques visites et en examinant 
leurs carnets après les trois premiers mois d’observa- 
tions. Ces observations, qui s'étendent du 15 juin au 
18 septembre, offrent déjà un certain intérêt, car ces 
mois sont ceux de la plus forte variation de la tempé- 
rature et renferment le maximum de l’année. 

Quant à ce dernier, M. Hirsch a constaté qu'il est ar- 
rivé pour le thermomètre 


À l'extrémité nord (Convers), le 14 août, à 


4 h. du soir, par . te CR DER 
Au centre du tunnel, L 30 juil à 4 D. 
DUSINT, Dale. 14. ARCS 
À l'extrémité sud (Val- de-Ruz), de 5 août, 
4 10 Hi} du tatin, pd... 


On remarque d’abord que le maximum de la tem- 
_pérature a lieu, pour l'air du tunnel, un peu plus tard 


; 
à 
E 
ù 


HO — 


qu’elle n'arrive ordinatrement chez nous; mais ce qui 
est étonnant, c’est qu'il soit arrivé plus tôt pour le 
centre que pour les deux extrémités; tandis qu’on au- 
rait pu s'attendre au contraire. Il est assez difficile 
d'expliquer ce phénomène; M. Hirsch essaie de le faire 
de la manière suivante : la température de l'air du 
tunnel est apparemment le résultat de deux causes, 
d'abord de la température de l'air extérieur qui entre 
aux deux extrémités et de celle des parois du tunnel. 
Or cette dernière sera à peu près constante au centre, 
tandis qu’elle s’élèvera lentement, mais sensiblement 
aux extrémités du tunnel; ce qui fait que le maxi- 
mum arrivera pour le centre très-peu après celui de 
l'air extérieur, {tandis que pour les extrémités la tem- 
pérature de l’air continuera encore quelque temps à 
s'élever, la température extérieure diminuant très-len- 
tement au mois d'août, et celle des rochers, près des is- 
sues, continuant à croître, le maximum ne sera atteint 
que plus tard. — On remarquera aussi que les maxima 
des deux extrémités sont sensiblement les mêmes et 
dépassent celui du centre de 3°,75. 

La variation diurne de la température, autant qu’elle 
peut se conelure de ces trois ou quatre observations 
faites par Jour, est en moyenne pour les trois mois : 


Thermomètre du nord,  1°,38. 
Id. du centre, 0°,76. 
Id. du sud, 179: 
La plus forte variation diurne est, pour 
le thermomètre du nord, 4°,0 le 3 juillet; 
F2 du centre, 2°,0 le 16 juillet; 
Id. du sud,  5°,1 le 4 août. 


2e. - KO 


* 


Ces chiffres, tant des moyennes que des maxima, 
s'expliquent naturellement; la variation au centre est 
la plus faible (°, de degré en moyenne); et la plus forte 
est celle du thermomètre Val-de-Ruz, où l'ouverture 
du tunnel est exposée au sud et au souffle des vents S. 
et S.-0., tandis que l'ouverture des Convers se trouve 
dans une combe étroite où le soleil et les vents n’ont 
presque pas d'accès. 

Quant à l’époque des maxima de la variation diurne, 
il est remarquable qu'elle tombe, pour le thermomètre 
du centre seul, pendant la durée du tir fédéral (du 11 
au 22 juillet), où les 8 trains ordinaires ont été rem- 
placés par 32 trains par Jour et où l’on aurait pu croire 
à priori que les plus fortes variations de température 
auraient dû se produire. Il n’en est ainsi cependant que 
pour le centre et dans une mesure encore assez faible, 
tandis que pour les deux extrémités les variations diurnes 
sont au contraire plus faibles, car la moyenne de cette 
douzaine de jours donne pour : 

La variation diurne du thermomètre nord,  0°,92. 

» » centre, 0°,97. 
» » sud, 0°,89. 

On obtient un résultat analogue, en caleulant pour 
les trois thermomètres la moyenne de la température 
pendant la douzaine de jours du tir et les douzaines qui 
l'ont précédée et suivie. On trouve pour ces moyennes 
les chiffres suivants : 


à THERMOMÈTRES 
ee meme pe nn ces, 
| Nord. Centre. Sud. 
Du 29 juia au 40 juillet. . . 11,05 9,47 9,70 
Du 11 juillet au 22 juillet . . 40,80 9,56 9,04 (!) 
Du 93 juillet au 3 août . . 9,41 9,52 10,07 


(*) Ge chiffre n’a pas la valeur des autres, parce qu’il manque trois jours 
d'observations, 


US 


Il y a donc de nouveau, pour le centre seulement, une - 
légère augmentation, et pour les extrémités plutôt une 
diminution de la température pendant le tir. 

Tous ces chiffres démontrent bien nettement com- 
bien peu le passage des trains affecte les thermomètres 
placés dans l'air du tunnel, pourvu qu'on laisse de côté 
les observations où les boules ont été mouillées par la 
condensation de la vapeur, qui met toujours un certain 
temps avant de sortir du tunnel. A plus forte raison 
doit-on admettre l’absence complète d'une influence 
sensible des trains sur la température du rocher à 6 
pieds de profondeur, température que M. Hirsch se 
propose d'étudier. 

M. Hirsch ajoute encore la remarque que, pendant 
ces trois mois d'été, la température des extrémités a 
été en général supérieure à celle du centre, ce qui n’a 
rien d'étonnant, et que la température de l’ouverture 
des Hauts-Geneveys a été le plus souvent plus haute 
que celle de l'ouverture des Convers. Lorsque les oh- 
servations de l'hiver pourront être comparées, M. Hirsch 
se propose d'étudier avec plus de détail le mouvement 
de la chaleur dans l'air du tunnel. Pour compléter cette 
étude, il placera encore un thermomètre dans l'air libre 
près de l’ouverture du sud, et même aux Convers si 
cela est possible. Mais il rencontre encore des difficultés 
à trouver une place favorable et surtout un observateur 
convenable pour le thermomètre qui doit être placé 
près de l’orifice supérieur du puits n° 3. 


M. Hirsch communique la détermination de la décli- 
naison magnétique, qu'il a faite aujourd'hui, à l’aide 
de l'instrument appartenant à la salle de mathémati- 


— 424 — 


ques du Gymnase, lequel lui a été confié par M. La- 
dame. La déclinaison est de 17° 12”, mais l'erreur pro- 
bable est au moins de 10’, ce qui est dû à la mauvaise 
qualité de la lunette et à la grande inertie de l'aiguille. 
Il exprime ses regrets de ne pouvoir pas faire cette dé- 
termination avec une exactitude plus rigoureuse. 


M. Coulon rapporte qu'il a reçu le 3 septembre der- 
nier un héron aigrette, jeune mâle, tué sur le grand 
marais. Selon M. Coulon, cet oiseau, très-rare dans 
l’Europe occidentale, n’a jamais été abattu chez nous. 
Outre un plumage entièrement blane, 1l a le:bec jaune 
citron, mais point d’aigrette sur le dos. Les ornitholo- 
gistes ne sont point d'accord sur les caractères spécifi- 
ques de cet oiseau; certains auteurs font du héron sans 
aigrette et à bec jaune l’ardea alba, et du héron à bec 
noir et portant une aigrette l’ardea egretta ou nigri- 
rostris. En Asie et au Japon, une autre espèce porte le 
nom d’ortentalis où egrettoides ; par contre, lardea 
leuce du Brésil a le bec jaune à tous les âges. 


M. Garnier it plusieurs lettres de M. Desor, datées 
d'Alger. 3 


M. L. Favre dit quelques mots des articles de M. 
Hæfer insérés dans le journal /e Cosmos . et dans les- 
quels l’auteur prétend expliquer les anciennes cons- 
tructions trouvées dans les lacs de la Suisse par le tra- 
vail des castors. 


PIE 


PURE. KP, 


oh ARLES 


{ 


» b 


— À425 — 


Séance du 20 novembre 1863. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Favre présente de la part de M. Olivier Mathey, 
du Locle, un certain nombre de plaques d’émail peintes 
par üun procédé dont ce dernier est l'inventeur et qui 
permet d'obtenir à bon marché une quantité considé- 
rable d'épreuves. Les sujets que l’on se propose de re- 
produire sont imprimés sur papier par le moyen de 
la chromolithographie, en ayant soin de n’employer 
que les couleurs en usage dans la peinture sur émail et 
choisies de manière à être fusibles à la même tempéra- 
ture. On décalque sur la plaque et on passe au feu. Les 
peintures mises sous les yeux de la Société ne sont que 
des essais plus ou moins réussis, mais qui suffisent ce- 
pendant pour montrer le parti qu’on pourrait en tirer 
lorsqu'on s’appliquerait à perfectionner le procédé et 
surtout lorsqu'on aurait acquis l’habileté résultant d’une 


_ certaine pratique. On pourrait ainsi obtenir non-seuie- 


ment la peinture commune et à bas prix sur porcelame 
et sur émail, mais encore un travail de la plus grande 
finesse à l’aide de retouches au pinceau, soumises en- 
suite à l’action du feu. La décoration des boîtes de 
montres, qui emploie si fréquemment l'émail enrichi 
de peintures, trouvera peut-être dans ce procédé un 
secours précieux, et notre fabrique neuchâteloise se 
verrait ainsi en élat d'exécuter elle-même une partie 
de ce travail pour lequel elle a été jusqu’à présent tri- 
butaire de Genève pour des sommes qui atteignent 
chaque année une valeur considérable. 


- 


— 426 — 


M. Favre rapporte que, le 27 août dernier, vers 3 
heures après midi, il a vu des vapeurs blanchâtres flot- 
ter d’abord autour des sommets neigés de l’'Oberland, 
Eiger, Mônch, Jungfrau et sur d’autres situés plus à 
l’est; ces vapeurs ont paru ensuite balayées par un vent 
soufflant du sud-ouest au nord-est; puis elles ont pris 
une direction inclinée et semblaient rouler vers le fond 
des vallées, du côté de la plaine suisse, avec une rapi- 
dité extraordinaire. Une demi-heure après, il aperçut 
le même aspect se produire sur des sommets situés plus 
à l’ouest et qui jusqu’alors étaient restés parfaitement 
purs. Le vent se transportait donc de l’est vers l’ouest, 
bien que les vapeurs fussent chassées dans une direction 
inverse. Le phénomène se maintint le reste de la soi- 
rée avec une égale intensité. Il jugéa tout de suite 
qu’un fœhn violent soufflait sur les Alpes, soulevait la 
neige poudreuse autour des hautes sommités et la trans- 
portait au loin comme de légères vapeurs; mais ce qui 
le surprit, ce fut le sens dans lequel le courant d’air se 
propageait et qui était inverse à sa direction comme 
dans les vents d'aspiration. Quelques jours après, il 
lisait dans les journaux qu’un foehn terrible avait souf- 
flé à Uri et à Schwytz le 27 août dans l'après-midi et 
avait mis en danger les habitations. La police avait dû 
prendre des mesures sévères ; elle avait fait éteindre les 
feux chez les boulangers et défendu de fumer dans les 
rues. À Brunnen, les bateaux à vapeur n'avaient pu 
aborder pour le service de la station, et les vagues 
inondaient les personnes qui s’approchaient du rivage. 


M. Guillaume, docteur, fait voir deux ceps de vigne 
où la fructification a présenté des anomalies singulières. 


RE SSe  ARER 


Le premier est un cep de raisin blanc provenant des 
vignes de Saint-Blaise. A la suite d’une blessure d’ori- 
gine inconnue, l'irritation organique à amené une ac- 
cumulation de sucs, non-seulement dans la tige blessée, 
mais encore dans la grappe, qui s’est transformée par 
le gonflement du pédoncule et des pédicelles en une 
masse ligneuse un peu ramifiée. 

L'examen microscopique montre que cette substance 
lignéuse est entièrement cellulaire. Sur le même cep, 
on voyait au-dessous de la grappe hypertrophiée une 
seconde grappe qui n’était pas affectée de cette ma- 
ladie. | 

Le second cep, de l'espèce petit vin rouge, porte 
plusieurs grappes qui n'ont pu se développer depuis 
l'époque de la floraison. Chaque grain de raisin est 
remplacé par un grand nombre de petites écailles qui 
font ressembler les grappes à celles des rumex. Cet 
avortement s’élait déjà produit l’an passé sur le même 
cep. 


M. Louis Coulon remarque que des renflements dus 
à l’accumulation des sucs s’observent assez fréquem- 
ment sur les sapins, les frênes, etc. Chez les premiers, 
ils sont produits par la végétation d’un champignon pa- 
rasite qui provoque l’afflux de la sève et surtout de la 
résine ; en cet endroit la ténacité est plus faible qu'ail- 
leurs et la rupture s’y fait plus facilement. 

Au sujet du second cep, il y voit une transformation 
des étamines en écailles et il cite les anémones sylvies, 
dont il a souvent trouvé des exemplaires où la fleur 
était complétement changée en feuilles. 


— 428 — 


M. ter, ingénieur, donne la relation suivante d’un 
phénomène électrique qu'il a observé près de Pontar- 
lier, le 2 novembre, à 6 heures du soir. 

Son parapluie s’est trouvé subitement éclairé par des 
flammes bleuâtres de quatre centimètres de longueur 
placées à l’extrémité de chaque baleine, qui était gar- 
nie d’une pointe métallique. La température pouvait 
être de 1 ou 2 degrés au-dessus de zéro; le eïel était 
nuageux et la nuit fort obseure ; le vent soufflait avec 
force et il tombait une neige fine qui fondait aussitôt 
qu'elle était arrivée à terre. Sur son parapluie, cette 
veige s’agglutinait par la fusion et formait une croûte 
plus épaisse vers le milieu, dont la cohésion augmen- 
tait de plus en plus par le regel de l’eau, qui ne s’écou- 
lait qu’en petite quantité. 

Les flammes n'avaient pas de chaleur sensible ; elles 
variaient avec l'intensité du vent, augmentaient ou di- 
minuaient de longueur suivant qu'il soufflait plus ou 
moins fort; elles ressemblaient à des aigrettes. En te- 
nant le parapluie contre le vent, chaque extrémité était 
illuminée; en le tenant horizontalement, les pointes 
situées du côté du vent ne donnaient pas de lumière, 
les latérales montraient une légère flamme recourbée 
suivant la direction du vent, et enfin les pointes oppo- 
sées au vent présentaient une flamme de 4 centimètres 
de longueur. Le vent dominant était celui d'ouest. 

Le parapluie était en soie et la canne en bois dur. 
Celle-ci ne donnait lieu à aucune manifestation élec- 
trique, sans doute parce que son extrémuté était plane. 

Ce phénomène est sans doute analogue à celui qui 
est connu des marins sous le nom de feu de Saint-Elme. 
Le parapluie était constamment chargé d'électricité 


| — 429 — 


par la neige, et l’étoffe étant un mauvais conducteur, 
cette électricité se déchargeait par les pointes d'autant 

- plus facilement que la neige était à demi fondue. Il faut 
encore noter que l'approche du doigt, d’une clef, d'une 
pierre, ne produisait aucune influence sur l'état de la 
flamme. 


M. ftter annonce encore qu'il a été surpris en exa- 
minant les débris de roseaux dont les rives du lac sont 
couvertes, de leur trouver l'apparence d’une carboni- 
sation plus ou moins avancée, ressemblant à celle qui 
est produite par l’action du feu. Cette carbonisation 
lente de substances ligneuses, exposées à l'air et à l’hu- 
midité, pourrait peut-être expliquer celle qu'on remar- 
que sur les pieux des habitations lacustres, qui présen- 
tent tous plus ou moins l'apparence de débris brûlés; 
les extrémités de ces pieux, qui ont souvent trois ou 
quatre pieds hors de l'eau, n’ont pu être tronquées par 
un incendie, et conserver encore cette longueur dans 
un foyer ardent. 

Il présentera dans la prochame séance des échantil- 
lons au visu desquels la discussion sera plus facile. 


M. Paul de Meuron cite le fait assez curieux que le 
pavé en granit établi dernièrement sur la place de 
l'hôtel de ville reste toujours humide et eomme mouillé, 
tandis qu’à côté le pavé de grès est sec et blanc. Cela 
vient sans doute de l’affinité que les granits ont pour 
l’eau ; ce qui fait qu’ils se décomposent généralement 
plus ou moins rapidement dans nos climats, soit à 
l'air, soit dans la terre, par la dissolution des éléments 
alcalins. La végétation de certaines espèces de plantes 


— 430 — 


qui affectionnent les sols granitiques est probablement 
aussi due à cette humidité constante et à cette décom- 
position. 


M. Host cite les obélisques d'Egypte qu’on a trans- 
portés à Paris et qui y perdent peu à peu leur lustre 
par l’effet de l'humidité, tandis qu'ils s'étaient con- 
servés intacts et brillants dans le climat sec de l'Egypte. 


M. Favre indique le fait analogue que les canaux 
creusés dans nos rues, pour les conduites à gaz, il ya 
plusieurs années , se distinguent encore nettement du 
terrain avoisinant par une couleur plus foncée. La terre 
non encore bien tassée qui les recouvre, absorbe et con- 
serve mieux l'humidité que le reste du sol. 


Séance du 4 Décembre 1863. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Coulon distribue, de la part de M. Paul de Meu- 
ron, ingénieur, une brochure ayant pour titre : Ques- 
tion des eaux et qui expose les études faites en vue de 
procurer à la ville de Neuchâtel l’eau nécessaire à son 
alimentation. | 


M. Xopp présente la note des dépenses faites pour 
l'achat et l'installation des instruments destinés aux 
trois stalions météorologiques fédérales du canton de 
Neuchâtel. Après une discussion, on renvoie au comité | 


— 431 — 


de météorologie le soin d'examiner ces comptes et de 
faire les démarches nécessaires pour obtenir les fonds 
alloués à cet usage. 

M. Kopp annonce que deux stations sont en activité et 
donnent d’excellents résultats ; ce sont celles de l’Ob- 
servatoire cantonal, sous la direction de M. le D’ Hirsch, 
et du sommet de Chaumont, desservie par M. Sire, ins- 
tituteur, qui s’acquitte de ses fonctions d’observateur 
de la manière la plus satisfaisante. Depuis létablisse- 
ment des nouvelles stations, on a cessé les observations 
au Gymnase et M. Kopp ne fait plus que celles du lim- 
nimètre. 


M. George Guillaume présente plusieurs échantillons 
de Gentiana verna qu'il a cueillis près des Bayards, le 
1” décembre. 


M. le D' Hrsch fait deux communications : l’une 
sur les découvertes en astronomie pendant l’année 
1863; dans l’autre, il rend compte des recherches de 
M. Wolf sur les taches du soleil. (Voir Appendice.) Il 
dépose en même temps sur le bureau le XV** cahier 
publié par M. Wolf sur ce sujet. 


M. L. Favre présente le dessin d’un Lycoperdon gi- 
ganteum qui lui à été remis par M. le D' Guillaume. Ce 
champignon, trouvé au-dessus de Hauterive en sep- 
tembre dernier, était de taille colossale; il mesurait 
plus de { pied de diamètre et pesait 4“/ livres. Chacun 
a pu en voir un pareil à l'exposition de Colombier, le 
24 septembre. D’ordinaire, cette espèce n’atteint pas 
des dimensions aussi considérables, et les deux échan- 


— 4 + ë 
tillons que nous en avons eus attestent que les cireons- 
tances ont été cette année éminemment favorables au 
développement de ces végétaux. 

M. Favre fait voir encore plusieurs exemplaires de 
l'Elaphomyces granulatus, champignon souterram voi- 
sin des truffes; ils ont été trouvés par des chasseurs qui 
avaient remarqué au pied de la montagne de Boudry 
de nombreuses places fouillées par les bêtes sauvages, 
sangliers ou blaireaux. Curieux de savoir ce que le sol 
pouvait contenir, ils creusèrent à leur tour et décou- 
vrirent, à quelques pouces de profondeur, quantité de 
petits corps arrondis, de la grosseur d’une noix, qu'ils 
prirent pour des truffes. M. soie ajoute que ces cham- 
pignons sont assez répandus dans les forêts de sapins de 
nos montagnes, et qu'ils se rapprochent des Lycoper- 
dons par la présence d’une poussière brune, formée 
par les spores, qui se développe dans l'intérieur, quand 
ces végétaux ont acquis un certain âge: 


M. le D' Guillaume demande que l’on mette en dis- 
cussion la création d’une section d'Histoire. Il'sait 
qu'une société est sur le point d’être fondée à Neuchà- 
tel, pour s’occuper de recherches historiques, par quel- 
ques personnes que notre titre de Société des Sciences 
naturelles effarouche. D'un autre côté ilest à cramdre 
que les forces actives de notre petite ville ne s’éparpil- 
lent aux dépens de leur énergie et de leur puissance. 
Il croit qu'une société nombreuse s’occupant de‘tra- 
vaux même un peu disparates, a plus de chances de vie 
que plusieurs petites associations qui finiraient par se 
dissoudre faute d'aliments. Rien n’empêcherait d’in- 
troduire dans notre Bulletin une partie distincte qui 


— 4 — 


 renfermerait les travaux de la section dont il propose 


la création. Il fait remarquer que sa demande a pour 
effet de régulariser ce qui existe depuis plusieurs an- 
nées, puisque nous recevons sans observations les com- 
munications archéologiques auxquelles ont donné lieu 
les découvertes d’antiquités lacustres dans notre voisi- 
nage, sans compter les notices présentées par M. le co- 
lonel de Mandrot sur des sujets de cette nature. Si sa 
proposition est admise et si elle détermine l'admission 
de membres nouveaux et l'apparition de travaux nom- 
breux, il demanderait que les séances eussent lieu 
chaque semaine, et que les membres qui auraient des 
communications à présenter en avertissent d'avance 
M. le Président, afin que celui-ci pût en donner avis 
sur les cartes de citation ou par la voie des journaux. 
On saurait ainsi quels jours on s’occuperait de ques- 
tions historiques ou de sciences naturelles; 1l est con- 
vaincu que cet arrangement serait agréable à bien des 
personnes dont le temps et les goûts ne s’accommodent 
pas toujours du mode suivi actuellement et dont la 
conséquence est que chacun ignore le programme de la 
séance où l’on se rend. 

Cette proposition, appuyée par plusieurs membres, 
est mise aux voix et adoptée. M. le Président rappelle 
que la Société ne s’est jamais occupée de politique : 
c’est une des conditions de son existence; si l’histoire 
entre dans le programme de nos attributions, elle ne 
doit pas entraîner avec elle un élément dont 1l redoute 
les conséquences pour l'avenir de notre Société. 


M. Ritter présente des échantillons de débris de bois 
de toute nature et d’une antiquité en général imdéter- 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 29 


— 434 — 


minée. Ces échantillons sont plus ou moins noirs et ont 
plus ou moins laspect du charbon. Cette coloration 
parait être complètement différente de l’action décom- 
posante, qui agit en général sur les débris de bois aban- 
donnés sur terre ou ‘dans l’humus des forêts. Les fibres 
présentent une dureté pareille à celle du bois encore 
en croissance et elles sont même parfaitement visibles. 
Les échantillons coupés ou entaillés se distinguent faci- 
lemeni du charbon, même flotté pendant longtemps, 
en ce que celui-ct crie sous l’action de la lame et pré- 
sente des molécules brillantes, provenant des cendres 
intercalées entre les molécules de charbon, tandis que 
le bois flotté présente une coupure mate et sans parties 
brillantes. Un échantillon de pilotis moderne, remon- 
tant à un siècle ou 150 ans au plus, soumis à l’action de 
la chaleur d'un four de boulanger pendant quelques 
heures, s’est fendillé à la surface, et si cette action eût 
duré plus longtemps, le fendillement serait probable- 
ment devenu pareil à celui présenté par les piquets cel- 
tiques. Il résulte donc de ces faits, que lon peut con- 
clure avec certitude que l'apparence noire et fendillée 
de la plupart des piquets d'habitations lacustres n’im- 
plique en aucune façon l’idée de la destruction générale 
de ces habitations, et que, à l'exception de nombreux 
cas particuliers où l’action du feu ne saurait être mise 
en doute, on peut hardiment avancer que le reste des 
piquets lacustres présente une apparence noire et fen- 
dillée, produite par l’action lente mais sûre de colo- 
ration ou de carbonisation de l’eau sur le bois. Le phé- 
nomène se présente, du reste, généralement dans tous 
les objets en bois mis en contact permanent avec l'eau, 
comme les barques, les seaux, les pompes, etc. 


— 435 — 


M. Ritter, à propos de la question de distribution 
d’eau nouvellement projetée par le Conseil municipal 
de Neuchâtel, pose à l’assemblée une question d’un 
grand intérêt pour les demandeurs en concession de ce 
projet : C’est celle de limperméabilité des couches 
géologiques destinées à recevoir le réservoir régulateur 
du Plan. Le projet comporte l'exécution d’un immense 
réservoir au verger des Cadolles, situé au nord du Crêt 
du Plan. Dans la construction de ce réservoir, on utilise 
aussi une partie de la combe valangienne située sur le 
coteau dominant la ville. Pour rendre imperméable ce 
réservoir de 250% X 150" SK 10°, soit d’un cube de 
375,000 mètres, il est prévu un cimentage qui doit 
coûter 100,000 fr.; ainsi M. Ritter demande si MM. les 
géologues présents pourraient donner quelques imdica- 
tions sur le degré de perméabilité du sol en cet endroit, 
afin de savoir si les entrepreneurs du projet peuvent 
prévoir une économie dans le prix porté au devis pour 
cet objet. 

M. le Président fait la remarque que le réservoir re- 
posera en partie sur des couches de Portlandien et que 
le petit mont ou affleurement central de jaluse qui di- 
vise le verger des Cadolles longitudinalement, ne permet 
guère d'espérer l’imperméabilité dans la région nord 
de ce verger et à partir de cet affleurement, tandis que 
dans la combe sud, formée de marnes valangiennes, 
cette imperméabilité est possible et même probable. 


M. Garnier lit plusieurs lettres de M. Desor, datées 
de Constantine et de Biskra. 


— 436 — 


LES DÉCOUVERTES EN ASTRONOMIE 


faites en 13653. 


Messieurs, 


Le dernier rapport, que j'ai eu l’honneur de vous faire sur les 
découvertes de nouveaux astres du système solaire, terminait la 
liste des petites planètes, entre Mars et Jupiter, avec le N° 76 trou- 
vé par M. d’Arrest et nommé freia. Ce groupe s’est augmenté 
depuis de trois autres planétoïdes, dont le nombre total atteint 
maintenant le chiffre 79. — La première fut découverte le 12 
novembre 1862 par M. Peters, à Hamilton Colledge Observatory, 
Clinton (New-York), auquel on doit aussi la découverte du N° 75. 
C’est un petit astre de 13° grandeur, d’une lumière blanche et 
nette, qui frappait surtout par le contraste avec une autre petite 
planète, Feronia, qui se trouvait tout près d'elle et dont la lu- 
mière était beaucoup plus diffuse et montrait un ton gris-bleuà- 
tre. Cette planète a recu le nom de Frigga, parce que Frigga et 
Freia se trouvent souvent associées dans la mythologie du nord, 
dont l’Asgard commence décidément À faire une concurrence sé- 
rieuse à l’Olympe grec. — La 78"° planète a été découverte 
par l’infatigable M. Luther, à Bilk, le 15 mars de cette année; 
l’astre qui, lors de sa découverte, était de 10° grandeur, a été 
nommée Diana. — La dernière enfin, qui manque encore de 
nom, fut trouvée le 14 septembre dernier par M. James Wattson, 
à Ann-Arbor, en Amérique; elle est également de 10°° grandeur. 

Le nombre des comètes s’est accru plus considérablement; car . 
les deux de 1862, dont je vous parlais il y a un an, sont augmen- 
tées d’une troisième, et l’année 1863 compte déjà cinq de ces as- 
tres, dont une est actuellement visible. Je me permets de revenir 


| 
4 


+ CR 


—  ÀAST — 


en quelques mots sur la comète IT de l’année dernière, sur laquelle 
je vous ai communiqué mes observations accompagnées de des- 
sins. Vous vous rappellerez le curieux appendice que cette comète 
montrait du-côté du soleil et dont je vous ai décrit les mouve- 
ments oscillatoires. Mon opinion, que ces phénomènes intéres- 
sants étaient dus à un secteur lumineux animé d’un mouvement 
rapide de pendule, et non à des jets de lumière différents et consé- 
cutifs, a été confirmée par d’autres astronomes, surtout par M. 
Tietjen, à Berlin, dont les observations s’accordent parfaitement 
avec les miennes et confirment mes dessins, aussi bien pour l’éten- 
due que pour la période du mouvement de l’appendice. L’angle 
consigné entre la ligne médiane du secteur lumineux et la direc- 
tion de la comète vers le soleil, montre les valeurs suivantes : 
h. m. 0 
Août 15, à 13 24 + 50,5 
16, à 9 50 + 13,6 
19, à 12 40 — 3,2 
19, à 13 923 + 1,4 
20, à 10 9 + 23,2 
20, à 13 59 + 37,1 


25, à 933 —11,4 
26, à 10 40 — 60,8 
27, à 40 26  —95,5 


28, à 10 3 + 11 

29, à 9 49 + 25 
Ces chiffres prouvent, en effet, une oscillation entre les limites 
extrêmes de 420° et laissent voir une période d’environ 5 jours 
pour l’oscillation simple. M. Tietjen a également remarqué les. 
différences alternantes d’éclat des deux côtés du secteur, ainsi que 


sa courbure variable, telles que je les ai représentées. J'ajoute que 


M. Murmann, de Vienne, a observé des phénomènes de polari- 
sation dans la lumière de cette comète. 

La ['° comète de cette année a été découverte par M. Pruhns, 
à Leipsig, le 1* décembre 1862. (Je dois expliquer, à cette occa- 
sion, que le rang des comètes se détermine, non pas d’après la 
date de leur découverte, comme c’est le cas pour les planètes, 
mais d’après l’époque de leur passage au périhélie; ainsi la co- 
mète de Bruhns, quoique découverte en 1862, est la 1"° de l’an- 


» 


— 438 — 


née 1863, parce qu’elle passe par le périhélie le 3 février de cette 
année.) L’astre montrait, lors de sa découverte, une faible nébu- 
losité très-diffuse, sans queue et sans noyau bien distinct, ce qui 
rendait les observations exactes de position assez difficiles et 
empêche le calcul d'éléments elliptiques, bien qu’il fùt visible 
pendant plus de trois mois. Vers le milieu da mois de janvier, on 
aperçut une concentration de lumière, qui se transforma peu à 
peu en un vrai noyau, situé au foyer de la nébulosité ellip- 
tique, dont le grand axe mesurait 1 1}, et le petit 4’ d’are. L’in- 
tensité du noyau était surtout brillante vers le milieu de février, 
peu après le passage au périhélie; mais elle diminua aussi très-vite. 

Le 41 avril 1863, M. Ælinkerfues , à Gottingue, découvrit la 
IF comète, qui fut aperçue aussi d’une manière indépendante 
par M. Donati le 14 du même mois. Cette comète, peu brillante, 
avait un faible noyau et ne montrait pas de trace de queue. Le 
mouvement, dans une orbite très-inclinée (de 732,5), était rétro- 
grade, — Un jour après, le 12 avril, M. Respighi, de Bologne, 
trouva dans la constellation de Pégase une autre comète {la [TI° 
de l’année), qui devint bientôt visible à l’œil nu. Car son noyau 
avait l'éclat d’une étoile de 3° grandeur, et sa lumière planétaire 
et brillante contrastait fortement avec la nébulosité fine et égale- 
ment disposée de la coma et de la queue; cette dernière atteignit 
la longueur de 5° environ. Cet astre intéressant, qui montrait en 
miniature à peu près l'aspect de la grande comète de Donati, s’af- 
faiblit rapidement, de sorte qu’il n’a pu être observé à partir de la 
fin de mai. Son mouvement était direct et son orbite presque 
perpendiculaire à l’écliptique (son inclinaison était de 85e). 

La Z Ve comète de 1863 fut découverte le 9 octobre par un as- 
tronome amateur, l’horloger Bäcker, à Nauen ; son aspect peu 
intéressant montrait une nébulosité aux contours mal définis 
avec une trace de noyau excentrique. 

Enfin la V® de cette année a été trouvée le 4 novembre par 
M. Tempel, à Marseille; son noyau, brillant, a l’éclat d’une 
étoile de 4%° grandeur et une queue de plus de 4°. Quoiqu’elle 
soit par conséquent visible à Pœil nu, je n’ai pas encore réussi à 
l’observer; car dans les rares nuits claires dont nous jouissons à 
cette saison, le ciel s’est couvert de brouillards le matin, quand 
la comète est visible. 


— 439 — 


RECHERCHES NOUVELLES 


SUR 


LES TACHES DU SOLKETIL. 


J'ai l'honneur de remettre à la Société, de la part de mon ami 
et collègue M. Wolf, de Zurich, le 15"° cahier de ses communi- 
cations sur les taches du soleil. 

M. Wolf a disposé pour l’année 1862 de 342 jours d’observa- 
tions complètes, d’après lesquelles le soleil ne s’est montré pen- 
dant cette année dénourvu de taches que trois jours, le 2, 3 et 4 
du mois de décembre. Le nombre relatif moven pour 1862 est 
trouvé égal à 59,4; comme ces nombres étaient pour les années 
Ur. 


Années : 1858 1859 41860 1861 1862 
Nombre relatif : 50,9 96,4 98,6 77,4 59,4 


la détermination du maximum des taches pour 1860,2 s’est, en 
effet, complètement vérifiée. 

M. Wolf déduit de ce chiffre des taches solaires de 1862 et d’a- 
près les formules qu’il a établies pour le rapport entre elles et la 
déclinaison magnétique à Munich et Prague, les valeurs suivantes 
de cet élément magnétique : 

Pour Munich, la variation moyenne annuelle de la décli- 

Miensépait mou palm eu soon sditibnenr pige 
Et pour Prague . . + MEMBRES 

M. Wolf étend ensuite cette cop Fab aux observations ma- 
gnétiques de Cracovie et de Christiania, pour lesquelles il établit 


—  À40 — 


les formules qui servent à les relier avec le nombre des taches du 
soleil. À cette occasion, M. Wolf accepte les remarques que j’a- 
vais faites dans mon rapport de 1862, où j’avais émis l’opinion 


que l'équation qui exprime la relation des deux phénomènes, de- 


vait contenir des termes dépendant du temps, ef que les variations 
des éléments magnétiques, tout en dépendant dans leurs valeurs 
moyennes et générales des causes cosmiques, comme le prouvent 
les travaux de M. Wolf, pourraient bien aussi être influencées par 
les phénomènes météorologiques en ce qui regarde du moins les 
variations irrégulières, locales et les perturbations. M. Wolf indi- 
que cette fois même une relation entre la périodè séculaire de la va- 
riation magnétique et la marche du phénomène des taches solaires. 

Mais ce qui intéresse surtout dans ce nouveau cahier, ce sont 
les recherches soit de M. Wolf lui-même, soit de son collégue 
M. Fritz, sur le rapport qui existe entre la fréquence des ta- 
ches du soleil et celle des aurores boréales. Ces deux messieurs 
ont, en effet, réussi à démontrer une analogie étroite entre ces 
deux phénomènes; car, tandis que pour les années riches en ta- 
ches de soleil, le nombre moyen des aurores observées est 39,1, 
il n’est que 28,2 pour les années où le soleil montre peu de ta- 
ches, et réciproquement pour les années où le nombre des au- 
rores est compris entre 9 et 30, la fréquence des taches solaires 
s'exprime en moyenne par 34,7, tandis que ce chiffre monte à 
56,3 dans les années où l’on a observé entre 31 et 53 aurores. 
Cette relation étroite devient encore plus frappante, si on repré- 
sente les deux phénomènes graphiquement par les courbes, soit 
des nombres relatifs des taches, soit des nombres annuels des 
aurores. En effet, le parallélisme de ces deux courbes est évident, 
non-seulement si l’on tient compte de toutes les aurores obser- 
vées quelque part, mais aussi si l’on se borne à celles qu’on a 
vues dans la zone tempérée de l'Europe, et même il se vérifie pour 
les aurores remarquées en Suisse seulement. Non-seulement on 
reconnaît aisément dans la courbe des aurores la-période de 44 */, 
ans, mais on y retrouve aussi fortement indiquée la grande pé- 
riode de 56 ans, établie pour les taches du soleil. Lès maxima et 
minima correspondent presque partout exactement dans les deux 
courbes. — Vous remarquerez sur le tableau de M. Fritz le 
parallélisme remarquable entre les courbes qui représentent la 


Lu 


— Al — 


: 


fréquence des aurores dans les différents mois; seulement les 
maxima sont plus fortement accusés dans les mois d’hiver, qui 
sont généralement plus riches en aurores que l'été. M. Fritz re- 
marque aussi à cette occasion, que les aurores ne sont nullement, 
comme on le croit souvent, continuelles dans les régions polai- 
res; Car Parry et Wrangel n’ont vu dans l’hiver de 1822 à 1823 
que de rares et faibles autores, et le capitaine Ross n’en a pas ob- 
servé davantage en 1833, lorsqu'il hivernait dans le détroit du 
Prince-Régent.—M. Fritz montre, en outre, que la période de 56 
ans, qu’il a conclue des observations d’aurores de 1710 à 1862, 
s’accorde avec les notices historiques qu’on trouve sur les années 
extraordinaires par le nombre et l’intensité des aurores, depuis le 
commencement de notre ère, et cela beaucoup mieux que la pé- 
riode de 65 ans que Hansteen et Olmsted avaient cru remarquer 
dans les fréquences de ces phénomènes. — Le dernier de ces sa- 
vants, dans son ouvrage : On the recent secular-Period of the Au- 
rora borealis, avait aussi émis l'hypothèse d’une relation qui 
existerait entre les aurores d’une part et la lumière zodiacale et 
le phénomène météorique de novembre de l’autre; mais non-seu- 
lement la période de ces étoiles filantes de novembre est de 33 
ans, mais les aurores offrent trop de caractères terrestres pour 
pouvoir les assimiler directement avec les phénomènes cosmiques 
comme le sont la lumière zodiacale et les étoiles filantes. Cepen- 
dant, les faits établis par MM. Wolf et Fritz ne me semblent pas 
laisser de doutes possibles sur l'opinion que les aurores aussi, 
bien qu’elles se passent dans notre atmosphère, se trouvent sous 
l'influence de forces cosmiques, dont nous ignorons encore la na- 
ture, mais dont nous reconnaissons l'effet dans les révolutions de 
l'atmosphère du soleil aussi bien que dans la marche des élé- 
ments magnétiques. 

Je ne veux pas quitter ce sujet sans mentionner en quelques 
mots les recherches intéressantes d’autres savants qui, comme 
M. le professeur Spoerer, à Anclam , et M. Howlett, à Londres, 
s’attachent plutôt à l’étude des changements de forme et de 
place des taches solaires. M. Spoerer est arrivé par des recher- 
ches minutieuses et exactes, poursuivies pendant nombre d’an- 
nées, à conclure des mouvements propres des taches (abstraction 
faite du mouvement de rotation du soleil), à existence sur le so- 


— 442 — 


leil de vents extrêmement forts et assez réguliers. Ila trouvé que, 
près de l’équateur, dans une zone qui s'étend des deux côtés 
jusqu’à 6° degrés, c’est un vent O. qui domine; dans deux autres 
zones attenantes, dont chacune s'étend de Æ 6° à == 10e, la 
direction du vent est variable, tantôt O., tantôt E.; enfin, au- 
delà, c’est le vent E. qui prédomine; ou plutôt, comme presque 
toutes les taches s’éloignent lentement de l'équateur ,vers les 
pêles, c’est un vent S.-E sur l'hémisphère nord, et N.-E. sur 
l'hémisphère sud, qui les poussent ordinairement dans ces lati- 
tudes. M. le D' Spoerer a aussi déterminé la vitesse de ces diffé- 
rents vents solaires. Celle du vent O. près de Péquateur est en- 
viron de 26 lieues géographiques par heure; à 30° de latitude 
australe , il en a mesuré qui parcouraient 34 lieues par heure; 
el dans la zone qui est ordinairement la plus riche en taches, 
cette vitesse est plus variable et surtout plus faible, de 43 à 17 
lieues par heure. Il ressortirait de ces chiffres que Pabsence 
presque complète des taches près de l’équateur et dans les hautes 
latitudes est des à l'intensité en même temps qu’à la constance 
des vents dominants, contrairement à l'opinion qui veut y voir 
une preuve de la tranquillité relative de ces parties de lPatmos- 
phère solaire. — M. Spoerer , enfin, a observé quelquefois des 
mouvements de rotation bien prononcés, surtout dans la tache 
double, à pénombre commune, du 24 mai 1863; ils provien- 
Baden d’ouragans semblables à nos cyclones. 

Cette même phtiiselutité a été observée par M. Howibit, le 11 
mai 1863, sur un large groupe, qui subissait apparemment une 
véhémente impulsion &e tourbillon ; le groupe, dans un moment 
donné, offrait l’aspect d’une spirale, comme certaines grandes né- 
bulosités. 

Le même observateur, qui recoit l’image du soleil dans un en- 
droit obscur sur un écran divisé et y dessine les contours et les 
positions des taches, est arrivé à plusieurs remarques intéres- 
santes. [l a constaté des changements de forme extraordinaires 
dans des grandes taches, qui prouvent que des millions de lieues 

carrées de taches et de matière photosphérique disparaissent en- 
tièrement pendant le parcours de la tache, ou changent telle- 
ment qu’elles sont à peine reconnaissables. De petites taches de 
>" à 6” de diamètre (quelques cent mille lieues carrées) mon- 


be. Lu. 


— 443 — 


trent, par contre, une constance remarquable dans leur forme. 
Il a souvent remarqué que les dépressions qui forment les pé- 
nombres sont très-peu profondes. Enfin, quoique ordinairement 
les noyaux existent avant la formation des pénombres, il arrive 
quelquefois aussi le contraire; contrairement à l’opinion de 
M. Kirchhof, qui a récemment publié un grand travail sur la 
constitution du soleil, travail sur lequel je me permettrai proba- 
blement de revenir à une autre occasion. 


TER EST — 


Séance du 18 décembre 1863. 


Présidence de M. L. CouLOoN. 


M. le D° Gullaume, lit la première partie d’un 
travail sur les Maladr eries ou léproseries. (Voyez Ap- 
pendice.) 


M. Hirsch fait une communication relative à la hau- 
teur du lac de Neuchâtel, au-dessus du niveau moyen 
de la mer. I] discute et compare les diverses valeurs qui 
ont été trouvées par Ostervald et par divers ingénieurs 
à la suite de travaux basés sur des méthodes ou sur des 
points de départ différents. (Voir Appendice.) 

Une discussion s'engage sur ce sujet, à laquelle pren- 
nent part MM. Ladame, Kopp, Ritter et Georges Guil- 
laume. 


M. Garnier continue à intéresser vivement la Société 
par la lecture des lettres de M. Desor. Aujourd’hui c’est 
une lettre datée de l’oasis de Tuggurt. 


M. de Mandrot présente trois dessins topographiques 
qu'il a relevés et dessinés, savoir : celui du petit château 


— 444 — 


de Montbar, sur la rive opposée du lac; celui d’une 
portion de la forêt du Devin, au-dessus de Gorgier, et 
le troisième est celui de la fortification dite redoute des 
Bourguignons. 


Séance du 8 janvier 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


| 


M. Desor présente cinq monnaies gauloises que son 
pêcheur a retirées du milieu des pilotis de la Têne, as- 
sociées à des fers de lance et à des agrafes en fer. 

La Société a ensuite entendu avec un vif intérêt une 
communication de M. Desor, sur le voyage qu'il vient 
de faire dans le Sahara, en compagnie de M. Martins, 
directeur du Jardin botanique de Montpellier, et de 
M. Escher de la Linth, le savant géologue de Zurich. 


M. Desor rappelle d’abord que le but primitif de leur voyage 
n'était pas de pénétrer dans le désert, ils ne l’ont fait que sur 
l'invitation du général Desvaux, gouverneur de la province de 
Constantine, qui leur a offert avec la plus grande obligeance le 
concours de tous les moyens dont le gouvernement peut disposer, 
tant pour assurer leur sécurité que pour leur procurer les vivres 
et le couvert. Sans cette puissante assistance, il n’est pas possible 
à des étrangers d'entreprendre une pareille exploration. Quant au 
danger, il est peut-être moindre aujourd’hui que l’année der- 
nière; il n’y a pas si longtemps que des bandits tunisiens exer- 
aient leur industrie dans le voisinage des oasis. Une correction 
sévère leur a été infligée au mois d'août, et une vingtaine de 
paires d’oreilles, envoyées à Constantine, ont témoigné de l’acti- 
vité de la police indigène; en outre, l'Etat de Tunis a payé une 
indemnité qui a dû éveiller sa vigilance à l’endroit des marau- 
deurs, ses ressortissants. Cependant, la présence d’une escorte 
n’est pas chose complètement superflue sur la frontière tunisien- 


— 445 — 


ne. En tracant leur itinéraire , le général Desvaux leur avait 
particulièrement recommandé de visiter Tuggurt et d'opérer leur 
retour par les oasis du Souf; là seulement ils verraient une po- 
pulation et des accidents de pays capables de leur donner une 
idée de la vraie Afrique. Il est vrai que ce n’est pas la route sui- 
vie par les touristes, qui se bornent d'ordinaire à visiter El- 
Aghouat ou Biskra, pour de là faire quelques excursions dans le 
désert. Enfin, grâce à l’accueil hospitalier et cordial fait aux trois 
voyageurs par les autorités françaises et indigènes, et grâce à 
l'intérêt soutenu que prit à leurs recherches M. le capitaine Zi- 
ckel , directeur des puits artésiens, ils purent explorer une assez 
grande étendue du Sahara, pour s’en faire une idée complète et 
en établir la théorie. 

M. Desor distingue trois espèces de déserts : 1° le désert des 
plateaux ; 2° le désert d’érosion ; 3° le désert des dunes. 

Le désert des plateaux, entre Biskra et l’'Oued-Rir, se présente 
sous la forme de plaines qui s’étendent à perte de vue et qui sont 
semées de cailloux, recouvrant une croûte de gypse, formant un 
véritable horizon géologique. Ces cailloux, de petite dimension 
et bien arrondis, sont les uns de calcédoine, les autres de calcaire 
ou de silicates opaques. M. Desor en présente plusieurs échan- 
tillons dont le diamètre ne dépasse pas un ou deux centimètres ; 
la plupart sont rougeâtres et à demi-transparents. L'origine de 
ces cailloux est encore obscure. Mais cette plaine caïllouteuse 
n’est pas absolument nue; cà et là se montrent des touffes de di- 
verses plantes qui paraissent s’accommoder parfaitement du sol 
et du climat; ce sont entre autres l’Ephedra fragilis, qui tient le 
milieu entre les prêles et les conifères, et qui semble jouer dans 
le désert le rôle du pinus mugho dans nos Alpes, comme plante 
rustique, robuste et résistante; ses racines traçcantes, trouvant 
peu de terre végétale, vont la chercher au loin et s’allongent 
souvent à une distance extraordinaire de la tige. — Outre quel- 
ques genêts, pistachiers et tamarix , on rencontre très-fréquem- 
ment une grande graminée, espèce de Sfypa, haute de plusieurs 
pieds, et qui est connue des Arabes sous le nom d’A/fa. Cette 
plante est utile; elle ne sert pas seulement de nourriture aux 
chevaux et aux chameaux; on en fait aussi des ouvrages de spar- 
terie, des nattes, des chapeaux, des gamelles, des pots à contenir 


— 446 — 


le lait et l’eau, etc. Pour le voyageur, l’Alfa est une ennuyeuse 
végétation; de loin, comme le remarque fort bien M. Fromen- 
tin, on dirait une immense moisson qui ne veut pas mürir et 
qui se flétrit sans se dorer. De près, c’est un dédale, ce sont des 
méandres sans fin, où l’on ne va plus qu’en zig-zag et où l’on 
butte à chaque pas. Il n’y a jamais d’eau dans l’Alfa ; le sol est 
grisâtre, sablonneux, rebelle à toute autre végétation, à- moins 
que des pluies exceptionnelles ne viennent rafraîchir ce sol ar- 
dent. Le désert change alors d’aspect ; nos voyageurs trouvèrent, 
au retour, après quelques jours de pluie, le plateau entre lOued- 
Rir et Biskra, garni d’une quantilé de jeunes plantes; la vie 
végétale s’élait réveillée, et bien qu’en décembre, il offrait l’as- 
pect du printemps. 

Désert d’érosion. — Ce désert sans eau est caractérisé par des 
érosions énormes et par un sol saturé de sel. On se rend compte 
de ces érosions en examinant, près de Biskra, lOued-Djeddi, ri- 
vière dont le lit est large de plusieurs kilomètres, bien qu’à l'or- 
dinaire l’eau manque presque entièrement. Mais quand les eaux 
sont hautes, manquant d’un thalweg bien accusé, elles divaguent 
et se répandent à droite et à gauche sur un immense espace en 
produisant des érosions extraordinaires. Cela est dûà à la couche 
de gypse formant à la surface du sol une espèce de plancher qui, 
ne se laissant pas fouiller facilement par l’eau, ne permet pas à 
celle-ci de se creuser un lit profond. Le terrain a toute Pappa 
rence de champs fertiles; mais en réalité, il est d’une stérilité 
absolue, rien n’y croît, et cette terre, d’une belle couleur brune, 
est toujours aride. Le sel dont elle est saturée est la cause de cette 
stérilité, et ce sel indique avec la dernière évidence que l’on foule 
le fond die ancienne mer, On reconnaît à l'instant ces terrains 
salés, parce que le sabot des chevaux n’y soulève aucune pous- 
sière; une troupe nombreuse peut y trolter comme sur aire ba- 
layée d’une grange. Cela frappe surtout lorsqu'on vient de par- 
courir un espace sablonneux où l’on est incommoué par la pous- 
sière; tout à coup celle-ci disparaît; on est sur le désert salé. La 
ie de sel est si grande et celui-ci absorbe tant d’eau pen- 
dant la nuit que le sol reste humide pour toute la journée. Dans 
les endroits où le sel n’est pas en excès de manière à exclure 
toute végétation, on trouve des plantes analogues à celles des 


. 


ACCES 


— AT — 


marais salants: des salsola, des salicornes, des tamarix, des ge- 
nêts, etc. 

Désert des dunes. — Cest le désert absolu, le sable aride, 
mouvant, sans végétation, où le chameau seul marche à laise. 
On en voit un échantillon à une journée de marche à l’ouest de 
Biskra ; là les dunes rappellent celles de la Hollande; mais entre 
Tuggurt et l'Oued-Souf, M. Desor put contempler le grand désert 
de sable, celui qui dans tous les temps et sur tous les peuples a 
produit une impression d’épouvante et d’effroi. La plaine blan- 
châtre ou jaunâtre est fortement ondulée; ces ondulations sont les 
dunes soulevées par le vent. 

La hauteur de ces vagues est très-variable ; elle atteint souvent 
50 pieds; les deux versants sont inégaux, celui qui est opposé au 
vent est plus escarpé que l’autre, ce dernier est en pente douce 
et le sable v est assez raffermi pour qu'on puisse marcher sans 
enfoncer beaucoup. Quand le vent souffle, le sable soulevé pro- 
duit une espèce de brouillard qui devient d'autant plus épais et 
dangereux que l’ouragan est plus fort. Ainsi qu’on peut le pré- 
voir, les dunes ne sont pas immobiles, elles se déplacent, mais 
lentement ; et en définitive le sable ne s’éloigne pas beaucoup de 
son point de départ. Il n’en est pas iei comme au bord de Océan, 
où les vents du large étant les plus constants et les plus intenses, 
donnent aux dunes une impulsion presque toujours dans le même 
sens. Dans le désert, les vents changent souvent de direction et 
les dunes oscillent dans tous les sens et subissent toute espèce de 
remaniements. Cependant la physionomie générale conserve ses 
principaux traits pendant un certain temps, car on cite des guides 
qui peuvent y reconnaître leur chemin. Comme ces guides sont 
rares et qu’il est aisé de s’égarer dans ce dédale de dunes, le gou- 
vernement français a fait planter des balises de distance en dis- 
tance pour guider les caravanes, comme on le fait en hiver dans 
nos neiges des Alpes et du Jura. 

Quelle est l’origine de ce sable? Vient-il de la mer comme on 
l’a admis longtemps, ou se produit-il sur place? C’est M. Vatonne, 
ingénieur des mines qui, dans son voyage à Rhadamès, a résolu 
cette question. Il a reconnu que les dunes sont le résultat de ter- 
rains décomposés sur place, et M. Desor et ses compagnons de 
voyage ont pu confirmer cette assertion en découvrant çà et là 


— 48 — 


dans le désert des lambeaux du sol primitif, espèces de témoins 
dégarnis de dunes et protégés à leur surface par une croûte de 
gypse, qui en avait empêché la démolition. La masse de ces té- 
moins est composée d’un sable stratifié, mais friable , qui, lors- 
qu'il est privé de sa couverture protectrice, se désagrège facile- 
ment sous l’influence des agents atmosphériques et fournit ainsi 
les matériaux des dunes. Or, comme cette action destructive 
s'exerce d'année en année et de siècle en siècle, il s'ensuit que 
la masse des dunes doit aller en augmentant continuellement. 

Si le Sahara est le fond d’une mer disparue, il est intéressant 
de se demander si celte disparition s’est effectuée tout d’un coup 
par un soulèvement brusque du sol, ou peu à peu par des soulé- 
vements successifs, et à quelle époque ce phénomène extraordi- 
naire est venu changer l’aspect du continent africain, et par suite 
apporter des modifications profondes dans le climat de l’Europe. 
Tout porte à croire que ce fait est récent et qu’il s’est produit par 
phases successives. M. Desor appuie cette opinion par des obser- 
vations importantes. On connaissait bien l'existence d’une coquille 
marine {Cardium edule) aux environs du Caravansérail d’Om- 
Thiour, près du Chott-Melrir. On lavait en outre rencontrée à 
une profondeur de 7" dans l’un des puits artésiens de cette loca- 
lité. On pouvait dès-lors croire qu’elle appartenait au Chott ou 
Lac Melrir. Il n’en est cependant rien. En effet, M. Desor et ses 
compagnons de voyage eurent la bonne fortune de retrouver ce 
même Cardium avec une autre coquille marine (une espèce de 
Buccinum), d'étape en étape, jusqu’à une grande distance du 
Chott (jusque près de Guemar dans le Souf) occupant toujours la 
même position géologique, dans une couche de sable distincte- 
ment stratifié au-dessous des gypses superficiels. Il est évident 
dès-lors que ces coquilles n’appartiennent pas au Chott, mais 
qu’elles proviennent d’une mer beaucoup plus vaste, antérieure 
à la limitation actuelle des lacs salés. 

Voilà donc des coquillages marins qui viennent non-seulement 
attester une fois de plus l'existence d’une mer dans ces régions, 
mais nous apprennent que celte mer appartenait à l'époque ac- 
tuelle, De plus, le Cardium edule est encore vivant sur le littoral 
de la Méditerranée, particulièrement dans les eaux saumâtres. Ne 
doit-on pas en conclure que le Sahara, avant d’être mis à sec, a 


— 449 — 


élé une mer intérieure, une espèce de Baltique aux eaux saumä- 
tres. On sait en effet que la faune des mers intérieures voit ses 
espèces diminuer et s’abâtardir. En revanche, lorsque toute com- 
munication avec l'Océan vient à cesser et qu’un golfe se trans- 
forme en lac, la salure des eaux doit tendre à augmenter de nou- 
veau, au point d’exclure toute vie animale, comme dans la Mer 
Morte. Le Chott-Melrir serait dans ce cas, et, en effet, on affirme 
qu’il est complètement désert. 

Cette idée d’un soulèvement lent mais récent du Sahara a déjà 
été émise autrefois théoriquement par M. Escher, et ce n’est pas 
sans une vive satisfaction qu'il a trouvé sur place la confirmation 
de son hypothèse. La présence de cette mer était invoquée par 
M. Escher pour expliquer dans nos contrées la période glaciaire 
qui a pris fin lorsque cette mer a disparu. Se fait-on une juste 
idée des conditions climatériques imposées à l'Europe par cette 
vaste étendue d’eau? On peut en juger par l’influence qu’exer- 
cent aujourd'hui les vents brülants que le Sahara nous envoie et 
qui sont justement appelés mangeurs de neige et destructeurs des 
“glaciers. Tant que le Sahara fut couvert d’eau, jamais nos mon- 
tagnes ne sentirent l’haleine embrasée du fœhn et du sirocco; 
les hivers, rarement combattus par un souffle attiédi, pouvaient 
accumuler leurs neiges et leurs glaces, et étendre au loin leur 
empire. Mais quand le désert fut à sec, quelle débâcle a dû se 
produire aux premières visites du fœhn dans les énormes glaciers 
de nos Alpes! Quels torrents, quels déluges d’eaux, quels ravages 
particulièrement sur le versant sud ! Et comme on comprend bien 
les érosions et le nivellement de la plaine lombarde soumise à 
ces rudes assauts et couverte de débris erratiques. 

Dans ce Sahara brûlant et aride, lorsque par accident un filet 
d’eau se présente, un arbre précieux peut croître et prospérer, 
c’est le dattier. Un proverbe arabe dit: «Le palmier veut avoir 
son pied dans Veau et sa tête dans le feu. » Partout où l’eau hu- 
mecte le sol, les dattiers élèvent leurs élégantes colonnes, balan- 
cent au vent leur panache de verdure, et assurent à l’homme un 
abri contre le soleil et des fruits pour sa nourriture. Les arbres 
sont la richesse du désert. Les oasis ne sont que des forêts de 
palmiers rendues possibles par la présence de l’eau. Cette eau 
peut avoir une triple origine : elle est fournie soit par des sour- 

BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 30 


— 450 — 


ces, soit par des puits artésiens, soit par une couche aquifère peu 
profonde qu’on atteint en creusant. 

De là trois types d’oasis : 4° Celles qui sont arrosées par les eaux 
des montagnes ; 2 celles qui sont alimentées par des puits arté- 
siens, produits d’une industrie fort ancienne; 3° les oasis sans 
arrosage, dont celles du Souf sont des exemples. 

Les oasis de la première catégorie sont alimentées soit par des 
ruisseaux venant des montagnes, soit par des sources vauclusien- 
nes qui naissent de toute pièce avec une abondance à peu près 
constante, comme, chez nous, la Reuse, la Noiraigue, la Serrières, 
et qui sont produites par les mêmes causes, l’infiltration des eaux 
de pluie dans les roches calcaires fissurées des montagnes. On les 
trouve au pied de l’Aurès où elles forment les oasis des Zibans. Il 
est de ces sources qui sont thermales et dont la température s’élève 
à plus de 30° centigrades. Ces sources précieuses ont été l’objet de 
Ja sollicitude des Romains, comme V’attestent les ruines de plu- 
sieurs forts construits par eux le long des Zibans et jusqu’en face 
du village d'El-Oumach, à l’ouest de Biskra, où l’on a trouvé l’in- 
scription : Purqgum speculatorum. Ce mot rappelle celui de Bordj 
que les indigènes donnent aux forts actuels, même à ceux cons- 
truits depuis la domination française. 

Oasis à puits artésiens. — À une profondeur qui atteint jus- 
qu’à 160 pieds, s'étend une nappe d’eau qui jaillit lorsqu'on 
perce le sol. Beaucoup d’oasis et en particulier celle de Tuggurt, 
ne sont arrosées que par des puits qui paraissent fort anciens. 
Mais ce n’est pas une petite entreprise, pour les Arabes, que le 
creusage d’un puits. Îls se cotisent entre eux, ils emploient la 
corvée, et, malgré leurs efforts, il faut quelquefois des années 
pour arriver au terme. La principale difficulté qu’ils rencontrent 
est dans le blindage des parois du puits; n’ayant pour cette opé- 
ration que du bois de palmier peu durable et peu résistant, il ar- 
rive souvent que les charpentes de soutènement se rompent et le 
sable s’éboulant, comble le travail de plusieurs années. Et puis, 
lorsqu'on arrive à la dernière couche, à celle qui repose sur. 
l’eau, ceux qui travaillent à la percer courent de véritables dan- 
gers, car l’eau jaillit avec force et ils ne peuvent pas toujours 
s'échapper à temps. Ces puits s’ensablent peu à peu et:il faut de 
temps à autre les curer. Des individus spéciaux sont chargés de 


— 451 — 


cette tâche, et ils exercent de père: en fils. On a peine à croire 
au procédé qu’ils emploient, tant il est primitif et dangereux. Ces 
malheureux tenant à la main un panier ou couffin, plongent au 
fond du puits, remplissent de sable leur couffin et remontent en 
hâte à la surface ; la charge de sable est retirée avec des cordes. 
Si un obstacle quelconque retient le plongeur au fond de l’eau, 
un camarade doit immédiatement sauter à l’eau et le dégager. On 
a vu jusqu’à trois de ces hommes retirés par un quatrième plus 
heureux que ceux qui l’ont précédé. On remarque que ces plon- 
geurs ne vivent pas longtemps; le métier est évidemment trop 
dur : ils succombent ordinairement à des maladies de poitrine. 

Malgré les inconvénients que présente la méthode arabe de fo- 
rage, les indigènes n’y veulent rien changer; ils tiennent avec 
une incroyable obstination à leurs habitudes. Il y a quelques 
années, le général Desvaux, visitant l’oasis de Sidi-Rached, fut 
frappé de la misère des habitants; l’eau manquait, l’'oasis s’en 
allait dépérissant et les Arabes se résignaient à leur sort avec un 
fatalisme tout à fait musulman, « c'était écrit. » Mais le général 
voulut faire mentir le proverbe oriental; il fit venir un ingénieur 
que lui envoya la maison Degousée de Paris avec l’attirail com- 
plet de forage perfectionné; des puits furent creusés rapidement 
avec un plein succès. Il en est qui fournissent jusqu’à 4,000 li- 
tres d’eau par minute, c’est-à-dire un véritable ruisseau. L’année 
dernière, M. le capitaine Zickel a même profité de la poussée de 
l’eau pour créer une chute et mettre en mouvement un moulin à 
turbine qui fait l'admiration des Arabes. On sait que ceux-ci 
écrasent le grain avec une petite meule à main comme au temps 
des patriarches. L’abondance d’eau va nécessairement régénérer 
oasis, et on augmentera l'étendue des terrains cultivés. Malheu- 
reusement on ne peut le faire qu’en dessalant et en lavant la 
terre surchargée de sel, et comme l’eau elle-même est plus ou 
moins saumâtre, on comprend que cette opération exige du 
temps. 

L’eau des puits n’est pas souvent fraiche; à Tuggurt elle a 
30 degrés, et les habitants la rafraichissent par le rayonnement 
nocturne en suspendant durant la nuit les outres qui la con- 
tiennent au sommet de hautes perches dont chaque maison cest 
munie. 


— 452 — 


Poissons des puits artésiens. — Il y a trois ans, le capitaine 
Zickel ayant foré un puits à Aïn-Tala, remarqua plusieurs petits 
poissons qui se débattaient dans le sable rejeté avec l’eau par lo- 
rifice du puits. Ce fait lui parut si extraordinaire qu’il attendit 
de le voir se produire de nouveau avant de le publier. Il n’attendit 
pas longtemps, les poissons n’étant point rares. D’où venaient- 
ils et comment expliquer leur présence? la contrée étant dé- 
pourvue d’eau à une grande distance. M. Zikel communiqua sa 
découverte à quelques amis scientifiques; mais on ne Ja tint pas 
pour sérieuse et on la prit pour une fable. Aujourd’hui le fait 
ne saurait plus être contesté. M. Desor présente à la société plu- 
sieurs échantillons de ces animaux, qu'il a recueillis lui-même 
et qu’il a fait pêcher par les Arabes autour des puits. Il fait re- 
marquer les détails de leur structure et en particulier la briéveté 
de leurs nageoires ventrales, ce qui a pu induire en erreur et 
faire croire à l'absence de ces organes. (!) Les yeux sont bien con- 
formés et M. Desor a pu s’assurer qu’ils voient parfaitement. Les 
plus grands n’excèdent pas deux pouces de longueur, ce sont des 
Malacoptérygiens, ressemblant à nos abletles, mais qui en diffè- 
rent par l’absence de dents pharyngiennes et par la présence de 
fines dents tricurpides aux mâchoires. Ils sont d’une teinte"claire 
et ont le dessous du corps d’un bleu irisé. Ils appartiennent à la 
famille des Cyprinodontes et sont probablement identiques avec 
le Cyprinodon cyanogaster décrit par M. le D" Guichenot et pro- 
venant des eaux douces de Biskra. (?) 

Dans le voisinage du puits d’Ain-Tala, à Ourlana, M. Desor vit 
des étangs où nageaient des poissons de même espèce; il en con- 
clut que ces étangs étaient des issues de la grande mer souter- 
raine qui s'étend sous cette contrée et qui est peuplée de ces êtres 
curieux. Il est probable que ces poissons viennent de temps en 
temps s’ébattre et probablement frayer dans ces étangs, et c’est 
pourquoi ils ont les yeux parfaitement conformés, ce que l’on ne 
concevrait pas si, avant de surgir par les puits, ils étaient con- 
damnés à vivre dans l’obscurité. On sait que les animaux qui 


(:) Un petit poisson fort semblable, sinon identique, a été décrit par M. 
P. Gervais, sous le nom de Tellia apoda. (Annales des sc. nat. 1853, t. 19, 
p. 14.) Il réunit tous les caractères de notre poisson à l'exception des na- 
geoires ventrales. On le dit originaire du Tell, au sud de Constantine. 


() Revue et Magasin de Zoologie, 1859, t. 11, p. 377. 


— 453 — 


passent leur vie dans une nuit complète manquent des organes 
de la vision ; il ne leur reste guère que le nerf optique, dernier 
vestige de l’œil, qui a disparu tout entier. Chacun peut voir dans 
notre musée les poissons, les écrevisses, que M. Léo Lesquereux 
a trouvés dans la fameuse caverne connue sous le nom de Mam- 
mouth-Cave dans le Kentucky, caverne dont les dimensions sont 
telles qu’il faut plusieurs jours pour la parcourir. Ces animaux, 
sont aveugles et n’ont aucune trace même informe des organes 
de la vue; ils possèdent sans doute d’autres moyens pour diriger 
leurs mouvements, car il est très-difficile de les approcher et de 
les saisir. 

Oasis du Souf sans arrosage. — Xei la culture du palmier est 
des plus simples, mais exige un travail incessant. On creuse le 
sable entre les dunes; on atteint à 8 ou 10 mètres de profondeur 
la couche imbibée d’eau et on y plante les dattiers ; on en met de 

.dix à vingt dans chaque creux, et ils se développent le mieux du 
monde. Mais ces cavités qu’on appelle Ritans sont fréquemment 
envahies par les sables et 1l faut sans cesse les curer. Cela oblige 
les habitants du Souf à déployer une activité continuelle, et cette 
activité leur donnant l’habitude du travail, a fini par leur pro- 

“curer le bien-être et même la richesse. Dans les moments de répit 
que leur laissent les envahissements du sable, ils entreprennent 
avec profit le transit des marchandises sur la route du Maroc à 
Tunis. Bien qu’ils manquent de fourrage et d'orge, leurs cha- 
meaux sont les plus grands et les plus forts du désert. Soigneux 
comme les peuples en voie de prospérer, qui apprécient la valeur 
des moindres détails, ils rapportent de leurs voyages le crottin de 
leurs bêtes de somme pour le déposer au pied de leurs dattiers. 
Ces soins constants, cette activité bien dirigée, ne restent pas sans 
récompense. Les dattiers du Souf comptent parmi les plus beaux 
que l’on connaisse, ils ne sont pas fort élevés, mais ils ont une 
ampleur peu commune et un air de vigueur qui frappe au pre- 
mier abord. D’ordinaire le dattier n’a guère qu’un pied de dia- 
mètre, bien qu’il atteigne 50 et 60 pieds de hauteur, mais, dans 
le Souf, M. Desor en a vu qui mesuraient 9 pieds de circonfé- 
rence et qui avaient par conséquent un diamètre de 3 pieds; les 
feuilles avaient près de 20 pieds de longueur. Les produits sont 
considérables et d’une qualité supérieure ; M. Desor arrivait au 


_— 454 — 


moment de la maturité des fruits et il a été surpris de la quantité 
qu’un seul pied peut produire. Tel dattier portait cinq, six et 
même jusqu’à dix régimes, pesant jusqu’à un demi-quintal. 

Voulant rapporter un régime de dattes, M. Desor a eu quelque 
peine à s’en procurer un assez léger pour être transporté facile- 
ment. Pour faire la récolte, les indigènes grimpent le long du 
tronc, en s’aidant des aspérités formées par les bases desséchées 
des anciennes feuilles, coupent les régimes et les descendent avec 
précaution. 

La population du Souf, évaluée à 25 ou 30,000 âmes, est de 
race blanche et paraît être venue du nord : son activité, son in- 
dustrie, son intelligence, sa vivacité la rendent une des plus in- 
léressantes du Sahara. Les demeures que M. Desor a visitées lui 
ont paru très-supérieures sous le rapport de la propreté et du 
confort, à celles des autres peuplades du désert , les mœurs et les 
habitudes sont moins grossières. L’accueil fait aux voyageurs leur 
a rappelé la simplicité grandiose de la vie patriarcale et les a tou- 
chés par l’empressement, les égards, disons même les honneurs 
dont ils ont été entourés. 


Séance du 15 janvier 1864. 


Présidence de M. DESOR. 


M. Desor annonce que M. L. Coulon, président de 
la Société, se trouve dans l'impossibilité d’assister à 
toutes les séances depuis qu’elles sont devenues hebdo- 
madaires. Il y a tous les quinze jours un vendredi dont 
il ne peut disposer. On décide, pour donner toute faci- 
lité à M. le Président , que dès aujourd’ hui les séances 
auront lieu le jeudi de chaque semaine. 


M. Desor présente une brochure de M. Blanchet, de | 
Lausanne , sur les maladies des plantes et sur l’hygiène 
de l'homme et des animaux. 


_ 


— 455 — 


M. le D' Guillaume demande et obtient de l’assem- 
blée l'autorisation de déroger à l’ordre du programme 
fixé pour cette séance , en lisant le récit d’une course 
qu’il a faite à la Poëte-Manche, au leu de son mémoire 
sur les maladières du pays de Neuchâtel, dont il a fu la 
première partie dans une réunion précédente. 

Ayant appris qu'un monument druidique était signalé 
dans une forêt du Val-de-Ruz, au lieu appelé la Poëte- 
Manche, i s'y rendit dernièrement en compagnie de 
M. Aug. Bachelin. Là, il trouva en effet une pierre 
d'assez grande dimension, qui lui parut être un dolmen. 
Cette pierre , formée de calcaire portlandien, semble 
avoir été taillée et disposée pour servir d’autel ; vers le 
milieu , elle est percée d’un trou irrégulier. M. Bache- 
lin en a fait plusieurs dessins qui sont mis sous les yeux 
de l'assemblée. 


M. Hipp fait voir un baromètre enregistreur, établi 
d’après un système de son invention. C’est un baromè- 
tre anéroïde dont les indications sont marquées, sur 
une bande de papier, par une pointe mise en Jeu à 
l’aide d’un appareil électrique, analogue au télégraphe. 

Afin d’avoir des contractions et des dilatations plus 
marquées , il y a deux cavités vides d'air, au lieu d’une, 
et leurs parois sont équilibrées par un ressort d’une 
force de 50 livres. L’aiguille de l'instrument marque 
donc la différence entre la pression de l'atmosphère et 
la tension du ressort. Ces indications peuvent être enre- 
gistrées à volonté , toutes les demi-heures ou toutes les 
heures, par le moyen d’un mouvement d’horlogerie 
qui fait passer le courant à l'instant désigné. Une cou- 
lisse dans laquelle l'aiguille joue librement s’abaisse 


— 456 — 


brusquement , et l’aiguille imprime sa pointe sur la 
bande de papier. La longueur de l'aiguille est telle que 
ses écarts sont en concordance avec ceux du baromètre 
à mercure. Dans l'appareil présenté, des écarts de deux 
millimètres de la part de l'aiguille équivalent à un mil- 
limètre de la colonne de mercure. A l’aide d’une vis 
de rappel on peut disposer ce baromètre de manière à 
pouvoir s’en servir à toutes les hauteurs au-dessus de la 
mer. Comme complément à cet ingénieux instrument, 
M. Hipp présente un petit mécanisme destiné à mesurer 
les distances entre les points imprimés sur la bande et 
à les réduire sur-le-champ en millimètres et en fractions 
de millimètre. 

M. Hirsch énumère tous les services qu’on peut ob- 
tenir d’un pareil baromètre ; mais pour que ses indica- 
tions inspirent quelque confiance, par conséquent pour 
qu'il devienne un instrument scientifique , il faut à des 
intervalles rapprochés, comparer sa marche avec celle 
d’un bon baromètre à mercure. L'un aidant l’autre, ils 
peuvent donner des résultats extrèmement intéressants. 


M. Hirsch communique deux notes de M. Denzler, 
ingénieur à Berne, l’une sur l’emploi de la Méthode 
graplaque dans les sciences naturelles, Vautre sur un 
Indicateur des tempêtes. Cette dernière provoque une 
discussion à laquelle prennent part plusieurs assistants. 
On cite des faits présentant quelque analogie avec ceux 
énoncés par M. Denzler, qui a prédit des ouragans , ou 
a été averti de leur passage, par l’audition de certains 
sons lointains, qui d'ordinaire ne pouvaient parvenir 
jusqu’à son oreille. M. Hirsch a entendu un jour distinc- 
tement de notre observatoire cantonal le canon tiré à 


—  AÏT — 


Lausanne, et peu après s’est élevé un vent assez violent. 
Il rappelle que quand les marins d’Helgoland entendent 
les cloches de villages situés à 15 lieues de distance , ils 
s’attendent à une tempête. MM. Tribolet et Desor affir- 
ment que quand on entend du Val-de-Ruz ou de Com- 
be-Varin le bruit de la Reuse, on peut prévoir un chan- 
gement de temps. M. Favre cite de pareilles remarques 
faites sur divers points de notre canton. M. Garnier à 
entendu à Hombourg les sons d’un orchestre qui était 
à une demi-lieue de distance, et ce phénomène d’a- 
. coustique a été le précurseur du mauvais temps. 


M. Desor annonce qu'il avait l'intention de faire une 
communication sur la Kabylie et de traiter non-seule- 
ment de la configuration du pays, mais des habitants, 
de leurs mœurs, de leurs usages, de leurs habitudes 
dans la vie privée. Malheureusement les objets qu’il a 
recueillis dans ce pays ne lui sont pas encore parvenus, 
et comme ils sont nécessaires pour l'intelligence du 
sujet, il est contraint de ne donner aujourd’hui que la 
première partie de son travail. 


TOPOGRAPHIE ET GÉOLOCIE 


DE LA 


GRANDE KABYLIE. 


Quand des environs d'Alger, on découvre à l’est le magnifique 
massif du Djurjura , avec ses cimes aux coupes hardies, comme 
les belles parties de nos Alpes, on se sent invinciblement attiré 
dans ce pays, d'autant plus que c’est la patrie des Kabyles , cette 
race aussi vaillante que laborieuse, qui excite à bon droit, un 
intérêt particulier. 

M. Desor et ses compagnons ne pouvaient se dispenser de vi- 
siter ces contrées, vers lesquelles les poussaient une légitime 
curiosité et un vif intérêt scientifique. Ce n’était pas une terre 
inconnue, même au point de vue géologique ; on en a une carte 
très-belle, levée en 1856, /a carte minéralogique des provinces 
d'Alger et d'Oran, par M. Ville. 

A partir d'Alger, la route traverse le prolongement de la plai- 
ne de la Mitidja, qui est parfaitement unie et composée de dé- 
pôts quaternaires (ferrain saharien de M. Ville), une espèce de 
læss semblable à celui du Rhin. Cette plaine, dont la fertilité 
est extrême, quand elle est convenablement cultivée, et qui est 
destinée à devenir un jour le jardin de Algérie, si la colonie 
prospère, a dû être, à une époque géologiquement récente, un 
golfe séparant le Sahel de Atlas. 

Lorsqu'on a franchi le col des Beni-Aicha, on entre dans un 
pays montueux, composé de terrains tertiaires qui rappellent nos 
collines molassiques de la plaine suisse ; on se croirait volontiers 
en plein canton de Berne, si on n'était rappelé à la réalité par 
les burnous des indigènes qui émaillent çà et la le paysage. La 
route remonte jusqu’à Tizi- Ouzou fle col du genêt), autre col 
dans la vallée de lOued Sebaou. Avant 1857, ce point élait la 
limite des possessions françaises. 


— 459 — 


Le même aspect se maintient encore sur un espace considé- 
rable , le long de l’Oued-Sebaou , le terrain tertiaire se relevant 
des deux côtés de la vallée contre les massifs de montagnes plus 
élevées. Cependant on devine, rien qu’à voir leurs contours, 
que les massifs culminants sont composés de roches d’une autre 
nature , comme le fait également pressentir la cluse profonde et 
étroite dans laquelle s’engage la rivière ou Oued-Sebaou en face 
de Tizi-Ouzou. 

En voyant les premiers gradins se profiler à l'Orient, on ne 
se doute guère de l’aspect étrange du massif principal (au sud 
de la vallée du Sebaou). Ce n’est qu’après avoir fait quelques 
kilomètres sur la route du fort Napoléon , et franchi les derniers 
revêtements tertiaires, que commencent les roches anciennes, cel- 
les qui donnent à la Grande Kabylie son cachet spécial et auxquel- 
les se rattachent, dans une grande mesure, l’organisation sociale 
si remarquable des Kabyles de la montagne. Car, au point de vue 
social et historique, il faut distinguer les Kabyles montagnards 
de ceux de la plaine, c’est-à-dire de la vallée de Sebaou, à peu 
près comme en Valais on distingue les habitants des vallées la- 
térales de ceux de la grande vallée. Avant 1857, les montagnards 
n'ont jamais été conquis, tandis que les Kabyles de la plaine 
ont subi le joug de tous les conquérants, depuis les Numides et 
les Romains jusqu'aux Turcs. 

D’ordinaire, quand on pénètre dans une chaîne de montagnes 
par une vallée transversale, cette vallée est large à son issue et 
se rétrécit à mesure que l’on pénètre dans l’intérieur ; c’est ce que 
nous voyons à chaque pas dans nos Alpes, Mais dans les monta- 
gnes de la Grande Kabylie, à mesure que lon remonte les vallées, 
celles-ci vont en s’élargissant, de sorte que les massifs intermé- 
diaires s’amincissant d'autant, ne présentent plus que des arêtes 
tranchantes, aux flancs escarpés, avec de grands ravins latéraux 
que la route du fort Napoléon est obligée de contourner en décri- 
vant d’immenses lacets. 

Jusque près du fort, la roche est une espèce de schiste argi- 
leux, évidemment une roche métamorphique, à laquelle succède 
une arête de calcaire saccharoïde remarquable par une forte 
odeur d'hydrogène sulfuré qui s’en dégage en le frottant. Au sud 
de cette arête apparaît un schiste micacé qui affecte quelquefois 


— 460 — 


la forme de pegmatite (schrift-granit). Mais toutes ces variétés, 
à l'exception du massif calcaire, sont friables à l'excès. C’est cette 
friabilité extraordinaire qui donne au pays son caractère excep- 
tionnel. 

Au premier abord, M. Desor croyait avoir devant lui des arêtes 
ou crets saillants résultant de brisures et de relèvements compli- 
qués, comme sont les arêtes tranchantes de nos Alpes. Mais ar- 
rivé au fort Napoléon, bâti au point culminant du massif, sur une 
arêle longitudinale, il fut bien étonné de voir cette arête aussi 
étroite que les latérales qu’il venait de longer, et sa surprise s’aug- 
menta encore lorsqu'il remarqua que toutes ces arêtes étaient à 
peu près au même niveau. Il n’était plus possible d'expliquer 
cette structure insolite par des soulèvements et des brisures; une 
cause toute différente était seule capable de modifier à ce point 
cette contrée, et cette cause, c’est l’action érosive de l’eau. En 
effet, M. Desor a pu se convaincre qu’il avait sous les yeux un 
phénomène bien propre à émouvoir un géologue habitué aux 
formes orographiques des Alpes et du Jura, c’est-à-dire une im- 
mense érosion qui aurait creusé des ravins de plusieurs kilome- 
tres de large sur 4 ou 500 pieds de profondeur et n’aurait laissé 
subsister entre ces cavités que des arêtes très-étroites, des espèces 
de coins aigus. Les montagnes de la Kabylie ne sont donc que des 
témoins d’un ancien plateau schisteux dont il ne reste que des 
arêtes, et il faut reconnaître que l’excessive friabilité du sol se prê- 
tait merveilleusement à l’action dissolvante et mécanique de l’eau. 

On trouve dans les environs de Genève des ravins creusés par 
les eaux dans les terrains molassiques; ils ont été décrits sous le 
nom de nants par de Saussure. Ils présentent une pente uni- 
forme de haut en bas, sans corniches ni retraits, ni escarpements 
quelconques, et ne sont pas assez rapprochés pour qu’on puisse 
se tromper sur leur origine; il reste toujours entre eux une sur- 
face notable du plateau primitif. 


ENV AN A 


— 461 — 


Mais supposons qu'ils soient cinq et six et dix fois plus nom- 
breux, et il ne restera plus rien du plateau; les arêtes seules 
subsisteront et nous aurons la structure de la Kabylie. 


A PAT 


C’est à cette structure que se rattache toute l’histoire si intéres- 
sante de ce pays. 

La hauteur de ce plateau ainsi raviné est de 900 mètres; le 
point culminant du fort Napoléon est à 942 mètres. Cest là le 
principal noyau de toute la chaîne de l'Atlas. Nulle part ailleurs, 
dans le Tell, les roches anciennes n’acquièrent un développement 
aussi considérable. 

C’est au sommet de ces crêtes escarpées que les Kabyles ont 
bâti leurs villages, qui y sont perchés comme des nids d’aigles. 
Blanchis à la chaux, les murs des maisons se voient de fort loin 
et selon le point où l’on se trouve par rapport à la direction des 
crêtes, on voit les villages se dessiner de profil ou en enfilade, 
Ce mode unique d'installation, à des hauteurs où la vie perd ses 
facilités et ses aises, est évidemment le fait d’un peuple qui a 
tout sacrifié pour sauvegarder son indépendance, pour lui le plus 
précieux des biens. Retranchés dans ces retraites inaccessibles, 
où nul étranger ne pouvait pénétrer sans être reconnu et signalé, 
ils ont résisté pendant des siècles à tous les envahisseurs. Les 
Français eux-mêmes, malgré leur supériorité militaire, n’auraient 
pu y établir dÉfaitivesient leur domination, si, en 1857, le ma- 
réchal Randon n’avait mis à exécution un plan simple et habile 
tout à la fois et de nature à déconcerter les montagnards et à pa- 
ralyser leurs moyens de résistance. 

Mettant en campagne une armée considérable, formée de divi- 
sions qui agissaient de concert, mais sur des points différents, il 
attaqua les Kabyles, les refoula devant lui, et à mesure que l’ar- 
mée avançait, elle créait une route qu’elle poussa jusqu’au cœur 
du pays insoumis, là où s’élève le fort Napoléon. Chose éton- 


— 462 — | 


nante, une route carrossable de plusieurs lieues de longueur fut 
ainsi construite en 21 jours. 

Le massif du Djurjura, qui est séparé du plateau schisteux par 
une vallée profonde, remplie de dépôts quaiernaires, est comme 
le rempart de la Kabylie au sud. Sa hauteur est beaucoup plus 
considérable, puisqu'il s’élève à 2,517 mètres dans le Lalla-Hedja. 
Sa composition géologique est beaucoup plus récente, puisqu’on 
y trouve des nummulites; le terrain crétacé paraît aussi y avoir 
été reconnu. Selon toute apparence, il y a ici une ou plusieurs 
voûtes comprimées et peut-être renversées. Du côté du sud, les 
pentes du Djurjura sont bien moins roides que du côté du nord. 


NUE 


SUR UN INDICATEUR DE TEMPÊIES. 


(Voir ci-dessus page 456.) — 


On sait que lorsqu'un changement de temps se prépare, et 
surtout à l’approche de vents lointains, on entend dans cer- 
laines directions le son des cloches, le bruit des fleuves et des 
Jacs, etc., beaucoup mieux qu’à l’ordinaire. Lorsque l’auteur hà- 
bitait en 1841 à Segling, près d'Eglisau, une maison éloignée 
d’une demi-heure de la Glatt, qui se trouve au S.-0. à 100 
pieds plus bas dans la plaine, et qu’il était occupé à faire des ob- 
servations de réfraction terrestre sur les montagnes de l’horizon, 
surtout le Briztenstock, il a eu souvent l’occasion de remarquer 
que, lorsqu'il entendait le bruit de la Glatt très-fort et très-dis- 
tinctement, quelque temps après une tempête venait à souffler. 
C'est ce qui est arrivé par exemple le 14 novembre 1841, où il 
entendit à 40 h. 43 m. du matin la Glatt très-fortement, et à 4 h. 
20 m. se déchaîna une forte tempête d’0. et de N.-0. 

Le 18 novembre, à 9 {/, h. du matin, on entendait très -bien 
à Segling les cloches de Bulach, qui se trouve éloigné de 20,000 
pieds vers le sud, sans qu’il y eût de vent; mais à 41 h. 57 m. 
commença un fort vent de S.-0. qui changea en O.-S.-0.— Enfin, 
le 25 du même mois, la Glatt se fit entendre très-distinctement, 
surtout au plain-pied de la maison, où il y avait un fort courant 
d'air, et cela déjà à 5 h. après midi; à 8 h. du soir commença la 
tempête, qui souffla jusqu’à 10 h., d’abord de N.-0., ensuite de 
S.-0. 

L'auteur se souvient même d’avoir ainsi entendu d’avance l’ap- 
proche de tempêtes, qui étaient encore éloignées de lui de 100 
à 150 lieues en ligne droite. 


— 464 — 


On pourrait perfectionner et utiliser ces observations par 
un simple appareil. Qu’un tuyau monte verticalement de la 
chambre d'observation en plein air, où il est recourbé à angle 
droit et finit par une ouverture en forme de trompette. Dans 
cette ouverture on place une lame sonore ou bien une petite 
cloche, qu’on met en mouvement soit continuellement (par un 
mouvement d’horlogerie) soit seulement au moment de l’observa- 
tion. Si l’on tourne alors le tuyau autour de son axe, on entendra 
le son avec une intensité très- différente, selon les directions 
vers lesquelles l’ouverture se trouvera tournée; ce qui arrivera 
par exemple toujours, lorsqu'il ÿ a déjà un vent qui souffle sur 
la contrée. Dans le cas où il n’existe encore aucun vent sensible, 
mais où le son de la clochette augmente néanmoins, et toujours 
vers la même direction de l’ouverture du tuyau, on peut être 
sûr que le vent ou la tempête, selon la durée et la force du son, 
s’approche directement. Si, au contraire, la direction de l’ou- 
verture du tuyau pour laquelle le son devient un niaximum, 
change, alors l’axe du vent ou de la tempête est situé du côté 
vers lequel la direction de la trompette dévie. — L'auteur a en- 
tendu ainsi un jour, dans le nord de la Suisse, une tempête dont 
l'axe se trouvait au nord de Stuttgardt. 

Sur les navires on pourrait installer de ces appareils dans les 
hunes; seulement le mouvement du bateau produira une in- 
fluence constante, mais qu’on pourra facilement éliminer par un 
peu d’exercice et d'observations. 


Berne, le 27 décembre 1865, 
H. DENZLER, ingénieur. 


SUR UN ABUS 


DANS L'EMPLOI DE LA MÉTHODE GRAPHIQUE 


dans les sciences naturelles. 


(Voir ci-dessus page 456.) 


Si l’on divise une courbe symétrique ou asymétrique qui se 
répéte indéfiniment, en parties égales, mais en parties qui cou- 
pent d’une manière irrégulière les sections successives de la 
courbe, et que l’on considère un nombre quelconque de ces par- 
ties comme une période supérieure; si ensuite pour plusieurs de 
ces périodes on ajoute les ordonnées d’abord de la premièresec- 
tion, puis de la seconde, de la troisième, etc.. et qu’on les porte 
sur les abscises correspondantes, on obtient une nouvelle courbe. 
C’est là un fait purement géométrique. 

Prenons, par exemple, la courbe de la marche annuelle de la 
température; en coupant une telle courbe de plusieurs années 
en périodes lunaires, et en formant la température moyenne pour 
chaque phase lunaire, on aura une nouvelle courbe. Mais alors 
on tire souvent de cette opération géométrique la conséquence 
physique que la lune exerce telle ou telle influence sur la marche 
de la température annuelle. 

On rencontre de ces applications illégitimes et de ces fausses 
conclusions presque dans toutes les branches des sciences naturel- 
les, surtout dans l’astronomie (pour démontrer l'influence des as- 
tres sur des phénomènes terrestres), dans la météorologie, la géo- 
graphie, la géologie (par ex. dans les théories des tremblements 
de terre), dans la statistique, surtout dans la statistique médi- 
cale, etc. 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. -31 


= 466 


L'erreur d’une telle conclusion devient manifeste lorsqu’on 
prend plusieurs périodes, dont les nombres sont premiers entre 
eux ; car alors on obliendra des époques et des valeurs différentes 
pour les extrêmes. 


Berne, le 27 décembre 1863. 
DENZLER, ingénieur. 


Séance du 21 Janvier 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. L. Coulon dépose sur le bureau un ouvrage sur 
l'hygiène donné par l'auteur M. le D’ Châtelam. 

M. Desor présente les comptes de la Société pour 
l’année 1863; ils bouclent par un déficit de fr. 48592 
avancé par M. le Caissier. Ce déficit serait plus consi- 
dérable sans le don de fr. 400 qui nous a été fait par 
les derniers représentants de la Société d’émulation pa- 
triotique. 

L'examen des comptes est rénvoyé au Bureau, qui 
en fera rapport dans la prochaine séance. 

Sur la proposition de M. Desor, on charge le Secré- 
taire d'écrire à M. le comte Louis de Pourtalès, Prési- 
dent de la Société d’émulation patriotique, et de lui 
exprimer dans une lettre officielle toute la reconnais- 
sance de la Société pour le don qui vient de lui être 
fait. 


M. le D' Guillaume continue la lecture de son mé- 
moire sur les Maladières du pays de Neuchâtel. Cette 
lecture terminée, il propose que la Société prie le 


— 467 — 


Conseil d'Etat de recommander aux géomètres qui se- 
ront chargés de lever le cadastre, de mentionner avec 
soin toutes les localités du canton qui portent le nom 
de Maladières. C'est le seul moyen d'obtenir des ren- 
seignements exacts et complets sur ce sujet. 


M. Desor appuie cette proposition d'autant plus vo- 
iontiers que l’on s'occupe beaucoup actuellement en 
Suisse de la question des léproserties et qu'on cherche à 
écrire l’histoire de ces établissements et d’en dresser le 
tableau. 

À propos du mot m#azel, signifiant un lépreux, une 
discussion s'engage entre MM. G. DuPasquier, Guil- 
laume, D’, et Ayer, professeur. 


M. Desor fait une communication -sur les habitants 
de la Grande Kabylie. 


Les Kabyles ne ressemblent en rien aux Arabes, excepté par 
le costume et par la religion. Encore n’ont-ils admis du Koran 
que le dogme, tandis que tputes les prescriptions qui touchent à 
la vie politique ou sociale n’ont pour eux qu’une valeur très-sub- 
ordonnée. 

Les traits fondamentaux des Kabyles et spécialement de ceux des 


. montagnes voisines du Djurjura, s'expliquent par le caractère de 


leur sol. Ce sont des montagnards habitant un sol ingrat et diffi- 
cile. De là, la nécessité d’un travail soutenu, le besoin de faire 
des provisions pour la mauvaise saison, car l'hiver, à ces hauteurs, 
est souvent très-rigoureux. Cette nécessité les a rendus laborieux 
et économes, en même temps que l’air des montagnes leur a 
donné cet amour de l’indépendance et de la liberté qui est un at- 
tribut des peuples montagnards. Ils sont républicains et n’ont 
jamais eu ni aristocratie n1 théocratie; ce sont de vrais démo- 
crates. 

La base de la société kabyle est, comme chez nous, la com- 


— 468 — 


mune (dachera). Plusieurs villages forment ensemble une tribu 
(arch). Les tribus, à leur tour, se sont bientôt vues dans la-‘néces- 
sité de s’allier entre elles pour faire face à l’ennemi commun. 
Il en est résulté des ligues offensives et défensives, Æébila , de là 
le nom de Æébailes, Kabyles, les confédérés. 

L'autorité émane, dans chaque dachera, d’une assemblée for- 
mée de tous les membres de la commune réunis (djemäa). Chacun 
y a voix délibérative et l’on en use largement à ce qu’il paraît. Il 
arrive aussi qu'après avoir épuisé les arguments de la logique, on 
en appelle à la force du poignet. La djemäa est à la fois une as- 
semblée politique et une cour de justice; elle se réunit une ou 
deux fois par semaine. En sa qualité d’assemblée politique, elle 
décide de la paix, de la guerre, s'impose des corvées et surveille 
le pouvoir exécutif. Les corvées ne se font pas seulement pour la 
chose publique, maïs aussi quelquefois en faveur des particu- 
liers. Ainsi, lorsqu'un citoyen tombe malade au moment du la- 
bour, la djemäa décide que son champ sera ensemencé par cor- 
vées. Comme tribunal, elle juge souverainement et sans appel, 
décrétant tantôt la ruine de la maison du criminel, tantôt la vente 
de ses biens. | 

Le pouvoir exécutif est confié, dans chaque village, à un maire 
ou amin, issu du suffrage universel, mais dont les attributions 
sont très-limitées. Le peuple est trop jaloux de son autorité pour 
la confier à qui que ce soit. L’amin ne conserve ses pouvoirs 
qu’autant que la majorité de la djemäa lui laisse sa confiance. Le 
jour où cette confiance lui fait défaut, il doit se retirer. On ne 
l’'expulse pas, on ne le destitue pas, mais si son goût pour le pou- 
voir résiste à l’improbation qui pèse sur lui, on lui déclare qu’il 
n’agit pas en honnête homme et que son devoir est d’abdiquer. 

Les différents amins d’une même tribu nomment parmi eux un 
amin des amins. Ses fonctions sont insignifiantes en temps de 
paix, mais en temps de guerre il prend le commandement de 
toutes les forces réunies de la tribu et devient dictateur. 

Avec une organisation pareille et possédant des vertus essen- 
tielles, telles que l’amour du travail, de l'indépendance et de la 
liberté, les Kabyles auraient dû nécessairement arriver à un haut 
degré de puissance, s’ils avaient su vivre en paix entre eux. Mal- 
heureusement, toutes leurs forces vives ont été dépensées en 
guerres intestines, soit de tribu à tribu, seit de village à village. 


—  A69 — 


Autrefois l’état de guerre étant permanent, chaque village était 
toujours prêt à toutes les éventualités. Aussi les cartouchières 
étaient-elles toujours garnies de poudre et de balles et les fusils 
soigneusement tenus. 

Pour résister, comme ils ont fait, à tous les conquérants qui 
se sont successivement disputé le sol du nord de l'Afrique, il fal- 
lait que les Kabyles pussent se suffire à eux-mêmes dans leurs 
montagnes, sans être tributaires de l'étranger. De là des indus- 
tries diverses, dont quelques-unes sont communes à toutes les 
tribus, comme la fabrication de la poudre, tandis que d’autres sont 
plus particulièrement du ressort de certains districts, ainsi la con- 
fection des armes, de la bijouterie, spécialement des bracelets, de 
la poterie, de la savonnerie, etc. 

Enfin, il est aussi quelques industries qui sont du ressort de 
toutes les communes, telles que la maçonnerie, la charpenterie 
et d’autres qui se retrouvent dans toutes les familles, telles que la 
filature et le tissage de la laine. Dans des conditions pareïlles, on 
ne doit pas s'attendre à de grands perfectionnements, surtout 
dans les industries qui sont confiées uniquement aux femmes, 
comme les tissus et la poterie. 

Dans la pièce principale de chaque maison, une place est ré- 
servée pour y établir le métier à tisser, composé uniquement d’un 
chassis où la chaîne est tendue verticalement. Accroupie devant 
cet appareil informe, la femme kabyle croise les fils de la chaîne 
à l’aide d’un simple roseau, passe la trame à la main, sans le se- 
cours d’une navette, puis, avec une sorte de peigne, elle égalise 
et serre le tissu. À mesure que la pièce avance, on la roule dans 
le bas autour d’un cylindre horizontal. On comprend que lPopé- 
ration marche avec lenteur, et qu’il faut bien du temps et beau- 
coup d'application pour fabriquer seulement létoffe d’un bur- 
nous. On sera surpris d'apprendre qu'avec des moyens aussi 
grossiers, les femmes parviennent à confectionner des tissus de 
laine d’une finesse el d’une beauté remarquables; le vaste haïck, 
dans lequel s’enveloppe tel chef puissant du Sahara, passerait, 
lorsqu’il est froissé, dans le bracelet d’un enfant. Des mois en- 
tiers seront employés, s’il le faut, pour terminer un pareil chef- 
d'œuvre ; mais le temps n’est rien pour ces races falalistes que 
l’impatience ne talonne jamais. En voyant ce métier primitif et 


— 470 — 


cette ouvrière résignée à en subir toutes les imperfections, M. De- 
sor ne put s'empêcher de faire un rapprochement entre ce qu’il 
avait sous les yeux et les procédés employés par les lacustres 
de l’âge de pierre pour confectionner les tissus dont on a trouvé 
des échantillons si curieux dans les fouilles de Pfæffikon. Il se 
rappela les essais tentés à Zurich pour reconstruire sans Paide du 
métal , le métier sur lequel ces étoffes avaient été façonnées , et 
il se dit que si l’on avait connu celui des Kabyles, on aurait trou- 
vé promptement la solution du problême. 

La poterie ne paraît pas non plus avoir subi de grands chan- 
gements; M. Desor présente un certain nombre de vases en terre 
servant à divers usages. Plusieurs sont plus ou moins sphériques, 
avec un col étroit et allongé, sans anses ou munis d’anses. Bien 
que leurs formes soient assez élégantes, ils accusent cependant 
une industrie bien arriérée, par la composition de la pâte, qui 
est grossière, d'une cuisson imparfaite, et qui rappelle nos pote- 
ries lacustres. C’est surtout dans la décoration de ces objets que 
l’analogie est frappante. Il est vrai que les vases kabyles sont 
peints, tandis que les autres ne portent que des dessins tracés à 
la pointe, mais le mode d’ornèmentation est sensiblement le 
même, ou semble s’être inspiré à la même source. On n’y trouve 
pas un trait qui accuse la volonté de reproduire un objet de la 
nature, soit du règne végétal, soit du règne animal; les combi- 
naisons si heureuses que nous aimons à retrouver dans les ara- 
besques, et dont on devrait rencontrer quelques traces chez les 
voisins des Maures, ne s’y montrent pas même à l’état d’inten- 
tion. Ce sont des lignes droites parallèles, de quelques centimètres 
de longueur, qui coupent, sous un certain angle, d’autres lignes 
droites également parallèles ; le tout encadré d’un cordon formé 
de deux lignes faisant ceinture. Il y a là quelque chose d’éminem- 
ment primitif, qui paraît consacré par une tradition dont l’ori- 
gine est inconnue et que l’on copie sans en chercher la signifi- 
cation. Nos poteries lacustres serviront peut-être à éclaircir cette 
question. | [ | 

Parmi ces vases, les plus parfaits sont ceux qui servent à trans- 
porter l’eau ; leur pâte est mieux préparée et mieux cuite, leur 
forme est belle et parait remonter à une haute antiquité. Plus 
étroite aux deux extrémités qu’au milieu, cette cruche, qui a jus- 


— AT — 


qu’à deux pieds de longueur, se porte sur le dos, la pointe infé- 
rieure engagée parfois dans un pli de la ceinture; les anses sont 
tenues avec les mains relevées au-dessus de l’épaule. Les jeunes 
filles la portent avec beaucoup de grâce et rappellent alors ces 
scènes patriarchales, dont les puits de l’Orient ont été le théâtre, 
et qui sont gravées dans toutes les mémoires. On sait que, dans 
les montagnes, les villages sont bâtis sur les crêtes, loin des 
sources qui fertilisent le fond des ravins. Il faut donc, tous les” 
jours, se rendre aux fontaines pour en rapporter la provision 
d’eau. C’est ce que font les femmes, le soir, et pour paraître avec 
tous leurs avantages, elles ne manquent pas, en cette occasion, 
de mettre un peu d’ordre à leur toilette, d'ordinaire fort négligée, 
et d’y ajouter quelque ajustement coquet. 

Les couleurs employées dans la peinture des poteries sont le 
jaune, le rouge et le noir. On les fixe au moyen d’un vernis com- 
posé de résine de pin ou de cèdre dissoute dans l’huile d'olive. 
Par sa seule application, ce vernis donne le jaune ; on obtient le 
rouge au moyen d’une espèce d’ocre ou pierre ferrugineuse qui 
se trouve dans le pays. Le noir est tout simplement de la suie ou 
du noir de fumée. Les femmes font encore des pots pour la cuis- 
son des aliments, des jarres pour l’huile, des jattes pour le miel, 
le lait, le beurre, des lampes, enfin, les oufi ou urnes immenses 
destinées aux provisions de toute nature; il en est qui ont près 
de neuf pieds de haut. 

La fabrication des armes en est encore au fusil à silex ; les Kaby- 
les font eux-mêmes toutes les pièces des fusils et des pistolets. Les 
canons de fusil sont fabriqués par un procédé analogue à celui 
qui est employé dans nos manufactures pour faire les canons à 
rubans. Le bois est en noyer. Le prix d’un bon fusil, sans orne- 
ments, est de 60 à 100 francs. 

La poudre n’est fabriquée que par des individus experts dans 
ce genre de travail; elle crasse beaucoup. Le dosage est à peu 
près le même que celui qui se fait en France. La livre revient à 
6 ou 7 fr.; pendant la guerre de 1856 et 57, ce prix avait doublé. 
Un coup de fusil chargé à plusieurs petites balles, suivant Phabi- 
tude des Kabyles, revient à 40 ou 50 centimes. On peut s’imagi- 
ner, d’après cela, les dépenses énormes faites par ce peuple pen- 
dant tant d’années pour défendre sa liberté. 


— 472 — 


En fait d'armes, M. Desor fait voir des couteaux et des poi- 
gnards de diverses formes ; quelques-unes de ces lames, qui pa- 
raissent être d’une qualité très-ordinaire, rappellent, par leur 
forme, les couteaux de l’âge du bronze; la même analogie se 
rencontre dans les bracelets, particulièrement dans les anneaux 
que les femmes portent aux chevilles et qu’on nomme Khlelal. 
D’autres bracelets annoncent un art plus récent, tant pour la 
forme générale de l’objet que pour les ornements d’origine arabe, 
qui sont traités au repoussoir et exécutés âvec un certain goût. 
On en pent dire autant des manches et des fourreaux de cuivre 
des poignards, ainsi que d’une pipe à fumer le chanvre, qui pa- 
rait être aussi de fabrique indigène. 

Les bijoutiers fabriquent les anneaux pour les pieds, les brace- 
lets, les colliers, les boucles d'oreilles, les épingles; ils garnissent 
les armes de luxe ; la ciselure ne leur est pas inconnue , mais le 
plus souvent ils font usage du repoussoir. Les bracelets rappel- 
lent, par leur forme, ceux des temps les plus anciens; il en est de 
cela comme du burnous, qui n’a pas changé. 

Quels que soient les événements, le montagnard pur sang 
change rarement de linge, et jamais de calotte et de burnous. La 
calotte est de feutre ou de laine tricotée et devient parfois un 
objet de curiosité, tant elle est enduite d’une couche épaisse de 
graisse. Le burnous n’a que rarement l’avantage de jouir de quel- 
que blancheur, à moins d’être neuf, il apparaît toujours maculé 
de taches de toutes grandeurs et de toutes qualités. C’est avec les 
pans de cet habit qu’on essuie les plats et les cuillers ; il fait dans 
l’occasion l'office de balai. On hérite du burnous comme du fusil, 
c’est un meuble de famille qui passe du père au fils et qu’on 
porte même quand il est en lambeaux. Le linge de corps n’est pas 
très-commun et on le lave si peu qu’il est inutile d’en faire men- 
tion. Les souliers faits par des cordonniers ne sont pas en grande 
faveur chez le plus grand nombre des montagnards. La plupart 
d'entre eux ont à leurs pieds, soit un morceau de cuir de bœuf 
non tanné, soit des espadrilles en alfa. Ils tricotent avec de Îa 
laine des guêtres qui leur couvrent la jambe depuis la cheville 
au-dessous du genoux. 

L'intérieur de la maison est seul assez bien tenu. Dans la haute 
montagne surtout, la ménagère a soin des objets qui la regardent. 


— 473 — 


La poterie est étalée sur des étagères et presque tous les ustensiles 
sont suspendus aux murs et entourent le meuble par excellence, 
le fusil, le seul qui soit véritablement soigné. 

Le Kabyle ne se croit pas malheureux; habitué au strict né- 
cessaire, il se contente d’un mobilier modeste qu’il n’augmente 
pas en raison de l’accroissement de sa fortune. Les habitations ne 
sont rien moins que luxueuses ; cependant, comparées aux tentes 
et même aux huttes des Arabes, elles constituent un progrès réel, 
tant sous le rapport du confort que sous celui de la moralité. 
Elles sont maconnées et couvertes en tuiles. La distribution in- 
térieure varie plus ou moins, suivant le degré d’aisance des pro- 
priétaires, mais on y reconnaît cependant toujours le même type 
fondamental. 

Ordinairement la maison est précédée d’une cour, quelquefois 
couverte en partie, et destinée aux troupeaux de moutons et de 
chèvres. La demeure proprement dite est divisée en deux com- 
partiments ; le premier sert de logement au ménage; le lit est an 
banc de pierre couvert de nattes; le feu se fait dans un creux 
pratiqué dans le sol; la fumée s’échappe comme elle peut; une 
petite élévation supporte les énormes jarres en terre (kouti) où 
sont renfermées les provisions; des piquets fixés dans le mur sont 
destinés à établir le métier à tisser les vêtements de laine. Le se- 
cond compartiment est une étable pour la vache, le bœuf, l’âne 
ou le mulet. Au-dessus est une soupente servant de fenil où l’on 
enserre le foin, la paille, les feuilles de frêne, de figuier et l’orge 
destinés à la nourriture des animaux. Les enfants couchent dans 
la soupente qui est au-dessus de la pièce occupée par leurs pa- 
rents. Quelques maisons seulement ont un étage. 

La nature du pays est telle dans les montagnes et les habitants 
Si nombreux que le sol arable fait partout défaut; il est donc né- 
cessaire de profiter des moindres accidents de terrain où la cul- 
ture est possible et de faire rendre au sol tout ce qu’il peut donner. 
Les jardins sont établis en terrasses sur des pentes parfois très- 
raides ; on plante des figuiers dans les fentes des rochers, et des 
oliviers, de la vigne et des frênes partout où ils peuvent végéter. 
Les champs sont soignés avec sollicitude ; on recueille la paille, 
même celle des fèves, et, en automne, on ramasse Îles feuilles 
des figuiers et celles des frênes pour la nourriture du bétail. Le 


— 4714 — 


châtaignier manque et rendrait de grands services; il est remplacé 
jusqu’à un certain point par le chêne à glands doux, mais il y a 
loin du gland à la châtaigne. 

On peut juger d’après cette esquisse que les Kabyles réunissent 
certaines qualités qui les distinguent avantageusement des autres 
populations de PAfrique, Ils sont en effet laborieux, frugaux, 
braves, disciplinés, profondément attachés à leur sol. L’Arabe 
affecte une dignité qui est souvent loin d’être au fond de son 
cœur; chez le Kabyle, au contraire, le fond lemporte sur la 
forme. La polygamie n’existe que nominalement chez eux. Ils ne 
sont ni aussi superstitieux ni aussi fanatiques que les Arabes. [ls 
pratiquent le jeûne d’une manière assez large et ne subissent pas, 
an même degré que les Arabes, la suprématie du clergé. Maïs on 
ne peut pas dire pour cela qu’ils soient réellement avancés ; loin 
de là; quoique les moins retardataires, ils sont encore bien rou- 
tiniers; en leur qualité de montagnards, ils sont avares, et, ce 
qui est pire, ils ne le cèdent nullement aux Arabes en malpro- 
preté, si même ils ne les surpassent pas. Enfin, la femme, bien 
que dispensée du soin de se voiler, est tenue dans un état d’infé- 
riorité scandaleux. 

L'origine des Kabyles est un problème qui a occupé beaucoup 
de bons esprits, sans que l’on soit arrivé à une solution satisfai- 
sante. Quand on suit la grande route d’Alger à Dellis et qu'on 
passe en revue les milliers de Kabyles qui s’en vont au marché 
avec leur petit âne chargé de légumes ou de fruits, et que l’on 
observe cette quantité de types et de figures, les unes basanées, 
les autres blanches avec des cheveux tantôt bruns, tantôt blonds, 
souvent roux et quelquefois des yeux d’un beau bleu, on com- 
prend que chacun y ait pu trouver des preuves à l'appui de l’o- 
rigine qu'il prétend leur assigner. [l est probable aussi qu’il y a 
du vrai dans ces différentes théories. Arago, qui avait été frappé 
des beaux yeux bleus des jeunes Kabyles, en avait conclu que 
c’étaient là les descendants des Vandales. Si l’on considère les 
luttes et les persécutions sans” nombre dont l’Afrique a été le 
théâtre, et si l’on tient compte de l’hospitalité naturelle aux peu- 
ples montagnards, on doit supposer que bien des débris de gran: 
deurs déchues ont dû chercher et ont trouvé un refuge dans cette 
forteresse de la Grande Kabylie. Nous savons que les Maures d’'Es- 


— T5 — 


pagne s’y réfugièrent en grand nombre. Des Romains, des Van- 
dales y ont été accueillis en d’autres temps. M. Desor et ses com- 
pagnons y on! aussi rencontré en assez grand nombre de ces figu- 
res larges, à front fuyant, à lèvres un peu épaisses, qui semblent 
copiées sur les têtes des sphyux et qui représentent probablement 
le type primitif. De tout cela il est résulté un mélange qui ne laisse 
pas que de rendre les études ethnologiques bien difficiles. Ce que 
l’on voit clairement, c’est que ce ne sont pas des Arabes ; ce sont 
probablement des aborigènes du pays descendant des anciens 
Numides au crâne allongé que l’on retrouve partout dans les 
tombeaux du Tell, c’est-à-dire probablement un rameau de la 
race celtique. | 


Séance du 28 janvier 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


Les comptes de l’année précédente sont approuvés 
avec remerciements pour M. le Caissier. 


M. Xopp entretient la Société d'expériences récentes 
faites par M. Meissner, de Gôttingue, sur l'ozone et 
l’antozone, que ce physicien produit en électrisant l'air 
au moyen d’un appareil particulier. (V. Appendice.) 


M. Hirsch donne le résumé de la partie astrono- 
mique du travail qu'il a exécuté conjointement avec 
M. Plantamour, de Genève, pour obtenir la différence 
de longitude entre les Observatoires de Neuchâtel et 
de Genève. 

Cette différence est de : 

3' 12,843 Æ 0,014 en temps 
au lieu de 48' 14",49 en an. 


— 476 — 


M. Æopp interpelle Messieurs les docteurs-médecins 
présents au sujet de la substance nommée ARevalescière 
DuBarry, dont les annonces de journaux citent les ad- 
mirables propriétés hygiéniques et curatives. L'examen 
chimique lui a montré que cette matière est simple- 
ment composée de farine de lentilles et d’un peu de 
farme de blé. 

MM. Cornaz et Guillaume, docteurs, disent que la 
Revalescière n’est pour eux qu’un aliment purement 

nutritif et qu’il serait bon d’avertir le public pour qu'il 
ne paie pas à un prix exorbitant une substance abon- 
dante et à bon marché. 


M. Hirsch remet à la Société, de la part de l’auteur, 
une brochure de M. Plantamour, relative à la hauteur 
du lac de Genève, au-dessus de la mer. 


—  ÀTT — 


COMMUNICATION 


sur la détermination télégraphique 


DE LA 


DIFFÉRENCE DE LONGITUDE 


entre les observatoires de Genève et Neuchaätel. 


(Voir ci-dessus page 4175.) 


Messieurs, 


Je vous ai déjà entretenu à deux reprises de l’opération par 
laquelle M. Plantamour et moi nous avons déterminé la diffé- 
rence de longitude entre nos deux observatoires; c’était pour 
vous communiquer les premiers résultats qu’elle avait fournis 
pour la vitesse de transmission de l'électricité, et ensuite à 
l'occasion de mes recherches sur le temps physiologique, j’a- 
vais relevé les observations-soit astronomiques, soit chronos- 
copiques par lesquelles nous ayons déterminé notre équation 
personnelle. Je me permettrai peut-être de revenir encore une 
fois sur la première de ces questions, sur laquelle nous avons 
fait depuis lors une série considérable d'expériences. Pour 
aujourd’hui je vous entretiendrai de la partie astronomique 
de notre entreprise; je me bornerai cependant à vous en com. 
muniquer seulement les résultats principaux, en renvoyant 
pour les détails à notre mémoire, qui, après des retards pro- 
longés, est enfin sous presse et va paraître sous peu. 

Je vous rappelle d'abord que la méthode que nous avons 
employée consiste à observer dans les deux observatoires les 
passages des mêmes étoiles et d'enregistrer électriquement les 
instants des observations sur les chronographes des deux sta- 
tions. Nous avons ainsi observé dans 8 nuits 117 étoiles, cha- 
cune aux 21 fils de la lunette de Neuchâtel et aux 5 fils de 


—  ÀT8 — 


celle de Genève, ce qui constitue ainsi 2457 signaux d’obser- 
vations qui ont été transmis par le télégraphe dans la direc- 
tion de Neuchâtel à Genève et 555 dans la direction opposée, 
en somme plus de 3000 signaux. Les étoiles que nous avons 
observées étaient choisies dans une zone qui s’étendait à 10° 
de déclinaison des deux côtés de l'équateur; quant à la gran- 
deur, nous sommes allés jusqu’à la 8%, limite pour la lunette 
de Genève de l’observation facile au champ éclairé. Parmi ce 
nombre, il y avait assez d'étoiles fondamentales, pour pouvoir 
déterminer la correction absolue de nos pendules. 

Vous connaissez les instruments de notre observatoire qui 
ont servi à ces observations, le cercle méridien, la pendule si- 
dérale et le chronographe; à Genève, dont les instruments n'é- 
taient pas calculés dès l’origine pour l'emploi de la méthode 
américaine, il a fallu se servir d’une pendule chronographique 
auxiliaire, qu'on a comparée soigneusement après chaque pas- 
sage d'étoile à l'excellente pendule sidérale de Dent, et cela au - 
moyen de 11 signaux, que l'observateur donnait à la maïn, en 
suivant les battements de la pendule sidérale; l'erreur moyen- 
ne d’un signal donné à la main étant de + 0°,037, celle d’une 
comparaison des deux pendules est de + 0,011; on a ensuite 
établi l'équation des deux pendules pour chaque nuit, en uti- 
_lisant toutes les comparaisons au moyen de la méthode des 
moindres carrés, — Le chronographe employé à Genève a les 
mèmes organes essentiels que le nôtre, c’est-à-dire pour régu- 
lateur le ressort vibrant de Hipp, et pour moyen d’enregistre- 
ment des plumes capillaires en verre; mais, du reste, il est 
tout autrement construit, et est au fond un appareil télégra- 
phique de Morse perfectionné, de sorte que les observations 
s’y enregistrent sur des bandes de papier qui se déroulent sous 
les plumes. 

Le double enregistrement nous à donné un moyen de dé- 
terminer, par la comparaison des deux chronographes fil par 
fil, l'exactitude de la méthode chronographique; car les écarts 
entre les deux appareils proviennent de l’imperfection de l’en- 
registrement et du relevé. Ces erreurs proviennent de sources 
multiples; d'abord de ce que les électro-aimants n’attirent pas 
les ancres avec une vitesse constante, qui varie plutôt avec 
l'intensité des courants; ensuite de ce que le mouvement des 


— 479 — 


pendules et des chronographes n’est pas absolument régulier, 
enfin parce qu'on commet dans le relevé des signaux de pe- 
tites erreurs, à cause de l’imperfection de la machine de relevé 
et par suite de l’épaisseur variable des traits et de la rugosité 
du papier. Pour qu'on puisse apprécier les limites dans les- 
quelles ces différentes causes rendent imparfait l’enregistre- 
ment électrique, je vais vous communiquer les erreurs que la 
comparaison des deux chronographes nous a fournies : 


L'écart moyen d'enregistrement pour un fil ob- s 

servé à Neuchâtel est . . . . Æ 0,033 
L'écart moyen d’enregistrement Dé un fil 6b- 

servé à Genève est. . . . FU NUS 
L'écart moyen d'enregistrement UE un paie 

de Neuchâtel est. . . . ARR AE 4 
L'écart moyen d'entéshtrénèn is un dre 

RÉPÉTÉ ER M SUR) PA UAREREOENE AIRES 
L'écart moyen d'enregistrement pour une valeur 

de la différence de longitude est . . . . . + 0,014.5 
L'écart moyen d'enregistrement pour la valeur 

moyenne de la différence de longitude est . . + 0,001.3 


Comme nous avons employé pour l’enregistrement à dis- 
tance les courants ordinaires de pile et plus tard des courants 
d'induction, il est intéressant de voir quel genre de courants 
offre la plus grande exactitude pour l'enregistrement; eh bien, 
on voit que l'écart d'enregistrement d’une observation d’un fil 
est : 


Pour les courants ordinaires des piles . Æ 0,0253 
» d’induction . . . . + 0,0317 


On voit donc que, contrairement à notre prévision, il existe 
une légère supériorité (d'environ 0°,006) pour les courants or- 
dinaires, résultat qui s’est confirmé plus tard par les recher- 
ches que nous avons faites avec ces deux genres de courants 
dans la comparaison automatique des pendules. 

En prenant la moyenne des deux genres de courants, on 
trouve que l'écart moyen sur l'enregistrement d’un fil est, pour 
des appareils comme les nôtres, environ 0°,03; en attribuant 
une part d'erreur égale à chaque chronographe pour produire 
l'écart, cette erreur serait de + 0°,021; et qu'on remarque 


— 480 — 


bien que cette quantité est l'expression de l'incertitude sur 
trois signaux, savoir celui du fil lui-même et des deux signaux 
de secondes, celle qui précéde et celle qui suit. Il ne faut non 
plus oublier que ces 05,021 sont l’erreur pour l'enregistrement 
électrique à distance; l'enregistrement chronographique or- 
dinaire, qui n’est par conséquent pas influencé par la résis- - 
tance variable des lignes télégraphiques, est sans doute encore 
plus exact. Enfin je ne doute point que cette erreur puisse en- 
- core être réduite, en perfectionnant davantage les chronogra- 
phes, surtout en remplaçant les plumes qui écrivent à l'encre 
par des pointes en diamant ou en acier, qui tracent des lignes 
beaucoup plus fines sur du papier noirci. Seulement il est en- 
core difficile de se procurer un papier convenable de cette 


nature. 


Mais pour apprécier en général le mérite de la méthode 
d'enregistrement électrique, il faut plutôt comparer les erreurs 
moyennes d'observation que l’on commet avec ce procédé, 
aux erreurs auxquelles on est exposé avec la méthode ordi- 
naire. Ces erreurs là contiennent, outre les erreurs d’enregis- 
trement, les erreurs fortuites, qui proviennent soit de l'indé- 
cision dans l'appréciation du moment de bisection, surtout si 
l'image de l’étoile n’est pas très-nette, ou si elle est ondulante, 
soit de la vitesse physiologique variable, avec laquelle lim- 
pression de l’œil est transmise au cerveau et transformée par 
l'acte de la volonté dans le mouvement du doigt, qui ferme le 


courant. 


On obtient une mesure pour ces erreurs fortuites d’observa- 
vation, par la plus où moins grande concordance entre eux 
des différents fils, qu'on réduit au fil moyen. De cette manière 


nous avons trouvé : 


8 
L'err. moyenne d’obs., pour un fil de Neuchâtel, Æ# 0,097.4 


» 


> 


» 


» de Genève, + 0,097.6 
p' un passage de Neuchâtel, Æ 0,021 
D de Genève,  Æ# 0,045 
pour une valeur de la diffé- 
rence de longitude, + 0,049.6 
pour la valeur moyenne de 
la différence de long., Æ 0,004.6 


— ASl — 


On voit ainsi que l'erreur moyenne d’une observation chro- 
nographique d’un fil est pour nous deux Æ 0°,097; elle était 


même au-dessous de 0°,09; toutes les fois que l’état atmosphé- 
rique n’était pas très-défavorable. Certes l’erreur de 05,1 dans 
l'observation d’un fil n’est obtenue que très-rarement suivant 
l’ancienne méthode d’après l’ouïe, et seulement par les obser- 
vateurs les plus distingués. Mais ce qui constitue surtout la 
supériorité de la méthode américaine, en comparaison avec la 
méthode ordinaire, c’est le plus grand nombre de fils qu’elle 
permet d'employer; car n'étant pas obligé d'écrire ou de dic- 
ter, on peut espacer les fils de sorte que leurs intervalles 
soient de 3 environ, comme pour notre lunette, tandis que, 
avec l’ancienne méthode, on ne peut pas, en tout cas, dimi- 
nuer ces intervalles au-delà de 12 ou 10%. Donc, si même on 
voulait admettre pour l'observation d’un fil une erreur égale 
d’après les deux méthodes, l’exactitude d’une observation d’é- 
toile sera toujours environ deux fois plus grande avec la mé- 
thode américaine qu'avec l’ancienne méthode. Ainsi, pour 
obtenir par exemple l'ascension droite d’une étoile avec la 
même exactitude, il faut — toutes circonstances égales — trois 
à quatre observations ordinaires pour une seule observation 
chronographique. Et certes cet avantage n’est pas compensé 
entièrement par la perte de temps causée par le relevé des 
observations chronographiques. 

La supériorité de la nouvelle méthode électrique me semble 
ainsi démontrée pour la plus grande partie des observations 
astronomiques. 

Je reviens à notre détermination de la différence de longi- 
tude; comme on ne l’obtient pas par la différence brute des 
deux passages consécutifs, mais qu’il faut encore appliquer à 
chacun d’eux les corrections instrumentales, dont la détermi- 
nation, bien qu’elle soit faite avec tous les soins, est sujette à 
des erreurs, et qui en outre sont variables jusqu’à un certain 
point pour tous les instruments, il est évident que l'erreur for- 
tuite d'observation, que nous avons déterminée plus haut en 
moyenne à + 0°,050 pour une valeur quelconque de la différen- 
ce de longitude, ne représente pas encore toute l'erreur proba- 
ble d’une telle détermination. Comme les erreurs d'observation 

BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 32 


— 482 — 


dont nous avons parlé jusqu’à présent, sont conclues de lac- 
cord des fils entre eux, elles ne sont influencées que par les 
variations qui ont lieu pendant la durée d’un passage, soit dans 
l’état des instruments, soit dans l’état physiologique des ob- 
servateurs. Mais toutes ces conditions, instrumentales, électri- 
ques, atmosphériques et physiologiques changent certainement 
dans une mesure plus forte d’une étoile à l’autre, c’est-à-dire 
dans l'intervalle de 5 à 6 minutes, quependant le temps quatre 
fois moindre qu’une étoile met pour passer devant les fils des 
lunettes. Ensuite nous avons observé, non-seulement à plu- 
sieurs jours, mais même à différentes époques de l’année, sous 
. des conditions atmosphériques, électriques et probablement 
aussi physiologiques très-différentes; il est done clair à priori, 
que les déterminations obtenues dans les 8 nuits d'observation 
n’auront pas la même valeur. En effet, tandis que le 21 mai 
les étoiles étaient fort ondulantes et quelquefois même à peine 
visibles à travers les nuages, le 3 octobre le ciel était on ne 
peut plus favorable. 

Par conséquent, pour tirer de toutes les valeurs de la diffé- 
rence de longitude fournies par chaque étoile et par les diffé- 
rents jours, le résultat le plus probable, il faut attribuer à cha- 
eune de ces valeurs un poids en proportion avec son exactitude, 
Pour juger de cette dernière avec sûreté, nous avons déter- 
miné pour chaque observation l'erreur moyenne avec laquelle 
elle fournit l'ascension droite de l'étoile en question; car cette 
erreur là doit conteuir tous les éléments d’incertitude dont 
nous avons parlé; et nous avons attribué à la différence de 
longitude qui résulte des deux passages de cette étoile, un 
poids en proportion avec les deux écarts, que ces passages 
montrent par rapport à l’ascension droite. Sans pouvoir entrer 
ici dans les détails des calculs, je dirai seulement que nous 
avons d’abord déterminé les corrections et les marches de nos 
pendules par rapport au temps des deux méridiens, et qu'avec 
ces données nous avons calculé l’ascension droite de chaque 
étoile; comme nous avions en moyenne pour chacune 6 dé- 
terminations indépendantes, nous avons obtenu ainsi, comme 
petit hors d'œuvre de notre travail, pour 32 étoiles une liste 
d’ascensions droites, qui jouissent d’une exactitude remar- 


— 483 — 


quable, car l’erreur moyenne pour une d’elles est seulement 
+ 05,022. 

En comparant à ces valeurs moyennes des ascensions droi- 
tes les valeurs individuelles pour chaque jour et chaque ob- 
servateur, nous avons trouvé pour chaque observation d'étoile 
l'erreur commise soit à Neuchâtel, soit à Genève. Appelant 
ces écarts E, et E, , et l'erreur de l’ascension droite X, l’incer- 
titude d’une observation isolée d’une étoile est E, Æ X pour 
Neuchâtel et E, + X pour Genève ; par conséquent, la différence 
de longitude conclue des deux passages correspondants d’une 
même étoile sera exposée à une erreur: 
BE =+Vv (EE, <X) + (E+X)'=+V EE; + E,+2X° 

De cette manière, nous avons trouvé que l’erreur moyenne 
totale pour une détermination isolée de la différence de longi- 
tude est Ea = + 0°,072.8. Si l’on en défalque les Æ 0°,049.6 
que nous avons trouvés plus haut, par l'accord des fils entre 
eux et qu'on appelle ordinairement l'erreur d'observation pro- 
prement dite, on voit qu'il en reste encore une partie un peu 
plus grande, + (°,053.3, qui est l'expression de l'incertitude et 
de la variabilité des corrections instrumentales, ainsi que des 
changements survenus dans les conditions atmosphériques et 
physiologiques pendant les intervalles des observations. 

En attribuant maintenant à chaque valeur de la différence 


de longitude fournie par une étoile un poids proportionnel à 
1 


E2 et en conbinant ensuite les moyennes des différents jours 
d : 


d’après leur exactitudé relative, nous avons trouvé pour ré- 
sultat général de toutes nos observations, la différence de lon- 
gitude de nos deux observatoires : 

L = 3" 125,843 Æ 0°,014.6. 


Je remarque encore que les valeurs des différents jours s’é- 
cartent de cette moyenne générale dans les limites des erreurs 
qui expriment l'incertitude des valeurs de chaque jour; de 
sorte que les résultats des différents jours peuvent être envi- 
sagés comme parfaitement d'accord, sauf pour le 21 mai, qui 
donne une différence de longitude de 0,077 trop faible. Si 
pour cette raison et parce que pour ce jour là les conditions 


” 


—  À84 — 


atmosphériques étaient en effet extrêmement mauvaises, on 
voulait exclure tout-à-fait la valeur du 21 mai, on obtiendrait 
pour résultat général : 

L = 3° 12°,849 Æ 0°,010.4 


qui, comme vous le voyez, diffère de l’autre seulement de 
0*,006, c’est-à-dire d’une quantité comprise dans les limites de 
l'incertitude. 

J'ajoute encore que si l’on avait attribué à chaque observa- 
tion le même poids, la moyenne arithmétique de toutes les 
déterminations aurait donné : 


L'=,97 1251092 


On voit ainsi que nous avons réussi à déterminer ce que 
nous nous étions proposé, la différence de longitude de nos 
deux observatoires à wn centième de seconde près, car l'erreur 
probable de notre résultat est — Æ 0°,0098. Pour se repré- 
senter clairement le degré de précision avec-lequel nous 
avons ainsi fixé la position relative de nos observatoires, je 
rappelle qu’un centième de seconde de longitude correspond 
sous nos latitudes à une distance de mètres 4,6; nous connais- 
sons donc la distance en longitude de nos deux instruments 
à une quantité près qui n’atteint pas la largeur de notre salle 
méridienne. — Pour terminer, je rappelle que, pour avoir le 
résultat définitif, il faut encore tenir compte de notre équation 
personnelle, dont je vous ai entretenu déjà à une autre occa- 
sion; en ajoutant les 0°,123 dont j'observe plus tard que 
M. Plantamour, on obtient la vraie différence de longitude 
entre les observatoires de Neuchâtel et Genève : 

L = 3" 12*,966, 


avec une erreur probable de Æ 0°,014. 

Permettez que je vous rappelle encore qu'en 1859 j'ai fait 
une détermination de cette différence de longitude par le 
transport d’un chronomètre de marine de M. Grandjean, qui 
m'avait donné pour résultat provisoire 3° 115,5, ou même, en 
calculant avec la marche des trois jours seulement 3 12°,4, 
et que j'évaluai l'erreur probable dans le temps à 1°; on voit 
que cette limite n’est pas même atteinte. 


—<SL— 


L 


= ASS —— L 


Séance du 4 février 1864. 


Présidence de M. L. COULON. . 


M. Desor annonce qu'il a recu de MM. Hébert, Mar- 
tins, Wright, Dana et Dufour, de Lausanne, des lettres 
par lesquelles ils remercient la Société, qui les a nom- 
més membres honoraires. 

M. Coulon a aussi reçu des lettres pareilles des au- 
tres membres honoraires que nous avons nommés l’an- 
née dernière. 

M. Hirsch propose, comme membres honoraires, 
M. le général Desvaux et M. le capitaine Zickel, en té- 
moignage de la reconnaissance de la Société pour l’ex- 
cellent accueil qu’ils ont fait à M. Desor en Algérie. 
Cette proposition est adoptée. 


M. Desor expose les découvertes qui viennent d’être 
faites à la Tène par son pêcheur. Il présente un grand 
nombre d'objets qui sont venus depuis peu enrichir sa 
collection et il met encore une fois sous les yeux de la 
Société les cinq pièces de monnaies gauloises de la 
même station, accompagnées de jolis dessins exécutés 
par M. L. Favre; elles portent un cheval d’un côté et 
une tête humaine de l’autre, ce qui permet d'établir 
d’une manière positive l’âge de cette station et sa con- 
temporanéité avec le gisement de la Tiefenau, où des 
objets pareils ont été trouvés. Ces pièces, d’après l’ana- 
lyse de M. Kopp, sont en bronze; elles ont été coulées 
dans un moule qui, paraît-il, servait à en produire plu- 
sieurs à la fois, car chacune porte les traces de deux 


— 486 — 


culots opposés qui semblent les avoir liées l’une à l’au- 
tre. Les effigies, quoique semblables , ne représentent 
pas le même personnage, et l'animal emblématique du 
revers, que M. Desor croit être un cheval, tandis que 
d’autres en font un animal cornu (taureau ou bouque- 
tn), n'est pas non plus identique sur toutes les pièces. 

À ces monnaies se trouvait associée toute une série 
d'armes et ustensiles, tous en fer, que M. Desor met 
sous les yeux de la Société. Ce sont : 

Une grande lame d'épée, droite, large et à deux 
tranchants, munie d’une soie indiquant une poignée 
de grande dimension ; 

Des fragments de fourreaux s’adaptant à des épées 
de ce modèle et présentant des dessins et des détails de 
fabrication tout à fait particuliers ; 

Un grand nombre de fers de lance, les uns ayant la 
forme lancéolée et symétrique ordinaire, les autres des 
figures bizarrement ondulées, qui semblent comme des 
transitions pour passer à la forme de la hallebarde. On 
remarque la largeur et le peu d'épaisseur de la plupart 
de ces lames, ainsi que le petit calibre des douilles dans 
lesquelles le bois était introduit et par conséquent la 
faiblesse de celui-ci. De pareilles armes ne pouvaient 
servir utilement contre des hommes cuirassés ; 

Une faucille ayant environ un pied de diamètre, 
par conséquent beaucoup plus grande que celles de 
l’époque du bronze, mais, comme celles-ci, manquant 
d'une soie destinée à s’insérer dans un manche ; 

Une vingtaine de fibules ou agrafes de toute dimen- 
sion, exactement semblables à celles qui sont dans le 
commerce depuis quelques années; les plus grandes 
ayant 4 pouces de longueur; la plupart intactes et con- 
servant l’élasticité de leur ressort ; 


—  48T — 


Plusieurs anneaux de { à 2 pouces de diamètre, pa- 
raissant avoir été fondus ; 

Une plaque de laiton façonnée et munie de boutons : 
c’est peut-être la garniture d’un casque. Ces mêmes 
boutons ont été trouvés en grand nombre dispersés çà 
et là; mais on ne savait quel en pouvait être l’usage ; 

Une lame de fer à laquelle tiennent encore des mor- 
ceaux de bois et qui semble avoir fait partie d’une selle; 

Enfin plusieurs objets qui ont plus ou moins la forme 
d’agrafes et que M. Desor livre aux méditations des per- 
sonnes présentes pour en découvrir l'usage. 

M. Hipp s'étonne de la belle confection de ces ob- 
jets, qui atteste, selon lui, une industrie arrivée à un 
degré remarquable de perfection. 

Jusqu'ici on s’était borné à recueillir les objets gisant 
à la surface du gravier , au milieu des pilotis de la Têne; 
on se servait de la pince, et c’est ainsi que M. le colo- 
nel Schwab et M. Desor se sont procuré les nombreux 
objets que possèdent leurs collections. Aujourd’hui, 
qu'il n’y a plus grand chose à glaner à la surface de la 
station, on a eu l’idée de fouiller , au moyen d’une es- 
pèce de houe , dans l’épaisse couche de limon qui en- 
toure les pilotis, et c’est là qu'ont été trouvés, dans un 
espace restreint et sous 6 pieds d’eau, tous ces objets 
associés à des ossements humains et de divers animaux. 
Il paraît que ces débris sont fort abondants, car les 25- 
fibules, par exemple, se trouvaient dans un espace de 
quelques mètres carrés. On ne peut pas admettre que 
ce sont les débris d’une maison, d’un ménage; en au- 
cun temps on n’a rempli ses demeures de pareilles 
collections d’objets de même nature. M. Desor en re- 
vient donc à l'explication qu’il a déjà énoncée l’année 


—  À88 — 


dernière et qui lui avait été suggérée par les explora- 
tions faites à Auvernier et à Cortaillod : c’est que les 
constructions lacustres de l’âge du fer, comme celles 
de l’âge du bronze, étaient plutôt des magasins que des 
habitations. 

On est frappé de la belle conservation de tous ces 
débris, surtout lorsqu'on les compare à ceux qu’on 
trouve dans les tombeaux ou à ceux du champ de 
bataille de la Tiefenau , qui se trouvent figurés dans 
l'ouvrage de M. de Bonstetten, et qui sont fortement 
détériorés par l’oxydation. Ils sont surtout précieux 
comme terme de comparaison avec ce qu’on retrouve 
ailleurs. 

En effet, ces débris ne sont pas limités à la Suisse, 
ni à l’Europe. Des objets analogues ont été recueillis 
récemment en Afrique, et, chose curieuse, dans des 
tombeaux qui accompagnent les dolmens. Ceci conduit 
M. Desor à dire un mot des dolmens d'Algérie. Ces mo- 
numents sont analogues à ceux de Bretagne ; comme 
ici, le dolmen est souvent entouré d'un ou de plusieurs 
cercles de pierres plus petites (cromlechs). C’est sur- 
tout depuis l’année dernière que les fouilles ont été 
poussées avec activité et elles ont donné des résultats 
inattendus, car on a mis au jour non-seulement des 
squelettes, mais des poteries, des objets en bronze, des 
baches en pierre, etc.; on peut s’en faire une idée en 
examinant le volume publié l’année dernière par la 
Société d'archéologie de la province dé Constantine. II 
y a trente ans environ, qu'un archéologue éminent, 
M. Berbrugger, ayant entendu parler de soi-disant tom- 
beaux romains près de Guyotville, se livra à des re- 
cherches qui lui firent découvrir, sur le plateau qui 


— 489 — 


domine cette localité, une centaine de dolmens. Il en 
fouilla quelques-uns et retira des tombes, outre des 
crânes remarquables par leur forme allongée, divers 
objets tels que des anneaux, des flèches, des fragments 
de poterie, qu’il jugea être celtiques. On peut juger de 
sa surprise et de son embarras. Quelque temps après, 
poursuivant ses recherches sur les inscriptions funérai- 
res, M. Berbrugger, trouva près d’Aumale une inserip- 
tion en l'honneur d’un centurion de l’Armorique, et 
l'idée lui vint qu’il y avait eu probablement dans la con- 
trée une légion de Bretons qui avaient conservé les 
mœurs et les coutumes de leur pays et avaient élevé 
des sépultures et des monuments semblables à ceux 
dont le sol de la Bretagne est couvert. Cette explica- 
tion trouvée, on en resta là. Plus tard, un antiquaire 
anglais, M. Christy, ayant été informé de l’existence de 
ces monuments, les visita avec M. Féraud, et, encou- 
ragé par M. le général Desvaux, commença des explo- 
rations qui amenèrent la découverte de plusieurs cen- 
taines de dolmens: tout le plateau de Bou-Merzoug , à 
35 kil. au S.-E. de Constantine‘, en est couvert. Lors- 
que la nouvelle s’en répandit et parvint aux officiers 
du génie qui avaient eu des missions à remplir sur di- 
vers points de la province, ils affirmèrent que rien n’é- 
tait plus fréquent; d’après M. le capitaine Richard , que 
M. Desor rencontra à Biskra, on compte les monuments 
funéraires par milliers sur les plateaux des environs de 
Guüelma. À côté des vrais dolmens, il y a des espèces 
de tourelles ou tombeaux circulaires ayant un diamètre 
de 4 à 5 pieds, l’espace d’une sépulture humaine , et 


: Voir la description avec figures dans les Mémoires de la Société archéo- 
logique de Constantine, 1863. 


— 490 — 


rappelant les gal-gal de la Bretagne. M. Desor est tenté 
de rapporter à ce dernier type de tombeaux deux mo- 
numents énormes bien connus en Algérie et qui n’en 
sont que l’exagération ; l’un est le Medrasen, près de 
Batna, qu’on dit être le tombeau de Massinissa, et le 
tombeau dit de la chrétienne (tombeau de Syphax), entre 
Cherchel et Alger. On ne sait encore rien de précis sur 
ces constructions colossales, site n’est qu’elles ont dû 
être les tombeaux des familles régnantes. On s’est as- 
suré cependant qu’il y a dans l’intérieur une cavité, 
mais on n’a pu y pénétrer à cause des décombres qui y 
sont entassés. Les pierres sont de dimension considé- 
rable, à en juger par une grande et belle photographie 
représentant le Médrasen qui est mise sous les yeux de 
la Société. | 

M. Desor ne voudrait pas tirer de ces faits des con- 
clusions prématurées; cependant plusieurs archéologues 
se sont prononcés nettement et ont reconnu dans ces 
monuments le type gaulois, le même qu’on trouve en 
Scandinavie, dans la Grande-Bretagne, aux Orcades, 
dans les Gaules, en Suisse et jusque dans l'Atlas. Mais 
alors quel était ce peuple? Il est évident que l’idée de 
la nation gauloise, telle que nous nous la représentons, 
ne correspond plus à une étendue de pays pareille. 
M. Desor se demande si, au lieu de supposer avec 
M. Bertrand’ une race particulière qui, refoulée de 
l'Asie centrale vers le nord, aurait envahi suecessive- 
ment les bords de la Baltique, la Grande-Bretagne, les 
Gaules et serait arrivée d’étapes en étapes jusqu’en 
Portugal et enfin jusqu’en Afrique, il ne serait pas aussi 
légitime de lui assigner un autre point de départ, en la 


‘ Revue archéologique. Décembre 1863, page 519. 


= 


— 491 — 


faisant venir du continent africain pour se répandre de 
proche en proche sur l’Europe, probablement à une 
époque antérieure à son  démembrement en Gaulois et 
en Germains. | 
En thèse générale, et lorsqu'on n’a pour se guider 
que les monuments funéraires, on est tout aussi fondé 
‘à chercher les origines des peuples dans les régions mé- 
ridionales que dans les contrées boréales. C’est là, du 
reste, une opinion que M. Desor a déjà énoncée aupa- 
ravant, quand il cherchait en Italie l'origine de nos 
lacustres. Ce qui l’a confirmé dans cette manière de 
voir, c’est en Afrique l’absence de traditions rapportant 
l'invasion d'hommes venant du nord ; en outre, 1l a été 
frappé de l’analogie que présentent les objets décou- 
verts sous les dolmens d'Algérie avec les similaires pro- 
venant de nos lacs. Sous ce rapport, le musée de Cons- 
tantine renferme une collection précieuse ; on y trouve 
notamment des monnaies à l'effigie de l’Eléphant, et 
d’autres à celle du Cheval, ces dernières rappelant celles 
que l’on est convenu d'appeler gauloises, et, en parti- 
culier, celles de la Tène. Les richesses numismatiques 
accumulées dans le musée de Constantine , sont desti- 
nées à jeter un grand jour sur ces questions, quand 
elles auront été étudiées comme elles le méritent. M. 
Desor mentionne aussi parmi les curiosités de ce mu- 
sée des plaques de grès couvertes d'inscriptions qui 
n'ont pas encore été déchiffrées et qui sont tracées 
en caractères qui lui sont inconnus, mais qui, en tout 
cas, ne sont pas carthaginois. 
M. de Rougemont cite à l’appui de l'hypothèse émise 
par M. Desor, les traditions celtiques de l'Irlande, qui 
font venir leur race de l'Afrique. À propos des monu- 


— 492 — 


ments circulaires qu’on vient de mentionner, il cite la : 
découverte, faite par Davis, dans les ruines de Car- 
thage, d’un temple de Bahal de forme circulaire, avec 
une série de murs concentriques. Cette disposition ne 
se rencontre dans aucun des monuments de l’antiquité. 
— La disposition des dolmens d'Afrique lui rappelle ce 
que dit Aristote des Ibères d'Espagne, qui élevaient au- 
tant de pierres autour des tombeaux que le défunt avait | 
tué d’ennemis dans les combats. — Enfin M. de Rouge- 
mont croit que les monnaies gauloises trouvées en 
Afrique ne peuvent y avoir été apportées que par le 
commerce. On sait quand on a commencé à frapper ces 
monnaies; ce ne doit être que peu de siècles avant 
l'ère chrétienne. 


M. le D' Chdtelain donne quelques renseignements 
sur la disposition des pilotis de la station de la Tène. Il 
croit y avoir trouvé un môle de 60 à 70 pas de lon- 
gueur, et, un peu plus vers l’est, une enceinte de pieux 
de 15 à 20 pieds de diamètre. 


M. le D' Guillaume présente les os humains trouvés 
à la Têne; il les a étudiés en vue d’acquérir quelques 
indices sur la taille des individus à qui ces os ont ap- 
partenu. Ces os sont des fémurs, des tibias, des humé- 
rus, des radius et des cubitus. M. Guillaume y voit les 
traces d’une femme et de cinq hommes, dont la taille 
flotte entre 4 pieds 6 pouces à 5 pieds 8 pouces. C'était 
donc une race de taille supérieure à celle des stations 
de la pierre et du bronze, à en juger du moins par les 
ossements qu’on y a trouvés et par la dimension des 
gardes des épées. 


_— 493 — 


M. Desor ne sait comment expliquer la présence de 
ces os si nombreux dans la couche d'argile de la Tène 
et qui y sont associés à des ossements d'animaux do- 
mestiques, spécialement de chevaux et de bœufs. Aussi 
longtemps qu'on ne possédait que des ossements d’ani- 
maux, on pouvait supposer qu'ils y avaient été jetés à 
l’état d'os détachés. Mais des ossements humains, à 
moins d'admettre que nous ayons affaire à des anthro- 
pophages, supposent des cadavres entiers que la dé- 
composition aurait ramenés à la surface au bout d’un 
certain temps. 


M. le D' Clément présente une très-petite hache en 
néphrite de 1 à 2 centimètres de longueur et une boite 
cylindrique d’une forme particulière creusée dans un 
bois de cerf. Cette dernière est percée de deux trous 
et paraît avoir été faite pour être portée à l’aide d'un. 
cordon. Ces objets remarquables ont été retirés du lac 
devant Concise. 

M. Clément rapporte qu'il a trouvé dans les bois des 
environs de Bevaix, de Gorgier et de Saint-Aubin, des 
blocs erratiques de gneiss au nombre de quatorze, por- 
tant des entailles qui paraissent avoir été gravées dans 
un but qu’on ne peut définir. L’un de ces blocs, en 
particulier, présente quelque chose de si remarquable, 
que M. Clément en a fait le dessin et en a même exé- 
cuté une reproduction réduite en plâtre. Ce sont en 
général de petits creux tantôt juxtaposés comme une 
feuille de trèfle, tantôt reliés par de petites rigoles. On 
pourrait être tenté d’y voir des écuelles ou des réci- 
pients pour le sang des victimes, en supposant que ces 
blocs étaient des autels. Mais ce qui contredit cette sup- 


— 494 — 


position, c’est que les signes ne sont pas limités à la 
face supérieure. Il y en a aussi sur des faces inclinées 
et plus ou moins verticales. 

La Société exprime le désir que les dessins de ces 
blocs soient publiés le plus tôt possible. 


Séance du 11 février 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. App entretient la Société des horloges électriques 
et surtout des perfectionnements qu'il y a apportés, 
ensuite d'observations nouvelles faites sur celles qu’il a 
construites pour la ville de Genève. 


M. Rtter lit un travail très-étendu relatif à l’alimen- 
tation des eaux au point de vue industriel et alimen- 
taire, pour la ville de Neuchâtel. Son projet consiste à 
transformer une excavation naturelle de la combe va- 
langienne, située plus haut que le Plan, appelée verger 
des Cadolles, en un grand réservoir, où l’on emmaga- 
niserait l’excédant d’eau du Seyon, amenée par l’aque- 
duc qui sera établi pour l’alimentation de la ville, en- 
suite du projet adopté par la Municipalité de Neuchâtel. 
Ce réservoir, de grande dimension, et dont les parois 
seraient en partie constituées par les roches calcaires 
adjacentes, fournirait, à cause de la hauteur où il est 
placé par rapport à la ville, une grande force motrice 
dont pourront tirer parti les industries existant actuel- 
lement à Neuchâtel; en outre, cette ressource provo- 
querait sans doute l'établissement d’un grand nombre 
d'usines qui répandraient la vie et la prospérité. 


— 495 — 


Le réseryoir en question serait de plus tellement relié 
avec le système d’alimentation de la ville, qu’on pourra 
en dériver une partie de l’eau, en temps de grande sé- 
cheresse, pour suppléer à l'insuffisance journalière de 
l'aqueduc. 

Il expose ensuite un plan détaillé des diverses mdus- 
tries qu’il lui semble possible et convenable d’intro- 
duire à Neuchâtel avec le secours de cette nouvelle 
force motrice. | 

M. Hirsch observe que dans l'évaluation du minimum 
de la force motrice fournie par l'écoulement de l’eau 
du bassin, l’auteur du projet aurait dû tenir compte de 
l’évaporation. 

M. le D' Guillaume éprouve des craintes au sujet de 
la salubrité de l’eau qu’on lrerait de cet étang, à cause 
du développement rapide des animalcules et des algues 
qui s'y produira en été. 

M. Coulon aurait préféré le verger dit des Auges 
pour l'emplacement du réservoir, soit à cause de sa 
forme, soit parce que les eaux qui s’infiltreraient au 
travers des roches sous-jacentes iraient alimenter les 
sources de l’Ecluse. — Il ne croit pas que les algues 
rendent l’eau malsaine, car dans les aquariums les ani- 
maux et les algues prospèrent ensemble. R 

M. Desor conseille un revêtement continu pour le 
fond de ce bassin, car l'observation a montré que les 
couches jurassiques inclinées, lors même qu’elles sem- 
blent compactes, sont toujours plus ou moins fissurées. 

Relativement au projet d'alimentation d’eau, adopté 
par la Municipalité, il désirerait savoir pourquoi on a 
renoncé à l’eau des sources de Valangin pour se servir 
exclusivement de l’eau du Seyon. 


— 496 — 


x 


M. Ritter répond, à diverses reprises, aux observa- 
tions qui ont été faites. 

M. Paul de Meuron, ingénieur, donne quelques 
explications au sujet du projet des eaux pour la ville. 
En faisant la répartition de l’eau d’une manière un 
peu judicieuse, en temps de sécheresse, on pourra se 
contenter de celle qui sera amenée journellement par 
l’'aqueduc et se passer de celle du réservoir des Ca- 
dolles. — 11 répond à M. Desor que les sources étant 
insuffisantes en été, il faudrait recourir à l’eau du 
Seyon quand elle est le moins salubre, tandis qu'on 
l’abandonnerait quand elle est abondante et same; 1] à 
donc semblé plus simple et plus économique surtout, 
d'employer exclusivement l’eau de cette rivière, comme 
cela est du reste expliqué dans le mémoire publié par 
l'autorité municipale sous le nom de : Question des 
eaux . 


— 497 — 


NOTICE 


SUR LES 


HORLOGES ÉLECTRIQUES EN GÉNÉRAL 


ET EN PARTICULIER 


sur celles établies à Genève en 1861, 
COMMUNIQUÉE PAR M. HIPP 
À la Société des sciences naturelles de Neuchâtel 


le 11 Février 1864. 


Messieurs , 


J’ai eu l'honneur, il y a environ deux ans, de vous com- 
muniquer le projet d'établissement des horloges électriques à 
Genève, et de vous donner des détails sur la méthode suivie 
dans l'exécution de ce projet. 

Si je me permets aujourd'hui de vous entretenir de nou- 
veau des horloges électriques et surtout de celles établies à 
Genève, c’est, non seulement à cause de leur importance pra- 
tique incontestable, mais aussi en vue de la question scienti- 
fique. 

Il est superflu de parler des avantages et de l’utilité des 
horloges électriques; personne ne les conteste. 

Cependant si ces horloges ne sont pas encore généralement 
répandues, il faut en voir la cause &ans les difficultés d’adap- 
ter leur construction aux conditions extérieures dans lesquel- 
les elles se trouvent placées et d'éviter ainsi les perturbations 
de tout genre auxquelles elles sont exposées. 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 33 


— 498 — 


Aujourd’hui même, l'horlogerie électrique doit être consi- 
dérée, en partie du moins, comme un problème qui n’a pas 
encore trouvé sa solution complète. 

Il importait surtout de pouvoir faire une expérience -en 
grand; si par cette expérience la question à fait un pas en 
avant, c’est à la Municipalité de Genève que nous en sommes 
redevables. 

Je ne veux pas parler des horloges électriques installées 
dans des maisons et des chambres où elles sont à l’abri des 
injures du temps. Le grand nombre d’horloges électriques que 
j'ai installées à plusieurs endroits, dans des édifices publics 
et dans des maisons particulières, répondent parfaitement à 
leur but et aux exigences du publie. 

Je veux parler des horloges établies en plein air dans les 
lanternes à gaz, exposées à toutes les variations de tempéra- 
ture, aux rayons de soleil les plus ardents, aux plus grands 
froids, aux influences pernicieuses de la poussière et de l’hu- 
midité, aux secousses de toute nature, causées par les tem- 
pêtes, les ouragans, etc. 

La construction mécanique, dont j'ai eu l'honneur de vous 
entretenir dans le temps, a été faite avec tout le soin pos- 
sible. Il était de la plus haute importance de suivre soigneu- 
sement la marche de ces horloges, et j'ai l'honneur de vous 
communiquer aujourd’hui les observations principales qu’on 
a faites à leur sujet, et de traiter la question si et par quels 
moyens il sera possible d'éviter les dérangements et inconvé- 
nients que l'expérience à sig nalés pour ces appareils. 

Je ne parlerai pas des déranrements qui peuvent arriver à 
toute horloge ordinaire et qui n’ont pas de rapport avec la 
partie électrique; s’il y a eu de ces dérangements, il faut les 
attribuer presque uniquement aux variations extrèmes de 
température. 

Un dérangement complet, ayant sa cause dans l’électricité, 
est arrivé d'iné manière très-fâcheuse et s’est répété même 
plusieurs fois, peu de temps après lé l'établissement des horlo- 
ges électriques à Genève; ce qui était d'autant plus fâcheux 
que les horloges électriques, étant à leur début, avaient atti- 
ré l'attention du publie, qui, voyant les effets sans en cher- 


— 499 — 


cher les causes, ne manqua pas de porter un jugement très- 
défavorable sur ces appareils. Il est vrai que ces dérange- 
ments ont eu une certaine durée ; car les défauts, de nature à 
prevoquer de fausses recherches, étaient très-difficiles à trou- 
ver. 

Tout le système ayant bien fonctionné pendant plusieurs 
semaines, un dérangement survint tout-à-coup, et quand je 
me rendis à Genève le défaut avait disparu de lui-même. L’ob- 
. servation exacte de toutes ces perturbations semblait démon- 
trer que c'était pendant la pluie surtout que le défaut se fai- 
sait sentir. Les recherches les plus exactes sur l'isolation des 
conducteurs, des examens rigoureux de tous les points de 
contact ne firent que constater que tout était dans le meilleur 
état. 

Enfin, ces dérangements se répétant, des observations 
continuelles, faites avec tous les soins possibles, conduisirent 
enfin sur le point où le défaut devait se trouver ; e’était à 
l'horloge placée au candélabre devant l'hôtel des postes. 

Mais cette horloge aussi ne montrait aucun défaut apparent 
et ce n’est qu'à l’aide d’un microscope que je pus remarquer 
par hasard qu'un fil très-mince de la bobine sortait et pouvait 
toucher le métal de la lanterne. Comme ces lanternes à gaz 
sont en communication métallique aveë le sol, le courant 
pouvait donc se perdre. 

Ce qu'il y avait de fâcheux dans cette circonstance, c’est 
que le fil ne touchait pas toujours la lanterne, car dans ce 
cas il eût été facile de trouver le défaut; mais malheureuse- 
ment le moindre changement dans la position de la lanterne, 
soit par un coup de vent, par le nettoyage, ou par toute autre 
cause, produisait ou faisait disparaître le défaut. 

Ce malencontreux accident provenait d’une légère négli- 
gence de l’ouvrier qui avait fait la bobine; quoique très-grave 
par son effet, mais petit en réalité, il ne peut pas être regar- 
dé comme préjudiciable aux horloges électriques. 

D’autres dérangements plus graves en réalité se sont pré- 
sentés trois ou quatre fois, à la suite d’orages. Le 25 du mois 
de mai 1862, la foudre étant tombée sur le trottoir du palais 
électoral, tout près des fils, einq horloges ont avancé de trois 


— 000 — 


minutes, une à retardé et une s’est arrêtée pendant une. heure 
et cinq minutes, pour reprendre ensuite sa marche. L’on se 
demande pourquoi la même cause a produit des effets si dif- 
férentis. L'explication en est assez facile. L’électricité atmos- 
phérique a eu sur les horloges le même effet que tout autre 
courant électrique ; elle les a fait avancer, mais par sa dé- 
charge trop violente quelques-uns des électro-aimants ont 
reçu un magnétisme permanent, par suite duquel l’armature 
restait attirée et arrêtait l'horloge jusqu'à ce qu’un coup de 
vent ou un autre petit choc parvenait à la détacher. 

Voilà un inconvénient causé par les décharges d'électricité 
atmosphérique ; cet inconvénient est très-sérieux et il peut se 
produire à chaque coup de foudre tombant dans la proximité 
des horloges électriques. 

Il y à eu encore d’autres cas d’avances ou de retards des 
horloges électriques; pour les uns l'explication à été trouvée; 
les autres, je crois également pouvoir les expliquer sans çe- 
pendant en être parfaitement sûr. 

J'ai déjà remarqué dans ma dernière communication que 
les reverbères et les tuyaux à gaz étaient employés pour ser- 
vir de second conducteur. Il s’est trouvé plus tard que les 
jonctions, par les écrous des tuyaux, étaient quelquefois dans 
un état à ne pas laisser passer le courant avec sûreté, et qu’un 
coup de vent pouvait établir ou interrompre le contact métal- 
lique. Il s’ensuivait que si cette interruption du contact mé- 
tallique survenait au moment du passage du courant, l'hor- 
loge retardait, et si, d’un autre côté, l'interruption du contact 
était momentanée pendant la durée du courant, ce dernier 
pouvait agir deux fois (il y avait deux émissions de courant), 
et l'horloge avançait; ce qui explique le fait qui est arrivé, 
qu’une horloge en retard, s’est de nouveau mise à l'heure 
plus tard. 

Les cas de retard ou d'avance des horloges, qui n’avaient 
pas des causes spéciales, trouveront leur explication dans les 
considérations suivantes: 

On sait que les électro-aimants ne fonctionnent avec une 
force considérable, que si l'armature est tout près de l’électro- 

aimant, car la force d'attraction diminue proportionnellement 


— 501 — 


au carré de la distance; par cette raison on ne fait faire aux 
ancres qu'un mouvement d’un demi millimètre ou d’un milli- 
mètre tout au plus. 

Par conséquent, une secousse quelconque, un violent coup 
de vent, par exemple, peut suffire pour donner un petit mou- 
vement à l’armature et faire avancer l'horloge. Une horloge 
placée dans une lanterne à gaz est exposée à de tels acci- 
dents; il a été constaté, en effet, que des horloges ont avancé 
lorsque le nettoyeur mettait son échelle contre la console de 
la lanterne. | Ë 

Je dois remarquer ici qu’une horloge électrique placée dans 
un reverbère à gaz, dans la cour du château de Neuchâtel, ne 
s’est jamais dérangée que par un orage violent de quatre heu- 
res de durée, qui fit avancer l'horloge de 12 minutes; ce re- 
verbère, installé dans la cour, est à l'abri des vents. 

Après avoir mentionné ces dérangements observés dans les 
horloges électriques de Genève, je dois encore en citer un, 
qui, n'étant pas en rapport avec l'électricité, n’en est pas 
moins fâcheux; c’est la nécessité de nettoyer assez souvent 
les horloges placées dans les lanternes à gaz, à cause de la 
poussière qui s’y introduit trop facilement. L’horloge se trouve 
bien encadrée entre deux vitres, mais on n'ose pas empêcher 
la circulation de l'air, sans cela les vitres se couvrent de rosée 
à chaque élévation subite de la température. 

Nous pouvons récapituler les causes principales de per- 
turbation : 

1° L'influence de l'électricité atmosphérique ; 

2° Celle des contacts imparfaits dans les conduites de gaz; 

3° Celle des secousses ou des coups de vent: 

4 Et enfin celle de la poussière et de l'humidité. 

Nous sommes donc arrivés à nous demander si les difficul- 
tés que présentent les horloges électriques sont de nature à 
pouvoir être surmontées ou non. 

Après avoir examiné sérieusement cette question, je erois 
pouvoir répondre affirmativement, et je me permets de vous 
indiquer les moyens que j'ai employés pour vaincre les diff- 
cultés; ces moyens sont le résultat des expériences et des re- 
cherches auxquelles les horloges de Genève ont donné lieu. 


— 502 — | 


Pour obvier aux inconvénients indiqués plus haut, j'ai com- 
pris qu’il fallait modifier la construction de l'horloge. 

Sans entrer dans les détails qui regardent la fermeture et 
l'interruption du courant, ou bien la distribution et l’embran- 
chement des courants, l'établissement des fils, ete., parce que 
sous tous ces rapports l’organisation de Genève n’a rien laissé 
à désirer, j'expliquerai d’une manière sommaire les organes 
essentiels et nouveaux des horloges électriques que je viens 
de construire. 

a est un aimant permanent (voir les fig. 1, 2, 3, 4, où les 
mêmes lettres signifient les mêmes parties), sur une branche 
duquel se trouvent fixées à vis deux bobines p et p', tandis 
que l’autre branche est recourbée à angle droit (en e). L'’an- 
cre g qui tourne autour de l’axe s est placée très-près, sans 
cependant toucher. Dans la position représentée dans la fig. 3, 
c’est-à-dire, au milieu des deux pôles, l’ancre est en équilibre, 
parce que si l’ancre est positive, les deux noyaux des bobines, 
aimantés négativement, l’attirent avec la même force. La fig. 
4, par contre, représente l’ancre attirée par le pôle p, dont 
elle se trouve approchée par la plus grande partie de sa mas- 
se. Maintenant, si par les bobines passe un courant, qui rende 
le pôle p positif et le pôle p' négatif, l'ancre sera repoussée 
par le pôle p, avec lequel elle est homonyme et attirée par le 
pôle p'. dont la pôlarité négative est renfor-ée par le courant. 
La mème chose se produira dans le sens inverse si le courani 
est renversé. 

De ‘etie manière on obtient pour l’an-re g un mouvement 
d'estillation alternatif d’une amplitude de 60° à 80’. Ce mou- 
vement peut être rendu uniforme, et c'est là un point e:sen- 
tiel dans cette nouvelle construction, qui donne à lancre une 
forme telle que son centre d'attraction, se déplaçant dans son 
intérieur, à mesure qu’elle tourne, reste à peu près à égale dis- 
tance du centre d’attraction de l’aimant. C’est là un progrès 
essentiel dans la construction des électro-aimants (que j'ai 
réalisé d’une autre manière pour mes nouvelles sonneries élec- 
triques), d’avoir rendu uniforme le mouvement des ancres, 
mouvement qui jusqu'à présent était accéléré, et de lui 
assurer en outre un chemin et une durée plus ‘considérables 


—  D03 — 


que dans les constructions usitées. Nous verrons tout à l’heure 
l'utilité de ces dispositions pour les horloges électriques. Com- 
plétons d’abord, en quelques mots, l'explication de leur mé- 
canisme. 

Sur l’axe de l’ancre se trouve une tige, organe d’un échap- 
pement à verge, dont la roue avance d’une dent à chaque 
mouvement de va-et-vient de l’ancre. Un ressort empêche le 
recul, et la forme des palettes sert à retenir la roue lorsque la 
verse est arrivée à l’un ou à l’autre point du repos. Il est inu- 
tile de dire que le rouage des aiguilles est fixé sur l'axe de 
l’échappement; tout le reste est disposé comme dans les hor- 
loges ordinaires. 

Voyons maintenant comment cette nouvelle construction 
évite les perturbations de l'électricité atmosphérique. On sait 
que cette dernière opère sur les appareils électriques exacte- 
ment comme un courant de pile, avec cette différence qu’elle 
ne dure pas au-delà d’un dixième de seconde. Par conséquent 
une ancre qui exige pour la moitié de son mouvement angu- 
laire plus d'un dixième de seconde, n’en sera pas ordinaire- 
ment influencée; cependant il pourrait arriver qu'une déchar- 
ge violente fit tourner l’ancre complètement. Mais comme les 
courants atmosphériques n’ont pas toujours la même direction, 
qu'ils vont tantôt de la terre aux nuages, tantôt des nuages 
vers la terre, ils auront sur les horloges une influence diffé- 
rente, selon leur direction. Supposons donc qu'une forte 
décharge positive passe par l'horloge: deux cas peuvent se 
présenter, ou le courant de l'horloge qui vient de passer 
un moment auparavant, était positif, alors le courant atmos- 
phérique, ayant le même sens, serait incapable de faire mou- 
voir l’ancre et l'horloge ne serait point influencée; ou bien le 
dernier courant avant la décharge, était négatif, dans ce cas 
le coup de foudre ferait avancer l’aiguille de lhorloge. Mais 
cet effet se compenserait immédiatement, puisque le courant 
d'horloge suivant, cheminant dans le même sens avec le cou- 
rant atmosphérique, laisserait l'horloge en repos; par consé- 
‘quent tout le dérangement consisterait en ce que la fonction 
régulière de la pile aurait été remplacée par celle de la fou- 
dre, 


— 004 — 


De cette manière la foudre ne peut exercer des perturba- 
tions que par ses effets violents, mais aussi très-rares, comme, 
par exemple, la fonte des fils. Dans des localités ou de tels 
accidents seraient à craindre fréquemment, il faudrait renon- 
cer à la terre comme conducteur et reconduire le courant par 
un second fil. 

Qu'il nous soit permis de rectifier à cette occasion une er- 
reur encore assez répandue dans le public, qui croit qu’une 
ligne télégraphique fixée à une maison, pourrait devenir dan- 
gereuse en attirant sur elle la foudre. Cette opinion est tout- 
à-fait erronée, car si même une telle maïson n’est pas entiè- 
rement garantie contre la foudre (si on ne met pas une tige 
sur le faite du toit en communication avec la ligne), en tout 
cas elle aura toujours moins à souffrir d’une décharge électri- 
que, parce que la ligne conduira en terre la plus grande 
partie de l’électricité. 

La seconde cause de dérangement que nous avons mention: 
née plus haut et qui consiste dans des contacts imparfaits dans 
les conduites de gaz, doit être évitée en première ligne, en 
fixant le fil de terre directement à un tuyau de gaz caché dans 
la terre. Cependant il faut remarquer que les interruptions 
momentanées, produites par des causes quelconques en par- 
tie encore cachées, perdent leur influence par là nouvelle 
construction, parce que le courant, si même il était interrom- 
pu et rétabli plusieurs fois pendant sa durée, ne produirait 
qu'un seul mouvement de l’aiguille, qui, pour avancer de 
nouveau, exige un renversement du courant. 

Enfin, la troisième perturbation provenant des coups de 
vent et autres secousses, qui dans les anciennes horloges fai- 
saient mouvoir l’ancre, dont le chemin était inférieur à un 
millimètre, est maintenant éludée par le grand chemin (de 
60°) que l’ancre doit accomplir et qu'elle parcourt avec une 
sûreté beaucoup plus grande qu'auparavant; parce que, com- 
me nous l'avons expliqué plus haut, son mouvement se fait 
avec une vitesse uniforme, ou, si l’on veut, même avec une 
force plus grande au commencement qu’à la fin du chemin. 

Il nous reste encore à dire un mot du quatrième inconvé- 
nient auquel les horloges sont exposées dans le cas où on 


— 008 — 


les'établit en plein air et dans les lanternes à gaz; nous vou- 
lons parler de l'influence de la poussière et de l'humidité. 
Comme on ne peut pas penser à enfermer hermétiquement 
les horloges, il faut se décider à rendre la circulation de Pair 
aussi complète et rapide que possible, pour diminuer autant 
que possible la condensation de l'humidité, qui a lieu à cha- 
que élévation brusque de la température. Pour éviter que la 
poussière ne s’introduise en trop grande quantité et finisse par 
gêner le mouvement des horloges, il faudrait faire passer l'air 
par un système de canaux et de détours, où il puisse déposer 
la poussière avant d'arriver au rouage de l’horloge. Mais com- 
me un pareil arrangement sera toujours difficile à exécuter, 
nous croyons préférable de considérer comme exceptionnelle 
l'installation des horloges électriques dans les lanternes à gaz 
et de les fixer plutôt dans les murs des maisons, de sorte que, 
tout en étant éclairées par les lanternes à gaz voisines, elles 
communiquent avec l'air intérieur des maisons qui charrie 
beaucoup moins de poussière et change moins rapidement de 
température. 

L’exposé que je viens de faire a pour but de faire voir d'un 
côté que l'électricité, dans son emploi pratique, rencontre 
bien des difficultés de tout genre, mais qu'on peut toujours 
trouver des moyens de les surmonter. D’un autre côté, j'ai 
voulu démontrer que la question des horloges électriques, par 
suite des expériences faites à Genève, a fait un progrès con- 
sidérable et qu’il y a tout lieu de croire que leur utilité prati- 
que sera désormais établie sur des bases solides. 


— 906 — 


Séance du 18 février 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le D' Guillaume expose la première partie d’un 
travail sur l'hygiène des écoles. Les soins qu’il a été 
appelé à donner à des enfants malades, ainsi que les 
fréquentes visites qu’il à faites dans nos classes primaïi- 
res et dans les écoles de Serrières, de Saint-Blaise et 
d Hauterive, lui ont révélé diverses affections provo- 
quées, suivant lui, par la fréquentation des écoles et 
dont il s’est appliqué à rechercher les causes. Celles-ci 
se trouvent dans l'exposition du bâtiment renfermant 
les classes, dans sa construction, dans le choix des ma- 
tériaux, dans la dimension des salles, dans le mode de 
ventilation, l'éclairage, le chauffage, dans la disposition 
et la hauteur des tables et des banes, ete. 

Quand il s’agit de construire une école, il est rare 
que les médecins soient appelés à donner leur avis. II 
ya des médecinsattachés aux casernes, aux prisons, etc., 
mais aux écoles cela paraît chez nous un luxe qu’on ne 
peut s’accorder. Quand un médecin est par hasard mem- 
bre d’une commission d'éducation, on le consulte 
comme tel, mais non comme médecin. Cependant, il 
est une foule de détails et de circonstances dont un ar- 
chitecte ne lient pas compte et qui ont de l’importance 
aux yeux d’un médecin attentif. 

Il passe en revue les édifices où sont logées les écoles 
mentionnées plus haut et les soumet à une critique dé- 
taillée. Sous le rapport de l'exposition, le Gymnase, qui 
dans certains jours, est entouré par un marché très- 


+ - 


» 


— 907 — 


bruyant, laisse à désirer; il est impossible qu'avec de 
telles causes de distraction, les leçons puissent être re- 
çues convenablement. On peut en dire autant du col- 
lége des Terraux, qui, par deux de ses faces, Joûte le 
chemin de la gare, où circulent continuellement les 
omnibus et les camions. — A Hauterive, l’école est 
adossée à un rocher qui entretient dans la maison une 
humidité permanente, cause de rhumatisme parmi les 
enfants. Cet hiver, le givre recouvrait les murs inté- 
rieurs de la maison, et, malgré le feu ardent allumé 
dans le poêle, on ne pouvait pas parvenir à donner à la 
salle une température suffisante. 

Le choix des matériaux a aussi son importance; on 
en peut juger en parcourant les salles du collége des 
Terraux, qui ont été construites avec des bois qui n'é- 
taient pas secs. Les portes sont disjointes, les planchers 
présentent des fentes de plus d’un centimètre de large, 
qui sont des réceptacles de poussière et rendent le net- 
toyage impossible. 

Les dimensions des salles en rapport avec le nombre 
des élèves est un point sur lequel on ne peut assez In- 
sister, surtout quand la ventilation n'existe pas. Sous 
ce rapport, le collége des Terraux est dans les plus mau- 
vaises conditions. D’après les calculs de M. Guillaume, 
il y a des salles renfermant 50 enfants qui, au bout de 
4 heures de leçons, ne doivent pas renfermer plus de 
8 °/, d'oxygène et ne livrent par conséquent à la respi- 
ration de ceux qui lhabitent qu'un air vicié et perni- 
cieux. Les salles seraient assez grandes si elles étaient 
ventilées, mais dans la construction de ce bâtiment, ce 
détail a été négligé. On n’a aucun moyen de donner de 
l'air, sinon en ouvrant les fenêtres; comment le faire 


— 908 — 


en hiver? Ce qui contribue encore à vicier l'air, c’est 
l'habitude des enfants de déposer leurs manteaux et 
leurs coiffures sur les tubes des calorifères, afin de les 
sécher ou de les échauffer. Il se dégage de ces vête- 
ments, surtout quand ils sont humides, une vapeur et 
des miasmes infects, bien propres à propager des ma- 
ladies cutanées comme la rougeole, la scarlatine, sur- 
tout quand elles règnent dans la famille de quelqu'un 
des écoliers. La poussière, que la moindre cause sou- 
lève dans des salles balayées deux fois par semaine, 
n’est pas aussi innocente qu’on pourrait le croire; elle 
agit certamement sur les organes de la respiration, sur- 
tout quand on y est exposé pendant longtemps. Toutes 
ces raisons engagent M. Guillaume à proposer : 1° L’é- 
tablissement aux fenêtres et à la porte d’un guichet garni 
d'une toile métallique serrée, pour donner accès à l'air 
extérieur dans une proportion telle qu’il ne puisse pas 
porter préjudice à la santé. Ce guichet serait disposé de 
manière à pouvoir être fermé hermétiquement. Il pré- 
fère ce mode au ventilateur à rotation , dont le bruit 
serait gênant. 2° De boucher toutes les fentes des plan- 
chers et d’enduire ceux-ci d’un vernis qui donnerait 
une grande facilité pour le balayage ; cette opération 
pourrait alors se faire à fond, ce qui n’a pas lieu avec 
les planchers actuels. Des planchers propres et soignés 
contribueraient à donner aux enfants des habitudes de 
propreté; 1ls essuieraient mieux leurs chaussures et ar- 
riveraient peut-être à les échanger contre des pantoufles 
à leur entrée dans la salle. | 
L’éclairage ne peut être passé sous silence ; il est dé- 
montré que la lumière est une des conditions indispen- 
sables de notre existence; c’est pourquoi on doit re- 


— 909 — 


chercher l’exposition au sud. Mais la lumière doit être 
distribuée sagement et d’une manière rationnelle ; dans 
bien des salles, les élèves sont éclairés à contre-jour ou 
reçoivent la lumière de manière à faire ombre sur leurs 
cahiers avec leurs mains. En outre, la lumière ne doit 
venir que d’un côté; on devrait condamner les fenêtres 
d’angles qui, à la longue, produisent l'affection des 
yeux qu'on appelle héméralopie. Les lecons du soir 
- sont éclairées par de mauvaises chandelles placées n’im- 
porte comment, ou par des becs de gaz qui ont été dis- 
posés sans consulter les convenances des élèves et de 
manière à produire un jour faux et fatigant. 

Le chauffage est encore ce qui laisse le plus à dési- 
rer. Le calorifère à tubes pleins d’eau chaude est un 
excellent système lorsque les tubes sont judicieusement 
disposés et en rapport avec l'exposition de la salle, sa 
grandeur et son éloignement du fourneau. Au lieu de 
cela, les tubes semblent avoir été placés au hasard, car 
_ilse trouve que des salles d'intérieur, exposées au so- 
leil, ont une trop grande longueur de tubes et sont sur- 
chauffées, tandis que des salles d'angle, exposées au 
nord, ont si peu de tubes que la chaleur y est insuffi- 
sante et que les enfants souffrent du froid. On y a re- 
médié par des petits fourneaux de fer qui, à cause de 
leur installation, présentent d’autres mconvénients, en- 
tr’autres celui de dessécher latr. 

Ce qui est le plus grave, c’est la disposition des ta- 
bles et des bancs, qui ne sont nullement calculés pour 
le service des enfants qui doivent y trouver place. Que 
les enfants soient grands ou petits, que leur buste 
soit long ou court, qu’ils puissent atteindre facile- 
ment le dessus de la table ou non, peu importe, ils doi- 


—  D10 — 


vent se contenter de la place qui leur est assignée ; 
c’est à eux à s'arranger en conséquence, de là viennent 
les déviations de la taille et des épaules, qui sont si fré- 
quentes, non-seulement chez les jeunes filles, mais 
même chez les garçons. L'absence de dossiers aux 
banes et les stations de plusieurs heures sans bouger, 
donnent lieu à des attitudes défectueuses, résultant de 
Ja fatigue et du relâchement des muscles de là, les 
gros cous, les saignements de nez, les maux de tête fré- 
quents, les mauvaises digestions, etc. Ces affections se 
montrent dans nos écoles en nombre tel que la sollici- 
tude des parents et des autorités directrices doit être 
éveillée. Sur 731 enfants, dont 350 garçons et 381 fil- 
les, 169 garçons et 245 filles sont atteints plus ou moins 
de ce que M. Guillaume appelle le goître scolaire, 296 
enfants ont des maux de tête fréquents (céphalalgie 
scolaire), 155 ont des saignements de nez fréquents. — 
Sur 350 garçons, 62 ont des déviations plus ou moins 
fortes de l’épine dorsale ou des épaules ; sur 380 filles, 
150 sont dans le même cas. 

Pour remédier à cet état de choses alarmant, M. Guil- 
Jaume n’a rien de mieux à proposer que le système 
américain, c'est-à-dire des pupitres distincts pour un 
ou deux élèves, mais appropriés rigoureusement à leur 
taille, afin qu'ils y soient à l’aise et qu’ils puissent pren- 
dre en écrivant une attitude correcte et une position 
symétrique des épaules. En outre, des bancs munis de 
dossiers, afin que les élèves puissent s'appuyer pendant 
les leçons où ils n’écrivent pas. Il croit que l'on par- 
viendrait ainsi à supprimer ou du moins à diminuer 
considérablement les affections que l'on vient de men- 
tionner. 


—  Dd11 — 


M. de Rougemont fait une communication sur l’âge 
du bronze. Le fait qui, dans cette question, domine 
suivant lui tous les autres, est l’alliage identique des 
bronzes lacustres, scandinaves, finnois, romains, grecs 
et assyriens. Cet alliage de ‘/10 d’étain et de ‘19 de eui- 
vre ne se retrouve nulle part ailleurs sur la face de la 
terre; ni chez les Chinois qui, avant l'ère chrétienne, 
connaissaient six alliages du bronze, dont aucun n’est 
le nôtre; ni au Mexique et au Pérou, où l'or mêlait le 
cuivre et l’étain dans des proportions très-diverses; ni 
même, semble-t-il, en Egypte, dont les bronzes offrent 
pareïillement des alliages multiples; n1 chez les nègres 
et les Caffres, qui ont sauté de l’âge de pierre à celui 
du fer ; ni chez les peuples de la Sibérie, de l'Oural, de 
la Hongrie, qui ont traversé les trois âges de la pierre, 
du cuivre et du fer sans connaître le bronze. 

L’étain que possédaient les anciens Égyptiens et dès 
les temps de Moïse, les Hébreux, provenait non des Iles 
Britanniques ni de Bangka et de Siam, mais probable- 
ment d'Afrique et d’Assyrie. 

Notre bronze est certainement une découverte des 
Phéniciens, qui l’auront fait connaitre, d’une part, aux 
Assyriens, d'autre part, aux peuples du sud et de l’ouest 
de l’Europe. Il aura passé d'Asie dans notre occident 
ou par les Sémites égyptisés, les Hycsos, chassés au 15° 
siècle des bords du Nil, ou par les colonies de Sidon 
(de 1600 à 1100 avant Jésus-Christ) et par celles de 
Tyr (de 1100 à 750). Ce sont les Tyriens de Gadès qui 
allaient chercher l’étain aux îles Cassidérides. Au point 
où les historiens grecs et latins nous abandonnent, les 
antiquités du Nord s'offrent à nous et nous permettent 
de poursuivre les traces du commerce, de la civilisa- 


a RE ‘1 


tion et de l'influence des Phéniciens. D’après Nilsson, 
les pierres sculptées du tumulus de Kivik, en Scanie, 
sont de l’âge du bronze par leurs ornements, et d’ori- 
gine phénicienne par les scènes religieuses qui y sont 
représentées. Ce tumulus, par les caractères essentiels, 
ressemble aux catrn de l'Irlande et aux grottes décidé- 
ment phéniciennes de Malte. Les vases à roues trouvés 
en Scanie et dans le Mecklembourg, certaines fêtes po- 
pulaires et plusieurs coutumes de la Scandinavie, le 
culte germain de Nerthus (dans Tacite), s'expliquent 
pareillement par la présence des Phéniciens dans le 
Nord. Peut-être même, dit en terminant M. de Rouge- 
mont, le druidisme tout entier provient-il des Hycsos, 
qui auraient apporté en Occident les sacrifices hu mains 
des Sémites et la transmigration des àmes des Egyp- 
tiens. 


M. Desor ne connaissait l'ouvrage de Nilsson que par 
deux articles de M. Claparède dans la Bibliothèque uni- 
verselle de Genève; la communication qui vient d’être 
faite par M. de Rougemont donne des détails plus éten- 
dus sur cette question. Il reconnaît tout ce qu’a de sé- 
duisant l’idée que les bronzes du Nord ont été apportés 
par les Phéniciens ; mais il est des faits dont cette ex- 
plication ne rend pas complétement compte. On a trou- 
vé sans doute dans le Nord des bronzes très-ornés, tels 
sont, par exemple, les grandes trompettes de guerre 
(Lubr), qui peuvent être d’origine phénieienne ; mais 
les bronzes lacustres ont un caractère tout différent qui 
permet de les tenir comme résultant d’une fabrication 
indigène. C’est ce qu'’attestent non-seulement l’étain 
en lingots trouvé chez nous, mais le moule de hache 


4 


— 013 — 


recueilli par M. Forel, et les haches et autres objets non 
dégrossis et tels qu’ils sont en sortant du moule. M. de 
Fellenberg a démontré que le nickel renfermé dans nos 
bronzes laustéte accuse une origine locale, puisque le 
cuivre seul provenant des Alpes du Valais cbntient du 
nickel dans cette proportion. En outre, les découvertes, 
faites par M. Fournet, d'anciennes exploitations d’étain 
dans la Lozère, montrent que. ce métal pouvait être 
fourni sans faire appel à des contrées lointaines. Les 
explorations opérées dans les lacs d'Italie ont établi que 
l’âge de bronze y est antérieur aux Etrusques. Il est dif- 
ficile aussi d'expliquer le fait des constructions lacustres, 
qui ne se voient pas dans le Nord , et la filiation de la 
race de petite taille qui se servait des armes de bronze. 


M. Desor, revenant sur la population de la Kabylie, 
donne connaissance d’un article du Journal d'archéo- 
logie où l’on rappelle que Champollion avait trouvé dans 
les figures représentées sur les anciens monuments 
égyptiens quatre types de peuples: des Egyptiens, des 
Nègres, des Asiatiques et une quatrième race appelée 
Tamhou, qu’il considérait comme la race européenne. 
Plus tard, M. Brugsch a repris cette question, et, après 
un examen approfondi, a reconnu dans ces figures le 
type libyen, qui devait ainsi habiter l'Atlas 2500 ans 
avant notre ère. 


Séance du 26 février 1864. 


Présidence de M. L. CouLox. 
M. Hirsch demande que les ouvrages reçus par la 
Société, et qui ont rapport à l'astronomie ou à la géo- 


BULL, DE LA SOC. DES SG. NAT. T. VI. 34 


re 


désie, soient déposés à la bibliothèque de L'Observa- 
toire. , 

Après discussion , l'assemblée décide que les ouvra- 
ges d'astronomie pure, qui ne feront pas partie d’une 
collection déjà commencée à la bibliothèque de la ville, 
seront à l'avenir déposés à l'Observatoire tout en res- 
tant à la disposition des membres de la Société. 

ni 

M. Georges Guillaume montre le dessin d’un parhélie 
qu'il a observé, mardi 24 février, vers les 4 h. 50 m. 
du soir, depuis les Saars. Le soleil était au-dessus de la 
montagne de Boudry et le parhélie était visible au-des- 
sus de la pointe du Bied. Le ciel étant un peu voilé de 
nuages, le parhélie n’était pas nettement terminé et 1l 
présentait un petit prolongement en forme de queue. 
Ce parhélie s’est évanoui avant le coucher du soleil. 


M. le D' Guillaume rappelle à ce sujet qu'il a aussi 
observé le 3 janvier, vers 8 heures du matin, un halo 


solaire accompagné de parhélies au-dessus de la colline 
du Vully. 


Le même présente des échantillons de boiseries pro- 
venant de la chambre d’école de Fontaines, au Val-de- 
Ruz, lesquels sont couverts d’un champignon membra- 
neux (Merulius lacrymaus. Schumach.) qui envahit ce 
local et s’y développe très-rapidement, en déterminant 
des symptômes d’empoisonnement chez l’instituteur et 
les écoliers. L’humidité qui émane des lavoirs de la 
maison favorise sans doute la végétation de ce parasite, 
qui se montre surtout dans les angles des chambres voi- 
sines du tuyau d'écoulement. 


— O1 — 

Le même continue sa communication relative à l'hy- 
giène des écoles. Ses remarques critiques se rapportent | 
d'abord à la position et à l’état des latrines. Le plus 
souvent elles sont mal ventilées et peu propres; quand 
elles sont en dehors du bâtiment, les enfants peuvent 
se refroidir en s’y rendant. 

On envoie en général les enfants trop jeunes à l’é- 
cole; cette entrée ne devrait avoir lieu qu'à sept ans, 
ou si elle a lieu plus tôt, comme dans les écoles enfan- 
times, on ne devrait pas leur donner de tâches. 

Pour les jeunes enfants, les leçons ne devraient com- 
mencer qu'à 9 heures en hiver. La lecon du matin ne 
devrait pas dépasser onze heures. De même il serait bon 
de laisser un intervalle suffisant entre le diner et l’en- 
trée à l’école après-midi, et de recommencer les lecons 
à 2 heures et non à 1 heure, comme on le fait dans la 
plupart de nos villages. 

On est en général trop avare de repos entre les le- 
çons. Îl doit y avoir une demi-journée de vacances au 
milieu de la semaine ; les vacances d’été ne doivent pas 
être trop longues; il vaut mieux les répartir plus égale- 
ment pendant toute l’année. 

Les travaux domestiques imposés aux enfants sont 
souvent trop nombreux ou trop difficiles, souvent ce 
sont de longues mémorisations de catéchisme et de pas- 
sages, ou des copies sans fin, qui fatiguent les élèves 
sans contribuer à leur développement. 


M. Hirsch expose , d’après M. Dove, l'influence des 
Alpes sur le climat de l'Europe. 

Ce dernier a publié un travail sur ce sujet dans la 
Revue géographique de Koner, à Yoccasion des terri- 


— 016 — 


bles tempêtes de l’hiver 1862-63. Lorsque, au mois de 
septembre dernier, M. Hirsch vit M. Dove à Berlin, 
celui-ci se plaignit de n’avoir pu obtenir presque aucun 
renseignement de la Suisse sur ces ouragans. M. Hirsch 
lui expliqua que les bureaux télégraphiques auxquels il 
s'était adressé ne sont pas, comme dans d’autres pays, 
en même temps des stations météorologiques, et il lui 
promit qu’à l'avenir, nos 84 stations lui fourniraient des 
données suffisantes. M. Dove parut s'intéresser vivement 
à notre organisation météorologique et il se promet de 
voir quelques-unes de nos stations à l’œuvre, lorsqu'il 
viendra cet été passer quelque temps à Combe-Varin. 

Dans son étude sur l'influence météorologique des 
Alpes, M. Dove part du fait que la diminution de tem- 
pérature avec la latitude, plus forte en hiver qu’en été 
dans la zone tempérée, se manifeste surtout d’une ma- 
nière extraordinaire en Italie, comme on le voit par les 
tableaux thermométriques de Palerme, Naples, Rome, 
Florence, Milan, Gênes et Venise pour les différents 
mois de l’année. En voici un extrait exprimé en degrés 
centigrades. 


Diminution de la température 


Depuis Palerme à {Normale pour 7° 20 | 
De Gênes à Venise. 


Milan. de latitude. 
En Hiver 9,74 1,87 4,59 
» Printemps 2,45 5,63 1: SRBT 
Été 0,99 4,06 0,99 
» Automne 4,79 6,18 2,46 


Année 4,49 5,95 2,46 


1 


= hr 


M. Dove se demande si cette diminution anormale 
de la température provient de ce que l'hiver de Palerme 
est très-chaud ou celui de la Lombardie très-froid. 
Pour avoir une solution, il fait une comparaison des 
stations situées des deux côtés des Alpes, dont voici un 
résumé : 

Diminution de la température 
 — 
De Turin à Genève. | De Vérone à Bâle. |De Milan à Carlsruhe 


En Hiver 2,09 3,19 0,64 


i Printemps 4,59 5,09 2,14 
» lé 5,36 6,08 8,47 
» Automne 3,44 5,10 2,35 

Année 3,81 4,87 2,15 


On voit donc qu’en traversant les Alpes, le phéno- 
mène se manifeste en sens inverse, c’est-à-dire que la 
différence de température est la plus forte en été et la 
plus faible en hiver. Et si l’on tenait compte de la diffé- 
rence de 800 pieds dont Genève est plus élevée que Mi- 
lan, on en conclurait que le mois de janvier est plus 
chaud à Genève qu'à Milan. 

Mais les Alpes sont-elles amsi une limite placée entre 
deux régions où la diminution de température est dis- 
tribuée entre les différentes saisons, d’une manière tout 
à fait opposée ; ou bien les Alpes ne forment-elles qu’une 
interruption locale en influençant seulement les pays 
attenants? La réponse à cette question est difficile à 
trouver, parce que la distribution des températures en 
Allemagne est soumise à des influences multiples, car 


— 018 — 


la mer du Nord, d’un côté, diminue le froid de l'hiver, 
tandis que d’un autre, la Baltique rend le printemps 
plus froid. Cependant, en choisissant des stations si- 
tuées sur une ligne perpendiculaire aux isothermes, 
comme Prague, Breslau, Varsovie et Vilna, on élimine 
une partie de ces perturbations et on trouve alors dans 
l'Europe centrale le même phénomène qu’en Italie. Il 
s'ensuit done que les Alpes ne séparent pas deux régions 
météorologiques différentes, mais qu'elles produisent 
seulement une perturbation locale en refroidissant con- 
sidérablement en hiver la plaine lombarde. 

M. Dove constate ensuite que la répartition de la va- 
peur d’eau suit la même loi en Allemagne qu’en Italie, 
c’est-à-dire que la quantité moyenne diminue avec 
l'augmentation de latitude et que l’humidité absolue 
augmente de l'hiver à l'été, tandis que l'humidité rela- 
tive est la plus grande en hiver et la plus faible en été. 
Malgré cette concordance entre les deux côtés des Al- 
pes, les pluies y sont distribuées d’une manière tout à 
fait opposée ; c’est pendant l'été sans pluie de PItalie 
méridionale que l'Allemagne recoit le plus d’eau. Ceci 
est d'accord avec la loi générale que Dove avait déjà 
établie en 1835 : « La saison des pluies hivernales qui 
existe aux limites des tropiques, se divise, à mesure 
qu'on s’avance vers le nord, en deux maxima annuels 
séparés par des pluies plus faibles, mais qui se réunis- 
sent de nouveau en Allemagne en un seul maximum 
d'été.» La moitié de l’eau qui tombe est amenée par 
les vents de S. S. O. à 0. $S. O., c’est-à-dire par le 
courant équatorial. Comme la zone tropicale échauffée 
par le soleil, où se forme le courant ascendant, s’avance 
vers le pôle ou recule vers l’équateur avec la déclinai- 


0 di: 


son du soleil, la même marche annuelle doit en résulter 
pour les régions où le courant descendant atteint la 
surface; c’est à cause de cela que les pluies hivernales 
des Canaries et des Açores arrivent au printemps et en 
automne sur la côte portugaise, et en été en Allema- 
gne. | 

En se fondant sur ces considérations générales, M. 
Dove combat l'erreur assez généralement répandue que 
le siroco humide est un vent du Sahara qui en passant 
sur Ja Méditerranée s’est chargé de vapeurs qu'il laisse 
retomber sur l'Italie et les Alpes. Il montre que la dis- 
tribution annuelle des pluies est la même dans le nord 
de l’Afrique et dans le sud de l'Italie, et que le vent du 
désert qui arrive à Madère, après avoir passé sur plus 
de 100 lieues de l'Océan, y est toujours sec, aussi bien 
qu’à Malte et en Sicile. 

Le Stroco del paese, comme on appelle ce vent sec, 
a donc des caractères opposés au siroco ordinaire. 

M. Dove fait voir ensuite que le vent équatorial du 
S.-0., qui arrive dans l'Italie du nord depuis l'automne 
jusqu’au printemps, trouve dans les Alpes une barrière 
qu'il ne peut surmonter, et qu’en redescendant les 
pentes de la chaîne, il devient un vent de N. et de N.-E. 
pour la plaine lombarde. Mais en se heurtant contre les 
Alpes, il y dépose presque toute sa vapeur sous forme de 
neige, qui atteint au Saint-Bernard, d’après M. Planta- 
mour , la hauteur moyenne énorme de 10 mètres par 
an. | 

Pour la même raison, les Alpes diminuent la quan- 
tité de neige qui tombe en Allemagne. 

En été, au contraire, le courant équatorial est assez 
élevé pour qu'il puisse franchir les Alpes sans s’y heur- 


— 020 — 


ter, de sorte que les pluies d'été procurent à l’Allema- 
gne le maximum d’eau tombée. Pendant que le siroco 
dépose sur les chaines du Mont-Blanc et du Mont-Rose 
des quantités immenses de neige, le fœhn est, dans la 
Suisse orientale et plus encore dans le Tyrol et le Saltz- 
bourg, la cause des pluies estivales et de la fonte des 
neiges (quelquefois 3 pieds par jour). Il est donc natu- 
rel que les montagnes de Saltzhourg soient plus riches 
que la Suisse en cascades et en chutes d’eau, tandis que 
les glaciers y disparaissent à peu près. Le développe- 
ment extraordinaire des glaciers dans les Alpes suisses 
provient moins de la basse température qui y règne que 
de la circonstance qu’en hiver leurs chaînes conden- 
sent en neige la plus grande partie de 14 vapeur d’eau 
qui est amenée par le courant équatorial du S.-0., et 
qui, sans elles, retomberait sur les pays plus septentrio- 
naux. 

Mais si les Alpes exercent ainsi, en hiver, une in- 
fluence si refroidissante sur la Lombardie, par contre, 
elles jouent, en été, le rôle d’une immense paroi d’es- 
palier qui augmente considérablement l’insolation; en 
mème temps, elles garantissent la Lombardie contre les 
vents frais du N.-0., qui règnent alors sur l'Europe cen- 
trale. 

Voilà donc les causes de la chaleur d'été dont jouit 
la plaine lombarde et qui fait qu’on rencontre sur les 
bords du lac de Côme et du lac Majeur des plantes 
qu’on ne retrouve plus qu'à Naples, parce qu “elles de- 
mandent une grande chaleur pendant l'été. 

Le rapport, variable suivant les années , entre les 
durées des époques de sécheresse et de pluies, dont 
dépend , dans les pays chauds , la richesse des récoltes, 


L 


détermine la quantité de neige dans les pays tempérés, 
et par conséquent l'avancement ou le retrait des gla- 
ciers. L'avancement des calmes vers le Nord produit 
sur la zone tempérée un etfet analogue au rapproche- 
ment de l'équateur et diminue ainsi les glaciers ; ces 
derniers au contraire avancent, lorsqu'un hiver riche 
en neige est suivi par un été froid. 

Les considérations précédentes font aussi comprendre 
que la fonte des neiges, au printemps, doit faire monter 
davantage le niveau des fleuves des Alpes occidentales 
qui se déversent vers le sud, et que, par exemple, le 
Rhône produit des inondations plus considérables que 
le Rhin: car le cours moyen et inférieur du Rhône est 
situé dans une région qui participe aux pluies de prin- 
temps et d'automne, tandis que la même partie du Rhin 
est située dans la zone des pluies d'été. Les différences 
de niveau doivent donc être plus considérables pour le 
Rhône, à cause de la fonte des neiges et des pluies qui 
ont lieu simultanément, tandis que, pour le rs. elles 
sont séparées. 

On doit reconnaitre que pour tous les phénomènes 
météorologiques, la zone tempérée est tellement in- 
fluencée par la zone torride , que des changements 
dans les rapports entre les continents et les mers des 
tropiques doivent se manifester par des effets plus 
ou moins grands sur le climat des pays tempérés. D’a- 
près Darwin, ces changements se produisent même de 
nos jours, non-seulement par la formation des îles de 
coraux, mais encore par les soulèvements et les affais- 
sements lents des continents. Si minimes qu’elles soient 
à notre époque, ces modifications dans le relief de la 


— 922 — 


surface terrestre doivent cependant influencer l’état de 
l'atmosphère. ; 

Il suffit done d'admettre des changements pareils peu 
considérables, ayant eu lieu à des époques antérieures, 
pour expliquer l’époque glaciaire, sans qu’il soit néces- 
saire de faire passer le système solaire par des régions 
inégalement chauffées de l’espace. Mais si l’on songe 
aux difficultés qu'on éprouve à résoudre une question 
météorologique générale quelconque, pour le fond ac- 
tuellement donné de l’océan atmosphérique, on ne se 
hasardera pas à aborder les phénomènes météorologi- 
ques, pour une configuration hypothétique de la sur- 
face terrestre. 

M. Desor voudrait que l’on signalât à M. Dove qu’il 
y à chez nous un vent nommé fæhn, qui souffle quel- 
quefois en été et qui est caractérisé par une grande sé- 
cheresse. Suivant M. Escher, dans les Alpes glaron- 
naises les pâtres s’empressent alors d'aller faucher les 
fois sur les parties élevées, parce qu’ils peuvent les 
rentrer le même jour. Dans la montagne, comme à 
Combe-Varin, M. Desor dit qu'il s'annonce par un 
grand bruit dans le haut des sapins et que par sa séche- 
resse, qu'il a constatée, il impressionne les personnes 
nerveuses ou malades. On croit qu’il vient du désert, et 
avec quelque fondement, car l’air du Sahara fortement 
échauffé doit produire un courant ascendant qui se dé- 
verse vers les régions plus froides. 

M. Hirsch ne nie pas, avec M. Dove, qu'il n’y ait un 
fœhn ou siroco sec, mais il est plus rare que le siroco 
humide, qui n’est autre chose que le courant équato- 
rial. Il croit du reste qu’en Suisse on appelle du nom 
de fœhn tous les vents du sud qui sont chauds, mais 


— 523 — 


qui peuvent être secs ou humides. Quant à lui, il a re- 
marqué, depuis qu’il observe le psychromètre à Neu- 
châtel, que le fœhn est le plus fréquemment humide. 
La détermination simultanée de la direction des vents 
avec leur degré d'humidité ou de sécheresse nous ap- 
prendra sans doute à distinguer le fæhn du désert , du 
courant équatorial. 


M. Desor donne connaissance d’une lettre qu'il a re- 
çue de M. de Fellenberg. On sait que ce chimiste a fait 
l'analyse de 120 espèces de bronze de divers âges, ana- 
lyses qui ont été-publiées dans les Miftheilungen de 
Berne. Pour clore cette série d'analyses, M. de Fellen- 
berg désirerait posséder quelques échantillons de bron- 
zes d’origine phénicienne bien constatée et de quelques 
autres peuples civilisés de la plus haute antiquité, Ba- 
byloniens, Juifs ou Perses. Si les relations de M. Desor 
avec les savants de Paris ou de Londres, et sa tournée 
récente dans l’Algérie et le Sahara, avaient pu lui en 
procurer, il lui en eùt été très-reconnaissant. Pour jus- 
tifier son desideratum, M. de Fellenberg dit qu'il vou- 
drait contrôler par l’anaivse le dire de M. Nilsson, que 
les bronzes scandinaves sont d’origine phénicienne, quoi- 
qu'ils aient un air de famille singulièrement ressemblant 
à celui des bronzes celtiques. Ceux de l'Egypte et de la 
Grèce, qu'il a pu analyser, contiennent assez de plomb 
pour que ce métal ait dû y être ajouté à dessein, par 
conséquent être connu comme métal des peuples qui 
s’en servaient et le faisaient entrer dans la composition 
de leurs bronzes. Or la connaissance du plomb est in- 
timément liée à celle de l'argent, puisque ce dernier 
s’extrait dans l’ancien monde seulement des minerais 


— 9024 — 


de plomb, dont le premier produit métallurgique. est 
le plomb argentifère qui, par la coupellation , donne 
l'argent. Or les anciens Phéniciens connaissaient l’ar- 
gent, de même que les Egyptiens, les Chaldéens, 
les Juifs et les Grecs; tous ces peuples durent done 
aussi connaître le plomb, et vu son bas prix com- 
paré à celui de l’étain, l’employer dans la fabrication 
du bronze. Une analyse d’un bronze phénicien révéle- 
rait donc probablement une forte teneur en plomb 
ajoutée à dessein; tandis que la faible teneur en plomb 
des bronzes du nord et de ceux des peuples celtiques 
ou lacustres, fait foi que ces peuples, qui ne connais- 
saient pas l’argent, ne connaissaient pas davantage le 
plomb et ne pouvaient par conséquent l’introduire 
dans leurs bronzes. Celui qui s’y trouve provient sim- 
plement du cuivre impur ou cuivre noir employé à la 
fabrication du bronze. 

M. de Fellenberg ajoute que le vase de Grächwyl lui 
paraît prendre une importance qu'il ne soupçonnait 
pas 1l y a trois ans. Ce vase ne contient pas de plomb 
et a donc été fabriqué par un ressortissant d’un peuple 
à demi-civilisé. L’ornement artistique, fabriqué par un 
peuple civilisé, contient jusqu’à 10 pour cent de plomb. 
En appliquant ce raisonnement aux bronzes des peu- 
ples du nord, il lui semble impossible d'admettre avec 
M. Nilsson que leurs bronzes soient venus du Midi ou 
de Phénicie, où l’on connaissait l'argent et donc aussi 
le plomb; que les Phéniciens leur aient apporté de l’é- 
tain en échange de l’ambre, on peut le croire, mais non 
pas qu’ils leur aient apporté tout leur bronze; autre- 
ment, il semblerait qu'il devrait différer de celui des 
Celtes et des lacustres. 


M. Desor doute aussi que les peuples du nord aient 
recu leurs bronzes de la Phénicie. Il a visité le musée 
d’antiquités à Copenhague, et dans les salles consacrées 
aux trois premiers âges de la pierre, du cuivre, de l'or, 
il n’a pas vu d'argent, ce qui prouve que les Scandi- 
naves ne le connaissaient pas à ces époques. 

I ajoute que les analyses de M. de Fellenberg cons- 
tatent en général une proportion de 10 pour °/, d’étain 
dans les bronzes celtiques et lacustres. Dans les bronzes 
lacustres, on trouve en outre “/, à 2 p. °/, de nickel, ce 
qui semble indiquer que les minerais cuivriques ve- 
naient de la zone amphibolique métallifère du versant 
sud des Alpes. Les bronzes romains contiennent du zénc. 
Dans tous les bronzes, on trouve en outre un peu de 
fer, comme élément accidentel. 


M. ÆXopp a examiné un fragment des monnaies gau- 
loises en bronze de la Tène. Elle est formée de cuivre 
et d’étaim ; le mickel avec beaucoup de fer est resté 
douteux ; il n’y a pas de plomb. 


Séance du 3 mars 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le D' Guillaume continue l'exposition de ses ob- 
servations sur l'hygiène des écoles. Il passe en revue ce 
qui se rapporte aux punitions, aux examens et enfin aux 
lecons de gymnastique, qu'on devrait rendre obliga- 
loires ainsi que les exercices militaires, là où c’est pos- 
sible. En fait de punitions, il croit que les plus efficaces 


— 926 — 


seraient la privation de certaines jouissances, par exem- 
ple d’une promenade faite en commun ou d’un voyage. 
On commence à comprendre en divers lieux limpor- 
tance des promenades et des voyages en compagnie de 
personnes instruites, pour le développement général des 
jeunes gens, et il serait bon d'essayer chez nous les 
effets de cette méthode. Quant aux examens de fin d’an- 
née, il est convaincu que ces formalités, telles qu'elles 
sont pratiquées aujourd’hui et comprises par les élèves, 
sont une des plus puissantes causes de maladies ner- 
veuses, surtout chez les jeunes filles. Les semaines qui 
précèdent les examens sont employées à revoir les tra- 
vaux de l’année ; on veut faire des examens brillants, 
on travaille avec fièvre, on y consacre ses jours et ses 
nuits ; les maîtres, les maîtresses excitent encore cette 
ardeur et il en résulte plus tard des conséquences dé- 
plorables. Il croit qu’on pourrait y porter remède en 
modifiant quelque peu la manière de faire les examens. 

Enfin M. Guillaume croit qu'une commission sani- 
{aire devrait être instituée pour exercer une surveillance 
active sur tout ce qui concerne les écoles et les enfants 
qui les fréquentent. On ne peut accorder trop de soin 
et trop d'intérêt à cette jeunesse qui sera dans quelques 
années la population active de notre pays. Il voudrait 
des visites sanitaires faites au moins une fois par an dans 
chaque école, sans préjudice de celles qui seraient faites 
par un médecin particulier. Dans le grand-duché de 
Bade, les visites générales se font deux fois par an. 

À la suite de cet exposé, s'élève une discussion à la- 
quelle prennent part MM. Desor, Aver, Isely, Hirsch et 
Ritter. 


— 9527 — 


M. Desor fait une communication sur /4 vie animale 
dans le désert. Lorsqu'on veut étudier la vie animale 
dans toute son activité, il faut profiter de la belle saï- 
son ; malheureusement le voyage de M. Desor et de ses 
compagnons s'est fait en hiver, et l’on sait que dans 
cette saison, les animaux inférieurs en particulier res- 
tent cachés dans leur retraite. C’est ce qui a été cons- 
taté, même dans le Sahara, où l’on a pu à peine réunir 
une douzaine d'espèces d'insectes. 

En général ces régions contiennent peu d'animaux 
et on en comprend facilement la raison. Comment se- 
raient-ils sustentés ? les herbivores trouvent peu de 
nourriture dans les sables arides, et si les espèces her- 
bivores sont rares, les carnassiers qui en font leur proie 
doivent être rares aussi : c’est en effet ce qui a lieu. Les 
mammifères les plus communs sont les rongeurs, dont 
M. Desor présente plusieurs échantillons. L'un d'eux est 
un petit animal de la taille d’une grosse souris, mais ses 
jambes de derrière sont fort allongées ainsi que sa 
queue ; 1l se rapproche aimsi des Gerbilles et bondit 
comme elles. Sa couleur est d’un blond très-clair. C’est 
au milieu des dunes que ces petits rongeurs ont été 
trouvés; les Arabes les connaissent bien et ils savent 
creuser dans le sable pour se les procurer. M. Desor, qui 
a préparé la peau d’un de ces petits animaux, a remar- 
qué que leur intestin est très-développé, surtout les cæ- 
cums. a cherché vainement à examiner le contenu de 
l'estomac, il n’a rien pu y reconnaître, et il se demande 
encore maintenant ce que mangent ces animaux, peut- 
être des lichens peu apparents ou des insectes ? Ce petit 
animal se trouve au Musée d'Alger sous le nom de: 
Psammomys minutus, Loche, médit. M. Desor le tient 


-— 928 — 


pour voisin du Psammomys obesus, de M. Cretschmar, 
qui se trouve décrit et figuré dans l'ouvrage de Rüppell. 
Suivant M. Coulon, il serait voisin du Gerbillus pygar- 
gus. Cette question sera du reste éclaircie par M. Mar- 
tins, qui s’est occupé d’une manière spéciale des petits 
rongeurs, à propos du genre Arvcola. 

Il présente en outre un lézard qui, d’après M. Mar- 
tins, serait l’Acanthodactylus boskianus ; au musée d’Al- 
ser il est nommé Acanth. lineomaculatus. W vit sur le 
sable et se tient dans le voisinage des maisons, dans les 
fentes des murs, etc.; il est aussi vif et agile que notre 
lézard gris. 

Un autre lézard a été observé par M. Desor, c’est 
l'Uromastir acanthinurus, animal assez disgracieux, à 
tête large, remarquable par ses formes lourdes et la 
lenteur de ses allures, qui rappellent celles des Sala- 
mandres. La queue est grosse et écailleuse, les écailles 
étant relevées comme les feuilles d’un cône de sapin. 
Enfin un animal très-curieux mérite de fixer lPatten- 
tion, c’est le Céraste ou vipère cornue ( Vipera Cerastes, 
Lacép.), qui porte une corne sur chaque paupière et 
qui est très-commune et très-redoutable, car elle at- 
taque et ne se dérobe pas comme les autres reptiles. 
Grâce à la saison avancée , nos voyageurs n'en ont pas 
vu de vivants. s 

La couleur de la plupart de ces animaux est jaune- 
clair, et à ce propos M. Desor fait observer que cette 
teinte est celle des animaux du désert en général, des 
gazelles, des chameaux, des gerboises, des gangas, etc.; 
tout est jaune, c’est la couleur du désert. Une autre re- 
marque générale, c’est l'allongement des jambes, qui 
se remarque non-seulement chez les chameaux; l’au- 


— 529 — 


_ 


truche, les gazelles, les antilopes, mais chez les ron- 
geurs (Gerboises et Gerbilles). 

L’autruche devient rare dans les contrées que M. De- 
sor à parcourues; cependant on en trouve des traces 
fréquentes consistant en fragments de coquilles d'œufs 
épars tout le long du chemin et dont on ne sait com- 
ment expliquer la présence. Les Arabes de l’escorte 
seuls prétendirent une fois apercevoir des autruches 
dans le lointain, mais ceux qui n'avaient pas leur vue 
perçante fatiguèrent en vain leurs veux, éblouis par le 
reflet du soleil sur le sable. S'ils n’eurent pas la bonne 
fortune de voir ces oiseaux en liberté, ils purent du 
moins les examiner à leur aise dans le jardin d’acch- 
matation d'Alger, qui en contient un troupeau. Plu- 
sieurs de ces autruches y sont nées et on a même obtenu 
la 3% génération; ce fait très-remarquable a valu à l’é- 
tablissement un prix de 2,000 fr., qui avait été proposé 
en vue de ce résultat. Rien n’est simple comme l’ali- 
mentation de ces animaux; on leur donne en pâture le 
cactus de la cochenille et ils s’en trouvent fort bien. La 
chasse effrénée qu’on a faite aux autruches pour se 
procurer leurs dépouilles, les a rendues si rares qu’un 
mâle vivant a une valeur de 500 fr. et la femelle vaut la 
moitié de ce prix; on comprend que celles qui naissent 
au Jardm d’acclimatation sont pour lui une source de 
revenus. 

Un autre animal qui contribue à donner au désert 
son cachet particulier, c’est la gazelle; mais il faut en 
distinguer deux espèces : celle à cornes courbées (Anvti- 
lope dorcas) et celle à cornes droites (Ant. corinne). La 
première ne peut guère vivre loin des contrées chaudes 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 39 


— 930 — 


où elle a pris naissance, mais la seconde, qui est la-plus 
gracieuse et qui s'apprivoise aisément, peut s'accom— 
moder d’un climat plus rude. M. Desor en a vu en plein 
hiver au Tamarin, près de Batna, à 1100 m. de hau- 
teur, où la neige n'est point chose rare et cependant 
elles ne paraissaient pas souffrir du froid. H croit qu’on 
pourrait acclimater en Europe ce joli quadrupède. — 
M. Coulon fait observer qu'il y a eu à Greng, chez M. de 
Pourtalès, pendant plusieurs années, des gazelles ordi- 
naires (Anfulope dorcas). 

Dans le nord de l'Afrique, l’outarde (Os tarda) n’est 
pas très-rare, on la tire au fusil et on la tient pour un 
mets distingué. — Les flamants (Phænicopterus ruber) 
se montrent parfois par grandes troupes, et leur aspect 
dans le paysage est des plus bizarres à cause de la viva- 
cité de leurs tons rose et blanc. C’est sur les bords du 
Chott Tinsilt, qui passe pour inhabité, que M. Desor a vu 
un rassemblement de ces échassiers; ils étaient si nom- 
breux qu'un coup de fusil en aurait abattu plusieurs. 
Leur présence en cet endroit est pour M. Desor un mo- 
üf suffisant d'admettre que toute vie animale n'est pas 
éteinte dans les chotts , car ces oiseaux ne s’y arrête- 
raient pas s'ils n’y étaient attirés par quelques coquil- 
lages ou insectes. 

Quant aux poissons des puits artésiens, déjà présen- 
tés à la Société, M. de Siebold, qui les a examinés, admet 
les explications de M. Desor à l'égard de leur vie sou- 
terraine, mais 1} croit que ces animaux ne restent pas 
longtemps sous terre; leurs yeux, conformés comme 
ceux des êtres qui passent leur vie en pleine lumière, 
n’ont subi aucune altération. Or, son expérience lui a 
fait connaitre avec quelle rapidité s’oblitèrent les or- 


— 531 — 


ganes de la vision chez les animaux condamnés à vivre 
au milieu des ténèbres. Les deux espèces établies par 
M. Guichenot, Cyprinodon cyanogaster et Cyprinodon 
doliatus, ne sont qu’une même espèce; le premier est 
la femelle, l'autre le mâle; l'erreur à été causée en 
grande partie par le coloris qui distingue chaque sexe. 
M. Desor propose de maintenir le nom de Cyprinodon 
cyanogaster. Quant à l'identité du Tella apoda de 
M. Gervais, M. de Siebold ne peut encore y croire. Il 
faudrait s’en assurer sur les exemplaires mêmes de 
M. Gervais. 

Un autre poisson trouvé dans les Bahr ou étangs de 
l’oasis d’Ourlana, en compagnie des Cyprinodons, est 
également présenté par M. Desor; c’est ‘un percoïde 
voisin des Grémilles, à tête courte, portant une seule 
dorsale qui commence à l’aplomb du bord postérieur 
de l’opercule et est composée de 25 rayons, dont 14 
épineux. Mais ce qui le distingue surtout, c’est la struc- 
ture des dents, qui sont pour la plupart mégalement 
bifides (de là le nom de Coptodon Zillèi que lui donne 
M. Gervais en le dédiant à M. Zill("). C’est le même que 
PAcerina Zillii Gervais. M. Desor l'a retrouvé assez 
nombreux à Tuggurt, dans les mares produites par les 
puits artésiens ; tout porte à admettre que ces animaux 
sont rejetés par les orifices des puits et qu'ils provien- 
nent aussi de la mer souterraine. Désirant se former 
une opinion sur la qualité de leur chair, nos voyageurs 
en firent apprêter à Tuggurt, mais ils les trouvèrent 
détestables ; le goût de vase qu'ils présentaient à un 
haut decré, leur avait sans doute été communiqué par 
leur séjour dans les mares de l’oasis. 


(*) Annales des Se. nat., tome XIX . 1853, pag. S. 


— 532 — 


Les mollusques n’ont pas donné grande occupation 
à M. Desor, et il n’a sous ce rapport à signaler qu'un 
fait bizarre dont l'explication n’est pas facile. Tout le 
désert jusqu'à deux journées de marche de Biskra était 
couvert de fragments blanchis de coquilles d’une petite 
hélice rappelant un peu l’helix hortensis, mais dont on 
ne retrouve plus la trace à l'état vivant, en aucune 
saison. 


M. Ritter expose un procédé à l’aide duquel on par- 
viendrait à explorer aussi complètement que possible 
le fond des lacs, dans les stations lacustres. Cette com- 
munication est accompagnée de dessins explicatifs. Une 
sorte de cloche à plongeur en tôle, à compartiments 
étagés, en est le principal organe ; elle est suspendue à 
un bateau spécial contenant les engins accessoires, com- 
me moteurs pour la pompe à refouler l'air, le tour pour 
mouvoir la cloche verticalement , etc. Cette cloche , 
descendue jusqu'au sol formant le fond du lac et s’y 
appuyant, peut rendre étanche l'aire enfermée par les 
parois de cette cavité, et les ouvriers y travailleraient 
aussi aisément qu'à l'air libre, seulement ils ne pour- 
raient s'éclairer qu'à l’aide d’une lumière. artificielle. 
Tout l'appareil est fort ingénieusement combiné, mais 
son prix élevé parait être un-obstacle à son application. 


M. Carbonnier présente une très-belle hache de 
pierre (serpentine) qu'il a trouvée en drainant un ehamp 
de sa propriété sur le plateau de Wavre. 


M. de Rougemont appelle encore une fois l'attention 
de la Société sur les 120 bronzes analysés par M. de 


— 933 — 


Fellenberg , en faisant remarquer que la composition 
des bronzes lacustres, qui est assez constante (90 °/, de 
cuivre et 10 °/, d’étain), pourrait bien représenter le 
type phénicien. À défaut de bronze provenant des Phé- 
niciens proprement dits , il cite ceux d’° pes 5 qui pré- 
sentent la même composition. 

M. Desor voit dans cette question des bronzes un in- 
térêt de plus en plus marqué; la chimie prêtant à l’his- 
toire un secours aussi puissant qu'inattendu, apportera 
probablement quelque lumière sur les divers courants 
des civilisations anciennes. Il estime que, placés comme 
nous le sommes au milieu de ce monde de débris, nous 
avons, sous ce rapport, une mission à remplir. Les 
bronzes de divers âges, anciens, helvétiens, romains, ne 
manquent pas chez nous et permettent à la chimie de 
faire des analyses variées et comparatives. Il est tout 
prêt à sacrifier plusieurs échantillons de sa collection 
et il espère que M. Clément ne refusera pas des frag- 
ments des pièces rares qu’il possède; si M. Kopp veut 
bien se charger de ces analyses, nous pourrons apporter 
dans cette étude des documents qui ne seront pas sans 
valeur. 


M. de Mandrot fait voir une carte de Rome ancienne, 
d’après la description d'Ampère et un essai de topogra- 
phie des environs de Rheïinfelden. Il a fait ces deux 
dessins pour montrer le relief que l’on peut obtenir au 
moyen des courbes horizontales combinées avec des 
teintes légères, sans employer les hachures, qui jettent 
la confusion dans l'écriture et les menus détails des 
cartes. Il espère, par l'emploi judicieux de cette mé- 
thode, supprimer entièrement les hachures. 


— 034 — 


Séance du 10 mars 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch fait la communication suivante, sur une 

Augmentation anormale de la température avec la hau- 

«teur, observée au mors de janvier, entre les stations de 
l'observatoire de Neuchâtel et de Chaumont : 

Les observations météorologiques de nos deux sta- 
tions, que nous publions régulièrement à partir du 1° 
janvier dans la Fewrlle d'Avis de Neuchätel, vous au- 
ront appris le curieux phénomène de renversement de 
la température qui a eu lieu entre Neuchâtel et Chau- 
mont dans la plus grande partie du mois de Janvier. 
Quoique une anomalie de ce genre dans la distribution 
de la température dans les couches superposées de lat- 
mosphère ait été observée assez souvent et dans plu- 
sieurs localités montagneuses (comme par exemple en- 
tre Zurich et l’Uetliberg), elle est cependant en général 
assez rare et mérite une attention particulière, surtout 
lorsque, comme dans notre cas, elle a duré assez long- 
temps (19 jours) et a montré une intensité considérable. 
D'ailleurs la situation relative de nos deux stations mé- 
téorologiques offre pour l'étude de ce phénomène spé- 
cial, comme en général pour les études météorologi- 
ques, des avantages exceptionnels ; en effet, on trouvera 
rarement deux stations qui aient une différence de hau- 
teur aussi considérable avec une distance horizontale 
relativement si minime, car l'observatoire est éloigné 
de la station de Chaumont dans le sens horizontal seu- 
lement d'environ 3,400 mètres, tandis que cette der- 
nière est élevée sur l'observatoire d'environ 660 mètres. 


Pour des stations aussi rapprochées, il est presque 1m- 
possible d'admettre qu'elles puissent se trouver dans 
des courants juxtaposés, sauf pour des phénomènes tout 
à fait locaux et passagers; les différences qu’on trouvera 
entre elles seront donc dues presque exclusivement à la 
différence de leur niveau. Si pour des stations ainsi si- 
tuées il arrive alors, comme dans le cas dont Je vais vous 
entretenir, qu'un des éléments qui ordinairement varie 
régulièrement avec la hauteur, suive une marche tout- 
à-fait opposée, une telle anomalie sera certainement 
digne d'attention. 

On sait, surtout par les recherches consciencieuses de 
M. Bauernfeind, que si l’on fait abstraction de l'influen- 
ce de la radiation du sol, la température de l'air libre 
diminue régulièrement et proportionnellement avec la 
hauteur, de sorte que pour notre latitude (car 1l y a une 
légère variation de ce rapport avec la latitude) la dimi- 
nution de 1° cent. correspond à une élévation normale 
de 172n, D’après cette donnée, les températures de nos 
deux stations devraient en moyenne, et dans des cir- 
constances normales, différer de 3°,8 environ, dont 


Chaumont serait plus froid que Neuchâtel. Eh bien, dans 
la plus grande partie du mois de janvier, le contraire a eu 
lieu, et pendant 19 jours, il a faitnotablement plus chaud 
à Chaumont qu'à Neuchâtel. Voici les chiffres , qui re- 
présentent la différence entre Neuchâtel et Chaumont : 


Moyenne du | 
DATES. À 7 heures. | À 1 beure. [A 9 h‘soir | jour 


|, me | | ————— 


Janvier.  1—4 +4,30 | +5,15 | +4,72 | +4,65 
5—23 | —3,88 | —5,81 | —4,12 | —4,46 

24-31 | +2,53 | +4,48 | +3,85 | +3,61 

Moyenne du mois —1,20 


— 99360 — 


Ainsi donc, du 5 au 23 janvier, il a fait en moyen- 
ne à Chaumont 4°,46 plus chaud qu'à Neuchâtel , 
tandis que, pour le reste du mois, la température v 
était en moyenne de 3°,95 plus bas qu’à l'observatoire, 
à très-peu près conforme à la diminution normale que 
nous avons indiquée plus haut. On peut donc dire que 
la température de Chaumont a été pendant ces 19 jours 
en moyenne trop haute de 8°,3. L’anomalie a été beau- 
coup plus considérable encore pour certains jours; elle 
a atteint son maximum le 13 janvier, où l’on a observé 
à l'observatoire la température de — 7°,0 ét à Chau- 
mont + 30,1, de sorte que la différence négative a at- 
teint la valeur de 10°,1, ce qui représente une anomalie 
de presque 14°.— Le matin à 7 h., donc avant le lever 
du soleil, la différence négative a atteint son maximum 
le 10 janvier, où elle était de 8°,0, et le soir à 9 h., le 
maximum à été de 8,8, le 13. 

Vous savez que pendant tout ce temps le brouillard 
régnait à Neuchâtel jusqu’à la hauteur environ de Pier- 
re-a-bot, tandis que Chaumont jouissait du plus brillant 
soleil. En effet, les observations montrent que pendant 
les 19 jours en question, 16 ont été entièrement clairs 
à Chaumont et seulement 3 nuageux (avec 0,6 de nua- 
ges), tandis qu’à Neuchâtel, le brouillard a régné con- 
tinuellement, à l'exception de 5 soirées claires, où le 
brouillard se dissipait ordinairement peu après le cou- 
cher du soleil, pour revenir dans le courant de la nuit. 
Aussi l'humidité relative a été pendant tout ce temps 
en moyenne de + 0,32 plus forte à Neuchâtel qu'à 
Chaumont, tandis que, pour les 12 autres jours, elle 
y était de 0,09 plus faible. Ajoutons encore que le 
mouvement du baromètre a montré également une 


— 537 — 


anomalie correspondante, dans ce sens que la différence 
des pressions des deux stations a été plus forte pendant 
l’époque anormale qu’à l'ordinaire ; seulement le baro- 
mètre a devancé le thermomètre de trois jours au com- 
mencement aussi bien qu'à la fin du phénomène, car 
on trouve pour la différence des deux baromètres ré- 
duits à 0°: 


Moyenne du mois . . . . 58,38 
», … Qu 2-20. ,. . 59,00 
» Ft tt 4 ds GORE re 7: 


Enfin, quant au vent, nous avons eu à Neuchâtel 
presque toujours du calme, sauf le 16, où un vent pas- 
sablement fort s’est levé déjà le matin, a chassé le 
brouillard vers midi et est tombé après le coucher du 
soleil. La direction du vent, autant qu’on a pu le cons- 
tater, a été N.-E. pendant tout le temps, sauf trois fois 
où l’on à remarqué à midi une très-faible brise de S.-0. 
À Chaumont, au contraire, on a observé la direction 
N.—E. 10 fois et celle de S.-0. 9 fois; là aussi le vent 
était toujours très-faible, et ordinairement il y avait 
calme. 

D’après ces données, 1l ne semble pas qu'on puisse 
expliquer le phénomène singulier dont je vous entre- 
tiens, par la supposition que Chaumont se serait trouvé 
dans le courant supérieur équatorial, tandis que nous 
aurions été dans le courant polaire; car non-seulement 
pendant tout le temps le calme a presque toujours ré- 
gné dans les deux stations, mais encore a-t-on observé 
à Chaumont la direction N.-E. mème plus souvent que 
le S.-0. D'ailleurs au Saint-Bernard le N.-E. a régné 
du 10 au 23, à l'exception du 18. On voit donc que, 


—  D38 — 


même à cette hauteur, le courant de N.-E. à encore 
prédominé. 

Du reste, il est intéressant de voir ane Genève 
et le Saint-Bernard un phénomène semblable se soit 
produit, car bien qu’il n’ait fait réellement plus chaud 
au Saint-Bernard qu'un seul jour, le 21 janvier, où, 
chose remarquable , la température a été de 1°,32 
plus haute au Saint-Bernard qu’à Genève ; pendant tou- 
te l’époque du 4 au 23 janvier, la différence de tem- 
pérature a été en moyenne seulement de 3°,23 en 
faveur de Genève, tandis que pendant les 11 autres 
jours, cette différence a été de 10°,05, et que norma- 
lement il fait au mois de janvier 9° plus chaud à Ge- 
nève qu'au Saint-Bernard. En consultant les observa- 
tions que M. Plantamour publie dans la Bibliothèque de 
(renéve, et où 11 donne toujours les écarts des tempéra- 
tures observées avec les températures normales, on 
trouve que le mois de janvier a été en général cette an- 
née à Genève de 2°,98 plus froid qu’à l'ordinaire; 23 
jours ont été trop froids en moyenne de 5°,16 et 8 
jours trop chauds de 3°,28 en moyenne. — Pour le 
Saint-Bernard, au contraire, on trouve la température 
moyenne du mois de 0,46 plus haute qu’à l'ordinaire ; 
17 jours ont été en moyenne de 3°,29 plus chauds et 19 
jours de 2°,98 plus froids qu’à l’ordinaire.—En somme, 
on voit que l’anomalie a été plus forte dans la station 
inférieure, où le froid extraordinaire a été plus consi- 
dérable que ne l’a été la’ chaleur anormale au Saint- 
Bernard. 

Probablement la même chose a eu lieu pour nos deux 
stations du Jura, quoique nous ne puissions pas encore 
indiquer en chiffres les écarts avec la température nor- 


— 9939 — 


male. Mais on peut assurer que le renversement de tem- 
pérature, dont nous avons été témoins, provient plutôt 
de ce qu'il a fait extraordinairement froid à Neuchâtel, 
que de ce qu’il a fait trop chaud à Chaumont. 

Quant à la cause du phénomène dont il est ici ques- 
tion, je n'oserais pas me prononcer; car l'expliquer 
simplement par la circonstance que nous étions plon- 
gés dans le brouillard, tandis que les hauteurs jouis- 
saient d’un soleil brillant, me semble impliquer un 
cercle vicieux; en effet, comment veut-on alors expli- 
quer le fait que le brouillard remplissait la vallée du 
lac et ne montait qu'à 200 mètres environ au-dessus 
de celui-ci? Apparemment parce qu’il faisait plus chaud 
en haut qu’en bas. — L'abaissement extraordimaire de 
la température pendant le mois de janvier a été un fait 
général dans la plus grande partie de l’Europe et s’est 
montré avec une intensité plus forte encore dans d’au- 
tres pays, où le brouillard n'existe pas; il ne me semble 
donc pas rationnel d’invoquer chez nous le brouillard 
pour expliquer le froid dont nous avons souffert ; c’est 
plutôt ce dernier qui a provoqué la formation du broul- 
lard. — L’analogie du phénomène entre Chaumont et 
le Saint-Bernard semble démontrer que le large cou- 
rant d'air froid qui a couvert presque toute l'Europe 
n’a eu qu'une faible profondeur, peut-être de 2000, 
tandis qu'au-dessus a régné un courant plus chaud. 
Mais dans cette manière de voir, il est toujours diffi- 
cile d'expliquer le fait, que le vent, d’ailleurs très-faible, 
a soufflé pendant cette époque à Chaumont autant de 
N.-E. que de S.-0. et qu’au Saint-Bernard c'est même 
le premier qui a prédominé. 


— 940 — 


M. le D'Mcati, d'Aubonne , ajoute que le même 
phénomène de renversement de température s’est ma- 
nifesté dans toute la direction du Jura vaudoisjusqu’à 
Genève; la plaine était aussi plongée dans un brouillard 
épais, tandis que les sommités jouissaient d’un beau 
soleil. 


M. Desor communique de nouveau une lettre de M. 
de Fellenberg sur les anciens bronzes. Relativement aux 
bronzes chaldéens et phéniciens, il lui semble impextant 
d'y rechercher la présence des métaux accidentels bien 
plus que la proportion du cuivre et de l’étain, car des 
centaines d'analyses lui ont prouvé que les anciens em- 
ployaient le cuivre et l’étain à peu près en toutes pro- 
portions, de 2 jusqu’à 20 pour ‘/, d’étain, selon les cir- 
constances, ou selon l'abondance de l’étain. I ne parta- 
gera pas l’opmion de M. de Rougemont que les bronzes 
Jacustres ou scandinaves représentent le type phénicien, 
tant que nous ne connaîtrons pas la composition ana- 
lytique du bronze phénicien; autrement, il faudrait ad- 
mettre que tous les bronzes celtiques du continent sont 
d'origme phénicienne, et alors resterait à expliquer 
pourquoi les Phéniciens se seraient amusés à fournir 
aux différents peuples des bronzes si différents, quant à 
la teneur en étain et cuivre, ainsi qu’en métaux acci- 
dentels? Si les Phéniciens fournissaient du bronze aux 
Scandinaves, ils devaient commencer par leurs plus 
proches voisins, les Grecs, les Etrusques, les Romains, 
dont les bronzes diffèrent beaucoup de ceux des Celtes. 

M. de Fellenberg a analysé pour M. Desor : 1° Un 
fragment de faucille trouvé par M. Clément dans un 
tumulus près de Vaumarcus. Il appartient au type des 
bronzes lacustres comme ceux du lac de Neuchâtel. 


_ 


4 


— 41 — 


20 Une pointe de lance de Campeggine, qui rentre 
dans la même catégorie. 

3° Un miroir romain ou étrusque, de Turin, dont la 
forte teneur en plomb, ajouté à dessein, selon son opi- 
nion, le classe parmi les bronzes à plomb comme ceux 
des Grecs et parle pour une haute antiquité, en ce 
qu'il est exempt de zinc, par conséquent étrusque plu- 
tôt que romain. 

4° Une parcelle de métal venant de la tourbière de 
Varèse, dont la pauvreté en étain et la richesse en zine 
semblent annoncer un laiton des derniers siècles ro- 
mains. 

5° Des anneaux du lac de Neuchâtel, qui sont en 
bronze lacustre riche en nickel. 


M. Desor rapporte qu'il est allé examiner le singulier 
bloc erratique décrit par M. Clément dans une précé- 
dente séance. Les sillons qui sont tracés sur cette pierre 
semblent converger vers le sommet, où l’on remarque 
des cavités semblables à de petites écuelles. Peut-être 
ont-ils été creusés pour conduire un liquide ? Ils ne 
sont pas un effet des intempéries, mais on ne peut pas 
y voir non plus des caractères tracés pour faire un mo- 
nument de cette pierre. Il désirerait que la Société fit 
quelques démarches pour mettre ce bloc à l'abri de 
l'exploitation. | 

M. de Mandrot a la mème opinion que M. Desor au 
sujet de cette pierre. On en a fait un plan à l'échelle 
de ‘10. Il croit qu’en examinant les blocs placés le long 
des anciens chemins, on en trouverait d’analogues. 

M. Mcati dit qu'on a découvert plusieurs blocs ainsi 
creusés en écuelles dans le canton de Vaud, au pied du 


— 6 


Jura , par exemple à Mont-la-Ville et près de Longirod. 
Il pense aussi que l'examen attentif des blocs-erratiques 
en ferait encore découvrir de semblables. 


M. Desor fait les deux communications suivantes : 

1° Sur l'étage barrémien de M. Coquand. 

Le terrain qu'il s’agit de désigner dorénavant sous 
un nom particulier n’est pas nouveau. Il y a long- 
temps qu'il compte parmi les plus remarquables du 
midi de la France, et il y a longtemps aussi qu'on lau- 
rait distingué, si M. d'Orbigny ne l'avait envisagé, à 
tort, comme l’équivalent de l’Urgonien (notre calcaire 
du Mail). Cependant il n’est pas limité aux régions de 
la Méditerranée. M. Pictet l’a signalé dans les Voirons 
et plus tard on l’a reconnu dans les Alpes vaudoises et 
bernoises. M. de Tribolet en soumettant, 11 y a plusieurs 
années, à la Société, quelques fossiles des précipices de 
la Veveyse et des environs de Merlingen, a eu soin de 
faire ressortir «leur facies propre qui ne se retrouve 
pas dans le Jura (‘). » On se contentait alors de qualifier 
ce dépôt particulier du nom de Néocomien alpin, qui 
ne pouvait en effet donner lieu à aucune équivoque, 
aussi longtemps qu’on admettait que le vrai néocomien 
du Jura était étranger aux Alpes. M. Coquand vient 
maintenant de nous montrer qu’en Provence, le terrain 
dont il s’agit s’intercale entre le ealcaire à Chama am- 
monia où Urgonien et les couches à Toxaster compla- 
natus, sous la forme de calcaires compacts, durs, blan- 
châtres ou jaunâtres, épais souvent de 30 mètres et dans 
lesquels on observe une très-grande quantité de silex 


(+) Bulletin, tome V, page 44. 


543 — 


tuberculeux. Ces calcaires renferment un fossile très- 
important , le Scaphtes Yoanw, dont M. Desor met la 
figure sous les yeux de la Société, et comme ce même 
céphalopode caractérise aussi dans les Basses-Alpes, et 
spécialement à Barrème, les calcaires durs bien connus 
par leurs autres fossiles, tous supérieurs au niveau des 

Toxaster complanatus, M. Coquand en conclut non-seu- 
lement qu’il n’y a pas lieu à identifier cet horizon avec 
l’Urgonien, mais il propose en outre d'en faire un étage 
à part sous le nom d’éfage barrémien. 

Tout en reconnaissant les inconvénients de cette mul- 
tiplicité de noms nouveaux que l’on introduit à chaque 
instant dans la nomenclature des terrains, M. Desor 
croit cependant devoir appuyer le nouvel étage de M. 
Coquand, non-seulement par les raisons que fait valoir 
son auteur, mais aussi parce que le nom de Néocomien 
alpin, par lequel on s’était habitué à désigner cet hori- 
zon en Suisse, a perdu toute valeur, aujourd’hui que 
l’on sait que le vrai néocomien se retrouve également 
dans les Alpes, spécialement sur les bords du lac des 
Quatre-Cantons. 

. Mais tout en acceptant ce nouvel étage, M. Desor ne 
saurait se ranger à l’avis de son ami M. Coquand, qui 
voudrait le paralléliser avec notre pierre jaune. Sans 
parler des caractères pétrographiques qui sont très- 
différents, 1l y voit une difficulté paléontologique consi- 
dérable, c'est qu'on n’a jamais signalé dans notre cal- 
caire jaune le fossile caractéristique du barrémien,tandis 
qu’on y trouve le Toxaster complanatus et tous les au- 
tres fossiles du vrai néocomien. 

Il est plus naturel d'admettre que le barrémien fait 


défaut chez nous, et c’est peut-être à ce hiatus qu'il 


; — 044 — 


faut attribuer la différence assez tranchée qui existe 
dans le Jura entre la faune néocomienne et la faune ur- 
gonienne. 


2° Sur l’éfage dubisien. 

IH y a vingt ans qu'on a signalé pour la première 
fois dans le Jura français, au-dessous du néocomien, 
une couche de marne d’eau douce qui a généralement 
été parallélisée avec le Wealdien d'Angleterre. Ce mê- 
me terrain a été reconnu plus tard dans notre canton 
au-dessous des calcaires durs que l’on envisageait au- 
trefois comme jurassiques et que l’on comprend aujour- 
d’hui dans l'étage valangien. Malheureusement les fos- 
siles qu’il renferme sont peu nombreux, souvent même 
ils font complètement défaut , surtout dans les marnes 
noires gypsifères que le chemin de fer du Jura a enta- 
mées au tunnel de la Luche et que l’on retrouve égale- 
ment au Pertuis-du-Soc, spécialement au fond du Ruz, 
qui va déboucher sur la gare du chemin de fer. La po- 
sition constante de ce terrain à un niveau bien inférieur 
au vrai néocomien, S'opposait à ce qu'on le rapportàt 
au wealdien, qui est censé être l'équivalent lacustre de 
notre néocomien. S'il y avait parallélisme, c'était plu- 
tôt avec le calcaire de Purbeck. Mais nos fossiles n’a- 
vaient pas été comparés à ce point de vue. L'analyse 
paléontologique pouvait seule prononcer. En attendant 
le résultat des recherches de M. Sandherger, et pour 
ne pas préjuger la question, MM. Desor et Gressh avaient 
proposé de désigner provisoirement les marnes en ques- 
tion sous le nom d’éfage dubisien (de Dubis, Doubs). 

M. Sandberger vient maintenant de publier ses re- 
cherches sur les fossiles recueillis par M. Jaccard aux 


— 949 — 


Villers et sur quelques autres points". Il en résulte que 
les espèces qu'il a pu comparer sont toutes identiques 
avec celles du Purbeck d'Angleterre. En conséquence, 
l'étage dubisien n’a plus de raison d’être et doit rentrer 
dans l’étage purbeckien. 


Séance du 17 mars 1864. 


Présidence de M. DESOR. 


M. Desor montre de curieux échantillons de pseu— 
do-morphisme. Ce sont des cristaux formés en grande 
partie de grains de sable liés par une gangue à la ma- 
nière des cristaux de sable de Fontainebleau, mais 
avec la forme cristalline du sulfate de chaux. [ls pro- 
viennent de l’oasis du Souf dans le Sahara. Dans cette 
région de dunes et de sables mouvants, on remarque 
une étendue d’au moins trois journées de marche où, 
au-dessous de la superficie du sol, se trouve une couche 
cristalline d'environ un pied d'épaisseur, composée de 
cristaux pareils, quelquefois longs de 35 centimètres, 
En creusant des puits, les habitants traversent cette 
couche , et au-dessous ils retrouvent de nouveau du 
sable, puis du gypse amorphe.— Ils utilisent ce banc 
cristallin, soit pour consolider les petits remparts de 
sable qui entourent et protègent les rifans, espèces de 
trous où ils cultivent les dattiers, soit pour là construc- 
tion de leurs maisons. Avec des pétioles de feuilles de 
palmier, ils font des cintres sur lesquels ils édifient de 
petites voûtes qui se croisent à angle droit, en employant 
les plus gros cristaux en guise de voussoirs. Or, comme 


(*) Leonhard et Geinitz, 1863. 
BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 36 


— 046 — 


ces cintres ne sont pas très-résistants , les voûtes n’ont 
qu’une faible amplitude et la profondeur des apparte- 
ments est en conséquence de 5 à 6 pieds seulement. L’in- 
térieur est meublé avec quelques coffres et le lit placé 
au fond dans une niche. Ils construisent de même d’au- 
tres chambres pour les ustensiles et les provisions. Les 
gens aisés établissent au milieu de l’édifice une terrasse 
soutenue par des traverses, pour y aller prendre le frais 
avec leurs familles. Ces maisons se font très rapide- 
ment, mais elles ont le grave inconvénient de se désa- 
sréger sous l'influence de l'humidité qui dissout legypse. 

Le même présente encore des morceaux de calcaire 
cristallin provenant de la Kabylie, près du fort Napo- 
léon, où ce calcaire forme une arête saillante en traver- 
sant plusieurs vallées d’érosion. Il dégage une odeur 
assez prononcée d'hydrogène sulfuré, lorsqu'on le bat 
avec un briquet. 


M. Guillaume, docteur, présente quelques plantes où 
l’on remarque des anomalies de développement. Entre 
autres, une toufle de Matricaria chamomilla , haute 
de 72 centimètres , large de 25 centimètres à sa partie 
supérieure. Toutes les tiges sont soudées en une espèce 
de lame membraneuse hérissée d’écailles étroites , for- 
mées par les feuilles. Le haut est couronné par les ca- 
pitules dont quelques-uns sont libres avec leurs pédon- 
cules , tandis que le plus grand nombre sont soudés de 
manière à former une espèce de crête sinuée, jaune au 
milieu et bordée de blanc. — Cette plante reproduit 
le phénomène de la créte de cog, déjà connu chez les 
renoncules. On l’a trouvée dans un champ de trèfle près 
de St-Martin, au Val-de-Ruz. 


M. de Mandrot fait don à chaque membre d’unexem- 
plaire du plan de la bataille de Grandson, levé et auto- 
graphié par lui-même. 


Séance du 31 mars 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Xopp communique les observations météorolo- 
giques faites à Neuchâtel pendant les années 1862 et 
1863, ainsi que les remarques relatives à la végétation 
faites dans le même temps à Neuchâtel par M. L. Favre, 
et à la Neuveville par M. le professeur Hisely. 

Cette communication donne lieu à une discussion à 
la suite de laquelle on décide de renvoyer à MM. Guil- 
laume , D°, et Favre, l'élaboration d’un plan d’obser- 
vations sur la flore et la faune réparties dans les diverses 
saisons de l’année. Ce tableau une fois adopté, serait 
remis aux instituteurs du canton disposés à le remplir. 
On obtiendrait par ce moyen une foule de documents 
qui permettraient de tracer nettement la marche de la 
température, et de l’activité végétale et animale dans” 
les divers étages de notre pays. 


M. Desor fait l'analyse d’un mémoire de M. Bernard 
Studer sur l’orographie des lacs de la Suisse en général, 
et en particulier sur les causes qui ont produit les lacs 
de la plaine (voir Appendice). 


— 048 — 


RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


pour les années 1862 et 1863. 


186G2?. 


A la fin de janvier, une forte pluie, une température douce 
et une fonte rapide des neiges amenèrent des débordements de 
ruisseaux, surtout le 30, celui du Bied, au Locle, et du Chas- 
seron, à Villiers. Le Seyon formait à Neuchâtel une belle cas- 
cade. Au Val-de-Ruz, on a comparé cette inondation à celle 
qui a eu lieu en mars 1797. Le 31, le Buttes déborda, sa crue 
était la plus forte depuis 1817. Des digues en pierre ont été 
emportées par le torrent et deux maisons à Fleurier furent 
menacées de s’écrouler. 

Le 9 et 10 février, la bise a été si forte qu’un bateau à va- 
peur amarré dans le port a été jeté contre les murs du quai. 
Le 7, la bise a commencé à souffler à Neuchâtel; le 8, elle 
était un peu forte; les 9 et 10, très-forte, pendant qu'à Genè- 
ve, déjà le 7, elle était si violente que plusieurs embarcations 
furent coulées et d’autres endommagées. Le froid fut intense. 
Le 9, la Broie fut gelée ainsi qu’une portion du lac de Morat. 

Le 12, le bateau à vapeur a eu à lutter contre la violence 
du vent et contre les glaces. 

Le 6 mars, forte neige, mais elle fondit de suite. 

Les 13 et 14 avril, il tomba de la neige à Neuchâtel et tout 
le long du bord du lac ; elle persista jusqu’au 16. La vigne, 
dont les bourgeons avaient quelques pouces de longueur, su- 
bit une forte gelée, à l'exception des vignes de Bevaix et de 
Cortaillod, où la neige ne prit point pied. La quantité de la 
vendange se ressentit de cette gelée, ainsi que du mauvais 

temps du 14 au 24 juin, qui eut lieu pendant la floraison de 
la vigne. 


— 949 — 


Le 15 octobre, à 9 h. du soir, on a aperçu à Neuchâtel un 
météore lumineux qui, partant de l’est, s’est dirigé à l’ouest 
en laissant après lui une traînée lumineuse semblable à celle 


d’une fusée. 


Le 27 novembre on eut de la neige partout, excepté à Neu- 
châtel et à Chaumont. 

Le 9 décembre, la neige tomba à Neuchâtel. Le 14, aurore 
boréale de 6 à 9 h. du soir. (Bulletin, T. VI, p. 279.) 


Observations relatives à la végétation, pour 1862, faites 


5 Février. 


26 Mars. 


4 Avril. 


6 » 


à Neuchâtel, par M. Louis Favre. 


Des morilles (Morchella conica) et des hépatiques 
(Hepatica triloba), dans les bois au-dessus de 
Neuchâtel. : 

Amandiers et abricotiers en fleurs. Orobe du 
printemps (Orobus vernus). Primevères à gran- 
des fleurs (Primula acaulis). Primevères du prin- 
temps (Primula officinalis). Anémone pulsatille 
(A. pulsatilla). Anémone sylvie (A. nemorosa). 
Violette odorante (Viola odorata). Violette des 
collines (V. canina). Des feuilles au lilas et au 
saule-pleureur. 

Epine noire (Prunus spinosa). Lierre terrestre 
(Glechoma hederacea). 

Renoncule bulbeuse (Ranonculus bulbosus). Vé- 
ronique petit chêne (Veronica chamædrys). 
Pensée commune (Viola tricolor). Ficaria ra- 
nunculoides. 

Les hirondelles apparaissent.” Cardamine des 
prés (Cardamine pratensis). . 
Poiriers et cerisiers en fleurs. La chélidoine (Che- 
lidonium majus). La globulaire (Globularia vul- 

garis). 

La température s'étant abaissée depuis le 13, la 
vigne, dont les bourgeons avaient quelques 


16 Avril. 


15 


19 
22 


23 


25 


26 
21 


17 


20 


» 


» 


— 990 — - 
pouces de longueur, subit une forte gelée qui 
exerce une grave influence sur la récolte. 

Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria). 

Le coucou chante. Luzerne lupuline (Medicago 
lupulina). 

Départ des mouettes. 

Le hêtre se couvre de feuilles au pied de Chau- 
mont. 

On fauche dans les vergers. Lilas en fleurs. Han- 
netons. 

Marronnier en fleurs. Epervière (Hieracium mu- 
rorum). Epi de seigle de 1 décimètre de lon- 
oueur (route de Neuchâtel à Peseux). 

On apporte au marché des bouquets de muguet, 

Beaucoup de papillons hirondelles (Papilio poda- 
lyrius). Passage des hirondelles de mer. Espar- 
cette en fleur. Aubépine. Houx. Grand plantain 
(Plantago major). 

Polygala (P. vulgaris). Epine-vinette (Berberis 

vulgaris). 

Le grillon chante. 

Erable ou Plane en fleurs. Sauge des prés. id 
nide rouge (Lychnis sylvestris). 

Trèfle cui en fleurs. 

L'Eglantine. Le lotier (Lotus corniculatus). La 
Campanule à feuilles rondes. Le reséda jaune 
(Reseda lutea). L’herbe à Robert (Geranium 
Robertianum). Alliaria officinalis. La belle-étoile 
(Asperula odor ata). La mélitte (Melittis melisso- 
phyllum).s 

Le seigle et l'orge en fleurs. Au Val-de-Ruz l’es- 
parcette en fleurs et le seigle a des épis. 

Nénufar en fleurs au Pont-de-Thielle. 

Cerises rouges printanières mûres à Serrières. 
Sureau couvert de fleurs. 

Les cerises rouges sont apportées au marché à 
pléines corbeilles depuis le Vully. 

Les fraises mûres dans les bois. 


M.» 
12% :à 


—  D01 — 


Epis de froment. 

On fauche les luzernes même à Bôle. 

On effeuille la vigne et on commence à l’attacher 
(bord du lac). 

La vigne (rouge) commence à fleurir. 

La vigne en fleurs le long des bords du lac. 
Tilleuls en fleurs, id. 

Au marché des petits pois en abondance et mê- 
me des haricots. 

A Clou-Brochet la vigne est défleurie, les grap- 
pes horizontales. 

Orge mûr à Corcelles. 

On offre les cerises dans les rues à 12 centimes 
la livre. Groseilles rouges. 


Du 14 au 24, temps pluvieux et froid très-nuisible à la florai- 


Juillet. 


Août. 


Sept. : 


6 Octob. 


9 » 


son de la vigne; à la fin de juin les abricots 
sont mûrs. 

Au milieu du mois abondance de prunes rouges- 
Vers le 20, on avait à la Chaux-de-Fonds des 
cerises noires parfaitement mûres ainsi que tou- 
tes les groseilles , le cassis, etc. 

Au milieu du mois, maturité des pruneaux, pê- 
ches, figues. On trouve des raisins mûrs au bord 
du lac. La moisson se fait au commencement du 
mois à la Chaux-de-Fonds. 

La récolte des pommes et des poires se fait de 
bonne heure dans ce mois. Abondance de choux 
du Val-de-Ruz pour les provisions d'hiver. 

Vendange à Cortaillod et Boudry. 

Vendange à Neuchâtel. Récolte très-faible; bon- 
ne qualité. ; 

On récolte à la Chaux-de-Fonds, dans la proprié- 
té de M. Ulysse Ducommun-Sandoz, aux En- 
droits, plusieurs grappes de raisin noir parfai- 
tement mûr (treille). Vers ce même temps, on 
récolte aux Rochats, près de la Ferrière, dans 
la propriété de M. Fritz Perrochet, 57 boisseaux 
de poires mûres sur un seul arbre. 


Novembre. 


— 902 — 


On trouve de nombreux exemples de fleurs de 
deuxième floraison sur les arbres fruitiers; lilas 
en fleurs. Un bouquet de fraises mûres à la Ran- 
connière, près du Locle. Des HOAES (Morchella 
conica) à la Brévine. 


Observations relatives à lu végétation, pour 1862, faites 


9 Mars. 


NUS 
16 » 
DA; 
28 » 
4 Avril. 
y] » 
10° _» 
24 Mai. 
18 Juin. 
21 » 
28...» 
30 » 


18 Sept. 


20 » 
2e» 
24 » 
30 » 


3 Octob. 


19; » 


à Neuveville, par M. Hisely, professeur. 


Floraison du Tussilago farfara et de l’'Anémone 
hépatique. 


Floraison du bois-gentil. 


Chant du coucou. 


: Abricotiers de jardin en fleurs. 


Erytheum dens canis.et primula elatior en fleurs. 
Une hirondelle. 

Les hêtres de Jolimont verdissent. 
Poiriers et pensées en fleurs. 

Raisins en fleurs. 

Le lys blanc fleurit. 

Premières pommes de terre au marché. 
Les vignes sont défleuries. 

Une gelée blanche à la montagne. 

Les hirondelles partent. 

De la glace sur Chasseral. 

De la glace à Lignières. 

Plus d’hirondelles. 

On vendange à Cerlier et au Landeron. 
On termine la vendange à Neuveville. 
Les tilleuls n’ont plus de feuilles. 


— 0593 — 


1863. 


Ce qui a surtout distingué cette année, c’est l'absence de 
l'hiver. Le mois de janvier fut doux; le 30, M. de Meuron 
vit voler un papillon dans son jardin. Février fut beau et 
doux, mars, avril et mai de même. 

L'année fut en outre remarquable par les inondations cau- 
sées par des orages et des pluies torrentielles, au printemps 
et en automne. 

Le 10 mai fut signalé par un orage d’une violence et d’une 
durée extraordinaires. Dès 10 heures du matin à 2 heures du 
soir, les éclairs et le tonnerre, accompagnés d’une pluie dilu- 
vienne, ont duré sans interruption. Nombre de murs de vignes 
se sont écroulés, entre Neuchâtel et Saint-Blaise, il semblait 
qu’une trombe avait labouré le sol; depuis 1811 et 1821 on 
n’avait pas vu un désastre pareil. Les vignes furent abîmées, 
les murs renversés, la route couverte de plusieurs pieds de 
terre et de matériaux; la circulation était interrompue pen- 
dant plusieurs heures sur le chemin de fer et la grande route. 
Vers Gorgier, la grêle et la pluie réunies ont tout abîmé. A 
Saint-Aubin, les terres furent emportées comme à Hauterive. 

Le 19 mai, un orage accompagné de grêle s’est déchainé, 
vers quatre heures du soir, pendant une vingtaine de minutes, 
sur Neuchâtel et sur ses environs. L’obscurité était surtout 
très-grande au fort de l’orage. 

Mais les pluies torrentielles du 20 au 25 septembre furent 
des plus remarquables et des plus désastreuses. A Saint-Sul- 
pice, la Reuse, qui s'était ouvert, à sa source, de nouveaux 
débouchés supérieurs, a menacé ce village d’une destruction 
complète. Le tocsin a sonné deux fois dans la nuit du 25 au 
26. À Fleurier il y a eu des dégâts considérables; le Buttes, 
qui ne débitait que 25,000 litres d’eau par seconde au crêt de 
l’'Assise , le 31 janvier 1861, lors de la grande inondation qui 
a menacé le village, avait atteint le 25 septembre un volume 
de 41,000 litres sous le pont de la route cantonale. A Môtiers, 
le Bied , trop haut de trois pieds pour passer sous le pont de 
la route, a débordé dans le village. A la Presta, le pont sur 


ES 


—  D04 — 


la Reuse a été emporté; à Travers, le niveau de la Reuse a 
dépassé d'environ 2,5 pieds celui de la plus grande inondation, 
comme celle de 1817. Dans les gorges de l’Areuse, un lam- 
beau de forêt a glissé en bloc dans la rivière, dont les eaux 
ont dû se frayer un passage au milieu de cet éboulement. A 
Boudry, il ÿ avait dans le bas de la ville quatre pieds d’eau 
sur Ja route. Toutes les maisons du bas étaient inondées. 

Le Seyon avait une grosseur énorme; la route des Gorges 
a été en partie détruite par le torrent; on a compté 13 brê- 
ches d’une longueur totale de 600 mètres. La conduite d’eau 
qui alimente Neuchâtel à été coupée avec la route; la scierie 
de Valangin a eu ses barrages et ses canaux emportés, et tous 
ces débris, avec ceux de la route et des vergers inondés, se 
précipitaient par la cascade du $Seyon dans le lac, qui était 
au loin couvert de ces épaves. 

Les frais faits par l'Etat pour réparer les dégâts se sont 
élevés à 40,000 francs. 

Au Locle, le Bied chariait une masse d’eau énorme. Il y 
avait dans des maisons jusqu’à cinq pieds d’eau. Depuis 1806, 
où fut forée la galerie du Col des Roches, on n’a pas vu une 
inondation pareille. Depuis 1801 on n’a pas vu le Doubs à une 
pareille hauteur. La cascade était d’une rare magnificence. 
Mais c’est au Cachot que le désastre a pris surtout des dimen- 
sions énormes. La scierie est placée dans un endroit un peu 
enfoncé près des entonnoirs où s’engouffrent et se perdent les 
eaux de la vallée. Les bâtiments sont sur une petite éminen- 
ce. Pendant la nuit du 24 au 25, les habitants de la scierie 
furent réveillés en sursaut par les eaux qui se précipitaient 
avec fureur dans leurs appartements. Ils n’eurent que le temps 
de se sauver; quelques heures après l’eau arrivait au deuxième 
étage et ne laissait plus voir que le faîte de la maison. Le 25, 
les eaux grossirent encore, les entonnoirs, au lieu de les ab- 
sorber, les rejetaient et les poussaient à plusieurs pieds au- 
dessus du lac formé par les eaux. Elles se retirèrent peu à peu, 
et ce n’est que le 28 qu'elles reprirent leur cours habituel. 


— 999 — 


Observations relatives à la végétation, pour 1863, failes 
à Neuchâtel, par M. Louis Favre. 


12 Janvier. Trouvé une Primevère (Primula officinalis) à 
Pierre-à-Bot. 


22 » Trouvé un champignon (Peziza aurea) à Chanélaz. 
3 Février. Des fleurs femelles aux noisetiers. 

20: > On trouve des morilles à la Chaux-de-Fonds. 
14:55 Hépatiques (Hépatica triloba) et violettes au Mail. 
16 Mars. Fleurs aux abricotiers. 

24 » Amandiers en fleurs. 

3 Avril. Tonnerre. 

M + Le coucou chante. 

ue On voit quelques hirondelles. 

or 0 Cerisiers en fleurs. 

41 >» Pruniers en fleurs. 

22 » Bouleau en fleurs. 

23 » On apporte du muguet au marché. 

24  » Des feuilles au hêtre. 

8 Mai. On vend des cerises au marché. 

10 » Orage terrible; ravages à Hauterive et à Saint- 


Aubin. Le trèfles des marais (Menyanthes trifo- 
liata) en fleurs dans les marais de Saint-Blaise. 
La belle-étoile (Asperula odorata) au Mail. 


14 > Sureau en fleurs. 

16 » Nénufar en fleurs (Thielle). Eglantines au Mail. 

41,5 Mélitte à feuilles de mélisse et géranium sanguin 
(Mail). 

18 » Troupes immenses de poissons nageant en forme 


de triangle à la surface du lac, dans la direction 
de Saint-Blaise. 

21 » De même; probablement des cormontans. 

1* Juin. La vigne fleurit. Les premiers jours du mois on 
fait les foins dans le Vignoble. 

9 » Beaucoup de cerises au marché. 

+ 0 Beaucoup de fraises au marché, 


— 556 — 
EC Tilleuls en fleurs. 


BE, Fin de la floraison de la vigne. 
Juillet. Les gentianes jaunes ont une hauteur extraordi- 
naire. 


15 Août. Après plusieurs semaines de sécheresse et de 
chaleurs extraordinaires, la promenade du Crêt 
était couverte d’un lit épais de feuilles sèches. 
Dans les forêts, un grand nombre de hêtres 
avaient leur feuillage entièrement rouge comme 
en automne. 

16, » Orage et grêle à Neuchâtel ; le sol en est blanc. 


jm ; ; » les grains sont gros 
mais peu abondants. 


17 Septemb. Premier brouillard du matin. 

RE Première neige sur les Basses-Alpes. 

24et 25 Inondations à Boudry, Locle, Val-de-Travers, 
après de longues pluies. Dommage dans tout le 
canton, fr. 40,000. 

29 » Hirondelles de mer sur le lac. 

6 Octobre. Vendange à Boudry. Le raisin est mûr et abon- 
dant; on fait 2, 3, 4 et même 6 gerles par ou- 
vrier. Le blanc se vend de 25 à 28 francs. 


9 » Vendange à Neuchâtel. 

2 Décemb. Il neige à gros flocons. 

4 » - Le soir tout est gelé. 1°° gelée. 
24 » Blanc de neige. 


Observations relatives à la végétation, pour 1863, faites 
à Neuveville, par M. Hisely, professeur. 


17 Janvier. Violettes en fleurs, 
5 Février. Les noiïsetiers de jardin en fleurs. 


11  » Un papillon. 
16 » Le boiïs-gentil fleurit. 
se » Anémone hépatique en fleurs. 


22 1 » Pervenches fleuries. 


>. MERS 
20 Mars. 
25 » 

28 » 


1e Avril. 


6 » 
8 » 
9 » 
10  » 
APE S 
14) <» 
VEUT 


25 » 
21 » 


31 » 
8 Juin. 
9 » 
42 fu 
28 » 

5 Août. 
29 Sept. 
1 Oct. 
3 » 
45 » 
1 Nov. 
NE 

8 » 


— 901 — 


On voit des cigognes à Granges. 


Cormier en fleurs. 
Abricotiers de jardin en fleurs. 


Primula officinalis fleurit. 
Première hirondelle. 

Chant du coucou. 

Couronne impériale en fleurs. 
Quelques tilleuls ont des fleurs. 
Arrivée des hirondelles. 
Jolimont verdit. 

Floraison du colza. 


Cerisiers en fleurs. De même quelques poiriers 


et pommiers. 


Bourgeons d’un pouce de longueur aux ceps. 


Les hêtres sont verts jusqu’à mi-hauteur de Chau- 
_ mont. 


Le Chasseral verdit. 

Les tilleuls fleurissent. 

La vigne commence à fleurir. 

Neige à Lignières. 

La vigne est à peu près défleurie. 
On cueille des raisins blancs. 

Départ des hirondelles. 

Vendange au Landeron. 

Vendange à Neuveville. 

Les feuilles des tilleuls sont tombées. 
Neige sur Chaumont. 

Petite gelée blanche dans les vignes. 


La vigne a perdu ses feuilles. 


5 Décemb. De la glace le matin au bord du lac. 


TABLEAU DES VENTS, DE L’ÉTAT DU CIEL, 
ET DU BAROMÈTRE. 


Neuchâtel, 1862. 


a | État du ciel. Vents. 
n° Nomb. de jours de Nombre de jours de 
+ 4 N 
FRE S | é 
set bar do è E = 
& CA Men ee = Perh si) St 
ea S CA S OS & S æ# | 
Janvier 722,3 || 4,5| - 26,5 | 13,5 | 6 41 0,5 | & 
Février 723,8 || 10,5| 1 16,5 | 15 9,5 | 3 0,8 
Mars 717,5 9 3 19 22 1 5,54 252 
Avril 723,7 13 6 11 21 7 1 1 - 
Mai 721,7 || 11 |10 10 23,5 | 2 3,5 | 2 e 
Juin 721,6 1 14 45 14,5 | 1! 12 2,5 | - 
Juillet » 9,513 8,5 || 13 92,8 | 40,5 | 5,0 | - 
Août » 8,5| 5,5 | 17 12,5 | 9,5 | 7 2 à 
Septembrel| 723,1 6. | 7 17 15 8 3,5 | 1,5 | - 
Octobre 724,5 6 |4 21 14 5,5 | 10,5 | 1 : 
Novembre || 718,7 6 - 24 12,5 112,5 3,5 | 4,5: .1:- 
Décembre 726,4 55). A 24,5 || 10 6 15 - - 
Année 722,2 || 90,5164,5 | 210  |186,5 [70,5 | 88,0 |20 E 
Neuchâtel, 1863. 
FE Etat du ciel. Vents. 
“$ Nomb. de jours de Nombre de jours de 
D 1 PR Re. 
re e 
88 he : 
ne L à © a “ : 
2. 1 ol 5 liè« N Rob ati ets 
FA Ste else S [eu SP Sup 
Janvier 722,7 || 12 À 19 10 4,5 | 16,5 | - : 
Février 730,7 19,5| - 8,5 || 46 7 4 1 - 
Mars 720,2 || 44 | 2 | 45 |125 |8 CC RC 0e 
Avril 722,6 12 7 A1 23 à 4 1 - 
Mai 721,3 16 7 8 23,5 | 5 _ 2,5 | - 
Juin 721,8 |[42 À 3 | 45 |l47 |3 8 AR 
Juillet » 16 7 8 11,5 113 4 3,ù |: - 
Août » 20,5| 5 6,5 || 21 à g |a x 
Septemb. || 717,3 || 14,5| - 15.5 || 13 8,5 | 8 ACR de 
Octobre 791,7 7,5| 1 21,5 || 18 8 5 s : 
Novembre 724,9 3,51re 36,5 || 13 A1 6 à # | 
| Décembre || 723,8 6 |41 14 13 |8 8 8 k 


Année 722,6 |153,5] 43 | 168,5 |191,5 |78 80 15,5 | - 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 
Tubleaux des observations thermométriques. 


Neuchâtel, 1862. 


ES À 
È S Maxima et minima. ss Jours de 
d DT ne UE PP. È Em — 
= 2 : = . 
= l|sed 2e) lsel" ms 
ce) ES FRERE PORTER 
Ssls |[SSlS |SS [SSSR Se 
È ES TINEN ; 
Ÿ Janvier || 0,9 || 10 30: os 49! 4954117 4ël — — 
l Février 455.14 6 10 | 9 21 4 4] — — 
: Mars 6,5 45,5 |: 95 [Los sl 46 Es —-—= 
Avril 10,4 || 20 21 7 4ml-bassl:s Ma 
Mai 15,7 || 25 30 9 11 16 — —| 14 — 
| Juin 16,7 || 98,8 8 9,5 20. | 49,3 -!| 19 — 
Juillet 18,8 || 31 27 11,5 17 19,5 |—. —| 28 2. 
Août 16,8 || 29,5 2 10,5 11 19 D | —| 19 1; 
Septemb. || 45,0 || 23 3 10 22 18,11 | 14 — 
: Octobre 12,3 || 20 14 4,5 29 1555152, 1.1 —) 
Novembrel| 5,4 || 12,2 NO [— 3 23 15,2 |—: 81 t-- — 
Décembrell 24 || 10.5 Brel 4 fre fs al = 


—_—— || ———— —__—_——— ———————  ——————— —_—_—_—_—_—— | —— | — — 


Aunée 10,2 || 31 AL juil to Lee 41 |14 32| 96 3; 


| Fe] 


nn . 

È E Maxima et minima. S e Jours de 

"S : 8 & ‘ RES s à = 

Se fe pe DE Sen SES ls dl 

el + [as bel SelISSS SR l 

Sul = IR  |SES |SSIS Se |S 
Janvier 2,8 | 9 (|20&31 — 1,8] 18 10,8 || — ! 9] —|— 
Février DRE) 9,5 2 |— 92,5 19 Al — 416] —|— 
Mars 5,0 || 13,8 25 |— (0,6 1 14,4 | — , 5! —|-— 
Avril 10,1 || 21,5 27 2 1 19,5 —| 1|— 
Mai 14,5 || 25 18 6 1 19 = A 14l— 
Juin 17,0 || 28,5 26 8 13 20,5 || — 1 201 — 
Juillet 19,0 || 28,5 3 10 27 18,5 | — ;—| 31] — 
Août 19,1 || 33,2 9 9 23 24,2 || — Le: 26| — 
Septemb. || 14,2 || 25,8 4 6,5 12 921,3 | — —| 141 — 
Octobre 12,1 || 20 45 5,5 27 44,5 | — |—1 1|— 
Novembrel| 5,4 || 13,2 5 0,5 30 12,7 i—| — 
Décembre 


Année 14,0 || 33,2 | 9août|— 2,5| 19 fév. | 35,7 || — 1301107 — 


———_———— 


Neuchâtel, 1862. 


Nombre de jours de 


——_—__—__——————_————— 
k = ; 
* D FR © J © x © =] NO Où NO O0 Pluie. | 


Brouill 

Orages. 

Millimètres d’eau 
tombée 


TABLEAU DES OBSERVATIONS HYGROMÉ TRIQUES. 


Janvier n 1 - - 147,7 
Février 1 4 - - 19,5 
Mars 3 il - - 36,0 
Avril 2: -1-0,5 1 - 24,1 
Mai - - 1 - 54,0 
Juin - - 1 _ 83,6 
Juillet | - _ 9 … 34,7 
Août 1 - | - 1 - 108,0 
Septemb. - | 0,5 1 - 73,2 
Octobre - 3 - - 12007 
Novembre - 2 - 21,6 
Décembre 1 4 - - 46,5 
Année 75 TE 16 7 0 871,6 
| Neuchâtel, 1863. 
= 
Nombre de jours de 5 
TT E . 
> : © £ 
Hs ss Es £ 
S |tÉA SELS = 
À A SES Mes = 
Janvier 6 2 2 - 44,8 . 
Février = - 4 - 11,4 
Mars h à DE Pan 49,2 
Avril 4 - 3 - | - 40,7 
Mai 5 SL MER URSS 189,3 | 
Juin 10 L'RE LCR TE 175,4 | 
Juillet 2 - - - - 27,2 
Août 7 - = CE Me 103,9 
Septemb. 9 - - 1} - 286,0 
Octobre 5 Fo D A PRE 0 60,7 | 
Novembre 4 - 1 - Fa 38,7 | 
Décembre x | | 
Année 56 3 | 14 | 40 | 3 1027,3 


D D |: à ri 


VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX 


DES LACS 


DE NEUCHATEL, D£ BIENNE ET DE MORAT, 


pendant les années 1862 et 1563. 


Les mesures limnimétriques sont exprimées en millimètres 
et indiquent la distance du niveau de l’eau au môle de Neu- 
châtel, situé à 434,7 mètres au-dessus du niveau de la mer. 
La marche générale du lac est donnée par les tableaux graphi- 
ques. Le nombre de jours où le lac est resté stationnaire n’est 
pas inscrit dans les tableaux. 

Les observations se font, pour.le lac 
de Neuchâtel : à Neuchâtet, par M. Kopp, professeur; 
de Bienne: à Neuveville, par M. Hisely, professeur; 
de Morat: à Morat. M. Haas a observé le limnimètre jus- 
qu’à la fin de 1862. Pendant 1863 on n’a pas fait d’observa- 
tions à Morat. M. Wyss en est chargé depuis le commence- 
ment de 1564. 


Lace de Neuchâtel. 


Le 31 décembre 1861, le lac était à 2470 millimètres. 

Le 31 décembre 1562, à 2730 millimètres. 

Et le 31 décembre 1863, à 2509 millimètres. 

Le lac a done baissé en 1862 de 260 millimètres, et il a 
haussé en 1862 de 221 millimètres. 


BULL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI, 37 


7) 


Lac de Neuchâtel, 1862. 


e 
— 


S $ E | Maximum |bepant le mois 
= S à LS par jour. 
S 0 È Rs le lac 
Sert s | Ses 
Le) . . Vd FT 
& È 2 = É à Haussé | Baissé | 
È = a. | = lee de de | 
E mm mm mm . mm lim mm K 
Janvier 393 A1 148 17 103 415 175 — 
Février 249 6 174 94 || 105 20 75 == 
Mars 55 7 200 19 18 20 ——- 4145 
Avril 45 4 205 26 Bis) 18 — 160 
Mai 17 8 205 26 7 45 — 188 
Juin 65 10 114 17 28 20 — A9 
Juillet 25 © 153 20 20 38 — 198 
Août 47 2 114 29 10 10 — 97 
Sept. 165 16 90 19 50 20 75 — 
Octobre 402 29 79 7 58 40 330 _— 
Novemb. 28 9 411 16 5 3 — 83 
Décemb. 54 {l 119 20 30 20 — 65 
Année 1455 99 4705 230 || 105 40 655 915 
Lac de Neuchâtel, 1863. 
S = & = Maximum Pendant le mois 
E = = S par jour. 
ë S = S pe 0 le lac 
Le) . x . S . a (44 
É È ë È S ë Haussé | Baissé 
= > esse: 2: IE ds de de 
mm OÙ om LE Col one mm mm 
Janvier 290 25 1 20 5 245 == 
Février 2% 110 A7 10 10 — 85 
Mars 74 193 62 13 20 10 19 — 
Avril 316 23 43 7 28 A1 CHE — 
Mai A1 6 196 24 15 45 _— 155 
Juin 180 45 75 fl 20 20 105 — 
Juillet 5 Ù | 320 28 5 35 — 315 
Août 61 4 911 23 20 20 — 150 
Sept. 805 16 110 12 || 940 18 695 ss 
Octobre 90 6 185 16 25 25 —— 95 
Novemb. 65 10 480 20 15 418 — 445 
Décemb. 93 3 187 925 10 45 — 164 
Année 1905 194 1684 193 240 35 1300 1079 


— 563 — 


Lace de Bienne. 


Le 31 décembre 1861, le lac était à 2715 millimètres. 

Le 31 décembre 1862, à 3005 millimètres. 

Et le 31 décembre 1863, à 2752 millimètres. 

Le lac a donc baissé en 1862, de 290 millimètres, et haussé 
en 1563 de 253 millimètres. 


Lac de Bienne, 1862. 


a ———— 
| |__| À ————— 


Année 1513 85 1803 246 180 4% 759 1049 


$ < , 2 Maximum Pendant le mois 
E LA à & REF JEU le lac 
Ÿ - bic . Ÿ . a a 
Z S == © 2 =. H l'An 
= 2 .2- à Z .2 ausse aisse 
È = à = È à de de 
| mm mm mm mm min mm | 
Janvier 449 15 154 45 180 Je 295 _ 
Février | 146 8 188 17 80 44 E 42 | 
Mars 43 2 138 25 9 11 — 126 
Avril 27 9 916 28 14 12 — 189 
Mai 0 0 221 30 0 44 — 291- 
Juin 79 41 71 16 921 8 8 — 
Juillet 10 ji 295 97 10 A2 — 215 
Août 32 6 40; <It LS A1 6 — 38 
Sept. 195 | 11 || 198 | 15 || 20 | 20 67 se 
Octobre 476 18 87 12 82 A4 389 -— 
OV. 35 4 163 23 12 45 —— 198 
Déc. 52 Hi 142 20 A4 410 — 90 


ee 


Janvier 
Février 
Mars 
Avril 
Mai 
Juin 
Juillet 
Août 
Sept. 
Octobre’ 
| Novemb. 
Décemb. 


Année 


Lac de Bienne, 1868. 


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S © = = par jour. 
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a “: a Fe S - a a 
> | < Me A La 2 - EL 
8 È 2 S 3 A Haussé | Baissé 
SS 2 à = | = | À de de 
mm nm nm nm min min l 
260 21 13 4 34 4 247 — 
45 9 138 17 14 19 — 93 
104 15 68 13 11 9 36 — 
336 23 46 7 34 10 290 — 
55 4 216 24 36 15 — 161 
190 15 114 13 31 14 76 — 
25 3 348 28 10 24 — 393 
41 6) 218 26 12 13 — 177 
724 20 26 5 147 9 698 — 
86 7 149 23 29 13 — 63 
63 9 170 20 9 13 — 107 
28 3 198 28 11 15 — 170 


1957 134% 1704 208 147 24 1347 109% 


Le 16 février 1862, le lac de Bienne est gelé devant Neuve- 
ville jusqu'à Cerlier; la glace a quatre lignes d'épaisseur. Le 
17, la glace est toute couverte de neige; le 18, dégel. 


Lae de Morat. 


Le 31 décembre 1861 le lac était à 2340 millimètres. 
Le 31 décembre 1862, à 2670 millimètres. 

En 1862, le lac a donc baissé de 330 millimètres. 
Le lac de Morat n’a pas été observé en 1863. 


— 965 — 


Lac de Morat, 1862. 


; 2 1 a Maxim Eu | bendant le mois 

S à S à par jour 

= "S 3 "D le lac 

= = S = M AE nl | 2 

> = © S à d ù : 

& È 2 È £ 2 Haussé | Baissé 

= = à | 2 |SlS de de 

mm mm mm mm mm mm 
Janvier 630 9 220 A1 240 80 410 = 
Février 830 2 350 13 || 160 60 ad. 129 
Mars 30 2 140 7 20 30 110 
Avril 100 3 450 13 40 70 2% 350 
Mai 60 1 110 6 60 20 Es 50 
Juin 90 4 100 5 30 30 es 10 
Juillet 20 (] 300 12 20 60 ps 280 
Août 10 1 30 3 10 10 #4 20, | 
Sept. 180 7 ° 70 2 40 40 110 A 
Octobre 670 10 20 1 150 20 650 — 
Nov. 0 0 520 16 0 60 7 520 
Déc. 50 2 90 4 30 30 n+ 40 


Année 2070 42 2400 93 240 70 1170 1500 | 


Température du lac de Neuchâtel. 


1862. 


Le 1 janvier l’eau du lac avait à sa surface une température 
de 4,7. Pendant le mois de janvier la température variait 
entre 5°,5 et 2°,3. Le 1 février l’eau était à 5°,7, elle a atteint 
son minimum les 10 et 11 février 1°,5, dès-lors le lac s’est ré- 
chauffé lentement; le 1 mars la température était de 4°,3; le 
1 avril de 6% ; le 1 mai de 10°7; le 1 juin de 18°,5; le T juillet 
de 17°3; le 1 août de 22°5: maximum de température de l’eau 
qui à été atteint dès le 30 juillet. Dès-lors l’eau s’est refroidie 
lentement; le 1 septembre elle était à 193; le 1 octobre à 
175; le 1 novembre à 125; le 1 décembre à 5°5 et le 31 dé- 
cembre à 6°, L'eau a atteint 18° le 31 mai et elle est restée à 


— 966 — 


cette température et au-dessus jusqu’au 18 septembre, à l’ex- 
ception de 16 jours en juin et de 8 jours en juillet, pendant 
lesquels la température flottait entre 18° et 16°, par des jours 
couverts et de pluie. 

La saison des bains a done été de 111 jours. Pendant ces 
111 jours l’eau était au-dessous de 18° pendant 24 jours, elle 
était à 18° pendant 1 jour en mai, 3 en juin, 6 en juillet, 2 
en août et 12 en septembre; à 19° peñidant 4 jours en juin, 4 
en juillet, 6 en août et 6 en septembre; à 20°, 4 jours en juin, 
3 en juillet et 11 en août; à 21°, 3 jours en juin, 7 en juillet 
et 7 en août; et à 22° ou 22°,5, 3 jours en juillet et 5 en août. 

La température de l’eau à la surface du lac est restée toute 
l’année au-dessus du minimum de la température de l'air, ex- 
cepté 3 jours en janvier, 4 jours en février, 9 jours en mars, 
5 en avril, 1 en mai, au total 22 jours. Le maximum de la 
différence entre le minimum du jour supérieur à la tempéra- 
ture du lac, et la température du lac a été de 2°,9. Le mini- 
mum de l'air et la température de l’eau étaient égaux les 7 
février, 17 et 19 mars et 11 avril. 

En comparant la température de l’eau au maximum de la 
température de l’air pendant la journée, on trouve que le lac 
a été plus chaud que l'air pendant 122 jours, soit 19 en jan- 
vier, 6 en février, 4 en avril, 7 en juin, 1 en juillet, 11 en 
août, 4 en septembre, 16 en octobre, 30 en novembre, 24 en 
décembre. Sept fois la température de l’eau était égale au 
maximum de l’air, savoir: 1 fois en janvier, 1 en février, 5 
en septembre et 2 en décembre. 


Température du lac de Neuchâtel. 


1863. 


Le 1 janvier, l'eau avait à sa surface une température de 
5°8. Pendant le mois de janvier la température n’est pas des- 
cendue au-dessous de 4°,7. Le 1 février l’eau était à 5°5 et elle 
a alteint le minimum, 5°,5, le 16 février ; le 1 mars la tempé- 


— 967 — 


rature était de nouveau de 58; le 1 avril de 73; le 1 mai de 
11%; le 1 juin de 165; le 1 juillet de 225; le 1 août de 20%5; 
le 10 août le maximum était de 25°; le 1 septembre l’eau était 
de nouveau à 21°, le 1 octobre à 16°; le 1 novembre à 12°,5 
et le 1 décembre à 8°5. 

L'eau a atteint 18° le 21 juin et elle est restée à cette tem- 
pérature et au-dessus jusqu’au 21 septembre, à l'exception de 
2 jours, les 14 et 15 septembre, où elle avait 17°,5. La saison 
des bains a donc duré 90 jours. Pendant ce temps, l’eau était 
au-dessous de 18°, 2 jours; à 18°, pendant 9 jours en septem- 
bre; 

à 19°, pendant 1 jour en juin, 4 en juillet, 4 en septembre; 

à 20°, 14 en juillet, 9 en août, 5 en septembre; 

à 21°, 3 jours en juin, 10 en juillet, 10 en août, 1 en sept.; 

à 22°, 3 en juin, 2 en juillet, 1 en août; 

à 23°, 1 en juillet, 4 en août ; 

à 24°, 6 en août; 

à 25°, 1 en août; 

La température de l’eau est restée au-dessus du minimum 
de la température de l’air pendant toute l’année, excepté 1 
jour en mai et deux jours en avril, en total 3 jours. Le maxi- 
mum de la différence entre le minimum de l’air supérieur à la 
température de l’eau du lac a été de 1°,5 le 12 avril, cette dif- 
férence n’était que 1°,0 le 30 mars et de 0°,5 le 23 avril. Le 7° 
mars, les deux températures étaient égales. 

En comparant la température de l’eau au maximum de la 
température de l'air, on trouve que le lac était plus chaud 
que l’air pendant 94 jours, savoir 18 en janvier, 4 en février, 
3 en mars, 1 en avril, 2 en mai, 2 en juin, 3 en juillet, 6 en 
août, 12 en septembre, 19 en octobre et 24 en novembre. 

Neuf fois la température maximum de l’air et la tempéra- 
ture de l’eau étaient égales, soit 1 jour en janvier, 2 en févr., 
1 en mai, 1 en juin, Î en juillet, 1 en octobre et 2 en novem- 
bre. 

Les observations régulières et journalières de la tempéra- 
ture du lac ont cessé Le 1 décembre 1863. 


— 968 — 


Séance du 7 avril 1864. 


Présidence de M. L, CouLon. pa 


M. de Rougemont WW un mémoire sur William Her- 
schell. Ille représente comme le naturaliste, le physi- 
elen et le cosmographe du monde sidéral. Il établit 
qu'après avoir d’abord vu dans chaque nébuleuse une 
galaxie, Herschell avait fini dans sa dernière disserta- 
lion par faire rentrer toutes les nébuleuses dans une 
sphère dont le diamètre serait celui de notre voie lactée, 
rétractation à laquelle personne n'aurait pris garde. 
Enfin partant d’une observation d’'Herschell sur le nom- 
bre extraordinaire des étoiles télescopiques, M. Rouge- 
mont expose les raisons diverses qui porteraient à sup- 
poser que notre galaxie est formée de couches concen- 
triques d'étoiles de plus en plus nombreuses, de moins 
en moins denses et de plus en plus rapprochées. 


M. Æopp fait une analyse de la Chimie agricole de 
“ Liebig. 


M. Desor présente un petit mémoire publié par or- 
dre du gouvernement italien pour servir de guide aux 
ingénieurs et dans lequel on donne comme exemple à 
suivre, la coupe des tunnels du Jura industriel , telle 
qu'elle a été publiée dans le tome IV de nos mémoires. 


Séance du 14 Avril 1864. 


" Présidence de M. L. CouLon. 


M. Paul Godet \it un mémoire sur /es caractères de 
supériorité des végétaux. Gette communication intéres- 


— 969 — 


L 1 


sante donne lieu à des observations de la part de MM. 
Desor , Ladame et Guillaume , docteur. 


M. L. Coulon rappelle les dons que feu M. G. Perre- 
gaux, notre collègue , a faits à plusieurs reprises à nos 
collections. Chaque voyage qu’il entreprenait était pour 
lui une occasion de faire servir son activité et ses res- 
sources à l'accroissement du musée de sa ville natale. 
C’est ainsi que nous avons acquis une foule d’objets in- 
téressants provenant d'Helgoland, de Suède, d'Egypte. 
Dernièrement M. Coulon examinant des bocaux rap- 
portés de Suez par notre jeune compatriote , et remplis 
d'animaux qu'il avait pêchés lui-même dans la mer Rou- 
ge, y a trouvé, avec surprise, plusieurs espèces de crus- 
tacés qui ne sont décrits ni dans le grand ouvrage de 
l'expédition française en Egypte, ni dans Milne-Edwards. 
Les crustacés rapportés par M. Perregaux sont les 
suivants : — Les n° 2, 3, 4,6, 8 et 9 sont nouveaux ou 
non déterminés. 
1° un petit crabe qui est le #rapezia ferruginea de La- 
treille, soit érapezia cymodoce de Savigny, repré- 
senté dans le grand ouvrage sur l'Egypte, pl. 5, £. 2; 

2° une espèce beaucoup plus petite qui est toute 
parsemée de points orangés, dont le front est den- 
telé de la même manière que l'espèce précédente : 
on pourrait l'appeler Trapezia punctata; 

3° un petit crabe aussi représenté dans l'ouvrage 
sur l'Egvpte, pl. 5, f. 6, c’est une £#2$e remar- 
quable par ses granulations ; 

4° un Pandalus, qui doit être nouveau ; il n’est pas 
représenté dans l’ouvrage indiqué plus haut ; 

5° un Pagure, c'est probablement l'espèce appelée 


— 910 — < 


par Savigny Pagurus Labilladieri , représentée 
pl. 9, f. 2 
6” une espèce d’Afhanase voisine du Mtescens de 
Leach; 1l est figuré dans l'ouvrage cité pl. 9, f. 4; 
7” une autre espèce d’Athanase plus petite que la 
précédente, appelée par Savigny A/hanase Ed- 
wardsu ; elle est figurée pl. 10, f. 1; 

8” et 9° Un Gonodactyle très voisin du chiragra ; une 
première variété est verdâtre avec six gros tubercules, 
arrondis sur le dernier segment de l'abdomen, le der- 
nier en a cinq allongés, celui du centre étant plus dé- 
veloppé. 

La seconde variété de Gonodactyle est de la même 
grandeur que la précédente, soit 4 centimètres de lon- 
gueur ; elle est jaune-verdâtre , toute pointillée de jau- 
nâtre ; elle à le même nombre de tubercules; les der- 
niers anneaux seulement sont ridés transversalement et 
comme granuleux. 


M. Desor présente des fragments de poteries de cou- 
leur rouge , faites au tour et d’une cuisson complète. 
Dans le nombre se trouve un échantillon d’une pâte ex- 
trêmement fine, d’une facture très habile et portant des 
dessins en relief. Au premier abord, on le prendrait pour 
une poterie étrusque , tant l’exécution en est soignée. 
M. Desor n’a rien d'aussi délicat dans sa collection. Ces 
fragments ont élé trouvés au milieu de la Broye, parmi 
des pilotis formant une station vis-à-vis du village de 
Joressens au pied du Vuilly. 


M. Desor présente plusieurs dessins faits par M. et 
M°° Favre et représentant , de grandeur naturelle , une 


— 911 — 


partie des antiquités trouvées à la Têne. Sur la propo- 
sition de M. le Président, on décide de prier le comité 
des Amis des arts, d'accueillir ces dessins dans l'exposi- 
tion de peinture qui s'ouvrira prochainement dans notre 
ville. M. Desor témoigne l'intention de les utiliser dans 
une monographie qu’il destinerait à la prochaine publi- 
cation des mémoires de la Société. 


Le méme annonce qu’on a trouvé dans l'intérieur de 
la ville de Parme des traces de pilotis dont M. de Mor- 
tillet lui a envoyé le plan. En fouillant le sol, on ren- 
contre à la surface la tourbe , puis ce terrain de détri- 
tus, nommé dans le pays {erra-mara; au-dessous une 
couche de cendres et de charbons , encore une couche 
de terra-mara et enfin les pilotis en deux étages, comme 
si à deux époques différentes on eût fait usage d’un 
pareil mode d'habitations. La plupart de ces pilotis, qui 
ont la pointe encore fichée dans le sol, sont inclinés dans 
le même sens. 

Les monuments druidiques et les blocs à sillons et à 
écuelles, qui ont été signalés chez nous, ont aussi attiré 
l’attention des savants italiens et les ont engagés à diriger 
leurs recherches sur les objets similaires qui peuvent 
se trouver chez eux. L'éveil donné, ils n’ont pas tardé à 
trouver sur divers points des monuments exactement 
semblables aux nôtres et qui n’avaient pas encore été 
remarqués. Ceux qui paraissent dominer sont les crom- 
lechs ou pierres disposées en cercle. 


M. Xopp donne connaissance des travaux de nivelle- 
ment qu’il a faits, le 20 juillet 1863, avec M. Guinand, 
ingénieur , pour déterminer la hauteur du niveau de la 


— 912 — 


cuvelle du baromètre de la station météorologique de 
Chaumont , placée dans la maison Jeanneret, dite mai- 
son d'école de Chaumont. Les instruments dont ils se 
sont servis étaient une lunette et une mire parlante, 
fournis par le bureau des travaux publics de l'Etat. 

Le point de départ était la cote de la terrasse sud du 
Château ou hôtel de Chaumont, donnée par la Commis- 
sion météorologique fédérale à 1087 mètres au-dessus 
de la mer. Le nivellement s’est fait de là vers la maison 
d'école. On a trouvé que le seuil de la porte de la mai- 
son d'école , angle ouest, facade nord , était à 61" 068 
au-dessus du-point de départ. 

La hauteur de la cuvette du baromètre installé dans 
celle maison, au 1° étage, à 65" 068. 

La tablette du signal Jeanneret , à 52" 400. 

De là, le nivellement a été continué, en contournant 
le bois et les maisons, en passant du côté du nord, vers 
le signal géodésique de Chaumont , et on a trouvé la 
borne au milieu de la terrasse du signal sud de Chau- 
mont à 84"553; ce qui donne en mètres au-dessus 
de la mer: | 
Terrasse sud du château . . . . . 1087"000 


Tablette du signal Jeanneret  . . . . 1139" 400 
Seuil de la porte de la maison d'école . 1148" 068 
Hauteur de la cuvette du baromètre . . 1152" 068 
Borne du signal géodésique . . . 1171553 


M. d Giesrald donne 1172 m. pour la hauteur du 
signal géodésique et militaire de Chaumont. 

Il y a au Château deux terrasses , l’une pavée, plus 
élevée que la terrasse macadamisée de 0 m.° 75. Le ni- 
vellement à été fait à partir du sol macadamisé et recou- 
vert de gravier. 


j — 913 — 


M. Hirsch insiste sur la nécessité de connaitre exac— 
tement la hauteur de Chaumont; il se propose d’appli- 
quer les observations barométriques de Chaumont et 
de l'observatoire cantonal, à la mesure de la hauteur de 
la montagne , afin de profiter de la situation éminem- 
ment favorable de ces deux stations, pour comparer les 
résultats des deux méthodes. Il demande donc le con- 
cours de M. G. Guillaume, conseiller d'Etat, et du per- 
sonnel du Bureau des travaux publics, pour laider à 
faire le nivellement de la montagne pendant le courant 
de l'été. 

M. Ladame demande si on ne pourrait pas remplacer 
avantageusement la méthode des coups de niveau suc- 
cessifs par des mesures d’angles de hauteur et une trian- 
gulation. M. Hirsch répond qu'il se propose d'employer 
les moyens géodésiques conecurremment aux autres pour 
la vérification du travail. 


— 014 — 


EXAMEN 


DES PRINCIPAUX CARACTÈRES DE SUPÉRIORITÉ 
CHEZ LES VÉGÉTAUX 


par M. P. GODET. 


I 


À quoi reconnaît-on qu’un être est supérieur à un autre ? 

Cette question occupe depuis longtemps les naturalistes, 
mais c’est surtout chez les animaux qu'ils ont cherché à dé- 
couvrir les caractères de la supériorité. Le règne animal, en 
effet, nous présente un point de comparaison sûr, nous y trou- 
vons l’homme qui est, de l’aveu de tous, le terme de la créa- 
tion, l'être le plus parfait qu’elle ait produit. 

Etudions done l’homme et nous apprendrons ce qu’est l'être 
supérieur, quelles conditions il doit réaliser et de quels orga- 
nes il doit être pourvu pour remplir la place élevée qu'il est 
destiné à occuper sur la terre. | | 

Et d’abord, dans ce domaine, distinguons les caractères 
visibles et matériels, des caractères abstraits et immatériels. 
Ces derniers ne nous occuperont que peu: comme je désire 
comparer les animaux aux végétaux, leur importance est 
beaucoup moindre, d'autant plus que, le plus souvent, ils se 
traduisent dans l’organisme, par des caractères matériels cor- 
respondants. 


1. Caractères abstraits ou immatériels. 


Le propre d’un être supérieur c’est d’être Zibre, mais la 
liberté ne peut exister qu’à cértaines conditions : la première 


— 019 — 


condition de la liberté c’est l’individualité; celle-ci, à son tour, 
suppose la faculté de se dominer, de se posséder. Z’individu 
libre, par excellence, c’est l’être qui se possède lui-même, 
qui domine parfaitement ses penchants et ses instincts. Or, 
l'être ne peut se posséder lui-même s’il n’en a la volonté ou si 
cette volonté est forcément au servicec de l'instinct. En outre, 
pour résister à toute impulsion naturelle, il faut un motif 
puissant, et par conséquent une éntelligence, une raison, une 
conscience, un goût, etc., capables d'apprécier ce motif. Ces 
facultés interviendront done dans l’acte de la décision et con- 
firmeront ou annuleront l'impulsion de l'instinct. 

La prédominance de la volonté sur l'instinct, à l’aide de 
certaines facultés, sera donc un des caractères distinctifs de 
l'être supérieur et la condition de sa liberté et de son indivi- 
dualité. 

Mais une fois que l’être se sera conquis, qu’il sera devenu 
un individu parfait, que fera-t-il de sa liberté? il se donnera 
lui-même. De là la vie en commun, la vie en société qui rap- 
proche les êtres supérieurs et qui, pour n'être pas un esclavage, 
doit être voulue librement, sous l'impulsion de la sensibilité 
et de l’amour. (!) : 

La liberté se développe donc dans deux directions: 

1° celle de la variété, de l’individualisation, et 

2e celle de l’unité sociale, de l'association libre arrivant ainsi 
à la perfection qui est la variété dans l’unité. 

Les caractères immatériels de l’être supérieur sont donc: 

1. La liberté et sa condition l’individualité. 

La faculté de se dominer. 
La volonté. 
L'intelligence, la conscience, ete. 

2. La vie libre en société avec sa condition: la parole, et son 

mobile: la sensibilité. 

À mesure que nous descendons dans la série animale, nous 
voyons ces caractères se perdre de plus en plus, et d’abord la 
liberté et l’individualité. 


(*) Ces idées demanderaient à être développées plus que ne le permet 
l’espace restreint qui m'est accordé. Je ne donne donc ici qu'un exposé 
succint de ma manière de voir, me réservant d'appuyer cette théorie par des 
faits et de l’exposer plus au long dans la suite, si cela est nécessaire. 


— 76 — 


Les animaux supérieurs les plus voisins de l’homme n'ont 
déjà plus qu’une liberté apparente, ils sont esclaves de leurs 
instincts auxquels leur volonté est ordinairement asservie. 
Dès-lors l'intelligence n’a que faire d'intervenir, elle ne ser- 
virait d’ailleurs qu’à leur donner la conscience de leur infé- 
riorité; sans doute l’individualité existe encore, mais à un de- 
oré inférieur. Les individus sont distincts les uns des autres, 
ils ne vivent pas forcément en société, mais voilà tout. 

Descendons plus bas encore. Au milieu d'êtres plus ou moins 
individualisés, nous en trouvons qui sont forcément rappro- 
chés les uns des autres soit par l'identité de leurs besoins, 
soit par la nécessiié de se compléter réciproquement, soit par 
l'union intime et matérielle des individus groupés en une co- 
lonie (polypes). Parfois et tout au bas de la série, ce qu’on 
est tenté d'appeler individu est en réalité autre chose: un in- 
fusoire, par exemple, se partage en deux, chacune des moi- 
tiés se divise à son tour et, en définitive, l'animal mère se 
trouve n'être qu’une réunion d’individualités Jlatentes mais qui 
se sépareront plus tard. A joutons que chez ces êtres inférieurs 
la volonté n’est que la servante de l'instinct et ne se rapporte 
plus qu'aux besoins pressants de la nature. 


2, Caractères matériels. 


Les caractères abstraits dont nous avons parlé plus haut, 
sont en rapport avec tout un organisme qui leur sert d’inter- 
médiaire pour agir sur le monde sensible. Le corps porte tou- 
jours l'énpreinte de la supériorité de l’être; nous pouvons donc 
conclure de la perfection plus ou moins grande de l’organi- 
sation, au rang plus où moins élevé de l'individu dans la clas- 
sification. 

Or, tout être bien conformé et par conséquent pt 
doit hoésédr les organes suivants: 

1. Un élément nerveux, intermédiaire entre la volonté et ses 

organes. 

2. Des organes des sens et de mouvement. 

3. Des organes de nutrition (sécrétion, circulation) et de res- 
piration. 


— 911 — 


4, Des organes de reproduction. 

Mais parmi ces organes, il y en à qui sont nécessaires à la 
vie de l'individu et d’autres qui ne sont indispensables qu’à la 
vie de l'espèce. 

L'individu pour vivre doit absolument posséder: 

1. L'élément nerveux. 

2. Des organes de nutrition, 

de sécrétion, 
de circulation. 

Les organes de reproduction ne sont nécessaires qu'à la vie 
de l'espèce, et ceux des sens et du mouvement ne le sont ni à 
la vie de l'espèce ni à celle de l'individu. Or, chez les êtres 
supérieurs c’est l'individu qui importe, aussi voyons-nous le 
nombre des espèces diminuer à mesure que nous nous élevons 
dans la série animale. Les caractères tirés des organes de la 
vie individuelle précéderont donc en importance les caractè- 
res tirés des organes de la vie de l'espèce. 

D’après ces principes, une saine classification animale de- 
vra se baser sur les organes de la volonté, de la nutrition, de 
la respiration, plutôt que sur ceux de la reproduction. Ce sont 
donc ces organes plus importants que nous avons surtout à 
examiner. 

Remarquons d’abord qu'un grand nombre d'organes sembla- 
bles, appropriés à la même fonction, constitue toujours un ea- 
ractère d'infériorité. 

Les organes nécessaires à la vie (digestion, respiration, cir- 
culation, etc.), sont toujours en petit nombre, mais parfois ils 
ne sont pas distincts les uns des autres. Chez les êtres infé- 
rieurs, en effet, ces différentes fonctions sont remplies par 
des parties d’un seul et même organe. Peu à peu nous voyons 
les fonctions se localiser, des appareils indépendants prendre 
naissance et enfin les êtres supérieurs nous présenter autant 
d'organes bien conformés que de fonctions spéciales à remplir. 

Ainsi donc, le grand nombre des fonctions et des organes qui 
leur correspondent, est un caractère de supériorité. 

Les organes des sens et du mouvement, bien que n'étant pas 
indispensables à la vie de l'individu, sont soumis à la même 
loi que ceux dont nous venons de nous occuper. Ici encore la 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 38 


— 918 — 


supériorité se montrera dans le nombre des fonctions à rem- 
plir, et dans l’apparition d'organes propres à chaque fonction. 
Chez les animaux supérieurs par exemple, la vue, louïe, le 
goût, l’odorat auront chacun leur appareil spécial; tandis que 
les animaux inférieurs pourront manquer de l’un ou l’autre 
de ces organes ou de plusieurs d’entr’eux. Mais là où ils exis- 
teront, leur nombre pourra varier beaucoup. Certains Mollus- 
ques nous présentent un grand nombre d’yeux, ou bien, s’il 
s’agit d'organes du mouvement, certains Articulés possèdent 
un nombre considérable de pattes, ces animaux sont-ils su- 
périeurs aux autres? non. Les êtres supérieurs n’ont jamais 
comme nous l’avons dit, qu’un petit nombre d'organes affectés 
à une seule et même fonction. Les vertébrés supérieurs ont 
2 ou 4 membres, 2 yeux, 2 oreilles, une langue, ete. On peut 
done admettre qu’un grand nombre d'organes semblables, 
remplissant la même fonction, est un caractère d’infériorité, 
en remarquant que ce ne sont que les organes de la vie de 
relation qui peuvent ainsi augmenter de nombre, chez les êtres 
les plus inférieurs. | 

Un autre caractère de supériorité c’est l’union intime des 
parties protectrices et de celles qui président à l’unité dans 
l’'accomplissement des fonctions (système nerneux, crâne). Il 
y a des êtres inférieurs chez lesquels rien n’est séparé, rien 
n’est développé: ce n’est pas une synthèse, un rapprochement, 
c'est une unité d’un ordre inférieur, un type embryonique 
comme l'appelle M. Guyot. À mesure que nous montons dans 
la série nous voyons les organes en question présenter des 
parties distinctes, mais sans lien intime les unes avec les au- 
tres, tandis que chez les êtres vraiment supérieurs ces parties 
se rapprochent, se soudent et constituent un tout harmonique. 
Pour éclaircir ce point, comparons le système nerveux des 
différentes classes d'animaux. x 

Les [nvertébrés inférieurs ont, pour ainsi dire, plusieurs 
centres nerveux, soit que ces centres présentent une disposi- 
tion rayonnée, soit qu’ils soient répartis sans symétrie dans 
le corps, soit qu’ils viennent se ranger les uns derrière les 
autres. Déjà chez les Insectes, nous voyons plusieurs de ces 
centres se rapprocher, comme cela à aussi lieu chez les Mol- 


— 979 — 


lusques supérieurs, mais ce n’est là qu’un commencement de 
synthèse. | 

Les Vertébrés nous présentent un autre ordre de choses. 
Ici nous n’avons plus qu’un seul centre important , sans lequel 
la vie est impossible. Mais ce centre lui-même peut présenter 
des degrés différents de synthèse. Chez les Poissons, les par- 
ties du ceryeau sont séparées, sans lien intime, parfois elles 
sont à une distance notable les unes des autres; déjà chez les 
Reptiles elles se rapprochent; chez les Oiseaux elles forment 
un tout, cependant il n’existe pas encore de corps calleux qui 
les réunisse intimément; chez les Mammifères inférieurs (Di- 
delphes), ce corps calleux ne se trouve pas non plus; mais 
chez les Mammifères supérieurs il existe, il lie, il unit intimé- 
ment les parties et rend la synthèse aussi parfaite qu’elle doit 
l'être. 

Le cerveau est protégé par les os du crâne; chez les Poïis- 
sons ces os sont nombreux, plusieurs d’entr'eux, soudés en un 
seul os chez les Vertébrés supérieurs, sont ici distincts et sé- 
parés. À mesure que nous nous élevons, nous voyons les os de 
la tête tendre à se réunir, à se souder les uns aux autres, pour 
former une:boîte solide et capable de protéger un cerveau 
bien organisé. Cependant cette soudure des os de la tête ne 
doit pas dépasser certaines limites; elle ne doit pas s'opposer 
au développement du cerveau. Aussi chez l’homme la soudure 
complète est-elle plus lente que chez les singes ou chez les 
races dégradées, quoique, comparativement aux Poissons, elle 
soit incontestable, etc. 

Les organes reproducteurs, nécessaires à la vie de l'espèce, 
sont distincts et séparés chez les êtres supérieurs. Ceux-ci sont 
dioïques. L’hermaphroditisme est un caractère d’infériorité, 
de même que la reproduction asexuelle ou par génération 
alternante. Ce fait est si évident que je n’ai pas besoin de 
m'y arrêter davantage. 

Maintenant, pour nous résumer, voici les caractères de 
supériorité que l'étude des organes des animaux nous à per- 
mis de constater : 

1. Variété des fonctions et conséquemment des organes 
qui remplissent ces fonctions. 


— 080 — 


2. Nombre restreint (1, 2, 4), des organes identiques ,‘ap- 
propriés au même but, et surtout de ceux qui ne sont pas 
d’une nécessité absolue pour la conservation de la vie. 

3. Soudure des parties protectrices et rapprochement sans 
confusion de celles qui président à l'unité dans l’accomplisse- 
ment des fonctions. 


Il 


Cherchons maintenant à appliquer ces principes aux végé- 
taux, pour voir si nous n’arriverons pas à quelques indications 
sur ce qu’il faut regarder comme indice de supériorité chez 
ces êtres inférieurs. 

Il est curieux d’observer que pendant longtemps on n’a 
point songé à comparer les végétaux aux animaux au point 
de vue dont je m'occupe. On regardait le domaine de la bota- 
nique comme si différent de celui de la zoologie, que l’on n’o- 
sait appliquer à l’un la mesure qu’on avait trouvée pour l’autre. 

Nous pensons depuis longtemps qu'il n’en doit pas être 
ainsi. Les animaux et les végétaux ont, il est vrai, un rôle dif- 
férent à remplir, mais le plan général de la création se retrouve 
dans les détails, les analogies se présentent naturellement 
dans des domaines séparés, comme il serait facile de le faire 
voir, et rien ne nous autorise à croire que le plan du règne 
animal soit autre que celui du règne végétal, une fois la dif- 
férence fondamentale admise. 

Une brochure de M. Planchon est venue, il y a quelques 
années, confirmer nos idées à ce sujet. L'auteur pense avec 
nous que les caractères de supériorité sont les mêmes dans les 
deux règnes comme nous allons tâcher de le démontrer. 

Les végétaux nous présentent les caractères généraux sui- 
vants: 

Ce sont des êtres attachés au sol qu’ils recouvrent comme 
d’un tapis; chez eux donc point d'organes de la volonté, point 
d’élément nerveux ni de mouvement volontaire, point d’or- 
ganes de la vie de relation. Iei la vie est toute végétative. Nous 
trouvons chez eux des organes nutritifs, respiratoires et re- 
producteurs, mais c’est là tout. , 


— 981 — 


De plus et conséquemment, point d’individualité ni de li- 
berté. Ce qui importe chez les végétaux, c’est l'espèce et non 
les individus; aussi le type du végétal, c’est la colonie com- 
posée d'êtres hermaphrodites. C’est pourquoi la classification 
végétale doit se baser sur les caractères de la vie de l'espèce, 
sur les organes de la reproduction plutôt que sur ceux de la 
vie individuelle ("). Mais dans le règne végétal aussi, la sim- 
plicité primitive et embryonique des êtres est un caractère 
d’infériorité. Voyez ces Algues microscopiques et unicellulaires, 
réunions d'individualités qui ne se sépareront que plus tard 
par une simple division. Voyez ces Algues marines, ces Li- 
chens, ces Champignons avec leurs thallus cellulaires, servant 
à la fois de tiges, de feuilles, de supports pour les fruits. Mais 
déjà, de nouveaux organes apparaissçnt, la tige, les feuilles, 
le fruit, tendent à se spécialiser, et peu à peu, par un progrès 
lent mais marqué, nous arrivons aux végétaux les plus par- 
faits, riches én organes distincts, remplissant chacun leur 
fonction spéciale. Les Cryptogames, avec leur organisation 
simple, leur reproduction tantôt sexuelle, tantôt asexuelle, 
tantôt alternante, constituent done chez les végétaux le type 
inférieur. L 

Chez les Fougères cependant et chez quelques elasses voi- 
sines, l'apparition des vaisseaux vient inaugurer un nouvel 
ordre de choses. Maïs poursuivons ce progrès plus avant. 

. Nous trouvons ensuite les Gymnospermes (Conifères, Cyea- 
dées). Ici nous avons fait un pas de plus. La tige est bien dis- 
tincte des feuilles, la fleur s’est séparée des autres organes. 
Elle est encore très-simple, mais on y reconnaît des étamines 
et des graines. Ces dernières ne sont encore que faiblement 
protégées contre les agents extérieurs, une simple éeaille les 

(*) Comparez la classification animale : 
Vertébres : un système nerveux cerebro-spinal; 
un squelette articulé intérieur ; 
des organes des sens et du mouvement symétriques, etc. ; 
«invertébrés : pas de système nerveux cerebro-spinal, etc. ; 
Avec celle des végétaux : 
Phanérogames : fleur distincte, présentant des étamines et des pistils, or- 
dinairement hermaphrodite ; : 


Cryptogames: fleur dépourvue d’étamines et de pistils; 
génération alternante , etc. 


— 582 — 


recouvre. Les organes reproducteurs (mâles et femelles), sont 
il est vrai séparés et portés sur des inflorescences distinctes; 
mais c’est ici plutôt un obstacle à la fécondation qu’un avan- 
tage réel. Combien de grains de pollen se perdent, entraînés 
par les vents, lein du but qu'ils devraient atteindre. Ici pas 
de vaisseaux, mais des fibres réunis en un anneau ligneux. 
Le passage de la sève se fait de l’un à l’autre de ces fibres et 
est facilité par des amincissements des paroïs de cellules, 
semblables à des séries de points transparents. La germina- 
tion se fait avec le concours de cotylédons ordinairement 
nombreux; ce fait ne constitue pas cependant un caractère de 
supériorité, pas plus que le grand nombre des pattes d’un 
Myriapode, ou des yeux d’une araignée. 

D’autres caractères encore montrent l’infériorité relative 
des phanérogames gymnospermes. 

Les Monocotylédones, qui leur succèdent dans la série, ont 
une tige distincte des feuilles et une fleur bien éonformée. Ce- 
pendant les parties protectrices sont encore bien semblables 
les unes aux autres, au point que le plus souvent on ne peut 
distinguer un calice et une corolle. Les feuilles aussi, avec 
leurs nervures simples ou à peine ramifiées, ont un caractère 
d'infériorité marquée. 

La tige nous présente de nombreux faisceaux fibro-vasculai. 
res, non encore réunis en un anneau ligneux maïs bien autre- 
ment développés que ceux des Cryptogames supérieurs. Enfin 
la germination ne se fait avec le concours que d’un seul coty- 
lédon. 

Dès-ici une difficulté se présente: nous voyons apparaître 
un ovaire, renfermant et protégeant les germes; cet ovaire 
tantôt est libre dans la fleur, tantôt il est soudé au périanthe 
qui l'entoure comme d'une seconde enveloppe. Les Monoco- 
. tylédones à ovaire libre ou supère, sont-ils inférieurs ou su- 
périeurs à ceux à ovaire soudé ou infère? Nous discuterons 
cette question dans un instant, à propos des Dicotylédones. 

Les Dicotylédones succèdent aux Monocotylédones dans l’or- 
dre que nous avons adopté. Ce sont évidemment les végétaux 
les plus parfaits, par la richesse relative des organes et des 
fonctions à remplir. La tige nous présente un anneau ligneux 


— 983 — 


fibro-vasculaire, des vaisseaux, des trachées et souvent des 
vaisseaux laticifères. Les feuilles simples ou découpées de mille 
manières, nous montrent un réseau compliqué de nervures. 
La fleur hermaphrodite ou unisexuée est souvent revêtue 
de 2 enveloppes protectrices distinctes; le nombre des coty- 
lédons s’élève à deux; enfin tout nous indique une supériorité 
évidente. Aussi les naturalistes sont-ils d'accord à ce sujet. 
Mais nous divisons ces dicotylédons en 3 grands groupes 
naturels: 
1. Les Apétales , (Monochlamydées). 
2. Les Polypétales, (Dialypétales). 
3. Les Monopétales, (Gamopétales). 
Les uns ont l’ovaire infère, les autres l'ovaire supère. Dans 
quel ordre placerons-nous ces 3 classes ? 


De Candolle a écrit ceci: 


« Puis donc qu'il est en soi-même absolument indifférent 
de commencer la série par une extrémité ou par l’autre, je 
crois que c'est ici le cas de céder à la commodité de l'étude 
et de disposer le règne végétal d’après le même principe que 
le règne animal; c’est-à-dire en commençant par la classe la 
plus compliquée, celle des Dicotylédones et en finissant par 
celle qui paraît l'être le moins, celle des Acotylédones. 

» La manière dont j'ai considéré plus haut les degrés de 
complication des êtres, me donne un moyen fort simple de 
distribuer les familles dans chaque classe. Je placerai done 
au premier rang les Dicotylédones qui ont le plus grand nom- 
bre d'organes distincts et séparés les uns des autres, et à mesure 
que je verrai des familles où quelques-uns de ces organes se sou- 
dent ensemble et par conséquent disparaissent en apparence, je 
les rejetterai dans les rangs inférieurs. » 

(Théorie élémentaire de la botanique. Liv. ITI. Chap. VIL. $ 204). 


D’après ce principe, l’auteur place eu tête les Dicotylédones 
Thalamiflores, (Renonculacées, etc.) ou végétaux « à plusieurs 
pétales libres attachés au réceptacle. » 

En effet, chez les Renonculacées, qui d’après ce système sont 
à la tête de tout le règne végétal, toutes les parties des or- 
ganes reproducteurs, (les premiers en importance dans le 


— 984 — 


LI 


végétal), sont libres et séparées. Le réceptacle porte un calice 
composé de sépales distincts, une corolle formée de plusieurs 
pétales indépendants les uns des autres, des étamines libres, 
des carpelles sans adhérence entre eux ni avec les parties de 
la fleur. 

Nous avions raison de dire que les naturalistes n'avaient 
pas osé appliquer au règne végétal la mesure du règne animal, 
sans cela une appréciation semblable à celle qui précède au- 
rait été impossible. 

Avant tout, constatons dans la fleur, des organes indispen- 
sables à la vie de l'espèce, (pistil, étamines), et d’autres qui 
sont simplement utiles (pétales et sépales). Nous avons vu 
que chez l'animal, un grand nombre d’organes semblables, 
appropriés au même but, n’était point un caractère de supé- 
riorité, Or les pétales, les sépales peuvent manquer à la fleur, 
chacun d'eux pris à part n’est pas approprié à une fonction 
spéciale et différente de celle de ses congénères; le grand 
nombre de ces organes ne doit done point être considéré com- 
me un caractère de supériorité, pas plus que leur liberté, leur 
séparation. En effet, la liberté des organes est autre chose 
que la liberté des individus. Dirons-noûs qu’un poisson est 
supérieur à l’homme parce que les parties de son cerveau ou 
de.son erâne sont plus nombreuses et moins intimement unies ? 
Non! nous avons reconnu chez les êtres vraiment supérieurs 
la synthèse, la soudure des organes protecteurs comme le sont 
les pétales et les sépales, aussi bien que lunion, le rappro- 
chement des organes de la vie supérieure. Chez les végé- 
taux cette vie supérieure est celle de l’espèce; les organes 
supérieurs seront donc ceux de la reproduction. 

Or, cette soudure des parties protectrices et ce rapproche- 
ment des organes reproducteurs, c’est chez les Monopétales 
qu'on les rencontre et surtout chez ceux à ovaire infère. Et 
ceux chez lesquels ce caractère se présente de la façon la 
plus évidente, sont les Composées (Reines- Marguerites, tour- 
nesols, etc.). lei la fleur est monopétale, les étamines soudées 
à la corolle sont réunies par leurs anthères, l'ovaire est infère, 
soudé au calice qui se modifie de plusieurs manières; de plus 
toutes les fleurs sont rassemblées en colonies sur un réceptacle 


— 989 — 


commun et constituent des réunions de sexe souvent diffé- 
rents. Ici donc la synthèse a atteint son maximum. 

Remarquons en outre la richesse des organes spéciaux 
dans cette famille: cellules, vaisseaux, tubes laticifères, tra- 
chées, etc. Ld 

Nous considérerons done les Composées comme les végé- 
taux supérieurs, et nous serons d'accord sur ce point avec 
plusieurs botanistes. 

La question d’individualité est difficile à résoudre chez les 
végétaux. lei le type, c’est la colonie dans laquelle l'individu 
est sacrifié. Toutefois on pourra admettre que dans les colo- 
nies extrêmement nombreuses, (les arbres, par ex.), l’indivi- 
dualité est plus sacrifiée que dans les colonies peu nombreuses 
ou chez les individus isolés. Mais ici une question se pose: 
Qu'est-ce que l'individu végétal ? Diverses considérations, que 
l'étendue de ce travail ne nous permet pas de développer iei, 
nous portent à admettre que l'individu végétal, c’est le bour- 
geon qui se développe en un rameau feuillé, et que la fleur 
n’est qu’un organe reproducteur. Or chez les Composées, les co- 
lonies sont en général peu nombreuses, les arbres sont très- 
rares dans cette famille, (Robinsonia, Balbisia, etc.) et n’ha- 
bitent que les pays chauds. Ce sont les organes de reproduc- 
tion (fleurs), qui sont groupés en un tout harmonique, sans 
cesser pour cela d’être distincts les uns des autres. Cette réu- 
nion de fleurs distinctes et de sexe différent ne préfigure-t-elle 
pas les associations libres des êtres supérieurs ? 

Un tableau comparatif fera mieux saisir les rapports et les 
différences que présentent les deux règnes à ce point de vue. 


ANIMAL. PLANTE. 
INDIVIDU. ESPÈCE. 3 
Caractère distinctif: individualité. Absence d’individualité (colonie). 
Prédominance : vie de l'individu. Vie de l’espèce. 


Organe important: élément nerveux | Organes reproducteurs. 
(organe de la volonté). | 
Chez les animaax supérieurs, le cen- | Chez les végétaux supérieurs le cen- 
tre nerveux. unique a ses parties| tre reproducteur unique (capitule) 
distinctes, mais rapprochées les| porte des organes distincts, mais 
unes des autres et unies d’une ma-| rapprochés en une colonie ordinai- 
nière intime. rement nombreuse. 


— 086 — 


MM. Desor, professeur, et Guillaume, Dr. en médeciné, qui 
ont bien voulu entendre la lecture de ce travail et m’aïder de 
leurs conseils, m'ont signalé encore plusieurs caractères inté- 
ressants de supériorité; je ne ferai que les mentionner ici, 
espérant qu'ils voudront bien les développer eux-mêmes dans 
quelque travail subséquent. 

En général, la protection plus grande accordée aux germes 
est une marque de supériorité aussi bien que le petit nombre 
de ces germes. Or chez les Composées , la graine wnique est 
renfermée dans un ovaire soudé au calice et dont l'enveloppe 
se durcit comme du bois. 

Les êtres supérieurs sont ordinairement envahissants. Voyez 
la race blanche étendre partout son influence et porter dans 
tout le monde sa civilisation et la supériorité de son intelli- 
gence. — Aucune plante n’est plus envahissante que la Com- 
posée. Laissez un lieu inculte, vous le verrez bientôt couvert 
de Seneçons, de Dents-de-lion, etc., contre lesquels les jardi- 
niers ont bien de la peine à se défendre. 

Les climats tempérés sont, en général, le séjour des êtres 
supérieurs, placés comme des intermédiaires entre les deux 
natures extrêmes. Voyez encore la race blanche. Les Compo- 
sées se trouvent surtout dans les contrées tempérées, depuis 
‘ la plaine jusqu’au sommet des montagnes, depuis les lieux 
marécageux jusque sur les rochers arides. 

La facilité avec laquelle se fait la reproduction, la probabi- 
lité d’un résultat de la fécondation, marque aussi une supério- 
rité. À ce point de vue les Apétales dioiques (saules, ete.) ne 
doivent point être considérés comme supérieurs, car leur dioï- 
cisme est un obstacle à la facilité de la reproduction. Pour 
que ce dioïcisme ne s'oppose pas à une fécondation facile, il 
faut que, comme chez les Composées, les fleurs mâles et femelles 
soient rapprochées les unes des autres, tout en restant dis- 
tinctes. 

Sans doute, ce que nous disons ici doit être pris d’une ma- 
nière générale; l’importance de ces caractères diminue si on 
les considère isolément, mais leur réunion et leur comparai- 
Son me semble donner quelque probabilité à la thèse que je.- 
soutiens ici. En résumé, voici d’après ces considérations pure- 


— 987 — 


ment théoriques, l’ordre d’arrangement des principaux types 
du règne végétal. (Nous allons des groupes les plus imparfaits 
à ceux qui nous semblent présenter les caractères de la supé- 
riorité). 
[7 embranchement: Cryptogames. 

1r° classe: Algues. 

2m  » Champignons. 


gne _ » Lichens. 
dme, ; ,» Mousses. 
5me  » Fougères. 


Gme _»  Equisetacées, etc. 
If°e embranchement: Phanérogames. 
17 classe: Gymnospermes. 
2m »  Monocotylédones. 
1) à ovaire supère: Glumacées, Spadiciflores et beau- 
coup de Liliflores, etc. 
2) à ovaire infère: quelques Liliflores, Scitaminées , Or- 
chidées. à 
3% classe: Dicotylédones. 
1" sous-elasse: Apétales. 
2 » Polypétales. 
+ a) Polypétales à ovaire supère : 
Famille des Renonculacées. 
» des Légumineuses, etc. 
b) Polypétales à ovaire infère : 
Famille des Rosacées. 
» des Pomacées, etc. 
» . des Ombellifères. 
3e sous-classe : Monopétales. 
a) Monopétales à ovaire supère: 
Famille des Primulacées, etc. 
b) Monopétales à ovaire infère : 
Famille des Caprifoliacées. 
» des Rubiacées et des Valérianées. 
» des Composées. 


On voit d’après ce résumé que l’admirable famille des Or- 
chidées, ces singes du règne végétal, se trouvent à la tête des 
Monocotylédones, C’est aussi dans cette famille que la fleur 


— 088 — 


irrégulière tend à présenter, comme les êtres supérieurs, une 
symétrie bilatérale. Parmi les Dicotylédones , les Apétales sont 
inférieurs. [ci les enveloppes protectrices manquent plus ou 
moins complètement, les colonies sont nombreuses et souvent 
les sèxes sont séparés. Puis viennent les Polypétales, dont la 
fleur ordinairement complète présente des organes protec- 
teurs à parties libres et souvent nombreuses. Et d’abord les 
Polypétales à ovaire supère (Renonculacées, Légumineuses, etc.), 
puis ceux à ovaire infère (Rosacées, Pomacées, etc.), et à 
leur tête les Ombellifères avec leurs fleurs réunies en colonies, 
mais d’une manière moins intime que celles des Composées. 
Enfin les Monopétales chez lesquels les pétales sont soudés les 
uns aux autres et les étamines portées par la corolle. Et d’a- 
bord ceux à ovaire supère (Primulacées, Labiées, ete.), puis 
ceux à ovaire infère (Caprifoliacées, Rubiacées et surtout Les 
Composées, chez lesquelles le groupement des organes de la 
reproduction atteint son maximum). 


« 


* WII 


À la suite de plusieurs conversations , nous étions arrivés, 
mon père et moi, aux conclusions qui précèdent, lorsque j’eus 
connaissance des nouveaux travaux de M. Oswald Heer sur 
la flore tertiaire. J'avais déjà pensé que la confirmation de 
nos idées serait fournie par l’étude de l’ordre d'apparition des 
végétaux à la surface du globe, maïs jusqu'alors les données 
relatives aux types supérieurs étaient trop incertaines. Tout 
le monde sait que la géologie nous donne des indications pré- 
cieuses pour la détermination des caractères de supériorité ; 
les êtres inférieurs ayant apparu les premiers et les plus par- 
faits les derniers. Une bonne classification doit donc être d’ac- 
cord avec les données géologiques, c’est-à-dire que les êtres 
qu'on croit devoir placer au bas de la série doivent avoir ap- 
paru les premiers sur la terre. Or voici d’après les géologues 
et en particulier d’après M. Heer, l’ordre d'apparition des vé- 
gétaux : | 


— D89 — 


1. Les Algues qui remplissaient les mers primitives. 

2. Les Mousses, représentées par les Sphaignes qui constituaient 
les marais tourbeux primitifs. 

3. Ces marais étaient recouverts de la plus luxuriante végéta- 
tion de Fougères, d’Equisetacées, de Lycopodiacées , ete. 

Les Cryptogames ont done apparu les premiers. 

4. Les Cycadées et les Conifères, gymnospermes qui ont formé 
de grandes forêts. 
5. Les Monocotylédones, (Graminées, Palmiers). 

Tous ces types ont apparu avant la période secondaire, qui 
nous présente aussi des formes différentes des mêmes groupes. 
Les Dicotylédones apparaissent à la fin de la période secon- 
daire, sous forme d’Apétales. 

Dans la période tertiaire, les Dicotylédones polypétales se 
présentent avec un grand développement. La famille des Zé- 
gumineuses, celle des Nymphéacées sont les premières en date. 
Mais nous trouvons déjà, à cette époque, des Monopétales, 
dont le nombre augmente de plus en plus à mesure que nous 
nous rapprochons de la période actuelle. Les couches infé- 
rieures nous présentent surtout des Monopétales à ovaire su- 
père (Vaccinées), les couches supérieures des Monopétales 
à ovaire infère (Campanulacées, Rubiacées, Valérianées, etc.), 
puis de véritables Composées, dont le domaine est surtout l’6- 
poque actuelle. Les Composées sont done les derniers végé- 
taux qui aient apparu sur notre terre. 

D’après ces faits, nous nous croyons autorisé à conclure 
que les caractères de supériorité sont les mêmes chez les vé- 
sétaux que chez les animaux, si l’on tient compte du rôle dif- 
férent que ces êtres ont à remplir, et que la famille des Com- 
posées doit, en effet, être placée à la tête du règne végétal. 

Il est clair que je n'ai pas la prétention d’avoir traité ce 
sujet d’une manière complète. Je n’ai voulu donner ici qu’une 
esquisse de la théorie sur laquelle il me semble que la classi- 
fication végétale devrait se baser, et je suis le premier à re- 
connaître que de nombreuses études seraient encore néces- 
saires pour achever d’éclaireir ce sujet compliqué. 


BR CRI ES — 


: 


— 090 — 


Séance du 21 avril 1864. 


Présidence de M. L, COULON. 


M. Garnier présente de la part de M. Desor une série 
d'objets en fer trouvés ces derniers jours à la Têne. Ce 
sont : 

Des épées complètes dans leur fourreau de fer. Elles 
sont bien conservées et 11 ne manque absolument que 
la poignée dont la soie est intacte. Le fourreau présente 
certaines particularités qu'il est intéressant de mention- 
ner. Du côté le moins orné se trouve adaptée une anse 
pour suspendre l'arme au baudrier. L'autre face porte 
des ornements plus ou moins recherchés et exécutés 
ordinairement en creux. Sur un fourreau , l’ornemen- 
tation est non-seulement gravée, mais repoussée de ma- 
nière à former une espèce de ronde bosse représentant 
trois animaux fantastiques qui rappellent un peu, par 
leurs traits généraux les figures d'animaux, des mon- 
naies de bronze trouvées au même endroit. Les glaives 
les plus larges (52 mill.) sont ordinairement les plus ornés 
et l’un des côtés est couvert dans toute sa longueur de 
rugosités régulières qui ressemblent à la peau de cha- 
grin. La grandeur et la forme de ces rugosités varie d’un 
fourreau à un autre; elles sont tantôt annulaires et d’un 
diamètre de un millimètre, tantôt ovales, tantôt arron- 
dies et d’un diamètre un peu plus grand. Les deux 
feuilles de fer formant le fourreau sont extrêmement 
minces ; l’une plus large a ses bords repliés sur l’autre; 
c’est ainsi qu’elles sont attachées. Pour consolider leur 
liaison , elles portent dans le bas une garniture de 20 à 
25 centim. de longueur, qui forme comme un cordon 


0 —- 


sur les deux bords et le bout du fourreau. Cette dernière 
pièce à toujours une forme très élégante. La lame est 
aussi très-mince et tranchante des deux côtés dans toute 
sa longueur. On voit que ces armes ne devaient servir 
qu'à frapper de taille; un coup de pomte les aurait 
pliées. 

Il présente encore deux faux , les premières trouvées 
à la Tène. L’une porte un renflement extérieur comme 
nos faux modernes. Elles ont une tige terminée par une 
pointe recourbée. L’une d'elles était encore munie de 
l'anneau qui la fixait au manche et d’un fragment de 
celui-ci. Ces deux faux ont environ 40 centim. de lon- 
gueur ; elles sont passablement usées et paraissent avoir 
SET VI. | 

Une hache portant encore un fragment du manche, 
celui-ci étant fixé dans une douille pratiquée dans la tête 
de l’instrument, comme dans les coins que nos bücherons 
emploient pour fendre les troncs; le tranchant bien con- 
servé a environ 11 centimètres d’étendue. 

Un fragment cylindrique de bois dans lequel est in- 
sérée une pointe en fer de forme pyramidale à huit pans. 
Le bois porte des traits circulaires et de petits orne- 
ments faits à la pointe. Il est probable que c'était le 
bout inférieur d’une lance. Le diamètre en est faible, 
environ 12 millim. et se rapporte assez bien aux douilles 
des fers de lance trouvés dans cette même station. 

Enfin des nneaux de fer, les uns simples , les autres 
ornés de cannelures transversales, d’autres enfin inter- 
rompus. Leur diamètre varie de 5 centim. à 21, cent. 
Suivant certains auteurs, ces anneaux qu’on recueille 
en assez grand nombre ont dù servir de monnaie. 

Ces divers objets sont figurés dans des dessins de 
grandeur naturelle que fait voir M. Garnier. 


— 992 — 


M. de Rougemont rappelle à ce propos que la plus 
ancienne mention de la faucille est dans Hésiode, où 
elle est indiquée comme dentelée. 


Séance du 28 avril 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Garnier dépose encore sur le bureau les épées 
trouvées à la Têne, une d’entre elles a été sortie de son 
fourreau et on peut voir que son tranchant est bien con- 
servé. Le fourreau porte une marque quiest sans doute 
celle de l’ouvrier qui l’a confectionnée. 

M. le docteur Guillaume présente , au nom de M. 
Desor, un crâne humain qui a été trouvé avec les épées 
sous plusieurs poutres, au milieu des pilotis, à 40 pieds 
du rivage. La profondeur d’eau en cet endroit est de 3 
pieds, mais pour atteindre les antiquités, il faut creuser 
5 pieds dans la couche de limon. Il paraîtrait que les 
antiquités sont limitées à une zone de 8 à 10 pieds de 
largeur dont la direction sensiblement parallèle au ri- 
vage semble assez irrégulièrement ondulée comme le 
lit d’un ruisseau dans une plaine. Les matériaux de cette 
zone ne sont pas de l'argile pure, mais une sorte de terre 
limoneuse brune mélangée de débris de bois, de pier- 
res, de roseaux. On dirait un remplissage survenu après 
coup. Si cette hypothèse se vérifiait , 1l resterait à exa- 
miner si la zone des antiquités ne correspond pas à un 
ancien fossé dans lequel on aurait établi les construc- 
tions. 

Le crâne recueilli est fracturé , mais on peut le res- 
laurer quoique les pariétaux manquent. Sa forme est 


TN + 


allongée ; le frontal est très déprimé. Les dents en sont 
usées. En le comparant aux crânes de diverses races, 
on voit qu'il se rapproche du type nègre par sa forme 
allongée et son front déprimé. 

Une discussion s'engage sur le fait de la présence de 
ce crâne de race inférieure au milieu d'objets apparte- 
nant à l'époque helvétienne dont les habitants étaient 
cependant assez avancés en civilisation. 


M. Hirsch donne un résumé du procès-verbal de la 
Société géodésique suisse qui a été réunie à l’observa- 
toire de Neuchâtel le 24 avril écoulé. (V. Appendice). 


M. de Rougemont lit un mémoire sur les gisements 
de l’étain et sur le commerce de ce métal dans l’anti- 
quité. L’étain des plus anciens bronzes égyptiens ne 
provenait probablement pas de l'Inde, mais c’est de 
l'Inde que les Grecs le recevaient, par les Phéniciens. 
Ceux-ci ont fait depuis Cadix la découverte des îles Cas- 
sidérides, et ils échangeaient contre l’étain et les pelle- 
teries des Bretons, ces remarquables ouvrages en bronze 
qu’on trouve dans les anciens tombeaux des îles Bri- 
tanniques. 

Des Cassidérides, les Phéniciens auront apporté leur 
bronze jusque dans la Baltique. De ces mêmes mines de 
Cornouailles, les marchands gaulois et spécialement les 
Colètes (du pays de Caux) auront pourvu d’étam tout 
le centre de l’Europe et en particulier les peuplades des 
habitations lacustres. Les Romains n'ayant pu soumettre 
les Bretons de Cornouailles , ont exploité les mines d’é- 
tain de l'Espagne. Les lavages abandonnés du Limousin 
dateraient des derniers siècles de l'empire romain. 


BULL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. VI. 39 


M. Xopp fait la communication suivante : 

Ayant eu à examiner, au point de vue de leur valeur 
comme engrais, les résidus tirés des épurateurs de l’u- 
sine à gaz, composés les uns de chaux mêlée de paille, 
les autres de chaux, de paille et de vitriol vert, j'ai 
constaté dans ces matières une assez forte proportion de 
sulfocyanure calcique. Ayant pris des renseignements, 
j'ai appris que M. Ch. Mathieu, pharmacien, avait em- 
ployé ces matières en 1862, et ayant reconnu leur effet 
pernicieux sur la vigne , il les avait analysées et y avait 
constaté le sulfocyanure calcique. M. Mathieu fut obligé 
d'agir énergiquement sur ce sel qui empoisonnait celles 
de ses vignes où il avait répandu ces matières et dont 
l'effet se traduisait par la décoloration et la dessication 
des bourgeons. Le remède qu'il employa fut de répandre 
sur la terre de ses vignes du sulfate ferrique. Après ces 
arrosages, les plantes ont repris de la vigueur; sur 1000 
ceps atteints et malades par l'effet du sulfocyanure, 50 à 
peine n'ont pas repoussé. D’après cela, il paraît que le 
sulfocyanure calcique est vénéneux pour certaines plan- 
tes, pendant que le sulfocyanure ferrique ne l’est pas. 
Cette différence entre l’action des deux sels permet de 
conclure que ni l’un ni l’autre n’agit par l’acide sulfo- 
cyanhydrique , mais que le sulfocyanure calcique doit 
sa propriété vénéneuse à ce qu'il se forme, en présence 
de la plante, du carbonate de chaux et du sulfocyanure 
potassique aux dépens de la potasse du terrain, et comme , 
ce dernier sel n’est pas absorbé par la plante , celle-ci 
dépérit par manque de sels de potasse. La même dé- 
composition n'ayant pas lieu pour le sulfocyanure de 
fer, ce dernier est inactif sur la plante. Les résidus des 
usines à gaz pourraient donc d’après cela servir d'en- 


sé D = 


grais pour les plantes qui n’absorbent que peu de po- 

_tasse ou dans des terrains riches en sels de ce genre ; 
mais ils nuisent dans des terrams pauvres en potasse et 
aux plantes qui absorbent beaucoup de ces sels. 


Séance du 31 mari 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Desor annonce la mort d’un de nos membres ho- 
noraires, M. Blanchet de Lausanne ; il rend hommage 
à la mémoire du défunt et rappelle les serviees qu'il a 
rendus à la science par ses recherches dans des direc- 
tions variées. 


M. Desor présente l'ouvrage que MM. His et Rüti- 
mayer viennent de publier sous le titre Crania helvetica 
et dans lequel ils exposent le résultat de leurs études 
sur les crânes humains de toute époque trouvés en Suisse. 
La comparaison de ces crânes les a conduits à distin- 
guer quatre types principaux : 1° de Déssentis, 2° de 
Sion, 3° de Hohberg, et 4° de Belarr. D'après cette 
classification, tous nos crânes lacustres rentreraient 
dans le type de Sion. Cet ouvrage est accompagné d'un 
atlas de 82 planches dont il fait voir quelques feuilles. 

Le rnême , rappelant le crâne humain incomplet 
trouvé récemment à la Têne , annonce à la Société que 
son pêcheur est parvenu à retirer de la vase , au même 

endroit, un pariétal s’'adaptant exactement à ce débris 
humain ; de cette façon il a pu compléter d’un côté ce 
crâne intéressant à plus d’un titre. 


— 996 — 


Le #néme fait part des explorations entreprises dans 
les cavernes du Périgord par MM. Lartet et Christy. Ces 
cavernes étaient connues depuis longtemps ; on y avait 
trouvé des ossements et des fragments de silex parais- 
sant produits par l'intervention de l’homme, mais on 
n'avait pas encore fait de fouilles sérieuses. Les travaux 
entrepris par ces savants, dans les derniers mois de 
1863, ont révélé des faits du plus haut intérêt, tant au 
pomt de vue géologique , qu'au point de vue ethnogra- 
phique. Plusieurs cavernes ont été explorées , dans les 
environs de Sarlat, entre autres celles des £yzies ; le 
sol de ces grottes n’est qu'un amas d’ossements liés entre 
eux par des concrétions calcaires déposées par les eaux 
d'infiltration ; le tout a l’aspect d’une brèche formant 
plancher et pouvant s’enlever par plaques. M. Desor en 
fait voir un échantillon important qu'il tient de lobli- 
seance de M. Lartet. Cette brèche contient des os de 
plusieurs mammifères, mais ceux qui dominent hors de 
toute proportion, ce sont ceux de renne ; puis viennent 
le cheval, le bœuf, le bouquetin , le chamois , le cerf 
commun , le lièvre, l’écureuil, le Iynx, un grand felis, 
peut-être le lion, des oiseaux , etc. On y trouve aussi 
de nombreux objets fabriqués de main d'homme , des 
lames, des poinçons, des aiguilles , des pointes de flè- 
ches barbelées , le tout en bois de renne — des cou- 
teaux de diverses formes et des pointes de lance en silex, 
el une quantité de fragments ou d’esquilles de cette 
même substance. Mais ce qui est le plus remarquable, 
ce sont les essais de sculpture et les figures gravées sur 
des plaques de schistes ou sur des palmes de renne et . 
représentant le cheval , le renne, le cerf. 

Les conclusions auxquelles MM. Lartet et Christy 


— 997 — 


sont arrivés, renferment en substance les princpes sui- 
van(s : 

Une race humaine, aborigène ou non, a vécu dans la 
région devenue plus tard le Périgord , en même temps 
que le renne , l’aurochs, le bouquetin, le chamois, etc. 

Ces peuplades ne connaissaient point l'emploi des 
métaux. Leurs armes et leurs outils étaient tantôt en 
pierre simplement taillée et non polie , tantôt en os ou 
en bois d'animaux. 

Ils mangeaient les mammifères cités plus haut, et 
aussi le cheval — pour lequel ils semblent avoir eu une 
prédilection marquée — des oiseaux et des poissons. 

Aucun animal, pas même le chien, ne parait avoir 
été domestiqué par eux. 

Les incisions visibles au bas des cornes des rennes, 
là où la peau est très adhérente , ainsi que celles qu'on 
remarque au bas des os des jambes , apprennent qu'ils 
utilisaient les peaux de ces animaux et qu'ils les cou- 
saient avec des tendons refendus. 

Leurs objets de parure, leurs ustensiles ornés témoi- 
gnent de leurs instincts de luxe et d’un certam degré 
de culture des arts. Leurs dessins et leurs sculptures 
nous en fournissent une manifestation plus élevée , par 
la manière dont ils sont parvenus à reproduire la figure 
des animaux leurs contemporains. 

Ce qui est le plus remarquable , suivant M. Desor, 
dans les faits qui viennent d’être énoncés , c’est l’asso- 
clation de l’homme avec le renne , qui par son organi- 
sation est destiné à vivre dans les climats les plus froids. 
On est conduit par là à considérer l’époque où vivaient 
ces peuplades comme coïncidant avec la période gla- 
claire, peut-être au commencement du retrait des gla- 


— 098 — 


ces. La présence de l'éléphant, dont on retrouve aussi des 
débris dans ces gisements, n’est pas une difficulté, car 
l'espèce dont il s’agit est le mammouth dont la peau était 
velue et qui pouvait résister au froid. Il rappelle les ob- 
servations faites en d’autres lieux et qui conduisent aux 
mêmes conséquences ; en particulier les cônes d’Aro/e 
abondants dans les tourbières d’Ivrée où tout fait croire 
qu’ils ont cru sur place ; et cependant le climat d'Ivrée 
est aujourd’hui très doux et les aroles:sont relégués sur 
les sommets. 

Quant aux dessins, ils ont cette particularité curieuse 
qu'ils représentent des objets de lanature, des animaux, 
tandis que les dessins lacustres ne représentent rien et 
ne sont que des ornements purement d'imagination. On 
a donc affaire ici à une autre race probablement anté- 
rieure de beaucoup à nos établissements lacustres de 
l’âge de la pierre. 

Une discussion s'engage à ce sujet. M. de Rougemont 
cite les mythes des Indous , les traditions chinoises qui 
conservent le souvenir de révolutions considérables sur- 
venues à la surface de la terre depuis la création de 
l’homme. Il ne voit donc aucune difficulté d'admettre 
que l’apparition de l’homme remonte à l’époque gla- 
ciaire , mais, à son avis, il n’est pas nécessaire d’invo- 
quer de si énormes périodes pour expliquer les change- 
ments qui se sont produits depuis la présence des grands 
glaciers jusqu’à nous. 


M. Desor rappelle qu’il a publié autrefois, de concert 
avec M. Gressly, à propos du percement des tunnels du 
Jura, la série des terrains géologiques du canton de 
Neuchâtel; dès lors, les travaux d’art qui ont eu lieu 


— 599 — 


sur notre sol , les études que M. Desor a dû faire pour 
le Franco-Suisse, ainsi que les recherches de M. Tribo- 
let et de M. Jaccard, ont révélé des faits nouveaux dont 
la science doit tenir compte. Cest ce qui l’a engagé à 
faire subir à ses premiers travaux les corrections conve- 
nables. Il a done fait des tableaux auxquels il a donné 
des dimensions telles qu’ils pourront entrer dans le Bul- 
letin. Des exemplaires sont déposés sur le bureau. 


M. Xopp fait part de plusieurs analyses de tourbes 
provenant les unes du grand marais près d’Anet, les au- 
tres de la vallée des Ponts. Pour extraire les échantil- 
lons de la première espèce, on a fait un trou de sonde 
de 11 pieds de profondeur ; chaque morceau a un pied 
de long. Les numéros indiquent la profondeur de la 
couche ; le N° 1 vient de la surface à 1 pied , le N° 2 de 
1 pied à 2 pieds, et ainsi de suite pour 10 échantillons. 

On a dosé l’eau et les cendres, la matière combustible 
forme la différence. 


Numéros 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 
Eau . . . 159 154 164 152 172 160 220 173 324 221 
Centrés .: :1%98! 62 97: 51 55 b9 60 ‘727680 
Combustibles 153 784 739 791 773 781 720 755 613 712 


Ces tourbes étaient bien séchées à l'air. 

On trouve pour les moyennes de la couche supérieure 
jusqu'à 6 pieds, et pour la couche inférieure de 6 à 11 
pieds , les nombres suivants : 

No1-5 No5-10  No1-10 
Hana 1682 2 OS 


Cendres . , . ‘718 64,2 68,0 
Combustibles . . 768,0 716,2 742,1 


— 600 — 


Pour. l'analyse des tourbes des marais de nos monta- 
gnes, on a pris un échantillon de tourbe de choix (N°1), 
deux échantillons de tourbe de Combe-Varin (N° 2, 3), 
deux échantillons de tourbe amenée dé la vallée des 
Ponts au marché de Neuchâtel (N° à, bei Ces tourbes 
ont donné : | 


1 2 3 (1 à. D 
DE EE 100 TI TER 
Ceñdres: 11.1": 143 30 42 3) 34 


Combustible , 860 827 839 818 833 


Moyenne de la tourbe des Ponts : 


Eauaursde : 1691822 
Cendres,. 4. 108854 
Combustible . . .. 835,4 


La tourbe d’Anet N° 1 était brun clair; les suivantes 
i NT N° 9 de couleur de plus en plus foncée; le 
N° 10 était brun-noir. — Les tourbes des Ponts étaient 
1) brun foncé, 2) et 3) brun clair, a) brun clair, 4)'brun 
noir. 


On a pris la densité des tourbes suivantes, sans les 
briser, avec l’air et l’eau qu'elles contenaient.et.on a 
trouvé pour 


ici cash ol ta 
n° 10 .. : CMISVING 53 

2 hs lan EN 0 AE 
Dinan LAS 


On à analysé les cendres de la tourbe des Ponts 3) 


— 601 — 


On a trouvé KO . |. 1,1 
Mg O0. . 0,0 
CR 972 
Fe? 05. 20,6 
Ph Où 0,5 
PAU A 3,8 
DLUS, 1. 110 
CO? . 25,0 
100 


L’acide carbonique a été dosé par différence. 


1 mètre cube de tourbe des marais du Seeland pèse 465 kil. 
Dont combustible 345,1 k. 
Cendres .: 31,6 


1 mètre cube de tourbe des Ponts pèse 300 kil. 
Dont combustible 250,6 
Cendres . 9,1 


Séance du 26 mari 1864. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président communique les prospectus et règle- 
ments d’une société ornithologique qui se fonde à Ge- 
nève. 


M. le docteur Guillaume présente un nid de guêpes, 
de forme prismatique et de dimensions extraordinaires, 
qui était établi à l'angle d’une maison. 


M. Coulon fait voir un bel échantillon de rhizostome 
bleu , rapporté de Nice par M. Mayor, qui en a fait don 


— 602 — 


au musée avec d’autres objets intéressants , tels que in- 
sectes, mollusques , crustacés , etc. 


M. le docteur F. de Pury fait l'exposé de l’état ac- 
tuel de nos connaissances sur le #richine sptral ; cette 
communication est accompagnée de démonstrations mi- 
croscopiques (voir Appendice). 


M. Hirsch lit une communication sur l’éclipse totale 
de lune du 1* juin 1863. 


APPENDICES. 


SUR. LA QUESTION 


DE LA HAUTEUR DU MOLE 


de Neuehñtel 


par le D" À. HIRSCIL 


(Voir ci-dessus p. 443.) 


Notre société s’est occupée déjà à plusieurs reprises de la 
question de la hauteur du lac de Neuchâtel au-dessus de la 
mer. Vous vous rappelez la discussion qui à eu lieu en 1859, et 
le désaccord considérable, quant à cette donnée importante, 
entre la carte fédérale de Dufour et feu M. d’Osterwald. Der- 
nièrement M. l'ingénieur Michel a fait à la société de Lausanne 
une communication, qui jette une nouvelle lumière sur cette 
question et tendrait plutôt à donner raison à l’ingénieur Neu- 
châtelois. 

Les données qu’on possédait jusqu’à présent étaient les sui- 
vantes : 

Osterwald, dans sa carte de Neuchâtel, donne, 
d’après de Luc et Pictet, pour la hauteur du môle 
de Neuchâtel. :. .: . . . 436,26. 

Osterwald, en s eye 4 sur deu hautes que 
le Colonel Herry, chef des ingénieurs français 
occupés en Suisse, lui avait fournies pour le 
Chasseron (1612" ® et le Moleson A CPE Pa avait 
trouvé 3.) raRER À .110:100437r,40, 


— 604 — 


Osterwald, en parlant des hauteurs du Chasseral 
(1608,8), Chasseron (1609,1) et Moleson (2005,2), 
fournies par le Supplément de la Description géo- 
métrique dé la France, est arrivé à la cote défi- 
nibve Ve, . 434,10. 

Les ingénieurs Suisses! jréanl pour le halte 
du Chasseral la moyenne des cotes indiquées dans 
la Description, e.-à-d. 1609,57 (donc 0,77 de plus 
que la valeur adoptée par Osterwald), et passant 
par Walperswyl (—1164,20), Sugy (—9,68), lac 
de Morat (—0,49), ont trouvé pour la hauteur du 
lac de Neuchâtel 435,07. Lorsqu'on y ajoute la 
différence entre la hauteur moyenne du lae et le 
môle, différence qu'Osterwald détermine à 2,07, 
on obtient pour la cote du môle d’après les ingé- ; 
nieurs suisses. . . ... ASE TA. 

La carte de Dufour dont le D OHIÉ de départ est 
la hauteur de la pierre à Niton (à Genève), déter- 
minée par la Dôle à 376,64, donne pour le môle 
de. Neuchâtel......-:1. :. …. 436,95. 

Enfin pour compléter les RTE nous soi 
tons encore, que d’après 377 observations baromé- 
triques, faites par M. Coulon, et 722 autres, faites 
à la maison des Par le môle aurait une alti- 
tude:de !.59 adiso. .., 434,50. 

Toutes ces valeurs £ se rapportent à au niveau 1. de 
l'Océan. 

Dernièrement des nivellements, très-soigneusement exé- 
cutés par l’ingénieur français M. Bourdaloue, ont fixé la hau- 
teur du repère du pont de Tilsitt à Lyon, à 160,38 au des- 
sus du niveau moyen de la Méditerranée, tandis que cette 
cote se trouve sur la carte de l'état-major français indiquée à 


(*) Voir Ergebnisse , etc. M. Eschmann trouvant dans la Description deux 
valeurs , 1610",54 et 1608%,60 pour le Chasseral , et les croyant de même 
valeur, en prit la moyenne 1609%,57, tandis que la dernière (1608",60) était 
la valeur rectifiée et adoptée en dernier lieu par les géomètres français. Nous 
ne pouvons pas dire ce qui a engagé M. d’Osterwald de prendre 1608",8 au 
lieu de 1608",6. 


= M = 


163% au-dessus de l'Océan. En partant de ce point, M. Bour- 
daloue trouve pour la hauteur du repère de la pierre à Niton 
374,05, tandis que ce point de départ pour toutes les cotes 
consignées dans la carte de Dufour, y est fixé à 376%,64; il y 
aurait donc à apporter une correction de — 2",59 à toutes les 
cotes de cette carte. En l’appliquant à laltitude qu’elle donne 
pour le môle de Neuchâtel, on trouve ainsi pour la hauteur 
de notre môle, au-dessus du niveau de la Méditerranée, la 
valeur de 434,36. 

Cette valeur, obtenue ainsi par nivellement, ne diffère que 
de 0,34 de celle adoptée en dernier lieu par Osterwald. Et 
s’il est vrai, ce que les ingénieurs français prétendent avoir 
trouvé par des nivellements récents, que l'Océan est de 0®,60 
plus élevé que la Méditerranée, cette nouvelle détermination 
de notre môle le placerait à 433,56 au-dessus de l'Océan, 
done presque un mètre plus bas même que d’après Osterwald. 

Ce qui augmente la valeur de cette nouvelle détermination 
par la Méditeiranée; qui, comme je l’ai dit, diminue toutes 
les hauteurs suisses de 2",59, c’est que les ingénieurs de che- 
mins de fer sont arrivés à Bâle également avec 2",1 de moins, 
et que les ingénieurs autrichiens, qui sont partis de lAdria- 
tique, placent le lac de Constance aussi à 4" plus bas que la 
carte de Dufour. Il résulte de tout cela que les résultats des 
nivellements, faits à l’occasion des chemins de fer, s’accor- 
dent à très-peu près entre eux pour les hauteurs suisses, qu’ils 
partent de Marseille ou de l'Océan par Strasbourg ; tandis que 
les hauteurs dérivées trigonométriquement du Chasseral, 
comme il est déterminé par la Description géométrique de la 
France, sont de 2",5 plus hautes. D'un autre côté, il est très- 
remarquable que les 0",97, que Eschmann a pris de trop pour 
la hauteur du Chasseral, se soht retrouvées exactement lors du 
reliement du réseau suisse au réseau des triangles badois; les 

ingénieurs badoïs étaient partis également de la cote de Stras- 
bourg, comme les ingénieurs suisses par le Chasseral, et après 
des détours très-considérables ils se trouvent à la frontière 
badoise exactement d'accord, sauf pour les 0",97 dont les 
ingénieurs suisses s'étaient trompés dans leur point de départ. 
Cette concordance entre les mesures trigonométriques est 


— 606 — 


done non moins remarquable que celle des nivellements, et 
elle augmente encore l'importance du désaccord entre les ré- 
sultats des deux méthodes. Pour se l’expliquer, il faudrait 
admettre, ou que tout le réseau de la France orientale est 
placé à 2,5 environ trop haut, supposition qu’il faudrait lé- 
gitimer en montrant la cause de l'erreur commise dans les 
triangles français de premier ordre; ou bien supposer, que 
dans l’une ou l’autre des deux méthodes il y aït une erreur 
systématique. Dans cette hypothèse, on pourrait chercher 
l'erreur dans la valeur de la réfraction terrestre, qu’on à em- 
ployée pour la réduction des mesures trigonométriques. Car 
d’autres circonstances avaient déjà indiqué la nécessité de 
revoir cet important élément de la géodésie; et les recherches 
si intéressantes qu'on à faites dans les derniers temps sur 
l'augmentation de la température dans les couches reposant 
immédiatement sur le sol, obligent certainement à modifier 
la constante, employée jusqu’à présent pour la réfraction, et 
déduite de l'hypothèse d’un décroissement continu et régulier : 
de la densité de l'air. Les opérations que la Commission géo- 
désique sera appelée à faire l’année prochaine, devront né- 
cessairement tenir compte de ce point et fourniront, j'espère, 
de nouvelles données pour sa résolution. 

Mais pour revenir à la cote du môle de Neuchâtel et à sa 
détermination par Osterwald, il est en effet très-curieux, que 
cetie détermination trigonométrique soit ainsi la seule en 
Suisse , qui, en opposition avec toutes les autres dé même na- 
ture, s’accorde ayec les valeurs fournies par les nivellements. 
Il est difficile d'expliquer ce fait, parce que, malheureusement, 
le volume manuscrit d'Osterwald ne renferme aucun détail, 
ni sur ses opérations, ni sur ses calculs, qui lui ont servi à 
établir la hauteur relative entre le môle et le Chasseral. Oster- 
wald y dit simplement, que la cote du môle est déduite du 
Chasseral «par mes propres calculs,» et du Chasseron et 
Moleson « par des observations simultanées. » 

Jusqu'à plus amples renseignements, qu’il serait en effet 
intéressant de recueillir sur les mesures d'Osterwald, soit mê- 
me dans les archives de la Société géographique de Paris, à 
laquelle il les à communiquées dans le temps, on ne peut re- 


— 607 — 


connaître dans l'accord de la valeur d’Osterwald avec celles 
des nivellements, qu’un effet de hasard et peut-être de com- 
pensation d'erreurs. C’est d'autant plus probable, que des 
mesures plus récentes, exécutées par M. l'ingénieur Denzler, 
de Berne, s'accordent beaucoup plus avec les résultats d'Esch- 
mann que d'Osterwald. Notre collègue, M. Denzler, m'écrit 
à ce sujet: « J’ai obtenu pour la hauteur de la pierre de base 
près de Sugy, 0",3 moins que Eschmann; mais je ne suis pas 
tout-à-fait sûr de la hauteur du point de mire (les planches 
supérieures) du signal de Chasseral. Si je suppose cxtte hau- 
teur (au-dessus de la base du signal) être de 3",19, où se trou- 
vait encore en 1861, la poutre transversale du signal, j'arrive 
même à une hauteur de la pierre de base, qui est de 0,92 
inférieure à celle d'Eschmann. Si je prends la moyenne, mes 
mesures ne diffèrent d'Eschmann que de 0",46. Je ne puis 
donc pas me prononcer sur la valeur de la détermination de 
la hauteur du lac de Neuchâtel par Osterwald? » 

Voilà donc une nouvelle preuve que toutes les mesures dé- 
duites trigonométriquement du Chasseral s'accordent, sauf 
celle d'Osterwald; avant d’avoir la preuve certaine que le 
point de départ (Chasseral) est faux, ou qu’on à commis une 
autre erreur systématique, il ne me semble pas permis de re- 
jeter toutes ces données, pour ne s’en tenir qu'aux résultats 
des nivellements. Car, il me paraît impossible, que ces der- 
niers jouissent de l’exactitude qu’on leur attribue, c’est-à-di- 
re, qu'ils ne soient affectés que d’une erreur probable de 
0",03. M. Denzler affirme, qu'en Suisse les meilleurs ingé- 
nieurs, munis des meilleurs instruments et dans les meilleures 
circonstances atmosphériques, n’ont jamais atteint une exac- 
titude plus grande que 0",06, sur une longueur de 20 lieues. 
D'ailleurs, une lunette grossissant 30 fois, expose à une er- 
reur optique de 1” à 2"; et 2” font déjà pour une distance de 
20 lieues 5,5 pieds ; ensuite {/,, ligne d'erreur dans une règle 
divisée de 10 pieds, fait déjà 1 pouce d'erreur pour une hau- 
teur de 1000 pieds; viennent ensuite l’erreur du niveau même, 
les réfractions extraordinaires, qui peuvent aller jusqu'à 20”. 
Il est vrai qu’une forte partie de ces erreurs s’entredétruisent. 
Disons ?/,; même avec cette supposition, l'erreur d’un nivel- 


_— 608 — 


lement depuis Marseille à Genève ira probablement toujours 
à 2 pieds environ. Il faudrait avoir les détails des nivellements 
sous les yeux, pour pouvoir calculer exactement l'erreur pro- 
bable du résultat. En tout cas, la supériorité de cette métho- 
de n’est pas assez grande, pour justifier le rejet des mesures 
trisonométriques; il faut plutôt chercher les causes de leur 
discordance, et surtout tâcher de vérifier la hauteur du Chas- 
seral. 


MOSS 
= SÛR LES TRICHINES 


par le docteur NSP EPA ZA ME Se 


(Voir ci-dessus , p. 602). 


‘Récémment encore, bien loin de regarder les trichines coôm- 
me un objet digne de l’intérêt des médecins praticiens, on ne 
voyait dans ces helminthes que de simples curiosités pathologi- 
ques , propres à occuper les loisirs dés hommes de science ou 
à exciter l'imagination parfois trop féconde des micrographées. 
C’est qu’en effet, dans l’espace d’une trentaine d'années, on 
n’avait recueilli à grand” peine, tant en Angleterre qu’en Alle- 
magne, qu’un petit nombre d'observations isolées. Pourquo: 
done eût-il été nécessaire, voire même utile, d'étudier un pa- 
rasite aussi exceptionnel et dé se familiariser avec lui ? 

Cette douée quiétude fut cependant tout à coup troublée par 
un certain nombre de’ faits, qui prouvaient jusqu’à Pévidence, 
que les trichines n'étaient pas des raretés d’amphithéâtre, mais 
qu’iis provoquaient des symptômes douloureux, et détermi- 
naient une maladie à marche rapide et à terminaison souvent 
fatale. On ne comprend que trop l'émotion qui $’empara des po- 
pulations habituées à faire un usage presque exelusif de la vian- 
de de porc, lorsque les savants et les médecins, proclamant le 
danger au lieu de l’atténuer, proscrivirent tous les aliments 
qui avaient pour base l'habitat de prédilection de ce redou- 
table parasite.—Mais avant d'aborder la description succinéte 

BULL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 40 


— 610 — 


de cette nouvelle maladie, à laquelle on a donné les noms de 
Trichinose et de Trichiniasis , faisons connaissance avec le 
trichine, et traçons à à grands traits son histoire. 

Le premier document qu'on fasse figurer dans le catalogue 
des cas de trichine est une note lue par Hilton, le 22 janvier 
1833 ,/à la Société médico-chirurgicale de Lire. H s'agit 
d'un homme âgé de 70 ans, mort Eu cancer, chez léquel on 
trouva un grand nombre de petits corps ovoïdes, longs d’un 
millimètre; ces corpuscules, situés dans les muscles du thorax, 
étaient transparents à leur centre, opaques à là périphérie. 
A l'examen microscopique, ils lui parurent dépourvus d’orga- 
nisation; ils étaient placés dans les interstices des fibres mus- 
culaires, leur grand diamètre dirigé parallèlement à ces fibres. 
On ne sait par quelle raison Hilton fut conduit à rapporter à 
des cysticerques ces corpuseules-de nature indéterminée. 

À la même époque, Wormald, démonstrateur d'anatomie 
à l'hôpital St-Barthélemy, remarqua que les muscles de cer- 
tains cadavres étaient parsemés de petites taches blanchâtres. 
Paget, alors étudiant au même hôpital, ayant ,obseryé un 
fait semblable sur le cadavre d’un Italien, eut la pensée que 
les taches étaient, produites par de petits entozoaires. Son 
opinion s'étant vérifiée, des portions, de,.musceles, affectés 
furent soumises à l'examen d'Owen, qui étudia l’organisation 
de ces vers et leur imposa le nom de Trichina spiralis. dans 
un mémoire qu'il lut en avril 1855 à la Société, zoologique de 
Londres.— Bien que la disposition en spirale du trichine, des 
muscles (animal jeune) n'existe plus dans l'adulte ; la science 
n’en à pas moins conservé ce nom à cet entozoaire, 

La même année, Farre et Wood firent à.la même Société 
des, communications qui confirmaient, les idées :d'Owen., A 
Wood appartient l'honneur d’avoir le premier fait l’histoire 
médicale de la maladie, et constaté des symptômes qui, com- 
me nous le verrons plus tard, fournissent.les principaux élé- 
ments du diagnostic. 

Depuis ce moment, il n’est plus question des, trichines dans 
la littérature médicale périodique jusqu’à Luschka, qui publia, 
en 1851, dans le journal de Siebold et Kælliker, un travail 
sur l'histoire naturelle des trichines, où il étudie avec grand 


He — 
soin la-structure des-kystes, et prouve que l'extrémité la plus 
effilée du :corps de l’animal en ‘est la tête et nonla pers 
commé on l'avait admis avant lui. | 
A partir de cette époque il est fait assez souvent sminti on 
des trichines ; mais la plupart des observateurs se bornent à 
discuter longuement la composition et la signification du kys- 
te, ou se:perdent en conjectures sur le mode de génération de 
l'animal. | Ô 
Ce démaiiat point surtout excitait sihgubiérément: l'esprit 
d'investigation des naturalistes. On était à une époque, où les 
transformations des helminthes fournissaient là :matièredé 
curieuses recherches et d'intéressantes découvertes, et Fon 
se demandait alors si le trichine, au lieu de constituer une 
espèce distincte et définitive, ne représenterait pas tout sim- 
plement une phase de l’évolution d’un ver intestinal. Tandis 
que  Herbst: n'hésitait nullement à l'identifier à la filaire: et 
que Meissner et Davaine le considéraient comme la larve d’un 
trichosome, Küchenmeïister déclarait expressément que le tri- 
chinese transformait dans l'intestin en un trichocéphale: (Tri- 
cocephalus dispar), et qu'il n’était par conséquent que la larve 
de cet entozoaire. FT 
Pour concilier toutes ces opinions, il fallait s'adresser à 
Pexpérimentation directe, et c’est ce que Herbsttenta le pre- 
mier:chez des animaux qu’il nourrit avec de la chair infiltrée 
de trichines, ce savant retrouva ces helminthes dans le sys- 
tème. musculairé, ce qui semblait exclure toute idée d’une 
évolution hétéromorphe. Des expériences subséquentes , en- 
treprises par Küchenmeister et Leuckart; restèrent sans ré- 
sultat; il est cependant à noter que Leuckart trouva des tri- 
chines libres dans le mucus intestinal de souris, auxquelles il 
avait ingéré, deux jours auparavant, de la chair trichinisée. 
Il était réservé à l'illustre Virehow d'obtenir par l'expéri- 
mentation des résultats décisifs sur le développement des tri- 
chines dans léconomie par les voies digestives, et au profes- 
seur Zenker, de constater le premier la présence de trichines 
libres dans le canal intestinal de Fhomme , de retrouver.les 
réstés de cet éntozoaire qui avait infecté sa malade, et de 
jeter ainsi un jour complet sur létiologie de cette affection. 


— 612 — 


Mais, je ne veux pas insister sur ces deux derniers faitssavant 
d’avoir donné une description du trichine, que j'empruntepres- 
que exclusivement à Molin, professeur dé zoologie à Padoue. 

Animal adulte (trichine de l'intestin): corps filiforme, droit, 
s’effilant à sa partie cervicalé: tête non distincte du cou, ori- 
fice buccal circulaire, situé à la partie antérieure du corps; 
chez le mâle: extrémité caudale droite, poche séminale bi- 
lobée, pénis simple (?); chez la femelle: orifice vaginal. situé 
au tiers postérieur du corps; utérus à cavité simple; anus 
terminal. Vivipare. Longueur du mâle, 1°" ; longueur de la 
femelle, 2 à 3», | 

Animalÿ jeune (trichine musculaire): corps filiforme, s’amin- 
cissant vers l'extrémité buccale, roulé deux à trois fois en 
spirale, orifice buccal circulaire situé à l’extrémité la plus 
ténue du corps. Longueur, 1"* environ. 

Détails anatomiques: Le tégument est transparent, homo- 
gène, indiqué par deux lignes ténues, parallèles et finement 
dentelées; au-dessous de l'enveloppe tégumentaire est une 
couche trois ou quatre fois plus épaisse, composée d’une, ma- 
tière transparente jaunâtre, dont la portion externe est dé- 
pourvue de structure, tandis que l’interne est semée de petits 
eranules. L’orifice buccal est indiqué par:une dépression 
conique ou par une petite papille, l’orifice, anal par une sim: 
ple dépression. Le tube digestif consiste en un pharynx court, 
étroit, en apparence musculeux; en un œsophage long, libre 
dans une certaine étendue, puis masqué par un corps cellu- 
leux d’un aspect singulier et de nature indéterminée ;, d’un 
ventricule petit, pyriforme, formé de deux membranes, dont 
l’externe est dépourvue de toute structure, et l’interne. com- 
posée de cellules applaties sur les côtés; et enfin d’un tube 
intestinal museuleux, dans lequel vient s'ouvrir chezle mâle, 
le ‘canal déférent: à partir de cette réunion, l'intestin du mâle 
prend le nom de cloaque. L’extrémité caudale du mâle est 
munie de deux petits appendices coniques entre lesquels se 
trouverait l’orifice commun (?) de l’anus et des organes de la 
génération. Au point de transition du pharynx et de l’œsophage 
on rencontre un anneau périphérique de structure cellulaire, qui 
a été regardé par Leuckart, comme lé représentant du système 


— 613 — 


nerveux. Les organes sexuels du mâle se composent d’un tes- 
ticule, d’un conduit déférent et d’un pénis simple, que Leue- 
kart croit avoir vu dans le cloaque. Le testicule consiste en 
un tube assez large, à parois minces, qui partant de la région 
anale s'élève jusqu’à l'estomac, se replie brusquement à cet 
endroit et se perd insensiblement en s'’amincissant, dans le 
eonduit déférent. Celui-ci est constitué par un canal simple, 
court et étroit, qui débouche dans l'intestin après avoir formé 
un renflement. Les zoospermes qu'il renferme sont de petites 
cellules transparentes, pourvues d’un noyau assez gros et bien 
marqué. 

Les organes génitaux femelles consistent en un tube simple 
composé de trois parties: une partie postérieure la plus cour- 
te et en.même temps la plus étroite qui est l'ovaire ; une par- 
tie moyenne la plus longue, la trompe, qui, au point de tran- 
sition, forme en se dilatant une poche séminale en cul-de-sac ; 
une partie antérieure qui est le vagin, lequel vient s’ouvrir 
au niveau du tiers.inférieur du corps de l'animal. Les œufs 
sont des cellules rondes, non segmentées, recouvertes d’une 
simple membrane vitelline mince et délicate. 

Les détails anatomiques ci-dessus ne concernent que les 
trichines à l’état adulte. Les jeunes, tels qu’on les rencontre 
dans tous les muscles striés, sans même en excepter absolu- 
mentle cæur({), chez l’homme etchez plusieurs animaux à sang 
chaud, présentent un développement moins complet. Si leur 
tube digestif est identiquement le même , leurs organes sexuels 
sont par contre à l’état rudimentaire: la tache ou la glande 


(*) Les trichines se’ rencontrent dans tous les muscles à fibres striées, 
ils sont si universellement répandus , que même ceux du tympan, de 
l’œil, du larynx. en sont. envahis. On en a trouvé aussi dans le cœur, où 
ils sont, il est vrai, assez rares : Leuckart dit positivement en avoir rencon- 
tré dans le centre circulatoire d’un lapin ; et Zenker, de concert avec Kü- 
chenmeister et Færster , en a vu quelques-uns dans le cœur d’une femme, 
dont je rapporterai plus tard l’histoire : il est donc étonnant que Virchaw et 
un. grand nombre d’observateurs avec lui, énoncent une opinion contraire. 
Les muscles superficiels ont ordinairement des trichines en plus grand nom- 
bre que les profonds ; le grand pectoral et le grand dorsal surtout en sont 
plus atteints que les autres. Les points d’attache des muscles aux tendons 
paraissent être le séjour de prédilection de ces entozoaires ; aussi est-ce 
dans ces régions que l’on doit diriger ses investigations lorsqu'on veut faire 
des recherches concluantes. 


— Gta — 


qui les représente n'occupe:que le tiers inférieur de Panimal, 
et'se termine par nne tache pigmentée qui manque quelque- 
fois (Zeuker, Leuckart) et dont on ne coms Pau encore bien 
exactement la signification. 5 

Le jeune trichine à l’état de repos est ébrietainné renfer- 
mé dans un kyste dont il occupe environ le tiers, roulé en 
spirale et formant deux outrois tours. [l'est ordinairement 
solitaire: rarement deux et beaucoup plus pa trois vers 
se tbubnérent dans le même kyste. HU) CLOS 

La forme du kyste est ronde où ovalaire: les deux extré- 
mités en sont arrondies ou aplaties, ou même s’allongentr'en 
pointe. La forme ovoïde allongée ‘est la’ plus commune sur- 
tout lorsque la substance musculaire-est résistante ‘et bien'dé- 
véloppée; elle tient évidemment à la PRES exercée sie 1e 
fibres musculaires. ru | 

La structure de ces kystes a été, comme je vous lai dit, 
l’objet de nombreuses recherches et de graves controverses. 
Luschka qui y attachait une grande importance; d’aceord ën 
céla avec Bischoff et Valentin, distinguait une enveloppe ex- 
terne, qui donne à la capsule son apparence fusiforme et qui 
constitue ses prolongements:; et une couche interne, générale- 
ment ovoïde. La première composée de tissu connectif avec 
des vaisseaux, serait un produit d’inflammation; la seconde 
SPpaÉtENTEAE en propre au trichine. Il avait ébistate: en Ooù- 
tre dans l’intérieur du kyste, indépendamment de T hélminthe, 
uné masse de granules élémentaires et dé petits corpusculés 
ronds où alone renfermant un nucléolé volumineux ét tou: 
jours très distinct. Dès 1854, Bristowe, et Raïiney avaient 
contesté l'interprétation de Luschka; ils considéraient le 
kyste commé simple et comme le produit exclusif de’ l'ento- 
zoaire. | 

Nous savons aujourd’ hui que Je PA Era arrivé au dtabne 
de-sa migration qui est,-comme Virchow l’a démontré ‘la 
fbrélatiuéctilétre primitive: augmente considérablement de 
Yoiume pendant quelques semaines. Il se nourrit très, proba- 
blement, alors des éléments qui l'entourent, car on voit les 
granules, les fibrilles musculaires et les disques de la fibre: pri- 
mitive déins laquelle il se trouve, ‘dispardiines Tandis que ce 


109 € 1191 302 691 


— 615 — 


travail destructif se fait d’une part; on observe d'autre part 
un travail de réparation, résultat d’une irritation due sans 
doute à la présence de l'helminthe agissant dans l'organisme 
comme corps étranger. En effet le sarcolemme s’épaissit, ses 
noyaux augmentent en volume et en nombre; une substance 
moléeulaire et opaque s’interpose entre eux: petit à petit il se 
forme une cavité intérieure arrondie ou ovoïde au céntre de 
laquelle on distingue parfaitement le trichine qui se roule'en 
spirale comme le ressort d'une montre. Au-dessus et au-des- 
sous de cette cavité, on aperçoit le plus souvent des prolon- 
sements formés probablement par un tissu solide composé de 
couches concentriques supeérposées, et s'étendant sur la con- 
tinuité du kyste. Les diverses couches ne contiennent mi gra- 
nules, ni cellules, et consistent en fibres allongées, fusiformes 
assez analogues, à la coupe, aux eorpuscules des cartilages. A 
la périphérie du kyste on observe quelquefois de petits amas 
de tissu connectif vascularisé, renfermant assez souvent de la 
oraisse et quin’ont rien de commun avee le kyste lui-même. 
Le grand diamètre des kystes est toujours parallèle à la direc- 
tion des faisceaux musculaires. Ces petites poches etiles vési- 
eules graisseuses qui les entourent souvent, refoulent simple- 
ment les fibres entre lesquelles ‘elles sont logées; elles adhè- 
rent au tissu cellulaire ambiant d’une manière assez Tâche, 
plus fortement toutefois par leurs appendices fusiformes. Les 
fibres musculaires, dans le voisinage immédiat des kystes, ne 
subissent jamais d’ altération HoélesHque; Dans la plupart des 
cas, le kyste est entouré d’un amas de graisse, qui est tou- 
tefois très variable: tantôt il n'existe aux deux pôles qué 
quelques vésicules graisseuses, tantôt ces vésicuies forment 
une enveloppe complète. Le dépôt de graisse est le plus sou- 
vent en relation avec l'état de santé du sujet. 

Il est done permis d'admettre, contrairement à l’avis de 
Luschka, que le kyste est de nature homogène, et qu'il est 
tout entier un produit de nouvelle formation appartenant à 
l'organisme de l'hôte chez lequel le trichine a élu domicile. 
Un fait qui vient encore à l'appui de cette opinion, c'est qu'on 
rencontre parfois deux et même trois animaux renfermés.dans 
une seule capsule, 


Les kystes, tels qu'ils viennent d’être décrits, ne'se forment 
que de la troisième à la quatrième semaine après'la migration 
de l’helmiüthe dans la fibre museulaire. A cette époque, il est 
impossible encore de les constater à l’œil nu; ce n’est que plu- 
sieurs mois après, alors qu'ils se ‘sont. incrustés: de matières 
terreuses, el qu'ils apparaissent comme de:petits points, des 
granulations ou des vésicules, ou comme de petites stries qui 
contrastent avec la couleur Aou dés muscles par leur-opacité 
et leur couleur grisâtre ("). neo 9leri 

L’infiltration calcaire débute ordinairement dans le re 
du kyste; ce n’est que plus tard qu’elle en envahit les parois: 
elle s'étend rarement sur toute la surface. Les sels calcaires 
apparaissent sous forme de granulations très ténues, qui, lors: 
qu'elles sont fort abondantes, comme c’est ordinairement le 
cas aux deux pôles du kyste, recouvrent tout:le ver et-le 
masquent complètement à l’œil de l'observateur. Il est enve- 
loppé alors dans une coque crétacée, comme l’est le poulet-dants 
l'œuf. Les acides acétique et chlorhydrique dissolvent les sels 
de chaux avec un petit développement de gaz. 17 

Le dépôt calcaire n’a pas, dans l’eéspèce., la même sienifica: 
tion que dans les cysticerques et les échinocoques, n’indiquant 
pas, comme. on l’a cru longtemps, 14 mort de; l'animal.-ou 
sa prochaine transformation crayeuse, ear il n’est-pas rare;.de 
trouver dans les capsules incrustées le trichine libre.et vivant. 

Le trichiné ne se meut pas seulement quand'il.est.extrait 
dé la: capsule, mais il exécute même.dans le:kyste quelques 
mouvements qu'on détermine aisément à l’aide d'une solution 
faible de potasse caustique. Ces mouvements consistent en,;un 
raccourcissement ou un allongement de la-$pirale, en: .quel- 
ques déplacements latéraux de l'extrémité céphalique, et aussi 
en quelques oscillations du tube digestif. Bristowe:a:remar- 
qué que l'animal s'enroule toujours dans le même.sens., 

Je vous ai entrelenu bien longtemps du trichine, il mé-tarde 
done de vous dire, messieurs, comment on est arrivé à con: 


(') C’est grâce sans doute à cette particularité qu’on a méconnu jusqu’à 
ces dernières années les cas mortels d'infection chez l’homme par les tri- 
chines ; car lorsqu'on rencontrait'sur lés cadavres lés kystes crétacés, il était 
survenu une sorte de guérison et les symptômes se rapportant à Vévolution 
récente des entozoaires étaient oubliés depuis longtemps. 


— 617 — 


naître l’évolution de cet entozoaire. Tandis que Küchenmeister 
et. Leuckart annonçaient à l'Académie des sciences de Paris 
au mois de septembre 1859, que les trichines n'étaient que les 
larves du Tricocephalus dispar, Virchow. obtenait aussi par 
des-expériences des résultats tout opposés. Ayant nourri un 
chien avec des :trichines vivants: recueillis: sur un homme 
mort à l'hôpital et dont on ne connaissait nullement les anté- 
cédents, il trouva dans l'intestin, au bout de trois jours et de- 
ii, des animaux adultes, put distinguer les mâles des femelles, 
et établir enfin.que c'étaiéht des animaux vivipares. Le doute 
n'était plus permis, le trichine musculaire se transformait en 
trichine intestinal ou pour être plus correct, le: trichine des 
museles était un animal jeune dont celui des intestins consti- 
_tuait l'adulte. L'animal se trouvait donc avoir deux habitats, 
l’un dans: l'intestin où il naît, l’autre dans les muscles. où.il, se 
développe. Mais comme on n'avait jamais rencontré chez;le 
chien letrichine des muscles qui est très fréquent par contre 
chez le lapin, il était nécessaire de faire de nouvelles expé- 
riences: Celles-ci devaient être décisives-et jeter un jour com- 
plet sur un animal aussi énigmatique que-le trichine. 
«C’estssur-les lapins,» dit Virchow, «que j'ai pu suivre le 
développement du trichine, Lorsqu'on fait. manger à un lapin 
de là viande.contenant des trichines, on voit.au bout de trois 
ouquatre semaines l'animal maigrir; ses forces diminuent sen- 
siblement,., et il meurt vers la cinquième ou sixième semaine 
qui suit l’ingestion de la viande renfermant les entozoaires. 
Si Fon examine les museles rouges de l'animal ainsi mort,.on: 
les trouve remplis de millions de, trichines., et äl n’est pas 
douteux que la mort n’ait été produite par une atrophie mus- 
culaire progressive, consécutive aux migrations des trichines 
dans l’économie. Par cette: alimentation j'ai obtenu, cinq gé- 
nérations d’entozoaires. J'ai d’abord fait manger à.un lapin 
des trichines vivants, occupant un muscle humain ; il mourut 
au bout.d’un, mois. Je fis alors ingérer à un second lapin des 
muscles du premier; il mourut aussi un mois après. La chair 
musculaire de celui-ci me servit à en infecter trois autres en 
même temps; deux d’entre eux moururent trois semaines 
après , et le troisième au bout d’un mois, J’en nourris alors 


— 618 — 


deux, ‘dont l’un ‘avec beaucoup, et l'autre avec peu de la 
chair de ces derniers: le premier mourut au bout de huit jours, 
sans que l’autopsie révélât d'autre lésion qu'un eatarrhe intes- 
tinal; le second succomba six semaines après le début; de 
l’éxpérience. Chez tous ces animaux, à l'exception de l’avant- 
dernier, tous les muscles rouges, sauf le cœur, renfermaient 
une telle quantité de trichines, que chaque parcelle examinée 
au microscope en contenait plusieurs, quelquefois jusqu’à une 
douzaine. Pour être certain qu avant Pen éuienes l'animal 
n'avait pas de trichines dans ses muscles, j'ai examiné plu- 
sieurs fois, avant de le nourrir, un morceau de musele excisé 
sur le dos et n'en ai pas trouvé de trace 1à où plus tard ils 
devaient se rencontrer en si grand nombre.» 

Ces expériences prouvaient donc que les trichines provoquent 
une affection mortelle: c'était déjà un point très important ; 
mais ils devaient révéler encore de la façon la plus péremptoire 
les migrations de ces helminthes dans les muscles. Enrenouve- 
lant les expériences sur les lapins, Virchow constata que peu 
d'heures après l’ingestion des muscles malades; les trichines 
dégagés dés muscles, se trouvent libres dans l'estomac, qu'ils 
passent de Jà dans le duodénum , et qu'ils arrivent ensuite 
plus loin dans l'intestin grêle pour s'y développer. Dès Île troi- 
sième ou le quatrième jour, la présence d'œufs ou desrcellules 
spermatiques permet de distinguer le sexe de l'animal. Bien- 
tôt après, les œufs sont fécondés, et il se développe dans le 
corps des trichinés femelles, de jeunes entozoairés vivants. 
Ceux-ci sont expulsés par l’orifice vaginal situé sur là moitié 
antérieure du ver et commencent leur vie dans lé tube diges- 
üf qu'ils paraissent ne pas tarder à perforer. Virchow les à 
retrouvés, présentant l’aspect de petits filairés, dans les glan- 
des mésentériques et surtout dans les cavités séreuses ; parti- 
culièrement dans le péritoine et dans le péricarde , maïs les 
a cherchés en vain dans le sang et dans les voiés de la circu- 
lation (1). En continuant leurs migrations, ils s'pénétrént Log 


(1) Iestgénéralement admis que tôt après leur naissance, és jeunes itri- 
chines perforent les parois intestinales et pénètrent par des migrations actives 
et passives dans les différentes régions du corps de l’hôte quiles héberge. 
Turner et Zenker surtout avaient déjà émis des doutes à cet égard. De nom- 


— 619 — 


que dans l'intérieur des fibrilles musculaires, où on les trouve 
déjà trois semaines après l’alimentation, en nombre consi- 
dérable, et'à un degré‘de développement tel, que les jeunes 
entozoaires ‘ont presque atteint les proportions de ceux qui 
étaient renfermés dans la chair ingérée. 

‘Il ressort évidemment des faits ci-dessus que, loin de four- 
nir une preuve suffisante à la doctrine de la génération spon- 
tanée, comme l'avaient pensé Owen et d’autres savants après 
lui ; le trichine, ainsi que Virchow l’a démontré le premier, est 
un helminthe vivipare. — Mais tant qu'on ne l'avait observé 
chez l’homme qu'à la première période de son évolution, 
l'histoire de sa migration dans notre espèce demeurait un 
desideratum de la science qu'il était réservé à Zenker de ré- 
soudre par une observation à jamais mémorable dont voici le 
résumé. 

"Une servante, âgée de 20 ans, et qui avait toujours joui 
d’une bonne santé, tomba malade vers Noël 1859. L’affec- 
tion débuta par une grande fatigue, de l’insomnie, de l’ano- 
rexie, de ‘la constipation, de la chaleur, dé la soif. Traitée 
d’abord chez ses maîtres, puis chez ses parents, elle fut trans- 
portée à l'hôpital de Dresde le 20 janvier 4860, La fièvre était 
alors intense, le ventre ballonné et douloureux, tout le sys- 
tèmé musculaire et en particulier celui des extrémités était 
excessivement douloureux, les genoux et les coudes présen- 
taient une contracture qu'il était impossible de vainére, et la 
moindre tentative d’extension des’ membres arrachait des 
eris à la malade. Plus tard, il se déclara un œdème dés extré- 
mités inférieures ; uné pneumonie se manifesta, et après une 
journée de prostration la malade suécomba, à peu près cinq 
semaines après le début de cette afféction, er on avait regar- 
dée comme une gens typhoïde. 


breuses raisons Pisient, supposer à ce dernier observateur que l’animal 
n'allait pas chercher lui-même sa nouvelle demeure , mais qu’il y était 
transporté à Pétat d° embryon par le torrent circulatoire. Girete une note pré: 
sentée à l’Académie des scientes de Paris, lé 46 février 1863, Zenker an- 
nonce en avoir obtenu la preuve, en trouvant les embryons dans le sang 
d'un lapin infecté avec des trichines, et il ajoute que, le, fait a été égalemeut 
observé par le docteur Fiedler (de Dresde), quis, à sa prière, à poursuivi les 
expériences. 


— 620 — 


On se représente facilement létonnément : du professeur 
Zenker lorsqu'à la première investigation miceroscopique.des 
muscles du bras,'se montrèrent à ses yeux des, douzaines.de 
trichines sans capsules, libres dans:le parenchyme. museu- 
laire, présentant toutes les positions et donnant.les signes de 
la vitalité la moins contestable. En poussant plus loin-ses!re- 
cherches, ïiltrouva tous les muscles ; etimême le-cœur, telle- 
ment criblés de trichines, qu'à un faible grossissement, on en 
apercevait jusqu'à vingt dans le champ: du microscope. IL était 
done hors de doute que les vers avaient-été surpris-dans leur 
passage dans les muscles, et qu'on avait affaire à une immi- 
gration toute récente. Les faisceaux musculaires portaient la 
trace d’une, dégénérescence profonde: ils étaient friables;; les 
fibres n'étaient plus striées ni homogènes, et présentaient. de 
nombreuses déchirures transversales. 

: Mais ce n’était pas encore toutce que ce cas remarquable 
devait révéler. En examinant l'intestin grêle, qui.était forte- 
ment hypérémié, et en plaçant'sousde microscope une goutte 
du mucus du jéjunum, Zenker rencontra une masse de petits 
entozoaires, sur la nature desquels le doute ne pouvait être 
permis et qui étaient des trichines adultes. Leur forme était 
celle des trichines (extrémité céphalique amincie, extrémité 
eaudale obtuse), mais leur taille était, beaucoup plus grande; 
les femelles mesuraient 4" et les mâles 1,44," Ces animaux 
étaient, vivipares, car le,tiers moyen dujcorps, des femelles 
était gorgé d’embryons parfaitement développés, fait qui avait 
été, du reste, démontré déjà l’année précédente, par Virchow. 

Au mérite d’avoir constaté chez l'homme. des trichines dé- 
veloppés (adultes), venait s'ajouter, pour le professeur Zenker, 
celui beaucoup plus grand, encore, de jeter un jour complet 
et décisif sur l’étiologie de cette affection morbide. Comme la 
malade avait été amenée de la campagne à l'hôpital de Dres- 
de, Zenker se transporta sur les lieux, et Constata que quatre 
semaines auparavant on avait abattu dans cette maison même 
un porc renfermant des trichines; que les. jambons et les.sau- 
cisses faits avec la chair de cet animal en contenaient un 
grand nombre; qu’enfin le boucher qui avait tué le ‘porc êt 
en avait mangé de la chair fraîche, ainsi que plusieurs autres 


— 621 — 


personnes, avaient présenté des symptômes rhumatoïdes et 
typhoïdes plus ou moins graves: mais que la malade transpor- 
tée à Dresde, avait seule succombé à roses de là viande 
de ce porc. | 15 HAT) 

» Vous comprendrez dopaiiminQ messieurs , Je, retentisse- 
ment que dut avoir, non silgralei dans le nord de lAllema- 
gne, mais on peut dire, dans le monde entier; la connaissance 
d’un fait pareil, entouré de toutes les garanties possibles 
d’exactitude et qui n’a malheureusement pas tardé à recevoir 
l'authenticité la plus complète. Il est arrivé pour les trichines 
ce qui à eu lieu pour tant d’autres produits pathologiqués 
parasitaires ou non, dont il semble qu’ils se développent et 
se multiplient à mesure qu’on pénètre plus avant dans leur 
étude. 

Tandis que jusqu’en 1862, on n’avait rencontré que des cas 
rares, isolés, réservés aux recueilk médicaux, on a depuis lors 
observé des exemples assez accumulés pour mériter le nom 
d’épidémies. Parmi ces invasions épidémiques, la première 
dont l’histoire ait été publiée, et qui dès l’abord éveilla l’at- 
tention des médecins, est celle de Plauen (Saxe). Elle débuta 
dans le printemps de 1862, et porta environ sur 25 person- 
nes. L’autopsie d’un malade qui succomba vint corroborer le 
diagnostic de Bœhler et de Kænigsdærffer. Chez trois jeunes 
malades qui se prêtèrent à cette opération, d’ailleurs peu dou- 
loureuse, ils avaient harponné un fragment de muscle gros 
comme la moitié d’une lentille et l’avaient trouvé parsemé de 
trichines. Cette démonstration péremptoire, donnée pendant 
la vie (et que le professeur Friedreich, de Heidelberg, avait du 
reste fournie le premier, pour un malade qu'il avait soigné et 
guéri dans l'hôpital de cette ville, en avril. 1862), exeita une 
si vive curiosité, que le ministère de Saxe envoya sur les lieux 
Zenker et Unger, lesquels confirmèrent pleinement lopinion 
de leurs confrères de Plauen. — Une autre épidémie assez 
considérable fut celle de Calbe, sur la Saale. Elle dura du 
milieu de juin au milieu de nilieé 1862, atteignit 38 person- 
nes sur une population de 1200 PRÉ 9 hommes, 25 fem- 
mes et 4 enfants, et causa 8 décès: 6 femmes, 1 cn Poil et 1 
homme. Il résulta de l'enquête que tous les habitants atteints 


RU 


avaient acheté de la viande chez un seul boucher; qui ui- 
même était tombé malade; ainsi que sa fille;cet'dont la fem- 
me avait succombé avec les symptômes caractéristiques. 

De nombreux foyers épidémiques ont été signalés;tels sont: 
Quediinbourg, Leïpzig, Corbach ;: Burg près: Magdebourg, 
Weimar, Rügen, etc.; maïs le plus important est sans contre- 
dit celui de Hettstädt près de Eisleben (Saxe): L’épidémie n’a 
pas encore été décrite dans tous ses détails, mais elle dura de 
la fin d'octobre à la moitié de décembre:1863, atteignit 150 
personnes et fit près de 30 victimes. Elle eut pour point de 
départ un pore demi-anglais, âgé de deux ans et demiseinq 
bouchers le marchandèrent , le trouvant parfaitement:sain, un 
sixième l’acheta; sept membres de la maisontombèrent gra: 
vement malades; le chef de la famille mourut ainsi qu un do- 
mestique. | 

J’allaïs presque oublier dans cette énèrnéeati ce dé foyers 
épidémiques un cas excessivement curieux raconté par Pün- 
sel de Hambourg. Un navire hambourgeois revenait de Val- 
paraiso; avant le départ on acheta un pore vivant, qui fut tué 
à bord le 1°*'avril 1863; le cuisinier le prépara avec l’aide ‘de 
l'équipage , on en mangea frais 30 livres, et'le resté fut salé; 
en entrant au port, un certain nombre de matelots étaient ma- 
lades, les uns gravement, la plupart légèrement, deux mou- 
rurent. L’un des deux, mousse, âgé de 16 ans, qui suecomba 
le 24 avril; présenta dans ses muscles une quantité. considé: 
rable de trichines vivants non enkystés. Ce qui restait du pore 
dans la saumure fut alors soumis à lexamen'mieroscopique 
par Füngel, qui y constata de nombreux trichines érsevr de 
vie, il est vrai. 

Quäint à la nature des accidents causés par la présence des 
trichines chez l’homme, il me suffira, messieurs, de les tracer 
en quélques mots, d’après Zenker: « La maladie débute par 
un léger malaise de plusieurs jours, de l’anorexie, de la las- 
situde, ete. Bientôt vient s’y joindre un œdème de la face, 
qui s'étend à tout le corps, dans les cas les plus graves, aftei- 
enant un très-haut degré. En même temps, vers le septième 
où huitième jour après l'infection, se montrent les phéno- 
mènes musculaires, à savoir: une futighe vénérale, de Ta pe- 


— 625 — 


santeur, dutiraillement dans les membres, de là douleur à 
la pression ; une tension et une dureté des muscles qu'il est 
facile‘de constater, parfois aussi de la gène dans la déglati- 
tion , la mastication et la phonation. ‘Fous ces accidents aug:- 
mentent à un tel degré dans les cas graves, que les malades 
se trouvent dans la prostration la plus complète. La fièvre 
concomitante est considérable, le pouls én particulier: est 
très-accéléré, fréquent, baitant 130 à 140 fois par minute, 
tandis que la température, relativement peu élevée, monte 
rarement au-dessus de 39,5° C. La respiration est fréquem- 
ment accélérée à cause de la douleur que cette fonction ré- 
veille dans les muscles de la poitrine; il: y à une insomnie 
opimiâtre , des sueurs profuses ; il est fort rare que les facultés 
intellectuelles soient affectées. La constipation est fréquente, 
là diarrhée rare. Dans les: cas graves on voit se produire un 
déeubitus considérable. Après que ces symptômes se sont 
maintenus à ce niveau avec de légères oscillations, la conva- 
lescence s’accuse dans les cas à issue favorable, par une di- 
minution lente de l’æœdème, de la fréquence du pouls et des 
douleurs musculaires.» 
: Quelquefois ces différents accidents ont une marche très- 
rapide et la mort peut survenir après cinq ou six jours, mais 
elle à lieu le plus souvent entre la troisième et la quatrième 
semaine ; d'autrefois, par contre, ils ont un cours très lent, 
la convalescence ne semble s'établir. que pour aboutir à un 
marasme. | 

Virchow a examiné déjà plusieurs cadavres de gens qu’on 
disait morts de consomption , chez lesquels l’autopsie à fait 
voir que les poumons n'étaient que légèrement atteints, tan- 
dis que les muscles étaient en partie détruits par les trichines. 

Aptfès tous les faits sur lesquels je viens à dessein de m'ap- 
pesantir, il n’est plus permis de douter de la corrélation in- 
time qui existe entre la présence de trichines dans la viande 
de pore et la maladie de l’homme causée par l'ingestion de 
cette chair. Quelques esprits mal faits ont cherché à prouver, 
il est vrai, que les porcs étaient très rarement atteints de tri- 
chines et que: dans ce cas ils devaient nécessairement présen- 
ter des symptômes évidents de maladie. Mais rien n’est plus 


_— 


inexact. S'il est heureusement ‘excéptionnel: que: les pores 
hébergent des trichines; il est, par contre, prouvé par les 
expériences:de Haubner, Küchenmeister et :Leiserinÿ, que 
l'affection trichinaire de cet animal ne se laisse reconnaître 
à aucun symptôme sûr et certain; en ‘un mot qu’elle n'offre 
aucun signe pathognomonique. On pouvait s'attendre, à -ce 
résultat par le début de l'épidémie de Hettstädt;sur:dequel 
j'ai insisté. Mais accordons un: instant;-ee qui pourrait être 
démontré une fois, surtout à présent que l’atténtionest-éveil- 
lée sur ce point, que les porcs atteints de trichines offrissent 
des symptômes morbides caractéristiquessce ne:sérait: certes 
pas: alors que le propriétaire viendrait les offrir à la vente, il 
attendra-qu’ils jouissent denouveau d’une bonne santé, et.c'est 
justement là que gît l’immense danger. Car s'il est quelque 
chose de péremptoirement démontré, c’est que l’'enkystement, 
voire même la crétification, ne tue pas le trichine. Voilà ceque 
dit à ce sujet Virchow: « Dans presque tous les cas où j'ai 
rencontré chez l’homme des kystes crétacés, le trichine qui 
s’y trouvait renfermé était plein de vie. Je ne puis pas dire 
depuis combien de temps l'immigration s'était eflectuée,! mes 
informations à ce. sujet étant restées sans résultats; mais à 
en juger d’après les expériences que j'ai faites sur les ami- 
maux, on peut affirmer qu’il se passe plus de six mois avant 
que la crétification commence, et admeitre avec quelque:pro- 
babilité que les trichines peuvent vivre des années d’une vie 
latente. Que la chair dans laquelle ils se trouvent vienne à 
être ingérée, ils reprendront immédiatement une activité: vi- 
tale plus grande. J'ai souvent fait des expériences avec: des 
trichines dont le kyste avait subi la transformation Re 
elles m'ont toujours réussi. » 9e 91 

Que tel est aussi le cas chez l'espèce humaine , € ae ce, que 
prouve l’observation:suivante publiée tout disait par 
Groth (Virchow’s Archiv, 1864, t: X XIX, 602): Une demoiselle 
fut opérée le 9 novembre 1861: à l'hôpital d'Altona d’un can- 
cer du sein. En faisant Fexamen microscopique dela tumeur, 
où: y constata la présence de trichines :capsulés: On recueil- 
lit alors les antécédents de cette malade et: on apprit.que, 
lorsqu'elle habitait Davenport (Amérique: du Nord), -elle: fit 


— 625 — 


au mois de novembre 1856 une maladie fort grave, caracté- 
risée par des douleurs très vives dans les extrémités, par un 
ædème de la face, des vomissements, puis au bout de quel- 
ques jours, par un œdème des jambes accompagné d’une pa- 
ralysie, laquelle persista jusqu’au mois de juin 1857. Pendant 
toute la durée de la maladie il y eut une constipation opiniâ- 
tre accompagnée de coliques très vives. Cette personne, qui 
jouait fort bien du piano et était très adroite dans les ouvra- 
ges d’aiguille, ne retrouva jamais sa dextérité, et se plai- 
onit souvent d’une faiblesse persistante de ses mains. A la 
même époque, son frère qui, comme elle, mangeait du jam- 
bon fumé d'Amérique, fit une maladie dont les symptômes 
identiques ne présentèrent cependant ni la même gravité, ni 
la même persistance. On ne peut donc douter d’une affection 
trichinaire, telle que nous la connaissons aujourd’hui. 

Après avoir eu plusieurs récidives d'infiltration cancé- 
reuse dans les glandes de l’aisselle, cette demoiselle s’éteignit 
le 3 février 1564. L’autopsie cadavérique, qui ne put avoir 
lieu que d’une manière incomplète, donna les résultats sui- 
vants : le deltoïde, le grand pectoral, le droit abdominal 
principalement à sa face postérieure, le jumeau interne de la 
jambe, un des muscles intercostaux, mais surtout le long su- 
pinateur, présentaient tous, un plus ou moins grand nombre 
de trichines, dont les kystes complètement calcifiés étaient 
parfaitement visibles à l’œil nu. 

Désireux de faire des recherches sur la durée de la vie de 
ces helminthes, Groth fit manger, le 10 février 1864, à une 
chatte quelques morceaux du muscle grand pectoral, déjà 
fortement décomposé. Après avoir eu les premiers jours des 
vomissements et des selles sanguinolentes, l'animal, excessi- 
vement amaigri, succomba le 1% mars. Dans tous les museles 
qui furent examinés, même dans le cœur, Groth trouva des 
trichines de différents âges, aucun cependant n’était enkysté. 
Dans l'iléon aussi, il constata la présence de nombreux tri- 
chines adultes mâles et femelles. 

Cette remarquable observation, dont Virchow lui-même ne 
conteste pas l'authenticité, prouve que les trichines peuvent 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 41 


— 626 — 


se conserver vivants et se reproduire même après avoir passé 
sept à huit ans dans le corps de l’homme vivant. 

Prétendre qu’on puisse impunément manger de la viande d’un 
porc réputé en bonne santé, et qu’il est parfaitement inutile de 
prendre des précautions quelconques, c’est faire preuve non- 
seulement d’une grossière ignorance, mais encore d’un man- 
que absolu de sens moral. Non, on doit le déclarer hautement, 
la viande de pore, lorsqu'elle n’a pas été soumise à un examen 
assez facile à faire, et reconnue par-là exempte detrichines, ou 
lorsqu'elle n’a pas subi une préparation culinaire qui tue d’une 
manière certaine les entozoaires qu’elle peut contenir, est 
dangereuse pour l’homme; et si elle ne cause pas dans tous 
les cas la mort, elle détermine quelquefois une maladie plus 
ou moins grave. S'il est presque superflu de dire que le dan- 
ger augmente en raison de la quantité des trichines ingérés, 
il faut reconnaître cependant qu'il n’est pas le même pour 
chacun. Comme nous voyons des individus jouir d’une immu- 
nité complète pour de certains agents toxiques, de même 
pouvons-nous admettre qu’il y a des organismes qui resteront 
indemnes de toute affection trichinaire. Abstraction faite de 
vomissements ou de diarrhées violentes, qui peuvent survenir 
tôt après l’ingestion de chair trichinisée et empêcher toute 
intoxication, comme cela a été constaté dans plusieurs épi- 
démies, il est permis de supposer que le canal digestif doit 
-se trouver dans certaines conditions à nous inconnues, pour 
permettre l'immigration des trichines. 

Une différence analogue existe entre les diverses espèces 
animales qui peuvent héberger le trichine: ainsi, bien que l’é- 
volution du trichine se fasse parfaitement dans le tube digestif _ 
de la race canine, ce parasite ne perfore jamais l'intestin du 
chien et ne pénètre jamais dans ses muscles. Il en est de 
même pour le mouton, le bœuf, la poule, le pigeon, 
tandis que chez le lapin, le porc, la taupe, le chat, le blai- 
reau, le cochon d’Inde et les oiseaux de proie on a constaté, 
comme chez l’homme, toutes les phases de développement du 
trichine. — Que toutes ces espèces nourrissent réellement le 
Trichina spiralis, ou que, comme le présume Virchow, il s’a- 
gisse pour quelqu’unes d’entre elles d’un autre helminthe du 


— 627 — 


même genre, le Trichina affinis (Diesing) (*), l'observation 
relative à la présence d’adultes seulement chez les unes et des 
deux âges chez les autres n’en conserverait pas moins toute 
sa valeur. 

Le meilleur moyen de se préserver d’une affection trichi- 
naire serait de renoncer complètement à l'usage de la viande 
de porc. Le grand législateur des Hébreux, qui était un parfait 
hygiéniste, en avait fait un article de loi; d'où il est permis de 
supposer qu'on connaissait alors déjà des accidents survenus 
à la suite de l'emploi de cet aliment. S'il est vrai que la dé- 
couverte des trichines est fort récente, la maladie qu'ils pro- 
duisent ne l’est pas; elle est peut-être vieille comme le monde; 
ce qui seul est nouveau, c’est d'en connaitre la cause. 

Cependant il ne faut pas oublier que des populations entiè- 
res font un usage presque exelusif de la viande de pore; il ne 
peut par conséquent être question de la rayer du jour au len- 
demain, soit par persuasion, soit même par voie législative, 
de la liste des aliments. Aussi a-t-on proposé que dans chaque 
localité de quelque importance, il soit nommé un inspecteur 
chargé de visiter la viande avant qu'elle soit mise en vente, et 
que des mesures soient prises pour que nul morceau de porc 
ne soit vendu sans être couvert de l’estampille du gouverne- 
ment. 

Tout en redoutant fort pour tout pays la nouvelle légion de 
bureaucrates qui surgirait de cette mesure, je dois reconnaître 
cependant qu'on pourrait en obtenir le résultat désiré; car 
rien n’est plus facile que de constater l'existence de trichines 
en ayant recours au microscope. Il suffit en effet d'examiner 
à un grossissement de 60 diamètres un fragment de chair de 
la grosseur d’un petit pois, en choisissant de préférence l’at- 
tache des muscles aux tendons, pour juger de la qualité de la 
viande. Car si l’on admet avec Virchow, ce qui certes n'est 
pas exagéré, qu’un trichine femelle donne naissance à deux 
cents petits, on voit que 5000 trichines mères peuvent pro- 
duire en quelques jours un million de jeunes trichines. Il se- 
rait done difficile, pour un observateur attentif, de ne pas 


(:) Celui-ci a été observé chez le blaireau , la taupe, la mouelte rieuse, 
la buse commune, la grue cendrée (Diesing). 


— 628 — 


s’'apercevoir de la présence de ces helminthes, car un seul.doit 
suffire pour faire rejeter de la consommation, le porc qui le 
contient. Un coup d’œil jeté sur des préparations placées sous 
le microscope, vous convaincra facilement de cette assertion 
qui pourrait vous paraître au premier abord un peu hasardée. 

Le moyen usuel le plus sûr de se préserver des trichines 
est de soumettre la viande de pore à la cuisson. Il à été en 
effet prouvé que le trichine supporte une température de 40 
à 50° C., mais qu'il ne résiste pas à une chaleur de 100° C. Il 
périt aussi inévitablement dans une saumure suffisamment 
prolongée. Saler et fumer la viande de pore pendant un cer- 
tain temps, faire durer cette opération des semaines et des 
mois, suivant les anciens procédés encore en usage chez nous: 
la rôtir, la bouillir à grand feu, en ayant soin de prendre des piè- 
ces petites, ou tout au moins d’un volume moyen, telles sont 
les règles qu’on doit suivre afin de conjurer le danger. Il 
n’est done pas prudent de faire usage de chareuterie crue, 
et si l’on veut persister à manger le délicat jambon de West- 
phalie, on doit le soumettre préalablement à un examen mi- 
nutieux. 

D'après toutes les expériences qui ont été faites, on peut 
sans danger aucun faire usage du lard et de tous les organes 
non musculaires, tels que le cerveau, le foie, les reins, etc., 
dans lesquels on n’a jamais rencontré le trichine. 

Quant au traitement proprement dit de l’affection trichi- 
naire, tant que les expériences y relatives n’eurent donné que 
des résultats douteux ou même négatifs, il ne pouvait consis- 
ter que dans l'emploi de purgatifs destinés à expulser le plus 
vite possible les trichines libres dans l'intestin. Aujourd’hui, 
les résultats obtenus par Mosler au moyen de la benzine, 
permettent légitimement d'espérer, que la thérapeutique de 
cette affection redoutable ne tardera pas à devenir une réalité. 


«8 


LES MALADIÈRES 


DU CANTON DE NEUCHATEL. 


NOTICE HISTORIQUE 
Par M. le D' GUILLAUME. 


(Voir ci-dessus p. 443 et 466.) 


Les Maladières, que l’on désigne aussi sous le nom de mala- 
drières, maladreries, misellaria, mezelleries, ladreries, étaient 
des établissements destinés à recevoir les malades atteints de 
la lèpre, qui y étaient séquestrés. On donnait aussi à ces éta- 
blissements le nom de Zéproseries, leprosarium, proserium et 
celui de Lazaretti, parce que les lépreux portaient aussi le nom 
de lazari, d’après leur patron Saint-Lazare. On les appelait 
également mizelli, mezeaux (mezel au singulier). Ces dernières 
dénominations sont rappelées dans le but de proposer une 
autre étymologie au nom que porte le rocher isolé, formant 
un îlot, vis-à-vis de l'endroit où se trouvait la Maladière de 
Neuchâtel. 

Le nom de pierre à Mazel que l’on donne à cet écueil, tire 
son étymologie, d’après l'opinion généralement admise jus- 
qu'ici, du mot #acellum, boucherie. Au premier abord, la res- 
semblance des mots est frappante; mais comment expliquer 
les motifs qui auraient fait donner ce nom à ce rocher ? 

M. Samuel de Chambrier, dans son intéressante description 
de la Mairie de Neuchâtel, ne pouvant, avec raison, supposer 
que l’on ait établi une boucherie à cette distance de la rive et 
sur un plan aussi incliné que la surface de ce rocher, inter- 
prète cette dénomination en admettant que cet îlot était un 
lieu sacré, du moins au temps des Romains, et qu'il servait 
d’autel sur lequel les nautonniers immolaient des victimes 
pour se rendre Neptune favorable. Conjecture , ajoute cet his- 
torien neuchâtelois, qui est fortifiée par la situation de l’ilot, 


— "690 


La pierre à Mazel se trouve, en effet, vis-à-vis de l’emplace- 
ment assigné à l'antique Noïdenolex. De nos jours, la croyance 
populaire est favorable à cette interprétation, mais peut-être 
ne date-t-elle que du jour où elle a été émise par M. de Cham- 
brier. Elle s’est d'autant plus fortifiée que beaucoup de gens 
ont cru voir des taches de sang dans la matière rouge-pour- 
prée qui se voit dans les excavations de la pierre à Mazel, et 
qui sont dues à la philodine roséole. Ce qui fait supposer que 
cette croyance populaire est de date récente, c’est que, dans 
les procès de sorciers, la pierre à Mazel ne joue aucun rôle; 
les lieux mal famés, inscrits dans les procédures sont, pour 
le voisinage de Neuchâtel, Pierre-à-Bot, le Vauseyon, et même 
le bord du lac sous le müûrier, c’est-à-dire la plage qui s’éten- 
dait à l'endroit occupé, de nos jours, par la Place du marché. 
Or, il est à présumer que si la pierre à Mazel avait été, au 
temps du paganisme, consacrée à une divinité quelconque, à 
Neptune, par exemple, les bateliers auraient conservé une cer- 
taine vénération pour ce rocher, même après l'introduction 
du christianisme, et le clergé l’aurait démonisé, on y aurait fait 
placer l’image d’un saint, afin de confisquer cette antique vé- 
nération au profit de la religion nouvelle. Il ne paraît pas qu’il 
en ait été ainsi; d’abord, cet endroit ne figure pas dans les 
procès de sorcellerie, et, d’un autre côté, on admet que saint 
Nicolas, le patron des navigateurs, avait sa statue ou sa cha- 
pelle sur le Crêt. Et, en effet, ce lieu était plus convenable 
pour recevoir un autel dédié, soit à Neptune ou, après lui, à 
saint Nicolas, que la pierre à Mazel qui, lorsque le lac atteint 
son maximum de hauteur, disparaît sous le niveau des eaux. 

L'interprétation admise jusqu'ici ne paraît pas s'appuyer 
sur de solides arguments ; de preuves, il n’en existe aucune. 

Il est vrai que dans le moyen-âge les bouchers étaient dé- 
signés sous le nom de maseliers et que l’étal portait le nom de 
banc de masil (*) et on pourrait, si l’on voulait conserver l’é- 
tymologie dé macellum, mazel, maisel, macel, admettre plu- 
tôt que le nom de pierre à mazel viendrait de la ressemblance 
que ce rocher présente avec un banc d’étal de boucher. 


(1) Boyre II, 32, 


— 631 — 


Il reste encore une interprétation qui paraît plus naturelle, 
c'est de faire dériver mazel du mot mezel donné aux lépreux. 

Mezel et mazel peuvent être considérés comme identiques, 
car la voyelle « peut avoir été substituée à e dans le courant 
des siècles. Ou bien, ce qui est plus probable, on prononçait 
dans l’idiome neuchâtelois mazel, tandis qu'ailleurs on disait 
mezel pour désigner un lépreux. 

Une autre preuve vient à l’appui de cette manière de voir, 
Dans le 17° siècle, les rochers de la Maladière, qui bordent 
la rive du lac devant l'hôpital Pourtalès, s’appelaient les ro- 
ches à mazel. Ce nom leur venait d’une tour qui se trouvait 
dans cet endroit et qui portait le nom de tour à mazel. N’est- 
il pas naturel d'admettre que cette tour qui, au dire du chan- 
celier Hory (qui vivait dans le 17*° siècle), remontait à l’é- 
poque romaine, ait été utilisée, lors de la propagation et de 
l'extension de la lèpre (vers le 11%° et le 12*° siècle) pour y 
séquestrer les malheureux atteints de cette maladie? Le pre- 
mier lépreux, le premier mezel qui y fut renfermé, fit donner 
à la tour le nom de four à mazel, qu'elle conserva depuis, ainsi 
qu'aux rochers sur lesquels elle s'élevait et à l’ilot qui, seul 
de nos jours, en perpétue le nom. 

Voici comment s'exprime, en 1613, Jean Hory, dont le 
chancelier de Montmollin parle toujours avec le plus grand 
respect. « Nos pères (c’est-à-dire dans le 16% siècle) ont en- 
» core vu sur la roche du Crêt, bons reliquats d’une grosse 
» tour édifiée au tout vieux temps avecque puissants maté- 
» riaux qui ont bien servi à faire quays et jettées : par le petit 
» restant qui se voit en un coin, on peut recognoistre la paste 
» et couleur du ciment usagé par les Romains. On peut dire 
» le semblable de la tour au bout des roches à mazel, qu’on 
» couvre de terre à cette heure pour y faire de la vigne. . . 
».... Une tour non moins remarquable était assise sur la 
» roche du Nid-du-Crô, et si épaisse et spacieuse que Ja ma- 
» jeure partie de l’église et hospice de la maladrerie y atte- 
» nants, ont été construits avec les matériaux de la dite tour, 
» ce qu’on peut facilement recognoistre par confrontation avec 
» le coin restant, lequel indique la mesme main, mesme paste 
» et couleur de ciment, mesme beauté d'œuvre qu’en la roche 


— 632 — 


» de la four à mazel et en celle du Crêt, et semble-t-il que les 
» deux susdites tours faisaient les deux bouts de la vieille ville 
» du côté du lac, et gardaient la plage et abordage ; aussi la 
» tour sur la roche du Crêt, alors isle ou approchant.» (1) 

D'après ce passage, il est facile de déterminer approxima- 
tivement l'emplacement de l’hospice de la Maladrerie de Neu- 
châtel. Mais on peut, sans trop se hasarder, admettre que la 
tour à mazel fut probablement la première léproserie ouverte 
à Neuchâtel. Partout, du reste, on utilisait fréquemment d’an- 
ciennes tours pour y séquestrer les lépreux. 

L’hospice de la Maladrerie, qui existait encore au 17% siè- 
cle dans le même endroit, et dont Hory et Montmollin font 
mention, était une construction plus récente et ne remonte 
probablement pas au-delà du 15"° siècle. En 1419 on employa 
4,000 ancelles ou bardeaux et 4,000 clavins pour la Maladière; 
matériaux dont la quantité fait supposer qu'il s'agissait, non 
pas d’une simple réparation, mais d’une construction nouvelle. 
M. 5. de Chambrier émet cette opinion en citant ce fait. Il est 
probable que jusqu'alors la tour à mazel et peut-être celle qui 
se trouvait sur la roche du Nid-du-Crô, étaient les seuls édi- 
fices destinés aux lépreux et que, le nombre de ces malades 
allant en augmentant ou que ces tours menaçant ruine, l’ad- 
ministration municipale se décida à construire un établisse- 
ment plus confortable qui, alors, reçut le nom plus moderne 
de Maladrerie ou Maladière. 

Malheureusement il nous reste peu de icpibtell sur l’éta- : 
blissement de cette Maladière et sur la manière dont les lé- 
preux y étaient traités. Cependant il semble qu’on suivait à 
Neuchâtel les mêmes usages qu'ailleurs à l'égard de ces mal- 
heureux. 

Le conseil d'Etat et, en ville, les quatre ministraux veil- 
laient attentivement à ce que chaque personne suspectée d’être 
atteinte de la lèpre fût examinée par un chirurgien, et à ce 
que, si la maladie était reconnue, le malade fût séquestré dans 
une maladière. En 1477, les quatre ministraux , le barbier 
(c’est-à-dire le chirurgien de la ville) et le soubtier(?) «essayè- 


(') Mémoires du chancetier Montmollin, IL, p. 16. (?) Huissier, 


_ 


— 633 — 


rent Jean Vermondin, lequel s’est trouvé laidre.» Cet examen 
médical devait, à ce qu’il paraît, se passer avec certaines for- 
malités, car il existait probablement à Neuchâtel, comme 
dans les villes des cantons suisses, des instructions juridiques 
prescrivant au médecin et au juge la manière dont J’examen 
sanitaire devait se pratiquer. Conrad Gessner, le grand méde- 
cin zuricois du 16% siècle, nous à transmis dans ses ouvrages 
un examen leprosorum de cette espèce. 

Dans le 17" siècle, nous voyons que l'examen médical était 
fait par un ou deux médecins de la ville et par un chirurgien 
«expert.» Les premiers se transportaient dans le lieu où le 
malade habitait et si un chirurgien se trouvait dans l'endroit 
ou dans le voisinage, il était de préférence choisi. L’examen 
ou « l'essai» avait lieu en présence du maire de ia juridiction 
qui faisait observer les formalités accoutumées, puis d’un jus- 
ticier au moins et du greffier. 

Lorsque les membres de la faculté avaient diagnostiqué la 
lèpre, le malade était immédiatement mis dans la Maladière 
ou séquestré dans une habitation isolée. 

Les frais occasionnés par un tel examen étaient payés par 
les communes, si le lépreux était pauvre; dans le cas contraire, 
ils étaient mis à la charge du malade. En 1656, une visite sa- 
nitaire ayant été faite à un lépreux, à la Chaux-de-Fonds, il 
en résulta une liste de frais de plusieurs centaines de livres. 
Le malade pria le conseil d'Etat de modérer cette liste; voici 
comment l'autorité supérieure s’en acquitta. 


Pour les journées du maire . . . . L. 125 (!) 
» les 2 journées des 2 médecins . » 165 
» »* du chirurgien ., . ‘* 21:} 


» le lieutenant, justicier et greffier » 
» les arrêts du conseil d'Etat . . » 7 


Total _L. 333 » 6 cros. 


L'arrêt du conseil d'Etat dit ensuite: «Pour la dépense, 
néant, d'autant que les dits visiteurs seront payés de leurs 
journées.» 11 paraît que le jury d'examen cherchait à mettre 
_ à la charge du lépreux ses frais de dépenses, qui, d’après l’u- 

sage de cette époque, s’élevaient assez haut. 


(*) La livre faible valait environ 56!/, centimes. 


— 634 — 


Une preuve que les médecins n'étaient pas toujours bien 
sûrs de leur diagnostic, c’est qu'ils refusaient souvent de don- 
ner des déclarations médicales et d'indiquer l’espèce de lèpre 
(car on en admettait plusieurs espèces), lorsque les parents 
soutenaient que le malade n'était pas atteint de la vraie lèpre. 
Un certain Humbert-Droz, de la Chaux-de-Fonds, n’estimant 
pas qu’il fût atteint de la lèpre, demandait en 1686 au conseil 
d'Etat l'autorisation de se faire examiner par d’autres méde- 
cins. Ce qui paraît évident, c’est que, même dans le 17° siè- 
cle, on rangeait une quantité de maladies cutanées parmi les 
cas de ièpre. 

Voici comment les médecins du 17% siècle définissaient la 
lèpre (1): « La lèpre, ladrerie ou éléphantiasis n’est autre chose 
qu'une tumeur de tout le corps, provenant d’une adustion ou 
torréfaction de l'humeur mélancolique participant de qualité 
vénéneuse. On connoist cette définition estre valable, par ces 
mots de qualité vénéneuse, méchante et cruelle, veu que tous 
ceux qui sont mélancoliques, ne sont pas de nécessité saisis 
de la lèpre. Celle des Arabes est bien autre que celle des 
Grecs et Latins; car la ladrerie arabesque n’est qu’en tumeurs 
varisqueuses des jambes; mais celle des Grecs et Latins qu’on 
appelle vulgairement ladrerie, est exécrable, cruelle, abomi- 
nable , qui ronge les personnes jusqu'aux os. » 

« La lèpre en son commencement rend la couleur de la per- 
sonne changée, aucunes fois noirastre, jaunastre, blanchastre, 
selon le naturel de l'humeur aduste , qui afflige mêmement le 
visage, la peau duquel se voit plus épaisse, dure, aspre, les 
mains et les pieds tous enflés, le sentiment tout hébété et les 
extrémités froides, principalement les pieds à cause de la cras- 
situde des humeurs qui étouffent les esprits. C’est d’où pro- 
cède la paresse dont ils sont touchés, la respiration tardive et 
puante, le mouvement difficile, la dureté du ventre; les yeux 
se font ronds, les narines larges; il se fait des ulcères pro- 
fonds, provenant de la malignité des humeurs. Jamais ce mal 
ne recoit guérison. » 

La contagion et l’hérédité étaient naturellement admises et 
les livres de médecine du moyen-âge citent de nombreux 
exemples à l'appui. 


(‘) Traité de médecine par les Drs Guyon et Meyssonnier , 1659. 


— 635 — 


Dans le 17*° siècle, on pressentait cependant que la lèpre 
pouvait bien être en connexion direete avec de mauvaises 
conditions hygiéniques, mais cette vérité ne reçut sa sanction 
que dans le siècle passé. Un médecin du 18° siècle dit très 
positivement que la disparition de la lèpre provenait de ce 
qu'en général on mangeait plus de Négétanx qu'autrefois, 
qu’on consommait moins de salaisons, qu'on observait mieux 
les soins de propreté et qu'on était mieux logé et mieux vêtu. 
A cette époque on rangeait déjà la lèpre dans la même caté- 
gorie que le scorbut. 

Au commencement du moyen-âge, on se préoccupait peu de 
l'hygiène, car la superstition considérait les maladies comme 
autant de malins esprits ou de châtiments infligés par Dieu, 
et la lèpre fut plus qu'aucune autre maladie considérée comme 
une punition du ciel. Même au 17° siècle, un médecin écri- 
vait: «Il y a encore d’autres ladreries, dont les saintes Ecri- 
» tures font mention, mais encore en doit être référé à la per- 
» mission et volonté de Dieu pour les péchés des hommes. Et 
» cela était anciennement entre les Israélites . ........ Si 
» le crime était très grand et horrible, ce personnage tombait 
» en une lèpre et ladrerie incurable; puis étant jugé tel du 
» sacrificateur, était sequestré de la société des hommes. » 

Les médecins n'avaient pas compris les lois sanitaires don- 
nées aux Juifs par Moïse. Ce grand législateur, en hygiéniste 
perspicace, fait l'énumération des symptômes qui se manifes- 
tent avant la lèpre confirmée et indique les précautions à pren- 
dre pour empêcher la propagation des maladies impures, con- 
tagieuses et héréditaires. Il à surtout en vue la forme squam- 
meuse et ne s'occupe pas de l'Eléphantiasis des Arabes dont 
les symptômes devaient être connus de tout le monde. 

Après les croisades, on commença à séquestrer les lépreux 
dont le nombre avait augmenté, mais comme la chrétienté se 
trouvait dans un paroxisme religieux, on révérait les malades 
atteints de la lèpre, parce que Lazare avait été l’objet de la 
sollicitude du Christ et on s’imposait le devoir de leur rendre 
de dégoûtants services, espérant obtenir par là l’intercession 
favorable de Lazare. On enviait même leur sort, croyant que 
la lèpre était une faveur du ciel et le plus sûr moyen d'arriver 
comme Lazare, à la droite du Seigneur, 


— 636 — 


À mesure que l’effervescence religieuse diminua, la bienfai- 
sance à l'égard des lépreux devint moins égoïste et fut dictée 
par un sentiment pieux de charité et de commisération. Les 
Maladières continuèrent à être l’objet de riches dotations de 
la part des seigneurs et des bourgeois. Aïnsi, les propriétaires 
assignaient à ces malheureux, et pour toujours, une partie du 
revenu du fonds de terre qu'ils possédaient. A Neuchâtel, 
presque toutes les vignes, situées dans le quartier de la Mala- 
dière (") étaient chargées d’un cens du tiers ou de la moitié 
de leur produit, «sans avances, ni frais. » Ce sens entra dans 
les revenus de la ville, lorsque la Maladière devint déserte 
faute de malades. 

En 1569, nous trouvons dans le testament de Guillaume 
Hardi, procureur du comte de Neuchâtel, Léonor d'Orléans, 
duc de Longueville, le legs suivant: «Quarante livres aux 
» pauvres; à la Maladrerie de Neuchâtel, vingt livres outre 
» soixante qu'il lui avait déjà données; à la Maladrerie de Tra- 
» vers, dix livres.» (?) 

Les corporations communales étaient tenues de subvenir 
en partie à l'entretien des lépreux; ceux-ci recevaient en outre 
des aumônes et ce fut probablement dans le but d'augmenter 
cette source de revenus et peut-être aussi afin de faire parti- 
ciper les lépreux au culte religieux, dont ils avaient été pri- 
vés jusqu'alors, que l’on construisit en 1492 une chapelle près 
de la Maladière, à laquelle l'évêque de Lausanne, Aÿymon de 
Montfaucon, attacha des indulgences pour ceux qui la fré- 
quenteraient certains jours de fêtes religieuses, ou qui contri- 
bueraient par des dons à sa construction et à son entretien. 

Cette nouvelle chapelle relevait de la cure de Neuchâtel, 
qui la faisait desservir par le curé ou son vicaire. L’efferves- 
cence religieuse n'existait plus à cette époque, et loin de ser- 
vir avec empressement les lépreux, comme on le faisait lors- 
qu’on les croyait participant en quelque sorte aux qualités de 
saint Lazare, les prêtres cherchaient au contraire à s’appro- 
prier les dons journaliers que les personnes charitables dépo- 
saient sur l’autel au profit des malades. Ceux-ci, privés d’une 


(1) Au L4me siècle , il y avait dans ce quartier 125 ouvriers de vignes. 
(2) Annales de Boyve , LIT, 165. 


— 637 — 


partie de leurs revenus, adressèrent en 1514 une plainte au 
baillif suisse qui administrait à cette époque le comté de Neu- 
châtel, au nom de MM. des ligues suisses. Cette plainte donna 
lieu, de la part des ambassadeurs des 12 cantons, à un juge- 
ment souverain qui fit cesser les prétentions des prêtres. Dans 
ce jugement, qui porte la date du 1° juin 1524, il est dit «que 
les aumônes faites au dit lieu demeureraient aux lépreux, ne 
réservant au curé et au vicaire que les offrandes déposées sur 
l'autel pendant qu'ils diraient la messe; de plus les lépreux 
auront, pour soigner leurs biens, un avoyer de la ville de Neu- 
châtel, qui en rendra compte annuellement au baillif et aux 
quatre ministraux. » 

La chapelle fut fermée en 1530, lors de la réforme reli- 
gieuse, et les offrandes pieuses cessèrent en même temps. 

Les détails nous manquent sur les formalités observées au 
moment de la séquestration du malade dans la léproserie, une 
fois que la lèpre avait été constatée. On peut admettre que, 
dans le canton de Neuchâtel, avant la réformation, elles étaient 
à peu près semblables à celles en usage dans les pays voisins. 

« Un prêtre en surplis et en étole, allait avec la croix chez 
» le lépreux et l’exhortait à souffrir patiemment et en l'esprit 
» de pénitence, la plaie incurable dont Dieu l'avait frappé. Il 
» l’arrosait ensuite d’eau bénite et le conduisait à l’église. Là, 
» le lépreux prenait un vêtement noir préparé exprès, se met- 
» tait à genoux devant l’autel, entre deux tréteaux, et enten- 
» dait la messe, après laquelle on l’arrosait encore d’eau bé- 
» nite. C'était à peu près la cérémonie que l’on observait dans 
» les funérailles ordinaires. En conduisant le lépreux, de sa 
» maison à l'église, on chantait les mêmes versets qu'aux en- 
» terrements. Arrivés dans la léproserie, le prêtre lui adres- 
» sait encore une exhortation, le consolait et lui jetait une pel- 
» letée de terre sur les pieds. — La maison était petite, et 
» avait pour tout meuble un lit complet, un vase à eau, un 
» Coffre, une table, une chaise, une lampe, une serviette, et 
» les autres choses nécessaires. » 

Il est probable que les Maladières qui existaient dans le voi- 
sinage de presque toutes les localités du pays de Neuchâtel 
étaient disposées de cette manière. 


— 638 — 


Le lépreux se reconnaissait à ses habits. On lui donnaït.un 
capuchon, deux chemises, une tunique et une robe appelée 
housse, un barillet, un entonnoir, des cliquettes, un couteau, 
une baguette et une ceinture de cuir. 

A sa séquestration, le lépreux prêtait le serment, dont la 
formule nous a été conservée dans le Musée historique de M. 
Matile. 

«Jurera et promettra par la foy qu’il a à Dieu nostre 
» Souverain créateur, le debvoir et serment à Monseigneur 
» nostre souverain Prince, et à MM. les quatre ministraux, 
» de ne rentrer dans la ville avant sept semaines passées et 
» révolues. » 

«Et dès lors, si son chemin s’y adresse, pour passer ou 
» quester, soit dans cette ville ou ailleurs, n’entrera soubs la 
» couverture ni approchera des maisons, notamment des en- 
» trées et allées d’icelles que le moins il pourra, ains passera 
» toujours par le milieu et plus libre de la rue. 

» Aussy n’empoingnera ni prendra en la main la manette, 
» gainchette, boucle, ou semblables, pour ouvrir ou fermer 
» portes, en quels lieux qu'il se trouve hors des lieux destinés 
» à semblables infectés et sequestrés, si ce n’était par néces- 
» sité inévitable, ce qu’il ne fera toutes fois sans avoir gans es 
» mains, comme de mesme n’empoingnera paulx de passieux 
» (poteaux de passoirs), draises, (elédard) ou autres sembla- 
» bles es passages, sans gans. 

» Ne touchera ni empoingnera les gollettes et tuyaux de 
» fontaines et borney (fontaine), avec la bouche ou main nue, 
» ou autres endroits où on a accoustumé porter la main pour 
» boire, mais recepvra l’eau avec escuelles ou autres vases, et 
» se gardera soigneusement de laisser tomber ou jetter de 
» l'eau par luy touchée dedans les fontaines et sources non 
» courantes, ni tremper chose infecte. 

» Item, soit en villes, bourses, villages, ou champs ne s’ingé- 
» rera ny meslera en compagnie de gens nets, et ne s’en ap- 
» prochera que de quelques pas prés, ains fera paroistre évi- 
» damment les marques de sa macule, pourquoy faire, portera 
» ordinairement un cliquet ou carquevry (crécelle) duquel il 
» se servira en demandant l’aumône. 


— 639 — 


» Que si il se trouvait surprins de nuict ou autres accidents, 
» en lieux esloignés des Maladières, n’entrera pourtant dans 
» les tavernes ou autres maisons particulières pour y coucher 
» n’y loger, bien qu'il y fût appelé, mais déclarera librement 
» sa maladie pour avoir retraite sequestrée à ce que personne 
n’y fût surprins, le tout sans fraude. 

» Item, ne recepvra argent et aumosne de nully avec la 
» main nue, ains avec gans, chappeau et pan de sa robe et 
» manteau. 

» Item ne présentera, baïllera ni communiquera son boire, 
» manger, gobelet ou autres vases et viande par luy maniée à 
» personne nette. 

» Aussi marchera incontinent sur son crachat, lorsqu'il 
» l'aura jecté ({) et le couvrira et effacera le mieux possible, 
» à ce que personne par mesgarde ne passât à pied nud des- 
» sus , etc. » 

Jusqu'à la réformation le serment était prêté par devant le 
maire de la ville, à la réquisition des quatre ministraux, en 
présence des prêtres et du public. Après la réformation ce 
furent les ministres qui remplacèrent dans cette circonstance 
les prêtres catholiques. 

On vient de le voir, le lépreux était considéré comme un 
être mort civilement et la séquestration formait ses funérailles. 
La lèpre était un cas de divorce, et dans les articles de lois 
pour les justices matrimoniales du comté de Neuchâtel, publiés 
en 1550, la ladrerie est citée parmi « les choses plus grosses 
» qu'adultère. » 

Ces malheureux, vivant des aumônes, ne possédaient rien 
au monde. La femme quittait son mari, les liens de la famille 
étaient dissous. Le lépreux ne pouvait rien aliéner ni donner; 
il ne jouissait que de l’usufruit des biens qu’il pouvait avoir, 
mais il lui était interdit de les vendre ou de tester. Il ne pou- 
vait non plus hériter. En un mot, le lépreux était mort eivile- 
ment. 

Grâce aux progrès de la civilisation qui améliora les condi- 
tions hygiéniques du peuple, la lèpre commença à décliner 
dans notre pays vers la fin du 16m sièele, et le 17"° n'offre 


(*) Cet usage s’est conservé jusqu’à nos jours. 


> 


— 640 — 


que des cas isolés. Le dernier cas fut probablement celui dont 
l’essai médical fut fait à la Chaux-de-Fonds et qui donna lieu 
à la liste de frais mentionnée ; il est même douteux que ce fût 
un cas de véritable lèpre. Ce malade reçut en 1686 l’autorisa- 
tion de se rendre à Bâle pour se faire traiter par les méde- 
cins de cette ville. Il paraît que le père de ce malade avait été 
alteint de la lèpre et séquestré dans un lieu écarté, dans le 
voisinage de la Chaux-de-Fonds. Il avait une fille qu’on lui 
conseillait de faire soigner par d’habiles pété Hi afin de pré- 
venir la maladie. 

En 1616, Abraham Menoud prèta le serment du lépreux à 
la Maladière de Neuchâtel, et en 1626 une femme Petit-Jean 
fut «reconnue ladre » et séquestrée dans la Maladière des 
Brenets. 

L'histoire des Maladières nous offre des faits déplorables et 
des exemples d'une extrême perversité. Tous les individus sé- 
questrés n'étaient pas atteints de la lèpre. Il est vrai que des 
malheureux ne craignaient pas de simuler cette affreuse mala- 
die, afin d’être reçus dans d’immondes léproseries et de rece- 
voir les secours de la commisération publique. Mais il n’était 
point rare que, pour des motifs d'intérêt ou de vengeance, on 
cherehât à faire déclarer lépreux une personne dont il impor- 
tait de se débarrasser. 

Il reste maintenant à énumérer rapidement les principales 
Maladières du canton de Neuchâtel. 

La Maladière de Neuchâtel était, comme on l’a dit, à l’est 
de la ville, à vingt minutes environ du centre et hors de son 
enceinte. 

A Saint-Blaise, l'endroit qui porte encore le nom de Ma- 
ladière se trouve également à l’est du village, au lieu dit 
« Suaillon. » 

Entre Cressier et le Landeron, au sud de la voie ferrée, des 
champs portent le nom de Maladière. Probablement que c’é- 
tait la Maladière commune pour les deux localités. 

La Maladière de Colombier était dans le quartier actuel des 
vignes au nord-est de ce village. Celle de Boudry, à vingt mi- 
nutes de la ville, du côté de bise, à la hauteur de la chute de 
la Reuse. 


— 641 — 


La commune de Cortaillod avait établi la sienne au bas de 
la colline de Sachet, à main droite du chemin qui conduit au 
Petit-Cortaillod et à la fabrique de Grandchamp. 

A Bevaix, la Maladière devait se trouver à l’ouest du vil- 
lage, à une distance d'environ 15 minutes, au lieu qui porte 
encore ce nom. La Paroisse avait la sienne dans le voisinage 
de St-Aubin. 

Pour le Val-de-Ruz, les indications recueillies ne se rappor- 
tent qu’à trois localités (1). À Fontaines, la Maladière se trou- 
vait à une distance de huit minutes au nord du village. A Cer- 
nier et à Savagnier elle se trouvait à une distance pareille, 
mais à l’est de ces localités. 

Dans le Val-de-Travers, il n’y a que deux endroits qui por- 
tent encore, de nos jours, le nom de Maladières. Celle de Tra- 
vers se trouvait à une demi-lieue du village, au-dessus de la 
route qui conduit à Neuchâtel, un peu avant l’origine de la 
route actuelle des Ponts. Elle était plus rapprochée de Ro- 
sières que de Travers. Elle servait probablement aux lépreux 
des communes de la seigneurie de Travers et de Rosières. Les 
vieillards se rappellent avoir vu à cet endroit une cabane dé- 
labrée qui portait le nom de Maladière. C’est probablement 
la léproserie qui, dans notre canton, se serait conservée le 
plus longtemps. 

A Môtiers, la Maladière se trouvait au nord-ouest du vil- 
lage, au pied de la colline de l’ancien château. 

Dans les Montagnes, nous ne trouvons de vestiges de Ma- 
ladières qu’au Locle, à la Chaux-de Fonds et aux Brenets, où 
ces établissements étaient également à une petite distance de 
ces localités. 

Comme on le voit par ce qui précède, les Maladières étaient 
presque partout établies en bise des localités, de manière à 
ce que ces dernières fussent le plus possible à l’abri de la con- 
tagion dont on les envisageait comme étant le foyer. 


(*) Les personnes qui pourraient fournir des renseignements sur ce sujet 
sont priées de les adresser au Dr Guillaume , à Neuchâtel. 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Vi. 19 


EXTRAIT DU PROCÈS VERBAL 


DE LA 


TROISIÈME SÉANCE DE LA COMMISSION GÉODÉSIQUE SUISSE 
tenue à l'observatoire de Neuchâtel le 24 avril 1864. 


(Voir Bulletin , page 593.) 


D’après le rapport de M. Deneler, tous les signaux du nou- 
veau réseau alpin ont été exécutés, pendant l’été dernier, sui- 
vant les prescriptions de la commission. Le Moléson, qui n’est 
pas visible depuis le nouveau point d’est du Gurten, est rem- 
placé par la Béra et les Rochers de Naye, ce qui augmente 
d’un triangle le réseau, sans en compromettre la bonne dis- 
position. 

La comuiission décide de se borner à exécuter pendant cet 
été (1864), la partie la plus importante du réseau, celle qui, 
à partir du côté Chasseral Rôthifluh, va en traversant les 
Alpes jusqu'au côté Limidario-Menone di Gino. 

Là où M. Denzler n’observe pas lui-même, les minutes des 
observations doivent lui être envo yées tous les 15 jours, et si 
les triangles ne se ferment pas d’une manière tout-à-fait satis- 
faisante, les angles doivent être mesurés de nouveau. 

Sur la proposition de M. Denzler, le calcul des observations 
trigonométriques ne doit pas être fait par les observateurs 
mêmes; la commission en charge M. Hirsch. 

M. Plantamour expose le plan des observations, sur lequel i] 
est tombé d'accord avec M. Hirsch, pour étudier la déviation 
locale de la verticale dans les environs des observatoires de 
Genève et de Neuchâtel. Les observations de longitude étant 
plus difficiles à faire dans les stations temporaires, on s’est 
décidé à se borner pour le moment aux observations de lati- 
tude dans les méridiens des deux observatoires. Pour celui de 


— 643 — 


Neuchâtel M. Hirsch propose au nord : 1) Chaumont, 2) Dom- 
bresson , 3) un endroit entre Porrentruy et Blamont: et au sud: 
1) La mire méridienne au dessus de Portalban, 2) Romont, 3) 
le Moléson. — Dans le méridien de Genève M. Plantamour 
propose au nord: 1) Genthod, 2) Chavannes, 3) les Rouges: et 
au sud: 1) Massillon, 2) Baudrier , 3) la mire méridienne au 
Salève. — Les observations seront faites autant que possible 
identiques dans toutes les stations, on observera par exemple 
partout les mêmes étoiles. 

Sur la question des altitudes suisses, dont la commission à 
été nantie par les autorités fédérales, M. Hirsch lit le rapport 
suivant : 


MESSIEURS, 


Notre commission à été nantie officiellement par le Dé- 
partement fédéral de l'Intérieur, de la question des altitudes 
suisses, sur laquelle nous sommes appelés à donner notre pré- 
avis. — Cette question, si importante dans un grand nombre 
de cas, au point de vue des applications pratiques, et si inté- 
ressante au point de vue scientifique, a été mise à l’ordre du 
jour dernièrement par l'initiative de M. le colonel Burnier de 
Morges; elle a été discutée dans plusieurs de nos Sociétés 
cantonales des sciences naturelles, et vous-mêmes, Messieurs, 
vous vous êtes déjà prononcés presque tous, soit dans des 
rapports officiels, que vous avez été appelés à faire, soit 
dans des publications spéciales sur ce sujet qui d’ailleurs à 
occupé plusieurs d’entre vous depuis nombre d'années. 

Dans cet état de choses et vis-à-vis de savants, qui sont 
regardés en Suisse, à juste titre, comme des autorités dans 
cette matière, je ne puis pas avoir la prétention de vouloir, 
par ce rapport, vous éclairer sur une question qui vous est 
familière et d'en faire une étude générale. Je me bornerai à 
résumer son état actuel, à préciser les points essentiels, sur 
lesquels on est généralement d'accord , ainsi que les autres, 
sur lesquels les opinions diffèrent, et à développer les mesures 
sur lesquelles on peut espérer de réunir les suffrages et qui 
contribueront par conséquent le plus à faire avancer notre 
hypsométrie. 


— 644 — 


Rappelons d’abord en quelques mots l'historique de la ques. 
tion dans ces derniers temps. 

Depuis que le réseau des hauteurs suisses à été établi par 
la triangulation de l’Etat-major fédéral, et complété par les 
travaux de la carte suisse, dirigés avec tant de succès par notre 
illustre président, des données nouvelles et nombreuses ont 
été fournies par les opérations relatives à la construction des 
chemins de fer. Ces travaux ont exigé des nivellements éten- 
dus dans notre pays, en même temps que leur reliement avec 
les réseaux des pays voisins offrait un point de comparaison 
pour les hauteurs absolues et montrait la nécessité d’abaisser 
d’une manière sensible toutes nos cotes suisses. Aussi l’auto- 
rité fédérale avait déjà pris des mesures pour rassembler les 
nivellements des chemins de fer, les soumettre à une étude 
approfondie et pour faire exécuter des raccordements entre 
les différentes lignes. 

On en était là, lorsque, au mois de décembre dernier, Mon- 
sieur le colonel Burnier communiqua à la société vaudoise des 
sciences naturelles une lettre de M. l'ingénieur Michel de 
Montpellier, dans laquelle il nous faisait part du résultat que 
le grand nivellement exécuté en France dans ces dernières 
années, sous la direction de M. Bourdaloue, avait fourni pour 
l'altitude du lac Léman. 

Déjà en novembre 1859, lorsqu'il dirigeait les travaux du 
chemin de fer de l’ouest, M. Michel avait communiqué à la 
société vaudoise un mémoire sur l’hypsométrie du bassin du 
Léman; cette nouvelle communication était relative au nivel- 
lement que M. Bourdaloue avait exécuté avec les plus grands 
soins de Marseille à Genève en passant par Lyon, et dont le 
résultat était de placer la pierre du Niton à 374"052, au-des- 
sus du niveau moyen de la Méditerranée, tandis que la cote 
376,64 au-dessus de l'Océan avait servi de point de départ 
pour les hauteurs de la carte suisse. 

Comme le même nivellement de premier ordre avait fourni 
aux ingénieurs français une différence de 0 " 80, dont le ni- 
veau de l’Océan serait plus élevé que celui de la Méditerra- 
née, il en résulterait pour la pierre du Niton et pour toutes 
les autres cotes de la carte suisse une correction de —3,"39. 


— 645 — 


Mais il suffirait de les diminuer de 2" 59, si l’on adoptait dé- 
sormais le niveau moyen de la Méditerranée pour plan de 
comparaison , ce que M. Michel conseille de faire , pour les 
trois motifs suivants : 

19 Parce que le niveau moyen de l'Océan est variable dans 
les différents ports, tandis que celui de la Méditerranée peut 
être considéré comme assez constant; 

22 parce que le niveau moyen de la Méditerranée est désor- 
mais le plan de comparaison officiel pour le nivellement gé- 
néral de la France; 

9° Enfin parce qu’une partie notable des eaux de la Suisse 
se déverse dans la Méditerranée, et que, par leur position to- 
pographique, les Alpes paraissent plutôt appartenir au bassin 
de la Méditerranée qu’au bassin de l'Océan. 

A la suite de cette communication, M. le professeur Ch. Du- 
four de Morges, président de la Commission fédérale d'hy- 
drométrie, adressa, le 25 novembre 1863, au Département fé- 
déral de l'Intérieur, une lettre dans laquelle il propose de fixer 
pour la Suisse, comme pour la France, le plan de comparai- 
son au niveau moyen de la Méditerranée à Marseille, et de 
nommer une commission chargée d'examiner et de décider la 
correction à apporter aux altitudes suisses, Le Département 
consulta sur ces propositions nos deux collègues, M. le géné- 
ral Dufour et M. l’ingénieur Denzler, ainsi que M. le profes- 
seur Mousson de Zurich. 

Le général envoya, le 9 janvier, au Département de l’Inté- 
rieur, un mémoire dans lequel il se déclara favorable à la cor- 
rection proposée pour nos altitudes, d’abord parce que M. 
Bourdaloue n’a employé que des procédés directs, exempts de 
l'influence perturbatrice des réfractions; que d’ailleurs ii à 
mis à l’'accomplissement de sa tâche les soins les plus scrupu- 
leux:; parce qu’enfin , à Lyon et ailleurs, il à trouvé la même 
différence, avec les nivellements précédents, qui avaient, 
comme les nôtres, une base fournie par la grande triangula- 
tion française. Le général propose donc de diminuer de deux 
mètres toutes les cotes de l’atlas suisse, en négligeant la frac- 
tion de la correction, de laquelle on ne peut cependant pas 
répondre. Il propose en outre de prendre un arrêté adminis- 


— 646 — 


tratif statuant: que le plan général de comparaison pour tous 
les nivellements suisses, sera celui qui passe par la plaque de 
bronze de la pierre du Niton, élevée de 374 mètres au-dessus 
de la mer. 

M. le professeur Mousson admet, dans son rapport du 3 dé- 
cembre 1863, tout l'intérêt scientifique de la question; mais 
il croit qu'il importe moins de la décider le plus tôt possible 
que de la résoudre de la manière la plus sûre et la plus appro- 
fondie. La Suisse, placée au milieu du continent, dépend né- 
cessairement, pour ses altitudes, de ses voisins ; et sous ce rap- 
port, nous n’avons pas dans la France un ami très sûr, Car 
dans aucun autre pays les travaux géodésiques les plus impor- 
tants n’ont eu à subir autant de rectifications postérieures. — 
La trop petite différence de 0 " 064 entre les deux nivelle- 
ments exécutés par M. Bourdaloue en 1858 et en 1562 entre 
Marseille et Lyon, ainsi que le désaccord dans lequel il se 
trouve avec les cotes de l’Etat-major, lui semblent des motifs 
d'examiner de près les nouveaux résultats. — La question des 
mers devrait être discutée dans un congrès international de 
géomètres. — De prime abord le niveau de l'Océan, qui en- 
toure tous les continents, paraît préférable comme plan géné- 
ral de comparaison, quoiqu’on ait constaté aussi dans ce ni- 
veau des déviations de la forme régulière du sphéroïde, cau- 
sées probablement par les différences observées dans la pres- 
sion atmosphérique. Dans l'intérêt suisse, M. Mousson préfère 
cependant le niveau de Marseille, parce que nous y sommes 
rattachés directement. 

M. Denzler, dans son rapport du 28 décembre 1863, fait 
d’abord l'historique des études hypsométriques en Suisse. Il 
rappelle que par suite d'une méprise d’Eschmann, la hauteur 
du Chasseral et par conséquent toutes nos altitudes suisses 
sont cotées trop haut de 0," 97. II admet que les cotes suisses 
des hauteurs limitrophes du Tyrol et du Vorarlberg sont en 
moyenne de 4,38 plus élevées que les cotes autrichiennes; 
mais il fait voir que ces dernières méritent peu de confiance. 
Il montre également que la cote du point zéro de l’échelle du 
Rhin à Bâle, déduite du Chasseral, par Berne, est seulement 
de 0,*20 plus haute que celle qu’on à trouvée par nivelle- 


— 647 — 


ment depuis le Havre par Paris. — Quant à la différence de 
niveau qu’on à trouvée pour les différentes mers, il rappelle 
d’abord que déjà Corabœuf avait trouvé le golfe de Biscaye 
de 0," 80 plus élevé que le golfe du Lion; que les triangula- 
tions de l’Autriche et de la Russie placent l’Adriatique à 
Fiume de 2,"9 plus bas que la mer Baltique à Polangen, et 
donnent également une différence de 1," 03 entre la Baltique 
et la mer Noire. M. Denzler envisage la plus grande partie de 
ces différences comme illusoires et provenant de l'influence 
des chaînes de montagnes; lorsque celles-ci coupent d'une 
manière asymétrique le réseau des triangles, leur influence se 
fait sentir sur les hauteurs mesurées trigonométriquement, 
qui sont trouvées ainsi toujours plus grandes que par nivelle- 
ment. M. Denzler admet cependant un abaissement sensible 
de la Méditerranée au - dessous de l'Océan, à cause de la den- 
sité plus grande de son eau, plus riche en sel. 

Enfin M. Denzler conclut que la détermination du niveau 
du lac Léman par M. Bourdaloue n'offre pas encore les garan- 
ties voulues pour en faire la base d’une décision, qui devrait 
faire règle pour longtemps. 

Il ne croit pas non plus que les différences accidentelles 
qu’on à trouvées d’un port à l’autre dans le niveau de l'Océan, 
devraient lui faire préférer le niveau de la Méditerranée 
comme plan de comparaison; car à cause de sa faible éten- 
due, ce dernier dépend, dans une mesure beaucoup plus 
grande, des soulèvements partiels du sol, des affluents, de la 
salure et de la pression atmosphérique. 

Enfin comme jusqu’à présent toutes les hauteurs suisses re- 
posent en dernier lieu sur le Chasseral, comme point de dé- 
part, et que ce dernier est peu pratique pour les besoins de la 
commission hydrométrique, M. Denzler voudrait le voir rem- 
placé par un autre point de départ, situé aussi centralement 
que possible, et de manière à pouvoir être relié trigonométri- 
quement au Chasseral. Il propose comme tel plusieurs en- 
droits: Olten (gare), Lucerne (gare), Neuchâtel (observatoire), 
Berne (observatoire), et Bâle (échelle du Rhin ou cathédrale). 
— M. Denzler voudrait renvoyer à plus tard la détermination 
de l’altitude absolue de ce point de départ, comme n'offrant 


— 648 — 


qu’un intérêt scientifique, et pour ne pas commettre de nouvel- 
les erreurs; il propose cependant de soumettre la question à la 
commission géodésique. 

Dans une communication que M. Denzler a faite à la Société 
des sciences de Berne, le 6 février 1864, il admet en général 
la nécessité d’abaisser nos cotes; ainsi il explique que la cote 
fédérale du point zéro de l’échelle du Rhin à Bâle, que les 
«Ergebnisse » placent à 246," 70, se trouve réduite à 244," 59, 
donc de — 2,"11 par les quatre nivellements qu’on a obtenus 
d’abord le long du Rhin par Strasbourg, ensuite par le chemin 
de fer de Strasbourg, par le canal de Huningen et enfin par le 
chemin de fer badoïs. — Quant au choix du plan général de 
comparaison, il faudrait le faire d'accord avec les autres pays; 
en attendant la Suisse devrait se rattacher par nivellement aux 
réseaux de ses voisins partout où cela est possible. 

Notre collègue, M. Plantamour , a publié dans le cahier de 
janvier de la Bibliothèque de Genève, une notice «sur la hau- 
teur du lac de Genève au-dessus de la Méditerranée et au- 
dessus de l'Océan.» M. Plantamour commence par se déclarer 
convaincu de la réalité de l’erreur de 3," 4 de nos altitudes 
suisses, erreur dont il attribue la cause principale à l’inexac- 
titude des hauteurs de tout le réseau oriental de la triangula- 
tion française, sur lesquelles les nôtres ont été basées. L’au- 
teur compare ensuite l'exactitude des deux méthodes hypso- 
métriques; quant aux angles de hauteur, il estime l'erreur à 
1 décimètre par chaque 20 kilomètres de distance, erreur qui 
croit avec la racine carrée du nombre des stations intermé - 
diaires, d’après cela il trouve explicable l'erreur de 2°, pour 
la hauteur d’un point obtenue par une longue chaîne de trian- 
oles. — Pour la méthode de nivellement, où l'erreur de la ré- 
fraction terrestre se trouve éliminée, M. Plantamour admet 
l'incertitude de 0," 002 pour un coup de niveau à 250P, ce qui 
lui donne une erreur de 0," 08 pour le nivellement d’une dis- 
tance de 400 kilomètres. Je remarque à cette occasion que 
d’après la «notice complémentaire de la commission chargée 
de la direction du nivellement général de la France» la limite 
de l'écart dans la fermeture d'un polygone est seulement de 
0,001 V'kilom., ce qui donnerait 0," 82 —. un développe- 
ment de 400 kilomètr es, 


— 649 — 


« En considérant (v. pag. 26) l’ensemble de ces écarts, on 
» est autorisé à conclure qu'aucune des altitudes obtenues 
» n’est affectée d’une erreur dépassant trois centimètres.» M. 
. Denzler, au contraire, évalue à + 0,"3 l'erreur du meilleur 
nivellement à une distance de 50 lieues. — 

Quant au choix de la mer dont il faut prendre le niveau 
pour plan général de comparaison, M. Plantamour n'accepte 
pas les propositions de M. Michel, d’abord parce que la Suisse 
ne doit pas se raccorder d’un côté pour se mettre en désac- 
cord sur l’autre; ensuite parce qu'il ne lui semble pas établi 
que le niveau de la Méditerranée soit partout constant et le 
même qu'à Marseille; car à côté des marées il y à encore d’au- 
tres causes qui peuvent influer sur le niveau des mers; parmi 
ces causes M. Plantamour cite l’attraction des côtes, en vertu 
de laquelle le niveau de l’eau près des continents sera toujours 
plus élevé qu’à une certaine distance, et cela dans une mesure 
différente selon la configuration locale de la côte. 

L'’habile ingénieur de Montpellier qui prend un si vif inté- 
rêt à notre hypsométrie, à répondu à ces observations dans 
une lettre que M. Plantamour a bien voulu me communiquer 
et dans laquelle M. Michel s'attache à prouver que les varia- 
tions de niveau produites par l’attraction des côtes sont d’un 
ordre inférieur à celles produites par les courants, les vents, 
les marées, etc. L’amplitude totale des mouvements de la Mé- 
diterranée autour de son plan de niveau moyen est évaluée 
à 0," 80, dont il faut attribuer seulement 0," 30 aux marées, 
tandis que ces dernières ont dans certains ports de l'Océan 
des amplitudes allant jusqu’à 14," 5 (à St-Malo). Il maintient 
que le niveau moyen de la mer est à peu près constant sur le 
littoral français de la Méditerranée entre Nice, Marseille et 
Cette; et du reste, aucun pays voisin de la Suisse, autre que 
la France, ne peut lui offrir un repère parfaitement déterminé. 

M. Plantamour répond que les différences de niveau pour 
les ports de la Méditerranée vont cependant jusqu’à 0," 3, que 
les cotes des 19 ports de l'Océan, qui sont connues, lui assignent 
un niveau moyen, affecté d’une erreur de Æ 0," 056 ; que la 
différence enfin entre la côte de l'Océan (Bayonne à Brest) 
et celle de la Marche ($St-Malo- Dunkerque) ne monte qu'à 


— 690 — 


0," 032. M. Plantamour conclut done qu’on devrait rattacher 
les hauteurs suisses à l'Océan, dont le niveau moyen est connu 
à Æ,0 " 037 près. 

Enfin et pour compléter les documents, votre rapporteur a 
lu, le 18 décembre 1863, à la Société des sciences de Neuchä- 
tel, une petite notice «sur la hauteur du môle de Neuchâtel,» 
dans laquelle il relève d’abord le fait curieux que la cote de 
432," 63 pour notre lac, déduite trigonométriquement du Chas- 
seral par M. d'Osterwald, est entièrement d'accord avec la nou- 
velle cote (432," 48) que lui assigne M. Michel. Mais je ne vois 
dans cet accord qu’un effet du hasard, et je constate au con- 
traire que toutes les cotes déterminées trigonométriquement 
s'accordent entr’elles, aussi bien que d'un autre côté les cotes 
obtenues par nivellement s'accordent entr’elles ; il faut done, 
ou bien que le Chasseral (ainsi que tout le réseau oriental 
français) soit placé trop haut de 2," 6, ou qu’il existe entre les 
deux méthodes une différence systématique, qu’on pourrait 
expliquer peut-être par l'usage d’une réfraction terrestre erro- 
née. N’envisageant cependant pas la supériorité du nivellement 
comme tellement forte qu'on devrait abandonner complète- 
ment toutes les données trigonométriques, j’opine qu'il fau- 
drait, avant de se décider sur la correction à apporter à nos 
hauteurs, attendre la publication des détails du nivellement 
français, et surtout tâcher de vérifier la hauteur du Chasseral 
par les nouvelles données. 

Lorsque j'ai su que j'aurais l’honneur de vous faire rapport 
sur cette question, je me suis adressé à M. le colonel Burnier, 
pour le prier de me fournir les renseignements ultérieurs 
qu'il pourrait posséder sur le grand nivellement français. M. 
le colonel a mis à ma disposition, avec la plus aimable com- 
plaisance, tous les documents qu'il possède, en m’envoyant 
plusieurs lettres de M. Michel, lequel avec une obligeance qui 
ne se ralentit pas, nous a envoyé même les feuilles d'épreuves 
des régistres de nivellement des départements limitrophes (de 
l'Ain, du Haut-Rhin, du Jura et du Doubs). 

M. le colonel Burnier, qui aimerait, dans l'intérêt de notre 
hypsométrie, qu'on abandonnât les sommités et les angles de 
hauteur, et qu’on suivit avec la mire le pays habité, annonce 


— 651 — 


son intention de relier le canton de Vaud au réseau français, 
et même d'entreprendre au besoin, si la confédération ne le 
faisait pas, le nivellement entre Mulhouse et Bâle, qu’il envi- 
sage comme très-important. 

Voilà, messieurs, en résumé, les documents et les opinions 
diverses qui se sont fait jour jusqu’à présent sur cette question. 

Séparons, pour faciliter la discussion, les différents points 
dont il s’agit, à savoir: 

1° La correction à apporter à nos altitudes; 

2° Le choix de la mer pour le plan général de comparaison; 

3 La détermination du ou des points de comparaison pour 
les nivellements suisses ; 

4 Les mesures à proposer au Département fédéral de lIn- 
térieur dans l'intérêt de notre hypsométrie. 

Quant au premier point, tout le monde est à peu près d’ac- 
cord sur la probabilité que nos altitudes suisses absolues, ba- 
sées sur la triangulation fédérale, et inscrites dans la carte 
suisse, soient trop élevées de 2à3 mètres. Mais faut-il pour cela 
procéder immédiatement à corriger nos hauteurs, comme on 
le propose, en se fondant sur l’exactitude exceptionnelle et 
sur le caractère définitif du nivellement récent de la France ; 
au réseau de laquelle nous aurions tout intérêt à nous joindre ? 
Tout en reconnaissant pleinement les soins extraordinaires 
qne les ingénieurs français, sous l’habile direction de M. Bour- 
daloue, paraissent avoir apportés à l’œuvre grandiose qu'ils 
viennent dé terminer; en admettant même que leur nivelle- 
ment soit le plus exact qu’on ait exécuté jusqu'à présent, et 
qu'il offre à la Suisse le moyen relativement le plus sûr de 
rattacher ses hauteurs au niveau de la mer, il nous semble 
cependant que les raisons qui portent à différer une décision 
sur ce point devraient l'emporter. 

Et d’abord, on ne pourra pas contester que pour tous les 
besoins pratiques et techniques la connaissance des hauteurs 
absolues, à deux ou trois mètres près, soit complètement in- 
différente, puisque même dans les opérations les plus déli- 
cates, pour la construction des chemins de fer, des canaux, 
pour la correction des lacs et des fleuves, il importe seule- 
ment de connaître avec exactitude les hauteurs relatives. 

Et même parmi les problèmes scientifiques, dans lesquels 


— 652 — 


les altitudes entrent comme élément, il n’y en a que quel- 
ques-uns où il faut connaître les hauteurs absolues aussi exac- 
tement que possible. Or, dans cet ordre de questions, qui se 
rattachent à l’étude de la figure de la terre et aux change- 
ments que sa surface peut subir, il convient précisément de 
relier, autant que possible, le terrain qu’on étudie, à celui de 
tous les pays voisins; et sous ce rapport il est d’un grand in- 
térêt de rattacher notre pays central, non-seulement à la Mé- 
diterranée, mais aussi à l'Océan, et, si possible, à la mer 
Baltique et à la mer Noire. On peut donc affirmer qu’il n’y à 
aueun besoin pratique pressant de corriger nos altitudes ab- 
solues, et que l'intérêt scientifique demande plutôt la déter- 
mination la plus sûre et la plus générale de nos hauteurs re- 
latives, ainsi que le raccordement avec les réseaux des pays 
voisins. 

Quoique ces considérations me semblent suffisantes pour 
nous engager à surseoir, d’autres motifs, qui ne sont pas sans 
importance, peuvent être invoqués en faveur de cette déci- 
sion. Car si l’on veut corriger toutes nos altitudes suisses , il 
est certainement désirable de calculer cette correction aussi 
exactement que possible d’après toutes les données que l’état 
actuel de la science peut fournir, afin de ne pas être obligé 
de revenir dans un avenir, peut-être rapproché, sur la déei- 
sion qu'on aurait prise. Or, il me semble aussi sous ce rap- 
port, que le moment n’est pas encore venu de se prononcer 
définitivement; en effet, les détails du nivellement français , 
le seul sur lequel nous pourrions nous baser aujourd’hui, ne 
sont pas encore publiés, et sans vouloir mettre aucunement 
en doute l'exactitude des renseignements précieux, que nous 
devons à l’obligeance désintéressée de M. Michel, nous de- 
vons nous conformer au principe que des décisions importan- 
tes en matière scientifique ne peuvent pas être adoptées d’au- 
torité et de confiance pour ainsi dire. On peut espérer ensuite 
que l’excellent exemple donné par la France dans la vaste 
entreprise de son nivellement général, sera suivi par les au- 
tres pays voisins et qu'’ainsi la Suisse sera plus tard à même 
de rattacher ses altitudes aux réseaux de tous ses voisins et 
par-là au niveau des différentes mers. Enfin, la correction 


— 653 — 


actuelle de nos hauteurs suppose la résolution préalable de la 
question relative au plan de comparaison général auquel on 
veut les rattacher. Et sous ce rapport aussi je crois que nous 
ne sommes pas encore bien placés pour prendre une décision 
définitive. Je me permettrai d'expliquer en quelques mots 
mon opinion sur ce second point. 

Il ne m’appartient pas d'examiner dans ce rapport les rai- 
sons excellentes que des hommes très-compétents ont fait 
valoir pour le choix du niveau moyen de la Méditerranée 
comme plan général de comparaison, ni les motifs, certes 
aussi bien fondés qui engagent à préférer le niveau de l'Océan. 
Mon opinion personnelle penche plutôt pour le choix de l'O- 
céan, surtout depuis que notre collègue, M. Plantamour, a 
démontré en chiffres dans son dernier article, publié dans la 
Bibliothèque universelle, qu'aujourd'hui déjà le niveau moyen 
de l'Océan est connu avec une plus grande exactitude que 
celui de la Méditerranée ; j'envisage cependant que cette ques- 
tion est trop compliquée, pour pouvoir être résolue aujour- 
d’hui par notre commission. 

Mais ce qui m'engage avant tout à vous proposer de ne 
pas vous prononcer, c’est que, si l’on désire obtenir un plan 
réellement général de comparaison pour toute l'Europe, il 
importe de ne pas préjuger la question. Je me rallie done à 
l’opinion émise par la majorité des experts consultés, de sou- 
mettre la décision sur ce point à une commission internatio- 
nale de géomètres. Or, messieurs, il me semble que cette 
commission est toute trouvée; l’entreprise géodésique euro- 
-péenne, provoquée par M. le général Bæyer, et dans l’intérêt 
de laquelle notre commission à été instituée, doit nécessaire- 
ment et naturellement s’occuper de cette question. Je vous 
propose done de prendre auprès de la commission centrale 
l'initiative dans cette affaire, et de l’engager à étudier la ques- 
tion et à fixer le niveau général de comparaison pour toute 
l'Europe. Lorsque notre demande, comme je l'espère, aura 
été entendue et qu'il s'agira de diseuter cette matière, il con- 
viendra que notre commission formule son opinion. 

Le troisième point qui nous occupe me semble posséder 
une actualité beaucoup plus grande. Je veux parler du choix 


— 654 — 


du ou des points de repère pour nos nivellements suisses. Il 
faut espérer que l’usagé de la méthode de nivellement se ré- 
pandra davantage chez nous, et qu’elle sera employée surtout 
dans la plaine suisse; car sans pouvoir admettre l'immense 
supériorité du niveau à bulle d’air sur le théodolite pour la 
mesure des hauteurs, on ne peut cependant pas nier que ses 
résultats sont bien moins influencés, et par l'incertitude de la 
réfraction terrestre et par la déviation de la verticale par les 
montagnes. D'un autre côté on ne peut pas songer à abandon- 
ner entièrement dans un pays montagneux comme le nôtre, 
la méthode des distances zénithales, car il y a des parties en- 
tières du pays qui sont inaccessibles au niveau. Il faudra done 
toujours employer chez nous les deux méthodes concurrem- 
ment. Dès lors il est évident que le Chasseral, qui à été 
jusqu’à présent le point de départ de nos hauteurs trigono- 
métriques ne peut pas fournir un plan de comparaison conve- 
nable pour les nivellements, ni commode pour les besoins pra- 
tiques; il sera donc utile de fixer nn autre plan de comparaison 
dont le point de repère soit fixé avec toute sûreté, et facile- 
ment accessible pour nos nivellements suisses aussi bien que 
pour les jonctions avec les pays voisins et les mers. 

La plaque scellée par le général Dufour dans la pierre du 
Niton à Genève et qui a servi comme point fondamental aux 
cotes de la carte suisse, remplit toutes ces conditions; car au 
sujet du seul point sur lequel on avait émis quelques craintes, 
savoir sur sa stabilité en raison de son caractère de bloc erra- 
tique, j'ai reçu des renseignements parfaitement rassurants. 
M. le professeur Favre, de Genève, auquel je m'étais adressé, 
m'écrit à ce sujet: « Je crois la pierre du Niton très-bien po- 
sée et très-solide, quoique ce soit un bloc erratique de proto- 
gine. Je ne saurais voir aucune cause naturelle qui pût la mo- 
difier. Elle se trouve, il est vrai, dans une position qui n’est 
pas très-commode pour les barques qui arrivent dans le port, 
mais je ne crois pas que la navigation du lac se développe et 
je ne pense pas que la pierre du Niton ait de mauvaises chan- 
ces à;courir. » — La seule objection qu’on pourrait faire au 
choix de la pierre du Niton serait sa position excentrique et 
cela à une frontière où elle ne peut être rattachée directement 


— 659 — 


qu'à un seul réseau voisin, celui de la France, tandis que 
sous ce rapport Bâle, où arrive en outre le nivellement badois, 
ou un point du lac de Constance , sur lequel se réunissent les 
réseaux allemands et autrichiens, serait peut-être préférable ; 
d’un autre côté l'observatoire de Berne ou la gare d’Olten au- 
raient l’avantage d’une position plus centrale. Nous ne croyons 
cependant pas que ces considérations aient une importance 
- pratique considérable, eu égard à la circonstance que la pierre 
da Niton est déjà en usage comme point fondamental dans la 
carte fédérale et qu’elle offre le seul point rattaché jusqu'à 
présent d’une manière satisfaisante au niveau d’une mer. D’un 
autre côté on ne peut pas nier l'utilité qu’il y aurait d'avoir 
au centre de la Suisse et sur les autres frontières, des points 
de repère parfaitement déterminés, ce que l’on pourrait ob- 
tenir de la manière la plus satisfaisante par l'exécution d’un 
nivellement de précision entre Genève et Bâle: à cette ligne 
se rattacherait un premier embranchement vers Lucerne, pour 
avoir un point de départ d'où l’on pourra plus tard arriver 
dans le Tessin, ct un second embranchement vers le lac de 
Constance , où il faudrait établir dans un point convena- 
ble un repère pour opérer la jonction avec les nivellements 
des états limitrophes. De plus, comme il est de la dernière 
importance de pouvoir rattacher et comparer avec sûreté les 
cotes obtenues par nivellement aux hauteurs trigonométriques, 
il est nécessaire de déterminer avec les plus grands soins la 
hauteur relative du Chasseral, au dessus du point convenable 
du réseau de nivellement de premier ordre dont j'ai parlé, 
Neuchâtel pourrait être choisi dans ce but. 

J'ai déjà entamé dans les considérations précédentes la 
quatrième partie de mon rapport, celle qui doit énoncer les 
propositions positives que nous devrions faire aux autorités 
fédérales dans l'intérêt de notre hypsométrie. Car j'envisage 
le nivellement de précision dont je viens de parler, comme la 
chose la plus pressante et la plus essentielle à faire. Il aura 
en même temps le grand avantage de mettre à une épreuve 
concluante et indépendante les nouvelles cotes du nivelle- 
ment français; car d'un côté on n'aura qu’à pousser notre ni- 
vellement depuis Bâle jusqu’à Mulhouse, pour y retrouver un 


— 656 — 


point du réseau français dont la cote devra s’accorder avec 
celle que les ingénieurs français ont établie pour la pierre du 
Niton; et d’un autre côté on pourra descendre du Chasseral 
en passant par Chaux-de-Fonds et Locle sur un des points 
nombreux du réseau français, qui, dans les départements du 
Jura et du Doubs, entourent notre frontière. En reliant ainsi 
par nivellement le Chasseral à notre réseau aussi bien qu’au 
réseau français, nous pourrions déterminer alors avec plus de 
sûreté qu'il ne serait possible aujourd’hui, la correction qu'il 
faudra apporter à toutes nos hauteurs pour lesquelles le Chas- 
seral à été le point de départ. À Bâle et sur les bords du lae 
de Constance nous serions en mesure de nous rattacher à l’O- 
céan, à la Baltique et à la mer Noire, comme nous le sommes 
déjà à la Méditerranée par Genève. Il sera sans doute désira- 
ble que nous puissions également nous relier à l’Italie près du 
lac de Lugano ou du lac Majeur, et atteindre ainsi l’Adriati- 
que. 

Le nouveau réseau de triangles que nous allons exécuter à 
travers les Alpes, fournira déjà des données précieuses sur la 
différence de niveau des deux côtés de la chaîne; les études 
qu’on à faites en différents points pour la construction d’un 
chemin de fer alpin pourront probablement, si on les vérifie 
et si on les complète, faciliter la même détermination aussi 
par la méthode des nivellements. 

En général, je voudrais engager l’autorité fédérale à don- 
ner suite à l'intention qu’elle a eue déjà, de rassembler et 
d'utiliser en les comparant et en les vérifiant, tous les nivel- 
lements exécutés par les chemins de fer. 

Vous voyez, messieurs, qu'il y à là tout un ensemble de 
travaux considérables à exécuter, qui demandent le concours 
d'ingénieurs habiles et une direction compétente, et qui exi- 
seront une certaine dépense dont il faudra établir le budget. 
Sans vouloir préjuger en rien la décision de l'autorité fédé- 
rale, il me semble cependant naturel que notre commission 
soit appelée à diriger ces travaux qui entrent complètement 
dans son domaine. 

Je résume mon rapport en vous soumettant, messieurs, la 
rédaction suivante pour le préavis qu’on nous à demandé: 


HE 


Appelée par le Département fédéral de l'Intérieur à préavi- 
ser sur plusieurs propositions qui lui ont été faites au sujet de 
l’hypsométrie suisse, la commission fédérale géodésique, 
après avoir pris connaissance des rapports préalables adres- 
sés au département sur ces questions, a discuté la matière 
dans sa séance du 24 avril 1864 et a l'honneur de soumettre 


au Département fédéral de l'Intérieur les propositions sui- 
vantes : 


1° Le plan général de comparaison pour tous les nivelle- 
ments suisses sera celui qui passe par la plaque de bronze de 
la pierre du Niton, à Genève. 


2° Le moment n'étant pas encore venu où l’on pourra cor- 
riger avec sûreté les altitudes suisses, et le choix de la mer 
dont le niveau moyen servira de plan général de comparaison, 
devant, dans l'intérêt de la science, être réservé à une com- 
mission géodésique internationale, la question des hauteurs 
absolues reste suspendue pour le moment. 


3° La Confédération fera rassembler, comparer et vérifier 
tous les nivellements qui ont été exécutés pour les chemins 
de fer suisses. - 


4° La Confédération fera exécuter un nivellement de préci- 
sion entre Genève, Bâle, Lucerne et Romanshorn. Le long 
de ces lignes de nivellement, on établira des points de repère, 
pareils à celui de la pierre du Niton; celui de Bâle sera rat- 
taché par nivellement à un repère du réseau français et au 
nivellement badois; celui du lac de Constance aux réseaux 
des états limitrophes; enfin, à partir de Lucerne, le nivelle- 
ment sera continué, aussitôt que faire se pourra, jusqu'au 
canton du Tessin, où il sera rattaché au réseau italien. On 
comparera partout, le long de la ligne de nivellement, les an- 
ciennes hauteurs trigonométriques aux nouvelles cotes du 
nivellement; enfin, on reliera trigonométriquement et par 
nivellement le Chasseral à une des stations du réseau suisse, 
ainsi qu'à une station de frontière faisant partie du réseau 
français. 


5° Pour l'exécution de ces travaux, le devis approximatif 


BULL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 43 


— 658 — 


monte à fr. 15,000, que la commission propose de répartir 
sur trois ans, en commençant par 1864, si possible. 


À. HIRSCH. 


Les conclusions du rapport sont discutées. 


M. Dufour se range à l'opinion qui veut qu’on laisse encore 
en suspens la correction de nos hauteurs. La question des 
mers lui semble presque oiseuse; ce qui importe c’ést d’avoir 
un plan général de comparaison fixé par un repère bien dé- 
terminé; le niveau moyen de l'Océan est quelque chose d’il- 
lusoire dans les ports, où il dépend nécessairement de la con- 
figuration des côtes; il faudrait pouvoir le déterminer plutôt 
en pleine mer. Lorsqu'il a proposé de choisir pour plan de 
comparaison de nos nivellements suisses la pierre du Niton, 
il n’a pas songé qu’on obtiendrait ainsi dans les cantons du 
nord et de l’est des cotes négatives; car le Rhin à Bâle par 
exemple est plus bas que le lac Léman de 12%", et les lacs de 
l’autre côté des Alpes sont encore plus bas. Pour éviter l’in- 
convénient des cotes négatives, il suffirait de choisir le plan 
de comparaison à une certaine profondeur au dessous de la 
pierre du Niton, en attribuant à cette dernière par exemple 
lacote de 190%, 0 

M. Denzler fait remarquer qu’à côté de toutes les bonnes 
raisons qu’on à fait valoir pour renvoyer à plus tard la cor- 
rection de nos hauteurs, il y a encore celle-ci, qu’actuellement 
cinq cantons font exécuter le plan de leur cadastre avec des 
courbes horizontales, œuvre qui serait dérangée si l’on modi- 
fiait maintenant les hauteurs, pour les changer peut-être de 
nouveau dans quelques années. 

Quant à notre plan de comparaison suisse, il ne lui semble 
pas suffisant de l’abaisser de 150" au dessous de la pierre du 
Niton, (car le lac Majeur est de 177" plus bas que le lac Lé- 
man) et il préférerait alors qu'on choisisse le point le plus 
bas, c’est-à-dire le niveau de la Méditerranée, qui d’après le 
réseau des altitudes suisses se trouve à 377," 01 au dessous 
de la pierre du Niton. En prenant pour plan de comparaison 


— 659 — 


celui qui passe à 377% au dessous de la pierre du Niton, on 
n’obtiendrait pas pour nos cotes des chiffres sensiblement 
plus grands et pour cette raison moins commodes, qu’en choi- 
sissant un plan qui passerait à 200% au dessous du point de 
repère de Genève. 

M. Woif ne craint pas tant les cotes négatives qui lui sem- 
blent encore plus naturelles qu’un plan de comparaison pure- 
ment idéal; il préfère donc s’en tenir simplement à la pierre 
du Niton pour point de départ de nos cotes relatives. 

M. Hirsch croit également que les cotes négatives n’ont pas 
d’inconvénient pour les savants; mais on sait que le grand 
public et les praticiens ne les aiment guère. Pour cette raison 
et afin que le public puisse facilement assimiler et comparer 
les nouvelles cotes que le nivellement fournira, à nos ancien- 
nes hauteurs, il voudrait que tout en laissant suspendue la 
décision définitive sur les hauteurs absolues, on ajoutât, que 
provisoirement la cote de la pierre du Niton reste fixée à 
311" en nombre rond, ce qui est d'accord avec la carte suisse. 

M. Plantamour n’admet pas l'inconvénient des cotes néga- 
tives pour l’hypsométrie relative du pays, si l’on réserve à 
une époque postérieure et à la décision d’une commission in- 
ternationale, le point de départ d’une hypsométrie absolue. 
Pour la commodité des ingénieurs chargés des opérations sur 
le terrain, et des calculs de réduction, il est parfaitement in- 
différent que le repère de Bâle , par exemple, soit marqué à 
— 130", la pierre du Niton étant 0, ou + 20", la piérre du 
Niton étant à 150", Il objecte surtout à la proposition de M. 
Denzler, l'interprétation fausse que lui donnera le public, qui 
verra certainement dans la cote provisoire de 377" pour la 
pierre du Niton, une décision de notre commission sur les 
hauteurs absolues, en opposition avec le nivellement français, 
chose que nous voulons éviter. 

La commission finit par adopter les deux premières propo- 
sitions telles qu’elles se trouvent dans le rapport. 

La troisième est adoptée également à l’unanimiié. 

, Au sujet de la quatrième proposition, M. Denzler observe 
qu'avant de commencer le nouveau nivellement de précision, 
il conviendrait de rassembler et d'étudier tous les nivelle- 


— 660 — 


ments exécutés par les cantons pour les routes et les eaux, 
ainsi que les nivellements de chemins de fer. Il désire égale- 
ment qu'oi rattache dans chaque canton les nouvelles cotes 
de nivellement aux anciennes hauteurs du réseau fédéral, 
pour obtenir ainsi la différence locale entre les altitudes four- 
nies par les deux méthodes, Par contre il envisage le nivelle- 
ment du Chasseral comme inutile, paree qu’on trouvera le 
long de la ligne de nivellement assez de hauteurs du réseau 
_trigonométrique, qu'on pourra rattacher aux nouvelles cotes, 
et qu’on ne peut pas admettre que le réseau hypsométrique 
suisse soit affecté partout de la même erreur que le Chasseral, 
bien que ce dernier ait servi de point de départ. 

M. Wolf ayant montré que la Suisse ne pourrait pas baser 
tout son réseau hypsométrique sur des nivellements de che- 
mins de fer, qui n’auront pas probablement l'exactitude d'un 
nivellement de premier ordre, et M. Plantamour ayant insisté 
sur la nécessité de comparer avec la plus grande exactitude 
l’ancien point de départ de nos altitudes (le Chasseral), avec 
le nouveau plan de comparaison, la commission adopte éga- 
lement à l’unanimité la 4° proposition du rapport. 

La commission charge MM. Wolf et Hirsch, d'adresser au 
Département fédéral de l'Intérieur les propositions qu'on 
vient de voter, ainsi que le rapport dont elles sont les con- 
clusions. 

On prie également M. Wolf de nantir la Commission géo- 
désique européenne, de la question du plan général de com- 
paraison pour les altitudes du continent. 


Le] 


TABLEAU 


DES FORMATIONS GÉOLOGIQUES 
DU CANTON DE NEUCHATEL 


PAR ED, DESOR, 


Une première édition du tableau ci-contre, à paru dans les 
Mémoires de la Société des sciences de Neuchâtel, tome 1v, 1859, 
comme partie intégrante des Études sur le Jura neuchâtelois. 
Depuis lors, la connaissance de notre sol a fait des progrès. 
L’exécution des deux tunnels des Loges et du Mont-Sagne, 
tout en confirmant d'une manière très-satisfaisante notre 
coupe théorique, a jeté un nouveau jour sur divers points 
demeurés douteux. Des progrès notables ont aussi été faits 
dans l'étude de certains groupes d’un classement difficile, à 
cause de leur uniformité. Le sous-étage Virgulien, entre au- 
tres, qui. passait pour le plus inextricable, est aujourd'hui 
l’un des mieux connus, grâce à l'étude spéciale qu’en à faite 
M. Aug. Jaccard. 

J'ai pensé qu'il pourrait être de quelque utilité de résumer 
ces résultats dans un nouveau tableau, on y ajoutant, sous 
une rubrique particulière , les principales localités du canton 
où les terrains affleurent et où se trouvent les gîtes des fossi- 
les caractéristiques. Enfin, pour empècher la confusion dans 
l'esprit des commencants, on a indiqué, à leur place respec- 
tive, les terrains qui font défaut dans notre canton. Où aura 
ainsi une idée des lacunes qui existent dans la série des dé- 
pôts du Jura et des péripéties que notre sol a subies avant le 
soulèvement des montagnes. Ces lacunes correspondent sur- 
tout à la fin de l’époque crétacée et au commencement de 
l'époque tertiaire. 


Neuchâtel, 1 mai 1864, E, D, 


SÉRIE 


_ 


RECENTE 


r 


SÉRIE 
TERTIAIRE. 


FORMATION CRÉTACÉE. 


TERRAINS. Mr]  CARACTÈRES PÉTROGRAPHIQU 


A|Terrain alluvien. 


2| Terrain erratique. 


3| Marnes bleues de Plaisance et 


sables jaunes d’Asti, Étages 
Astien et Plaisantien. 


4|Terrain d’eau douce supérieur. 


5| Molasse marine, Ét. helvétien 


6 


Molasse d’eau douce, Étage 
mayencien. 


Calcaire et marne d’eau douce 
inférieur, Ét. aquitanien ? 


Conglom. marin, Ét. tongrien 


Gypse de Montmartre, Étage 
Ligurien. 


Calcaire grossier, Ét. Parisien 


Argile de Londres, Étage Lon- 
donien. 

Re 

Calcaire nummulitiq. et flysch, 
Étage Suessonnien. 

RS 


Calc. pisolitique, Ét. Danien. 


Craie blanche, Ét. Sénonien. 


Craie jaune, Étage Turonien. 


Craie marneuse, Ét. Cénoma- 
nien. 


Gault, Étage Albien. 


Grès vert infér., Ét. Aptien. 


Gale. à caprotines, Ét. Urgon. 


Pierre jaune et marne de Hau- 
terive, Étage Néocomien. 


Marbre bâtard et limonite, Et. 
Valangien. 


21| Marne lacustre, Étage Pur- 


beckien, 


v 


Var. |Humus, tourbes, tufs, alluvions, deltas. 


Var. |Limons, sables, argiles, galets, blocs erré 
PERLES LR GET PS à «| 


Manque. 


60 |Calcaire marneux ou siliceux avec lignites 
40 [Sables marneux; grès verdâtres. 


Grès marneux avec lignites, intercallé dé 
de calcaire et de marnes avec gypse. 


Calcaire compacte, alternant avec des 1 
roses et lie de vin. | 


1-5 [Marne jaune et conglomérat calcaire. 


Manque. 


Manque, 


Manque. 


Manque. 


Manque. 
Manque. 


Manque. 


Calcaire bigarré ou blanc marneux. 


ÉSLi 


Marne argileuse bigarrée de bleu et de 
sables jaunes avec fossiles phosphatés. 


18 |Grès lumachellique verdât.; marne et argile 


Calcaire blanc et jaune cristallin, avec # 
gnation d’asphalte. 


Calcaire jaune sub-oolitique à lumachelle @ 
Marnes bleues (de Hauterive) à la base 


Calcaire compacte blanc et jaune ; oolite f@k 


60 ë à s 
neuse (limonite) en haut; marne grise € 


—— 


ÿ [Marne grise et noire , avec bancs de cale 


FOSSILES. LOCALITÉS. 


; d'animaux de l’époque actuelle. ir du lac et fond des vallées. 


les terrestres; Eléphant, Ours. |Cortaillod , Pierre-à-Bot, H'S-Geneveys. 


| 


:s, Lymnées, Dinother. gigant., Plantes d’Oeningen.|Gare du Locle, Chaux-de-Fonds. 


\ crassissima, Pect. scabellus, Lamna cuspidata. Chaux-de-Fonds, Locle, Verrières. 


| 
Ramondi, Melania Escheri. Boudry , Préfargier. | 
| 
s, Poludines Duts gare de Saint-Blaise. | 
callifera. , | Tunnel des Brenets. | 
LI CORP RE Rte 
| | 
| 
Pr _ Er SACS EI RD RAS SEE VS MERS PER CRENE DOUTE 
bnites varians, Holaster Trecensis. Joratel, Souaillon. 


pnites latidorsatus, Amm. Milletianus, Avellana Gorges de la Reuse. 


assata. 
la placunea, Toxaster oblongus. La Presta, Boveresse. 
ina, Hemicidaris clunifera. Bôle, Vaumarcus, La Presta. 


omplanatus , Gryphæa Couloni, Rhynchonella de- NeuchAtet-"Couvet- Miütérive 
sa. 1 ; ; 
>ranosus, Pygurus rostratus, Natica lobata, Nerinea 


. Valangin, Landeron. 
anceti. sin; sa 


bis Loryi, Physa Bristowi, Chara Purbeckensis. |Tunnel de la Luche, Combe-Varin. 


jurassique supérieur. 


Terrain 


Re SE un: 


in jurassique moyen. 


Terra 


FORMATION JURASSIQUE. 


Terrain jurassique infér. ou Jura brun. 


F. LIASIQUE. 


CR RS 


TERRAINS. 


RE SN RS EE RE LC PE Te RE) 


Sous-étage Virgulien. 
Jaluze , calcaire spathique et 
calcaire blanc crayeux. 
Roc dolomitique ou à soufflures 
(calc. äpre). 
Marne avec Ostrea virgula. 


22 


Sous-étage Plérocérien. 
Roc compacte, parfois crayeux 
ou oolitique, alternant avec 
des bancs marneux et sub- 
marneux. 


23 


Sous-étage Ast{artien. 
Calc. rouge, marne à astartes 
supér., oolite astartienne et 
marne à astartes inférieure. 


24 


Terrain à chaille. Étage Co- 
rallien. (Sous-étage Glyp- 
licien de M. Étallan. ) 


Calcaire à ploladomyes. 
Calc. et marnes hydrauliques. 
Cal. à scyphies. Ét. Argovien. 


25 


26 


27|Marnes d'Oxford et de Kello- 


way. Étages Oxfordien et 

Callovien réunis, 
EE 
Dalle nacrée. 


28 


Aate, DES, LU, AS HI STR 
Marnes à discoïdées ou à ostrea 
acuminata et calcaire roux 
sableux. Ét. Bradfordien. 


Grande oolite et marne à à ho- 
momyes. Étage Bathonien. 


a UE 
Calcaire sub-compacte. Étage 
Lédonien. 


29 


30 
31 


En Le 
Marlysandstone et oolite fer- 
rugineuse. 


32 


33|Marnes à Ammon. opalinus et 
couches sableuses à Ammo- 


nites Murchisonae. 
LT SO ets + 


34|Lias supérieur. Ét. Toarcien. 


\ 


35|Schiste à Posidonies. Ét. Lias. 


36 | Calc. à Gryphea Cymbium et 
calc. à Gryph. Macullochii. 
Et. Sinémurien. 


Mètr. 


140 


CARCTÈRES PÉTROGRAPHIQUE! 


LT cs en. | 


Bancs de dolomie (Jaluze). 

Calc. blanc sacharoïde dans le haut, avec 
de poissons. 

Calcaire spathique jaunâtre. 

Calcaire blanc crayeux. 

Marne jaune avec Exogyres. 


Calcaire blanc crayeux ou compacte, dans lé 
rempli de Bryozoaires , quelquefois oolit 
fomant de grands massifs séparés par des 
ses moins dure! sub-marneuses, dans lesqi 
se trouvent les fossiles. 


Calc. massif très-puissant, souvent oolitique, 
quefois à très-grosses oolites. Marnes fé 
RER à rognons. 


in et micacé. 
RARE Nr TE eme 


Calc. marneux et marne ocreuse avec r'o4 
calcareo-siliceux. 


Calc. marno-schisteux en: bancs très-régulié 


Calc. rognoneux avec marne terreuse. 
Calc. esquilleux, à taches jaunes et roses. 


Marne grise feuilletée, avec oolites ferruginé 


Oolite fauve en dalles lumachelliques, pétrik 
fossiles d’un éclat nacré. 

mme oee ee d  R De 

Marne terreuse. 

Dalles calcaires brunes et grises. 


Calc. oolitique blanc et compacte. 
Marne et calcaire marneux jaune. 


Calc. brun, quelquefois oolitique, souvent 
thique. 1 


Grès calcaire, micacé, plus ou moins marné 
oolite ferrugineuse. | 

——_—__— 

Marnes bleues micacées et bancs calcal 
sphérites. 1 


Manque. 
Marne noire, feuilletée. 


Calcaire marneux avec blocs sphéritiques. 


Calcaire dalliforme. 


FOSSILES. 


is de Sauriens , de Tortues. 
s et écailles de poissons, Lepidotus, Pycradus, Stro- 
odus, Nérinées, Natices. 
rus Jurensis. 

zoaires, Nérinées, 


pyra virgula. 
RL ER ot 


Diceras. 


oceras oceani, Ostrea solitaria, Mytilus jurensis, Te- 
bratula subtella, Tellina Studeri, spécialement dans 
s bancs marneux. De nombreux Bryozoaires et coraux, 
tout dans les assises supérieures. 


iles rares dans les calcaires massifs, triturés dan$ 
>olite corallienne; assez abondants dans les marnes. 
n trouve : Terebratula humeralis, Pertes rigidus, dans 
s marnes supér.; Natica macrostoma, Ostrea gregarea 


ans les marnes snféts Des astartes dans les den 


__—_———————_——p—ZZ— 


sbratula trigonella, Cidaris Blumenbachii. 


0 


ngiaires, Pholadomya acuminata. 
z0s, Pentacrinus subteres (très-abondant). 


yrites castanea, Ammonites cordatus (Lamberti). 


——————————————————_—_—_—aLELEE 
ntité de débris de coquilles et d’échinodermes. Pen- 
crinus Nicoleti. 


a — 
>ctypus (Discoïdea) depressus, Collyrites analis, Ostrea 
‘uminata, Amm. wurtembergicus, Clypeus Osterwaldi, 

 Belemnites giganteus, dans les calcaires. 


de fossiles. si 
1omya (Lutraria) gibbosa, Pholadomya Burcardium. 


piers nombreux, Lima proposeidea, Ammonites gi- 
antesques. 


vides charbonneux, Pecten personnatus et disciformis. 


monites opalinus, Belemnites breviformis. 
monites Murchisonae. 
ules Hammeri, Astarte lirida. 


lques petites Posidonies. 


phea Cymbium, Rhynchonella tetraedra, Belemnites 
axillosus. 
phea Macullochii, Terebratula nummismalis. 


——_— x 


LOCALITÉS. 


La Sagne, Hauts-Geneveys, Chaumont. 
Les Brenets, Chaux-du- milieu. 


Lac de Brenets. 
Montagne des Loges, mont Sagne. 
Chemin du Saut du Doubs. 


© 


Longeaigues, Rosières, Chaux-de-Fds, 
Loges, Clusette. 


—————————__—_—_—_—_—_————…————_———— 
Grande-Combe, Bec-à-lOiseau, (gîte 
des grosses oolites), Brot- dessous, 
Longeaigues , Prise-Mylord, Entre 
deux-Monts. 

LOMOR ONU 
Combe de St-Sulpice , ds les tranchée 
du chemin de fer, Longeaigue , Ro 
sières, Chatelu. 


Creux-du-Vent, Trémont, Fretreules. 


Col-dés-Roches, Fretreules, Pouillerel, 


Furcil, route du Locle aux Brenets. 


a ——————_————— 


Chaux-de-Fonds, Fureil. 


Furcil. 
Montperreux. 


Montperreux. 


Combe aux Auges. 

Jnoif oh able ani 
Combe aux Auges. 

Au pied du Montperreux. 

Tunnel des Loges. 


Tunnel des Loges. 


Tunnel des Loges. 


OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ 


pendant l'année 1863-64. 


Matériaux pour l'étude des glaciers, par Dollfuss-Ausset, t. 2 et 3. 

Mémoires de l’Académie royale des sciences à Turin, t. 20, se- 
conde série. 

Proceedings of the zoological Society of London, années 1860, 
1861, 1862. 

List of vertebrated animals living in the gardens of the zoologi- 
cal Society of London, 1862. 

Bemærkninger angaaende graptolitherne, af Christian Bœck. 

Komet banernes indbyrdes beliggenhed, af M. Mohn. 

Beskrivelse over Lophogaster Tvypicus, af D' Michel Sars. 

Om Siphonodentalium vitreum , af D' Michel Sars. 

Mémoires de l’Institut national genevois, t. 9, années 1862-63. 

Thèse sur l’hétérogénie ou génération spontanée, par Ch. Musset. 

Géologie pratique de la Louisiane, par R. Thomassy. (Prospec- 
lus spécimen). 

Synopsis des Brachiopodes fossiles des Alpes suisses, par W. A. 
Ooster. 

Note sur la craie blanche et la craie marneuse dans le bassin de 
Paris , par Ed. Hebert. 

Observations géologiques sur le département de l'Yonne, par Ed. 
Hebert , professeur. 

Carte géologique des parties de la Savoie, du Piémont et de la 
Suisse voisine du Mont-Blanc, par A. Favre, prof., et expli- 
cation de la dite carte et note, in-quarto. 

Mémoirs of the geological survey of India , cahier 3, 4, 5. Tho- 
mas Olsham. 

Transactions of the American philosophical Society on Califor- 
nian mosses, by Leo Lesquereux,. 


— 667 — 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, Drit- 

. ter Theil, 1863. 

Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens, 
1861-62. 

Mémoires de l'Académie impériale de Dijon, année 1862. 

Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussichen 
Rheinlande und Westphalens, 20° année, 1863, 1° et 2° 
cahier. à 

Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cher- 
bourg, t. 9. 

Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne, 16° vol., 4° par- 
tie, 17" vol. 

Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern. N° 
531-552. 

Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. VIE, n° 
50. 

Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften für Sachsen 
und Thüringen, Jahrgang 1862, 20° vol., 1863, 21° vol. 

Journal d'agriculture de la Côte-d'Or, 24" vol. 1862. 

Correspondenz-Blatt, des zoologisch-mineralogischen Vereines 
in Regensburg, 17° année. 

Neues Lausitzisches Magazin, 40° vol., 2° cahier. 

Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, {. 17. 

Monats Berichte der kôniglichen Preuss. Akademie der Wissen- 
schaften zu Berlin, 1862. 

Sitzungsberichte der künigl. bayer. Akademie der Wissenschaf- 
ten zu München, 1862, Heft 3, 4; 1863, heft 1, 2, 3, 4. 

Jahrbuch der kaiserlich-küniglichen geologischen Reichsanstalt, 
13% vol., n° 1, 2. 

Generalregister der ersten zehn Bände des Jahrbuches. 

L’Harmonie de notre être. Conseils d'hygiène, par le D' A. Chà- 
telain. 

Musée Teyler. Catalogue systématique de la collection paléonto- 
logique, par T. C. Winkler; 1"° livraison. Harlem. 

Beiträge zur Kenntniss der fossilen Pferde, von Prof. L, Ruti- 
meyer. 


— 668 — 


Annuaire de l’Académie royale des sciences de Belgique, 1863. 
Bulletins de l’Académie royale des sciences, des lettres et des 
beaux-arts de Belgique, 31° année, 2"° série, t. 14. 1862. 
Bericht über die Thätigkeit der St-Gallischen Naturwissenschaft- 

lichen Gesellschaft, 1862-63. 

Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, belles-lettres et 
arts, d'Orléans ; t. 7, n°° 3, 4, 5, 6. 

Ati della Società italiana di scienze naturali, vol. 5, n°° 2-6; 
vol. 6, 1-2. 

Sitzungsberichte der kaïserlichen Akademie der Wissenschaften, 
cahiers 1 et 2. 

Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1862, 3e 
année. 

Mathematisch-naturwissenschaftliche Classe, vol. 46, 4me et 5e 
cahiers; vol. 47, n° 1, 2, 3, première partie; 1, 2, 3, 4, se- 
conde partie. 

Zebnier Bericht der oberhessischen Gesellschaft für Natur und 
Heïlkunde. 

Journal of the geological Society of Dublin , volume 9 part. 2, 
1861-62; vol. 10, part. 1, 1862-63. 

Proceedings of the royal Society, vol. 42, n° 54-57; vol. 13, n° 
58-62. 

Mittheilungen des œsterreichischen Alpen-Vereines. 

Mémoires de la Société de physique de Genève, t. 16, 2%e part. 
t. 47, {'° partie. 

Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaft., heraus- 
gegeben von dem naturwissenschaftlichen Verein in Hamburg, 
vol. 4, 3e partie. 

Geologische Skizze der Umgebung von Solothurn, von T. Lang. 

Schriften der küniglichen physikalisch-‘konomischen Gesell- 
schaft zu Künigsberg, troisième année, 1"° partie. 

Naturkundige verhandelingen van de Hollandiche maatschappij 
der Wetenschappen te Haarlem veertiende deel 1° stuk. 

Abhandlungen herausgegeben von der senckenbergischen natur- 
forschenden Gesellschaft, 4° vol., 3%° et 4e livraison, 5" 
vol., 1% cahier. 


— 669 — 


Mémoires de la Société des sciences naturelles d'Ile et Vilaine, 
to n°4, 

Verhandlungen der kaiserlich-kôniglichen zoologisch-botanischen 
Gesellschaft in Wien, 14863, 13 vol. 

Monographie der OEstriden, von Friedrich Brauer. 

Proceedings of the royal Society of Edinburgh, 1862-63. 

Proceedings of the natural history Society of Dublin, 1862-63, 
vol. 14, partie 1. 

Zeitschrift der deutschen geologischen Gesellschaft, vol. 15, 2%, 
3e et 4€ cahier; vol. 16, 1° cahier. 

Aus den Abhandlungen der kôünigl. bayer. Akademie. 

Denkrede auf Joh. Andreas Wagner. 

Rede zur Feier ihres einhundert und vierten Stiftungstages, ge- 
halten von J. von Liebig. 

Monographie der fossilen Fische aus den lithographischen Schie- 
fern Bayerns, von D. Andreas Wagner. 

Resultate photometrischer Messungen an zweïhundert und acht 
der vorzüglichsten Fixsterne, von Ludwig Seidel. 

Mémoires de la Société linnéenne du Calvados, 1824, 1825; 8e 
vol., années 1843-48; 9% vol., années 1849-53; 10°, années 
1854-55; 11%, années 1856-59; 12%°, années 1860-61 ; 13°, 
années 1862-1863. 

Bulletins, années 1855-56, 1856-57, 1857-58, 1859-60. 

Société des sciences de l'Yonne, éloge historique du maréchal 
Davoust. 

Mittheilungen über die Sonnenflecken, von D' R. Wolf, n° 15. 

Observations météorologiques en 1863, à Arau. 

Bulletin de l’Institut national genevois, n° 20, 21. 

The classification of animals based on the principle of cephali- 
zation, by James-D. Dana. 

Journal des vétérinaires du Midi, juillet, août, septembre et oc- 
tobre 1863. 

Union médicale de la Seine inférieure, 1869, n°‘ 3, 4; 1863, n°° 
n6. 7, 3:% 

Revue viticole, par C. Ladrey, 1862, n° 1-6.* 


— 670 — 


Annual report of the trustees of the museum of comparative z00- 
logy together with the report of the director 1862, M. le er: 
Agassiz. 

Experimental researches on the granites of Ireland, by the Rev. 
Samuel Haughton. 

Notes on mineralogy, by the Rev. Samuel Haughton. 

Rain fall and evaporation in St-Helena, by the Rev. Samuel 
Haughton. 

Etudes sur le métamorphisme des Ed par M. Delesse. 

L.-R.-V. Fellenberg, Analysen antiker Bronzen, sechste Fort- 
selzung. 

Die Fortschritte der physikalischen Geographie in Jahre 1861, 
von D' E. Süchting. 

Lettre adressée à M. le prof. Phictaniion à l’occasion de la dé- 
termination de la hauteur du lac de Genève au dessus du ni- 
veau de la mer, par M. Michel. 

On cephalization and on megasthenes and microsthenes in clas- 
sification, by James Dana. 

Essay on comparative petrology, by M. J. Durocher. 

On the phenomena of Diabetes mellitus, by Rev. Sam. Haugh- 
ton. 

Account of experiments made to determine the velocities of rifle 
bullets commonly used, by the Rev. Samuel Haughton. 

On the use of nicotine in Tetanus, by Rev. Sam. Haughton. 

On the form of the Cells made by various wasps and by the Ho- 
ney bee, with an appendix on the origin of species, by Rey. 
Samuel Haughton. 

On the Rain fall and evaporation in Dublin in the year 1860, 
by Sam. Haughton. 

On the direction and force of the wind at Leopold Harbour, by 
the Rev. Sam. Haughton. 

Les forêts des Alpes et du Jura, par le prof. E. Landolt. 

Natural history of New-York, vol. 3, part. V agriculture; part. 
VI, paleontology. 

Vierteljahrsschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zurich, 
6e année, 7"° année, 8"° année. 


— 671 — 


Reçu de l'Institution Smithsonienne : 


Annual report of the Smithsonian Institution for 1861. 

Report of the superintendant of the U. S. Coast Survey, for 
1859, 1860. 

Ohio Ackerbau Bericht, 18614. 

Washington patent office report 1861, agriculture. 

Journal of the Academy of natural sciences of Philadelphia, vol. 
D, part. 2, 3. 

The transactions of the Academy of science of St-Louis, vol. 2, 
Li a PE 

Annals of the Lyceum of natural history of New-York, vol. 7, 
n° 13-16. 

Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 
1862, n° 5-12. 

Boston journal of natural history, vol. 7, n° 2, 3; vol. 9 page 
49-176. 

Report lieut.-col. J.-D. Graham U. S. topographical engineers. 

Sveriges geologiska undersükning, n°° 4, 2, 3, 4. 

Annual report of the trustees of the museum of comparative z00- 
logy, by prof. Agassiz. 


TABLE DES MATIÈRES. 


A. Travaux de la Société en général et Miscellanées. 


Table d'orientation, par M. Kopp . . 414 4) 007 


Essai de +R par M. de Mandrot .: . . des TO 
Taille des hommes qui ont passé devant les PAM de 

réforme, par M. le D' Guillaume. . . . .1 .t 28.et 140 
Méthode mnÉMONIqUE pour la télégraphie, par M. Gar- 

HT EN SN, 
Finance LES Le D Fi bulletins |} 3) HE SEE 
Histoire de la physique du globe en Suisse, par M. Stu- 

der et M. Desor . . . se. VU UD SRE 
Nouveaux membres Hénrah ee A LT DEEE 
Exploitation des blocs erratiques, par M. “Fabÿl nie à: 
Pierre talqueuse de Botocoudos, par M. Coulon  . . . 27 
Don de la Société d’'Emulation . .1 . 1100 . MMN284 
Club:alpin,, pariM:1Desor 2 . 1 mule, 16018)00408 80 
Tasse japonaise, par M. Kopp . . . deïrgoless 299288 
Circulaire de M. Dove sur l'ouragan des Tet domi 

1863, par M. Hirsch ;. 1. 100 MANN rl 2 
Mort de M. le docteur Borel... .… :..… . Hé 000 
Rapport sur un mémoire de M. H. Gr andiean au sujet de. 

chronomètres, par M. Hirsch . . . . . . 309 et 387 
Rapport sur la marche des chronomètres de poche, par 

CH HSCR TS mL 
Mort de M. G. de Ponte Monte En eu 


Réunion de la Société helv étique des 8 sciences naturelles 418 
Les articles de M. Hæffer dans le Cosmos, par M. Favre 424 
Nouveau procédé de peinture sur émail, par M. Favre . 425 
Effets produits par l'humidité sur les a de granite, 
par M. P. de Meuron . . . icallaresortées 
Question des eaux, par M. P. de A à 4 LOMME 
Projet d’un réservoir pour l'alimentation des fontaines, 
MORT Qt te» Lee 1 OR NN 


— 673 — 


Dessins topographiques, par M. de Mandrot . . . . . 443 
Séances de la Société, le jeudi de chaque semaine . . 454 
Brochure de M. Blanchet RAR EX UN RHONE SE : 
Méthode graphique dans les sciences naturelles par M. 
Hirsch Ares, . . . 456-465 
Comptes de la Société el des de # Société d'Emulation 466 
Revalescière Du Barry, par M. Ps Pen AS NAN 
Membres honoraires . .  AtUpr 26 
Question des eaux au point des vue isdastiel et iliniens 
taire | par M. Rütter . . . ALPINE 


ie des écoles, par M. le D' Css ‘506, 15 Fe 925 
Ouvrages d'astronomie et bibliothèque de l'observatoire 514 
Cloche à plongeur pour explorer le fond du lac, par M. 
Ritier .… . :. HS TO SR 
Dessin topographique, par M. de Mandrot DIS FSU 
Dons d’onvrages faits à la Société, . . . . . . . 666 


B. Travaux des Sections. 


1" Section. — PHYSIQUE. — CHIMIE. — ASTRONOMIE. 


PHYSIQUE. 
Observations de MM. Bunsen et Kirchhof, par M. Hirsch 6 
Chronoscope de M. Hipp, par M. Hirsch . . 7,64 et 100 


Propagation de l'électricité, par MM. Hirsch et Hipp 19 et 82 
Régulateur des courants électriques, par M. Hipp . 24 et 115 
Appareil d’induction et électro-aimant, par M. Hipp. . 24 


Etuve pour les chronomètres, par M. Hirsch . . . . 29 
Spath-fluor antozonide , par M. VO) 7 NET APE 
Propriétés plastiques de la glace, par M. Kopp s y 
Montre thermométrique, par M. Hirsch . . . . . . 36 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. VI. 44 


— 674 — 


Instruction pour la construction des paratonnerres, par. 


M. G. Guillaume . . istoon el sh'esnnise 
Observations de MM. ro Ft Han Lirefét 45 
Relation des phénomènes météorologiques avec ru mar- 

che des instruments magnétiques, par M. Hirsch . . 48 
Télégraphe à cadran, par M. Hipp  . . 4h Ru yitéé 
Expériences spectroscopiques , par M. PR HN IR «7 


Télégraphie électrique pour transmettre la voix, M. Hipp 293 
Moyens employés pour mouvoir les disques des signaux 
de chemin de fer et observations sur ce sons par M. 


Hipp . . . 293 
Détermination de la déclinaison magnétique pour Neu- 
châtel, par M. Hirsch. :.…. ot its RS 
Baromètre anéroïde He : DE M. Tien TS 5 
Horloges électriques perf tion tons par M. Hipp. . . 455 
MÉTÉOROLOGIE. 


Udomètres à placer au Val-de-Ruz, par D’ Guillaume . 16 
Résumé d'observations météorologiques, par M. Kopp . 33 


219 et 235 
Propagation de la bise, par MM. Hirsch et Ladame . . 35 
Mesures limnimétriques du Seyon et de la Serrière "ee 
M. le D' Guillaume  . . PE | 
Commission fédérale de météorolngie, paz M. Hop . . 58 
Végétation précoce de 1862, par M. Faure Lun 59 
Stations météorologiques, par M. G. Guillaume . . 63 
Stations AR re du canton , par MM. Desor et 
“31; SRE . 264 
Neige sur la te suisse ‘et mets à Neuchâtel, ne M. 
Coulon  . . ; "AU 


Aurore boréale du 14 déceribre 1862 Re M. Hirsch . 279 
. Observations thermométriques dans le tunnel des Loges, 


par M. Æersch . 284 
Orage du 28 juillet 1862, Dbserré à Le Chaug de Fondé, 
ner M. Favre," | us ce AR 


Phénomène lumineux observé sur rle lac, par M. Hirsch. 288 


— 675 — 


Limnimètres de Morat et de Neuveville, par M. Kopp . 290 
Résumé relatif à la température et à la végétation de 


1862, par M. Favre . . à . * 290 
Thermomètres du tunnel des Loges: pér M. Hir sch . . 292 
Rapport du comité météor ologique , par M. Favre . . 300 
Nuage de forme singulière, par M. Hirsch . . . . . 305 
Remarques sur l’observation de la température et de l’hu- 

midité de l'air, par M. Hirsch . . . . . . 309 et 380 


Ouvrage traitant du climat de Genève, par M. Hirsch . 311 
Installation des thermomètres dans le tunnel des Loges, 


par. M; Hirsch :. :. . 326 
Phénomène de 2" floraison, pe MM. Coulon , Godet et 

FOUre in . 418 
Mesures ther mométriques dans Le tune] des hope : .. 

Ma Hérsch: : RATE 


Effets de fœhn obsers vés depuis Neuchâtel ; par M. Favre 426 
Lumière électrique ie une averse de neige, par M. 


Robien LS does 1) ire Fiito 2126 
Stations météorologiques : jee M. Kopp Lei satssfux ren 
Indicateur de tempêtes, par M. Hirsch . . . . . 456-463 
Parhélie, par M. G. Guillaume . . à 89h -5EVIbEA 
Influence des Alpes sur le climat de l'Eur ope; traduit de 

MDoye par M Hirsch .. Joe M reg as 
Observation de M. Desor sur ce sujet . . . . . . . 522 
Température de Chaumont et de Neuchâtel, par M. 

Hirsch. es 5e 6) HE obreuaiiatste 
Observations de M. Niroti : à ce esujet Ji H0k Ar) FU 
Observations faites à Neuchâtel, par MM. Kopp et Favre 

547, 548, 555 
Plan d'observations sur la flore et la faune . . . . . 547 
Observations à Neuveville, par M. Hisely . . . 5592. 556 
Variations du niveau de nos lacs, par M. Kopp . . . 561 


Nivellement de la station de Chaumont, par M. Kopp . 5171 


CHIMIE. 


Galvanoplastie, par M. Kopp : . . . . … +: . à . 11 
Bois de teinture, par M. Kopp . . : . ., . .. 30 


— 676 — 


Analyse du vin de 1861, par M. Kopp. . . . . 63 et 212 
Ozone et antozone, par M. Kopp . . . . . . 66 et 475 
Robe teinte avec de l’arsenite de cuivre, par M. Kopp . 289 


Huile de pétrole, par M. Kopp . . . . . 305 
Examen chimique de l'éponge du lac Mons M. rss ro BA0 

» » des eaux de Saxon, par M. Kopp . . 310 
Analyse de la lentille d’eau, par M. Desor . . . . . 315 
Analyse de monnaies gauloises, par M. Kopp . . . . 525 


Analyse de la chimie agricole de Liebig, par M. Kopp . 568 
Résidus des épurateurs du gaz d'éclairage, ds M. es 594 


Analyses de tourbes, par M. KODD {41 SAS 4 1599 
ASTRONOMIE. 

Passage de Mercure, par M. Hirsch . . OST 
Petites planètes et comète de 1561, par M. Hérsch  RNITTES 
Photographie de la lune, par M. Hirsch . . . . . . 14 
Nouvelle comète, par M. Hirsch: +4, RNPORAMENANtEE 
Analyse des travaux de Leverrier sur les planètes, par 

M Éinscha , #œ0tc 5 1 018 20040, AFS 
Taches solaires, par M. Heh : 4 AR :0(4 .J46 


Planète CIE et compagnon de Biriial pal M. Hirsch 54 
Photomètre pour les étoiles fixes, par M. Hirsch . 58 et 94 


Observations de M. Gauthier... . . LUE FETE 
Détermination de la différence de longitude entre Neu- 
châtel et Greenwich, par M. Hirsch à + 1 nu 0,61 
Influence des montignes sur le fil à plombs. Rene 
Découvertes astronomiques de 1862, par M. Hirsch 271 et 400 
Comète Il de 1862, par M. Hirsch. : | OR E 
Photographie de la lune, par M. Hirsch . . . . . . 283 
Taches du soleil, par M. Hirsch. . . PORTE" 


Tache de soleil observée par M. Howiott. par M. Éliach 294 
Expériences chronoscopiques pour déterminer la correc- 
tion personnelle, par M. Hirsch . . . . . 305 et 365 
Deux comètes visibles à l’œil nu et la 78° planète. . . 309 
Système télégraphique pour transmettre l'heure de l’ob- 


— 677 — 


servatoire de Neuchâtel à diverses localités, par M. 

ÿ : 7 27 | IIS PORN . 313 
Détermination Lourelle de la parallaxe du ST = 

M. Hirsch... 6 TES SE ED 
Découvertes en astronomie en 1863, par M. Hirsch 431 et 436 
Taches du soleil, par M. Hirsch . . . . . . 431 et 439 
Différence de longitude entre Genève et Neuchâtel, par 

DE. Tir o cpues a y le ie . 477 
Les nébuleuses (théorie de Hersehell), don M. de Rouge- 

mont . . h cér09 100008 
Eclipse de pe du 1e Sea 1863, ed M. rs sc … #88602 


MATHÉMATIQUES. 


Commission fédérale de géodésie, par M. Hirsch . . . 56 
Remarques sur les séries divergentes, par M. Zsely 253 et 357 
Théorie des parallèles de Belleney, par M. Ladame .  . 296 
Commission fédérale de géodésie, par M. Hirsch. 301, 327 
593 et 642 
Déviation remarquable du fil à plomb, par M. Hirsch . 319 
Hauteur du môle de Neuchâtel au-dessus de la mer, par 
DE rs Si dd EURE 


2me Section. — HISTOIRE NATURELLE. 


GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. 


Plume fossile, par M. Desor . . . RESSE 
Du mot May, comme terme géologique, par M. Desor ms 1 
Caverne à ossements d’Aurignae, par M. Desor . . . 11 


Blocs erratiques, par M. Desor nt Su AIRE 
Orthographe du mot Mait, par M. PE Là 00e ONE 
Geysers d'Islande, par M. Gressly . . Le a pt SE 
Ile de Jean Mayen et Islande, par M. Gressly Létre 48 a 
Extension des glaciers du vs ol; par M. DEésor…. un 


Hhëniemeat 0 PC sese 7. © OUR NS 


— 678 — 


Plastron d’une tortue, par M. Coulon . . . . . . . -34 
Carte géologique suisse, par M. Desor. . . ALESIS 
Plantes de la houille âé l’Arkansas, par M. Désor. FAPISS 
Gisement aurifère de l’Australie, par M. Tribolet . . . 42 
Orographie des Alpes, par M. Desor Ge, CE PEROU ONE 
Tortue fossile du Virgulien, par M. Coulon . . . . 1159 
Têtes d’élan de la grotte des Verrières, par M. Coulon . 263 
Lignite de Schônie près Pfäffikon, par M. Desor "#1 2272 
Structure des montagnes de la Savoie, par M. Desor. . 286 
Découverte d’une mâchoire humaine à Abbeville, par M. 

Faure sl. à . 915 
Sur les terrains nr di versant en de Alpes, par 

LI PN SE CAN SRE + 6 8920 66004 
Débris ligneux , épars, obraiset sur rc rives du lac, par 

M. Ritter PAR . . … 499 et 433 
Topographie et géologie dé à Dehde Kabylie par M. 

DÉPOR Ne à . 458 
Etage Barémien par M. Desor 4 ET en DESTIN R  E 
Page Dubisten, par M Desor "2 °5 PORTER 
Pseudomorphisme dans le Sahara, . . . par M. Desor 545 
Orographie des lacs de la Suisse, . . . par M. Desor 547 
Guidé'des ingénieurs tialiens . "2." NME 
Tableaux géologiques du canton de Neuchâtel id. . . 598 

BOTANIQUE. 

Végétation anormale, par MM. Guillaume et Godet . . 13 
Chanvre de grande dimension, par M. Favre . . . . 21 
Morilles trouvées à la Brévine, par M. Favre . . . . 272 
Péziza coccinea, par M. Favre Li ete AO 
Végétation anor ib par MM. pre cl Coulon + 420 
Gentiana verna, par M. Guillaume . . . . . . . . 431 
Lycoperdon FPE CA bar M. Fagres 0 SAS 
Elaphomyces granulatus, par M. Favre . . . . . . 432 
Merulius lacrymans, par D' Guillaume  . . . . . . 514 
Anomalies de végétation, par D' Guillaume. . . . 546 


Caractères de supériorité des végétaux, par M. P. Godet 
568 et 574 


079 — 


ZOOLOGIE. 


Anodontes du lac de Neuchâtel, par M. Paul Godet 12 et 71 


Mœurs des kanguroos, par M. Coulon . . :. . . . . 38 
Souris-taupes, par M. Coulon Hitebzns DIF 6628 MER 
Conformation anormale d'une truite, par M. Coulon . . 53 
Plongeon femelle pris sur le lac, par M. Coulon . .. 60 
Reproduction des infusoires, par M. Paul Godet . . . 266 
Eponge d'eau douce trouvée dans le lac, par M. Gréésih 286 
Examen de cette éponge, par M. P. Godet . . . . . 304 
Nouvelles éponges trouvées dans le lac, par M. Garnier 305 
Examen de ces éponges, par M. Guillaume . .. . 305 et 405 
Héron aigrette tué sur le grand marais, par M. Coulon . 424 
La vie animale dans le Sahara, par M. Desor . . . . 597 
Crustacés de la mer Rouge, par M. Coulon . . . . . 569 
Société ornithologique à Genève, par M. Coulon . . . 601 
Nid de guêpes, par D' Guillaume  . . . . : :: 601 
Trichine spiral ,-par D* dé Pury 7 404 0 0 10608 


gme Section. — MÉDECINE. 


Guérison d’un cas de tétanos, par M. le D' de Pury . . 17 
Microsporon furfor, par M. É D PUR: à . . 44 
Champignon parasite de l’homme, par M. le D’ de Pury. 56 
Jeune fille qui a subi la résection des trois extrémités os- 
seuses du cubitus, par M. le D' Cornaz . . . . . . 282 


4me Section. — GÉOGRAPHIE er ANTIQUITÉS. 


GÉOGRAPHIE, 


Voyage de M. A. Humbert au Japon, par M. Hirsch . . 60 
Le Sahara et les oasis, par M. Desor . . . . . . . 444 
L%5 Kabyles, par M. Desor . … .… … . . oo %.H 540€ 


— 680 — 
Origine des Kabyles, par M. Desor . . . . . . . . 513 


ANTIQUITÉS. 


Station lacustre de la Têne, par M. Desor sr SM 
Antiquités trouvées dans le lac de Morat, par M. Desor 216 
Station lacustre d’Auvernier, par M. Desor , 8 


Antiquités lacustres, par M. Forel Ha ie sas 9 
Carte de la station Adraone , par M. de Mandrot oc 
Armes trouvées devant Port- Alban , par M. Desor. . . 15 
Hache en pierre trouvée au Locle, par M. Jaccard . . 16 
Crâne humain lacustre, par M. Desor . . . . . 18 et 21 
Rapport sur ce sujet, par M. le D" de à 61 ahretéret pat 
Médaille celtique, par M. Desor . . . sr RS 
Station lacustre du lac de Constance, par M. Desor a ot 20 
Station lacustre devant Neuchâtel, par M. Desor . . . 27 
Epée gauloise, par: M; Desor.…. 53 EL sucette 
Meule de moulin, par M. Tribolet . . . . . : . . 86 
Tumuli près de St- Aubin, par M. Desor . . . 57 
Croissants en argile et Del d’ambre RE à Gortaliens 

par M. Desor :. :, RU 
Explorations dans les lacs d’ files par M. Desor EL 
Grotte de Trois-Rods, par M. Ofz . . . . . 273 
Antiquités lacustres ane devant Neuchâtel, Le M. 

SORA) . 281 


Vases en graphite DéChés à ; Neuchâtel, sh M. Desnrs . 290 
Progrès faits dans l’étude des antiquités de notre pays et 
ul ouverts près de Concise, par M. Desor . . . 297 
Hache en néphrite trouvée devant me à par M. 
ITA MR ee 1, 
Crâne humain ue à PER nier , Der M. Desor Pen VE LE d 
Antiquité de l’homme par Lyell, par M. Desor . . . . 302 
Epingles de l’âge du bronze nettoyées et polies, par M. 
MAOPSOn. . 147 08 
Morgiers au- dessus de Neuchâtel, par M. Coulon ah sÉ%6 1808 
Objets en fer de l’époque helvétienne trouvés à St-Aubin, 
par M. P. Godet , .: .:..! . 100 DO NA 


— 681 — 


Anneau en argile trouvé à Couvet, par M. Coulon . . 310 
Observations archéologiques faites dans les lacs d'Italie 

en 1863, par M. Desor . . . . 322 
Objets recueillis dans les marnières du. ad Ra M. 

More . 323 
Découvertes à la nr de vs Têne (fax), . M. pis . 485 
Antiquités de l’Algérie, par M. Desor . . . : "2.16" 208 
Observations de M. de Rougemont sur ce no. ét ES 


Station de la Têne, par Dr Guillaume et Châtelain  … . 492 
Antiquités lacustres et blocs erratiques taillés, par D* Clé- 


ment . . . Le 7 RER 
L’âge du bronze, par M. de Rougemont NA CREER 
Observations de M. Desor sur ce sujet. . . . . . . 512 
Composition des bronzes antiques, analysés par M. de. 

Fellenberg, par M. Desor . . . . . . . . 523 et 540 
Hache de pierre, par M. Carbonnier . . Re 
Analyse de bronzes, par MM. de Rougemont je Desor. . D32 
Poteries trouvées dans la Broye, par M. Desor. . . . 510 
Dessins d'objets de l’époque du fer, par M. Favre. . . 510 


Pilotis à Parme, blocs erratiques taillés, par M. Desor . 571 
Objets en fer trouvés à la Têne, par M. Desor . 590 et 592 
Crâne humain trouvé à la T'ének par D: Guillaume 592 et 595 


L’étain dans l'antiquité, par M. Æ Rougemont . . . . 593 
Cavernes à ossements du Périgord, par M. Desor . . . 596 
L'homme contemporain de la période glaciaire, par M. 

de Rooms D. es LR 7. STE 


5e Section. — HISTOIRE. 


Armes et ossements ue trouvés à Auvernier, par 

ME. PO. : set ATERERE 
Médailles romaines, par M. D Guillaume x, 4175 CORRE 
La Bonneville au Val- de-Ruz, par M. de Mandrot . 23 et 76 
La roche Chatoillon, par M. de Mandrot . . . . 23 et 19 
Médaille romaine, par M. Favre. . 25 
Plan des ruines du château de Rochefort, par M. de Man- 

ut OR à ee 02. + A NON ONE 


— 682 — 


Médailles gauloises et mérovingiennes, par M. Ofz . . 276 
Récit de la bataille de Grandson, par M. de Mandrot 296 et346 
Création d’une section d'histoire, par D' Guillaume . . 432 
Monnaies gauloises, par M. Desor LAPS LHGIERE COQUE 
Dolmen de la Poète-manche, par D" Guillaume ANS 
Maladreries du canton de Neuchâtel , par D' Guillaume  : 
443, 466 et 629 
Bataille de Grandson, par M. de Mandrot . . . . . 541 
Crania helvetica de MM. His et Rütimayer, par M. Desor 595 


Rectification du rendu-compte d’une communication faite 
par M. le D' Cornaz, tome VI, 2° cahier, 
page 282: 


M. le D: Cornaz présente une petite fille d’une douzaine 
d'années, entrée à l'hôpital Pourtalès pour une ostéite serofu- 
leuse du coude, accompagnée de fistules. En pratiquant sur 
elle la résection des trois extrémités osseuses qui constituent 
cette articulation , opération dont M. Cornaz donne l’explica- 


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DU 


DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE CANTONAL 


A LA 


COMMISSION D'INSPECTION 


POUR 1863-1864. 


Re 0 mie + 


MESSIEURS, 


Après vous avoir montré les salles et les instruments de 
l'Observatoire, je commencerai mon rapport annuel en 


complétant d’abord en quelques mots les renseignements 
sur 


I. Le bâtiment, les instruments et la 
bibliothèque. 


Je n’ai pas eu besoin, dans le courant de cette année, 
de recourir au département des Travaux publics pour des 
réparations à faire au bâtiment lui-même. Seulement, ce 
printemps, lors de l’augmentation de la température, l'as- 
phalte qui couvre le toit s’est fendillé un peu, près de l'ou- 
verture du méridien, là où il est en contact avec les plaques 
métalliques, qui servent d'appui aux trappes du méridien. 
Pour éviter cet effet qui provenant de la dilatation inégale 
du métal et de l’asphalte, parait se produire surtout aux 
changements des saisons, j'ai essayé cette fois de fermer 


Ed € 
les fentes qui se sont formées, par du ciment portlandien, 
et j’espère avoir diminué ainsi l’inconvénient signalé, qui, 
en tous cas, n’est pas très-sérieux, puisque l’eau de pluie 
qui filtre ainsi dans la salle, est toujours peu considérable 
et n’a jamais encore atteint l'instrument lui-même. 

Le 41 novembre 1863, un vent très-violent a renversé 
les deux poteaux de télégraphes qui se trouvent devant 
l'Observatoire, et a interrompu pendant quelques jours la 
communication électrique. Pour éviter à l'avenir, autant 
que possible, un tel accident qui nous a valu des réclama- 
tions de la part de l’administration fédérale des télégraphes 
j'ai fait remplacer, avec le consentement de la direction 
des Travaux publics, les poteaux en bois par d’autres en 
fer, placés solidement sur des consoles en pierres et qui 
résisteront, j'espère, à tous les coups de vent auxquels 
nous sommes exposés à l'Observatoire, sans aucun abri. 

Nous avions installé les thermomètres conformément aux 
prescriptions que la Commission météorologique avait 
données sur ce point. Mais bientôt je reconnus l'influence 
très-sensible que la double cage exerçait sur les indications 
des instruments, surtout dans les jours où le soleil donnait 
et le calme régnait, la température à l’intérieur de ces 
cages était quelquefois de trois degrés plus élevée qu’en 
plein air. Par suite de ces observations, la Commission 
s’est décidée à modifier considérablement la cage en tôle, 
et pour assurer encore davantage la libre circulation de 
l’air autour des thermomètres, j'ai mis de côté la cage en 
bois et j'ai fait construire la toiture que vous avez vue et 
dont l'influence sur les instruments qu’elle abrite n’est plus 
sensible. 

Je suis heureux que la décision qui vient d’être prise 
dernièrement par la municipalité au sujet des eaux de la 
ville, promet enfin l’accomplissement prochain de la pro- 


i 
5 3 : 


messe donnée en 1858 de fournir de l’eau potable à l’Ob- 
servatoire ;, lorsque nous aurons une fontaine à l’Observa- 
toire, — comme le porte le projet municipal, — alors on 
pourra espérer de voir aussi se développer davantage la 
verdure autour de l'Observatoire, où elle a aujourd’hui de 
la peine à se maintenir à cause de la sécheresse excessive 
qui règne en été. 

Pour des motifs de budget, j'ai dù me borner cette année 
encore à maintenir les instruments en bon état et à pour- 
voir aux réparations nécessaires; la plaque du réticule de 
la lunette méridienne, qui est tenue par deux vis antago- 
nistes, s’étant faussée, j'ai dù la faire remplacer par une 
autre. — J'ai fait nettoyer par M. William Dubois notre 
pendule Houriet, qui, depuis lors, va bien comme toutes 
les autres. Les appareils électriques aussi fonctionnent à ma 
satisfaction. La plus grande partie des arriérés du compte 
des instruments étant soldée maintenant, j'espère pouvoir 
augmenter cette année nos instruments par l’acquisition 
d’un spectroscope oculaire de Steinheil, pour que notre 
Observatoire puisse prendre part aux recherches si inté- 
ressantes sur les spectres des étoiles. 

Les fonds modestes alloués à notre bibliothèque sont em- 
ployés d’abord à couvrir les frais d'abonnement sur quel- 
ques revues astronomiques ; ensuite, pour acheter les pu- 
blications principales qui paraissent dans le domaine de 
notre science, et enfin à compléter peu à peu le fonds des 
ouvrages classiques d'astronomie. Sur ma demande, la So- 
ciété des sciences naturelles a bien voulu décider que les 
œuvres astronomiques qu’elle reçoit en échange de ses 
publications, feront désormais partie de notre bibliothèque. 


ET 


IX. Transmission de l'heure. 


L'heure est maintenant transmise à quatre endroits du 
canton et à deux particuliers du Locle, ainsi qu’à l’admi- 
nistration fédérale à Berne. Notre signal est en outre utilisé 
à Neuchâtel-Ville par les horlogers qui peuvent observer 
son passage à l’anti-chambre publique du bureau des télé- 
graphes, en attendant qu’un système d’horloges électriques, 
que la municipalité va distribuer dans les rues, porte par- 
tout l’heure exacte de l'Observatoire. 

L'organisation télégraphique que je vous ai décrite en 
détail dans mon dernier rapport, n’a point montré des dé- 
fauts inhérents au système choisi ou aux appareils em- 
ployés. Car le fait que le signal de l'Observatoire est arrivé 
souvent pendant quinze jours sans interruption à toutes les 
stations, prouve assez que la combinaison télégraphique 
employée est juste et doit fonctionner régulièrement si des 
causes accidentelles de perturbation ne viennent pas la dé- 
ranger pour un moment. Ces dérangements-là se rencon- 
trent plus ou moins souvent partout en télégraphie, à cause 
de l’état d'isolation imparfaite des lignes, à cause des 
courants atmosphériques, ou bien par suite d'accidents 
de force majeure (ouragans, etc). On comprend que toutes 
ces causes d'interruption nuisent davantage à la transmis- 
sion d'un signal instantané qui doit parcourir une certaine 
ligne à un moment fixe, qu’au service des dépêches pour 
lequel un retard de quelques secondes ou minutes n’est pas 
de conséquence et où, si une ligne est obstruée pour plus 
longtemps, on peut toujours atteindre le lieu de destination 
par une autre ligne. Dans le courant de cette année, des 
circonstances particulières se sont jointes aux causes ordi- 
naires de dérangements pour interrompre la transmission 
du signal plus souvent que je ne l’aurais désiré. Non seu- 


J 
| 
| 
- 


D — 


lement on a changé, l'été passé, les poteaux de la ligne entre 
la Chaux-de-Fonds et le Locle, et organisé un nouveau 
bureau intermédiaire à Fontaines, ce qui a produit d’assez 
longues interruptions, mais aussi pendant l’époque du tir 
fédéral, il a été impossible de transmettre notre signal; 
enfin pendant l'absence d’un mois que j'ai faite en automne 
dernier, pour me rendre comme délégué de la Confédéra- 
tion au congrès international de statistique à Berhn, le 
service de nos signaux d'heure a été interrompu. 

Toutes ces causes réunies ont eu pour effet que le signal 
d'heure a manqué cette année en moyenne environ un jour 
sur trois ou quatre. Mais si l’on fait abstraction des cir- 
constances extraordinaires, on trouve que le courant n’a 
manqué en moyenne qu’un jour sur cinq à nos anciennes 
stations; dans les nouvelles stations (Ponts et Fleurier), 
l'interruption a été plus fréquente en raison de la nouveauté 
de son organisation, qui exige le concours de trois employés 
télégraphiques pour établir la communication voulue pour 
4 heure. 

Ce qui a aussi empêché au commencement le fonction- 
nement régulier, c’est que quelques bureaux, malgré les 
ordres reçus de la direction des télégraphes, s’obstinaient 
à télégraphier avec des courants négatifs, ce qui amenait 
les dépêches à nos pendules. Depuis quatre mois, la régu- 
larité du service est la même pour cette partie du réseau 
que pour le reste. Je tiens à mentionner que le signal n’a 
manqué pas plus de onze fois dans l’année par la faute de 
l'Observatoire, soit de nos piles, soit de l'horloge électrique: 
dans la plupart des cas, le courant n’a pu arriver par la 
faute des lignes ou des bureaux intermédiaires. Le système 
que j'ai introduit dès le commencement pour la réception 
des signaux dans les stations, et qui consiste à contrôler 
les régulateurs publics par le décrochement automatique 


HE © Joe 


d’une pendule électrique, fait que le réglage des chrono- 
mètres par nos fabricants n'a pas à souffrir si notre signal 
vient à manquer un jour sur Cinq, ou même sur trois, Car 
en calculant avec la marche du régulateur, qui se trouve 
inscrite sur un tableau spécial, les horlogers auront l’heure 
toujours au moins à deux dixièmes d’une seconde près. Ce 
n’est que lorsque le signal de l'Observatoire manque pen- 
dant une série de Jours consécutifs que l'incertitude de 
l'heure peut devenir sensible. Je m’attacherai donc à évi- 
ter à l’avenir ces interruptions prolongées; dans ce but, 
il importe surtout de pouvoir, aussitôt qu’un dérangement 
se produit, faire les recherches nécessaires pour en découvrir 
la cause, opération qui demande le concours de tous les 
cinq bureaux télégraphiques depuis Neuchâtel à Fleurier, 
et qui ne peut se faire que la nuit après la fin du service 
régulier du jour.Malheureusement, l'administration des télé- 
graphes n’a pas cru pouvoir nous accorder la transmission 
journalière par dépêche du résultat de l’observation du signal 
dans toutes les stations, de sorte que nous avons été obligés 
de nous faire envoyer ces notices au moyen de petits bul- 
letins, que les observateurs du signal mettent tous les jours 
à la poste. Malgré les petites distances des stations qui, à 
l'exception des Ponts, d’où nous recevons la notice par 
télégramme, sont reliées à Neuchâtel par des chemins de 
fer, je ne reçois ces bulletins qu'après 24 heures. Il s’en- 
suit un retard regrettable dans les mesures nécessaires pour 
trouver le défaut et pour y remédier. Je tâcherai d'obtenir 
une transmission plus prompte des notices de contrôle; et 
comme l'arrivée régulière du signal dépend, à trois des 
stations, essentiellement du bureau du Locle,où se trouve 
une pile de relai, et dont l'employé a un vrai surcroit de 
charge par suite de notre service d'heure, je vous propose 
d’allouer au télégraphiste du Locle une petite gratification 


 éotniniié diet 


_ 
1 


annuelle. Enfin, comme la grande force du courant que 
nous devons employer à cause des relais différentiels ins- 
tallés à Neuchâtel et à la Chaux-de-Fonds, contribue, s’il 
existe quelque part un défaut d'isolation, à produire une 
perte de courant, je remplacerai ces deux relais par deux 
relais polarisés lesquels nous permettront de marcher avec 
des courants de force ordinaire qui sont moins facilement 
déviés par un état imparfait des lignes. J'espère ainsi per- 
fectionner toujours davantage notre transmission de l'heure 
qui rend des services réels à nos horlogers. — Comme les 
deux fabricants du Locle qui ont fait arriver l'heure de 
l'Observatoire dans leurs ateliers en sont très-satisfaits, 
j'espère que leur exemple sera suivi par d’autres maisons. 


LILI. Observation des chronometres. 


Nous avons eu dans le courant de l’année passée 42 
chronomètres en observation, dont un de marine de Mes- 
sieurs Ch.-H. Grosclaude et Ci°, à Fleurier. Cette fois c’est 
la Chaux-de-Fonds qui nous en a envoyé le plus, savoir 46 
chronomètres; ensuite vient Neuchâtel avec 12; Locle 6; 
Fleurier 5; Gorgier 2; Sainte-Croix 4. 

Voici la liste des fabricants qui ont envoyé des montres 
de précision à l'Observatoire : 


4. Borel et Courvoisier, à Neuchâtel . . . . 10 
2. Robert-Theurer et fils, à la Chaux-de-Fonds 4 
3. Ulysse Humbert-Ramus, id. 4 
4. Haas et Privat, id. 3 
5. Robert-Brandt et Cie, id. 3 
6. Ch.-H. Grosclaude et Ci°, à Fleurier 3 
7. Henri Grandjean et Ci*, au Locle 2 
8. D. Ducommun, à Gorgier 2 


A reporter . . 31 


Dis “Ana 


Report 31 

9. Alfred Perregaux, à Neuchâtel À 
40. Edouard Maret, à Neuchâtel . | 
41. H. Kônig, à Fleurier à | 
12. Eugène Lebet et Bovet, à FRE | 
43. Jacot frères, au Locle 1 
44. Edouard Dumont, au Locle | 
45. UI. Breting, au Locle À 
16. Em. Guinand, au Locle . 4. & "à ONE 
17. Ducommun-Sandeoz et Cie, à la Chaux-de-Fonds 1 
18. Ul. Montandon, à Sainte-Croix | 
49. F. Amiet, à la Chaux-de-Fonds | 
Total 21482 


Si le nombre des chronomètres a ainsi diminué à cause 
d'un ralentissement général dans la fabrication des pièces 
de précision, la qualité des chronomètres observés s’est de 
nouveau améliorée; car tandis que la variation moyenne 
d’un jour à l’autre était pour les pièces observées l’année 
dernière de 15,61, elle n’est plus que de 4°,28 pour celle 
de cette année, et si on les groupe par classes selon la 
perfection de leur réglage exprimée par la plus petite va- 
rialion, on trouve : 

Classe. Variation moyenne, Nombre de chronomètres. Pour cent. Var. moy. de la classe. 


[. Au-dessous de 1s 18 44 0h 05,68 
IT. Entre {s et 2s 16 39 0) 15,39 
HT. Au-dessus de 2s 7 ÀT 0h 25,53 


On voit ainsi que non seulement la moyenne générale 
de la variation a diminué, mais encore que le nombre de 
la première qualité a augmenté de 23 à 44 °/,. 


* Qu'il me soit permis de citer comme vrai modèle de ré- 
glage le chronomètre n° 33810, de Messieurs Borel et Courvoi- 
sier à Neuchâtel, qui avec une marche moyenne de + 0s,07, a 
montré une variation de 05,42 d’un jour à l’autre, 


49 :- 


Certes, ces chiffres sont réjouissants et démontrent la 
grande perfection que l'horlogerie de précision a atteint 
dans notre pays; on ne peut pas douter que la distribution 
journalière de l’heure astronomique dans tous les centres 
de fabrication n’y ait contribué pour beaucoup; on s’en 
aperçoit du reste par cet autre indice que les montres sont” 
réglées d’année en année toujours plus près de l’heure 
moyenne. 

Un seul défaut que j'ai remarqué assez généralement 
dans les chronomètres, c’est le réglage imparfait de la com- 
pensation, défaut que j'attribue essentiellement à la mau- 
vaise construction des étuves, dont nos artistes se servent 
pour observer les chronomètres au chaud. Ce sont ordinai- 
rement de petites boîtes en métal qu’on chauffe au moyen 
d’une lampe; dans ces conditions, il est presque impossible 
d'obtenir une température tant soit peu constante, de sorte 
qu'il est très difficile de déterminer la température moyenne 
dans laquelle la montre a marché, si l’on n’observe pas le 
thermomètre à des intervalles très-rapprochés; avec une 
telle astriction, on ne peut pas laisser les chronomètres assez 
longtemps dans ces étuves, pour être sûr du résultat. Je 
me permets de recommander de nouveau aux artistes qui 
peuvent se procurer le gaz, de se servir d'une étuve à tem- 
pérature constante d’après la construction que j'ai donnée 
à celle de l'Observatoire. 

Pour continuer la statistique des chronomètres sous le 
rapport des organes principaux, telle que je l'ai commen- 
cée l’année dernière, je trouve d’abord pour les différents 
genres d’échappements les nombres suivants : 

48 à ancre, avec une variation moyenne de 45,39. 


45 à bascule, id. id. 1,28. 
5 à ressort, id. id. 4,37. 
4 à tourbillon, id. id. 0,64. 


Moyenne générale 1,28, 


RER ee 


_ Ce sont donc les chronomètres à bascule, qui cette fois 
ont donné le meilleur résultat, tandis que l’année dernière 
c'étaient les montres à ressort; car le nombre des échap- 
pements à tourbillon n’est pas assez considérable pour 
qu’on puisse attribuer un grand poids à la variation moyenne 
qu'ils ont montrée. En général, ces recherches n’auront 
une certitude suffisante qu'après une série d'années où l’on 
pourra établir les résultats sur un nombre très-considéra- 
ble de chronomètres de construction identique sous le rap- 
port des organes essentiels. 

Avec cette réserve, je donne aujourd’hui encore le ré- 
sultat pour les différents genres de spiraux : 

23 montres à spiral plat ont donné une variatn moyenne de 1,30 
8 » » sphérique » » » de 4,12 
Bizz208 » cylindrique » » » de 1,46 

ce qui semble donner la préférence au spiral sphérique. 

Je remarque à cette occasion encore, que le système des 
remontoirs au pendant parait se répandre considérablement; 
car le tiers des chronomètres de poche que nous avons 
reçus celte année, avait ce mécanisme de remontage. 

Pour faciliter à nos horlogers l'avantage qu’ils retirent des 
bulletins de marche officiels délivrés par l'Observatoire, — 
et cet avantage se produit souvent par une centaine de 
francs pour une seule pièce, d’après l’aveu dun de nos 
fabricants ,— je vous proposerais, Messieurs, une modifica- 
tion dans les conditions d'admission. Car bien que le moins 
grand nombre de chronomètres qu’on nous a envoyés dans 
le courant de l’année passée, provient essentiellement d’un 
mouvement rétrograde momentané, qui a eu lieu dans la 
demande et par conséquent dans la fabrication des pièces 
de précision, on m’a cependant exprimé plusieurs fois le 
désir de voir réduite, pour certains genres de montres du 
moins, la taxe des bulletins et surtout le temps d’épreuve. 


Je crois le moment venu de faire droit à ces demandes, et 
je vous propose par conséquent les modifications suivantes 
de notre règlement : 

4° Les chronomètres de marine resteraient deux mois en 
observation (au lieu de 3 mois comme jusqu’à présent), et 
la taxe pour leur bulletin serait de 20 francs (au lieu de 30). 

2° Les chronometres de poche, avec échappement à bas- 
cule, ressort ou tourbillon, resteraient un mois à l'Obser- 
vatoire, et ils seraient observés dans les deux positions aussi 
bien qu'à l’étuve. La taxe pour leurs bulletins serait de 
10 francs. 

3° Les montres à ancre, qui doivent être compensées pour 
être admises, seraient observées pendant quinze jours dans 
la position horizontale et à la température ambiante; la 
taxe pour ces bulletins de 45 jours serait de 5 francs. 

Si vous appuyez et que le Conseil d'Etat approuve ces 
dispositions, 1l est probable que le nombre des chronomè- 
tres qui seront envoyés à l'Observatoire augmentera con- 
sidérablement et que le service que, nous rendons ainsi à 
l'horlogerie de précision, s’étendra encore plus que jus- 
qu'àprésent. 

Je regrette que l'idée que j'avais émise avec votre ap- 
probation, dans mon dernier rapport, de créer dans tous 
les centres de fabrication des bureaux de contrôle pour les 
mouvements des bonnes montres courantes, n’ait pas été 
prise en considération sérieuse. 


IV. Travaux scientifiques. 


À côté des travaux pratiques de l'Observatoire, je pour- 
suis toujours régulièrement, dans la mesure de mes forces, 
les observations astronomiques et météorologiques, ainsi 
que les autres travaux scientifiques que j’ai entrepris. C’est 


au sein de notre Société des sciences naturelles que j'en 
rends compte en partie, et vous trouverez dans les bulle- 
tins que cette Société publie, des communications que je 
lui ai faites sur différents sujets. Je regrette de ne pas pou- 
voir mettre aujourd’hui encore sous vos yeux le mémoire 
que j'ai publié avec M. Plantamour sur la différence de 
longitude entre Neuchâtel et Genève; vous verrez par la 
communication que j'ai faite sur ce sujet à notre Société, 
que nous avons réussi à déterminer cette donnée avec une 
exactitude de 05,01 de seconde, c’est-à-dire que nous con- 
naissons la distance en longitude de nos Observatoires 
jusqu'à 5 mètres près. 

Qu'il me soit permis de mentionner à cette occasion, 
qu'un des résultats intéressants que j'avais trouvé par mes 
recherches sur la correction personnelle, savoir la vitesse 
de la transmission nerveuse, vient d’être confirmé pleine- 
ment, 1l y a quelque temps, par un physiologiste allemand 
qui a trouvé au moyen d’une méthode tout-à-fait différente 
32 mètres, tandis que je l’avais déterminée à 34 mètres; 
on peut donc envisager cette donnée, si importante sous 
bien des rapports, comme parfaitement établie. 

La Commission géodésique suisse a eu dernièrement (le 
24 avril) sa troisième séance à l'Observatoire cantonal. On 
y a rendu compte des travaux qui ont été faits l’année 
dernière et des instruments commandés qui ont été livrés 
en partie ou qui sont encore en construction, comme le 
chronomètre électrique enregistreur que j'ai commandé au 
nom de la Commission à MM. W. DuBois et Hipp. Dans le 
courant de l'été dernier, on a érigé des signaux sur pres- 
que tous les sommets de triangle de notre nouveau réseau 
suisse qui contient 28 points de premier ordre; ce travail 
difficile qui dans les hautes Alpes, où quelques-uns de nos 
sommets ont plus de 3000 mètres, n’était pas même sans 


Le A 


danger, a été exécuté sous la direction de notre collègue, 
M. Denzler, ingénieur, à Berne, à l'entière satisfaction de 
notre Commission. Nous avons décidé de faire exécuter cet 
été la triangulation centrale qui traversera les Alpes au 
moyen de 14 triangles. Je regrette beaucoup que pour des 
motifs de santé j'aie dù renoncer à mon projet d'exécuter, 
moi-même une partie de ces mesures trigonométriques dans 
les hautes Alpes; par contre, je me suis chargé de tous les 
calculs géodésiques que la Commission m’a confiés. J'es- 
père commencer également cet été les travaux qui ont 
pour but de déterminer l'influence des Alpes et du Jura sur 
la direction de la verticale dans notre Observatoire; avec 
l'approbation de la Commission, j'ai choisi dans notre mé- 
ridien au nord les stations Chaumont, Dombresson et un 
point entre Porrentruy et Blamont; au sud, notre mire à 
Portalban, Romont et le Moléson; dans toutes ces stations, 
je déterminerai la latitude avec les plus grands soins, et 
en comparant ces latitudes astronomiques avec celles qu'on 
peut déduire trigonométriquement, je trouverai la déviation 
que l’attraction des montagnes fait subir à la verticale. 
Mon collègue, M. Plantamour exécutera un travail analo- 
gue autour de Genève, et nous espérons élucider ainsi une 
des questions les plus importantes et les plus controversées 
de l'étude et de la figure de la terre. 

Notre Commission avait été nantie par le Département 
fédéral de l'Intérieur de la question des altitudes suisses, 
dont la détermination actuelle laisse à désirer sous plusieurs 
points de vue. Dans le rapport que j'ai eu l'honneur de 
présenter à la Commission géodésique sur cette affaire, j'ai 
proposé d'entreprendre un grand nivellement de premier 
ordre en Suisse, qui doit relier Genève à Bâle, Lucerne et 
au lac de Constance, et fournir ainsi une base et un con- 
trôle à tous les nivellements partiels, exécutés par les can- 


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tons, les chemins de fer, les Communes, etc., et qui nous 
permettra en même temps de relier d’une manière satis- 
faisante nos altitudes aux réseaux de nos voisins. Pour 
pouvoir comparer les nouvelles hauteurs qu’on obtiendra 
ainsi par nivellement aux altitudes actuelles, qui sont tou- 
tes déduites trigonométriquement du Chasseral, j'ai proposé 
en outre de niveler le Chasseral à partir de Neuchâtel. Si 
ces propositions, qui ont été adoptées par la Commission, 
sont ratifiées par les autorités fédérales, je compte exécuter 
cette année encore le nivellement du Chasseral en passant 
par Chaumont. Dans ce cas, nous aurons l’avantage de dé- 
terminer en même temps par nivellement direct la difié- 
rence de hauteur entre l'Observatoire et la station météo- 
rologique de Chaumont. Cette opération est importante si 
l’on veut utiliser sous tous les rapports les observations si- 
multanées qui se font depuis le commencement de cette 
année dans les deux stations que la Commission météoro- 
logique fédérale a mises sous ma direction. L'entreprise 
scientifique dirigée par cette Commission marche d’ailleurs 
d'une manière très-satisfaisante; déjà on a publié les obser- 
vations du premier mois, pour la moitié des stations en 
entier, entre autres pour Neuchâtel et Chaumont; pour les 
autres du moins les moyennes du jour. — Comme dans 
une partie des stations météorologiques les thermomètres 
ont dû être placés près des maisons, devant les fenêtres, 
tandis que dans d’autres ils ont été installés plus rationnel- 
lement loin de tout bâtiment, j'ai voulu déterminer l'in- 
fluence que la proximité des murs exerce sur les instru- 
ments; je fais donc observer consciencieusement le ther- 
momètre placé à un mètre au nord de notre Observatoire 
et les autres qui se trouvent installés dans le jardin, et j'ai 
constaté une influence très-sensible de la maison sur le 
premier instrument, qui indique maintenant au printemps 


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une température considérablement plus basse qu'elle n’est 
en plein air; il n’est pas douteux que le contraire aura 
lieu en automne. Lorsque ces observations embrasseront 
une année complète, j'espère pouvoir en déduire une cor- 
rection qu’il faudra appliquer aux indications des thermo- 
mètres placés près des maisons, pour en déduire la vraie 
température de l’air. 

Enfin, on continue également les observations de tem- 
pérature dans le tunnel des Loges, où j'ai installé trois 
thermomètres, au centre et à chaque ouverture ; la période 
estivale a déjà donné des résultats assez intéressants que 
j'ai communiqués à notre Société, bientôt l’année d’obser- 
vation sera complète, et connaissant alors le mouvement 
de la température de l’air dans le tunnel, je pourrai avec 
sûreté de réussite organiser les observations de la tempé- 
rature du rocher. 

Le cours public d'astronomie que je donne à Neuchâtel 
est suivi encore cette année par un auditoire nombreux et 
attentif; ayant terminé l’année passé l’astronomie du sys- 
tème solaire, j'ai commencé cet hiver l'astronomie stellaire, 
traitant du nombre et de la distribution des étoiles dans 
l’espace, de la voie lactée, de la distance et des différents 
mouvements apparents ou réels des étoiles, des change- 
ments d'éclat et de couleur des étoiles variables, des étoiles 
temporaires, des étoiles doubles et multiples et enfin des 
nébuleuses. 

J'ai dû renvoyer encore le cours d'astronomie mathé- 
matique faute d'élèves suffisamment préparés dans les 
sciences géométriques; on m'a fait espérer que l’année 
prochaine les conditions sous ce rapport seront meilleures; 
mais comme je l’ai dit déjà dans mon dernier rapport, cette 
partie de mes leçons astronomiques ne trouvera une base 
solide qu'avec l’organisation de l’enseignement supérieur 


Le DRE 


qui, on doit l’espérer dans l'intérêt du pays, ne se fera 
plus attendre longtemps. 

Je termine mon rapport dans lequel j'ai rendu compte 
de tout ce qui regarde l'Observatoire, en priant votre Com- 
mission d'appuyer auprès des autorités du pays une propo- 
sition importante que je me vois obligé de faire dans l’in- 
térêt de notre établissement. — Déjà dans l’origine, lors- 
qu'on a fondé l'Observatoire, on avait l'intention, — et 
J'en ai reçu la promesse verbale la plus formelle, — d’ad- 
joindre à l'Observatoire un aïide-astronome, aussitôt que 
les finances de l'Etat le permettraient. Il me semble que le 
moment est venu de réaliser cette intention ct de remplir 
cette promesse; permettez que j'explique en quelques mots 
les motifs qui viennent à l’appui de ma demande. 

Vous savez tous que l’état actuel ne peut pas durer, es- 
sentiellement parce qu’on a voulu combiner dans les fonc- 
üons d’aide deux genres de fonctions qui s’excluent ; d’a- 
bord, on exige des services inférieurs, de faire le gardien et 
le portier de l'Observatoire, de nettoyer les instruments et 
les salles, de faire les commissions en ville, et ensuite on 
demande des fonctions qui supposent une instruction plus 
qu'ordinaire, des observations et des calculs, qu’un simple 
ouvrier est très-rarement capable de faire. 

L'expérience ayant ainsi démontré l’incompatibilité de 
ces deux fonctions, il faut se décider à les séparer et à 
m'adjoindre un aide scientifique. 

Une telle mesure est d’abord réclamée dans l'intérêt du 
service pratique de l'Observatoire, dont la continuité néces- 
saire ne peut être assurée qu'à cette condition. Vous avez 
vu dans mon rapport que la transmission de l’heure, ainsi 
que l'observation des chronomètres, a dû être interrompue 
pendant mon absence de l’année passée. Or, je dois déclarer 
que dans l'intérêt de ma santé, je serai obligé de deman- 


A pen 

der à l’avenir une vacance au moins d’un mois chaque 
année. D'un autre côté certains travaux, dont je vous ai 
parlé, comme, par exemple, le nivellement de Chaumont 
et du Chasseral, l'observation de la latitude dans plusieurs 
stations de notre méridien, etc., exigent une absence tem- 
poraire de ma part. Il est inadmissible que nos horlogers 
ne reçoivent point l'heure et ne puissent envoyer leurs 
chronomètres en observation pendant des semaines, à cause 
des convenances, soit personnelles, soit scientifiques, mais 
toujours inévitables, du Directeur de l'Observatoire. Enfin 
si vous adoptez les modifications que j'ai proposées pour 
l'admission des chronomètres, on peut prévoir une affluence 
de montres qui demande un aide capable de les comparer 
et d'établir leurs bulletins. [Il faut donc un aide astrono- 
mique pour pouvoir remplacer le Directeur pendant ses 
vacances et ses absences nécessaires. Mais il faut aussi un 
second observateur dans l'intérêt des travaux scienüfiques 
de l'Observatoire dont les deux excellents instruments de- 
mandent le travail de deux astronomes pour être utilisés 
complétement, ainsi qu'il a été prévu dès le commence- 
ment lorsqu'on les a commandés. Ensuite, il y a beaucoup 
d'observations astronomiques qui nécessitent le concours 
de deux observateurs, soit pour se répartir la besogne, 
parce qu'il est, par exemple, impossible physiquement que 
le même observateur continue à travailler pendant toute 
une longue nuit d'hiver, soit pour faciliter et abréger les 
travaux ; par exemple, pour les observations de zone, ilest 
essentiel qu’un astronome reste à la lunette pour observer 
le passage aux fils, tandis que l’autre fait la lecture des 
microscopes au cercle méridien. 

C’est dans ces conditions seulement, que les travaux de 
longue haleine, comme catalogue d'étoiles, etc., qui éta- 
blissent principalement la renommée scientifique d’un 
Observatoire pourraient avancer plus rapidement. 


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Enfin, Messieurs, vous me permeitrez d’invoquer l’exem- 
ple de tous les autres Observaioires tant soit peu considé- 
rables, où il y a partout au moins deux observateurs; en 
Suisse, l'Observatoire de Genève a un aide-astronome et un 
mécanicien; celui de Zurich aura 4 fonctionnaires, et même 
le petitObservatoire de Berne a un assistant.—Ayant soumis 
au Conseil d'Etat toutes ces considérations ainsi que d’autres 
d’une nature personnelle, qui m’engageront à insister sur 
la nomination d’unaide-astronome, M. le Président du Conseil 
d'Etat a bien voulu m'informer que le Gouvernement a dé- 
cidé à l’unanimité de proposer cette mesure au Grand-Con- 
seil dans sa prochaine session. 

S1 vous désirez, Messieurs, que je continue à développer 
toujours davantage l’activité pratique et scientifique de 
notre établissement, je vous prie d'appuyer de votre auto- 
rité la mesure que le Conseil d'Etat a décidé de proposer. 

Neuchâtel, mai 4864. 


Le Directeur de l'Observatoire cantonal, 


Dr An. Hirscu. 


La Commission d'inspection de l'Observatoire cantonal, 
après avoir entendu le rapport ci-dessus, est unanime pour 
témoigner à M. le Directeur de l'Etablissement, toute sa 
satisfaction pour l’ordre, la propreté et le bon état de con- 
servalion dans lequel se trouvent le bâtiment, les instru- 
ments, appareils et en général tout ce qui se rapporte au 
service de l'Observatoire; elle le remercie en outre des 
travaux accomplis pendant l’année écoulée et des soins 
éclairés donnés à toutes les parties du service. 


HÉNTS 


Elle émet le vœu que la proposition contenue dans le 
présent rapport, relativement à l’admission, à prix réduit, 
des montres marines, et des chronomètres de poche, ainsi 
que des bonnes montres à ancre et balancier compensé, soit. 
prise en considération. 

Elle appuie fortement la demande qu'il soit institué un 
poste d’aide-astronome à l'Observatoire dont le titulaire se- 
rait chargé d’assister, et de suppléer au besoin, le Direc- 
teur de l'Observatoire dans ses fonctions; l’intérêt bien en- 
tendu de l’établissement réclamant cette amélioration. 


Neuchâtel, le 42 mai 1864. 


Les membres de la Commission : 
5 ; F.-A. MoNNiEr. 
George GUILLAUME. 
k E. Desor. 
S. MAIRET. 
Chs-E. Jacor. 


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